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(Quatorze heures huit minutes)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Nous allons nous
recueillir quelques instants. À l'ordre, s'il vous plaît! Alors,
nous allons nous recueillir quelques instants.
Si vous voulez prendre place, s'il vous plaît.
Présence d'un député de
l'Assemblée nationale du Gabon
J'ai le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, d'un
député de l'Assemblée nationale du Gabon, M. le ministre
Ali Bongo. M. le ministre.
Aux affaires courantes, déclarations ministérielles. M. le
ministre des Finances.
Déclarations ministérielles
Report de la phase II de la réforme des taxes
à la consommation du Québec
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, le 30 août 1990,
j'annonçais en cette Assemblée des modifications importantes au
régime des taxes à la consommation du Québec. Il
était prévu à cette occasion que le ministère du
Revenu du Québec prendrait en charge l'administration de la taxe
fédérale sur les produits et services sur le territoire
québécois à compter du 1er janvier 1992. Rappelons que ce
transfert de l'administration de la TPS fédérale constitue un
geste sans précédent dans les relations
fédérales-provinciales et qu'il permettra de simplifier
considérablement l'administration des taxes à la consommation au
Québec.
Cette simplification de l'administration s'accompagne d'une
harmonisation substantielle, en deux phases, des régimes de taxes
à la consommation fédéral et québécois.
Après une première phase entrée en vigueur le 1er janvier
1991, la deuxième phase, annoncée pour le 1er janvier 1992,
implique l'application de la taxe de vente du Québec sur les services et
sur les immeubles, le remboursement des taxes sur les acquisitions de biens et
de services utilisés par les entreprises dans le cadre de leurs
activités et la prise en charge de l'administration de la taxe
fédérale de vente sur les produits et les services.
Le gouvernement demeure convaincu des avantages pour le Québec de
la réforme de la taxe de vente du Québec. En effet, en plus de
diminuer les dépenses reliées à l'administration, elle
favorisera une meilleure croissance à moyen terme de l'économie
québécoise. D'ailleurs, plu- sieurs organismes ont soutenu la
démarche du gouvernement en confirmant ses effets positifs sur la
structure de l'économie.
Toutefois, le Québec est actuellement dans une période
cruciale de reprise économique. C'est pourquoi le gouvernement opte pour
la prudence et choisit de reconsidérer le moment arrêté en
août 1990 pour l'implantation de la pleine réforme.
Aussi, j'annonce aujourd'hui que l'entrée en vigueur de la phase
II de la réforme sera reportée pour une période de six
mois. Ainsi, les services et les biens immeubles continueront à
être exemptés de la taxe de vente du Québec jusqu'au 1er
juillet 1992 et c'est aussi à cette date que les taxes perçues
sur les acquisitions des entreprises commenceront à être
remboursées. Par concordance, il y aura report de six mois des
compensations additionnelles pour les ménages à faibles revenus
devant entrer en vigueur le 1 er janvier 1992.
Les autres mesures présentées lors du discours sur le
budget de 1991-1992 et devant prendre effet ou se poursuivre le 1er janvier
1992, notamment à l'égard des taxes spécifiques et des
impôts des entreprises, sont maintenues.
De plus, les municipalités conserveront le pouvoir de
prélever des droits sur les divertissements jusqu'au 1er janvier 1992.
Mon collègue, le ministre des Affaires municipales, établira la
politique à l'égard de ce secteur après cette date.
Enfin, les taxes sur les services qui ont été
perçues depuis le 1er septembre par les entreprises en prévision
de la mise en place de la phase II de la réforme au 1er janvier 1992
seront remboursées.
On trouvera en annexe à la présente déclaration,
qui en fait partie intégrante, toutes les modalités techniques
relatives au report de la réforme.
Le report de la phase II de la réforme coûtera au
gouvernement 65 000 000 $ pour les trois premiers mois de 1992 et 85 000 000 $
pour les trois mois suivants.
Je tiens également à souligner que le gouvernement du
Québec a convenu avec le gouvernement fédéral de fixer au
1er juillet 1992 le début de l'administration de la taxe
fédérale sur les produits et services par le ministère du
Revenu du Québec.
Quant au projet de loi, nous conservons le même
échéancier que celui prévu. Mon collègue, le
ministre du Revenu, le présentera dès que possible en vue de le
faire adopter par cette Assemblée.
M. le Président, ce prolongement de la période de
transition permettra de mieux arrimer la mise en place de la phase II de la
réforme de la taxe de vente au contexte de reprise
économique.
Permettez-moi, en terminant, M. le Président, de
réitérer l'importance de cette réforme à moyen
terme pour l'économie québécoise. En effet, cette
réforme permettra de mieux adapter la structure fiscale
québécoise au contexte de libéralisation des
échanges afin de favoriser la croissance de l'emploi au Québec.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur cette
déclaration ministérielle, M. le député de Labelle.
M. le député.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. La
réforme des taxes à la consommation annoncée par le
ministre des Finances, le 30 août dernier, le 30 août 1990,
diffère passablement de la réalité que nous connaissons.
Le taux devait être abaissé à 7 %, le 1er janvier 1992. Il
demeurera à 8 %, ce qui coûte 700 000 000 $ aux contribuables, en
1992. Le report de six mois de l'application de la TVQ sur les services n'est
qu'un baume trop faible. La réforme comportait aussi une baisse de
certaines taxes spécifiques, telles celle sur les carburants, celle sur
les boissons alcooliques, celle sur les tabacs, et, dans son dernier discours
sur le budget, le ministre des Finances a pris bien soin d'éliminer ces
baisses de taxes.
Au seul chapitre de l'essence, il en coûtera, en 1992, 316 000 000
$ de plus aux automobilistes québécois. Nous assistons là,
M. le Président, à une manifestation d'improvisation, à un
fouillis, à un gâchis. Et c'est pourquoi nous avons
demandé, le chef de l'Opposition a demandé le report de la TVQ
sur les services que nous avons demandé au mois d'août dernier,
que le chef de l'Opposition a demandé au début d'octobre, parce
que nous souhaitions un soulagement important pour l'économie, pour
stimuler la consommation, parce que l'économie avait besoin de
souffler.
Que nous offre le ministre des Finances? Le report pour six mois de
l'application de la taxe de vente sur les services, mais en prenant bien soin
de reporter aussi le remboursement de la taxe sur les intrants. Il aurait fallu
au moins un an, comme nous avions dit. Le résultat net n'apparaît
être qu'une aide de 150 000 000 $ sur six mois à
l'économie. C'est beaucoup moins que ce que les observateurs estimaient
du rendement de cette taxe sur les services parce que tout le monde a
parié de 700 000 000 $, 750 000 000 $, 800 000 000 $.
C'est surtout beaucoup moins que ce dont l'économie a besoin,
à ce moment-ci. Insuffisant, insignifiant comme résultat. On ne
peut également que déplorer le caractère vague de la
déclaration du ministre des Finances.
Ainsi, quel est le coût du report de la TVQ sur les services? Quel
est le coût? On a parlé du résultat net pour le
gouvernement, mais quel est le coût du report? Quel est le gain pour le
gouvernement du report du remboursement sur les intrants? Quel sera l'impact
sur le PIB, sur l'inflation? Des choses que nous devrions savoir. Bien malin
celui qui pourrait nous le dire après avoir entendu cette
déclaration et après avoir lu l'annexe qui accompagne cette
déclaration.
Depuis le début, tout ce dossier est nébuleux. Nous avions
souligné le caractère important du changement fiscal qui
était impliqué par l'introduction de la taxe de vente, la TPS. M.
le Président, nous avions souligné qu'en Europe l'introduction
d'un tel système avait pris, dans bien des cas, au moins 10 ans. On l'a
fait d'un coup sec et, aujourd'hui, on est obligé de reculer. C'est ce
à quoi nous assistons aujourd'hui, de l'improvisation.
M. le Président, ce dossier est nébuleux, c'est pourquoi
nous réclamons la convocation de la commission du budget et de
l'administration en priorité pour analyser la déclaration qui
vient de nous être faite. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Labelle. Alors, M. le ministre des Finances, en vertu
de votre droit de réplique.
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: M. le Président, j'aurais pensé que le
député de Labelle se serait empressé de souscrire à
la mesure que nous venons d'annoncer d'une façon beaucoup plus positive,
d'une façon beaucoup plus empressée, d'une façon beaucoup
plus enthousiaste. Je comprends, évidemment, qu'il occupe un poste qui,
peut-être, le gêne de le faire, mais j'ai pensé qu'il se
serait joint à tous les consommateurs et consommatrices du Québec
plutôt que de s'en prendre au gouvernement qui donne suite à un
voeu exprimé par cette Assemblée, soit dans les caucus, sort par
la voix du premier ministre; même un voeu du chef de l'Opposition s'est
joint au concert de ces suggestions. (14 h 20)
Je trouve également, je dirais, pour être parlementaire,
assez cocasse que le député de Labelle nous parle des 300 000 000
$ pour l'essence, alors que, le chef de l'Opposition me permettra bien
amicalement de le lui rappeler, lorsqu'en 1981 il a doublé la taxe sur
l'essence, passant de 20 % à 40 %, le député de Labelle
applaudissait sans doute à ces mesures comme membre de son gouvernement.
On s'insurge parce qu'on a fait passer la taxe de 7 % à 8 %, mais on
semble oublier que la même administration avait fait passer la taxe de 8
% à 9 % en pleine période de récession économique,
en 1982. Je n'ai pas à rappeler ça, parce que je trouve que c'est
désagréable pour l'Opposition de se faire rappeler ces
choses.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Le député de Labelle aurait pu
ajouter, lorsqu'il a parlé de cet allégement, qu'il s'agit ici de
taxes à la consommation. Il aurait pu rappeler que, dans le programme de
son parti, on a le même respect pour la direction prise par le
gouvernement sur le fond de la question, sur la philosophie de la question. On
aurait pu, évidemment, rappeler le texte même du programme du
Parti québécois. Et je puis ajouter, en réponse aux
chiffres sur l'inflation, que s'il y avait eu un changement dans l'inflation
qui avait été prévu par nos services, je me serais
empressé de le dire à ce moment-ci. Mais il n'y a pas de
changement significatif qui doive nécessairement en résulter.
J'aimerais terminer en assurant cette Chambre que nous allons continuer
de travailler dans le meilleur intérêt des consommateurs du
Québec, mais également dans le meilleur intérêt de
l'économie du Québec dans son ensemble. Et ceci,
évidemment, comprend les facteurs de production, comprend les
entreprises qui emploient les travailleurs et les travailleuses du
Québec. Nous avons à l'esprit justement, dans ce contexte de
globalisation des marchés, de protéger les emplois au
Québec, de faire en sorte que les mesures fiscales soient de nature
à promouvoir l'économie québécoise. La mesure que
je viens d'annoncer ne change rien dans la direction que nous avons prise, mais
comme il s'agit d'un moment où la reprise économique est encore
fragile nous avons cru bon d'apporter cette modification qui permettra, encore
une fois, aux consommateurs du Québec, aux consommatrices du
Québec d'avoir encore plus confiance dans l'économie
québécoise et d'accompagner le gouvernement du Québec et
cette Assemblée dans son cheminement. Je vous remercie, M. le
Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour le dépôt de l'annexe à la
déclaration du ministre des Finances? Consentement? Consentement. Alors
le document est déposé.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents. M. le ministre de la Santé et
des Services sociaux.
Dépôt de documents
Rapport annuel du Fonds de ia recherche en
santé du Québec et prospectus des
programmes
de bourses d'échanges internationaux
et de diffusion de l'information
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. J'ai l'honneur de déposer le rapport annuel 1990-1991
du Fonds de la recherche en santé du Québec accompagné des
programmes de bourses d'échanges internationaux et de diffusion de
l'information scientifique en recherche en santé pour 1992-1993.
Rapports annuels des conseils régionaux de la
santé et des services sociaux
De même, M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
les rapports annuels 1990-1991 suivants: Conseil cri de la santé et des
services sociaux de la Baie James et Conseil régional Kativik de la
santé et des services sociaux. De la même manière, M. le
Président, j'ai l'honneur de déposer les rapports annuels
1990-1991 du Conseil de la santé et des services sociaux des
régions suivantes: Bas-Saint-Laurent, Gaspésie et
Îles-de-la-Madeleine, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec,
Trois-Rivières, l'Estrie, Montréal métropolitain,
Laurentides-Lanaudière, Montérégie, Outaouais,
l'Abitibi-Témiscamingue et Côte-Nord.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ces documents sont
déposés. M. le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles.
Rapports annuels de la Corporation
professionnelle des diététistes, de
la
Corporation professionnelle des
hygiénistes
dentaires, de la Corporation professionnelle
des évaluateurs agréés, de
l'Ordre des
opticiens d'ordonnances et de l'Ordre
des arpenteurs-géomètres
M. Savoie: Oui, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer les rapports annuels 1990-1991 suivants: la Corporation
professionnelle des diététistes du Québec, la Corporation
professionnelle des hygiénistes dentaires du Québec, la
Corporation professionnelle des évaluateurs agréés du
Québec, l'Ordre des opticiens d'ordonnances du Québec, de
même que l'Ordre des arpenteurs-géomètres du
Québec.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre du
Travail.
Rapport d'activité de la Commission de la
construction du Québec
M. Cherry: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport d'activité 1990 de la Commission de la
construction du Québec.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ce document est
déposé.
Rapports de commissions. M. le président de la commission des
institutions.
Dépôt de rapports de commissions
Étude détaillée du projet de loi 160
M. Dauphin: Oui, merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport de la
commission des institutions qui a siégé le 22 octobre 1991
afin de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 160, Loi modifiant la Loi sur la recherche des causes et des
circonstances des décès et la Loi sur la protection de la
santé publique. Le projet de loi a été adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ce rapport est
déposé. M. le président de la commission du budget et de
l'administration et député de Vanier.
Étude trimestrielle de la politique
budgétaire du gouvernement et de l'évolution des finances
publiques
M. Lemieux: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé le 1er octobre 1991 afin de procéder à
l'étude trimestrielle de la politique budgétaire du gouvernement
et de révolution des finances publiques conformément à
l'article 292 du règlement de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ce rapport est
déposé. M. le président de la commission de
l'aménagement et des équipements et député de
Lévis.
Étude détaillée du projet de loi
166
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements qui a
siégé le 22 octobre 1991 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 166, Loi modifiant la
Loi sur la Société de transport de la ville de Laval. Le projet
de loi a été adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ce rapport est
déposé.
Dépôt de pétitions. M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Dépôt de pétitions
Accorder la gratuité des médicaments
et
du matériel nécessaire au traitement
des
diabétiques de 18 à 25 ans
inscrits
aux études à temps plein
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 30 pétitionnaires, citoyens et citoyennes de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant
l'importance pour le jeune adulte diabétique de maintenir un bon
contrôle du diabète afin de prévenir et de se
protéger contre les complications ultimes; "Considérant les
coûts élevés que représente le contrôle du
diabète et la poursuite d'études à temps plein;
"Considérant que l'étudiant est à une époque de sa
vie où ses capacités à subvenir à ses besoins sont
très limitées; "Considérant également la
sévérité des complications du diabète, des
coûts associés au traitement de ces complications ainsi qu'un
manque à gagner pour la société en raison de la
non-productivité de l'individu hypothéqué par cette
maladie; "Considérant finalement le droit de toute personne à
l'éducation, au libre choix de son travail au plein
épanouissement de sa personnalité humaine."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Les
soussignés demandent à l'Assemblée nationale d'exiger que
le gouvernement du Québec accorde la gratuité des
médicaments et de tout le matériel nécessaire à
l'insulinothérapie et à l'autosurveillance de la glycémie
pour le traitement du diabète pour les jeunes diabétiques de 18
ans et plus poursuivant des études à temps complet et ce,
jusqu'à l'âge de 25 ans".
Je certifie que le tout est conforme à l'original.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, votre
pétition est déposée, M. le député. Une
autre pétition, M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: Oui, M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
48 pétitionnaires, citoyens et citoyennes du comté
d'Arthabaska.
Pour sauver du temps à cette Chambre, c'est la même que
celle de mon collègue de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Votre pétition
est déposée, M. le député d'Arthabaska. M. le
député de Marquette.
Amender les lois et règlements sur les
relations du travail pour permettre
l'exemption de l'adhésion obligatoire à
un syndicat ou à une association en raison de croyances
religieuses
M. Dauphin: Oui, M. le Président, je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale du Québec par 896 pétitionnaires croyants au Seigneur
Jésus Christ, représenté par M. John R. Fossey.
Les faits invoqués sont les suivants: "II n'y a actuellement,
dans la loi du Québec, aucune mesure d'exemption quant à
l'adhésion des contributions financières obligatoires à un
syndicat lorsque cela est exigé par une convention collective ou par un
décret. Il existe, par contre, dans la loi des dispositions
particulières qui imposent une adhésion obligatoire pour
certaines classes de travailleurs comme, par exemple, les employeurs et les
entrepreneurs indépendants dans l'industrie de la
construction."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous
demandons donc que l'Assemblée nationale du Québec amende les
lois et règlements régissant les relations du travail en y
incluant, comme cela existe dans d'autres juridictions, une clause de
conscience accordant la possibilité d'être exempté de
l'adhésion et contribution financière obligatoires à un
syndicat ou une association quelconque, lorsque la conscience devant Dieu le
défend, ceci en vue de mettre fin à la discrimination actuelle
découlant de ces lois".
Je certifie donc que cet extrait est conforme aux règlements et
à l'original de la pétition.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Marquette, votre pétition est
déposée.
Il n'y a aucune intervention portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Je vous avise qu'après la période de questions sera tenu
un vote reporté sur la motion de M. le ministre des Finances proposant
que soit adopté le principe du projet de loi 162, Loi sur les frais de
garantie relatifs aux emprunts des organismes gouvernementaux.
Alors, questions et réponses orales des députés. M.
le chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Impacts budgétaires du report de la TVQ sur les
services
M. Parizeau: M. le Président, les taxes à la
consommation, au Québec, rapportent au Trésor public
québécois à peu près 8 000 000 000 $ par
année. Lorsque nous avons proposé un report d'un an de la taxe de
vente du Québec sur les services, nous suggérions en somme au
gouvernement de soulager le consommateur, pendant un certain temps, d'un
montant assez appréciable de façon à permettre à
l'économie du Québec de mieux repartir. C'était ça,
le sens de ma proposition.
Ce que nous avons devant nous, c'est six mois, et la réduction
effective des taxes sera de l'ordre de 150 000 000 $ sur six mois,
c'est-à-dire beaucoup moins que ce que non seulement nous, mais partout,
tout le monde souhaitait. Par rapport au fardeau fiscal qui a été
imposé aux Québécois par ce gouvernement depuis un an et
demi, c'est-à-dire pas loin de 3 000 000 000 $, sur une base annuelle,
ce n'est pas grand-chose; ce n'est pas suffisant en tout cas. 150 000 000 $,
ça se prend bien. Je veux bien, moi, mais il y a des gens qui vont dire:
Bien oui, c'est déjà mieux que rien. Mais c'est peu de chose pour
faire repartir l'économie dans le sens où tout le monde le
souhaitait.
Est-ce que je pourrais demander au ministre des Finances combien cette
taxe sur les services devait rapporter au cours de sa première
année, c'est-à-dire à partir du 1er janvier 1992? Il n'a
jamais donné de chiffres à cet égard. La taxe sur les
services devait rapporter combien, à partir du 1 er janvier 1992? (14 h
30)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: J'aimerais bien rappeler au chef de l'Opposition
que, lorsqu'on parle de 150 000 000 $, on parte d'un coût net. Mais, pour
le consommateur, ce qu'il aura à verser en moins est beaucoup plus
considérable parce que cette réforme... Je suis heureux que le
chef de l'Opposition me donne l'occasion de le rappeler parce que, quelquefois,
on prend une petite partie de la réforme et on oublie l'ensemble.
J'espère que le chef de l'Opposition ne fait pas ça; je suis
convaincu que son expérience en ces matières ne lui permettrait
pas de le faire.
Je lui rappellerai seulement, M. le Président, que cette
réforme, phase II, comprenait au moins trois éléments, et
un quatrième que je signalerai dans un instant. Le premier
élément, c'est justement la taxe sur les services qui devait
rapporter entre 700 000 000 $ et 800 000 000 $. Il y avait également un
autre élément que semble oublier le souriant chef de
l'Opposition...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: ...c'est l'habitation. À ce moment-là,
peut-être que le chef de l'Opposition aurait dû mentionner
l'habitation, parce que c'est un chiffre important de quelques centaines de
millions qu'il a oublié de mentionner lorsqu'il a parlé,
lorsqu'il a fait son intervention relativement à la taxe sur les
services. C'est le deuxième élément de la phase II de la
réforme.
Le troisième élément, c'est le remboursement aux
entreprises. Pardon?
M. Parizeau: Combien?
M. Levesque: On pourra le préciser, c'est quelques
centaines de millions. Le troisième élément... Je
demanderais au chef de l'Opposition de me poser des questions additionnelles
s'il le désire, mais de ne pas m'interrompre au moment où je fais
cette démonstration qui, évidemment, me demande un effort de
mémoire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
M. le ministre.
M. Levesque: Ceci étant dit, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
M. le ministre.
M. Levesque: ...le troisième élément, c'est
le remboursement aux entreprises des taxes à la consommation sur les
biens et services que ces entreprises paient à l'État et qui,
dans la réforme, seront - ces taxes - remboursées.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Veuillez conclure, M. le
ministre.
M. Levesque: Or, il y a là également quelques
centaines de millions, mais au lieu d'avoir des plus comme les services et
l'habitation, il y a un moins assez important pour le gouvernement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
M. le ministre.
M. Levesque: Donc, le chef de l'Opposition ne peut pas se
surprendre que, lorsque l'on fart l'exercice, on le fait pour l'ensemble du
report et le report sur l'ensemble de la phase II. Il le comprend bien, j'en
suis convaincu.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Parizeau: Le ministre des Finances n'a-t-il pas dit en
commission déjà que les intrants, c'est-à-dire les
produits et les services qu'achètent les entreprises, qui devaient leur
être remboursés à partir du 1er janvier, ces remboursements
représenteraient à peu près 1 000 000 000 $ par an, pas
quelques centaines de millions comme il le dit. Il a dit, si je comprends bien,
1 000 000 000 $. Il peut nous confirmer que le remboursement des intrants pour
les entreprises, les remboursements auraient représenté pour le
Trésor public québécois une charge de 1 000 000 000 $? Il
peut nous confirmer le chiffre qu'il a déjà avancé?
M. Levesque: m. le président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Finances, à la question.
M. Levesque: ...le chef de l'Opposition devrait savoir qu'avec
les chiffres que je lui ai donnés tout à l'heure on arriverait
à quelques centaines de millions pour les six mois en question.
Autrement, on ne pourrait pas arriver à 150 000 000 $.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le chef de
l'Opposition officielle.
M. Parizeau: Donc, si je comprends bien le ministre des Finances,
et je vous demanderais de me confirmer ça, le non-remboursement,
à partir du 1er janvier, aux entreprises, des taxes payées sur
leurs intrants va représenter une charge additionnelle de 500 000 000 $
pendant six mois aux entreprises qu'elles auront alors à refiler aux
consommateurs par des augmentations de prix. Je le comprends bien?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, le chef de l'Opposition a
sûrement l'honnêteté intellectuelle de ne pas faire de tels
sophismes. M. le Président, c'est le statu quo pour les corporations. La
situation au 31 décembre 1991 sera également la situation pour
ces entreprises le 2 janvier 1992 et le 1er mars 1992. Alors, il ne faudrait
pas, j'espère, que le chef de l'Opposition nous fasse de ces
démonstrations qui, pour certains, peuvent être qualifiées
de brillantes, mais, pour nous, elles ne sont pas qualrfiables en régime
parlementaire.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, M. le chef de l'Opposition officielle.
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
À l'ordre!
M. Parizeau: M. le Président, puis-je alors demander,
compte tenu de ces chiffres tout à fait nouveaux que le ministre des
Finances nous donne, après sa déclaration - parce qu'ils
n'étaient pas là-dedans - s'il accepte la demande du
député de Labelle de convoquer la commission du budget et de
l'administration pour que nous puissions prendre ces pages d'aujourd'hui puis
les décomposer et savoir exactement ce qu'il en est où, au fond,
au lieu de nous présenter comme ça quelques chiffres qu'on doit
aller chercher les uns après les autres, il va avoir à se
présenter devant la commission pour nous présenter, j'aillais
dire le score exact de ce qu'il a annoncé? Est-ce qu'il accepte la
demande du député de Labelle?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, le chef de l'Opposition
devrait savoir que lorsque le député de Labelle me convie ou me
convoque - ça dépend du mot que l'on emploie - en commission
parlementaire, immédiatement les deux leaders sont prévenus et
nous trouvons l'occasion la plus
prochaine pour pouvoir nous rencontrer et échanger. je ne vois
pas... d'ailleurs, m. le président, nous avons une synthèse des
opérations financières qui devrait paraître très
prochainement et c'est l'occasion, évidemment, pour le
député de labelle, avec qui nous passons des heures, justement,
à donner les précisions qu'évoque le chef de
l'opposition... à ce moment-là, il me fera grandement plaisir de
répondre à toutes les questions qui pourraient se
présenter. et si, d'ici là, on semble un peu plus pressé,
qu'on fasse la demande.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Parizeau: le ministre des finances recevra une demande
rapidement, j'imagine. mais, en préparation de cette demande qui lui
sera livrée, aurait-il l'obligeance, cet après-midi, de
préparer, de façon à ce qu'on puisse le voir en public
rapidement, une décomposition de sa déclaration d'aujourd'hui et
de ses impacts sur les augmentations de recettes que le gouvernement va faire
par rapport à son dernier budget et sur les baisses de recettes qu'il y
aura à d'autres postes? je tiens simplement à lui demander s'il
aura des objections à faire en sorte d'être aussi transparent dans
cette opération qu'on l'est normalement à l'occasion d'un
discours sur le budget.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, le chef de l'Opposition me
connaît assez bien pour savoir que la transparence est une des choses, un
des objectifs que j'ai toujours poursuivis et je vais continuer à le
faire, qu'il en soit assuré. Encore une fois, je vais vérifier
avec le sous-ministre pour la date du dépôt de la synthèse
et j'en parlerai avec le député de Labelle. Si nous pouvons nous
entendre sur une date qui convient à nous deux, nous pourrons continuer
ce dialogue extrêmement intéressant.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Parizeau: M. le Président, une dernière
complémentaire, simplement pour nous amuser un peu. Est-ce que le
ministre des Finances sait, à l'heure actuelle, ce que représente
sa taxe sur l'essence en pourcentage du prix de détail? S'il ne le sait
pas, je puis lui donner. Il faisait allusion à notre gouvernement
à cet égard. Est-ce qu'il sait à l'heure actuelle ce que
la taxe représente en pourcentage du prix de détail? S'il n'a pas
la réponse, je la lui fournirai. Entre 39 % et 40 %, M. le
Président, selon les variétés d'essence.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le ministre
des Finances.
M. Levesque: M. le Président, le chef de l'Opposition
m'invite à rappeler encore une fois l'augmentation sensationnelle...
Une voix: Le double.
M. Levesque: ...alors qu'il doublait la taxe sur l'essence, la
faisant passer de 20 % à 40 % et sans aucune considération pour
les régions. Et dès notre arrivée au pouvoir, au mois de
décembre 1985, nous nous empressions de corriger la politique de
l'ancien ministre des Finances et de l'ancien gouvernement en annonçant
- c'a été la première mesure que nous avons prise - que
nous supprimions la surtaxe sur l'essence dans toutes les régions
périphériques.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question principale,
M. le député d'Arthabaska.
Aide fédérale aux agriculteurs
M. Baril: Oui, M. le Président. La semaine
dernière, suite à une question que je posais au ministre de
l'Agriculture sur les 800 000 000 $ versés par le gouvernement
fédéral aux fermiers de l'Ouest, ce dernier, le ministre de
l'Agriculture du Québec, s'apitoyait sur le sort des agriculteurs de
l'Ouest pendant que les agriculteurs québécois connaissent aussi
d'importantes difficultés. (14 h 40)
II m'a aussi conseillé, suggéré d'additionner les
colonnes de chiffres pour connaître les dépenses que le
fédéral versait à l'Ouest comparativement au
Québec. M. le Président, je n'ai pas eu de difficulté
à additionner ces chiffres puisque c'était déjà
fait en 1988 par son propre ministère. Et, si vous me le permettez, pour
que le ministre puisse en prendre connaissance, je vais déposer le
document qui avait été préparé en collaboration
avec la Coopérative fédérée du Québec,
l'Union des producteurs agricoles...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour le dépôt du document?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Votre
document est déposé.
M. Baril: ...et le ministre de l'Agriculture sur une question
d'équité. Dans ce document, on peut voir - rapidement, M. le
Président, parce que le temps est limité - au deuxième
graphique
que les dépenses du gouvernement fédéral au
Québec, c'est 410 000 000 $, et pour l'Ouest, c'est au-delà de 4
000 000 000 $.
Donc, ma question, M. le Président: Comment le ministre peut-il
défendre les fermiers de l'Ouest et supporter le versement par Ottawa de
plus de 4 000 000 000 $ dans l'agriculture de l'Ouest, quand le Québec
reçoit environ 400 000 000 $, ce qui représente 7,7 % des
dépenses agricoles du fédéral, alors que le Québec
représente 16 % des recettes agricoles au Canada? Et comment le ministre
peut-il laisser tomber à ce point les intérêts des
agriculteurs du Québec?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Picotte: M. le Président, je pense que la question de
la semaine dernière a été bénéfique pour le
député d'Arthabaska. Je dois le féliciter d'avoir mieux
préparé son dossier, pour une raison bien simple. Le document
dont il a fait état, je l'ai entre les mains et il se souviendra que
dès le début des années quatre-vingt jusqu'en 1988, ce
n'est que du "parlottage" et ce n'est que du criage que certains élus
québécois ont fait pour essayer d'aller chercher des sommes de la
part du gouvernement fédéral. Mais, à part que de crier et
d'en parler - un instant - il n'y a personne qui avait songé, sauf mon
prédécesseur, le député de Portneuf, à
demander à la Coopérative fédérée de
Québec, à l'Union des producteurs agricoles et au
ministère, évidemment, dont il était le titulaire, de
parler d'une question d'équité. Là, le
député d'Arthabaska devrait se souvenir que, depuis ce
temps-là, évidemment, il y a beaucoup de choses qui se sont
faites. Exemple: le principe d'équité, ça veut dire que
toutes les fois qu'Ottawa, dans une aide spéciale, verse 1 $ pour une
tonne de céréales, il doit verser cette même piastre dans
l'Ouest, au Québec, en Ontario, partout où il se produit des
céréales. De sorte que lorsqu'on a 14 % de producteurs de
céréales, on reçoit 14 % du montant de l'aide
spéciale. Il n'y a pas d'iniquité, il n'y a rien à part
ça qui vienne défavoriser les producteurs.
Deuxième des choses, le député d'Arthabaska devrait
savoir - il le sait, mais il oublie de le mentionner - que, depuis ce
temps-là, il y a eu un règlement tripartite avec le
fédéral. Il y a eu une intervention dans le sirop d'érable
depuis 1988. Il y a eu une intervention dans le porc depuis 1988. Il y a eu
aussi des arrangements pour un versement dans le lait industriel depuis 1988.
C'est ça le principe d'équité. En comparaison avec un
gouvernement qui n'en a que parlé, qui a crié et aboyé, un
autre a réalisé des choses. Voilà!
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, c'est un peu
décourageant d'entendre parler le ministre de l'Agriculture. S'il
m'était permis, je l'inviterais à rester après
l'école pour qu'il refasse ses devoirs et qu'il prenne connaissance
comme il le faut du document!
Des voix: Bravo!
M. Baril: Comment se fait-il...
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Votre question, M. le
député.
M. Baril: Comment se fait-il, M. le Président, que le
ministre de l'Agriculture arrive à démontrer une
équité pendant que le Québec, globalement, dans tous les
secteurs agricoles, reçoit 400 000 000 $ alors que le reste. l'Ouest -
je ne parle même pas des Maritimes, uniquement des provinces de l'Ouest -
reçoit 4 000 000 000 $? Et le ministre me parle d'équité!
Je ne comprends rien, M. le Président: 400 000 000 $ contre 4 000 000
000 $. Comment le ministre peut arriver avec 400 000 000 $? Si le ministre
prend 25 % des taxes qu'on envoie à Ottawa, c'est supposé faire 1
000 000 000 $ qui serait supposé nous revenir. Comment il se fait que le
ministre nous parle d'équité avec 400 000 000 $? Il y a un manque
d'au moins 600 000 000 $ "dret-là"!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Picotte: Élève Baril, si on était dans
l'ancien temps, vous recevriez un coup de règle sur le bout des
doigts!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Je suis, comme ex-enseignant et directeur
d'école, autant fier de ma profession que lui l'était de la
sienne l'autre fois, comparativement à son chef qui n'avait pas la
même fierté quand il avait donné une limousine au futur
ministre de la Justice; il n'avait pas la même fierté des
agriculteurs.
Mais ceci étant dit, M. le Président, ce qu'il est
important de souligner...
Des voix: Oh! Oh!
M. Picotte: ...est-ce que le député d'Arthabaska,
qui est un producteur de lait et qu devrait savoir ça, accepterait,
demain matin
selon le principe de l'équité et de recevoir un petit peu
plus d'aide spéciale, de sacrifier son aide garantie comme producteur de
lait pour devenir producteur de céréales, alors qu'il est
producteur de lait? Il n'y a pas un producteur de lait au Québec, il n'y
a pas un producteur de poulet au Québec et il n'y a pas un producteur
d'oeufs au Québec qui vont accepter d'aller chercher à
côté des aides spéciales, ils préfèrent leur
revenu garanti basé sur la gestion de l'offre. Ça, comme
producteur de lait, faites-moi le pari et dites de votre siège que vous
êtes prêt à vendre votre quota de lait pour vous lancer dans
les céréales. Si c'est ça, vous n'aurez même pas de
diplôme de présecondaire!
Des voix: Ha, ha, ha! Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, en question
complémentaire, M. le député d'Ar-thabaska.
M. Baril: M. le Président, comment le ministre de
l'Agriculture peut-il démontrer son ignorance d'une façon aussi
évidente que ça?
Des voix: Oh!
Des voix: Bravo! (14 h 50)
M. Baril: Comment le ministre de l'Agriculture peut-il comparer
un programme national, un plan conjoint national qui touche les producteurs de
lait, pendant que les programmes que le ministre touche ou dont il parle
actuellement, ce sont des politiques discrétionnaires,
complètement discrétionnaires, par lesquels le gouvernement
fédéral subventionne les céréali-culteurs de
l'Ouest. Comment le ministre peut-il démontrer une ignorance telle?
Aussi, est-ce que c'est selon le même principe que le ministre,
l'équité qu'il pense, est-ce que c'est selon le même
principe que, la semaine dernière, à Edmonton, son
ministère n'était même pas présent pour
négocier le partage que les producteurs québécois devaient
avoir sur la somme de 800 000 000 $? Comment ça se fait qu'il
n'était même pas là? Est-ce qu'il se fie tellement qu'au
fédéral on est équitable?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Picotte: Laissons les mathématiques, ça me
semble être un cas de Saint-Jude, et prenons maintenant un petit peu de
géographie. Vous devriez savoir, M. le député
d'Arthabaska, que, s'il y a beaucoup d'argent donné dans l'Ouest,
l'Ouest, c'est le grenier du monde au point de vue blé et
céréales.
Des voix: Ah! Ah!
M. Picotte: Le grenier du monde. Bien oui, c'est de la
géographie, ça. Et c'est un programme national puisque, quand il
se dépense 1 $ là, il se dépense 1 $ chez nous. Pourquoi
vous dites que ce n'est pas un programme national? C'est un programme national.
Il se dépense 1 $ là et il se dépense 1 $ chez nous. Bien,
vous devriez savoir ça, voyons donc!
Et, en ce qui concerne notre présence à ces
tables-là, M. le Président, on s'est rencontrés. On a eu
notre part. Il le sait très bien. D'ailleurs, je lui ai
démontré, la semaine passée, qu'on est allé
chercher un petit peu plus que ce que lui prétendait qu'on allait
chercher. On n'a pas toujours besoin d'être assis à une table, M.
le Président, alors que lui-même nous en ferait le reproche et il
saisirait l'occasion pour dire: Qu'est-ce que ça veut dire, vous
êtes allé vous asseoir à la table alors qu'il y en a qui
disaient que vous ne devriez pas y aller? On ne tombe pas dans ce genre de
trappe à souris.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question
complémentaire, dernière question complémentaire, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, comment le ministre entend-il
aller chercher la part des producteurs de sirop d'érable sur le partage
des 100 000 000 $ s'il ne s'assoit même pas à la table et ne
négocie pas comme la semaine passée? C'est le directeur de
l'Union des producteurs agricoles qui a négocié seul la part du
Québec et, là, il vient nous faire accroire qu'ils étaient
là et qu'ils ont négocié. Voyons donc! Comment va-t-il
faire accroire qu'il va négocier la part des producteurs de sirop
d'érable?
M. Picotte: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Picotte: ...le député d'Arthabaska parle de
choses qu'il ne connaît pas et dont il n'a pas eu connaissance. Il y a
déjà une entente de faite et l'entente sera finie d'être
parafée bientôt, au niveau du sirop d'érable. Et il y a
déjà d'autres ententes de faites, M. le Président. C'est
dans le montant d'argent qu'on va retirer qui nous permet de le partager dans
l'horticulture et dans toutes sortes d'autres domaines. Mais c'est
déjà fait. C'est déjà discuté, ça. Et
il y a déjà des parties de cette entente-là qui sont
signées. Le député d'Arthabaska oublie que, quand on va
s'asseoir à une table, c'est pour revenir avec des choses et faire des
choses constructives et non pas pour aller faire du "parloting" comme dans son
temps il s'en faisait malheureusement beaucoup trop. C'est clair. Et le
chèque, quand on l'aura, on ne se promè-
nera pas avec. On va l'apporter dans un compte.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question principale,
Mme la députée de Chicouti-mi.
Manque de sécurité sur les
chantiers
de construction, particulièrement
à la Baie James
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, mardi, en cette Chambre, le ministre du Travail soulignait
l'importance de la prévention en ce qui a trait à la santé
et à la sécurité au travail. Beau discours, certes, dont
je partage l'esprit, mais en totale contradiction avec les actions du
gouvernement et la situation vécue sur les chantiers de construction. En
un an, 26 décès, 19 000 accidentés du travail, pas de
comités de chantier et pas de représentants en prévention.
À la Baie James seulement, 4 morts depuis le début de
l'année. Par ailleurs, il existerait sur ce chantier des pratiques
douteuses, voire dangereuses, de la part de certains entrepreneurs qui ne
rapporteraient pas les accidents et qui retiendraient même les
travailleurs accidentés sur le chantier.
Ma question s'adresse au ministre du Travail. Le ministre a-t-il
été informé que des travailleurs accidentés
seraient retenus sur les chantiers soit pour des raisons de primes ou pour
abaisser les coûts? Et le ministre a-t-il entrepris des actions pour
mettre fin à ces pratiques qui constituent une menace permanente pour la
santé et la sécurité et, même, la vie des
travailleurs?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre du
Travail.
M. Cherry: M. le Président, comme il s'agit de la
première question de ma collègue de Chicoutimi, je profite de
l'occasion pour lui réitérer la collaboration qui est la mienne
dans les dossiers de relations du travail, spécialement concernant la
sécurité et la santé. Chaque fois que nous pourrons
ensemble faire cheminer les dossiers, c'est avec grand plaisir que je le
ferai.
Concernant, M. le Président, la question de ma collègue,
je l'ai informée - et ce sont certains de ces aspects qu'elle a
soulevés... Lors de notre rencontre du 1er octobre dernier, lors de
l'étude des engagements financiers, elle a soulevé certains de
ces aspects-là. Je tiens à lui dire, concernant l'aspect de la
sécurité sur les chantiers de construction, que j'avais
informé cette Chambre l'an passé - et je profite de l'occasion
pour le dire - qu'à la CSST on a formé des comités ad hoc
pour chacun des secteurs. Dans celui de la construction, les gens qui le
composent et qui doivent s'entendre sur cette situation pour la
sécurité des travailleurs, lors d'une rencontre tout à
fait récente au début de la semaine, m'ont indiqué que,
dans quelque temps - de leur donner encore quelque temps à peine - ils
m'arriveraient avec une solution qui répondrait aux
préoccupations que vous avez. donc, comme responsable du gouvernement,
je suis sensible à ce dossier. les partenaires dans ce dossier... parce
qu'il faut toujours se souvenir, m. le président, que la csst est
basée sur le partenariat et j'ai l'intention de respecter et de cheminer
avec les parties pour trouver les solutions concrètes aux
problèmes que vivent les parties.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, à ma
première question, j'aurais bien aimé avoir une réponse.
La question est claire et je la rappelle: II existe des conditions
particulières sur les chantiers de la Baie James qui mettent en danger
la santé, la sécurité et la vie des travailleurs. Est-ce
qu'il a fait enquête? Est-ce qu'il a vérifié la situation?
Et quels gestes précis a-t-il posés? Ces comités, est-ce
que ça a mis un peu plus d'inspecteurs sur les chantiers de
construction? Est-ce qu'il a obligé la création de comités
de chantier? Voilà les questions. Est-ce qu'il peut répondre?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre du
Travail.
M. Cherry: Si vous vous référez en particulier
à la situation de la Baie James - c'est ça que vous voulez
préciser - une information un peu plus poussée vous indiquerait
que certains des décès qui ont eu lieu là n'ont pas
été accidentels, si mes informations sont exactes. Il s'agirait,
selon les informations qui m'ont été fournies, de crise
cardiaque, madame. Donc, je tiendrais à vous le rappeler. Nous
débutons ensemble dans ce dossier et je souhaiterais qu'on le fasse
au-delà de la partisanerie. Les accidentés du travail et les
maladies professionnelles, je souhaiterais que nous puissions placer nos
différends politiques au-dessus de ça. Et chaque fois qu'il nous
sera possible de le faire cheminer, on va le faire.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député... Si vous voulez poursuivre, M. le ministre.
M. Cherry: Indépendamment des remarques qui viennent
d'être faites, je tiendrais à maintenir la qualité du
niveau des interventions avec ma collègue de Chicoutimi.
Une voix: Bravo!
M. Cherry: Donc, en terminant... Vous avez appelé
ça comment, M. le député de Joliette?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député. S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le
ministre, si vous voulez vous adresser à la présidence, je vous
écoute. Si vous voulez conclure.
M. Cherry: Et, M. le Président, je peux vous assurer,
comme j'assure cette Chambre, qu'il s'agisse des chantiers de la Baie James ou
d'ailleurs, chaque fois qu'il s'agit de la sécurité des
travailleurs et des travailleuses, c'est bien certain que, dans ma
responsabilité, je vais cheminer avec les parties pour le maximum de
sécurité, pour que nos travailleurs et nos travailleuses puissent
gagner leur vie de la façon la plus sécuritaire possible. Les
choses qui pourraient être portées à notre attention et qui
mériteraient correction le seront, vous pouvez en être
assuré, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, Mme la députée de Chicou-timi.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que le ministre a
aussi été informé que les accidents cardiaques pouvaient
être dus en partie aux tensions qui existent sur ces chantiers? Oui, M.
le Président. Et la question est très précise: Cette
année...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Nous sommes à la période de questions. La question est à
Mme la députée de Chicoutimi. J'aimerais avoir la
coopération de cette Assemblée. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre est titulaire
de ce ministère depuis plus d'une année, le gouvernement est
là depuis près de six ans. Cette année, 26
décès, trois fois plus que dans tous les autres secteurs
d'activité économique. Est-ce qu'il trouve ça normal?
Qu'est-ce qu'il attend pour nommer des inspecteurs sur les chantiers de
construction, pour augmenter le nombre d'inspecteurs à la CSST, tel que
le réclame la CSST déjà depuis de nombreuses
années? Et qu'est-ce qu'il attend enfin pour créer des
comités de chantier, tel que la loi le prévoit?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre du
Travail. (15 heures)
M. Cherry: Alors, M. le Président, pour répondre
à ma collègue - vous soulevez la question des inspecteurs -
j'informe cette Chambre que dans le magazine Info-Carrière de la semaine
du 19 octobre, donc, cette semaine, on annonce l'ouverture de 9 concours
à l'Office des ressources humaines afin de recruter 51 nouveaux
inspecteurs à la CSST, répartis dans les sections suivantes: 3
pour la région de Rimouski, 4 pour Jonquière - je le
répète, 4 pour Jonquière, une région qui devrait
particulièrement vous intéresser - 7 pour Québec, 5 pour
la région de Trois-Rivières, 3 pour la région de
Sherbrooke, 10 pour la région de Montréal, 7 pour la
région de Laval, 5 pour la Montérégie, 4 pour Hull, 2 pour
Rouyn et 1 pour Sept-îles. Dans l'ensemble, madame, 51 nouveaux
inspecteurs.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question principale,
M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Suggestions de l'Association des hôpitaux quant
au financement du système de santé
M. Trudel: Oui, M. le Président. Le débat sur le
financement du système de santé que le ministre de la
Santé et des Services sociaux a promis pour l'automne vient d'être
lancé d'une façon on ne peut plus spectaculaire non pas par le
gouvernement, mais par l'Association des hôpitaux du Québec qui,
dans un document de consultation publié ce matin, suggère
plusieurs scénarios. Par exemple, dans ce document: l'instauration de
nouvelles taxes à l'utilisation des services de santé. Nous
pouvons citer: 10 $ pour l'occupation d'un lit d'hôpital à chaque
jour, une nouvelle taxe de 8 $ comme suggestion pour la visite chez le
médecin.
Une question bien simple au ministre de la Santé et des Services
sociaux. Est-ce qu'il endosse cette suggestion d'instaurer des frais de 10 $
par jour pour un lit d'hôpital ou de 8 $ pour une visite chez le
médecin, ou est-ce qu'il rejette d'emblée cette idée d'une
nouvelle taxe à l'utilisation des services de santé au
Québec?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense qu'il apparaît important, à ce moment-ci, de bien situer
où nous en sommes puisque l'Association des hôpitaux du
Québec a décidé de faire sa propre démarche
auprès de ses membres, soit les centres hospitaliers de courte
durée, en particulier, à travers le Québec pour avoir une
position commune qu'ils défendront en commission parlementaire quant au
financement du réseau. Dans ce sens, ils proposent un certain nombre de
pistes qui, je pense, ne doivent pas, à ce moment-ci, inquiéter
outre mesure le député puisque ce sont les mêmes
propositions qu'ils nous avaient soumises, il y a un an et demi, lorsqu'on les
avait rencontrés en commission parlementaire sur l'avant-projet de loi
quant à la réforme.
M. le Président, il est évident, à ce moment-ci,
que nous aurons une commission parlementaire - il y a des discussions à
avoir avec l'Opposition sur le moment, plus certainement au mois de janvier
qu'avant les fêtes - sur ce sujet en particulier. On déterminera
la date. Elle fera l'objet de mémoires déposés par des
gens que nous inviterons. Dans ce sens-là, on ne discutera pas
uniquement de ce qu'on doit ajouter comme argent dans le système parce
que ça doit, à l'occasion, se balancer. Dans la mesure où
on exige encore davantage de services un peu partout à travers le
Québec, il faudra, bien sûr, que ce soit accompagné d'un
certain nombre de mesures qui puissent garnir les coffres gouvernementaux pour
payer ces services additionnels. Les exemples qui sont soumis par le
député, à ce moment-ci, sont des exemples qui sont
proposés par l'AHQ et qui sont proposés pour la discussion. On
verra à ce moment-là.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Comme le ministre ne rejette pas d'emblée les
suggestions de l'Association des hôpitaux du Québec, est-ce qu'il
peut nous dire quand il va déposer son document public sur le
financement du système de santé et des services sociaux au
Québec? Est-ce que le gouvernement, lui, va prendre position clairement
sur ce débat promis pour l'automne et dont on vient de nous annoncer
qu'il est, une fois de plus, reporté à l'hiver?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le ministre de
la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
comme c'est facile dans l'Opposition! Je peux en dire quelque chose, j'y ai
été pendant quelques années! C'est facile. Nous avons a
administrer... Évidemment, quand on nomme des ministres deux ans avant
le temps, ils risquent de toujours être uniquement députés
ou pas du tout!
Il y a une démarche qui est logique. Nous avions annoncé
une commission parlementaire. Elle aura lieu. Qu'elle ait lieu au mois de
décembre ou au mois de janvier, c'est deux mois très proches.
Dans ce sens-là, oui, le gouvernement aura des décisions à
prendre. Oui, le ministère déposera un document qui aidera
à la réflexion pour aller en commission parlementaire,
suffisamment de temps avant pour que les gens puissent se préparer et
être bien préparés pour demander des sous additionnels,
mais aussi pour nous dire de quelle manière on va le financer pour que
ce soit un discours très équilibré. Dans ce
sens-là, quand le gouvernement aura à prendre des
décisions, il les prendra en fonction de l'exercice budgétaire
1992-1993.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, en question
principale, M. le député de Duplessis.
Indemnisation des actionnaires de la Scierie
Forestville
M. Perron: Oui. M. le Président, des citoyens et
citoyennes de Forestville ont investi environ 700 000 $ dans la scierie des
produits Forestville et cela, avec l'appui du député de Saguenay
et du ministre des Forêts. Hier soir, lors d'une rencontre publique
convoquée par téléphone, les personnes ayant souscrit au
fonds apprenaient qu'elles devaient céder obligatoirement, et à
fonds perdu, toutes les actions à une nouvelle compagnie dont REXFOR est
actionnaire si on voulait que la scierie continue de fonctionner.
Ma question au ministre des Forêts: Le ministre a-t-il l'intention
de prendre ses responsabilités en mettant en place des mesures pour
compenser ces petits actionnaires dont certains ont mis leurs épargnes
et d'autres ont même emprunté pour sortir de ce marasme
économique de la région de Forestville, suite aux
réductions successives des opérations forestières de
Daisho-wa?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai pris mes responsabilités dans le cas de la
Scierie Forestville et j'ai demandé à REXFOR d'examiner cette
question pour savoir s'il y avait moyen de relancer cette entreprise qui a
connu des difficultés dès son départ. C'est une entreprise
qui devait exploiter des bois feuillus seulement et, suite à ses
difficultés, j'ai tenté de l'aider en lui octroyant des bois
résineux. Mais, malgré tout cela, c'est une entreprise qui aura
besoin du secours ou de l'aide du gouvernement fédéral ou du
gouvernement du Québec s'il y a lieu.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, est-ce que le ministre des
Forêts peut répondre à la question que je lui ai
posée, à savoir s'il a l'intention d'indemniser les actionnaires
qui sont en train de perdre au total 700 000 $ suite à des
investissements qui ont été faits? C'est ça la question,
ce n'est pas autre chose.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, sur cette
question, M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça me fait
plaisir, M. le Président, de répondre au député de
Duplessis, à savoir que ce projet est à l'étude
par REXFOR et que je n'ai pas encore reçu le rapport de REXFOR.
Lorsque j'aurai reçu ce rapport, je pourrai répondre
adéquatement au député de Duplessis, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Oui. M. le Président, est-il exact que le
gouvernement fédéral et REXFOR ont exigé que la compagnie
Produits Forestville, dans laquelle avait investi la population, ne fasse pas
partie de cette nouvelle compagnie? Est-ce exact, oui ou non?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le ministre
des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, M. le député de Duplessis devrait attendre
d'être rendu à la rivière avant de traverser le pont. Comme
je l'ai mentionné, et il n'a pas écouté comme d'habitude,
je n'ai pas encore reçu l'analyse devant être faite par REXFOR ni
les recommandations en ce sens.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une dernière
question additionnelle, M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, j'ai écouté la
réponse du ministre qui, en fait, était du patinage et c'est la
raison pour laquelle je suis revenu à la charge parce qu'il n'a vraiment
pas donné de réponse. Est-ce que le ministre des Forêts
peut prendre l'engagement que les actionnaires concernés qui, je le
répète encore fois, ont investi environ 700 000 $ seront
indemnisés par son gouvernement? Est-ce qu'on peut avoir la garantie du
ministre à cet effet-là?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, non, je ne pourrai pas donner cette garantie-là tant
que je ne connaîtrai pas toutes les facettes du dossier.
Évidemment, lorsqu'on devient actionnaire d'une entreprise, on appelle
ça du capital de risque; ces gens-là ont pris un risque et c'est
mon habitude et c'est l'habitude du gouvernement actuel de protéger les
petits investisseurs s'il y a moyen de le faire.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
En question principale, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. (15 h 10)
Négociations entre le gouvernement et les
pharmaciens
M. Trudel: M. le Président, depuis le 1er juin 1989, les
pharmaciens du Québec n'ont plus d'entente avec le gouvernement et,
depuis le 1er septembre 1989, les offres des pharmaciens n'ont reçu
aucune réponse et aucune négociation n'a eu lieu quant aux frais
qui doivent être remboursés par la Régie à ces
pharmaciens du Québec. Déjà, 900 pharmaciens sur 1200 au
Québec ont signé leur formulaire de désengagement de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec. Qui plus est, les pauvres
et les nombreuses personnes âgées concernées au
Québec risquent d'être les innocentes victimes de cette absence de
négociation et, d'ici à 30 jours, ils risquent d'être
obligés de payer d'abord leurs médicaments avant de se faire
rembourser par la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux peut-il nous
indiquer aujourd'hui s'il a l'intention, rapidement, de déposer des
offres formelles de la part du gouvernement aux pharmaciens du Québec?
Et peut-il aussi, bien sûr, assurer les personnes âgées du
Québec, en particulier, que de véritables négociations
vont être entreprises, qu'elles vont se dérouler et qu'on peut les
rassurer, ces personnes âgées, qu'après deux ans et demi,
ça a assez duré, cette absence d'échanges avec les
pharmaciens du Québec?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Jusqu'à maintenant, cette lenteur dans les
négociations n'a d'aucune manière - je pense qu'il faut le dire -
affecté les citoyens qui sont des consommateurs de médicaments,
principalement au niveau des deux programmes pour les personnes
âgées et pour celles qui sont sur l'aide sociale.
M. le Président, ce que nous avons fait depuis un certain nombre
de mois, c'est de tenter d'avoir une politique très claire et
très nette concernant les médicaments, qui tienne compte du
consommateur, qui tienne compte du prescripteur, qui tienne compte du vendeur,
qui tienne compte du grossiste et qui tienne compte du fabricant, de telle
sorte qu'on ait une politique cohérente, toujours centrée sur le
bénéficiaire et faisant en sorte que le gouvernement du
Québec paie le prix réel d'acquisition des médicaments.
Cette politique-là est entre les mains du gouvernement pour son
adoption.
Découlent de cela des mandats très clairs de
négociation avec ceux qui sont dans les pharmacies et qui vendent et
qui, jusqu'à maintenant, ont vendu des pilules, rempli des ordonnances
et qui, demain, devront faire davantage, et c'est ça que nous avons
à négocier avec eux, davantage dans le sens de rendre service
à toute cette population qui a besoin aussi de conseils et d'un certain
environnement sur le plan de la médication, et ça va être
au coeur de la négo-
ciation qui s'intensifiera la semaine prochaine. Je n'ai aucunement
l'intention de faire en sorte que les gens soient les victimes de cette
négociation ou de ces menaces. Inévitablement, ce genre de
menaces, c'est aujourd'hui uniquement des menaces. Si on devait passer aux
actes, je devrai répondre de la même manière.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En question
complémentaire, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Mais là, pour l'instant, les
bénéficiaires sont très inquiets. Et comment peut-on
intensifier des négociations qui n'ont pas commencé? Est-ce qu'on
peut formellement dire aux personnes assistées sociales du Québec
et aux personnes âgées en particulier, et bien sûr aux
pharmaciens, qu'il y aura début de négociation et non pas annonce
de rencontre comme demain matin, rencontre qui, finalement, n'aura pas lieu? Et
est-ce qu'en conséquence le ministre est aussi capable de dire
aujourd'hui à ces mêmes personnes âgées: Advenant des
difficultés dans les négociations - puisque ça
traîne depuis deux ans et demi - il y aura des moyens alternatifs qui
seront mis sur pied pour assurer à ces personnes qu'elles pourront avoir
leurs médicaments peu importent les difficultés de relations avec
le groupe concerné, compte tenu que le gouvernement s'est
traîné les pieds dans ce dossier-là?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): La question, M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Le gouvernement s'est
traîné les pieds, c'est votre interprétation. Et lorsque
vous dites qu'il n'y a pas eu de négociation, il n'y a rien de plus faux
puisque, effectivement, il y a eu des négociations avec eux. Nous en
sommes à échanger sur: Est-ce que c'est 4,58 $ ou est-ce que
c'est 7 $? Ou c'est 7,50 $ ou c'est 9 $? C'est là où nous en
sommes quant à l'Association des pharmaciens. Quant à nous, on
dit: II y a d'autres choses périphériques à tout
ça. Il y a le prix réel d'acquisition qui est au coeur même
de la discussion. Et quand on parle de prix réel d'acquisition, c'est le
prix que doit nous charger le pharmacien, qui est le prix réel et qui
doit tenir compte des escomptes. Si on veut en faire un débat sur la
place publique, on pourrait ajouter d'autres choses aussi: les dosettes, les
semainiers, et vous allez voir qu'au bout de la ligne peut-être que sur
la place publique le débat va se terminer pour aller se régler
à la table. Ça se fait à deux et ça se
négocie à deux aussi.
Dans ce sens-là, M. le Président, pour rassurer le
député, il y a des moyens dont je dispose et je sensibiliserai le
gouvernement et le Conseil des ministres à ces moyens pour m'as- surer
que les bénéficiaires ne soient pas les victimes de cette
situation-là, parce que, dans d'autres circonstances pour d'autres
sortes de professionnels, dans la mesure où il y a des engagements, le
bénéficiaire reçoit le service, se fait rembourser par la
Régie de l'assurance-maladie et paie le professionnel après.
Ça aussi, ça peut s'adapter aux pharmaciens.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ceci met fin à la
période de questions. Nous en sommes maintenant aux votes
reportés. MM. les whips. (15 h 16- 15 h 17)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le whip de
l'Opposition, M. le leader adjoint, ça va? Si vous voulez prendre vos
places, s'il vous plaît!
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 162
Tel qu'annoncé précédemment, je mets maintenant aux
voix la motion de M. le ministre des Finances proposant que soit adopté
le principe du projet de loi 162, Loi sur les frais de garantie relatifs aux
emprunts des organismes gouvernementaux.
Que les députés qui sont en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Port neuf), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Levesque (Bo-naventure), Mme Bacon (Chomedey),
M. Ryan (Argenteuil), M. Côté (Charlesbourg), M. Bour-beau
(Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Sirros (Laurier), M. Vallières
(Richmond), M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas (Robert-Baldwin), M.
Tremblay (Outremont).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le leader...
M. Chevrette: Question de règlement. Le
Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Chevrette: Ça rentre... Il y en a au moins un d'assis
qui est entré. Et il y en a au moins un qui voulait entrer.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez fermer
les portes. Je ne l'ai pas vu entrer, M. le leader, je prends votre parole.
Vous savez, MM. les députés, quand il y a un vote qui est pris,
on ne peut pas entrer durant le déroulement du vote. C'est une
règle stricte. Oui.
M. Pagé: On ne peut pas sortir, non plus.
Une voix: Qu'est-ce que vous faites avec celui qui est
entré?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, s'il vous plaît.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est une bonne
question. M. le leader, je n'avais pas terminé ma phrase. Si vous voulez
poursuivre. M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que quelqu'un peut
entrer?
Des voix: Non.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Lors du
déroulement du vote, personne ne peut entrer.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous faites, M. le Président,
avec quelqu'un qui est entré?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader de
l'Opposition officielle, je ne l'ai pas vu entrer. Moi, je ne l'ai pas vu
entrer. Mais je prends votre parole, M. le député. Il est
entré, je ne sais pas quel député. Je sais qu'il est
entré par la porte d'en arrière, mais je ne l'ai pas vu. Je pense
qu'il y a une règle en cette Chambre qui dit que, lorsqu'il y a un vote,
on ne peut pas entrer. On peut quand même se présenter
après le vote et on peut demander que son vote soit enregistré.
Avec votre permission, nous allons poursuivre le vote, M. le
député.
M. Chevrette: M. le Président, si le député
qui est entré... Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader de
l'Opposition officielle, s'il y a un député qui est entré
lors du début du vote, qui est entré après le début
du vote, je lui demanderais de se retirer de cette enceinte. Si vous voulez
poursuivre le vote, monsieur.
M. le député, je vous demande votre collaboration.
Si vous voulez poursuivre le vote.
Le Secrétaire adjoint: Mme Robic (Bouras-sa), Mme
Frulla-Hébert (Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M.
Bélisle (Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M.
Picotte (Maskinongé), Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval),
M. Houde (Berthier), M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie
(Abitibi-Est), M. Cannon (La Peltrie), M. Philibert (Trois-Rivières), M.
Chagnon (Saint-Louis), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel
(Sherbrooke), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M.
Thé-rien (Rousseau), M. Benoit (Orford), M. Dauphin (Marquette), M.
Kehoe (Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M.
Charbonneau (Saint-Jean), Mme Bégin (Belle-chasse), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Forget
(Prévost), M. Gobé (LaFontaine), Mme Hovington (Matane),
M. Joly (Fabre), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme
Boucher Bacon (Bourget), M. Parent (Sauvé), M. Brouil-lette (Champlain),
M. Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal (Châteauguay), M. Després
(Limoilou), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière (Gati-neau), M.
Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier), M. Atkinson
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Holden (Westmount).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que les
députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), M. Blais (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis),
M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M.
Claveau (Ungava), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M.
Gendron (Abitibi-Ouest), M. Léonard (Labelle), Mme Vermette
(Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), Mme
Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M. Beaulne
(Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a des
abstentions?
Le Secrétaire: pour: 63 contre: 24 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, la motion est
adoptée. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi que nous venons d'adopter en deuxième lecture soit
déféré à la commission du budget et de
l'administration pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
M. Pagé: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté.
Alors, nous en sommes aux motions sans préavis. Les
députés qui ont d'autres vacations peuvent... Je demande la
collaboration... Je demanderais la collaboration des députés.
Nous sommes toujours à la période des affaires cou-
rantes. Je reconnais M. le leader du gouvernement, aux motions sans
préavis.
Motions sans préavis
Motion proposant que le ministre
délégué
à la Réforme électorale soit
membre de la
commission qui étudiera les
prévisions
budgétaires du Directeur général
des élections
M. Pagé: m. le président, je fais motion pour que
le ministre délégué à la réforme
électorale soit membre de la commission des institutions qui, comme on
le sait, procédera le jeudi 31 octobre prochain, 1991, à
l'étude des prévisions budgétaires 1991-1992 du directeur
général des élections.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, y a-t-il
consentement à l'adoption de cette motion?
M. Pagé: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, consentement.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Pagé: Adopté. M. Chevrette:
Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Motions
sans préavis, M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. Picotte: Oui, M. le Président. Je voudrais
présenter...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je m'excuse, M. le
ministre. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, si vous permettez, sans
vouloir, évidemment, limiter ou retarder la présentation de cette
motion importante de la part du ministre de l'Agriculture, je demande le
consentement pour pouvoir présenter les avis des travaux des commissions
et, notamment, pour la commission de la culture, cet après-midi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement à ce que nous passions aux avis?
M. Chevrette: Oui. M. Libman: Non.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II n'y a pas de
consentement. Alors, nous en sommes aux motions... Il n'y a pas de
consentement. S'il vous plaît, M. le leader, il n'y a pas de
consentement. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, sur votre motion sans préavis.
Souligner la Semaine québécoise de la
vie animale
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée pour présenter la motion
suivante: "Que l'Assemblée nationale souligne la première Semaine
québécoise de la vie animale qui se tient du 21 au 27 octobre",
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion?
M. Chevrette: Consentement. M. Picotte: C'est
sûr.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Alors, M.
le ministre, vous pouvez procéder.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. J'aimerais, par la
présente, inviter les membres de cette auguste Assemblée à
souligner une première au Québec, la Semaine de la vie animale,
qui a débuté ce lundi 21 octobre. Je tiens à
féliciter la Corporation professionnelle des médecins
vétérinaires du Québec de cette initiative qui permettra
aux Québécois et Québécoises d'être
sensibilisés à l'importance des animaux dans leur quotidien,
particulièrement les animaux de la ferme, et à la
nécessité d'assurer leur santé, gage d'aliments de
qualité.
Du seul point de vue économique, les productions animales
québécoises constituent près de 78 % de l'ensemble de nos
productions agricoles. En effet, à travers toutes les régions du
Québec, on retrouve des vaches pour la production laitière, du
boeuf, de l'agneau, du porc et de la volaille qui nous permettent de manger de
la viande et des oeufs. Afin de nous assurer que ces produits soient propres
à être consommés, nous, du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec,
déployons des efforts auprès des producteurs pour leur permettre
de maintenir et d'améliorer la santé de troupeaux dont le haut
niveau sanitaire est reconnu mondialement.
Le Programme d'amélioration de la santé animale, M. le
Président, mis en place depuis maintenant 20 ans - j'ai eu l'occasion de
fêter ce 20e anniversaire, tout récemment, en compagnie de ceux
qui l'ont institué, l'ancien ministre de l'Agriculture et
député de Champlain, M. Normand Toupin, et certains de ses
collaborateurs du temps - permet à tous les éleveurs du
Québec d'avoir accès à des soins
vétérinaires, et à des prix abordables surtout. Outre
l'augmenta-
tion de la production et l'amélioration du bien-être des
animaux, l'action du ministère de l'Agriculture vise à garantir
aux Québécois l'accès à des aliments sains. Les
troupeaux québécois ont atteint une image qui, au point de vue
sanitaire, est très enviée sur tous les marchés.
Au-delà des animaux de la ferme, ceci joue également pour
les humains un rôle d'accompagnement. L'initiative de lancer la Semaine
de la vie animale veut également nous sensibiliser à ce
rôle et à la nécessité de traiter
adéquatement ces compagnons de tous les jours. Ceci s'avère une
suite intéressante à l'invitation que j'ai faite lors de la
commission parlementaire traitant de la cruauté envers les animaux,
où j'ai particulièrement insisté sur la
nécessité de sensibiliser et d'informer les gens.
Je tiens à nouveau à féliciter les organisateurs
pour cette Semaine consacrée à la vie animale et j'espère
que cet événement sera renouvelé au cours des prochaines
années. Si j'ai parlé, M. le Président, d'une
première au niveau québécois, il y a des gens qui vont
trouver ça un petit peu curieux puisqu'on connaît, depuis
plusieurs années, la Semaine de la santé animale. Et ça,
c'était fait en collaboration, à travers tout le Canada, la
Semaine de la santé animale. Cette année, nous nous sommes
distingués parce que je pense que nous devons aller plus loin que de
parler de santé animale, nous devons parler maintenant de la vie
animale, puisque la démonstration est faite que nous avons des animaux
en santé, que nous les traitons bien et, en plus de ça, que nous
faisons le maximum, à travers nos programmes de surveillance, pour
éliminer les maladies. ceci étant dit, m. le président, la
nouveauté du fait qu'on parle de la semaine de la vie animale, à
cet effet-là, je félicite ceux et celles qui ont pensé
à cet élément particulier, cette particularité de
notre milieu de vie, et à le souligner à tous nos concitoyens et
nos concitoyennes. merci, m. le président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Sur cette même motion, M. le député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril: M. le Président, il me fait plaisir de
m'associer au ministre de l'Agriculture et à tous les intervenants qui
ont initié cette première Semaine de la vie animale au
Québec, principalement la Corporation professionnelle des
médecins vétérinaires du Québec qui sont les
initiateurs et les promoteurs de cette Semaine. (15 h 30)
Effectivement, si ce grand événement qui, entre autres, se
déroulera cette semaine au complexe Desjardins, en plein coeur de la
ville de Montréal, pouvait démontrer davantage aux gens des
villes l'importance des animaux et le soin que les propriétaires de ces
animaux de la ferme, entre autres, tous les soins qu'ils y mettent pour
être capables d'avoir des animaux en santé et être capables
de fournir un produit de qualité aux consommateurs, ça serait
déjà là un grand pas de franchi. On sait, depuis
déjà plusieurs années, que la médecine
vétérinaire est plus poussée que la médecine des
personnes et on soigne aujourd'hui, on traite des maladies chez les animaux
qu'on n'est pas capable de traiter chez les humains. Il y a quand même
beaucoup de recherches qui se sont faites et qui se font encore pour essayer
d'avoir, au Québec, des animaux en santé pour fournir une
alimentation des plus saines.
Il faut connaître la fierté, l'amour que les
propriétaires des animaux ont envers ces bêtes-là pour
être capable de s'apercevoir que bon an, mal an, qu'il fasse beau, qu'il
fasse mauvais, qu'ils perdent de l'argent ou qu'ils en fassent, les
propriétaires de ces bêtes sont obligés quand même de
les alimenter et de les nourrir. Je vous dirai que ce n'est pas toujours facile
quand tu ne rencontres pas ton coût de production, que tu as des pertes,
il faut que tu continues à maintenir ton troupeau en santé parce
que c'est lui qui te fait vivre.
Cette Semaine de la vie animale, qui se tient, comme je le disais, au
complexe Desjardins, pourra également démontrer avec les
professionnels sur place tous les soins préventifs qui sont disponibles
actuellement pour être capable d'améliorer le rendement de ces
animaux. Au Québec, si nous avons choisi de développer la
production animale, entre autres, c'est parce que nous avons depuis longtemps
compris qu'il ne fallait pas uniquement avoir une production, mais qu'il
fallait diversifier notre production. Donc, au Québec, on produit du
lait, du boeuf, de l'agneau, du porc, de la volaille, une multitude de
productions qui tiennent nos campagnes et nos régions le plus
économiquement en santé possible. je félicite
également la corporation professionnelle des médecins
vétérinaires du québec d'avoir initié cette semaine
de la vie animale. j'espère que beaucoup de gens pourront participer,
pourront aller visiter sur place, parce que vous savez, la réussite ou
le succès d'une entreprise d'envergure comme ça, c'est les gens
qui visitent, les gens qui assistent ou qui participent à ces
rencontres. j'invite beaucoup la population à se rendre sur place pour
être capable de mieux contourner toutes les difficultés et, aussi,
en apprendre beaucoup sur la santé et la vie animale. que ce soit du
plus petit chat ou du plus petit chien à la plus belle perruche, je
pense qu'il y en a pour tout le monde dans ce contexte-là et il y aura
sans doute beaucoup à apprendre sur la façon d'alimenter, sur la
façon de soigner l'ensemble des animaux au québec.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Je cède maintenant la parole à
M. l'adjoint parlementaire du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, le député de Berthier.
M. Houde: Merci. M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Un instant, M. le
député. Question d'information, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M'est-il permis de demander le consentement, M.
le Président, avant l'importante intervention du député
de... Demander le consentement.
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Le consentement
pourquoi, M. le leader du gouvernement?
M. Pagé: Maintenant que je l'ai, M. le Président,
j'ai toute la latitude de demander... Le consentement est donné. Je
pourrais même aller jusqu'à indiquer qu'aucun des
députés de l'Opposition ne va parler au...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement, vous demandez un consentement sur quoi? Il faudrait que...
M. Pagé: Pour donner les avis.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ah! De revenir aux avis
touchant les commissions...
M. Pagé: Les donner.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Les donner.
Consentement.
M. Pagé: Le consentement est donné.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Pagé: Je retiens l'empressement avec lequel
l'Opposition m'a donné le consentement, sans que je l'aie
indiqué. J'aurais pu bâillonné l'Opposition toute la
journée, jusqu'à la fin du mois de novembre... Je l'ai fait. M.
le Président, j'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui, de 15 h 30
à 18 h 30, donc à compter de maintenant jusqu'à 18 h 30,
à la salle du Conseil législatif, la commission de la culture
poursuivra sa consultation générale sur la proposition de
politique de la culture et des arts déposée à
l'Assemblée nationale par ma collègue, Mme la ministre des
Affaires culturelles, le 14 juin dernier.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors votre avis est
déposé. Je vous avise que le mardi 29 octobre 1991, à
compter de 11 heures, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, la
commission des institutions se réunira en séance de travail. De
plus, toujours le mardi 29 octobre 1991, de 10 heures à 12 h 30,
à la salle Louis-Joseph-Papineau, la Commission d'étude des
questions afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté se réunira en séance de travail. Alors, c'est
tout pour les avis touchant les travaux des commissions.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, c'est en même
temps. C'est deux présidents qui sont différents. Le
président de la commission des institutions est le député
de Marquette et, pour la Commission d'étude des questions
afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté, c'est M. le député de Laval-des-Rapides.
Nous en sommes maintenant toujours aux motions sans préavis. Je
reconnais maintenant... Je vais en profiter en même temps pour renseigner
les membres de cette Assemblée. J'avise que l'interpellation du vendredi
1er novembre 1991 portera sur le sujet suivant: Le développement des
régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine. M. le député de Lévis
s'adressera alors à M. le ministre responsable du Développement
régional. Alors, l'avis en est donné. M. le député
de Berthier.
Motions sans préavis
Souligner la Semaine québécoise de la
vie animale (suite)
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole sur la Semaine de la santé animale, motion
présentée par le ministre Yvon Picotte.
Une première Semaine de la vie animale, cela est fort
intéressant et c'est pourquoi, M. le Président, tout comme le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec et ministre responsable du Développement régional,
le député de Maskinongé, je tiens à
féliciter les organisateurs de l'initiative.
Ayant été moi-même producteur agricole, je souhaite
que cette Semaine permette de vulgariser et d'informer les citoyens et
citoyennes des grandes villes, ainsi que les enfants qui seront les adultes de
demain, sur le rôle des animaux dans notre société et sur
la nécessité de bien les traiter.
Sans tomber dans le pathétique, cette Semaine permettra, je
l'espère, de démystifier
certaines pratiques d'élevage respectueuses de la vie et de la
santé des animaux. Je souhaite que cette première se
répercute car, tout comme le mentionnait le ministre, lorsqu'on parle
d'attitudes à développer, il faut sensibiliser avant de
sévir. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Berthier. Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Alors,
ceci met fin... Est-ce qu'il y a des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, M. le leader du gouvernement? M. le leader de l'Opposition
officielle.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Chevrette: Oui. M. le Président, étant
donné que je suis avisé que les travaux de cette Chambre seront
passablement restreints cet après-midi, me dit-on, une loi à
terminer ou tout au plus, je voudrais savoir de la part du leader adjoint du
gouvernement si on peut d'ores et déjà envisager que les
mini-débats auraient lieu immédiatement après la fameuse
loi?
M. Bélisle: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader de
l'Opposition, oui. Évidemment, au moment où je vous parie, la
présidence n'a pas reçu les demandes. Je présume
que...
M. Chevrette: Étant donné que je le sais...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, il y aura
consentement de M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Si vous me permettez, peut-être
également clarifier une chose avec le leader de l'Opposition, M. le
Président: de savoir, par ordre de préférence, lequel des
mini-débats il voudrait tenir en premier.
M. Chevrette: Le premier sera celui qui confrontera M. le chef de
l'Opposition au ministre des Finances; le second sera le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation avec notre critique de
l'agriculture, le député d'Arthabaska; le troisième sera
le ministre des Forêts avec le député de Duplessis.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, si je comprends
bien, il y a consentement pour que les débats de fin de séance,
dans l'ordre de priorité que vous avez mentionné, aient lieu
immédiatement après la période des affaires du jour. Si la
période des affaires du jour se termine avant 16 h 30, nous
procéderons immédiatement à ces trois débats de fin
de séance.
Ceci met fin à la période des affaires courantes.
Nous en sommes maintenant aux affaires du jour. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: L'article 6, M. le Président.
Projet de loi 164 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 6,
l'Assemblée reprend le débat sur l'adoption du principe du projet
de loi 164, Loi modifiant la Loi sur les allocations d'aide aux familles. Lors
de l'ajournement du débat, la parole était à Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière. Je vous indique qu'il
vous reste neuf minutes à votre intervention. Mme la
députée.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, M. le Président.
Effectivement, quand on a été interrompus, j'étais
à donner les recommandations, si on veut, du Conseil de la famille.
Selon le Conseil de la famille, le système actuel ne répond pas
aux besoins des parents des années quatre-vingt-dix parce que les
orientations qui sont retenues négligent quatre problèmes
importants. Ces problèmes ont trait à la compensation des
coûts reliés aux enfants, à l'appauvrissement des jeunes
parents, à la pauvreté des familles monoparentales ainsi
qu'à des iniquités fiscales qui perdurent. (15 h 40)
Pour les familles, en fait, quand on parle de la compensation
inadéquate des coûts reliés aux enfants, il est très
clair pour le Conseil de la famille qu'on se contente tout simplement d'indexer
les allocations familiales et les crédits d'impôt, des sommes qui
ont une valeur, à toutes fins pratiques, médiocre. On n'a jamais
cherché et on ne cherche pas à les bonifier. De cette
manière, on ne tient pas compte du fait que ces familles qui ont des
enfants font face, elles aussi, à des dépenses d'entretien et
d'éducation, que ces dépenses ont considérablement
augmenté au cours des dernières années, et cela, bien
au-delà du taux d'inflation. Alors, même si on continue d'indexer
très simplement les allocations familiales, eh bien, on n'est pas
capable de rattraper les taux d'inflation.
L'autre jour, quand on était en train de discuter du projet de
loi 164, la ministre déléguée à la Condition
féminine et à la Famille nous faisait part des résultats
d'un sondage qui a été effectué par le Secrétariat
à la famille, un sondage récent qui nous démontrait que
les deux facteurs principaux qui font que les familles décident
aujourd'hui d'avoir un premier enfant
sont la stabilité des couples et la stabilité
financière, la stabilité économique. Ces deux
éléments réapparaissent tout à fait logiques et
tout à fait plausibles, M. le Président. Comment voulez-vous - et
c'est très facile à considérer - qu'un jeune couple,
aujourd'hui, dans les années que l'on vit, avec les problèmes que
l'on a présentement, décide ou puisse prendre la décision
d'avoir un premier enfant? On a vu les taux de chômage qui sont
absolument aberrants, on a vu - et le chef de l'Opposition en parlait justement
hier, lors de la période de questions - que les emplois qui augmentent
le plus, où il y a une réelle augmentation, c'est les emplois
précaires. C'est bien évident que quelqu'un, M. le
Président, qui a un contrat qui est renouvelable de six mois en six mois
vit une instabilité financière certaine et il ne peut pas prendre
la décision d'avoir un enfant. Ça, c'est très clair, et je
pense que, là-dessus, je partage évidemment les résultats
de ce sondage. Je partage les propos de la ministre
déléguée à la Condition féminine.
Mais là où ça m'a étonnée, c'est
quand la ministre déléguée à la Condition
féminine continuait en disant: "Alors, c'est donc la raison - et je la
cite au texte, M. le Président - pour laquelle le gouvernement avait
choisi, en 1989, de suggérer un soutien financier stable aux familles
lors de la naissance d'un troisième enfant." Eh bien là,
écoutez, si je suis d'accord avec les résultats du sondage pour
la décision d'avoir un premier enfant, je ne comprends pas la logique de
la décision gouvernementale d'accorder des allocations de naissance pour
l'arrivée d'un troisième enfant.
Autre chose que j'ai beaucoup de difficultés aussi à
admettre, et je ne suis pas du tout d'accord avec la ministre à ce
moment-là, c'est quand elle nous dit que c'est pour suggérer un
soutien financier stable. Eh bien là, un soutien financier stable, M. le
Président, si cinq ans dans la vie d'un enfant, c'est stable, si dans la
vie d'une famille jusqu'à cinq ans, c'est stable, je ne comprends pas;
il y a quelque chose qui m'échappe parce que, selon la conception que
j'ai, un enfant, ça coûte cher et ça coûte cher plus
longtemps. Même passé cinq ans, il faut continuer de s'en occuper
et je ne trouve pas que cinq ans, ce soit vraiment un soutien financier stable.
Si, comme on le disait, le projet de loi 164 comme tel n'est pas litigieux,
parce que ça va selon la décision gouvernementale, c'est
plutôt pour en faire une concordance avec la mesure qui a
été annoncée lors du budget.
Tout ce qu'on peut continuer à dire, M. le Président,
c'est que ce n'est pas une mesure qui, en soi, est méchante, mauvaise ou
quoi que ce soit, mais c'est une mesure qui, finalement, s'adresse, selon les
derniers chiffres, à 14,4 % des familles au Québec. Ça
touche vraiment peu de monde et je pense qu'il y aurait des choses à
faire et des décisions à prendre pour que les parents puissent en
venir à prendre la décision d'avoir un premier enfant, pour qu'il
y ait réellement un soutien stable aussi lorsque cette
décision-là a été prise et que les recommandations
du Conseil de la famille soient aussi examinées de très
près.
Quand on regarde la compensation financière qui consiste en une
seule indexation qu'on ne bonifie pas, quand on regarde les problèmes
qu'on a avec les données fiscales, je veux dire, à ce
niveau-là, je pense qu'il y a beaucoup d'autres choses à faire et
ce n'est pas de dire "Mission accomplie" seulement avec ce genre de mesures, M.
le Président. Ça termine l'intervention que j'avais à
faire et je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière. Je suis prêt
à reconnaître le prochain intervenant. Il n'y en a pas
d'autres?
M. Chevrette: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader...
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
M. Chevrette: Non.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): est-ce que la motion
proposant l'adoption du principe du projet de loi 164, loi modifiant la loi sur
les allocations d'aide aux familles, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission des affaires
sociales
M. Bélisle: oui, m. le président. je fais motion
pour que le projet de loi 164 soit déféré à la
commission des affaires sociales pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que, M. le leader
adjoint du gouvernement, il y a d'autres travaux?
M. Bélisle: À notre agenda, M. le Président,
aux affaires du jour, nous allons procéder, tel que convenu avec le
leader de l'Opposition, au premier débat de fin de séance en
vertu de l'article 308 de notre règlement, soit le débat entre le
chef de l'Opposition, le député de L'Assomption, et le ministre
des Finances, le député de Bonaventure.
M. Chevrette: M. le Président, compte tenu que ça
s'est déroulé plus rapidement que prévu, est-ce qu'on
pourrait suspendre les travaux quelques minutes?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): D'accord. On suspend les
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
(Reprise à 15 h 49)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, si vous voulez
prendre place. M. le leader adjoint du gouvernement.
Débats de fin de séance
M. Bélisle: Oui, M. le Président, modification de
dernière minute pour nous permettre de procéder plus rapidement
dans nos travaux. Nous allons procéder avec le deuxième
débat qui deviendra le premier, soit celui entre le député
d'Arthabaska et le ministre de l'Agriculture.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): J'ai reçu, dans
les délais prescrits par le règlement, une demande du
député d'Arthabaska, suite à la période de
questions, lorsqu'il a posé une question au ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Il demande un débat de fin de
séance concernant l'aide fédérale aux agriculteurs.
Alors, je rappelle aux membres de cette Assemblée les
dispositions réglementaires de ces débats de fin de
séance. Le député de qui émane ce débat de
fin de séance a cinq minutes pour exposer son point de vue. Le ministre
a cinq minutes et il y a un droit de réplique de deux minutes. Ce sont
des périodes restrictives.
M. le député d'Arthabaska, la parole est à
vous.
Aide fédérale aux agriculteurs M.
Jacques Baril
M. Baril: M. le Président, si j'ai demandé un
débat de fin de séance, c'est parce que, d'abord, deux semaines
de suite, à mon grand étonnement, le ministre de l'Agriculture
défend sans limite les producteurs agricoles de l'Ouest au
détriment de ceux du Québec qu'il représente et qu'il doit
d'abord défendre. Tout le débat tourne autour des subventions que
le gouvernement fédéral accorde aux producteurs de l'Ouest et
qu'il néglige carrément les producteurs du Québec.
Depuis deux jours, le ministre essaie de mêler tout le monde parce
qu'il essaie de démontrer que les producteurs du Québec
reçoivent l'équité avec les subventions, les subsides qui
sont accordés au niveau du lait, puis qu'on produit 48 % du lait au
Canada.
Ceci dit, c'est une chose. Mais l'agriculture au Québec, ce n'est
pas seulement que du lait. En passant, les subsides laitiers, ce que ça
coûte au gouvernement fédéral, il y a trois ans à
peu près, ça coûtait 125 000 000 $. Depuis ce
temps-là, les quotas de lait ont été coupés
à peu près à 15 %. Donc, il faudrait diminuer ce
subside-là d'au moins 15 %.
Mais ce n'est pas là le fond du problème. Le fond du
problème, M. le Président, c'est sur la somme totale, l'enveloppe
globale que le gouvernement fédéral accorde aux producteurs de
l'Ouest comparativement à ce qu'il accorde aux producteurs du
Québec.
Encore tout à l'heure, le ministre informait cette Chambre que
lorsque le Parti québécois a été au pouvoir de 1976
à 1985, on était une gang de placoteux puis qu'on n'a rien voulu
savoir, on n'avait rien à chercher à Ottawa. Dans son propre
document, dans le document qui a été préparé par le
ministère de l'Agriculture, qui a été également
appuyé par la Coopérative fédérée du
Québec et l'Union des producteurs agricoles.... Ce n'est quand
même pas des deux de pique, M. le Président, qui ont appuyé
ça de a à z. C'est marqué, c'est inscrit noir sur blanc
que, dans les années 1982-1983, le Parti québécois...
C'est vrai qu'on placotait puis on criait, mais on allait chercher de l'argent.
On était présent sur place. On était présent sur
place et le gouvernement du Québec a reçu 312 000 000 $ du
fédéral en agriculture, comparativement à 1 400 000 000 $
dans l'Ouest.
En 1987-1988, sous les libéraux, le Québec a reçu
400 000 000 $ comparativement à 4 000 000 000 $. C'est de là que
provient le débalancement. Quand le ministre nous dit qu'on est une gang
de placoteux puis qu'on parlait juste contre le fédéral, au
moins, on s'est dit: Tant qu'on va vivre dans ce système, on va essayer
d'aller chercher notre croûte, ce qui nous revient. Mais on y allait,
puis on était présent. On était présent.
De plus, ce qui est étonnant, c'est que le ministre n'a pas
répondu à ma question, puisqu'il a dit que les affaires
étaient négociées avant.
La semaine dernière, suite à l'annonce des 800 000 000 $
par le gouvernement fédéral, toutes les provinces
concernées se sont rendues à Edmonton pour savoir comment le
partage se ferait de ces 800 000 000 $. On avait dit: II y a 700 000 000 $ aux
producteurs de céréales. Il y a un autre montant de 100 000 000 $
pour les productions horticoles et les autres productions.
Lorsque l'Union des producteurs agricoles, les représentants sont
arrivés à la table à Edmonton, il y avait 1,7 % de
prévu pour le Québec. 1,7 % de prévu sur les 700 000 000
$, ce qui était, si je compte vite... Ça représentait
à peu près 6 000 000 $ ou 7 000 000 $ pour le
Québec, pas plus que ça. À coups de
négociation, toujours seule - le gouvernement du Québec
n'était pas présent... Quand même le ministre essaierait de
nous faire accroire que les négociations étaient faites avant, je
m'excuse, mais ce n'est pas vrai, M. le Président. Ce n'est pas vrai, il
n'y avait eu aucune négociation, aucun partage. Malgré ça,
même si l'Union des producteurs agricoles était seule, je doute
que le ministre sache quel montant le comité va proposer au Conseil des
ministres fédéral. Je vais le laisser faire pour voir s'il sait
le montant qui a été proposé, qui a été
suggéré, qui a été négocié, qui
reviendrait au niveau du gouvernement du Québec.
Mais cela dit, dans les autres 100 000 000 $ - le ministre n'a pas
répondu à ma question tout à l'heure - qui seraient
partagés au niveau de l'ensemble des autres productions, il y en a pour
l'horticulture, il y en a pour les producteurs de sirop d'érable.
Comment le ministre entend-il faire pour aller chercher 20 000 000 $? Depuis le
printemps passé les producteurs de sirop d'érable essaient
d'avoir ces 20 000 000 $ et crient à tout cran. Encore ce matin à
la radio, ils disaient: II faut que cet argent-là nous soit versé
dans les jours qui viennent, sans ça on ne sera pas capables de
finir.
Donc, pourquoi le ministre de l'Agriculture s'achame-t-il à
défendre les intérêts des producteurs de l'Ouest au
détriment de ceux du Québec? Avec toute la sympathie que je peux
avoir pour les producteurs de l'Ouest, avec les années, ils sont devenus
le grenier du Canada, et le grenier du Canada... Du blé et des
céréales, il y en a partout, M. le Président. Au
Québec, on a diversifié notre production et comment le ministre
entend-il maintenir et supporter cette diversification-là?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Alors, M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. M. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: C'est malheureux, M. le Président, que mon
collègue et ami, le député d'Arthabaska, fasse un
débat pour essayer de mêler encore davantage la population. C'a
été clair, net et précis et bien établi. Il y a eu
800 000 000 $ dont on a fait état à un moment donné, dont
700 000 000 $ allaient du côté du blé, et 100 000 000 $
étaient à partager en horticulture, en sirop d'érable. Je
veux bien que le député d'Arthabaska ramène le sirop
d'érable sur la table, M. le Président, mais le
député d'Arthabaska devrait savoir que le gouvernement du
Québec, l'année passée, a converti un prêt en don
pour aider les producteurs de sirop d'érable, tel que l'engagement que
nous avions pris. Et à l'intérieur de ça, par la suite, on
a dit: La différence qui devrait être faite, ce sont des sommes
qui proviendront du fédéral pour qu'une part s'en aille dans le
sirop d'érable.
M. le Président, ce sont des discussions qui se font
régulièrement, je dirais même quotidiennement, avec des
sous-ministres. Et lui-même, le député d'Arthabaska,
pourrait très bien dire... Je sais qu'il a essayé d'avoir de
l'UPA une certaine critique là-dessus, mais même l'UPA s'est
montrée satisfaite de ce qui existe. Pourquoi? Parce que, avant, quand
on allait chercher des grenailles au fédéral, on n'avait pas
établi le principe de l'équité. On pouvait nous en donner
ou ne pas nous en donner selon que ça atteignait l'humeur du ministre en
place.
À partir de 1988, le principe de l'équité s'est
établi. Le principe de l'équité, c'est de dire: Dans une
mesure spéciale, quand vous versez une piastre à l'Ouest, il faut
verser une piastre à l'Est, il faut verser une piastre à notre
province, au Québec, toutes comparaisons gardées du nombre de
producteurs et du pourcentage de production que nous avons à
l'intérieur de cette masse globale. Ça ne peut pas tromper, M. le
Président.
Bien sûr que si j'étais député de
l'Opposition et que je disais demain matin: Sur 800 000 000 $, il y en a 32 000
000 $ qui sont venus au Québec et la balance dans l'Ouest... On dit:
C'est épouvantable. Mais ça représente, M. le
Président, ces 32 000 000 $, le pourcentage de producteurs de
céréales que nous avons. Si on avait apporté 800 000 000 $
d'aide, au fédéral, et que nous avions 80 % des producteurs de
céréales - on aurait 8 X 8 = 64 - on aurait 640 000 000 $. Mais
on ne peut pas, en même temps, parler d'équité et dire
qu'on n'est pas bien traité avec notre équité - quand il
se dépense une piastre, il se dépense ici une piastre, toutes
proportions gardées - et ignorer, après ça, qu'on est une
faible partie de cet ensemble-là, ou de la tarte, M. le
Président. C'est de ça que le député d'Arthabaska,
sciemment ou inconsciemment, n'est pas capable de faire la démonstration
ou c'est ça qu'il n'est pas capable d'accepter. Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise? C'est comme ça.
Quand on a fait une entente tripartite, nous du gouvernement
libéral, dans le domaine du porc, on est allés chercher bien plus
et il devrait savoir ça. On est allés chercher bien plus qu'une
entente ad hoc. Une entente ad hoc, c'est qu'on aide cette année parce
qu'il y a un problème spécial, puis on n'aide pas avant deux,
trois, quatre, cinq, six ans, dépendamment de ce qui arrivera comme
spécificité de la production.
Nous autres, dans l'entente tripartite, on est allés chercher 25
000 000 $ récurrents, tous les ans. Ça vaut bien plus qu'une
entente ad hoc, M. le Président. C'est ça le principe de
l'équité. Là-dessus, l'UPA est d'accord et la
Fédérée est d'accord. C'est clair, net et
précis.
II ne m'a jamais répondu et il ne me répondra jamais, le
député d'Arthabaska, sur ce que je lui ai dit. Demain matin, il
ne serait même pas prêt à troquer ses quotas de lait contre
de la production de céréales et de la production. Il ne serait
pas capable, il ne serait pas prêt à le faire. Je le sais
pourquoi, pas parce que le député d'Arthabaska aime la piastre,
mais parce que le député d'Arthabaska préfère un
revenu garanti qui arrive tous les mois dans sa poche à un revenu qui
est sujet à ce qui se passe sur le marché international et dont
il n'est pas sûr si le gouvernement fédéral interviendra ou
pas. Donc, la journée où quelqu'un n'est pas prêt à
changer cela, M. le Président, c'est bien facile à comprendre,
c'est facile à comprendre qu'il oublie son cas à lui, avec la
sorte de production qu'il a, pour ne parler que d'une seule production. (16
heures)
Si on parle des deux en même temps, on n'a pas de misère
à se comprendre. Si on parle juste d'un, c'est sûr qu'on peut
faire toute le charriage qu'on veut faire partout. Mais, à toutes fins
utiles, M. le Président, ça démontre uniquement une chose,
c'est qu'en faisant ça on ne démontre pas qu'on est
sérieux dans l'ensemble de l'agro-alimentaire. C'est ça qu'il
faut faire. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
En vertu de votre droit de réplique de deux minutes, maximum, M. le
député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril (réplique)
M. Baril: m. le président, dans l'ensemble de
l'agro-alimentaire, 4 000 000 000 $ contre 400 000 000 $, il me semble que
c'est clair: 4 000 000 000 $ contre 400 000 000 $. qu'il me lâche avec
les producteurs de lait et qu'il arrête de sauver 800 000 000 $. les 800
000 000 $ s'ajoutent aux autres sommes. c'est ça qu'il ne veut pas
comprendre. les subventions du fédéral dans l'ouest ont
augmenté de 192 % au canada durant une période. elles ont
augmenté de 37 % au québec, comparativement à 340 % en
alberta. c'est clair? 285 % en saskatchewan. puis, il va venir dire que le
député d'arthabaska est borné et qu'il ne comprend rien?
ce n'est pas moi qui les ai faits, ces chiffres-là, c'est son propre
ministère. donc, c'est facile à comprendre, et pour vous
démontrer comment le ministre ne connaît pas ses affaires, il n'a
pas encore répondu à ma question. combien les producteurs de
céréales ont-ils négocié à l'ouest? si le
conseil des ministres d'ottawa approuve la recommandation, ça va
être 27 800 000 000 $; je vais le lui dire, je vais le lui apprendre.
Comment va-t-il faire pour négocier les 20 000 000 $ que les
producteurs de sirop d'érable demandent au Québec? C'est
ça qu'il va rester à partager, 20 000 000 $, au Québec,
avec les producteurs de sirop d'érable et toutes les autres productions
horticoles. Comment va-t-il faire pour aller chercher 20 000 000 $ juste pour
les producteurs de sirop d'érable? Que le ministre enlève donc
son manteau de fédéraliste. Sa job, c'est de défendre
l'agriculture du Québec.
Les agriculteurs de l'Ouest, c'est une autre affaire. Ils ont plein de
monde pour les défendre. Ils font une petite sortie dehors, dans la rue,
le premier ministre du Canada "pogne le shake" et leur donne 800 000 000 $,
comme ça. Ça n'a pas de bon sens. 10 000 agriculteurs, l'an
passé, sont allés à Ottawa pour essayer de les faire
changer d'idée sur la révision des politiques nationales, ils ne
veulent rien savoir. Le gouvernement du Québec n'embarque même pas
là-dedans.
La seule chose que je demande au ministre de l'Agriculture, c'est qu'il
fasse ses devoirs, qu'il arrête de défendre les producteurs de
l'Ouest et qu'il défende les producteurs de l'Est, les producteurs du
Québec. C'est pour ça qu'il a été élu et
c'est ça, sa job.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Ceci met fin a ce premier débat de fin de
séance. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, moi, je veux bien
modifier l'ordre constamment, pour faire avancer les travaux, mais il faudrait
bien que les intervenants soient ici, cependant.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je vais suspendre
les travaux... Oui, M. le leader adjoint de l'Opposition officielle.
M. Gendron: Oui, M. le Président, je pense
qu'effectivement, si l'intervenant était ici, on aurait tout de suite
procédé au deuxième. Je le vois entrer.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ah bon!
M. Gendron: J'ai essayé d'obtenir un changement d'ordre
pour accommoder le ministre des Finances et ça n'a pas été
possible jusqu'à date. Alors, dans les circonstances, puisque M. le
ministre délégué aux Forêts vient d'arriver, on va
procéder.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): alors, m. le leader de
l'opposition officielle, je présume qu'il y a consentement pour passer
au débat de fin de séance entre... est-ce qu'il y a
consentement?
M. Bélisle: M. le Président, oui, je vais consentir
parce que la logique, c'est de consentir, mais je ne peux pas vous dire que
ça me fait plaisir de consentir. Je pense que quand on détermine
un ordre et que le ministre des Finances est là, qu'il attend, je pense
que l'autre
personne, qui est le chef de l'Opposition, devrait être là,
mais pour éviter de faire perdre le temps de la Chambre, je vais
consentir avec déplaisir.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, il y a
consentement. S'il vous plaît, M. le député. La
présidence a reçu, dans les délais prescrits par le
règlement, une demande du député de Duplessis concernant
des questions qui ont été posées à la
période de questions concernant la Scierie Forestville. Donc, c'est un
débat de fin de séance et vous avez un maximum de cinq minutes
pour intervenir. M. le député de Duplessis.
Dossier de la Scierie Forestville M. Denis
Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Lors de la
période de questions, cet après-midi, j'en ai adressé
quelques-unes au ministre des Forêts, et je dois vous dire
honnêtement que les réponses qui m'ont été
données étaient, pour moi et pour l'ensemble des personnes qui
ont écouté, extrêmement farfelues. Il a même
réussi, le ministre des Forêts, à passer une accusation
gratuite concernant les réponses qu'il donnait aux questions que j'avais
posées en disant que je n'écoutais pas la réponse ou les
réponses qu'il donnait.
M. le Président, comment voulez-vous que je puisse écouter
une réponse lorsqu'il n'y a même pas de réponse qui est
donnée sur le fond de la question? Et c'est la raison fondamentale pour
laquelle je suis revenu par la suite et que j'ai reposé la même
question, parce qu'à ma première question il n'avait même
pas répondu sur le fond.
M. le Président, je pense que le ministre des Forêts est en
train de faire exactement la même chose que nous fait à tour de
bras, régulièrement, systématiquement le premier ministre
du Québec: lorsqu'on lui pose des questions, il ne répond pas, il
ne donne pas de réponse. Par exemple, comme dirait mon collègue
de Joliette, si on lui demande quelle journée on est, il va
répondre: II fait 32 degrés. Le ministre des Forêts fart
exactement la même chose.
M. le Président, je voudrais revenir sur la situation actuelle
à Forestville. Il y a des citoyens et des citoyennes de Forestville qui
ont investi plus de 700 000 $ dans la Scierie Forestville et cela, avec l'appui
du député de Saguenay, dans le temps, et aussi avec l'appui du
ministre des Forêts.
Hier soir, lors d'une assemblée publique convoquée par
téléphone, les personnes ayant souscrit au fonds apprenaient
illico, sur place, qu'elles devaient céder obligatoirement et à
fonds perdu, c'est-à-dire que les actionnaires perdent l'ensemble des
investissements dans la scierie en question, toutes leurs actions à une
nouvelle compagnie, dont REXFOR est actionnaire, si on voulait que la scierie
continue ses opérations.
Ma question au ministre était, à ce moment-là: Le
ministre a-t-il l'intention de prendre ses responsabilités en mettant en
place des mesures pour compenser ces petits actionnaires, dont certains ont
misé toutes leurs épargnes et d'autres ont même
emprunté pour pouvoir faire fonctionner la scierie, pour investir dans
la scierie en question? Le ministre me répond tout croche en disant:
Bien, on étudie la situation. C'est à peu près ça
qu'il a dit, mais il n'a pas pris d'engagement ferme.
M. le Président, dans le cas de la scierie en question, est-il
exact que le gouvernement fédéral et REXFOR ont exigé - je
n'ai pas eu de réponse à ça non plus - que la compagnie de
produits Forestville, dans laquelle avait investi la population,
c'est-à-dire 49 personnes, ne fasse pas partie de la nouvelle compagnie?
Une autre question que je voudrais lui poser: Pourquoi ne pas donner des
actions de la nouvelle compagnie aux actionnaires qui sont en train de perdre
plus de 700 000 $? Il n'a pas répondu à cette
question-là.
M. le Président, je voudrais vous dire, en passant, que parmi les
49 actionnaires il y en a même une couple qui ont mis aux environs de 100
000 $. C'est une perte totale si le ministre ne prend pas d'engagement ferme
dans ce dossier-là. M. le Président, une autre question que
j'adresse au ministre: Sans remettre en cause l'existence de la scierie,
comment le ministre peut-il accepter qu'une société d'État
qui s'appelle REXFOR contribue à déposséder des
actionnaires locaux qui, eux, ont fait le maximum pour justement permettre
l'existence de la scierie puis la continuité de la scierie, et qui ont
contribué à l'économie du coin, c'est-à-dire
à l'économie de Forestville, à l'économie du
comté de Saguenay et à l'économie de la Côte-Nord en
même temps?
Alors, M. le Président, je ne vois pas pourquoi le gouvernement
et, en particulier, le ministre des Forêts ne prennent pas d'engagement
ferme pour protéger les actionnaires qui ont actuellement investi. Ils
ont investi dans la Scierie Forestville. Et ça, c'est sans remettre en
question l'existence de la scierie elle-même. Si le ministre des
Forêts nous répond en nous disant régulièrement
qu'il fait des études, qu'il attend des rapports concernant des
études qu'il devrait avoir en main, parce que le problème
n'existe pas depuis hier; il existe sûrement depuis un bon bout de
temps... Mais c'est hier soir que les actionnaires, c'est-à-dire les 49
personnes, ont eu une réponse négative quant à leur
participation dans la nouvelle compagnie, puis on leur a littéralement
dit en pleine face qu'ils perdraient, entre guillemets, toutes les sommes
qu'ils avaient investies dans la compagnie, dans la Scierie Forestville.
Alors, M. le Président, j'attends des réponses du ministre
aux questions que j'ai posées ei j'en aurai sûrement d'autres
à lui poser è
l'avenir concernant l'avenir de cette scierie qui est extrêmement
importante pour le coin. On sait combien il y a de personnes qui ont investi
là-dedans. On sait combien la population de Forest-ville y tenait et
là, à ce moment-ci, ce sont des gens locaux qui sont en train d'y
goûter à cause de l'inaction du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous remercie, M. le
député de Duplessis. Alors, sur cette question, M. le ministre
des Forêts. M. le ministre.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je reviens tout juste de Drummondville. Je m'excuse du
retard. Cet après-midi, j'ai assisté à l'inauguration de
l'usine de CDM Laminés, une usine de haute technologie qui produit du
papier décor. C'est un investissement de 100 000 000 $ auquel je suis
bien fier de m'associer, étant donné que je suis à
l'origine des investissements du Groupe Kuntz au Québec. Ça date
déjà de 12 ans et ça a origine justement de la
Côte-Nord lorsque j'ai rencontré le Dr Rudolph Kuntz dans son
projet d'usine de panneaux à particules qu'il a construite à
Sayabec.
Pour revenir aux questions du député de Duplessis, la
Scierie Forestville est née d'un mouvement populaire et suite à
la prise en charge par certaines personnes de Forestville de cette initiative.
La Scierie Forestville, au tout début, devait produire des bois à
partir des feuillus seulement, comme je l'ai mentionné cet
après-midi. (16 h 10)
C'est évident que tout député, que ce soit le
député de Saguenay ou le député de Duplessis... on
cherche tous, comme députés, à développer son
comté et à améliorer la qualité de vie des
concitoyens et concitoyennes. Et c'est avec plaisir que j'ai toujours
appuyé ce groupe en lui accordant un CAAF, à sa demande -
exactement ce qu'il demandait - de feuillus. Je ne peux pas vous dire de
mémoire, M. le Président, le volume qui lui a été
accordé, mais c'est exactement ce qu'il demandait. L'usine ou
l'entreprise n'avait pas démarré, ou pratiquement pas
démarré, que j'ai visité au cours de l'été
dernier ou il y a deux ans... Elle n'avait pas démarré ses
opérations qu'elle était déjà en difficulté
étant donné qu'on n'avait pas tenu compte que ça prenait
un fonds de roulement pour opérer une telle usine et qu'on avait investi
tout l'argent des actionnaires dont parle le député de
Duplessis.
Par la suite, étant donné que Daishowa, ici à
Québec, décidait de produire du papier journal à partir de
pâte recyclée de vieux journaux, ça a libéré
des bois résineux et Scierie Forestville s'est adressée au
ministère pour obtenir des volumes supplémentaires, que je lui ai
accordés, pour l'aider. Mais ça ne solutionnait pas les
problèmes financiers de cette entreprise. Après avoir
cherché un peu partout de l'aide au Québec, elle s'est
adressée à moi pour que REXFOR la conseille dans son entreprise.
Et j'ai demandé à REXFOR justement de le faire, ça. REXFOR
le fait avec beaucoup de sérieux, de compétence et de
professionnalisme.
Suite au feu de l'été dernier sur la Côte-Nord - et
ça a été un désastre pour la Côte-Nord et le
Québec - cette entreprise voyait ses secteurs de coupe
déplacés ou affectés par les feux. Et REXFOR,
dernièrement, a examiné avec son professionnalisme les
conséquences du feu sur l'avenir de cette entreprise. On m'a dit, tout
dernièrement, la semaine dernière, que les feux de forêt de
l'an dernier ne compromettaient pas de façon définitive l'avenir
de Scierie Forestville.
Maintenant, quant à la participation de REXFOR dans le dossier de
Scierie Forestville, je vous dirai, M. le Président, que dans le plan de
développement de REXFOR, qui a été approuvé par le
gouvernement, il n'est pas prévu, sauf exception, que REXFOR
s'intéresse dans des dossiers de scieries, et elle devait se
départir de ses investissements dans les scieries.
Mais, malgré tout cela, pour venir en aide à ce groupe de
citoyens qui croyaient en l'avenir de la Scierie Forestville, j'ai
demandé à REXFOR d'examiner le dossier le plus rapidement
possible. Dès que REXFOR me fera des recommandations, M. le
Président, il me fera plaisir de les soumettre au gouvernement, et je ne
pourrai pas intervenir sans l'accord du gouvernement étant donné
les orientations que nous avons données à REXFOR.
Quant aux actionnaires, c'est bien évident que, s'il y a moyen,
dans toute intervention, je préférerais protéger les
petits actionnaires et les petits épargnants dans des dossiers
semblables. C'est mon intention de le faire dans d'autres cas semblables. Mais
il faut toujours bien attendre, M. le Président, que les
recommandations, que le rapport nous parvienne avant de décider. C'est
pourquoi je n'ai pas autre chose à ajouter que ce que j'ai dit cet
après-midi.
Mais, en plus, lorsque nous achetons des actions, peu importe de quelle
compagnie, qui que ce soit, c'est toujours un risque qu'on prend et on appelle
ça du capital de risque. Et on verra ce qu'on peut faire dans ce
cas-là. Je ne peux pas garantir, je ne peux pas prendre d'engagement
ferme que j'interviendrai ou que REXFOR interviendra dans la scierie et que les
petits épargnants seront remboursés. On trouvera peut-être
une autre façon, s'il y a lieu.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Forêts. Alors, en vertu de votre droit de réplique, M. le
député de Duplessis avec un maximum de droit de parole de deux
minutes.
M. Denis Perron (réplique)
M. Perron: Oui, M. le Président, je veux bien comprendre
que le ministre, dès le début de son allocution en réponse
à ce que je venais de dire, a mentionné d'autres dossiers
où le gouvernement a investi, ou des compagnies ont investi. Il a
même dit que les investissements du gouvernement dans le dossier de la
scierie en question étaient pour améliorer la qualité de
vie. C'est une phrase que je tiens à remémorer ici aux membres de
cette Chambre, et en particulier au ministre, parce qu'il l'a dite
lui-même. Si on veut vraiment améliorer la qualité de vie,
si on l'a fait dans le passé, pourquoi on ne continue pas
d'améliorer la qualité de vie en rapport avec ce dossier?
À titre d'information, dans le dossier en question, il y a 49
actionnaires qui se sont associés. L'OPDQ, de mémoire, a investi
près de 1 000 000 $ dans le dossier, la Fédération des
caisses populaires a fait de même, et des actionnaires - les 49 dont je
viens de parler - ont mis près de 800 000 $, selon les chiffres que je
viens d'avoir tout récemment. Et il faut ajouter aussi que ce n'est que
tout récemment que REXFOR a décidé d'entrer au dossier
pour 1 000 000 $, avec le fédéral, que je sache, en tout cas.
Toutefois, ces montants étaient conditionnels au fait qu'ils ne
devraient pas servir à payer les comptes dus ou encore à racheter
les actions de la compagnie existante. Alors, les actionnaires existants dans
la compagnie existante n'avaient d'autres choix, hier soir, en fait, que
d'accepter la proposition qui était faite à l'effet qu'ils
perdraient 800 000 $, plus ou moins 800 000 $, s'ils ne voulaient pas mettre
leur compagnie en faillite. C'est bien ça que j'ai compris.
M. le Président, en conclusion, je regrette
énormément que le ministre des Forêts ne prenne pas de
décision sur-le-champ en rapport avec la protection des actionnaires
concernés par la scierie en question. Et il me semble qu'au cours des
prochaines années on devrait au minimum permettre à ces
gens-là de récupérer les montants qui, en somme, leur sont
dus. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Duplessis. Ceci met fin à ce débat de fin
de séance. La présidence a reçu une demande du chef de
l'Opposition officielle, adressée au ministre des Finances, concernant
un débat de fin de séance ayant trait à une question sur
les impacts budgétaires du report de la TVQ sur les services. Je
rappelle au chef de l'Opposition qu'il a un droit de parole de cinq minutes, au
ministre des Finances, cinq minutes et un droit de réplique de deux
minutes au chef de l'Opposition officielle. M. le chef de l'Opposition
officielle. (16 h 20)
Impacts budgétaires du report de la TVQ sur les
services
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, depuis un an et demi, le
gouvernement a accru les taxes au Québec d'à peu près 3
000 000 000 $ sur une année entière. Il y en de tous les genres.
Ça va de la surtaxe sur l'essence à des hausses d'impôt sur
les entreprises, à des hausses de taxes scolaires ou municipales, etc.
Le rôle de l'Opposition est évidemment de chercher, ou bien
à retarder, ou bien à supprimer certaines de ces nouvelles taxes
qui lui paraissent exorbitantes.
Parfois avec un certain succès - l'impôt à rebours
sur les services de santé - l'Opposition a réussi à amener
le gouvernement à retarder sa décision à cet égard.
Mais au niveau atteint par les taxes actuellement au Québec, il faut
reconnaître qu'elles deviennent contreproductives en termes d'emplois.
Ces taxes-là, singulièrement, dans la situation économique
que nous connaissons, tuent les emplois. Et on s'imagine qu'elles accroissent
les entrées au Trésor public. Elles peuvent avoir l'effet
inverse. S'il y a de moins en moins de gens qui travaillent parce que les taxes
montent de plus en plus, ce n'est pas du tout évident que les ressources
financières du gouvernement s'accroissent.
Mais le gouvernement refuse toujours de comprendre. Encore cet
après-midi, cette Chambre a adopté, sur division heureusement,
des frais de garantie sur les emprunts d'Hydro-Québec. Cela a l'air de
rien, mais Hydro-Québec a déjà annoncé qu'en raison
de ces frais supplémentaires elle demanderait des augmentations de tarif
plus élevées que celles qu'elle avait l'intention de demander,
une taxe additionnelle claire sur le consommateur. Pas pour rien: 143 000 000 $
sur une année entière.
C'est dans cet esprit de taxes qui tuent les emplois que l'Opposition
avait demandé que la TVQ sur les services soit reportée,
reportée d'un an. Ce qu'on nous a présenté aujourd'hui, M.
le Président, c'est trop court et c'est trop peu. Trop court parce que
ça sera six mois; trop peu parce que, finalement, le coût pour le
Trésor public sera de - et l'allégement net pour le consommateur
- 150 000 000 $ sur six mois alors qu'au fond, dans l'esprit de tous ceux qui
faisaient cette demande de report, c'était une sorte de respir d'au
moins quelques centaines de millions de dollars qui était
envisagé. Cela n'a pas été fait essentiellement en
décidant de reporter les remboursements sur les intrants dans les
entreprises, sur les achats d'entreprises de produits et services de six mois
aussi.
Je rappelle, M. le Président, que les nouvelles taxes sur les
produits au Québec dateni déjà d'il y a un an et que les
remboursement; devaient commencer le 1er janvier 1992. Je parlf
des remboursements sur les taxes sur les produits. Le gouvernement
décide de prolonger cela jusqu'au 1er juillet, de ne pas faire de
remboursement. Ces remboursements, je vous le rappelle, M. le Président,
le ministre des Finances affirmait le 6 septembre 1990, en commission, que ces
remboursements aux entreprises vont être, disait-il, remis aux
consommateurs. Alors, s'il ne rembourse plus, ça ne sera pas remis aux
consommateurs. Donc, alors que cette année on a, au Québec,
à cause de cette pluie de taxes, le plus fort taux d'inflation au Canada
et de loin - je vous rappelle que le taux d'inflation depuis le début de
l'année, au Québec, approche les 8 % cette année,
l'augmentation de l'inflation - on s'attendait au moins l'année
prochaine à ce que, sur ce plan, on ait un certain respir, que
l'inflation augmente moins vite.
Une des raisons pour lesquelles l'inflation pouvait augmenter moins
vite, c'était justement que les remboursements, au moins sur les
produits, commencent le 1er janvier. Donc, le gouvernement a
décidé de déplacer ça aussi au 1er juillet. Le
résultat, c'est que le soulagement que le gouvernement propose à
une économie qui aurait bien besoin d'un respir, ce respir, ce
soulagement est très inférieur, finalement, à ce que nous,
de l'Opposition, attendions, et j'en suis certain, le soulagement que tous les
Québécois, tous les gens d'affaires, tous les consommateurs
attendaient à la suite de la décision de ce report que le
gouvernement avait annoncée. Encore une fois, c'est trop court et c'est
beaucoup trop court.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le chef de
l'Opposition officielle. Sur cette question, je reconnais maintenant, M. le
ministre des Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, ce retour du chef de
l'Opposition non pas seulement à la période de questions, mais
maintenant, dans un débat de fin de séance, semble être une
façon de censurer le député de Labelle. Pourtant, il me
semble que le député de Labelle avait eu une belle occasion
lorsque j'ai fait cette annonce dans une déclaration
ministérielle. En vertu du règlement, le député de
Labelle avait le temps nécessaire pour faire part à la Chambre de
tous ses considérants. Mais le chef de l'Opposition n'étant pas
satisfait, probablement, de la réplique du député de
Labelle, vient, à son tour, à deux reprises, participer à
cet échange. D'ailleurs, je le remercie. J'en suis honoré.
Cependant, je dois lui dire que toute son intervention doit nous amener
à conclure que le chef de l'Opposition voudrait qu'on augmente davantage
le déficit du Québec. Il n'a pas hésité à le
faire pendant des années et c'est justement cela qui nous hante
aujourd'hui, cet endettement du gouvernement précédent, un
endettement qui n'était pas pour des dépenses capitales, mais
surtout un endettement de 10, 20 et 30 ans à des hauts taux
d'intérêt pour payer des dépenses courantes. C'est
ça qui nous hante aujourd'hui et qui fait que le gouvernement actuel,
non pas à cause de son administration, mais à cause de
l'administration précédente et à cause également du
gouvernement fédéral qui a agi pendant des années dans le
même sens et qui coupe les transferts fédéraux, c'est cela
les deux causes principales des taxes dont se plaint, je ne dirai pas le mot,
mais j'aurais le goût de le dire, le chef de l'Opposition.
Qu'il admette donc que pendant des années, alors qu'il
était au gouvernement, il a emprunté de 12 000 000 000 $ à
14 000 000 000 $ à long terme pour payer des dépenses courantes.
C'est facile de faire le prince charmant, le prince généreux
alors qu'on endette le Québec et qu'on hypothèque l'avenir,
particulièrement pour les jeunes d'aujourd'hui et les jeunes de demain.
Et il voudrait que l'on continue dans la voie qu'il nous a indiquée.
Jamais, M. le Président. Nous allons, au contraire, faire
continuellement la lutte au déficit afin de faire en sorte que ceux ou
celles qui viendront après nous n'auront pas cette hypothèque
insurmontable presque, insurmontable au fédéral. Vous voyez ce
qui se passe? Est-ce que c'est ça, le chemin qu'on nous indique?
M. le Président, lorsque le chef de l'Opposition nous dit qu'on a
augmenté les taxes, il oublie en même temps de dire que nous avons
diminué les impôts. L'impôt sur le revenu des particuliers,
spécialement, a été réduit sous notre gouvernement
et jamais nous n'avons augmenté l'impôt sur le revenu des
particuliers, permettant aux citoyens du Québec de conserver justement
leur chèque de paie en meilleure situation qu'il ne l'était avec
ceux qui nous ont précédés.
Nous avons indexé chaque année, M. le Président,
tout le régime fiscal alors que nos prédécesseurs ne
l'avaient fait que la moitié du temps: une inflation de 80 %, indexation
de 40 %. C'est ça qu'ils veulent nous donner comme exemple, M. le
Président? Non. Je dis: Encore une fois, ce que nous avons fait, nous
avons reporté l'ensemble de l'exercice de six mois et, lorsque le chef
de l'Opposition dit que nous n'avons pas aidé le consommateur, à
court terme, c'était l'aide appropriée, c'était ça
que le caucus nous avait demandé. C'est ça que le chef du
gouvernement, M. Bourassa, nous avait demandé. C'est ça que nous
pensions que le chef de l'Opposition nous avait demandé. C'est bien
beau... Mais nous ne pensions jamais qu'il nous avait encouragés
à augmenter le déficit de 800 000 000 $ et plus par année.
Je ne pensais pas qu'il nous avait demandé ça, après
l'expérience qu'il a vécue.
M. le Président, en terminant, je voudrais dire encore une fois
que j'apprécie cependant
l'appui que je reçois du chef de l'Opposition dans la philosophie
qui doit nous inspirer dans les taxes à la consommation. Il n'a pas
refusé... Au contraire, il se plaint qu'on n'a pas remboursé les
entreprises au cours des prochains mois parce qu'il est d'accord avec le
bien-fondé de la mesure à moyen et à long terme. Nous
avons pris une mesure à court terme au moment de la reprise
économique afin que d'ici à quelques mois, le consommateur puisse
directement profiter de ce sursis.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Finances. En vertu de votre droit de réplique, M. le chef de
l'Opposition officielle.
M. Jacques Parizeau (réplique)
M. Parizeau: M. le Président, je ne vais pas en deux
minutes reprendre le débat du passé sauf pour souligner au
ministre des Finances qu'il serait peut-être mieux de vérifier ses
chiffres. Il en a lâché une flopée qui, pour l'essentiel,
ne sont pas exacts. Qu'il vérifie ces choses-là avant de faire
ses affirmations.
J'en arrive au fond des choses. Et le fond des choses, c'est que ce
gouvernement continue de ne pas comprendre qu'en multipliant les taxes au
Québec, dans la situation actuelle, il n'accroît pas ses revenus
pour balancer son budget ou pour réduire son déficit. Il ne les
accroît pas; il les baisse. Ils ne se rendent pas compte, dans ce
gouvernement, qu'à force de multiplier les taxes aussi
fréquemment, aussi souvent, pour des montants aussi
élevés, ils sont en train de maintenir l'économie dans une
récession qui va durer plus longtemps qu'elle ne durerait autrement. Ils
ne se rendent pas compte qu'avec cette pluie de taxes ils sont en train de
scier la branche sur laquelle ils sont tellement fiers d'être assis. Ils
vont se retrouver par terre avec ça. Trop de taxes, trop souvent.
Par quel moyen peut-on les convaincre que l'économie a besoin de
respirer? S'ils se sentent forcés d'augmenter les taxes, bien, j'allais
leur dire, qu'ils en prennent la responsabilité et qu'ils continuent,
mais plus tard. Qu'ils donnent donc un peu le temps aux gens de respirer
à l'heure actuelle. Encore une fois, ils ont passé 143 000 000 $
d'augmentation de taxes cet après-midi. Ça n'arrête pas! Et
tout ce que je peux dire, M. le Président, c'est que j'espère
qu'on pourra en commission parlementaire, comme l'a accepté le ministre
des Finances, continuer à discuter, à essayer de les convaincre
de ne pas scier la branche sur laquelle ils sont assis, de laisser respirer
l'économie un peu davantage et de permettre à une reprise
économique un peu substantielle de se manifester. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le chef
de l'Opposition officielle. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Alors, M. le Président, je fais motion
pour l'ajournement de nos travaux au mardi 29 octobre 1991, à 14
heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
d'ajournement est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Donc, les
travaux de cette Assemblée sont ajournés à mardi prochain,
29 octobre 1991, à 14 heures. Bonne fin de semaine à tous!
(Fin de la séance à 16 h 32)