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(Dix heures dix minutes)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mmes et MM. les députés, si vous voulez bien vous asseoir,
s'il vous plaît.
Nous entreprenons les travaux de l'Assemblée nationale en ce 19
juin à l'étape des affaires du jour, M. le leader du
gouvernement, avec quel article du feuilleton, s'il vous plaît?
M. Pagé: M. le Président, en vous souhaitant un bon
matin, en ce beau 19 juin, je vous invite à appeler l'article 5 du
feuilleton.
Projet de loi 156 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 5 de
notre feuilleton, M. le ministre de la Santé et des Services sociaux
propose l'adoption du principe du projet de loi 156, Loi modifiant la Loi sur
les services de santé et les services sociaux concernant la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain. J'ai besoin d'un consentement pour qu'on puisse
déroger à l'article 237 de notre règlement. Est-ce qu'il y
a consentement?
M. Pagé: II y a consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader de
l'Opposition officielle, y a-t-il consentement pour déroger à
l'article 237? Allez-y, M. le ministre de la Santé.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux, évidemment, souhaiter une bonne
journée à tous, en vous rappelant que je me rappelle aujourd'hui
que je suis à compléter ma huitième année comme
député de Charlesbourg, puisque l'élection avait eu lieu
le 20 juin. Il en est de même de l'honorable député de
Saguenay qui avait été élu au même moment et d'un de
nos collègues qui est disparu maintenant, Serge Champagne, qui avait
fait l'objet d'une élection. C'était un triplé, ce
soir-là, au soir des élections du 20 juin 1983.
M. le Président, cet aparté étant fait et le leader
du gouvernement nous ayant souhaité une bonne matinée, une bonne
journée très productive, nous allons aborder le projet de loi 156
qui vise Urgences-santé.
Le projet de loi 156, Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux concernant la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain, concerne une corporation, rappelons-le, chargée de
coordonner le transport ambulancier. Ce n'est pas la première fois, et
il est presque à souhaiter que ce soit la dernière, que le
gouvernement du Québec s'attarde à toute la question du transport
ambulancier au Québec. En effet, le 19 décembre 1988, dans une
situation un peu plus mouvementée que celle que nous vivons aujourd'hui,
le gouvernement présentait la loi 34 modifiant la Loi sur les services
de santé et les services sociaux et d'autres dispositions
législatives. Cette loi proposait alors de nouvelles règles en
matière de transport ambulancier. Du même coup, la loi
prévoyait la création de la Corporation d'urgences-santé
pour desservir la région métropolitaine de Montréal.
L'objectif de cette Corporation, rappelons-le: organiser et coordonner le
transport ambulancier sur le territoire du Conseil de la santé et des
services sociaux de la région décrite plus haut.
C'est finalement le 17 juillet 1989, quelque six mois plus tard, que la
Corporation d'urgences-santé voit le jour. À l'époque,
cette Corporation se voulait complètement autonome, ne présentant
aucune similitude avec des établissements du réseau, tant sur le
plan de sa mission que sur celui de la composition du conseil d'administration.
En conséquence, vous comprendrez, M. le Président, que sa
structure se voulait complètement différente de celle qui
existait déjà dans les établissements du réseau de
la santé et des services sociaux. C'est pour cette raison, et
strictement pour cette raison, que des pouvoirs d'inspection, d'enquête,
de contrôle, voire même de tutelle n'ont pas été
prévus à cette loi.
Depuis, plusieurs problèmes sont apparus au grand jour, tant sur
le plan de la gestion des ressources humaines que sur celui de la gestion
financière de la Corporation, problèmes qui ont été
décriés très largement sur la place publique et qui ont
fait l'objet d'un certain nombre de rapports. Qu'il suffise de mentionner le
rapport De Coster qui, au mois de mars dernier, est venu mettre en
évidence un bon nombre de difficultés que rencontrait la
Corporation d'urgences-santé. Et au nombre de ces évidences,
celle entre toutes, c'est que le ministre de la Santé et des Services
sociaux n'a aucun pouvoir juridique ou légal d'intervention. En clair,
le ministre n'a aucune autorité sur une corporation comme
Urgences-santé. La question qu'il faut se poser: Est-ce normal, si l'on
songe qu'un organisme comme celui-ci génère un budget
approximativement de 60 000 000 $ par année? C'est bien plus que
plusieurs établissements du réseau qui sont pourtant régis
par ces normes très strictes.
Le projet de loi 156 vise donc à conférer certains
pouvoirs au ministre de la Santé et des Services sociaux. C'est
légitime comme approche
et c'est même plus que souhaitable, mais c'est surtout responsable
de la part d'un gouvernement qui veut corriger un aspect de la loi 34 qui
n'avait pas prévu, notamment, la possibilité de mettre
l'organisme en tutelle. Le projet de loi confère donc au ministre
certains pouvoirs, dont: premièrement, celui d'assumer l'administration
provisoire de la Corporation pour une période d'au plus 120 jours
lorsque cette dernière refuse ou néglige de se conformer aux
directives qui lui sont données ou de prendre les mesures pour atteindre
les objectifs qui y sont prescrits; deuxièmement, le pouvoir d'assumer
l'administration provisoire lorsque la Corporation s'adonne à des
pratiques ou tolère une situation susceptible de compromettre la
santé ou le bien-être des personnes qui font appel à ses
services; troisièmement, même pouvoir lorsque la Corporation
manque gravement aux obligations qui lui sont imposées par la loi,
notamment en ayant fait des dépenses qui n'étaient pas
prévues à son budget; quatrièmement, lorsque enfin il y a
un motif de croire qu'une faute grave a été commise par un membre
du conseil d'administration.
Le projet de loi 156 donne aussi la possibilité au ministre de
nommer un inspecteur afin de constater si la loi et les règlements
d'Urgen-ces-santé sont respectés, de désigner une personne
pour contrôler la bonne utilisation des fonds publics, d'ordonner une
enquête sur toute matière se rapportant à l'administration,
à l'organisation ou au fonctionnement de la Corporation et de
désigner une personne chargée de celle-ci.
Évidemment,* aujourd'hui, le 19 juin, quelques années plus
tard, je ne crois pas être devin en affirmant que le leader de
l'Opposition, compte tenu des discussions de l'époque, va nous dire en
cette Chambre, avec toute la vigueur dont il est capable: Je vous l'avais
prédit à ce moment-là. Bien sûr, mais je pense que
ce qui est important, c'est qu'Urgences-santé, c'est une chose, mais il
ne faut pas oublier que cette Corporation s'inscrit dans un plan d'ensemble qui
touche spécifiquement la question du préhospitalier au
Québec.
À ce chapitre, contrairement à ce qu'on peut
prétendre dans certains milieux, le ministère n'a pas
chômé. Mme Thérèse Lavoie-Roux, celle qui m'a
précédé comme ministre de la Santé et des Services
sociaux, a mis sur pied un comité aviseur sur la question du
préhospitalier. Ce comité aviseur a déposé un
rapport en février 1990, qui a élaboré un système
préhospitalier d'urgence qui repose, à lui seul, sur 15
composantes. Le mois suivant, un autre groupe de travail, celui-là
présidé par le Dr Pierre Frechette, s'est mis à l'oeuvre.
Son mandat: établir l'encadrement général de
l'organisation des services préhospitaliers d'urgence. Le rapport du
groupe est attendu en début d'année 1992. C'est aussi dans ce
contexte qu'il faut voir la démarche du gouvernement, un gouvernement
qui se donne les moyens d'intégrer Urgences-santé dans toute la
question plus globale du préhospitalier au Québec.
Nous en sommes donc aujourd'hui à une étape de donner au
ministre un certain nombre de pouvoirs qu'il a à l'égard d'autres
établissements du réseau. Compte tenu de l'importance du
phénomène, donc desserte de services ambulanciers pour la
région du Montréal métropolitain et, bien sûr aussi,
les sommes qui y sont affectées - tout près de 60 000 000 $ -
nous devrions recevoir l'assentiment de cette Chambre pour avoir ces
pouvoirs-là, sans pour autant dire, aujourd'hui, demain, dans un mois ou
dans deux mois, qu'il est nécessaire de les utiliser. Ce que le ministre
souhaite, évidemment, c'est de ne pas avoir à utiliser les
pouvoirs qu'il se donne par la loi 156. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
la Santé et des Services sociaux. Sur le même sujet, à
savoir l'adoption du principe du projet de loi 156, je reconnais maintenant M.
le député de Joliette et leader de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Le 16
décembre 1985, la vice-première ministre et l'actuelle ministre
de l'Énergie et des Ressources déclarait dans cette Chambre,
après leur élection: Le Parti libéral du Québec va
légiférer peu mais mieux.
M. le Président, la loi 34 que le ministre veut corriger ce matin
est une preuve flagrante du contraire. Jamais on n'aura vu dans cette Chambre
un projet de loi aussi mal foutu. Je vous rappellerai que le 8 décembre
1989, c'est par un bâillon que le ministre du temps, le ministre
délégué à la Santé, l'actuel
député de Beauce-Sud, je crois, qui est ministre des
Approvisionnements et Services, nous imposait un bâillon pour dire: Vous
ne voulez pas accepter le projet de loi 34 tel qu'il est rédigé,
je suspends les règles du Parlement, je fais adopter la loi. (10 h
20)
À peine deux ans après, l'actuel ministre de la
Santé et des Services sociaux est obligé de venir en cette
Chambre et dire: S'il arrive de quoi, je suis mal pris, je n'ai pas de pouvoir,
il faut que je m'en donne parce que j'ai lu les convocations, la guerre est sur
le point d'éclater puis je ne peux rien faire. C'est un peu ça
qu'il nous dit. Je caricature à peine en disant ça parce que j'ai
regardé les avis de convocation, puis il faut faire la guerre, la guerre
est ouverte, allant jusqu'à la désobéissance civile
possible, etc. Ça s'annonce pas trop rose, vous savez.
Je comprends que dans toute législation, pour une
société d'État, payée par les deniers du public,
payée par les deniers de nos contribuables, il est tout à fait
normal, il est même sain
qu'on puisse avoir le contrôle de la gestion de l'administration,
autant pour la qualité des services que pour l'administration des
deniers comme tels. Donc, je comprends le pourquoi de la loi actuelle. On
aurait dû, dès 1988-1989, insérer dans la loi 34 ce
pouvoir, d'autant plus que je vous rappellerai qu'il y a à peine un an,
le Vérificateur général écrivait dans son rapport
annuel qu'Urgences-santé avait dépensé au-delà de 5
000 000 $ sans autorisation, qu'il y avait eu des gestes administratifs de
posés qui sont contraires aux normes, aux règles normales de la
gestion des finances publiques.
Mais, M. le Président, ce que je ne comprends pas de ce
gouvernement, c'est qu'il n'écoute pas. Il n'écoute absolument
plus personne. Vous aurez à lire, ce matin, les journaux et vous
remarquerez que le Protecteur du citoyen nous livre un message clair: Ce
gouvernement n'écoute plus ou n'entend plus les citoyens. C'est
ça, fondamentalement, qu'il vous passe comme message. À
l'époque, même si le ministre a essayé de vous
prévenir de ce que je dirais un peu, je vous rappellerai, M. le
Président, que l'Opposition avait fait une lutte de tous les instants
contre ce projet de loi, parce que, fondamentalement, l'objectif au niveau du
discours ne correspondait pas, M. le Président, dans la
réalité, au contenu de la loi.
Quand on a voulu faire la réforme des services
préhospitaliers, M. le Président, nous, on s'était
déclarés en accord sur un point bien précis: c'est qu'il y
avait des gens qui étaient exploités dans cela. On faisait faire
le pied de grue, à toutes fins pratiques, à des individus pour 1
$ l'heure et on a dit: On va régler la question humaine des salaires
dans ce dossier. Nous étions d'accord avec cette partie-là, mais
toute la partie de la qualité, toute la partie du contrôle de la
qualité des services, M. le Président, ça, ça ne
ressortait pas de la loi 34. On s'en rend compte aujourd'hui qu'effectivement
il n'y a rien dans la loi qui permet même au ministre - là, on va
l'avoir - d'édicter, de faire des directives, par exemple, pour exiger
de la qualité, pour exiger de l'efficacité, de l'efficience au
niveau du travail. D'ailleurs, ce ne sera qu'à la tragédie
malheureuse de la Polytechnique à Montréal qu'on s'en rendra
compte. Un jugement sévère a été porté par
M. De Coster et son groupe sur l'organisation d'Urgences-santé au niveau
du fonctionnement et je vais en citer quelques passages tantôt, M. le
Président. Mais, c'était vraiment à l'époque - je
me souviens parce que j'ai relu le procès-verbal très
attentivement de ce qu'on avait dit à l'époque - à cause
de l'absence de normes minimales de qualité. C'était ça
que je disais textuellement, M. le Président.
Le troisième principe qui nous a amenés à lutter
contre le projet de loi, à l'époque, c'est l'absence de normes
minimales de qualité. Dans le fond, c'était pour régler un
problème, celui du transport et non celui de la qualité des
soins. On a réglé la question du transport, M. le
Président. Ah! bien oui, on a réglé ça. Ce qui ne
valait rien à l'époque et le ministre s'en rappelle, ce qui ne
valait rien supposément dans l'entreprise privée a
été acheté au coût de 110 000 $, 115 000 $, 120 000
$ du permis, et on avait prévenu le gouvernement. On avait
prévenu le gouvernement, on lui avait dit: M. le ministre, savez-vous ce
qui va arriver? Je vous le cite au texte et je ne suis pas un de deux qui
aiment à se citer, mais ça se sentait, ça transpirait au
niveau des mémoires que nous avions entendus. À l'époque,
n'importe quel observateur... Je suis sûr que le ministre actuel ne le
dira pas, je comprends, par solidarité, mais je suis convaincu
qu'à l'époque il pensait la même chose que nous, de ce
côté-ci de la Chambre. On disait: Savez-vous ce qui va arriver?
Cela ne fera pas deux ans que M. le ministre va recevoir un
dénommé Mario Cotton dans son bureau, avec les clés de son
véhicule, et qu'il va dire: Nous déclarons fermer nos
véhicules. Achetez-en si vous voulez parce que, nous, c'est regrettable,
mais on ne fonctionne plus dans nos coopératives. Ils auront
gagné leur statut de permanent et la Société de
développement coopératif aura versé de gros sous, 1 300
000 $, à l'époque, de deniers publics.
Fondamentalement, nous sommes exactement là et je n'aime surtout
pas, comme responsable de l'administration publique, que des prédictions
sombres du genre se réalisent. Il ne faut pas croire qu'on se
réjouit de cela, mais, fondamentalement, administrer, gérer
l'État, c'est l'art de prévoir. C'est ça que je veux faire
ressortir. M. le Président, le ministre de l'époque a
écrit une bien sombre page de vie politique, en passant. Ça n'a
pas été son meilleur coup. Je dirais même que ça a
été catastrophique et c'est ce qui arrive souvent quand on s'en
va négocier avec un seul groupe, qu'on se met à la merci d'un
seul groupe. Fondamentalement, un gouvernement ne se donne pas à un seul
groupe; sinon, il devient la marionnette du groupe. C'est ça,
fondamentalement, qui est arrivé, M. le Président.
Quand on le lit, M. le Président, le rapport De Coster dit: Faire
le procès d'Urgences-santé - et ça, c'est après la
tragédie de la Polytechnique - c'est aussi faire le procès de la
loi 34 et, dans une certaine mesure, du ministère de la Santé et
des Services sociaux. Tout au long de notre investigation, nous avons
été à même de constater les effets négatifs
de la loi 34, l'omniprésence du milieu syndical et son ascendance sur la
direction, la gestion et l'inertie du ministère. Tout d'abord, nous
n'avons perçu dans la loi 34 aucune inference réelle ou tacite
à l'objectif santé. Ce n'est pas moi qui le dis, M. le
Président, c'est le rapport De Coster. Comme les syndicats ouvriers
locaux donnent priorité aux intérêts et au confort de leurs
membres, de fait, c'est réellement une entreprise
de transport que la loi 34 a créée.
Ça corrobore exactement, M. le Président, ce qu'on disait
à l'époque et je vais vous rappeler que ce que l'on disait, c'est
que nous avions réglé un problème de transport et non
celui de la qualité des soins. Ce n'est pas long, ça,
après. Les mêmes constats, M. le Président, sont faits par
un groupe complètement indépendant, par un groupe
spécialisé pour faire l'analyse des soins préhospitaliers.
Ce n'est pas fait par des politiciens. De Coster ne fait que confirmer les
appréhensions qu'avait l'Opposition officielle à l'époque,
M. le Président.
De Coster poursuit en disant ceci: "Cette structure pour le moins
"inorthodoxe" est composée de satellites, organismes légalement
distincts, mais qui, en général, sont étroitement
reliés au milieu syndical. Elle s'avère fragile et source de
problèmes qui débordent de la compétence du groupe de
travail qui en a senti néanmoins les conséquences. "Après
une minutieuse analyse - ajoute le rapport - des faits dans le cadre
précité, force nous est de conclure que la prestation des soins
médicaux à l'intérieur de l'École polytechnique a
subi des préjudices lourds de conséquences imputables directement
à la piètre performance générale
d'Urgences-santé. La contreperformance d'Urgences-santé constitue
un des faits marquants à l'opération collective des intervenants,
la '- non-disponibilité des ressources essentielles et, par l'anarchie
qui a régné, cette performance est jugée totalement
inacceptable et lourde de conséquences." Et une dernière
citation, M. le Président, je pourrais vous en citer longuement: "Le
comportement d'Urgences-santé au cours de la tragédie du 6
décembre 1989 n'est pas un accident de parcours ni l'effet du hasard, de
l'imprévu ou des circonstances particulières. Au contraire, notre
analyse prouve hors de tout doute qu'il s'agit d'une situation qui fut
causée par des faiblesses, des lacunes et autres facteurs chroniques
clairement identifiés dans le fonctionnement quotidien." (10 h 30)
Donc, M. le Président, De Coster est d'une
sévérité dans son rapport envers cette structure qui a
été bâtie, et je le rappelle, en fonction de régler
un problème, celui du transport. Mais on sait où ça a
conduit. J'ignore à ce stade-ci, parce que je n'ai pas questionné
le ministre depuis un bon bout de temps sur le sujet, où en est rendue
la faillite technique, mais je sais pertinemment qu'il y a une faillite
technique et, tôt ou tard, le ministre devra prendre ses
responsabilités et devra régler le problème, mais,
fondamentalement, M. le Président, c'était prévisible. On
avait averti les observateurs qui connaissaient le dossier, on avait
prévenu le gouvernement et encore les citoyens auront à payer.
Les citoyens auront à payer une facture de plusieurs millions de
dollars, précisément parce qu'à l'époque le
ministre du temps, et j'insiste là-dessus, n'a pas su être
clairvoyant, M. le Président, et je vous avoue très
honnêtement que je n'hésite même pas, et je ne le fais pas
souvent en cette Chambre, mais c'est la première fois que je voyais
autant d'incompétence affichée publiquement dans la conduite
d'une législation spécifique. Je n'avais jamais vu ça et
je n'hésite même pas à le dire, aujourd'hui, parce que
c'était trop criant. Et aujourd'hui, ses successeurs sont obligés
de ramasser les pots cassés et essayer de rectifier les choses, et
ça coûtera encore de gros sous à l'ensemble des
Québécois.
Ceci dit, M. le Président, sur le projet de loi de ce matin
spécifiquement, je ne suis pas surpris, bien sûr, qu'on arrive
avec ça, parce que, tôt ou tard, ce n'est pas vrai que le
gouvernement peut déverser chaque année 80 000 000 $, grosso
modo, si on compte les salaires plus les services, tant de l'heure pour le
véhicule automobile, etc; c'est sans doute plusieurs dizaines de
millions de dollars. Donc, à ce moment-là, vous voyez que c'est
tout à fait normal qu'un ministre responsable ait un pouvoir de tutelle
parce que c'est ça, fondamentalement, qu'il y a dans la loi
d'aujourd'hui. Un pouvoir de tutelle qui... Pourquoi je serais pour? Parce que
le pouvoir de tutelle va permettre autre chose que du contrôle
exclusivement financier, si je comprends l'esprit et la lettre du projet de
loi, qui va déborder, comme le voulait, je pense, tout le monde,
à l'époque, sur le contrôle de la qualité, sur
l'encadrement de cette qualité, sur la possibilité
d'émettre des directives, d'émettre des nonnes minimales de
soins. C'est ça, fondamentalement, qu'on exigeait, à
l'époque, et on s'y rend, bien sûr, à retardement, mais on
s'y rend, ce matin. Donc, l'objectif, bien sûr, du projet de loi, nous y
souscrivons entièrement.
Nous aurons quelques questions d'ordre technique au niveau de la
plénière, tantôt, M. le Président, mais
fondamentalement, ce projet de loi là, qui nous arrive ce matin, est un
projet de loi de correction, est un projet de loi majeur en ce sens qu'il va
pallier à une des lacunes fondamentales du projet de loi 34, qui
était toute la partie "qualitatif'. On avait réglé le sort
du matériel, là, on va essayer, au moins dans les mois futurs, de
régler également, d'encadrer, d'améliorer par des
directives, par des normes, la qualité des soins. Et ça, je pense
que c'est important parce que, vous vous souviendrez, il y a à peine un
an, je pense, le ministre, au niveau des crédits, avait répondu
à des questions et il s'interrogeait énormément sur la
baisse de la qualité, à ce moment-là. Il y a eu des
directives d'émises, mais il n'a pas ce pouvoir juridique, dans la loi
actuelle, d'en émettre des directives, de fixer des normes minimales,
etc., de sorte que le projet de loi de ce matin, M. le Président, pour
nous, de l'Opposition, c'est un projet de loi qui aurait dû être
incorporé à la loi 34 pour rendre une loi plus globale, plus
complète, plus
parfaite, qui vient à retardement mais, quand même, qui
vient, et nous concourrons, dans les prochaines minutes, M. le
Président, à son adoption. Nous n'avons pas l'intention
d'étirer le débat là-dessus. Nous allons procéder
aux trois étapes, au niveau de l'Assemblée nationale, ici. Nous
aurons quelques questions, cependant, en plénière, sur les points
suivants, et je les annonce tout de suite pour que le ministre puisse y
répondre. Il m'apparaît que le projet de loi a plus qu'un pouvoir
de tutelle traditionnel. Le projet de loi fixe également des pouvoirs
d'intervention, en tout temps, sur plusieurs dimensions. J'aimerais que le
ministre élabore, sans me donner l'ensemble de ses orientations, qu'on
ait au moins les grandes lignes de ce que peut permettre le projet de loi.
Est-ce que, à court terme, il y a des gestes qui seront posés?
C'est dans ce sens-là, également, que nous allons
questionner.
Ceci dit, je dis au ministre de la Santé et des Services sociaux
actuel que nous concourrons à son projet de loi. Nous comprenons que la
loi 34 n'est pas le résultat d'un de ses gâchis, mais un des
gâchis de ses prédécesseurs. Mais, fondamentalement, nous
ne pouvons pas nous objecter à donner des pouvoirs qui visent, cette
fois-ci, un des objectifs fondamentaux qui aurait dû, d'ailleurs, primer
à l'époque, c'est celui du contrôle également de la
qualité. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle. M. le ministre, pour votre droit de
réplique.
M. Marc-Yvan Côté
(réplique)
M. Côté (Charlesbourg): Très
brièvement, M. le Président, uniquement pour rappeler à
ceux qui nous écoutent, à l'intérieur comme à
l'extérieur, que, effectivement, il y a maintenant 15 mois, nous avons
eu une défense des crédits qui, pour une bonne partie, avait
porté sur la Corporation d'urgences-santé, qui avait fait l'objet
d'un questionnement en règle de la part du député de
Joliette et qui avait repris, je pense, l'essentiel de ce qui avait
été évoqué lors de l'adoption de la loi 34. Nous
sommes revenus cette année avec un certain nombre de questions aussi,
concernant Urgences-santé. Mais, évidemment, dans la
foulée du rapport De Coster, il y avait des actions que le gouvernement
devait prendre. Je ne voudrais pas laisser croire, à ce moment-ci, que
la Corporation d'urgences-santé est restée impassible à
tous ces rapports ou ces recommandations. Urgences-santé a fait un
travail qui, dans les circonstances, n'était pas un travail facile, mais
un travail de redressement. Il y a eu des efforts de faits, sur la plan
interne, dont les résultats, évidemment, se font toujours
attendre, sur certains points, mais dans d'autres, il y a déjà
des redressements qu'il nous faut souligner. Nous avons eu une très
bonne col- laboration, jusqu'à maintenant, de la Corporation
d'urgences-santé, pour tenter de rectifier un certain nombre de
choses.
Deuxièmement, à mon point de vue, le rapport De Coster est
certainement très sévère à l'égard du
ministère, mais je veux rappeler que le ministère, sous ma
prédécesseure - donc, ce n'est pas d'aujourd'hui, il y a
maintenant près de deux ans - a entamé une étude du
préhospitalier qui était extrêmement importante, dont les
résultats ont été déposés. Avant même
la publication du rapport De Coster, le ministère a engagé le Dr
Frechette, qui est reconnu au Québec, au Canada et à travers le
monde, sur le plan de sa compétence au niveau du préhospitalier,
pour faire l'encadrement nécessaire à la mise en application de
cette politique du préhospitalier. Il y a donc des gestes qui ont
été posés et qui vont dans le bon sens. Aujourd'hui, nous
posons un autre geste qui sera suivi d'autres, effectivement.
Comme le dit le député de Joliette, il y a la question des
véhicules qu'il faudra régler, et c'est le prochain dossier qu'il
faut régler, et, deuxièmement, le prochain dossier, des
directives à Urgences-santé, de manière formelle, qui nous
permettront de le faire maintenant et qui feront en sorte que, effectivement,
nous aurons une préoccupation autre que celle du transport, mais aussi
la qualité de la dispensation des soins et des services à la
population. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Est-ce que le principe du projet de loi 156, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux concernant la Corporation
d'urgences-santé de Montréal Métropolitain, est
adopté? Adopté. M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
Renvoi à la commission
plénière
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
propose que l'Assemblée se constitue en commission
plénière, pour faire l'étude détaillée du
projet de loi 156, Loi modifiant fa Loi sur les services de santé et les
services sociaux concernant la Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal Métropolitain.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je comprends, M. le
ministre, que vous faites dans un premier temps la motion suivante: Que le
projet de loi soit déféré en commission
plénière pour son étude détaillée. Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Quant à la
deuxième motion de M. le ministre, à savoir que
l'Assemblée se constitue en commission plénière,
est-ce que cette motion est adoptée? Des voix:
Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, à partir de
maintenant, l'Assemblée nationale se constitue en commission
plénière.
(Suspension de la séance à 10 h 41)
(Reprise à 10 h 44)
Commission plénière Étude
détaillée
M. Lefebvre (président de la commission
plénière): Conformément à la motion qui vient
d'être adoptée, nous sommes réunis en commission
plénière pour étudier en détail le projet de loi
156. Nous allons entreprendre cette commission plénière par les
remarques préliminaires, s'il y a lieu. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Lefebvre): Vous avez des remarques
préliminaires? Non. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Non, M. le Président, nous sommes
prêts à commencer article par article.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, allons-y, à
l'étape des questions, M. le leader de l'Opposition officielle. Allez-y,
M. le leader.
M. Chevrette: À l'article 1, M. le Président, dans
l'amendement 149.25.1, il est dit: "Une personne autorisée par
écrit par le ministre à faire une inspection peut, afin de
constater si la présente loi, ses textes d'application et tout
règlement applicable..." C'est plus qu'un pouvoir de tutelle à ce
moment-là, si je comprends bien. C'est aussi un pouvoir d'enquête
ou d'investigation en tout temps.
Le Président (M. Lefebvre): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Le pouvoir de tutelle n'est
pas à cet article-là.
M. Chevrette: C'est comme si c'était un
établissement de santé.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Chevrette: Vous vous donnez le pouvoir...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...de contrôle ou de...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Et
d'ailleurs, les dispositions que l'on retrouve à cet égard sont
aussi des dispositions qui sont dans le projet de loi 120 qui est à
être adopté en commission parlementaire, vous savez, depuis 10
semaines déjà.
M. Chevrette: Depuis quelques semaines. M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Mais je comprends bien qu'à ce
moment-là, c'est plus que... Parce que, dans les notes explicatives:
"...permet au gouvernement et... à l'égard de la Corporation
d'urgences-santé de Montréal Métropolitain un pouvoir
d'inspection..." Ici, c'est la partie inspection et enquête en tout
temps.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un pouvoir que nous
avons déjà actuellement dans la loi, en vertu de l'article 142 de
la loi du ministère, pour les établissements, mais qu'on applique
à Urgences-santé.
M. Chevrette: Dois-je comprendre que, dans la loi 34, non
seulement il n'y avait pas de pouvoir de tutelle, mais il n'y avait même
pas de pouvoir d'inspection et d'enquête?
M. Côté (Charlesbourg): Vous connaissant comme je
vous connais, je pense que vous avez même la réponse à
votre question, mais, si vous voulez avoir la satisfaction personnelle d'avoir
une réponse du ministre, c'est: Vous avez raison.
M. Trudel: C'est incroyable.
M. Côté (Charlesbourg): La jouissance va être
totale.
M. Chevrette: Je vous avoue, M. le ministre, que c'est parce que
ça avait fait l'objet de tellement d'heures de discussion que, jamais,
je n'aurais pensé qu'au gouvernement on réussirait à voter
une loi qui implique des dizaines de millions de dollars et qui n'a même
pas un pouvoir de contrôle, d'inspection ou d'enquête.
M. Côté (Charlesbourg): Si je reprends votre
discours de deuxième lecture d'il y a quelques minutes, vous l'aviez
prédit.
M. Chevrette: Là, je comprends qu'on peut jouer de
même passablement longtemps, mais ce que je veux faire ressortir quand
même, c'est que c'est une correction majeure au niveau de
l'enquête, au niveau du contrôle financier, de la gestion
financière totale, avec pouvoir en tout temps, non pas d'arriver avec
des mandats, mais bien l'obligation de faire des dirigeants de la
Corporation d'urgences-santé vis-à-vis du mandataire du
ministre en tout temps, à des heures raisonnables.
M. Côté (Charlesbourg): Apparenté aux
pouvoirs que nous avons actuellement et que nous nous donnons un peu
modernisés dans la loi 120 vis-à-vis d'un établissement.
Comme je l'ai dit dans mon bref discours de deuxième lecture, à
plus ou moins quelque 60 000 000 $ de dollars par année, ça
mérite de donner au ministre des pouvoirs pour être capable de
savoir ce qui se passe.
M. Chevrette: L'article 149.25.1, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Lefebvre): Adopté.
M. Chevrette: À l'article 149.25.2, ici, vous avez
carrément le pouvoir de tutelle.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Est-ce que c'est la coutume - peut-être qu'un
avocat pourrait nous dire ça - les 120 jours, est-ce que c'est
calqué sur ce qui est comparable au niveau des autres
établissements?
Une voix: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, avec renouvellement
possible de 90 jours. Par période de 90 jours. C'est ce qui est dans la
loi 120 aussi et qui a déjà été adopté comme
article.
M. Chevrette: Est-ce que, sur le plan administratif, il y a une
préenquête pour justifier la mise en tutelle ou si c'est
simplement sur dénonciation ou constat?
M. Côté (Charlesbourg): Quand on voit l'article
149.25.2, 1°, on se rend compte, parce qu'il y a une séquence qui
est là... D'abord, il y a les directives qui me paraissent très
importantes: "lorsque cette dernière refuse ou néglige de se
conformer aux directives...", il y a donc des directives qui sont
émises. S'il y a refus, incapacité ou s'il n'y a pas la
volonté d'appliquer les directives, à ce moment-là, on est
dans une situation où il va y avoir tutelle. Donc, ça arrive de
différentes manières. Ça peut arriver par de la
dénonciation, ça peut arriver par une enquête que le
ministère, une inspection que le ministère fera au
préalable. Mais ce n'est pas une tutelle qui se déclenche du fait
qu'un individu va dire au ministre: J'ai constaté telle affaire.
Ça prend un certain nombre de vérifications pour qu'il y ait,
à tout le moins d'apparence, un certain nombre de choses
fondées.
M. Chevrette: M. le Président, 149.25.2 est adopté.
(10 h 50)
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
juste pour...
Le Président (M. Lefebvre): Oui, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Pour fins de bonne
compréhension, dans la loi actuelle, la loi du ministère
actuelle, on a 120 jours renouvelables pour 90 jours. Dans la loi 120, y
compris dans la loi ici, 120 jours et, dès 90 jours, renouvelables
à... Si vous vous rappelez l'amendement, je dis ça principalement
à votre conseiller qui est en commission parlementaire, pas uniquement
pour 90 jours, mais pour des 90 jours qui peuvent être, disons-le,
presque indéfinis.
M. Chevrette: Les directives, M. le ministre, en vertu de 149.25
de la loi actuelle, doivent être déposées dans les 15 jours
de leur approbation devant l'Assemblée nationale si elle siège ou
dans les 15 jours de la reprise des travaux. Ça, ce n'est pas
modifié du tout?
M. Côté (Charlesbourg): Non. On n'apporte pas de
correction...
M. Chevrette: Ça veut donc dire que, dès que vous
allez émettre des directives, ou ce sera dans les 15 jours de la reprise
des travaux qu'elles seront déposées, ou...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Ou très
rapidement cette semaine.
M. Chevrette: En tout cas. 149.25.2, adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle. 149.25.3.
M. Chevrette: Ça va de soi. Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Adopté. 149.25.4.
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'obligation d'un
rapport provisoire au gouvernement.
M. Chevrette: Ça, c'est suite au décret de mise en
tutelle?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: "Avant de soumettre un rapport au gouvernement, il
est dit dans le deuxième paragraphe, le ministre doit donner à la
corporation l'occasion de lui faire part de son point de vue. Il doit joindre
au rapport un résumé des représentations qu'elle lui a
faites." Est-ce que c'est dans la coutume également des
législatures?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. D'ailleurs, on l'a
vécu pour Louis-H.
M. Chevrette: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Lefebvre): 149.25.5.
M. Chevrette: II s'agit du pouvoir d'ordonner de remédier
à des situations, puis de voir si on doit continuer ou non la tutelle.
Donc, adopté.
Le Président (M. Lefebvre): 149.25.6.
M. Côté (Charlesbourg): II y avait le rapport
provisoire. Dans ce cas-ci, c'est le rapport définitif.
M. Chevrette: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Finalement, c'est la
reconduction de l'article 169 de la loi actuelle.
M. Chevrette: Ça va, M. le Président. Le
Président (M. Lefebvre): 149.25.7.
M. Chevrette: C'est normal s'il y a des correctifs
apportés qu'on mette fin à la tutelle. Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Ça va. 149.25.8.
M. Chevrette: Ici, on sort de la tutelle, si j'ai bien compris!
Ça pourrait être un administrateur délégué
pour fins de contrôle budgétaire.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
Vérifier la bonne utilisation des fonds publics.
M. Chevrette: Ça, on retrouve également ce
pouvoir-là dans tous les établissements de santé.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): 149.25.9.
M. Chevrette: On peut appeler ça une tutelle en douce.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Disons que, finalement,
c'est le pouvoir financier qui est un pouvoir assez important.
M. Chevrette: Ça va.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, 149.25.9.
M. Côté (Charlesbourg): ...toute matière se
rapportant à l'administration, à l'organisation et au
fonctionnement de la Corporation.
M. Chevrette: C'est standard aussi dans les lois.
M. Côté (Charlesbourg): Oui...
M. Chevrette: Adopté, M. le Président.
M. Côté (Charlesbourg): ...l'article 171 de la loi
actuelle.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, adopté.
149.25.10.
M. Chevrette: Ici, vous avez la tutelle partielle, par
exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Vous pouvez suspendre certaines activités,
les laisser gérer, par exemple... Faire la gestion du personnel, mais
dire, par exemple: tout achat doit être contrôlé par tel
administrateur délégué ou désigné.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, tout ou partie des
pouvoirs.
M. Chevrette: Ça va.
Le Président (M. Lefebvre): 149.25.11.
M. Côté (Charlesbourg): c'est une certaine
immunité pour ceux qui auraient des mandats confiés par le
ministre et ça, c'est nouveau par rapport à la loi actuelle.
M. Chevrette: Dans le sens que dans l'exercice de son mandat vous
prenez fait et cause en faveur de l'enquêteur que vous nommez.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: II ne peut même pas être poursuivi.
C'est-à-dire que le poursuivant pourrait poursuivre le ministère
et le gouvernement, mais non pas l'individu en question.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Chevrette: Si c'est bien cela, c'est adopté. le
président (m. lefebvre): 149.25.11. alors, est-ce que l'article 1, m. le
leader adjoint de l'opposition officielle et m. le ministre, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce que le titre du projet
de loi 156 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): En conséquence, la
commission plénière met fin à ses travaux. Je remercie
ceux et celles qui y ont participé. Pour permettre à
l'Assemblée de poursuivre sa séance, je prie toutes les personnes
qui doivent se retirer de bien vouloir le faire immédiatement.
(Suspension de la séance à 10 h 57)
(Reprise à 10 h 58)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
président de la commission plénière.
M. Richard (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission plénière a étudié en
détail le projet de loi 156, la Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux concernant la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain, et qu'il a été adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que ce rapport est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
Adoption
M. Pagé: M. le Président, je sollicite le
consentement afin qu'on procède immédiatement à l'adoption
du projet de loi 156, les écritures étant effectuées,
alors, qu'on procède à la troisième lecture.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): alors, est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on puisse déroger aux articles 230 et 22 de notre
règlement?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, le projet de loi
156, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services
sociaux concernant la Corporation d'urgences-santé de la région
de Montréal métropolitain, est-il adopté?
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais peut-être un
petit mot.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Lors de l'étude des crédits, au
niveau du ministre délégué à la
Sécurité publique, nous nous sommes interrogés quelques
minutes à savoir si le secteur préhospitalier dit d'urgence ne
devrait pas - et c'est pour fins de discussion que j'en parle et non pas par
conviction, je n'ai pas de certitude. Il y a beaucoup de liens entre la
Sécurité publique et les soins préhospitaliers, en
particulier en ce qui regarde des événements comme ceux de
Polytechnique de Montréal, ou des accidents de la circulation où
il y a un contact assez perpétuel entre policiers, entre
différents groupes d'intervention. On voit qu'il manque
énormément de cohésion, d'un plan d'intervention et
j'aimerais bien qu'on ait l'opportunité, d'ici quelques mois
peut-être, de faire une discussion à l'endroit où ça
devrait être le plus précis, où ce serait le mieux
contrôlé, où ça pourrait devenir le plus
fonctionnel. (11 heures)
Je ne dis pas ça par certitude encore une fois, mais je sais
qu'au niveau de la qualité des soins, je pense qu'on ne peut pas enlever
ou soustraire de cela l'autorité du ministre de la Santé et des
Services sociaux. Mais au niveau de tous ces déplacements et de ces
interventions dans des moments stratégiques, on se rend bien compte
qu'il y a une étroite - ce n'est pas une étroite - une
collaboration indispensable entre les services de la Sécurité
publique et ce serait peut-être intéressant qu'on y jette un coup
d'oeil.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
ça a fait l'objet, effectivement, d'un certain nombre de constatations
de la part de M. De Coster et de son rapport en particulier. Je dois vous
avouer très franchement que, dans l'étude du
préhospitalier qui a été menée au cours des
dernières années, ça faisait aussi partie du
questionnement et de la nécessité de concerter et de mieux
coordonner le travail sur le terrain. M. De Coster est venu faire un certain
nombre de recommandations à ce niveau-là, ne serait-ce qu'au
niveau, par exemple, des communications avec le 911, Info-Santé et ainsi
de suite, donc tous les intervenants, que ce soient les pompiers, que ce soient
les policiers qui ont, dans le cas de catastrophes en particulier, un
rôle tout à fait indispensable et une coordination à
faire.
Dans ce qui est en voie de préparation sur le plan de
l'encadrement, il y a une concertation assez étroite avec la
Sécurité publique qui, elle, doit prendre le leadership dans le
cas de catastrophes et nous sommes à arrimer les différentes
interventions. Nul doute que lorsqu'on arrivera à
la fin de l'automne avec le préhospitalier, y compris au niveau
de la traumatologie, on sera dans une situation pour être capables de
discuter ensemble et, effectivement, d'échanger avec l'Opposition
à ce niveau-là et de voir la coordination en collaboration avec
le ministre de la Sécurité publique.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Est-ce que le projet de loi 156, Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux concernant la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 6 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 157 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 6 de
notre feuilleton, M. le ministre de la Santé et des Services sociaux
propose l'adoption du principe du projet de loi 157, Loi concernant la
restauration de l'ancienneté de certains salariés du secteur de
la santé et des services sociaux. J'ai besoin, MM. les leaders, d'un
consentement pour déroger à l'article 237 de notre
règlement.
Il y a consentement. M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je pense qu'on peut dire que ce moment-ci est un moment qui
est attendu et souhaité depuis un certain temps, au point tel que
même l'Opposition avait cru bon de déposer un projet de loi 193
pour tenter d'en arriver au règlement d'un dossier qui, il faut
l'admettre, a eu un certain nombre de conséquences sur le plan du climat
et des relations du travail un peu partout à travers le
Québec.
Évidemment, en ce qui me concerne, c'est le 15 décembre
1989, M. le Président, que j'ai rencontré, à leur demande,
Mme Diane Lavallée, M. Gérald Larose et Mme Pagé, qui
représentaient respectivement la FIIQ, la CSN et la CEQ, pour discuter
de ce qui était un problème assez épineux à
l'époque: l'application de la loi 160 et la perte d'ancienneté,
en particulier, au niveau des travailleuses et des travailleurs du
réseau de la santé et des services sociaux.
On a donc décidé de travailler ensemble,
d'échanger, de faire en sorte que l'on puisse cheminer sur les
conditions qu'on aurait à respecter quant au retour de
l'ancienneté des travailleurs, donc ancienneté avant les
événements de 1989. Le 28 août 1990, j'ai donc à
nouveau rencontré les trois chefs syndicaux et nous avons, à ce
moment-là, convenu de créer un groupe de travail qui a
été présidé par MM. Rodrigue et Lemelin et qui nous
a fait, au début de l'année 1991, un certain nombre de
recommandations quant à la restauration de l'ancienneté et
certaines autres conditions qui sont contenues au rapport.
Le 22 mars 1991, j'ai donc rencontré les représentants des
quatre centrales syndicales à Montréal pour échanger avec
eux sur les conditions de base qui feraient en sorte qu'on pourrait en arriver
à une entente qui permette donc le retour de l'ancienneté sans
effet rétroactif, donc à certaines conditions qui, à
l'époque, avaient été posées, qui étaient
celles du retrait des griefs, donc des 170 000 griefs et, deuxièmement,
retrait devant les tribunaux, des poursuites devant les tribunaux.
Le 6 juin, donc tout récemment, je recevais donc au parlement des
représentants des centrales syndicales qui venaient, sans avoir fait les
démarches auprès de leurs instances, me dire: Oui, effectivement,
nous avons une entente que nous allons soumettre aux parties et qui va faire en
sorte qu'on puisse avoir une entente réelle. Ce n'est qu'hier soir, M.
le Président, que ces ententes-là ont pu se finaliser. Même
si elles ne sont pas signées par toutes les parties, on pourrait,
à ce moment-ci, déposer une copie de l'entente, avec la
permission de l'Opposition, signée par un certain nombre et les autres
viendront, puisque ces signatures-là sont en cours, et que je n'ai pas
reçu les documents, à ce moment-ci. Donc, nous sommes dans une
situation où, effectivement, la loi 160 demeure, sans pour autant qu'on
repousse du revers de la main une étude plus attentive de la loi 160 qui
se fera ultérieurement, mais qui vise, il faut le rappeler...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Pour le
dépôt de votre document, j'ai besoin d'un consentement. Il y a
consentement. Continuez, M. le ministre. Je m'excuse.
M. Côté (Charlesbourg): ...donc, la loi 160 qui vise
à faire en sorte que, dans toute circonstance, ce soient les droits du
citoyen usager du système de santé et des services sociaux qui
priment sur un certain nombre de droits d'individus de faire la grève et
ainsi de suite, sur le plan de toutes les conditions de travail.
Je ne veux pas reprendre l'ensemble de la loi, elle est bien connue.
Nous aurons l'occasion de refaire un débat, ultérieurement, sur
160 et sur l'élargissement de 160 à d'autres travailleurs libres
du réseau. Donc, le rapport Rodrigue-Lemelin nous a dressé un
certain nombre de recommandations que nous avons analysées
très
scrupuleusement, et on s'est retrouvé, il faut bien le dire,
devant les tribunaux, puisque la partie syndicale avait décidé de
se retrouver devant les tribunaux et de tenter de faire leur
démonstration, que ce soit à Chicoutimi, dans une cause qui a
été entendue, que ce soit ailleurs, et finalement devant les
tribunaux. Ce qui est très intéressant aujourd'hui, donc, c'est
que le projet de loi contient un certain nombre de principes qui
reflètent fidèlement l'entente que nous avons eue avec les quatre
centrales syndicales et qui nous permet, premièrement, de restaurer
l'ancienneté au 1er juillet 1991, sans effet rétroactif.
L'entente prévoit des modalités de cumul
d'ancienneté pour les travailleurs à temps partiel, pour la
période de septembre 1989 à juillet 1991. Deuxièmement, le
retrait de tous les griefs, sauf quelques griefs - quelques dizaines - convenus
par les parties, dans le but d'assurer l'intérêt juridique
nécessaire au déroulement de l'action en nullité.
Troisièmement, un engagement syndical à ne faire aucune
réclamation ni aucune demande de réparation portant sur les
événements relatifs à l'application de la loi 160, entre
septembre 1989 et juillet 1991, ni aucune contestation de la présente
entente, advenant un jugement final favorable aux syndicats. Et
quatrièmement, bien sûr, le maintien de l'action en nullité
devant la Cour supérieure, tel que stipulé.
Voilà, très brièvement, les quatre
éléments de base qui nous ont permis d'en arriver à une
entente et qui permettent, effectivement, aux travailleuses et aux
travailleurs, au 1er juillet 1991, de retrouver l'ancienneté, sans que
ça ait d'effet non plus sur la cédule des vacances en cours pour
l'année 1991 et qui vont effectivement permettre un climat, je pense, je
le crois, meilleur. Un retour de cette ancienneté sans effet
rétroactif, ça m'apparaît très important.
M. le Président, je ne veux pas parler des heures sur ce sujet,
puisqu'on doit parler des vertus de la loi 160, de ses défauts. On
pourrait parler de tout ce qui s'est passé depuis ce temps-là et
chacun arriverait avec sa thèse pour défendre les uns et les
autres. Une chose est certaine, nous n'en serions pas, aujourd'hui, à
une entente si les syndicats n'avaient pas fait l'effort, et, en particulier,
ceux de la CSN avec qui nous avons travaillé, M. Larose, Mme Simard et
M. Brouillet, au niveau de la CEQ, Mme Pagé, au niveau de la FIIQ, Mme
Lavallée, et au niveau de la FTQ aussi, des gens qui, avec nous, ont
collaboré pour tenter d'en arriver à une solution. (11 h 10)
Du côté du ministère, si je ne rendais pas un
hommage particulier à mon sous-ministre adjoint, M. Charlebois, qui
s'est littéralement tué à la tâche pour en arriver
à une entente qui était satisfaisante pour les parties, je pense
que je serais très injuste; et à toute l'équipe du
ministère qui a travaillé à l'élaboration de cette
entente qui, aujourd'hui, doit être saluée par tous et qui
permettra très certainement de faire en sorte que notre priorité
sera toujours la même, celle de dispenser des services et des soins de
qualité à tous les bénéficiaires qui sont
hébergés dans le réseau, que ce soit de manière
temporaire ou de manière permanente, et de faire en sorte qu'on retrouve
ce climat tant nécessaire à l'application de la réforme
qui, bientôt, deviendra loi, au mois d'août, et qui nous permettra
aussi de toujours avoir à l'esprit que c'est le citoyen d'abord,
l'usager, que nous avons à l'esprit. C'est ça que nous avions au
moment où on a entamé ces discussions et qui nous a permis de
conclure aujourd'hui. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Alors, sur le même sujet, à savoir l'adoption du principe du
projet de loi 157, Loi concernant la restauration de l'ancienneté de
certains salariés du secteur de la santé et des services sociaux,
je cède la parole à M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais dire que
l'Opposition a consenti à suspendre les règles pour
étudier dès ce matin le projet de loi 157. Nous l'avons fait
parce que, depuis des mois, nous réclamons que le gouvernement redonne
leur ancienneté aux syndiqués du secteur de la santé et
des affaires sociales. Je dis depuis des mois, je devrais plutôt dire
depuis plus d'un an, puisque, dès après l'élection de
septembre 1989, ici, en Chambre, nous posions des questions et nous voulions
que le problème se règle. Même avant l'élection, je
voudrais rappeler que le chef de l'Opposition, durant la campagne
électorale, avait lancé un appel au gouvernement pour qu'il ne
publie pas un décret pour enlever leur ancienneté aux 150 000
infirmières employées d'hôpitaux et employées du
secteur des affaires sociales du Québec.
M. le Président, je souscris au projet de loi 157, même
s'il consomme le deuil du premier projet de loi que j'ai déposé
en cette Chambre, le projet de loi 193 qui visait, lui aussi, à redonner
leur ancienneté aux salariés des hôpitaux et des affaires
sociales. Je voudrais souligner que la contribution de l'Opposition officielle
au règlement de cette question, ça a été de forcer
le gouvernement à en discuter pendant cinq heures, deux mercredis de
suite. Pour la première fois dans l'histoire, l'Opposition a
proposé elle-même la mise aux voix du projet de loi.
J'écoutais, hier, le député de Mille-Iles faire des gorges
chaudes et dire que c'était le bâillon. Il oubliait un
détail, c'est que, quand l'Opposition propose de mettre aux voix, ce
n'est pas pour imposer le bâillon au gouvernement, c'est,
et le leader de l'Opposition officielle l'avait expliqué, pour
connaître les vraies couleurs des députés
ministériels à l'égard de l'ancienneté. Comme on
disait, dans le débat sur la loi 145, hier également, pour
l'Opposition, l'important, c'est de voter un projet de loi avec le plus de
consensus social possible.
Sur l'ancienneté, on proposait de mettre ça aux voix,
parce qu'il nous apparaissait, comme les deux tiers des directions de CLSC et
les deux tiers des directions d'hôpitaux trouvaient, depuis au moins un
an, que la perte d'ancienneté n'avait aucun sens et puisque, dans les
hôpitaux, 60 % des établissements n'appliquaient tout simplement
pas la perte d'ancienneté, on trouvait le consensus assez fort,
même chez les députés ministériels, quand ils
étaient consultés dans les corridors ou dans leur bureau de
comté. En Chambre, ils ont voté contre l'idée de mettre la
question aux voix immédiatement, mais ça n'a pas
empêché le ministre de la Santé et des Services sociaux de
continuer ses efforts pour régler la question.
Soyons clairs, M. le Président, nous nous réjouissons du
projet de loi 157 qui vient redonner leur ancienneté à 150 000
syndiqués qui n'auraient jamais dû la perdre si on avait suivi les
conseils de l'Opposition officielle. Dans le fond, le leader de l'Opposition en
conviendra avec moi, là-dessus comme sur Urgences-santé à
Montréal, si le gouvernement écoutait l'Opposition davantage, il
s'éviterait bon nombre de catastrophes.
M. le Président, je voudrais dire à cet égard que
c'est une loi qu'on va voter avec empressement, mais qui arrive un an trop
tard. Ça aurait pu être fait il y a un an - je vais l'exprimer
autrement - M. le Président, parce qu'il y a eu une perturbation dans
les institutions de santé et de services sociaux à cause de la
perte d'ancienneté. Et cela vient questionner la loi 160, M. le
Président. Le ministre a dit avec raison que la loi 160 est sans doute
un sujet sur lequel les législateurs qui sont ici devront se repencher.
D'ailleurs, les organisations syndicales et le gouvernement ont convenu non
seulement d'un gel des salaires de six mois en 1992, mais de revoir le cadre de
la négociation et, à mon point de vue, dans le cadre de la
négociation, il y a la loi 160 qui prévoit des sanctions au cas
de non-respect de la Loi sur les services essentiels.
M. le Président, je veux être clair à cet
égard, c'est un gouvernement issu de mon parti qui a créé
le Conseil sur le maintien des services essentiels et qui a mis dans la loi la
notion de devoir garantir en tout temps les services essentiels à la
population. Maintenant, en pratique, le Conseil voit le niveau d'effectif en
cas de débrayage à 80 %, les infirmières et
employés d'hôpitaux pendant la campagne électorale de 1989
le voyaient plutôt à 50 % et, récemment, les
médecins le voyaient eux aussi à peu près à 50
%.
Je crois que le ministre va être sensible à mon argument
quand j'ajoute qu'il m'apparaît difficile de concevoir que, dans le
même hôpital, il y ait une loi qu'on doit certes réviser qui
s'applique aux gens qui gagnent moins de 100 000 $ et qu'elle ne s'applique pas
aux personnes qui gagnent plus de 100 000 $ par année. Ça fait
offense, dans mon cas, à mon sens de la justice
élémentaire. Si une infirmière doit maintenir les services
essentiels, M. le Président, il me semble que le médecin qui
opère devrait, lui aussi, maintenir les services essentiels.
Maintenant, le ministre a félicité, M. le
Président, toutes les personnes qui ont contribué à
l'entente, dont les dirigeantes et dirigeants syndicaux. J'ai vu qu'il a omis
de mentionner le Conseil du trésor et je pense que son omission est
parfaitement justifiée, dans le sens que, M. le Président, le
Conseil du trésor a craint, comme d'habitude que la paix
n'éclate. Ça, M. le Président, je sais bien... Je ne
mènerai pas le ministre à en faire l'aveu, mais qu'il me permette
de penser que le Conseil du trésor a, règle
générale, un comportement qui ressemble au service du personnel
d'une usine où il y aurait eu bien des grèves, M. le
Président. Moi, le Conseil du trésor, je vais vous dire à
quoi ça me fait penser, M. le Président, et je livre ma
réflexion au ministre pour qu'il en parle à son collègue,
le président du Conseil du trésor. Je trouve que le Conseil du
trésor centralise trop de pouvoirs et je suis du même avis que mes
collègues ministériels de la commission du budget et de
l'administration pour dire qu'un autre ministre que le président du
Conseil du trésor devrait s'occuper de la gestion des ressources
humaines et de la négociation des conventions collectives sur des
mandats monétaires du Conseil du trésor.
Je vois le député des Îles-de-la-Madeleine, il est
avec moi l'un des signataires de ce rapport de commission qui dit que le
Conseil du trésor s'occupe - et c'est normal - du contrôle des
dépenses, mais la gestion des ressources humaines et la
négociation des conventions, ça devrait être un autre
ministre qui s'en occuperait. Et je pense, M. le Président... Je reviens
à ce que je disais tout à l'heure. Je me permets de dire au
ministre qu'à mon point de vue, le Conseil du trésor ressemble au
service du personnel d'une entreprise qui aurait vécu de très
nombreuses grèves et dont les membres du service du personnel seraient
en "burn-out", mais refuseraient de prendre un congé.
C'est ce qui m'a fait dire, dans le débat sur le projet de loi
193 de l'Opposition qui redonnait l'ancienneté, qu'à certains
égards, le Conseil du trésor fait penser à un boxeur qui a
livré plusieurs matchs de trop et qui, à un moment donné,
ne sait que cogner et recevoir des coups. À cet égard, M. le
Président, je pense que, quand on ne comprend pas notre histoire, on
se
condamne à la revivre. (11 h 20)
Alors, qu'est-ce qui est arrivé, quel que soit le parti au
pouvoir, en matière de négociations collectives dans le secteur
public, depuis 25 ans, M. le Président? C'est un drame triennal, un
psychodrame à la grandeur de la société
québécoise. Je pense, M. le Président, que, quand on est
une petite société de 7 000 000 d'habitants, on ne peut pas se
les payer, ces psychodrames, à chaque négociation. Et, pour
ça, il faudrait changer de climat, et la loi qui est devant nous est un
pas dans la bonne direction. Il faudrait changer de mentalité et avoir
des rapports plus sains entre les employés du gouvernement et le
gouvernement du Québec.
M. le Président, j'estime que les affrontements sont nuisibles,
et le ministre avait raison de le dire. Pourquoi? Parce que, en bout de ligne,
ce sont les bénéficiaires qui en souffrent. Les
bénéficiaires en ont souffert, de cet affrontement, M. le
Président, premièrement, parce qu'il y a eu un arrêt de
travail d'une semaine en septembre 1989 puis, deuxièmement, parce que le
climat d'affrontement qui, à cause de la perte d'ancienneté, a
perduré, a fait que le climat est devenu irrespirable dans plusieurs des
400 établissements de santé et de services sociaux du
Québec. Ça, on le doit au gouvernement et je pense que ce n'est
pas faire preuve de par-tisanerie que de dire que l'esprit de pugilat du
Conseil du trésor aurait dû être mis de côté
bien avant.
L'impression que le public a eue, M. le Président, et je sais que
c'est une impression fausse, c'est que les employés d'hôpitaux et
les infirmières n'ont récupéré leur
ancienneté qu'au moment où il y avait un autre affrontement avec
les médecins et que, là, il fallait bien faire la paix avec
quelqu'un. Je sais que cette impression-là est fausse, M. le
Président, mais les citoyens et les citoyennes du Québec se sont
habitués à voir, dans le gouvernement - et on doit ça au
Conseil du trésor et, en tout premier chef, à son responsable des
relations du travail, M. Michel Crête - le public voit dans le Conseil du
trésor un batteur d'employés, et ça, je pense que c'est
une mentalité qu'il conviendrait de changer.
M. le Président, une des choses les plus iniques, des plus
inéquitables qui était causée par la perte
d'ancienneté, c'était que, dans le cas des occasionnels, des
temps partiels qu'on appelle à l'occasion - chez les infirmières,
on appelle ça des temps partiels; chez les autres employés
d'hôpitaux, on appelle ça des occasionnels ou des
surnuméraires, M. le Président - ces personnes avaient perdu leur
droit au travail en perdant leur ancienneté. Là, je vois, dans la
lettre d'entente, que cette situation est corrigée. Ce que je veux dire,
M. le Président, c'est qu'on a coutume de dire en relations du travail
que le congédiement est aux relations du travail ce que la peine de mort
est à d'autres activités. Or, pour les personnes occasionnelles
qui se voyaient enlevées des listes de rappel à cause de leur
perte d'ancienneté, c'était le chômage qui était en
bout de ligne, et je suis extrêmement heureux, pour elles et pour les
autres, qu'on redonne leur ancienneté aux personnes qui sont en
cause.
M. le Président, quand je dis qu'il faudrait mettre fin au climat
d'affrontement, je me permets d'ajouter en confidence, parce qu'ici on est
entre amis, que faire une grève pendant une campagne électorale,
il n'est pas sûr que ce soit opportun. Personnellement, comme candidat et
comme ancien syndicaliste, c'est le sentiment que j'avais que ça
comportait des risques puisqu'un gouvernement qui fait face à une
grève en campagne électorale a tendance à le prendre
très politique. M. le Président, je n'apprendrai pas au ministre
de la Santé qu'une campagne électorale, il n'y a rien de plus
politique dans toute notre activité. Et, à cet
égard-là, je pense qu'au sein de la Fédération des
affaires sociales et dans les autres instances, il y a une réflexion
sûrement à continuer sur la valeur du rapport de force pur par
rapport au rapport de force purement politique. Puis, quand je dis à la
Fédération des affaires sociales ou à la
Fédération des infirmières qui sont les principales
organisations concernées, que je pense que les médecins
devraient, eux aussi, participer à la même réflexion, il
m'apparaît, moi, dans le cas des médecins - c'est un avis
personnel que je donne - qu'il est préférable quand on n'aime pas
certaines parties d'un projet de loi de venir se faire entendre en commission
parlementaire plutôt que de débrayer.
Et j'ajoute, dans le cas des médecins, quand on dit que le
débrayage pourrait devenir illimité et viser le retrait de la
loi, que je trouve que, là, il y a une réflexion à faire -
c'est l'ancien syndicaliste qui parle - dans une société aussi
évoluée que la nôtre, sur une grève à
caractère de désobéissance civile. Je m'explique, M. le
Président. Je ne dis pas que tous les débrayages de la FAS et de
la FIIQ étaient légaux en septembre 1989. Mais, avec les
médecins à un moment donné, j'ai eu le sentiment qu'on
envisageait une grève générale illimitée niant au
gouvernement le droit de faire une loi sur la réforme de la santé
au Québec. À ce moment-là, même si sur bien des
points je trouvais les revendications des médecins parfaitement
justifiées, l'affrontement frontal en disant: Les législateurs ne
légiféreront pas! pour ce qui concerne la santé, M. le
Président, en tout cas, si j'avais été conseiller
syndical, entre guillemets, d'une organisation de médecins, j'aurais
expliqué que ça ressemblait à une sorte de
guévarisme de gens pas très défavorisés.
Cela dit, M. le Président, les médecins ont obtenu un
délai. Ils ont apparemment des arguments que les maires des
municipalités et les
contribuables n'ont pas et on espère que le tout, dans le cas de
la santé, va finir par une entente entre le gouvernement et les
médecins.
Mais, pour revenir aux employés d'hôpitaux et aux
infirmières, je tiens à dire que l'Opposition officielle qui
avait déposé un projet de loi sur le même sujet, qui avait
obtenu un débat parlementaire de cinq heures sur la question de
l'ancienneté, se réjouit de la loi 157, va la voter avec
empressement, parce que, comme c'est un an en retard, le plus tôt les
gens récupéreront leur ancienneté, le mieux ce sera. Ma
dernière pensée est la suivante: À l'égard d'une
révision de la loi 160, il faut certainement s'interroger sur une
sanction qui aurait été à perpétuité, si le
législateur n'intervenait pas comme on le fait ce matin.
Je pense que le ministre est conscient qu'une des choses assez
épouvantables qu'il y avait là-dedans, c'est que, si on ne
faisait pas ce qu'on est en train de faire ce matin, dans 25 ans d'ici les
personnes qui étaient en perte d'ancienneté auraient
continué à subir cette perte d'ancienneté.
Donc, M. le Président, je dis qu'on souhaiterait, nous, revenir
en commission plénière pour étudier les modalités
du projet de loi, mais on est très heureux que 157 remplace 193 et on va
le voter avec les ministériels.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Pour votre réplique, M. le
ministre.
M. Marc-Yvan Côté
(réplique)
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Quand même
très brièvement, vous comprendrez que je ne peux pas rester
insensible à cet appel du coeur lancé par mon collègue
concernant la loi 160 et rappeler un certain nombre de choses qu'il me
paraît indispensable de rappeler à ce moment-ci.
Évidemment, il a eu l'honnêteté de dire que nous
nous sommes retrouvés dans une situation où le Parlement ne
pouvait plus être convoqué et qu'on a donc utilisé ce
moyen-là d'une désobéissance civile, donc à une
loi, et que la loi 160, à son origine, au niveau de la perte
d'ancienneté, c'étaient des mesures dissuasives et que,
malgré le fait que les messages aient été passés
très clair que c'était dissuasif, il y a des gens qui ont
conseillé à d'autres gens effectivement de débrayer,
privant ainsi des citoyens à travers le Québec de services
auxquels ils avaient droit. Dans ce sens-là, évidemment, les
effets se sont appliqués, rappelons-le, après des avis de 24
heures, de 48 heures et de 72 heures et il faut quand même se rappeler
tout cela même si aujourd'hui on corrige une situation qui, à
certains égards, pouvait être interprétée comme
étant odieuse sur le plan de la peine à perpétuité
de la perte d'ancienneté et qui, effectivement, avait quelque chose
qu'il nous fallait absolument corriger. (11 h 30)
II est clair que je partage une très large partie de son discours
sur l'ensemble des travailleurs rémunérés dans le
système de santé et des services sociaux quant au respect des
individus qui sont dans des lits aujourd'hui et qui ont besoin de soins et de
ceux qui attendent pour obtenir ces soins et qu'il n'y a pas une loi
votée légitimement par un Parlement élu
démocratiquement qui peut être contestée par un groupe de
la société de la manière dont ça l'a
été. Je pense que, dans ce sens-là, il y a un certain
nombre de réflexions que nous devrons cheminer au cours des prochains
mois sur 160 et sur, peut-être, 161, et on verra ce que ça donnera
éventuellement. Oui, je suis très heureux pour les travailleurs
à temps partiel parce que c'a été l'objet de mes
préoccupations dès le départ de voir un certain nombre de
travailleurs privés de leur droit au travail par la perte
d'ancienneté, et nous le corrigeons aujourd'hui, non pas de
manière parfaite, mais de la manière dont on pouvait le mieux le
faire. J'en suis très heureux - très, très heureux - et
tant mieux pour eux qui, demain ou à partir du 1er juillet, seront donc
soulagés.
Mon dernier propos sera cette interpellation du Conseil du
trésor. Au moment où il y a eu la discussion du projet de loi
193, j'étais en commission parlementaire sur l'étude article par
article du projet de loi 120 et on m'a effectivement fait écho aux
propos du député concernant mon collègue, président
du Conseil du trésor et député de Vaudreuil. Je dois lui
dire, aussi honnêtement qu'il a admis que ce n'était pas une
situation normale que de se retrouver devant une grève, une
désobéissance au moment où il n'y a plus de Parlement,
avec toute la sincérité dont je suis capable, qu'il a visé
une mauvaise personne et qu'on peut globalement parler du Trésor qui a
cette responsabilité de négociation de manière globale,
qui a donc la responsabilité et qui l'assume sur le plan de la
négociation. Mais je dois vous dire que nous avons un comité
ministériel des négociations résidé par le
président du Conseil du trésor, sur lequel se retrouvent le
ministre des Finances, le ministre de l'Éducation, la ministre de
l'Enseignement supérieur et le ministre de la Santé et des
Services sociaux, et que ce comité m'a constamment donné son
support dans la démarche que nous avons entreprise il y a un an et demi
pour tenter de solutionner la problématique du projet de loi 160. Et
ça inclut le député de Vaudreuil, président du
Conseil du trésor, qui s'est inscrit dans cette démarche et qui,
par le fait même aussi, a supporté la démarche dans toutes
ses phases et qui en a fait l'analyse.
Donc, lorsqu'on impute au président du Conseil du trésor
le retard, je pense qu'on est très injuste à son égard, y
compris à l'égard du Conseil du trésor et de ceux qui ont
cette
responsabilité sur le plan des fonctionnaires, puisque j'ai eu un
support constant de ces gens, y compris de M. Crête, qui ont une
très vaste expérience sur le plan des relations du travail, et de
mon collègue, le député de Vaudreuil. Je tenais à
le dire parce que c'est une question de justice et d'équité
à son égard aussi, puisque ça peut exister aussi pour des
hommes politiques, et rassurer le député sur le support total et
entier du président du Conseil du trésor dans ce projet de loi
157. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Alors, est-ce que le principe du projet de loi 157, Loi concernant la
restauration de l'ancienneté de certains salariés du secteur de
la santé et des services sociaux, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission
plénière
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré en commission... en
comité plénier pour procéder à l'étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je fais également
motion pour que l'Assemblée se constitue en comité
plénier.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
du leader du gouvernement est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, à partir de
maintenant, l'Assemblée nationale est constituée en commission
plénière pour l'étude détaillée du projet de
loi 157.
(Suspension de la séance à 11 h 35)
(Reprise à 11 h 37)
Commission plénière
Étude détaillée M. Bissonnet
(président de la commission
plénière): à l'ordre, s'il vous plaît!
alors, conformément à la motion qui vient d'être
adoptée, nous sommes réunis en commission plénière
pour étudier en détail le projet de loi 157. nous allons donc
entreprendre nos travaux par les remarques préliminaires. m. le ministre
de la santé et des services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Ça a
été fait lors de la deuxième lecture, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Ça a été
fait. M. le député de Pointe-aux-Trembles. Ça va.
M. Bourdon: C'est fait, pas de remarques.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, nous étudions
le projet de loi 157, l'article 1. Est-ce qu'il y a des remarques à
l'article 1?
M. Chevrette: II y a des questions, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le leader de l'Opposition
officielle et député de Joliette.
M. Chevrette: oui. tel que je comprends le projet de loi, il ne
fait que venir légaliser une entente, une entente dûment
signée entre le ministère de la santé et des services
sociaux et différents syndicats et organisations patronales. il y a eu
signature d'entente par les employeurs et les syndicats...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...par les représentants d'employeurs et les
syndicats. La question que j'avais, même si j'ai maintenant la
réponse, je pense que c'est peut-être important pour le public
qu'on sache qu'en vertu de la loi 37 - et c'est là la question - un
établissement ne pourrait pas s'y soustraire.
M. Côté (Charlesbourg): Par l'article 41 qui stipule
que les stipulations négociées et agréées par le
comité patronal de négociation sont signées par le
ministre ainsi que par le président et le vice-président du
comité. Elles lient les établissements des catégories en
cause. Donc, je pense qu'à ce moment-là ça me paraît
très clair.
M. Chevrette: Au moment où on se parle, est-ce que toutes
les signatures ont été recueillies?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas de la FAS, FIIQ,
CEQ, c'est signé. Dans le cas des petits syndicats, c'est parafé.
Ça devrait être signé d'ici demain.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: À la dernière phrase de l'article 1,
"la restauration de l'ancienneté n'a pas d'effet rétroactif.
Dois-je comprendre par cette phrase que ce qui est
récupéré, c'est l'ancienneté totale, selon les
modalités de l'entente, mais que ce qui n'est pas
récupéré, c'est, par exemple, les droits que lui
confère cette ancienneté au niveau soit de changements de poste,
soit de promotions ou soit d'autre nature?
M. Côté (Charlesbourg): Ce qui est fait est fait.
Donc, il n'est pas question de défaire ce qui a été fait
par les règles d'ancienneté et c'est ça que ça veut
dire. La restauration de l'ancienneté n'a pas d'effet rétroactif,
pour des vacances, des prises de vacances et c'est le cas, par exemple, pour
l'année en cours parce que, dans l'entente, la cédule des
vacances ne change pas. Ce serait le cas aussi pour des promotions qui ont
été obtenues pendant cette période-là.
M. Chevrette: Je reviens avec le cas que j'ai soulevé
à maintes reprises au ministre, en particulier les personnes qui
travaillaient à temps partiel. On sait qu'il y a eu du personnel qui a
été embauché, et ça depuis un an et demi, deux ans,
pour les remplacer. La personne qui travaillait deux jours semaine, par
exemple, et qui a "grevé" pendant deux ou trois jours, a donc perdu deux
ou trois ans d'ancienneté. Dans leur cas, pour accumuler une
année d'ancienneté antérieurement, c'était deux ans
et demi que ça prenait, ou trois ans selon le temps et elles se sont
retrouvées avec un bilan négatif, c'était moins deux ou
moins trois. Là, il y a eu du personnel d'embauché. Est-ce que le
fait de récupérer selon l'ancienneté exacte ou le 5/7 de
l'ancienneté d'un temps complet corrige d'une façon majeure la
possibilité, en tout cas, ou le droit au travail de l'individu?
M. Côté (Charlesbourg): M. Charlebois va vous donner
la réponse, puisqu'il a été partie aux négociations
et c'est l'homme en personne auquel je faisais allusion dans mon discours de
deuxième lecture et que je félicitais pour l'excellent travail
accompli.
Le Président (M. Bissonnet): M. Charlebois. Votre
prénom, M. Charlebois?
M. Charlebois (Maurice): Maurice.
Le Président (M. Bissonnet): M. Maurice Charlebois, pour
le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Charlebois: première chose, personne ne pouvait avoir
d'ancienneté négative, c'est-à-dire que s'il y a perte
d'ancienneté, une personne peut la perdre totalement, mais ne peut pas
se retrouver avec moins un an ou moins deux ans d'ancienneté. Aucune
personne ne pouvait être tenue, en vertu de la loi 160, à
reprendre sa période de probation. Alors ça, c'était dans
la loi 160. Mais il reste qu'il y a des individus qui peuvent avoir perdu
totalement leur ancienneté, suite aux sanctions. Le fait de restaurer
5/7 de l'ancienneté d'un temps complet durant la période de
septembre 1989 à juillet 1991 fait en sorte que tous les salariés
à temps partiel ont durant cette période un gain substantiel
d'ancienneté et les repositionne au 1er juillet ou au moment où
l'ancienneté sera restaurée dans l'établissement, les
repositionne avantageusement.
Quant à ce qui a pu se produire durant la période,
c'est-à-dire les promotions manquées ou les choix "de vacances
reportés, etc., effectivement on ne revient pas là-dessus. La
seule chose qui a été discutée et convenue avec les
syndicats, c'est le problème suivant: si des personnes, dû au fait
qu'elles ont perdu de l'ancienneté, perdaient en même temps le
bénéfice de la sécurité d'emploi... Si des
personnes perdaient un tel bénéfice, on a convenu de restaurer ce
bénéfice au moment de la restauration de l'ancienneté et
les syndicats avaient un délai de sept jours, je pense, pour nous
soumettre la liste des cas, des personnes, qui pouvaient avoir subi un tel
préjudice et il n'y a eu que sept cas de soumis qui ont tous
été réglés.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, est-ce que je comprends
correctement 1.2.2 quand je dis que, même un temps partiel dans le cas de
la FIIQ, et je pense qu'on appelle ça un surnuméraire ou un
occasionnel dans le cas de la FAS, mais c'est la même chose, c'est des
personnes qui ne travaillent pas à plein temps... cette
personne-là qui n'aurait pas été rappelée au
travail du fait qu'elle avait perdu son ancienneté, elle
récupère de l'ancienneté, même pour la
période où elle n'a pas travaillé. Et est-ce correct
d'imaginer que des personnes qui auraient été embauchées
pour remplacer des occasionnels ayant perdu leur ancienneté, vont
elles-mêmes garder l'ancienneté acquise, mais vont passer comme au
deuxième rang dans la liste de rappel? D'une certaine façon, ce
que je veux dire, c'est qu'on ne lèse pas, à proprement parler,
les personnes qui auraient travaillé à la place de personnes
ayant perdu leur ancienneté, dans le sens qu'on dit: On refait la liste
comme elle aurait dû être faite s'il n'y avait pas eu perte
d'ancienneté et vous allez rester dessus, mais pas dans le même
rang qu'avant parce que, là, les gens qui avaient perdu leur
ancienneté la récupèrent.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. Maurice Charlebois,
pour le ministre de la Santé et des Services sociaux. M. Charlebois.
M. Charlebois: Tout ça a été une très
longue discussion à savoir si on restaurait les salariés dans le
rang qu'ils occupaient le jour de ia coupure. Finalement, le règlement
fait en sorte que c'est 5/7 qui est accordé à tout le monde,
qu'ils aient perdu ou pas de l'ancienneté, qu'ils se soient
déclarés disponibles ou pas, qu'ils aient travaillé 5/7 ou
pas. Alors, ça peut replacer des gens dans leur rang, ça peut ne
pas les replacer dans leur rang, on ne le sait pas, sauf que c'est, finalement,
le compromis auquel on est arrivé. Maintenant, il faut bien
réaliser qu'il y a énormément d'événements
dans la vie quotidienne des établissements qui perturbent le rang
d'ancienneté. Il suffit qu'un salarié à temps complet
décide de se déclarer à temps partiel, il s'amène
avec 12 ans ou 15 ans d'ancienneté, ça refait tous les rangs.
Quelqu'un d'autre décide de prendre un congé sans solde, un autre
est en congé de maternité, etc. Alors, à tous les jours il
y a, dans les établissements, des événements qui peuvent
perturber le rang d'ancienneté. Alors, finalement, la solution à
laquelle on est arrivé, c'est 5/7 pour tout le monde. C'est une solution
qui apparaissait raisonnable pour tout le monde. Et, évidemment, c'est
adapté en fonction des centrales syndicales. Vous avez ici un
modèle, CSN-CEQ, qui est adapté selon ces...
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, avez-vous d'autres questions?
M. Bourdon: M. le Président, je veux juste dire que, au
surplus, je viens de me remémorer qu'une personne qui aurait
été embauchée dans les 20 mois en cause n'aurait pas
encore sa sécurité d'emploi. Elle pourrait donc, par
l'établissement, être mise sur une liste à part, puis quand
il n'y en a pas de disponibles chez ceux qui ont récupéré
leur ancienneté, ils pourraient les rappeler, mais ils n'ont pas encore
de droit de rappel, sauf que l'établissement peut dire: J'en ai eu qui
ont rendu des services, je vais les reprendre. Ça va.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Chevrette: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté. Est-ce qu'il y
a des remarques à l'article 2? Est-ce qu'il y a des questions? M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: À l'article 2, je veux juste faire confirmer
ma compréhension. Je comprends bien que ce qui est gardé,
à toutes fins pratiques, c'est la contestation, le pouvoir de contester
juridiquement devant les tribunaux supérieurs sur la
constitutionnalité ou la légitimité de la loi, alors que,
pour ce qui est des griefs individuels, il y a, naturellement, perte de ce
pouvoir de grief individuel, mais que la CSN, par exemple, pourrait contester,
en vertu de la charte des droits et libertés, le fait que le
décret était inconstitutionnel, donc qu'il devrait être
aboli. Est-ce que c'est bien le sens de l'article 2 de votre projet de loi?
M. Charlebois: C'est exact. Le Président (M.
Bissonnet): Ça va? M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: C'est bien le sens? M. Côté
(Charlesbourg): Oui, oui.
M. Charlebois: Oui. C'est bien le sens. En fait...
Le Président (M. Bissonnet): Alors, je m'excuse. M.
Charlebois, pour M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Charlebois: Effectivement on a, lors de l'entente, convenu
qu'il y a deux types de griefs qui pouvaient être maintenus. Le premier
type, c'est ceux qui sont nécessaires, aux yeux du syndicat, pour
conserver l'intérêt juridique de la cause qui est devant les
tribunaux. Alors, on parle d'une vingtaine de griefs seulement.
Le deuxième type de griefs, c'étaient des griefs comme
ceux que j'ai évoqués tout à l'heure, c'est-à-dire
que les syndicats avaient jusqu'à lundi dernier pour nous soumettre une
liste de cas. Au total, il y a eu sept ou huit cas de sécurité
d'emploi, plus 300 autres cas divers, qu'on avait accepté de regarder.
Au moment où on se parle, tous ces griefs sont réglés,
c'est-à-dire qu'il ne reste plus aucun grief autre que les griefs
maintenus pour la cause. (11 h 50)
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, ce que j'ai compris de
l'action en nullité, c'est que les organisations syndicales ont la
prétention, par exemple, que la perte de salaire en double pour chaque
jour de débrayage illégal constitue l'imposition d'une amende par
une instance autre que l'instance judiciaire. Je ne vous dis pas que je partage
la prétention, c'est parce que j'ai lu les procédures, je
m'intéresse à la question. L'autre prétention des
organisations syndicales, c'est que la coupure du prélèvement
à la source va à rencontre du droit d'association. Ils disent,
dans leur requête en nullité, que le droit de s'associer
prévu dans la Charte canadienne et dans la Charte
québécoise des droits inclut donc le droit de se cotiser et
d'avoir un prélèvement à la source.
Si je comprends bien, les organisations
syndicales, à cet égard, qui, on le sait, ont
remboursé leurs membres pour les pertes salariales en double et, dans la
même période, ont été privées de cotisations,
en vertu de la loi 160 encore, ont été privées de la
cotisation à la source... Il y a eu des opérations pour que les
gens puissent cotiser parce que c'est difficile de prétendre que
quelqu'un n'a pas le droit de contribuer à un syndicat, à une
corporation, à un ordre professionnel, à une
Fédération de médecins, à un parti politique - en
tout cas, n'importe qui. Je tiens à souligner qu'à cet
égard-là, il m'apparaît que, dans l'entente, les
organisations syndicales font passer l'intérêt des membres
à titre individuel avant leur intérêt que je qualifierais
de corporatiste ou financier, puisqu'elles ne récupéreront jamais
l'argent qu'elles ont donné à leurs membres, pour compenser -
entre guillemets - l'amende ou l'argent qu'elles n'ont pas pu prélever,
par des cotisations à la source. C'est dans ce sens-là que j'ai
la prétention que c'est un peu comme le lac Meech, ce qu'on a devant
nous. Les centrales, les organisations syndicales ont signé dans
l'honneur, un peu comme pour le gel des salaires, mais pas dans
l'enthousiasme.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense qu'il y a une démarche qui est devant les tribunaux. Ce que
l'entente prévoit, c'est qu'il y a poursuite de cette
démarche-là devant les tribunaux. Le tribunal jugera au bout de
la ligne. C'est à ça qu'il faut se référer. Quant
aux décisions qu'ont eu à prendre les centrales syndicales sur le
bien-être des membres au détriment du syndicat lui-même,
ça me paraît évident. Évidemment, je pense aussi que
les membres y sont pour quelque chose. Ils ont probablement fait un choix entre
l'ancienneté et autre chose.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Les tout premiers mots - c'est strictement sur un
plan juridique - de l'article 2, "sauf dans la mesure prévue par une
entente visée à l'article 1, aucun recours devant un tribunal ou
un arbitre ne peut être exercé..." etc., est-ce que, tel que
rédigé, cet article ne pourrait pas avoir une portée plus
large que les simples effets de la loi 155?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. Brière, qui est un
eminent conseiller juridique, me souffle à l'oreille de répondre
non.
M. Chevrette: Tel que libellé, "sauf dans la mesure
prévue par une entente"...
M. Côté (Charlesbourg): On renvoie l'entente.
M. Chevrette: Oui, mais "aucun recours devant un tribunal..."
À toutes fins pratiques, moi, si j'étais dirigeant syndical, je
craindrais que cet article m'enlève des droits autres que ceux sur
lesquels j'ai conclu une entente, en vertu de la loi 157, et j'aurais peur.
M. Côté (Charlesbourg): On me dit qu'il n'y a pas de
danger, puisque ça fait référence à l'article 1
qui, lui-même, délimite l'arrêt de travail en 1989:
"Relativement à un arrêt de travail survenu en 1989".
Le Président (M. Bissonnet): Ça va, M. le
député?
M. Chevrette: En tout cas, si jamais la question est posée
devant le tribunal et qu'on voulait déborder le cadre de la 157, votre
eminent juriste pourrait être un témoin expert en disant que
ça ne déborde pas le cadre de l'application de la loi 157.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que le titre du projet
de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): En conséquence, la
commission plénière met fin à ses travaux. Je remercie
celles et ceux qui y ont participé. Pour permettre à
l'Assemblée de poursuivre sa séance, je prie toutes les personnes
qui doivent se retirer de bien vouloir le faire immédiatement.
Suspension de quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 56)
(Reprisée 11 h 57)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mesdames et messieurs!
Alors, M. le Président de la commission
plénière.
M. Richard (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que fa commission plénière a étudié en
détail le projet de loi 157, Loi concernant la restauration de
l'ancienneté de certains salariés du secteur de la santé
et des services sociaux, et que la commission plénière l'a
adopté sans amendement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que le rapport
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président... Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Pagé: C'est toujours dans ces temps-là que
ça arrive, lorsque les gens ont à sortir, que les porte-documents
s'ouvrent. Alors, pour le bénéfice de celles et ceux qui nous
écoutent, il n'y a pas de problème, ça va très
bien. C'est seulement un porte-documents qui s'est retrouvé sur le
parquet de l'Assemblée.
Ceci étant dit, je sollicite le consentement, M. le
Président, pour qu'on puisse procéder à l'adoption
immédiatement de la troisième lecture du projet de loi.
Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il a
consentement pour déroger aux articles 230 et 22 du
règlement?
Une voix: Oui, il y a consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Alors,
nous sommes à l'adoption du projet de loi 157.
Une voix: Vote enregistré.
M. Pagé: II n'y a pas d'intervention, M. le
Président, ni de part et d'autre. On a convenu d'appeler un vote
enregistré sur ce sujet-là et je demande qu'on le reporte
après la période de questions cet après-midi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, à la
demande du leader, le vote enregistré est reporté après la
période de questions de la séance de cet après-midi. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: À ce moment-ci, M. le Président, je
vous inviterais à appeler l'article 11 du feuilleton.
Projet de loi 143
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 11,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements sur le projet de loi 143, Loi
modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement, et je reconnais M.
le ministre de l'Environnement.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, M. le Président.
Nous sommes, à ce moment-ci, appelés à discuter en cette
Chambre du rapport de la commission parlementaire de l'aménagement et
des équipements, laquelle a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi 143, Loi modifiant la
Loi sur la qualité de l'environnement.
Permettez-moi, M. le Président, tout d'abord, de rappeler
très brièvement le contenu du projet de loi 143, lequel vise
à doter le gouvernement d'outils légaux qui lui permettront
d'intervenir de manière adéquate en matière de
dépollution industrielle. Ce projet de loi, faut-il le rappeler, M. le
Président, apporte des modifications à la législation
déjà adoptée en 1988, le projet de loi 99, afin de
faciliter son application, principalement en regard des attestations
d'assainissement. rappelons que ces attestations d'assainissement seront
émises dans le cadre du programme de réduction des rejets
industriels qui consiste à réduire, d'ici l'an 2000, de 75 % les
rejets générés par plus de 600 industries établies
au québec, industries qui produisent, à elles seules, 80 % de
l'ensemble des rejets industriels déversés dans l'environnement.
par ces attestations, le ministère de l'environnement aura ultimement
resserré son approche dans les secteurs industriels suivants, soit le
secteur des pâtes et papiers, des mines, de la métallurgie, de la
chimie, des raffineries de pétrole et des entreprises qui oeuvrent dans
la galvanoplastie.
Parmi les principales modifications proposées, de nouvelles
sanctions ont été ajoutées aux dispositions pénales
déjà existantes. Ainsi, une peine est prévue pour les cas
de non-respect du programme correcteur, lequel constitue une nouvelle
obligation pour l'entreprise. Pour celle qui serait connue coupable d'une
première infraction, le montant d'amende variera entre 10 000 $ et 250
000 $, alors que, pour les infractions subséquentes, les amendes
minimales et maximales pourront s'échelonner de 20 000 $ à 500
000 $.
D'autre part, une nouvelle sanction sera également prévue
dans le cas où le titulaire ne soumet pas sa demande d'attestation dans
les
délais requis. Il s'agira, dans ce cas, d'amendes qui, pour une
première infraction, sont établies entre 1800 $ et 120 000 $,
alors que, pour les infractions subséquentes, les montants prévus
dans la loi seront de l'ordre de 12 000 $ et de 240 000 $.
Par ailleurs, mentionnons que ce projet de loi permettra au ministre de
l'Environnement d'obliger, par le biais d'une ordonnance, une entreprise
soumise au programme à ne plus rejeter de contaminants dans
l'environnement tant que celle-ci ne lui aura pas soumis une demande
d'attestation. L'adoption de cette législation permettra de plus au
ministre de l'Environnement de demander et d'imposer aux industries
visées un plan de gestion des déchets
générés par leur production. Cette modification, est-il
nécessaire de le rappeler, est conforme aux recommandations du
récent rapport de la Commission d'enquête sur les déchets
dangereux, appelé rapport Charbonneau. Dans le cas du non-respect du
plan de gestion des déchets ou du programme correcteur de l'industrie,
celle-ci pourra voir suspendre ou révoquer son permis d'attestation.
Aujourd'hui, nous procédons à l'évaluation du
rapport de la commission de l'aménagement et des équipements qui
a siégé les 14 et 17 juin derniers afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 143. Il
importe de signaler que les articles et amendements de bonification
étudiés ont été adoptés à
l'unanimité. J'invite maintenant tous les membres de cette
Assemblée à voter à l'unanimité en faveur de
l'adoption du rapport de la commission ayant procédé à
l'étude article par article dudit projet de loi, tout comme cela s'est
produit dans toutes les autres étapes du processus depuis le
dépôt de cette pièce législative. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
l'Environnement. Sur le rapport sur le projet de loi 143, rapport de la
commission de l'aménagement et des équipements, Loi modifiant la
Loi sur la qualité de l'environnement, j'entends immédiatement M.
le député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Nous avons
collaboré à l'étude de ce projet de loi comme convenu,
mais je dois dire que nous avons été déçus, parce
que le ministre, lors de la discussion du principe du projet de loi,
s'était engagé à déposer les projets de
règlement à la commission. Il a déposé un certain
nombre de projets de règlement, mais je prie cette Chambre de me croire
lorsque je vous dis que ces projets de règlement sont tout à fait
très, très préliminaires et ne vont pas au coeur du sujet.
Cependant, nous allons quand même voter, puisqu'il y a urgence et que
nous ne voulons pas que le gouvernement trouve un prétexte dans la
dissension de l'Opposition pour retarder encore plus la mise en application de
ce programme de réduction des rejets industriels.
M. le Président, il est bon de rappeler que l'outil légal
dont vient de parler le ministre, il existait depuis 1988, depuis
décembre 1988, lorsque son prédécesseur, le ministre
Lincoln, avait fait adopter, à l'unanimité encore cette
fois-là, le projet de loi 99. Et ce projet de loi 99 est sensiblement ce
que nous voyons aujourd'hui, légèrement amélioré.
Mais le problème avec ce gouvernement, ce n'est pas l'absence de loi.
C'est l'absence de volonté politique de faire respecter les
règlements. Mais, dans ce cas-ci, on n'a même pas, durant les deux
années et demie qui se sont écoulées depuis
décembre 1988, le gouvernement n'a même pas eu le courage de faire
adopter par le Conseil des ministres les règlements qui auraient permis
de mettre en vigueur la loi 99. Le résultat, c'est qu'en décembre
1988, on a fait, comme on fait aujourd'hui, juin 1991, le même exercice.
On s'entend pour dire oui à ce projet de loi, mais il n'y a pas eu de
règlements qui ont donné suite au projet de loi.
M. le Président, on me permettra d'être plutôt
pessimiste. Bravo pour le projet de loi, mais si le gouvernement n'accorde pas
une fois pour toutes une véritable priorité à
l'environnement, s'il continue de faire comme il fait depuis deux ans et demi,
faire de beaux discours, mais ne pas prendre de décisions qui
donneraient non seulement l'outil légal, mais l'outil administratif,
l'outil politique pour aller dans le champ réduire les rejets
industriels - nous sommes encore au Moyen Âge, au Québec, quant
à la réduction des rejets industriels - surtout dans l'eau,
surtout dans le fleuve Saint-Laurent, il est évident que le gouvernement
aura des comptes à rendre s'il n'agit pas dans les prochains mois pour
faire adopter les règlements et, enfin, mettre en vigueur ce programme
de réduction des rejets industriels.
M. le Président, le gouvernement a choisi de procéder par
un programme qui est basé, au fond, sur des négociations
entreprise par entreprise avec le ministère de l'Environnement et, suite
à une telle négociation, une attestation d'assainissement est
émise par le ministère de l'Environnement, qui doit être
évidemment respectée par l'entreprise. C'est le choix, si on
veut, d'un système qui fonctionne par négociation, cas par cas ou
secteur par secteur, les papetières, les mines, etc., par opposition
à une autre approche qui consiste à dire: Nous allons
réglementer et les entreprises devront se soumettre à la
réglementation.
Le ministre répond que, si on réglemente, ça
affaiblit la position du ministère dans les cours. Il nous a cité
un exemple où le règlement lui-même - un règlement
n'étant jamais parfait, n'étant jamais complet - devient un
obstacle, si
on veut, à l'application d'une véritable norme et c'est
pourquoi il a choisi la voie d'un programme basé sur des
négociations. Mais il faut qu'il soit bien conscient que certains
experts s'opposent à cette voie, entre autres, le Centre
québécois du droit à l'environnement qui a envoyé
un mémoire au ministre et dont nous avons eu copie. À la page 6
de ce mémoire, le Centre québécois dit ceci: La
décision du ministre de ne pas réglementer certains secteurs et
la mise en place du système discrétionnaire du Programme de
réduction des rejets industriels nous imposent de conclure que les
droits reconnus aux citoyens dans la loi vont subir la plus importante atteinte
depuis leur reconnaissance en 1978.
C'est une affirmation sérieuse. Le ministre a apporté une
certaine réponse à cette affirmation en commission parlementaire,
mais qui n'est pas tout à fait satisfaisante. Alors, je suggère
au ministre, dorénavant, qu'il s'agisse de projets de loi ou de projets
de règlement, de communiquer plus rapidement avec ses experts, qu'il
s'agisse du Centre québécois ou qu'il s'agisse de la division du
Québec du Barreau canadien. Ce sont les deux groupes qui nous ont fait
des représentations et je pense que le ministre aurait
intérêt, à l'avenir, à entrer en contact plus
rapidement avec ces groupements parce que je pense qu'ils pourraient apporter
une lumière intéressante dans la préparation de ses
projets de loi et de sa réglementation. Je pense que nous avons
réussi aussi, jusqu'à un certain point, à baliser,
à circonscrire, à limiter un peu plus ce pouvoir
discrétionnaire que se donne le ministre dans ce projet de loi.
Deux mots sur la participation du public, M. le Président. Les
deux groupes en font état, l'Opposition en a souvent fait état,
d'autres groupes environnementaux ont fait état de l'importance
d'informer le public et, particulièrement, le public qui habite
l'entourage d'une entreprise polluante. C'est pourquoi nous avons
insisté pour que, dans les règlements à venir - et nous
allons surveiller le ministre - il y ait une information totale,
intégrale et rapide du grand public de manière à ce que le
public puisse être au courant des ingrédients des rejets toxiques
ou non toxiques que telle ou telle entreprise soit, émet dans
l'atmosphère, soit répand sur le sol ou dans l'eau. Il me semble
que toute entreprise qui veut véritablement améliorer
l'environnement au Québec doit être basée fondamentalement
sur la participation du grand public. C'est le meilleur allié qu'un
gouvernement peut avoir à cet égard.
Une dernière remarque. Cette nouvelle attestation
d'assainissement, qui aura été négociée entre le
ministère et chaque entreprise, elle vient s'ajouter à ce qu'on
appelle le certificat d'autorisation que toute entreprise doit obtenir du
ministère de l'Environnement lorsqu'elle démarre une nouvelle
entreprise, lorsqu'elle agrandit son entreprise ou lorsqu'elle fait des
changements importants. Or, il y a lieu, comme plusieurs l'ont dit, que le
ministre envisage de simplifier les procédures. Il ne faut pas que les
entreprises puissent être paralysées par une bureaucratie, une
paperasserie trop encombrante, parce que, dans certains cas, l'attestation
d'assainissement pourrait, par exemple, inclure le certificat d'autorisation -
au lieu d'avoir deux formes de certificat, n'en avoir qu'une qui serait
globale, qui comprendrait ce que le certificat d'autorisation doit contenir de
toute façon.
Alors, en concluant, M. le Président, nous pensons que le
gouvernement a encore une chance de redorer un peu son blason en matière
environnementale. Malgré les beaux discours de la campagne
électorale de 1989, il n'a pas tenu son engagement de faire de la
protection de l'environnement une priorité. On en a eu plusieurs
preuves. Maintenant, nous acceptons de voter en faveur de ce projet de loi qui
vise à réduire les rejets industriels dans l'environnement, mais
nous mettons en garde le gouvernement que, si la réglementation n'est
pas adoptée dans les plus brefs délais, nous allons le harceler,
nous allons le rappeler à l'ordre. En terminant, je pense qu'il faut
aussi que ce gouvernement apprenne à mieux travailler avec les groupes
environnementaux, tels que les deux qui ont été mentionnés
aujourd'hui dans la discussion. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci. Alors, M. le
ministre de l'Environnement avec un droit de réplique n'excédant
pas cinq minutes, conformément au règlement.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, très
brièvement, M. le Président. Vous me permettrez, à cette
étape-ci, de remercier l'ensemble des parlementaires qui sont
intervenus, autant au moment de l'adoption du principe qu'en commission
parlementaire et qu'à cette étape-ci, de leur support, des
bonifications qui ont été amenées à ce projet de
loi et de les remercier de leur appui à ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
l'Environnement.
Le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements portant sur le projet de loi 143, Loi modifiant la Loi sur
la qualité de l'environnement, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: Est-ce qu'on est prêt pour la
troisième tout de suite ou demain? Tout de suite? Alors, M. le
Président, je vous demande le
consentement pour que nous puissions procéder
immédiatement à l'adoption du projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour déroger aux articles 230 et 22 et passer
immédiatement à l'adoption du projet de loi?
Des voix: Consentement.
Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Est-ce
qu'il y a des interventions? Est-ce que le projet de loi 143 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Alors, M.
le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 15 du feuilleton, s'il vous plaît!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): à l'article 15,
mme la ministre des affaires culturelles propose l'adoption du projet de loi
117, loi modifiant la loi sur le cinéma.
M. Pagé: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: II serait peut-être opportun de suspendre
deux minutes...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À votre demande,
M. le leader...
M. Pagé: ...pour que le représentant de
l'Opposition officielle puisse se joindre à nous.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...je suspends les
travaux de cette Assemblée pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
(Reprise à 12 h 18)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je voudrais revenir sur
l'appel que je vous ai...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 17.
M. Pagé: ...déposé il y a quelques minutes.
Plutôt que d'appeler l'article 15 du feuilleton, je vous inviterais
plutôt à appeler l'article 17 du feuilleton, pour l'adoption du
projet de loi 136. on a convenu que ce serait seulement quelques minutes.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, il y a
consentement pour appeler l'article 17 au lieu de l'article 15?
Des voix: Consentement.
Projet de loi 136 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Alors,
à l'article 17, M. le ministre du Revenu propose l'adoption du projet de
loi 136, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et d'autres
dispositions législatives d'ordre fiscal. M. le ministre du Revenu.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors,
très sommairement, M. le Président, le projet de loi 136 a
franchi plusieurs étapes jusqu'ici depuis sa présentation le 15
mai jusqu'à la prise en considération du rapport de la
commission, le 18 juin dernier. Nous avons fait un travail qu'on pourrait
facilement considérer comme remarquable. Il y a eu, évidemment,
une présentation sur une base thématique de l'ensemble des
orientations qui ont été étudiées une par une. Le
tout a fait en sorte, finalement, M. le Président, qu'effectivement
l'ensemble des articles ait reçu, évidemment, un appui favorable
de la part de la commission.
Je tiens tout simplement à remercier l'équipe de la
Direction générale de la législation du ministère
du Revenu qui a aidé grandement le travail des parlementaires et je
termine en disant que les 12 amendements ont été
étudiés et ont été approuvés lors de
l'étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre du
Revenu. Sur ce, je reconnais M. le député de Labelle. M. le
député.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Effectivement,
nous avons eu l'occasion de participer à l'étude du projet de loi
136 sur l'harmonisation de la législation du Québec à
celle du fédéral. Dans le contexte, on sait que c'est une coutume
habituelle de faire ça à chaque année que d'harmoniser ces
lois. En général, à chaque année, nous avons eu la
collaboration des fonctionnaires, que je veux bien reconnaître ici en
Chambre et remercier de leur travail, des explications qu'ils ont fournies par
thème, de sorte que l'étude du projet de loi nous a
été
grandement facilitée. Et je vous indique, M. le Président,
que nous sommes d'accord avec ce projet de loi et nous allons voter pour.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Labelle. Est-ce que le projet de loi 136, Loi modifiant
de nouveau la Loi sur les impôts et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Alors, je
suis prêt à reconnaître maintenant M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
à appeler, à ce moment-ci, l'article 15 du feuilleton.
Projetdeloi117 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 15,
Mme la ministre des Affaires culturelles propose l'adoption du projet de loi
117, Loi modifiant la Loi sur le cinéma. Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Mme Liza Frulla-Hébert
Mme Frulla-Hébert: Oui, M. le Président. C'est avec
enthousiasme que je propose l'adoption, par l'Assemblée nationale, du
projet de loi 117, Loi modifiant la Loi sur le cinéma. J'en suis
d'autant plus heureuse, M. le Président, que cette étape ultime
que nous franchissons aujourd'hui est l'aboutissement d'un processus que nous
avons voulu le plus ouvert possible et je peux affirmer que rien n'a
été négligé pour nous assurer que tous les points
de vue soient bien reflétés dans l'ensemble des consultations
tenues.
En effet, tous les groupes intéressés par la question
cinématographique ont eu l'occasion, à un moment ou à un
autre de ce processus, de faire valoir leurs attentes et leurs
préoccupations. Comme je le mentionnais lors de l'adoption du principe
du projet de loi, les mesures que nous proposons pour l'adoption sont issues
des consultations, avis et recommandations de l'Institut
québécois du cinéma et elles ont également pris en
considération d'autres consultations faites par le ministère.
Donc, tous ces éléments ont alimenté notre
réflexion et ont guidé les choix que nous avons faits dans le
meilleur des intérêts de la population et de nos entreprises
cinématographiques.
Je tiens aussi à assurer tout le milieu cinématographique
de l'entière collaboration des trois organismes d'État pour la
mise en vigueur de cette nouvelle législation. Chacun des organismes a,
dans son champ de responsabilités, un rôle indispensable à
jouer pour que le cadre juridique que nous adoptions ne soit pas uniquement un
instrument de contrôle, mais qu'il soit aussi vu comme un outil de
développement.
Permettez-moi, M. le Président, de répéter
brièvement les grandes améliorations qui sont apportées
par le projet de loi. Je commencerai par celles qui touchent le
développement de nos entreprises cinématographiques. Il faut
considérer que la nouvelle mesure qui prévoit la mise en place
d'un plan triennal de soutien financier de la SOGIC constitue un changement
important visant le développement du cinéma
québécois. Cette mesure a d'ailleurs été
saluée avec satisfaction par tous les groupes du milieu
cinématographique entendus en commission parlementaire. J'ajouterai
aussi que les clarifications que nous avons apportées à la notion
de distributeur, comme celles qui nous permettront de signer des ententes sur
le film et sur le matériel vidéo avec des partenaires
américains ou canadiens, constituent aussi des améliorations
importantes pour nos entreprises québécoises de distribution.
À ce chapitre d'aide aux entreprises québécoises, vous me
permettrez de souligner de façon particulière l'attention que
nous avons voulu accorder aux entreprises québécoises de
doublage. Ces entreprises ont atteint un niveau de qualité fort
apprécié par les Québécois. Nous sommes convaincus
que les mesures contenues dans le projet de loi favoriseront davantage le
développement de ces entreprises.
J'aborderai maintenant l'importante question de la présence du
français sur nos écrans. Nos objectifs ont été
clairs tout au cours de la démarche: plus de français sur nos
écrans, plus rapidement, tout en préservant l'accès des
consommateurs aux films en version originale. Les audiences de la commission
parlementaire ont démontré qu'un consensus s'est établi
parmi les intervenants québécois pour que la durée
maximale de tout visa temporaire accordé pour des films en langue autre
que le français soit de 45 jours, indépendamment du nombre de
copies, et que cette durée soit inscrite dans la loi. Nous avons
été sensibles aux arguments qui nous ont été
présentés, notamment par l'Union des artistes, l'Association des
industries techniques et l'Association des propriétaires de
cinémas. Nous avons considéré sérieusement les
préférences des Québécois et les effets des
dispositions législatives sur l'accessibilité des films en
région.
Sur un autre plan, soit celui du classement des films, le projet de loi
117 a inscrit une nouvelle perspective réclamée par les groupes
soucieux du développement de notre jeunesse. La montée de la
violence et la surenchère de son expression visuelle dans un certain
nombre de films ont incité divers organismes et mouvements sociaux
préoccupés par la question de la violence sous toutes ses formes
à demander une plus grande vigilance et qu'elle soit exercée
à cet égard. Déjà, les audiences tenues par
l'Institut
québécois du cinéma sur le classement des films
avaient mis en évidence la nécessité de faire de la
protection de la jeunesse un objectif social clairement identifié. Nous
l'avons donc retenu dans la rédaction initiale du projet de loi. La
commission parlementaire nous a convaincus qu'il fallait le maintenir
intégralement. C'est pourquoi, M. le Président, nous conservons
les quatre catégories de classement que nous avions proposées et
que nous maintenons aussi le principe d'en faire des catégories
restrictives sauf, bien sûr, le visa général qui, par
définition, indique que le film peut être vu par tous.
Il est apparu opportun de maintenir la catégorie "16 ans et
plus", parce qu'elle apporte une certaine souplesse et qu'elle accorde une
marge de manoeuvre à la Régie du cinéma. Ces
catégories fournissent un cadre flexible qui pourra plus facilement
s'adapter à de nouvelles réalités. Il faut d'ailleurs
constater que les possibilités que nous définissons rejoignent
les tendances observées dans plusieurs systèmes de classification
dans le monde.
J'aimerais dire quelques mots maintenant, M. le Président, d'un
autre point important concernant le classement des films, il s'agit de son
application au matériel vidéo. À plusieurs reprises,
l'incohérence du système de classement a été la
cible de critiques, parce que des films interdits aux moins de 18 ans dans les
salles de cinéma pouvaient être accessibles à ces jeunes
dans les clubs vidéos. Bien que le règlement concernant le permis
de commerce au détail de matériel vidéo fasse l'obligation
de tenir les vidéocassettes dans un espace à part, rien
n'interdisait la vente ou la location à des jeunes de moins de 18
ans.
Les mesures que nous proposons dans le projet de loi imposent les
mêmes règles pour la vente ou la location de vidéocassettes
que celles pour les salles de cinéma. Désormais, la Régie
du cinéma aura le mandat de classer le matériel vidéo
offert dans les commerces de détail et les commerçants auront
l'obligation de voir à ce que seules les personnes ayant l'âge
indiqué puissent avoir accès à ce matériel. Compte
tenu des ajustements que la mise en place de ce système comporte, les
commerçants bénéficieront de la collaboration et de la
compréhension de la Régie pour que la transition se fasse en
douceur sans que cela n'entraîne de perturbation dans les
activités de ces commerces.
Plusieurs autres dispositions, M. le Président,
mériteraient d'être soulignées comme autant
d'éléments d'amélioration à la Loi sur le
cinéma. Je pense, en particulier, aux modifications apportées
à la composition du conseil d'administration de l'Institut
québécois, qui permettront l'ajout d'un représentant des
consommateurs et d'un représentant des commerçants au
détail de matériel vidéo.
Je tiens, en finissant, M. le Président, à
répéter une fois de plus que la révision de la Loi sur le
cinéma à laquelle nous procédons constitue une
étape importante dans la réflexion d'ensemble que nous avons
entreprise sur le cinéma au Québec. Ce ne sera pas la seule. Les
besoins en développement ne peuvent tous trouver une réponse
complète et satisfaisante dans le cadre d'une législation. Nous
devons inscrire le cinéma à la place qui lui revient dans la
perspective d'une véritable politique culturelle.
M. le Président, je tiens à remercier de leur grande
collaboration et de leur appui tous les membres de la commission de la culture
et le représentant de l'Opposition officielle, le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Compte tenu de l'heure,
M. le leader...
M. Pagé: Oui, M. le Président, je vous inviterais
à suspendre nos travaux jusqu'à 14 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Compte tenu de l'heure,
M. le leader, nous allons suspendre les travaux de cette Assemblée
à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise à 14 h 10)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mmes et MM. les députés, nous allons nous recueillir
quelques instants. Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous allons entreprendre nos travaux aux affaires courantes. Avant d'en
arriver à notre première rubrique, puisque le
député d'Anjou m'a indiqué qu'il voulait s'adresser
à l'Assemblée dès l'ouverture de nos travaux cet
après-midi, je lui cède donc immédiatement la parole. M.
le député d'Anjou.
Démission du député d'Anjou, M.
René Serge Larouche
M. Larouche: Merci, M. le Président. Il y a trois ans, le
20 juin 1988, les citoyens et citoyennes du comté d'Anjou m'ont fait
l'honneur de les représenter à l'Assemblée nationale.
Aujourd'hui, je me sens l'obligation morale de cesser de les représenter
pour des raisons qui me sont personnelles, même si elles ne touchent
aucunement des questions de santé, l'excuse favorite utilisée
depuis des temps immémoriaux en politique. Les raisons que j'invoque
touchent à des aspects reliés à la justice et à
l'équité dans des dossiers à venir et des dossiers
présents.
J'ai été élu sous la bannière
libérale le 20 juin 1988 et réélu le 25 septembre 1989,
sous la même étiquette. Je suis d'obédience
libérale,
comme peuvent l'être autant de membres de chacun des trois partis
ici présents, libéral avec un grand L, et les
Québécois sont des libéraux d'esprit et de coeur.
À l'occasion de mon premier discours, le mardi 17 octobre 1988,
je donnais les balises de mon orientation politique, cette orientation
libérale. En passant, je serai moins long cette fois-ci, même si,
pour un simple député, les premier et dernier discours sont
à peu près les seules occasions dans la carrière où
il peut vraiment prendre le temps de livrer le fond de son coeur.
Trois ans à l'Assemblée nationale, on ne peut vraiment pas
faire croire qu'il s'agisse d'une carrière bien remplie. J'aurais, moi
aussi, voulu imiter le doyen de cette Chambre, ami et ministre des Finances, et
vous raconter les hauts et les bas du gouvernement et de l'Opposition. La vie
le veut autrement. Je n'ai pas à me décerner de diplôme
pour mon travail de parlementaire. Je laisse le soin à mes
collègues de le faire. La dernière année a
été extrêmement difficile pour vous comme pour moi, mais
à la différence que j'ai quitté la formation
ministérielle le 25 août dernier pour manifester ma
désapprobation ou des divergences dans la gestion de la crise autochtone
par le gouvernement du Québec. J'ai alors appuyé cette
démission sur des motifs relatifs à des principes de droit
international, la Charte des Nations Unies, qui régissent les
États, qu'ils soient indépendants ou
fédérés.
Je ne regrette aucunement ma décision car je demeure convaincu
qu'elle fut un élément capital dans l'accélération
du règlement de cette crise. L'Histoire, avec un grand H, lorsque tous
les éléments seront mis en place, jugera. Une amie, Mme
Réjeanne Copogréco, me racontait avec humour comment, il y a une
dizaine d'années, un directeur d'école d'Anjou postulant la
candidature dans le comté s'était présenté devant
les militants en ouvrant son discours avec les mots suivants: Je me
présente devant vous comme un innocent. Alors, tout le monde s'est
esclaffé de rire. Et lorsqu'elle me conte cette blague et qu'elle la
raconte à d'autres, je ris toujours. Maintenant, je trouve la blague
très drôle aussi mais, dans le fond, si j'avais été
plus ouvert, j'aurais pu tout aussi bien me donner la même
étiquette. Après trois ans, je suis moins innocent. La grande
question: Est-ce que la politique est un jeu d'innocents? La démocratie
est bien malade lorsqu'elle passe à la moulinette les innocents,
à mon point de vue.
N'allez pas croire que je condamne ici ceux qui ont perdu leur
innocence. Je me condamnerais alors moi-même aujourd'hui. Donc, ça
m'a pris trois ans pour connaître les règles du jeu, les arcanes
du pouvoir et les remèdes qu'il faudra, tôt ou tard, s'administrer
collectivement pour faire en sorte que tombent les pouvoirs castrants, ici
comme ailleurs: pouvoir politique, ombre des appareils bureaucratiques
où les citoyens sont des numéros, des dossiers, des cas et bien
souvent des anomalies. C'est ce qu'on appelle le pouvoir pour le pouvoir versus
le pouvoir pour servir ses concitoyens, et c'est le pouvoir d'un innocent.
Ces problèmes n'affectent pas seulement le Québec ou le
Canada, veuillez m'en croire. Consultez Le Monde Diplomatique, en
première page de cette semaine et vous allez voir que c'est un
problème qui affecte les démocraties modernes ou
démocraties occidentales et c'est le cancer de ces démocraties.
Il ne convient pas maintenant de m'étendre plus longuement sur ces
graves questions. Lisez le journal de ce matin, le rapport Spicer, paru hier,
donne des points de vue des Canadiens, des Québécois aussi qui en
veulent, et je cite: "aux politiciens fédéraux qui ont terni le
système parlementaire par leur comportement disgracieux", et nous, les
Québécois, on en subit les conséquences depuis des
dizaines d'années. Le chat sortira du sac un jour ou l'autre.
L'ère du verseau est engagée et il est dit, et je cite ici saint
Luc, qu'il n'est rien de caché qui ne doive être divulgué,
ni rien de secret qui ne doive être connu. Les choses, donc, que vous
aurez dites dans les ténèbres seront entendues dans la
lumière et ce que vous aurez dit à l'oreille dans les chambres
sera prêché sur les toits. Je cite ici un
évangéliste et, croyez-moi, je ne suis pas en délire
mystique, comme on s'est amusé à se le faire croire. Je le cite
parce que c'est mon devoir de le faire.
Je me suis intéressé, lors de mon mandat, à trois
questions en particulier, dans Anjou et dans l'est de Montréal, lorsque
j'en avais la présidence, soit la question des relations
internationales, et j'ai formé le groupe Orient à cet
égard; la question de l'alphabétisation, et j'ai formé le
groupe Alpha 1990, et les questions environnementales pour l'Association pour
la protection de l'environnement de l'est de Montréal. J'aurais
aimé que ces groupes fonctionnent mieux. Les gens de l'est, la
succession au niveau de la présidence du caucus, sûrement que mon
collègue Gobé y verra.
C'est sûr que c'est le coeur brisé que j'en suis venu
à la décision que j'ai prise aujourd'hui de quitter
l'Assemblée nationale. Le seul fil qui me retenait, depuis plusieurs
semaines sinon plusieurs mois, c'est que plusieurs citoyens du comté,
depuis le début, depuis trois ans, avaient été
extrêmement déçus lorsque leur député, Pierre
Marc Johnson, les avait abandonnés, le 10 novembre 1987. Je ne voulais
pas les abandonner. J'ai écouté trop longtemps mes sentiments
dans cette affaire. Je dois prendre le taureau par les cornes. Je quitte avec
un pincement au coeur et dans l'espoir qu'un jour je pourrai mieux les servir
encore, et à d'autres endroits.
Merci aux citoyens d'Anjou qui m'ont fait plus d'une fois confiance,
merci et félicitations à tous ceux et celles qui se
dévouent dans les organismes communautaires. Merci au personnel
de mon bureau, Mme Lise Francoeur, Mme Monique Paradis, M. Louis
Cecchini, Mme Monique Goyer, ma secrétaire, Mme Lisette Marie, qui m'ont
aidé tous dans cette affaire, avec un grand A.
Merci à mes collègues et au personnel de
l'Assemblée nationale qui est extrêmement dévoué.
J'espère avoir le privilège de conserver l'accès à
sa bibliothèque, un joyau de la couronne. Merci, M. le Président,
et heureuse fête de saint Jean-le-Baptiste, et à tous les
Québécois. Merci, M. le Président. (14 h 20)
Le Président: Alors, M. le député d'Anjou,
je prends donc acte de votre démission et je vous souhaite la meilleure
des chances.
Nous allons poursuivre maintenant les affaires courantes.
Déclarations ministérielles. M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Modalités d'application du nouveau
programme de crédit d'impôt
remboursable
pour la capitalisation des PME
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, j'annonce
aujourd'hui les modalités d'application du nouveau programme de
crédit d'impôt remboursable pour la capitalisation des petites et
moyennes entreprises.
Ce crédit d'impôt sera de 24 % ou de 12 % selon que le
placement est effectué sous forme d'actions ordinaires à plein
droit de vote ou sous forme de debentures convertibles en de telles actions.
Les règles d'application donnent suite aux mesures annoncées par
le ministre des Finances à l'occasion du discours sur le budget, le 2
mai dernier.
Depuis plusieurs années, le Québec a mis sur pied un
ensemble de mesures pour appuyer les entreprises du Québec dans leurs
efforts pour se doter d'une structure financière compatible avec leurs
besoins d'expansion. Jusqu'à maintenant, nous avons favorisé la
levée de capital de risque auprès des particuliers dans le but de
canaliser davantage l'épargne des individus vers les entreprises. Ce
mécanisme d'intervention constitue le fondement même des
véhicules REA, SPEQ et Société à capital de risque
recherche et développement.
Or, il apparaît malgré tout que les petites et moyennes
entreprises éprouvent toujours des difficultés à
recueillir suffisamment de capital de risque. Pour résoudre ce
problème, mon collègue, le ministre des Finances, a
annoncé, à l'occasion du discours sur le budget du 2 mai dernier,
la mise en place d'un programme de crédit d'impôt remboursable
pour la capitalisation des petites et moyennes entreprises. Ainsi, les
entreprises admissibles de moins de 25 000 000 $ d'actifs ou d'au plus 10 000
000 $ d'avoir net des action- naires auront désormais droit à un
crédit d'impôt remboursable, lorsqu'elles émettront du
capital de risque à l'intention d'une institution financière. Ce
crédit leur conférera un avantage fiscal équivalent
à celui accordé aux particuliers qui investissent dans de petites
corporations dans le cadre du REA.
Les objectifs de ce nouveau programme visent à:
premièrement, accroître la capitalisation et favoriser l'expansion
des petites et moyennes entreprises; deuxièmement, favoriser
l'émergence d'entreprises en démarrage ainsi que
l'accélération du rythme de développement d'entreprises
existantes dans divers secteurs d'activité; troisièmement,
inciter les dirigeants de petites et moyennes entreprises à s'associer
avec des institutions financières et des sociétés à
capital de risque à caractère public; et finalement,
quatrièmement, faciliter le partenariat entre des corporations
admissibles, les institutions financières et des sociétés
à capital de risque à caractère public, tout en favorisant
l'accès de petites et moyennes entreprises à l'expertise
d'institutions financières et de sociétés à capital
de risque à caractère public.
La Société de développement industriel du
Québec est chargée de l'administration de ce nouveau programme et
pourra accorder un visa à l'égard d'un placement effectué
par un investisseur. L'émission de ce visa est conditionnel à la
divulgation de certains renseignements. Ce nouveau programme prévoit
qu'un placement pourra prendre la forme d'actions ordinaires à plein
droit de vote ou d'une debenture convertible en de telles actions acquises
à titre de premier preneur. Au moins 30 % du placement doit être
effectué sous forme d'actions ordinaires, assurant ainsi une
participation minimale à l'équité de l'entreprise.
Les institutions financières, organismes ou
sociétés à capital de risque, à caractère
public, seront autorisées à effectuer un placement admissible
pouvant donner droit au crédit d'impôt remboursable à la
capitalisation des PME. Outre les institutions et organismes
spécifiquement désignés au programme, il est prévu
qu'une société privée à capital de risque, de
même que tout autre organisme, institution ou société de
financement d'entreprises à caractère public, pourra être
reconnu à titre d'investisseur admissible.
Afin de permettre la mise en place de consortiums d'investissements
entre des investisseurs privés et des investisseurs institutionnels, la
Société de développement industriel pourra ainsi
reconnaître un regroupement sous forme de société en
commandite, consortium d'investissements ou autre forme juridique dans la
mesure où les participations financières des membres participants
ou actionnaires proviennent principalement d'investisseurs admissibles.
Enfin, les règles régissant l'utilisation des fonds
provenant d'un placement admissible, de
même que des restrictions concernant les rachats ou les achats
avant échéance d'actions ou de debentures convertibles faisant
partie d'un placement admissible sont également détaillées
dans le cadre du présent programme. La Société de
développement industriel peut accorder son visa à l'égard
de tout placement admissible effectué après le 19 juin 1991. Un
projet de loi sera déposé afin d'adopter les mesures
législatives et réglementaires visant à donner suite aux
mesures annoncées dans le discours sur le budget du 2 mai 1991 et dans
la présente déclaration ministérielle.
Voilà en bref, M. le Président, les objectifs visés
par ce nouveau programme. Le détail de ces modalités
apparaît en annexe à la présente déclaration
ministérielle et en fait partie intégrante. Je demanderais le
consentement de l'Opposition pour déposer ladite annexe A. (Voir
annexe).
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt de l'annexe A? Donc, document déposé.
M. Tremblay (Outremont): Nous sommes confiants que les membres de
cette Assemblée reconnaîtront la pertinence de ces nouvelles
mesures, de même que l'urgence d'adopter les modalités
d'application de ce nouveau programme, afin de permettre à des
corporations admissibles de faire l'objet de placements de la part
d'institutions financières ou de société de capital de
risque à caractère public et ainsi leur permettre d'assurer leur
développement et expansion en ce début de reprise
économique. Les entreprises admissibles bénéficieront d'un
support administratif et financier et d'un coût de capital plus
compétitif. Merci, M. le Président.
Le Président: Alors, je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Taillon, représentante de
l'Opposition officielle.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci. Alors, M. le Président, on ne peut que
se réjouir de la mise en place de mesures qui visent à favoriser
le financement adéquat des petites et moyennes entreprises
québécoises. En fait, le crédit d'impôt remboursable
fait partie de ces mesures et nous l'accueillons sans réserve, comme
nous l'avons fait d'ailleurs lors de sa présentation au moment du
dernier discours sur le budget. Je serais cependant tentée d'ajouter, M.
le Président, que mieux vaut tard que jamais, et si, à cet
égard, le ministre avait retenu notre projet de garantie de prêt,
tel que nous le lui suggérions il y a peu de temps, c'est un nombre
encore plus important d'entreprises québécoises qu'il pourrait
maintenant capitaliser. L'urgence d'implanter une telle mesure, bien qu'elle ne
soit pas totalement disparue, a été néanmoins
considérablement atténuée par la baisse de 5 % des taux
d'intérêt que nous avons connue au cours des derniers mois. Enfin,
cette mesure ne peut pas nuire, au contraire, mais elle ne devrait pas faire,
non plus, une énorme différence. Au-delà de cela, la
réaction est qu'une telle annonce s'approche du "trop peu, trop tard".
On n'a qu'à comparer cette mesure, en fait, au train de hausses de taxes
que les entreprises ont eu à subir et auront à subir au cours des
prochains mois pour comprendre que l'intérêt du ministre envers la
situation financière des entreprises nous apparaît un peu
cosmétique tellement le contraste des gestes posés par ses
collègues des Finances et des Affaires municipales est frappant.
En fait, les vrai enjeux se déroulent ailleurs qu'à la SDI
et, malheureusement, il n'y a personne pour y prendre la défense des
entreprises québécoises. À l'occasion des deux budgets
précédant celui de cette année, le gouvernement a
augmenté les charges fiscales des entreprises de 325 000 000 $ par
année. Le ministre des Finances a d'ailleurs récidivé
cette année, puisque la contribution des employeurs au fonds des
services de santé, la taxe sur le capital et la taxe sur les profits
verront toutes leur taux augmenter à nouveau dès septembre. En
fait, cette mesure devrait rapporter au gouvernement 107 000 000 $, de
septembre à décembre, soit des taxes supplémentaires qui,
sur une base annuelle, vont atteindre les 320 000 000 $. (14 h 30)
II faut ajouter à cette hausse du fardeau fiscal des entreprises
l'effet du transfert aux municipalités de certaines charges fiscales.
Cet impact sur les entreprises devrait s'élever à près de
300 000 000 $, en 1992, évidemment. Au total, les entreprises devront
donc supporter, en 1992, pas loin de 700 000 000 $ de taxes
supplémentaires. Ceci porte à 1 000 000 000 $ les taxes
supplémentaires ajoutées en deux ans et demi au fardeau des
entreprises.
Ces décisions contrastent donc avec les prétentions du
ministre de vouloir rehausser la position concurrentielle des entreprises
québécoises. Il faut aussi mentionner l'impact sur les
coûts de transport et de production de la hausse de la taxe sur les
caburants qui a été annoncée aussi dans le dernier budget
de ce gouvernement. Finalement - et nous en avons discuté longuement
cette semaine - le maintien de la taxe de vente du Québec à 8 %
sur les biens et services et l'arrivée, c'est-à-dire le maintien
de la taxe de 8 % sur les biens et l'ajout de la taxe de 8 % sur les services
dès janvier prochain ne seront pas sans avoir un impact sur les
consommateurs et, par le fait même, évidemment, sur les
entreprises. Cette mesure va d'ailleurs rapporter 700 000 000 $ de plus, M. le
Président, au gouvernement.
Il est un peu agaçant d'entendre le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie faire l'annonce en grande pompe d'une mesure
qui a pourtant déjà été annoncée par
son collègue des Finances alors qu'on l'entend rarement, sinon jamais,
s'élever contre les multiples hausses de taxes qui nuisent
considérablement plus à la bonne santé des entreprises que
la mesure annoncée aujourd'hui, si intéressante soit-elle, je le
répète.
En fait, on n'a pas beaucoup entendu non plus le ministre
dénoncer le gouvernement fédéral dont les politiques
maintiennent le dollar à une valeur artificiellement
élevée et, en cela, il serait heureux qu'il rejoigne, M. le
Président, les nombreux intervenants du monde des affaires et du monde
du travail du Québec, tant les entreprises que les représentants
des travailleurs et travailleuses, puisqu'ils identifient là la
principale source des problèmes que vivent les entreprises qui veulent
prendre leur place ici, mais aussi sur les marchés étrangers, M.
le Président. Merci.
Le Président: Je cède la parole à M. le
ministre pour l'exercice de son droit de réplique.
M. Gérald Tremblay (réplique)
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. le Président.
Le nouveau programme de crédit d'impôt remboursable à la
capitalisation des PME a été élaboré en
consultation avec la Caisse de dépôt et placement du
Québec, le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec,
la Société d'investissements Desjardins, la Banque Nationale du
Canada, la Bourse de Montréal, les ministères du Revenu et des
Finances, de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, la
Société de développement industriel et le réseau
Capital, c'est-à-dire une association de 35 à 40 intervenants
clés dans l'industrie de l'investissement, du financement et du capital
privé au Québec.
Lorsque la députée de Taillon, avec le chef de
l'Opposition, a annoncé un projet massif de capitalisation des
entreprises totalisant 500 000 000 $, on a mentionné: garanties
gouvernementales, 350 000 000 $; support du privé, 150 000 000 $. Le
chef de l'Opposition m'a posé une question au mois de décembre:
Le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie est-il prêt
à rencontrer dans les jours qui suivent les personnes... J'ai dit oui.
J'attends toujours qu'on me présente ces personnes.
La députée de Taillon a mentionné qu'il y avait un
support important pour son programme de 500 000 000 $. J'ai posé la
question lors des crédits à la députée de Taillon:
Est-ce que vous pouvez me présenter les personnes qui vont ont
conseillé dans l'élaboration de ce projet? J'attends toujours. Je
n'ai pas eu de noms encore. En 1986, lorsque nous avons commencé
à faire de la prévention pour aider les PME, le chef de
l'Opposition a dit: On ratatine la Société de
développement industriel du Québec. En 1986, l'actif de la
Société de développement industriel du Québec
était de 147 000 000 $, il est présen- tement à plus de 1
000 000 000 $.
Lorsqu'on a parlé de l'opération Relance PME, le chef de
l'Opposition: II n'y a pas de demande pour ce genre de prêt. Il l'a dit
dans cette Chambre ici. Alors, au moment où on se parle, 169 dossiers
ont été acceptés pour 70 000 000 $, 246 dossiers à
l'étude pour 105 000 000 $, donc des aides gouvernementales de 175 000
000 $ qui ont injecté du privé, des institutions
financières traditionnelles, 325 000 000 $. Donc, comparaison:
exactement un programme beaucoup plus performant que celui proposé par
le chef de l'Opposition, parce que les deux montants totalisent 500 000 000 $,
sauf que l'apport gouvernemental n'est pas de 350 000 000 $, mais de 175 000
000 $. C'est très différent.
Quand on parle de petites et moyennes entreprises, ce qu'on a voulu
faire, c'est leur donner un pouvoir additionnel de négociation, et c'est
ce que le crédit d'impôt fait. On compare souvent 1981 avec 1990,
au niveau du ralentissement économique. Ce n'est pas la même
chose. Ce n'est pas juste une question de politique monétaire du
gouvernement fédéral. J'ai fait des représentations
à plusieurs reprises, mais non pas des événements
médiatiques comme l'Opposition. Il faut prendre en considération
qu'il y a une rationalisation des entreprises, qu'il y a un problème de
propriété et de relève des entreprises; il y a
l'environnement, les relations du travail et les finances publiques. Pourquoi
ça va mieux aujourd'hui? Pourquoi on passe mieux à travers le
ralentissement économique? Parce que les entreprises sont mieux
capitalisées. On travaille en équipe par le biais de la brigade
économique.
Des bonnes nouvelles à l'horizon? Oui, il y en a, des bonnes
nouvelles à l'horizon et les résultats, vous me permettrez, M. le
chef de l'Opposition, de citer l'éditorialiste que vous citez tout le
temps, qui est un bon éditorialiste et qui va résumer mes propos
et surtout répondre de façon très claire à la
députée de Taillon, et on ne m'accusera pas de ne pas être
crédible, ce n'est pas moi qui le dis: "À ce chapitre, le
Québec a 10 ans d'avance sur la province voisine. En plus de
déjà disposer d'un arsenal d'outils encore à l'état
d'ébauche en Ontario, M. Levesque - on parlait du budget tout à
l'heure - a commencé, dès l'an dernier, à lutter contre le
ralentissement, notamment par une accélération des travaux
publics et, dans ce nouveau budget, le programme de formation destiné
aux travailleurs, une sorte de prêt-bourse pour adultes est une
innovation, comme le sont diverses mesures pour favoriser la recherche et
faciliter le financement des PME, et il n'y a rien de cela en Ontario. En
somme, ce budget est équilibré. Il est également
cohérent dans sa prudence, dans son désir de ne pas toucher
à l'impôt sur le revenu, mais d'aller chercher l'argent par des
taxes indirectes."
M. le Président, le gouvernement est à l'écoute des
entrepreneurs, à l'écoute des entreprises, à
l'écoute des travailleurs, des travailleuses et de leurs
représentants. Nous avons une vision globale, stratégique
à moyen et long terme du développement économique du
Québec et nous pouvons assurer les entreprises et les travailleurs que
le Québec va se tailler une place de choix dans un nouveau marché
mondial. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Nous allons poursuivre maintenant avec la
présentation de projets de loi. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: L'article b, M. le Président.
Projet de loi 158
Le Président: À l'article b du feuilleton, Mme la
ministre de l'Énergie et des Ressources présente le projet de loi
158, Loi abrogeant la Loi assurant la continuité des services
d'électricité d'Hydro-Québec. Mme la ministre.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Alors, M. le Président, ce projet de loi a pour
objet d'abroger comme vous venez de le dire, la Loi assurant la
continuité des services d'électricité
d'Hydro-Québec.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Toujours à la
présentation de projets de loi, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: L'article i, M. le Président.
Projet de loi 273
Le Président: À l'article i du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 273, Loi concernant la ville de Châteauguay. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce rapport
et, en conséquence, M. le whip en chef du gouvernement, au nom de Mme la
députée de Châteauguay, présente le projet de loi
d'intérêt privé 273, Loi concernant la ville de
Châteauguay. L'Assemblée accepte-t-elle d'être saisie de ce
projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement. Oui, M. le leader.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et pour que le ministre des
Affaires municipales en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du gouvernement,
toujours au dépôt de projets de loi.
M. Pagé: M. le Président, l'article h, s'il vous
plaît.
Projet de loi 250
Le Président: À l'article h du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 250, Loi modifiant la charte de la ville de Longueuil. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce rapport
et, en conséquence, Mme la députée de Marie-Victorin
présente le projet de loi d'intérêt privé 250, Loi
modifiant la charte de la ville de Longueuil. Est-ce que l'Assemblée
accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et que le ministre des Affaires
municipales en soit membre, encore une fois.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. (14 h 40)
Maintenant, dépôt de documents. M. le ministre des
Finances.
Rapport annuel de Loto-Québec
M. Levesque: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport annuel 1990-1991 de la société
d'État Loto-Québec.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapport annuel de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je dépose le rapport annuel 1990-1991 de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre de l'Environnement.
Résultat de l'enquête administrative
interne au sujet de la sablière Thouin
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
dépose le résultat de l'enquête administrative interne au
sujet de la sablière Thouin.
Le Président: Ce document est déposé. Mme la
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration.
Rapport annuel du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration
Mme Gagnon-Tremblay: m. le président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1989-1990 du ministère des
communautés culturelles et de l'immigration.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Rapport annuel de la Société des alcools
du Québec
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, j'ai l'honneur
de déposer le rapport d'activités 1990-1991 de la
Société des alcools du Québec.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre des Transports.
Rapport annuel de la Commission des transports du
Québec
M. Elkas: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1990-1991 de la Commission des transports du
Québec.
Le Président: Ce rapport est également
déposé. Maintenant, M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Rapport annuel du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation
M. Picotte: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1990-1991 du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec.
Merci.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre du Revenu.
Rapports annuels de la Régie des
loteries
du Québec et du Conseil interprofessionnel du
Québec
M. Savoie: Oui, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel de la Régie des loteries du
Québec pour 1990-1991, de même, M. le Président, que le
rapport annuel 1990-1991 du Conseil interprofessionnel du Québec.
Le Président: Ces deux rapports sont
déposés. M. le ministre des Communications.
Rapport annuel du ministère des
Communications
M. Cannon: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1990-1991 du ministère des
Communications.
Le Président: Ce rapport est déposé. Mme la
ministre déléguée aux Finances.
Rapport annuel de l'Inspecteur
général
des institutions financières sur les
caisses d'épargne et de crédit
Mme Robic: Oui, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1990 de l'Inspecteur général des
institutions financières sur les caisses d'épargne et de
crédit.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre délégué aux Affaires autochtones.
Lettre d'engagement signée avec le chef des
Algonquins du Lac-Barrière
M. Sirros: M. le Président, il me fait grand plaisir de
déposer, tel que je m'y suis engagé hier, une lettre d'engagement
que j'ai signée avec le chef des Algonquins du Lac-Barrière, M.
Jean-Maurice Matchewan. Je dépose également un projet d'entente
sur l'élaboration d'un plan intégré des ressources qui est
l'aboutissement positif des négociations avec les Algonquins du
Lac-Barrière. Merci.
Le Président: Ces documents sont
déposés.
Rapport annuel et état des frais
d'administration de la Commission
de la fonction publique
J'ai reçu, pour l'exercice financier se terminant le 31 mars
1991, le rapport annuel de la Commission de la fonction publique,
accompagné de l'état des frais d'administration. Je dépose
ce rapport.
Maintenant, dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions. M. le député
d'Unga-va.
Retirer la proposition de coupure dans les subventions
publiques au transport en commun
M. Claveau: Oui, M. le Président. Permettez-moi de
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale par 1364 pétitionnaires, citoyens et
citoyennes du Québec.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que la
politique de coupure de subventions publiques du gouvernement à
l'égard du transport en commun constitue une véritable atteinte a
la survie même de ce service public auquel la population a droit;
"Considérant que les victimes d'une détérioration du
transport en commun seraient les personnes âgées, les jeunes, les
plus démunis et la population en général, sans compter
l'impact d'une telle mesure sur l'emploi, l'environnement et l'achalandage du
réseau routier."
Et l'intervention réclamée se résume ainsi: "nous,
soussignés, demandons à l'assemblée ç -nationale
d'intervenir auprès du ministre \ responsable et du gouvernement afin de
retirer sa proposition de coupure dans les subventions publiques
accordées au transport en commun."
Je certifie que l'extrait de cette pétition est conforme au
règlement et à l'original de la pétition.
Le Président: Votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel. Je voudrais cependant vous aviser
dès maintenant qu'après la période de questions il y aura
un vote reporté sur la motion d'adoption du projet de loi 157, Loi
concernant la restauration de l'ancienneté de certains salariés
du secteur de la santé et des services sociaux.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Nous allons maintenant procéder à la période de
questions et réponses orales des députés. Je vais
reconnaître, en première question principale, M. le leader de
l'Opposition et député de Joliette.
Tenue d'élections complémentaires dans
les comtés de Montmorency et d'Anjou
M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. le
Président, on sait qu'en vertu de notre Loi électorale, dans les
six mois d'une vacance dans une circonscription électorale, le premier
ministre du Québec et le gouvernement sont obligés de
décréter une élection dans cette circonscription.
Compte tenu du fait que, dans le cas du ministre Séguin, de
Montmorency, les six mois viendront à échéance le 21 juin
prochain et compte tenu aussi de la démission surprise, aujourd'hui, du
député d'Anjou, est-ce que le premier ministre peut nous
confirmer qu'il y aura bel et bien deux élections partielles au
Québec d'ici peu?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, si ma mémoire est
bonne - j'en discutais justement avec plusieurs journalistes de la Presse
canadienne, hier soir, en fin de soirée - je crois que, dans le cas
d'Anjou, le gouvernement qui nous a précédés avait attendu
exactement six mois avant de déclencher l'élection parce que M.
Pierre Marc Johnson avait démissionné le 10 novembre et
l'élection s'était tenue au mois de juin. Donc, je crois que je
poursuis la tradition. M. le Président, je crois qu'on avait attendu six
mois dans le cas d'une élection partielle...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: M. le Président, je m'en souviens très
bien.
Des voix:...
M. Bourassa: Je pourrai, M. le Président, rafraîchir
la mémoire de l'Opposition. Quand ils étaient au pouvoir,
à plusieurs reprises, au moins à une reprise, vous avez attendu
les six mois. Je crois que c'était pour le député de
Sauvé, qui avait été élu le 17 juin. Je profite de
l'occasion pour le féliciter, puisque nous sommes le lendemain.
Des voix: Bravo!
M. Bourassa: Ceci étant dit, la loi sera respectée
et il y aura des élections dans le comté de Montmorency au mois
d'août prochain. Ça, je peux rassurer l'Opposition sur la
volonté du gouvernement de tenir des élections dans le
comté de Montmorency, au mois d'août prochain. À quelle
date précise? Il y a deux dates de disponibles. L'Opposition sera
avisée de cette date et je la prierais de ne pas prendre pour acquis le
résultat dans Montmorency. Nous sommes bien encouragés par les
premiers con-
tacts que nous avons eus avec la population.
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le premier
ministre ne croit pas plus logique de décréter deux partielles et
de s'inspirer de l'élection de Notre-Dame-de-Grâce, où le
gouvernement du Parti québécois avait, précisément
après une semaine de démission, décrété une
élection partielle? Et s'il veut s'encourager, s'il veut être plus
réaliste, s'il tient à être très réaliste, je
le prierais de procéder au sondage.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le leader parlementaire de
l'Opposition se souvient quand même de cette série ininterrompue
de défaites; 31, 32, 33 défaites électorales
consécutives, ça ne s'est jamais vu en Occident. Alors, je dis,
M. le Président, au leader parlementaire de l'Opposition...
Des voix:...
M. Bourassa: ...qu'il y aura une élection au mois
d'août. Si ça avait été dans le mois de juillet, le
leader parlementaire, d'ailleurs, nous le reprocherait. Dans une question, il y
a quelques semaines, il disait qu'il ne fallait pas que ça se tienne au
mois de juillet parce que c'est le temps des grandes vacances. Là, il
soutient le contraire aujourd'hui. Ce que je lui dis, c'est que, dans
Montmorency, il y aura une élection au mois d'août. Nous aviserons
pour le comté d'Anjou.
Le Président: En question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition.
Référendum uniquement sur les offres de
renouvellement du fédéralisme
M. Brassard: M. le Président, le brouillard se dissipe, le
scénario et la stratégie du gouvernement dans le dossier
constitutionnel se précisent, le chat est sorti du sac et c'est un petit
minou bien rachitique. À 24 heures de l'ajournement des travaux de cette
Assemblée...
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: à l'ordre, s'il vous plaît!
allez-y, m. le député de lac-saint-jean. (14 h 50)
M. Brassard: à 24 heures de l'ajournement des travaux de
cette assemblée, le premier ministre a déclaré très
clairement, dans une entrevue diffusée hier soir sur les ondes de
Radio-Canada, que le référendum ne portera pas sur la
souveraineté mais plutôt sur des offres de renouvellement du
fédéralisme, des offres crédibles, nouveau qualificatif
qui s'ajoute au lexique constitutionnel déjà abondant du premier
ministre, en ayant le culot de prétendre que cela respecte l'esprit du
rapport de la Commission Bélanger-Campeau. Manifestement le premier
ministre confond le rapport Bélanger-Campeau et le rapport Allaire.
Au même moment, les jeunes libéraux le somment de tenir un
référendum sur la souveraineté, non pas sur des offres du
Canada anglais, et ça, dès le printemps 1992, puisque,
disent-ils, le Canada anglais a déjà dit non au
fédéralisme décentralisé proposé par ie
rapport Allaire. J'espère qu'il ne me répondra pas qu'il s'agit
d'une différence de sensibilité.
Le Président: Votre question, M. le
député.
M. Brassard: Ma question: Par sa déclaration faite le jour
même où Ottawa met sur pied son groupe de travail chargé de
faire des offres au Québec, est-ce que le premier ministre
reconnaît qu'il envoie un signal très clair au Canada anglais,
à savoir que le référendum portera sur des offres, que
cela confirme ce que nous avons, nous, toujours prétendu,
c'est-à-dire qu'il n'a jamais eu l'intention véritable de tenir
un référendum sur la souveraineté et que, ce faisant, il
est l'unique responsable, lui tout seul, de la position de faiblesse du
Québec?
Le Président: Alors, M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je crois que le
député de Lac-Saint-Jean aura passablement de boulot à
l'occasion des prochains jours, parce que j'ai accepté plusieurs
interviews. C'est la fin de la session, c'est évidemment l'anniversaire
du 22 et du 23 juin. Donc, j'ai accepté plusieurs interviews, j'en ai
une dans quelques minutes et d'autres dans les jours qui suivent.
C'est évident que, dans ces interviews, il sera toujours facile
au député de Lac-Saint-Jean de citer hors contexte des propos qui
ont été tenus. J'ai simplement répété ce qui
avait été dit, ce que j'ai dit et ce que le ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes a dit, à la suite des
délibérations de la Commission Bélanger-Campeau.
C'est clair que, si la loi 150 propose une commission parlementaire sur
des propositions fédérales, à cet égard-là,
il y a une possibilité, et c'est dans le rapport Allaire
également, que ça soit soumis à la population. Ça
se retrouve clairement. Même si ce n'est pas explicite comme dans le cas
du référendum sur la souveraineté, on sait que ça a
été la façon d'obtenir un consensus qui est renié
actuellement par le Parti québécois. Oui, le consensus... Le
consensus, M.
le Président c'était d'accepter, c'était d'accepter
le fédéralisme renouvelé comme l'une des deux voies et
d'accepter un référendum, avec une date précise, sur la
souveraineté.
Alors, j'ai dit, comme nous l'avions dit à plusieurs reprises, et
comme j'aurai l'occasion de le répéter, que la loi 150
s'appliquait, mais que, s'il y avait des offres crédibles qui
étaient proposées, et qui étaient endossées par la
commission parlementaire, il faudrait logiquement en tenir compte. Alors, il
n'y a aucune espèce de différence entre les propos que nous avons
tenus et ceux que nous tenons présentement.
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: Eh bien, le premier ministre voudrait-il m'indiquer
à quel chapitre, à quelle page, et à quel paragraphe dans
la recommandation de Bélanger-Campeau il est question d'un
référendum sur des offres de renouvellement du
fédéralisme? Où voyez-vous ça? Dites-moi l'endroit
où vous voyez ça, un référendum sur des offres de
renouvellement du fédéralisme. Le seul référendum
dont il est question, c'est un référendum sur la
souveraineté.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Tous admettent que la loi 150, tous, sauf le Parti
québécois, admettent que la loi 150 représente
fidèlement le rapport Bélanger-Campeau. Nous l'avons soutenu, Mme
Lorraine Pagé l'a dit, Lucien Bouchard l'a dit, Claude Béland l'a
dit, Jacques Proulx l'a dit. Ils ont tous dit, sauf le Parti
québécois, que ça représente, que la loi 150
représente le rapport Bélanger-Campeau. Pourquoi donc votez-vous
contre maintenant, M. le Président? C'est à vous à
répondre.
Le Président: Alors, toujours en question
complémentaire.
M. Brassard: Le premier ministre pourrait-il convenir que, si
l'Opposition vote contre son projet de loi 150, c'est justement parce que le
gouvernement s'engage sur la voie le conduisant...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! S'il vous
plaît! Pour un rappel au règlement, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je ne crois pas que ce
soit le moment pour le Parti québécois de se justifier du bris de
solidarité parce qu'il s'oppose à 150. Ce n'est pas le temps.
Le Président: Effectivement, ce n'est pas une question de
règlement. Maintenant, je vous invite, M. le député de
Lac-Saint-Jean... S'il vous plaît! Je vous invite à poser votre
question complémentaire.
M. Brassard: Le premier ministre peut-il convenir et
reconnaître que si l'Opposition maintient son opposition au projet de loi
150, c'est justement parce qu'elle ne veut pas cautionner la démarche
entreprise par le gouvernement qui va conduire le Québec vers un
référendum portant sur des offres modestes, minables,
insignifiantes du genre de Meech, ce que son excollègue, M. Peterson,
appelait des "peanuts"?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Libre à l'Opposition d'aller contre le sens
de l'histoire en votant contre la loi 150. Je laisse à l'Opposition la
responsabilité de son geste. Mais je crois que si nous examinons la
réalité et les faits, c'est clair que l'Opposition s'est
isolée en votant contre les conclusions de la Commission
Bélanger-Campeau. L'Opposition a été isolée, les
non-alignés ont appuyé le Parti libéral dans cette
décision-là. Ne nous demandez pas d'appuyer
l'irresponsabilité de l'Opposition dans ce moment important pour
l'avenir du Québec.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Brassard: Question complémentaire. À la fin de
la session, est-ce que le premier ministre pourrait faire preuve d'une
franchise transparente et nous dire carrément, clairement qu'il n'a pas
l'intention, qu'il n'a pas le goût, qu'il n'a pas la motivation, qu'il
n'a pas la conviction pour tenir un référendum sur la
souveraineté? Et qu'il dise donc aux jeunes libéraux de son
parti, ainsi qu'à certains députés prétendus
nationalistes, qu'il leur dise donc qu'ils n'attendent pas un
référendum sur la souveraineté, il n'y en aura pas.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, pour un député
qui déforme systématiquement les faits, son appel à la
transparence reflète un culot d'acier. Ce que je veux lui dire, c'est
que le 22 et le 23 juin, j'ai assumé mes responsabilités comme
chef du gouvernement en 1990. Et je peux dire aujourd'hui, le 19 juin, ou le 18
juin, le 19 juin, que j'ai tenu parole avec l'adoption de la loi 150.
Le Président: En question principale, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition.
Demande d'enquête publique sur la crise
autochtone de l'été 1990
M. Chevrette: Merci, M. le Président. On sait que le
ministre de la Sécurité publique et
son gouvernement se plaisent à regarder et à
évaluer avec des lunettes plutôt roses la crise autochtone de
l'été dernier, ainsi que ses multiples séquelles. C'est
même avec une certaine dose d'autosatisfaction que le ministre aime
examiner en rétrospective le travail accompli de son gouvernement, alors
que les faits, eux, disent tout à fait le contraire. 3178 policiers et
civils de la Sûreté du Québec ont eu l'occasion, eux, de
faire connaître leur constat sur cette crise. Et suite à une
demande formelle d'accès en vertu de la loi, j'ai pu obtenir la
confirmation de mes soupçons. Leur verdict est implacable et devrait
constituer une véritable douche d'eau froide pour tout ministre de la
Sécurité publique qui se respecte. 94 % des policiers
considèrent que le gouvernement a nui aux opérations de la
Sûreté et à l'exercice de ses pouvoirs; 71 % croient qu'il
a nui au dénouement de la crise; seulement 27 % ont encore confiance
dans le ministère de la Sécurité publique alors qu'ils
étaient 71 % avant la crise. Il se dégage également des
résultats une perte générale de confiance des policiers en
eux-mêmes et la Sûreté. Bref, le malaise est profond. Est-ce
que le ministre ne croit pas qu'une enquête publique, complète et
impartiale est plus que jamais le seul moyen approprié qui permettra
d'aller véritablement aux sources du problème?
Le Président: M. le ministre de fa Sécurité
publique. (15 heures)
M. Ryan: D'abord, le député de Joliette me
connaît assez mal s'il pense que je vais recommander une enquête
publique après avoir lu un sondage. Ce n'est pas ma manière de
procéder, et il le sait très bien pourtant. Le sondage dont il
parle lui a été remis par moi-même hier. Alors, je voudrais
corriger de ce fait une information qui aurait été
diffusée à la télévision hier soir, selon laquelle
un réseau se serait procuré, par la magie journalistique, une
copie du document. Je l'ai remis au leader de l'Opposition en bonne et due
forme, à la suite de la demande qu'il nous avait faite, et si des
députés sont intéressés, nous leur en fournirons
des copies volontiers, quoique nous ne le mettions pas dans les librairies
commerciales.
Ceci étant dit, il s'agit d'un sondage qui fut
réalisé au mois de novembre 1990, c'est-à-dire au
lendemain immédiat de la crise amérindienne de
l'été dernier. Et si le député de Joliette est
étonné de l'attitude des policiers, c'est parce qu'il oublie les
propos négatifs qu'il a tenus lui-même et tant d'autres à
l'endroit du gouvernement pendant toute la durée de la crise qui
alimentait des opinions dans la population. C'était légitime. Je
ne condamne pas ces choses-là, mais je dis que pendant la crise la
conduite du gouvernement était mal comprise, à la fois de
l'Opposition, de plusieurs policiers, de toute évidence. Mais à
mesure qu'on a pu apprécier les résultats de l'attitude suivie
par le gouvernement pendant la crise, l'opinion elle-même a changé
de direction au cours des derniers mois, et je peux vous assurer que même
chez les policiers on se rend compte beaucoup plus aujourd'hui que la retenue,
la modération, le sang-froid et la dignité dont a fait montre le
gouvernement pendant cette crise étaient de bien meilleures orientations
que les conseils qu'avait donnés à l'époque le chef de
l'Opposition.
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre
considère qu'il est temps de rendre public également le dossier
qui lui a été remis par M. Lavigne et qui est sur son bureau et
qui reflète exactement l'enquête interne menée par la
Sûreté du Québec sur tous les événements de
la crise de l'été dernier?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: D'abord, je me dissocie totalement de la deuxième
partie de la question qui exprime le jugement personnel du député
de Joliette sur un document auquel il n'a manifestement pas eu accès.
Quant à la première partie, je suis heureux qu'il la
soulève, parce que je dois déclarer aujourd'hui que je ne pourrai
pas rendre ce document public dans l'avenir prévisible pour la raison
suivante: tout d'abord, comme vous le savez, au cours des dernières
semaines, la comité d'examen des plaintes de la Sûreté du
Québec a rendu publiques les conclusions auxquelles il en est venu
à la suite de son examen préliminaire de griefs dont il avait
été saisi, le comité de discipline de la
Sûreté du Québec devra examiner un bon nombre de chefs
d'accusation dont il a été saisi. Nous avons décidé
de confier à un coroner désigné hier, en la personne de Me
Guy Gilbert, le soin de faire, au sujet des événements du 11
juillet, l'enquête ordonnée par le coroner en chef du
Québec. Étant donné que ce document traite de plusieurs
sujets qui seront abordés au cours des travaux du comité de
discipline de la SQ et du coroner, j'ai décidé de ne pas le
rendre public dans l'avenir prévisible.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Chevrette: Dans le sondage bien sûr tout erroné
où l'on retrouve les opinions mal fondées des policiers, personne
n'a raison sauf le ministre, mais dans ce rapport-là il y a quand
même un fait qui ressort, c'est que les policiers admettent qu'ils
étaient inefficaces avant et après la crise en ce qui regarde le
désarmement, pour aller chercher les armes illégales. Est-ce que
le ministre a l'intention de répondre à cette demande des
policiers de leur permettre de désarmer une fois pour toutes, de retirer
toutes
les armes prohibées de la réserve pour leur permettre un
travail efficace?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: En ce qui touche la réserve de Kahnawake, j'ai
décrit à d'innombrables reprises en cette Chambre et ailleurs la
ligne de conduite du gouvernement. Nous avons opté, pour mettre fin
à un imbroglio qui dure depuis plus de 10 ans, pour la méthode
d'échanges et de discussions qui produit des résultats
très encourageants jusqu'à ce jour. Et je suis assuré que
si les choses continuent comme elles fonctionnent, nous serons en mesure
d'apporter à cette question du député de Joliette une
réponse qui sera conforme aux exigences fondamentales de nos chartes de
droits aussi. Et je ne voudrais aucunement que l'on s'imagine que je
consentirai - jamais - à ce que des perquisitions aveugles soient
lancées dans toutes les directions seulement pour satisfaire aux
personnes qui ont répondu à un sondage.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: Est-ce qu'un État peut se permettre une
crise, une perte de confiance de nature institutionnelle aussi grave et ne rien
faire? Est-ce que le ministre a l'intention de tenter, par des moyens concrets,
de rétablir cette confiance dans le corps policier
québécois?
M. Ryan: Je crois l'avoir fait beaucoup. Si le
député voulait citer tout le sondage, il devrait
reconnaître que, cette enquête ayant été faite
à peine quelques semaines après le dénouement de la phase
d'Oka de la crise amérindienne, déjà, l'impression des
policiers, quant au contrôle qui s'exerçait sur la force
policière, avait augmenté considérablement. J'ai eu
l'occasion de rencontrer l'état-major de la Sûreté du
Québec il y a à peu près trois semaines, un mois; nous
avons eu un échange éminemment construct. Je dois
féliciter les membres de l'état-major de la très grande
compréhension dont ils ont fait preuve à l'occasion de cet
échange. Tout récemment, je suis allé au congrès
général de l'Association des policiers provinciaux du
Québec. J'ai fait allusion au sondage, M. le député de
Joliette. Je leur ai dit: II paraît que vous avez jugé
sévèrement le gouvernement dans un sondage; c'est parce qu'on
n'avait pas eu la chance de vous rencontrer pour vous expliquer les vraies
raisons, et tout le monde s'est mis à applaudir.
Le Président: Une autre question principale, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition.
Conflit opposant les médecins et
l'administration de la Cité
de la santé de Laval
M. Chevrette: Après autant d'autocongratu-lations, je vais
changer de ministre. Je vais laisser les tables de Moïse de
côté pour quelques instants. M. le Président, les lits
réservés aux femmes qui accouchent à la Cité de la
santé de Laval connaissent un taux d'occupation de 120 %, ce qui, on le
sait, a engendré l'instauration de quotas. Par ailleurs, le conflit qui
oppose les médecins et l'administration de l'hôpital, au sujet de
cette pratique, s'envenime passablement. Après le Dr Perron, c'est au
tour du Dr Michel Tardif d'apprendre ce matin, à la suite de sa
comparution d'hier soir devant le conseil d'administration, que sa pratique
à la salle d'accouchement, au post partum et à la
pouponnière a été suspendue pour trois mois.
Ma question au ministre de la Santé et des Services sociaux.
Compte tenu de la situation qui risque de dégénérer en une
véritable guérilla judiciaire, et ce, au détriment des
femmes qui accouchent, j'aimerais lui demander s'il a l'intention de
s'impliquer directement et personnellement dans le dossier, afin de trouver des
solutions à très court terme.
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, le
Dr Tardif a été suspendu hier par le conseil d'administration de
l'hôpital de la Cité de la santé de Laval, comme l'avait
été le Dr Perron et le canal est la Commission des affaires
sociales. Donc, sur le plan juridique, il y a des instances pour juger de ces
appels, dans la mesure où le Dr Tardif décide de le faire. Quant
à la problématique de la Cité de la santé de Laval,
vous vous rappellerez que nous avons ouvert des accès à
l'hôpital Notre-Dame et à Santa Cabrini. Je recevrai demain midi
les rapports que j'ai commandés sur le plan d'autres ouvertures au
niveau de Saint-Jérôme et au niveau de Le Gardeur. Dans ce
sens-là, vendredi, on sera en mesure, effectivement, d'annoncer un
certain nombre de choses qui concernent cette situation-là et, sur le
plan juridique, nous laisserons aller la Commission des affaires sociales qui,
elle, devra rendre son jugement éventuellement quant au Dr Perron, et
c'est un cas qui s'apparente à celui du Dr Tardif.
M. Chevrette: Mais, précisément, M. le
Président...
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: ...compte tenu que le Dr Perron est en instance
devant la Commission des affaires sociales, est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu,
à ce moment-là, de suspendre toute autre décision
et d'attendre le jugement? On crée des préjudices. Il y a au
moins 30 femmes, durant les trois mois de suspension du Dr Tardif, qui risquent
carrément de connaître des préjudices.
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
ça fait partie de l'analyse qui est en cours à ce moment-ci. La
Cité de la santé de Laval a un conseil d'administration qui est
un conseil d'administration autonome, qui prend ses décisions et, est-il
besoin de le rappeler, des décisions ont été prises
à la lumière d'avis du CMDP, ce qui est donc un jugement de pairs
qui se pose à l'intérieur de l'hôpital. La plupart d'entre
eux s'interrogent sur le fait que: Doit-on transformer ou non l'hôpital
la Cité de la santé de Laval en un hôpital qui ne fait que
des accouchements au détriment du reste, puisqu'il y a d'autres services
qu'il faut dispenser aux citoyens de Laval et de la région de
Laurentides-Lanaudière?
Le Président: En question principale, maintenant, Mme la
députée Verchères.
Effets de la TPS et de la TVQ sur l'industrie
touristique au Québec
Mme Dupuis: M. le Président, tous s'entendent pour
reconnaître que le tourisme est une industrie de première
importance au Québec. Le ministre du Tourisme déclarait
lui-même, le 15 mai dernier - et je cite: "Cette industrie deviendra la
première au monde au tournant du siècle. Le Québec veut
maintenir, évidemment, sa position concurrentielle et augmenter, ce
faisant, sa part de marché. (15 h 10)
M. le Président, le Québec est en train de perdre sa part
de marché et le nombre de touristes américains au Québec a
baissé de 9 % pour les mois de janvier à avril 1991 par rapport
à 1990. Il y a eu 14 % de moins de chambres d'hôtel, M. le
Président, louées dans le Grand Montréal pour les cinq
premiers mois de 1991 par rapport à 1990. Au cabinet du ministre du
Tourisme, on explique cette baisse par trois facteurs: la récession, la
hausse des taxes et les prix élevés de l'essence.
Le Président: Votre question, s'il vous plaît.
Mme Dupuis: Selon une étude commandée par le
ministre, 4200 emplois et 144 000 000 $ de recettes du secteur touristique
seraient menacés par la TPS et la TVQ, et ce, sans compter l'effet de la
taxe sur l'essence.
Le Président: Alors votre question, Mme la
députée, s'il vous plaît.
Mme Dupuis: Ma question s'adresse au ministre du Tourisme: Est-ce
que le ministre du Tourisme croit, lui aussi, que la TPS et la TVQ
détériorent la position concurrentielle du Québec par
rapport aux États-Unis et à l'Ontario?
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: M. le Président, je suis content de me
rendre compte que Mme la députée de Verchères, dans sa
capacité de critique en matière de tourisme, suit de près
mes activités. Ce qu'elle cite, c'est précisément le
discours que je tiens depuis quelque temps, notamment vis-à-vis de
l'énoncé de politique que nous sommes à travailler
actuellement en consultation avec le milieu.
M. le Président, je rappellerai simplement à Mme la
députée de Verchères que, lorsqu'on prend à
témoin les causes qui influent sur la diminution de l'activité
touristique au Québec, au Canada, aux États-Unis
également, au premier chef, vous l'avez reconnu, il y a la situation
économique mondiale, je dirais. Quand le produit domestique brut au
Canada va diminuer de plus de 1,1 % en 1991, quand les revenus personnels
disponibles vont diminuer de près de 2,6 %, quand les dépenses de
consommation en général à cause de la conjoncture
économique diminuent de 1 %, c'est évident qu'il y a un
ralentissement de l'activité économique et touristique en
général.
Deuxièmement, M. le Président, le rapport que Mme la
députée de Verchères cite, c'est un rapport que j'ai
demandé, qui a été présidé par le
ministère du Tourisme de concert avec l'industrie touristique, mais je
lui rappellerais d'être prudente dans la lecture de ce
document-là, parce qu'il faut absolument prendre en considération
les principales composantes de la recette touristique: l'hébergement, la
restauration et le transport...
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Vallerand: ...et les peser par rapport à l'incidence
fiscale, en vous rappelant que les conclusions du rapport, c'est que
l'incidence de la tps est davantage significative sur l'activité
touristique que la tvq.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Dupuis: M. le Président, la question que j'ai
posée au ministre était: Est-ce que la TPS et la TVQ ont des
effets négatifs sur l'industrie du tourisme?
Une voix: Oui ou non?
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: M. le député, c'est un exercice
pédagogique, oui, plus difficile qu'avec
d'autres. J'ai dit à Mme la députée de
Verchères, dans son souci...
Le Président: Un instant. Je vais demander la
collaboration de tous les collègues et je demanderais, autant dans les
réponses que dans les questions, de s'adresser directement à la
présidence et non pas à un député personnellement.
M. le ministre.
M. Vallerand: M. le Président, j'ai mentionné
à Mme la députée de Verchères, dans son souci, je
le reconnais, de tenter d'aider l'industrie touristique à relever le
défi des années quatre-vingt-dix et de profiter, comme elle le
mentionnait, de la croissance exceptionnelle de cette industrie à
travers le monde - 5 % de taux de croissance réelle, l'un des taux les
plus élevés de tous les secteurs d'activité
économique et industrielle au monde... Dans ce souci qu'elle a de
vouloir épauler les activités du milieu et les politiques du
gouvernement, je la mets en garde, dans l'analyse qu'elle fera de ce document
que j'avais demandé à l'industrie de me faire, de bien
interpréter les données qui sont présentes dans ce
rapport-là. m. le président, je dis à mme la
députée de verchères: mme la députée de
verchères, les recettes touristiques au québec sont faites
à peu près de 25 % d'activités d'hébergement,
à peu près 20 % en restauration, 35 % en transport, loisir et le
reste 10 %. or, quand vous regardez l'incidence de taxation sur la position
concurrentielle...
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader adjoint de l'Opposition.
Une voix:...
M. Gendron: Oui. Ce serait plus simple que le ministre nous
indique s'il a des problèmes de surdité. La question n'a rien
à voir avec vos théories. Alors, c'est: Est-ce que la TPS a, oui
ou non, eu un effet? Si vous n'avez rien à dire là-dessus, nous,
on va passer à une autre question. Ce n'est pas compliqué.
Une voix: C'est un malentendant.
Le Président: En question complémentaire... En
conclusion, M. le ministre. Rapidement, en conclusion, s'il vous
plaît!
M. Vallerand: Non, je regrette. Je n'avais pas terminé. M.
le Président, je vous avisais tout à l'heure que c'est un
exercice pédagogique plus difficile avec certains qu'avec d'autres. Le
député d'Abitibi-Ouest en est un bel exemple.
Le Président: Conclusion. Conclusion. Une
voix:...
Le Président: Pour une question principale, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Une voix: Un fafouin, c'est un fafouin.
Le Président: Alors, en question principale, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Une voix: II continuera à faire ses "cartoons".
Mme Harel: M. le Président, le rapport annuel du
Protecteur du citoyen est accablant. Comme j'ai l'intention d'adresser ma
question au premier ministre, à défaut, à la...
Le Président: Bon. Un instant, s'il vous plaît! M.
le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, le premier ministre a
indiqué très clairement tout à l'heure qu'il aurait
à quitter avant la fin de la période de questions. Il avait
prévu être ici jusqu'à 15 h 10 et c'est effectivement ce
qu'il a fait. Mais, compte tenu du retard pour le début de la
période de questions, il a dû quitter, compte tenu d'une interview
importante qu'il avait à faire avec l'émission Le
Point.
Le Président: D'accord. Alors, votre question principale,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Augmentation sensible du nombre de plaintes
auprès du Protecteur du citoyen
Mme Harel: M. le Président, ma question porte sur le
rapport annuel du Protecteur du citoyen. On sait que ce rapport est accablant
et une simple lecture des cas choisis au hasard fait connaître des
situations aberrantes, des cas pathétiques. Jamais, nous dit-on, les
citoyens ne se sont plaints autant. Un record de plaintes, une augmentation de
64 % des plaintes en cinq ans. 80 % de ces plaintes originent des six
mêmes ministères et organismes, soit les ministères de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, de la
Sécurité publique, de la CSST, de l'Enseignement
supérieur. Le ministre de la Justice entend-il intervenir
énergiquement pour que cesse cette détérioration des
services publics aux citoyens ou va-t-il plutôt se résigner?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, c'était le
premier ministre, ensuite la vice-première ministre et, maintenant,
c'est à moi qu'est adressée la question. De fait, j'ai
commencé à lire ce rapport du Protecteur du citoyen, 21e rapport
annuel 1990-1991. Je ne sais pas si Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve l'a lu, ce rapport, avant de me poser la question.
Moi,
j'étais justement en train de le parcourir. J'ai commencé
hier...
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Rémillard: ...et j'ai continué à le
regarder, entre autres en ce qui regarde le ministère de la Justice et
en ce qui regarde d'autres ministères aussi. Il s'agit d'une institution
extrêmement importante, le Protecteur du citoyen, qui a été
créée, comme on le sait, à la fin des années
soixante, au début des années soixante-dix. Pour ma part, comme
ministre de la Justice, j'ai évidemment à regarder ce qui se
passe dans mon ministère en premier lieu. J'ai eu la chance de
communiquer avec le Protecteur du citoyen qui a lui-même
communiqué avec moi, je devrais dire, pour discuter de certains
problèmes qu'il pourrait y avoir au niveau du ministère de la
Justice et il m'a dit que, contrairement à ce qui avait pu être
dit dans les journaux, il avait une collaboration exemplaire du
ministère de la Justice.
Des voix: Ah!
M. Rémillard: Et que cette collaboration exemplaire
l'amenait, pour lui, à faire un travail qui pourrait être le plus
efficace possible dans le domaine de la justice comme dans les autres domaines
qui peuvent toucher les autres ministères du gouvernement.
M. le Président, je demanderais à Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve de regarder tout le rapport et
de voir quand même qu'il y a des aspects qui peuvent susciter beaucoup de
questions. Il y a des aspects intéressants aussi qu'elle devrait aussi
noter.
Le Président: Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, en question complémentaire.
Mme Harel: Est-ce que le ministre de la Justice alors a pris
connaissance de cette conclusion du rapport du Protecteur du citoyen concernant
l'action du ministère de la Justice et signalant qu'il était
temps de faire le point et d'amorcer des réformes importantes pour les
citoyens, notamment sur l'accès à la justice.
L'inaccessibilité à la justice ouvre, dit le Protecteur du
citoyen, sans retenue, l'accès à l'injustice. Et le Protecteur
ajoute: La justice est telle qu'elle devient inabordable pour un grand nombre
de personnes. Est-ce que le ministre a pu échanger dans son entrevue
avec le Protecteur du citoyen là-dessus?
Le Président: M. le ministre. (15 h 20)
M. Rémillard: Dans ma réponse que j'ai faite tout
à l'heure à Mme la députée de Hoche-
laga-Maisonneuve, je ne lui ai pas donné le numéro de la page,
page 46, mais je voulais l'orienter vers sa question complémentaire pour
qu'elle puisse me poser cette question, ce qui me permet de
répéter ce qu'elle sait déjà, c'est-à-dire
que le rapport que nous allons avoir, le rapport MacDonald sur
l'accessibilité à la justice, devrait nous permettre d'apporter
une solution globale à ce problème. Et il est vrai, M. le
Président, qu'au moment où nous nous parlons, l'accès aux
tribunaux pour les citoyens à revenus moyens est extrêmement
difficile, limité et nous voulons corriger cette situation.
Maintenant, Mme la députée n'a pas souligné aussi
que le Protecteur du citoyen se réfère aussi en ce qui regarde
les tribunaux administratifs et l'obligation que nous aurions à avoir un
politique des tribunaux administratifs. Je suis rendu à me poser mes
propres questions. Ça devrait être dans une troisième
question complémentaire. Posez-moi cette question sur les tribunaux
administratifs.
Le Président: Alors, en question principale maintenant, M.
le député de D'Arcy-McGee.
Projet d'investissement de 65 000 000 $ dans le
réseau de radiotélédiffusion CFCF
M. Libman: Merci, M. le Président. En l'absence du premier
ministre, ma question s'adresse au ministre de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie. M. le Président, en mars, un homme d'affaires de
Winnipeg, Izzy Asper, a signé une entente avec les propriétaires
de CFCF inc. pour investir 65 000 000 $ dans CFCF pour aider à restaurer
la force de cet important réseau de radiotélédiffusion.
Dû en partie à un délai dans certaines décisions de
taxation de la part de Revenu Canada et également à la
réaction hostile du Bloc québécois à Ottawa et du
Parti québécois ici à Québec, ce marché n'a
pas encore été conclu.
M. Asper est soucieux que, et je cite "One does not apply one's capital
and talent where one is not convinced he is welcome; there are more
opportunities than capital." Fin de la citation.
Ma question s'adresse au ministre. Will the minister today come out on
record, will he state that Mr. Asper and his investments are welcome in
Québec and Québec is a place where investors from the rest of
Canada can be convinced they are appreciated and that their investment dollars
are welcome and necessary?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): Le député de D'Arcy-McGee
va comprendre que j'ai beaucoup beaucoup de dossiers. Je négocie avec
énormément d'entreprises du Québec et à
l'extérieur du
Québec. La volonté affirmée à de nombreuses
reprises du présent gouvernement, c'est oui aux investissements
étrangers. Alors, il n'y a aucun problème. Dans ce dossier en
particulier, je le prierais d'adresser sa question au ministre responsable des
Communications, donc plus particulièrement de ce dossier.
Le Président: En question complémentaire.
M. Libman: So, it is the same question that I will repeat to the
minister of Communications: Will he admit that this important investment of 65
000 000 $ to save CFCF is welcome, is necessary and the Government of
Québec will send out that signal on the record this afternoon that we
are willing to welcome this important investment?
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. Cannon: Merci, M. le Président. Je dirai simplement que
j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Asper il y a de cela possiblement trois
semaines. Nous avons discuté de son projet d'acquisition d'une partie
des actions de l'entreprise CFCF. J'ai indiqué à M. Asper qu'il
n'y aurait aucune animosité de la part du gouvernement du Québec,
que c'était une transaction d'affaires, que nous étions
très heureux de rencontrer une personne qui désirait investir
dans l'avenir du Québec. Je pense aussi que le député,
peut-être, soulève une question finalement qui n'est pas une
question, je dirais, aussi difficile qu'il ne le laisse présager. Il y a
des milliards et des milliards qui se transigent entre Canadiens annuellement.
Je ne vois pas pourquoi ce gouvernement aujourd'hui arrêterait de
susciter des investissements et des intérêts venant d'autres
provinces pour investir au Québec et inversement.
Le Président: En question additionnelle.
M. Libman: So in light of this response, seeing that the
Government is willing to welcome the investment, will the minister of Revenue
exert pressure on his federal counterpart to speed up these tax rulings in
order that this deal can close and that this Québec Broadcasting Company
can be saved as soon as possible?
Le Président: M. le ministre du Revenu.
M. Savoie: M. le Président, il n'est pas d'usage que le
ministre du Revenu du Québec fasse des pressions auprès du
ministre du Revenu fédéral pour un dossier qui concerne le
ministère du Revenu fédéral. Toutefois, si le
Québec peut être d'autre assistance, il me fera grand plaisir de
le rencontrer et d'échanger avec lui.
Le Président: Alors, une dernière question
additionnelle.
M. Libman: Une dernière additionnelle au ministre des
Communications. In light of the fact that, in 1989, the owners of CFCF made
commitments to and boasted of its local programming and news coverage to the
CRTC, will the Minister write to the owners of CFCF and remind them of these
commitments, in order that local programming is not jeopardized through the
recent cutbacks?
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. Cannon: M. le Président, franchement, je ne comprends
pas l'intervention du député. Je peux l'assurer, par contre, que
ce n'est pas dans mon intérêt ou, enfin, ce n'est pas la position
du gouvernement du Québec d'intervenir pour un particulier auprès
du CRTC pour qu'on puisse autoriser au CRTC la dispense de tel ou tel permis et
la manière dont on devrait le faire. J'ai eu le plaisir et l'occasion
d'expliquer ici en Chambre que nous allions présenter un projet de
politique, qu'ultimement nous aurions des positions à développer,
mais pour le cas précis qui nous préoccupe, je ne me rappelle pas
que des gens de la compagnie soient venus me voir et soient venus me rencontrer
pour que j'intervienne pour eux auprès du CRTC pour modifier, de quelque
façon que ce soit, le mandat. D'ailleurs, je rappellerai au
député que c'est au CRTC, au gouvernement fédéral,
qu'ils ont obtenu leur licence d'exploitation.
Le Président: En question principale, M. le
député d'Arthabaska.
Demande de la Fédération des producteurs
de sirop d'érable
M. Baril: En 1989, les producteurs de sirop d'érable ont
décidé de mettre en place un plan conjoint. Ce plan
d'application, depuis le 28 février 1990, connaît des
difficultés de mise en oeuvre, ce qui crée beaucoup
d'insatisfaction chez les producteurs et chez les transformateurs. Ces
difficultés découlent d'un manque de ressources pour
l'application de la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments, notamment les normes sur la salubrité des aliments, de la
non-application de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles
et d'une ordonnance non appliquée émise par la Régie des
marchés agricoles. Également, la Fédération des
producteurs de sirop d'érable, chargée de l'application du plan
conjoint, vient de se voir confier le contrôle de la banque de sirop
d'érable. Cependant le gouvernement du Québec n'a pas encore
répondu à la Fédération pour prolonger
au-delà du 31 mai 1991 le paie-
ment des intérêts des emprunts servant à supporter
les inventaires provenant des surplus des récoltes depuis 1988.
Ma question au ministre: Est-ce que le ministre entend répondre
favorablement à la demande de la Fédération des
producteurs de sirop d'érable de prendre en charge les
intérêts des emprunts de la Fédération qui doit
supporter des inventaires provenant des surplus des récoltes de 1988? Et
quand entend-il pouvoir le lui confirmer?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Picotte: M. le Président, lors des discussions qui ont
eu lieu avec la Fédération des producteurs de sirop
d'érable, nous avions convenu, par un prêt à la
Fédération, de soutenir, justement, les inventaires de sirop
d'érable qui, soit dit en passant, se situent aux alentours de 40 000
000 de livres de produits de l'érable, pour une valeur entre 50 000 000
$ et 60 000 000 $, M. le Président.
Alors, nous avions accepté ça et, pour que cette
convention existe, on a tout simplement mentionné à la
Fédération qu'on accepterait de modifier cette façon de
procéder, c'est-à-dire de convertir le prêt en subvention,
à la suite de la décision de la Régie des marchés
agricoles et alimentaires du Québec. Compte tenu que, vendredi dernier,
la Régie a fait connaître, justement, sa décision et que
les parties concernées en prennent connaissance, j'ai l'intention, M. le
Président, d'ici quelques jours tout au plus, de confirmer, justement,
le transfert du prêt en subvention à la Fédération,
bien sûr, compte tenu du fait que tout le monde se conformera à la
décision de la Régie des marchés agricoles et alimentaires
du Québec.
Le Président: Pour une question additionnelle, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Je vais essayer, M. le Président, avec le temps
qu'il me reste. Je vais aller au plus court. Avec toutes les difficultés
de la mise en place du plan conjoint, le ministre ne consi-dère-t-il pas
qu'il devrait procéder à un examen complet et indépendant
de la Régie des marchés agricoles afin de faire toute la
lumière sur la vente des surplus de 1988 à des transformateurs
américains, alors que les transformateurs québécois
semblent avoir été mis de côté? Et est-ce que le
ministre entend aussi faire un examen complet sur le non-respect de
l'ordonnance exigée par la Régie des marchés agricoles au
printemps dernier, et aussi sur le non-respect de l'application des normes de
salubrité ou la non-inspection des contenants, pour ne pas dire des
barils?
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: Puisqu'il faut parler de barils de sirop
d'érable, M. le Président, avec mon collègue d'Arthabaska,
M. Baril, j'aimerais tout simplement... Ah, je m'excuse, M. le
Président, j'aimerais tout simplement souligner à mon
collègue que, lorsque nous avons des plaintes... Par exemple,
dernièrement, nous avons saisi 5000 barils de sirop d'érable avec
la Sûreté du Québec, dans le but d'en faire l'inspection,
puisque des gens essayaient de traverser la frontière avec du sirop non
classifié.
Alors, dès que nous avons eu une plainte, nous les avons saisis.
Nous sommes en train d'examiner ces barils un à un, de les classer et,
par la suite, les barils acceptables seront libérés, et les
barils qui sont non acceptables et non classifies seront détruits, M. le
Président.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions.
Alors tel qu'annoncé précédemment, nous aurons
maintenant un vote reporté. (15 h 31 - 15 h 35)
Le Président: Je demande la collaboration de tous les
membres de l'Assemblée. Veuillez rejoindre vos bancs, s'il vous
plaît! Je voudrais immédiatement aviser les membres de
l'Assemblée qu'après ce vote, au niveau de la rubrique motions
sans préavis, nous aurons également un autre vote qui requerra,
cette fois-là, le deux tiers de l'approbation des membres de
l'Assemblée. Donc je vous rappelle ce fait puisque vous devrez rester
à l'Assemblée pour ce vote. Je vais mettre aux voix la motion
de... Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: J'ai ouï-dire, M. le Président, que
vous avez une motion en deux temps, contrairement à la tradition
parlementaire, où on devait voter d'un seul trait, l'ensemble des
membres de la commission. Ce n'est pas le vote qui se fait tout de suite
ça?
Le Président: Non, non. Actuellement, c'est le vote
reporté sur la motion d'adoption du projet de loi 157. Et aux motions
sans préavis, nous aurons un autre vote concernant des nominations.
M. Pagé: Du ouï-dire, ça demeure du
ouï-dire.
Des voix:...
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
projet de loi 157
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
demande aux députés de prendre leur place, s'il vous plaît!
Je mets donc aux voix la motion de M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux proposant l'adoption du projet de loi 157, Loi concernant la
restauration de l'ancienneté de
certains salariés du secteur de la santé et des services
sociaux. Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien
se lever s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Port neuf), M.
Bissonnet (Jeanne-Mance), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M.
Ryan (Argenteuil), M. Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau (Laporte),
M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté (Rivière-du-Loup), M.
Sir-ros (Laurier), M. Vallières (Richmond), M. Valle-rand
(Crémazie), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont), M.
Rémillard (Jean-Talon), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bourassa), M.
Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla-Hébert (Mar-guerite-Bourgeoys), M.
Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle (Mille-Îles), M. Johnson
(Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte (Maskinongé), Mme Robillard
(Chambly), M. Blackburn (Roberval), M. Lefebvre (Frontenac), M. Houde
(Berthier), M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie
(Abitibi-Est), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Paradis
(Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice),
M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Williams (Nel-ligan), M. Dauphin
(Marquette), M. Kehoe (Cha-pleau), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M.
Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nico-let-Yamaska), M. Charbonneau
(Saint-Jean), Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail
(Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun), M. Khelfa (Richelieu), M.
Gobé (LaFon-taine), Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage
(Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), M. Audet
(Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette
(Champlain), M. Bradet (Charlevoix), M. Després (Limoilou), M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M.
MacMillan (Papineau), M. Chevrette (Joliette), M. Perron (Duplessis), Mme
Marois (Taillon), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet
(La-violette), M. Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour
(Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), Mme Vermette
(Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M. Claveau (Ungava), M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), M.
Boisclair (Gouin), M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis
(Verchères), M. Beaulne (Bertrand), M. Libman
(D'Arcy-McGee), M. Atkinson (Notre-Dame-de-Grâce), M. Cameron
(Jacques-Cartier).
Le Président: Ceux et celles qui sont contre cette motion,
veuillez vous lever, s'il vous plaît! Y a-t-il des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 108 contre: 0 abstentions: 0
Le Président: En conséquence, la motion est
adoptée.
Nominations à la Commission des droits de la
personne
Maintenant, au niveau des motions sans préavis, j'ai
été avisé par le leader du gouvernement qu'il était
de l'intention du premier ministre, par l'intermédiaire du ministre de
la Justice, de proposer la nomination de plusieurs membres à la
Commission des droits de la personne et que ces propositions ont donné
lieu a des consultations avec les différentes formations politiques
représentées à l'Assemblée nationale. L'article 58
de la Charte des droits et libertés de la personne indique que les
membres de la Commission sont nommés par l'Assemblée nationale
sur la proposition du premier ministre et que ces nominations doivent
être approuvées par les deux tiers des membres de
l'Assemblée nationale. Il y aura donc vote par appel nominal. Je
comprends, suivant les informations que j'ai obtenues, que l'Assemblée
consent à ce que 10 de ces propositions de nomination puissent
être faites par une seule motion présentée par le ministre
de la Justice au nom du premier ministre, plutôt que de procéder
à autant de motions distinctes qu'il y a de personnes proposées.
Dans un deuxième temps, une autre proposition sera faite pour la
nomination d'une personne. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, c'est contraire à la
tradition parlementaire qui voulait que, dans une proposition globale, on
élise les membres de la Commission. J'ai été
informé à la fois de qui a posé le geste de la division
des deux votes ou l'obligation de créer deux motions, et parce qu'un des
individus a occupé un poste de critique sur un sujet aussi
spécifique que la langue en cette Chambre dans le cadre de ses fonctions
de député, je considère que c'est manifester du racisme
à rebours.
Le Président: Un instant, s'il vous plaît. Alors, M.
le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: J'invoque l'article 35, M. le Président: il ne
faut pas prêter un motif à un autre membre de l'Assemblée
nationale.
Le Président: Effectivement... Un instant, j'ai un rappel
au règlement sur... S'il vous plaît. Alors, sur la même
question, M. le leader du gouvernement ou?
M. Pagé: Sur cette question-là.
Le Président: Sur cette question-là. Oui, je vais
vous écouter.
M. Pagé: M. le Président, c'est le cas, c'est vrai
qu'il est de coutume et de tradition en cette Chambre, lorsque les membres de
l'Assemblée nationale ont a ratifier la nomination de personnes occupant
des fonctions importantes à la tête de certains organismes qui,
par la loi, doivent être nommées par nous, il est de coutume,
dis-je, que ces membres font l'objet d'une nomination dans le cadre d'une
motion unique qui est déposée. M. le Président, je
regrette tout comme le leader parlementaire de l'Opposition qu'on soit
confronté à l'obligation de scinder finalement la nomination de
ces personnes qui, selon moi et selon nous, devrait faire l'objet d'une seule
et même motion. Le député de D'Arcy-McGee, par
l'intervention qu'il vient de faire, témoigne et démontre qu'il
s'est inscrit en désaccord avec cette approche. M'est-il permis, M. le
Président, de vous proposer ceci - et je crois que ça peut
recevoir l'assentiment de l'ensemble des collègues - que nous puissions
voter pour la nomination du président, de la personne
c'est-à-dire qui occupera la présidence de l'organisme auquel
nous nous référons, dans un premier temps, et, dans un second
temps, qu'on applique le même vote pour chacune des personnes, quitte
à ce que le député de D'Arcy-McGee intervienne pour
modifier un des votes? En vous soumettant bien respectueusement, M. le
Président, qu'il serait regrettable, selon moi, que nous nommions neuf
personnes et qu'il y ait un vote particulier pour une autre personne, convaincu
cependant que je suis que cette personne qui fera l'objet d'un vote particulier
comprendra très certainement, la sachant très
démocrate.
Le Président: Sur la question, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: J'aurais une suggestion à faire au leader du
gouvernement. Compte tenu des circonstances, si le leader du gouvernement
voulait bien, on l'inscrirait au feuilleton. Demain, on pourrait
carrément voter, disposer globalement de toute la motion, et il votera
contre.
Le Président: Écoutez, évidemment, je dois
ici rappeler d'abord, dans un premier temps, que le député de
D'Arcy-McGee avait soulevé l'article 35 du règlement.
Effectivement, si on attaquait précisément la conduite d'une
personne, ce serait inapproprié au sens du règlement. Il n'y a
personne qui a été nommé, mais je pense qu'on peut deviner
certains propos. Cependant, j'espérerais que chacun suive le
règlement en ce sens-là.
Dans un deuxième temps, au niveau des nominations, nous avons,
à ce moment-ci, 11 nominations pour la Commission des droits de la
personne. Généralement, à moins d'un consentement de
l'Assemblée, nous avons le droit de procéder à 11 votes.
Il a été reconnu dans l'usage, au cours des années,
puisque les mêmes nominations arrivaient, pour la même Commission,
avec un vote des deux tiers de l'Assemblée, qu'on regroupait lesdites
nominations. C'est une possibilité qu'on peut avoir, en autant qu'on a
le consentement unanime de l'Assemblée.
Donc, à ce moment-ci, pour les 11 nominations, on m'informait
que, pour 10 des nominations, il y avait consentement pour que nous regroupions
cela en une seule motion que nous allons voter. Quant à la
onzième nomination, il faudra y aller avec une motion
particulière. C'est le sens du règlement, et je dois
procéder en conséquence. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, il y aurait une autre
façon de procéder aussi: Qu'on propose la première et on
dira: Même vote à la deuxième, même vote à la
troisième.
Le Président: Écoutez, moi, je suis bien d'accord,
comme président. Simplement, on m'avait fait part auparavant qu'on
voulait...
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! On m'avait fait part
auparavant qu'on voulait regrouper dans une seule motion l'ensemble des
nominations ou, à tout le moins, après consultation, 10 des 11
nominations. Si on veut procéder avec une motion à chacune des
fois, je n'ai aucun problème là-dessus. Alors, je vais
reconnaître M. le ministre de la Justice, au nom du premier ministre,
pour la première nomination. Je vous écoute, M. le ministre de la
Justice, pour votre proposition.
Mise aux voix
M. Rémillard: M. le Président, après
consultation avec l'Opposition, j'ai l'honneur, au nom du premier ministre, de
proposer pour adoption, conformément à l'article 58 de la Charte
des droits et libertés de la personne, la nomination suivante à
la Commission des droits de la personne: Me Yves Lafontaine, ancien membre et
président de la Commission des services juridiques, membre et
président de la Commission des droits de la personne, pour un mandat de
trois ans à compter des présentes, en remplacement de M. Jacques
Lachapelle.
Le Président: Alors, que ceux et celles qui
sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Port neuf), M.
Bissonnet (Jeanne-Mance), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M.
Ryan (Argenteuil), M. Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau (Laporte),
M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté (Rivière-du-Loup), M.
Sir-ros (Laurier), M. Vallières (Richmond), M. Valle-rand
(Crémazie), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont), M.
Rémillard (Jean-Talon), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bourassa), M.
Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla-Hébert (Mar-guerite-Bourgeoys), M.
Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle (Mille-Îles), M. Johnson
(Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte (Maskinongé), Mme Robillard
(Chambly), M. Blackburn (Roberval), M. Lefebvre (Frontenac), M. Houde
(Berthier), M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie
(Abitibi-Est), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Paradis
(Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice),
M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Williams (Nel-ligan), M. Dauphin
(Marquette), M. Kehoe (Cha-pleau), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M.
Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nico-let-Yamaska), M. Charbonneau
(Saint-Jean), Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail
(Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun), M. Khelfa (Richelieu), M.
Gobé (LaFon-taine), Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage
(Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), M. Audet
(Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette
(Champlain), M. Bradet (Charlevoix), M. Després (Limoilou), M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M.
MacMillan (Papineau), M. Chevrette (Joliette), M. Perron (Duplessis), Mme
Marois (Taillon), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (La-violette),
M. Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M.
Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean),
M. Léonard (Labelle), Mme Vermette (Marie-Victorin), M. Paré
(Shefford), M. Claveau (Ungava), M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M.
Morin (Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M. Beaulne
(Bertrand), M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Atkinson (Notre-Dame-de-Grâce),
M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Président: Y en a-t-il qui s'opposent à la
motion?
Y a-t-il des abstentions? (15 h 50) le secrétaire: pour:
108 contre: 0 abstentions: 0
Le Président: Alors, la motion est donc adoptée. Je
reconnais à nouveau M. le ministre de la Justice, au nom du premier
ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président,
conformément à l'article 58 de la Charte des droits et
libertés de la personne, j'ai l'honneur de proposer la nomination
suivante à la Commission des droits de la personne: M. Nicolas De
Kovachich, consultant, membre et vice-président de la Commission des
droits de la personne, pour un mandat de trois ans à compter des
présentes, en remplacement de Mme Sophia Florakas Petsalis.
Le Président: Je comprends que nous procédons par
le même vote, c'est bien ça. Même vote. Donc, la motion est
adoptée. M. le ministre de la Justice, toujours au nom du premier
ministre.
M. Rémillard: M. le Président, toujours
conformément à l'article 58 de la Charte des droits et
libertés de la personne, j'ai l'honneur de présenter à la
Commission des droits de la personne la nomination suivante: comme membre
à temps partiel de la Commission des droits de la personne, pour un
mandat de trois ans, donc à compter des présentes: M.
Sébastien Allard, administrateur.
M. Chevrette: Même vote... Le Président:
Même vote? Une voix: Même vote.
Le Président: Même vote. Donc, la motion est
adoptée. M. le ministre de la Justice, au nom du premier ministre.
M. Rémillard: Aux mêmes conditions, M. le
Président, je présente M. Henri Massé, coordon-nateur des
négociations pour les syndicats de la FTQ du secteur public, en
remplacement de M. Claude Morrisseau.
Le Président: C'est le même vote également?
Un instant. Un instant. Je rappelle aux députés que quand un vote
se déroule, on ne peut d'aucune façon entrer ni sortir de
l'Assemblée, ni non plus quitter son siège, de quelque
façon que ce soit.
S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Alors, c'est le même vote également? C'est le même vote.
Donc, la motion est adoptée. M.
le ministre de la Justice, au nom du premier ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, sur la
même référence et aux mêmes conditions, je propose la
nomination de M. Fo Niemi, directeur général et cofondateur du
Centre de recherche-actions sur les relations raciales.
M. Chevrette: Même vote.
Le Président: Même vote. En conséquence, la
motion est adoptée. M. le ministre de la Justice, au nom du premier
ministre.
M. Rémillard: Aux mêmes conditions, M. le
Président, je propose la nomination de Me Colleen Sheppard, professeur
adjoint à la Faculté de droit de l'Université McGill.
M. Chevrette: Même vote.
Le Président: Même vote. En conséquence, la
motion est adoptée. M. le ministre de la Justice, au nom du premier
ministre.
M. Rémillard: Je propose, M. le Président, la
nomination à la Commission des droits de M. Georges A. Carrier,
retraité.
M. Chevrette: Même vote.
Le Président: même vote. la motion est donc
adoptée. est-ce que c'est pour la même condition? vous me dites
pour une période de trois ans? c'est bien ça toujours?
M. Rémillard: Exactement aux mêmes conditions.
Le Président: Donc, la motion est adoptée.
Adopté. M. le ministre de la Justice, au nom du premier ministre.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, aux mêmes
conditions, la nomination de Mme Bibiane Courtois, infirmière en
santé communautaire.
M. Chevrette: Même vote.
Le Président: Même vote. En conséquence, la
motion est adoptée. M. le ministre de la Justice, au nom du premier
ministre.
M. Rémillard: Aux mêmes conditions, M. le
Président, la nomination de Me Nicole Duplé, professeure
titulaire à la Faculté de droit de l'Université Laval.
M. Chevrette: Même vote.
Le Président: Même vote. La motion est donc
adoptée. M. le ministre de la Justice, au nom du premier ministre.
M. Rémillard: Aux mêmes conditions, M. le
Président, Mme Geneviève Hector, consultante en
développement international.
M. Chevrette: Même vote.
Le Président: Même vote. Alors, la motion est
également adoptée. M. le ministre de la Justice, toujours au nom
du premier ministre.
M. Rémillard: aux mêmes conditions, m. le
président, la nomination de me claude filion, avocat, comme membre
à temps partiel de la commission des droits de la personne, pour un
mandat de trois ans. donc, à compter des présentes, en
remplacement de me andré morel.
M. Chevrette: Même vote. Le Président:
Pardon? M. Libman: Vote inverse.
Le Président: Vote inverse pour le... Donc, même
vote... On se comprend bien: même vote pour le parti ministériel,
même vote pour le parti de l'Opposition officielle, quant au
député de D'Arcy-McGee, c'est contre.
M. Libman: Contre.
Le Président: Le député de Jacques-Cartier?
Contre. Le député de Notre-Dame-de-Grâce, contre
également. Alors, le résutat s'il vous plaît.
Le Secrétaire: pour: 105 contre: 3 abstentions: 0
Le Président: En conséquence, la motion est
adoptée.
Alors, il n'y a pas d'autres motions sans préavis.
Maintenant, avis touchant les travaux des commissions.
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Nous arrivons aux avis
touchant les travaux des commissions. M. le leader du gouvernement, pour les
avis. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je fais, dans un premier
temps, motion pour la tenue de consultations particulières...
Une voix: T'as l'air de Tintin.
Le Président: Alors, M. le leader du gouvernement. S'il
vous plaît! Pour les avis, M. le lea-
der du gouvernement.
Consultations particulières dans le cadre de
l'étude du projet de loi 141
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
la commission de l'éducation procède à des consultations
particulières et tienne des auditions publiques les 21 et 22 août
1991, dans le cadre de l'étude du projet de loi 141, Loi sur
l'enseignement privé. Je fais motion pour que les mémoires soient
reçus au Secrétariat des commissions au plus tard le 2 août
1991 et que le ministre de l'Éducation et Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science soient membres de la
commission pour la durée du mandat. La liste des groupes invités
est ainsi déposée et elle réfère à un nombre
d'organismes qui seront invités à venir y participer suite
à une entente intervenue avec l'Opposition.
Le Président: II y a consentement à la
présentation de cette motion. Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Gendron: M. le Président...
Le Président: M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: Oui. Je veux tout simplement poser une question au
ministre. Est-ce que le ministre peut rappeler combien de groupes ont
été retenus? Là, au moment où vous le dites, je
n'ai pas la liste. Je voudrais juste m'assurer auprès du ministre de
l'Éducation, également leader en cette Chambre, que c'est
possible, selon lui, de faire ça en deux jours. Selon la liste des
invités, il m'apparait que c'est un peu arbitraire de vouloir faire un
travail sérieux si on rencontre autant d'intervenants en uniquement deux
jours. On est dans une intersession, au mois d'août, et je pense qu'on
aurait le temps... Je veux savoir combien il y a de gens, M. le ministre. Il me
semble que ce n'est pas sage, à ce moment-ci, de prévoir autant
d'intervenants en deux jours, en intersession, alors qu'on pourrait facilement
le faire sur trois jours, compte tenu du nombre d'intervenants qui ont
demandé à être entendus.
Le Président: Tout simplement pour spécifier les
choses clairement, nous ne sommes pas aux avis touchant les travaux des
commissions; c'est une motion sans préavis qui est
présentée à ce moment-ci. J'ai appelé les avis
touchant les travaux des commissions. Donc, c'est une motion sans
préavis. La discussion est valable. Je demande au député
et leader du gouvernement de répondre à l'interrogation, s'il
vous plaît.
M. Pagé: Essentiellement, c'est 15 groupes. Nous allons
amorcer nos travaux mercredi matin. Nous allons les poursuivre et nous les
reprendrons en après-midi. Nous pouvons siéger le soir, nous
pouvons siéger le lendemain matin, le lendemain après-midi et le
lendemain soir. Je n'y vois aucun problème. C'est la liste sur laquelle
on s'est entendus. Je vous invite à y réfléchir et si,
d'ici demain, vous croyez qu'il pourrait être opportun de siéger
même le vendredi, on est prêts, nous. On veut y consacrer le temps
nécessaire, sauf qu'on a cru, après consultation avec
l'Opposition officielle, qu'on pouvait s'entendre à partir de ce qu'on
fait normalement en semblable matière tout le temps. D'accord?
Le Président: II y a donc consentement? Cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Maintenant, aux avis touchant les travaux des commissions - c'est bien
ça - M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Pagé: M. le Président, j'avise cette
Assemblée que, demain, le jeudi 20 juin 1991, de 9 heures à 12 h
30, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission des affaires
sociales poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
120, Loi sur les services de santé et les services sociaux et modifiant
diverses dispositions législatives.
Le Président: Évidemment, il y a un consentement
pour dérogation à l'article 143.1 concernant le début des
travaux. Il y a consentement pour déroger à l'article du
règlement? Consentement.
Des voix: Consentement.
Le Président: Très bien. Maintenant, aux
renseignements sur les travaux de l'Assemblée, y a-t-il des
questions?
Des voix: Non.
Le Président: II n'y a pas de questions. Aux affaires du
jour maintenant, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 15 du feuilleton, s'il vous plaît.
Le Président: À l'article 15 du feuilleton...
M. Pagé: Un instant, M. le Président. (16
heures)
Le Président: Oui, M. le leader.
M. Pagé: D'ores et déjà, pour le
bénéfice de mes collègues que nous entendons appeler un
vote enregistré concernant l'adoption du projet de loi 117, Loi
modifiant la Loi sur le cinéma. Je voudrais d'ores et déjà
donner l'avis comme quoi ce vote sera reporté à demain,
après la période de questions.
Projetdeloi 117 Reprise du débat sur
l'adoption
Le Président: Très bien. Donc, l'article 15 du
feuilleton. Mme la ministre des Affaires culturelles présente à
ce moment-ci la motion d'adoption du projet de loi 117. Je m'excuse. L'article
15, c'est la reprise du débat sur la motion d'adoption du projet de loi
117, Loi modifiant la Loi sur le cinéma, présentée par Mme
la ministre des Affaires culturelles.
Je suis prêt à reconnaître comme intervenant
maintenant M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, sans vouloir
renchérir inutilement sur les propos de la ministre des Affaires
culturelles et députée de Marguerite-Bourgeoys, j'ajouterai, si
vous me le permettez, trois points en guise de réplique avant l'adoption
finale de ce projet de loi.
Le premier, quant au doublage, eh bien! la satisfaction de voir, M. le
Président, d'instaurer dans la loi un article qui indique que le
délai maximum prévu, pour le doublage des films en
français au Québec, est de 45 jours et ce délai inscrit
dans la loi, il est déjà clairement démontré que
les entreprises cinématographiques étrangères sont
capables de le respecter. Nous avons, au moment où nous nous parlons, M.
le Président, un exemple on ne peut plus éloquent, qui est le
film "Robin des bois". Eh bien! il y a actuellement dans la grande
région de Montréal, je crois, autant de versions
françaises que de versions originales anglaises.
Donc, les droits de la majorité sont respectés et les
droits de la minorité continuent d'être respectés,
nonobstant les intentions de certains en ce Parlement qui veulent nier
justement ce droit que nous avons à notre identité culturelle et
à promulguer les lois que nous voulons et que nous souhaitons en cette
Chambre. Au niveau du classement - et vous aurez compris que ce haussement de
ton ne s'adressait pas à la ministre des Affaires culturelles, bien au
contraire.
En deuxième, M. le Président, le classement. Nous avions
certaines réserves quant au classement 16 ans fondées sur deux
craintes. La première, la difficulté technique d'y arriver et la
deuxième, la peur d'un nivelage vers le bas. Au niveau des
difficultés techniques, M. le Président, la Régie du
cinéma qui est un organisme, et je le répète,
extrêmement sérieux et extrêmement performant dans tout
l'ensemble qui sous-tend l'industrie du cinéma au Québec, la
Régie nous a dit, par la voix de son président, M. Benjamin, que
c'était possible, qu'il avait le support technique nécessaire
afin de permettre un classement 16 ans. Cela aussi répondait
également à des voeux exprimés, notamment par le Conseil
du statut de la femme, Pacijou, qui faisaient des remarques assez pertinentes,
des remarques de caractère social quant à certaines scènes
qui, effectivement, pouvaient ne pas s'adresser à certaines
catégories d'âge.
Est-ce que cela va provoquer un glissement vers le bas? Eh bien! que
voulez-vous, M. le Président, nous vivrons avec pour quelque temps. Tout
le monde sait que les lois sont là, mais elles ne sont pas immuables.
Nous pourrons revoir, d'ici un certain temps, et voir dans quelle mesure la
décision était la bonne, mais je pense que nous avons quand
même un certain minimum de garanties qui nous permettent de
fonctionner.
Troisième remarque, M. le Président, sur la SOGIC,
c'est-à-dire la Société générale des
industries culturelles. Je le dis et je le répète, tous les
intervenants ont émis de très sérieuses réserves.
La loi prévoit, à cause du plan triennal - et c'est heureux que
nous ayons un plan triennal - que la SOGIC joue un rôle important. Et ce
rôle important que la SOGIC est appelée à jouer, on le
retrouve d'ailleurs parmi les recommandations du rapport Arpin, qui nous a
été déposé la semaine dernière en cette
Chambre, un groupe de travail indépendant, qui a déposé
son rapport, un rapport, d'ailleurs, que je continue toujours de saluer et
d'accueillir avec beaucoup de plaisir. Mais, M. le Président, compte
tenu du rôle que la SOGIC doit jouer dans l'application de la loi 117,
compte tenu de ce qu'on voudrait bien qu'elle fasse dans l'élaboration
d'une politique culturelle au Québec, je pense que la ministre - je le
lui répète pour la troisième fois et je suis certain
d'avoir son écoute - prendra toutes les dispositions nécessaires,
de façon à ce que l'on rétablisse la
crédibilité de la SOGIC au niveau des industries
cinématographiques au Québec.
M. le Président, lorsque mon parti formait le gouvernement en
cette Chambre et que nous avions présenté le premier projet de
loi sur le cinéma, nous avions obtenu l'appui unanime du Parti
libéral, qui était l'Opposition. Lorsqu'en 1987, la
vice-première ministre et ministre des Affaires culturelles a
présenté, au nom de son gouvernement, le projet de loi modifiant
la Loi sur le cinéma, l'Opposition officielle, donc le Parti
québécois, a voté avec le gouvernement. Deux
précédents heureux au niveau d'une loi du cinéma, M. le
Président, que les deux grandes formations politiques au Québec
s'entendent,
soient unanimes dans l'adoption d'une loi aussi importante pour la
cinématographie au Québec.
Je dirais donc, M. le Président, à travers vous, à
la ministre des Affaires culturelles que l'Opposition officielle votera pour ce
projet de loi, en espérant que certains corps étrangers, donc qui
n'appartiennent pas aux deux grandes formations politiques, appuient ce projet
de loi et ne brisent pas l'unanimité qu'il a toujours été
souhaitable d'atteindre et que nous avions atteinte en cette Chambre quant
à l'adoption d'un projet de loi sur le cinéma, puisque, M. le
Président, je le répète, les garanties sont données
à la majorité, qui est en droit d'en avoir, et qu'aucun des
droits de la minorité ou des minorités, s'il peut y en avoir,
n'est en aucune façon bafoué dans ce projet de loi.
Je termine là-dessus, M. le Président, en ajoutant, si
vous me le permettez, un tout dernier commentaire, qui est celui que ça
a été très agréable de travailler en commission
parlementaire avec la ministre des Affaires culturelles à ce projet de
loi; ça n'a pas été fait dans un climat d'affrontement,
mais ça a été fait dans un climat de franche
convivialité, puisque c'est une commission dans laquelle on vit bien, et
ça a été fait dans un but, M. le Président, qui
était celui d'avoir la meilleure loi possible. Et j'ose espérer
que, dans son application, nous pourrons voir, effectivement, qu'elle est la
meilleure, sauf qu'il faut lui donner la chance de courir, cette loi. Donc, je
vous le répète, nous voterons pour, puisqu'elle couvre les
secteurs que nous souhaitions voir couvrir, notamment le vidéo, je me
permets de le rappeler, et nous avons, à l'intérieur de cette
loi-là, les garanties quant à l'accessibilité aux films en
langue française au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, m. le
député de sainte-marie-saint-jacques. je reconnais, sur le projet
de loi 117, au niveau de l'adoption, m. le député de
d'arcy-mcgee.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président. La formation de notre
parti a toujours été très respectueuse de cette
institution parlementaire par laquelle peut s'exprimer la démocratie et
la libre pensée de ses élus. Nous avons toujours estimé
l'opinion, la pensée et la perspective de nos collègues
parlementaires, quoiqu'il arrive fréquemment que nos esquisses et
visions respectives de l'État québécois et de ses
politiques s'opposent et provoquent des débats émotifs.
Nous sommes bien conscients, M. le Président, de la
spécificité culturelle du Québec et des difficultés
d'une communauté lorsque cette spécificité est
entourée par un vaste continent majoritairement dissemblable. Nous
sommes d'avis que ceux qui partagent cette spécificité culturelle
québécoise, ainsi que tous ceux provenant d'une autre
spécificité et qui font partie intégrante du Québec
doivent être fiers de leur héritage et voir à
l'enrichissement de celui-ci. (16 h 10)
And I take great exception to the insulting remarks made by the
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, his insulting insinuations
at the beginning of his discussion and I am very surprised by this Member who
normally shows a great degree of tolerance. And I was very disenchanted by the
beginning of his intervention this afternoon which clearly puts into question
that high level of regard that I have always had for his love of tolerance.
And if we take...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, n'y a-t-il pas, dans notre
règlement, un article qui permet à un député, s'il
est insatisfait du comportement, de faire une question appropriée en
Chambre demain matin.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
député de D'Arcy-McGee, si vous voulez poursuivre votre
intervention.
M. Libman: Merci, M. le Président. If we take the
Minister's explanation, Bill 117 was designed to promote the French language
film industry, and she expeditiously added "and not to hurt English films". But
in some instances we have other specific legislations in Québec, Bill
101 and Bill 178, which have been described and believed to be, by many
francophone commentators, as a positive objective of the French language and
culture. Bill 117 as well is said to fall into this category of having this
positive objective of the promotion of the French language and culture in
Québec.
But I am concerned, M. le Président, that similar to Bill 101 and
178, there are aspects in this bill, in Bill 117, there are certain elements in
this bill of coercion and specifically with respect to a part of article 83
which I will discuss very shortly.
Under the proposed amendments to the Cinema Act, distributors will have
to get a French version out within 45 days of an English release, down from the
current 60 days stipulated in the law itself. Now, as some film distributors
say: "Shortening the time by 15 days will not make much difference", and in
fact it may not, and in some cases in fact it may affect the quality of the
dubbing. But most people concerned, most analysts have felt that reducing to 45
days will not necessarily compromise the quality of the dubbing.
And, M. le Président, we accept the Government's initiative of
using the film industry
in positive ways to promote the vitality of the French language and
culture in Québec, and we agree wholeheartedly with their initiative
that more must be done to insure that dubbing is done in Québec. And
perhaps if this reduction of 15 days will stimulate, will stimulate more
dubbing to be done in Québec instead of France, then we would support
that aspect of this initiative completely.
But our concern is related to another aspect of article 83, related to
the provisions of section 83, section 4, which says: "4° un visa temporaire
peut être délivré (...) s'il n'existe aucune version
doublée en français du film au moment du dépôt de la
demande. La durée du visa temporaire est de 45 jours à compter de
la date de la première présentation du film en public pour des
fins commerciales et il peut être délivré pour autant de
copies qu'il en est demandé, à moins que le gouvernement, par
règlement, ne fixe une durée moindre ou qu'il ne détermine
le nombre maximum de copies pour lequel il peut être
délivré".
And, Mr. Speaker, I asked during the committee hearings whether or not
this type of regulation, this réglementation, this type of specificity,
this type of constraint exist anywhere else in the world, and I was not able to
have a positive response.
And contrary to the provisions of the existing act, section 83 of the
proposed bill assures entire discretion to the Government to determine by
regulation the period of time allowed. And this, Mr. Speaker, is what concerns
us. We go through certain periods in Québec where there are certain
pressures on the Government to tighten linguistic measures. And that has
happened in recent times in Québec. So we are therefore no doubt
concerned that the proposed act gives too much of a margin of latitude to a
Government of the day to change the time period and if not abolish it
completely, with very little public debate and very little accountability if it
is done strictly by regulation. If the Parti québécois were in
power, there are reasons to believe, based on their interventions in this
committee, based on some of the things we have heard them say, based on the
pressures they have put on the Government to tighten some linguistic measures,
there is reason to believe that there is a possibility that they would want to
reduce this time frame to even zero, to not allow an English film to be on our
screens in Québec until the French dubbed version is available. And the
fact that this is left open to regulation, without having to make an actual
change to the law, without having to be put to debate in the National Assembly,
is the one point in this law that raises our concern, whether some consider it
a serious objection or not, this is one aspect of this article which evokes
some concern among members of our political formation. We believe that this
could have, if we ever get to that, this could have a definite negative impact
on the English movie industry in Québec.
Je voudrais maintenant, M. le Président, aborder le sujet de la
nouvelle classification proposée par ce projet de loi. In this day and
age of a certain overliberalization of values and liberty of expression, the
overexploitation of violence, of sexual acts, of sexual violence, of racism,
and its impact on the viewers, more specifically of a younger age, I believe we
must regulate more tightly what is not contrary to public order or good
morals.
And this new proposed act was also, for one, designed to keep children
from renting restricted movies at their video store or corner dépanneur.
This objective we support and promote, but we must question the actual
mechanics involved, the mechanics that are in place. The bill contains
insufficient fines or other measures for video retailers who violate that code.
And the minister herself admitted that the new rules will be tough to
enforce.
So I just ask the question: What is the reason of putting forward a law
if you cannot enforce it? And in some ways, it is like giving a newborn child a
highly advanced computer. What is he to do with it? We are also concerned
somewhat about the creation of a new "16 and over" classification that will
allow younger teens to see films with violence and sex like "Un zoo la nuit".
This is somewhat unacceptable when we refer to the amount and level of violence
that is apparent in such a movie and would further be admissible to children of
age 16.
Alors, en terminant, M. le Président, nous accueillons
très favorablement les bonnes intentions gouvernementales, mais si le
gouvernement veut raffermir la présence du français sur les
écrans, favoriser le doublage de films, voir à la protection de
la jeunesse et condamner la violence sexuelle, il devra intervenir beaucoup
plus énergiquement par des mesures incitatives telles que des abris
fiscaux, pour encourager les investisseurs privés ou offrir de
meilleures garanties sur ces investissements dans notre industrie et des
mesures aussi qui ont un mécanisme de mise en application.
Just to finish off, M. le Président, it is a perfect opportunity
this Cinema Act to offer positive initiatives to the population of
Québec, to promote the French language and culture in positive ways. We
can do this without having to resort to linguistic aspects or linguistic
legislations. We can deal with positive incentives to create a good spirit of
harmony in this province. And here is a perfect opportunity. The market itself
will demand that if a film that is desirable appears in Québec, the
market itself will demand that this film have a French translation or French
dubbed version, as soon as possible. That is what should guide the initiatives,
not regulation, not constraints on the English film indus-
try, which can come out of one aspect of article 83. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de D'Arcy-McGee. Nous sommes toujours sur le projet de loi
117, Loi modifiant la Loi sur le cinéma. Je reconnais, en fonction de
votre droit de réplique, Mme la ministre des Affaires culturelles. Mme
la ministre.
Mme Liza Frulla-Hébert
(réplique)
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, en
réponse au député de D'Arcy-McGee, je veux tout simplement
lui dire: Premièrement, que la démarche que nous avons entreprise
concernant le français sur nos écrans, était claire depuis
le début. C'est-à-dire plus de français, plus vite, tout
en maintenant et en garantissant l'accès des consommateurs aux films en
version originale. Ce dernier point était primordial pour nous.
Maintenant, je suis très surprise, M. le Président, de
l'intervention du député de D'Arcy-McGee, qui s'est
présenté à peine deux ou trois heures, lors de la
commission parlementaire où on a écouté 16 groupes. Une
semaine de commission. Lors de l'étude article par article,
c'était un vendredi, il faisait beau dehors, vendredi soir, où,
lors de la prise en considération du rapport de la commission, le
député de D'Arcy-McGee brillait par son absence. On aurait pu lui
expliquer, M. le Président. (16 h 20)
Aujourd'hui, à l'adoption du projet de loi, le
député vient nous dire qu'il est contre un amendement que nous
avons apporté suite à l'étude des groupes en commission
parlementaire et qui a fait consensus, même chez les Américains,
M. le Président. Mais ce consensus, le député de
D'Arcy-McGee n'en est peut-être pas au courant parce qu'il brillait
lui-même par son absence. Mais le message doit être clair...
M. Libman: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une question de
règlement, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Quelqu'un qui prend la parole ne peut pas invoquer
l'absence ou la présence d'un autre membre, spécialement quand le
membre n'est pas un membre d'une telle commission.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous avez raison, M. le
député, on ne peut pas... s'il vous plaît... on ne peut pas
souligner l'absence d'un député, soit en Chambre où en
commission parlementaire.
M. Bélisle: Je vous demande pardon, M. le
président, une question d'information. je veux juste savoir, est-ce que
le député de d'arcy-mcgee est membre de la commission de la
culture, oui ou non?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): La question n'est pas
pertinente. Mme la députée. M. le leader on ne doit pas souligner
l'absence d'un député en cette Assemblée, c'est une
jurisprudence constante et de fait, même en commission parlementaire.
M. Bélisle: M. le Président, je pense que c'est
très important, lorsqu'on parle d'un projet de loi, de savoir si
quelqu'un est membre d'une commission et si par ailleurs il a une connaissance
de ce dont il parle en cette Chambre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, votre remarque n'est pas pertinente; Mme la ministre, si
vous voulez poursuivre. Et veuillez prendre acte de mes commentaires à
ce sujet.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, il s'agit de
commenter en toute connaissance de cause. Le message doit être clair, M.
le Président. On veut assurer une présence forte du
français sur nos écrans. On ne veut pas retourner au début
des années quatre-vingt où, à Montréal, il y avait
38 % de français à l'écran, M. le Président.
Ceci dit, le député de D'Arcy-McGee cherche, M. le
Président, à créer une diversion parce qu'il connaît
très bien la procédure entourant l'approbation d'un
règlement. Premièrement, il sait que c'est une
procédure qui est publique, et que le gouvernement doit répondre
publiquement de ses gestes. Et notre loi, M. le Président, d'ailleurs,
n'aurait pas été techniquement complète sans ce
règlement puisqu'on parle d'un délai maximal de 45 jours qui a
été établi. Donc le député de D'Arcy-McGee
devait aussi le reconnaître. Quand on parle de règlement, M. le
Président, on ne parle pas de réduire. La seule chose, c'est
qu'on doit prévoir par règlement, si la loi n'est pas
observée ou si on voit que la situation se détériore,
certains mécanismes pour forcer justement à ce que cette
situation continue à s'améliorer, M. le Président.
Maintenant on sait aussi très bien que, quand on met un règlement
en vigueur, la Gazette l'imprime, on a 60 jours pour y répondre
et ce règlement passe au Conseil des ministres. Donc, ce n'est pas fait
en cachette, M. le Président.
Donc, je demande au député de D'Arcy-McGee de revoir sa
position, puisque je viens d'illustrer aussi de façon claire qu'elle est
basée sur de faux prétextes et sur une incompréhension de
l'esprit du projet de loi. Maintenant, M. le Président, je tiens
à rappeler que cette loi a été votée à
l'unanimité en 1983, à l'unanimité ensuite en 1987. Nous
aimerions qu'elle soit votée à l'unanimité parce que nous
sommes sûrs que c'est
non seulement pour le bien des Québécois, mais aussi pour
le bien de l'industrie cinématographique et pour le bien du doublage
ainsi que pour la protection de la jeunesse. Je demande donc un certain sens
des responsabilités, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Le projet de loi 117,
Loi modifiant la Loi sur le cinéma est-il adopté, M. le leader
adjoint du gouvernement?
M. Bélisle: De façon plus formelle que ça
l'a été tantôt, je vais faire motion pour que le vote sur
le projet de loi 117 soit reporté à demain, après la
période des affaires courantes, et qu'il soit par vote enregistré
pour donner l'occasion au député de D'Arcy-McGee de
réfléchir à sa position.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, suite à la
demande du leader adjoint de reporter le vote, ce vote est reporté
à demain, à la période des affaires courantes.
Une voix: Consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): quant au dernier
commentaire, m. le leader adjoint du gouvernement, il n'était pas
pertinent. alors, m. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 20 du feuilleton, s'il vous
plaît M. le Président.
Projet de loi 153 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): l'article 20, mme la
ministre déléguée aux finances propose l'adoption du
projet de loi 153, loi sur le courtage immobilier. mme la ministre
déléguée aux finances.
Amendement déposé
Mme Robic: Merci, M. le Président. Avant même mon
intervention en dernière lecture, j'aimerais annoncer un amendement qui
supprime et remplace l'amendement à l'article 120 adopté à
l'étape de la prise en considération du rapport de la commission
du budget et de l'administration. Et, M. le Président, je demande donc
le consentement de cette Chambre pour procéder aux écritures
suite à l'étude de l'amendement en commission
plénière.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, il y a
consentement, mais quant aux écritures, est-ce que vous voulez qu'on
passe aux écritures immédiatement avec l'amendement?
Des voix: Oui.
Commission plénière
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui. Alors, c'est
très bien. Est-ce que je peux avoir copie de l'amendement? Je viens d'en
recevoir une copie. Est-ce qu'il y a consentement pour déroger aux
écritures? Il y a consentement. Est-ce que la motion de Mme la ministre,
proposant que l'Assemblée se constitue à partir de maintenant en
commission plénière, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Adoption de l'amendement
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, l'amendement de
Mme la ministre à l'article 120 est de remplacer cet article par le
suivant: S'il a des motifs de croire qu'un membre de l'Association a commis une
infraction aux dispositions de la présente loi ou des règlements
pris en application de celle-ci, le syndic ou le syndic adjoint fait
enquête et, s'il y a lieu, porte plainte devant le comité de
discipline. Cet amendement est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Alors,
nous sommes de retour à l'Assemblée. Est-ce que le rapport de la
commission plénière est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. En
conséquence, nous allons poursuivre le débat sur le projet de loi
153 et je vais reconnaître Mme la ministre déléguée
aux Finances.
Adoption Mme Louise Robic
Mme Robic: Merci, M. le Président. Le projet de loi 153,
Loi sur le courtage immobilier, représente l'aboutissement d'un long
processus de réflexion et de concertation de tous les intervenants.
Cette révision de la législation régissant les courtiers
et agents immobiliers qui exercent au Québec émane d'une
volonté du gouvernement libéral de doter le milieu du courtage
immobilier d'un cadre juridique moderne. Le cadre législatif n'ayant pas
suivi de près l'évolution du marché immobilier, il
devenait impératif d'adapter l'encadrement des courtiers et agents
immobiliers aux nouvelles exigences provoquées par ces changements.
Dans le but de s'assurer que le résultat projeté soit bien
adapté aux préoccupations constantes du gouvernement quant
à la protection du public ainsi qu'aux besoins effectifs de l'industrie,
un accent particulier a été mis sur la
consultation des intervenants en présence, et ce, tout au long du
processus de révision. Ainsi, et ce dès le début, le
gouvernement a sollicité la participation active du milieu en
procédant à des rencontres informelles avec divers intervenants
du secteur immobilier.
Suite à ces rencontres, nous présentions, en juin de
l'année dernière, un document de consultation à
l'intention des personnes concernées par cette nouvelle réforme.
Ce document de consultation énonçait les lignes directrices que
le gouvernement entendait mettre de l'avant pour mener à bien cette
révision de la loi. Finalement, les personnes intéressées
ont eu, conséquemment, la possibilité de faire entendre leur
point de vue lors d'une commission parlementaire tenue aux mois de septembre et
octobre derniers.
L'essentiel des propositions élaborées dans le document de
consultation a été favorablement reçu par le milieu. Les
suggestions présentées par l'industrie et par l'Opposition
officielle ont été prises en considération et les
politiques ont été modifiées de telle sorte qu'il soit
tenu compte des besoins exprimés, notamment par les agents et courtiers
immobiliers.
Le gouvernement est demeuré à l'écoute des
intervenants tout au long de l'élaboration de la nouvelle
législation sur le courtage immobilier. En conséquence, la
réforme proposée est attendue impatiemment par l'ensemble de
l'industrie. Bien que toute l'attention nécessaire ait été
apportée aux représentations faites par l'industrie, il ne faut
pas croire que le gouvernement ait négligé pour autant un aspect
primordial de cette nouvelle réforme qui était de mettre en place
tous les mécanismes indispensables afin de protéger
adéquatement les intérêts du public
québécois. Il s'avérait de première importance de
tenir compte des consommateurs dans l'élaboration de cette nouvelle
législation puisqu'ils sont les premiers concernés dans nombre de
transactions immobilières. En somme, la protection des
intérêts du public représente le tout premier objectif
poursuivi par cette révision que le gouvernement s'est engagé
à mener à terme.
Le projet de loi sur le courtage immobilier, tel qu'il est soumis
aujourd'hui, est donc le résultat d'efforts concertés pour
atteindre un même but, soit un cadre juridique moderne et mieux
adapté aux réalités économiques actuelles, tant
à l'égard de courtiers et agents immobiliers qu'à
l'égard des consommateurs québécois.
L'impact premier de la nouvelle législation sur l'ensemble de
l'industrie sera de permettre aux courtiers et agents immobiliers d'assumer
pleinement leurs rôles au coeur de l'activité économique
québécoise. Ils seront, en effet, mieux encadrés, de telle
sorte que leur pratique atteindra un plus haut niveau de professionnalisme.
À cette fin, le projet de loi propose un nouveau cadre de contrôle
des activités de courtage immobilier basé sur
l'autoréglementation. Les consultations menées ainsi que les
réalisa- tions déjà accomplies dans ce domaine par le
milieu justifient la confiance du gouvernement dans la capacité du
milieu d'assumer de manière adéquate de plus grandes
responsabilités dans ce secteur. (16 h 30)
Ainsi, le projet de loi prévoit la création de
l'Association des courtiers et agents immobiliers du Québec. Cet
organisme a pour principale mission la protection du public par l'application
de la déontologie et l'inspection professionnelle de ses membres. Il
dispose des pouvoirs nécessaires afin d'assurer le contrôle et la
surveillance des activités de ses membres et des pouvoirs
réglementaires inhérents à ses devoirs et obligations. Le
gouvernement continuera, par ailleurs, M. le Président, à assumer
un rôle de surveillance, en disposant notamment des pouvoirs utiles au
niveau du contrôle des activités de l'Association. En effet,
l'Inspecteur général des institutions financières
chargé de l'administration de la nouvelle loi assurera la surveillance
de l'organisme d'autoréglementation.
En outre, M. le Président, le gouvernement approuvera toute
réglementation adoptée par l'Association. Il exercera
également certains pouvoirs réglementaires visant, entre autres,
les qualifications minimales à l'entrée à la profession
ainsi que les règles régissant la protection des renseignements
personnels recueillis par les courtiers et les agents immobiliers dans
l'exercice de leurs activités. Par ailleurs, le projet de loi
prévoit des règles qui visent la mise en place de mesures
concernant l'amélioration de la qualité des services
professionnels dispensés par les courtiers et agents immobiliers.
À ce titre, il est prévu expressément des normes
régissant la publicité et les représentations faites par
un courtier ou un agent immobilier.
M. le Président, la divulgation des conflits
d'intérêts constitue un autre aspect important de la
réforme. Des normes d'éthique plus élevées
contribueront sans aucun doute à maintenir un climat de saine
concurrence dans l'ensemble de l'industrie du courtage immobilier.
Le projet de loi prévoit, par ailleurs, M. le Président,
qu'un cabinet multidisciplinaire au sens de la Loi sur les
intermédiaires de marché pourra désormais exercer
l'activité de courtier immobilier. Il s'avère important, en
effet, que les courtiers qui le désirent puissent
bénéficier des avantages que procure l'exercice en
multidis-ciplinarité. Dans le contexte créé par le
décloisonnement, les courtiers immobiliers doivent détenir les
moyens adéquats pour participer pleinement et activement au défi
des années quatre-vingt-dix.
M. le Président, la modernisation des structures ainsi que toutes
les nouvelles mesures mises de l'avant dans ce projet de loi nécessitent
un encadrement professionnel à la mesure de ces changements. En ce sens,
le projet de loi propose la création au sein de l'Association de
divers comités qui permettront d'assurer un contrôle et une
surveillance appropriée des activités de ses membres. Un
comité d'inspection professionnelle et un comité de discipline
seront ainsi constitués. En outre, le projet prévoit que le
conseil d'administration de l'Association nommera un syndic. Tous ces
mécanismes sont essentiels pour garantir des standards
élevés au niveau de la pratique du courtage immobilier. Le public
pourra ainsi conserver sa confiance envers le secteur du courtage immobilier,
ce qui constitue en soi l'un des objectifs importants que nous poursuivons par
cette réforme.
Enfin, M. le Président, le projet de loi établit le cadre
à l'intérieur duquel s'exerceront dorénavant les
activités des courtiers et agents immobiliers et les conditions
d'exercice de ces activités.
M. le Président, il convient, par ailleurs, de rappeler que le
projet conserve un certain nombre de mesures contenues dans la
législation actuelle, en ce qui concerne notamment l'obligation pour un
courtier de maintenir un compte en fidéicommis et de souscrire une
assurance de responsabilité civile. Également, le fonds
d'indemnisation déjà constitué par la loi actuelle
continuera son existence puisqu'il représente un mécanisme
efficace pour la protection du public en cas d'opération
malhonnête ou de fraude relativement aux sommes détenues en
fidéicommis.
Enfin, le projet de loi édicté une série de mesures
transitoires afin d'assurer, d'une part, la mise en place de nouvelles
structures et les transferts de responsabilités entre les
différents organismes et, d'autre part, pour conserver certains droits
acquis. Au surplus, des dispositions pénales et des modifications de
concordance y sont prévues.
M. le Président, voilà ce qui constitue les principaux
aspects de la réforme entreprise dans le secteur du courtage immobilier.
Il va de soi qu'il s'agit là de la première mais essentielle
étape d'un processus qui connaîtra une évolution et une
adaptation. La mise en place de ces nouvelles mesures exigera le concours et
l'application active de tous les intervenants. Nous sommes convaincus que,
d'ici peu, ce nouveau cadre sera fonctionnel et ce, pour le
bénéfice de toutes les personnes touchées par ce secteur
d'activité.
Il convient de rappeler, M. le Président, que le projet de loi
concrétise les visées du gouvernement libéral dans ses
efforts pour maintenir un climat de confiance du public québécois
envers le marché immobilier. Et, M. le Président, vous
comprendrez ma fierté de présenter ce projet de loi, ayant
moi-même pratiqué cette profession pendant plusieurs années
et ayant gardé un excellent souvenir de ces années très
dynamiques.
Aux gens de la profession qui nous écoutent, le gouvernement vous
a fourni les outils nécessaires pour dynamiser davantage votre secteur
d'activité. Il vous incombe maintenant de savoir en retirer tous les
avantages. Enfin, M. le Président, je voudrais remercier l'Opposition de
l'appui qu'elle m'a fourni dans ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre
déléguée aux Finances. Alors, sur le projet de loi 153,
nous sommes à l'étape de l'adoption du projet de loi, Loi sur le
courtage immobilier, et je reconnais M. le député de Gouin. M. le
député, la parole est à vous.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. À cette
étape-ci de l'adoption du projet de loi, je limiterai mes commentaires
de façon très brève en disant qu'effectivement,
l'Opposition a souscrit, dans toute cette démarche qui a
commencé, il y a de cela plus d'un an, à l'ensemble des
préoccupations qui étaient soulevées par la ministre. Nous
en arrivons aujourd'hui, à un cadre moderne, un cadre flexible, un cadre
qui permettra de bien réglementer de façon efficace l'industrie
du courtage immobilier, qui permettra aussi, de façon tout aussi
efficace, de bien protéger le public et qui permettra, bien sûr,
M. le Président, de répondre à d'autres
considérations d'ordre plus légal, mais qui, bien sûr, nous
ont toujours guidés dans l'étude du projet de loi.
Il est bien sûr important de souligner, M. le Président,
que l'Opposition, sur certaines dispositions du projet de loi, a
manifesté un certain nombre de craintes, a même manifesté
parfois de l'opposition quant à des dispositions très
particulières du projet de loi, mais, dans l'analyse que l'Opposition
fait de l'évaluation globale du projet de loi, c'est sans
réserve, M. le Président, que nous appuyons les principes que la
ministre nous a présentés tout à l'heure et que
l'Opposition fait siens.
M. le Président, à ce moment-ci, il m'ap-paraîtrait
opportun, bien sûr, de saluer le travail des gens de l'industrie, des
courtiers et des agents. On les sait nombreux à contribuer au
développement économique du Québec par l'activité
qu'ils suscitent dans leur milieu respectif. C'est grâce à eux,
grâce à des gens qui, depuis plusieurs années, ont
manifesté leur intérêt de rehausser un certain nombre de
critères dans leur profession, qui ont manifesté aussi le
désir de bien protéger le public, qui, on le sait, par le biais
du courtage immobilier, transige des sommes importantes sur le marché
des valeurs immobilières. Donc, c'est en ce sens, M. le
Président, et compte tenu de ces considérations, qu'il nous fait
plaisir d'appuyer la ministre dans ce projet, faut-il le rappeler, ce projet
qui, sans doute, sera la pièce de législation ou la
réforme la plus importante qu'à ce jour la ministre
déléguée aux Finances nous a présenté.
Là-dessus, je tiens à la féliciter sur la
façon dont elle a procédé. C'est effectivement en
utilisant de façon efficace nos institutions, que ce soit les travaux de
la commission du budget et de l'administration, que ce soit ici, M. le
Président, en cette Chambre, que nous avons pu débattre d'un
certain nombre de dispositions, que l'Opposition a pu aussi apporter un certain
nombre d'amendements et, bien sûr, le processus démocratique et le
processus parlementaire a ceci de beau qu'il nous permet, bien sûr,
d'apporter, nous, comme parlementaires, un certain nombre de modifications aux
intentions législatives du gouvernement. À cet effet, je crois
qu'il faut se féliciter, comme membres de la commission du budget et de
l'administration, d'avoir fait un travail remarquable, un travail efficace, qui
a été fait sans partisanerie, M. le Président, et je le
crois, dans le meilleur intérêt des gens de l'industrie.
Donc, à cet égard, je crois qu'on se doit de
féliciter l'ensemble des membres de la commission du budget et de
l'administration et des gens qui, bien sûr, ont contribué, ont
concouru à la rédaction du projet de loi. Alors, à tous
ces gens, je dis merci, en rappelant, comme la ministre le faisait tout
à l'heure en conclusion, que la balle est maintenant dans le camp des
gens de l'Association de l'immeuble du Québec, cette nouvelle
association qui aura à gérer des budgets importants, qui aura
à gérer un code de discipline, qui aura à gérer un
code de déontologie et ce, dans le meilleur intérêt des
Québécois et des Québécoises qui transigeront sur
ce marché des valeurs immobilières. Donc, à tous ces gens,
M. le Président, je souhaite bonne chance et je leur dis que nous serons
cependant très attentifs pour bien s'assurer qu'ils s'acquittent de leur
mandat de façon efficace. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, m. le
député de gouin. sur la même question, le projet de loi 153
au niveau de l'adoption, m. le député de jacques-cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. Like my colleague from
Gouin, I will only take a few minutes, because we support the legislation of
the minister and on the whole, we think it is a good piece of legislation. The
only comment that I would wish to add is that, I do not think, and I am sure
the minister would agree with me that most of the time the Québec
consumer in real estate has actually had to run into that much trouble from
individual realtors. The market itself has provided quite an effective system
of consumer protection. Where I believe the issues will arise in the future are
in those forms of commercial real estate that involve essentially equity-share
enterprises in condominiums, shopping plazas and similar devices because of the
possibility of overcapitalization and ultimate collapse.
I am not sure that the new legislation entirely deals with the problems
for the consumer or the investor raised by exactly this type of real estate
investment. So, I hope to see that the Government still has things to do in
this area. But, for the legislation of the moment, we are in agreement. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Est-ce que le projet de loi 153, Loi
sur le courtage immobilier, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Nous en sommes rendus à l'article 12 de
notre feuilleton, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais suspendre pour
quelques instants, M. le député.
(Suspension de la séance à 16 h 42)
(Reprise à 16 h 48)
Projet de loi 150
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait l'étude
détaillée et des amendements
déposés
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, si vous voulez
prendre place. Merci. Alors, à l'article 12, que le leader m'a
demandé d'appeter, l'Assemblée prend en considération le
rapport de la commission des institutions sur le projet de loi 150, Loi sur le
processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel du
Québec, ainsi que sur les amendements transmis, en vertu de l'article
252 du règlement, par M. le député de Lac-Saint-Jean et
whip en chef de l'Opposition officielle. Parmi ces amendements, est
déclaré irrecevable l'amendement proposé au
préambule du projet de loi pour le motif suivant: il constitue un
amendement de fond au préambule et il n'est pas nécessaire pour
préciser le texte ni à des fins d'uniformité; par
ailleurs, cet amendement au préambule ne découle pas de
modifications adoptées à des articles du projet de loi. Quant aux
amendements proposés aux articles 7, 7.1, 12 et 15, ils sont
déclarés re-cevables. Y a-t-il des interventions sur ce rapport
ainsi que sur les amendements déclarés recevables, soit les
amendements aux articles 7, 7.1 12 et 15? Je reconnais M. le ministre de la
Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. On a eu
l'occasion, pendant plusieurs heures, d'étudier le projet de loi 150
article par article et il est apparu, M. le Président, d'une
façon évidente, que l'Opposition s'apprête à
répudier le rapport Bélanger-Campeau. C'est apparu très
clairement, M. le Président, au fur et à mesure qu'on a fait
l'étude de cette loi, que l'Opposition... Je devrais dire
conformément à l'attitude qu'ils ont eue lors des derniers
débats de la Commission Bélanger-Campeau, lorsque est
arrivé ce moment où il fallait exprimer vraiment ses positions et
savoir s'il y avait consensus ou pas, pour moi, sans surprise, coincée
dans sa position unilatérale, l'Opposition en arrive à la
conclusion, maintenant, qu'elle doit répudier le rapport
Bélanger-Campeau en votant contre la loi 150 parce que, M. le
Président, il apparaît très clairement que la loi 150 est
le reflet parfait, complet de la Commission Bélanger-Campeau dans ses
conclusions et dans sa recommandation.
M. le Président, il n'y a personne qui peut dire que la loi 150,
dans son texte, dans son esprit, dans sa réalité, ne respecte pas
la conclusion de Bélanger-Campeau et la recommandation de la Commission
Bélanger-Campeau. M. le Président, M. Béland, Lucien
Bouchard, Mme Pagé, M. Turgeon, M. Beaudry, M. Nicolet, enfin, tous les
commissaires en sont venus à cette conclusion. Tous ces commissaires en
sont venus à la conclusion que la loi 150 correspond directement,
honnêtement, complètement à la conclusion et à
là recommandation de Bélanger-Campeau. Et cette loi 150, M. le
Président, elle est conforme au rapport de la Commission
Bélanger-Campeau parce que nous y trouvons deux éléments
principaux: d'une part, les deux voies possibles, les deux commissions
parlementaires, une qui étudiera la souveraineté et toute les
questions afférentes à la souveraineté, alors que l'autre
pourra étudier des offres qui pourraient venir du gouvernement
fédéral et des autres provinces.
M. le Président, si nous abordions ce premier aspect,
c'est-à-dire la souveraineté, la commission qui étudiera
toutes ces questions afférentes à la souveraineté. Nous
utilisons les termes utilisés par la Commission Bélanger-Campeau.
Nous utilisons, dans ce projet de loi, exactement les mêmes expressions,
les mêmes termes utilisés dans le rapport de la Commission
Bélanger-Campeau, et nous débutons ce projet de loi par l'article
1 qui vient démontrer très clairement, non pas d'une façon
hypothétique, M. le Président, mais très clairement qu'il
y a une obligation de résultat. Parce que cette loi 150, M. le
Président, c'est cette obligation de résultat. C'est un
échéancier qui est là, qui est établi par voie
législative, par l'expression de cette Assemblée nationale,
siège de la souveraineté, siège de la souveraineté
du peuple et qui s'exprime par une loi.
Il n'y a pas de "si" dans cet article 1 sur le référendum
sur la souveraineté, il n'y a pas de situation hypothétique, mais
il y a cette obligation de tenir un référendum au plus tard
à l'automne 1992. M. le Président, c'est exactement ce que
proposait la Commission Bélanger-Campeau, exactement. On n'a pas
cherché à diluer, à modifier, à rendre
hypothétique ou quoi que ce soit, c'est là. C'est en termes
clairs. Et là, M. le Président, par toutes sortes de
scénarios hypothétiques, je dirais farfelus, l'Opposition essaie
de diluer la portée de la loi 150, alors que cette loi 150, elle est
très claire, avec donc cet échéancier qui est là et
qui s'impose.
M. le Président, quand je dis qu'il s'agit d'une obligation, il
faut bien comprendre que seule cette Assemblée nationale peut
délier le gouvernement de son obligation de tenir un tel
référendum. Et ça, M. le Président, par tous ces
scénarios farfelus que fait l'Opposition, à un moment
donné, les gens ne comprennent plus ça, et je ne les blâme
pas, parce qu'on en arrive à ne plus comprendre le sens de la loi. Et le
sens de la loi, il est très clair dans cet article 1, M. le
Président: obligation de résultat, avec au bout, d'une part, ce
référendum sur la souveraineté, au plus tard à
l'automne 1992, et, d'autre part, M. le Président, avec deux commissions
parlementaires, deux commissions parlementaires qui étudient donc ces
deux options.
Une commission qui étudie la souveraineté et toutes ses
questions afférentes à la souveraineté. M. le
Président, à entendre les remarques de l'Opposition, on se
demande: Mais ils ont peur de quoi? Qu'est-ce qui peut les effrayer? Qu'est-ce
qui peut soulever autant de problèmes chez eux pour qu'ils n'acceptent
pas qu'il y ait une commission parlementaire formée d'élus qui
vont faire les études nécessaires pour que les
Québécoises et les Québécois puissent avoir des
réponses à leurs questions concernant la souveraineté.
Est-ce qu'il y a un processus plus démocratique, M. le Président?
Est-ce qu'il y a un processus plus acceptable que celui d'une commission
parlementaire, donc une émanation directe de l'Assemblée
nationale et qui nous permet, comme parlementaires, de jouer notre rôle
premier, informer la population, montrer aux Québécoises et aux
Québécois les possibilités que nous avons concernant la
souveraineté.
Je le répète, M. le Président, il n'est pas
question de faire de job de bras, pour prendre l'expression de l'Opposition, il
n'est pas question de faire de job de bras à la souveraineté,
non. C'est une option qui est partagée par un nombre important de
souverainistes, de Québécois et de Québécoises, une
option qui doit être respectée. Par conséquent, il faut que
les travaux de notre commission puissent se faire avec un maximum
d'efficacité. C'est ce qu'on veut, que les commissions parlementaires
soient efficaces et que ces commissions parlementaires puissent faire
ressor-
tir les questions que nous nous posons, que nous sommes en droit de nous
poser face à la souveraineté. Ce n'est pas une question de faire
une job de bras, M. le Président. C'est une question simplement de
répondre aux questions.
Je voyais, dans différents magazines et dans les médias,
j'écoutais aux lignes ouvertes, les questions que les citoyens et les
citoyennes se posent: Ça va changer quoi dans ma vie, moi, la
souveraineté? Ça signifie quoi? Qu'est-ce que ça signifie
au point de vue économique, au point de vue politique, au point de vue
culturel aussi? Qu'on soit en mesure, simplement, de répondre à
ces questions légitimes. En tout respect pour l'option, les
études qui ont été faites au niveau de la Commission
Bélanger-Campeau, M. le Président, sont des études
intéressantes, mais non concluantes. Nous devons continuer à
apporter des réponses aux questions.
Mais, M. le Président, si, de notre côté, nous
voyons cette option de la souveraineté avec respect,
considération, comme nous devons le faire comme parlementaires, il
faudrait que l'Opposition fasse la même chose quant à l'option
d'un fédéralisme renouvelé, quant au travail de cette
deuxième commission parlementaire qui va étudier les offres qui
peuvent venir du gouvernement fédéral et des autres provinces.
C'est là, M. le Président, que le bât blesse. C'est
là que le bât blesse parce que c'est là qu'on voit
l'Opposition, toujours conforme à la position qu'ils ont prise au moment
des derniers travaux de Bélanger-Campeau pour en arriver à la
conclusion, à la recommandation. L'Opposition se refuse
catégoriquement à considérer toute possibilité de
fédéralisme renouvelé et de travailler au niveau de cette
commission parlementaire concernant les offres fédérales. M. le
Président, deux poids, deux mesures.
De notre côté, ce n'est pas notre politique. De notre
côté, nous voulons respecter la signature du premier ministre du
Québec, M. Bourassa, celle que j'ai apposée, à cette
Commission Bélanger-Campeau, au rapport, à la recommandation.
Nous voulons honorer notre signature et respecter le texte, l'esprit de
Bélanger-Campeau. Deux voies possibles. Ces deux voies, M. le
Président, ça comprend ce fédéralisme
profondément renouvelé, cette possibilité et le travail de
cette commission parlementaire. (17 heures)
M. le Président, référons-nous au rapport de la
Commission Bélanger-Campeau. La conclusion, le dernier paragraphe de
Bélanger-Campeau et je me permets, M. le Président, de le lire:
"Un constat clair, deux voies de solution tout aussi claires, dont l'une ne
peut être adoptée que si les partenaires du Québec le
veulent aussi et dont l'autre requiert d'être préparée quel
que soit le choix posé: voilà les éléments soumis
à la considération des Québécoises et des
Québécois." Est-ce que ça peut être plus clair, M.
le Président? C'est ça, la con- clusion de
Bélanger-Campeau: deux voies possibles, deux voies qui doivent
être étudiées pour que les Québécoises et les
Québécois soient bien informés, qu'ils fassent leur choix
avec l'obligation de résultat qui est dans la loi.
Cependant, M. le Président, il faut bien comprendre que
l'Opposition a voté contre ce paragraphe. Elle a voté contre les
conclusions de Bélanger-Campeau. Il y a aussi M. Lucien Bouchard, M.
Turgeon et le député de Westmount, je crois, qui a voté
avec l'Opposition contre cette conclusion de Bélanger-Campeau.
L'Opposition et trois membres, un autre membre de l'Opposition, d'un parti
indépendant, et deux membres qui ne sont pas membres de cette
Assemblée législative, mais qui étaient membres de la
Commission Bélanger-Campeau, ont refusé cette conclusion, ont
refusé le fait qu'il ait pu y avoir deux solutions possibles, et la
souveraineté et un fédéralisme profondément
renouvelé.
Et, M. le Président, c'est comme ça que nous en arrivons
à la situation que nous connaissons maintenant. C'est comme ça
que nous en arrivons à cette situation où l'Opposition va voter
contre la loi 150, parce qu'on se rend compte, finalement, M. le
Président, que ce consensus de Bélanger-Campeau était bien
artificiel, à toutes fins pratiques, en ce qui regarde l'Opposition. On
se souvient comment ça s'est déroulé. Lorsqu'on est
arrivés à la conclusion, au dernier paragraphe, il y a eu
consternation, parce que l'Opposition s'est aperçue que des membres de
la Commission Bélanger-Campeau, qui ne sont pas membres de cette
Assemblée, leur ont fait part directement du fait qu'eux, ils
acceptaient cette conclusion des deux voies possibles. Les représentants
syndicaux, M. Nicolet, M. Béland leur ont dit: Nous, nous acceptons, en
toute honnêteté, après tous ces mois de travail,
d'auditions, de consultations, nous croyons que c'est ça, la situation,
qu'il y a deux voies possibles: un fédéralisme
profondément renouvelé ou la souveraineté, et nous
l'acceptons, qu'ils nous ont dit. Ils vous ont dit ça. Vous avez
été coincés, vous vous êtes retirés, il y a
eu le vote et vous avez voté contre.
Et là vous êtes dans la même situation, parce que,
ensuite, il y a eu la recommandation. Après la conclusion, on a
présenté la recommandation de Bélanger-Campeau,
recommandation avec ces deux voies aussi, mais sous une forme un peu
différente. Et, là, même ceux qui vont ont appuyés,
tous ceux qui vous ont appuyés dans votre opposition à la
conclusion vous ont signifié que, cette fois-là, pour la
recommandation, ils ne vous suivraient pas. Et vous avez donc, après
consultation, appuyé la recommandation.
Mais, M. le Président, c'est là le problème. Ne
cherchons pas plus longtemps. On a devant nous une Opposition qui a
refusé la conclusion de Bélanger-Campeau, qui a accepté
une recommandation parce que coincée, prise complètement
au pied du mur. Elle n'avait pas d'autre choix. Et là, elle est
coincée avec le projet de loi 150 et n'a pas d'autre choix que de
s'opposer.
M. le Président, c'est logique comme position, ça se
comprend. Mais, devant les Québécoises et les
Québécois, ça ne se comprendra pas que vous reniiez votre
signature que vous avez apposée au bas de ce rapport
Bélan-ger-Campeau. Il y a déjà quelqu'un, un personnage
qui a refusé d'honorer sa signature, il y a à peu près un
an, jour pour jour. Vous allez refaire ça? C'est ce qu'ils vont faire
pour justifier ce refus.
Coincés comme ils le sont, ils évoquent toutes sortes de
possibilités hypothétiques, farfelues, disant, par exemple: Ah!
mais qu'est-ce que ça signifie, des offres liant formellement le
gouvernement fédéral et les autres provinces? Et là, ils y
vont de leurs critiques. M. le Président, on leur a expliqué, et
c'est facile de comprendre qu'il faut qu'on situe ce mot
"formellement1' dans le contexte constitutionnel et que, même
si on disait que ça signifie des résolutions votées par
les Assemblées législatives, ça ne donnerait pas plus de
sécurité. Parce qu'on sait très bien que Terre-Neuve, l'an
dernier, il y a un an, presque jour pour jour, son premier ministre ne
respectait pas sa signature, mais quelques mois auparavant, l'Assemblée
législative de Terre-Neuve revenait sur sa décision par une autre
résolution pour annuler la précédente résolution
qui acceptait Meech.
Ce que nous disons, c'est que ce sera à la commission
parlementaire de l'apprécier, ce sens formel, ce lien formel, que ce ne
soient pas des engagements farfelus, des engagements politiques. Et là,
M. le Président, quand on fait cette réponse à
l'Opposition, indignation! Le député de Lac-Saint-Jean, la
députée de Hochelaga-Maison-neuve nous disent: C'est
épouvantable, c'est effrayant. Mais qui va venir nous faire des
leçons de démocratie, du côté de l'Opposition? La
députée de Hochelaga-Maisonneuve? Le député de
Lac-Saint-Jean? Qu'ils se souviennent du livre bleu!
Je lis un passage du livre bleu. C'était au temps du beau risque.
Je lis un passage, l'introduction de ce livre bleu: "La situation actuelle
n'est saine ni pour le Canada, ni pour le Québec. Une
fédération ne peut, en effet, fonctionner adéquatement
pour les citoyens sans la participation active d'un de ses partenaires majeurs,
tout comme le Québec ne peut se contenter à jamais du statut
diminué qui lui a été imposé. Il faut donc
rechercher l'occasion de corriger des choses."
Je continue, M. le Président. "Cette occasion, nous croyons
qu'elle nous est fournie par l'avènement, en septembre dernier, d'un
nouveau gouvernement à Ottawa. En effet, au cours de la campagne
électorale, le nouveau premier ministre du Canada avait non seulement
reconnu l'existence du problème, mais s'était solennellement
engagé à le résoudre." "Au cours de la campagne
électorale", c'est ça qu'était l'engagement formel pour
l'Opposition, au mois de mai 1985, un simple discours électoral fait par
celui qui est devenu ensuite premier ministre du Canada. C'est comme ça
que vous avez changé votre option, que vous êtes passés de
souverainistes au beau risque. Ensuite, suivront les affirmationnistes.
Ensuite, est revenu le souverainiste. Des girouettes constitutionnelles, M. le
Président! Exactement, M. le Président, regardez. (17 h 10)
Alors, quand on parle de formellement, "liant formellement les provinces
et le gouvernement fédéral", M. le Président, je peux vous
assurer une chose et je veux assurer à cette Chambre qu'on ne se
référera pas à des discours électoraux. Il n'en est
pas question. On va l'apprécier dans son sens constitutionnel, par une
commission parlementaire qui sera formée et qui, aux yeux de la
population, des Québécois et des Québécoises,
étudiera ces offres, leur mérite, et pourra faire
témoigner des experts. Ça ne se passera pas à huis clos,
M. le Président. Ça ne se passera pas en catimini, en cachette,
comme on a fait de la question du référendum en 1980. Ça
va se faire ouvertement.
Le député de Lac-Saint-Jean parle de Meech. Meech, M. le
Président, il y a eu plus d'heures de discussions sur Meech en
commission parlementaire qu'il n'y en a eu sur la question qui a
été posée aux Québécois et aux
Québécoises en 1980. Faites les décomptes, vous reviendrez
me voir. Faites vos comptes et venez me voir. Plus d'heures de discussions en
commission parlementaire. À ce moment-là, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve était peut-être
moins présente parce que le chef de l'Opposition, à ce
moment-là, n'était peut-être pas aussi près d'elle,
je le comprends. Mais qu'elle fasse le décompte, elle verra, M. le
Président. Meech a été fait avec toute la
démocratie que nous voulons suivre à tous les niveaux. M. le
Président, quand vous aurez des commissions parlementaires comme celles
qui seront créées ici avec cette loi 150, vous aurez des
commissions parlementaires en fonction de notre tradition parlementaire qui est
d'ouverture, de transparence; on pourra suivre nos débats, on pourra
s'exprimer librement, on pourra entendre des experts, des témoins et on
en arrivera à des conclusions.
M. le Président, y a-t-il un processus plus démocratique?
Est-ce qu'on a peur de cette démocratie, M. le Président, du
côté de l'Opposition? Mais j'essaie simplement de comprendre, M.
le Président. Pourquoi cette opposition à ce projet de loi 150?
Comme je le mentionnais tout à l'heure, M. le Président, on voit
toutes sortes de Bonhommes Sept Heures un peu partout. Le dernier qu'on aurait
trouvé, c'est concernant la fin des travaux de ces commissions
parlementaires. Je l'ai mentionné lorsque nous avons
étudié cette question article par article, j'ai
mentionné pourquoi c'est le premier ministre qui a l'initiative de
mettre fin aux travaux parlementaires. M. le Président, ce n'est pas le
premier ministre qui met fin aux travaux parlementaires de ces commissions. Le
premier ministre en a l'initiative et c'est cette Chambre qui étudie
cette motion, qui en débat et qui en arrive à sa conclusion.
Pourquoi avons-nous choisi que ce soit le premier ministre qui ait cette
initiative? Tout simplement, M. le Président, parce que nous voulons que
ces commissions parlementaires soient stables, qu'elles puissent faire leur
travail. Si on avait laissé la possibilité à des membres
ici, peu importent le membre et les partis politiques, de se lever et de faire
une motion pour dire: C'est terminé, les travaux de cette commission
parlementaire, on aurait pu se retrouver dans une situation
d'instabilité pour ces commissions parlementaires. M. le
Président, c'était inacceptable pour nous et nous avons donc
donné l'initiative au premier ministre de pouvoir mettre fin à
ces travaux par l'Assemblée nationale qui décide.
M. le Président, j'ai expliqué qu'en fonction de l'article
3, qui donne mandat à la commission sur la souveraineté
d'étudier les questions afférentes à la
souveraineté, c'est un premier volet à cette commission
parlementaire. Il y a aussi l'autre volet dont on ne parle pas beaucoup mais
qui existe, et c'est celui concernant l'hypothèse - c'est le mot qu'on
utilise dans l'article 3 - d'offres de partenariat économique qui
viendraient du Canada. M. le Président, ce que j'ai dit en commission
parlementaire, article par article, j'ai dit que, oui, à ce
moment-là, peut-être bien que la commission parlementaire sur la
souveraineté pourrait continuer à étudier s'il nous
arrivait des offres de partenariat économique de la part d'Ottawa, qu'on
pourrait les étudier. Mais en ce qui regarde, M. le Président,
les travaux de la commission parlementaire sur les offres, j'ai dit que
c'était hypothétique et je dis que c'est farfelu, parce que, M.
le Président, dans la mesure où les Québécoises et
les Québécois vont se prononcer sur la souveraineté par
voie de référendum, il n'y a pas possibilité de revenir
sur une telle décision du peuple sans un autre référendum.
Il n'y a pas d'autre moyen possible et, jamais on ne pourrait même
penser, démocratiquement, M. le Président, jamais on ne penserait
avoir en tête de déformer cette volonté du peuple par un
moyen quelconque. Jamais! Il n'en est pas question. J'ai dit que c'était
hypothétique. J'ai dit que c'est farfelu et je dis, M. le
Président, que ces Bonhommes Sept Heures faits par l'Opposition arrivent
à mettre de la confusion dans 150, alors qu'il s'agit d'un projet clair,
direct, sans ambiguïté. C'est là en fonction d'une
obligation de résultat, c'est la politique du gouvernement du
Québec, la loi 150, c'est directement le rapport
Bélanger-Campeau, dans son esprit, dans sa lettre. Personne, personne
d'autre que l'Opposition ne peut prétendre que ce n'est pas la
conclusion de Bélanger-Campeau.
M. le Président, en votant contre la loi 150, l'Opposition renie
la signature qu'elle a apposée au bas du rapport
Bélanger-Campeau. Vous répétez des gestes qui ne sont pas
les gestes les plus éloquents qui aient été posés
dans l'histoire constitutionnelle de ce pays, M. le Président, et,
malheureusement, je ne vois pas de possibilité que l'Opposition puisse
en arriver à une autre conclusion. De ce côté-ci, M. le
Président, j'ai toujours dit, et je le redis, que le gouvernement est
là pour gouverner. Je l'ai dit au moment où nous avons
discuté de ces différents points à
Bélanger-Campeau. J'ai pris les mesures nécessaires pour exprimer
très clairement à ce moment-là aux membres de
l'Opposition, comme aux autres membres de Bélanger-Campeau, quelle
était la position du gouvernement, qu'il n'y aurait pas de cachette.
Souvenez-vous de nos discussions ici, dans le salon rouge. Souvenez-vous aussi
des discussions à Maizerets. Transparence. Discours direct.
Montrez-nous... Je vous mets au défi de nous montrer que cette loi 150
va à rencontre de Bélanger-Campeau, dans sa conclusion et dans sa
recommandation. Montrez-les-nous. Montrez-nous du doigt... N'essayez pas de
faire des scénarios farfelus. Montrez-nous du doigt que ce projet de
loi, M. le Président, va à rencontre de Bélanger-Campeau
et de sa conclusion.
Au contraire, M. le Président, vous avez là,
exprimé directement, clairement ce qui a été
décidé par des commissaires qui ont fait un travail remarquable -
auxquels je veux encore rendre hommage - et qui en sont arrivés à
une conclusion. Il y a deux voies possibles, M. le Président. De notre
côté à nous, ce que nous disons, par respect pour les
Québécoises et les Québécois, par respect pour ceux
qui ont fait ce travail à la Commission Bélanger-Campeau, nous
voulons respecter intégralement ce qui a été
décidé. Ces deux voies, par les deux commissions parlementaires,
seront étudiées avec un maximum d'objectivité et
d'efficacité pour l'obligation de résultats que nous voulons, et
c'est clairement établi dans le projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
la Justice. Nous en sommes toujours à la prise en considération
du rapport de la commission des institutions sur le projet de loi 150, Loi sur
le processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel
du Québec, ainsi que des amendements transmis en vertu de l'article 252
par le député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de l'Opposition
officielle, des amendements qui ont été déclarés
recevables. M. le député de Lac-Saint-Jean et whip de
l'Opposition officielle.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, l'étude
détaillée du projet de loi 150 a été, je dois le
confesser, un exercice extraordinairement utile, très précieux et
même, en un certain sens, fructueux parce que ça nous a permis
d'apprendre bien des choses, en dialoguant, en échangeant et en
questionnant le ministre sur les divers articles du projet de loi. Je peux vous
dire que ça n'a eu pour effet que de renforcer nos appréhensions
et de confirmer nos doutes à l'égard des intentions
réelles du gouvernement libéral. (17 h 20)
Ces intentions, d'ailleurs, se sont précisées au fil des
échanges avec le ministre en commission parlementaire. Tout compte fait,
le ministre a beau tenter ou s'efforcer de jouer à l'indigné ou
à la vierge offensée parce que l'Opposition officielle a
voté contre le projet de loi 150, je peux vous dire que l'exercice de la
commission parlementaire a eu pour effet de consolider notre
détermination à voter contre ce projet de loi 150 à toutes
les étapes parce que c'est maintenant une chose, quant à nous,
confirmée, claire, limpide, le projet de loi 150 dénature,
altère de façon substantielle le sens et l'esprit de la
recommandation de Bélanger-Campeau. Je dirais même que c'est une
véritable trahison de la recommandation de Bélanger-Campeau.
On apprend donc beaucoup de choses. Je voudrais vous en indiquer
quelques-unes. D'abord, on a appris une chose tout à fait bizarre,
étrange, insolite, c'est presque une extravagance, M. le
Président, qui nous est apparue au moment de l'étude
détaillée en commission. C'est la suivante: imaginez-vous qu'on
ne sait pas si le gouvernement est déterminé à gagner le
référendum sur la souveraineté prévu à
l'article 1 et imaginez-vous qu'on ne sait pas dans quel camp il va être
si le référendum sur la souveraineté a lieu. C'est fort,
hein? C'est renversant! Parce que, vendredi dernier, moi et mes
collègues, en commission parlementaire, on mettait en doute la
volonté réelle du gouvernement de tenir le
référendum sur la souveraineté prévu à
l'article 1. Alors, le ministre nous a répondu le coeur sur la main,
vexé un peu de notre attitude, qu'il suffisait de lire l'article 1 qui
était très clair, l'article 1 qui prévoit un
référendum sur la souveraineté en 1992.
Alors, finalement, on l'a pris au mot. On lui a dit: Bon, très
bien, prenons pour acquis qu'il a lieu, le référendum sur la
souveraineté. J'ai deux petites questions à vous poser:
Voulez-vous le gagner? Ça m'apparaît banal et simpliste comme
question. Il a lieu, le référendum sur la souveraineté.
Voulez-vous le gagner? Pas de réponse. On a été pas mal
estomaqués. Il ne sait pas s'il va le gagner ou s'il veut le gagner. On
a poursuivi notre questionnement. Alors, on a dit: II a lieu, on vous prend au
mot, il a lieu, le référendum sur la souveraineté. Prenons
ça pour acquis. Dans quel camp vous vous situez? Est-ce que vous votez
oui ou est-ce que vous votez non? Ça, ça me semble une question
légitime et élémentaire. Il y a un
référendum sur la souveraineté dans un projet de loi que
vous proposez, le référendum se tient, où vous
situez-vous, comment vous votez? On ne l'a pas su.
C'est quand même extraordinaire. Il ne sait pas comment il va
voter dans un référendum sur la souveraineté initié
par son gouvernement, nous dit-il, sur la base d'un projet de loi
présenté par son gouvernement. Bien là, vraiment,
écoutez, moi, j'ai pu lui dire très facilement, mes
collègues aussi, on n'a pas demandé une suspension des travaux de
la commission pour lui dire que nous, s'il tenait un référendum,
on voterait oui, sans équivoque. Mais lui, on a eu beau l'interroger et
lui demander comment il allait voter, on ne l'a jamais su. C'est fort,
ça! C'est pas mal fort, hein? C'est le gouvernement qui tient un
référendum sur la souveraineté et il n'est pas capable de
nous dire comment il va voter. Bien là, écoutez, vous comprendrez
qu'en partant comme ça une étude détaillée d'un
projet de loi, voilà un élément qui vient confirmer nos
inquiétudes et nos appréhensions. Comment voulez-vous qu'on
prenne au sérieux ce gouvernement-là? Comment voulez-vous qu'on
le croie? Comment voulez-vous qu'on lui fasse confiance? Il n'est même
pas capable de nous donner cette réponse élémentaire qu'il
va voter oui à l'occasion du référendum sur la
souveraineté. C'est la première chose qu'on a apprise, qui
confirme nos doutes et nos appréhensions et qui confirme le jugement
qu'on a porté sur ce projet de loi qui est une véritable
imposture.
Deuxième chose qu'on a apprise: même si on l'a
interrogé longuement là-dessus, le gouvernement a
été incapable de nous indiquer les conditions posées par
son gouvernement pour mesurer le caractère acceptable d'offres de
renouvellement du fédéralisme qui pourraient survenir. Le rapport
Allaire, ça pourrait être une grille d'évaluation, sauf que
ce n'est pas une position de gouvernement, et ça, il nous l'a
confirmé aussi. Le rapport Allaire n'est pas une position de
gouvernement, c'est la position du Parti libéral seulement. Et pour le
ministre comme pour le gouvernement, c'est tout au plus une base de discussion,
une simple référence.
Sur le partage des compétences, le gouvernement nous indique que
c'est le coeur de la révision constitutionnelle. C'est au centre d'un
projet de renouvellement du fédéralisme, donc d'offres pouvant
survenir en ce sens. Eh bien, sur le partage des compétences, on a
été incapable de faire préciser au ministre les conditions
de base à ce chapitre. Incapable. Comment les offres arrivant d'Ottawa
seront-elles évaluées? Comment jugera-t-on de leur
caractère acceptable? Quels critères va-t-on utiliser pour
mesurer le caractère acceptable de ces offres?
Quelle grille d'évaluation va-t-on utiliser? Mystère.
Aucune réponse. Le gouvernement n'en a pas. Il n'a pas de conditions de
base. Il n'a pas de critères pour juger du caractère acceptable
des offres.
C'est assez étonnant puis étrange et un peu
contradictoire: le gouvernement est tellement soucieux et exigeant quant
à la nécessité d'informer la population sur les impacts de
la souveraineté. Ça, il revient constamment là-dessus:
Pour permettre un choix éclairé de la population, il faut
évaluer, mesurer avec précision les impacts de la
souveraineté, les conséquences de la souveraineté.
Ça, il est intarissable là-dessus. Mais sur les offres de
renouvellement du fédéralisme, comment va-t-on les juger, les
mesurer puis les évaluer? Ça, c'est le mystère. Ça
ne semble pas important d'informer la population là-dessus.
Le gouvernement conserve là-dessus sa marge de manoeuvre totale.
On sait pourquoi. On a su pourquoi aussi. Et ça aussi, ça
confirme notre appréhension, parce que le gouvernement est prêt
à sauter sur les offres les plus modestes qui soient. C'est ça,
la réalité, et c'est pour ça qu'il se refuse à
prendre le rapport Allaire comme grille d'évaluation parce que le
rapport Allaire, c'est un projet de fédéralisme tellement
décentralisé, ça laisse le gouvernement
fédéral minuscule, lilliputien, un gouvernement lilliputien
à Ottawa. Le rapport Allaire, c'est une très forte
décentralisation, alors, il se refuse à prendre ça parce
qu'il sait que les offres qui vont survenir, ce seront des offres modestes,
minimales, pour ne pas dire insignifiantes.
Alors, le gouvernement fédéral n'a pas besoin de se
forcer. Ils n'ont qu'à faire... Je vais vous le dire, ce qu'ils ont
à faire. Le gouvernement fédéral, il n'a qu'à faire
un peu de chirurgie esthétique à Meech, ce qu'on appelle un
"lifting" - excusez l'expression. Il a juste à faire un "lifting"
à Meech, le modifier un petit peu, un nouveau maquillage, un nouveau
"look" à Meech et puis il les offre, et le gouvernement libéral
va sauter dessus à pleine main, va saisir les offres en
trépignant de joie, va les trouver extraordinaires.
C'est ça qui va arriver et c'est pour ça que le
gouvernement se refuse à nous indiquer les conditions permettant de
juger du caractère acceptable des offres. C'est pour ça qu'ils
n'en ont pas de conditions parce qu'ils savent que les offres qui vont venir
seront des offres étonnamment modestes, une reprise de Meech, en y
ajoutant quelques colifichets, et ils vont s'empresser de les accepter et de
les trouver considérables, parce que Meech ce n'est rien. (17 h 30)
Là on le sait. On le savait, nous, on l'a dit je ne sais combien
de fois, pendant combien de mois, sinon d'années, que Meech, ce
n'était rien. On ne nous croyait pas dans tous les milieux. Mais
là, M. Peterson, l'ancien premier ministre de l'Ontario, vient de nous
le confirmer, de façon très éloquente. On peut dire que
lui, il est maintenant complètement libéré, si l'on veut,
de toute responsabilité, il peut dire ce qu'il pense. Il l'a dit dans
une entrevue au Toronto Star, "Meech was peanuts". Meech,
c'étaient des "peanuts", ce n'était rien Meech, en disant au
Canada anglais: Vous auriez dû accepter ça, ce n'était
rien.
Le gouvernement fédéral ce qu'il va faire, c'est qu'il va
présenter des offres à peu près semblables à Meech.
C'est pour ça qu'on a peur. Le ministre s'étonne, il s'interroge,
puis il se demande pourquoi on a peur. Bien, c'est pour ça qu'on a peur,
parce qu'on connaît la solidité de la colonne vertébrale de
ce gouvernement-là. Elle est plutôt souple, plutôt
souple.
Partant de là, on sait qu'ils vont être prêts
à accepter des offres on ne peut plus modestes, pour ne pas dire
insignifiantes, reprenant pour l'essentiel les petites conditions de Meech,
qu'ils vont sauter dessus et qu'ils vont accepter ça. Alors, de
là notre crainte, nous l'admettons volontiers. Nous avons peur. Nous
craignons que le gouvernement ne se comporte de cette
façon-là.
Troisièmement, on a appris une autre leçon
également en commission parlementaire. On a appris que le gouvernement
refusait de spécifier le sens exact de l'expression "liant
formellement", et qu'il s'en remet à la commission pour définir
cette expression. Il s'en lave les mains. Ça, c'est aussi fort que la
première remarque que j'ai faite. C'est aussi fort ça,
c'est-à-dire le fait qu'il n'est pas capable de nous dire s'il va voter
oui ou non à un référendum sur la souveraineté,
c'est quasiment aussi fort. Lui, de sa profession, écoutez bien
là, c'est un constitutionnaliste et un juriste. Un constitutionnaliste,
c'est quelqu'un dont la profession consiste à étudier puis
à examiner les problèmes constitutionnels. C'était
ça son métier. Il enseignait ça à
l'université. Un constitutionnaliste - imaginez-vous puis rendez-vous
compte - qui n'est pas capable de nous dire ce que ça veut dire "liant
formellement le fédéral et les provinces". Il ne le sait pas.
C'est fort ça. C'est très fort, hein? alors qu'il suffit d'un peu
de franchise et de sens commun, les deux associés ensemble là,
à doses infinitésimales, ça n'en prend pas beaucoup
là, juste un petit peu. juste un petit peu de franchise, puis juste un
petit peu de sens commun pour comprendre et pour conclure que l'expression
"liant formellement le fédéral et les provinces", ça fait
évidemment référence à la formule d'amendement
incluse dans la constitution. évidemment, c'est ça, le lien
formel. c'est la logique même. la commission n'a pas à
siéger bien longtemps pour arriver à cette conclusion-là.
puis le ministre, qui est un constitutionnaliste, aurait pu nous le dire
dès la première question qu'on lui a posée. c'est
ça que ça signifie.
Mais le ministre nous dit des énormités comme les
suivantes. Tout le monde a compris, dit-il, que "formellement" veut dire une
chose, veut dire engagé et que cet engagement-là devrait
être situé en fonction du contexte dans lequel nous serons
lorsqu'on aura à l'étudier. Il n'y a aucun critère
objectif. Écoutez bien là, un professeur de droit constitutionnel
qui vient nous dire qu'il n'y a aucun critère objectif quant au lien
formel impliquant le gouvernement fédéral et les provinces, qu'il
n'y a pas de critère objectif, il faut le faire, hein! Il faudrait qu'il
relise ses deux gros bouquins sur la Constitution, ça lui
rafraîchirait la mémoire.
M. le Président, il n'y a aucun critère objectif en
fonction du droit constitutionnel et en fonction de la science politique
actuellement au Canada, au Québec, qui peut nous amener à avoir
des critères qui vont nous dire qu'une fois pour toutes, "formel"
ça signifie ça.
M. le Président, dit-il, ça n'a pas de bon sens qu'on en
arrive à vouloir établir ces critères formels si ce n'est
pour une raison, et c'est la peur de voir arriver des offres. La peur de voir
arriver des offres, c'est la seule raison qui motive l'Opposition à
poser ces questions-là. Ce n'est pas la peur de voir arriver les offres,
c'est la peur de voir leur gouvernement sauter dessus, même si elles sont
insignifiantes. C'est plutôt ça.
Mais vous voyez, quel esprit tordu! Un professeur de droit
constitutionnel qui prétend qu'il n'y a pas de critères objectifs
pour déterminer le lien formel entre les provinces et le gouvernement
fédéral, alors que c'est élémentaire, c'est dans la
Constitution, la formule d'amendement, pour la plupart des modifications
à la Constitution et c'est ça qu'ils veulent. Ils veulent un
projet de révision du fédéralisme.
Le projet de révision du fédéralisme, il faut
changer la Constitution, il faut la modifier. Pour la modifier, il faut
respecter une formule d'amendement. La formule d'amendement dit que, dans la
plupart des cas, il faut sept résolutions adoptées par sept
Législatures des provinces, plus une résolution adoptée
par le Parlement, soit le Sénat et la Chambre des communes. C'est
ça qu'elle dit. Ce n'est pas subjectif, ça, là. C'est
objectif, la formule d'amendement. C'est objectif. Et dans certains cas
même, ça prend l'unanimité des dix Législatures plus
le Parlement fédéral. Il n'y a rien de subjectif
là-dedans.
J'ai dit en commission, je le répète en Chambre: On ne
peut pas faire comme le ministre et le premier ministre puis ce
gouvernement-là, adhérer au système fédéral,
croire et être convaincu que le système fédéral,
c'est le meilleur système au monde, faire preuve de conviction
fédéraliste et en même temps mettre de côté et
envoyer sous le tapis les règles du jeu de ce système-là.
On ne peut pas faire ça. Ce n'est pas possible. On adhère au
système, on adhère en même temps aux règles du jeu.
Même si ça ne nous plaît pas, il faut adhérer aux
règles du jeu. Et l'une des règles du jeu de base du
fédéralisme, c'est la formule d'amendement prévue, si on
veut, modifiée ou révisée, ou renouvelée.
Écoutez, on ne peut pas échapper à ça. Le
ministre préfère patiner, tergiverser, taponner et dire des
énormités qui ne lui font pas honneur, en tant que professeur de
droit constitutionnel et que constitutionnaliste. Ça ne lui fait pas
honneur. Relisons ses réponses en commission et j'avoue que j'ai presque
envie d'envoyer ça à ses collègues constitutionnalistes.
Je ne suis pas sûr qu'ils auraient le même degré de respect
à l'égard du ministre après ça. Vraiment un manque
de rigueur. Manque de rigueur.
Quatrièmement, la commission portant sur les offres - on le
savait, M. le premier ministre nous l'avait dit, lors de sa rencontre avec le
premier ministre ontarien, M. Rae - on savait que maintenant, le mandat de
cette commission serait élargi, que son rôle passerait de passif
à actif. En vertu de la recommandation Bélanger-Campeau, la
commission sur les offres se place en attente, évalue et analyse des
offres si elles viennent. Là, ce n'est plus ça du tout. Le
premier ministre a dit: La commission pourra participer au processus de
négociation, entrer en discussion et en pourparlers avec les autres
commissions de même nature, à travers le Canada et celle du
fédéral qui va voir le jour bientôt.
Donc, la commission sur les offres devient un outil de
négociation. Le gouvernement a mis au rancart la négociation
à onze, il a rejeté l'idée d'une constituante, mais
là, il utilise la commission sur les offres, outrepassant le mandat que
lui confiait la commission Bélanger-Campeau. Il utilise cette commission
comme outil de négociation dans un processus de révision du
régime fédéral. Eh bien, c'est évident qu'on ne
peut pas, nous, accepter ça. Parce que ça ne correspond d'aucune
façon à la recommandation de Bélanger-Campeau, qui faisait
de cette commission une commission dont le rôle était un
rôle passif, qui attendait les offres et qui les examinait, s'il y a des
offres qui survenaient. (17 h 40)
Cinquièmement, les amendements que j'ai de nouveau
proposés à l'étape de la prise en considération du
rapport. Je serai bref là-dessus, M. le Président, mais je vous
signale que notre intention en présentant la plupart de ces amendements,
c'était de faire en sorte que ces deux commissions créées
par le projet de loi 150 soient davantage respectueuses des principes et des
fondements de notre système parlementaire et de notre règlement,
du règlement qui nous régit, règlement dont les objectifs
centraux sont, d'une part, une plus grande autonomie du pouvoir
législatif et, d'autre part, une participation active de l'Opposition au
processus décisionnel de l'Assemblée nationale.
C'est pour cela que nous avons proposé
qu'il y ait non seulement un président, mais un
vice-président pour chacune des commissions et que ce président
et ce vice-président soient élus par les membres de la commission
selon le principe de la double majorité, tel que prévu dans nos
règles pour les commissions parlementaires permanentes;
deuxièmement, qu'une des commissions soit présidée par un
ministériel et que l'autre soit présidée par un
député de l'Opposition, comme c'est le cas pour les commissions
parlementaires permanentes: il y en a cinq qui sont présidées par
des ministériels et trois par des députés de l'Opposition;
également, on souhaitait la mise en place d'un comité directeur,
regroupant le président, le vice-président, le secrétaire,
qui aurait pour tâche de préparer les travaux, d'organiser les
travaux de la commission.
Tous ces amendements-là ont été refusés
presque sans examen par le gouvernement, les ministériels et, donc, les
commissions demeurent ce qu'elles étaient au départ, ce que nous
avons toujours condamné, c'est-à-dire des créatures
téléguidées du bunker, de simples outils entre les mains
du premier ministre, donc du pouvoir exécutif. Et c'est évident
que, quant à nous, le rejet de nos amendements fait en sorte que l'on
viole l'esprit même, les fondements mêmes de notre régime
parlementaire. enfin, m. le président, une remarque concernant les
accusations du ministre voulant que nous, de l'opposition, nous trahissions
l'esprit de bélanger-campeau. or, j'affirme que c'est le contraire.
j'affirme, m. le président, que c'est le gouvernement qui trahit
l'esprit de la recommandation de bélanger-campeau. je l'ai
signalé cet après-midi en période de questions en
interrogeant le premier ministre. la recommandation de bélanger-campeau,
je le répète pour je ne sais combien de fois, porte sur un seul
référendum, pas deux ni trois, un seul, dont le seul objet est la
souveraineté, un référendum sur la souveraineté.
c'est ça la recommandation de bélanger-campeau. nulle part il
n'est question dans la recommandation de bélanger-campeau de
référendum sur des offres de révision du régime
fédéral. nulle part. j'ai mis au défi le premier ministre,
je mets au défi le ministre de me trouver ça dans tout le
rapport, un référendum sur des offres. le seul
référendum dont il est question là-dedans, c'est un
référendum sur la souveraineté.
Or, pourquoi parle-t-on de l'autre côté de
référendum possible sur des offres de révision du
régime fédéral en prétendant que ça respecte
l'esprit de la recommandation de Bélanger-Campeau? C'est faux. Ce n'est
pas vrai. Ils peuvent bien enclencher un processus de révision du
régime fédéral, c'est leur affaire comme gouvernement, ils
sont au gouvernement. C'est leur affaire. Mais qu'ils n'essaient pas de
prétendre que c'est en vertu d'une recommandation de la Commission
Bélanger-Campeau. Ce n'est pas vrai. Et j'écoutais le ministre
tantôt qui disait que l'Opposition faisait des scénarios farfelus,
inventait des scénarios farfelus. Bien, le scénario d'un
référendum sur les offres, là, ce n'est pas nous qui
l'inventons, c'est le premier ministre lui-même dans son entrevue hier
à Radio-Canada. Alors, si c'est un scénario farfelu, il faudrait
que le ministre s'adresse au premier ministre. C'est lui qui l'a
inventé, le scénario. C'est le premier ministre qui, d'ailleurs
ce n'est pas la première fois - et le ministre, à plusieurs
reprises aussi - l'a maintes fois évoqué, que s'il y avait des
offres que le gouvernement jugerait acceptables - on ne sait pas comment, de
quelle façon, en vertu de quels critères - il se pourrait bien
qu'on fasse un référendum sur ces offres. Le premier ministre a
été aussi très clair, hier, là-dessus. Alors, si
c'est un scénario - sans doute que c'est un scénario - ce n'est
pas nous qui l'avons inventé ou conçu, c'est le gouvernement
lui-même. Et ce scénario-là, il est contraire à la
recommandation de Bélanger-Campeau. C'est une trahison par rapport
à l'esprit et à la lettre de la recommandation de
Bélanger-Campeau qui ne porte que sur un seul référendum,
un seul, celui sur la souveraineté.
Alors, M. le Président, quand on parle de reniement de signature,
moi, je vous avoue que je dors tranquille, la conscience en paix et qu'en
votant contre le projet de loi 150 je n'ai pas du tout le sentiment d'avoir
renié ma signature. Bien au contraire, je prétends plutôt
que c'est le gouvernement qui a renié sa signature et qui a
violé, foulé aux pieds et trahi véritablement la
recommandation de Bélanger-Campeau. C'est pour cette raison qu'à
cette étape-ci, encore une fois, compte tenu que tous nos amendements,
en commission, ont été rejetés, nous allons voter contre
à l'étape de la prise en considération. Je vous annonce,
en plus, qu'à l'étape de la troisième lecture, on va voter
contre aussi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. M. le député de Marquette, sur la prise en
considération du rapport du projet de loi... Ah! excusez-moi. Alors,
vous avez la permission d'intervenir, de faire une intervention d'un maximum de
cinq minutes après chaque intervention, M. le ministre de la
Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, ça ne prendra
pas plus que cinq minutes. Ce que je retiens de l'intervention du
député de Lac-Saint-Jean, c'est qu'il a peur. Il a peur, qu'il
nous dit. Peureux! Il dit qu'il n'a pas confiance, qu'il a peur. M. le
Président, il a peur de quoi? Lorsqu'il nous parle de trahison, qu'on
trahit Bélanger-Campeau, il ne parle pas de la conclusion de
Bélanger-Campeau. Parce que si on regarde attentivement, et ce serait
intéressant de rele-
ver, dans la transcription, tout ce que vient de dire le
député de Lac-Saint-Jean, vous verriez que nulle part il ne parle
de la conclusion de Bélanger-Campeau. Elle est où, la trahison,
M. le Président? Elle est où, la trahison? Bon Dieu! au moins,
qu'il ait la franchise de le dire! Elle est où, la trahison? Vous
n'acceptez pas la conclusion de Bélanger-Campeau, dites-le donc
franchement, bon Dieu! Dites-le donc franchement! Vous avez le droit...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le ministre, veuillez vous adresser à la présidence. S'il vous
plaît!
M. Rémillard: Je m'en excuse, M. le Président. M.
le Président, simplement, ce que je voulais dire, c'est: Pourquoi ne pas
expliquer, par ce débat que nous avons, ce qui vraiment nous
sépare? Et ce qui nous sépare paraît d'autant plus
évident que nous venons d'entendre le député de
Lac-Saint-Jean. C'est très clair que, de ce côté-ci de la
Chambre, du côté du gouvernement, nous respectons
Bélanger-Campeau intégralement, dans sa conclusion, dans sa
recommandation, dans son esprit, dans tous les travaux qui ont
été faits, alors que, de l'autre côté, on refuse la
conclusion de Bélanger-Campeau.
Par conséquent, où ça les amène-t-il? C'est
très clair, et je dois rendre hommage au député de
Lac-Saint-Jean pour sa logique - il ne manque pas de logique, d'ailleurs, et
c'est une bonne chose. Sa logique est très claire: Nous n'acceptons pas
la conclusion de Bélanger-Campeau en fonction, donc, de ces deux voies
possibles - je les ai citées tout à l'heure - par
conséquent, nous sommes contre la loi 150. C'est un syllogisme, c'est
logique: Nous n'acceptons pas la conclusion de Bélanger-Campeau, la
conclusion de Bélanger-Campeau, c'est deux voies possibles, donc, nous
sommes contre les deux voies possibles. C'est clair, M. le Président,
ça ne peut pas être plus clair.
Pourquoi ne pas l'expliquer clairement, comme ça, à la
population? Pourquoi ne pas dire à tout le monde, comme ça: Nous
sommes contre le projet 150 parce que nous sommes contre la conclusion de
Bélanger-Campeau? Expliquez donc ça comme ça au monde, il
va comprendre. Ils vont comprendre pourquoi vous êtes contre la loi 150
et pourquoi vous allez renier votre signature dans 150: parce que vous ne
voulez pas admettre que vous êtes contre la conclusion, vous ne voulez
pas admettre qu'il y a deux possibilités, qu'il y a deux voies
possibles. Vous ne voulez pas admettre qu'il y a deux commissions
parlementaires qui vont pouvoir faire un travail, informer adéquatement
les Québécoises et les Québécois de ces deux voies.
(17 h 50)
M. le Président, pendant plus de six mois, des commissaires de
Bélanger-Campeau se sont promenés partout au Québec. On a
entendu, on a été à l'écoute, on écoutait,
on voulait savoir ce que les Québécoises et les
Québécois pensaient, comment ils réagissaient. On est
allés dans le pays, le beau pays du Lac-Saint-Jean du
député de Lac-Saint-Jean - il devrait se souvenir de ce qu'on a
entendu chez lui - on est allé dans toutes les régions du
Québec, M. le Président, et, ce que nous retrouvons dans les
conclusions de Bélanger-Campeau, c'est exactement ce que nous avons
entendu, conclu. C'est pour ça, M. le Président, - et je conclus
là-dessus - que tous les commissaires, ceux qui ne sont pas membres de
cette Assemblée comme ceux qui en sont membres, excepté les
membres de l'Opposition, tous les commissaires, les Béland, les
Bouchard, les Turgeon, les Pagé, les Nicolet, les Beaudry, les Dufour,
tous ces gens sont d'accord pour dire que la loi 150 reflète
parfaitement, M. le Président, Bélanger-Campeau dans sa
conclusion, dans sa recommandation. En votant contre le loi 150, M. le
Président, l'Opposition ne respecte pas sa signature, c'est
évident, M. le Président, et la population en jugera.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Oui, M. le Président, est-ce que le ministre de
la Justice m'autoriserait une question...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que le ministre
de la Justice autorise une très brève question...
Mme Harel: ...en vertu de notre règlement?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...à Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve et la réponse devrait
être très brève également?
M. Rémillard: M. le Président, peut-être que
ça serait plus intéressant que j'attende l'exposé
de...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, ça va, il
n'y a pas de permission accordée. Ça va, ça va, il n'y a
pas de permission accordée. Alors, nous en sommes... S'il vous
plaît. Est-ce que vous acceptez qu'elle vous pose une question?
M. Rémillard: J'accepte qu'elle me pose une question, M.
le Président, lorsqu'elle interviendra.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ah! Ça va. Alors,
nous en sommes à la prise en considération du rapport de la
commission des institutions sur le projet de loi 150, et je reconnais M. le
député de Marquette.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Qu'il me
soit permis, pendant quelques minutes, d'intervenir effectivement sur la prise
en considération du rapport de la commission des institutions qui a
siégé pendant plusieurs heures, effectivement, pour
étudier de façon détaillée le projet de loi
150.
Alors, il s'agit, M. le Président, d'un projet de loi
extrêmement important. D'ailleurs, le titre l'exprime très
clairement, il s'agit du projet de loi pour la détermination de notre
avenir politique et constitutionnel.
M. le Président, lorsque j'ai entendu aux nouvelles, il y a deux
semaines, par la voix du chef de l'Opposition officielle, que les membres de
l'Opposition avaient l'intention de voter contre le projet de loi 150, j'en
étais abasourdi, j'en étais stupéfait. Stupéfait de
voir que nos amis, que je respecte beaucoup, qui, depuis 25 ans, clament
à cor et à cri qu'il faut faire la souveraineté du
Québec, maintenant que nous avons un projet de loi devant nous,
déposé par le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes, qui fait du référendum sur la
souveraineté une obligation légale à l'article 1 du projet
de loi, de voir nos amis de l'Opposition officielle voter contre un
référendum sur la souveraineté, j'ai
énormément de difficultés à le comprendre.
Je me souviens, M. le Président, quand j'étais
étudiant au cégep du Vieux-Montréal, j'avais un professeur
de théâtre qui me disait souvent: Claude - elle me trouvait un peu
trop réservé - n'aie pas peur de l'absurde, laisse-toi aller. Je
constate, M. le Président, que nos amis de l'Opposition officielle n'ont
pas du tout peur de l'absurde avec leurs agissements actuellement, se
prononçant même contre pour la troisième lecture de demain.
Alors, M. le Président, j'ai encore énormément de
difficultés à me rentrer dans l'esprit que nos amis vont voter
contre l'article 1 du projet de loi 150 qui fait une obligation légale
de la tenue d'un référendum sur la souveraineté du
Québec.
M. le Président, la commission parlementaire nous a
également permis de clarifier certaines choses, notamment au niveau de
la création des deux commissions spéciales, comme l'a
mentionné le ministre responsable tantôt: une pour voir les
avantages et les inconvénients de la souveraineté du
Québec et une deuxième pour analyser et apprécier les
offres que nous recevrons du gouvernement du Canada.
M. le Président, comme je l'ai mentionné la semaine
dernière, et je le mentionne encore aujourd'hui, c'est la population du
Québec qui va décider de son avenir par l'entremise, notamment,
d'un instrument extrêmement démocratique qui s'appelle le
référendum. Nous avons, M. le Président, 16 mois pour
travailler dans le cadre de ces deux commissions parlementaires pour les
avantages et les inconvénients de la souveraineté et pour
apprécier et analyser les offres éventuelles du gouvernement du
Canada.
M. le Président, je considère, de mon siège, que le
gouvernement du Québec, que le ministre responsable, avec le
dépôt de ce projet de loi, respecte intégralement les
conclusions de Bélan-ger-Campeau, et je considère que le
gouvernement du Québec est très démocratique et
très transparent dans ce procédé. Le ministre y a fait
référence tantôt lorsqu'il a fait référence
au référendum de 1980. Je me souviens, M. le Président,
d'avoir lu un passage du livre de Mme Lise Payette qui était, à
ce moment-là, ministre du gouvernement du Québec, sous le Parti
québécois, et qui mentionnait dans son livre que même elle,
comme ministre, n'avait pas vu la question référendaire
lorsqu'elle a été rédigée, alors que nous, de
façon très démocratique, avec la création de ces
deux commissions parlementaires spéciales, la population du
Québec sera à même de voir les tenants et aboutissants,
notamment, de celle qui concerne la souveraineté du Québec.
M. le Président, également en commission parlementaire,
nous avons eu droit à un amendement du député de
Lac-Saint-Jean et whip en chef de l'Opposition, qui demandait d'avoir plus de
représentants de l'Opposition officielle aux deux commissions.
Effectivement, je tiens à dire tout de suite, M. le Président,
que le ministre responsable du dossier a déposé un amendement qui
fait passer l'Opposition officielle de trois membres qui étaient
prévus initialement à cinq membres qui siégeront aux deux
commissions parlementaires, dont deux n'auront pas droit de vote, tout comme
ça existe actuellement au sein de la commission des institutions que
j'ai l'honneur de présider. L'Opposition officielle a cinq membres, dont
trois qui ont droit de vote et deux qui ont droit de parole, d'intervention,
mais qui n'ont pas droit de vote.
Alors, je considère, M. le Président, que la composition
des membres des deux commissions parlementaires reflète ce que la
population, démocratiquement, a fait en 1989 en élisant 92
députés libéraux, 29 députés du Parti
québécois et 4 députés du Parti
Égalité. Le Parti Égalité, qui ne compte que 4
députés, a également droit à un siège au
sein des deux commissions parlementaires. m. le président, j'ai eu
l'occasion, lors des travaux de bélanger-campeau, d'insister pour
atteindre un consensus, entre autres sur une démarche constitutionnelle
qui est confirmée par le projet de loi 150 et, encore une fois, m. le
président, je suis un peu malheureux de voir que les observateurs
politiques du reste du canada et même sur le plan international vont voir
que nous ne nous entendons pas, qu'une partie importante de l'assemblée
nationale, l'opposition officielle, se désengage de ce consensus en
votant contre le projet de loi et, par surcroît,
en votant contre un article que nos amis défendent depuis 25 ans.
C'est un peu comme celui qui a rédigé les conclusions de l'Office
de révision du Code civil, qui disait au bout de 30 ans: II ne faut pas
de réforme du Code civil. C'est un peu la même logique que je vois
avec mes amis de l'Opposition officielle en se prononçant contre le
projet de loi qui prévoit un référendum sur la
souveraineté.
M. le Président, je le répète en terminant, le
projet de loi 150 reflète clairement et intégralement les
recommandations de la Commission Bélanger-Campeau. Je vais
évidemment voter pour le projet de loi et je souhaite que l'Opposition
officielle puisse se raviser dans les prochaines heures et, dans
l'intérêt du Québec, voter avec le gouvernement sur cette
démarche constitutionnelle pour notre avenir et l'avenir de nos enfants.
Merci beaucoup, M. le Président. (18 heures)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Marquette et président de la commission des
institutions. Je reconnais maintenant, sur la prise en considération du
rapport de la commission des institutions sur le projet de loi 150 ainsi que
ses amendements, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président. M. le Président,
il faut dire qu'après avoir étudié en commission ce projet
de loi, si on a cru que c'était un peu ambigu avant l'étude en
commission, il faut dire qu'aujourd'hui il est aussi ambigu que c'était
avant et peut-être même un peu plus ambigu que c'était
avant.
Ceci étant dit, M. le Président, il faut souligner cette
objection par l'Opposition officielle au fait que le projet de loi 150 ne
reflète pas la recommandation de la Commission Bélanger-Campeau.
Il faut dire, comme membre de cette commission, que leur allégation,
leur objection est complètement non fondée et complètement
fausse et, à entendre le député de Lac-Saint-Jean dire que
c'est de la trahison, que le projet de loi 150 est la trahison de la
recommandation de la Commission Bélanger-Campeau, ça
m'étonne, ça me donne des frissons, parce que je ne comprends
aucunement cette objection qui est complètement, totalement fausse et
démagogique de la part de l'Opposition officielle.
Il faut réaliser que la recommandation de la Commission
Bélanger-Campeau était pour le gouvernement de déposer un
projet de loi avec l'appel, dans le premier article, d'un
référendum sur la souveraineté. L'intention de la
recommandation de cette Commission n'était pas de forcer le gouvernement
à tenir un référendum sur la souveraineté ou de
dire que le gouvernement doit tenir un référendum sur la
souveraineté, mais de déposer un projet de loi qui a comme
premier article la tenue d'un référendum.
Il faut analyser un peu plus loin le fait que - il y a aussi dans cette
recommandation la suggestion de créer une commission pour étudier
les offres du reste du Canada - il devrait y avoir au moins un mécanisme
pour le gouvernement d'apprécier ces offres et, si les offres sont
acceptables, de tenir un référendum sur ces offres. Sinon,
pourquoi cette Commission va-t-elle recommander la création d'une
commission pour étudier les offres si la possibilité d'avoir un
référendum sur ces mêmes offres n'existait pas, si les
offres sont jugées acceptables?
M. le Président, l'élément de ce projet de loi qui
est, à notre avis, le plus dangereux est le fait que le gouvernement
joue avec le feu en manipulant la souveraineté comme menace envers le
reste du Canada pour formuler, pour pousser le reste du Canada à
formuler une offre finale, une offre qui est acceptable au Québec. Il
faut réaliser et le Parti québécois doit réaliser
que, pour un parti plutôt fédéraliste, le Parti
libéral était traditionnellement fédéraliste, c'est
un événement marquant que, ce parti plutôt
fédéraliste dépose un projet de loi avec, à son
premier article, l'appel pour un référendum sur la
souveraineté. Il faut reconnaître l'importance de ça, il
faut reconnaître le danger inhérent d'un tel geste par un parti
plutôt fédéraliste, de poser ce geste, de poser cette
menace envers le reste du Canada.
Mais aussi, M. le Président, ça m'inquiète
sérieusement le fait que le ministre des Affaires intergouvernementales
utilise trop souvent et de façon trop menaçante la
rhétorique d'une dernière chance pour un
fédéralisme profondément renouvelé, sinon il dit
qu'il n'y aura aucune option que la souveraineté. Et il prépare
encore, comme il l'a fait pendant les débats sur l'accord du lac Meech,
il prépare encore la population pour une réaction trop
émotive si les choses ne se déroulent pas parfaitement dans cette
courte échéance qui existe entre maintenant et le 26 octobre
1992. Ça peut nous amener directement à prendre une
décision par défaut, que nous pouvons fortement regretter
après et qui n'est pas retournable après. Il faut réaliser
ça, M. le Président, changer complètement l'avenir
constitutionnel et politique d'une société, c'est un changement
majeur qui est incontournable. Il faut être sûr et certain que nous
savons ce que nous faisons.
Mais avant d'analyser les problèmes avec certains articles
spécifiques du projet de loi, il y a quelques considérants qui
n'ont pas été discutés en commission, qui ont
été adoptés sans être considérés en
commission et ces considérants doivent être questionnés.
Ils sont faux et c'est eux qui nous amènent à certaines
conclusions inhérentes à ce projet de loi.
Le quatrième considérant, par exemple, M. le
Président, dit que la "Loi constitutionnelle de 1982 a été
proclamée malgré l'opposition de l'Assemblée nationale".
M. le Président, there was
a separatist party in power in Québec at the time. It was
apparent that their objection would be very clear to this project and that they
would not, in any way, support it, when the majority of Quebeckers supported
very clearly repatriation in 1982.
Another "considérant" says: "Considérant la
nécessité de redéfinir le statut politique et
constitutionnel du Québec." If you ask any Quebeckers if they really
want us to go through another 16 months of constitutional navel gazing,
expounding all our energies on Constitution and legal text, they will tell you
that it is about time this Government spends time and places its priorities in
the real problems of our society instead of dragging us through another
meaningless debate for 18 months which would probably not even be solved by
that time.
Un autre considérant discute du témoignage de
l'attachement du gouvernement du Québec aux valeurs démocratiques
et aux droits et libertés de la personne. As the Member for Westmount
said very clearly when they were debating the adoption of Bill 90, which
created the Bélanger-Campeau Commission, he said that if it was true
that there was a fundamental belief in individual rights by this Government
none of us, none of the four people who sit here would even be participating in
this debate at the National Assembly.
Un autre considérant, le douzième, M. le Président:
"Considérant l'apport du Québec aux communautés
francophones hors Québec et à la francophonie internationale". M.
le Président, rien ne peut être plus loin de la
vérité. Il faut regarder seulement le procès de
Mahé pour voir que le gouvernement a trop pris position contre les
revendications juridiques des francophones hors Québec. Il faut
réaliser que le gouvernement du Québec doit, d'ici l'avenir,
prendre position pour défendre les revendications juridiques
légitimes des francophones hors Québec. C'est quelque chose qui
n'a pas été fait jusqu'à maintenant.
M. le Président, as we said earlier, we tried to table amendments
to article 1 saying that the Government should not play with a sovereignty
referendum to put a knife to the throat of the rest of Canada. If the
Bélanger-Campeau Commission recommended that there are two paths in the
population, renewed federalism and sovereignty, why should we privilege the
path toward sovereignty and hold a referendum specifically on sovereignty in 18
months? This referendum should be on Quebec's constitutional political future,
not specifically pointed out that it should be a referendum on sovereignty. For
federalists, they perceive it as a threat, a concern that we are manipulating
sovereignty, which could backfire in the population, which, again, can create
this groundswell of emotion to support sovereignty while, at the same time, how
can sovereignty be satisfied with a referendum on sovereignty being used as
nothing but a means to renewed federalism? So, we are dealing with the
situation that satisfies neither nationalists and satisfies neither
federalists, and is nothing but a knife to the throat of the rest of Canada,
which will create an atmosphere of animosity, of difficulty, and not a climate
for negotiation that is acceptable, in the next 18 months, to arrive at a deal
with the rest of Canada to renew federalism, a deal that can be acceptable to
the rest of Canada.
In conclusion, M. le Président, our caucus opposed in every stage
of this discussion, of this debate on this Bill, we have opposed it in every
stage. We feel that we are dealing with a very difficult situation. We cannot
support in any way a bill that has as its first article a referendum on
sovereignty within the next 18 months. We can support neither this phase of the
Bill nor its adoption and we are very encouraged by the expression of
discontent by the Member for Nelligan who says that he will vote against this
Bill. He said very clearly that he would oppose this Bill. He did not take the
opportunity to speak on this Bill in the earlier stages. He was not able to
speak on it or vote on it before, and we hope that he continues in his
conviction to oppose this law. There were no amendments so he would change his
mind. The only amendments that were brought forward in commission were adding
two to "péquistes" to the commissions. So we hope that the Member for
Nelligan sticks up to his convictions, that he will vote against the project as
we will, and give a last strong chance and support to Canada with our caucus,
as we plan to do by voting against this draft Bill. Merci, M. le
Président. (18 h 10)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors merci, M. le
député de D'Arcy-McGee. M. le leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: Avec la permission de l'Opposition, j'aimerais
donner l'avis suivant. En dérogation à l'article 40 des
règles de fonctionnement concernant la convocation des
intéressés dans le cadre de l'étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé,
j'avise cette Assemblée que demain, le jeudi 20 juin 1991, de 9 heures
à 12 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission
du budget et de l'administration entendra les intéressés et
procédera à l'étude détaillée du projet de
loi d'intérêt privé 287, Loi concernant Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie.
M. le Président, je pense qu'il y a consentement avec
l'Opposition quant à cet avis concernant les travaux de la commission du
budget et de l'administration.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce
qu'il y a consentement? Consentement. Alors, votre avis est
déposé avec consentement.
Et je reconnais... Nous poursuivons l'étude du rapport de la
commission des institutions sur le projet de loi 150. Je reconnais M. le
député de Viger. M. le député.
Projet de loi 150
Reprise du débat sur la prise en
considération
du rapport de la commission qui en a fait
l'étude détaillée et des amendements
déposés
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci. Merci, M. le Président. C'est avec
plaisir que j'interviens aujourd'hui sur ce projet de loi
présenté par le ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes et concrétisant les
conclusions de la Commission Bélanger-Campeau, le projet de loi 150, Loi
sur le processus de détermination de l'avenir politique et
constitutionnel du Québec. Par le projet de loi 150, deux commissions
parlementaires spéciales seront instituées et feront des
recommandations à l'Assemblée nationale, lesquelles porteront,
d'une part, sur les possibilités d'un nouveau partenariat dans la
Fédération canadienne et, d'autre part, sur toutes les questions
afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté. Il faut être conscient, M. le Président,
qu'on discute maintenant du processus qui nous guidera dans nos
décisions futures et cela, ce n'est pas peu dire puisqu'il s'agit de
notre avenir à nous tous.
Depuis 1985, le gouvernement du Parti libéral du Québec a
tout fait ce qui était en son pouvoir pour convenir, avec les
gouvernements fédéral et provinciaux, des termes de son
adhésion à la Loi constitutionnelle de 1982. Depuis quelques
années, des événements se précipitent qui rendent
urgente la réforme de nos institutions politiques et
constitutionnelles.
Dans plusieurs autres parties du Canada on sent le besoin de
changements, tout comme ici. M. le Président, la commission
Pépin-Robarts, le 25 janvier 1979, recommandait l'adoption d'une
nouvelle constitution fédérale pour le Canada. Le 27 mars 1991,
la Commission Bélanger-Campeau conclut à la
nécessité d'un changement majeur de nos institutions politiques
et à la volonté très profonde du peuple
québécois à une plus grande autonomie. Si notre pays vit
des heures difficiles, si le Québec demande des changements profonds,
c'est que le compromis constitutionnel qui fut mis au point en 1867 ne
répond plus aux besoins actuels. m. le président, il y a une
très grande majorité de québécois et de
québécoises qui sont d'accord sur un point: il faut changer la
situation actuelle. il nous faut maintenant s'y attaquer, si nous
désirons que le québec choisisse librement de lier son destin
à celui de l'état fédéral de demain ou, l'inverse,
de concrétiser son autonomie. Ainsi, M. le Président, il importe
de souligner la ratification d'une entente majeure intervenue avec le
gouvernement fédéral en matière d'immigration. Elle a
été signée le 5 février 1991 et est en vigueur
depuis le 1er avril. Cette entente remplace l'entente Cullen-Couture qui
existait depuis 1978. Elle s'inscrit dans la logique de
récupération par le gouvernement du Québec des pouvoirs
essentiels à son développement.
M. le Président, comme le disait mon collègue, M.
Rémillard, le 4 septembre 1990, au moment de la création de la
Commission Bélanger-Campeau, et je le cite: "Aucun gouvernement du
Québec n'a le droit d'affaiblir le Québec et tous les
gouvernements qui se sont succédé jusqu'à présent,
peu importe leur option constitutionnelle, ont toujours eu ce souci de garder,
de protéger la force du Québec et nous n'avons pas le droit de
nous tromper. Nous ne sommes pas prêts à sacrifier la
sécurité économique dont nous avons totalement besoin dans
le monde d'aujourd'hui, avec les perturbations et les problèmes que nous
connaissons sur le plan international. M. le Président, l'étude
de ce projet de loi représente un moment privilégié pour
nous tous ici, à l'Assemblée nationale, puisqu'on se questionne,
on s'interroge. Nous sommes conscients que notre statut politique est à
définir. Cependant, l'expérience et la force de notre chef seront
une contribution déterminante quant à notre avenir."
M. le Président, l'objectif du Parti libéral est d'obtenir
un statut politique qui lui donne les pouvoir pour promouvoir, épanouir
son identité et, en même temps, favoriser l'essor de son
développement économique. Ce sont là des objectifs
fondamentaux. Le projet de loi 150 établit un équilibre entre les
deux commissions parlementaires créées. Il faut le mentionner, M.
le Président, aucune de ces deux commissions n'est supérieure ou
plus importante que l'autre. Chacune a une valeur égale et cet
équilibre permettra d'informer adéquatement et pleinement la
population sur chacune des deux voies qui s'offrent au Québec.
Informés de cette manière, les Québécois et
Québécoises pourront faire un choix lucide, éclairé
quant à leur avenir.
M. le Président, j'entendais de l'autre côté,
tantôt, que le Parti libéral n'avait pas une option
privilégiée. M. le Président, c'est clair que pour le
Parti libéral la voie privilégiée est celle d'un
fédéralisme renouvelé. On l'a toujours dit et le chef l'a
toujours réaffirmé. Quand, aujourd'hui, on se permet de mettre en
doute l'honnêteté, je dirais l'honnêteté
intellectuelle de notre chef, de M. Bourassa, M. le Président, je
conteste ça vigoureusement. Parce que la première option, je
répète, du Parti libéral et de notre chef, est celle du
renouvellement du fédéralisme actuel. Et comme il disait, et je
cite encore notre chef, le
10 mars 1991: "Nous avons des valeurs communes, deux siècles
d'histoire commune. Le Canada est l'un des pays les plus enviés au
monde. Les Québécois veulent pouvoir développer leur
identité et assurer leur sécurité économique, mais
ils préfèrent que cela se fasse à l'intérieur de la
structure canadienne." Ça, ce sont des mots de notre premier ministre.
Et aujourd'hui, ça me surprend, comme disait le ministre
Rémillard et comme disait mon collègue Dauphin, ça me
surprend vraiment que le Parti québécois, l'Opposition officielle
ne vote pas en faveur de ce projet de loi. Parce qu'on se rappellera tous qu'on
a signé ce rapport tous ensemble, à part trois membres de cette
commission, mais qui ne faisaient pas partie de l'Opposition officielle. Et, M.
le Président, je ne sais pas si la raison, probablement, c'est une autre
que celle qu'on invoque assez souvent, pour dire qu'on n'a pas l'intention de
faire un référendum sur la souveraineté.
M. le Président, ils savaient très bien, et pertinemment,
au moment de toutes les discussions qu'on a eues à l'intérieur de
la Commission Bélanger-Campeau, qu'il y avait deux commissions. Il y
avait une commission sur la souveraineté et il y avait une autre
commission, celle sur les offres. Et c'est clair, et c'était clair et
net que s'il y avait des offres valables de la part du gouvernement
fédéral et des autres provinces, le gouvernement avait la
possibilité de soumettre à la population ces offres.
C'est sûr qu'on peut aller en référendum, mais ce
n'est pas sûr qu'on doive y aller absolument sur la souveraineté,
on peut y aller sur les offres. Et je me pose la question. Quelle est la peur
des gens de l'Opposition que la population puisse se prononcer sur les offres
qui viennent du gouvernement fédéral ou des provinces? C'est la
population qui va décider. Si la population n'est pas d'accord sur les
offres, c'est sûr qu'elle peut dire non. Et à ce moment-là,
c'est toujours la population qui va se prononcer.
Je ne comprends pas, M. le Président, en toute
honnêteté, mais ils sont un peu habitués à renier
leur signature, M. le Président. Ils l'ont déjà fait
précédemment en 1982-1983 et ils sont en train de faire la
même chose actuellement. Et quand on nous dit qu'on devrait absolument
faire un référendum sur la souveraineté, et probablement
même pas expliquer aux Québécois les avantages et les
inconvénients de cette option, M. le Président, je me
réfère encore à la Commission Bélanger-Campeau,
à la page 62, la Commission Bélanger-Campeau disait, et je cite:
"Certaines questions soulevées par l'accession à la
souveraineté sont complexes. On aurait tort de les sous-estimer ou de
les négliger. Les choix collectifs à poser doivent être
éclairés". M. le Président, c'est clair pour nous, il y a
deux options. Nous privilégions celle des offres, et c'est clair que
s'il y a des offres valables, la population du Québec va se prononcer
sur ces offres et va dire si elle est d'accord ou non. Si elle n'est pas
d'accord, c'est elle qui va nous le dire, ce n'est pas l'Opposition, M. le
Président. Et sur ce, je vous remercie. (18 h 20)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Viger. Alors, sur la prise en considération du
rapport de la commission des institutions sur le projet de loi 150 ainsi que
les amendements proposés par le député de Lac-Saint-Jean,
je reconnais Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Le député
de Viger a bien tort de nous donner l'immigration comme un modèle
à suivre. S'il y en a un qu'il ne faut pas suivre, c'est bien ce
modèle que nous a présenté le gouvernement d'ententes
administratives signées, qui, dans le fond, ne nous permettent d'agir
que dans le cadre des paramètres, des catégories, des limites
définies par le fédéral. Et l'exemple de l'immigration,
c'est certainement peut-être l'exemple le plus éloquent de
là où il ne faut pas aller, M. le Président,
c'est-à-dire l'exemple qui nous permet de voir à quel point... Je
veux citer un spécialiste de la question, très connu dans tous
ces milieux d'immigration, M. Jean-François Manègre . qui disait:
"En tenant compte des priorités fédérales et de la
présence des revendicateurs du statut de réfugié au
Québec, on peut affirmer que, dans les faits, le Québec n'exerce
un pouvoir de sélection véritable que sur environ la
moitié du mouvement d'immigration." Vous vous rendez compte que le
Québec ne peut choisir ses immigrants qu'à l'intérieur des
catégories déjà définies par le gouvernement
fédéral? Et, en priorité, le Québec doit accepter
toutes les personnes qui se qualifient dans la catégorie de la
réunification de la famille, ensuite les personnes qui appartiennent
à la catégorie de réfugiés et, finalement, en
quatrième place, le Québec a droit à une voix sur la
sélection des immigrants indépendants. C'est extrêmement
décevant. Si c'est à ça que nous convie le
député de Viger, on n'ira vraiment pas loin.
Moi, je suis absolument, d'une certaine façon,
scandalisée, je dois vous dire, du détournement que l'on fait ici
des travaux de Bélanger-Campeau. Quand le ministre de la Justice nous
dit que nous avons refusé les conclusions de Bélanger-Campeau,
d'abord, il doit également signifier que nous avons voté, 15
d'entre nous, y compris M. Nicolet, y compris M. Béland et y compris
tous ceux qu'il a nommés et qui ont voté avec nous en faveur de
conclusions sur la souveraineté seulement. Nous étions 15 qui
avons voté en faveur de conclusions claires et franches sur la
souveraineté. Et les conclusions que nous retrouvons, si nous les avons
refusées, le gouvernement actuel les détourne, ces con-
elusions, lui qui les a acceptées.
Qu'est-ce qu'il a accepté de ce que nous, nous avons
refusé? Lui - le gouvernement et le ministre de la Justice - il a
accepté qu'il y ait deux voies qui soient sur un pied
d'égalité. Qu'est-ce qu'il nous propose avec le projet de loi 150
et dans le discours qu'il nous tient? Il nous propose de mettre une de ces
voies, qui s'appelle la souveraineté, au service exclusif de son
objectif qui est d'avoir des offres du fédéral. Parce que c'est
ça, finalement, le projet de loi 150. Mais c'est tellement
évident que si, nous, on les refuse, les conclusions de
Bélanger-Campeau, lui, il les détourne, les conclusions de
Bélanger-Campeau. Et comment les détourne-t-il? Il les
détourne bien simplement, en utilisant la souveraineté comme un
moyen pour essayer de faire débloquer des offres. Il faut vraiment que
le gouvernement soit désespéré. Moi, je me dis: II faut
que ce gouvernement soit désespéré.
Il a raison de l'être, désespéré, parce que
les vétérans des conférences constitutionnelles sont venus
nous dire, devant la Commission Bélanger-Campeau, que le scénario
le moins probable pour l'avenir du Québec, c'est celui d'un
renouvellement d'offres consistantes. Savez-vous pourquoi? Ils sont venus nous
l'expliquer en long et en large, et s'il y a quelqu'un qui le sait, c'est bien
le ministre de la Justice qui est constitutionnaliste. C'est qu'en 1982,
lorsque Ottawa a rapatrié la Constitution, en même temps, il l'a
cadenassée, il a mis un cadenas à ce qui s'appelle la formule
d'amendement, et à double tour. Et pour être bien certain, il a
égaré la clé. Parce que la formule d'amendement, c'est ce
qui empêche de renouveler, d'une certaine façon. Mais la formule
d'amendement, c'est ce que le Canada voulait se donner pour être
sûr qu'il n'allait pas être obligé de reculer sur sa vision
qu'il a du Canada, avec le rapatriement de la Constitution et la Charte
canadienne des droits. Et, pour en être bien sûr, là, il a
décidé que la formule pour l'amender, c'était une
résolution adoptée par sept provinces, par sept
Législatures sur dix ou même par dix sur dix, pour certaines
questions qui doivent aller chercher l'unanimité. Ensuite, en plus de
ces sept ou dix résolutions, plus une résolution de la Chambre
des communes plus une résolution du Sénat.
C'est ça qui a fait, entre autres, avorter Meech, n'est-ce pas?
Parce que même si les signatures, les résolutions avaient
été adoptées, on a vu, entre autres, dans le cas de
Terre-Neuve, renier sa signature même si la résolution
était passée. Et là, M. le Président, c'est un
gouvernement qui est tellement désespéré qu'il s'est
résigné à utiliser l'arme atomique parce que c'est comme
ça. Connaissez-vous un peuple, vous, qui s'en va à reculons vers
son accession à un pays? En connaissez-vous un dans le monde? Aïe!
Je vous dis que ça nous fait une belle jambe, le projet de loi 150.
Le gouvernement qui nous dit que ça va dépendre, que s'il
ne peut pas faire autrement. Bien, coudon, si le Canada ne nous écoute
pas, en connaissez-vous un seul, dans toute l'histoire mondiale, un peuple qui
est allé comme ça vers son indépendance, vers sa
souveraineté, vers son accession à la communauté des
nations comme pays? C'est bien évident, M. le Président,
ça explique pourquoi 80 % de la population n'a pas confiance que le
gouvernement va tenir le référendum sur la souveraineté.
Ce sont des patentes de... C'est de la tactique politicienne ça, M. le
Président. Mais vraiment, c'est prendre les gens pour des ignorants.
Pensez-y le moindrement. La formule d'amendement, elle nous a été
imposée, elle est complètement discréditée et, pour
la changer, il faut l'utiliser. À part ça, là, c'est un
contrat, c'est un gros contrat, ça, je l'admets, c'est un contrat
tellement important qu'il y a une majorité de la population du
Québec qui dit: C'est assez, là! C'est assez! On va passer aux
vraies affaires et on va arrêter de perdre des générations,
de l'énergie et du temps qu'on devrait consacrer à notre
développement, à ça.
M. le Président, pour ces raisons-là, c'est bien simple,
ce pourquoi on va voter contre le projet de loi 150, ça réside
essentiellement dans le fait que le gouvernement... Le ministre
répète qu'il a une obligation de résultat. S'il se donne
l'obligation de tenir le référendum, en tout cas, on est
convaincus, moi la première, qui ai participé aux travaux de la
commission parlementaire, je suis convaincue d'une chose, c'est que le ministre
est en train de revirer complètement capot parce qu'il avait dit, dans
les premières années - et je vais le citer au mot, je l'ai
même noté, je vais le citer au mot - il avait dit: "On va tenir un
référendum à la seule garantie de le gagner. Pas question
de subir un autre échec comme en 1980." C'est ce qu'il nous a toujours
dit. Pourquoi est-ce qu'il a changé d'idée? Pourquoi, maintenant,
il nous propose, avec la loi 150, de tenir un référendum, puis il
a complètement refusé en commission de répondre à
la question, à savoir s'il voulait le gagner, s'il allait essayer de le
gagner et s'il allait prendre les moyens pour le gagner.
Alors, M. le Président, on voit bien où tout cela nous
mène, où surtout tout cela va mener le gouvernement, dans la
poubelle de l'histoire, comme l'ont dit d'autres avant moi, et c'est
évidemment parce que nous, on croit à la souveraineté
qu'on ne veut pas la galvauder, qu'on ne veut pas la salir comme ça.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Compte tenu de l'heure, je vais suspendre les travaux de cette
Assemblée jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 30)
(Reprise à 20 h 7)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mmes et MM. les députés, tout enthousiastes que vous
soyez, les travaux de l'Assemblée doivent se continuer. Si vous voulez
vous asseoir. M. le leader adjoint du gouvernement, à quel article de
notre feuilleton?
M. Bélisle: Toujours à l'article 12, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 12 de
notre feuilleton, l'Assemblée continue le débat relativement
à la prise en considération du rapport sur le projet de loi 150,
Loi sur le processus de détermination de l'avenir politique et
constitutionnel du Québec. Je suis prêt à reconnaître
le premier intervenant. M. le député de Hull.
M. Robert LeSage
M. LeSage: Merci, M. le Président. Tout au long de son
histoire, le Québec fut confronté à des moments que l'on a
qualifiés de déterminants. Déteminants sur le plan
politique, bien sûr, mais également sur les plans
économique, culturel et social. Les choix de société sont,
jusqu'à un certain point, toujours douloureux à prendre. Il faut
d'abord se demander si nous devons plutôt nous appliquer à
renforcer les acquis du passé ou, au contraire, changer d'orientation
à 180 degrés pour améliorer notre qualité de
vie.
Le projet de loi 150 présenté par le gouvernement
libérai ne répond pas entièrement à cette question.
Il crée cependant les conditions idéales pour permettre aux
Québécoises et aux Québécois d'effectuer un choix
judicieux en ce qui a trait à leur avenir politique et
constitutionnel.
D'abord, ce projet de loi fait en sorte qu'il y aura création de
deux commissions parlementaires. La première aura pour mandat
d'étudier les impacts de la souveraineté du Québec. La
seconde se penchera plus spécifiquement sur les offres proposées
par le gouvernement canadien, offres qui devront nécessairement lier
l'ensemble des provinces canadiennes.
Ce projet de loi inclut également l'obligation pour le
gouvernement libéral de tenir un référendum, au plus tard
en octobre 1992. Le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, M.
Gil Rémillard, a déjà mentionné que cette
consultation ne pouvait porter sur autre chose que la pleine
souveraineté, telle qu'elle est définie à l'article 3 du
projet de loi.
Cette consultation devra, d'abord et avant tout, être conforme au
respect des droits collectifs et individuels, conformément aux
règles démocratiques. Cette fois-ci, nous en sommes rendus
à un autre moment historique pour le
Québec. Depuis 1980, bien du chemin a été parcouru.
Le Québec a continué de se développer sur le plan
économique. Il a également accompli de grandes
réalisations en matière sociale et culturelle. L'important, M. le
Président, c'est d'être convaincu que les gouvernements qui se
sont succédé depuis les 25 ou 30 dernières années
ont élaboré des programmes, mis en application des mesures et
actions en faveur des intérêts supérieurs du Québec.
L'important, c'est aussi de savoir que les gouvernements agissent pour et en
fonction du peuple. Un parti politique ne peut, en toute conscience, utiliser
à ses fins les fonds publics pour tenter de faire valoir ses propres
intérêts.
À cet égard, j'aurais quelques reproches à formuler
à l'ancien gouvernement du Parti québécois. D'aucuns
diront qu'ils ont été battus, en 1985, et qu'il ne sert à
rien de revenir sur cette question. Mais, à mon avis, il faut davantage
se servir des leçons du passé pour déterminer celles de
l'avenir. Le principal reproche que je formulerai à l'ancien
gouvernement du Parti québécois, en plus d'avoir mal
géré les fonds publics, c'est d'avoir tenté d'utiliser les
valeurs inhérentes de la société québécoise
à ses propres fins.
Je n'affirme pas là que l'option souverainiste est
illégitime, au Québec. Bien au contraire, je respecte ceux et
celles qui y croient profondément mais, surtout, qui ont la franchise
d'informer le public adéquatement sur les tenants et aboutissants de
cette option politique. Ce ne fut véritablement pas le cas en 1980. Le
gouvernement péquiste nous avait alors leurrés, à l'aide
de chiffres, sans trop savoir la véracité d'une telle option.
Pour les purs et durs de l'indépendance du Québec, il s'agissait
d'utiliser tous les moyens pour parvenir aux fins du Parti
québécois.
Pour le gouvernement libéral, la situation est tout autre. Avant
que soit effectué un choix aussi important et déterminant pour le
Québec, le gouvernement libéral tient à ce que le public
soit informé de façon complète, adéquate et ce, en
toute franchise. Nous devrons comptabiliser nécessairement, le plus
rigoureusement possible, l'une ou l'autre des options avancées pour
l'avenir politique et constitutionnel du Québec. À cet
égard, les deux commissions parlementaires qui seront
créées en vertu du projet de loi 150 seront une source importante
dans le cadre de ce choix collectif à effectuer.
Tant la commission portant sur la souveraineté du Québec
que celle qui s'intéressera aux offres formulées par le
gouvernement canadien seront d'une importance capitale pour toutes les
Québécoises et tous les Québécois. Je n'ai pas
l'intention de partir ici le débat référendaire. Nous ne
sommes pas rendus là, pour l'instant. Des pas importants restent
à franchir avant d'en arriver au choix ultime auquel les
Québécoises et les Québécois seront conviés.
Tout au plus, je me
contenterai de dire que le Québec s'est développé
et est devenu une société moderne dans un contexte politique,
économique et culturel qui ne lui fut pas nécessairement
défavorable. Certes, aujourd'hui, après l'échec de
l'accord du lac Meech, notamment, les esprits ont évolué à
un point tel que nous nous posons toujours des questions existentielles - si on
peut dire - sur notre avenir politique et constitutionnel.
À l'instar du premier ministre du Québec et chef du Parti
libéral du Québec, M. Robert Bourassa, je ne me lasse jamais de
répéter que l'avenir politique et constitutionnel devra, d'abord
et avant tout, se conformer à un principe qui m'apparaît
essentiel, soit celui d'assurer la sécurité économique des
Québécoises et des Québécois. Cela, M. le
Président, ça inclut les résidents de l'Outaouais
québécois. En effet, on ne peut jouer impunément avec les
sentiments de la population sans en expliquer les comment et les pourquoi.
Le gouvernement libéral est déterminé à
faire le tour de toute la question de fond en comble, de long en large, de
manière à ce que le public québécois soit le mieux
informé possible avant d'effectuer un choix important. M. le
Président, j'invite les membres de l'Opposition officielle à se
conformer ou tout au moins à respecter les règles
d'éthique, en ce qui a trait à la démocratie. Non pas que
je veuille donner de leçon à qui que ce soit ou faire la morale,
mais leur rappeler que la partisanerie ne sert à rien pour pousser
quelque intérêt que ce soit. Comme eux, nous nous posons des
questions sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec. Nous le
faisons dans un contexte de liberté d'expression, de liberté de
choix et surtout sans tordre le bras de qui que ce soit.
Cependant, nous le faisons dans la perspective d'une démarche
déterminée à ce que les intérêts
supérieurs du Québec soient défendus le mieux possible et
promus dans tous les secteurs d'activité qui régissent notre
société. Ce seront toutes ces questions et bien d'autres qu'on se
posera au cours des prochains mois pour déterminer dans quelle mesure le
Québec veut assurer la maîtrise de son avenir. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Hull. Sur le même sujet, je cède la parole
à Mme la députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. M. le Président,
dès le dépôt du projet de loi 150, le Parti
québécois a été extrêmement clair. Tout de
suite, il s'est opposé au principe de projet de loi là, et il
s'est opposé parce qu'à la lecture attentive du texte
législatif, il s'est aperçu immédiatement qu'il y avait
des pièges qui étaient camouflés, et principalement dans
les articles 1, 5, 6 et 28, M. le Président. est-ce qu'on était
les seuls à voir ces pièges-là? absolument pas. de
nombreux éditorialistes, majoritairement, ont vu ces pièges et
les ont dénoncés, m. le président, et le ministre des
relations intergouvemementales, qui s'est plu en commission à nous
rappeler régulièrement, et avec raison, que c'était la
population, que c'était le peuple québécois qui devait
décider. eh bien, le peuple québécois, m. le
président, n'a pas été dupe non plus du projet de loi 150,
parce que, dès son dépôt, la population du québec a
clairement dit qu'il n'y avait que 20 % de la population qui croyait que le
gouvernement bourassa ferait un référendum. donc, 80 % de la
population n'y croyait pas, m. le président. le parti
québécois était loin d'être isolé dans sa
position, contrairement à ce que nous disait le premier ministre cet
après-midi.
Suite à l'étude du projet de loi 150 article par article,
on aurait peut-être pu changer d'idée. Mais au contraire, ce que
nous avions vu comme pièges camouflés, on a vu les pièges
vraiment à découvert. C'était très clair M. le
Président. Tous nos doutes ont été confirmés, et
même au-delà.
Le gouvernement nous a dit que la loi 150 représentait sa
position, et je cite, M. le Président; à plusieurs questions de
mon collègue responsable du dossier, le député de
Lac-Saint-Jean, le ministre nous a dit: "Vous avez l'expression la plus claire,
la plus évidente de la position du gouvernement du Québec et
c'est la loi 150. Le projet de loi 150 se réfère au rapport
Allaire comme à Bélanger-Campeau, directement, et 150 est
là pour être interprété un article en fonction d'un
autre article". Et lorsqu'on lui a posé des questions sur ces articles,
sur les rapports entre ces articles, M. le Président, on s'est
aperçu que c'était l'ambiguïté constitutionnelle
chronique. Et c'est normal parce que c'est l'ambiguïté
constitutionnelle qui se vit à l'intérieur même du Parti
libéral. Donc, le projet de loi 150 ne peut pas refléter autre
chose que cette ambiguïté-là, ils la vivent chez eux.
La loi 150 est faite de telle sorte que, qu'on soit souverainiste, je
dirais peut-être même à tendance seulement souverainiste
comme certains de l'autre côté, qu'on soit
fédéraliste dur et pur, qu'on soit un fédéraliste
renouvelé... Et là vous avez toutes les tendances, vous avez
à peu près une cinquantaine de possibilités de
fédéralisme de l'autre côté, M. le Président.
Alors, c'est bien normal que le projet de loi 150 reflète cette
ambiguïté. On ne pouvait pas se prononcer directement, tenter de
définir un certain fédéralisme, c'était impossible,
il y avait toutes les tendances de l'autre côté.
Donc, ce projet de loi là, ce n'est pas le reflet de
Bélanger-Campeau, c'est le reflet de l'ambiguïté
constitutionnelle chronique du Parti libéral. Et on l'a encore vu ce
matin, M. le Président, alors que les jeunes libéraux, par leur
président, par le président de l'aile jeunesse, le
porte-parole, Mario Dumont, disaient clairement: "Les
Québécois n'ont plus de temps à perdre avec des offres
fédérales qui ne correspondent pas à notre programme
exposé dans le rapport Allaire." Plus loin: "Nous n'allons pas
recommencer à tergiverser comme nous l'avons fait avec l'entente du lac
Meech", a-t-il déclaré. "Nous avons déjà perdu trop
de temps durant trois ans. Ne perdons pas notre temps et devançons le
référendum." Donc, il y a vraiment toutes les tendances de
l'autre côté. Il faudrait peut-être que le ministre tente
d'expliquer le projet de loi 150 aux jeunes libéraux.
M. le Président, nous avons tenté d'avoir des
réponses claires, sur certains articles, du ministre responsable, mais
il n'est jamais capable de donner une réponse claire, M. le
Président. Même cet après-midi, au moment où ma
collègue de Hochelaga-Maisonneuve lui posait une question bien simple,
s'il voulait répondre à une question, il a été
incapable de dire: Oui, je réponds. Ou de dire: Non, je refuse... je
suis prêt à répondre à une question après
votre intervention. On n'a pas été capable d'avoir une
réponse directe. (20 h 20)
Eh bien, quand on a étudié le projet de loi article par
article, on s'est aperçu, par les questions, que les articles 5 et 6 qui
sont liés permettaient, contrairement à l'esprit de
Bélan-ger-Campeau... L'esprit de Bélanger-Campeau, ce qu'on
demandait, c'était que la commission qui devait étudier les
offres du fédéral, que cette commission devait étudier les
offres qui liaient formellement le gouvernement du Canada et les autres
provinces. Par les questions qu'on a posées, le ministre nous a dit:
Bien, lier formellement, ce n'est pas objectif, il n'y a pas de
critères, on ne peut pas le déterminer, on ne sait pas ce que
ça veut dire "formel". Ça peut vouloir dire n'importe quoi. C'est
la commission qui va décider ce que veut dire le mot "formel". C'est ce
qu'il nous a dit, M. le Président. C'est vraiment ce qu'il nous a dit.
C'était vraiment impressionnant. Je vous le cite au texte, M. le
Président: "Formel. À quoi peut-on se référer
lorsqu'on parle de formel?" Alors, M. le Président, en ce
sens-là, la conclusion qui s'impose c'est qu'il appartiendra à la
commission parlementaire de donner un sens à ce "formel"." Donc, on ne
le sait pas. On va examiner toutes les possibilités.
Lorsqu'on a demandé clairement si cette commission qui
étudiait les offres pouvait étudier les offres d'une seule
province... Ah, bien, oui, M. le Président. Bien sûr. Là,
cette offre-là, on va la considérer comme un outil, hein. Ce
n'est pas une offre précise liant formellement le gouvernement puis les
autres provinces, c'est un outil. Alors, tous les outils, c'est bon pour
l'étude. Lorsqu'on a demandé si cette commission-là
pouvait susciter des offres, hein... Tout à coup, il n'y en a pas, des
offres qui nous viennent de l'autre côté. Est-ce que cette
commission-là va en susciter? Eh bien, oui, M. le Président.
C'est une attente active. Et, lorsque je le lui ai demandé, il m'a dit:
Bien, ce n'est pas un dialogue de carmélites, on va pouvoir en susciter,
des offres. Bien oui! Alors, c'est contraire à l'esprit de
Bélanger-Campeau qui devait attendre les offres, et des offres qui
liaient formellement le gouvernement et les autres provinces. Donc, les
réponses du ministre nous ont clairement démontré que
ça ne respectait pas cet esprit-là.
Il y a aussi l'article 28 qui nous inquiétait, parce qu'on se
disait que le premier ministre pourrait suspendre les travaux d'une commission
au moment où ça ferait son affaire. Le ministre a bien
tenté de nous rassurer en disant que c'était à la demande
du premier ministre, mais que l'Assemblée nationale restait souveraine,
en oubliant, bien sûr, de dire que l'Assemblée nationale est
majoritairement du Parti libéral. Donc, dès que le premier
ministre va demander la cessation des travaux, c'est acquis, après
quelques heures de débats.
On a découvert que ce n'était pas seulement pour faire
cesser les travaux, mais que cette commission-là pouvait extensionner
les travaux, au contraire. Et c'est là que le ministre nous a dit que le
référendum pouvait être uniquement consultatif. Donc,
même avec une réponse positive pour la souveraineté, on
pourrait continuer pendant un an à attendre des offres, et il a
été très clair là-dessus. On a eu un non-respect de
notre système parlementaire actuel: on ne travaillera pas, dans ces
commissions-là, avec un président, un vice-président de
deux partis différents. On ne travaillera pas avec un comité
directeur, non. Tout le contrôle sera dans les mains du gouvernement au
pouvoir. Cette attitude-là, elle est révoltante. Comme
d'habitude, on ménage la chèvre et le chou. Comme d'habitude, le
gouvernement a décidé de ne pas prendre position. Je trouve que
c'est extrêmement malhonnête, intellectuellement, de
déformer le sens des mots, comme on l'a fait tout au long de la
commission parlementaire. Loin de nous donner des garanties, loin de nous
convaincre de voter pour ce projet de loi, on nous a donné tous les
arguments pour se retirer encore davantage. Vous savez, on a tenté de
faire croire à la population qu'on respectait Bélanger-Campeau;
c'est complètement faux.
Oui, M. le Président, je conclurai en disant que, tout au long de
la commission parlementaire, le ministre nous a toujours répondu que
toutes les questions étaient hypothétiques. Son projet de loi est
hypothétique, mais la population, elle, va savoir quoi faire au moment
du vote. Elle ne fera pas comme ce gouvernement parce que, s'il y avait un
référendum sur la souveraineté de l'autre
côté, il faudrait trois cases, parce que la case oui ne convient
pas, la case non ne conviendrait pas; il faudrait la case ni oui ni non,
M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lefebvre): merci, mme la
députée. sur le même sujet, je cède maintenant la
parole à m. le député de jacques-cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. I will not repeat all
of the remarks that I made already in the previous speech I gave on the
Referendum Bill, but only emphasize those particulars that are perhaps worth
mentioning this evening. I cannot help beginning by saying that, when we found
out that the Parti québécois was actually going to vote against
the Québec Referendum Bill, it was a little like hearing Groucho Marx's
immortal remark that he was not interested in belonging to any club that would
be willing to have him as a member.
I always thought that the reason that we got into this entire situation
of discussing referenda in the first place was because of the rise of the Parti
québécois, the existence of the Parti québécois,
the role of the Parti québécois, the intentions of the Parti
québécois, the hopes of the Parti québécois, and
that, in fact, it was a remarkable concession on the part of the Liberals to
allow them so much. But perhaps they can never be satisfied; perhaps that is
their real problem.
We, however, do not support the Government's position either, as I have
already made clear. We voted against the original Bélanger-Campeau
Commission report and we spoke also against the Referendum Bill. We did not do
so because we see in it the particular problems that the Parti
québécois does. In fact, I am personally rather skeptical whether
this two-track route that so alarms people like the deputy for Lac-Saint-Jean
will make all that big a difference in the end. Once a referendum campaign is
launched these things are not entirely under the control of even the most
powerful Members of the National Assembly, in either party.
Many of you here may recall that, in the last referendum campaign, the
initial question was designed as elaborately as a whole piece of architecture,
and, in fact, was something that it took a great deal of difficulty to read and
comprehend. Its timing was launched with great care and what it actually asked,
even on the best interpretation, was a rather mild endorsement from the people
of Québec to enter into a negotiation rather than to act specifically in
any way towards the Constitution. Despite that fact, once the campaign began,
it rapidly became clear for nearly everyone who lined up for one position or
another that the whole question might as well have been stated in a few words
and a great deal more unequivocally, because both the people who voted "oui"
and the people who voted "no" essentially came to regard the referendum as
either an endorsement of Quebec's essential position in Canada or a rejection
of Quebec's essential position in Canada.
If Bill 150 goes through, despite the existence of two committees to
deal with two possibilities, despite the likelihood of an attempt on the part
of the rest of Canada and the Federal Government to put forward some kind of
proposal that will be accepted here, I suspect that the closer the time comes
to any actual referendum, the more the same thing will happen, as it happened
in 1980. That is, that people will see themselves as being in effect forced to
come down on one side or the other.
One of the things that I also think is that referenda, no matter how
they turn out, as I have argued before, are a bad idea in general. They should
never become a habit. Essentially, they introduce a kind of plebiscitary system
of government that undermine bodies like this Assembly, no matter which party
is in power and no matter whether the intentions of this Assembly are
"souverainistes" or federalist.
Referenda, as I pointed out before, are, in effect, a kind of snapshot
in time. They define only the intentions of a particular moment. But working
parliamentary democracies, free societies, have never depended on the actual
state of public opinion, as it could be measured, even in very strong terms, at
a single moment in time. They have depended on exactly the opposite, the
considered judgement of the people over an extended time. It is entirely
possible that, when this referendum is held, it will yield a result that will
make everyone in this Chamber unhappy, because it seems to me the likelihood is
that, no matter what its wording, no matter what the reports of the two
committees, no matter what, in fact, happens with the state of outright
nationalist opinion in the province, an actual vote would still lead to one of
those kind of results that I specified before, that is a 45-55, 48-52 or
something of the sort, in either direction. (20 h 30)
And no matter which direction that turned out to be, I do not think that
consequences would be good for Canada, I do not think that consequences would
be good for Québec, I do not think that the consequences would be good
for this Assembly, and I do not think that the consequences would be good for
the general, social and economical health of this society. Therefore, even if
for profoundly different reasons, I and my Party also oppose Bill 150. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Alors, sur le même sujet, je
cède la parole maintenant à Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Mme France Dionne
Mme Dionne: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir ce
soir d'intervenir sur le projet de loi 150, particulièrement sur
l'étape qui est devant nous, soit l'adoption du rapport de la commission
des institutions, projet de loi qui donne suite aux recommandations contenues
dans le rapport de la Commission Bélanger-Campeau.
À mon avis, M. le Président, cette étape est
très importante. C'est une étape de réflexion quant
à l'avenir du Québec. Bien sûr, après l'échec
du lac Meech, que nous déplorons tous, on doit revoir le statut
constitutionnel du Québec et c'est important de bien le faire. Si on
fait un peu d'histoire, M. le Président, sur les ententes
constitutionnelles, il faut nous ramener aux années 1867, puisque la
première entente s'est faite à ce moment-là. Par la suite,
il y a eu des changements fiscaux, par ailleurs, durant les deux guerres
mondiales, qui ont soulevé beaucoup de tollés au Québec.
On se souviendra d'ailleurs que la deuxième entente s'est
terminée en 1947 et on n'a pas eu le retour du pendule qu'on s'attendait
d'avoir à ce moment-là. Le premier ministre du temps, M.
Duplessis a, à ce moment-là, créé le
ministère du Revenu.
Les demandes du Québec depuis 30 ans sont constantes. Elles
demandent des changements profonds à la constitution, et ça a
toujours été clair, ça a toujours été les
mêmes demandes répétées. D'ailleurs, on se souvient
qu'en 1980 il y a eu le référendum, qui a été un
moment important dans tout le débat constitutionnel, et puis il y a eu,
bien sûr, le beau risque du Parti québécois et
principalement du premier ministre René Lévesque. Par la suite,
il y a eu l'accord du lac Meech qui a été entériné
et, comme on sait, l'année passée, au mois de juin 1990, il y a
eu l'échec du lac Meech, qui a été en quelque sorte la
mort du beau risque du Parti québécois et de M.
Lévesque.
Je pense que la formation de la Commission Bélanger-Campeau,
suite à ça, s'est faite d'une façon tout a fait logique et
normale, et on en est au suivi de cette commission. Aujourd'hui, nous sommes
à discuter ce projet de loi 150 qui, bien sûr, respecte les termes
de l'important consensus forgé par la Commission
Bélanger-Campeau, qui a travaillé de façon extraordinaire
au fil des mois. Bien sûr, le ministre responsable des Affaires
intergouvernementales canadiennes a bien, je pense, cité la conclusion
qu'on retrouve à la page 85 de ce rapport, et je ne le citerai pas ce
soir, mais qui exprime vraiment le consensus qui s'est dégagé
lors de cette commission.
Je souscris à cette conclusion, M. le Président, je
souscris au projet de loi 150. Mais pourquoi je le fais, M. le
Président? Je le fais parce que j'ai besoin... Et il nous faut une
profonde réflexion avant de faire le bon choix. Pour ce faire, je pense
qu'on regarde, par exemple, la Belgique qui, on le sait, a fait une
réflexion au-delà de 10 ans sur des changements constitutionnels.
Je prends l'exemple de la Belgique, puisque la députée de
Taillon, dans son exposé sur l'adoption du principe du projet de loi
150, en a cité l'exemple, comme entité en Europe. Comme on sait,
la Belgique, avec beaucoup de difficultés - il y a la Flandre, il y a
Wallonie, il y a le français et tout ça - en est venue à
un consensus où les Flamands et les Wallons sont aisés de vivre
maintenant, où tout va pour le mieux. Alors, c'est difficile, mais il
faut le faire.
Si les gens d'en face ne se contentent que du contenant et ne veulent
pas de réflexion, alors, ça, c'est leur problème, et je
pense qu'il est important de la faire.
M. le Président, j'ai été élue par les
citoyens de Kamouraska-Témiscouata pour les représenter. Oui, et
j'en suis bien fière. Mais comment puis-je, en mon âme et
conscience, leur dire ou les amener vers un réaménagement des
structures constitutionnelles aujourd'hui sans en évaluer tous les
impacts? Je pense que j'ai besoin, en tant que députée, du
travail de ces deux commissions qui siégeront. La population de
Kamouraska-Témiscouata, la population du Québec en a
également besoin. Bien sûr, l'Opposition n'en veut pas
d'étude approfondie. Elle préfère se taire. D'ailleurs,
elle voulait un référendum en 1991, au lien d'attendre et de la
faire, cette réflexion, jusqu'en 1992.
Comment la population de mon comté aujourd'hui pourra-t-elle
faire une évaluation juste? Comment celle du Québec va pouvoir la
faire? Quelle garantie peut-on donner à la population
québécoise que ses intérêts supérieurs seront
défendus dans ce débat? Je pense que seules l'expérience,
la crédibilité économique peuvent donner, à ce
moment-ci, à la population l'assurance qu'elle sera
protégée dans l'une ou l'autre des options que l'on prendra. Et
cette expérience, M. le Président, elle passe, bien sûr,
depuis les 30 dernières années, par les réalisations
concrètes, économiques et sociales du gouvernement
libéral.
Si on revient aux années soixante, M. le Président, non
seulement le gouvernement a défendu les intérêts du
Québec, mais il les a fait avancer. Prenons... Et, encore là, je
relève les commentaires de la députée de Taillon. Elle
disait: La nationalisation de l'électricité - Hydro-Québec
- a permis de créer plusieurs firmes d'ingénierie dont nous
sommes très fiers. Eh oui! Bien sûr, elle a oublié de dire
que René Lévesque, à ce moment-là, était le
ministre responsable de la nationalisation. Je ne sais pas pourquoi on oublie
de le mentionner. Il était là, à ce moment-là. Mais
il y avait aussi un autre personnage important: c'est le premier ministre Jean
Lesage, qui était là, à ce moment-là, et qui est
allé chercher le financement nécessaire pour faire cette
nationalisation. Il est allé le chercher
à New York. Il avait suffisamment de crédibilité
économique pour convaincre les Américains de l'importance de la
nationalisation. Alors, il ne faudrait peut-être pas oublier tous les
aspects de ces dossiers-là. Et si ça a réussi et si on a
Hydro-Québec aujourd'hui, c'est grâce à bien des gens qui
avaient une crédibilité à ce moment-là.
Prenons la Caisse de dépôt et placement du Québec
et, encore là, les sociétés financières, comme la
SGF, tout ça. Nous avons développé une
crédibilité économique et financière un peu
partout. Dans les années soixante aussi, on sentait de
l'adversité, on avait des choses à prouver et ça nous a
forcés, comme Québécois et Québécoises,
à avancer et, comme société à avancer.
Prenons le système d'éducation depuis 1964. Maintenant,
pauvre ou riche, depuis 1964, on a droit à la gratuité scolaire.
C'est important de cultiver notre actif intellectuel, c'est le plus grand actif
que l'on ait. Et c'est grâce à qui? C'est grâce au
gouvernement libéral du temps, à Paul Gérin-Lajoie, que
maintenant on peut compter sur un actif intellectuel très important et
très développé.
Bien sûr, il y a aussi la scène internationale où on
a fait des pas de géant, dans les années soixante. Alors,
c'étaient des grands événements, des grands changements.
Il fallait, bien sûr, que la population ait confiance au gouvernement,
mais il fallait aussi que le gouvernement et ses gens aient confiance dans le
potentiel des Québécois et des Québécoises.
Alors, on peut continuer comme ça. On peut peut-être
revenir aux années soixante-dix, lors de l'arrivée de notre chef
et premier ministre de maintenant, M. Bourassa, et parler de son
dévouement envers la population et des réalisations de ce
gouvernement. Rappelez-vous la Baie James! La vision à moyen et à
long termes du gouvernement s'était traduite par le développement
de la Baie James au lieu du nucléaire.
Dans le domaine de la santé, il y a l'as-surance-maladie, les
CLSC et il y a aussi l'aide juridique, la Charte québécoise des
droits et libertés et, un fait très important, la reconnaissance
du fait français au Québec. Ce sont des gestes importants,
majeurs qui ont été posés pour la population, par le
gouvernement libéral, et c'est pour ça qu'on peut donner,
à la population du Québec, M. le Président, des garanties
que, dans le débat, les intérêts supérieurs du
Québec vont être protégés.
Parlons aussi d'un autre aspect qui n'est absolument pas gouvernemental:
le mouvement coopératif au Québec. Comment les
Québécois pourraient-ils se développer s'ils n'avaient pas
confiance en eux par un mouvement coopératif, par la coopération?
Coopération financière, agricole, forestière et dans
l'habitation. Il fallait avoir confiance et il faut avoir confiance. Et je
pense qu'à ce niveau-là ce sentiment de confiance s'est traduit
par l'appui d'un gouverne- ment qui était là. (20 h 40)
On revient en 1986, avec le libre-échange, la consultation qui a
été faite entre les entreprises, les travailleurs, les syndicats
et la population en général. Il y a eu une participation, une
réflexion approfondie au niveau du libre-échange et les
intérêts supérieurs du Québec ont été
analysés et ont été protégés par le
gouvernement libéral.
Alors, M. le Président, je pense qu'on n'a pas de leçon
à recevoir du Parti québécois sur le respect et la
protection des intérêts du Québec. D'ailleurs, ça
fait combien d'années, M. le Président, que le chef de
l'Opposition et que nos amis d'en face nous parient de souveraineté et
d'indépendance au Québec? Ça fait 15 ans, 20 ans, sauf
qu'à toutes les fois qu'ils citent des chiffres, M. le Président,
ce sont toujours les chiffres des autres. Ils n'ont pas de chiffres, ils n'ont
pas de réponse crédible à nous offrir. Donc, on peut dire
que les souverainistes, au Québec, n'ont pas de fondement.
M. le Président, mes derniers mots, si on peut parler de la
crédibilité des deux chefs, je pense, dans ce dossier, vous
souvenez-vous, en l'année 1984, quand le chef de l'Opposition, Jacques
Parizeau, a démissionné parce qu'il était en
désaccord avec son chef? Est-ce qu'il travaillait vraiment pour les
intérêts supérieurs du Québec ou pour son option
politique personnelle, M. le Président? Là est la question. M.
Bourassa, l'année dernière, même quand on savait qu'il
avait des problèmes personnels, est resté au devoir, est
resté à travailler tout l'été pour les
intérêts supérieurs du Québec, dans un temps de
crise. Alors, quand on fait la comparaison entre les deux chefs, M. le
Président, vous savez, moi, je fais extrêmement confiance à
mon chef parce qu'il a su démontrer, beau temps, mauvais temps, qu'il
était là et qu'il peut offrir aux Québécois et aux
Québécoises le respect de leurs intérêts dans tous
les débats, ainsi que le débat constitutionnel, M. le
Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata. Sur le même
sujet, à savoir la prise en considération du rapport de la
commission des institutions sur le projet de loi 150, Loi sur le processus de
détermination de l'avenir politique et constitutionnel du Québec,
je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Chicoutimi. Mme la députée.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, prétendre que ce gouvernement a l'intention de tenir
un référendum sur la souveraineté, comme prétendre
que le projet de loi 150 respecte intégralement les recommandations de
la Commission Bélanger-Campeau, cela relève
de l'imposture, M. le Président. Imposture de prétendre
que ce gouvernement tiendra un référendum sur la
souveraineté. Ce gouvernement ne veut pas, d'évidence, tenir un
référendum sur la souveraineté. Je vois le
député de LaFontaine qui fait des grands signes de: Oui.
Effectivement, lui et de nombreux autres ont déjà
déclaré qu'ils feraient tout en leur pouvoir pour qu'il n'y ait
pas de référendum sur la souveraineté. Mais ils ne font
que répéter, un peu brutalement, je dirais, ce qu'ils entendent
au caucus des députés libéraux, qui est à peu
près la chose suivante: Ne vous en faites pas, on va les avoir encore,
les Québécois; on va leur faire croire qu'il va y avoir un
référendum sur la souveraineté, mais, tenez-vous bien, il
n'y en aura pas.
Mais, de toute façon, il faut être réaliste. Il faut
être réaliste, le gouvernement voudrait tenir un
référendum sur la souveraineté - ce qu'il ne veut pas de
toute façon - qu'il ne le pourrait pas. Soyons réalistes. Il
tiendrait un référendum sur la souveraineté, ça
voudrait signifier deux choses, ou trois ou quatre, si vous voulez. D'abord,
que le premier ministre accepte de passer à l'histoire comme celui qui
aura fait éclater le Parti libéral. C'est un parti - et je dois
le dire - qui a de l'histoire, c'est un parti important au Québec, et
moi, être chef de parti, je ne prendrais pas ce pari-là. La
deuxième raison, le premier ministre est un fédéraliste
convaincu; 35 ans de pratique du fédéral, ça laisse des
marques puis des obligations. Puis, effectivement, il ne voudrait pas - et je
le comprends - passer à l'histoire comme étant responsable de
l'éclatement de la Fédération canadienne. Mais il ne
voudrait pas non plus, s'il tenait un référendum, passer à
l'histoire comme étant responsable de la scissure ou de la scission
entre les Québécois francophones et anglophones.
Ce sont quelques raisons, mais il s'agirait d'ajouter... Voyez l'image
suivante: Ce gouvernement décide de tenir un référendum
sur la souveraineté. Quel camp va-t-il prendre? Le oui, le non, le
peut-être bien que oui, le peut-être bien que non? Voyons!
Ça relève du sens commun. Il ne peut, mais ne veut surtout pas
tenir de référendum. Et le référendum est
perçu par lui comme étant un outil de chantage. Donc, imposture
que de vouloir convaincre les Québécois et les
Québécoises que ce gouvernement veut tenir un
référendum sur la souveraineté. Imposture
également, et là tout à fait inacceptable, je dirais plus
particulièrement de ceux et celles, de la part de ceux et celles qui ont
participé aux travaux de la Commission Bélanger-Campeau.
Imposture de prétendre que le projet de loi respecte
intégralement l'esprit des recommandations du rapport de la Commission
Bélan-ger-Campeau.
De toute façon, il ne faut pas être longtemps devin pour
voir qu'il y a une contradiction énorme. On n'a qu'à
écouter deux déclarations - je m'y réfère - vous
les avez sans doute entendues comme moi. La première, du ministre
responsable des affaires constitutionnelles qui a participé à
tous les travaux de la commission. Il déclare donc que oui le
référendum, même s'il était positif, pourrait
être suspensif, de manière qu'on puisse recevoir des offres du
fédéral, pour servir un peu de couteau sur la gorge comme le
proposait M. Dion, de couteau sur la gorge pour augmenter la mise du
gouvernement fédéral. Ce n'est pas dans l'esprit du rapport de la
Commission Bélanger-Campeau. Tout ce qu'on retrouve dans les
recommandations, c'est un référendum sur la souveraineté.
Pas un référendum sur la souveraineté qui tient lieu de
menace et de chantage à l'endroit du gouvernement canadien.
Vous autres, j'imagine que vous avez un peu de fierté comme
Québécois et Québécoises. Comment pouvez-vous
être partie à un chantage? C'est une attitude hautement
méprisante. Certains d'entre vous vous rappelez sans doute des
déclarations de M. Trudeau qui qualifiait le peuple
québécois de peuple de chanteurs, de maîtres-chanteurs.
Vous vous rappelez de l'expression, comme elle était blessante et
choquante. Mais votre attitude relève de l'attitude de
maîtres-chanteurs à l'endroit du gouvernement canadien. C'est
hautement détestable et déplorable.
M. le Président, prétendre qu'on veut tenir un
référendum ça relève de l'imposture parce que le
premier ministre lui-même l'a déclaré: Oui,
référendum, oui, référendum mais un
référendum sur des propositions de nature constitutionnelle.
Ça n'est pas, ça n'est pas dans le rapport de la Commission
Bélanger-Campeau. On aura beau le lire et le relire. J'y ai
participé, je l'ai lu et l'ai relu, et ça n'est pas dans le
rapport de la Commission Bélanger-Campeau.
Imposture également de prétendre que ça respecte
intégralement le rapport de la Commission Bélanger-Campeau. On
peut penser, effectivement, qu'une partie des considérants plus les
recommandations respectent assez à la lettre les recommandations de
Bélanger-Campeau. Mais c'est un peu comme si je vous disais: Je vous
donne les plans d'une maison. Vous dites: Oui, je la fais. Mais vous ne
m'avertissez pas et vous la mettez sur pilotis à quelque chose comme 30
pieds de terre, pas d'échelle. C'est exactement, à peu
près, la même chose par rapport au rapport de la Commission
Bélanger-Campeau. On a respecté un peu la lettre des
recommandations, mais on n'en a pas respecté l'esprit. À la
Commission, quand on parlait de commission, pour tous les parlementaires, y
compris les parlementaires qui ont participé à ces
travaux-là, on n'imaginait pas que ce gouvernement inventerait de
nouvelles règles quant à la composition des commissions.
J'écoutais le premier ministre qui disait: Écoutez, c'est
normal, on est en démocratie. Il ne disait pas: On est majoritaire. Mais
c'est l'évidence, ils composent le gouvernement. On a
une commission qui va être composée de neuf parlementaires
ministériels et de cinq de l'Opposition. Si la commission chargée
d'examiner les propositions de nature constitutionnelle estime que c'est bon,
c'est intéressant, c'est crédible - pour utiliser son expression
- pourquoi ne tiendrions-nous pas un référendum là-dessus?
Mais c'est évident que la commission va conclure que n'importe quelle
recommandation de nature constitutionnelle va être crédible,
recevable et acceptable parce que la commission est contrôlée
entièrement, complètement et totalement par les membres du
gouvernement. Alors, allez faire croire à la population que ce
gouvernement a l'intention de tenir un référendum sur la
souveraineté et que la loi respecte l'esprit et la lettre du rapport de
la Commission Bélanger-Campeau, c'est de l'imposture. (20 h 50)
L'orateur précédent disait: II faut avoir le vrai tableau.
Je vais vous en donner un tableau que tous les membres de la Commission
Bélanger-Campeau ont entendu, que nous connaissons, la plupart d'entre
nous, pour ne pas dire tous. Le Québec détient le triste record
du chômage et de la pauvreté. Montréal est la ville
où il y a le plus grand nombre, en proportion, de pauvres. C'est
l'héritage du fédéralisme canadien. Et le ministre des
Affaires municipales justifiait son projet de loi en disant: Nous avons perdu 2
000 000 000 $ de transfert du fédéral en direction du
Québec. Donc, je dois taxer. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le
ministre des Affaires municipales. M. le Président, le gouvernement
canadien, sur lequel nous n'avons aucun pouvoir, pas plus le Québec que
les autres provinces, de contrôler le pouvoir de dépenser, a un
endettement tel que 40 cents de chaque dollar que vous envoyez au
fédéral sert à payer le service de la dette, les
intérêts sur la dette et non pas à amortir la dette. M. le
Président, les économistes estiment qu'en l'an 2000 ce sera 50
cents par dollar de nos impôts qu'on envoie au fédéral qui
vont servir à payer le service de la dette.
M. le Président, ce gouvernement fédéral, cette
structure est extrêmement coûteuse. Au Québec, en
février 1991, il y avait 449 500 chômeurs auxquels il faut ajouter
325 977 bénéficiaires de l'aide sociale aptes au travail. Et on
estime à environ 50 000 ceux qui ne sont nulle part, des non-personnes,
M. le Président. C'est la situation que nous connaissons au
Québec. Ça nous donne environ 825 000 chômeurs, M. le
Président, avec 2 900 000 personnes pour faire vivre tout ce
monde-là. Ensuite, quand on parle des assistés sociaux, on ne se
demande pas pourquoi ils sont assistés sociaux, on pourchasse les
pauvres plutôt que de lutter contre le chômage et le manque
d'emploi. Le résultat: Les coûts de nos services sociaux. Ce n'est
pas tant qu'ils coûtent cher, c'est parce qu'on n'a pas assez de monde
pour les payer parce qu'il y a trop de chômeurs. On a complètement
renversé le fardeau de la preuve en le faisant porter sur les
chômeurs et les assistés sociaux. Un fédéralisme
canadien qui coûte aussi cher au Québec... J'aimerais qu'on
poursuive l'analyse de ce que nous coûte le fédéralisme au
Québec, M. le Président.
Alors, M. le Président, les deux commissions seront
chargées de faire le tour de ces questions, mais vous pouvez compter sur
la vigilance de l'Opposition pour nous assurer qu'en dépit des
tentatives de camouflage de ce gouvernement nous ferons sortir les
données sur les coûts du fédéralisme. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, madame. Alors, sur
le même sujet, je cède la parole à M. le
député de Nicolet-Yamaska. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes.
M. Maurice Richard
M. Richard: M. le Président, c'est avec
déférence et égard à l'endroit de notre tradition
démocratique que je m'adresse à mes collègues de la
Chambre sur le projet de loi 150. Cette attitude, il va de soi, est
commandée par les implications historiques qui risquent de
découler de ce projet de loi pour l'avenir de notre
société québécoise. À cet égard, le
titre même du projet de loi, Loi sur le processus de détermination
de l'avenir politique et constitutionnel du Québec, est plus
qu'évocateur. On voit ce qui est en cause avec ce projet de loi, c'est
le processus ou la mécanique à travers laquelle les
Québécois et les Québécoises pourront exprimer leur
préférence sur le futur statut politique et constitutionnel de
leur société.
M. le Président, dans le cadre du temps qui m'est imparti pour
m'exprimer sur le projet de loi 150, je me propose de montrer que celui-ci
s'inscrit dans le prolongement direct de l'esprit et de la lettre du rapport
Bélanger-Campeau. Je veux mettre en relief le fait qu'il respecte, et en
tout point, le contenu des recommandations du rapport. Par la même
occasion, cela me permettra de souligner la cohérence de la
démarche de notre gouvernement sur cette question vitale pour notre
société québécoise. Mais avant, M. le
Président, il n'est pas inutile de rappeler les circonstances qui ont
conduit le gouvernement à créer la Commission
Bélanger-Campeau. Comme on le sait, la Commission plonge une partie de
ses racines dans la proclamation de la Loi constitutionnelle par le
gouvernement fédéral du temps, en 1982, malgré
l'opposition exprimée à l'époque par l'Assemblée
nationale du Québec. Elle les plonge dans ce qu'on a pris l'habitude
d'appeler, M. le Président, le rapatriement unilatéral de la
Constitution. Ayant accepté le résultat du
référendum en 1980, le gouvernement du temps a fait des efforts
non négligeables pour permettre au Québec de
réintégrer la Constitu-
tion. Mais, comme on le sait, ces efforts sont demeurés vains. En
1986 dans l'espoir de pouvoir régler et ce, de façon
définitive cette question de l'inclusion du Québec dans la grande
famille canadienne, notre gouvernement, dans la foulée du programme de
notre parti qui était identifié comme "Maîtriser l'avenir",
posait cinq conditions. Nous posions, comme l'a dit le premier ministre du
Québec dans son discours, le 23 juin 1990, cinq conditions, ni plus, ni
moins, sans aucune arrière-pensée de marchandage éventuel.
Ces conditions étaient, on s'en souvient, relatives à la
société distincte, au pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral, aux nominations à la Cour suprême et au
choix des sénateurs, à l'immigration et, enfin, à la
formule d'amendement. On peut le voir, elles traduisaient notre volonté
de réintégrer, dans la modération, l'ensemble canadien.
Par cette modération, notre gouvernement exprimait alors sa
volonté de mettre un terme à l'exclusion du Québec, mais,
en même temps, cette modération constituait, comme l'a souvent dit
le premier ministre, un test de la volonté du reste du Canada de
comprendre notre société et nos particularités.
Notre modération, notre stratégie a presque porté
fruit. Pendant plus de deux ans, et, en fait, jusqu'à ce que deux
premiers ministres provinciaux ne respectent pas la signature de leur
prédécesseur, notre démarche, modérée, se
déroulait fort bien. Mais, à la suite de ce que l'histoire
immédiate a déjà retenu comme l'échec de l'accord
du lac Meech, notre gouvernement s'est vu contraint de revoir et de
réexaminer son orientation constitutionnelle.
C'est dans ce contexte de révision de l'orientation
constitutionnelle du gouvernement, à laquelle l'Opposition s'est
associée, qu'on peut situer les origines de la Commission
Bélanger-Campeau, plus concrètement ce discours historique du 23
juin 1990 du premier ministre M. Bourassa. Dans sa structure, la Commission
Bélanger-Campeau résulte de plusieurs discussions entre le
premier ministre et le chef de l'Opposition. Elle est, dans sa forme et dans sa
composition, le résultat d'un compromis et, à ce
niveau-là, c'est un compromis entre les commissions parlementaires que
nous connaissons et celles dites des états généraux qui se
sont développées au Québec depuis déjà
maintenant une vingtaine d'années. Le monde agricole
québécois, d'ailleurs, l'a utilisée, effectivement, tout
récemment. Cette formule intermédiaire de commission, qu'on a
appelée commission parlementaire élargie, s'est
avérée très appropriée et a effectivement
porté des fruits.
La commission a rempli admirablement son mandat et remis un rapport
quasi unanime dans les délais prévus. C'est tout à
l'honneur de ceux qui en ont eu la responsabilité, et je leur rends
hommage, MM. Bélanger et Campeau. Forger l'important consensus qui s'en
est dégagé au terme de nombreuses consultations n'a
sûrement pas été une chose facile. Ce consensus se fonde et
repose, on le sait, sur deux recommandations du rapport qui en sont sa
substance même. Il y a d'abord celle voulant l'obligation d'un
résultat par référendum au plus tard le 26 octobre 1992
et, ensuite, il s'agit de la recommandation relative à la constitution
de deux commissions parlementaires spéciales. Une première
commission parlementaire aura pour mandat d'étudier les questions
afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté, tandis que la seconde aura le mandat d'apprécier
toute offre d'un nouveau partenariat de nature constitutionnelle faite par le
gouvernement du Canada.
Notre gouvernement, dans ce projet de loi que nous discutons, s'est
montré extrêmement soucieux de donner suite à ces deux
recommandations. Notre gouvernement respecte les termes de l'important
consensus qui s'est forgé par les commissaires, après un travail
ardu de plusieurs mois. Tel qu'il est possible de le constater à la
lecture de la lettre du projet de loi, la présence de ce respect des
conclusions du rapport Bélanger-Campeau y est manifeste. Pour s'en
convaincre, il s'agit de considérer le statut des deux commissions
parlementaires. On voit qu'elles sont égales. On voit bien qu'aucune de
ces deux commissions n'est supérieure ou plus importante que l'autre.
L'une et l'autre ont le même statut dans le projet de loi.
L'équilibre entre les deux visions de l'avenir de notre
société qui se sont exprimées au niveau de la commission
est donc rigoureusement préservé. (21 heures)
Si notre gouvernement s'est montré extrêmement soucieux de
cet équilibre entre les deux commissions parlementaires, il y a une
raison, une raison qui est très importante. Cette raison est la
suivante, c'est faire en sorte que les Québécois et les
Québécoises fassent un choix lucide et éclairé sur
leur avenir, notre avenir à tous. L'équilibre entre les
commissions permettra donc d'informer, nous l'espérons,
adéquatement et pleinement la population sur chacune des deux voies qui
s'offrent à nous, qui s'offrent au Québec. Cette
préoccupation de transparence a été maintes fois
exprimée par notre gouvernement depuis le dépôt du rapport.
En effet, M. le Président, le premier ministre et le ministre des
Affaires intergouvernementales ont rappelé, et ce à plusieurs
reprises, l'importance que la population soit informée de la
façon la plus précise et la plus complète sur toutes les
questions relatives à chacune des deux voies. Ils ont rappelé
cette nécessité que soit éclairée la population sur
toutes les questions relatives à la souveraineté et sur celles
relatives à la réforme en profondeur du fédéralisme
canadien. À cet égard, l'un des "considérant" du projet de
loi 150 est effectivement la traduction explicite de cette préoccupation
de transparence. On y parle expressément de la volonté du
Québec d'assurer l'égale compréhension de ces deux voies
pour tous les
Québécois. On retrouve également, M. le
Président, cette préoccupation de lucidité des
implications à une foule d'autres endroits dans le projet de loi
150.
M. le Président, un mot maintenant sur l'option de notre
gouvernement dans ce débat sur l'avenir constitutionnel et politique de
notre société. Comme l'a dit le premier ministre, M. Bourassa:
Notre choix, comme gouvernement, c'est un système fédéral
profondément transformé qui serait plus efficace tout en
permettant au Québec, premièrement de posséder les
pouvoirs nécessaires à son épanouissement comme
société et, deuxièmement, de s'entendre avec ses
partenaires du reste du Canada pour préserver et renforcer l'espace
économique canadien. Ce premier choix s'appuie notamment sur deux
changements significatifs intervenus sur la scène politique
fédérale, suite au récent discours du trône à
Ottawa et à la récente nomination de M. Joe Clark. Nous, du
gouvernement, sommes confiants que le gouvernement fédéral devra
faire au Québec des offres raisonnables de partenariat constitutionnel
et à l'intérieur de l'échéancier que le
Québec a fixé.
De plus, le fait, M. le Président, que le gouvernement
fédéral ait reconnu l'urgence et la nécessité de
changements profonds à être apportés à la structure
actuelle du fédéralisme canadien représente des signes
tangibles de la volonté du gouvernement fédéral de
proposer des avenues de solution raisonnables et acceptables au
Québec.
En terminant, M. le Président, j'exprime le souhait que ce
débat qui s'ouvre avec le projet de loi 150 soit à la hauteur de
notre tradition démocratique et qu'elle en sorte grandie et
renforcée par tous les échanges de points de vue qui permettront
à la population de s'exprimer et d'être enfin libre de son
destin.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Sur le même sujet, M. le
député de Bertrand.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Pour le
bénéfice de ceux qui nous écoutent, j'aimerais, dans les
10 brèves minutes qui me sont allouées, répondre à
une seule question: Pourquoi le Parti québécois, dont l'article 1
du programme stipule que notre objectif premier est de réaliser la
souveraineté du Québec, pourquoi le Parti québécois
ne peut-il se faire le complice de cette loi 150? Les raisons sont simples.
Comme la plupart d'entre vous, j'ai suivi les discussions, les audiences de la
Commission Bélanger-Campeau à travers la télévision
et par les journaux, mais j'ai cependant eu le privilège de
siéger à la commission des institutions qui a examiné
article par article ce projet de loi. J'en suis venu à la conclusion que
le projet qui nous était présenté était, au fond,
une mascarade à la fois de la lettre et de l'esprit de la Commission
Bélanger-Campeau.
La Commission Bélanger-Campeau était le résultat
d'une sorte de consensus où l'Opposition officielle, et non seulement
l'Opposition officielle, mais un nombre de personnes représentant des
secteurs différents de la société québécoise
avaient été invitées à participer à une
démarche collective qui visait à établir les
paramètres de notre évolution constitutionnelle. La conclusion
fondamentale de cette Commission était que le gouvernement devait tenir
un référendum sur la souveraineté du Québec.
Or, lorsqu'on examine les quelque 28 articles du projet de loi 150, on
s'aperçoit que ce projet de loi, au fond, est une sorte de hold-up
à l'image... à rencontre même des recommandations de la
Commission Bélanger-Campeau, et je m'explique. D'abord, alors que la
Commission Bélanger-Campeau avait fait l'objet de consultations de part
et d'autre quant à la nomination de son président et quant
à l'établissement même de sa propre structure - vous vous
rappellerez à cet effet les tergiversations dont avaient fait part les
journaux au sujet de la nomination d'un président, de deux
coprésidents, d'un secrétaire, etc. L'établissement de la
Commission Bélanger-Campeau s'était fait sur la base d'une
consultation entre le chef de l'Opposition et le chef du gouvernement. Or, le
projet de loi 150 est le résultat d'une concoction unilatérale de
la part du gouvernement, une concoction unilatérale dont le
mécanisme même du fonctionnement qui est prévu par la loi
150 va à rencontre de cet esprit de consensus qui avait
présidé à l'établissement de la Commission
Bélanger-Campeau.
Le projet de loi prévoit deux commissions, l'une qui va
étudier la tenue d'un référendum sur la
souveraineté du Québec et l'autre qui va examiner la
recevabilité des propositions qui pourraient être faites par le
Canada. Jusque-là, tout est acceptable et tout est transparent. Sauf
qu'au niveau de la nomination des membres de ces deux commissions il y a une
divergence fondamentale par rapport à ce qui avait été le
cas dans la Commission Bélanger-Campeau. Premièrement, le
gouvernement, contrairement à l'habitude de l'Assemblée
nationale, a refusé de nommer un vice-président et un
président des deux partis principaux, ce qui a comme résultat que
chacune des deux commissions, celle qui va examiner la souveraineté et
celle qui va examiner les offres du Canada, est dépourvue de
comité directeur.
Pour ceux qui connaissent un peu la mécanique de
l'Assemblée nationale, cela a des implications sérieuses.
Lorsqu'il y a un comité directeur, c'est le comité directeur qui
décide qui sera invité à témoigner devant la
commission, qui
sera invité à présenter des mémoires et qui
sera invité comme expert. Or, la mécanique prévue par le
gouvernement dans la loi 150 fait que le gouvernement, unilatéralement,
pourra décider qui sont les experts qui vont être appelés
à témoigner. Par conséquent, il peut parfaitement bien
choisir des experts et des intervenants qui vont refléter exclusivement
sa propre opinion. Voilà pour la mécanique.
Mais il y a quelque chose de plus sérieux. Lorsque le caucus des
députés du Parti québécois a reçu
l'ébauche ou le brouillon, si vous voulez, du projet de loi 150, il y
avait un paragraphe à la fin qui, de toute évidence, avait
été ajouté à la dernière minute, puisqu'il
était rédigé dans une typographie différente. C'est
le paragraphe qui s'est traduit par l'article 28 du projet de loi, et cet
article 28 donne la prérogative au premier ministre, sur la base d'un
vote à l'Assemblée nationale où, évidemment, le
Parti libéral possède la majorité, d'interrompre le
processus des deux commissions lorsqu'il le jugera approprié.
Mais, M. le Président, ce qui m'a le plus intrigué et ce
qui m'a le plus surpris, c'est lorsque, en commission, nous avons pu interroger
le ministre responsable de cette question, à savoir: Si un vote sur la
souveraineté du Québec était tenu en suivant la logique de
la loi 150, est-ce que le gouvernement serait du côté du oui ou
s'il serait du côté du non? C'est une question fondamentale
à poser parce qu'il y a quelque chose, vous conviendrez avec moi, de
quelque peu illogique et d'incohérent pour un gouvernement de
présenter un projet de loi qui donne comme mandat d'établir une
commission sur la souveraineté, projet sur lequel il n'a même pas
l'intention de se prononcer lui-même. J'ai rarement vu des gens ou des
gouvernements qui présentent des projets de loi qu'ils n'ont même
pas l'intention de défendre eux-mêmes par la suite. Point
d'interrogation majeur.
Deuxième point d'interrogation majeur: lorsqu'on a cherché
à savoir du ministre responsable si, advenant un vote affirmatif,
c'est-à-dire un vote majoritairement oui à un
référendum sur la souveraineté du Québec, la
commission qui, elle, examine les propositions venant du Canada cesserait
automatiquement d'exister, ce qui, à nous, nous paraissait logique. Le
ministre a refusé de répondre et il s'est même
enfargé au point de dire que, non, un vote majoritaire pour la
souveraineté du Québec n'impliquait pas que la commission
recevant les offres, pour ainsi dire, du gouvernement canadien, cessait
d'exister.
C'est donc dire qu'en dépit d'un vote majoritairement en faveur
de la souveraineté du Québec, le gouvernement pourrait continuer,
malgré tout, à étudier des offres du gouvernement
canadien. Et c'est là où je pense et où je trouve que ce
projet de loi 150 constitue en quelque sorte un hold-up de l'esprit et de la
lettre du rapport de la Commission Bélanger-Campeau.
Autre point fondamental qui n'a pu être explicité en
commission et qui démontre l'absence de transparence du gouvernement sur
cette question. J'ai eu l'occasion de poser au ministre la question suivante,
à titre de porte-parole de l'Opposition pour les questions d'affaires
internationales, en particulier suite aux déclarations que nous avons
tous lues dans les journaux dernièrement à la suite de la visite
du premier ministre Mulroney en Allemagne, où le chancelier Kohl a
affirmé que les Européens et, en particulier, les Allemands, ne
comprenaient strictement rien à l'indépendance du Québec
et ne comprenaient surtout pas pourquoi les Québécois voulaient
réaliser leur souveraineté. Alors, j'ai posé la question
au ministre, je lui ai demandé: M. le ministre, si vous
privilégiez de façon égale, à la fois la
souveraineté du Québec, à la fois les offres qui
viendraient du Canada, si vous ne préparez pas le terrain dans
l'éventualité où le Québec ou la population du
Québec pourrait se prononcer en faveur de la souveraineté, nous
allons avoir une fichue côte à remonter du point de vue de
l'opinion publique internationale parce que, lorsqu'on parle de
souveraineté, on ne parle pas uniquement de débat entre
Québécois. On parle également d'une reconnaissance des
États étrangers, si on vote majoritairement pour la
souveraineté. (21 h 10)
Le ministre a été incapable de nous confirmer que les
délégations du Québec à l'étranger pavaient
la route, pour ainsi dire, auprès des décideurs étrangers,
à la fois pour l'option de la souveraineté comme pour l'option du
fédéralisme renouvelé. Quand on prend en
considération que le ministre des Affaires internationales du
Québec s'est promené aux États-Unis il n'y a pas si
longtemps pour affirmer à qui voulait bien l'entendre qu'il
n'était pas question pour le gouvernement du Québec de
privilégier l'option de la souveraineté, on peut s'interroger
sérieusement sur la transparence du gouvernement et sur son objectif
fondamental dans ce projet de loi.
Voilà, M. le Président, les raisons pour lesquelles,
essentiellement, le Parti québécois ne peut pas endosser ce
projet de loi. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Bertrand. Sur le même sujet, M. le
député de Salaberry-Soulanges.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci beaucoup, M. le Président. C'est
réellement intéressant d'entendre les échanges,
d'écouter les échanges de part et d'autre de cette Chambre sur la
vision ou l'interprétation de la loi 150. Ce qui est de plus en plus
intéressant, c'est que ça permet à la population du
Québec d'entendre des discours tout à fait incohérents de
la part de l'Opposi-
tion.
J'écoutais tantôt le député de Bertrand qui
parlait de l'article 1 du Parti québécois qui dit clairement que
le Parti québécois veut la souveraineté du Québec.
Je pense que tout le monde est bien au courant de ça. Depuis la
fondation du Parti québécois, on connaît l'article
numéro 1 qui est l'indépendance du Québec. Ce qu'il oublie
de dire, c'est que depuis que le parti est créé et depuis qu'il a
pris le pouvoir en 1976 ils n'ont jamais osé le déclarer et le
réaliser.
Je vais vous démontrer l'incohérence de ce parti-là
par rapport à la formation qui est au pouvoir présentement. Nous,
notre discours n'a jamais changé. L'article numéro 1 de la
constitution du Parti libéral, c'est un parti fédéraliste.
Ça, ça n'a jamais changé. On a toujours été
pour un Québec fort dans le Canada, sauf qu'aujourd'hui on remet en
question notre appartenance au Canada s'il n'y a pas de changements. Ça,
c'est bien différent. Il y a une évolution dans ce
parti-là. Chez vous, je ne l'ai pas vue encore. Je vais vous le
montrer.
Le Parti libéral du Québec, c'est le seul parti politique
au Québec et au Canada qui a un programme constitutionnel clair, net et
précis: un objectif, un échéancier, une date, un
résultat, ce que vous n'avez jamais osé dire publiquement,
jamais. C'est le seul parti politique au Canada qui a un programme
constitutionnel clair et qui a eu le courage d'aller consulter la population
par le biais d'une commission parlementaire qui s'appelle la Commission
Bélanger-Campeau, ce que vous n'avez jamais osé faire lorsque
vous étiez au pouvoir, lorsque vous avez voulu faire votre
référendum et lorsque vous avez rédigé une
question. Vous n'avez jamais osé créer une commission
parlementaire pour aller consulter la population sur le bienfait d'un
référendum sur l'avenir du Québec. Jamais vous n'avez
osé faire ça. Vous avez passé votre temps à parler,
des heures et des heures ici.
En juin 1990, M. le Président, on a pu constater qu'il s'est
passé quelque chose d'assez extraordinaire au Canada puis, plus
particulièrement, pour l'avenir du Québec. Oui, il y a eu
l'échec de Meech. Ça a fait mal à bien du monde. Ça
faisait partie de notre programme, nous autres, le Meech. Dans le programme du
Parti libéral du Québec, dans "Maîtrisons l'avenir" qu'on a
rendu public en 1985, les cinq conditions qu'on est allé négocier
à Ottawa apparaissaient dans notre programme. On n'en a pas
inventées, on a pris les conditions sur lesquelles on s'était
entendus, sur lesquelles on avait consulté l'ensemble des militants
libéraux.
Le premier ministre a fait une déclaration solennelle, à
ce moment-là. Il a bien dit que le Québec était
maître de son avenir. Quoi qu'on dise, quoi qu'on pense, on est une
société distincte. Vous l'avez applaudi. Votre chef s'est
même levé et il a crié: Mon premier ministre! Il lui a
même offert son aide, lui, il lui a même donné son aide pour
reprendre le Québec en main et dire au reste du Canada: Maintenant, on
est un peuple et on va vous démontrer qui nous sommes, les
Québécois et les Québécoises. On a formé la
Commission Bélanger-Campeau, avec votre assentiment. On a nommé
les présidents de cette Commission avec l'accord du Parti
québécois. On a nommé les commissaires, toujours en accord
avec le Parti québécois. C'est ça, le Parti libéral
du Québec. Ça, c'est un parti cohérent. On est allé
consulter la population pendant quasiment une année. Tout le monde est
venu en commission, des centaines et des centaines de gens. Et vous arrivez
avec une conclusion qui résume l'état d'âme de l'ensemble
des Québécois et de nos Québécoises, qui
résume l'opinion de nos Québécois et des
Québécoises sur l'avenir constitutionnel du Québec. Vous
osez la signer et, aujourd'hui, vous reniez votre signature. Ça,
là, c'est tout à fait épouvantable! Je n'ai jamais vu
ça, moi.
Je me demande quelle formation vous êtes. Je me demande quelle
personnalité politique vous représentez, au Québec. Vous
vous dites séparatistes. Vous faites un référendum et vous
écrivez une question que personne ne comprend, même pas vous
autres. Vous vous dites indépendantistes et vous laissez tomber le droit
de veto du Québec. Ça, c'est beau! Vous vous dites souverainistes
et vous acceptez le beau risque fédéral avec les bleus. C'est
ça, le Parti québécois! L'article 1: l'indépendance
du Québec. En l'espace de cinq, six ans, vous avez changé
d'opinion à peu près à chaque fois. Puis là, vous
vous dites cohérents!
Pire que ça, M. le Président, l'affirmation nationale de
Pierre Marc Johnson. Eux autres! Tout le monde est debout, vous l'applaudissez
et vous changez de chef, en plus. Imaginez-vous donc! Il faut le faire! Ils
sont contre les cinq conditions de Meech. On va négocier à Ottawa
l'avenir constitutionnel du Québec et le Parti québécois,
dans les journaux, à tous les jours, dit: On dénonce le lac
Meech. Des conditions tout à fait niaiseuses, pour employer leurs
termes. Au moment où ils se sont aperçus que Meech était
en train d'échouer, ils ont été les premiers à
aller sur la place publique, à défendre Meech. "C'est-u"
écoeu...? Excusez, je ne dirai pas le mot par respect pour les
Québécois. Mais c'est ça.
Puis, aujourd'hui, on travaille pour consulter la population, on
écrit un projet de loi qui forme deux commissions parlementaires. On ne
demande pas la fin du monde, on dit seulement aux Québécois et
aux Québécoises que c'est ça, simplement, la
démarche qu'on fait. On les a consultés, il y a eu des opinions
différentes, il y a des gens qui... Dans l'ensemble, ceux et celles qui
sont venus en commission parlementaire, ils sont très rares les groupes
qui ont dit: On veut l'indépendance du Québec pure et nette.
C'est
très rare qu'on a vu un groupe dire ça. L'ensemble des
groupes, la majorité a dit: II faut que le Québec prenne la
maîtrise d'oeuvre de son devenir, il faut que le Québec rapatrie
ses pouvoirs. Mais c'est ça qu'on a fait, encore, comme parti. On est
allés, nous, en réflexion. On a mis sur pied une commission, au
niveau du parti, qui s'appelle le rapport Allaire. On est arrivé avec
une proposition d'un nouveau Canada, pas d'un Québec
séparé du Canada. On s'est dit: Pour le bien-être des
Québécois et pour le bien-être des Canadiens, il faut la
changer, la structure constitutionnelle du Canada. C'est ça qu'on a
proposé. Et on encourage toutes les provinces à aller dans le
même sens. On fait quoi? On veut rapatrier des pouvoirs qui nous sont
propres. C'est ça qu'on demande. Et on dit: On vous donne tant de temps
pour le réaliser et si, après tant de temps, ça ne marche
pas, on prendra une autre décision parce qu'on s'apercevra, à ce
moment-là, qu'il n'y a plus rien à faire avec vous autres. C'est
ça, notre démarche. C'est bien simple, il n'y a absolument rien
de compliqué. On l'a traduit, même, dans la Commission
Bélanger-Campeau. Ça revient exactement à la même
chose. Deux commissions: une pour étudier les offres potentielles du
Canada et une pour étudier également les impacts
socio-économiques et politiques d'une souveraineté. (21 h 20)
II me semble qu'on essaie au moins de montrer à l'ensemble des
Québécois les deux côtés de la médaille, pas
seulement un bord. Je ne vends pas juste des chemises blanches, j'ai toutes
sortes de couleurs, fais ton choix. Ce qu'on veut faire, on veut permettre
à l'ensemble des Québécois et Québécoises de
faire leur opinion sur des offres potentielles. Si elles ne sont pas
acceptables, on les rejettera. On va leur montrer également, par une
autre commission, l'évaluation de l'impact économique, social et
politique d'un Québec indépendant. La
souveraineté-association, les gens qui parlent d'un Québec
souverain associé, c'est un terme général qui ne s'est
jamais appliqué nulle part. On fait la séparation du
Québec si on veut s'associer par la suite. On ne fait pas ça en
même temps. Donc, il est tout à fait nécessaire que
l'ensemble des Québécois et des Québécoises puisse
regarder les deux côtés, faire l'évaluation, puis le choix
des Québécois, ce sera notre choix, ne vous inquiétez pas
pour ça.
J'entendais tantôt le député de Bertrand qui disait:
Le ministre des affaires canadiennes dit que si on fait un
référendum sur la souveraineté, puis s'il passe, on va
continuer à négocier un nouveau "deal" avec le Canada. Je vais
vous dire une chose. Moi, j'écoutais une émission de radio dont
les animateurs sont M. Coderre et M. Charbonneau, un ancien
député, un de vos anciens collègues, et je me souviens
qu'il avait interviewé M. Brassard, le député de
Lac-Saint-Jean. Il lui a posé la question suivante, vous pourrez
vérifier; si vous pouvez vous parler de temps en temps, il va
peut-être y avoir un peu plus de cohérence. On disait: M.
Brassard, advenant le cas... Parce qu'on s'obstinait à savoir si on
devrait faire une élection générale ou un
référendum. On pose la question au député de
Lac-Saint-Jean: M. Brassard, s'il y a un référendum sur des
offres canadiennes, puis la très grande majorité des
Québécois votent pour, qu'il y a une élection une
année ou deux après et que le Parti québécois prend
le pouvoir, est-ce que vous allez accepter la volonté du peuple
québécois? Il a répondu quoi? Non. Nous autres, tant et
aussi longtemps qu'on ne fera pas un référendum sur la
souveraineté du Québec, on n'arrêtera jamais. Ça a
été ça, sa réponse, vous écouterez les
enregistrements.
M. le Président, pour terminer, il serait bien important, surtout
à ce temps-ci, le Québec étant dans une position de
force... Puis on va maintenir cette position-là si on réussit,
tous les Québécois et les Québécoises, à se
tenir, et surtout les partis politiques. On a des décisions graves et
importantes à prendre dans l'année qui vient, puis moi, j'invite
le Parti québécois, les membres de cette Assemblée,
à se rallier, à reconsidérer leurs positions et à
voter majoritairement pour le projet de loi 150. Il faut avoir l'esprit ouvert.
Vous savez, l'esprit, c'est comme un parachute, ça fonctionne quand
c'est ouvert. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Salaberry-Soulanges. Sur le même sujet, je
cède la parole à M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. J'ai
été élu et je suis revenu en Chambre pour défendre
les citoyens de Labelle, et comme parti politique, nous représentions,
à la dernière élection, 40 % des Québécois.
Si les sondages disent vrai, ces 40 % progressent. M. le Président, j'ai
entendu cet après-midi le ministre de la Justice, et j'ai entendu des
gens dire que nous renions notre signature. M. le Président, je veux
simplement faire une chose ce soir, relire l'addenda qui a été
signé par les députés du Parti québécois. Et
vous allez comprendre que nous ne renions pas notre signature. M. le
Président, je lis...
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle, votre question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, vous étiez à
même d'entendre l'orateur précédent crier à
volonté sans qu'on ne le dérange une seule fois. Il y a un ton
passablement modéré, puis j'ai
l'intention, comme leader de l'Opposition, de faire en sorte que nos
députés aient le même respect qu'on a eu pour eux.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous avez raison, M.
leader de l'Opposition officielle. Allez-y, M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président: "Nous, commissaires
soussignés, convenons des observations et commentaires suivants
concernant le chapitre sur les conclusions et demandons à ce qu'il fasse
partie du rapport. Nous avons signé à condition que cet addenda
fasse partie du rapport. L'article 2 de la loi ayant constitué la
Commission établit que cette dernière a pour mandat
d'étudier et d'analyser le statut politique et constitutionnel du
Québec et de formuler à cet égard des recommandations.
"Dans l'exécution de son mandat, la Commission a reçu des
mémoires, tant du public que de nombreux experts, a
procédé à des audiences publiques dans diverses
régions du Québec, a tenu un forum et a produit ou
commandé par son secrétariat nombre d'études. "Tous ces
travaux devaient permettre d'étudier les différentes avenues
possibles, d'en analyser les avantages et les inconvénients, d'en tirer
des conclusions, pour enfin formuler des recommandations. Il nous
apparaît que la population s'attendait à des conclusions et
à des recommandations claires, aptes à la guider dans les choix
qui, depuis maintenant plus de 20 ans, sont discutés au Québec.
"Nous ne pouvons accepter que les conclusions de la Commission se limitent en
substance à établir qu'il existe deux avenues de solution
à l'impasse actuelle, soit, d'une part, une dernière chance au
fédéralisme à renouveler et, d'autre part, la
souveraineté elle-même, et ce, sans formellement se prononcer en
faveur de l'une ou l'autre de ces avenues, alors que chaque groupe se
présentant devant elle était invité à le faire.
"À notre avis, les conclusions telles que formulées apportent peu
d'éclairage au débat, ne rendent pas compte de l'ampleur des
travaux de la Commission, ne reflètent pas vraiment les opinions
exprimées par le public et, donc, ne concluent pas. "Pourtant, les
audiences tenues, les mémoires reçus, les travaux d'experts
permettent, selon nous, de dégager huit conclusions issues d'autant de
consensus. Ces conclusions regroupées dans un amendement aux conclusions
du rapport se lisaient ainsi: "1° le statu quo politique et constitutionnel
n'est pas souhaitable, voire tout à fait indésirable pour le
Québec; "2° le fédéralisme canadien ne contribue plus
aux objectifs sociaux, culturels, économiques et politiques du
Québec. Il ne représente plus, aux yeux des
Québécoises et des Québécois, un système
adapté aux exigences liées aux grands défis auxquels sera
confronté le Québec au cours des prochaines décennies.
"C'est en fonction des exigences d'une société globale et
spécifique, d'une collectivité qui forme un peuple distinct, que
pour la majorité des Québécoises et
Québécois qui ont comparu devant la Commission se pose la
question de leur avenir politique, de leur statut par rapport à la
communauté canadienne et à la communauté internationale;
"3e la vigueur et la maturité de son économie, le
dynamisme de sa classe entrepreneuriale de même que la capacité de
concertation de ses agents économiques et sociaux permettent au
Québec d'envisager toutes les alternatives au statut politique et
constitutionnel actuel. Les travaux de la Commission démontrent la
viabilité de la souveraineté et sa faisabilité
ordonnée; "4° il est nécessaire d'accorder une importance
particulière au maintien, et même à l'amélioration,
de l'espace économique canadien et, donc, de favoriser le maintien de la
libre circulation des personnes, des services, des biens et des capitaux, de
même qu'à la sauvegarde de l'union douanière. Au surplus,
il apparaît qu'il pourrait être avantageux de sauvegarder
l'utilisation d'une monnaie commune; "5° il émane des
mémoires présentés à la Commission une
volonté clairement exprimée de vivre dans une
société démocratique, pluraliste et ouverte sur le monde.
La constitution du Québec, incluant la Charte québécoise
des droits et libertés de la personne, est appelée à
consacrer le caractère français du Québec, les droits
fondamentaux de la personne et l'égalité entre les hommes et les
femmes. Cette constitution devra aussi reconnaître les besoins
spécifiques et les droits inaliénables de la minorité
anglo-québécoise et des nations autochtones; "6° de
l'ensemble des mémoires présentés à la Commission,
de ses travaux et de ses études, il se dégage que tout projet de
réforme en profondeur de la Constitution canadienne et du régime
fédéral actuel, dans le sens des aspirations du Québec, se
heurte à des obstacles considérables et a peu de chance de se
réaliser. "La volonté du Canada anglais de préserver un
fédéralisme symétrique où toutes les provinces sont
égales, son attachement à une Charte des droits qui consacre une
application uniforme des garanties constitutionnelles, sa foi dans la
nécessité d'un gouvernement central fort et finalement les
contraintes juridiques liées au processus d'amendement sont autant
d'éléments qui rendent pratiquement irréalisable un
réaménagement du fédéralisme canadien dans le sens
des intérêts du Québec; "7° des travaux,
mémoires et audiences de la Commission, il ressort que l'avenue à
privilégier est la souveraineté du Québec. "Ainsi, le
Québec déciderait de se retirer du régime
fédéral avec tous les attributs d'un État
souverain. Cette souveraineté du Québec implique un
pouvoir suprême reconnu à l'État québécois,
dont l'exclusivité de ses compétences législatives et
fiscales sur le territoire national et son indépendance dans l'ordre
international, où il n'est limité que par ses propres
engagements. Cette souveraineté est un préalable à toute
formule de partenariat visant à maintenir, par traité, l'espace
économique commun entre le Québec et le Canada; (21 h 30) "8 le
choix de la souveraineté doit relever directement des
Québécois et des Québécoises. Il doit donc
s'exprimer par référendum dans les plus brefs délais."
Je termine là, M. le Président. Cet amendement,
malgré le soutien de 15 commissaires incluant, en plus des
députés du Parti québécois, M. Beaumier, M. Claude
Béland, Mme Blackburn, M. Bouchard, M. Brassard, M. Chevrette, Mme
Harel, M. Laberge, M. Larose, M. Léonard, Mme Marois, M. Nicolet, Mme
Pagé, M. Parizeau, M. Turgeon, a été rejeté,
malgré le soutien de 15 commissaires, par 17 voix et l'abstention des
deux présidents. De telles conclusions auraient été
d'autant plus nécessaires qu'elles auraient permis à la
Commission de remplir adéquatement son mandat en incarnant la
volonté populaire tout comme elles auraient servi d'assise à des
recommandations qui, somme toute, se limitent à une démarche
technique destinée à laisser croire à un illusoire
consensus au sein de la Commission.
Nous avons longuement hésité à accepter la
recommandation de la Commission. Après des tractations laborieuses, il a
finalement été établi que le référendum ne
porterait que sur la souveraineté, que l'on pourrait discuter d'un
partenariat économique, qu'il n'y aurait pas d'appel d'offres pour un
fédéralisme renouvelé et que les seules offres
considérées venant du gouvernement fédéral et des
provinces devraient les lier formellement, c'est-à-dire que nous ne
cautionnerons pas des tentatives de fédéralisme renouvelé.
Tout cela explique que nous ayons accepté de repousser le
référendum de 1991 à 1992. Tout cela est forcément
entre les mains du gouvernement. On verra à l'usage. Il est regrettable
que la Commission n'en soit arrivée qu'à cela. Elle avait,
d'abord et avant tout, à proposer aux Québécois les voies
de l'avenir.
M. le Président, nous avons signé ce rapport à
condition que cet addenda en fasse partie. Et quand le ministre, cet
après-midi, est venu dire devant la Chambre qu'il y avait un consensus
quant aux conclusions, c'est faux. M. le Président, je pense qu'il est
important que les Québécois soient bien conscients de ce qui a
été signé dans ce rapport et je ne suis pas sûr que
tous les députés qui parlent ici en cette Chambre l'ont lu et ont
lu les addenda.
Je pense, M. le Président, que ce qui est en train
d'apparaître, c'est que le Parti libéral, le gouvernement au
pouvoir ne veut pas faire un référendum sur la
souveraineté. Il ne peut pas dire qu'il serait d'accord avec la
souveraineté dans un référendum qu'il ne veut pas gagner
évidemment. Et, M. le Président, je pense qu'après
l'échec de Meech, ils ont peur de dire aux Québécois
qu'ils sont encore fédéralistes et qu'ils prennent des chemins
détournés pour revenir, deux ans après, vers cette voie
sans issue qu'est le fédéralisme renouvelé. Ils ne veulent
que gagner du temps. Ils ont gagné déjà un an depuis
l'échec de Meech. Ils veulent en gagner encore plus d'un après,
maintenant, la loi 150 et puis, après, ils veulent encore continuer
à négocier. Ils ne veulent pas la souveraineté et ce
qu'ils cherchent à faire par la loi 150, c'est le procès de la
souveraineté avec tous les éléments qu'ils veulent mettre
en preuve sans que l'Opposition n'ait le pouvoir ni le loisir d'aller à
l'encontre, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Labelle. Je cède maintenant la parole au
député de Rousseau. Je vous rappelle, M. le député,
que vous intervenez sur la prise en considération du rapport de la
commission des institutions sur le projet de loi 150, Loi sur le processus de
détermination de l'avenir politique et constitutionnel du Québec,
et sur les amendements.
M. Thérien: Merci, M. le Président. En
entrée de jeu...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, sur une question de
règlement.
M. Boulerice: M. le Président, l'article 32 de notre
règlement ne dit-il pas, dans son deuxième paragraphe, que les
députés doivent occuper la place qui leur a été
assignée par le Président, demeurer assis et garder le silence,
à moins d'avoir obtenu la parole, ce qui n'est pas le cas de la
députée de Vachon?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, de façon
générale, je pense que les députés gardent le
silence et écoutent avec attention les parlementaires qui s'expriment
sauf, qu'il y a, effectivement, certains députés qui ne sont pas
à leur banquette. Je n'ai pas le choix, regagnez vos banquettes. Alors,
M. le député de Rousseau, allez-y.
M. Robert Thérien
M. Thérien: M. le Président, en entrée de
jeu d'abord, je suis très fier et honoré de prendre la parole sur
le projet de loi 150, surtout que j'ai peut-être été un des
parlementaires qui n'a pas abusé de son droit de parole au niveau du
projet de loi 150. Je suis fier aussi
d'avoir été choisi par ma formation pour participer
à l'une des commissions qui auront à débattre
l'orientation du Québec.
Avant d'entrer dans le fond du sujet, j'aimerais répondre
à une interrogation de ma voisine, la députée de
Terrebonne, qui disait tantôt: La loi 150 n'est pas claire. Surtout
venant d'elle qui travaillait dans un bureau politique, qui a connu la question
référendaire en 1980, lorsqu'on parle de clarté...
J'imagine que la question qui était initiée par le Parti
québécois n'était absolument pas claire. Elle
spécifiait tantôt, en disant: Dans le Parti libéral, il y a
des gens qui sont souverainistes, il y a des gens qui sont
fédéralistes et il y a des gens qui sont entre les deux. Moi, je
suis fier de ça parce que le Parti libéral représente le
peuple. Ce n'est pas une religion, notre parti politique, c'est tout simplement
la représentation telle quelle de la population.
C'est pour ça qu'on a créé deux commissions, une
commission qui va aller étudier les risques de la souveraineté ou
les ouvertures de la souveraineté. M. le Président, on nous
demande d'acheter une maison et on ne veut pas dire combien va coûter
l'hypothèque. En plus, ces vendeurs-là nous réservent
peut-être des vices cachés. Ce qu'on dit aux citoyens du
Québec, c'est: Si vous avez à acheter quelque chose, on va vous
mettre au courant de l'hypothèque et de la structure. C'est ça
qu'on dit aux gens. On ne veut pas leur dire des choses qui n'existent pas.
Mais ces gens, de l'autre bord, veulent nous dire: Achetez et, après
ça, vous verrez s'il y en a, des vices cachés.
Je reviens sur ma voisine qui, dans nos journaux locaux, passe son temps
à nous dire: On veut un référendum. Elle a l'occasion d'en
avoir un et elle vote contre. Elle a eu l'occasion d'en faire un en 1977, 1976
et elle en a fait un quatre ans après. Je pense que ce qu'on propose aux
citoyens du Québec, c'est d'abord de les écouter, ce qu'on a fait
à la commission parlementaire, ce que le député de
Soulanges disait très très bien tantôt. On les a
écoutés. Mais après, il faut leur donner une
réponse sur l'impact de chacune des décisions.
M. le Président, je veux me servir d'un exemple que j'ai
vécu, ce sont les meilleurs exemples possible pour traduire ce que sont
les Québécois. J'ai été invité, comme
député libéral, à un panel, lorsque la Commission
Bélanger-Campeau a siégé, au cégep de Joliette,
avec mon voisin, le député de Joliette, avec le
député conservateur du comté de Joliette, avec un membre
du Parti libéral et avec le Bloc québécois. Je vous
raconte cette petite expérience qui traduit très bien ce qu'est
l'esprit des Québécois. Vous savez qu'un libéral, des
fois, dans un cégep, peut être mal vu. Mais je peux vous dire, M.
le Président, que c'est avec la tête haute qu'on est allé
là, et c'est avec la tête haute qu'on en est sorti. Je vous parle
d'une question qu'on posait. Il y a un étudiant qui posait des questions
à tous les panelistes et, à un moment donné, le Bloc
québécois, M. Duceppe, dit aux gens: Bien moi, ça ne me
fait rien de me sacrifier pendant 10 ans. Savez-vous ce que l'étudiant a
répondu? Il a dit: Pas moi. Ça, c'est un jeune. Ce n'est pas un
membre du Parti libéral, c'est un étudiant du cégep qui
dit: Non, moi, je ne suis pas prêt à perdre des acquis.
J'étudie, je veux un emploi et je veux les mêmes avantages que la
société a maintenant.
Le résultat de ça, M. le Président, regardez: le
référendum, à travers le cégep, 33 % des jeunes ont
voté, dont 80 % pour le référendum, pour oui. 33 %,
savez-vous ce que ça veut dire, M. le Président? Ça veut
dire que les jeunes ne sont pas au courant, ils veulent en connaître plus
pour pouvoir se prononcer. C'est ça que ça veut dire, tout
simplement. La réponse du jeune était extraordinaire. On ne se
sacrifie pas nécessairement pour une cause qu'on ne connaît pas,
on veut se sacrifier pour une cause qu'on connaît.
Donc, ce qu'on dit, nous, c'est qu'on va étudier les impacts. On
ne dit pas qu'ils vont être négatifs, les impacts sur la
souveraineté. On veut les connaître et on veut le dire aux
Québécois. On veut qu'ils prennent une décision
éclairée. Ces gens-là ne veulent pas que les
Québécois soient éclairés? C'est ça qu'on
nous dit. Autant sur le fédéral. Si le fédéralisme
est encore rentable, il faut le dire aux gens du Québec. Il ne faut pas
avoir honte de dire qu'une chose est positive. Donc, ces gens-là
trouvent notre loi 150 un peu floue.
Vous savez, l'exemple qu'on a eu au référendum
précédent ne nous démontrait pas jusqu'à quel point
ces gens-là étaient précis, mais je pense que, en bout de
ligne, le Parti québécois est là pour renier des choses.
La première chose qu'ils ont reniée, c'est l'indépendance;
la deuxième chose qu'ils ont reniée, c'est la
souveraineté-association; la troisième chose qu'ils ont
reniée, c'est le beau risque; la quatrième chose qu'ils ont
reniée, M. le Président, c'est l'affirmation nationale; la
dernière chose, récemment, c'est leur signature. Qu'on renie la
loi 150, ce n'est pas étonnant, c'est tout simplement la suite
logique... (21 h 40)
Une voix: C'est ça.
M. Thérien: ...d'un parti qui renie tout le temps. C'est
exactement ça, M. le Président, qu'on a devant nous, des gens qui
renient.
Des voix: C'est vrai.
M. Thérien: M. le Président, nous, on n'est pas ici
pour renier, on est ici pour faire avancer le Québec. On a
été élus pour ça, mais en toute connaissance de
cause, avec des éléments bien précis, qui permettront aux
Québécois de conser-
ver ce qu'on a acquis de peine et de misère avec tout le labeur
de ceux qui sont passés avant. Mettre ça, M. le Président,
en péril, non. C'est pour ça, M. le Président, que la
suite logique au rapport Allaire, la suite logique à
Bélanger-Campeau, ce sont les deux commissions parlementaires.
Même les gens qui étaient tout à fait contre disent qu'on a
besoin de la loi 150. Pourquoi ces gens-là ne veulent-ils pas? Parce que
ça ne vient pas d'eux autres, M. le Président. Ils ont peur de se
faire glisser le tapis. Une question qui n'était pas
référendaire en 1980 pour garder le pouvoir et une question qui
pourrait avantager les Québécois de peur qu'on garde le pouvoir.
C'est ça, la vérité. C'est ça, la
vérité. Vouloir garder les gens dans l'ignorance, c'est
exactement ce que ces gens-là font. On ne peut pas reprocher au Parti
libéral du Québec de vouloir s'informer davantage, de vouloir
informer davantage sa population. Vouloir être absent de ce
débat-là, c'est presque vouloir conserver les gens dans
l'ignorance. Ce n'est pas... La théorie de faire peur aux gens est
terminée. Ce n'est pas faire peur de dire que ça peut être
avantageux, de dire que ça peut être désavantageux, M. le
Président. M. le Président, vous m'indiquez que, malheureusement,
il me reste seulement une minute, mais je veux vous rappeler qu'à force
de renier des choses, on ne fait pas avancer un peuple mais on fait reculer un
peuple. Merci, M. le Président.
M. Boulerice: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, un instant...
merci, m. le député de rousseau. sur une question de
règlement, m. le député de sainte-marie-saint-jacques.
M. Boulerice: Oui, M. le Président. Le
député de Rousseau qui a la tête haute, et je n'en doute
pas, accepterait-il, en vertu de l'article 206 de notre règlement, de
répondre à une très brève question que je vais lui
poser?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous devez vous
limiter à demander s'il veut, oui ou non, accepter de répondre
à l'une de vos questions. M. le député de Rousseau. Il
refuse. Alors, je suis prêt à reconnaître...
M. Boulerice: On sait pourquoi.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...le prochain
intervenant...
M. Boulerice: II a voulu être candidat péquiste en
1985, il s'est fait planter...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, Mme la
députée de Taillon, je vous cède la parole. Je vous
rappelle que vous disposez d'une période de 10 minutes.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. En fait, je pense que
la question de mon collègue était relativement simple.
C'était de vouloir savoir de la part du député de
Rousseau, qui vient d'intervenir au nom de sa formation politique, s'il avait
été effectivement candidat dans une convention d'investiture du
Parti québécois. Alors, c'était très simple cette
question-là, et il aurait répondu oui, de toute façon.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Question de
règlement. M. le leader adjoint du gouvernement, sur votre question de
règlement.
M. Bélisle: ...n'est nullement pertinent à nos
débats, M. le Président, définitivement, et je pense que
vous devriez rappeler la députée à la pertinence du projet
de loi 150.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, allez-y Mme la
députée de Taillon.
M. Boulerice: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Article 32, 2e paragraphe. M. le
député de Viger, si vous voulez que je les nomme.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors en vertu des
dispositions de l'article... Un instant. Un instant. Un instant. Je m'excuse.
M. le leader adjoint du gouvernement. Quelle partie de l'article 32
invoquez-vous, M. le député?
M. Boulerice: "Les députés occupent la place qui
leur a été assignée par le Président." C'est vous
le président, M. le Président, alors rappelez à l'ordre le
député de Viger et le député de Viau.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, ce n'est pas
discutable ni négociable, vous devez occuper vos banquettes. Mme la
députée de Taillon, allez-y.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Je pense que mon
collègue de Labelle a très bien explicité, campé
les divergences profondes que nous avons connues au moment des travaux de la
Commission Bélanger-Campeau. Et lorsqu'il a lu le texte sur lequel tous
les commissaires se sont prononcés, si l'on excepte les
coprésidents, il a très bien clarifié, à mon point
de vue, l'am-bigufté énorme dans laquelle on patauge depuis un
bon moment, M. le Président, autour du projet de loi 150.
Il y a eu consensus sur un certain nombre
de modalités que l'on veut triturer, M. le Président, mais
il n'y a jamais eu consensus sur le fond. Cet après-midi, le premier
ministre disait aux membres de cette Assemblée, particulièrement
aux membres de notre formation politique, que nous étions isolés
dans notre opposition. J'aime, M. le Président, ma solitude, ma solitude
partagée avec quelques millions de Québécoises et de
Québécois qui ne croient pas, d'une part, que ce gouvernement va
honorer sa parole et tenir un référendum sur la
souveraineté du Québec et, d'autre part, cette même
majorité de Québécoises et de Québécois qui
sont prêts à prendre position, à se prononcer, M. le
Président, d'une façon claire et sans ambiguïté.
D'ailleurs, je vous dirai qu'il y a même urgence en la
matière. Je vais citer à cet égard un des
éléments d'introduction du mémoire qui nous a
été présenté par le Mouvement des caisses
populaires, lors des audiences de la Commission Bélanger-Campeau, et je
cite: "II s'impose d'ailleurs que cette démarche se réalise avec
rapidité et efficacité, car la situation actuelle de tension et
d'incertitude entraîne de lourdes conséquences sur le
développement du Québec et du Canada. L'insatisfaction
généralisée des Québécois et celle de
nombreux groupes de Canadiens durent déjà depuis trop longtemps,
et la succession des échecs dans la négociation constitutionnelle
n'a fait que détériorer le climat et envenimer les conflits.
Je pourrais continuer, M. le Président, parce que, au fait, on
campe très bien, d'une façon très claire,
l'impossibilité - et c'est ce qui est dit dans le rapport, comme c'a
été dit d'ailleurs à de nombreuses reprises, dans les
présentations qui nous ont été faites à la
Commission Bélanger-Campeau - l'impossibilité de renouveler le
fédéralisme. Mais c'est tellement vrai, M. le Président,
qu'à toutes les questions que mes collègues ont posées en
commission parlementaire, lors de l'étude du projet de loi 150, on n'a
pas su préciser, d'aucune espèce de façon, les concepts.
On n'a même pas voulu en retenir minimalement la définition des
dictionnaires.
Ça m'étonne quand j'entends les collègues d'en
face, dont le député de Nicolet-Yamaska dire: Nous sommes
fédéralistes. J'aimerais bien ça entendre le premier
ministre me le dire haut et fort et, à ce moment-là, j'imagine
que, s'il est fédéraliste, il va pouvoir répondre à
la question, au moment d'un référendum sur la
souveraineté: Qu'est-ce que vous allez répondre, M. le premier
ministre? Allez-vous répondre oui ou non? Si vous êtes
fédéraliste, j'imagine que la réponse va être
claire. C'est non. Parce que s'il y a un concept qui est clair, contrairement
à ce qu'ont dit un certain nombre de gens d'en face, c'est celui de la
souveraineté, alors que celui du fédéralisme a ses preuves
à faire. La meilleure preuve, d'ailleurs, c'est que, depuis 30 ans qu'on
essaie de le renouveler, on n'arrive jamais d'aucune espèce de
façon à changer un iota, mais à chaque fois, le
Québec se fait gruger des pouvoirs, M. le Président.
Si le premier ministre et son ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes sont des fédéralistes, comme le
clament bien haut un certain nombre de leurs collègues... D'ailleurs, je
les félicite de le faire parce que j'ai beaucoup de respect pour les
gens qui ont des convictions et qui sont capables de les défendre, je
les félicite donc de les défendre, mais j'aimerais que ce soit
aussi clair de la part de leur leader parce que quand ils continuent la valse
hésitation dans laquelle ils sont en train de nous engager, ils
contribuent au désabusement de nos concitoyennes et de nos concitoyens
à l'égard de l'action politique. Le peuple respecte aussi les
gens de conviction qui sont capables de les faire valoir, de les exprimer, de
les dire et de les défendre. (21 h 50)
Alors là, si le député de Salaberry-Soulanges nous
dit que le programme du Parti libéral est clair, sans aucune
ambiguïté et qu'il est précis, qu'il nous dise à ce
moment-là que ce sera la base de la grille d'analyse pour étudier
les offres qui viendront d'Ottawa, M. le Président. Si c'est cette
base-là, pourquoi les députés, ministres, en commission
parlementaire n'ont jamais été capables d'affirmer clairement que
cela allait être la grille d'analyse pour les offres formelles qui
devaient venir du reste du Canada?
Comment se fait-il qu'on ne réussit pas, d'aucune espèce
de façon, à définir ce que ça signifie "lier
formellement"? Il me semble qu'on a une mémoire bien courte. On vient de
vivre l'échec du projet du lac Meech, échec dû au fait
qu'un certain nombre de provinces n'ont pas fait entériner par leur
Assemblée ce projet d'entente. Ils n'ont pas réussi à
obtenir les appuis nécessaires pour dire: Nous, comme provinces, oui,
nous appuyons cet accord du lac Meech, le gouvernement canadien, le Parlement
du Canada l'ayant fait lui aussi. Ça, c'était une façon -
c'est très clair, la Constitution le dit - c'était une entente
qu'on avait faite à ce moment-là. C'est très clair, cela
liait formellement les Parlements, les législatures. Comment allons-nous
constater le fait que soient liés formellement le Canada et les autres
provinces? J'aimerais que le ministre qui est en cette Chambre, que les membres
de son gouvernement nous le disent, nous le précisent pour ne pas qu'on
participe à un simulacre, M. le Président, de démocratie
en acceptant d'adopter le projet de loi 150 qui est devant nous.
M. le Président, j'en ai un peu ras le bol d'entendre les gens,
devant cette Assemblée, nous dire: "II y a peut-être des vices
cachés à la souveraineté." Bien là, on va
s'entendre. Le fédéralisme renouvelé, là, que
quelqu'un, ici, se lève et me prouve qu'on l'a fait dans le
passé, d'une façon satisfaisante pour le Québec. Qu'on me
parle du développement régional, qu'on me
parle de l'ingérence dans le secteur de l'éducation et
qu'on me parle de l'assouplissement du fédéralisme et de la
possibilité d'arriver à une entente.
M. le Président, nous sommes en train... et ce gouvernement est
en train d'engager le peuple québécois dans un cul-de-sac qui va
le faire reculer, qui va lui faire manquer son rendez-vous avec l'histoire. Ce
n'est pas le projet de souveraineté qui a besoin d'être
prouvé, qui a besoin d'être analysé. Il a été
scruté en long et en large, M. le Président, par les membres de
la Commission Bélanger-Campeau, par des dizaines d'experts. Les
coprésidents, venant du milieu des affaires, ont accepté
d'entériner et de reconnaître les études faites sous leur
gouverne et sous leur direction et parlant de la souveraineté. Qu'on me
dépose, ici, M. le Président, les mêmes études, les
mêmes projets, aussi bien articulés, aussi bien
présentés, avec la possibilité de les réaliser, M.
le Président. Qu'on me dise comment on va renouveler le
fédéralisme, sur quoi va porter ce renouvellement et quand va
être l'échéance. Du côté de la
souveraineté, nous savons quels sont les tenants, les aboutissants et
nous savons que c'est un choix souhaitable, nécessaire et faisable pour
le peuple québécois.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, merci, Mme la
députée de Taillon. Sur le même sujet, je cède la
parole à M. le député de Joliette et leader de
l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Nous allons voter
contre le projet de loi 150 et je vais répéter les motifs pour
être certain d'être bien compris, M. le Président. Nous
n'aimons pas les travestis. C'est clair? Nous n'aimons pas que quelqu'un
déforme et aille jusqu'au point de flouer même une population et
une Assemblée nationale, comme ça a été le cas, cet
après-midi, alors que, délibérément, on a
enregistré une dissidence sur les conclusions de la Commission
Bélanger-Campeau. Le ministre délégué, qui est
supposé afficher beaucoup de rigueur intellectuelle, soutenait qu'on
partageait les conclusions alors que notre formation politique a
rédigé une dissidence claire, précise, nette, sans
équivoque, M. le Président.
La deuxième raison pour laquelle nous allons être contre le
projet de loi 150, c'est parce que c'est le "bunker", pour votre information,
l'autre bord de la rue, qui va diriger tous les travaux de la commission. Vous
le savez qu'une commission parlementaire, ce sont les parlementaires entre eux
qui élisent leur président à la double majorité,
qui élisent un vice-président. Vous le savez, ça. Ce que
vous faites dans le projet de loi 150, c'est quoi? C'est le "bunker" qui nomme,
le premier ministre ou son chef de cabinet, qui va diriger tous les travaux, M.
le Président. Ce n'est pas ça, l'esprit du Parlement, de la
réforme de 1984, et vous le savez. Pourquoi avez-vous mis ça de
même, d'une façon exceptionnelle? Pour ne pas laisser les
parlementaires libres d'agir. C'est parce que vous avez peur des travaux qui
vont se faire. J'écoutais le ministre, cet après-midi, M. le
Président, d'un air pompeux, dire carrément que c'était
l'esprit et la lettre du Parlement, également des us et coutumes. C'est
flouer une population que de dire ça! C'est tromper la population que de
dire ça! C'est induire les gens en erreur que de dire ça! C'est
malhonnête intellectuellement que de dire ça, M. le
Président, c'est clair.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Bélisle: II me semble évident, M. le
Président, que les mots dépassent la pensée du leader de
l'Opposition. Je vous demanderais de le rappeler à la lettre et à
l'esprit de l'article 35 de notre règlement. Il n'a pas le droit de
porter de telles accusations vis-à-vis du ministre qui fait le mieux
possible son travail en cette Chambre et dans l'intérêt des
Québécois.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Les propos du leader de
l'Opposition officielle, à date, sont acceptables.
M. Chevrette: Merci, M. le Président, je le savais,
d'ailleurs. Je continuerai également de vous dire que ces deux raisons
fondamentales pour lesquelles nous allons voter contre sont enrichies en plus
par toutes les nuances et les tendances que vous maintenez pour sauver votre
face comme parti politique. Vous avez besoin de l'ambiguïté, vous
avez besoin du double langage pour survivre comme formation politique parce que
dans vos rangs, l'aile libérale des jeunes vous pousse dans le dos pour
respecter l'esprit de la Commission Bélanger-Campeau, et ils vous disent
de tenir un référendum sur la souveraineté. Qu'est-ce que
vous faites entre temps pour maintenir votre équilibre puis maintenir
les deux factions? Le premier ministre est obligé de dire qu'il y aura
un référendum sur les offres. L'autre ministre responsable est
obligé de dire qu'il verra, il verra, qui vivra verra. C'est une cha-cha
constitutionnelle régulière. Un petit pas à gauche, un
petit pas à droite. Noir le lundi, blanc le mardi, gris le mercredi,
souverainiste le samedi, fédéraliste à la mort le
dimanche! C'est ça, votre discours. Vous maintenez
l'ambiguïté et la population ne sait pas où vous vous en
allez. C'est ça la grande différence entre vous et nous. Nous, on
a toujours dit que la souveraineté politique d'un peuple c'est la
capacité d'assumer toute sa législation, de percevoir tous ses
impôts et puis de signer tous ses traités. Ça c'est clair,
ce n'est pas de l'ambiguïté.
Vous êtes obligés de dire: Allaire, ah, c'est une base de
négociation, un fédéralisme renouvelé. Là,
vous avez des discours nationalistes, le 23 juin, le premier ministre se gonfle
le torse, l'homme vigoureux et il dit: Jamais plus un Canada à 11, le
Québec est capable de s'assumer lui-même. Le lendemain, il dit: II
faudrait bien appeler Peterson pour savoir ce qu'il en pense, Wells voudrait-il
négocier, est-ce que Filmon me recevrait, Getty pourrait-il me faire une
déclaration? Il faut que je sauve mes ouailles en cette Chambre. Durant
ce temps-là, le député des Îles-de-la-Madeleine fait
voir qu'il est bien nationaliste dans les passages, mais vous ne l'entendez pas
intervenir trop fort. Le député de Vanier fait pareil, le
député de Vimont fait pareil. Les ténors de corridor, les
matamores, les fiers-à-bras de corridor, mais quand c'est le temps par
exemple de dire un message unique à la population, vous n'êtes
plus là. Vous vous contredites. Le vendredi c'est une chose, le samedi
c'est un autre discours.
La population attend d'un chef et d'un leader politique qu'il ait un
discours cohérent, qu'il ait une constance dans son discours. Un chef
politique se doit d'indiquer le cap à sa population, où il veut
aller, quel est son objectif. Pas de changement de cap à tous les deux
jours, pas selon l'humeur du caucus, pas pour sauver une formation politique,
c'est l'avenir d'un peuple que vous avez en main. Malheureusement, vous semblez
l'ignorer.
M. le Président, le monde, oui, peut bien être
mêlé à écouter cette gang de faiseux, cette gang de
"discoureux", ah, ça discourt, ils en font des discours. D'une interview
à l'autre, M. le Président, dépendant du journaliste, le
message n'est pas le même. C'est toujours de même. Une
journée tu croirais qu'ils vont réaliser la souveraineté
politique, le lendemain ils sont à quatre pattes pour essayer de se
faire inviter, pour voir si Clyde Wells ne leur donnerait pas un petit
suçon. (22 heures)
Fondamentalement, vous êtes en train de flouer la population du
Québec. Ce que les gens veulent, c'est une formation politique qui a un
discours constant, qui a des objectifs précis, qui donne l'heure juste.
Arrêtez votre cha-cha constitutionnel, arrêtez votre petit pas
à gauche, votre petit pas à droite, arrêtez de leur montrer
une couleur une journée, puis une autre couleur l'autre journée.
Fondamentalement, le peuple est fatigué de vous voir aller et ce n'est
pas surprenant que le Protecteur du citoyen, ce matin, dans son rapport dise:
Ce monde-là n'écoute plus personne. Fondamentalement, c'est
ça. Vous êtes déconnectés. Vous me semblez un groupe
en déroute.
Je comprends que les sondages se sont modifiés au Québec.
Je comprends également que vous pouvez être paniques, mais, quand
on est paniqué, il devrait se dégager un leader qui dise:
Écoutez, il faut reprendre une orientation précise. Il
faut aller dans une ligne directrice droite, avec un objectif bien fixé,
bien identifié, puis on va éclairer le monde à partir de
cet objectif-là. Pas continuer à tergiverser comme vous le
faites. Pas un discours devant un groupe plus nationaliste... Ils vont voir
leurs jeunes, vous jureriez que ce sont des souverainistes qui leur font des
discours. Quand ils entrent dans un autre groupe, c'est le
fédéralisme à tous crins. Là, le ministre des
Affaires municipales menace de démissionner et ils rentrent tous dans le
rang. Puis pour la loi 150, ils ont été obligés de
promettre à leur caucus qu'ils ne feraient pas d'amendement majeur;
sinon, ça aurait tout "chiré" comme on dit en bon
québécois, M. le Président.
Fondamentalement, vous faites pitié. Réorientez-vous, pas
au nom d'une partisanerie politique. Réorientez-vous en fonction du
peuple. Pensez qu'ils ont besoin d'objectifs précis. Quand j'entendais
le député de Soulanges tantôt dire: Nous, c'est clair. M.
le Président, à aller à tout dernièrement, ils
n'avaient même pas de discours constitutionnel, c'était Meech qui
avait été battu. Ils n'avaient rien dans leur programme.
Là, ils ont supposément adopté le rapport Allaire. Le
congrès n'était pas fini que c'était une base de
négociation et c'était le premier ministre qui le disait. De
grâce, arrêtez de nous faire croire que vous avez des idées
claires. Vous ne savez pas où vous allez. Si on se plaisait à
relever l'ensemble de vos prises de position sur le plan constitutionnel, vous
en ririez vous-mêmes, vous ririez de vous autres mêmes tellement
c'est incohérent. C'est inconcevable qu'une formation politique, dans un
Parlement, dans une Assemblée nationale, M. le Président, manque
de clarté, manque de vision globale, manque de confiance en soi et
manque de courage politique. Le seul objectif qu'ils ont pour éviter
leur éclatement, c'est de garder l'ambiguïté, le double
langage.
J'ai toujours appris en politique, M. le Président, que le peuple
est souvent en désaccord avec certains leaders politiques, mais il
admire les hommes et les femmes politiques qui ont des idées claires et
des idées précises. Il déteste les couleuvres. Les gens
détestent, M. le Président, ceux qui, une journée, ont une
couleur et, le lendemain, une autre. Les gens n'aiment pas les girouettes qui
suivent le vent. Si je n'étais pas à l'Assemblée
nationale, je vous dirais ce que mon grand-père disait des gens qui
changent d'idée tous les jours. Il les appelait les "alouettes
branle-quelque chose". Je vous le dirai, M. le Président, à vous.
Ça vous fera sourire. C'est exactement ce que dégage comme image
présentement le premier ministre du Québec, ce que dégage
le ministre responsable et ce que dégagent plusieurs
députés qui sont obligés de se réunir en petits
caucus. Au Concorde, ce sont les fédéralistes le matin, puis
à telle place, à l'Assemblée nationale, ce sont les
nationalistes.
Vous faites pitié aux yeux de la population! Si ce n'est pas
vrai, ce que j'annonce, je pourrais vous les nommer l'un après l'autre,
la gang qui se réunit au Concorde. Je les ai tous vus en réunion,
puis je les ai tous vus sortir. Vous savez que c'est vrai, ce que j'avance.
Vous pouvez sourire, M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
vous savez très bien que c'est vrai, ce que je dis. Vous avez
essayé de dissimuler votre manque de clarté par
l'ambiguïté de votre discours. Vous serez respectés le jour
où vous aurez une idée précise, où vous direz aux
Québécois: Voici ce que nous exigeons, pas moins que ça,
puis nous n'irons pas en bas de ça. Là, vous serez
respectés. Mais, tant et aussi longtemps que vous vous conduirez comme
vous le faites présentement, vous ne méritez même pas le
respect de la population et j'ai hâte aux élections, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette. Alors, nous sommes à l'étape de
la prise en considération du rapport de la commission des institutions
sur le projet de loi 150, et je suis prêt... M. le ministre de la
Justice, avec un droit de réplique, suite à cette intervention,
de cinq minutes.
M. Gil Rémillard (réplique)
M. Rémillard: Oui. M. le Président,
j'écoutais avec beaucoup d'attention le leader de l'Opposition. On le
connaît assez bien maintenant, ça fait près de six ans
qu'on travaille ensemble, dans cette Assemblée nationale. Il est
là en face de nous, oui, c'est un bon gars, M. le Président.
Puis, on connaît un peu ses attitudes. Quand on le voit comme ce soir, on
sait que là il est coincé. Il est coincé, il est
coincé dans le coin, il est coincé dans les câbles un petit
peu pour prendre cette expression. C'est un bon batailleur. C'est un
parlementaire aguerri, qui est bien, puis je veux lui rendre hommage. Mais,
là, vraiment, on voit qu'il est coincé. Il est coincé
parce qu'il sait très bien, M. le Président, que sa position ne
se tient pas, d'aucune façon.
J'ai écouté attentivement tous les discours qui ont
été faits par les gens de l'Opposition. Il n'y en a pas un qui a
pu nous dire très clairement: Voici en quoi la loi 150 va à
l'encontre de Bélanger-Campeau. Pas un. Il a eu peur. Le
député de Lac-Saint-Jean a dit: Nous avons peur. Peureux!
Peureux! Vous avez peur. Vous avez peur de quoi? Vous avez peur du peuple. Vous
avez peur qu'on puisse montrer au peuple la réalité des
choses.
M. le Président, j'ai écouté attentivement tous les
discours qui ont été faits. M. le Président, nous avons
aussi devant nous des gens qui... J'entendais le leader de l'Opposition parler
tout à l'heure de pas de danse; il y en a peut-être un qu'il a
oublié, ça s'appelle le fox-trot, hein, le trot du renard.
Ça fuit, M. le Président. Ça tourne et puis ça
fuit. C'est la danse des faux pas, à toutes fins pratiques. C'a
été l'indépendance, c'a été la
souveraineté, c'a été la souveraineté-association,
puis tout à coup est arrivé un discours de campagne
électorale. Et, là, c'a été la
révélation; tout le monde en bas de son cheval, pouf, et puis,
là, on devient les tenants du beau risque. M. le Président, on
s'en souvient des beaux risques. Et, ensuite, est arrivée l'affirmation
nationale. Et, ensuite, avec un nouveau leader, c'est la souveraineté,
c'est l'indépendance. Des girouettes constitutionnelles, voilà,
M. le Président, des girouettes constitutionnelles, des gens...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
s'il vous plaît, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bélisle: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui. M. le
député, M. le...
M. Bélisle: Le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, qui ne connaît pas l'article 32, qu'est-ce
qu'il a effectivement dans ses mains présentement qu'il cache?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
s'il vous plaît. Vous faites référence à l'article
32. S'il vous plaît, s'il vous plaît, M. le député.
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, avec le
sérieux que je vous connais, s'il vous plaît.
M. le ministre, si vous voulez poursuivre.
M. Rémillard: M. le Président, moi, ça me
démontre juste une chose, c'est que ça fait mal, ce que je dis.
Ça fait mal, ce que je dis. Le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques a fait son petit bout de chemin pour venir en face
de moi, ça lui fait mal, il le ressent là. Il le ressent
là quand je lui dis, au député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, comme je le dis au leader de l'Opposition, et puis
au député de Lac-Saint-Jean, et à la députée
de Taillon: Quand vous allez vous lever demain, quand vous allez vous lever
là, soyez bien conscients que vous allez renier votre signature. Vous
allez renier à tour de rôle la signature que vous avez
apposée à Bélanger-Campeau. Un autre petit tour de
girouette. Je sais que le leader de l'Opposition va me dire: Ce n'est pas la
girouette qui change de bord, c'est le vent. C'est ça qu'il va me dire,
mais il y a de la tempête, M. le Président. Il y a de la
tempête. M. le Président, en se levant pour voter contre ce projet
de loi, les membres de l'Opposition voteront contre leur signature,
répudieront leur signature qu'ils ont donnée à
Bélanger-Campeau.
Et, tout à l'heure, M. le Président, dès le
départ de son intervention, et je conclus, M. le Président, le
leader de l'Opposition a très bien dit: Nous n'avons pas accepté
la conclusion de Bélanger-Campeau. Au moins, je peux vous dire une
chose: Vous êtes logiques, et, par conséquent, vous avez fait un
consensus qui était faussé.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
M. le ministre.
M. Rémillard: Maintenant, vous êtes dans une
situation intenable et c'est ce qu'on va voir.
M. Boulerice: "Mirror, mirror on the wall, who is the fairest of
all"?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques! S'il vous
plaît, nous sommes à l'Assemblée nationale.
M. Bélisle: Je pense qu'il a pris un coup ce soir.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le leader adjoint parlementaire, quand vous aurez la parole, vous parlerez.
Alors, M. le député, est-ce qu'il y a d'autres intervenants qui
veulent intervenir?
M. Chevrette: Vote enregistré, c'était en
réplique.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non, ce n'est pas la
réplique, c'est...
M. Chevrette: Bien, c'était l'entente.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non, non, M. le leader.
À la prise en considération du rapport, le ministre après
chaque...
Une voix: Juste un instant!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le
député.
M. Chevrette: Donc, si j'ai bien compris, ce qu'on s'était
donné comme programme et qu'on a respecté, ça ne se tient
plus. Parfait!
M. MacMillan: Non, je n'ai pas parlé encore.
M. Chevrette: Vous voulez parler, parlez tous.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, je ne suis pas au courant.
M. Boulerice: M. le Président, c'est mon tour de
parole.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. S'il vous plaît. J'ai
reconnu le député du comté de Papi-neau, parce qu'il
était debout. Je pensais qu'il demandait la parole, mais ce
n'était pas le cas. Alors, est-ce qu'il y a un autre
député qui voulait intervenir?
Une voix: Non.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est terminé?
S'il vous plaît. Il n'y a pas d'autre intervenant à ce moment-ci.
Alors, je mets aux voix maintenant la prise en considération du rapport
de la commission des institutions sur le projet de loi 150, Loi sur le
processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel du
Québec, ainsi que les amendements transmis en vertu de l'article 252 du
règlement par M. le député de Lac-Saint-Jean, whip en chef
de l'Opposition. Les amendements par M. le whip et député de
Lac-Saint-Jean sont-ils adoptés?
M. Chevrette: M. le Président, un vote enregistré,
puis nous demanderons la lecture de ça.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vote enregistré.
Alors, qu'on appelle les députés. (22 h 12 - 22 h 19)
Mise aux voix des amendements
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
MM. les députés, Mmes les députées, si vous voulez
prendre place, je vais lire les amendements proposés par M. le
député de Lac-Saint-Jean, le whip en chef de l'Opposition, qui
ont été déclarés recevables.
Alors, à l'article 7, L'article 7 du projet de loi 150 est
modifié: 1° par le remplacement du troisième alinéa
par le suivant: "Le président et le vice-président de chaque
commission sont élus à la majorité des membres de chaque
groupe parlementaire, au sens du règlement de l'Assemblée
nationale, représenté au sein de la commission." 2° par
l'addition, à la fin, des alinéas suivants: "Une des commissions
est présidée par un membre représentant le parti
gouvernemental, l'autre par un membre représentant le parti de
l'Opposition officielle. "Les vice-présidents sont élus parmi les
membres ne représentant pas le même parti que le président.
"À défaut d'accord sur la répartition des
présidences, le gouvernement a priorité sur le choix de la
commission qu'il veut voir présider par un des membres
représentant le parti gouvernemental. Le premier ministre exprime ce
choix par un avis écrit qu'il fait parvenir au président
de l'Assemblée nationale." 7.1. Le projet de loi 150 est modifié
par l'insertion, après l'article 7, de l'article suivant: "7.1 Est
institué pour chaque commission un comité directeur formé
du président, du vice-président et du secrétaire
nommé en vertu de l'article 15. Le comité directeur exerce les
pouvoirs qui lui sont conférés par la présente loi ainsi
que tout autre pouvoir ou fonction que la commission lui attribue." 12.
L'article 12 du projet de loi 150 est modifié: 1° par le
remplacement, dans la première ligne du premier alinéa, du mot
"président" par les mots "comité directeur". À l'ordre,
s'il vous plaît! 2° par le remplacement, dans la première
ligne du deuxième alinéa, du mot "il" par les mots "le
président". 15. L'article 15 du projet de loi 150 est modifié par
le remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "Le
secrétaire et le secrétaire adjoint des commissions sont
nommés par une motion votée à la majorité des
membres de chaque groupe parlementaire, au sens du règlement de
l'Assemblée nationale, représenté au sein de chaque
commission."
Alors, les amendements proposés par M. le député de
Lac-Saint-Jean, whip en chef de l'Opposition officielle, tels que lus, sont-ils
adoptés?
Que ceux et celles qui sont pour veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme
Harel (Hoche-laga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), Mme Juneau (Johnson),
M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), Mme
Vermette (Marie-Victorin), M. Paré (Shef-ford), M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), M.
Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Du-puis (Verchères), M.
Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre ces amendements veuillent bien se lever? S'il vous plaît,
à l'ordre!
Le Secrétaire adjoint: M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Elkas (Robert-Baldwin), M.
Rémillard (Jean-Talon), Mme Frulla-Hébert (Marguerite-Bourgeoys),
M. Bélisle (Mille-Îles), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Maskinongé), M. Blackburn (Roberval), M. Houde (Berthier), M. Maciocia
(Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Cannon (La Peltrie), M. Philibert
(Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), Mme Dionne
(Kamouraska-Té- miscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Paradis
(Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice),
M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe
(Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M. Messier
(Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean),
Mme Bégin (Belle-chasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M.
Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Gautrin (Verdun), M. Khelfa (Richelieu), M.
Gobé (LaFontaine), Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage
(Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), M. Parent
(Sauvé), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M.
Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M.
MacMillan (Papineau).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 21 contre: 57
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, les amendements
sont rejetés. M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, que je n'ai pas osé
me lever durant le vote, mais, compte tenu qu'il y aura un deuxième vote
qui sera pris, M. Parizeau entrerait, si on lui permet, sur consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, qu'on appelle les
députés. Si vous voulez sonner et qu'on appelle les
députés.
Une voix: Vous n'avez pas le droit de faire ça!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): J'ai le droit de faire
ça. Il y a toujours la possibilité, après un vote, avant
un autre vote, d'appeler les députés. Qu'on appelle les
députés. M. le whip, ça va? Êtes-vous prêt? M.
Brassard, vous êtes prêt? Alors, si vous voulez... S'il vous
plaît, à l'ordre!
Mise aux voix du rapport
Je mets maintenant aux voix le rapport de la commission des institutions
portant sur le projet de loi 150, Loi sur le processus de détermination
de l'avenir politique et constitutionnel du Québec. Que ceux et celles
qui sont
en faveur veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Elkas (Robert-Baldwin), M.
Rémillard (Jean-Talon)...
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: ...Mme Frulla-Hébert
(Marguerite-Bourgeoys), M. Bélisle (Mille-Îles), M. Cusano (Viau),
M. Picotte (Maskinongé), M. Blackburn (Roberval), M. Houde (Berthier),
M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Cannon (La Peltrie), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Paradis
(Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice),
M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe
(Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M. Messier
(Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean),
Mme Bégin (Belle-chasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M.
Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Gautrin (Verdun), M. Khelfa (Richelieu), M.
Gobé (La Font ai ne), Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage
(Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), M. Parent
(Sauvé), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M.
Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M.
MacMillan (Papineau). (22 h 30)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre ce rapport veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), Mme Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), M.
Garon (Lévis), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet
(Laviolette), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La
Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean)...
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Veuillez poursuivre le vote.
Le Secrétaire adjoint: ...M. Léonard (Labelle), Mme
Vermette (Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), Mme Caron (Terre- bonne), M.
Trudel (Rouyn-Noranda-Témisca-mingue), Mme Dupuis (Verchères), M.
Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a des
abstentions? Il n'y a pas d'abstention.
Le Secrétaire: pour: 55 contre: 24
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, le rapport de la
commission des institutions portant sur le projet de loi 150 est
adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Oui, M. le Président. Je vous
demanderais d'appeler l'article 13 de notre feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi 93 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): à l'article 13,
m. le ministre de la justice propose l'adoption du projet de loi 93, loi
modifiant la loi sur le recours collectif. m. le ministre de la justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Le projet de
loi modifiant la Loi sur le recours collectif vise à modifier la loi
actuelle de façon à reconnaître au Fonds d'aide aux recours
collectifs...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre, on va
attendre que les députés qui veulent se retirer veuillent bien le
faire. Je demande votre collaboration, s'il vous plaît! S'il vous
plaît, M. le député! Alors, M. le ministre, je vous
reconnais, si vous voulez poursuivre.
M. Rémillard: J'apprécie que vous me reconnaissiez,
M. le Président. Alors, je disais donc que ce projet de loi modifie la
Loi sur le recours collectif et vise à modifier la loi actuelle de
façon à reconnaître au Fonds d'aide aux recours collectifs
la possibilité d'apprécier de nouveau, avant d'attribuer une
aide, les chances de succès d'un recours, lorsque celui-ci a fait
l'objet d'un rejet par un tribunal, et que le représentant désire
porter cette décision en appel. Il vient donc clarifier une situation
qui découle d'une interprétation donnée par la Cour
supérieure et confirmer l'application de la loi pour le Fonds d'aide
depuis son adoption en 1978. En reconnaissant au Fonds d'aide la
possibilité d'apprécier les chances de succès d'un
appel avant d'attribuer une aide, le projet de loi s'inscrit donc dans le sens
de notre préoccupation d'assurer une saine gestion des fonds publics,
sans porter atteinte pour autant à l'accessibilité de tel recours
et ce, dans l'intérêt général des contribuables.
Voilà, M. le Président, l'objectif essentiel de ce projet de
loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, m. le ministre.
alors, nous en sommes à l'adoption du projet de loi 93, à la
dernière étape, et je reconnais mme la députée de
hochelaga-maison-neuve. merci.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Alors, merci, M. le Président. Nous avons
l'intention de voter en faveur de ce projet de loi qui vient, en fait,
clarifier une ambiguïté qui s'était glissée dans la
loi concernant le Fonds d'aide aux recours collectifs. Cette loi a
été adoptée le 1er juillet 1979 et je veux à
nouveau rendre hommage à son promoteur, le député de
Marie-Victorin de l'époque, Pierre Marois, et rappeler que, pour la
première fois dans notre droit, était introduite cette
possibilité d'un recours collectif, donc cette possibilité d'un
financement d'un recours collectif lorsqu'il y avait en cause des
intérêts qui étaient partagés par un grand nombre de
personnes.
Alors, vous savez comment fonctionne le Fonds d'aide, M. le
Président. Si une personne désire faire valoir un recours, elle
doit d'abord, pour le faire, déposer une première demande d'aide
auprès du Fonds de manière à faire financer sa demande
d'autorisation devant la Cour supérieure d'obtenir le statut de
représentant de groupe. Alors, la première démarche, c'est
d'abord de se présenter devant un juge de la Cour supérieure pour
se faire autoriser à représenter un groupe de manière
à pouvoir obtenir, par la suite, une demande d'aide auprès du
Fonds et, là, inscrire sa cause devant le tribunal de première
instance. À ce moment-là, c'est en tant que représentant
d'un ensemble de personnes qui partagent le même objectif.
Alors, M. le Président, il y a une ambiguïté dans
cette loi depuis sa création, il faut bien le reconnaître, qui ne
prévoyait pas la nécessité de retourner devant le Fonds
pour obtenir et donc pour justifier un appel d'une décision qui aurait
rejeté en première instance le recours qui était
logé. Alors, cette ambiguïté a été telle,
finalement, que le Fonds s'est vu débouté lorsqu'il a voulu faire
confirmer des décisions de refus de financement de recours. En fait, M.
le Président, nous pensons que le projet de loi 93, qui vient
préciser dans la Loi sur le recours collectif que le représentant
du groupe doit faire une nouvelle demande avant de porter sa cause en appel, il
s'agit là d'une exigence en fin de compte légitime, parce qu'elle
se retrouve déjà dans la
Loi sur l'aide juridique et que ça permet de contrôler
d'une certaine façon les finances publiques. Il faut souhaiter que ce
soit adopté le plus rapidement possible. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Est-ce que le projet de loi 93,
Loi modifiant la Loi sur le recours collectif, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 14, M. ie Président, s'il
vous plaît!
Projet de loi 95 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, m. le leader
adjoint du gouvernement. à l'article 14, m. le ministre de la justice
propose l'adoption du projet de loi 95, loi abrogeant la loi sur les timbres et
modifiant diverses dispositions législatives.
M. le ministre de la Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Le
projet de loi 95 vise à abroger la Loi sur les timbres dont la plupart
des dispositions sont désuètes. Il supprime aussi les
dispositions de la Loi sur les timbres concernant l'approvisionnement et la
vente des timbres et répartit, tout en le modernisant, le processus de
reconnaissance du paiement des droits prévus dans la Loi sur les timbres
dans les lois sectorielles, qui sont la Loi sur les tribunaux judiciaires et la
Loi sur les bureaux d'enregistrement.
Le projet de loi modifie, M. le Président, par ailleurs la Loi
sur les bureaux d'enregistrement et la Loi sur les tribunaux judiciaires pour y
intégrer certaines dispositions de la Loi sur les timbres qui sont
encore appliquées et qu'il y a lieu de conserver. La première
précise qu'aucun acte de procédure ou autre document ne peut
être présenté au greffe du tribunal ou dans un bureau
d'enregistrement, à moins que les droits ou les honoraires prescrits par
le gouvernement ne soient versés, et la deuxième disposition de
la Loi sur les timbres qu'il m'apparaît important de conserver concerne
la dispense de paiement des honoraires d'enregistrement pour les prêts
consentis par les organismes gouvernementaux de crédit agricole.
Par ailleurs, le projet de loi étend cette possibilité de
dispense de paiement des droits et honoraires à toute personne,
ministère ou
organisme qui pourrait être exonéré, par
règlement du gouvernement, lorsque les circonstances le justifient.
Enfin, M. le Président, le projet de loi, dans une optique de
service à la clientèle, prévoit la possibilité
d'établir par règlement les modalités de paiement des
honoraires pour certains services offerts dans les bureaux d'enregistrement.
Ici aussi il s'agit de consacrer la pratique déjà établie
dans le réseau des bureaux d'enregistrement. Telles sont donc, M. le
Président, les mesures proposées par le projet de loi 95.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur ce même projet
de loi, Mme la députée de Hochela-ga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, sous des apparences mineures,
ce projet de loi a comme incidence majeure d'introduire, éventuellement,
une hausse substantielle du coût des timbres judiciaires. M. le
Président, nous allons voter contre ce projet de loi en lui-même,
non pas parce que le projet de loi 95 suscite beaucoup de commentaires... En
fait, la grande nouveauté, ce sera qu'il ne sera plus nécessaire
d'avoir la "timbreuse" pour apposer les timbres judiciaires dans les bureaux
d'enregistrement et dans les greffes des tribunaux, mais ce qui est
évidemment beaucoup beaucoup plus inquiétant, c'est non pas ce
que nous dit le projet de loi, mais ce qu'il ne nous dit pas, surtout ce que
nous n'avons pu obtenir comme information du ministre lors de l'examen article
par article du projet de loi 95 en commission parlementaire. (22 h 40)
En fait, le véritable débat n'est pas sur le projet de loi
95, M. le Président, et ce débat malheureusement ne se fait, ni
à l'Assemblée nationale, ni en commission parlementaire, ni sur
la place publique. C'est le débat sur l'augmentation des tarifs
judiciaires que le ministre s'apprête à faire par voie
réglementaire. Nous pensons qu'il est impensable qu'à la fin juin
le ministre ne sache pas encore ce qu'il entend proposer au gouvernement comme
augmentation de tarifs pour septembre prochain. Moi, M. le Président, je
regrette que le ministre et le ministère de la Justice jouent en
cachette ce genre de question qui mériterait d'être portée
à l'attention, à l'examen démocratique d'une commission
parlementaire.
Nous avions obtenu des hypothèses qui sont étudiées
sérieusement, puisqu'elles ont fait l'objet de plans au ministère
de la Justice, notamment à différents services, et, M. le
Président, ça nous inquiète beaucoup. Ça nous
inquiète de constater, notamment, qu'en matière matrimoniale le
ministère examine la possibilité de hausses de tarifs variant de
100 % à 146 %. Ce n'est quand même pas peu quand on pense que le
ministre proposerait de hausser les frais pour une requête en
séparation ou en divorce, qui sont actuellement de 75 $, il examinerait
la possibilité de hausser les frais de cette requête à 185
$. Vous vous rendez compte comme hausse, là, ce que ça peut
représenter. Il s'agit, je vous le répète, d'augmentations
qui varient au-delà de 100 %, de 100 % à 150 %. Ça nous
semble bien peu équitable, M. le Président, et ça nous
semble surtout bien cachottier de ne pas nous informer maintenant de ce qu'est
sans doute l'intention gouvernementale.
Ces hypothèses de travail auxquelles nous nous
référons ont été préparées pour le
ministre en septembre dernier. Alors, le ministre ne les a pas
écartées, c'est ça le problème qui est survenu en
commission parlementaire. Le ministre ne nous a pas dit: Non, rassurez-vous,
c'étaient là des hypothèses qui n'ont pas
été retenues. Non, le ministre nous a dit: Ce sont là des
hypothèses parmi d'autres. Est-ce qu'il faut comprendre qu'il pourrait
même y avoir une hausse encore plus vertigineuse que celle que nous
retrouvons dans ces propositions? Et ce ne sont pas que les tarifs matrimoniaux
qui connaissent une progression aussi phénoménale, c'est,
finalement, l'ensemble des tarifs judiciaires qui seraient très
fortement modifiés à la hausse.
Alors, on comprend que l'impact est suffisamment important pour qu'on
ait voulu connaître du ministre, pour des raisons de transparence, les
projets de règlement sur lesquels il avait déjà dû
travailler et surtout, M. le Président, nous ne pouvions pas comprendre
que le ministre ne soumette pas au comité de travail sur
l'accessibilité à la justice qui doit lui rendre un rapport dans
les jours qui viennent, nous ne comprenons pas que le ministre n'ait pas soumis
à ce comité qu'il a formé sur l'accès à la
justice et qui, depuis un an, reporte son rapport, mais qui finira par le
publier, ce rapport qui nous donnera une idée des recommandations... On
parle, là, d'un rapport de 500 pages. Alors, ça doit couvrir tous
les aspects de la vie judiciaire. On ne comprend pas qu'à ce stade-ci ce
projet d'augmentation des tarifs ne soit considéré que comme une
opération comptable au ministère de la Justice et non pas
examiné pour en vérifier l'impact sur les citoyens. Alors, pour
toutes ces raisons, M. le Président, nous allons voter contre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Alors, est-ce que le projet de
loi 95, Loi abrogeant la Loi sur les timbres et modifiant diverses dispositions
législatives, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté
sur division. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 19, M. le Président.
Projet de loi 146 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
leader adjoint du gouvernement. À l'article 19, M. le ministre de la
Justice propose l'adoption du projet de loi 146, Loi modifiant le montant des
amendes dans diverses dispositions législatives. M. le ministre de la
Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Le projet de
loi 146, intitulé Loi modifiant le montant des amendes dans diverses
dispositions législatives, vise essentiellement à
réévaluer le montant des amendes de façon à garder
à celles-ci le caractère dissuasif que le législateur
avait recherché lors de leur adoption. Il prévoit ainsi une
réévaluation des montants d'amendes dans 51 lois dont
l'application relève au niveau des poursuites du Procureur
général. Il propose une augmentation de chacun des montants sur
la base d'une augmentation de l'indice des prix à la consommation et
d'un arrondissement aux 25 $ supérieurs.
Lors de l'étude du projet de loi en commission parlementaire, M.
le Président, seule l'application de la règle d'arrondissement a
soulevé certaines discussions en ce qui a trait à son application
à des montants d'amendes peu élevés. M. le
Président, à ce sujet, j'aimerais rappeler que cet arrondissement
n'a pas pour effet d'entraîner un déséquilibre entre les
augmentations réelles des montants minimums et celles des montants
maximums correspondants. Ces augmentations, M. le Président, visent
à éviter le fractionnement des montants d'amendes en permettant
leur arrondissement. Elles devraient également faciliter leur
uniformisation en limitant la multiplicité des montants par tranches de
25 $ et favoriser un effet dissuasif significatif dans le cas de petits
montants. Tels sont, M. le Président, les principaux objectifs de ce
projet de loi qui vise essentiellement à réévaluer le
montant des amendes, c'est-à-dire la valeur monétaire que peut
représenter le défaut de respecter une norme dont s'est
dotée la société.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
la Justice. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneu-ve.
Mme Louise Harel Mme Harel: M. le Président, nous avons
l'intention à ce moment-ci de nos travaux en troisième lecture de
voter contre ce projet de loi. C'est lors de l'examen que nous en avons fait en
commission parlementaire que nous avons pu constater que, contrairement
à ce qui nous avait été dit, il ne s'agissait pas que
d'une simple indexation à l'indice des prix à la consommation des
diverses amendes dans les lois statutaires du Québec. En fait, il y a
une cinquantaine de lois qui sont concernées par le projet de loi ou
plus même et il s'agit des dispositions pénales que l'on retrouve
dans ces diverses lois.
Le ministre de la Justice nous avait indiqué que,
essentiellement, il s'agissait de s'ajuster à l'indice des prix à
la consommation au 1er juillet 1986, date depuis laquelle les amendes n'avaient
pas été augmentées. Il s'agissait essentiellement, nous
disait-il, d'indexer à l'indice des prix à la consommation depuis
le 1er juillet 1986. Nous avons pu constater que, malheureusement, dans le cas
des amendes minimales, règle générale, à cause
d'une formule de calcul complètement arbitraire, basée sur le
fait qu'il fallait arrondir aux 25 premiers dollars suivants, alors les
amendes, qui étaient à 25 $ ou à 30 $, plutôt que
d'être augmentées comme le ministre nous l'avait indiqué
à l'indice des prix à la consommation, font des bonds prodigieux
jusqu'à 50 $. Parfois, c'est presque 100 % d'augmentation.
Alors, pour ces raisons, M. le Président, même si, en
principe, oui nous convenons qu'il faille garder un caractère dissuasif
aux amendes en les maintenant de façon régulière à
l'indice des prix à la consommation, autant nous souhaitons maintenir le
pouvoir d'achat de nos concitoyens, autant il faut que les amendes veuillent
dire quelque chose pour qu'elles aient ce caractère de dissuasion mais
nous pensons que c'est excessif. Il aurait été souhaitable qu'une
formule soit utilisée, parce que sinon, M. le Président, il faut
comprendre que c'est vraiment là la prochaine fois prévoir encore
des augmentations très très substantielles, puisque, si on
arrondit, la prochaine fois, ce sera à 75 $. Alors, ce sont des
augmentations qui sont très substantielles et nous entendons pour cette
raison voter contre le projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Le projet de loi 146, Loi
modifiant le montant des amendes dans diverses dispositions
législatives, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 16, M. le Président.
Projet de loi 133 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le leader
adjoint du gouvernement. À l'article 16, M. le ministre de la Justice
propose l'adoption du projet de loi 133, Loi modifiant la Loi sur la protection
du consommateur. M. le ministre de la Justice, la parole est à vous.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Je vous
remercie, M. le Président. Ce projet de loi vise essentiellement
à modifier la Loi sur la protection du consommateur afin d'y
régir les contrats de louage à long terme d'un bien mobilier dont
la période de location de quatre mois ou plus peut être
portée à quatre mois ou plus par l'exercice d'une clause de
renouvellement. (22 h 50)
II prévoit diverses règles concernant, notamment, la
divulgation de certaines informations permettant au consommateur d'effectuer un
choix éclairé lorsqu'il désire louer plutôt
qu'acheter un bien. Il offre aussi des protections au consommateur qui ne
serait plus en mesure d'exécuter ses obligations en cours de contrat,
tout en assurant au commerçant la possibilité d'une juste
compensation pour les pertes subies.
Le projet de loi offre aussi, M. le Président, des règles
auxquelles seront assujetties les parties à la fin de la période
de location, qu'il s'agisse d'un contrat avec option d'achat ou d'un contrat
avec garantie quant à la valeur résiduelle. Ces mesures, M. le
Président, auront pour effet d'améliorer la protection des
consommateurs, tant au niveau contractuel qu'en matière de
publicité, en établissant un juste équilibre entre les
parties à un contrat de louage à long terme de biens
mobiliers.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, m. le ministre de
la justice. sur le projet de loi 133, au niveau de l'adoption, mme la
députée de terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Effectivement, le
projet de loi 133 apporte certaines améliorations et c'est pourquoi
l'Opposition sera pour l'adoption de ce projet de loi. Cependant, je dois
noter, M. le Président, que de nombreuses lacunes ont été
soulevées, tant au niveau des interventions en Chambre qu'au moment de
l'étude de ce projet de loi article par article. En fait, M. le
Président, le projet de loi 133 est pour moi un autre bel exemple de la
manière de gouverner du gouvernement du Parti libéral. En effet,
on connaissait les problèmes de la location à long terme depuis
très longtemps, depuis, en fait, plus de cinq ans, M. le
Président. On a entendu les revendications nombreuses et
sérieuses des regroupements des associations de consommateurs. On a
maintenu l'indécision pendant cinq ans. On a attendu avec impatience
cette législation que le gouvernement a reportée de saison en
saison, en l'annonçant toujours pour la session future. Finalement, le
projet de loi est arrivé. Un projet de loi incomplet, qui est quand
même limité, qui n'offre pas toute la protection voulue, qui ne
règle pas tous les problèmes et qui ne règle pas le plus
grand problème de la location à long terme. Aux dires même
du ministre, M. le Président, et je voudrais le citer: Les pires cas
d'abus sont liés à l'interprétation que font les
compagnies de l'usure normale du bien qu'elles louent, a déclaré
le ministre Gil Rémillard. Eh bien, M. le Président,
malgré que ce soit la notion qui posait le plus de problèmes, le
projet de loi 133 n'a aucunement réglé ce problème.
De plus, M. le Président, le ministre de la Justice, responsable
de la Protection du consommateur, nous parle régulièrement de
l'importance de la déjudiciarisation. Par contre, son projet de loi
ouvre la porte aux abus devant les tribunaux puisque, pour trois domaines
précis, les consommateurs devront faire appel aux tribunaux s'ils ne
sont pas d'accord avec la définition, définition qui est remise
complètement entre les mains des commerçants, définition
d'usure normale, définition de l'estimation raisonnable de la valeur
résiduelle, et l'évaluation des dommage et intérêts.
Donc, M. le Président, ce projet de loi, bien sûr, sera à
suivre dans la pratique. Nous verrons les résultats des principaux
points que je vous ai mentionnés.
Je dois également déplorer la complexité des
formulaires et je l'ai fait lors de l'étude du projet de loi,
principalement dans le cas du contrat de louage à valeur
résiduelle garantie par le consommateur. Il est toujours
déplorable que les consommateurs se retrouvent aux prises avec des
formulaires qui sont d'une complexité certaine. Je m'inquiète
évidemment de la réaction de certains commerçants qui,
suite au dépôt de ce projet de loi, ont fait certaines menaces
d'augmentation de prix, puisqu'ils auront à fournir davantage
d'information aux consommateurs.
M. le Président, pour ce qui concerne les consommateurs, il
serait important aujourd'hui de leur rappeler la plus grande prudence. Bien que
le projet de loi apporte des améliorations, les consommateurs doivent
s'informer - et les études qui avaient été faites par
l'ACEF Nord de Montréal restent toujours valables - vérifier,
comparer, parce que dans ces études, M. le Président, on avait
clairement démontré que la formule la plus économique
était la vente à tempérament, qui offrait un taux annuel
d'environ 10,5 %, alors que les contrats de location à long terme
pouvaient atteindre un taux trois fois plus élevé,
c'est-à-dire qu'on parlait d'un taux de
33,84 %. les consommateurs ont souvent de mauvaises surprises lorsque le
contrat de location à long terme se termine et, même s'il y a de
l'information, ils risquent de s'apercevoir que ce n'est pas aussi
intéressant qu'ils le croyaient.
Il y avait aussi dans cette étude, M. le Président, une
comparaison au niveau des avantages fiscaux. Souvent, on a laissé
entendre que la formule de location à long terme pouvait être
intéressante du côté fiscal alors que cette
démonstration, cette étude démontre très bien que
ce n'est aucunement le cas, que, du côté des avantages fiscaux,
les formules sont parfaitement équivalentes. Donc, M. le
Président, je conseille aux consommateurs de continuer à
consulter les associations de consommateurs, principalement les ACEF qui sont
spécialisées et l'Office de la protection du consommateur.
En terminant, j'aurais deux souhaits. Bien sûr, je souhaite que la
réglementation qui est prévue pour l'automne ne soit pas
retardée indûment, comme l'a été le projet de loi,
et que le gouvernement s'assure de prendre toutes les mesures pour donner toute
l'information nécessaire aux consommateurs sur ce nouveau projet de loi.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Le projet de loi 133, Loi modifiant la Loi
sur la protection du consommateur, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 18 de notre feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 145 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 18,
M. le ministre des Affaires municipales propose l'adoption du projet de loi
145, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les
finances municipales. M. le ministre des Affaires municipales.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, au terme de ce long débat
qui se poursuit depuis plus de six mois à travers le Québec et
depuis plus d'un mois à l'Assemblée nationale, j'ai l'impression
que, d'un côté et l'autre de cette Chambre, nous avons
énoncé, à maintes reprises, à peu près tout
ce qui pouvait être dit de pertinent à propos de ce projet de loi
145 sur la réforme de la fiscalité municipale.
J'ai également l'impression que nous avons épuisé
à peu près tous les arguments qui pouvaient être
invoqués, soit en faveur, soit à l'encontre du projet
gouvernemental. Tandis que l'Assemblée nationale s'apprête
à confirmer dans un vote ultime la volonté qu'elle a
déjà exprimée à maintes reprises au cours du
débat, je ne me sens pas enclin à rouvrir les débats
à l'emporte-pièce qui ont caractérisé certains de
nos échanges. Il ne me paraîtrait pas davantage indiqué de
poursuivre longtemps les exercices de pure justification ou de
réfutation pure et simple auquels il nous est arrivé de nous
livrer pendant nos débats. "Life is for action. La vie est pour
l'action, avait coutume de dire John Henry Newman.
À ce stade où nous en sommes, il faut passer à la
décision dont le moment est, de toute évidence, arrivé.
Mieux vaut enregistrer loyalement le désaccord qui s'est établi
entre le gouvernement et l'Opposition autour des enjeux que soulève le
projet de loi que de poursuivre indéfiniment et stérilement des
échanges qui ne pourraient plus rien produire à ce stade
où nous en sommes.
Avant d'en venir à l'essentiel de mon propos, je voudrais
néanmoins me réjouir, en toute sincérité, de ce
que, d'un côté comme de l'autre de la Chambre, nos échanges
soient demeurés, du début à la fin, empreints de
civilité et de courtoisie. Et je veux rendre hommage de manière
particulière à la collaboration empressée de mes
collègues du côté ministériel et, également,
du député de Jonquière qui a fait montre, du début
à la fin, d'une correction et d'une sincérité dont je lui
sais gré.
Je ne puis cependant que réitérer ce que j'ai
affirmé à maintes reprises, à savoir que nous eussions
infiniment préféré que le projet de loi fut adopté
par le seul recours aux règles ordinaires de notre Assemblée.
L'échéancier que commandaient les objectifs gouvernementaux et
les mesures inscrites dans la loi 145 exigeait, cependant, que le projet de loi
soit adopté avant l'ajournement d'été. Tout retard
additionnel eût été de nature à compromettre
gravement la réalisation d'objectifs jugés essentiels à la
bonne santé de notre société. (23 heures)
En régime de démocratie parlementaire, il incombe certes
au Parlement de scruter avec une vigueur parfois impitoyable les intentions et
les gestes du gouvernement, mais il incombe tout autant aux parlementaires d'en
venir à des décisions, d'éviter de se perdre dans des
palabres interminables et dans des querelles byzantines de procédures
qui ne sauraient qu'être génératrices d'impuissance. Le
Parlement, malgré son nom qui nous rappelle l'inaliénable
dignité de la parole et du discours, existe non seulement pour
délibérer, mais pour décider et pour agir. Nous agissons
en pleine conformité avec les règles de travail que nous nous
sommes librement données en nous apprêtant à prendre la
décision qui sera arrêtée
par l'Assemblée nationale. Nos règles prévoient
justement et de manière nécessaire qu'en cas d'impasse insoluble,
l'action doit prendre le pas sur les mots.
Avant que le projet de loi 145 ne devienne loi, il serait bon de brosser
une dernière fois un tableau des changements auxquels il nous invite. Je
voudrais, dans cette perspective, tenter de résumer le plus clairement
possible les implications du projet de loi pour les municipalités et les
contribuables du Québec. En matière de protection
policière, toutes les municipalités qui possèdent
déjà un corps de police local ou régional reconnu par le
ministère de la Sécurité publique continueront de
fonctionner comme auparavant. Elles n'hériteront, au titre de la
protection policière, d'aucune charge additionnelle. Elles continueront
de se diriger en toute liberté, en matière policière. Les
municipalités de plus de 5000 habitants sont déjà tenues
d'établir et de maintenir un corps de police municipal. Cette obligation
existait déjà dans la Loi sur la police. Elle est maintenue dans
le projet de loi 145. Seul le gouvernement pourra, à l'avenir, dispenser
une municipalité de l'obligation d'avoir son corps de police si elle
compte une population supérieure à 5000 habitants et dans ces cas
où il y aurait dispense, il devra y avoir une formule de remplacement,
soit le recours à une force policière dont les services seront
fournis par une autre municipalité, soit le recours à la
Sûreté du Québec dans des circonstances tout à fait
exceptionnelles. Encore une fois, seul le gouvernement pourra dispenser de son
obligation d'avoir un corps de police municipal une municipalité
comptant une population de plus de 5000 habitants.
Les municipalités de moins de 5000 habitants seront tenues, de
par la loi, d'assurer une protection policière à leur population.
Elles pourront assurer cette protection, soit directement en créant leur
propre corps de police local, soit indirectement par le truchement d'une
entente conclue avec une ou plusieurs municipalités pour la fourniture
des services de police, soit encore par le recours aux services de protection
policière qu'offre notre police nationale, la Sûreté du
Québec. 92 % des municipalités du Québec recourent
présentent aux services de protection policière de base offerts
par la Sûreté du Québec. Elles peuvent
bénéficier de ces services gratuitement, mais à l'avenir,
toutes les municipalités qui seront desservies par la
Sûreté du Québec devront verser une contribution
financière dont le montant sera établi en fonction du chiffre de
leur population et de la valeur de leur richesse foncière
uniformisée. L'ère des randonnées gratuites, l'ère
des services que l'on peut se procurer sans assumer aucune
responsabilité financière en matière policière est
révolue. Le projet de loi 145 sonne la fin de cette période
où le manque de responsabilités avait trop facilement cours en
matière de protection policière. Nous mettons fin, par la loi
145, au double régime actuel sous lequel certains paient pour la
protection policière qu'ils reçoivent tandis que d'autres ne
paient rien. Nous mettons également fin à un régime
d'illégalité qui durait depuis des années dans plusieurs
cas et sous lequel de nombreuses municipalités - plus d'une trentaine -
comptant plus de 5000 habitants pouvaient se dispenser de toute forme
d'organisation policière et dépendre des services offerts par la
Sûreté du Québec sans encourir un sou de dépenses en
retour. Je pense, M. le Président, lorsque nous considérons ce
double point de départ, que le projet de loi 145 nous fait franchir un
pas très important vers une équité plus concrète et
plus véritable en matière de protection policière à
travers le territoire.
Nous estimons à quelque 135 000 000 $ par an les dépenses
encourues par la Sûreté du Québec pour la fourniture de
services policiers de base dans les municipalités qui n'ont pas de corps
de police à l'heure actuelle. La contribution qui sera demandée
aux municipalités s'élèvera en tout à quelque 70
000 000 $, c'est-à-dire à un peu plus de 50 % du coût
réel. Tout le reste continuera d'être assumé par le
gouvernement par le truchement de la Sûreté du Québec.
En matière de voirie, nous comptons, dans les 1500
municipalités du Québec, 31 458 kilomètres de routes qui
servent uniquement à des fins locales. Dans certaines parties du
Québec, le coût de développement et d'entretien de ces
routes est largement à la charge des municipalités. C'est
particulièrement le cas des municipalités qui sont situées
dans la partie ouest du Québec. Dans d'autres parties du Québec,
le coût des chemins locaux est presque entièrement à la
charge du gouvernement. Sur 31 458 kilomètres de routes locales,
à peine 8500 kilomètres, soit 27 %, sont à la charge des
municipalités à l'heure actuelle. Tout le reste, soit 22 958
kilomètres, ou 73 % des chemins locaux, est à la charge du
gouvernement. Cette situation est malsaine, à plusieurs points de vue.
Tout d'abord, suivant un sain et raisonnable partage des
responsabilités, la charge des routes locales, y compris, cela va de
soi, la charge financière, ne devrait-elle pas être laissée
à la municipalité? Il tombe en effet sous le sens que la
confection et l'entretien des rues et des chemins, situés à
l'intérieur d'une municipalité et servant uniquement à des
fins locales, devraient être sous la responsabilité des
élus municipaux et des contribuables qui les élisent.
En second lieu, la situation actuelle est injuste, car le fardeau
financier qu'elle impose aux municipalités est très
inégalement réparti d'une région à l'autre. Prenons
deux exemples, M. le Président. Dans la circonscription d'Ar-thabaska,
on compte en tout 934 kilomètres de chemins locaux. De ce nombre, 870
sont à la charge du gouvernement et seulement 63 à la
charge de la municipalité. Dans le comté d'Ar-genteuil que
j'ai l'honneur de représenter en cette Chambre, on compte en tout 276
kilomètres à la charge du gouvernement et 277 à la charge
de la municipalité. Si on accepte la moyenne proposée par le
gouvernement dans son document du 14 décembre, voulant que l'entretien
d'un chemin local coûte à peu près 3000 $ le
kilomètre, ceci veut dire que la municipalité d'Ar-thabaska
reçoit chaque année, depuis des années, du gouvernement,
pour le financement de ses chemins locaux, 2 610 000 $, tandis que le
comté d'Argenteuil reçoit 828 000 $. Ce n'est qu'un exemple. On
pourrait donner des exemples encore plus extrêmes. Mais, je pense,
comment expliquer qu'on ne veuille pas regarder ces chiffres en face et
accepter d'apporter des solutions à une situation semblable? (23 h
10)
Enfin, le système actuel, qui pellette vers le gouvernement une
partie trop grande de responsabilité en ce domaine, entraîne des
coûts plus élevés. Le gouvernement doit réaliser
lui-même une bonne partie des travaux avec son propre équipement
et son propre personnel. Et nous savons tous, d'expérience, surtout les
députés ruraux qui siègent dans cette Chambre, que
lorsqu'un même travail ou un même projet est entrepris par une
municipalité locale, surtout une petite municipalité, il en
coûte beaucoup moins cher. Le travail se réalise plus rapidement
et de manière beaucoup plus suivie quand la responsabilité
incombe a la municipalité, parce que les élus municipaux, nous le
comprendrons tous, sont beaucoup plus immédiatement en mesure de
surveiller le travail qui s'accomplit. Je pense à des maires de mon
comté qui, lorsqu'un projet routier est en marche dans leur village ou
dans leur paroisse, vont surveiller tous les jours eux-mêmes le travail,
s'assurer que le contrac-teur va faire des grosses journées quand il
fait beau, de manière que le projet se termine plus vite et qu'on sauve
de l'argent, vont voir à ce qu'il n'y ait pas de gaspillage d'aucune
sorte. Je pense que c'est ça que nous voulons promouvoir avec le projet
de loi 145 et je regrette que l'Opposition ait été
complètement insensible à cette perspective.
Alors, le gouvernement estime à quelque 180 000 000 $ les
dépenses qu'il encourt chaque année pour le financement de la
voirie locale et ceci ne tient pas compte de ce que nous appelons les
dépenses de siège social, c'est-à-dire la part des
dépenses d'administration et de direction générale du
ministère qu'il conviendrait d'imputer à ce poste. Mais prenons
180 000 000 $. Au 14 décembre dernier, le gouvernement invitait les
municipalités à assumer, sur ce coût de 180 000 000 $, une
part de 43 500 000 $, c'est-à-dire à peu près 24 % du
total. À la suite des ajustements que j'avais l'honneur d'annoncer le 14
mai dernier, cette part demandée aux municipalités pour le
finance- ment de la voirie locale a été réduite à
22 500 000 $, c'est-à-dire 12,5 % du total, 1/8 du total. Ce transfert
coûtera plus cher dans certaines municipalités dont les chemins
locaux étaient entièrement à la charge de Québec
que dans dans d'autres municipalités qui assumaient déjà
une part importante du financement de l'entretien de leurs routes. Cela
m'apparait normal car la situation d'inégalité à laquelle
nous entendons mettre fin ne pourrait pas connaître de solutions si nous
cherchions uniquement des solutions arithmétiquement égales. Mais
le gouvernement a toutefois prévu que des mesures compensatoires
importantes seront instituées afin de maintenir à un niveau
raisonnablement modeste les charges fiscales devant découler du
transfert de responsabilités en matière de financement de la
voirie locale. Nous avions annoncé, le 14 décembre dernier, que
la contribution exigée d'un contribuable pour le financement de la
voirie locale ne devrait pas dépasser un maximum de 0,20 $ par 100 $
d'évaluation foncière. Je suis en mesure de déclarer ce
soir que ce plafond sera probablement ramené à 0,14 $ par 100 $
d'évaluation, ce qui comportera une amélioration de 33 % et ceci
à la suite de l'allégement de 21 000 000 $ que nous annoncions le
14 mai dernier.
Contrairement à ce que certains ont laissé entendre, le
gouvernement n'entend pas abandonner les petites municipalités à
leur sort en matière de voirie locale, bien au contraire. Tout en les
appelant à assumer des responsabilités plus directes, le
gouvernement maintiendra une participation substantielle dans le financement de
la voirie locale. Ainsi, un programme de 50 000 000 $ par année sera
institué pour l'amélioration du réseau local. Un autre
programme de 51 000 000 $ sera disponible pour venir en aide aux contribuables
dont le fardeau fiscal serait situé au-delà du seuil de 0,14 $ le
100 $ d'évaluation dont j'ai parlé tantôt et, enfin, un
programme de 14 000 000 $ sera institué afin de venir en aide aux
municipalités dans le secteur de la réfection et de
l'amélioration des ponts et oeuvres d'art. Les mesures reliées
à la voirie locale n'entreront en vigueur que le 1er avril 1993.
Par conséquent, il n'y a aucune précipitation de la part
du gouvernement en matière de voirie locale. Nous verrons, au cours des
mois à venir, particulièrement au cours de l'automne, à ce
que le ministère des Transports du Québec consulte les
municipalités dans chacune des régions du Québec afin
d'établir en consultation avec ces dernières un consensus qui
portera d'abord sur l'état dans lequel se trouvent présentement
les sommets locaux et deuxièmement, sur le projet de classification des
chemins établi par le ministère des Transports du Québec.
Le ministre délégué aux Transports me faisait part ces
jours derniers de son intention de communiquer publiquement en juillet les
inten-
tions de son ministère concernant les modalités que
revêtira cette consultation des municipalités à travers le
Québec.
Suivant la coutume de notre pays, les immeubles appartenant au
gouvernement sont généralement exempts de plusieurs formes de
taxation, notamment la taxe foncière. Ainsi, selon l'article 204 de la
Loi sur la fiscalité municipale, les immeubles appartenant au
gouvernement fédéral, au gouvernement du Québec, au
réseau de la Santé et des Affaires sociales, au réseau de
l'Éducation sont exempts de la taxe foncière municipale. Une
longue tradition veut cependant que le gouvernement québécois
verse aux municipalités des subventions importantes tenant lieu de taxes
qu'elles pourraient normalement percevoir sur les immeubles du secteur public
situés dans leur territoire. Au seul titre de ces subventions
versées en guise d'"en lieu" de taxes, le gouvernement versa aux
municipalités en 1990 les sommes suivantes: "En lieu" de taxes sur les
immeubles gouvernementaux proprement dits, 69 800 000 $; "en lieu" de taxes sur
les immeubles du réseau de la Santé et des Affaire sociales, des
collèges et des universités, 148 300 000 $. Finalement, "en lieu"
de taxes sur les immeubles où l'on trouve des écoles primaires et
secondaires, 91 300 000 $. Le tout donne une somme de 309 400 000 $
versée en "en lieu" de taxes sur les immeubles des secteurs public et
parapublic pour la seule année 1990.
Le gouvernement est fier de fournir cette contribution au financement
des municipalités. La contribution qu'il verse est toutefois devenue
trop lourde pour les moyens dont dispose présentement le gouvernement.
Ayant regardé ailleurs, comme il faut savoir le faire de temps à
autre, nous avons constaté que dans les autres provinces canadiennes,
les gouvernements provinciaux ne paient pas d'"en lieu" de taxes sur les
écoles primaires et secondaires. Le gouvernement, après avoir
longuement considéré ce problème, a décidé
de réduire de moitié la contribution qu'il verse aux
municipalités en guise d'"en lieu" de taxes sur les immeubles qui
abritent des écoles primaires ou secondaires. Il réduira ainsi,
à compter de l'année prochaine, de 47 000 000 $ par an sa
contribution totale sous forme d'"en lieu" de taxes versés aux
municipalités. Mais n'oublions point, M. le Président, que
nonobstant cette réduction, le gouvernement continuera de verser aux
municipalités, en guise d'"en lieu" de taxes, des sommes qui seront d'au
moins 265 000 000 $ par année. Et au lieu de parler seulement de la
réduction, somme toute, modeste qui sera effectuée dans ce
programme, on pourrait également souligner le bien qui restera
après les décisions du gouvernement.
Les écoles primaires et secondaires sont un actif très
précieux pour une communauté locale. Il suffit qu'une
communauté n'en ait point pour qu'elle en réalise l'importance.
Et j'ai été cinq ans ministre de l'Éducation, M. le
Président, et je me souviens des démarches incessantes dont j'ai
été l'objet, autant de la part des députés qui
siègent dans cette Chambre que de nombreux représentants de
conseils municipaux, pour que le gouvernement consente à implanter une
école dans le territoire de telle et telle municipalité ou encore
à agrandir un immeuble scolaire. Puis quand on venait me voir, on ne me
pariait pas des obligations qu'entraîne la présence d'un immeuble
scolaire dans le territoire d'une municipalité, on me faisait voir les
immenses avantages que représentait pour cette municipalité le
fait d'avoir ou d'entrevoir l'implantation d'une école sur son
territoire. Alors, je demanderais aux élus municipaux de
considérer les immenses avantages qui découlent pour leur
communauté de la présence d'une école sur le territoire de
la municipalité. (23 h 20)
Je souligne, en outre, que le montant des subventions que le
gouvernement versera en guise d'"en lieu" de taxes sur les écoles sera
encore substantiellement supérieur aux dépenses directes que les
municipalités encourent pour les services qu'elles fournissent à
ces écoles, sous forme de voies d'accès dont elles assurent
l'entretien: enlèvement de la neige, cueillette des ordures, etc. Alors,
la différence est encore substantielle et je pense que tout compte fait,
les municipalités resteront gagnantes dans cet échange de bons
procédés entre elles et le gouvernement en matière
d'immeubles scolaires situés sur leur territoire.
En matière de transport en commun, il existe présentement,
à travers le Québec, neuf agglomérations urbaines qui sont
desservies par un organisme public de transport en commun: Montréal, la
rive sud de Montréal, Longueuil et toutes les autres villes qui
l'entourent, ville de Laval, Québec, la rive sud de Québec,
l'Outaouais, Trois-Rivières, des Forges, Sherbrooke, Saguenay. Ça
fait neuf.
Ces organismes sont nécessaires. Ils rendent d'indispensables
services. Sans leur présence, la vie urbaine ne pourrait pas être
ce qu'elle est. Elle ne pourrait pas déployer normalement des fonctions
qui sont attendues d'elle pour le dynamisme de notre société.
Mais, fondamentalement, les organismes publics de transport sont
dirigés par des conseils d'administration et des administrateurs dont
les membres sont sous le contrôle immédiat et exclusif des
élus municipaux. La composition des conseils d'administration varie
quelque peu d'un organisme à l'autre. Elle est toujours, cependant, sous
le contrôle des élus municipaux. Le conseil d'administration de
chaque organisme détient en outre les pouvoirs de décision sur
toutes les matières reliées au bon fonctionnement de l'organisme.
C'est lui qui arrête le tracé des routes desservies par
l'organisme, qui établit les besoins de l'organisme, qui trace chaque
année le budget de l'organisme, qui procède à
l'embauche
et à la gestion du personnel, qui fixe les tarifs devant
être proposés aux utilisateurs du service.
Or, le partage actuel des responsabilités financières
entre Québec et les municipalités en matière de transport
en commun ne va pas de pair avec le partage des responsabilités
décisionnelles. C'est facile d'avoir l'exclusivité des
responsabilités décisionnelles quand on n'a qu'à refiler
la facture d'un déficit au gouvernement qui siège à
Québec. Telle est la situation dans laquelle nous fonctionnons depuis de
nombreuses années, M. le Président.
En 1990, les dépenses totales des organismes publics de transport
ont été de 1 000 000 000 $, 1 071 000 000 $. De ce total, 43 %,
soit plus de 460 000 000 $, ont été fournis par le gouvernement
du Québec. Cette contribution aurait dépassé le cap de 500
000 000 $, en 1992, si le gouvernement n'avait pas décidé de
mettre un frein à cette situation qui entraînait un fardeau de
plus en plus lourd pour l'ensemble de la collectivité
québécoise.
À la suite de l'adoption de la loi 145, le gouvernement
continuera de s'impliquer de diverses manières dans le financement du
transport en commun. Il est faux, par conséquent, de prétendre,
comme on l'a fait à maintes reprises au cours des dernières
semaines, que le gouvernement entend s'abstraire complètement de toute
responsabilité en matière de financement de transport en commun.
Le gouvernement continuera à contribuer substantiellement au financement
des dépenses d'immobilisations. Les achats de véhicules par
exemple, un autobus aujourd'hui, ça doit coûter au moins 200 000
$. Ça, c'est financé 70 % ou 75 % par le gouvernement, les
garages, les installations, les rames de métro. Les rames de
métro, c'est financé à 100 % par le gouvernement. On
continuera de fournir une contribution très importante.
Il a été créé l'an dernier un organisme de
coordination de tout le transport en commun dans la grande région de
Montréal afin de réaliser une intégration tarifaire, une
meilleur intégration des routes, une meilleure jonction des services
offerts par les trois organismes qui desservent cette région. Le
gouvernement continuera de verser pour cet organisme une contribution de 25 000
000 $ par année indexable, pendant les trois prochaines années.
Nous continuerons de fournir une contribution très importante pour le
transport des personnes qui ont besoin de services adaptés, les
personnes handicapées par exemple. Nous continuerons de fournir une
contribution très importante dans le secteur du transport scolaire.
Étant donné tous ces éléments, je pense que la
vérité oblige à ne point soutenir que le gouvernement
entendrait se retirer du transport en commun ou abdiquer toute
responsabilité en ce domaine. Parler ainsi ce serait tronquer la
vérité.
En 1992, les dépenses du gouvernement en matière de
transport en commun dépasseront certainement les 300 000 000 $. Depuis
plus d'un an déjà, comme on peut le constater en relisant le
discours sur le budget prononcé dans cette Chambre par le ministre des
Finances le 26 avril 1990, depuis plus d'un an, la décision du
gouvernement avait été clairement communiquée à la
société québécoise, en particulier par
conséquent aux municipalités plus immédiatement
concernées. Comment laisser entendre qu'on aurait été pris
par surprise, qu'on n'aurait entendu parler de ces choses que d'une
manière tout à fait récente? Cette idée avait
été clairement mise sur la table dans cette Chambre par le
ministre des Finances le 26 avril 1990.
Le gouvernement en est venu à la conclusion que, tout en
continuant à assumer des responsabilités dans le secteur du
transport en commun, il ne peut plus participer au financement des
dépenses de fonctionnement des organismes publics de transport. Il dit
en somme aux municipalités: Nous continuerons de vous aider, de vous
soutenir pour l'achat d'autobus, pour le développement de rames de
métro, pour la construction de certains immeubles dont vous avez besoin
pour vous acquitter de vos fonctions, tels des garages, par exemple, des lieux
de stationnement, mais nous ne pouvons plus assumer la responsabilité du
fonctionnement de tous ces véhicules. C'est à vous qu'il incombe
de les mettre en route. C'est à vous qu'il incombe d'assurer que le
financement du roulement de ces véhicules sera obtenu par des sources
locales, soit par une contribution mieux adaptée des usagers, ce qui
devrait être la première considération. J'ai dirigé
un journal autrefois, M. le Président, qui vivait toujours de dons de
charité. Et je me suis dit, si les gens l'aiment et l'apprécient,
ils vont payer le prix qu'il coûte et on va mettre les dons de
charité dehors. Je me suis débarrassé de tous ces dons de
charité et pendant 15 ans, nous l'avons fait fonctionner sur la base de
sa valeur réelle. J'avais dit au public bien clairement: Si vous n'en
voulez pas, ne l'achetez plus, mais nous ne voulons pas de charité, nous
voulons des lecteurs qui apprécient le journal pour ce qu'il vaut. Je
pense que, si nous prenions cette philosophie pour le fonctionnement du
transport en commun, nous obtiendrions rapidement des résultats beaucoup
plus satisfaisants au point de vue financier que ceux que l'on a montrés
au cours des 10 dernières années.
Le gouvernement avait également décidé de mettre
fin aux subventions de 7 600 000 $ par année qu'il verse aux MRC en
guise de contribution à leur financement. On nous a fait valoir depuis
le 14 décembre que les MRC s'acquittent de certaines fonctions qui ne
sont pas indifférentes au bon fonctionnement du gouvernement
lui-même. La fonction de l'aménagement du territoire qu'assument
les MRC par exemple est une fonction très importante pour l'exercice des
fonctions de plusieurs ministères gouvernemen-
taux. Je pense par exemple au ministère des Transports, pour
établir le tracé des routes qu'il doit construire ou les
améliorations routières dans une région. Le travail
d'aménagement du territoire que font les MRC est un facteur très
important pour la localisation des écoles, des services sociaux et
hospitaliers. C'est très important que ce travail de base se fasse. On
ne peut pas dire que les MRC ne font pas un travail qui est utile pour toute la
collectivité québécoise et, dans cette perspective, le
gouvernement a accepté de réviser l'intention qu'il rendait
publique le 14 décembre dernier et de maintenir pour les trois
prochaines années les subventions de 7 600 000 $ versées chaque
année aux municipalités régionales de comté. (23 h
30)
Si nous considérons l'impact total de la réforme, il se
résume autour de quelques chiffres centraux que j'évoquerai
brièvement.
Tout d'abord, au début, le 14 décembre dernier, nous
avions annoncé les transferts suivants: transport en commun, 266 000 000
$, voirie, 43 300 000 $, police, 79 300 000 $, "en lieu" sur les immeubles
scolaires, 80 300 000 $, droits sur les divertissements, 25 500 000 $,
subventions aux MRC, 7 600 000 $, immatriculation des véhicules
municipaux sur lesquels nous voulons que les municipalités paient le
même prix que n'importe quel contribuable, 6 000 000 $ et divers
ajustements sur les "en lieu" de taxes, 9 800 000 $, pour un total de 518 000
000 $. De ce total, il fallait soustraire un montant de 20 000 000 $ qui doit
aller en accroissement du programme de péréquation et un autre
montant de 20 500 000 $ devant consister en des compensations transitoires pour
les trois prochaines années à l'intention des
municipalités où l'impact financier de la réforme allait
être trop lourd pour le contribuable moyen, ce qui nous ramenait à
un transfert net de 477 500 000 $.
Or, le 14 mai, j'annonçais une série d'ajustements au nom
du gouvernement: réduction de 21 000 000 $ dans la part demandée
aux municipalités pour la voirie locale; réduction de 8 500 000 $
au chapitre de la protection policière; réduction de 33 200 000 $
au chapitre des subventions versées aux municipalités en guise
"d'en lieu" de taxes sur les immeubles scolaires; réduction de 7 600 000
$ des subventions aux mrc qui sont maintenues et une autre réduction de
7 600 000 $ sur les ajustements des paiements en guise "d'en lieu" de taxes,
pour un total de 78 000 000 $. il restait donc un montant net de 400 000 000 $
de transferts en direction des municipalités.
Maintenant, de ce total, il faut soustraire trois autres montants parce
que le gouvernement, par le projet de loi 145 que nous adopterons ce soir,
ouvre aux municipalités l'accès à des revenus accrus en
vertu de décisions qui seront prises par nous, pas par les
municipalités. Les municipalités collecteront cet
argent-là. Elles recueilleront les fruits de nos décisions sans
coup férir, sans douleur encourir. Par exemple, nous avons
décidé d'ajuster les droits sur les mutations
immobilières. Chaque personne qui fait une transaction
immobilière doit payer une certaine redevance à la
municipalité. Ces droits ont été ajustés pour
correspondre davantage à ce qu'ils sont dans les autres provinces
canadiennes, en particulier, en Ontario. Des revenus additionnels de 78 000 000
$ seront procurés aux municipalités par le fait de cette mesure
dont nous prenons la responsabilité en adoptant le projet de loi
145.
Nous avons adopté, l'an dernier, une loi qui augmentait le
montant des amendes encourues pour infraction au Code de la
sécurité routière. Le produit de ces amendes demeure entre
les mains des municipalités qui ont leur propre corps de police et il en
résultera des revenus accrus pour les municipalités de 20 000 000
$. En outre, nous avons décidé, et nous le confirmerons en
adoptant le projet de loi 145, de créer un nouveau fonds de
contributions des automobilistes des agglomérations urbaines au
financement du transport en commun. Nous avons réuni toutes les
municipalités dont plus de la moitié des contribuables vont
chercher leur gagne-pain dans le centre-ville ou dans le coeur des grandes
agglomérations urbaines et nous demandons à chaque
propriétaire d'un véhicule de promenade de verser une modeste
contribution de 30 $ par année qui ira directement à la
Société de l'assurance automobile du Québec pour la
création d'un fonds dont les recettes seront réparties entre les
organismes publics de transport suivant des critères que
déterminera le gouvernement sur recommandation du ministre des
Transports. Cette source rapportera 50 000 000 $.
Alors, si j'additionne les trois montants: 78 000 000 $, 20 000 000 $ et
50 000 000 $, j'arrive à un total de 148 000 000 $ de revenus
additionnels qui seront procurés aux municipalités à la
suite de décisions prises par nous. Pendant que M. Nicolet donnait des
conférences de presse s'opposant au projet de loi, nous adoptions ici
des mesures qui permettront d'apporter des revenus additionnels aux
municipalités. Alors, le montant net du transfert, quand on
déduit ces revenus additionnels: 400 000 000 $, M. le Président,
moins 148 000 000 $, ça donne 252 000 000 $. C'est ça, le montant
que nous devons retenir. C'est ça qui est le vrai montant du transfert
net effectué en direction des municipalités, 252 000 000 $.
Je vous donne seulement un autre chiffre. Savez-vous quelle est la
valeur totale de la richesse foncière uniformisée du
Québec? Elle est de 252 000 000 000 $. Alors, si je compte 252 000 000
$, ça veut dire que le coût moyen de la réforme à
travers tout le Québec, c'est de 0,10 $ par 100 $ d'évaluation.
Qui pourra soutenir sérieusement qu'il y a là matière
à croisade, qu'il y a là matière à empêcher
un projet de loi
de suivre son cours normal devant l'Assemblée nationale?
Voilà la vérité brute, voilà la
vérité incontestable qui se dégage de l'ensemble des
données financières relatives à la réforme
définie dans le projet de loi 145. Ce coût ne sera pas
réparti de manière uniforme, de manière
arith-métiquement égale à travers tout le Québec
car, encore une fois, nous procédons sur la base de points de
départ qui sont différents. les municipalités qui ne
payaient rien pour leurs chemins locaux, qui ne payaient rien pour leur
protection policière seront appelées à contribuer plus que
celles qui avaient déjà leur corps de police et qui payaient la
majorité de leurs dépenses en matière de transport et de
chemins locaux, je n'y puis rien. quand on veut corriger une injustice, on ne
peut pas se borner à établir un régime uniforme pour tout
le monde, c'est antinomique. le gouvernement verra, cependant, à ce que
l'impact des mesures soit réparti de manière aussi
équitable que possible à travers tout le québec. il
déploiera, à cette fin, diverses mesures égalisatrices qui
viseront toujours à ce que le fardeau soit réparti en tenant
compte de la capacité raisonnable de payer des contribuables individuels
et des entreprises.
La première mesure égalisatrice sera le programme de
péréquation qui existe déjà et qui demeure. Nous le
raffinerons cependant en ajoutant dans les normes de calcul un
élément qui tiendra davantage compte des autres formes de
richesse que la richesse foncière. Nous gardons la richesse
foncière comme élément de base, mais viendra s'ajouter
à la richesse foncière un autre élément qui tiendra
compte des autres formes. Nous savons tous qu'il existe de petits
propriétaires qui sont très pauvres. Si nous allions compter
uniquement la valeur de leur propriété, nous ne rendrions pas
justice à tout le monde. Alors, le programme sera affiné pour
tenir compte de ce critère élargi.
Nous avons, en plus - j'en ai fait mention tantôt - mis au point
un mécanisme de compensation en ce qui touche les dépenses
reliées au financement de la voirie locale. Aucun contribuable ne sera
invité à payer plus que 0,14 $ les 100 $ d'évaluation,
alors qu'en décembre dernier nous parlions d'un plafond de 0,20 $; nous
l'avons réduit à 0,14 $.
Enfin, nous sommes à mettre au point une dernière mesure
de compensation qui permettra de réduire le fardeau maximum total qui
avait été envisagé pour un contribuable. On disait: On ne
pourra pas aller au-delà de 0,25 $ de charge totale par 100 $
d'évaluation. Nous réduirons ce taux. Je compte le réduire
davantage pour les municipalités de moins de 3000 habitants. Je ne
mentionnerai pas de montant ce soir parce que je ne veux pas créer
d'illusion, mais j'ai déjà donné l'assurance aux
députés qu'ils seront informés de toutes ces
données d'ici à une couple de semaines tout au plus. Mais nous
aurons une mesure spéciale à l'intention des petites
municipalités de moins de 3000 habitants.
Nous visons à ce que, dans presque toutes les
municipalités du Québec le compte de taxes moyen connaisse une
augmentation qui ne dépasse pas 100 $ par unité
d'évaluation, c'est-à-dire 2 $ par semaine, pour le compte moyen
de taxes, dans une municipalité. Évidemment, il faudra faire
exception de certaines municipalités cossues où la richesse
foncière est supérieure de cinq, six, sept et huit fois à
la richesse foncière moyenne au Québec. Je n'y puis rien. Si je
voulais chercher des moyennes à tout prix, je ne serais pas capable d'en
trouver. Il faut tenir compte de ces choses-là.
Il y aura peut-être un nombre limité de
municipalités pour lesquelles nous ne pourrons pas réaliser
l'objectif dont j'ai parlé, mais je puis vous assurer que plus de 95 %
des municipalités du Québec tomberont sous cette norme dont j'ai
parlé tantôt, c'est-à-dire que le compte de taxes ne
devrait pas dépasser soit 0,20 $ les 100 $ d'évaluation ou un
montant brut de 100 $, selon les cas. (23 h 40)
La contribution que les municipalités seront ainsi
appelées à fournir pour l'établissement d'un meilleur
équilibre dans le partage des responsabilités entre Québec
et les municipalités sera de l'ordre de 252 000 000 $ sous forme de
revenus additionnels qu'elles seront appelées à aller chercher
via des décisions fiscales dont elles porteront elles-mêmes la
responsabilité. Ce montant représente, tout compte fait, une
contribution modeste et raisonnable.
Par rapport au budget total du gouvernement, que représente cette
contribution de 252 000 000 $ demandée aux municipalités? J'ai
fait les calculs, M. le Président. Le budget du gouvernement est, cette
année, de 38 800 000 000 $. Savez-vous ce que représente 252 000
000 $ sur 38 800 000 000 $? 0,6 %, même pas 1 %. Que représente la
contribution attendue des municipalités par rapport au déficit du
gouvernement? On nous a accusés de pelleter notre déficit du
côté des municipalités. On a cherché à
dramatiser à l'extrême. On a entendu toutes sortes de propos
à ce sujet. Faisons des calculs simples, si on peut les réfuter,
nous écouterons avec intérêt la réfutation, nous
l'accepterons si elle est bonne. 252 000 000 $ sur un déficit de 3 480
000 000 $ pour la présente année, combien ça
représente? 7,2 %. Alors, c'est une proportion modeste de 7,2 % du
déficit total qu'encourra le gouvernement cette année qui est
demandée aux municipalités sous forme de participation à
l'effort d'assainissement des finances publiques.
N'importe quel observateur responsable qui examinerait ces chiffres dans
un esprit impartial reprocherait au gouvernement de ne pas faire assez, de ne
pas demander une contribution suffisante. Nous l'avons mise au niveau le
plus
modeste possible parce que nous voulons que les municipalités
continuent à avoir des finances saines, continuent à enregistrer
de modestes surplus chaque année. Mais comment soutenir, dans un tel
contexte, qu'on serait embarqué dans une espèce de
révolution, de changement complet de climat et de fonctionnement de nos
institutions? Voyons donc, M. le Président, un peu de
sérieux!
Par rapport aux dépenses probables des municipalités -
ça, c'est un critère très important - qu'est-ce que
représente l'effort demandé par rapport aux dépenses
qu'elles encourront normalement cette année? Nous l'établissons
à quelque 7 500 000 000 $. Ça sera probablement un peu
supérieur à 7 500 000 000 $, ça va aller chercher 7 700
000 000 $, 7 800 000 000 $, à mon humble avis, mettons 7 500 000 000 $
pour les fins de la discussion. Que représentera ce montant de 252 000
000 000 $? M. le Président, 3,4 %, c'est ça que ça
représente, 3,4 %. Qu'on le prenne sous la forme qu'on voudra,
l'impôt foncier général, sous la forme de la nouvelle
surtaxe sur le non-résidentiel, sous la forme des droits sur les
divertissements ou autre chose, ça représente 3,4 % de l'ensemble
des dépenses des municipalités pour l'année courante.
Le gouvernement ouvre, en outre, aux municipalités l'accès
à une nouvelle source de revenus qui, à elle seule, si elle est
judicieusement utilisée, pourrait rapporter des revenus additionnels
dont nous estimons le potentiel, combiné avec celui de la taxe sur la
valeur locative, à quelque 200 000 000 $. Quand nous discutions des
droits de scolarité universitaires, l'Opposition, pendant des semaines,
avait proclamé que le gouvernement libéral avait peur de demander
une contribution aux entreprises. On nous avait dit: Ne touchez pas aux
étudiants d'aucune manière, ni à leur famille, mais
touchez aux entreprises, cessez de coucher avec les entreprises. C'est le
langage qu'on nous a tenu pendant des semaines il y a à peine deux ans,
M. le Président. Or, nous avons choisi la voie contraire à
l'époque et les résultats parlent aujourd'hui par
eux-mêmes. Le député de Rimouski portait l'autre jour
à mon attention les données les plus récentes concernant
les inscriptions à l'Université du Québec à
Rimouski: augmentation des inscriptions d'étudiants réguliers de
l'ordre de 30 %, m'avez-vous dit...
Une voix: C'est ça.
M. Ryan: ...et la même tendance moins prononcée, une
tendance nettement améliorée se manifeste partout à
travers le Québec. Prophéties de malheur qui n'ont jamais connu
la moindre once de réalisation. Et, aujourd'hui, tenant compte de tout
le contexte que nous avons soigneusement étudié, nous disons:
C'est le moment de demander une contribution additionnelle au secteur des
entreprises. Nous ne préten- dons pas qu'il faudra refiler au secteur
des entreprises toute la note de 252 000 000 $, mais nous disons aux
municipalités: Usez de votre discernement. Vous pouvez aller chercher
une partie de l'argent dont vous aurez besoin de ce côté-là
et l'Opposition, nouvelle convertie à l'entreprise privée - mais
que ça sonne faux sur vos lèvres - vient nous dire: Ne touchez
pas à ça. N'enlevez pas un cheveu de la tête de
l'entreprise privée. Vous nuirez à l'économie. Mais c'est
une bonne blague! C'est une bonne blague!
Moi, j'ai entendu le discours contraire dans cette Chambre pendant 12
ans que j'y siège, conversion dictée par l'opportunisme du
moment, par aucune conviction sérieuse, M. le Président. Nous
autres, nous disons à l'entreprise: Vous êtes capable de faire
cette modeste part, et nous avons vu défiler en commission parlementaire
des représentants de grosses entreprises immobilières de la
région montréalaise qui sont venus nous dire bien franchement:
Nous ne voulons pas de votre taxe sur le stationnement. Ça va nous
embarrasser, ça va créer toutes sortes de complications et
d'iniquités sur le territoire métropolitain de Montréal,
mais demandez-nous un accroissement raisonnable de contribution sous la forme
de la surtaxe sur les immeubles non résidentiels et nous sommes
prêts à assumer notre part du fardeau.
Nous avons tenu compte de ces avis qui nous étaient
donnés; nous avons institué la surtaxe sur le
non-résidentiel et nous avons renoncé à la taxe sur le
stationnement. Mais je souris aujourd'hui en entendant certains dirigeants
municipaux regretter que nous ayons abandonné la taxe sur le
stationnement, alors qu'aucun d'entre eux n'était venu la
défendre devant la commission parlementaire quand nous les avons
entendus. Nous avons écouté les voix raisonnables qui nous
proposaient des améliorations à notre projet, mais ne pouvions
pas entendre des messages qui ne nous étaient pas donnés, qui
nous ont été donnés par après par des gens qui
avaient oublié de nous le dire quand c'était le temps.
Alors, M. le Président, compte tenu de tout ce que j'ai dit,
j'ajoute que la surtaxe sur les immeubles non résidentiels qui implante
au Québec... On a vécu longtemps de la théorie de
l'invariabilité des taux de taxation; il fallait que ce soit uniforme,
point. C'est une théorie qui remonte à un âge
dépassé. Aujourd'hui, on peut très bien avoir une forme de
taxation particulière qui vient s'ajouter à la taxe
foncière générale. Il faut que ça reste
modéré, raisonnable. C'est pourquoi nous avons fixé un
plafond dans la loi. Les sommes que les municipalités pourront retirer
au chapitre combiné de la taxe sur la valeur locative et de la surtaxe
sur les immeubles non résidentiels sont limitées par des
coefficients clairement et mathématiquement définis dans la loi.
Ces réserves étant sauves, on
peut s'accorder que cette taxe est une taxe raisonnable, une taxe
claire, une taxe... On commence à me dire qu'on va abandonner la taxe
sur la valeur locative; c'est une question d'années, même de mois
dans certains cas, puis, il y a à peine quelques mois, tout le monde
nous disait que ça ne tenait pas debout. Aujourd'hui, à mesure
qu'ils regardent, des administrateurs municipaux ont dit à leurs
évaluateurs: On ne peut pas le dire publiquement, mais
dépêchez-vous de la mettre en oeuvre. C'est bon, cette
affaire-là.
Ça, c'est formidable. Mais nous n'en voulons pas à ceux
qui nous ont critiqués. C'était leur métier de le faire,
puis si nous ne sommes pas capables de prendre la critique, nous n'avons pas
d'affaire dans la vie publique. Mais, au bout de la ligne, ce sont les
résultats qui parlent et nous n'avons pas peur. Quand on arrivera aux
résultats, nous serons là pour les cueillir.
L'effort qui est demandé, M. le Président, aux
municipalités et aux contribuables du Québec est un effort
raisonnable, un effort modéré, un effort amplement
justifié par le dossier que nous avons mis devant la population. C'est
également un effort juste et équitable. En conclusion, je
voudrais demander à la population du Québec de se méfier
des chiffres truqués et des appels à la démagogie qu'on
semble vouloir continuer de lui prodiguer dans certains milieux. Je dis
à nos concitoyens qui nous écoutent: Renseignez-vous à la
source, à des sources authentiques, et non pas à des sources
délétères. Votre député, surtout s'il est du
côté ministériel, sera en mesure d'ici à deux ou
trois semaines de vous fournir toute l'information objective que vous voudrez
obtenir, autant à titre d'élu municipal que de citoyen
contribuable ou de chef d'entreprise, sur l'impact prévisible de la
réforme dans chacune des municipalités de son comté. Nous
fournirons à chaque député des chiffres précis sur
l'impact de la réforme sur le compte de taxes moyen dans chacune des
municipalités de son comté, comme nous l'avions fait d'ailleurs
au début de l'exercice en toute transparence. Les efforts de distorsion
dont nous avons été témoins n'étaient rien en
comparaison des avantages qui en ont découlé pour la bonne
information du public. (23 h 50)
Je veux rendre hommage aux députés ministériels qui
ont accompli à cet égard un travail exemplaire, dicté par
un esprit de responsabilité et de solidarité dont je les remercie
chaleureusement.
Aux dirigeants municipaux, je voudrais adresser un bref message. Vous
avez mené une lutte vigoureuse, voire farouche, une lutte que vous aviez
le droit de mener, que vous avez conduite, tout compte fait, avec les moyens
qui sont disponibles dans une société démocratique. Votre
lutte vous a permis d'obtenir des améliorations importantes dont j'ai eu
l'honneur de faire part à cette Chambre le 14 mai dernier. Mais nous
devons, ce soir, nous rendre à l'évidence, l'Assemblée
nationale, organe suprême de la société politique
québécoise, expression ultime de la volonté politique de
la population québécoise, se prononcera de manière
définitive en faveur du projet de loi dans quelques heures tout au plus.
Une fois la décision prise, il faudra bien l'accepter en tout esprit
démocratique et je dis aux dirigeants municipaux: Méfiez-vous des
appels irréfléchis à la désobéissance qu'ont
semblé vous lancer ces jours derniers certains de vos dirigeants. Ces
appels sont tout à fait déplacés, irresponsables,
irréfléchis et je suis sûr, connaissant les dirigeants
municipaux depuis très longtemps, en comptant un très grand
nombre parmi mes amis - un très grand nombre sont du côté
ministériel d'anciens maires, d'anciens conseillers municipaux - qu'ils
ne céderont pas à ces appels absolument mal avisés.
Je leur dis: Méfiez-vous aussi des promesses irresponsables de
l'Opposition. Celle-ci vous a fait, encore aujourd'hui, des promesses
démagogiques qu'elle ne serait pas capable de remplir, des promesses
qu'elle ne pourrait remplir qu'en aggravant le problème
déficitaire des finances publiques du Québec, comme elle l'a fait
de manière si éloquente pendant les neuf années qu'elle a
passées au pouvoir. Après l'héritage très lourd que
nous a laissé le Parti québécois en 1985, je suis
renversé de constater le peu de sens des responsabilités dont il
a fait preuve dans ce débat sur l'avenir de la fiscalité
municipale. Ce manque de sens des responsabilités étonne d'autant
plus que la grande majorité des propos contenus dans le programme que
définit la loi 145 étaient déjà contenus dans le
rapport d'une commission d'étude qui fut soumis il y a quatre ou cinq
ans à peine à l'Union des municipalités du Québec
sous la signature de nul autre que le chef actuel de l'Opposition, M. Jacques
Parizeau, qui cherche de son mieux à se tirer de ce pétrin
où l'a tiré son oeuvre passée, mais qui n'a pas
réussi d'aucune manière et à qui nous pouvons rappeler des
passages et des passages dont nous avons tenu compte dans la rédaction
du projet de loi 145.
Méfiez-vous enfin, je vous le dis en toute simplicité
parce que j'ai l'habitude du langage franc, d'un certain égoïsme
municipal qui nous pousse, quand on est au plan local, et je l'ai vécu
moi-même pendant des années, à nous replier sur
nous-mêmes, à concentrer nos horizons et nos préoccupations
uniquement sur nos problèmes immédiats. Je vous invite à
vous élever et à partager avec nous une vision plus large et plus
haute de l'idéal québécois, des problèmes auxquels
fait face la société québécoise à l'heure
actuelle. Nous vous demandons une contribution très modeste et je le dis
en toute simplicité, le Québec est notre nation à tous,
à tous sans distinction. Il a droit de la part de chacun d'entre nous
à une allégeance entière et empres-
sée, qui ne passe pas son temps à bouder le gouvernement
légitime, surtout quand il agit, de toute évidence, pour le
service de l'intérêt public.
Ce droit à notre allégeance, la société
québécoise l'exprime quotidiennement par la voie de son
gouvernement légitime, le gouvernement du Québec, dans toutes les
affaires que la Constitution du pays confie à l'autorité
souveraine de l'Assemblée nationale du Québec. Aussi longtemps
que le gouvernement du Québec exigera de chacun de nous un apport
raisonnable, équitable, justifié et, somme toute,
modéré, je pense que nous avons le devoir de répondre avec
empressement à son appel, quitte, si nous ne partageons pas son opinion,
à le défaire à l'élection suivante; nous avons
toujours ce recours.
Je conclus, M. le Président, que l'appel du gouvernement aux
municipalités et aux contribuables du Québec est un appel
raisonnable, justifié, équitable et sain, un appel qui n'a
d'autre but que la recherche d'un meilleur partage des responsabilités
et des charges entre Québec et les municipalités. Pour toutes ces
raisons, je suis convaincu que la loi 145, une fois adoptée, produira
des résultats bienfaisants non seulement pour le gouvernement, mais pour
tout le Québec.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, nous en sommes
à l'étape de l'adoption du projet de loi 145, Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant les finances municipales.
S'il vous plaît! Je reconnais maintenant... S'il vous plaît! Je
reconnais maintenant M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui. Merci, M. le Président. Ce soir, une
chance que le ministre des Affaires municipales nous a avertis que tout
était à peu près dit, parce qu'il a réussi à
dépasser son heure. Une chance qu'il a dit ça au départ de
son exposé. Je pense bien qu'il faut comprendre que non, tout n'a pas
été dit. Au contraire, tout commence à partir de ce soir,
parce que ce débat qui se termine ou se complète a donné
lieu, bien sûr, à des prises de position viriles, mais je pense
bien que la façon dont on l'a engagé a donné prise
sûrement à des parties de bras de fer, à des prises en
charge de la part des municipalités, très inacceptables
peut-être aux yeux du ministre, mais prévisibles aux yeux des gens
qui auront à subir les conséquences de ce projet de loi 145 qui
nous est imposé, qui leur est imposé unilatéralement.
On aura beau essayer de dire que tout était correct dans ce
projet de loi, que les municipalités n'avaient qu'à
s'arrêter; ils ont le droit de critiquer mais, après ça,
fermez-vous. C'est notre responsabilité ministérielle, le
gouvernement dé- cide à la place des municipalités. Je
pense bien que ce n'est pas comme ça que ça se passe chez les
gens civilisés. Les gens ont le droit, même après un
débat, de ne pas partager l'idée de celui qui impose ses
idées.
Le ministre des Affaires municipales peut bien reprocher des promesses
irréfléchies, à ses dires, du chef de l'Opposition, mais
je voudrais juste rappeler qu'il n'y a pas tellement longtemps ce même
gouvernement qui est devant nous avait promis à toutes les femmes du
Québec le régime de rentes. Et ça, il n'y a rien qui
paraît à l'horizon depuis six ans. Bien sûr qu'ils l'ont
oublié, bien sûr que là, ils étaient partis dans
l'euphorie des promesses et des promesses et plus rien, fini, parce qu'ils ont
le droit de tout faire et de tout dire, ce gouvernement-là. Il faut les
regarder aller: Je suis la vie, la voie, la vérité. Est-ce qu'on
doit accepter ça et arrêter? Écoute un peu, moi, je pense
qu'on se fait charrier. Même si le ministre des Affaires municipales
semble crédible, dans cette question-là, je peux dire qu'il
s'avance sur un terrain et qu'il devrait y aller un peu plus mollo. Quand il
nous fait ses comparaisons avec les municipalités, c'est juste 3 %,
c'est juste 0,10 $; bien non, 3 000 000 000 $ de taxes depuis deux ans!
Aïe! Je comprends que les gens, ils ne comprennent pas ça. Quand on
vide les poches des gens et il vient nous dire: II n'y a rien là, ce
n'est pas grave, un 10 %, un 3 %. Est-ce qu'il a oublié que dans les
conseils municipaux, chaque année, il y a des augmentations de taxes?
Ça aussi, ça ajoute à la facture. Les contribuables, ce
n'est pas des individus qu'on tranche en morceaux, tranches de "baloney". C'est
un tout. Quand on envoie une facture à un contribuable municipal, il
paie d'autres choses, (minuit)
J'ai ici un article. Une famille moyenne paie à Ottawa 1530 $ de
plus qu'en 1984. Ne pensez-vous pas qu'au gouvernement du Québec, en
1985, elle n'a pas payé de taxes? Le budget du Québec en 1985, 25
000 000 000 $; en 1991, 38 000 000 000 $. Vous allez me faire accroire que,
ça, c'est juste dû à la bonne administration? On a fait
gonfler, une poupée gonflable. Ils soufflent sur l'argent, ils
pèsent dessus et ça grossit cet argent-là. Il y a une
façon de grossir les porte-monnaie du gouvernement. C'est d'aller
pressurer le contribuable d'une façon plus large et plus forte. C'est
comme ça qu'on l'a fait. Qu'on n'essaie pas de nous faire accroire,
parce qu'il y a une crise, là, qu'on ne sait pas où on va. 3 500
000 000 $, et on a vidé les coffres de toutes les sociétés
d'État. On l'a dit, on est des bons administrateurs, prenez notre
parole. Nous, ce qu'on dit, c'est de l'argent comptant, c'est la
vérité et c'est vrai. Le monde n'est pas dupe de ça.
Vous savez bien que le combat et le débat qui se fait, c'est un
débat de fond. Il faut bien rappeler, au départ, c'est quoi la
fiscalité
municipale. En 1979, il y a un gouvernement qui a décidé
qu'il faisait des municipalités des partenaires. Il a
décidé, à ce moment-là, de faire une réforme
fiscale et cette réforme-là tenait compte de l'état actuel
de la situation, au moment où on faisait la réforme, en fonction
des besoins des municipalités et de ce qu'on voulait leur confier.
Ça s'est traduit par une entente entre les municipalités et le
gouvernement et cette entente-là a produit des fruits raisonnables,
acceptables et voulus par les municipalités parce que, depuis 1980, les
municipalités ont accepté des responsabilités
supplémentaires, qu'il s'agisse du transport en commun, qu'il s'agisse
de l'assainissement des eaux, qu'il s'agisse d'environnement. De toutes les
façons, les municipalités ont accepté de jouer leur
rôle et elles l'ont fait comme il faut. Et, parce qu'elles ont bien
administré, on va les punir. À cette heure, on dit: Vous allez
payer.
Les municipalités, depuis 11 ans, ont accepté de prendre
des responsabilités nouvelles et le résultat, aujourd'hui, est
qu'on les traite de n'importe quelle façon, comme des créatures,
comme des gens qui ne comptent pas, comme des gens sur lesquels on peut
s'essuyer les pieds dessus. C'est ça qu'on est en train de faire aux
municipalités et, ça, c'est inacceptable. Le ministre aura beau
dire: II n'y a rien là, ce n'est pas bien grave. Bien, moi, je
prédis qu'il aura beau dire et qu'il pourra prétendre qu'on
exagère, on ne pourra pas se tromper tout le temps. À un moment
donné, on va frapper juste et, moi, je prétends que dans la
question municipale, le ministre, s'il aime la controverse, s'il se nourrit de
polémiques, je vais lui répéter ce qu'il nous disait hier
quand il nous parlait qu'on était gloutons dans l'Opposition, je peux
dire que le ministre est glouton parce qu'il ne s'en contente pas; il a
mangé pour toute l'année, du fait qu'il s'est chicané avec
les municipalités.
C'est ça que ça va donner comme résultat et on
pense que les municipalités vont lâcher facilement? Bien non. Je
ne dis pas qu'il n'aurait pas pu y avoir des propositions. Ça aurait pu
être traité de toute autre façon. Si on avait
considéré les municipalités comme des gens responsables,
on aurait traité cette réforme-là de toute autre
façon. Je vais vous donner, par exemple, l'an passé, ce qui s'est
passé, ici, en pleine Assemblée nationale. On s'est payé
aussi une bonne partie de bras de fer avec les municipalités concernant
le domaine scolaire. Il faut se rappeler que les commissions scolaires
demandaient 75 000 000 $ et le ministre des Affaires municipales - pas lui,
mais son prédécesseur - s'est fait jouer quelque peu parce qu'il
y avait un comité - ce qu'on a appris, nous autres - mis sur pied par
décret gouvernemental qui a fait certaines recommandations. Durant le
temps que le ministre des Affaires municipales était en vacances, bien,
on lui en a passé une petite vite et les commissions scolaires se sont
ramassées avec 320 000 000 $ au lieu de 75 000 000 $. On leur a
accordé une certaine autonomie puisqu'on leur a dit: Bien, vous allez
vous occuper des concierges et de l'entretien des écoles. Ça vous
donne une marge de manoeuvre d'environ 35 000 000 $ à 40 000 000 $ nets.
Il y a des commissions scolaires qui ont applaudi en disant: Voyez, nous, on
est contentes, on va avoir le droit de taxer. C'était ça, le
résultat de l'autonomie scolaire.
Cette année, un an après la réforme, les
mêmes commissions scolaires reviennent devant le gouvernement et disent:
On a besoin de 100 000 000 $ supplémentaires. Le gouvernement dit: Non,
vous ne les aurez pas, on vous en coupe encore 100 000 000 $. On va vous couper
100 000 000 $. La moralité, 200 000 000 $ de moins; 40 000 000 $ qu'ils
ont obtenus l'an passé; manquant: 160 000 000 $. C'est ça, la
réforme qui a été proposée l'an passé aux
commissions scolaires. C'est bien sûr que les municipalités ont le
droit d'être suspicieuses et ont le droit d'être inquiètes,
parce que le ministre de l'Éducation actuel, qu'est-ce qu'il dit? On va
aller chercher de l'argent dans les municipalités. Et le ministre des
Affaires municipales dit: Non, non, ça n'arrivera pas, il faut faire
attention, il n'y a pas de danger, il n'y a pas de problème. Mais vous
n'avez pas fini, voyons! À qui on va faire accroire ça,
là? Vous savez bien qu'un jour ou l'autre, la porte va s'ouvrir et
ça va rentrer, voyons!
C'est un gouvernement qui a un appétit insatiable. Il a fait
accroire qu'il était bon administrateur. Non, c'est un "taxeux". On va
en reparler de la réforme qui est proposée, qui est devant nous.
On va dire comment ça s'est passé, parce que la réforme
fiscale qui a été faite en 1979, ça a créé
un partenariat. Pendant 10 ans on a eu la paix avec les municipalités.
Finis les pèlerinages à Québec! Les municipalités
étaient capables d'évoluer dans un cadre sur lequel elles
pouvaient se fier, parce qu'il y avait des revenus. L'autonomie du municipal a
obtenu le plus grand ou le plus fort pourcentage dans toute l'Amérique
du Nord: 95 % des revenus municipaux provenaient de sources locales. Ça,
c'est ce qu'on appelle l'autonomie: pouvoir de dépenser, mais pouvoir
aussi de taxer. Et, de ce pouvoir-là, elles n'en ont pas abusé,
puisque les municipalités, bien sûr qu'elles ont fini avec des
surplus, parce qu'elles n'ont pas le droit de faire des déficits, mais
expliquez-moi comment on peut faire avec des budgets de 35 000 000 $ à
50 000 000 $ pour arriver avec zéro? Ou on fait un déficit, elles
n'ont pas le droit. Ça, c'est la légalité. Si elles font
un surplus, 1 %, 500 000 $. Ça fait qu'il ne faut pas chercher midi
à quatorze heures. Puis il y a des surplus qui ont été
faits pour d'autres raisons que celles que juste sur les chiffres. Il y a des
gens qui ne cherchent pas trop longtemps, parce qu'on regarde les chiffres,
mais on leur fait dire ce qu'on veut: un petit .2, un petit .5,
un petit .6... Ce n'est pas ça qui compte, c'est ce qui sort de
notre poche. Ça, c'est important. Les gens le savent.
Comment a-t-on procédé comme Opposition? Le ministre n'a
pas prétendu qu'on a fait de la démagogie, il a dit qu'on a
été correct. Je pense que, oui, on a été correct.
La première chose qu'on a faite, on a dit: II faudrait diviser votre
projet de loi en trois parties. Non, de l'autre côté, on a dit:
Ça ne se peut pas. Ça, c'est partisan, c'est pour gagner du
temps. Bien oui, mais si on l'avait fait, on n'aurait pas le problème
qu'on a aujourd'hui. On aurait réglé les questions techniques au
départ; deuxièmement, on aurait réglé les questions
de transport, puis troisièmement, on aurait réglé la
question de la police. Mais ce n'est pas ça qu'on a fait. C'est
ça le problème qu'on a. On pense toujours que c'est de la
partisanerie à outrance. On est là pour embarrasser le
gouvernement et l'organiser. On l'embarrasse, quand il n'est pas responsable
puis quand il ne fait pas sa job comme il faut, mais quand il travaille comme
du monde, il n'y a pas de problème.
Pourquoi amène-t-on un projet de loi à la dernière
minute? On a parlé aujourd'hui d'un demi-pouce, c'est un pouce
d'épais les amendements. Vous pensez que c'est logique? Quand on dit au
monde: Ce n'est pas grave, des questions techniques. C'est quoi les questions
techniques, M. le Président? Vous savez ce que ça veut dire les
questions techniques? C'est là-dessus qu'on se base pour vider les
poches des contribuables. C'est ça, les questions techniques. Ce n'est
pas bien grave, voyons! Vous le savez, vous écoutez là, ceux qui
nous écoutent, ce n'est pas grave. Oubliez donc ça. On veut votre
bien et on le prend. Vous n'avez rien à dire. Continuez! Ce n'est pas
plus grave que ça, le gouvernement vous a à l'oeil. "Big
Brother". On vous surveille. On surveille surtout votre porte-monnaie. C'est
tout ça qu'on a présenté comme amendements. Si la loi
avait été complète, si c'est vrai qu'elle était
bien préparée, la loi, si c'est vrai qu'elle a été
bien pensée, pourquoi a-t-on besoin d'autant d'amendements? Sur quel
principe peut-on se baser pour nous dire qu'on était correct, que
l'Opposition avait tort de s'opposer ou de poser des questions, puis de
réagir? Pourquoi a-t-on besoin d'autant d'amendements? Une loi qui est
parfaite et qui est bien faite, on n'en parle plus.
Si on écoute le ministre des Affaires municipales et que c'est
correct, dans son exposé, on n'a plus rien à dire, on a juste
à se fermer. C'est ça, on le fait. Il nous a mis le
bâillon. Mais ce n'est pas vrai que ça se passe de même et
ce n'est pas vrai qu'on doit accepter ça, puis il y a encore des erreurs
dans ce projet de loi; des erreurs d'écriture, ça c'est clair. Il
y aura d'autres problèmes. On reviendra encore pour faire des
amendements. Ça, c'était le côté technique. Ce n'est
pas grave, on va vider vos poches avec ça. Ça, on peut dire
ça à la popula- tion: Fiez-vous, on veut votre bien, on le
prend.
Deuxièmement - on en a parlé et on a entendu, bien
sûr, en commission parlementaire des groupes - l'unanimité de tous
les groupes qui sont venus nous dire: Elle n'a pas de bon sens, votre loi. Le
Conseil du patronat, les chambres de commerce, les syndicats, les
municipalités, des corporations, des gens qui s'occupent du transport
bénévole, des groupes bénévoles, tout le monde
unanimement nous a dit: On n'est pas d'accord. On n'a jamais vu ça.
C'est une première dans les annales, il faut l'inscrire. C'est une
première fois que tous les groupes sont d'accord pour être en
désacord avec un projet de loi qui nous est présenté. Le
ministre dit: C'est correct, c'est des "flyés" ces gens-là. Ils
ne sont pas corrects. Même le Conseil du patronat, il l'a
ridiculisé. Bah, ce n'est pas sérieux. C'est la première
fois qu'il dit non. Prenez ça dans nos poches et tenez-vous tranquille.
C'est ça qu'il a dit, le Conseil du patronat. Il a dit au ministre des
Affaires municipales: 100 000 000 $, mettez-les sur nous autres et
réétudiez votre projet de loi, puis vous reviendrez à
l'automne. (0 h 10)
Je vous invite à aller voir ce qui se passe dans les commissions
parlementaires. C'est ça qu'ils ont dit. Le ministre ne s'est pas
occupé de ça, parce qu'il a dit: On les a entendus. Il faut bien
donner un peu une apparence qu'on écoute le monde. Mais entre les
entendre et les écouter, ce n'est pas la même chose! La
qualité d'un élu, ce n'est pas juste écouter et entendre,
c'est aussi traduire dans des mots, dans des lois, ce qu'il entend. Moi, je ne
vois rien de ce qui a été dit par les groupes qui s'est transmis
dans ce projet de loi, à l'exception de la mesure qui est prévue
pour enlever les stationnements, la taxe sur le stationnement. C'était
un projet, on l'avait avancé. Le ministre avait dit: On va mettre de la
taxe sur le stationnement. À entendre les intervenants, ils ont dit:
Ça n'a pas de bon sens, ce n'est pas applicable. Il s'est rendu à
cet argument-là, point. Mais le concert unanime était autant pour
le stationnement que pour son projet de loi. Si c'est vrai qu'il avait
écouté, qu'il avait mis en marche ce qu'il avait entendu, il
aurait enlevé complètement son projet de loi. C'est ça que
les gens demandaient. Non seulement ils demandaient d'enlever la taxe, mais ils
demandaient aussi d'enlever son projet de loi et de l'étudier et le
mûrir.
Non, ce n'est pas ça qu'ils vont faire. On décide de
procéder pareil. Le projet de loi, il n'est pas fini d'étudier
qu'on impose le bâillon et les amendements ne sont même pas tout
à fait rédigés. Ils ont été écrits
tout chauds à la dernière minute. C'est sûr qu'à
partir de jeudi les fonctionnaires ont travaillé vendredi, samedi,
dimanche, lundi, jusqu'à ce qu'on dépose les amendements. Je vous
mets au défi de me prouver le contraire. C'est ça qui a
été fait. Et on vient nous dire: Acceptez la loi. Les
élus,
faites donc comme des aveugles! Vous avez juste à nous
écouter. Vous n'avez même pas besoin de regarder, faites-nous
confiance! C'est ça, le principe qui est mis sur pied. Et là,
bien sûr qu'après ça l'étude article par article,
ça a demandé des précautions et du sérieux. Et je
remercie mes collègues qui m'ont accompagné dans cette
démarche. Parce que, quand on touche à la fiscalité ou
qu'on touche à l'évaluation, ce ne sont pas des
éléments qu'on touche de n'importe quelle façon. Parce que
tout ce qui est dans cette loi qui concerne la fiscalité municipale,
comme la plupart des lois... Je vous invite à regarder la loi qui touche
les revenus du Québec. Ça n'a pas de bon sens, il y a tellement
de références que les lois, il y a seulement le langage des
spécialistes. Pourquoi? Parce que toutes ces lois-là ont fait
l'objet de procès. Ils sont allés en cour, tout le monde les a
examinées. Et la façon qu'on a vue et qu'on a constatée,
c'est que, quand ça s'est avéré correct, les
fonctionnaires ou le gouvernement a accepté de garder la loi telle
quelle. C'est comme ça que ça se passe et ça se passe de
la même façon au point de vue municipal, au point de vue de la
fiscalité. Quand on change des mots, on change définitivement ce
qui doit se passer au point de vue de la taxation.
Venons-en à parler des taxes spécifiques que ce projet de
loi introduit. Il y a la taxe d'affaires. Il y a la taxe d'affaires existante
et on introduit une sous-taxe qu'on appelle la surtaxe. Le ministre
n'était pas branché, parce qu'il a accepté de prendre deux
sortes de taxes, tantôt locatives, tantôt la surtaxe, donc une taxe
qui est basée sur la richesse des individus, dans le coût du
loyer, la deuxième sur la valeur de l'immeuble. Ce n'est pas tout
à fait pareil, ça. Si vous prenez un centre d'achat et vous le
coupez en morceaux, local par local, vos revenus vont être plus
élevés que si vous les placez dans un "melting pot" ou dans un
ensemble. Parce que les parties divisées valent plus cher que le tout.
Je parle des unités complètes. Ce qui fait que la surtaxe va
sauver des montants importants à des groupes et ça va
coûter plus cher à d'autres. Ce qui fait qu'il va y avoir un
glissement fiscal des gros vers les petits. Les petits vont payer plus que les
gros avec ce projet de loi! Et ce qu'il y a de terrible à travers tout
ça, c'est que l'annexe sur laquelle sont inscrites les valeurs de
l'immeuble qui s'appliquent à ce local, ces gens-là ne pourront
pas contester les écritures. Donc, c'est beaucoup plus facile
d'application pour les municipalités. Et ils vont prendre ça.
Le ministre a l'air d'être surpris. Moi, je dis: II ne faut pas se
surprendre. Et je lui ai dit en commission parlementaire, parce qu'il pensait
que j'étais complètement d'accord avec lui. Il a dit: Vous, comme
ça, vous louez notre sagesse. J'ai dit: Non, j'examine plutôt
votre manque de courage. Parce que, au point de vue fiscalité, il faut
prendre des décisions, il faut se brancher quelque part. Il ne l'a pas
fait dans cette question-là. Et ça va amener un fouillis. Les
gens ne comprendront pas. Dépendant de l'endroit où ils
demeurent, ils seront taxés d'une façon. Et ailleurs, ils seront
taxés d'une autre façon. Ou ils seront taxés des deux
façons à la même place. Ce n'est pas comme ça
qu'étaient établis les principes de la fiscalité
municipale, puisqu'on parlait de la simplicité administrative.
C'était de ça qu'on parlait, et en même temps de la
transparence. C'était ça, les principes de base de la
fiscalité municipale et là, le ministre est en frais de tout nous
compliquer ça. Puis là, tout le monde va accepter ça et
dire: Bien non, faites donc comme nous autres, c'est comme ça que
ça va se passer.
Et ça, ça va donner l'ouverture à des baux. Les
gens qui sont à l'intérieur, qui sont locataires puis qui sont en
affaires, le fait que les taxes vont augmenter, il y a une prévision
dans la loi qui permet d'ouvrir le bail et ce n'est pas garanti, vous
n'êtes pas sûr que votre bail ne sera pas changé parce que
si les taxes augmentent, bien, vous allez payer votre part. Ça aussi,
c'est un précédent: ouvrir un bail pour augmenter les
coûts. Il y a des gens qui vont en profiter puis le problème
aussi, à travers tout ça, c'est qu'il y a des grands ensembles,
il y a des grandes entreprises qui, elles, paient un loyer brut, donc elles
vont s'en sauver parce qu'elles ne sont pas engagées par bail. Ces
choses-là ne seront pas changées. Et, encore une fois, c'est
encore le petit qui va être obligé de payer pour.
Ça, ce n'est pas grave! On continue à être en
affaires, ça va bien à part ça. Chez vous, tout le monde
est bien? On peut se poser cette question-ià. Et il y a des
problèmes, bien sûr. On vit une crise économique, ce n'est
pas plus grave que ça. Même si on chargeait un peu plus
l'entreprise, même s'il en disparaissait! La TVQ, la TPS, il n'y a rien
là. On rajoute un peu sur le tas. Puis ceux-là qui sont faibles,
ceux-là qui sont petits, bien, sacrez votre camp! Vous n'avez pas de
place. C'est la loi de la jungle, ça. C'est le plus fort qui mange le
petit. Et c'est comme ça qu'on est en frais de traduire cette
réalité dans nos municipalités. On est surpris de voir que
les municipalités se fâchent et ne sont pas contentes. Bien oui,
mais ce sont elles qui vont imposer ça. Il n'y a pas un maire au
Québec, il n'y a pas un conseiller municipal qui a été
élu sur le principe en disant: Je vais aller sauver le gouvernement et
ses courts de caisse. On va remplir les manque-à-gagner du gouvernement.
Il n'y a pas un élu municipal qui s'est fait élire comme
ça. S'il avait été élu comme ça, il n'aurait
pas été élu, on lui aurait dit: Tu ne t'es pas
trompé d'adresse, tu ne t'es pas trompé de siège? Parce
que la personne qui parle pour sauver le court de caisse du gouvernement, c'est
quelqu'un qui est député. Ça, c'est son travail, mais pas
un élu municipal. Ça, c'est du pelletage puis du charriage.
Ça, c'est inacceptable à part
ça. Puis les gens qui sont rigoureux qui nous disent ça,
bien moi, je ne comprends pas. Ne nous faisons pas d'accroires, les raisons
d'État, pour un élu municipal, c'est sa raison à lui pour
être élu et remplir son mandat. Et son mandat, trouvez-moi
ça dans son mandat, que c'est marqué quelque part qu'un
élu municipal a comme responsabilité de venir à la
rescousse de son gouvernement pour lui sauver ses déficits. Ça,
c'est la meilleure! J'ai de la misère à comprendre, mais
probablement que je dois commencer à perdre un peu la mémoire. Il
me semblait que ce n'est pas comme ça que ça se passait.
Voulez-vous qu'on parie de la taxe d'amusement? La taxe d'amusement,
c'est une taxe de 10 % des municipalités sur les entrées aux
spectacles, sort le sport, la culture. Ça, ça rapportait aux
municipalités du Québec à peu près 25 000 000 $, 18
000 000 $ à Montréal. Ça permettait à des
municipalités de justifier leur intrusion - puis ça, je pense que
ça devrait intéresser le ministre des Communications, le ministre
des Affaires culturelles - c'était un apport que les
municipalités prenaient pour aider le développement de la culture
ou des sports dans les municipalités. C'est un moyen pour le faire.
Là, le gouvernement du Québec, dans sa grande science, dit: Non,
vous n'avez plus de place, les municipalités, pour ça. Ou du
moins, oui, non, vous allez rester là, vous allez demeurer dans le
champ, mais vous imposerez 10 % après que nous, on aura pris notre
dû. Donc, les 7 % du fédéral, 8 % du gouvernement du
Québec, 15,56 % puis les municipalités qui vont avoir un front de
boeuf, 10 % de plus, 25,56 %. C'est ça qu'on va faire? Puis vous pensez
qu'on va aider la culture comme ça? Puis vous pensez qu'on va donner aux
gens le goût du beau puis qu'on va le développer, ce
goût-là? Bien non, si une municipalité a le front de faire
ça, on est aussi bien de la tuer en partant. Mais ce qui est dramatique,
c'est que la ville de Montréal qui a accepté d'aider les Expos -
on peut être d'accord ou pas - pour 18 000 000 $, retirait des billets de
baseball 1 800 000 $ à peu près par année; elle est
justifiée de prêter les 18 000 000 $. Puis, aujourd'hui on en a
enlevé. On est parti avec la cagnotte. Ça fait que
moralité: la ville de Montréal vient d'hériter de 1 800
000 $ à peu près de remboursement par année qu'elle va
donner ou prêter aux Expos puis rien en retour. Bien Montréal est
en bonne situation financière, un peu plus ou un peu moins, ce n'est pas
bien grave. Les gens de Montréal méritent qu'on les
bétonnent un peu. C'est une grosse gang mais ça, ce n'est pas
grave. D'abord, plus ils sont nombreux, moins ils comprennent. C'est un peu le
principe qu'on met en place. Puis on vient de dire et on leur dit: Bien, vous
allez avoir de la liberté et de plus en plus... (0 h 20)
Même pour appliquer la taxe d'amusement, le gouvernement nous dit,
le ministre nous dit: On va faire des règlements pour dire à
quelle place ce ne sera pas taxé. Donc, probablement qu'à la
Place des arts, ce ne sera pas taxé. C'est la place qu'on va
décider qui ne sera pas taxée, pas les événements.
À la Place des arts, il pourrait bien y avoir n'importe quoi, puis ce
n'est pas nécessairement de la haute culture. Et, eux, ils ne paieront
pas de taxes, parce qu'ils seront à la Place des arts ou ailleurs. Et
probablement que la salle des congrès, elle ne les paiera pas non plus.
Il pourrait se passer n'importe quoi, un spectacle à gogo, n'importe
quoi, puis ils ne paieront pas de taxes, eux autres. Ils ont choisi la bonne
place. Puis les autres, ailleurs, qui ont des événements de haute
culture, à caractère culturel, eux, ils vont payer des taxes.
Si c'est ça, l'autonomie du ministre des Affaires municipales,
c'est de la petite autonomie. C'est vraiment une tutelle, puis c'est vraiment
un contrôle excessif. Il a beau nous dire: Je veux laisser de la
liberté aux municipalités, mais il a deux langages. Il faut
enlever des règlements. Quand on rajoute ça au projet de loi, des
articles, je ne sais pas, il me semblait que des additions, ce n'étaient
pas des soustractions. On a ajouté des choses. On l'a augmenté.
Le ministre va avoir de la misère à faire comprendre ça au
monde. Je ne sais pas si c'est le monde qui ne comprend pas ou bien si c'est
lui. Il y en a un des deux. Tout le monde ne comprend pas. Il y a juste lui qui
a le pas. Vous savez l'histoire du gars qui était avec sa femme et ils
regardaient circuler les soldats. Puis il dit: Aïe, avez-vous
regardé? Le seul qui a le pas, c'est mon garçon. Tous les autres
sont dans l'erreur. Le ministre, il vient nous dire ça. Le seul qui a le
pas, c'est eux autres, puis tout le monde en arrière ne l'a pas. Un
instant!
Voulez-vous qu'on parie des droits sur les mutations
immobilières. Les droits sur les mutations immobilières en
double, la taxe de bienvenue, tout ça, c'était... Les notaires
ont fait un travail extraordinaire là-dedans. Ils ont réussi,
malheureusement, à faire haïr les municipalités, parce que
les gens qui achètent une propriété, qu'est-ce qu'ils
font? J'ai été 18 ans maire, je sais de quoi je parie. Les gens
nous appellent: M. le maire, une drôle de bienvenue chez vous. Ça
nous a coûté 500 $, sur l'achat de notre maison. La taxe de
bienvenue, le notaire... Voyons, ce n'est pas une taxe de bienvenue. C'est une
taxe sur la transaction immobilière. Oui, mais le notaire nous a dit que
c'était une taxe de bienvenue. Ce n'est pas grave, on va la doubler, on
va l'augmenter de 50 %. Il n'y a rien là! Puis les transactions sont un
peu plus élevées, l'augmentation va être encore plus forte.
Bon garçon, le ministre! Il est aimable. Il est gentil avec tout le
monde. Bon garçon! Quand quelqu'un achète, vous savez, ce n'est
pas là qu'il est le plus riche. Quand j'ai acheté... Quand je me
suis
bâti, j'ai bâti une maison selon mes moyens puis je n'avais
pas grands moyens. Ça fait que j'avais bâti une petite maison.
S'il avait fallu que j'achète une maison puis payer une taxe en plus, je
ne l'aurais pas achetée, ma maison. On a beau nous dire qu'on est pour
l'accès à la propriété, mais du même
côté de la bouche on est contre. Voyons! il y a des
éléments, il y a un sérieux qui n'existe pas. On ne peut
pas parler de deux choses en même temps, dire qu'on est pour puis contre.
Bien au contraire.
C'est ça qu'on fait dans cette question-là. On dit: On
favorise l'accès à la propriété comme on favorise
l'entreprise. On a beau faire n'importe quel règlement, si, en
même temps qu'on fait ces réglementations on pose des gestes
contraires, il n'y a personne qui va tomber dans ce panneau-là, surtout
quand ça sort de la poche du contribuable. Dieu sait si les gens, ils
sont prudents quand on parle de leurs poches. Quand on vide leurs poches, les
gens, ils sont prudents. Je ne peux pas les blâmer. C'est normal puis
c'est logique.
Donc, dans les mutations immobilières, il y a un autre aspect
puis le ministre ne l'a pas vu du tout. Je l'ai soulevé et je le
soulève encore une fois. Il y a beaucoup de transactions importantes qui
se font, pas au noir, mais la façon est changée de faire la
transaction: on échange des actions. Donc, les actions ne sont pas... On
ne peut pas prélever de taxes de droits immobiliers sur des transactions
qui se font à la Bourse ni qui se font par des échanges
d'actions. Et je sais qu'il y a des transactions importantes qui se sont
faites, qui ne sont pas à la Bourse. On décide que c'est des
actionnaires, ils font des échanges et la municipalité ne retire
aucun droit. Et il n'y a absolument rien dans le projet de loi qui bloque
ça. Puis les grosses transactions qui se font à la Bourse, les
transactions de milliards, les municipalités, zéro. Les gros,
bien protégés. Le cadenas, le coffre-fort. Les petits, tu paies,
"bâtisse"!
Encore, les mêmes qui sont encore frappés. On disait hier:
II n'y a rien pour fouetter un chat. Bien non, mais on a de quoi pour fouetter
tout le monde. Puis, tout le monde, personne n'y échappe. Mais il y a
des gros qui vont y échapper plus facilement. Il y a des
échappatoires. Le ministre, dans sa conscience, il est bien tranquille.
Les gros, on les laisse tranquilles puis, les petits, on va fesser dessus.
Puis, moi, je ne savais pas. Savez-vous... Je ne savais pas, moi. Le
gouvernement... J'ai appris ça dans les deux dernières semaines.
Le gouvernement nous disait: On a fait des cadeaux, 1 300 000 000 $ aux
entreprises. On les a détaxées. Mais je ne savais pas, moi, que
le cadeau, c'est les municipalités qui allaient payer pour. Parce que
là, ce sont les municipalités qui se font enlever de l'argent,
puis le gouvernement a le front de nous dire qu'il a donné de l'argent
aux entreprises. Il leur a enlevé 1 300 000 000 $ de taxes. C'a
été une des premières décisions qu'il a prises en
1985. C'est ça, la bonne gestion? C'est ça, la transparence?
C'est ça, l'équité?
On a le droit de se poser des questions. Personne ici ne peut
prétendre qu'il a la vérité tout seul, même pas moi.
Je le reconnais humblement. Mais je peux dire que, dans le domaine municipal,
j'en ai vu passer quelques-unes, par exemple. J'ai été assez
longtemps dans le domaine pour savoir qu'on ne peut pas poser ces
gestes-là impunément, sans que ça dérange
quelqu'un.
On va vous parler de la taxe sur l'immatriculation, les 30 $, comment
c'est imposé ça. On a décidé de taxer les
automobilistes pour le transport en commun, en se servant des districts de
recensement fédéral. Est-ce que ça, c'est la perfection?
On ne l'a pas testé, on ne l'a pas discuté. Tout ce qu'on sait,
c'est qu'il y a des gens qui demeurent à égale distance des
centres-villes où il y a du transport en commun, qui vont y
échapper complètement, puis il y en a d'autres qui ne paieront
pas. Sous quel principe? Je ne sais pas. Est-ce que les gens vont à la
même place? Oui. Le district fédéral a décidé
que ce n'était pas ça. Ce n'est pas une étude bien, bien
large ça. Ce n'est pas une étude d'impact bien, bien
étudiée. C'est une étude très sommaire. On prend un
geste, on le pose, ce geste-là. On prend ça dans un livre. Fini!
Le tour est joué.
Je peux vous dire que même chez nous il y a des
municipalités exactement à la même distance, il y en a qui
vont payer et d'autres qui ne paieront pas. Je ne sais pas pourquoi. Est-ce
parce que le maire est libéral? Je ne sais pas.
Bien oui, mais je pose des questions, moi. J'ai le droit. Je
m'interroge. Je ne comprends pas, puis on ne me l'a pas expliqué non
plus. On ne l'a pas étudié. Puis moi, comme député,
on me demande de voter sans que je connaisse les tenants puis les aboutissants.
Ça n'a pas de bon sens.
Le ministre a peut-être la science infuse, moi, je ne l'ai pas.
Là, je pense que tout le monde va avoir la science confuse. C'est
ça, qui est le problème. Il y en a d'autres problèmes.
On nous dit que pour l'immatriculation des véhicules municipaux,
à l'avenir, les municipalités vont payer. Ce n'est pas
grand-chose, c'est 6 000 000 $. 6 000 000 $ ici, 20 000 000 $ là, 50 000
000 $. C'est vraiment la foire aux aubaines. On pige un peu partout, dans
toutes les places. Mais savez-vous que les véhicules dans les
municipalités circulent, à 90 % au moins, sur des routes
payées par les municipalités? Selon quel principe le ministre des
Affaires municipales veut-il prélever des droits d'immatriculation des
véhicules? Les gens avant nous, les gens qui ont décidé
que les municipalités n'en paieraient pas, ils devaient avoir une bonne
raison. Ça devait être basé sur du raisonnement et du
jugement.
Moi, je n'ai rien su du gouvernement; il dit on va le faire payer par
tout le monde.
Tout le monde à la même place, pas partout là, je
vous ai montré tout à l'heure que tout le monde n'était
pas traité pareil. Quand ça fait l'affaire, on pige dedans. C'est
fini. Les municipalités vont payer à l'avenir l'immatriculation
de leurs véhicules. Il n'y a rien là, encore un petit 6 000 000
$. Continuons. On ne devrait pas parler.
Il y a d'autres choses aussi qui sont un peu difficiles à
accepter. Vous savez, on parle de donner les amendes aux municipalités.
Une façon nouvelle d'augmenter les revenus, les sources de revenus des
municipalités en prenant des moyens répressifs. Avez-vous vu une
société aussi peu évoluée se servir des amendes
pour gonfler les coffres! Est-ce que ça n'amènera pas des abus?
C'est drôle, personne ne parle de ça. Il n'y a rien là. La
liberté, on en fait quoi? Moi, j'ai connu une municipalité, M. le
Président, qui, elle, avait un policier. Puis savez-vous qu'il se payait
plus que son salaire en se cachant en arrière d'un poteau et puis en
arrêtant toutes les machines qui passaient, les automobiles, pour les
amendes. Tu vas payer l'amende. Moi, je pensais que la loi qui touchait les
automobiles, c'était beaucoup plus de la prévention que de la
répression. Mais là, on a décidé qu'on s'en servait
pour faire des revenus aux municipalités.
C'est ça qu'on veut, avoir une société
bétonnée, cassée, brisée, policée. C'est
ça qu'on veut! On prend les moyens. Continuons. Continuons, c'est
ça que ça va donner comme résultat. Parce qu'il y a des
conseils municipaux, ils voudront bien gonfler leurs coffres, parce que le
gouvernement, il prend de l'argent ailleurs. Ils vont vouloir les grossir, et
je ne les accuse pas. C'est normal. Ils ont donné une source de
taxation. Mais ce n'est pas comme ça qu'on fait.
Moi, je ne veux pas avoir une société comme ça;
à mon point de vue, ce n'est pas la société que je
désire. Je veux avoir une société beaucoup plus humaine,
beaucoup plus portée vers les gens, beaucoup plus correcte que ce qu'on
est en train de se faire donner là. (0 h 30)
Les "en-lieu" de taxes sur le stationnement, bien sûr,
étaient une autre partie de la loi qu'on a enlevée, ça
n'avait pas de bon sens, ce n'était pas applicable, et je pense que le
ministre a été bien avisé de le faire. Mais, comme je l'ai
dit tout à l'heure au début de mon exposé, c'est
évident que cette partie de la loi qu'on a enlevée était
inapplicable. Ça aurait causé des iniquités, et il y avait
un tollé et unanimité de la part de tous les intervenants pour
nous dire: Enlevez-le. Le gouvernement, le ministre aurait pu faire la
même chose pour son projet de loi, parce que le même concert
unanime était à l'effet de retirer ce projet de loi. Il a le
droit de prendre ses décisions, et il a le droit de vivre avec aussi,
mais il va avoir de petits problèmes.
Les "en-lieu" de taxes qui sont pour le scolaire, la taxe qui est
imposée sur le scolaire. Le ministre va dire: Mais il va en rester
encore pas mal d'argent. C'est donc choquant de voir que les
municipalités ont encore de l'argent. On ne les a pas encore assez
siphonnées. Ça n'a pas de bon sens, le ministre se reproche
presque de leur laisser les "en-lieu" de taxes. Il a oublié quelque
chose de fondamental: en 1979, on avait décidé que les
municipalités avaient le droit de percevoir des taxes et le gouvernement
du Québec avait accepté d'être considéré
comme un contribuable à part entière, comme tout le monde. Et
c'était correct, c'était comme ça qu'on avait
décidé. Le ministre dit: Non, non, ils n'en paient pas en
Ontario, ce n'est pas correct ça, il faut ressembler aux autres. La
société distincte, il n'y a jamais cru. On n'est pas une
société distincte, il faut qu'on soit comme tout le monde. Et le
ministre dit, dans sa grande sagesse: Ce n'est pas vrai, on va le leur enlever.
Il voulait le leur enlever complètement pour le primaire et le
secondaire. Il a dit en dernier: Bien, on va laisser 25 %. Et ils sont bien
chanceux, ils retirent plus. Bien oui, c'est entendu que, dans une
municipalité, s'il y avait rien que des HLM, savez-vous qu'on ne
pourrait pas administrer?
C'est ça que le gouvernement fait. Vous savez bien que, dans une
municipalité, il y en a qui paient plus que d'autres. Le système
municipal, c'est un système qui est imparfait. C'est un système
de taxation qui est injuste, c'est clair, c'est basé sur les
propriétés. Mais c'est comme ça dans toute
l'Amérique du Nord. C'est accepté comme tel, et je vous l'ai
toujours dit: La somme des injustices, peut-être que ça finit par
faire une espèce d'équilibre. Ça, on parle d'un
équilibre de ce côté-là. Ce n'est pas juste. La
personne qui reste dans une propriété va payer plus qu'une autre,
mais il y a les services, les égouts, l'aqueduc, l'entretien des rues,
la police, les lumières. Ça coûte le même prix pour
éclairer 50 pieds de rue devant une maison qui est cossue que devant une
maison de pauvre. C'est la même chose, mais le législateur a
pensé que c'était comme ça et le gouvernement ne voulait
pas donner ses sources de taxation. Donc, il y en a une qui appartient à
la municipalité, c'est la taxe foncière. Là, le
gouvernement dit: Je vais en prendre une partie. Je ne vous donne rien de plus,
mais je vais la prendre. Et en même temps qu'il se désengage, il
se revire et il dit: À cette heure on fait payer le
fédéral. Ça, c'est le comble. Le fédéral,
bien, je pense bien qu'il va payer, mais moi je n'ai pas encore de preuve de
ça. La seule chose sur laquelle on peut se baser, c'est des
écrits, une parole du président du Conseil du trésor
à Ottawa qui dit: On devrait payer nos taxes. Il avait commencé
par dire: On ne les paiera pas, et, après ça, il a dit: On va les
payer. Qu'est-ce que ça veut dire? Je ne sais
pas. Mais c'est un gouvernement cassé, le fédéral,
ça fait que le gouvernement va se renflouer avec les cassures des
autres. Il va casser les municipalités, il va casser les autres et
ça va être correct. On additionne ça. Ça fait du bon
monde.
Parlons donc des comparaisons avec l'Ontario. On s'est fait rabattre les
oreilles avec l'Ontario. On n'a pas beaucoup d'arguments. On dit: On paie moins
qu'en Ontario. C'est difficile à contrer ça. On paie moins, je ne
sais pas ce que ça veut dire, mais on paie moins. Mais savez-vous qu'en
Ontario la même maison qui coûte 137 000 $ à Montréal
en coûte 300 000 $ en Ontario? La différence de coût
d'achat, ça vaut quelques taxes, ça. On ne s'est jamais
posé de question là-dessus. En supposant que le gouvernement
aurait raison et qu'en Ontario on paie moins cher de taxes, quand ils paient
200 000 $ de plus la même maison, ça n'explique pas un peu qu'ils
paieraient moins de taxes? 200 000 $ à 10 %, ça fait 20 000 $.
Quelque part, il doit y avoir une place pour les taxes dans tout ça. Et
c'est ça que les gens viennent nous dire: C'est ça qu'on veut; on
veut vraiment copier l'Ontario. Est-ce qu'on a les mêmes salaires qu'en
Ontario? Et est-ce que, quand on se compare avec l'Ontario, on est correct?
Est-ce qu'on n'aurait pas dû se comparer avec ce qui se passe aux
États-Unis, parce qu'on est dans un libre-échange? Et l'essence,
est-ce que les gens en Ontario la paient le même prix que nous autres?
Est-ce que ce sont les mêmes taxes? Je suis loin d'être convaincu,
et on veut se comparer. Je pense que, de ce côté-là, il y a
une faiblesse quelque part. Si on souffre d'un complexe, on devrait se le
dire.
Moi, je pensais qu'au Québec on choisissait de vivre dans un
système qu'on avait décidé d'établir d'une
façon, et c'est comme ça qu'on vivait. Et on faisait l'envie
d'à peu près l'ensemble des municipalités et d'autres
gouvernements parce qu'il n'y a pas beaucoup - et ça, il faut le dire -
de municipalités qui peuvent se comporter, au point de vue taxation,
comme les municipalités du Québec. C'était quelque chose
d'extraordinaire. Il y a eu des situations difficiles puisqu'en 1982-1983, c'a
été compliqué, mais jamais - on a beau dire qu'on va
renier nos promesses - en 1982-1983, il n'a été question de
diminuer les revenus des municipalités. Au contraire, la base de
taxation sur les écoles secondaires et primaires a été
augmentée de 10 %. Non seulement on ne les a pas diminuées, on a
augmenté les revenus parce qu'on voulait que les municipalités
servent pour développer l'économie, pas prendre une partie de la
responsabilité parce que le gouvernement du Québec, ce n'est
pas...
Au point de vue de la création d'emplois, ce n'est pas fort fort,
et le fédéral, encore moins, mais il faudrait peut-être
penser à une autre formule. Peut-être que c'est les municipali-
tés qui sont la réponse. Il faudrait peut-être se faire
aider par les municipalités parce que, elles, elles savent ce dont elles
ont besoin. Elles connaissent de quelle façon travailler avec leur
monde, de quelle façon elles doivent le faire. Ça peut
établir une meilleure concertation et ça donnerait des meilleurs
résultats. Qu'on arrête donc d'essayer de tout faire.
Peut-être que Québec ne voit pas correct. On devrait penser
de décentraliser, d'aller vers les municipalités et leur demander
de quelle façon on pourrait travailler parce qu'elles nous ont
prouvé qu'elles sont capables de s'administrer et elles nous ont
prouvé qu'elles sont de bons gestionnaires. Elles sont tellement
près du peuple qu'elles ne peuvent pas faire n'importe quoi. Les folies
qui se passent et le gaspillage qui se fait ici, ça ne se fait pas dans
les petites municipalités parce que les contribuables parlent vite,
vite, vite. C'est très très rapide. C'est très près
des gens. Il ne faut pas juste le dire. Il faut le constater. Il faut avoir
été maire pour comprendre de quelle façon les gens
n'acceptent pas qu'on dépense follement.
Bien sûr qu'il peut y avoir quelques petits abus, mais ces
abus-là ne se font pas très longtemps parce que les contribuables
n'endurent pas ça. Je trouve que c'est correct. C'est correct, et
là les municipalités vont être capables de prendre des
responsabilités et des vraies, pas juste des responsabilités de
payer pour les autres et de fermer leur boîte. Mais avoir de
véritables responsabilités, on devrait respecter ça et
dire: On va fonctionner de cette façon-là.
Je voudrais vous parler de deux points, bien sûr, qui sont
excessivement intéressants ou importants, c'est lorsque le gouvernement
décide de se désengager du transport en commun. Bien sûr
que le gouvernement va payer encore pour l'immobilisation mais,
malheureusement, je trouve qu'il fait fausse route. Le gouvernement oublie
l'importance du transport en commun dans nos municipalités et pour la
population. Et ça, le transport en commun, c'est un choix de
société et je ne vois pas de quelle façon le gouvernement
du Québec, qui aime tellement se comparer avec l'Ontario qui, lui, a
décidé d'investir 10 000 000 000 $ dans les dix prochaines
années dans le transport en commun, comment il peut arriver, lui,
à se désengager d'une aussi importante façon, d'une
façon unilatérale en disant comment les municipalités vont
se comporter et comment elles vont procéder.
On a beau accuser les municipalités d'être de mauvais
administrateurs et de mauvais gestionnaires, mais est-ce qu'on les a
aidées? Il s'agit d'aller parler avec ces gens-là pour savoir
qu'ils n'ont pas toujours été aidés. C'est le gouvernement
du Québec qui a le pouvoir de faire des lois. Les municipalités
ont le droit de faire des règlements, mais ça n'a pas la
même valeur. Au point de vue légal, ça se conteste et
il y a des façons de contrer ces lois-là.
Le transport en commun, ça veut dire quoi pour certaines
municipalités? Ça veut dire une atteinte extraordinaire et
inacceptable pour l'environnement. On va polluer d'une façon importante.
Il y a des gens... En enlevant le transport en commun ou en le pressurant comme
on fait là, ça va amener les administrateurs municipaux à
prendre des décisions qui vont faire que le transport en commun va
être de moins bonne qualité, donc, moins d'achalandage, et les
problèmes vont commencer, dégradation. Si le transport en commun
continue, ça veut dire que les gens vont être taxés en
conséquence.
Donc, ça ne sera pas la même relation entre les usagers
puis les gens qui administrent, les administrateurs puisqu'il est prouvé
qu'à chaque fois que les coûts augmentent le nombre d'usagers
diminue. Donc, vis-à-vis du transport en commun, c'a un effet aussi.
Ça favorise l'étalement, ce qui veut dire qu'ils changent
d'endroit. Ils vont aller rester à l'extérieur. Au point de vue
d'économie d'énergie, c'est définitif qu'il y a encore une
perte d'économie, ce qui fait que les gens vont continuer à se
désintéresser. Il y a des coûts; il n'y a pas de transport
en commun. Je ne dirais pas comme le député de Mille-Îles
que, dans les pays les plus pauvres, ils n'en ont pas. Ils ont
déjà fait même des référendums sur le
transport en commun et ils l'ont enlevé et ce n'est pas plus grave que
ça. Ils n'en ont pas mis parce que les gens n'en voulaient pas.... Ce
n'est pas parce qu'ils n'en voulaient pas, ils n'avaient pas le moyen de se le
payer. (Oh 40)
Le gouvernement du Québec est en frais de dire... Il a
imposé un certain rythme au transport en commun: Vous allez travailler
avec les personnes âgées, vous allez favoriser les jeunes, les
plus démunis de la société, le transport des
handicapés qui est subventionné mais pas à 100 %.
Après qu'on leur a dit ça, bien à cette heure, on leur
dit: On ne vous paie plus, on n'a plus affaire là-dedans. Demain matin,
s'il n'y avait pas de transport en commun, vous savez le résultat que
ça ferait sur l'île de Montréal? Ça voudrait dire
des constructions de ponts, des constructions de routes, et sûrement une
couple de milliards. Mais ça, ça ne coûte rien, c'est 2 000
000 000 $ et Montréal paierait, bien sûr. Je ne suis pas
sûr. Moi, je dis que le gouvernement peut penser ça, mais je suis
convaincu que la ville de Montréal n'a pas les moyens de payer 2 000 000
000 $. Donc, ce serait le gouvernement du Québec qui serait
obligé de payer, donc, politique à courte vue. Politique à
courte vue et antisociale, inhumaine, parce qu'après avoir imposé
un rythme à un service on l'enlève et on dit: Ça n'a plus
d'affaire là-dedans.
Vous savez que, chez nous, le transport en commun, il a
été imposé par le gouvernement du Québec. Ce n'est
pas toutes les municipalités qui voulaient le transport en commun chez
nous; il a été imposé. À cette heure qu'il a
été imposé, payez! C'est toujours ça, vous n'avez
qu'à payer. Et ceux qui ne sont pas contents, vos boîtes. C'est
ça qui a été dit, ça a été clair.
Nous autres, on est des démagogues, des gens qui ne connaissent pas
ça, pas sérieux. Il y a juste eux autres. Quand vous étiez
dans l'Opposition, j'aurais aimé entendre certains discours - et je n'ai
pas eu le temps de le faire - mais je suis sûr qu'on aurait pris les
discours de M. Ryan, ça aurait été extraordinaire. En tout
cas, on a vu, avec le bâillon, comment il parlait. Je me demande comment
il ferait ça de l'autre bord. Bon.
C'est sûr qu'on pourrait discourir longtemps sur cette
réforme-là qui va donner de mauvais fruits, parce qu'elle a
été mal préparée, mal fignolée. Je pense que
la démonstration, ce n'est pas l'Opposition qui l'a faite; c'est
malheureusement le ministre des Affaires municipales qui l'a faite, la
démonstration que sa loi n'était pas prête. Quand on parle
de 142 amendements à une loi de 322 articles sans étude
obligatoire avec les parlementaires, on en aurait bien amené une couple
d'autres. Si on ne l'a pas fait, bien, on se rend bien compte qu'il y a des
éléments qui ne sont pas corrects.
Je voulais vous parler du corps de police. M. le Président,
j'aimerais que vous me rappeliez combien il me reste de temps; je pourrais
savoir combien il reste de temps à ma disposition?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): alors, m. le
député de jonquière, votre intervention a commencé
à 11 h 57, elle se termine donc à 12 h 57.
M. Dufour: Parfait. Merci, M. le Président. Je voulais
vous parler un peu de la question des polices qu'on veut imposer. Le rapport
Parizeau disait que toutes les municipalités devraient payer. Bien
sûr que c'est une réforme qui est importante puisqu'au
début du projet de loi on ne parlait pas de garder les corps de police.
Et, avec l'étude du projet de loi, le ministre a changé
d'idée et les municipalités de 5000 habitants et plus devront
conserver leur corps de police. Les municipalités vont être bien
chanceuses, elles vont avoir à payer le corps de police. Elles n'ont
aucun droit de regard, elles n'ont aucun service supplémentaire en ce
qui concerne la Sûreté du Québec.
Le meilleur exemple que j'ai trouvé... Il y en a d'autres
sûrement. Je veux juste vous soulever, le plaisir de payer pour les
municipalités, à quoi ça va se résumer. Je parle
d'une municipalité qui est complètement dans le nord, Natashquan.
Natashquan, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est dans une He, c'est assez
loin au nord. Ils vont payer pour le service de la police. Et, quand ils ont un
problème, ça prend deux mois avant qu'ils voient la police. C'est
un
beau résultat. Et on dit: Lui, il connaît ça.
Ça me fait penser que lui, le ministre, il connaît ça. Mais
ils vont payer et il n'y a rien qui se donne. C'est ça qui va arriver.
Et ce n'est pas le seul, c'est un exemple que je donne. Et les
municipalités, est-ce qu'elles ont besoin de ce service-là? Les
municipalités ont offert d'avoir un service adapté à leurs
besoins. Ça, ça ne va pas à rencontre du rapport Parizeau,
et le rapport Parizeau parlait de beaucoup plus que ça. On aurait pu le
corriger d'autres façons. L'Union des municipalités
régionales de comté a fait des propositions et on leur a dit:
Bien, ça a bien du bon sens, ce que vous faites, mais je ne sais pas
quand on va l'appliquer, il n'y a rien dans la loi qu'on applique ou qu'on va
adopter, ou qu'on était prêts à adopter, qui parle de
ça. Ça fait qu'on dit: C'est la police pour tout le monde.
Baloné pour tout le monde, saucisse pour tout le monde, police pour tout
le monde. Ils la paient pour tout le monde. C'est ce qu'on est en train de
faire dans ce projet de loi.
Il y a un autre point aussi - et je ne veux pas le manquer, bien
sûr - c'est le transport, la police... Il y a la question de la voirie,
le ministre en a parlé. Je ne sais pas comment elle va se
régulariser, cette question de la voirie. Dans les petites
municipalités où il y a vraiment des bâtis, ça
devient des routes à caractère urbain. Pour celles-là, on
pense que le gouvernement du Québec pourrait se dispenser de payer pour
leur entretien. Par contre, pour celles qui ont des routes immenses,
étendues, avec beaucoup de kilomètres, qui sont en mauvais
état, pas entretenues, depuis les six dernières années
surtout, ces routes-là, je pense que le gouvernement devrait prendre des
mesures et faire des tractations pour corriger le problème avant de les
remettre aux municipalités, s'il y a lieu. Je ne suis pas convaincu
qu'on doit les remettre; ce sont des municipalités qui n'ont vraiment
pas les moyens de le faire.
Le ministre dit: J'ai tellement une bonne loi, moi, que je vais
l'appliquer et, déjà, je peux avoir des mesures de
péréquation. Le ministre des Affaires municipales, qui veut avoir
le nez partout, va dire: Je vais régler vos affaires. Je vais me
promener avec mon argent. Pour ça, je vais vous en donner un petit peu
plus et, vous autres, si nous n'êtes pas sages, je ne vous en donnerai
pas. C'est ça qu'il nous dit: il ne faut pas que ça paie trop.
C'est tellement bon, il prend des mesures. Il a beau parler que 252 000 000 000
$, ça fait 0,10 $, ce n'est pas comme ça que ça se fait en
réalité, ce n'est pas acceptable.
Quand on dit qu'il n'a pas voulu changer des lois, il y a une chose
certaine, c'est qu'une municipalité qui veut abolir son corps de police
ne peut pas le faire à moins que les policiers soient reclassés.
Ça prend un comité de reclassement. Il faut reclasser les
policiers. Quand je regarde le projet de loi, il n'y a rien qui touche
ça; ça fait que c'est fictif. On dit à une
municipalité: Tu as le droit d'abolir ton corps de police, mais tu n'as
pas le droit de te débarrasser de tes policiers. C'est ça qu'on
fait dans le projet de loi. Il n'a rien corrigé. Il accentue les
disparités, mais il ne corrige rien.
Il y a un dernier point, M. le Président, dont je voudrais vous
parler. Celui-là, je le trouve excessivement important. Je veux surtout
mettre en garde le ministre de ne pas écouter ce que tout le monde lui
dit, mais je pense qu'il doit écouter ceux qui ont l'expérience,
qui ont vécu des problèmes. Je veux parler de l'article 65.1.
J'ai écouté attentivement les propos du ministre des Affaires
municipales. À aucun moment il n'a fait allusion à l'article 65.1
qui aurait pour effet, bien sûr, de régler un problème qui
se vit à Montréal - la Communauté urbaine de
Montréal - qui se vit à Montréal-Est, qui réglerait
ce problème-là. Mais, pour le régler, est-ce que le
ministre des Affaires municipales doit créer des problèmes
à l'ensemble des municipalités du Québec qui vivent avec
des entreprises?
Le danger qu'on voit là-dedans - et je l'ai dit - c'est que
chaque fois qu'on touche une définition, des mots dans une loi
d'évaluation, ça donne ouverture à contestation, ça
donne ouverture à des procès et ça donne ouverture
à des problèmes innombrables. Il y a beaucoup de
municipalités qui ont vécu, depuis 1971... J'avais l'occasion,
hier soir, de dire au ministre des Affaires municipales: Bien sûr, il y a
des problèmes avec l'article 65.1. Ce n'est pas la faute du gouvernement
du Parti québécois s'il y a des problèmes dans l'article
65.1, on n'était pas là il y a 20 ans. L'article du projet de loi
a été adopté avant nous autres. Il a changé de
numéro. Mais ce même article qui cause des problèmes, il y
en a d'autres qui ont essayé de le corriger; ils n'ont pas
réussi. Il y a eu beaucoup de municipalités, dans leur
contestation, qui avaient des millions en jeu. Ce n'est pas juste vrai pour
Montréal, c'est vrai pour l'ensemble des municipalités qui ont eu
à subir des contestations. Ça s'est réglé par des
ententes, la plupart du temps; quelques-unes, par des procès qui sont en
appel. Il y a eu des sommes extraordinaires qui ont été
dépensés.
Je veux juste vous donner comme exemple la ville de Jonquière.
Ça a coûté environ 3 500 000 $ pour se défendre au
point de vue de la cour, avec des avocats et avec des firmes
d'évaluateurs et il y avait à peu près 100 000 000 $ en
cause. Le problème s'est réglé alentour de 14 000 000 $; 3
500 000 $, ça a coûté, ça. Si, demain matin, le
ministre des Affaires municipales insiste et persiste à vouloir
introduire son amendement qui veut toucher toute la loi de la fiscalité
municipale, à ce moment-là, il remet en cause - il remet en
cause, et là je le dis très posément - l'article 65.1 et
l'évaluation municipale industrielle. C'est
ça qu'il fait. Je pense que, de ce côté-là,
il peut régler un problème particulier. Il n'a pas besoin de
changer toute sa loi. (0 h 50)
Je vais prendre juste ce qui se passe au point de vue de l'article 65.1,
de l'évaluation industrielle. La semaine dernière, il y a eu 33
personnes qui se sont réunies, qui représentaient la plupart des
villes industrielles au Québec. Elles se sont réunies pour
regarder, pour examiner les articles traitant de l'évaluation
industrielle. Ces municipalités-là en sont venues à la
conclusion qu'il était inacceptable que ce soit dans la loi
générale. Il y avait des avocats là-dedans, il y avait des
gens qui ont l'expérience, il y a des gens qui ont gagné des
causes au point de vue de l'évaluation; ces gens-là ont dit non,
mais on ne peut pas être contre Montréal; Montréal a un
problème, oui, et on va le régler. Mais qu'on touche à la
loi de la communauté urbaine. À ce moment-là, on introduit
un article qui laisse tranquilles les autres municipalités, on peut
régler le problème, le tour est joué, la pression va
continuer et le comité que le ministre veut mettre sur pied, il
décidera, en bout de course, s'il y a lieu de faire un changement qui
s'appliquera à tout le monde. Parce que, actuellement, cette loi est
négociée. Et, actuellement, l'article joue en faveur des
municipalités.
Avec son article, le ministre remet en cause toutes ces
ententes-là. Vous savez ce qui se passe avec Saint-Romuald. Bien
sûr, Ultramar est prête à accepter la proposition. Vous
savez ce que ça va faire? C'est qu'elle va accepter de respecter
l'entente jusqu'en 1993, jusqu'en 1994 et, en 1994, l'entente va être
finie et Saint-Romuald sera obligée de payer, de rembourser 600 000 $ de
plus. Le ministre dit: Non, non, ça, c'est juste parce que ce que je
vais proposer, il ne peut pas y avoir de contestation parce que je
prévois à travers mes articles de quelle façon on va
taxer. Mais est-ce que c'est la façon juste ou si c'est une solution
mitoyenne, une solution concoctée dans les nuages? C'est comme ça
qu'on va faire ça et ça va s'arranger. Là, j'ai la
vérité, c'est de même que ça va se faire. Tout d'un
coup qu'il n'aurait pas la vérité.
Savez-vous que depuis aujourd'hui j'ai une dizaines de
résolutions de villes, de municipalités, il y en a d'un peu
partout, il y en a de l'Union des municipalités, il y en a de
Sept-îles et il y en a de Saint-Romuald, Rouyn-Noranda, Chicou-timi, New
Richmond, la ville de Roberval, il y a aussi Fermont et la ville d'Alma. Pour
la ville d'Alma, la résolution dit que son conseil - elles disent
à peu près toutes la même chose mais ce n'est pas des
copies conformes - s'oppose formellement à toute modification de
l'article 65.1 de la Loi sur la fiscalité municipale et, plus
particulièrement, aux dispositions des articles 32 et 116 du projet de
loi 145, actuellement à l'étude à l'Assemblée
nationale. Que ce conseil appuie les démarches... de l'Union des
municipa- lités du Québec pour faire respecter le statu quo en
matière d'évaluation. C'est adressé à M. Ryan.
Donc, c'est un projet de loi qui inquiète et qui dérange des
gens. Non seulement on s'attaque à des principes de base des
municipalités qui touchent la fiscalité municipale et touchent
leur porte-monnaie, de plus, par l'introduction d'autres articles, on va les
condamner à aller encore parader en cour et être encore à
la merci des compagnies. C'est ça qu'on est en frais de faire, et c'est
inacceptable, à mon point de vue.
Je voudrais bien que le ministre des Affaires municipales se rende
à mon argumentation. On n'a pas le droit, dans un mouvement d'humeur et
en croyant qu'on a toute la vérité et la vérité
tout seul, de mettre en cause des princpes sur lesquels les
municipalités vivent depuis au-dessus de 20 ans. Est-ce qu'on a le droit
de le faire comme législateur? Je réponds non. Est-ce qu'on peut
le faire à la fin d'une session, quand je sais qu'il y a eu presque
autant de comités qui ont été mis à l'étude
qu'il y a autant d'années qui se sont écoulées pour
essayer de trouver une solution à ce problème-là, et on ne
l'a jamais trouvée? Moi, je ne pense pas qu'il l'ait trouvée
actuellement. S'il l'a trouvée, pourquoi est-il en frais de mettre un
comité sur pied, qu'il s'est engagé à mettre un
comité sur pied pour étudier ce problème-là? Mais,
comme il n'y aura plus de pression, comme les municipalités vont
être mal prises, ce n'est pas bien grave, mais les compagnies seront
heureuses parce qu'elles auront trouvé réponse à leur
problème. Il n'y a plus de pression parce que c'est un gouvernement qui
travaille pour les gros plus que pour les petits. Tout mon exposé de ce
soir est à l'effet que c'est les petits qui vont payer, contrairement
à ce qu'on pensait. Au départ, on était sous l'impression
que les gros allaient payer, plus mais les glissements - et je l'ai
démontré assez correctement, je pense - vont faire que les petits
vont payer plus qu'avant. C'est comme ça que ça va se faire. Et
les municipalités vont être tentées d'aller beaucoup plus
sur le domiciliaire que sur la surtaxe pour le moment, mais elles vont
remplacer, comme je l'ai dit, la valeur locative par la surtaxe.
M. le Président, concernant ces articles que je considère
excessivement importants, les articles 32 et 116 du projet de loi qu'on a
devant nous, je veux me faire l'interprète ou le porte-parole de
l'ensemble des municipalités du Québec qui vivent avec des
industries, je veux me faire le porte-parole des unions municipales qui, avec
toute la vision nécessaire et possible vis-à-vis du projet de loi
qu'on a à étudier, vis-à-vis des manques à gagner
qu'elles vont subir ou des hausses de taxe qu'elles devront faire subir
à leurs contribuables... Je voudrais me faire leur porte-parole pour
convaincre le ministre d'accepter que je dépose un amendement au projet
de loi. Bien sûr, comme député, je ne
peux pas proposer qu'on retire, mais, effectivement, cet
amendement-là, s'il est considéré recevable et acceptable,
on pourra l'étudier, le faire adopter et, à ce moment-là,
le ministre aura à proposer des amendements pour retirer les articles
qui ne seront plus nécessaires.
J'espère que mon appel est entendu, mais j'espère aussi
qu'il est encore temps pour le ministre des Affaires municipales au moins,
à la fin de l'étude du projet de loi, de poser un geste
nécessaire pour le bien des municipalités. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jonquière. Vous savez qu'en vertu de l'article
256, à cette étape-ci, vous ne pouvez pas déposer
d'amendement.
Une voix: Sans consentement. M. Dufour: M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): 256. Je m'excuse, je vais
vous donner lecture de l'article 256...
M. Dufour: Je voudrais vous demander une directive.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui. Oui, oui.
M. Dufour: Est-ce que le dépôt de mon
amendement...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! M. le
député de Jonquière, je m'excuse. Avant de passer à
votre question de directive, si vous me le permettez, je vais vous lire
l'article 256. Après ça, on pourra y aller avec votre question de
directive. "Le débat sur la motion d'adoption d'un projet de loi est
restreint à son contenu. Aucun amendement n'est recevable." C'est
l'article 256 intégralement. Alors, votre question de directive, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: En déposant mon amendement, si le parti
ministériel est d'accord - parce que je pense que, même s'il y a
des règlements, les parlementaires demeurent toujours maîtres de
leur fonctionnement - si le parti ministériel accepte de recevoir
l'amendement, est-ce que ça ne serait pas possible?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: II n'y a pas de consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, ça
règle le problème, M. le député de
Jonquière. Sur le même sujet, à savoir l'adoption du projet
de loi 145, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant
les finances municipales, je reconnais M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. I always enjoy
listening to Members of the Parti québécois expressing deep
concern for the people of Québec when it comes to the burden of taxes.
It sort of reminds me of the look of deep concern in the eyes of a fox as it
examines the chickens in the chicken coop. The past history of the Parti
québécois in taxation is not exactly an encouraging one as a
model for criticism of the present Government. However, we do not support the
municipal tax change on somewhat different grounds. It is not our argument that
the particulars of the law or its equitability are as open to question as it
has been argued by my colleague from Jonquière. What we are arguing
instead is that the entire fiscal policy of the Government is still suspect in
terms of the fact that the really fundamental financial problems of
Québec are not being addressed.
For example, the largest tax that is still being paid by most people in
Canada, including in Québec, is one that is easily forgotten by
legislators both in Government and Opposition. It is still inflation, even
though we are in one of the worst recessions, certainly at least since 1982,
perhaps worse. In the Depression of the 1930's, there was no inflation and, in
fact, the value of a dollar would actually increase over time. In the society
we live in now, dollars are worth less every year; that is actually a way of
taxing the public and it taxes the public in a certain inequitable way in
itself, because that inflation tends, every year, to tax the elderly, to tax
those on fixed incomes and to not affect so much the younger members of the
society who can gain steady increases in salaries or wages, to deal with
increasing prices. (1 heure)
The consequence is that if you have a bad general state of finances in
the State altogether, which, in Canada, we have right now at the federal level,
the provincial level and, in many cases, at the municipal level it does not
matter exactly what kind of tax reform you introduce in the first place, they
will all be inequitable. When you reach a point where it becomes more and more
difficult for certain sections of society to pay the taxes, they will respond
to the change by changing their behaviour, so that the tax reform does not have
the effect that it was intended to have.
In other words, if the reform comes at the provincial level and takes
the form of higher income taxes, then, people leave the province and go some
place where they can pay lower income taxes. If the reform comes down at the
municipal level and takes the form of property taxes, then, people do things in
terms of their
disposition of property, their sales or purchases or again their
movements to minimize their tax burden.
In consequence, any reform, as long as we have deficits this high, as
long as governments do not really deal with the revenue starvation that has
come from things like the fixed contracts used for unionized employees, the
large transfer payments that take place in the modern State will mean there is
no real effective tax reform.
When the minister of Municipal Affairs justified his own reform, he
began by saying that both sides of the House were "épuisés",
exhausted on this topic and I thought he was right. I was amazed, in fact, at
where we went from there. In fact, just after he said that, I thought he might
be brief. He did quote John Henry Newman, but then went on with an entire
Apologia pro vita sua.
Following that, we had a comparable demonstration from the Member for
Jonquière as to just how expert the Parti québécois can be
at shifting our attention from the central point of just how much people have
to pay and how broke this province is getting. But, what I am arguing is that
there is nothing wrong with the particular dispositions undertaken by the
Minister of Municipal Affairs; what is wrong is the entire system of taxes in
Québec. If we keep going this way, the province is going broke, at all
three levels of government. To argue that we have achieved a wonderfully
equitable system at one particular level, that we have applied perfect justice
or that we have applied a system that, in fact, is fair and reasonable or does
not do as many lousy things to transport in common as the Opposition says it
does is beside the point. At some point we have to do something like produce a
more fundamental change in the budget.
You know, when people talk about somebody like the recent Premier of
British Columbia, Mr. Vander Zalm. Mr. Vander Zalm always seemed to many
Canadians, I think, including maybe especially in Québec, but perhaps
across the country, to have a slightly comic quality about him that we would
not find safe for the Premier of Québec or the Premier of Ontario or
something of that kind, but I sometimes wonder whether he was quite that comic,
he was the only Premier in the country that was producing a balanced budget,
after all.
The other provinces of Canada, whether they are prosperous ones like
Ontario and Alberta, whether they are intermediate ones like Québec or
Manitoba, or whether they are poor ones like the Maritime Provinces have all
been dumping the deficits up each year and all assuming they can continue to
get away with it. In fact, we are in a situation were either interest rates go
down, probably because we are in so horrible a recession that nobody can afford
to pay the taxes, or interest rates go up, in which case the charges on the
debt that we already carry can just about break us.
Hence, the amount of energy and enthou-siasm that has been put into this
House in arguing about the exact details of the municipal tax reform is a
staggering exercise in ultimate irrelevance. It is on that grounds we will
oppose the legislation, not because we agree with the criticisms of our
colleague from Jonquière. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Sur le même sujet, je
cède la parole à M. le député de Vi-ger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. J'ai le plaisir de
prendre la parole ce soir sur le projet de loi 145. M. le Président, il
est opportun de le faire, premièrement, pour la nature même du
projet de loi et, deuxièmement, en raison des importantes modifications
intervenues en seconde lecture.
Mais, avant d'aborder ces modifications, M. le Président, il
n'est pas inutile de rappeler et de réaffirmer le contexte entourant
notre réforme de la fiscalité municipale, une réforme qui
est appropriée au contexte budgétaire que nous connaissons tout
autant qu'aux revendications traditionnelles des municipalités.
M. le Président, considérons d'abord la situation fiscale
et budgétaire dans laquelle le gouvernement opère cette
réforme de la fiscalité. Ce regard jettera un éclairage
précieux sur une partie non négligeable des raisons qui ont
orienté la démarche du gouvernement dans cette réforme.
Nous vivons dans une ère politique dite d'après
État-providence. Depuis environ une dizaine d'années, les
gouvernements sont conduits, ici comme ailleurs, à l'examen de
l'efficacité des interventions qu'ils posent et des
responsabilités qu'ils assument. Le but de cet examen est,
évidemment, de voir s'il n'y aurait pas de façon plus efficace,
plus rationnelle et plus économique de dispenser les services qu'ils
offrent aux citoyennes et aux citoyens. Cette quête d'avenues
dominée par l'efficacité provient d'une série de constats
réalisés au cours de la présente décennie.
Effectivement, M. le Président, elle origine d'un certain nombre de
constats sur la gestion de l'État, sa place dans la
société et dans l'économie, et d'autres constats sur la
gestion des finances publiques. Plusieurs de ces constats ne sont pas inconnus
par plusieurs de nos citoyens, mais je crois pertinent de les rappeler dans la
mesure où notre monde politique médiatisé a la
mémoire plutôt courte.
Parmi ces constats, il y en a un qui prime sur les autres. Ce constat,
c'est celui qu'une société ne peut pas vivre au-dessus de ses
moyens sans hypothéquer l'avenir des jeunes
générations et une société qui choisit cette avenue
plutôt irresponsable décide de sacrifier l'avenir au
présent. Confrontés à des problèmes de
déficit et à une démographie déficiente au
Québec, nous avons choisi de renoncer à la fuite en avant.
Dès lors, s'impose comme une nécessité incontournable
l'impératif d'une saine gestion des finances publiques. Depuis 1985,
année de notre arrivée au pouvoir, nous avons fait nôtre
cette incontournable nécessité d'une gestion saine des finances
publiques. Nous nous sommes acharnés à contrôler les
dépenses publiques. Grâce à ces efforts de contrôle
ainsi qu'à une conjoncture favorable, nous avons amorcé un
important changement dans nos finances publiques. Nous sommes parvenus à
réduire très considérablement les besoins pour les
gouvernements d'emprunter pour payer l'épicerie. Toutefois, il faut
noter que la conjoncture actuelle nous force à laisser grimper le
déficit plus que nous souhaitons le faire. Pour éviter d'en
perdre le contrôle, nous avons fait des choix responsables à
l'endroit des générations futures. Nous avons fait des choix au
nombre desquels s'inscrit la présente réforme de la
fiscalité municipale. Si la conjoncture actuelle a beaucoup à
voir avec le moment choisi pour opérer cette réforme, elle a
cependant peu à voir avec sa nature. La réforme, telle que
présentée en décembre 1990 et modifiée le 14 mai
dernier, s'inscrit en droite ligne dans la perspective d'une
décentralisation des responsabilités publiques.
La décentralisation est véritablement la perspective dans
laquelle s'inscrit cette réforme du ministre. Les municipalités
se voient attribuer des responsabilités assorties de pouvoirs de
taxation. Ceci correspond parfaitement avec la conception de la
décentralisation qui circule depuis quelques années. Les
arguments mis de l'avant pour en faire la promotion sont connus du milieu.
L'argumentation trouve son fondement dans le fait que les paliers locaux sont
plus près des citoyens et mieux placés pour leur offrir des
services. Comme l'a dit à plusieurs reprises le ministre des Affaires
municipales, le gouvernement souscrit pleinement à ces arguments. La
réforme de la fiscalité y souscrit pleinement. La réforme
opère un renforcement des pouvoirs locaux. Elle réalise ces
renforcements de l'autorité municipale à travers
l'établissement de liens plus étroits entre le lieu où
sont dispensés les deniers publics et le lieu où ils sont
perçus. Ces paliers de gouvernement se trouvent donc consolidés
et surtout davantage responsabilisés à l'endroit des
contribuables. (1 h 10)
Je voudrais maintenant, M. le Président, aborder les
assouplissements apportés en seconde lecture au projet de loi ainsi que
la réduction des charges transférées. J'espère
démontrer que notre gouvernement s'est montré attentif aux
représentations des élus municipaux tout en demeurant
fidèle au principe de la réforme.
Tout d'abord, M. le Président, il faut se rappeler que le
gouvernement a opéré une réduction très
substantielle des charges transférées aux municipalités.
Cette réduction a été de l'ordre de 178 000 000 $. Il
s'agit d'un effort considérable pour atténuer l'impact de la
réforme sur les municipalités. Le gouvernement a ramené de
414 000 000 $ à 236 000 000 $ les charges financières nettes
transférées. Les 236 000 000 $ représentent à peine
3,4 % des dépenses municipales actuelles qui se chiffrent à 7 500
000 000 $.
On voit donc, M. le Président, comment notre gouvernement s'est
montré, quoi qu'en dise l'Opposition qui attendait de se faire du
capital sur cette réforme, sensible aux représentations du monde
municipal. M. le Président, tout ce qui a précédé
montre que notre gouvernement a été extrêmement soucieux de
l'applicabilité de sa réforme. M. le Président, on a
choisi cette méthode. M. le Président, on a choisi de
transférer une petite charge supplémentaire aux
municipalités au lieu de pénaliser notre
génération, les jeunes, l'avenir du Québec et l'avenir de
notre génération. M. le Président, on a vu l'Opposition.
Pendant les neuf ans qu'elle a été au pouvoir, qu'est-ce qu'elle
a fait? Elle a amené le déficit du gouvernement du Québec
de 5 000 000 000 $ qu'il était en 1976 à 30 000 000 000 $ en
1985. M. le Président, ça, c'est hypothéquer l'avenir de
nos jeunes; ça, c'est hypothéquer les jeunes
générations. Nous avons choisi, au contraire, de payer un peu
plus actuellement, mais de laisser à notre jeunesse, de laisser à
l'avenir de notre société moins de problèmes et moins de
responsabilités.
M. le Président, c'est très important, la façon de
gouverner et d'agir du gouvernement actuel. Nous avons pris nos
responsabilités et nous allons agir en conséquence.
En terminant, M. le Président, gouverner dans une conjoncture
économique peu favorable est une chose difficile. Cela oblige le
gouvernement à faire des choix car, plus que jamais, le caractère
limité des ressources publiques devient évident. Cette
évidence est plus forte lorsqu'un gouvernement choisit d'être
responsable à l'endroit des générations à venir.
C'est en gouvernement responsable que nous avons entrepris et
réalisé cette réforme qui vient clore cette prise en
considération aujourd'hui. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Viger. Sur le même sujet, à savoir la
motion proposant l'adoption du projet de loi 145, Loi modifiant diverses
dispositions législatives concernant les finances municipales, je
reconnais M. le député de Labelle. Je vous rappelle, M. le
député, que vous disposez d'une période maximale de 10
minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Alors, nous
faisons face et le ministre a eu à faire face à une commande de
400 000 000 $ qu'il a dû remplir sur les ordres du ministre des Finances
et du président du Conseil du trésor.
J'écoutais, tout à l'heure, le collègue de
Jacques-Cartier qui faisait un exposé sur les effets de l'inflation, qui
disait que c'était la taxe cachée la plus importante et que tout
le reste n'était que des détails. Je rappellerai simplement, sur
ce sujet, que l'une des causes et la principale cause de l'inflation au Canada,
c'est le déficit fédéral qui est encore à 30 500
000 000 $ cette année et au-delà de 30 000 000 000 $ depuis
plusieurs années. Ça, c'est la véritable cause de
l'inflation, la cause des taux d'intérêt qui sont très
élevés. Donc, fondamentalement, la plus grande source de nos
problèmes, c'est là.
Alors, la commande, cette année, elle est de 400 000 000 $ aux
municipalités et le ministre des Affaires municipales a dit, tout
à l'heure, que les municipalités pouvaient bien accepter ce
léger sacrifice parce que, au fond, c'était peu de choses
à comparer avec les budgets des municipalités et le fardeau de
taxes qu'elles ont maintenant.
Je voudrais simplement rappeler que dans le contexte budgétaire
actuel, ce peu de choses s'ajoute à beaucoup de choses et tout cela est
absolument insupportable pour les contribuables. 400 000 000 $, dit-il, c'est
peu de choses, mais cela s'ajoute à des centaines de millions qui font
finalement 2 433 000 000 $ de taxes additionnelles cette année depuis
l'automne 1989: 2 433 000 000 $ et qui feront partie, l'an prochain, d'un
ensemble de 3 321 000 000 $. C'est ça, l'impact, et les contribuables ne
peuvent plus supporter ces petits "peu" qui s'ajoutent et qui sont finalement
de grosses taxes pour chacun.
Je rappelle, pour mémoire, toutes les surtaxes qui ont
été imposées par le gouvernement directement sur les
boissons alcoolisées, sur les tabacs, sur l'essence, les impôts
sur les entreprises, la TPS québécoise, sans compter la TPS
fédérale, et, en plus, les augmentations de frais de
scolarité, les augmentations des factures d'électricité
au-delà de l'inflation, la hausse des taxes scolaires, la hausse
à la Société de l'assurance automobile du Québec,
l'impôt à rebours qui est annoncé et qui est
déjà inclus dans le budget. Tout cela va coûter aux
contribuables, en 1991-1992, 3 321 000 000 $. C'est de ça qu'il s'agit
et le peu ou ce que le ministre des Affaires municipales qualifie de peu fait
partie de ce fleuve de taxes que nous avons depuis un an et demi.
M. le Président, c'est inacceptable, insupportable par les
contribuables. C'est une chose, mais dans sa hâte d'aller chercher ses
400 000 000 $, le gouvernement y est allé sans discernement. Nous avons
pu mettre en preuve - et mon collègue de Jonquière l'a fait
abondamment et, je pense, de façon éloquente - les
problèmes que posait cette taxe, les problèmes pratiques au plan
de chacune des municipalités, chacune des villes. Mais, en faisant cela,
sur le plan du long terme, il y a beaucoup de problèmes qui seront
soulevés par la réforme qui est apportée là. Au
fond, je trouve que le gouvernement n'a pas pesé les gestes qu'il a
posés. Pour des sommes qu'il veut aller récupérer à
court terme, il vient de créer des déséquilibres
fondamentaux dans toute l'économie municipale. Quels que soient les
discours d'en face qui sont là, il faut s'en reporter aux
témoignages des gens qui sont venus devant la commission pour parler
justement de ces conséquences.
Le fait que les coûts de transport en commun augmentent
considérablement, que l'on prenne une politique de délestage de
factures en ce qui concerne la police et la même chose en ce qui concerne
la voirie locale, c'aura des effets très nets. L'un de ceux-ci, c'est de
favoriser l'étalement urbain. Montréal est venue en faire la
preuve avec la Commission de transport de la communauté urbaine de
Montréal et c'est la même chose pour toutes les communautés
urbaines et toutes les villes qui ont des systèmes de transport en
commun. Les coûts de transport en commun vont augmenter. Cela va
favoriser l'usage de l'automobile; cela va amener à quitter la ville, le
centre des villes de plus en plus pour aller faire ce qu'on appelle du
développement urbain dans des banlieues, mais, en réalité,
ce n'est pas vraiment du développement, il s'agit beaucoup plus de
déplacement de populations que de véritables
développements, surtout lorsqu'on sait fort bien que dans les
centres-villes il y a beaucoup de terrains vacants et que la population
elle-même est stable ou l'augmentation de la population est très
réduite depuis plusieurs années et que les perspectives,
même à moyen terme, ne sont pas que ces augmentations de
population vont être considérables. (1h20)
Déplacement des populations vers la périphérie,
étalement urbain avec tous les coûts que cela comporte pour le
public, et les millions qu'on veut sauver aujourd'hui, on devra les payer plus
tard demain, au point où M. Dufour, du Conseil du patronat, est venu
dire en commission qu'il préférait augmenter le déficit de
100 000 000 $ cette année, pour ne pas avoir à poser le geste qui
touche le transport en commun. C'est plutôt rare qu'on voit le Conseil du
patronat venir dire qu'il préfère que les déficits
augmentent, plutôt que de poser le geste que l'on veut faire en ce qui
concerne le transport urbain parce que, au fond, tout le monde réalise,
les entreprises réalisent que la centaine de millions qu'on aurait
à économiser cette année là-dessus ou l'an
prochain, on la paiera dans
cinq ans parce qu'il y aura cet étalement urbain, qu'il faudra
bâtir des ponts, qu'il faudra faire de nouvelles rues, qu'il faudra
éclairer, ce qui fera que, finalement, les coûts de l'urbanisation
vont augmenter, alors que dans les centres-villes, les coûts vont aussi
augmenter à cause justement du fait que peu de citoyens, de moins en
moins de citoyens y resteront.
Les coûts d'étalement urbain à Montréal,
c'est un sujet, c'est une preuve qui n'est plus à faire, qui a
été faite depuis longtemps, depuis fort longtemps, depuis au
moins 15 ans. Il y a eu des gestes pour essayer de corriger, de minimiser, qui
ont en eux-mêmes porté leurs fruits, mais c'est loin d'être
satisfaisant. Et, aujourd'hui, le geste que l'on pose fait en sorte que, dans
les coeurs des centres urbains, la vie coûtera plus cher, les taxes
coûteront plus cher, et les gens vont avoir tendance à
s'éloigner. C'est vrai non seulement pour Montréal, mais c'est
vrai pour toutes les agglomérations urbaines. J'ai pu le constater, dans
mon comté, que les villes, que les petites villes étaient
touchées beaucoup plus que les municipalités autour. Donc, ce
serait un facteur d'étalement urbain dans le temps. C'était vrai
chez nous de L'Annonciation, c'était vrai de Mont-Laurier,
c'était vrai de Ferme-Neuve village par rapport à la paroisse, et
je suis sûr que c'est vrai pour le centre de Québec, que c'est
vrai pour le centre de Hull, etc. Faites le tour. Le coût des taxes va
augmenter dans les centres-villes et cela va amener les coûts de
l'étalement urbain à refaire surface.
M. le Président, le débat public, évidemment, a
été escamoté là-dessus parce qu'il y a eu un
dialoge de sourds entre le ministre et les unions municipales, de sorte que ce
qu'on a échangé, ce n'est finalement presque rien parce qu'il n'y
a jamais eu, au coeur de ce débat, des perspectives qui ont vraiment
été évoquées. Jamais. Il aurait pu y en avoir en ce
qui concerne la fonction policière. On aurait pu... On avait
commencé en commission parlementaire, mais il aurait fallu
échanger avec les unions municipales pour en voir les
conséquences du transfert des factures de police. Actuellement, ce
débat est complètement escamoté, M. le Président.
Maintenant, le ministre va vivre avec les conséquences de ses
décisions et de ses gestes, et c'est malheureux, cependant, pour les
municipalités.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Labelle. Sur le même sujet, à savoir
l'adoption du projet de loi 145, je cède la parole à M. le
député de Salaberry-Soulanges.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci beaucoup, M. le Président. Parler sur la
loi 145 en 1991, ça peut paraître, pour certains membres de
l'Opposition... Au moins, pour ces gens-là, pour les
députés libéraux, ce sont des gens qui osent affirmer
certaines choses. Tantôt, je suis intervenu, au début de la
soirée, sur la loi 150 et j'ai essayé de démontrer un peu
l'incohérence qui existait dans ce parti de l'Opposition qu'est le Parti
québécois.
Je vais vous démontrer encore ce soir la même histoire en
ce qui concerne les affaires municipales au Québec. Le
député de Labelle a parlé pendant 10 minutes de
l'étalement urbain. Je me souviens que le député de
Lévis a déjà parlé également de
l'étalement urbain, à l'époque où on prônait
des autoroutes au Québec parce qu'on s'est dit: Si vous bâtissez
des autoroutes en banlieue des grandes villes, vous allez entraîner par
le fait même les gens à déménager vers les
régions, à s'y établir et à commencer à
créer une autre dynamique au niveau des régions.
C'est drôle qu'aujourd'hui, si vous faites le tour de tout le
Québec, promenez-vous un petit peu; il n'y a pas seulement
Montréal au Québec et il n'y a pas seulement Québec non
plus au Québec, là. Il y a 1400 municipalités et plus au
Québec. Quand on parle d'étalement urbain, je vais vous donner
des régions comme chez nous et comme ici, à Québec,
lorsque vous faites la comparaison entre la ville de Sillery et la ville de
Québec, en termes de taux de taxation - ça, c'est important aussi
- où tout le monde demeure à Sillery, puis tous les gens de
Sillery viennent demeurer à Québec, puis, lorsque vous faites la
différence entre le niveau de taxation de Sillery par rapport à
celui de Québec, où la plupart des gens viennent utiliser
l'ensemble des services communautaires parce que les services qu'on retrouve
dans la ville de Québec, ce sont des services régionaux, on peut
parler du Coli-sée, on peut parler du Grand Théâtre de
Québec, on peut parler d'une foule de services qui sont d'abord et avant
tout des services pour la communauté, non pas uniquement pour les gens
de la ville de Québec. Mais il y a une grosse différence au
niveau du taux de taxation.
Valleyfield qui est une supposée capitale régionale, entre
Grande-Île, Saint-Timothée, Coteau-du-Lac et Valleyfield, une rue
peut les séparer. Entre le boulevard Mgr-Langlois qui sépare la
ville de Valleyfield qui est à 1,41 $ les 100 $ par rapport à
Grande-Île qui peut être à 0,60 $ les 100 $ ou
Saint-Timothée qui est à 0,60 $ les 100 $, dites-vous une chose,
c'est qu'il y a un déséquilibre au niveau responsabilité
fiscale pour les citoyens.
Le projet de loi 145, ce qu'il vise d'abord et avant tout, c'est
d'établir cet équilibre-là entre tous les citoyens et
citoyennes du Québec. C'est d'abord ça. Donc, ce qu'on essaie de
mettre en place, ce n'est pas compliqué, vous savez, ce n'est pas
compliqué, c'est très, très simple, et vous y avez
même pensé, vous autres, comme parti. Vous y avez même
pensé et votre chef y a même pensé. Faites la
différence entre ce que
je vais vous lire et ce qu'il y a dans le projet de loi, et je vais vous
lire ce que j'ai devant moi, à la page 225 du rapport qui avait
été fait justement par M. Parizeau qui, à l'époque,
n'était pas chef de l'Opposition et qui, aujourd'hui, est le chef de
l'Opposition: "17. Que la Sûreté du Québec facture toutes
les municipalités où elle assure les services de gendarmerie.
"18. Que chaque municipalité actuellement exemptée de
l'obligation d'avoir un service de police puisse choisir entre: a)
l'établissement de son propre service, b) une entente intermunicipale;
c) les services offerts par la Sûreté du Québec" que,
naturellement, elle va être obligée de défrayer.
C'est ça qui est écrit là. Ce n'est pas nous autres
qui l'avons inventé, ça. Quand on parle de cohérence,
c'est ça. Que toutes les municipalités, quelle que soit leur
taille, aient la responsabilité d'entretenir les rues dans les
agglomérations situées sur leur territoire; que les
responsabilités assumées actuellement par le ministère des
Transports quant à l'entretien des routes ne s'appliquent qu'en dehors
de ces zones et autoroutes, que celles-ci traversent des régions rurales
ou urbanisées.
Qu'est-ce qu'on fait avec le projet de loi 145? On applique presque
intégralement les recommandations que le chef du Parti
québécois à l'époque avait proposées
à l'Union des municipalités et acceptées par l'Union des
municipalités. Il n'y a pas grande différence entre les deux. Je
ne comprends pas qu'il y ait une objection à ce que cette loi-là
passe aujourd'hui.
Lorsqu'on parle du transport en commun, c'est sûr que nous, les
députés de régions, on a beaucoup de choses à dire
sur ça. Vous prenez le transport en commun à Montréal ou
bien dans la région de Québec ou dans la région de
Sherbrooke, dans les grands centres urbains, le gouvernement du Québec
n'a jamais dit, par la loi 145, qu'il se retirait du financement du transport
en commun comme tel. On a toujours dit qu'on maintenait les investissements en
immobilisations, les achats d'autobus, les constructions de garages, les
constructions de métro, les trains, ça demeure toujours la
responsabilité du gouvernement du Québec. Ça, ça
n'a jamais changé et ça va être maintenu. La
différence est où? C'est au niveau du budget d'opération.
Elle est toute là, la différence. Lorsqu'on fait des comparaisons
entre ce que les Québécois et les Québécoises
paient chez nous au niveau du transport en commun par rapport à ce qui
peut se passer à Londres - vous allez me dire: Bien, Londres, il y a 10
000 000 ou 12 000 000 de population, c'est un peu différent - ou
à Paris ou à Lyon, nommez toutes les grandes capitales au monde,
vous allez voir que l'usager du transport en commun chez nous, on est quand
même privilégié.
Il est sûr que, lorsqu'on dit que vous allez être
obligé de payer quelques piastres de plus par mois, ça peut
paraître considérable, mais le gouvernement du Québec, la
seule chose qu'il fait au niveau du transport en commun, c'est ça. On ne
veut plus intervenir auprès des budgets d'opération. Vos
déficits, assumez-les. Demandez à vos usagers de payer un peu
plus cher, mais on va toujours intervenir au niveau des immobilisations. C'est
ça qu'on fait par le projet de loi 145. Ce n'est pas sorcier. (1 h
30)
Lorsqu'on parle de la police, il y a une loi qui existe au Québec
depuis des années où on dit que toutes les municipalités
de 5000 de population et plus doivent avoir un corps policier ou bien
défrayer un coût par tête, par habitant ou par population,
des services de la Sûreté du Québec. On fait quoi? On
applique exactement les recommandations de M. Parizeau. On dit aux
municipalités: Vous allez prendre la responsabilité des corps
policiers de votre service. Rassemblez-vous, développez des corps
policiers régionaux. Il y a des municipalités qui ont des corps
policiers. Entendez-vous au niveau de contrats intermu-nicipaux. Prenez
ça en main.
C'est sûr que, si chaque municipalité, aussi petite
soit-elle, décidait demain matin de mettre sur pied son corps policier,
il est tout à fait normal que le taux de taxation monterait de
façon extraordinaire. Mais nous espérons, puis j'en suis
convaincu, que les maires et les conseillers municipaux du Québec sont
tous ensemble assez intelligents pour être capables de s'asseoir autour
d'une table et de développer ensemble des services régionaux.
J'ai 17 maires dans mon comté. Je les ai quasiment tous
rencontrés et on a parlé de cette réforme. Dans l'ensemble
- je pourrais dire la très grande majorité, pour ne pas vous dire
la totalité - l'ensemble des gens, l'ensemble des maires ne conteste pas
le principe de la loi 145. Ils trouvent ça tout à fait logique.
Vous allez me dire, politiquement parlant, ça peut être
difficilement défendable, mais, sur la logique des choses, tout le monde
est d'accord avec les principes qu'on sous-tend par la loi 145.
La seule inquiétude que les maires ont, que les conseils
municipaux ont, c'est comment nous allons faire ce transfert de
responsabilités. C'est ça qui les inquiète. Ce n'est pas
de dire: Est-ce qu'on remet en question le fait qu'on doit prendre la
responsabilité de nos routes? Non. Est-ce qu'on remet en question le
fait qu'on doit prendre la responsabilité de notre
sécurité publique? Absolument pas. C'est uniquement l'aspect
financier, comment le gouvernement va aider les municipalités à
faire la transition. Ne soyez pas inquiets. Il y a eu des allégements au
niveau de la loi 145. Ne soyez pas inquiets. L'application de la loi pour les
corps policiers, c'est le 1er janvier 1992, pour la voirie, c'est le 1er
janvier 1993. Il va sûrement y avoir d'autres réajustements qui
vont permettre à l'ensemble des municipalités de faire cette
transition, puis faire en sorte que l'ensemble des citoyens des
municipalités soient près du pouvoir de décision
qu'est le gouvernement municipal. C'est ça qu'il faut viser comme
objectif chez nous. C'est de remettre la responsabilité le plus
près de la population pour que les gens, les gens du peuple puissent
être capables d'intervenir auprès de leur conseil municipal,
intervenir au niveau de la gestion municipale, au niveau de la fixation des
priorités d'une municipalité.
C'est ça qu'on vise par la loi 145 et, si on réussit - je
suis convaincu qu'on va réussir - dites-vous une chose, on va avoir un
système au Québec où l'État interviendra
peut-être moins au niveau des gouvernements locaux, mais où la
population à la base va prendre le contrôle de sa gestion
municipale. Merci, M. le Président.
Une voix: Excellent!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Salaberry-Soulanges. Sur le même sujet, à
savoir l'adoption du projet de loi 145, je cède la parole à M. le
député de Laviolette. 10 minutes, M. le député.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. À entendre le
député qui vient de précéder, M. le
Président, tout est parfait, tout va bien. Dans le fond, on a fait une
bataille, une tempête dans un verre d'eau, parce que, dans le fond, tout
le monde est d'accord. Je ne sais pas s'il vit sur la même planète
que l'ensemble des citoyens du Québec, M. le Président, mais je
n'ai pas l'impression, et je pense que, comme vous - vous l'avez probablement
vous-même, cette impression - l'ensemble des maires du Québec, des
citoyens du Québec qui ont lu cette réforme avec beaucoup
d'attention et qui se sont fait expliquer les tenants et les aboutissants d'une
telle réforme a compris que ça n'avait pas de bon sens.
Ils se sont objectés et ils continuent à s'objecter. Nous
sommes, le Parti québécois, les interprètes de cette
population au même titre que vous avez actuellement de la part des
commissions scolaires des demandes qui sont faites de ne pas additionner aux
difficultés qu'elles ont vécues. La réponse à
l'augmentation des taxes scolaires au Québec, M. le Président, a
été phénoménale. Ça a été la
perte de postes comme président et comme représentant de la
population au conseil scolaire ou à la municipalité scolaire, des
gens qui avaient appliqué, malheureusement parce qu'ils n'avaient pas le
choix... l'obligation que le ministre actuellement des Affaires municipales les
avait obligés à faire comme ministre de l'Éducation
à cette époque.
M. le Président, si tout va bien, pourquoi les gens
chiâlent? C'est un peu l'expression que l'on connaît: Tout va
très bien, Mme la marquise.
Tout va très bien. Vous vous en souvenez, qu'est-ce que
c'était la chanson? C'est que le feu était pris à la
maison, le feu était pris à la grange, le feu était pris
partout, mais l'individu venait dire à la marquise que tout allait
très bien. Ce n'est pas vrai, M. le Président, ce n'est pas vrai.
Les gens ont beau encenser le ministre actuellement, ils ont beau le faire
publiquement ici à l'Assemblée nationale, je peux vous dire que
ce n'est pas ce qu'on entend même de certains députés
libéraux, mais, comme des moutons, ils vont voter pour, ils vont faire
en sorte que la loi va être passée.
Le député essaie de dire que c'est la suite logique du
rapport fait par notre chef, M. Parizeau, mais il a bien fait attention, j'ai
essayé de bien le comprendre, de bien le saisir quand il a dit: C'est
presque la totalité. Bien, effectivement, c'est presque la
totalité, mais il oublie la partie la plus importante: On a dit, comme
Parti québécois, et on continue à le dire, que nous
n'avons pas d'objection à des principes qui ont pour but de remettre le
plus près possible du citoyen la responsabilité, le pouvoir de
taxation, mais ce que l'on dit, par exemple, c'est que le gouvernement aurait
dû, en même temps qu'il les oblige à faire des choses,
remettre l'argent en conséquence.
Ce que le gouvernement actuellement prélève par ses
impôts, au lieu de le remettre comme il aurait dû aux
municipalités, il essaie de dire: Je le garde pour moi, je règle
mon problème budgétaire, mais je pellette dans les
municipalités civiles au Québec les résultats de ça
et c'est elles qui auront l'obligation, l'odieuse obligation d'aller chercher
l'argent auprès de la population et elles subiront, même si elles
ne le veulent pas, les mêmes foudres que les commissaires des commissions
scolaires ont subies.
J'ai de bons organisateurs libéraux dans mon comté qui
étaient présidents de commission scolaire ou qui étaient
commissaires et qui aujourd'hui se retrouvent, excusez-moi l'expression, le cul
sur la paille parce qu'ils ont été battus aux élections
scolaires justement parce qu'ils ont été obligés de mettre
en place la proposition du ministre des Affaires municipales alors qu'il
était à ce moment-là ministre de l'Éducation.
Dans ce contexte, M. le Président, je vous dirai que les gens
auront des obligations, lesquelles obligations seront celles
décrétées par les libéraux actuellement dans la
décision qu'ils vont prendre aujourd'hui. Ils vont payer très
cher cette décision, M. le Président.
Je reviens sur ce que le ministre, a dit, et c'est la dernière
occasion que j'ai de le faire parce que j'aime faire des critiques qui ont pour
but de démolir des choses quand je crois que ce n'est pas correct, mais
j'ai toujours la capacité de faire des recommandations et des
propositions qui ont pour but d'améliorer l'ensemble de ce projet de
loi.
M. le Président, le ministre a toujours dit dans ses
interventions... Je l'écoutais à toutes les fois, j'en devenais
toujours abasourdi. Ou bien il n'a pas compris, ou bien il ne veut pas
comprendre. Et ça ne me surprendrait pas qu'il ne veuille pas comprendre
parce que ça me surprendrait qu'il ne comprenne pas. Je pense qu'il ne
veut pas comprendre et ça fait son affaire de faire un peu de
démagogie à ce niveau-là. Qu'est-ce qui est arrivé?
J'ai fait une proposition parce que j'ai dit: Écoutez, la loi va passer
un jour. La majorité va s'exprimer. La majorité s'exprimant,
bien, on va la passer, la loi. Ils ont décidé de la passer, ils
ont pris la motion de clôture, nous voilà rendus à la
dernière étape. Elle va donc passer. (1 h 40)
Je lui avais dit, M. le Président, à l'époque, que
sur la question de la voirie, parce qu'il disait, il l'a
répété, ça ne fait pas partie de la loi, la
question de la voirie, sauf que tout le monde en parle de son
côté. Donc, je crois imaginer qu'à quelque part il y a
quelqu'un qui croit que ça a un effet, la nouvelle politique qu'il veut
imposer aux municipalités et aux citoyens du Québec, sur la
voirie. Il y a quelque part qu'on veut transférer... Écoutez,
à moins que je ne me trompe, le député de
Salaberry-Soulanges a dit, tout à l'heure, que la voirie, ce serait en
1993 que ce serait remis entre les mains des municipalités. Donc,
ça doit être parce qu'elle est quelque part dans la loi,
même si elle n'est pas écrite, comme disait le ministre, mais elle
est là. Moi, ce que je suggérais, c'est qu'au lieu de dire tout
bêtement: On lui remet la route et on lui dit: Débrouille-toi avec
ça, le pont, débrouille-toi avec ça, ce que j'avais dit et
ce que je répète, et j'espère que le ministre va en tenir
compte, c'est ce que j'avais dit à son collègue, le ministre
délégué aux Transports, le député de
Pontiac: Écoutez, là, avant de remettre à la
municipalité le chemin, organisez-vous en conséquence, M. le
Président - en parlant au ministre - pour le remettre en état
avant de le remettre a la municipalité.
Dans ma tournée de voirie que je fais deux fois par année,
que j'ai faite à la fin mai, dans tout l'ensemble de mon comté,
en deux jours - un vendredi et un lundi - j'ai rencontré l'ensemble de
tous les maires et tous les conseillers qui ont participé à ces
rencontres-là, ce qui fait que j'ai visité toutes mes
municipalités. Qu'est-ce qu'on a dit, à ce moment-là? Les
maires ont dit: Ce que tu proposes, Jean-Pierre, ça a du bon sens, ce
serait la logique même. La logique voudrait que, si le gouvernement veut
nous remettre entre les mains certaines routes - pas toutes les routes parce
que ce n'est pas toutes les routes qu'il va remettre - à ce
moment-là, il les répare et, une fois réparées, il
nous les donne, et là on prendra l'entretien pour l'avenir. Parce qu'on
sait ce que ça veut dire, dans les chemins de campagne et dans les
milieux ruraux, ces choses-là. Alors, c'est une suggestion que j'ose
encore faire au ministre, en espérant que, cette fois-ci, il ne nous
réplique pas qu'il ne comprend pas, qu'il n'a rien compris, en nous
disant qu'on n'a rien fait de positif. On en a fait des choses positives.
Mon collègue, le député de Jonquière, je
sais comment il travaille, je sais qu'il a aidé plusieurs autres
ministres qui ne connaissaient rien dans les affaires municipales. Lui, il a eu
la chance d'être maire d'une grosse municipalité et de
connaître ça, la fiscalité municipale et l'ensemble des
lois municipales. Il les a aidés même à bonifier des
projets de loi, autant quand ça a été le ministre qui est
le député de Maskinongé, ou le ministre qui est le
député de Brome-Missisquoi, ou même le député
de Laporte, qui étaient, à cette époque-là, des
ministres, depuis 1985, des Affaires municipales. Il les a aidés
à bonifier des projets de loi, comme dans ce cas-ci, j'en suis
assuré, pour avoir entendu les rapports, n'ayant pas assisté
à l'ensemble de ces travaux en commission, mais ayant fait, cependant,
connaissance de ces dires ici, à l'Assemblée nationale...
M. le Président, je reviens avec ça en disant que le
ministre ne peut pas rester insensible à la demande des
municipalités de faire en sorte que le projet de loi, puisqu'ils ont
décidé de le passer, de l'appliquer, fasse le moins mal possible
à l'ensemble des citoyens du Québec. Donc, comme je le
répétais, M. le Président, c'est la dernière
occasion que nous avons de parler sur ce projet de loi. Il va être
adopté, mais je peux vous dire, M. le Président, que l'ensemble
des citoyens du Québec, incluant les maires, les échevins et les
conseillers, va se souvenir que c'est un gouvernement libéral qui a
laissé tomber et qui a, de façon unilatérale,
enlevé le pacte qu'il y avait entre le gouvernement et les
municipalités sur la fiscalité municipale, M. le
Président. Et je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Laviolette. Sur le même sujet, je cède la
parole à M. le député de Saint-Maurice.
M. Yvon Lemire
M. Lemire: Merci beaucoup, M. le Président. C'est avec
plaisir aujourd'hui, c'est-à-dire cette nuit, que je me joins à
tous mes collègues pour appuyer le projet de loi 145 sur la
réforme de la fiscalité municipale. Je me souviens, M. le
Président, le 14 décembre 1990, lors du dépôt des
propositions par notre ministre des Affaires municipales, lorsqu'on a
déposé les propositions, vous avez remarqué, on a
constaté qu'un grand mouvement s'est déclenché. On a senti
un enclenchement de consultations, un mouvement général de
consultations, et ça a fait en sorte de nous obliger à faire des
réunions, des rencontres et à élaborer sur
différentes discussions, à
l'époque. Je me souviens que le ministre des Affaires municipales
nous avait permis d'avoir des tableaux, des tableaux explicatifs et des
tableaux comparatifs pour nous permettre de discuter avec nos
municipalités, et c'est ce que j'ai fait. Comme député de
Saint-Maurice, je me suis empressé de rencontrer l'exécutif de ma
MRC, j'ai rencontré les maires de Shawinigan, Shawinigan-Sud, les maires
de Saint-Gérard, de Saint-Mathieu, de Mont-Carmel, toutes des
municipalités qui se posaient des questions à l'époque. Le
rapport de la commission d'étude sur les municipalités, vous vous
souvenez, je m'en suis procuré une copie, M. le Président. J'ai
constaté - d'ailleurs, mon collègue de Laviolette le mentionnait
tantôt - que c'est effectivement le chef de l'Opposition - et je pense
qu'il faut le répéter, qu'il faut le dire - M. Jacques Parizeau,
qui était tout de même le président de cette commission. Et
j'ai constaté que cette étude était payée par
l'Union des municipalités du Québec. Ce n'est pas le gouvernement
du Québec qui a payé pour cette étude-là, c'est
effectivement l'Union des municipalités du Québec.
Quand on se met à lire, qu'on regarde et qu'on va aux conclusions
et qu'on s'aperçoit que, dans ce rapport-là, on constate qu'il y
a des disparités entre les municipalités, qu'il y a des
problèmes et des problèmes qu'on rencontre un peu chez nous,
comme le disait tantôt mon collègue de Salaberry-Soulanges... Le
député disait que les villes-centres rencontrent des
problèmes énormes aujourd'hui. Comme le disait le ministre des
Affaires municipales, il y a quelque temps, quand tout le monde va comprendre,
même les gens d'en face, de l'Opposition, les maires qui sont un peu
réticents, quand tous ces gens-là vont comprendre qu'en bout de
ligne, comme le disait M. Ryan, c'est les mêmes payeurs de taxes qui
paient au bout de la ligne-Moi, je me souviens de l'époque, il y a
environ une dizaine d'années, pour ne pas dire 8 ans, quand on faisait
les comparaisons, par exemple, des systèmes de taxation, quand on payait
l'impôt des particuliers et qu'on faisait des comparaisons, par exemple,
un cadre qui gagnait 50 000 $, 60 000 $ par année avec un cadre de
l'Ontario, le cadre qui travaillait en Ontario avait 10 000 $ de plus dans sa
poche pour dépenser, parce que, au Québec, on était
taxés d'une façon exagérée, à mon avis, et
on n'avait pas avec les compagnies, avec, par exemple, le taux de taxes des
particuliers, on n'avait pas une équité, ce n'était pas...
Au point de vue compétition entre les provinces, c'était
difficilement acceptable pour être capable de conserver chez nous des
cadres avec de très grandes capacités.
Ce qui est arrivé avec la venue du gouvernement libéral au
pouvoir, c'est qu'on a corrigé cette situation. Et, à un moment
donné, quand la réforme Ryan est arrivée, ils nous ont
demandé: Pourquoi n'allez-vous pas chercher des taxes directes aux
citoyens? C'est que le chef de l'Opposition, M. Parizeau, avait
suggéré en 1989: On devrait taxer les citoyens et augmenter le
déficit. C'est ce qu'il avait suggéré. Mais nous, on a
dit: Ce n'est pas ça qu'on va faire parce qu'on constate que, dans le
foncier, au Québec, on est de 15 % moins taxé qu'avec la taxe
foncière en Ontario. Et je pense qu'il faut garder une certaine
compétitivité avec les autres provinces.
Mais je voudrais peut-être passer plus précisément
pour vous donner une certaine explication, par exemple ce qu'on rencontre
à Shawinigan. Shawinigan qui était une ville prospère au
début des années cinquante est devenue, 40 ans plus tard, une
ville qui s'achemine vers des problèmes de fiscalité municipale.
Savez-vous pourquoi, M. le Président? C'est qu'on a connu à
Shawinigan des fermetures qui ont fait passer la population de 35 000 à
21 000. Qu'est-ce que ça a fait? Ça a fait en sorte que les gens
sont allés se construire en périphérie et que la ville de
Shawinigan... Je vais dire comme le maire de Shawinigan me disait, il n'y a pas
si longtemps: À Shawinigan, on ratatine. Il y a de moins en moins de
monde et on a les mêmes services à payer. Par exemple, on paie la
police à Shawinigan, dans notre compte de taxes, 60 $ des 100 $
d'évaluation, quand on sait que, de l'autre bord de la rue, Mont-Carmel
n'a pas de police à payer. 60 $ des 100 $ d'évaluation...
Une voix: 0,60 $.
(1 h 50)
M. Lemire: 0,60 $ c'est-à-dire. 0,60 $ des 100 $
d'évaluation.
M. le député de Laviolette... Je pense que M. le
député de Laviolette a peut-être des... J'aurais
peut-être des petites remarques à lui faire parce que, moi, quand
je suis arrivé dans mon comté, j'ai essayé de faire de la
concertation et d'aller rencontrer mes maires. Je me souviens qu'à un
moment donné le député de Laviolette est arrivé et
que, lui, il a fait une conférence de presse, un lundi matin, pour
défaire la réforme Ryan et dire: Bien, le député de
Saint-Maurice, il n'a pas compris. D'ailleurs, ce n'est pas la première
fois qu'il me dit ça. À toutes les fois qu'il me rencontre, il me
dit toujours que je n'ai pas compris et il dit toujours à mes
collègues qu'ifs n'ont pas compris. Il n'y en a rien qu'un qui comprend
dans notre coin et c'est le député de Laviolette...
M. Jolivet: Non.
M. Lemire: ...parce qu'à un moment donné il s'est
laissé aller et savez-vous ce qu'il a dit? Ses paroles ont
été interprétées par un éditorialiste. Il a
dit: Ce n'est pas parce que Shawinigan est mal prise aujourd'hui que là
on va être obligés, maintenant, de partager notre pauvreté
avec elle. Imaginez-vous un gars qui est mon
collègue, qui est mon voisin, qui s'en va faire des
déclarations comme ça, quand on sait qu'avec la réforme
Ryan on a besoin de la concertation, M. le Président. Imaginez-vous!
Cette réforme va permettre, M. le Président, à
plusieurs villes-centres comme ma ville, à Shawinigan... Ça va
lui permettre de faire une discussion et de... Ça va lui permettre de
corriger certaines injustices. La réforme Ryan va permettre à la
ville de Shawinigan... M. le Président, ça va permettre, avec la
réforme Ryan, de corriger certaines injustices. À Shawinigan, M.
le Président... Saviez-vous ça qu'il y a 65 % des gens de
Shawinigan-Sud qui viennent travailler à Shawinigan? Il y a 25 % des
gens de Grand-Mère, qui est dans le comté de Lavio-lette, qui
viennent travailler chez nous, qui viennent chercher leur salaire. Ils viennent
au centre culturel, ils viennent travailler dans nos industries, dans nos rues
que, moi, je paie, pour faire déblayer, enlever la neige, l'hiver.
Des voix: Bravo!
M. Lemire: En plus de ça, moi, je paie pour ma police.
J'ai les services...
M. Garon: On n'ira pas.
M. Lemire: M. le député de Lévis, s'il vous
plaît! Pourriez-vous, s'il vous plaît, m'entendre. Je vous parle
poliment. Moi, ce que je trouve, on se sert des villes-centres pour s'enrichir.
Moi, ce que je retrouve dans la réforme Ryan... Écoutez, au
début, ce que vous avez dit, M. le député de Laviolette et
certains députés de l'Opposition, vous avez dit: Notre ministre,
le ministre des Affaires municipales, il n'écoute personne, il
n'écoute pas. Ce n'est pas ça. C'est un gars qui a toujours fait
à sa tête. Ce n'est pas ça que le ministre des Affaires...
M. Ryan... Je suis obligé de le dire, M. le Président. C'est un
des ministres qui a été le plus disponible dans un gouvernement.
Je n'ai jamais vu un homme pour être autant disponible.
Il a rencontré le maire de Shawinigan pas plus tard qu'hier,
parce que le maire de Shawinigan est venu dire à M. Ryan: Maintenant que
votre réforme va passer, M. le ministre, les négociations vont
commencer lundi. Quelle sorte de négociations il va y avoir? Et le
ministre l'a mentionné tantôt, on va commencer à parler,
à partir de lundi, de certains allégements, certaines
discussions, par exemple, sur la péréquation, parce que ce n'est
pas normal, M. le Président, qu'une ville qui a 22 000 $ de
moyenne...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demande de
conclure.
M. Lemire: ...de salaire puisse payer certains services qu'une
ville d'à côté vient se servir et qui a à peu
près une moyenne de salaire de 35 000 $.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demande de
conclure, M. le député de Saint-Maurice.
M. Lemire: Je conclus, M. le Président. Ce que je trouve
dans cette réforme-là, M. le Président, c'est que dans le
but de rendre justice et de donner une équité envers tous les
citoyens, moi, en tant que député, je pense que c'est
nécessaire et c'est normal que je sois un des premiers à voter
pour la loi 145.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Saint-Maurice. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, en vertu du règlement,
est-ce que le député de Saint-Maurice me permettrait une
question?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Saint-Maurice, est-ce que vous acceptez de
répondre à une question?
M. Lemire: Pardon?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que vous acceptez
de répondre à une question du député de
Laviolette?
M. Lemire: N'importe quand.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors...
M. Jolivet: M. le Président, j'aimerais demander au
député de Saint-Maurice une question bien simple. Elle est
double. Est-ce qu'il y a des gens de Shawinigan qui viennent travailler
à Grand-Mère, premièrement? On parle de deux
comtés. Deuxièmement: Est-ce que vous accepteriez que,
désormais, les gens de Grand-Mère n'aillent plus au centre
d'achats de Shawinigan, n'aillent plus au Centre culturel et qu'en
conséquence on vive dans notre patelin nous-mêmes? C'est ça
que vous souhaitez?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Saint-Maurice.
M. Lemire: m. le président, je pense que je n'ai pas
proposé ça. mais ce que le député de laviolette n'a
pas compris, c'est qu'on a deux industries qui sont majeures: l'alcan qui a une
"trifilerie" et la fonderie alcan, qui ont tout près de...
Une voix:...
M. Lemire: Écoutez, voulez-vous que je
vous réponde? Elles ont 800 employés. Vous avez l'usine
Consol Belgo qui a 1000 employés. Vous avez le centre culturel. On a le
centre culturel, on est poigne avec. Qu'est-ce que vous voulez?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lemire: On paie des taxes pour garder un centre culturel et
les gens de Grand-Mère viennent chez nous. Moi, je trouve ça
merveilleux, M. le Président, mais ce qu'il est important de comprendre,
c'est que-Une voix: Tout le monde contribue.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Concluez! Concluez!
M. Lemire: ...il faut que tout le monde contribue dans une saine
concertation.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Saint-Maurice. Alors, sur le même sujet, à
savoir la motion proposant l'adoption du projet de loi 145, Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant les finances municipales,
je cède la parole à M. le député de Lévis,
en vous rappelant que vous disposez d'une période de 10 minutes.
M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je viens d'entendre le discours
le plus curieux que j'aie entendu de ma vie.
Une voix: Bravo! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Quand le député de Saint-Maurice se
plaint que les gens d'alentour vont magasiner dans la ville chez eux...
Une voix: Ça n'a pas de bon sens.
M. Garon: ...et qu'il se plaint que ça fait trop
d'achalandage, moi, je vais vous dire une chose.
Une voix: Ça n'a pas de bon sens.
M. Garon: Les gens de bien des territoires autour de Lévis
viennent magasiner à Lévis et ils sont les bienvenus.
Une voix: Bien oui!
M. Garon: On n'essaie pas de dire que ça nous coûte
de l'argent de les voir venir chez nous, au contraire, on les invite. Une
voix: C'est ça.
M. Garon: Puis s'ils viennent encore de plus grand alentour, tant
mieux! On a un grand centre d'automobiles, sans doute le plus grand centre de
vente d'automobiles au Québec. Plus ils viennent acheter des automobiles
dans Lévis, plus ils sont bienheureux. Plus ils s'y arrêtent, puis
magasinent toute la journée, puis prennent leur repas dans Lévis,
tant mieux!
Une voix: Bravo!
M. Garon: On ne se plaint pas que des gens viennent chez
nous.
Une voix: Bien non!
M. Garon: Qu'est-ce que c'est que ça, des gens qui se
plaignent que des gens vont dans les grands centres? Ce n'est pas de notre
faute, si dans les grands centres à un moment donné le pied
carré devient trop cher, parce qu'on bâtit en hauteur, que les
gens veulent aller demeurer ailleurs, parce que ça coûte trop
cher, et si à ce moment-là les gens disent: On va aller à
des endroits où ça coûte moins cher. Les gens n'ont pas
tous le salaire des ministres et ils doivent compter.
Quand je regarde le ministre et député d'Argenteuil, il
calculait plus quand il était au Devoir. Les fins de semaine,
ça prenait les amis, il fallait demander de l'argent, il fallait
calculer. Mais là, aujourd'hui, quand je regarde ça, on dirait
qu'il n'y a plus de limite. Taxons! C'est comme si les gens avaient des
ressources inépuisables dans leurs poches et qu'on pouvait dire: Taxons,
il n'y a pas de problème, ils sont capables de payer, allons-y.
Une voix: Payons!
M. Garon: Vis-à-vis de l'automobiliste, c'est comme si
l'automobiliste était devenu l'ennemi public no un. Si tu as une
automobile, tiens, toi, on va te prendre, mon garçon. Qu'est-ce qui
arrive? On double le permis de conduire, presque le double, 68 %
d'augmentation. Immatriculation, 55 $ il y a un an. Ça va être
rendu à 120 $ avec la nouvelle loi. 30 $ de plus qu'on vient d'imposer
avec cette loi aussi sur l'automobile. On aura passé le permis
d'immatriculation de 55 $ à 120 $ en moins d'un an, M. le
Président. C'est quelque chose. Puis avoir une automobile, c'est comme
si c'était un crime d'avoir une automobile aujourd'hui.
L'Amérique du Nord se caractérise par l'automobile. On voit les
gens qui veulent immigrer chez nous à pleine porte. Pourquoi? Pour avoir
une automobile, pour pouvoir aller en automobile, puis nous autres, on dit:
Pénalisons-les, parce qu'ils ont une automobile. 0,02 $ le
gaz, on va payer 0,02 $ de plus le litre; 0,02 $ de plus en septembre,
0,01 $ de plus en janvier. Je vais vous dire une chose. La solution, c'est
d'avoir un transport en commun plus efficace; plus efficace,
sécuritaire, rapide, bien organisé pour que les gens aient le
goût de le prendre. C'est ça, M. le Président.
Quand on arrive aujourd'hui, on a quoi? On taxe "à la planche"
et, quand on va arriver dans une période économique comme celle
qu'on vit actuellement - je l'ai dit quand j'ai vu la loi
déposée, en dedans de trois jours, j'ai réagi - j'ai dit:
Sur le plan économique, c'est un désastre. C'est inopportun dans
le temps, peu importe le contenu de la réforme. C'est inopportun dans le
temps, parce que, sur le plan économique, le ministre des Affaires
municipales et député d'Argenteuil est un théoricien. Il
est plus habile à parler de Rerum novarum ou de Quadra-gesimo
anno, mais, quand il arrive dans l'économique, il est comme
l'Albatros de Baudelaire; quand on le compare à un poète, quand
il arrive sur le pont du navire, il ne sait plus quoi faire. Il ne
connaît pas ça, l'économie. (2 heures)
Et là, il vient d'imposer un ensemble de mesures fiscales
à une époque où, au contraire, ce n'est pas le temps de
faire ça parce qu'il génère l'inflation. Qu'est-ce qu'on a
comme résultat? Le plus haut taux d'inflation au Canada, actuellement,
est au Québec, à Québec et à Montréal.
À cause de qui? Qu'est-ce qu'il y a de différent, à
Québec, d'ailleurs? Il y a le gouvernement de Robert Bourassa. C'est
ça qu'il y a de différent avec le reste du Canada. On est
passé au niveau le plus haut d'inflation, où le principal
générateur de l'inflation, c'est le gouvernement. Pourquoi? Parce
qu'il taxe sur tout. L'électricité a augmenté, en un an et
quelques mois, de 25 %. On a la ressource d'électricité la plus
abondante au monde, mais on sera sans doute les contribuables qui paieront leur
électricité, qui ont eu des augmentations, depuis un an, les plus
élevées au monde. Ça donne quoi d'avoir une ressource en
quantité, si on donne notre ressource quand il s'agit des
Américains? Quand c'est pour nous autres, 25 % d'augmentation en un an
et demi. C'est scandaleux! Ça n'a pas de bon sens!
Quand on regarde les augmentations pour les automobilistes en dedans
d'un an, alors qu'ils paient au-dessus de 3 000 000 000 $ de taxes
actuellement, ils retirent seulement 1 000 000 000 $ sur les routes en
construction, entretien ou amélioration. Il y a 2 000 000 000 $ qui vont
ailleurs. On dit: Ce n'est pas assez, on va te siphonner l'assurance
automobile, on va siphonner partout. Est-ce qu'on trouve ça normal? Non,
ce n'est pas normal parce que c'est trop. C'est trop. Et les gens qui ont du
bon sens, qui ont une tête sur les épaules, les gens que le
député écoutait lorsqu'il était au Devoir,
maintenant il ne les écoute plus. Il est rendu
Moïse qui descend de la montagne avec les tables de la Loi, sauf
qu'au lieu de combattre le veau d'or il dit au ministre des Finances: Je te le
donne, le veau d'or, le voilà. Là, aujourd'hui, il
n'écoute plus personne.
Il disait, hier: Le député de Lévis me rappelle
Maurice Duplessis. Je vais vous dire une chose. Il aurait dû
écouter son ministre des Finances. La seule personne qu'il a
citée, c'est Maurice Duplessis qui lui disait - qu'est-ce qu'il disait
qu'il se rappelait qu'il avait dit, dans les années cinquante? On
n'habille pas tout le monde avec le même habit. Ce n'est pas une
vérité compliquée, mais il faut la comprendre. On
n'habille pas tout le monde avec le même habit. Le ministre des Finances
se rappelait ça, ça lui avait été dit dans les
annés cinquante. Le député d'Argenteuil? Non, dans la
théorie. Il parle le latin. Ce n'est peut-être pas ce qu'il y a de
plus nécessaire aujourd'hui, de parler le latin.
Mais c'est important de comprendre les vérités
fondamentales. Les citoyens ne sont pas des gens qu'on peut presser comme un
citron de façon illimitée, permanente, constante, alors qu'on est
rendu avec des taux d'inflation qui frisent maintenant 8,5 %. Pas qui frisent,
qui sont rendus à 8,5 %. Aujourd'hui, c'est le gouvernement qui est
rendu l'ennemi public. Les gens de Saint-Romuald viennent de se rendre compte,
par exemple, que leur ennemi, c'est le gouvernement. Depuis un an, le ministre
des Affaires municipales est après eux autres, le gouvernement et les
Affaires municipales sont après eux autres, sans arrêt.
Là, aujourd'hui - pensez - il a refusé la fusion qu'il
voulait leur faire faire. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'il dit, après
ça? Il dit: Maintenant, on va vous changer votre taxation sur la
raffinerie. Le ministre des Affaires municipales, hier, a dit: Pour
l'intérêt général. Je comprends, il y a deux
endroits où il y a des raffineries au Québec, Montréal-Est
et Saint-Romuald. Wo! l'intérêt général! On va
sacrifier la population d'une ville parce que le problème n'est pas
réglé ailleurs, alors qu'il aurait pu facilement le régler
dans la charte de la ville de Montréal. Mais non! Le même habit
pour tout le monde! On décide de sacrifier des gens. On est dans Sodome
et Gomorrhe, si vous voulez. On dirait que, dans Saint-Romuald, il n'a pas
trouvé cinq justes, et il a dit: On va tous vous condamner. C'est
ça, la main immanente, le ministre de l'injustice qui va commettre
l'acte le plus inéquitable qu'on puisse imaginer. Ces gens-là -
voyez-vous - ont eu 18 % d'augmentation de leurs taxes il y a deux ans, parce
qu'il y a eu une entente avec la raffinerie pour aller chercher 3 000 000 $ sur
10 ans. 18 % d'augmentation! Là, on va leur charger, pour essayer de
briser cette entente par une loi qui vise seulement eux, au Québec, le
double par année, mais de façon indéterminée.
Après ça, on va dire que c'est ça que ça
donne, l'enseignement de l'Église? Bien, je vais
vous dire que, si c'est ça que ça donne, ce n'est pas un
exemple bien grand que donne le ministre des Affaires municipales. Aujourd'hui,
les gens vont devoir, à Saint-Romuald... C'est une injustice qu'on
commet actuellement, une injustice profonde. Aucun légiste, aucune
personne qui a le moindrement le sens de l'équité va comprendre
qu'on puisse faire une chose comme celle-là. Une loi qui
équivaut, à toutes fins pratiques, à une expropriation
sans indemnisation pour les citoyens qui ont agi de bonne foi, qui ont
travaillé de bonne foi, qui ont signé des ententes avec la
raffinerie et qui, aujourd'hui, sont pénalisés par l'action
injuste, inéquitable du ministre des Affaires municipales.
M. le Président, oui, le député de Saint-Maurice
dit: On a senti quand le ministre a commencé à parler de sa
réforme une vague, un mouvement général de consultations.
Nous, on a surtout senti un mouvement général d'opposition. On
n'a sans doute pas le même flair. On a senti un mouvement
général d'opposition. Je vais vous dire même que moi, dans
le conseil municipal d'une des villes de mon comté où la plupart
sont à peu près, à 80 %, libéraux, je trouvais
même que ce n'était pas assez vigoureux contre cette
réforme-là. Je leur ai envoyé mes communiqués que
j'ai envoyés trois jours après l'annonce de la réforme,
où je leur disais que c'était inopportun dans le temps, peu
importe le contenu, parce qu'on ne fait pas des mesures fiscales de cette
nature-là, aussi importantes, comme le gouvernement a faites depuis deux
ans, alors qu'on est dans une période de récession
économique. Tous les économistes vont vous dire que, dans une
période de récession, au contraire, il faut aider au pouvoir
d'achat des consommateurs, pas combattre le pouvoir d'achat, pas réduire
le pouvoir d'achat des consommateurs, mais, au contraire, aider au pouvoir
d'achat des consommateurs.
En période de récession, on a actuellement les politiques
les plus antiéconomiques qu'aucun gouvernement peut imaginer, que le
plus grand cancre sur le plan économique peut imaginer, d'avoir des
mesures fiscales de cette nature qu'impose le gouvernement depuis deux ans.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demande de
conclure, M. le député de Lévis.
M. Garon: C'est impossible, c'est incroyable, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demande de
conclure.
M. Garon: ...de retrouver autant de mesures néfastes,
mauvaises, qui vont pénaliser la population, que les mesures qu'a
imposées le gouvernement et dont le ministre des Affaires municipales
s'est fait le champion. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lévis. Oui, M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Est-ce que le député de Lévis
acceptera de répondre à une question?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Lévis, vous acceptez de répondre à
une question?
M. Garon: Demain matin.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Demain matin. Alors, pas
de consentement. Ça va, M. le député de
Salaberry-Soulanges. Je suis prêt à reconnaître le prochain
intervenant, M. le leader adjoint du gouvernement, oui.
M. Bélisle: M. le Président, étant
donné que le député de Lévis a refusé de
répondre au député de... Est-ce qu'il accepterait une
question...
M. Jolivet: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, on ne s'amusera pas avec
ça. Dans la...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le débat est clos
là-dessus. Le débat est clos là-dessus. Je suis prêt
à entendre le prochain intervenant. Non, non. Ça va. Ça
va. Oui, M. le leader adjoint du gouvernement, allez-y.
M. Bélisle: M. le Président, alors, à cause
de l'heure tardive, je vais faire motion pour que ce débat soit
ajourné, en vous indiquant qu'il y a eu entente avec l'Opposition
officielle pour qu'à la reprise de nos travaux à 10 heures ce
matin, ce jeudi 20 juin, c'est-à-dire aujourd'hui, il y aura une
intervention d'un député de l'Opposition officielle, suivie de la
réplique du ministre. Après quoi, l'Assemblée se
prononcera sur la motion du ministre des Affaires municipales proposant
l'adoption du projet de loi 145, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant les finances municipales.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que vous demandez
à en faire un ordre de la Chambre, M. le leader adjoint?
M. Bélisle: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Bélisle: Je fais également motion, M. le
Président, pour que nos travaux soient ajournés à ce
matin, jeudi 20 juin à 10 heures.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, les travaux de
l'Assemblée sont ajournés à ce matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 2 h 9)