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(Onze heures cinquante-quatre minutes)
Le Président (M. Rodrigue): La commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu reprend
ses travaux. Son mandat est d'étudier article par article le projet de
loi no 72, Loi modifiant le Code du travail, le Code de procédure civile
et d'autres dispositions législatives.
Les membres de la commission sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie)
remplacé par Leduc (Fabre); Brassard (Lac-Saint-Jean) remplacé
par Lévesque (Kamouraska-Témiscouata); Dauphin (Marquette), Dean
(Prévost), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), Mme Harel (Maisonneuve), MM.
Lavigne (Beauharnois), Marois (Marie-Victorin), Perron (Duplessis), Rivest
(Jean-Talon), Vallières (Richmond).
Les intervenants à cette commission sont: MM. Chevrette
(Joliette), Gauthier (Roverval), Hains (Saint-Henri), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges); Leduc (Fabre) remplacé par Bisaillon
(Sainte-Marie), Mailloux (Charlevoix), Paquette (Rosemont), Polak
(Sainte-Anne), Rochefort (Gouin).
Au moment de l'ajournement des travaux de cette commission sur ce projet
de loi, nous en étions rendus à l'article 6 à
l'alinéa 111.0.25. Est-ce que cet alinéa - on me dit qu'il a
été discuté - est adopté?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous nous permettez
de nous excuser - je pensais que mon collègue de Jean-Talon était
ici - j'étais retenue à une conférence de presse sur les
garderies où j'avais été invitée. Si vous me donnez
juste le temps de trouver mon projet de loi.
Le Président (M. Rodrigue): Bien sûr. Pourriez-vous
m'indiquer, cependant, quel membre de la commission vous remplacez? Il y a M.
Dauphin (Marquette), Mme Dougherty; M. Christos Sirros n'est pas membre de la
commission.
Mme Lavoie-Roux: Alors, mettez Joan Dougherty.
Le Président (M. Rodrigue): Joan Dougherty, très
bien. Alors...
M. Marois: M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
Code du travail (suite) Services publics
(suite)
M. Marois: On s'était laissés à l'examen de
l'article 111.0.25 qui prévoit que "Seul le Procureur
général peut requérir une injonction lors du refus de
respecter la suspension de l'exercice du droit de grève qui est
décrété en vertu de l'article 111.0.24", qui est un
décret gouvernemental. Donc, on limite le recours à l'injonction
et cette limitation existe, comme on le sait, pour le secteur parapublic, en
vertu de l'article 111.14 et pour les services publics. Donc, le gouvernement
décrète et si le décret n'est pas respecté dans un
établissement ou dans un service public désigné, il
revient au gouvernement, via le Procureur général, de prendre
l'injonction par voie de conséquence pour faire en sorte que soit
respecté l'ordre émis, la directive émise par le
gouvernement disant: Dans ce service, dans ce secteur, il doit y avoir services
essentiels. Voilà le sens de l'article 111.0.25.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je comprends très
bien le sens de l'article 111.0.25 comme vient de l'expliquer le ministre. La
seule chose qui me surprend un peu, en tout cas et je voudrais au moins poser
une question au ministre à propos de cela. Est-ce que ce n'était
pas l'intention du ministre, de retirer, d'abolir ou d'enlever cette
disposition du Code du travail relativement aux possibilités
d'injonction parce que c'est une mesure qui a souvent été
critiquée?
M. Marois: Je vais répondre très rapidement, M. le
Président. Dans le cadre de nos travaux globaux sur l'ensemble du Code
du travail, qui a besoin de rajeunissement dans certains points et qui a aussi
besoin d'ouvertures additionnelles pour répondre aux
réalités d'une société qui évolue et pour
faire en sorte que le droit à la syndicalisation, le droit des hommes et
des femmes qui le choisissent librement et démocratiquement puissent
s'organiser, se syndiquer, on a procédé à un examen
approfondi de cette question qui n'est pas sans poser un certain nombre de
problèmes.
Il s'agit de revoir toute la question concernant l'injonction. On en
fait un abus
considérable et, là, diverses hypothèses ont
été envisagées. J'espère être en mesure,
à tout le moins dans le courant de l'été, de soumettre au
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre un projet visant
notamment, mais non pas exclusivement, à corriger en profondeur cette
situation. Cependant, comme il s'agit de travaux beaucoup plus
généraux englobant l'ensemble de la guestion du Code du travail,
notamment la question de l'injonction mais non pas exclusivement, et gui
pourrait supposer des changements substantiels, il nous est apparu que pour les
fins du présent projet de loi, compte tenu du fait qu'il s'agit
là, en tenant compte toujours de la nécessité de faire en
sorte que si tant est que l'injonction - jusqu'à nouvel ordre,
jusqu'à ce que d'autres formules puissent être mises au point dans
une révision plus en profondeur -demeure un outil imparfait, on a voulu
tout de même en limiter l'utilisation à des fins bien
précises comme on le fait par l'article 111.0.25. Cependant, cela
n'enlève pas du tout l'intention que nous avons d'aller de l'avant sur
la question de fond soulevée par Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, est-ce que l'article
111.0.25 est adopté?
M. Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 111.0.26 dans le
même article 6. (12 heures)
M. Marois: M. le Président, à partir du moment
où on comprend bien le sens de l'article 111.0.26, à partir du
moment où le gouvernement décrète que, dans un service
public, des services essentiels doivent être maintenus, forcément,
il faut, par voie de conséquence et pour des raisons évidentes et
pratiques, que le droit de lock-out soit aussi interdit, mais toujours dans cet
esprit. À partir du moment - et on verra gue c'est la même
procédure dans le cas des services sociaux et de santé -
où on décrète gu'il doit y avoir des services essentiels,
il n'est pas guestion gu'il y ait de droit de lock-out, par voie de
conséguence. On ne peut pas imaginer un droit de lock-out dans un
contexte où cela laisserait la porte ouverte à l'absence de
services essentiels.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, M. le Président,
c'est seulement guand un décret a été pris.
Antérieurement à un décret, il n'y aurait pas de
prohibition de lock-out?
M. Marois: Pas du tout.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse de faire le saut... Le ministre a
raison de dire gu'il y a une disposition semblable dans le cas d'un
établissement, mais je pense gue c'est en tout temps, gue, dans le cas
d'un établissement, un lock-out est interdit. Là, c'est 111.15,
il n'y a pas la même restriction eu égard à un
décret.
M. Dean: C'est parce que c'est... M. Marois: Oui,
vas-y.
Mme Lavoie-Roux: Je suis sûre que vous êtes sur la
même longueur d'ondes, alors, l'un ou l'autre.
Le Président (M. Rodrigue): Cela va?
M. Dean: C'est parce que l'exigence de services essentiels est
automatique dans le cas d'établissements de santé, tandis que
dans les autres cela ne l'est pas, c'est sujet à décret.
Mme Lavoie-Roux: Ce dont je voulais être bien certaine,
c'est que jamais un lockout ne soit possible dans un établissement de
santé et de services sociaux. Est-ce ce que je dois comprendre?
M. Dean: C'est exact.
M. Marois: C'était déjà prévu dans le
Code du travail. Là, on n'innove pas, on ne fait que reprendre les
dispositions, c'est l'article 111.15.
Mme Lavoie-Roux: Donc, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 111.0.26 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 6 est
adopté tel qu'il a été amendé?
M. Rivest: À propos de l'article 111.0.26 - je m'excuse de
mon retard - est-ce que le ministre a répondu aux remarques pour les
entreprises privées? Pourraient-elles décréter un lock-out
à toute autre fin sans que le problème des services essentiels se
pose, parce qu'il y a des entreprises privées dans les services
publics?
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas posé cette
question-là.
M. Rivest: Dans les services publics, il y a des entreprises
privées qui pourraient faire un lock-out dans le cadre
général de ses relations de travail et, là, c'est toute
espèce de lock-out même si elle maintenait
dans ses divisions... Le problème des services essentiels ne se
poserait pas. Est-ce que l'article enlèverait simplement dans la mesure
où cela affecterait les services essentiels?
M. Marois: Non. Le lock-out... Je pense y avoir répondu
d'une façon plus générale. Cela n'exclut donc pas la
question que le député... Au contraire, ma réponse se
trouve à inclure le commentaire du député parce que ce qui
est visé, c'est à partir du moment où on
décrète dans un service précis qu'il doit y avoir des
services essentiels. Donc, dans les cas où il n'y a pas de tel
décret, forcément les droits de lock-out se trouvent
maintenus.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Rodrigue): Cela va pour l'article 6?
L'article 6 est adopté tel qu'amendé.
M. Rivest: On peut revenir à l'article d'avant qu'on avait
suspendu.
Mme Lavoie-Roux: II a été adopté. M.
Marois: On vient de l'adopter. M. Rivest: Sur les injonctions.
Mme Lavoie-Roux: Oui, et j'ai eu la réponse du ministre.
Vous pourrez la lire au journal des Débats.
M. Marois: Une réponse très complète.
M. Rivest: Je veux tout simplement conclure ce chapitre, M. le
Président, en disant que sur les injonctions, à ce moment, tous
les hauts cris que le ministre du Travail fait contre les recours aux
injonctions, j'espère que cela va se traduire en réalité
autre que celle de l'article que vous faites où vous inscrivez dans la
tradition la plus...
Mme Lavoie-Roux: Persévérante.
M. Rivest: Persévérante. Dans le passé, vous
avez crié de tous vos ébats, que vous étiez contre les
injonctions, que cela n'avait pas d'allure, et là, vous nous arrivez
avec un article qui reprend exactement ce qui se faisait dans le
passé.
M. Marois: Cela, M. le Président...
M. Rivest: Je vous invite donc, M. le Président,
étant donné que l'article a été adopté, je
pense bien que le ministre n'a pas le droit de parler sur un article qui a
été adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Et vous non plus, d'ailleurs.
M. le député de Jean-Talon, vous enfreignez le règlement
étant donné que l'article a été adopté.
M. Rivest: C'est tout ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Rodrigue): C'est ce que j'avais
compris.
Une voix: Est-ce que le ministre peut dire ce qu'il a à
dire?
M. Rivest: Non, c'est adopté.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: C'est la nouvelle démocratie.
Le Président (M. Rodrigue): J'appelle l'étude de
l'article 7...
M. Rivest: On va vous passer sur le corps, M. le leader du
gouvernement.
Le Président (M. Rodrigue): ... et je pense bien que vous
serez d'accord. Il y a deux alinéas, il y a le 111.1 et le 111.2.
Êtes-vous d'accord pour procéder de la même façon
pour l'article 7? C'est-à-dire étudier d'abord 111.1 et 111.2.
Alors, 111.1.
Secteurs public et parapublic
M. Marois: C'est l'article qui prévoit... Ce qui
était auparavant un chapitre... Là, on aborde tout... Ce qu'on
vient de faire, en d'autres termes, dans le secteur des services publics, on va
le reprendre dans le secteur des services sociaux et des services de
santé. Ce qui était un chapitre devient donc une section; cela,
c'est premièrement.
Deuxièmement, cet article indique que les dispositions du Code du
travail s'appliquent aux secteurs public et parapublic de la même
façon qu'elles s'appliquent dans le secteur privé, à
l'exception des dispositions spécifiques qui suivent et l'arbitrage des
conventions collectives. Analogiquement, c'est le même genre de clause
qu'on a vu antérieurement dans le cas des services publics.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, l'article 111.1 est-il
adopté?
M. Rivest: À l'article 111.1, on dit: à l'exception
de la section 1.1 du chapitre IV. Il s'agit de quoi exactement? Ce sont les
premières conventions collectives ou je ne sais trop?
M. Marois: L'arbitrage d'une première
convention.
Le Président (M. Rodrigue): Cela va? L'article 111.1 est
adopté. L'article 111.2.
M. Marois: Alors, l'article 111.2 décrit le contenu de la
section, ce que cela vise. Premièrement, pour les mécanismes, on
se trouve à reproduire ce qui existait déjà dans le
premier... On définit les secteurs: Dans la présente section se
trouvent, et on le dit, on décrit les mécanismes de la
négociation pour tous les employés de l'État relevant de
la Loi sur la fonction publique de même que pour les employés des
réseaux de l'Éducation et des Affaires sociales, notamment,
l'échéancier et le reste, ce qui est prévu par les
différentes lois. Deuxièmement, les établissements; c'est
là qu'on aborde les établissements qui sont visés par le
paragraphe f de la loi, c'est-à-dire les centres hospitaliers, les
centres d'accueil, les centres de services sociaux, les centres locaux, les
CLSC, comme on dit, les centres de réadaptation fonctionnels, et le
reste.
M. Rivest: Oui. M. le Président, j'espère que M. le
ministre a pris connaissance d'un nouveau commentaire, étant
donné qu'on parle ici des services de santé et des services
sociaux, des commentaires extrêmement pertinents que lui adresse par la
voie du journal La Presse ce matin une des analystes politiques les plus
chevronnées du Québec, Mme Lysiane Gagnon, qui donne une
interprétation qui est tout à fait celle que partage l'Opposition
sur le projet de loi que nous étudions présentement, surtout en
ce qui concerne les services de santé qui constituent à notre
avis, par rapport à la nature des problèmes qu'on a connus, un
acte de démission du gouvernement face à ses
responsabilités. Alors, je renvoie le ministre à l'article de Mme
Gagnon, à moins que ma collègue ait davantage de commentaires
à ce sujet.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de commentaires à faire parce
que nous avons eu plusieurs occasions de le faire, mais je voudrais quand
même rappeler que la grève des médecins qui sévit
présentement nous ramène vraiment à la
réalité, à savoir ce qu'est qu'un service essentiel. Je
pense qu'il est extrêmement difficile de dire qu'un service essentiel, et
je me réfère aux propos du ministre des Affaires sociales ce
matin, qu'il a sans doute émis de bonne foi, mais je pense que ces
propos ne collent plus à la réalité, à savoir qu'on
surveille si la santé publique est en danger, mais il faut penser aussi
que la santé publique c'est un grand schème de
référence. Il y a aussi la santé des individus et cela
demeure une évaluation tellement subjective, dont une grande partie nous
échappe. Il faudrait connaître les gens qui peuvent se
prévaloir des services de santé ou qui retardent de s'en
prévaloir parce qu'ils se disent qu'ils ne seront peut-être pas
là. Enfin, je ne veux pas revenir sur tout le discours qu'on a tenu,
mais je pense que ce que l'on vit présentement, ce que le Québec
vit présentement, à ma connaissance, c'est la première
fois qu'il y a une grève générale des médecins
omnipraticiens. Il y a eu une grève des spécialistes en 1970 ou
1971, j'ignore l'année exacte...
Une voix: En 1971.
Mme Lavoie-Roux: ... mais qu'on connaisse une grève
générale des médecins omnipraticiens, plus celle des
médecins résidents 3t internes qui assument, on le sait, de
longues heures de garde dans les hôpitaux ou de services dans les
hôpitaux... On le sait, ils travaillent 60, 70 heures. Je pense que tout
le monde est familier avec cela. On se dit: Bon, on va surveiller si la
santé publique est en jeu. Évidemment, quand on se
réfère à la santé publique, on se
réfère davantage à des phénomènes
épidémiologiques, par exemple, une épidémie de
typhoïde ou une épidémie de poliomyélite, enfin, ce
qu'on voudra, mais la santé publique, c'est aussi la santé des
individus qui composent ce public-là et qui, individuellement, peuvent
être touchés dans des circonstances comme celle-là. Je vous
assure qu'avec un projet de loi comme celui qui est là et même
avec la position que nous avons prise, le Parti libéral, moi, je
n'hésite pas à dire: On est sur une couche mince, même si
nous prétendons, je crois sans me tromper, que notre position
rétrécie le champ ou le domaine des risques pour la population.
Je vous assure que le problème est aigu au moment où l'on se
parle.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 111.2 est
adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 111.2 est
adopté. L'article 7 est-il adopté?
M. Marois: Adopté. M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 7 est adopté.
Article 8.
M. Marois: L'article 8 est l'article qui abroge le conseil
d'information.
M. Rivest: C'est cela. On en a discuté l'autre soir. Je ne
veux pas reprendre la discussion, ce matin; c'est l'enterrement de tout un
rêve chimérique, un autre rêve chimérique qu'avait le
gouvernement sur une
question importante qu'était l'information du public, comme vous
voyez à l'article 111.5, M. le Président. Je ne voudrais pas vous
le lire, mais vous devriez voir tout ce que cet article comportait de plomberie
pour assurer l'information et cela a été un échec
total.
Le Président (M. Rodrigue): Si je comprends bien, cet
article est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 8 est adopté.
Article 9.
M. Marois: L'article 9 est purement un article de concordance,
puisqu'on se trouve à enlever dans l'article 111.8, partout où
elle s'y retrouve, l'expression "et au conseil d'information sur les
négociations".
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet article est
adopté?
M. Rivest: Sous les mêmes remarques que sur l'article
5.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 9 est adopté.
Article 10.
M. Marois: L'article 10 abroge l'article 111.9 qui est l'ancien
conseil sur les services essentiels...
M. Rivest: Dans la mesure où...
M. Marois: ... qui se trouve remplacé par celui
prévu à l'article 6 du présent projet de loi.
M. Rivest: ... on le reconstitue à peu près
totalement en pièces détachées dans le présent
projet de loi. C'est adopté.
M. Marois: Le député sait fort bien qu'il faudra
faire énormément de nuances à ce qu'il vient de dire, M.
le Président.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 10 est
adopté. Article 11, paragraphe 111.10. C'est-à-dire que l'article
11 ne comprend qu'un paragraphe, à toutes fins utiles. L'article 11 au
complet.
M. Marois: À l'article 11, c'est là
qu'interviennent... On va fournir les textes, M. le Président. À
l'article 111.10 et 111.12 - on a les textes pour les remettre au
président et aux membres de l'Opposition. C'est là qu'on
introduit, par concordance avec les amendements qu'on a faits dans le secteur
des services publics sur les délais de sept jours concernant les
ententes. Là, on fait les mêmes amendements pour s'assurer que les
délais correspondent... Je pense qu'il faudrait regarder en même
temps les articles 111.10 et 111.12, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): C'est un amendement à
l'article...
M. Marois: L'article 111.10.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 11.
M. Marois: À l'article 11, 111.10 et un amendement
à l'article 11, 111.12.
Le Président (M. Rodrigue): C'est plutôt à
l'article 14, si je ne m'abuse. L'article 111.12, c'est à l'article
14.
M. Marois: C'est l'article 14, oui, c'est exact, 14, 111.12.
Le Président (M. Rodrigue): Vous voudriez examiner les
deux en même temps? Est-ce que cela vous va?
M. Rivest: Oui, oui.
M. Marois: Je pense que cela permet de...
Le Président (M. Rodrigue): Très bien, M. le
ministre.
M. Marois: On ne modifie pas l'essence, le fond de ces articles,
on ne fait que bonifier, exactement comme on l'a fait l'autre soir dans le
cadre de nos travaux, dans le cas des services publics, pour faire correspondre
les délais - on se souvient du délai de sept jours d'avis franc
pour l'acquisition du droit de grève - concernant les services
essentiels. On fait la même chose ici dans le cas d'un délai de 90
jours. On conserve le même délai de 90 jours, entre le jour du
dépôt d'une liste ou d'une entente devant le conseil et le jour
où un syndicat peut déclencher la grève, on donne donc le
même type de mobilité à cette fourchette de 90 jours,
même type de mobilité qu'on a donné au délai de 7
jours, on s'en souviendra. Donc, pour illustrer, si l'on veut,
concrètement: si une association dépose sa liste 10 jours en
retard, forcément, le droit de grève se trouve
décalé d'autant. Voilà, M. le Président.
M. Rivest: Sur cette partie de délai, étant
donné que nous avons eu le débat et que l'autre soit...
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): L'amendement est
adopté. L'article...
M. Marois: Je comprends, M. le Président, que...
M. Rivest: À l'article 111.10, on
l'adopte à 111.10 et on fera la même chose à
l'article 111.12 tantôt.
Le Président (M. Rodrigue): L'amendement à
l'article 11 est adopté, est-ce que l'article 11 est adopté tel
qu'amendé? L'article 11 est-il adopté tel qu'amendé?
M. Rivest: Non, non. Justement on va le regarder dans une
perspective...
Mme Lavoie-Roux: On va l'améliorer, M. le
Président. (12 h 15)
Le Président (M. Rodrigue): L'article 11 ne comprend que
l'amendement que nous venons d'adopter, finalement.
M. Rivest: Oui, mais j'aimerais voir parce j'ai moi-même un
amendement. En principe, oui, mais je fais une petite réserve de
discours. L'amendement est adopté en principe, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le
député...
M. Rivest: Non, il n'y aura pas de drame, vous allez voir, on va
régler cela vite. Faites-nous confiance.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, l'amendement à
l'article 11 présenté par le ministre est adopté
M. Rivest: Les présidents de ce temps-ci sont nerveux.
Le Président (M. Rodrigue): Nous ne sommes pas nerveux du
tout, sauf que nous voulons faire avancer le débat autant que possible.
D'ailleurs, c'est sûrement le but de l'Opposition aussi.
M. Rivest: C'est la première fois qu'on le voit ici, lui.
Il se fait à notre style de travail. Vous êtes habitué aux
"filibusters", mais, nous, nous ne faisons pas cela.
Mme Lavoie-Roux: Ici, ce sont des gens... M. le
Président.
M. Rivest: On vous souhaite la bienvenue, M. le Président.
Nous autres, c'est familial, ici.
Mme Lavoie-Roux: C'est paisible.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, l'amendement à
l'article 11 étant adopté, est-ce que vous voulez suspendre
l'étude de l'article 11?
M. Marois: Non, non.
M. Rivest: Non, non. À 111.10, l'amendement du ministre
est adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, l'article 11 tel
qu'amendé, parce que c'est le seul alinéa de l'article 11,
111.10, est donc adopté.
M. Rivest: Non! L'article 11, jamais de la vie.
Mme Lavoie-Roux: Nous avons accepté l'amendement du
ministre, mais nous avons d'autres amendements.
Le Président (M. Rodrigue): Bon, très bien. Est-ce
que vous pourriez les présenter à ce stade-ci?
M. Rivest: M. le Président, je voudrais proposer
l'amendement suivant: Que le paragraphe 111.10 de l'article 11 soit
modifié en ajoutant, à la première ligne du premier
alinéa, après le mot "établissement", les mots "à
l'exception des unités de soins prolongés, psychiatriques et en
centres d'accueil".
Deuxièmement, en remplaçant à la deuxième
ligne du trosième alinéa le mot "quatre-vingt-dixième" par
le mot "cent-vingtième". Vous voyez l'importance de ma
réserve?
Troisièmement, en ajoutant, à la fin, l'alinéa
suivant: "Dans le cas des unités de soins prolongés,
psychiatriques et en centres d'accueil, soins dispensés exclusivement ou
non dans un établissement, une grève ou un lock-out ne peut
être déclaré en tout temps malgré l'article
111.11".
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, le deuxièmement était
en fonction de l'article original. Il vient d'y avoir l'amendement du ministre
qui modifie le deuxièmement.
M. Rivest: C'est pour ça que j'ai fait la réserve,
mais on peut en discuter.
Le principe, M. le Président... Vous avez l'amendement?
Le Président (M. Rodrigue): Non, je ne l'ai pas.
M. Rivest: Excusez. L'idée...
Le Président (M. Rodrigue): Avant de faire le
débat, je vais d'abord me prononcer sur la recevabilité.
M. Rivest: Ah! mon Dieu. C'est familial ici, ne l'oubliez
pas.
Le Président (M. Rodrigue): Disons que... Oui, je sais.
Mais, si vous le permettez, je vais quand même tenter de... Est-ce que
vous m'avez signalé que le deuxièmement de votre amendement
ne
s'appliquait plus?
M. Rivest: II va s'appliquer parce qu'on a accepté les
délais du ministre, l'article, sous réserve. On a accepté
le principe d'un ajustement des délais à des fins d'avis.
Le Président (M. Rodrigue): Oui, mais est-ce que ça
va s'appliquer à cet article-là? Je lis le troisième
alinéa de l'amendement du ministre, parce qu'il faut bien comprendre que
nous travaillons sur l'amendement du ministre qui a été
adopté. Or, on dit: "À défaut d'une entente, une
association accréditée doit transmettre à l'employeur et
au conseil une liste qui détermine le nombre de salariés par
unité de soins et catégorie de services maintenus par
l'établissement en cas de grève." Il n'y a plus le mot
"quatre-vingt-dixième". Alors, vous remplacez le mot,
quatre-vingt-dixième, par "cent-vingtième", mais ce mot-là
n'apparaît plus.
M. Rivest: Nous pouvons enlever de notre proposition le
deuxième élément.
Le Président (M. Rodrigue): Le deuxième
élément, vous pourrez le présenter...
M. Rivest: Oui, c'est ça, à un autre article,
à 111.12.
Le Président (M. Rodrigue): Très bien. Disons donc
que je ne le considérerai pas comme faisant partie de l'amendement qui
est présenté à cet article pour l'instant, parce
qu'autrement le tout... En tout cas, cette partie-là est irrecevable
pour l'instant. Si vous voulez attendre une seconde. Donc, vous ajoutez un
alinéa...
Ecoutez, je ne ferai pas de chicane de procédure à ce
stade-ci. Je vous signale cependant que...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une salle chanceuse pour les
présidents ici.
Le Président (M. Rodrigue): Non, moi, je ne suis pas
nerveux là-dessus, Mme la députée de L'Acadie. Je vous
signale cependant que, et je vous demande de le faire à l'avenir, je
vous signale que cet amendement aurait dû être
présenté en sous-amendement à l'amendement du ministre
parce que vous venez modifier l'amendement que le ministre a
présenté.
Alors, pour faciliter la discussion, je vais le recevoir en
élargissant de beaucoup la notion d'amendement parce que vous
sous-amendez l'amendement du ministre, en fait. Je vous demande à
l'avenir de le présenter comme sous-amendement à l'amendement du
ministre. Autrement, je serai dans la position où je devrai le
déclarer irrecevable.
Alors, pour vous faciliter le travail, M. le député de
Jean-Talon, à ce stade-ci, je vais l'accepter quand même et la
discussion est ouverte là-dessus.
M. Rivest: M. le Président. Nous avons déjà,
au début des travaux de la commission, lors des remarques
préliminaires, discuté pendant une bonne heure, je crois, du
principe qui sous-jacent à cette proposition d'amendement qui a,
finalement, trouvé place dans les subtilités de notre
procédure qui doit exister. Non pas que je sois contre les
procédures d'amendement. Essentiellement, M. le Président, c'est
l'expression du point de vue de notre formation politique selon lequel, dans le
domaine de la santé et des services sociaux, en principe - et nous avons
essayé de le traduire en termes juridiques et c'est le sens de cet
amendement - le Parti libéral du Québec et l'Opposition
officielle sont absolument contre toute espèce de diminution des
services aux gens vivant en centres d'accueil, c'est-à-dire les
personnes âgées, les personnes handicapées, les malades
devant bénéficier de traitements ou de soins d'ordre
psychiatrique ainsi que les personnes atteintes de maladies chroniques.
C'est un choix de politique absolument fondamental et absolument non
négociable; la position du Parti libéral veut que, dans les
établissements qui fournissent des soins à ces quatre
catégories de bénéficiaires, il ne devrait pas, à
notre avis, compte tenu du vécu et compte tenu, surtout, des besoins
objectifs et des conditions objectives des personnes, de ces
bénéficiaires, qu'en aucun temps et pour aucune espèce de
raison, ces gens ne devraient subir quelque inconvénient que ce soit -
plaçant le mot "inconvénient" dans le sens le plus large ou le
plus restreint qu'on voudra lui donner - en raison d'un conflit de travail ou
du renouvellement d'une convention collective.
C'est là, M. le Président, une position extrêmement
ferme que l'Opposition libérale a exprimée au mois de janvier et
qu'elle a rappelée en posant un certain nombre de questions à
l'Assemblée nationale et également lors d'un débat du
vendredi que nous avons eu avec nos collègues, le ministre du Travail,
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et son adjoint,
et que nous avons affirmée, d'ailleurs, dès le début des
travaux de cette commission et qui a motivé, qui a fondé notre
désapprobation que nous avons exprimée en troisième
lecture. Et, M. le Président - je pense bien, madame, que je puis dire
cela pour manifester - si le ministre refuse cet amendement qui nous
apparaît tout à fait essentiel, je pense bien que cela devra se
traduire, au niveau du rapport comme au niveau de la troisième lecture,
comme une attitude de notre formation politique cohérente avec toute
l'importance que nous accordons au fait qui, à notre avis, est
absolument induscutable,
que les personnes âgées, les personnes handicapées,
les malades psychiatriques et les malades chroniques, ne peuvent, en aucune
façon, être exposés à une diminution des
services.
M. le Président, à cet amendement se greffe, bien
sûr, un autre amendement qui viendra à un autre endroit et qui
précisera la façon dont les travailleurs de ce secteur qui se
verraient privés de leur droit de grève verraient leurs
conditions de travail établies. En deux mots, c'est ce que nous avons
évoqué dans nos documents, c'est la thèse, d'une part,
selon les clauses pertinentes, d'une classe, c'est-à-dire le
phénomène d'ajustement automatique avec des conditions analogues
qui auraient été négociées par d'autres
travailleurs ayant le droit de grève dans des secteurs comparables ou,
au cas ou la chose ne serait pas possible, c'est la formule de l'arbitrage. On
pense, en particulier, à certaines clauses normatives dues à la
spécificité de ces établissements, des clauses d'arbitrage
sur la base des offres finales de l'une ou de l'autre partie.
M. le Président, pour l'instant, je pense que je veux simplement
présenter, à l'occasion de cet amendement, notre position de
principe qui est déjà connue là-dessus, mais je pense
qu'il était très important que nous essayions, du mieux que nous
avons pu réussir, à traduire cette position de principe de notre
formation politique dans un amendement formel au projet de loi du ministre en
l'invitant à considérer, d'une façon très
très particulière, le cas des bénéficiaires dont il
s'agit ici.
Quand le ministre soutient, depuis fort longtemps, qu'il entend affirmer
la primauté des droits humains sur les droits des travailleurs d'un
secteur, qui sont, par ailleurs, légitimes, bien sûr, je pense que
notre amendement est plus qu'un énoncé de principe, c'est une
traduction dans la politique même que nous aimerions voir le gouvernement
suivre et aussi une traduction au niveau du texte même du projet de loi
pour régler cette question qui, à notre avis, est une question
qui crève les yeux et qui est tellement évidente et qui devrait
s'imposer à des gens qui disent vouloir affirmer la primauté des
droits humains. Non pas que nous remettions en doute leurs bonnes intentions,
mais il faut que les bonnes intentions qu'ils expriment se traduisent dans les
lois qu'ils adoptent.
Alors, M. le Président, pour l'instant, ce sont les remarques que
je voudrais faire sur la proposition d'amendement que j'ai formulée.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jean-Talon, je pense que, au débat de deuxième lecture, vous avez
soulevé ces remarques-là, si je ne me trompe pas, à
l'Assemblée nationale. Dans vos remarques, vous avez indiqué,
à deux ou trois reprises, qu'il s'agissait d'une question de principe.
En lisant les notes explicatives du projet de loi, je constate qu'un des
principes importants inclus dans le projet de loi est celui où, à
défaut d'entente, le syndicat doit établir une liste de services
essentiels qu'il entend maintenir et un des principes également inclus
au projet de loi est que si cette liste-là n'est pas jugée
satisfaisante, le conseil devra rendre une décision.
En rétrospective, et en réexaminant le texte de votre
amendement, et à la suite des remarques que vous avez formulées,
je me rend compte d'une chose, c'est que votre amendement s'attaque - M. le
député - à un des principes contenus au projet de loi
adopté en deuxième lecture. À ce point-ci, je me dois de
renverser la décision que j'ai rendue tout à l'heure sur la
recevabilité de votre motion.
M. Rivest: Vous siégez en appel.
Le Président (M. Rodrigue): Notre Code de
procédure, d'ailleurs, me donne cette possibilité. Je me dois de
réviser ma décision parce que je me rends compte que vous
modifiez un principe adopté en deuxième lecture...
M. Rivest: Est-ce que je peux parler là-dessus?
Le Président (M. Rodrigue): Oui, je vais vous entendre
après! ... et qui est contenu dans le projet de loi. Je pense que,
compte tenu de vos remarques, du texte de votre amendement et du texte
également contenu dans les remarques préliminaires du projet de
loi, les notes explicatives, je me dois de déclarer votre amendement
irrecevable.
M. Rivest: M. le Président, je voudrais parler
avant...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
directive.
Le Président (M. Rodrigue): Mais avant de rendre une
décision finale, je vais vous entendre au sujet de cette question de
règlement que je soulève moi-même.
M. Rivest: M. le Président, la loi dont il s'agit, le
projet de loi 72...
Mme Lavoie-Roux: Sur quoi parlez-vous?
M. Rivest: Sur la recevabilité. Très
brièvement.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais question de directive.
M. Rivest: Ah boni allez-y Madame.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais qu'on
m'explique par quel article du règlement, vous pouvez décider
qu'un amendement qui a été reçu, sur lequel on s'est
exprimé pendant, disons, huit à dix minutes, devient tout
à coup irrecevable.
M. Rivest: J'en appelle de cela.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait six ans que je siège ici et,
Dieu merci, j'en ai fait des commissions parlementaires. Mes collègues
peuvent en témoigner! C'est la première fois qu'une telle chose
se présente et j'aimerais que vous me référiez à
l'article du règlement qui vous permet, une fois que la discussion est
entreprise, que vous avez dit oui, et, quelques secondes après, vous
vous ravisez. Mais que, là, on ait entamé la discussion pendant
dix minutes pour défendre le bien-fondé de l'amendement que vous
avez reçu et que, tout à coup, vous vous ravisez et dites que ce
n'est plus recevable! Enfin, je ne suis pas une spécialiste du
règlement, tout le monde le sait, mais ça me semble un peu... Je
suis quand même assez au courant des procédures
d'assemblées générales pour trouver que c'est un peu
inhabituel; c'est le moins que je puisse dire.
Le Président (M. Rodrigue): C'est en effet inhabituel.
Cependant, j'ai personnellement vécu un cas semblable dans une
commission où une motion que j'avais faite avait été
reçue et déclarée irrecevable deux heures plus tard
à la reprise des travaux. Je vais retrouver l'article en question et je
vais vous le citer en temps et lieu. Mais, effectivement, il est bien
prévu à notre règlement que le président peut se
raviser lorsqu'il constate qu'il a fait une erreur et c'est le cas
présent.
Mme Lavoie-Roux: Quel article?
Le Président (M. Rodrigue): Bien, écoutez. Je vais
le trouver et vous le dirai.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est très important pour nous.
Est-ce qu'il s'agit dans votre cas - je me permets de vous poser la question,
M. le Président - d'une motion qui avait été prise en
délibéré sur sa recevabilité?
Le Président (M. Rodrigue): Non, c'est une motion qui
avait été effectivement reçue et qui, par la suite,
à la reprise des travaux, deux heures ou....
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle avait été
débattue?
Le Président (M. Rodrigue): Elle avait été
débattue. (12 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle avait été
débattue?
M. Rivest: Elle avait été débattue.
Mme Lavoie-Roux: Elle avait été
débattue.
M. Rivest: M. le Président, sur...
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je voudrais simplement vous dire que le projet de loi
72 amende le Code du travail. D'accord? C'est la loi. Le Code du travail
contient des exclusions au niveau du principe. Déjà, dans le Code
du travail, qui est la loi de base dont il s'agit, il y a des gens qui se
voient interdire la grève, nommément, les pompiers, les
policiers. Le principe de notre amendement, c'est d'interdire la grève
à d'autres catégories de travailleurs qui oeuvrent dans le
secteur des établissements de santé et des services sociaux,
certaines catégories. Notre amendement cadre exactement avec le principe
fondamental du Code du travail qui est de dire: II y a des gens qui ont le
droit de grève, il y en a d'autres qui n'ont pas le droit de
grève. Dans le cas de ceux qui ont le droit de grève, voici le
régime juridique qui s'applique; dans le cas de ceux qui n'ont pas le
droit de grève, voici le régime juridique qui s'applique. Le
principe du projet de loi a été de réglementer l'exercice
du droit de grève dans les secteurs public et parapublic. Cela est le
principe de deuxième lecture établi sur la base même du
Code du travail, alors que, nous, nous arriverons simplement en faisant des
exclusions additionnelles qui nous paraissent légitimes dans les
circonstances et pour les raisons que j'ai indiquées.
Si vous voulez faire le point que vous soulevez sur le plan de la
procédure, je pense bien que la commission pourrait facilement tenir
compte de vos remarques et convenir que l'on puisse en discuter au
mérite pendant le temps qui est imparti et qu'on puisse disposer par la
suite de la question.
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de "Lavoie-Roux", à l'article 65, on dit... Je m'excuse, Mme la
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait un beau comté, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Rodrigue): On en aura sûrement un,
un de ces jours. Je dois vous signaler que l'article 65, pour répondre
à la
question que vous m'avez posée, est libellé comme suit:
"Le président doit mettre en délibération toute motion
mais dès qu'une motion lui paraît irrégulière, en
elle-même ou par les buts qu'elle veut atteindre, il doit le signaler
à l'Assemblée et il peut, après avoir motivé sa
décision, refuser qu'on en délibère ou qu'on la mette aux
voix."
Les mots qui expliquent qu'un président peut, même
après un certain délai, déclarer une motion irrecevable,
c'est: dès qu'une motion lui paraît irrégulière.
C'est en vertu de l'article 65 que j'ai énoncé mes doutes sur
cette question. Cependant, j'ai permis au député de Jean-Talon de
s'exprimer sur la recevabilité de la motion comme il souhaitait le
faire. Je l'ai entendu et, à ce stade-ci, je rends la décision
suivante: La motion d'amendement du député de Jean-Talon est
irrecevable parce qu'elle s'attaque au principe même du projet de loi,
principe qui a été adopté en deuxième lecture.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que vous venez de rendre une
décision, mais, moi, je vous avais demandé de pouvoir m'exprimer
sur la recevabilité.
Le Président (M. Rodrigue): Je m'excuse, je vais vous
entendre sur la recevabilité.
M. Rivest: II à déjà rendu sa
décision, mais il va souvent en appel de ce temps-ci.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être qu'il pourra la renverser comme
la première.
M. Rivest: En vertu de l'article 65.
Le Président (M. Rodrigue):
Effectivement, vous m'aviez fait état de votre désir de
vous exprimer sur la recevabilité, mais avant vous m'aviez posé
une question de directive. Sur la recevabilité, je vais vous
entendre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vois mal en quoi
l'amendement que nous proposons n'est pas en conformité ou renie le
principe qui est contenu dans la loi 72 et qui a été
adopté en deuxième lecture. Cet amendement que nous faisons
s'attaque à certaines modalités. Toute la nécessité
de la définition des "services essentiels", est quand même l'objet
principal - laissons de côté le recours collectif qui est autre
chose - le principe fondamental d'établir des services essentiels. Ce
besoin-là demeure, puisque vous en avez besoin pour tous les autres
secteurs publics dont il est question, que ce soit l'électricité,
le transport en commun, enfin, tous les services publics que nous avons
énumérés. Même à l'égard des services
de santé, l'amendement que nous faisons ne s'applique pas dans sa
totalité aux hôpitaux de courte durée, si bien que dans les
hôpitaux de courte durée la nécessité de
définir les services essentiels demeure, puisque le droit de
grève y demeurerait.
Je ne pense pas que nous attaquions le principe même du projet de
loi, puisque c'est vraiment un projet de loi qui tente de définir,
d'établir des modalités de définition et de respect d'une
liste de services essentiels dans les services public et parapublic. Je
m'étonne de votre décision... Normalement, elle n'est pas
censée être rendue, mais...
Le Président (M. Rodrigue): Elle n'est effectivement pas
rendue.
M. Rivest: Elle est variable dans le temps.
Le Président (M. Rodrigue): Elle n'est pas variable dans
le temps, mais elle n'est pas rendue. Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: Vous disiez que cet amendement va en
contradiction avec le principe du projet de loi 72.
M. Marois: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, sur la
recevabilité.
M. Marois: Je pense que l'objectif visé par l'amendement,
surtout à la lumière des commentaires et des explications qui
nous ont été fournis par le député de Jean-Talon
durant plusieurs minutes... Mme la députée de L'Acadie a dit
environ huit minutes. Je pense qu'effectivement le député a pris
le temps qui lui semblait pertinent pour expliquer le sens et la portée
de l'amendement et j'utilise les termes mêmes du député de
Jean-Talon en rappelant - je le cite textuellement - que c'est là la
position de principe du Parti libéral. Il a d'ailleurs utilisé le
mot "principe" antérieurement, au cours de son exposé.
Effectivement, c'est là une question de principe puisque l'amendement
qui nous est proposé, c'est, à toutes fins utiles, l'abolition
sélective du droit de grève.
Ces éléments de principe ont été longuement
débattus lors du débat, de la discussion de deuxième
lecture qui, comme vous le savez, s'est conclue par un vote adoptant en
principe le projet de loi que nous examinons présentement article par
article. Je me permets de rappeler que ç'a été à ce
point longuement débattu que nous avons eu l'occasion d'expliquer
à quel point une telle position, même si elle semble très
généreuse à première vue, peut être
terriblement risquée et dangereuse dans la pratique, parce qu'elle ne
vise pas seulement
à retirer le droit de grève dans des établissements
à vocation unique, mais elle vise également, de par son
libellé même, à retirer le droit de grève dans des
unités de soins de certains établissements à vocation
multiple. Il y a déjà eu des commentaires expliquant que
c'était extrêmement difficile d'application.
Donc, M. le Président, en concluant sur la recevabilité,
le projet de loi est plutôt fondé en principe... Il y a trois
voies de principe possibles: l'abolition totale du droit de grève,
l'abolition sélective, que nous propose à nouveau par son
amendement le député de Jean-Talon, et celle qui est le principe
et l'économie même du présent projet de loi, qui vise
à capitaliser sur l'acquis, sur une responsabilité mais
surveillée par les parties. En d'autres termes, assurer un exercice du
droit de grève qui soit civilisé, c'est-à-dire que, si
tant est qu'on sent le besoin de l'exercer, qu'on le fasse en reconnaissance de
la primauté du droit des gens à obtenir les services auxquels ils
ont droit. Nous croyons, par le biais de ce principe qui a été
voté en deuxième lecture et qui est la clé même du
présent projet de loi, atteindre des objectifs de fond, de principe, que
nous partageons avec l'Opposition mais par des voies différentes
certainement moins risquées et plus susceptibles de traduire, dans la
pratique, l'objectif et le principe que vise le présent projet de loi,
qui est de reconnaître dans les faits la primauté des citoyens
d'obtenir les services essentiels auxquels ils ont droit.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ça va être
très court...
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est que le principe du projet de loi a pour
objet de consacrer la primauté du droit des citoyens.
M. Rivest: C'est ça qui est le principe.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça le principe et, d'ailleurs, vous
l'avez dit en conférence de presse et ailleurs, c'est sur les
modalités...
M. Marois: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je n'ajoute rien, je pense que
c'est très clair, ça paraît évident.
Le Président (M. Rodrigue): Je me sens suffisamment
éclairé pour rendre une décision. Il y a dans le projet de
loi un principe qui est énoncé au quatrième paragraphe et
qui dit ceci: "Dans les cas où des services essentiels devront
être maintenus, les parties en cause devront, avec l'aide du Conseil des
services essentiels, le cas échéant, s'entendre sur ces
services." Et on ajoute: "À défaut d'entente, le syndicat devra
établir une liste des services essentiels qu'il entend maintenir." Un
mécanisme suit, c'est-à-dire que c'est soumis, etc. Le fait que
c'est le syndicat qui établit la liste des services essentiels me
paraît un principe contenu dans le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Cela a été modifié.
M. Rivest: M. le Président, une demande de directive. Ce
que vous venez de dire est vivement contesté par à peu
près tout le monde. Ce n'est pas vrai que le syndicat va établir
la liste des services essentiels.
Mme Lavoie-Roux: Même le gouvernement va dire non.
M. Rivest: La liste syndicale dont il s'agit, ce n'est plus
l'ancienne liste syndicale. Au mérite du projet de loi, vous vous
prononcez, vous commentez sur le fond en le faisant.
Le Président (M. Rodrigue): Là, on poursuit en
disant ceci, au sixième paragraphe: "Lorsque les services prévus
sont jugés insuffisants ou ne seront pas rendus, le conseil en fera
rapport au ministre et en informera le public." Le conseil a également
des pouvoirs qui lui sont dévolus par la loi. C'est tout le rôle
du conseil...
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des modalités.
Le Président (M. Rodrigue): ... et ce sont tous les
pouvoirs qui sont dévolus au syndicat d'établir la liste et qui
sont attaqués par votre amendement.
Deuxièmement, ce qui a effectivement attiré mon attention
sur cette question, ce sont les propos mêmes du député de
Jean-Talon lorsqu'il a invoqué à plusieurs reprises...
M. Rivest: Bon, je suis remis en cause.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! Lorsqu'il invoquait à plusieurs reprises qu'il s'agissait
d'une question de principe. C'est là que cela m'a amené à
relire l'amendement d'une façon plus attentive et j'ai constaté
que cela s'attaque à certains principes contenus au projet de loi, tel
que décrits dans les notes explicatives. Pour ces raisons, je
déclare la motion d'amendement du député de Jean-Talon
irrecevable.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président,
question de directive.
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai dit que je n'étais pas
familière avec les procédures. Pourriez-vous me dire, lorsqu'on
veut remettre en question une décision de président de
commission, si c'est à l'Assemblée nationale que ça doit
être fait?
Le Président (M. Rodrigue): Si vous êtes
insatisfaite, vous pouvez toujours faire rapport au président de
l'Assemblée nationale et lui demander des directives là-dessus.
La décision ayant été rendue, la discussion ne peut se
poursuivre ici.
À l'article 11 tel qu'il a été amendé par
une proposition du ministre. L'article 11 est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Rivest: Non, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je pense que c'est ma collègue qui va prendre
la parole.
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous comprendrez que
l'article 11, même avec les amendements du ministre, ne peut pas
être accepté parce qu'il y manque des éléments que
nous jugions essentiels pour que, vraiment, la population soit
protégée. Par exemple, le fait que les établissements de
soins prolongés, les établissements psychiatriques, les centres
d'accueil ne soient pas couverts ou ne fassent pas l'objet d'une mesure
d'exception dans cet article, hors de tout doute, va démontrer à
plus ou moins long terme que les droits de la population -le fameux principe
dont vous parliez tout à l'heure ou auquel vous faisiez
référence: la primauté du droit des citoyens - ne seront
pas respectés.
J'aimerais dire ici, à cet effet, à quel point ce projet
de loi, adopté en fin de session, va vraiment maintenir dans un grand
nombre d'institutions et blesser un grand nombre de personnes s'il est
appliqué tel quel. Nous ne pouvons pas accepter un article comme
celui-là. Il faut peut-être rappeler que c'est le comité
provincial des malades qui, hier, demandait au gouvernement de retirer le
projet qui n'assure aucunement la primauté du droit des malades de
recevoir les soins exigés par leur état. Justement, l'article de
Mme Gagnon, dans la Presse, auquel mon collègue de Jean-
Talon faisait allusion tout à l'heure, disait: "... Mais ils ne
seront pas écoutés, on le sait bien. Le gouvernement n'a que ses
problèmes budgétaires en tête. Sa priorité c'est de
"rapatrier", quitte à renier sa propre signature, les hausses de salaire
qu'il a lui-même consenties à ses employés du secteur
public. Pour adoucir le coup et dans l'espoir illusoire d'apaiser les centrales
syndicales, il a concocté sur la question pourtant fondamentale des
services essentiels une législation biscornue...
M. Rivest: Concocté? Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rivest: C'est une affirmation très importante.
Mme Lavoie-Roux: "... technocratique, dont la mécanique
même permet des abus, des risques sérieux et des délais
dangereux. "Quelle irresponsabilité! D'une main, le Conseil des
ministres approuve le projet de loi no 70, qui déclenche la guerre
contre les syndicats du secteur public et risque de provoquer des grèves
plus longues et plus dures, et de l'autre main il approuve le projet de loi 72,
qui ne garantit aucunement la protection de la population au moins dans le
secteur capital de la santé."
Il n'y avait qu'un seul article où on aurait pu, au moins,
minimiser les problèmes qui vont surgir par la suite et nous ne pouvons
même pas, à l'intérieur de cet article, prévoir de
correctifs palliant le manque flagrant de la loi.
M. le Président, même s'il est 12 h 45, je pense qu'il est
important de rappeler ce qui s'est produit à la dernière ronde de
négociations. J'ai souvent fait allusion aux grèves des
infirmières du printemps de 1979. Des rapports d'experts ont
exposé froidement des situations extrêmement précaires
où l'on frôlait souvent le drame. Si nous les avions reproduits
dans le journal, il y en a qui nous auraient accusés de faire du
sensationnalisme et pourtant ces rapports, comme ceux qui ont analysé
d'autres problèmes à l'automne, étaient écrits par
des experts neutres, fonctionnaires ou avocats, d'esprit passablement
légaliste et tatillon, qui fonctionnaient à partir d'une
définition primitive des soins: soigner l'extrême urgence et
éviter les morts.
On ajoute, à propos des institutions particulières que
nous voudrions voir exclues des dispositions de la loi telle qu'elle se
présente, les hôpitaux psychiatriques... Je vous rappellerai - j'y
ai déjà fait allusion -que dans des institutions psychiatriques
comme Pinel, qui abrite des criminels, ou Rivière-des-Prairies, enfants
et adolescents, le syndicat avait retiré tous ses effectifs et seuls les
cadres dont la plupart n'ont pas la
formation requise restaient auprès des malades. À
l'hôpital psychiatrique Robert-Giffard, la situation était telle
qu'il a fallu que le premier ministre lui-même téléphone
à Norbert Rodrigue pour le supplier d'envoyer du renfort. Pourtant, hors
de tout doute, ces personnes, qui sont dans ces institutions 24 heures par
jour, 365 jours par année et pour un nombre X d'années, sont des
personnes qui n'ont aucun recours, qui sont tenues en otage. Ce matin, on a eu,
je l'ai signalé tout à l'heure, cette confirmation de la bouche
même du ministre des Affaires sociales, comme je le répète,
pas de mauvaise foi - c'est le cadre dans lequel on a fonctionné, ce
gouvernement-ci et le gouvernement précédent, du moins depuis
qu'on a le droit de grève... Le cadre dans lequel on a fonctionné
démontre qu'il est impossible de déterminer quels sont
véritablement les services essentiels et je reviens toujours à
cette réalité que la seule façon dont on peut prouver hors
de tout doute que quelqu'un n'a pas manqué d'un service essentiel, c'est
que la personne soit décédée de cause violente. Mais tous
les autres éléments qui font qu'on ne prodigue pas à la
population les soins auxquels elle a droit, qui sont prévus dans la loi
et qui s'appliquent particulièrement aux populations captives des
établissements de soins prolongés... Le projet de loi, même
en admettant qu'il fonctionnerait comme un papier de musique, avec les
dispositions que le ministre y a mises, c'est évident que dans ces
établissements particuliers où les gens sont captifs, il est
impossible d'assurer les services auxquels ils ont droit.
Je pense, M. le Président, que ceci n'est pas la voix d'une
Opposition partisane. Je ne veux même pas retarder les travaux de la
commission, on a une espèce d'engagement moral, si on veut, qu'on doit
terminer a une heure. Je pense que c'est la dernière occasion, sauf en
troisième lecture, de redire au gouvernement que les problèmes ne
sont pas corrigés et qu'on va se retrouver de toute façon avec
une évaluation qui demeurera toujours subjective. Ce que le patient, lui
qui est alité et totalement dépendant, ressent comme besoin est
fort différent de ce que l'observateur peut considérer comme
besoins essentiels. D'ailleurs, il y a eu une remarque du ministre Johnson
à cet égard au moment de la présentation de la loi 59, qui
disait qu'en fait ce qu'on devait reconnaître comme besoins essentiels
des patients étaient ceux qui étaient définis dans les
institutions de santé par le patient lui-même mais -
peut-être qu'il n'allait pas jusque-là - personne ne peut se
substituer à un malade et particulièrement pas à une
personne très handicapée ou invalide pour définir ce que
sont ses besoins. Cela, c'est une réalité. L'autre
réalité, c'est l'impossibilité ou l'espèce de
pression psychologique, si je puis dire, qui s'exerce sur les patients,
même dans des conditions normales, pour qu'ils expriment le moins de
protestations possible. Ils sont en quelque sorte à la merci des gens
qui en prennent soin, qui, je pense, dans les circonstances ordinaires et
même dans les circonstances extraordinaires s'acquittent de leur fonction
d'une façon responsable. Ils n'essaient pas de martyriser la population,
ce n'est pas ce que je veux dire. Il reste qu'on est dans un champ où
c'est extrêmement difficile de définir les besoins des gens quand,
souvent, même les personnes ne peuvent pas s'exprimer parce qu'elles sont
confuses, elles sont inconscientes, elles sont troublées au plan mental;
même leur état physique fait qu'elles ne peuvent pas
réagir. Alors, je défie quiconque de définir ce qui peut
être enlevé à ces personnes, qui est prévu dans les
soins quotidiens et qui n'est pas un service essentiel.
J'arrête ici et j'ai l'impression - je peux me tromper - qu'il y a
des députés de l'autre côté de la table qui sont
aussi inquiets que nous à l'endroit de ces personnes, et peut-être
même le député de Prévost. Ce n'est pas une forme
d'intimidation que je veux faire, mais il connaît la
réalité des choses. Je suis sûr qu'aujourd'hui, quand il
dit que les médecins ne sont pas disponibles ou le sont d'une
façon très limitée, il sait fort bien qu'on ne pourra
jamais dire d'une façon tout à fait objective: Cela n'a nui
à personne ou, à l'inverse, cela a nui à quelqu'un. Est-ce
qu'on peut rester en présence d'un doute à l'égard des
besoins les plus fondamentaux des personnes?
M. Marois: M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, intervenant toujours sur la
question de l'article 11 - ce sera mon dernier mot là-dessus... Mme la
députée de L'Acadie, je voudrais relever quand même deux ou
trois données de fait et une question de fond. Mme la
députée de L'Acadie a dit: Le projet ne nous garantit pas, hors
de tout doute, mais aucun projet ne garantira jamais hors de tout doute...
Mme Lavoie-Roux: ... évidemment.
M. Marois: ... pas plus le leur que quelque projet que ce soit.
Quelqu'un qui affirmerait qu'un projet, quel qu'il soit, que ce soit le projet
de libéraux, que ce soit le nôtre, hors de tout doute - je pense
qu'il faut appeler les choses par leur nom -...
Mme Lavoie-Roux: ... raisonnable, M. le Président.
M. Marois: ... hors de tout doute, ce serait démagogique
que qui que ce soit affirme qu'une position quelconque assure hors de tout
doute. C'est la première des choses.
Deuxième chose. Sur des données maintenant factuelles, Mme
la députée de L'Acadie me cite un article écrit par un
journaliste faisant état d'un conflit intervenu dans deux
établissements, nommément Robert-Giffard et
Rivière-des-Prairies. Je suis certain, connaissant sa rigueur, que Mme
la députée de L'Acadie n'a pas eu le temps, à la suite de
sa lecture de l'article, d'aller vérifier les faits en reprenant les
rapports d'experts...
Mme Lavoie-Roux: Oh...
M. Marois: ... concernant... Un instant! J'ai aussi en main,
puisque c'est moi qui vous les ai fournis...
Mme Lavoie-Roux: J'en ai eu quelques-uns.
M. Marois: ... je pense avoir un certain nombre de
données. Elle me permettra de rappeler, ce qui n'est pas rappelé
- je n'ai pas lu le texte, mais j'ai écouté ce que Mme la
députée de L'Acadie a dit - je présume qu'elle est
toujours de bonne foi et qu'elle a cité l'article tel qu'il était
rédigé, mais je ne l'ai pas lu. Je voudrais rappeler, dans le cas
de Robert-Giffard - pour celui-là, je suis sûr de mon coup - que
la grève était illégale. Je ne crois pas que ce soit
rappelé dans l'article. La grève était illégale et
elle a été déclenchée lors de l'adoption de la loi
no 62. Voilà une différence de taille entre un conflit
légal déclenché dans un contexte, comme nous le proposons,
avec toute une batterie de moyens permettant de se prémunir, comme
collectivité contre des excès ou des abus et de mettre - pour
reprendre l'image que j'ai souvent utilisée -dans un processus de mise
en entonnoir afin d'être capable de prévenir, le cas
échéant, d'intervenir à l'avance pour qu'en fin de compte
les citoyens obtiennent ce à quoi ils ont droit.
Voilà la plus belle illustration - je ne veux pas porter de
jugement, mais peut-être que la journaliste n'a pas eu le temps de
prendre de nouveau connaissance de cette donnée de fait fondamentale
puisque ce qui nous est proposé en principe serait l'abolition
sélective et, par définition, s'il y a abolition
sélective, il n'y a pas droit de grève. Or, le cas de
Robert-Giffard est une très belle illustration des risques que pourrait
faire encourir à la société et aux
bénéficiaires une position d'abolition. Elle a beau être
sélective, mais quand c'est aboli c'est aboli. Et, encore une fois,
comme l'a déjà dit mon collègue: Abolir un droit n'a pas
pour effet, automatiquement, d'abolir les réalités.
Le danger m'apparaît très grand; je ne dis pas que
l'idée n'est pas généreuse; je ne dis pas que je ne
concours pas aux objectifs visés, mais je ne partage pas les moyens et
je pense que c'est prendre un risque très sérieux. Ce que nous
proposons nous permet de nous donner des moyens de se prémunir, de
prévenir, d'intervenir pour faire en sorte que les citoyens obtiennent
le respect de leurs droits fondamentaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II se peut fort bien d'ailleurs j'accepte
l'affirmation du ministre selon laquelle il s'agissait d'une grève au
Centre hospitalier Robert-Giffard, même si je n'ai pas eu le temps de le
vérifier...
M. Marois: Illégale. Pas il se peut, c'est un fait.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela, j'ai dit que je l'accepte. Je
ne le consteste pas, mais ce n'était pas la même chose dans le cas
de Rivière-des-Prairies et dans un grand nombre d'autres cas dont je
n'ai pas parlé et dont j'aurais pu parler.
Je ne dis pas que si vous abolissez d'une façon sélective
le droit de grève dans un certain nombre d'institutions que jamais il
n'y aura de conflit de travail à l'intérieur de celles-ci. Il va
toujours y avoir des tensions de relation de travail entre les employeurs et
les employés, l'administration et les employés, mais il reste que
quand il y a aussi - et le ministre aime cela parce qu'il nous parlait beaucoup
de l'approche pédagogique - une approche pédagogique, quand le
droit de grève n'est pas exercé ou est aboli, et que des mesures
de rechange sont prévues, vous diminuez énormément les
risques de conflit. Dire qu'il n'y en aura jamais serait m'engager d'une
façon absolument utopique, mais je crois que vous diminuez
considérablement les risques et vous créez une autre
attitude.
Si l'État exprime son sens des responsabilités complet
à l'égard des plus démunis, je pense que ceci ne peut pas
manquer de se refléter ou de se traduire aussi par un comportement de
plus en plus responsable dans des situations de conflit des employés. Je
ne nie pas que le gouvernement veuille chercher cela à travers son
projet de loi actuel, mais je maintiens qu'il prend des risques
considérables. L'expérience a démontré que
même pour toutes les autres lois, la loi no 59 ou même la loi no
253, on peut dire que les délais étaient trop courts, etc. En
soi, ce n'étaient pas de mauvaises
lois, mais le vécu ou l'expérience a prouvé que,
rendu dans un conflit de travail dans des milieux de santé, l'objet
d'exercice des pressions tant de l'employeur que du syndiqué, c'est le
patient. C'est cela qui est le point critique dans le débat qu'on a.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Rivest: Sous réserve d'un dernier commentaire, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: C'est que les risques évoqués par le
ministre - et je pense que ma collègue a très bien répondu
sur où il y a le plus de risques où c'est qu'il y a le moins de
risques il y a des gens qui soient exposés -dans le projet de loi
lui-même et le ministre en est bien conscient lorsqu'il affirmait, au
début, que personne ne peut garantir hors de tout doute, non plus
certainement pas notre formule, et on n'a jamais prétendu que
c'était hors de tout doute raisonnable. On essaie de faire pour le
mieux, et lui-même, le ministre, non plus, puisque dans le corps
même de son projet de loi - il y a l'article 113 - lorsqu'il fait un
décret que cette suspension du droit de grève a effet
jusqu'à ce qu'il soit démontré à la satisfaction du
gouvernement qu'en cas d'exercice du droit de grève les services
essentiels soient maintenus. Il admet la possibilité d'une grève
illégale et c'est inéluctable, bien sûr, qu'il doit
prévoir cette solution. Il l'admet d'autant plus qu'il y a tout un
régime dans la loi qui prévoit le recours au cas de grève
illégale à la procédure du recours collectif. (13
heures)
Mme Lavoie-Roux: Et de l'injonction.
M. Rivest: Alors, on a déjà débattu de cette
question. En tout cas, personnellement, je regrette sincèrement que ce
projet de loi, qui a donné lieu à une commission parlementaire
où les centrales syndicales sont venues... Il y a une dimension aussi,
vous savez, sur le caractère de situations comme celle qu'a connue
Robert-Giffard ou d'autres. Je ne suis pas de ceux qui croient, bien au
contraire, je pense que les travailleurs en cause dans le secteur où de
telles situations ont été vécues auraient sans doute
aimé, dans un cadre autre que le cadre très formel d'une
commission parlementaire où les porte-parole des centrales syndicales
viennent défendre un point de vue syndical, parce qu'il y a un certain
nombre de droits, c'est leur responsabilité et elles l'ont fait... Je me
demande, si le ministre avait pris une autre approche, celle d'aller rencontrer
les travailleurs établissement par établissement, en particulier
la catégorie d'établissements qu'on a désignée,
pour leur dire: Voici, telle situation est arrivée dans votre
établissement. Est-ce qu'il y a moyen que l'on prenne les mesures
nécessaires pour qu'à l'avenir ces choses ne se fassent pas? On
va regarder avec vous les possibilités de protéger vos droits en
tant que travailleurs et prendre des moyens de pression pour obtenir des
négociations collectives...
Il y a eu une commission parlementaire où les centrales
syndicales sont venues. Le gouvernement était là, il a
exprimé ses intentions. Après cela est arrivé un projet de
loi et on s'est trouvé face à ce problème. Je me demande
s'il y a eu entre les deux des contacts personnels suivis, un regard des choses
avec les gens concernés pour permettre aux travailleurs, à chaque
unité de négociation, de regarder le milieu dans lequel elle vit.
Si on avait fait tout ce processus, si on avait fait une analyse, une
autocritique ensemble, le gouvernement et administrateurs, pour essayer de
dégager un consensus, ma conviction profonde, c'est qu'à ce
moment, justement dans la perspective de diminuer les risques de
l'illégalité dans la formule que nous proposons, l'immense
majorité des travailleurs auraient convenu dans ces rencontres
informelles de préparer... Il y aurait eu un consensus qui se serait
dégagé dans le milieu, probablement autour de ce que le ministre
dit vouloir atteindre comme objectif et autour de ce que, nous, on a
proposé en termes juridiques. Je suis convaincu que les travailleurs de
ces établissements, voyant la réalité des choses, auraient
autant convenu que vous, M. le ministre, que dans les hôpitaux
psychiatriques et de soins prolongés, dans les centres d'accueil, ce que
nous on traduit dans la forme juridique, tout le monde aurait convenu
qu'effectivement toute diminution des services... Je pense que ma
collègue a très bien décrit la situation subjective,
finalement, dans laquelle chacun des malades se trouve face à une
situation de grève. On généralise, bien sûr, on est
obligés de le faire, mais je pense que, voyant cela, les travailleurs
eux-mêmes vivant dans ces établissements auraient pu convenir d'un
consensus que le ministre aurait pu encadrer dans son projet de loi, qui irait
beaucoup plus loin que toute cette mécanique complexe mais sans doute
bien intentionnée. Je suis convaincu qu'on serait arrivé à
obtenir l'adhésion de l'immense majorité des travailleurs et
même, par-delà, de leurs représentants syndicaux autour des
propositions que nous avons formulées.
Mon sentiment, je le répète au ministre en terminant,
c'est qu'on a fait un mécanisme formel, on a fait une commission
parlementaire pour regarder le vécu des relations de travail dans le
domaine de la santé. Les gens et les organisations syndicales sont
venues publiquement exprimer
leur point de vue qui était celui de leur centrale, ils ont droit
de le faire, et le gouvernement a fait état de la préoccupation
qu'il avait. Je ne sais pas comment il se fait, mais on n'est pas allés
au-delà des structures gouvernementales et des structures syndicales
pour atteindre les personnes qui oeuvrent dans le secteur et leur dire:
Écoutez, il s'est passé telle chose. Est-ce qu'il y a eu un
fonctionnaire du ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu ou un porte-parole du ministre qui est
allé dans l'établissement? Voici ce qu'il y a eu. Il y a des
syndicats locaux qui ont leur autonomie, qui connaissent leur
établissement. Il me semble que si l'on avait fait tout ce vécu
avec les expertises qui ont été fournies par le rapport Picard,
si on était allé les voir, discuter avec chacun, je suis pas mal
sûr qu'au-delà des schèmes traditionnels dans lesquels un
syndicat ou le gouvernement s'inscrit on serait arrivé beaucoup plus
près de l'objectif qui nous est commun, non seulement au gouvernement et
à l'Opposition, mais également aux travailleurs en cause et aux
clientèles - Dieu sait que c'est tellement sensible - pour en arriver
à autre chose qu'à ce mécanisme complexe et qu'on essaie
de raffiner ou de rafistoler du mieux qu'on peut pour atteindre l'objectif.
Tout le monde en convient. Je regrette que ce travail n'ait pas
été fait et c'est ce qui nous fait craindre que, compte tenu de
l'expérience qu'on a vécue, des situations continuent de se
produire et il y aura encore des situations pénibles. Je suis convaincu
qu'il y en aura encore, mais il me semble qu'au niveau des risques qu'on nous
fait courir et qu'on a fait courir dans le passé aux
bénéficiaires... On essaie de l'exprimer de la façon qu'on
a voulu l'exprimer et, quant à nous, pour les fins de l'étude
article par article, je pense que notre point de vue est exprimé.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Rivest: Sur division. M. Marois: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 11 est adopté
sur division tel qu'amendé. Je vous signale qu'il est 13 heures. Est-ce
qu'il y a consentement pour poursuivre les travaux de la commission
jusqu'à 14 heures?
M. Rivest: On peut continuer pour un bout de temps. On verra
où on en est rendu.
Le Président (M. Rodrigue): Très bien. Il y a
consentement. J'appelle l'article 12.
M. Marois: L'article 12 commence par 111.10.1. Je pense que le
texte est clair. En d'autres termes, on entre maintenant dans la reproduction,
à toutes fins utiles, mutatis mutandis, de la procédure avec
évidemment le fait qu'elle est beaucoup plus large car elle encadre
l'ensemble du secteur des établissements de services sociaux et de
services de santé.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que 111.10.1 est
adopté?
M. Rivest: Cela se réfère au protocole-cadre, au
règlement.
M. Marois: C'est cela.
M. Rivest: Là-dessus, dans les remarques que je viens de
faire sur l'article, il me semble que vous auriez beaucoup plus d'indications
sur ce que vous devez mettre, entre autres, pour les clientèles captives
dans votre règlement. J'espère que vous allez en tenir
compte.
M. Marois: Je me permets, M. le Président, peut-être
que, dans le débat de fond, cela a échappé à
l'attention du député...
M. Rivest: Ah non!
M. Marois: ... dans l'article antérieur, contrairement
à l'ancien code, les parties devront faire en sorte que les services
à maintenir le soient non seulement par catégorie de services, ce
qui était déjà prévu, mais également on
ajoute, c'est une dimension extrêmement importante, par unité de
soins.
M. Rivest: M. le Président, sur ce chapitre, étant
donné...
Le Président (M. Rodrigue): Tout l'article 12.
M. Rivest: Oui, il va être adopté, avec les
remarques qu'on a à faire sur chacun, mais toujours sur division.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 111.10.1 est
adopté sur division. L'article 111.10.2?
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. L'article
111.10.3?
Mme Lavoie-Roux: Sur l'article 111.10.2.
Le Président (M. Rodrigue): Sur l'article 111.10.2, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mes restrictions
demeurent entières sur le rapport du conseil. Tout
dépendra de la qualité des membres et...
M. Rivest: Ce sont les mêmes remarques. On étudie
les articles dont on a discuté l'autre soir.
Mme Lavoie-Roux: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté sur division.
L'article 111.10.3 est adopté sur division. J'appelle l'article
111.10.4, toujours 111.10.4.
M. Rivest: Ce sont les mêmes remarques sur la
possibilité de fournir des services supérieurs.
Mme Lavoie-Roux: J'avais juste une question sur le... Je pense
qu'il a été adopté sur division, mais au moins je peux la
poser, si vous me le permettez. Sur l'article 111.10.3, le conseil doit
informer le public du contenu de tout rapport fait au ministre en vertu de
l'article 111.10.2. C'est excellent d'une façon parce que cela met de la
pression sur la partie qui ne respecte pas ses engagements. Mais, pour les
patients ou les familles qui sont touchés, c'est inquiétant et il
ne faudrait pas qu'à partir de cette inquiétude, on minimise,
d'un autre côté, le contenu du rapport. C'est...
M. Marois: Quelles mesures, au fond?
Mme Lavoie-Roux: C'est un vrai dilemme que cet article
111.10.3.
M. Marois: II faut bien comprendre. C'est vrai qu'il y a une
balance d'avantages et d'inconvénients. On en a discuté assez
souvent et assez longuement avec plusieurs intervenants lors des travaux de la
commission parlementaire, à l'automne. Il y a un reste d'avantages et
d'inconvénients et il nous a semblé... Je n'y reviendrai pas
parce qu'on a eu cette discussion, on l'a longuement faite l'autre soir sur le
même article, a toutes fins utiles, sur les services publics. Dans ce qui
reste des avantages qui minimisent certains inconvénients - parce qu'il
y a toujours des inconvénients quelconques, je me dois en toute
honnêteté de le dire - il y a aussi une question de jugement qui
tient beaucoup aux personnes, à leur compétence, à leur
sens du jugement, d'à-propos, à la façon de dire les
choses. Cela intervient avant l'acquisition du droit de grève et cela
indique aussi qu'à moins de correction majeure, le rapport signifie que,
sur réception, le ministre formule une recommandation au Conseil des
ministres qui, en bout de piste, suspend le droit de grève. Donc...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est le problème où le
droit de...
M. Marois: Et sans compter en plus, dans cet esprit-là,
qu'il faut tenir compte de l'ensemble des différents morceaux, du fait
qu'il sera impossible de donner des avis de grève à la
chaîne, à répétition, en plus. Alors, cela a pour
effet de réduire, me semble-t-il, ce qu'on appelle le domaine des
appréhensions psychologiques, pas seulement de
bénéficiaires, mais de parents, d'amis, bon, enfin. Quelles que
soient les formules retenues, il faut mesurer comment on peut contribuer
à réduire les appréhensions, et certainement communiquer
l'information, cependant, sans perdre de vue jamais le pouvoir
général d'information, dont on a aussi longuement discuté,
quant à la façon dont il pourrait se traduire dans les faits, une
information plus générale sur l'ensemble des services, la
façon dont les choses se présentent dans une région
donnée, dans une localité donnée. D'ailleurs, cela
ressortait des témoignages, me semble-t-il, sous réserve de me
tromper, qu'il y avait plus d'avantages que d'inconvénients
précisément dans la perspective des appréhensions, surtout
d'ordre psychologique.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le problème ne se pose pas
dans le cas où on ne permet pas d'exercer le droit de grève, ou
on permet d'exercer le droit de grève parce qu'on remplit toutes les
conditions de la liste des services essentiels. Le problème va se poser
quand, après, elle ne sera pas respectée à cause des
délais inévitables qui vont être encourus avant qu'on en
fasse la démonstration. Vous savez tous les calculs qu'on fait, pas des
mauvais calculs mais des calculs dans le sens de ne pas mettre de l'huile sur
le feu, de faire la part des choses et de revenir... Enfin, laissons-le, on en
a fait état, mais c'est une difficulté aussi, je pense.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, l'article 111.10.3 est
adopté sur division également?
M. Rivest: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 111.10.4.
M. Rivest: Même remarque que sur les articles dans l'autre
section.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté sur division.
L'article 111.10.5.
M. Rivest: À l'article 111.10.5, on comprend très
bien l'intention du ministre.
Mais, cela ne dispose pas les bénéficiaires ou des membres
de leur famille, cela ne dispose pas - enfin, c'est tout le débat dont
il a été fortement question lors des audiences - de la fameuse
loi du silence. Je pense que c'est le Dr Jutras, d'Arthabaska, ainsi, je pense,
que M. Brunelle, du comité des malades, qui ont parlé de toute
cette loi du silence qui prévaut dans les établissements, parce
que c'est difficile, surtout, en plus, dans les établissements où
nous avions demandé d'enlever le droit de grève d'une
façon sélective. Les malades chroniques qui doivent continuer
à vivre, qui doivent continuer, pendant des mois et des années,
à vivre dans les mêmes établissements, comment voulez-vous
qu'ils aillent se plaindre de l'attitude d'une personne qui a eu un
comportement qui n'est pas raisonnable dans une situation de conflit, alors
qu'une fois le conflit terminé, la même personne, le malade va
être complètement à sa merci. Mais il peut y avoir des cas.
Enfin, il y a une crainte extrêmement difficile, c'est la loi du silence.
On ne légifère peut-être pas là-dessus, mais
j'espère qu'au niveau du conseil, au niveau de la pratique, au niveau du
gouvernement, on y sera sensible parce que c'est un problème humain
extrêmement profond. (13 h 15)
M. Marois: Bien, M. le Président,
précisément parce que cela a été
évoqué et qu'on l'avait, cela aussi, assez longuement
discuté autour des témoignages, il s'agit d'un article qui permet
de briser la loi du silence dans la mesure où,
précisément, on introduit là une obligation de laisser une
personne nommée par le conseil pour faire enquête circuler, avoir
pleinement accès non seulement aux lieux, mais avoir accès aux
humains et en plus avoir accès aux membres de leur famille, qui ne sont
pas nécessairement sur place. On sait très bien -je pense que
chacun et chacune d'entre nous ont dû avoir des expériences
personnelles -que, dans certains cas, des bénéficiaires dans une
institution vont souvent communiquer aux membres de leur famille, à
leurs proches leur façon de percevoir les choses qu'ils ne
communiqueront pas à une personne directement sur place. Mais par le
biais des contacts avec les membres de la famille, ça vient certainement
ouvrir une perspective qui risquait d'être fermée. Je ne dis pas
que c'est parfait et absolu, mais je pense que c'est une brèche
importante.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que 111.10.5 est
adopté?
M. Rivest: Sur division.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas sur division.
M. Rivest: Non, celui-là, ça marche.
Le Président (M. Rodrigue): 111.10.5 est adopté.
111.10.6?
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. M. Rivest: Les CRSSS.
Mme Lavoie-Roux: Pas sur division. M. Rivest: Pas sur
division.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, 111.10.6 est
également adopté. L'article 12 est-il adopté?
M. Marois: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Bien, c'est toujours sur division.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, l'article 12 est
adopté sur division.
M. Rivest: Oui, le total sur division.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 13?
M. Rivest: En tout cas, vous surveillerez notre logique de la
division.
Le Président (M. Rodrigue): Je ne l'interpréterai
surtout pas, je vais vous laisser l'exprimer.
M. Rivest: Appliquez les principes, M. le Président, c'est
votre matière forte.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 13.
M. Rivest: Article 13, vous n'avez pas les sept jours?
M. Marois: 111.11.
M. Rivest: Votre autre amendement?
M. Marois: 111.12. On y arrive. C'est là qu'il est.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Rodrigue): C'est à l'article 14,
l'autre amendement. Est-ce que l'article 13 est adopté?
M. Marois: C'est le même article que l'autre.
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 13
est adopté. L'article 14?
M. Marois: Bon, alors là... M. Rivest: Attendez;
12...
Le Président (M. Rodrigue): Non, l'article 13.
M. Rivest: Moi, je suis à 111.11. M. Marois:
L'article 13...
M. Rivest: Ah, l'article 13. D'accord; moi, je suis à
111.11.
Le Président (M. Rodrigue): C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Ils ont un amendement.
M. Marois: Alors là...
Le Président (M. Rodrigue): Non, je m'excuse, l'amendement
est sur l'article...
M. Marois: ... suivant...
Le Président (M. Rodrigue): ... 14, paragraphe 111.12.
M. Marois: C'est ça. Alors, on introduit, M. le
Président, à l'article 14, l'amendement de concordance. Je pense
que le texte a été distribué. C'est là qu'on
introduit...
M. Rivest: On va avoir besoin de services essentiels s'ils ne
baissent pas les...
Le Président (M. Rodrigue): Alors, nous en sommes à
l'article 14...
M. Rivest: Comme on a peu confiance en la loi du ministre, on
était très inquiet.
Le Président (M. Rodrigue): ... alinéa 111.12; il y
a un amendement présenté par le ministre.
M. le ministre.
M. Marois: Alors, le texte a été distribué,
je pense bien, M. le Président. On l'a expliqué. Je puis me
permettre de le lire. "Dans le cas d'un établissement, la grève
ne peut être déclarée par une association
accréditée à moins qu'une entente n'ait été
transmise au conseil depuis au moins quatre-vingt-dix jours ou qu'une liste ne
lui ait été transmise ainsi qu'à l'employeur dans le
même délai. "Le délai visé au premier alinéa
est calculé sans égard à l'application du quatrième
alinéa de l'article 111.10."
Donc, c'est la concordance, c'est la réplique des sept jours-sept
jours sur les quatre-vingt-dix jours.
M. Rivest: Le délai de quatre-vingt-dix jours, est-ce
qu'à votre avis c'est suffisant? Pourquoi quatre-vingt-dix jours?
Pourquoi pas cent vingt? Notre idée, c'est de sortir...
M. Marois: On a discuté de ça également, M.
le Président. Je me permets de le rappeler au député parce
qu'on en est rendu à la treizième ou à la
quatorzième heure de travail. On a eu l'occasion d'en discuter lorsqu'on
a discuté du délai des sept jours-sept jours. À ce
moment-là, on a fait une discussion sur l'ensemble de la question des
délais; antérieurement, les délais étaient beaucoup
plus longs. Vous vous souviendrez qu'il ressortait des mémoires des
associations représentant les divers types d'établissement que le
délai qui était de cent quatre-vingt jours était beaucoup
trop long, ne permettait absolument pas de tenir compte des situations
réelles; qu'un délai de quatre-vingt-dix jours - un délai
d'ailleurs qui a été suggéré par plusieurs
intervenants - était à la fois un délai responsable, en ce
sens que ça permettait de faire le travail requis dans ce
délai-là, et permettait de refléter beaucoup plus une
situation réelle.
M. Rivest: M. le ministre, notre intention en ceci était
évidemment de sortir - et je pense que Mme Gagnon le rappelle encore
dans son article ce matin - la question de la détermination des services
essentiels par voie d'entente du contexte des négociations ou des
prénégociations, d'essayer d'éloigner ça. Et
l'inconvénient que signale le ministre se trouve corrigé par son
propre mécanisme qu'il propose, dans la mesure où le conseil peut
retourner vers les parties. Mais on en a discuté entre les articles 90
et 120, je ne ferai pas un amendement formel...
Mme Lavoie-Roux: C'est lourd, mais, en tout cas.
M. Rivest: ... mais c'est notre remarque. Je pense qu'on en a
parlé dans l'autre section. D'accord.
M. Dean: Mme la députée de L'Acadie va remarquer
que, pour illustrer la rapidité et l'efficacité de notre projet
de loi, les services essentiels sont déjà arrivés sur les
lieux et ils sont en train de nous donner...
Mme Lavoie-Roux: On vous remercie, M. le député de
Prévost.
M. Dean: Your wish is our command.
Le President (M. Rodrigue): L'amendement à l'article 14
est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Si tout va comme
ça, ça va bien aller!
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 14 est
adopté tel qu'amendé?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 14 est adopté
tel qu'amendé. Article 15.
M. Rivest: C'est la même chose. M. Marois:
Exactement.
M. Rivest: On a toujours notre journal de langue française
qui revient constamment; c'est une obsession digne du Dr Laurin!
M. le Président, on a convenu, dans un esprit de collaboration,
que le nouveau texte soit: "dans un journal"... Quel est le texte exact de
l'amendement?
M. Marois: Biffer les mots "de langue française".
Mme Lavoie-Roux: ... "dans un journal circulant dans la
région où l'établissement"...
M. Marois: C'est ça.
Le Président (M. Rodrigue): II est proposé par le
député de Jean-Talon de biffer les mots "de langue
française", au troisième paragraphe de l'alinéa 111.13 de
l'article 15. Est-ce que cet amendement sera adopté.
M. Marois: Dans un esprit de collaboration, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): Cet amendement est
adopté.
M. Rivest: Cela ne contredit pas le principe.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 15 est-il
adopté tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 15 est adopté
tel qu'amendé. Article 16.
M. Marois: C'est la réplique de ce qu'on a adopté
tantôt dans les services publics.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet article est
adopté?
M. Rivest: À l'article 16, c'est la clause usuelle?
M. Marois: Non, on se trouve à 111.14.
Mme Lavoie-Roux: Nous sommes d'accord. On l'a fait tout à
l'heure.
M. Rivest: On l'a fait tantôt.
Mme Lavoie-Roux: À 111.15, c'est la même chose.
M. Rivest: Vous allez faire le même...
Le Président (M. Rodrigue): L'article 15 est adopté
au complet, tel qu'amendé. Article 16.
M. Rivest: C'est la clause privative.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet article est
adopté?
M. Rivest: Où en est la jurisprudence à ce sujet?
Je l'ai échappée, depuis ma sortie de l'université.
Mme Lavoie-Roux: II est 13 h 20, M. le Président.
M. Marois: On tâchera de la retrouver.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 16 est
adopté. Article 17.
M. Rivest: C'est parce que c'était plus ou moins
appliqué, finalement, si mon souvenir est bon.
Mme Lavoie-Roux: S'il faut faire toute l'histoire depuis que vous
êtes sorti de l'université!
M. Rivest: Est-ce que ça s'est amélioré?
M. Marois: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 17 est
adopté.
M. Marois: On a eu l'occasion de discuter l'article 17 en
détail, un soir, quand on a comparé - cela vaut pour les articles
17, 18 et autres - les sanctions pénales qui se trouvent à
modifier substantiellement le code, reproduisent les sanctions pénales
graduées de la loi 47, selon qu'il s'agit d'individus, d'associations
syndicales ou patronales, peu importe, et introduisent de nouvelles sanctions
pénales qui n'étaient pas prévues
antérieurement.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet article 17 est
adopté?
M. Rivest: M. le Président, comme ces sanctions
pénales s'appliquent autant au secteur public qu'au secteur parapublic,
je signale que ce projet de loi, comme j'ai eu
l'occasion de le dire, constitue, selon les dernières
recommandations qu'on a, c'est-à-dire les recommandations de M. Jutras,
de la Commission de transport de Montréal... J'ai essayé de
trouver dans le projet de loi du ministre quelque égard aux
recommandations de M. Jutras. Il n'y en a à peu près pas qui ont
été retenues. Et je signale que le régime de sanctions
proposé par le commissaire Jutras, à la Commission de transport
de Montréal - régime qui avait trait, on s'en souviendra,
à l'ancienneté, enfin il y avait tout un régime de
sanctions - est complètement mis de côté par le ministre.
Le commissaire Jutras n'a pas été chanceux avec ses
recommandations, il n'y en a à peu près aucune qui a
été retenue.
Mme Lavoie-Roux: Qui avait nommé ce commissaire?
M. Rivest: C'est le ministre du Travail, qui est la même
personne, je crois.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
M. Rivest: Non, M. le Président, j'aimerais avoir un
commentaire. Pourquoi avez-vous tout écarté, la question
d'ancienneté...
M. Marois: M. le Président, j'ai déjà eu
l'occasion de répondre à plusieurs reprises sur l'ensemble des
recommandations et sur l'ensemble de cette question qui a été
soulevée encore l'autre soir, et je ne vois pas la pertinence de
reprendre...
M. Rivest: Non, sur les sanctions. M. le Président, il
abuse de...
M. Marois: Je pense que les propositions que nous formulons dans
le texte sont très claires...
M. Rivest: Vous ne vous êtes jamais prononcé sur le
régime des sanctions.
M. Marois: Et mon collègue, député de
Prévost - le député de Jean-Talon l'admettra, connaissant
sa bonne foi et sa rigueur - a longuement commenté
particulièrement les autres dimensions qui reviennent à
nouveau.
M. Rivest: Les autres dimensions, mais pas les dimensions de la
sanction.
M. Marois: Celles-là justement, oui. M. Rivest: II
était contre.
M. Marois: Le député de Jean-Talon relira les longs
commentaires de mon collègue...
M. Rivest: II refuse de dire cela, il refuse de le dire.
M. Marois: ... le député de Prévost,
l'adjoint parlementaire, sur ces questions.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre! Est-ce que l'article...
M. Rivest: Est-ce que vous avez une idée des plaintes qui
ont été portées en vertu du régime de sanctions qui
était dans la loi 59? Y en a-t-il eu?
Mme Lavoie-Roux: II devait y en avoir.
M. Perron: Ou plutôt les plaintes ont
été...
Mme Lavoie-Roux: À la loi 62, il y a eu des plaintes
contre le..
M. Rivest: Est-ce qu'il y a eu des condamnations? Parce qu'il
faut voir un régime de sanctions sur la façon dont le
gouvernement l'administre. Puisqu'il y a eu des problèmes, est-ce qu'il
y a eu des plaintes, est-ce qu'il y a eu des gens qui ont été
condamnés, combien?
Mme Lavoie-Roux: II y a eu une cinquantaine de cas de
poursuite.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a une volonté du gouvernemnt de
faire appliquer ces lois? Sans cela, on peut adopter un article et mettre
toutes les sanctions du monde.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Prévost.
M. Rivest: Parce que j'ai toujours en mémoire le
régime des sanctions de la loi 253 où le ministre Bédard
avait donné sa bénédiction...
M. Marois: M. le Président, je ne dispose pas d'un bilan
chiffré, détaillé en main...
Mme Lavoie-Roux: ... exhaustif.
M. Rivest: Mais, est-ce qu'il y en a eu?
M. Marois: Bien sûr, il y en a eu. Mme la
députée de L'Acadie qui suit attentivement ce qui se publie dans
les journaux a dû voir récemment - c'était, si ma
mémoire est bonne, je perds un peu la notion des jours, hier ou
avant-hier - un compte rendu que j'ai vu, que j'ai lu en diagonale, sur des
jugements rendus, sur des sanctions concernant des comportements
illégaux et je me demande même si cela ne
remontait pas à un certain nombre d'années.
M. Rivest: Est-ce que je peux obtenir du ministre la
garantie...
M. Marois: II y a eu aussi le fameux jugement où le juge a
largement commenté, en rendant son jugement dans le cas où il a
appliqué une sanction pénale au président d'une centrale,
il n'y a pas si longtemps, l'article du code que nous amendons qui
établit un maximum de 1000 $ par jour; on se souviendra de cela. C'est
un autre cas qui me revient à la mémoire, mais je n'ai pas en
main de bilan détaillé.
M. Rivest: Est-ce que le ministre peut, sur cet article,
m'assurer que, dans l'avenir, enfin tant qu'il aura des responsabilités
d'ordre ministériel, on assistera, étant donné que ces
lois doivent être appliquées au type de déclaration ou au
geste que le ministre de la Justice actuel avait posé au mois de
décembre 1976, donnant une amnistie générale à tout
le monde... À ce moment-là, vous vous rappellerez qu'on avait dit
au ministre de la Justice: Fort bien, vous pouvez prendre cette
décision, mais qu'est-ce que vous allez faire avec les lois que vous
allez adopter et qui vont exposer des gens à avoir un même
régime de sanctions? Si bien qu'on s'est retrouvé devant deux
catégories de traitement. Les gens qui avaient enfreint une loi de
l'Assemblée nationale, qui était la loi 253, ont
été amnistiés. Par la suite, dans les lois successives du
gouvernement, il y a des gens qui ont été condamnés. Quand
on est au gouvernement, on doit avoir une certaine conscience des
responsabilités qu'on a. On a fait en sorte que des travailleurs qui
avaient défié les lois du travail dans le domaine de l'exercice
du droit de grève, dans le secteur public, ont été
traités différemment. Une journée, ils n'ont rien eu et
une autre journée, ils ont été... Ce ne sont pas les
mêmes travailleurs.
M. Marois: Le député de Jean-Talon se souvient fort
bien de tout cela, se souvient fort bien du contexte...
M. Rivest: Oui, je me le rappelle.
M. Marois: Je n'ai pas l'habitude d'interrompre le
député de Jean-Talon, M. le Président. Je ne vois pas
pourquoi il s'énerve à ce moment-ci de nos travaux. Il se
souviendra fort bien des motifs qui avaient amené le ministre de la
Justice à prendre ces mesures et ces dispositions et je voudrais
enchaîner par la suite en ajoutant une autre chose. C'était le
résultat des merveilleuses lois votées par l'ancien gouvernement,
les lois 23 et 253, et les sanctions et les poursuites totalisaient pas loin,
si ma mémoire est bonne - je donne le chiffre sous réserve de me
tromper, mais, étant donné l'ampleur, cela va être vrai
à quelques détails près - étaient de l'ordre de 30
000 000 $, c'est-à-dire, à toutes fins utiles, quelque chose qui
menait à une telle irresponsabilité que cela donnait ce genre de
résultat. (13 h 30)
M. Rivest: Qui étaient irresponsables, les gens qui ont
défié la loi ou les...
M. Marois: Ceux qui l'avaient faite, le genre de sanctions
incluses et le résultat...
M. Rivest: Vous avez le même régime de
sanctions.
M. Marois: ...et ceux qui avaient...
M. Rivest: Vous avez le même régime de
sanctions.
M. Marois: Un instant, M. le Président;
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Marois: Et ceux qui avaient violé la loi.
C'était aussi irresponsable et, en ce qui me concerne, je mets cela dans
le même sac. Ceci étant dit, le gouvernement a indiqué
clairement... Le ministre du Travail était, en janvier, le ministre
responsable de l'application de la loi 47 qui concerne un conflit bien
précis et qui prévoyait exactement ce genre, ce nouveau genre de
sanctions pénales graduées et calibrées, en essayant de
les calibrer de façon responsable, de façon qu'on fasse des
distinctions et des nuances et que cela ait un effet "désincitatif" sur
l'avenir.
On sait fort bien que dans les cas où des gestes illégaux
ont été posés par des individus ou des syndicats, à
la suite de la loi 47, le ministre qui vous parle aujourd'hui a fait en sorte,
sur plaintes reçues - le ministre de la Justice étant sur la
même longueur d'onde que le ministre du Travail -qu'une suite soit
donnée - on connaît les résultats - mais de façon
équilibrée et responsable, pour que cela donne les
résultats que cela doit donner, mais de façon responsable et non
pas tomber dans des affaires qui mènent à des situations
où ce ne sont plus des sanctions. Dans le cas de la suite de la loi 47,
les faits sont là, il n'y a pas eu d'éponge de passée et
les sanctions ont été prises, les mesures ont été
prises dans un délai extrêmement rapide. Tout le monde
connaît cela, c'est à la portée et à la connaissance
de tout le monde. C'est exactement le même type de sanctions, ce sont les
mêmes chiffres, les mêmes montants.
M. Rivest: M. le Président, je ne veux
pas faire un débat là-dessus, mais je signale simplement
au ministre, d'une part, que par rapport à la loi 59, il accroît
l'importance des amendes.
M. Marois: Bien sûr, par rapport à la loi 59, il
accroît...
M. Rivest: Donc...
M. Marois: ... mais c'est sans commune mesure avec les lois 23 et
253 qui menaient à des histoires de l'ordre de 30 000 000 $.
M. Rivest: Je ne l'ai pas regardé en détail, mais
dans le projet de loi no 253, pour une association de salariés qui
enfreignait la loi, l'amende était de...
Mme Lavoie-Roux: 5000 $ à 20 000 $.
M. Rivest: Attendez un instant pour voir si c'est bien la
même chose. C'est cela, de 5000 $ à 20 000 $, alors que dans votre
loi, vous parlez de 5000 $ à 50 000 $. Donc, la rigueur des sanctions du
projet de loi no 253, en tout cas, pour ce qui concerne les salariés, ce
n'était pas si épouvantable que cela.
M. Marois: Pour ce qui concerne les salariés, venez-vous
de dire?
M. Rivest: Non, non, l'association de salariés. Parce que
dans vos millions, il y avait plusieurs associations de salariés. De
toute façon, vous allez appliquer la loi maintenant, vous avez eu votre
leçon. Bon!
Le Président (M. Rodrigue): L'article 17 est-il
adopté?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 17 est
adopté. Article 18.
M. Rivest: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. Article 19.
M. Rivest: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. Article 20.
Code de procédure civile
M. Rivest: L'article 20 touche le recours collectif.
M. Marois: Oui. Bien sûr, tout le monde comprend que c'est
à la fois le Code de procédure civile et la Loi sur le recours
collectif qui se trouvent modifiés, conformément aux
recommandations qui ont été formulées au ministre de la
Justice dans les rapports de l'équipe qui dirige le Fonds d'aide aux
recours collectifs. Tout le monde comprend que cela va s'appliquer de
façon large, étant donné que c'est une procédure
civile, donc non pas uniquement pour la question qui est présentement
discutée aujourd'hui, mais, notamment, pour celle-là comme pour
d'autres, si tant est que des citoyens ont des recours civils fondés,
légitimés en droit.
M. Rivest: Là-dessus, M. le ministre, je vous en ai
déjà parlé, je ne sais pas si c'est en commission ou
ailleurs, mais je sais que c'est l'une de vos passions, le fameux droit d'appel
que vous avez généreusement accordé.
M. Marois: À la suite, notamment, des pressions de
l'Opposition, je m'en souviens très bien...
M. Rivest: Et que vous avez, semble-t-il, regretté,
puisque vous le rattrapez.
M. Marois: ... me disant que c'est risqué, que ce sera
dangereux.
M. Rivest: Mais vous le rattrapez en général,
à l'intérieur de cette loi.
M. Marois: Je ne le rattrape pas en général, je
reviens exactement à la position, au projet initial que j'avais
déposé et formulé. Je n'aurais jamais dû - et je
l'avais dit à l'époque - accepter finalement la proposition de
l'Opposition qui était celle du Conseil du patronat, notamment. J'avais
dit, à l'époque, que si jamais, parce que mes craintes
étaient très grandes... Je me souviens très bien des
propos tenus par l'Opposition à l'époque; on avait dit: Non,
c'est le sens de la justice, et le reste. J'avais dit: On verra. Ma crainte est
très grande qu'on s'en serve comme une mesure dilatoire pour gagner du
temps, étirer les délais, éviter d'aller au fond. C'est
exactement ce qui s'est produit et j'avais dit: Je serai le premier, le jour
où cette démonstration sera faite, à revenir avec un
amendement pour ramener le texte initial. Voilà.
M. Rivest: Est-ce que je fais une bonne lecture de l'article
1010? Voilà une loi où des bénéficiaires risquent
d'être exposés à subir des torts, des inconvénients
et des préjudices. On donne un recours, dans le cas de grève
illégale, bien sûr, à ces bénéficiaires. Mais
en plus, dans le texte, le fardeau de la preuve retombe sur les
bénéficiaires.
M. Marois: Non. Encore une fois, M. le
Président, on ne change pas, je ne veux pas reprendre le
débat de fond sur le recours collectif...
M. Rivest: Je vais vous lire la note pour être très
clair.
M. Marois: Le recours collectif est une procédure. Il n'a
pas pour effet de changer le droit substantif. Quelqu'un a ou n'a pas un droit
qui donne ouverture à une procédure pour exercer le recours. Le
recours n'étant qu'une procédure permettant de faire en sorte que
des droits qui, autrement, demeureraient des droits de papier, soit parce que
les montants en cause sont minimes ou parce que l'ampleur du problème,
les expertises que ça suppose et le reste sont complexes et à ce
point coûteux que les gens seraient privés, à toutes fins
utiles, de l'exercice de leurs droits... J'avais bien dit, à
l'époque - on s'en souviendra parce qu'on était surtout, dans ce
débat, centré sur tout le domaine de la protection du
consommateur - j'avais noté que les expériences vécues me
permettaient d'indiquer que les faits nous démontreraient dans la
pratique que le recours collectif permettrait aussi de donner ouverture, dans
la pratique, à des procédures, bien sûr, qui seraient du
domaine de la protection du consommateur, mais qui seraient aussi du domaine
des libertés et des droits fondamentaux. Je pense que les faits m'ont
donné raison.
Le Président (M. Rodrigue): Article 20, adopté.
Article 21.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. Article 22.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Article 22, adopté.
Article 23. L'article 23 est adopté. Article 24.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. Article 25,
adopté.
Loi sur le recours collectif
M. Marois: Pas trop vite, M. le Président. Je veux bien
manifester la même coopération. Il y a un amendement
apporté à l'article 27. Article 25, ça va.
Le Président (M. Rodrigue): Article 25, adopté.
Article 26.
M. Rivest: À l'article 27, je vous attendais.
Le Président (M. Rodrigue): Article 26, adopté.
Article 27.
M. Marois: Un instant, M. le Président.
M. Rivest: Votre ineptie dans le dossier de la commission de
transport nécessite un amendement, de toute évidence.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Essayez donc de régler la grève; comme
ça, on n'aura pas besoin de faire un amendement pour la Commission de
transport de Montréal.
M. Marois: M. le Président, le service des miracles, on
laisse ça à l'Opposition, particulièrement à son
chef. Nous proposons - je crois qu'on a distribué le texte - à la
suite de commentaires qui nous ont été faits, donc, ça
supposera un amendement à l'article 27 et à l'article 29,
ça ne change absolument pas le fond de l'article... Cela permet de faire
en sorte de s'assurer que l'article va pouvoir, on va être certain de lui
donner toute sa portée pratique.
M. Rivest: Je comprends. Pour rattraper le conflit
présent.
M. Marois: Alors, on introduit une modification. Dans le premier
paragraphe, on remplace les mots "la date de la sanction du projet de loi no
72" par les mots "la date de l'entrée en vigueur du présent
article". On ajoute, avant le dernier paragraphe, un paragraphe qui se lirait
comme suit: "Si lors de l'entrée en vigueur du présent article le
Conseil des services essentiels n'est pas constitué, le ministre nomme
une personne pour exercer, à l'égard des parties visées,
les pouvoirs et fonctions dévolus au conseil en vertu des articles
111.0.18 à 111.0.21 et 111.0.23 du Code du travail,
édictés par l'article 6, jusqu'à ce que celui-ci soit
constitué." En même temps, c'est pour permettre aussi, si tant est
que c'est Dieu possible, de calmer les inquiétudes du
député de Jean-Talon qui a souvent manifesté ses
inquiétudes, particulièrement avant de nous quitter en
soirée, avant d'aller se reposer.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Rivest: M. le Président, je note que cet article, au
fond, est là pour rattraper le conflit de la Commission de transport de
la CUM.
M. Marois: Notamment.
M. Rivest: Notamment, à moins qu'il n'y en ait d'autres en
cours. La technique
que vous proposez, par l'amendement que vous apportez, se rapproche
sensiblement du commissaire-enquêteur de la loi no 253.
M. Marois: Hum! Je pense que le...
M. Rivest: Une personne est nommée, elle a tous les
pouvoirs, qui sont un peu les mêmes que ceux du
commissaire-enquêteur.
M. Marois: Oh! Oh! M. le Président...
M. Rivest: Bien oui, vous revenez à cela.
M. Marois: Oh! M. le Président, le député de
Jean-Talon connaît fort bien, mais fort bien, et pour cause, la loi no
253, les commissaires qui étaient mis en place, le genre de pouvoirs
qu'ils avaient et qui -d'ailleurs, cela avait été
mentionné à l'époque, si ma mémoire est bonne
menaient à la détermination directement par le commissaire des
services. On sait quel genre...
M. Rivest: Des quoi?
M. Marois: Et c'est sûrement de bonne foi que tout cela
avait été fait, avec de généreuses intentions. Mais
je pense bien que le député connaît les résultats,
d'une part. Ce n'est pas du tout la même chose puisque l'expert dont il
s'agit exercera les pouvoirs du conseil...
M. Rivest: Oui, mais, ça va être...
M. Marois: Un instant! M. le Président, tout de
même...
M. Rivest: Cela va être le ministre qui va émettre
le décret.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: C'est sensiblement la même technique.
M. Marois: M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Marois: Le député de Jean-Talon connaît
fort bien, encore une fois, les distinctions et les nuances de taille et
importantes entre les pouvoirs, les fonctions, les obligations qui sont
prévus par la présente loi au conseil, donc à l'expert
dans ce cas, les différences fondamentales avec les pouvoirs et les
résultats que cela a donné dans le cas des commissaires
prévus en vertu de la loi no 253.
M. Rivest: En tous cas, est-ce que, malgré tout cela, vous
allez le régler, le fameux conflit de la commission de transport, un
jour?
M. Marois: Lors d'un conflit, dans n'importe quel secteur, les
parties doivent se mettre dans la tête que le ministre du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu va faire tout ce qui
est humainement possible pour aider les parties à régler leur
conflit. Mais, me parlant de la CTCUM, je vais redire à nouveau ce que
j'ai déjà eu l'occasion de dire publiquement. Si quelque partie
que ce soit pense que le gouvernement va régler cela par une loi, il se
trompe, premièrement. Deuxièmement, pour qu'un conflit puisse se
régler, le ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu - ce n'est pas le service des miracles, je
laisse cela à l'Opposition, particulièrement à son chef -
le ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu...
M. Rivest: Bon, c'est toujours lui qui écope.
M. Marois: M. le Président, je n'ai pas l'habitude
d'interrompre le député de Jean-Talon, mais tout de même!
... est prêt à mettre à la disposition des parties - il l'a
déjà fait plus que largement, il va continuer à le faire -
tous les moyens possibles, imaginables, humains, techniques et autres pour les
aider à régler leur conflit, mais à la condition que les
parties né-go-cient. J'ai été obligé, cette nuit,
de donner ordre au conciliateur de convoquer, de façon
péremptoire, les parties patronale et syndicale du secteur de
l'entretien pour qu'elles se rencontrent et négocient aujourd'hui. On va
voir le résultat que cela donne. Si tant est que cela donne des
résultats, on va progresser et on verra à ajuster les moyens
utiles et pertinents pour aider les parties en conséquence. Si cela
n'avance pas, on verra à utiliser les moyens qui s'imposeront alors. Je
ne peux pas me substituer aux parties. Si le climat s'améliore - il est
grand temps - qu'on l'amène à la table de négociation.
À part cela, que ce soit du côté de la partie patronale et
syndicale dans ce conflit,, si tant est qu'il leur reste quelque chose dans
leur poche de veste ou dans leur poche de fesse, quelque partie que ce soit, et
je sais qu'il y en a encore dans leur poche de veste ou dans leur poche de
fesse, qu'ils le sortent, qu'ils le mettent sur la table et qu'ils aboutissent;
cela presse. (13 h 45)
Le Président (M. Rodrigue): L'amendement à
l'article 27 est adopté. L'article 27 est adopté tel
qu'amendé.
M. Rivest: Je pense que le ministre devrait nous remercier de lui
avoir permis de...
Le Président (M. Rodrigue): Article 28. Est-ce que cet
article est adopté?
M. Rivest: M. le Président, à l'article 26, je
voudrais que vous inscriviez au journal des Débats tout le débat
que nous avons eu sur le projet de loi no 62; il m'apparaît un article
absolument inique, dans la mesure où les citoyens canadiens qui vivent
en Ontario, vivant les mêmes situations que celles des citoyens
québécois, auraient plus si leur gouvernement agissait comme le
gouvernement actuel agit... Il est bien possible que des situations analogues
se présentent. Figurez-vous que, si vous étiez en Ontario,
grâce à la charte constitutionnelle des droits et libertés,
la charte canadienne, les gens de l'Ontario auraient plus de droits, même
des droits d'ordre judiciaire, que des citoyens québécois. Cet
article bénin qui arrive à la fin constitue, pour le gouvernement
du Québec, quand il met cela dans ses lois et en particulier dans le
domaine que nous traitons, un article qui est purement, qui
dépossède les citoyens québécois, citoyens
canadiens à part entière, Dieu merci, des droits qui leur sont
consentis par la charte constitutionnelle.
M. Marois: M. le Président, les Québécois et
les Québécoises qui liront à nouveau la déclaration
du député de Jean-Talon prendront acte du fait que, de son point
de vue, le Canada Bill est une excellente chose en lui-même et que, par
voie de conséquence, un gouvernement responsable qui a à coeur
les droits fondamentaux et les libertés fondamentales des
Québécois et des Québécoises qui sont inscrits dans
la Charte des droits et libertés du Québec et qui sont
protégés par cet article... On sait aussi et le
député de Jean-Talon sait fort bien que, déjà,
quand on compare les chartes et les droits, ce que prévoit le Canada
Bill...
M. Rivest: M. le Président, c'est illégal.
M. Marois: ... viendrait brimer fondamentalement les droits et
les pouvoirs de l'Assemblée nationale du Québec en ce qui
concerne les libertés fondamentales et que cet article permet d'assurer
que les garanties juridiques, les droits à l'égalité et la
Charte québécoise des droits et libertés de la personne
sont protégés et que, par voie de conséquence, les droits
fondamentaux des Québécois et des Québécoises le
sont aussi.
En ce qui concerne, si cet article est adopté, le dernier
article, l'article 29...
Le Président (M. Rodrigue): L'article 28 est
adopté?
M. Rivest: M. le Président, sur l'article 28, un dernier
commentaire. La charte des droits constitutionnels place les droits
fondamentaux des citoyens au-dessus de l'Assemblée nationale et
au-dessus du Parlement canadien, d'une part.
Deuxièmement, la charte des droits et libertés de 1982, la
charte canadienne, ouvre la possibilité de recours judiciaires sur les
lois qui iraient ou qui seraient contraires aux droits et libertés.
Alors que la charte québécoise des droits renvoie les gens
simplement au niveau d'une commission qui s'appelle la Commission des droits de
la personne. Il y a une différence de nature entre les deux chartes qui
sont par ailleurs d'excellentes choses, dans la mesure où c'est un
gouvernement libéral à Ottawa qui a adopté la charte
canadienne et un gouvernement libéral à Québec qui a
voté la Charte des droits et libertés du Québec. Alors,
vous voyez qu'il y a une continuité pour le Parti libéral et je
comprends...
M. Marois: ... le présent gouvernement qui ne cesse de la
bonifier.
M. Rivest: M. le Président, j'ai la parole. Et je
comprends que le pauvre Parti québécois soit pris entre deux
grandes libéralités. Alors, il pose des gestes de la nature de
l'article 28 et nous le réprouvons vivement. M. le Président,
article 28, accepté.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, 28 est accepté et il
est entendu que, de notre point de vue, nous ne sommes pas dans la situation de
la rouge Opposition déchirée entre ses intérêts
"Canadian" et ses intérêts québécois. Le Parti
québécois se trouve, par voie de conséquence, à
affirmer à nouveau fondamentalement les droits et libertés
fondamentales du peuple québécois, des Québécois et
des Québécoises.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 28 est
adopté. Article 29, nous avons un amendement.
M. Marois: Quant à l'article 29, nous avons un amendement
de concordance à l'article 27. On remplace le présent article 29
par le texte qui suit et je cite: "La présente loi entrera en vigueur
à la date qui sera fixée par proclamation du gouvernement,
à l'exception des articles exclus par cette proclamation, lesquels
entreront en vigueur, en tout ou en partie, à toute date
ultérieure qui pourra être fixée par proclamation du
gouvernement."
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'amendement est
adopté.
Est-ce que l'article 29 est adopté, tel qu'amendé?
Des voix: Oui, adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 29 est adopté
tel qu'amendé. Un instant s'il vous plaîti Je veux savoir si le
titre du projet de loi est adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Le titre du projet de loi est
adopté.
Est-ce que le projet de loi est adopté tel qu'amendé ?
M. Rivest: Sur division.
Le Président (M. Rodrigue): Le projet de loi no 72 est
adopté, sur division, tel qu'amendé.
M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je voudrais remercier les
membres de cette commission de leur collaboration. Malgré les
divergences de vues, je crois que, fondamentalement, je me dois de le dire en
toute honnêteté, les membres de cette commission, je parle bien
des membres de cette commission, partagent les mêmes
préoccupations, les mêmes soucis fondamentaux. Ils ont des
divergences de vues sur certains éléments, qui sont des
éléments de principe, quant aux moyens pour atteindre ces
objectifs. Je tiens, encore une fois, à remercier très
sincèrement chacune et chacun des membres de cette commission de leur
coopération.
M. Rivest: Les mêmes remarques pour le ministre, l'adjoint
parlementaire et le député de Duplessis qui ont participé
à nos travaux. Je pense que c'est le sens des remarques finales du
ministre, nous croyons qu'il y a des insuffisances dans le projet de loi.
Néanmoins, je pense bien que tout le monde va être d'accord pour
souhaiter que vu l'évolution, parce qu'il faut aussi prendre acte de
cela, du régime des relations du travail dans les secteurs public et
parapublic, et en particulier de l'obtention du droit de grève depuis
1968, 1972, 1976, 1979, et maintenant, il est à espérer que
finalement les mesures qui se trouvent dans le projet de loi contribueront
à maintenir cette tendance que l'on a remarquée, face à
l'usage des bénéficiaires, quelles que soient les
difficultés qui sont signalées. Je pense que, d'une ronde de
négociations à l'autre, on a beaucoup évoqué, au
cours de la commission, le vécu que la société
québécoise avait dans ce domaine. Je crois que, d'une
façon générale, du côté des gens qui sont les
premiers intervenants, autrement dit la partie patronale et les travailleurs en
cause, il y a des efforts, il y a une conscientisation des uns et des autres.
Surtout dans le domaine de la santé et des services sociaux, il y a des
valeurs humaines extrêmement importantes à protéger, et les
efforts législatifs qui ont été faits par les
gouvernements, dont celui-ci, ont cherché à favoriser justement
cette affirmation de la primauté des droits humains. Nous croyons que le
gouvernement aurait pu faire un pas encore plus décisif dans cette voie,
mais je suis sûr que le ministre, dans la désignation des membres
du conseil ainsi que des efforts que lui-même aura à faire, avec
son collègue des Affaires sociales en particulier essaieront de faire de
leur mieux pour que l'attente tellement vivement ressentie par la population
à cet égard - il ne faut pas tout de même oublier cela,
tous les relevés d'opinion le signalent, il y a une très forte
inquiétude - le ministre, ses collaborateurs et ses collègues au
Conseil des ministres feront tout en leur pouvoir, et surtout les membres du
conseil, pour essayer de répondre à cette attente parce que
effectivement c'est un problème humain et un problème de
société extrêmement important pour nous.
Le Président (M. Rodrigue): La commission élue
permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de la sécurité du
revenu a accompli son mandat qui était d'étudier article par
article le projet de loi no 72, Loi modifiant le Code du travail, le Code de
procédure civile et d'autres dispositions législatives.
J'invite le rapporteur de cette commission à en faire rapport
à l'Assemblée nationale.
La commission élue permanente du travail, de la main-d'oeuvre et
de la sécurité du revenu ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 54)