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(Quatorze heures quatorze minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
M. le ministre des Communications.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport du ministère des Communications
M. O'Neill: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer devant cette Assemblée le rapport annuel du
ministère des Communications pour l'année 1976/77.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Berthier.
Rapport de la commission ayant étudié le projet de loi no
98
M. Mercier: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'énergie qui a étudié, article par article, le projet de
loi no 98, Loi modifiant la Loi du régime des eaux et l'a adopté
avec des amendements.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales. M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre des Finances.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Proposition fédérale d'une
réduction de la taxe de vente provinciale
A la suite du discours du budget prononcé hier soir par le
ministre fédéral des Finances, et dans lequel on trouve une
proposition relative à une réduction de la taxe de vente
provinciale, avec compensation, le ministre des Finances peut-il indiquer
à cette Chambre la décision qu'a dû prendre le gouvernement
à ce moment-ci à ce sujet?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je préférerais
que le premier ministre réponde à cette question, quitte à
ce que d'ici peu de temps je sois spécifique quant aux mesures qui
seront prises.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Enchaînant sur ce que vient
de dire le ministre des Finances, M. le Président, et parlant
très lentement et en pesant bien mes mots on a eu le temps ce
matin de les peser d'ailleurs depuis hier soir je me contenterai pour
aujourd'hui de dire qu'on vient de dévaluer comme jamais à
Ottawa, et par la plus grossière des manoeuvres, le mot même de
budget et le respect qu'il est censé inspirer au niveau de l'Etat. En se
permettant ce véritable chef-d'oeuvre d'improvisation exclusivement pour
financer des élections libérales, M. Chrétien s'est permis
de violer sans vergogne, de prétendre littéralement s'annexer
pour six mois un secteur stratégique de la fiscalité dont on
reconnaît qu'il appartient strictement aux provinces. Que d'autres
l'acceptent parce qu'on leur fait un cadeau complet, d'autres encore parce
qu'ils sont à la veille de leur propre scrutin, on peut le comprendre.
Cela n'empêche pas de déplorer cet effondrement facile de la
notion même la plus minimale d'autonomie. Que l'Ontario se
réjouisse, cela bien sûr on le comprend mieux. C'est de là
d'ailleurs, comme très souvent dans toute l'histoire du régime
fédéral, très astucieusement, qu'est venu le germe de
l'idée qu'Ottawa a ramassée in extremis dans la panique où
ont fini par les jeter, après tant d'années d'administration
inqualifiable, un déficit qui galope vers les $12 milliards, une monnaie
presque en chute libre et un chômage pancanadien qui continue à
grimper au-delà d'un million de personnes.
L'Ontario, bien sûr, dans ses industries de biens durables, dans
l'automobile, le réfrigérateur ou la télévision,
peut profiter plus que quiconque pendant six mois de ventes accrues, quitte
à se retrouver, comme tout le monde, devant une situation moins
drôle en fin d'année avec tous les achats, y compris ceux des
Fêtes, terminés à fin de septembre. Mais pour l'industrie
québécoise, surtout la plus exposée, il n'y a rien
là, ou à peu près, parce qu'on n'achètera, en six
mois, ni trois paires de chaussures, ni trois manteaux, ni trois "sets " de
chambre à coucher de plus. (14 h 20)
Tel que présenté, le cadeau conditionnel du ministre
fédéral des Finances, en plus de prétendre, à une
semaine du budget québécois, nous faire faire des exercices de
contorsion fiscale que le régime particulier du Québec rend
spécialement odieuse, ne constituerait même pas un chantage
profitable pour les Québécois. S'il fallait accepter ça en
chien couchant, l'Etat québécois entrerait dans une
véritable antichambre de la prostitution. Quand on se laisse...
M. Burns: Prenez-en pour votre rhume.
M. Lévesque (Taillon): ... tripoter aussi intimement, on
est mûr pour le reste.
M. Lavoie: Tenez donc le référendum à la
place.
M. Lévesque (Taillon): Après un projet de
référendum, justement...
M. Lavoie: Tenez votre référendum.
M. Lévesque (Taillon): Après un projet...
M. Burns: II faut adopter la loi avant.
M. Lévesque (Taillon): ... justement, le
député de Laval semble avoir précédé ma
pensée, après un projet de référendum plein de
dés pipés, après le financement sans vergogne à
même les fonds publics des soi-disant apôtres
bénévoles du fédéralisme...
M. Burns: Cela devrait être
télévisé.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
règlement.
M. Lévesque (Taillon): ... ce viol...
Le Président: M. le premier ministre. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le chef de l'Opposition, vous avez la parole.
M. Levesque (Bonaventure): Le seul but de mon intervention
à ce moment-ci, par une question de règlement, c'est de vous
demander la permission de pouvoir participer à ce qui est un
début de débat que vous avez sans doute reconnu comme
président de cette assemblée.
La question qui a été posée a été
posée au ministre des Finances et n'était pas de nature à
provoquer le genre de réponse qui est faite et qui est plutôt une
déclaration ministérielle...
M. Burns: Voyons donc!
M. Levesque (Bonaventure): Question de règlement, M. le
Président. C'est du genre d'une déclaration ministérielle
que nous aurions aimé entendre au moment où les
déclarations ministérielles devaient être et ont
été effectivement appelées. A ce moment-ci, M. le
Président la question que j'ai posée est bien simple: Quelle est
la décision prise par le gouvernement? Je n'ai pas posé de
question au gouvernement sur sa réaction vis-à-vis du budget
fédéral. Je tiens à rappeler que, si vous permettez
à l'honorable premier ministre de continuer ce genre d'intervention, je
vous demanderai la permission d'expliciter davantage.
Le Président: M. le premier ministre, je vais vous
demander d'abréger, parce qu'autrement je ferai droit à une
requête éventuelle du chef de l'Opposition pour transformer cela
en déclaration ministérielle.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je suis
parfaitement d'accord, sauf qu'il s'agit d'une question tellement importante et
qu'on pouvait voir venir que j'ai préparé ma réponse, mais
c'est une réponse à une question...
M. Lavoie: Vous auriez pu faire une déclaration
ministérielle.
M. Lévesque (Taillon): On aurait pu faire une
déclaration ministérielle. La seule chose qu'il y a, c'est que,
pour les raisons que je viens d'expliquer, on en a discuté ce matin
jusqu'à une heure qui ne permettait pas de donner les délais
habituels pour les déclarations ministérielles. Donc, j'ai
préparé quelques notes en réponse à la question
inévitable et je ne vois pas de question de règlement
là-dedans.
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez notre consentement, M. le
Président, pour avoir l'occasion de répondre et de donner des
commentaires.
M. Lévesque (Taillon): II appartient au président
de décider. J'ai presque terminé, si on veut cesser de
m'interrompre. Je reprends la phrase, puisque la phrase était
bâtie avant que le député de Laval ne la prévienne.
Après un projet de référendum plein de dés
pipés, après le financement sans vergogne à même les
fonds publics des soi-disant apôtres bénévoles du
fédéralisme, ce viol éhonté du respect des
compétences donne déjà une idée de ce que pourrait
être le fédéralisme reconcocté par ces mêmes
gens et le profond respect des autres qui inspirera sans doute les projets
d'amendement qui sont censés compléter bientôt leur "kit "
électoral.
Quoi qu'il en soit, toute réflexion faite et en s'inspirant
uniquement de l'intérêt véritable du Québec et des
Québécois, le ministre des Finances exposera clairement la
position du gouvernement d'ici la fin de la semaine, en attendant de faire, la
semaine prochaine, tel que prévu, un vrai discours du budget pour le
Québec.
Le Président: M. le chef de I Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
additionnelle s'adresse au premier ministre. S'il le préfère,
elle peut également s'adresser au ministre des Finances. J'ai
rappelé il y a un instant que je n'avais pas posé de question
relativement à la réaction du gouvernement sur là-propos
de telle ou telle disposition du discours du budget. Ma question est bien
directe et bien simple. A la suite de cette décision du gouvernement
fédéral d'offrir comme stimulant à l'économie une
compensation aux gouvernements des provinces en remplacement du manque à
gagner relativement à une diminution de la taxe de vente provinciale, je
demande au premier ministre, je demande au ministre des Finances, je demande au
gouvernement quelle est la décision qu'un bon et vrai gouvernement
devrait prendre, aujourd'hui, pas la semaine prochaine, pas en fin de
semaine,
pas dans le discours du budget du 18 avril, aujourd'hui. C'est vous qui
avez l'administration du Québec, présentement. Vous savez que,
présentement, le commerce au Québec est gelé. Est-ce que
le premier ministre sait qu'à partir d'hier soir, à minuit, le
commerce au Québec était gelé, a cause de l'inaction, d'un
manque de décision? Est-ce que le gouvernement actuel peut nous dire,
à cette Chambre, quelle est la décision prise par le cabinet, ce
matin? La population du Québec a le droit de le savoir. Arrêtez
votre vocabulaire et vos petites manigances, votre petite campagne
préréférendaire à peine camouflée.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): Devant l'astuce proprement odieuse
de ce pseudo-budget fédéral, je pense que la dignité du
Québec vaut trois jours d'incertitude commerciale.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je pense bien
que la question... j'ai le droit...
Le Président: Je vais revenir immédiatement
à vous, M. le chef de l'Opposition.
M. Biron: Une question additionnelle au ministre des Finances. On
nous rapporte dans les journaux que, l'automne dernier, il y a eu des
pourparlers entre le gouvernement fédéral et les gouvernements
provinciaux concernant une réduction possible de la taxe de vente
provinciale. Quelle a été la réaction du gouvernement du
Québec? Quelle a été surtout la réaction des autres
gouvernements provinciaux à travers le Canada vis-à-vis de cette
suggestion du gouvernement fédéral?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Dans le sens où ces discussions avaient eu
lieu, M. le Président, la plupart des provinces étaient contre,
considérant qu'une réduction temporaire de cet ordre d'abord
était très coûteuse pour les provinces, dans les
propositions qui avaient été faites à cette époque,
et d'autre part, avait comme effet principal d'accélérer les
ventes pendant quelques mois quitte à les écraser ensuite. Le
moins qu'on puisse dire, c'est que cela n'avait pas été
considéré, à ce moment, comme la trouvaille du
siècle.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Une autre question ou la même,
mais une question additionnelle au ministre des Finances. Est-ce que le
ministre des Finances se rend compte qu'après l'acceptation de toutes
les autres provinces du Canada à cette proposition du gouvernement
fédéral, vu la différence énorme qui existe
particulièrement dans le secteur des vêtements d'enfants, une
différence de 8% sur ce point seulement, est-ce qu'il se rend compte de
celle qu'il y a sur tous les produits présentement affectés par
la taxe de vente, et particulièrement dans les régions
frontalières? Est-ce qu'il peut laisser subsister une situation comme
celle-là?
Je lisais dans le Montreal Star qu'on lui prêtait cette
réponse: "He would take a few days". Le ministre des Finances pense-t-il
qu'il est sain, à ce moment-ci, de ne donner aucune indication, sauf
celle que le premier ministre a donnée? Si j'ai compris ce que le
premier ministre a dit j'aimerais bien que celui-ci réagisse
de la façon qu'il a décrit cette taxe ou cette
détaxation, s'il le veut, ou cette "intrusion", il a eu l'air de dire
qu'il n'accepterait pas. Pourquoi ne pas le dire aujourd'hui pour qu'on le
sache? Ou bien qu'il nous dise comment il va compenser pour ne pas geler
complètement toutes les transactions commerciales ou une grande partie
des transactions commerciales au Québec. (14 h 30)
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Bien que les tractations téléphoniques
ou verbales aient duré pendant passablement de jours entre les ministres
des Finances à travers le Canada, la confirmation de la décision
fédérale m'a été communiquée officiellement
hier après-midi. On comprendra, dans ces conditions, qu'on prenne un
minimum de temps, quelques jours, pour répondre d'une façon
intelligente sans doute, enfin, je l'espère, mais d'autre part, qui
corresponde à nos intérêts.
Il est clair que la proposition faite par le gouvernement
fédéral, par exemple, a été accueillie avec un
enthousiasme certain en Ontario, on les comprend. Est-ce qu'on nous laissera
quelques jours pour être en mesure de défendre les
intérêts du Québec tels qu'on les comprend plutôt que
simplement sauter sur ce que les Anglais appellent le "bandwagon "?
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): II y a eu tractations, il y a eu
communications pendant quelques jours par téléphone ou autrement
entre le gouvernement central et le gouvernement du Québec. Il me semble
qu'à ce moment-là le gouvernement du Québec, n'est-il pas
vrai, aurait été en mesure de préparer une décision
pour aujourd'hui.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Au cours des journées qui ont
précédé la décision du gouvernement
fédéral, bon nombre de provinces elles-mêmes ont
changé à plusieurs reprises de position. Il est évident,
dans ces conditions, qu'encore une fois, si on veut songer à nos
intérêts plutôt qu'à ceux des autres, on attend que
la poussière soit retombée. C'est ce que j'ai fait.
M. Lavoie: Question additionnelle.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Si j'interroge le
gouvernement, ce n'est pas pour appuyer les propos du chef de l'Opposition, que
je désapprouve, d'ailleurs, mais pour endosser en même temps les
propos que vient de tenir le premier ministre...
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège!
M. Roy: J'aimerais demander...
Le Président: M. le député de Beauce-Sud, il
y a une question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure): Je pense que la question est
suffisamment importante pour que j'exige du député de Beauce-Sud
qu'il dise les propos que j'ai tenus qu'il désapprouve, parce que la
seule chose que j'ai faite, c'est de poser des questions très
pertinentes sur les décisions prises ou à prendre par le
gouvernement.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je ne répondrai pas
à cette question. Je vais tout simplement poser une question au
gouvernement...
Une Voix: Pas de temps à perdre!
M. Roy: ... justement parce que je n'ai pas de temps à
perdre et je pense qu'on a bien compris le chef de l'Opposition. Je voudrais
demander au ministre des Finances, puisqu'il a répondu en partie
à la question que je voulais poser, s'il est bien clair qu'il a
été avisé seulement hier après-midi de la
décision du gouvernement fédéral et si, à ce
moment, le ministre des Finances a été placé devant une
décision irrévocable de la part du gouvernement
fédéral. Deuxièmement, est-ce que le ministre est capable
de nous dire aujourd'hui combien coûte au Québec et aux
Québécois ce cadeau de Grec du gouvernement
fédéral?
Le Président: M. le ministre des Finances. Une Voix:
Très bonne question.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai été
je dois le dire en toute justice mis au courant des intentions du
ministre des Finances fédéral il y a déjà
passablement de temps, je le dis de mémoire, mais facilement quinze
jours. Les autres ministres des Finances l'ont été aussi.
L'enthousiasme dans certaines régions du Canada était loin
d'être grand, au départ. Il est exact aussi que j'ai reçu
officiellement l'avis hier après-midi que le cabinet
fédéral avait décidé de poursuivre, de fonctionner.
Ce que cela nous coûte essentiellement, c'est ceci: La contribution du
gouvernement fédéral au Québec serait de l'ordre de $220
millions, dont à peu près $110 millions devraient être
fournis par le gouvernement du Québec, indépendamment des
orientations qu'il avait prises dans son budget, indépendamment des
priorités qu'il pouvait avoir, indépendamment des objectifs qu'il
pouvait avoir quant à son économie, indépendamment des
politiques qu'il pouvait vouloir suivre pour lutter contre le chômage. On
nous présente une addition de $110 millions en disant: Si vous ne la
payez pas, vous n aurez pas le $220 millions.
M. Lavoie: C'est moins de 1% de notre budget.
M.Parizeau: Nous trouvons cec profondément
inacceptable.
M. Lavoie: Moins de 1% du budget du Québec.
M. Léger: Vous êtes toujours à quatre pattes
et à genoux!
Le Président: A l'ordre!
M. Parizeau: J'entends dire, par des gens qui ont
été au pouvoir pendant plusieurs années, moins de 1% du
budget. Je comprends que le député de Laval, étant
président de l'Assemblée lorsque son parti était au
pouvoir, n'a pas dû assister souvent en fait, il n'a jamais
dû assister aux discussions de partage de la marge de manoeuvre
chaque année, pas plus que vous ne le faites, M. le Président.
Mais si, au lieu d'être président de l'Assemblée, il avait
été ministre alors que les libéraux étaient au
pouvoir, il saurait qu'une marge de manoeuvre, chaque année, d'un
gouvernement, ce n'est pas $10 milliards ou $11 milliards ou $12 milliards;
c'est quelques centaines de millions. Quand un autre gouvernement vient nous
siphonner $110 millions, il s'ingère directement dans la
responsabilité que nous avons, comme gouvernement, à
l'égard du Québec.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Une question additionnelle au ministre des Finances. Je
voudrais que le ministre des Finances, premièrement, nous confirme qu'il
fera connaître la position du Québec le plus rapidement possible,
parce qu'il y a beaucoup de commerces concernés là-dedans.
Deuxièmement, est-ce que le choix que le Québec offrira quand
même aux contribuables québécois par rapport à ce
que le gouvernement fédéral offre présentement sera plus
responsable dans le sens que cela ira plus loin que l'automne 1978, alors que
le chômage recommencera à augmenter et que le programme
fédéral se terminera? Le ministre des Finances peut-il nous
garantir que sa position ou son choix sera plus responsable et couvrira, au
moins, un an de calendrier de budget?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Je remercie le chef de l'Union Nationale de
comprendre à quel point justement, quand on veut être responsable,
il faut peut-être envisager autre chose qu'une période
d'accélération de six mois et c'est un des éléments
qui est au centre de nos débats actuellement. Je peux lui
donner l'assurance que, d'ici la fin de la semaine, les intentions du
gouvernement du Québec seront connues de la façon la plus claire
et la plus précise possible. Mais je le remercie de l'accent qu'il met
justement sur les responsabilités que nous avons à l'égard
du chômage au Québec, de la situation économique
générale et non pas d'une sorte de "gimmick" de six mois pour
faciliter toute espèce d'ambitions à caractère
électoral.
Le Président: M. le député de Rouyn-Noranda,
question additionnelle.
M. Samson: M. le Président, le ministre des Finances, qui
semble vouloir favoriser une solution qui dépasserait les six mois,
peut-il nous dire que dans la recherche de cette solution il est
aujourd'hui, non pas disposé, mais indisposé il
n'acceptera pas l'argent que le fédéral est disposé
à mettre à notre disposition?
Une Voix: II n'en met pas. Il n'y en a pas.
M. Samson: Je comprends que mes propos ne fassent peut-être
pas autant plaisir aux péquistes que ceux du chef de l'Union Nationale,
mais je regrette, je ne marcherai pas à genoux devant vous autres, les
"boys". D'accord?
Une Voix: Devant Ottawa.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Samson: Devant personne. La question que je pose...
M. Biron: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît, M. le
député de Rouyn-Noranda!
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Quand j'entends les propos du député de
Rouyn-Noranda, je dois dire, M. le Président, que la position de l'Union
Nationale, ce n'est pas une position qui est à genoux...
M. Samson: II n'y a pas de question de privilège
là-dedans.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale, je ne crois
pas qu'il y ait une question de privilège là. Alors, M. le
député de Rouyn-Noranda, je voudrais que vous formuliez
brièvement votre question, parce que le temps s'écoule rapidement
et je voudrais permettre d'autres questions. (14 h 40)
M. Goulet: Une question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je vais être court, M. le Président, mais
je vous dirai qu'aucun membre et aucun dé- puté de l'Union
Nationale n'est à genoux devant qui que ce soit.
Le Président: M. le député de
Bellechasse...
M. Samson: M. le Président, je n'ai rien à retirer
de ce que j'ai dit, cela se concrétise de jour en jour.
Une Voix: Ce n'est pas une question, cela. Le
Président: S'il vous plaît!
M. Samson: La question que je veux poser à l'honorable
ministre des Finances, M. le Président, c'est: Qu'est-ce qu'on fera du
côté du Parti québécois, concernant les
régions frontalières? Est-ce qu'on est conscient qu'à
partir du moment où l'Ontario accepte cela, dans les régions
frontalières dont une que je représente, M. le Président,
il y aura 4% de taxe de vente du côté de l'Ontario et 8% du
côté du Québec? Est-ce que, dans une région
éloignée, dans une région où il y a un taux de
chômage extraordinaire, on aura une forme de compensation pour ces
gens-là ou si on les jettera en pâture tout simplement à
ceux-là de l'Ontario qui, eux, seront favorisés comparativement
à ceux du Québec?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Ce n'est pas l'intention du gouvernement, M. le
Président, de jeter des gens en pâture.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent,
question principale. A l'ordre s'il vous plaît!
M. Samson: M. le Président, je veux savoir ce qu'il va
faire dans ces cas-là.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît, M. le
député de Rouyn-Noranda!
M. le député de Saint-Laurent, question principale.
Situation du chômage par rapport au reste du
Canada
M. Forget: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au premier ministre. Il ne sera pas surpris que, ce mois-ci, je me substitue au
député de Vanier pour lui poser une question relativement au
chômage. On a une question par mois, à la suite de la publication
des statistiques fédérales sur le sujet, quoiqu'une question par
mois ne soit pas de trop pour un sujet de cette importance. Je n'ai pas besoin,
M. le Président, du témoignage du premier ministre sur la
véracité des chiffres, tout le monde peut en prendre
connaissance. J'aimerais savoir du premier ministre s'il maintient son
explication de la situation comparative du chômage au Québec et
dans le reste du Canada, à savoir que le Québec s'en tire
relativement mieux que le reste du Canada, que deuxièmement le
chômage est causé par des facteurs externes et que,
troisiè-
mement, le gouvernement du Québec est impuissant à y faire
quoi que ce soit.
M. Lévesque (Taillon): Je n'ai jamais dit, M. le
Président, pour reprendre simplement la fin de la question,
c'est-à-dire le troisième volet, je crois, que le Québec
était impuissant. On a toujours dit, tout de même, qu'avec un
budget, sans compter les déficits d'environ $50 milliards, le
contrôle des importations pour tout l'essentiel et le contrôle de
la politique monétaire et de crédit, les leviers essentiels de la
situation économique, au-delà de tout ce qu'on peut faire avec
les moyens qui sont actuellement disponibles, à la condition qu'on nous
les laisse, par-dessus le marché, à l'Etat
québécois, les leviers essentiels se trouvent au niveau
fédéral dans le régime où nous vivons. D'ailleurs,
il suffit de voir les réactions anté-budget comme post-budget qui
viennent d'accompagner et de précéder les élucubrations de
M. Chrétien pour voir à quel point c'est vrai dans tous les
esprits.
Cela étant dit, avec les chiffres que nous avons devant nous, je
n'en ferai pas un grand plat, parce que cela devient presque une
répétition de routine, je dirai simplement ceci de nouveau. Si
l'on compare tout simplement des choses qui ne sont pas purement mensuelles,
purement ponctuelles, mais des choses qui, je crois, sont vraiment comparables,
les trois derniers mois, c'est-à-dire septembre, octobre, novembre
puisque ce sont des mois dont se souviennent nos amis d'en face de 1976,
avec maintenant les trois derniers mois que nous venons de vivre, janvier,
février, mars 1978, donc sur deux périodes de trois mois,
à presque deux ans de distance, qu'est-ce qu'on trouve? On trouve
tellement le phénomène pancanadien que l'augmentation du
chômage a été de 45% au Québec, ce qui est tragique,
de 47,9% au Canada, ce qui est tragique, de 51,4% en Ontario, ce qui est
tragique. Par conséquent, on est vraiment devant la continuation d'un
drame, d'une stagnation pancanadienne; c'est aussi simple que ça.
Le Président: Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je corrige un peu la question
que j'ai posée au premier ministre. Il nous a dit qu'il n'était
pas absolument impuissant dans la situation, il nous a dit seulement qu'il
était essentiellement impuissant dans la situation, et c est une nuance
fort importante. Il reste qu'en dépit des statistiques qu'il a
citées il y a 53 000 chômeurs de plus en mars, par rapport
à mars 1977, alors qu'en Ontario il n'y en a que 32 000. La situation
est loin de s'améliorer en termes relatifs. Est-ce que le premier
ministre peut s'engager à ce que, dans le budget que son gouvernement va
présenter d'ici une semaine, il y aura des mesures substantielles et
nouvelles pour corriger la situation, dans la mesure où on n'est pas
essentiellement impuissant?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je répondrai, au-delà
de la sémantique toujours savante du député qu'on est
essentiellement impuissant, mais pas complètement impuissant, comme si
le député ne savait pas qu'il joue sur les mots et qu'il s amuse
avec une chose qui est pourtant très grave. Je dirai simplement que oui,
la réponse est oui en ce qui concerne le prochain budget,
c'est-à-dire la semaine prochaine.
Le Président: Le député de Bellechasse.
Malaise dans les services ambulanciers
M. Goulet: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre des Affaires sociales. Le ministre est certainement au courant du
malaise qui existe et même perdure entre le ministère des Affaires
sociales et la Corporation des services ambulanciers du Québec, malaise
qui risque de se détériorer gravement dans les prochains jours et
même lors des prochaines heures. Le ministre peut-il, à ce moment,
faire le point sur ce conflit?
Le Président: Le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, effectivement, nous nous
attendons à ce que les ambulanciers viennent nous rencontrer dans les
jours à venir. Essentiellement, la plainte des propriétaires des
services ambulanciers est semblable aux plaintes de plusieurs organismes au
Québec. Elle est à l'effet que les tarifs consentis actuellement
par le gouvernement ne sont pas assez élevés. Nous avons
demandé à la corporation de nous soumettre de façon
très détaillée ses revendications. Nous avons eu beaucoup
de difficultés à avoir des détails précis sur la
justification des demandes d'accroissement que nous présentent les
ambulanciers.
Si vous voulez, je déposerai des documents. probablement demain,
qui pourront faire le point détaillé sur cette question. Mais,
essentiellement, il s'agit d'une revendication pour obtenir des tarifs
ambulanciers plus élevés. Selon nous, les revendications n'ont
pas encore été étoffées de façon
suffisante.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, le ministre parle d'une
augmentation de tarifs. C'est un point parmi quinze ou seize revendications
précises de la part des services ambulanciers. Il y en a un, par
exemple, où on parle de deux services ambulanciers au Québec.
Deux poids, deux mesures. Le ministre a dit qu'il attend les dirigeants de
cette association. J'aimerais savoir du ministre comment il se fait qu'aucune
rencontre n'a été accordée par le ministre depuis le mois
de novembre après que des mémoires eurent été
déposés à son ministère. Depuis novembre,
I'association demande et redemande au ministre une rencontre. Il ne l'a pas
ac-
cordée. Le ministre nous dit, à ce jour, qu'il attend une
rencontre. Il y a certainement un dilemme que j'aimerais connaître.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, encore là, il y a
plusieurs groupements qui demandent, très souvent, des rencontres avec
le ministre. Vous comprendrez, M. le Président, que le ministre ne peut
pas rencontrer tous les groupements chaque fois qu'ils le demandent.
Cependant, les fonctionnaires du ministère ont rencontré,
à plusieurs reprises depuis trois ou quatre mois, les
représentants de cet organisme. Je m'apprête à les
rencontrer bientôt quand je répète ce que j'ai dit
tantôt les demandes seront plus spécifiques, quand le
dossier sera mieux étoffé, mais les fonctionnaires ont eu des
rencontres, régulièrement, avec les représentants de cet
organisme.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent,
question additionnelle.
M. Goulet: Une dernière courte question additionnelle, M.
le Président.
Le Président: Si c'est la dernière, d'accord, M. le
député de Bellechasse. Je reviens à vous tout de suite
après, M. le député de Saint-Laurent.
M. Goulet: Je vous remercie, M. le Président.
Le ministre a dit...
Le Président: Je vais y revenir tout de suite
après.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Le ministre dit: Quand
les revendications et le dossier seront prêts... Apparemment,
d'après les dirigeants de cette association, le dossier est prêt.
Si le dossier est prêt, le ministre peut-il, cet après-midi, nous
dire qu'il entend rencontrer les ambulanciers d'ici 48 heures?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, les points de vue peuvent
diverger. Selon nous, le dossier n'est pas complet. J'ai dit tantôt et je
le répète que je vais les rencontrer très bientôt,
possiblement cette semaine... Je pense qu'ils doivent venir faire une visite au
Parlement demain. Il est possible que je les rencontre demain ou
après-demain. Les arrangements sont en train de se faire au moment
où on se parle.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent,
question additionnelle.
M. Forget: Le ministre des Affaires sociales ne serait-il pas
mieux avisé vis-à-vis de cette question de tarifs ambulanciers de
trancher l'équivoque et de déclarer dès maintenant
il a assez d'information pour cela que cette demande de tarifs est
exagérée, qu'elle n'est pas fondée et qu'elle menace, par
la manifestation que les ambulanciers veulent faire devant le parlement avec
les ambulances, la santé publique? Prendra-t-il, en vertu de la Loi de
la santé publique, les mesures nécessaires pour assurer la
protection du public? Il est temps de faire cesser l'équivoque et les
pseudonégociations sur une question comme celle-là.
L'intérêt du public, la santé du public peut être
menacée par la manifestation, demain. La cause des ambulanciers est
mauvaise dans cette question. (14 h 50)
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, je prends bonne note du point
de vue du député de Saint-Laurent. Jusqu'à un certain
point, une partie de ses remarques en tout cas rejoint fort bien ce que je
disais tantôt aux collègues de l'Opposition, à savoir que
les demandes d'augmentation de tarifs ne nous paraissent pas justifiées.
Je le répète pour la troisième fois. J'ai quand même
laissé la porte ouverte à une dernière analyse, si vous
voulez, à une dernière soumission de mémoire, mais je
prends bonne note du point de vue du député de Saint-Laurent.
Le Président: M. le député de
Deux-Montagnes.
Transfert de vols et réseau routier menant
à Mirabel
M. de Bellefeuille: M. le Président, je désire
poser une question au ministre des Transports qui a rencontré hier,
à Mirabel, son homologue fédéral. Le ministre peut-il nous
dire si, à l'issue de cette rencontre, le porte-parole du gouvernement
fédéral a pris un quelconque engagement et si, en particulier, le
gouvernement fédéral s'engage à transférer les vols
de l'aéroport de Dorval à celui de Mirabel afin de rentabiliser
Mirabel?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, il est exact que j'ai
rencontré hier mon homologue, sinon mon monologue, le ministre des
Transports à Ottawa. M. le Président, l'objet de cette
rencontre...
M. Blank: Répondez à la question, vous devez
être préparé.
Le Président: A l'ordre, M. le député de
Saint-Louis!
M. Lessard: M. le Président, l'objet de cette rencontre
était de trouver les moyens nécessaires pour développer
Mirabel et d'essayer d'avoir une entente entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec. Cette entente avait
été négociée entre mon sous-ministre et le
sous-
ministre, M. Cloutier, au fédéral et avait même
été acceptée, quant à nous, au Conseil des
ministres. Cette entente, qui avait pour objectif de déterminer, d'ici
le 1er janvier 1979, un échéancier du transfert de vols entre
Dorval et Mirabel, d'identifier Mirabel comme l'unique port d'entrée du
Canada central en ce qui concerne le cargo et le fret, d'identifier Mirabel
comme principal aéroport du centre du Canada en ce qui concerne les
nouvelles lignes aériennes internationales, avait été
négociée entre les deux gouvernements. Si les
députés de l'Opposition veulent avoir plus d'explications, je
suis prêt à déposer l'entente telle que soumise, lors de la
discussion par le ministre des Transports du Canada, son communiqué
qu'on devait signer, ou encore sur lequel on devait faire une conférence
conjointe. Or, M. le Président, malgré des demandes que j'ai pu
faire au ministre des Transports, M. Otto Lang, à trois reprises, il a
même refusé de signer son propre communiqué je dis
bien son propre communiqué que je suis prêt à
déposer. Il a même refusé de faire une conférence de
presse sur son propre communiqué, puisque j'acceptais son propre
communiqué qui me paraissait contenir des voeux pieux, mais au moins
j'avais cela. M. le Président, le ministre des Transports du
fédéral a refusé de s'entendre même sur ses
principes qu'il avait acceptés avant de partir d'Ottawa.
Le Président: M. le député des
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, une question
supplémentaire. Dans ses déclarations faites de vive voix, le
ministre fédéral a mentionné la date du 1er janvier 1979,
mais je n'arrive pas à comprendre ce à quoi M. Lang s'est
engagé par rapport à cette date. J'en profite, M. le
Président, pour demander au ministre d'effectuer le dépôt
dont il vient de parler.
M. Lessard: M. le Président, je le déposerai, mais,
encore là, comme en ce qui concerne le budget, c'est un autre ballon
politique. On voulait profiter d'une rencontre entre le ministre des Transports
du Québec et le ministre des Transports du Canada pour relancer Mirabel,
mais on n'a jamais voulu signer quoi que ce soit, un peu comme en 1974 lorsque
M. Jean Marchand a lancé comme cela, dans une campagne
électorale, $290 millions pour aider le transport en commun. C'est
exactement ce qu'on a voulu faire. On n'a pas voulu s'engager sur des choses
concrètes qui avaient été négociées par le
gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec et on n'a même
pas voulu, comme minimum, signer le propre communiqué
d'Information-Canada.
M. Lavoie: Une question additionnelle. M. Biron: Une
question additionnelle.
Le Président: Additionnelle, M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre, sur cette question, pourrait
en profiter pour faire le point sur le projet TRRAMM de transport rapide entre
Montréal et Mirabel? A-t-il fait l'objet de discussions? Sinon,
pourriez-vous faire le point sur cette question?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Oui, M. le Président. Lors des discussions,
j'ai indiqué qu'il y avait certains points à discuter. Il y
avait, en ce qui concerne le gouvernement du Québec, deux engagements
que nous étions prêts à prendre une fois que le
gouvernement fédéral aurait pris une décision concernant
les transferts de vol entre Dorval et Mirabel. Il y avait d'abord la
construction, telle que négociée entre le ministre responsable du
MEER à Ottawa et le ministre responsable de l'aménagement, M.
Léonard, de la liaison routière rapide entre Montréal et
Mirabel, telle que prévue dans l'entente auxiliaire. Aussi, le
gouvernement du Québec s'engageait à établir un lien
ferroviaire rapide entre Mirabel et le centre-ville de Montréal avec la
participation financière du gouvernement fédéral, tant
dans la construction que dans l'exploitation du réseau.
En ce qui concerne la construction, il faut bien dire que le train
rapide entre Mirabel et le centre-ville, nous allons l'établir mais pour
autant que le gouvernement fédéral s'implique, parce qu'on a
décidé contre notre propre gré, d établir
l'aéroport à Mirabel au lieu, comme, par exemple, le Dr Lussier
du temps, de rétablir plutôt vers Saint-Jean. Le gouvernement
d'Ottawa, pa rl'intermédiaire de son ministre des Transports, nous a
indiqué hier qu'il n'avait pas l'intention du tout de négocier
une entente de participation concernant la construction d'un lien rapide entre
Mirabel et le centre-ville si ce n est que le programme de $62,5 millions qu'on
nous a annoncé le 26 octobre 1977, qui couvre une entente
déjà existante, soit le déménagement des lignes de
chemin de fer, et aussi le transport en commun, $62,5 millions sur une
période de cinq ans, cela correspond à $12,3 millions par
année, soit 500 pieds de métro, alors que le minimum qu'on peut
donner comme très rapide entre Mirabel et le centre-ville, c'est
déjà un minimum de $60 millions, et cela peut aller
jusqu'à $326 millions.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale, question
additionnelle.
M. Biron: Une question additionnelle au ministre du Transport. Il
y a une autre dimension au développement de Mirabel, c'est la fin des
travaux de l'autoroute 13. Beaucoup d'industries seraient prêtes à
s'établir dans la région de Mirabel, pour développer
l'aéroport en même temps, si on complétait l'autoroute 13.
Le ministre peut-il faire le point là-dessus? Quand le fera-t-on? D
autant plus que j'ai vu que, la semaine dernière ou il y a deux
semaines, on en était venu à une entente de $45 millions
là-dessus avec le fédéral.
Le Président: Brièvement, s'il vous plaît, M.
le ministre.
M. Lessard: Quant à nous, du gouvernement du
Québec, nous avons toujours... En tout cas, quant à moi, comme
ministre des Transports, j'ai toujours affirmé que la route 13
n'était pas essentielle au développement de Mirabel; si vous
regardez une carte, la liaison par l'autoroute 15 du centre-ville à
Mirabel est plus courte que la liaison par l'autoroute 13. Il y a
déjà un réseau routier qui a été
négocié entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
du Canada lorsqu'on a décidé de l'implantation de Mirabel;
cependant, nous sommes prêts, à la suite des négociations
qui ont eu lieu entre les deux ministres, le ministre responsable de l'OPDQ et
le ministre responsable du MEER, à accepter la demande politique qui a
été faite par un ancien ministre, nous sommes prêts
à accepter de nous engager dans l'autoroute 13. Cependant, il n'est pas
question pour le gouvernement du Québec de s'engager dans des
investissements considérables sur la rentabilisation de Mirabel tant et
aussi longtemps que le gouvernement du Canada ne nous aura pas fait
connaître concrètement concrètement et en signant
une entente, parce qu'on n'a plus foi dans les paroles de ce gouvernement
sa décision au sujet des transferts de vols de Dorval vers
Mirabel.
Le Président: Fin de la période des questions. A
l'ordre, s'il vous plaît!
Motions non annoncées. M. le député de Beauce-Sud.
(15 heures)
Motion priant l'Assemblée nationale
d'exprimer son désaccord relativement
à
l'utilisation de fonds publics dans la
campagne préréférendaire
M. Roy: M. le Président, avec votre permission et avec le
consentement de la Chambre, j'aimerais présenter la motion suivante:
"Consciente de sa responsabilité en ce qui concerne la sauvegarde de la
démocratie et soucieuse de faire en sorte que le débat politique
actuel sur notre avenir constitutionnel se décide au Québec par
et pour les Québécois, l'Assemblée nationale exprime son
complet désaccord avec le gouvernement d'Ottawa qui utilise des fonds
publics pour subventionner des groupes de son choix dans la présente
campagne d'éducation populaire en vue du référendum".
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de cette motion?
M. Burns: M. le Président, au nom du parti
ministériel, je suis prêt à donner notre consentement
à la présentation de cette motion.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: II y a consentement.
M. Lavoie: Adopté, adopté, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, je voulais voter pour la
motion mais, comme c'est débattable, j'aimerais dire quelques mots si
cela ne dérange pas trop.
Le Président: C'est parfaitement votre droit, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, si le député de
Beauce-Sud voulait bien me donner une copie de sa motion, s'il vous
plaît! Je suis d'accord avec le principe de la motion et je suis
également d'accord avec le contenu tel qu'il est rédigé.
Je me dois, à ce moment-ci, de faire savoir aux membres de cette Chambre
que la semaine dernière il est arrivé un accroc si l'on
peut dire dans une organisation dont je fais partie et dont plusieurs
autres groupes politiques en cette Chambre font également partie. Il
s'agit du comité préréférendaire
Québec-Canada dont l'un des membres, le mouvement Québec-Canada,
avait demandé, il y a déjà pas mal de temps, une
subvention au gouvernement fédéral pour les fins de son
activité qui, à ce moment-là je tiens à le
souligner était de faire de l'animation, de la recherche, de
l'information, mais non de l'organisation
préréférendaire.
Or, en cours de route, entre le moment où cette subvention a
été demandée et le moment où elle a finalement
été accordée, le mouvement Québec-Canada, à
mon sens, a changé un peu sa vocation. C'est qu'il est devenu un
mouvement qui devait lutter à l'occasion du rérérendum, et
donc un mouvement en quelque sorte paraélectoral. Ce qui fait toute la
différence et qui fait également la différence avec un
gouvernement qui subventionne des associations pour des fins de recherche ou
d'information, que ce soit le gouvernement fédéral qui
subventionne un mouvement d'unité canadienne pour les fêtes du
Canada ou que ce soit le gouvernement du Québec qui subventionne
d'autres mouvements pour les fêtes de la Saint-Jean-Baptiste. Je pense
que c'est une chose. Mais qu'un gouvernement subventionne un mouvement comme
Québec-Canada qui a changé sa vocation en cours de route, cela
devient totalement inacceptable. Je pense que là-dessus, tous les partis
d'Opposition qui font partie de ce groupe préréférendaire
ont été très clairs. Comme membres du comité
préréférendaire et membres de l'exécutif, nous
avons fait une demande formelle à Québec-Canada pour lui
demander, justement, de retourner cette subvention. Je crois savoir qu'au cours
de la fin de semaine ce mouvement a refusé de retourner la subvention.
Il est important de faire
comprendre aux membres de cette Chambre que cela nous apparaît non
pas comme la position du mouvement comme tel, mais plutôt comme la
position du président du mouvement, l'ancien ministre
fédéral Maurice Sauvé.
Je dois établir très clairement que nous avons tout
tenté pour lui faire entendre raison et que ce monsieur n'a pas voulu
entendre raison. Nous nous trouvons devant cette situation. Cela nous fait
comprendre les raisons de la motion de l'honorable député de
Beauce-Sud aujourd'hui. Cela nous permet et je remercie le
député de Beauce-Sud d'avoir fait cette motion de
clarifier certaines choses. Quant à moi, comme membre de ce
comité préréférendaire, je n'accepterai pas que
Québec-Canada demeure dans ce mouvement s'il continue à garder
l'argent du fédéral. Je demande à M. Sauvé,
président de Québec-Canada, grâce à l'occasion qui
m'est donnée aujourd'hui, encore une fois, de retourner en
totalité cette subvention au fédéral.
Je demande, puisque l'occasion m'en est donnée par la voix qui
est la vôtre, M. le Président, au Secrétariat d'Etat
canadien de rapatrier sa subvention. Puisque M. Sauvé ne veut rien
comprendre, que M. Lalonde comprenne lui.
Une Voix: Vous rêvez en couleur.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Samson: M. le Président, je m'adresse au ministre
fédéral pour lui demander d'entreprendre des démarches
pour récupérer cette subvention qui a été
donnée à partir d'une demande qui a été faite au
moment où Québec-Canada avait une vocation qui était
totalement différente. C'est de là, M. le Président, que
provient tout l'imbroglio. Québec-Canada a demandé une subvention
au moment où il avait une vocation et il l'a reçue à un
moment où la vocation était changée. Alors, ou bien les
sommes sont retournées ou alors que le mouvement reprenne sa vocation
première cela est une autre affaire mais pas le genre de
vocation qu'ils ont présentement, c'est-à-dire de faire une lutte
vis-à-vis du référendum que je considère comme une
lutte paraélectorale. Ceci dit, je voudrais que tout le monde qui fait
partie du comité préférendaire se donne la main
là-dessus pour réclamer la même chose.
Evidemment, je comprends que cela ferait la joie du Parti
québécois, mais il n'est pas question d'entre-déchirer le
comité préférendaire parce que cela ne fait pas l'affaire
et qu'il y a eu une erreur que nous reconnaissons qui a été
commise contre notre gré. Nous allons maintenir notre position. Au cours
des jours qui vont suivre, j'espère que nous pourrons faire entendre
raison à qui de droit et que cette situation redeviendra dans
l'ordre.
M. Johnson: Cela fait 100 ans qu'on attend.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Samson: II est normal que nous récla- mions que la
question du référendum sur l'avenir du Québec soit une
question qui se règle ici, au Québec. C'est absolument normal
qu'on fasse cela, et il est normal aussi que le gouvernement
fédéral octroie des subventions aux mouvements qui font un
certain travail pour l'unité canadienne. Cela n'est sûrement pas
plus anormal que de voir beaucoup de péquistes accepter des projets de
Canada au travail et l'argent du fédéral pour faire de la
politique.
M. Guay: C'est de l'argent des Québécois, ce sont
nos impôts.
M. Samson: Cela arrive régulièrement. Des groupes
que nous connaissons acceptent l'argent du fédéral.
Des Voix: Des noms!
M. Samson: Vous savez, quand ce sont les
fédéralistes qui l'acceptent, du côté du Parti
québécois, cela fait scandale, mais quand ce sont les
péquistes qui l'acceptent, c'est bon. Il y en a eu et je peux vous en
citer des cas.
M. Proulx: Des cas!
Le Président: A l'ordre, s il vous plaît!
M. Samson: Regardez autour de vous, messieurs, dans vos
comtés, combien de péquistes ont accepté des projets de
Canada au travail ou des projets PIL pour faire de la recherche et de la
politicaillerie...
M. Dussault: ... qui ont travaillé fort.
M. Samson: ... où il y avait des projets PIL, au
même moment, qui travaillaient pour vous autres pour ramasser de l'argent
pour le Parti québécois. Regardez et vous allez facilement
trouver.
M. Lavigne: Vous discutez contre la motion.
M. Samson: Ceci dit, M. le Président, je voudrais que l'on
comprenne bien que la transparence de l'actuel gouvernement n'a d'égal
que lécran de fumée qu'il est capable de placer devant la
population pour l'empêcher de voir ce quelle devrait voir. Aussi
longtemps que Québec-Canada en reviendra à sa vocation
première, c'est son affaire que d accepter de l'argent du
fédéral. Est-ce que les ministres du Québec qui se
promènent de ce temps-ci pour faire des petites conférences et
qui en profitent pour aller faire des assemblées pour lancer la campagne
de financement du Parti québécois, avec les dépenses du
gouvernement, ne prennent pas, eux aussi, des subventions en provenance du
gouvernement pour faire ce qu'on appelle carrément de la politique
suivant les déclarations qui ont été faites au cours de la
semaine par les différents ministres? C est est de la politique cela.
(15 h 10)
M. Burns: Question de privilège, M. le
Président.
M. Samson: Cela, c'est financé par le gouvernement du
Québec, c'est financé à même les deniers du
Québec.
Le Président: M. le député de Rouyn-Noranda,
il y a une question de privilège de la part du leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Je tiens à dire, à la suite des paroles
que vient de prononcer le député de Rouyn-Noranda, encore une
fois montrant son ignorance totale et son incapacité totale
d'éventuellement former un gouvernement, que, dans le cas où les
ministres se déplacent au nom du Parti québécois, les
dépenses que ces ministres encourent viennent directement de leurs
poches. C'est très clair.
M. Lavoie: Les voitures pour le ministère. Le
Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Vous me permettez une question, M. le
Président? Lorsqu'un ministre se déplace à l'occasion de
la campagne référendaire, est-ce qu'il se sert de la voiture du
ministère?
M. Burns: Selon les indications...
M. Samson: Est-ce que j'avais la parole? Il y a un débat
entre d'autres...
Le Président: Oui. M. le député de
Rouyn-Noranda, vous avez la parole.
M. Samson: Merci, M. le Président. Je regrette qu'on m'ait
interrompu, je n'avais pas l'intention de mentionner d'exemple; mais je le
ferai puisqu'on m'a interrompu et qu'on met ma parole en doute. Hier, j'avais
l'occasion d'avoir dans mon comté l'honorable ministre du Travail, qui
est venu faire une réunion où il a rencontré certaines
personnes au nom du gouvernement hier après-midi. C'est absolument
normal. Mais on m'a informé qu'hier soir il a assisté à
une réunion du Parti québécois pour le lancement de la
campagne de financement du parti. M. le Président, puisqu'il
était là, bien sûr, tout le monde va comprendre qu'il est
venu spécialement pour informer la population sur ses politiques et non
pas pour le Parti québécois.
Mais il est revenu avec le même avion, M. le Président. Il
a fait le même voyage. Ils font toujours la même chose, M. le
Président. Sous le prétexte de rencontrer les gens, on vient
faire de la politique et c'est le gouvernement qui paiera.
M. Johnson: Une question de privilège.
Le Président: M. le député de Rouyn-Noranda,
une question de privilège. A l'ordre, messieurs!
M. Johnson: Evidemment, M. le Président, vous comprendrez
que je ne voudrais pas qu'on s'éternise sur des sujets pareils. Cela
ferait trop plaisir au député de Rouyn-Noranda, mais il de-
meure, je pense, qu'il a mis mes privilèges, comme membre de cette
Assemblée, en cause. Je me suis rendu effectivement à
Rouyn-Noranda dans la journée d'hier et j'ai rencontré environ
250 représentants patronaux et syndicaux pour parler du Code du travail.
J'ai rencontré des handicapés de la région. J'ai
rencontré des fonctionnaires du ministère de la Main-d'Oeuvre et
il est vrai que le soir j'ai eu l'occasion, cependant, d'assister à une
réunion du Parti québécois. Je ne m'en cache pas et cela a
été un succès merveilleux sur le plan du financement.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je remercie le ministre du
Travail parce que je ne pensais pas qu'il viendrait confirmer ce que je venais
de dire. C'est exactement ce que je disais. On combine toujours pour faire
croire à la population qu'on vient dialoguer avec elle et, une fois
qu'on est revenu à Québec, on ne donne pas suite à ces
dialogues. Mais, ce qui est important, c'est qu'on a amené le ministre
pour faire une campagne de financement avec l'avion du gouvernement. Qu'on
fouille en arrière, vous allez vous apercevoir que vous en avez pas mal
de voyages comme cela. Ce que le Parti québécois...
M. Johnson: M. le Président, une question de
privilège.
Le Président: A l'ordre! M. le député de
Rouyn-Noranda, une question de privilège. M. le ministre.
M. Johnson: Oui, et je serai très bref, M. le
Président. Si on veut me faire un procès d'intentions en disant
que j'utilise l'avion du gouvernement pour faire les campagnes de financement,
je rappellerai au député de Rouyn-Noranda que je devais aller
à Rimouski, la semaine dernière, effectivement pour une
tournée gouvernementale, comme je l'ai fait dans d'autres régions
du Québec sur le Code du travail, et que le soir, effectivement, j'avais
une réunion du Parti québécois. J'ai dû annuler ma
tournée ministérielle, parce qu'il y avait une réunion du
cabinet et j'ai pris, à mes frais, un avion de Quebec Air pour me rendre
au Parti québécois.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Cela ne change rien que de temps en temps il soit
obligé de le faire à ses frais. C'est toujours, qu'il devrait le
faire à ses frais; c'est tout le temps qu'il devrait le faire à
ses frais.
Le Président: M. le député de Rouyn-Noranda,
pourrais-je vous rappeler à la pertinence du débat, s'il vous
plaît?
M. Samson: M. le Président, c'est totalement dans la
pertinence du débat que de mettre en pa-
rallèle la façon de subventionner des organismes
politiques. Cela veut dire tout simplement ceci: C'est que nous autres, on a
décidé au comité préréférendaire,
clairement, qu'on ne voulait pas que cela se fasse. Le Parti
québécois se permet certaines déclarations alors que pour
lui, ce n'est pas aussi clair que cela de son bord. Ce qu'on réclame
actuellement du mouvement Québec-Canada, soit de ne pas accepter de
financement fédéral parce qu'il fait partie du comité
préréférendaire, on le réclame exactement des
autres mouvements québécois, soit de ne pas accepter d'argent du
gouvernement québécois pour les mêmes fins. Je pense que
cela doit être assez clair. C'est notre droit de réclamer
l'équivalent, parce qu'on a fait les premiers pas. On n'a pas attendu
que le PQ se lève. Ce sont les partis d'Opposition. Tout de suite,
dès qu'on l'a su, on s'est levé et on a dit: On n'en veut pas de
cela. On n'en voulait pas la semaine dernière, on n'en veut pas cette
semaine et on n'en voudra pas plus la semaine prochaine. C'est cela qu'on veut
vous faire comprendre. Mais on veut vous faire comprendre en même temps
qu'on n'acceptera pas non plus que vous fassiez la même chose. Cette
erreur qu'on reproche au mouvement Québec-Canada puis au gouvernement
fédéral, on ne veut pas être obligé de la reprocher
au Parti québécois. Vous avez déjà commencé,
c'est encore le temps d'arrêter. Mais n'allez pas plus loin vous autres
non plus. Que le gouvernement n'aille pas plus loin.
M. le Président, je regrette qu'avec le droit de parole qui est
si chèrement acquis en cette Chambre...
M. Guay: Restreint.
M. Samson: ... on ait de la difficulté à s
exprimer...
M. Guay: Oh!
M. Samson: ... tellement on se fait crier dans les
oreilles...
M. Guay: Oh!
M. Samson: ... à partir de mon propre voisin de bureau, M.
le Président...
M. Guay: Question de privilège, M. le
Président.
M. Samson: ... pour qui j'ai beaucoup de respect, mais qui
devrait au moins me laisser parler.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Taschereau.
M. Guay: A mon grand regret, je dois interrompre le
député de Rouyn-Noranda dans une envolée oratoire
exceptionnelle, dont il a seul le talent. Je dois préciser que j'ai pu
émettre certaines exclamations justement à cause de la
qualité de cette envolée oratoire, mais en aucune façon je
ne me suis permis de crier à l'endroit de mon voisin estimé, le
député de Rouyn-Noranda, vice-Président du comité
référendaire pour le non.
Le Président: Merci.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je remercie mon collègue de pupitre et je
l'autorise même à s'exclamer davantage puisqu'il reconnaît
que c'est parce qu'il n'y a pas tout à fait, du côté
ministériel, certains talents qu'on a dans l'Opposition.
M. Guay: Ah non! Sûrement pas!
M. Samson: Tout ceci pour dire que je voudrais, si on voulait se
conformer au règlement et me permettre de parler, réclamer,
encore une fois j'espère que le message sera entendu par qui de
droit que les positions soient revues. C'est pour cela qu'on a une
motion aujourd'hui. Si l'Assemblée nationale se prononce, ce n est pas
pour rien; c'est pour qu'on sache, là où c'est important de le
savoir, que les demandes qui ont été faites tour à tour
par les différents partis d'Opposition et par d'autres mouvements qui
sont pour l'unité canadienne et qui font partie du Comité
pré référendaire pour que cette subvention soit
retournée sont réitérées aujourd'hui par cette
motion. On réitère ces demandes d'une façon très
officielle, sans qu'il y ait aucune nuance. C'est clair, c'est précis,
tout le monde le dit: On ne veut pas que le gouvernement fédéral
finance le Comité préréférendaire ni directement ni
indirectement. On ne voudra pas plus que le gouvernement provincial fasse la
même chose. C'est aussi clair que cela. Merci.
Le Président: M. le leader parlementaire de lOpposition
officielle. (15 h 20)
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Très brièvement, je tiens à
remercier le député de Beauce-Sud qui nous donne l'occasion de
nous exprimer ici, à l'Assemblée nationale, sur une position bien
précise que tous les partis d'Opposition ont adoptée durant les
derniers jours de la semaine dernière.
Il est vrai qu'il existe un Comité
préréférendaire qui regroupe non seulement des partis
provinciaux, mais également des partis fédéraux qui
supposent à l'option du Parti québécois et qui supposeront
à cette option quant à I'avenir constitutionnel du Québec.
Cette motion qui est présentée aujourd'hui nous donne I occasion,
d'une manière encore plus catégorique, d'établir notre
position à l'effet que en ce qui nous concerne, c'est un
consensus général, du moins au nom de lOpposition officielle
nous voulons que le Québec soit le terrain
privilégié où doit se régler cette question du
référendum que nous espérons le plus rapidement
possible.
Nous désirons ce référendum et j espère que
la déclaration du premier ministre suivant laquelle le
référendum ne se tiendra qu'à la fin de 1979 est un
mauvais renseignement. Je me demande
comment le Québec va pouvoir survivre d'ici à ce
moment-là, M. le Président.
Mais pour revenir à cette motion, on voudrait notre
position est bien simple que ce débat s'élève
au-dessus des lignes de partis politiques, exception faite
nécessairement de la position prise par le Parti québécois
et le gouvernement actuel, ce qui est tout à fait son droit. D'ailleurs,
notre comportement actuel prouve que nous désirons que ce débat
constitutionnel s'élève au-dessus des lignes des partis
politiques. Et ceux qui oeuvrent au sein de ce comité
préréférendaire expriment par là qu'ils
désirent, tout en souhaitant une révision en profondeur de la
constitution canadienne, que le Québec continue à être une
partie intégrante du Canada.
C'est une mise en garde que nous avons faite, d'ailleurs, lorsque nous
avons pris position, il y a quelques jours. Nous refusons, en ce qui nous
concerne, que des fonds publics fédéraux servent à
subventionner quelque parti politique que ce soit ou quelque organisme que ce
soit qui désire participer activement à la future compagne
référendaire. Nous voulons que ces fonds il y a
nécessité de fonds soient des fonds strictement
privés, d'une manière prioritaire venant des citoyens du
Québec, qui puissent servir à cette campagne
référendaire.
Egalement, il y a un autre volet et c'est à ce moment-ci que je
voudrais bonifier la motion du député de Beauce-Sud. Cela ne
s'applique pas uniquement au gouvernement fédéral qui a commis,
à mon point de vue, un impair en subventionnant un organisme comme
Québec-Canada. Je voudrais en même temps, comme l'a fait le
député de Rouyn-Noranda, faire une mise en garde au gouvernement
actuel pour lui dire que ce qu'on ne permet pas à Ottawa, on ne le
permettra pas au gouvernement du Québec, s'il avait la tentation de se
servir des fonds publics pour subventionner la thèse que le Parti
québécois et le gouvernement actuel proposent dans le prochain
référendum.
D'ailleurs, je suis heureux que le leader parlementaire du gouvernement,
parrain de la loi 92 qui est à l'étude actuellement en cette
Chambre, ait déclaré en fin de semaine que le gouvernement actuel
se gardera bien je crois que j'interprète bien sa
déclaration de subventionner de quelque façon que ce soit
des groupes qui seraient favorables à l'option du Parti
québécois.
Motion d'amendement
C'est la raison pour laquelle je vais proposer un amendement à la
présente motion. Pour que cela se tienne bien, je vais lire la motion du
député de Beauce-Sud, qui se lit comme suit: "Consciente de sa
responsabilité en ce qui concerne la sauvegarde de la démocratie
et soucieuse de faire en sorte que le débat politique sur notre avenir
constitutionnel se décide au Québec par et pour les
Québécois, l'Assemblée nationale exprime son complet
désaccord avec le gouvernement d'Ottawa qui utilise des fonds publics
pour subventionner des groupes de son choix dans la présente campagne
d'éducation populaire en vue de l'éventuel
référendum". Et mon amendement, dis-je, se lit comme suit: "Et de
plus cette Assemblée exprime l'avis que le gouvernement du Québec
n'utilise d'aucune manière les fonds publics pour promouvoir l'option
constitutionnelle du Parti québécois dans la prochaine campagne
reliée au référendum, sauf dans le cadre des lois
applicables ". C'est l'exception qui peut être prévue dans la loi
92, la subvention qu'un gouvernement pourrait octroyer aux
comités-parapluies. J'ajoute à la motion du député
de Beauce-Sud.
Le Président: Est-ce que cet amendement sera
adopté?
M. Burns: M. le Président, je pense bien qu'il n'est pas
question de recevabilité de l'amendement. Cela m'apparaît un
amendement qui est tout à fait recevable.
Le Président: L'amendement est recevable.
M. Burns: Sauf que, pour faciliter le débat puisqu'on a
d'autres choses à traiter dans nos travaux d'aujourd'hui, je demanderais
le consentement de la Chambre pour que quelqu'un qui veuille s'exprimer, soit
sur la motion principale ou sur la motion d'amendement, puisse le faire
indifféremment d'une part ou d'autre. Je pense que cela aiderait
peut-être à accélérer le débat puisqu'un
débat sur une motion non annoncée comme celle-là, qu'on a
acceptée d'entendre à l'Assemblée nationale, ne doit quand
même pas prendre toute la journée. Je pense bien que tous nos
collègues à l'Assemblée nationale sont d'accord
là-dessus.
M. Grenier: M. le Président...
M. Burns: Je demanderais le consentement de la Chambre. Si je
l'obtenais, que cela devienne un ordre de la Chambre que nous puissions nous
exprimer tant sur l'amendement que sur la motion principale.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? M. Roy:
M. le Président...
M. Grenier: C'était bien sûr l'intention de notre
formation de faire un amendement qui ressemblait à celui-là, qui
allait dans le sens de celui-là. Alors, de toute évidence, cela
nous plairait que de pouvoir discuter des deux en même temps, soit
l'amendement et la motion principale.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement sur...
M. Lalonde: M. le Président, sur la suggestion du leader
du gouvernement, il n'y a aucun doute que, quant à nous, cela nous va
très bien. Il vous reste à déterminer de quelle
manière vous allez pouvoir diriger les débats si on peut
s'exprimer indifféremment soit sur la motion principale ou sur la motion
d'amendement. C'est libre à vous.
M. Burns: Cela se fait régulièrement le mercredi
sur les motions parce que nous sommes dans des débats à
caractère restreint. Je pense que personne ici à
l'Assemblée nationale n'a l'intention de faire un débat qui va
durer huit semaines là-dessus; en tout cas, on va prendre les mesures en
conséquence si jamais vous voulez jaser de cela pendant huit semaines!
Je peux vous dire cela.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement, M. le
député de Rouyn-Noranda?
M. Samson: Juste une petite seconde. C'est parce que j'ai
déjà parlé et il est bon que j'explique que je vais voter
pour la motion pour les raisons que j'ai données dans mon premier
discours sur la motion. Cela veut donc dire que je suis d'accord avec la
formule qui est proposée.
Le Président: Dans ce cas, je déclare que les
opinants qui voudront s'exprimer pourront le faire aussi bien sur la motion
principale que sur l'amendement. Quand ils s'exprimeront, ils pourront le faire
sur l'un ou l'autre, mais ils ne pourront pas s'exprimer deux fois, bien
sûr. Cela devient un ordre de la Chambre.
M. Charron: M. le Président... Le Président:
M. le député de Saint-Jacques. M. Claude Charron
M. Charron: ... je croyais que l'adoption de la motion du
député de Beauce-Sud dont je le félicite
allait effectivement recevoir I'assentiment de l'ensemble de cette
Assemblée puisque les media d'information en avaient laissé
entendre, à peu près pour tout le monde, l'issue.
Par contre, je ne savais pas que les collègues qui avaient
été vite en affaire, au moment où le chat est sorti du sac
la semaine dernière, allaient à nouveau, et cette fois devant
tout le monde, réitérer leur refus global de cette attitude du
gouvernement qu'ils soutiennent. Pour ma part, n'étant pas très
habitué à voir le parti d'en face dénoncer ses amis
d'Ottawa, c'est avec un grain de sel et un sourire que j'ai accueilli les
protestations que les vierges du fédéralisme ont apportées
en fin de semaine dernière. (15 h 30)
Evidemment, M. le Président, je les comprends. Je leur rends
hommage d'avoir au moins ce sens politique. C'était devenu grossier. On
peut cautionner, camoufler, s'abaisser, légitimer même, comme on
l'a fait lors de la période des questions, réclamer du premier
ministre un abaissement supplémentaire, il vient des jours où la
goutte déborde du vase. Tout fédéraliste que l'on soit,
tout soumis et tout travailleur que I on soit de la dépendance, de la
soumission et du recul des Québécois, il reste, à un
moment donné, cette espèce de sursaut que n'importe quelle
allégeance partisane ne peut pas faire disparaître, la- quelle
s'appelle être un Québécois, qui ressort et qui exige une
affirmation publique.
Le plus curieux, c'est que d'autres qui se disent
Québécois, et pour lesquels d'ailleurs dans quelques jours
à peine tous les amis d'en face militeront dans leur comté,
travailleront à réélire, dans chacun de leur comté,
d'autres qui se disent Québécois. Dimanche soir dernier, à
la télévision, le ministre responsable de la surveillance du
gouvernement québécois affirmait très légitime,
très normal, très régulier que des taxes et des
impôts des citoyens du Canada, dont au moins 25% viennent des citoyens du
Québec, aillent à des gens qui travaillent à une option
partisane que même pas l'ensemble de la Chambre des communes d Ottawa
soutient.
Ce québécois, me direz-vous, est, à cause de son
allégeance partisane, perdu. Il cautionnera, évidemment, lui,
pris en flagrant délit, l'acte défini. Le ministre responsable
des relations fédérales-provinciales ou en fait, le ministre
responsable de la surveillance du gouvernement québécois a
été obligé de plaider coupable. Les excuses étaient
belles et, comme on dit, "le jupon dépassait", mais il ne pouvait
plaider autrement. Je voudrais bien croire en la sincérité de
tous ceux qui se joignent aujourd'hui au député de Beauce-Sud
pour me dire que non seulement ils vont dénoncer ce geste, mais que
quand l'occasion leur sera fournie, d'ici quelques jours, ils travailleront
à faire battre dans leur comté les députés
fédéraux qui cautionnent ces gestes. Sans cela, ce que nous avons
aujourd'hui, c'est un ralliement du bout des lèvres. Le Comité
Québec-Canada, on le dénonce maintenant, on rejette le mouton
noir du troupeau fédéraliste. On veut maintenant le
dénoncer parce qu il n a pas été assez habile pour
camoufler l'appui du gouvernement fédéral qu'il recevait. Pour
garder cet air sacro-saint de l'alliance Castonguay-Samson, on veut maintenant
nous dire qu'il faut le rejeter.
Mais le Comité Québec-Canada je ne sais plus, comme
n'importe qui, à quel saint me vouer devant ce foisonnement de Tiens
bien Canada, Ne lâche pas Canada, On va se tenir Canada, tous ces petits
comités de grenouillage qui se sont faits dans tout le pays et dans le
Québec en particulier si je me souviens bien et je ne tiens pas
plus que cela à m'en souvenir, c'était un honorable membre de
cette Chambre qui l'avait parrainé, qui nous l'avait
présenté. La fleur de lys emprisonnée dans la feuille
d'érable, le symbole même de ce mouvement, à ce que je
sache, ceux qui distribuaient ces petits boutons dans tout le Québec
je ne l'interroge pas sur mon mode de financement ceux qui l'ont
cautionné, vanté, lancé dans le Québec, les tout
premiers adhérents à ce mouvement, n'est-ce pas tous ces amis
d'en face qui, aujourd'hui, pris en flagrant délit, se rallient à
la demande et s'en lavent les mains? Laisser aller le morceau. Ah! quelle
amitié avez-vous donc entre fédéralistes? Aussitôt
que l'un de vous est pris en flagrant délit, vous êtes
prêts, sur la place publique, à l'Assemblée nationale,
à le dénoncer; c'est trop beau! Quand, en fin de semaine,
se tiendra à Québec le grand ralliement des autobus
libéraux...
M. Lavoie: Cela vous fatigue, hein!
M. Charron: ... certains des vertueux personnages...
M. Lamontagne: On n'a pas encore de chef.
M. Charron: ... qu'on a réussi à ramasser dans
chacun des comtés pour venir se choisir le président des
funérailles du Parti libéral, arboreront, à moins que je
ne me trompe, la fleur de lys emprisonnée dans la feuille
d'érable. Si vous ne voulez pas que l'on prenne votre ralliement
à la position du député de Beauce-Sud comme un geste
d'hypocrisie pur et simple, après avoir été pris en
flagrant délit, alors il faut qu'au-delà d'un amendement comme
celui que vous nous présentez vous vous engagiez ici à demander
à chacun des membres de votre parti de se retirer de ce mouvement, de
dénoncer ce mouvement et de refuser l'accès aux ondes publiques
de ce mouvement. Ou alors, là, c'est que vous aussi, votre jupon
dépasse et on sait très bien pourquoi. Pour témoigner de
la vitalité de l'option qui préconise la dépendance des
Québécois, pour démontrer que le fait de tenir à un
régime qui date de 110 ans n'a pas fait perdre toute la vitalité,
comme on manquait des membres et comme ceux-là, on ne pouvait pas les
transporter en autobus d'une région à l'autre, on a plutôt
multiplié les organismes.
Cela fait beau. Quand se réunit tout ce beau monde, il
représente le comité Positive Action, le Committee to saveguard
Canada. Ils ont chacun 300 membres. Ce sont les mêmes 300 membres que
l'on trimbale. Le Parti libéral d'en face vient nous dire: Nous avons
110 000 membres, sans compter nos amis de Québec-Canada, sans compter
nos amis de l'Union Nationale, sans compter nos amis du Parti libéral
fédéral, sans compter les provinces de l'Ouest qui
s'apprêtent à financer et à intervenir dans notre
référendum, sans compter tous ceux-là, la majorité
silencieuse qui attend le divin chef de la fin de semaine. M. le
Président, à moins de ne pas avoir suivi la vie politique du
Québec depuis une quinzaine d'années, à moins d'avoir eu
les yeux fermés ou de s'être enfoncé la tête dans le
sable comme des autruches à chaque fois que le Québec parlait de
son changement, on sait très bien la réalité des
choses.
Non seulement il s'agit des mêmes personnes que l'on retrouve
à un endroit ou à l'autre, qui, aujourd'hui, dénoncent
l'attitude du fédéral, qui, en fin de semaine, l'applaudiront
à plat ventre et qui, dans deux semaines, travailleront dans chacun des
comtés à le faire réélire, mais à moins
d'être des imbéciles, on sait très bien que tout ce monde,
et non seulement toute la même gang, a, en fin de compte, tous les
mêmes dirigeants. Au-delà des querelles de mouchoirs qu'on peut se
faire sur la place publique, quand vient le temps de bloquer l'évolution
du Québec, de stopper la marche du Québec vers sa liberté
et son indépendance, ils sont comme larrons en foire. Et de Castonguay
à
Samson en passant par Marcel Masse, par l'Union Nationale et par les
libéraux, on n'a qu'un objectif: bloquer les Québécois,
stopper les Québécois, maintenir le régime dans lequel ils
sont et qui conduit à des diktats comme ceux que le premier ministre a
dénoncés au nom de tous les Québécois.
Voilà donc, M. le Président, ce qu'on veut nous faire
croire aujourd'hui. Le député de Beauce-Sud a eu le courage de
dénoncer ce que tous les Québécois... J'étais
à Drummondville, hier soir, M. le Président, et la seule mention
de ce geste posé par les Québécois a conduit l'ensemble de
l'Assemblée à le dénoncer. Je me rallie à
l'amendement proposé par le député de Laval parce que j'ai
pris cet engagement hier à l'égard des Québécois.
Le gouvernement fédéral, qui a la responsabilité
fondamentale dans la constitution que défendent nos amis d'en face
ils doivent la connaître, s'ils la défendent qui a
la responsabilité fondamentale de la gestion économique du pays,
donc, du dollar en chute libre, comme a dit le premier ministre aujourd'hui, du
taux de chômage, ne devrait pas gaspiller un seul cent de son budget
ailleurs que dans sa mission fondamentale. J'accepte encore d'en payer, des
impôts, au gouvernement fédéral, mais c'est pour qu'il
accomplisse avec eux la fonction normale d'un Etat qui est mandaté par
une constitution à remplir certains engagements. Pas pour qu'il s'en
serve pour maintenir ses politiques et les hommes politiques qui les fignolent
au pouvoir. Pour cela, il y a d'autres moyens.
Il y a, entre autres, un financement démocratique de partis
politiques, quand on n'a pas peur d'y faire face, comme nous le faisons, nous,
dans le Parti québécois au cours du mois d'avril. M. le
Président, j'ai pris un engagement devant les citoyens de Drummondville
et je le prends au nom du gouvernement et devant tous les citoyens du
Québec. (15 h 40)
Le budget que le ministre des Finances déposera la semaine
prochaine est dans des limites que nous tous réprouvons, mais qui sont
celles que défendent nos amis d'en face, les limites d'une province.
Mais les $12 milliards que nous utiliserons, nous allons les utiliser au
service des besoins essentiels des Québécois.
Quand on voudra faire de la politique partisane, on fera ce que fait
chacun des députés, chacun des ministres, chacun des membres du
Parti québécois, actuellement, on ira cogner à la porte de
nos membres et on dira: Voulez-vous souscrire pour que le Québec
continue, par un oui clair, massif et franc, sa marche vers sa
libération? Mais on n'utilisera pas des fonds publics parce que ceux
qu'on a sont minces, quand on pense qu'on en gaspille plus que la moitié
aux mains d'un gouvernement qui, lui, l'utilise à des fins partisanes.
Mais la moitié au moins des taxes et des impôts qui nous restent
ici à Québec doit servir aux Québécois
au-delà de leurs intérêts partisans, au-delà du
choix de chacun. Non seulement il ne servira pas aux causes du Parti
québécois comme vous dites dans l'amendement, mais on veillera
bien à
ce que notre argent ne serve pas aux causes des mouvements
fédéralistes non plus, que vous allez ressuciter et multiplier
encore davantage.
Non, notre mission est trop grande. Nous avons trop à faire dans
le domaine de l'éducation, dans le domaine de la santé, dans le
domaine du transport, dans le domaine de la protection du consommateur. Nous
avons trop à faire, et nous ne demandons qu'une chose aux
Québécois; c'est de nous remettre davantage de cet argent que
nous remettons à un gouvernement qui l'utilise d'une façon que
nous dénonçons tous aujourd'hui, de nous en remettre plus ici
pour que, davantage, plus près des Québécois, avec les
Québécois et pour les Québécois, nous puissions,
comme un peuple normal, gérer la totalité de nos taxes et de nos
impôts chez nous.
C'est parce que nous avons cette conviction et en même temps cette
sincérité à l'égard des Québécois que
nous leur disons: Quand nous voudrons proposer une option qui fait son chemin,
qui avance la campagne de financement actuelle en est un
témoignage éloquent quand nous voudrons soumettre une
question politique aux Québécois, nous ferons un budget politique
et nous demanderons aux membres et sympathisants de cette cause de la
normalité des Québécois d'y souscrire. Jamais, à
partir du gouvernement québécois.
Je demande donc à mes amis d'en face qui nous ont
présenté cet amendement de souscrire à cela de la
même façon. Ainsi leur opinion d'aujourd'hui n'en sera pas une que
de ralliement tacite ou je dirais quasi obligatoire, du fait que le
député a présenté la motion, mais qu'elle aille
jusqu'à réprouver fondamentalement cette conduite.
Merci, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, vous me permettrez, j'ai
cherché l'article, c'est l'article 100; je n'ai pas voulu interrompre le
député de Saint-Jacques, mais j'aimerais rétablir les
faits, suite à des propos qu'il vient de tenir. Je cite le
député de Saint-Jacques lorsqu'il a dit: "Tous les
députés d'en face travailleront à faire élire les
candidats fédéraux ".
M. le Président, je dis devant cette Chambre que le
député de Bellechasse ne travaillera ni de près ni de loin
à faire élire l'un ou l'autre des candidats au prochain scrutin
fédéral. C'est avec plaisir, M. le Président, que j'ai
appuyé la motion du député de Beauce-Sud, ainsi que celle
du député de Laval. M. le Président, je m'engage à
les défendre en dehors de cette Chambre.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je me suis abstenu tout à
l'heure de prendre mon droit de parole au tout début pour exercer mon
droit de réplique en même temps et résumer le tout dans une
seule intervention, si la Chambre est d'accord.
M. Gratton: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président: M. le député de Gatineau, sur
une question de règlement.
M. Gratton: Je voudrais m'assurer qu'en prenant la parole le
député de Beauce-Sud n'exercera pas, à ce moment, son
droit de réplique, car j'ai l'intention d'intervenir sur la motion.
M. Roy: Je voulais faire les deux en même temps pour ne pas
abuser du temps de la Chambre, M. le Président.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, j'ai déjà eu
l'occasion, vendredi, au moment où cette question a été
soulevée devant la commission parlementaire des communications, de dire
mon désaccord sur l'intervention financière du gouvernement
fédéral dans cette campagne préréférendaire
et, plus spécifiquement, quant à une subvention de $265 000
versée au mouvement Québec-Canada qui, j'en conviens, est
né dans la région de l'Outaouais, avec la participation du
député de Gatineau et de certains de ses collaborateurs.
J'ai également dit, à ce moment-là, que je trouvais
tout à fait normal que le mouvement Québec-Canada se soit
adressé au gouvernement fédéral lorsqu'il s'est
retrouvé en difficulté financière. Il aurait
été presque masochiste s'il s'était adressé au
gouvernement du Québec, compte tenu du fait qu'au moment de la fondation
du mouvement lui-même, ce beau et bon gouvernement du Parti
québécois avait refusé l'incorporation du mouvement au
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
On se rappellera que le mouvement avait effectivement fait une demande
en bonne due forme auprès du gouvernement du Québec pour
incorporer le mouvement en vertu du troisième chapitre de la Loi des
compagnies à titre d'association à but non lucratif. Le
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières avait refusé cette incorporation. Par la suite, le
mouvement a réussi à obtenir cette incorporation du gouvernement
fédéral. C'est donc dire qu'il était tout à fait
normal pour le mouvement de s'adresser au gouvernement du Canada au moment
où il se trouvait en difficulté financière.
Quant à moi, ce qui m'importe plus que tout, c'est d'assurer que
le précédent que crée le mouvement Québec-Canada en
acceptant des fonds fédéraux ne serve justement...
Mme Payette: Mme le Président, je soulève une
question de privilège sur ce que le député a
affirmé en ce qui concerne le ministère que je
représente.
Mme le Vice-Président: Mme le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Mme Payette: II est en effet juste que nous ayons refusé,
à un certain moment, l'incorporation de Québec-Canada tout
simplement parce que la demande ne satisfaisait pas aux exigences du
ministère. On n'était pas, à ce moment-là, en
mesure de définir les buts et objectifs de Québec-Canada.
Une Voix: Ils ne le savent pas encore.
Une Voix: Ce n'était pas pour la séparation du
Canada, ça!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Une question de privilège ne suscite pas de
débat, mais le ministre conviendra que les buts et les objectifs
étaient les mêmes à ce moment-là qu'aujourd'hui.
Effectivement, au gouvernement fédéral, on a réussi
à trouver les objectifs et les buts satisfaisants. J'imagine que si
l'objectif avait été de promouvoir la séparation du
Québec, on aurait trouvé le moyen d'accorder cette
incorporation.
Mme Payette: Je dois de nouveau m'inscrire en faux devant cette
affirmation du député de Gatineau. Il en serait de même
puisqu'une politique de ce ministère fait en sorte que nous n'accordons
pas d'incorporation à un mouvement qui pourrait donner l'impression, de
par son...
Mme le Vice-Président: Mme le ministre...
Mme Payette: C'est une question de privilège, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Bon.
Mme Payette: ... appellation, d'être un parti politique ou
de devoir devenir un parti politique. Le député connaît
parfaitement les discussions qu'il y a eu autour de cette attitude de la part
du ministère.
M. Blank: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Louis...
M. Blank: Une question de privilège qui touche au
privilège du député lui-même.
Mme le Vice-Président: ... justement, je m'attendais
à une intervention. L'intervenant qui avait la parole n'ayant pas
soulevé de question de règlement, je laissais terminer sa phrase
à Mme le ministre et je lui aurais rappelé qu'elle aurait
dû invoquer l'article 96. A ce moment-là, le député
de Gatineau lui aurait laissé la parole.
M. le député de Gatineau, vous avez la parole.
M. Gratton: Merci, Mme le Président. De toute
façon, le gouvernement libéral du Québec d'alors avait
accepté d'incorporer le Mouvement national des Québécois
qui, lui aussi, pourrait bien, éventuellement, devenir un parti
politique. L'argumentation du ministre passe à côté de la
question.
Ce qui m'importe, c'est que nous, de l'Opposition, puissions être
en mesure d'exiger du gouvernement la même honnêteté, la
même transparence qu'on exige du gouvernement fédéral. Or,
le ministre délégué au Haut-Commissariat tantôt
s'est bien amusé à essayer de confondre les membres de
l'Opposition qui, à l'occasion, sont membres du mouvement
Québec-Canada. Il a dit, entre autres, que le gouvernement du
Québec n'utiliserait pas les fonds publics à des fins partisanes.
Je vous dirai tout de suite qu'il le fait déjà, et ce depuis le
16 novembre dernier. (16 h 50)
On a eu l'occasion, à la commission parlementaire des
communications vendredi, de donner quelques exemples de la prolifération
de deniers publics qui sont engagés dans des programmes de
publicité au nom du gouvernement, au nom de ses régies, au nom de
ses agences. Parmi les exemples qu'on a cités vendredi dernier, Mme le
Président, on a justement fait allusion à cette campagne de
publicité qu'a entreprise, par pure coïncidence, bien entendu, le
directeur général du financement des partis politiques, campagne
qui coïncide justement avec le lancement de la campagne de financement du
Parti québécois. Je vous donnerai l'exemple du journal Le Devoir
du 31 mars.
Une Voix: C'est pas fort. M. Gratton: A la page 7.
Une Voix: C'est pas fort.
M. Gratton: C'est pas fort? Attendez, ça va se
renforcer.
M. Laberge: Vous avez eu une réponse là-dessus.
M. Gratton: Qui a dit que j'avais eu une réponse
là-dessus?
M. Laberge: Vous l'avez eue vendredi. M. Gratton: Oui,
quelle était la réponse?
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laberge: La réponse...
M. Gratton: On va faire enquête, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Je vous demanderais de laisser l'intervenant faire son intervention. Vous
pourrez toujours de-
mander la parole et faire la vôtre, si vous le voulez. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: D'ailleurs, le député de je ne sais pas
quel comté s'est bien abstenu de participer aux travaux de la commission
vendredi matin. Il a eu la réponse satisfaisante, lui, réponse
selon laquelle le ministre vérifierait auprès du directeur
général du financement des partis politiques pour savoir comment
il se faisait qu'il y ait eu coïncidence aussi heureuse pour le Parti
québécois.
Mme le Président, à la même page du même
journal pas seulement d'un journal, mais cela a été le cas
du Journal de Québec également le 31 mars on voit une
annonce payée par le directeur général du financement des
partis politiques qui pose la question suivante: "Puis-je déduire de mon
impôt à payer une contribution à un parti politique?
Réponse le 1er avril." Signé: "Le directeur
général, Bureau du financement des partis politiques ".
Immédiatement en dessous, on a une belle annonce: "Oui, ça s'en
vient, ça s'en vient vite, campagne de financement 1978" du Parti
québécois. Quelle coïncidence! Le lendemain, 1er avril, on
recherche la réponse: Est-ce que, oui ou non, je peux déduire de
mes impôts à payer les contributions que je pourrais faire
à cette campagne du "Oui, ça s'en vient, ça s'en vient
vite"? Coïncidence, le 1er avril, dans les deux mêmes journaux; oui,
c'est déductible. Mon Dieu! Je peux donc contribuer à la campagne
de financement du Parti québécois et déduire ma
contribution de mes impôts à payer. Ne pensez-vous pas que j'ai
été chanceux d'apprendre tout cela dans le même journal, la
même journée, sur la même page 7 du Devoir et je ne sais pas
trop quelle autre page du Journal de Québec! Mais c'est une
coïncidence, Mme le Président.
M. Paquette: Mme le Président...
M. Gratton: On sait bien qu'il n'y a pas eu de consultations.
M. Paquette: Mme le Président, est-ce que le
député me permettrait une question?
Mme le Vice-Président: M. le député... M.
Gratton: Non, non, ne m'achalez pas.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rosemont!
M. Paquette: Avez-vous peur de répondre à une
petite question?
M. Gratton: Non, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le députe de Rosemont, la
question est refusée. Je vous en prie, n'intervenez plus.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Mme le Président, le gouvernement se permet
justement de dilapider les fonds publics à des fins partisanes. Si une
campagne de financement d'un parti politique n'est pas une fin partisane, je me
demande bien ce que c'est. Ce sont ces gens-là qui vont venir nous faire
la leçon sur le genre de financement que devraient faire les organismes
comme Québec-Canada et les autres qui sont en faveur du maintien du lien
fédéral! Je ne suis pas si chatouilleux que cela à ce
sujet. Pourrais-je m'exprimer en toute quiétude?
M. Paquette: Est-ce que M. le député a fini?
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Non.
M. Paquette: Je pourrais peut-être parler.
M. Gratton: Non.
Mme le Vice-Président: A I ordre, à Tordre!
M. Gratton: Voulez-vous arrêter de beugler?
M. Paquette: Vous, c'est toujours la même cassette.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Mme le Président, on a constaté
à la commission des communications vendredi dernier que ce beau, bon et
transparent gouvernement en est rendu à un minimum je dis un
minimum parce qu'on n'a pas tous les dossiers et qu'effectivement le ministre s
est engagé à déposer certains documents l'an
dernier d'environ $12 090 000 de dépenses en publicité
gouvernementale. Il s'agit là non pas de tous les contrats de
publicité qu'a donnés le gouvernement, mais seulement de ceux qui
sont supérieurs à $25 000 et qui relèvent directement des
ministères du gouvernement. Cela n'inclut donc pas les contrats de moins
de $25 000 qui ont été donnés, ni même ceux qui sont
payés par les agences gouvernementales comme SIDBEC, Hydro-Québec
et combien d'autres.
Une orgie de dépenses de fonds publics dans de la
publicité qui, souvent, s'apparente à la propagande partisane.
"On s'attache au Québec ", "Dans ce beau Québec qui est le
nôtre", "La personne avant toute chose"... Contrats de $1,8 million
donnés sans aucune soumission publique. Quel gouvernement transparent!
Et on vient aujourd'hui nous faire la leçon quant à la
façon de financer l'action des groupes dits
fédéralistes.
Je dirais simplement qu'en appuyant cette motion du député
de Beauce-Sud, et surtout l'amendement qu'a présenté le
député de Laval, c'est ce que je vise: faire en sorte que le
gouvernement ne fasse pas de subventions directes. Je dirai au crédit du
gouvernement fédéral qu'au moins il ne s'est pas agi de petites
manigances en dessous de la table, dans le cas de la subvention à
Québec-Canada. Il s'est agi strictement d'une de-
mande officielle et ouverte au gouvernement, lequel a répondu de
façon ouverte et officielle. Lorsqu'on parle de les avoir pris en
flagrant délit, il n'y a jamais personne qui s'est caché de cela.
Cela a même fait l'objet d'articles dans les journaux depuis plusieurs
mois. Or, quant à moi, ce qui importe c'est que, justement, ce soient
des Québécois seulement qui décident de cette
question.
Une des choses qui feraient en sorte que les Québécois
puissent s'exprimer librement, ce serait qu'on amende le projet de loi no 92
qu'on est en train d'étudier. Le gouvernement sait fort bien qu'il est
avantagé par les circonstances, étant le seul parti politique
souverainiste. Il sait fort bien que, du côté des
fédéralistes, les militants sont divisés entre un certain
nombre de partis politiques, et il s'amuse avec la loi 92 à forcer tous
ces gens à devoir travailler ensemble. Ce n'est donc pas surprenant,
surtout lorsqu'on parle de partis politiques, qu'il y ait des accrochages en
cours de route. A mon avis, l'acceptation de la subvention de $265 000 par le
mouvement Québec-Canada, j'ai eu le courage d'aller la combattre
à l'assemblée générale de Québec-Canada
samedi. Je ne me suis pas caché, comme a semblé vouloir le
laisser croire le député de Saint-Jacques. Je suis allé
à la réunion annuelle du mouvement, j'ai fait état de mon
point de vue là-dessus et la majorité a décidé
autrement. C'est la démocratie, là comme ailleurs.
Quant à moi, lorsque le député de Saint-Jacques
nous demande si les députés libéraux vont faire tout en
leur pouvoir pour faire battre les députés
fédéraux, j'imagine qu'il veut dire les députés
libéraux fédéraux. Je me demande ce que cela vient faire
là-dedans. Le Parti québécois a-t-il l'intention de
participer à la campagne électorale fédérale? On
sait qu'il l'a déjà fait avec une campagne d'abstention, en 1972.
On sait ce que cela a donné comme résultat. D'ailleurs, j'ai bien
l'intention de faire en sorte que, dans mon comté, on élise le
meilleur candidat possible et cela s'adonne justement que c'est un candidat
libéral, oui. Je n'en ai pas honte du tout! Mais je me demande ce que le
ministre d'Etat au développement culturel va faire. Va-t-il aller voter
à l'élection fédérale?
M. Laurin: ...
M. Gratton: Va-t-il voter pour le Parti conservateur, pour M. Joe
Clark?
M. Laurin: Je ne le sais pas. Pour le meilleur candidat.
M. Gratton: Libre à lui de le faire. Moi, je me sens plus
à l'aise avec Trudeau qu'avec Joe Clark. C'est aussi simple et aussi
clair que cela.
Et si le Parti québécois veut jouer à l'abstention,
si le Parti québécois veut se ranger derrière le
Ralliement créditiste fédéral, il est bien libre de le
faire. Cette prise de conscience collective qui était...
M. Samson: Mme le Président, avec tout le respect que je
dois à mon honorable collègue, je me dois de soulever une
question de privilège. Au fédéral, cela ne s'appelle pas
le Ralliement créditiste, cela s'appelle le Crédit social du
Canada et, s'il vous plaît, ne pas confondre. (16 heures)
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je m'excuse auprès de mon collègue de
Rouyn-Noranda. C'était un lapsus. Justement, est-ce que le Parti
québécois va appuyer le Crédit social du Canada dans cette
élection? On sait qu'il retrouve un de ses sympathisants dans la
personne du député de Champlain. Les tractations qui se font
entre ce gouvernement péquiste et le Crédit social du Canada avec
le député de Champlain en tête, peut-être bien que
cela nous amènera à une prise de position claire et
catégorique de ce beau et bon gouvernement vis-à-vis de
l'élection fédérale. Quoiqu'il en soit, Mme le
Président, il me semble que nous, députés ou pas,
militants d'un parti ou pas, sommes tout à fait libres de promouvoir
l'élection de quelque candidat que ce soit, de quelque parti que ce
soit. Il y a une chose qui est sûre dans mon cas, et je pense que c'est
le cas de la plupart des députés de l'Opposition, c'est qu'on ne
se cachera pas la tête dans le sable en espérant que ce soit un
gouvernement minoritaire ou que l'élection n'ait pas lieu. On va s'en
occuper. On va faire en sorte qu'à Ottawa, contrairement à
Québec, on ait un gouvernement responsable.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Mme le Président, je voudrais prendre la parole,
premièrement pour appuyer la motion du député de
Beauce-Sud au sujet de l'implication du gouvernement fédéral dans
le financement des partis impliqués dans le référendum qui
est proposé. Je suppose qu'un jour on aura la question et
peut-être même le référendum.
Je suis prêt aussi à appuyer l'amendement du
député de Laval sur le même sujet qui dit que même
les fonds du gouvernement du Québec ne pourraient pas être
appliqués à cette campagne sur la question d'un
référendum qui est proposé.
Mme le Président, at the same time, I want to also make quite
clear one particular part of this question, that the question of whether or not
the future of Québec in Canada is strictly that of the province of
Québec is an incredible assumption. Québec is a province of
Canada. It has been ever since the Act of Canada in 1792 and it will continue
to be throughout the history of this country.
There is no question whatsoever that the people of Canada are as deeply
involved in any referendum that may be held in the province of Québec
concerning the future of the geopolitics of Canada. There is no question, if it
feels that it is in
its best interest to participate in such a debate, it most certainly no
only can do so, but must do so.
Mme le Président, I suggest very strongly that movements like
Québec-Canada are quite capable of financing themselves. I am
disappointed that the government of Canada felt that they had to become
involved, at this stage of the development of this kind of organization, to
stir up to mud that is associated with the proposed referendum.
I would like to see this referendum. Like every Canadian, we would like
to see this referendum held as soon as possible with a clear question. We would
like to see both sides of this question laid quite open to all the people of
the province of Québec with neither side taking a specific advantage but
taking the time to explain all the problems, all the advantages and all the
disadvantages. We have, Mme le Président, plenty of support for
movements like Québec-Canada within the population of this province and
an organized funds raising campaign is quite capable of raising all kinds of
money to make sure that their case is properly presented to the people in time
for the referendum.
Mme President, I am equally concerned that the government of Canada
would make grants to other organizations such as the Positive Action Committee.
If these various committees are adequately motivated and adequately manned with
people committed to their goals, they have the means to go out and seek the
funding from the people from whence it should be received. But the government
of Canada is our government, it has the responsibility to be involved in what
is happening in the province of Québec, it has the responsibility to be
involved in watching the vested interests of all Canadians in any legislation
that is going on in this province, but to specifically choose an organisation,
however apolitical, to give it specific funding seems, in my mind, a breach of
their responsibility.
I feel very strongly that Québec is an integral part of the
geopolitics of my country, Canada. I am pleased to be a Quebecer. I choose to
stay here because it is my province as it is your province. I choose to remain
here because it is necessary for us to get through this period of uncertainty
that is associated with a question that should be posed to all of the people of
the province of Québec so that they can show their support, to one side
or other, of their intention, and I think it should be done in the most
democratic of fashions, in the true sense of a referendum. Yes, the referendum
is a Québec problem but it is equally a Canadian problem because if, at
any time, we suggest, and we are only suggesting, that the result of a
referendum can affect the future of a country, it is the entire country that is
involved in this decision.
And I assure you that the entire country is concerned about this
decision. I would like to see the Parti québécois take an honest
position on a promise that it made before the election and deliver this
referendum to the people with a clear and open question, and have an open and
clear prereferendum campaign and let the people speak, because they will speak
and they will demonstrate that they are as strong for the future of this
country, Canada, as I am. Thank you, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des
Communications.
M. Louis O'Neill
M. O'Neill: Mme le Président, je voudrais intervenir tout
simplement pendant quelques brefs instants concernant cette motion. Evidemment,
je vais l'approuver, je la trouve très bonne. Je voudrais simplement
faire une petite mise au point concernant l'attitude du gouvernement du
Québec face au référendum et face aux dépenses
publiques que nous ne nous permettons pas. M. le député de
Gatineau a fait allusion à un débat que nous avons eu ensemble
vendredi dernier concernant le type de publicité qui, actuellement, est
utilisée pour faire connaître les mesures gouvernementales. Je
voudrais d'abord signaler et rappeler une chose très simple, c'est que
la facture finale, dans une publicité gouvernementale, est donnée
par les agences. Nous faisons appel aux agences, à leurs experts, aux
gens de talent qui font preuve de créativité afin de mettre au
point une publicité qui puisse rejoindre les gens, rejoindre le public
et les informer concernant des services ou concernant des mesures
administratives qui les intéressent.
Il reste la question suivante: Pourquoi les agences, quand il s'agit de
transmettre le contenu, de le rendre plus populaire, prennent-elles des
formules comme celles qui ont été soulignées? Je pense
que, évidemment, le succès de ces formules est inégal
comme efficacité, mais pour ce qui est de la teneur
générale, je vois, actuellement, une qualité là
où d'autres voient un défaut ou voient matière à
reproche. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de le signaler vendredi et je voudrais
le signaler à nouveau cet après-midi. Je pense qu'il y a une
heureuse initiative, il y a preuve d'imagination de la part d'agences de
publicité qui utilisent des thèmes dans le genre de ceux-ci: Ce
pays, ce Québec qui est à nous, ou: On s'attache au
Québec. Je trouve cela tout à fait excellent. Evidemment, quand
on dit: Ce Québec est à nous, cela a peut-être l'air un
petit peu téméraire dans le moment, prétentieux, mais
peut-être aussi cela annonce-t-il tout simplement ce que nous souhaitons
et, de toute façon, ce qui adviendra bientôt. (16 h 10)
Que la publicité serve à la fois à informer le
public et en même temps éduquer, former au patriotisme, donner
l'amour du pays, je trouve cela excellent. Je dois vous dire, Mme le
Président, que je trouve extrêmement étonnant qu'on ait
à défendre l'idée que l'on puisse, par une
publicité, développer l'amour de son pays. Je trouve cela
extraordinaire comme paradoxe. C'est vraiment un signe de cette
anormalité des temps que des citoyens de ce pays du Québec en
viennent à trouver comme étant une erreur ou une mauvaise
décision, une mauvaise attitude que l'on favorise l'éducation
civique par la publicité. Mais il s'est
fait tellement de reproches à la publicité de nos jours.
Nous sommes de ceux qui en ont fait. Vous vous rappelez, Mme le
Président, ce débat que nous avons eu sur la taxe de 2% sur la
publicité électronique.
Nous avons dit: Ce sont 2% qui sont un peu une sorte de taxe de
réparation. Nous allons nous servir de cet argent pour faire de la
contrepubli-cité. Nous l'avons fait, donc, sous des remarques parfois un
peu sévères concernant la publicité dans une
société capitaliste comme la nôtre. Mais là
où au contraire il y a lieu, je dirais, de complimenter, de rendre
hommage, de féliciter, pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour le
faire? Quand j'écoute à la télévision
on me dit: On s'attache au Québec ou Ce pays qui est le nôtre, ou
des choses du genre, eh bien, je trouve cela excellent. En fait, cela rejoint
évidemment les fibres de la population. La preuve de cela, c'est que
l'entreprise privée, actuellement, fait la même chose.
On essaie, on nous propose la bière de chez nous, la caisse
populaire de chez nous, la banque d'ici.
M. Gratton: Vous vendez la souveraineté-association; eux
autres, ils vendent la bière.
M. O'Neill: Ce sont des choses que je trouve évidemment
très bien. C'est une très bonne stratégie de la part de
l'entreprise privée. Mais que nos agences de publicité encore une
fois utilisent les thèmes de la fierté nationale, de l'amour du
pays, de la beauté du pays et qu'on vienne nous reprocher cela, Mme le
Président, je trouve qu'il y a vraiment là le symptôme d'un
désordre quelque part dans les esprits. Je trouve cela incroyable. Il ne
devrait même jamais y avoir de débat là-dessus. Je dois
vous avouer, encore une fois, qu'à notre grand étonnement, lors
du débat que nous avons eu vendredi, nous ayons eu tout à coup
à aborder cette question. A mon avis, c'est une chose qui va de soi,
mais il faut croire que dans ce temps où toutes sortes d'idées
circulent, où les gens se sentent mal dans leur pays, j'imagine,
où on traverse une sorte de crise de pays ou de crise d'amour de son
pays, eh bien, cela leur crée, semble-t-il, un problème, et nous
voilà en train d'être obligés d'expliquer une chose qui va
de soi.
L'amour du Québec, l'attachement au Québec, le respect
pour le Québec, la fierté nationale, autant de choses, autant de
thèmes actuellement utilisés par des agences qui font preuve
d'imagination, qui ont, je dirais, le sens du Québec. Voilà ce
qui se fait. Aller confondre cela avec une sorte de je ne sais quelle
utilisation mauvaise, discutable, des fonds publics, il y a là un
décalage incroyable. Pour en arriver à porter un tel jugement, il
faut vraiment être soi-même en une étrange situation face
à son pays. Je voulais seulement relever ce point, Mme le
Président, à l'occasion de ce débat puisqu'on l'avait
mentionné.
Il n'y a donc absolument rien dans cela qui va de quelque façon
à l,encontre de cette politique, de cette attitude du gouvernement de
suivre des règles rigides quant à l'utilisation des fonds pu-
blics; des règles rigides quant au référendum. Quant au
fait qu'on puisse, encore une fois, reconnaître que la publicité
mise au point par nos agences serve à faire de l'éducation
civique, à faire aimer le pays, voilà une chose excellente pour
laquelle nous avons à féliciter nos agences de publicité
et pour laquelle nous avons à nous féliciter. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Mme le Président, inutile de vous dire que
c'est joliment intéressant d'intervenir dans le débat
d'aujourd'hui par suite des propos qui ont été tenus dans cette
Chambre, tant par les députés ministériels que par les
députés de l'Opposition. Je voudrais d'abord remercier,
féliciter le député de Beauce-Sud pour sa motion qu'il
vient de nous apporter de même que l'amendement apporté par
l'Opposition officielle. J'aurais aimé en avoir autant lors du
dépôt de ma motion, la semaine dernière, relativement au
dépôt du référendum fédéral. J'aurais
aimé avoir l'appui général de cette Chambre afin de
n'avoir pas à la déposer au feuilleton, pour pouvoir en discuter,
étant donné que c'était dans la même lignée,
c'était dans le même ton.
Il faut se rappeler que cette motion se lit maintenant comme suit. Elle
sera débattue dans les jours qui suivront; cette motion était
venue à la suite du dépôt du projet de
référendum fait par le ministre Lalonde à Ottawa. Voici
donc le texte: "Que les membres de cette Chambre réitèrent sans
équivoque et avec fermeté leur adhésion au principe selon
lequel seuls les Québécois sont habilités à
décider de leur avenir constitutionnel selon les dispositions et les
règles que cette Assemblée jugera bon d'adopter."
Je voudrais déplorer une fois de plus...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton, j'imagine que cette intervention vous amène
à parler de la motion sur laquelle nous discutons. Autrement je devrais
vous rappeler à la pertinence du débat.
M. Grenier: Bien sûr, Mme le Président. Je le donne
comme corollaire afin de mieux comprendre la portée de mon intervention
d'aujourd'hui. Il est clair que ces deux motions, celle du député
de Beauce-Sud et celle que j'ai apportée la semaine dernière,
allaient dans le même sens. On aurait dû sur-le-champ avoir l'appui
de toute cette Chambre. Malheureusement, cela a manqué et on a dû
avoir recours au feuilleton pour débattre cette motion dans les quelques
jours qui vont suivre.
J'ai été passablement désappointé, comme
cela a été le cas de notre parti, de ne pas pouvoir faire
accepter cette motion qui allait dans le sens de la province.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton, je vous en prie.
M. Grenier: Mme le Président, je voudrais aussi vous dire
que mon intervention de vendredi soir, à Montréal, intervention
que j'ai faite au nom de notre formation politique, afin de dissuader le
président de Québec-Canada, M. Maurice Sauvé, d'accepter
son chèque, m'a largement désappointé. Je me suis rendu
compte avec quel entêtement cet homme avait décidé
d'accepter l'argent du fédéral, vivant à peu près
dans un autre siècle. J'ai bien l'impression que Maurice Sauvé
n'a pas vécu les 20 dernières années qu'on vit au
Québec. S'il avait conservé l'habitude de rencontrer des
Québécois, s'il avait été capable de conserver son
comté, afin d'avoir l'obligation de rencontrer des gens du
Québec, je suis sûr que Maurice Sauvé n'aurait pas fait
cette intervention, vendredi soir, lors de la rencontre que nous avons eue,
vers 18 heures. J'ai été fortement désappointé et
je pense que ce n'est pas ce que les Québécois veulent,
actuellement. C'est clair. Je pense que le parti ministériel l'a
témoigné tout à l'heure par la bouche de son ministre au
Haut-Commissariat. Cela a été le cas de l'Opposition officielle,
c'est notre cas et c'est celui des autres députés, j'ai bien
l'impression.
J'ai été aussi désappointé d'entendre le
député de Saint-Jacques, vouloir associer toute l'Opposition
officielle dans le même sac. Je vais vous dire une chose, mes
années dans cette Chambre ont témoigné et
témoignent encore de mon nationalisme qui est différent
peut-être de celui du Parit québécois, qui ne va pas aussi
loin, qui n'ira pas jusqu'à l'indépendance. Je pense qu'il se
défend. Je n'aime pas être traité de
fédéraliste avachi ou d'à-plat-ventriste, selon les termes
que le ministre a utilisés. Je n'ai jamais travaillé dans ce sens
et notre parti n'a jamais travaillé dans ce sens. Je pense que
l'histoire en témoigne.
C'est beau d'entendre un discours du député de
Saint-Jacques; quand on n'a pas le temps d'aller au théâtre, le
soir, parce que trop occupé, on peut se permettre d'avoir une
pièce de théâtre ici en Chambre qui dure environ une
demi-heure lors d'un débat de cette envergure. C'est agréable, il
a des paroles, le verbe ne lui manque pas. Je n'aime pas ces
généralisations et je n'aime surtout pas avoir un traitement
aussi large, comme il vient d'en faire un.
Je dois vous dire que l'option que nous défendons, nous, de
l'Union Nationale, ici en Chambre, est basée sur quelque chose;
contrairement à Maurice Sauvé, je suis un député
qui est encore réélu et qui rencontre son monde. Je dois vous
dire, quant à l'option qu'on défend ici et que l'on semblait
traiter de grenailles tout à l'heure, cette option, dans mon
comté, après un sondage auprès de 1500 personnes avec,
bien sûr, un pourcentage de votes biaisés ou de gens
indifférents, il y en a 84% qui veulent actuellement la constitution
renouvelée ou actuelle et il y en a 14,7% qui veulent ou bien la
séparation, l'indépendance ou le nouveau terme qu'on appelle
souveraineté-association. C'est 84% des gens qui se sont exprimés
clairement. On peut discuter sur les méthodes, mais la question
posée à mes gens, dans mon comté, était la
suivante. On a répondu assez largement pour que cette question ait sa
valeur. La question était la suivante: "Mégantic-Compton est,
à mon sens, une image assez fidèle du Québec, c'est
pourquoi, comme whip du parti, j'aimerais connaître votre point de vue
sur ces quelques sujets afin d'orienter et mon opinion et celle de mes
collègues." La question à laquelle je fais
référence est la deuxième: "Lors du
référendum, quelle thèse aimeriez-vous voir
défendre par votre député?" C'est ainsi qu'on a
répondu à 3,5% pour la séparation, à 3,15% pour
l'indépendance, à 8,7% pour la souveraineté-association,
à 53,33% pour la constitution renouvelée et à 28,42% pour
la constitution actuelle; le reste regroupait des votes difficiles à
identifier. (16 h 20)
Je pense que c'est un témoignage pas mal éloquent. On se
rend compte qu'avant ou après le référendum, pour faire
accepter une idée de souveraineté, d'association,
d'indépendance ou de séparation, on a pas mal de pages à
payer dans le Devoir ou dans d'autres journaux. Je suis également fort
désappointé de ces deux événements majeurs qui sont
survenus au Québec la semaine dernière, soit le
dépôt de la loi sur le référendum et cette somme
versée par le gouvernement central à un mouvement qui s'appelle
Québec-Canada. Inutile de vous dire que, personnellement je peux
différer d'opinion avec certains autres membres de l'Opposition
je ne suis pas aussi convaincu que d'autres que c'est ce gouvernement
fédéral qu'il faut réélire si on veut être
bien servi. Celui qui s'est présenté, il y a dix ans, on l'a
fêté la semaine dernière comme l'apôtre de
l'unité, et c'est sous Trudeau que le Canada s'est donné un
gouvernement indépendantiste au Québec, sous l'apôtre de
l'unité. Inutile de vous dire qu'après avoir rencontré
plusieurs de mes électeurs dans mon comté, contrairement à
ce qu'a dit le député de Gatineau, je ne voterai pas, moi, pour
le candidat libéral dans mon comté.
M. Gratton: Vous allez voter pour vous-même.
M. Grenier: Je me suis rendu compte hier dans mon comté
que mes électeurs n'ont pas besoin du député de l'Union
Nationale pour battre le candidat libéral, on va le battre avec un homme
ordinaire seulement. Cet homme que j'ai dans mon comté, qui
défend ces thèses et qui est le porte-parole officiel dans mon
comté, écrivait de sa députation ce qui suit. Je l'ai cru,
puisque ce n'était pas un étranger. C'est lui-même qui
disait de sa députation: "Un caucus libéral composé en
grande partie d'hypocrites, d'inefficaces, de mémères, de
tricoteuses, d'intégrés inconditionnels, de soupirants et
d'aspirants." Ce sont les ministres et les députés
libéraux du Québec. Comme cela a été dit par mon
député libéral, je l'ai cru, et c'est pour cela que je ne
lui donnerai pas mon vote.
Je suis fortement désappointé de ce travail qui s'est
fait. La motion présentée par le député de
Beauce-Sud, je l'appuierai avec mon caucus; nous l'appuierons à 100%,
cette motion, parce qu'elle mérite le même appui que la motion que
j'ai dépo-
sée l'autre jour au sujet du référendum. Ce flot
d'argent est donné par le gouvernement libéral d'Ottawa à
Maurice Sauvé, président de Québec-Canada; si Maurice
Sauvé ne vit pas au diapason du Québec, qu'il donne sa place
à un autre. Je considère que ce mouvement a du travail à
faire ici, au Québec; il y a bon nombre de gens qui sont prêts
à défendre le mouvement Québec-Canada, mais il ne se
défendra pas avec Maurice Sauvé, il va se défendre avec un
autre homme qui a vécu au diapason du Québec depuis vingt ans.
J'espère que Québec-Canada se ravisera. Si ces gens ne sont pas
prêts, avec Maurice Sauvé, à retourner le chèque
à Ottawa, j'espère qu'ils le retourneront avec un nouveau
président dans les jours qui vont suivre.
Quant à moi, je voudrais également vous faire savoir que
je déplore les attaques qu'on peut faire contre l'Union Nationale, comme
on l'a fait tout à l'heure ici. Notre parti n'a peut-être pas des
options qui vont aussi loin que celles du gouvernement actuel, en se disant
indépendantiste et ayant mis à son programme de faire
l'indépendance du Québec, mais ce n'est pas une formation
politique à plat ventre que nous avons. A ceux, de l'autre
côté, qui ont parlé tout à l'heure en ridiculisant
le chef de l'Union Nationale, je vais dire je pense représenter
assez fidèlement l'aile de mon parti ici que, si on est pour
être à genoux, j'aime mieux l'être à Québec
que l'être à Ottawa.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Mme le Président, à l'occasion de la
présentation de la motion du député de Beauce-Sud, je
pense qu'on doit déplorer l'afflux de toutes sortes d'arguments que nous
avons entendus de part et d'autre de cette Chambre pour finalement
déclarer qu'on est en faveur de la motion. Certains ont fait profession
de foi nationaliste. Certains ont transporté ici, en cette Chambre, le
débat de l'élection fédérale qui s'en vient. Je
pense qu'on est à côté de la question. Quant à moi,
je ne me sens pas du tout dans l'obligation et je ne m'abaisserai pas à
vouloir montrer patte blanche pour dire que je suis un bon
Québécois. On a tenté de démontrer que certains
personnages qui ont été mêlés à la question
que couvre la motion ne sont peut-être pas des bons
Québécois. On parle de certains Québécois qui
pensent ceci, qui pensent cela. Je pense qu'on doit rejeter d'emblée les
arguments ad personam qui s'attaquent aux personnalités et je
déplore qu'on abaisse le débat à ce niveau.
Mme le Président, la motion du député de Beauce-Sud
n'arrive peut-être pas en retard parce qu'il n'a pas eu l'occasion ou le
loisir de la faire auparavant, mais, quant à nous du Parti
libéral, cette question a été réglée la
semaine dernière. Nous n'avons pas hésité à nous
déclarer en faveur de la liberté simplement. Pour nous, on peut
comprendre les arguments du gouvernement fédéral qui a, parmi ses
missions, celle de mainte- nir le lien fédéral et, donc, de
combattre une option qui pourrait s'attaquer au lien fédéral
comme l'option séparatiste ou péquiste le fait.
Pour nous, il s'agit d'un argument auquel nous accordons encore plus de
valeur, c'est la liberté. Nous croyons que le choix des
Québécois devra être un choix librement consenti. C'est
à ce niveau que nous redoublons de prudence quant au financement de
l'option qui sera défendue par les partis d'Opposition et de très
nombreux Québécois qui ne sont pas en faveur de l'option du Parti
québécois. Il faut le reconnaître, tous les sondages sont
là pour le dire. Le député de Mégantic-Compton
parle d'un sondage dans son comté. On pourra peut-être attaquer
son caractère non scientifique, mais il ne fait que refléter
quant à moi, je pense qu'on doit le croire au moins de
façon empirique l'opinion maintes fois
répétée des Québécois sur l'option
séparatiste, l'option du Parti québécois.
Pourquoi les trémolos du député ministre de
Saint-Jacques tantôt, qui a tenté de faire une noyade de poisson
classique on sait que le député aime beaucoup la formule
pourquoi cette tentative d'embarquer l'élection
fédérale dans ce débat? Il manie bien, on l'a vu, la
culpabilité par association qui est une manoeuvre efficace pour qui
recherche des effets oratoires à court terme. Mais ce n'est
sûrement pas seulement pour cela. Le député ministre de
Saint-Jacques a toutes les occasions qui lui sont offertes de par sa fonction
pour faire des grands discours et manier le trémolo. Il met en doute la
sincérité des parties qui s'associent à la décision
prise par le Parti libéral la semaine dernière de refuser toute
aide financière du fédéral dans la campagne du
référendum. Pourquoi? Je ne peux que conclure que c'est parce que
le Parti québécois a le monopole de la sincérité.
On l'avait oublié, seuls les péquistes sont sincères.
L'angélisme leur est permis, mais à eux seuls. Personne d'autre
n'est un vrai Québécois. Personne d'autre ne peut être
sincère. (16 h 30)
Alors, à la rigueur, le ministre et député de
Saint-Jacques aurait peut-être accepté, avec un haussement
d'épaules ou une grimace intérieure, le geste cohérent du
Parti libéral de refuser les fonds du gouvernement
fédéral. Mais ce qui le fatigue, c'est l'amendement du
député de Laval. On ne peut pas dire non à l'amendement,
mais on sait bien que ce qu'on fait depuis le 25 novembre 1976, c'est
d'investir à coups de millions de dollars les fonds des
Québécois, dont la majorité rejette l'option
péquiste, dans l'option péquiste, la multiplication des dossiers
noirs qu'on nous annonce, l'armée de fonctionnaires dont les salaires
sont payés à même les fonds québécois et qui
travaillent, justement, à tenter de démontrer le
bien-fondé de l'option du Parti québécois.
Les voyages. Le voyage à New York du premier ministre, le voyage
en France du premier ministre, le voyage à Toronto du premier
ministre.
M. Proulx: Le voyage de M. Trudeau à Washington.
M. Lalonde: Tous les observateurs se sont accordés
à dire que le premier ministre a chaussé son chapeau de chef de
parti à ce moment-là et qu'il ne parlait pas à titre de
chef du gouvernement. Tout le monde s'accordait à dire que le premier
ministre a parlé à ce moment-là de l'option du Parti
québécois. C'est clair. Tout le monde s'entendait
là-dessus. C'est cette confusion entre le gouvernement et le Parti
québécois qui est en jeu ici, dans l'amendement du
député de Laval. Et c'est une confusion que le Parti
québécois ne comprend pas. Il nous apparaît, par toute son
attitude depuis qu'il a pris le pouvoir, que le Parti québécois a
cru que le pouvoir lui était dû de toute éternité et
qu'il lui a été dévolu par la volonté divine. Tout
est permis, à condition que ce soit en faveur de l'indépendance.
On peut examiner des décisions et j'en ai quelques-unes pour le
ministre de la Justice entre autres où on perd
complètement les pédales lorsqu'il s'agit d'un contenu politique
où l'indépendance est en jeu.
C'est ce que vise l'amendement du député de Laval et c'est
là que le Parti libéral, comme opposition officielle, va
redoubler de vigilance dans la surveillance qu'il va faire des agissements du
gouvernement. C'est la signification de l'amendement et lorsque les
députés ministériels vont voter en faveur de cet
amendement tantôt, ils devront se dire qu'ils viennent de fermer la
porte, tout d'abord pour l'avenir, à ce qu'ils font depuis le
commencement, et deuxièmement, ils viennent de reconnaître que
depuis le 25 novembre, le gouvernement a faussement, a
irrégulièrement dépensé l'argent du public pour
promouvoir son option du Parti québécois.
C'est très important de répéter cette confusion qui
existe dans l'esprit du Parti québécois, à savoir que,
comme gouvernement, il représente 100% des Québécois. Le
député de Saint-Jean qui me regarde a l'air un peu
incrédule...
M. Proulx: Vous avez raison.
M. Lalonde: ... il doit reconnaître que ses ministres qui
l'entourent me représentent, moi, comme citoyen canadien vivant au
Québec.
M. Proulx: Sur ce principe-là, c'est vrai.
M. Lalonde: ... et que j'ai le droit d'avoir le même
traitement de ce gouvernement-là que tous les autres
Québécois. Et c'est cela que ce gouvernement ne comprend pas
facilement. L'amendement est un avertissement au gouvernement. C'est
extrêmement important que ce soit compris par ce gouvernement parce que
la confusion qui continue a commencé d'ailleurs le 25 novembre 1976,
lors de la prise du pouvoir, dix jours après les élections, et
s'est perpétuée. Admettons l'euphorie des quelques premiers mois.
On peut peut-être excuser un certain nombre d'accrocs dus à
l'inexpérience, mais maintenant, l'inexpérience, c'est
terminé. Maintenant on ne pardonnera pas. Les citoyens sentent cela.
Lorsqu'ils entendent, par exemple, leur gouvernement prendre une
décision en faveur de l'agriculture, ils sont d'accord. On peut
être en désaccord sur certaines modalités. Lorsqu'ils ont
vu, par exemple, le ministre d'Etat à la réforme parlementaire
présenter la loi sur les caisses électorales, les citoyens
sentaient que le gouvernement parlait en leur nom. Cela s'est transposé
dans l'action des partis de l'Opposition. C'est facile à imaginer.
Lorsque le gouvernement dépense des sommes par millions de dollars dans
la publicité, souvent très habile...
M. Proulx: Subliminale.
M. Lalonde: Lorsque le chef du gouvernement s'en va à New
York parler de séparatisme, là les Québécois ne
reconnaissent pas leur gouvernement. Les Québécois ne
pardonneront pas à leur gouvernement d'avoir dépensé leurs
fonds à eux.
M. Proulx: M. Trudeau fait la même chose à
Washington.
M. Lalonde: Mme le Président, c'est extrêmement
important que le Parti québécois soit conscient de cela. Quant
à nous, nous avons ajouté cet amendement comme avertissement au
gouvernement. C'est très cohérent. Notre parti, depuis toujours
et surtout plus récemment après le congrès d'orientation,
a réitéré sa foi dans la liberté des gens. C'est au
nom de cette liberté que nous ne voulons pas qu'il y ait un seul doute
sur la façon et la signification du choix qui va être fait, par
les Québécois, sur le référendum. C'est la seule
raison pour laquelle nous refusons des fonds qui viendraient du
fédéral, non pas parce qu'il n'y aurait pas des arguments qui
seraient quand même valables de la part des fédéralistes ou
des Québécois à savoir que c'est notre argent qui est
là-bas; pourquoi cela ne nous servirait-il pas? Il y a des arguments
valables, mais c est au nom de la liberté. Nous croyons au principe
fondamental de l'autodétermination, comme tous les partis l'ont dit.
C'est au nom de cette liberté que nous croyons que nous devons refuser
des fonds qui viennent du fédéral et que le gouvernement ne doit
pas non plus dépenser des fonds publics pour promouvoir l'option d'un
parti, c'est-à-dire le Parti québécois, sauf,
naturellement, à l'intérieur des dispositions d'une loi. Merci,
Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy McGee. Ah non! Je vous demande pardon. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous me rendrez le témoignage que j'y ai
pensé toute seule. A l'instar du député de Gatineau, j'ai
probablement fait un lapsus.
M. Mackasey: Mme le Président, je pense que vous avez
été à Londres trop longtemps. Je sais que vous avez
oublié nos comtés. On va vous pardonner pour cette raison.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Mme le Président, je crois que le
référendum, surtout le financement de ce référendum
est un problème seulement à cause du fait que le bill est mal
rédigé. Les Québécois n'ont certainement pas la
même liberté d'agir contre le référendum selon leur
désir. La clause qu'on appelle "umbrella clause" force le regroupement
de toutes les organisations qui sont contre le référendum, du
moment que le "writ" est émis, et le partage de l'argent mis à
leur disposition selon la loi que nous adopterons bientôt,
j'espère.
Si Québec-Canada a accepté l'argent du gouvernement
fédéral, c'est un problème plutôt pour
l'organisation qui, à ce moment-ci, a réuni toutes les
associations en attendant que le "writ" soit émis, disant que nous
sommes en train de décider l'avenir du Québec. (16 h 40)
Mme le Président, au Parti libéral nous avons beaucoup de
militants, nous avons la volonté, nous avons la finance, et, en fin de
semaine, nous aurons un chef, que ce soit M. Ryan ou M. Gar-neau, qui va
diriger au moins à la tête du Parti libéral du
Québec, et j'espère qu'il ne sera pas seulement là pour
battre le référendum, mais pour nous débarrasser d'un
gouvernement qui n'a jamais agi depuis novembre 1976 dans les meilleurs
intérêts des Canadiens d'expression française et surtout
des jeunes, avec tout le chômage que nous avons.
It is inevitable that the various organizations that are united to beat
the Parti québécois and to beat the referendum have one thing in
common, a desire to remain in a united Canada, but it would be wrong... il ne
serait pas juste de ma part de présumer devant la définition du
mot fédéralisme, en même temps, ce que le
député de Mégantic-Compton a exprimé, dans une
façon; j'accepte son point de vue objectivement. Le député
a aujourd'hui souligné la différence d'avec le parti
créditiste. Peut-être voit-il l'avenir du Québec pas tout
à fait dans le même sens que moi; mais, au moins, nous avons une
chose en commun, c'est le désir de rester dans un système
fédéraliste, dans un pays qu'on appelle le Canada. Le danger,
naturellement, l'argument sur le financement des grandes entreprises, que cela
vienne d'Ottawa ou que cela vienne d'ici, c'est inévitable que nous
aurons cet argument de temps en temps, mais nous aurons une chose en commun,
battre le référendum.
Va-t-on vraiment accepter d'Ottawa l'argent du fédéral
pour influencer le résultat du référendum? C'est
plutôt le problème à ce moment-ci, au moins, dans
l'organisation du comité qui groupe à l'heure actuelle toutes les
associations. Nous, du Parti libéral du Québec, sommes capables
de battre le référendum, ensemble, avec nos amis, même si
on ne voit pas tout à fait l'avenir exactement de la même
façon.
What is more important is that we should get rid of the umbrella clause
which forces all the organizations, the writ is issued prior to the referendum,
to be considered as united for the sake of provincial money. When, in fact, we
are not united, we may be united in our objective to get rid of a bad
government, to get rid of a government that has set this province back 20 or 40
years. We are all united in that, to get rid of this government. We may not be
united in how we see the future after, that is normal. L'Union Nationale does
not have to be a carbon copy of our views, our views do not have to be a carbon
copy of the creditist party, but we do have one thing in common, to defeat the
referendum, to defeat a government that has been the worse government in the
history of this province.
In fact, this government would do themselves a favour, the country a
favour, Québecers a favour, if they put themselves out of their agony,
not have a referendum this fall, the goal of the people has followed that need
courage... in an election this fall, in which the people, the French-speaking
Canadians in this province, regardless of who they support, can show their
dissatisfaction with a government, that because of their extreme nationalism
I say extreme nationalism which is almost religious, in some
cases, has no room for flexibility. It is not a referendum that we need, in the
fall, it is an election. Everybody knows why there is going to be a referendum
this fall. It is because the government knows that they cannot win that
referendum, but they want to put as much time between the referendum and the
next provincial election as possible in the hope that even if they lose the
referendum they may somehow creep back in as the government.
And they are afraid, that maybe the federal election may come in June.
That is why they are watching. But if the federal election is not until
September and if they have to hold the referendum next spring, and if the time
between the referendum and the next provincial election is so close, the people
will not forget that government and will tie the referendum in, and they will
be beaten. It is obvious from the flagrant attacks of the government on the
federal government and I have never been up here defending the federal
government before that they want the referendum as soon as possible,
that they want to create the impression that somehow the federal government,
which after all is a government of all Canadians, is acting in provincial
jurisdiction.
And once they get the referendum out of the way, then they will have
their election in two years, two years and a half, and hope that people will
forget what a terrible government they are. But the people will not forget. The
mother that has to go out tomorrow and buy children's clothing in Hull
and I use that example because the textile industry in Canada is in Quebec, is
going to cross the bridge and buy it in Ontario for the simple reason that
there is such a tremendous spread as a result of this government's inability to
get along. One thing that has struck me in listening to the question period,
Mme President, if I, and I have tried to analyse
"souveraineté-association ",
indépendance avec le concours, si vous voulez, dans le domaine
économique, des autres provinces, c'est un exemple qui illustre bien
pourquoi cette idée ne peut pas réussir.
Probablement que nous avons à ce moment-ci...
M. Burns: Mme le Président, la pertinence du
débat.
M. Mackasey: Mme le Président, la pertinence a
été établie par le député de Saint-Jacques
alors que le leader n'était pas ici. Je suis exactement ses paroles. Si
on avait, à cause du référendum, la
souveraineté-association à ce moment-ci, le Québec dirait,
il va peut-être le dire vendredi: On ne veut pas le budget. On ne veut
pas la coopération avec les autres provinces. Dans notre
souveraineté-association, nous avons le droit de dire: Merci, M.
Chrétien, le budget, on ne l'aime pas. On s'en va dans notre chemin.
C'est un bon exemple de ce qui se produit ici...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, si vous convenez vous-même que vous
n'êtes pas pertinent au débat, je vais devoir vous rappeler. Je
connais suffisamment votre expérience pour savoir que vous pouvez fort
bien vous en tenir à la pertinence du débat tout en faisant
connaître votre opinion.
M. Mackasey: Merci, Mme le Président. As I was saying, and
the President is right in bringing me back to talk about the referendum, she is
perfectly right. I am saying that because the proposed legislation contains an
umbrella clause, it forces all the organizations that do not want separation,
that do not want Sovereignty of Association to act collectively when the writ
is issued in order to participate in public funding. This forces
unintentionnally organizations who may not see the future the same way but know
that the future does not lie in independance... And this is bound to create
strain, which we have evidence of at the moment, when one of the groups already
forced into what I call a tunnel has decided that it sees nothing wrong in
accepting federal funds and others, legitimately, object.
Personally, I think it is an issue not for the Assembly but for the
organization itself to determine what the rules of the game were when they
joined forces. Mme President, if there was one quality in this whole debate
from the government, that would be summed up in the word hypocrisy. The
député from Marguerite-Bourgeoys stated: Nobody is getting up and
complaining about black books, white books, green books. Deputy-ministers,
public servants working months and months, all over Quebec, gathering
"dossiers" for the minister of Intergovernmental Affairs on 10, 12, 16, 20
issues in which the government can arm themselves for the referendum. You think
that that is not costing millions of dollars. At the same time, the government
is forced to put taxes on children's clothing, children's shoes to pay for the
million dollars to do the research on the referendum. No wonder the people are
saying: Get rid of the government. Like the poor man next door to me who drives
a taxicab and cannot raise $990 for this permit and his license to earn his
living, comes to me crying: Where am I going to get the money? I already
borrowed too much for other fields. It is not a question, Mme le
Président, of getting rid of the government, it is how soon we can get
rid of that government. (16 h 50)
And when they are sounding so upset today about the budget... The budget
is a perfect example of why "souveraineté-association " cannot work.
Supposing it was there, Mme le Président, as the result of the
referendum. That is what we are talking about, as a result of the
referendum.
Mme le Vice-Président: M. le député!
M. Mackasey: The minister of Finances of this province could say:
Sorry we do not want to be a part of the fiscal or monetary policy that can
bring down the level of unemployment in this country and therefore in this
province. It is a dream.
The bill that we are bringing forward, that we are talking about and
which I am speaking about, contains a clause called the umbrella clause that we
should get rid of.
Every youngster, every person in this province, tous les citoyens de la
province de Québec...
M. Burns: Ecoutez-là, Jos. Voyons donc! Un projet de loi,
qu'est-ce que vous faites là? Maudit niaiseux.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Mackasey: Je pense, Mme le Président, qu'au lieu de
vous envoyer à Londres pour apprendre les règlements
parlementaires, il aurait été préférable d'envoyer
le House leader, tu n'as aucune compétence dans ce domaine.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député.
Est-ce que vous aimeriez que je vous lise la motion?
M. Mackasey: Mme le Président, j'aimerais mieux que vous
disiez au House leader que son rôle est de rester tranquille, afin qu'on
puisse parler.
Mme le Vice-Président: Tout à fait d'accord avec
vous que le leader du gouvernement devrait se lever sur une question de
règlement s'il veut intervenir maintenant. ... A l'ordre, s'il vous
plaît!...
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Mme le Président, I should not get angry
because when he gets angry it means that I am hitting hard. All I said that
should get him upset, I do not know why he is upset, I simply said that the
government is incompetent...
M. Burns: Perfectly stupid that is why I think I am getting
angry.
M. Mackasey: ... inefficient, no gook and that we should get rid
of that government, as soon as possible. That is all I have said. I have said
that the bill on the referendum is imperfect because of the umbrella clause. I
have said it would be in the best interest of this province if we could have an
election before the referendum. I have said that the
"souveraineté-association" cannot work, and we have seen, even without
it, this government will not go along with nine other provinces to reduce
unemployment. They know that tomorrow morning every housewife in Hull who has
to buy clothing for the children will go to Ontario because...
Mme le Vice-Président: M. le député, je
pense que vous en prenez un peu à votre aise. Je vous rappelle de
nouveau à la pertinence du débat. Si vous le permettez, je vais
vous relire la motion sur laquelle vous êtes en train de parler. Ou bien
sur laquelle vous n'êtes pas en train de parler.
M. Mackasey: ... quand il parlait des élections
fédérales, avez-vous lu l'amendement du ministre? Je vous pose
une question.
Mme le Vice-Président: M. le député, si les
propos d'un député ne sont pas pertinents au débat, cela
ne vous permet pas plus, à vous, de ne pas l'être. Je vous ferai
remarquer qu'au moment où le député de Saint-Jacques est
intervenu, si vous considériez que ses propos n'étaient pas
pertinents, vous auriez pu vous lever sur une question de règlement. Je
ne crois pas qu'il faille le faire maintenant.
Je vous demanderais quand même de vous en ternir à la
pertinence du débat. Je sais d'ailleurs que vous avez suffisamment
d'expérience pour le faire, M. le député.
M. Mackasey: Mme le Président, vous savez aussi bien que
moi qu'il n'y a pas deux poids deux mesures en cette Chambre. Je ne me
soulève pas parce que quelqu'un pose une question de privilège.
Je me soulève parce que je pense que le House leader m'a interrompu de
son siège, pas debout, et vous avez pris connaissance de ses
remarques.
J'espère que ses remarques ne paraîtront même pas
dans le journal des Débats, not only because they were not worth
printing but because he was completely out of order in speaking from his
seat.
Mme le Vice-Président: Je crois, M. le
député, que vous intervenez sur la question de règlement
maintenant.
M. Mackasey: Mme le Président, I know that you are a good
president, I could say that, c'est vrai. Why do you say: A l'ordre. I said you
are a good president. Comment? Vous n'êtes pas une bonne
présidente? Tout ce que j'ai dit, c'est que vous êtes une bonne
présidente. Je sais que lorsque vous étiez à Londres, sans
doute, la première chose que vous avez remarqué, c'est qu'on ne
parle pas de notre siège, on se lève et on pose des
questions.
Mme le Vice-Président: J'apprécie
énormément, M. le député, les compliments que vous
me faites maintenant, mais je vous demanderais qu'on ne fasse pas un
débat maintenant, s'il vous plaît.
M. Mackasey: Mme le Président, je vous félicite
pour votre sagesse. Je sais que, quand vous avez visité "the mother of
Parliament ' à Londres, vous avez vu que, quand quelqu'un veut en
interrompre un autre en posant une question... Regardez le ministre, il est
prêt là-bas. May be he just woke up, he has got his mouth open and
he catches flies to do something. The point is that if you want to participate
in this debate, if you want to make a point of privilege, if you want to make a
point of order, you stand, "n'est-ce-pas". I think you have learned that in
London and the House leader interfered when he was sitting, "pas debout".
Therefore, it has no relevance. Anyway, coming back to the referendum, Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: Pas sur le
référendum, M. le député, mais bien sur la motion
de M. le député de Beauce-Sud...
M. Mackasey: D'accord.
Mme le Vice-Président: ... et sur l'amendement de M. le
député de Laval.
M. Mackasey: M. le député de Beauce-Sud a
soulevé un point important, la question du financement: Est-ce que le
gouvernement fédéral va participer au référendum du
Québec par l'entremise de différentes organisations? J'ai tout
simplement dit que je ne partageais plus ces sentiments. Je pense que c'est un
problème pour l'organisation-cadre plutôt que pour
l'Assemblée nationale. Dans le même sens, sans doute, quand le
gouvernement fédéral tiendra un référendum
je sais bien qu'il va poser des questions les Canadiens de la province
de Québec ou les Canadiens de la province de l'Alberta auront le
même problème. Est-ce que la province de l'Alberta ou le
Québec peut dépenser de l'argent comme le gouvernement
fédéral quand il arrivera avec un référendum
fédéral à l'automne? C'est une question qu'on doit se
poser.
Comme je l'ai dit auparavant, je ne pense pas que le
député de Beauce-Sud, l'Union Nationale ou le Parti
libéral partagent les mêmes sentiments sur l'avenir du Canada; ils
partagent ensemble une chose, un but: se débarrasser du gouvernement le
plus incompétent de toute l'histoire du Québec. Je pense que tout
le monde est d'accord sur ce point de vue.
I am saying that if the law was imperfect, if we did not have an
umbrella clause which forced all the groups together when this issue is raised,
and which are already been forced together in a common objective, if the
umbrella clause was not there, we would not be forced into that umbrella. If we
were not forced in that umbrella, if we can work independently, then the
question of where your finances could come from would be unimportant, would be
academic. I think that in the light of the practice and the structures of the
moment, the internal problem of that structure should be washed out at the
committee meeting and not in the National Assembly.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-Dame-de-Grâce, permettez-moi de vous rappeler que votre temps
est maintenant écoulé.
M. Mackasey: C'est dommage, M. le Président, mais je pense
qu'il me reste sept minutes. Peut-être n'avez-vous pas pris en
considération l'intervention du leader du gouvernement.
M. Lavoie: Consentement.
Mme Lavoie-Roux: Consentement.
Des Voix: Non.
Le Président: II n'y a pas consentement, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Qui est contre? Quel député?
Le Président: Au moins M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Je veux avoir un gars de chez nous. C'est
assez.
M. Mackasey: On ne parlera pas plus longtemps de votre
incompétence.
Le Président: Je vous remercie, M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. le député de Beauce-Sud, vous avez la parole. (17
heures)
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Comme je l'avais dit au
cours de mon intervention, j'aimerais utiliser mon droit de réplique,
mais avant j'aimerais bien m'assurer que tous mes collègues qui
désiraient s'exprimer sur ce mini-débat ont pu le faire.
Je suis très heureux que cette motion ait fait l'unanimité
de la Chambre. Je suis également heureux qu'elle ait provoqué ce
débat même s'il a été beaucoup plus long que
prévu. Plusieurs en cette Chambre ont dit des choses qui seront
écrites dans le journal des Débats et qui pourront être
citées à certaines occasions. Je veux féliciter mes
collègues quant à cette question. Le député de
Saint-Jacques dit que le jupon du gouvernement fédéral
dépassait. J'irai un peu plus loin. Je dirai que c'était
même une question de grossière indécence que de prendre les
taxes des contribuables canadiens du Québec pour décider de
subventionner un mouvement qui a déjà fait connaître son
option à l'avance; un mouvement qu'il a lui-même choisi. J'ai
été heureux que mes collègues de l'Assemblée
nationale se tiennent debout aujourd'hui et fassent l'unanimité pour
dire au gouvernement fédéral de garder son argent. Je comprends
que le député de Marguerite-Bourgeoys ait dit tout à
l'heure que l'Opposition officielle avait décidé de régler
la question la semaine dernière. J'étais au courant, M. le
Président. Je suis également au courant qu'en fin de semaine il a
été dit que le montant de $265 000 n'était pas le dernier,
qu'il y en aurait d'autres et qu'on disposait même d'une somme de $800
000 de la part du gouvernement fédéral.
J'ai été heureux qu'à l'Assemblée nationale
aujourd'hui on ait pensé Québec avant de penser parti, lorsque
mes collègues de l'Opposition ont dit que le débat
constitutionnel, le débat de l'avenir du Québec dépassait
les intérêts strictement partisans. Je formule le voeu que cette
première que nous avons aujourd'hui à l'Assemblée
nationale ne soit pas une dernière.
En ce qui a trait à l'amendement proposé par l'honorable
leader de l'Opposition officielle, l'amendement va dans le même sens que
le principe que j'avais énoncé dans la première
motion.
Or. M. le Président, cette question de référendum
et cette campagne référendaire, comme le disait mon
collègue, l'honorable député de Mégantic-Compton,
est une question qui regarde le Québec et les Québécois
d'abord. J'aurais été heureux d'appuyer sa motion la semaine
dernière et je l'aurais appuyée si elle avait pu être
reçue par l'Assemblée nationale. Ce que le gouvernement
fédéral oublie je comprends qu'il est nerveux; il y a des
élections dans l'air c'est que ce même
fédéral existe, que son existence même découle de la
volonté des provinces. Il faudrait être aveugle, il faudrait
être complètement sourd pour ne pas réaliser, pour ne pas
comprendre que pour le premier ministre Trudeau c'est un Etat unitaire et qu'il
est le père des provinces. Il suffit de regarder de quelle façon
le gouvernement fédéral vient de se comporter lors de la
présentation de son budget pour constater que si nous avons un
gouvernement séparatiste au pays, c'est bien le gouvernement actuel
d'Ottawa.
Des Voix: Bravo!
M. Roy: Le projet de loi québécois du
référendum, qui est actuellement en discussion devant
l'Assemblée nationale, prévoit des organismes-parapluies qui,
eux, auront droit à un financement public dont les règles et les
modalités seront établies par la loi, une loi de
l'Assemblée. Le gouvernement actuel du Québec n'est pas
mandaté, ne sera pas mandaté par l'Assemblée nationale
pour
accorder des subventions je dis bien: ne sera pas mandaté
par l'Assemblée nationale pour accorder des subventions à
tel ou tel groupe de son choix. Le débat référendaire est
un débat qui concerne les partis politiques, les hommes politiques et la
population. Pour ce qui a trait au financement public, il devra être
accessible aux organismes des deux options, de façon que ce ne soit pas
le gouvernement ou le Parlement qui fasse le choix, mais bien les formations
politiques elles-mêmes puisqu'elles ont été élues
pour cela, elles existent pour cela. Il faut donc faire la distinction qui
s'impose.
Par cette motion, je dis que l'Assemblée nationale a franchi une
étape aujourd'hui. Il y en aura d'autres. J'espère que, dans
l'intérêt du Québec et des Québécois, nous
pourrons avoir d'autres consensus, d'autres unanimités de la Chambre, de
façon qu'on comprenne bien que la volonté d'être des
Québécois, leur avenir politique est une décision qui leur
appartient. En ce qui me concerne, je lutterai avec la dernière
énergie pour qu'aucune option politique ne nous soit imposée par
les autres. C'est pourquoi je n'accepte pas non plus la loi
fédérale du référendum.
Je n'ai pas l'intention d'être bien long. Ma motion a
été assez explicite par elle-même pour bien établir
ce qu'elle voulait dire. J'aimerais dire ceci en terminant: Je comprends que le
mouvement préréférendaire ait fait l'unanimité en
fin de semaine pour que cet argent soit retourné au gouvernement
fédéral. Nous sommes en face de la décision d'une personne
qui a pour nom Maurice Sauvé et, d'ailleurs, on a pu se rendre compte
par ses déclarations de ses intentions. Etant donné que nous
sommes dans un pays libre, étant donné que je suis conscient de
l'importance que ce débat soit un débat québécois,
je n'ai pas l'intention de retourner m'asseoir avec des gens qui ont pour
mission de contrôler le Québec par l'extérieur pour des
intérêts politiques partisans et qui poussent l'audace
jusqu'à s'abreuver au trésor fédéral qui pratique
sa générosité en mettant en tutelle les provinces membres,
ce dont le Québec vient d'être victime d'une façon
particulière. Merci, M. le Président.
Vote sur l'amendement
Le Président: Est-ce que l'amendement proposé par
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle va être
adopté?
M. Brochu: Vote enregistré.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
M. Burns: Ne pourrait-on pas, avant le vote enregistré...
Il y a deux autres occasions où on peut avoir un vote enregistré.
Ne pourrions-nous pas, du consentement de la Chambre, disposer de deux autres
choses très brèves, sans aucune difficulté? On pourrait
demander le vote enregistré sur la motion pour faire siéger la
commission qui attend soit dit en passant depuis 15 heures cet
après-midi. Si j'ai ce consentement de retarder un vote
enregistré à l'occasion de la motion pour faire siéger la
commission... Parce que tous les partis ont exprimé leur accord à
la motion du député de Beauce-Sud, il m'apparaîtrait
très artificiel d'insister pour un vote enregistré à ce
stade-si. J'aurais également une autre motion non annoncée, si
celle-ci était adoptée, et, par la suite, il pourrait y avoir un
vote enregistré, ce à quoi je n'ai pas d'objection.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: Je comprends qu'on peut très bien demander le
vote selon la coutume, chaque jour, simplement sur le plan technique, pour
faire siéger la commission; on pourrait le faire facilement tout
à l'heure. Cependant, étant donné l'importance de la
question et si tous les participants sont d'accord, il serait peut-être
souhaitable qu'on ait, maintenant, un vote enregistré sur la motion
qu'on vient de finir de discuter.
M. Burns: D'accord.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Sur le même sujet, deux mots seulement;
étant donné qu'il n'y a pas de commission parlementaire qui
siège à l'heure actuelle, on ne dérangera pas les
commissions. Je suis favorable, ainsi que cinq autres collègues,
à ce que le vote puisse se prendre immédiatement.
M. Burns: Je retire ma suggestion.
Le Président: Qu'on appelle les députés et
on prendra le vote un peu plus tard.
(Suspension à 17 h 10)
(Reprise à 17 h 19)
Je vais maintenant mettre aux voix...
M. Burns: M. le Président, voudriez-vous nous relire la
motion telle qu'amendée du consentement de la Chambre?
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
il y aura deux votes.
M. Burns: D'accord.
Le Président: Je vais d'abord vous lire l'amendement. Je
vais mettre aux voix la motion d'amendement du leader parlementaire de
l'Opposition officielle, qui se lit comme suit: "Et, de plus, que
l'Assemblée nationale exprime l'avis que le gouvernement du
Québec n'utilise d'aucune manière les fonds publics pour
promouvoir l'option constitutionnelle du Parti québécois dans la
prochaine campagne reliée au référendum, sauf dans le
cadre des lois applicables ". Ceci constitue la
motion d'amendement. Je voudrais maintenant demander à ceux qui
sont en faveur de cette motion d'amendement de bien vouloir se lever. (17 h
20)
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Lamontagne, Giasson, Blank, O'Gallagher, Ciaccia, Gratton,
Pagé, Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Marois, Couture,
Bérubé, O'Neill, Joron, Lessard, Proulx, Léger, Michaud,
Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Chevrette, Martel, Fallu,
Mme Leblanc, MM. Grégoire, Laplante, de Bellefeuille, Gendron, Mercier,
Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Brassard, Clair, Lefebvre, Lavigne,
Dussault, Charbonneau, Beauséjour, Desbiens, Bordeleau, Boucher, Gravel,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Biron, Grenier, Russell,
Goulet, Fontaine, Brochu, Dubois, Le Moignan, Cordeau, Samson, Roy, Shaw.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
d'amendement veuillent bien se lever. Que ceux qui désirent s'abstenir
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire: Pour: 67 Contre: 0
Abstentions: 0
Le Président: La motion d'amendement est
adoptée.
Vote sur la motion principale amendée
Je vais maintenant mettre aux voix la motion principale de M. le
député de Beauce-Sud, telle qu'amendée, qui se lit comme
suit: "Consciente de sa responsabilité en ce qui concerne la sauvegarde
de la démocratie et soucieuse de faire en sorte que le débat
politique actuel sur notre avenir constitutionnel se décide au
Québec par et pour les Québécois, l'Assemblée
nationale exprime son complet désaccord avec le gouvernement d'Ottawa
qui utilise des fonds publics pour subventionner des groupes de son choix dans
la présente campagne d'éducation populaire en vue de
l'éventuel référendum, et, de plus, l'Assemblée
nationale exprime l'avis que le gouvernement du Québec n'utilise
d'aucune manière les fonds publics pour promouvoir l'option
constitutionnelle du Parti québécois dans la prochaine campagne
reliée au référendum, sauf dans le cadre des lois
applicables."
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
M. Burns: M. le Président, peut-être pourrions-nous
avoir le même vote? Il semble qu'il y a eu unanimité autour de
cette motion.
Le Président: Y a-t-il consentement? M. Burns:
Même vote!
Le Président: Alors, le même vote, la motion est
adoptée. Nous sommes toujours, M. le leader parlementaire du
gouvernement, aux motions non annoncées et je vous donne la parole.
M. Burns: Et bien oui, on aurait pu l'oublier. M. Lavoie:
L'autre motion non annoncée.
Motion de condoléances à l'endroit de M.
Jacques-Yvan Morin
M. Burns: Je pense, M. le Président, que la motion non
annoncée que je m'apprête à faire ne sera peut-être
pas l'occasion d'un débat aussi long que pour celle que nous venons
d'adopter. Malheureusement, tôt ce matin, nous avons appris le
décès de M. Arsène Morin, le père du vice-premier
ministre et ministre de l'Education, et c'est ce qui explique d'ailleurs son
absence cet après-midi. Evidemment, il y a, dans le cas du
décès de M. Arsène Morin, quelque chose d'assez
particulier dans le sens qu'il s'agit d'un grand serviteur de l'Etat du
Québec pendant 45 ans, qui a été, pour certains qui
voudraient fouiller dans la petite histoire, secrétaire particulier de
M. Honoré Mercier non pas le premier ministre mais le ministre des
Terres et Forêts autour des années trente et qui, par la suite,
est devenu, pendant de nombreuses années, membre de la Régie de
l'électricité. Alors, je fais motion pour que l'Assemblée
nationale adresse à M. Jacques-Yvan Morin, ministre de l'Education,
à toute sa famille et à tous les amis du disparu nos plus
sincères condoléances à l'occasion du décès
du père du ministre de l'Education, M. Arsène Morin.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, au nom de
l'Opposition officielle, je veux joindre notre expression de vives
condoléances à l'adresse du vice-premier ministre et ministre de
l'Education à la suite du décès de son père. La
perte d'un père est toujours quelque chose de difficile à
accepter, et nous comprenons la peine qui est celle de notre collègue
aujourd'hui. Nous voulons en même temps dire notre appréciation
pour le travail considérable que M. Morin a accompli au service de la
province. Lorsque le leader du gouvernement parle de ces 45 années
vécues au service du Québec, je pense que nous devons ensemble
rendre témoignage d'une vie aussi remplie au service de ses concitoyens.
En conséquence, tout en rappelant à l'honorable ministre de
l'Education toute l'amitié qu'on lui porte personnellement, nous voulons
y ajouter aujourd'hui pour lui et les siens l'expression de nos plus vives
condoléances.
Le Président: Merci, M. le leader de l'Opposition.
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, je voudrais au nom de l'Union
Nationale offrir moi aussi mon témoignage de sympathie au vice-premier
ministre et
ministre de l'Education. D'autant plus, comme l'ont dit tout à
l'heure à la fois le leader parlementaire du gouvernement et le chef de
l'Opposition officielle, la perte d'un père c'est toujours triste, bien
triste, mais on voit que c'est la vie qui accomplit son cycle. Un peu comme
à l'automne lorsque les feuilles tombent. Il faut regarder
résolument vers l'avenir, vers les plus jeunes et je pense bien que le
ministre de l'Education, lui, est tourné résolument vers cette
jeune génération, pour essayer de la préparer le mieux
possible, un jour ou l'autre, à nous remplacer nous aussi.
Au nom de l'Union Nationale, je veux offrir, encore une fois, notre
témoignage de sympathie au ministre de l'Education.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je voudrais me joindre
à ceux qui viennent de parler sur cette motion pour offrir
également en mon nom et au nom des membres du Ralliement
créditiste du Québec nos plus sincères condoléances
à notre collègue le ministre de l'Education ainsi qu'à la
famille Morin et tous les parents et amis du défunt.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je veux me joindre aux propos qui viennent d'être
tenus par mes collègues de l'Assemblée nationale et offrir au
vice-premier ministre, au ministre de l'Education du Québec,
l'expression de mes plus profondes condoléances à l'occasion de
ce deuil si cruel qui le frappe présentement. Je lui prierais
également de transmettre à tous les membres de sa famille nos
plus vives condoléances.
Le Président: Cette motion sera-t-elle maintenant
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Adopté. Enregistrement des noms sur
les votes en suspens. Il n'y en a pas. Nous en sommes aux avis à la
Chambre et, M. le leader parlementaire du gouvernement, vous avez la
parole.
Travaux parlementaires
M. Burns: Je dois donner avis que, demain, deux ministères
entreprendront l'étude de leurs crédits budgétaires. Au
salon rouge, demain matin, mais je veux être bien sûr, M. le
Président, parce que je ne suis pas certain à ce moment-ci si la
Chambre siégera demain matin ou si elle ne siégera pas. Si elle
doit siéger, je fais donc motion pour qu'au salon rouge, à
compter de 10 heures, le ministère des Transports entreprenne à
la commission parlementaire des transports l'examen de ses crédits
jusqu'à 12 h 30. Qu'à la salle 81-A, la commission des richesses
naturelles, pour les mêmes heures, de 10 heures à 12 h 30,
poursuive l'étude article par article du projet de loi no 70 et
qu'à la salle 91-A, toujours pour les mêmes heures, de 10 heures
à 12 h 30, on entreprenne l'étude des crédits du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières. (17 h 30)
Je m'explique, M. le Président, sur cette hésitation que
j'ai semblé laisser entendre relativement au fait que je doive faire une
motion si la Chambre siège et que je n'aie pas besoin d'en faire une, si
la Chambre ne siège pas. A cause de l'heure, à cause de la
durée du débat de cet après-midi, il est possible que nous
devions siéger demain matin, à l'Assemblée nationale, pour
poursuivre l'étude du projet de loi 92 si par hasard nous n'avions pas
l'occasion d'en avoir l'adoption ce soir, afin de hâter les travaux dans
ce domaine. Je pense bien que mon bon ami le député de Laval, qui
m'incite constamment à tenir le référendum
après-demain si c'était possible, me blâmerait de retarder
l'adoption de la deuxième lecture du projet de loi no 92. De
sorte...
M. Lavoie: Est-ce que c'est un engagement à tenir le
référendum après-demain?
M. Burns: Après-demain, c'est impossible, au cas où
vous ne le sauriez pas.
Une Voix: Hier.
M. Levesque (Bonaventure): Nous comprenons bien que si ce projet
de loi était adopté en deuxième lecture, ce soir...
M. Burns: Si le projet de loi no 92 était adopté ce
soir, avant l'ajournement à 22 heures, il n'y aurait pas de Chambre
demain matin. D'accord? Sinon, nous le reprendrons, et à ce moment,
malheureusement, c'est mon collègue le ministre des Richesses naturelles
qui en subira les conséquences, qui ne pourra pas siéger demain
matin, mais les deux études de crédits qui étaient
prévues selon un programme que j'ai discuté avec les
représentants de l'Opposition pourront siéger en même temps
que la Chambre. Nous serons probablement en mesure, dans le courant de la
soirée, de juger exactement de cette situation, à moins,
évidemment et je donne cette ouverture que d'avance on me
donne un consentement de faire siéger et la Chambre et les trois
commissions en même temps.
Je ne force pas cette position. Si dans le courant de la soirée
on nous dit que c'est possible, à ce moment, je m'arrangerai avec les
gens des commissions pour essayer de voir à faire fonctionner cela.
Le Président: Puis-je me permettre de vous souligner, M.
le leader parlementaire, que je souhaiterais qu'il y ait une espèce de
consentement pour régulariser votre motion? Autrement, cela fait une
motion conditionnelle.
M. Burns: M. le Président, ma motion est très
claire. Je fais motion pour que demain matin les
trois commissions puissent siéger, celles que j'ai
mentionnées dans ces termes. Je pourrais en donner avis, mais si jamais
je dois, du consentement de la Chambre, retirer une de ces commissions,
évidemment, la motion sera faite et je n'aurai pas besoin de revenir
devant l'Assemblée nationale si cette motion est adoptée. Qui
peut plus peut moins. Evidemment, je n'ai peut-être pas besoin de faire
une motion, mais je préfère en faire une au cas où la
Chambre siégerait. Adopté?
Le Président: La motion est adoptée.
M. Burns: M. le Président, je propose maintenant
qu'immédiatement, à la salle 81-A, jusqu'à 18
heures...
M. Lavoie: Faites la motion pour 20 heures ce soir.
M. Burns: Je ne vois pas pourquoi vous ne commenceriez pas. Une
bonne demi-heure de travaux, cela peut avancer bien des choses.
M. Lavoie: Voyons! Avant qu'il y ait une mise en place...
M. Bérubé: ... ou non, de toute façon on ne
progressera pas plus vite. Alors, on peut attendre à 20 heures.
Motion pour faire siéger la commission des
richesses naturelles
M. Burns: On va attendre à 20 heures? Bon. Après
consultation discrète et transparente auprès du ministre des
Richesses naturelles, M. le Président, je modifie donc ma motion. Je
fais motion pour que la commission des Richesses naturelles se réunisse
à compter de 20 heures, à la salle 81-A, pour ajourner ses
travaux à 22 heures et pour étudier entre-temps, article par
article, le projet de loi no 70, Loi constituant la Société
nationale de l'amiante.
Le Président: Est-ce que cette motion sera adoptée?
Adopté.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 1
M. Burns: Sur ce, M. le Président, d'un air inquisiteur,
je vous suggère peut-être d'appeler l'article 12 qui concerne la
prise en considération du rapport de la commission permanente des
transports qui a étudié le projet de loi no 1, Loi modifiant la
Loi du ministère des Transports. Après information prise
auprès du secrétariat général de l'Assemblée
nationale, il n'y a pas eu d'amendements proposés par qui que ce soit
à l'Assemblée nationale, ni du côté
ministériel, ni du côté de l'Opposition, de sorte que j'ai
l'impression qu'on pourra faire franchir, à ce rapport, l'étape
de l'adoption, aujourd'hui.
Je vous demanderais, Mme le Président, d'appeler l'article
12.
Mme le Vice-Président: Ce rapport, faisant état de
l'étude du projet de loi no 1, Loi modifiant la Loi du ministère
des Transports, est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Mme le Président, je vous demanderais maintenant
d'appeler l'article 3.
Je pense que la parole est au député de
Nicolet-Yamaska.
Projet de loi no 92 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: Ce sera donc la reprise du
débat sur la motion de M. le ministre à la réforme
électorale et parlementaire proposant que le projet de loi no 92, Loi
sur la consultation populaire, soit maintenant lu la deuxième fois.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, Mme le Président. Il me fait plaisir,
aujourd'hui, de relancer le débat sur le projet de loi no 92, Loi sur la
consultation populaire, et peut-être essayer de ramener le débat
à son véritable objet, soit celui de la consultation populaire
par voie de référendum. Il serait peut-être bon,
aujourd'hui, de s'interroger je pense que certains députés
de cette Chambre ne savent pas trop ce qu'est un référendum
pour savoir ce qu'est un référendum. Le
référendum est un outil qui permet à la population de
s'exprimer démocratiquement sur un sujet donné. C'est un vote
direct des citoyens dont l'objet est de se prononcer sur une question
particulière. C'est donc une initiative populaire, c'est un moyen
additionnel qu'on donnera à la population du Québec par cette loi
de participer aux décisions et cela en dehors d'une élection
générale. C'est donc, à notre avis, une excellente
initiative du gouvernement du Québec.
Il faut bien se rappeler que c'est l'Union Nationale qui avait
lancé ce débat en 1969 alors que le père de l'actuel
député de Vanier déposait en cette Chambre un projet de
loi en ce sens. Malheureusement, à la suite de circonstances voulant que
se tiennent des élections, l'Union Nationale n'a pas été
reportée au pouvoir. Nous serions mal venus aujourd'hui de nous
prononcer contre le principe de ce projet de loi que nous avions jadis fait
nôtre. Je voudrais dire ici que nous, de l'Union Nationale, sommes
cohérents dans cette façon de voir les choses. Sur cette
question, le Parti libéral n'est pas toujours cohérent avec les
pensées qu'il exprime, puisque le Parti libéral nous a dit,
à plusieurs reprises, qu'il veut avoir un référendum sur
la question constitutionnelle le plus rapidement possible. D'un autre
côté, on vous a dit qu'en deuxième lecture on va voter
contre ce projet de loi, c'est-à-dire contre une loi permettant
de tenir un référendum.
On voit, Mme le Président, que le Parti libéral n'est pas
tout à fait cohérent à ce sujet et devrait essayer de
changer son fusil d'épaule pour revoir cette façon de penser en
réclamant un référendum immédiatement et, d'un
autre côté, en disant qu'il va voter contre une loi permettant
d'en tenir un.
Nous nous prononçons donc en faveur du principe qui veut que nous
dotions nos institutions provinciales d'un outil législatif leur
permettant de faire participer le peuple à la prise de décisions
politiques. Cependant, nous avons, bien sûr, des commentaires à
formuler sur cette loi et nous aimerions y voir des améliorations,
notamment au chapitre qui traite du conseil du référendum. On se
rappellera ici que ce conseil du référendum est une idée
qui est issue entièrement des demandes insistantes et
répétées du chef de l'Union Nationale, le
député de Lotbinière. Nous pensons que ce conseil du
référendum, prévu dans la loi telle quelle, n'a pas
reçu de pouvoir. Le conseil du référendum devrait
être un outil, un mécanisme garant de la liberté et de la
sincérité de cette institution que nous proposons, soit le
référendum. (17 h 40)
Ce conseil du référendum devrait garantir
l'étanchéité du système proposé. Comment
cela pourrait-il se réaliser? Je pense qu'il faudrait que l'on
prévoie que le conseil du référendum puisse décider
de lui-même de se saisir d'une question et de se prononcer sur cette
dernière, que le conseil puisse proprio motu se saisir de toute question
d'application de la loi. Je vous donne un exemple, Mme le Président. Si
le gouvernement, l'Assemblée nationale décidait de
présenter une question sur un référendum donné et
que cette question serait un petit peu ambiguë ou piégée,
à ce moment-là il faudrait permettre au conseil du
référendum de se prononcer, de donner son avis ou de rendre une
décision sur cette question, à savoir si la question qui est
posée lors d'un référendum prévu est une question
ambiguë ou piégée.
Egalement, que le conseil du référendum ait les pouvoirs
de corriger toute irrégularité à quelque niveau que ce
soit. Qu'il ait même le pouvoir de réviser ses propres
décisions, puisqu'en ce domaine il ne peut être question, à
notre avis, d'instaurer un droit d'appel à une cour relevant d'un autre
palier de gouvernement. Si on permettait un droit d'appel à la suite
d'une décision du conseil du référendum, il faudrait aller
devant la Cour supérieure qui relève du gouvernement
fédéral, dont la nomination des juges relève du
gouvernement fédéral. Je pense qu'il ne faudrait pas permettre de
telles choses. Cependant, il faudrait permettre que le conseil du
référendum puisse réviser ses propres
décisions.
C'est là-dessus que nous disons que c'est aux
Québécois de décider des questions qui les concernent.
Donc, il faudrait permettre au conesil du référendum de
réviser ses décisions.
Quant à la question qui nous sera posée ou à
l'objet de la consultation, il faut absolument, à notre avis, pour
rester dans la note la plus démocra- tique possible et dans un esprit de
justice et de liberté, il faut, dis-je, que la question à
être posée soit décidée par l'Assemblée
nationale, par tous les membres de l'Assemblée nationale. A notre avis,
il faudrait que cette question fasse l'objet d'un véritable projet de
loi adopté en bonne et due forme par l'Assemblée nationale,
directement sur la question à être posée, pour donner plus
de latitude au débat, pour permettre à tous les
députés élus en cette Chambre de se prononcer sur la
question à être posée lors d'un référendum
pour permettre également à des groupes, à des individus de
donner leur opinion sur la formulation de cette question, soit en commission
parlementaire avant l'étude du projet de loi en deuxième lecture,
ou lors de la deuxième lecture, pour que l'on ne soit pas
bâillonné par les 30 heures prévues dans le projet de loi.
On nous dit, dans le projet de loi, que le débat sur la question serait
fait à l'Assemblée nationale, mais que le débat serait
limité à une motion qui serait débattue pendant une
période de 30 heures.
Nous soumettons à cette Assemblée, nous soumettons au
ministre responsable de cette loi que chaque question d'un
référendum donné devrait faire l'objet d'un projet de loi
particulier qui devrait être débattu en commission
parlementaire.
Le député de Mégantic-Compton nous a
également, et habilement, entretenu de ses interrogations sur les
comités nationaux, la limite de dépenses de $300 pour une
personne qui décide d'agir en dehors des comités nationaux. Nous
espérons que le ministre révisera ses positions là-dessus.
Tout en reconnaissant la nécessité d'établir des
contrôles, nous souhaitons quand même ne pas brimer les
libertés fondamentales d'expression et d'association à
l'intérieur ou hors des comités nationaux.
Voilà donc les quelques remarques que j'avais à vous faire
sur le fond de ce projet de loi. Cependant, il est bien difficile de parler de
la loi sur le référendum sans glisser un mot du
référendum constitutionnel qui nous sera proposé à
plus ou moins brève échéance. Comme mes collègues,
je céderai à cette tentation. Je voudrais vous expliquer en
quelques mots où se situe l'Union Nationale sur cette question du
référendum.
Il y a une chose qu'il faut établir au premier abord, c'est que
nous sommes, de l'Union Nationale, contre toute forme de séparatisme ou
d'indépendance. Mais cela ne veut pas pour autant dire que nous allons
dire non à la question qui nous sera posée puisque, c'est bien
évident, nous ne la connaissons pas. C'est ce que le chef de l'Union
Nationale dit depuis des mois, et c'est ce qu'un des candidats à la
chefferie du Parti libéral, M. Claude Ryan, qui peut devenir chef du
Parti libéral, vient de dire également il y a quelques jours, sur
cette même question. Il faut immédiatement se poser des questions.
Comment les libéraux peuvent-ils aussi effrontément renier leur
futur chef, se trahir entre eux, trahir la population du Québec? Leur
chef n'est pas encore élu que certains affûtent déjà
leurs couteaux pour le poignarder dans le dos.
Une Voix: C'est bien les rouges!
M. Fontaine: Ils sont en contradiction flagrante avec
eux-mêmes. D'ailleurs, ils ont toujours été passablement
confus.
Mme le Président, de notre côté, nous sommes contre
la séparation, mais nous savons, comme l'a déjà dit notre
chef, que même si le Parti québécois devait perdre le
référendum et les prochaines élections rien ne serait
réglé. Le problème constitutionnel existait bien avant
l'élection du Parti québécois. Il continuera d'exister
tant que les Québécois n'auront pas obtenu
l'égalité des deux nations fondatrices de ce pays qui s'appelle
le Canada.
Mme le Président, nous soumettons bien humblement qu'il n'y a que
les Québécois qui peuvent régler ce problème. Ce
n'est pas au gouvernement fédéral ou au Parti libéral
fédéral de régler ce problème. Notre avenir, nous
le déciderons nous-mêmes. Je ne vois pas comment le Parti
libéral du Québec peut s'élever contre un tel désir
légitime sans qu'on puisse le qualifier de traître, de club ferme
du Parti libéral fédéral.
Si le Parti libéral fédéral avait mis autant
d'ardeur et de rapidité à présenter une formule de
rechange constitutionnelle que nous attendons depuis longtemps, si le Parti
libéral fédéral avait mis autant d'ardeur à
présenter cette formule de rechange qu'à l'élaboration
d'une loi sur le référendum, nous n'en serions peut-être
pas là aujourd'hui. C'est à se demander si on ne s'entendrait pas
mieux avec un Anglais au gouvernement fédéral.
Je ne suis pas intervenu cet après-midi sur la motion qui a
été présentée par le député de
Beauce-Sud. Je voudrais vous réaffirmer ici que l'Union Nationale a pris
position sur cette question. Cette question a fait l'objet d'un
communiqué que je voudrais vous citer en partie pour bien vous expliquer
quelle est exactement la position de l'Union Nationale face au futur
référendum et face aussi à l'injection de fonds dans la
présente discussion.
Le communiqué dit ceci: "Tout comme nous avons violemment
dénoncé le projet de loi fédéral de Marc Lalonde
sur le référendum, nous dénonçons le scandale que
constitue cette injection de fonds comme une grossière ingérence
dans un dossier politique qui appartient en propre à la population du
Québec. Le référendum sur l'avenir constitutionnel du
Québec doit être un référendum
québécois auquel participeront les Québécois pour
décider entre Québécois du devenir collectif des
Québécois selon des modalités de financement et autres
qu'auront adoptées les législateurs québécois. Le
sujet est trop noble et trop sérieux pour que nous puissions
tolérer cet affront qui témoigne d'un flagrant mépris du
peuple québécois et va à rencontre de la plus
élémentaire décence en matière de morale politique.
Nous dénonçons ici l'attitude du gouvernement
fédéral en matière de financement des participants
à la cam- pagne référendaire et nous mettons en garde le
gouvernement québécois au cas où il serait
éventuellement tenté d'agir de même. Notre vigilance ne se
relâchera pas. Nous réagirons avec autant de
spontanéité, de fermeté et de
sévérité à l'égard du gouvernement
québécois, s'il osait subventionner des organismes qui
véhiculeraient sa cause la motion que nous venons de voter est
tout à fait à point là-dessus nous ne
tolérerons aucune incartade de la part de qui que ce soit dans l'un ou
l'autre des camps impliqués. (17 h 50)
Nous voulons assurer le peuple québécois que nous veillons
à la sauvegarde de la démocratie au Québec afin qu'il
puisse en toute sincérité et en toute liberté s'exprimer
sur l'avenir constitutionnel du Québec. Les Québécois
vivent dans un pays libre en qualité de citoyens libres. Nous
n'accepterons pas que l'on veuille prendre le peuple québécois en
otage et lui forcer la main lorsqu'il aura à prendre la décision
la plus importante de son histoire. Avis donc à MM. Trudeau, Lalonde et
compagnie.
Ayant foi dans le bon jugement et le gros bon sens des
Québécois, nous sommes assurés, le moment venu, qu'ils
rejetteront toute option extrémiste et épouseront l'option de
nouveaux liens canadiens où ils trouveront enfin l'égalité
qu'ils recherchent depuis des décennies. Merci beaucoup, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Westmount.
M. Ciaccia: Mont-Royal.
Mme le Vice-Président: Mont-Royal, merci.
M. Ciaccia: Pourrais-je demander une directive, Mme le
Président? Vu l'heure avancée, il est quasiment 17 h 55,
pourrais-je avoir le consentement de mes collègues pour commencer mon
intervention à 20 heures?
M. Bertrand: II reste dix minutes.
M. Ciaccia: II reste à peu près sept minutes, Mme
le Président, et mon intervention ne durera pas plus de 20 minutes.
J'aurais préféré pouvoir la faire toute dans un...
Mme le Vice-Président: Y a-t-il consentement?
M. Proulx: ... une autorité ici...
M. Ciaccia: Je remercie mes collègues.
Mme le Vice-Président: Cette motion de la suspension du
débat est-elle adoptée? Adopté. Cette assemblée
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 52)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Vice-Président: A la suspension du débat, M. le
député de Mont-Royal avait la parole sur la motion de
deuxième lecture du projet de loi 92.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. La population du
Québec sera appelée dans un avenir prochain, et j'espère
le plus vite possible, à prendre les décisions les plus
importantes de sa vie, décisions qui vont affecter sa vie politique, sa
vie économique et même, je dirais, sa vie sociale. Pour prendre
ces décisions, M. le Président, il faudrait que la loi sur le
référendum ait certains objectifs que tous les partis politiques,
que tous les membres de l'Assemblée nationale devraient appuyer.
Premièrement, il faut que le référendum soit juste. Cela
inclut le comportement du gouvernement. Cela inclut la manière dont le
gouvernement va légiférer.
Quand je dis que le référendum doit être juste, je
pense aux lendemains du référendum. Il faut penser aux conditions
qui vont exister dans la population après le vote. Si le
référendum non seulement n'est pas juste, mais n'est pas
perçu comme juste, les résultats risquent de ne pas être
acceptés par l'une ou l'autre partie de la population.
Premièrement, M. le Président, il va falloir que le gouvernement
légifère d'une façon juste, se comporte d'une façon
juste et que les règles du référendum ne favorisent ni un
côté ni l'autre. Si les règles sont justes, non seulement
j'ai confiance à la population du Québec, mais je suis prêt
à me soumettre à la décision de cette population pourvu
que les règles soient égales et qu'elles ne favorisent pas un
côté ou l'autre.
Deuxièmement, M. le Président, il faut que le choix qui
sera présenté à la population du Québec soit clair
et définitif. Encore une fois, si le résultat est vague suite
à une question vague, ce sera clairement dangereux pour notre avenir. La
population va dire oui ou non. Il faut qu'elle sache à quoi elle dit oui
et à quoi elle dit non. Il ne faut pas que le gouvernement prenne la
position que, s'il ne peut pas gagner le référendum, il essaie de
truquer la question pour causer une confusion et dise qu'il ne perdra pas le
référendum. Ce n'est pas cette attitude, ce ne sont pas ces
moyens, les questions sont trop importantes, l'avenir de la population est trop
important pour descendre à ce niveau.
Troisièmement, M. le Président, il faut que la population
soit bien informée sur les options qui seront considérées
dans le référendum. La qualité de cette information est
importante et nous savons qu'il va y avoir des dangers très graves si
une décision est prise par la population basée sur un manque
d'information ou basée sur des fausses informations. Encore une fois, il
faut penser au lendemain, il faut que cette population accepte, il faut que
nous acceptions tous le résultat et, pour ce faire, il faut que
l'information soit claire et donnée à toute la population. Il ne
faut pas, parce que le gouvernement préconise une certaine option, qu'il
prenne avantage de la population en ne donnant pas toute l'information, en ne
permettant pas que cette information soit donnée.
Il faut éviter les demi-vérités, il faut que le
gouvernement soit franc et honnête. S'il y a un prix à payer pour
l'indépendance, qu'il soit franc, qu'il dise à la population les
conséquences, les résultats, qu'il n'essaie pas de les cacher.
Qu'il dise à la population: Voici le pour, voici l'information. Voici le
contre, il y a un prix à payer, êtes-vous prêts à le
faire?
Des fois j'ai l'impression que le gouvernement, parce qu'il est un peu
trop zélé dans l'option qu'il a choisie, nuirait peut-être
à la réalisation de ces trois objectifs principaux: l'objectif
d'une loi juste, l'objectif d'un choix clair, définitif et
honnête, et aussi l'objectif que la population soit bien
informée.
Je voudrais passer, M. le Président, à quelques dangers
que je vois dans le projet de loi sur le référendum.
Premièrement, le premier danger, c'est le manque d'une garantie qu'il
n'y aura que deux comités nationaux. Si on parle des "umbrella
committees", il faudrait qu'il y en ait deux. Il faudrait que ce soit clair
qu'il ne peut y avoir trois, quatre ou cinq options. C'est trop vague. Comme
plusieurs de mes collègues l'ont souligné, un
référendum doit porter sur une question, il doit y avoir une
alternative. S'il y en a plus, on peut mettre en doute les motifs au
gouvernement. Et, si on met en doute les motifs au gouvernement, je dis que, le
lendemain du référendum, il pourra y avoir des
conséquences dangereuses.
S'il n'y a plus de deux options, s'il n'y a pas une question à
laquelle on peut répondre oui ou non, on perpétue l'incertitude.
On parle beaucoup de l'incertitude qui existe aujourd'hui; on ne sait pas ce
que la population sera appelée à décider, on ne sait pas
quand le gouvernement va appeler son référendum. Mais, s'il y a
plus de deux options, s'il y en a trois ou quatre, si le gouvernement ne veut
pas être clair, vous pouvez vous imaginer l'incertitude qui va exister;
on n'aura ainsi rien réglé par la tenue de ce
référendum. Le premier danger est ce manque de garantie qu'il n'y
en aura, s'il faut avoir des comités nationaux, que deux pour que ce
soit clair dans l'esprit de la population, pour qu'elle sache comment prendre
sa décision, comment faire son choix.
Le deuxième danger que je vois, c'est de restreindre
l'accès aux tribunaux. C'est un danger extrêmement grave. Les
traditions de notre système judiciaire, de notre système
législatif, de notre système parlementaire reconnaissent
l'impartialité des tribunaux, reconnaissent la séparation des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. D'un seul coup, avec
le projet de loi qui nous est présenté, nous enlevons cette
séparation des pouvoirs. Le gouvernement, le législateur devient
juge et jury lui-même. C'est un précédent extrêmement
dangereux, cela porte à poser la question: Pourquoi le gouvernement
a-t-il peur de laisser les lois être interprétées par les
tribunaux et spécialement cette loi-ci? Cela peut faire que la
population et l'Opposition se demandent si le gouvernement a des in-
tentions de faire certaines choses qui pourraient être
déclarées illégales par les tribunaux. Pourquoi
créer ce conseil du référendum dont le gouvernement va
nommer les juges, dont la décision sera finale et où il n'y aura
pas d'appel?
M. le Président, je trouve qu'il y a un danger extrême, que
c'est un précédent très dangereux. J'espère que le
gouvernement va amender cet aspect de la loi pour la rendre conforme à
nos traditions judiciaires, pour la rendre conforme à nos règles
parlementaires et à nos règles constitutionnelles. (20 h 20)
Le troisième danger que je vois, c'est l'atteinte à la
liberté d'association. Il est possible qu'on puisse avoir deux
comités nationaux; un pour chaque option. Mais il ne faudrait pas
restreindre le droit du citoyen de s'associer à d'autres organismes; le
droit du citoyen ou des groupes de citoyens de pouvoir eux-mêmes, sans se
joindre à un des comités, donner l'information, participer au
référendum. Encore une fois, c'est un précédent
dangereux qui brime les droits des citoyens, qui empêche la
liberté d'association, la liberté d'expression.
Quand nous posons des questions en Chambre, quand nous faisons des
interventions sur le droit à l'information, le droit à
l'expression, quand il s'agit des grèves des journaux comme le Soleil,
Montréal-Matin et la Presse, on répond toujours que le
gouvernement ne veut pas intervenir parce qu'il veut maintenir cette
liberté de parole, cette liberté d'association, cette
liberté d'expression. Le gouvernement démontrerait beaucoup plus
de sincérité en enlevant ces clauses dans le projet de loi et en
donnant le droit aux citoyens de s'associer, de participer au
référendum sans la nécessité de faire partie d'un
des comités nationaux. C'est une mise en garde. Il ne faut pas ouvrir la
porte à ces abus qui sont des abus potentiels parce que c'est toujours
plus facile d'enlever des droits que de les remettre à la population.
Une fois qu'on s'embarque dans cette voie, où va-t-elle finir?
Aujourd'hui, on enlève cette liberté d'expression, cette
liberté d'association dans cette loi avec des excuses ou des raisons
quelconques. Demain, cela pourrait être autre chose. Je crois que c'est
encore un précédent assez dangereux d'enlever des droits à
la population. C'est une chose dans laquelle le gouvernement ne devrait pas
s'embarquer et il devrait amender cet aspect du projet de loi.
Je voudrais, pour quelques instants, parler des besoins spéciaux
des groupes minoritaires qui, eux aussi, ont le droit complet de participer,
d'être des citoyens à part égale au Québec. Ils ont
les mêmes droits que chacun de nous. Peut-être par ce projet de loi
ces droits sont-ils brimés.
Ce n'est pas assez de dire qu'il n'y aura pas de discrimination. Ce
n'est pas assez de dire; II n'y a pas de discrimination dans ce projet de loi;
lisez-le, cela affecte tous les gens de la même façon. Dans les
faits, il peut y avoir de la discrimination. Si on veut que ces gens
participent, si on veut qu'eux, tout comme nous, aient les mêmes droits
de prendre des décisions, de participer à ces décisions,
il faut qu'ils comprennent ce qui se passe, il faut qu'ils soient en mesure de
participer. De la façon dont le projet de loi est rédigé,
les organismes qui représentent les groupes ethniques n'auront pas le
droit de participer à moins qu'ils ne fassent partie du comité
national. Je demanderais au gouvernement de permettre aux organismes des
groupes ethniques, et des groupes minoritaires de participer au
référendum parce que, souvent, c'est seulement par l'entremise de
ces organismes que les communautés ethniques peuvent être
informées et peuvent participer à la vie politique, à
l'information et à la décision qui doit être prise et qui
va les affecter, qui est aussi importante pour eux que pour chacun de nous en
cette Chambre. Ils ont le plein droit de prendre cette décision; ils ont
le plein droit de s'exprimer. De la façon dont le projet de loi est
rédigé, ils ne peuvent pas exercer ce droit.
Il ne faut pas oublier aussi qu'il y a toujours la possibilité,
pour ces groupes ethniques, d'avoir un genre d'intimidation. A cause des pays
d'où ils viennent, ils perçoivent le rôle du gouvernement
un peu différemment. Il y a peut-être un peu plus de crainte de
leur part et le gouvernement doit se tenir au-dessus de tout soupçon et
en aucune manière ne donner l'impression qu'il fait une certaine
intimidation vis-à-vis de ces groupes. Si ces groupes ethniques
minoritaires, par les gestes du gouvernement, ne participent pas, je crois que
ce serait une des plus grandes injustices.
Il ne faut pas penser comme le prétendent certains dans ce pays,
que les groupes minoritaires doivent voter d'une façon
séparée ou autre. Ces propos ne méritent même pas
d'être considérés. C'est totalement
antidémocratique. Je suis heureux de voir que le gouvernement va
écarter ces propositions.
Il y a deux autres points que je voudrais toucher avant de terminer.
Premièrement, c'est l'accès à l'information et la
différence entre l'information et la propagande. Le gouvernement doit
faire une claire distinction entre les objectifs, les activités du Parti
québécois et le rôle du gouvernement. L'information est une
chose et la propagande en est une autre. On a eu une commission parlementaire
sur la publicité. C'est difficile, parfois. On ne peut pas donner une
définition exacte et complète. Cela dépend des
circonstances et de la façon dont le gouvernement se comporte.
Peut-être y aurait-il lieu de créer une commission où
siégeraient les membres de tous les partis politiques pour examiner
l'information qui va être donnée par le gouvernement quant au
référendum, pour s'assurer que c'est vraiment de l'information,
que le gouvernement ne s'attribue pas le rôle d'un parti politique, mais
qu'il accomplit le mandat de représenter toute la population.
Je voudrais aussi souligner l'importance de l'impartialité de la
fonction publique. Il ne faudrait pas que le gouvernement abuse de son pouvoir
quant à la fonction publique. Les règles sont claires. Il faut
qu'elle soit impartiale. Il ne faut pas que la fonction publique soit
utilisée pour des fins que
pourrait avoir un parti politique. On a l'impression on a
mentionné cet après-midi en Chambre la préparation des
dossiers noirs, la préparation de toutes sortes d'informations
qu'on ne respecte pas le rôle de la fonction publique. On ne respecte pas
l'impartialité. La fonction publique doit servir l'ensemble de la
population. Individuellement, une personne à la fonction publique a le
droit à ses opinions et elle a le droit d'agir en conséquence,
mais comme organisme, comme fonction publique, elle doit agir pour tout
l'ensemble du Québec. Pour cette raison, il ne faut pas que le
gouvernement abuse de son pouvoir et utilise les membres de la fonction
publique pour ses fins politiques.
Or, M. le Président, en terminant, je crois que l'importance,
c'est non seulement de penser au référendum, à la
journée du référendum, de la parti-sanerie, il va y en
avoir, mais nous devrons tous vivre ensemble le jour après le
référendum. Et le gouvernement, s'il n'est pas honnête,
complètement honnête et au-dessus de tout soupçon, pourra
créer des problèmes d'ordre social dans la population qui
pourront prendre des années à guérir, et c'est cette mise
en garde que je voudrais faire au gouvernement. Je ne crains pas la
décision de la population, je suis même heureux qu'on lui demande
de se prononcer, mais faisons ce référendum en toute
honnêteté et en toute justice. Merci.
Le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Merci, M. le Président. Premièrement, je
voudrais commencer en disant que je voudrais parler franchement parce que,
cela, c'est plus important que de vous "patronner ' avec des remarques qui,
à mon point de vue, ne sont pas la vérité. (20 h 30)
I would like to speak first of all about the referendum in its original
sense and in the sense of this law. A measure such as "la consultation
populaire " is an excellent idea, an excellent vehicle for measuring the
attitudes of the people concerning the issues of great importance of the time.
I wonder, for example, if the national government had a referendum on capital
punishment, if we would have eliminated capital punishment so recently. I
wonder, for example, if we had referenda on various other issues of great
importance, if the reaction of the people's representatives might have been
more responsive to the will of the people.
And, so, in this sense, I strongly support the attitude that we must
establish legislation that sets the ground rules for a referendum to be held
from time to time to measure the attitude of the people of the province of
Québec to certain articles and questions of importance.
However, Mr President, the referendum in the province of Quebec has a
specific connotation.
When one speaks of the referendum in Quebec, we speak not of other
subjects, not, for example, of whether or not we should change the colour of
the walls of the National Assembly, not whether or not we should have a one
week or five day or seven day holiday in "La semaine du patrimoine", but we
only think of one specific thing. And that is a referendum to determine whether
or not the people of Quebec favour separation, independence,
souveraineté-association, or whichever cliché is used to describe
the position of the government at that particular time.
And it is a promise that the Premier of this province made to the people
of Quebec when he went to them at the last election saying: I am not going to
separate from Canada if you elect me. I am going to give you a good, sound
government and at the time, during my mandate, I will come back to you and ask
you what your feeling is about the constitutional future of our province in
Canada. And I respect the fact that the Premier of this province, Mr President,
has a responsibility to go back to the people. It is now a necessity because
this was an electoral promise; it is the very issue that has coloured not only
the economic, social and political climate of the province of Quebec, but
indeed of all Canada.
Mr President, all Canada is watching us in Quebec to see what exactly is
going to happen. They are saying: Is Quebec going to separate? I say: No. But
we might have a referendum. Are they going to vote yes? I say: I do not know.
But we are going to have a referendum. You see, it is very difficult, Mr
President, because of the question a a hard or a soft question. Either it is a
hard question, that is a cold straight forward question. It will ask the
question: Are you in favour of the independence of Quebec from Canada? That is
a hard question. I doubt if we will see that question. Or a soft question is
one that suggests perhaps: Would you like the government of negotiate a new
constitutional arrangement with the federal government of Canada? That might be
considered, Mr President, as a soft question.
However, we are going to have a hard question. Are we going to have a
cold question that will clearly give the people of the province of Quebec an
option that can be clearly defined by both sides in the referendum debate? I do
not think so, because I think very much, Mr President, that the government is
aware that if there was that sort of question, there would be a very clear and
unequivocal answer that would strongly say that Quebecers are Canadians who
want to remain part of Canada and there is not question that this is the
direction that they would like to go.
But, in the other hand, if there were a soft question, it would at first
confuse the people, Mr President. They would be very tested, they would be
asked: Would you like to give the government the power, the authority to
renegociate a better constitutional arrangement for the provinces with the
federal government?
But, if this sort of question is asked, it would be identified. I assure
you it would be identified
because, first of all, it would be a cop out, because the Premier has
said very clearly that we are going to give the people an opportunity to
express himself as to whether they want independence or not. And if he gives
them a soft question he would have copped out. They would know that he has
copped out and we would tell them very clearly that this is another way for him
to try to introduce you into supporting him in the referendum. That would give
him an opportunity to say: Look, I have the support of the people of
Québec like he has now 41% of the votes giving him 71 seats, but he has
the support of the people of the province of Québec. And the soft
question would be very clearly identified. I assure you whether the
pre-referendum period in 60 days or 30 days or 15 days or 5 days, the people of
the province of Québec would be very aware of what the issue is in the
question.
But I am like my colleague from Mont-Royal, I do not feel at all bound
by the results of any referendum. I have said to my electors before I was
elected and I say to them now and I will continue to say to them not only in
Montréal but in the rest of Canada that under no circumstances would I
accept the results of the referendum concerning the constitution of Canada as a
mandate for the government of Québec to change my status as a Canadian.
I will repeat that because I want you to clearly know what I have said. I would
never accept a mandate of a positive referendum as a vehicle for the government
of the province of Québec to change my status as a Canadian.
I am not intimidated by the referendum. I am not concerned about the
result of the referendum. I am concerned about the effect of the referendum. I
am terribly concerned by the effect of the referendum, because it is doomed as
up now, regardless of the result, to leave severe scars in the psyche of the
people of this province, no matter what the result. For example, if the result
was 15% against of 15% for and 85% against, people will say: So what a mark,
next time it will be 20% at the next referendum and there will be a scar that
says: 15% of Quebecers do not want to be Canadians. And if it were 30% and 70%,
it would be very similar, except worse. And the people in the rest of Canada
would be saying: Yes, we want to work with Québec, to try and make them
feel comfortable and part of the Canadian mosaic and equal partners in this
deal. They will be saying: There is no way to please these people, there is no
way to achieve a combination. And the polarization will increase and I will
tell you, for example, that I wrote two years ago to a friend of mine who was a
minister in Mr. Davis' government. That is an example and I will quote this
written answer now. Mr Davis was asking the House in Ontario what was the
official language in the province of Ontario and recorded an answer very
clearly, that stated that Ontario was part of the Dominion of Canada and the
Dominion of Canada has two official languages and Ontario accepts the two
official languages of Canada. But very recently I have seen Mr Davis being
asked the same question: Are you going to make French an official language in
the province of Ontario? And he said: No, I have no intention to do so. This is
the kind of negative effect that the polarization has already being created by
this constant non sense of this referendum. (20 h 40)
This is why I say to you, Mr President, I am now talking to you as a
friend, I am not patronizing the situation. I am telling you that Quebec will
never separate whether with 90 to 10, Quebec will never separate, but the
effect of the referendum on the psyche of Canada, on the psyche of Quebec will
be an incredible damage that will take many years to repair. We are suffering
this damage now, we are seeing right now, in this present period of time, that
this government is trying to manage, the damage that is being done by the
so-called fear of separation, not by separation, the fear of separation. The
exodus of the private, little man's capital, the dollar, the private investor,
the little guy with a thousand dollars who is afraid to leave it in his caisse
populaire or in his banque de commerce has got to package it up and buy
American dollars and salt it in Miami or in Burlington or Plattsburg. This is
the fear of the referendum. And when new investors would like to come to Quebec
and I have the story of Mr Bishi, $250 million dollars, who wanted to come in
and create 500 jobs in this province this year, but because of the fact we have
this continuous nonsense, that had nothing to do with language, just nonsense
about suggesting that maybe there would be a referendum and maybe it would go
yes, that very fear prevented that investment from coming to this province and
the jobs that it would have created and all of the other aspects that would
have been associated with that.
No, it is not the referendum. The referendum is a trap and no matter
what the result is, the scars will be there. I love this province and I love
its people. I have seen and I have lined these 40 years in this province as a
true francophile, working with French Canadians, playing and loving with French
Canadians and I am terribly concerned with what we have done to the social and
political climate, not out of any wish by one party or the other to
disadvantage the other but out of some misconceptions, misconceptions that are
the basis of this very referendum that one the people have spoken; the end is
reached and what the result for that day will be the future of Quebec.
Mr President, did you know that there was a referendum in Australia in
1933? Western Australia had a referendum to separate from Australia and it was
voted 76% to separate; did you know that? I noticed it when we did our research
on referendum procedures; we did not go to Austral ia because one of the other
things that happened, that is in 1933 in spite of a positive referendum,
Western Australia did not separate from Australia. As a matter of fact, now,
some 40 years later, 45 years later, it still remains a part of Australia.
Why? Because after the referendum was over and after the emotionalism of
the discontent of the people had demonstrated itself in that vote, the people
who were responsible to effect this separation had to sit down at the table and
figure out how it was going to be done. After all of the details, after all the
realism had been, presented to the people that were necessary to make these
changes for this so called separation, when presented in realism, everyone
began to realize that Western Australia could never separate and that is what
has happened. I assure you, Mr President, this is equally true in Quebec. But
we must have this referendum.
The tragedy, a damaging, negative thing, but we must now have it. We
have been building up the emotion and anxiety of this referendum for the last
year and a half. The people are dying to present their point of view and to
demonstrate their commitment as soon as possible. So, Mr President, there is
not one article of this piece of legislation that I would challenge, not one
section of it that I would question. I will vote "yes" on the first, on the
second and on the third because I would like to see that legislation passed. I
would like to see that question formulated, so that we can clear the air, so
that we can get passed the damage that would be done by the referendum, so that
we can begin to pure the damage that will have been effected by it.
Mr President, my colleagues, the referendum is a tragedy in the history
of our country because it is a suggestion that we have been unable to, through
the simple Parliamentary system, solve the differences that are truly there.
And now, we have brought to a peak this problem. And the sooner the boil is
lanced, the sooner the pus is drained, the sooner the inflammation will go down
and the sooner, I hape, we will come back to our senses.
Mr President, a great tragedy is the referendum. No positive results can
possibly come of it whether it goes 85-15 one way or 85-15 the other way. Let
us get it over with because it must be done. Because until the air has been
cleared of this threat, of this uncertainty, we will no longer be able to
function as brothers in the same House. Let us hope that this path will be
cleaned, let us hope that the damage will be minimized and let us hope that it
is done as soon as possible. Thank you, Mr President.
Le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Je suis plein de grâce. Je m'excuse. M. le
Président, il est évident qu' à la fin des débats
en deuxième lecture je vais voter contre ce projet de loi. La raison est
très simple. Il y a une différence, je pense, entre un
référendum spécifique et une loi-cadre qui permettra au
gouvernement de demander un référendum sur plusieurs sujets. Dans
un pays comme la Suisse, par exem- ple, qui est un petit pays, je vois la
logique de demander des référendums sur plusieurs
problèmes; pas seulement un. Si le gouvernement, l'Assemblée
nationale ou le Parlement du Canada se servent trop souvent de la consultation
populaire, cela devient une alternative, si vous voulez, en compétition
avec notre système parlementaire. Je sais que, au cours de mes quinze
années de vie politique, comme membre élu non seulement à
l'Assemblée nationale, mais à Ottawa, il y a eu des occasions
où j'aurais préféré avoir à ma disposition
un référendum où il ne serait pas nécessaire de
prendre position. (20 h 50)
Je pense par exemple à la première fois où j'ai
été obligé de me prononcer pour ou contre la peine de
mort. C'était difficile pour moi parce que, à peine trois
semaines ou un mois auparavant, un de mes amis, citoyen de Verdun, avec qui
j'étais allé à la pêche cinq ou six semaines
auparavant, s'était fait tuer juste devant la Banque Royale de Verdun.
C'était pour moi un moment très difficile, en tant que
député à la Chambre des communes, de voter pour
l'abollition de la peine de mort. Ce n'était pas facile parce que
j'avais le sentiment, avec raison, que la population de Verdun était
pour la peine de mort. Ma tâche était encore plus difficile quand
je pense que le ministre de la Justice de la province était aussi
député provincial de Verdun, Claude Wagner, dont l'opposition
à l'abolition de la peine de mort était très
évidente.
J'ai été élu par la population de Verdun pour
prendre des décisions, même quand les décisions sont
difficiles. C'est la raison pour laquelle je suis ici ce soir, pour prendre mes
responsabilités. Quand j'étais ministre, à l'occasion,
quand on discutait les lois, cela faisait bien mon affaire de dire: On va
demander à la population si l'assurance-chômage, qui n'est pas
tellement populaire chez quelques-uns des grands financiers, l'est
peut-être plus chez les chômeurs. De grandes décisions comme
celles qu'a à prendre le ministre des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières, sont des décisions qui sont
difficiles pour un ministre, pour un député. La population,
normalement, est très divisée quand on fait des changements. On
n'a qu'à penser à l'assurance automobile. Elle peut être
populaire, elle peut être impopulaire. Les gens avaient fait leur choix
même avant que la loi ne soit adoptée. Souvent cela aurait fait
l'affaire du gouvernement de tout simplement prendre avantage d'une loi-cadre
sur le référendum pour poser la question à la population,
échappant à la nécessité de se lever à
l'Assemblée nationale pour dire: Je suis pour ou je suis contre une
telle proposition.
Je suis contre l'adoption de ce principe que dans un système
démocratique comme celui que nous avons ici au Québec, ici au
Canada, de plus en plus nous échappions à nos
responsabilités et demandions directement à la population ce
qu'elle désirerait sur un projet de loi ou sur autre chose. Si, par
exemple, le projet de loi 92 était pour établir un
référendum tout particulier, un référendum sur
l'avenir du Québec, pour l'avenir du Canada, seulement sur un point
particulier; dans ce cas-ci,
un référendum sur la séparation,
l'indépendance ou la souveraineté-association, ou même, si
vous voulez, si on posait la question sur la séparation, sur
l'indépendance, sur la souveraineté-association, je suis certain
que le Parti libéral serait complètement d'accord avec le fait
d'adopter un tel projet dans l'espace de 48 heures. Si la loi était une
loi particulière pour décider de l'avenir du Canada, de l'avenir
du Québec, et pas une loi qui permette au Parti québécois
ou au gouvernement de la province de Québec, chaque fois qu'il n'a pas
le courage de prendre position, de faire un référendum,
référendum, aujourd'hui sur l'assurance automobile, demain sur un
autre projet et, dans six mois, ce sera sur la couleur des plaques
d'immatriculation des automobiles. Ils utiliseront la loi-cadre chaque fois
qu'ils ne voudront pas prendre leurs responsabilités comme
représentants de la population.
M. le Président, pour ma part, le référendum sur
l'avenir du Québec et du Canada est quand même un sujet assez
important qui arrive peut-être une fois dans la vie de nos concitoyens.
C'est un fait particulier et assez rare. Dans ce cas, je suis
complètement pour l'idée d'une consultation auprès de la
population du Québec. Pour cette raison, je ne crains pas du tout un tel
référendum, malgré que je sois contre le fait que la loi
que le gouvernement présente ne vise pas une fois pour toutes, à
régler le problème du Québec et du Canada, de
l'indépendance, de la séparation ou de la
souveraineté-association. Je pense que c'est un manque de courage de la
part du gouvernement de ne pas poser cette question carrément.
C'est évident que nous aurons probablement ce
référendum à l'automne. Pourquoi à l'automne, M. le
Président? Parce que le gouvernement sait très bien que les
Québécois n'en veulent pas de la séparation. Ils ne
veulent pas l'indépendance. Ils ne veulent pas de la
souveraineté-association. Le gouvernement espère probablement
avoir le référendum à l'automne et, peut-être 18 ou
24 mois après ce référendum qui, sans doute, sera
rejeté par la population de Québec, il va essayer quand
même de gagner la prochaine élection. Je ne peux pas blâmer
le gouvernement pour cette stratégie. C'est normal.
L'idée du référendum sur un sujet tout particulier
commence à avoir.comme on le dirait en anglais, une "attraction ". Vous
savez, M. le Président, que nous ne serons pas le seul gouvernement
à avoir un référendum à l'automne, si c'est
nécessaire. Au moment où on discute, ici à Québec,
ce projet de loi, le gouvernement fédéral est en train de voter
une autre loi du même type, mais plus précise. C'est une loi qui
permettrait au gouvernement fédéral d'aller consulter directement
la population d'une province. Par exemple, si la province du Manitoba, par la
voix du premier ministre, prétend nier aux Canadiens d'expression
française du Manitoba le droit et non pas le privilège d'avoir
ses écoles, c'est fort possible que le gouvernement
fédéral dise carrément aux Canadiens qui vivent au
Manitoba, par l'entremise d'un référendum: "Etes-vous contre le
concept d'accorder aux
Canadiens d'expression française le droit d'aller à
l'école française au Manitoba?" Votre premier ministre a dit
à la table de la conférence qu'il ne voulait pas ce changement
dans la constitution. C'est fort possible que le gouvernement
fédéral utilise son référendum en allant
directement au peuple.
On ne peut pas dire au Québec qu'il n'a pas le droit de faire un
référendum et dire en même temps à Ottawa vous
l'avez. On ne peut pas dire, par exemple, à Ottawa: Vous n'êtes
pas capables de faire un référendum; alors, nous on va le faire.
Soyez sûrs que, si la question posée par le gouvernement est
ambiguë quand arrivera le référendum, si les Canadiens
d'expression française et anglaise qui vivent au Québec ne
comprennent pas la question et que le gouvernement fédéral pense
que le référendum n'est pas juste, honnête, clair,
précis, etc., c'est fort possible qu'il va poser lui-même une
question, directement à la population. Il n'y a pas de problèmes.
(21 heures)
Si les Canadiens du Québec veulent absolument la
séparation, l'indépendance, comment voulez-vous les en
empêcher? Je ne suis pas fanatique à ce sujet. Si la
majorité des Canadiens d'expression française du Québec
pense qu'un référendum est nécessaire, qu'une
séparation est nécessaire, qu'une indépendance est
nécessaire pour protéger leur langue et leur culture, et si elle
le pense en toute sincérité, elle devrait voter pour le
référendum, elle devrait voter pour la séparation parce
que sa langue et sa culture sont plus importantes que n'importe quelle autre
chose. La question qu'on se pose naturellement, c'est: Est-il nécessaire
de se séparer pour protéger une langue, une culture? Ce n'est pas
à moi de décider de cela, c'est la population qui va
décider. Je ne suis pas ici, ce soir, pour discuter... the pros and cons
of the constitution of the referendum, or whether it is possible, in a united
Canada, to retain your language and your culture. Hundreds of thousands of
people have and can, and do. People, I am sure, in the government are more
bilingual than I, and they have not lost their language and their culture
because they have been exposed to another one. I do not get upset about the
referendum. I think we want it sooner than later.
On veut ce référendum à l'automne,
immédiatement. Pendant qu'on attend le référendum, plus le
chômage augmente, plus le capital nécessaire à
l'économie québécoise est difficile à trouver. Si
vous étiez Américain, Allemand ou Suisse, pourquoi investi
riez-vous des millions de dollars ici, au Canada, ou ici, au Québec,
s'il y avait une possibilité de séparation? Alors, la question du
référendum, il faut féliciter le gouvernement et en toute
sincérité. Que de songer à demander par voie de
référendum ou de vote populaire si oui ou non les Canadiens
d'expression française désirent rester dans un pays uni, je pense
que c'est une raison valable pour le référendum. Si le projet de
loi que nous discutons ce soir est un projet de loi précis pour demander
honnêtement, ouvertement, avec impartialité quels sont les
désirs de tous les Cana-
diens de toutes expressions qui vivent ici, au Québec, s'ils
veulent vraiment rester au Canada, oui ou non, je voterai pour ce projet de loi
qui sera adopté en 48 heures, mais ce n'est pas le projet de loi qu'on
discute, c'est un projet de loi qui donnera au gouvernement l'occasion à
chaque fois qu'il sera obligé de faire quelque chose d'un peu
impopulaire, de demander un référendum au lieu de prendre ses
responsabilités.
Nous avons été élus ici pour prendre nos
responsabilités. Ce n'est pas par l'entremise des
référendums tous les mois ou tous les six mois qu'on va
réussir à bâtir une économie stable, ici, au
Québec.
Mr President, I am speaking of this matter very seriously. I am not
going to get into the many things that are wrong with this bill, with the
umbrella clause. I can only presume that the defects in the bill are
unintentional, that they will be rectified at the committee stage, that we will
have a chance there to be more precise about what is wrong with the bill.
Tonight, we are discussing the philosophy on second reading.
What is wrong with this bill is that it is not a bill directed to the
referendum; it is a bill that gives the government an opportunity, every time
there is something unpopular, to abstain from assuming its responsibility, to
putting it off to a referendum: a referendum on the automobile insurance, if it
had existed possibly, a referendum on a dairy policy, a referendum on the
nationalization of Asbestos and, in about two years, we would have a referendum
on the colour of our licence plate.
It is an alternative and not an acceptable alternative to our democratic
way of life, to our particular Parliamentary system. So it should be used very
sparingly as it has been previously in Canada. I am not against the principle
of a referendum. Je veux une loi qui traite spécifiquement du
problème de la séparation, de l'indépendance. Comme le
bill à Ottawa. Sans doute, on va parler souvent de ce bill du
référendum, de ce geste, de cette initiative, si vous voulez, du
gouvernement fédéral. Un référendum
fédéral, sans doute, comme j'ai déjà dit, qui ne
s'adresse pas nécessairement au Québec.
Le référendum à Ottawa, je suis convaincu que ce
serait une méthode, si vous voulez, pour savoir si vraiment la
population de l'Alberta est prête à céder aux Canadiens
d'expression française en Alberta leurs droits d'être instruits
dans la langue maternelle. Pas comme privilège, comme droit.
Peut-être le gouvernement fédéral dira au premier ministre
de l'Alberta: Vous êtes contre mais est-ce que vous parlez vraiment pour
la population de l'Alberta? On ne le pense pas. On va demander directement
à la population. Il est possible de faire la même chose ici au
Québec. On ne sait pas. Je répète encore, M. le
Président, que je ne suis pas contre le principe. I think further, I did
not think this way at the beginning, I think that it is important that we have
this referendum in Quebec. I believe that the people of Quebec, after one
hundred and some years living in
Confederation, want to evaluate those hundred and some years, want to
say whether or not the federalism has been a failure. Whether or not the
language and the culture and the religion are stronger now than it was fifty
years ago.
Whether it was all its fault the federal system has worked against the
province of Québec. Whether or not we still have freedom in religion or
speech in this province. Whether or not the French language, thank God, is
stronger than ever before. It should be. Whether or not our federal system has
prevented French-speaking Canadians to rise to the very peak in this country,
Prime minister also. I think the people of Québec should be entitled to
make that decision. This is why, Mr President, I would hope that the short
period of time before us, en terminant, que le gouvernement songerait à
faire des changements à la commission, avant la troisième lecture
pour que ce référendum soit dirigé uniquement, c'est
possible, sur les questions de séparation parce que c'est vraiment cela
qu'on décidera. Souveraineté-association, c'est seulement a $0.64
word pour séparation. Aussitôt que possible, pour après
diminuer le chômage une fois pour toutes, mettez en arrière de
nous les arguments constitutionnels et travaillons ensemble pour les meilleurs
intérêts des citoyens de la province de Québec.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, vous me
permettrez, à ce moment-ci, d'intervenir sur l'étude du projet de
loi no 92, Loi sur la consultation populaire, qui est présentement en
train de franchir l'étape de deuxième lecture. Je voudrais,
à ce moment-ci, féliciter mes collègues de l'Opposition
officielle pour chacune de leurs interventions. Je note, d'ailleurs,
l'intérêt marqué du Parti libéral pour cette
question, si j'en juge par la qualité des interventions et par le nombre
des intervenants. En effet, alors que nous avons plus d'une dizaine de nos
députés qui sont intervenus dans cette question qui me semble
éminemment importante, je vois que le même intérêt ne
s'est pas manifesté du côté du gouvernement. (21 h 10)
En fait, il n'y a que quatre personnes dans la députation
ministérielle qui ont cru bon d'intervenir parce qu'ils ont cru bon
d'intervenir. Quant à l'Union Nationale, cela a été
à peu près le même nombre et les députés
indépendants sont tous intervenus.
M. le Président, on tirera les conclusions que l'on veut, mais
ceci s'explique très bien. En effet, pour le gouvernement, il ne s'agit
ici que d'une mesure dilatoire. Pour ces gens, il ne s'agit que de gagner du
temps. Le présent projet de loi n'est pas le projet de loi qui a
été promis par le gouvernement. On se rappellera qu'au cours de
la campagne électorale qui a précédé le 15 novembre
1976,
ces gens que nous avons devant nous aujourd'hui se promenaient dans tout
le Québec non pas pour indiquer la voie à la population du
Québec, mais pour "rassurer la population du Québec'.
Il fallait absolument que la population du Québec soit convaincue
qu'il n'y avait pas de danger de séparation du Québec du reste du
Canada. Ces gens l'ont compris. Ce sont les mêmes gens qui, en 1973, ont
subi la défaite la plus humiliante de leur existence, alors que 102
députés libéraux ont été élus
à cette Assemblée. Pourquoi? Parce que, à ce moment, le
Parti québécois avait montré son véritable visage.
Il n'y avait pas de masques, comme ceux qu'on a utilisés durant la
campagne de 1976. Ces gens ont montré leur véritable visage en
1973 et ont été répudiés par la population du
Québec.
Ces gens le savaient également, en 1976, et
particulièrement le ministre des Affaires intergouvemementales, le
père de l'étapisme, le savait fort bien, M. le Président.
Il a conseillé à son parti de ne jamais parler aux citoyens du
Québec de séparation ou d'indépendance, parce que le parti
disparaîtrait. On a inventé cette théorie ou cette approche
de l'étapisme. On a dit à la population du Québec: II faut
changer d'administration. Nous avons un gouvernement fatigué. Nous avons
un gouvernement qui ne trouve pas suffisamment de solutions aux
problèmes de l'heure, il faut changer d'administration. Mais en
même temps, on a bien pris garde de bien rassurer la population. Je les
vois encore à la télévision, ces adorables
comédiens qui étaient là, avec toute la saveur, toute
l'attitude suave, tout ce qu'on a de plus rassurant pour dire aux
Québécois: Ecoutez, chers Québécois, nous sommes
ici pour vous servir. Nous ne sommes pas ici pour vous inquiéter, et ne
vous inquiétez pas surtout. M. le Président, vous vous en
rappelez, vous étiez de ceux-là, de ceux qui venaient à la
télévision, à la radio, dans les assemblées, dire:
II n'est pas question de séparatisme ou d'indépendance, nous
mettons cela en veilleuse, nous n'en parlons pas, nous nous engageons à
être un bon et vrai gouvernement provincial, respectant les règles
du jeu. Et plus tard, au cours de notre premier mandat, nous reviendrons devant
la population pour demander l'opinion de la population, votre opinion, mesdames
et messieurs, sur la question constitutionnelle. Les gens du Québec ont
fait confiance à cette équipe à 41%, s'il vous
plaît, 59% de la population ne les ont pas crus, mais 41% ont dit: Bon,
ces gens ne parlent plus d'indépendance, ne parlent plus de
souveraineté-association, ne parlent plus de séparation; ces gens
parlent d'une bonne administration par un bon et vrai gouvernement, nous allons
voter pour eux. 41% ont dit cela. Ils ont cru dans ces gens, et surtout ils ont
cru à leur promesse d'un référendum sur
l'indépendance du Québec.
Et dès leur élection, ces gens-là M. le
Président, vous le savez, vous en êtes se sont
tournés immédiatement vers la population du Québec et ont
voulu que le mandat qu'ils avaient ainsi soutiré de la population soit
considéré comme un mandat du Parti québécois,
incluant l'article 1 de leur programme relativement à
l'indépendance du
Québec. Vous avez vu le premier ministre du Québec,
immédiatement, courir à New York et parler de
l'indépendance irréversible, etc., du mandat qu'ils avaient
reçu de la population et dire aux gens de New York: Nous le prouverons
bientôt par un référendum sur l'indépendance du
Québec. On a promis ce référendum et on l'a promis sur
cette véritable question, la question de l'indépendance du
Québec. Lorsque nous avons posé des questions au premier
ministre, ici en Chambre, il a continué, il a
persévéré, de la même façon, à parler
d'indépendance. Il a même dit: Souveraineté et
indépendance, cessons les chinoiseries, cela veut dire la même
chose.
Voici ce que nous apporte le gouvernement du Parti
québécois: Loi sur la consultation populaire. Pas un seul mot
dans ce projet de loi relativement à la promesse formelle faite par ces
gens de consulter la population sur la question de l'indépendance du
Québec. Pas un seul mot. On nous apporte une loi-cadre, un projet de loi
qui ne répond pas à la promesse formelle faite par le
gouvernement, particulièrement durant la campagne électorale qui
a précédé son élection et, plus
particulièrement, après les différentes étapes, les
différentes promesses qui ont été faites relativement
à cette question.
M. le Président, l'Opposition officielle est contre le projet de
loi 92. Premièrement, une loi-cadre, qui n'est absolument pas
sélective dans les sujets qui pourraient faire l'objet d'une
consultation populaire, est inacceptable sur le plan de la souveraineté
du Parlement et de la responsabilité ministérielle.
Deuxièmement, une loi-cadre, de toute façon, est tout à
fait inacceptable lorsqu'il s'agit d'un référendum engageant tout
l'avenir du Québec et du Canada.
D'abord, cette loi-cadre est inacceptable en regard des principes de la
souveraineté du Parlement et de la responsabilité
ministérielle. Dans notre système parlementaire, c'est le
gouvernement qui doit décider en s'assurant de conserver la confiance de
l'Assemblée, car, par ses décisions, il engage sa
responsabilité. Or, en introduisant ainsi le mécanisme de la
consultation populaire, le gouvernement modifie la nature de notre
régime parlementaire. Nous demandons au gouvernement de dire pourquoi il
agit ainsi et de justifier une telle évolution dans notre système
parlementaire. Le gouvernement ne l'a pas fait. Il a simplement dit que
personne ne pouvait être contre le fait d'associer la population aux
décisions du gouvernement. Evidemment, personne n'est contre cela, mais
en quoi le référendum est-il le meilleur moyen d'y parvenir? Il y
a bien d'autres façons de le faire. D'abord, la transparence ou
l'amélioration de l'accès à l'information de la population
sur ce qui se passe au gouvernement ou sur ce que sont les intentions du
gouvernement; préciser la souveraineté-association et faire la
réforme parlementaire, c'est-à-dire la
télédiffusion des débats, la publication des
règlements, le calendrier parlementaire, les commissions parlementaires,
etc. Il y a des façons de faire participer la population aux
décisions gouvernementales.
Il ne faut pas oublier qu'une loi-cadre sur la
consultation populaire comporte elle-même des inconvénients
sérieux et des dangers certains. Tous les sujets possibles pourront
faire l'objet d'un référendum selon des règles absolument
uniformes. Va-t-on soumettre au référendum le droit des
minorités? Va-t-on soumettre au référendum les droits
linguistiques? Va-t-on soumettre au référendum le droit des
travailleurs à la grève dans le secteur public? (21 h 20)
II y a des sujets aussi délicats que l'avorte-ment, par exemple.
Est-ce que ce sont là des sujets que l'on envisage, dans ce projet de
loi, qui pourraient être soumis au référendum? Il n'y a pas
longtemps, le député de Mégantic-Compton posait la
question ici: Mais est-ce que vous avez l'intention, messieurs et mesdames du
gouvernement, de proposer la question du zonage agricole au
référendum? Est-ce que le gouvernement actuel, en nous
présentant ce projet de loi, abdique ses responsabilités? Est-ce
qu'il a peur de prendre des décisions? Est-ce qu'il a peur de l'opinion
publique ou est-ce qu'il ne veut pas simplement camoufler, par cette mesure
dilatoire, la peur, la crainte qu'il a de faire face au public
québécois sur la véritable question de l'appartenance du
Québec au reste du Canada?
M. le Président, il y a des problèmes sérieux qui
se posent dans la présentation de ce projet de loi. Le
député de Rosemont disait: Mais qu'est-ce que vous avez à
vous plaindre? Vos amis d'Ottawa ne viennent-ils pas de présenter un
projet de loi-cadre sur le référendum? Mais ces gens-là
n'ont même pas lu le projet de loi fédéral qui est
limité aux questions constitutionnelles. Il y a des sujets qui peuvent
difficilement faire l'objet d'un référendum. Il y a des sujets
qui exigent que des dispositions spéciales soient prévues au
niveau de la technique du référendum car certaines
catégories de gens pourraient avoir des intérêts
particuliers à défendre dans un référendum.
Je n'ai pas évoqué simplement les syndicats dans un
référendum sur le droit de grève. L'existence même
d'une loi-cadre va créer une demande extrêmement forte pour forcer
le gouvernement à tenir un référendum chaque fois qu'il
propose une réforme importante. Lorsque le gouvernement sera pris devant
une décision impopulaire, lorsqu'il sera pris avec des problèmes
de conscience, lorsqu'il sera pris à manquer de courage, comme c'est la
marque de commerce de ce gouvernement, ne sera-t-il pas, à ce
moment-là, incliné ou porté à recourir au
référendum? Est-ce qu'une réforme gouvernementale mise en
oeuvre sans référendum sera aussi légitime qu'une autre
qui aura fait l'objet d'une consultation populaire?
Lorsqu'on a, dans ses statuts du Québec, un tel projet de loi,
une telle loi qui est adoptée, elle a une signification ou elle n'en a
pas. Si nous avons une loi-cadre, c'est qu'elle peut s'appliquer à
divers sujets et n'est pas faite exclusivement pour des questions
constitutionnelles et pour la question promise par ce groupe lors de la
campagne précédant le 15 novembre 1976. Si nous avons cela dans
les statuts, si nous acceptons de voter cette loi, nous acceptons que le
gouvernement ac- tuel et les gouvernements qui lui succéderont pourront
se cacher derrière ce paravent que constitue cette loi ou ce projet de
loi-cadre pour abdiquer leurs responsabilités et fausser le jeu de la
démocratie véritablement. Ces gens-là, M. le
Président, au lieu de faire face comme tout le monde doit le faire
lorsqu'on est au gouvernement à tous les quatre ans au moins, devant la
population pour être jugé sur ses actes, ses gestes
administratifs, pourront se cacher derrière cette loi-cadre.
Est-ce que c'est cela, la volonté présente de ce
gouvernement? Non, M. le Président, je ne crois pas que ce soit cela. Je
crois plutôt, comme je l'ai dit au début de mes remarques, qu'il
s'agit là d'une mesure dilatoire. On a peur d'arriver au fond des
choses. On a peur présentement d'inclure dans un projet de loi
spécifique la véritable question qui doit être posée
aux citoyens du Québec. On a peur de demander à la population du
Québec: Etes-vous en faveur, oui ou non, de l'indépendance du
Québec? Etes-vous en faveur d'être séparés, oui ou
non? On est en train de jouer avec le vocabulaire. On est en train de fouiller
le Larousse et le Petit Robert et toutes les autres éditions de
dictionnaire pour trouver du vocabulaire pour essayer de camoufler la crainte
et la peur véritables qui animent ces gens devant leur obligation de
poser la véritable question aux citoyens du Québec.
M. Lavoie: Prenez donc votre place.
M. Levesque (Bonaventure): Je parlais de la
légitimité, du caractère de légitimité que
l'on attacherait à un projet de loi ou à une loi plutôt
qu'à une autre, suivant qu'elle a fait l'objet d'un
référendum. On voit ici comment cela va modifier
considérablement ou modifierait considérablement la nature de
notre système de gouvernement. D'une part, le gouvernement sera
tenté de se défiler de ses responsabilités dans le cas
d'une question délicate; d'autre part, quand le gouvernement
décidera de ne pas tenir de référendum, ce sera la
légitimité elle-même de la décision qui pourrait
être mise en doute.
Une loi-cadre est inappropriée dans le cas d'un
référendum sur l'indépendance du Québec. Il y a la
nature du sujet. C'est un sujet important, capital même. Il justifie
à lui seul une loi spéciale. Et rappelons-nous le cas de
l'entrée de Terre-Neuve dans le Canada, loi spéciale.
Marché commun, Grande-Bretagne, loi spéciale. Au
fédéral, tout récemment, une loi-cadre mais restreinte aux
questions constitutionnelles. Ce sont là toutes les lois
spéciales. En France et en Suisse, on distingue dans la constitution le
cas des référendums portant sur des matières
constitutionnelles, d'une part, et les autres sujets.
Il y a l'obligation de permettre à l'Assemblée nationale
de jouer pleinement son rôle dans une circonstance aussi importante.
Alors, cela prend une loi spéciale adoptée selon les
règles normales de la procédure parlementaire. Cela exige que la
loi soit complète en elle-même afin d'éviter les
pièges et les surprises. Il faut que la question soit incluse pour que
l'on puisse apprécier la valeur de
sa rédaction, consulter des experts à cet égard,
connaître à l'avance les volets qu'elle peut comporter et donner
suffisamment de temps aux groupes pour se constituer en conséquence.
Dans un référendum aussi important, une loi spéciale
pourrait prévoir des délais plus long pour la tenue du
référendum. Ce ne peuvent être nécessairement les
mêmes délais pour un référendum sur l'utilisation du
fluor dans l'eau, par exemple, que pour un référendum relatif
à l'avenir d'un peuple.
Cette loi spéciale pourrait comporter des éléments
particuliers d'interprétation des résultats: pourcentage de la
population qui devrait avoir voté, quelle majorité serait
refusée pour que l'on puisse conclure dans un sens ou dans un autre et
pour que l'on puisse avoir le droit de reprendre plus tard l'exercice
parce que l'on parle déjà d'un premier, d'un deuxième,
d'un troisième référendum. En somme, le projet de loi est
inacceptable pour deux raisons principales. La loi-cadre modifie notre
système de gouvernement sans avoir été pleinement
justifiée par le gouvernement. Il s'agit, encore une fois, d'une
improvisation. Deuxièmement, la loi-cadre est tout à fait
inappropriée pour un référendum de l'importance du
référendum sur l'indépendance du Québec.
Il y a également tout le problème de la liberté
d'association et d'expression que l'on brime sous prétexte de
contrôler les revenus et les dépenses. Pourquoi ne pas avoir
permis aux individus et aux groupes de conserver, en deça d'un certain
seuil raisonable, leur liberté d'action? Ce projet de loi est aussi dans
un certain sens la charrue devant les boeufs. On ne sait toujours pas et
cela fait l'objet d'un autre débat encore ce que veulent dire les
termes employés par le gouvernement actuel. On est passé de
séparation à indépendance, d'indépendance à
souveraineté-association, de souveraineté-association à
véritable confédération. (21 h 30)
Pendant que l'on parle, dans certains milieux, de ce parti
d'indépendance, le premier ministre, encore tout récemment,
à Toronto, se fendait et se pourfendait pour dire: II n'est pas
question, mes amis, d'une rupture du Canada. Quand arrivera-ton à
préciser les intentions du gouvernement actuel? C'est justement parce
que le gouvernement actuel n'est pas en mesure de dire quelle question sera
posée, parce que le gouvernement actuel n'a pas le courage de poser
directement la question qu'on ne la retrouve pas dans le projet de loi
actuel.
Je conclus en rappelant le député de Rosemont lorsqu'il
citait quelqu'un que vous connaissez bien, M. le Président, parce que
vous respectez certainement son opinion. Le député de Rosemont
devait le faire lui-même parce qu'il l'a cité. Il s'agit de M.
Gérald Beaudoin, professeur de droit. Un doyen comme vous l'avez
été, M. le Président, donc une autorité
citée par un membre de l'équipe ministérielle. Je lis
justement dans la Revue générale de droit ce que dit M. Beaudoin:
"Le parti ministériel à Québec doit déposer
bientôt un projet de loi organique sur le référendum. Il
est souhaitable que le référendum fasse l'objet d'une loi
spéciale et que la ou les questions posées soient
débattues à l'Assemblée nationale et
référées à une commission qui entendra les experts.
M. le Président, c'est l'autorité à laquelle s'est
référé le député de Rosemont. Je le
réfère à la Revue générale de droit 1976
pour dire à ce député qu'il consulte celui qu'il cite pour
voir justement comment il réagit devant un tel projet de loi. Me
Beaudoin suggérait, lui qui est un expert constitutionnel, de
présenter un projet de loi spécifique sur une question
spécifique, soit celle qui a fait l'objet des promesses
répétées à satiété par le Parti
québécois.
Nous, nous sommes en droit de nous attendre que cette équipe ne
se cachera pas derrière un projet de loi-cadre, mais posera
réellement la question le plus tôt possible. Nous avons besoin
d'un référendum dans les meilleurs délais. Nous n'avons
pas à attendre à 1979 en laissant ces gens à essayer de
manipuler par le vocabulaire, l'ambiguïté, la confusion dont ils
sont les experts, essayer de préparer, de manipuler l'opinion publique.
Au contraire, M. le Président, jamais le peuple du Québec dont je
connais la maturité et le sens pratique n'acceptera de voter pour la
séparation du Québec, du reste du Canada. Je défie ces
gens ce sont mes derniers mots d'apporter un projet de loi
spécifique avec une question claire, nette, relativement à
l'indépendance du Québec. Apportez-le votre projet de loi. Nous
l'adopterons. Apportez une question spécifique, claire, nette et
précise et là vous aurez la chance d'avoir la réponse
claire, nette et précise des Québécois. Ce sera non
à l'indépendance.
Le Vice-Président: Un instant. L'on comprendra que j'ai
présumé un consentement pour que M. le chef de l'Opposition
dépasse son temps. D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): Voulez-vous que je recommence?
Le Vice-Président: Non. M. le leader parlementaire du
gouvernement à titre de...
M. Burns: M. le Président, est-ce que vous me reconnaissez
comme leader parlementaire...
Le Vice-Président: Non. C'est à titre de ministre
de la réforme parlementaire.
M. Burns: D'accord.
Le Vice-Président: C'est la réplique.
M. Burns: M. le Président...
M. Lavoie: II y a seulement quatre intervenants sur un projet de
loi aussi important que cela?
Une Voix: Nous, on ne court pas à la cheffe-rie.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): C'est une mesure dilatoire.
M. Perron: Nous on ne court pas à la cheffe-rie.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Duplessis.
M. le ministre de la réforme parlementaire.
M. Robert Burns
M. Burns: Merci, M. le Président. Ma première
réaction est une réaction vraiment d'étonnement à
l'endroit de la réponse que nous avons reçue au projet de loi,
tout au moins de la part de l'Opposition officielle. C'est vraiment de
l'étonnement. Depuis le début de ce débat, je me demande
vraiment si on parle des mêmes choses. Je me demande vraiment si on a
compris quel était le processus normal dans lequel nous nous
étions engagés.
Cependant, malgré cet étonnement, je remercie tous les
députésy compris ceux de l'Opposition officielle, de nous avoir
dit effectivement ce qu'ils en pensaient, peut-être pour nous permettre
d'orienter les travaux de la commission parlementaire lorsque nous
étudierons le projet de loi article par article.
Je tiens également à souligner de façon
particulière les interventions du député de Gaspé,
du chef de l'Union Nationale, du député de Nicolet-Yamaska et du
député de Beauce-Sud qui nous ont vraiment donné un aspect
positif de leur appréciation du projet de loi en se posant un certain
nombre de questions et en disant: Ce n'est pas parfait, ce que vous nous
présentez là. Et c'est justement à ce stade-ci qu'on est
en droit de se faire dire que le principe est valable, que ce que nous voulons
faire est acceptable, mais que certaines choses éventuellement feront
l'objet de discussions en commission parlementaire. Je pensais que
c'était à peu près à ce niveau que se placerait le
débat.
Quant au député de Rouyn-Noranda, on est encore en train
d'essayer de déchiffrer ce qu'il nous a dit. Eventuellement, je pourrai
peut-être lui dire ce que j'en pense, mais, pour le moment, je ne suis
pas certain exactement de ce qu'il nous a dit relativement au projet de
loi.
Par exemple, le député de Mégantic-Compton,
à bon droit, je pense, nous a souligné des points qui
déjà font l'objet, avant la commission parlementaire, d'un
certain nombre de questions au sein du cabinet du ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire relativement au
décompte du suffrage. Il nous a dit, d'une façon très
positive, qu'il trouvait dans le projet de loi une espèce de silence
qu'il aimerait voir combler, à un moment donné, à
l'occasion de la discussion.
Je suis obligé de dire que c'est possible qu'il y ait
peut-être une faille dans le projet de loi relativement à cela et,
si tel est le cas, nous tâcherons d'y trouver des réponses.
Egalement, il nous a soulevé, relativement au problème des
finances, le problème de savoir qui tranche l'utilisation des fameux
$300 permise par le projet de loi. Evidemment, on entrait dans les
détails et, moi, je n'entrerai pas dans les détails. Tout
simplement, je tiens à vous dire que nous en tiendrons compte et, d'ici
à ce que la commission parlementaire puisse siéger, nous aurons
l'occasion, je l'espère, d'avoir les réponses à ces
questions.
Egalement, cela a été assez
généralement exprimé du côté de l'Opposition
officielle le député de L'Acadie, qui, elle, a pris un ton
qui, je pense, était tout à fait celui requis dans une discussion
au niveau des principes, nous a posé de très bonnes questions,
qui ont été reprises, d'ailleurs, par la suite par le
député de Mont-Royal, relativement à la clarté et
à la précision de la question. Devant tout cela, je me demandais,
en écoutant ce type d'interventions, si, du côté de
l'Opposition officielle, on ne tentait pas de mettre la charrue devant les
boeufs. Je vais m'expliquer en vous disant ceci. Il n'y a pas de cachettes
là-dessus. Je pense que nous l'avons dit lors de l'examen du livre blanc
en commission parlementaire. Nous ne voulons pas mettre cette charrue devant
les boeufs pour une raison bien simple; c'est que, comme je le disais lors de
la présentation du projet de loi, il n'est pas normal que nous adoptions
un projet de loi ayant en vue un référendum en particulier et
que, possiblement, lors d'un autre référendum, nous adoptions de
nouvelles règles. (21 h 40)
Et c'est là tout mon étonnement face à l'attitude
de l'Opposition officielle. Je me serais attendu de sa part à une
acceptation rapide du projet de loi, elle qui nous réclame, depuis un
an, la possibilité de mettre de côté l'incertitude à
laquelle même le député de Notre-Dame-de-Grâce, ce
soir, a fait référence. Cette incertitude que nous entretenons.
Soit dit en passant, je suis tombé sur un article concernant
l'incertitude. Cela vaudrait la peine, peut-être, que nos
collègues d'en face le lisent. Il a paru dans le Devoir du 20 mars 1978.
C'est un article qui n'est pas signé, mais qui est une nouvelle de la
Presse canadienne sous le titre: Le problème du Québec existait
avant l'arrivée du PQ au pouvoir.
Il vaudrait la peine peut-être que les gens de l'Opposition lisent
cela. C'est drôle que ce ne soit pas un membre du Parti
québécois qui commente cela. C'est un monsieur du nom de Russell
E. Harrison, qui est le président de la Banque canadienne
impériale de Commerce. Je n'ai pas vérifié
récemment, mais je ne pense pas qu'il contribue au fonds du Parti
québécois.
Mme Lavoie-Roux: ... mai dernier.
M. Burns: Je ne le sais pas, en tout cas, je n'ai pas
vérifié récemment. Mais il reste quand même que, peu
importent ses origines politiques, il est assez intéressant de lire
cette nouvelle de la Presse canadienne. Je la soumets. Je vous en ferai faire
des copies d'ailleurs pour les gens de l'Opposition officielle, si jamais cela
les intéresse. "J'ai savouré chaque minute des treize
années que j'ai passées au Québec. Il n'y a rien qui me
tient autant à coeur que l'unité canadienne, bien sûr. Et
je crois fermement que le problème réside autant à
l'extérieur qu'à l'intérieur du Québec. Le
Québec doit jouir d'un statut particulier dans ce pays. Il
n'est pas simplement une province parmi les autres, mais contient une
plus grande dimension". C'est effrayant de dire cela quand on s'appelle Russell
E. Harrison; c'est effrayant.
Il est en train d'entretenir cette incertitude. Le gros méchant,
M. le Président, c'est effrayant. Il est en train de détruire
cette unité canadienne pour laquelle il plaide. Mais cela n'a aucun
sens. Il entretient cette incertitude que nous décrivent nos opposants
de l'Opposition officielle. Ce même monsieur va bien plus loin, madame,
et le président banquier, dit l'article de la Presse canadienne, n'est
pas de ceux qui croient que le cas Québec sera réglé
après le référendum. C'est important qu'ils se
réfèrent à cela, eux qui disent: Vite, vite, vite le
référendum, enfin; après cela, quand vous l'aurez perdu,
on pourra vous battre aux élections. C'est ce que j'ai entendu de la
part de l'Opposition officielle.
Vous direz à M. Harrison qu'il a tort de dire ceci. "Le
président banquier, dit-on dans l'article, n'est pas de ceux qui croient
que le cas Québec sera réglé après le
référendum et il s'étonne de ceux qui tiennent une telle
idée". Moi aussi, je m'étonne, M. le Président. Pour une
fois, c'est bizarre, mais on se trouve en compagnie de gens qui,
habituellement, ne pensent pas la même chose que nous. Et je cite M.
Harrison, parce que l'article le fait, qui continue en disant: "Le
problème se situe au-delà du référendum. Je parlais
récemment avec un politicien provincial d'envergure je ne sais
pas qui, il ne le mentionne pas qui me disait: Nous croyons que
Lévesque sera défait à la prochaine élection et
alors le problème s'envolera".
M. Blank: C'est le leader de la Chambre qui lui a dit cela. Qui a
dit cela, vous ou le ministre des Finances?
M. Burns: L'article continue en disant ceci: "Dans l'esprit de M.
Harrison, un tel raisonnement n'est rien d'autre que des balivernes, c'est
rêver en couleur." Qu'est-ce que vous voulez, c'est de là que me
vient mon étonnement, c'est de là que me vient cet
étonnement. A cause de l'intérêt que le
député de Laval avait manifesté à l'endroit du
projet de loi no 92, je pensais avoir une véritable critique du principe
du projet de loi. Je pensais vraiment me sentir acculé à mon
siège, "accumulé" à mon siège. Je pensais vraiment
que les arguments frappants du député de Laval me
traumatiseraient à un point tel que je demanderais à mon
collègue le ministre d'Etat au développement culturel un certain
nombre de traitements, mais je n'ai pas eu ce choc que j'attendais du
député de Laval. Bien au contraire, le principal porte-parole de
l'Opposition officielle, et au bout de la troisième je me suis mis
à les compter, s'est payé le luxe de nous faire treize
prophéties différentes. J'ai d'ailleurs mentionné, en
dehors de la Chambre au député de Laval, que cela
m'étonnait de le voir faire des prophéties comme: Vous allez
perdre le référendum. Vous allez vous faire battre aux prochaines
élections. Vous allez vous retrouver un gouvernement minoritaire, si
jamais vous gagnez, et vous allez détruire le Québec...
M. Lavoie: Je n'ai jamais parlé de cela, M. le
Président. Je n'ai jamais supposé qu'ils pouvaient gagner
même minoritairement, jamais.
M. Burns: M. le Président...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: C'est également un étonnement, j'ai
l'impression qu'il ne se rend pas compte jusqu'à quel point, quand il
dit quelque chose, qu'il y a des gens en face de lui qui peuvent
comprendre.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Peu importe, M. le Président, je me serais
attendu...
Le Vice-Président: Regardez l'heure et faites
attention.
M. Burns: Vous avez été, M. le Président,
très compréhensif à l'endroit de l'Opposition qui à
hue et à dia s'est amusée à sortir du dossier, sortir du
principe même du projet de loi no 92, de ce principe, rappelons-le, au
cas où il y a des gens en face de nous qui l'auraient oublié, de
permettre à la population de participer à la gouverne de l'Etat,
chose qui n'est pas un mince objectif, qui n'est pas quelque chose de facile
à réaliser, je l'admets.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Burns: Je ne vous dérange pas trop? Une Voix:
... une diseuse de bonne aventure!
Le Vice-Président: Je vous en prie.
Faut-il toujours qu'à dix heures moins dix le président se
lève? Ce qui me permet de rappeler à M. le ministre que nous
devrons ajourner dans peu de temps. Je demanderais aux gens, je m excuse, de
l'Union Nationale de tenir leur caucus hors de cette enceinte.
M. le ministre.
M. Burns: M. le Président, je comprends très bien
les députés de l'Union Nationale d'être un petit peu
turbulents ce soir. Partant de mes remarques, je présume qu'ils
appliquent au député de Laval l'expression "diseuse de bonne
aventure" dont ils parlaient tout à l'heure, que j'ai entendue
vaguement.
Pour revenir sérieusement à ce problème qu'est-ce
qu'on a entendu du côté de l'Opposition; officielle? J'aurais cru
qu'au sujet d'un projet de-loi comme celui-là, qui a d'abord franchi
l'étape, du livre blanc, qui s'est ajusté en cours de route aux
remarques qui ont été faites... Il n'y a rien d'humiliant
il va falloir vous habituer à cela à dire qu'il y a de
très bonnes suggestions qui nous viennent tant de l'Opposition que
d'intervenants
qui viennent en commissions parlementaires. Il n'y a rien d'humiliant
là-dedans. Il va falloir vous habituer à cela. C'est nouveau; il
n'y a jamais eu un gouvernement qui a dit ouvertement: Nos projets de loi,
quand ils sortent des cabinets de ministre, ne sont pas nécessairement
parfaits. Il n'y a jamais eu de gouvernement qui a osé dire cela. On
vous le dit, nous autres, et on l'a démontré par la
présentation, entre autres, du projet de loi no 92; on l'a
démontré dans la présentation du projet de loi no 101; on
l'a démontré dans la présentation du projet de loi no 2.
Nous allons continuer. (21 h 50)
Malgré toutes les railleries dont on pourrait être l'objet
du côté de l'Opposition, on va continuer à le faire. On
s'est dit une fois pour toutes que quand on fabrique un projet de loi, ce n'est
pas pour le mettre à la garde-robe comme une espèce de
trophée, ce n'est pas pour qu'à un moment donné je puisse
dire: N'ai-je pas fait un beau projet de loi! C'est tout simplement pour dire
que nous avons un projet de loi pour les Québécois, par les
Québécois et dans l'intérêt des
Québécois! C'est exactement notre attitude.
M. Lavoie: Ayoye!
Une Voix: Cela vous fait mal.
M. Burns: Oui, cela vous fait mal, vous avez bien raison de dire
"ayoye" là-dessus. Cela vous fait mal en "bpnguienne"! Je me rappelle
des quelques années où j'ai été dans l'Opposition
alors qu'on avait des suggestions à faire du côté de
l'Opposition. On nous disait: Voyons donc, notre lit est fait. J'ai entendu
cela. Vous savez de qui je parle. Si vous voulez que je fasse le geste, vous
allez savoir de qui je parle. "Notre lit est fait, on ne peut changer rien
là-dessus". Sauf que nous, notre lit n'est jamais fait. Les grands
principes sont établis et, une fois établis, on est prêt
à discuter tant avec l'Opposition, tant avec les groupes de pression,
qu'avec les individus qui ont des choses sérieuses à nous dire
relativement à un projet de loi. Ce sera exactement le même
processus que nous suivrons relativement à l'examen article par article
du projet de loi no 92. Nous sommes réceptifs.
Je signale je tiens à le dire encore peut-être pour
la cinquième fois que tout le monde s'est plaint de notre
approche des comités nationaux ou des comités-parapluies, en nous
disant: C'est effrayant, vous empêchez la liberté d'expression.
D'ailleurs, quelques députés de l'Union Nationale et le
député de Beauce-Sud se sont plaints de cela. On leur a dit en
commission, on continue à iaur dire et je l'ai dit dans mon discours de
présen-tation, qu'il y a d'autres formules. J'en ai cherché
d'autres, moi aussi. Des gens qui ont travaillé avec moi sur la
préparation du projet de loi en ont cherché d'autres. On n'en a
pas trouvé d'autres qui garantissaient en même temps, justement
comme le député de L'Acadie et le député de
Mont-Royal le demandaient, une impartialité absolue dans l'utilisation
du référendum et une préci- sion dans la réponse.
On n'a pas trouvé d'autres solutions que celle-là.
Maintenant, s'il y a des génies qui ont pensé à
cela, qui se réveillent la nuit pour y penser et qui nous amènent
une solution miracle, je vous dis tout de suite et je le dis au
député de Laval qui, sans doute, sera le critique de l'Opposition
officielle; je le dis également aux gens de l'Union Nationale, au
député de Rouyn-Noranda, ainsi qu'au député de
Beauce-Sud qui, sans doute, voudront participer à ces travaux; je le dis
également aux gens du côté ministériel : Si vous
avez une solution miracle qui peut assurer cette impartialité et cette
clarté de décision de la population québécoise, que
ce soit au niveau du référendum sur l'avenir
québécois ou que ce soit à l'occasion d'autres
référendums et qu'en même temps parce que les deux
principes sont concomitants on puisse assurer l'égalité
des chances de chacune des positions, je suis prêt à l'examiner,
cette solution.
Je suis même prêt, si je pense et si la commission à
laquelle nous participerons également pense que cela représente
une solution qui respecte ces deux grands principes, à retourner devant
le Conseil des ministres et à lui suggérer une modification,
même fondamentale, de notre projet de loi. Mais je n'ai pas entendu
encore de gens pourtant, l'idée traîne dans le décor
depuis plusieurs mois nous dire qu'il y avait d'autres façons
d'arriver aux mêmes fins. Parce que les deux fins auxquelles nous nous
attachons dans ce projet de loi sont bien simples; c'est justement celle
d'avoir une opinion claire et précise avec toute l'impartialité
requise pour qu'on puisse dire que l'opinion est claire et précise, et
d'autre part, de permettre à tous ceux qui interviennent dans un
débat référendaire, de le faire avec les
égalités de chance les plus totales possible.
C'est le principe de ce projet de loi-là, dans le fond. Je suis
également doublement étonné de voir l'Opposition
officielle se chercher une raison de voter contre le projet de loi. Ils ont
peut-être été profondément humiliés d'avoir
donné à la Loi sur le financement des partis politiques leur
unanimité, d'avoir participé à cette unanimité,
peut-être parce que, se disent-ils, ce n'est pas comme cela qu'on fait de
l'opposition à l'Assemblée nationale. Je leur rappelle que,
lorsque nous étions dans l'Opposition, à de nombreuses reprises,
même si notre opposition était très solide, je dirais
même très dure à certaines occasions, nous n'avions pas
honte de dire au gouvernement en place qu'il présentait une mesure
absolument acceptable. Et cela ne diminue pas une Opposition. Cela ne diminue
pas non plus un gouvernement de se plier à certaines demandes de
l'Opposition.
Et cela vaut dans les deux sens. Dans ce sens, cela m'étonne
beaucoup qu'on se soit littéralement accroché à cette
espèce de dernière chance de dire: On a quelque chose pour
laquelle on est capable de dire: On vote contre ce projet de loi. Il ne faut
pas voter pour le projet de loi sur la consultation populaire. Savez-vous
pourquoi? Parce que ce n'est pas une loi spécifique. On aurait voulu une
loi spécifique, dans un cas en particulier.
M. Lavoie: Oui. On va passer les trois lectures dans la
même journée. Donnez-nous la question et nous allons passer les
trois lectures dans la même journée.
M. Burns: Est-ce que j'ai la parole?
Le Vice-Président: Oui, en vertu des articles 26 et 100,
M. le député de Laval n'a pas la parole'
M. Burns: On aurait voulu qu'on présente un projet de loi
spécifique, mais je vous dis que l'attitude du député de
Laval là-dessus est d'un ridicule consommé. Je ne comprends pas.
Vous me blâmeriez, comme ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire, si je disais: L'élection de 1980 se
passera selon telle règle, et l'élection de 1984 se passera selon
telles autres règles. Les gens auraient raison de me dire qu'on change
les règles du jeu en cours de route. Si jamais on arrivait avec un
projet de loi comme celui-là, ce serait des coups de pied au plafond
qu'on nous ferait, du côté de l'Opposition. Et je serais d'accord
avec eux.
M. Lavoie: II est 22 heures, M. le Président. C'est
automatique, M. le Président.
M. Burns: Je dirais et je termine là-dessus...
Le Vice-Président: II vous reste 30 secondes.
M. Burns: Je termine là-dessus. Je dirais purement et
simplement que, quand on en est rendu à tenter de justifier son vote
contre un projet de loi qui a suivi toutes les étapes que je viens de
vous décrire, qui a écouté et admis, dans sa
rédaction, toutes les représentations qui nous ont
été faites, qu'elles viennent de Positive Action Committee, de
Québec-Canada ou du Mouvement national des Québécois ou de
la Société Saint-Jean-Baptiste ou encore d'individus qui sont
venus devant la commission, ou encore des suggestions très positives qui
sont venues de l'Union Nationale et même certaines qui sont venues du
Parti libéral, quand on en est rendu à cela, M. le
Président, et que, parce qu'on est vraiment mal pris, on se dit qu'on
est obligé de voter contre, il faut absolument qu'on vote contre parce
que c'est autre chose qu'on a dans la tête. C'est la souveraineté
du Québec. C'est la souveraineté-association. C'est la campagne
référendaire. C'est tout cela qu'on a dans la tête. M. le
Président, je suis vraiment étonné. Dans le fond, c'est
cela ma réaction, c'est cela ma réponse. Non pas à l'Union
Nationale, que je félicite pour ses critiques très positives, non
pas...
Une Voix: Un club fermé.
M. Grenier: J'aime mieux un club fermé à
Québec qu'à Ottawa.
M. Burns: On a beau faire toutes les blagues là-dessus,
mais...
Le Vice-Président: M. le ministre. S'il y a
consentement.
M. Burns: Non pas parce que l'Union Nationale, de façon
particulière... On peut faire toutes les blagues au sujet des clubs
fermés et tout cela, mais je reste convaincu que deux des principales
modifications au projet de loi dans sa conception originelle viennent à
la suggestion de l'Union Nationale. Certaines viennent du député
de Beauce-Sud. Je présume que, si on approche l'examen du projet de loi
article par article dans ce même esprit, peut-être l'Opposition
officielle s'amendera-t-elle en cours de route. Je l'espère. Je suis
prêt à faire des neuvaines si c'est nécessaire en vue
d'arriver à cela. (22 heures)
Mme Lavoie-Roux: II va rentrer bientôt dans les ordres des
frères prêcheurs.
M. Burns: Nous approcherons, examinerons de façon...
M. Lavoie: Je vais vous en faire faire une neu-vaine. Vous allez
voir. A partir de lundi prochain.
M. Burns: Ah! vous venez de montrer vos couleurs. Ah! on le
savait. On vient de découvrir un autre pro Ryan.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Sur ce, M. le Président, je vous demanderais
ceci, et je termine là-dessus. Etant donné que le vote devrait
normalement avoir lieu ce soir, je pense bien qu'il est du désir de
l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale que le vote
là-dessus, en vertu des dispositions de notre règlement
sessionnel, soit reporté à demain à la période qui
est prévue pour les votes. C est la suggestion que je vous fais en
terminant.
Le Vice-Président: Si vous me le permettez, M. le ministre
de la réforme ou M. le leader parlementaire, selon le chapeau que vous
portez, vous me placez dans une drôle de situation à cette
heure-ci. Je pourrais vous dire que je n'ai même pas besoin d'user de ma
discrétion, à moins d'un consentement, parce que je ne peux pas
appeler de vote après 22 heures, mais je pense que tout le monde consent
que je vous accorde, en vertu de l'article 106 nouveau, sessionnel, le droit
d'appeler le vote demain, à l'endroit indiqué aux affaires
courantes.
M. Burns: Sur ce, M. le Président, je vous demanderais
d'ajourner nos travaux à demain 15 heures.
Le Vice-Président: C'est déjà fait, M. le
leader parlementaire.
M. Burns: M. le Président, avant que vous appeliez le
vote.
Le Vice-Président: Oui, d'accord.
M. Burns: Ceci voudrait dire que, demain matin, à compter
de 10 heures, il y aura trois commissions, que la Chambre ne siégera
pas, les trois commissions étant, tel qu'annoncé cet
après-midi, la commission des richesses naturelles, la commission des
consommateurs et la commission des transports. Je rappelle tout simplement une
motion adoptée cet après-midi.
M. Lavoie: Pourriez-vous nous donner une idée des travaux
de jeudi matin, à moins que vous vouliez faire votre petite motion
immédiatement non, il est un peu tard, ce sera demain pour
qu'on siège jeudi matin au lieu de jeudi après-midi?
M. Burns: C'est fait.
Le Vice-Président: C'est fait et c'est adopté.
M. Lavoie: C'est adopté, mais quels seront les travaux
jeudi matin?
M. Burns: Jeudi matin, nous entreprendrons la deuxième
lecture du projet de loi no 4, Loi concernant les biens culturels.
Le Vice-Président: Sur ce, les travaux de cette
Assemblée sont ajournés à demain, 15 heures.
(Fin de la séance à 22 h 3)