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(Dix heures vingt et une minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
M. le député de Jeanne-Mance.
Rapport sur le projet de loi no 49
M. Laberge: M. le Président, conformément à
notre règlement, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la
commission élue permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières qui s'est réunie le 25 août 1977
pour étudier, article par article, le projet de loi no 49,
intitulé Loi constituant la Régie de l'assurance automobile du
Québec.
Le Président: Y a-t-il consentement, M. le leader
parlementaire du gouvernement, pour agréer ce rapport
immédiatement?
M. Burns: M. le Président, lors des motions non
annoncées, et à la suite d'une consultation que j'ai tenue avec
les représentants de l'Opposition, j'aurai une motion à faire
pour nous permettre de faire avancer les travaux de la Chambre dans le cours de
la journée. Mais, je pense qu'il y a consentement au dépôt
du rapport.
Le Président: Rapport déposé. M. Lavoie:
Rapport adopté.
Le Président: Rapport adopté. M. le
député de Champlain.
Rapport sur le projet de loi privé no
240
M. Gagnon: M. le Président, conformément aux
dispositions de notre règlement, qu'il me soit permis de déposer
le rapport de la commission élue permanente de la justice qui a
étudié, le mercredi 10 août et le jeudi 25 août 1977,
article par article, le projet de loi privé no 240 intitulé: Loi
annulant une servitude grevant certains lots du cadastre de la paroisse du
Cap-de-la-Madeleine.
Le Président: Est-ce que ce rapport sera
agréé?
M. Burns: Agréé. M. Lavoie:
Agréé.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Rapport sur le projet de loi no 43
M. Brassard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'agriculture qui s'est réunie le 25 août 1977 pour
étudier, article par article, le projet de loi no 43, intitulé
Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles et les aliments.
Le Président: Est-ce que ce rapport sera
agréé?
M. Lavoie: Consentement.
Le Président: Consentement. Adopté.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, j'ai à faire motion,
à ce moment-ci, et c'est à la suite de consultations que j'ai
eues avec les représentants de l'Opposition; je m'excuse auprès
du député de Rouyn-Noranda, c'est le seul que je n'ai pas pu
rejoindre, mais je connais son sens de la collaboration.
M. Samson: Est-ce que je peux, au moins, avoir une chance qu'on
m'explique ce que c'est?
M. Burns: Je vais vous le dire. "Watchez-vous" bien, cela s'en
vient!
M. Samson: Je vous écoute.
M. Burns: M. le Président, il semble qu'il y a une
espèce de consensus qu'on essaie loyalement de terminer il ne
s'agit pas d'imposer une fin de session aujourd'hui de tout mettre de
notre côté pour terminer aujourd'hui. Il semblerait que les
projets de loi dont, entre autres...
M. Samson: M. le Président, est-ce que je pourrais
l'arrêter immédiatement? C'est cela la bonne nouvelle?
M. Burns: C'est cela la bonne nouvelle. M. Samson:
D'accord? M. Burns: Oui.
Motion visant à suspendre l'application de
certains règlements de la Chambre
M. Burns: Comme il serait possible en tout cas, à
la suite d'un certain nombre de consultations, et là-dessus j'en ai eu
avec le député de Rouyn-Noranda que l'Assemblée
nationale puisse terminer ses travaux aujourd'hui, comme il y a un certain
nombre de projets de loi qui sont au stade du rapport, il serait
peut-être normal de penser mettre de côté, du consentement
de tous les partis représentés à l'Assemblée
nationale, les règles habituelles de la Chambre. Ainsi, nous pourrions
au fur et à mesure qu'ils sont présentés j'en fais
motion, M. le Président, pour que
cela devienne un ordre de la Chambre considérer les
rapports des commissions et tenir, durant la même séance, le
débat sur la troisième lecture. J'en fais motion, M. le
Président.
M. Roy: Est-ce que, parmi les raisons qui sont invoquées
par le leader du gouvernement, il y a en a une qui tient compte du fait que le
feuilleton de l'Assemblée d'aujourd'hui porte le numéro 101?
M. Burns: Je n'avais pas remarqué cela. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. Brochu: Consentement. Le Président: Motion
adoptée.
M. Lavoie: Je pense qu'il faudrait les mentionner.
M. Burns: Les seules lois qui sont actuellement en discussion, je
peux les nommer, si vous voulez. Il s'agit du projet de loi no 49, du projet de
loi no 43, du projet de loi no 2, du projet de loi privé no 240
concernant la ville du Cap-de-la-Madeleine.
Je ne crois pas en oublier, ce sont les seuls, les projets de loi 43,
49, 2. Le projet de loi 101 est déjà régulièrement
devant la Chambre en troisième lecture aujourd'hui, je n'ai pas à
l'inclure dans la motion.
M. Lavoie: Où est le projet de loi 1 en passant?
M. Burns: Le projet de loi 1, j'ai l'intention de l'appeler
immédiatement après ces affaires.
M. Samson: En quatrième lecture? M. Lavoie: Adopté,
M. le Président.
M. Burns: Je ne pense pas en oublier, M. le Président.
Le Président: Motion adoptée.
M. Burns: J'aurais, M. le Président, également,
après avis qui m'a été donné par le ministre du
Travail, une motion...
M. Lavoie: Pour ce qui concerne les avis, une correction.
M. Burns: Oui, vous avez remarqué qu'un certain nombre
d'avis de commissions parlementaires apparaissent en appendice à notre
feuilleton de ce matin. Après consultation avec le ministre du Travail
concernant les dates qui sont données en avis pour la commission du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration, c'est-à-dire les 13,
14 et 15 septembre, à 10 heures, relativement au projet de loi 45, le
ministre du Travail m'a convaincu, comme il est habituellement très
convaincant, qu'il fallait remettre à plus tard l'étude du projet
de loi no 45 en commission parlementaire article par article, de sorte que je
fais motion pour que l'avis qui apparaît à la page 9 de notre
feuilleton relativement à la Loi modifiant le Code du travail et la Loi
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre soit radié.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. Burns: L'article f), M. le Président.
Projet de loi no 64 Première lecture
Le Président: M. le ministre de la Justice propose la
première lecture de la Loi concernant la poursuite d'infractions par le
Procureur général et l'application de règlements relatifs
au stationnement et à la circulation et modifiant la Loi du
ministère de la Justice.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, j'ai l'honneur de
présenter le projet de loi no 64, Loi concernant la poursuite
d'infractions par le Procureur général et l'application de
règlements relatifs au stationnement et à la circulation et
modifiant la Loi du ministère de la Justice.
Le présent projet de loi vise à modifier la Loi des
cités et villes, le Code municipal et le Code de la route afin de
faciliter l'application du Code de la route et des règlements municipaux
relatifs au stationnement.
L'article 1 du projet modifie la Loi des cités et villes et
l'article 2 modifie le Code municipal pour permettre aux municipalités
d'engager des agents spéciaux pour émettre des contraventions en
matière de stationnement.
L'article 3 modifie le Code de la route pour y prévoir des
autorisations de signatures.
L'article 4 modifie le Code de la route et établit la
procédure selon laquelle une municipalité peut renoncer, en
faveur du Procureur général, à poursuivre certaines
infractions.
L'article 5 modifie la Loi du ministère de la Justice afin de
permettre le versement au fonds consolidé du revenu ou au fonds d'un
organisme public des honoraires que reçoivent les avocats et notaires
à l'emploi du gouvernement ou d'un organisme.
L'article 6 établit une concordance avec l'article 4 en abrogeant
les dispositions sur les ententes prévues par le chapitre 37 des Lois de
1974, tout en maintenant en vigueur les ententes déjà intervenues
en vertu de cette loi.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Burns: C'est cela. Je vous demanderais maintenant M. le
Président, d'appeler l'article g).
Projet de loi no 65 Première lecture
Le Président: M. le ministre de la Justice propose la
première lecture de la Loi modifiant le Code civil et concernant
certains recours en matière de responsabilité
médicale.
Le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, j'ai l'honneur de
présenter le projet de loi no 65, Loi modifiant le Code civil et
concernant certains recours en matière de responsabilité
médicale.
Le projet de loi propose des modifications au Code civil et introduit
des dispositions concernant certains recours en matière de
responsabilité médicale. Les modifications au Code civil visent
à substituer l'autorité parentale à la puissance
paternelle.
L'article 5 en consacre le principe, prévoit que la
déchéance de ce droit peut être prononcée, permet
qu'un différend survenu dans l'exercice de cette autorité soit
déféré au juge et crée la présomption
voulant qu'à l'égard des tiers de bonne foi, le père ou la
mère qui pose un acte d'autorité à l'égard de son
enfant agisse avec le consentement de l'autre.
Les articles 1 à 4, 7, 8 et 9 sont des articles de
concordance.
L'article 6 donne au juge le pouvoir d'autoriser le placement en
fidéicommis de sommes d'argent appartenant à un enfant
mineur.
L'article 10 vise à faire revivre un droit d'action en
matière de responsabilité médicale ou
hospitalière.
L'article 11 vise à donner un effet rétroactif à la
modification apportée au Code civil par l'article 6 du projet de
loi.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. Gratton: M. le Président, si on me le permet, j'ai
demandé, lundi et mardi de cette semaine, au leader du gouvernement si
à l'article e) il entendait donner suite au voeu du conseil municipal de
Gatineau qui a demandé de retirer le projet de loi privé. Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu pour le leader du gouvernement de faire en sorte que
ce soit rayé du feuilleton, retiré complètement, quitte
à le réinscrire à l'automne, lorsque le temps sera
venu?
M. Burns: Pouvez-vous patienter? Je suis prêt à
m'engager à vous donner une réponse définitive dans le
courant de la journée.
M. Gratton: J'accepte volontiers, mais je ferai remarquer au
ministre que c'est la réponse qu'il m'a faite lundi et mardi
derniers.
M. Burns: Je reconnais que c'est la troisième fois que
vous me posez cette question et que c'est la troisième fois que je vous
demande de patienter, mais, maintenant, je prends l'engagement de vous donner
une réponse dans le courant de la séance. Si l'Assemblée
nationale accepte que nous retirions ce projet de loi du feuilleton, en cours
de séance, même si ce n'est pas prévu par les
procédures, si c'est la décision que nous prenons, je le ferai
avec le consentement de l'Assemblée nationale. Il me reste une
dernière et toute petite vérification à faire.
M. Gratton: Si vous avez de la difficulté à
rejoindre le député de Papineau, je pourrais vous donner un
numéro de téléphone où vous pourriez
l'atteindre.
M. Lavoie: Juste une courte remarque. Ce n'est pas à
l'Assemblée de décider si on doit le retirer, ce n'est pas au
leader, ce n'est pas au député de Papineau...
M. Burns: C'est au pétitionnaire.
M. Lavoie: Un projet de loi privé appartient au
pétitionnaire et vous avez un document en main selon lequel il
désire le retirer. C'est ce que je voudrais souligner.
M. Burns: C'est pour cela qu'il est fort probable que dans le
courant de la journée je vous demande de radier cet article du
feuilleton. Il est fort probable. Vous allez quand même reconnaître
qu'il y a un minimum de décence qui doit être respecté dans
l'utilisation de ces formules. Je pense que le député de Laval me
comprend très bien là-dessus.
Le Président: Déclarations
ministérielles.
Dépôt de documents.
M. le ministre d'Etat à la réforme électorale.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport sur la diffusion des travaux
parlementaires
M. Burns: J'ai l'honneur de déposer le rapport
sur la diffusion des délibérations parlementaires dont une
copie a été remise aux représentants de l'Opposition qui
siègent à la sous-commission de l'Assemblée nationale.
C'est vrai que je n'ai pas le droit de faire des commentaires à ce
moment-ci, mais je veux particulièrement souligner et remercier le
travail du comité ministériel qui a donné cette brique en
quatre tomes qui, j'espère, nous aidera à nous diriger dès
l'automne vers la diffusion des délibérations parlementaires. Je
veux particulièrement souligner le travail important que le
député de Mercier a fait à ma place, parce que je ne
pouvais participer directement aux délibérations de ce groupe de
travail. Je remercie personnellement le député de Mercier.
Le Président: Rapport déposé. M. le leader
parlementaire du gouvernement, au nom du ministre de l'Education.
Document sur l'éducation
chrétienne
M. Burns: M. le Président, je voudrais, au nom du ministre
de l'Education, déposer le plan de développement relatif à
l'éducation chrétienne dans les écoles confessionnelles du
Québec reconnues comme catholiques, 1977-1980.
Le Président: Document déposé.
M. le ministre délégué au haut-commissariat.
Rapport sur l'équipement du Village
olympique
M. Charron: M. le Président, je voudrais déposer le
rapport faisant état de la façon dont nous avons distribué
pour plus de $2 millions et demi d'équipement du Village olympique
à plus d'une centaine d'organismes sans but lucratif.
Des Voix: Bravo!
Le Président: Document déposé.
Période des questions orales.
Le député de Marguerite-Bourgeoys.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS Complot
contre le premier ministre
M. Lalonde: M. le Président, avant de laisser le ministre
de la Justice répondre aux nombreuses questions qui lui ont
été posées depuis quelques semaines concernant le juge en
chef, je voudrais lui poser, ce matin, une question à propos d'une
nouvelle qui paraît à la une du Soleil, avec comme titre "Complot
contre Lévesque". A la lecture de la nouvelle, on s'aperçoit
qu'il s'agit du premier ministre. M. le Président, je voudrais demander
au ministre de la Justice s'il est exact qu'un complot a été
tramé, s'il y a eu enquête et quels sont les résultats de
l'enquête, étant donné le mutisme du ministre qui,
d'après la nouvelle, aurait simplement dit aux journalistes: "Faites
votre devoir de journalistes, mais je ne puis, comme ministre de la
Justice, dire autre chose que: Pas de commentaires."
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, pour ce qui est du
résultat du complot, je pense que le député est à
même de constater que le premier ministre est ici, de même que
toutes les autres personnes qui sont mentionnées dans la nouvelle. La
seule chose que j'ai à dire, c'est que, comme toutes les informations de
cette nature concernant la sécurité d'un membre de
l'Assemblée nationale, qui peuvent être acheminées à
mon cabinet, certains faits qui sont allégués dans l'article de
journal auquel fait référence le député de
Marguerite-Bourgeoys ont été transmis à la direction de la
sécurité de la Sûreté du Québec.
Je puis vous dire qu'une vérification et une enquête
minutieuses, ont été faites. Après enquête
approfondie, ces faits se sont révélés sans fondement
sérieux et le dossier est maintenant considéré comme clos
depuis le 23 mars dernier.
M. Lalonde: M. le Président, s'il est exact qu'il s'agit
d'une nouvelle sans fondement, donc qu'il n'y a pas eu de complot s'il y
avait eu complot, il y aurait eu poursuite pourquoi le ministre a-t-il
simplement dit aux journalistes: Faites votre devoir de journalistes, mais je
ne puis, comme ministre de la Justice, dire autre chose que: Pas de
commentaires. Est-ce qu'il se rend compte qu'en laissant publier une nouvelle
comme celle-ci, il peut participer à la manipulation de l'opinion
publique?
Une Voix: Ou il y a quelque chose ou il n'y a rien.
M. Bédard: Si je commence à me confier aux
journalistes et à dire toutes les nouvelles dont je suis au courant,
vous allez m'accuser également de manipuler la presse. Je pense que la
responsabilité d'un ministre, dans les circonstances, c'était de
dire ce que j'ai dit: Pas de commentaires. Sinon, vous entrez dans un sens ou
vous entrez dans l'autre, vous confirmez certains allégués, vous
entrez dans une discussion avec les journalistes. C'est évident que
c'est le travail des journalistes de tenter d'obtenir des renseignements de ma
part, mais je crois que ma responsabilité ministérielle, à
ce moment, était de dire: Pas de commentaires. Je ne suis quand
même pas là pour empêcher des journalistes de faire leur
travail.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question
additionnelle. Le ministre se rend-il compte que s'il avait répondu,
comme il vient de le faire en Chambre, que cette nouvelle ou cette rumeur
n'avait pas de fondement sérieux, est-ce qu'il pense que dans le Soleil
d'aujourd'hui, il y aurait eu cette manchette et cette page complète qui
a été consacrée à cet incident qui n'était
même pas existant? Le devoir du ministre de la Justice n'était-il
pas, à ce moment, d'informer la
presse afin que l'opinion publique ne soit pas saisie comme eJle l'est
ce matin par une nouvelle complètement sans fondement?
M. de Bellefeuille: Un discours!
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je voudrais
simplement rappeler au chef de l'Opposition que s'il se donne la peine de lire
l'article qui suit le titre flamboyant en première page, il constatera
que j'ai pris sur moi, hier, à partir du peu que j'en savais
parce qu'au cours du mois de janvier, à un moment donné, il avait
été constaté que cela semblait être relativement peu
sérieux, cette histoire que je me suis permis, hier, pendant une
rencontre d'à peu près quinze minutes avec deux des journalistes
qui signent l'article de leur dire qu'autant qu'on ait pu savoir cela
venait d'une conversation avec le ministre après les Fêtes
cela ne semblait pas sérieux.
Si le chef de l'Opposition se donne la peine de lire l'article, il va
trouver cette précision, qui était la seule que je pouvais
donner. La rencontre a duré à peu près quinze minutes pour
voir s'il n'y avait pas moyen on n'a pas à manipuler la presse ni
dans un sens ni dans l'autre de réduire cette histoire à
ses proportions exactes. Les auteurs de l'article ont jugé bon de le
publier, on n'a pas à intervenir là-dedans, mais je ferai
remarquer au chef de l'Opposition, encore une fois, qu'on a essayé
d'atténuer cela. On n'a pas réussi, c'est tout.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question
additionnelle. Je reviens à la déclaration du premier ministre.
Dans la question que nous avons posée au ministre de la Justice, nous
n'avons pas indiqué quoi que ce soit en ce qui concerne le premier
ministre. Maintenant que celui-ci a fait ces déclarations, de la
façon qu'il les a faites, et le temps qu'il a passé avec les
journalistes, tout cela jumelé à la réponse qu'a
donnée le ministre de la Justice...
M. Duhaime: Question...
M. Levesque (Bonaventure): ... aux journalistes, ne croit-il pas
que cette attitude, un peu molle, si l'on peut dire...
M. Godin: ... liberté de la presse. Vous voulez la
censure?
M. Levesque (Bonaventure): Ces réponses ne sont-elles pas
de la nature de celles qu'on a reprochées à d'autres, ce qu'on a
appelé le coup de la Brink's?
M. de Bellefeuille: M. le député de
Bonaventure...
M. Lévesque (Taillon): Comme dirait le ministre de
l'Education: Allons donc!
M. Levesque (Bonaventure): Cessez donc de manipuler. C'est bien
beau!
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je me
sentais parfaitement libre, à partir du tout petit peu que je savais de
cette histoire, de discuter. D'ailleurs, il ne s'est pas agi seulement de
cela...
M. Levesque (Bonaventure): ... qu'il n'y a pas de fondement.
Pourquoi ne pas dire qu'il n'y a pas de fondement?
M. Lévesque (Taillon): Si le chef de l'Opposition le
permet, je vais lui répondre très tranquillement. Je me sentais
parfaitement libre à partir du fait que je ne savais absolument
rien sauf ce qu'on m'avait dit, que ce n'était pas sérieux
de discuter avec les journalistes pour essayer d'atténuer cela à
partir de là, sans aller plus loin. De la même façon, je
considère que le ministre de la Justice avait parfaitement raison, lui
qui connaît le peu de dossiers qu'il peut y avoir. Il n'avait pas
à entrer dans des discussions détaillées, il avait
parfaitement raison de dire: Pas de commentaires. On a essayé de notre
mieux, chacun à sa façon, d'atténuer cela. Le
résultat est là et on n'y peut rien.
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'est pas ce qu'il aurait dû
dire. Il aurait dû dire qu'il n'y avait pas de fondement.
M. Charbonneau: Question additionnelle... M. Levesque
(Bonaventure): ... de la presse. M. Bédard: Non, pardon!
Le Président: M. le député de Gatineau...
M. Bédard: Une autre question, je m'excuse, M. le
Président. Si le chef de l'Opposition officielle a des accusations
formelles à formuler, qu'il le fasse correctement. Ce que je lui ai dit
c'est que, face à des questions qui m'étaient posées, je
ne pouvais faire autrement que de dire: Pas de commentaires. Si j'entre le
moindrement dans les faits, je suis obligé de confirmer qu'effectivement
il y a eu des plaintes de faites dans ce sens, formulées au
ministère de la Justice. Je suis obligé d'entrer dans les
détails et, à ce moment, d'accréditer beaucoup plus une
nouvelle dans le sens de celle qui paraît ce matin. Je voudrais demander
au chef de l'Opposition de bien considérer que, si il y avait eu quelque
tentative que ce soit de vouloir pour employer son expression
manipuler la presse, il me semble qu'il aurait été facile au
ministre de la Justice de laisser filtrer quoi que ce soit avant
aujourd'hui.
Or, tel que je vous l'ai dit, ce dossier qui remonte au début de
décembre a été fermé le 23 mars dernier, c'est
considéré comme clos.
M. Charbonneau: Question additionnelle inutile, le dossier est
fermé.
M. Levesque (Bonaventure): Question additionnelle au ministre de
la Justice. Ne croit-il pas qu'en disant: Pas de commentaires, faites votre
devoir de journalistes! à ce moment-là, il ouvrait
grande la porte, au lieu de dire simplement: Cette question n'a pas de
convenance...
M. Charbonneau: Question additionnelle, M. le
Président.
Une Voix: Le dossier était fermé! M. Bédard:
Lisez donc l'article!
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président. En
supposant qu'on accepte que le ministre n'ait pas voulu faire de commentaires,
ne croit-il pas qu'il aurait pu, au moins à titre privé, rassurer
le ministre des Finances pour qu'il ne se sente pas obligé de se
réfugier en Amérique du Sud pendant un mois?
M. Charbonneau: M. le Président, question additionnelle au
ministre de la Justice. Devant l'importance d'un dossier de ce genre et devant
aussi la conclusion à laquelle est arrivé le ministre de la
Justice, peut-il aujourd'hui qualifier le travail des services de
sécurité et de renseignements de la Sûreté du
Québec?
M. Bédard: Je puis vous dire que les autorités de
la Sûreté du Québec et les membres de la
Sûreté du Québec jouissent de la pleine confiance non
seulement du ministre de la Justice, mais également de tous les membres
du gouvernement.
Le Président: Mme le député de L'Acadie. M.
Gratton: M. le Président.
Enseignement de l'anglais à la CECM
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat au développement culturel. Ce matin, les quotidiens
annonçaient que la Commission des écoles catholiques de
Montréal entend mettre sur pied des écoles pilotes où
débutera, en première année, l'enseignement de l'anglais.
Ceci est possible en vertu de l'article 12 du règlement 7 du
ministère de l'Education. Néanmoins, avant de mettre à
exécution ce projet, elle doit obtenir l'approbation du
ministère. Est-ce l'intention du ministère d'accorder son appui
à ce projet de langue seconde?
M. Laurin: M. le Président, évidemment, je parle
aujourd'hui à titre de ministre suppléant de l'Education.
Renseignements pris, il semble que la CECM a le droit de prendre la
décision qu'elle a prise hier soir et qui est conforme à d'autres
décisions prises antérieurement par une quinzaine d'autres
commissions scolaires qui, déjà, dispensent l'enseignement en
anglais à partir de la première année ou à partir
de la troisième année lorsque le nombre d'élèves le
justifie. Le nombre justifiable est actuellement de 27, et les autorisations
sont données pour des classes et non pour des écoles. Donc, il
semble bien qu'en vertu des politiques antérieures établies par
le ministère de l'Education, la CECM aurait le droit de prendre la
décision qu'elle vient de prendre. Cependant, cette décision
paraît très ample puisqu'il s'agit de dix écoles pilotes.
Etant donné cette ampleur, cette dimension de l'expérimentation
que la CECM voudrait conduire, il nous paraît important que cette
décision fasse l'objet de consultations entre la CECM et le
ministère de l'Education.
Le ministère n'avait pas été informé de
cette décision. Dès ce matin, les fonctionnaires du
ministère de l'Education communiquent avec les autorités de la
CECM pour avoir les renseignements pertinents. Par exemple, on ne sait pas si
cet enseignement serait dispensé à des élèves
francophones ou à des élèves allophones. S'agit-il
d'enseigner l'anglais à des allophones qui ont manifesté leur
réticence à aller vers l'école française ou qui y
sont allés contre leur gré ou leur volonté,
conformément à certaines opinions exprimées par certains
leaders d'opinion dans la communauté al-lophone?
Ou, au contraire, s'agit-il de dispenser l'enseignement en langue
anglaise à des enfants francophones, à la suite d'un sondage qui
aurait révélé que 70% des parents francophones
désireraient que l'enseignement en anglais commence plus tôt?
D'autres questions également font problèmes. Est-ce que la
CECM dispose d'un personnel suffisant de professeurs spécialisés
en langue anglaise pour pouvoir véritablement dispenser un enseignement
efficace en langue anglaise à partir de la première année?
Est-ce que les directions régionales administratives ont
été consultées et sont d'accord, etc.? Il y a donc
plusieurs questions qui se posent actuellement, et le ministère de
l'Education est en contact avec les autorités pour avoir les
informations nécessaires.
Donc, pour résumer, il semble que la CECM ait le droit d'adopter
la position qu'elle vient de prendre, mais, étant donné l'ampleur
du problème, il semble qu'il soit adéquat, sinon
nécessaire, que le ministère de l'Education soit plus amplement
informé et donne éventuellement son approbation.
Mme Lavoie-Roux: Question accessoire, M. le Président. Le
ministre de l'Education peut-il nous dire si c'est l'intention du
ministère de maintenir les politiques antérieures auxquelles il a
fait allusion?
Deuxièmement, on peut déduire un peu de sa réponse
qu'il y aurait peut-être une décision différente de prise
selon que la demande s'appliquerait à des enfants allophones ou à
des enfants francophones. Pense-t-il que ceci doit être un facteur qui
entre en ligne de compte dans les décisions éventuellement prises
par le ministère de l'Education?
En terminant, je voudrais seulement lui dire que dix écoles
peuvent lui sembler une expérience très ample, mais la CECM a
plus de 300 écoles élémentaires. Dix sur 300, c'est quand
même minime.
M. Laurin: M. le Président, le ministère en est
simplement à la période de la cueillette des informations et,
avant qu'une décision soit prise, il fau-
dra que ces informations soient corrigées et
analysées.
Qu'en est-il maintenant de la politique du ministère de
l'Education, en l'occurrence? Cette politique sera-t-elle la même que
celle qui était appliquée précédemment? Je voudrais
rappeler au député de L'Acadie que cette question a
été amplement étudiée au cours des derniers mois,
au sein du ministère de l'Education et du comité
interministériel, qu'un livre vert va être publié
incessamment et va faire état de ces réflexions, des
hypothèses qu'étudie actuellement le ministère de
l'Education, que ce livre vert sera soumis à la consultation publique,
que le ministère de l'Education recueillera les opinions du milieu et
qu'une décision, quant aux politiques éventuelles, sera prise
dans les quelques mois qui viennent.
Je rappelle encore une fois au député de L'Acadie que
l'enseignement de la langue anglaise, dans les écoles françaises,
constitue une priorité pour l'année qui vient, pour le
ministère de l'Education, mais qu'il reste à décider selon
quel principe, selon quelle modalité cette priorité s'accomplira
ou s'effectuera.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question accessoire. Le
ministre d'Etat au développement culturel peut-il nous assurer que ce
livre vert va être déposé? Il a dit incessamment, mais il
ne faut pas oublier qu'au mois de mars, il nous a été promis pour
le mois de mai, au mois de mai pour le mois de juin, au mois de juin pour le
mois d'août, et au mois d'août pour avant la fin de la session. Je
m'étonne qu'il ne puisse pas nous donner de détails plus
précis quant aux intentions du gouvernement sur l'enseignement de la
langue seconde puisque, justement, le livre vert les contient.
M. Laurin: Oui, je peux assurer le député de
L'Acadie que le livre vert paraîtra sûrement au cours des deux
prochaines semaines.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Question additionnelle, M. le Président. Le
ministre pourrait-il nous informer, suite à la décision prise par
la CECM, s'il s'arrête surtout sur cette école de pensée
qui fait que la langue seconde s'apprend mieux en bas âge qu'au niveau du
secondaire? Les preuves de l'échec de l'apprentissage de la langue
seconde étant faites au Québec depuis déjà
plusieurs centaines d'années, le ministère se dirige-t-il vers
l'adoption de cette école de pensée qui fait que la langue
seconde s'apprend mieux au niveau primaire?
M. Laurin: C'est une question trop complexe qui comporte des
aspects pédagogiques aussi bien que linguistiques, aussi bien que
politiques dans le grand sens du terme pour qu'on puisse la trancher dans une
seule réponse. Le député sait très bien qu'il en a
été amplement discuté lors de la présentation des
mémoires, lors de l'étude du projet de loi no 1.
Nous en avons nous-mêmes longuement discuté, comme je le
disais tout à l'heure, au comité. La question est
véritablement trop complexe pour que je puisse la trancher en quelques
commentaires. Je pense qu'il vaut mieux attendre la discussion qui
s'élaborera autour du livre vert. Mon opinion personnelle est faite,
mais je pense que ce n'est pas mon opinion personnelle qui intéresse le
député de Mégantic-Compton.
Le Président: M. le député d'Iberville,
est-ce qu'il s'agit d'une question additionnelle?
M. Beauséjour: Une question principale.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
Juge en chef de la Cour des sessions de la paix
à Montréal
M. Fontaine: Ma question s'adresse au ministre de la Justice et
concerne l'affaire du juge Fabien. Au début de la semaine, les journaux
nous rapportaient que l'enquête blanchissait le juge Fabien. Hier et
aujourd'hui, on nous rapporte que ce serait le contraire. Je voudrais, sans
animosité, demander au ministre de la Justice s'il peut faire le point
sur cette affaire, aujourd'hui, devant cette Assemblée.
M. Bédard: M. le Président, pour l'information de
mes collègues de l'Assemblée nationale, je dois dire que mardi
soir, lors d'une rencontre avec la Sûreté du Québec, on m'a
remis une synthèse du dossier. Jeudi après-midi, un rapport
détaillé a été déposé au
ministère de la Justice. D'autres renseignements supplémentaires
ont été fournis lundi de cette semaine. Maintenant, dès la
fin de semaine, vendredi et samedi, j'ai procédé à
l'étude du dossier avec des officiers supérieurs du
ministère de la Justice. Compte tenu de la nature des faits, j'ai
demandé aux officiers du ministère et à des
procureurs-conseils de procéder à une analyse en profondeur des
faits en question afin de me permettre de faire le point dans les meilleurs
délais possible. J'estime, d'ailleurs, que l'importance des principes et
des institutions en cause justifie amplement de prendre le délai
nécessaire à cette analyse.
Je dois vous dire également que, ce matin, j'ai communiqué
avec le juge en chef et que j'attends une communication de sa part, d'ici midi.
Ce seraient les seuls commentaires que je pourrais faire à ce
stade-ci.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Une question additionnelle, M. le
Président.
Je comprends que cette communication doit être probablement pour
demander au juge de suspendre ses activités en attendant que le ministre
reçoive des avis plus complets qu'il a demandés.
M. Bédard: C'est exact. C'est une communication concernant
l'opportunité pour le juge en chef de continuer à siéger
dans le contexte actuel.
M. Fontaine: Une question supplémentaire.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce qu'il est exact que le rapport ferait
référence à d'autres juges des Sessions de la paix?
M. Bédard: Je ne crois pas d'intérêt public
de répondre à la question. Cela n'infirme pas, cela ne confirme
pas, mais, s'il fallait que le ministre de la Justice commence, dans tous les
dossiers, à faire état du fait que le nom d'une personne est
mentionné dans un dossier, je pense qu'à partir de ce moment on
en viendrait à créer une situation qui serait inacceptable.
Le Président: Question principale, M. le
député de Beauce-Sud?
M. Roy: Non.
Le Président: Alors, la question principale est au
député de Rouyn-Noranda.
Services de Radio-Québec dans
l'Abitibi-Témiscamingue
M. Samson: M. le Président, en décembre dernier,
j'avais l'occasion de poser une question au ministre des Communications
relativement à l'opportunité pour Radio-Québec
d'étendre ses services vers la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Devant la réponse encourageante du
ministre, à ce moment, je voudrais, ce matin, lui demander s'il est en
mesure de faire le point sur ce dossier et de nous dire vers quel moment il
croit que la région de l'Abitibi-Témiscamingue pourrait
bénéficier des services de Radio-Québec.
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. O'Neill: M. le Président, d'après les
renseignements les plus récents qu'on m'a transmis à ce sujet, il
semble que les travaux vont bon train.
On suit le programme prévu. Je sais qu'une étape est en
train d'être franchie actuellement, celle qui consiste à
délimiter avec une meilleure précision l'expansion du territoire
qui doit être couvert. Là-dessus, de l'avis, du moins, de certains
ingénieurs de notre ministère qui suivent le dossier
conjointement, il y aura besoin de faire un certain nombre de
réajustements. Dans l'ensemble, je puis assurer M. le
député de Rouyn-Noranda que le programme semble bien se
dérouler tel que prévu; même si je n'ai pas de date
à lui donner, il peut mettre beaucoup d'espoir dans le
développement de ce projet.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
Conflit chez les camionneurs artisans
M. Roy: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à l'honorable ministre de la Justice et a trait au rôle que joue
la Sûreté du Québec dans le conflit qui oppose actuellement
Day and Ross compagnie de transport aux 112 camionneurs artisans du
Québec. J'aimerais savoir pendant combien de temps la
Sûreté du Québec devra escorter les camions qui traversent
le Québec, qui ne sont qu'en transit, pour protéger les
intérêts d'une compagnie à l'extérieur du
Québec dans le cadre d'un conflit de travail qui oppose des travailleurs
québécois. J'aimerais savoir pour quelle raison la
Sûreté du Québec n'aurait pas plutôt laissé ou
forcé cette entreprise à avoir recours à des agences
privées pour se protéger plutôt que de se faire
protéger aux frais de la province.
M. Bédard: Je ne peux pas répondre très
précisément à la question, à savoir pendant combien
de temps la Sûreté du Québec va continuer d'accompagner ou
d'escorter ces camions. Il s'agit d'un conflit de camionneurs artisans; pour le
moment, je prendrai avis de la question afin de donner une réponse plus
précise.
M. Roy: Comme c'est le dernier jour de la session, je me demande
de quelle façon on pourra avoir une réponse si le ministre en
prend avis.
M. Bédard: ...s'il sait quand finit la session!
M. Roy: J'aimerais savoir si le ministre est au courant du
dossier. Si le ministre n'est pas au courant du dossier du tout, je ne lui en
ferai pas grief, mais j'aimerais savoir s'il est au courant de cette
situation.
Deuxièmement, lorsqu'il aura pris connaissance de la situation,
entend-il prendre les mesures qui s'imposent?
M. Bédard: II y a eu les faits que vous connaissez, ils
ont demandé l'aide des policiers, cette aide leur est fournie. Tel que
je vous le dis, je ne peux répondre à la question: Durant combien
de temps cette situation va-t-elle durer? Je ne suis quand même pas
maître du fait que la session peut se terminer aujourd'hui ou demain; je
pourrai, si je ne puis le faire demain parce que la session est
terminée, dans le courant de la journée donner au moins
personnellement au député de Beauce-Sud les informations
auxquelles il a droit.
Le Président: M. le député d'Iberville.
Conflit de travail à la Volcano de
Saint-Hyacinthe
M. Beauséjour: Ma question s'adresse au ministre du
Travail. C'est au sujet du conflit à la Volcano, à
Saint-Hyacinthe, qui touche aussi trois travailleurs à
Trois-Rivières et à Montréal. Le lock-out dure depuis neuf
semaines et j'ai su d'un travailleur une information, qui n'est pas
vérifiée, à l'effet qu'une agence de
sécurité aurait été engagée avec
tout ce qui est nécessaire. Je voudrais savoir où en sont
rendues les négociations et si, à la Volcano, c'est exact qu'une
agence de sécurité s'occupe de l'ordre.
M. Johnson: D'abord, je voudrais remercier le
député d'Iberville de m'avoir donné un préavis de
sa question, préavis, d'ailleurs, que m'avait donné
également le député de Saint-Hyacinthe et à qui
j'ai répondu par une lettre manuscrite hier à l'occasion du
débat sur le projet de loi no 45. En effet, la compagnie Volcano est en
lock-out depuis au-delà de 70 jours; c'est un conflit qui implique 133
travailleurs salariés. M. Raymond Désilets, le directeur du
service de conciliation du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre a
rencontré, lundi dernier, la partie syndicale à Saint-Hyacinthe.
Il convoquait, hier, à Montréal, la partie patronale et je sais
qu'il doit rencontrer aujourd'hui et lundi la partie syndicale.
On m'informe, au niveau du service de conciliation, qu'il y a une
négociation qui va bon train. Faute de pouvoir affirmer qu'il y a un
espoir que ce conflit se règle immédiatement, les
négociations vont bon train. Quant à l'autre question du
député au sujet d'une agence de sécurité, je n'ai
malheureusement aucune connaissance de l'existence de tels services à
l'usine de Saint-Hyacinthe.
M. Beauséjour: Question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre peut vérifier cela?
M. Johnson: Oui. Je peux bien.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Est-ce que le ministre du Travail s'attend à
recevoir des directives du gouvernement vis-à-vis des entreprises
d'Etat, en particulier les entreprises de la SGF ou d'autres entreprises, afin
que cessent ces lock-out d'entreprises d'Etat? On a eu l'an dernier le conflit
de SIDBEC, qui était un lock-out, et on en a encore un maintenant.
Est-ce qu'il y a certaines directives que le ministre du Travail va
émettre ou que le gouvernement émettra dans cette direction?
M. Johnson: Je pense qu'à part de répondre par des
généralités je suis dans une position un peu ambiguë
face à cela. Le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, par
son service de conciliation, par la réglementation et la
législation dont il est responsable de l'application, joue en principe
dans le secteur privé une sorte de rôle d'arbitre, un rôle
de présence neutre, d'une présence qui tente essentiellement de
favoriser un rapprochement des parties quand il y a des problèmes. Quand
il s'agit de sociétés d'Etat, la chose est un peu plus
délicate. Il est bien évident que le problème qui perdure
à la Société de cartographie est l'exemple type de ce
double chapeau que le ministre doit coiffer. En plus d'être membre d'un
gouvernement qui a une politique en matière salariale et en
matière de conditions de travail, il est, d'autre part, titulaire du
ministère qui est là pour rapprocher les parties. En ce qui a
trait spécifique- ment aux sociétés d'Etat, je pense qu'il
ne faudrait pas oublier que les sociétés d'Etat sont
régies par des lois qui leur confèrent une très grande
autonomie. Elles ont des conseils d'administration auxquels siègent des
gens qui sont habituellement du secteur privé et quelques-uns qui
proviennent de la fonction publique. Ce sont des sociétés dans
lesquelles il faut intervenir le moins possible, je pense, au niveau des
décisions qu'elles prennent. Ceci dit, en ce qui a trait à
Volcano par exemple, dans la mesure où celle-ci relève de la
Société générale de financement, qui est
elle-même un organisme avec une participation majoritaire de l'Etat, il
est bien évident que le ministre de l'Industrie et du Commerce peut
émettre, à titre de conseil et de suggestion, certaines opinions
auprès des membres du conseil d'administration de la SGF. A moins que
nous procédions avant le coup à une refonte en profondeur de
toutes les relations de travail au Québec, il ne faut pas intervenir
directement auprès de sociétés à qui les lois
confèrent une autonomie.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
Travaux de voirie
M. Russell: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports. Il est maintenant de notoriété publique
que les grands travaux se font attendre pour démarrer aussi bien que
plusieurs petits travaux de voirie qui sont la source de plusieurs emplois
saisonniers pour ceux qui n'ont pas de travail cette année et pour
d'autres qui en auront peu. Est-ce que le ministre pourra, ce mois-ci,
confirmer ou infirmer que cela dépend des directives du ministre des
Finances en vue d'augmenter les crédits périmés?
M. Lessard: M. le Président, j'ai donné certaines
indications. En date de la fin de juillet, il y avait eu plus de contrats, 76
contrats de plus, d'accordés, signés, qu'à la même
date l'an dernier, pour une somme totale de $13 millions de plus. Il est
certain que dans le premier trimestre il y a eu des montants de versés
qui ont été inférieurs à ceux de l'an dernier, des
montants qui ont été versés aux entrepreneurs. Mais, en
date du mois de juillet, nous avons versé $39 millions à des
entrepreneurs, ce qui correspond à peu près au même montant
qui a été versé l'an dernier. Nous aurons cette
année en fait, comme travaux, plus de $50 millions de plus que l'an
dernier. J'espère avoir un montant, j'attends un montant de $5 millions
du ministre des Finances, pour un programme de création d'emplois et qui
iront dans des travaux régionaux.
Il n'y aura pas, cette année, comme travaux du ministère
des Transports, de montants inférieurs à ceux de l'an dernier.
Nous espérons en avoir plus. Si le ministre des Finances a encore $5
millions ou $6 millions à mettre à la disposition du ministre des
Transports pour engager, si vous voulez, des travaux dans les régions,
j'en serai particulièrement heureux, parce que le ministère des
Trans-
ports est peut-être le ministère le plus
déconcentré. Ceci lui permet de pouvoir dépenser beaucoup
plus vite de l'argent qui serait de l'argent provenant de crédits
périmés.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton, brièvement.
M. Grenier: M. le Président, une question additionnelle au
ministre des Transports. Est-ce que le ministre des Transports pourrait nous
renseigner sur la lettre de directive qui venait de son ministère
je pense que ce n'était pas le ministre qui la signait au sujet
des montants d'argent de petite voirie donnés au niveau de tous les
comtés ruraux. Après avoir appris des hauts fonctionnaires que
quand ces montants étaient inférieurs à $10 000, les
travaux étaient dans la même année d'ailleurs, j'ai
prévenu le ministre de ma question on a reçu une directive
qui fait que quand c'est plus de $2000, déjà c'est réparti
sur deux ans, et quand c'est plus de $5000, cela peut être réparti
sur trois ans. Plusieurs municipalités sont un peu surprises de cela. Je
me demande si le ministre n'a pas de nouvelles à nous donner à ce
sujet.
M. Lessard: II faudrait quand même expliquer que les
montants avaient été engagés avant les élections.
Normalement, il y a $16 millions qui sont prévus pour les
municipalités, pour des travaux d'amélioration de réseaux
municipaux. Or, il ne restait que $4,5 millions pour cette année,
puisque les montants avaient été engagés au cours des
années précédentes. En vue d'aider les
députés, comme les municipalités, comme les
régions, j'ai engagé cette année un montant de $4,5
millions sur l'année à venir et un montant de $1,5 million sur
l'année 1979/80. Je comprends que cela crée des problèmes.
Les députés de l'Opposition, mais aussi les députés
du gouvernement m'en ont informé. A la suite du retour de M. Pari-zeau,
j'ai l'intention de lui demander une somme de $1,5 million, ce qui me
permettrait, au lieu de payer sur trois ans, de payer au moins sur deux ans. Si
j'obtenais ces $1,5 million, cela réglerait peut-être tout le
problème des petites municipalités qui reçoivent un
montant de $10 000 versé sur une période de trois ans. Si on
avait $1,5 million, on pourrait peut-être régler le
problème de ces municipalités et verser le montant sur une
période d'un an, ou, en tout cas, sur une période de deux ans au
maximum.
M. Russell: M. le Président, une question additionnelle
très courte. Le ministre est au courant, lorsqu'il parle de contrats de
travaux de voirie, qu'il y en a plus d'émis que dans les années
passées. Il sait que c'est la coutume que certains entrepreneurs
accumulent des contrats et commencent les travaux un an après, ce qui
n'aide pas à la situation actuelle. Est-ce vrai que le ministre soit en
train de réviser ses structures pour faire en sorte qu'un seul
entrepreneur ne puisse accumuler les travaux et créer la situation qu'on
connaît actuellement?
M. Lessard: Dans les prochains contrats qui seront
accordés, nous avons l'intention de tenir compte de la performance de
l'entrepreneur, à savoir du respect de l'échéancier. Un
entrepreneur qui n'aura pas respecté son échéancier pourra
être pénalisé. Il y aura un certain nombre
d'éléments, de critères qui nous permettront justement de
vérifier si un entrepreneur a respecté son
échéancier et s'il a respecté aussi les plans et devis du
contrat. A ma connaissance j'ai vérifié hier les
contrats ne sont pas retardés actuellement.
Le Président: M. le député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, ma question s'adressait au
premier ministre, mais vu qu'il n'est pas là, est-ce que je pourrais
être reconnu un peu plus tard? Le premier ministre est sorti.
M. Burns: II va être ici tout à l'heure. Il est
absent actuellement.
M. Caron: Oui, c'est ce que je. dis. Il n'est pas
là...
M. Charron: Je vais prendre avis et je vous répondrai au
début de la prochaine session.
M. Caron: Alors, je vais passer la parole à mon
collègue de D'Arcy McGee.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
Rapport sur la restructuration scolaire sur
l'île de Montréal
M. Goldbloom: M. le Président, je vais adresser ma
question au leader parlementaire du gouvernement qui, tout à l'heure, a
fait office de ministre de l'Education pour déposer un document.
Peut-il informer cette Chambre pour quelle raison le rapport du conseil
scolaire de l'île de Montréal, sur la restructuration du
système scolaire sur l'île n'a pas encore été
déposé malgré le fait que la loi exigeait ce
dépôt pour le mois de décembre dernier? Il est vrai qu'il y
a eu un certain retard à recevoir ce document de la part du conseil
scolaire, mais nous sommes quand même à la fin d'un débat
sur l'éducation, la langue de l'enseignement; il y a eu aujourd'hui des
questions sur l'enseignement de la langue seconde, des décisions ont
été prises par une commission scolaire. Ce document serait une
pièce importante à tout ce dossier et nous ne l'avons pas.
M. Burns: M. le Président, et le député le
comprendra, je vais prendre avis de sa question et je vais déployer tous
les efforts pour pouvoir lui donner une réponse aujourd'hui même
et si c'est possible, si on m'informe au ministère de l'Education que
c'est possible, je demanderai même le consentement de l'Assemblée
nationale pour me permettre de déposer ce document dans le courant de la
séance, si le document est disponible.
M. Goldbloom: De toute évidence, M. le Président,
ce consentement serait facilement accordé par l'Opposition officielle.
J'aimerais prier le ministre, en même temps qu'il fera ces
vérifications, de bien vouloir consulter les autorités du
ministère de l'Education afin de pouvoir éclairer la Chambre sur
les intentions du gouvernement quant à la décision qu'il lui
reviendra de prendre sur cette importante question. Pourrait-il nous informer
vers quel moment le gouvernement aurait l'intention de se prononcer sur cette
question, de prendre une décision et passer à l'action?
M. Burns: Je prends également avis de cette question.
Le Président: M. le député de
Pointe-Claire.
Centres d'accueil pour adolescents
M. Shaw: M. le Président, ma question devrait être
posée au ministre des Affaires sociales, mais il est évident
qu'il n'est pas ici. Le leader adjoint du gouvernement pourrait peut-être
me donner le renseignement sur la question d'un dossier qui traîne depuis
quatre mois sur la situation des 212 adolescents anglophones qui ne sont pas
encore placés dans des centres d'accueil dans la province de
Québec. Nous avons fait un arrangement avec le centre d'accueil Boys'
Farm, nous avons prévu des dépenses annuelles de $1 200 000 et
nous sommes venus au gouvernement pour demander une subvention de $200 000 pour
effectuer ce programme. Pouvez-vous me donner des renseignements?
L'année scolaire commence dans une semaine et si ce programme ne
commence pas tout de suite, les enfants seront éparpillés partout
dans la province. Ce montant de $200 000 est un montant minime, si on
considère qu'il y a 212 adolescents qui attendent leur placement et 41
sont des adolescents qui doivent être dans un système
fermé. Pouvez-vous me donner des renseignements sur ce dossier et me
dire si le montant de $200 000 s'applique?
M. Martel: En l'absence du ministre des Affaires sociales, je
prends avis de cette importante question, je m'informe au ministère
dès ce matin et, cet après-midi, j'essaierai de communiquer la
réponse au député de Pointe-Claire.
M. Charron: Question, M. le Président.
Le Président: Fin de la période de questions.
Je voudrais profiter de ce petit moment de répit pour souligner
la présence dans les galeries du député
fédéral de Richmond, le collègue de notre ami, le
député de Richmond, M. Lionel Beaudoin.
Projet de loi no 45
M. Charron: M. le Président, comme convenu hier, en fin de
séance... ou plutôt ce matin, avec le chef de l'Opposition
officielle et le chef de l'Union Nationale, nous devrions procéder
immédiatement à la mise aux voix de la deuxième lecture du
projet de loi 45 au nom du ministre du Travail. Je demande un vote
enregistré, M. le Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: II y a eu tout à l'heure, en quelque sorte,
ce que l'on appellerait en bon français un "gentlemen's agreement" quant
à la question de mon collègue de Verdun. Si le premier ministre
arrive en Chambre, permettrez-vous à mon collègue de poser sa
question à ce moment-là?
M. Charron: Qu'il la pose à un autre ministre. Qu'est-ce
que vous voulez qu'on fasse?
M. Caron: M. le Président, ma question, je voulais la
poser hier, mais le premier ministre n'y était pas; je ne dis pas que
c'est sa faute. Mais, là, ce matin, il est reparti. S'il arrive, il me
semble que c'est tout à fait normal, c'est à lui que je dois la
poser. Si je la pose à un autre ministre, on va prendre avis de la
question. Cela ne donne rien de le demander à un autre.
M. Charron: Je regrette, M. le Président.
Une Voix: Voulez-vous savoir ce qu'il fait ce midi?
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote de deuxième lecture
Le Président: Nous allons maintenant mettre aux voix la
motion de M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui se lit comme
suit: il s'agit d'une motion de deuxième lecture Que la
loi modifiant le Code du travail et la Loi du ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre soit maintenant lue la deuxième fois. Que ceux et
celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Cardinal, Bédard, Laurin, Couture, Johnson, O'Neill, Mme
Ouellette, M. de Belleval, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Duhaime,
Tardif, Garon, Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière),
Marcoux, Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire,
Bertrand, Godin, Laplante, Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Mercier, Laberge.
Marquis, Lacoste, Ouellet, Perron, Brassard, Clair, Gosselin, Lefebvre,
Dussault, Charbonneau, Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Boucher,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet, Biron,
Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Lalonde, Forget, Garneau, Goldbloom, Saindon, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux,
MM. Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, O'Gallagher, Ciaccia, Gratton,
Pagé, Verreault, Springate, Samson, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 63 Contre: 21
Abstentions: 0
Le Président: La motion est adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Burns: M. le Président, je fais maintenant motion pour
que la commission de la présidence du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales se réunisse à midi quinze.
M. Levesque (Bonaventure): Midi quinze.
Motion de renvoi à la commission du
travail
M. Burns: Je propose également avant cela que le projet de
loi no 45 soit déféré à la commission parlementaire
permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration pour
étude article par article. Comme je l'ai mentionné, ce matin, le
projet de loi ne sera pas étudié à la date que nous avions
prévue, c'est-à-dire le 12 septembre, mais possiblement un mois
plus tard, vers la mi-octobre. Je fais donc cette motion, M. le
Président, avant de faire la motion pour faire siéger la
commission.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Burns: M. le Président, je reviens donc à la
motion que je m'apprêtais à faire, que la commission de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales se réunisse à midi quinze à la salle
81-A pour poursuivre l'examen article par article du projet de loi no 2.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Brochu: Est-ce que le leader du gouvernement me permettrait
une question en vertu de l'article 34? Les projets de loi qui ont
été déposés en première lecture au nom du
ministre de la Justice ce matin, est-ce que cela signifie qu'on a l'inten- tion
de les appeler au cours de la journée, pour discussion, ou si c'est
simplement pour les inscrire?
M. Burns: Non, nous n'avons pas du tout l'intention de les
appeler au cours de la journée. Si la Chambre ajourne ses travaux
aujourd'hui, ces projets de loi relativement au ministère de la Justice
seront appelés au moment de la reprise de nos travaux quelque part en
octobre.
M. le Président, je vous demanderais donc maintenant d'appeler
l'article 3.
Le Président: Je pense que ce serait plutôt
l'article 2.
M. Burns: L'article 2, excusez-moi. L'article 3, c'est fait
déjà.
Le Président: Reprise du débat en troisième
lecture sur la Charte de la langue française.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président...
Le Président: A l'ordre!
Je m'excuse, M. le premier ministre, je souligne que c'est le ministre
d'Etat au développement culturel qui propose la troisième lecture
de ce projet de loi.
M. le premier ministre, je vous cède la parole.
Projet de loi no 101 Troisième lecture M.
René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je ne sais
pas quel relent de caporalisme manifeste cette intervention de nos amis d'en
face. Mais, dès le début de cette brève intervention, il y
a deux choses que je voudrais souligner, surtout celle-ci, en premier lieu.
Quelles que soient les possibles provocations, je n'ai ni de près ni de
loin l'intention, ni le goût de transformer cette intervention en charge
partisane.
Pendant une quarantaine de jours de séance, et maintenant quelque
200 heures de débat, ici ou en commission, cela a été
marqué par de durs affrontements, à l'occasion, qui ont
même été virulents. C'était inévitable parce
qu'il n'y a pas de sujet plus chargé, plus explosif cela fait une
dizaine d'années qu'on en fait l'expérience que celui de
la langue puisque, chez nous, il est relié de si près à
l'identité de deux communautés humaines. Justement parce que
c'est très délicat, que c'est très proche des fibres,
espérons que ce texte qui, après tout ce temps, va nous quitter
dans quelques heures pour devenir la loi du Québec, espérons
qu'on lui permettra nous autres ici, en tout cas, nous le ferons pendant
les quelques heures qui nous restent d'amorcer sa carrière dans
les moins mauvaises conditions possibles, dans un climat qui donne lui aussi
comme on l'a souvent dit ces derniers temps à ce texte la
chance du coureur.
D'ailleurs, c'est passablement sur ce ton, sauf erreur, qu'hier le chef
de l'Opposition a réussi à s'exprimer. Je tiens à l'en
remercier en espérant que cela se terminera de la même
façon.
La deuxième chose que je voudrais dire, très rapidement,
très brièvement, c'est que je vais peut-être
m'éloigner un peu des règles strictes de la troisième
lecture. Dès le départ, je vous demande à ce propos, M. le
Président, votre indulgence et celle de nos collègues d'en face,
ou, comme dit le whip, votre clémence.
Nous voici donc pour la troisième fois, en une dizaine
d'années, devant une loi sur la langue, une loi qui est faite pour la
défense et la promotion de l'instrument communautaire de tout un peuple,
son instrument fondamental de culture, l'instrument même de son
identité; pour la défense et l'illustration de la langue d'un
peuple qui est ici la majorité, mais tout en tâchant aussi
cela semble parfois la quadrature du cercle de préserver des
droits que nous reconnaissons, et largement, je crois, à la
minorité anglophone qui vit avec nous dans ce même
Québec.
Vous savez, on n'est pas très nombreux dans le monde à
être dans cette situation; sauf erreur, seules les sociétés
nationales qui sont minoritaires et dépendantes dans le contexte
où elles ont à vivre en viennent à se sentir
acculées à ce genre d'obligation. Il n'y en a pas beaucoup qui
ont fait partie de ce petit nombre; c'est pour cela que pour ma part j'ai eu
souvent le goût dédire je me suis même permis de le
dire que je me sentais, comme homme, comme membre de ce peuple du
Québec français, humilié cela fait une dizaine
d'années que cela dure et ce n'est pas fini d'une certaine
façon, dans mes propres fondements, d'être devant cette obligation
parce qu'elle reflète tout un contexte économique et politique
qui, à mon humble avis, est et va demeurer, aussi longtemps qu'il va
être comme il est, inacceptable. En tout cas, jusqu'à nouvel
ordre, on est dans ce cas-là.
Etant donné la façon dont on a abordé ce
cas-là, avec le projet de loi no 1 et ensuite le projet de loi no 101,
certains ont prétendu y voir et prétendent encore y voir
qu'à partir de ce souci collectif que doit refléter la loi 101,
nous aurions exagéré dans le texte et même qu'il y aurait
quelque chose de revanchard dans ce projet de loi. Pour ma part, en conscience
et au nom du gouvernement tout entier, sans être capable de sonder les
reins et les coeurs cela, il n'y a personne qui peut y arriver
j'ai nettement la conviction et je peux le dire à l'Assemblée
nationale au moment où le débat va s'achever bientôt, que
sur ce dernier point, quand on prétend qu'il y a eu quelque chose de
revanchard dans le travail de préparation de ce projet de loi et tout ce
qui l'a accompagné depuis le début des débats, quant
à nous, c'est strictement faux. La loi 101 n'est faite contre quiconque;
nulle part, jamais, dans aucune de nos intentions, dans les interventions qui,
de notre côté, ont accompagné ce laborieux cheminement,
nulle part j'ai senti qu'il y avait, au fond de nous, quelque hostilité
que ce soit ou quelque esprit de revanche que ce soit contre qui que ce
soit.
Très fermement, on a voulu faire et il n'y a pas à
le cacher quelque chose d'équitable, de ferme aussi, de
vigoureux, en essayant de tenir compte des leçons qui sont venues des
efforts antérieurs; on a essayé très fermement de faire
quelque chose pour nous, comme majorité française au
Québec et comme entité nationale qui a parfaitement le droit de
se prémunir contre des dangers que tout le monde admet. Est-ce qu'on a
réussi à les baliser aussi précisément qu'on le
voulait? C'est à l'usage qu'on verra cela. Mais, une chose certaine,
c'est que, tout en n'étant contre personne, il est évident
je pense que tout le monde dans cette Assemblée va le reconnaître
qu'un peuple qui représente un Nord-Américain sur 40, un
peuple qui, par conséquent, est exposé à tous les immenses
courants d'un continent d'au-delà de 240 millions de gens qui ne parlent
pas notre langue et dont la culture, dont les moyens de communication, dont
toutes les influences et tous les impacts viennent battre contre nous,
c'est-à-dire ce quarantième d'une autre langue, d'une autre
identité culturelle, dans un contexte comme celui-là, il est
évident que, sans quoi que ce soit qui puisse être hostile,
puisqu'on fait partie du continent et que nous sommes, nous aussi, des
Nord-Américains, qui puisse être hostile contre quiconque,
c'était non seulement notre droit, mais c'est notre devoir, dans le
contexte où nous avons à vivre, de penser à la
défense et à l'illustration de l'instrument essentiel de notre
identité, qui est la langue française. Est-ce qu'on a
exagéré dans ce souci en excluant toute idée de revanche
contre qui que ce soit? Je ne le sais pas, je ne le sais pas, je le dis
très franchement, parce qu'il est évident que personne ne peut
dire qu'une loi comme celle-là est parfaite au départ. C'est
seulement, encore une fois, à l'usage, qu'on découvrira les
défauts s'il y en a, et moi, je suis assez convaincu qu'on en
découvrira. Le cas échéant, on pourra les corriger tout le
monde ensemble.
On remarquera d'ailleurs, et, en particulier, le député de
Marguerite-Bourgeoys le notera, j'espère, parce que Dieu sait qu'il a
insisté là-dessus, mais on notera aussi que l'article qui, au
départ, prétendait baliser l'une face à l'autre, dans un
certain sens, cela aurait pu devenir l'une contre l'autre, la Charte des droits
de la personne et la Charte de la langue française, cet article n'existe
plus. Autrement dit, le terrain reste libre, et le terrain est mobile, on le
sait. Il s'agit en fait, dans les deux cas, d'un terrain relativement nouveau.
Il y a seulement quelques années que, du côté de la langue,
on prétend légiférer, dans un contexte extrêmement
délicat. Il n'y a pas longtemps non plus que la loi sur les droits de la
personne et la commission qui est censée veiller à son
application sont également actives dans le paysage. L'interaction de
l'une sur l'autre de ces deux chartes, on l'a laissée
complètement libre, de façon qu'on puisse voir tous ensemble, et
c'est l'un des avertisseurs qu'on aura, qu'on puisse voir tous ensemble si on a
réussi à préserver, aussi bien du côté des
collectivités qui sont en présence ici au Québec que du
côté des individus qui en font partie, si on a réussi
à préserver, comme on le voulait et comme
on a tenu à le faire, les droits des uns et des autres.
En tout cas, s'il y a une chose que je n'admettrai jamais, quel que soit
le feu des débats, c'est qu'on puisse avoir de part et d'autre, quand on
s'affronte sur des sujets comme ceux-là, qu'on puisse prétendre
avoir ce qui a été défini comme la possession tranquille
de la vérité et, en particulier de ce côté-ci, il
faut qu'on fasse attention, on le sait, parce que cela peut vite devenir
l'arrogance de la certitude à laquelle le pouvoir risque toujours de
nous conduire. On le sait. Mais j'ai vu aussi, depuis une dizaine
d'années, comme nous tous, les plaies que ce problème a ouvertes,
qu'il a entretenues, les études et les recherches à n'en plus
finir qu'il a suscitées, les efforts laborieux et souvent même
douloureux qu'on a faits pour le résoudre. Je sais que, dans ce
contexte-là, ce n'est pas facile, pas plus facile pour nous que cela ne
l'était pour les autres.
Depuis notre arrivée au pouvoir, il n'y a pas tellement de mois,
j'ai vu aussi qu'à notre tour, et en partie c'étaient des
retombées de la campagne électorale dont on venait de sortir,
à notre tour, nous étions aussi, sans tarder, dans l'obligation
de nous occuper de ce problème, de tâcher d'en venir à bout
sans le laisser traîner encore indéfiniment. Et là, pendant
des semaines, j'ai vu le soin avec lequel, d'une version à l'autre de ce
texte maintenant final qui est devant nous, le soin et les scrupules avec
lesquels le projet de loi a été mis au point.
J'ai vu, et j'y ai participé, la sincérité parfois
passionnée, mais toujours scrupuleuse avec laquelle tous ont
pioché pour établir dans ce texte, une fois pour toutes
espérons-le, cette affirmation ce que j'appelais la
défense et l'illustration du français au Québec, mais dans
le respect des droits des autres pour qu'elle aille aussi loin que
l'exige la dignité d'un peuple chez lui, et d'un peuple qui se respecte,
mais en cherchant toujours avec la même assiduité je peux
en donner témoignage; cela ne veut pas dire qu'on n'a pas fait d'erreurs
à s'arrêter quand même, dans cette affirmation avant
d'atteindre le point où on empêcherait la communauté
anglophone, qui est québécoise elle aussi, de se maintenir et de
s'exprimer librement.
Tel qu'il est, ce texte, après tout ce travail et tout ce souci
que je n'exagère pas, est-ce qu'on peut dire vraiment, dans le contexte
québécois, partie du contexte continental que nous connaissons,
qu'il brime si peu que ce soit exagérément les droits que nous
reconnaissons à nos concitoyens anglophones? Ici, dans certains milieux
qui sont voués à être contre ce genre d'effort, on peut
prétendre que oui, c'est exagéré.
Dans l'avalanche des choses qui ont été dites et
publiées à propos du projet de loi 101 et du projet de loi 1, je
prends simplement trois textes que je voudrais citer en partie, sans les
tronquer, sans les déformer. Le premier, c'est tout simplement, mais
très éloquent, un résumé qui a été
fait dans la Presse par Mme Lysiane Gagnon, justement de cette réponse
qu'on peut donner, mais très globa- lement, cursivement, à ceux
qui prétendent qu'il y a des excès, en tenant compte du contexte
non seulement québécois, mais canadien aussi auquel nous
appartenons toujours jusqu'à nouvel ordre.
Pour décrire la réalité, comme elle le dit, Mme
Gagnon a trouvé ceci: "La réalité, c'est que très
peu de minorités à travers le monde peuvent jouir du statut
très particulier que conservera aux Anglo-Québécois la
future législation: un réseau scolaire complet de la maternelle
à l'université inclusivement que pourront fréquenter
toutes les générations issues de l'actuelle minorité
anglophone; un réseau d'institutions hospitalières et de services
sociaux qui continueront, le plus souvent, à fonctionner en anglais
surtout avec les ajustements qui ont été faits tout
récemment dans la dernière version du texte et à
qui l'on ne demandera que de traiter en français avec un malade ou un
client francophone; un réseau d'institutions culturelles, journaux,
radio, télévision, centres d'art, etc., qui continuera de
refléter et d'animer une culture qui s'appuie sur un immense bloc de 240
millions ou 250 millions de Nord-Américains, tous ces organismes et
institutions étant, le cas échéant, subventionnés
par l'Etat québécois sur un pied d'égalité absolu
avec leurs équivalents francophones, écoles, universités,
hôpitaux, services sociaux, diverses activités culturelles
anglophones ayant non seulement droit de cité, mais étant
traités par les pouvoirs publics exactement de la même
façon que ceux de la majorité." C'est quand même vrai pour
la collectivité anglophone. "Si on regarde le revers de la
médaille, puisqu'on est toujours au Canada, les minorités
francophones des autres provinces aujourd'hui en voie d'extinction très
souvent, n'ont jamais eu et n'auront jamais jusqu'à nouvel ordre,
dans la perspective actuelle l'ombre de ces avantages, elles qui
auraient pourtant eu d'autant plus besoin d'une protection gouvernementale
qu'elles étaient absolument isolées culturellement et
dénuées de tout pouvoir économique."
Du côté des droits individuels maintenant, et je reprends
le texte rapidement, juste l'essentiel. "Au chapitre des libertés
individuelles qui, de toute façon, seront balisées
éventuellement, si le besoin s'en fait sentir, par des organismes comme
la Commission des droits de la personne la législation respectera
pour tout anglophone le droit de communiquer en anglais avec l'administration
publique, le droit de plaider sa cause en anglais devant tout tribunal, le
droit de contracter et de transiger en anglais dans le secteur privé, le
droit de s'exprimer en anglais au Parlement et d'obtenir, sans délai,
des divers paliers de l'administration publique, une traduction anglaise des
lois, des règlements, etc., le droit de travailler en anglais, à
la seule condition que l'usage de cette langue et encore dans des
entreprises d'une certaine taille ne brime pas le droit des francophones
à être servis en français ou à communiquer en
français au travail, le droit d'occuper évidemment n'importe quel
emploi, n'importe quelle fonction de direction, etc., et à la seule
condition sans qu'il n'y ait rien de racialement défini
là-dedans de travailler à augmenter, à tous
les niveaux, le nombre de Québécois capables de s'exprimer en
français.
Je crois que les ouvertures qui ont été faites du
côté des sièges sociaux, encore dans la dernière
version du projet de loi, pour les entreprises qui ont des activités qui
débordent les frontières, montrent à quel point, quand
même il a eu un souci de respecter les libertés des gens.
Encore une fois, le revers de la médaille, si on regarde à
l'extérieur du Québec, à ce chapitre, celui des droits
individuels et de l'exercice des droits parce que des droits sur le
papier, on sait ce que cela vaut quand ils ne sont pas respectés
à ce chapitre, les minorités françaises des autres
provinces n'ont qu'un seul droit expressément reconnu par la loi des
langues officielles, celui de communiquer en français avec les
organismes fédéraux. Mais avez-vous déjà
essayé d'acheter des timbres-poste en français à
Saskatoon? C'est une question que j'ai oublié de poser à M.
Blakeney l'autre jour.
Même chez des gens qui, peut-être, ont un peu plus de recul
parce qu'ils vivent à l'extérieur, mais qui se sont un peu
donné la peine de regarder le climat dans lequel tout cela se
déroulait, même chez des gens du Canada, à
l'extérieur du Québec, et je pourrais en citer quelques-uns,
enfin j'ai réservé seulement celui-là pour l'intervention
que j'avais à faire aujourd'hui, j'ai pu lire, par exemple, comme chacun
d'entre vous, dans le Toronto Star qui est le plus grand journal du
Canada anglais au début d'avril, au moment où il n'y avait
pas eu toutes ces retombées et cette espèce d'escalade qui a
marqué les débats et certaines répercussions
extérieures, donc une impression assez fraîche, j'ai
remarqué ceci, que le Toronto Star écrivait: "The Quebec
Government is determined to turn the province into a mainly unilingual French
society" si on veut, collectivement le mieux possible "but its
new language policy still shows reasonable respect for the traditional rights
of the English speaking minority in Quebec" et un peu plus loin
"Canadians should understand that Quebec's fears for the future of its French
culture in the overwhelming English environment of North America are genuine
and also realistic. The proposed new legislation is not some fancy of the
separatist movement, but only the latest of many efforts going back many years
to strenghten the position of French as the predominant language in all areas
of Quebec life."
Sur la lancée initiale de ce qu'était à ce moment
le projet de loi no 1, je crois que cette opinion équilibrée,
ouverte qu'exprimait le Toronto Star est une chose dont, malheureusement,
beaucoup d'autres auraient pu faire leur profit, mais qui s'est un peu perdue
dans la tourmente de ces derniers mois.
Je finirai avec une citation qui me paraît très
appropriée. Tout le monde se rappellera de cette intervention parce
qu'elle vient de quelqu'un qui, Dieu sait, a eu à voir avec ces
problèmes, il s'agit de M. Dunton. On se souvient tous de la commission
BB qui, du nom de ses présidents, s'appelait la commission
Laurendeau-Dunton. A la fin d'avril, M. Dunton, après y avoir
pensé, je suppose, avoir examiné cela, puisqu'il a passé
quelques années de sa vie littéralement jusqu'au cou dans ce
genre de problème, disait ceci, d'après un compte rendu du 20
avril: "Davidson Dunton, ancien coprésident de la Commission sur le
bilinguisme et le biculturalisme. Si on ne tient pas compte des propositions
spécifiques qu'il contient et de sa rhétorique flamboyante
et je passe le douteux comme le reste le livre blanc c'est au
moment du livre blanc qui balisait l'éventuel projet de loi sur
la langue se rapproche du point de vue de la majorité des membres de la
commission Laurendeau-Dunton.
La commission soutenait que le français devait devenir la langue
principale au travail et que plus de francophones devraient pouvoir travailler
en français dans les hautes sphères des affaires. Elle soutenait
aussi que le français devait être la langue principale du
Québec d'une façon visible. Ce sont les principaux objectifs.
Mais tant par le ton que par le contenu de son allocution M. Dunton
s'exprimait en public M. Dunton a invité ses compatriotes de
langue anglaise du Québec et d'ailleurs à plus de
pondération, à plus de compréhension des aspirations de la
nation québécoise, en parlant évidemment du peuple
français du Québec.
Qualifiant de nuisibles les cris "alarmistes et hostiles" que lancent
les anglophones depuis quelque temps, le professeur de l'Université
Carie-ton a affirmé, et je cite: "Même si toutes les mesures
prévues dans le livre blanc étaient mises en application, la
position de la minorité au Québec serait encore plus confortable
que ne l'a été celle des minorités francophones par le
passé, et même qu'elle ne l'est présentement étant
donné la lenteur des changements." Indiscutablement, il y a cette
lenteur des changements en dehors de toute visée politique
directe dont l'avenir saura s'occuper en ce qui concerne nos
congénères culturels et ceux que l'immigration, la
mobilité actuelle amèneront a les rejoindre là où
ils survivent tant bien que mal ailleurs au Canada. C'est pour essayer de
débloquer cette lenteur évidemment, je l'admets, in extremis, en
ce qui concerne ce débat, que nous avons tâché de trouver
une ouverture par la voie de ces accords de réciprocité dont on a
parlé depuis quelque temps qui font maintenant et qui vont continuer
à faire partie de la loi 101.
Du côté de la fameuse dimension canadienne, ce que nous
offrons là il ne faudrait tout de même pas oublier de le
noter c'est quelque chose que, constitutionnellement, le Québec a
parfaitement le droit de ne pas offrir. On connaît les facteurs
démographiques qui affectent en particulier la région
métropolitaine de Montréal, ce qu'on appelle le West Island et
certaines parties du Québec qui vont jusqu'aux frontières de
l'Ouest; on connaît les facteurs démographiques qui affectent ces
portions extraordinairement importantes, quand même, du territoire
québécois. Il s'agissait là, pour nous, d'un risque
calculé il est là dans la loi; s'il y en a qui veulent
s'en prévaloir, libre à eux qu'on a mis là dans le
seul but
d'essayer de débloquer cette lenteur que des gens comme Dunton et
d'autres ont notée dans le reste du Canada depuis trop longtemps. On l'a
fait dans le but d'une équité correspondante des deux
côtés, et sous quelque statut politique que ce soit, dans le but
aussi d'un bon voisinage et de bonnes relations entre des groupes
différents. Nous offrons et nous continuons d'offrir de laisser les
enfants de tous les citoyens anglophones s'inscrire dans un réseau qui,
de la maternelle à l'université, du côté anglophone,
est le plus complet de tous les réseaux minoritaires possibles, et
imaginables au Canada en ce moment. La seule condition est
qu'éventuellement et en pratique, pas simplement sur le papier, il y ait
au moins un effort vers une équivalence de plus en plus grande des
services disponibles pour les nôtres quand ils vont ailleurs.
Et en attendant que cela mûrisse et j'ai l'impression, j'ai
l'espoir que cela va mûrir sur ce plan, on notera aussi tout de
même que, sur une base temporaire mais de façon extrêmement
généreuse qui peut aller jusqu'à six ans, ce même
droit de liberté d'inscription pour leurs enfants est accordé
à tous ceux que leurs fonctions, leur emploi, leurs études, un
stage quelconque de leur carrière mais un stage quelque peu
prolongé amènent au Québec. Sur ce double plan de l'offre
générale qui est faite, à condition qu'elle soit sur une
base de réciprocité, et sur cette ouverture, sur des stages
jusqu'à six ans d'emploi, de fonctions, d'études, etc., je crois
qu'on pouvait difficilement demander davantage, tenant compte des contraintes
auxquelles est exposé lui-même le peuple québécois
de quelque cinq millions d'habitants que nous formons, le peuple
québécois francophone.
Un point sur lequel je voudrais un peu insister, en sautant d'un secteur
à un autre, parce que la loi elle-même s'en préoccupe
fortement, c'est l'impact économique et Dieu sait qu'on en a
parlé! quelle pourrait avoir. Il y a une chose qu'il faut
peut-être noter au départ, en essayant de l'oublier
temporairement, parce que je sais bien qu'on ne l'oubliera pas
complètement et que, pendant les jours qui viennent, au moment de la
rentrée scolaire, cela va redevenir très fortement
d'actualité, mais, pendant quelques instants, est-ce qu'on pourrait
admettre entre nous quant à moi, je le crois profondément
que l'infériorisa-tion du français au Québec, ce
phénomène de minorisation psychologique et culturelle à
laquelle on a été exposé, à laquelle on est encore
exposé, que ce n'est pas l'école, à quelque niveau que ce
soit, qui en est la cause.
En particulier, quand il s'agit de l'assimilation galopante des
immigrants ni francophones ni anglophones qui viennent chez nous, cette
assimilation traditionnelle qu'il fallait enrayer, je pense que les
gouvernements antérieurs étaient du même avis que nous.
L'école, à ce point de vue, est l'effet d'une situation. S'il y a
cette "attractivité" incroyable pour neuf sur dix à peu
près des immigrants allophones, pour employer le jargon courant, qui
viennent chez nous, c'est que, d'abord et avant tout, il y a une situation
d'infériorité économique de la collectivité
française du Québec, une infériorité que l'histoire
lui a imposée et, pour plus largement plus que sa part, que le
régime politique actuel contribue à maintenir. Dans les limites
de ce régime, puisqu'on y est encore, et sans s'imaginer qu'une loi,
dans un secteur particulier, compartimenté nécessairement comme
peut l'être une loi spécifique sur une question comme la langue,
sans s'imaginer qu'une telle loi puisse fournir une panacée, il fallait
tout de même s'occuper et il faut continuer à s'occuper, par le
biais linguistique comme par d'autres, de la promotion économique, d'un
relèvement économique de cette majorité que nous formons
au Québec.
Dès le rapport de la commission Gendron, j'ai remarqué que
ce souci devait être central et qu'il l'avait parfaitement bien
identifié. Le fait de s'occuper directement dans une loi comme le texte
que nous avons devant nous, par des programmes de francisation, par une
insistance que devra baliser tout le long du chemin l'Office de la langue
française, désormais, comme la régie l'avait
commencé avant, le fait de s'occuper directement, par le biais
linguistique, de cette promotion économique par étapes, qui doit
évidemment s'ajouter à beaucoup d'autres mesures que le
Québec aura à prendre, est-ce qu'on peut vraiment,
sérieusement, prétendre que cela peut donner des résultats
qui confineraient à la catastrophe, comme certains refrains qu'on a
entendus? Et je ne parle pas uniquement, ni même d'abord et avant tout de
ce qu'on a entendu ou ce qu'on a vu à l'Assemblée nationale, mais
de ces retombées extraordinairement catastrophiques,
littéralement annonciatrices de l'Apocalypse qu'on a pu voir pendant les
quelques mois qu'a duré ce débat. Est-ce qu'on peut s'attendre
à ce genre de catastrophe à cause d'une loi de promotion de la
langue, d'une majorité chez elle? Prenons ce qui s'est passé
pendant le débat. C'est quand même un fait qu'au moment où
tout cela se déroulait, Statistique Canada, qui ne doit pas être
particulièrement portée à tronquer les chiffres ou
à les biaiser en faveur du Québec, Statistique Canada, la
dernière évaluation qu'elle a faite pour l'année courante
des intentions d'investissements, de la confirmation de ces intentions, en
deuxième période de l'année, nous a appris quand
même, jusqu'à preuve du contraire que, dans l'ensemble, les
investissements se portent mieux au Québec, en dépit de tous ces
débats et tous ces refrains apocalyptiques, en ce moment Dieu
sait que ce n'est pas le paradis! loin de là que dans le reste du
Canada.
Les intentions d'investissements se sont mieux maintenues en 1977,
pendant ces mois qui ont été parsemés de toutes ces
terreurs verbales, et se portent mieux quand même que dans le reste du
Canada. De là à dire que cela va comme cela devrait aller, c'est
autre chose, mais c'est un fait. J'ai lu tout récemment cela non
plus n'a pas été démenti qu'en particulier dans les
secteurs dynamiques, les secteurs de production qui sont en pointe chez nous,
les exportations avaient effectué une reprise qui dépassait
largement ce qu'on avait pu espérer, six mois ou huit mois
auparavant.
Autrement dit, nous sommes dans une conjoncture générale
de stagnation ou de stagna-
tion comme l'une poussant l'autre, l'inflation et le chômage, et
qui est quelque chose de désastreux, on peut dire à
l'échelle du monde occidental et très spécifiquement
à l'échelle de tout le Canada, dans ce contexte qui a
été d'ailleurs alimenté par une immense
imprévoyance qui dure depuis une vingtaine d'années je ne
vise personne spécifiquement dans l'Assemblée nationale je
me réfère aux secteurs mous, comme on dit couramment, ces
secteurs qui sont en train d'achever de se dégrader et sur lesquels il
faut mettre un effort particulier qui devrait commencer d'ailleurs à un
autre niveau de gouvernement, la chaussure, le textile, le vêtement, le
meuble.
Dans ce contexte donc de stagnation généralisée, de
reprise laborieuse partout et alimentée ou encore empirée chez
nous par tant d'années d'imprévoyance par plusieurs des secteurs
clés de notre première évolution industrielle, on peut
dire que le débat sur la langue, le projet de loi no 101, à mon
humble avis, si on veut être de bonne foi les uns et les autres, n'a pas
visiblement affecté quoi que ce soit dans le paysage
économique.
Très franchement, et comme je le pense, je dois dire que ni de
près, ni de loin, quant à moi, j'aperçois les
écrans que dresse ou tente de dresser la propagande une
propagande qui, d'ailleurs, vise, j'en ai l'impression, beaucoup plus l'option
politique du gouvernement que sa politique sur la langue mais
derrière ces écrans que la propagande s'acharne à dresser,
nulle part je ne peux voir, je n'ai aperçu jusqu'ici que le projet de
loi no 101 puisse vraiment affecter à terme notre évolution
économique d'aucune façon.
Pour montrer par l'exemple, d'ailleurs, rapidement à quel point
cela peut être faux, ces terreurs coloniales qu'on essaie de nous
inspirer continuellement à propos de sujets fondamentaux comme notre
identité culturelle, notre identité linguistique, à quel
point cela peut être artificiel, en regardant l'exemple de ce qui s'est
passé ailleurs, et à quel point on joue sur nos nerfs de
coloniaux, de père en fils, depuis trop longtemps, je voudrais juste
évoquer celui du pays wallon et du pays flamand. Je ne le ferai pas en
mes termes, je vais prendre un texte d'un monsieur qui s'appelle Meyer
Nuremberger, et qui a publié cela dans Mac-Lean, version anglaise, le
MacLean anglais qui, sauf erreur, est publié à Toronto. M.
Nuremberger, de Toronto, écrit dans le MacLean Magazine.
Tout le monde sait que la Belgique est un pays aussi où il y a
deux communautés culturelles et linguistiques. Dans le passé,
c'étaient les Wallons qui dominaient, les Wallons qui parlent
français comme nous. C'était la domination d'une majorité
wallonne politiquement, économiquement, culturellement, à tout
point de vue, et numériquement. Peu à peu, l'ordre de grandeur
s'est renversé et, aujourd'hui, ce sont les Wallons qui se sentent mal
pris, ce sont les Flamands qui ont avancé. Voici ce qu'écrit M.
Nuremberger et cela est en plein dans le monde occidental, dans un
contexte de marché commun, d'hyperconcurrence entre les
sociétés. Je vais le traduire à l'oeil, de mon mieux. Ce
n'est pas pour éviter de parler anglais à quelques reprises
à l'Assemblée nationale, je veux rassurer tout de suite le
député de Pointe-Claire, c'est simplement parce que je pense
qu'un peu d'hésitation permet une meilleure compréhension d'un
phénomène dont on devrait tenir compte chez nous, en
évaluant les risques et les promesses de l'avenir. La menace du chaos
économique n'a jamais marché c'est une
référence au début de l'article, qui parlait justement du
projet de loi au Québec: What does the French Quebecer want, nothing
more than what is due to him," c'est le titre de l'article n'a jamais
fonctionné dans des conditions semblables. Le plus frappant exemple de
l'inefficacité de ce genre de chantage, c'est celui de la Belgique. Il y
a 40 ans, le pays flamand il n'y a pas de correspondance internationale,
sauf en Hollande, et encore il s'agit de deux dialectes, pour le flamand langue
était pauvre et bilingue. Aujourd'hui, il est unilinguistiquement
flamand ou hollando-flamand. Les Flamands ont rejeté
l'universalité soi-disant de la langue française dans leur
contexte en faveur de leur propre dialecte.
Il n'y a plus d'écoles françaises au pays flamand de
Belgique et pourtant, paradoxalement, ce pays flamand est devenu le coin le
plus prospère de toute la Belgique et le seul coin du pays où les
Américains et les Allemands en particulier acceptent d'investir
où, enfin, se précipitent pour investir. Je termine la
citation.
Je pourrais ajouterje pense que tout le monde est au courant de
celaque ce pays flamand unilingue, sans correspondance linguistique
internationale comme peut nous en assurer la langue française qui
demeure une langue internationale, dans un contexte extraordinairement
dynamique, mais, en même temps, difficile comme celui du
développement des pays du Marché commun, est aujourd'hui
probablement en pointe, avec certains coins de l'Allemagne, pour toute l'Europe
au point de vue du développement économique. Je n'irai pas
jusqu'à dire que ce progrès a été causé par
ces décisions linguistiques, mais je pense qu'en toute bonne foi on
admettra que ces décisions linguistiques n'ont pas empêché
ce progrès.
Tout cela pour dire très simplement, pour répéter
ce que je disais au début, qu'en dépit de toutes les propagandes
qui s'adressent essentiellement à notre bon vieux fond colonial qui a
toujours eu peur quelque peu des changements, surtout des changements qu'il
oserait faire lui-même, en dépit de tous ces assauts de la
propagande, la loi sur la langue française peut accompagner un
progrès aussi bien qu'elle l'a fait dans des cas beaucoup plus
extrêmes, beaucoup plus excessifs que toutes les décisions qu'on a
prises ici, par exemple dans ce coin du monde que je viens
d'évoquer.
Il y aurait encore bien des choses à dire, mais j'ai dit que
j'essaierais d'être bref. Je suis sûr que le parrain de la loi, le
ministre d'Etat au développement culturel, sera capable de s'en charger
avant la fin du débat, avec la même sérénité
et ce même souci minutieux de l'équilibre dont, malgré tous
les assauts qui sont venus de toute part, il ne s'est pas départi depuis
bien des mois.
Pour ma part, je voudrais terminer très rapi-
dement en rappelant à nouveau que, pour la troisième fois
en une dizaine d'années, c'est un gros défi que nous
tâchons de relever, un défi malaisé entre tous dans une
société comme la nôtre, placée comme elle l'est dans
ce pays canadien et sur ce continent. Est-ce que, cette fois-ci, nous allons
réussir mieux que les autres fois? Tout ce que je peux dire, c'est que
du fond du coeur je l'espère. Au-delà des divisions partisanes
qui se maintiendront, qui doivent se maintenir, dans l'intérêt du
Québec tout entier, il me semble que nous devons tous espérer que
cela réussira convenablement. Je peux m'engager en tout cas, du
côté de ceux qui pendant une certaine période
d'années auront à appliquer cette loi, à ce que nous
fassions notre possible pour qu'en dépit de ses imperfections elle
s'avère non seulement vivable, mais qu'elle produire aussi les effets
féconds qu'on espère d'elle. Tout ce que je demande, c'est qu'on
lui donne sa chance raisonnable de faire sa carrière, disons un essai
loyal pendant un an ou deux ans qui permettra de voir, avec toutes les balises
qui sont aussi là pour protéger les gens contre des excès,
si enfin cela peut marcher convenablement. En tout cas, au nom du gouvernement
qui sera, comme il l'a été depuis le début, très
ferme sur les principes et sur les articulations essentielles de cette loi, je
peux m'engager devant l'Assemblée nationale et devant tous les
Québécois aussi, en ce qui concerne les modalités
d'application de la loi, à toute la flexibilité qui pourra
paraître indiquée et à une attitude ouverte au maximum
à condition de ne pas lâcher sur l'essentiel. Tout cela je
tiens à le dire, à le souligner en terminant en attendant
le jour où peut-être pour ma part, j'en suis sûr
un peuple, qui sera vraiment maître chez lui, pourra mettre de
côté la plupart des soucis, qui sont vraiment existentiels, que
lui impose actuellement son statut politique et que devait, jusqu'à ce
que cela soit changé, refléter cette législation.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une question au
leader du gouvernement. Pourriez-vous changer l'ordre de la convocation de la
commission sur le projet de loi no 2 pour cet après-midi au lieu de
midi?
M. Burns: Vu l'heure, et comme j'avais mentionné que le
projet de loi no 2 serait étudié à la commission de la
présidence du conseil dès 12 h 15 et la raison du retard
de cette commission est bien évidente, les membres de la commission en
général voulant entendre les propos du premier ministre je
pense bien qu'il serait inutile de faire siéger la commission à
ce moment-ci. Si la Chambre était consentante, je proposerais que nous
reprenions les travaux de cette commission à 2 h 30 à la salle
81-A pour pouvoir poursuivre nos travaux article par article, relativement au
projet de loi no 2.
Le Président: Est-ce que de consentement unanime je dois
en faire motion...
Des Voix: Adopté.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle, vous
avez la parole.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'ai
écouté avec beaucoup d'attention l'intervention de l'honorable
premier ministre, relativement à l'étude du projet de loi no 101
en troisième lecture. Je dois lui dire que je suis favorablement
impressionné par l'ouverture d'esprit qu'il manifeste, les bonnes
intentions qu'il véhicule. Mais je dois également lui rappeler
que nous ne pourrons pas vivre, dès demain, avec les bonnes intentions
d'un premier ministre, si réelles soient-elles. Nous devrons vivre avec
un texte de loi et nous devrons vivre avec des fonctionnaires dont c'est
l'obligation et le rôle de mettre à exécution ce que cette
Assemblée aura décidé.
Entre les intentions manifestées par le premier ministre, entre
l'ouverture dont il fait preuve aujourd'hui, comme il l'a d'ailleurs fait dans
le passé, et entre la mise en application de cette loi, il peut y avoir
un fossé et un fossé assez profond. Le premier ministre demande
qu'on donne la chance au coureur quant à la mise en oeuvre du projet de
loi no 101. C'est beaucoup demander quand on n'a pas vu son application. Tout
ce que je puis formuler, c'est que le climat social ne soit pas
perturbé, que la loi puisse être appliquée avec la plus
grande ouverture d'esprit, avec l'interprétation la plus
généreuse, et avec le plus de souplesse et le moins de
rigidité possible. Mais c'est simplement un voeu que je peux exprimer,
à ce moment-ci, comme d'ailleurs l'a dit implicitement le premier
ministre, si j'ai bien lu ou entendu ce qu'il a voulu exprimer.
Le projet de loi no 101 a la prétention de faire du
français la langue officielle du Québec. Or, M. le
Président, il ne faudrait pas oublier que nous n'avons pas ici un projet
de loi qui n'a pas eu d'antécédents. Le premier ministre l'a
d'ailleurs mentionné en disant que c'était la troisième
fois en dix ans que nous avions à nous pencher sur un projet de loi de
nature linguistique au Québec. Mais je fais remarquer au premier
ministre qu'il aurait pu souligner que, par la loi 22, cette Assemblée
faisait du français, pour la première fois dans l'histoire du
Québec, la langue officielle au Québec.
Il aurait été bon de rappeler également que ce
projet de loi soulignait d'une façon non équivoque la
prééminence du français et le rang que nous voulions
accorder sans aucune équivoque au français. Nous avons
réussi à le faire dans le projet de loi 22 tout en respectant,
comme il se doit, les droits historiques de la minorité anglophone. Nous
l'avons fait en mettant en avant cette préoccupation qui était la
nôtre de la priorité du français, du français
partout, et dans le monde de
l'administration et dans le monde des affaires et dans le monde du
travail et dans l'étiquetage et dans l'affichage, etc.
Je dis que ce gouvernement aurait été mieux inspiré
s'il avait apporté une contribution très positive en amendant
cette loi qui est encore la loi du Québec jusqu'à bientôt.
Il a préféré se donner une sorte de paternité par
une loi complètement nouvelle, mais une loi ou un projet de loi,
jusqu'à maintenant, qui comporte des réserves que nous devons
exprimer même si nous savons que, dans quelques minutes ou dans quelques
heures, nous aurons à voir cette loi être la loi du
Québec.
Ce projet de loi a pour objet d'assurer la prééminence du
français dans la législation et la justice, l'administration
publique et les organismes parapublics, dans le monde du travail, du commerce
et des affaires ainsi que dans celui de l'enseignement.
M. le Président, depuis le moment du dépôt du livre
blanc sur la langue française jusqu'à ce jour,
c'est-à-dire au moment où nous étudions en
troisième lecture le projet de loi 101, le Québec est
confronté avec ce projet de loi linguistique que j'avais
qualifié, dès la deuxième lecture, d'inutile, excessif.
J'avais même dit qu'il était hypocrite. J'avais expliqué
pourquoi. J'avais dit qu'il était séparatiste, possiblement
anticonstitutionnel et comportant sans doute des coûts incalculables sur
le plan économique et sur le plan social.
De toute évidence, le gouvernement est le premier à
craindre les effets d'un pareil projet de loi. Pour les semaines qui suivront
on a annoncé le blitz. On aura à expliquer aux
Québécois, alors que le Québec connaît des
difficultés économiques considérables, pourquoi on a
décidé de consacrer la majeure partie de son temps depuis
l'accession au pouvoir à faire adopter par l'Assemblée nationale
un projet de loi comme celui-ci, aussi inutile et excessif et auquel on aurait
pu fort bien substituer une série d'amendements au projet de loi no 22,
tout en respectant les droits des uns et des autres.
De toute évidence, M. le Président, loin de favoriser
l'émergence d'une authentique solidarité entre tous les
Québécois, ce projet de loi, malheureusement, ne réussira
et j'espère que je me trompe, je l'espère en toute
honnêteté qu'à diviser les Québécois
entre eux. Il faut bien comprendre qu'ici nous sommes à
l'Assemblée nationale dans un climat relativement serein. Mais lorsqu'on
arrivera à mettre en application certaines dispositions de cette loi,
avec des citoyens dans un milieu donné, on aura peut-être des
surprises que je ne souhaite pas, mais que je dois cependant évoquer,
sans sûrement vouloir que le temps me donne raison.
Je dis que cela réussira peut-être à diviser et
entraîner des injustices flagrantes. Dans le journal Le Soleil d'hier, en
manchettes, sur huit colonnes, on pouvait déjà lire: Bill 101: 25
policiers dépêchés à Fort Chimo.
Je comprends que ce n'est pas par cette manchette qu'on peut
déterminer immédiatement ce que sera l'application d'un projet de
loi comme celui-là, mais tout de même, c'est assez surpre- nant.
C'est peut-être le début d'un temps nouveau. J'espère que
ce n'est pas le début d'un temps d'intolérance et d'injustice. Je
ne voudrais pas voir un projet de loi qui isolerait le Québec. Je ne
voudrais pas être obligé de conclure que, parce qu'on ne peut plus
compter sur son gouvernement, il faudra maintenant que ce soient les
Québécois eux-mêmes qui prennent individuellement la
responsabilité de continuer de faire du Québec cette
société ouverte et accueillante qu'il a toujours
été.
Je voudrais, à cette étape décisive de l'adoption
par cette Assemblée d'un tel projet de loi, dire à tous ceux qui,
au Canada et à l'étranger, sont des amis du Québec que ce
projet de loi, dans son esprit et dans ce que nous avons décrit comme
étant de la mesquinerie, est aux antipodes de ce que veulent les,
Québécois et sûrement l'immense majorité de ceux-ci.
Je voudrais leur dire qu'il se trouve toujours au Québec et j'ai
la conviction qu'il s'en trouvera de plus en plus des
Québécois qui continueront de témoigner de ces valeurs
d'ouverture et d'accueil qui sont depuis toujours inscrites dans la tradition
de notre peuple. Ces Québécois, j'en ai la conviction, veulent,
bien sûr, que le Québec français existe, qu'il continue de
s'affirmer avec de plus en plus de vigueur à l'intérieur du
Canada.
J'entendais le premier ministre parler tout à l'heure de
l'affirmation, mais une affirmation qui doit s'arrêter avant qu'on
attaque ou qu'on brime les droits des minorités. Je suis convaincu que
le premier ministre pense cela. Je puis lui en rendre le témoignage. Je
le connais depuis assez longtemps pour savoir qu'il n'y a pas chez lui de ces
sentiments qui nous inquiètent quant à l'application de ce projet
de loi, parce que ce projet de loi contient des germes qui permettent justement
une application mesquine et intolérante. Ces Québécois
veulent que ce Québec français existe tout en étant une
société qui accueille avec ouverture et
générosité tous ceux des autres horizons culturels qui
choisissent de venir ici partager avec nous notre condition de
Québécois et de Canadiens.
Le projet de loi 101 pourrait être considéré comme
un geste de repli et d'abandon, et si c'était le cas et si
c'était ainsi qu'il était perçu au Québec, les
Québécois ne pourraient y souscrire.
M. le Président, ce projet de loi 101 n'est certainement pas cet
acte de générosité dont a si souvent parlé le
premier ministre lorsqu'il évoquait les droits historiques et
légitimes de la minorité anglaise du Québec. Je pense en
particulier à une citation que le député de Jean-Talon a
faite hier relativement à des déclarations du premier ministre et
qui remontaient à 1969. La façon avec laquelle le premier
ministre abordait cette question très délicate et, comme il le
dit, souvent explosive, n'est pas répétée dans l'esprit
qui semble se dégager de ce projet de loi. On pourrait dire: Le premier
ministre n'était pas sincère. Non, je ne le crois pas; je pense
qu'il était sincère, mais je pense qu'il a dû céder
devant les pressions de l'aile plus radicale de son parti. Au moment où
cette Assemblée s'apprête, hélas! à adopter un tel
projet de loi, j'ai encore en mémoire la déclaration
du premier ministre lors de l'ouverture de la session lorsqu'il disait,
en parlant de la charte du français au Québec: "Cette loi devra
d'abord être une affirmation claire, vigoureuse et sans détour de
la primauté absolument normale de la langue française en
territoire québécois, mais elle devra en même temps
refléter la confiance en soi et l'esprit de tolérance adulte
d'une nation qui sait aujourd'hui qu'elle n'a pas besoin de former un ghetto
pour s'affirmer et s'épanouir. Aussi poursuivait le premier
ministre pour ces minorités actuelles de notre peuple qui sont
d'autres souches et qui ont conservé ou adopté l'anglais comme
langue principale, la loi devra également, avec
sérénité et pourquoi pas avec
générosité, leur permettre de maintenir à
l'école et ailleurs leur propre identité".
De quelle confiance en soi s'agit-il, M. le Pré-'sident,
lorsqu'on a ainsi recours à certains artifices et à tous les
pointillismes imaginables pour s'assurer que ceci ou cela se fera bien en
français? De quel esprit de tolérance adulte s'agit-il, lorsque
l'on invoque, ainsi qu'on le fait, les injustices passées faites ici, au
Québec, ou dans les autres provinces canadiennes, aux groupes
francophones pour justifier ce qui pourrait être "de nouvelles
injustices" que l'on s'apprête à commettre à l'endroit de
plus d'un million de Québécois? De quelle tolérance adulte
s'agit-il lorsqu'on pourrait possiblement condamner au chômage les
travailleurs occasionnels du gouvernement parce qu'ils ne satisferaient pas aux
exigences linguistiques qu'on leur impose? Et la tolérance dont il
s'agit, de quelle sérénité s'agit-il encore, lorsque l'on
a rejeté ainsi avec autant d'arrogance et, devrais-je dire, de
mépris les propositions de 326 éminents Québécois
francophones qui ont osé imaginer dire à ce gouvernement leur
désaccord? De quelle sérénité s'agit-il lorsque,
pour toute réponse, on a recours à l'injure en les accusant
d'être des inféodés de l'establishment anglo-saxon? De
quelle générosité, enfin, s'agit-il, lorsque l'on voit
qu'à l'endroit de la minorité on mesure au compte-gouttes les
droits de la langue, à l'Assemblée nationale, devant les
tribunaux, dans les institutions de santé et de services sociaux, dans
le monde du travail, des affaires et du commerce? De quelle
générosité s'agit-il lorsque l'on subordonne la
reconnaissance de droits des Canadiens de langue anglaise qui viendront
s'installer au Québec, dans leur propre pays futurs
Québécois, aux aléas d'une conférence
interprovinciale?
Petit à petit, tout au long du débat linguistique que nous
venons de vivre, le premier ministre lui-même a répondu à
ces questions lorsqu'il disait, en rappelant son option indépendantiste
dans une conférence de presse le 28 avril 1977, et je cite le Devoir du
29 avril 1977: "J'ai déjà dit à certains membres du parti
qui sont trop intensément préoccupés du moindre
détail de la protection linguistique que c'était comme s'ils
étaient résignés à rester provinciaux à
jamais. Si tel est le cas, aussi bien ériger un mur de papier et de
règlements autour du Québec pour assurer cette protection
linguistique."
Face au texte actuel du projet de loi 101, on peut certainement et
légitimement poser au premier ministre la question de savoir s'il a
été bien compris des membres de son parti, si ce n'est pas eux,
en fin de compte, qui ont imposé au premier ministre leurs vues et si le
projet de loi 101 n'est pas, en fait, ce mur de papier et de règlements
que l'on veut ériger autour du Québec. Le 19 mai 1977, le premier
ministre encore déclarait au journaliste Gilles Lesage, du Soleil, en se
référant à la clause-Québec défendue par le
ministre d'Etat au développement culturel qu'il se posait toujours des
questions concernant la langue d'enseignement et qu'il n'écartait pas
des adoucissements de dernière heure.
Je cite le premier ministre: "Nous voulons une nouvelle association avec
le reste du Canada. Le Québec n'aura pas de mur de Berlin autour de ses
frontières ".
En dépit de l'improvisation des accords de
réciprocité, il semble bien que d'autres que le premier ministre
se sont chargés d'ériger sans lui ou avec lui, nous ne le savons
pas, ce mur de Berlin linguistique dont a parlé le premier ministre.
M. le Président, lorsqu'on prend connaissance de ce que contient
aujourd'hui le projet de loi 101 et que l'on se réfère aux
engagements répétés du premier ministre d'apporter des
amendements substantiels au projet linguistique du gouvernement, une question
se pose. Ce n'est pas avec plaisir que je la pose, mais je dois me poser cette
question: Qui dirige, qui mène ce gouvernement?
M. le Président, que contient donc ce projet de loi 101 que
l'Assemblée s'apprête à voter? Ce projet de loi exprime,
à mon avis, un entêtement évident, et qui a paru
évident à tous les membres de la commission parlementaire d'une
façon particulière, entêtement dont a fait preuve le
ministre d'Etat au développement culturel depuis le dépôt
du livre blanc, malgré les exhortations publiques du premier ministre,
malgré les représentations nombreuses et
répétées des groupes et des individus qui ont
présenté mémoire sur mémoire à la commission
parlementaire et malgré les efforts responsables que l'Opposition
officielle a faits en cette Chambre et que d'autres Oppositions,
également ont faits en commission et en Chambre pour tenter d'amener le
gouvernement à faire preuve de plus de justice, d'équité
et de clairvoyance. Qui en cette Chambre pourra soutenir avec sérieux
que le gouvernement s'est montré réceptif aux
représentations des groupes et des individus qui ont pris la peine de
soumettre des mémoires à la commission parlementaire?
Je voudrais simplement souligner ici, en considérant le contenu
présent du projet de loi no 101, les appels de groupes aussi
responsables que ce groupe que j'ai évoqué tout à l'heure
de 326 éminents Québécois francophones, celui du Positive
Action Committee et celui des autochtones. Qu'est-ce que l'on retrouve de tout
cela dans le présent projet de loi 101? Est-ce que l'on peut vraiment
dire que ces groupes et tous les autres qui ont fait l'effort de
présenter des points de vue sérieux ont aujourd'hui l'impression
d'avoir été accueillis avec ouverture de la part du gouvernement?
Poser la question, c'est y répondre.
De la même façon, alors que l'Opposition officielle s'est
refusée à suivre l'approche stérile et négative qui
avait été celle du Parti québécois au moment de
l'adoption de la loi 22, est-ce que l'on peut dire, en considérant
l'état actuel du projet de loi 101, que le gouvernement a vraiment
permis aux parlementaires d'apporter une contribution positive à
l'étude de ce projet de loi?
La commission parlementaire a étudié près de
cinquante articles. Nous avons présenté environ 80 amendements,
même plus que cela. Quant aux amendements relatifs au chapitre de la
langue d'enseignement, un seul a été accueilli favorablement,
celui concernant les handicapés.
Comme le rappelait ma collègue, le député de
L'Acadie, il aura fallu à l'Opposition un débat de cinq heures
pour convaincre le gouvernement d'un tel amendement, alors que tout ce que nous
avons en réalité obtenu, ce n'est qu'un engagement plutôt
moral du gouvernement. De toute évidence, c'est avec un
hermétisme absolu que le gouvernement a mené, du commencement
jusqu'à la fin, la discussion du projet de loi no 101.
Il faudrait retourner à ce que disait, il y a un instant, le
premier ministre: Attention à cette possession tranquille de la
vérité qui pourrait tellement rapidement se transformer en une
arrogance, arrogance qui est déjà ici.
M. le Président, une seule suggestion de l'Opposition a
été, en fait, retenue par le gouvernement, dans une autre partie
de ce projet de loi, cela a été d'accepter de créer dans
le projet de loi, et non pas par l'initiative du gouvernement, la commission
d'appel prévue à l'article 79. Sur tout le reste, et en
particulier au chapitre de la législation et de la justice et de
l'administration, les amendements que nous avons proposés ont tous
été rejetés alors qu'ils visaient essentiellement non pas
à embarrasser le gouvernement, mais bien plutôt à faire en
sorte que le projet de loi no 101 reflète vraiment la
réalité vécue du Québec et que soient
fermées toutes portes à l'injustice et à la discrimination
que comporte, hélas! toujours le projet de loi no 101. On se rappellera
l'insistance que nous avons apportée à cette question des
jugements pour la protection du justiciable. On a fait passer avant la justice
des préoccupations qui n'aidaient pas à la promotion du
français, qui avaient comme effet, comme perception, du moins, de brimer
les droits d'une des communautés.
Quand je dis d'une des communautés, je reviens au premier mot du
premier ministre, lors de son allocution, lorsqu'il reconnaissait les deux
communautés humaines qui forment le Québec. Ce sont les principes
que nous avons toujours défendus dans l'étude de ce projet de
loi. C'est pour cela qu'on a dit que le projet de loi était hypocrite.
D'abord, il fallait reconnaître l'existence, comme l'a fait le premier
ministre mais il l'a fait à la troisième lecture, que
voulez-vous si on avait compris le message du premier ministre, de deux
communautés humaines, deux grandes communautés linguistiques.
C'est cela qui était à la base même de notre philosophie et
de notre approche dans la discussion du projet de loi no 101.
Le projet de loi no 101 n'écarte plus l'application de la Charte
des droits et libertés de la personne, le premier ministre l'a
rappelé. L'Opposition officielle a mené à cet égard
un combat de tous les instants. Elle a réussi heureusement à
faire retraiter le gouvernement sur la position absolument indéfendable
qu'il avait adoptée. De même, nous avons pu faire sauter du
préambule du projet de loi une disposition qui niait le droit des
citoyens québécois non francophones de prétendre
être, eux aussi, de vrais et authentiques québécois.
Le simple fait que nous ayons eu à mener des luttes de cette
nature jour après jour et des semaines de temps simplement pour faire
reconnaître le statut de Québécois à tous les
Québécois, cela vous donne une idée assez juste du
degré d'ouverture d'esprit de ce gouvernement.
Il n'en reste pas moins que, malheureusement, le projet de loi no 101
contient encore de nombreuses dispositions qui limitent les droits et
libertés individuelles des Québécois. Je rappelle,
à cet égard, l'avis de la Commission des droits de la personne
qui demandait au gouvernement d'inclure dans son projet de loi des
éléments de souplesse et des mesures transitoires à
l'application de sa loi. Je rappelle les recommandations de la commission en ce
qui concerne le droit des individus membres de la minorité anglophone de
pouvoir communiquer entre eux dans leur langue, de s'adresser dans leur langue
aux tribunaux, à l'administration et aux organismes parapublics et de
recevoir une réponse dans cette langue. Toutes sortes d'explications
nous ont été fournies à cet égard pour rejeter les
amendements que nous avons proposés. Ces explications témoignent
sûrement soit d'un hermétisme absolu ou d'une mesquinerie. C'est
illustré brutalement même lorsque j'ai parlé d'un
projet de loi hypocrite par cette hypocrisie dont le gouvernement fait
preuve en employant continuellement le vocable "une autre langue" au lieu de le
dire clairement, et en toute transparence, comme l'a dit au tout début
de ses remarques le premier ministre lorsqu'il a parlé des deux grandes
communautés humaines au Québec, les deux communautés
linguistiques française et anglaise. Pourquoi ne pas dire clairement
qu'il s'agit de la langue anglaise, qui est la langue de plus d'un million de
Québécois? Pourquoi cette pudeur? C'est de l'hypocrisie, je suis
obligé de le dire. Que la loi, que le texte le dise.
Nous avons entendu un discours du premier ministre en troisième
lecture qui indiquait une ouverture d'esprit qui l'honore, mais, diable, ce
n'est pas ce que nous adoptons en troisième lecture, c'est un texte de
loi. Je rappelle enfin, toujours en me référant à l'avis
de la Commission des droits de la personne, les recommandations
particulières de cette commission en ce qui concerne la langue de la
justice et des tribunaux, la langue du commerce et des affaires, la langue de
l'affichage et, d'une façon générale, la trop grande
discrétion accordée aux organismes administratifs de
contrôle, de surveillance et d'enquête créés par
cette loi.
II restera donc aux Québécois qui se sentiront
brimés dans leurs droits individuels par la loi 101 de se
prévaloir des dispositions de la Charte des droits et libertés de
la personne pour obtenir une justice qu'un gouvernement aurait pu facilement
prévoir, mais qu'il a préféré refuser
jusqu'à la fin.
Au chapitre de la langue d'enseignement, le projet de loi 101 renferme
toujours des dispositions qui constituent ni plus ni moins que du
séparatisme linguistique, dans la mesure où, contrairement aux
promesses et engagements formels du premier ministre, le gouvernement
élève autour du Québec une barrière linguistique,
pour reprendre l'expression employée par un journaliste de la
prestigieuse revue américaine Business Week.
Tout a, pour ainsi dire, été dit à ce sujet. Le
premier ministre a paru se battre pour empêcher cela. Nous ne pouvons que
regretter qu'il se soit avéré incapable d'imposer ses vues
à l'aile radicale de son parti. J'ai évoqué au
début de mes remarques le fait que le présent gouvernement
était absolument incapable, ou paraissait l'être du moins, de
s'attaquer aux vraies priorités du Québec qui, à notre
sens, sont essentiellement d'ordre économique. On connaît le taux
de chômage actuel du Québec et on vient d'apprendre qu'au mois de
juillet aucune construction commerciale et industrielle n'a été
entreprise dans le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal. Comment, dans un tel contexte, ne pas évoquer ici
l'insouciance et l'irresponsabilité d'un gouvernement qui a toujours
refusé d'engager une discussion sérieuse autour du
problème crucial des conséquences économiques et sociales
d'un projet de loi linguistique aussi dangereux et souvent injuste.
Il est d'ores et déjà évident que le projet de loi
101 portera au caractère international d'une ville comme Montréal
un coup très dur. On a souligné dans de nombreux milieux que le
projet de loi 101 priverait Montréal de l'implantation de nombreux
sièges sociaux et que des services entiers de ceux-ci qui y sont
présentement seront transportés ailleurs. La seule réponse
que l'on a toujours donnée à ce problème crucial,
c'était qu'il s'agissait là de chantage. Que de cris
d'indignation n'a-t-on pas lancés à ce sujet! Comme si ces cris
pouvaient changer une réalité pourtant bien réelle. Or,
voilà que dans le dernier tournant, d'une façon tellement plus
hypocrite que transparente, on semble reconnaître que le problème
existe. Presque à la cachette, au milieu d'une liasse d'amendements
mineurs, on amène des adoucissements pour les sièges sociaux, qui
s'inspirent de l'expérience acquise en vertu de la loi 22. Ces
adoucissements seront-ils suffisants pour changer vraiment les choses?
Est-ce que l'on peut sérieusement soutenir que le comportement du
gouvernement à cet égard est de nature à inspirer la
confiance, lui qui a persisté jusqu'à la fin à nier
l'existence d'un problème?
M. le Président, je pourrais terminer à peu près
dans trois minutes si on me le permettait.
M. Burns: D'accord.
Le Président: II y a consentement.
M. Levesque (Bonaventure): Pour ne pas avoir à revenir,
trois à cinq minutes, je vais essayer de terminer le plus tôt
possible. Est-ce qu'on peut sérieusement soutenir que le comportement du
gouvernement à cet égard est de nature à nous inspirer la
confiance nécessaire? Est-ce que l'on peut sérieusement soutenir
que ces aboutissements ultimes apportent une réponse quelconque au
problème de la mobilité du personnel dans les sièges
sociaux alors que le chapitre de la langue d'enseignement demeure
inchangé, sauf pour des changements transitoires et temporaires?
Qu'est-ce que ces aboutissements apporteront de concret face à
l'hypothèque toujours là du projet d'indépendance ou du
référendum pour ce gouvernement, projet d'indépendance et
de séparation? On verra bien.
M. le Président, nous savons tous que les grandes entreprises
industrielles, commerciales et financières disposent de plus de moyens
pour s'adapter aux conditions nouvelles. Nous aurions souhaité que le
gouvernement considère également l'impact de sa
législation sur l'avenir des petites et moyennes entreprises
québécoises. Ce sont le plus souvent des entreprises familiales,
des commerces et des industries qui emploient 10, 15, 25, 50 employés.
Ce sont des entreprises dont le crédit est limité, dont les
marchés ont été durement conquis et qui demeurent toujours
bien fragiles. Dans quelle position seront placées ces entreprises
lorsque les grands inquisiteurs de l'intégrité linguistique se
présenteront à elles pour leur dicter dans un délai
donné ce qu'elles doivent faire pour satisfaire aux prescriptions de la
loi 101? Je ne comprends absolument pas que le gouvernement à cet
égard fasse preuve d'autant d'irresponsabilité alors que le
processus de la francisation des entreprises était déjà
bien en marche à la suite de l'adoption de la loi 22 qui, on le sait,
prévoyait une approche beaucoup plus réaliste et raisonnable
à cet égard et qui avait déjà permis de
réaliser, avec le concours en particulier du député de
Marguerite-Bourgeoys, alors ministre responsable de la mise en vigueur du
projet de loi 22, relativement à la langue des affaires, qui avait
déjà permis de réaliser, dis-je, sur le plan de la
promotion du français des progrès remarquables et
incontestables.
Ce que je reproche au gouvernement c'est que, tout au long de ce
débat linguistique, il s'est toujours refusé à aborder
franchement et directement le problème crucial de l'impact de sa loi
linguistique sur la vie économique du Québec. On a même eu
à l'endroit des milieux économiques une attitude
indifférente, pour ne pas dire négative, alors qu'on s'est
employé de façon abondante à littéralement inonder
le débat d'une pluie de données démographiques.
Pourquoi le gouvernement s'est-il ainsi refusé à fournir
à l'Assemblée nationale et à l'opinion publique les
informations qu'il pouvait obtenir sur les conséquences de sa loi
linguistique sur le plan du progrès et du développement de
l'économie québécoise?
Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas eu ce minimum de transparence
pour, au moins, donner l'impression qu'il se préoccupait de cet aspect
de la question et qu'il faisait les efforts nécessaires pour en
connaître les implications?
Nous savons bien que ce gouvernement, depuis neuf mois, est
profondément négligent en ce qui concerne les problèmes
économiques du Québec. Nous ne pensions jamais qu'il pousserait
cette négligence au point de se désintéresser de ce qui va
réellement arriver dans les milieux économiques à la suite
de l'adoption du projet de loi 101.
Or, M. le Président, s'il y a un problème qui devrait
préoccuper au plus haut point le présent gouvernement, pourtant
c'est bel et bien celui de la présente situation économique. Si
le gouvernement est d'avis qu'il y a un coût économique à
l'adoption d'une loi linguistique, eh bien qu'il le dise et surtout qu'il ait
le minimum d'honnêteté nécessaire pour chercher à
savoir quel est le coût et qu'il ait un minimum de transparence et de
courage pour en informer la population. Une chose est certaine, c'est que le
moment choisi par le gouvernement pour faire adopter une loi aussi
générale dans le domaine de la langue, s'il était
peut-être politiquement bien choisi, est sans conteste, sur le plan
économique, le pire moment qu'on pouvait choisir.
En terminant, M. le Président, je voudrais adresser, bien
sincèrement, mes remerciements à nos quatre collègues de
l'Opposition officielle et aux autres qui, de temps à autre, les ont
rejoints, qui, tout au long de ce débat, ont accompli un travail
vraiment extraordinaire. J'ai la conviction qu'ils sont même parvenus,
grâce à leur ténacité et à leur
sérieux, à se mériter l'estime de nos collègues en
cette Chambre qui ont travaillé avec eux au niveau de la commission
parlementaire de l'éducation.
M. le Président, le Parti libéral du Québec a
été le principal artisan de la construction du Québec
moderne. C'est le Parti libéral qui a fait du français la langue
officielle du Québec. Nous sommes donc pleinement acquis à
l'idée de la sauvegarde et de la promotion du caractère
fondamentalement français du Québec. Nous croyons que c'est
là un impératif tout à fait normal et légitime.
Nous croyons que ce Québec français non seulement doit exister
pour les Québécois eux-mêmes, mais encore parce qu'il
constitue, dans une perspective canadienne, un apport précieux et
inestimable à l'affirmation d'une personnalité canadienne
authentique dans l'univers culturel nord-américain. Notre
désaccord fondamental avec le gouvernement sur la question linguistique,
c'est que nous croyons fermement que tous les Québécois, sans
distinction, sont tous des citoyens à part entière du
Québec et que l'Etat ne peut s'arroger des pouvoirs aussi excessifs et
arbitraires que ceux que l'on retrouve dans le projet de loi no 101 pour ainsi
compromettre l'équilibre fondamental qui doit exister entre les
libertés individuelles et les libertés collectives dans une
société qui a à coeur de servir l'idéal
démocratique et de se développer avec confiance et en mainte-
nant l'ouverture d'esprit qu'appelle aujourd'hui l'interdépendance de
plus en plus grande et féconde des peuples et des nations de la
terre.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, je voudrais proposer la
suspension du débat à 15 heures cet après-midi.
Rapport du Conseil scolaire de l'île de
Montréal
M. Burns: D'accord, M. le Président. Avant de proposer
en fait, je n'ai pas besoin de le faire, c'est automatique à ce
moment-ci je m'étais engagé ce matin, envers le
député de D'Arcy McGee, à lui donner une réponse
relativement au rapport du conseil scolaire de l'île de Montréal.
Après toutes les vérifications que j'ai prises, il me
paraît, et il paraît également aux conseillers juridiques
qui m'ont donné les renseignements, qu'il n'y a pas d'obligation
en vertu du chapitre 60 des Lois de 1975 de la part du ministre de
l'Education de déposer le rapport du conseil de l'île. Cependant,
il n'y a pas d'objection, de la part du ministre, à déposer ce
rapport.
D'autre part, comme cela n'était pas prévu à ce
moment-ci, nous ne sommes pas en mesure de le déposer
immédiatement. J'ajoute également que ce rapport, étant
donné qu'il a été fait par le Conseil scolaire de
l'île de Montréal, est déjà public. Maintenant, si
vous voulez le formaliser quant au dépôt à
l'Assemblée nationale, on m'informe que le ministre de I Education n'a
pas d'objection, dans les meilleurs délais, à le
déposer.
Quant à la deuxième partie de la question du
député de D'Arcy McGee, on m'informe que les hauts fonctionnaires
du ministère de l'Education sont actuellement et j'ai
parlé à nul autre qu'au sous-ministre lui-même qui me l'a
confirmé, M. Pierre Martin à faire l'analyse du document
et que le ministre indiquera également dans les meilleurs délais
exactement quelles orientations le gouvernement entend suivre à la suite
de l'analyse qui sera faite et des conseils qui seront donnés par les
hauts fonctionnaires du ministère.
En tout cas, je m'étais engagé à répondre
à cette question du député de D'Arcy McGee;
j'espère que cela répond tout au moins partiellement à sa
question.
Retrait du projet de loi de la ville de
Gatineau
M. Burns: Deuxièmement, je m'étais engagé
à tenir un certain nombre de consultations relativement à la
demande trois fois répétées par le député de
Gatineau quant au projet de loi privé qui apparaît à
l'article e). A la suite de ces consultations, je suis en mesure, si la Chambre
me permet de le faire, de proposer que l'article e) du feuilleton soit
radié. D'accord?
M. Gratton: Complètement d'accord.
Le Président: Adopté.
La Chambre suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 17)
Reprise de la séance à 15 h 7
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Le chef de l'Union Nationale, vous avez la parole.
Travaux parlementaires
M. Charron: Je m'excuse, vous pourrez toujours reprendre les
applaudissements à un autre moment. Avec le consentement du chef de
l'Union Nationale, je voudrais informer les membres de l'Assemblée de
l'allure des travaux pour cet après-midi qui, j'espère, est le
dernier avant l'ajournement de la session. Nous allons poursuivre, comme
prévu et comme engagé à l'appel du leader parlementaire ce
matin, l'étude finale du projet de loi no 101. Par la suite, nous
procéderons à la troisième lecture des projets de loi qui
doivent être adoptés avant l'ajournement de la session. Si nos
collègues de la commission de la présidence du conseil
chargés d'étudier le projet de loi no 2 ont à ce moment
achevé leurs travaux, nous enchaînerons immédiatement par
la prise en considération du rapport de ces collègues et la
troisième lecture du projet de loi no 2. Cela achèvera la saison
estivale de notre Assemblée nationale.
Une Voix: Première période.
M. Charron: Par contre, si nos collègues n'ont pas
achevé les travaux au moment où nous aurons terminé ce qui
nous concerne, nous suspendrons momentanément les travaux de
l'Assemblée et, sur convocation des leaders dans chacun des groupes,
nous reviendrons par la suite pour achever à l'Assemblée
nationale...
M. Proulx: Excellent.
Projet de loi no 101 Troisième lecture (suite)
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, j'allais saluer le seul
député libéral en Chambre, le député de
Maskinongé; je crois que je vais le faire. C'est peut-être parce
qu'il a manqué quelques heures un bon après-midi
d'été.
M. le Président, c'est un Québécois, un vrai
Québécois, fier de l'être et conscient de la page
d'histoire qui s'écrit aujourd'hui, qui se lève en tant que
député de Lotbinière et à titre de chef d'un parti
politique authentiquement québécois qui il y a 41 ans
aujourd'hui, était élu pour la première fois à
l'Assemblée nationale, l'Assemblée législative à
l'époque, pour vous dire sa volonté de vivre dans un
Québec français, dans un Québec aussi essentiellement
français que l'Ontario est anglais.
M. le Président, plus jamais le Québec ne doit être
celui du bill 63. Plus jamais le Québec ne doit être celui du bill
22.
Jamais non plus le Québec ne devrait être celui de
l'intransigeance ou de l'intolérance. L'Union Nationale, riche des
leçons de son passé, lucide devant l'avenir, se loge dans un
parti-pris pour la prééminence du français au
Québec, a l'enseigne de ceux qui, au Québec, affichent le
français d'abord. Nos pères, nos aïeuls ont trop
donné d'eux-mêmes à ce coin de terre française
d'Amérique pour que nous ayons peur, aujourd'hui, de donner un solide
coup de barre en avant dans la réforme linguistique qui s'impose au
Québec. Trop de nos frères, ailleurs au Canada ou même au
sud du 45e parallèle, attendent de nous que nous contribuions au
rayonnement de la cause du fait français en Amérique pour que
nous ayons peur aujourd'hui de nous affirmer, la tête haute, et en
laissant parler notre coeur, en tant que fils et héritiers d'une culture
française, en tant que légataires de l'héritage d'un des
deux peuples fondateurs de notre pays.
Il n'est pas de fin de session, il n'est pas de rouleau compresseur, il
n'est pas de guillotine qui puissent nous faire oublier un seul instant que
nous avons tous le devoir, ici, en cette enceinte parlementaire, et, de quelque
milieu culturel, social ou démocratique que nous soyons, de faire du
français la langue du vécu dans toutes les sphères
d'activité au Québec. Tous les gens d'ici, francophones,
anglophones, allophones, Amérindiens et Inuit doivent vivre dans
l'harmonie et la solidarité, le défi collectif qui est
nôtre, la mission qui est celle du Québec, à savoir le
défi et la mission d'être essentiellement français. Plus
jamais devra-t-il être nécessaire à un
Québécois de se taire en tant que Québécois, de se
taire en tant que francophone, pour avoir sa place au soleil chez nous, au
Québec, au Canada.
L'Union Nationale trouve normal, pertinent et opportun qu'un
gouvernement québécois, qu'un Parlement québécois
légifère à ce moment précis de notre histoire en
une matière aussi vitale que celle de l'avenir collectif du
Québec et des Québécois car c'est bien de cela qu'il
s'agit quand on légifère chez nous sur une matière comme
la langue; la langue véhicule de communication, la langue
véhicule de pensée, la langue véhicule de vie.
Arrêter une loi sur la langue qui veuille vraiment dire quelque
chose, c'est dessiner une réforme non seulement culturelle, mais sociale
et économique. Bien plus qu'à une loi, c'est à un
changement d'attitude que sont appelés à obéir tous les
Québécois à part entière que sont tous ceux, de
quelque origine ethnique qu'ils soient, qui vivent au Québec. Un
réel changement d'attitude de tous les Québécois. Plus
jamais, M. le Président, le Québec ne doit être le
même. Au moment où tous les yeux au Canada sont tournés
vers nous aujourd'hui, au moment où toutes les oreilles au Canada sont
tendues vers nous, nous devons avoir le courage de dire: Vive le Québec
français et vive un Canada qui fasse davantage place au
français!
Il nous est loisible et possible de parler ainsi sans calcul politique
aucun, sans sentiment revanchard aucun, imbibés du seul sentiment, en
tant que Québécois, de vouloir, en tant qu'individus et en tant
que collectivité, dorénavant être bien dans notre peau de
francophones. C'est dans cet esprit de gens d'ici, c'est dans cet esprit de
vivre à deux le Canada, dans une recherche donc de
l'égalité linguistique que l'Union Nationale a abordé le
futur défunt projet de loi no 1 et l'actuel projet de loi no 101.
On voudra bien noter ici que tous les membres du caucus de l'Union
Nationale et en particulier ceux d'entre eux qui ont siégé au
sein de la commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications... Ici, je veux rendre un hommage particulier aux deux
représentants de l'Union Nationale au sein de cette commission qui ont
fait un travail magnifique et formidable pour bien présenter les
différents amendements, les différentes améliorations que
notre parti voulait voir apporter par le gouvernement au bill 101.
Je rends donc hommage au député de Mégantic-Compton
pour son excellent travail et je veux aussi rendre hommage au
député de Gaspé. Mme le Président, je veux aussi
rendre un hommage particulier à notre personnel de soutien, personnel de
recherche, collaborateurs qui ont adopté tout au long de l'étude
du projet de loi une attitude positive, constructive et un comportement digne
du sérieux du sujet de la langue, attitude et comportement que tous les
Québécois, de quelque option politique qu'ils soient,
applaudiront sans hésitation, attitude et comportement que tous les
observateurs de la scène politique ont déjà pu
apprécier, attitude, comportement et performance, notamment par notre
fameux cahier bleu, qui nous a valu de faire accepter un certain nombre,
quoique insuffisant, de nos propositions d'amendements par les
ministériels.
L'Union Nationale, Mme le Président, a reconnu dès le
départ et reconnaît encore aujourd'hui que des dispositions
législatives peuvent et doivent être prises pour
privilégier le français au Québec. L'Union Nationale admet
qu'une charte linguistique au Québec doit reconnaître
explicitement dans des articles déclaratoires des droits linguistiques
fondamentaux aux Québécois francophones.
L'Union Nationale, sans hésitation aucune, dit oui, toute
personne a le droit que communiquent en français avec elle
l'administration, les services de santé, les services sociaux, les
entreprises d'utilité publique, les ordres professionnels, les
associations de salariés et les diverses entreprises exerçant au
Québec. Oui, Mme le Président, en assemblée
délibérante, toute personne a le droit de s'exprimer en
français. Oui, Mme le Président, les travailleurs ont le droit
d'exercer leurs activités en français. Oui, le consommateur de
biens et de services a le droit d'être informé et servi en
français. Oui, toute personne admissible à l'enseignement au
Québec a le droit de recevoir cet enseignement en français. Plus
précisément encore, nous disons qu'en matière de langue de
la législa-
tion et de la justice, tout en réclamant la reconnaissance, par
souci d'équité et de justice, des besoins et des droits des
membres de la communauté anglophone du Québec de recourir dans
leur langue à des outils aussi essentiels que la législation et
la justice, il faut consacrer ici le statut officiel de la langue
française.
En matière de langue d'administration, il n'est que normal et
légitime, à la condition que ce ne soit pas complètement
exclusif, que nos institutions publiques et parapubliques affichent un visage
essentiellement français et assurent à tous les
Québécois les services disponibles dans leur langue
française.
En matière de langue de travail, il faut établir la
prééminence de la langue française dans le monde du
travail en donnant aux travailleurs québécois les moyens et les
garanties qui leur permettront d'exercer leurs activités en
français, de gagner leur pain et celui de leur famille en
français. Nous ajoutons, Mme le Président, qu'en matière
de langue du commerce et des affaires il nous faut nous prononcer en faveur du
français comme langue vécue plutôt que comme seul
véhicule de communication. S'il est un domaine, tout en étant
bien réalistes dans l'application, dans l'échéancier,
où il faut vivre en français, c'est bien celui du commerce et des
affaires, c'est bien celui qui, dans les faits quotidiens, va rendre viable
crédible et authentique le visage essentiellement francophone du
Québec.
En matière de langue d'enseignement, il est important d'avoir une
position claire, nette et précise. Pour cela, dans notre programme
d'octobre 1976, il est clairement dit que l'Union Nationale reconnaît la
prééminence du français au Québec, dans le respect
des autres cultures. Il est également dit, compte tenu de la situation
sociale qui prévaut au Québec, qu'il faut prévoir
l'intégration à la communauté francophone de tous les
immigrants non anglophones à venir. Le 16 avril 1977, dans une
volonté de clarifier et d'expliciter ce que nous entendions par
prééminence de la langue française, nous avons convenu de
surseoir à l'application du principe du libre choix de la langue
d'enseignement. Cela veut dire concrètement, pour nous, que le
francophone n'aura plus la liberté de faire inscrire ses enfants dans
une école de langue anglaise et que l'anglophone, qu'il soit
déjà au Québec ou qu'il soit un immigrant, conservera,
à notre point de vue, le libre choix de se faire instruire dans sa
langue ou dans la langue de la majorité.
Mme le Président, nous nous sommes également entendus, le
16 avril dernier, pour que les al-lophones vivant au Québec, s'ils
avaient opté pour l'école anglaise, puissent soit y demeurer, y
compris leurs frères et soeurs cadets, soit opter pour l'école
française.
Cependant, les immigrants non anglophones à venir devraient
s'intégrer à la communauté francophone. Donc, pour eux
comme pour les francophones, pas de liberté de choix de l'école.
Enfin, nous nous sommes déjà engagés, au niveau du
chapitre sur la langue d'enseignement, à réclamer et à
obtenir, en plus d'une meilleure qualité de l'enseignement de la langue
française, des garanties précises pour un enseignement accru et
de meilleure qualité: premièrement, de la langue française
dans les écoles anglaises, et, deuxièmement, de la langue
anglaise comme langue seconde dans les écoles françaises.
Là-dessus, à la commission parlementaire, le ministre de
l'Education nous a dit qu'il appuyait notre amendement mais qu'il ne pouvait
l'inscrire dans le projet de loi 101. Nous le déplorons fortement car,
pour nous, il était essentiel que dans un projet de loi de cette
importance nous donnions les garanties nécessaires à la
population du Québec d'une formation adéquate convenable à
tous les enfants du Québec qui étudient dans les écoles du
Québec. Là-dessus, nous reviendrons au cours des prochaines
sessions pour demander au ministre de l'Education de bien vouloir nous faire
connaître clairement dans un texte de loi cette volonté qu'il est
venu affirmer à l'occasion de la commission parlementaire qui
étudiait le projet de loi 101. Ce que la population du Québec
veut, autant en instruction qu'en éducation de langue seconde dans
toutes les écoles du Québec, c'est une garantie de la part du
gouvernement que cette qualité et cette quantité de la langue
seconde, nous l'aurons partout dans toutes les écoles du
Québec.
Mme le Président, qu'on se tienne donc pour dit et pour
sûr, hier, aujourd'hui et demain, et sur toutes les tribunes, que l'Union
Nationale, dans sa politique et dans l'articulation de sa politique,
préconise, comme je viens de le démontrer clairement, la
prééminence du français au Québec.
Our first and fundamental principle is that the essentially French
character of Quebec may become a reality in the everyday life of all
Quebecers.
Le ministre d'Etat au développement culturel, à qui je
veux bien reconnaître ici des qualités réelles de coeur et
d'esprit ainsi qu'une ardeur au travail peu commune perçoit
peut-être plus que tout autre combien l'Union Nationale, tout en
étant vigilante, marque première d'un parti d'Opposition, a su et
sait jouer le rôle que les Québécois attendent d'elle,
celui d'une bonne et vraie Opposition québécoise.
Là-dessus, j'étais heureux d'entendre le premier ministre nous
expliquer sa philosophie d'une politique sur la langue au Québec.
J'aurais aimé entendre le premier ministre, en deuxième
lecture, faire part de ses principes à l'Assemblée nationale et
spécialement au ministre d'Etat au développement culturel et aux
membres du parti ministériel.
J'aurais aimé que le premier ministre puisse imprimer son
leadership et sa façon de concevoir une politique de la langue à
son gouvernement, à son parti. J'ai été heureux d'entendre
sa voix et ses principes, combien plus modérés, qu'il a
énoncés ce matin à comparer à ceux que nous avons
dans le projet de loi no 101. Là-dessus, je veux aussi ajouter que je me
souviens qu'au début de la commission parlementaire qui étudiait
le projet de loi no 101, le leader parlementaire adjoint et ministre
délégué au Haut-Commissariat à
la jeunesse, aux loisirs et aux sports nous a conviés à un
défi de mesurer la qualité de nos amendements, la philosophie de
chacun des partis politiques concernant le problème de la langue au
Québec, de mesurer notre philosophie et nos amendements à ceux du
gouvernement.
L'Union Nationale, à l'époque et encore aujourd'hui, lui a
répondu que nous étions prêts, et la preuve est que notre
contreprojet d'amendements a été présenté en
public, a été présenté au gouvernement, à
l'Opposition officielle, et nous avons voulu relever le défi qui nous
était lancé par le leader adjoint du gouvernement, nous
étions prêts à aller au bout de ce défi pour le
relever, mais c'est le gouvernement lui-même qui a changé
d'idée, qui n'a pas voulu continuer à mesurer chacun de ses
amendements aux amendements proposés par l'Union Nationale dans son
livre bleu.
L'Union Nationale n'a jamais eu honte de ses politiques sur la langue
et, en fait, nous les avons rendues publiques très tôt dans ce
grand débat sur cette question qui préoccupe véritablement
la grande majorité de nos Québécois.
Dans l'analyse du projet de loi no 101 qui a été
nôtre, dans l'appréciation que nous faisons encore aujourd'hui de
la Charte de la langue française, jamais nous n'avons voulu ou ne
voulons nous afficher comme le parti des Anglais ou comme le parti des
minorités, ni, par ailleurs, comme le parti de la majorité ou des
francophones, sachant fort bien que les minorités d'ici sont la
majorité ailleurs et que la majorité d'ici est minorité
ailleurs. Nous nous identifions, dans le présent débat, comme le
parti du bon sens, comme le parti de la justice, comme le parti de
l'équité, qualités et vertus dont se réclame
à bon droit l'ensemble des Québécois.
Bon sens, justice et équité, voilà incidemment les
critères qui nous ont fait, à l'Union Nationale, et ce sans
intention de marchandage et sans recherche d'un "bargaining power", appuyer
spontanément le principe de la clause de réciprocité que
le premier ministre du Québec est allé offrir récemment
à ses homologues des autres provinces canadiennes, à St. Andrews,
au Nouveau-Brunswick. Le 12 août dernier, avant la conférence des
premiers ministres, à Moncton, je disais, et je tiens à le
rappeler ici: "Je lance un appel à tous les premiers ministres
provinciaux qui seront appelés à se prononcer à St.
Andrews sur les accords de réciprocité en matière
d'éducation proposés par le gouvernement Lévesque pour
qu'ils affirment sans hésitation et avec fermeté leur intention
de maintenir intacte leur compétence exclusive dans le domaine de
l'éducation et pour qu'ils opposent une fin de non-recevoir au
gouvernement fédéral relativement au transfert par les provinces
de leurs responsabilités constitutionnelles en ce qui concerne les
droits à l'éducation des minorités sur leur territoire."
J'ajoutais: "Je demande aussi aux premiers ministres des provinces
d'écouter avec ouverture d'esprit les propositions du Québec et
d'y penser deux fois avant de les rejeter."
Voilà, Mme le Président, jusqu'où va notre
goût du Québec, jusqu'où va notre goût du fait
français, jusqu'où va notre engagement pour la primauté du
français au Québec, pour le rayonnement du français hors
du Québec et pour l'égalité linguistique au Canada. Oui,
nous sommes Québécois à la recherche d'une charte
linguistique d'ici qui consacre le français langue officielle, langue
première, langue prééminente au Québec; à la
recherche d'une charte linguistique d'ici, recherche imprégnée de
bon sens, de justice et d'équité.
Nous n'avons pas le droit pour autant de nier des réalités
d'ici. Nous n'avons pas le droit, par exemple, de nier l'impact d'une mesure
législative sur des réalités économiques qui n'ont
que faire des tracasseries administratives. Nous n'avons pas le droit, Mme le
Président, surtout de limiter l'appellation de Québécois
aux seuls francophones d'ici, encore moins aux seuls partisans d'une
thèse donnée.
Nous n'avons pas le droit de nier 200 ans d'histoire. Nous n'avons pas
le droit de nier formellement et juridiquement l'existence d'une
communauté anglophone articulée au Québec, que le premier
ministre lui-même se plaît à reconnaître.
Nous n'avons pas le droit, ce faisant, de nier les droits les plus
élémentaires d'individus qui, même anglophones, sont et
doivent être des Québécois à part entière,
pas plus que nous n'avons osé nier les droits antérieurs aux
nôtres, ici, des Amérindiens et des Inuit. Nous n'avons pas le
droit, ni le mandat, pas encore, de nier l'existence du Canada comme pays des
Québécois, ni l'existence du Québec comme province au sein
de la fédération canadienne dont nous sommes les premiers, par
ailleurs, à reconnaître qu'elle doit être renouvelée
dans son essence même.
Aujourd'hui, j'accuse les ministériels de se refuser, dans leur
suffisance, à admettre le mauvais impact du projet de loi no 101 sur la
vie économique du Québec. Ce que disait le premier ministre ce
matin, quant au pays flamand en Belgique, ce n'est pas le fait français
qui effraie les investisseurs, et ce ne sera jamais le fait français qui
effraiera les investisseurs, c'est l'attitude du gouvernement, c'est une
attitude revancharde, c'est une attitude d'entêtement, c'est une attitude
mesquine qui peut effrayer les investisseurs. Ce ne sera jamais le fait
français qui effraiera les investisseurs qui veulent venir au
Québec.
Ici, qu'il me suffise de vous rappeler l'exode des francophones du
Québec à la fin des années dix-huit cent lorsque, par
milliers, par dizaines de milliers, nos ancêtres laissaient le
Québec pour s'exiler vers les Etats-Unis où, là-bas, la
langue était la langue anglaise. Si les francophones du Québec
partaient en exil, c'est à cause de la situation économique,
c'est parce qu'ils voulaient travailler, c'est parce qu'ils voulaient gagner du
pain pour mettre sur la table de leur famille; c'est cela qui est
important.
Aujourd'hui, j'accuse les ministériels de créer, dans leur
arrogance, deux catégories de citoyens au Québec. Aujourd'hui,
j'accuse les ministériels
de nier, dans un esprit revanchard, deux siècles d'histoire au
Québec.
M. O'Neill: Au contraire, on est fidèle à
l'histoire.
M. Biron: Aujourd'hui, je dois accuser les ministériels de
ne pas vouloir reconnaître suffisamment, formellement et juridiquement,
dans le texte de la loi 101, l'existence pourtant bien réelle, et
reconnue par le premier ministre encore une fois ce matin, d'une
communauté anglophone bien articulée au Québec. Nous nous
serions attendus que l'anglais, plus formellement encore qu'on ne l'a fait, ait
davantage droit de cité, au moins dans les quelques municipalités
et commissions scolaires dont les administrés sont à
majorité anglophone.
Aujourd'hui, je dois accuser les ministériels d'avoir
manqué de sens juridique, de justice et d'équité et
d'avoir hypothéqué le droit de recours à des outils aussi
universels que la justice et l'équité en ne reconnaissant pas,
à la langue de la législation et de la justice, domaines
intimement reliés, le principe du droit des parties par leur refus,
lorsqu'un jugement sera rendu en anglais, d'y accorder le statut de version
officielle, même si ce jugement représente la version originale
des notes d'un juge.
Aujourd'hui, j'accuse les ministériels, dans l'usurpation qu'ils
font du mandat réel qu'ils ont sollicité et obtenu le 15 novembre
dernier, de nier la réalité canadienne, de nier même le
sentiment majoritaire au Québec en refusant cavalièrement et
brutalement à la fois, même tiraillés, l'option Canada au
chapitre de la langue d'enseignement. Se refuser à admettre à
l'école anglaise les enfants de Canadiens de culture et d'expression
anglaises des provinces soeurs du Québec, c'est, premièrement,
agir comme si le Québec était déjà
séparé du reste du Canada. Quel type de pays fermé sur
lui-même est-on en train de dessiner pour le Québec?
Deuxièmement, c'est témoigner d'une peur maladive et
anachronique d'être assimilé. Allons donc, comme dirait le
ministre de l'Education! Troisièmement, c'est avoir bien peu de foi dans
les effets d'entraînement des autres dispositions du projet de loi 101
qui, pourtant, convergent toutes vers l'ultime but d'oeuvrer à la
francisation du Québec.
Au total, Mme le Président, j'accuse donc les ministériels
de nier des réalités, de ne pas reconnaître toutes les
réalités d'ici. Voilà pour notre plaidoyer. Le peuple du
Québec, en temps et lieu, jugera. C'est à lui que revient le
jugement. On peut tromper les Québécois quelque temps surtout, on
peut peut-être tromper les Québécois tout le temps sur
quelques points particuliers, mais on ne peut pas tromper les
Québécois tout le temps, sur tout. Quant à nous de l'Union
Nationale, nous avons un parti pris pour...
M. O'Neill: C'est tellement ce qu'on dit.
M. Biron: ... la prééminence du français
au
Québec, je pense avoir été précis
là-dessus. Mais la Charte de la langue française est trop loin,
à notre avis, d'avoir la nature d'un projet collectif et ne
reconnaît pas toutes les réalités d'ici, toutes les
réalités du Québec, toute la réalité du
Québec. Mes collègues de Mégantic-Compton, de
Brome-Missisquoi, de Pointe-Claire, de Richmond, de Nicolet-Yamaska, de
Bellechasse, de Gaspé, d'Huntingdon, de Saint-Hyacinthe et celui qui
vous parle comme député de Lotbinière et comme chef de
l'Union Nationale, nous aurions aimé appuyer un projet collectif sur la
langue, un projet qui répondrait véritablement aux aspirations et
aux besoins de tout le peuple du Québec. Mais malheureusement, à
cause de ce que je vous ai cité précédemment, Mme le
Président, nous allons devoir voter, bien à regret, contre ce
projet de loi 101 en troisième lecture et dernière étape
de son étude.
En terminant, je souhaite de toutes mes énergies qu'à
compter de la reprise de nos activités parlementaires à l'automne
le gouvernement nous présente en priorité des solutions
concrètes au problème no 1 au Québec, qui est
l'état actuel de l'économie. Nous voulons du travail vraiment
bien mérité pour tous nos Québécois. Il faut
répondre à l'aspiration de nos Québécois de pouvoir
finalement travailler et faire cesser ces craintes de nos chefs de famille de
ne pouvoir travailler et attendre des emplois qui ne viennent jamais.
C'est ça qui est important et nous espérons qu'à la
rentrée cet automne nous pourrons apporter des solutions
concrètes à ce problème du chômage et du manque
d'activité économique au Québec. J'invite, en tant
que-chef d'un parti politique typiquement québécois et
responsable, tous et chacun des Québécois, de quelque origine
ethnique qu'ils soient et quelle que soit leur réaction immédiate
à la suite de l'adoption de la loi 101, à agir en tant que
citoyens responsables. Loin de braver ou de désobéir à
cette loi et pour ne pas ajouter aux nombreux problèmes qu'elle pose ou
qu'elle posera, j'invite tous nos concitoyens du Québec à
collaborer à sa mise en application en favorisant notamment une
rentrée scolaire calme et ordonnée, avec l'espoir qu'un jour le
gouvernement actuel comprendra que qui trop embrasse mal étreint.
Mme le Président, c'est cette même fierté qui me
faisait commencer cet exposé, fierté d'être
Québécois francophone, fierté d'être Canadien de
langue et d'origine française et fierté que partout à
travers mon pays, à travers l'Amérique du Nord, à travers
l'Amérique latine et dans plusieurs pays d'Europe où je suis
allé j'ai toujours exprimé librement et fièrement ce fait
que je sois de langue et d'origine française, ce fait que je sois un
Québécois francophone, ce fait que je sois un Canadien
français, c'est cette même fierté, dis-je, Mme le
Président, qui m'anime toujours et que je voudrais pouvoir faire
rayonner par tous nos Québécois. Partout à travers notre
pays, de l'Atlantique au Pacifique, partout où je suis
allé...
M. O'Neill: ...
M. Biron: ... j'ai essayé justement que ces
gens que je rencontrais à l'extérieur du Québec
puissent m'apprécier comme j'étais, puissent m'aimer comme
j'étais, avec ma langue française, avec mon origine
française, avec ma fierté de venir du Québec, avec ma
fierté de venir du Canada et d'être un Canadien français.
C'est cette fierté que je voudrais que tous mes concitoyens du
Québec sans exception puissent aussi comprendre réellement et
puissent mettre en application partout à travers notre province et notre
pays. C'est cette fierté, Mme le Président, qui me fait dire en
terminant: Vive le Québec! Vive le Canada!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, Mme le Président. Contrairement à
ceux qui m'ont précédé, je serai malheureusement
limité à dix minutes, comme le veulent les dispositions de
l'article 94 de notre règlement, pour exprimer mon point de vue sur un
sujet d'une aussi grande importance, surtout si on considère le stade
où en sont rendus nos travaux et où en est rendue
l'Assemblée nationale du Québec.
Mme le Président, nous sommes rendus aujourd'hui à la
troisième lecture du projet de la Charte de la langue française
au Québec. Depuis plus de dix ans, le moins que l'on puisse dire, c'est
que le débat sur cette question a fait couler beaucoup d'encre et de
salive au Québec, et il n'est pas terminé. Malgré toutes
ces discussions et malgré les nombreuses semaines que nous venons de
passer sur le projet de loi no 101, je me vois obligé de dire, et ce
sans porter aucun jugement sur l'attitude des partis de l'Opposition ou du
parti ministériel, que ce projet de loi n'a pas été
suffisamment approfondi. Même si le débat a été
très long, cela n'aurait pas dû amener le gouvernement à
brusquer sa fin, parce que les débats que nous avons ici même
à l'Assemblée nationale sont le reflet de la
réalité québécoise, que ce soit sur le plan
politique, économique ou social.
Si l'Assemblée nationale est divisée sur cette question,
c'est que les citoyens du Québec aussi le sont. Le projet de loi actuel,
dans sa formulation finale, ne donne pas l'impression au public qu'il a
été mûrement réfléchi. Mme le
Président, les 60 amendements de dernière heure du Parti
québécois sont la preuve de l'incertitude du gouvernement et de
ses hésitations sur les modalités à suivre pour atteindre
les objectifs fixés.
En effet, sur une question de cette importance, et compte tenu de la
situation actuelle du Québec, le gouvernement aurait dû faire
preuve de plus de diligence et prendre toutes les mesures nécessaires
pour que ce projet de loi soit le plus complet possible. Si tel avait
été le cas, nous aurions pu étudier tous les articles de
cette loi, même si nous avions été obligés de faire
rapport à l'Assemblée nationale et d'en accepter certains
chapitres, compte tenu de l'urgence de certaines situations, notamment dans
l'éducation, pour tâcher que ce projet de loi puisse être
mis en application.
Mais je dis que nous aurions pu étudier tous les articles de ce
projet de loi, ce qui aurait eu pour effet d'atteindre un certain consensus
indispensable à l'application d'une telle loi. Tel n'a pas
été le cas, et le gouvernement risque fort de se retrouver
victime de sa propre stratégie, car je ne vois vraiment pas comment, et
je le dis en toute sincérité sur le plan pratique, cette loi
pourra être appliquée et acceptée intégralement.
Cette difficulté d'application, Mme le Président, on la
retrouvera surtout, dans le domaine de la langue des affaires et des
entreprises. D'ailleurs, mardi soir dernier, je le rappelle à
l'honorable ministre, juste avant la tombée de la guillotine en
commission parlementaire, je demandais au ministre d'Etat au
développement culturel, parrain du projet de loi, s'il avait
étudié le cas des entreprises qui opèrent au
Québec, sans que, pour autant, elles aient un quelconque bureau ou place
d'affaires au Québec, et qui emploient des travailleurs du Québec
dans le territoire du Québec.
Cette situation, on sait très bien qu'elle existe, et c'est ce
qui fait que ces entreprises concurrencent directement nos entreprises
québécoises et même plus, avec la nouvelle loi 101, elles
ne seront même pas assujetties aux exigences de la loi. Voici ce que le
ministre m'a répondu: "Ces problèmes nous ont été
signalés, mais il nous apparaît bien difficile de les
régler par le biais d'une politique linguistique, car nous vivons dans
un système capitaliste."
Je dois dire que, sur le dernier mot qu'a utilisé le ministre, je
suis demeuré perplexe. Faudra-t-il avoir recours à un
système socialiste pour garder notre culture? Et le ministre de
poursuivre: "II nous apparaît véritablement impossible, à
l'heure actuelle" et cela, je ne le contredis pas, Mme le
Président "d'affecter des remèdes vraiment efficaces aux
problèmes que soulève le député de Beauce-Sud et
surtout pas par une politique linguistique. Actuellement, j'avoue qu'en raison
de la philosophie qui inspire tout le secteur privé et en raison de la
politique actuelle du gouvernement, je ne vois pas quel correctif nous
pourrions instaurer pour empêcher pareille concurrence indue. C'est ce
qui explique la situation dans laquelle vont se retrouver le monde des
affaires, le milieu économique du Québec qui sont en concurrence
avec le contexte et le contexte nord-américain".
Mme le Président, que les droits du français soient
reconnus et garantis sur tout le territoire, ceci est un projet national et
tout peuple qui se respecte et veut se faire respecter doit pouvoir participer
à cette édification. C'est donc dire que, pour une entreprise de
cette envergure, il n'y a pas de place pour l'improvisation. Je le
répète, Mme le Présideht, il n'y a pas de place pour
l'improvisation. Avant d'adopter une politique que l'on veut faire adopter par
une population, il est essentiel que cette politique soit d'abord
respectée par cette même population et qu'ensuite cette politique
réponde à ses attentes.
Si, Mme le Président, à cause des inquiétudes
qu'elle suscite chez nombre de députés, la nouvelle politique
linguistique ne rallie pas l'unanimité de cette Assemblée, je dis
qu'il y a danger que
cette loi rate l'objectif recherché. Il était donc
indispensable que nous trouvions des formules pouvant faire un certain
consensus, et je ne dis pas un consensus certain, sinon, nous risquons que la
loi soit bafouée et je vois mal que le gouvernement du Québec
poursuive ses propres citoyens, citoyens par qui il a lui-même
été mandaté, parce que ceux-ci auront utilisé,
entre autres, certains modes d'expression, que ce soit dans l'affichage, dans
la publicité, etc., qui ne correspondent pas tout à fait aux
normes édictées dans la loi, mais qui correspondent cependant
à la réalité dans laquelle vivent ces citoyens. C'est
intentionnellement, à cause de cette réalité, Mme le
Président, que je n'ai présenté que quelques amendements
au projet de loi, amendements qui se voulaient des soupapes d'équilibre,
amendements présentés dans un contexte extrêmement
difficile, voire impossible à discuteretàdéciderde
façon sereine. C'est pourquoi après avoir présenté,
20, 30, 40 amendements, cela n'aurait absolument rien changé; j'ai donc
voulu concentrer mes efforts sur un point particulier.
Je tiens à dire, Mme le Président, que dans tous les pays
du monde, et cela de tout temps, les exigences de l'économie sont telles
qu'on ne doit pas les ignorer, parce qu'elles sont intimement liées
à la survie et à l'épanouissement d'un peuple.
J'espère que l'actuel gouvernement comprend bien tout le sens de cette
réalité, car à ceux qui ont la responsabilité de
nous gouverner, s'ils ne sont pas conscients de ce fait, je dis que l'illusion
ne peut jamais remplacer la réalité.
Si j'ai approuvé sans hésitation le principe de ce projet
de loi en deuxième lecture, je dois dire que ce fut différent et
beaucoup plus difficile d'évaluer le pour et le contre quant aux
modalités d'application. J'ai parlé des structures
administratives à l'intérieur desquelles nombre de fonctionnaires
et de technocrates devront travailler. J'ai dénoncé la grande
bureaucratisation qui découlerait de l'actuel projet de loi. J'ai
parlé de l'énorme pouvoir de réglementation qui en
découle aussi et qu'on ne retrouve pas uniquement dans le projet de loi
no 101, mais qu'on retrouve également dans les autres projets de loi et
qui cause bien des embêtements et des tracasseries à ta
population.
Je dis que ce ne sont pas les modalités qui ont fait pencher la
balance quant à l'attitude que je vais adopter à l'occasion du
vote de troisième lecture. C'est l'objectif qu'on cherche à
atteindre, car l'objectif me paraît beaucoup plus important et beaucoup
plus fondamental. En effet, sur les modalités nous sommes quand
même ici, à l'Assemblée nationale, 110
députés nous pourrons interroger le gouvernement, nous
pourrons faire des commissions parlementaires, nous pourrons réclamer
des amendements, nous pourrons donner des conférences de presse; en
somme, nous pourrons travailler pour continuer à améliorer le
projet de loi, en ne perdant pas de vue l'objectif qu'on cherche à
atteindre. Je ne me réfugierai pas, non plus, derrière deux
siècles d'histoire. Malheureusement, je le dis en toute
sincérité, on oublie trop souvent qu'il nous, a fallu
reconquérir nos droits pouce par pouce, qu'il nous a fallu recon-
quérir nos droits miette par miette et que notre fierté a
souffert trop souvent et trop longtemps.
En terminant, je lance un appel particulier à tous les
francopones du Québec et à leurs amis anglophones et des autres
communautés linguistiques. En ce qui a trait à l'objectif
recherché, cet objectif doit être celui de tous les hommes et
femmes de bonne volonté qui veulent vivre ensemble dans un territoire
donné. Il nous appartient à nous et à nous tous, de par
notre volonté et notre détermination, de faire en sorte que le
Québec demeure un territoire de culture et de tradition
françaises.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, Mme le Président. J'écoutais
attentivement les propos du premier ministre sur le projet de loi. Il a
tenté, d'une façon très calme, de désamorcer une
situation qui risque de causer des tensions sociales et des conflits qui
pourraient s'accentuer entre les différentes communautés
linguistiques au Québec. Il a tenté de minimiser les
conséquences négatives possibles de cette loi, tant sur le plan
social que sur le plan économique. Ma première réaction
était celle-ci: Si le projet de loi disait ce que le premier ministre a
exprimé ce matin, je peux vous assurer que j'aurais voté pour
cette loi. S'il était vraiment pour la défense et la promotion de
la langue de la majorité d'une façon positive, tout en
reconnaissant, tel que l'exprimait le premier ministre, les droits de la
minorité anglophone, je serais pour ce projet de loi. Malheureusement,
ce n'est pas ce que le projet de loi nous dit.
Le premier ministre nous a dit qu'il n'y a pas d'hostilité de la
part du gouvernement, que le projet de loi n'est pas un instrument pour avoir
des objectifs politiques. Il est évident que le premier ministre n'a pas
assisté aux séances de la commission parlementaire. Il aurait
été témoin de l'esprit d'hostilité, à cette
commission, des déclarations de plusieurs de ses députés
et des déclarations du ministre d'Etat qui disait clairement que les
buts du projet de loi étaient des buts politiques. Il est malheureux
qu'on utilise la question linguistique pour atteindre des buts politiques. On
ne peut et on ne devrait pas utiliser la question linguistique pour des fins
politiques.
Il aurait été possible de faire une loi dont nous aurions
été tous fiers, une loi qui aurait été positive,
qui aurait atteint les objectifs que le premier ministre a exprimés, et
qui se serait portée à la défense et à la promotion
du fait français au Québec, tout en reconnaissant les droits
minoritaires et individuels. Mon approche et l'approche de l'Opposition
officielle était de bonifier cette loi, d'essayer d'apporter des
amendements pour que les modalités puissent atteindre les objectifs de
la loi.
Une loi qui divise une société est une mauvaise loi et
cette loi nous divise. Par ses dispositions contraignantes, irréalistes
et arbitraires, elle
divise la communauté francophone. En commission parlementaire sur
le projet de loi no 1, nous avons été témoins que des
groupes francophones se sont opposés aux membres de cette loi qui vont
à l'encontre non des anglophones du Québec, mais des
intérêts des francophones et de tous les
Québécois.
Malgré les déclarations du premier ministre et de son
ministre d'Etat, la loi ne reconnaît pas les droits des minorités,
et plus particulièrement de la minorité anglophone. En optant
pour l'option Québec, elle poursuit un objectif politique. En parlant de
réciprocité, on est moins préoccupé par les droits
des minorités que par le processus d'établir un
précédent pour négocier des ententes avec les autres
provinces, prélude à une possible option politique d'association
économique.
En limitant l'accès aux écoles anglaises à ceux qui
ont fréquenté les écoles anglaises au Québec, on
restreint indûment cette collectivité culturelle et on place des
contraintes sur son existence comme communauté culturelle.
En ce qui concerne les Néo-Québécois ou les
allophones, comme on les appelle maintenant, qui déjà sont ici au
Québec je ne parle pas des immigrants à venir la
loi va à rencontre des promesses faites par le premier ministre et son
ministre de l'Education de permettre à ces enfants qui sont ici d'avoir
accès aux écoles françaises ou anglaises.
En affectant la langue de la justice, on compromet l'indépendance
de la magistrature et on attaque les droits de tous les
Québécois. En n'étant pas satisfait d'accepter que les
services de santé soient fournis dans les hôpitaux anglophones en
anglais et en français, mais en insistant pour créer des mesures
affectant la régie interne des hôpitaux, on risque de
réduire la qualité des services de santé, et en faisant
ceci, on affecte tous les Québécois. En refusant d'accepter
certaines recommandations quant aux entreprises ayant leurs sièges
sociaux au Québec, on risque de réduire l'activité
économique et, en plus, d'affecter le caractère international et
le dynamisme d'un centre comme Montréal.
On nous a accusés de représenter les droits des
minorités, comme si cela était un péché et ne
devait pas se faire. Je peux vous dire que seulement en respectant les droits
des minorités, leurs droits individuels, leur droit de survivre comme
communauté, la majorité peut garantir ses propres droits, parce
qu'après avoir tout examiné, nous sommes tous, d'une façon
ou d'une autre, une minorité. Et si nous ne pouvons pas vivre d'une
façon harmonieuse avec les minorités au Québec, il sera
impossible d'avoir des relations harmonieuses avec les autres Canadiens, peu
importe l'option politique que nous choisirons.
Je comprends l'angoisse que va subir la communauté anglophone
avec ce projet de loi. Je peux seulement leur suggérer et leur dire que,
en s'opposant aux dispositions de ce projet de loi qui vont porter atteinte
à leurs droits, ils devront le faire en réagissant de
façon modérée, sans s'alarmer. Toute opposition, s'il y a
lieu, doit se faire dans le respect de toutes les lois. C'est la base
même de notre société.
Il y a un groupe de personnes qui sont particulièrement
affectées et pour lesquelles je suis particulièrement
peiné; ce sont les autochtones. Malgré les déclarations du
ministre d'Etat au développement culturel, ces personnes se voient
lésées dans leurs droits linguistiques et culturels.
Je suggérerais fortement au gouvernement de respecter les droits
des autochtones. On devrait être au-dessus, dans ce domaine, de toute
parti-sanerie. Cela nous a pris trop de temps pour rétablir la paix
sociale dans le Nord québécois pour là gâter
maintenant par les tracasseries d'un tel projet de loi. Ces personnes ne nous
menacent pas. Je supplierais le gouvernement, dans ce cas particulier,
d'éviter les confrontations qui pourraient prendre des
générations à guérir. Ce n'est pas par la force que
vous allez régler le problème des Inuit dans le Nord du
Québec. Je vous recommanderais fortement de réévaluer
votre position.
En terminant, je pourrais vous dire que les minorités, les
Québécois, tous ceux qui s'opposent aux mesures restrictives de
ce projet de loi vont continuer à participer à la vie du
Québec, à tous les niveaux, à participer à la vie
sociale, économique et politique du Québec. Ils doivent et ils
vont accepter les lois que ce gouvernement va voter et qui seront dans les
intérêts de tous les Québécois. Ils vont continuer
à protester et à combattre, légalement, dans la
démocratie, dans les droits de la démocratie que nous avons,
contre toutes les mesures, contre toutes les lois, incluant les dispositions du
projet de loi no 101, qui diminueront la qualité de la vie du
Québec et des Québécois, qualité de vie tant au
plan intellectuel qu'au plan matériel. Merci, Mme le
Président.
Mme le Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Merci, Mme le Président. I would like, first of
all, to say quite frankly that Mr. Lévesque's speech this morning was
exemplary. And if I could relate the speech that was made this morning to
projet de loi no 1, I would be one of the first to be standing to vote for this
law. But, for some reasons, the spirit and the direction of the speech made by
the Prime minister this morning seemed to have great differences with both the
approach and the wording of bill 101.
So this is perhaps obviously the last opportunity I have to make an
intervention before the enactment of this law. I would like to take the
opportunity to thank members of my party with whom I have worked for a long
time to try and achieve the kind of balance, to try and achieve the kind of
policy that we could take to the parliamentary earings to make the positive
input that could, perhaps, have made projet de loi no 1 the kind of law of
which the Prime minister spoke this morning. 1 would like specially to thank my
colleagues,
the member for Mégantic-Compton, the member for Gaspé, for
the time that they have given from their families to be here, commission after
commission, working with the researchers to try and make some recommendations
to bring humanity, justice and equity into this law.
Because today the bill will be passed and it seems that very little, if
any of the recommendations that were made will be represented in its final
text. There is one very interesting aspect about this law and that is that it
makes a great effort to eliminate any reference to the English language. We see
the languages other than the French language; we see a second language. There
is a pronounced effort to deny the reality that it is present in Quebec. I am
reminded with it over every day when I look at that calendar with the month
names removed because they were English. But you see, Madam President, you can
try and deny the English fact of Quebec and you can try to deny the English
fact of the National Assembly, but I am here, I am an English-speaking Quebecer
and I am proud to being so and no removal of month names and no lack of
recognition of my character in this province in a piece of legislation will
make me disappear.
There is no secret that we are also seing in the regulations. We are
seing it in the way that the fonctionnaires are reacting such as was
demonstrated for the firing or the lack of hiring of those gentlemen who were
working for the Voirie in the county of Pontiac Témiscamingue. We have
so many other examples of our young nursing students at John-Abbott, 44% of
which could not pass their French test to qualify for their nursing licences,
having previously demonstrated so-called working knowledge of French to
graduate from highschool.
I know you know that there is an English fact in Quebec. It will be
seen, it will be heard and it will be felt; you will see it in your homes, you
will see it when you drive on the roads, you will be hearing it on your radios
because it cannot be suppressed. It is here, it intends to stay, it intends to
be recognized with justice and equity. No law can make that disappear.
We have shown in our party that in working together, both anglophones
and francophones can arrive at a posture of justice and equity. I noted that my
colleagues are as proud of their history and their culture and their language
as any member sitting on that side of the House. They have made a valiant
effort, but they would not be listened to. So, the bill will be passed.
But this is not the end, because the government will have the burden of
its consequences as a law, and democracy is not dead because democracy is not
only this National Assembly. It is the people out there, who respond to the
kind of legislation that is passed today. It is the people out there who react
to the hypocrisy of a government that is saying something very valiant, very
positive, very remarkable indeed in the words of its Prime minister and then
turning around and enacting a piece of legislation that is totally contrary to
his words.
No, democracy is not dead and it will flourish because more than
anything this kind of government makes the people of this country aware that we
are deprived of being deprived. We have never wanted it for anything in our
present live but we are now being faced with a kind of government who will use
a policy of confrontation, will use a policy of intimidation to try into effect
a kind of legislation that is not in the interest of any Quebecer being he
English-speaking or French-speaking.
Mme le Président, this session of the 31st Legislature of this
province will probably go down in history as the time of test, a time of test
of everyone's capacity to give, and we will also know this period of history as
one which will be the time of demanding and it will be the years between now
and the next election which will demonstrate the damage that this kind of
attitude will do. And the people will be then called to ask and judge again,
Mme le Président, they will judge. Thank you very much.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, je suis fier de pouvoir donner
mes dernières opinions avant que la troisième lecture soit
adoptée.
Les représentants du Parti libéral à la commission
parlementaire de l'éducation ont tenté d'amener le gouvernement
à reconnaître l'importance qu'il y a d'assurer le respect des
droits des citoyens québécois; que ce soit au niveau de la
langue, de la justice, de l'administration publique et du travail, on a vu
comment le gouvernement refuse de reconnaître la valeur des principes que
nous avons défendus. J'ai une certaine expérience comme
député et comme administrateur municipal de cette volonté
que les citoyens ont de participer de plus en plus directement à la
conduite des affaires qui les concernent dans leur vie quotidienne.
M. le Président, dans plusieurs municipalités du
Québec, sur l'île de Montréal comme dans le Montréal
métropolitain, dans certaines localités de la Gaspésie, de
l'Outaouais, ou du Nord-Ouest québécois, il y a là des
Québécois tout aussi québécois que moi qui sont de
langue et de culture anglaises. Je pense que ces gens ont le droit de
participer activement à la vie de leur municipalité et qu'ils ont
droit à ce que l'administration municipale respecte leur identité
culturelle.
Or, le projet de loi 101 est à cet égard extrêmement
pointilleux. C'est au compte-gouttes que l'on mesure les droits de ces
Québécois, comme s'ils étaient des citoyens de second
ordre. Je veux dire aujourd'hui que je ne suis pas d'accord avec cela et que je
souhaite que les administrateurs municipaux exercent sur le gouvernement toutes
les pressions nécessaires pour l'amener le plus rapidement possible
à corriger le caractère hautement restrictif des droits qu'il a
consentis aux citoyens de langue anglaise en ce qui concerne les
administrations locales.
Je pourrais soutenir la même argumentation dans un domaine tout
aussi névralgique de la vie des individus, celui des services de
santé et des services sociaux. Je me demande vraiment ce que le
gouvernement a pu trouver de menaçant pour l'avenir du français
au Québec, dans le fait que des institutions de santé et de
services sociaux appelés à fournir des services aussi importants
à des Québécois de langue anglaise, soient
désormais contraints de s'interroger pour savoir s'ils ont ou non le
droit de s'adresser en anglais à leurs clients et de communiquer entre
eux dans cette même langue anglaise.
Quand on parle du caractère excessif et mesquin de la loi 101,
n'est-ce pas dans des exemples aussi précis que l'on constate toute
l'absurdité de cette loi que le gouvernement s'apprête à
imposer aux Québécois? Car c'est bien de cela qu'il s'agit; on
cherche à imposer cette loi, puisqu'on a recouru au bâillon et,
comme cela ne suffisait pas semble-t-il, à la clôture
également.
M. le Président, je représente un comté où
il y a une majorité de parlant français et une minorité de
gens de langue et de culture anglaises, auxquels s'ajoute une autre
minorité d'origine ethnique différente. Nous avons toujours
vécu dans le comté de Verdun avec cette conviction que nous
pouvions faire ensemble beaucoup plus pour le progrès de notre
communauté que ce que nous pourrions faire en nous divisant et en nous
querellant sur des choses qui soulèvent beaucoup plus d'émotions
que de recherches véritables pour la solution des vrais
problèmes.
Or, les problèmes des gens de Verdun sont probablement les
mêmes que ceux de l'ensemble des Québécois. Ce sont bien
plus des problèmes économiques et sociaux que des
problèmes de langue.
En terminant, M. le Président, je veux dire que je voterai contre
ce projet de loi en troisième lecture, comme je l'ai fait en
première et en deuxième, parce que je crois très
sincèrement que c'est un projet de loi qui ne va pas dans
l'intérêt supérieur des Québécois et qui ne
contribuera qu'à diviser les Québécois entre eux, alors
que les défis politiques, économiques, sociaux et culturels du
Québec d'aujourd'hui exigent, au contraire, que l'on tente de renforcer
la solidarité qui doit unir tous les Québécois, si l'on
veut vraiment que le Québec puisse continuer de progresser.
Quand j'évoque les problèmes que causera une loi aussi
inutile et exhaustive que le projet de loi 101, je pense, à ce moment,
à cette manchette du journal Le Soleil d'hier où l'on pouvait
lire sur huit colonnes: "Bill 101: 25 policiers dépêchés
à Fort-Chimo". Je pense que cette manchette devrait faire
réfléchir les membres du gouvernement et leur faire prendre
dès maintenant toutes les mesures nécessaires pour éviter
ce que personne ne souhaite, c'est-à-dire que le projet de loi 101 soit
un facteur de division entre les Québécois, et ce que tout le
monde craint, à savoir que ce projet de loi 101 créera,
hélas, de l'injustice et toutes ces choses que nous ne pouvons accepter
et encore moins favoriser en tant que Québécois.
En terminant, M. le Président, je tiens à dire que je suis
fier d'être un citoyen du Québec et aussi fier d'être un
Canadien.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: M. le Président, on finit toujours dans la
vie par s'habituer aux personnes et aux choses avec lesquelles nous sommes en
contact quotidien. Quand je regarde ce beau tableau de Charles Huot qui nous
rappelle un événement de 1793, alors qu'il y avait un
débat peut-être plus animé que celui que nous vivons cet
après-midi, je suis en mesure d'avouer que cela fait déjà
deux siècles et plus que les Canadiens français ou les Canadiens
en général doivent livrer ce combat de la langue, ici dans notre
pays.
Si je voulais commencer pas le début, la première
tentative peut-être dans notre période moderne, c'est le projet de
loi 63. On va dire que c'est un échec. On va dire que cela n'a pas
été un succès. On va dire même que cela a conduit
l'Union Nationale vers l'abîme.
Mais, quand j'écoutais hier le député de Westmount,
quand j'écoute aujourd'hui les interventions de nos amis de droite quand
ils nous célèbrent toutes les louanges de la loi 22, je me
demande, M. le Président, avec une loi aussi bonne, aussi parfaite,
comment il se fait qu'elle ait été honnie, qu'elle ait
été rejetée non seulement par les anglophones mais
même par la majorité des francophones au Québec. Quand le
député de Westmount nous disait hier que l'Union Nationale tenait
deux langages, quand il a parlé de ceux qui ont voté le 4
août à la salle des commissions...
M. Blank: Qui n'ont pas voté.
M. Le Moignan: ... il a oublié que j'étais
absent.
M. Verreault: M. le Président, est-ce que le
député de Gaspé me permettrait une question?
M. Le Moignan: Après, je vais vous réserver deux
minutes.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Je dois
préciser que c'est sur votre temps qui est de dix minutes.
M. Le Moignan: Vous m'avertirez à huit minutes, M. le
Président.
M. Goulet: Vous répondrez lundi.
M. Le Moignan: Je ne veux pas faire la critique de la loi 22, M.
le Président, puisque nous en sommes au projet de loi 101. J'ai
assisté, avec le député de Lotbinière et le
député de Mégantic-Compton, à l'audition des
mémoires. Nous en avons eu de toutes les couleurs, nous en avons eu
qui étaient très favorables, d'autres qui ont
apporté des réticenses, mais je crois que, de façon
générale, ces auditions furent très constructives. Je
tiens à dire qu'elles ont ouvert les yeux du ministre. Je ne peux pas
dire qu'elles ont tellement éclairé le gouvernement puisque nous
avons constaté, en cours de route, qu'après tous les amendements
proposés, après les discours d'éminents orateurs je
ne parle pas de moi, M. le Président, je parle de tous les experts
qui se sont prononcés sur la Charte de la langue
française, le gouvernement a écouté, la plupart du temps,
d'une oreille très distraite.
Quand, ce matin, le premier ministre nous a parlé sans passion
je dirais, presque, pas assez de passion il nous a donné
quelque chose, j'oserais dire, de très convaincant, quelque chose pour
inciter ceux qui seraient encore indécis à voter en faveur du
projet de loi. Le premier ministre et je le considère comme un
homme très sincère je crois qu'il avait comme objectif et
qu'il croit que son gouvernement va donner aux Québécois la plus
parfaite des lois. Il y a presque dix ans qu'il y a un débat et nous
n'aimerions pas que ce débat se prolonge. Si, grâce à Dieu,
la Charte de la langue française est de nature à satisfaire non
seulement les francophones, mais de nature à créer un climat dans
le Québec où les anglophones, les allophones et toutes les autres
races et cultures seront heureux de vivre, M. le Président, à ce
moment, je serai le premier à chanter toutes les vertus et les
mérites de la Charte de la langue française. Mais le premier
ministre nous a dit, ce matin, qu'il faudrait peut-être attendre un an,
deux ans avant de faire une véritable expérience. Je suis
sûr que si la loi n'est pas concluante, le premier ministre, avec toute
son honnêteté, j'imagine, apportera, à ce moment, les
modifications qui s'imposent.
Nous, de l'Union Nationale, sommes blâmés de prendre
uniquement le parti des anglophones. Tout de même, il faut
considérer, comme les libéraux le font, qu'il y a dans le
Québec au-delà d'un milion d'anglophones ou d'allophones. Nous
savons aussi qu'il y a la majorité de cinq millions de
Québécois qui parlent le français. Nous voulons que le
français se développe au Québec. Nous aimerions voir les
Canadiens français occuper la place qui leur revient, non seulement dans
le langage parlé sur la rue, mais la place dans les usines, dans les
compagnies, dans les multinationales. Nous aimerions que le français
puisse rayonner non seulement au Québec, ce serait une stupidité,
mais qu'il puisse se répandre au Canada. Que l'influence de cet
îlot de Français perdu en Amérique puisse se
répercuter dans toute l'Amérique du Nord.
Ce n'est pas la loi 101 qui fera cela, mais c'est le désir
collectif de toute une population qui va essayer de donner ce visage
français au Québec. Et alors, la Charte de la langue
française va rétablir dans leur vraie place les droits respectifs
de tous les groupes qui, réellement, composent la collectivité
québécoise.
Le député de Lotbinière a parlé de justice,
tout à l'heure; je crois que c'est très important dans un projet
de loi et c'est ce rapport de justice qui va permettre à chacun
l'exercice harmonieux de ses droits dans le respect des droits des autres. On
ne peut pas imposer une langue, nous le savons très bien. Pour
préserver ici la langue française, il faut essayer d'inciter,
d'inviter les anglophones, les allophones à comprendre la
nécessité de parler le français.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Gaspé, il vous reste deux minutes pour
conclure.
M. Le Moignan: Je vais conclure, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux):
Permettez-vous la question du député de Westmount?
M. Le Moignan: Je vais faire ma petite conclusion et je lui
permettrai après. Mais je suis attristé, dans mon propre
comté, de voir des anglophones quitter la région parce qu'ils
nourrissent une crainte, ils ont peur et j'essaie de les convaincre.
M. Garon: Cela fait 50 ans qu'ils partent de la région.
Cela fait 50 ans qu'il se ferme des maisons en Gaspésie.
M. Le Moignan: J'ai dit que je suis attristé, M. le
ministre, quand je les vois quitter le comté. Cela me fait de la peine
quand je vois les statistiques qui nous disent qu'avant le 15 novembre, pas
depuis le 15 novembre, 386 000 Québécois ont quitté le
Québec depuis dix ans. C'était avant le 15 novembre, je ne vous
blâme pas, mais il ne faudrait pas que cette chose se
répète au cours des années à venir; je parle du
passé. Et quand je dis à mes Anglais du comté qu'ils n'ont
pas de raison de le quitter parce qu'il y a une Charte de la langue
française, je crois que je suis logique, et que j'essaie de leur faire
comprendre qu'il y a une réalité chez nous, réalité
qu'il faut respecter. Comme j'ai promis à mon ami de Shefford une petite
question, je veux être honnête, au moins, dans mes promesses. Je
vous remercie, M. le Président.
M. Jolivet: M. le curé.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, la question que je voulais
poser au curé de Gaspé était la suivante. Relativement au
projet de loi 22, si son parti a fait élire onze candidats, est-ce
à cause de son chef ou à cause du programme électoral qui
promettait de revenir au libre choix?
M. Le Moignan: Je vais répondre bien simplement quant au
libre choix dont nous avons
parlé à ce moment-là. Le premier ministre a dit
qu'il n'y avait que les ânes et...
M. Jolivet: Les sots!
M. Le Moignan: ...les imbéciles qui ne changeaient jamais
d'idée. Si le Parti québécois se réserve le
privilège de réviser son programme électoral, je crois que
l'Union Nationale, comme les autres partis, a aussi le droit de réviser
son programme de temps à autre. Ce n'est pas le libre choix qui a...
Nous n'avons eu qu'un seul comté anglophone en dépit de notre
politique.
M. Goulet: ... dans Bellechasse, ce n'est pas à cause du
libre choix.
M. Le Moignan: Non, dans Bellechasse.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Merci, M. le Président. Quelques phrases en
anglais. I enjoyed the member from Gaspé and the Union Nationale and my
good friend from Pointe-Claire. The only advice I can give that party on their
language policy is that people who walk on picks of fence long enough
eventually fall off, and you know where that hurts! That is what is going to
happen to that party on the language question, but sooner or later we will know
where they stand.
In the meantime, I would advise them to get off the pick of fence
because it hurts when you fall.
M. le Président, hier, un rédacteur m'a appelé pour
me demander quelle était ma position vis-à-vis de Gérard
Filion, et cela concerne le projet de loi 101.
Une Voix: 45.
M. Mackasey: M. le Président, j'ai dit au
rédacteur: Regardez dans le journal des Débats de
l'Assemblée nationale, le 20 juin, alors que je fus le seul
député de cette Chambre qui a pris la peine de se porter à
la défense de Gérard Filion à l'Assemblée
nationale.
M. Goulet: M. le député me permettra it-il une
question?
M. Mackasey: Après, s'il vous plaît!
M. Goulet: Après, d'accord!
M. Mackasey: Deux ou trois, si vous voulez.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Dans le
même respect de notre règlement, à l'intérieur de
vos dix minutes.
M. Mackasey: C'est possible. Il faudra demander le...
Le Président suppléant (M. Marcoux): Je vous
préviendrai quelques instants plus tôt.
M. Mackasey: M. le Président, je continue. En 1970,
à la Chambre des communes je dis cela sincèrement
grâce à un de mes amis qui me l'a rappelé dans un
discours, j'ai défendu les droits du Parti québécois et
j'ai attiré l'attention de tous les Canadiens sur la différence
entre le Parti québécois et les terroristes de cette
époque.
Alors, quand quelqu'un me dit: Voilà la voix d'un anglophone, je
n'aime pas cela. Je suis Canadien. Je suis Québécois. Je suis
d'origine irlandaise, si vous voulez, mais j'habite le Québec.
M. Laplante: Vous ne croyez pas aux deux nations?
M. Mackasey: Veuillez ne pas m'interrompre.
M. Laplante: Vous ne croyez pas aux deux nations?
M. Mackasey: C'est pour moi un moment très triste dans
l'histoire du Canada et je pense que dans 20 ans, on regardera la loi 101 dans
le même esprit qu'on voit maintenant la loi du Manitoba et les
règlements de l'Ontario qui ont toujours agi contre les
intérêts des minorités d'expression française.
Peut-être que cela fera plaisir à quelques-uns du Parti
québécois que ce bill 101 est discriminatoire pour les
minorités, et je défendrais les minorités si
c'étaient les minorités françaises... Pendant quinze ans,
je me suis promené dans le pays pour défendre les droits des
minorités d'expression française dans toutes les provinces, et je
pars bientôt tout le mois d'octobre dans le même
sens, dans l'Ouest de ce pays.
Alors, quand je défends les droits des minorités, que ce
soit la minorité française quand j'étais à Ottawa
ou l'anglaise à Québec, c'est parce que je crains toujours les
gouvernements. Le gouvernement libéral à Ottawa et le
gouvernement du Parti québécois à Québec qui
parlent au nom de la collectivité, placent les droits de la
collectivité avant les droits des individus.
Ce qu'on a vu dans le projet de loi no 1 avant le projet de loi no 101
dans la section 172, heureusement, n'est pas dans le projet de loi no 101, mais
pourquoi? A cause de l'Opposition et surtout à cause de mes quatre
copains qui ont siégé à la commission parlementaire.
Ce projet de loi est déjà connu parmi les
rédacteurs comme un projet de loi qui pour être applicable aurait
besoin d'au moins 100 amendements, 500 règlements et 5000 fonctionnaires
additionnels, dans les prochains trois ans. Et on voit le gouvernement qui,
d'un autre côté, a imposé une clôture alors que
l'étude du projet de loi n'était pas encore
complétée et qu'on n'avait pas encore présenté tous
les règlements. Néanmoins, I now want to say something to the
English-speaking people of Quebec that nothing can be gained by bitterness or
by name-calling or aguing.
We are a proud people. We have contributed much to the culture in this
province. The English, the Irish, the Scotch, the Jews, the Poles, have all
contributed to the culture of the majority people in this province. We are
proud. We must remain in this province. It is not by running away, it is not by
being bitter, it is not by being hostile, it is not by being agressive, it is
not by being violent that we shall, one day, get rid of this bill. It is the
majority of the people of this province who will get rid of this bill when it
gets rid of his government, because this bill is discriminating. Not only
against me, but against the French-speaking Canadians of this province who are
denied something important, the freedom of choice, and when you being denying
the freedom of choice of individuals in the name of the collectivity, you do
not know where you end. Now, it is to help the education; tomorrow, it is to
help somebody in the business community. Next week, we will get rid of
everybody who has red hair and we never quite know where a government who acts
in the name of the collectivity is going to end. That is the frightening thing
about what is happening.
We have a bill that can only be rationalized because we have a
government and one or two ministers I will not say it because he is not
here to defend himself, but I wish he were who knows best Mother
Superior does what is best for the people of this province. They do not
know what is best for this province. It is tragic but I can only say, Mme le
Président, in the five minutes I have left, that what we need now is to
retain la bonne entente qui existe entre les Anglais et les Français. Il
faut que cela continue. Il ne faut pas qu'on laisse la victoire ultime au parti
au pouvoir de détruire la bonne entente qui existe parmi les ouvriers
d'expression française et leurs compagnons qui parlent une autre langue,
l'anglais, l'italien ou le grec. Il ne faut pas que cela soit détruit
à cause de la loi no 101, qui, comme je le dis, va aller dans les
annales de l'histoire du Canada dans le même chapitre que l'Acte du
Manitoba et les règlements de l'Ontario qui ont retardé
l'unité nationale de ce pays de 50 ans.
On va continuer de se battre pour les droits des minorités
d'expression française dans toutes les autres provinces, comme le
Nouveau-Brunswick, l'Ontario. Mais, je le demande à mes amis d'en face
j'ai des vrais amis en face que penserait-on si, demain,
l'Ontario disait à un francophone de Québec qui, au mois de
décembre, au mois de janvier ou au mois de juin, est
transféré par son entreprise: Vous n'avez pas le droit de mettre
vos enfants à l'école française en Ontario. On ne peut pas
vous enseigner en Ontario, vous n'êtes pas résident; pour vous,
ça ne fait rien, M. le ministre, que le ministère le plus raciste
que vous avez au cabinet...
M. Lessard: De toute façon, ils ne peuvent pas, ils n'en
ont pas d'écoles.
M. Mackasey: Prenez avantage, M. le ministre, de votre position
pour voyager un peu et vous regarderez...
Mme le Vice-Président: M. le député, je
tentais de vous parler et je le regrette, votre dernière phrase n'est
pas enregistrée, et vous ne m'avez pas vue à temps.
M. Mackasey: Je m'excuse, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: J'allais vous dire qu'il vous reste
une minute pour terminer votre intervention.
M. Mackasey: J'ai seulement une chose à dire encore aux
anglophones de la province de Québec, c'est de maintenir leur respect de
la majorité, de la langue de la majorité et de continuer de vivre
en paix comme on vit à Notre-Dame-de-Grâce, à Verdun, en
Gaspésie, dans la ville de Québec, avec nos concitoyens
d'expression française, parce que ce n'est pas la population qui a
adopté un projet de loi aussi discriminatoire qui me dit que, en face de
mon entreprise, il me faut descendre, il me faut éliminer ma langue
maternelle, celle que j'ai toujours parlée depuis 50 ans, depuis que je
vis ici dans cette province. C'est regrettable, M. le ministre, mais c'est
discriminatoire, et vous le savez, c'est la base de votre projet de loi. Mais
la grande histoire pour le ministre, c'est que, si son bill veut créer
la haine entre moi et M. Roger, qui vit à côté de moi, il
ne réussira pas du tout. Nous continuerons, à Verdun, à
Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, de vivre ensemble, de
sortir ensemble, d'avoir des loisirs ensemble, de jouer ensemble et même
nous marier ensemble. Ce n'est pas le bill 101 qui va détruire les
relations entre les Anglais et les Français qui eixtent depuis trois
siècles. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Mme le Président, je voulais demander au
député de Notre-Dame-de-Grâce s'il me permettrait une
question.
Mme le Vice-Président: M. le député
permet-il la question?
M. Mackasey: Oui.
M. Goulet: C'est parce que, suite aux propos qu'a tenus le
député de Notre-Dame-de-Grâce à l'égard de
l'Union Nationale, je voudrais lui demander sur quelle clôture il
était ce matin, lorsqu'a été le temps de voter sur le bill
45.
M. Mackasey: J'étais à l'hôpital pour y voir
mon épouse. Cela est une réponse. Cela aurait été
plus gentil de votre part de me demander cela en privé.
M. Goulet: C'est parce que je sais qu'il existe...
Mme le Vice-Président: De toute façon, M. le
député, nous en sommes aux délibérations sur le
projet de loi no 101. Je regrette de devoir vous rappeler à l'ordre.
M. Goulet: C'était simplement pour rétablir un
fait, parce que j'aurais aimé lui dire qu'il y a un genre d'oiseaux qui
peuvent se brancher, mais quand le danger arrive, ils s'envolent. J'aimerais
savoir le nom de ce genre d'oiseaux.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Westmount.
M. Springate: Mme le Président, je pense que les gens de
l'Union Nationale ne sont pas ceux qui devraient parler de ceux qui ont peur de
voter.
M. Grenier: A l'ordre! A l'ordre!
M. Springate: Hier, j'ai parlé de certaines personnes qui
avaient refusé de voter le 4 août.
NI. Grenier: II a passé dix minutes à parler de
l'Union Nationale, hier; je ne tolérerai pas cela aujourd'hui. Je suis
en Chambre, là.
M. Springate: Bon, il y a quelqu'un qui s'énerve,
là.
M. Grenier: Fermez les portes, on va le poi-gner vivant,
celui-là.
Mme le Vice-Président: Je demanderais aux
députés de laisser l'intervenant qui a la parole s'exprimer. Nous
tâcherons de voir ensemble si le député s'en tient bien
à la pertinence du débat. C'est actuellement un débat en
troisième lecture.
M. le député de Westmount.
M. George Springate
M. Springate: Madam Speaker, I thank the member from
Mégantic-Compton for being very vigilant, but however I must remind him
that only those who live in a glass house can throw stones. If he wishes to
attack my honourable member and friend from Notre-Dame-de-Grâce because
he happened to be absent this morning on a very important and personal nature,
one which we, here in the liberal caucus, understand and give a full support,
in attending...
M. Grenier: Mme le Président, je soulève un point
de règlement.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je n'ai pas dit un traître mot du
député de Notre-Dame-de-Grâce et je ne permettrai pas que
le député de Westmount me dise que j'ai attaqué le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Rappelez-le à l'ordre
et qu'il parle de la loi 101.
M. Springate: Mme le Président, pouvez-vous me dire de
quelle façon j'ai attaqué le député de
Mégantic-Compton?
Mme le Vice-Président: A l'ordre! M. le dé-
puté de Mégantic-Compton, je vous demanderais d'écouter
attentivement M. le député de Westmount. Je vous ai promis, M. le
député de Mégantic-Compton, d'être bien attentive.
Je vous demanderais de ne pas interrompre l'intervenant à moins qu'il ne
s'écarte de la pertinence du débat. M. le député de
Westmount.
M. Springate: Thank you, Madam Speaker. I would like to say that
listening to the important remark that was just addressed by I will use
the word honourable the honourable member for Mégantic-Compton
that I sort of wonder why, in the later days of September and early October,
his party was trying, as hard as they could, to have me to come one of their
candidates in the November 15 election. And I also state that...
Mme le Vice-Président: M. le député, je vous
demanderais d'être bien attentif à parler en troisième
lecture. J'espère que votre propos vient à la pertinence du
débat.
M. Springate: Merci, madame, vous avez parfaitement raison. Le
1er avril, ce gouvernement a déposé un livre blanc concernant la
langue française, ici au Québec. Hier, nous avons vu un autre
livre blanc concernant les référendums.
Dans ce livre blanc, nous avons lu les mots qui parlaient de
démocratie, une tradition britannique, les mêmes mots que nous
avons vus au mois d'avril alors que nous avons lu le livre blanc sur la Charte
de la langue française.
Sur le livre blanc, le 1er avril, déposé en cette Chambre,
le ministre nous a demandé nos suggestions, a demandé à
des Québécois d'apporter des amendements, de faire des critiques.
Les Québécois, les membres de cette assemblée qui
siègent du côté de l'Opposition, soit de notre parti ou du
parti à ma gauche, nous n'avons pas été entendus, nous
n'avons pas été écoutés. Seulement 62 des 265
mémoires qui ont été présentés lors de
l'étude du bill 1 ont été entendus. Après
ça, nous avons eu la trouvaille du siècle quand le gouvernement a
décidé de retirer le bill 1 et de nous présenter le bill
101. Finalement, nous avons eu, cette semaine, une motion de fin de session,
une autre motion concernant le bâillon. Je peux dire aux
députés en face de nous que quant à moi, le bâillon,
les motions de fin de session, la clôture, ce n'est pas dans la tradition
de la démocratie britannique que nous pouvons lire dans leur livre
blanc.
Hier, nous avons vu aussi, dans cette Chambre, amendement après
amendement déposés par le gouvernement. Après avoir
étudié le bill 1 et le bill 101 pendant presque quatre mois,
même hier, ils ne savaient pas exactement ce qu'ils cherchaient dans
cette loi 101. Mais il faut le dire, le bill 101, comme le bill 1, comme le
livre blanc, n'a pas été accepté par les
Québécois. C'est pour ça que le gouvernement essaie, par
tous les moyens, toutes les mesures possibles, d'apporter des amendements.
Il faut le dire aussi, Madam Speaker, that this bill is not simply
pro-French, it happens to be anti-English. And that, I guess, bothers people
the
most, in the part of the province that I represent, is the attitude of
this government. It is a vicious bill. We see coercive measures, we see
intolerance, we see intransigency and we see a discriminatory peace of
legislation that shows that this government is not sensitive to the needs of
all Quebecers and truly his lacks in the true words of justice, freedom and
democracy.
What comes next? This is the problem, what comes next once Quebec is
unilingual? That is what worries most, that is what worries the people on our
side of the House. They can talk about controls of radio, television,
newspapers and books. This bill, really, has caused many Quebecers to think
about their future in this province, to see if they have a future in this
province, and I, like the honourable member from Notre-Dame-de-Grâce,
Mont-Royal and others who have spoken on our side of the House, urge Quebecers
not to leave, urge Quebecers to stand and fight for their rights, urge
Quebecers to try and over legally throw this undemocratic government that just
does not listen.
Les Québécois savent que ce bill 101, c'est l'élite
de notre province contre les travailleurs, l'élite qui a les richesses
et le loisir d'avoir l'opportunité d'envoyer ses enfants dans des
écoles privées où l'anglais est appris dès la
première année.
Les travailleurs n'ont pas les mêmes droits. Ce gouvernement
essaie, avec le projet de loi 101, de construire un mur autour de notre
province.
M. O'Neill: Le mur de Berlin.
M. Springate: Ils rient. Ils sont bien comiques.
M. Bertrand: Ce sont les Québécois qui vous
parlent.
M. Springate: Le futur maire de Québec qui nous parle.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! M. Laplante: Ne
lâchez pas!
M. Springate: Ils n'ont pas parlé en deuxième
lecture et sur la motion du député de Verdun. Ils n'ont pas
parlé sur la motion de clôture, sur la motion de fin de session et
là ils jappent.
M. Bertrand: C'est parce qu'on travaillait au lieu de
bavarder.
Une Voix: On réfléchit. On parle quand cela nous
tente.
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. O'Neill: Allez, allez, vous êtes intéressant.
M. Springate: I will hear them in the elections as right.
Peut-être qu'ils veulent parler de leur représentant qui le 15
novembre, dans le comté de Westmount, est arrivé
quatrième. Peut-être que c'est de cela qu'ils vont vouloir parler.
Je suis prêt. Il n'a obtenu que 3400 votes si je ne me trompe pas. This
particular bill, Madam Speaker...
M. Laplante: ... il serait entré quand même.
M. Springate: A few dogs barking in the peanut gallery have never
bothered me. This particular bill is too costly a price in human suffering,
mental anguish. There are no investments. Our economy is going to pot. We
cannot afford those particular costs.
In closing, Madam Speaker, I would like to thank the members of our team
who sat on the committee, who worked hard, who voted the way they should and
who on august 4th, in committee, voted that the English language should be
allowed to be used here in the House and in the courts, unlike my neighbours to
the left who refused to vote, who abstained. Thank you.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bourassa, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laplante: C'est une lumière, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: C'est avec énormément d'attention
que j'ai écouté ce matin le premier ministre de cette province
nous donner ses opinions sur la loi que nous allons voter dans quelques
minutes. Je connais le premier ministre de cette province depuis bien des
années; je ne doute pas de ses bonnes intentions et je sais que sa
déclaration de ce matin était sincère et reflétait
bien le fond de sa pensée.
Malheureusement entre les déclarations du premier ministre et le
contenu du projet de loi et les articles que nous allons voter dans quelques
minutes, entre la déclaration du premier ministre et le projet de loi
101, je ne voyais aucune relation. Je me demandais si le premier ministre
était au courant du contenu de cette loi, s'il en avait
réellement étudié les différents articles et s'il
avait pris une part réelle dans l'étude de ce projet de loi.
Ceci m'a frappé. Je crois réellement que cette loi est le
résultat de certains membres du gouvernement très actifs,
extrêmement nationalistes, peu scrupuleux des libertés
individuelles et de la sécurité de l'ensemble de la population. A
titre de francophone dans cette province, Mme le Président, je n'en suis
pas fier aujourd'hui en cette Chambre.
Comme j'ai eu l'occasion de le lire dans le passé, la culture et
la langue françaises dans cette province se sont maintenues et
développées par la force des individus qui faisaient partie de
cette communauté francophone. Elles n'ont jamais été
protégées par aucune loi.
Elles ont même eu à combattre des lois ou des
autorités qui étaient contre son développement
normal. Pourtant, après des décades, nous parlons encore
français dans cette province et nous le parlerons certainement encore
longtemps...
M. Perron: A cause de la loi 101.
M. Saint-Germain: Aujourd'hui on a calculé qu'il fallait
protéger cette communauté par une loi. Avec les bouleversements
sociaux et les changements profonds au point de vue social qui ont pris place
dans cette province depuis quelques années, on peut admettre que pour se
développer normalement, la francophonie au Québec avait besoin de
certaine protection, mais de là à avoir une loi aussi coercitive,
de là à avoir une loi si peu sensibilisée à nos
traditions, si peu sensibilisée à la tolérance naturelle
et légendaire des francophones dans cette province, si peu
sensibilisée aux protections individuelles, tout ceci fait, Mme le
Président, que je ne suis pas orgueilleux d'être ici
aujourd'hui.
M. O'Neill: On vous demande juste d'être fier.
M. Saint-Germain: A titre de membre de cette communauté
francophone, je n'admets pas que je suis dans une situation telle que j'ai
besoin de ce gouvernement pour me protéger. Je crois que l'ensemble des
individus qui forment la communauté francophone sont assez virils, sont
assez conscients de la valeur de leurs traditions, assez conscients de la
valeur de leur culture, de leur propre échelle de valeurs pour ne pas
avoir besoin d'être traités comme des enfants, traités
comme des gens qui ont besoin d'une surprotection, des gens qui ont besoin
d'avoir, dans cette province, une foule d'inspecteurs, une armée de
fonctionnaires, qui verra de jour en jour à ce que la langue
française dans cette province soit respectée. Je crois que les
individus qui forment la communauté de langue française sont
assez virils, sont assez hommes, sont assez conscients de la valeur de leur
langue et de leurs traditions pour être capables, au point de vue
individuel, dans leur vie de famille, dans leur vie de tous les jours, à
leur emploi, dans leur profession, de porter le drapeau et de défendre
adéquatement cette culture. De la défendre non pas en
étant négatifs, en étant préjugés envers qui
que ce soit, mais la défendre simplement par la qualité de leur
vie, la qualité de leur travail et le respect qu'ils peuvent attirer et
avoir de leur entourage.
J'espère, Mme le Président, comme nous ne pouvons pas
vivre dans cette mer anglo-saxone et de langue anglaise de l'Amérique du
Nord, que cette loi ne donnera pas à nos minorités, aux provinces
comme aux pays qui nous entourent, un faux portrait et une fausse
réputation des citoyens de cette province. Je sais pertinemment,
après avoir étudié les projets de loi 63, 22, et cette loi
en particulier, que la majorité de la population peut être
passionnément pour ou contre une loi sans en avoir nécessairement
lu l'ensemble ni encore moins l'avoir étudiée.
Je suis convaincu, Mme le Président, que la majorité des
citoyens du Québec n'ont pas lu cette loi qui comprend au-delà de
200 articles. Je puis vous affirmer que si la majorité de la population
du Québec, si chaque citoyen s'était donné la peine
d'étudier cette loi dans le détail, il serait bien difficile pour
le gouvernement de nous obliger à voter sur cette loi, aujourd'hui.
J'espère qu'on continuera à avoir dans le Québec
malgré cette loi, cette longue tradition de bonne entente entre les
populations hétérogènes, qui composent cette province,
surtout dans la région économique de Montréal.
J'espère que chaque citoyen pour ou contre la loi s'y soumettra
selon la règle de notre démocratie, et que ceux qui auront
à la combattre n'oublions pas qu'il y a des citoyens qui sont
bien décidés à combattre cette loi dans l'avenir, à
la combattre constamment je demanderais simplement à ceux-ci de
bien vouloir la combattre à l'intérieur de nos lois, à
l'intérieur de nos règlements et à l'intérieur du
système parlementaire, ce système de liberté que nous
avons actuellement, cette liberté québécoise qui fait
l'envie de maints pays européens et qui a fait que plusieurs
Européens ont décidé de venir vivre chez nous, y vivent
déjà depuis longtemps et sont un actif pour le
développement de cette province, à tout point de vue.
J'espère bien que cette loi nous permettra tout de même de
conserver les bonnes relations qui caractérisent les relations actuelles
du Québec entre les différentes couches de la population, quelle
que soit la race, quelle que soit la religion ou quelle que soit
l'échelle de valeur des divers groupes qui composent notre population.
S'il fallait que cette loi crée un déséquilibre dans les
relations sociales de cette province, il me semble évident que tous, que
nous soyons de langue française, de langue anglaise ou d'une autre
langue, ensemble nous aurions à subir des préjudices graves qui
pourraient être un handicap et un inconvénient très
important dans l'évolution future de cette communauté. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Robert-Baldwin.
M. Jolivet: Cela va être beau! M. John
O'Gallagher
M. O'Gallagher: Mme le Président, just a few words on this
sad occasion for the democracy of this province and a sad occasion for the
Prime minister himself. I listened this morning with great interest and
amazement to a wonderful speech made by the Premier, a very moderate forceful
and ideological speech. Just what he was talking about is hard to decipher, it
certainly was not bill 101, probably a very moderate Charte de la langue
française, but certainly bill 1, not bill 101 or the rubbish we have
now, a bunch of tatters or amendments of bill 101 modified.
Je n'en ai même pas un exemplaire pour mon-
trer aux citoyens de mon comté. Le premier ministre a fait le
point dans son discours ce matin, à plusieurs reprises même,
disant que ce projet de loi n'était pas revanchard. Who does he think he
is kidding. He certainly has not been on the beach all summer. I have been here
for five months and he certainly was not in listening. The Prime minister
himself as well as his ministers have stated over and over in public during the
last eight months qu'on va mettre les minorités à leur
place, on va s'assurer qu'elles vont agir comme de vraies minorités. Et
ce n'est pas une revanche?
Et que pensez-vous des résolutions prises par des comités
du Parti québécois à Montréal à l'effet
qu'on devrait éliminer complètement le système
d'écoles anglophones d'ici onze ans? N'est-ce pas cela qui inspire la
loi 101?
M. Bertrand: II est paranoïaque, ce n'est pas possible!
M. O'Gallagher: Le premier ministre se dit tiraillé et
même humilié d'être obligé de faire adopter une telle
loi pour la troisième fois en dix ans. Alors, pourquoi n'ont-ils pas
tout simplement corrigé la loi qu'on a dans le moment?
Nous avons ici un gouvernement qui est bien malade. Ce complexe
d'infériorité monumental se manifeste dans la loi 101. D'abord,
il y a la vengeance envers une partie de la population. Deuxièmement,
les membres du gouvernement sont tiraillés. Troisièmement, ils
sont humiliés. Ils sont aussi masochistes, car un gouvernement qui se
punit pour la troisième fois en dix ans est bien masochiste. Il veut se
séparer du reste de la famille canadienne, mais, je le
répète: Ce n'est pas la province qui est malade, c'est le
gouvernement.
We have a saying in English: 'The lawyer who acts as his own counsel has
a fool for a client". I leave you to draw the parallel.
Madam President, in closing, let me simply say that the minorities who
will live with this law for as long as it lasts, and I predict that it will not
last very long I do not think it has the moral strength to last
we will live with the hundreds of fonctionnaires, the spies, the inspectors,
the informers and the enforcers that the minister will send scurring out around
Montreal to seek out and destroy the English menues, the doughnut bags, the
traffic signs, even the newspapers ads. Good luck to you, Mr minister, and
congratulations! Thank you.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Vanier, je vous demanderais de prendre votre place.
M. O'Neill: C'est l'enthousiasme qui le fait parler.
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, Mme le Président. C'est aujourd'hui
une journée historique, mais...
Mme le Vice-Président: Pour ceux qui ne le sauraient pas,
je devrai faire remarquer aux gens qui sont dans les galeries qu'il est de
tradition dans cette Chambre qu'on leur demande de ne manifester d'aucune
façon, même par des applaudissements.
M. Bertrand: Même une journée historique, Mme le
Président?
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je recommence. C'est aujourd'hui une journée
historique...
M. Charron: Mme le Président, il reste huit minutes au
député de D'Arcy McGee.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre, messieurs! A
l'ordre! M. le député.
M. Victor-C. Goldbloom
M. Goldbloom: Mme le Président, j'essayais de parler
sérieusement, de dire des choses sérieuses en un moment important
de l'histoire du Québec. Je vais continuer dans cette veine.
C'est donc une journée où il faut se dire, entre
Québécois, des choses franches et sincères.
J'aurais préféré que le chemin par lequel nous
sommes arrivés à ce point tournant ait été celui du
vrai dialogue, que le gouvernement ne se soit pas fait si imperméable. A
ses propres yeux, il avait toujours raison. Mais personne n'a toujours raison.
Vous savez, on peut jouer au tennis en frappant la balle contre un mur, on joue
au tennis mais on ne poursuit pas ainsi des relations humaines. De l'autre
côté du mur, le gouvernement est resté assis,
fasciné par son propre nombril.
Nous nous sentions souvent comme Galiléo Galiléi
obligé, force majeure, d'accepter la position des autorités en
place, se disant, sotto voce: Eppur, si muove! Et pourtant, la terre se
meut.
A l'époque de Galilée, les autorités en place
croyaient que notre planète était au centre de l'univers. Nous
savons aujourd'hui que tel n'est pas le cas. Le Québec n'est pas au
centre de l'univers non plus.
En 1823, le président James Monroe, des Etats-Unis,
énonça la doctrine qui porte son nom. Aujourd'hui, le
gouvernement énonce, en quelque sorte, la doctrine Laurin par une loi
qu'il a faite sur mesure, à sa propre image.
Pourtant, il était, au cours de ce long débat, souvent
possible, dès que l'on s'éloignait de la table de la commission
parlementaire, d'engager avec les députés ministériels,
individuellement, un dialogue intellectuel qui était mutuellement
sincère, détendu et valable.
Je m'adresse donc à ces collègues, convaincu de leur
décence et leur humanité fondamentale, en leur citant un
poète qui, par hasard, portait le nom de Robert Burns: "O would the
power the giftie gi'e us to see ourselves as others see us."
Vous savez, Mme le Président, on dit que chacun de nous nourrit
le désir secret d'être un dicta-
teur, se disant, en guise de disculpation: mais moi, je serais
bienveillant. Je voudrais mettre mes amis en garde contre ce qui existe
secrètement en chacun de nous. Je les prie de bien surveiller, avec une
ouverture maximale d'esprit, l'application de cette loi.
Un député est, par définition, un symbole, qu'il le
veuille ou qu'il ne le veuille pas, des fois même malgré lui.
Chacun de nous doit faire sa part pour assurer l'application de cette loi dans
les conditions les plus favorables pour tous les Québécois.
Personnellement, je n'ai pas besoin de vous le dire, je ferai la mienne.
Il est dans l'intérêt de toute opposition parlementaire que
le gouvernement subisse des échecs, mais il est dans
l'intérêt de toute la population que cette loi réussisse
pour tous les Québécois. Je l'ai combattue, et je pense que
j'aurai encore des occasions de combattre cette pensée qui, à mon
sens, va trop loin. Mais la loi c'est la loi.
Il faut reconnaître je le dis en terminant que cette
province et ce pays ne seront jamais plus les mêmes, jamais plus ceux que
nous avons connus. Nous sommes en évolution et il faudra que cette
évolution soit marquée au coin de l'harmonie et du respect
réciproque.
J'ai terminé mon discours, lors de la deuxième lecture de
ce projet de loi, en tendant la main à mon confrère le ministre.
Je termine celui-ci en lui tendant de nouveau la main, en la tendant à
tous mes collègues, des deux côtés de cette Chambre, et,
à travers eux, à tout le peuple québécois, à
tout le peuple canadien. Il faut que nous puissions vivre ensemble. Celui qui
vous parle n'a pas le goût de vivre séparément.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Rendu à cette dernière étape de
l'étude de ce projet de loi, j'attendais avec beaucoup d'impatience
l'intervention du premier ministre ce matin. Ce que le premier ministre a dit,
c'était beau à entendre. C'était beau d'entendre le
premier ministre, ce matin, dénoncer des attitudes de possession
tranquille de la vérité et l'arrogance de la certitude qui
s'ensuit inévitablement. Un peu plus et je m'attendais à voir le
premier ministre dénoncer son ministre d'Etat au développement
culturel pour son attitude dans ce dossier.
Une Voix: II l'a fait en privé.
M. Lalonde: Mais non, le premier ministre a, comme toujours dans
ce dossier, fait seulement la moitié du chemin. Il s'est
contenté, plaintivement, de se déclarer encore une fois
humilié, il a exprimé ses tiraillements et s'est lavé les
mains, tel Ponce Pilate, des abus et des exagérations de ce projet de
loi. Il dit: Je ne sais pas si on a exagéré, on saura à
l'expérience.
Les exagérations, l'intolérance, les abus,
l'intransigeance ont été dénoncés par de
nombreux
Québécois, autant francophones qu'anglophones, et par tous
les partis d'Opposition. Où était alors le premier ministre
lorsque ces dénonciations ont été faites? Pas une fois il
n'est venu à la commission parlementaire qui a étudié le
projet de loi no 101 article par article; il n'est pas venu non plus participer
aux débats de la première commission parlementaire qui a
étudié le projet de loi no 1; il n'est pas intervenu non plus au
débat de deuxième lecture. Pourtant, c'eût
été fort utile d'entendre ses propos de ce matin en
deuxième lecture. Il me semble que l'appel à l'ouverture qu'il a
fait ce matin aurait pu inspirer le gouvernement et tous les membres de cette
commission parlementaire dans l'examen que nous avons fait des articles de ce
projet de loi et aussi à l'égard des amendements que nous avons
proposés dans l'adoption d'une cinquantaine d'articles.
Ce n'est pas en pleurnichant à la troisième lecture que le
premier ministre va affirmer son leadership. Il implore un essai loyal de cette
loi alors qu'il n'a donné aucune chance à la Loi sur la langue
officielle qui est actuellement en vigueur. Il promet de la flexibilité,
une attitude ouverte, mais il est trop tard. Un vrai démocrate, un vrai
chef de gouvernement devrait insister pour que l'ouverture et la
flexibilité soient inscrites dans la loi. Laisser cela au gouvernement,
c'est ouvrir la porte à l'arbitraire, au patronage et aux abus
politiques.
Le premier ministre a invoqué le rapport Gen-dron. J'ai
aimé sa référence au rapport parce que trop peu souvent le
ministre d'Etat au développement culturel a fait état de cette
étude qui est la plus exaustive sur la situation linguistique au
Québec. Oui, c'est vrai, nous sommes d'accord et nous ne pouvons
être plus d'accord avec la conclusion du rapport Gendron qu'il faut faire
du français une langue nécessaire au Québec. Mais le
rapport Gendron a aussi dit dans le même souffle de faire attention, d'y
aller avec prudence, de faire appel à l'incitation. C'est là que
le gouvernement, pour des raisons que j'aurai l'occasion de mentionner
tantôt, a choisi une autre voie.
Nous avons, quant à nous, tout fait pour injecter la
tolérance, la justice dans ce projet. Nous nous sommes butés
à l'entêtement, à l'hermétisme doctrinaire du
gouvernement. Nous l'avons fait au nom de tous les Québécois
au nom de notre conscience qui sont voués aux valeurs
démocratiques de tolérance, de justice et d'équité.
Je crois que notre devoir est accompli. Le premier ministre, lui, n'a pas fait
son devoir. Il a abandonné ses responsabilités aux
éléments doctrinaires et radicaux de son parti. Ce n'est pas les
sanglots italiens qu'on a entendus ce matin qui vont changer quelque chose.
Cela ne changera pas la loi.
L'absence du premier ministre dans ce débat est tragique, car une
grande majorité de ceux qui admirent le premier ministre le font pour sa
réputation de respect des droits et des valeurs
démocratiques.
Mme le Président, un autre chef de parti a déclaré
être pour un Québec français. Il l'a fait dans un long
discours; je parle du chef de l'Union Na-
tionale. Je voulais simplement vous dire, Mme le Président, parce
qu'on ne peut quand même pas rire du monde comme ça, que le 4
août, d'après le rapport que le député de
Deux-Montagnes nous a déposé, lorsque l'article 1 a
été mis aux voix, l'article qui fait du français la langue
officielle du Québec, tous les membres de la commission qui
étaient présents ont voté pour, sauf deux de l'Union
Nationale, y compris le chef de l'Union Nationale qui n'a pu avoir la
volonté de se décider d'être en faveur du français,
langue officielle.
C'est bien la politique de l'Union Nationale, Mme le Président:
une langue officielle, two official languages, comme le député de
Saint-Jacques l'a déjà dit.
Mme le Président, il faut que le français soit la langue
officielle au Québec, il faut que cet objectif soit atteint dans le
respect des droits individuels et dans le respect des droits collectifs des
gens. C'est ce que fait la loi sur la langue officielle actuelle qu'on veut
remplacer sans procès par une loi abusive, injuste, source
d'affrontements. C'est un retour en arrière que, quant à nous,
nous ne pouvons pas accepter. Il est possible de réconcilier les droits
de la majorité avec les droits des minorités. Le gouvernement n'a
fait aucun effort pour trouver cet équilibre. Il a plutôt choisi
l'affrontement des groupes culturels pour des motifs bassement politiques,
espérant ainsi obtenir l'appui des membres de la majorité en
exaltant leurs passions.
Je suis sûr que la grande majorité des francophones ne
suivra pas le Parti québécois et le gouvernement dans cette voie
car ils sont également attachés aux valeurs
démocratiques.
Mme le Président, en terminant, je devrai déplorer que le
gouvernement ait manqué la chance de mettre un terme à ce long et
coûteux débat linguistique au Québec.
Mme le Vice-Président: Mme le député de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Mme le Président, durant les trois
derniers mois, l'Opposition officielle n'a ménagé aucun effort
pour apporter aux projets de loi 1 et 101 les modifications qu'elle jugeait
essentielles. Dans ces dernières minutes consacrées à la
loi 101, je ne veux pas faire de nouvelles représentations au ministre
d'Etat au développement culturel, mais plutôt, par votre
entremise, m'adresser au premier ministre.
Bien que je puisse facilement imaginer les contraintes multiples
auxquelles il est soumis, je dois néanmoins regretter qu'il ait
été totalement absent des travaux de la commission. Après
l'avoir entendu ce matin, je le regrette doublement. Pourtant, ce projet de
loi, le gouvernement le jugeait si fondamental qu'il a absorbé des
sources d'énergie considérables, à un point tel que la
population s'inquiète et s'impatiente.
J'aurais voulu et je voudrais demander par votre entremise au premier
ministre, si on lui a dit, lorsque son gouvernement a écarté la
clause Ca- nada, que les immigrants allophones, depuis la loi 22,
s'intégraient en presque totalité à l'école
française, que l'inscription des francophones à l'école
anglaise, voie ouverte par la loi 63, s'était à toutes fins
pratiques refermée, que l'immigration interprovinciale des enfants entre
1950 et 1975, que l'on a toujours brandie comme une menace à
l'équilibre démographique du Québec, s'est toujours
soldée, sauf pour trois années, par une perte nette aux
dépens du Québec.
J'aurais voulu le demander au premier ministre, et lui dire que la
raison véritable pour écarter la clause Canada est le
critère de facilité retenu par le gouvernement pour
déterminer l'accessibilité à l'école anglaise et
qu'il devient pratiquement inapplicable si on doit l'étendre à
l'extérieur du Québec parce que, comme nous l'a dit plus d'une
fois le parrain de la loi, il devient impossible d'exercer les contrôles
requis pour la fréquentation scolaire à l'extérieur du
Québec.
Mme le Président, a-t-on dit au premier ministre que lorsqu'on a
plaidé avec conviction en faveur des modifications à apporter aux
articles 20 et 41, on voulait qu'il n'y ait pas de discrimination à
l'égard des travailleurs dans l'embauche ou dans des situations
reliées au congédiement et à la rétrogradation.
Lorsqu'on a discuté de l'article 13, lui a-t-on dit qu'on voulait que la
justice à l'égard des justiciables ait priorité sur la
langue? A-t-on dit au premier ministre que lorsqu'on a débattu les
articles 17 et 25, nous voulions surtout supprimer des mesures
tracassières et mesquines qui ne respectent pas cette approche
généreuse, qu'il nous a dit souhaiter à l'égard des
institutions de la communauté anglophone. Je pourrais multiplier les
exemples.
A ce stade-ci de l'adoption de la loi, il est peut-être plus
important de s'arrêter quelques instants sur l'application de cette loi.
Aussi, je voudrais, Mme le Président, inviter les membres de cette
Assemblée à relire le texte soumis par l'assemblée des
évêques du Québec dans son avis sur la loi 101. Ces paroles
sont éminemment éducatri-ces à cet égard; je n'en
citerai qu'une courte partie, et alors qu'il parle de l'application de la loi
dans cet ordre où se poursuit l'accomplissement de la loi dans un
au-delà d'elle-même, il y a les gestes qui viennent de
l'imagination créatrice, les attentions qui font tomber les
appréhensions fondées ou pas, il y a les gestes qui
dénouent les solitudes.
Le gouvernement, dans l'application de la loi, saura-t-il s'engager dans
cette voie? Je crains qu'il n'ait pas posé dans la loi les jalons
indispensables pour assurer une démarche commune des citoyens vers une
application humaine et généreuse de la loi. Le gouvernement, par
son refus de retenir les amendements que nous lui avons proposés aux
articles 13, 20 et 41, pour ne mentionner que ceux-là, a choisi de
laisser des portes ouvertes à l'injustice et à la discrimination
possibles. Est-ce le fait d'une insécurité profonde ou le fait
d'un désir de représailles plus ou moins inconscient chez
certains de ces membres?
A tout événement, sa rigidité, son désir de
brûler les étapes dans un domaine où l'équilibre
entre
le respect des droits de la majorité et ceux de la
minorité demeure toujours délicat, dans un domaine où le
changement social doit respecter l'évolution des mentalités et
assurer une compréhension des objectifs poursuivis, le gouvernement a
été plus qu'imprudent. Je dirais même qu'il a fait preuve
d'un manque de responsabilité en risquant de provoquer des
résultats douteux, résultats qu'il n'a sans doute pas voulus,
qu'il n'a pas recherchés et qu'il n'avait pas prévus au
départ, mais qui lui ont pourtant été signalés avec
le plus de persévérance et de persuasion possible par
l'Opposition officielle.
Le gouvernement nous a souvent répété qu'il se
sentait fort de l'approbation de la majorité de la population. Soit, la
majorité des Québécois veut la primauté du
français, mais ce n'est pas exact de penser que la majorité
endosse dans une législation ce qui risque de produire des
conséquences pratiques qui sont en fait des manifestations de
discrimination ou de représailles.
Bien que la loi ouvre la porte à des injustices, je ne puis que
souhaiter, personnellement convaincue de l'honnêteté
foncière et de la générosité des
Québécois, que ceux qui l'appliqueront sauront faire preuve de
plus de respect des droits des autres que la loi n'en témoigne à
certains égards. Je souhaite qu'on ne soit pas témoin des abus
que la loi pourrait provoquer, telle qu'elle sera finalement acceptée
par cette Assemblée.
Mon dernier mot, Mme le Président, sera pour mes concitoyens du
Québec qui sont de langue ou de culture différentes des miennes.
Tout en épousant les principes qui assureraient la primauté du
français dans toutes les sphères d'activité au
Québec, l'Opposition officielle ne s'est jamais dérobée
à sa tâche de faire valoir leurs droits.
Même si des esprits étroits nous en ont fait reproche, nous
agirions de nouveau ainsi si l'occasion se représentait, sans aucune
hésitation, conscients que cette qualité de vie que nous saurons
assurer à nos minorités sera le meilleur gage de la
qualité de vie de l'ensemble de la société, que nous
acceptons de partager tous ensemble.
Je voudrais également rappeler aux membres de cette
Assemblée que, dans une sphère ou une autre de notre vie, nous
faisons, à un moment ou à l'autre, également partie de
minorités. Les handicapés, à cet égard,
étaient une minorité et c'est dans ce sens que nous avons
défendu nos minorités. A ceux qui sont ici depuis
déjà longtemps et à ceux qui plus tardivement sont venus
les rejoindre et ont consenti à bâtir avec nous, les francophones,
cette province, nous voulons demander de continuer à travailler sans
restriction et loyalement à cet objectif de francisation réelle
du Québec, en particulier dans le monde du travail et des entreprises,
qui demeurera toujours, à mon point de vue, la clef de voûte de
l'affirmation véritable du français dans cette province et dans
ce pays. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Mme le Président, très
brièvement, ce n'était pas mon intention de revenir cet
après-midi, puisque je croyais que c'était ma dernière
intervention hier. J'aurais aimé que les débats se terminent ce
matin avec la présentation par le premier ministre, le discours du chef
de l'Opposition officielle, ceux de l'Union Nationale et du
député de Beauce-Sud pour, ensuite, prendre fin avec le ministre.
Mais, comme d'autres députés sont intervenus ce n'est pas
un reproche, bien sûr, que je fais je voudrais, en tant que membre
de notre parti et représentant à cette table, faire une
dernière intervention qui sera de quelques minutes seulement.
Je dois vous dire qu'en cette journée, que j'ai trouvée
fort intéressante à cause des interventions vraiment de fond qui
nous ont permis d'entendre un dernier son de cloche sur cette loi à
jamais mémorable, j'ai quand même regretté que deux
intervenants de l'équipe libérale se soient permis de faire de la
petite politique. Tout le monde a reconnu que, si les anglophones
étaient représentés par le seul député de
Westmount, leur communauté serait mise en danger. Son intervention
d'hier sur la loi 101 n'a été que pour attaquer l'Union
Nationale. Je pense que ce n'était pas la journée pour faire un
pareil débat.
Je comprends mal également que le député de
Marguerite-Bourgeoys soit venu contredire tout à l'heure la position que
nous avons prises sur l'article 1. Le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui était le parrain de la loi 22 et qui voyait
à son application après son adoption en Chambre, sait fort bien
qu'il aurait fallu que notre motion d'amendement, qui est à la page 3 de
notre livre bleu et qui est connue de tout le monde, soit adoptée avant
la lecture de l'article 1. Bien sûr qu'on a appuyé une seule
langue officielle après la défaite de l'amendement que nous avons
proposé à cette table. Le député de
Marguerite-Bourgeoys le savait. Je le trouve malvenu aujourd'hui de dire cela.
S'il y a quelqu'un qui a collaboré après, c'est bien l'Union
Nationale, sachant bien que sa motion no 1 avait été battue. Le
ministre a été témoin que nous avons mis de
côté, à ce moment, notre amendement qui a été
battu pour ensuite tenir compte uniquement de la loi avec l'article 1 qui avait
été voté autour de cette table. C'était dans la
grande logique et dans le respect de l'esprit de notre parti que nous avions
présenté l'amendement. Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys était bien malvenu de souligner cela, surtout que
je ne le compare pas au député de Westmount; je pense qu'il voit
plus loin et que ce n'aurait pas été l'endroit pour faire
cela.
Mme le Président, après cette mise au point, je voudrais
vous dire que, dans cette Assemblée nationale, depuis l'ouverture des
débats, nous sommes un peu comme des poissons dans un aquarium; nous
respirons le même oxygène depuis à peu près deux
mois, relativement à cette loi. Dommage, cependant, que nous n'ayons pas
eu l'occasion de nous retremper plus profondément
dans le Québec, en retournant dans nos comtés et en
faisant des rencontres à plusieurs niveaux. Peut-être que votre
position aurait changé; peut-être que la nôtre aussi aurait
changé, pas seulement celle du gouvernement. Peut-être que nous
aurions transformé notre opinion. Nous n'avons pas eu le temps de
retourner dans nos comtés et, parce que c'était le grand
débat qui était chaque matin "gazette", on avait des chances
d'entendre plus de monde qui en parlait, puisque avant la dernière
élection et avant la présentation de ce projet de loi 101, peu de
gens pouvaient parler. Les grandes déclarations qui se faisaient
à ce moment permettaient à plus de monde de parler de la loi 101
et, si cela s'était fait moins rapidement, nous aurions pu entendre
davantage parler nos gens.
Je dois féliciter le ministre d'Etat au développement
culturel qui a été, tout le long de la loi, d'un calme
remarquable.
Pour avoir été un des représentants de notre parti,
je suis obligé de vous dire que c'est un stress qui n'est pas ordinaire
que d'être un représentant de son parti à une table de
travail de ce genre. J'ai voté des crédits, par le passé,
à la salle 81 ou 91, et nous n'avons pas le poids de
responsabilité que nous avons comme représentants de parti quand
on discute d'un projet aussi important.
Je dois dire que le calme du ministre a largement influencé les
travaux de cette table de travail, et je pense que, du côté
libéral autant que chez nous, ce calme a évité bien des
tempêtes autour de cette table. Jamais le ministre n'a
élevé le ton pour se défendre contre les attaques qu'on
pouvait faire, de notre côté, au gouvernement. Je pense qu'il faut
lui rendre cet hommage. Je dois également lui signaler que la
tournée qu'il a faite en province pour sensibiliser la population a
été de grande utilité. Bien sûr que ce n'est pas
suffisant, bien sûr que nous aurions aimé que plus de monde
participe à ces renseignements, mais je pense qu'il faut rendre
témoignage au ministre de l'effet intéressant qu'il a fait.
Par contre, il faut également reconnaître que
l'intransigeance du gouvernement, qui n'était peut-être pas
uniquement celle du ministre mais celle du gouvernement, était vraiment
impénétrable. Nous sentions que cette parole qui a
été dite par d'autres avant moi: Ego sum via, veritas et vita,
c'était du côté du gouvernement, et qu'il n'y avait
vraiment pas moyen de la traverser.
Cela a été pénible de travailler, pour
l'Opposition, parce que nous avons mené là un vrai combat, que ce
soit du côté de l'équipe libérale ou chez nous. Nous
avons tenté de mener un vrai combat en présentant plusieurs vrais
amendements, un combat bien rangé. Bien sûr, du côté
du gouvernement ou d'ailleurs, on pouvait trouver que nos positions, parfois,
n'étaient pas trop en concordance avec celles du gouvernement, mais nous
tâchions de représenter les 20% de la population qui nous a
élus et d'être dans l'esprit de notre programme électoral,
même si cela déplaît à certains membres de cette
Chambre.
Mme le Président, en terminant, nous avons voulu être, dans
nos propositions, dans nos amendements, à l'image du vrai Québec,
de tout le Québec. Et l'Union Nationale sera encore là pour
tâcher de bonifier cette loi, une fois qu'elle sera votée ici
aujourd'hui. C'est connu maintenant que nous voterons, en troisième
lecture, contre cette loi, mais notre parti sera encore là pour
tâcher de bonifier cette loi, éviter de mettre plus de sable dans
l'engrenage, s'il devait y en avoir, et aider à régler des
situations qui se présenteront à partir de maintenant. Comptez
sur l'Union Nationale qui continuera d'être une Opposition objective et
constructive.
Mme le Vice-Président: La réplique de M. le
ministre d'Etat au développement culturel.
M. Camille Laurin
M. Laurin: M. le Président, du chantier où on y
travaille d'arrache-pied depuis neuf mois, la Charte de la langue
française, ce beau navire tout neuf, glissera aujourd'hui même, en
ce 101e jour de la présente session de l'Assemblée nationale du
Québec, dans le fleuve de l'histoire. La joie intense et profonde que
nous ressentons balaie d'un seul coup les fatigues et frustrations
accumulées au cours de ce long et âpre combat car le but est
maintenant atteint.
Répondant à un appel qui monte du fond des siècles
et que la conjoncture ne rendait que plus pressant, le gouvernement du 15
novembre a donné au peuple québécois cette charte qu'il
attendait depuis longtemps, qui marque et assure son identité,
éloigne les dangers qui le menaçaient, lui procure fierté,
dignité et bien-être, lui donne un lieu et les outils dont il a
besoin pour faire éclater son dynamisme et travailler à son
progrès et son épanouissement. Et il le fait en ce beau mois
d'août où, il y a déjà plus de quatre
siècles, Jacques-Cartier donnait leur nom à notre grand fleuve et
à notre cher pays.
Ce geste capital qui renverse le cours de notre histoire des deux
derniers siècles qui oriente dans le sens de la maturité, de la
création et de l'ouverture au monde notre existence collective, nous le
posons pour les Québécois d'aujourd'hui et les
générations de l'avenir. Débarrassé ou presque de
ses glaces, le fleuve de notre vie commune coule désormais et à
nouveau vers la mer avec ampleur, librement, avec toute sa force. Nos enfants
se rappelleront toujours ce moment privilégié, ce moment de
mutation et de cristalisation où notre peuple s'est à la fois
retrouvé et transformé, où il a pris conscience de sa
singularité au moment même où il l'affirmait avec
sérénité et assurance, où il a repris possession
à la fois de sa langue et de son pays, où il a vibré
collectivement à l'évocation d'un passé où il se
racine et d'un avenir où il se projette.
Cet avenir nous paraît clair. Dans un Québec
désormais et pour toujours français, il est logique de
prévoir d'autres reprises en main, d'autres appropriations et d'autres
bonds en avant: gestion et aménagement du territoire,
développement cultu-
rel, organisation sociale, stratégies économiques et,
enfin, souveraineté politique.
C'est avec tous les Québécois que nous assumerons ce
destin et le marquerons de notre génie propre car nous entendons y
associer, à travers cet instrument de communication collective et de
cohésion sociale que deviendra désormais la langue officielle,
tous les groupes ethniques qui nous apportent la richesse et la
variété d'apports culturels spécifiques qu'ils devront
maintenir et développer. Cela vaut en particulier pour la
communauté anglophone du Québec.
Comme le disait ce matin le premier ministre, celle-ci conserve tout son
réseau d'institutions scolaires, sociales et culturelles. Nous
comprenons qu'au cours du débat actuel elle ait voulu défendre
ses positions acquises et résister aux changements nécessaires en
évoquant des dangers possibles auxquels ses craintes avivées et
de solides conditionnements imprimaient un caractère de
réalité. Mais c'est la réalité elle-même qui
dissipera demain ces craintes hypothétiques et non fondées.
Nous respectons et apprécions trop, en effet, la
communauté anglophone du Québec pour ne pas faire montre à
son égard de la plus grande amitié et ouverture d'esprit
possible, et c'est en ce sens que j'accepte la main tendue du
député de D'Arcy McGee. Ce qui nous rapproche est infiniment plus
important et précieux que ce qui a paru un moment nous
séparer.
Pour notre part, nous entendons identifier nos aspirations et
préoccupations communes, nos problèmes communs, jeter des
passerelles et travailler ensemble à l'élaboration de solutions
qui assureront notre progrès commun. C'est la même approche que
nous entendons utiliser à l'endroit des autochtones du Québec.
Dans le préambule, nous leur avons garanti le respect et le
développement de leur langue et culture d'origine. Nous entendons
respecter scrupuleusement les engagements de la convention de la baie James et
du Nord québécois. Il me fait plaisir de dire ici que les Inuit
de Povungnituk, de Saglouc, d'Ivujivik entendent se dissocier des mouvements
factieux des derniers jours dans le Nord du Québec.
Il me fait plaisir aussi de dire que les Cris de la baie James entendent
également se dissocier de ce mouvement de protestation qui a son origine
seulement, soit dans une mauvaise information ou une mauvaise
interprétation de la loi actuelle.
Donc, en ce jour historique où nous allons franchir ensemble une
étape cruciale de l'histoire du Québec, permettez-moi d'exprimer
à mes collègues ma profonde satisfaction de leur dire
jusqu'à quel point je suis fier aujourd'hui d'être membre de
l'Assemblée nationale, d'y sentir souffler ce vent de dignité et
de fierté, d'y retrouver cette foi en l'avenir de notre peuple et cette
détermination à poser enfin ce geste capital qu'il attend de
nous.
Ce peuple que nous représentons, il a tellement travaillé
et peiné sur ce coin de terre qu'il a bien mérité de se
sentir enfin pleinement chez lui et d'y vivre comme il l'entend, d'y parler sa
langue dans sa vie quotidienne comme dans toutes les manifestations de sa vie
collective. Il a acquis le droit de se reconnaître dans le paysage de son
pays et d'y imposer calmement le respect de sa langue, aussi bien aux
étrangers de passage et aux entreprises étrangères
établies chez lui qu'à tous les nouveaux arrivants sur son
territoire.
La Charte de la langue française n'est rien d'autre que le geste
d'un peuple qui est résolu à vivre sa vie. Qu'on ne s'y trompe
pas. Ce n'est pas au nom d'une vénération inconditionnelle pour
la langue française prise comme une abstraction que le Québec se
donne maintenant cette loi historique. C'est au nom du respect de
soi-même. Comme le dit souvent un fougueux syndicaliste de chez nous, ce
qui est important, ce n'est pas de sauver la langue française, mais bien
de sauver ceux qui la parlent. Mais justement, nous parlons français et
il est temps que le fait de parler français ne soit plus chez nous une
occasion d'humiliation ou une entrave au progrès social,
économique et scientifique.
Le geste que nous allons bientôt poser aura donc une portée
beaucoup plus que symbolique. Il débordera le domaine de la culture, du
moins pour autant qu'on la définit de façon étroite. Notre
geste aura très profondément une portée
socio-économique. Ce sera notamment un geste décisif pour la
libération et la promotion des travailleurs québécois. On
me permettra d'insister sur cet aspect socio-économique de la charte,
car c'est d'abord et avant tout pour les travailleurs, pour les petits
cultivateurs, pour les ménagères, pour les consommateurs, pour
les locataires et les petits propriétaires, pour toutes les petites gens
de chez nous que nous avons proposé ce texte de loi; pour eux beaucoup
plus que pour les patrons et les riches.
La langue nationale est une condition de vie. Nous ne pouvons pas, pour
la libération et la promotion des travailleurs, nous substituer, certes,
aux organisations de lutte qu'ils se sont eux-mêmes données. Mais
nous pouvons au moins faire disparaître l'entrave linguistique, les
assurer qu'ils peuvent négocier, se défendre et lutter dans leur
langue. Nous pouvons au moins les assurer que cet instrument premier de la
négociation de leurs conditions de travail que constitue la langue
n'aura pas elle-même besoin d'être négociée.
Nous pouvons au moins les assurer qu'il ne sera plus permis ici de se
servir de la langue comme d'un moyen de filtrer les promotions au sein des
entreprises. Nous ne pouvons pas, pour la libération et la promotion de
notre classe agricole, tout faire à la place de ses syndicats
professionnels et de son organisation coopérative, mais nous pouvons au
moins imposer aux entreprises qui traitent avec eux, comme fournisseurs ou
comme acheteurs, de le faire dans la langue du pays.
Pour les ménagères et pour tous les consommateurs, nous
allons poser le geste de leur donner un minimum de sécurité en
imposant aux entreprises de communiquer avec eux dans la langue du peuple
québécois. Le peuple ne nous pardon-
nerait pas de lui assurer sa sécurité en matière de
langue que dans la seule mesure où il accepterait de rester
confiné à des emplois inférieurs ou à l'usage de
techniques artisanales. La langue française en ce pays doit non
seulement donner aux travailleurs la possibilité d'être promus
à des responsabilités de plus en plus importantes, aux
agriculteurs et aux artisans d'avoir accès aux techniques les plus
perfectionnées, mais le français doit aussi redevenir chez nous
la langue de la science, de la découverte, de l'innovation, de
l'invention. La loi ne peut pas tout faire en ce domaine, mais nous aurons au
moins, comme législateurs, fait quelque chose pour réduire le
fossé artificiel entre les détenteurs patentés du savoir
et de la technique, d'une part, et ceux, d'autre part, dont la vie et le
travail sont quotidiennement conditionnés par l'évolution de ce
savoir et de cette technique.
C'est pour cela, notamment, que nous allons imposer aux membres des
ordres professionnels d'avoir non seulement une connaissance d'usage du
français, qui leur aurait permis de causer de la pluie et de beau temps,
mais aussi une connaissance appropriée à l'exercice de leur
profession pour que le français prenne toute sa place dans le monde de
la science et de la technique, toute la place qu'il mérite et à
laquelle il a droit. C'est pour cela aussi que les programmes de francisation
verront à généraliser l'utilisation du français
dans les documents de travail des entreprises, notamment, dans les manuels et
les catalogues.
C'est pour cela, enfin, que l'Office de la langue française
pourra exiger des institutions d'enseignement supérieur un rapport sur
la langue des manuels utilisés. En somme, la Charte de la langue
française concerne tous les Québécois sans exception; elle
leur propose à tous de participer, en français, à la vie
et au progrès d'un peuple qui aspire à réaliser son
unité dans la fidélité à sa tradition
française et dans le plus grand respect de toutes ses composantes.
A ce peuple, qui inaugurera demain une nouvelle ère de son
histoire, je dis, en terminant, qu'il a bien mérité de
lui-même, qu'il doit maintenant se faire pleinement confiance et qu'il
est désormais en mesure de se préparer des lendemains qui
chantent.
Le Président: Comme je conçois qu'il y a de ces
explosions qui sont difficilement réprimables, je vais demander au
public de ne pas se manifester pour le reste de la journée. Mais, comme
je suppose aussi qu'on demandera un vote enregistré...
M. Charron: Certainement, M. le Président.
Le Président: ... avant de mettre aux voix la motion de
troisième lecture de la loi 101, je voudrais, conformément
à la tradition, convier tous les parlementaires, les membres de la
Tribune de la presse et le dévoué personnel de l'Assemblée
nationale à marquer cette fin de session que j'hésite à
appeler estivale, mais enfin!
C'est ainsi que je vous invite tous, tout de suite après
l'ajournement, au Parlementaire, où vous sera servi le vin de
l'amitié et de la fraternité.
Qu'on appelle les députés!
M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: Je voulais vous demander une directive. N'ayant
aucune objection à ouvrir ou à fermer la fenêtre,
j'aimerais vous demander si, durant l'intersession, ce bon et ce vrai
gouvernement va pouvoir régler le problème des cartographes?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Avant de
procéder à la mise aux voix, je voudrais demander, une fois de
plus, au public qui se trouve dans les galeries de ne pas manifester. J'adresse
cette demande non seulement au nom de la Présidence, mais au nom
également du premier ministre, du chef de l'Opposition et du chef de
l'Union Nationale que je viens tout juste de rencontrer.
Si je le fais, ce n'est pas pour être désagréable
à l'égard de quiconque. Je vous le demande par respect pour
l'institution suprême des Québécois. Une fois n'est pas
coutume et je n'ai pas d'objection, à condition que cela ne se
reproduise pas avant 100 ans encore. Comme cela s'est produit
déjà une fois, une deuxième fois, je pense que ce serait
une fois de trop. Je vous remercie à l'avance de votre
collaboration.
Vote sur la motion de troisième lecture
J'appelle maintenant la motion de troisième lecture du projet de
loi no 101 intitulé: Charte de la langue française. Que ceux qui
sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Laurin, Couture, Johnson,
O'Neill, Mme Ouellette, M. de Belleval, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx,
Charron, Duhaime, Tardif, Garon, Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt
(Jonquière), Marcoux, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM.
Grégoire, Bertrand, Godin, Laplante, Bisaillon, de Bellefeuille, Guay,
Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellet, Perron, Brassard, Clair, Gosselin,
Lefebvre, Dussault, Charbonneau, Beauséjour, Desbiens, Baril, Boucher,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet, Roy.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Lalonde, Forget, Garneau, Goldbloom, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Ciaccia, Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Biron, Grenier,
Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Samson.
Le Président: Que ceux qui désirent s'abstenir
veuillent bien se lever!
Le Secrétaire: Pour: 54 Contre: 32
Abstentions: 0
Le Président: La motion est adoptée.
M. Burns: M. le Président, avec la permission de la
Chambre, je demanderais l'unanimité de la Chambre pour que le ministre
des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières
puisse même si ce n'est pas le moment de le faire habituellement
selon nos travaux, mais étant donné qu'il est probable que dans
les minutes ou les heures qui suivent, nous puissions ajourner
déposer un rapport relativement à la réforme de
l'assurance automobile. Ceci pour en informer l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale ainsi que la population en
général.
Le Président: Y a-t-il consentement? M. Lavoie:
Consentement accordé. Le Président: Mme le ministre.
Mme Payette: Document déposé, M. le
Président. Il s'agit tout simplement d'un petit document
questions-réponses pour faciliter la tâche à tout le monde,
tâche de compréhension difficile dans un domaine aussi
technique.
Le Président: Document déposé.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Un instant, M. le Président. Cela va vite.
D'abord, je tiens à informer nos collègues de l'Assemblée
nationale que la commission de la présidence du conseil a terminé
ses travaux relativement au projet de loi no 2, et que ce rapport devrait
incessament nous être soumis. Il faut quand même donner le temps
aux fonctionnaires qui voient à sa rédaction de nous le
soumettre, de sorte qu'il y aura peut-être un léger retard quant
à la prise en considération du rapport du projet de loi no 2
mais, en principe, cela devrait se faire dans les instants qui suivent.
D'autre part, ce matin, nous avons eu un ordre de la Chambre à
l'effet que nous pourrions prendre en considération le rapport de la
commission parlementaire de l'agriculture relativement au projet de loi no 43
et je vous demanderais, M. le Président, s'il vous plaît... Ah? Il
reste la troisième lecture...
Je vous demanderais alors d'appeler la troisième lecture du
projet de loi no 43.
Projet de loi no 43 (suite)
Modifications au
rapport
Le Président: J'appelle maintenant la motion de
troisième lecture de la Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles
et les aliments, motion de M. le ministre de l'Agriculture.
M. Charron: M. le Président, si vous permettez, sur cette
loi en particulier, je voudrais bien clarifier le texte de la loi, car il y a
eu erreur dans le rapport adopté ce matin. Avant que les
députés ne se prononcent sur la troisième lecture, je
voudrais bien qu'on vote sur le texte tel qu'adopté en commission
parlementaire.
Il y a deux toutes petites modifications au rapport. La première
est à l'article 1, paragraphe h), il faudrait lire: "...à
l'exclusion des repas..." ajouter les mots "...ou collation..." C'est le texte
que la commission avait adopté.
Et plus loin, à l'article 1, paragraphe j), la commission a
adopté le texte suivant: "...détaillant: toute personne qui fait
de la vente en détail;" C'est le texte tel qu'adopté et je
propose donc la troisième lecture de ce projet de loi.
Le Président: Adopté? Les modifications sont
adoptées?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. M. Lavoie:
Adopté.
Le Président: Alors, que ceux qui sont en faveur de cette
motion...
M. Dubois: Ce n'est pas adopté.
Le Président: Ah! Vous adoptez... Je croyais que
c'étaient les modifications, M. le chef...
M. Dubois: Ce sont les modifications.
Le Président: Je croyais que c'étaient les
modifications au rapport que vous aviez adoptées.
L'Union Nationale adopte-t-elle le projet? La troisième
lecture?
M. le député de Huntingdon, très
brièvement.
Troisième lecture M. Claude Dubois
M. Dubois: Cinq minutes, M. le Président. D'accord? Merci,
M. le Président. Le sujet de mon intervention n'a certainement pas
l'attrait et n'atteint sûrement pas le peuple québécois
dans le plus profond de lui-même comme l'a fait la loi 101 que cette
Chambre vient de sanctionner.
Toutefois, le sujet en discussion a quand même beaucoup
d'importance. M. le Président, hier nous terminions l'étude du
projet de loi no 43, article par article. Cette étude nous a permis de
mieux approfondir les principes de cette loi et d'en apprécier davantage
les buts précis.
M. le Président, il en ressort que l'essence même de toute
cette loi se situe uniquement dans la brique de règlements qui nous fut
présentée mercredi et sur lesquels il nous est impossible de
porter un jugement valable à l'intérieur d'un laps de temps aussi
restreint.
Nous sommes désireux que l'image des petits abattoirs
québécois soit rehaussée et nous souhaitons fortement que
ces entreprises jouissent d'une meilleure crédibilité
auprès du consommateur, mais j'aimerais indiquer au ministre qu'il
devra
être très prudent dans l'application des règlements,
car il ne faut pas que cette loi devienne un élément incompatible
avec le développement accru que l'on désire tous de la
commercialisation des viandes de consommation produites au Québec et
également de l'économie que représente ce secteur
d'activité.
Je dois quand même indiquer que le ministre et ses fonctionnaires
ont répondu d'une façon très acceptable aux craintes et
aux appréhensions que nous avons exprimées en deuxième
lecture. Cette crainte se situait particulièrement au niveau de
l'inspection permanente et aussi au niveau de la troisième inspection
requise pour les ventes en gros, ce qui aurait pu cheminer vers un lourd
processus administratif.
En deuxième lecture, l'Union Nationale avait formulé
certaines demandes telles une aide financière sur les
déboursés en capitalisation. A ce moment, le ministre a
effectivement répondu favorablement et nous en sommes heureux.
J'aimerais aussi exprimer le voeu que le ministre accorde un délai
raisonnable en ce qui a trait à l'application des nouvelles normes que
cette loi mettra en vigueur. Un délai de 18 mois serait assez logique et
pourrait permettre à plus de petits abattoirs d'inscrire leur demande de
permis ou d'en arriver à une décision finale sur leur avenir.
M. le Président, en dehors de tout ce qui s'est dit depuis la
présentation de ce projet de loi, il n'y a, je crois, qu'une seule
manière d'appliquer cette loi avec harmonie et justice. M. le
Président, à ce moment-ci, j'insiste fortement auprès du
ministre pour qu'il nous prouve l'ouverture d'esprit qu'il prétend
avoir, à savoir de permettre et recommander l'établissement d'un
comité permanent, indépendant, où pourraient se rencontrer
périodiquement ou selon les besoins, d'une part, les hauts
fonctionnaires rattachés au dossier des abattoirs et, d'autre part, les
membres du bureau de direction de l'Association des petits abattoirs du
Québec et auxquels pourraient aussi s'ajouter les députés
intéressés.
Face à la complexité des règlements ainsi qu'aux
difficultés d'interprétation et d'application, la formation d'un
tel comité constituerait vraiment un pas très important vers une
démocratisation désirable et même nécessaire de
l'appareil administratif que constitue le fonctionnarisme. Je remercie donc le
ministre d'avoir bien pris note de cette dernière suggestion, laquelle
est primordiale pour le succès de ce projet de loi.
En terminant, je désire appuyer fortement sur l'importance
économie agro-alimentaire que représentent les viandes dans nos
coutumes et dans nos préférences alimentaires. Au Québec,
en 1977, notre consommation en aliments et boissons se chiffrera par $5
milliards. Je vous assure qu'il est très peinant de constater que nous
ne produisons, actuellement, que 50% de ce chiffre. Effectivement, nous
accusons un retard de $2,5 milliards de production ici au Québec,
seulement en aliments et boissons. N'est-ce pas une raison suffisante pour
nourrir une préoccupation constante en ce qui a trait à notre
production, à l'élevage de bestiaux, à la transformation
et à la mise en marché de nos produits agricoles?
Je termine en souhaitant ardemment que le ministre mette tout en oeuvre
afin de constamment améliorer notre autosuffisance pour le
mieux-être de nous tous, Québécois. Merci.
Le Président: Est-ce que cette motion... M. Roy: M. le
Président...
Le Président: Je m'excuse, M. le député de
Beauce-Sud; je vous cède la parole.
M. Fabien Roy
M. Roy: ...quelques brèves remarques sur un dossier
particulier. J'aimerais M. le Président, attirer l'attention du ministre
sur quelques points. Malgré tous les travaux et bien que nous soyons
près de l'ajournement de la session, alors que nous avons dû
voyager d'une commission parlementaire à l'autre, nous avons pu, quand
même interroger le ministre et obtenir des informations pertinentes qui
ont contribué à nous rassurer et qui contribueront, je pense,
à rassurer le milieu.
La loi actuellement en troisième lecture comporte des
dispositions qui sont des améliorations et qui permettent de donner des
garanties par rapport à la loi précédente. Comme vient de
le souligner l'honorable député de Huntingdon et comme nous avons
pu le constater hier, au cours de l'étude de ce projet de loi en
commission parlementaire, les règlements beaucoup plus que la loi feront
en sorte que les petits abattoirs survivront ou devront fermer. Tout
dépend de la façon dont la réglementation va être
appliquée; c'est là que nous pourrons réellement mesurer
l'importance du projet de loi actuel et des buts que le gouvernement, le
nouveau ministre veut atteindre.
Le ministre a dit souventefois à l'Assemblée nationale
qu'il allait faire l'impossible pour que les petits abattoirs puissent survivre
au Québec. Cependant, à la suite des questions que nous avons
posées au ministre hier, un certain nombre de points demeurent obscurs,
qui auront sûrement des implications quant à la survie des petits
abattoirs, puisqu'on n'est pas en mesure de nous répondre actuellement.
J'aimerais en citer deux. Même si on nous a donné l'exemple d'un
établissement évalué à $70 000 en coûts
d'immobilisation, il n'en demeure pas moins qu'on n'a aucune certitude et
aucune garantie que ce sera ce type d'entreprises qui sera accepté par
ceux qui seront chargés d'appliquer la loi et surtout les
règlements auprès des entreprises concernées.
Ce qui n'a pas été déterminé non plus, ce
sont les frais d'exploitation d'une telle entreprise pour être en mesure
de déterminer si une entreprise de cette nature peut être viable
ou non, parce que la survie des petits abattoirs est liée à leur
viabilité. Je n'apprends rien à personne à ce
moment-là. C'est pourquoi je suggère, suite aux recommandations
faites par mon collègue de l'Union Nationale, qu'il serait important
je le dis à l'intention du
ministre qui tient un caucus à l'heure actuelle que la
nouvelle réglementation, qui vient d'être déposée,
dans un premier temps, peut-être avant la constitution d'un comité
permanent, puisse être examinée en profondeur entre les officiers
du ministère et les représentants de l'association pour la
conservation des petits abattoirs. Le ministre devrait, aujourd'hui, nous
donner une garantie formelle qu'il pourra y avoir des séances au cours
desquels les personnes concernées, soit les représentants, les
directeurs de l'association des petits abattoirs et leurs procureurs, pourront
rencontrer les officiers du ministère, discuter de ces amendements et
voir quels sont les correctifs ou les améliorations qui pourraient
être apportés.
Je pense qu'il y a plusieurs catégories de permis de
prévues, cela pourrait faire également l'objet, puisque le
règlements peuvent être adoptés sans l'assentiment de
l'Assemblée nationale, d'un examen sérieux lors de ces
rencontres. Un problème soulevé à maintes et maintes
occasions, c'est le fait que les propriétaires de petits abattoirs qui
font le commerce de la viande au détail et en gros seraient
obligés de détenir des permis différents et distincts pour
pouvoir continuer d'exploiter leur entreprise.
Ces permis distincts impliquent des coûts additionnels et c'est
peut-être là toute la différence qu'il y a entre une
entreprise qui peut survivre par le fait qu'elle pourrait être rentable
et une entreprise qui ne serait pas rentable. Quant à l'inspection,
j'aimerais reprendre les propos tenus en commission parlementaire par nos
collègues du parti ministériel. Il serait urgent que le
ministère de l'Agriculture retienne les services de
vétérinaires dans différentes régions afin que,
pour les animaux qui sont abattus dans les abattoirs, et dans les abattoirs
où l'inspection ne pourra se faire de façon
régulière, on puisse disposer de certificats de santé de
l'animal où moment où il sera abattu. Trop d'animaux, à
l'heure actuelle, condamnés pour toutes sortes de raisons au niveau de
la production, que ce soit au niveau de la production laitière ou autre,
condamnés pour maladie, prennent le chemin des abattoirs, et pas de
petits abattoirs.
Ce sont de gros abattoirs et je dirais des abattoirs Canada Approved. Il
y aurait lieu pour le gouvernement du Québec d'être vigilant. Sans
multiplier les embêtements pour les propriétaires
d'établissement, il devrait y avoir une précaution de prise en
vue de protéger le consommateur québécois.
Le Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: M. le Président, très
brièvement, je voudrais rappeler d'abord que, lorsque le débat de
deuxième lecture a été entrepris sur la loi 43, nous
venions à l'instant même de recevoir la réglementation qui
sert à appliquer la loi et qui a causé beaucoup d'émoi
chez les propriétaires de petits abattoirs.
Comme le temps nous a manqué pour faire un examen approfondi de
cette réglementation et pouvoir évaluer les conséquences
que cela posait au plan financier pour la survie de plusieurs petites
entreprises de chez nous, nous avons cru bon, lors du vote de deuxième
lecture, de nous prononcer contre parce que cette réglementation nous
était déposée trop tard. Il ne nous était pas
possible d'évaluer quel serait le cheminement nouveau que
connaîtraient les petits abattoirs chez nous.
Cependant, je dois remercier, tant le ministre de l'Agriculture que tous
les membres de la commission parlementaire, d'avoir accepté,
au-delà des pouvoirs normaux qui sont dévolus à une
commission permanente qui procède à l'étude article par
article d'une loi, que nous menions un assez long débat sur
l'étude de la réglementation nouvelle qu'on nous proposait.
Mais, au-delà de toutes ces choses, je dois dire qu'au moment du
vote de troisième lecture je regrette encore que cet
élargissement de la loi sur les aliments et produits agricoles ne nous
ait pas permis enfin de déboucher sur le principe de l'inspection
obligatoire des viandes au Québec. Ainsi, le consommateur
québécois pourrait retrouver une confiance aussi grande dans
l'achat de ses viandes lorsqu'elles proviennent d'établissements sous
inspection provinciale que sous contrôle fédéral.
Cependant, la disposition nouvelle que le ministre a apportée
dans cette loi afin de permettre à quelques établissements
je dis bien de rares établissements de pouvoir fonctionner quand
même sans être assujettis à une inspection obligatoire nous
indique que dans un temps assez prochain nous pourrons enfin avoir des
établissements sous contrôle provincial au Québec qui
auront les mêmes cotes d'excellence, qui présenteront les
mêmes garanties que ces établissements qui ont été
traditionnellement sous contrôle du gouvernement fédéral
dans le passé.
Le Président: M. le ministre. M. Jean Garon
M. Garon: Je veux dire seulement un mot, très bref. Je
pensais qu'on passerait cet après-midi. Je dois aller souper à
Granby je pense que je vais arriver pour le café avec
l'Association des grossistes en fruits et légumes.
M. Grenier: ...de temps en temps.
M. Garon: Je sais que j'ai de bonnes réserves.
L'appétit vient en mangeant, comme vous le savez. Le
député de Huntingdon me demandait d'être très
prudent. Il faut dire que c'est mon habitude d'être prudent. Le
délai raisonnable de 18 mois dont il parlait, c'est exactement ce que
j'ai mentionné en commission parlementaire. Le délai que nous
envisageons jusqu'à maintenant, c'est un délai minimum de 18 mois
pour que les abattoirs aient le temps de se moderniser.
Quant à un comité permanent des petits abat-
toirs, je pense que cela ne sera pas nécessaire. Je dois vous
dire par ailleurs que, dès ce matin, le projet de règlement a
été expédié aux quatre associations qui travaillent
dans le secteur de la viande au Québec, et même dans le secteur de
la viande de consommation et aussi à l'Association des fondoirs,
c'est-à-dire des viandes impropres à la consommation humaine
également.
Nous avons l'intention, dans les prochains jours et semaines, de
rencontrer ces associations pour revoir et réviser une dernière
fois le règlement avant d'en proposer l'adoption au Conseil des
ministres. Toutes les personnes et associations qui sont concernées dans
ce secteur pourront poser toutes les questions afin de savoir comment pourrait
s'appliquer le règlement et en même temps voir s'il n'y aurait pas
des oublis ici et là dans les coins d'un règlement aussi
volumineux, comme vous l'avez mentionné.
La proposition du député de Beauce-Sud équivalait
à dire que les inspecteurs du Québec devraient quasiment
inspecter les abattoirs Approuvé Canada. Je pense que ce n'est
peut-être pas dans l'immédiat qu'on va faire cela. Par ailleurs,
quand le député de Montmagny-L'Islet dit que le contrôle
provincial est inférieur au contrôle fédéral, je
dois dire que le contrôle Approuvé Québec va être
aussi bon sinon supérieur à celui Approuvé Canada.
Il y a une exception, une tolérance pour des petits abattoirs qui
existaient à la date du dépôt de la loi mais, dans notre
esprit, il s'agit d'une étape qui permet aux petits abattoirs de se
moderniser dans une période un peu plus longue. Nos inspecteurs
inspecteront, nos services vétérinaires, dans les
différentes régions, vont travailler avec les gens des petits
abattoirs pour leur expliquer la loi, le règlement, les
indemnités auxquelles ils auront droit s'ils se retirent, comme petits
abattoirs non inspectés, et quelles sont les subventions auxquelles
aussi ils ont droit pour se moderniser.
Je pense que, jusqu'à maintenant, nous avons travaillé
dans ce dossier à la lumière du jour, le plus ouvertement
possible, sans cachette, même si le règlement a été
donné à l'Opposition à la dernière minute. En fait,
on a essayé de le corriger constamment en cours de route. C'est une des
premières fois qu'un règlement est donné à
l'Opposition avant l'adoption en deuxième lecture. Je m'en
réjouis puisque l'étude en commission parlementaire a
été, de ce fait, beaucoup plus éclairante pour l'ensemble
des députés qui sont concernés par ce secteur.
Je veux remercier tous ceux, encore une fois, qui ont travaillé
avec nous sur ce dossier, les fonctionnaires, surtout dans les dernières
semaines, plusieurs ont travaillé jusqu'à minuit. Je voudrais
également remercier les membres de l'Opposition qui ont eu une attitude
positive dans ce dossier lors des études en commission
parlementaire.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lamontagne: Adopté, M. le Président.
M. Burns: Avant que je ne l'oublie, parce qu'en fin de session,
souvent, on oublie des choses, j'aimerais, d'une part, dire à nos
collègues de l'Assemblée nationale qu'il y aura, à 20
heures, ce soir, sanction de projets de loi chez l'honorable
lieutenant-gouverneur.
Evidemment, si on devait siéger un peu plus tard que cela,
j'espère que non, ce serait retardé en conséquence.
J'aimerais aussi, M. le Président, que l'Opposition et les
députés ministériels permettent, à ce moment, au
ministre de la Justice de donner des précisions relatives à des
questions qui ont été posées ce matin par, entre autres,
le député de Marguerite-Bourgeoys, et le député de
Nicolet-Yamaska, et probablement d'autres députés. Je sais que le
député de Verchères est très
intéressé par ce sujet... Si on avait le consentement,
peut-être qu'à ce moment, avant de continuer nos travaux, on
pourrait permettre au ministre de la Justice, brièvement, de nous donner
des précisions.
Le Président: Le consentement est-il accordé?
M. Brochu: Accordé.
M. Lavoie: Consentement.
Le Président: Accordé, alors M. le ministre de la
Justice.
Réponse de M. Bédard
Juge en chef de la
Cour des sessions de la Paix
à Montréal (suite)
M. Bédard: M. le Président, c'est une
précision qui fait suite à une question qui a été
posée ce matin par le député de Nicolet-Yamaska concernant
l'honorable juge en chef Fabien. A sa question j'avais répondu que
j'avais communiqué, ce matin, avec l'honorable juge en chef et que
j'attendais une réponse de sa part au cours de la journée. Je
voudrais simplement, sur ce point, faire la communication suivante: Par une
lettre en date du 25 août, remise personnellement au juge en chef
André Fabien, ce matin à 7 h 40, à sa résidence,
j'ai demandé formellement au juge en chef André Fabien de
reconsidérer, dans les circonstances, le bien-fondé de la
décision qu'il m'avait communiquée par sa lettre du 22 juillet et
de revenir à l'attitude qu'il avait indiquée dans sa lettre du
1er juin, et ce jusqu'à ce que les faits qui ont été
révélés et les questions qui ont été
soulevées à son sujet aient été éclaircis
à la satisfaction du ministre de la Justice par les moyens que celui-ci
jugera approprié, dans le meilleur intérêt de la
justice.
Dans cette lettre en date du 25 août, j'ai signifié au juge
en chef André Fabien que je comptais recevoir aujourd'hui un
télégramme m'avisant de sa décision de donner
immédiatement suite à ma lettre, à défaut de quoi
je devais conclure que le
juge en chef aurait décidé de ne pas y donner suite.
Effectivement, M. le Président, j'ai reçu, cet après-midi,
un télégramme de l'honorable juge en chef André Fabien
indiquant qu'il s'abstiendrait d'exercer ses fonctions jusqu'à ce que la
situation ait été entièrement éclaircie.
Conséquemment, le Conseil des ministres a procédé,
en fin d'après-midi, à la nomination de M. le juge Yves Mayrand
pour remplir temporairement la fonction de juge en chef des sessions à
Montréal, conformément à l'article 72 de la Loi des
tribunaux judiciaires. Je suis persuadé que la décision du juge
Fabien servira mieux les intérêts supérieurs de la justice
et contribuera à ce que cette situation soit éclaircie dans un
climat serein et plus acceptable pour les justiciables.
C'était la communication que j'avais à faire, M. le
Président.
M. Roy: Est-ce que je pourrais demander au ministre de la Justice
s'il a pu également, dans le cadre du même privilège qui
nous est accordé, examiner la question que je lui ai posée ce
matin? Est-il en mesure de donner une réponse?
M. Bédard: Je dois vous dire que je pense que vous
comprendrez que j'ai été assez occupé au cours de la
journée par certains autres problèmes qui font que je n'ai
malheureusement pas eu l'occasion d'avoir les informations nécessaires
pour les communiquer au député de Beauce-Sud. Peut-être
qu'une fois l'ajournement annoncé, ou peut-être même avant
l'ajournement, parce qu'on me dit qu'il y a encore quelque temps avant
l'ajournement, je pourrai être en mesure de communiquer le plus
rapidement possible avec lui.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, maintenant je pense que nous
serions toujours en vertu de l'ordre de la Chambre de ce matin
prêts à vous demander d'appeler l'article qui n'est pas
numéroté mais qui apparaît à la page 5 de notre
feuilleton d'aujourd'hui, le projet de loi no 49, quant à sa
troisième lecture.
Projet de loi no 49
Troisième
lecture
Le Président: Mme le ministre des Consommateurs propose la
troisième lecture de la Loi constituant la Régie de
l'assurance-automobile du Québec. Cette motion de troisième
lecture sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Le Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: Très brièvement. A cette heure
tardive, je pense bien que personne ne se permettrait d'entendre de longs
discours. Nous avons fait, lors de l'étude en commission parlementaire
de ce projet de loi, article par article, les représentations, je crois,
qui s'imposaient. J'ai bien reçu, comme tous les députés,
cette petite brochure intitulée "La réforme de
l'assurance-automobile". Je l'ai lue, il va sans dire, en diagonale. Je crois
qu'il sera intéressant pour les citoyens d'en prendre connaissance,
mais, comme j'ai un comté dont la moitié de la population est de
langue anglaise et que le ministre nous a dit qu'elle pouvait nous procurer
d'autres brochures, si on croyait que cela était nécessaire, je
lui demanderais si elle a une traduction anglaise de cette communication.
Le Président: Je pense, M. le député de
Nicolet-Yamaska, que vous n'aurez pas d'objection à ce que Mme le
ministre puisse répondre à cette question. Mme le ministre.
Mme Payette: Cela va être une réponse
extrêmement courte. La traduction est effectivement en train d'être
faite et, dès qu'elle sera prête, je déposerai les
documents et vous en serez informé.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: L'Union Nationale est vivement opposée
à la création d'une Régie d'assurance-automobile dont la
fonction principale est d'assurer la mise en oeuvre d'un régime de
couverture des dommages corporels. Les objectifs visés par le ministre
des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières de
justice sociale et de rapidité du règlement des indemnités
ne sont pas atteints par la création du régime. L'application du
régime étatique par la Commission des accidents du travail est un
indice sérieux du fait que les indemnisations ne seront pas
payées plus rapidement que sous le régime actuel. Quant à
la préoccupation de justice sociale dont parle le ministre, elle ne
pourra certes pas être atteinte par un système d'indemnisation
selon des tables a rente fixe. On ne peut parler de justice quand on indemnise
tous les accidentés de la même façon, indépendamment
du préjudice que leur cause cet accident.
L'Union Nationale approuve, cependant, l'intention du gouvernement
d'obliger tous les conducteurs d'automobile à être assurés,
mais rejette l'étatisation comme solution aux problèmes de la
non-indemnisation d'un pourcentage trop élevé d'accidents. Enfin,
nous espérons que les organismes du fonds d'indemnisation et de la
Corporation des assureurs autorisés sauront jouer un rôle efficace
sur le contrôle des compagnies et l'indemnisation de ceux qui ne seraient
pas couverts lors d'un accident.
L'Union Nationale votera donc contre ce projet de loi, mais sans
mauvaise volonté et en insistant sur le fait qu'elle reconnaît la
nécessité d'une action concrète dans le domaine de
l'assurance-automobile, mais que la proposition du gouvernement ne lui
paraît pas être la bonne. Malgré les amendements qui ont
été adoptés en commission parlementaire lors de
l'étude, article par article, le projet de loi nous semble vicié.
Je dis bien vicié, non pas vicieux, parce que le ministre pourrait
être vicieux, mais pas le projet de loi.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska, propos antiparlementaires.
Mme Payette: M. le Président, je suis trop fatiguée
pour faire une question de privilège.
M. Fontaine: M. le Président, le projet de loi peut
être vicié par la réforme de l'assurance automobile qui a
été proposée en première lecture et qui sera
étudiée lors d'une commission parlementaire au mois de septembre.
L'Union Nationale votera contre ce projet de loi en troisième
lecture.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, pour vous rassurer
immédiatement, cela va probablement être mon plus court
discours.
Entre l'étape de la deuxième lecture et celle de la
troisième lecture, même s'il y a eu adoption du rapport, je n'ai
pas changé d'opinion pour les mêmes raisons que j'ai
invoquées lors de l'adoption de principe de cette loi en deuxième
lecture, je maintiens les mêmes opinions, je suis catégoriquement
opposé à une régie d'Etat concernant
l'assurance-automobile du Québec et cela même dans
l'intérêt des contribuables du Québec et des victimes
d'accidents d'automobile et de toute la population.
Le Président: Cette motion de troisième lecture
sera-t-elle adoptée?
M. Brochu: Sur division, M. le Président.
Le Président: Sur division, la motion est
adoptée.
Projet de loi no 240 Deuxième lecture
M. Burns: M. le Président, nous avons également,
à la page 6 de notre feuilleton, toujours en vertu de l'ordre de la
Chambre de ce matin la possibilité de prendre en considération le
rapport de la commission de la Justice qui a étudié le projet de
loi 240, Loi annulant une servitude grevant certains lots du cadastre de la
paroisse du Cap-de-la-Madeleine. Ce rapport...
Le Président: II a été
déposé...
M. Burns: II a été déposé? L'a-t-on
pris en considération?
Le Président: Non.
M. Burns: II reste la deuxième lecture et la
troisième lecture. Alors, au nom... Bien non, je vois qu'il est ici...
Le député de Champlain, je présume, se fera un plaisir de
vous proposer la deuxième lecture du projet de loi no 240.
Le Président: M. le député de Champlain.
M. Gagnon: Je propose l'adoption en troisième lecture,
c'est cela...
M. Burns: En deuxième...
M. Gagnon: ...en deuxième lecture du projet de loi no
240.
Le Président: Cette deuxième lecture est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Troisième lecture
M. Burns: Je présume qu'on est prêt également
à faire les écritures et à passer à la
troisième lecture...
M. Lavoie: L'honorable député pourrait-il proposer
la troisième lecture également?
M. Burns: ...si le député de Champlain veut
bien.
Le Président: Troisième lecture...
M. Burns: Si on est prêt, parce que j'ai besoin...
Le Président: ...même séance.
M. Lavoie: On n'a pas d'objection. M. Burns: Cela va?
M. Lavoie: ...si l'honorable député veut se lever
et proposer la troisième lecture?
M. Burns: Alors, pour son deuxième discours aujourd'hui,
on va écouter le député de Champlain.
M. Gagnon: Vous voulez que je recommence mon boniment pour voir
si j'ai bien fait cela? Je propose la troisième lecture du projet de loi
no 240, qui modifie je n'ai pas toutes les explications...
Pouvez-vous venir à mon secours, M. le leader?
M. Burns: Le projet de loi no 240.
M. Gagnon: La loi 240.
Le Président: Cette troisième lecture est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président: Adopté.
Projet de loi no 2
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais, dans les
instants qui viennent, de prendre en considération le rapport de la
commission de la présidence du Conseil qui a étudié,
article par article, le projet de loi no 2. Je demanderais une brève
suspension, avant qu'il ne soit déposé, pour faire une
dernière vérification sur une question de détail et on
comprendra que, comme la commission a cessé de siéger vers les 18
h 15 ou 18 h 20...
M. Lavoie: Etes-vous sûr que la commission est
terminée?
M. Burns: On va voir dans quelques minutes! Comme la commission a
siégé jusqu'à 18 h 20, je pense qu'on ne peut pas
reprocher au rapporteur, le député de Berthier, d'être
inefficace puisque son rapport est déjà prêt, et je vous
demanderais donc, purement et simplement, une suspension de quelques deux ou
trois minutes.
Le Président: Alors, nous allons suspendre pour deux ou
trois minutes. Je crois comprendre que le leader parlementaire du gouvernement
avait gardé son projet de loi pour le dessert.
(Suspension de la séance à 19 h 5)
Reprise de la séance à 19 h 16
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Durant cet intermède, je vais faire une exception à la
règle et je pense que personne ne m'en voudra. Je vais signaler la
présence dans les galeries de toutes les serveuses du Parlementaire. Je
pense qu'elles ont compris que tout le monde voulait les remercier.
M. Mackasey: Est-ce qu'on peut leur recommander une augmentation
de salaire?
M. Burns: Démagogue, va!
M. le Président, je vous ai indiqué tout à l'heure
c'est ce pourquoi je vous avais demandé une suspension que
nous serions prêts, dans les minutes qui venaient, à soumettre le
rapport de la commission de la présidence qui a étudié le
projet de loi no 2. Je pense que le député de Berthier est tout
fin prêt à faire cette soumission.
Le Président: M. le député de Berthier, nous
vous écoutons.
Rapport de la commission élue
M. Mercier: M. le Président, conformément aux
dispositions de notre règlement, j'ai l'honneur de déposer le
rapport de la commission élue permanente de la présidence du
conseil, de la constitution et des affaires gouvernementales qui s'est
réunie pour étudier article par article le projet de loi no 2,
intitulé Loi régissant le financement des partis politiques et
modifiant la Loi électorale.
Le Président: Rapport déposé.
M. Burns: M. le Président, selon l'entente, encore une
fois, et l'ordre de la Chambre, je vous demanderais que nous passions
immédiatement à la prise en considération du rapport.
Le Président: J'appelle maintenant la prise en
considération du rapport. Est-ce que c'est adopté?
M. Blank: Adopté. M. Lavoie: Agréé.
M. Burns: Non. M. le Président, il y a on
comprendra, à cause du court délai que nous avions pour
préparer ce rapport deux corrections qu'il faut apporter au
rapport. D'abord, la page 5 de la deuxième partie du rapport, celle qui
commence par les mots: "Le total des sommes transférées à
ou par une instance du parti ou à l'argent officiel d'un..." doit
être modifiée. Je proposerais immédiatement que nous
changions cette page et je vous signale simplement qu'une toute petite erreur
s'est glissée dans le paragraphe qui commence par les mots suivants
c'est-à-dire le nouvel article 82: "Ces rapports doivent être
accompagnés d'une copie de chacun..."
C'est-à-dire que le nouvel article 82 est temporairement
suspendu. Nous avons tout simplement fait une modification de dernière
minute pour respecter ce qui s'est effectivement passé. Il faudrait lire
ce paragraphe comme suit, et j'en fais la proposition: "Le nouvel article 82
est temporairement suspendu puis, après discussion,
postérieurement adopté tel que proposé". J'en fais la
proposition, M. le Président.
Le Président: Cette modification est-elle
acceptée?
Des Voix: Adopté. Le Président: Adopté.
M. Burns: Deuxièmement, il y aurait également une
modification à la page 9 de la deuxième partie du rapport. Cette
modification tient compte des dernières minutes de
délibération à la commission. C'était relativement
à la possibilité qu'un crédit d'impôt puisse
être accordé à un contributeur ou un contribuant je
ne sais pas si c'est le mot exact; un souscripteur, cela pose moins de
problèmes à un souscripteur à l'endroit d'un parti
politique. C'était particulièrement
dans le premier alinéa de l'article 585d édicté par
l'article 134 du projet de loi. Dans le rapport, on peut lire ceci: "A
l'article 134, M. Burns (Maisonneuve) propose de remplacer le premier
alinéa de l'article 585d par le suivant". Je cite l'article 585d dans la
première version du rapport: "Un particulier, qui est un
électeur, peut déduire de son impôt autrement payable,
à l'égard d'une contribution faite au cours de l'année,
aux représentants officiels des partis politiques autorisés, des
associations de comté autorisées ou des candidats
autorisés le moindre des montants suivants:" On continue, par la suite,
en disant: "L'article 134 est adopté tel qu'actuellement amendé",
etc.
Je vous demanderais, M. le Président, conformément aux
dispositions que nous avons prises aux toutes dernières minutes de nos
discussions en commission, de modifier le texte que je viens de vous lire,
à la page 9, et de le remplacer par le suivant. Le premier alinéa
de l'article 585d est remplacé par ce qui suit: "585d. Un particulier
qui est électeur peut déduire de son impôt autrement
payable à l'égard d'une contribution faite au cours de
l'année aux représentants officiels des partis politiques
autorisés, des associations de comté autorisées ou des
candidats autorisés 50% du premier $100 de contribution et 25% du
deuxième $100 de contribution". Je pense avoir annoncé cet
amendement vers la fin, sauf qu'il était assez difficile, sans passer
par nos légistes, d'arriver avec un texte définitif. Je vous
demanderais donc, en conséquence, M. le Président, et j'en fais
motion, de modifier dans le rapport, à la page 9, quant à sa
deuxième partie, le premier alinéa 585d par celui que je viens de
citer.
Le Président: Est-ce que cet amendement est
adopté?
Des Voix: Adopté. Le Président: Adopté.
M. Burns: Donc, le rapport tel qu'amendé est
adopté, je présume?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Rapport adopté.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant
d'appeler la troisième lecture du projet de loi no 2.
Troisième lecture
Le Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire propose la troisième
lecture de la Loi régissant le financement des partis politiques et
modifiant la Loi électorale.
Cette motion de troisième lecture sera-t-elle
acceptée?
M. Robert Burns
M. Burns: En proposant la troisième lecture, j'aurais de
très brefs commentaires. D'une part, pour remercier je le dis de
façon véritablement sincère tous les participants
aux travaux de cette commission, tant du côté de l'Opposition que
du côté ministériel, qui ont apporté, à mon
avis et je le dis sans aucune restriction une contribution
très solide, très positive. Les amendements que nous avons
acceptés en commission n'ont fait que bonifier un projet de loi qui,
déjà, avait été remis dans la machine, si je peux
utiliser l'expression, à la suite d'un premier dépôt.
Même si on nous a critiqués de le faire, je pense que tout le
monde s'en trouve mieux.
Je n'ai qu'un seul commentaire; d'une part, c'est de souhaiter que ce
projet de loi, de façon très précise et très
concrète, nous aide à améliorer la démocratie au
Québec. Je souhaite égalemen: que cet esprit de collaboration qui
a été démontré au moment de l'étude du
projet de loi article par article en commission soit le présage d'une
collaboration entre les partis politiques quant à la mise en application
de ce projet de loi. La mise en application du projet ou de la loi elle
le sera dans quelques heures ou dans quelques minutes n'est pas possible
sans une collaboration totale.
C'est presque dans l'euphorie que je souhaite que l'Assemblée
nationale, de façon unanime, adopte le projet de loi no 2 en
troisième lecture.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, je n'ai que quelques mots
à ajouter; d'ailleurs, je m'étais permis de faire un
exposé des plus élaborés lors de la deuxième
lecture alors que l'Opposition officielle, le Parti libéral, avait
voté favorablement.
Sur les questions de détail, nous avons fait plusieurs
suggestions, recommandations et amendements lors de l'étude en
commission; un certain nombre de ces amendements ont été bien
reçus et adoptés par la commission et nous avons eu la
collaboration du ministre. Ce n'est pas une satisfaction totale, je l'ai dit en
deuxième lecture, c'est une satisfaction mitigée; je peux aller
un cran plus loin en disant que même si ce projet de loi n'a pas notre
entier agrément, si je peux m'exprimer ainsi, je crois qu'il est
déjà amélioré. C'est du droit nouveau pour le
Québec; le ministre s'est d'ailleurs sans doute rendu compte de la
complexité de ce projet de loi, du fait qu'on a dû subir une
deuxième impression et apporter plusieurs améliorations. Cela
explique sans doute l'attitude du gouvernement précédent, auquel
je n'appartenais pas, mais dont j'étais solidaire. Je n'ai pas à
répéter tout le processus de la réforme
démocratique que nous avons vécue depuis une quinzaine
d'années au Québec, c'est un jalon de plus.
On comprend peut-être difficilement mais je le comprends
aujourd'hui, le ministre le comprend également pourquoi ils en
étaient rendus à plus d'une dixième rédaction. Je
sais que, pour une loi de la sorte, il faut qu'il y ait un consensus
général et une collaboration générale pour qu'elle
fonc-
tionne bien, surtout au moyen du comité consultatif qui est
créé par cette loi. Je suis assuré, le ministre le
reconnaît lui-même, que cette loi, très bientôt
ce n'est pas un reproche que je fais au ministre nécessitera
après une certaine période de rodage; certaines
améliorations, certains ajustements en cours de route.
Vu qu'il y a eu une certaine amélioration, nous allons, pour
être conséquents avec nous-mêmes, offrir notre
unanimité, en ce qui concerne notre parti, pour l'adoption de ce projet
de loi no 2.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président, j'aurais droit à une
trentaine de minutes, mais vous allez me permettre d'abréger un peu mes
remarques sur l'importance de ce projet de loi. Je ne veux pas faire l'histoire
du projet depuis son dépôt, vous avez eu connaissance de
l'inquiétude du parti que je représente à l'occasion du
dépôt de la loi. Après certaines remarques, certaines
études en commission, nous avons eu une deuxième impression et le
ministre nous avait promis une ouverture d'esprit pour accepter beaucoup des
recommandations que nous avions à faire. Je voudrais ce soir lui rendre
cet hommage parce qu'il a eu l'esprit ouvert sur plusieurs amendements que nous
avons proposés et plusieurs modifications. Ainsi cette loi est devenue,
pas parfaite, mais acceptable et applicable dans une mesure raisonnable.
Je sais que sur le rôle de cette loi et le but visé nous
étions d'accord, mais il y avait à intérieur de cette loi
des principes que nous ne pouvions pas accepter. Nous n'avons pas obtenu la
satisfaction de toutes nos demandes, mais je suis convaincu que le parti que je
représente, après le rapport, la connaissance des amendements qui
ont été faits, sera d'accord pour faire un essai loyal de cette
loi, pour laquelle, j'en suis convaincu, le comité consultatif pourra
recommander d'autres amendements qui seront nécessaires, parce qu'il y a
des articles qui seront difficiles d'application. Je dis ceci en toute bonne
foi. Ce n'est pas facile de faire une loi qui va faire en sorte qu'on va
changer complètement les moeurs auxquelles nous étions
habitués. Avec la même ouverture d'esprit et si le ministre
continue dans la même voie, j'espère qu'on sera chanceux quand on
nommera le directeur qui verra à l'application de cette loi.
Une chose qui m'a fait plaisir dans un des amendements, c'est que le
ministre a accepté de retirer cette responsabilité qu'il avait de
l'application de cette loi. Cela a été une amélioration
extraordinaire. Je ne sais pas qui sera responsable à part le directeur,
mais l'élargissement de la responsabilité du comité
consultatif est un réconfort.
Je fais comme le leader de l'Opposition, je recommande aussi l'adoption
de cette loi. L'Union Nationale votera pour la loi.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, je suis heureux qu'on n'exige
pas de ma part de faire un discours pour vous dire que je suis d'accord avec la
loi et que j'offre toute ma collaboration pour son application.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Ce ne sera pas beaucoup plus long, M. le
Président, que tout à l'heure. Je tiens à dire, et je le
dis à l'intention du leader du gouvernement, que même si on n'a
pas réussi à tout obtenir, parce que le ministre défendait
sa chemise envers et contre tous, le moins qu'il puisse dire c'est qu'il en est
sorti intact et sa chemise aussi.
J'aimerais lui dire que nous apprécions le fait qu'un grand pas
ait été fait entre le projet de loi original et celui qui a
été réimprimé, et même aujourd'hui et au
cours des séances que nous avons eues en commission parlementaire, pour
bonifier ce projet de loi. A l'avance je puis l'assurer, ainsi que tous les
autres représentants des partis qui composeront le conseil consultatif,
de ma plus entière collaboration pour que cette loi puisse être
appliquée, et si c'est nécessaire qu'elle soit amendée
pour la rendre encore meilleure, ma collaboration est encore acquise.
M. Burns: M. le Président, j'ai l'intention maintenant de
faire une réplique d'à peu près une demi-heure, simplement
pour, adresser encore une fois à tous nos collègues de
l'Assemblée nationale nos remerciements pour l'adoption que je comprends
déjà faite. Je présume M. le Président, que vous
mettez la troisième lecture aux voix immédiatement, et je n'ai
rien d'autre...
Le Président: Est-ce que la troisième lecture est
adoptée?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président: Unanimement mais sans euphorie, M. le
leader.
Travaux parlementaires (suite)
M. Burns: Je ne vous dirai pas ce que vient de me dire mon
patron.
M. le Président, avant de procéder à
l'agréable motion que j'aurai à formuler dans quelques instants
c'est la dernière chose que j'ai à faire pour,
possiblement, terminer cette partie de la session je signale à
nos collègues qu'un certain nombre de commissions parlementaires sont
annoncées au feuilleton d'aujourd'hui. En particulier, sans les nommer,
on peut retrouver à la page 9 de notre feuilleton un certain nombre
d'avis. Je présume que je n'ai pas à répéter ces
avis qui varient à compter du 13 septembre et un peu plus loin.
Je signale, cependant, une certaine difficulté qui se pose
à nous aujourd'hui et, si j'avais la col-
laboration de l'Assemblée nationale à ce sujet,
peut-être pourrions-nous régler le problème. Il s'agit du
projet de loi no 67 qui a été déposé devant
l'Assemblée nationale et que nous avons soumis pour fins de
réception de mémoires à la commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières. Or, les
dernières informations que j'ai, c'est que l'avis officiel qui est
prévu en vertu de notre règlement ne pourra pas être
publié avant le 31 août, retardant donc, en conséquence,
les auditions possibles là-dessus à, au plus tôt, 30 jours
après. Je n'insisterai pas là-dessus, mais je me demande s'il ne
pourrait pas y avoir un consentement unanime de l'Assemblée nationale
pour que les auditions puissent commencer dès le 20 septembre, qui
était la date originelle à laquelle le ministre avait l'intention
d'entreprendre ces auditions.
Comme il est déjà de notoriété publique,
depuis le dépôt du projet de loi 67, que nous invitons les gens a
venir se faire entendre à la commission parlementaire, je présume
également que beaucoup de ces gens qui sont intéressés
à venir se faire entendre à la commission parlementaire ont
déjà formulé leurs recommandations à l'endroit du
projet que Mme le ministre nous soumet, je me demande si l'Assemblée
nationale ne nous donnerait pas son consentement pour que je puisse donner
l'avis, malgré l'avis dans la Gazette officielle qui ne paraîtra
que le 31 août, pour que la commission parlementaire des consommations,
coopératives et institutions financières puisse commencer ses
travaux dès le 20 septembre.
J'ajouterais à cela simplement une dernière remarque. Pour
s'assurer véritablement que l'ensemble de la population puisse
être contactée, j'irais même au-delà de notre
règlement dans ce cas-ci, étant donné que je demande un
consentement pour raccourcir le délai, j'irais même jusqu'à
faire publier, au nom de Mme le ministre, un avis dans un journal de langue
anglaise et un journal de langue française à diffusion
générale au Québec, en plus de l'obligation que nous avons
normalement, c'est-à-dire de publier dans la Gazette officielle. C'est
le consentement que je sollicite, et si on me le donne, cela nous permettrait
peut-être de terminer la session sur une deuxième note
d'affilée d'unanimité. En tout cas, je pose la question à
l'Opposition.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: Je serais prêt à donner notre
consentement. Maintenant, ce serait peut-être encore plus facile si
c'était le 27 je regardais les dates et j'en discutais avec mon
collègue ici qui est responsable de la commission est-ce que ce
serait faisable? A ce moment-là, on a une autre commission parlementaire
qui va siéger au cours de cette même semaine. Si on les mettait
ensemble, est-ce que ce serait possible? C'est une suggestion.
M. Burns: Cela irait, je serais prêt à me rendre
là.
Mme Payette: Dans 24 jours, ce sera fait. M. Burns: Le 27
alors?
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Je sais que vous m'en aviez soufflé un mot hier
soir ou ce matin, je ne m'en rappelle plus, ou cette nuit. Vous comprendrez que
je n'ai pas eu l'occasion d'en discuter avec mes collègues. J'ai,
à côté de moi, le député de Jacques-Cartier
qui travaille sur ce dossier. Normalement, l'avis paraîtrait le 31
août; nécessairement, il y a les 30 jours, ce qui mènerait
à la fin de septembre, et là, la proposition de compromis, au
lieu du 20 septembre, ce serait le 27 septembre. Pour le 20, je pense que cela
aurait été vraiment difficile à cause de l'importance de
ce projet de loi et la préparation du dossier, et avec l'engagement
qu'il y aurait assez de publicité en langue française et en
langue anglaise, au moins dans les grandes régions, et à cause de
l'importance de ce projet de loi. Nous allons donner notre consentement pour le
27 septembre.
M. Burns: Le 27 septembre. Je remercie... M. Samson:
Consentement.
M. Roy: Consentement, mais ce n'est pas un vote sur la loi.
M. Burns: Non Non. Ce n'est pas ce que j'ai demandé. Je
ferai donc motion pour que cela devienne un ordre de la Chambre pour me donner
l'autorité de convoquer cette commission le 27 septembre au selon rouge,
à 10 heures du matin.
Des Voix: Consentement.
M. Burns: C'est l'autorité dont j'ai besoin.
M. Brochu: Adopté.
M. Cardinal: II y a déjà quelque chose au selon
rouge.
M. Burns: 81-A.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Brochu: Adopté.
Le Président: Adopté.
Ajournement des travaux de la session au 18
octobre
M. Robert Burns
M. Burns: II me reste l'agréable tâche de proposer
l'ajournement de nos travaux à moins que je fasse face à un
"filibuster", à une obstruction systématique...
Des Voix: Vote enregistré.
M. Burns: Je tiens cependant, M. le Président, avant de
faire cette proposition à dire au nom du gouvernement combien nous
sommes reconnaissants pour tous nos collaborateurs, que je ne peux pas
désigner nommément, tellement nous en avons. Vous avez
signalé, tout à l'heure, M. le Président, la
présence dans les galeries de nos collaboratrices au restaurant le
Parlementaire.
Je pourrais parler également, entre autres et je tiens
à le souligner de façon très précise des
officiers de la Chambre, du secrétaire général et de ses
deux adjoints, du sergent d'armes et de ses adjoints également, de nos
anges gardiens, devrais-je dire, que sont les constables de l'Assemblée
nationale, de tout le personnel tant du côté de l'Opposition que
du côté ministériel qui nous assiste
régulièrement parce que, sans aucun doute, nous ne pourrions pas
réussir à avoir une telle efficacité à
l'Assemblée nationale et je parle pour les deux
côtés de la Chambre des journalistes avec qui, souvent,
nous ne sommes pas d'accord, mais...
M. Lévesque (Taillon):... et le journal des Débats
aussi.
M. Burns: ... grâce à qui, dans
l'intérêt de la démocratie, nous réussissons
à livrer notre message à la population et grâce à
qui l'opinion publique peut se former.
Je pense que toute formule de démocratie ne peut agir et ne peut
véritablement agir que grâce à cette communication que nous
voudrons éventuellement meilleure, peut-être dès l'automne.
Etant donné les documents que nous avons déposés,
aujourd'hui, on peut vous donner un indice de l'orientation que nous aurons,
même si la communication se fait très bien actuellement,
grâce à nos collaborateurs. Finalement, M. le Président,
tous ceux qui, dans l'ombre, nous aident à faire ce travail; je leur
souhaite à tous un repos bien mérité. Je vous souhaite
à vous, M. le Président...
Une Voix: Oui, surtout à lui.
M. Burns: ...je vous souhaite à vous, M. le
Président, si c'est possible, encore une plus grande sagesse, lors de
notre retour. Je souhaite également aux deux vice-présidents qui
nous ont assurés régulièrement de leur collaboration de
prendre ce repos qui est normal pour nous permettre également...
J'achève. C'est ma journée, laissez-la moi.
Je termine, M. le Président, après avoir fait ces voeux
à l'endroit de tout le monde, à nos collègues tant du
côté ministériel que de l'Opposition, en proposant
l'ajournement de nos travaux au mardi, 18 octobre, à 15 heures de
l'après-midi.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, comme tout le monde est au
courant que cette motion peut faire l'objet et fera l'objet d'un débat,
avec votre permission, les attaques que je porterai à l'adresse de mon
vis-à-vis le forcera à exercer son droit de réplique. Je
voudrais dire, M. le Président, d'abord que c'est le chef de
l'Opposition officielle, le député de Bonaventure, qui m'a
demandé d'adresser quelques mots à l'occasion de cette suspension
des travaux. Vous l'excuserez du fait qu'il a dû prendre le seul avion
qui allait dans ce joli coin de la Baie des Chaleurs dans le comté de
Bonaventure. Autrement il perdait une ou deux journées; il est donc
parti à la dernière minute vers sept heures.
Je ne doute pas que vous excuserez M. Gérard-D. Levesque, pour
qui toute l'équipe, de notre côté, avons beaucoup
d'admiration et de respect.
Très brièvement, merci à notre whip qui est absent
et qui a un fouet des plus virulents et des plus violents; il a fait un travail
extraordianire durant cette partie de la session, ainsi que toute
l'équipe que nous représentons, une équipe réduite
qui vit actuellement une période uniquement de recyclage et de rodage.
C'est peut-être un préavis qu'on vous donne pour la reprise de la
session. Ces six mois de travaux nous ont permis de nous transposer, d'une
manière temporaire, dans l'Opposition. Mais nous allons apprendre le
plus rapidement possible et nous tenterons d'apporter la meilleure contribution
au gouvernement, tout en étant, pour le moment, du côté de
l'Opposition, mais je ne pense pas que cela puisse durer tellement
longtemps.
Je me joins au leader du gouvernement pour remercier tous ceux qui
oeuvrent au sein de cette grande institution qu'est l'Assemblée
nationale, sans vouloir tous les mentionner. Je voudrais également vous
remercier, M. le Président, vous et vos deux vice-présidents, et
vous faire part de notre considération pour la manière dont vous
avez dirigé les travaux de cette Assemblée. Je ne peux pas donner
la même assurance au gouvernement, mais, en ce qui concerne la
présidence, vous êtes assuré d'avance de notre
collaboration lors de la reprise de la session.
Je ne répéterai pas mes remerciements à tous ceux
qui oeuvrent avec nous; je ne voudrais faire aucun oubli. J'aimerais,
cependant, souligner le travail du secrétaire général et
des secrétaires associés et de tous ceux qui relèvent
directement ou indirectement de l'Assemblée nationale. Quant à
messieurs, mesdames et mesdemoiselles les journalistes, le leader du
gouvernement vous a dit qu'il n'était pas toujours d'accord avec vous;
je vais renchérir en disant que nous commençons à
être un peu plus d'accord avec vous.
Rapidement, je voudrais souhaiter à tous nos collègues, de
tous les points cardinaux de cette Chambre, les meilleures vacances, même
à ceux qui les ont déjà commencées. Je ne fais pas
d'exception. En terminant, je voudrais faire une remarque au nom de
l'Opposition officielle: Cette session, nous l'aurions peut-être
souhaitée un peu plus fructueuse, mais nous comprenons que le
gouvernement est également en période de rodage.
Comme le mentionnait si bien le premier ministre ce matin, lors de son
intervention en troisième lecture sur le projet de loi no 101, il faut
donner une chance au coureur. Nous lui accordons cette chanoe, mais, de notre
côté, l'Opposition officielle, soyez assurés que nous
sommes brûlants d'impatience de voir, enfin, le coureur se mettre en
piste, surtout dans le domaine de l'économie. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: M. le Président, je vous remercie de me donner
l'occasion de participer aux débats sur cette motion dilatoire du leader
du gouvernement. J'aurai quelques brèves remarques, à ce
stade-ci, à adresser aux membres de cette Chambre, pour faire un peu le
point sur cette session. J'aurais un amendement de report à trois mois,
en terminant mes remarques. Cependant, à bien y penser, j'aurais peur
non seulement de perdre des amis, mais également de gagner beaucoup
d'ennemis.
Je me limiterai donc à remercier, comme mes collègues, au
nom de l'Union Nationale, tous ceux qui ont travaillé, de près ou
de loin, à nos travaux parlementaires durant cette session: les
officiers, le journal des Débats, les membres de la Tribune de la
presse, les membres du café, nos pages, tous ceux qui ont
collaboré et qui nous ont aidés dans notre travail. Je veux
remercier également tous les députés et les ministres qui
ont participé à ces débats, nos recherchistes
également. Je veux aussi rendre hommage à cette institution
où on a pu se retrouver. Même si on n'était pas toujours
d'accord, on a peu au moins croiser nos idées et apporter des
pièces de législation.
L'Union Nationale a voulu collaborer d'une façon positive en
étant une Opposition typiquement québécoise, une
opposition vigilante. M. le Président, j'aimerais, en terminant,
souhaiter bonnes vacances à tous, et le meilleur moyen pour que ce voeu
se réalise, c'est de cesser de parler, alors, je me joins à tout
le monde pour souhaiter bonnes vacances.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, à la fin de cette
Chantaoût, je voudrais m'associer au leader du gouvernement pour appuyer
cette motion. Je ne veux pas répéter tout ce qui a
été dit parce que je suis d'accord avec ça. Je ne
comprends pas ça, M. le Président, tout le monde m'applaudit
aujourd'hui.
Je voudrais vous assurer que tous les membres de mon caucus vous
souhaitent de bonnes vacances.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci. Pour ne pas perdre les bonnes habitudes que j'ai
commencé à prendre aujourd'hui à cette
Assemblée...
Des Voix: Question.
M. Roy: ...à l'effet que je veux faire des discours brefs
et être bien compris, je vais en profiter pour souhaiter à tous et
à toutes de bonnes, de belles et de joyeuses vacances.
Le Président: M. le premier ministre, vous avez le droit
d'intervenir dans le débat.
M. Lavoie: Cela prend le consentement. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Je me joins au leader du
gouvernement et à tous les autres qui se sont exprimés pour tout
simplement réitérer... Je pense que les trois derniers mots du
député de Beauce-Sud résument tout, vacances pour ceux qui
n'en n'ont pas prises. De toute façon, un bon, un beau et un fructueux
repos.
M. Burns: Avant que nous adoptions...
Mme Cuerrier: Question de règlement, M. le
Président. On a droit chacun à dix minutes, chaque parti a droit
à dix minutes sur une motion d'ajournement. Il ne faudrait plus en
accepter d'autres.
M. Burns: Ce n'est pas en vertu de la motion, c'est avant que le
vote ne soit pris, donc avant que nous ajournions. Je veux simplement inviter
les différents partis à envoyer ou déléguer un
représentant à la sanction des projets de loi qui aura lieu dans
cinq minutes chez le lieutenant-gouverneur. C'est ce qu'on m'a indiqué,
qu'à huit heures il y aura sanction des projets de lois chez le
lieutenant-gouverneur. J'invite un représentant de l'Opposition, un
représentant de l'Union nationale, un représentant du Parti
National populaire et un représentant du Ralliement des
créditistes.
M. Samson: Question de règlement, M. le Président,
je vais déléguer un de mes députés.
M. Burns: D'accord. C'est tout. Je pense, M. le Président,
qu'on peut prendre le vote.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des Voix: Vote non enregistré.
M. Roy: Question de règlement.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: II faut cinq députés pour demander un vote
enregistré. Mais, comme je n'ai pas pu les trouver, je suis prêt
à ce qu'on passe à l'adoption de cette motion.
Le Président: Cette motion est adoptée et la
présidence veut s'associer aux propos de tous ceux qui ont
remercié et souhaité de bonnes vacances à tout le monde.
Bonnes vacances. L'Assemblée ajourne ses travaux au mardi 18 octobre, 15
heures.
(Fin de la séance à 19 h 55)