(Quinze heures deux minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
bonjour, tout le monde. Nous sommes, comme tous les élus et les nouveaux élus,
très fébriles de se trouver ici, à l'Assemblée nationale. On a quatre ans pour
relever d'énormes défis. On a parlé beaucoup, au Parti québécois, durant cette campagne,
qu'on a une volonté sincère d'être une opposition qui est constructive et une
opposition qui veille à l'essentiel, et c'est ce qu'on a l'intention de faire.
On veut participer à un débat qui est sain et qui est important sur l'avenir du
Québec, sur des questions aussi fondamentales que le français, les changements
climatiques, nos frontières, nos aînés, la protection des tout-petits. Nous
avons une contribution très importante et très unique à faire dans tous ces
débats-là.
Je profite de ce moment, qui est notre
première allocution en cette nouvelle session, pour féliciter la nouvelle
présidente, Nathalie Roy. C'est une grosse responsabilité d'assumer la
présidence parce que ça implique de sortir de la partisanerie, ça implique de s'élever
et d'être équitable, veiller à l'institution qu'est l'Assemblée nationale. Et
je mets l'emphase sur l'indépendance de la présidente, à savoir qu'elle ne
travaille plus pour la CAQ et elle travaille pour l'ensemble des
parlementaires.
Et il y a une symbolique forte à attendre,
à ne pas avoir été présents tantôt, et à s'adresser à elle aujourd'hui en lui
disant tout simplement : On vous demande de considérer la décision de
votre prédécesseur et de suivre l'opinion de la très grande majorité des
Québécoises et des Québécois et de la quasi-totalité des juristes qui se sont
prononcés là-dessus. Il n'y a pas de raison de bloquer le chemin à des gens dûment
élus qui ont accepté de prêter serment au peuple québécois et à sa constitution,
ce que nous avons fait. Nous avons prêté serment à ce qui compte au Québec, c'est-à-dire
notre monde.
Et il y a de bonnes raisons de ne pas
prêter serment à Charles III, roi d'Angleterre et chef de l'Église
anglicane, et dans ce contexte-là, parce qu'à nouveau, ce matin, une autre lettre
ouverte publiée dans Le Devoir, notamment par une ancienne
présidente, Louise Harel, vient nous dire la chose suivante — est-ce
qu'elle est là? Ah! son portrait nous regarde — Louise Harel qui nous
regarde. Je vous en lis un extrait, là, ça ne peut pas être plus clair que ça :
«La décision de François Paradis du 1er novembre 2022 est pour
le moins étonnante, tant en ce qui concerne sa teneur que ce qui regarde sa
forme contextuelle. Exclure des députés élus de l'Assemblée nationale est un
geste qui se situe aux antipodes de ce que suggère l'institution du privilège
parlementaire. Il serait donc indiqué que le premier geste du prochain
président ou de la prochaine présidente de l'Assemblée nationale soit d'annuler
cette décision.» Et là-dedans il y a nos meilleurs professeurs, les meilleurs,
les plus connus, les juristes les plus connus au Québec qui signent cette
lettre-là.
Donc, on en appelle à Nathalie Roy, à la
nouvelle présidence, en disant : Écoutez des solutions pour laisser passer
des élus puis leur permettre de participer, il y en a plein. Ce matin, on parle
d'une loi qui serait rétrodatée, donc qui trouverait son application le 29 novembre.
On a parlé abondamment d'une motion du côté du Parti québécois. Ça peut être
tout simplement une instruction à la sergente d'armes en disant :
Laissez-les passer. J'ai entendu, ce matin, du côté caquiste, la possibilité
que les trois députés ici présents siègent, mais sans pouvoir voter, tout en
maintenant leur droit de participer et de poser des questions.
On est rendu à sept, huit solutions qui
sont sur la table, et la vérité sur laquelle tout le monde s'accorde sur le
plan juridique, c'est que l'Assemblée nationale du Québec est souveraine en
matière de régie interne. C'est chez nous, l'Assemblée nationale, et on va bien
décider nous-mêmes, à l'extérieur des tribunaux canadiens puis de ce que pense
la monarchie britannique, comment on gère la maison du peuple au Québec. Ça
nous appartient. Et donc le pouvoir est remis entre les mains de Nathalie Roy.
On a décidé de ne pas faire de coup
d'éclat aujourd'hui et de simplement tendre la main en disant : Vous avez
ce pouvoir-là, parce que la régie interne, ça vous regarde entièrement. Donnez
une instruction toute simple de nous laisser passer. Ce qui nous amène à nos
intentions pour les prochains jours. J'annonce qu'en principe on voudrait
siéger demain, donc tenter de rentrer demain, mais nous prenons acte du fait
que c'est la journée attribuée au discours du premier ministre. Et notre but,
ce n'est pas de créer de l'animosité ou de la bisbille. Donc, si le premier
ministre a une journée consacrée aux orientations de son gouvernement, bien, on
ne fera aucune interférence. Puis on va donc fixer à jeudi matin le moment où,
les trois ensembles, on va se diriger vers le salon bleu puis on va demander
d'y entrer.
Ça laisse donc une période de temps pour
que la présidente s'entretienne avec la sergente d'armes, prenne le temps de
rédiger une nouvelle opinion pour renverser celle de son prédécesseur, ou
prenne n'importe quelle des solutions qui sont sur la table en ce moment. Il y
en a plusieurs, j'en ai nommé que quelques-unes. Mais, dans tous les cas, on
insiste pour faire notre devoir de député. On y tient et on veut le faire en
maintenant notre intégrité, en maintenant notre honneur. Et on trouve que,
comme premier geste, en tout cas, ça, c'est mon opinion personnelle, mais je
pense qu'elle est partagée, de nous imposer, comme premier geste, de s'humilier
au point de se parjurer pour le roi d'Angleterre, ce n'est pas acceptable, et
que, dans la mesure où il y a des solutions, bien, on s'attend à ce qu'on nous
laisse passer, jeudi, puis qu'on nous laisse participer.
Et donc c'est ce que j'avais à vous dire.
Le but, ce n'est pas de faire de la tactique politique. On n'a pas l'intention
de gâcher la journée, demain, du gouvernement, qui pourra nous donner ses
orientations. On prendra le temps de commenter et de faire notre travail. Mais,
jeudi matin, on s'attend à ce que l'une des solutions soit retenue et qu'on démontre
qu'au Québec nous sommes souverains en matière de gestion de décisions en ce
qui concerne l'Assemblée nationale. Je pense que c'était un geste important
pour nous, pour notre intégrité vis-à-vis notre histoire, parce que tous les
députés, historiquement, ont dû poser ce geste discriminatoire et humiliant,
mais également c'est une réaffirmation de la souveraineté de cette institution
qu'est l'Assemblée nationale. Sur ce, je vais prendre vos questions.
Le Modérateur : Alors, on va
débuter la période de questions. Une question, une sous-question par
journaliste, s'il vous plaît.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous trois. On revient à l'éternelle question : Jeudi, si la porte vous
est fermée, vous faites quoi? Dites-moi pas : On verra, ça a déjà été
utilisé.
M. St-Pierre Plamondon : Quelqu'un
l'a déjà utilisé? Qui déjà? Non, je pense qu'il y a tellement de solutions sur
la table, et je pense que l'événement d'une nouvelle présidence, qui a cette
latitude-là, de prendre l'une de ces solutions-là, fera en sorte que, jeudi,
nous allons être au salon bleu. Il n'y a pas de raison... Combien de juristes
sont venus dire qu'il n'y a pas de raison à ce qu'il y ait des conséquences, à
ce qu'on préjudicie la démocratie pour une relique qui n'a aucun sens sur le
plan de nos convictions puis des orientations du Québec?
M. Laforest (Alain) : Si la
porte est fermée, est-ce que vous êtes prêts à attendre l'adoption du projet de
loi qui va être rétrodaté, là, pour entrer et faire votre travail de député?
Parce que, là, vous vous campez sur une position du Parti québécois, mais tous
les trois, vous représentez des gens qui ont voté pour d'autres partis
politiques, et là vous n'êtes pas dans le salon bleu pour faire votre travail,
vous êtes à l'extérieur du salon bleu.
M. St-Pierre Plamondon : Premièrement,
on fait notre travail, on est en circonscription, on représente nos gens. Et
rappelons qu'au salon bleu, particulièrement dans le cas du Parti québécois, on
nous a énormément restreints à quelques questions, mais qu'on veut absolument
poser. Mais j'insiste sur le fait que nous faisons notre travail de député en
ce moment.
Maintenant, c'est très important et
pertinent comme question. Rappelons que le seul fait de déposer un projet de loi
n'est aucunement un gage de succès. Québec solidaire l'a fait, et comment a
répondu la CAQ? En procrastinant et en s'assurant que ça n'aboutisse à rien. Ça
fait plusieurs générations de politiciens au Québec qui se succèdent sans que
cette question ne soit réglée. Et le simple fait de déposer un projet de loi
n'est aucunement un gage de résultat. Et nous, on est dans une logique de
régler cette question-là puisqu'on en a parlé tellement. Pourquoi est-ce qu'on
ne réglerait pas la question de manière durable pour les prochaines
générations?
M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour.
Donc, il y a quand même de fortes chances qu'au final vous vous retrouviez à
briller par votre absence au salon bleu pendant encore longtemps, jusqu'à
l'adoption d'une modification législative.
M. St-Pierre Plamondon : Pas
nécessairement. Encore ce matin, d'autres solutions sont sur la table. Il n'en
tient qu'à la bonne volonté de la présidence et du gouvernement. Et moi,
j'entends des signes de bonne volonté, là. Je pense que le fait qu'on se tienne
droit et qu'on soit fidèles à nos convictions, au Parti québécois, exerce une
saine pression sur les autres formations politiques qui, tout d'un coup, ont
beaucoup d'intérêt pour une question qu'elles ont complètement négligée au
cours des dernières années. Tant mieux, puis on va continuer à avancer jusqu'à
tant que cette question soit pour toujours derrière nous.
M. Gagnon (Marc-André) : Sur
un autre sujet, parce qu'il y en a encore d'autres, concernant Jean Lapointe,
est-ce qu'il aurait mérité des funérailles nationales? Je comprends que c'est
M. Bérubé qui va répondre.
M. Bérubé : Écoutez, le 21 novembre
dernier, j'ai posé cette question au ministre de la Culture via Twitter. Je
n'ai pas eu de retour. J'ai échangé avec son fils, Jean-Marie, que je connais,
tout comme sa fille, Elizabeth. La famille l'aurait souhaité, mais n'en a pas
fait de demande formelle, parce que c'est quelque chose qu'ils ne croyaient pas
avoir à demander. Je pense que Jean Lapointe est un acteur important, est un
musicien important, mais j'ajouterais : 40 000 personnes qui ont été
traitées à la Maison Jean-Lapointe, ça méritait considération. Jean Lapointe,
tout le monde l'a salué pour ses contributions. Je pense qu'on aurait dû le
considérer. Je n'ai pas entendu qu'il a été considéré. Et ce n'est pas sans
raison que, le 21 novembre dernier, je sentais qu'il fallait poser cette
question d'avance, avec préavis, pour laisser la chance au gouvernement
d'intervenir. Ceci étant dit, lorsqu'on regarde les personnes qui ont été
célébrées de cette façon, ils le méritaient toutes et tous, cet honneur. Mais
je pense qu'on aurait dû considérer Jean Lapointe, et je comprends la déception
de la famille.
Ceci étant dit, vous me permettrez, comme
député de Matane-Matapédia, d'ajouter que, très élégamment, la petite
municipalité de Price, près de Métis, va inaugurer, cet été, un parc à la
mémoire de Jean Lapointe, avec une scène, initiative du maire Bruno Paradis.
Alors, nous, bien humblement, on va faire tout ce qu'on peut pour le faire
rayonner localement, et j'en ai fait la promesse à la famille.
M. Gagnon (Marc-André) : Sur
la langue française, M. le chef, M. Roberge a déclaré il y a quelques
instants que ça prend un réveil national sur le français. Je présume, vous ne
pouvez pas être contre ça. Qu'en pensez-vous?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
mais, en même temps, je suis agréablement surpris. C'est comme si c'était un
désaveu du projet de loi n° 96 et des quatre dernières années dans le
cadre desquelles le Parti québécois est revenu constamment sur le fait que
c'était nettement insuffisant. Il y a eu un réveil. Peut-être, ce changement de
garde ouvre d'autres possibilités. Nous, on est en mode dialogue pour,
justement, bonifier un cadre qui, en ce moment, nous amène au pire déclin de la
langue française jamais enregistré par un gouvernement dans l'histoire de
l'Assemblée nationale.
M. Carabin (François) : Bonjour,
messieurs. Je vais revenir au serment, si c'est possible, là. Je suis conscient
que vous avez déjà répondu à des questions là-dessus, mais, dans l'éventualité
où il n'y a pas de solution, vous ne trouvez pas de solution, vous ne pouvez
pas rentrer jeudi, à quel point est-ce que ça devient trop dur à porter cette
position-à? C'est-à-dire, est-ce que vous êtes prêts, par exemple, à ne pas
siéger cette session-ci — c'est juste huit jours — puis à
revenir en février?
M. St-Pierre Plamondon : Le
scénario le plus probable me semble celui d'une solution avant Noël pour tout
le monde, parce que, plus on continue notre démarche, plus les autres partis
politiques semblent vouloir s'activer. Et donc le scénario le plus simple, là,
c'est qu'on va se rendre jeudi et qu'il ne se passe absolument rien, et qu'on rentre
en Chambre, quitte à ce qu'on nous enlève symboliquement, là, une fonction
comme celle de voter. Ça me semble le scénario le plus simple et le plus
probable, parce qu'il y a trop de juristes éminents qui disent : Il ne
devrait pas y avoir de conséquence. Puis, sinon, si le gouvernement souhaite
d'autres formes de solution, bien, on va juste s'assurer qu'il y a bel et bien
une volonté de compléter le travail, parce que, comme je vous disais, 2019 à
2022, il y avait un projet de loi, et, sciemment, la CAQ a décidé de
procrastiner et ne rien faire.
M. Carabin (François) : Mais
je suis forcé de me répéter. Dans l'éventualité où il n'y a pas de solution,
vous ne trouvez pas de solution, ils ne vous laissent pas rentrer, la sergente
d'armes vous empêche de rentrer, est-ce que vous êtes prêts à ne pas siéger
cette session-ci?
M. St-Pierre Plamondon : Vous
allez me traiter d'optimiste, mais je pense qu'il y a des solutions puis on va
arriver à ces solutions-là.
M. Carabin (François) : O.K.
Vous répondez quoi à ceux qui vous disent que c'est un show, que, disons, vous
jetez une ombre, là, sur la fonction de député en
faisant ces démarches-là?
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
pas du tout. Les gens qui me voient m'activer dans Camille-Laurin n'ont pas
l'impression que je prends la fonction de député à la légère. Et j'ajoute qu'on
m'a tout simplement posé la question, en campagne électorale comme avant, si
j'avais l'intention de prêter ce serment hideux et absolument absurde. J'ai
répondu. Donc, est-ce que les gens vont me reprocher d'être cohérent, de tenir
à des convictions qui sont soutenues par les deux tiers des Québécois, environ,
un peu plus, hein? Tout le monde est d'accord, ça doit partir. La monarchie
britannique n'a plus sa place au Québec, et ça doit partir. Donc, ça prend des
gens qui se tiennent suffisamment debout pour que ça se fasse réellement, qu'on
ne s'en tienne pas seulement à de belles paroles qui, comme à la dernière
session, ne se transforment en rien de concret.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Essentiellement,
donc, c'est un ultimatum que vous lancez à Nathalie Roy. Vous lui dites :
C'est jeudi que ça passe ou ça casse.
M. St-Pierre Plamondon : Non,
c'est vraiment une main tendue. C'est-à-dire qu'on aurait pu poser un geste
aujourd'hui, mais on a attendu son élection en disant : Bien, voici des
solutions. Vous avez cette discrétion, ce pouvoir discrétionnaire d'agir.
Prenez la solution que vous voulez, mais prenez-en une, s'il vous plaît, dans
un rôle d'équité et d'indépendance envers tous les députés. Et nous, on laisse
un délai raisonnable. On fait même un contournement de la journée de demain
pour être certains de laisser au premier ministre, là, le soin de donner les
orientations, pour ne pas qu'il y ait de bruits discordants. Et donc jeudi est
la première date qui nous semble raisonnable et respectueuse de tout le monde.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Parmi
les solutions que vous avez évoquées, là, vous l'avez dit, il y a cette
hypothèse que vous pourriez siéger mais qu'on vous enlève le droit de voter le
temps que la question soit réglée. Ce n'est pas majeur, ça, quand même, dans le
sens où, là, on vous condamnerait, finalement, à être un simple figurant? Parce
que le rôle principal d'élu, c'est de pouvoir voter les lois, de prendre
position au salon bleu. Donc, vous demandez à devenir figurant?
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense que vous êtes un journaliste assez chevronné pour savoir que le
gouvernement a l'entièreté, 100 % du pouvoir. L'une des fonctions des partis
d'opposition, c'est de poser des questions et remettre en question les
décisions du gouvernement, mais nous sommes dans un système de tradition
britannique qui non seulement impose un serment au roi qui est injustifiable,
mais qui laisse peu de place à la collaboration puis à l'apport de chaque
parti. Donc, moi, je me suis rendu à deux manifestations aujourd'hui, celle sur
la réforme du mode de scrutin pour qu'on mette un peu plus de collaboration au
salon bleu et celle sur le serment du roi.
Donc, dans la mesure où... Parce que ce
que j'entends du gouvernement, c'est qu'on est prêts à procéder rapidement. Il
y a des chances, si jamais ils veulent y aller du côté du projet de loi, qu'on
règle cette question-là avant Noël. Donc, ça peut se faire très rapidement. Et
ce n'est qu'une des avenues, parce qu'il y a la motion, il y a la loi datée du
29 novembre, ou il y a une simple instruction à la sergente d'armes qui
peut être donnée : Laissez-les passer. Puis la présidente a vraiment
l'entière discrétion de voir comment elle veut moduler et gérer cette situation-là.
Mais, exclure des élus pour les contraindre à prêter serment à
Charles III, ça ne passe pas ni dans la population ni pour nous à titre de
députés qui, je crois, avons des convictions qui sont justifiées et présentons
de réelles solutions aux gens.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
donc, à partir de jeudi, si on comprend bien, vous allez aller cogner à la
porte pour pouvoir rentrer, jour après jour.
M. St-Pierre Plamondon : On
va être là jeudi, puis on s'attend à rentrer.
M. Laberge (Thomas) : Bonjour.
Justement, jeudi, c'est le moment où Québec solidaire veut déposer son projet
de loi pour rendre le serment optionnel. Ils l'ont annoncé ce matin. En allant
faire une tentative d'entrée qui pourrait provoquer un certain émoi, par
exemple, il n'y a pas des risques que vous court-circuitiez le dépôt du projet
de loi de Québec solidaire?
M. St-Pierre Plamondon : Ce
n'est pas Québec solidaire qui décide, ils ne sont pas élus au gouvernement. Et
la CAQ a annoncé son intention de déposer un projet de loi qui,
vraisemblablement, sera celui qui est retenu puisque c'est eux qui sont le
gouvernement. À ce titre, j'aimerais rappeler que nous avons offert à Québec
solidaire de travailler sur une motion conjointe, et on nous a refusé cette
proposition-là. Et ils se sont empressés d'aller prêter serment au roi en début
de novembre, là. Donc, c'est bien de faire des projets de loi, des motions,
mais il faut bien comprendre comment fonctionne notre système. Il y a
90 députés caquistes, ils forment une écrasante majorité, et la décision,
elle revient à la présidence et au gouvernement de la CAQ.
M. Laberge (Thomas) : Je
change de sujet, là. On a sorti ce matin que la P.D.G. de la SAQ allait partir
avec une prime de 450 000 $. Votre réaction à ce sujet?
M. Bérubé : Écoutez, c'est
indécent. Pendant que les Québécois se serrent la ceinture, pendant qu'ils
voient le coût du panier d'épicerie augmenter, l'essence, l'hydro-électricité :
2,7 % en 2022, d'accorder encore de telles primes, c'est questionnable. Et
je n'ai pas entendu jusqu'à maintenant le gouvernement de la CAQ remettre en
question ces primes qui sont importantes. La P.D.G. aura accès à son fonds de
pension également. Donc, vous savez, les salaires ont augmenté de façon
considérable, hein? Les directeurs de cabinet ont augmenté, plusieurs fonctions
importantes augmentées sous la CAQ, plusieurs nominations également de gens
apparentés à la CAQ qui ont eu de bons salaires. Je veux dire, je veux bien,
là, que M. Legault ait cette volonté de créer des emplois payants, il y en
a plusieurs qui en bénéficient pour leur plus grand plaisir, mais il y a une
réflexion à avoir. On ne peut pas demander aux Québécois d'affronter
l'inflation avec les moyens qu'ils ont puis en même temps laisser passer ça
comme si les gens n'allaient pas s'en rendre compte. Une prime de plus de 400 000 $
de départ, c'est indécent. Et ces gens-là sont suffisamment bien payés pour
pouvoir assumer leur avenir. Et je suis assez convaincu que leur taux
d'employabilité demeure assez bon lorsqu'ils sont passés dans une fonction
comme celle-ci.
Le Modérateur : Peut-être une
dernière en français.
M. Plante-Fréchette (Edouard) : Ça
va être très rapide. M. St-Pierre Plamondon, juste, en terminant, est-ce
qu'il y a des signaux en coulisses qui vous disent que ça va fonctionner,
jeudi, votre entrée, ou c'est un pile ou face, 50 %?
M. St-Pierre Plamondon : Comment
dire?
M. Bérubé : ...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
ça. Ce qu'on contrôle, nous, c'est d'être de bonne volonté, mettre sur la table
des solutions, puis en appeler juste au gros bon sens. Personne ne pense qu'un
élu québécois devrait prêter serment à Charles III, chef de l'Église
anglicane. Personne de sensé, là, n'appuie cette idée-là. On offre les
solutions, on est de bonne volonté. Ensuite, qu'est-ce qui va arriver? Ça,
c'est des questions à poser à ceux qui exerceront le pouvoir, qui auront ces
décisions-là à prendre.
M. Plante-Fréchette (Edouard) : Vous
ne sentez pas que c'est un coup de dés?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
un appel au gros bon sens puis c'est un appel au changement sur un point qui
est largement consensuel au Québec. C'est tout.
Le Modérateur
: On va
passer aux questions en anglais.
M. Authier (Philip)
: Good afternoon. People who
have studied the way parliaments work, it would be easy for them to accuse you,
with what you just said about going to the door on Thursday, of attempting to
intimidate the Speaker, of attempting to intimidate the Throne, intimidate the
House. Is that what you're trying to do by saying: Listen, by Thursday, we… You
just said: We will be there Thursday; we expect to be admitted.
M. St-Pierre
Plamondon : Yes.
M. Authier (Philip)
: So, are you trying to intimidate the Speaker?
M. St-Pierre
Plamondon : No. Where is there intimidation?
I'm an elected member of Parliament and I want to be a part of that Parliament.
Where do you see intimidation?
M. Authier (Philip)
: You're not following the rules, that's what you're trying to do.
The rules say you have to swear the oath, right? That's what the rules say, the
rules say you have to swear the oath to be admitted. You don't want to do that.
And now you're saying: Listen, by Thursday… I'm giving you a day, I'm giving
you Wednesday to think about it, by Thursday, I expect to be admitted. Is that
not a form of intimidation?
M. St-Pierre
Plamondon : Well, we can look up together the
definition of intimidation, but I'm afraid we are not using the same
dictionary.
M. Authier (Philip)
: So, what is your intention?
M. St-Pierre
Plamondon : To go there on Thursday and to be
part of a parliament as an elected member as I am as of today.
M. Authier (Philip)
: But, you know, the
Speaker of the House does not take orders from anybody, she is sovereign.
M. St-Pierre
Plamondon : Exactly, and that's why she is
going to take a decision on that issue.
M. Authier (Philip)
: So, that's your point of view.
M. St-Pierre
Plamondon : Yes.
M. Authier (Philip)
: That's it? OK.
Mme Senay (Cathy) : She doesn't have to take a decision on that.
M. St-Pierre
Plamondon : No, she might, It's a decision. If
you refrain yourself from intervening, it is a decision. But there's obviously
so many well-known jurists, lawyers, a former president, they're all saying:
Something's wrong with the previous decision, and we think the president should
intervene. So, it's up to the new president to hear or not that message from
people like Louis Bernard, André Binette, Henri Brun, Louise Harel, Daniel
Turp, Luc Alarie, François Côté et Maxime Laporte. So, I mean, of course it's a
discretionary power. So, she will decide what is appropriate and fair in the
circumstances, but, obviously, those who have that expertise say there
shouldn't be any consequence for only… for not taking an oath to the King of
England.
Mme Senay (Cathy) : But, as of now, you have the previous decision of François Paradis.
It's clear you can't sit if you didn't swear allegiance to King Charles. You
have also the Legault Government, Premier Legault, Simon Jolin-Barrette, all saying: We will table a
bill, that's it, this is how we'll change the law. You have also QS who's going
to table a bill, changing the law. So, you're all losing time, wasting time
right now, struggling to change the rules, but not having the right way to do
it. You're outside of the Blue Room. You're…
M. St-Pierre
Plamondon :
Is
it a question or is it an accusation? What is this?
Mme Senay (Cathy) :
I'm just trying to see what's your
strategy here.
M. St-Pierre
Plamondon :
OK.
Well, please ask me politely what is your point.
Mme Senay (Cathy) :
I don't get your strategy; I don't get
it. You've been trying to win time, and now you're stuck outside of the Blue Room,
not sitting, and you're trying to get in on Thursday. I have no idea where you're
going right now.
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
if that's your opinion and you're certain of those facts, right it down. But
this is not a question.
Mme Senay (Cathy) :
What's your strategy? What are you
trying to get at? How are you going to influence the Speaker? Because that's
what you're trying to do.
M. St-Pierre
Plamondon : Well, please ask a question,
because there are too many statements that you make. I disagree with every
single of them. Everyone of them, I disagree with. So, I don't know what to
start with.
Mme Senay (Cathy) :
Why the new Speaker of the National
Assembly would finally change the previous decision of her predecessor? On
which stand? Why now she would click and change the whole decision that was
written down in November?
M. St-Pierre
Plamondon :
Legal
opinions from people who are lawyers, teachers, and former president who say
this former opinion of a president that was not even elected when he made that
statement this opinion doesn't make sense. And so that's one point. The other
point is the mere fact of having a bill, a «projet de loi», is not a guarantee
in any way that that issue will be solved. That issue is there for, like,
decades. And, during the last session, the CAQ government could have decided to
take the QS bill and do something about it, and they didn't. So, the mere fact
that, all of a sudden, because we are standing still and we're persevering, we
see that few things are moving forward. But it's not a guarantee that, at the
end, the Government will go through, and we want that result, that we are done
with this. So, because there are many legal opinions saying we should enter and
there should not be consequences, because there are many solutions, many ways
to solve this issue, we insist that we actually solve this issue. And we insist
that we'll be part of that moment because there's nothing that obliges a consequence
just because we didn't swear an oath to the King of England.
Mme Senay (Cathy) : At the same time, you knew the rules from the start when you
decided to run in this election campaign.
M. St-Pierre
Plamondon : Yes. And Electors in
Camille-Laurin knew that I was not going to swear oath and they elected me.
They knew. I told it… I said it on several occasions, and people are supporting
us. Like, outside, in the cold, there was a lot of people saying: Since we've
been discussing that issue so much, let's do something, let's actually do
something about it instead of just talking about it. And that's why we stand tall,
and we persevere.
Mme Senay (Cathy) :OK.
Le Modérateur
: On va y aller avec la dernière en anglais.
Mme MacKenzie (Angela) : What do you say to those who are saying: Look, you've made your
point, why not start… why not go and work and make change on the inside?
M. St-Pierre
Plamondon : But we are. And we're open to work
on solutions. So, there's nothing preventing us on working on any of those
solutions with other political parties. It's important to explain, and you know
it, that the fact that we're in the salon bleu doesn't allow us to tell the Government
how this is going to be run. The power is 100% in the hands of the Government,
and that's our system. That's why I think we should have a reform where we are
obliged to a collaboration. But with around 40% of the votes, the CAQ Government
got a 100% of the power, and we are limited to asking a few questions, not even
a question a day, because all other parties agreed that Parti québécois, it was not essential that
they ask questions. They took all the questions for themselves. So, at some
point, working on a solution is not related to the salon bleu in itself, it's
related to the good will of the Government who has 100% of the power.
Mme MacKenzie (Angela) : So, what are you going to do if the decision ends up being: Look, you're
not allowed into the salon bleu?
M. St-Pierre
Plamondon : Because of the five solutions I've
mentioned, I am expecting that we will be part of the salon bleu on Thursday…
Mme MacKenzie (Angela) : And if not?
M. St-Pierre
Plamondon : …because solutions are there.
C'est ça, vous
pouvez me traiter d'optimiste, mais c'est la seule façon de faire avancer un
dossier devant un gouvernement qui a tous les pouvoirs et qui a procrastiné sur
cette question-là durant les quatre dernières années. On va se tenir droit,
persévérer et en appeler à la bonne volonté et à la bonne foi de tout le monde.
M. Laforest (Alain) : Quand
vous accusez tous les partis — j'en poserais une dernière — de
ne pas vous avoir donné droit au chapitre — deux petites rapides — est-ce
qu'un député du Parti québécois vaut plus qu'un autre député de l'opposition?
Puis est-ce que ce ne sont pas les libéraux qui ont été plus gourmands? Parce
que c'est eux, là, qui ne vous ont pas donné l'espace vital pour vivre, là,
dans le salon bleu, c'est eux qui ont la totalité des questions, là.
M. St-Pierre Plamondon : Clairement,
un député du Parti québécois, suite à l'entente, vaut moins de temps d'antenne
et moins de budget par député que les autres formations politiques. Chacune des
autres formations politiques avait la chance de s'insurger et dire : Non,
moi, j'insiste, comme condition, qu'on fasse une place équitable au Parti
québécois, et aucun des partis n'a été solidaire de la situation du Parti
québécois. Ça, c'est la réalité. Puis on vient de faire une levée de fonds, là.
Moi, je pense que je vais me rendre à mon 120 000 $ pour avoir deux
employés de plus. Donc, on va se rendre par des manières créatives, mais, s'il
y avait un parti politique qui voulait se porter à la défense de la démocratie
et de la place du Parti québécois, il aurait pu le faire, et ça a été le
silence total de la part de tous les partis impliqués dans cette
négociation-là.
Le Modérateur : Alors, c'est
ce qui conclut le point de presse du Parti québécois. Merci à tous.
(Fin à 15 h 32)