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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, député de Camille-Laurin, M. Pascal Bérubé, député de Matane-Matapédia, et M. Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine

Version finale

Le mardi 29 novembre 2022, 15 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quinze heures deux minutes)

M. St-Pierre Plamondon : Alors, bonjour, tout le monde. Nous sommes, comme tous les élus et les nouveaux élus, très fébriles de se trouver ici, à l'Assemblée nationale. On a quatre ans pour relever d'énormes défis. On a parlé beaucoup, au Parti québécois, durant cette campagne, qu'on a une volonté sincère d'être une opposition qui est constructive et une opposition qui veille à l'essentiel, et c'est ce qu'on a l'intention de faire. On veut participer à un débat qui est sain et qui est important sur l'avenir du Québec, sur des questions aussi fondamentales que le français, les changements climatiques, nos frontières, nos aînés, la protection des tout-petits. Nous avons une contribution très importante et très unique à faire dans tous ces débats-là.

Je profite de ce moment, qui est notre première allocution en cette nouvelle session, pour féliciter la nouvelle présidente, Nathalie Roy. C'est une grosse responsabilité d'assumer la présidence parce que ça implique de sortir de la partisanerie, ça implique de s'élever et d'être équitable, veiller à l'institution qu'est l'Assemblée nationale. Et je mets l'emphase sur l'indépendance de la présidente, à savoir qu'elle ne travaille plus pour la CAQ et elle travaille pour l'ensemble des parlementaires.

Et il y a une symbolique forte à attendre, à ne pas avoir été présents tantôt, et à s'adresser à elle aujourd'hui en lui disant tout simplement : On vous demande de considérer la décision de votre prédécesseur et de suivre l'opinion de la très grande majorité des Québécoises et des Québécois et de la quasi-totalité des juristes qui se sont prononcés là-dessus. Il n'y a pas de raison de bloquer le chemin à des gens dûment élus qui ont accepté de prêter serment au peuple québécois et à sa constitution, ce que nous avons fait. Nous avons prêté serment à ce qui compte au Québec, c'est-à-dire notre monde.

Et il y a de bonnes raisons de ne pas prêter serment à Charles III, roi d'Angleterre et chef de l'Église anglicane, et dans ce contexte-là, parce qu'à nouveau, ce matin, une autre lettre ouverte publiée dans Le Devoir, notamment par une ancienne présidente, Louise Harel, vient nous dire la chose suivante — est-ce qu'elle est là? Ah! son portrait nous regarde — Louise Harel qui nous regarde. Je vous en lis un extrait, là, ça ne peut pas être plus clair que ça : «La décision de François Paradis du 1er novembre 2022 est pour le moins étonnante, tant en ce qui concerne sa teneur que ce qui regarde sa forme contextuelle. Exclure des députés élus de l'Assemblée nationale est un geste qui se situe aux antipodes de ce que suggère l'institution du privilège parlementaire. Il serait donc indiqué que le premier geste du prochain président ou de la prochaine présidente de l'Assemblée nationale soit d'annuler cette décision.» Et là-dedans il y a nos meilleurs professeurs, les meilleurs, les plus connus, les juristes les plus connus au Québec qui signent cette lettre-là.

Donc, on en appelle à Nathalie Roy, à la nouvelle présidence, en disant : Écoutez des solutions pour laisser passer des élus puis leur permettre de participer, il y en a plein. Ce matin, on parle d'une loi qui serait rétrodatée, donc qui trouverait son application le 29 novembre. On a parlé abondamment d'une motion du côté du Parti québécois. Ça peut être tout simplement une instruction à la sergente d'armes en disant : Laissez-les passer. J'ai entendu, ce matin, du côté caquiste, la possibilité que les trois députés ici présents siègent, mais sans pouvoir voter, tout en maintenant leur droit de participer et de poser des questions.

On est rendu à sept, huit solutions qui sont sur la table, et la vérité sur laquelle tout le monde s'accorde sur le plan juridique, c'est que l'Assemblée nationale du Québec est souveraine en matière de régie interne. C'est chez nous, l'Assemblée nationale, et on va bien décider nous-mêmes, à l'extérieur des tribunaux canadiens puis de ce que pense la monarchie britannique, comment on gère la maison du peuple au Québec. Ça nous appartient. Et donc le pouvoir est remis entre les mains de Nathalie Roy.

On a décidé de ne pas faire de coup d'éclat aujourd'hui et de simplement tendre la main en disant : Vous avez ce pouvoir-là, parce que la régie interne, ça vous regarde entièrement. Donnez une instruction toute simple de nous laisser passer. Ce qui nous amène à nos intentions pour les prochains jours. J'annonce qu'en principe on voudrait siéger demain, donc tenter de rentrer demain, mais nous prenons acte du fait que c'est la journée attribuée au discours du premier ministre. Et notre but, ce n'est pas de créer de l'animosité ou de la bisbille. Donc, si le premier ministre a une journée consacrée aux orientations de son gouvernement, bien, on ne fera aucune interférence. Puis on va donc fixer à jeudi matin le moment où, les trois ensembles, on va se diriger vers le salon bleu puis on va demander d'y entrer.

Ça laisse donc une période de temps pour que la présidente s'entretienne avec la sergente d'armes, prenne le temps de rédiger une nouvelle opinion pour renverser celle de son prédécesseur, ou prenne n'importe quelle des solutions qui sont sur la table en ce moment. Il y en a plusieurs, j'en ai nommé que quelques-unes. Mais, dans tous les cas, on insiste pour faire notre devoir de député. On y tient et on veut le faire en maintenant notre intégrité, en maintenant notre honneur. Et on trouve que, comme premier geste, en tout cas, ça, c'est mon opinion personnelle, mais je pense qu'elle est partagée, de nous imposer, comme premier geste, de s'humilier au point de se parjurer pour le roi d'Angleterre, ce n'est pas acceptable, et que, dans la mesure où il y a des solutions, bien, on s'attend à ce qu'on nous laisse passer, jeudi, puis qu'on nous laisse participer.

Et donc c'est ce que j'avais à vous dire. Le but, ce n'est pas de faire de la tactique politique. On n'a pas l'intention de gâcher la journée, demain, du gouvernement, qui pourra nous donner ses orientations. On prendra le temps de commenter et de faire notre travail. Mais, jeudi matin, on s'attend à ce que l'une des solutions soit retenue et qu'on démontre qu'au Québec nous sommes souverains en matière de gestion de décisions en ce qui concerne l'Assemblée nationale. Je pense que c'était un geste important pour nous, pour notre intégrité vis-à-vis notre histoire, parce que tous les députés, historiquement, ont dû poser ce geste discriminatoire et humiliant, mais également c'est une réaffirmation de la souveraineté de cette institution qu'est l'Assemblée nationale. Sur ce, je vais prendre vos questions.

Le Modérateur : Alors, on va débuter la période de questions. Une question, une sous-question par journaliste, s'il vous plaît.

M. Laforest (Alain) : Bonjour à vous trois. On revient à l'éternelle question : Jeudi, si la porte vous est fermée, vous faites quoi? Dites-moi pas : On verra, ça a déjà été utilisé.

M. St-Pierre Plamondon : Quelqu'un l'a déjà utilisé? Qui déjà? Non, je pense qu'il y a tellement de solutions sur la table, et je pense que l'événement d'une nouvelle présidence, qui a cette latitude-là, de prendre l'une de ces solutions-là, fera en sorte que, jeudi, nous allons être au salon bleu. Il n'y a pas de raison... Combien de juristes sont venus dire qu'il n'y a pas de raison à ce qu'il y ait des conséquences, à ce qu'on préjudicie la démocratie pour une relique qui n'a aucun sens sur le plan de nos convictions puis des orientations du Québec?

M. Laforest (Alain) : Si la porte est fermée, est-ce que vous êtes prêts à attendre l'adoption du projet de loi qui va être rétrodaté, là, pour entrer et faire votre travail de député? Parce que, là, vous vous campez sur une position du Parti québécois, mais tous les trois, vous représentez des gens qui ont voté pour d'autres partis politiques, et là vous n'êtes pas dans le salon bleu pour faire votre travail, vous êtes à l'extérieur du salon bleu.

M. St-Pierre Plamondon : Premièrement, on fait notre travail, on est en circonscription, on représente nos gens. Et rappelons qu'au salon bleu, particulièrement dans le cas du Parti québécois, on nous a énormément restreints à quelques questions, mais qu'on veut absolument poser. Mais j'insiste sur le fait que nous faisons notre travail de député en ce moment.

Maintenant, c'est très important et pertinent comme question. Rappelons que le seul fait de déposer un projet de loi n'est aucunement un gage de succès. Québec solidaire l'a fait, et comment a répondu la CAQ? En procrastinant et en s'assurant que ça n'aboutisse à rien. Ça fait plusieurs générations de politiciens au Québec qui se succèdent sans que cette question ne soit réglée. Et le simple fait de déposer un projet de loi n'est aucunement un gage de résultat. Et nous, on est dans une logique de régler cette question-là puisqu'on en a parlé tellement. Pourquoi est-ce qu'on ne réglerait pas la question de manière durable pour les prochaines générations?

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour. Donc, il y a quand même de fortes chances qu'au final vous vous retrouviez à briller par votre absence au salon bleu pendant encore longtemps, jusqu'à l'adoption d'une modification législative.

M. St-Pierre Plamondon : Pas nécessairement. Encore ce matin, d'autres solutions sont sur la table. Il n'en tient qu'à la bonne volonté de la présidence et du gouvernement. Et moi, j'entends des signes de bonne volonté, là. Je pense que le fait qu'on se tienne droit et qu'on soit fidèles à nos convictions, au Parti québécois, exerce une saine pression sur les autres formations politiques qui, tout d'un coup, ont beaucoup d'intérêt pour une question qu'elles ont complètement négligée au cours des dernières années. Tant mieux, puis on va continuer à avancer jusqu'à tant que cette question soit pour toujours derrière nous.

M. Gagnon (Marc-André) : Sur un autre sujet, parce qu'il y en a encore d'autres, concernant Jean Lapointe, est-ce qu'il aurait mérité des funérailles nationales? Je comprends que c'est M. Bérubé qui va répondre.

M. Bérubé : Écoutez, le 21 novembre dernier, j'ai posé cette question au ministre de la Culture via Twitter. Je n'ai pas eu de retour. J'ai échangé avec son fils, Jean-Marie, que je connais, tout comme sa fille, Elizabeth. La famille l'aurait souhaité, mais n'en a pas fait de demande formelle, parce que c'est quelque chose qu'ils ne croyaient pas avoir à demander. Je pense que Jean Lapointe est un acteur important, est un musicien important, mais j'ajouterais : 40 000 personnes qui ont été traitées à la Maison Jean-Lapointe, ça méritait considération. Jean Lapointe, tout le monde l'a salué pour ses contributions. Je pense qu'on aurait dû le considérer. Je n'ai pas entendu qu'il a été considéré. Et ce n'est pas sans raison que, le 21 novembre dernier, je sentais qu'il fallait poser cette question d'avance, avec préavis, pour laisser la chance au gouvernement d'intervenir. Ceci étant dit, lorsqu'on regarde les personnes qui ont été célébrées de cette façon, ils le méritaient toutes et tous, cet honneur. Mais je pense qu'on aurait dû considérer Jean Lapointe, et je comprends la déception de la famille.

Ceci étant dit, vous me permettrez, comme député de Matane-Matapédia, d'ajouter que, très élégamment, la petite municipalité de Price, près de Métis, va inaugurer, cet été, un parc à la mémoire de Jean Lapointe, avec une scène, initiative du maire Bruno Paradis. Alors, nous, bien humblement, on va faire tout ce qu'on peut pour le faire rayonner localement, et j'en ai fait la promesse à la famille.

M. Gagnon (Marc-André) : Sur la langue française, M. le chef, M. Roberge a déclaré il y a quelques instants que ça prend un réveil national sur le français. Je présume, vous ne pouvez pas être contre ça. Qu'en pensez-vous?

M. St-Pierre Plamondon : Non, mais, en même temps, je suis agréablement surpris. C'est comme si c'était un désaveu du projet de loi n° 96 et des quatre dernières années dans le cadre desquelles le Parti québécois est revenu constamment sur le fait que c'était nettement insuffisant. Il y a eu un réveil. Peut-être, ce changement de garde ouvre d'autres possibilités. Nous, on est en mode dialogue pour, justement, bonifier un cadre qui, en ce moment, nous amène au pire déclin de la langue française jamais enregistré par un gouvernement dans l'histoire de l'Assemblée nationale.

M. Carabin (François) : Bonjour, messieurs. Je vais revenir au serment, si c'est possible, là. Je suis conscient que vous avez déjà répondu à des questions là-dessus, mais, dans l'éventualité où il n'y a pas de solution, vous ne trouvez pas de solution, vous ne pouvez pas rentrer jeudi, à quel point est-ce que ça devient trop dur à porter cette position-à? C'est-à-dire, est-ce que vous êtes prêts, par exemple, à ne pas siéger cette session-ci — c'est juste huit jours — puis à revenir en février?

M. St-Pierre Plamondon : Le scénario le plus probable me semble celui d'une solution avant Noël pour tout le monde, parce que, plus on continue notre démarche, plus les autres partis politiques semblent vouloir s'activer. Et donc le scénario le plus simple, là, c'est qu'on va se rendre jeudi et qu'il ne se passe absolument rien, et qu'on rentre en Chambre, quitte à ce qu'on nous enlève symboliquement, là, une fonction comme celle de voter. Ça me semble le scénario le plus simple et le plus probable, parce qu'il y a trop de juristes éminents qui disent : Il ne devrait pas y avoir de conséquence. Puis, sinon, si le gouvernement souhaite d'autres formes de solution, bien, on va juste s'assurer qu'il y a bel et bien une volonté de compléter le travail, parce que, comme je vous disais, 2019 à 2022, il y avait un projet de loi, et, sciemment, la CAQ a décidé de procrastiner et ne rien faire.

M. Carabin (François) : Mais je suis forcé de me répéter. Dans l'éventualité où il n'y a pas de solution, vous ne trouvez pas de solution, ils ne vous laissent pas rentrer, la sergente d'armes vous empêche de rentrer, est-ce que vous êtes prêts à ne pas siéger cette session-ci?

M. St-Pierre Plamondon : Vous allez me traiter d'optimiste, mais je pense qu'il y a des solutions puis on va arriver à ces solutions-là.

M. Carabin (François) : O.K. Vous répondez quoi à ceux qui vous disent que c'est un show, que, disons, vous jetez une ombre, là, sur la fonction de député en faisant ces démarches-là?

M. St-Pierre Plamondon : Ah! pas du tout. Les gens qui me voient m'activer dans Camille-Laurin n'ont pas l'impression que je prends la fonction de député à la légère. Et j'ajoute qu'on m'a tout simplement posé la question, en campagne électorale comme avant, si j'avais l'intention de prêter ce serment hideux et absolument absurde. J'ai répondu. Donc, est-ce que les gens vont me reprocher d'être cohérent, de tenir à des convictions qui sont soutenues par les deux tiers des Québécois, environ, un peu plus, hein? Tout le monde est d'accord, ça doit partir. La monarchie britannique n'a plus sa place au Québec, et ça doit partir. Donc, ça prend des gens qui se tiennent suffisamment debout pour que ça se fasse réellement, qu'on ne s'en tienne pas seulement à de belles paroles qui, comme à la dernière session, ne se transforment en rien de concret.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Essentiellement, donc, c'est un ultimatum que vous lancez à Nathalie Roy. Vous lui dites : C'est jeudi que ça passe ou ça casse.

M. St-Pierre Plamondon : Non, c'est vraiment une main tendue. C'est-à-dire qu'on aurait pu poser un geste aujourd'hui, mais on a attendu son élection en disant : Bien, voici des solutions. Vous avez cette discrétion, ce pouvoir discrétionnaire d'agir. Prenez la solution que vous voulez, mais prenez-en une, s'il vous plaît, dans un rôle d'équité et d'indépendance envers tous les députés. Et nous, on laisse un délai raisonnable. On fait même un contournement de la journée de demain pour être certains de laisser au premier ministre, là, le soin de donner les orientations, pour ne pas qu'il y ait de bruits discordants. Et donc jeudi est la première date qui nous semble raisonnable et respectueuse de tout le monde.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Parmi les solutions que vous avez évoquées, là, vous l'avez dit, il y a cette hypothèse que vous pourriez siéger mais qu'on vous enlève le droit de voter le temps que la question soit réglée. Ce n'est pas majeur, ça, quand même, dans le sens où, là, on vous condamnerait, finalement, à être un simple figurant? Parce que le rôle principal d'élu, c'est de pouvoir voter les lois, de prendre position au salon bleu. Donc, vous demandez à devenir figurant?

M. St-Pierre Plamondon : Je pense que vous êtes un journaliste assez chevronné pour savoir que le gouvernement a l'entièreté, 100 % du pouvoir. L'une des fonctions des partis d'opposition, c'est de poser des questions et remettre en question les décisions du gouvernement, mais nous sommes dans un système de tradition britannique qui non seulement impose un serment au roi qui est injustifiable, mais qui laisse peu de place à la collaboration puis à l'apport de chaque parti. Donc, moi, je me suis rendu à deux manifestations aujourd'hui, celle sur la réforme du mode de scrutin pour qu'on mette un peu plus de collaboration au salon bleu et celle sur le serment du roi.

Donc, dans la mesure où... Parce que ce que j'entends du gouvernement, c'est qu'on est prêts à procéder rapidement. Il y a des chances, si jamais ils veulent y aller du côté du projet de loi, qu'on règle cette question-là avant Noël. Donc, ça peut se faire très rapidement. Et ce n'est qu'une des avenues, parce qu'il y a la motion, il y a la loi datée du 29 novembre, ou il y a une simple instruction à la sergente d'armes qui peut être donnée : Laissez-les passer. Puis la présidente a vraiment l'entière discrétion de voir comment elle veut moduler et gérer cette situation-là. Mais, exclure des élus pour les contraindre à prêter serment à Charles III, ça ne passe pas ni dans la population ni pour nous à titre de députés qui, je crois, avons des convictions qui sont justifiées et présentons de réelles solutions aux gens.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais donc, à partir de jeudi, si on comprend bien, vous allez aller cogner à la porte pour pouvoir rentrer, jour après jour.

M. St-Pierre Plamondon : On va être là jeudi, puis on s'attend à rentrer.

M. Laberge (Thomas) : Bonjour. Justement, jeudi, c'est le moment où Québec solidaire veut déposer son projet de loi pour rendre le serment optionnel. Ils l'ont annoncé ce matin. En allant faire une tentative d'entrée qui pourrait provoquer un certain émoi, par exemple, il n'y a pas des risques que vous court-circuitiez le dépôt du projet de loi de Québec solidaire?

M. St-Pierre Plamondon : Ce n'est pas Québec solidaire qui décide, ils ne sont pas élus au gouvernement. Et la CAQ a annoncé son intention de déposer un projet de loi qui, vraisemblablement, sera celui qui est retenu puisque c'est eux qui sont le gouvernement. À ce titre, j'aimerais rappeler que nous avons offert à Québec solidaire de travailler sur une motion conjointe, et on nous a refusé cette proposition-là. Et ils se sont empressés d'aller prêter serment au roi en début de novembre, là. Donc, c'est bien de faire des projets de loi, des motions, mais il faut bien comprendre comment fonctionne notre système. Il y a 90 députés caquistes, ils forment une écrasante majorité, et la décision, elle revient à la présidence et au gouvernement de la CAQ.

M. Laberge (Thomas) : Je change de sujet, là. On a sorti ce matin que la P.D.G. de la SAQ allait partir avec une prime de 450 000 $. Votre réaction à ce sujet?

M. Bérubé : Écoutez, c'est indécent. Pendant que les Québécois se serrent la ceinture, pendant qu'ils voient le coût du panier d'épicerie augmenter, l'essence, l'hydro-électricité : 2,7 % en 2022, d'accorder encore de telles primes, c'est questionnable. Et je n'ai pas entendu jusqu'à maintenant le gouvernement de la CAQ remettre en question ces primes qui sont importantes. La P.D.G. aura accès à son fonds de pension également. Donc, vous savez, les salaires ont augmenté de façon considérable, hein? Les directeurs de cabinet ont augmenté, plusieurs fonctions importantes augmentées sous la CAQ, plusieurs nominations également de gens apparentés à la CAQ qui ont eu de bons salaires. Je veux dire, je veux bien, là, que M. Legault ait cette volonté de créer des emplois payants, il y en a plusieurs qui en bénéficient pour leur plus grand plaisir, mais il y a une réflexion à avoir. On ne peut pas demander aux Québécois d'affronter l'inflation avec les moyens qu'ils ont puis en même temps laisser passer ça comme si les gens n'allaient pas s'en rendre compte. Une prime de plus de 400 000 $ de départ, c'est indécent. Et ces gens-là sont suffisamment bien payés pour pouvoir assumer leur avenir. Et je suis assez convaincu que leur taux d'employabilité demeure assez bon lorsqu'ils sont passés dans une fonction comme celle-ci.

Le Modérateur : Peut-être une dernière en français.

M. Plante-Fréchette (Edouard) : Ça va être très rapide. M. St-Pierre Plamondon, juste, en terminant, est-ce qu'il y a des signaux en coulisses qui vous disent que ça va fonctionner, jeudi, votre entrée, ou c'est un pile ou face, 50 %?

M. St-Pierre Plamondon : Comment dire?

M. Bérubé : ...

M. St-Pierre Plamondon : C'est ça. Ce qu'on contrôle, nous, c'est d'être de bonne volonté, mettre sur la table des solutions, puis en appeler juste au gros bon sens. Personne ne pense qu'un élu québécois devrait prêter serment à Charles III, chef de l'Église anglicane. Personne de sensé, là, n'appuie cette idée-là. On offre les solutions, on est de bonne volonté. Ensuite, qu'est-ce qui va arriver? Ça, c'est des questions à poser à ceux qui exerceront le pouvoir, qui auront ces décisions-là à prendre.

M. Plante-Fréchette (Edouard) : Vous ne sentez pas que c'est un coup de dés?

M. St-Pierre Plamondon : C'est un appel au gros bon sens puis c'est un appel au changement sur un point qui est largement consensuel au Québec. C'est tout.

Le Modérateur : On va passer aux questions en anglais.

M. Authier (Philip) : Good afternoon. People who have studied the way parliaments work, it would be easy for them to accuse you, with what you just said about going to the door on Thursday, of attempting to intimidate the Speaker, of attempting to intimidate the Throne, intimidate the House. Is that what you're trying to do by saying: Listen, by Thursday, we… You just said: We will be there Thursday; we expect to be admitted.

M. St-Pierre Plamondon : Yes.

M. Authier (Philip) : So, are you trying to intimidate the Speaker?

M. St-Pierre Plamondon : No. Where is there intimidation? I'm an elected member of Parliament and I want to be a part of that Parliament. Where do you see intimidation?

M. Authier (Philip) : You're not following the rules, that's what you're trying to do. The rules say you have to swear the oath, right? That's what the rules say, the rules say you have to swear the oath to be admitted. You don't want to do that. And now you're saying: Listen, by Thursday… I'm giving you a day, I'm giving you Wednesday to think about it, by Thursday, I expect to be admitted. Is that not a form of intimidation?

M. St-Pierre Plamondon : Well, we can look up together the definition of intimidation, but I'm afraid we are not using the same dictionary.

M. Authier (Philip) : So, what is your intention?

M. St-Pierre Plamondon : To go there on Thursday and to be part of a parliament as an elected member as I am as of today.

M. Authier (Philip) : But, you know, the Speaker of the House does not take orders from anybody, she is sovereign.

M. St-Pierre Plamondon : Exactly, and that's why she is going to take a decision on that issue.

M. Authier (Philip) : So, that's your point of view.

M. St-Pierre Plamondon : Yes.

M. Authier (Philip) : That's it? OK.

Mme Senay (Cathy) : She doesn't have to take a decision on that.

M. St-Pierre Plamondon : No, she might, It's a decision. If you refrain yourself from intervening, it is a decision. But there's obviously so many well-known jurists, lawyers, a former president, they're all saying: Something's wrong with the previous decision, and we think the president should intervene. So, it's up to the new president to hear or not that message from people like Louis Bernard, André Binette, Henri Brun, Louise Harel, Daniel Turp, Luc Alarie, François Côté et Maxime Laporte. So, I mean, of course it's a discretionary power. So, she will decide what is appropriate and fair in the circumstances, but, obviously, those who have that expertise say there shouldn't be any consequence for only… for not taking an oath to the King of England.

Mme Senay (Cathy) : But, as of now, you have the previous decision of François Paradis. It's clear you can't sit if you didn't swear allegiance to King Charles. You have also the Legault Government, Premier Legault, Simon Jolin-Barrette, all saying: We will table a bill, that's it, this is how we'll change the law. You have also QS who's going to table a bill, changing the law. So, you're all losing time, wasting time right now, struggling to change the rules, but not having the right way to do it. You're outside of the Blue Room. You're…

M. St-Pierre Plamondon : Is it a question or is it an accusation? What is this?

Mme Senay (Cathy) : I'm just trying to see what's your strategy here.

M. St-Pierre Plamondon : OK. Well, please ask me politely what is your point.

Mme Senay (Cathy) : I don't get your strategy; I don't get it. You've been trying to win time, and now you're stuck outside of the Blue Room, not sitting, and you're trying to get in on Thursday. I have no idea where you're going right now.

M. St-Pierre Plamondon : Well, if that's your opinion and you're certain of those facts, right it down. But this is not a question.

Mme Senay (Cathy) : What's your strategy? What are you trying to get at? How are you going to influence the Speaker? Because that's what you're trying to do.

M. St-Pierre Plamondon : Well, please ask a question, because there are too many statements that you make. I disagree with every single of them. Everyone of them, I disagree with. So, I don't know what to start with.

Mme Senay (Cathy) : Why the new Speaker of the National Assembly would finally change the previous decision of her predecessor? On which stand? Why now she would click and change the whole decision that was written down in November?

M. St-Pierre Plamondon : Legal opinions from people who are lawyers, teachers, and former president who say this former opinion of a president that was not even elected when he made that statement this opinion doesn't make sense. And so that's one point. The other point is the mere fact of having a bill, a «projet de loi», is not a guarantee in any way that that issue will be solved. That issue is there for, like, decades. And, during the last session, the CAQ government could have decided to take the QS bill and do something about it, and they didn't. So, the mere fact that, all of a sudden, because we are standing still and we're persevering, we see that few things are moving forward. But it's not a guarantee that, at the end, the Government will go through, and we want that result, that we are done with this. So, because there are many legal opinions saying we should enter and there should not be consequences, because there are many solutions, many ways to solve this issue, we insist that we actually solve this issue. And we insist that we'll be part of that moment because there's nothing that obliges a consequence just because we didn't swear an oath to the King of England.

Mme Senay (Cathy) : At the same time, you knew the rules from the start when you decided to run in this election campaign.

M. St-Pierre Plamondon : Yes. And Electors in Camille-Laurin knew that I was not going to swear oath and they elected me. They knew. I told it… I said it on several occasions, and people are supporting us. Like, outside, in the cold, there was a lot of people saying: Since we've been discussing that issue so much, let's do something, let's actually do something about it instead of just talking about it. And that's why we stand tall, and we persevere.

Mme Senay (Cathy) :OK.

Le Modérateur : On va y aller avec la dernière en anglais.

Mme MacKenzie (Angela) : What do you say to those who are saying: Look, you've made your point, why not start… why not go and work and make change on the inside?

M. St-Pierre Plamondon : But we are. And we're open to work on solutions. So, there's nothing preventing us on working on any of those solutions with other political parties. It's important to explain, and you know it, that the fact that we're in the salon bleu doesn't allow us to tell the Government how this is going to be run. The power is 100% in the hands of the Government, and that's our system. That's why I think we should have a reform where we are obliged to a collaboration. But with around 40% of the votes, the CAQ Government got a 100% of the power, and we are limited to asking a few questions, not even a question a day, because all other parties agreed that Parti québécois, it was not essential that they ask questions. They took all the questions for themselves. So, at some point, working on a solution is not related to the salon bleu in itself, it's related to the good will of the Government who has 100% of the power.

Mme MacKenzie (Angela) : So, what are you going to do if the decision ends up being: Look, you're not allowed into the salon bleu?

M. St-Pierre Plamondon : Because of the five solutions I've mentioned, I am expecting that we will be part of the salon bleu on Thursday…

Mme MacKenzie (Angela) : And if not?

M. St-Pierre Plamondon : …because solutions are there.

C'est ça, vous pouvez me traiter d'optimiste, mais c'est la seule façon de faire avancer un dossier devant un gouvernement qui a tous les pouvoirs et qui a procrastiné sur cette question-là durant les quatre dernières années. On va se tenir droit, persévérer et en appeler à la bonne volonté et à la bonne foi de tout le monde.

M. Laforest (Alain) : Quand vous accusez tous les partis — j'en poserais une dernière — de ne pas vous avoir donné droit au chapitre — deux petites rapides — est-ce qu'un député du Parti québécois vaut plus qu'un autre député de l'opposition? Puis est-ce que ce ne sont pas les libéraux qui ont été plus gourmands? Parce que c'est eux, là, qui ne vous ont pas donné l'espace vital pour vivre, là, dans le salon bleu, c'est eux qui ont la totalité des questions, là.

M. St-Pierre Plamondon : Clairement, un député du Parti québécois, suite à l'entente, vaut moins de temps d'antenne et moins de budget par député que les autres formations politiques. Chacune des autres formations politiques avait la chance de s'insurger et dire : Non, moi, j'insiste, comme condition, qu'on fasse une place équitable au Parti québécois, et aucun des partis n'a été solidaire de la situation du Parti québécois. Ça, c'est la réalité. Puis on vient de faire une levée de fonds, là. Moi, je pense que je vais me rendre à mon 120 000 $ pour avoir deux employés de plus. Donc, on va se rendre par des manières créatives, mais, s'il y avait un parti politique qui voulait se porter à la défense de la démocratie et de la place du Parti québécois, il aurait pu le faire, et ça a été le silence total de la part de tous les partis impliqués dans cette négociation-là.

Le Modérateur : Alors, c'est ce qui conclut le point de presse du Parti québécois. Merci à tous.

(Fin à 15 h 32)