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(Dix heures une minute)
Le Président: À l'ordre!
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Veuillez prendre vos places.
Aux affaires courantes. Aux déclarations ministérielles.
M. le ministre du Revenu.
Nouveau formulaire de déclaration
de revenus sans calcul, document
d'information sur la vérification
des entreprises et des contribuables
en affaires et déclaration volontaire
M. Robert Dean
M. Dean: Merci, M. le Président. Il y a quelque temps
Revenu Québec lançait l'idée d'un formulaire de
déclaration de revenus, simple au point de ne nécessiter aucun
calcul de la part du contribuable. Cette nouvelle notion s'inscrivait dans les
grands objectifs que le ministère avait la ferme intention d'atteindre
en matière d'humanisation. Le but était d'alléger de
beaucoup la tâche que représente pour certaines catégories
de personnes la préparation annuelle d'une déclaration de revenus
en mettant l'ordinateur à leur service.
Comme cette idée me tenait particulièrement a coeur, j'ai
demandé qu'aucun effort ne soit ménagé pour qu'elle prenne
forme. Aujourd'hui, je suis heureux de vous annoncer qu'un projet pilote se
concrétise. En effet, au cours du mois de janvier, Revenu Québec
mettra un nouveau formulaire à l'essai auprès de 2000
contribuables: 1000 de la région métropolitaine de
Montréal, 500 de la Mauricie et 500 du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Le nouveau formulaire s'adresse aux contribuables qui ont peu de
renseignements et de documents fiscaux à transmettre au
ministère. La population cible possède un profil socio-fiscal
bien précis et elle se regroupe en cinq catégories:
premièrement, le salarié dont le revenu d'emploi provenant d'une
seule source est inférieur à 30 000 $, peu importe qu'il touche
ou non des prestations d'assurance-chômage; deuxièmement, le
particulier retraité dont les seuls revenus consistent en la pension de
sécurité de la vieillesse, en prestations du Régime de
rentes du Québec et en prestations viagères d'un régime de
retraite; troisièmement, le particulier sans emploi dont le seul revenu
découle de prestations d'assurance-chômage; quatrièmement,
le particulier sans aucun revenu imposable qui, pour l'année
précédente, réclame une allocation pour enfants de moins
de six ans; cinquièmement, le particulier sans aucun autre revenu que
les prestations d'aide sociale et qui réclame un remboursement
d'impôt foncier.
La sélection se fera par ordinateur entre le 7 et le 15 janvier,
en fonction du fichier des déclarations de revenu de l'année
d'imposition 1982. Les contribuables retenus pour le projet pilote recevront
d'abord une lettre leur expliquant le but du projet et les invitant à y
prendre part. Il est bien entendu que les personnes choisies seront
entièrement libres de participer ou non. Ce projet pilote n'entre pas en
conflit avec le principe de l'autocotisation puisqu'il s'agit d'un service
offert gratuitement par Revenu Québec.
Le nouveau formulaire que voici ne contient que certains renseignements
d'ordre personnel déjà imprimés tels le nom, l'adresse, le
numéro d'assurance sociale, etc. Tout ce que les participants auront
à faire sera de vérifier les données, de les corriger au
besoin, de joindre leurs relevés et reçus, de signer et de
retourner le tout au ministère. Revenu Québec se chargera de
faire tous les calculs puis émettra un avis de cotisation indiquant un
remboursement ou un solde à payer. Un rapport détaillé
joint à l'avis permettra au contribuable de vérifier les
calculs.
Sur le plan administratif, nous avons pris tous les moyens
nécessaires pour parer aux difficultés pouvant survenir dans le
déroulement du projet pilote. En outre, aucune pénalité ne
sera imposée aux participants, s'ils produisent leur déclaration
dans les délais prévus et qu'ils ont fourni tous les documents
requis. Ils n'auront donc rien à craindre à ce chapitre. Les
résultats seront connus à la fin du mois de juin 1985. S'ils sont
concluants, le nouveau formulaire pourra être utilisé par environ
700 000 contribuables québécois, dès l'an prochain.
Dans un autre ordre d'idées, je profite de l'occasion pour
déposer un document d'information que j'appellerai en quelque sorte une
charte destinée aux entreprises et aux contribuables en affaires.
À compter d'aujourd'hui, ce document sera remis par le
vérificateur de Revenu Québec, lors d'une première visite.
Il décrit brièvement les politiques et pratiques du
ministère en matière de vérification ainsi que le
déroulement d'une vérification sur place. Il annonce
également les droits et les obligations de la personne faisant l'objet
d'une vérification et il indique les recours
accessibles aux citoyens qui désirent s'opposer à un avis
de cotisation. Cette initiative vise principalement à améliorer
les relations avec les contribuables et les mandataires.
Je suis persuadé que ce document correspond à un besoin et
qu'il sera grandement apprécié de la clientèle à
laquelle il s'adresse. Ce document peut être utile à bon nombre de
contribuables. Quiconque désire s'en procurer un exemplaire n'a
qu'à s'adresser au bureau des services à la clientèle du
ministère du Revenu.
En terminant, je tiens à réitérer la position du
ministère à l'égard des déclarations volontaires.
Revenu Québec incite les contribuables et les mandataires qui auraient
produit des déclarations inexactes ou omis d'en produire une à
régulariser leur situation fiscale en faisant une déclaration
spontanée et complète. Dans ce cas, le ministère s'engage
à n'intenter aucune poursuite et à n'imposer aucune
pénalité pour négligence flagrante ou fraude. Je suis
convaincu que les mesures que je viens de vous annoncer seront très
utiles aux contribuables québécois et contribueront à
rapprocher encore davantage Revenu Québec de ses différentes
clientèles.
M. le Président, si j'ai le consentement de l'Opposition, je
déposerai des exemplaires du formulaire d'impôt.
Le Président: Le document est déposé. Il n'y
a pas besoin de consentement lorsqu'il s'agit d'un document émanant d'un
ministre. M. le député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: M. le Président, c'est difficile de contester la
déclaration du ministre du Revenu qui veut lancer un projet pilote afin
de réduire le fardeau de papeterie des rapports d'impôt pour
certains contribuables. J'aimerais qu'il en fasse autant pour la loi
elle-même qui est tellement compliquée; peut-être
pourra-t-il trouver une façon de la simplifier afin que les
contribuables et les hommes d'affaires puissent la comprendre.
Deuxièmement, nous constatons qu'il réduit le fardeau de
remplir des formules, mais en aucune façon on ne réduit le
fardeau de la taxation dans cette province qui a le taux le plus
élevé en Amérique du Nord.
Dans la deuxième partie de la déclaration du ministre, il
parle de charte pour les gens qui verront leur dossier vérifié
par le département. Il fait aussi un appel à ceux qui ont
oublié de faire une déclaration pour des raisons
particulières; ils ne seront pas pénalisés. C'est la
même déclaration qu'on a faite au fédéral. Je
constate que maintenant on suit le fédéral de plus près
qu'avant; c'est une nouvelle politique du parti séparatiste. On
verra.
J'espère cependant que ce n'est pas un avis déguisé
à la population voulant que, dorénavant, il y aura des
vérifications supplémentaires - j'espère que ce n'est pas
la justification d'une charte dans ce domaine - et que les contribuables
devront prendre garde à l'avenir.
En parlant de la charte que le ministre a mentionné
j'espère qu'il y aura aussi une charte pour les citoyens qui seront
cotisés et qui ne savent pas comment contester ces cotisations ou la
façon de régler cela entre les officiers du ministère ou
le recours à la Cour des petites créances qu'on a maintenant.
Je pense qu'on doit avoir une charte pour ces gens-là et aussi
une charte pour des gens qui font l'objet de pressions pour les perceptions
qu'on a citées ici en Chambre, des cas où il y a tellement de
pressions pour récupérer de petits montants que ça devient
un peu ridicule. J'espère qu'on aura une charte pour ces gens-là.
J'espère que ce projet pilote sera un succès et que cela
éliminera tellement de problèmes pour les payeurs de taxes de
cette province.
Le Président: En réplique, M. le ministre du
Revenu.
M. Robert Dean (réplique)
M. Dean: Le député de Saint-Louis a raison. En ce
qui regarde l'amnistie ou les déclarations volontaires, il y a un
règlement en vigueur au Québec et au fédéral depuis
1971. La déclaration récente de M. Perrin Beatty, ministre de
Revenu Canada, était à savoir que, dans le but d'encourager les
contribuables qui avaient négligé de payer leurs impôts,
pour faire la paix avec le ministère du Revenu ou avec le fisc, on
ferait une plus grande publicité sur ces possibilités d'amnistie
contenues dans nos règlements. Ce sera fait de la même
façon ici au Québec et, dans la charte qu'on publie à
l'intention des entreprises, ces stipulations seront inscrites.
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor, aux déclarations ministérielles, toujours.
Avant-projet de loi sur le régime de
négociation dans les secteurs
public et parapublic
M. Michel Clair
M. Clair: Merci, M. le Président. Les négociations
dans les secteurs public et parapublic au Québec ont connu une
évolution qui s'est caractérisée principalement au cours
des quinze dernières
années par une centralisation de plus en plus grande et par des
affrontements de plus en plus systématiques, stériles et
coûteux pour le bon fonctionnement socio-économique de notre
société. Tel qu'il a fonctionné depuis quinze ans, notre
régime de négociations a généré des conflits
de plus en plus durs, alors qu'il était censé
générer des solutions.
Les dures leçons des événements de 1982 à ce
sujet ont convaincu le gouvernement et, je pense, l'immense majorité de
nos concitoyens de la nécessité très évidente de
modifier ce régime de négociations si l'on veut réellement
sortir le Québec des ornières de l'affrontement.
C'est dans ce sens que, dès le début de 1983, le
gouvernement tentait d'associer les syndicats et les associations patronales
à une démarche d'expérimentation de nouveaux
mécanismes, comme les comités mixtes, et de recherche d'un nouvel
équilibre du régime de négociation dans les secteurs
public et parapublic. En mai dernier, je rendais public un document de
consultation qui tentait de cerner les principales questions qui se posent
lorsque l'on parle de modifications au régime de négociation dans
les secteurs public et parapublic. L'objectif, c'était d'esayer, autant
qu'il est possible de le faire, de dégager des consensus ou des
compromis quant à ces modifications. Pour ce faire, j'ai tenu des
dizaines de rencontres avec différents intervenants, rencontres qui
m'ont permis parfois de changer d'idée, parfois de les faire changer
d'idée, mais, en tout état de cause, de circonscrire les choix
possibles.
Sans atteindre pleinement l'objectif de faire naître une
réforme convenue du régime de négociation, cette
démarche a permis de faire avancer considérablement les choses et
les esprits. En effet, des concepts comme ceux de la négociation
permanente, d'un bureau de recherche en rémunération
indépendant du gouvernement, de la décentralisation d'une partie
de la négociation, de l'intervention de tiers pour fins de
médiation, sont maintenant considérés avec
intérêt tant par les associations patronales que syndicales.
Cela ne veut pas dire pour autant que le travail soit terminé et
qu'il y ait consensus quant au contenu définitif des modifications
à apporter au régime de négociation. Le gouvernement
considère cependant que le moment est venu de discuter non plus
seulement sur des concepts, mais sur une proposition détaillée de
réforme du régime de négociation. C'est pourquoi je
déposerai aujourd'hui sur la table de cette Assemblée un
avant-projet de loi sur le régime de négociation dans les
secteurs public et parapublic. Par ce geste, le gouvernement entend indiquer
clairement deux choses. La première, c'est qu'il a une ferme
volonté de modifier notre régime de négociation dans le
secteur public et ce, avant la prochaine négociation. La
deuxième, c'est que, comme il n'y a pas de vérité absolue
dans ces matières, le gouvernement souhaite sincèrement prendre
avis de tous les intéressés avant de procéder au
dépôt d'un projet de loi. Aussi, j'annonce qu'une commission
parlementaire siégera à la fin du mois de janvier prochain pour
recevoir des avis sur cet avant-projet de loi. Il nous est apparu essentiel
qu'un débat public puisse avoir lieu sur un tel sujet qui,
au-delà de l'État employeur, des syndicats et des associations
patronales concerne tous les contribuables et tous les
bénéficiaires des services publics. Par ailleurs, au cours des
derniers mois, les trois centrales syndicales du secteur public ont
invité le gouvernement à hâter la négociation de la
prochaine convention collective et à mener en parallèle des
discussions sur le régime de négociation. Le gouvernement a
reçu avec intérêt cette proposition. Il est toujours ouvert
à l'idée de hâter la négociation de la prochaine
convention collective. Cependant, nous considérons qu'il faut
préalablement définir de nouvelles règles du jeu si l'on
ne veut pas tomber dans la confusion et dans les mêmes affrontements.
Par ailleurs, cela ne nous empêche aucunement de discuter et de
résoudre par les mécanismes de comités mixtes existants
les problèmes rencontrés dans l'application des conventions
collectives actuelles. Au contraire, nous souhaitons vivement la participation
active des associations syndicales et patronales dans ces comités qui,
dans certains cas très importants, ont permis de régler des
problèmes a la satisfaction de toutes les parties. Cependant, je tiens
à établir clairement et franchement que si le gouvernement est
prêt à faire des réaménagements, cela ne saurait se
faire qu'à des coûts budgétaires très minimes. Cela
exclut, évidemment, une révision de la rémunération
prévue aux conventions collectives pour l'année 1985. En effet,
d'une part, nos analyses comparatives avec le secteur privé nous
conduisent à la conclusion qu'il n'y a pas lieu de changer les
paramètres prévus. D'autre part, la situation économique,
financière et sociale du Québec nous indique clairement que nous
n'avons pas les moyens de revoir à la hausse pour 1985 les coûts
déjà prévus pour les services publics au
Québec.
La priorité no 1 du gouvernement doit demeurer
l'accélération de la croissance économique et la
création d'emplois, en particulier chez les jeunes. Le gouvernement
souhaite vivement recevoir des avis sur cet avant-projet de loi. J'ai
été à même de constater, tant chez les associations
patronales, les syndicats ou les centrales syndicales, qu'il y a ouverture
d'esprit sur ces questions. Il me semble donc que les conditions sont
réunies pour qu'a l'occasion
d'un débat public serein et positif sur ces enjeux fondamentaux
pour le Québec, nous arrivions à trouver ensemble un nouvel
équilibre en matière de relations du travail dans le secteur
public à partir de cet avant-projet de loi. Merci.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je dois
établir tout de suite que c'est avec beaucoup d'intérêt que
notre groupe politique et parlementaire à l'Assemblée nationale
du Québec attendait la déclaration du ministre responsable du
dossier des négociations dans les secteurs public et parapublic. Cette
déclaration était attendue et c'est avec beaucoup
d'intérêt qu'on en prend connaissance ce matin.
Tous les parlementaires, tous ceux et toutes celles qui sont
intéressés ou concernés par l'évolution des
négociations dans les secteurs public et parapublic seront unanimes
à constater certains éléments. C'est que, depuis quelques
décennies, ces négociations ont conduit à une situation
vraiment difficile, vécue par la société du Québec.
Ces négociations difficiles ont eu leur impact sur la population en
général, avec tout le lot d'anxiété,
d'inquiétudes, de problèmes que cela a pu créer chez la
population depuis quelques années. Ces négociations ont
été difficiles pour les clientèles, pour ces citoyens et
ces citoyennes, qu'ils soient dans le monde de la santé ou dans le monde
de l'éducation, qui ont à recevoir des prestations de services
par l'État. Ces négociations ont été difficiles et
ont été dures pour ceux-là mêmes qui ont a oeuvrer
dans ces secteurs. (10 h 20)
Vous comprendrez que je me réfère aux travailleurs et aux
travailleuses du secteur public, aussi à tout le personnel d'encadrement
et à ceux qui ont à se faire les porte-parole ou les porte-voix
de la partie patronale dans leur institution locale. Qu'on peut donc convenir
que les négociations dans les secteurs public et parapublic, depuis
quelques années, ont été un véritable cercle
infernal d'affrontements, d'affrontements très coûteux et parfois
même, malheureusement, stériles.
Le gouvernement, aujourd'hui, nous annonce des choses assez
intéressantes. Il faudra toujours retenir, M. le Président, que,
dans le secteur public, l'État assume et aura toujours à assumer
un triple rôle. Il est directement ou indirectement l'employeur, avec les
responsabilités que cela comporte et que cela implique. Il est aussi,
deuxièmement, le gardien de l'ordre social et il ne peut tolérer
que les citoyens soient pris en otage ou privés de services auxquels ils
ont fondamentalement droit. Troisièmement, ce gouvernement, quel qu'il
soit, est responsable devant la population, par le biais de l'Assemblée
nationale, de sa politique économique et, évidemment, il ne peut
la négocier avec une partie de la population.
Nous sommes réceptifs et je peux indiquer tout de suite que, dans
le cadre de quelque procédure parlementaire que ce soit où le
gouvernement aura comme objectifs d'améliorer ces lois,
d'améliorer le régime de négociation, le cadre de
négociation, l'Opposition officielle, le Parti libéral du
Québec sera toujours présent, comme il l'a toujours
été dans le passé, pour tenter de contribuer de
façon utile et significative au débat et de faire avancer la
cause et les intérêts de ceux et de celles qui sont directement
concernés. Nous participerons à ces travaux. Ce qui nous animera,
c'est que cette réforme devra avoir, selon nous, certains objectifs.
Tout d'abord, elle devra permettre aux travailleurs du secteur public
d'avoir des conditions de travail équitables, compte tenu des conditions
de travail de leurs homologues du secteur privé dans des domaines
où c'est comparable, évidemment. Cette réforme ne devra
pas laisser faussement croire que l'État peut négocier son
budget. Cette réforme devra assurer à la population les services
publics auxquels cette population a fondamentalement droit. Cette
réforme devra contribuer au développement, dans le secteur
public, de normes d'efficacité analogues à celles du secteur
privé.
Enfin, M. le Président, vous comprendrez que cette réforme
devra prévoir un nouveau cadre et de nouveaux mécanismes de
négociation qui devront être utiles. Nous croyons que le
gouvernement doit avoir comme objectif de revaloriser la
décentralisation et de revoir la participation de chacun des
intervenants dans le cadre de ses négociations.
M. le Président, l'objectif de la réforme, je pense que
tout le monde est unanime à y souscrire. Le ministre annonce aujourd'hui
un avant-projet. Il faut retenir que ce n'est qu'un avant-projet. Il faut
retenir que c'est une commission parlementaire, qui siégera en janvier
et en février, qui fera rapport sur un avant-projet au mois de mars,
mais il faut quand même avoir à l'esprit que nous en sommes
à la fin d'un mandat gouvernemental pour un gouvernement qui en est
à sa neuvième année et que, très probablement, des
élections devraient être appelées au mois de mars, avril
ou, tout au moins, tôt durant l'année 1985.
Le gouvernement indique en même temps qu'il veut hâter la
reprise des négociations pour le renouvellement. C'est un peu
inconciliable, évidemment. J'espère que le ministre pourra
être un peu plus clair
dans sa réplique. Le voeu qu'on formule, c'est que la
participation soit contributive de la part de tous les intervenants. On doit
retenir et on doit constater qu'en annonçant ce matin, comme
président du Conseil du trésor, qu'il n'y a aucune
réouverture des conventions en 1985, cela risque de créer un
climat peu propice à un échange et à une contribution de
la part de tous les intervenants.
Autre élément aussi. Quand on a pris connaissance des
dispositions et de la performance du gouvernement dans sa dernière ronde
de négociations avec les lois 105 est 111, tout le monde se rappelle
comment les travailleurs et les travailleuses du Québec ont
été agressés, affectés et brimés par ce
gouvernement. On peut se questionner sur le degré de
sérénité et de contribution des différents
intervenants dans ce dossier. Essentiellement, nous sommes ouverts. On a des
propositions concrètes à vous faire. Nous serons contributifs.
Soyez assurés qu'on sera là. On vous souhaite bonne chance parce
que, pour nous, compte tenu de votre performance, vous partez avec deux prises
et vous êtes en fin de mandat.
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor, en réplique.
M. Michel Clair (réplique)
M. Clair: M. le Président, ce sera bref puisque,
substantiellement, les objectifs que le député de Portneuf dit
être ceux de son parti ressemblent sensiblement à ceux qui se
retrouvent dans l'avant-projet de loi qui est déposé devant nous.
Il aura l'occasion d'en prendre connaissance dans quelques minutes.
Je voudrais simplement corriger deux ou trois choses, M. le
Président. D'abord, le député indique que le gouvernement
voudrait hâter la réouverture des négociations ou la
négociation des conventions collectives après 1985. Je lui
indique simplement qu'à compter du 5 avril prochain la mécanique
prévue aux lois 55 et 59 ferait que ce serait, à toutes fins
utiles, le début des négociations sous l'ancien régime.
J'ai indiqué que les centrales syndicales du secteur public avaient
manifesté de l'intérêt, et même ont fait des
propositions pour hâter la négociation de la prochaine convention
collective et y inclure la troisième année. Ce que j'indique
aujourd'hui à l'Assemblée nationale, c'est que le gouvernement
est toujours ouvert à cette possibilité. Il ne l'a pas
demandé. Il ne l'a pas souhaité, mais il est toujours ouvert
à cette possibilité, à une condition: qu'on convienne au
préalable de nouvelles règles du jeu, parce qu'il nous semblerait
trop dangereux d'entreprendre une nouvelle négociation sur des contenus
et, en même temps, d'essayer de convenir de nouvelles règles du
jeu. Cela nous semblerait imprudent, mais dès que nous aurons de
nouvelles règles du jeu, j'indique simplement que l'ouverture du
gouvernement est toujours là.
En ce qui concerne l'année 1985, le député dit: Le
gouvernement ne veut absolument pas toucher aux décrets, aux conventions
collectives qui sont en cours présentement. Ce n'est pas ce que j'ai
dit, M. le Président, dans ma déclaration ministérielle.
J'ai, au contraire, indiqué que par les mécanismes existants, les
fameux comités mixtes qui ont donné des résultats
très substantiels en matière de sécurité d'emploi,
l'éducation de tâches, les demandes qui nous seront
acheminées pour des réaménagements des conventions
collectives actuelles pourront être avantageusement traitées dans
le cadre de ces mécanismes.
Je termine, M. le Président, cette brève réplique
en indiquant de nouveau que le gouvernement considère qu'après
des mois de discussions, de rencontres et de pourparlers avec les associations
patronales, d'une part, les associations syndicales, d'autre part, le moment
est venu de mettre sur la table de la discussion publique un avant-projet de
loi, une proposition de la forme que devrait prendre le régime de
négociation dans les secteurs public et parapublic. Comme l'indiquait le
député de Portneuf, puisque cette question n'intéresse pas
seulement l'État employeur, les syndicats, les associations patronales,
mais plus largement, l'ensemble des parlementaires et encore plus l'ensemble
des bénéficiaires des services publics, il nous est apparu que,
comme il n'y a pas de vérité absolue en ces matières, il
serait sain et souhaitable dans notre société qu'à partir
d'un avant-projet de loi, d'une proposition, on puisse en commission
parlementaire continuer à faire évaluer les esprits et les choses
pour être en mesure, dès la reprise de la session, de
déposer un projet de loi, mais après avoir donné
l'occasion une dernière fois à tout le monde de se prononcer, non
seulement sur des concepts, mais sur une proposition détaillée de
projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Président: À la présentation de projets
de loi. M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article a) du feuilleton.
Projet de loi 20
Le Président: M. le ministre de la Justice présente
le projet de loi 20, Loi portant réforme au Code civil du Québec,
du droit des personnes, des successions et des biens. M. le ministre de la
Justice.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, ce projet de loi a
pour objet de réformer le droit des personnes, le droit des successions
et celui des biens et d'ajouter au Code civil du Québec, qui comprend
déjà le livre deuxième sur la famille, trois livres sur
ces sujets ainsi qu'une disposition préliminaire visant à situer
le Code civil dans l'ensemble législatif.
Le livre premier qui s'ajoute au Code civil du Québec a pour
objet de réformer le droit des personnes et comprend cinq titres: le
premier titre traite de la jouissance et de l'exercice des droits civils et il
énonce les principes généraux en la matière. Le
deuxième titre est consacré aux droits de la personnalité.
Il compte quatre chapitres portant respectivement sur l'intégrité
de la personne, notamment quant aux soins, à la garde en
établissement, à l'examen psychiatrique, sur le respect des
droits de l'enfant, sur le respect de la réputation et de la vie
privée et sur le respect du corps après le décès.
(10 h 30)
Le troisième titre, divisé en quatre chapitres, traite
d'éléments relatifs a l'état des personnes. Il aborde, au
premier chapitre, les règles relatives à l'attribution du nom,
à son utilisation, au changement de nom par voie administrative ou
judiciaire ainsi qu'au changement de la mention du sexe à l'acte de
l'état civil. Le deuxième chapitre établit les
règles relatives au domicile et à la résidence alors que
le troisième précise les règles sur l'absence, sur la
déclaration judiciaire de décès, sur le retour et sur la
preuve de décès. Quant au quatrième chapitre, il est
consacré à l'état civil et divisé en cinq sections
portant sur l'officier d'état civil, sur le registre d'état civil
et les actes d'état civil que sont les actes de naissance, de mariage et
de décès, ainsi que sur la modification du registre et sur sa
garde et sa publicité.
Le titre quatrième énonce, dans trois chapitres, les
règles relatives à la capacité des personnes. Le premier
chapitre est consacré à la majorité et à la
minorité, y incluant l'émancipation. Le deuxième chapitre
sur la tutelle au mineur est divisé en sept sections qui traitent
successivement de la charge tutélaire, de la tutelle légale, de
la tutelle dative, de l'administration tutélaire, du conseil de tutelle,
des mesures de surveillance de la tutelle et du remplacement du tuteur à
la fin de la tutelle. Quant au troisième chapitre, il établit
pour sa part les règles des régimes de protection du majeur; il
énonce successivement les dispositions générales et
d'autres règles traitant respectivement de l'ouverture des
régimes de protection, de la curatelle au majeur, de la tutelle au
majeur, du conseiller au majeur et de la fin du régime de
protection.
Enfin, le titre cinquième du livre premier porte sur les
personnes morales. Il établit, dans un premier chapitre, les
règles générales de la personnalité morale et
aborde les questions relatives aux espèces de personnes morales,
à leur personnalité juridique, a leur immatriculation, aux
obligations des administrateurs et à leurs inhabilités et
à l'attribution judiciaire de la personnalité. Un second chapitre
consacré aux dispositions applicables aux personnes morales
formées suivant le Code civil traite du fonctionnement des personnes
morales et de leurs dissolution et liquidation.
Le livre troisième porte sur les succcessions. Le titre premier
de ce livre détermine les circonstances de l'ouverture d'une succession
et établit les qualités requises pour succéder.
Le titre deuxième, qui traite des droits successoraux, comprend
quatre chapitres. Le premier porte sur la saisine, le deuxième sur la
pétition d'hérédité et sur la transmission des
biens, le troisième sur le droit d'option de l'héritier et
énonce les règles relatives à la
délibération et à l'option, à l'acceptation et a la
renonciation d'une succession; le dernier chapitre porte sur la survie de
l'obligation alimentaire après l'ouverture de la succession.
Le titre troisième, qui établit les règles de la
dévolution légale, est divisé en cinq chapitres. Le
premier détermine la vocation successorale. Le second porte sur la
parenté et fixe les notions de degré, de génération
et de ligne, directe ou collatérale, ascendante ou descendante. Le
troisième définit la représentation, détermine
quand elle a lieu et en précise les effets. Le quatrième
établit l'ordre de dévolution des successions alors que le
cinquième traite de la dévolution de l'Etat.
Le titre quatrième, divisé en six chapitres, traite
successivement de la nature du testament, de la capacité requise pour
tester, des formes de testaments, des dispositions testamentaires et des
légataires, de la révocation des testaments et legs et de la
preuve et de la vérification des testaments.
Le titre cinquième, qui comprend quatre chapitres, énonce
les règles relatives à la liquidation successorale traitant de
l'objet de la liquidation et de la séparation des patrimoines, du
liquidateur de la succession et des règles concernant la
désignation et la charge du liquidateur, de l'inventaire des biens et
des fonctions du liquidateur, le troisième portant sur le paiement des
dettes et des legs particuliers, le dernier régissant la fin de la
liquidation.
Le titre sixième, divisé en cinq chapitres, contient les
règles du partage. On y traite du droit au partage et, incidemment, du
droit au maintien de l'indivision. On
établit les modalités du partage. On énonce les
règles à poursuivre pour la composition des lots, les
attributions préférentielles, la remise des titres et on
détermine l'obligation de rapporter les dons, les legs et les dettes, la
façon de rapporter et les effets du rapport. Les deux derniers chapitres
portent sur les effets du partage et sur la nullité du partage.
Enfin, le livre quatrième porte sur les biens. Le premier titre
porte sur la distinction des biens et leur appropriation, ses quatre chapitres
traitant respectivement de la distinction des biens, immeubles et meubles, des
biens dans leur rapport avec ce qu'ils produisent, des biens dans le rapport
avec ceux qui ont des droits et qui les possèdent et de certains
rapports de fait concernant les biens. C'est à ce dernier chapitre que
sont précisées les règles de la possession et celles sur
l'acquisition des biens vacants: biens sans maître ou meubles, perdus ou
oubliés.
Le titre deuxième traite de la propriété. Le
premier chapitre traite de la nature et de l'étendue du droit de
propriété, le deuxième, des règles relatives
à l'accession immobilière et mobilière. Quant au
troisième chapitre, qui complète ce titre, il énonce des
règles particulières à la propriété
immobilière, telles celles sur les limites des fonds et le bornage sur
les eaux, les arbres, l'accès au fonds d'autrui et sa protection, les
vues, le droit de passage, les clôtures et ouvrages mitoyens.
Le titre troisième est consacré aux principales
modalités de la propriété. Après avoir, dans un
premier temps, défini la nature de la copropriété par
indivision et la copropriété dite divise, trois chapitres
organisent les régimes de copropriété par indivision, de
la copropriété divise et de la propriété
superficiaire.
Le titre quatrième régit les démembrements du droit
de propriété. Ce titre, divisé en quatre chapitres, traite
successivement de l'usufruit, de l'usage, des servitudes et de
l'emphytéose.
Le titre cinquième établit les règles relatives aux
restrictions à la libre disposition de certains biens. Le premier
chapitre énonce les règles concernant la stipulation
d'inaliénabilité; le second, celles qui concernent la
substitution.
Le titre sixième porte sur certains patrimoines d'affectation. Un
premier chapitre indique ce qu'est la fondation et un second est
consacré à la fiducie. Il précise la nature,
détermine les diverses espèces de fiducie et leur durée,
établit les règles relatives à l'administration de la
fiducie, prévoit les modifications à la fiducie et au patrimoine
ainsi que la fin de la fiducie.
Enfin, le titre septième détermine les règles
relatives à l'administration du bien d'autrui. Le premier chapitre
contient des dispositions générales et le deuxième
détermine l'étendue des activités de l'administrateur du
bien d'autrui selon deux types d'administration: la simple ou la pleine
administration. Le troisième chapitre sur les règles de
l'administration précise les obligations de l'administrateur envers les
bénéficiaires et les tiers, celles du bénéficiaire
envers les tiers et d'autres règles telles celles sur l'inventaire, les
sûretés et les assurances, sur l'administration collective et la
délégation, sur les placements présumés sûrs,
sur la répartition des bénéfices et des dépenses et
sur le compte annuel. Le quatrième chapitre sur la fin de
l'administration énonce les causes mettant fin à
l'administration, la reddition de compte et la remise du bien.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Je voudrais simplement demander une clarification sur
une question technique. Si je comprends bien, la Loi sur le droit des personnes
et la Loi sur les successions ont déjà été
discutées en commission parlementaire et le ministre dépose
maintenant une version révisée de ces deux lois.
C'est-à-dire que ce ne sont pas de nouvelles lois, ce sont des
révisions que l'on va étudier, j'imagine, au printemps ou
à l'automne.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je présume que
c'est en vertu de l'article 34. Je dirai qu'effectivement l'ensemble de ces
dispositions législatives ont fait l'objet de consultations par des
avant-projets de loi. Il y a maintenant ici les projets de loi qui sont le
résultat de ces consultations. À toutes fins utiles, c'est la
continuation de la réforme du Code civil qui, comme on le sait, se fait
à peu près une fois tous les cent ans.
M. Marx: La loi sur les personnes et sur les successions a
déjà été déposée en Chambre, nous
l'avons déjà étudiée article par article en
commission parlementaire et maintenant, c'est une révision de ces
projets de loi, n'est-ce pas?
M. Johnson (Anjou): Non, non.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Nous avons entendu les parties, notamment le
Barreau, les différents groupes et les associations impliqués
dans l'application du Code civil ou ayant des intérêts
particuliers. Il s'agit maintenant de fusionner ces trois livres et
de présenter un projet de loi qui, globalement, devrait nous
permettre, à compter du printemps, de procéder à cette
réforme très importante du chapitre des biens, des personnes et
des successions.
Le Président: M. le député de Chauveau.
Avant que M. le député de Chauveau ne présente son
projet de loi, je dois d'abord déposer le projet de loi...
Je m'excuse. D'abord, est-ce que l'Assemblée accepte de se saisir
du projet de loi 20?
Des voix: Oui, oui.
Le Président: II en est donc ainsi
décidé.
M. Marx: Avec plaisir.
Projet de loi 222
Le Président: Concernant le projet de loi 222, Loi
concernant le Parc industriel et technologique Québec-Sainte-Foy, le
directeur de la législation me fait part qu'il a constaté qu'un
seul avis a été publié, conformément aux
règles de fonctionnement concernant les projets de loi
d'intérêt privé, et que la preuve de la publication de cet
avis reste à faire. M. le leader du gouvernement. (10 h 40)
M. Bertrand: M. le Président, nous pouvons donc appeler ce
projet de loi 222.
Le Président: Je vais faire une vérification, si
vous me permettez, parce que le rapport que j'ai en main date du 1er juin
dernier. J'imagine que les choses ont évolué depuis ce
temps-là.
Entre-temps, M. le député de Chauveau présente le
projet de loi 222, Loi concernant le Parc industriel et technologique
Québec-Sainte-Foy. L'Assemblée accepte-t-elle de se saisir de ce
projet de loi?
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Bertrand: Je voudrais faire motion pour que ce projet de loi
222 soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements, que le ministre des Affaires
municipales et le ministre des Communications puissent être membres de
cette dite commission.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
Projet de loi 199
Le Président: M. le député de Limoilou
présente le projet de loi 199, Loi modifiant la charte de la ville de
Québec. Il s'agit d'un projet de loi public, présenté par
un député, qui ne contient aucune note explicative si bien que la
présentation sera d'autant plus brève.
L'Assemblée accepte-t-elle de se saisir du projet de loi 199?
Une voix: Oui.
Le Président: II en est donc ainsi
décidé.
Au dépôt de documents, M. le président du Conseil du
trésor.
Avant-projet de loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic
M. Clair: Je dépose deux exemplaires de l'avant-projet de
loi intitulé Loi sur le régime de négociation des
conventions collectives dans les secteurs public et parapublic.
Le Président: Document déposé. M. le leader
du gouvernement au nom du ministre des Finances.
M. Bertrand: Le temps que je retrouve le rapport en question,
voulez-vous demander au ministre de la Justice de déposer les siens?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
Rapport annuel du ministère de la
Justice
M. Johnson (Anjou): M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport du ministère de la Justice pour l'année
1983-1984...
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
de la Justice.
Rapports annuels de la Commission
des services juridiques, de la SQIJ
et du Tribunal d'expropriation
M. Johnson (Anjou): ...ainsi que le rapport de la Commission des
services juridiques constituant le douzième rapport annuel au 31 mars
1984, celui pour la même année 1983-1984 de la
Société québécoise d'information juridique ainsi
que le rapport annuel 1983-1984 du Tribunal d'expropriation.
Le Président: Rapports déposés. M. le leader
du gouvernement.
M. Bertrand: Vous pouvez poursuivre, M. le Président.
Le Président: M. le ministre des Relations
internationales.
Dernier rapport du ministère
des Affaires intergouvernementales
et rapport du Commissaire
général
à la visite du pape
M. Landry: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le dernier rapport annuel du ministère des Affaires
intergouvernementales. J'ai également l'honneur de déposer le
rapport du Commissaire général à la visite du pape.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur.
Rapport annuel du ministère
de l'Habitation et de la Protection du
consommateur
M. Rochefort: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel 1983-1984 du ministère de l'Habitation
et de la Protection du consommateur.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre de l'Environnement.
Rapport annuel du ministère de
l'Environnement
M. Ouellette: J'ai l'honneur de déposer le rapport annuel
1983-1984 du ministère de l'Environnement.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Rapports de la Commission de la
protection du territoire agricole
et du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la Commission de protection du territoire agricole pour l'année
1982-1983 et également le rapport annuel, pour l'année 1983-1984,
du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre de la Science et de la Technologie.
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre! M. le ministre de la
Science et de la Technologie.
Rapport du Conseil de la science et de la
technologie
M. Bérubé: II me fait plaisir de déposer le
rapport annuel du Conseil de la science et de la technologie pour
l'année 1983-1984.
Le Président: Je reviens à vous, M. le leader du
gouvernement.
Rapport du Vérificateur général
et comptes publics 1983-1984
M. Bertrand: Je voudrais déposer le rapport du
Vérificateur général, remis à l'Assemblée
nationale, pour l'année financière terminée le 31 mars
1984 ainsi que les comptes publics, états financiers et détails
des dépenses pour 1983-1984.
Le Président: Rapports déposés.
Précisions au sujet du projet de loi
222
Je reviens brièvement en arrière au sujet du projet de loi
222 pour corriger les choses. Le rapport du directeur de la législation
mentionne, en fait, que le projet de loi a été
déposé le 16 mai, que l'avis a été publié
dans la Gazette officielle du Québec le 26 mai et a paru dans le journal
Le Soleil le 26 mai, les 2, 9 et 16 juin, que le tout est maintenant conforme
et qu'il a été publié dans le journal et produit au bureau
du directeur de la législation.
Au dépôt de rapports de commissions, M. le
vice-président de la commission des institutions.
Étude détaillée du projet de loi
254
M. Rivest: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des institutions qui a
siégé le 18 décembre 1984 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé 254, Loi concernant certains actes de donation et de fiducie de
Samuel Bronfman.
Le Président: Ce rapport est-il adopté? Une
voix: Adopté.
Le Président: Je présume donc qu'il l'est.
M. le député de Bellechasse et président de la
commission du budget de l'administration.
Étude détaillée des projets de
loi 249 et 18
M. Lachance: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé le 19 décembre 1984 pour procéder
à
l'étude détaillée du projet de loi
d'intérêt privé 249, Loi concernant La Prévoyance
compagnie d'assurances. Le projet de loi a été adopté sans
amendement.
Je voudrais également déposer le rapport de la commission
du budget et de l'administration qui a siégé le 19
décembre 1984 afin de procéder à une consultation
particulière sur le projet de loi 18, Loi modifiant la Loi sur la Caisse
de dépôt et placement du Québec.
Le Président: Les rapports sont déposés. Le
rapport de la commission sur le projet de loi 249 est-il adopté?
Une voix: Oui, adopté.
Le Président: Adopté. M. le président de la
commission de l'éducation.
Étude détaillée du projet de loi
16
M. Charbonneau: M. le Président, je dépose le
rapport de la commission de l'éducation et de la main-d'oeuvre qui a
siégé le 19 décembre dernier afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 16, Loi sur le
transfert de certains fonctionnaires du ministère de l'Éducation
à la Société de gestion du réseau informatique des
commissions scolaires. Le projet de loi a été adopté - je
pense qu'il y a une correction à faire - avec amendements.
Le Président: Rapport déposé. M. le
député de Shefford.
Étude détaillée du projet de loi
25
M. Paré: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des affaires sociales qui a
siégé le 19 décembre 1984 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 25, Loi sur le
Régime de rentes des policiers de la Communauté urbaine de
Montréal. Le projet de loi a été adopté avec
amendements.
Le Président: Rapport déposé. M. le
député de Vachon.
Étude détaillée du projet de loi
15
M. Payne: M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport
à cette Assemblée que la commission des institutions a
siégé les 7, 17, 18 et 19 décembre 1984 afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 15, Loi modifiant diverses dispositions législatives. Le projet de
loi a été adopté avec amendements.
Le Président: II n'y a pas d'autres rapports de
commissions.
Une voix: ...
Le Président: Qui fait le rapport? Une voix:
...
Le Président: À venir plus tard. Au
dépôt de pétitions, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Retrait du projet de loi 42 demandé
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): J'ai l'honneur de
déposer, M. le Président, l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale par 577
pétitionnaires du comté de Rouyn-Noranda-Témiscamingue et
435 pétitionnaires du comté d'Abitibi-Ouest. Ils demandent
à l'Assemblée nationale que le gouvernement retire le projet de
loi 42 ou, à défaut, que l'Assemblée nationale rejette le
projet de loi 42.
Des voix: Ah!
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
Demande de mesures pour éviter la fermeture de
l'école Saint-Joseph
M. Rivest: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée par 41 014 pétitionnaires qui s'unissent au
Comité de survie de l'école Saint-Joseph, à l'Association
des institutions des niveaux préscolaire et élémentaire
ainsi qu'au Mouvement pour l'enseignement privé. Je lis simplement le
dispositif, M. le Président. "Et concluant à ce que: soit reconnu
dans les faits, aux établissements privés de niveaux
préscolaire et élémentaire, le droit d'exister et de
progresser, au même titre que les établissements privés des
autres niveaux, pourvu qu'elles rencontrent les exigences de qualité
énoncées dans les règlements les concernant; "à ce
que, conformément à la Loi de l'enseignement privé, ces
établissements reçoivent un traitement égal à celui
qui est accordé à toutes les autres institutions privées
du Québec, sans être astreintes à des exigences
supplémentaires; "et à ce que toutes les mesures soient prises
dans les meilleurs délais afin d'éviter la fermeture
annoncée de l'école Saint-Joseph." (10 h 50)
Le Président: Pétition déposée.
J'ai présumé qu'il y avait consentement. M. le
député de Jean-Talon l'avait sollicité au préalable
individuellement.
Ce qui nous mène à la période de questions. Des
votes seront immédiatement reportés après la
période de questions sur...
M. le député de Portneuf.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTES
L'application du décret de la construction
à l'industrie du verre plat
M. Pagé: L'application du décret de l'industrie de
la construction à l'industrie du verre plat comporte un certain nombre
de désavantages qui sont consignés dans un rapport qui avait
été demandé et qui a été produit au ministre
du Travail, soit une étude économique sur l'effet pour cette
industrie d'être intégrée au monde de la construction. Dans
ses conclusions, il ressort que si la mesure gouvernementale proposée
par Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu est adoptée, les clients et les consommateurs du Québec
devront payer un prix plus élevé pouvant aller jusqu'à
20%. La rentabilité des entreprises et leur capacité d'expansion
sera définitivement affaiblie et plusieurs travailleurs perdront leur
emploi. D'autres absorberont une baisse d'heures travaillées, ef
certains perdront des bénéfices reliés a
l'expérience acquise dans cette industrie. Enfin, la baisse
d'activité consécutive aux hausses de coût entraînera
une baisse de l'emploi dans l'ensemble de l'économie du Québec de
ce secteur et plus de travail au noir.
J'aimerais demander à Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre si elle
a pris connaissance du document qui a été déposé
par les gens concernés dans l'industrie et si elle accepterait - je
voudrais qu'elle interprète ma question comme étant une
proposition que je lui formule - de surseoir au projet de règlement ou
de modification au règlement sur la qualification, qui a
été publié le 21 novembre dernier, jusqu'à ce que
les membres de la commission de l'économie et du travail puissent
entendre, premièrement, les gens concernés par cette
modification; deuxièmement, le ministre du Travail et
troisièmement, Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre.
Le Président: Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mme Marois: Merci. En vertu des responsabilités que
j'assume au niveau de la loi sur la qualification et la formation
professionnelles, on a à définir les exigences en ce qui a trait
à la qualification pour les différents métiers
réglementés. Ici, on parle de celui du verre plat. Je n'ai pas
encore pris connaissance en détail du rapport qui a été
déposé chez moi. J'en ai cependant vu les grandes lignes et les
grandes conclusions. Je vais le faire et de façon systématique. H
faut bien voir que le projet de règlement permet encore des amendements
et je n'ai pas l'intention, actuellement, de mettre en vigueur le
règlement sans entendre, à tout le moins, les parties discuter
des propositions que ces personnes ont à faire quant aux modifications
du projet qui est en consultation, tout compte fait, a l'heure actuelle, avant
d'en faire la promulgation.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: À Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre, en
additionnelle. Comment pouvez-vous justifier de publier un projet de
modification au règlement alors que vous n'avez pas pris connaissance de
l'étude d'impact économique, premièrement?
Deuxièmement, en détail, de façon exhaustive, parce
que les impacts sont là, ce sont les consommateurs de votre comté
et de mon comté qui vont payer...
Le Président: La question.
M. Pagé: ...20% plus cher tantôt.
Deuxièmement, est-ce que vous accepteriez que la consultation soit
publique, ouverte, transparente en commission parlementaire plutôt que
dans votre bureau?
Le Président: Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mme Marois: II faut bien savoir le contexte dans lequel on a
dû revoir le règlement. C'est à la suite de jugements de
cour qui faisaient en sorte que nous devions remanier le règlement.
C'est à partir de là qu'on l'a fait. Dans le règlement,
nous avons inclus un certain nombre de gestes que ce métier peut poser
ou de fonctions qu'il peut assumer et il est sûrement trop large comme
règlement et comme couverture. On s'entend. Cependant, il y avait une
responsabilité que j'avais à assumer quant à la
décision de cour qui avait été rendue. À partir de
là, les rapports sont venus concernant l'impact sur ces
différents métiers concernés qui dépassent
largement le verre plat et qui comprennent d'autres métiers. Il est donc
normal que je n'aie pu prendre connaissance du rapport avant qu'il n'ait
été fait.
Quant à une consultation transparente, j'ai l'habitude qu'elle le
soit. Je prends avis de la suggestion de mon collègue, le
député de Portneuf, et je l'informerai de ce que je compte faire
dans ce dossier le plus rapidement possible. Merci.
Le Président: Question principale, M. le
député de Charlesbourg.
Le financement de la Fondation des
Québécois pour le oui
M. Côté: Mardi dernier, le ministre de la Justice a
parlé fort, sans doute pour démontrer à ses supporteurs
qu'il a l'étoffe, mais parler fort ne signifie pas
nécessairement clarté. Malgré ses cris, le ministre
a avoué que Tancrède Paquette, directeur général
adjoint de la sûreté communiquait régulièrement avec
le sous-ministre "pour échanger des informations sur la tenue d'un
dossier, la tenue d'une enquête." De plus, le ministre a affirmé
que l'enquête suivait son cours relativement au financement du oui lors
du dernier référendum. Ceci contraste très nettement avec
sa réponse du 13 décembre, alors qu'il disait: "Le subtitut du
Procureur général a conclu et écrit à la
sûreté qu'il n'y avait pas matière à poursuite." Ma
question est très simple. J'ai déjà eu l'occasion de la
poser. Je la répète. Le ministre tente-t-il de "couvrir" que la
Fondation des Québécois pour le oui a financé des
comités pour le oui lors du référendum?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, tout ce que j'ai dit
en cette Chambre au sujet de la conduite de cette enquête reste vrai. Le
député a affirmé, la semaine dernière, je crois -
ou est-ce son collègue dans cettre brillante entreprise de calomnies? -
que le sous-ministre de la Justice retenait des mandats de perquisition dans
une enquête touchant la fondation du oui. Je réaffirme, M. le
Président, que c'est parfaitement faux.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je prends acte que
le ministre ne répond pas au fond de la question. Question
supplémentaire. Par son interférence politique, le ministre
putschiste tente-t-il de cacher que l'argent de la Fondation des
Québécois pour le oui provient en partie de syndicats qui ont
obtenu de Jean-Roch Boivin et du premier ministre un règlement hors cour
dérisoire dans le saccage de la Baie James?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je pourrais vous
dire, parce que je sais comment a été financé le non, avec
le gouvernement fédéral, qui a financé le non en faisant
fi des lois du Québec... Ceci dit, M. le Président, sur la
question, oui, il y a eu une enquête qui était reliée au
financement de la fondation du oui. Cette enquête a donné lieu
à un rapport policier. Ce rapport policier a été
étudié par un substitut du Procureur général au
bureau de Montréal. L'avis clair émis par ce substitut, c'est
qu'il n'y avait pas là commission d'acte criminel,
deuxièmemement, qu'il n'y avait pas là matière à
poursuite, troisièmement, que, s'il y avait quelque
irrégularité, dis-je, possible, à partir des faits et des
allégations d'individus, il faudrait que la Sûreté du
Québec consulte le bureau du président du financement des partis
politiques d'alors, qui était responsable des clauses pénales
prévues dans le financement des partis politiques ou des fondations
à l'occasion d'un référendum.
À ma connaissance, la Sûreté du Québec n'a
pas obtenu que de telles plaintes soient faites ou déposées. Je
crois même -je l'affirme sous toute réserve - que,
premièrement, je ne suis pas sûr qu'il y avait matière
à plaintes et que, deuxièmement, même s'il y avait eu
matière à plaintes, cela aurait été en fonction de
la Loi régissant le financement des partis politiques. Et je crois
savoir qu'à l'époque la chose était prescrite en vertu de
ladite loi.
Le député semble affirmer qu'il y a une tentative de
"cover up" de certaines personnes ou de certaines activités. Je lui dis,
M. le Président, que c'est faux.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: Le ministre de la Justice ou quelqu'un sous
son autorité a-t-il communiqué, vendredi le 14 décembre
1984, avec les dirigeants de la Sûreté du Québec? Si oui,
à quel sujet? (11 heures)
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'ai effectivement
eu, depuis deux semaines, un certain nombre de rencontres avant
l'état-major de la Sûreté du Québec, je pense que
cela vaut la peine, merci. Je vous ferai remarquer encore une fois que
l'État démocratique dans lequel nous vivons prévoit un
contrôle civil des activités policières.
Deuxièmement, M. le Président, même s'il arrive que
des députés de l'Opposition négligent un sens
élémentaire démocratique des droits des personnes à
cette Assemblée, il est normal que le ministre de la Justice
s'entretienne sur une base régulière avec celles et ceux qui sont
responsables de l'application des lois sur le territoire. C'est ainsi, par
exemple, que le ministre de la Justice donne des directives quant à
l'utilisation de l'écoute électronique dans l'ensemble au
Québec et ce, en vertu du Code criminel, pour s'assurer, par exemple,
qu'on n'utilise pas de façon abusive sur le territoire du Québec
de l'écoute électronique. C'est ainsi que le ministre de la
Justice peut rappeler aux autorités de la Sûreté du
Québec sa préoccupation quant à la violence dans les
affrontements qu'il peut y avoir avec des groupes de personnes. C'est ainsi que
le ministre de la Justice peut rappeler aux autorités de la
Sûreté du Québec sa
préoccupation quant au climat des relations du travail, quant
à la sécurité publique dans le contexte, par exemple, des
relations du travail.
Oui, M. le Président. J'ai eu l'occasion dans les semaines et
depuis les mois que je suis nommé, depuis le mois de mars, de rencontrer
à plusieurs reprises les autorités de la Sûreté du
Québec comme c'est mon mandat et mon devoir de le faire.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: Dernière question additionnelle. Je
me rends compte qu'il n'y a que des mots et des mots. Vu la confirmation que le
ministre nous fait qu'il a communiqué avec quelqu'un de la
Sûreté du Québec, au cours de ces communications, a-t-il
été fait mention de fermer le dossier de la Fondation des
Québécois pour le oui?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Non, M. le Président. J'ai
demandé à plusieurs reprises sur différents sujets des
renseignements additionnels. Habituellement, ces choses sont faites par le
sous-procureur général. Il m'est arrivé effectivement de
rencontrer, en présence de mon sous-ministre, les membres de
l'état-major, encore une fois, récemment. Je peux lui affirmer
que, quant à moi, les dossiers à la Sûreté du
Québec sont de la responsabilité des enquêteurs qui, encore
une fois, sont liés par leur compétence, ce qui est le cas de
l'immense majorité d'entre eux, j'en suis convaincu, et sont liés
également par leur serment de discrétion, ce qui est le cas, j'en
suis convaincu, de l'immense majorité d'entre eux et qu'ils ont à
faire les enquêtes qu'ils veulent. Il est exact que le Procureur
général se préoccupe cependant, dans l'ensemble des
dossiers qui touchent les enquêtes faites sur nos concitoyens, qu'une
enquête policière doit être un jour conclue et qu'elle doit
l'être d'une manière efficace pour le fonctionnement de la
justice, M. le Président. Je crois effectivement que, s'il y a des
poursuites criminelles ou d'autres à intenter dans ce dossier ou tout
autre dossier, on doit procéder avec célérité.
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Rousseau.
M. Blouin: M. le Président, une question
complémentaire. Le ministre de la Justice pourrait-il nous assurer qu'il
n'existe aucun lien entre les présumées révélations
policières de l'Opposition et le fait que le whip de l'Opposition et
député de Portneuf ait retenu les services d'un ex-policier de la
Sûreté du Québec provenant des crimes économiques de
la Sûreté du Québec?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
Une voix: Je ne sais pas, mais j'ai des doutes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'ai pris
connaissance d'articles de journaux récemment évoquant qu'une
personne serait à l'embauche du Parti libéral. Je n'ai pas
à présumer que cela est exact, bien que pour autant je ne traite
pas de menteurs ceux qui l'ont écrit. Je n'ai pas à
présumer que cela est exact. Cependant, si cela était le cas, il
est du devoir de la Sûreté du Québec et du Procureur
général de faire en sorte que les vérifications soient
faites quant au statut de cette personne pour savoir si elle aurait -encore une
fois ce sont des conditionnels puisque c'est évoqué comme cela -
respecté ou non les dispositions des lois qui régissent les
responsabilités des employés de la Sûreté du
Québec.
Le Président: M. le député de D'Arcy McGee,
en question additionnelle.
L'effectif de l'escouade des crimes économiques
de la SQ
M. Marx: En additionnelle. Étant donné qu'il existe
à l'intérieur de la Sûreté du Québec
l'escouade des crimes économiques, laquelle se divise en secteurs, soit
l'unité des crimes économiques en matière commerciale et
l'unité anticorruption, le ministre a-t-il un plan d'avenir quant
à cette escouade, c'est-à-dire quant à ces deux
unités et plus particulièrement, a-t-il l'intention d'augmenter
les ressources de ces deux unités pour leur permettre de poursuivre
davantage le travail qu'elles font aujourd'hui?
Le Président: II s'agit là manifestement, M. le
député-Une voix: ...
Le Président: M. le ministre! Il s'agit là
manifestement d'une question principale qui n'a rigoureusement rien à
voir avec le sujet évoqué par M. le député de
Charlesbourg qui portait sur tout autre chose, sinon que l'échange, de
manière générale, traite de la Sûreté du
Québec. Mais ce n'est pas parce que cela traite de la
sûreté qu'on peut passer toutes les questions touchant la
Sûreté du Québec dans le cadre des questions
complémentaires. Il s'agit donc d'une question principale. M. le
ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je ferai remarquer au
député de D'Arcy McGee
que c'est sous ce gouvernement, sous mon prédécesseur, Me
Marc-André Bédard, que les effectifs de l'escouade des crimes
économiques ont été augmentés.
Le Président: Oui, M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Le ministre peut-il nous assurer qu'il n'est pas
question de réduire de quelque façon que ce soit les effectifs de
l'escouade des crimes économiques, soit l'unité des crimes
économiques en matière commerciale et l'unité
anticorruption?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je n'ai pas eu
l'occasion de prendre connaissance des projets qu'aurait l'état-major
sur cette question. J'en discuterai avec lui effectivement. Je dois dire qu'en
principe, l'escouade des crimes économiques doit accomplir ses
fonctions, mais je dirai cependant que ce qui se passe à
l'Assemblée nationale depuis deux semaines autour des rapports de police
découlant des responsabilités de ce secteur est en train de
ternir, à cause de l'Opposition, l'escouade des crimes
économiques.
Le Président: Question principale, M. le
député de Deux-Montagnes. C'était lui avant, M. le
député.
Le droit du peuple québécois à
l'autodétermination
M. de Bellefeuille: M. le Président, pour pouvoir poser ma
question, il faudrait d'abord que je sache si la rumeur est exacte comme quoi
le ministre des Relations internationales et ministre du Commerce
extérieur a été désigné premier ministre par
intérim. C'est à lui que j'adresserai ma question. Ma question
est à propos d'une réponse qui m'a été
donnée hier par le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes qui a informé la Chambre que le droit
du peuple québécois à l'autodétermination constitue
un des fondements mêmes de notre existence comme société
sur le plan constitutionnel depuis 200 ans et, dit-il, cela continuera. Je veux
par conséquent demander au premier ministre par intérim si le
gouvernement a l'intention d'exiger que ce droit du peuple
québécois à l'autodétermination soit reconnu
formellement dans la constitution canadienne.
Le Président: M. le ministre des Relations
internationales.
M. Landry: Premièrement, pour la rumeur, je ne sais pas si
le député changera le destinataire de sa question, mais je dois
dire que le Conseil des ministres a décidé hier, par
arrêté en conseil, qu'à partir du départ du premier
ministre de la capitale, j'assumerais temporairement ses fonctions. Or, il
n'est pas parti. Donc, je ne suis pas, au moment où on parle, le premier
ministre par intérim. Est-ce que le député veut divertir
sa question ailleurs ou insiste pour la poser?
M. de Bellefeuille: M. le Président, avec empressement, je
pose ma question au ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes.
Le Président: M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Oui, M. le Président, je
réitère qu'effectivement, le droit du peuple
québécois à l'autodétermination est un des
fondements de notre existence collective qui nous a permis de survivre sur le
continent depuis 200 ans comme une société distincte.
Deuxièmement, je crois que nous avons exercé ce droit à
l'autodétermination dans le passé. Le Québec l'a
exercé en 1867 en choisissant librement d'adhérer à ce qui
s'appelait alors la Confédération. Le droit à
l'autodétermination du peuple québécois, pour moi, s'est
exercé également en 1980 lors de la tenue du
référendum, indépendamment du choix qu'ont pu faire les
Québécois; c'était un acte qui découlait du droit
à l'autodétermination. Je crois que ce droit à
l'autodétermination existe et qu'il n'a pas à être reconnu
légalement, pour valoir et pour exister, par d'autres, par exemple, par
l'ensemble du Canada. (11 h 10)
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, par
conséquent, en complémentaire, il est exact de dire que le
gouvernement n'a pas l'intention d'exiger la reconnaissance de ce droit dans le
"Canada Bill"?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Je crois que des juristes pourraient faire
longuement état des avantages et des inconvénients d'une telle
chose. Si l'ensemble du Canada veut reconnaître ce droit au
Québec, cela ne manque pas d'intérêt mais je dis simplement
que le Québec n'a pas à exiger cette reconnaissance au droit
à l'autodétermination; il a à l'exercer.
Des voix: Ah!
M. de Bellefeuille: En complémentaire,
M. le Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Le ministre, étant aussi ministre de
la Justice et donc juriste, pourrait-il nous expliquer ce qu'il entend par les
inconvénients de la reconnaissance de ce droit?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, soyons très
clairs. Si jamais le Québec...
Des voix: Bravo!
M. Johnson (Anjou): Je crois que le député devra se
satisfaire de cette réponse. Le Québec, en réclamant le
droit a l'autodétermination et se voyant opposer un refus par l'ensemble
du Canada, le perdrait-il sur le plan politique? Cela, on n'a pas le droit de
faire ça. Le droit à l'autodétermination des peuples, il
existe en vertu du droit international et il existe intrinsèquement
parce que nous formons un peuple. C'est à nous de l'exercer; nous
n'avons pas de permission à demander.
Une voix: Voilà. Des voix: Bravo!
M. Gratton: Question principale, M. le Président.
Le Président: II y a une question complémentaire
d'abord. M. le député de Rosemont, en complémentaire.
M. Paquette: Question complémentaire, M. le
Président. Est-ce que je dois comprendre que le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
nous dit qu'il serait prêt à recommander au gouvernement de signer
la constitution canadienne sans exiger qu'y figure le droit à
l'autodétermination du peuple québécois?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je considère
qu'il serait extrêmement dangereux pour le Québec de se voir
opposer un refus à une demande d'inclusion juridique de notre droit
à l'autodétermination dans la constitution canadienne. Le droit
à l'autodétermination, pour les peuples, ça ne se
négocie pas. Ça existe ou ça n'existe pas et je crois que
ça existe pour le Québec.
Des voix: Bravo!
Le Président: Dernière complémentaire, M. le
député de Rosemont.
M. Raquette: M. le Président, le ministre ne trouve-t-il
pas beaucoup plus dangereux de signer la constitution canadienne sans que le
droit a l'autodétermination y figure? Ne pense-t-il pas qu'il devrait
exiger le droit a l'autodétermination plutôt que de le
négocier?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je pense que le
député de Rosemont n'a peut-être pas entendu -
peut-être que le microphone fonctionnait mal - la fin de ma
réponse, tout à l'heure. J'ai bien dit que le droit à
l'autodétermination ne doit pas faire l'objet d'une négociation.
Le peuple québécois l'a ou il ne l'a pas et il a le droit
à l'autodétermination.
Le Président: Question principale, M. le
député de Gatineau.
L'écoute électronique et
l'enquête
sur la tentative de corruption de deux membres de
l'Assemblée
M. Gratton: Merci, M. le Président. Maintenant que le
débat interne du Parti québécois est terminé...
À plusieurs reprises au cours des derniers jours et encore ce matin, le
ministre de la Justice a accusé l'Opposition de se comporter de
façon irresponsable...
Des voix: C'est exact.
M. Gratton: ...en prétendant que nous citions ...
Des voix: Oui, oui.
M. Gratton: ...des extraits de rapports de police. J'aimerais
faire remarquer au ministre que personne de l'Opposition n'a jamais
parlé de rapports de police, en posant nos questions. Nous nous sommes
simplement référés - oui, oui - à des informations
qui s'avèrent manifestement fondées puisque le ministre,
lorsqu'il ne se retranche pas derrière le Code criminel pour refuser de
répondre, en confirme l'exactitude.
S'il y a irresponsabilité quelque part, c'est le ministre de la
Justice lui-même qui s'en rend coupable lorsqu'il identifie certaines
informations que nous lui communiquons comme étant des extraits de
rapports de police. Il est le seul à avoir
parlé ici de rapports de police. Je voudrais l'inviter, en
répondant à mes questions tantôt, à être plus
prudent.
Le Président: S'il y a une question, M. !e
député, il faudrait y arriver.
M. Gratton: II y a toujours une question, M. le
Président.
Avant-hier, le ministre qualifiait de fausseté absolue
l'affirmation que son prédécesseur, Marc-André
Bédard, soit intervenu pour empêcher l'écoute
électronique auprès de deux membres de l'Assemblée
nationale visés par une tentative de corruption. Hier, il confirmait
cependant que le ministre Bédard a bel et bien rencontré MM.
Tancrède Paquette et Réal Turner à la Sûreté
du Québec le 2 mars 1984.
La question que je pose est celle-ci: Le ministre persiste-t-il toujours
à nier qu'au cours de cette rencontre il ait été question
du dossier d'écoute électronique connu sous le nom de code "le
grand marché"?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je réaffirme
que le 2 mars, le ministre de la Justice d'alors, qui quelques jours
après devenait leader du gouvernement et vice-premier ministre,
rencontrait effectivement des membres de l'état-major. Il les
rencontrait parce que cela faisait sept ans et demi, presque huit ans, qu'il
était ministre et qu'il travaillait avec ces personnes comme il
travaille avec ses sous-ministres. D'ailleurs, le leader de l'Opposition sait
très bien ce que j'entends: quand un ministre quitte un
ministère, il arrive effectivement qu'il voie ses collaborateurs
immédiats avant.
Cette rencontre se faisait avec le directeur général de la
Sûreté du Québec, M. Beaudoin, et M. Paquette, qui est
directeur ajoint, était de passage et s'est joint à cette
rencontre. Les personnes concernées m'ont affirmé, me disent et
me confirment que jamais il n'a été question de l'écoute
électronique et d'une demande ou d'une intervention du ministre de la
Justice d'alors pour empêcher que n'intervienne une demande de mandataire
en vertu du Code criminel auprès de membres de l'Assemblée
nationale en termes d'interception électronique de conversations. Je le
dis et je le répète, le député véhicule des
faussetés qui, non seulement ternissent la réputation de mon
prédécesseur, mais également ternissent toute la
Sûreté du Québec.
Deuxièmement, je rappellerai - vous me permettrez une minute, M.
le Président -l'article 178.20 du Code criminel qui dit que lorsqu'une
communication privée a été interceptée au moyen
d'un dispositif électromagnétique, acoustique, mécanique
ou autres sans le consentement exprès ou tacite de son auteur, quiconque
en divulgue volontairement l'existence commet un acte criminel. Je rappellerai
que le député - et je le cite dans sa question d'hier - disait:
"M. le Président, pourrait-il confirmer ou infirmer que dans une des
interceptions téléphoniques enregistrées entre novembre
1983 et janvier 1984 il y aurait eu participation active du
député en question... l'un des auteurs des tentatives de
corruption au cours de laquelle le député aurait
déclaré qu'il avait été averti de ne pas toucher ce
dossier à ce moment-là.
Cette question, tant dans sa forme que dans sa substance, ne peut
m'amener qu'à formuler deux commentaires: ou bien les allégations
du député sont totalement fausses ou bien les allégations
du député, si elles étaient faites à
l'extérieur de cette Chambre, seraient matière à
enquête pour des fins de poursuite du député au
criminel.
Des voix: Bravo!
Des voix: Oh! Oh! Oh!
Le Président: En complémentaire.
M. Gratton: En complémentaire, M. le Président.
M. Blank: Question de règlement.
Le Président: Un rappel au règlement, M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Je veux seulement attirer l'attention de notre ministre
de la Justice sur le fait qu'il n'y a aucune immunité criminelle ici, en
Chambre.
Une voix: C'est vrai!
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je laisserai les avocasseries
aux avocats et je continuerai à poser des questions, quel que soit le
ton employé par le ministre de la Justice.
M. Côté: Des menaces!
M. Gratton: Est-ce que le ministre nie que l'inspecteur-chef, M.
Réal Turner, ait été présent à la
réunion du 2 mars 1984? Est-ce qu'il peut nier que durant cette
rencontre l'inspecteur-chef Turner s'est rendu à la voûte de la
sûreté chercher la transcription de l'enregistrement
accumulé dans ce dossier...
Une voix: Ah!
M. Gratton: ...et qu'à cette fin M. Turner a signé
le registre de sortie?
Des voix: Oh!
(11 h 20)
M. Gratton: Est-ce qu'il peut nier qu'à son retour
à la réunion avec la transcription des enregistrements, le
ministre Bédard n'en ait pas pris connaissance... est-ce qu'il peut nier
que le ministre Bédard aurait pu en prendre connaissance?
Le Président: M. le ministre...
M. Gratton: Vous n'avez pas entendu la question?
Le Président: La fin de la question.
M. Gratton: C'est facile de la répéter mot pour
mot, je l'ai écrite, M. le Président. Peut-il nier qu'à
son retour, qu'au retour de M. Turner à la réunion avec la
transcription des enregistrements le ministre Bédard en ait pris
connaissance?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'ai rencontré
le directeur de la Sûreté du Québec, M. Beaudoin, ainsi que
le directeur adjoint, M. Paquette, qui a participé à cette
rencontre. Tous les deux...
Des voix: Turner!
M. Johnson (Anjou): M. Paquette, le directeur adjoint, qui a
participé à cette rencontre. Ces deux membres de
l'état-major m'ont affirmé que jamais il n'a été
question de telles choses lors de cette rencontre. Point!
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Est-ce que le ministre de la Justice pourrait
s'engager à aller vérifier? Le registre est là à la
voûte. Allez vérifier si, effectivement, durant la période
où la réunion s'est tenue, M. Turner n'est pas allé
chercher la transcription des enregistrements. S'il acceptait d'aller faire
cette vérification, peut-être pourrait-il se rendre compte que
celui qui a menti hier n'est peut-être pas celui qu'il accusait.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'ai posé au
directeur général de la Sûreté du Québec et
au directeur général adjoint, qui participaient à cette
réunion, la question posée par le député en cette
Chambre concernant l'écoute électronique. La réponse,
c'est que ce que dit le député de Gatineau est faux, M. le
Président.
Des voix: Turner!
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Le ministre maintient toujours qu'il n'a pas
été question d'écoute électronique. Il
n'était pas lui-même présent à cette réunion
et il s'appuie donc sur les témoignages de soit M. Paquette, soit M.
Turner, quoiqu'il refuse de confirmer ou d'infirmer qu'il était
là, soit de M. Beaudoin, soit peut-être de M. Bédard.
Comment peut-il, à partir de ça... J'imagine qu'il doit parler
à M. Bédard de temps en temps.
Le Président: M. le député, la question!
M. Gratton: Comment peut-il à ce moment-là affirmer
aussi catégoriquement qu'il n'en a jamais été question
avant d'aller vérifier les informations que je lui fournis aujourd'hui
et comment peut-il se permettre d'accuser les autres de menteurs alors que je
maintiens fermement que les informations que j'ai révélées
ici sont exactes jusqu'à ce que le ministre les nie?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Voilà la technique, M. le
Président! On dit n'importe quoi et jusqu'à temps que ce soit
nié on tient pour acquis que c'est la vérité. C'est
ça, M. le Président! C'est ça, M. le Président!
C'est ça, M. le Président! C'est ça, M. le
Président, travestir le Parlement. C'est ça, travestir les droits
élémentaires des personnes qui sont en cause.
Ceci dit, je réitère que j'ai posé la question au
directeur général de la Sûreté du Québec et
au directeur général adjoint de la Sûreté du
Québec...
M. Landry: C'est ça la justice fasciste.
M. Johnson (Anjou): ...M. Tancrède Paquette, qui
participait à cette réunion...
Une voix: Turner!
M. Landry: C'est ça la justice fasciste.
M. Johnson (Anjou): J'ai rencontré et le directeur
général...
Une voix: ...des discours sur les droits et libertés.
M. Johnson (Anjou): ...et le directeur général
adjoint de la Sûreté du Québec...
Une voix: S'il vous plaît!
Une voix: Turner!
M. Johnson (Anjou): ...dans les derniers jours. Ils affirment et
disent sur leur honneur que jamais il n'a été question de ce
sujet dans les conversations avec M. Bédard.
M. Gratton: Question complémentaire, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Est-ce que je dois comprendre de la réponse du
ministre qu'il refuse d'aller vérifier le registre à la
voûte de la Sûreté du Québec? Est-ce que je peux me
demander si son refus est inspiré par la crainte qu'il a de
découvrir la vérité?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, c'est comme depuis le
début de ce dossier venant du député de Gatineau qui -
encore, je le répète; je me demande ce que son chef en pense - a
une attitude totalement irresponsable.
Des voix: ...
Une voix: Quel chef?
M. Johnson (Anjou): Quel chef? C'est vrai. Quel chef? C'est quoi
leur chef?
Une voix: Cela fait longtemps qu'ils l'ont vu.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, c'est comme depuis le
début de ce dossier...
Une voix: II se cache dans l'armoire.
Une voix: Et le vôtre?
M. Johnson (Anjou): ...où on associe une série de
noms, une série d'événements, une série de
dates...
M. Gratton: Question de règlement.
M. Johnson (Anjou): ...une série de rencontres...
Le Président: Un rappel au règlement. M.
Gratton: Question de règlement.
Le Président: M. le ministre, il y a un rappel au
règlement du leader de l'Opposition.
M. Gratton: II y a une limite, M. le Président, pour le
ministre de la Justice de lancer des accusations gratuitement. Ce n'est
jamais...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Ce que j'ai fait depuis le début - je n'ai pas
porté d'accusation - j'ai posé des questions. Le ministre
m'accuse d'avoir nommé des noms. Or, cela est faux, M. le
Président.
Le Président: Ce n'est pas parce que je ne veux pas vous
laisser intervenir, M. le député, mais vous faites un rappel au
règlement et j'ai de la misère à voir en quoi c'en est
un.
M. Gratton: Question complémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre admettra que les seuls noms que j'ai
nommés depuis le début, que les seuls noms que j'ai
mentionnés ici, à l'Assemblée nationale ou ailleurs, sont
le sien, celui de son prédécesseur, celui des autorités de
la Sûreté du Québec, et que jamais je n'ai mentionné
quelqu'un d'autre? Est-ce que le ministre, par ses accusations, m'invite
à nommer le ministre et le député péquiste
concernés?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président... Des voix:
Bravo!
M. Johnson (Anjou): ...j'espère qu'un jour le
député aura le courage...
Des voix: ...
Le Président: Allons! Allons! Allons! M. Johnson
(Anjou): J'espère... Des voix: ...
Le Président: M. le député de Gatineau a
posé une question. J'imagine que tout le monde voudra entendre la
réponse.
M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, puisque le
député vient d'invoquer l'intérêt qu'il aurait
à donner des noms, il en a donné. Il a donné celui de mon
prédécesseur, celui de M. Turner, celui de M. Beaudoin, celui de
M. Paquette, celui de M. Jacoby.
Une voix: Le vôtre.
M. Johnson (Anjou): Depuis deux semaines, M. le Président,
le député, d'une façon, encore une fois, que je
considère comme absolument inqualifiable sur le plan
des institutions démocratiques, évoque une série de
dossiers et d'enquêtes. Un de ces dossiers, M. le Président, fait
de deux membres de cette Assemblée des victimes d'un complot, des
victimes, M. le Président. Le rapport porte sur l'attitude
d'éventuels conspirateurs contre des membres de cette Assemblée
et, depuis le début, le député de Gatineau fait
exprès pour mêler une série d'allégations, de faits,
d'événements qui veulent entacher des réputations et qui,
en plus, à l'égard du fonctionnement policier, à
l'égard du respect élémentaire des droits et
libertés, est un comportement irresponsable.
Deuxièmement, ce que je dis, M. le Président, c'est que le
député de Gatineau prétend et affirme que le directeur
général de la Sûreté du Québec et le
directeur général adjoint, M. Tancrède Paquette, m'ont
menti. C'est ce qu'il dit, M. le Président, dans ses questions. Si c'est
cela qu'il dit, je voudrais l'entendre le dire en cette Chambre,
clairement.
Une voix: Envoyez!
Des voix: Bravo! (11 h 30)
M. Gratton: Complémentaire.
Le Président: Complémentaire, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Est-ce que le ministre de la Justice, une fois qu'il
aura terminé ses grands élans, ira voir le registre à la
Sûreté du Québec?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Je dirai tout de suite que j'attends de
relire la transcription de la question du député parce qu'il l'a
formulée d'une façon ambiguë, pas claire qu'il est revenu
dessus à deux reprises, qu'il a bafouillé, qu'il s'est
trompé. Il a associé une démarche qui est dans
l'exécution des fonctions de certaines personnes quant à la
responsabilité de mandataires qu'ils ont en vertu du Code criminel,
autorisation que je signe comme Procureur général, et un autre
événement qui est une conversation entre le ministre de la
Justice et un groupe d'officiers supérieurs. C'est ce type de
comportement qui est irresponsable.
Le Président: Dernière complémentaire.
M. Gratton: Dernière complémentaire, mais toujours
la même. Le ministre de la Justice va-t-il aller vérifier le
registre?
M. Johnson (Anjou): M. le Président... Le
Président: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...cela fait trois fois que le
député le demande. Il fait référence au registre.
Oui, il y a les registres d'état civil, le registre de l'écoute
électronique. Le député, quand il a posé sa
question - car j'ai vu ce que cela a fait hier; j'ai vu ce que sa question
d'hier a fait - hier, s'exprimait de la façon suivante. Il fait une
accusation à l'égard de mon prédécesseur et, en
même temps, il déclare, parce que je dis que oui, il y a eu une
rencontre, qu'il y a là un aveu. Pourquoi? Parce que ses constructions
de questions associent deux types d'événements souvent
séparés et qu'il entend par sa formulation entacher la
réputation de personnes.
Cela dit, dans l'application de mes responsabilités comme
Procureur général, je ferai tout ce que j'ai à faire pour
m'assurer que la poursuite des objectifs du Procureur général en
termes de maintien de nos institutions et en termes d'efficacité des
enquêtes policières soient assurés, y compris dans ce
dossier.
Le Président: Question principale, M. le
député de Beauharnois. Allons, allons, un peu de calme.
Plan de relance des investissements
M. Lavigne: Merci. Je voudrais vous demander, M. le
Président, si vous me donnez l'autorisation de parler d'économie.
Merci. On constate dans la Presse du 19 décembre 1984 la performance du
plan économique. On peut y lire: "Les investissements manufacturiers au
Québec: un record de 2 900 000 000 $ en 84. Les immobilisations des
entreprises manufacturières au Québec ont atteint un niveau
record de 2 900 000 000 $ en 1984, soit 40% de plus que l'année
dernière, a annoncé hier le président de la section du
Québec de l'Association des manufacturiers canadiens, André
Sarasin."
Je voudrais demander au ministre de l'Industrie et du Commerce si le
plan de relance a performé comme prévu. Deuxièmement, y
a-t-il des changements à y apporter éventuellement?
M. Biron: Je vous rappelle qu'il n'y a même pas un an le
premier ministre annonçait le plan de relance des investissements et, en
particulier, des investissements manufacturiers. À l'époque, on
avait un objectif de 2 000 000 000 $ d'investissements manufacturiers de
recherche et de développement générés avec le
nouveau plan de relance annoncé par M. Lévesque, 2 000 000 000 $
dans 27 mois. Je dois vous dire qu'à l'allure où nous
fonctionnons présentement le plan de relance génère 100
000 000 $ de nouveaux investissements par mois, de telle sorte qu'après
onze mois
nous avons déjà au-delà de 1 000 000 000 $ de
nouveaux investissements manufacturiers au Québec
générés par le plan de relance du gouvernement du
Québec.
Des voix: Bravo!
M. Biron: Deuxièmement, M. le Président, concernant
la création d'emplois dans le domaine manufacturier, nous avons tout
près de 30 000 emplois déjà créés, cette
année, ce qui fait que 35% des emplois créés au Canada
l'ont été au Québec, justement à cause de la
performance des entreprises manufacturières et des leaders
manufacturiers du Québec.
Je veux, en plus de rendre hommage à ces gens, dire que, bien
sûr, nous continuons l'amélioration de certaines sections du plan
de relance. La preuve, c'est qu'hier mes collègues, le président
du Conseil du trésor et la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, et moi, nous annoncions des
améliorations au plan de relance en ce qui regarde l'aide aux jeunes,
pour créer plus de place aux jeunes dans les entreprises et, en
particulier, aider davantage les jeunes à créer leur propre
entreprise. Oui, M. le Président, le plan de relance du gouvernement du
Québec a fonctionné à plein depuis un an.
Des voix: Bravo!
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: M. le Président, je vous remercie. En
complémentaire, je voudrais demander au ministre si, finalement, ce
fameux plan de relance dont on parle tant va permettre à la compagnie
Alby de venir s'installer une fois pour toutes à Valleyfield.
M. Biron: Oui, M. le Président, nous étions
informés tout dernièrement qu'à cause du plan...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre! À l'ordre!
Une voix: Des cas de comté.
Le Président: M. le député pour les cas de
comté, les téléphones ou le courrier, c'est la meilleure
façon, mais sûrement pas la période des questions. En
complémentaire, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: ...je me rappelle de nombreuses périodes des
questions où le député de Richmond nous parlait d'une
route dans son comté. Je me demande, lorsqu'il s'agit d'investissements
importants sur le plan industriel, pourquoi le député ne pourrait
pas savoir du ministre de l'Industrie et du Commerce si oui ou non,
effectivement, il y aura réalisation de ce projet. Si c'est vrai pour
une route dans le cas du député de Richmond, il me semble que,
pour du développement industriel, le ministre devrait pouvoir
répondre.
Le Président: La règle qui prévaut à
la période des questions, c'est que les questions portent sur des sujets
d'envergure nationale ou régionale. Mais lorsqu'on arrive à un
cas de comté par la question: Est-ce que le plan de relance va permettre
à une compagnie de s'implanter dans mon comté? j'avoue que, s'il
faut que l'on admette ce genre de question à la période des
questions, il va falloir allonger la période des questions à une
couple d'heures par jour pour passer tous les comtés du
Québec.
Une voix: M. le Président, en supplémentaire...
Le Président: De toute façon, la période des
questions est terminée.
M. Scowen: Ma question.
Le Président: Oui, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Pendant que les députés entrent pour
les votes, est-ce que je pourrais obtenir le consentement pour revenir à
un article antérieur, qui est le dépôt de documents, afin
de déposer un rapport annuel?
Une voix: Cela prend les deux tiers...
Le Président: Y a-t-il consentement pour que l'on revienne
au dépôt de documents?
Des voix: Demain.
Le Président: II n'y a pas de consentement, M. le
député.
Le Président: À l'ordre! Je mets donc aux voix la
motion de M. le ministre de l'Éducation proposant que le projet de loi
3... (11 h 40)
Demande de suspension de la mise aux voix du projet de
loi 3
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: Oui, M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): ...question de règlement. Nous
venons d'être informés, M. le Président, qu'un jugement
final de la Cour suprême aurait pour effet de rendre inconstitutionnelles
les dispositions de la Loi sur la fiscalité municipale et modifiant
certaines dispositions législatives touchant le droit d'imposition des
commissions scolaires. Or, on m'informe également que le projet de loi
que nous sommes appelés a voter en troisième lecture contient des
dispositions identiques à celles qui viennent d'être
déclarées inconstitutionnelles par la Cour suprême.
M. le Président, je vous demanderais de suspendre la prise du
vote, la mise aux voix, afin que nous puissions faire les vérifications
nécessaires, avec le sens des responsabilités qui doit guider les
parlementaires. Étant donné qu'il s'agit d'un jugement final de
la Cour suprême, il serait sage et respectueux de nos institutions de
faire faire une vérification, même pour quelques minutes, par des
légistes du gouvernement avant de procéder à la mise aux
voix et de poser un geste qui, à mon sens, serait loin d'être
responsable et loin d'être conforme a nos responsabilités de
parlementaires.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, dans la décision que
vous avez à rendre relativement à ce dont fait état le
chef de l'Opposition officielle, il y aurait peut-être lieu aussi de
tenir compte du fait que, bien sûr, les lois adoptées par
l'Assemblée nationale n'impliquent pas nécessairement qu'elles ne
puissent pas être contestées devant les tribunaux.
Me permettez-vous simplement de poursuivre? Merci beaucoup. Il y a un
droit qui est celui d'une Assemblée nationale, d'un Parlement, d'adopter
des lois. Il y a une distinction à faire entre le pouvoir judiciaire, le
pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Je vous fais valoir,
M. le Président, que ce dont il est question à ce moment-ci,
c'est de l'exercice du pouvoir législatif. S'il doit y avoir,
au-delà de l'exercice du pouvoir législatif, l'exercice d'un
autre pouvoir, je dis que ce n'est pas l'endroit où cette chose doit
être faite. Dans les circonstances, il y a lieu de procéder au
vote sur l'adoption du projet de loi 3.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ce n'est pas
une question d'attendre un jugement ou des actions prises par la suite. Il
s'agit présentement d'un jugement final de la Cour suprême, si mes
informations sont exactes et j'ai tout lieu de croire qu'elles le sont
étant donné qu'elles sont confirmées par deux ou trois de
mes collègues et que je viens d'avoir un appel très urgent d'un
savant juriste qui veut me parler à ce sujet. Je pense que nous serions
irresponsables d'avoir une mise aux voix, alors qu'on peut l'avoir dans une
heure et éviter ainsi de procéder à une
illégalité dont nous sommes présentement saisis avant
même la mise aux voix. Je vous demanderais au moins, M. le
Président, de prendre en délibéré ma demande.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: ...je vous fais valoir humblement qu'on ne peut pas,
avant même qu'un projet de loi soit adopté par l'Assemblée
nationale du Québec, présumer de quelque façon que ce soit
de son inconstitutionnalité. Ce que le chef de l'Opposition dit, c'est
que, sur la base d'une décision qui a été rendue, il
considère, quant à lui, que cette décision s'applique ou
pourrait s'appliquer à certains des aspects du projet de loi qui est en
ce moment devant l'Assemblée nationale du Québec. Je vous fais
valoir qu'en l'absence de l'adoption par l'Assemblée nationale du
Québec d'un projet de loi il est tout à fait incorrect de
présumer, a priori, de l'inconstitutionnalité d'un aspect ou
l'autre de ce projet de loi.
Le Président: M. le député de D'Arcy McGee,
j'aurais beaucoup de plaisir à vous entendre, compte tenu de vos
connaissances en droit constitutionnel. La difficulté dans laquelle je
me trouve - et je vous la fais partager - c'est que jamais le président
d'une Assemblée nationale le "speaker" en droit parlementaire
britannique - n'interprète le droit. Il a déjà assez de
difficulté à interpréter le règlement comme c'est
là! Par conséquent, si vous me faites valoir que ce que
l'Assemblée s'apprêterait à faire pourrait aller à
l'encontre de la constitution, il s'agit d'un domaine qui relève du
droit et des tribunaux. Cela ne relève en aucun cas du président
de l'Assemblée nationale. Jamais, au grand jamais - et cela, tous les
auteurs des décisions de jurisprudence sont unanimes là-dessus -
le président de l'Assemblée, qui n'est pas un magistrat,
n'intervient pour interpréter le droit et pour décider si, en
l'occurrence, certains articles qu'on s'apprêterait à adopter ou
à rejeter sont ou ne sont pas constitutionnels. Le test qui doit
être fait, si tant est que le gouvernement maintient sa position,
à ce moment-là, c'est le test des tribunaux. Si des
députés sont
convaincus - est-ce que je peux terminer? -que ce qu'ils
s'apprêtent à faire va à l'encontre de la loi fondamentale
du pays, la chose à faire est de s'y opposer en votant contre.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je vous ferai
remarquer une chose: Si on vote contre le projet de loi, ce sera contre
certaines dispositions de son contenu ou parce que nous avons d'autres raisons.
Mais, à ce moment-ci, si on permet un vote, pour nous, il nous
paraît évident que nous allons poser un geste, possiblement... Je
dis possiblement, parce que j'ai la prudence qui s'impose dans les
circonstances. Si quelqu'un, de l'autre côté, pense que j'ai tort
de dire "possiblement", qu'il se lève et me fasse le reproche en
question.
M. le Président, je me tourne vers vous maintenant... Qu'est-ce
qu'il y a, vous, le savant juriste de Beauce-Nord?
Le Président: Allons! Allons! Une voix:
Abitibi-Est.
M. Levesque (Bonaventure): D'Abitibi-Est. M. le Président,
c'est vrai qu'ils se ressemblent, ces deux-là. M. le Président,
est-ce que je pourrais insister parce que, pour notre formation politique,
étant donné les renseignements que nous avons, il serait
très difficile de participer à un vote sur des articles qui sont
déclarés inconstitutionnels, par la Cour suprême? Si vous
prenez... Qu'est-ce qu'il y a là, vous de Kamouraska-Témiscouata?
Qu'est-ce que vous avez au point de vue constitutionnel à nous dire?
Le Président: À l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Si je prends le projet de loi 57 qui a
été sanctionné en cette Chambre le 21 décembre 1979
et qui a fait l'objet de poursuites en Cour supérieure, en Cour d'appel
et maintenant en Cour suprême, et que des dispositions qui sont contenues
dans ce projet de loi 57 sont également répétées
dans le projet de loi qu'on s'apprête à mettre aux voix
présentement, s'il y a de ces articles-là qui concernent la
taxation... On sait, pour être plus précis, que le projet de loi
déterminait, dans la redistribution des pouvoirs de taxation entre les
municipalités et les commissions scolaires, que les commissions
scolaires étaient limitées dans leur droit de taxation. Vous
savez que... Bon. La Cour suprême vient de dire que ceci est contre la
constitution, m'apprend-on. Cela irait à l'encontre, en particulier, de
l'article 93 de la constitution.
Dans les circonstances, on nous demande, à ce moment-ci, de
voter. Ce n'est pas parce qu'on voterait contre; c'est que l'ensemble des
parlementaires sont appelés à voter. On connaît
déjà la position du gouvernement, c'est qu'il va voter pour son
projet de loi; donc, la majorité, on le sait d'avance, sinon plus que la
majorité, suivant la façon dont on va voter, va voter pour le
projet de loi 3. Les intentions ont été clairement
exprimées et le ministre a même refusé nos amendements.
Donc, il est clair qu'on s'apprête à voter des dispositions qui
sont présentement, d'après mes renseignements,
déclarées inconstitutionnelles par le dernier tribunal du pays.
Donc, la décision est finale; il n'y a pas d'autres recours.
Pouvons-nous et pouvez-vous, M. le Président, accepter que nous posions
ce geste? Quant à nous, nous ne pourrions pas participer à ce
vote parce que nous avons l'intention de faire une étude, même
rapide, que le ministre de la Justice, qui est le jurisconsulte, pourrait fort
bien faire faire par ses juristes immédiatement, pour enlever dès
à présent... On n'est toujours bien pas pour le faire
exprès pour voter des choses inconstitutionnelles lorsque nous avons de
fortes raisons... étant donné les renseignements que nous avons.
(11 h 50)
Ce que nous demandons, autrement dit, à la présidence, ce
n'est pas de ne pas procéder à la mise aux voix; c'est simplement
que le ministre de la Justice prenne une heure pour examiner cette situation.
Il a à son service tous les légistes nécessaires. Il peut
fort bien prendre connaissance, s'il n'en a pas encore pris connaissance, de ce
jugement de la Cour suprême. Dans une heure ou au moment où le
jurisconsulte viendra devant cette Chambre nous donner les avis qu'il aura
reçus ou qu'il aura lui-même formulés, nous
procéderons à la mise aux voix. Il me semble que c'est une
demande raisonnable et responsable, M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Pour rassurer le chef de l'Opposition officielle,
parce que je ne veux d'aucune façon, quant à moi, mettre en cause
le sens de l'intervention qu'il fait...
M. Johnson (Anjou): II est habillé en Noël.
M. Bertrand: ...parce que j'ai l'impression qu'effectivement il
veut s'assurer que nous fonctionnions dans l'ordre...
M. Johnson (Anjou): Rouge et noir!
M. Bertrand: ...je voudrais demander au jurisconsulte, au
ministre de la Justice, de donner des informations quant aux intentions du
gouvernement relativement à la situation
qu'évoque le chef de l'Opposition.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je ne mets aucunement
en doute les motifs du chef de l'Opposition. C'est très clair, je pense
qu'il recherche une attitude de prudence, ce qui est normal dans ces
questions.
Cela dit, je voudrais rappeler un certain nombre de principes et de
modes de fonctionnement. Il est exact qu'il y a un jugement de la Cour
suprême qui pourrait, en fonction des interprétations qu'on peut
en faire, par analogie ou compte tenu du caractère similaire ou
semblable de certaines dispositions du projet de loi, poser
problème.
Une voix: Mot à mot!
M. Johnson (Anjou): Oui, mot à mot, mais dans une loi
différente, dans un contexte différent et ces questions doivent
être appréciées à la lumière d'une expertise
juridique qu'évoquait lui-même le chef de l'Opposition, je n'en
disconviens pas. Cela ne se fait pas sur un coin de table, on le sait, ces
expertises en matière de droit constitutionnel, surtout sur des sujets
aussi sensibles et aussi importants que ceux que l'on vient d'évoquer.
Je ne crois pas, M. le Président, qu'en l'espace d'une heure, de trois
quarts d'heure ou d'une demi-heure on parvienne ni à faire l'analyse
exhaustive, ni à tenir compte, ni à présumer qu'on
formulerait les amendements qu'il faudrait.
Par ailleurs, il y a un autre principe qui est tout aussi fondamental,
celui de la présomption de constitutionnalité des lois
adoptées par le Parlement du Québec. Je préférerais
que ce principe prévale sur le premier à ce stade-ci,
étant donné qu'il est possible de corriger en cours de route, si
les analyses, qui pourraient prendre plusieurs semaines dans certains cas,
l'exigent. Et les tribunaux sanctionnent, d'une part, ou encore
l'Assemblée nationale peut décider de sa propre initiative de
modifier, compte tenu des conséquences du jugement. Cela, on l'a fait
régulièrement en matière de droit commercial, en
matière de droit fiscal, en matière de droit constitutionnel,
alors qu'on doit, à la suite des arrêts définitifs de la
Cour suprême, modifier un certain nombre de lois afin de parvenir aux
objectifs du législateur.
Or, je ne crois pas que toute cette démarche puisse se faire ni
en une heure, ni en vingt-quatre heures. Donc, c'est le principe, la
présomption de la constitutionnalité des lois qui doit
prévaloir et je crois que, sans être imprudent, on peut
procéder au vote, M. le Président. Je donne l'assurance au chef
de l'Opposition que tout sera mis en marche au ministère de la Justice
pour faire les études nécessaires, s'il y a des correctifs
à apporter éventuellement, comme dans les autres cas.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Sur cette question de règlement, je pense que le
problème fondamental ici est qu'on ne sait pas sur quoi on vote: est-ce
qu'on vote sur une loi qui est valide...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Marx: Un instant, M. le Président. On n'a pas le
jugement.
Il est possible que la Cour suprême ait dit que toute la loi 57
est entachée d'inconstitutionnalité et ce peut être la
même chose pour le projet de loi 3, si c'est de même effet. Je
pense qu'il serait prudent de permettre aux députés de prendre
connaissance de ce jugement de la Cour suprême du Canada pour savoir sur
quoi on vote. Comment peut-on nous demander de voter sur un projet de loi qui
peut être inconstitutionnel à sa face même étant
donné le jugement de la Cour suprême du Canada?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): ...je comprends très bien votre
attitude, en ce sens que ce n'est pas vous qui avez à prendre toutes ces
questions de droit relativement au fond du projet de loi, j'en conviens. Mais
il me semble qu'il y a eu suffisamment d'éléments qui ont
été portés à votre attention pour que vous
permettiez au moins aux collègues ici à l'Assemblée
nationale... Je comprends que le ministre de la Justice dise: Ça va
prendre quelques semaines d'étude. Bon, ça va très bien.
Si ça lui prend des semaines pour voir ça, c'est son droit, sauf
que nous vous demandons que le vote soit reporté d'au moins une heure
afin que nous puissions prendre ensemble connaissance du jugement, afin de
pouvoir prendre une décision qui soit responsable, tenant compte de nos
responsabilités, justement, comme législateurs.
Je ne veux pas participer à un vote sachant ce que je sais
à ce moment-ci. Je ne veux pas voter à ce moment-ci. Je suis bien
prêt à étudier la question. Donnez-nous quelque temps, on
va revenir et, si on ne peut pas voter, on ne votera pas tout simplement. Pour
le moment, je ne peux pas, je n'ai pas eu le temps de consulter mes
collègues, mais je ne leur suggère pas de
participer à un vote avec ce que j'ai à l'esprit
présentement et les renseignements qui me sont fournis de toute part au
moment où je vous parle.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, sur la question
soulevée par le chef de l'Opposition, encore une fois, je veux bien
rappeler qu'une heure de suspension risque de ne rien changer. Qu'on se
comprenne bien. On n'analyse pas un jugement final... Non, non, si vous
permettez, M. le Président. Je pense que l'Opposition cherche une excuse
pour ne pas voter. De toute évidence, le chef de l'Opposition ne veut
pas écouter nos arguments. Franchement!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je m'oppose
à ce moment-ci...
Le Président: Je m'oppose pour ma part au fait que
beaucoup de députés ne soient pas à leur siège. Il
y a quand même un décorum à maintenir dans cette Chambre.
Si les députés veulent ou bien prendre leur siège, ou
alors quitter la Chambre, mais là... Je veux bien que nous ayons un
échange conforme aux règles habituelles de cette Chambre,
normalement, les députés sont à leur place.
M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je pense que
le ministre de la Justice vient de se comporter comme quelqu'un qui ne comprend
pas, qui ne veut pas comprendre...
Une voix: Arrogant!
M. Fortier: II ne comprend même pas...
M. Levesque (Bonaventure): ...le sérieux et la bonne foi
que nous apportons présentement en faisant un appel au gouvernement pour
avoir ce qu'on appelle une période... Cela se fait partout. Lorsqu'on a
un problème de cette nature, on peut prendre quelques minutes
pour y réfléchir et même se consulter avant de poser un
geste qui pourrait aller à l'encontre de nos institutions.
Le ministre nous lance des quolibets, il devrait reprendre ses senset surtout ne pas être obnubilé par le genre de portrait qu'on
peut lui faire présentement.
Une voix: Ouais! Qu'il ne se prenne pas pour le premier
ministre!
M. Levesque (Bonaventure): Nous avons devant nous un projet de
loi. On nous demande de voter, non pas en première ou deuxième
lecture mais en troisième lecture, c'est-à-dire l'étape
finale. Je demande simplement à la présidence, au gouvernement et
à nos collègues ici de prendre une heure ou deux, le temps que
vous nous donnerez, M. le Président. Je ne veux même pas demander
la suspension de la séance, je pense qu'on a d'autre travail à
faire. Je demande simplement que le vote soit reporté jusqu'à ce
qu'on puisse, de part et d'autre, consulter les légistes, les juristes
avant de procéder.
On dirait que c'est effrayant, que c'est quelque chose de pas
raisonnable. Je ne comprends pas le gouvernement actuellement. Je ne comprends
pas le juris...
Le Président: Écoutez, vous me demandez de reporter
un vote pour un certain temps. En vertu de quelle autorité puis-je
reporter un vote? En vertu de quel article du règlement? Je n'ai
pas...
Des voix: Du gros bon sens.
Le Président: Si vous permettez. Vous me placez dans une
position intenable, je n'ai pas cette autorité. S'il y a consentement de
la Chambre pour reporter le vote, j'exécuterai le consentement de la
Chambre, mais, à défaut de consentement, je n'ai pas
l'autorité de reporter d'office une question comme celle-là. (12
heures)
M. Johnson (Anjou): M. le Président.
Le Président: Oui, M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Je laisserai mon collègue, le leader
parlementaire, commenter les aspects de nature parlementaire de la question
soulevée par le député. Je voudrais que ce soit clair
entre nous là-dessus. Je pense qu'il ne faut pas s'invectiver de part et
d'autre là-dessus. J'ai dit, au début, M. le Président,
que je comprends la préoccupation de prudence du chef de l'Opposition
dans ces questions. Cependant, je voudrais rappeler un certain nombre dé
principes qui sont fondamentaux quand on regarde ce qu'est le fonctionnement du
Parlement lui-même. Que je sache, les Parlements ne sont pas suspendus
à l'heure aux décisions des tribunaux. Les Parlements
fonctionnent, les tribunaux fonctionnent et il est de la responsabilité
du gouvernement de prendre les moyens d'harmoniser ses lois en fonction de
l'exercice du pouvoir judiciaire. Nous ne sommes pas dans une situation
où l'une et l'autre ou l'une ou l'autre des institutions intervient dans
le déroulement normal de l'autre. On se comprend bien.
Or, M. le Président, je prétends que ce n'est pas en une
heure qu'on peut à la fois identifier le problème et trouver la
solution
dans des questions constitutionnelles extrêmement complexes. Si on
tient cela pour acquis, que cela va prendre plus d'une heure pour le faire, je
crois, M. le Président, que si ce que veut le chef de l'Opposition,
c'est pouvoir discuter de cette question pendant une heure sans pour autant
mettre en cause le fait que nous devions voter ce projet de loi aujourd'hui
même, ça, c'est autre chose. Mais si ce qu'il veut remettre en
cause, c'est la possibilité que nous prenions un vote sur ce projet de
loi aux motifs du jugement de la Cour suprême, il est évident
qu'on ne peut pas être d'accord en termes de fonctionnement des
institutions et en termes de ce qu'est la responsabilité du
ministère de la Justice à l'égard de l'analyse et des
moyens à prendre pour analyser les conséquences d'un jugement
final de la Cour suprême.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je vois que le ministre commence
à comprendre. Il a fait 50% du chemin. Alors, sans m'y engager, M. le
Président, et sans engager ma formation politique, je suis d'accord pour
accepter l'offre du ministre, à savoir que nous prenions l'heure en
question, enfin, comme le leader du gouvernement voudra bien nous indiquer, le
temps qu'il nous accorde. La seule chose que je dis, M. le Président,
c'est qu'on ne peut pas préjuger, au moment où je vous parle, des
dispositions que nous prendrons ou de l'attitude que nous prendrons. Je ne peux
pas seul ici, à ce moment-ci, sans avoir consulté les juristes,
excepté, chose certaine, c'est que je comprendrais à ce
moment-là...
Une voix: ...
Une voix: C'est du chantage, ça.
M. Levesque (Bonaventure): Écoutez! Est-ce que je peux
parler moi aussi?
Le Président: Allons! Allons! Allons!
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre de la Justice
se comporte comme un ministre de la Justice présentement alors qu'il
nous interrompt continuellement? Voulez-vous lui demander de cesser? Gardez
votre calme. Vous en avez besoin.
Une voix: Maurice Duplessis.
Une voix: Vous n'êtes pas rendu chef encore.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je suis
d'accord pour accepter ce que nous offre le ministre de la Justice afin, au
moins, que l'on puisse prendre connaissance du jugement de la Cour
suprême et que l'on puisse se rencontrer. Je suggère même
que l'on puisse le faire au cours de l'après-midi. Nous pourrions
trouver une heure convenable pour les députés ministériels
- on ne veut pas déranger votre programme - et également
convenable pour nous, et nous pourrions nous retrouver à ce
moment-là. Je pense que vous prendrez vos responsabilités.
Une voix: Consentement.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, premièrement, je
pense qu'au-delà des propos tenus par le chef de l'Opposition, au moment
où le vote se prend, que ce soit maintenant ou plus tard,
indépendamment des motifs qu'il a invoqués, à savoir
qu'une décision a été rendue par la Cour suprême
relativement à certains aspects de la loi 57 et non pas la loi 3...
C'est la loi 57.
Une voix: C'est cela.
Une voix: Des dispositions semblables.
M. Bertrand: Indépendamment de cela, je pense que
l'Opposition, à moins que j'aie fait une mauvaise lecture du
débat sur la loi 3, se préparait, de toute façon,
indépendamment de quelque autre motif, à voter contre la loi 3.
C'est exact? Bon! Si, à compter de maintenant, pour justifier l'attitude
qu'elle a décidé de prendre sur le projet de loi 3, elle a
besoin, comment dirais-je, d'aller s'accrocher à une poignée qui
n'en est pas une...
Une voix: M. le Président, je m'oppose...
Le Président: M. le leader, il y a un débat qui
n'aurait pas dû avoir lieu au départ puisque nous étions
censés voter. Il a duré suffisamment longtemps et risque de
dégénérer... S'il n'y a pas consentement, je n'ai pas
d'autre choix que de mettre aux voix le projet de loi en question. M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Bertrand: Ces choses étant dites, je suis d'accord pour
que nous puissions procéder au vote à 12 h 55.
Le Président: II y a consentement de la Chambre à
cet effet? L'Assemblée n'est pas suspendue pour autant. Le vote qui
devait avoir lieu aura lieu à 12 h 55. M. le député
de Portneuf.
M. Pagé: Si vous permettez, on doit retenir de
l'application de notre règlement qu'à ce moment-ci, nous ne
sommes pas dans le cadre d'un débat. Un vote est appelé.
Personne, je pense, ne peut présenter une motion d'ajournement. C'est
seulement de consentement unanime qu'on peut décider de suspendre ou non
nos travaux. Le leader du gouvernement vient de nous annoncer qu'il
était disposé à reporter ce vote sur la troisième
lecture du projet de loi 3 de 50 minutes seulement. M'est-il permis, en dernier
recours, de porter ceci à l'attention du leader du gouvernement et des
membres du Conseil des ministres? Nous convenons que la loi qui fait l'objet
d'une décision et d'un jugement de la Cour suprême du Canada, ce
matin, n'est pas le projet de loi 3, évidemment, mais est bel et bien la
loi 57. Nous convenons que le projet de loi 3 n'est pas encore
adopté.
Par contre, le leader du gouvernement évoquait tout à
l'heure, relativement au vote qui allait être pris, la façon dont
allait se dessiner la majorité par rapport à des dissidences,
etc. Il faut convenir que par respect de la loi un législateur doit
s'assurer que la loi qu'il vote - peu importe le sens du vote qu'il prononce,
peu importe son vote - sera légale, qu'elle pourra s'appliquer et, par
surcroît, qu'elle sera respectée. M'est-il permis de souligner au
leader du gouvernement que, si on veut être responsable comme
Assemblée nationale, on se doit d'avoir un rapport du jurisconsulte,
premièrement. J'hésite à croire qu'en 55 minutes on puisse
l'avoir. Deuxièmement, m'est-il permis de suggérer que si le
gouvernement veut être responsable, il devra y avoir une réunion
du Conseil des ministres pour que les membres du gouvernement puissent discuter
là-dessus? C'est la plus élémentaire des prudences qui
commande cela. Si le gouvernement veut se limiter à 55 minutes, tant
mieux ou tant pis pour lui, mais il fera preuve d'imprudence. Le vote devrait
être au moins à 15 heures.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement.
Dernière intervention.
M. Bertrand: Je constate de façon très claire qu'il
y a une différence substantielle entre les propos, quant à moi
corrects, qu'a tenus le chef de l'Opposition relativement à l'heure
qu'il demandait avant que nous puissions procéder au vote et ce que
vient de dire le député de Portneuf qui commente ce qu'a dit tout
à l'heure le jurisconsulte, ministre de la Justice, à savoir que
ce genre d'évaluation, d'abord, peut être fait ou doit être
fait, quant à nous, une fois le vote de l'Assemblée nationale
pris. Deuxièmement, cela ne se fait pas en une heure ni en une
journée. Certainement peut-être même pas en une semaine. Il
est nécessaire, pour bien évaluer tous les aspects de la
décision de la Cour suprême sur la loi 57 et,
éventuellement, sur le projet de loi 3, qui n'a pas encore
été adopté, qu'il y ait, effectivement, possibilité
de se donner le temps nécessaire.
Ce que le député de Portneuf vient de dire, ce n'est pas
la même chose que ce que le chef de l'Opposition a dit. Dans les
circonstances, ou c'est le chef de l'Opposition qui indique la volonté
de sa formation politique quant au temps dont il veut disposer, ou, si c'est le
député de Portneuf qui dirige la formation politique, nous
passons au vote immédiatement.
Le Président: Les échanges de propos sur la
question ont, je pense, suffisamment duré et sont en train de virer en
débat, ce qui est loin d'être prévu par nos
règlements.
M. Gratton: Le leader du gouvernement prétend qu'il y a
une différence entre ce que dit le chef et ce que dit le whip. Je
voudrais tout simplement que ce soit clair. En fait... (12 h 10)
Des voix: ...
Le Président: Cela commence à avoir l'air de
cela.
M. Gratton: Je veux simplement dire, M. le Président, que
ce qu'on demande au leader, c'est ceci: plutôt que de prendre le vote
à 12 h 55, qu'il puisse être pris à 15 heures. On a un
caucus, notre formation politique, de 13 heures à 15 heures. Cela nous
permettrait de nous consulter et, également, de ne pas suspendre les
travaux de l'Assemblée jusqu'à 13 heures, parce que,
évidemment, s'il faut se consulter avant 12 h 55, si on est ici à
l'Assemblée, on ne peut pas se consulter et être ici en même
temps. Il n'y a pas péril en la demeure en demandant un vote à 13
heures ou à 15 heures.
Une voix: On n'est pas ici...
M. Gratton: On assure le gouvernement qu'il n'y a pas de
stratégie. Je conviens que le reste du Parti québécois ne
me croit pas, mais je pense que le leader du gouvernement prendra ma parole. Je
n'ai pas l'habitude de...
Le Président: M. le leader, je pense... Une voix:
De conter des mesonges. Le Président: Encore!
M. Gratton: Vous me permettrez peut-être de dire que je
n'ai pas l'habitude de
renier ma parole. J'en prends à témoin le leader du
gouvernement. C'est ce que je lui demande de prendre en
considération.
Le Président: Bien. Des voix: Pas de vote.
Le Président: Cela étant, on va reprendre les
choses au point de départ. Y a-t-il ou non consentement à ce que
le vote...
Une voix: II y avait...
Le Président: II y avait... et, après cela, il n'y
avait plus. Si j'ai bien...
Une voix: Question de règlement.
Le Président: Non, c'est fini, les questions de
règlement.
Une voix: Une question de règlement.
Le Président: Non, M. le député. Cela
suffit. Cela a assez duré. Il y a eu, si j'ai bien compris, des
discussions, un consentement dans le sens que le vote se prenne sur ce projet
de loi, sans que la séance ne soit suspendue pour autant, à 12 h
55.
Une voix: C'est cela.
Le Président: Là, on ne parle plus de la même
chose; on parle d'un vote à 15 heures. Enfin, je fonctionne selon le
règlement, mais aussi selon le consentement de la Chambre: si le
consentement de la Chambre va dans le sens que le vote aura lieu à 12 h
55, nous le prendrons à 12 h 55. Je n'ai pas entendu de consentement
dans le sens que le vote ait lieu à 15 heures, par exemple. Le seul
consentement dont j'ai entendu parler, c'est de le prendre à 12 h 55.
C'est après cela qu'il a commencé à y avoir d'autres
discussions.
Une voix: Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix: Non.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je ne veux pas
plaider mais, dans un esprit de collaboration - vous devez savoir une chose,
les amis, c'est que vous avez besoin de la collaboration de l'Opposition de
temps en temps, si vous ne le savez pas - est-ce que...
Une voix: ...
M. Levesque (Bonaventure): Si vous ne le savez pas, on va vous le
montrer. Deuxièmement, M. le Président...
Une voix: Aujourd'hui, c'est une bonne journée pour
cela.
M. Levesque (Bonaventure): Enfin, le consentement a
été donné pour 12 h 55. Ce que le leader de l'Opposition
demandait au leader du gouvernement, c'était simplement de ne pas
retarder d'une minute, de permettre que ce soit à 15 heures,
étant donné que nous arrêtons de 13 heures à 15
heures. On pourrait l'avoir à 15 heures, en revenant, plutôt qu'en
partant. Il n'y a pas une minute de perdue avec cela, mais cela permet à
notre formation politique de profiter du caucus que nous avons entre 13 heures
et 15 heures pour en parler.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je tiens à le dire
pour l'ensemble de nos collègues de l'Assemblée nationale,
lorsque arrivent les dernières heures d'une session parlementaire - le
leader de l'Opposition sait à quoi je fais référence - il
est important, au nom du bon fonctionnement de l'institution, au nom d'une
organisation correcte de nos travaux parlementaires et au nom même d'un
certain nombre de projets de loi que nous désirons voir adopter à
l'Assemblée nationale du Québec, au-delà de tout ce qui
s'est passé ce matin, de tenter de créer, à compter de
maintenant le climat qui permet de connaître un atterrissage normal en
fin de session. Dans les circonstances, assumant mes responsabilités de
leader du gouvernement, je suis disposé, quant à moi, à ce
que nous puissions, à 15 heures, à l'Assemblée
nationale... J'espère que l'Opposition officielle comprendra à ce
point de vue-là que le sens de ma proposition, c'est aussi,
malgré la connaissance qu'elle prendra du document, d'être
présente à l'Assemblée nationale du Québec à
15 heures. Vous ne serez pas présents? Correct! D'accord, ce sera votre
décision? Bon, d'accord. À 15 heures, M. le Président,
nous serons à l'Assemblée nationale du Québec pour voter
sur le projet de loi 3.
Le Président: Bien. La séance n'est pas suspendue
pour autant puisqu'un autre vote doit avoir lieu maintenant sur le projet de
loi 1, mais, pour ce qui est du projet de loi 3, à 15 heures pile, le
vote a lieu.
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 1
Je mets donc maintenant aux voix la motion de M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation proposant que le
principe du projet de loi 1, Loi sur la Société du Parc des
expositions agro-alimentaires, soit maintenant adopté. Que les
députés favorables à ce projet de loi veuillent
bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Bertrand (Vanier), Jolivet
(Laviolette), Marcoux (Rimouski), Mme Marois (La Peltrie), MM. Johnson (Anjou),
Landry (Laval-des-Rapides), Bé-rubé (Matane), Richard
(Montmorency), Tardif (Crémazie), Godin (Mercier), Rochefort (Gouin),
Dean (Prévost), Léger (Lafontaine), Gendron (Abitibi-Ouest),
Laurin (Bourget), Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Lafrenière
(Ungava), Dupré (Saint-Hyacinthe), Bi-ron (Lotbinière), Garon
(Lévis), Fréchette (Sherbrooke), Mme Lachapelle (Dorion), MM.
Rodrigue (Vimont), Chevrette (Joliette), Brassard (Lac-Saint-Jean), Ouellette
(Beauce-Nord), Rancourt (Saint-François), Leduc (Fabre), Bordeleau
(Abitibi-Est), Marquis (Matapédia), Gauthier (Roberval), Beaumier
(Nico-let), Blouin (Rousseau), Lavigne (Beauharnois), Le May (Gaspé),
Gravel (Limoilou), Gagnon (Champlain), Dussault (Châteauguay), Vaugeois
(Trois-Rivières), Fallu (Groulx), Perron (Duplessis), Beauséjour
(Iberville), Martel (Richelieu), Baril (Arthabaska), Laplante (Bourassa),
Charbonneau (Verchères), Champagne (Mille-Îles), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Brouillet (Chauveau), Lachance (Bellechasse),
Paré (Shefford), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Payne (Vachon), Tremblay
(Chambly), Le Blanc (Montmagny-L'Islet), Léonard (Labelle), Mme Le
Blanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine)...
Des voix: Le député de Saint-Jacques.
Le Président: À l'ordre!
Le Secrétaire adjoint: ...MM. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Proulx (Saint-Jean).
Le Président: Que les députés qui s'opposent
à cette motion veuillent bien se lever! (12 h 20)
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Gratton
(Gatineau), O'Gallagher (Robert Baldwin), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce),
Ciaccia (Mont-Royal), Mmes La-voie-Roux (L'Acadie), Bacon (Chomedey), M. Marx
(D'Arcy McGee), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Middlemiss (Pontiac),
Vallières (Richmond), Assad (Papineau), Caron (Verdun), Polak
(Sainte-Anne), Saintonge (Laprairie), Rocheleau (Hull), Fortier (Outremont),
Rivest (Jean-Talon), Côté (Charlesbourg), Pagé (Portneuf),
Paradis (Brome-Missisquoi), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Bour-beau (Laporte),
Lincoln (Nelligan), Cusano (Viau), Doyon (Louis-Hébert), Sirros
(Laurier), Maciocia (Viger), Picotte (Maskinongé), Bissonnet
(Jeanne-Mance), Dauphin (Marquette), Kehoe (Chapleau), Leduc (Saint-Laurent),
Maltais (Saguenay), Mmes Bélanger (Mégantic-Compton), Saint-Amand
(Jonquière), MM. Fortin (Marguerite-Bourgeoys), Viau (Saint-Jacques),
Parent (Sauvé), Pratt (Marie-Victorin).
Le Secrétaire: Pour: 59
Contre: 40
Le Président: La motion est adoptée. Aux motions
sans préavis, M. le député de Richmond.
M. Vallières: J'aurais une motion sans préavis
à présenter et qui se lirait comme suit: "Que cette
Assemblée reconnaisse le droit, pour la région d'Asbestos,
d'obtenir au moins 50% des retombées en recherche et en
développement dans l'amiante...
Une voix: Ben, voyons donc!
M. Vallières: "... et qu'en particulier cette
Assemblée recommande que la ville d'Asbestos soit le site d'implantation
de la construction d'une usine pour la fabrication de panneaux à base de
résidus d'amiante, connus sous le nom d'Isomag, lequel projet serait
l'objet d'investissements en provenance du secteur privé".
Le Président: Y a-t-il consentement? Il n'y a pas
consentement à la discussion d'une telle motion. M. le leader du
gouvernement.
Consultation particulière sur
l'avant-projet de loi sur le régime
de négociation des conventions
collectives dans les secteurs
public et parapublic
M. Bertrand: M. le Président, conformément à
l'article 142 de notre règlement, je fais motion pour que la commission
du budget et de l'administration procède à une consultation
générale sur l'avant-projet de loi traitant du régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic déposé le 20 décembre 1984 par le
président du Conseil du trésor.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M. le
député de Portneuf? Je pense qu'on souhaite que vous repreniez le
libellé de la motion, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Oui, si possible.
M. Bertrand: D'accord. Donc, je répète:
Conformément à l'article 142 du règlement de
l'Assemblée nationale, je fais motion pour que la commission du budget
et de l'administration procède à une consultation
générale sur l'avant-projet de loi traitant du régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic, tel que déposé le 20 décembre 1984 par
le président du Conseil du trésor.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Les avis seront donnés mais je peux indiquer
tout de suite que ce sera durant l'intersession et probablement vers la fin du
mois de janvier.
Une voix: Combien de temps?
M. Bertrand: Tout le temps nécessaire pour procéder
à une analyse sérieuse de ce régime des conventions
collectives.
Le Président: S'il s'agit d'une consultation
générale, c'est à la commission, en définitive, de
la déterminer.
M. Pagé: D'accord.
Le Président: Est-ce que la motion est adoptée?
M. Pagé: Adopté.
Le Président: Aux avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bertrand: Je voudrais donner avis que, de 12 h 25 à 13
heures, la commission de l'aménagement et des équipements
procédera à l'étude détaillée du projet de
loi 222. Je pense que nous serons nombreux à nous réjouir que
nous puissions procéder à l'adoption de ce projet de loi 222, loi
créant un parc technologique dans la région de Québec.
À la salle 91, la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation se réunira pour étudier le projet de loi 1, de 12
h 25 à 13 heures, de 15 heures à 18 heures, soit après le
vote de 15 heures, bien sûr, et de 20 heures à 24 heures.
M. Vaugeois: M. le Président...
Le Président: M. le président de la commission des
institutions.
M. Vaugeois: ...est-ce qu'on me permettrait à ce moment-ci
de déposer un rapport de commission?
Le Président: S'il y a consentement à cet effet,
puisque nous ne sommes pas au moment approprié. Y a-t-il consentement au
dépôt du rapport de la commission des institutions?
Des voix: Oui.
Étude détaillée du projet de loi
233
M. Vaugeois: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des institutions qui a
siégé les 18 et 19 décembre 1984 afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi
d'intérêt privé 233, Loi concernant les immeubles
situés au 3470 et 3480 rue Simpson à Montréal, et le 19
décembre afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 19, Loi électorale. La
commission ayant confié ce projet de loi à une sous-commission,
le rapport le concernant fera l'objet d'un dépôt distinct. Le
projet de loi 233 a été adopté avec amendements. Merci, M.
le Président.
Le Président: Rapport déposé. Il s'agit d'un
rapport sur un projet de loi privé, M. le leader du gouvernement?
M. Bertrand: Je m'excuse, M. le Président, il y a une
petite erreur technique, un oubli technique. J'ai oublié de
déférer en commission parlementaire de l'agriculture le projet de
loi 1 après son adoption.
Le Président: Eh bien, allez-y.
M. Bertrand: C'est à cause... C'est à cause...
Le Président: Je n'écoutais pas.
Renvoi du projet de loi 1 à la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
M. Bertrand: M. le Président, j'ai oublié de faire
la motion de renvoi habituelle pour que le projet de loi 1, qui a
été adopté en deuxième lecture, puisse être
déféré à la commission de l'agriculture pour
analyse détaillée. Cette commission de l'agriculture -je veux en
faire motion, M. le Président -sera présidée par un
président de séance.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Par ailleurs, est-ce que le rapport de la commission - on fonctionne en
hachures -présenté tantôt, puisque c'est sur un projet de
loi privé, est adopté? Adopté.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Rocheleau: M. le Président, s'il vous plaît!
Le Président: Oui, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Je posais une question
au leader du gouvernement hier concernant la possibilité du
dépôt d'un projet de loi sur la Communauté régionale
de l'Outaouais, ainsi que la Société d'aménagement de
l'Outaouais. Le leader m'indiquait hier qu'il me répondrait
aujourd'hui.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Effectivement, je suis en mesure d'informer le
député de Hull qu'il n'y aura pas de dépôt de projet
de loi.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Vallières: Le leader du gouvernement devait
également m'indiquer si nous aurons le temps, au cours de la
présente session, de prendre en considération le rapport de la
commission de l'agriculture portant sur les sept ex-grévistes de la faim
de Saint-Cyrille-de-Wendover.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Non, M. le Président.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, pourriez-vous
m'indiquer quelles sont les conséquences du refus de la prise en
considération de pareils rapports pour ceux qui ont eu à
intervenir dans le dossier? Les recommandations qui y sont faites, entre
autres, sont considérées comme étant
déposées à l'Assemblée. Quelles sont les
conséquences qui découlent du fait qu'elles ne seront pas
considérées avant peut-être le mois de mars?
Le Président: Cela ne porte pas à
conséquence en soi parce que ce dont l'Assemblée
délibère au moment où elle prend un rapport en
considération, ce sont effectivement les conclusions et les
recommandations du rapport, mais elle ne les adopte pas. Le débat a lieu
aux fins d'en débattre - comme par définition de tous les
débats - mais non pas aux fins d'adopter les conclusions du rapport. Si
bien qu'en soi, les conclusions de la commission sont complètes.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: ...si cela peut être utile au
député, je peux lui indiquer que, dépendant des
échanges que j'aurai avec le leader de l'Opposition officielle
relativement au menu que nous avons aujourd'hui ici, à
l'Assemblée nationale, quant aux différentes prises en
considération, étude des crédits budgétaires
additionnels, adoption de principes de projets de loi ou adoption de projets de
loi, s'il y avait une possibilité, en organisant nos travaux, que nous
ayons une période de temps X pour procéder à l'analyse du
rapport, à ce moment-là, le leader de l'Opposition officielle en
informera le député de Richmond.
Le Président: Aux affaires du jour.
Projet de loi 88
Prise en considération
du rapport de la commission
qui en a fait l'étude
détaillée
Nous en sommes à la prise en considération du rapport de
la commission qui a étudié le projet de loi 88, Loi sur la
Société des établissements de plein air du
Québec.
Y a-t-il des députés qui veulent intervenir à cette
étape-ci?
Le rapport est adopté?
Une voix: Adopté.
Projet de loi 10
Prise en considération
du rapport de la commission
qui en a fait l'étude
détaillée
Le Président: Adopté. Prise en considération
du rapport de la commission qui a étudié le projet de loi 10, Loi
sur le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration. Y a-t-il
des députés qui veulent intervenir? Le rapport est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Ceci nous mène aux
crédits budgétaires supplémentaires. Si je comprends bien,
il s'agit de se transformer en commission plénière sur une motion
du leader du gouvernement qui est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. (12 h 30)
Commission plénière
Étude des crédits
supplémentaires
Énergie et Ressources
M. Rancourt (président de la commission
plénière): À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons commencer l'étude des crédits
supplémentaires par l'intermédiaire du ministère de
l'Énergie et des Ressources. L'entente que nous avions eue au
départ pour le partage du temps était celle-ci: le ministre d'un
côté et le représentant de l'Opposition pour dix minutes ou
pour le temps qu'ils jugeront à propos, et les questions et
réponses de chacun des côtés.
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Fortier: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: ...je voulais juste préciser le temps que nous
avons à notre disposition. Je crois qu'il avait été
convenu qu'il y avait quatre heures et que nous étions pour entendre
quatre ministres.
Le Président (M. Rancourt): Effectivement.
M. Fortier: Donc, en théorie, nous aurons un
échange d'une heure et nous pourrons aviser d'ici une demi-heure
à une heure de combien de temps nous avons besoin pour continuer.
Le Président (M. Rancourt): Parfait, M. le
député d'Outremont.
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Rodrigue: M. le Président, il s'agit effectivement de
crédits additionnels de 11 608 500 $ qui sont requis et qui portent
essentiellement sur le secteur de la forêt, c'est-à-dire
l'amélioration de la forêt, sa protection et également le
développement de l'industrie forestière.
Pour vous résumer un peu de quoi il retourne, il suffit que je
dise que, dans le cadre du programme de reboisement que le gouvernement du
Québec a mis sur pied, le ministère requiert 6 000 000 $
additionnels pour accélérer la récolte de cônes et
la production de plants en vue de rencontrer des objectifs de reboisement
fixés pour les prochaines années.
Au niveau de la récolte de cônes, le montant va se partager
moitié-moitié entre la récolte de cônes et la
production des plants. On constate que la fructification des arbres forestiers,
au cours de la présente année, a été
exceptionnelle. Considérant que cette fructification n'est pas constante
d'une année à l'autre et qu'il y avait risque d'encourir des
pénuries de semence pour la mise en oeuvre du programme de reboisement
dans les années subséquentes, mon ministère doit profiter
au maximum de cette bonne année semencière pour constituer des
réserves tangibles, soit de l'ordre de quatre à cinq
années de production dans le cas des principales essences
utilisées et même des réserves de dix ans possiblement dans
le cas particulier de l'épinette blanche.
En fait, on a constaté que la dernière bonne année
semencière pour cette essence d'épinette blanche remonte à
1974. Étant donné que les conditions sont bonnes cette
année, nous voulons accélérer le programme de
récolte de cônes pour nous constituer une réserve pour les
années à venir. À ce chapitre, nous demandons qu'une somme
additionnelle de 3 000 000 $ soit allouée à cette rubrique.
Pour ce qui est de la production de plants, afin d'assurer la livraison
des plants qui devront être mis en terre en 1985-1986 et 1986-1987, mon
ministère a dû revoir l'échéancier prévu
initialement pour la production de plants réalisée par
l'entreprise privée. C'est ainsi que 1 000 000 $ additionnels sont
nécessaires pour procéder, dès le mois de janvier,
à l'octroi de quatorze contrats de production de plants à des
entreprises spécialisées.
L'achat des plateaux de croissance requis pour la production de ces
plants en récipients, qui débutera au cours des prochains mois,
implique par ailleurs des déboursés additionnels de 2 000 000 $.
De là la somme de 3 000 000 $ qui est requise à ce niveau.
À la rubrique protection de la forêt, mon ministère
a recours à un budget supplémentaire pour financer les
coûts additionnels de l'étude d'impact sur l'environnement, des
pulvérisations aériennes d'insecticide pour la lutte contre
l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette.
Une enveloppe totale de 800 000 $ était prévue
initialement au budget pour la réalisation de ce mandat dont 600 000 $
en 1983-1984 et 200 000 $ en 1984-1985. Cependant les dépenses totales
ont atteint 1 500 000 $, de là la demande de crédits
supplémentaires de 700 000 $.
Les coûts additionnels, à ce niveau-là,
résultent essentiellement des nouvelles directives concernant
l'étude d'impact qui ont été édictées par le
ministère de l'Environnement alors que les travaux étaient
déjà en cours. Pour répondre aux nouvelles questions
posées, l'exécutant a dû recourir à des experts
additionnels et certains aspects de l'impact des arrosages sur l'environnement
ont dû être traités d'une façon beaucoup plus
approfondie que prévu. Enfin, l'exécutant a été
appelé à venir défendre son rapport en audiences publiques
et le ministère de l'Énergie et des Ressources a dû payer
des services professionnels et des dépenses non prévues au mandat
initial.
Finalement, M. le Président, il y a des crédits
additionnels qui sont demandés pour le développement de
l'industrie forestière et,
au premier titre, pour un remboursement à REXFOR d'une somme de 1
900 000 $, et ceci fait suite à la décision du Conseil des
ministres de retirer à REXFOR le dossier de la papeterie de Matane et de
lui confier plutôt un dossier, soit de développer un projet pour
l'usine de ITT, à Port-Cartier. Le ministère de l'Énergie
et des Ressources, à la suite de cette décision du Conseil des
ministres, doit rembourser un montant de 1 908 500 $ à REXFOR pour des
travaux d'étude et de recherche qu'elle avait déjà faits
dans le cadre du projet de la papeterie de Matane. Aucun crédit n'avait
été prévu à cet effet.
Pour ce qui est du programme de modernisation des usines de pâtes
et papiers, nous prévoyons que les déboursés qui seront
réalisés dans le cadre de ce programme de modernisation des
usines de pâtes et papiers atteindront 32 000 000 $ d'ici à avril
1985, dont une provision de 25 200 000 $ ayant déjà
été créée au budget à cet effet. Ce sont
donc des crédits additionnels de 8 800 000 $ qui sont requis à ce
chapitre. Toutefois, les dispositions budgétaires qui se sont
dégagées au niveau des enveloppes affectées à
certains projets spéciaux, notamment pour la réalisation de la
papeterie de Matane, permettent de financer partiellement ce
dépassement, ce qui réduit les demandes de crédits
additionnels nets à 3 000 000 $. (12 h 40)
Dans ce cas-là, vous vous rappellerez qu'il s'agit d'un programme
à long terme qui a pour but de moderniser sensiblement toute l'industrie
des pâtes et papiers au Québec. Si je regarde l'année
1984-1985, les investissements admissibles à ce programme sont de
l'ordre de 401 000 000 $, les déboursés pour le gouvernement du
Québec, tel que je viens de l'indiquer, seront de l'ordre de 32 000 000
$ et les déboursés du gouvernement fédéral sont
prévus être de l'ordre de 48 000 000 $ environ.
Il y a 72 projets en réalisation au moment où on se parle.
Parmi ces principaux projets, il y a ceux de Donohue Clermont, MacLaren Masson
pour une machine, Reed Québec pour une machine et Cascades East-Angus et
Jonquière pour des plans de relance également. Donc, 72 projets
en réalisation et c'est un programme qui va très bien et qui
permet à cette industrie québécoise de s'assurer de
maintenir ses capacités de concurrence avec les producteurs
étrangers.
M. le Président, cela résume les remarques
préliminaires que j'avais à faire sur cette demande de
crédits additionnels.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, lorsque le gouvernement
présente des crédits ad- ditionnels à ce moment-ci de
l'année, c'est le moment, j'imagine, pour le ministre et pour le
ministère de faire le point, d'évaluer leurs besoins et surtout
de faire le point en fonction des besoins réels du Québec. Le
ministre souligne avec raison que les augmentations de budget demandées
sont essentiellement dans le domaine de la forêt et, comme on sait
l'importance de la forêt pour toutes les régions du Québec
et pour le Québec dans son ensemble, on comprend l'importance qu'il faut
donner à ce secteur de nos activités économiques. Que ce
soit dans le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en
Estrie, dans l'Outaouais, en Abitibi-Témiscamingue, sur la
Côte-Nord, je pense que toutes ces régions dépendent - vous
le savez, M. le Président -de la forêt, dépendent de
l'industrie des pâtes et papiers et de l'industrie du bois de sciage, en
particulier. Le ministre nous a dit qu'il nous proposait des crédits
additionnels pour augmenter l'ensemencement de plants. On ne sait pas encore
quelle sera la politique forestière. J'aurais cru que le ministre nous
aurait dit quel était son programme d'action pour réaliser,
justement, la politique forestière qui nous avait été
promise cet automne.
Ce n'est pas suffisant d'avoir des nouveaux plants. Il va falloir les
planter en forêt. Il va falloir faire des travaux de sylviculture. Toute
la politique forestière est à savoir justement de
départager les coûts et nous dire quelle sera la tenure qui sera
recommandée, éventuellement, pour pouvoir partager les
coûts entre l'industrie privée, les bois privés, le
gouvernement et tous ceux qui sont impliqués dans le domaine de la
sylviculture et de la régénération de la forêt. J'ai
ici en main des déclarations de l'ex-ministre de l'Énergie et des
Ressources qui faisait dire, dans le Soleil du 13 juin: "Duhaime prévoit
soumettre cet automne une nouvelle politique forestière". Il insistait
qu'il y a déjà des retards à combler de ce
côté et insistait justement sur la nécessité,
malgré les courts délais parce qu'il disait ici: "Le ministre
Duhaime désire que la consultation amorcée hier soit
terminée dès la mi-septembre. À ceux qui rétorquent
que cette période est relativement courte, le ministre répond que
les organismes industriels, professionnels ou populaires susceptibles de
participer à la consultation possèdent les ressources et
l'expertise nécessaires et peuvent faire transmettre rapidement leurs
vues au ministère de l'Énergie et des Ressources.
Non seulement, nous n'avons pas ce rapport, nous n'avons pas la
politique du gouvernement sur la politique à long terme de la
régénération de la forêt, la politique
forestière en particulier, mais ce qui est encore plus grave, c'est que
le ministre qui était en poste a été muté à
une autre
fonction. Il est devenu le ministre des Finances, comme vous le savez.
Cet hiatus dans la continuité de la direction du ministère de
l'Énergie et des Ressources ne sera pas sans causer un préjudice
important à cette industrie de première importance pour plusieurs
régions du Québec.
Non seulement le ministre Duhaime a été muté, mais
voici que nous avons un nouveau ministre qui a été nommé
il y a un mois, je crois, et qui, bien sûr, n'a pas eu le temps de se
pencher sur tout le dossier. Quand je pense à tous les dossiers qu'il a,
que ce soit dans le domaine de l'énergie, plan d'équipement,
exportation d'énergie, modification à la politique nationale de
l'énergie, les coupures fédérales en ce qui concerne les
embranchements pour le gaz, Pétromont, le dossier Churchill Falls, dans
le domaine des mines, l'amiante et le fer, la forêt, l'usine de Matane,
la relance de Port-Cartier, les ruptures de stocks, les représentations
en ce qui concerne la reforestation, le partage des coûts. Tout cela pour
dire que non seulement nous étions en retard lorsque le ministre Duhaime
a commencé, lorsqu'il a déposé un document qui permettait
une certaine consultation, mais il a promis de préparer une politique
sur la forêt, cet automne. Malheureusement il a quitté, il y a
donc un manque dans la continuité de ce ministère. Non seulement
nous avons un nouveau ministre, mais ce qui est encore plus grave c'est que
dès cet après-midi, M. Jolivet, le député de
Laviolette sera nommé ministre de la Forêt. C'est donc dire que
pendant un certain temps, le ministère de la Forêt ou du moins la
section forêt du ministère de l'Énergie et des Ressources a
été sans aucun leadership au moment où il y a des
problèmes extrêmement graves qui sévissent dans plusieurs
régions du Québec.
Ceci m'amène à parler de l'industrie du bois de sciage au
Québec. Le ministère a publié une étude à la
suite d'une consultation qu'il avait faite il y a trois ans, il y a deux ans,
et tout dernièrement, le ministre recevait une étude en date du
29 octobre dernier, qui dépeint une situation catastrophique dans le
domaine de l'industrie du bois de sciage au Québec. Je m'attendais que
le ministre nous apporte des demandes de crédits additionnels justement
pour mettre en oeuvre, pour donner suite à cette étude et aux
recommandations des experts du ministère de l'Énergie et des
Ressources dans ce domaine.
On sait, M. le Président, quelle est l'importance de l'industrie
du bois de sciage: environ 15 000 emplois directs, 15 000 emplois en
forêt et des emplois indirects, à peu près 30 000 emplois.
On sait que, depuis un an, il y a eu 3000 pertes d'emplois dans l'industrie du
bois de sciage. On sait que cette industrie est extrêmement importante,
parce qu'elle occupe le deuxième rang de l'industrie canadienne du bois
de sciage, avec 20% de la valeur de livraison, derrière la Colombie
britannique, mais on sait qu'il y a des problèmes également qui
tiennent à la taille et à la qualité des billes qui
diminuent, à l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de
l'épinette. On sait que les immobilisations ont ralenti depuis 1981. On
sait qu'il y a une surcapacité, ce qui fait chuter les prix au point
où la rentabilité de l'industrie du bois de sciage est en
péril.
M. le Président, je vais vous lire uniquement la conclusion de
cette étude qui indique qu'il y a eu, depuis un an, 40 fermetures
d'usines et qu'il y aura, dans les prochains six mois, la fermeture de 22
usines si le gouvernement, si le ministère ne prenait pas des
décisions immédiates. On disait qu'il y aurait 22 fermetures
d'usines d'ici à six mois si le gouvernement ne faisait absolument rien.
La conclusion de cette étude était celle-ci, à la page 22:
"La situation de l'industrie du bois et plus précisément celle du
bois de sciage résineux est alarmante si bien qu'elle sera
catastrophique pour plusieurs entreprises, à moins que le gouvernement
n'entreprenne immédiatement une action majeure." C'était le 29
octobre 1984.
Ces experts qui s'y connaissent dans le domaine, puisque, depuis trois
ou quatre ans, ils ont fait de nombreuses études dans le domaine du bois
de sciage, font état, dans ce document, de fermetures d'usines qui se
sont faites dans le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, autour de la région de Québec, dans la
région de la Mauricie, en Estrie, dans la région de
Montréal qui inclut les Laurentides, en Outaouais, en
Abitibi-Témiscamigue, sur la Côte-Nord également, qui
affectent toutes les régions du Québec. On disait: "II est
impératif d'adopter un train de mesures qui stabiliseront et
consolideront cette industrie, puisque l'état de la matière
première ne peut soutenir une expansion continue."
Voici la première question que je vais poser au ministre de
l'Énergie et des Ressources: Comment se fait-il qu'il n'a pas pris
connaissance de ce document, d'un document extrêmement important qui a
été remis au ministère le 29 octobre dernier. Comment se
fait-il qu'il n'a pas pris acte des demandes pour un programme d'aide à
l'amélioration et à la productivité et au maintien du
rendement dans l'industrie du bois de sciage? Comment se fait-il, sachant que
dans toutes les régions du Québec il y aura des fermetures
d'usine durant les prochains six mois si rien n'est fait, comme le disait le
document et en insistant sur le fait que la situation était alarmante,
que le ministre n'ait pas pris connaissance de ce document, qu'il n'ait pas
donné suite à ces demandes qui se voulaient urgentes, à
plusieurs égards, et qui recommandaient des
actions à suspendre, qui recommandaient des actions à
éviter, qui recommandaient des actions à prendre et qui, entre
autres mesures, demandaient la suspension de l'augmentation des droits de
sciage qui ont été augmentés en juillet 1984. On sait
jusqu'à quel point l'augmentation des droits de sciage a eu un impact
sur les coûts de production de l'industrie du bois de sciage, en
particulier. (12 h 50)
M. le Président, je crois qu'il y a une crise dans l'industrie du
bois de sciage. Les experts du ministère nous disent que s'il n'y a pas
d'actions de prises, il y aura fermeture d'usine dans les prochains six mois.
Ils ont préparé un plan de stabilisation et ils ont
demandé au ministre de prendre des décisions dans un secteur
névralgique. Le ministre peut-il nous dire pour quelle raison le
ministère, ou lui-même, n'a pas recommandé des mesures
draconiennes qui s'imposent pour sauver l'industrie du bois de sciage et pour
quelle raison il n'a pas donné suite aux recommandations des experts du
ministère de l'Énergie et des Ressources et plus
particulièrement de la direction de l'industrie du bois à la
Direction générale de la planification et du développement
du ministère de l'Énergie et des Ressources?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Rodrigue: M. le Président, en ce qui concerne la
politique forestière qu'évoquait plus tôt le
député d'Outremont, effectivement, il y a eu des consultations
qui se sont poursuivies dans ce domaine et la politique était en
préparation au ministère. J'ai été informé
de cela dès mon entrée au ministère. Les fonctionnaires
ont poursuivi leur travail là-dessus et ce n'est pas le changement de
ministre qui a apporté quelque délai que ce soit dans la
préparation de ce travail par les fonctionnaires. En temps et lieu,
lorsque le projet de politique forestière du gouvernement du
Québec sera prêt, il sera déposé et je peux vous
assurer que ni ma venue au ministère ni la venue possible d'un nouveau
ministre aujourd'hui même, quant à moi, ne va y changer quelque
chose, parce que ce sont des dossiers qui exigent que les fonctionnaires
poursuivent les recherches, colligent les éléments que nous avons
recueillis au cours de la consultation et c'est ce travail qui est en voie de
se faire présentement.
Le député d'Outremont souligne que, selon lui, je n'aurais
pas eu le temps de me pencher sur ce dossier. J'ai dû y consacrer au
moins la moitié de mon temps au secteur de la forêt, depuis que je
suis en poste. Je suis sûr que la venue d'un ministre
délégué aux forêts ne sera que
bénéfique pour ce secteur, bien sûr, parce que lui pourra
consacrer la totalité de son temps à ce secteur-là. Mais
je veux quand même souligner au député d'Outremont que,
malgré que je sois là depuis seulement un mois environ, les
négociations avec le gouvernement fédéral concernant
l'entente auxiliaire sur la forêt sont au point d'aboutir. Ce travail
s'est poursuivi et n'a subi aucun retard. J'ai eu l'occasion de rencontrer,
avec mes fonctionnaires, déjà, des gens de Forex et de
Sacré-Coeur qui, comme vous le savez, ont des problèmes avec des
usines de bois de sciage. Les fonctionnaires poursuivent leur travail de
réflexion et de discussion là-dessus avec ces entreprises.
J'ai eu l'occasion également de m'entretenir avec mon
collègue du Commerce extérieur sur la mise sur pied d'un bureau
de vente du Québec, pour la vente des bois de sciage du Québec
à l'extérieur, probablement en collaboration avec l'Association
des manufacturiers de bois de sciage du Québec qui nous a
signifié son intérêt pour diriger elle-même ce
bureau. J'ai eu l'occasion déjà d'en discuter avec mon
collègue parce qu'il faut bien constater qu'effectivement l'industrie du
bois de sciage traverse une période extrêmement difficile
actuellement. C'est dû à la très forte concurrence que lui
livrent les producteurs américains de même que certaines
velléités de protectionnisme que l'on sent du côté
américain.
Il y a environ sept, huit, neuf mois, peut-être un an, il y avait
des projets de contingentements qui ont été analysés chez
nos voisins du Sud et, finalement, par des interventions du ministre du
Commerce extérieur, nous avons réussi à faire bloquer ces
velléités d'imposer des contingentements au bois de sciage en
provenance du Québec. On me dit qu'il y a encore de ce genre de
velléités, de pressions qui se font par des "lobbies"
américains et mon collègue m'a assuré qu'il mettrait en
oeuvre toutes ses ressources de même que celles du gouvernement canadien,
si nécessaire, pour éviter que le principal marché du bois
de sciage du Québec nous soit fermé parce que, à ce
moment-là, nous serions dans une position extrêmement
précaire, j'en conviens.
Il y a un travail de rationnalisation qui doit se faire dans cette
industrie-là et les recherches se poursuivent au ministère. Ce
qu'on constate, c'est que les très grandes entreprises dans le domaine
ont un peu plus de difficultés, semble-t-il, que les plus petites et les
moyennes. Cela serait dû essentiellement aux importantes immobilisations
qu'elles ont dû consentir pour moderniser leurs usines. Comme les
marchés se sont déprimés et que le prix du bois de sciage
a chuté, comme, par ailleurs, ces immobilisations sont récentes,
ces grandes entreprises ont des taux d'intérêt importants
à payer sur du capital emprunté et cela vient rogner leur
marge bénéficiaire de façon importante. Quant aux
entreprises dont les installations étaient déjà amorties,
à ce moment-là, celles-ci s'en tirent un peu mieux dans le
contexte actuel.
M. le Président, c'est vrai qu'il y a eu changement de ministre
il y a un mois, mais je peux assurer les gens qui nous écoutent que le
travail se poursuit au ministère de l'Énergie et des Ressources
dans le secteur de la forêt. Bien sûr, lorsqu'un nouveau ministre
arrive, il doit assimiler ses dossiers et en prendre connaissance, mais ce
n'est pas d'une complexité telle qu'on ne puisse pas déjà
être en mesure de fonctionner après trois ou quatre semaines de
travail intensif afin de se plonger vraiment dans ce type de dossiers.
Tout en reconnaissant que ce sont des dossiers complexes, je pense qu'il
serait un peu alarmiste d'accueillir les propos du député
d'Outremont voulant que les dossiers subissent des retards indus parce qu'il y
a changement de titulaire du ministère.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Ce que le ministre est en train de nous dire, c'est
que les ministères pourraient fonctionner sans aucun ministre et tout
continuerait comme avant! C'est ridicule, jusqu'à un certain point,
parce que tout le monde sait que les ministres doivent donner une direction
politique, doivent susciter la formulation des politiques et prendre les
décisions qui s'imposent.
Si on prend, en particulier, la politique forestière, pour
quiconque a lu les différents mémoires qui ont été
soumis, on sait que le ministre, quel qu'il soit, aura à prendre des
décisions politiques extrêmement importantes, soit pour favoriser
la forêt publique ou pour favoriser la forêt privée. Croire
que les fonctionnaires laissés à eux-mêmes pourraient
prendre des décisions politiques sans se référer à
une autorité politique, c'est s'imaginer que les fonctionnaires
pourraient justement jouer le rôle du ministre, ce qui n'est pas le cas.
C'est donc dire, M. le Président, que je ne peux accepter cette esquive
de la part du ministre qui nous dit: Vous savez, même s'il y a changement
de ministre, il n'y a pas eu discontinuité dans les études.
Je veux bien qu'il n'y ait pas discontinuité dans les
études, mais là n'est pas le point, je parle d'une
discontinuité dans la formulation de la politique forestière qui
commandera justement des choix politiques extrêmement cruciaux,
connaissant surtout la situation dans l'industrie du bois de sciage et la
difficulté qu'aura le ministre à proposer des politiques qui
ajouteront au coût de production de ces mêmes compagnies si elles
sont en difficultés financières présentement. Quand on
voit la rentabilité de cette industrie depuis trois ans, on se rend bien
compte qu'ajouter à leurs coûts va prendre un certain courage
politique ou s'assurer que, de d'autres façons le ministère
pourra leur venir en aide.
Le ministre n'a pas répondu à ma question. Je lui posais
précisément la question sur ce mémoire. Je m'excuse d'en
avoir une copie parce que ce n'est pas un mémoire public. C'est un
mémoire qui est allé au ministre le 29 octobre dernier. On disait
à ce moment-là que si rien n'est fait, c'est le tableau 10 de la
page 17: "Si rien n'est fait, il y aura fermeture de deux usines de moyenne
taille dans la région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Que dans la
région no 2 qui est le Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y aura fermeture de
trois usines de moyenne taille." Donc, il ne s'agit pas uniquement d'usines de
grande taille. "Dans la région no 4, la Mauricie, il y aura fermeture
d'une usine de moyenne taille. Dans la région 5 qui est l'Estrie, il y
aura fermeture d'usine à cause d'une vive concurrence pour la
matière première. Dans la région 6, qui est la
région de Montréal, et la région 7 qui est l'Outaouais,
fermeture de 0 à 3 usines pour cause de non rentabilité de la
qualité de la matière ligneuse." Je peux continuer comme
ça dans toute les régions du Québec. Il ne s'agit pas
uniquement, M. le ministre, d'usines de grande taille quoique je convienne que
certaines usines sont en difficulté.
M. le ministre, vos experts du ministère ont dit, le 29 octobre
dernier que si rien n'était fait en dedans de six mois il y aurait de
nombreuses fermetures d'usines. Donc, si je sais bien calculer, six mois
ça veut dire que d'ici le mois d'avril il y aura une vingtaine de
fermetures d'usines dans toutes les régions du Québec. Si c'est
vrai qu'il n'y a pas eu un hiatus dans la continuité du leadership du
ministère, comment se fait-il que ce rapport est resté sans
réponse? Vos experts avaient même - j'ai les textes ici
-proposé un plan de relance, un plan de stabilisation qui aurait
coûté 30 000 000 $ sur une période de trois ans, comment se
fait-il que vous l'ayez ignoré complètement ou que votre
prédécesseur l'ait ignoré complètement? C'est
là la question et c'est ça que les gens des régions
veulent savoir. Pourquoi négliger un secteur aussi névralgique
pour toutes les régions du Québec?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre, il vous reste
une minute.
M. Rodrigue: Selon son habitude, le député
d'Outremont, lorsqu'on donne une réponse, essaie de la déformer
et de lui faire dire ce qu'elle ne dit pas. Je n'ai
jamais dit qu'un ministère pouvait fonctionner sans ministre et
j'espère qu'il va me croire là-dessus.
Pour ce qui est du plan de relance et de stabilisation, mon
ministère a un programme qui est en marche actuellement via REXFOR pour
toutes les scieries de la Gaspésie. Ce programme se poursuit, il n'y a
pas eu modification de ce programme. Depuis que je suis au ministère
j'ai déjà vu trois compagnies venir rencontrer les hauts
fonctionnaires justement pour discuter de l'aide et de l'appui technique et
financier que pourrait leur donner le gouvernement du Québec par des
programmes de mon ministère dans le but de consolider les
opérations de ces entreprises. J'ai signalé quelques cas tout
à l'heure de gens que j'ai moi-même rencontrés dans ce
contexte-là. Effectivement, le ministère de l'Énergie et
des Ressources, actuellement, poursuit ses efforts pour endosser les programmes
et les tentatives de consolidation de leurs productions par les diverses
scieries qui fonctionnent dans les régions du Québec.
Le Président (M. Rancourt): II est 13 heures, ce qui met
fin, à ce moment-ci, à nos travaux. Cela va?
M. Bordeleau (président de la commission
plénière): M. le Président, je fais rapport que la
commission plénière n'a pas terminé l'examen des
crédits supplémentaires et qu'elle demande la permission de
siéger à nouveau.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement, quand siégera-t-elle à nouveau?
M. Blouin: M. le Président, elle siégera un peu
plus tard au cours de cette séance.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Très bien, M. le
leader adjoint du gouvernement.
Dépôt du rapport de la sous-commission
qui a étudié le projet de loi 19
M. Vaugeois: M. le Président, je voudrais le consentement
de cette Chambre pour prendre acte que je viens de recevoir, comme
président de la commission des institutions, le rapport de la
sous-commission des institutions qui a étudié le projet de loi
19, Loi électorale, et qui l'a adopté avec amendements. J'aurais
besoin du consentement de cette Chambre pour déposer
immédiatement ce rapport devant cette Chambre sans faire siéger
la commission des institutions.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Y a-t-il consentement
pour déroger à nos règles? Consentement, M. le
député.
M. Vaugeois: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous suspendons donc nos
travaux jusqu'à 15 heures et, à ce moment, il y aura un vote.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
(Reprise à 15 h 5)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît: M.
le leader du gouvernement.
Nominations à la Commission des droits de la
personne
M. Bertrand: M. le Président, on pourrait s'entendre pour
prendre un vote sur la proposition du ministre de la Justice relativement
à des nominations à la Commission des droits de la personne. Nous
avons besoin d'avoir les deux tiers des parlementaires à
l'Assemblée nationale. Nous serions disposés à prendre ce
vote.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à cet
égard?
Une voix: Consentement.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, conformément
aux dispositions de la loi, au nom du premier ministre, je propose que
l'Assemblée nationale nomme comme membre et président de la
Commission des droits de la personne, Me Jacques Lachapelle, pour une
durée de trois ans; que l'Assemblée nationale renouvelle pour une
durée de deux ans le mandat de Me Nicole Trudeau-Bérard comme
membre et vice-présidente de la Commission des droits de la personne;
que l'Assemblée nationale renouvelle pour une durée de deux ans
les mandats de Me Gisèle Côté-Harper et de Me André
Morel comme membres de la Commission des droits de la personne; que
l'Assemblée nationale renouvelle pour une durée d'un an le mandat
de M. Luc André comme membre de la Commission des droits de la personne;
que l'Assemblée nationale nomme comme membres de la Commission des
droits de la personne pour une durée de trois ans et en remplacement de
MM. Michael Yarosky et Raymond Sliger dont les mandats sont expirés, les
personnes suivantes: M. Mayer Lévy, directeur pour le Québec des
relations communautaires du Congrès juif canadien, et M. Claude
Morrisseau, directeur
québécois du Syndicat canadien de la fonction publique;
que ces nominations et renouvellements de mandats prennent effet
aujourd'hui.
Le Président: Que les députés qui sont
favorables à cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bertrand (Vanier), Jolivet
(Laviolette), Marcoux (Rimouski), Mme Marois (La Peltrie), MM. Clair
(Drummond), Johnson (Anjou), Landry (Laval-des-Rapides), Bérubé
(Matane), Richard (Montmorency), Tardif (Crémazie), Godin (Mercier),
Rochefort (Gouin), Dean (Prévost), Léger (Lafontaine), Gendron
(Abitibi-Ouest), Laurin (Bourget)...
Le Président: M. le député de
Trois-Rivières, nous sommes en plein vote et il est interdit d'entrer ou
de sortir pendant un vote. Vous voudrez bien attendre que nous ayons
terminé le vote. Il y a consentement? Fort bien. Il y a donc
consentement.
Le Secrétaire adjoint: ...MM. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Lafrenière (Ungava), Dupré
(Saint-Hyacinthe), Biron (Lotbinière), Garon (Lévis),
Fréchette (Sherbrooke), Mme Lachapelle (Dorion), MM. Rodrigue (Vimont),
Chevrette (Joliette), Brassard (Lac-Saint-Jean), Ouellette (Beauce-Nord),
Rancourt (Saint-François), Leduc (Fabre), Bordeleau (Abitibi-Est),
Marquis (Matapédia), Gauthier (Roberval), Beaumier (Nico-let), Blouin
(Rousseau), Lavigne (Beauharnois), Le May (Gaspé), Gravel (Limoilou),
Gagnon (Champlain), Dussault (Châteauguay), Vaugeois
(Trois-Rivières), Fallu (Groulx), Perron (Duplessis), Beauséjour
(Iberville), Martel (Richelieu), Baril (Arthabaska), Laplante (Bourassa),
Charbonneau (Verchères), Champagne (Mille-Îles), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Brouillet (Chauveau), Lachance (Bellechasse),
Paré (Shefford), Payne (Vachon), Tremblay (Chambly), Le Blanc
(Montmagny-L'Islet), Le-vesque (Bonaventure), Gratton (Gatineau), O'Gallagher
(Robert Baldwin), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), Ciaccia (Mont-Royal),
Mmes Lavoie-Roux (L'Acadie), Bacon (Chomedey), MM. Marx (D'Arcy McGee), Mme
Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Middlemiss (Pontiac), Vallières
(Richmond), Assad (Papineau), Caron (Verdun), Blank (Saint-Louis), Polak
(Sainte-Anne), Saintonge (Laprairie), Rocheleau (Hull), Fortier (Outremont),
Rivest (Jean-Talon), Côté (Charlesbourg), Pagé (Portneuf),
Paradis (Brome-Missisquoi), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Bourbeau (Laporte),
Lincoln (Nelligan), Cusano (Viau), Doyon (Louis-Hébert), Dubois
(Huntingdon), Sirros (Laurier), Maciocia (Viger)...
Le Président: Non, à votre siège, je
m'excuse. C'est la même règle pour tout le monde.
Le Secrétaire adjoint: ...MM. Picotte (Maskinongé),
Bissonnet (Jeanne-Mance), Dauphin (Marquette), Kehoe (Chapleau), Leduc
(Saint-Laurent), Maltais (Saguenay), Mmes Bélanger
(Mégantic-Compton), Saint-Amand (Jonquière), MM. Fortin
(Marguerite-Bourgeoys), Viau (Saint-Jacques), Parent (Sauvé), Pratt
(Marie-Victorin), Léonard (Labelle), Mme Le Blanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. Proulx (Saint-Jean).
Le Président: II y a les deux tiers. Y a-t-il des
députés qui s'y opposent? Y a-t-il des députés qui
s'abstiennent?
Le Secrétaire adjoint: M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
Le Secrétaire: Pour: 100
Abstentions: 1
Le Président: La motion est adoptée. M. le ministre
de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Je crois qu'au moment où nous nous
sommes quittés, à midi pour revenir ici discuter du projet de loi
3, pour procéder ou non au vote...
M. Marx: Question de règlement.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Depuis des années, chaque fois qu'on a
déposé une motion en ce qui concerne la nomination des
commissaires à la Commission des droits de la personne, on a toujours
donné à l'Opposition deux ou trois minutes pour s'exprimer sur
ces nominations. C'est la première fois qu'on dépose une motion,
qu'on fait des nominations et qu'on ne donne pas à l'Opposition
l'occasion de s'exprimer sur les nominations.
Une voix: Un autre bâillon.
Le Président: M. le député, le vote
était commencé. Je m'excuse auprès de vous. Je croyais
comprendre qu'on voulait passer au vote. Hormis le fait
d'énumérer les noms, personne du côté gouvernemental
n'avait pris la parole. Comme on commence d'ordinaire par le proposeur, j'ai
présumé qu'il y avait un consentement, à savoir qu'on
procédait aux nominations tout simplement. Cela étant dit, si
vous souhaitez intervenir sur les nominations, je suis tout disposé
à vous laisser la parole.
M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Sur cette question, j'aurais, comme membre de
cette Assemblée, apprécié un peu plus d'attention de la
part
du ministre et du gouvernement. On aurait pu nous remettre quelque temps
à l'avance la liste et les biographies des personnes en question.
Le Président: Message transmis. Est-ce que vous souhaitez
intervenir sur ces nominations?
M. Marx: On aimerait intervenir, si le ministre n'a rien à
dire.
M. Johnson (Anjou): M. le Président...
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): ...en toute justice à l'égard
du chef de l'Opposition et de celui qui vous parle, qui avons eu l'occasion de
discuter de ces choses depuis le matin, je dois dire que ce n'était pas
du tout mon intention de museler qui que ce soit quant à ces
nominations. J'avais compris, compte tenu de l'horaire de la journée,
des intentions législatives du gouvernement et des réactions de
l'Opposition, que le chef de l'Opposition considérait que, la
consultation étant terminée, cela irait.
Je peux dire un certain nombre de mots au sujet des personnes que nous
nommons. Effectivement, Me Jacques Lachapelle est en ce moment sous-ministre
associé aux Services judiciaires au ministère de la Justice. 11
est né en 1942. Il a fait ses études de droit à
l'Université de Montréal. Il a été admis au Barreau
et inscrit en... Pardon?
Une voix: En 1966.
M. Johnson (Anjou): Oui, en 1966, effectivement. C'est parce que
j'ai donné mon original au chef de l'Opposition et j'ai conservé
une photocopie ici.
M. Landry: Parce que Jean-Claude, c'est son confrère de
classe.
M. Johnson (Anjou): II a également fait des études
en sciences administratives de 1973 à 1978. Il a pratiqué le
droit en 1966-1967 et, ensuite, de 1967 à 1973, dans une seconde
étude, une pratique générale du droit. Il a exercé
également comme juge de la Cour municipale de Saint-Basile-le-Grand
à compter de 1970. Il a été directeur des services
judiciaires du palais de justice de Montréal, directeur des greffes de
la région de Montréal, responsable de l'administration des
services judiciaires de la région de Montréal, directeur de la
Direction générale des services judiciaires et nommé
sous-ministre associé à cette direction générale le
23 décembre 1980. Me Lachapelle est donc un juriste;
deuxièmement, un homme qui a une vaste connaissance de l'administration.
C'est également un gestionnaire et je crois que, dans le contexte
actuel, ses qualités seront, en fait, d'une très grande
utilité à l'efficacité de la Commission des droits de la
personne.
Quant aux deux autres personnes, il s'agit de remplacements et des
consultations ont été faites. M. Mayer Lévy a
été recommandé par le Congrès juif canadien en
remplacement de M. Yarosky. M. Lévy a fait des études en sciences
politiques. Il a été directeur du bulletin du Cercle juif de
langue française, un organe francophone du Congrès juif canadien.
Il a été directeur du département francophone du
Congrès juif canadien et directeur des relations communautaires du
même Congrès juif pour la région du Québec.
Quant à M. Morrisseau, il est de la FTQ. Il est
vice-président et responsable du Syndicat canadien de la fonction
publique. Il a une longue carrière syndicale et d'implication dans de
nombreux dossiers de nature sociale. Il est connu, je crois, de beaucoup de
membres de cette Assemblée et de certaines personnes qui ont
évolué dans ces milieux du syndicalisme ou encore de certains
dossiers concernant le développement social. Il a été
recommandé effectivement par la Fédération des
travailleurs du Québec.
Quant aux autres personnes, il s'agit essentiellement de renouvellements
de mandats de personnes qui étaient déjà là.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: Merci, M. le Président. Premièrement,
j'aimerais remercier, au nom de ma formation politique, les personnes qui ont
accompli leur mandat à la Commission des droits de la personne,
c'est-à-dire M. Sliger et M. Yarosky. En ce qui concerne les
renouvellements de Me Trudeau-Bérard, Me Côté-Harper, Me
André Morel, M. Luc André, nous avons déjà
voté une fois, je pense d'une façon unanime, pour les nominations
de ces personnes. Donc, elles vont continuer d'être membres de cette
commission. M. Lévy était beaucoup impliqué dans divers
organismes communautaires. Il connaît assez bien les communautés
culturelles étant donné qu'il siégeait au Conseil
consultatif de l'immigration du Québec. Je pense qu'il va donner un
apport précieux à la Commission des droits de la personne.
M. Claude Morrisseau est, bien sûr, syndicaliste, directeur
québécois du Syndicat canadien de la fonction publique. Je pense
qu'il était important d'avoir quelqu'un qui
connaît le milieu du travail comme commissaire à la
commission. Étant donné qu'un jour le ministre de la Justice va
déposer un règlement en ce qui concerne les programmes
d'accès à l'égalité, il sera utile d'avoir une
personne qui connaît le monde du travail pour renseigner la commission
sur les questions qui touchent les progammes d'accès à
l'égalité.
Finalement, en ce qui concerne M. Jacques Lachapelle qu'on nomme
président, c'est un avocat qui a fait la pratique privée. C'est
un avocat qui était et qui est actuellement haut fonctionnaire au
ministère de la Justice. Je pense qu'il a l'expérience voulue
comme administrateur et comme avocat pour faire un bon travail comme
président de la Commission des droits de la personne. J'aimerais, au nom
de ma formation, souhaiter bonne chance à tous ces nouveaux
commissaires, aux anciens commissaires et au président.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre de la Justice désire
faire une intervention. Je crois qu'il y a consentement à cette fin. (15
h 20)
Demande de suspension de la mise aux voix du projet de
loi 3 (suite)
M. Pierre-Marc Johnson
Le Président: M. le ministre de la Justice désire
faire une intervention. Je crois qu'il y a consentement à cette fin.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, concernant les
préoccupations et les inquiétudes du chef de l'Opposition quant
au vote sur le projet de loi 3 et aux conséquences d'un tout
récent jugement de la Cour suprême qui est sorti aujourd'hui,
est-ce que j'aurais le consentement pour exposer très brièvement
ce qui a fait l'objet, à toutes fins utiles, et les motifs de la demande
de l'Opposition, c'est-à-dire qu'on puisse consulter un certain nombre
de juristes qui puissent nous indiquer un certain nombre...
Ce sera très court, deux ou trois minutes.
Ce jugement, je le rappelle, est limité aux commissions scolaires
confessionnelles de Montréal et de Québec et aux cinq commissions
dites dissidentes hors du territoire de Montréal et de Québec. La
Cour suprême a invalidé les dispositions qui touchent le
référendum dans la mesure où les électeurs non
taxés avaient le droit de voter en vertu de la loi 57. Or, la loi 3,
justement, rectifie déjà cette situation puisque seuls les
contribuables qui auront choisi d'être rattachés à une
commission scolaire confessionnelle ou dissidente pourront voter lors du
référendum, conformément aux amendements qui ont
été adoptés en commission parlementaire à ce projet
de loi.
La Cour suprême, par ailleurs, reconnaît que les subventions
au Québec sont accordées proportionnellement à
l'importance, donc, sans discrimination, si l'on veut. Cependant, elle juge
nécessaire, compte tenu des dispositions de la loi de 1861, la Loi sur
l'instruction publique, qui prévoit expressément de telles
dispositions quant au caractère proportionnel des subventions, que cela
doive figurer expressément, effectivement, dans nos lois. Or, cette
modification pourrait être faite dans le cadre de la Loi sur
l'instruction publique par l'insertion des dispositions expresses
conformes.
En somme, à première vue - et je dis bien à
première vue, puisqu'on ne demande pas d'avoir des opinions
constitutionnelles de caractère définitif en l'espace de deux ou
trois heures à qui que ce soit, ces débats ont fait l'objet de
longues heures de plaidoiries devant la Cour suprême et de longues heures
de préparation par une multitude de juristes, de part et d'autre - ce
jugement ne porte pas atteinte à l'essence du projet de loi 3. Si des
ajustements devaient être requis, ils devraient être faits dans le
cadre de la Loi sur l'instruction publique pour l'essentiel et non pas dans le
cadre de la loi 3. C'est, en effet, cette loi qui régit les commissions
scolaires confessionnelles et dissidentes pour ce qui concerne les droits
constitutionnellement protégés de ces institutions.
Dans les circonstances - et, encore une fois, j'insiste sur le fait que
l'opinion que je donne ici est de la nature d'un commentaire
préliminaire et non pas d'une opinion juridique du ministère de
la Justice qui aurait un caractère définitif - je peux rassurer
le chef de l'Opposition et nos collègues en leur disant que les effets
de ce jugement n'impliquent pas que des pans de mur du projet de loi 3 soient
remis en cause, bien au contraire, puisqu'on retrouve assez largement, à
beaucoup d'endroits dans ce jugement, la confirmation de certaines des
dispositions législatives dont on s'est inspiré dans le projet de
loi 57, qui a fait l'objet de la contestation, et qui ont été
retenues dans certains cas.
Je dis donc que, quelle que soit l'analyse subséquente qui sera
faite, une analyse extrêmement minutieuse et attentive par des
spécialistes du domaine, je crois que l'adoption de ce projet de loi
à ce stade-ci n'amène pas une situation qui ait un
caractère irrémédiable et qui ne pourrait pas être
corrigée par des amendements, notamment, à la Loi sur
l'instruction publique ou encore, possiblement, à la loi 3
elle-même, éventuellement.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je veux
immédiatement remercier le ministre de la Justice, jurisconsulte, en
même temps que le gouvernement de nous avoir permis ainsi d'avoir
quelques heures de plus avant de procéder à cette mise aux
voix.
J'ai écouté attentivement le ministre de la Justice et ce
qui me frappe, c'est l'incertitude dans laquelle il nous laisse; des mots comme
"à première vue", des mots comme "l'essence même du projet
de loi 3". Autrement dit, même s'il nous dit que des pans entiers du
projet de loi ne tomberaient pas et tenant compte du record du gouvernement
vis-à-vis des lois qui ont par la suite été jugées,
au moins en partie, inconstitutionnelles - rappelons des paragraphes et des
chapitres de la loi 101, par exemple - nous devons être extrêmement
prudents, vous l'admettrez avec moi, M. le Président.
Nous devons être d'autant plus prudents que nous n'avons pas eu
l'occasion, en commission parlementaire, d'étudier plus de 600 articles
du projet de loi 3 et qu'on nous a abreuvés d'une pluie d'amendements
jusqu'à la dernière minute, jusqu'à 300 amendements depuis
une semaine. Nous n'avons pas eu l'occasion d'en discuter en commission.
Il y a ces faits et également le fait que nous avons devant nous
un jugement de la Cour suprême dont nous n'avons pas eu l'occasion,
malheureusement, d'étudier toutes les implications, je l'admets
volontiers. Même si je l'avais fait avec les ressources dont dispose le
ministre de la Justice, peut-être que j'arriverais à dire la
même chose à première vue. Dans les circonstances, M. le
Président, je pense que les éléments que nous avons devant
nous présentement... Je ne fais que prendre une liste d'articles de la
loi 57 qui font l'objet, d'après nos renseignements, de la
décision de la Cour d'appel...
Une voix: La Cour suprême.
M. Levesque (Bonaventure): ...de la Cour suprême, dis-je,
articles qui ont d'abord été jugés inconstitutionnels par
la Cour d'appel du Québec, qui viennent de l'être par la Cour
suprême du Canada, d'après mes renseignements. Si je les compare
à certains articles du projet de loi 3, d'une façon sommaire, je
l'admets, mais avec les moyens qui sont à ma disposition et à la
disposition de mes collègues, je trouve des textes identiques dans la
loi 57 et dans le projet de loi 3. Je me sens donc dans une situation où
je peux difficilement, en conscience, m'apprêter à voter avec mes
collègues sur un projet de loi qui, d'après nos renseignements,
contient des dispositions qui ont été déclarées
inconstitutionnelles par le plus haut tribunal du pays. Évidemment, la
solution idéale serait celle qu'a suggérée notre
porte-parole, le député d'Argenteuil.
Une voix: II n'est pas là.
M. Levesque (Bonaventure): II n'est pas là pour des
raisons sérieuses et ce n'est pas son habitude de ne pas être ici.
Sur les raisons pour lesquelles il est absent, je pense qu'on ne devrait pas
poser de questions parce qu'elles sont très sérieuses.
M. le Président, pour revenir au député
d'Argenteuil, s'il était ici, au moins il dirait qu'il s'est
opposé - cela a été une des thèses qu'il a
apportées le long de sa discussion - à cause de
l'inconstitutionnalité de plusieurs des articles qui étaient mis
en cause. Il y a encore des causes pendantes devant les tribunaux. Il y a trois
raisons majeures, pour lesquelles nous nous opposons à ce projet de loi
et cela en est une qui vient d'être confirmée ce matin par la Cour
suprême. Nos appréhensions sont confirmées.
Malgré toute notre bonne volonté, en toute logique, nous
devrons éviter de participer... Si vous voulez le savoir, nous aurions
voté contre en troisième lecture pour les raisons qui ont
été données à de multiples occasions par la plupart
des membres de notre formation politique. Mais ce que nous faisons
présentement, c'est que nous vous disons ceci: Nous ne pouvons pas,
malheureusement, participer à cet exercice à cause des raisons
que j'ai données aussi objectivement que possible. Nous serons de retour
immédiatement après pour continuer les travaux, comme notre
devoir nous l'impose.
Le Président: À bientôt. À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le ministre de la Justice, j'ai permis...
M. Johnson (Anjou): Avec le consentement de la Chambre...
Le Président: Avec le genre de consentement que vous
évoquez, vous pourriez discourir pendant tout l'après-midi.
M. Bertrand: Deux minutes.
Le Président: Je pense, M. le leader du gouvernement, que
je vais proposer une modification à nos règlements de
manière que l'article 1 se lise comme suit: L'Assemblée nationale
est régie par consentement et, à l'occasion, par les
règles de procédure qui suivent.
S'il y a consentement, je n'y peux rien.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, pour ne pas abuser de
la situation qui est créée, je rappellerai un principe
fondamental qui est celui, compte tenu de ce que j'ai dit, de la
présomption... (15 h 30)
Le Président: Un rappel au règlement de...
M. de Bellefeuille: Un rappel au règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: J'aimerais savoir quelle est la nature de
cette intervention inopinée au moment d'un vote.
Le Président: Depuis ce matin, les interventions sont
irrégulières. Le ministre de la Justice souhaite intervenir de
nouveau, brièvement, avec le consentement de l'Assemblée.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'ai dit ce que
j'avais à dire, c'est-à-dire qu'il y a aussi un principe
fondamental, compte tenu de ce que j'ai dit et malgré le
caractère préliminaire de l'exposé que j'ai fait, qui
s'appelle la présomption de constitutionnalité des lois de
l'Assemblée nationale du Québec. C'est tout.
M. Bertrand: Très bien.
Miss aux voix de la motion proposant l'adoption du
projet de loi 3
Le Président: Cela étant, nous allons finalement
mettre aux voix l'adoption du projet de loi 3. Que les députés
qui sont favorables à l'adoption de ce projet de loi veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bertrand (Vanier), Jolivet
(Laviolette), Marcoux (Rimouski), Mme Marois (La Peltrie), MM. Clair
(Drummond), Johnson (Anjou), Landry (Laval-des-Rapides), Bérubé
(Matane), Richard (Montmorency), Tardif (Crémazie), Godin (Mercier),
Rochefort (Gouin), Dean (Prévost), Léger (Lafontaine), Gendron
(Abitibi-Ouest), Laurin (Bourget)...
Le Président: Nous sommes en plein vote, je vous en prie,
tout de même.
Le Secrétaire adjoint: ...MM. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Lafrenière (Ungava), Dupré
(Saint-Hyacinthe), Biron (Lotbinière), Garon (Lévis),
Fréchette (Sherbrooke), Mme Lachapelle (Dorion), MM. Rodrigue (Vimont),
Chevrette (Joliette), Brassard (Lac-Saint-Jean), Ouellette (Beauce-Nord),
Rancourt (Saint-François), Leduc (Fabre), Bordeleau, (Abitibi-Est),
Marquis (Matapédia), Gauthier (Roberval), Beaumier (Nicolet), Blouin
(Rousseau), Lavigne (Beauharnois), Le May (Gaspé), Gravel (Limoilou),
Gagnon (Champlain), Dussault (Châteauguay), Vaugeois
(Trois-Rivières), Fallu (Groulx), Perron (Duplessis), Beauséjour
(Iberville), Martel (Richelieu), Baril (Arthabaska), Laplante (Bourassa),
Char-bonneau (Verchères), Champagne (Mille-Îles), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Brouillet (Chauveau), Lachance (Bellechasse),
Paré (Shefford), Payne (Vachon), Tremblay (Chambly), Le Blanc
(Montmagny-L'Islet), Léonard (Labelle), Mme Le Blanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. Proulx (Saint-Jean).
Le Président: Que les députés qui s'opposent
à cette motion veuillent bien se lever. Abstentions?
Le Secrétaire adjoint: M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
Le Secrétaire: Pour: 58
Abstentions: 1
Le Président: Le projet de loi 3 est donc
adopté.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
Commission plénière
Reprise de l'étude des crédits
supplémentaires
M. Blouin: M. le Président, conformément à
l'article 106, je propose maintenant que nous nous transformions en commission
plénière afin de poursuivre l'étude des crédits
budgétaires supplémentaires.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Rancourt (président de la commission
plénière): À l'ordre, s'il vous plaît!
Énergie et Ressources (suite)
M. Rodrigue: M. le Président, il me restait combien de
minutes à mon intervention?
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! Avant
de commencer la reprise de
l'étude sur les crédits du ministère de
l'Énergie et des Ressources, nous avions utilisé... Avez-vous les
minutes exactes, le temps utilisé, le total? Nous allons faire le calcul
exact, mais il nous restait un peu plus d'une demi-heure, soit 32 ou 33
minutes. Je pourrai vous le dire un peu plus tard. Ce qui veut dire que nous
avons une demi-heure au minimum. Donc, si nous pouvons commencer tout de
suite... (15 h 40)
M. Fortier: M. le Président, juste une question de
règlement.
Le Président (M. Rancourt): Oui, M. le
député d'Outremont, sur une question de règlement.
M. Fortier: C'est que ce matin, nous avons commencé
l'étude des crédits qui touchent le secteur des terres et
forêts et, au moment où nous poursuivons, le ministre, je crois,
n'est plus responsable des terres et forêts. Est-ce que nous sommes dans
l'illégalité ou si nous pouvons continuer? Je pose seulement la
question parce que le règlement exige qu'il y ait une étude des
crédits et je crois que ceci exige que ce soit le ministre en titre qui
réponde des crédits du gouvernement. Je me pose la question
à savoir si le ministre qui est devant nous est habilité par le
gouvernement à répondre aux questions de l'Opposition.
M. Rodrigue: Sur la même question...
Le Président (M. Rancourt): Sur la question de
règlement, M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Rodrigue: ...les demandes de crédit ont
été présentées au nom du ministre de
l'Énergie et des Ressources. C'est le titre que je porte toujours. En
plus, la nomination d'un ministre délégué aux Forêts
ne modifie en rien la structure administrative du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Dans ces conditions, je considère
que je suis habilité à poursuivre la défense des
crédits supplémentaires du ministère de l'Énergie
et des Ressources.
Le Président (M. Rancourt): Sur la question de
règlement, j'ai lu le communiqué de presse du cabinet du premier
ministre sur la nomination de M. Jean-Pierre Jolivet, député de
Laviolette, qui dit: "Devient ministre délégué aux
Forêts. Tel qu'entendu avec le ministre de l'Énergie et des
Ressources, lors de sa nomination, la responsabilité du secteur
forêt est placée sous l'autorité d'un ministre
délégué. Ce ministre continuera d'agir au sein du
ministère de l'Énergie et des Ressources". Ce qui confirme la
position du ministre de l'Énergie et des Ressources, actuellement, et
nous permet de continuer l'étude des crédits, que nous avions
amorcée.
M. Rodrigue: M. le Président, combien me restait-il de
minutes pour ma dernière intervention? À moins que...
M. Fortier: Cela ne pose pas de problème. Prenez une
dizaine de minutes.
M. Rodrigue: Très bien.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, ce matin, le
député d'Outremont a fait état des difficultés qui
existent dans l'industrie du bois de sciage. Il a un peu exagéré
en disant que le ministère n'agissait pas dans ce domaine-là.
Quand je dis "un peu exagéré", c'est parce que je suis
très modéré. Je pourrais dire qu'il a beaucoup
exagéré.
En fait, les informations dont il a fait part ce matin, du moins
certaines d'entre elles, m'ont été transmises par les hauts
fonctionnaires de mon ministère, le 10 décembre dernier, à
l'occasion de sessions de travail sur ce dossier. Effectivement, les
renseignements qui m'ont été transmis, à ce
moment-là, m'ont démontré que le contexte du sciage
était un contexte évidemment extrêmement difficile.
Actuellement, en Amérique du Nord, nous avons affaire à des
surplus de production de bois résineux et les prix, par
conséquent, ont baissé.
Un des problèmes auxquels on fait face, c'est que la taille et la
qualité des billes diminuent. L'autre aspect, c'est que
l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette a
dévasté l'équivalent de dix années de coupe
forestière. Donc, nous sommes dans une situation où la ressource
s'éloigne, la qualité diminue, c'est-à-dire que les
diamètres sont plus petits et le coût, évidemment, de la
ressource augmente. C'est ce à quoi fait face l'industrie. Pour
s'adapter à ces contraintes, abstraction faite des scieries artisanales,
l'industrie a réussi à augmenter sa production en augmentant la
taille des usines, la vitesse des machines et en adaptant la technologie
à la grosseur des arbres.
Au ministère, nous sommes conscients que la situation est
difficile. L'analyse de cette situation a été faite et elle m'a
été transmise par les fonctionnaires. Bien sûr, il serait
facile, par des mesures à court terme de régler les
problèmes ponctuels ici et là, d'aller éteindre des feux
un peu partout, mais, finalement, cela ne réglerait pas le
problème. Ce que nous envisageons, ce sont des mesures à moyen
terme qui vont assurer la stabilité de l'industrie. À l'automne
1983, le ministère de l'Énergie et des Ressources a mis en place
un programme quinquennal de
consolidation et d'expansion de l'industrie du bois. Ce programme
comporte quatre volets. J'ai ici la plaquette explicative de ce programme.
Ce sont des volets qui visent principalement à moderniser la
gestion des entreprises et à diversifier les activités
industrielles de façon à diminuer la vulnérabilité
de l'industrie. En général, je pense qu'on peut dire que
l'industrie du bois a accordé un excellent accueil à cette
initiative du ministère. C'est une première étape vers la
modernisation des scieries.
De manière à relancer les investissements en
immobilisations, en vue d'accroître la productivité, mon
ministère a présenté, en novembre 1984, le volet d'aide
à la conversion à la haute technologie; il s'est inspiré
également des recommandations formulées dans des études
d'ingénierie et de procédés qui ont été
réalisées en 1983 et 1984 et des besoins qui ont
été identifiés au sein de l'industrie.
Pour ce qui est du programme en quatre volets dont j'ai parlé
tout à l'heure, le premier volet du programme d'aide aux entreprises de
l'industrie du bois vise à améliorer la rentabilité de
l'entreprise par une meilleure utilisation de la matière
première, la maximisation des produits de qualité et
l'optimisation des activités. Tout cela est expliqué dans le
dépliant que j'ai devant moi.
Le second volet vise à renforcer l'équipe de direction de
l'entreprise en la dotant d'un personnel spécialisé en gestion de
production ou en ingénierie.
Le troisième volet vise à encourager les industriels du
sciage à doter leurs usines d'équipement informatique leur
permettant une gestion plus éclairée de leur entreprise.
Or, il y a déjà beaucoup d'entreprises qui ont
demandé de l'aide dans le cadre de ce programme et le quatrième
volet, je vous le signale, porte sur la transformation plus poussée de
la ressource et le développement de produits de deuxième
transformation. Dans le cadre de ce programme, nous avons déjà de
nombreuses demandes. Sur le premier volet, il y a déjà 23
scieries qui nous ont présenté des projets et un certain nombre
ont été acceptés pour un montant totalisant 1 103 000 $.
Sur le deuxième volet, j'ai ici, devant moi, un tableau; je n'ai pas le
décompte, mais il y a sept feuilles avec une dizaine de noms de scierie
par feuille. Il y a déjà quelque chose comme 60 scieries qui se
sont inscrites dans ce programme et qui ont également demandé de
l'aide. Je vais demander qu'on fasse le total des demandes formulées et
je pourrai le donner tout à l'heure.
Donc, par ceci, je veux répondre aux arguments qu'invoquait le
député ce matin, qui disait d'une façon très
globale et assez sommaire, somme toute, que le ministère n'avait pas agi
dans ce domaine. Bien au contraire, nous avons agi, nous avons mis sur pied un
programme d'aide qui, déjà, connaît un succès
important et nous poursuivons notre travail pour mettre en place des mesures
qui vont répondre aux véritables besoins de l'industrie. Il me
semble qu'affirmer que le ministère n'a pas agi dans ce domaine, c'est
faire preuve d'une méconnaissance totale des interventions qui ont eu
lieu.
Cela termine ici mes remarques pour l'instant, M. le
Président.
M. Fortier: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: ...vous avez évoqué un
communiqué de presse, tout à l'heure, où le premier
ministre indiquait que la nomination du ministre des Terres et Forêts
avait été mentionnée lors de la nomination du ministre
actuel. C'est assez curieux qu'au moment où le député de
Vimont a été nommé ministre, lui-même avait dit
publiquement qu'une de ses premières priorités était la
forêt. J'ai de la misère à comprendre. S'il savait qu'il y
aurait à peu près immédiatement une autre nomination,
pourquoi a-t-il dit que c'était l'une de ses priorités, sachant
que quelqu'un d'autre prendrait la relève.
Le jugement que j'ai porté sur l'industrie du bois de sciage
n'est pas mon jugement, j'ai lu ici, textuellement, un rapport interne du
ministère de l'Énergie et des Ressources qui conclut - et je cite
à la page 20 ce qui suit: "La situation où se retrouvent les
industriels du bois de sciage résineux est telle que nombre d'entre eux
se retrouveront à brève échéance dans de
sérieuses difficultés, pour ne pas dire en faillite." Ce n'est
pas moi qui dis qu'il y a crise dans l'industrie du bois de sciage, ce sont les
experts du ministère de l'Énergie et des Ressources qui sont
autour de vous présentement.
Ils ajoutaient: "II est impératif d'adopter le plus rapidement
possible un train de mesures qui seront de nature à stabiliser et
à consolider l'industrie." On s'entend pour dire qu'il y a des
dispositions que pourrait prendre le ministère à brève
échéance. De plus, il faut se donner une politique pour
consolider l'industrie du bois de sciage qui fait face à des
difficultés accrues depuis deux ou trois ans. Mais, quand même,
entre les petits programmes existants, qui coûtent environ 2 000 000 $
par année, et la proposition des experts du ministère qui
disaient, d'après le programme qu'ils avaient décrit dans leur
document, que la première année d'un tel programme
coûterait 9 000 000 $ par année et que, la deuxième
année, cela coûterait 12 000 000 $ par
année et, la troisième année, 15 750 000 $ pour 36
750 000 $ et où on disait qu'il y aurait des faillites ou des compagnies
qui seraient obligées de cesser leurs activités, qu'une vingtaine
de compagnies seraient obligées d'arrêter leurs opérations
dans les six prochains mois, on peut se demander pourquoi le gouvernement n'a
pas réagi plus rapidement. (15 h 50)
Je vais donner des actions qui, dans une certaine mesure, ne
coûteraient rien mais qui démontreraient que le ministre et le
ministère ne savent pas où ils vont. Parmi les actions à
suspendre, on disait ceci: "Le ministère devrait suspendre les
activités suivantes: ne devrait plus émettre de nouveaux permis
d'implantation d'usines." Qu'est-ce que le ministre pense de ça?
J'aimerais savoir ça. "Le ministère ne devrait plus
émettre des permis pour augmenter la capacité des usines."
Qu'est-ce que le ministre pense de ça? "Ne devrait plus accorder des
augmentations et des consommations autorisées." Qu'est-ce que le
ministre pense de ça?
Dans les actions à éviter, on disait: "Éviter
d'imposer des charges nouvelles."
Dans les actions urgentes - et j'en passe - on disait: "Suspendre, pour
l'industrie du bois de sciage, l'application de l'augmentation des droits de
coupe décrétée en juillet 1984".
Il y a des recommandations ici qui ne demandent aucunement une
concertation de trois ans pour décider ce qu'on devrait faire dans
l'immédiat. Les fonctionnaires ont fait leur devoir - d'ailleurs je dois
les en féliciter - et savent exatement où ils vont. Ce qui manque
c'est qu'on passe son temps à changer les ministres, on passe son temps
à faire des changements de ministères qui font que les ministres
impliqués n'ont pas le temps d'étudier leur dossier. Ce qui
manque c'est justement une détermination, une priorité qui doit
être donnée à la forêt comme telle.
Il y a, bien sûr, ces recommandations et j'aimerais bien savoir ce
que le ministre en pense et surtout j'aimerais bien qu'il nous dise si, avant
qu'il parte, le ministre Duhaime n'a pas pris de décision à ce
sujet, pourquoi depuis qu'il a été nommé ministre n'a-t-il
pas agi? Je vois ici le député d'Abitibi qui aurait
souhaité être ministre de la Forêt, malheureusement ce n'est
pas lui que le premier ministre a choisi. C'est malheureux, je le regrette
parce que venant de l'Abitibi je crois qu'il comprend le problème des
scieries, il comprend les problèmes du bois; il aurait pu faire un
très bon travail, j'en suis sûr.
Mon commentaire est à savoir qu'on a déjà perdu
beaucoup de temps. Les experts du ministère savent exactement où
ils s'en vont. Vous nous demandez des budgets additionnels qui sont très
minimes, somme toute, mais ce qui est plus grave c'est que si on prend la
recommandation des actions urgentes qu'on recommande, la suspension des droits
de coupe décrétés en juillet 1984, vous devez savoir qu'en
particulier pour la Société des Monts de Matane ceci a
été un facteur important dans la faillite qui en a
résulté. Si on dit que l'augmentation des droits de coupe est 1 $
du mètre cube, on me dit que ça équivalait à 140
000 $ quand j'étais là. Si c'est ça l'augmentation des
droits de coupe, c'est un facteur important dans la faillite de la
Société des Monts.
De toute façon ça augmente de façon très
importante les coûts de production des différentes
sociétés qui opèrent dans l'industrie du bois et si les
experts du ministère ont décelé un malaise, ont
recommandé qu'il y ait suspension d'augmentation des droits de coupe en
particulier, c'est justement, j'imagine, un facteur assez important pour qu'il
soit mentionné comme une action urgente.
Donc, je reviens M. le ministre sur ce rapport du ministère qui
décrit l'état de crise viscérale dans laquelle se trouvent
les usines de bois de sciage. Ce n'est pas la première étude qui
a été faite. Il y a deux ans, une autre étude avait
été faite après une très grande consultation dans
toute la province. Là, on conclut à un état de crise et
vous nous dites: on va continuer à faire nos études et je me
satisfais des quelques crédits qui sont devant nous.
Ce qui est encore plus grave et je reviens à la
Société des Monts, c'est que les montants qui sont
distribués présentement pour la sylviculture, ne sont pas
toujours utilisés à bon escient. Quand je suis allé
à Matane, M. le ministre, on m'a dit que la Société des
Monts, en particulier, qui avait obtenu récemment 100 000 $ pour faire
de la sylviculture, avait employé seulement 50 000 $ pour faire de la
sylviculture et de la génération de la forêt et les autres
50 000 $ étaient disparus en fumée. À ce moment-là
je comprends bien qu'on peut dépenser ici, qu'on peut voter des millions
de dollars. Si votre ministère n'est pas à même de faire
les contrôles qui s'imposent pour s'assurer que les montants soient
versés après que les travaux soient faits mais si vous les versez
avant avec aucun contrôle sur leur utilisation, il ne faut pas se
surprendre si, année après année ou mois après mois
on doive revenir ici pour demander des augmentations additionnelles parce que,
avec un rendement de 50%, on peut revenir très souvent à
l'Assemblée nationale pour réaliser le même programme.
Le ministre n'a pas répondu à ma question fondamentale. Je
connais l'autre programme qui existe, qui est de l'ordre de 2 000 000 $. Ma
question fondamentale,
c'est: Pourquoi ne pas avoir donné suite aux recommandations des
experts du ministère qui recommandaient un programme de 36 750 000 $ sur
une base de trois ans et qui disaient qu'il y avait une action urgente à
entreprendre? Ce rapport a été fait le 29 octobre 1984.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Rodrigue: M. le Président, pour répondre
directement à la question, la raison est bien simple. Avant de me
précipiter dans des décisions, je prends le temps de
réfléchir, et c'est tout à fait normal. Le rapport auquel
se réfère le député, si je ne m'abuse, est
daté du 29 octobre. Cela ne fait pas tellement longtemps. Il y a eu un
travail de fait au ministère. Les fonctionnaires, ont fait une
évaluation de la situation dans le bois de sciage évidemment, mon
prédécesseur avait justement demandé que cette
évaluation se fasse parce qu'on sentait bien qu'il y avait des
problèmes de ce côté-là - une évaluation
extrêmement serrée et sérieuse de l'état dans lequel
se retrouve l'industrie du sciage au Québec. Cela a permis de faire un
certain nombre de constatations et de tirer des conclusions quant aux
problèmes qui mettent en péril, d'une certaine façon,
certaines scieries, l'existence de certaines scieries, et, à ce
moment-là, de dégager des programmes pour tenter de corriger ou
appuyer les efforts de cette industrie pour passer à travers la crise.
Le document auquel se réfère le député est
daté du 29 octobre, pas de l'an passé, le 29 octobre de cette
année. J'ai été nommé ministre le 27 novembre. Le
10 décembre, j'ai obtenu des fonctionnaires un résumé de
ce rapport que j'ai ici devant moi, qui, effectivement, fait état de la
situation et qui comprend, entre autres, un certain nombre de suggestions quant
aux mesures à adopter. Or, nous sommes le 20 décembre. Vous
comprendrez qu'avant d'engager des sommes de plusieurs dizaines de millions de
dollars, dans certains cas, il faut y réfléchir et bien mesurer
les impacts des décisions que nous avons à prendre. Depuis que
j'ai été nommé, j'ai eu l'occasion, à plusieurs
reprises... D'abord, j'ai pris connaissance de ce rapport, du
résumé qui en a été fait et, également, j'ai
eu l'occasion de rencontrer des gens de certaines scieries qui, par des cas que
j'ai pu vérifier, m'ont permis de compléter un peu mes
informations là-dessus. Il va de soi que le ministère, à
un moment donné, au début de l'an prochain, va élaborer et
énoncer une politique pour tenter d'aider l'industrie du sciage au
Québec.
Je ne pense pas qu'on puisse nous reprocher, raisonnablement en tout cas
- on peut le faire d'une façon très partisane et
inconsidérée, mais pas d'une façon raisonnable - quoi que
ce soit au ministère quand on sait que le document en question, le
rapport en question est daté du 29 octobre et que nous sommes le 20
décembre. M. le Président, des décisions comme
celle-là, qui impliquent des sommes importantes, cela ne se prend pas
comme ça. Il faut prendre le temps de bien mesurer les impacts des
interventions que nous allons faire et nous assurer qu'elles vont toucher le
coeur des problèmes et permettre à l'industrie de passer à
travers.
Pour ce qui est des droits de coupe, je dois dire ceci. D'abord, c'est
une augmentation des droits de coupe sur les terres publiques de 0,60 $ le
mètre cube seulement et c'est dans le cadre du programme de reboisement
que ces droits de coupe ont été augmentés parce que cela
permet de défrayer environ un tiers du coût du programme de
reboisement. L'industrie avait été consultée
là-dessus et, de façon générale, a réagi
positivement. Donc, il ne s'agit pas d'une augmentation sauvage faite à
l'insu des gens. Il y a eu des tractations avec l'industrie et l'industrie, en
gros, a accepté les finalités du programme de reboisement et de
défrayer une partie des coûts.
M. le Président, je pense que ceci nous place dans la
véritable perspective dans laquelle il faut analyser autant toute la
situation de l'industrie du sciage que les crédits qui sont devant nous.
Pour terminer là-dessus, je voudrais vous donner un renseignement
additionnel. Tout à l'heure, je parlais d'un tableau concernant le volet
2 de notre programme, celui auquel je me suis référé tout
à l'heure. Il y a déjà 56 demandes qui sont
entrées. Il y en a eu 27 d'acceptées et 29 sont en traitement.
Donc, sur ce plan-là, le ministère fait son travail.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je crois que la
réponse du ministre confirme mes appréhensions. Il y a urgence et
les changements de titulaires au ministère, en particulier dans le
secteur des forêts, font retarder les échéances alors que
les experts du ministère nous disent qu'il y a crise
présentement. (16 heures)
Contrairement à ce qu'a dit le ministre, ce problème n'a
pas été étudié uniquement le 29 octobre 1984. J'ai
en ma possession un document publié l'an dernier et pour lequel il y
avait eu une vaste consultation dans tout le Québec. Cette consultation
avait duré deux ans. Donc, ce n'est pas un problème nouveau que
d'étudier l'industrie du bois de sciage au Québec. Le ministre
qui était là savait pertinemment ce
à quoi il pouvait s'attendre. Les recommandations étaient
l'aboutissement normal de toutes les études. Je me pose la question: Si
l'augmentation de 0,60 $ du mètre cube de bois est si minime, pourquoi
les experts du ministère eux-mêmes recommandent-ils qu'il faille
suspendre, pour l'industrie du bois de sciage, l'application de l'augmentation
des droits de coupe décrétée en juillet 1984? Ce n'est pas
moi qui dis cela, ce ne sont pas les industriels; ce sont les experts du
ministère.
J'aimerais aborder un autre dossier puisque le temps fuit,
malheureusement. Je vois que, dans les crédits, il y a un certain
montant d'argent qui a été voté pour rembourser REXFOR des
études qui ont été faites sur l'industrie de Matane. On
connaît l'histoire. Avant 1976, des études avaient
été faites par la Société générale de
financement. En 1976, le ministre Bérubé, député de
Matane, qui était au ministère des Terres et Forêts,
décrète que la Société générale de
financement ne devrait plus s'occuper du dossier de Matane et qu'il va donner
ce dossier à REXFOR. Celle-ci s'implique jusqu'à
dernièrement et, au mois de juin, l'ex-ministre Duhaime nous fait voter
un montant de 65 000 000 $ pour pouvoir, éventuellement, capitaliser
environ 40 000 000 $ pour permettre le démarrage de l'industrie de
Matane.
C'est assez cocasse. J'avais bien insisté au mois de juin pour
savoir quelles étaient les vraies intentions du gouvernement. J'avais
évoqué à ce moment-là la nécessité
pour une société d'État comme REXFOR de publier un
prospectus ou que toute société d'État, lorsqu'elle
demande des augmentations de capital, devrait publier un prospectus, justement
pour indiquer à la population quels sont ses besoins et pour quelle
raison elle demande une augmentation de capital. À ce moment-là,
j'avais eu certaines réponses. Malheureusement, j'ai su plus tard -
environ quinze jours ou trois semaines plus tard -que le gouvernement avait
décidé que ce n'était plus REXFOR qui était
impliquée, mais la Société générale de
financement. Donc, on a fait le tour de la boucle. En 1976, c'était la
SGF et, en 1984, on se retrouve avec la SGF et Consolidated Bathurst. La
question qui me vient à l'esprit, bien sûr, c'est: Comment se
fait-il qu'on ait fait tout ce débat au mois de juin au sujet d'une
augmentation de capitalisation de REXFOR au montant de quelque 65 000 000 $ et
que, contrairement à ce que dit le ministre, dès le mois de
juillet, j'ai eu vent que le gouvernement avait décidé que ce
n'était plus REXFOR, mais que c'était la Société
générale de financement qui était impliquée? Est-ce
que le ministre peut m'expliquer comment, à l'intérieur d'une
période de quinze jours ou trois semaines, on demande à
l'Assemblée nationale de voter quelque 35 000 000 $ ou 40 000 000 $ pour
l'usine de Matane et que, trois semaines plus tard, on décide que c'est
la Société générale de financement?
Ce qui est plus grave, et ceci démontre que le gouvernement et le
ministère ne savent pas où ils vont dans ce dossier et dans le
dossier de la forêt en particulier, j'ai ici une coupure de presse de La
Voix gaspésienne datée du 12 décembre 1984 qui dit:
"Rexfor fait face à des problèmes extrêmement difficiles
dans la réorganisation de l'industrie du bois de sciage en
Gaspésie." On fait état d'une série de difficultés
et des retards apportés aux constructions, etc. La conclusion est assez
humoristique, d'ailleurs, et je comprends: "II n'apparaît pas impossible
que REXFOR tienne compte aussi en ce moment de la situation politique. S'il y
avait des élections dans un avenir assez rapproché et que les
libéraux prennent le pouvoir, le mandat global de REXFOR pourrait
changer. Les porte-parole libéraux en matière des ressources
estiment que REXFOR occupe une trop grande place dans l'industrie du bcis et,
particulièrement, en matière de sciage et elle est en voie de
prendre le contrôle." Ce que le journaliste nous dit ici - nos auditeurs
le savent - c'est que nous avons établi une politique pour les
sociétés d'État au Parti libéral du
Québec.
Nous savons exactement ce que nous ferions aussitôt que nous
prendrions le pouvoir pour contrôler les sociétés
d'État, pour définir leurs mandats et leurs missions. Dans le cas
de REXFOR en particulier, on nous fait voter des montants au mois de juin pour,
ensuite, au mois de juillet, décider d'aller dans une autre direction.
La question qui me vient à l'esprit: Est-ce que le ministère,
puisque le ministre nous dit qu'il va rester le ministre en titre de
l'Énergie et des Ressources... Est-ce que, parmi les priorités du
ministre, il y en a une pour, enfin, déterminer quelle est la mission de
REXFOR, de quelle façon elle va exercer son mandat? Est-ce que le
ministère et le ministre vont arrêter de s'en aller à
gauche et à droite et faire semblant de savoir où ils vont alors
que, justement, les sociétés d'État, dont REXFOR en
particulier, ne savent absolument pas où elles vont?
Comme je l'ai dit à plusieurs reprises, je n'en blâme pas
uniquement les dirigeants de REXFOR parce que finalement, lorsque le
gouvernement ne sait pas où il va, c'est très difficile pour les
dirigeants d'une société d'État de savoir eux la direction
dans laquelle ils devraient aller. En terminant sur ce thème, il est un
secret de polichinelle que, si REXFOR a été
éliminée du dossier, c'est à la demande expresse de
Consolidated Bathurst qui ne voulait pas être impliqué avec
REXFOR, disant que REXFOR n'était pas compétente dans ce domaine.
Il n'y a rien de mal à dire cela parce que REXFOR
a tout de même acquis une certaine compétence dans d'autres
domaines, dans le bois de sciage en particulier et dans la sylviculture.
Dans le domaine des pâtes et papiers, REXFOR n'est pas
compétente. Cela a été une demande expresse de
Consolidated Bathurst qu'elle soit enlevée du dossier pour qu'elle
puisse travailler avec la Société générale de
financement. Moi-même j'avais dit, à ce moment, que la
Société générale de financement, avec Donohue et
Domtar, en particulier, que l'État québécois était
très bien qualifié pour exercer son leadership dans ce domaine.
Est-ce que le ministre ne croit pas qu'en remboursant, à même les
crédits, REXFOR, cela devrait être le point final? Et, au lieu de
jouer le jeu, de demander à REXFOR d'aller sur la Côte-Nord pour
relancer ITT, de faire comme si REXFOR pouvait assumer ce leadership, pourquoi
ne pas conclure et pourquoi le ministre, en nous faisant adopter aujourd'hui
ces crédits pour rembourser REXFOR ne nous dit pas qu'il a
étudié la situation et qu'il fera les ajustements
nécessaires pour ne pas faire croire à la population de la
Côte-Nord que REXFOR pourrait jouer ce rôle alors qu'elle a
été jugée incompétente par une
société privée pour jouer ce rôle à Matane
même?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Rodrigue: Je veux d'abord corriger une information qui est
totalement fausse. Jamais Consolidated Bathurst n'a demandé de sortir
REXFOR de là pour pouvoir s'impliquer. Ce qui est arrivé, c'est
bien simple, c'est qu'un peu après la commission parlementaire qui avait
étudié le dossier REXFOR et où les députés
libéraux ont eu toute occasion, tout comme les députés
ministériels, de poser les questions qu'ils souhaitaient poser, le
groupe SGF Consolidated Bathurst nous est arrivé avec un projet qui est
tout simplement plus prometteur. C'est la raison, après analyse, pour
laquelle le ministère a recommandé -ce que le gouvernement, le
Conseil des ministres a accepté - qu'étant donné qu'il ne
pouvait pas y avoir deux projets d'implantation à Matane, parce que la
forêt environnante ne peut en supporter qu'un, et étant
donné que le projet de Consolidated-SGF était plus prometteur que
les projets canalisés, à ce moment, par REXFOR, que la
décision du gouvernement soit de demander a Consolidated-SGF de
poursuivre le travail d'études et d'analyses de leurs dossiers à
Matane et de demander à REXFOR, avec les différents intervenants
qui l'avaient approchée pour un projet de papier journal, finalement,
à ce moment, de regarder ce qu'il serait possible de faire du
côté d'ITT à Port-Cartier.
En fait, il s'agit de deux projets différents. REXFOR avait un
projet d'usine de papier journal tandis que SGF-Consol a un projet pour
fabriquer de la pâte chimico-thermomécanique blanchie. Pour
démontrer le sérieux du projet de SGF-Consol, je crois que c'est
hier, les gens de Consolidated Bathurst ont décidé
d'arrêter la production à Bathurst le 15 janvier 1984 pour faire,
pendant un certain nombre de jours, des tests de blanchiment de la pâte.
Quand une compagnie en est rendue à arrêter une usine, ce qui
implique quand même des coûts assez importants, pour faire des
tests de blanchiment de la pâte, c'est qu'il s'agit d'un projet
sérieux et qu'à ce moment, une fois ces tests
réalisés, s'ils sont concluants, on a de bonnes
possibilités de pouvoir aller de l'avant avec le projet. (16 h 10)
C'est ça la situation. C'est ça qui s'est produit. Il
m'apparaît normal, dans les circonstances, que le ministère
dédommage REXFOR pour les coûts d'études qu'elle a
engagées sur le projet Matane, puisque c'est nous-mêmes qui lui
avons demandé d'aller travailler sur des projets du côté de
ITT-Rayonier. Le député d'Outremont a glissé rapidement
sur l'attitude de sa formation politique quant aux sociétés
d'État. Je l'ai lu, moi, l'article de presse qui rapportait un peu ce
que contenait le rapport. C'est un peu comme si on redécouvrait le
bouton à quatre trous. En d'autres mots, ils en viennent à la
conclusion qu'il faut se diriger vers une réduction du nombre des
sociétés d'État en tenant compte du principe suivant:
être concurrentiel. Il me semble que cela va de soi et c'est ce à
quoi vise le gouvernement actuellement, mais lorsque nous examinons l'aspect
concurrentiel des entreprises d'État et leur productivité, nous
le faisons, non pas dans un cadre à très court terme, mais nous
examinons les possibilités de rentabilité à moyen et long
terme, parce qu'il s'agit souvent de protéger des secteurs industriels
qui connaissent des difficultés, mais qui offrent quand même des
possibilités d'avenir dans la mesure où la restructuration se
fait, dans la mesure où ce secteur est consolidé. Passer de
l'État-providence à l'État-incitateur. C'est ce que nous
prônons depuis un bon bout de temps. Il s'agit de voir les programmes du
ministre de l'Industrie et du Commerce qui visent à appuyer l'industrie
plutôt qu'à prendre sa place. Finalement, je pense que les
libéraux n'ont rien inventé dans leur politique. C'est celle que
nous pratiquons depuis un certain temps et je pense - je termine
là-dessus -que le niveau d'investissements qu'on connaît au
Québec cette année qui est un niveau record démontre que
le gouvernement actuel a fait son travail dans ce domaine.
M. Fortier: Avons-nous terminé?
Le Président (M. Rancourt): Oui, nous avons
terminé. L'heure allouée à l'étude des
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources est
terminée.
M. Fortier: Parce que je voulais juste dire ceci. J'aurais voulu,
bien sûr, parler des surplus de copeaux de REXFOR et tout cela. Cela a
été un problème considérable pour la
Gaspésie-Bas-Saint-Laurent, mais ce sera pour un autre moment.
Le Président (M. Rancourt): Cela va. S'il vous
plaît! Bien sûr, l'heure allouée à l'étude des
crédits supplémentaires du ministère de l'Énergie
et des Ressources est terminée. Donc, nous allons passer à
d'autres ministères et M. le leader adjoint va nous donner justement la
nomenclature de ceux-ci.
M. Blouin: Oui, justement, M. le Président, pour que tout
le monde, tous les membres de l'Assemblée comprennent bien quelle
procédure nous allons suivre jusqu'à 18 heures, d'abord, nous
allons procéder dans quelques minutes, le temps que le ministre de
l'Industrie et du Commerce prenne place, à un débat sur les
crédits budgétaires supplémentaires avec lui et aussi, si
c'est requis par l'Opposition, avec le ministre du Tourisme, jusqu'à 17
heures. À 17 heures, de 17 heures à 17 h 30, le président
du Conseil du trésor, député de Drummond viendra
défendre ses crédits et le ministre des Finances sera ici de 17 h
30 à 18 heures. À 18 heures ou quelques secondes avant 18 heures,
nous procéderons à l'adoption des lois sur les crédits
budgétaires supplémentaires.
Le Président (M. Rancourt): Merci, M. le leader adjoint du
gouvernement. Nous allons maintenant permettre au ministre de l'Industrie et du
Commerce de prendre place ainsi qu'aux fonctionnaires, de bien vouloir venir.
M. le ministre, y a-t-il d'autres personnes qui vous accompagnent?
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): Vous êtes
prêt?
M. Biron: Mais oui!
Industrie et Commerce
Le Président (M. Rancourt): Donc, nous allons commencer
l'heure qui est allouée au ministère ou la partie de l'heure qui
est attribuée au ministère de l'Industrie et du Commerce. M. le
ministre de l'Industrie et du Commerce, vous avez la parole.
M. Birore M. le Président, depuis déjà tout
près de quatre ans, au-delà de trois ans et demi maintenant que
j'ai le privilège et l'honneur d'occuper le poste de ministre de
l'Industrie et du Commerce, vous comprendrez que je commence à
connaître passablement mes dossiers, d'autant plus que je suis
assuré qu'au cours des prochaines années, je disais même
à mon collègue, le député de Laporte, que ce n'est
pas mon ambition de rester là pour le restant de mes jours, mais quand
même, j'ai encore plusieurs années à occuper ce poste et
vous savez ce que cela veut dire, M. le député de Laporte...
M. Bourbeau: Changez de parti, oui.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Biron: J'ai bien l'intention de participer avec mes
collègues de ce côté-ci de la Chambre à faire en
sorte que le gouvernement du Québec continue d'être un bon
gouvernement et que je continue d'occuper le poste de ministre de l'Industrie
et du Commerce.
Ceci dit, les crédits supplémentaires du ministère
de l'Industrie et du Commerce comportent deux sujets: Le premier sujet, c'est
Pétromont. Je pense qu'on en a discuté à plusieurs
reprises ici, dans cette Chambre. Je regrette que le député de
Laporte ne soit pas intéressé personnellement à ce dossier
qui, pourtant, est très important dans le domaine de l'industrie et du
commerce. Il a laissé le dossier Pétromont à son
collègue, le député d'Outremont, mais cela a
été une longue histoire depuis les trois dernières
années où le gouvernement du Québec s'est battu, avec la
collaboration de l'entreprise et des travailleurs, pour convaincre l'ancien
gouvernement fédéral - les libéraux - d'aider et de
continuer avec Pétromont au Québec ou la pétrochimie au
Québec.
Les libéraux avaient décidé d'éliminer le
Québec comme centre pétrochimique, mais nous avons réussi,
à compter de septembre, à faire comprendre au gouvernement
conservateur à quel point c'était important pour le Québec
pour le développement économique et la création d'emplois,
quand on songe qu'il y a environ 400 PME de 15 000 à 20 000 emplois
reliés directement à l'industrie pétrochimique.
Finalement, le gouvernement fédéral conservateur a
décidé, temporairement, d'aller jusqu'au 1er avril pour se donner
une chance d'en venir à une politique pétrochimique,
c'est-à-dire une politique qui fera en sorte que les intrants, les
matières premières, les "feedstocks", soient payés
à un prix convenable et surtout qu'ils ne soient pas doublement
taxés, comme c'était le cas sous les libéraux. Or, il y a
une subvention de 15 000 000 $ qui nous vient du gouvernement
fédéral et le Québec aussi, bien sûr, avait offert
d'avance de mettre sa contribution de 15 000 000 $.
C'est ce montant de 15 000 000 $ qui apparaît à l'article
Pétromont ou à celui des politiques et stratégies
sectorielles.
Au deuxième article apparaît la Société de
développement des coopératives. C'est la nouvelle Loi sur la
Société de développement des coopératives qui a
été adoptée en cette Chambre, au cours des derniers mois.
C'est tout simplement un transfert de l'ancienne SDC. C'est-à-dire qu'il
y avait déjà des crédits votés et nous ne faisons
que transférer des crédits qui étaient votés en
permanence, de 1 560 000 $, à la Société de
développement des coopératives, à cause de la nouvelle
société d'État; 1 560 000 $, ce sont les mêmes
crédits qui avaient été prévus au début de
l'année.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir de saluer
le ministre qui, si j'ai bien compris, en dépit du nouveau remaniement
ministériel, est toujours ministre de l'Industrie et du Commerce.
Jusqu'à récemment, il avait également la
responsabilité du tourisme, mais là je crois comprendre que, dans
le remaniement, il n'a plus le tourisme. Enfin, je l'ai confirmé avec
lui et il m'a assuré qu'il était encore ministre de l'Industrie
et du Commerce. J'ai l'impression d'avoir encore un interlocuteur valable.
Pour ce qui est de la remarque du ministre, tout à l'heure,
indiquant qu'il entendait occuper le poste pendant encore plusieurs
années, une petite remarque là-dessus, M. le ministre. À
l'égard de tout autre personnage que vous, on pourrait se poser de
sérieuses questions sur cette éventualité mais,
connaissant votre mobilité et votre facilité d'effectuer des
virages, il n'est pas impossible de penser qu'un jour vous pourriez solliciter
un comté pour le Parti libéral. Mais, de là à dire
que vous gagnerez une convention, c'est plus difficile. De toute façon,
je pense que, si vous voulez demeurer ministre de l'Industrie et du Commerce
pendant plusieurs années, il ne faudra pas songer à vous joindre
aux rangs du Parti libéral.
Maintenant, comme le ministre a parlé tout à l'heure de
ses crédits, soit 15 000 000 $ à Pétromont et 1 500 000 $
à la Société de développement des
coopératives, est-ce que le ministre pourrait nous renseigner, au sujet
des fonds pour la Société de développement des
coopératives, concernant le projet des coopératives de commerce
dont on a parlé lors de la dernière session et pour lesquelles le
ministre a fait amender la Loi sur les coopératives? Il s'agissait de
créer une nouvelle forme de coopératives de travailleurs, et un
projet pilote, je crois, devait être amorcé au printemps dans les
succursales de la Société des alcools mais il a été
suspendu en raison de décisions qui devaient être rendues par des
cours de justice. Est-ce que le ministre a l'intention de reprendre ce projet
bientôt? Est-ce que cela fait partie des crédits qu'on a ici?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron: Oui, l'injonction permanente doit être
plaidée. Nous vivons, à l'heure actuelle, sous un ordre de la
cour pour une injonction interlocutoire. L'injonction permanente doit
être plaidée dans les premiers jours de janvier, selon ce dont on
m'a informé. Jusqu'à maintenant, le juge nous a ordonné de
ne faire aucune démarche. Il a ordonné à la
Société des alcools de ne faire aucune démarche
additionnelle pour la promotion des coopératives de travailleurs. Nous
avons eu, de la part de la base des travailleurs et des directeurs de
succursale, plusieurs autres offres, plusieurs autres lettres d'offres, depuis
ce temps-là. Mais, malheureusement, nous ne pouvons faire plus de
commentaires pour le moment, étant donné que c'est encore devant
la justice.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez préciser un peu? Il
va y avoir une requête à présenter? J'avais cru comprendre
que la suspension était temporaire et que les délais se
termineraient bientôt. Vous devez retourner en cour? Est-ce que vous
pourriez spécifier davantage, parce que ce n'est pas très
clair?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron: Des avocats pourraient peut-être expliquer cela
plus facilement mais il y a eu une demande d'injonction interlocutoire et une
demande d'injonction permanente. L'injonction permanente n'a pas
été plaidée. Elle devait être plaidée au mois
de novembre ou de décembre mais elle a été retardée
jusqu'aux premiers jours de janvier. Mais, entre-temps, c'est l'injonction
interlocutoire, donc temporaire, qui s'applique et qui nous empêche de
faire quoi que ce soit tant et aussi longtemps que l'injonction permanente ne
sera pas plaidée. Lorsque l'injonction permanente sera plaidée,
si le juge dit: La Société des alcools peut continuer à
faire des démarches et à recevoir les demandes de ses
travailleurs pour les coopératives de travailleurs, cela fonctionnera
normalement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Si l'injonction permanente est accordée,
c'est donc que le projet est à
l'eau d'une façon indéfinie. (16 h 20)
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Bîrorn Je ne veux pas faire de commentaires sur le jugement qui
a pu provenir d'un juge ou qu'un autre juge pourrait faire. C'est sûr que
c'est un projet qui a toujours été très valable à
mon point de vue, c'est un projet qui permet à des travailleurs de
prendre possession de leur entreprise et d'en assumer pleinement la direction.
Cela reste un de nos désirs les plus chers de le réaliser
aussitôt que - je ne dirai pas les embêtements légaux - les
ordres légaux feront en sorte que nous pourrons agir.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Mais à l'heure actuelle, au moment où
on se parle, est-ce que des travaux se font au ministère ou des
préparatifs en vue d'implanter des coopératives de commerce dans
des succursales de la SAQ, ou si vous êtes complètement
arrêté.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Bîron: Au moment où on se parle, nous ne pouvons,
ou la Société des alcools ne peut agir dans ces succursales pour
faire la promotion de coopératives de travailleurs mais, comme je l'ai
dit tout à l'heure, elle a reçu beaucoup de demandes de la part
de directeurs et/ou de travailleurs et travailleuses de succursales pour former
une coopérative. La Société des alcools ne peut pas bouger
afin de respecter la cour.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Les crédits de 1 500 000 $ qui sont
votés, est-ce que le ministre pourrait nous dire d'une façon un
peu plus précise à quoi servent ces sommes?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron: C'est surtout l'administration de la
Société de développement des coopératives qui a une
cinquantaine, tout près de 60 permanents, et c'est pour administrer
cette nouvelle loi et pour recevoir les demandes, de même que pour
contribuer, pour une partie, aux prises en charge d'intérêts. Je
m'explique: Si vous avez une coopérative qui se forme et qui a besoin
d'une garantie de prêt, d'un prêt de capitalisation de 100 000 $,
elle va demander à la Société de développement des
coopératives la garantie sur le prêt de capitalisation; elle a
possiblement eu un prêt conventionnel d'une succursale, soit des caisses
populaires ou des banques, pour 200 000 $ ou 300 000 $, mais elle a besoin
d'une capitalisation adéquate. Alors, ce prêt de 100 000 $ est
garanti par la Société de développement des
coopératives et nous prenons en charge une partie des
intérêts sur cinq ans.
C'est possible que la première année, ce soit 100%, la
deuxième, 80% et puis 60%, 40% 20%, comme c'est possible que la
première année ce soit 40%, 20% et 10% ou quelque chose comme
cela, tout dépend du secteur d'activité. Lorsque c'est un secteur
industriel, donc qui enrichit la collectivité, la prise en charge est
plus importante; si c'est un secteur commercial mais qui ne nuit pas à
d'autres autour, la prise en charge est moyenne, c'est-à-dire autour de
50%, 25% et 15% ou quelque chose comme cela sur trois ans. Les crédits
sont pour payer les intérêts de la première année
budgétaire de même que s'il arrivait des faillites en cours de
route, ce serait pour tenir compte de ces faillites. Mais dans ce cas, il n'y a
pas eu de faillite prévue pour la première année de
fonctionnement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: L'analyse des dossiers que fait la
Société de développement coopératif, est-ce une
analyse qui est faite par la Société de développement
elle-même ou si c'est l'analyse qui est faite par les prêteurs, les
banques, les caisses populaires? Lequel des organismes fait l'expertise sur les
dossiers avant de décider si la SDC va s'engager ou non?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron: L'expertise est faite par la Société de
développement des coopératives, mais pour à peu
près chaque cas que j'ai vu jusqu'à maintenant, il y avait un
prêt tandem soit d'une caisse populaire ou d'une banque. Prenons
l'exemple d'une caisse populaire qui va financer une coopérative pour
200 000 $ de prêt conventionnel, sur marge de crédit ou autre, et
qui demande un prêt de capitalisation de 100 000 $ à la nouvelle
coopérative pour l'étude de ce premier prêt, une base
d'étude nous est fournie automatiquement par l'institution
financière, ce qui nous aide, nous, en tout cas, à avoir des
chiffres très clairs.
Souvent, vous le savez, dans les coopératives, les gens
commencent, n'ont à peu près pas de budget prévu pour les
prochaines années, etc. Le fait de passer par
une institution financière les force à préparer de
tels budgets. Lorsqu'ils arrivent à la Société de
développement des coopératives, on sait d'avance au moins le
marché visé, la part du marché qu'ils ont ou qu'ils
veulent avoir, le budget au cours des deux, trois, quatre ou cinq prochaines
années, ce qui permet finalement à l'analyste financier de la
Société de développement des coopératives de faire
une recommandation la plus éclairée possible au conseil
d'administration.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Quand le ministre parle de prêts de
capitalisation par la SDC, est-ce que le ministre entend du capital de risque
qui est prêté aux coopérants pour investir dans la
coopérative?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron: La Société de développement des
coopératives peut faire certains prêts à terme ou avec
marge de crédit mais, jusqu'à présent, nous n'en avons pas
fait. Nous essaierons... Comme objectif, nous ne voulons pas en faire. On sera
peut-être pris un bon jour avec une coopérative inuit, par
exemple, où il n'y a pas d'institution financière là-bas
et il faut vraiment faire un prêt à terme mais on vise de ne pas
remplacer les institutions financières conventionnelles et
privées. Tout ce que nous voulons faire c'est de garantir des
prêts de capitalisation pour que les coopératives soient bien
capitalisées et, sur un espace de cinq ans, de huit ans ou de dix ans,
les membres de la coopérative s'engagent à rembourser
l'institution financière, d'effacer en même temps la garantie de
la Société de développement des coopératives. Ce
sont les membres de la coopérative qui vont rembourser le
prêt.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Lorsque la SDC garantit les prêts des
institutions privées, est-ce qu'elle obtient des garanties personnelles
des membres des coopératives comme, par exemple, une banque va faire
avant de prêter de l'argent à des gens qui veulent se lancer en
affaires?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron: Dans ces cas-là il n'y a pas de garanties de la
part des individus, des coopérateurs à la SDC. C'est vraiment une
garantie de risque qui est prise par la SDC dans ce cas particulier. Si la SDC
prenait des garanties, les coopérateurs ne pourraient plus se garantir
sur marge de crédit ou sur prêt conventionnel à terme de
l'autre institution financière. C'est vraiment le risque à
prendre.
D'un autre côté, autrefois l'ancienne SDC donnait des
subventions aux coopératives. Nous ne donnons plus de subventions
maintenant, sauf la prise en charge d'une partie des intérêts de
prêt de capitalisation. Nous ne prenons aucune prise en charge sur les
prêts à terme, sur marge de crédit ou autrement qui sont
faits par la coopérative.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: En général, dans un cas type dans une
coopérative, quel est le pourcentage des fonds investis en
totalité qui proviennent des propres fonds des coopérateurs?
Est-ce important?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron: Nous jugeons qu'une coopérative, pour être
bien capitalisée, doit avoir 25% à 30% de ses besoins de capitaux
sous forme de capitalisation. Tout dépend des différentes
coopératives et dans quel secteur ces coopératives vont agir.
Dans certains secteurs, par exemple, dernièrement, nous avons garanti un
prêt de capitalisation sur une coopérative de 250 personnes qui se
sont organisées pour avoir un câble communautaire et
coopératif.
Chacun a mis une mise de fonds de 1000 $, la Société de
développement des coopératives a garanti 1000 $ par personne,
c'est-à-dire autour de 250 000 $. C'est un projet de près de 1
000 000 $ et on a financé à terme les autres 500 000 $. Cela veut
dire que chaque coopérateur y a mis un peu de son argent, la SDC a
garanti une différence et on a financé sur le projet
lui-même, le reste, à peu près 50%.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on peut dire que, dans tous les cas, il y
a toujours une proportion du financement qui provient des fonds propres des
coopérateurs?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron: Nous visons que dans tous les cas, autant que possible,
il y en ait mais dans certaines coopératives, je pense à
certaines formes de coopératives de travailleurs où vraiment les
travailleurs, après avoir subi une fermeture d'usine, n'ont
aucun sou disponible, on ne peut pas leur demander plus. Dans ce
sens-là il n'y a pas de fonds propre mis la première année
par les travailleurs. Quoique le montant garanti par la SDC peut souvent
représenter environ 3000 $ remboursés à raison de 600 $
par année par les travailleurs sur cinq ans.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: J'avais avisé le ministre que je devais
m'absenter à ce moment-ci. Si vous n'avez pas d'objection, mon
collègue le député de Notre-Dame-de-Grâce a
plusieurs questions à vous poser aussi.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, je voudrais simplement, en
souhaitant un joyeux Noël au député de Laporte, lui dire que
j'ai pris connaissance de l'excellent document de travail qu'il a remis. Je
n'ai pas voulu le commenter aujourd'hui, je voudrais lui faire l'honneur de
faire le même commentaire que j'ai fait à l'honorable
député de Notre-Dame-de-Grâce, où j'ai pris deux
heures pour faire la promotion de son document.
M. Bourbeau: J'espère que vous allez le faire sans
démagogie, M. le ministre.
Le Président (M. Rancourt): Vous voulez intervenir, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: J'aimerais avoir la permission du ministre d'aborder
deux ou trois sujets qui touchent indirectement plutôt que directement
les crédits. Je pense que normalement nous avons une attitude assez
large pendant l'étude de ces crédits. (16 h 30)
M. Biron: Si je me souviens, M. le Président, règle
générale, nous n'abordions, dans l'étude des
crédits supplémentaires, que les sujets qui apparaissent aux
crédits supplémentaires. Dans ce cas en particulier, nous
devrions nous conformer à parler de Pétromont ou de la
Société de développement des coopératives. Je
comprends que le député de Notre-Dame-de-Grâce veuille
prendre les dix dernières minutes ou environ qui nous sont
allouées, ou même cinq minutes, pour discuter d'autres sujets.
Étant donné ma grande générosité la veille
de Noël, je vais répondre au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Rancourt): II y a consentement, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: On est chanceux d'avoir un tel ministre. Non?
Le premier sujet que je veux aborder, c'est quelque chose que j'ai
découvert récemment et que je trouve inquiétant et je veux
le porter à l'attention du ministre. H s'agit de la
Société de développement industriel du Québec et la
façon dont elle nomme les administrateurs dans les compagnies où
ils ont un intérêt. Ce n'est pas une critique que je veux adresser
au ministre. Je veux porter quelque chose à son attention et
peut-être qu'il peut m'informer, sinon peut-être qu'il peut
s'engager à faire enquête lui-même. Il y a là des
choses qui sont inquiétantes.
J'avais l'occasion récemment d'étudier le dossier de
Madelipêche. En 1979, si ma mémoire est bonne, la SDI s'est
impliquée dans cette société, à sa création,
pour des sommes très importantes. Elle a pris une position minoritaire
de 49%, mais, en réalité, elle a investi 75% des fonds qui ont
été versés, l'autre actionnaire étant
Pêcheurs unis. La société avait le droit de nommer quatre
des neuf administrateurs. Il y a une chose qu'on a constatée, à
la lecture du rapport de M. Marceau qui a enquêté sur la
tragédie, c'est le fouillis de cette compagnie. Dans notre esprit,
c'était très clair que les administrateurs nommés par la
SDI pour siéger au conseil d'administration de Madelipêche et qui
avaient la responsabilité de s'assurer que les intérêts des
actionnaires minoritaires, effectivement le public, étaient bien
protégés, ne l'ont pas fait. Dans le rapport, c'est très
clair. Le rapport Marceau dit qu'ils n'ont pas agi d'une façon
responsable et je pense que son opinion était même trop
modérée, parce que ces personnes se trouvaient dans une situation
où le conseil d'administration ne se réunissait presque jamais,
que les membres du conseil d'administration n'avaient pas accès aux
informations importantes, qu'il y a des choses qui se sont passées entre
Pêcheurs unis et Madelipêche dans le domaine de la
comptabilité qui était inacceptable, que Pêcheurs unis a
traité Madelipêche plutôt comme un département de la
compagnie que comme une filiale dont ils détenaient la moitié des
actions.
Quand vous regardez le dossier, c'est évident que la clé
du problème, c'est cette inaction ou manque d'attention de la part des
administrateurs nommés par la SDI. J'avais l'occasion récemment
de parler brièvement avec le président de la SDI et je lui ai
demandé comment étaient ces administrateurs et comment ils
avaient été nommés. La réponse que j'ai eue
était très loin de me satisfaire. Je ne vais pas le citer parce
que je pense que ce né serait pas juste, mais j'ai l'impression que les
nominations qui sont faites par la Société de
développement industriel du Québec aux compagnies dans lesquelles
ils décident de
détenir un intérêt actif sont faites d'une
façon très mal organisée, parfois par les pressions qui
viennent des autres ministères, parfois par des pressions qui viennent
peut-être du Conseil exécutif, parfois sur la base des
recommandations des personnes plus ou moins informées. Le
président lui-même est très occupé. Ensuite, le
mandat des membres de ces conseils d'administration est très mal
défini. Est-ce qu'ils répondent au conseil d'administration de la
SDI? Est-ce qu'ils répondent au président de la SDI? Est-ce
qu'ils répondent au ministre de l'Industrie et du Commerce? Quand il y a
deux ou trois autres ministères dans le dossier, est-ce qu'ils
répondent à ces ministères? Il existe toute une confusion
et, parce qu'il y a des sommes très importantes d'impliquées,
j'aimerais que le ministre me dise s'il existe une politique claire quant
à la façon de nommer les administrateurs qui sont nommés
par la SDI à ces autres compagnies et s'il existe un mandat clair et
précis qui leur est donné, soit par le conseil d'administration,
soit par le président?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
M. Biron: M. le Président, je remercie le
député de Notre-Dame-de-Grâce de sa question. D'abord,
concernant le premier cas précis qu'il a mentionné, celui de
Madelipêche, la SDI s'est impliquée dans Madelipêche en
1978-1979, à l'époque où la Direction des pêcheries
était reliée au ministère de l'Industrie et du Commerce.
C'est à cause, justement, de l'implication de ce ministère dans
les pêcheries que la Société de développement
industriel du Québec s'est impliquée dans Madelipêche. Dans
ces premières années, il y avait toujours un ou deux
représentants ou des permanents de la SDI qui siégeaient au
conseil d'administration. En 1980, environ, on a transféré la
Direction des pêcheries du ministère de l'Industrie et du Commerce
au ministère de l'Agriculture, donnant mandat à ce dernier,
éventuellement, de fonder une société d'État qui
s'occuperait de l'agro-alimentaire.
SOQUIA remplit assez bien son rôle de ce côté. Or,
pour qu'il soit très clair que cette juridiction relevait du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, la
SDI a quand même conservé les sommes d'argent qu'elle avait dans
l'entreprise; on ne pouvait pas les transférer facilement à
SOQUIA, car il aurait fallu des ententes entre les deux entreprises. Ce
n'était pas ce qu'il y avait de plus urgent. Mais nous avions
demandé au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation de nommer les membres du conseil d'administration, de même
que d'avoir toute la responsabilité sur ce placement du gouvernement du
Québec, même s'il était nommément au nom de la SDI
mais qu'il aurait dû être au nom de SOQUIA ou d'une entreprise qui
relève du ministre de l'Agriculture.
De 1980 à 1984, en pratique, les administrateurs qui
étaient nommés au conseil d'administration répondaient au
ministère de l'Agriculture et agissaient comme s'ils étaient les
délégués de SOQUIA, même si c'était la SDI
qui, à l'intérieur de l'entreprise détenait des actions de
l'entreprise. C'est ce qui fait, finalement, que les contacts entre la
direction de la SDI et les administrateurs ont été un peu plus
éloignés. Cela n'excuse pas, s'il y a eu autre chose en cours de
route, un manque de dynamisme ou autre chose. Je ne veux pas juger de la
performance des gens. Mais cela explique au moins les contacts un peu plus
éloignés dans ce cas particulier.
Dans tous les autres cas, sans exception, lorsque la SDI s'implique dans
une entreprise, le premier ou les premiers membres du conseil d'administration
ou délégués représentant la SDI sont des analystes
financiers, ou un directeur régional, ou le directeur
général de la SDI, dans un premier temps, pour établir les
paramètres de la discussion, les objectifs de la SDI et, surtout, savoir
un peu comment cela va fonctionner. Une fois que le premier travail de
déblaiement est fait - cela dure habituellement de six mois à un
an - les permaments de la SDI sont remplacés par des administrateurs
externes, c'est-à-dire des gens choisis dans le monde des affaires pour
leur expérience pratique dans tel ou tel domaine d'activité
économique. Je pense, en particulier, à Métallurgie
Frontenac, à Thetford, où c'est un M. Dolbec de Québec qui
a agi comme représentant de la SDI - il est encore là, d'ailleurs
- et qui fait un excellent travail. Ces gens de l'extérieur sont
responsables au conseil d'administration de la SDI, donc au président de
la SDI, et doivent faire rapport de la performance ou de leur vision au conseil
d'administration. Mais toujours, lorsqu'on a quelqu'un de l'extérieur,
il y a l'analyste de la SDI qui s'occupe du dossier, qui suit en permanence le
dossier et fait rapport à son supérieur immédiat sur la
performance de l'entreprise, même si l'analyste ne siège pas au
conseil d'administration. Or, chaque fois que la SDI est impliquée dans
une entreprise, elle délègue quelqu'un au conseil
d'administration. Si c'est quelqu'un de l'extérieur, il fait rapport au
conseil d'administration par l'intermédiaire du président de la
SDI et, en même temps, l'analyste, c'est-à-dire le permanent de la
SDI, lui, fait rapport à son supérieur immédiat par le
biais des structures de la SDI.
Le Président (M. Rancourt): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. (16 h 40)
M. Scowen: Si le système que vous décrivez est
exact, je pense qu'il y a matière pour une étude plus en
profondeur. Premièrement, pour prendre le cas de Madelipêche comme
tel, je ne comprends pas comment la SDI, qui avait versé les fonds, peut
donner le droit à SOQUIA d'avoir la responsabilité pour les
membres du conseil d'administration nommés par la SDI. Il me semble que
- c'est le moins qu'on puisse dire - c'est irresponsable. C'est une
série de tels gestes irresponsables, quant à moi, qui nous ont
menés à la situation dans laquelle on se trouve. J'aimerais
passer cela parce qu'on a d'autres tribunes pour discuter
Madelipêche.
Prenons les autres exemples. Les administrateurs externes sont
nommés, si je comprends bien, par le conseil d'administration de la SDI
dont la responsabilité, c'est une responsabilité envers le
conseil d'administration. Vous dites qu'en parallèle il y a un analyste
qui suit le dossier. C'est une autre affaire parce qu'il y a beaucoup
d'analystes qui suivent les dossiers de ces compagnies, et les banquiers de ces
compagnies qui suivent les dossiers. Le membre du conseil d'administration,
c'est lui qui a soi-disant la vision d'ensemble et qui doit agir, il me semble,
en fonction d'un membre du conseil d'administration dans le sens juridique.
Est-ce que les responsabilités de ces conseillers, quant aux
informations qu'ils doivent fournir au conseil d'administration de la SDI, sont
bien définies? C'est quoi le système de communication,
d'information de la part de ses administrateurs au conseil d'administration de
la SDI? C'est quoi le système qui existe pour s'assurer que les rapports
entre ces nominations, ces personnes nommées et la maison-mère
sont maintenus?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
M. Biron: Je voudrais d'abord revenir sur SOQUIA. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce dit que c'est
incompréhensible. C'est compréhensible. Autrefois, les
pêcheries relevaient du MIC. Le ministre du MIC était responsable
des entreprises de pêcheries. Le jour où le premier ministre a
décidé que les pêcheries relevaient du ministère de
l'Agriculture, les usines de pêcheries, normalement, sont sous la
responsabilité du ministre de l'Agriculture. Tant et aussi longtemps que
je serai ministre de l'Industrie et du Commerce, je vais m'occuper de mes
affaires. Je ne m'occuperai pas des affaires qui relèvent de mes
collègues du Conseil des ministres. Dans ce cas particulier,
étant donné que c'était une usine de pêcheries, la
responsabilité était celle du ministre de l'Agriculture, je pense
qu'il la prend complètement. D'ailleurs, vous voyez les actions qu'il
pose présentement. Il prend complètement ses
responsabilités là-dessus.
Vis-à-vis des autres responsabilités de la SDI, je pense
qu'on s'assure des rapports qui sont étanches vis-à-vis des
entreprises. Je veux dire que le représentant externe qui siège
au conseil d'administration a une vision globale et générale du
développement de l'entreprise qui siège habituellement à
quelques reprises par année - on sait que les moyennes entreprises
québécoises ne font pas des réunions de conseils
d'administration à tous les mois. Il siège au conseil
d'administration et a une vision de l'orientation globale de l'entreprise.
Donc, il fait rapport au président de la Société de
développement industriel du Québec de sa vision au sein du
conseil d'administration. C'est essentiel en même temps pour se garantir
quand même. Le représentant externe, lui qui est président
ou qui est propriétaire d'une autre entreprise, ne peut pas s'occuper
à temps plein d'une moyenne entreprise dans laquelle la SDI a investi 25
000 $.
C'est là qu'il faut prendre l'analyste qui lui a un certain
nombre de dossiers à étudier. Peut-être une dizaine, une
quinzaine ou une vingtaine de dossiers d'entreprises. L'analyste, lui, a la
responsabilité de suivre de mois en mois les bilans de l'entreprise, la
responsabilité aussi de faire rapport dans sa structure, à son
supérieur immédiat, c'est sûr que cela se rend jusqu'au
président de la SDI qui lui en retour peut passer les messages
nécessaires à son représentant externe qui siège au
conseil d'administration. On a trouvé que c'était la façon
la plus étanche de surveiller les investissements de la
Société de développement industriel. Lorsque nous laissons
l'analyste siéger au conseil d'administration, un bon jour l'entreprise
fait une deuxième demande à la SDI pour intervenir, pour un
investissement nouveau et une subvention, le membre du conseil
d'administration, s'il est analyste dans le dossier, est à la fois juge
et partie, et on arrive à des situations fort délicates.
On a pensé que l'analyste ne devait pas être juge et
partie, qu'il devait être juge sur les demandes spécifiques des
entreprises et permettre à d'autres représentants externes... Et
nous faisons appel jusqu'à maintenant exclusivement à des gens
d'affaires qui sont représentatifs de leurs milieux pour siéger
aux différents conseils d'administration. Il y en a une quinzaine dans
lesquels la SDI est impliquée.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Sans aller plus profondément dans cette
question, je pense qu'il y a là matière à étudier
avec l'aide
d'un conseiller juridique, le rôle de ses administrateurs envers
la compagnie dans laquelle ils sont impliqués et la maison
mère.
J'ai juste une deuxième question que j'aimerais poser au
ministre. J'aimerais, si possible, obtenir certains éclaircissements sur
un dossier sur lequel j'ai posé des questions au ministre pendant la
période des questions à plusieurs reprises. Dans le contexte
d'une période des questions, c'était impossible d'obtenir des
réponses très précises. C'est la fameuse question de
Storage Technology Corporation et peut-être que dans une ambiance plus
calme, quand il n'y a presque personne qui nous regarde, nous serons capables
d'obtenir les détails, parce qu'il y a des détails
contradictoires dans ce dossier. Je veux poser à peu près quatre
questions au ministre.
Premièrement, le ministre prétend que cet investissement -
et je ne vais pas lui donner tous les détails de l'investissement parce
qu'il les connaît très bien - va avoir lieu et que, même si
la date prévue au départ est retardée, cela va avoir lieu
au début de l'année, au mois de janvier. Les informations que
j'obtiens de la compagnie, au moins de la maison mère, c'est qu'il est
très douteux que cet investissement ait lieu. C'est très douteux,
d'après ces sources. C'est la première question: Qui dit
vrai?
La deuxième question. Le ministre prétend que c'est un
investissement de 70 000 000 $. La compagnie et, maintenant, les dirigeants de
la compagnie aux États-Unis et au Canada sont d'accord pour dire que ce
chiffre est énormément exagéré et que, même
s'il n'y a pas un engagement, cela peut monter à un investissement de 4
000 000 $ à 5 000 000 $, pas plus. Et quand je dis "investissement", je
parle d'investissement exactement dans le même sens que le ministre parle
quand il parle de l'augmentation des investissements au Québec, les
investissements, les immobilisations, la fabrication. Il y a un écart
entre les 70 000 000 $ du ministre et les 4 000 000 $ à 5 000 000 $ de
la compagnie, si l'affaire doit avoir lieu.
Troisièmement, le ministre prétend que cela va
créer 300 emplois, sans préciser, bien sûr, la
période pendant laquelle ces 300 emplois seraient créés.
La compagnie prétend que, dans une année prévisible, ce
qui veut dire la durée du projet qui est prévue dans le projet
décrit pour le ministre, pour son approbation, le nombre d'emplois peut
monter à peut-être 50.
Quatrièmement, le ministre prétend que l'investissement
doit avoir lieu à Montréal et la compagnie m'a dit que
l'investissement principal va avoir lieu probablement dans la ville de
Sherbrooke.
Ce sont quatre points sur lesquels il y a des écarts importants
et je vais les répéter. Premièrement, est-ce que
l'investissement sera à Montréal ou à Sherbrooke? Est-ce
que cela va créer, dans les deux prochaines années - c'est une
durée raisonnable - 300 ou 50 emplois? Est-ce que l'investissement est
de 70 000 000 $ ou de 4 000 000 $ à 5 000 000 $, et est-ce que la
réalisation de ce projet au début de l'année 1985 est
certaine ou très peu probable? Voilà quatre questions très
précises. Le président de l'Assemblée nationale est
absent. On peut parler dans une ambiance un peu plus détendue et
j'aimerais beaucoup avoir la réponse à ces quatre questions.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
M. Biron: M. le Président, justement, quelques minutes
avant de venir ici pour le vote à 15 heures, j'étais en
réunion au ministère avec le président de Storage
Technology. Il est venu à Québec comme c'est son habitude,
d'ailleurs, depuis déjà de nombreux mois, discuter avec le
gouvernement du Québec de l'implantation possible et future de son
entreprise au Québec. Bien sûr, tout le monde sait que
l'entreprise américaine de Storage Technology a eu certaines
difficultés financières au cours des derniers mois. Au cours des
derniers jours, les difficultés ont semblé se résorber ou,
au moins, se régler sur une base temporaire avec des plans de
développement et d'orientation qui sont préparés pour
l'avenir et qui permettraient à l'entreprise canadienne, de même
qu'à l'entreprise américaine, de continuer à se
développer. Surtout, avec une excellente note pour l'entreprise
canadienne puisque l'entreprise canadienne était une des divisions,
sinon la division la plus profitable de Storage Technology. (16 h 50)
M. Rust m'a confirmé que son projet aurait lieu au Québec
et que son projet demeurait dans les limites ou dans les chiffres qu'il a
présentés lorsqu'il a présenté sa demande à
la Société de développement industriel du Québec,
c'est-à-dire à la fois -j'ai bien cité à chaque
fois que j'ai répondu à vos questions - dans le domaine de
l'investissement manufacturier et dans le domaine de la recherche et du
développement puisque ce sont deux programmes qui s'appliquent à
cette entreprise, un montant assez important de recherche et
développement et un montant important aussi d'investissement dans la
fabrication.
Bien sûr, lorsqu'on fait des investissements ou de la recherche et
du développement aussi importants, on sait que cela ne se fait pas dans
une phase. Habituellement, les entreprises présentent cela dans deux ou
trois phases. Je n'ai malheureusement pas mon dossier avec moi,
je ne peux pas vous dire si ce sont deux ou trois phases mais M. Rust
m'a aussi confirmé que son objectif était d'atteindre les 300
emplois qu'il avait promis lorsqu'il a rempli ses formulaires de demande
à la Société de développement industriel du
Québec. Il m'a présenté officiellement son directeur
général pour le Québec, qui est engagé depuis
déjà plusieurs mois. Il m'a encore une fois confirmé
qu'à l'heure actuelle, il y a quatorze emplois en recherche et
développement à Montréal et qu'il s'attend, au
début de l'année, à augmenter ces emplois.
Quant à l'investissement géographique au Québec, il
a toujours été entendu que la recherche et développement
se faisait à Montréal. Quant à la section fabrication,
bien sûr, il a des vues très importantes sur la région et
la ville de Sherbrooke. Je vous vois sourire, M. le Président. À
Sherbrooke, on a développé un sens et une expertise dans ce genre
de haute technologie qui mérite véritablement que les entreprises
de haute technologie s'établissent dans cette région étant
donné qu'il y a déjà une population très importante
qui est formée pour ce genre de technologie. D'ailleurs,
l'Université de Sherbrooke forme beaucoup de jeunes très
compétents dans ce domaine.
Ce sont les réponses à vos quatre questions, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Le président
m'informe cet après-midi à savoir que, oui, cela va se faire au
Québec; oui, cela va se faire dans le même ordre et avec les
mêmes chiffres qui ont été soumis dans sa demande à
la Société de développement industriel du Québec;
oui, le projet est à la fois recherche et développement et
installation de fabrication; oui, M. Rust me dit que son objectif est de 300
emplois; l'endroit: le Centre de recherche et de développement à
Montréal, avec possibilté de fabrication dans la région de
Sherbrooke.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Permettez-moi de poursuivre sur deux points, parce que
la réponse n'est pas claire. Je vais les poser une à la fois pour
ne pas qu'on se mâle. Je parle maintenant de l'investissement des 70 000
000 $ que le ministre a annoncé lors d'un débat ici. M. Rust m'a
dit qu'il n'a jamais été question d'un investissement de 70 000
000 $, quand il a complété les formulaires et quand il vous a
parlé de ce projet. Il disait que les 70 000 000 $ étaient
plutôt une estimation des bénéfices économiques qui
pouvaient découler d'un tel projet. Ces bénéfices
économiques étant, par exemple, des salaires qui pourraient
être versés, le total des salaires pendant une certaine
période, les achats qui auraient pu être faits des fournisseurs
québécois, les impôts qui auraient pu être
payés pendant une certaine période et les profits qui pourraient
être retenus et investis au Québec.
Que cela soit très clair. Premièrement, les
bénéfices économiques, soit la totalité des
salaires, les dépenses au Québec d'une année à
l'autre; deuxièmement, un investissement qui est une expression qu'on
utilise avec un sens très précis. Vous le connaissez autant que
moi. Je repose la question au ministre. Quand il disait que c'était un
investissement de 70 000 000 $ qui était prévu, est-ce qu'il
voulait parler de la totalité des bénéfices
économiques? C'est cela que M. Rust, le président, nous a
dit.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
M. Biron: M. le Président, chaque fois que j'ai
parlé, j'ai bien dit à la fois investissement manufacturier et
investissement en recherche et développement. Les chiffres que j'ai
cités ont été présentés par M. Rust ou par
les comptables de son entreprise. Je suppose que ce sont les comptables de son
entreprise qui ont rempli les formulaires de demande à la
Société de développement industriel du Québec. Je
voudrais que le député de Notre-Dame-de-Grâce se
réjouisse avec moi que des Québécois vont pouvoir
travailler.
Il semble que chaque fois qu'on prend la parole de l'autre
côté de la Chambre, c'est pour essayer de décrier ou de
détruire des projets d'investissement, des projets de création
d'emplois. Je comprends que cela ne fait peut-être pas l'affaire de
l'Opposition officielle quand il y a des gens qui investissent au
Québec, qui ont confiance au Québec. D'ailleurs, les
investissements manufacturiers augmentent d'au-delà de 40% cette
année au Québec, c'est important. Mais quand même, j'ai
employé exactement les termes d'investissement dans la fabrication et
d'investissement dans la recherche et le développement, qui sont les
termes précis que nous employons pour deux programmes bien
spécifiques à la Société de développement
industriel du Québec. J'ai employé aussi les chiffres qui avaient
été fournis par les membres de la direction de Storage
Technology. Encore une fois, je redis au député de
Notre-Dame-de-Grâce, puisque mes réponses étaient
très claires - je comprends qu'il veut essayer un peu de mêler le
monde là-dessus pour faire un peu de politique - que M. Rust, le
président de STC, Storage Technology, était à
Québec, aujourd'hui et m'a confirmé que le projet se ferait au
Québec, qu'il serait annoncé prochainement et qu'il serait dans
le même ordre que sa demande qui a été faite il y a
quelques mois à la Société de développement
industriel du Québec. Cela se fera en deux étapes: centre
de recherche et de développement à Montréal et centre de
fabrication possiblement dans la région de Sherbrooke.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je regrette que le ministre soit tombé dans la
démagogie. Il n'était pas question pour moi d'essayer d'abaisser
l'économie du Québec. À mon avis, les baisses dans
l'économie du Québec ont été causées, depuis
six ans, par le gouvernement péquiste et il y a un paquet de gens qui
sont d'accord avec moi.
La question que je pose est une question sur la possibilité... La
question est de savoir si le ministre dit vrai. Il a dit que c'était un
investissement; maintenant, il dit que c'est un investissement en usine et un
investissement en recherche et développement. Quand il fait des
déclarations ici, en Chambre, au sujet de l'augmentation des
investissements manufacturiers au Québec et qu'il cite des chiffres de
Statistique Canada, est-ce qu'il utilise le mot "investissement" dans le
même sens qu'il l'utilise dans le cas de Storage Technology, ou s'il a
inventé une autre définition du mot "investissement" qui est, aux
yeux de tous ceux qui s'impliquent dans le secteur économique, une
expression qui n'a rien à faire avec l'investissement, qui serait
plutôt des bénéfices économiques
représentant, comme je l'ai dit, la totalité des salaires qui
seront payés aux recherchistes chaque année, les achats qui
auront peut-être été faits au Québec? Est-ce cela
que vous appelez un investissement dans la recherche et le
développement?
Selon vous, seraient considérés comme un investissement
dans la recherche et le développement les achats au Québec
d'année en année, mois après mois, de "scotch tape" de la
compagnie Scotch. Les salaires qui sont payés au personnel dans les
usines et au centre de recherche et de développement, est-ce que cela
est considéré comme un investissement, dans un sens qu'aucun
autre économiste au Québec aurait accepté? Vous êtes
sûr de vos définitions? Si vous êtes sûr de vos
définitions, effectivement, vous avez inventé quelque chose. Si
vous avez inventé quelque chose dans un domaine aussi clair que cela,
vous ne dites pas la vérité.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce, il vous reste une minute et demie.
M. Biron: M. le Président, je déplore que le
député de Notre-Dame-de-Grâce veuille faire de la politique
avec un beau projet pour le Québec. Ce que j'ai dit, je le redis
textuellement et j'ai toujours dit la même chose. J'ai pris les chiffres
de Storage Technology, j'ai cité ce que les gens de Storage Technology
ont demandé à la Société de développement
industriel et j'ai bien dit que lorsque je parle d'investissement dans le
domaine de la fabrication ou d'investissement manufacturier, je ne parle que
d'investissement manufacturier. Quand je dis "investissement manufacturier et
investissement dans la recherche et le développement", je parle
d'investissement manufacturier, d'une part, plus la section de recherche et de
développement, d'autre part. Si je parle d'investissement dans la
recherche et le développement exclusivement, je vais vous dire
"investissement dans le domaine de la recherche et du développement".
(17 heures)
Chaque fois que j'ai cité le cas de Storage Technology - M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, vous pourrez regarder dans
les minutes de cette Assemblée - j'ai toujours dit que cette entreprise
investirait à la fois dans le domaine manufacturier et à la fois
dans le domaine de la recherche et du développement. Lorsqu'on joue dans
la haute technologie, on ne fait pas ça avec des pelures de banane. Il
ne faut pas craindre de mettre les sommes nécessaires en recherche et
développement. Lorsque ces entreprises investissent 20 000 000 $, 30 000
000 $ ou 40 000 000 $ en recherche et développement, ce sont des
investissements en recherche et développement. J'ai pris les chiffres
que l'entreprise nous a donnés en disant: Voilà ce que
l'entreprise va faire à la fois dans le secteur manufacturier comme
investissement et à la fois comme investissement dans le secteur
recherche et développement. Pour les deux ensemble, ce que l'entreprise
nous a soumis comme chiffres, c'est 70 000 000 $.
Encore une fois cet après-midi le président de STC Canada
était à Québec pour me confirmer que ce qu'il nous avait
dit il y a quelques mois, ça serait toujours la même chose,
nonobstant les problèmes financiers qu'ils ont pu avoir avec la maison
mère, le siège social des États-Unis. Je peux vous faire
une prévision. Je peux vous dire que STC Canada va se comporter
drôlement bien au cours des prochaines années et ce sera
probablement un des fleurons de l'industrie manufacturière et de
recherche et développement au Québec.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, pour terminer parce qu'il est 17 heures.
M. Scowen: En terminant, M. le Président, une
dernière question. Je suis persuadé que le ministre doit
retourner faire ses classes pour comprendre la différence entre le mot
"investissement" et le mot
"dépense". Je vais lui poser une seule dernière question.
S'il demande à sa secrétaire d'aller faire de la recherche pour
lui sur le dossier Storage Technology à la bibliothèque, est-ce
que pour lui son salaire est une dépense ou un investissement en
recherche et développement?
M. Biron: Quand on investit dans un centre de recherche au
Québec, je pense qu'on fait un investissement. Il faut reconnaître
qu'une entreprise peut faire de l'investissement. Il y a des entreprises
québécoises qui ont investi 150 000 000 $ au cours de la
dernière année en recherche et développement au
Québec...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils ont dépensé.
C'est une dépense là-dedans.
M. Scowen: C'est une dépense, vous ne connaissez pas la
différence entre le mot "dépense" et le mot "investissement".
M. Biron: ...à cause de programmes...
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Biron: ...du gouvernement du Québec dans le plan de
relance. Vous devriez reconnaître que les entreprises
québécoises, à l'heure actuelle, ne craignent pas
d'investir au Québec parce qu'elles jugent qu'il y a un bon gouvernement
au Québec.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre, si vous voulez
conclure.
M. Scowen: C'est de la comptabilité ça?
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
Ceci termine l'heure allouée au ministère de l'Industrie
et du Commerce concernant les crédits supplémentaires.
Conseil du trésor
Nous allons faire place maintenant au Conseil du trésor.
Avant de débuter, nous avons 30 minutes pour le Conseil du
trésor. Habituellement on permet un premier commentaire au ministre
responsable et, par la suite, bien sûr...
M. le ministre responsable du Conseil du trésor.
M. Clair: Très brièvement, M. le Président,
je veux simplement, puisque mes collègues de l'Opposition et mes
collègues ministres ont eu l'occasion de venir discuter de certains
ministères particuliers du gouvernement, résumer par une
brève présentation les crédits supplémentaires du
gouvernement et indiquer, dans un premier temps, quels sont les principaux
postes où nous avons requis des crédits supplémentaires
avec une courte explication.
Le poste le plus important du budget, qui connaît un crédit
supplémentaire de 127 000 000 $, c'est le coût du service de la
dette du gouvernement. Cela est relié à des variations, en cours
d'année, des taux de change de même que des taux
d'intérêt, ce qui a eu un effet, par rapport aux prévisions
initiales, de 127 000 000 $.
D'autre part, dans le réseau des affaires sociales, tant de la
santé que des services sociaux proprement dits, des crédits
supplémentaires de 89 800 000 $ sont requis. Ces crédits visent
dans certains cas à corriger certains éléments de budget
pour l'ensemble des hôpitaux du Québec, des éléments
sur lesquels nous considérons qu'il y avait eu sous-budgétisation
et que nous corrigeons, de même que le règlement de toute la
question de la médecine en régions éloignées, pour
lequel des crédits importants sont inclus dans ce montant-là.
Au niveau de l'aide à l'industrie pétrochimique, un
montant de 25 000 000 $ apparaît, qui concerne le dossier
Pétromont comme on le sait.
Par ailleurs, en ce qui concerne les intérêts sur les
arrérages dans le réseau des affaires sociales, des
crédits de 13 700 000 $ sont requis. En ce qui concerne les autres
montants, si le député de Notre-Dame-de-Grâce veut que j'y
revienne, je pourrai lui en donner une ventilation plus
détaillée, mais je pense que cela résume les postes
budgétaires où des crédits supplémentaires de plus
de 15 000 000 $ sont requis.
Ce qui est à noter également, M. le Président,
c'est que les crédits supplémentaires proposés se
comparent aux crédits supplémentaires des années
antérieures de façon intéressante puisque les
crédits supplémentaires de 468 000 000 $ constituent une
variation de 1,8% par rapport aux crédits originaux, ce qui est
nettement inférieur à la moyenne des cinq ou six dernières
années. Je peux également ajouter qu'en termes de
prévisions globales des dépenses, une fois qu'on tient compte des
crédits déposés qui étaient de 25 640 000 000 $,
des crédits supplémentaires no 1 de 28 000 000 $, du mandat
spécial de 3 000 000 $ qui avaient été émis au
cours de l'été concernant les événements
reliés à 1534-1984, des crédits supplémentaires de
437 000 000 $ et des crédits supplémentaires no 3 qui ont
été déposés il y a quelques jours par le ministre
des Finances concernant l'aide spéciale à l'Éthiopie, tout
cela donnerait des crédits totaux de 26 111 000 000 $.
Comme on prévoit des crédits périmés
de l'ordre de 525 000 000 $ qui, eux aussi, sont dans un ordre de
grandeur comparable à ce qui se fait habituellement, tout cela nous
amènerait à des dépenses probables, au moment où on
se parle, de 25 585 000 000 $. Donc, les objectifs de contrôle des
dépenses publiques du gouvernement seraient complètement
respectés. On se souviendra que le taux de croissance des
dépenses par rapport à l'année antérieure se
chiffrait, au moment du dépôt du livre des crédits, selon
qu'on tenait compte ou pas du paiement d'avances de 400 000 000 $ dans le
réseau scolaire, de 4,5% ou 7,9%. Il est ramené, après les
réajustements, à 4,3% et, encore une fois, si on tient compte de
l'accélération du paiement des dépenses, il serait de
7,7%. C'est donc dire que les dépenses sont nettement sous
contrôle à un point tel que, même si les taux de croissance
des dépenses pour l'année 1984-1985 étaient parmi les plus
bas qu'on puisse retrouver au cours de la décennie, c'est quand
même avec 50 000 000 $ en moins de dépenses par rapport aux
objectifs prévus que nous devrions terminer l'année, si on se
base sur les renseignements qui sont disponibles actuellement.
Inutile de vous dire, M. le Président, qu'en tant que
président du Conseil du trésor, il s'agit là d'une
performance dont je suis très fier parce qu'on a vu dans d'autres
gouvernements au cours des dernières années je pense au
gouvernement fédéral, notamment - une croissance des
dépenses très importante alors qu'ici les dépenses sont
sous contrôle.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai une question d'ordre spécifique et une
autre d'ordre général. Je vais commencer par celle d'ordre
spécifique. Oui, on constate que nous avons des crédits
supplémentaires de 450 000 000 $ environ et on prévoit - si je
regarde la synthèse des opérations financières pour la fin
de septembre - que les prévisions révisées sont
effectivement à la baisse. C'est évident qu'il y a d'autres
ministères que ceux qui sont indiqués ici et même certains
programmes à l'intérieur des ministères qui exigent des
crédits additionnels pour lesquels les sommes prévues ne seront
pas versées. Je me demande si le ministre sera capable de me donner
quelques renseignements sur ceux qui semblent les plus importants des
ministères qui ne vont pas dépenser les sommes
prévues.
Il y en a deux ou trois qui sautent aux yeux. Le premier, c'est le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
pour lequel, dans le discours sur le budget, on avait prévu des
dépenses de 494 000 000 $ et qui va dépenser, selon les
prévisions révisées, 45 000 000 $ de moins que
prévu. Qu'est-ce qui est arrivé? Est-ce que ce sont des
programmes du ministère qui ne seront pas réalisés? Si
oui, quels sont les programmes? (17 h 10)
Le Président (M. Rancourt): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Clair: Je n'ai pas avec moi, M. le Président, la
variation dans les différents programmes du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il semble que le
principal point soit le financement agricole qui, à cause de la
variation des taux d'intérêt, nous aurait aidés par rapport
à la prévision budgétaire qui avait été
faite à cet égard et que ce serait la principale explication
qu'on puisse retrouver sur ces crédits périmés. Je dois
dire que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, à cause de ses programmes de financement agricole,
d'assurance-stabilisation des revenus agricoles, c'est un ministère
qu'il est très difficile de budgétiser très
précisément, pour la bonne et simple raison que différents
facteurs économiques entrent en ligne de compte, mais aussi des facteurs
atmosphériques - climatiques, si je peux employer l'expression - de
sorte qu'il est toujours très difficile de budgétiser aussi
précisément le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation que, par exemple, le ministère du
Revenu qui, quant à lui, voit 80% de son budget composé d'une
masse salariale, donc fixée d'avance et les surprises sont très
minces à cet égard.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Si les variations, les écarts entre les
prévisions quant aux taux d'intérêt et les vrais taux
d'intérêt ont créé un écart négatif
dans le cas du ministère de l'Agriculture et un écart positif
dans le cas du ministère des Finances de quelque 160 000 000 $, comment
cela peut-il s'expliquer? Est-ce que cela veut dire que le ministre de
l'Agriculture a fait des prévisions quant à un taux
d'intérêt beaucoup plus élevé que le ministre des
Finances? Si c'est l'explication, les conséquences vont dans le sens
inverse.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre,
président du Conseil du trésor.
M. Clair: M. le Président, d'abord, je dois expliquer
qu'en ce qui concerne la variation au financement de la dette publique de 127
000 000 $, les trois quarts de l'explication se trouvent davantage dans la
variation des taux de change au renforcement du dollar américain
plutôt qu'à
la variation des taux d'intérêt. En ce qui concerne le
financement agricole, le mode de financement des producteurs agricoles n'est
pas le même que celui du gouvernement. Il y a des effets de volume. Et,
selon la situation financière des producteurs agricoles, on peut
retrouver des effets indirects ou directs sur l'assurance-stabilisation des
revenus agricoles. Ce sont des variations qui, quand même, pour les
montants en cause, sont minimes.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Comment peut-on dire que cette surbudgétisation
ou les dépenses moins élevées que prévu au
ministère de l'Agriculture ne sont pas causées par le manque de
réalisation des programmes ou le fait qu'on n'ait pas touché
autant de personnes dans la clientèle visée qu'on l'avait
espéré? Au moins, ce n'est pas à cause de cela. Est-ce
qu'on est certain de cela?
M. Clair: Il semble que ce soit...
M. Scowen: Les programmes sont réalisés dans la
mesure prévue?
M. Clair: Ce que je peux affirmer au député, c'est
qu'il n'y a dans aucun programme du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation d'interdiction ou de quotas à
dépenser par rapport aux crédits qui y avaient été
inscrits. Cependant, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, encore une fois, c'est un ministère où il
est toujours très difficile de préparer un budget très
précisément pour la bonne et simple raison que de multiples
facteurs viennent influencer les volumes et, dans le fond, quand il n'y a pas
de demande de financement au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation ce n'est pas nécessairement une
mauvaise nouvelle; au contraire. C'est donc dire que les producteurs agricoles,
dans certains cas, n'ont pas besoin du crédit spécial à la
production, pour prendre cet exemple. Par contre, dans d'autres cas, lorsqu'il
s'agit de prêts agricoles pour des fins de développement agricole,
on peut souhaiter qu'effectivement, il y en ait le plus grand nombre possible.
Ce que vous avez comme résultat, c'est qu'effectivement, des
crédits périmés importants se sont
développés au niveau du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Maintenant, j'indique
immédiatement au député que je n'ai pas avec moi - je le
lui rappelle - la ventilation des crédits périmés
prévus au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je pose la question, parce qu'on a vu dans certains
autres ministères, notamment celui de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, des problèmes administratifs avec des
programmes dans le champ qui avaient pour effet d'empêcher la
réalisation des programmes même si les budgets ont
été accordés. Je soulève ce point parce que je vais
vous poser exactement la même question pour le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu où on voit une
surbudgétisation, si vous voulez, ou une prévision des
dépenses qui est 114 000 000 $ de moins que ce qui a été
approuvé par l'Assemblée nationale. On a approuvé 2 740
000 000 $ dans ce ministère. On se trouve avec une estimation, une
prévision révisée de 2 626 000 000 $. Maintenant, je sais
très bien qu'il y a l'aide sociale là-dedans qui compte pour une
grande partie. À côté, il y a aussi tous les programmes de
création d'emplois.
Je veux savoir du ministre si cet écart, cette baisse dans les
prévisions révisées est due surtout à une baisse
dans les dépenses qu'on va faire dans le domaine de l'aide sociale ou
des programmes de création d'emplois qui seront inachevés,
basés sur les espoirs au moment du budget.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: Je peux répondre au député en
trois points. Près de 70 000 000 $ proviennent effectivement d'une
révision à la baisse des prévisions des coûts de
l'aide sociale. Cela en explique au-delà de 50%. Tout près de 65
000 000 $ sur 127 000 000 $. Une partie de cela est due à un effet de
volume et une partie est due également à la baisse du taux de
l'inflation. Je lui souligne, par ailleurs, que sauf erreur, dans certains
programmes de création d'emplois, la technique budgétaire fait en
sorte qu'il y a inévitablement un certain montant de crédits
périmés. Je n'ai pas le chiffre avec moi. Pardon?
M. Scowen: 70 000 000 $.
M. Clair: Les 70 000 000 $ de crédits
périmés au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu proviennent d'une révision à la
baisse de la prévision des coûts de l'aide sociale.
M. Scowen: II nous laisse 57 000 000 $ à expliquer.
M. Clair: Encore là, si le député m'avait
fait la faveur de m'indiquer s'il voulait discuter des crédits
périmés escomptés plus que des crédits
supplémentaires à adopter, je me serais armé
en conséquence. Je n'ai pas le détail avec moi. Ce que je
peux lui indiquer, c'est que le premier facteur, c'est l'aide sociale.
Deuxièmement, nous nous servons des crédits du ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pour financer
d'autres programmes de création d'emplois qui se sont
retrouvés... Par exemple, en ce qui concerne les travaux communautaires,
si ma mémoire est fidèle, il y en avait au niveau du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche... La technique
budgétaire afin de respecter la Loi sur l'administration
financière - c'était le cas l'an dernier, j'imagine que c'est
toujours le cas cette année - entraîne inévitablement des
crédits périmés puisqu'on doit les budgétiser, mais
qu'on ne les paie pas sur l'année. Il y en a une partie.
Les transferts interministères comptent pour 38 000 000 $. Si
j'additionne 65 000 000 $ plus 40 000 000 $, je suis rendu à tout
près de 105 000 000 $. Il reste 20 000 000 $ qui sont sûrement
éparpillés parmi toute une série de petits programmes. Il
y a des petits montants comme, par exemple, sur les allocations de
maternité, des effets de volume, 100 000 $, toute une série de
petits montants qu'il serait trop long... Formation professionnelle, 4 000 000
$, allocations familiales, 2 000 000 $. Je pourrais continuer.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Écoutez, je peux reformuler la question. Est-ce
que vous pouvez me confirmer que les sommes prévues et approuvées
pour les programmes de création d'emplois seront toutes utilisées
à l'intérieur de l'année budgétaire?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre. (17 h 20)
M. Clair: II est trop tôt pour affirmer ou nier que les
crédits seront tous dépensés, essentiellement pour une
raison: si je prends, par exemple, les mesures de développement de
l'employabilité des jeunes bénéficiaires de l'aide sociale
aptes au travail, âgés de 18 à 30 ans, nous nous sommes
fixé un objectif de rejoindre 49 000 jeunes d'ici le 31 mars 1986.
Déjà, au moment où l'on se parle, 21 000 jeunes ont
été rejoints. Mais comme il s'agissait là de nouvelles
mesures que nous implantions, nous avons budgétisé, selon des
prévisions qui sont beaucoup plus fragiles, encore une fois, que lorsque
vient le moment de budgétiser des choses que nous faisons, que le
gouvernement fait depuis plusieurs années.
Oui, il y a des chances qu'il y ait des crédits
périmés par rapport aux objectifs prévus au départ.
Mais ce que je peux indiquer, d'autre part, au député... Hier,
j'avais l'occasion d'annoncer, avec ma collègue, Mme Marois, et mon
collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce, l'instauration de
quatre nouveaux programmes visant à faire de la place aux jeunes en
emploi. Ces nouvelles mesures seront financées de deux façons:
D'une part, par des crédits supplémentaires de 10 000 000 $, que
nous avons "provisionnés" au ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu et, d'autre part, par une
réutilisation de crédits périmés escomptés
au niveau de ce dernier ou encore au niveau du ministère de l'Industrie
et du Commerce. Ce n'est qu'à la fin de l'année qu'on pourra voir
et juger dans quelle mesure il y aura des crédits périmés
importants sur l'un ou l'autre de ces programmes.
Mais ce que je peux assurer au député, c'est que le
Conseil du trésor offre un traitement, je dirais trois étoiles,
en ce qui concerne toutes les mesures reliées au développement de
l'emploi, toutes les mesures reliées au plan de relance afin de
s'assurer qu'aucun problème administratif justement ne vienne ralentir
les performances des ministères.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je vous remercie pour le discours, mais la question
que j'ai posée était assez précise. Je sais que vous ne
pouvez pas dire comment cela va se terminer, mais vous avez quand même
fait des prévisions révisées. La question, que je vous
avais posée, c'est que en se basant sur ces prévisions
révisées du 30 septembre 1984, combien y a-t-il de crédits
périmés dans les programmes de création d'emplois?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: Actuellement, la prévision de crédits
périmés, sous toute réserve encore une fois - j'aurais
apprécié que le député m'indique qu'il voulait
discuter des crédits périmés, alors que nous sommes ici
pour adopter les crédits supplémentaires, je me serais
préparé en conséquence...
M. Scowen: ...à la période des questions.
M. Clair: ...au niveau des programmes de main-d'oeuvre au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
était de 30 000 000 $ au 31 octobre 1984. Maintenant, depuis ce temps,
comme je l'ai indiqué au député, le gouvernement a
décidé d'aller de l'avant dans de nouvelles initiatives et, en
conséquence, cette prévision est encore incertaine.
M. Scowen: Merci. Alors avec les quelques minutes qu'il me reste, je
veux poser une question d'ordre général. Le ministre, dans ses
premiers commentaires, se vantait d'avoir contrôlé les
dépenses. C'est vrai dans un sens parce que l'augmentation est un peu
moins rapide que durant les années précédentes.
Mais si je regarde la page 14 de ses renseignements
supplémentaires, qui accompagnaient son budget de dépenses de
1984-1985, je note que lorsque le Parti québécois a pris le
pouvoir en 1977, les dépenses du gouvernement du Québec, en
pourcentage de PIB, du produit intérieur brut, étaient de 22,9%.
Cette année, elles seront de 26,3%, ce qui est un montant important de
notre produit intérieur brut. Il y a eu, effectivement, une
augmentation, je peux dire de 12% dans la proportion que les dépenses
contrôlées par le président du Conseil du trésor
accaparent de notre richesse collective, chaque année. Et je pense que
tout le monde s'entend pour dire que c'est trop élevé.
J'ai souvent posé la question au prédécesseur du
présent président du Conseil du trésor, à savoir
s'il existe, à l'intérieur de son ministère, à
l'intérieur du Conseil du trésor, un plan, un programme, une
espèce de budgétisation, de planification de trois ou cinq ans
qui a pour but de ramener les dépenses publiques du Québec
à un niveau plus raisonnable. Et je veux lui dire tout de suite que je
ne parle pas de l'extension mathématique que vous avez commencé
à faire chaque année, il y a quelques années. Je ne parle
pas de cela du tout. Ce n'est pas un programme de contrôle des
dépenses. C'est un programme de calcul des dépenses qui vont
avoir lieu, si aucun geste n'est posé. Mais, est-ce que le ministre a
commencé à mettre en place des choses que toutes les entreprises
de taille moyenne qui sont bien administrées mettent en place, une
planification budgétaire à moyen terme avec l'objectif - et je
parle de l'objectif - de réduire le poids des dépenses publiques
au Québec? Si oui, j'aimerais énormément qu'il le
décrive dans les cinq minutes qui restent et sinon, dans les cinq
minutes qui restent, qu'il s'engage à commencer dans cette voie dans les
plus brefs délais.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, dans un premier temps, je pense
que le tableau de la page 14 est fort intéressant, mais il serait encore
plus éloquent s'il avait commencé à l'année
budgétaire 1970-1971 puisque le député de
Notre-Dame-de-Grâce verrait que le gouvernement du Parti libéral
est passé d'un pourcentage de dépenses sur le PIB - le produit
intérieur brut du Québec - de 18,3% qu'il était en 1970
à 23,2% lorsqu'il a quitté et on verrait qu'à ce
moment-là, même si je le reconnais d'emblée, la situation
économique était fort différente lors des deux
époques, on verrait qu'à ce moment-là le tableau
démontrerait qu'il y a eu une plus forte croissance de l'augmentation de
la part des dépenses publiques sur le PIB de 1970 à 1976, alors
qu'on était en pleine croissance économique, qu'il n'y en a eu de
1977-1978 à 1984-1985. Je voudrais également rappeler au
député de Notre-Dame-de-Grâce que, pour l'année
1984-1985, le taux de croissance des dépenses, une fois pris en compte
les effets de paiements d'avance sur l'année 1983-1984 de certaines
dépenses encourues en 1984-1985, sera de 7,7% alors que le taux de
croissance du produit intérieur brut du Québec sera de 8,3%.
C'est la première fois depuis un bon moment que le taux de croissance
des dépenses est inférieur à la croissance du produit
intérieur brut.
Quant aux actions que le député de
Notre-Dame-de-Grâce suggère, je dois lui dire que non, il n'existe
pas une telle planification triennale de réduction des dépenses.
Le député affirme - et bien d'autres personnes peuvent penser
comme lui, que nous n'avons pas tant un problème de croissance des
dépenses, les dépenses croissent à un rythme très
raisonnable, mais bien des personnes prétendent que nous avons un
problème de niveau de dépenses et qu'il ne s'agit pas uniquement
d'envisager mathématiquement, statistiquement les choses en termes
d'évolution de dépenses, mais également en termes de
niveau de dépenses. Je réponds au député que non,
il n'existe pas un tel plan stratégique, mais je peux lui indiquer,
cependant, qu'après maintenant six ou sept mois de présence au
Conseil du trésor, je ne dis pas que je n'en traiterai pas dans la
présentation des prochains crédits du gouvernement pour
l'année 1985-1986.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il vous reste une minute. (17 h 30)
M. Scowen: Une minute. Je vais remercier le ministre de sa
réponse, parce que, au moins - je le compare avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce avec qui on a eu l'occasion de parler tantôt -
au moins, le président du Conseil du trésor et moi acceptons les
mots dans le même sens. Je dois simplement lui dire que je pense qu'il y
a des pays, des gouvernements qui commencent à essayer d'installer dans
leur planification à moyen terme un processus de choix basés sur
la possibilité qu'il y ait des dépenses existantes qui sont trop
élevées. On les appelle de plusieurs noms. Il y a ceux qui
fonctionnent mieux que les autres. C'est un sujet fort compliqué, j'en
conviens, mais je suis profondément convaincu, à moins que le
Conseil du trésor accepte de prendre l'initiative dans ce
domaine, qu'il sera très difficile d'exercer les contrôles
nécessaires sur les divers ministères. Dieu sait et le ministre
sait aussi comment il est difficile de contrôler les ambitions et les
espoirs légitimes parfois des ministères. Je l'encourage, dans
les quinze secondes qu'il me reste, à laisser comme héritage de
Michel Clair, de son passage dans ce ministère, au moins les
débuts de quelque chose qui existe déjà, d'une
façon beaucoup plus avancée dans plusieurs autres juridictions,
qui peuvent nous rendre moins concurrentiels et qui peuvent nous coûter
des emplois dans le secteur privé, dans toutes les régions du
Québec, si des efforts accrus ne sont pas faits pour contrôler et
prendre des initiatives.
Je pense que c'est lui, plutôt que tout autre homme au
Québec, qui a cette responsabilité et qui peut prendre cette
initiative. C'est une grande responsabilité.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, j'aurais grand plaisir à
continuer la discussion avec mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce.
Je lui rappellerai simplement, avant de terminer, qu'il y a déjà
eu beaucoup de travail de fait en termes de rationalisation des
dépenses. Les ministères doivent maintenant fournir à
chaque année un programme de réduction de leurs activités,
correspondant à 3%, à 5% de leur budget. Nous avons un programme
de réduction d'effectifs de 2% par année, obligatoire pour tous
les ministères et organismes, en se contentant d'en réallouer
seulement 1%. Nous avons remis en cause des activités moins prioritaires
mais je pense que tout cela est le résultat d'une préoccupation
de la part du gouvernement quant au niveau des dépenses publiques et
surtout quant à leur croissance jusqu'à maintenant.
La question que le député soulève au fond, ce n'est
plus seulement une question de croissance des dépenses publiques
à service constant, puisqu'on peut affirmer que, lorsque les
dépenses croissent dans les services publics incluant les services de
dette, l'aide sociale, les régimes de retraite des employés de
l'État, lorsqu'on tient compte de tout cela et qu'on se rend compte que
le taux de croissance des dépenses publiques est inférieur
à celui du PIB et même à 4,4%, si on ne tient pas compte de
l'effet de transfert, je pense que le problème de croissance des
dépenses est sous contrôle. La question que pose le
député en est davantage une de niveau de dépenses.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, si je peux proposer quelque
chose. Normalement, on doit discuter avec le ministre des Finances, qui n'est
pas arrivé...
Le Président (M. Rancourt): Exactement, oui.
M. Scowen: J'ai une possibilité à proposer qui va
nous prendre cinq minutes, de toute façon. C'est qu'on adopte les
crédits. Il faut que cela se fasse d'ici la fin, non?
Le Président (M. Rancourt): L'entente prévue entre
les deux leaders est que chaque ministre a une heure et, selon l'entente,
qu'à la fin, nous adoptions les crédits dans un bloc.
M. Scowen: C'est l'entente.
Le Président (M. Rancourt): Oui.
M. Scowen: Mais ma suggestion est, parce que le président
du Conseil du trésor est ici et que nous avons une courte période
en attendant le ministre des Finances, peut-être qu'on peut renverser
l'entente et adopter formellement les crédits, en attendant le ministre
des Finances.
M. Clair: Oui, quant à moi, j'agréerais volontiers
à la proposition du député de Notre-Dame-de-Grâce
qui, si je comprends bien, propose d'adopter techniquement les crédits.
Je donne d'avance mon consentement à ce que la discussion puisse se
poursuivre avec le ministre des Finances par la suite, si ce sont là les
attentes du député de Notre-Dame-de-Grâce, après que
les crédits auront été formellement adoptés.
M. Scowen: Comme il est entendu qu'on va adopter les
crédits du ministère des Finances, après tous les
autres...
Le Président (M. Rancourt): Exactement, comme
président de la commission plénière, je voulais vous
mentionner que j'étais prêt, bien sûr, à aller de
l'avant pour tous les ministères, excepté celui des Finances
qui... D'accord?
Donc, si vous permettez... M'étant informé de ce qui
devrait se passer, je vais simplement vous demander si les crédits
budgétaires supplémentaires, moins ceux des Finances - tel que
prévu par entente, nous y reviendrons - sont adoptés.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Clair: Et je comprends, M. le Président, que les
crédits supplémentaires no
2 et no 3 sont adoptés en ce sens qu'il y a eu un projet de loi 6
qui porte sur ...
Le Président (M. Rancourt): Effectivement.
M. Clair: ...3 307 000 $ pour l'Éthiopie.
Le Président (M. Rancourt): Donc, je pose la question:
Est-ce que les crédits supplémentaires 2 et 3 sont
adoptés?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté, sauf ceux du
ministère des Finances dans les crédits no 2.
Le Président (M. Rancourt): Sauf ceux du ministère
des Finances, toujours. Adopté.
Puisque le ministre des Finances n'est pas sur place, nous allons
suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 37)
(Reprise à 17 h 55)
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Finances
Nous allons reprendre la discussion sur les crédits
supplémentaires. Nous allons reprendre où nous avions
laissé. Nous en sommes maintenant au ministère des Finances.
M. le ministre des Finances nous avons à peu près 30
minutes pour terminer les crédits, c'est-à-dire que vous aurez la
parole pour un commentaire au départ et possiblement un commentaire du
député de l'Opposition.
M. le ministre des Finances.
M. Duhaime: Merci, M. le Président. En fait, on va
reprendre brièvement un exercice qui est presque mécanique d'une
année à l'autre pour ce qui est des crédits
supplémentaires au ministère des Finances pour l'exercice en
cours.
Nous demandons à l'Assemblée nationale des crédits
additionnels. Je vais donner essentiellement les têtes de chapitres.
Service de la dette, 127 700 000 $; un montant de 10 000 000 $ à la
réserve générale, ce que nous appelons le poste 4,1 si on
réfère au livre des crédits; un montant de 10 000 000 $ au
poste 4,3 qui est la réserve pour le développement
économique. Également un montant additionnel au poste 4,4 au
fonds de suppléance toujours; de 13 700 000 $ sous la rubrique
réserve pour les arrérages des réseaux. Troisième
bloc, suivant un minibudget supplémentaire déposé suivant
un décret qui porte le numéro 281584, je crois que c'est le 19
décembre que cela a été déposé à
l'Assemblée nationale, une somme de 3 300 000 $ pour venir en aide
à l'Éthiopie.
En résumé, 127 700 000 $ au service de la dette; 33 700
000 $ au fonds de suppléance; 400 000 $ de gestion interne et soutien et
3 300 000 $ qui est un fonds spécial pour aider l'Éthiopie.
Voilà ce que nous proposons pour adoption à
l'Assemblée nationale au chapitre des crédits
supplémentaires du ministère des Finances pour l'année en
cours.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
C'est la première fois que le député de Saint-Maurice
vient à cet événement rituel. Je lui souhaite la
bienvenue. Ça fait quelques années quand même que nous
faisons ça de ce côté-ci.
Je suis également heureux de voir que, théoriquement en
tout cas, on a devant nous un ministre qui sait compter. C'est le propre du
ministre des Finances de savoir compter. Je ne suis pas inquiet jusqu'à
ce moment-ci de la capacité du ministre à savoir compter. Je
n'étais pas non plus inquiet de la capacité de son
prédécesseur immédiat, je parle du président du
Conseil du trésor qui l'a d'ailleurs précédé ici
même il y a quelques minutes. Je suis beaucoup moins inquiet dans ces
deux derniers cas-là que dans celui du ministre qui
précédait le député de Drummond, le ministre de
l'Industrie et du Commerce. Vous n'étiez pas ici, vous étiez
ailleurs et en route, M. le ministre, mais je suis sûr que vous ne
confondez pas...
M. Duhaime: Parlez-vous de l'époque où
j'étais au ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, je parle du
député de Lotbinière qui confondait
"déboursés", "dépenses", "investissements",
"immobilisations", "feuille de paie". C'était un petit peu
compliqué. Je pense qu'on a de grosses chances de s'entendre sur la
signification des mots ici.
Bien brièvement je reprendrais la nomenclature du ministre quant
aux postes qui sont devant nous. Disons tout de suite que, quant aux
crédits no 3 sur le fond d'aide à l'Éthiopie, on n'en
discutera pas. C'est du domaine public. C'est un geste que le gouvernement a
décidé de poser qui est appuyé ici par toutes les
formations politiques. Tout le monde est pour cela. Il n'y a pas de
difficulté. Il n'y a pas de question soulevée.
Quant aux crédits supplémentaires déposés un
peu plus avant, le programme 2,
gestion de trésorerie et dette publique, 127 679 000 $. Le
ministre qui vous a précédé à ce fauteuil, en
réponse à des questions sur l'évolution de certains
programmes qui sont sensibles aux taux d'intérêt, a indiqué
que ce n'était pas véritablement à la suite de
fluctuations ou des changements dans les taux d'intérêt, compte
tenu des prévisions qui avaient été faites, qu'on se
retrouve avec des crédits supplémentaires de cet ordre. Mais il a
évoqué qu'il y avait des questions de valeur du dollar canadien
par rapport au dollar américain. Donc, des fluctuations de devises qui
expliquaient une grande partie de ce montant. (18 heures)
J'aurais pu vous demander, sans ces remarques préalables, quelle
était la raison de l'augmentation. J'ai cru comprendre qu'il y en a une
partie qui est attribuable aux changements de devises, aux changements de la
valeur des devises canadienne et américaine. Ce qui m'amène -
à moins que vous vouliez nier tout de suite que c'est le cas, mais je ne
le pense pas, vous travaillez tous au cabinet à partir des mêmes
documents, je présume - à poser au ministre une question d'ordre
un peu plus général quant à savoir s'il entend,
contrairement à son prédécesseur des huit dernières
années -je ne parle pas du député de Drummond qui a
été là une journée - diversifier, pas tellement les
marchés sur lesquels le ministre emprunte, le gouvernement emprunte,
mais diversifier un peu les instruments qui sont utilisés pour rendre
l'appel à l'épargne du gouvernement du Québec plus
attrayant au marché local. Il m'apparaît important de pouvoir
utiliser l'épargne des Québécois au développement
du Québec. Il y a toutes sortes de façons de le faire. Il y a
toutes sortes de programmes qui existent pour en arriver là.
Un des programmes continuels qu'on a, c'est évidemment l'appel
à l'épargne que fait le gouvernement dans le cours normal des
choses. Son prédécesseur des huit dernières années
avait diversifié, d'une façon fort exotique, les sources de
financement du Québec sur différents marchés. Mais
beaucoup d'experts trouvent aujourd'hui, quand on regarde l'héritage, si
vous voulez, qu'on nous a laissé, qui était dans la
continuité historique à bien des égards, sauf quant au
volume considérable des emprunts, beaucoup d'experts pensent qu'il y a
beaucoup de chemin à faire à diversifier les instruments
d'emprunt, les genres de titres, les genres d'obligations qu'on émet,
les genres de débentures, les espèces de primes, les
capacités de les rappeler dans certains délais, la
capacité de les convertir. Enfin, il y a un tas d'instruments sur les
marchés qui existent pour rendre un peu plus attrayant un appel à
l'épargne. On ne semble pas avoir fait cela au Québec. Je ne
pense pas que cela ait été fait tellement, au Canada, de toute
façon. Il n'y a pas beaucoup d'originalité là-dedans
depuis plusieurs années. Mais la diversification géographique a
créé un risque de pertes additionnelles ou de coûts
additionnels compte tenu des changements de valeur des devises. Il est
peut-être trop tôt, mais je me demandais quand même quelles
étaient les opinions, les suggestions, les théories du ministre
quant à la diversification des sources d'épargne où le
Québec fait affaires sur les marchés d'emprunt et quant à
la diversification des façons d'emprunter. On en a vu une au salon rouge
il y a une semaine. Ce n'est pas nouveau; cela fait longtemps que cela se fait.
Il y a toutes sortes de mécanismes pour assurer des fonds à
l'État. Est-ce que le ministre est diposé à nous parler de
cela pendant quelques minutes?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Duhaime: Je voudrais aborder la première partie de
l'intervention du député de Vaudreuil-Soulanges en donnant
quelques chiffres qui feraient état de la ventilation des 128 000 000 $.
Le taux d'intérêt et le taux de change sont, bien sûr, deux
des composantes principales. Je vais vous les donner un peu en vrac. Une
variation de taux d'intérêt sur les emprunts représente 69
000 000 $; les frais de change, 31 000 000 $ - essentiellement
l'intérêt sur les emprunts américains; les frais de change
sur le remboursement de la dette, 7 000 000 $, les taux d'intérêt
sur les nouveaux emprunts, 20 000 000 $. Il faut dire ici que la variation du
taux de change sur la dette totale du Québec a le même impact, en
termes absolus, mais en valeur relative, cela a moins de signification que sur
la dette d'Hydro-Québec, par exemple. La dette globale est autour de 18
300 200 000 $, en chiffres arrondis et en dollars américains. Dans les
autres devises, il faudrait qu'on vérifie, mais cela peut donner quoi de
plus? Ou alors, pour ce morceau...
Vous avez bien raison de m'inciter à une certaine prudence pour
ce qui est du deuxième volet de votre question. Vous avez parfaitement
raison. Il est très certainement trop tôt pour évoquer
quelque moyen que je pourrais imaginer d'ici le prochain budget pour faire en
sorte que les dizaines de milliards de dollars d'épargne au
Québec puissent être utilisés, soit carrément sur le
plan d'investissements dans le secteur du développement
économique ou encore sur le plan du financement de la dette du
Québec ou encore de celle de ses sociétés
d'État.
Je voudrais revenir, si vous me permettez, aux autres devises. Je disais
donc 3 200 000 000 $, en fait, c'est
3 164 000 000 $ US, 17,2% de la dette globale. Les autres devises, cela
doit être tous azimuts, incluant le yen, le deutsche mark etc., 1 600 000
000 $ pour 8,7%. Si vous additionnez cela vite, cela va vous donner, 8 et 7,15,
je ne retiens rien; cela veut dire 25,9, c'est-à-dire 26% seulement de
la dette peut être affecté par le taux de change. C'est donc ce
que reflète cette variation qu'on retrouve dans les 127 000 000 $ ou le
plus gros du morceau et sur les variations du taux d'intérêt.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le ministre. Vous
trouvez qu'il est trop tôt pour en arriver à des listes de toutes
sortes de façon d'emprunter qui seraient plus originales. Cela me laisse
soupçonner que, ou bien vous n'avez pas eu le temps de faire le tour du
ministère - ce n'est pas impossible -ou alors si vous l'avez fait, vous
n'avez rien trouvé au point de vue des études qui pourraient
être en cours à ce sujet. Je trouve cela pas mal plus
inquiétant.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Duhaime: Permettez. Ou bien je l'ai trouvé, mais je ne
veux pas vous le dire tout de suite.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Excusez-moi.
M. Duhaime: Ou bien je peux l'avoir trouvé, mais je ne
vois pas l'utilité de vous le dire maintenant.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mais vous ne voulez pas me le
dire.
M. Duhaime: En vertu du principe, une bonne nouvelle par semaine,
cela suffit.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord, oui. Auquel cas je vous rappellerai les paroles que vous avez
prononcées il y a cinq minutes. Au printemps, cela pourrait être
assez intéressant. Ce n'est pas un forum ici, dans le fond, pour faire
un débat sur la dette publique, la façon d'emprunter. Il y a
beaucoup de rituels là-dedans. Juste au point de vue de la discussion,
je trouve quand même que... Je persiste à croire que la proportion
de la dette étrangère crée une certaine contrainte au
gouvernement du Québec dans la mesure où un gouvernement est dans
le fond plus solide, plus autonome, plus indépendant, plus souverain,
à bien des égards, M. le ministre, lorsqu'il dépend de
l'épargne de ses propres citoyens. Lorsque ce sont les gens du
Québec qui prêtent au gouvernement du Québec, il n'y a pas
vraiment un mécanisme de pressions, d'histoires de cotes de
crédit, de banquiers de l'étranger qui viennent nous indiquer
où, comment mener nos finances publiques, des choses comme cela.
C'était à cette fin que je faisais ressortir qu'il est plus
important, à mon sens, quand on regarde sur une longue période
à venir, de trouver des moyens de faire appel à l'épargne
des Québécois plutôt qu'à celle des étrangers
- c'est de cela, dans le fond, dont il est question - pour les
opérations courantes du gouvernement, parce que vous empruntez pour vos
opérations courantes; ce n'est pas Hydro-Québec, qui a des
barrages, des actifs, enfin, hypothécables si vous voulez,
théoriquement, dont la force financière repose sur des choses
qu'on peut pointer du doigt et qu'on peut toucher et qui produisent des
revenus. Ce n'est pas vraiment comparable.
Je veux bien comprendre que vous êtes moins vulnérable
qu'Hydro-Québec, mais cette dernière ce n'est pas le gouvernement
du Québec non plus. C'est une entreprise qui a choisi, à cause de
ses marchés, à cause de l'ampleur des emprunts qu'elle doit
faire, à cause de la façon dont elle doit faire appel à
l'épargne, d'agir sur des marchés américains notamment,
d'une façon encore plus importante que le gouvernement du Québec
ne l'a fait, ce qui, quant à moi, termine les commentaires que j'ai
à ce sujet-là.
Quant au poste 2, fonds de suppléance, si vous permettez, qui est
divisé essentiellement en trois parties, il y en a deux qui sont
intéressantes. La première, l'élément 1,
augmentation de 10 000 000 $ par rapport à la prévision initiale
d'un fonds renouvelable de 38 000 000 $ pour supplémenter, si l'on veut,
certains crédits des ministères, jusqu'à concurrence de
100 000 $ ou 10% du crédit ainsi augmenté, le chiffre le plus
élevé devant être retenu.
Pourquoi est-ce qu'on augmente un fonds renouvelable? Cela m'a toujours
assez frappé de voir le volume qui peut se promener là-dedans.
Les chiffres sont considérables, parce qu'il y a beaucoup de
ministères, effectivement, qui remboursent, et on réutilise le
montant, etc. Vous aviez 40 000 000 $ ou à peu près. Là,
vous demandez un autre montant de 10 000 000 $ pour alimenter une caisse
renouvelable. La seule chose que je peux voir, c'est qu'il y a un volume
d'opérations, donc d'augmentation de crédits à droite et
à gauche qui se déroule plus rapidement que vous ne le croyez,
simplement en termes comptables, ou alors c'est que ceux à qui vous
consentez des dépassements de crédit ne les remboursent pas, soit
parce qu'ils ont décidé
qu'ils ne remboursaient pas, soit parce que ce sont des programmes qui
ne prévoient pas que le ministère bénéficie de
l'augmentation du crédit, ils ne sont pas obligés de
rembourser.
Si vous pouviez me démêler cela avec les renseignements
documentaires que vous avez sans doute devant vous, vous feriez cause utile.
(18 h 10)
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Duhaime: Avant de répondre à votre
dernière question, je voudrais peut-être vous donner un
aperçu plus précis sur la ventilation de la dette et sur les
devises que nous rejoignons. Alors, structure de la dette, au 31 août
1984, en dollars canadiens, 76,7%; américains, 15,6%. Et ce que vous
appelez, dans votre langage, les devises exotiques: les marks allemands, 2,5%;
yen japonais, 2,5%; sterling, 1,1%; francs suisses, 0,9%; et, ensemble, francs
français, florins hollandais et écus, pour le reste. C'est vrai
que c'est exotique mais je ne voudrais pas que vous preniez l'expression sur un
air de vacances; ce sont quand même des monnaies très solides. Il
est vrai qu'il y a eu des changements dans la structure de la dette, par
rapport à ce qui existait en 1976. Aux fins de comparaison, par exemple,
nous avons diminué, de façon assez substantielle, la structure de
la dette en dollars américains. En 1976, c'était 21,8%. Elle est
tombée à 20,1%, en 1980, et, cette année, à 17,2%.
Par ailleurs, dans les autres devises, la structure a évolué de
2,3% à 8,7%. Je pense que, si mon prédécesseur a choisi
d'emprunter davantage sur les marchés européen et japonais en
particulier, ce n'était pas par souci d'exotisme mais, très
certainement, pour tenter un meilleur équilibrage.
Maintenant, je vais vous demander de devoir me répéter le
deuxième volet de votre question. Je l'ai oublié à travers
les florins.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est quant à
l'augmentation de 10 000 000 $, à l'élément 1: "Provisions
pour augmenter les crédits avec l'approbation du Conseil du
trésor, jusqu'à concurrence de 100 000 $ ou 10% du montant du
crédit ainsi augmenté." Ce que je demandais, c'est comment un
fonds renouvelable, par définition, pourrait-il nécessiter,
à ce moment-ci de l'année, une augmentation? On passe de 38 000
000 $ à 48 000 000 $, plus ou moins, en chiffres ronds. Est-ce que c'est
parce que le volume d'augmentation de certains crédits est plus
considérable que prévu? Est-ce que c'est parce que les
ministères qui en sont bénéficiaires - les programmes qui
en sont les requérants - ne remboursent pas, soit qu'ils aient
décidé qu'ils ne remboursaient pas, soit que cela se fasse en fin
d'année, soit que cela se fasse l'an prochain, soit qu'ils ne soient pas
obligés de rembourser dans le fonds renouvelable en question? Je
demandais simplement: à quoi attribuez-vous qu'il y ait une augmentation
comme telle?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Duhaime: On parle du programme 4.1 sous la réserve
générale. En fait, c'est essentiellement pour l'évaluation
que mes gens ont faite au ministère sur les crédits additionnels
qui pourraient être requis. On est quand même au 20
décembre; il reste janvier, février et mars à courir. On
pense qu'avec 10 000 000 $ on sera en mesure de rencontrer les demandes qui
pourraient nous être présentées d'ici le 31 mars.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ai toujours compris, quand on
voit les détails du fonctionnement des fonds de suppléance, du
fonds de réserve, etc, effectivement, cela tourne là-dedans.
C'est remboursé d'un endroit à l'autre. Ce que je demande, c'est
pourquoi augmenter quelque chose qui, en principe, demeure à un niveau
constant? C'est peut-être là... il y a peut-être une
erreur.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Duhaime: Je pourrais vous citer beaucoup d'exemples où
un ministère, dont j'ai encore les chiffres très clairement en
mémoire, c'est vrai que quand un ministère sectoriel va au fonds
de suppléance, il y a toujours la promesse de rembourser parce qu'on
fonctionne par avances, mais le remboursement ne se fait pas toujours durant
l'année en cours. Très souvent, c'est ce qui se produit et,
l'année suivante, il y a un programme bien précis qui vient
cadrer. Le meilleur exemple que je pourrais vous donner serait le programme
d'accélération des investissements qui serait appliqué
dans le secteur des mines. Je me souviens d'avoir discuté de ce dossier,
l'année dernière, avec mon collègue et il est bien
évident qu'on n'avait pas prévu qu'il y aurait autant
d'effervescence. Bien sûr, on s'éloigne du programme 4.1 parce que
je pense que les mines relèvent du programme 4.3, au
développement économique, mais mutatis mutandis, c'est exactement
le même raisonnement. On pense qu'avec 10 000 000 $ on va se rendre au 31
mars et tant mieux s'il en reste, mais ce n'est pas
un fonds inépuisable, en fait, il est cadré.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le programme 4.1 est
cadré, dites-vous.
M. Duhaime: Oui, oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, c'est un niveau de
dépenses additionnelles dont il est question et non pas... C'est pour
cela que le libellé me laisse toujours perplexe et que la conciliation
qu'on a, lors de l'étude annuelle des crédits, nous permet
d'avoir des réponses à nos questions pour l'année
écoulée. On a devant nous, en commission parlementaire, des
tableaux interminables des transactions de débit et crédit qui se
sont produites à l'intérieur de ce fonds. À un moment
donné, on fait un tas d'avances à des ministères; cela
revient dans la colonne du crédit, cela repart dans la colonne du
débit, cela revient, et il y a toujours un solde qui n'est pas
zéro. On émet des chèques, si vous voulez, ou des
autorisations pour des montants qui dépassent, de mémoire,
largement le montant qui apparaît ici. Étant donné le
mécanisme de remboursement, j'ai toujours trouvé que
c'était renouvelable.
M. Duhaime: Cela marche comme la banque.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et si c'est renouvelable et que
les gens remboursent à mesure, donc, vous avez consenti des avances qui
vous sont remboursées. C'est ce que vous m'avez dit tout à
l'heure. On fonctionne par avances. Vous n'avez pas besoin de revenir à
chaque fois, il me semble.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Duhaime: Je vais être bien honnête avec vous.
Quand mon prédécesseur m'expliquait cela, je ne le croyais pas.
Ce qui se produit maintenant, c'est que je suis obligé...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela ressemblait à ce
que je disais.
M. Duhaime: ...je suis obligé de me rendre à
l'évidence. C'est de l'argent qui circule. Les ministères qui
passent à la caisse du fonds de suppléance en cours
d'année pour des besoins qui sont au-delà des crédits
déposés en début d'année, on marche par avance,
dans le genre "IOU", mais le ministère ne peut rien rembourser tant que
ces crédits supplémentaires ne sont pas votés par
l'Assemblée en cours d'année. Alors, on fait des avances, un peu
comme une banque, et aussitôt que les ministères sont
autorisés par le vote de l'Assemblée nationale sur les
crédits supplémentaires, ils ont accès à de
l'argent et ils nous remboursent.
Mais, d'après nos calculs, il va manquer encore 10 000 000 $ pour
rencontrer ce que nous ne pouvons pas prévoir maintenant à partir
de demain matin ou à partir du jour de l'adoption des crédits
supplémentaires à ce poste de dépenses jusqu'au 31 mars
1985. Alors, je suis obligé d'admettre aujourd'hui que mon
prédécesseur avait parfaitement raison, malgré les
frustations que l'on peut éprouver dans les ministères
sectoriels.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II en arriverait
maintenant...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...on est peut-être
déjà au programme 5, gestion interne et soutien. Ce n'est pas une
grosse dépense mais, on parle de 430 000 $. C'est une augmentation de
12,5% du budget de gestion interne et de soutien, et vu les balises que nous a
dressées le président du Conseil du trésor tout à
l'heure, à toutes sortes d'égards et de pétage de
bretelles considérable auquel il s'est livré quant au
contrôle des dépenses, quant au contrôle du niveau de
dépenses, quant au contrôle de la croissance des dépenses
et toutes les autres distinctions qui s'imposent, je me demandais, en
l'occurrence, s'il s'agit d'un transfert de personnel d'un ministère
à un autre. Est-ce qu'il s'agit de nouvelles fonctions? Est-ce qu'il
s'agit de personnel pour cette année? Est-ce que cela risque
d'être récurrent, une augmentation au niveau de la gestion interne
et du soutien au ministère des Finances, une augmentation de 12,5% par
rapport à ce qui était prévu lors du dépôt
initial des crédits, au mois de mars dernier?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Finances.
(18 h 20)
M. Duhaime: Je suis très heureux de vous annoncer, M. le
député, que le ministère des Finances va devenir un
ministère moderne. Ce poste de dépenses de 430 000 $ va nous
permettre de mettre en oeuvre un nouveau plan directeur d'informatique. Si vous
voulez mon avis, je ne vois pas comment on peut fonctionner efficacement dans
un portefeuille comme les finances et sûrement dans d'autres grands
portefeuilles comme, je ne sais pas, les affaires sociales, les grands
réseaux de l'éducation, etc., sans avoir un bon système,
basé sur un plan directeur et c'est ce que nous faisons. J'avoue que ce
n'est pas moi
qui ai pris cette décision, mais je la trouve excellente. De
même qu'avoir un téléphone qui fonctionne, cela
m'apparaît être un outil essentiel. Soit dit en passant, je fais
changer mon téléphone!
Ce que j'ajoute, c'est que dans la ventilation de ce montant de 430 000
$ pour l'année en cours, il y a pour 70 000 $ de traitements, il y a
onze postes, mais c'est de l'autofinancement pour 1984-1985 et on va
autofinancer aussi pour 1985 et 1986; 211 000 $ pour des services; il y a un
investissement en capital de 149 000 $. Alors, on va donc obtenir l'expertise
dont nous avons besoin des services-conseils, pour l'achat d'équipements
et le matériel informatique.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je suis heureux d'apprendre
que, après nombre d'années, le ministère des Finances se
modernise. C'est absolument extraordinaire la façon dont toutes sortes
de changements se sont produits depuis que le député de
L'Assomption est parti. La question est de savoir, évidemment, si c'est
pour le plus grand bien ou pour le plus grand mal du gouvernement ou de
l'Opposition. Mais j'ai cru soupçonner, dans des réflexions du
ministre qu'il a confiées à des journaux, que la garde avait
changé. La garde a changé, il semble que la garde montante va
bénéficier des dernières décisions de la garde
sortante. On se modernise, on va peut-être pouvoir enfin répondre
adéquatement aux voeux du Vérificateur général,
d'ailleurs, dont le dernier rapport comporte quelques petits commentaires sur
les carences administratives au ministère des Finances, quant à
la conciliation des chèques, les bons du Trésor, les coupons
d'obligations, les genres de contrats et de contrôles qu'on donne
à des firmes extérieures, les agents payeurs, les conciliations
des obligations lorsqu'elles sont échues, avec les coupons échus,
enfin il y a un tas de choses comme cela. C'est plein, à l'égard
du ministère des Finances, de petites choses quant aux recettes et
déboursés du fonds consolidé du revenu, les obligations
d'épargne, leur conciliation des obligations d'épargne et des
coupons échus, il y a un tas de choses.
Quand on se modernise, qu'on s'informatise et qu'on en est rendu, comme
les réactions du ministère des Finances nous laissent
soupçonner, même à avoir des conciliations quotidiennes des
différents comptes de banque, c'est absolument époustouflant de
voir qu'il y a des changements pour le mieux. Ce qui m'étonne toujours,
c'est que pendant des années, on a toléré que le
Vérificateur général puisse répéter,
d'année en année, ces commentaires.
C'est la façon dont je l'exprimerais. On peut juste souhaiter que
cela ne se retrouvera pas dans les années suivantes.
Quant au reste, je dirais simplement, comme je l'ai dit dès le
début, que le ministre a démontré, à certains
égards, plus de facilité avec le vocabulaire des finances
publiques que le ministre de l'Industrie et du Commerce, un peu plus de
familiarité avec la nomenclature, avec le vocabulaire qu'on doit
utiliser. Deux exceptions: Quand on parle d'exotisme quant au marché des
emprunts, l'exotisme, c'est en dehors des frontières du Canada, c'est en
général ce qu'on entend par les marchés exotiques; ce ne
sont pas les marchés indigènes ou locaux, domestiques. On va
finir par se comprendre, M. le ministre des Finances, même si on n'a pas
beaucoup de temps pour le faire.
Par ailleurs, je ne peux pas m'empêcher de revenir
là-dessus, le ministre va finir lui aussi par employer, comme on devrait
le faire indistinctement les mots "année fiscale" et "année
financière". J'ai d'ailleurs fait parvenir les documents étayant
la preuve à son collègue du Conseil du trésor. Ce sont des
synonymes. Un synonyme, c'est un synonyme et on va apprendre tranquillement
à parler le même langage; je suis convaincu de cela, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): Donc, M. le ministre des
Finances, pour terminer.
M. Duhaime: Avant d'offrir à l'Opposition mes meilleurs
voeux, M. le Président, je suis très heureux de constater que le
député de Vaudreuil-Soulanges et son collègue de
Notre-Dame-de-Grâce sont en train de s'ajuster rapidement au changement
qui est arrivé au ministère des Finances. Dans quelques
années d'ici, vous n'aurez aucune difficulté, vous serez
parfaitement ajustés. Six mois, un an, deux ans, trois ans,
espérons qu'on fera un long compagnonnage.
Je voudrais, M. le Président, dire que, tantôt, on parlait
sur la structure de la dette, je voudrais peut-être mentionner deux faits
importants que l'Opposition n'a pas vu passer, ou plutôt ne voulait pas
voir passer, ce qui est bien différent, ou, du moins, ne l'a pas
souligné à l'Assemblée nationale. Nous avons, durant les
deux dernières semaines, eu la preuve très tangible, de la part
des milieux financiers, que la confiance nous était renouvelée.
Nous avons refinancé un emprunt de 1 000 000 000 $, en dollars
américains, je veux dire 1 250 000 000 $, en dollars canadiens, en
équivalent, mais l'emprunt est fait en dollars américains, il
sera donc remboursé en dollars américains. Quelques jours plus
tard, sur le marché de l'eurodollar, mais en devises canadiennes, on
faisait un emprunt, également, de 150 000 000 $, à des taux
d'intérêt très avantageux dans l'un et l'autre cas. Sur
la
transaction de 150 000 000 $, en eurocanadiens, c'est le plus gros
emprunt de cette nature, sur le marché de l'eurocanadien. Apparemment,
d'autres seraient en train d'examiner la possibilité de suivre la voie
que nous leur avons tracée.
Un tout dernier mot, M. le Président, pour me faire, en quelque
sorte, le porte-parole du gouvernement et de tous ces bénévoles
qui ont travaillé avec un grand dévouement à la cause de
l'Éthiopie. Quand nous avançons ce montant de 3 307 066,50 $, il
faut bien dire qu'il est jumelé, dollar pour dollar, à l'effort
que les Québécois eux-mêmes ont fait. Ce qui veut dire que
c'est un total de 6 600 000 $ qui pourra être dépensé pour
l'Éthiopie. Je voudrais remercier chacun des Québécois et
leur famille de leur générosité. Cela donne, à peu
près, 1 $ par personne, plus ou moins, pour un pays qui en a
drôlement besoin. On a l'occasion de voir presque une fois ou deux la
semaine des images de l'Éthiopie qui devraient peut-être nous
faire penser que, en termes de relativité de richesses et de conditions
de vie, il y aurait très certainement des bonnes questions à se
poser. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Avant de terminer, je vais
m'enquérir si les crédits supplémentaires du
ministère des Finances sont adoptés.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Autant dans les crédits
no 2 que no 3, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. D'accord, ce
qui met fin à la commission plénière qui a
étudié les crédits supplémentaires.
M. Champagne (président de la commission
plénière): M. le Président, la commission
plénière a terminé l'examen des crédits
supplémentaires no 2 et no 3 et les a adoptés. Le rapport de la
commission plénière qui a étudié les crédits
budgétaires no 2 et no 3 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Projet de loi 17
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances propose l'adoption du projet de loi 17, est-ce que ce projet de loi
est adopté?
Des voix: Adopté.
Projet de loi 24 Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt); M. le ministre des
Finances propose l'adoption du projet de loi 24, ce projet de loi est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous suspendons donc nos
travaux jusqu'à 20 heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, nos travaux sont
suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 31)
(Reprise à 20 h 6)
M. Bertrand: And the show must go on.
Le Président: La radiotélévision s'est-elle
éteinte? Je crois comprendre que vous êtes un des orateurs.
À l'ordre:
M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bertrand: Merci, M. le Président. Je voudrais vous
indiquer qu'effectivement, conformément à l'avis que j'ai
donné plus tôt ce matin, la commission de l'agriculture
siège ce soir sur le projet de loi 1, de 20 heures à 24
heures.
Je voudrais donner information aussi qu'il y a un élément
que je dois ajouter à l'avis que j'ai donné ce matin relativement
à la commission du budget et de l'administration qui va étudier
vers la fin du mois de janvier la réforme du régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic. Il y aura nécessité d'avoir, pour la tenue de cette
commission parlementaire, la présence, bien sûr, du ministre
responsable du dossier, le président du Conseil du trésor, M.
Michel Clair.
Projet de loi 23 Présentation
Sur les sujets maintenant qui nous amènent à entreprendre
nos travaux à 20 h 7, je voudrais, M. le Président, faire motion
pour que nous puissions déroger aux articles 222 et 223 de notre
règlement qui indiquent que l'étude d'un projet de loi
comporte un certain nombre d'étapes - cinq, plus
précisément - et que chaque étape doit avoir lieu à
une séance distincte. Or, après discussion avec le leader de
l'Opposition, nous nous sommes entendus pour que nous puissions procéder
à l'étude du projet de loi 23, procéder en même
temps au dépôt du projet de loi, procéder à
l'adoption de son principe, procéder à son analyse
détaillée en commission plénière, procéder
à son adoption et tout cela à l'occasion d'une même
séance. Dans les circonstances, je demanderais le consentement de mes
collègues et du leader de l'Opposition pour que nous puissions
effectivement déroger à ces articles du règlement et
procéder à l'étude de ce projet de loi à
l'intérieur de la même séance.
Le Président: En fait, il s'agit d'une dérogation
à l'article 223, parce que l'article 222 est néanmoins
respecté.
M. le leader de l'Opposition. Il y a consentement?
M. Gratton: Consentement.
Le Président: II y a consentement. M. le ministre des
Affaires sociales présente le projet de loi 23, Loi sur la
continuité des services et sur les conditions de travail des techniciens
ambulanciers de la région du Montréal métropolitain
(région 6A). M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président, les notes explicatives de
ce projet de loi sont les suivantes...
M. Bertrand: Un instant, M. le ministre.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Je m'excuse, M. le Président. Dans
l'amoncellement d'informations qui circulaient avant la séance de 20
heures, j'ai oublié d'indiquer qu'à compter de 20 h 30
jusqu'à 24 heures, la commission du budget et de l'administration va
siéger pour l'étude, l'analyse détaillée article
par article du projet de loi 7.
Le Président: L'avis étant donné, M. le
ministre des Affaires sociales, les notes explicatives.
M. Chevrette: M. le Président, ce projet de loi 23 vise
à assurer la continuité des services d'ambulances et de
véhicules des médecins dans la région du Montréal
métropolitain, région 6A. De plus, en vertu du projet de loi, les
conditions de travail des techniciens ambulanciers qu'il vise seront
fixées pour trois ans, à compter du 1er janvier 1984.
Le Président: L'Assemblée consent-elle à se
saisir de ce projet de loi?
Des voix: Oui.
Le Président: II en est donc ainsi
décidé.
M. Chevrette: M. le Président, vous me permettrez...
Le Président: Oui, M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Chevrette: ...simultanément de déposer le
document sessionnel no 242, accompagnant ledit projet de loi, qui constitue le
décret tenant lieu de convention collective.
Adoption du principe
Le Président: Document déposé. Ce qui nous
mène à l'adoption du principe du projet de loi 23, avec le
consentement déjà accordé. M. le ministre des Affaires
sociales désire-t-il intervenir? Oui.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Le projet de loi que
nous avons devant nous ce soir vise, premièrement, à s'assurer
que la santé publique ne sera nullement mise en danger et que les moyens
utilisés, qui compromettent précisément ces services de
qualité, soient arrêtés.
Malgré les efforts de négociation et à la suite de
deux ou trois moratoires au niveau des moyens de pression, dont le dernier qui
avait été accordé par la partie syndicale à ma
demande, il faut bien constater que ce fut un échec. J'avais
mandaté personnellement M. André Matteau, qui était notre
mandataire auprès des deux parties, soit la partie patronale et la
partie syndicale, et M. Matteau a tenté
désespérément, pendant une longue nuit et une longue
journée, de rapprocher les parties sans aucun succès, de sorte
que ce moratoire, qui nous était accordé dans les moyens de
pression jusqu'à hier soir, a été rompu. Je vous avoue
tout simplement que l'amplification des moyens de pression depuis ce matin, je
pense, nous force à prendre position et à agir rapidement, sans
tarder. Même si les moyens de pression ne sont pas toujours violents, ils
ont toujours des répercussions autant sur l'intégrité
physique que psychologique des personnes. Ici, je vais essayer de vous en
énumérer quelques-uns qui ont été utilisés
afin que vous puissiez analyser, tout le monde, l'urgence et l'importance
d'intervenir à ce moment-ci.
Vous savez, quand on assiste, par la voie des médias
électroniques, la télévision
entre autres, à la scène d'ambulanciers qui vont
quérir un mort déguisé en Père Noël, cela me
paraît purement et simplement indécent, inacceptable, tout
à fait inacceptable! Cela a été vu par l'ensemble de la
population. Quand on brûle des formulaires et qu'il en coûte des
centaines de milliers de dollars à l'État, en plus de rendre tout
à fait impossible le contrôle et l'administration des services que
nous payons, c'est tout à fait inacceptable. Quand on
désobéit aux répartiteurs qui ont la responsabilité
de coordonner le transport ambulancier dans la région de
Montréal, c'est tout à fait inacceptable.
On connaît très bien la situation chaotique qui a
été vécue dans le domaine ambulancier à
Montréal avant que le gouvernement n'intervienne et institue
Urgences-santé, cet organisme pour coordonner d'une façon
efficace, cohérente et beaucoup plus ordonnée les soins
ambulanciers. Je pense qu'on n'a pas le droit d'accepter qu'un système
soit inopérant et que la situation devienne aussi anarchique que celles
qu'on a connues antérieurement.
Quand des ambulanciers sont attitrés à des points de
service bien précis et qu'on change d'ambulance sans en avertir
personne, quand on quitte les points de service et qu'on se réfugie sur
le terrain des centres commerciaux avec les signaux lumineux et les
sirènes, dans une indiscipline totale, qui crée de
l'insécurité collective, c'est inacceptable et on a le devoir
d'agir. Quand on abandonne délibérément le
détournement d'ambulances ce qui, par le fait même, crée
des engorgements dans certaines salles d'urgence parce que ce sont les
ambulanciers eux-mêmes qui décident dorénavant de
transporter tel patient à telle usine - oui, c'est quasiment le cas -
à telle salle d'urgence plutôt qu'à telle autre, sans
écouter d'aucune façon les répartiteurs, cela
m'apparaît inconcevable et irresponsable, M. le Président. Quand
on annule soi-même, comme ambulancier, alors qu'on n'en a ni la
responsabilité ni le pouvoir, mais qu'on annule soi-même le
transport commandé par Urgences-santé, ça devient
inacceptable. Il devient urgent d'agir.
Quand on se permet du vandalisme qui peut se chiffrer entre 800 000 $ et
1 000 000 $ au moment où on se parle, c'est inacceptable. On ne peut pas
se faire justice soi-même. On ne peut pas changer les équipements
d'un véhicule à l'autre sans aviser les supérieurs
immédiats et on ne peut pas poser les gestes qu'on a posés tant
sur l'équipement que sur les véhicules eux-mêmes. C'est
inacceptable et ça commande une urgence d'agir.
Et encore pire, M. le Président. Quand, au lieu de prendre 45
minutes de moyenne pour un transport ambulancier, on prend 1 h 15, c'est
extrêmement dangereux. Qu'il s'agisse d'un arrêt cardiaque, par
exemple, où on a saboté l'oxygène ou encore où on
se permet de partir d'un bout de la ville pour aller chercher le
bénéficiaire à l'autre bout de la ville comme ça se
fait présentement, c'est inacceptable et ça commande, pour
quelqu'un de responsable, d'intervenir immédiatement et sur-le-champ. Et
c'est ce qui se fait, une demi-heure de plus en moyenne présentement. Je
pense que ça nécessite une intervention rapide, une intervention
immédiate.
Quand on va jusqu'à menacer des superviseurs, quand on embrouille
les ondes pour que les messages ne se rendent pas, qui est en danger? C'est le
bénéficiaire qui appelle qui peut en être une victime. Et,
comme ministre des Affaires sociales, je ne vois pas mon rôle
exclusivement d'intervenant après qu'il y aura eu un fiasco. Mon
rôle, comme ministre des Affaires sociales, mes responsabilités se
situent aussi au niveau de la prévention et j'ai l'intention de prendre
mes responsabilités.
C'est pour ça que je suis heureux qu'au niveau de l'urgence du
débat, l'Opposition ait donné son consentement pour qu'on puisse
vraiment mettre fin à des pratiques qui sont intolérables parce
que, qui que nous soyons dans cette Chambre, nous avons un devoir moral.
L'intégrité physique et mentale, l'intégrité
psychologique d'une personne, ça ne se négocie pas et ça
ne se marchande pas, indépendamment des motifs loyaux et corrects qu'on
peut avoir face à des conditions de travail. On ne peut pas marchander
à ce prix-là la vie possible des gens. Je ne dramatise pas. Dans
certains cas, vous irez entendre des bénéficiaires nous parler.
M. le Président, le CRSSS nous a demandé carrément
d'intervenir et l'Association des centres hospitaliers du Québec nous a
dit: Immédiatement, intervenez. C'est aujourd'hui même qu'on nous
l'a demandé. Je pense qu'on n'a pas le choix.
Cette urgence devient d'autant plus grande que, dans quelques heures
à peine, ce Parlement ne siégera plus. Il faudrait revenir
d'urgence et vous savez qu'il nous faut quelques heures de délai,
surtout durant les fêtes. Outre cela, vous savez pertinemment que durant
les fêtes les urgences augmentent. De 700 à 800 appels, cela passe
à au-delà de 1000 appels, tout près de 1100 appels par
jour. Les cas passent de 450 à 550 transports quotidiens. Il y a un
accroissement des besoins ambulanciers à Montréal, dans
l'agglomération de Montréal, durant cette période. Avec la
situation qu'on vit présentement, il peut nous arriver des catastrophes
en tout temps. À 11 heures, ce matin, il n'y avait de disponibles que
onze ambulances pour toute l'agglomération de Montréal. Je pense
que cela frise l'irresponsabilité et quelqu'un qui se veut
responsable ne peut tolérer davantage une situation aussi
anarchique.
Il y a un urgent besoin d'agir aussi et une nécessité
parce que j'ai acquis la conviction, comme ministre responsable, qu'il ne
pourrait pas y avoir de règlement à court et à moyen
terme. Quand on parle à un président de syndicat et qu'il nous
dit: En bas de 14,50 $ l'heure, n'y pensez-pas; on va continuer notre action;
on ne signera jamais rien, c'est clair. Quand ce même président
dit cela à votre représentant mandaté, qu'il dit cela
à la partie patronale et qu'il dit cela au ministre des Affaires
sociales, cela ne prend pas une lumière 500 pour se rendre compte qu'il
n'y en a pas de règlement possible malgré les perches tendues,
malgré le travail acharné. (20 h 20)
Je dois rendre hommage cependant au porte-parole syndical qui a
joué au moins le jeu d'un rapprochement pendant une nuit complète
avec le représentant du ministère des Affaires sociales. M.
Lamarche a vraiment essayé au moins de clarifier l'ensemble des clauses.
Je pense que ce sera utile, de toute façon, pour les fins du
décret tenant lieu de convention collective.
Dans les circonstances, me voyant, à toutes fins utiles, dans
l'impossibilité d'arriver à un règlement
négocié, il fallait poser un geste. Et ce geste se veut, bien
sûr, de décréter simultanément des conditions de
travail, des conditions de travail que je vais au moins souligner à
l'Assemblée, pour que vous puissiez juger du rôle qu'a pu jouer
mon ministère ou qu'ont pu jouer les relations
patronales-ouvrières dans les circonstances.
Il y a 720 employés en tout. Il y a des ambulanciers, il y a des
chauffeurs de médecins. Actuellement, le taux horaire varie pour un
ambulancier entre 6 $ et 9,20 $. Pour un chauffeur de médecin, c'est
6,50 $ l'heure. Le salaire moyen actuel pour un ambulancier est de 7,17 $. Pour
un chauffeur de médecin, il est de 6,50 $. Qu'est-ce que vous
retrouverez dans le décret tenant lieu de convention collective? Ou
encore, qu'est-ce qui a été offert à la table de
négociation dans un dernier compromis global la semaine dernière?
Ce sont des salaires variant entre 6 $ et 11,65 $. Pour un salaire moyen de 11
$, de 7,17 $ à 11 $, et de 6,50 $ à 11 $ comme salaire horaire
moyen, je ne pense pas qu'on décrète ici, qu'on émet un
décret punitif tenant lieu de convention collective. On respecte
intégralement la version globale que nous avons déposée en
dernière instance, vendredi dernier. On offre même une
rétroactivité, parce que ces gens-là étaient tous,
ou pour la plupart, nouvellement accrédités. Il y a au moins 55%
à 60% de ce personnel qui en sont à leur première
convention collective de sorte que, depuis 1983 et, pour d'autres, 1984, on est
en instance d'accréditation ou en début de négociation. Il
y a aura une rétroactivité annuelle, c'est-à-dire une
rétroactivité versée et ce, avant même l'application
dudit contrat que nous offrons en termes de décret aujourd'hui, de 2000
$ pour chaque employé à temps plein et de 1000 $ pour chaque
employé à temps partiel. Les vacances annuelles ont toujours
été de deux semaines au maximum. Selon leur ancienneté,
les employés pourront avoir trois semaines et même quatre
semaines. Cela passe de 4% à 6,5% et à 8%. Ce n'est pas un
décret punitif qu'on offre. Les congés fériés, ils
en avaient sept jours annuellement, en 1985, il y en aura onze, en 1986, douze
et en 1987, treize, pour rejoindre exactement le même patron de
négociations qu'on retrouve dans le réseau des affaires sociales.
C'est quelque chose d'extraordinaire pour une première convention. Le
gouvernement a accepté avec la partie patronale de calquer les offres
sur le réseau des affaires sociales. On n'offre pas plus, on n'offre pas
moins. On offre ce que le réseau des affaires sociales offrait.
Pour les congés de maladie, cela passe de 3% comme masse à
3,7%. Dans l'assurance-vie, l'assurance-salaire cela passe de 0 à 1,3%
à 2%. Je pourrais continuer. Les uniformes, l'accroissement de la
participation pécuniaire, les activités syndicales qui
étaient nulles, on offre la même chose que le réseau. Dans
les congés sociaux qui étaient nuls, on offre la même chose
que le réseau. Si bien qu'uniquement au niveau des avantages sociaux, on
passe de 11,7% à 20,85%. Ce n'est pas un décret punitif, mais
c'est un décret qui tient compte des offres finales qui les rapprochent
ou qui les calquent sur l'ensemble du réseau des affaires sociales pour
des fonctions comparables.
En plus de cela, j'ajouterai que le décret tient compte de la
formation pour une somme de 452 000 $ par année, le décret tient
compte d'une prime de nuit de 0,47 $ l'heure pour une somme de 287 336 $ en
1985 seulement. Je pourrais continuer. Le congé de maternité qui
n'existait d'aucune façon sera tout d'abord, jusqu'au 1er mai 1985, un
congé sans solde parce qu'il nous faut conclure une entente avec
l'assurance-chômage, mais dès le 1er mai 1985, ce sera un
congé de maternité de même type que celui de l'ensemble du
réseau des affaires sociales. C'est ça qu'on offre. Il faudra
bien discuter des vraies choses. Pas des choses en l'air. C'est 42%
d'augmentation de traitement et c'est 10% à 11% d'augmentation des
avantages sociaux. Si on regarde l'ensemble des avantages, c'est 66% à
toutes fins utiles.
Cela a l'air gros, oui. Cela l'est, oui. Mais je dirais à ceux
qui vont considérer cela trop gros, ceci: Ce sont des gens aussi
qui avaient droit à un certain rattrapage parce que travailler
à 5 $ ou à 6 $ l'heure, avec des risques pour un certain nombre -
je ne dis pas tout le monde, c'est vrai - ce n'est pas tout le monde qui a une
formation assez avancée, mais il y en a un certain nombre dans cela qui
ont une formation intéressante et qui avaient le droit à des
augmentations de salaire importantes. Je pense que c'est, dans ce contexte,
qu'on a fait accepter à la partie patronale, conjointement avec le
gouvernement, de présenter des offres globales qui semblent, en tout
cas, pour le commun des mortels dans la conjoncture économique actuelle,
passablement respectables et intéressantes pour quiconque ne veut pas
faire de luttes inutiles.
Je ne connais pas gros de salariés au Québec qui
passeraient de 6 $ ou de 7 $ l'heure à 11 $ l'heure qui ne seraient pas
satisfaits dans la conjoncture actuelle et n'eut été du
rattrapage, entre vous et moi, qui s'imposait dans ce secteur, ce n'est pas ce
type d'augmentation que nous aurions trouvée dans le décret
tenant lieu de convention collective, parce qu'on sait combien les
augmentations salariales sont minces pour ceux qui n'ont aucun rattrapage
à subir présentement. On le sait très bien, les
conventions sont de l'ordre de 2%, de 3%, de 0%; l'IPC moins 1,5% et on
connaît toutes les formules. Mais si on a consenti, à la table de
négociation, à une augmentation aussi importante de traitement
dans la conjoncture actuelle, c'est parce qu'on reconnaissait d'abord le
rôle important que jouent ces gens-là, le salaire plutôt
modeste qu'ils retiraient antérieurement, et trop modeste, et on a
reconnu, en les apparentant à ceux du réseau, qu'on pouvait se
permettre ce rattrapage important et avec une clause remorque. Si le
réseau évolue, ils évolueront. Je pense qu'il n'y a rien
de plus correct, rien de plus honnête qu'une telle clause qui les rend
parfaitement en équilibre avec le réseau.
M. le Président, pour quelqu'un qui ne veut pas faire de lutte
pour faire la lutte, qui ne veut pas se faire plaisir en faisant le dur, je
pense qu'on retrouve là un décret tenant lieu de convention
collective qui colle aux réalités du milieu, qui colle aux
besoins de ces travailleurs, qui tient compte du rôle important qu'ils
ont à jouer dans le réseau. Ils sont capables, je pense, de vivre
avec un tel contrat et d'être responsables comme ils ont
déjà été capables de le démontrer et qu'ils
vont cesser, dans les plus brefs délais, ces moyens de pression qui,
à mon avis, sont inacceptables. (20 h 30)
Je répète que les responsabilités du ministre des
Affaires sociales ne sont pas exclusivement pour tenter de corriger les
dégâts après une catastrophe. Les responsabilités du
ministre des Affaires sociales sont également là pour
prévenir des catastrophes. Je me sentirais très mal dans ma peau
si je savais, que par négligence ou par manque de colonne
vertébrale, par manque de volonté politique, je me suis
refusé, pour me faire plaisir, une telle loi avant les fêtes, sous
prétexte que je fais plaisir à tout le monde. Je me serais senti
très mal dans ma peau d'apprendre, par la voie des médias
d'information, qu'une personne, à cause d'un délai d'une
demi-heure additionnelle dû à des moyens de pression, a
malheureusement trépassé. Je me serais senti très mal dans
ma peau d'apprendre qu'une folie furieuse d'un conducteur qui fait le fou avec
son ambulance parce qu'il est en moyen de pression a occasionné un
accident et qu'il y a eu des séquelles très graves. Je me serais
senti très mal dans ma peau, M. le Président.
À cause de ma formation syndicale passée, cela m'horripile
toujours d'intervenir par la voie d'une loi. Il n'en demeure pas moins que dans
une société, quelqu'un qui se veut responsable doit assumer
d'abord ses responsabilités et même plier sur certains principes
fondamentaux, quand un principe fondamental est plus fort que l'autre. Si le
droit à la négociation est un droit inaliénable, le droit
à la vie et à la santé est un droit fondamental, lui, et
il n'est même pas négociable. C'est dans ce sens-là que, ce
soir, je dépose ce projet de loi que, j'espère, l'ensemble des
parlementaires vont appuyer en lançant un vibrant appel aux travailleurs
ambulanciers de Montréal pour qu'ils remplissent d'une façon
professionnelle leur travail, qu'ils renouent un peu de ce dialogue avec leur
employeur et que, réciproquement, il n'y ait ni gagnant ni perdant dans
cette affaire mais qu'ensemble, ils puissent se parler, redonner à cette
centrale d'Urgences-santé un fonctionnement normal qui assure à
nos concitoyens le droit à un service de qualité. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, l'Opposition officielle a
consenti au dépôt de ce projet de loi dans une circonstance qui
est justifiée autant par son importance que par son urgence. Son
importance parce qu'elle touche la vie et la santé de milliers de
citoyens de l'agglomération de Montréal; son urgence, parce qu'on
parle d'Urgences-santé justement. Quand la santé et la vie des
gens est mise en danger par quelque partie que ce soit, dans quelque contexte
que ce soit, nous croyons, de ce côté-ci de la
Chambre, que ce n'est pas le temps de faire de la politique, que ce
n'est pas le temps de jouer le jeu politique mais que c'est plutôt le
temps d'apporter son entière collaboration à un gouvernement qui
semble vouloir mettre fin à des moyens de pression, à des
ralentissements de travail qui ont malheureusement déjà mis en
danger la sécurité du public.
J'ai rencontré, comme le ministre l'a fait, les
différentes parties intéressées à ce dossier. J'ai
entendu les griefs des syndiqués ou des représentants syndicaux
envers les employeurs. J'ai entendu les griefs des employeurs envers les
syndiqués ou leurs représentants. J'ai entendu également
les griefs des deux parties plus directement concernées envers le CRSSS
et même le ministère des Affaires sociales.
Le débat d'urgence dans lequel nous nous sommes placés,
parce qu'il faut régler le problème, nous empêche de faire
toute la lumière. Qui a raison? Qui a tort? Est-ce que c'est ça
qui est important ce soir? Cela nous empêche de faire toute la
lumière parce qu'on n'a pas le temps, en fin de session, de la faire. Ce
qui nous intéresse, comme Opposition, c'est de s'assurer que, dès
l'adoption de ce projet de loi, le service sera complet, que les employeurs et
les travailleurs collaboreront avec le ministère pour assurer aux gens,
de la grande région du Montréal métropolitain, des
services ambulanciers de qualité. C'est ce qui nous
intéresse.
Il est certain que si les parlementaires sont obligés
d'intervenir ici, ce soir, c'est parce qu'il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas dans le système. Il est certain, on l'a mentionné
au cours de débats avec le nouveau ministre des Affaires sociales au
cours des deux dernières semaines, que le système hybride - c'est
une admission des deux côtés de la Chambre -qui veut que le
travailleur ne sait pas si c'est avec l'employeur qu'il doit négocier,
le CRSSS ou le ministère, etc., ça n'aide pas. Il va falloir
corriger cette situation.
Il est certain qu'il y a des choses qui ne fonctionnent pas normalement
et rondement au Conseil régional du Montréal
métropolitain. On s'est retrouvé, l'an passé, avec, je ne
dirais pas des ralentissements, mais avec des conflits importants entre les
médecins et l'administration d'Urgences-santé. Aujourd'hui, ce
sont les ambulanciers et peut-être aussi l'administration
d'Urgences-santé.
Il est certain que lorsque le système a été mis en
place, en décembre 1981, par l'un des prédécesseurs du
ministre actuel - je réfère au député d'Anjou - il
est certain que le député d'Anjou, sur le plan des principes,
comme d'habitude, s'est bien exprimé, a réussi à
convaincre tout le monde, mais sur le plan de l'application pratique, ses
qualités d'administrateur commencent à se révéler.
Ce sont d'autres qui héritent des pots cassés.
Le ministre a souligné le contenu du décret sur le plan
des conditions de travail. Ce n'est peut-être pas ce que souhaite ou ce
que souhaiterait le travailleur ambulancier à Montréal qui a
travaillé, avouons-le candidement et franchement, à un salaire
inférieur à ce qui aurait dû être payé au
cours des dernières années. Ce travailleur souhaite sans doute
davantage que ce qui va lui être offert ce soir, à
l'intérieur de ce décret; peut-être même que dans
certains cas, ces travailleurs le méritent. Ce n'est pas
nécessairement, à tous les instants, un emploi de tout repos.
Arriver sur le lieu d'un accident, arriver sur les lieux d'une catastrophe pour
s'occuper des blessés, ce n'est pas nécessairement un emploi qui
n'est pas stressant, ce n'est pas nécessairement un emploi qui ne
demande pas beaucoup de soi-même.
Lorsqu'on parle de conditions de rémunération, il nous
faut en tenir compte comme législateur, et il faut que le gouvernement
tienne compte, comme gouvernement, de ces conditions intrinsèques du
travail que ces employés ont à accomplir. C'est vrai que ces gens
ont du rattrapage à faire, si on les compare aux autres
catégories de travailleurs du secteur public. C'est également
vrai lorsqu'on parle de taux salarial, lorsqu'on parle d'avantages sociaux,
lorsqu'on parle d'un taux salarial moyen qui passe de 6,50 $ l'heure à
11 $, que ce n'est pas si mal comme augmentation; c'est également vrai
que si on additionne à cette augmentation salariale l'augmentation des
avantages sociaux et qu'on parle d'une augmentation moyenne de 66% en pleine
période de crise économique, au moment même où des
centaines de milliers de jeunes au Québec et d'autres travailleurs plus
âgés également sont à la recherche d'un emploi, 66%,
ce n'est quand même pas une taloche, ce n'est quand même pas une
claque, cela reconnaît que ces gens étaient sous-payés pour
le travail qu'ils faisaient.
Ce n'est peut-être pas leur rendre justice, je ne le
prétendrai pas, ce n'est peut-être pas rendre justice à ces
gens sur une base individuelle, compte tenu de la nature du travail qu'ils ont
à accomplir, mais dans le contexte économique et le contexte
budgétaire dans lequel se retrouve la province de Québec au
moment où on se parle, c'est "fair", à mon sens et au sens de
l'Opposition officielle, c'est honnête comme approche. (20 h 40)
C'est certain qu'on pourrait offrir plus, que les parlementaires de ce
côté-ci de la Chambre pourraient dire au gouvernement: vous
massacrez les ambulanciers, vous ne leur donnez pas l'équivalence de ce
qu'a une infirmière auxiliaire. On pourrait entendre les
parties en commission parlementaire et peut-être en arriver
à justifier qu'ils ont un rôle ou une fonction aussi importante
que les infirmières auxiliaires. Peut-être qu'on pourrait
justifier ça, M. le Président, mais on est en période
où dans un dossier il y a du rattrapage important à effectuer et
je pense que sur le plan budgétaire ce rattrapage-là est
effectué. Qu'il n'y ait pas justice complète? Peut-être
qu'à la prochaine négociation, si ces gens agissent comme je
pense qu'ils vont agir, en travailleurs honnêtes et responsables, fiers
d'accomplir les responsabilités qu'ils ont dans la
société, de les accomplir avec compétence et avec
dévouement envers les gens qu'ils ont à soigner, qu'ils ont
à récupérer dans certains des cas. Si ces gens-là
agissent avec la responsabilité avec laquelle je m'attends qu'ils
agissent, ils démontreront peut-être aux législateurs des
deux côtés de la Chambre qu'ils méritaient encore plus que
ce qui a été mis dans le décret.
À la lecture du projet de loi, j'en ai prévenu le ministre
bien honnêtement, j'ai trouvé que les sanctions imposées
à l'employeur et au travailleur, parce qu'il y en a pour les deux, qui
ne donneraient pas un service complet et de haute qualité, sont
risquées, pas pour l'ensemble des travailleurs parce que je suis
convaincu qu'ils vont retourner au travail et vont exécuter leur boulot
de façon professionnelle. Je suis inquiet peut-être pour une
petite minorité qui aurait l'intention de saboter le système.
J'ai dit au ministre, et on en discutera tantôt dans l'étude
article par article, que, de ce côté-ci de la Chambre, on pensait
que, pour des individus qui ont déjà passé outre à
des outrages au tribunal - et ça c'est 50 000 $ et un an de prison, M.
le Président de simples amendes qui ne sont pas tellement
élevées - on discutera des montants tantôt - ne sont
peut-être pas suffisamment dissuasives.
Là-dessus nous donnons avis au gouvernement que dans le but de
s'assurer que c'est tout le monde qui va respecter cette loi, tous les
travailleurs - je pense qu'on a déjà l'assurance que la
majorité va le faire, que l'ensemble des travailleurs, la
totalité de l'aspect.. - il faudrait peut-être prévoir des
sanctions qui iraient jusqu'au congédiement pour ceux et celles qui
oseront mettre en danger la santé et la sécurité du public
en n'obéissant ni au système judiciaire, c'est-à-dire en
défiant les outrages au tribunal déjà émis, ni
à l'Assemblée nationale du Québec, le législateur,
ni au gouvernement du Québec qui est le pouvoir exécutif.
Lorsqu'un individu se considère, dans notre
société, supérieur au pouvoir judiciaire, supérieur
au pouvoir législatif et supérieur au pouvoir exécutif,
peut-on hésiter un seul instant à le congédier, à
le mettre à la porte tout bonnement et tout simplement?
En terminant je fais un appel au ministre pour que le projet de loi, et
c'est encore le temps de le faire, soit amendé de façon à
contenir des dispositions plus sévères pour les quelques
individus qui, peut-être, oseraient défier la loi. S'il n'y a pas
de défiance à la loi, la loi et les sanctions n'auront pas
à être utilisées, mais s'il y avait défiance
à cette loi, s'il y avait un seul travailleur qui osait, de sa propre
initiative, mettre en danger la vie et la sécurité du public, je
ne pense pas qu'il mérite d'être un ambulancier à
Montréal. Je ne pense pas qu'il mérite une fonction aussi
importante dans notre société.
Les sanctions imposées par le ministre sont très faibles
quant aux individus et sont financièrement relativement importantes
quant aux officiers du syndicat et quant à la centrale syndicale, mais
il faut bien comprendre quelque chose, M. le Président. À partir
du moment où, à Montréal, les ambulanciers auront eu un
traitement moyen de 11 $ l'heure, le mouvement va se répandre dans toute
la province. Il faut comprendre cela. Il faut comprendre que ça va se
syndiquer partout. Il faut comprendre qu'il va falloir offrir la parité
aux gens des autres régions. Il faut comprendre cela. Il faut comprendre
que la centrale syndicale, la CSN dans le cas qui nous occupe, va retirer des
revenus importants de cette opération et qu'ils ont des gens pour
calculer combien cela rapporte. Je dis au ministre qu'on joue un double jeu. En
même temps qu'on donne des revenus au syndicat, de l'autre
côté, on leur dit: Prenez donc une partie des revenus pour payer
les amendes ou tous les revenus pour payer les amendes, et un petit peu plus,
mais avec les années vous allez vous refaire. Cela m'inquiète un
peu. Ce qui m'inquiète davantage, c'est de savoir si le gouvernement
présentement a les moyens financiers d'étendre le décret,
qu'on signe ce soir, à l'ensemble de la province de Québec, en
toute justice pour les autres travailleurs ambulanciers. Le ministre m'a
communiqué aujourd'hui des chiffres qui indiquent que le coût
budgétaire pour le trésor québécois de la
présente convention collective ou du décret qui tient lieu de
convention collective était de 6 600 000 $. Cela coûtait 10 000
000 $ avant. Cela va coûter, selon les chiffres du ministre, 16 600 000
$. Il faut au moins doubler cette somme pour couvrir l'ensemble de la province
de Québec. Est-ce que le gouvernement, le ministre des Finances, le
président du Conseil du trésor ont déjà
donné des garanties au ministre dans ce sens-là? C'est important
comme question. Si le ministre n'a pas ces garanties-là, je crains - je
pense que c'est une crainte juste, c'est une crainte raisonnable - qu'on
assiste dans les autres régions du Québec que vous
représentez,
messieurs et mesdames les députés d'en face, à des
moyens de pression également. Je pense que, lorsque le ministre a
défini le rôle du ministère des Affaires sociales, ce
n'était pas strictement un rôle curatif, de soigner et de tenter
de sauver des vies, mais également un rôle préventif. Je
pense que, dans ce dossier-là, il va falloir que le ministre fasse
preuve de prévention.
M. le Président, je ne voudrais pas terminer mon intervention
sans vous mentionner que, derrière ce conflit des ambulanciers, un
conflit demeure tout entier, et cette loi n'y touche pas. Un dossier demeure
aussi capital et ausi important et j'ajouterais aussi urgent, M. le ministre.
C'est le dossier des salles d'urgence. Même la Commission des services
essentiels, qui a adressé on ne sait combien de blâmes aux
syndicats, a parlé d'un problème de salles d'urgence à
Montréal et dans plusieurs régions au Québec. Elle s'est
prononcée sur Montréal qui était chronique, que cette
situation empirait ou caricaturait le moindre moyen de pression utilisé
à Montréal. Quand c'est déjà engorgé avant
que cela commence, le moindre moyen de pression utilisé fait en sorte
que cela éclate complètement, et on ne peut pas risquer cela
à l'avenir. Lorsqu'on parle de faire de la prévention, il y a
également de la prévention à faire au niveau des salles
d'urgence.
M. le Président, comme formations politiques, entre
parlementaires, on doit faire face à des problèmes qui sont,
comme le ministre des Affaires sociales l'a mentionné, souvent
douloureux. Il nous a parlé de son choix entre sa vie ou sa
carrière de syndicaliste avant d'entrer en politique et les choix qu'il
a à faire aujourd'hui comme ministre des Affaires sociales. Ce sont des
choix extrêmement difficiles et il faut établir ses
priorités comme homme d'État responsable. Il faut
également tenter de les établir comme formation politique
responsable. Et lorsque le peuple nous a donné un mandat, il faut
également les établir comme gouvernement responsable si nous
voulons faire preuve de cette responsabilité dans le dossier de la
santé, si notre idée n'est pas encore faite sur les mesures qu'on
devrait prévoir dans le dossier de la santé, en cas de
ralentissement de travail, en cas de grève. (20 h 50)
J'aimerais porter à votre attention la conclusion d'un article
écrit en novembre 1984 par Lysiane Gagnon dans la Presse, article qui
s'intitule "De la vie et de la mort". Je cite Mme Gagnon: "Le gouvernement doit
enfin faire face à ce douloureux problème qu'il a - comme,
d'ailleurs, le gouvernement précédent - toujours, mais toujours
en vain tenté de contourner. Il n'y a pas de pays où les services
de santé sont soumis à de pareilles secousses. Il y a des
grèves nécessaires et, même au sein du secteur public,
où le recours à la grève est plus discutable, la plupart
des grèves sont intolérables, mais pas dans les services de
santé." Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires sociales, votre droit de réplique.
M. Guy Chevrette (réplique)
M. Chevrette: M. le Président, je vais me contenter
purement et simplement, d'abord, de corriger un avancé que j'ai fait.
J'ai parlé de primes de nuit et, vraiment, c'était dans les
dossiers en discussion, mais dans le dossier final, ils ne figurent pas au
décret. Je retire donc cette partie de mon avancé.
Deuxièmement, je voudrais qu'on puisse, le plus rapidement
possible, passer à l'étude article par article. Je sais que nous
avons au moins une bonne heure et demie à deux heures de travail
à faire en commission plénière à cette
Assemblée. Je me contenterai de dire que je fais appel à nouveau
à la conscience professionnelle des travailleurs ambulanciers de
Montréal. J'espère qu'ils sauront reconnaître que ce n'est
pas là un geste punitif mais un geste de responsabilité
vis-à-vis des bénéficiaires et, je pense,
également, un grand pas en avant en ce qui concerne leurs conditions de
travail. Là-dessus, on pourrait se transformer en commission
plénière.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Non, je m'excuse, le
principe... Avant de passer la parole au leader adjoint du gouvernement, je
veux m'enquérir si le principe du projet de loi 23 est
adopté.
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, tel que le prévoit
l'article 106 de notre règlement, je propose donc que nous nous
transformions en commission plénière afin d'étudier ce
projet de loi de façon détaillée.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Très bien. Nous
allons suspendre quelques minutes avant de siéger en commission
plénière.
(Suspension à 20 h 54)
(Reprise à 21 heures)
M. Paré (président de la commission
plénière): À l'ordre! Mesdames et messieurs, la
commission plénière se réunit dans le but d'étudier
le projet de loi 23 article par article. Avant d'appeler l'article 1, est-ce
que, M. le ministre, vous avez des commentaires préliminaires à
faire?
M. Chevrette: Non. Je pense qu'on peut commencer
immédiatement l'étude des articles puisqu'on avait discuté
auparavant le projet de loi, il y a un certain temps, sur la fin de
l'après-midi.
Le Président (M. Paré): Vous êtes d'accord,
M. le député de Brome-Missisquoi?
M. Paradis: Un certain temps veut dire la fin de
l'après-midi.
Interprétation
Le Président (M. Paré): J'appelle l'article 1 du
projet de loi 23, Loi sur la continuité des services et sur les
conditions de travail des techniciens ambulanciers de la région du
Montréal métropolitain. L'article 1 est appelé.
M. Chevrette: Je n'ai pas de remarques particulières. On
sait très bien que dans les circonstances, il y a 18 employeurs, si ma
mémoire est fidèle, qui sont touchés par ce décret
et cette loi qui regroupe 18 associations de salariés dont au moins 16
sont accréditées formellement et 2 en instance
d'accréditation.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 1,
section I, Interprétation, est adopté? M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Juste une précision. La loi s'applique
à l'ensemble des transporteurs ambulanciers et à leurs
salariés.
M. Chevrette: Oui.
M. Paradis: Pour une meilleure compréhension, disons que
l'article 1 n'apporte que des définitions dans le jargon juridique. Pour
qu'on se comprenne mieux, on définit ce qu'est une association de
salariés, ce qu'est un employeur au sens de la présente loi, ce
que constitue une convention collective et qui est un salarié.
M. Chevrette: D'accord. Les trois définitions sont des
définitions standards que nous retrouvons dans l'ensemble des lois ou
des conventions collectives de travail. C'est la même définition,
pratiquement, qu'on retrouve intégralement.
M. Paradis: Adopté.
Continuité des services
Le Président (M. Paré): L'article 1 est
adopté. J'appelle l'article 2, section II, Continuité des
services.
M. Chevrette: Ici, c'est le principe même où "un
employeur doit poursuivre l'accomplissement de ses opérations
habituelles afin d'assurer la prestation normale et le maintien de son service.
Il doit notamment recevoir les demandes qui lui sont faites par la centrale de
coordination mise sur pied en vertu de l'article 18.3 de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et y donner suite,
conformément aux directives et procédures de cette centrale."
C'est l'obligation de respecter l'autorité de coordination qui est
assumée par Urgences-santé.
Le Président (M. Paré): L'article 2 est-il
adopté?
M. Paradis: Je félicite le ministre d'avoir, au niveau des
obligations, maintenu un équilibre entre les obligations d'assumer le
service et par l'employeur et par l'employé. Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Chevrette: L'article 3. "Un salarié doit accomplir tous
les devoirs attachés à ses fonctions en vertu des conditions de
travail qui lui sont applicables sans arrêt, ralentissement ou diminution
de ses activités normales." En d'autres mots, il vise carrément
à arrêter les moyens de pression.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 3, adopté.
J'appelle l'article 4.
M. Chevrette: L'article 4 va dans le même sens. "Il est
interdit à un salarié, par omission ou autrement, de faire
obstacle au fonctionnement normal du service que l'employeur doit fournir
suivant l'article 2." Je vous rappellerai ici que c'est l'au'.orité
d'Urgences-santé quant à la coordination. Si on lie l'employeur
dans le sens qu'il doit respecter les directives d'Urgences-santé, on
doit également assujettir l'employé à ces mêmes
directives parce qu'il est le mandataire de l'employeur.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5.
M. Chevrette: "Une association de salariés et toute union,
fédération, confédération, centrale, conseil ou
syndicat auquel adhère, appartient ou est affiliée une
association de salariés doivent prendre les moyens appropriés
pour amener les salariés que représente l'association de
salariés à se conformer aux articles 3 et 4." C'est ce qu'on
retrouve dans les lois de ce type ou de ce genre qui visent tout simplement...
Parce que vous savez que ce ne sont pas toujours les officiers d'un syndicat en
place qui sont les porte-parole, bien souvent, qui sont les négociateurs
ou qui sont les leaders d'une forme de contestation qui peut survenir. Ce sont
souvent les autorités, soit d'une fédération, soit d'un
palier supérieur qui sont les meneurs de jeu et c'est dans l'optique de
lier l'entité syndicale comme telle, que ce soit l'association, la
fédération ou la centrale.
M. Paradis: Dans le but d'obtenir des précisions de la
part du ministre, quels sont les moyens appropriés que le
législateur sous-entend lorsqu'il utilise cette expression dans le texte
législatif?
M. Chevrette: Le moyen le plus approprié, M. le
député de Brome-Missisquoi, c'est sans doute d'encourager les
gens à respecter la loi, à reprendre le travail normal et
à respecter intégralement les conditions législatives,
donc, à cesser tout moyen de pression.
M. Paradis: Dans le cas où une centrale ou une
confédération demeurerait passive à la suite de l'adoption
d'un tel article, d'une telle loi, est-ce qu'il y a à ce
moment-là infraction?
M. Chevrette: Théoriquement, oui, mais nous aurions
à faire la preuve que c'est par omission dans ce cas-là qu'elle
ne prend pas les moyens appropriés.
M. Paradis: Qu'il y a obligation d'agir et d'agir dans un sens
positif pour la centrale syndicale.
M. Chevrette: Dans un sens positif. Exact.
M. Paradis: Adopté.
Conditions de travail
Le Président (M. Paré): L'article 5 est
adopté. Nous passons à la section III, Conditions de travail.
J'appelle l'article 6.
M. Chevrette: "Au plus tard le 31 décembre 1984, le
ministre des Affaires sociales dépose au greffe du bureau du commissaire
général du travail le texte de dispositions relatives aux
conditions de travail des salariés. Ce texte reproduit les dispositions
du document sessionnel no 242 déposé à l'Assemblée
nationale le 20 décembre 1984." C'est un document qui doit vous parvenir
dans quelques minutes, si ce n'est déjà fait. Ici, c'est que le
décret, tenant lieu de convention collective, a été
déposé en même temps que le projet de loi 23 et il prend
effet quant aux nouvelles conditions de travail à compter du 1er janvier
1985. Donc, le ministre devra déposer au Tribunal du travail lesdits
décrets pour qu'ils soient considérés comme les
conventions collectives. On dit "tenant lieu de conventions collectives". Donc,
ces documents devront être déposés avant le 31
décembre, parce qu'on sait très bien qu'ils entrent en vigueur le
jour du dépôt au Tribunal du travail. Ce n'est qu'une obligation
mécanique qui se veut une application intégrale du Code du
travail. Si c'était l'employeur et le syndicat qui avaient à
signer la convention, ils auraient cette obligation. Donc, comme on se fait le
substitut de l'employeur et du syndicat, on doit se conformer à cette
modalité du Code du travail.
M. Paradis: M. le Président, l'article stipule: "Au plus
tard le 31 décembre 1984, le ministre des Affaires sociales
dépose au greffe du bureau du commissaire général du
travail le texte des dispositions relatives aux conditions de travail des
salariés." Dans les circonstances, on demande à l'employeur et
aux salariés de faire preuve de bonne foi, de faire preuve de
collaboration dans un dossier qui en exige de toutes les parties
impliquées. Dans le document sessionnel no 242, sauf erreur, il est
question de rétroactivité sur le plan salarial. On parle de 1000
$ pour un travailleur à temps partiel et de 2000 $ pour un travailleur
à temps plein. Dans le but de démontrer également que le
gouvernement est prêt à manifester, dans les meilleurs
délais, sa bonne foi envers des travailleurs qui recevaient une
rémunération dont on a dit qu'elle donnait lieu à du
rattrapage, étant donné qu'on est dans la période des
fêtes, est-ce que ce délai, qui est fixé au 31
décembre 1984, pourrait être abrégé de façon
que ces travailleurs et leur famille puissent bénéficier de cette
rétroactivité dans les meilleurs délais, étant
donné que cela aura déjà force de loi dès qu'on
l'aura adopté ce soir?
M. Chevrette: Oui. D'ailleurs, on peut le déposer
dès demain matin. Je peux vous dire que les pourparlers que j'ai eus
avec les représentants du monde patronal, ils n'ont pas l'intention de
les étirer inutilement. Il est question, cependant, d'échange
d'argent parce que vous savez qu'il y a des complexités
d'échanges monétaires
présentement, à cause des fameux formulaires, on paie sur
avance.
Je prendrai les mesures, tant auprès du CRSSS, et j'inciterai,
bien sûr, le monde patronal à faire diligence. C'est de nature
à aider dans les circonstances. Je le reconnais, M. le
député, et je suis d'accord avec vous.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Le député de Brome-Missisquoi -
c'est bien ça, Brome-Missisquoi? - semble avoir en sa possession le
document sessionnel no 242. Moi, je n'ai pas l'avantage de l'avoir en ma
possession. J'estime qu'il est impossible à un député
d'agir de façon responsable sans avoir en main le document dont il
s'agit. Comme je ne l'ai pas, je n'ai pas pu l'étudier. Vu les
dimensions de ce document, je réclame une suspension d'au moins un quart
d'heure pour me permettre de prendre au moins sommairement connaissance de ce
document.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Chevrette: M. le Président, je l'avoue et j'en
conviens, c'est que je croyais qu'il y avait eu 122 copies d'imprimées.
Mais on m'a dit non. Donc, je consens avec l'Opposition à accorder le
quart d'heure demandé par le député de Deux-Montagnes.
M. Paradis: Je pourrais peut-être faire une remarque.
M. Chevrette: Oui.
M. Paradis: Étant donné que le texte proprement dit
du document sessionnel no 242 fait l'objet de l'essence et de la substance,
finalement, de l'article 7 du projet de loi qui est devant nous, nous pourrions
peut-être, si M. le député de Deux-Montagnes - c'est
ça? - accepte d'adopter l'article 6 et traiter du contenu après
la période qu'il faudra donner, si c'est quinze ou vingt minutes pour
passer à travers.
M. Chevrette: Effectivement, même si on fait
référence au texte, on ne parle pas de son contenu dans l'article
6. Ça va?
M. de Bellefeuille: Si cela n'a aucun effet limitatif, je suis
d'accord.
M. Chevrette: Merci. Adopté.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 6 est
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. La
commission va suspendre ses travaux pour une quinzaine de minutes. (Suspension
de la séance à 21 h 12)
(Reprise à 21 h 25)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, mesdames
et messieurs!
Le comité plénier reprend ses travaux.
Nous étions rendus à l'article 7 du projet de loi 23.
M. Chevrette: M. le Président, l'article 7 se lit comme
suit: "À l'égard de chaque employeur et chaque association de
salariés, les dispositions du texte déposé au greffe du
bureau du commissaire général du travail en vertu de l'article 6
constituent une convention collective et le dépôt d'un exemplaire
de ce texte a l'effet d'un dépôt suivant l'article 72 du Code du
travail. "Ces conventions collectives lient les parties du 1er janvier 1985 au
31 décembre 1987."
Vous avez là ce que j'annonçais tantôt dans mon
exposé en deuxième lecture et l'explication que je donnais en
regard de l'article 6. Ces décrets tenant lieu de conventions
collectives deviennent pour les salariés leur contrat collectif de
travail. Le dépôt a le même effet qu'aurait le
dépôt par un employeur et un syndicat en vertu de l'article 72 du
Code du travail.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: L'article mentionne qu'à l'égard de
chaque employeur et de chaque association de salariés... Dans ses
remarques au premier article, le ministre a souligné qu'il y avait deux
entreprises qui n'avaient pas réglé leurs problèmes en
droit du travail strictement sur le plan de l'accréditation. J'ai
posé la question à ce moment-là et vous m'avez dit que les
deux entreprises étaient également visées par cette
convention collective. Est-ce que le libellé même de cet article
nous assure, parce qu'on parle de chaque association de salariés, tant
qu'elle n'est pas accréditée en vertu du Code du travail, est-ce
que ces deux associations ou ces deux compagnies n'échappent pas
à l'application?
M. Chevrette: Dans l'un des deux cas, il y a déjà
une accréditation qui a été contestée et cela prend
une décision du Tribunal du travail.
M. Paradis: Et dans l'autre cas?
M. Chevrette: Je vais demander à Me Brière de vous
expliquer exactement l'objection devant le Tribunal du travail de
sorte qu'on pourra clarifier ce point immédiatement.
M. Brière: Ce que je comprends, c'est que la contestation
qui est en instance ne porte pas sur l'accréditation de tel groupe de
salariés par rapport à tel autre, mais bien sur la question de
savoir si ces gens sont accrédités à l'égard de tel
employeur ou de tel autre employeur. Dans la liste des employeurs qui sont
énumérés à l'annexe, nous avons
énuméré les quatre qui sont susceptibles d'être
reconnus comme étant des employeurs à l'égard desquels ces
salariés sont accrédités de sorte que nous couvrons toute
éventualité de décision du tribunal à cet
égard.
M. Paradis: Vous en avez embrassé aussi large que
possible.
M. Brière: En effet, M. le député.
M. Paradis: Maintenant, cela couvre le cas d'une...
M. Chevrette: Des quatre.
M. Brière: Cela couvre le cas des deux
problèmes.
M. Chevrette: Des deux problèmes?
M. Paradis: Des deux problèmes? Ils sont similaires?
M. Brière: Oui.
M. Paradis: D'accord. L'autre question porte sur la durée
des conventions collectives. Le dernier alinéa de l'article 7 stipule
que ces conventions collectives lient les parties du 1er janvier 1985 au 31
décembre 1987. Il s'agit donc d'une durée de trois ans. Suivant
les informations que j'ai obtenues et que vous connaissez sans doute, le
syndicat demandait une convention collective d'une durée de deux ans et
l'offre patronale était pour une durée de trois ans. Est-ce
exact?
M. Chevrette: Je crois que si. C'est exact mais nous avons mis
aussi une clause remorque qui fait en sorte que si ça évolue au
niveau du réseau, ça évolue au niveau du décret
tenant lieu de convention collective.
M. Paradis: Étant donné qu'il s'agit d'un
décret, est-ce qu'il y a une possibilité d'abandon du
décret pour la formule de convention collective négociée
si jamais les parties en venaient à une entente en cours de route? (21 h
30)
M. Chevrette: M. le Président, comme on dit que ce
décret tient lieu de convention collective, en tout temps en cours de
convention collective, d'un commun accord ou de consentement des deux parties,
on peut modifier en tout ou en partie ledit contrat. Donc, en les
assujettissant au Code du travail, cette possibilité demeure
possible.
M. Paradis: Cela va pour l'instant.
M. de Bellefeuille: M. le Président, dans le document
sessionnel 242, page 48, article 30.01, salaires, je note que l'échelle
prévue va de 885 $ à la probation à 1165 $ au
huitième échelon. Est-ce que le ministre peut nous dire quelle
est la moyenne canadienne pour les ambulanciers syndiqués?
M. Chevrette: Je ne pourrais vous parler de la moyenne canadienne
à ce moment-ci. Je pourrais vous parler de la plus grosse convention
québécoise cependant. Si ma mémoire est fidèle
c'est Lépine à Québec qui est à 8,25 $ l'heure,
maximum, mais la majorité se situe entre 5 $ et 6 $.
M. de Bellefeuille: Syndiqués?
M. Chevrette: Syndiqués et non syndiqués.
M. de Bellefeuille: Est-ce que le ministre est en mesure de nous
dire quelles sont les données correspondantes à Toronto,
étant donné que le gouvernement aime beaucoup les comparaisons
avec l'Ontario?
M. Chevrette: Non. Notre politique salariale, M. le
député de Deux-Montagnes, n'est pas basée sur des
comparaisons interprovinciales. Vous savez très bien que la politique
salariale est en comparaison avec des fonctions similaires à
l'intérieur même du territoire québécois.
M. de Bellefeuille: Est-ce que le ministre peut nous dire quelle
est la fonction qui a servi de terme de comparaison?
M. Chevrette: La fonction qui a servi de terme de comparaison a
été le statut d'infirmière auxiliaire.
M. de Bellefeuille: Est-ce que le ministre considère
qu'une infirmière auxiliaire porte le même type de
responsabilités, a autant de décisions à prendre et fait
face à autant de risques dans le cadre de son travail qu'un
ambulancier?
M. Chevrette: L'infirmière auxiliaire a des exigences
très grandes avant d'obtenir son statut, tant au niveau de la formation
que de la préparation comme telle. Au niveau des ambulanciers, la
formation est très disparate. Vous pouvez avoir un secondaire I, un
secondaire II, un secondaire
III. Il y en a quelques-uns qui ont même un DEC, qu'on appelle les
paramedics. Mais ils ont négocié cela de la façon
suivante. Ils n'ont pas négocié en fonction de la qualification
ou des exigences qu'on devrait avoir. Ils ont négocié en fonction
du statut d'ambulancier ou de chauffeur de médecin. À partir du
moment où vous faites votre lit en fonction du poste et non pas des
exigences, vous bâtissez l'échelle de traitement que vous voulez
bien bâtir. C'est évident qu'ils auraient aimé avoir moins
d'échelons. C'est évident qu'ils auraient aimé être
comparés à un technicien, par exemple, au lieu d'une
infirmière auxiliaire. Mais on ne peut pas définir une politique
salariale en fonction d'un statut; c'est aussi en fonction des exigences d'un
statut qu'on doit le regarder. Dans les circonstances, avec la connaissance que
l'on a, cela nous apparaissait juste et raisonnable.
M. de Bellefeuille: Est-ce qu'on n'attend pas de l'ambulancier
qu'il puisse faire face à un grand nombre de situations
extrêmement délicates où il faut manifester un sens
élevé des responsabilités et savoir intervenir rapidement
et efficacement pour sauver des vies humaines et pour diminuer l'ampleur des
dégâts sur la santé des gens, ce qui suppose une
préparation adéquate? Il me semble qu'on devrait souhaiter que
les ambulanciers aient cette préparation adéquate et que, par
conséquent, l'échelle de salaire en tienne compte.
M. Chevrette: M. le député, je vous ferai remarquer
qu'avant votre arrivée, j'ai aussi souligné que le gouvernement
et la partie patronale avaient consenti une somme de 452 000 $ annuellement
pour la formation. C'est précisément pour mieux les
préparer à assumer pleinement ces exigences qui sont dues au
poste. Il est évident que plus la profession d'ambulancier - si je peux
me permettre le mot "profession" - va se spécialiser, plus il y aura de
gens qui vont se rendre aux exigences normales dont je parlais tantôt, du
statut ou de l'individu ambulancier, eh bien, il est évident que plus
les comparaisons pourront changer.
M. de Bellefeuille: Quelle est la durée du décret
tenant lieu de convention?
M. Chevrette: La durée de la convention ou du
décret tenant lieu de convention collective est de trois ans. Je
rappelle qu'ils partent d'un salaire moyen de 7,17 $ ou 6,50 $, selon l'une ou
l'autre des deux catégories, et qu'il y a un saut à 11 $ l'heure.
En plus, il y a une clause remorque les alignant régulièrement
sur le réseau si cela se modifie dans le réseau.
M. de Bellefeuille: II y a ensuite, M. le Président,
à l'article 30.02, la majoration des taux pour la période du 1er
janvier 1985 au 31 décembre 1985 où on prévoit une
majoration dont la valeur est égale au pourcentage d'accroissement de
l'indice des prix à la consommation au cours des douze mois
précédents, moins 1,5%. Est-ce que le ministre peut nous
expliquer quelle est la raison de ce moins 1,5%?
M. Chevrette: C'est très simple. C'est que le gouvernement
et la partie patronale, en l'occurrence les 18 employeurs qui faisaient partie
du cartel des négociations, appliquent intégralement la
cohérence de la politique salariale appliquée dans tous les
secteurs de la fonction publique, y compris les fonctionnaires, les gens des
hôpitaux, les enseignants. C'est la formule salariale qui a
été adoptée, c'est IPC moins 1,5%, ce qui constitue une
preuve additionnelle qu'on les traite exactement comme les gens du
réseau.
M. de Bellefeuille: Mais, je n'arrive pas à saisir la
cohérence de cet aspect du décret, étant donné
qu'il s'agit de travailleurs du secteur privé.
M. Chevrette: Mais ces gens-là sont
considérés comme étant du secteur para ou
péripublic - situez-les comme vous voulez -et l'alignement sur le
réseau... Si on s'aligne sur le réseau en tant que salaires, les
augmentations salariales doivent être être aussi alignées
sur le réseau. Les augmentations salariales, en l'occurrence, dans tout
le secteur du monde de la fonction publique, de l'éducation, du monde
hospitalier... Allez voir n'importe quel salarié de la fonction publique
dans un hôpital présentement, ou même prenez un manoeuvre ou
un ouvrier à l'intérieur d'une commission scolaire pour
l'année 1985, son salaire prévu est IPC - son augmentation de
salaire - c'est l'indice de productivité moins 1,5%.
Une voix: C'est l'indice des prix à la consommation.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
M. Chevrette: Excusez-moi, c'est l'indice des prix à la
consommation, moins 1,5%.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je me souviens des
explications qui nous ont été données à propos de
ce moins 1,5%. Elles étaient fondées sur l'idée que le
public avait une avance sur le privé et qu'il fallait diminuer
l'écart entre le privé et le public. Il fallait, en quelque
sorte, écrêter le public pour que le privé ait une chance
de le rattraper à la faveur des majorations fondées sur l'IPC,
l'indice des prix à la consommation. Là, nous n'avons pas affaire
à
des gens qui étaient, comme on le disait il y a deux ans, gras
durs. Ce sont des gens qui étaient gras durs qu'on voulait ramener
à un niveau comparable au niveau du secteur privé. Là,
nous sommes dans le secteur privé. Il ne s'agit pas de gens qui sont
gras durs. (21 h 40)
Je regrette que le ministre ne puisse pas répondre à la
question que je lui ai posée a propos de la moyenne canadienne et
à propos des salaires correspondants versés à Toronto,
mais, selon les renseignements que j'ai, le sommet de l'échelle à
11,65 $ est très inférieur à la moyenne canadienne et
encore plus inférieur aux salaires correspondants versés à
Toronto. Cela étant, il est clair qu'on a affaire à du
privé et non pas à du public et que les explications, comme on
dit, la rationnelle qui justifiait ou qui, prétendait-on, justifiait le
moins 1,5% ne devrait pas s'appliquer dans ce cas-ci. Il n'y a pas la
même justification.
M. Chevrette: M. le député de Deux-Montagnes, tout
d'abord, si vos informations sont bonnes quant aux salaires des autres
provinces, est-ce que vos informations sont aussi éclairantes quant
à la formation exigée dans les autres provinces?
M. de Bellefeuille: Je crois comprendre qu'il y a, au
Québec en général, un problème quant à la
formation. Vous y avez fait allusion. Vous dites que vous avez vous-même
prévu un fonds pour permettre une amélioration, un rehaussement
des niveaux de formation. C'est excellent. On ne peut qu'encourager le ministre
et ce secteur du travail dans cette direction. Je ne suis pas du tout convaincu
que les niveaux de formation, partout dans le reste du Canada, sont
nécessairement très supérieurs à ceux du
Québec. Ce serait une démonstration qu'il vous appartiendrait de
faire, M. le ministre, et je pense qu'elle n'est pas facile. Je
préférerais me contenter d'une comparaison des niveaux de
salaires s'il y avait moyen de la faire. Je regrette que vous n'ayez pas ces
données. Je n'insiste pas outre mesure là-dessus vu les
explications que vous avez déjà données à cette
Chambre.
Sur le moins 1%, j'insiste. Cela me paraît fondé sur rien
de sérieux. Vous appliquez à ces travailleurs du privé un
raisonnement qui était peut-être valable pour le secteur public,
il y a deux ans, mais je ne vois pas pourquoi.
M. Chevrette: Tout d'abord, M. le député, le
service ambulancier, même s'il est possédé en termes de
propriété par le secteur privé, il est
considéré comme un service public. Première information.
Au sens de la Loi sur les services de santé et du Code du travail
également, c'est considéré comme un service public. Donc,
de deux sources. Troisièmement, quand vous dites que c'est du secteur
privé, prenons le fait que ce soit du secteur privé. On les prend
et on les place au niveau du public. C'est pour cela qu'on va chercher 42% de
rattrapage. Ils sont 42% en retard sur le public. C'est ce qui explique la
grande majoration salariale. Quand ils ont rejoint le public à 11,65%
par rapport à l'appariement des fonctions qu'on fait, est-ce qu'on leur
permettrait d'évoluer plus vite que ce même secteur public qui
leur a permis d'aller chercher le rattrapage? Il m'apparaît que là
ce serait vraiment de l'incohérence quant à la politique
salariale gouvernementale.
Si on les avait laissés en bas du secteur public en termes
d'appariement et qu'on avait en plus coupé le 1,5%, vous auriez raison.
En les plaçant sur un même pied que le secteur public, ils doivent
suivre la progression du secteur public: indice des prix à la
consommation, moins 1,5% qu'on retrouve partout dans la fonction publique qui
permet en même temps à ce secteur privé qui vient
s'apparier au secteur public d'avoir le même traitement, identique,
pleine cohérence.
M. dé Bellefeuille: Je vois mal que le ministre puisse
avoir raison sur les deux points en même temps. Ou bien il a raison sur
un, ou bien il a raison sur l'autre, pas sur les deux. Ou bien on a affaire
à des travailleurs du secteur public et alors le point de comparaison
qui a été choisi ne correspond pas au niveau des
responsabilités et au niveau de dangers dans l'exercice des fonctions
d'ambulanciers. Ou bien on a affaire à des travailleurs du secteur
privé et alors il n'y a pas de raison pour que le moins 1,5% s'applique.
Le ministre doit choisir l'un ou l'autre.
M. Chevrette: Je ne prétends pas qu'on a la science
infuse, ni au Conseil du trésor pour faire l'appariement. Je ne suis pas
sûr qu'on a la vérité absolue. Ce n'est pas cela que je
dis. Il fallait un point de comparaison. Le point de comparaison, quand on
regarde l'infirmière auxiliaire avec les exigences qu'on requiert d'elle
pour y arriver, par rapport à la fonction risque qu'il y a au niveau
ambulancier, mais dont les exigences ne sont pas les mêmes, on trouvait
que c'était un point de comparaison valable. On peut se tromper. Je ne
dis pas le contraire, mais partir de 7,17 $ ou de 6,50 $ pour monter à
11 $ le salaire moyen, c'est tout un bond, ça, M. le
député, dans une conjoncture économique comme celle qu'on
traverse et non seulement c'est tout un bond, c'est aussi de reconnaître
de facto la valorisation du travailleur ambulancier qui était, à
toutes fins utiles - et dans plusieurs cas - limité à 6 $
l'heure. Il avait les
mêmes risques. Là, on dit: On va l'apparenter à une
fonction similaire. On va l'amener sur un pied d'égalité et plus
que cela, on va leur faire suivre la progression de la clientèle
à qui on l'a apparenté ou appareillé. Il me semble que
c'est passablement un bout de chemin, ça. C'est un très grand
bout de chemin. Je ne vois pas en quoi le gouvernement peut sembler punitif
dans une telle démarche quand des individus vont aller chercher...
Écoutez, de 6,50 $ à 11 $, vous vous êtes imaginés
le pourcentage que cela fait dans ce cas-là?
M. de Bellefeuille: Ce n'est pas sûr là, si... Vous
dites 6,50 $ au huitième échelon? Parce que 11,65 $, c'est au
huitième échelon.
M. Chevrette: Le salaire moyen...
M. de Bellefeuille: Oui, oui, mais vous parlez de la moyenne et
vous comparez au maximum de l'échelle.
M. Chevrette: Je vous ai dit que le salaire moyen serait
dorénavant de 11 $. Correct?
M. de Bellefeuille: Moyen?
M. Chevrette: Oui. C'est ce que j'ai dit.
M. de Bellefeuille: Oui, et vous comparez cela à une
moyenne antérieure ou actuelle...
M. Chevrette: J'ai toujours parlé des salaires moyens
antérieurs et je les répète: Ambulanciers, 7,17 $, passent
à 11 $, donc, près de 3 $ l'heure.
M. de Bellefeuille: Plus le...
M. Chevrette: Plus les congés fériés que
j'ai dit tantôt et plus les autres avantages. Les chauffeurs de
médecins, 6,50 $, passent à 11 $ de moyenne toujours. Bien
sûr, situé dans l'échelle, je n'ai pas le portrait de
chacun des individus. Il faudrait prendre les cas particuliers et j'ajoute
à cela qu'on a eu la formation. On a eu l'accroissement des
congés sociaux, l'accroissement de l'activité syndicale - il n'en
existait pas - l'accroissement au niveau des uniformes, l'assurance-vie, les
congés de maladie, les congés fériés et les
vacances annuelles. Cela fait aussi partie d'une masse financière
globale, une masse monétaire qui s'accroît. N'oublions pas cela et
on sait très bien - M. le député de Brome-Missisquoi l'a
souligné dans son exposé - on sait pertinemment, M. le
député, que le geste qu'on pose vis-à-vis de la grande
région -c'est cela - la grande région de Montréal,
Laval, va s'exporter facilement partout. Je le reconnais, mais si on
pose le geste - et M. le député de Brome-Missisquoi me posait la
question tantôt: Est-ce que vous avez fait des évaluations? Est-ce
que vous avez évalué comment ça vous coûterait pour
exporter tout cela à l'ensemble du Québec? Je lui ai
répondu déjà, hier, dans cette Assemblée au niveau
de l'interpellation. Je lui ai répondu que oui, nous avions fait les
évaluations et quand il avançait que c'était du simple au
double par rapport aux sommes pour l'agglomération de Montréal,
il avait raison.
M. de Bellefeuille: M. le Président, j'ai entendu les
observations du député de Brome-Missisquoi sur le danger que ce
genre d'échelle de salaire fasse tache d'huile et se répande un
peu partout dans les régions du Québec et je vous avoue que je ne
partage pas nécessairement son inquiétude dans la mesure...
M. Paradis: Question de règlement. M. de Bellefeuille:
Oh, mon Dieu!
Le Président (M. Paré): M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je n'ai pas mentionné le danger. J'ai dit que
cela se répandrait. Je n'ai pas dit qu'il s'agissait d'un danger.
M. de Bellefeuille: Ah bon!
M. Paradis: II s'agit de quelque chose qui va se répandre
et en gouvernement prévoyant ou en parlementaires prévoyants, on
doit prévoir...
M. de Bellefeuille: Oui.
M. Paradis: ...que cela va s'étendre et que c'est juste
que cela s'étende.
M. de Bellefeuille: Ah bon, M. le Président! Je suis
heureux d'avoir aiguillonné le député de Brome-Missisquoi
parce que j'apprends qu'il souhaite que cela se répande. Bon! Là,
c'est très bien. Nous sommes d'accord. Je souhaite aussi que cela se
répande parce que je n'aime pas beaucoup une situation dans laquelle,
par exemple, à Saint-Eustache, chez moi, où on est juste en
dehors de la zone touchée par ce décret. Il y aurait
peut-être des chauffeurs ambulanciers à 4 $ l'heure. Vous savez,
les chauffeurs ambulanciers à 4 $ l'heure, cela ne m'inspire pas
particulièrement confiance. Alors, j'espérerais voir un
relèvement des niveaux de formation, un relèvement des niveaux de
salaires partout au Québec. (21 h 50)
Je ne veux pas insister éternellement mais je vois que le
ministre du Travail est
là. Cela fait des mois qu'on lit dans les journaux et qu'on voit
à la télévision des informations sur ce conflit-là.
Cela touche les gens de très près évidemment. Il n'y a
rien de plus inquiétant, de plus énervant que le genre de moyens
de pression auxquels les ambulanciers ont recouru. Cela fait peur au monde
à juste titre. Je voudrais lui demander, puisque le ministre du Travail
est là, s'il pourrait nous expliquer un peu pourquoi ce conflit a paru
si difficile à régler et comment il se fait qu'on en est rendu
à imposer un décret dans ce secteur où il me semble qu'il
y aurait eu moyen, par la conciliation, l'arbitrage ou je ne sais trop quelle
autre méthode, de mettre les parties d'accord pour que,
conformément à notre Code du travail, elles en arrivent
elles-mêmes, librement, à une convention collective.
Le Président (M. Paré): M. le ministre du
Travail.
M. Fréchette: M. le Président, je vais
répondre avec plaisir à la question du député de
Deux-Montagnes.
Simplement à partir des éléments et du contenu de
la loi que le ministre des Affaires sociales vous soumet, vous allez comprendre
que l'on partait de loin au strict plan des salaires, par exemple. L'on partait
de loin du côté du syndicat par rapport à l'objectif qui
était visé. Vous voyez par les chiffres qui sont là
qu'effectivement, il y avait au départ une difficulté profonde,
ne serait-ce qu'au niveau salarial. Dès lors que les services du
ministère du Travail ont été requis en termes de
conciliation, nous avons tout de suite et sans délai mis à la
disposition des parties deux conciliateurs qui ont été
constamment à la disposition complète des deux parties.
Mais il s'est agi effectivement d'un conflit dans lequel les positions
étaient fermes de part et d'autre, un conflit dans lequel les
réclamations - je ne suis pas en train d'évaluer la nature des
réclamations -étaient importantes par rapport à la
situation actuelle. C'était un conflit de travail difficile,
effectivement.
Quant à l'autre phénomène auquel se
réfère le député de Deux-Montagnes,
c'est-à-dire ces moyens de pression qui ont été
utilisés tout au cours du conflit, je vous signalerai qu'à un
moment donné, j'ai pris l'initiative de demander au Conseil des services
essentiels - c'était vers la fin du mois d'octobre - de tenir des
auditions publiques sur l'état de la situation en termes, encore une
fois, des moyens de pression qui étaient utilisés et des effets
qu'ils engendraient. Comme il n'y avait pas de conflit à proprement
parler au sens du Code du travail, ce Conseil des services essentiels ne
pouvait pas émettre d'ordonnance. Il a fait des constatations qui ont
été colligées dans un rapport élaboré et qui
contient des conclusions qui étaient inquiétantes.
À partir de ce moment-là, par ailleurs, et pour la plupart
du temps, si mes informations sont bonnes, ces moyens de pression ont ou bien
diminué ou complètement été arrêtés.
Mais la conciliation a toujours été faite et les officiers du
ministère habilités à faire cette conciliation ont
toujours été là à la disposition des parties.
Le Président (M. Paré): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Chevrette: M. le Président, j'ajouterai qu'il y a eu un
arrêt des moyens de pression effectivement. Il y a eu trois moratoires
consécutifs dans ce conflit: le premier lorsqu'il y a eu intervention du
conseil; il y a en eu un autre lorsqu'on a exigé la présence du
mandaté du ministère des Affaires sociales; après, il y en
a eu un autre, à ma demande, de 18 heures, avant-hier et hier. Donc, il
y a eu trois moratoires comme tels. Mais il faut dire que la partie syndicale,
devant le Conseil des services essentiels, ne reconnaissait pas la juridiction
même du Conseil des services essentiels pour le système
ambulancier de Montréal. Ils ont quitté les lieux sans
s'expliquer et si vous lisez le rapport, les commissaires déplorent le
fait que la partie syndicale n'ait pas assisté aux plaidoiries au moment
des audiences officielles.
M. de Bellefeuille: Je remercie les deux ministres des
explications qu'ils m'ont données. Je ne vais pas insister plus
longtemps, sauf pour dire que je regrette que le gouvernement ne soit pas en
mesure de nous fournir des données comparatives aux moyennes canadiennes
et à l'Ontario, en particulier. Lorsqu'il s'agit des investissements, le
gouvernement ne cesse de nous parler des comparaisons avec l'Ontario; les
libéraux, de leur côté, ne cessent de parler de
comparaisons avec l'Ontario quand il s'agit de la taxation ou du fardeau
fiscal. Nous sommes entourés de comparaisons avec l'Ontario et j'aurais
aimé que nous puissions la faire en cette matière aussi.
M. Chevrette: M. le député, je peux prendre
l'engagement de vous fournir la comparaison salariale, la comparaison des
exigences aussi. Je vais faire fouiller davantage l'appariement par le Conseil
du trésor et on se reverra sans doute.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Paré): Toujours sur
l'article 7, M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Oui, peut-être pour enchaîner à ce
que disait le député de Deux-Montagnes, oui, les libéraux
peuvent vous donner la moyenne canadienne au cent près, le taux horaire,
la moyenne canadienne pour les ambulanciers: 15,92 $ l'heure.
M. Chevrette: II y a une différence de 14 ans de
scolarité.
M. Paradis: 15,92 $ l'heure. Là où le ministre a
raison, c'est sur le plan des exigences, sur le plan de la qualification
à l'entrée; les données, on ne les a pas. Mais sur le plan
salarial, c'est 15,92 $ l'heure, la moyenne canadienne.
Maintenant, pour en revenir à cet aspect salarial, dans mon
discours, au moment où je suis intervenu en deuxième lecture sur
le principe, j'ai parlé au nom de ma formation politique et j'ai dit
qu'on n'avait pas l'éclairage suffisant présentement, comme
formation politique, pour savoir s'il s'agissait d'un règlement juste
sur le plan pécuniaire. Il aurait fallu entendre les parties, entendre
l'ensemble de leur argumentation et pouvoir juger des points de
comparabilité du gouvernement et du Conseil du trésor et de la
partie syndicale, de l'autre côté. À partir du moment
où on aurait eu tous ces éléments, on aurait pu, comme
parlementaires, se former un jugement cent par cent dans ce décret et
dans cette convention collective.
J'ai quand même dit, à cause du rattrapage qui était
plus que mérité et plus que dû dans le système, que
cela me paraissait quelque chose - je n'ai pas trouvé l'expression
française propre - de "fair" dans les circonstances. Je suis quand
même conscient que si on compare le tarif maximal offert de 11,94 $
à celui des infirmières auxiliaires de 12,18 $ et cela, en
situation où l'infirmière auxiliaire n'a pas ce qu'on appelle des
primes si elle travaille dans un milieu psychiatrique, si elle travaille dans
une salle d'urgence, etc., il y a des choses qui s'ajoutent. On ne parle pas
non plus de l'espèce d'augmentation de salaire, parce que c'est à
cela que ça revient finalement sur le plan horaire, lorsque les repas
sont meilleur marché, lorsque c'est moins cher dans les hôpitaux,
etc. On ne parle pas non plus du fonds de retraite. Ces gens du secteur public
participent au RREGOP.
Je tente de me placer ce soir dans la peau d'un ambulancier, qu'il soit
de formation universitaire, collégiale ou primaire ou secondaire, je me
dis que sa fonction comporte quand même des risques. Lorsqu'on pense
à un véhicule qui roule en pleine course folle dans les rues de
Montréal, avec les sirènes, il lui faut se déplacer
rapidement et il y a un risque pour l'employé comme tel du service. Je
pense à des cas d'intervention lors d'incendies; ces gens risquent leur
vie autant que le pompier qui a à intervenir dans le cas d'incendies. Je
pense à l'ambulancier qui va aller secourir un travailleur dans une
crevasse, dans un trou, au moment où il y a un pipeline. Les dangers
d'éboulement sont là pour lui aussi autant que pour le
travailleur qui y travaille lorsqu'il va le secourir. (22 heures)
On peut imaginer toutes sortes de situations qui sont à haut taux
de risques. D'ailleurs, ce haut taux de risques, ce n'est pas le
député de Brome-Missisquoi qui vous le dit comme ça, je
pense que si on prend les propres statistiques gouvernementales et qu'on
regarde combien coûte la portion de la CSST à l'employeur, c'est
basé suivant l'analyse qu'en fait le gouvernement du risque d'accidents
que peut subir un travailleur. Je pense que la moyenne provinciale se situe -
le ministre du Travail est ici, il pourra me corriger - autour de 3%. Les
ambulanciers, sauf erreur, sont à 7,83%. Donc, le gouvernement
lui-même est conscient, je pense, qu'il s'agit d'une occupation qui est
quand même risquée.
Le syndicat prétend, ce sont les prétentions qu'ils ont eu
le temps de nous fournir ex parte rapidement, que le travailleur ambulancier
devrait connaître une échelle salariale apparentée ou
comparable à celle d'un technicien d'hôpital. Je pense que le
ministre doit être suffisamment au courant, si on prend le technicien
d'hôpital à l'échelle 8, le tarif horaire est de 13,23 $ de
l'heure. Le fait que ces gens-là travaillent des heures brisées,
ce ne sont pas nécessairement des heures qui se suivent, c'est la
même affaire pour le travailleur ambulancier, on ajoute 0,32 $. On sait
qu'il y a une prime de stress pour des gens qui travaillent dans des secteurs
des hôpitaux psychiatriques, etc., on pourrait dire qu'il y a
également du stress dans le secteur ambulancier, c'est 0,20 $ de l'heure
de plus, ça nous amène à 14 $ l'heure. Indexé en
janvier avec la situation de rattrapage, ça donnerait 14,58 $. La
conclusion du syndicat est celle-ci: oublions les 0,08 $ et arrivons-en
à 14,50 $; 14,50 $ dans le contexte actuel, si on prend le salaire moyen
d'avant et là je compare ce qui n'est pas comparable, un maximum avec un
salaire moyen, je vous le dis avant que vous ne me l'indiquiez - ça
donnerait quand même une augmentation de 8 $ l'heure pour le moment.
Ce que le ministre offre au niveau du salaire moyen c'est 11 $
plutôt que 6,50 $, une augmentation de 4,50 $ de l'heure sur le plan
salarial proprement dit.
On n'est peut-être pas juste. Il aurait fallu que je fasse
l'étude au complet pour pouvoir dire ce soir ici: j'ai nettement,
fondamentalement et foncièrement
l'impression d'être juste. Quand je regarde le contexte, quand je
regarde le rattrapage qui est justifié, quand je regarde le chiffre
auquel on en arrive, quand je regarde l'argent qui est mis pour la formation du
personnel également, on parle de 452 000 $ par année pendant les
trois prochaines années, et je me dis que c'est réouvrable en
tout temps pendant les trois ans. Si les gens deviennent mieux formés,
si les gens profitent au maximum des sommes disponibles à ce
moment-là, si les gens, dans un contexte qui est moins tendu, pas dans
un moment où la vie et la sécurité de la population sont
en danger, sont capables de démontrer à l'ensemble des
parlementaires que ce n'est pas, encore une fois et je le répète,
un dossier où on doit faire de la politique, sont capables de
démontrer à l'ensemble des parlementaires que le salaire canadien
moyen est de tant, qu'ils ont la même formation et l'équivalent
qu'ailleurs, nos amis d'en face étant devenus eux aussi, dans les
récentes semaines, de nouveaux fédéralistes, j'imagine que
ça va leur tenter de s'aligner sur ce qui se passe dans le reste du
Canada. À ce moment-là, avec une formation égale, on
pourra comparer ce qui est comparable dans tout le Canada et peut-être
qu'on pourra arriver à donner des augmentations.
Pour le moment, cependant, avec l'éclairage qu'on a, en pesant le
peu d'éléments qu'on nous a donné à peser, en
tenant cela pour acquis et en tenant compte surtout du fait qu'il y a du
rattrapage et que ce rattrapage, on le sait, on en a discuté au cours de
la semaine, va également s'effectuer dans l'ensemble des régions
du Québec, en tenant compte de l'effort budgétaire que ça
va demander également au gouvernement - l'effort budgétaire pour
le gouvernement ce sont tous les contribuables qui nous écoutent ce soir
- je dis que ce n'est peut-être pas la solution idéale parce que
la solution idéale c'est une convention collective
négociée entre deux parties, en tenant compte du fait
également qu'on n'est pas entre une partie patronale et une partie
syndicale comme de coutume, mais qu'il y a une situation un peu hybride. Il va
falloir également regarder cette situation et tenter de la corriger pour
ne pas se retrouver dans des situations comme celle où on se retrouve ce
soir à la toute dernière minute. En regardant tout cela, je me
dis que ce n'est peut-être pas tout le monde qui a justice dans le
présent débat. Peut-être que personne n'a justice
même dans le présent débat. Je me dis que celui et celle
à qui il nous faut donner justice immédiatement, c'est le malade,
c'est celui qui a besoin des transports ambulanciers. Je pense que, de part et
d'autre, d'arrêter au chiffre auquel le ministre s'est
arrêté, il y a un effort de compromis raisonnable. C'est "fair".
À ce moment-là, si tout le monde part de cette situation,
collabore et tente d'améliorer des choses au niveau de la formation,
etc., il y a peut-être des possibilités d'avancement et je
souhaite qu'elles soient à court terme pour tout le monde. On le
souhaite de tout coeur, mais cela fait quand même un bloc de
départ qui, pour nous, est acceptable dans les circonstances.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le ministre des
Affaires sociales.
M. Chevrette: II y a quelques points que je voudrais relever
très brièvement. Tout d'abord, je vous ferai remarquer, M. le
Président, que je considère aussi qu'on ne peut se vanter,
personne, de dire qu'il y a peut-être justice, mais il y a une question
de responsabilité aussi vis-à-vis de l'administration et la
capacité de payer par rapport à l'effort assez grand qu'on fait
en termes de rattrapage, sachant - M. le député de
Brome-Missisquoi me l'a demandé personnellement - que vous êtes
bien conscients que cela peut avoir des répercussions sur l'ensemble des
réseaux dans tout le Québec. Je lui ai répondu oui et nous
avons même fait faire l'évaluation de ce qu'il en coûterait
au gouvernement pour avoir le même patron à l'ensemble du
Québec. Quand vous administrez des deniers publics, il faut que vous
soyez conscients que si vous posez un geste, il y a un précédent
-c'est clair - qui se crée et qui va se répandre très
facilement. Au moment où on se parle, la rive sud est en pleine
négociation et il y en a d'autres qui veulent faire exactement d'autres
exportations du régime de Montréal comme tel. C'est clair. Et si
on vient me dire que ce n'est pas un pas important qu'on fait là... Je
connais des salariés, et vous aussi en connaissez, qui gagnent, au
moment où on se parle, 4,30 $, 4,40 $ ou 5 $ l'heure, et la justice,
c'est qu'ils devraient gagner 12 $ et 13 $, mais les marchés font en
sorte que la concurrence exige qu'ils ne peuvent pas avoir plus. Il y a des
réalités dans la vie dont il faut tenir compte, quand on discute,
et non pas exclusivement des points bebêtes de comparaison qui sont
vrais. Il faut aussi regarder les pas que vous franchissez vers cette
équité, conformément à vos capacités de
payer. C'est de même que je le vois également. Sinon où
s'en irait-on? Si on n'assumait jamais une contradiction, si on avait un
objectif et si on disait: C'est cela l'objectif; c'est cela qu'on fait,
où serait-on, collectivement, sur le plan financier? Si on donnait
essentiellement la justice à chacun des travailleurs
québécois? Je peux vous dire qu'il y a des clientèles qui
sont encore pires que celle-là.
Le Président (M. Paré): Merci. M. le
député de Marie-Victorin.
M. Pratt: Dois-je comprendre que ce décret qui a une
durée de trois ans sera limitatif aux associations mentionnées en
index, aux 18 associations, ou si d'autres associations ou d'autres compagnies
privées d'ambulances sur le territoire de Montréal qui pourraient
être formées et obtenir leur permis seraient soumises aux
mêmes conditions que le décret l'indique?
M. Chevrette: Elles ne seraient pas soumises aux mêmes. Je
pense qu'il faudrait à ce moment-là qu'il y ait une signature
entre l'employeur et l'association accréditée. La loi n'a pas une
clause d'expansion à d'autres nouveaux permis qui pourraient être
émis. Mais il est évident que, comme on a une même base de
paiement pour l'employeur, j'avoue que les salariés sont bien
placés si jamais il se créait une compagnie additionnelle, qui
viendrait s'ajouter à la liste des 18, s'il s'en créait une 19e,
sachant que le gouvernement paie en fonction de ces conventions collectives
déjà signées. Donc, c'est un taux horaire ou un taux
à l'acte, au voyage. Écoutez! C'est bien évident que ces
gens-là de facto ou presque automatiquement se verraient octroyer les
mêmes conditions de travail.
M. Pratt: Cela veut dire qu'ils pourraient s'inspirer très
facilement des conditions qui sont prévues dans le décret.
M. Chevrette: Connaissant la vigilance et la rapidité avec
laquelle le monde syndical est capable de se retourner de bord, cela
deviendrait sans doute un seuil minimum. (22 h 10)
M. Pratt: D'accord.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Sanctions
Le Président (M. Paré): Adopté. Nous passons
à la section IV, Sanctions, article 8.
M. Chevrette: Oui, l'article 8. Je ne sais pas si je dois le
lire. Je vais peut-être le résumer, purement et simplement. Cela
vise exactement à établir les montants des
pénalités, les amendes vis-à-vis des contraventions
à la loi qui, pour l'individu, se situent entre 50 $ et 200 $ par jour
ou partie de jour d'infraction; de 2000 $ à 10 000 $, s'il s'agit d'une
personne qui dirige, un administrateur de compagnie ou de syndicat,
indépendamment l'un de l'autre, c'est-à-dire autant de la part du
patronat... Si, par exemple, un contremaître provoquait ou incitait
à la désobéissance civile, il serait
pénalisé du même coup par une amende de 2000 $ à 10
000 $. En ce qui regarde une association, une union, une
fédération, une centrale ou un conseil syndical, il s'agit d'un
montant de 10 000 $ à 50 000 $ par jour.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Est-ce que le ministre pourrait nous dire
comment cela se compare - je m'excuse, c'est ma mémoire qui fait
défaut - aux amendes prévues dans des lois comparables des
quelques dernières années?
M. Chevrette: La plus récente, c'est la... Cela se compare
tout à fait avec celle de la CTCUM.
M. de Bellefeuille: Ce sont les mêmes données, les
mêmes...
M. Chevrette: On me dit que ce sont les mêmes chiffres.
Le Président (M. Paré): Est-ce que cela
répond...
M. de Bellefeuille: Ce qui représente un niveau assez
élevé de sévérité, n'est-ce pas? Ce sont des
peines lourdes. Est-ce que le ministre est certain que ces peines lourdes sont
absolument nécessaires?
M. Chevrette: M. le Président, quand on rencontre un
responsable syndical dans le passage qui nous dit que, quant à lui, cela
va être la loi... Quand on pense que le député de
Brome-Missisquoi nous dit: "M. le ministre, je ne suis pas certain que vos
peines sont assez sévères" et que, vous, vous me dites: "Vos
peines sont trop sévères", ne pensez-vous pas que je dois avoir
un article pas pire parce que je suis dans le milieu de vous deux?
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 8 est
adopté? M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, non.
M. de Bellefeuille: M. le Président, le ministre est un
brillant "debater".
Le Président (M. Paré): M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. de Bellefeuille: Adopté.
M. Paradis: Non, pas adopté, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Non, pas adopté. M.
le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: On est dans un cas où il s'agit de la
santé et de la sécurité du public. On est dans un cas
où les moyens de pression ne sont pas récents. On est dans un cas
où les moyens de pression sont répétitifs. On est dans un
cas où le Conseil des services essentiels s'est déjà
prononcé de façon unanime en disant: "La conclusion unanime du
conseil est à l'effet que la santé ou la sécurité
de la population est gravement compromise par les comportements et les moyens
de pression exercés par les ambulanciers."
On est dans un cas où, sur le plan des infractions - et je
m'adresse à vous également, M. le député de
Deux-Montagnes - pour les personnes qui les commettent, le ministre stipule de
50 $ à 200 $ s'il s'agit d'un salarié ou d'une autre personne
physique non visée dans le paragraphe 2. On est dans un cas où il
y a déjà eu des ordonnances d'injonction interlocutoire
émises qui n'ont pas été respectées et dont les
peines peuvent aller jusqu'à 50 000 $ d'amende, un an d'emprisonnement.
On est dans un cas où les gens impliqués m'ont confié
à peu près la même chose qu'ils ont confiée au
ministre: La loi, passez-la, si vous voulez; on ne la respectera pas.
On est dans un cas où l'autorité judiciaire a
déjà été défiée. On est dans un cas
où l'autorité législative risque d'être
défiée, où l'autorité exécutive risque
d'être défiée. On est dans un cas où les trois
pouvoirs qui font qu'une société puisse fonctionner normalement
risquent d'être bafoués et ce, non pas par l'ensemble des
travailleurs qui n'accueilleront peut-être pas la loi avec un grand
sourire. Peut-être vont-ils sentir que ce n'est pas juste, les
augmentations de salaires et d'avantages sociaux qui ont été ou
qui sont accordées par cette loi et qui s'évaluent à 60%.
Ils n'accueilleront peut-être pas cela avec un grand sourire, mais ils
vont quand même être conscients qu'il y a un effort qui est
fait.
Ma crainte, comme député et comme législateur dans
cette Assemblée, c'est qu'avec 50 $ ou 200 $ d'amende il y en ait
quelques-uns qui se disent: C'est drôlement pas cher. C'est ça, ma
crainte. Ma crainte, c'est que pour le syndicat les amendes de 2000 $ à
10 000 $, s'il s'agit d'un dirigeant, d'un administrateur, ce ne soit pas cher
dans le contexte suivant, M. le député de Deux-Montagnes. Ce
n'est pas cher quand on sait que cela va s'étendre dans toute la
province, les accréditations, et que les revenus des cotisations
syndicales qu'on va aller récupérer dans toute la province de
Québec peuvent servir à payer en partie les amendes. Ce n'est pas
cher dans ce contexte.
Moi, je suis foncièrement convaincu qu'il y a très peu de
travailleurs qui s'apprêtent à défier l'autorité de
l'Assemblée nationale, du système législatif. J'ai une
crainte et j'espère qu'elle n'est pas fondée -je souhaite de tout
coeur qu'elle ne soit pas fondée - c'est que quelques individus tentent
de perturber le service ambulancier. Je pense aux gens qui habitent Laval et la
grande région de Montréal. Je pense à la période
des fêtes qui s'en vient. Je pense à l'Assemblée nationale
du Québec qui va mettre fin à ses travaux, demain. Je pense
à l'augmentation du volume du transport ambulancier dans le temps des
fêtes. Je me dis en mon âme et conscience, comme parlementaire:
Est-ce que je peux me permettre de ne pas suggérer au ministre...
L'individu -parce qu'il n'y en aura pas plusieurs - qui oserait compromettre la
vie et la sécurité du public de toute cette région, celui
qui oserait défier la loi qui va être adoptée ici ce soir,
est-ce que cet individu mérite ou a suffisamment le sens des
responsabilités pour être l'ambulancier qui va venir me chercher
si je suis impliqué dans un accident demain? Est-ce qu'il a suffisamment
le sens des responsabilités pour accomplir cette fonction qui est
importante dans la société? Est-ce qu'il a suffisamment le sens
des responsabilités pour aller chercher mon grand-père, ma
grand-mère, mon frère, ma soeur? Est-ce qu'il l'a? Ou le
gérant de caisse populaire? Quel que soit l'individu, est-ce qu'il a
suffisamment ce sens des responsabilités?
La réponse que j'y apporte personnellement, c'est non. Il n'a pas
ce sens des responsabilités. Donc, il ne devrait pas être
ambulancier. C'est là le sens de mes interventions. Si vous pensez - et
vous pouvez le suggérer au ministre parce que vous avez le droit de
parole comme parlementaire, M. le député de Deux-Montagnes -qu'un
ambulancier qui, demain ou à compter de l'adoption de cette loi, par ses
gestes, par ses omissions mettrait en danger la vie ou la
sécurité d'un seul citoyen de la région de Montréal
est quelqu'un de suffisamment responsable pour être ambulancier, on
diverge complètement d'opinions, vous et moi, là-dessus.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Paré): M. le ministre. (22 h
20)
M. Chevrette: J'ai juste un
commentaire très bref à faire, à la suite de ce que
vient de dire le député de Brome-Missisquoi. Il est en opposition
avec le député de Deux-Montagnes, à toutes fins utiles. Je
n'ai fait que constater les deux points de vue sans donner mon opinion,
tantôt. II existe, en fait, trois possibilités, quand on regarde
la situation où on aura un décret tenant lieu de convention
collective. Quelqu'un qui ne respecte pas les normes de travail prescrites est
soumis à l'application de la convention. Donc, l'employeur a un droit de
gérance et un droit d'application de mesures disciplinaires pouvant
aller jusqu'au congédiement, ce qui donne un pouvoir disciplinaire
maintenant qu'il y aura un décret tenant lieu de convention collective;
il y a un deuxième pouvoir qui est le pouvoir de recours devant les
tribunaux civils, lequel existe en tout temps et un troisième pouvoir
pénal, celui qu'on ajoute ce soir via le projet de loi 23.
Je vous avoue que je conçois, cependant, qu'un petit nombre
pourrait se permettre de l'extravagance dans les circonstances. Je le
conçois, mais je pense qu'on a les moyens, via l'application même
du contrat collectif de travail ou du décret tenant lieu de convention
collective, d'arriver exactement aux mêmes fins en responsabilisant
davantage l'employeur vis-à-vis de l'application de son propre contrat
collectif de travail.
D'ailleurs, M. le Président, je terminerai par un amendement
parce qu'il y a une coquille dans la loi. Au paragraphe 2, il est écrit:
"S'il s'agit d'une personne qui, le 20 décembre 1983." Il faudrait lire
"1984".
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. L'article 8
tel qu'amendé est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
donc l'article 9. Oui, M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: J'aurais encore plusieurs choses à dire pour
convaincre le ministre, mais je vais me fier à son jugement dans la
situation et je n'ajouterai pas, parce qu'ajouter sur ce sujet pourrait tout
simplement diminuer les chances de réussite, finalement, de la tentative
de garantir le service, qu'on fait de bonne foi, je pense, tout le monde dans
cette Assemblée ce soir et la faire achopper. Je veux simplement dire au
ministre que je souhaite qu'il possède suffisamment d'outils avec ceux
qu'il a énumérés et que cela aille bien.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le ministre des
Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le député de Brome-Missisquoi, je
voudrais vous dire que j'ai vu des lois où on avait des sommes
aberrantes. Ce n'est effectivement pas en gonflant des sommes d'argent que tu
règles cela. Si, d'une façon préméditée, tu
veux, en bon québécois, te passer la loi loin, c'est
évident que ce n'est pas le genre de clause qui va corriger cela. C'est
au niveau de l'esprit et l'appel, je pense, qu'il faut lancer, c'est au sens
des responsabilités des travailleurs. J'y crois fondamentalement. J'ose
espérer que les moyens, en tout cas, que nous avons, on n'aura
même pas à s'en servir, ni du moyen disciplinaire via les
employeurs eux-mêmes, ni du moyen pénal et encore moins du moyen
civil.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: ...je souhaite comme le ministre qu'aucune de ces
dispositions contenues dans la section IV, qui s'intitule "Sanctions", n'ait
à être utilisée. Sur l'aspect monétaire, je suis
d'accord avec le ministre et c'est pour cela que mon intervention ne visait pas
l'aspect monétaire. Elle visait l'aspect de responsabilité de la
personne à qui, finalement, on confie des vies humaines.
Le Président (M. Paré): Merci. L'article 8 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 9.
M. Chevrette: L'article 9, M. le Président, est
relativement bref: "Une association de salariés qui omet de prendre les
moyens prévus à l'article 5 commet une infraction et est
passible, en outre du paiement des frais, d'une amende de 10 000 $ à 50
000 $ par jour ou partie de jour pendant lequel un salarié qu'elle
représente contrevient à l'article 3." Donc, ici, vous
remarquerez que l'obligation est donnée de prendre les moyens pour la
faire respecter et l'amende porte sur une partie de jour ou une
journée.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 9 est
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 10.
M. Chevrette; À l'article 10, au lieu de "l'association",
c'est "l'union, fédération, confédération,
centrale, syndicat qui contrevient à l'article 5." C'est la même
formulation ou à peu près, où on lie d'une façon
particulière les centrales, les structures auxquelles peut appartenir
une union de base.
Le Président (M. Paré): L'article 10 est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 11.
M. Chevrette: Pour l'article 11, je vais demander à Me
Brière, puisque c'est une formulation technique, de nous
l'expliquer.
Le Président (M. Paré): M. Brière.
M. Brière: Oui, c'est une disposition qui facilite la
preuve, qui évite de faire une double preuve lorsqu'une preuve a
été faite dans le cas d'une association ou d'un de ses
dirigeants. Cela permet, au fond, d'éviter de faire une deuxième
fois la preuve d'une contravention. C'est un peu classique dans ce type de loi
également.
Le Président (M. Paré): L'article 11 est-il
adopté?
M. Paradis: C'est peut-être classique dans ce type de loi,
mais il s'agit quand même d'un renversement du fardeau de la preuve.
Est-ce exact?
M. Brière: Pas tout à fait, M. le
député. Cela évite de faire une deuxième preuve. Il
y a une présomption effectivement qui est établie par cette
disposition, mais ce n'est pas un renversement du fardeau de la preuve.
M. Paradis: Lorsqu'on est présumé innocent dans le
système commun et qu'en vertu d'un tel article on est
présumé avoir...
M. Brière: II faut quand même prouver que la
personne...
M. Paradis: D'après vous.
M. Brière: ...enfin, le dirigeant a acquiescé
à la décision prise par son association. Ce n'est pas comme si,
par le simple fait qu'une personne a commis une faute, une autre était
présumée coupable. Ce n'est pas du tout la même chose. Il
faut quand même établir que tel dirigeant a acquiescé
à l'infraction. Une fois qu'on a prouvé cela, l'association est
reconnue coupable et lui-même, comme dirigeant, est reconnu coupable et
n'est pas passible uniquement des amendes prévues pour les individus,
mais à titre de dirigeant. Mais il n'y a pas de présomption de
culpabilité là-dedans.
M. Paradis: Lorsqu'on lit au texte: "Est réputée
être partie à l'infraction", il faut que la première soit
prouvée...
M. Brière: Effectivement.
M. Paradis: On est à mi-chemin entre la présomption
d'innocence à l'état pur...
M. Brière: Je vous l'accorde.
M. Paradis: ...et le renversement de ce fardeau de la preuve.
M. Brière: Mais encore faut-il faire la preuve d'une
infraction. Dès qu'on a fait cette preuve, on est réputé
en avoir commis une autre. Mais, enfin, il y a une nuance entre cela et une
présomption de culpabilité.
Le Président (M. Paré): L'article 11 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 12.
M. Chevrette: L'article 12 se lit comme suit: "La poursuite d'une
infraction prévue aux articles 8 à 11 est intentée suivant
la Loi sur les poursuites sommaires par le Procureur général ou
par une personne qu'il autorise généralement ou
spécialement par écrit à cette fin". Donc, c'est la
modalité de poursuite.
Le Président (M. Paré): L'article 12 est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Donc, nous
passons à la section V, Dispositions finales. J'appelle l'article
13.
Dispositions finales
M. Chevrette: L'article 13. "La section II cesse d'avoir effet le
31 décembre 1987 ou à une date antérieure fixée par
décret du gouvernement". En d'autres mots, si on ne se laissait pas la
porte ouverte par décret, les dispositions pénales demeureraient
tout au cours de l'application du décret tenant lieu de convention
collective, alors qu'ici il y a la possibilité, par un simple
décret, de soustraire la section pénale.
M. de Bellefeuille: À quelle page?
M. Chevrette: À l'article 13.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 13 est
adopté.
M. Chevrette: Non, attendez un peu.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, la section II
est...
M. Chevrette: Ce sont les dispositions pénales.
M. de Bellefeuille: Non, c'est la "continuité des
services."
M. Paradis: Cela crée les infractions.
M. de Bellefeuille: II s'agit de ce qui détermine les
infractions. Ce n'est donc pas seulement la section II. Ce sont les sections II
et IV.
M. Chevrette: La section II cesse d'avoir effet.
M. de Bellefeuille: Oui, mais pourquoi par décret du
gouvernement?
M. Chevrette: Mais dès que la section II disparaît,
M. le député, la section IV n'a plus sa raison d'être.
M. de Bellefeuille: Oui, je comprends bien. Mais quelle est
l'hypothèse dans laquelle vous envisagez que le gouvernement, par
décret, fixerait une date antérieure? (22 h 30)
M. Chevrette: On l'a fait, M. le député, à
la demande de tous les parlementaires en cette Chambre, je ne me souviens plus
à l'occasion de quelle loi. Je ne sais pas si c'est 103, 105 ou 101, je
ne me le rappelle pas. Mais je me souviens qu'on avait une disposition
semblable. N'ayant pas ce mécanisme, on devait présenter un
amendement à la loi pour soustraire la partie qui traitait des peines,
la section pénale de la loi. Il me semble que c'est la loi 101 ou 103,
je ne suis pas certain.
Ici, si tout rentre dans l'ordre dans un laps de temps relativement
acceptable, ce seraient les sanctions prévues au Code du travail qui
s'appliqueraient au lieu des sanctions pénales prévues par cette
loi. Et on le ferait par simple décret, au lieu de revenir devant
l'Assemblée nationale pour amender la loi 23 lorsqu'elle sera
adoptée. Je pense que c'est un mécanisme beaucoup plus souple.
J'ai demandé à M. Brière ce midi de l'ajouter parce que je
me souvenais d'avoir eu à vivre un amendement en cette Chambre sur un
article similaire.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. de Bellefeuille: Où est-il dit dans ce projet de loi
que la loi cesserait d'avoir effet advenant une convention
négociée librement par les parties?
M. Chevrette: II n'est pas nécessaire de l'inscrire parce
que, dès qu'on dit que c'est un décret tenant lieu de convention
collective, il est régi par le Code du travail. Mais les effets de la
loi, par exemple, quant aux sanctions pénales, demeureraient si, par
décret, on ne les faisait pas sauter.
M. de Bellefeuille: Bon, pas de problème.
Le Président (M. Paré): L'article 13 est
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 14.
M. Chevrette: "La présente loi a effet
indépendamment des dispositions des articles 2 et 7 à 15 de la
Loi constitutionnelle de 1982 (annexe B de la Loi sur le Canada, chapitre 11 du
recueil des lois du Parlement du Royaume-Uni pour l'année 1982).
Le Président (M. Paré): L'article 14 est-il
adopté?
M. de Bellefeuille: Est-ce que le ministre est sûr de
vouloir maintenir cet article, étant donné que son gouvernement
est pressé de signer le "Canada Bill"?
M. Chevrette: M. le député, quand vous dites que le
gouvernement est pressé de signer le "Canada Bill", vous faites de la
présomption, d'autant plus que vous êtes passablement dans
l'ignorance de ce temps-ci, parce que vous vous êtes placé
vous-même en dehors de ce même gouvernement.
M. de Bellefeuille: Oh, M. le Président!
Le Président (M. Paré): M. le député
de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je n'ai jamais fait partie du gouvernement et
je n'oserais dire que je m'en flatte, mais j'oserai dire que je m'en
réjouis.
M. Chevrette: Vous n'aviez pas besoin de dire que vous vous en
réjouissez, votre attitude depuis quelques semaines le prouve en
Chambre.
M. de Bellefeuille: Le ministre est très
injuste, il m'est arrivé à plusieurs reprises,
peut-être par distraction, de voter pour le gouvernement.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, sur cet article de loi, comme
à chaque article de loi, moi aussi, avec le virage constitutionnel qu'a
effectué le gouvernement au cours des dernières semaines, je
pensais sérieusement ne plus retrouver un article dans chacune des lois
qui fait que la Charte des droits et libertés, qui s'applique à
l'ensemble des autres Canadiens, ne s'applique pas dans ce cas-ci aux
employeurs ambulanciers et aux travailleurs qui travaillent pour les compagnies
d'ambulance. Il y a quelque 600 travailleurs qui sont privés, par
l'inclusion de cet article 14, de l'application des droits fondamentaux qui
sont reconnus dans la Charte canadienne des droits et libertés. Je
pensais que le gouvernement, s'il est sérieux dans sa nouvelle approche
fédéraliste, s'il nous faut le croire... En effet, on ne sait
plus si on doit le croire - c'est un test de crédibilité - car,
il y a à peine quelques mois, un vote pour un candidat du Parti
québécois était un vote pour l'indépendance et
aujourd'hui, quelques semaines après, un vote pour un candidat
péquiste serait un vote pour du fédéralisme-Une voix:
Pour le "Canada Bill".
M. Paradis: ...pour le "Canada Bill". Mais là encore, dans
ce projet de loi, on est dans un régime un peu hybride.
M. Chevrette: Je peux vous informer de quelque chose.
M. Paradis: Je ne comprends pas et, s'il est adopté, ce
sera sur division, M. le Président.
M. Chevrette: J'ai osé présumer que le
député de Brome-Missisquoi passerait à travers la loi sans
partisanerie. Il a persévéré jusqu'au 14e article et puis
il est tombé. Dommage!
M. Bertrand: M. le Président, il aurait besoin d'un
transport ambulancier, dans les circonstances.
Le Président (M. Paré): Est-ce que j'en conclus que
l'article 14 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 14 est
adopté sur division.
J'appelle l'article 15.
M. Chevrette: Adopté. M. Paradis:
Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 15 est
adopté.
Est-ce que l'annexe est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
les intitulés ou les titres sont adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
le titre du projet de loi est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
le projet de loi 23 tel qu'amendé est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Paré (président de la commission
plénière): Adopté.
Donc, le projet de loi 23 est adopté tel qu'amendé.
M. le Président, je vous informe que la commission
plénière a procédé à l'étude du
projet de loi 23, Loi sur la continuité des services et sur les
conditions de travail de techniciens ambulanciers de la région du
Montréal métropolitain, et l'a adopté avec
amendements.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Ce rapport est-il
adopté?
Des voix: Adopté
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Oui, M. le Président. Je vais, bien
sûr, laisser mon collègue, le leader adjoint, poursuivre les
travaux, mais je voudrais simplement indiquer que Mme la députée
de Chomedey apprécierait que nous puissions, à ce moment-ci, avec
le consentement de la Chambre, déposer le rapport d'une commission.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce qu'il y a
consentement?
Mme la députée de Chomedey.
Projet de loi 222
Dépôt du rapport de la commission qui en
a fait l'étude détaillée
Mme Bacon: Merci. M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements qui a siégé le 20
décembre 1984 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
222, Loi concernant le Parc industriel et technologique
Québec-Sainte-Foy. Le projet de loi a été adopté
avec amendements.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): Rapport
déposé.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous allons maintenant
procéder au stade de l'adoption de ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires sociales, nous en sommes toujours au projet de loi 23.
M. Chevrette: En troisième lecture?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui.
M. Chevrette: M. le Président, je serai relativement
bref...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît; On
vient de me remettre le rapport. Est-ce que ce rapport de Mme la
députée de Chomedey est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
Projet de loi 23 Adoption
M. le ministre des Affaires sociales, sur le projet de loi 23.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Nous venons de passer plusieurs étapes au
niveau de ce projet de loi 23. Nous en sommes rendus à son adoption
à l'Assemblée nationale en troisième et dernière
lecture. J'en profiterai pour rappeler que, si ce projet de loi est venu, c'est
purement et simplement pour s'assurer que les soins ambulanciers à
Montréal ne soient pas entachés de quelque geste
inconsidéré, de quelque geste irréfléchi que ce
soit.
Si le droit à la négociation est un droit reconnu dans les
conventions internationales, je crois que le droit à la santé est
un droit fondamental qui est non seulement reconnu dans le droit international,
mais qui est un droit inaliénable, un droit fondamental que tout le
monde doit respecter et qui doit primer tout autre droit. Dans ce
contexte-là, j'ai la conviction profonde que les salariés,
lorsqu'ils pourront étudier en assemblée générale
cette première convention, parce que n'oublions pas que dans presque 60%
des cas c'est un premier contrat collectif de travail... (22 h 40)
Sans dire que c'est le Pérou, on peut toujours bien dire que
c'est un pas important, une majoration importante du salaire, une majoration
très importante des avantages sociaux, une majoration importante au
niveau de la formation professionnelle qui va leur servir à eux aussi,
bien sûr, pour définir éventuellement et leur profession
progresser davantage au niveau du standard de cette profession et,
également, dans les prochaines années, au niveau de leurs
revendications quant à leur statut.
M. le Président, dans la lignée de tous les
députés qui ont eu à parler en cette Chambre, je lance un
appel à ces salariés syndiqués qui ont déjà
démontré le sens des responsabilités. J'espère
qu'ils sauront le démontrer également dans une période qui
s'annonce encore plus fertile au niveau de leur secteur de travail, parce que
pendant la période des fêtes, il y a un accroissement des urgences
dans l'agglomération de Montréal. J'incite aussi les
propriétaires à collaborer à la restauration de ce climat
de dialogue, de ce climat de non-confrontation pour qu'on puisse en arriver
à vivre en harmonie avec un système qui, je crois, a
été bâti pour corriger un système anarchique, car on
ne doit pas se retrouver dans l'anarchie, comme cela a été le cas
au cours des quelques dernières semaines.
M. le Président, j'ose espérer qu'en cette Chambre ce sera
un vote unanime sur ce projet de loi qui fait appel au sens des
responsabilités, tout en reconnaissant que les salariés ont droit
à une certaine forme de rattrapage, ont droit à une certaine
forme de progression. Je pense que ce projet de loi n'est pas punitif, mais que
c'est un projet de loi qui vise à rétablir des services
essentiels.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, en moins de trois heures,
l'Assemblée nationale du Québec aura adopté un projet de
loi qui vise à assurer la continuité des services d'ambulance et
de véhicules-médecins dans la région du Montréal
métropolitain. Le projet de loi vise, de plus, les conditions de travail
des techniciens ambulanciers qui sont fixées par ce projet de loi pour
trois ans, sauf si, dans l'intervalle, il y a entente entre les parties,
à compter du 1er janvier 1985.
M. le Président, c'est sans hésitation que l'Opposition
officielle a collaboré avec le gouvernement à l'adoption de ce
projet de loi. Quand le Conseil sur les services essentiels, après avoir
étudié les circonstances entourant les moyens de pression qui ont
eu lieu dans l'agglomération de Montréal, conclut unanimement que
la santé et la sécurité de la population sont gravement
compromises par les comportements et les moyens de pression exercés par
les ambulanciers, les parlementaires de cette Chambre n'ont d'autre choix que
d'unir leurs voix.
M. le Président, j'ai dit au niveau de la deuxième lecture
et de la commission plénière, et je le répète en
troisième lecture, que nous aurions préféré
participer à ce débat dans des circonstances moins urgentes, dans
des circonstances où on aurait pu, de part et d'autre, obtenir un
éclairage plus approfondi sur la situation, où on aurait pu
entendre les travailleurs ou leurs représentants, où on aurait pu
entendre les employeurs ou leurs représentants, où on aurait pu
entendre le Conseil régional de Montréal. Mais l'urgence d'une
fin de session nous a obligés à procéder aussi rapidement.
Autant je suis foncièrement convaincu comme parlementaire que nous
n'avions pas d'autre choix que de légiférer dans le but d'assurer
aux gens de la grande région de Montréal des services de
qualité, autant j'ai mentionné que je n'étais pas certain
que tout le monde obtenait justice dans le contenu de ce projet de loi. J'ai
mentionné que je n'en étais pas certain, mais j'ai
également mentionné que les travailleurs et travailleuses - parmi
les 600 ambulanciers, il y a quand même une vingtaine de travailleuses -
obtiennent une majoration de salaire moyen qui passe de 6,50 $ à 11 $
l'heure, et obtiennent un compromis honnête dans les circonstances.
Je pense que, jusqu'ici dans le débat, tout le monde a agi de
bonne foi. Je sais que l'échelle de salaire qui est offerte ne se situe
pas au niveau de la moyenne canadienne. Je sais également qu'il y a des
sommes d'argent qui seront mises à la disposition des travailleurs pour
augmenter leurs qualifications et ' leur formation: 450 000 $ par année
au cours des trois prochaines années. Je sais que ce décret ne
gèle pas dans le ciment les conditions de travail des travailleurs et
des travailleuses pour les trois prochaines années. Je souhaite qu'a
l'intérieur de ces trois prochaines années on puisse en arriver
à une entente négociée entre les employeurs et les
employés. Mais je suis convaincu et je sais que la seule façon
d'avoir des chances de conclure, dans les meilleurs délais, une entente
dont on sera sûr qu'elle sera juste parce qu'elle aura été
négociée, c'est que l'ensengble des intervenants, les employeurs
comme les travailleurs, reprennent immédiatement le travail à
plein régime. Si cette condition est remplie, jamais nous n'aurons
besoin d'utiliser ou le gouvernement n'aura besoin d'utiliser les clauses
pénales prévues au projet de loi.
Dans un contexte où les ambulanciers de Montréal
démontreront qu'ils sont, sans exception - cela ne peut pas être
toléré dans ce domaine - des gens responsables, des gens qui ont
à coeur, d'abord et avant tout, la santé et la
sécurité de la population qu'ils sont appelés à
servir, pour autant que ces travailleurs franchiront cette étape
difficile d'accepter un décret gouvernemental, le feront dignement et
honnêtement, je suis convaincu qu'on pourra compter sur un des meilleurs
services ambulanciers, qu'on pourra également compter sur une
qualité de travailleurs et de travailleuses qui ne seront pas simplement
comparables a l'ensemble canadien, mais qui deviendront les meilleurs au
Canada. C'est cela qu'on vise. À partir du moment où ils le
seront devenus par leur comportement responsable, je crois que le gouvernement
sera alors en mesure d'ajuster leurs conditions salariales et autres à
la moyenne nationale.
J'invite tous ceux et toutes celles qui seront appelés à
donner des services à la population sur le plan médical pendant
la période des fêtes et au cours des mois qui suivront à
collaborer avec le ministère des Affaires sociales, avec le CRSSS, de
façon que personne dans la grande région de Montréal et de
Laval n'ait à souffrir davantage d'un conflit de travail qui a
duré trop longtemps. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le projet de loi 23, Loi
sur la continuité des services et sur les conditions de travail de
techniciens ambulanciers de la région du Montréal
métropolitain, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Comme c'est un peu la coutume, nous allons maintenant
procéder à une série d'adoptions de lois qui ont franchi
les étapes habituelles ou qui vont les franchir dans les minutes qui
viennent. Je vous demande donc d'appeler d'abord pour adoption le projet de loi
8. Il s'agit de l'article 18 de notre feuilleton.
Projet de loi 8 Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le projet de loi 8, Loi
sur la Société de
transport de la ville de Montréal, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint.
M. Blouin: II s'agit de la ville de Laval.
Le Vice-Président (M. Rancourt): De Laval, vous avez
raison.
Projet de loi 9
M. Blouin: Également, l'adoption du projet de loi 9; il
s'agit de l'article 19 de notre feuilleton.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le projet de loi...
M. Blouin: Je vous signale, je m'excuse, qu'il a
été convenu que le ministre apporterait un amendement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord. M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources.
Commission plénière
M. Bertrand: Je m'excuse auprès de mon collègue,
nous devons revenir en commission plénière, à moins qu'il
n'y ait consentement pour qu'on puisse l'adopter en troisième lecture au
moment de l'adoption de la loi; sinon, il faut revenir en commission
plénière.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Y a-t-il
consentement?
M. Bertrand: Cela va? Une voix: Pour procéder.
Le Vice-Président (M. Rancourt): II y a consentement pour
procéder comme si nous étions passés par la commission
plénière? Les écritures seront faites en
conséquence. Est-ce qu'il faut adopter le rapport de la commission
plénière?
M. Blouin: II faut d'abord disposer de l'article.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Bien sûr. M. le
ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Rodrigue: II s'est glissé une erreur dans un chiffre.
Lorsqu'on a transformé des pieds en mètres, il s'est
glissé une erreur que je voudrais corriger à ce stade-ci.
L'amendement a pour but, à l'article 1, deuxième paragraphe, de
remplacer les mots "208,2 mètres" par les mots "211,8 mètres".
(22 h 50)
Le Vice-Président (M. Rancourt): Amendement reçu.
M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce que c'est le moment pour parler sur le projet
de loi?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Non. M. Fortier:
Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): L'amendement est
adopté. Puisque nous avons vécu comme si nous étions en
commission, est-ce que le rapport est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le rapport est
adopté. Nous sommes maintenant à l'adoption du projet de loi. M.
le ministre, voulez-vous intervenir?
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: Cela va être très court. Finalement, il
s'agit d'un projet de loi pour prolonger, pour renouveler un bail qui avait
déjà été consenti à une entreprise qui
exploite des forces hydrauliques sur la rivière du Lièvre.
Finalement, l'entreprise Bellerive-Ka'N'Enda, qui appartient à REXFOR et
qui possède déjà 10% en propre des forces hydrauliques, se
voit consentir par bail les 90% qu'elle exploite déjà par son
usine hydroélectrique. Le surplus de production de cette usine est vendu
à Hydro-Québec, de sorte qu'il n'y a rien qui se perd dans cette
production. Par contre, Hydro-Québec comme telle n'était pas
intéressée à exploiter cette centrale, de sorte qu'il nous
apparaît, dans les circonstances, logique de renouveler le bail de
Bellerive-Ka'N-Enda, d'autant plus que cela va permettre à cette
société de payer des redevances au gouvernement du Québec,
donc, de générer des revenus pour le Trésor public
à même une centrale qui est déjà installée et
qui, si nous ne prolongions pas ce bail, devrait tout simplement arrêter
sa production. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, nous voici à la
troisième lecture d'un projet de loi pas aussi peu important que le
ministre veut bien le dire parce qu'en deuxième lecture j'avais dit que
ce projet de loi donnait un bénéfice de 5 000 000 $ à 10
000 000 $ à une
société qui exploite une ressource hydroélectrique
du Québec. Après étude en commission parlementaire et
après vérification, ayant obtenu certaines informations, on est
en droit d'affirmer que ce projet de loi donnera un bénéfice sur
une période de 40 ans à une filiale de REXFOR de l'ordre de 10
000 000 $ à 15 000 000 $. Je ne crois pas que ce soit aussi insignifiant
que le ministre de l'Énergie et des Ressources voudrait bien le
dire.
Ce qui est désolant, c'est qu'il s'agit d'un projet de loi qui
n'a pas plus de dix articles et, après étude en commission
parlementaire, on s'est aperçu qu'il y avait deux erreurs importantes.
Il y a une erreur que j'ai signalée ici moi-même. En effet j'avais
insisté à deux reprises pour demander au ministre, qui
était assisté de plusieurs de ses collaborateurs et
ingénieurs, si la transcription de la cote du niveau d'eau que la
compagnie devra maintenir était exacte. La cote est indiquée en
pieds et le ministre a proposé un amendement en commission
parlementaire. Alors, j'avais demandé à deux ou trois reprises si
c'était bien là le chiffre exact et il s'est trouvé qu'il
y avait une erreur. Ayant moi-même vérifié sur ma
calculatrice, j'ai dû intervenir ici même pour la signaler, pour
lui dire que, s'il devait maintenir la cote qu'il avait proposée
auparavant, on se trouverait... On parle de trois mètres et, trois
mètres étant dix pieds, c'est donc dire que le
bénéfice qu'on aurait donné à cette compagnie
aurait été très maigre parce qu'elle aurait dû
baisser la capacité de sa centrale hydroélectrique.
Ce qui est plus grave, cependant, c'est qu'il y avait une autre erreur
que le ministre n'avait pas vue. C'est que, et ceci depuis 1906, semble-t-il,
la société Bellerive-Ka'N'Enda, qui n'était pas à
ce moment-là une filiale de REXFOR, avait obtenu les droits fonciers
pour environ 10% de la centrale hydroélectrique. Par la suite, vers
1943, elle a obtenu un bail pour la différence de 90% de la
capacité de la centrale. Il ne s'agit pas d'une très grande
centrale mais il s'agit quand même d'une centrale qui fournit 2600
kilowatts d'énergie électrique et qui permet à cette
compagnie d'obtenir de l'électricité à environ 0,002 $
alors que tout le monde au Québec doit payer 0,02 $. C'est tout de
même assez appréciable.
L'erreur qui avait été faite, c'était d'indiquer
dans la loi que d'ici à 40 ans, le gouvernement se trouverait
propriétaire de cette centrale. Mais de la façon que
c'était inscrit, le gouvernement aurait été
propriétaire, dans 40 ans, de seulement 90% de la centrale. Le ministre
m'a promis que cette erreur serait prise en considération dans la
rédaction du bail. Cela ne me satisfait pas plus qu'il ne faut, parce
qu'il me semble que dans un projet comme celui- là, qui donnera à
Bellerive-Ka'N'Enda ou à la filiale de REXFOR un bénéfice
de 10 000 000 $ à 15 000 000 $, j'aurais cru qu'il aurait
été possible de négocier avec la société
REXFOR, puisqu'il s'agit, de toute façon, d'une société
qui est sous la tutelle du ministre de l'Énergie et des Ressources, pour
faire en sorte que d'ici à 40 ans, le gouvernement ne sera pas
uniquement propriétaire de 90% de la centrale, ce qui est une
impossibilité physique de toute façon, mais qu'il sera
propriétaire de 100% de la centrale et qu'il pourra, à ce
moment-là, en disposer comme bon lui semblera.
C'étaient des erreurs techniques, me direz-vous, mais
c'étaient tout de même des erreurs importantes. Comme il s'agit
d'un petit projet de loi d'une dizaine d'articles, j'aurais cru que le nouveau
ministre aurait suivi de plus près les informations qu'il a
reçues de ses experts. Peut-être qu'il ne faut pas se surprendre
si, moins d'un mois après qu'il eût été nommé
ministre de l'Énergie et des Ressources, le premier ministre lui ait
enlevé aujourd'hui environ les deux tiers de son ministère pour
les confier à quelqu'un d'autre.
Néanmoins, je crois que les raisons que j'ai invoquées en
deuxième lecture, pour dire que nous étions contre le projet de
loi, tiennent surtout au fait que lorsqu'on donne un bénéfice
à une société quelle qu'elle soit,
Il faut savoir si cette société, qu'elle soit du secteur
privé ou du secteur public, a un bilan positif, qu'elle a un plan
d'action bien inscrit, bien déterminé et que le gouvernement a
des assurances que la société en question pourra faire
bénéficier la communauté québécoise d'un
développement économique qu'elle ne ferait pas autrement.
Nous n'avons pas reçu ces assurances, contrairement aux
assurances que nous avons reçues de la compagnie Alcan, ou du moins que
le gouvernement a reçues de la compagnie Alcan. Lorsque nous avons
traité d'un projet de loi semblable, le projet de loi 70. Le
gouvernement n'a pas reçu ces assurances, nous n'avons pas reçu
ces assurances.
Bien plus, au mois de juin dernier, lorsque nous avons
étudié un projet de loi qui traitait de REXFOR, nous avons
posé plusieurs questions en commission parlementaire qui nous ont
mené à la conclusion que le gouvernement n'a pas de politique
forestière bien déterminée, qu'il ne sait pas ce que la
société REXFOR doit faire à l'intérieur de cette
politique forestière et qu'en conséquence le plan de
développement que la société REXFOR avait soumis, il y a
trois ans, n'a pas encore été approuvé par le gouvernement
du Québec.
Dans les circonstances, le gouvernement ne sachant pas où il va
lui-même avec sa stratégie industrielle dans le domaine du bois et
ne sachant pas quelle impulsion, quelle
direction donner à la société REXFOR, nous ne
pouvons acquiescer à la demande de lui offrir un bénéfice
pour une période de 40 ans alors qu'il faudrait de toute urgence revoir
en primeur la mission de REXFOR, s'interroger sur la stratégie
industrielle que le ministère de la Forêt devrait suivre et donner
à REXFOR un mandat qui lui soit propre et qui corresponde justement
à la mission d'ensemble que devrait poursuivre le ministère de la
Forêt.
Maintenant que nous avons un ministère de la Forêt depuis
cet après-midi, peut-être qu'enfin, après tant de mois
pendant lesquels furent ignorés nos commentaires, le nouveau ministre de
la Forêt prendra nos commentaires en considération. C'est la
raison, M. le Président, pour laquelle nous avions proposé en
deuxième lecture que le bénéfice accordé à
la filiale de REXFOR ne le soit que pour une période d'un an ou de deux
ans, justement pour permettre au gouvernement de faire son devoir et
déterminer quelle devrait être l'orientation de REXFOR. (23
heures)
Par conséquent, comme nous ne savons pas où va REXFOR,
comme nous ne savons pas pourquoi le gouvernement donne ce
bénéfice à la filiale de REXFOR, comme nous ne savons pas
ce que la filiale de REXFOR va faire de ce bénéfice de 10 000 000
$ à 15 000 000 $, nous nous inscrivons en faux contre ce projet de loi
qui était mal préparé de toute façon. Nous nous
inscrivons contre le principe de donner un privilège à une
société qui n'a pas donné les assurances
nécessaires au gouvernement du Québec et aux parlementaires de
l'Assemblée nationale, qui n'a pas donné les assurances pour nous
laisser savoir de quelle façon ce bénéfice important
serait utilisé dans le meilleur intérêt des
Québécois. Par conséquent, M. le Président, nous
voterons contre ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources, votre droit de réplique.
M. Jean-Guy Rodrigue (réplique)
M. Rodrigue: M. le Président, le député
d'Outremont ne sait peut-être pas où va REXFOR, mais Rexfor sait
ou elle s'en va et le gouvernement aussi. Le 5 juin dernier,
Il y a eu une commission parlementaire qui a duré une
journée portant sur le projet de loi 66 qui avait pour objet d'augmenter
le capital-actions de REXFOR. Les députés de l'Opposition, autant
que les députés ministériels d'ailleurs ont eu l'occasion
d'interroger abondamment les représentants de la société
REXFOR sur son plan de développement qui serait supporté
par...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Charlesbourg, s'il vous plaît!
Premièrement, si vous voulez parler, assoyez-vous à votre
fauteuil et deuxièmement, je vous demanderais de rester dans les normes
du règlement de l'Assemblée nationale.
M. Côté: Quelles normes, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Les normales. S'il vous
plaît, M. le député de Charlesbourg. M. le ministre.
M. Côté: Les normales, ce sont lesquelles, M. le
Président?
M. Rodrigue: M. le Président, il y a de
l'électricité dans l'air, à ce que je vois.
Une voix: Non, il y a de l'eau.
M. Rodrigue: L'eau... enfin, je pense que je ne perdrai pas mon
temps avec le député de Charlesbourg ce soir, M. le
Président.
L'Opposition a eu l'occasion, à ce moment, de poser toutes les
questions aux représentants de la société REXFOR. M. le
Président, à l'issue de cette séance, lorsque le projet de
loi est revenu devant l'Assemblée, l'Opposition a voté pour
l'adoption du projet de loi qui accordait du capital-actions à la
société REXFOR.
Ce que j'ai trouvé cocasse, à l'occasion du débat
sur le petit projet de loi qui est devant nous, c'est que l'Opposition en ait
profité, les représentants de l'Opposition, en particulier le
député d'Outremont, pour faire le procès de REXFOR alors
que six mois plus tôt, ils avaient eu le loisir de poser toutes les
questions aux dirigeants de REXFOR et qu'ils avaient voté pour
l'adoption du projet de loi 66 qui augmentait le capital-actions de cette
entreprise. M. le Président il semble que lorsque les interlocuteurs
visés ne sont pas là, il y a des gens dans l'Opposition qui
trouvent plus facile de formuler des critiques.
Pour venir au projet de loi qui est devant nous, le député
d'Outremont essaie de faire un plat sur une erreur de calcul qui, je pense, est
survenue; effectivement, il faut le reconnaître, on aurait dû lire
211,8 mètres alors qu'en réalité le chiffre qui avait
été inscrit, c'est 208,2 mètres. Je pense que si on veut
jouer sur la précision des chiffres, lui, lorsqu'il fait des
évaluations des supposés bénéfices qui seraient
accordés à REXFOR, il nous dit que ce serait de 6 000 000 $
à 15 000 000 $. Je considère que ma marge d'erreur est pas mal
plus petite que la sienne parce que, finalement lui, c'est du simple au double
lorsqu'il fait ses calculs.
M. le Président, en fait, ce sont des choses qui arrivent et je
veux vous signaler
que je n'ai pas attendu que le député d'Outremont en parle
ici à l'Assemblée pour déceler cette erreur. Nous l'avions
décelée au cabinet et c'est pour cela que nous avons
décidé d'apporter une correction qui a été
adoptée tout à l'heure.
M. le Président, en terminant, j'aimerais relever une affirmation
du député d'Outremont qui ne manque pas, à l'occasion, de
picosser un peu; c'est un peu dans sa nature, mais c'est quand même un
charmant garçon. Je veux simplement lui dire que lorsque le premier
ministre m'a invité à assumer la responsabilité du
ministère de l'Énergie et des Ressources, il m'avait
indiqué à ce moment, le 27 novembre dernier, qu'il y aurait un
ministre délégué aux Forêts qui serait nommé
dans les semaines qui suivraient et j'avais déjà
été avisé à ce moment de sorte que pour moi cela
n'a pas été une surprise aujourd'hui. Je ne considère pas
que le premier ministre m'a enlevé un morceau d'un ministère,
mais au contraire, je considère que le premier ministre a nommé
une personne extrêmement qualifiée pour assumer la
responsabilité du secteur des forêts et quant à moi, je
l'accepte volontiers et j'ai assuré mon collègue qu'il aurait
tout mon appui comme ministre de l'Énergie et des Ressources.
J'accueille sa nomination d'une façon extrêmement positive.
J'avais d'ailleurs eu l'occasion, il y a un mois, de dire au premier ministre
que j'étais d'accord et qu'à ce moment nous pourrions travailler
en collaboration tous les deux pour mener de front les dossiers importants que
ce ministère doit traiter.
M. le Président, en terminant, le député
d'Outremont a tenté de faire tout un plat sur REXFOR via un projet de
loi qui ne s'y prête pas vraiment mais, si vous voulez, nous allons
revenir à l'objet du projet de loi. Il s'agit tout simplement de
renouveler un bail. Cette compagnie là est la seule qui, actuellement,
est en position de faire fonctionner cette centrale. À ce
moment-là, il m'apparaît logique de lui permettre de poursuivre
l'exploitation de la centrale, d'autant plus qu'il y a des dépenses
extrêmement importantes de réparations à faire à la
centrale, que la compagnie va assumer. Bien sûr, pour qu'elle
décide d'investir 500 000 $, 600 000 $, ou 700 000 $ de
réparations à la centrale, il faut qu'on lui garantisse quand
même la production pour un bout de temps. C'est la raison pour laquelle
nous avons accepté de renouveler le bail pour une quarantaine
d'années et cela permettra au Trésor public par ailleurs de
percevoir des droits là-dessus alors que, si nous n'agissons pas, cette
centrale va tout simplement fermer et il n'y a personne qui va l'opérer
et profiter des droits aux forces hydrauliques que nous percevons
actuellement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le projet de loi 9, Loi
sur la location de forces hydrauliques de la rivière du Lièvre
à Les Produits forestiers Bellerive-Ka'N'Enda Inc., est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous allons maintenant
procéder à l'adoption du projet de loi 11. Il s'agit de l'article
20 de notre feuilleton.
Projet de loi 11 Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt):
L'article 20, le projet de loi 11, Loi modifiant diverses dispositions
législatives en matière de relations du travail. Il n'y a aucun
intervenant. Ce projet de loi est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Blouin: Maintenant, l'adoption du projet de loi 12. Il s'agit
de l'article 17 de notre feuilleton.
Projet de loi 12 Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le projet de loi 12, Loi
modifiant le Code civil, le Code de procédure civile et d'autres
dispositions législatives. Ce projet de loi est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Projet de loi 15
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
M. Blouin: II s'agit maintenant, par consentement, à la
fois de prendre en considération le rapport de la commission et de
procéder à l'adoption des projets de loi suivants. D'abord le
projet de loi 15: Loi modifiant diverses dispositions législatives.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Y a-t-il consentement
pour la prise en considération?
Une voix: Quel projet de loi?
M. Blouin: Le projet de loi 15: Loi modifiant diverses
dispositions législatives.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le rapport a
été déposé ce matin. C'est le rapport qui a
été déposé ce matin, M. le leader de l'Opposition.
C'est la prise en considération de ce rapport qui a été
déposé ce matin. M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, si le leader de l'Opposition
m'indique qu'il est prêt à ce que nous prenions en
considération le rapport de la commission et que nous adoptions le
projet de loi 15, je pourrais immédiatement après faire la motion
qui n'est pas introduite dans le projet de loi 15.
Une voix: D'accord.
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord. Donc, le projet
de loi 15: Loi modifiant... Est-ce que, premièrement, cette prise en
considération est adoptée? Oui?
Des voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Adopté. Alors, maintenant, l'adoption du projet
de loi, M. le Président.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le projet de loi 15, Loi
modifiant diverses dispositions législatives, est-il adopté?
Une voix: Avec consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Avec consentement,
adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, pour être un peu en
concordance avec les discussions que nous avions eues relativement au projet de
loi 15, je voudrais à ce moment-ci faire motion pour qu'à compter
du 1er juillet 1984, la rémunération annuelle du Protecteur du
citoyen, M. Yves Labonté, soit égale à celle de
l'échelon inférieur des sous-ministres et qu'à compter du
1er juillet 1984, la rémunération annuelle du Vérificateur
général, M. Rhéal Châtelain, soit égale
à celle de l'échelon supérieur des sous-ministres. Dans le
cas de l'échelon inférieur des sous-ministres, je pense que c'est
75 000 $ et dans le cas de l'échelon supérieur c'est au-dessus de
80 000 $.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
est adoptée? Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté, M. le
leader. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, il s'agit maintenant de
procéder encore à la prise en considération du rapport de
la commission et à l'adoption du projet de loi 19. (23 h 10)
Projet de loi 19
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que la prise en
considération du rapport de la commission sur le projet de loi 19 est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Est-ce que
le projet de loi 19, Loi électorale, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gratton: Simplement pour vous faire remarquer que c'est avec
le consentement unanime que l'on procède de cette façon.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Toutes ces prises en
considération sont avec consentement. D'accord.
M. Blouin: M. le Président, toujours par consentement, la
prise en considération du rapport de la commission et l'adoption du
projet de loi 16 maintenant.
Projet de loi 16
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce qu'il y a
consentement que la prise en considération du rapport du projet de loi
16 soit adoptée?
Adoption
Adopté. Est-ce que le projet de loi 16, Loi sur le transfert de
certains
fonctionnaires du ministère de l'Éducation à la
Société de gestion du réseau informatique des commissions
scolaires, est adopté?
Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Même chose, M. le Président, prise en
considération du rapport de la commission et adoption du projet de loi
25.
Projet de loi 25
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait l'étude
détaillée
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que la prise en
considération du rapport de la commission qui a étudié le
projet de loi 25 est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi 25, Loi sur le Régime de rentes des
policiers de la Communauté urbaine de Montréal, est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Toujours en vertu d'un consentement, M. le
Président, maintenant, nous allons procéder à l'adoption
du projet de loi 88.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce qu'il y a
consentement au départ?
Une voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord.
Projet de loi 88 Adoption
Donc, le projet de loi 88, Loi sur la Société des
établissements de plein air du Québec, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: ...
Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le projet de loi 88 est
adopté sur division.
M. Blouin: D'accord, M. le Président. Tout le monde en
vertu du même consentement, l'adoption maintenant du projet de loi
10.
Projet de loi 10 Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que le projet de
loi 10, Loi sur le Conseil des Communautés culturelles et de
l'Immigration, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous allons maintenant
procéder à l'adoption du principe et à l'adoption de
projets de loi privés. Je vous demande donc d'appeler d'abord l'article
32 de notre feuilleton, s'il vous plaît!
Projet de loi 203 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que le principe du
projet de loi 203, Loi concernant la succession de John Dwane, est
adopté?
Une voix: Oh! John Dwane.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Dwane, si vous voulez. Est-ce que ce principe est adopté?
Une voix: Oui.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord. Le projet de
loi 203, loi concernant cette même succession, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Blouin: En vertu du même consentement, l'article 33 de
notre feuilleton, s'il vous plaît!
Projet de loi 229 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 229, Loi concernant le Foyer Saint-Joseph de Beauharnois, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce
même projet de loi est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Toujours selon le même consentement, l'article
34 de notre feuilleton.
Projet de loi 230 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que le principe du
projet de loi 230, Loi concernant un immeuble du cadastre de la paroisse de
Sainte-Geneviève, est adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce projet
de loi 230 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: La même chose, M. le Président, l'article
35 de notre feuilleton.
Projet de loi 248 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 240, Loi concernant le testament de Armand Marcotte, est-il
adopté?
Une voix: 248.
Adoption Le Vice-Président (M. Rancourt): Le projet de loi
248, vous avez raison. Il est adopté. Ce même projet de loi est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: L'article 36 de notre feuilleton.
Projet de loi 235 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 235, Loi concernant la Corporation municipale du village de Fortierville,
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce
même projet de loi est-il adopté?
Une voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui, donc, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Blouin: L'article 37 de notre feuilleton.
Projet de loi 246 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 246, Loi concernant la cité de Côte-Saint-Luc, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce projet
de loi est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: L'article 38 de notre feuilleton, en vertu du
même consentement.
Projet de loi 247 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 247, Loi concernant la municipalité du canton de Kénogami,
est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce
même projet de loi est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: L'article 39 de notre feuilleton.
Projet de loi 250 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 250, Loi concernant la ville de Montréal-Nord, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce
même projet de loi est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, maintenant l'article 42, s'il
vous plaît!
Projet de loi 255 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 255, la Loi modifiant la charte de la ville de Laval est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce
même projet de loi 255 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, toujours en vertu du
consentement, je souhaite que nous adoptions maintenant le principe ainsi que
le projet de loi 200.
Projet de loi 200 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Ce consentement est
évidemment déjà donné. M. le leader de
l'Opposition, oui? Le principe du projet de loi 200, Loi concernant la ville de
Montréal est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce projet
de loi 200 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, c'est la même chose pour
le projet de loi 244.
Projet de loi 244 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 244, Loi modifiant la Loi concernant la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce
même projet de loi 244 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Même procédure pour le projet de loi
233.
Projet de loi 233 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe de la loi
233, Loi concernant les immeubles situés au 3470 et 3480, rue Simpson
à Montréal, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce
même projet de loi 233 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Encore pour le projet de loi 249, M. le
Président.
Projet de loi 249 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 249, Loi concernant La Prévoyance compagnie d'assurances, est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce
même projet de loi 249 est-il adopté.
M. Blouin: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Le projet de loi 254 maintenant, M. le
Président.
Projet de loi 254 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 254, Loi concernant certains actes de donation et de fiducie de Samuel
Bronfman, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Ce
même projet de loi 254 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Projet de loi 222
Adoption du rapport de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
M. Blouin: M. le Président, toujours en vertu d'un
consentement, nous allons maintenant procéder au dépôt du
rapport de la commission à l'adoption du principe et à l'adoption
du projet de loi 222 et il y aura deux intervenants.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous allons commencer par
le rapport de la commission qui a siégé pour étudier le
projet de loi 222. Ce rapport est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Maintenant
nous allons au principe. Est-ce que le principe de ce même projet de loi
222, Loi concernant le Parc industriel et technologique
Québec-Sainte-Foy, est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Maintenant
nous allons au projet de loi lui-même. Y a-t-il des intervenants? M. le
député de Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. À cette toute fin
de session, finalement, le gouvernement pose un geste concret de nature
à permettre l'implantation d'un parc technologique à Saint-Foy et
Québec. Le gouvernement le fait sur le tard. Il faut souligner que ce
parc technologique a été annoncé et il en est question
depuis de nombreux mois. Le gouvernement a déjà, depuis le 23
octobre, inscrit au feuilleton de l'Assemblée nationale ce projet de loi
qui vise à établir un territoire destiné à
permettre l'implantation de laboratoires de recherche et d'industries de pointe
dans la région de Québec-Sainte-Foy.
Malheureusement, le gouvernement n'a pas posé en temps utile les
gestes qu'il fallait. De toute façon, l'Opposition a consenti à
ce que les étapes soient franchies pour que nous en arrivions à
pouvoir permettre à la région de Québec d'avoir ce qui est
absolument nécessaire, c'est-à-dire un territoire qui servira
justement à cette implantation. Il est à remarquer que de
nombreuses personnes depuis des mois et des mois travaillent
bénévolement pour mettre sur pied un groupe qui vise à
implanter ce centre de recherche et d'industrie de pointe.
II y avait, il y a quelques semaines, à Sainte-Foy, à
l'Université Laval une rencontre qui regroupait plus de 100 personnes,
des gens impliqués à tous les niveaux. Malheureusement, nous
n'avons vu, en aucun moment, pendant la journée que ce colloque a
duré, l'ombre d'aucun membre du gouvernement. Aucun député
péquiste, aucun ministre péquiste n'a daigné, à ce
moment-là, assister à cette rencontre qui avait fait l'objet
d'une organisation parfaite à tous les niveaux par des gens qui avaient
travaillé pour pouvoir faire des propositions concrètes à
la région de Québec, de façon que les efforts de tous et
chacun puissent donner des résultats. (23 h 20)
Malheureusement, le gouvernement était absent. Quand il s'agit de
consulter le milieu, quand il s'agit d'aller au-delà des paroles, quand
il s'agit de poser des gestes concrets, malheureusement, le gouvernement est
absent.
Où était le gouvernement, M. le Président, quand il
s'est agi de poser des gestes concrets et de faire les pressions qui s'imposent
vis-à-vis du gouvernement fédéral, quand on a
été mis au courant de la décision du gouvernement
fédéral de déplacer vers Sainte-Flavie le Centre de
recherches océanographiques? Le gouvernement, maintenant, d'après
ce qu'il dit, s'entend à la perfection avec le gouvernement
fédéral, le nouveau gouvernement conservateur; nous pouvons nous
en réjouir à certains points de vue. Malheureusement, le
gouvernement n'a pas fait les démarches qui s'imposaient. Cela, c'est un
éparpillement des ressources. C'est à l'envers de ce qu'on
recherche avec la création d'un parc technologique
Québec-Sainte-Foy. Le gouvernement n'a pas posé les gestes utiles
au bon moment.
M. le Président, même si nous sommes rendus à la fin
de la session, même s'il nous reste très peu de temps, je ne peux
passer par-dessus l'occasion qui m'est offerte et c'est mon devoir de dire ce
qu'est un parc technologique, à quoi il sert et quels sont les objectifs
qui sont poursuivis.
Il faut réaliser que, depuis de nombreuses années, on
s'intéresse aux technologies de pointe. Qu'est-ce que c'est, les
technologies de pointe? Ce sont l'informatique, la biotechnologie,
l'aérospatiale, le laser, le développement de la biomasse, etc.
En parlant de biomasse, M. le Président, je ne peux passer sous silence
les tentatives du ministre de l'Agriculture pour implanter ailleurs, ailleurs
que dans le parc technologique qu'on est en train de mettre en place, le Centre
de valorisation de la biomasse.
Le ministre de l'Agriculture, dans une interview à la radio,
disait récemment, M. le Président, et je vais tout d'abord citer
ce que dit le journaliste: "Au moment où plusieurs rêvent d'un
parc technologique à Sainte-Foy, le ministre de l'Agriculture, Jean
Garon, vante les mérites du comté de Lévis pour accueillir
le Centre de valorisation de la biomasse. M. Garon trouve logique le site de
Lévis, puisque toute l'industrie agro-alimentaire se trouve sur la rive
sud."
C'est M. Jean Garon qui parle ici et je le cite, selon le journaliste:
"II s'agit, dit M. Garon, de valoriser - écoutez bien ça - les
fumiers, les déchets alimentaires ou encore les déchets de
carcasses impropres à la consommation humaine. Je ne vois pas les
camions de déchets pénétrer dans la ville de Québec
pour se faire analyser. Je pense que ce sera plus facile de faire voyager ceux
qui font les recherches que de faire voyager les déchets."
C'est faire abstraction, M. le Président, de ce qu'est
véritablement la biomasse. La biomasse, ce n'est pas ça. C'est en
partie ça, mais c'est beaucoup plus que ça. Le ministre de
l'Agriculture fait preuve d'une incompétence crasse; il ne sait pas de
quoi il parle quand il limite la biomasse au fumier, aux carcasses et à
ce genre de choses.
La biomasse, pour l'information du ministre de l'Agriculture, c'est
toute matière organique produite par l'énergie solaire. Ce n'est
pas vrai que c'est concentré sur la rive sud, parce que la biomasse,
ça comprend les algues, les céréales, le bois mort, les
arbres, tout ce qu'on appelle donc matière organique.
Alors, quand le ministre de l'Agriculture tient des discours semblables,
M. le Président, il se trompe ou il tente de tromper la population.
C'est malheureux de le dire. En faisant ce genre de déclaration, il
tente de défaire le principe même du parc technologique qui, par
nature, est une concentration des laboratoires de recherche des industries de
pointe. D'ailleurs, dans un éditorial du Soleil d'il y a quelques
semaines, on indiquait que - c'est l'éditorialiste, M. Raymond Giroux,
qui parle - "à la base de la réussite d'un parc technologique se
trouve la nécessité d'y regrouper les trois projets de l'heure,
c'est-à-dire le laboratoire d'optique, le centre de bureautique et le
centre de biomasse. Il s'agit de créer une masse critique, susceptible
d'enclencher un mécanisme d'entraînement, d'amener dans la
région d'autres laboratoires et des industries de pointe, voire d'en
engendrer."
L'éditorialiste continue, en disant: "L'expérience
paraît démontrer qu'il n'y a pas d'autre manière de faire,
compte tenu de la faible densité de la population de la région,
de son pouvoir d'attraction relativement modeste." Il continue en commentant
les déclarations du ministre Garon: "Le ministre de l'Agriculture et
député de Lévis s'oppose fermement, de son
côté, à ce que le centre de biomasse s'implante dans cet
éventuel parc, alors que
les industries qui en profiteront sont installées sur la rive
sud, à Charny et Saint-Romuald. Sa défense des
intérêts du monde agro-alimentaire s'explique. Il faut toutefois
choisir, à cette étape - nous sommes rendus à cette
étape, M. le Président - entre certains développements
sectoriels et le pari d'un progrès d'ensemble à plus long
terme."
Il est important que nous sachions qu'on ne peut parler valablement d'un
parc technologique si on ne parle pas plus que du contenant, si on ne va pas au
niveau du contenu. C'est ici qu'il faut réaliser que la région de
Québec a plusieurs atouts. La région de Québec n'est pas
dépourvue, actuellement, et on part avec des cartes maîtresses
dans notre jeu. On a déjà un centre important en ce qui concerne
la défense à Valcartier, le CRDV, qui regroupe plusieurs dizaines
de chercheurs, il y a le laboratoire de recherche en optique et de laser au
département de physique de l'Université Laval qui regroupe 19
professeurs et 45 étudiants gradués à temps plein.
Au niveau de l'industrie, il ne faut pas oublier certaines industries
qui sont installées à Sainte-Foy dans le moment, comme Gen-Tec
qui se base sur une certaine découverte en ce qui concerne le laser et
qui a des succès commerciaux importants. Malheureusement, le
gouvernement devra faire connaître et poser des gestes concrets dans des
délais rapprochés pour que nous sachions qu'il va au-delà
des structures, au-delà des bouts de papier. Ce que nous faisons ce soir
ne coûte absolument rien au gouvernement. Le gouvernement ne fait que
permettre aux villes de Sainte-Foy et de Québec, qui le réclament
d'ailleurs depuis longtemps, d'avoir les pouvoirs nécessaires pour
mettre en place ce parc technologique.
Donc, il faut partir du noyau de départ qui existe à la
jonction du boulevard Charest avec le boulevard Henri-IV où il y a le
CRIQ, le Centre de recherche industrielle du Québec, et l'Institut
national de la recherche scientifique, où il y a aussi plusieurs
laboratoires de recherche gouvernementaux. Les terrains sont tous là,
disponibles. Depuis 1968-1969, la planification d'utilisation à des fins
de haute technologie est déjà en place. Les études ont
toutes été faites. Il faut réaliser qu'ailleurs, dans
d'autres pays, dans d'autres provinces, on a mis en place des parcs
technologiques qui ont des succès considérables.
Il faut savoir que nous, ici au Québec, on a tout à
retirer de cette occasion magnifique qui nous est offerte de repartir toute
cette idée fondamentale de donner à la région de
Québec une chance d'aller au-delà des briques, au-delà de
la fabrication de gants, au-delà de l'appareil gouvernemental,
au-delà du tourisme et de se donner une véritable vocation
scientifique. Les avantages sont très nombreux et il faut, pour en
profiter, bénéficier d'un lieu unique. Il y a là des
avantages d'échelle, car il y aura beaucoup de services qui pourront
être mis en commun. Il y a aussi une question de qualité de vie,
d'environnement culturel. Les scientifiques aiment être avec d'autres
scientifiques, c'est connu, il y a une espèce de culture scientifique,
il y a une sorte de culture technologique. On ne peut pas faire abstraction de
ça.
Il faut aussi tenir compte d'un certain nombre d'autres facteurs qui
jouent en faveur de l'implantation d'un tel parc technologique à
Sainte-Foy-Québec, et ces facteurs sont très importants. Il
s'agit d'incitatifs fiscaux que les gouvernements tant locaux que provincial et
fédéral devront accorder, premièrement, aux chercheurs
eux-mêmes. Il faut que les chercheurs voient un avantage pour eux de
s'impliquer dans un lieu donné. Il faut que les industriels, les
entrepreneurs, les personnes qui sont prêtes à investir des fonds,
à prendre des risques y trouvent un avantage. C'est là que le
gouvernement devra faire la preuve de sa bonne foi.
Il y a de nombreux avantages que la région de Québec peut
retirer de cette implantation d'un parc technologique. Il y a, tout d'abord,
bien sûr, des avantages à un premier niveau. Il s'agit davantage
de gens qui vont travailler dans la région, qui vont y dépenser
leur salaire, leurs revenus, qui vont contribuer ainsi à activer les
commerces et qui vont rendre la population de Québec, la population
commerçante, la population industrielle moins dépendante d'une
source de revenu unique, que ce soit le gouvernement, que ce soit le tourisme
ou d'autres industries plus primaires et qui n'arrivent pas au niveau de la
haute technologie.
Il y a aussi des avantages au deuxième niveau et ça c'est
plus difficile à mesurer, il s'agit de l'impact de polarisation. C'est
la capacité du centre de recherche d'attirer d'autres activités
semblables autour de lui. C'est là que c'est important d'agir maintenant
parce que ça prend de dix à quinze ans pour qu'un parc
technologique puisse produire des conséquences favorables à ce
niveau. Il y a aussi un troisième niveau, un niveau encore plus
difficile à évaluer, qu'on peut appeler l'impact proprement dit
du parc technologique sur les activités économiques de la
région. (23 h 30)
Finalement, un parc technologique, des centres de recherche, qu'est-ce
que cela produit, M. le Président? Cela produit des connaissances. Ces
connaissances, il faut pouvoir les utiliser et c'est ici qu'il faut faire cette
jonction entre les investisseurs, entre les industriels, entre les chercheurs,
entre les universitaires, de façon que tous ensemble puissent mettre
l'épaule à la roue et produire, pour la région de
Québec, des
avantages nécessaires, des avantages qui vont donner à la
population une possibilité de réaliser son plein
épanouissement.
On doit se rendre compte, M. le Président, que les régions
de Québec et de Sainte-Foy, plus particulièrement, sont
favorisées au niveau de la recherche universitaire. Il y a des centaines
et des centaines de chercheurs qui sont dans les facultés de sciences
pures de l'Université Laval et qui, malheureusement, à
l'obtention de leur diplôme, n'ont pas de débouchés, ne
savent pas où aller. C'est pour leur permettre d'arriver avec leur
diplôme et de pouvoir s'en servir dans des centres de recherche,
justement, ou dans des industries de pointe, dans des industries de haute
technologie que l'implantation d'un parc technologique est
nécessaire.
C'est ainsi qu'on peut reconnaître, particulièrement pour
les jeunes, que c'est important parce que cela va créer pour eux de
nouvelles sources de revenu, de nouveaux débouchés pour,
évidemment, toute la population et que nos meilleurs cerveaux et nos
meilleures compétences pourront ainsi rester chez nous. En favorisant
l'intégration du parc technologique au sein du milieu urbanisé,
on bonifie toute la qualité de vie et le bien-être de toute la
population de la grande agglomération urbaine de Québec.
Il faut aussi réaliser que la dimension socio-économique
du parc... C'est que, par l'implantation de ce parc, on va permettre une
innovation scientifique et technologique qui va rapporter à l'industrie,
puisque c'est une nouvelle source de revenu, comme je le disais, en permettant
une plus grande capitalisation de l'expansion et l'ajout d'emplois. Il va y
avoir des échanges qui vont favoriser la formation des chercheurs de
l'INRS, du CRIQ, de l'Université Laval, des centres de recherche
privés de même que des industries qui sont déjà
installées et qui vont avoir un effet d'entraînement automatique
vers le perfectionnement. Cela va aussi être un site d'investissements
considérables qui va aussi avoir un entraînement
indéniable. Cela va permettre la concentration de ressources humaines
hautement qualifiées et contribuer ainsi à la renommée de
la région de Québec. Cela va aussi permettre un
développement général accru par le rapprochement physique
des laboratoires et des usines et aussi une plus grande diversification des
activités économiques, moins axées sur l'administration
publique et parapublique du Québec, comme je le disais tout à
l'heure. Cela va, finalement, permettre une consolidation, un raffermissement,
une amplification de sa structure industrielle caractérisée par
des PME vraiment à la pointe de la haute technologie. Finalement, cela
va permettre une plus grande rentabilisation des infrastructures urbaines par
un partage accru des coûts, par une utilisation plus intensive du cadre
bâti et une croissance des revenus municipaux et gouvernementaux.
M. le Président, je pourrais expliciter longtemps les avantages,
la nécessité qu'il y a d'agir maintenant. Je félicite les
promoteurs qui ont participé au groupe d'action pour l'avancement de la
technologie et du développement industriel de la région de
Québec. Je les félicite du travail qu'ils ont fait et
j'espère que les gestes que le gouvernement du Québec va poser
vont être de nature à faciliter non seulement la mise en place de
structures qui, bien sûr, sont nécessaires, mais aussi à
permettre d'avoir cette masse critique, ce noyau nécessaire avec le
centre de valorisation de biomasse, avec le centre d'optique et de laser dont
on va annoncer demain, probablement, l'installation dans la région de
Québec. Je souhaite aussi vivement que ce soit dans ce parc
technologique que nous instituons aujourd'hui, en ce qui concerne la
bureautique, le laser et, comme je le disais tout à l'heure, la
biomasse, la fermentation.
Donc, le gouvernement a des gestes concrets à poser. Maintenant
que nous avons mis en place les structures juridiques, il s'agit de passer
à autre chose et je souhaite vivement que ce soit fait aussi rapidement
que possible, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Jean-François Bertrand
M. Bertrand: M. le Président, c'est à titre de
député du comté de Vanier et ministre responsable de la
région de Québec que j'interviens sur le projet de loi 222
créant le Parc technologique Québec-Sainte-Foy.
M. le Président, à écouter le député
de Louis-Hébert, on a l'impression qu'il est tout à coup celui
qui tente de récupérer une décision du gouvernement du
Québec qui est issue, non seulement d'une décision du Conseil des
ministres, mais d'une consultation beaucoup plus large, au sein de la
région de Québec, permettant à divers intervenants de nous
rendre conscients que notre avenir dans la région, s'il n'est pas
véritablement du côté du développement des
industries de fabrication est certainement, en tout cas du côté de
la recherche-développement, avec, comme possibilité des
applications industrielles. Or, dès le Sommet de septembre 1983, nous
avons proposé, tous ensemble, dans la région de Québec,
sur la base des travaux effectués, effectivement, par le groupe d'action
pour l'avancement technologique et industriel de la région de
Québec, que soit créé, dans notre région, un parc
technologique.
C'est bien sûr qu'il n'aura pas,
comment dirais-je? l'ampleur de la Silicone Valley ou même de ce
parc technologique qu'on retrouve dans la région d'Ottawa, mais il
pourrait avoir un effet d'attraction extraordinaire pour permettre, non
seulement de créer cette masse critique de chercheurs, indispensable
à tout effort cohérent, rationnel, efficace, au niveau de la
recherche-développement, mais aussi de permettre que nous puissions
développer des applications industrielles de cette
recherche-développement. C'est donc un engagement, un consensus du
Sommet de la grande région de la capitale qui a permis, en septembre
1983, que nous disions oui à un parc technologique. Il fallait ensuite
que, sur le plan législatif, nous adoptions la mesure qui est
aujourd'hui proposée, à savoir, le projet de loi 222, permettant
de concrétiser cet engagement, ce consensus dégagé lors du
Sommet socio-économique de la région de la capitale. Or, M. le
Président, je dirai que, dans tout ce dossier, s'il est des acteurs qui,
ce soir, méritent nos remerciements, ce n'est pas d'abord le
député de Louis-Hébert. Il a, bien sûr, posé
des questions cette semaine et la semaine dernière pour savoir si nous
avions l'intention, oui ou non, de faire en sorte que ce projet de loi 222 soit
adopté. Je lui ai dit que c'était mon souhait, comme ministre
responsable de la région de Québec, que le projet de loi soit
adopté. Je laissais entendre par le fait même que nous faisions
face à un certain nombre de difficultés pour harmoniser le projet
de loi 222 avec, entre autres choses, la loi constitutive de la
Communauté urbaine de Québec et la loi sur les parcs industriels
urbains. Nous avions donc à tenir compte d'un certain nombre de
difficultés qui se posaient, qui étaient réelles et qui,
jusqu'à un certain point, ne nous permettaient pas d'espérer que
le projet de loi 222 soit adopté avant la fin de la présente
session, c'est-à-dire, avant la fin de la première partie de la
session, le 21 décembre. Or, je dois dire que, n'eût
été de la persévérance, de la
ténacité, j'oserais dire de la patience du Groupe d'action pour
l'avancement technologique et industriel de la région de Québec,
avec, en tête, le recteur de l'Université Laval, M. Jean-Guy
Paquet, et les représentants du CRIQ, de l'INRS, de la Chambre de
commerce du Québec métropolitain et de la Société
Interport, nous ne serions pas parvenus à dégager cette
possibilité, avant le 21 décembre, d'adopter un projet de loi
permettant la création du Parc technologique Québec-Sainte-Foy.
À ces efforts déployés par les gens du GATIQ auxquels nous
devons des remerciements parce qu'ils ont été, au moment du
sommet, parmi les intervenants les plus positifs et productifs pour le
développement de notre région, j'ajouterai des remerciements
très sincères au maire de la municipalité de Sainte-Foy et
au maire de la municipalité de Québec. Le maire Lavoie et le
maire Pelletier, premiers magistrats de leur municipalité, ont tous deux
travaillé extrêmement fort pour que nous en arrivions à
dégager un consensus permettant d'établir une position qui
rallierait, à la fois, le ministre des Affaires municipales, responsable
du dossier, et le ministre de la Science et de la Technologie, qui, pour des
considérations que vous comprenez, quant au développement des
parcs technologiques, étaient impliqués dans le dossier. (23 h
40)
Or, je dois dire, ce soir, M. le Président, que, n'eût
été de la contribution exceptionnelle du ministre des Affaires
municipales qui, au début de la semaine, communiquait avec le maire de
la ville de Québec, capitale du Québec, pour lui indiquer qu'il y
avait un certain nombre de difficultés à adopter ce projet de
loi, difficultés que le maire de Québec lui-même
reconnaissait au début de la semaine, n'eût été de
la volonté du ministre des Affaires municipales - je dois le dire, il le
reconnaîtra, harcelé par ses collègues du caucus des
députés du Parti québécois de la région de
Québec... Il n'en demeure pas moins que le ministre des Affaires
municipales, le député de Rimouski, a été
extrêmement actif dans ce dossier. Il a réussi à faire en
sorte que les fonctionnaires de son ministère se mettent à leur
table de travail et nous permettent de trouver, en quelques jours, les
possibilités d'amendements au projet de loi qui feraient en sorte que
nous puissions, dès aujourd'hui, l'adopter et indiquer que, dès
demain, quand Mme la députée du comté de
Louis-Hébert à la Chambre des communes viendra annoncer - enfin,
c'est ce qu'on entend - que le Centre de recherche en optique laser se fera
dans ce parc tehnologique, elle pourra, à ce moment-là,
être convaincue qu'il y a, du côté du gouvernement du
Québec, une volonté politique de faire en sorte que nous
développions un véritable parc technologique.
Je dois donc dire, M. le Président, que, si les remerciements
doivent aller au Groupe d'action pour l'avancement technologique industriel de
la région de Québec, les remerciements doivent aller surtout,
à ce moment-ci, au ministre des Affaires municipales, sans qui ce projet
de loi n'aurait jamais été adopté avant le 21
décembre, aller au ministre de la Science et de la Technologie, le
député de Matane, sans qui ce projet de loi n'aurait pas
été adopté avant le 21 et aller au parrain du projet de
loi, le député de Chauveau, président du caucus des
députés du Parti québécois de la région de
Québec, qui, voulant s'assurer que nous donnions une suite aux
engagements et consensus du Sommet de la région de la capitale nationale
de septembre 1983, n'aurait pas permis que, ce soir, nous nous
réjouissions ensemble de la création de ce
parc technologique.
Pour le reste, je veux dire au député de
Louis-Hébert qu'il n'a pas à craindre. Il y a déjà,
dans ce parc technologique, le complexe scientifique, le CRIQ. Nous avons
déjà des laboratoires du ministère de l'Agriculture, du
ministère de l'Environnement. Nous avons des laboratoires qui nous
permettent d'espérer qu'autour de cette première masse critique
de chercheurs va se greffer une autre masse critique d'hommes et de femmes qui
oeuvrent dans le secteur très important de la recherche et du
développement en optique laser. J'annonce au député de
Louis-Hébert, dès ce soir, précédant
peut-être de quelques jours, peut-être quelques semaines, une
annonce du ministre de la Science et de la Technologie, que c'est l'intention
du gouvernement du Québec - je m'en excuse auprès de mes
collègues qui auraient des doutes; les sceptiques seront confondus -
d'implanter le Centre de recherche en bureautique pour la gestion des
ressources humaines dans le parc technologique Québec-Sainte-Foy. C'est
une décision qui a été prise à l'unanimité
par le caucus des députés ministériels de la région
de Québec, acceptée par le ministre de la Science et de la
Technologie, et qui, évidemment, ai-je besoin de vous le dire, fait le
bonheur du Groupe d'action pour l'avancement technologique et industriel dans
la région de Québec, de l'Université Laval, du recteur, M.
Paquet, et à toutes fins utiles, de l'ensemble des partenaires qui nous
ont accompagnés au moment du Sommet de septembre 1983.
Si, ce soir, il y a des félicitations à transmettre, des
remerciements à faire, ils doivent s'adresser à ceux et celles
qui, depuis un an, nous ont accompagnés de façon concrète
pour réaliser ce projet fondamental et essentiel pour l'avenir de notre
région. Je dois dire qu'au-delà des paroles, qu'au-delà du
vocabulaire, qu'au-delà des dictionnaires du député de
Louis-Hébert il se trouve un gouvernement, des partenaires, des hommes
et des femmes, qui agissent, qui prennent des décisions, qui posent des
gestes. Ce soir, en posant le geste d'adopter un projet de loi créant le
Parc technologique Québec-Sainte-Foy, nous n'avons peut-être pas
beaucoup parlé au cours des derniers mois là-dessus, mais avant
la période des fêtes, un an après le sommet
socio-économique, le parc technologique est maintenant chose
consacrée dans une loi de l'Assemblée nationale du Québec.
Je pense que, pour l'avenir de notre région, nous avons tout lieu de
nous réjouir d'avoir réussi à faire en sorte qu'à
la suite du consensus, un engagement du Sommet de septembre 1983 devienne
maintenant réalité.
À partir d'aujourd'hui, tous les espoirs sont permis pour
développer les voies de l'avenir dans le domaine de la recherche et du
développement. Je suis heureux, quant à moi, comme ministre
responsable de la région de Québec, avec mes collègues,
députés et ministres de la région de Québec, avec
tous les partenaires des secteurs privé et public d'avoir
participé à l'implantation de ce parc technologique.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: M. le Président, je n'avais pas
l'intention d'intervenir sur ce projet de loi tellement c'était
évident qu'il fallait l'adopter avant même d'entendre le brillant
député de Vanier intervenir sur le projet de loi. Ce n'est pas
pour rien, et vous l'aurez facilement compris par son discours, qu'on l'appelle
"Panneau" Bertrand.
Une voix: Comment?
M. Côté: "Panneau" Bertrand. M. le Président,
effectivement, les premiers mots du ministre auraient dû être
envers ceux de la communauté industrielle et universitaire
québécoise qui ont travaillé d'arrache-pied pour implanter
ce parc technologique et au niveau des autorités municipales.
M. le Président, il y a effectivement eu un sommet
économique de la région de Québec où certaines
décisions ont été prises, il y a de cela un an. Le
gouvernement, par l'entremise du parrain du projet de loi, le
député de Chauveau, déposait en cette Chambre le projet de
loi 222, le 23 octobre dernier. Si je compte bien, cela fait exactement deux
mois. Que s'est-il passé depuis? Le 6 décembre, réunion
extraordinaire de 125 personnes concernées par ce projet de loi. Ce que
le député de Louis-Hébert disait tout à l'heure,
c'est que le gouvernement, ce brillant député de Vanier, ministre
responsable de la région de Québec, était absent. Aucun de
ses collègues non plus n'assistait à la réunion.
Une voix: Le parrain non plus.
M. Côté: Je pense que c'était manifester
là un certain désintéressement et un certain mépris
face à ceux qui ont travaillé et face à ceux à qui
doit revenir le mérite aujourd'hui de cette implantation d'un parc
technologique dans la région de Québec. Deux mois, M. le
Président, et le député de Vanier arrive en disant: C'est
grâce à nous, majorité ministérielle; c'est
grâce à moi, évidemment, ministre responsable de la
région de Québec; c'est grâce au Conseil des ministres et,
là, il fait le tour: au ministre des Affaires municipales qui a
été le conciliateur entre les intérêts des uns et
des autres; un grand remerciement au ministre de l'Éducation, au
ministre de la Science et
de la Technologie qui, bien sûr, a arbitré et, par la
suite, il a oublié de mentionner que c'est grâce à la
collaboration, bien sûr, du député de Lévis.
Mais le député de Louis-Hébert lui a posé
des questions auxquelles il n'a pas répondu. Qu'est-ce qui faisait que,
le 6 décembre dernier, il n'était pas là? Sur la question
très précise de biomasse, alors qu'on sait que dans un parc
industriel les éléments doivent être concentrés dans
un parc industriel, mais pas éparpillés dans tout le territoire,
pas de réponse non plus là-dessus. Il vient nous annoncer, comme
un succès tout à fait extraordinaire, que le ministre de la
Science et de la Technologie, député de Matane, résident
de Louis-Hébert, annoncera d'ici à quelques jours l'implantation
du centre de bureautique. Tant mieux pour la région de Québec, je
suis très heureux pour ce centre. Cela lui permettra, effectivement,
d'aller planter un panneau avec le nom des réalisateurs, le plus grand
possible, compte tenu des millions qu'ils mettront dedans, avec un montant au
bout, divisé par 20 000 $, et ça fera le nombre d'emplois
créés dans la région de Québec.
Je pense qu'il faut rendre hommage véritablement à ceux
qui le méritent, à ceux qui, dans le milieu, ont travaillé
depuis déjà fort longtemps à l'implantation... Si le
gouvernement a eu un mot à dire parce qu'il a été à
la base de la présentation du projet de loi en cette Chambre, c'est de
son initiative et c'était son devoir, nous avons
considéré, nous de l'Opposition, de notre devoir de donner notre
consentement à l'adoption en deuxième lecture, en commission
parlementaire et en troisième lecture du projet de loi dans la
même journée, parce que le gouvernement a fait défaut de le
présenter plus tôt.
Le gouvernement a fait défaut de régler les
problèmes avant, ce qui fait qu'aujourd'hui, dans la même
journée, nous avons été obligés de procéder
en même temps à l'adoption du principe, à l'étude en
commission plénière et à l'adoption du projet de loi. Que
le député responsable de la région de Québec,
ministre de la région de Québec et député de
Vanier, ne vienne pas se mettre un chapeau qui ne lui appartient pas. Redonnons
le mérite à ceux qui ont le droit aujourd'hui d'être
félicités et d'être remerciés, ceux qui ont
travaillé depuis déjà au-delà d'un an pour cette
implantation. C'est à eux qu'il revient, non pas au député
de Vanier. Merci, M. le Président.
Une voix: Excellent!
Le Président: M. le député de Rousseau.
M. Blouin: M. le Président, nous allons maintenant
procéder à l'adoption de ce projet de loi, le projet de loi
222.
Le Président: Ce projet de loi est-il adopté... Le
principe de ce projet de loi est-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Blouin: Non, M. le Président, nous sommes au stade de
l'adoption.
Le Président: Je vous signale, M. le député,
qu'on est à l'étape du principe du projet de loi.
M. Blouin: Ah bon.
Le Président: Par conséquent, je ferai adopter le
principe du projet de loi 222. Est-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Blouin: Cela ne fait rien, on va le faire encore.
Le Président: Vous me dites que ça s'est fait;
à la table, on me dit que ça n'a pas été fait.
Alors, à tout hasard, adoptons-le, n'est-ce pas. Adopté? Dois-je
comprendre, maintenant, que nous passons à l'adoption du projet de loi?
Ce projet de loi est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président: Fort bien. Il en est donc ainsi
décidé. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président... M. le leader de
l'Opposition?
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
Dissidence de l'Opposition sur le projet de loi
15
M. Gratton: Est-ce que le leader adjoint du gouvernement me
permettrait? J'aimerais solliciter le consentement de l'Assemblée pour
qu'on revienne au projet de loi 15, Loi modifiant diverses dispositions
législatives. Il appert que nous aurions préféré et
nous préférons toujours enregistrer notre dissidence quant
à l'adoption de ce projet de loi. Si on voulait simplement noter que le
projet de loi 15 est adopté sur division, plutôt qu'adopté
comme on l'a indiqué préalablement.
M. Blouin: D'accord.
M. Gratton: Si vous me permettez, M. le Président, je
dirai simplement que c'est l'article 177 qui fait problème, quant
à nous.
L'article 177, on en a discuté, on a demandé à Mme
la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu de le
retirer, ce qu'elle a refusé et c'est ce qui nous amène à
voter contre le projet de loi.
Le Président: Adopté sur division. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, pour permettre à une
commission de terminer ses travaux, nous allons suspendre les travaux de
l'Assemblée pour quelques instants.
Le Président: Bien. Les travaux sont donc suspendus
à loisir.
(Suspension de la séance à 23 h 56)
(Reprise à 1 h 14)
Le Président: À l'ordre! M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, en attendant que nous
recevions, à l'Assemblée nationale, le rapport de la commission
parlementaire qui a siégé...
Le Président: II est prêt, il est là.
M. Bertrand: Déjà prêt? M. le
Président, nous pouvons recevoir le rapport.
Le Président: Vous savez comme les services de
l'Assemblée sont efficaces, M. le leader du gouvernement. M. le
président de la commission du budget et de l'administration.
Projet de loi 7
Dépôt du rapport de la commission qui en
a fait l'étude détaillée
M. Lachance: M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport à cette Assemblée que la commission du budget et de
l'administration a siégé les 20 et 21 décembre 1984 afin
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 7, Loi modifiant la Loi sur les valeurs mobilières. Le projet de loi
a été adopté avec amendements.
Des voix: Bravo!
Le Président: Rapport déposé. L'étape
suivante, M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, nous pourrions, si
l'Opposition y consent, procéder immédiatement, par consentement,
bien sûr, à l'adoption de ce projet de loi sur les valeurs
mobilières.
Adoption du rapport
Le Président: Le rapport de la commission est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Président: Adopté. Le projet de loi est-il
adopté? Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je vous demanderais de
reconnaître le ministre des Finances qui, en vertu de l'article 174, va
maintenant procéder à la présentation d'une motion
relativement à l'étude du projet de loi sur la Caisse de
dépôt et placement.
Le Président: M. le ministre des Finances.
Motion sans préavis pour suspendre
certaines règles de procédure et
procéder à l'adoption du projet
de
loi 18
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Merci, M. le Président. Je voudrais faire, en
utilisant les dispositions de l'article 174 de notre règlement, la
motion sans préavis suivante: Qu'en raison de l'urgence de la situation,
il y aurait lieu de suspendre l'application des règles ci-après
mentionnées et ce, à l'effet d'adopter le projet de loi 18,
l'article 22, les articles 98 à 100, les articles 223, 229, 230, 233,
234, 237, les mots "avant l'étude détaillée, la commission
peut procéder à des consultations particulières";
l'article 241, les mots "l'adoption du projet de loi est fixée à
une séance subséquente"; que la commission plénière
fasse rapport au plus tard quinze minutes après le début de ses
travaux; que, cinq minutes avant l'expiration de ce délai, le
président mette aux voix, sans débat, les articles et les
amendements dont la commission n'aurait pas diposé; que le débat
sur l'adoption du projet de loi soit limité à cinq minutes par
parti reconnu; que l'application des règles ci-dessus
énumérées soit suspendue jusqu'à l'adoption du
projet de loi.
Le Président: La motion peut faire l'objet d'un
débat. M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne pensais pas que le
ministre des Finances, en fonction depuis si peu de temps, se serait
transformé aussi rapidement en bourreau par
l'utilisation d'une autre guillotine, parce que c'est de cela qu'il
s'agit - le député de Trois-Rivières a l'air heureux de
cela, je ne sais trop pourquoi - en invoquant l'urgence à l'égard
d'un problème qui est important...
Une voix: C'est un gars de la Mauricie...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...pas urgent, mais bien
important. Les circonstances dans lesquelles, d'ordinaire, le gouvernement
invoque l'article 174, comme vient de le faire le ministre, sont souvent, et je
dirais toujours, reliées à l'imprévoyance que le
gouvernement aurait manifestée dans l'organisation des travaux. C'est
manifestement en fin de session que se produisent ces événements,
ce recours à l'article 174. En fin de session, parce que le gouvernement
ne se sera pas donné le temps suffisant, assez de délai
préalable, pour l'adoption, selon les modes de discussions et de
débats normaux de notre Assemblée, des projets qui
l'amènent devant cette Chambre. En l'occurrence, je vais
"dédouaner" tout de suite, et le ministre de Finances et ses autres
collègues, dans la mesure où l'imprévoyance qui fait
l'objet du litige, si on veut, est beaucoup plus celle de la Caisse de
dépôt et placement du Québec. On pourra revenir - si la
motion d'urgence est adoptée, il y aura une deuxième lecture,
l'adoption du principe - sur ce qui, à notre sens, démontre,
à certains égards, au point de vue administratif,
l'imprévoyance de la Caisse de dépôt. Mais, d'ores et
déjà, on peut constater que le projet de loi est arrivé,
ici, devant cette Assemblée, à la demande de la Caisse de
dépôt et non pas du gouvernement, que cette demande a
été tardive, c'est-à-dire après le 15 novembre et,
donc, ne pourra pas être adopté sans notre consentement. Ce
consentement, nous pourrions le donner si c'était urgent de le faire. On
peut reconnaître, dans notre Chambre, qu'il y a des cas où
l'urgence s'impose à l'esprit, qu'à l'évidence même,
il y a quelque chose d'urgent et, donc, qu'il faut y voir. (1 h 20)
J'ai dit, tout à l'heure, que ce n'était pas un cas
d'urgence mais plutôt d'importance. Et dans des matières
importantes, il convient, notamment, lorsqu'on fait affaire avec
l'épargne de Québécois, avec une institution de l'ampleur
et de la réputation qu'on souhaite la plus haute possible de la Caisse
de dépôt, qu'on agisse avec le temps que cela prend pour discuter
de choses importantes. C'est donc, à mon sens, trop important, ce que le
projet de loi 18 nous demande de faire, pour qu'on adopte cela à la
vapeur. Ce qu'il y a dans ce projet de loi se prêterait merveilleusement
bien à une étude plus longue, à une consultation plus
large quant aux façons dont on pourrait faciliter, dans certains cas,
certains marchés, certaines transactions et l'action de la Caisse de
dépôt. Mais, ce n'est pas cela, le débat, à ce
moment-ci. C'est un débat autour d'une tentative d'absolution que
l'Assemblée devrait donner à des gestes qui ont été
posés par la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Dans ce sens, l'entonnoir de nos travaux, de notre calendrier parlementaire, ne
permettant pas, selon le gouvernement, de discuter longuement de la question,
on invoque l'urgence, alors que nous disons, de ce côté-ci, que ce
n'est pas urgent. On a déjà démontré, lors d'une
consultation préalable avec les gens de la Caisse de dépôt,
par nos interventions en commission parlementaire, hier, qu'il ne s'agit pas
vraiment d'un cas urgent, que la Caisse de dépôt peut vivre
pendant des mois sous l'égide, sous l'empire de la loi telle qu'elle
existe actuellement, que les amendements qu'on apporte aujourd'hui ressemblent
un peu trop à une éponge qu'on voudrait passer sur des gestes que
la Caisse de dépôt et placement regrette, sans doute, mais dont
elle a encore la responsabilité.
Dans la mesure où le gouvernement a décidé de
donner suite aux demandes de la Caisse de dépôt et placement, nous
disons, de ce côté-ci, plutôt que de donner, comme on aurait
pu le faire, toute une série de consentements pour faciliter les choses,
faciliter les débats et donc donner au gouvernement son projet de loi,
nous disons que c'est trop important, que le fardeau de la preuve lui incombe
de démontrer qu'il y avait urgence, qu'il n'a pas déchargé
ce fardeau et que, s'il tient absolument à absoudre la Caisse de
dépôt et placement de gestes qui dénotent une certaine
imprévoyance quant à la façon dont elle gère le
portefeuille des épargnes des Québécois, le gouvernement
vienne donc chercher sa loi 18. On ne la lui donnera pas. S'il veut se servir
de sa majorité, invoquer l'article 174, suspendre les règles,
adopter ce projet de loi à la vapeur à cette heure-ci, à
ce moment-ci de notre calendrier parlementaire, qu'il démontre donc que
c'était urgent. Nous soutenons, de ce côté-ci, que ce
n'était pas urgent et nous voterons contre la motion.
Le Président: M. le ministre des Finances. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Parce que ce projet de loi est si important, je vais
enchaîner très brièvement sur les propos de mon
collègue de Vaudreuil-Soulanges.
Le projet de loi n'est pas urgent. Le problème qui est
soulevé par la caisse est important, mais la solution qui est
visée dans
la loi n'est pas importante. Le projet de-loi va peut-être
corriger quelque chose pour quelques mois, et sont impliqués dans cette
solution des bénéfices ou des coûts additionnels pour la
caisse qui sont d'un maximum, de pertes ou de profits, de 2 000 000 $ ou 3 000
000 $. On n'est pas capable de prévoir ce qui va se réaliser.
La chose qui est la plus gênante, c'est que c'est une admission
flagrante de la mauvaise administration de la caisse que d'arriver, le 19
novembre, de se trouver devant une situation sans qu'elle ait été
capable d'en prendre connaissance, à la limite de ses capacités,
de faire certaines transactions, de ne pas avoir pris connaissance de cela
avant et d'aller devant le ministre des Finances, le 15 novembre, avec cette
surprise, une organisation qui est censée être une des meilleures
sur le plan de l'administration au Québec. Elle est devant, exactement,
le même problème que n'importe quelle compagnie d'assurances. Elle
a été obligée d'y faire face pendant des années,
avant que la loi ait été amendée cette année, et
toutes les fiducies du Québec y font face quotidiennement. Je peux
qualifier même d'arrogante l'idée que la caisse peut venir devant
l'Assemblée nationale du Québec, à ce stade-ci, avec un
avis de quelques heures, et insister pour que nous, les législateurs,
changions les règles du jeu qui sont établies depuis longtemps,
avec une réflexion sérieuse sur des questions qui touchent le
fondement même de l'épargne des Québécois, à
la vapeur, sans avoir même donné le minimum d'avis, le minimum de
raisonnement à la commission parlementaire, hier.
M. le Président, je termine en disant qu'il n'existe pas
d'urgence. En effet, il est urgent, quant à moi, que cette loi ne soit
pas adoptée. La loi n'est pas une loi importante; c'est une loi de 2 000
000 $ ou 3 000 000 $ de bénéfices ou de pertes. Le
problème est important. Cela doit être corrigé par une
commission parlementaire où l'on pourra étudier en profondeur la
loi de la Caisse et son fonctionnement. Mais, accepter les demandes du
président et du conseil d'administration de la caisse, que
l'Assemblée nationale soit le serviteur de la Caisse de
dépôt plutôt que le contraire, c'est donner une très
mauvaise leçon et établir un très mauvais exemple pour
toutes nos sociétés d'État. Je pense que le ministre se
trompe sérieusement quand il accepte cette demande de la caisse et c'est
pourquoi nous sommes convaincus qu'il n'y a aucune urgence.
Le Président: M. le ministre des Finances, vous avez droit
à une heure, si vous voulez.
M. Yves Duhaime (réplique) M. Duhaime: M. le
Président, j'ai écouté attentivement mes collègues
de Vaudreuil-Soulanges et de Notre-Dame-de-Grâce et nous avons pourtant
tenté l'impossible pour convaincre l'Opposition de l'urgence de ce
projet de loi. Il y a deux jours à peine, pendant trois longues heures,
nous avons pu entendre le président du conseil d'administration de la
Caisse de dépôt et placement du Québec venir nous
expliciter l'urgence qu'il y avait à procéder au projet de loi
18. Je n'ai pas l'intention de m'attarder très très longtemps,
mais, lorsque le député de Notre-Dame-de-Grâce mentionne
qu'il n'y a que 2 000 000 $ ou 3 000 000 $ qui peuvent être mis en
péril, je voudrais simplement le corriger, et j'y reviendrai tout
à l'heure de façon plus abondante: le portefeuille-actions de la
caisse, actuellement, représente une masse de 5 000 000 000 $ et, avec
la mécanique qui existe à l'intérieur de la loi qui
régit les activités de la Caisse de dépôt et
placement dans sa politique d'investissement, peut ne pas avoir un effet de
simplement 2 000 000 $ ou 3 000 000 $ sur, seulement, les trois prochains mois
qui sont devant nous, mais peut avoir un impact qui pourrait aller
jusqu'à 12 500 000 $. Si, pour l'Opposition officielle, 2 000 000 $, 3
000 000 $, cela n'a aucune signification parce que les actifs de la caisse sont
de l'ordre de 18 633 700 000 $ le 31 décembre 1983 et, peut-être,
aujourd'hui, autour de 19 000 000 000 $, ce que je réponds à
l'Opposition, c'est que, de ce côté-ci de la Chambre, non
seulement chaque million, mais chaque millier, chaque centaine et chaque dollar
est important. Si mon collègue qui siège normalement à mes
côtés et qui vient de nous quitter pour quelques minutes -parce
qu'il m'a bien promis qu'il reviendrait - le président du Conseil du
trésor, vous avait entendu pendant votre exposé - ah! il est
là? - il aurait été proprement scandalisé. M. le
Président, si, pour l'Opposition, 2 000 000 $ ou 3 000 000 $ - "What is
a million?" - c'est de la petite bière, de ce côté-ci,
c'est important.
Une voix: Voilà!
M. Duhaime: Ce sont les épargnes des
Québécois.
Une voix: C'est cela. (1 h 30)
M. Duhaime: Et j'expliquerai tantôt sur le fond ce dont il
s'agit, mais pour l'instant, à l'étape de la motion d'urgence que
j'ai présentée en vertu des dispositions de l'article 174...
Merci. Ce que je dis, M. le Président, j'aurais souhaité que nous
puissions siéger plus tôt, mais nous avons été
retenus en commission parlementaire - je dois m'en excuser - sur des
propositions d'amendements à la Loi sur les valeurs mobilières.
L'Opposi-
tion vient de voter avec le gouvernement sur la Loi modifiant la Loi sur
les valeurs mobilières - je les en remercie d'ailleurs -C'est un grand
geste intelligent gui a été posé dans les récents
jours par l'Opposition. J'espère que même sur la motion d'urgence
que j'ai présentée tout à l'heure, l'Opposition nous
rejoigne et vote avec nous, reconnaissant le caractère d'urgence du
projet de loi qui est présenté. Ce n'est pas tellement
compliqué, il y a trois articles. Je lance un appel au bon sens,
à l'intelligence, à la compréhension, à la
lucidité de mes collègues de l'Opposition pour que cette motion
d'urgence soit adoptée.
Une voix: Bravo!
Le Président: La motion du ministre des Finances est-elle
adoptée?
Je répète, est-ce que la motion est adoptée?
Une voix: Adopté sur division.
Le Président: Adopté sur division. M. le ministre
des Finances.
Projet de loi 18
Adoption du principe
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, ce projet de loi ayant
déjà été déposé, j'aurais envie de
prendre le risque de vous en proposer l'adoption en deuxième lecture
tout de suite, mais sachant que mes collègues veulent avoir quelques
mots d'explication... J'ai perdu espoir de convaincre ceux d'en face, alors,
peut-être que je réussirai à convaincre ceux de ce
côté...
Une voix: Ce n'est pas sûr.
Une voix: C'est déjà fait.
M. Duhaime: ...qu'il nous faut aller de l'avant avec ce projet de
loi.
De quoi s'agit-il? C'est un projet de loi qui, pour certains, pourrait
paraître très technique, artificiel pour reproduire les mots
utilisés par le député de Notre-Dame-de-Grâce, mais
c'est un projet de loi qui est très important. Il existe actuellement
dans la Loi modifiant la Loi sur la Caisse de dépôt et placement
du Québec deux contraintes sur lesquelles je voudrais m'attarder. Il y
en a d'autres bien sûr, mais deux qui nous préoccupent ce
soir.
Le portefeuille de la Caisse de dépôt et placement est
constitué de deux genres de titres. Dans une première rubrique on
retrouve - les chiffres que je vais donner ici pour les fins de la
postérité pourront être vérifiés aux
états financiers et statistiques financières en date du 31
décembre 1983 au tableau 4, sous la rubrique "ensemble des fonds"
à la page 41 - ceci: Les actifs de la caisse ou ses placements sous la
rubrique générale "titres à revenus fixes" sont de l'ordre
de 12 642 000 000 $ c'est-à-dire à peu près les deux tiers
des placements. Sous une autre rubrique les "titres à revenus
variables", en date du 31 décembre 1983, les placements sont à la
hauteur de 5 161 000 000 $ pour un total de placements à long terme de
17 800 000 000 $. Les valeurs à court terme sont de 820 000 000 $ pour
un grand total des placements de la Caisse de dépôt et placement,
au 31 décembre 1983, de 18 633 700 000 $. À l'heure où on
se parle aujourd'hui, au dire du président de la Caisse de
dépôt et placement du Québec, l'actif ou le total des
placements de la Caisse de dépôt est probablement autour de 19 500
000 000 $.
Mon propos va porter, M. le Président, essentiellement sur les
titres à revenus variables, ce porte-feuille qui totalise en gros
à peu près 5 000 000 000 $, donc une bonne partie, à peu
près le tiers, si on arrondit les chiffres, du total des placements de
la caisse. Que s'est-il passé dans les années récentes?
Lorsqu'ici, à l'Assemblée nationale, l'Opposition nous interroge
sur l'impact des investissements pas rapport à l'emploi, etc., il faut
bien se rappeler une chose. C'est qu'en 1981 et en 1982 nous avons vécu
une des pires crises économiques de toute l'histoire, j'ai l'habitude
d'appeler cela une secousse sismique. Cela s'est reflété, bien
sûr, dans le portefeuille des grandes corporations qui oeuvrent chez nous
comme ailleurs. Qu'est-ce que cela a donné comme résultat? Des
compagnies n'ont même pas retourné, en 1981 et en 1982, un
rendement de 4%.
La question est la suivante: Qu'est-ce que cela a à voir avec la
Loi sur la Caisse de dépôt et placement du Québec? Cela a
beaucoup à voir, M. le Président. Sous les contraintes que la loi
actuelle lui impose et que vous allez retrouver aux articles 27 et suivants et
d'une façon plus particulière à l'article 34, il y a ce
qu'on appelle la clause panier, qui fait que la Caisse de dépôt et
placement du Québec ne peut pas détenir, dans son portefeuille
d'actions, plus de 7% de son portefeuille d'actions, de compagnies qui
n'auraient pas, au cours de chacune des cinq dernières années,
retourné au moins 4%.
On va prendre un exemple et cela va en même temps faire un petit
commercial. Prenons la compagnie ALCAN. ALCAN ne peut pas à l'heure
actuelle répondre au critère de 4% parce que, ou bien en 1981 ou
bien en 1982, cette compagnie n'a pas obtenu un rendement de 4%. Et si on
ajoute à cela à peu près la totalité des actions
qui
sont visées par le portefeuille de la caisse, nous nous
retrouvons devant une situation qui fait qu'aujourd'hui la Caisse de
dépôt et placement du Québec, non pas parce qu'il y a
imprévoyance, mais au contraire parce qu'il y a prévoyance... La
Caisse de dépôt et placement du Québec nous a
expliqué en commission parlementaire, pendant trois bonnes heures, qu'il
y avait un risque que, d'ici les prochains mois, parce qu'à
l'intérieur des restrictions de la loi actuelle la marge de manoeuvre de
la caisse qui fait des ventes et des achats quotidiennement sur des milliers de
titres d'actions, dans la gestion de son portefeuille, se trouve aujourd'hui
dans la situation de pouvoir vendre des actions d'ALCAN, mais de ne pas pouvoir
en racheter, de pouvoir vendre des actions, disons de DOMTAR, mais de ne pas
pouvoir en racheter.
Ce qui fait que, si on fait l'hypothèse... Le
député de Notre-Dame-de-Grâce a mentionné: Pertes
possibles de 2 000 000 $ à 3 000 000 $, il n'y a rien là. Il y a
beaucoup là, même si c'était seulement 2 000 000 $ à
3 000 000 $. Je voudrais que l'Opposition lise à la loupe le 18e rapport
de gestion de la caisse, celui de 1983, à la page 21. On va constater,
au tableau 12 de la page 21: Taux de rendement effectif. À l'actif
financier, vous allez retrouver, sur les actions canadiennes, pour
l'année 1983, 37,6% de rendement, mais la moyenne sur huit ans, de 1976
à 1983, 18,8%. (1 h 40)
Je fais la simple hypothèse, M. le Président, que, si
cette loi n'était pas votée et qu'il y ait un manque à
gagner de seulement 1%, sur l'ensemble du portefeuille, pour une période
de seulement trois mois, nous nous retrouverions avec un manque à gagner
de 12 500 000 $. Si on grossit le scénario, on peut dire que, si le
manque à gagner était de 2%, cela ferait 25 000 000 $. J'exclus
l'hypothèse de 2%, je m'en tiens à 1%; 12 500 000 $ de manque
à gagner. Supposons que ce serait 0,5%, ce serait 12 500 000 $ sur 2. Si
perdre 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ sur les trois ou quatre prochains mois, pour
l'Opposition, il n'y a rien là, de ce côté, il y a quelque
chose.
M. le Président, j'ajoute que, si je prenais toujours ce risque
de perdre 1% sur l'ensemble du portefeuille qui est de 5 000 000 000 $ - sur
une moyenne de huit ans, c'est quand même un bon critère de
référence - je dois vous dire que 18,8%, qui est le rendement
moyen à l'investisseur sur une période de huit ans, c'est un
montant supérieur au revenu d'Hydro-Québec par rapport à
l'avoir de l'actionnaire qui a été de 16,3% sur les neuf
dernières années.
Donc, 12 500 000 $ qui seraient réinvestis pendant dix ans - si
vous avez votre petite machine à calculer, cela va être vite
additionné - 12 500 000 $ qui pourraient être perdus, mais,
plutôt que de les perdre, si on les avait dans notre portefeuille et
qu'ils étaient réinvestis pour une période de dix ans, au
taux de rendement de 18,8%, voici ce que cela donne comme résultat, M.
le Président. Cela donne à peu près 70 000 000 $. Si cela
n'impressionne pas les membres de l'Opposition, je me demande, M. le
Président, ce qui peut vous impressionner, vous qui avez posé des
questions à mon collègue, le ministre de l'Agriculture, qui a
attendu pendant des années et des années un chèque de 11
000 000 $. On lui a fait reproche, parce qu'il était revenu avec le
chèque, on a fait un plat à l'Assemblée nationale pour 25
000 vulgaires dollars, et le député de Notre-Dame-de-Grâce
vient me raconter: II n'y a rien là, 2 000 000 $ à 3 000 000 $...
Franchement!
Je vous dis, M. le Président, que ce qu'il est important de bien
saisir dans le projet de loi que nous présentons, c'est que nous ne
modifions en aucune manière les pouvoirs des administrateurs à la
Caisse de dépôt et placement. C'est un amendement que je
qualifierais d'intelligent, et j'aurais pensé que l'Opposition l'aurait
saisi tout de suite. Je perds un peu de mes illusions, mais je dois dire que ce
que nous retrouvons dans la loi constitutive de la Caisse de dépôt
et placement n'est pas touché fondamentalement. Nous disons, parce qu'il
y a eu une crise économique, la loi 18 va présumer que, pour
l'année 1981-1982, les exercices commençant ou se terminant en
1981-1982, pour les différentes compagnies dont les actions se
retrouvent au portefeuille de la Caisse de dépôt et placement,
nous allons présumer que le rendement a été effectivement
de 4%, mais il n'y a rien de changé pour l'année 1980, il n'y a
rien de changé pour l'année 1983, il n'y a rien de changé
pour l'année 1984 et il n'y a rien non plus de changé pour
l'année 1985, et la restriction de 7% demeure.
L'Opposition nous dit, M. le Président: Vous avez
été imprévoyants. Au contraire, nous sommes d'une
prévoyance lucide ou encore, si vous aimez mieux, d'une lucidité
prévoyante. Si j'écoutais l'Opposition, M. le Président,
il n'y aurait pas d'amendement à la loi, nous laisserions porter, nous
perdrions n'importe quoi entre 2 000 000 $ ou 3 000 000 $, de l'aveu même
du député de Notre-Dame-de-Grâce - mon calcul
m'amène à la hauteur de 12 500 000 $ - et les choses pourraient
se corriger d'elles-mêmes, suivant ce que l'Opposition nous en dit!
Savez-vous combien d'années il faudrait attendre, M. le
Président? Jusqu'en 1988, parce que la loi actuelle dit: Au cours de
chacune des cinq dernières années. C'est facile à compter,
1987, 1986, 1985, 1984, 1983. En 1982, il n'y a pas le rendement de
4%.
J'ai déjà vu l'Opposition sous de meilleurs jours, M. le
Président. Certains jours, on nous a fait des motions de report de
quinze ans. Une fois, cela a été, je crois, dix ans. Une autre
fois, cela a été trois ans. Cette Opposition, elle me
désespère. Elle ne s'améliore point. Je comprends que
l'Opposition est très bien rémunérée,
peut-être même trop bien rémunérée pour
s'opposer à tout ce que le gouvernement met de l'avant, mais je voudrais
simplement lui demander de collaborer avec nous pour faire en sorte que ce
projet de loi soit adopté le plus rapidement possible et que, comme on
dit, les gestionnaires puissent gestionner et que cet amendement va permettre
d'éviter, parce qu'il n'y a pas de certitude absolue... Nous sommes
d'une prévoyance telle que nous ne voulons même pas courir le
risque de mettre en péril, ne serait-ce que le premier million des 18
000 000 000 $ ou des 19 000 000 000 $ qui se retrouvent aujourd'hui sous la
responsabilité du conseil d'administration de la Caisse de
dépôt et placement. Je suis convaincu qu'après m'avoir
entendu c'est dans l'enthousiasme que l'Opposition va rejoindre le gouvernement
et adopter ce projet de loi. Merci, M. le Président.
M. Bertrand: Très bien! Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Je commence à comprendre pourquoi on parle d'une clause panier dans la
Loi sur la Caisse de dépôt et placement, le panier étant
cet instrument dans lequel la tête de l'Opposition tombe lorsque le
bourreau de Saint-Maurice fait fonctionner la guillotine. Je rappelle au
ministre les propos que j'ai tenus en commission parlementaire vers 17 h 30
hier soir, alors que j'ai eu la bonne foi, la générosité
de présumer qu'il savait compter. J'ai évoqué, à ce
moment-là, que le ministre de l'Industrie et du Commerce, le
député de Lotbinière, avait démontré
quelques minutes auparavant qu'il ne savait pas compter du tout, que le
député de Drummond et président du Conseil du
trésor avait, quant à lui, manié avec une certaine
habileté les chiffres dont nous débattions à l'occasion de
l'étude des crédits supplémentaires et ma foi, à
certains égards, en lisant les chiffres devant lui, le ministre des
Finances, lorsque son tour est venu en commission parlementaire, a assez
correctement fait état des équilibres financiers, des
dépenses additionnelles, des crédits supplémentaires qu'il
demandait à la Chambre. Je reviendrai un peu plus loin sur les erreurs
grossières de calcul que le ministre demande à ses
collègues d'approuver et avec lesquels il tente de convaincre
l'Opposition du bien-fondé de sa position à lui.
Revenons plutôt au fond du débat, parce qu'on en est
à l'adoption du principe de ce projet de loi. Qu'est-ce que le projet de
loi 18 tente de faire, sinon de rendre conforme aux agissements de la caisse la
loi actuelle de la Caisse de dépôt? Et je m'explique. Il ne s'agit
pas d'absoudre la caisse d'un état d'illégalité dans
laquelle elle se trouverait. Il ne s'agit pas, rétroactivement, de
permettre à la caisse de conserver un portefeuille qu'elle s'est
constitué en dérogation de la loi actuelle. Il ne s'agit pas de
cela. On nous a parlé, en commission parlementaire, d'une politique
d'investissement sciemment entreprise et consciemment soutenue par la Caisse de
dépôt depuis des mois et la Caisse de dépôt a
réalisé tout récemment que, si elle continuait dans cette
voie, éventuellement, elle frapperait les plafonds que la loi actuelle
lui impose quant au genre d'actions, quant à la qualité des
titres qu'elle peut détenir. On ne prétend pas - je le
répète, parce que c'est trop facile ensuite de nous faire dire ce
qu'on n'a pas dit - que la Caisse de dépôt entendait
dépasser les limites qui lui sont fixées dans la loi actuelle. La
Caisse de dépôt n'entend pas modifier un comportement qui pourrait
l'amener à faire cela, si elle ne change pas de comportement. C'est de
cela qu'il s'agit. Cela, immédiatement, nous permet de dire, de ce
côté-ci, que la caisse a été imprévoyante,
notamment, dans la qualité -ou l'absence de qualité - des outils,
des systèmes de contrôle qu'elle aurait dû mettre en place
pour surveiller l'évolution de son portefeuille qui, dangereusement, on
le voit maintenant et c'est ce qu'elle soutient, l'accule à des
changements très rapides, possiblement, dans sa politique
d'investissement. (1 h 50)
Rappelons-nous, pour comprendre ce qui se passe, quel est le
véritable rôle de la Caisse de dépôt. On a
parlé chaque fois de trois éléments que la caisse doit
respecter dans sa gestion des fonds que lui confient les
Québécois: s'assurer de la sécurité des
investissements, s'assurer de leur rendement et contribuer au
développement économique du Québec. Le dernier mandat
n'est pas en cause ici, ce n'est pas la question de savoir si la Caisse de
dépôt est en train d'investir dans des titres, que ce soit des
obligations, des prêts qu'elle consentirait à des entreprises ou
l'achat d'actions mises pour la première fois sur le marché par
des petites ou moyennes entreprises. C'est comme cela qu'on peut concevoir son
rôle quant au développement économique du Québec.
On
est plutôt en train de regarder à l'intérieur d'un
portefeuille considérable, 5 000 000 000 $ a dit le ministre, et
regardez comment elle se comporte comme fiduciaire des épargnes des
Québécois.
C'est à titre de fiduciaire que la caisse doit toujours avoir
à l'esprit la sécurité, d'une part, des investissements
et, d'autre part, rechercher le meilleur rendement possible. Mais la loi lui a
fixé des limites, la loi dit que, si la caisse veut acheter des actions
qui n'ont pas réalisé 4% de rendement sur leurs valeurs
comptables dans les cinq dernières années, elle peut toujours les
acheter, mais elle doit, si on veut, les garder dans ce panier de façon
séparée, les comptabiliser et garder l'oeil sur ces actions, sur
ces titres, de façon spécifique, tout en ne dépassant pas
une limite qui apparaît dans la loi et qui est 7% des actifs de la
caisse.
Pourquoi 7%? Pourquoi pas 5%? Pourquoi pas 11,86%? Cela n'a pas
tellement d'importance à ce moment-ci, quand on voit que la caisse
fonctionne dans un marché où il y a d'autres institutions qui
sont sujettes exactement aux mêmes contraintes, qu'il s'agisse de
sociétés d'assurances, régies par la Loi
fédérale sur les compagnies d'assurances canadiennes et
britanniques, qu'il s'agisse de notre Loi sur les sociétés en
fidéicommis, qu'il s'agisse d'un exécuteur testamentaire ou d'un
curateur dont les actions, les gestes sont gouvernés par l'article
981° de notre Code civil. Dans tous ces cas, ces gens ont affaire aux
mêmes contraintes, 4% de rendement, et très souvent la clause
panier de l'ordre de 7% de ces actifs, indiquant ainsi qu'il y a des limites
à acheter des titres qui, dans les dernières années, n'ont
pas rapporté un minimum de 4%.
On veut nous faire valoir aujourd'hui que ces limites ne seraient pas
importantes ou on veut nous faire valoir aujourd'hui que le rendement que la
caisse peut avoir sur ses actifs serait amélioré si on lui
donnait une marge de manoeuvre additionnelle pour qu'elle puisse
acquérir des titres qui n'ont pas réalisé ce test des 4%
de rendement pendant cinq ans. Je suis presque obligé de me demander qui
croire à ce moment-ci, parce que, lorsque j'écoute ces
plaidoyers, je ne peux m'empêcher de les mettre en regard d'un document
que la Régie des rentes du Québec, présidée par
celui qui est vice-président de la caisse, vice-président du
conseil de la caisse, M. Claude Legault, je ne peux donc m'empêcher de me
référer, dis-je, à un document que la Régie des
rentes a publié en décembre 1983 - cela ne fait pas des lustres,
cela fait onze mois - un document intitulé: "La surveillance des
régimes de retraite au Québec: Une nouvelle approche". Qu'y
avait-il dans ce document qui mettait sur la place publique des
éléments pour corriger, enfin, examiner la façon dont les
fonds de retraite privés devaient être surveillés? Je
réfère le ministre au chapitre 3, page 17, où il
était question de la réglementation des placements. Qu'est-ce
qu'on disait? Qu'il fallait un seuil minimal - par exemple 4% -de rendement sur
le capital investi à être atteint afin de qualifier un titre de
producteur de revenu, évitant ainsi qu'un revenu nominal infime puisse
qualifier un titre.
C'est la Régie des rentes, un des déposants, qui entendait
imposer, par ailleurs, ou qui suggérait - enfin, c'était
écrit et, si on l'écrit, à moins de vouloir parler pour ne
rien dire, cela a une quelconque importance - on y écrivait que 4%
était un test qu'il fallait retenir. On examinait également que
l'exigence de production de revenu, de rentabilité devait être
appliquée sur une base continue et non seulement à l'acquisition
des titres. Imaginez-vous, la situation va tellement au-delà de ce qui
se passe en réalité. Aujourd'hui, ce qui arrive, c'est que les
titres peuvent être acquis, insérés dans la clause panier
des 7% des actifs, à condition qu'ils soient éligibles au moment
de l'acquisition, si, dans les cinq années précédentes,
ces titres ont connu un rendement de 4%. On ne parle pas de cela ici. La
Régie des rentes allait beaucoup plus loin quant à la
sécurité de l'épargne. Sur une base continue, il fallait -
on suggérait une base triennale, tous les trois ans - regarder ce qu'il
y avait dans le portefeuille, examiner si les titres depuis quelques
années avaient produit 4%, c'est-à-dire si la compagnie dont les
titres étaient détenus avait produit 4% de rendement, et si,
présumément, on ne répondait pas au test, il fallait
liquider.
On se rend compte de la préoccupation de la Régie des
rentes à l'égard des placements dans les régimes de rentes
privés, quant à la sécurité de l'épargne.
Aujourd'hui, on vient nous voir pour dégager une marge de manoeuvre qui
va précisément à l'encontre des suggestions qui
étaient faites par la Régie des rentes, un déposant, dont
les actifs représentent à peu près la moitié des
actifs de la caisse. C'est assez étrange. C'est pour le moins paradoxal.
C'est le moins qu'on puisse dire. Au-delà de tout cela, il y a
l'intention du législateur, pas seulement de ceux ici, nos
prédécesseurs qui, il y a 20 ans, ont adopté la Loi sur la
Caisse de dépôt et placement, mais également les
législateurs dans d'autres lieux, à l'occasion de l'adoption de
lois régissant les sociétés ou les individus, quand on
pense au Code civil, à qui on confie les biens d'autrui, qui doivent les
administrer pour autrui. C'est cette intention du législateur qu'on
tente de contourner aujourd'hui, dans la mesure où on veut
dégager une marge de
manoeuvre pour la Caisse de dépôt et placement que la loi
n'a jamais voulu lui donner. C'est de cela qu'il s'agit. D'ailleurs, ce qui est
le plus surprenant, c'est que la caisse ne s'est jamais
préoccupée de ces éléments qui doivent
nécessairement faire partie du processus de décision qui
mène à l'acquisition de certains investissements.
De quoi s'agit-il vraiment? De quel genre de chiffres parle-t-on? Quels
sont les véritables résultats financiers? Quels sont les pertes
ou les profits que la caisse pourrait faire ou ne pas faire si le projet de loi
18 était adopté ou pas adopté? (2 heures)
Le ministre nous a dit que, si on présumait une perte de
rendement de 1% sur le portefeuille d'actions, on pourrait, dans certaines
hypothèses, parler de 12 500 000 $ de perte potentielle par rapport au
rendement de ces dernières années, sur une période de
trois mois. Comment a-t-il calculé cette perte? Tout simplement en
regardant les prémisses du ministre et le résultat de 12 500 000
$ qu'il nous a soumis, il est évident que c'est sur le portefeuille
entier de 5 000 000 000 $ que le ministre a calculé les chiffres qu'il
nous a livrés ici pour convaincre ses collègues. Il ne nous a
certainement pas convaincus de ce côté-ci avec des chiffres
semblables. Il a démontré, j'en ai peur, que, s'il savait
compter, faire des multiplications et des divisions, il savait très mal
choisir ses exemples parce que c'est à l'égard - et la caisse
elle-même l'a reconnu en commission parlementaire - de 250 000 000 $ et
non de 5 000 000 000 $ qu'à la rigueur ces risques pourraient exister.
Un vingtième du portefeuille d'actions serait affecté, 5%. On
vient nous dire ici qu'on parle peut-être de 12 500 000 $ de perte; au
mieux - au pire, je devrais dire - on parle de 600 000 $; pas 12 500 000 $,
mais 600 000 $.
Quant à savoir ce qu'il faut faire avec les 70 000 000 $ que le
ministre nous a lancés par la tête tout à l'heure, j'aime
autant ne pas en parler. Plus les chiffres que le ministre cite comme
étant les pertes possibles de la Caisse de dépôt sont gros,
plus son erreur est grossière. Il aurait peut-être avantage
à ne pas en parler plus qu'il ne le faut.
Mais même là, ce n'est pas évident que la caisse
pourrait faire des pertes parce que la seule façon dont on pourrait le
savoir, c'est à la clôture des affaires; chaque jour, la caisse
nous annonce que, n'eût été du projet de loi 18, on aurait
posé tel geste plutôt que tel autre. C'est-à-dire que, si
la loi actuelle n'est pas changée, la caisse devra faire certaines
sortes d'investissements qui rapporteront un rendement X. Si la loi 18 est
adoptée, prétend la caisse, elle pourra faire d'autres genres
d'acquisitions.
Pour comparer le rendement entre ces deux situations, il faudrait que,
dans six mois, on se revoie, qu'on regarde quel a été le
rendement de la caisse sur les transactions qu'elle a conclues pendant six mois
et qu'on puisse comparer avec quelque chose. Comparer avec quoi? Avec rien,
sauf si la caisse nous dit à la fin de chaque journée: Â
cause de l'Opposition libérale, ou parce que le projet de loi 18 n'a pas
été adopté, on a été obligé d'acheter
des titres de telle société, mais on aurait dû acheter
aujourd'hui, à telle date, les titres de telle autre
société. Et nous dire cela tous les jours à l'égard
de toutes ses transactions. Il faut une base de comparaison. Il faut que la
caisse puisse prouver, s'il y a des pertes, qu'elle aurait mieux fait. On ne
saura qu'elle aurait mieux fait que si elle nous dit tous les jours, toutes les
semaines, ce qu'elle aurait fait dans l'état actuel où se trouve
la loi.
On n'en sait rien. On ne saura jamais -c'est tellement théorique
- quelle sera la différence et nous prétendons, de ce
côté-ci, que s'il y en avait une, elle serait insignifiante quant
aux résultats financiers de la caisse. On pourra toujours dire qu'un
dollar sur 20 000 000 000 $ d'actifs, c'est important. Je veux bien, M. le
Président, qu'il ne soit pas sage de prendre ne serait-ce qu'un dollar
et de le jeter par la fenêtre, mais ce n'est même pas sûr que
c'est cela qui arriverait.
Le véritable effet de cette loi qu'on nous demande de voter
à ce moment-ci, c'est d'absoudre la caisse des responsabilités
qui lui incombaient de s'équiper d'une façon complète pour
pouvoir suivre l'évolution de son portefeuille et de ne pas nous arriver
ici à la dernière minute - dans un sujet important, mais qui
n'est pas urgent, je viens de le démontrer - pour qu'on donne notre
bénédiction, qu'on s'écrase devant une guillotine, qu'on
accepte une suspension des règles, qu'on discute de ce projet de loi
à 2 heures, je suis convaincu que les citoyens du Québec sont
tous suspendus à nos lèvres devant leur appareil de
télévision; pas du tout, M. le Président. Je leur souhaite
bonne nuit, pour ceux qui nous entendent. Chose certaine, on nous arrive ici
prétendant qu'il y a urgence, mais il n'y a pas urgence,
prétendant qu'il faut absolument changer la Loi sur la Caisse de
dépôt et placement du Québec parce que les effets de ne pas
le faire sont invraisemblables, catastrophiques. C'est un terme qu'on a entendu
en commission parlementaire. Allons donc! Sur 20 000 000 000 $ d'actifs, sur
une fraction insignifiante du portefeuille de la caisse, sur une longueur de
temps insignifiante quant aux quelques mois qui viennent, où pourrait
perdurer cette situation en attendant que la caisse s'adapte quant à
l'hypothétique résultat financier des décisions que la
caisse prendrait en vertu de la loi actuelle ou en
vertu de la loi qu'on nous propose aujourd'hui, je soutiens, M. le
Président, que nous sommes dans le domaine théorique quant aux
effets financiers et que nous sommes quand même devant une situation
où une institution immense, énorme, qui gère
l'épargne des Québécois, ne semble pas s'être
préoccupée des exigences de sécurité de
l'épargne qui ont été exprimées, à tort ou
à raison, qui ont été exprimées par des
pourcentages de rendement dont il fallait s'assurer sur certains titres et de
pourcentages d'actifs qu'on pouvait posséder dans certains titres
à revenus variables. Pour ces raisons, il ne m'apparaît toujours
pas qu'on doive aujourd'hui, si facilement, donner suite à la demande du
gouvernement et, pour des raisons que nous avons déjà
expliquées, pour des raisons que j'ai répétées,
pour des raisons que, j'en suis sûr, mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce voudra bien appuyer, nous voterons contre le projet
de loi 18.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: M. le Président, sans répéter un
seul mot du discours magistral de mon collègue de Vaudreuil-Soulanges,
j'ai l'intention d'expliquer à ma façon au ministre pourquoi il
fait un tort très important en acceptant de parrainer ce projet de loi.
C'est une explication qui, je pense, va intéresser mon chef, le
député de Bonaventure, et mes collègues aussi.
La première chose que je veux dire au ministre des Finances,
c'est que, depuis quelques années maintenant, l'Opposition
libérale a accusé le gouvernement de manipuler la Caisse de
dépôt. Nous sommes, ce soir, pour la première fois, devant
la triste réalité que c'est la Caisse de dépôt et
placement du Québec qui est en train de manipuler le gouvernement et le
ministre des Finances. Le ministre doit rendre compte de cela parce que c'est
un précédent très dangereux.
Examinons ce qui est arrivé. L'épargne
québécoise est extrêmement importante. C'est tenu par une
série d'institutions comme les compagnies d'assurances, les fiducies et
la Caisse de dépôt et placement du Québec. Pour chacune de
ces institutions, nous avons adopté une loi et, dans la loi, on limite
les titres, les valeurs que ces compagnies peuvent détenir dans
l'intérêt à la fois de la sécurité de
l'épargne et de la possibilité d'acheter et de détenir des
choses qui sont rentables. Cet équilibre entre la sécurité
et la rentabilité est essentiellement l'objectif de chacune de ces lois.
Pour cette raison, vous trouvez dans chacune de ces lois certains chiffres,
certains encadrements, certaines limites quant à la qualité et la
quantité des titres que ces compagnies peuvent détenir. C'est
ainsi pour les compagnies d'assurances, pour les compagnies de fiducie et pour
la caisse.
Qu'est-ce qui est arrivé? Depuis trois ans maintenant, la caisse
a commencé à acheter des actions d'une façon de plus en
plus importante sans tenir compte d'au moins une et peut-être deux de ces
limites qui ont été établies par le législateur. Je
ne veux pas entrer dans la complexité de l'affaire, mais prenons
simplement l'exemple du problème, de la limitation qui nous
préoccupe ce soir, qu'on appelle la clause panier. C'est une clause qui
permet à la caisse de détenir un certain nombre d'actions qui ne
sont pas qualifiées par rapport aux autres articles de la loi, qui dit
que la caisse peut détenir 7% des actions, de la valeur totale, dans ce
panier. (2 h 10)
À la fin de décembre 1981, il n'y avait pas de
problème, le panier était à 75% vide. La quantité,
la valeur des actions dans ce panier n'était que de 20% de la
capacité du panier. Un an après, c'était augmenté
à 40%. Un an plus tard, en 1983, c'était rendu à 60% et,
ce soir, cela dépasse 90%. C'est une augmentation de 25% à 40%,
à 60%, à 90% en quatre ans. Une chose étonnante, c'est que
l'administration de la caisse ne s'était même pas rendu compte de
cette augmentation. Il n'existe, à l'intérieur de la Caisse de
dépôt et placement, aucun système, soit comptable, soit sur
papier, soit dans un ordinateur, qui peut leur indiquer qu'elle est en danger
et qu'elle arrive aux limites de ce panier. C'est quelque chose qu'elle peut
contrôler avec l'achat d'un logiciel qu'elle pourrait acheter chez
Computerland pour 250 $. Une compagnie avec un actif de 18 000 000 000 $ n'a
même pas tenu compte du fait que cette limite existait et qu'elle
risquait d'en arriver à un noeud. Croyez-le ou non, M. le
Président, elle s'en est rendu compte à la fin de septembre, sur
la base des chiffres du 30 juin. La Caisse de dépôt et placement
prend aujourd'hui 90 jours pour prendre connaissance des titres qu'elle
détient dans son portefeuille.
Je parle maintenant d'une organisation qui détient pas loin de 18
000 000 000 $ de notre épargne. Elle a, semble-t-il, un système
qui équivaut à celui d'un commerce du coin d'un quartier
banlieusard de Montréal. C'est cela le problème devant lequel
nous sommes. Elle est arrivée devant le ministre des Finances, le 15
novembre, en panique et elle a dit: Nous avons un plan d'investissement pour
l'année qui s'en vient et, mon Dieu! on vient juste de découvrir
que, si vous ne changez pas la loi, on ne sera pas capable de mettre en vigueur
notre plan d'investissement. Imaginez-vous! Il y a une loi, la loi a
créé la caisse, la loi a créé
les limites à l'intérieur desquelles les administrateurs
de la caisse doivent agir pour réaliser cet équilibre entre la
sécurité et le rendement. Les administrateurs de la caisse n'ont
pas pris connaissance des dangers qui s'en venaient, de l'augmentation des
actions qui ne qualifiaient pas, et ils arrivent au mois de novembre devant un
problème. Pour régler le problème, plutôt que
d'ajuster leur plan d'investissement pour 1985, ils ont le culot - et je
n'exagère pas quand je dis le culot - d'aller au législateur et
de dire: Nos plans ne se conforment pas à votre loi. Changez votre
loi.
Imaginez-vous, M. le Président, si la compagnie La Laurentienne
arrivait à nos portes demain et disait: Regardez, la loi qui
régit les compagnies d'assurances est telle que nos plans
d'investissements sont menacés pour l'année prochaine, changez la
loi. Imaginez-vous si une compagnie de fiducie du Québec arrivait ici et
disait: Changez la loi immédiatement. Ce n'est pas une demande
d'examiner la loi, de la réexaminer d'une façon
pondérée; pas du tout. Ils ont menacé le ministre, je ne
sais pas comment, en disant: Changez la loi immédiatement parce que nos
"traders", nos administrateurs ont un plan qui n'est pas conforme aux
règles du jeu qui ont été établies ici par le
législateur, il y a longtemps, pour assurer et sauvegarder
l'épargne des Québécois. Il n'y a aucune façon de
le justifier. On regarde la chose quand même pour voir jusqu'à
point cela est important. Le ministre est passé complètement
à côté de la "track" quand il parlé des chiffres
qu'il a mentionnés ce soir.
D'après le vice-président exécutif de la caisse
lui-même, le projet de loi qu'on est en train d'adopter ce soir va
libérer au maximum 250 000 000 $ pour les nouveaux investissements. Ce
ne sont pas des investissements qui ne sont pas là aujourd'hui. Cela va
leur permettre de vendre, par exemple, les actions d'une compagnie admissible
et d'acheter des obligations d'une compagnie non admissible, d'après ce
critère.
Si tout va très bien et que les "traders" ne font aucune erreur,
c'est possible d'imaginer que, sur ces 250 000 000 $, et c'est le seul montant
en jeu... Ils ont 5 000 000 000 $ d'investissements en actions, mais,
d'après la caisse même, la loi va libérer seulement 250 000
000 $ pour ventes et rachats. Ces actions sont toujours là; elles sont
rentables aujourd'hui. Peut-être que leur rentabilité peut
être augmentée de 1% ou 2%. C'est possible. Si cela se
réalise d'ici six mois, ils vont peut-être réaliser une
augmentation de rentabilité de quelques centaines de milliers de dollars
en six mois. Je pense que le calcul que mon collègue et moi avons fait
ce soir, c'était que possiblement cela puisse monter au maximum, pendant
un an, de 2 500 000 $. C'est aussi possible que cela baisse de 1 500 000 $ et
c'est aussi possible que cela puisse être plus sérieux que cela,
parce qu'il faut accepter que les titres qu'ils veulent acheter sont les titres
qui ont réussi d'une façon insatisfaisante pendant une
période d'au moins deux ans. Ce sont des titres qui comportent certains
dangers. Oui, c'était en 1981-1982. Il y avait beaucoup de
problèmes à cette époque-là, j'en conviens, mais il
faut quand même accepter que ces titres aient subi des pertes
énormes pendant cette période et c'est exactement ces titres que
la caisse veut racheter maintenant.
Alors, le danger pour l'épargnant, c'est le premier
problème que ce projet de loi peut apporter. Quand le ministre parlait
de la nécessité de rentabiliser l'épargne
québécoise, il avait raison, mais il doit aussi parler de la
nécessité de sécuriser l'épargne
québécoise. À cet égard, ce qu'il fait ce soir,
c'est réduire la sécurité de l'épargne
québécoise. Le message est passé.
Donc, M. le Président, il est impossible d'accepter le projet de
loi. Nous avons quand même soumis une contre-proposition. Nous convenons
avec le ministre que la Loi sur la Caisse de dépôt et placement du
Québec doit être regardée de nouveau. C'est certainement
une loi qui a été adoptée il y a presque 20 ans maintenant
et c'est possible que les critères doivent être changés.
Mais cela doit être fait d'une façon pondérée et
cohérente après Noël, avec une commission parlementaire,
comme on a fait quand on a révisé la Loi sur les assurances. Cela
doit être fait avec la présentation des personnes de
l'extérieur qui ont un intérêt dans l'administration de la
caisse. Après, on va réviser la loi s'il y a lieu.
M. le Président, si c'est fait de cette façon, le ministre
sera capable de dire aux Québécois qu'il a agi d'une façon
responsable, dans l'intérêt, non seulement du rendement qui peut
possiblement arriver avec un changement, mais aussi en tenant compte de la
sécurité de l'épargne québécoise. (2 h
20)
M. le Président, ce soir, et je le dis du fond du coeur parce que
c'est très important, le ministre des Finances, avec le geste qu'il est
en train de poser, est en train d'accepter une certaine forme de chantage de la
part de la caisse qui a mal administré son portefeuille et qui a
démontré un manque d'information la plus
élémentaire. Il est en train de risquer l'épargne des
Québécois sans avoir consulté le monde des affaires, le
monde universitaire, le monde qui a de l'expérience dans ce dossier et
sans comparer avec les compagnies de fiducie qui sont toujours régies
par la même loi qui existe pour les caisses, de favoriser les caisses par
rapport au secteur privé, dans ce sens. Il est en train de créer
un problème potentiel pour chaque personne au Québec
qui a la possibilité de sortir une pension de la caisse, les
personnes qui investissent ou qui sont cotisées par la Régie de
l'assurance automobile et la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Il parle de la rentabilité. Il n'a
pas parlé du risque. Bien oui, il va me dire: Bon, M. Scowen, ALCAN,
ça ne comporte pas de risques; Noranda Mines, ça ne comporte pas
de risques. Il va passer a travers la liste des compagnies qui ne sont pas
éligibles.
Mais il est obligé d'admettre que ces compagnies sont des
compagnies qui avaient, pendant les années 1981 et 1982, donné un
rendement qui était inacceptable. Il peut dire: Bon, 1981 et 1982, c'est
fini; c'est une fois dans la vie. Mais il n'y a personne qui peut dire
ça avec certitude.
Il est en train de permettre aux gestionnaires de la caisse de
s'embarquer sur une voie qui est dangereuse pour l'épargne
québécoise, d'une façon imprévue, sans consultation
et sur la base de je ne sais pas quelle sorte de menace de la part de la
caisse. Il est en train de faire une grave erreur. Merci.
Le Président: M. le ministre, en réplique.
M. Yves Duhaime (réplique)
M. Duhaime: M. le Président, très
brièvement. J'ai écouté avec beaucoup d'attention le
député de Notre-Dame-de-Grâce et je vous dis
honnêtement que s'il avait eu de bons arguments, peut-être
m'aurait-il convaincu. Mais je suis obligé de dire que l'Opposition dit:
Le ministre est en train de plier au chantage de la Caisse de
dépôt et placement. Je dis simplement à l'Opposition que je
ne plierai pas au chantage de l'Opposition. Mais, ça, ce n'est pas la
même chose.
Regardons les faits. L'article 34 de loi qui n'est pas modifié
dit ceci: "Le montant total investi dans les placements et prêts en vertu
du présent article ne doit pas dépasser 7% de l'actif total". 7 %
de l'actif total, qui fait autour de 19 000 000 000 $, représente ce
qu'on appelle la clause panier, M. le Président, au 30 septembre 1984,
une limite maximale permise de 1 380 514 310 $.
La question, c'est la suivante: Au 30 septembre 1984, où la
Caisse de dépôt et placement en était-elle? Le montant est
de 1 254 173 573 $, donc, une marge de manoeuvre de 126 401 000 $, en oubliant
les miettes, pour les mois qui viennent.
M. le Président, M. Campeau, pendant trois heures de temps, a
expliqué à l'Opposition que sur ces titres en actions, la caisse
transigeait un volume de 50 000 000 $ à 60 000 000 $ par mois. Donc,
gouverner, c'est prévoir. Ce que nous faisons ce soir, c'est
prévoir. Je suis absolument convaincu d'une chose, si je n'avais pas
pris la décision de déposer cette loi, avec une motion d'urgence,
je serais prêt - Mon Dieu, pourquoi ne pas le dire - à mettre mon
siège en jeu que l'Opposition qui est ici en face de nous ce soir se
serait levée au premier jour du printemps et aurait dit: Avez-vous vu le
ministre des Finances? Il ne s'est pas occupé de la Caisse de
dépôt et placement. La caisse est rendue au plafond de la clause
panier et, maintenant, elle est obligée de transiger dans des titres qui
ont des rendements inférieurs.
Vous auriez été les premiers à me dire: Mais, mon
Dieu, si vous nous aviez demandé notre consentement, on l'aurait
donné, même à deux heures du matin, si nécessaire.
Vous m'auriez accusé de ne pas me préoccuper de deux
éléments très importants: la sécurité des
placements et le rendement de ces placements.
Mon Dieu, au-delà de tous vos grands discours, j'aurais
pensé que l'Opposition aurait fait une motion de fécilitations,
à l'endroit du président du conseil d'administration de la Caisse
de dépôt et de placement et son conseil d'administration, dont on
peut voir les noms, les photos en couleur, il y a même des croquis.
Mais ce qui m'a frappé, au-delà des noms des
gestionnaires, c'est le rendement. À la page 21 des états
financiers, le 18e rapport de 1983, qu'est-ce qu'on dit? Justement sur le
portefeuille des actions, le rendement sur huit ans, de 1976 à 1983; je
serais assez curieux de savoir ce que ça donnait comme rendement avant
1976, parce que c'est vrai qu'il y a une politique de placement et
d'investissement à la caisse. Ce qu'il est important de faire ressortir,
c'est que la Caisse de dépôt et de placement a respecté
très rigoureusement la loi qui la régit. Le rendement moyen sur
les actions canadiennes, sur huit ans... Prenons seulement l'année 1983,
37,6% de rendement à l'investisseur. Vous devriez faire une motion de
félicitations non seulement pour la bonne gestion, mais pour
l'excellence de la gestion. Sur huit ans, cette performance a été
de 18,8%.
Si on compare maintenant à d'autres indices reconnus sur les
marchés tel que ça apparaît aux états financiers, on
retrouve -je vais prendre deux exemples, parce que le temps nous presse -
Bourse de Montréal, dividendes non inclus, pour l'année 1983,
32,2% par rapport à 37,6% pour le portefeuille d'actions de la caisse,
et sur huit ans, Bourse de Montréal, dividendes non inclus, 12%; la
Caisse de dépôt, 18,8%. Montréal, c'est un petit
marché financier par rapport à Toronto, dividendes non
inclus.
Bourse de Toronto, dividendes inclus, en 1983, 35,5% de rendement;
rendement de la caisse, 37,6%. Toronto toujours, dividendes inclus, sur huit
ans, 18,1%; la Caisse de
dépôt et placement du Québec, 18,8%. Une
voix: Cela ne prouve rien.
M. Duhaime: Cela ne prouve rien? Cela prouve une chose, à
mon esprit, c'est que le portefeuille actions de la Caisse de
dépôt a un rendement supérieur sur huit ans par rapport
à deux grands indices sur les marchés, celui de Montréal,
en excluant les dividendes, et celui de Toronto en les incluant. Je sais que
ça n'impressionnera pas mes collègues de l'Opposition, avec les
discours que j'ai entendus tantôt, ils sont loin d'être prêts
à revenir sur leur position.
Maintenant, un mot très bref sur la politique de placement et
d'investissement. Ce que le député de Notre-Dame-de-Grâce
nous disait tantôt, le gouvernement est en train d'ajuster sa
législation aux desiderata de la Caisse de dépôt et de
placement. Rien de plus faux, M. le Président. Je sais que l'Opposition
a ce que j'appellerais un vieux contentieux. Admettons qu'on dirait un
contentieux historique, ce qu'on appellerait un compte à régler
avec la Caisse de dépôt.
Ce que je vous dis, premièrement, vous êtes mal
conseillés. Vous avez un membre "eminent", entre guillemets, d'une de
vos commissions ou sous-commissions politiques qui vous donne de mauvais
conseils. Je suis en train de songer très sérieusement à
donner à l'Opposition, à la Caisse de dépôt et
placement et, pourquoi pas, au gouvernement, la possibilité qu'on ait un
débat sur l'ensemble de la Loi sur la Caisse de dépôt et de
placement du Québec et sa gestion. Mais, M. le Président, j'ai
beau évoquer ça ce soir, vous allez vous souvenir, vous qui
êtes un peu l'observateur de nos travaux, qu'il existe un
procès-verbal du 28 octobre 19... (2 h 30)
Une voix: Petit démagogue!
M. Duhaime: Ah! Vous ne voulez pas que j'en parle, du
procès-verbal? Un petit mot! Imaginez-vous, M. le Président, que
l'Opposition, depuis plusieurs lunes, réclame un débat sur la
Caisse de dépôt et placement. On va les faire comparaître;
on va leur poser des questions. On va les passer à la varlope, comme on
dit. Savez-vous ce qui s'est produit? Le parti ministériel de ce
côté-ci de l'Assemblée nationale, par ses
députés membres de la commission du budget et de
l'administration, nos propres députés, a dit: Nous voulons un
débat sur la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Tout le monde a dit: Bien, mon Dieu! Cela va être l'unanimité.
Mais non! L'Opposition a dit: Ce n'est pas la Caisse de dépôt et
placement. On veut entendre l'Inspecteur général des institutions
financières. Cela fait partie d'un procès-verbal. Aujourd'hui,
vous pouvez en rigoler, vous pouvez vous en bidonner, mais ce
procès-verbal va vous suivre longtemps parce qu'il a été
signé par le secrétaire de la commission, contresigné par
le président, le député de Bellechasse.
M. le Président, il y a des ces jours -et surtout la nuit -
où je n'arrive pas à comprendre l'Opposition. Je souhaiterais
donc que l'Opposition soit d'accord avec nous pour que ce projet de loi soit
adopté. Pour ne retarder les voeux de personne, je vous lance un dernier
appel pour que vous rejoigniez nos voix pour que ce projet de loi, qui vous
ferait honneur, soit adopté à l'unanimité ce soir. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président: Nous allons mettre aux voix la motion visant
à adopter le principe du projet de loi.
Des voix: Sur division.
Le Président: Adopté sur division. Nous allons
maintenant, selon la motion du ministre des Finances, nous transformer en
commission plénière pour une durée maximum de 15
minutes.
Commission plénière
M. Brouillet (président de la commission
plénière): J'appelle immédiatement l'article 1 du
projet de loi 18.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ai des questions, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Des questions?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Absolument.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, j'aimerais demander au
ministre s'il ne pourrait pas nous expliquer, à la lumière des
documents qu'il a peut-être en sa possession, ce que
représenterait pour la Caisse de dépôt un amendement
à l'article 31 par l'inclusion de 31.1 qui ne couvrirait que
l'année 1981 comme étant l'année à l'égard
de laquelle on présumerait que les titres de la caisse deviendraient
admissibles à la clause panier de l'article en question? On sait que
là on présume que les actions qui n'ont pas connu un rendement de
4% en 1981-1982 sont effectivement admissibles. On nous a dit - on l'a
répété - que cela représentait à peu
près 250 000 000 $ de marge de manoeuvre, c'est-à-dire de titres
qui deviennent admissibles par l'effet même de la loi. De quel montant
parlerait-on s'il n'était question de cette présomption
qu'à l'égard de 1981 seulement?
M. Duhaime: D'abord, M. le Président, je voudrais
peut-être corriger l'impression qu'a le député de
Vaudreuil-Soulanges. J'ai indiqué tout à l'heure, lors du
débat de deuxième lecture, qu'au 30 septembre 1984 la clause
panier selon l'article 34 qui était la limite maximale permise par la
loi totalisait, au 30 septembre 1984, 1 380 500 000 $. Les actions dont le
rendement a été inférieur à 4% pour l'une ou
l'autre ou l'une et l'autre des années 1981-1982 totalisaient 1 254 000
000 $, ce qui donne non pas une marge de manoeuvre de 250 000 000 $ en date du
30 septembre, mais une marge de manoeuvre de 126 401 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le ministre m'a mal compris,
s'il me le permet.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'adoption de l'article 1, tel que rédigé, selon les dires
mêmes de la caisse, lui donnerait une marge de marge de manoeuvre
additionnelle de 250 000 000 $. On se comprend. C'est ce qui a
été dit. Je ne mets pas cela en cause. Moi aussi, je suis capable
de faire des soustractions et des additions. Il n'y a rien là. Ce que je
dis, c'est que l'article 31.1 parle de présomption à
l'égard des années 1981 et 1982. La caisse nous a dit que cela
libère 250 000 000 $ de marge de manoeuvre additionnelle par rapport
à 1 380 514 310 $. Je demande, s'il n'était question que de 1981
à l'article 31.1, de quel chiffre on parlerait? Ce serait sans doute
moins que 250 000 000 $. Je demande combien.
M. Duhaime: Je n'ai pas cette ventilation, M. le
Président, pour la raison suivante. Allez à l'article 1 du projet
de loi et lisez ce que le texte de loi dit, à partir de la
troisième ligne du bas: "est réputée avoir obtenu sur ses
actions ordinaires un rendement net d'au moins 4% de leur valeur comptable pour
les exercices financiers débutant ou se terminant en 1981 et 1982."
Qu'est-ce que cela veut dire? "Débutant ou se terminant en 1981". Donc,
cela peut être 1980-1981, cela peut être 1981-1982, cela peut
être 1982-1983 en référant aux exercices des compagnies
dont les portefeuilles sont visés. On a référé
à 1981 et 1982 en utilisant l'expression "débutant ou se
terminant" à cause du chevauchement des années financières
des entreprises. Nous l'avons limité à 1981 et 1982 justement
pour maintenir les contraintes du 4% pour les autres années dont les
exercices ne débutent pas ou ne se terminent pas en 1980-1981,
1981-1982, 1982-1983.
Ce que l'Opposition semble nous indiquer dans ses propos ce soir, c'est
qu'il n'y a pas vraiment de risque. Moi, ce que je dis à l'Opposition,
avec la recommandation et les demandes qui nous sont formulées par la
Caisse de dépôt et placement, c'est qu'il y a effectivement un
risque que la Caisse de dépôt ne soit pas en mesure de
gérer son portefeuille en ayant comme objectif non seulement d'assurer
la sécurité des placements, mais aussi leur rendement. (2 h
40)
Mon Dieu, si la Caisse de dépôt avait fait une performance
de 12%, 13%, 14% par rapport à d'autres marchés dont j'ai
donné les chiffres tantôt - la Bourse de Montréal en
excluant les dividendes, la Bourse de Toronto en les incluant - performance qui
aurait été très loin de ce que j'appellerais les
excellentes moyennes, j'aurais été de l'avis de l'Opposition,
mais ce n'est pas le cas.
Ce que l'Opposition semble penser, c'est que le projet de loi vient
ratifier une situation intenable ou impossible dans laquelle se trouverait,
à l'heure où nous nous parlons, la Caisse de dépôt.
Je suis obligé -et je ne mets nullement en doute les propos du
président de la caisse, M. Campeau, lorsqu'il a comparu il y a deux
jours devant la commission parlementaire - de dire que non seulement au 30
septembre, mais au 19 décembre la Caisse de dépôt et
placement avait encore une marge de manoeuvre à l'intérieur du
panier, mais le risque était qu'à la fin décembre, en
janvier, février, mars, avril, etc., le plafond soit atteint et que, par
voie de conséquence, tenant compte de cette limite de 7% sur le total
des actifs, les gestionnaires de la caisse soient obligés de porter
leurs yeux sur des titres autres que ceux visés par le projet de loi, ce
qui peut amener un manque à gagner que votre collègue de
Notre-Dame-de-Grâce a évalué à 2 000 000 $ ou 3 000
000 $. Vous-même, vous avez fait un exercice quelque peu acrobatique
où vous arrivez à 500 000 $ ou 600 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est bien évident!
M. Duhaime: Moi, je vous dis: Pourquoi prendre une pareille
chance, d'autant plus que nous maintenons intégralement toutes les
balises dans la loi actuelle au sujet de la clause des 4% pour les
années autres que 1981 et 1982 sur des exercices débutant ou se
terminant durant ces deux années. Je ne vois pas vraiment comment vous
pouvez vous acharner, en quelque sorte, à faire obstacle à ce que
la Caisse de dépôt et placement nous demande de faire non pas pour
faire plaisir au président de la caisse, mais pour s'assurer que les
épargnes des Québécois qui sont gérées par
la caisse non seulement conservent toute leur sécurité, mais
continuent de donner le rendement que nous avons connu dans les
dernières années.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce que je dirai à ce
moment-ci - il reste très peu de temps - c'est que cela aurait pu
être fait plus proprement en introduisant une disposition qui aurait
limité dans le temps et en montants d'argent les excédents qu'on
aurait pu peut-être endurer sur une courte période de temps, que
la caisse aurait été obligée d'avouer quant à la
clause panier qui aurait pu dépasser 7%. À titre d'exemple, on
aurait pu avoir un projet de loi qui aurait dit que, pour l'année
financière de la caisse, qui est son année civile d'ailleurs, en
l'occurrence, pour l'année 1985, la clause panier aurait pu se chiffrer
à 7% majorée d'un montant de 250 000 000 $. On aurait
limité dans le temps les contraintes, si vous voulez, qu'on levait
quelque peu à l'égard de la Caisse de dépôt et cela
lui aurait imposé une discipline - c'est là où on veut en
venir, nous - une discipline quant à son genre de gestion, une
discipline quant à un réexamen de la façon dont elle
gère les portefeuilles à la lumière de la loi.
Dans le fond, c'est pour des années que vous êtes en train
de changer cela. Si vous parlez de 1981, 1982, à condition qu'en 1983
tout ait bien été, c'est jusqu'en 1988 que vous êtes en
train de nettoyer les livres pour la Caisse de dépôt, ou à
peu près, dans le fond. Nous disons que, s'il y avait des exigences dans
la loi, elles auraient dû être respectées. Si la caisse et
les gestionnaires ont commis quelques accrocs, on aurait peut-être pu
leur dire de venir nous voir. C'est ce qui arrive dans les autres institutions
financières. Les inspecteurs généraux des banques, etc.,
disent: On vous donne du temps pour nettoyer l'affaire. On aurait pu, de
façon plus propre, au lieu de consacrer pour des années à
venir cette imprévoyance parce que c'est de cela qu'il s'agit, prendre
un autre mécanisme législatif. Je ne dis pas que cela aurait
été acceptable, mais on aurait pu jaser sur une base beaucoup
plus raisonnable qu'aujourd'hui qui est un tout ou rien. C'est carrément
un tout ou rien. C'est l'absolution à l'endroit de ce geste, de ce
comportement, la Caisse de dépôt qui ne veut pas changer sa
politique d'investissement, quoi qu'en dise la loi. Aujourd'hui, on lui permet
de le faire.
Le Président (M. Brouillet): M. le député,
je dois vous interrompre ici, ainsi que M. le ministre étant
donné que le temps qui nous a été départi
achève. Je dois immédiatement mettre aux voix l'article 1.
L'article 1 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Sur division. Oui, le temps
est terminé. Nous avons seulement quelques minutes pour terminer
l'adoption des autres articles. L'article 2 est-il adopté?
Des voix: Adopté. Une voix: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Sur division. Adopté
sur division. L'article 3 est-il adopté?
Des voix: Adopté. Une voix: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): L'article 3 est adopté
sur division. Le titre du projet de loi est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Le projet de
loi est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Brouillet (président de la commission
plénière): Sur division. Très bien.
M. le Président, je vous informe que la commission
plénière a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 18 et l'a adopté, sur
division.
Le Président: Le rapport de la commission est-il
adopté?
Une voix: Sur division. Le Président:
Adopté, sur division.
Adoption
Je mets maintenant aux voix l'adoption même du projet de loi 18.
Ce projet de loi est-il adopté?
Des voix: Adopté. Sur division.
Le Président: Adopté sur division. M. le premier
ministre suppléant.
M. Raymond Brouillet, vice-président de
l'Assemblée nationale
M. Landry: Je voudrais proposer à l'Assemblée la
nomination de M. le député de Chauveau comme
vice-président de l'Assemblée nationale.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): II nous fait particulièrement
plaisir de concourir à la suggestion faite par le premier ministre
suppléant et nous souhaitons bonne chance au vice-président
élu dans ses nouvelles fonctions.
Le Président: S'il n'y a pas d'autre motion, je proclame
donc le député de Chauveau élu vice-président de
l'Assemblée nationale. Je l'en félicite. Je lui souhaite la
bienvenue dans la trinité de la présidence. Je salue le
député de Laviolette, maintenant ministre
délégué aux Forêts, pour l'excellent travail qu'il a
accompli au cours des années où il a été
vice-président de l'Assemblée. Je signale immédiatement au
député de Chauveau, nouveau vice-président de
l'Assemblée, qu'il y aura sanction royale dans quelques minutes à
laquelle il aura le plaisir d'assister. M. le premier ministre
suppléant.
Voeux des fêtes M. Bernard Landry
M. Landry: Notre tradition veut qu'à ce stade ultime de
nos travaux nous procédions à une petite période de voeux
et de remerciements. Je crois qu'en pratique un des voeux les plus profonds de
nos collègues ici présents, ainsi que de vous-même, c'est
que ces voeux soient courts et qu'ils nous en remercieront si nous agissons
ainsi. (2 h 50)
Cependant, il ne serait pas bien, M. le Président, de laisser
passer l'occasion de faire des voeux à l'endroit de votre personne,
ainsi que de celle de vos adjoints, des vice-présidents et des
présidents de commissions, de même qu'à l'endroit du
secrétaire général et des gens qui font partie de son
équipe. Je fais des voeux aussi à l'équipe au sens large
de l'Assemblée nationale, en particulier à ceux qui publient l'un
des journaux les plus fidèles à nos propos qu'on puisse imaginer,
le Journal des débats, et aux électroniciens et
électroniciennes qui transmettent dans les foyers du Québec les
images et les sons de nos délibérations. Je m'en voudrais aussi
d'oublier ceux qui ne nous oublient jamais, les pages de l'Assemblée,
qui, en particulier, ont eu la délicatesse de déposer sur nos
bureaux cette jolie carte de voeux. Je voudrais également remercier
l'équipe du restaurant Le Parlementaire, de la Tribune de la presse et
tous ceux qui, hors de l'éclairage public et hors des feux de la rampe,
font que notre Assemblée démocratique peut fonctionner sans
à-coups et que notre démocratie peut compter sur le support
logistique dont elle a besoin.
Il est d'usage aussi, et c'est un usage juste, que des remerciements
particuliers soient adressés aux leaders des deux formations politiques
qui ont permis que nos débats s'organisent et se déroulent, sinon
toujours dans la parfaite harmonie, ce qui serait contre nature, au moins
à un niveau de dialogue acceptable. On doit, des deux côtés
de la Chambre, rendre hommage à ces deux hommes qui, eux, sont
obligés de s'entendre pour que notre Assemblée marche, quelles
que soient les circonstances qui pourraient les pousser à ne pas
s'entendre. Nous devons aussi remercier les parlementaires des deux
côtés de la Chambre de la façon dont ils nous ont permis de
progresser dans les travaux de notre Assemblée.
En terminant, je voudrais adresser des voeux de Joyeux Noël et de
Bonne Année nouvelle à vous-même, M. le Président,
aux parlementaires, mais également à ceux qui attendent que nous
terminions nos travaux, nos proches, nos amis, notre famille qui, dans ce
métier ingrat qu'est souvent celui que nous faisons - il doit avoir des
compensations parce qu'il y a toujours des gens qui veulent l'exercer d'une
génération à l'autre - ont souvent la part la plus
ingrate, la plus effacée. Cela ne vaudrait pas la peine de quitter ceux
qu'on aime pour faire tourner des ballons sur notre nez, mais ce n'est pas cela
que nous faisons ici. Nous faisons que notre peuple puisse être
gouverné d'une façon démocratique. Ceux et celles qui le
comprennent dans nos familles, chez nos proches, et qui nous soutiennent
méritent de notre part les voeux les plus sincères et les plus
ardents.
En terminant, je voudrais souligner - ce qui ne peut plus être
fait avec originalité parce que c'est une répétition
d'année en année - la gentilhommerie coutumière du chef de
l'Opposition officielle. Il devient difficile d'ajouter. D'une année
à l'autre, on pourrait lire ce qui a été dit
l'année d'avant parce que la qualité de cet homme comme
parlementaire est tellement profonde, tellement constante que les voeux et les
compliments qu'on lui fait sont toujours un peu les mêmes.
Un dernier mot où je confonds un peu mon rôle plus
permanent de ministre des Relations internationales et du Commerce
extérieur avec celui que j'occupe tout à fait provisoirement,
c'est pour souhaiter que la population du Québec que nous
représentons ici ait, bien sûr, un joyeux Noël et une bonne
année, mais que cette période de l'année soit
également une période de réflexion pour que l'on pense
à ceux, très nombreux, sinon majoritaires dans le monde, qui
n'auront - c'est sûr - ni un joyeux Noël ni une bonne année,
soit parce qu'ils sont privés de liberté et qu'ils ne jouissent
pas des institutions parlementaires auxquelles nous avons l'honneur de
participer ou soit, plus grave, plus dramatique et plus
fondamental, parce qu'ils n'ont pas les calories pour subsister
physiquement durant la semaine, le mois ou l'année qui vient.
Ceux-là n'auront ni un joyeux Noël, ni une bonne année. Nous
devons réfléchir et conserver l'espoir d'un
rééquilibrage de plus en plus concret des richesses de notre
planète et souhaiter que l'humanité assume de plus en plus ses
devoirs pour une répartition qui ne serait que juste et
élémentaire des richesses, pourtant abondantes, qui font
cruellement défaut à presque la majorité des hommes et des
femmes qui habitent cette terre et qui sont quand même des gens de bonne
volonté.
Une voix: À trois heures, on va être partis.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, le premier
ministre suppléant nous disait qu'il devait suivre une tradition, mais,
en même temps, que ses remarques seraient brèves à cause de
l'heure tardive. Comme il est encore plus tard que lorsqu'il a commencé,
je vais essayer d'être plus bref. Pour l'être, je vais simplement
m'associer à l'honorable premier ministre suppléant pour formuler
nos meilleurs voeux, M. le Président, à vous-même, ainsi
qu'à vos deux vice-présidents, particulièrement à
celui que nous venons d'élire à l'unanimité et,
également, aux présidents de commissions, au secrétaire
général et à ses adjoints, au sergent d'armes, aux
officiers de la Chambre, aux pages, au personnel de l'Assemblée, au
personnel du Journal des débats, de la télédiffusion des
débats, de la bibliothèque, du Parlementaire, de la
sécurité, au personnel de soutien et, finalement, aux
journalistes de la Tribune de la presse et à tous ceux que j'aurais pu
oublier dans l'énumération. Je vous souhaite, M. le
Président, ainsi qu'à tous les autres, de passer un joyeux
Noël et d'avoir une année excellente, malgré que 1985 se
présente avec toutes ces incertitudes que vous pouvez deviner
particulièrement de l'autre côté. Je souhaite tout de
même que, humainement, vous soyez très heureux et que vous passiez
une bonne année, quels que soient les événements qui
puissent vous contrarier.
M. le Président, je voudrais en profiter pour féliciter
nos deux leaders également parce que je pense qu'ils ont fait un boulot
de tous les instants et, si nous pouvons finir le 21 décembre -
malgré que le règlement nous y oblige - nous pouvons dire qu'ils
y ont contribué par des échanges continuels et une
présence qui nous donne - pas une obligation - le plaisir, au moins, de
les féliciter et de dire que l'on comprend la fatigue qui se lit,
presque, sur le visage de l'un et de l'autre.
Je voudrais ajouter, également, mes félicitations à
toute notre équipe, vous me le permettrez, particulièrement au
leader adjoint, au whip, au whip adjoint, à nos porte-parole, à
nos présidents et vice-présidents de commissions, à tous
ceux et celles de notre équipe qui ont travaillé très
fort. Je n'ai pas à rappeler les projets de loi, même s'il y a un
bilan plutôt maigre lorsqu'on arrive à faire le sommaire. Il y a
une chose, c'est qu'il y a eu beaucoup d'activités et tous nos
porte-parole ont été extrêmement vigilants dans la
défense et la promotion de leurs dossiers.
En terminant, je voudrais, M. le Président, m'associer aux
sentiments que le premier ministre suppléant a exprimés
vis-à-vis de tous ceux et celles qui souffrent dans le monde,
aujourd'hui, comme il l'a dit, par manque de liberté ou par famine ou
autres fléaux. Nous nous associons à tous ces peuples et à
toutes ces personnes qui n'ont pas la chance que nous avons de vivre dans un
Québec comme celui que nous connaissons et un Canada comme celui que
nous connaissons. Nous allons, évidemment, chacun faire notre part pour
essayer, au cours des prochains mois, d'alléger ces souffrances, mais,
en même temps, il faut bien que nous puissions, à un moment
donné et particulièrement dans une période comme celle-ci,
nous rappeler que l'humanité souffre d'un partage qui n'est pas toujours
facilement acceptable.
M. le Président, je termine, encore une fois en vous offrant nos
meilleurs voeux, en remerciant notre équipe et, tout
particulièrement, les députés de
Notre-Dame-de-Grâce, de Laurier, de Vaudreuil-Soulanges, de Viau, de
Nelligan, de Laprairie, de Portneuf, de Saguenay, de Gatineau-Une voix:
Bingo.
M. Levesque (Bonaventure): ...de Chomedey, de Hull et de Pontiac,
ainsi que tous les autres qui sont ici ce soir, d'un côté comme de
l'autre de la Chambre.
Le Président: Je me joins est-il besoin de le dire,
à cette heure tardive, à tous les voeux qui ont été
exprimés à l'endroit de tous les employés de
l'Assemblée, les 400 ou 500 personnes qui font en sorte que cette
institution et ses commissions puissent fonctionner.
Je voudrais mentionner tout particulièrement et très
brièvement le travail accompli par les députés de
l'Assemblée membres du Bureau de l'Assemblée nationale. Il y en a
qui sont ici ce soir, le député de Viau, le député
de Portneuf, le député de
Hull, le député de Bourassa, le député de
Rousseau - espérons que je n'en oublie pas -Mme la députée
de Dorion qui s'est jointe à nous récemment et Mme la
députée de Chomedey qui a été avec nous pendant une
partie de l'année. C'est un travail souvent technique, dans
l'ombre...
M. Pagé: Régulièrement critiqué.
Le Président: ...régulièrement
critiqué. Merci, M. le député de Portneuf de le souligner.
Hebdomadairement ou aux deux semaines au maximum, ces députés se
réunissent pour faire en sorte que l'administration de
l'Assemblée nationale ait la meilleure qualité possible et que le
cadre administratif de l'Assemblée nationale, à tous
égards, soit irréprochable. Je veux, à eux en particulier,
souhaiter mes meilleurs voeux.
À l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale, M. le
chef de l'Opposition, les whips, MM. les leaders parlementaires et tout le
personnel de l'Assemblée, une bonne année 1985.
Ajournement au 12 mars 1985
Sur quoi, je déclare les travaux de l'Assemblée nationale
ajournés au mardi 12 mars, 14 heures.
(Fin de la séance à 3 h 3)
Membres du Conseil des ministres
Premier ministre et ministre délégué à la
Condition féminine M. René Lévesque
Vice-premier ministre, ministre délégué à la
Réforme électorale, leader parlementaire et président du
Comité de législation M. Marc-André Bédard
Président du Conseil du trésor et ministre
délégué à l'Administration M. Michel Clair
Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie M. Yves Bérubé
Ministre de la Justice et ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes M. Pierre-Marc Johnson
Ministre de l'Éducation M. François Gendron
Ministre des Relations internationales et ministre du Commerce
extérieur M. Bernard Landry
Ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et vice-présidente du Conseil du trésor Mme Pauline Marois
Ministre des Finances et président du Comité de
développement économique M. Yves Duhaime
Ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation M.
Jean Garon
Ministre des Transports M. Guy Tardif
Ministre des Affaires culturelles M. Clément Richard
Ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration et
responsable des affaires linguistiques M. Gerald Godin
Ministre des Communications M. Jean-François Bertrand
Ministre des Affaires municipales et président du Comité
ministériel permanent de l'Aménagement M. Alain Marcoux
Ministre de l'Industrie et du Commerce M. Rodrigue Biron
Ministre du Travail M. Raynald Frechette
Ministre des Affaires sociales M. Guy Chevrette
Ministre de l'Environnement M. Adrien Ouellette
Ministre délégué à l'Emploi et à la
Concertation M. Robert Dean
Ministre du Tourisme M. Marcel Léger
Ministre de l'Énergie et des Ressources M. Jean-Guy Rodrigue
Ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur M. Jacques
Rochefort
Ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche M. Jacques
Brassard
Ministre délégué aux Forêts M. Jean-Pierre
Jolivet
Ministre délégué au Développement et
à la Voirie des régions M. Henri Le May
Ministre délégué aux Relations avec les citoyens et
responsable de l'Office des personnes handicapées M. Élie
Fallu
Ministre du Revenu M. Maurice Martel
Décembre 1984
Membres de l'Assemblée nationale du
Québec
PRÉSIDENT: M. Richard Guay VICE-PRÉSIDENTS: M.
Réal Rancourt
M. Raymond Brouillet
Affiliation
Nom, prénoms
politique
Profession
ou métier
District électoral
Assad, Mark PLQ Administrateur Papineau
Bacon, Lise PLQ Administratrice Chomedey
Baril, Gilles PQ Chroniqueur sportif
Rouyn-Noranda-Témiscamingue
Baril, Jacques PQ Agriculteur Arthabaska
Beaumier, Yves PQ Administrateur Nicolet
Beauséjour, Jacques PQ Éducateur Iberville
Bédard, Marc-André * PQ Avocat Chicoutimi
Bélanger, Madeleine PLQ Femme d'affaires
Mégantic-Compton
Bertrand, Jean-François * PQ Professeur Vanier
Bérubé, Yves * PQ Ingénieur Matane
Biron, Rodrigue * PQ Industriel Lotbinière
Bisaillon, Guy Ind. Conseiller technique Sainte-Marie
Bissonnet, Michel PLQ Avocat Jeanne-Mance
Biais, Yves PQ Administrateur Terrebonne
Blank, Harry PLQ Avocat Saint-Louis
Blouin, René PQ Éducateur Rousseau
Bordeleau, Jean-Paul PQ Technicien Abitibi-Est
Boucher, Jules PQ Directeur Rivière-du-Loup
Bourbeau, André PLQ Notaire Laporte
Brassard, Jacques * PQ Professeur Lac-Saint-Jean
Brouillet, Raymond PQ Professeur Chauveau
Caron, Lucien PLQ Administrateur Verdun
Champagne, Jean-Paul PQ Professeur Mille-Îles
Charbonneau, Jean-Pierre PQ Journaliste Verchères
Chevrette, Guy * PQ Secrétaire général Joliette
Ciaccia, John PLQ Avocat Mont-Royal
Clair, Michel * PQ Avocat Drummond
Côté, Marc-Yvan PLQ Professeur Charlesbourg
Cusano, William PLQ Administrateur scolaire Viau
Dauphin, Claude PLQ Avocat Marquette
de Bellefeuille, Pierre Ind. Journaliste Deux-Montagnes
Dean, Robert * PQ Syndicaliste Prévost
Desbiens, Hubert PQ Enseignant Dubuc
Dougherty, Joan PLQ Administratrice scolaire Jacques-Cartier
Doyon, Réjean PLQ Avocat Louis-Hébert
Dubois, Claude PLQ Commerçant Huntingdon
Duhaime, Yves * PQ Avocat Saint-Maurice
Dupré, Maurice PQ Administrateur Saint-Hyacinthe
Dussault, Roland PQ Enseignant Châteauguay
Fallu, Élie * PQ Professeur Groulx
Fortier, Pierre-C. PLQ Ingénieur et administrateur Outremont
Fortin, Gilles PLQ Industriel Marguerite-Bourgeoys
Fréchette, Raynald * PQ Avocat Sherbrooke
French, Richard PLQ Professeur d'université Westmount
Gagnon, Marcel PQ Aviculteur Champlain
Garon, Jean * PQ Économiste et avocat Lévis
Gauthier, Michel PQ Administrateur Roberval
Gendron, François * PQ Éducateur Abitibi-Ouest
Godin, Gérald * PQ Journaliste Mercier
Gratton, Michel PLQ Ingénieur Gatineau
Gravel, Raymond PQ Moniteur en réadaptation Limoilou
Grégoire, Gilles Ind. Homme d'affaires Frontenac
Guay, Richard PQ Avocat Taschereau
Hains, Roma PLQ Professeur Saint-Henri
Harel, Louise PQ Avocate et sociologue Maisonneuve
Houde, Albert PLQ Administrateur Berthier
Johnson, Daniel PLQ Avocat Vaudreuil-Soulanges
Johnson, Pierre-Marc * PQ Médecin Anjou
Jolivet, Jean-Pierre * PQ Agent syndical Laviolette
Juneau, Carmen PQ Mère de famille Johnson
Kehoe, John J. PLQ Avocat Chapleau
Lachance, Claude PQ Administrateur scolaire Bellechasse
Membres de l'Assemblée nationale
(suite)
Affiliation
Nom, prénoms
politique
Profession
ou métier
District électoral
Lachapelle, Huguette PQ Mère de famille Dorion
Lafrenière, Marcel PQ Agent d'affaires Ungava
Landry, Bernard * PQ Avocat Laval-des-Rapides
Laplante, Patrice PQ Commissaire administrateur Bourassa
Laurin, Camille PQ Médecin Bourget
Lavigne, Laurent PQ Enseignant Beauharnois
Lavoie-Roux, Thérèse PLQ Administratrice scolaire
L'Acadie
Le Blanc-Bantey, Denise Ind. Journaliste îles-de-la-Madeleine
Le Blanc, Jacques PQ Administrateur Montmagny-L'Islet
Leduc, Germain PLQ Notaire Saint-Laurent
Leduc, Michel PQ Professeur Fabre
Léger, Marcel * PQ Administrateur Lafontaine
Le May, Henri * PQ Administrateur scolaire Gaspé
Léonard, Jacques Ind. Comptable agréé Labelle
Levesque, Gérard D. PLQ Avocat et administrateur Bonaventure
Lévesque, Léonard PQ Cultivateur
Kamouraska-Témiscouata
Lévesque, René * PQ Journaliste Taillon
Lincoln, Clifford PLQ Courtier d'assurances Nelligan
Maciocia, Cosmo PLQ Courtier d'assurances Viger
Mailloux, Raymond PLQ Homme d'affaires Charlevoix
Maltais, Ghislain PLQ Courtier d'assurances Saguenay
Marcoux, Alain * PQ Administrateur scolaire Rimouski
Marois, Pauline * PQ Administratrice La Peltrie
Marquis, Léopold PQ Administrateur Matapédia
Martel, Maurice * PQ Pharmacien Richelieu
Marx, Herbert PLQ Avocat D'Arcy McGee
Mathieu, Hermann PLQ Notaire Beauce-Sud
Middlemiss, Robert PLQ Ingénieur Pontiac
O'Gallagher, John PLQ Ingénieur civil Robert Baldwin
Ouellette, Adrien * PQ Professeur Beauce-Nord
Pagé, Michel PLQ Avocat Portneuf
Paquette, Gilbert PQ Directeur pédagogique Rosemont
Paradis, Pierre-J. PLQ Avocat Brome-Missisquoi
Paré, Roger PQ Administrateur Shefford
Parent, Marcel PLQ Récréologue Sauvé
Payne, David PQ Enseignant Vachon
Perron, Denis PQ Opérateur Duplessis
Picotte, Yvon PLQ Principal d'école Maskinongé
Polak, Maximilien PLQ Avocat Sainte-Anne
Pratt, Guy PLQ Administrateur Marie-Victorin
Proulx, Jérôme Ind. Professeur Saint-Jean
Rancourt, Réal PQ Agriculteur Saint-François
Richard, Clément * PQ Avocat Montmorency
Rivest, Jean-Claude PLQ Avocat Jean-Talon
Rochefort, Jacques * PQ Administrateur Gouin
Rocheleau, Gilles PLQ Homme d'affaires Hull
Rodrigue, Jean-Guy * PQ Ingénieur Vimont
Ryan, Claude PLQ Journaliste Argenteuil
Saint-Amand, Aline PLQ Correctrice d'épreuves
Jonquière
Saintonge, Jean-Pierre PLQ Avocat Laprairie
Scowen, Reed PLQ Administrateur Notre-Dame-de-Grâce
Sirros, Christos PLQ Administrateur Laurier
Tardif, Guy * . PQ Professeur Crémazie
Tremblay, Luc PQ Économiste Chambly
Vaillancourt, Georges PLQ Administrateur Orford
Vallières, Yvon PLQ Professeur Richmond
Vaugeois, Denis PQ Historien et éditeur Trois-Rivières
Viau, Jean-François PLQ Administrateur Saint-Jacques
PQ - Parti québécois (65)
Sièges vacants: Bertrand, L'Assomption
PLQ - Parti libéral du Québec (49)
Ind. - Indépendant (6)
* Membres du Conseil des ministres
Décembre 1984