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(Vingt heures quatorze minutes)
Le Président (M. Desbiens): D'accord. La commission
élue permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu est réunie pour étudier le
projet de loi no 72, Loi modifiant le Code du travail, le Code de
procédure civile et d'autres dispositions législatives, article
par article.
Les membres de la commission sont: MM. Marquis (Matapédia),
Paquette (Rosemont), Dauphin (Marquette), Dean (Prévost), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Lavigne (Beauharnois), Marois
(Marie-Victorin), Perron (Duplessis), Rivest (Jean-Talon), Vallières
(Richmond).
Les intervenants sont: MM. Chevrette (Joliette), Gauthier (Roberval),
Hains (Saint-Henri), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Leduc (Fabre), Mailloux
(Charlevoix), Polak (Sainte-Anne), Rochefort (Gouin).
Nous en étions à l'étude de l'article 111.0.12,
mais, M. le ministre, vous aviez auparavant...
M. Marois: Oui.
Le Président (M. Desbiens): ... à rouvrir un
article. (20 h 15)
Code du travail Conseil des services essentiels
(suite)
M. Marois: Parmi les commentaires, les discussions qu'on a eus,
la question du quorum, vous vous en souviendrez, a été
soulevée, la question des conflits d'intérêts, et on a
présenté un amendement sur cette dernière question. Sur la
question du quorum, on pense qu'il serait préférable de le mettre
dans la loi, bien que la loi prévoie déjà que le conseil
adopte ses règles de régie interne, mais forcément, tel
qu'est libellé 111.0.9, quand on dit: Le conseil adopte, on sait de
quelle façon est composé le conseil, ce qui implique que, lors de
l'adoption des règles de régie interne, tous les membres du
conseil sont présents. Cependant, ceci étant dit, s'il y avait
consentement, on proposerait de rouvrir 111.0.8...
M. Rivest: 111.0.8.
M. Marois: ... 111.0.8, qui se lit comme suit: "Les membres, y
compris le président, décident à la majorité des
voix; s'il y a égalité, le président a voix
prépondérante." On proposerait - on va vous distribuer le texte -
de modifier l'article et de le remplacer par le suivant: "Le quorum des
séances de la commission est constitué par la majorité des
membres dont le président. Les décisions sont prises à la
majorité des voix; s'il y a égalité, le président a
voix prépondérante." C'est donc un quorum à
majorité simple.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a consentement
pour revenir...
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): ... pour rouvrir l'article
111.0.8? Il y a un amendement qui a été soumis par le ministre et
qui est adopté. Il remplace l'article 111.0.8 de la loi.
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
M. Marois: Alors, est-ce que je comprends que 111.0.12 est
adopté?
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article
111.0.12.
M. Rivest: Un instant: II y a une précipitation un peu...
Sur 111.012, M. le ministre, au moment où nous avons ajourné la
séance la semaine dernière, il avait été
établi que le régime ou la structure que le gouvernement
proposerait pour maintenir et garantir à la population les services
essentiels, il y aurait un conseil dont les gens ne seraient pas nommés
dans la mesure où la loi n'est pas adoptée et que,
deuxièmement, le ministre était très peu avancé,
semble-t-il, du moins par la nature de ses réponses sur les approches
qu'il devait faire pour former le conseil. M. le Président, j'attirerais
votre attention sur le problème suivant: le 30 septembre, toutes les
institutions du réseau des affaires sociales doivent avoir une entente
sur les services essentiels ou à défaut de liste... Nous sommes,
M. le député de Duplessis, le 15 juin. Le conseil n'est pas
nommé. Deuxièmement "... le Conseil détermine - ditl'article 111.0.12 - par règlement, après consultation avec
les parties, la forme de l'entente ainsi que le contenu de l'entente".
Enfin, je paraphrase l'article.
Le conseil n'est pas là. Le règlement n'est
évidemment pas voté. Les consultations ne peuvent avoir lieu et
tout ça, M. le ministre, vous allez nous soutenir - je pense que
c'était la question sur laquelle on s'était laissé - qu'en
temps utile - compte tenu de la période estivale où comme vous le
savez, M. le Président, les gens du réseau des affaires sociales,
comme tous les autres, vont prendre des vacances au cours de
l'été - tout ça, au niveau du ministère, de la
responsabilité du ministre, que le ministre va être en mesure de
faire en sorte que le règlement, le protocole qui jusqu'à
maintenant, d'après ce que le ministre nous en a dit, n'a pas d'autre
forme et d'autre élément de contenu que le squelette, dans un
sens non péjoratif, esquissé par le rapport Picard. On n'en est
Das rendu plus loin que cela, en ce moment, et tout cela va être transmis
en temps utile aux institutions pour que, le 30 septembre ce soit possible de
conclure des ententes.
Là-dessus, M. le ministre, je vous le répète: Nous
ne croyons pas que la chose soit humainement possible dans le calendrier dans
lequel vous avez situé l'adoption ou le dépôt de ce projet
de loi. Enfin, peut-être avez-vous quelque autre information pour nous
rassurer en essayant de calmer nos inquiétudes - je pense qu'on en
était sur ce mot au moment où on s'est quitté - sur les
moyens que vous allez prendre pour faire en sorte que vous aurez d'abord une
idée assez précise de ce que doit contenir le protocole.
Deuxièmement, que la consultation que vous prévoyez à
l'article 111.0.12 va se faire. Troisièmement, que le Conseil des
ministres sera en mesure d'adopter un règlement et peut-être
même de le modifier puisqu'il en a le pouvoir quelque part dans l'article
et que cela va pouvoir se faire avec un conseil qui n'existe pas encore, qui
est simplement sur papier. Je veux vous dire mon très grand scepticisme
sur le calendrier dans lequel les lenteurs que vous avez accusées, vous
et votre qouvernement, à déposer la Loi sur les services
essentiels, vous astreint maintenant.
M. Marois: M. le Président, nous reprenons sur la
même note et les mêmes thèmes sans aucune espèce de
variation sur laquelle on s'est laissé la dernière fois. Mon
intention, c'est l'intention du gouvernement de faire tout ce qui est
humainement possible à partir du moment où la loi est
adoptée pour faire en sorte qu'elle puisse s'appliquer.
M. Rivest: Pardon? Excusez-moi, j'étais... Que vous allez
tout faire? M. le ministre, vous adoptez un projet de loi qui est
extrêmement important. Vous avez fait des déclarations sans doute
très bien intentionnées. Il y a quand même un public.
Il y a un vécu là-dedans. Il doit y avoir - il me semble -
de la part du ministre davantage que des intentions précises. Là,
on a le coeur, finalement, du projet de loi. C'est vraiment toute la
séquence et je pense que tout le monde qui est le moindrement de bonne
foi, qui regarde cela au moment où on se trouve, les délais - et
ce n'est pas moi, c'est votre projet de loi qui impose le délai du 30
septembre - pour que les ententes soient conclues, pas simplement
négociées. Donc, il faut que les gens aient un délai
antérieur pour négocier ces ententes. Ils ne peuvent pas
commencer la négociation sans que le règlement-cadre ait
été adopté sur la forme et le contenu des ententes, tel
que le prescrit l'article que nous étudions et ce règlement doit
faire l'objet antérieurement à son adoption par le Conseil des
ministres d'une consultation entre les parties.
L'initiateur de cela, c'est un conseil qui n'existe même pas et
dont les personnes, d'après les renseignements que vous avez... C'est
cela, c'est plus que... Le ministre a beau nous dire: On va faire son possible
pour arriver à temps. Je veux bien prendre sa parole, mais je pense que,
là-dessus, il y a un problème à l'égard des
bénéficiaires des services de santé et des services
sociaux qui enqage drôlement la responsabilité du gouvernement et
qui l'engage d'autant plus que ce n'est pas la première fois que je vous
ai cité les dates. La dernière fois - je ne les ai plus ici -
avec la loi 59, une des grandes raisons qui a exposé M. Picard et ses
collaborateurs à un très grand nombre de critiques de la part des
administrateurs dans le réseau ainsi que des travailleurs,
c'étaient les délais absolument innommables que le gouvernement
avait imposés à la suite de l'adoption de la loi à
constituer le conseil, des délais qui étaient encore un peu plus
tragiques - j'en conviens - dans la mesure où il y avait des conventions
collectives qui étaient déjà expirées au moment
où le conseil a été formé.
Il y a un vécu là-dedans. Le ministre peut se contenter de
dire qu'il va faire son possible, mais j'aimerais qu'il nous donne des
éléments d'information assez concrets pour nous dire: Oui, au
niveau du conseil, on est suffisamment avancé. Nous avons
déjà un certain nombre d'idées qui sont ceci et cela. Les
consultations qui sont prévues dans l'article - et c'est à
l'échelle nationale, j'imagine que cela veut dire "provinciale" -on a
une idée exacte des gens qui sont là. Donnez-nous des
éléments de réponse sur ce que vous avez fait ou sur les
choses dont vous disposez au niveau du ministère pour dire que tout cela
va se faire. Je pense qu'on a droit à cela. Je pense que les gens qui
vont lire le journal des Débats et qui s'intéressent à ces
questions ont droit à plus que la réponse que le ministre m'a
donnée.
M. Marois: M. le Président, le député de
Jean-Talon va convenir volontiers - c'est un honnête homme - qu'il met
dans ma bouche des paroles que je n'ai absolument pas prononcées
lorsqu'il me fait dire: On va faire son possible pour arriver à temps.
Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. J'ai dit qu'à partir du moment
où la loi serait adoptée, c'est mon intention et c'est
l'intention du gouvernement de faire tout ce qui est humainement possible pour
que cette loi s'applique telle qu'elle est conçue et dans le concret. On
peut bien faire de la théorie sur tout cela. On peut bien calculer les
délais. On peut bien dire: Avec deux ou trois mois de plus et le reste,
mais il n'en reste pas moins - pour reprendre une expression chère au
député de Jean-Talon - un vécu. Justement, oui, il y a un
vécu. Il y a un vécu qui fait que des ententes, en pourcentage
important, ont existé, ont été faites. Des listes, des
établissements sont connus. Les syndicats connaissent mieux la
situation, les employeurs aussi.
En d'autres termes, il ne faut pas présenter les choses dans une
séquence intéressante sur papier mais qui ne correspond pas
à la façon dont les choses vont se dérouler sur le
terrain. Si vous me demandez de vous donner des noms de gens que j'ai
approchés personnellement pour savoir s'ils accepteraient de
siéger au conseil, c'est évident que je ne répondrai pas
à une question comme celle-là, et c'est normal. Je pense que tout
le monde comprend cela. Je dis que des démarches ont été
entreprises, des contacts ont été établis, un certain
nombre de personnes est intéressé et la loi implique une
consultation que j'ai bien l'intention de mener. On m'a demandé l'autre
fois de donner des noms de groupes; j'en ai indiqué et je ne vais pas
reprendre cela.
D'autre part, les parties savent très bien déjà,
elles connaissent au moins le projet de loi dans l'état où il
est. Elles connaissent très bien le rapport Picard, elles y ont
participé et elles savent très bien que c'est une idée
fondamentale que d'en arriver à des balises, des barèmes, un
certain nombre de critères, une grille d'évaluation, d'analyse,
qui puissent trouver une coloration locale ou régionale dans un
établissement donné, dans une région donnée. Cela
va contenir un certain nombre de choses de base qui devront être
là comme, par exemple, ce qu'on a évoqué dans le genre
notamment, mais non exclusivement qu'il y ait sur place un comité
paritaire, ce qui a existé. Ce n'est pas une invention, ç'a
existé de ne pas procéder aux ajustements à la hausse ou
à la baisse selon les conjonctures, les besoins en particulier des
hôpitaux, des établissements à vocation multiples et le
reste. On ne part pas à zéro ni sur le plan du vécu, ni
sur le plan de la connaissance des établissements. Que ce soit par les
employeurs, que ce soit par les syndiqués, que ce soit par le
gouvernement lui-même, on ne part pas à zéro concernant un
projet de protocole cadre. Ce ne sont pas les boutons à quatre trous
qu'on invente; il y a un rapport Picard, il y a des éléments
intéressants et on a eu l'occasion d'en parler lors de la
dernière séance, dans le mémoire qui nous a
été remis par l'Association des hôpitaux du Québec;
j'ai donné des explications précises, je ne veux pas reprendre
tout cela à nouveau.
C'est pourquoi je dis, à la lumière de ce que je sais, que
je crois responsable de ma part de dire qu'au moment où on se parle,
à partir du moment où une loi comme celle-là est
adoptée, je pense qu'il est possible... Ça va supposer des
efforts importants, c'est vrai, je n'en disconviens pas, mais le sujet est
suffisamment important pour qu'on y mette l'effort, les énergies, les
ressources requises pour y arriver.
M. Rivest: J'ajouterai aux explications du ministre une
dernière remarque. Tout cela, j'en conviens. Bien sûr, c'est un
article extrêmement important, ce sont des choses extrêmement
importantes et tout cela va se faire dans le climat actuel des relations. Cela
aussi, c'est une dimension qui ne fait peut-être pas partie du
vécu, mais qui fait drôlement partie de la conjoncture
politico-sociale actuelle du Québec. Tout cela va se mettre en branle
avec tout l'optimisme dont fait preuve le ministre, alors que la nature des
rapports entre le gouvernement et les syndicats, et particulièrement la
FAS, par exemple, dans le réseau des affaires sociales, compte tenu des
projets de loi 68 et 70? C'est tout un pari que le ministre prend que cela va
pouvoir se faire. Et peut-être qu'il réalise, enfin, moi je le
prends à mon compte, mais je crois que moi-même et plusieurs
autres, on réalise comme ce que tout le monde avait dit, finalement...
On essaie de discuter de la question des services essentiels en dehors du
contexte des négociations et on en voit une illustration
extrêmement importante, on est en plein dedans. Il va falloir vivre avec
cela, on ne peut pas faire autrement. On est pris là-dedans. (20 h
30)
Quand je dis cela, je ne parle pas en l'air parce qu'actuellement je
sais quels efforts fait le ministre dans la situation de négociations,
d'affrontement à la Commission de transport de Montréal pour
essayer de décrocher des services essentiels. On connaît les
difficultés du ministre, mais, mutatis mutandis, dans le réseau
des affaires sociales, compte tenu de tout ce qui va se passer au cours des
prochains mois et des lois qui sont là, cela aussi s'ajoute aux
difficultés que connaît le ministre. Je souhaite que le
ministre réussisse parce que je considère cela comme
extrêmement important. Mais je veux bien indiquer à ce stade des
travaux de cette commission notre très grand scepticisme sur
l'efficacité des mesures qui sont proposées à l'article
111.0.12, c'est-à-dire le protocole d'entente, la possibilité de
conclure des ententes, la possibilité pour le gouvernement de convenir
d'un règlement dans le contexte actuel indépendamment de tous les
échéanciers que les différentes pièces de cet
article vont prendre pour se mettre en place. Cela aussi fait partie du
décor, et drôlement.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.12
est adopté?
M. Rivest: M. le Président, sur l'article 111.0.12, le
seul élément additionnel, on l'avait évoqué mais
très brièvement: Est-ce que le ministre peut nous assurer que les
propositions au niveau de ce que le mémoire de l'association des
hôpitaux énonçait, des lignes directrices, en fait, qui est
une autre façon de parler du protocole d'entente, les points dans le
réseau, est-ce que le ministre est prêt aujourd'hui au moins
à nous indiquer que les trois ou quatre éléments qu'on
retrouve aux pages 11 et 12 du mémoire de l'association des
hôpitaux pourront être très sérieusement
considérés par le ministre comme faisant partie intégrante
du prochain règlement-cadre, particulièrement le problème
- parce que cela nous intéresse drôlement - de dépendance
et de captivité de certaines catégories de
bénéficiaires dont ceux requérant des soins
prolongés et psychiatriques? Étant donné que le ministre
va probablement refuser l'amendement qu'on va lui proposer pour exclure les
clientèles captives de l'exercice du droit de grève,
c'est-à-dire les exposer à cela, j'espère qu'au moins,
pour se reprendre, le ministre, au niveau du protocole-cadre, comme
décision gouvernementale, fera en sorte de protéger les
clientèles captives. Est-ce que le ministre peut au moins me donner
cette assurance?
M. Marois: Je crois que je peux redire ici ce que j'ai dit
l'autre soir en présence, d'ailleurs, des représentants qui se
trouvaient dans la salle de l'Association des hôpitaux du Québec.
Je ne dis pas que c'est la formulation à retenir mais j'ai
déjà eu l'occasion de répondre à la même
question posée par le même député et je vais
formuler à nouveau la même réponse: Je crois que ce sont
là des éléments qui ne peuvent faire autrement que
d'être pris en très sérieuse considération par le
conseil et, si tant est que c'est nécessaire, par le gouvernement. Je me
permettrai d'ailleurs de dire - je n'ai pas eu le temps de comparer chacune des
pièces - mais un des éléments mentionnés à
la page 11 du mémoire de l'Association des hôpitaux du
Québec se retrouvait dans le projet de protocole-cadre
présenté en annexe du rapport Picard, mais formulé en
d'autres mots.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.12
est adopté?
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... pour bien marquer, parce que c'est un
élément important, le sérieux des propos qu'on a tenus sur
cet article, on va l'adopter mais sur division.
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.12 est
adopté sur division. J'appelle l'article 111.0.13. Est-ce que l'article
111.0.13 est adopté?
M. Rivest: M. le Président, je remarque que "le Conseil
peut, selon les normes, barèmes et effectifs déterminés
par le gouvernement..." Le gouvernement, c'est carrément le Conseil du
trésor. Autrement dit, il va y avoir un plan d'effectifs soumis par le
conseil et approuvé par le Conseil du trésor. C'est cela?
Deuxièmement, le conseil peut retenir les services de toute personne
à titre d'employé ou autrement pour l'exercice de ses fonctions
et fixer sa rémunération, ses avantages sociaux ou ses autres
conditions de travail. Est-ce que ces personnes vont être assujetties
à la Loi sur la fonction publique?
M. Marois: Comme telles, non, pas assujetties à la Loi sur
la fonction publique. Les normes et barèmes seront ceux de la fonction
publique, à l'exception d'un certain nombre de normes, par exemple: la
permanence. Il faut bien comprendre que le conseil devient un conseil
permanent, dont les effectifs devront être gonflés pour certaines
périodes de temps données, des périodes importantes. Par
la suite, il faut prévoir que l'on puisse dégonfler les effectifs
pour la période de roulement normale correspondant au laps de temps qui
existe entre les grandes rondes de négociations.
D'autre part, en plus, on se souvient -ce sont des articles que nous
avons déjà vus - que le conseil doit pouvoir retenir, au besoin,
les services d'experts ad hoc pour examiner un certain nombre de questions, en
plus, le cas échéant, des effectifs pour s'occuper de ce que
j'appelais "les antennes régionales" ou les bureaux
régionaux.
M. Rivest: M. le Président, j'aurais une autre
question...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Marois: L'objectif, c'est fondamentalement l'autonomie, la
souplesse, l'efficacité, la rapidité de fonctionnement du
conseil.
M. Rivest: Je sais, mais souvent, lorsque des ministres ont
créé des conseils de cette nature-là, il s'agit du
personnel de la commission, ce ne sont pas les experts dont nous parlerons plus
tard.
Une voix: On en a parlé.
M. Rivest: On en a parlé, peut-être. J'attirerais
l'attention du ministre sur deux choses. Ma crainte est que, avec les pouvoirs
que cela donne, les syndicats dans la fonction plublique, qu'il s'agisse du
syndicat des fonctionnaires ou du syndicat des professionnels, se plaignent de
ce genre de dispositions. Il arrive que les ministres -c'est arrivé dans
le cas de la CSST, entre autres, au niveau des professionnels engagent des
occasionnels pour accomplir cela, parce qu'il faut aller vite, et puis
l'institution prend racine, enfin s'intalle. On lance des concours et les
occasionnels vont concourir. Comme ils occupaient déjà l'emploi,
évidemment, ils déclassent toute autre personne qui a droit
à un emploi dans la fonction publique, comme quiconque. Donc, il y a un
avantage. Je pense que le ministre est bien au courant que le syndicat des
professionnels critique cette manière de faire.
Deuxièmement, dans le rapport de la commission Bisaillon - tiens,
je vais avoir l'occasion de placer ma commission Bisaillon, pour la
première fois il y a des dispositions concrètes là-dessus,
dont une en particulier, et j'aimerais que le ministre y songe. Il y a,
actuellement, dans la fonction publique, non seulement dans la fonction
publique, mais dans le réseau des affaires sociales et dans le
réseau de l'éducation, des gens qui sont en disponibilité,
disons qui sont prêts à accomplir des tâches qui pourraient
certainement leur convenir. Premièrement, est-ce que le ministre a
l'intention d'engager des occasionnels? Deuxièmement, est-ce que le
ministre se préoccupe des conséquences que cela aura lorsque des
concours seront ouverts et que les occasionnels auront des avantages sur les
autres? Troisièmement, est-ce que le ministre pourrait me dire si
lui-même ou ses collaborateurs ont envisagé la possibilité,
étant donné la conjoncture économique et
budgétaire, de regarder dans la fonction publique, actuellement, et
même dans le réseau de l'éducation et des affaires
sociales, s'il n'y aurait pas des personnes mises en disponibilité qui
pourraient apporter leur concours et même leur expérience?
Je pense, à certains égards au futur conseil, parce que la
commission Bisaillon, comme vous le savez, M. le ministre, propose - je sais
que ce n'est pas à vous peut-être de décider de cela, mais
vous pourrez au moins tenir compte de l'esprit de nos recommandations -
qu'avant d'aller recruter de nouvelles personnes et de gonfler davantage la
fonction publique, l'on crée une banque de personnes mises en
disponibilité qui existe d'une façon sectorielle, mais qui
n'existe pas de la manière dont on l'envisageait. Est-ce que ce type
d'approche, au moment où vous aurez enfin formé un conseil,
est-ce que cette manière de procéder pourra lui être
indiquée?
M. Marois: Oui, alors rapidement, sur la question des
occasionnels, il n'est pas impossible qu'il y en ait un certain nombre, mais ce
ne serait certainement pas la majorité, sauf la partie qui devrait
nécessairement s'ajouter pour une période de temps donnée,
pour répondre aux besoins; ce que j'appelais la période
gonflée.
M. Rivest: Ce qu'on appelle la période temporaire.
M. Marois: Temporaire, oui, d'accord; il pourrait aussi y avoir
quelques occasionnels, mais ce ne sera certainement pas un nombre
important.
Il y aura donc du personnel occasionnel - le député de
Jean-Talon a raison, il faut nuancer - mais certainement en nombre très
réduit. Il y aura des employés pour une période temporaire
donnée durant la période où les effectifs sont
gonflés.
Revenant sur l'autre élément qui ressort du rapport
Bisaillon, je suis parfaitement d'accord. Effectivement, il y a des gens en
disponibilité, que ce soit à l'intérieur de la fonction
publique, que ce soit dans les réseaux de l'éducation et des
affaires sociales, etc. Il n'y aurait pas de raison qu'on ne donne pas des
indications très précises dans ce sens-là, des gens
acceptant d'assumer des fonctions très précises au conseil. Si je
comprends bien le mécanisme de fonctionnement dans le cas de ces gens
qui sont en disponibilité, ils se trouvent en quelque sorte
prêtés pour cette période de temps donnée - je donne
ça sous réserve, par exemple, parce que je voudrais être
sûr de mon coup, mais enfin c'est quand même l'idée de fond
- ce qui ne leur enlève pas pour autant la sécurité
d'emploi qu'ils peuvent avoir.
M. Rivest: C'est qu'actuellement, il n'y a pas cette
communication interréseaux. Vous ne réglerez pas cette...
M. Marois: II y a des balbutiements
de...
M. Rivest: Oui, c'est ça, mais c'est très
compliqué à réaliser.
M. Marois: Oui.
M. Rivest: Effectivement, on en était bien conscient
à la commission Bisaillon. Mais j'ai une dernière question, si
vous le permettez, M. le ministre.
Est-ce qu'actuellement vous avez une idée du plan d'effectif - je
mentionne ça, parce que je pense qu'à l'étude des
crédits, vous avez prévu quelque 800 000 $...
M. Marois: C'est 900 000 $.
M. Rivest: Oui, 900 000 $. J'imagine que vous avez actuellement
une idée générale du plan d'effectif dont vous essaierez
d'obtenir l'approbation par le Conseil du trésor.
M. Marois: Durant ce que j'appellerais la période de
pointe, les évaluations qui ont été faites seraient
d'environ 60 à 70 personnes, pour la période dite de pointe, ce
que j'appelle la période où les effectifs sont gonflés.
Pour la période de roulement normal, autour de 30 personnes.
M. Rivest: C'est uniquement pour le réseau des affaires
sociales?
M. Marois: L'ensemble.
M. Rivest: Dont le gros, j'imagine, en période de pointe,
parce que les services publics arrivent à des dates...
M. Marois: Différentes.
M. Rivest: D'accord. À moins que ma collègue...
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.13 est-il
adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 111.0.14. Est-il adopté?
M. Rivest: "Deniers requis", est-ce que le gouvernement a de
l'argent pour payer ça? La question se pose, vous savez.
M. Marois: Bien sûr, c'est une chose essentielle. Il y a
déjà des crédits de base prévus et, si tant est
qu'il y avait des deniers requis additionnels...
M. Rivest: Vous adopterez une autre loi 68 et une autre loi 70,
pour faire payer les fonctionnaires! Très bien, merci!
M. Marois: Ils sont pris sur le fonds consolidé du revenu,
ce qui existe déjà.
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.14 est
adopté.
M. Rivest: II y a toujours les membres de la fonction publique
qui sont prêts à contribuer, vous savez, M. le ministre, quand il
vous manque de l'argent!
Services publics
Le Président (M. Desbiens): Section II, des services
publics.
Mme Lavoie-Roux: II y aurait toujours le salaire des
ministres!
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article
111.0.15.
M. Marois: Si on veut parler du salaire des ministres, on
pourrait toujours en parler et on pourrait toujours établir un certain
nombre de bases de comparaison pour voir comment les choses
évoluent.
M. Rivest: Vous pourrez en parler, parce qu'en 1976 vous vous
êtes augmentés de 25% à 30% automatiquement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Les ministres du gouvernement Bourassa avaient
renoncé à leur augmentation et vous vous l'êtes
attribuée. Je n'ai pas les chiffres, c'est combien?
Mme Lavoie-Roux: Ils se sont ajouté 12 000 $.
M. Rivest: Ils se sont accordé 12 000 $ de plus pour faire
une pire "job" à part ça. On aura tout vu!
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 111.0.15.
Est-il adopté?
M. Marois: Je pensais que le député allait nous
parler des...
M. Rivest: À moins que le ministre ne veuille parler des
salaires des ministres. Non?
M. Marois: On y reviendra.
M. Rivest: Très bien, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: On attend toujours la loi sur...
Une voix: Cela s'en vient!
M. Rivest: Oui, comment se fait-il que le salaire des
députés ne soit pas gelé encore?
Une voix: Cela s'en vient!
M. Rivest: Les ministres... (20 h 45)
M. Marois: Cela s'en vient. On ne perd rien pour attendre.
M. Rivest: Allez-vous adopter la loi avant la fin de la
session?
M. Marois: Nous en étions donc, M. le Président,
à la section II.
Le Président (M. Desbiens): Article 111.0.15.
M. Marois: C'est l'article et la section qui indiquent que les
dispositions du Code du travail s'appliquent aux services publics de la
même façon qu'ils s'appliquent dans le secteur privé,
à l'exception des dispositions spécifiques qui suivent; elles
sont mentionnées dans les articles suivants...
M. Rivest: Là-dessus, M. le ministre, en guise
d'introduction, je vais vous lire deux paragraphes d'une communication qui nous
parvient de la ville de Montréal. "Le projet de loi 72,
déposé par le ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu ne correspond aucunement aux attentes de la
ville à l'égard du maintien des services essentiels. Non
seulement, ce projet n'apporte aucune amélioration sensible au
régime existant, mais encore, il crée une structure lourde et
contraignante, source d'une multitude de conflits éventuels."
M. Marois: Oui.
M. Rivest: Est-ce que vous avez pris connaissance de la
communication?
M. Marois: J'ai très rapidement pris connaissance de la
communication de la ville de Montréal qui est arrivée à
mon bureau cet après-midi et qui est une variation sur le même
thème, le thème de leur mémoire présenté en
commission parlementaire, on s'en souviendra. Je trouve que c'est une
affirmation à l'emporte-pièce. Je respecte ceux qui l'affirment,
mais cela me paraît un peu court. On admettra que les services publics,
autrefois, ne tombaient pas sous la coupe, dans le Code du travail, d'une
protection pour les citoyens avec des dispositions spécifiques qui
seraient maintenant prévues à. partir du moment où le
présent projet de loi est adopté et qui vont faire en sorte que,
par exemple, les entreprises de production d'eau, d'enlèvement d'ordures
ménagères, pour ne mentionner que celles-là, pourraient
par voie de décret tomber sous la coupe de la nécessité de
maintenir les services essentiels. Il y a quand même là une nuance
de taille.
M. Rivest: M. le Président, ce que j'ai cité, tout
à l'heure, c'est l'affirmation générale des
autorités de la ville de Montréal. D'ailleurs, j'ai vu M. Drapeau
dans le corridor; peut-être aura-t-il des commentaires à
émettre à l'égard des commentaires que le ministre vient
de faire à propos des représentations que la ville de
Montréal vient de nous adresser. Le ministre ne convient-il pas, par
exemple, parce que la ville - pas seulement l'affirmation que j'ai faite;
ça, c'était la lettre d'accompagnement que j'ai citée -
détaille dans le mémoire qu'elle nous a communiqué, dont
le ministre a sans doute pris connaissance, que lorsqu'elle parle de machinerie
lourde et contraignante - je conviens que le ministre étend, par sa loi,
la question. Mais la ville de Montréal appelle l'article 111 du Code du
travail, d'une part, et dit que tout ce que le projet de loi fait au niveau des
services publics, c'est de remplacer - l'article 111, qui était un
pouvoir de décret - un décret par deux décrets.
C'est-à-dire que quinze jours avant une grève
appréhendée, il va y avoir un premier décret, le ministre
va dire: imaginez-vous, quinze jours, on en reparlera - II y a danger dans tel
service public, il faut que vous établissiez les services essentiels.
Comme si cela ne devrait pas être admis de façon
générale que dans un service public, il doit toujours y avoir des
services essentiels. Je ne vois pas pourquoi... En tout cas, on en reparlera un
peu plus loin et après cela, tout le mécanisme de la loi se met
en branle contre cela: règlements, ententes, etc. Finalement, le
ministre reçoit un conseil et un deuxième décret au cas
où les services essentiels ne seraient effectivement pas suffisants.
C'est le premier point de la ville. Au fond, tout ce que le gouvernement fait
d'après la ville de Montréal, c'est qu'il remplace un
décret par deux décrets, n'est-ce pas?
M. Marois: C'est l'interprétation du député
de Jean-Talon.
M. Rivest: Non, c'est l'affirmation du mémoire du conseil
de la ville, page 2: "Le présent projet de loi remplace ce décret
par deux décrets." J'ai expliqué les deux décrets. Le
ministre est conscient.
M. Marois: Oui, mais le député de Jean-Talon a
lui-même souscrit, si ma mémoire est bonne, à
l'évaluation que tout le monde fait de l'application de l'actuel article
111 qui ne menait nulle part et on connaît l'utilisation des
évaluations qui ont pu en être faites, non seulement à
l'usage,
mais aussi à l'usure. Cela ne menait strictement nulle part.
Quand on me dit qu'on remplace un décret par deux décrets, je dis
de nouveau: II y a quelques nuances à faire dans de telles
affirmations.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.15
est adopté?
M. Rivest: Non, M. le Président. La ville de
Montréal évidemment, également, souligne au ministre que
nulle part dans la loi, non plus, d'ailleurs, que dans un pouvoir de
règlement, que le ministre pourrait se donner parce que je comprends que
dans la loi, c'est peut-être difficile, mais nulle part il n'est
établi ce qu'est un service essentiel dans les services publics. Par
contre, d'un autre côté, le ministre a en main le rapport Jutras
qui lui indique que dans le cas des transports en commun - je sais que ce n'est
pas facile de définir les services essentiels, bien sûr - un
commissaire - que je pense compétent, dont tout le monde reconnaît
sa compétence - a établi très clairement que dans le
transport en commun à Montréal la question des heures de pointe
est un service essentiel très identifié et, deuxièmement,
la question du transport des handicapés, c'est un service essentiel
très identifié et identifiable et pratique même. Le
mémoire de la ville de Montréal souligne au ministre, regrette
que le ministre n'ait pas fait cet effort. Au moins, pourquoi le ministre
n'a-t-il pas pensé à des choses aussi évidentes que
celle-là? Par exemple, au niveau d'Hydro-Québec qui a une
pratique continue que les turbines ou je ne sais trop. Enfin, tout le monde
sait que c'est essentiel et jamais personne ne l'a mis, ne le conteste.
Je me demande comment le ministre n'a pas pensé, pour les
services publics, d'une façon générale, de se donner un
pouvoir de règlement après consultation et mettant toutes les
formes, parce que, là-dessus, personne ne se chicane. Même chose
d'ailleurs dans les hôpitaux. Pourquoi laisser le jeu de la libre
négociation, par exemple, quand on sait que dans les hôpitaux pour
soins aigus que les services d'obstétrique, les services coronariens,
l'hémodialyse, tout le monde convient que personne ne conteste cela et
le ministre n'a même pas, dans sa loi, quelque part, dit qu'on pouvait
effectivement identifier de tels services comme étant essentiels, ce qui
éviterait de les remettre en cause parce qu'ils seraient, quelque part,
d'une façon réglementaire.
Deuxièmement, de les laisser sujets au rapport de forces qui va
maintenant présider dans la définition des services essentiels
avec les ententes parce qu'il y en a à certaines places qui vont dire:
À ceci non, ça cause des problèmes; on n'est pas pour
s'enlever ça parce que ça nous enlève nos mesures de
pression. On sait, M. le ministre, que c'est arrivé sous l'ancien
système, on a laissé aller la question des services essentiels,
parce qu'une partie avait fait un geste qui n'était pas correct et on a
dit: Plus de services essentiels. Au moins, pour certains services publics,
pourquoi est-ce que le ministre... Est-ce que c'est une idée absolument
saugrenue que le ministre prenne acte du vécu de ce qui existe
déjà pour le consigner quelque part par la voie
réglementaire ou une autre voie législative pertinente.
M. Marois: M. le Président, en passant, il y aurait une
coquille à corriger dans le texte de 110.0.15, vers la fin, "... sauf
sans la mesure...", c'est "... sauf dans la mesure..." On va reprendre pour la
nième fois que me ramène le député de Jean-Talon la
discussion à propos d'une approche qu'il propose sous le couvert du
mémoire de la ville de Montréal que je qualifierais de
très technocratique, très bureaucratique, très
séduisante sur papier. Dans le cas du service public,
électricité, on va définir dans la loi ce que veut dire
essentiel. Dans le cas de l'eau, on définit ça dans la loi,
aussi? Peut-être. Dans le cas de la vente de gaz, on va définir
ça dans la loi. Dans le cas d'une entreprise de téléphone,
alors, on met ça dans la loi en détail. On ne perdra rien. On va
mettre les huit, dix, douze critères. Enfin, on choisit une piste ou on
ne la choisit pas.
M. Rivest: Par voie réglementaire. Je n'ai pas dit: Dans
la loi.
M. Marois: Par voie réglementaire? Par voie
réglementaire ou par voie législative, à ce
moment-là, dans le prochain mémoire qu'on me citera, que ce soit
d'un organisme quelconque, par exemple, du genre de celui qu'on vient de me
citer ou par la bouche du député de Jean-Talon, on me dira: Cela
fait trois règlements au lieu de deux règlements, deux
décrets au lieu d'un décret, plus de papiers, plus
d'étapes, plus de normes, plus de critères et tout cela, en fin
de compte, voulant dire beaucoup plus de judiciarisation de tout le processus
des relations du travail, dans des situations - le député le sait
fort bien - qui sont terriblement différentes par définition d'un
service public à l'autre et même d'un même type de services
publics d'une municipalité à l'autre, d'une ville à
l'autre, d'un service de transport, par exemple, d'une ville à
l'autre.
On peut - j'en ai fait l'autre jour, me semble-t-il... On revient
à la même discussion. Je pourrais reprendre toute la batterie des
illustrations que j'ai données et revenir là-dessus. Le
député dit: On laisse cela au rapport de forces. On ne laisse pas
cela au rapport de forces. Ce n'est pas du tout l'économie de la loi. On
dit: On mise fondamentalement d'abord... C'est
l'introduction de tout un bloc nouveau dans le Code du travail. C'est
une première que de prévoir que, pour les services publics, par
décret, il pourra y avoir une obligation pour les parties de faire en
sorte que s'applique la reconnaissance du principe de la primauté des
services essentiels pour les citoyens. Bienl C'est déjà nouveau
en soi. Partant de là, à partir du moment où, sur les
rapports qui nous seront fournis, il y a lieu de décréter - le
gouvernement en assume les responsabilités et il va prendre ses
responsabilités jusqu'au bout - et il décrète que tel
service public est essentiel à tel endroit, que les parties, dans les
délais prévus, avant que soit acquis le droit de grève,
doivent assurer les services essentiels. On mise sur la responsabilité
surveillée des parties. Les parties s'entendent. Cela répond aux
besoins. C'est filtré par un tiers qui procède à
l'évaluation et qui dit en fin de compte: Cela va, ou qui dit: Cela ne
va pas, et il rend public le rapport qu'il aura transmis au ministre. Ce sera
connu de tout le monde avant que le droit de grève soit acquis. Le
gouvernement prendra ses responsabilités à partir de ce
moment-là, avec la possibilité de suspendre le droit de
grève, pas dans une emmanchure comme l'ancien article 111, qui a
été fait avec les meilleures intentions du monde, mais la
pratique démontre bien qu'il y a lieu de procéder à un
certain nombre d'ajustements. Effectivement, il y a des cas où la
pratique veut... On parlait de l'hydroélectricité. On sait
très bien, règle générale, que les services
essentiels ont été maintenus. Prenons le cas du gaz
présentement. Ou alors on prend cette approche qui est celle que nous
proposons par rapport à une approche avec les risques terribles qu'elle
a d'être technocratique, bureaucratique, d'être une vision sur le
papier, séduisante, à première vue, avec des grilles
à n'en plus finir, des critères, forcément, et que ce soit
fait par voie réglementaire ou par voie de loi, les problèmes
inhérents à ce genre d'approche, et ce n'est pas l'approche que
nous retenons.
M. Rivest: Oui, je comprends les propos du ministre et cela
écarte, de toute façon, vraiment carrément, une
recommandation du rapport Jutras. Ce dernier recommandait que le
législateur rende illégaux toute grève et tout lock-out
auxquels les parties pourraient recourir lorsque ne sont pas assurés les
services essentiels suivants: le transport des personnes handicapées,
les services de transport à la population aux heures de pointe. Donc,
cette recommandation, d'après l'approche du ministre, ce n'est pas
possible pour le ministre d'y donner suite, c'est-à-dire que le
législateur indique dans la loi que si le transport des personnes
handicapées, que si le transport aux heures de pointe n'est pas fourni,
la grève devient illégale de par la loi. C'est la recommandation
du rapport Jutras.
M. Marois: Que fait, M. le Président, la loi que nous
avons devant nous présentement?
M. Rivest: Elle ne donne aucune garantie. (21 heures)
M. Marois: Elle prévoit un pouvoir qui est là,
établi en vertu de la loi, mais on ne fait pas une loi où on
introduit un cadre qui vise à consacrer le principe encore une fois de
la primauté des services essentiels pour les citoyens, et ce, uniquement
pour le problème vécu dans le contexte actuel très
précis d'un conflit dans la région de Montréal, pour en
faire un schéma s'appliquant partout à travers le Québec.
Le député, je crois, comprend et possède suffisamment de
sens de la nuance pour voir les différences.
Ceci étant dit, dans l'hypothèse où le transport en
commun à Montréal serait décrété comme
devant faire l'objet d'un lieu où si le conflit s'exerce, les services
essentiels doivent être maintenus, ce qui signifie que si en temps que
laisse - peu importe la formule - à l'évaluation - c'est
là qu'entrent en jeu les critères invoqués - si, à
l'évaluation, cela paraît insuffisant pour répondre
à ce besoin et ce droit premier, le député de Jean-Talon
sait fort bien qu'en fin de compte, le gouvernement se donne le pouvoir de
suspendre la grève. Qu'est-ce qui arrive lorsqu'un droit de grève
se trouve suspendu dans un contexte comme celui-là? Si on tentait de
l'exercer, il deviendrait illégal, que je sache.
M. Rivest: Je conclus là-dessus, quant à moi, que
cela veut dire que cette recommandation-là du rapport Jutras, ce n'est
pas l'approche que le ministre retient. Très bien, c'est son droit. Par
contre, je vous signale que vous êtes en train de commenter
allègrement le rapport Jutras puisque, à la séance
ultérieure, vous avez également rejeté une autre
recommandation du rapport selon laquelle ça devait être une
régie avec des pouvoirs; cela fait déjà deux
recommandations du rapport Jutras qui sont biffées; et,
évidemment, je pourrais continuer. Le rapport Jutras se trouve pas mal
commenté par votre projet de loi. Le fait que le rapport Jutras va
jusqu'à proposer des règlements sur la façon dont les
syndicats prennent leur vote de grève, toujours dans les services
publics, puisqu'ils parlent dans le cadre de la Commission de transport et vous
rejetez cela. Finalement, il n'y a pas beaucoup de recommandations formelles du
rapport Jutras que vous allez suivre. Vous avez refusé de le
commenter,
mais votre projet de loi le commente drôlement. Vous les rejetez,
les recommandations du rapport Jutras.
M. Marois: M. le Président, c'est une affirmation du
député de Jean-Talon que je ne peux absolument pas accepter. Je
viens d'essayer d'expliquer qu'il y a une formulation possible de
recommandation, on l'a vu tantôt en ce qui concerne l'Association des
hôpitaux du Québec quant à un certain nombre
d'éléments clés qui devraient être contenus dans un
protocole-cadre. Quant à la forme ou la façon de donner suite
à des recommandations, il y a le contenu, il y a l'objectif visé
et il y a la façon de le formuler. Lorsque le député
affirme qu'on balance cela du revers de la main - enfin ce n'est pas
l'expression qu'il a utilisée, mais ça revient à cela - il
sait fort bien que c'est inexact ou alors je viens de parler dans le vide.
M. Rivest: II n'y a aucune recommandation formelle du rapport
Jutras que vous acceptez.
M. Marois: Si vous vous en tenez à la forme.
M. Rivest: Je comprends que vous vous soyez abstenu le commenter
le rapport Jutras puisque vous ne suivez par ses recommandations.
M. Marois: Je sais que le député de Jean-Talon est
particulièrement formaliste.
M. Rivest: Non, c'est parce que vous avez nommé un
titre...
M. Marois: Ce soir, M. le Président, je disais... Quant au
fond, il admettra sûrement, un jour ou l'autre, autour de cette table ou
ailleurs, qu'il y aurait un certain nombre de nuances à faire...
M. Rivest: Le ministre ne tient pas compte des propos de M.
Jutras et du député de Jean-Talon. Je vais donner la parole
à la députée de L'Acadie.
Le Président (M. Desbiens): Avant de donner la parole
à la députée de L'Acadie pour le journal des
Débats, Mme Lavoie-Roux est inscrite à la place de M.
Vallières (Richmond).
M. Rivest: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Comme vous voudrez, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): La parole est à vous,
s'il y a consentement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voulais juste faire
une petite remarque, je ne suis pas certaine que le gouvernement ait
reçu le rapport Jutras, mais ce n'est pas cela l'objet de mon
intervention. J'aimerais demander ceci au ministre: il y a la liste des
services publics énumérés ici.
M. Marois: Je m'excuse auprès de Mme la
députée, est-ce que l'article 111.0.15 est adopté, M. le
Président et qu'on passe à l'article 111.0.16 qui concerne la
liste?
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.15 est
adopté et se lira ainsi: "Les dispositions du présent code
s'appliquent aux relations du travail dans les services publics, sauf dans la
mesure où elles sont inconciliables avec celles de la présente
section." C'est ce qu'a dit la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je disais que, dans 111.0.16 on a une liste de
services publics dont se trouvent complètement exclues les institutions
scolaires, dont se trouve exclu, enfin, tout ce qui relève du monde de
l'éducation. Je ne pense pas que ce soit un organisme mandataire du
gouvernement qui couvre cela. J'aimerais que le ministre nous dise pourquoi
parce que je pense qu'il y a dans le monde scolaire des services qui peuvent
être considérés comme essentiels, ne seraient-ce que des
services qui empêcheraient la dilapidation ou la
détérioration des équipements publics, par exemple du
point de vue du chauffage, du point de vue de l'entretien, un minimum
d'entretien physique des bâtiments. Du fait qu'ils ne sont inclus nulle
part, je me demandais comment ils seraient couverts où est-ce
qu'à ce moment-là, dans le fond, on n'exempte pas tous les gens
du monde de l'éducation ou des institutions scolaires, je voudrais dire
par là de toutes les institutions d'éducation.
M. Marois: Je tiens à le rappeler, tous les
éléments ne sont pas nécessairement contenus dans le
présent projet de loi, c'est vrai, je l'ai évoqué l'autre
jour. Il y le pouvoir de mise en tutelle, par exemple, d'un
établissement, pouvoir qui se retrouve dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. C'est aussi le cas de ceux qu'on appelle
les mécaniciens de machines fixes qui sont dans les écoles. Il
est prévu des dispositions très précises dans la Loi sur
les mécaniciens de machines fixes, il y a là toute une
série de normes, de critères de prévus dans leur cas,
prévoyant qu'ils doivent assumer leurs fonctions, quelle que soit la
situation. En plus, je l'ai mentionné tantôt, c'est pour cela que
je veux attirer l'attention des membres de la commission sur la formulation de
l'article qu'on vient
d'adopter, les dispositions du présent code s'appliquent aux
relations du travail à un service public, sauf dans la mesure où
elles sont inconciliables avec celles de la présente section et la
présente section prévoit un certain nombre de dispositions
spécifiques, mais les dispositions du présent code s'appliquent.
Il y a donc la loi que je viens d'évoquer concernant les
mécaniciens de machines fixes et puis il y a notamment l'ensemble de
l'article 109.3 du code, qui concerne justement la section des biens, qui
s'applique aussi bien pour le secteur des services publics que pour l'ensemble
des autres entreprises. Je le lis très rapidement. "L'application de
l'article 109.1 sur les dispositions antibriseurs de grève ne peut avoir
pour effet d'empêcher un employeur de prendre, le cas
échéant, les moyens nécessaires pour éviter la
destruction ou la détérioration grave des biens meubles ou
immeubles et le reste. Ces moyens doivent être des moyens de conservation
et non des moyens visant à permettre la production des biens et services
et le reste." Je terminerai en ajoutant qu'il y a d'autres dispositions. Il ne
faut jamais perdre de vue l'ensemble des dispositions du Code du travail qui
s'appliquent, plus les dispositions très particulières concernant
les mécaniciens de machines fixes que j'ai évoquées, et,
en plus, le pouvoir général, parce qu'il ne faut pas perdre de
vue non plus que ce qui est visé au sens large, c'est fondamentalement
la protection de la santé ou de la sécurité du public.
Dans ce contexte général, se situe toute la question des services
essentiels et l'article 111, qui est l'ancien article 99.
Tout ce qu'il donnait comme pouvoir, dans le secteur de
l'éducation, c'était de constituer une commission d'enquête
afin de pouvoir obtenir une injonction de la Cour supérieure, injonction
qui devait prendre fin au plus tard 20 jours après l'expiration d'un
délai de 60 jours, donc dans les 80 jours. C'était une
espèce de période, ce que les Américains appellent le
"cooling off", une période où les esprits peuvent se refroidir,
mais qui ne règle pas le fond du litige. Alors, il reste toujours, dans
le cas où un conflit compromettrait carrément l'année
scolaire d'un groupe d'élèves, si on veut aller à un autre
niveau de discussion, le pouvoir général d'intervention du
législateur. D'ailleurs, c'est dans le cas où une année
scolaire serait mise en péril, mais sur les questions très
précises concernant la protection des biens, etc., les autres
dispositions du code s'appliquent et la Loi sur les mécaniciens de
machines fixes s'applique aussi.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'ensemble du secteur de
l'éducation, sauf pour la question de la protection des biens, il n'y a
donc pas de services qui sont considérés essentiels comme
tels?
M. Marois: Pas comme tels dans le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Au sens de la notion de santé et de
sécurité...
M. Marois: Au sens de la notion de santé et de
sécurité, dans la mesure où je l'ai évoqué,
dans la mesure où d'autres dispositions du présent code
prévoient toute la question que vous avez soulevée, Mme la
députée, concernant la protection des biens.
Mme Lavoie-Roux: II y a évidemment le cas très
précis où on juge que l'année scolaire est mise en danger,
mais, au plan pratique, il y a aussi des types de grèves qui sont des
moyens de pression sporadique, alors que les enfants se rendent à
l'école et, à dix heures, les professeurs disparaissent. À
ce moment, vous avez des enfants de tous les âges, les plus vieux peuvent
se déprendre, mais pour les enfants de la maternelle à la
deuxième année - pour ne rien exagérer - ou même les
enfants handicapés qui se trouvent à l'intérieur des
écoles régulières et qui sont renvoyés chez eux
dans toutes sortes de conditions, il pourrait alors être question de
santé et de sécurité. Mais vous pourriez évaluer
ça et intervenir au niveau de vos pouvoirs généraux, si je
comprends bien, parce que, là, il pourrait être question de
santé et de sécurité des étudiants.
M. Marois: Si Mme la députée aborde le
problème par le biais notamment de la question du transport, le
transport se trouve toujours assuré par le niveau de
responsabilité de la direction de l'école; ça, c'est une
chose.
Prenons un exemple, il ne me semble pas y en a voir 42, il y a un cas
qui nous vient spontanément à l'esprit, il a d'ailleurs
été évoqué durant nos travaux en commission
parlementaire, à l'automne, ç'a été le cas de la
Commission scolaire des Vieilles Forges, on s'en souviendra.
Mme Lavoie-Roux: Oui, en effet.
M. Marois: Voilà, oui. On s'en souviendra, les parents ou
des porte-parole des parents étaient même venus témoigner
en commission pour nous dire: Non, la solution au problème n'est
certainement pas l'abolition du droit de grève ou des choses du genre.
Si tant est qu'un conflit, dans le secteur de l'éducation, devait
prendre des proportions alarmantes quant à l'année scolaire comme
telle...
Mme Lavoie-Roux: Oui, là, il n'y a pas de problème.
C'est la sécurité des jeunes enfants ou des enfants
handicapés qui parfois
crée des problèmes et, à ce moment, ça
touche plus à la sécurité qu'à la longueur de la
grève ou à la remise en question de l'année scolaire.
C'est vraiment plus pour la sécurité des enfants; ça se
produit. Quand il y a du transport scolaire, comme, par exemple, là
où tous les enfants sont transportés, si le transport scolaire
n'est pas en grève, les enfants sont... Mais, même à
ça, dans les villes, les enfants sont retournés chez eux alors
qu'il n'y a personne à la maison. Enfin, ça peut créer des
problèmes assez importants.
Mais je pense que ce serait difficile de couvrir strictement ce type de
problème à l'intérieur de... Parfait. (21 h 15)
M. le Président, est-ce que vous n'avez pas mis les avions parce
que... Non? Ce à quoi je pense, c'est le transport par avion, par
exemple, pour les malades lors d'une grève... Je peux vous parler de
transport par bateau, de transport terrestre, par autobus...
M. Rivest: Transport Marcel Léger, par exemple.
Une voix: Le ministre de l'Environnement.
M. Marois: Est-ce que je comprends que le député de
Jean-Talon recommence à jouer un peu avec les articles?
M. Rivest: Non, c'est toujours le même article, c'est
à propos des avions. On parlait de M. Marcel Léger. S'il
était privé du service, au rythme qu'il utilise les avions du
gouvernement, sa santé et sa sécurité seraient sans doute
en danger.
M. Marois: Si on pense au transport des malades...
Mme Lavoie-Roux: C'est à cela que je pensais.
M. Marois: ... par le service aérien du gouvernement du
Québec, qui, soit dit en passant, est un service où il se fait un
travail absolument remarquable - je pense qu'on ne le dit pas, j'ouvre une
parenthèse, parce que j'ai cru comprendre qu'on pourrait se permettre
dans la soirée d'en ouvrir un certain nombre - ils font un travail
vraiment remarquable et très rarement souligné. Cela tombe sous
la coupe de la Loi sur la fonction publique. La loi et la pratique de la
fonction publique à date... La loi, d'abord, prévoit qu'il doit y
avoir des services essentiels d'assurés; d'autre part, ce genre de
services essentiels est assuré; c'est l'article 115 de la Loi sur la
fonction publique. Je me permets d'en lire le dernier paragraphe: "La
grève est aussi interdite à tout autre groupe - notamment celui
dont on parle, article 115 de la Loi sur la fonction publique - à moins
que les services essentiels et la façon de les maintenir ne soient
déterminés par une entente préalable entre les parties ou
par une décision du Tribunal du travail." Selon le relevé qu'on a
fait, avec les gens de la fonction publique, il y a toujours eu entente
préalable, sauf une fois où il y a eu une requête
présentée au Tribunal du travail, mais le tribunal n'a jamais eu
à statuer sur ladite requête puisqu'il y a eu entente avant que le
jugement soit rendu et cela couvrait notamment ce genre de cas. Pensez aux
chèques, par exemple...
Mme Lavoie-Roux: Les feux de forêt...
M. Marois: Oui justement. Non, mais allons à des choses
aussi...
Mme Lavoie-Roux: Je ne dis pas cela pour badiner quand je parle
d'arroser les feux de forêt...
M. Marois: Je ne prétends absolument pas que Mme la
députée ne dit pas cela sincèrement. Dieu nous
préserve des feux de forêt. Quand il y a des feux de forêt,
notre responsabilité est de faire en sorte que les moyens disponibles
soient utilisés pour contribuer à circonscrire les
dégâts.
M. Rivest: J'ai une question, M. le ministre. Il y a aussi dans
l'éducation... Vous avez parlé des machines... Dans les
universités, par exemple, les mécaniciens de... Comment
s'appellent-ils?
Mme Lavoie-Roux: Les mécaniciens de machines fixes, ce
sont presque des ingénieurs.
M. Rivest: ... c'est pour le principe des choses. Dans les
universités, par exemple, les travaux de recherche et de laboratoire,
etc. Est-ce qu'il n'y a pas des choses essentielles, à certains moments,
où il faut qu'il y a des gens qui restent en poste? Il peut y avoir des
matières toxiques ou autres.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les biens. C'est comme dans les
laboratoires, toutes les bibites.
M. Lavigne: Les rats dans les laboratoires, c'est dangeureux.
M. Marois: Les députés de l'Opposition, connaissant
parfaitement bien le secteur de l'éducation, particulièrement le
niveau universitaire, particulièrement dans certaines
universités, certains laboratoires où se pratiquent certaines
expériences qui supposent un suivi de très près, de
façon à peu près constante, et cela me rappelle
l'époque où j'ai eu à assumer des
responsabilités syndicales étudiantes dans les années 60,
à l'Université de Montréal, où effectivement, lors
d'une grève étudiante, celle-là...
M. Rivest: J'avais voté pour vous, à
l'époque.
M. Marois: Vous aviez bien fait.
M. Rivest: Contre mon ami Serge Ménard, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Tu le regrettes depuis ce temps-là?
M. Rivest: Non, Non.
M. Marois: Selon les renseignements que j'ai, toujours, et
à moins que l'Opposition ait vraiment - comme disait l'autre: Citez-moi
un seul cas - quelques cas à l'esprit où ça n'a pas
été observé, le sens naturel des responsabilités de
ce type de chercheur est tel que naturellement ce genre de service est
assumé.
M. Rivest: On pense à l'informatique, par exemple. Ma
collègue me signale l'informatique.
M. Marois: Ah! l'informatique, les ordinateurs.
Mme Lavoie-Roux: Les ordinateurs. M. Marois: Non, mais
ça fait partie...
Mme Lavoie-Roux: De la protection des biens.
M. Marois: Si vous voulez parler des ordinateurs, là, on
retombe sous la coupe de l'article stipulant que d'autres dispositions du
code...
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous m'avez lu tout à l'heure.
M. Marois: ... concernant la protection des biens...
M. Rivest: Très bien. M. le ministre... Mme
Lavoie-Roux: On est couvert.
M. Rivest: Vous voyez qu'on fait une étude quand
même très précise du projet de loi.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.16
est adopté?
M. Rivest: II y a un aspect dans 111.0.16...
M. Marois: Qui vous inquiète.
M. Rivest: ... qui m'inquiète, oui. D'abord, votre dernier
alinéa: "un organisme mandataire du gouvernement à l'exception de
la Société des alcools du Québec et d'un organisme dont le
personnel est nommé et rémunéré selon la Loi de la
fonction publique." Il y a du monde là-dedans. Par exemple, la
Régie de l'assurance...
Mme Lavoie-Roux: Maladie.
M. Rivest: ... automobile, la Régie de
l'assurance-maladie, les lotos, l'Office de la langue française...
Mme Lavoie-Roux: Ce serait...
M. Rivest: Vous pouvez y aller tous azimuts, vous allez voir que
vous en embrassez pas mal large et vraiment la notion de santé et de
sécurité se posera en termes... Le problème que ça
cause, ça ne cause peut-être pas de problème pratique, sauf
que l'interprétation de la loi couvre pas mal de choses, par exemple, la
loto.
Mme Lavoie-Roux: Imagine-toi si les Anglais se mettaient à
afficher en anglais!
M. Rivest: Santé et sécurité et il n'y
aurait pas de police... Vous savez, votre formulation... Je ne vous demanderai
pas la liste parce que je sais que ça existe quelque part au
gouvernement. Tous les jours, il faut la mettre à jour, d'ailleurs; il y
a tellement de régies qui se forment. Quand on met une disposition comme
celle-là: tout organisme dont le personnel est nommé et
rémunéré selon la Loi de la fonction publique, c'est
très rare qu'on arrive à savoir tout ce qu'on ramasse avec
ça. On ramasse tout, mais vraiment tout.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre avec.
M. Marois: M. le Président, on ramasse effectivement tout
ou presque, à l'exception de la Société des alcools du
Québec...
M. Rivest: Oui, et on se demande en raison de quel
privilège.
M. Marois: Bien sûr. Pour deux raisons: la
première... Je suis certain que dans leur recherche exhaustive et
fouillée, les députés de l'Opposition auront noté
que le présent article 111.0.16 vient remplacer l'article lm du
présent code...
Mme Lavoie-Roux: Oui, on a bien vu cela.
M. Rivest: Et c'était excepté...
M. Marois: ... et que le dernier paragraphe de lm, le paragraphe
8 - c'était le dernier morceau - les services... Donc, il s'agit de
moderniser le texte, de le compléter, de l'élargir effectivement,
sous réserve cependant. L'élargissement n'intervient pas
là où viennent de le placer certains commentaires gui ont
été faits de bonne foi par un député de
l'Opposition. Je rappelle le libellé du huitième paragraphe de
lm: Les services du gouvernement du Québec et les autres agents de Sa
Majesté, du chef du Québec, à l'exception de la
Société des alcools du Québec. Alors, nous avons retenu la
liste en utilisant des expressions plus modernes telles celles gui sont
retenues dans nos plus récentes pièces de loi, notamment, la Loi
sur la santé et sécurité du travail. Voilà! En plus
- je présume que c'était la question qu'allait me poser le
député...
M. Rivest: Dernière question... Il est rendu qu'il se pose
des questions à lui-même.
M. Marois: ... on a inclus, on a repris la liste et on l'a
modernisée. On a maintenu l'exception qui était là, la
Société des alcools, non pas en tenant pour acquis qu'il va
falloir le faire dans chacun des cas. Pour être certain que si tant est
que se pose un problème que personne ne peut prévoir aujourd'hui,
je ne sais pas ce qui va se poser dans deux ans, dans trois ans, la nature des
problèmes qui peuvent se poser, les situations qui évoluent, et
le reste, si tant est qu'il y avait nécessité d'intervenir, qu'on
dispose de l'instrument législatif pour le faire.
M. Rivest: J'ai une dernière question au sujet de
l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale n'est pas dans la
liste. S'il survient un problème très grave au niveau de
l'éducation, par exemple, où l'année scolaire des enfants
est en cause, il faut requérir les services de l'Assemblée
nationale. Or, il n'y a rien de prévu. L'Assemblée nationale
échappe complètement à cela.
M. Marois: Oui, je pense bien, M. le Président, que le
député continue à jouer et veut certainement nous faire
passer quelques secondes agréables de détente, parce qu'il sait
fort bien qu'une partie substantielle des services de l'Assemblée
nationale est constituée de personnel non syndiqué.
M. Rivest: C'est cela. M. Marois: Voilà!
M. Rivest: J'ai posé la question, parce que les gens qui
lisent nos travaux doivent avoir l'information complète sur les tenants
et aboutissants du projet de loi du ministre. Le ministre a compris que le
député de Jean-Talon connaissait la réponse.
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.16 est-il
adopté?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 111.0.17.
M. Rivest: À l'article 111.0.17, évidemment, il y a
beaucoup de choses, mais il y en a une, entre autres, qui m'apparaît
majeure, qui tourne autour du fameux délai de quinze jours. Mais, juste
avant d'aborder cela, il y a une question qui me vient à l'esprit. Dans
le rapport Jutras, à propos de la Commission de transport - c'est
d'ailleurs en rapport avec le délai de quinze jours - de l'acquisition
du droit de grève, toute la question - et d'ailleurs, l'Assemblée
nationale l'a jugée elle-même comme étant extrêmement
importante - de la grève en hiver dans le transport en commun, si on
applique le mécanisme, comment cela se trouvera-t-il
réglé, le fait que les gens... Le commissaire Jutras disait:
Jamais de grève en hiver. La convention collective, actuellement,
à moins gue ce ne soit modifié par négociation pour
tâcher que la convention collective sur le transport en commun à
Montréal n'expire pas durant l'hiver, ce qui est arrivé la
dernière fois où on a fait cette... Enfin, c'est arrivé.
Les quinze jours avant une grève appréhendée, comment cela
marchera-t-il? Réglez-vous ce problème?
M. Marois: Les quinze jours, c'est le délai limite.
M. Rivest: Oui.
M. Marois: Voilà! Je crois que le député de
Jean-Talon vient de comprendre.
M. Rivest: Oui, mais l'autre aspect...
M. Marois: Avant l'acquisition du droit de grève.
M. Rivest: D'accord, mais l'autre aspect gue je voudrais
signaler, c'est qu'encore là, dans le domaine des services publics,
c'est quinze jours, mais vous pourriez prendre trois semaines avant ou un mois
avant, si vous voulez, sauf que, pour les services publics, vous
n'échappez pas à la condition - et c'est une des critiques
majeures que nous avons apportées au projet et pas seulement nous, mais
d'autres commentateurs - au fait qu'avec ce mécanisme, vous
n'échappez pas à cette contrainte inéluctable dans
laquelle vous vous placez d'amener les parties à convenir des services
essentiels dans les services publics à quinze jours, trois semaines ou
un mois, donc, dans une période de négociation des
conventions collectives. C'est peut-être l'illustration majeure.
Vous le faites en période de confrontation, en période
d'affrontement légitime, dans le cadre normal des relations du travail,
alors que tout le monde vous a demandé que la question des services
essentiels - et c'est un vice absolument fondamental du projet de loi, à
mon avis - se fasse avant, en dehors du climat d'affrontement qui
préside aux négociations.
Évidemment, dans la structure actuelle, vous ne pouvez pas
l'éviter, parce que c'est exactement la démarche, quand vous
parliez de votre approche. Vous l'avez vécu à la Commission de
transport de Montréal, quand il y a eu des déclarations autant
des autorités de la Commission de transport que des syndicats qui ont
établi... Je ne pose pas la question. Que le ministre entende le
député de Sainte-Marie, qui a soulevé ce problème
à plusieurs reprises au niveau de l'Assemblée nationale, le
député Bisaillon, de Sainte-Marie, qui a dit: Pour le transport
en commun - et ce serait appliqué à d'autres services publics -
ce serait tellement mieux si on pouvait discuter, si les parties avaient la
chance de discuter des services essentiels en période de
non-négociation. Et comme l'obligation, c'est le ministre qui va
être le déclencheur de toute la structure de la loi, et il va le
faire dans un délai de quinze jours, trois semaines ou un mois avant
l'acquisition du droit de grève. Vous allez tomber en plein dans
l'écueil qui a amené l'impossibilité à la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal, aux
syndicats, et aux autorités de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, de convenir d'un minimum
décent des services essentiels. (21 h 30)
M. Marois: M. le Président, les propos du
député de Jean-Talon m'étonnent quelque peu.
Premièrement, il a utilisé l'expression "tout le monde". Tout le
monde c'est tout le monde. C'est, à tout le moins, sans nuance, un grand
nombre, je dirais, à l'opposé de ce qu'il a dit et on pourra
relire chacun, et en faire notre profit personnel, des nombreux
témoignages entendus, à l'automne, en commission parlementaire.
Je me permets de rappeler au député de Jean-Talon que dans le
code actuel, il est prévu non pas quinze jours, non pas trois mois, mais
six mois à l'avance.
Le rapport Picard, les parties patronales, les parties syndicales, non
seulement les parties syndicales, l'Association des hôpitaux du
Québec, dans son plus récent document qu'elle nous a fait
parvenir, et qui m'a d'ailleurs fait réfléchir sur une autre
question, et j'aurai une proposition d'amendement à formuler plus tard.
À l'opposé de ce que vient de dire le député, bien
au contraire, on nous a dit: Ne fixez pas des délais trop longs, parce
que le laps de temps qui s'écoule entre ces délais - par exemple,
on parlait de six mois - les situations changent terriblement vite, que ce
soient des situations d'évolution de clientèle dans certains
établissements...
M. Rivest: ...
M. Marois: Si le député me permet, M. le
Président, et vous aussi. D'une part, c'est l'opposé qui nous a
été dit, dans un premier temps, et c'est pourquoi, d'ailleurs, en
ce qui concerne les services de santé, on ramène le délai
à trois mois, mais j'aurai d'ailleurs une autre proposition à
soumettre pour faire en sorte d'y donner à la fois la souplesse, mais
pour permettre de répondre à une suggestion que nous a
formulée l'Association des hôpitaux du Québec.
D'autre part, quinze jours - je me permets de le rappeler - c'est la
limite. Troisièmement, pour illustrer davantage ma pensée, dans
le sens des remarques qu'on a eues en commission parlementaire, savez-vous
combien de temps cela a pris pour négocier et en venir à une
entente sur les services essentiels à Gaz Métropolitain? Mon
collègue et moi qui avons suivi et qui suivons toujours ce
dossier-là de très près comme un certain nombre d'autres:
une journée.
Quatrièmement, on est dans du neuf. Dans certains cas, il y a des
précédents de vécus, je pense, par exemple, aux services
d'Hydro-Québec. À Gaz Métropolitain, il y a une
espèce de pratique, de précédent qui est en train de se
créer, et on pourrait donner un certain nombre de cas. À partir
du moment où cela aura été fait une fois dans une
conjoncture donnée, est-ce que le député ne conviendrait
pas avec moi que, forcément, il s'établit des pratiques qui
facilitent grandement les choses à l'avenir, ce que j'essaie d'expliquer
et de réexpliquer depuis le début de nos travaux, notamment en ce
qui concerne tout le bloc des services de santé et des services
sociaux.
M. Rivest: ... services publics. M. Marois: Bien
sûr, bien sûr.
M. Rivest: M. le Président, au début de ces
remarques, le ministre m'a indiqué que le délai n'était
pas trop long parce que tout cela variait.
M. Marois: On a d'abord commencer par faire une nuance à
propos de l'affirmation du député selon laquelle il s'agissait de
tout le monde.
M. Rivest: Vous avez commencé par dire cela, que tout cela
variait et qu'on ne pouvait pas le faire longtemps d'avance. D'un autre
côté, à la fin, il m'a dit: On a un
vécu, c'est très facile, tout le monde sait ce dont il
s'agit. À la fin, c'était très stable, mais ce que je
voudrais dire au ministre, c'est que dans son mécanisme actuel, pourquoi
n'y aurait-il aucun - enfin aucun, c'est peut-être fort - mais il y
aurait peu de désavantages en regard de sortir cela du climat
d'affrontement d'une négociation, c'est que ces ententes qui peuvent
être ajustées, j'en conviens, avec la première partie de la
phrase, même si c'était long. Mais n'oubliez pas une chose, c'est
que, dans votre propre mécanisme, une fois qu'il y a une entente, cette
entente est verifiable par le conseil qui en est dépositaire et le
conseil n'a pas simplement le pouvoir d'aller vers le Conseil des ministres,
mais le conseil a le pouvoir également de garder l'entente, lorsqu'il
n'y a pas danger immédiat, il a le pouvoir également de faire ces
ajustements que vous évoquiez, si les conditions changent, il a le
pouvoir de retourner vers les parties et de dire: L'entente que vous avez
conclue il y a quatre, cinq ou six mois, ou trois ou quatre semaines, peu
importe, est insuffisante parce que tel ou tel type de conditions se sont
développées et vous devriez inclure telle ou telle chose.
Pourquoi ne pas profiter de ce mécanisme, de cet aspect
intéressant dans le rôle du conseil pour qu'en dehors de la
période de confrontation, on s'entende sur des choses et, si on a besoin
de les ajuster, selon les circonstances, le conseil a précisément
ce pouvoir? L'avantage de mettre des délais encore plus longs, ce serait
qu'on pourrait négocier les ententes, il y aurait beaucoup plus
d'ententes sur cette base parce que ce ne serait pas en période de
conflits. Vous comprenez ce que je veux dire. Vous avez ce principe dans votre
propre mécanisme, implicitement. Mais vous vous astreignez au
délai de quinze jours. Alors, pour Gaz Métropolitain, cela a pris
une journée, bravo, tant mieux, mais la Commission de transport, c'est
aussi important en termes de services essentiels et là, cela n'a pas
pris une journée; cela fait je ne sais pas combien de siècles
qu'on essaie d'en arriver à cela.
Imaginez, s'il y avait une entente, s'il y avait une liste dans le
délai de quinze jours d'une grève appréhendée
à Montréal, qu'est-ce qui serait arrivé à la
Commission de transport? Il n'y aurait pas entente parce que c'est une
situation de conflit. Enfin, c'est l'expérience qu'on a vécue.
Donc, une liste syndicale s'en va au conseil, le conseil peut juger... Est-ce
que le conseil aura le temps de se retourner vers les parties pour dire:
Regardez donc cela, cela ne marche pas, telle affaire. Le conseil va aller
directement au Conseil des ministres, cela va être urgent, et le
délai de quinze jours, votre conseil et tout votre protocole-cadre,
ça va être drôlement, pour employer une expression simple,
"squeeze" par votre délai, si c'est trop rapproché, les quinze
jours. Et c'est pour cela, enfin, je n'en fais pas un amendement formel, mais
je vous inviterais à réfléchir sur l'exclusion que vous
semblez vouloir maintenir d'offrir aux parties la possibilité de
s'entendre sur des services essentiels en dehors de la période de
conflit ou d'affrontement.
M. Marois: Je voudrais juste ajouter un dernier mot, M. le
Président, pour corriger une impression qui ressort des propos du
député de Jean-Talon. C'est que, dans le cas des services publics
- on a eu l'occasion d'en discuter l'autre soir ou l'autre jour - il n'y a pas
de protocole-cadre, et pour cause. On a bien fait la distinction entre les
services de santé et les services sociaux. Le délai de quinze
jours, on y a réfléchi assez longuement et on pense que c'est un
délai limite, encore une fois, raisonnable. Évidemment qu'il est
relativement serré dans le temps, mais, si on l'allongeait, il faut
faire bien attention parce que ce délai de quinze jours, c'est le
délai limite pour le gouvernement pour établir par décret
gouvernemental que les parties doivent convenir de services essentiels.
Si vous allongez indéfiniment ce délai, les situations se
développent, évoluent. Dans certains conflits, on peut les voir
venir longtemps à l'avance et dans un contexte tel qu'on peut
prévoir, sur la base des rapports des conciliateurs qu'on peut avoir,
que cela va être très clair dans trois mois; il n'y a pas lieu
d'attendre quinze jours avant. Mais, dans d'autres cas, la situation se
présente différemment. Donc, si on ajoute du temps par-dessus le
délai de quinze jours, le danger c'est que certains cas puissent
échapper et, comme il s'agit de la santé ou de la
sécurité du public et du droit des citoyens d'avoir des services
essentiels, il nous a semblé que c'était un délai
raisonnable. Évidemment, si on va à la limite des quinze jours,
cela fait un délai relativement serré. Il ne faut pas perdre de
vue non plus - le député de Jean-Talon l'a signalé avec
beaucoup de justesse -le rôle de "médiation" du conseil ou de
personnes-ressources mises à la disposition des parties par le conseil
pour les aider de convenir de quelque chose qui soit responsable et qui
réponde aux besoins des gens.
M. Rivest: Est-ce que le ministre aurait objection à
examiner une suggestion que je lui fais quelque part dans cet article ou dans
un autre, même si c'est simplement incitatif, de demander à
l'ensemble des services publics, à tous égards, qu'il y ait
menace appréhendée pour la santé et la
sécurité -une clause générale au début ou
quelque part dans le projet de loi - de faire proprio motu par leurs propres
moyens avec leur
représentant de travailleurs, de discuter des services
essentiels? Comprenez-vous ce que je veux dire? Qu'il y ait un article qui
dise: Tous les services publics qui sont là doivent se rencontrer
annuellement pour conclure une entente pour les services essentiels. Quelque
chose comme cela. Que ce soit général. Quand des situations
appréhendées arriveront, déjà on aura un acquis
convenu de services essentiels. Il n'y a d'obligation ou d'incitation nulle
part dans la loi qui demande à des services publics de se
préoccuper de convenir ensemble de la question des services essentiels.
Est-ce que cela existe? À moins que je fasse erreur.
M. Marois: Ce que je dirais comme commentaire
général et après un commentaire particulier, c'est que
s'il y avait un article d'intention générale comme
celui-là, que les parties, selon ce que le député veut
dire, de tous ces services -non, je présume qu'il fait allusion à
l'intérieur d'un tel service précis - dans le genre
"préoccupez-vous-en, parce qu'il pourrait vous arriver que, etc..." Je
vais vous dire ceci, au point de départ, en toute justice, pour tout ce
qui se passe aussi. Pensez, par exemple, à Hydro, pensez au gaz, etc.,
on peut donner un certain nombre d'exemples de choses et de comportements
nouveaux qui commencent. On me dira: Oui, c'est difficile à la
Commission de transport de la Communauté urbaine
précisément présentement. Est-ce qu'il en a
déjà été question avant les présents mois
qu'on vient de vivre? C'est une dimension nouvelle qui s'ajoute suite à
des pressions légitimes des citoyens et de l'opinion publique, d'un
brassage, d'un éveil et d'une prise de conscience. La commission
parlementaire de l'automne n'est certainement pas indifférente quant
à ses retombées sur ce plan.
M. Rivest: Au niveau de...
M. Marois: Cela étant dit, c'est déjà une
pratique concernant un certain nombre de services. Au fur et à mesure
que, dans la pratique, seront désignés des services, là
aussi des pratiques vont se développer, mais est-ce qu'on en fait un
article général? En d'autres termes, est-ce que ça veut
dire au point de départ que chaque municipalité de Québec,
chaque régie... C'est cela que semble dire la proposition du
député.
M. Rivest: Oui, oui.
M. Marois: Attention jusqu'où on va dans ce
domaine-là. En d'autres termes...
M. Rivest: Tout se pose. Le problème, M. le ministre,
c'est que le problème s'est posé d'une façon variable,
bien sûr, en termes de gravité, mais un peu partout au niveau des
municipaliltés, des cols bleus, etc., et je ne demande peut-être
pas d'en faire une responsabilité générale au ministre du
Travail d'inciter comme vous avez pour le conseil, par exemple... le conseil,
une fois qu'il intervient dans les services publics, il intervient juste dans
un cadre très circonscrit. Il s'agit de faire une responsabilité
générale peut-être au ministre du Travail, vous pourriez le
faire comme directive ou comme communication que vous pourriez adresser
à l'ensemble des services publics, vous dites peut-être... mais,
si le ministre me dit que c'est un engagement ou une chose qu'il pourrait
envisager une fois que la loi sera acceptée, l'ensemble des services
publics qu'il a nommés, de dire: Voici, on a une loi qui essaie de parer
à des situations urgentes, c'est cela qui a été notre
préoccupation, comme le ministre vient de vous l'indiquer, mais que le
ministre adresse à l'ensemble des services publics s'il y avait moyen
que, en dehors de toute espèce de contexte de renouvellement de
convention collective, vous puissiez avec les gens qui travaillent chez vous
convenir ou faire des démarches ensemble, vous asseoir pour discuter de
cette question et consigner dans vos propres archives un certain nombre
d'acquis. Et cela se fera en dehors du conseil et ce serait peut-être
utile. Vous comprenez, M. le ministre, dans quel sens j'envisage cela.
Peut-être pas le mettre dans la loi, mais que vous disiez que
peut-être vous pourriez y penser, dans le cadre de vos responsables. Vous
aideriez votre conseil et vous aideriez le mécanisme que vous mettez en
branle dans les services publics, j'en ai la conviction. (21 h 45)
M. Marois: Je partage, je dirais, l'essentiel de ce que le
député de Jean-Talon vient de dire, M. le Président, mais
avec un certain nombre de nuances. Je pense que le député
conviendra que, si tant est que, dans les messages publics, j'ai eu l'occasion,
pas moi seul, mais plusieurs de mes collègues aussi, depuis des mois et
des mois - vous nous le rappelez assez souvent - de souligner l'importance, la
nécessité qu'il va falloir maintenant prendre les moyens ensemble
comme société pour faire en sorte que ça se traduise dans
le concret et qu'en plus, cela devra se traduire dans le concret dans des
services publics et maintenant le fait d'un projet de loi qui est là,
qui est à l'étude, qui va devenir une loi, il y a là une
incitation à une prise de conscience parce que, comme disait l'autre, si
tant est que les rapports de conciliation qui nous arrivent trois, quatre, cinq
mois à l'avance nous indiquent qu'on s'en va vers un conflit dans un
service public bien précis en pleine période d'hiver et qu'il
apparaît de façon évidente que, si les services essentiels
ne sont pas assurés, la santé ou la sécurité du
public en serait affectée, les parties savent déjà,
à partir de maintenant, que, par le projet de loi lui-même, en fin
de compte, c'est un droit relié au droit de l'association, qui est le
droit de grève, qui risque d'être suspendu.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le décret est publié à la
Gazette officielle du Québec - je pense que c'est normal - dans un
journal de langue française circulant dans la région où ce
service public est dispensé. Pourquoi exclut-on sa publication dans un
journal de langue anglaise, dans une région comme Montréal? Ils
peuvent le publier en français dans un journal de langue anglaise. Ce
n'est pas nécessaire de le publier en anglais dans un journal de langue
anglaise. Ce serait mieux d'être publié en anglais. Comme je ne
veux pas offenser...
M. Rivest: Or Laurin.
Mme Lavoie-Roux: Dr Laurin.
M. Dean: Quoique les journalistes... Vous ne pensez pas que les
journalistes vont faire leur job une fois qu'un tel décret, avec le
rôle d'informateur public du conseil...
Mme Lavoie-Roux: À ce compte-là, ne le publiez
même pas en langue française. Mettez-le dans la Gazette
officielle.
M. Marois: M. le Président, je regarde ça et,
à la réflexion, je veux bien; la Charte de la langue
française et tout...
Mme Lavoîe-Roux: Pas la Charte de la langue
française.
M. Marois: Le décret entre en vigueur. Il doit être
publié selon la bonne vieille tradition classique dans la Gazette
officielle.
Mme Lavoie-Roux: Cela est normal dans la Gazette officielle. Oui,
c'est d'accord.
M. Marois: Et, dans un journal circulant dans la région
concernée. Est-ce qu'on pense vraiment que c'est cela qui est la clef de
l'information des citoyens dans le coin? À partir du moment où un
tel décret est adopté, ce qui va vraiment être important,
c'est l'information concernant une telle décision. Cela passe par-dessus
la petite annonce que tu peux publier dans un journal ou la lecture de la
Gazette officielle.
Un décret gouvernemental, pensez aux premiers qui vont sortir, on
peut peut-être présumer que le ministre jugerait opportun de faire
une conférence de presse; à tout le moins, de s'assurer d'une
communication avec les médias de la région concernée, si
tant est que le problème est bien localisé dans une région
donnée, je crois que c'est beaucoup plus cela que la petite annonce qui
va être publiée. Je comprends les préoccupations, et c'est
surtout à ces préoccupations que j'essaie de répondre plus
que l'annonce publiée dans tel ou tel journal, on ne l'exclut pas comme
instrument, c'est la formule consacrée. Je me dis que c'est bien plus
l'annonce qui va en être faite que ce soit par conférence de
presse avec les médias locaux et régionaux de la région
concernée qui vont vraiment... Cela risque de faire la première
page du... Ceux qui ont les médias dans leur région savent
très bien comment les choses se passent, les médias écrits
en particulier ou électroniques, ça, c'est le genre de nouvelle,
je pense bien, qui risque de faire une manchette dans la région, si tant
est que c'est vraiment une région qui est concernée.
S'il s'agit d'un problème d'une envergure plus grande, je pense
à la région métropolitaine, là encore, guelqu'un
qui veut faire du spectaculaire, je pense à un conflit que tout le monde
a en tête, une bonne déclaration pesée, qui porte à
conséquence, apparaît drôlement plus importante que la
petite annonce qui peut être publiée.
Mme Lavoie-Roux: L'autre soir - je ne sais pas si c'est l'autre
soir ou l'autre après-midi, peu importe - une question a
été soulevée - je ne sais même pas si c'est du
côté ministériel ou du nôtre - sur le fait que quand
il y aura un décret pour déclarer essentiels certains services,
qu'il devrait peut-être y avoir une plus grande publicité de
faite, parce que les gens ne vont pas à l'hôpital, parce qu'ils
pensent que tout est fermé, les gens ne vont pas... enfin, je ne suis
pas pour revenir là-dessus, et quelqu'un a fait la suggestion - encore
une fois, j'ignore qui - pour que justement peut-être qu'il y a eu un
aspect de la publication des choses qui a pu faire défaut, qui
corrigerait, modifierait certains comportements... Alors, je me dis: Le
ministre était d'accord avec cela, il a admis que c'est vrai que
ça pourrait être utilisé davantage et, dans le même
sens, la question se poserait, par exemple, dans le cas des services
essentiels, parce que vous avez quand même des hôpitaux de langue
anglaise, c'est-à-dire qui servent plus généralement la
clientèle anglophone, il n'y a pas de tels hôpitaux strictement
parlant... Moi je dis que si je suis Mme Smith ou Mme Polanski qui parle
l'anglais, qui a 60 ans, et je sais que je vais être admise dans les
cliniques d'urgence de tel hôpital où je vais
généralement, je ne vois pas pourquoi, comme c'est un service
direct, essentiel à la population... C'est vraiment un service essentiel
puisqu'on
déclare les services essentiels, je ne vois pas pourquoi on les
restreindrait si vous deviez utiliser ce type de publicité-là aux
journaux de langue française, dans le cas des services essentiels.
M. Marois: Là-dessus, on est parfaitement d'accord, on en
a parlé l'autre jour, mais ce n'est par l'article pertinent, cela
relève du pouvoir...
Mme Lavoie-Roux: C'est le décret, oui.
M. Marois: ... général d'information. Là,
dans l'article sur le pouvoir général d'information, le conseil a
pleine latitude pour recourir à l'ensemble des médias
écrits et électroniques quelle que soit la langue.
Mme Lavoie-Roux: Je me demandais pourquoi cela ne s'appliquait
pas de la même façon.
M. Marois: C'est la formule classique de publication dans la
Gazette officielle, dans un journal, la petite annonce en question. C'est pour
cela que je me disais que ce qui me paraît beaucoup plus important, c'est
ce pouvoir général sur lequel revient Mme la
députée de L'Acadie, qui est un pouvoir général,
d'une part, quant aux moyens à utiliser, pour l'information des gens,
quand cela va bien à tel endroit, quand cela va mal à tel
endroit, enfin que toute l'information circule pleinement; ce qui n'est
absolument pas exclusif concernant quelque média que ce soit, si on
relit attentivement l'article qu'on a examiné l'autre jour. Il n'y a pas
de limite à cela.
M. Rivest: ... pas du problème. Vous mettez "les journaux
de langue française" -c'est cela, un journal de langue française
-or, il existe des journaux de langue anglaise. Pourquoi ne mettez-vous pas "un
journal", pour régler le problème, pour ne pas vous lancer dans
la charte? On ne réglera pas les problèmes de la Charte de la
langue française dans ce projet de loi. Mettez donc "dans la Gazette
officielle et dans un journal circulant dans la région". Si les gens
trouvent qu'il est utile, pour des raisons de santé et d'information du
public, que ce soit publié en anglais et en français, dans un
journal français et dans un journal anglais...
Mme Lavoie-Roux: ... et même en italien.
M. Rivest: ... même en italien, ils le publieront comme ils
voudront. Alors, enlevez donc cela. Cela ne vous enlèvera rien. En
pratique, c'est sûr qu'en général cela va être
publié dans un journal de langue française et en français,
mais si, exceptionnellement, cela peut être utile pour le public - parce
que c'est le public qui est le client là-dedans -vous le ferez. Comme
cela, il n'y aura pas de drame linguistique et c'est comme cela qu'on
évite les guerres des Malouines.
M. Marois: Quant à moi, je n'ai pas d'objection: "... dans
un journal circulant dans la région..."
Mme Lavoie-Roux: ... circulant dans la région; comme cela,
cela va être plus vite.
M. Marois: En biffant les mots...
Le Président (M. Desbiens): L'amendement à
l'article 111.0.17 est de rayer et de biffer, au deuxième alinéa,
à la dernière phrase, les mots "de langue française".
Est-ce que c'est cela? Et la dernière phrase donc de l'article 111.0.17
se lirait comme suit: "II est publié à la Gazette officielle du
Québec et dans un journal circulant dans la région où ce
service public est dispensé."
M. Rivest: Très bien.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Rivest: Adopté, ce qui permet d'adopter l'article.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est adopté
et l'article 111.0.17 est adopté tel qu'amendé.
M. Rivest: L'article 111.0.17, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.17 est
adopté tel qu'amendé.
M. Rivest: Oui. L'article 111.0.18, M. le Président,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.18
est adopté?
M. Rivest: Non.
Mme Lavoie-Roux: C'est quasiment le plus important; pas tout
à fait, mais...
M. Rivest: J'ai une question que je vais formuler, pour
tâcher qu'elle soit très claire au ministre, en me servant du
texte du mémoire de la ville de Montréal. À la page 6: "Ce
projet est également trop contraignant parce qu'il pourrait paralyser
l'action gouvernementale." Bon. "En effet, à moins que le gouvernement
n'adopte, de façon systématique, un décret à
l'approche de toute grève dans un service public, une situation qui, au
départ, ne laissait pas prévoir de danger pour la santé ou
la
sécurité publique pourrait dégénérer
et présenter un péril sérieux." Le ministre a
déjà évoqué cela, c'est-à-dire que les
situations, dans ce domaine, évoluent, peuvent évoluer. "Dans un
tel cas, le gouvernement ne pourrait pas suspendre, par décret,
l'exercice du droit de grève puisque le décret de l'article
111.0.24 est soumis à l'adoption d'un décret sous l'article
111.0.17 - qu'on vient tout juste d'approuver - au moins 15 jours avant que
l'association accréditée n'ait acquis le droit de grève."
La ville de Montréal conclut: "Le gouvernement n'aurait d'autre solution
que de procéder par législation spéciale." Enfin, cela
retourne peut-être à l'article 111.0.17.
Est-ce que vous comprenez le sens de la remarque du mémoire? Je
pense que c'est très pertinent. C'est que, si vous émettez un
décret pour convenir que les services essentiels soient reconnus comme
étant... La grève arrive, les gens maintiennent les services
essentiels qu'ils ont convenus, mais survient quelque chose comme une
aggravation de la situation qui rend la liste reconnue comme étant
suffisante par le conseil insuffisante en raison de l'évolution des
circonstances. La ville de Montréal dit: Vous ne pourrez pas
émettre un décret interdisant le droit de grève parce que
ce décret est sujet au premier décret. Est-ce qu'il n'y a pas un
trou? Comment voyez-vous cette solution? (22 heures)
M. Marois: J'avoue que je suis mal le député. Il
plaidait tantôt l'autre cause, probablement, parce que je l'ai convaincu
d'une façon absolument remarquable, maintenant, il me plaide l'autre
cause, savoir que le délai est trop long, qu'il va falloir le raccourcir
ou l'enlever, je ne le sais plus...
M. Rivest: Non, M. le Président. Le ministre comprend
très mal le rôle de l'Opposition.
M. Marois: ... pour répondre au cas où se
créerait une situation telle que cela a l'air d'être
complètement viré sur les chapeaux de roues en l'espace de huit
jours... Puisqu'on parle du délai de quinze jours et qu'on le relie au
délai de sept jours, délai d'avis de grève, en l'expace de
huit jours... Frankenstein est arrivé, Apocalypse now, la grande
noirceur sortie de la garde-robe, je ne le sais pas.
M. Rivest: C'est bien plus simple que cela.
M. Marois: J'ai longuement expliqué les quinze jours tout
à l'heure...
M. Rivest: Le ministre comprend, je pense, le sens de la question
que j'ai posée. Ce n'est pas une question de défendre une
thèse ou une autre, c'est une question de voir dans un sens et dans
l'autre comment le projet de loi risque de fonctionner. C'est simplement cela
le rôle qu'on essaie de jouer. La réponse que le ministre aurait
dû me donner se trouverait peut-être dans le projet de
règlement - malgré que pour les services publics, cela ne
s'applique pas mais dans les services de santé et services sociaux -
dans le règlement-cadre; dans le rapport Picard, il était
prévu et probablement que ce sera le type de disposition qu'en cas de
force majeure, vous aurez à faire une disposition... Peut-être que
le point soulevé par la ville de Montréal pourrait se
régler à l'intérieur de votre pouvoir de
réglementation, mais c'est juste pour les services de santé et
les services sociaux. Vous vous rappelez, dans le rapport Picard, on parle
de...
M. Marois: Conflagration.
M. Rivest: ... conflagration, force majeure,
épidémie, etc., sauf que dans les services publics, il n'y a pas
de protocole-cadre.
M. Marois: Sauf que dans les services publics cependant, à
partir du moment où il y a eu décret, cela signifie que les
parties doivent s'entendre et que l'entente ou la liste et les conditions et
les modes d'ajustement sont toujours prévus dans une entente. Sinon, ce
n'est pas une entente qui répond réellement aux besoins qui
garantit la sécurité par définition. Ceux qui connaissent
cela un peu, je sais que le député de Jean-Talon a une longue
expérience... dans le cas d'Hydro, il y a un comité qui
procède aux ajustements à la hausse ou à la baisse et,
s'il se produit un cas de conflagration, ce sont des choses prévues.
Alors, le député a parfaitement bien trouvé la
réponse à sa propre question.
M. Rivest: M. le Président, une autre question. Qu'est-ce
qui garantit, en cas de non-entente, que la liste dite syndicale -puisque c'est
ce dont il s'agit - ne sera pas transmise au conseil la veille de l'acquisition
du droit de grève, ou quelque chose comme cela? Il n'y a aucun
délai de transmission de la liste syndicale. Je n'en demande pas un,
mais je signale cet écueil, malgré que je n'aie pas beaucoup de
succès avec mon ami le maire Drapeau et son mémoire, parce que
ses remarques sont...
Mme Lavoie-Roux: C'est une difficulté qui a
été apportée aussi par l'Association des hôpitaux du
Québec...
M. Rivest: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ... que même on
pourrait exercer la grève si à un moment donné le
délai était trop court, compte tenu du fait qu'on arrive quand
même encore une fois à la dernière minute et qu'avant que
les gens ne réagissent, ils auraient transmis leur liste et ils iraient
en grève.
M. Marois: Juste un petit moment.
Mme Lavoie-Roux: C'est là que vous avez un petit
amendement.
M. Marois: Oui. D'ailleurs, dans les services de santé et
les services sociaux, le problème a été soulevé par
l'Association des hôpitaux du Québec.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Marois: Ce que je cherche, c'est la concordance.
Mme Lavoie-Roux: On vous a préparé un petit
amendement.
M. Marois: Effectivement, on va proposer un amendement qui
viendrait à l'article 111.0.23. C'est là que ça va
répondre. Je donne avis tout de suite...
M. Rivest: 111.0.23, M. le Président?
M. Marois: À 111.0.23. C'est là qu'il faudrait le
placer pour que ne se produise pas la situation qui est évoquée
par le député de Jean-Talon. De la même façon,
analogiquement, il me sert, dans le cas des services publics, l'argument qui a
été mentionné dans le cas des services sociaux et des
services de santé par l'Association des hôpitaux du
Québec.
M. Rivest: On verra ça là? Est-ce que vous voulez
l'annoncer tout de suite?
M. Marois: Je vous en donne l'esprit et même le
libellé, si vous voulez, pour que ce soit bien clair. Comprenons-nous
bien. Le 15 juin, un groupe, une association a droit de grève. Du 1er au
15, donc, dans les quinze jours, dépôt de liste ou d'entente.
C'est le délai. Le 7 juin, sept jours francs avant, je fais parvenir
l'avis de grève et, pour reprendre votre exemple, le 14 juin, je
pourrais déposer l'entente ou la liste.
M. Rivest: Oui.
M. Marois: Voilà le problème qu'on va
résoudre. On le proposera à 111.0.23 et, plus loin, on le fera
analogiquement sur le délai de trois mois. Dans le dernier paragraphe de
111.0.23: "Dans le cas d'un service public visé dans un décret
pris en vertu de l'article 111.0.17, la grève ne peut être
déclarée par une association accréditée à
moins qu'une entente n'ait été transmise au Conseil -depuis au
moins sept jours - ou qu'une liste ne lui ait été transmise ainsi
qu'à l'employeur dans le même délai." D'accord?
Tantôt, on le fera pour les trois mois.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.18
est adopté?
M. Rivest: Non. J'ai une autre question.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: C'est parce que mon recherchiste m'avait fait un
amendement de cette façon et je ne l'ai pas compris. Mais il avait la
même idée que vous, me dit-il.
Une voix: Cela doit être un bon recherchiste.
M. Marois: Est-ce que je comprends que 111.0.18...
M. Rivest: Non, j'ai un autre problème, M. le ministre.
C'est qu'au cas de non-entente, la liste est transmise sur les services
essentiels, qui va dire: Ça prend ceci, cela, etc., on va fournir ceci
et cela. C'est le principe de la liste syndicale au conseil. Le conseil doit
juger de la suffisance ou la non-suffisance de la liste. Je vais formuler ma
question pour que ce soit bien clair pour le ministre. Est-ce que ce ne serait
pas utile que le conseil ne reçoive pas juste la liste, mais qu'il
reçoive le dossier des services essentiels, c'est-à-dire autant
la prétention... Puisqu'il n'y a pas eu entente, c'est que la partie
patronale, l'administrateur juge que ça prend plus de gens puisqu'il ne
s'est pas entendu avec le syndicat. Le syndicat prétend que ça en
prend un peu moins. Parce qu'à moins que le conseil n'envoie des gens
demander effectivement le dossier sur place avec ses experts, au fond...
M. Marois: Par définition, M. le Président. Je suis
certain que, poursuivant sa réflexion plus avant, le
député de Jean-Talon va comprendre qu'il serait, comment on dit
ça, superfétatoire de mettre de telles précisions dans la
loi qui vont de soi par définition. C'est comme cela d'ailleurs, si on
regarde l'expérience vécue, à partir du moment où
il y a une entente les parties regardent cela, et le conseil l'évalue,
mais il y a déjà une base. Si ce n'est qu'une liste, l'indication
est très claire qu'il y a eu un petit problème, la liste peut
bien présenter des services qui soient d'une qualité suffisante,
mais il y a quand même là l'indication que ce n'est
peut-être pas l'harmonie totale et parfaite et, par voie de
conséquence, ça relèverait des fonctions normales du
conseil que d'aller jeter
immédiatement un coup d'oeil très vigilant, ouvert sur la
situation, et forcément, on sait aussi comment ces choses-là se
font, si on revient à la notion des antennes régionales, des
communications, les parties apprennent à travailler ensemble; guand je
dis les parties, je ne veux pas dire seulement les parties syndicales et
patronales, je veux dire le conseil, ses représentants, ses
porte-parole, ses experts en région, et le reste; cela va de soi.
M. Rivest: Mais, je ne veux pas chicaner le ministre...
M. Marois: On a longuement songé à introduire en y
pensant bien sur le plan juridique ce que pouvait signifier ce que le
député appelle le dépôt du dossier, ou ce que
d'autres pourraient formuler en disant: On veut avoir la liste patronale; ce
n'est pas nécessaire d'ajouter cela.
M. Rivest: Ce que le ministre vient de me dire me prouve
absolument, hors de tout doute, que l'expression "liste syndicale" qu'il y a
dans le projet de loi, c'est comme on dit le baroud d'honneur qu'on a fait
faire à la liste syndicale; parce qu'en réalité, ce que va
connaître le conseil, c'est le dossier, c'est la situation dans
l'établissement, puisqu'il doit apprécier le caractère
suffisant et insuffisant. Vous auriez pu mettre: "au cas de non-entente,
à défaut d'une entente, la partie patronale de
l'établissement transmet à l'employeur et au conseil une liste
qui détermine les services essentiels". Alors le ministre m'aurait dit:
II est superfétatoire, bien sûr, que sur la base de la liste
patronale, on n'a pas besoin de dire que le conseil va prendre connaissance
également du point de vue syndical, allons donc! si bien que votre
fameuse liste syndicale, c'est purement un mot pour essayer de faire un
"phasing out" sur la loi no 59, par laquelle vous aviez accordé ce
privilège aux syndicats, qui a constitué une erreur.
M. Marois: M. le Président, le député de
Jean-Talon peut fort bien se mettre le doigt dans l'oeil, comme il l'a fait en
parlant de la fameuse liste syndicale, mais il admettra que toujours sur la
base des expériences vécues, il a lui-même, ayant
fouillé très sérieusement cette question-là, lu des
expertises, des rapports, portant sur des établissements où les
services essentiels ont été maintenus d'une façon
très satisfaisante en respectant vraiment les besoins des citoyens et
à partir d'une liste syndicale qui était pleinement suffisante et
d'un comportement responsable... Donc, il peut bien continuer à se
mettre le doigt dans l'oeil en illustrant sa pensée tant qu'il voudra,
mais il ne fait que confirmer ce que je viens d'évoquer.
M. Rivest: J'ai la conviction qu'au fond, je pense bien que peu
importe, on ne se chicanera pas sur la liste syndicale, enfin sur la liste dite
syndicale ou la liste dite patronale. Ce que le conseil va connaître pour
exercer son jugement, c'est l'ensemble de la situation, après cela,
former un jugement à partir des prétentions patronales et des
prétentions syndicales lorsqu'il n'y aura pas entente; cela est bien
clair. Alors, peu importe, je ne chicanerai pas le ministre sur ce baroud
d'honneur à la liste syndicale, puisqu'il faut y aller par étapes
pour la faire disparaître complètement éventuellement.
Une fois qu'il n'y a pas eu entente, le conseil peut retourner... Cette
nouvelle entente, le conseil va l'agréer ou va-t-il la revoir? Supposons
qu'il n'y ait pas entente, le conseil retourne vers les parties et dit:
Franchement, voyez, ceci ou cela ne va pas; une nouvelle entente est
formée. Est-ce que le conseil connaît cette nouvelle entente et,
en vertu du texte, peut-il porter un jugement sur elle? Voilà, c'est ma
dernière question.
M. Marois: Forcément, M. le Président. C'est une
vieille règle d'interprétation des textes de loi. Les articles
s'interprètent les uns par rapport aux autres. Puisqu'il est
prévu qu'en fin de compte le conseil fait rapport de son
évaluation au ministre, rapport qui est public, la réponse est
forcément oui. (22 h 15)
M. Rivest: Et le mot "entente" vise la première comme la
deuxième. C'est toute espèce d'entente.
M. Marois: Bien sûr.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.18
est adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Marois: Juste un petit moment, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Oui. M. le ministre.
M. Marois: On me dit que, pour pouvoir faire l'amendement que
j'ai annoncé tout à l'heure, qui viendra à l'article
111.0.23, il faudrait, par concordance, après les paragraphes 1, 2 et 3
de l'article 111.0.18, au troisième paragraphe, après la phrase
qui se termine par les mots "en cas de grève", qu'il faudrait faire un
paragraphe et enchaîner avec le même texte: "La liste".
En d'autres termes, il faudrait faire du 3e alinéa, en
faire...
Le Président (M. Desbiens): ... deux alinéas
séparés.
M. Marois: ... c'est cela, un troisième et un
quatrième alinéa.
M. Rivest: Bon, pour que ce soit plus clair, d'accord.
M. Marois: Pour fins de clarté d'interprétation
tout à l'heure.
Le Président (M. Desbiens): Alors, cet amendement est
adopté. L'article 111.0.18 est adopté tel qu'amendé?
M. Rivest: L'article 111.0.18? Oui.
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.18 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 111.0.19; est-il
adopté?
M. Rivest: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, tout cela est...
M. Rivest: L'article 111.0.19?
Mme Lavoïe-Roux: Oui. Tout cela est subordonné
à l'amendement que vous allez faire. J'imagine qu'il est dans le sens de
retarder l'exercice du droit de grève jusqu'à ce qu'il y ait une
entente officielle qui soit vraiment adoptée. Là, c'est encore un
prolongement de...
M. Marois: ... que les délais correspondent et qu'on ne
puisse pas, en d'autres termes, arriver à la dernière seconde,
qu'il n'y ait pas de vide.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui va vouloir dire que les gens vont
acquérir le droit de grève à des... - ce n'est pas
nécessairement à l'article 111.0.19, mais c'est que je fais le
lien avec l'autre - les établissements vont acquérir le droit de
grève à des moments différents.
M. Marois: Si les délais, tels que stipulés dans la
loi, sont respectés à la lettre, en même temps, à
moins qu'il n'y ait évidemment suspension. Si une partie choisit de
retarder un échéancier, c'est elle qui choisit de retarder le
processus.
Remarquez qu'effectivement, la loi détermine un moment à
partir duquel une partie peut acquérir un droit de grève. La
partie n'est jamais obligée d'exercer son droit de grève le jour
où elle acquiert le droit de grève, elle doit en donner un avis.
D'ailleurs, le texte est tel - on le verra - qu'il sera impossible
dorénavant de donner des séries de dates en ligne. C'est un
élément important. Je suis sûr que les membres de
l'Opposition suivent cela de très près. Cela les intéresse
beaucoup, j'en suis sûr. Par d'autres textes qu'on verra un peu plus
loin, il va devenir impossible de donner des séries de dates en ligne.
On verra qu'il est possible de donner une date. On exerce le droit de
grève et on entre au travail le lendemain, ou on ne l'exerce pas; dans
ces deux cas, si on veut à nouveau exercer le droit de grève, il
faudra à nouveau ordonner un avis de sept jours francs au lieu de la
série en chaîne. Vous vous souvenez des problèmes qui ont
été évoqués concernant cette série en
chaîne, quand on parle des problèmes d'appréhension et le
reste. On ne sait pas quand cela va venir, quand cela va se passer, les
ajustements qu'il faut faire en ce qui concerne les patients et le reste.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.19
est adopté?
M. Rivest: Une précision. Pour l'appréciation du
caractère suffisant et insuffisant de la liste, le conseil va avoir
à sa disposition le protocole qui va lui donner un certain nombre de
critères plus la connaissance. Est-ce que les points soulevés au
niveau du protocole vont être contraignants? Cela ne s'applique pas
ici.
M. Marois: Si on parle du protocole, dans le cas des services de
santé et des services sociaux, forcément, puisqu'ils sont
décrétés par règlement à la fin du
compte.
M. Rivest: Plus la connaissance du dossier...
M. Marois: Voilà.
M. Rivest: ... en pratique, de la liste syndicale et du dossier.
D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Article 111.0.19
adopté.
Mme Lavoie-Roux: Je reviens à la question que je posais
tout à l'heure - je parle des services de santé - à savoir
que tout le monde n'acquerra pas le droit de grève nécessairement
au même moment. Vous avez dit: Oui, sauf si l'échéancier
n'est pas respecté. Mais l'expérience...
M. Marois: M. le Président, je m'excuse d'interrompre Mme
la députée de L'Acadie. Est-ce qu'elle accepterait qu'on examine
cette question au moment où on arrivera au...
Mme Lavoie-Roux: Aimez-vous mieux
que j'attende à 23?
M. Rivest: On peut peut-être en disposer, parce que, M. le
ministre, là-dessus, je voulais vous le dire, étant donné
que le mécanisme pour les services de santé est finalement le
même, une fois qu'on va avoir passé à travers, les autres
articles vont aller très rapidement. C'est essentiellement la même
chose.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas objection à l'examiner
à 23, mais...
M. Marois: Non, d'accord. C'est vrai qu'analoqiquement c'est le
même mécanisme, en gardant toujours en tête qu'il y a un
protocole-cadre, que les dates d'échéance des conventions dans un
domaine de services de santé et de services sociaux, c'est la même
date d'échéance, alors que dans les services publics,
forcément, cela varie. Je m'excuse, j'ai interrompu Mme la
députée.
Mme Lavoie-Roux: Je disais que les dates d'échéance
des conventions dans le domaine de la santé sont identiques. Mais compte
tenu du fait que l'expérience a démontré que la
détermination de la liste se fait de façon assez
différente d'une institution à l'autre, on en a eu la preuve lors
de la dernière négociation, on est arrivé avec des gens
qui n'avaient même pas de liste et qui exerçaient le droit de
grève, enfin, on ne s'était pas entendu sur une liste, il y avait
la liste syndicale remarquez bien, mais la liste syndicale ne retenait pas de
services essentiels, à toutes fins utiles, la liste des services
essentiels n'existait pas, alors, présentement, compte tenu de
l'amendement que le ministre a indiqué, je présume que dans ce
sens-là, ils ne pourront pas l'exercer à moins qu'une liste ait
été acceptée soit par décret ou par entente. Est-ce
que du point de vue du public, cela ne pourra pas créer une certaine
confusion, par exemple, que tel hôpital a acquis le droit de
grève, parce qu'il s'est soumis et que la liste a été
acceptée par entente ou par décret, que tel autre ne l'a pas et
qu'un troisième l'aura un peu plus tard? Enfin, il peut y avoir tout un
décalage, peut-être pas globalement, mais certainement
passablement de disparités. Si on prend, par exemple, un centre comme
Montréal où vous avez beaucoup d'institutions médicales,
je ne sais pas, du point de vue du public, ce que cela aura comme
répercussion.
M. Marois: Je pense que du point de vue du public, les
amendements qui sont proposés vont présenter de nombreux
avantages par rapport aux situations vécues antérieurement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, les services sont assurés, mais je
veux parler simplement des dates différentes.
M. Marois: Non, d'une part, bien sûr, ce que Mme la
députée vient d'évoquer, mais également le fait
que... En d'autres termes, personne ne pourra, surtout avec les amendements
qu'on va apporter qui permettent d'éclaircir, de rendre cela limpide...
Je vais reprendre l'exemple, parce que je pense que Mme la
députée était absente au moment où je l'ai
donné. Quelqu'un qui a le droit de grève, selon le code ou le
texte qui sera adopté le 15 juin, entre le 1er et le 15, doit faire un
dépôt d'entente ou de liste. Le 7 juin, sept jours francs doivent
être donnés l'avis de grève, si tant est que le groupe veut
exercer...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Marois: ... son droit le 15. Il aurait pu arriver, dans le
libellé actuel, et cela a été soulevé par
l'Association des hôpitaux l'autre soir ou dans leur mémoire, que
quelqu'un dépose l'avis le 14 juin, là évidemment, cela
devient serré, en disant: On dépose l'avis le 14 et on voudrait
exercer le 15 le droit qu'on a. Avec l'amendement apporté, ce sera
impossible de le faire, puisqu'il va falloir que les délais
correspondent. En d'autres termes, sept jours francs avant l'acquisition du
droit de grève, l'avis de grève doit être donné et
l'entente, la liste doit être déposée. Cela se comprend. Si
on transpose dans le domaine des services sociaux et des services de
santé, c'est trois mois qui jouent, de telle sorte qu'effectivement une
partie syndicale, pour cause, pouvant acquérir le droit de grève
le 1er janvier ou le 31 décembre, trois mois avant, le 4 octobre, dit:
Bien non, je ne suis pas prête. Je décale de quinze jours mon
dépôt. Forcément, les trois mois s'appliquent et la date du
31 décembre se trouve donc décalée de quinze jours.
C'est le choix de la partie. Cependant, une fois l'avis de grève,
si tant est que c'est considéré comme suffisant, donné
pour une journée précise, il sera impossible de procéder
de la même façon que c'est le cas actuellement. Vous savez qu'on
reçoit dans certains conflits des avis de grève le 7, le 8, le 9,
le 10, le 11, le 12, le 13, le 14, le 15, le 16, j'ai vu des avis de dix jours
et personne ne sait quand ça va se produire. Ce sera impossible. C'est
le 7. Ce jour-là, il s'exerce, les parties entrent le lendemain, ou il
ne s'exerce pas; dans les deux cas, pour pouvoir exercer à nouveau le
droit de grève, il faudra donner à nouveau l'avis de sept jours
francs.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, le ministre corrige ce qui
semblait une carence à savoir qu'on aurait pu entrer en
grève le lendemain. Je pense que ce délai corrige
certainement un aspect. Mais, l'autre problème que je soulève est
peut-être inévitable, remarquez bien. Je ne le sais pas. Il reste
que l'hôpital X, qui a donné ses avis, peut entrer en grève
après avoir donné ses sept jours francs le 1er janvier.
M. Marois: D'accord, un autre...
Mme Lavoie-Roux: À l'hâpital Y, ça peut
être le 15 janvier, mais parce qu'il reste pris dans la machine, il l'a
d'abord donné pour le 15 janvier, parce qu'il reste dans la machine, il
peut reporter son avis de grève au 1er février, si bien que
l'Hôtel-Dieu est en grève le 1er janvier et l'hôpital
Notre-Dame est en grève le 1er février.
M. Rivest: Le ministre mesure bien - je m'excuse, je voudrais
avoir le commentaire du ministre - que, dans le contexte, enfin, dans notre
culture, dans le domaine des relations de travail, dans le domaine des affaires
sociales, que ce que tout ce que cela implique, c'est que les syndicats doivent
bien réaliser cette condition dans le sens que les grèves
générales partout en même temps risquent - ce sont des
choses qui se sont passées dans l'histoire des relations de travail -
d'être empêchées par tout le mécanisme au niveau de
la détermination des services essentiels. Certains
établissements, comme ma collègue vient de l'indiquer, pourront
être en grève à certains moments alors que d'autres
pourront être en grève à d'autres et, là-dessus, je
ne sais pas quelle va être la réaction des syndicats. Enfin, je
n'ai pas vu leurs commentaires là-dessus. Ils ne seront pas très
heureux.
M. Marois: Enfin, on verra s'ils sont heureux ou pas heureux. On
ne peut pas tout avoir en même temps.
Mme Lavoie-Roux: Moi, c'était pour la population que je
m'inquiétais.
M. Marois: Voilà. Est-ce qu'on place la primauté
à une place? Nous, on la place...
Mme Lavoie-Roux: Moi, c'était pour la population, vous
voulez entrer à l'hôpital et il est en grève. (22 h 30)
M. Marois: Je vais reprendre cet aspect. On s'entend bien
là-dessus. Deuxièmement, je voudrais faire remarquer que, dans
les faits, lors de la dernière ronde de négociations,
contrairement à 1976, on n'a pas assisté à une
grève générale où - et même si c'était
possible - mais ce n'est pas ce qui s'est produit Si tant est qu'il y avait une
concertation incroyable pour en arriver à suivre le processus et que
tout tombe en même temps, ce qui me paraîtrait étonnant
à première vue, parce que les comportements semblent commencer,
enfin, si ce qui s'est passé en 1976 commence à donner des
indications de changements de comportements sur lesquels on veut capitaliser et
on veut pousser dans ce sens-là. C'est bien évident, mais c'est
le syndicat lui-même qui se trouve à faire le choix de
reporter.
Maintenant, quel est l'impact pour la population? Là, je rejoins
la préoccupation de Mme la députée de L'Acadie. Pour la
population, c'est beaucoup plus avantageux, les inconvénients sont
beaucoup moins considérables. Pour les administrations des
établissements aussi, les inconvénients sont drôlement
moins considérables parce qu'en plus de ce que j'ai mentionné,
non seulement les avis de grève devront, comme c'était la coutume
et le droit, être envoyés au ministre du Travail mais ils devront
aussi être envoyés au conseil. D'accord? De telle sorte que
ça permet au conseil aussi, quand on pense à l'information qui
doit être donnée au public, le conseil va constamment lui aussi,
comme le ministre, avoir le tableau de l'évolution des choses et des
possibilités d'exercice du droit de grève dans une région
donnée - pensez, par exemple, à la région de
Montréal - pour faire en sorte qu'il soit possible de donner une
information adéquate aux gens dans le sens de ce que Mme la
députée de L'Acadie évoquait: Contrairement à ce
qui a été mentionné, à tel hôpital, c'est
ouvert, cela va bien, ça roule, vous pouvez vous y présenter,
mais il y a un problème à tel endroit; tel type de service vous
pouvez l'obtenir présentement à tel endroit, et le reste... Les
inconvénients sont réduits de façon importante pour les
citoyens et pour l'administration des établissements. Ça permet
aussi, parce que j'ai oublié de mentionner le fait que l'avis de
grève va devoir aussi être envoyé au conseil, ce qui va
permettre au conseil de pouvoir suivre de beaucoup plus près
l'évolution des choses dans une région donnée.
Mme Lavoie-Roux: On va devoir être beaucoup plus rapide
pour l'information qu'on ne l'a été lors de la dernière
ronde.
M. Rivest: Je trouve intéressant - je conclus
là-dessus sur cet article - ce que le ministre vient d'évoquer
comme hypothèse à la suite de la question de ma collègue.
Cela revient exactement à ce que j'avais demandé à
plusieurs reprises à M. Lesage au moment où il a accordé
le droit de grève dans le domaine hospitalier au moment où il n'y
avait pas la centralisation des négociations, donc, la force de frappe
de deux immenses machines. M. Lesage m'avait alors dit qu'il avait
accordé le droit de grève dans le domaine hospitalier en sachant
très bien, prenant l'exemple de Québec, que ce n'était pas
si - cela s'est développé après cela et
cela a changé de nature avec les fronts communs, etc. - il me
disait, au moment où on a accordé le droit de grève en
1964 dans le domaine des hôpitaux, que, s'il y avait une grève
à l'hôpital de Saint-Sacrement, étant donné que les
conventions collectives à ce moment-là ne venaient pas à
échéance en même temps, il disait: Ce n'est pas
catastrophique que les gens de l'hôpital du Saint-Sacrement
acquièrent le droit de grève puisqu'à l'Hôtel-Dieu,
la convention collective n'expire pas au même moment. Donc, les gens qui
ne pouvaient pas avoir les services à Saint-Sacrement pouvaient aller
à l'Hôtel-Dieu ou à l'hôpital Laval, etc. Sans que ce
soit cela... Ce ne sera vraiment pas cela parce qu'on joue sur la marge; il va
rester un certain nombre d'établissements dans la machine. Mais
effectivement, du point de vue syndical, la mécanique proposée
risque d'enlever, et Dieu sait qu'aux yeux des bénéficiaires
c'est une fichue de bonne chose - ma collègue l'a d'ailleurs
signalé - mais du point de vue syndical, ça enlève l'arme
des grèves généralisées, automatique, au moment
convenu par un syndicat, par la stratégie syndicale et j'ai l'impression
que les syndicats vont faire une lecture du projet de loi du ministre du point
de vue syndical. Remarquez que du point de vue des usagers je trouve cela
très bien...
M. Marois: Ce qui ne sera pas une mauvaise lecture, d'ailleurs.
C'est une lecture de la réalité et des comportements de la
dernière ronde de négociations qui est traduite dans la
présente loi.
M. Rivest: S'ils veulent faire la grève tous en même
temps, ils conviendront des services essentiels.
M. Marois: Voilà!
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.19
est adopté?
Mme Lavoie-Roux: II y a quelque chose que je veux quand
même dire, si vous me le permettez, M. le Président. Ce n'est pas
un élément nouveau, mais le ministre a dit: Cela va permettre aux
administrations, cela va faciliter la vie des administrations
hospitalières dans le sens qu'elles sauront d'une façon beaucoup
plus précise à quel moment la grève va s'exercer. Mais il
ne faudrait pas oublier dans notre euphorie temporaire que le droit de
grève dans les milieux hospitaliers va se faire surtout ressentir trois
mois avant l'acquisition du droit de grève. C'est toujours la même
chose, il faut vider les hôpitaux, il faut diminuer les services. Le
problème demeure entier dans le sens que peut-être ils vont
déclarer la grève le 1er janvier, tel que prévu, à
l'échéance des trois mois. Il n'y a rien qui empêche cela.
Et puis, non, pas de grève, c'est retardé, c'est le 15, c'est un
nouvel avis avec toute l'espèce d'incertitude qui est l'un des
problèmes les plus importants dans le fond, parce que ce ne sont pas
tellement les jours de grève eux-mêmes qui sont graves, dans le
sens qu'il n'y a pas de services ou qu'il y a une grosse diminution des
services, mais c'est toute la préparation de la grève qui rend la
vie extrêmement difficile aux administrations hospitalières, mais
aussi qui diminue de beaucoup la disponibilité des services accessibles
à la population en termes de lits disponibles et de services qui sont
diminués. C'est cela qui est dur dans les grèves des services de
la santé, parce que cela peut durer trois mois, quatre mois. Tant mieux
si cela apporte une légère amélioration, mais je pense
que, dans le domaine de la santé, c'est relatif en fonction de
l'ensemble des troubles ou des perturbations que cela cause. Enfin, c'est juste
une remarque.
Le Président (M. Desbiens): Adopté, l'article
111.0.19 est adopté. L'article 111.0.20.
M. Rivest: Lorsque des services ne sont pas rendus lors d'une
grève, évidemment, le conseil ne peut pas retourner aux parties,
il s'en va directement au Conseil des ministres. Est-ce que cela est clair?
Oui? Comment le conseil le constate-t-il avec ses experts et tout cela...
M. Marois: Par un suivi, d'une part. D'autre part, par les
plaintes des citoyens. On verra un peu plus loin l'article qui prévoit
même que, dans le cas de plainte logée à un CRSSS, la
plainte doit être automatiquement et immédiatement retransmise au
conseil...
M. Rivest: Là, on parle des services publics. On a
changé un peu. Les CRSSS ne sont pas dans les services publics.
M. Marois: Non, non, mais là je parlais des services de
santé et des services sociaux.
M. Rivest: Oui, d'accord.
M. Marois: Analogiquement, de la même façon dans les
services publics, à partir de la définition de l'entente et/ou de
la liste de ce qui est jugé suffisant, ce qui suppose un suivi,
hein?
M. Rivest: C'est justement cela, je voulais la résumer sur
mon... Je fais juste un commentaire. Le processus, c'est cela. Le conseil
reçoit une liste ou une entente; deuxièmement, le conseil
évalue la liste ou l'entente; troisièmement, le conseil
recommande aux parties de modifier la liste
ou l'entente; quatrièmement, les parties reçoivent les
recommandations du conseil; cinquièmement, le conseil évalue si
les recommandations ont été suivies; sixièmement, le
conseil constate que les recommandations ont été ou n'ont pas
été suivies; septièmement, le conseil prépare un
rapport qui précise en quoi les services essentiels sont insuffisants et
dans quelle mesure cette insuffisance constitue un danger pour la santé
et la sécurité; huitièmement, le conseil fait rapport au
ministre; neuvièmement, le ministre, s'il le juge à propos,
recommande au gouvernement de suspendre le droit de grève.
En gros, le mécanisme suppose, si on sépare toutes les
étapes possibles - bien sûr, je les mets au complet - des
situations même beaucoup plus simples à certaines occasions; au
pire, c'est cela. Il y a bien des étapes. En tout cas, j'espère
que, dans les délais, tout cela va pouvoir se faire, que les gens vont
se parler, que ce sera souple sur le terrain, enfin, on peut avoir un certain
nombre d'inquiétudes, mais c'est la responsabilité du conseil de
faire en sorte que toute cette communication se fasse extrêmement
rapidement. Mon inquiétude, c'est que le conseil, étant
donné la... Je pense que cela serait viable, enfin, il y aurait
d'excellentes chances que ce soit viable, en tout cas, il y aurait beaucoup
plus de chances que ce soit viable, si le conseil avait été
formé il y a trois ou quatre mois en regard de la présente ronde
de négociations, parce qu'il n'y aura aucune familiarité entre
les individus, les lieux, qui pourront se créer, étant
donné les délais dans lesquels ce projet de loi est adopté
par rapport à l'échéance du 30 septembre pour les services
de santé et les services sociaux. En tout cas, on en reparlera. Cela, je
l'ai déjà indiqué. C'est mon commentaire.
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.20 est-il
adopté?
M. Marois: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article
111.0.21.
M. Rivest: "Le Conseil doit informer le public du contenu de tout
rapport fait au ministre en vertu de la loi 111.0.20." Il s'agit ici du
rapport...
M. Marois: C'est le rapport qui est retransmis publiquement au
ministre.
M. Rivest: C'est cela. Évidemment, on peut en parler c'est
inutile de reprendre le débat plus tard. C'est à quel article
dans les services de santé. Alors...
M. Marois: 111.10.3
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.21
est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre peut nous dire de quelle
façon cette information va se faire? Le conseil devait informer -
peut-être pas à l'égard d'une liste,
précisément, plutôt informer en vertu de la loi 59 - il
devait informer aussi sur l'état du maintien parce qu'il a aussi comme
rôle de voir si les services sont maintenus quand la liste a
été acceptée, parce que, parfois, elle n'est pas
respectée et que, par moyen de pression, quelqu'un décide de
soustraire quelque chose à la liste et c'était justement pour
cela. C'est à ce moment-là que le conseil doit... Est-ce qu'il
informe le public? Oui, il informait le public, la dernière fois que les
services essentiels étaient fournis ou pas, mais cela était
toujours tellement global...
M. Marois: II pouvait.
Mme Lavoie-Roux: II pouvait
M. Perron: Antérieurement, maintenant, il doit le
faire.
Mme Lavoie-Roux: II pouvait, seulement.
M. Perron: Oui, si ma mémoire est bonne, c'était il
pouvait.
M. Marois: Oui, d'ailleurs, c'est là, qu'il y avait un
marchage sur les pieds entre le conseil d'information et le conseil des
services essentiels.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, là, je ne parle pas du conseil
d'information, je parle du conseil sur le maintien.
M. Rivest: L'ancien texte dit: chargé de.
M. Marois: Chargé de. Oui, en droit "chargé de" a
le sens de pouvoir. Ce n'est pas une obligation.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il "soit chargé" ou qu'il
"doive" peu importe - je comprends qu'il y a une différence fondamentale
mais ce que je veux dire, vous pouvez bien informer et dire: Tous les services
essentiels sont rendus. C'était cela, la difficulté, la
dernière fois, ça été le problème.
M. Marois: M. le Président, je renvoie Mme la
députée de L'Acadie à l'article qu'on vient d'adopter. "Ce
rapport doit préciser en quoi les services essentiels prévus
ou
effectivement rendus - l'une ou l'autre situation - sont insuffisants et
dans quelle mesure cela constitue un danger pour la santé et la
sécurité publique." L'article que nous discutons maintenant dit:
"Le Conseil doit informer le public du contenu - et le contenu est bien
précisé dans 111.0.20 - de tout rapport fait au ministre..."
Mme Lavoie-Roux: D'accord, c'est certainement plus...
M. Marois: II dit: Dans le cas de tel établissement, je
viens de faire rapport au ministre que l'établissement, situé
à tel endroit, les services prévus ou effectivement rendus sont
insufisants, et il doit dire en quoi ils sont insuffisants, forcément
par rapport à quoi, par rapport à quelle situation et dans quelle
mesure cela constitue un danger pour la santé ou la
sécurité publique. Cela est le contenu de l'information qui doit
être retransmise au public. Le public doit savoir qu'à tel
établissement...
Mme Lavoie-Roux: Le problème reste quand même
entier. C'est mieux que c'était avant, on précise certaines
choses, mais quand plusieurs institutions sont en grève, pour
démontrer si les services rendus sont suffisants ou insuffisants, quels
seront les outils que le conseil va avoir. Ce qui s'est passé les
dernières fois, c'est qu'à un moment donné, on est
allé un peu à la pige dans certaines institutions pour savoir si
les services essentiels étaient rendus ou pas. Les experts, on doit le
dire, ont été assez négligents dans leur tâche, mais
on les a envoyés quand il était trop tard ou on n'avait pas le
personnel pour les envoyer partout. Cela ne règle pas le
problème, parce que si le ministre se souvient des problèmes, la
dernière fois, même si on dit de quelle façon ce n'est pas
rendu, etc., tout cela se passe tellement rapidement, parce que j'imagine que
les grèves dans les hôpitaux, on ne veut pas qu'elles durent
quinze jours. Dès la première journée, on
s'inquiète. La deuxième et la troisième, davantage. Vous
n'avez pas le temps de faire tous ces aller et retour, si vous voulez. C'est ce
qui rend la situation difficile. Évidemment, on peut toujours prouver
que les services ont été rendus... Ils sont peut-être
insuffisants, mais c'est long comme processus. (22 h 45)
M. Marois: II y aura, bien sûr, tout ce que j'ai dit - je
ne reviens pas là-dessus - le protocole-cadre qui va servir de grille
d'évaluation, notamment. Également, j'attire l'attention de Mme
la députée sur quelque chose qui est nouveau et qui
apparaît à l'article 111.10 sur les services de santé et
les services sociaux: "Dans le cas d'un établissement, les parties
doivent négocier le nombre de salariés - ce qui fait partie de
l'entente ou de la liste - par unité de soins et catégorie de
services..." On se comprend bien. Quand il y a aura un rapport sur la
suffisance ou l'insuffisance, forcément, ça va toucher à
des choses précises, très concrètes, concernant un
établissement. Catégories de services: cuisines, entretien,
buanderie, je ne sais trop quoi. Unités de soins: pédiatrie,
urgence, cardiologie, gynécologie, et le reste. Ce qui n'était
absolument pas prévu par le passé.
Mme Lavoie-Roux: Le problème, M. le Président,
c'est que dans le passé il y avait des listes ou des ententes qui
étaient signées et qui prévoyaient
généralement par unité de soins ou par service le nombre
de personnes qui resterait en poste. C'était prévu et on
s'était entendu. Par la suite, il arrivait que pour faire pression,
finalement, on retranchait deux infirmières - enfin, je donne ça
comme exemple - on retranchait un service quelconque.
M. Perron: 111.0.22 change tout cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est à partir de ce moment que le
problème... Le plus grand nombre d'institutions... On a eu le
témoignage, à savoir que la partie syndicale avait exercé
des pressions sur la partie patronale plutôt que de se trouver sans liste
ou de se trouver avec une liste syndicale. Mettons cela de côté.
Il y a des endroits où on s'est entendu sans, je pense, ce type de
pression de part et d'autre. Néanmoins, les problèmes ont surgi
quand on n'a pas respecté la liste. Vous avez beau avoir la liste la
mieux faite, là où ça fait problème, c'est quand
elle n'est pas respectée. C'est là que surviennent les
difficultés au plan technique pour évaluer si c'est suffisant ou
insuffisant, pour faire l'information au public, même faire un peu de
médiation entre les deux. Ce qui s'est passé en 1980, le conseil
revenait et disait - c'étaient les experts qui le faisaient parfois - II
faudrait que vous ajoutiez tant de personnes ici, ou tant d'autres choses.
C'est que j'ai peur que le problème reste entier, finalement.
M. Marois: M. le Président, je veux bien comprendre ces
craintes et j'ai essayé d'y être le plus sensible possible parce
que, bon Dieu! au bout du compte, si les gens n'assument pas leurs
responsabilités, ils le savent déjà, je l'ai
répété et je vais le redire après l'adoption de la
loi: Ce qu'ils jouent, c'est leur droit de grève. S'ils veulent le
jouer, qu'ils le jouent. Il va être suspendu, ce n'est pas
compliqué.
Je voudrais ajouter autre chose: Dans l'ancien texte - je vais faire une
nuance à ce que j'ai dit tantôt - on parlait de catégories
de services. C'était la notion qui
était dans la loi, mais la notion d'unité de soins
n'existait pas. Voyez la différence que ça fait. Par exemple,
comme la notion d'unité de soins n'existait pas, vous avez raison de
dire qu'on a eu des listes où on parlait de catéqories de
services. Bien sûr qu'on nous parlait de catégories de services,
mais quand vous regardiez les mêmes listes et les rapports d'experts,
qu'est-ce qui ressortait des rapports d'experts? On ne trouvait rien sur les
unités de soins. Ce qui apparaissait, c'était le quatrième
nord de tel hôpital. Pas le service de cardiologie, le service
d'urgence...
Mme Lavoie-Roux: Les soins intensifs. C'était par
unité de soins aussi.
M. Marois: ... le service de ci et le service de ça...
Dans un certain nombre de cas, Mme la députée a raison. Je dis
que, comme la loi ne prévoyait que la notion de catégorie de
services et non pas la notion d'unité de soins, parmi les cas de folie
qu'on a vus, comme la loi ne forçait pas à préciser les
unités de soins, vous aviez du genre quatrième nord. Au
quatrième nord, il peut y avoir - je peux reprendre les exemples que je
donnais. Or, là, la loi précise, dans le cadre, qu'il faut bien
s'entendre sur le personnel requis, pas uniquement par catégorie de
services, pas dans le quatrième nord, par unité de soins.
Là, on ne s'entend pas sur les moyens - je ne reviendrai pas sur les
débats de deuxième lecture - mais on s'entend sur le fait que les
unités de soins, c'est quelque chose de très concret qui est
autre chose que, globalement, le quatrième nord ou le quatrième
ouest et que, là il faut que le nombre de salariés soit
convenable pour répondre aux besoins des gens. S'il arrive que quelqu'un
veut jouer au fou et nous présenter des listes inacceptables ou ne pas
aboutir à des ententes où les deux parties se rassemblent pour
"zigonner" une entente qui, à l'évidence même - en
gynécologie, 10% - c'est l'évidence même. Je ne reprendrai
pas le témoignage, c'est le témoignage de Mme Gosselin, on s'en
souvient; en voilà une. Si quelqu'un veut jouer à ce petit
jeu-là, le résultat net va être la suspension du droit de
grève.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, mais avant qu'arrive la suspension du
droit de grève - et j'insiste parce que, d'ailleurs, je crois que c'est
ici qu'on ne s'entend plus - les délais sont longs, relativement, mais
les délais sont longs dans les services de santé, parce que les
délais dans les services de santé, ce n'est pas une semaine,
ça peut être quelques heures, ça peut être une
journée, ça peut être deux jours, trois jours. C'est dans
ce sens-là que même si le projet de loi, peut-être au niveau
de l'organisation, peut sembler meilleur, je crains fort qu'au plan pratique,
on se retrouve confronté aux mêmes problèmes à cause
de la nécessité de faire rapport, de revenir, de l'aller et
retour. Comme je vous le dis, les délais, ce sont des questions
d'heures, d'une journée, deux jours, trois jours. Pour ceux qui restent
à l'extérieur de l'hôpital, on dira que ce sont d'autres
types, mais oublions-les pour le moment; parlons de ceux qui sont rendus dans
l'hôpital.
M. Marois: J'ajouterais une dernière chose. Dans le cas de
la dernière ronde de négociations, les délais
d'intervention des experts envoyés par le conseil variaient entre 24 et
48 heures.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec cela.
M. Marois: C'était un délai pour aller faire
l'expertise et soumettre le rapport au conseil.
Mme Lavoie-Roux: Mais on ne les a pas envoyés dans tous
les hôpitaux. On choisissait des hôpitaux ça et là;
ils n'ont pas été envoyés partout, ça
été sur demande dans certains hôpitaux, il n'y a eu que
quelques hôpitaux de couverts. Enfin peut-être plusieurs, je ne le
mets pas dans un sens nécessairement restrictif.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.21
est adopté?
M. Rivest: 110 quoi?
Le Président (M. Desbiens): 111.0.21.
M. Rivest: Comment se fait-il que j'ai 111.0.22.
Là-dessus, je voudrais rappeler au ministre simplement pour... Alors, il
va y avoir que les ambitions; évidemment, on fait un peu les deux en
même temps. Je pense que ça éliminera les questions,
étant donné que ça revient un peu plus loin sur l'aspect
d'information. D'abord, dans le présent projet de loi, ce qui existait
dans la loi no 59: "Le conseil d'information disparaît..." Et quand on
s'inquiète des intentions, il y a des similitudes, des analogies entre
le présent projet de loi et l'autre projet de loi parce que la
mécanique et la dynamique sont finalement les mêmes. Il reste que
l'ancien ministre, M. Johnson, l'actuel ministre des Affaires sociales, dans
son discours de deuxième lecture, lorsqu'il parlait de l'information du
public, a eu des élans qui frôlaient l'enthousiasme. Je ne
voudrais pas le citer quand il parlait de son conseil d'information qui
n'était pas de même nature parce que le conseil va simplement...
Cette fois-ci, on se limite. On abandonne toute la question de l'état
des négociations, etc. Le ministre a eu de très belles phrases
pour
dire que la première mission est la question de la
négociation elle-même, la seconde la question des services
essentiels. Au conseil, maintenant, la dimension d'information est liée
strictement à la notion de services essentiels et non plus à
l'état des négociations. Le ministre Johnson a fait tout un plat
à ce sujet. Sans doute que l'adjoint parlementaire pourra commenter -
première question - quelles sont les raisons qui ont amené le
gouvernement à abandonner, au niveau de la notion d'information du
public, la question de l'information sur l'état des
négociations.
M. Dean: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Prévost.
M. Dean: Je suis sûr que le ministre de l'époque, en
deuxième lecture, était sincère sur ce qu'il disait, mais
il semble qu'à l'usage, après expérience... C'est un peu
différent, mais je suis sûr que M. Lindberg, quand il a fait la
traversée de l'Atlantique dans son petit avion, ne s'attendait pas de
voir un jour les réactés qu'on a aujourd'hui.
M. Rivest: M. le député, je comprends votre
réponse, sauf qu'on voudrait bien que le ministre actuel qui prend son
envol avec un nouveau projet de loi ne se retrouve pas comme Lindberg, parce
qu'il a des problèmes extrêmement importants. Quand le ministre
dit: En égard à l'information du public - M. Johnson disait cela
- quant au déroulement, aux enjeux, aux contenus des négociations
ainsi qu'aux écarts qui séparent les parties, il m'apparaît
essentiel et il apparaît essentiel au gouvernement que le public puisse
disposer d'une source d'information qui ne soit pas une source alternative,
etc. Il vantait cela comme une révolution devant être
extrêmement prometteuse. Tout ce bloc d'information sur l'état des
négociations: dans le décor.
Quelles sont les justifications qui ont amené le gouvernement
à amputer son projet de loi de cette dimension? Ce n'est plus utile
aujourd'hui que le public sache l'état des négociations? Je vais
vous donner la raison - Je voudrais bien que le ministre qui va revenir dans
quelques instants... Il faut être honnête pour M. Johnson,
savez-vous pourquoi il confiait ce mandat et pourquoi on a fait le débat
au commencement des premiers travaux? Parce que le ministre ajoutait: Ce groupe
d'information que le gouvernement souhaite et veut neutre dans la mesure
où il sera nommé par le juge en chef du Tribunal du travail qui,
jusqu'à preuve du contraire, bénéficie d'une
crédibilité à titre de tribunal dans le domaine des
relations de travail... C'est ce même tribunal à qui on voudrait
confier certaines responsabilités additionnelles.
Or, votre conseil, de la façon dont il est nommé - on l'a
soulevé en commission parlementaire, vous vous le rappelez, vous
étiez là - devra faire l'information du public non plus sur
l'état des négociations, mais simplement sur les services
essentiels. Quand nous vous avons dit que nous attachions de l'importance
à la crédibilité du conseil, c'est que l'information qu'il
va donner sur les services essentiels, de la façon dont le ministre
Johnson le définissait, pourquoi y croyait-il dans son conseil qui
parlait de l'état des négociations et des services essentiels? Le
ministre Johnson, à l'époque, et, à mon avis, à bon
droit, reliait cet aspect au caractère neutre du conseil. Or, le conseil
actuellement va être nommé par le gouvernement qui est partie aux
négociations. Donc, cette information et tout le "glosage" qu'on fait
sur les droits du public à l'information, à cause de la
façon dont vous nommez le conseil, risque d'être entaché.
Cela va être un organisme, une émanation du gouvernement. Tous les
beaux principes sur l'information... J'aurais aimé qu'on retrouve en
tout cas la bonne inspiration que l'ancien ministre avait à ce niveau.
Il disait: Ce groupe d'information que le gouvernement souhaite et veut neutre
dans la mesure où il sera nommé par le juge en chef du tribunal.
Là, l'information qui va être donnée au public, tous les
rapports qui vont arriver dans les journaux, si c'est la partie syndicale qui
est critiquée parce que c'est insuffisant, la partie syndicale va dire
spontanément: Cela, c'est une émanation du gouvernement. Quand
nous avons fait la bataille au début de l'étude du projet de loi
pour que les gens soient nommés autrement que par le gouvernement,
c'était exactement un aspect qui nous paraissait extrêmement
important.
M. Dean: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Prévost.
M. Dean: J'espère que le député de
Jean-Talon n'est pas en train de suggérer que toute personne
nommée à une fonction publique par un gouvernement n'est, par
définition, "pas neutre".
M. Rivest: Ce n'est pas moi, c'est le ministre...
M. Dean: Et ce n'est pas aussi faire grande confiance...
Mme Lavoie-Roux: Mais, de la façon dont vous le nommez, il
y a des risques.
Une voix: II ne faudrait tout de même pas charrier, vous en
avez fait des nominations vous autres aussi.
Le Président (M. Desbiens): S'il vous plaît!
M. Rivest: M. le Président, j'invoque une question de
règlement.
M. Dean: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Prévost. (23 heures)
M. Rivest: J'invoque une question de règlement, je
m'excuse auprès du député de Prévost.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, sur une question de règlement. Quel règlement?
M. Rivest: Ce n'est pas moi qui dis cela, c'est l'ancien
ministre, M. Johnson...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, à
l'ordre! M. le député de Prévost.
M. Rivest: ... l'actuel ministre des Affaires sociales, je viens
de le citer, alors qu'il disait qu'il fallait que le conseil soit neutre.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, à
l'ordre! Il n'y a pas de question de règlement. M. le
député de Prévost, s'il vous plaît!
M. Dean: M. le Président...
M. Rivest: Comment, il n'y a pas de question de
règlement?
M. Dean: M. le Président, je suis convaincu que le conseil
sera neutre de la même façon qu'un grand nombre d'organismes du
gouvernement du Québec ou nommés par le gouvernement du
Québec, quel que soit le gouvernement, quel que soit le parti au
pouvoir, ce sont des gens intègres, responsables et sérieux. Je
pense que c'est un peu insulter à l'avance les hommes et les femmes qui
seront nommés à ce conseil, de présumer qu'ils ne seraient
pas neutres, impartiaux et intègres dans leur manière d'agir.
M. Rivest: J'aurais juste une question, à moins que vous
ne vouliez ajouter quelque chose. Non?
M. Marois: J'ajouterais ceci à ce que vient de dire mon
collègue, l'adjoint parlementaire. Nous avons longuement débattu
cette question-là entre nous, depuis qu'on nous dit: Que le gouvernement
les prenne, ses responsabilités. Eh bien! nous allons les prendre, nos
responsabilités. Nous les prenons au point que c'est le ministre du
Travail qui aura la responsabilité de formuler, au Conseil des
ministres, une recommandation, qui va jusqu'à une recommandation de
suspension du droit de grève. Il va les assumer pleinement ses
responsabilités, et ce, jusqu'au bout.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président, je ne veux pas
mettre en doute la sincérité du ministre et je suis sûre
qu'il parle avec fermeté et sait ce qu'il veut faire. Mais
rappelons-nous fort bien qu'il y avait des dispositions pour suspendre le droit
de grève lors de la dernière grève. Nous ne nous en sommes
jamais servi.
M. Marois: M. le Président, Mme la députée
de L'Acadie, je suis certain qu'elle va revenir sur les propos qu'elle vient de
tenir et les nuancer quelque peu. Quel article? Quel pouvoir de suspension?
Où cela menait-il? L'article 111? Vous voulez me parler de l'article 111
qui menait à la mise sur pied d'une commission, le pouvoir d'injonction,
pour une période de 80 jours qui ne correspond à pas autre chose
- vous le savez fort bien - qu'à un délai de refroidissement des
esprits. Quand a-t-il été appliqué? Quelles
difficultés d'application avons-nous eues? C'est l'ancien article 99,
d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui c'est cela, c'est l'ancien article
99.
M. Marois: Tout le monde connaît cet article-là,
tout le monde sait à quel point c'est un pouvoir théorique qui ne
menait pas à autre chose qu'à un cul-de-sac. Nous ne parlons pas
du tout de la même chose. Ce n'était pas ce que l'on appelle
véritablement un pouvoir de suspension du droit de grève pour un
délai indéterminé jusqu'à ce que preuve soit faite
que la situation est suffisamment rétablie pour que les droits
fondamentaux des bénéficiaires soient respectés. Ce n'est
pas du tout la même chose. Je suis certain qu'après ce...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il reste quand même...
M. Marois: ... "cooling-off period", Mme la députée
de L'Acadie va nuancer ses propos.
Mme Lavoie-Roux: II reste, M. le Président, que ce droit
de suspension dont nous parlons est plus efficace, souhaitons-le, mais, dans
bien des cas, si nous avions exercé ce droit de suspension de
grève pour 90 jours, il y a peut-être des situations
pénibles qui auraient été faites vis-à-vis des
établissements précis et non pas vis-à-vis de l'ensemble.
Cela n'a pas été fait.
M. Rivest: Le ministre s'est exprimé clairement en disant
que le gouvernement prendra ses responsabilités. J'espère qu'il
ne veut pas dire par là que le conseil est purement une émanation
du gouvernement; j'espère que ce n'est pas cela qu'il a voulu dire.
C'est-à-dire que le conseil s'exprimera comme si c'était du
pareil au même, que le gouvernement... On nomme les membres parce qu'il
faut que le gouvernement mène; mais quand le ministre dit cela,
ça veut dire qu'au fond le gouvernement dirigera le conseil.
J'espère que ce n'est pas ce que le ministre a voulu dire.
M. Marois: Franchement, M. le Président, M. le
député de Jean-Talon...
M. Rivest: Oui, mais votre laïus voulait dire quoi? C'est
cela que vous avez dit. Certainement. "On va nommer les membres et ils nous
disent qu'il faut que le gouvernement mène..." À ce
moment-là, qu'est-ce que le conseil vient faire, si c'est vous qui allez
décider? Ou bien le conseil est purement votre créature et il va
être interprété comme cela et ce qu'il va donner comme
information sera perçu comme étant le point de vue du
gouvernement. Le gouvernement est partie à la négociation.
M. Marois: Si le député de Jean-Talon veut tenter
de discréditer à l'avance les hommes...
M. Rivest: Non, oh non!
M. Marois: ... et les femmes qui pourraient être
nommés, libre à lui. Je lui en laisse l'entière
responsabilité, mais aussi les conséquences. On est responsable
de part et d'autre, présumé comme tel au point de départ.
Ce que je dis, c'est ceci - je ne peux pas être plus clair et
précis que cela -par rapport à l'ancien pouvoir de suspension qui
était théorique et qui menait au cul-de-sac qu'on connaît,
c'est sans commune mesure, ce qui est proposé. Je pense bien que les
gens de l'Opposition le comprennent et l'admettent. C'est une
responsabilité considérable qui se trouve à tomber sur les
épaules du gouvernement, particulièrement sur les épaules
de la personne qui est ou qui sera ministre du Travail dans quelque
gouvernement que ce soit.
Je veux bien qu'on en mette et qu'on brasse, qu'on beurre les murs et
qu'on joue en même temps avec tout cela, mais je pense qu'il faut quand
même faire attention et faire des nuances. Il me semble que les gens d'en
face, particulièrement celui et celle qui sont à cette
commission, ont l'habitude de le faire et de ne pas me prêter des propos
que je ne tiens absolument pas. Et si tant est que moi ou un successeur ou peu
importe qui assumant ces responsabilités accumule gaffe par-dessus
gaffe, la population jugera. Elle saura qui est responsable de quoi en fin de
compte, ce sera clair. C'est ce que j'appelle la responsabilité
gouvernementale.
M. Rivest: En tout cas, on ne peut pas reprendre tout le
débat sur la nomination qu'on a déjà fait. Une question
additionnelle. Pourquoi, dans le projet de loi, toute la dimension information
sur l'état des négociations est-elle disparue? Qu'est-ce qui a
amené le gouvernement.. Dans le projet de loi, par rapport au projet de
loi 59... Il y avait deux volets. Le conseil d'information informait sur la
fourniture ou la non-fourniture des services essentiels; deuxièmement,
il informait également sur les enjeux de la négociation, la
position des parties, les écarts, etc. Cela, c'est parti dans le
décor.
M. Marois: Fondamentalement... Je pense que le
député pose une question à laquelle il connaît
d'avance la réponse. On met un accent, c'est l'objet fondamental du
projet de loi qu'on examine, sur les services essentiels. Lui-même a
plaidé abondamment tant et plus sur le fait qu'il ne fallait pas
mêler à l'expérience, à l'usage, à
l'évaluation les négociations, la question des services
essentiels, qu'il y avait des distinctions de fond qui devaient être
faites. On fait ces distinctions et le conseil des services essentiels va
assumer ses fonctions, ses pouvoirs particuliers généraux
d'information sur la question des services essentiels, c'est la
responsabilité qui lui revient.
M. Rivest: Mais on en avait fait l'analyse dans l'ancienne loi
253 et, effectivement, quand on a donné cette dimension au conseil, on
voulait que quelqu'un de neutre et d'objectif dise: Voici, sur tel plan, le
gouvernement a telle prétention, la partie syndicale a telle autre. On a
tenté cette avenue dans la loi 59; cela n'a pas été
concluant puisqu'on l'abandonne sur la partie de l'état des
négociations pour se limiter maintenant à un rapport public pour
la fourniture des services essentiels. Le prédécesseur du
ministre actuel, M. Johnson, avait un deuxième argument, un
deuxième aspect très important dans son discours de
deuxième lecture. Il disait que ce groupe d'information serait
disponible et qu'il y aurait des instruments qui lui permettront de faciliter
l'accès à ceux qui sont intéressés à des
données précises, etc. Est-ce que, dans le budget - parce que
c'est très important, je sens que le ministre tient beaucoup au
rôle d'information du conseil - est-ce que, dans le budget...
M. Marois: J'ai cru comprendre que tout le monde y tenait
beaucoup.
M. Rivest: ... il est prévu des sommes à tout le
moins supérieures à ce que l'ancien conseil avait, puisque tout
le monde a convenu que ce conseil d'information a été
relativement, sans vouloir être injuste pour les personnes qui y ont
travaillé, a finalement été inefficace? Est-ce que ces
intruments dont parlait le ministre Johnson -et il a voulu en doter l'ancien
conseil - est-ce que vous avez des précisions sur ce que vous entendez
fournir au conseil pour qu'il puisse assumer son rôle d'information qui
est, à tous égards, extrêmement important sur la fourniture
des services essentiels?
M. Marois: Si le député l'aborde par le biais ou
par l'angle budgétaire, j'ai eu l'occasion d'expliquer, en
réponse à la même question posée par le même
député lors de l'examen des crédits, que la base
budgétaire qui se retrouve dans les crédits du ministère,
900 000 $, était essentiellement les budgets ramassés des deux
morceaux du conseil d'information et de l'ancien conseil des services
essentiels. Je pense qu'il y a là un élément clé de
réponse...
M. Rivest: Extrêmement important, je ne veux pas en faire
un plat. Mais si c'est cela et que l'ancien conseil était totalement
inefficace sur le plan de l'information, sur ses mêmes budgets...
M. Marois: Je pense que le député sera juste et
exact. On va distinguer deux choses. Les problèmes du conseil
d'information qui étaient des problèmes à la fois de
fonctionnement et le reste, qui ont été évoqués et
tant et plus analysés... D'une part, c'est une chose, et cela n'a pas en
soi d'incidence budgétaire. Quant à la dimension
budgétaire, il y a ce que je viens d'évoquer et, en plus, c'est
pour cela que tantôt on a accepté un article, qui permet
au-delà des crédits de base qui sont prévus dans le
budget, l'article 111.0.14 si tant est qu'à l'évaluation, cela
supposait des ressources financières additionnelles pour assurer une
information qui soit plus adéquate en utilisant des moyens pertinents,
on a parlé de l'écrit et de l'électronique, c'est pour
cela que l'article est là.
M. Rivest: Et vous n'avez pas une idée de la proportion
dans les 900 000 $ en gros que va coûter le nouveau conseil. Combien va
être consacré à...
M. Marois: Si ma mémoire est bonne, je donne cela sous
réserve, il me semble que le député m'avait posé la
même question lors des crédits et il me semble que je vous avais
donné...
M. Rivest: Ma mémoire ne me trompe pas, je n'ai jamais eu
la réponse.
M. Marois: Si je ne vous ai pas donné la réponse,
je pensais vous l'avoir donnée. Je ne l'ai pas honnêtement avec
moi ce soir. C'est sûrement une des questions parce qu'il y a à
peu près "quarante-douze" questions dont - quand cela portait sur des
demandes de treize, quatorze, à la suite - on a pris avis en disant
qu'on vous fournirait cela par écrit. Par ailleurs, bon nombre des
choses demandées ont été acheminées. Il nous reste
encore une liste à compléter de demandes de renseignements
concernant les crédits.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire que ce ministre répond aux
questions par écrit.
M. Rivest: Comme modèle, je vous suggère le
ministre des Affaires intergouvernementales, il est très efficace.
Encore cet après-midi, il m'a remis des documents très
intéressants.
Adopté, M. le Président, en manifestant notre scepticisme
et nos inquiétudes dans le domaine de l'information.
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.21,
adopté. Article 111.0.22.
M. Rivest: Pour ce qui est de l'article 111.0.22, il y a un
passage du discours de la réplique du ministre du Travail que je n'ai
pas très bien saisi. Il a évoqué son voyage ou le voyage
de M. Rodrigue en Pologne, vous vous rappelez? Vous avez dit dans votre
réplique: J'ai justement causé...
M. Marois: Non, je regrette. Le député fait erreur
sur la personne.
M. Rivest: M. Johnson, le ministre des Affaires sociales, je les
confonds parce qu'ils se succèdent. Ils sont comme les conseils.
Mme Lavoie-Roux: Ils jouent à la chaise musicale.
M. Rivest: Le ministre a dit une chose absolument
intéressante. M. le ministre des Affaires sociales, vous avez raison. Il
a dit qu'il avait parlé à M. Rodrigue qui était
allé en Pologne. Il était allé dans leurs services publics
et de santé et avait l'air très au courant. Les gens, quand
arrivait une grève dans le domaine de la santé et des services
sociaux, donnaient plus de services et le ministre a dit: Mais ces gens, en
Pologne, sont-ils assez civilisés? Or, ici...
Mme Lavoie-Roux: C'est exactement le contraire.
M. Rivest: ... dans 111.0.22, on interdit aux
Québécois de faire preuve d'une telle grandeur d'âme,
contrairement aux Polonais, puisqu'on dit que: "Une liste qui prévoit un
nombre de salariés supérieur au nombre
normalement requis dans les services en cause, est nulle et de nul
effet." Donc, il serait illégal au Québec - ce que le ministre a
vanté - ce régime de la Pologne.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait une excellente preuve de
solidarité.
M. Marois: M. le Président, le député
étant un homme bien informé et connaissant
particulièrement bien le domaine international, ayant sûrement
suivi de très près la question, sait pertinemment bien que ce
à quoi se référait mon collègue, le ministre des
Affaires sociales. C'est précisément ceci. Et on va distinguer
deux situations: La Pologne, c'est la Pologne et le Québec, c'est le
Québec. Et en ce qui concerne la Pologne...
Mme Lavoie-Roux: Mais des fois, vous nous comparez.
M. Marois: ... je n'interromps pas habituellement Mme la
députée de L'Acadie, je suis certain qu'elle va...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président.
M. Marois: ... m'écouter très attentivement, parce
que c'est effectivement très intéressant. En Pologne, la
situation qu'il évoque s'est passée dans un contexte d'invasion
possible, c'était avant l'invasion par les Russes. Les Polonais avaient
prévu, dans le cadre d'une grève générale de tous
les services de santé, donner plus. L'expression "plus"
référait concrètement à ceci. Le groupe
Solidarité avait prévu, en cas de grève
générale, dans tous les services de santé, la mise sur
pied de services d'urgence dans des usines. Voilà ce à quoi
concrètement faisait allusion mon collègue. Cela dit, revenons
maintenant au Québec...
M. Rivest: II l'a cité comme exemple. M. Marois:
... à l'article 111.0.22.
M. Rivest: II y a peut-être une menace d'invasion, c'est
pour cela. (23 h 10)
M. Marois: ... à l'article 111.0.22, il a
été introduit, le député le sait fort bien, cela a
été évoqué en commission parlementaire...
M. Rivest: ... pour contrer une manoeuvre syndicale.
M. Marois: ... pour contrer essentiellement la possibilité
qu'une association de salariés dépose une liste qui
prévoit, pour un corps de travail dans un service public - on parle des
services publics, on retrouve d'ailleurs le même article en ce qui
concerne les établissements de santé - un nombre de
salariés supérieur au nombre normalement prévu, le tout,
bien sûr, sous réserve des cas de dérogation prévus
par des ententes dans les cas de conflagration et j'en passe. Le
député voulait que j'explique et relate les faits
intéressants qui se sont déroulés en Pologne, connaissant
pertinemment bien d'ailleurs ces...
Mme Lavoie-Roux: Cela s'est passé à Montréal
avec les infirmières unies. C'était surtout dans les
hôpitaux anglophones, mais elles avaient...
M. Rivest: Là-dedans, il y avait un jugement de valeur
dans la démarche syndicale des infirmières unies. Cette attitude
venait du fait que le gouvernement actuel coupe des services; c'était un
jugement de valeur sur la qualité des soins dont les gens
bénéficiaient et c'était un jugement extrêmement
sévère. Elles n'ont pas haussé artificiellement, elles ont
haussé au niveau que des professionnels dans le milieu estimaient le
minimum normal pour la fourniture de services de qualité et dans le
contexte des coupures budgétaires; c'est votre très grande
responsabilité comme gouvernement. Cela dépasse la vôtre,
mais vous en êtes solidaire. Là, on va continuer de donner aux
Québécois le minimum...
M. Marois: La député admettra aussi...
M. Rivest: ... à cause de votre mauvaise
administration.
M. Marois: ... que le porte-parole de l'association syndicale
directement concernée témoignant devant nous - on pourra relever
la transcription, les discussions, les commentaires, les échanges en
commission parlementaire sur cette question très précise - quand
on a discuté de cette question qui était une... On a admis que
c'était une technique utilisée un moyen utilisé. Le
député l'admettra, je veux bien qu'on puisse discourir sur la
qualité et le minimum normal, comme il aime utiliser cette expression,
mais c'était une technique et, quand on a demandé aussi à
la même personne de nous dire quelle était l'évaluation
qu'elle faisait de cette technique, de cette stratégie ou de cette
tactique, peu importe le mot qu'on utilise, comme elle n'a jamais pu se
matérialiser, finalement... Sauf que, de façon responsable, la
possibilité étant là, j'avais évoqué tout de
suite, devant les témoins directement concernés en commission
parlementaire, que ce n'était pas parmi les meilleures techniques
possibles.
M. Rivest: Cela a quand même valu
une petite particule dans la loi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sur cette question que
nul ne peut déroger aux dispositions d'une entente ou d'une liste, les
pénalités qui sont prévues aux articles 111.0.18 et
111.0.19, en fait, est-ce que, techniquement, c'est simplement pour mon
information, les pénalités... Il peut s'agir d'un salarié,
je m'excuse. Je pensais que c'était seulement à des groupes
d'associations; pour un employé, je viens de le voir, c'est de 25 $
à 100 $.
M. Rivest: Est-ce que je comprends que l'article 111.0.22 est
adopté M. le Président?
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.22 est
adopté?
M. Rivest: Là, vous avez votre amendement.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 111.0.23. M. le ministre, vous avez un amendement, deux amendements?
Vous avez celui que vous aviez annoncé tantôt.
M. Marois: Je m'excuse. Il est 11 h 20 pour nous comme pour les
autres. Je pense qu'on vous a remis, M. le Président, le texte de
l'amendement à 111.0.23.
Le Président (M. Desbiens): Vous l'aviez soumis, M. le
ministre, il y a quelques minutes au troisième alinéa, la
troisième ligne. Il y en a un, oui.
Mme Lavoie-Roux: Voici le papillon noir.
Le Président (M. Desbiens): Si je lis la troisième
ligne et le troisième alinéa: L'entente a été
transmise au conseil depuis au moins sept jours. Cela tient encore? C'est
seulement celui-là.
M. Marois: Dans le cas, au troisième paragraphe...
Le Président (M. Desbiens): Au troisième
alinéa, oui, troisième ligne, vous aviez ajouté,
était transmise au conseil.
M. Marois: Là, on ajouterait les mots "depuis au moins
sept jours".
Mme Lavoie-Roux: Après quoi?
Le Président (M. Desbiens): Après "conseil". Fin de
la troisième ligne.
M. Marois: Et là, on enchaînerait, "aucune liste ne
lui ait été transmise ainsi qu'à l'employeur - en ajoutant
- dans le même délai".
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Marois: Maintenant, M. le Président, il faudrait
cependant qu'on indique que l'on ajoute un quatrième alinéa.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'on va, M. le
ministre, prendre les premiers amendements?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait prendre le temps de le
lire parce que...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que cela va
ensemble?
M. Marois: Je pense que oui, il faudrait avoir le texte.
Le Président (M. Desbiens): II faudrait lire, en
même temps, un quatrième alinéa qui serait...
M. Marois: ... "le délai visé au troisième
alinéa est calculé sans égard à l'application du
quatrième alinéa de l'article 111.0.18."
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Marois: Oui.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté.
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, tout à l'heure, vous avez
parlé de l'amendement et je n'étais pas ici. Si vous me permettez
une petite consultation avec mon collègue.
Une voix: Je trouve cela compliqué.
M. Marois: On fera la même chose tantôt à
l'article 111.0.12 pour les services de santé, pour avoir 90 jours.
M. Rivest: Est-ce que la liste qui a été transmise
pour acquérir le droit de grève, est-ce qu'il n'y a pas une
idée - je ne suis pas certain - que ce n'est pas seulement la liste qui
a été transmise. Il faudrait que la liste ait été
déclarée suffisante.
M. Marois: Non, pas nécessairement. Cela, c'est le travail
du conseil et c'est la responsabilité du gouvernement. L'important,
c'est d'arrimer les délais. On se comprend bien, c'est le
problème qui a été soulevé par l'Association des
hôpitaux du Québec, savoir de s'assurer que les délais
d'avis de grève, d'entente, correspondent.
Mme Lavoie-Roux: La première partie, je n'ai pas de
problème avec cela; remarquez bien qu'à 11 h 25... Je pense
qu'"à moins qu'une entente n'ait été transmise au Conseil
depuis au moins sept jours", parfait; "... ou qu'une liste..." - alors, c'est
soit une entente, soit une liste - "... ou qu'une liste ne lui ait
été transmise ainsi qu'à l'employeur dans le même
délai". Je pense que je rejoins la question posée: Quelle sorte
de liste lui est transmise?
M. Rivest: La liste syndicale.
Mme Lavoie-Roux: Si la liste lui a été transmise et
qu'elle n'est pas suffisante, est-ce qu'ils acquièrent le droit de
grève? Il semblerait.
M. Marois: II reste ce délai de sept jours.
Mme Lavoïe-Roux: Et si on ne s'entend pas?
M. Marois: II y a un avis de grève et il y a une entente,
ou une liste, dans le délai de sept jours.
Mme Lavoie-Roux: Avec l'entente, je n'ai pas de problème,
c'est avec la liste.
M. Marois: D'accord. On est sept jours avant l'acquisition du
droit de grève. C'est dans ce délai que, s'il y a un rapport
d'évaluation insuffisant, parce que là, nous sommes avant
l'acquisition du droit de grève, il y a un décret de suspension
du droit de grève.
Mme Lavoie-Roux: En fait, on donne au ministre ou au conseil,
selon le point de vue où l'on se place, un délai de sept jours
avant que le ministre agisse.
M. Marois: On fait concorder le délai de l'avis de
grève et le délai de dépôt pour éviter que...
Le 15 juin, une association a le droit de grève; sept jours francs
avant, le 7 juin, je donne mon avis de grève, mais, si on n'avait pas
fait la petite correction, théoriquement, j'aurais pu déposer ma
liste le 14 juin. Alors, on fait coïncider en même temps l'avis et
le dépôt de la liste ou de l'entente. Il n'y a pas
possibilité de jouer sur les deux. S'ils attendent à la
dernière minute, s'ils déposent la liste ou l'entente le 14 juin,
il y a automatiquement décalage de sept jours de l'avis de grève.
D'accord?
M. Rivest: Donc, cela donne au conseil le temps de regarder la
liste.
M. Marois: Voilà. Pour qu'on ne puisse pas jouer sur le
fait que...
Mme Lavoie-Roux: Et s'ils ne s'entendent pas, le ministre peut
intervenir dans les sept jours, au bout du sept jours par un décret.
M. Marois: S'ils ne s'entendent pas...
M. Rivest: Si la liste est carrément insuffisante.
M. Marois: ... ou s'il y a entente insuffisante, ou si la liste
est insuffisante, peu importe.
M. Rivest: II va y en avoir des listes, il va y en avoir des
périodes, surtout dans les services de santé et les services de
sécurité. Je vous jure que le conseil en travaillera un coup dans
une période...
M. Marois: Oui; cependant, dans le cas des services de
santé et des services sociaux, on parle de 90 jours.
M. Rivest: Ah oui, c'est vrai. Excusez-moi.
M. Marois: Voilà. Là on parle des services
publics.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la liste est
satisfaisante; que l'on soit intervenu par décret pour... Vous pouvez
intervenir par décret pour décider d'une liste?
M. Marais: Qu'il doit y avoir une entente ou une liste.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, quand arrivent les modifications
à la liste, parce que cela a toujours été entendu que cela
pouvait se modifier d'un commun accord entre les deux parties, il survient un
changement X et on fait des modifications à la liste. À ce
moment-là, on ne s'entend pas sur les modifications et les gens ont
acquis leur droit de grève. Qu'est-ce qui arrive?
M. Marois: Le cas que vous évoquez... Soyons très
concrets pour se comprendre. À Hydro, par exemple, il y a une panne
importante imprévue dans une région donnée; ce n'est pas
une modification à l'entente ou à la liste. L'entente ou la liste
doit toujours prévoir les cas où il faut procéder à
des ajustements et où il faut plus de personnel pour répondre
à des besoins précis qui se produisent: cas de force majeur,
conflagrations, etc.; tout doit être prévu dans la liste. Aussi
doit être prévu le mécanisme permettant les ajustements,
rapidement. Ce qui se fait, d'ailleurs; dans le cas d'Hydro, par exemple, c'est
déjà une pratique acquise. Alors, forcément, le conseil
est saisi d'une situation comme celle-là. Quand on parle d'Hydro, s'il y
a un problème
qui se pose sur la Côte-Nord, à Sept-Îles, s'il y a
une panne généralisée, cela se sait très vite.
Forcément il y a l'antenne régionale du conseil, en plus, qui est
sur les lieux. Forcément, aussi, les gens vont appeler tout de
suite.
Mme Lavoie-Roux: Et là....
(23 h 30)
M. Marois: Le mécanisme fonctionne normalement, tel que
prévu. Prenons le cas de la pire hypothèse. Il ne fonctionne pas,
il fonctionne mal, il ne s'ajuste pas; en d'autres termes, il ne respecte pas
l'entente ou la liste qui doit comprendre les mécanismes d'ajustement;
ça fait partie de ce qu'on appelle l'entente ou la liste. Ce n'est pas
juste une question d'un nombre d'employés normalement requis. Une liste
ou une entente, pour être convenable ou suffisante, doit aussi
prévoir comment on s'ajuste dans le cas où il y a un
problème particulier qui se pose, notamment une panne anormale sur la
Côte-Nord. Donc, c'est prévu, si ce n'est pas prévu,
ça mène à la suspension du droit de grève. C'est
prévu. Il se produit le problème mentionné et, pour une
raison ou pour une autre, s'ils disent: Une panne sur la Côte-Nord, on ne
s'en occupe pas, alors, c'est un cas de violation d'une entente ou d'une liste
avec...
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que ce mécanisme était
prévu dans le cas d'un événement fortuit.
M. Marois: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Mais, si on ramène ça à une
situation dans un centre hospitalier - je m'excuse d'être fixée
sur les centres hospitaliers...
M. Rivest: C'est là qu'est le problème.
M. Perron: Vous n'avez pas à vous en excuser, madame.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais je reviens toujours avec ça, la
panne qui survient parce qu'une turbine arrête de fonctionner quelque
part ou quelque chose du genre, ça, c'est évidemment un
événement fortuit. Mais, par exemple, il arrive dans une
unité de soins qu'il a été décidé que tant
de personnel serait maintenu et tout le monde s'est entendu sur la liste
comportant tel nombre d'infirmières, etc., et il arrive qu'il y a plus
de patients qui doivent être admis dans cette unité. À ce
moment, on dit: Écoutez, deux infirmières, ça ne suffit
pas, il en faut trois, mais le syndicat soutient... Comme ce fut le cas lors de
la dernière négociation, dans un hôpital de Québec
dont j'oublie le nom, alors qu'on a dit: II n'y a pas suffisamment
d'infirmières, il faudrait que vous ajoutiez deux infirmières -
peu importe le nombre - à ce service. À ce moment, il y a un
litige entre les deux parties, à savoir que ce ne sont pas deux
infirmières mais c'est une de plus qu'il faut ajouter - tout ça,
c'est hypothétique - là, il y a une espèce d'accrochage
quant au nombre supplémentaire qu'il faut ajouter, parce que ça
ne peut pas être prévu. On peut prévoir qu'il y aura un
nombre supplémentaire de personnel ajouté dans telle ou telle
situation, mais on n'a pas le nombre exact. À ce moment, qu'est-ce qu'il
arrive? Faut-il refaire tout le processus?
M. Marois: Voilà le genre de cas très précis
qui doit être prévu dans ce qu'on appelle une entente ou une
liste, pour être jugée suffisante, les mécanismes qui
permettent l'ajustement rapide à une situation donnée. Il y avait
l'exemple du fameux accident d'automobile qui s'est produit sur le boulevard
Métropolitain, forcément des gens avaient besoin de soins urgents
à l'hôpital Sacré-Coeur. Il y avait un mécanisme
prévu dans l'entente permettant ce type d'ajustement; les parties se
sont rencontrées immédiatement et, dans ce cas-là, les
services ont été pleinement fournis.
Dans le cas où il y aurait mésentente, je ne connais pas
de problème d'urgence, comme celui que je viens de mentionner ou
d'autres auxquels on pourrait penser - il y a peut-être des choses qui
m'échappent, c'est fort possible - que le mécanisme n'ait pas
fonctionné, le mécanisme doit être prévu par les
parties et, s'il n'est pas prévu, la liste sera jugée
insuffisante, non pas seulement parce que le nombre d'employés
normalement requis serait suffisant, mais la liste ou l'entente doit aussi
prévoir les cas où il faut des ajustements rapides pour des
besoins précis, pour un laps de temps donné. Il a même
été prévu, à la suggestion des parties - parce que
c'était dans le rapport Picard -que, dans les cas de mésentente,
les parties s'entendent à l'avance sur le choix d'un médiateur
possible, dans ce genre de cas de litige, qui puisse intervenir
immédiatement sur les lieux, qui rende une décision, les parties
l'acceptant à l'avance comme étant une décision
finale.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Rivest: On est toujours à l'article 111.0.23?
Le Président (M. Desbiens): Oui.
M. Rivest: Auparavant c'était huit jours de délai.
Pourquoi avez-vous changé pour sept jours? Est-ce pour des raisons
d'uniformisation?
M. Marois: Oui. L'idée, c'est
d'uniformiser les délais. Il y avait un délai de huit
jours dans le cas des services publics ou dans le cas... deux jours dans le cas
des services sociaux et des services de santé. Le délai de deux
jours paraissait beaucoup trop court. Alors, on a calibré cela à
sept jours francs.
M. Rivest: Je voudrais attirer l'attention du ministre sur le
deuxième alinéa. Cet avis de grève ne peut être
renouvelé qu'après le jour indiqué dans l'avis
précédent comme moment où l'association
accréditée entendait recourir à la grève. Est-ce
qu'il faut qu'il y ait eu effectivement grève?
M. Marois: Non.
M. Rivest: Non, n'est-ce pas?
M. Marois: Non. Cela existait déjà dans les
services sociaux et les services de santé.
M. Rivest: Oui.
M. Marois: Là, on l'ajoute dans le cas des services
publics.
M. Rivest: Au secteur public. M. Marois: Oui.
M. Rivest: Cela existait à l'article 111.11, je pense.
D'accord. Je vous signale...
M. Marois: C'est cela qui permet d'éviter...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article
111...
M. Marois: C'est le fameux paragraphe qui permet d'éviter
l'avis.
M. Rivest: C'est cela. Je vous signale, puisqu'il s'agit des
services publics, que le commissaire Jutras avait une recommandation formelle
qui disait - parce que c'est du moment d'acquisition du droit de grève
dont on discute - qu'aucune grève ne pourrait être
déclarée à moins que 50% des effectifs syndicaux n'aient
participé au vote de grève. Évidemment, cette
recommandation, pour les services publics, pour la Commission de transport, se
trouve écartée.
M. Dean: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Prévost.
M. Dean: D'abord, le Code du travail exige que les votes de
grève soient soumis à un scrutin secret. Je pense que tous
ceux...
M. Marois: C'est nous qui avons amendé la loi en ce
sens.
M. Dean: C'est nous qui avons amendé la loi en ce sens. Je
pense, même s'il y a déjà eu certains abus de la part de
certains syndicats, qu'on doit sûrement être d'accord pour dire que
la démocratie syndicale existe déjà et que les statuts de
la plupart des syndicats qui se respectent prévoient déjà
des mécanismes de fonctionnement démocratique, l'exigence d'un
certain pourcentage de participants à un vote de grève. Chaque
fois qu'on exige quelque chose, on donne ouverture à des contestations
juridiques de toutes sortes à cause du présumé non-respect
de telles stipulations. On est presque tous ici députés à
l'Assemblée nationale. Il n'y a pas de garantie que 50% des
électeurs votent. C'est souhaitable et, effectivement, la
majorité est plus forte, mais ce n'est nullement une exigence pour
l'élection d'un député. Alors, pourquoi, cela le serait-il
pour des syndiqués? Ils ont tout intérêt à
participer à leurs assemblées et de voter, mais d'intervenir dans
la vie démocratique interne d'un syndicat, surtout par des stipulations
qui causeraient plus d'ennuis, plus de contestations et plus de
judiciarisation, ce n'est pas là où...
M. Rivest: M. le Président, j'ai posé cette
question parce qu'il faut rendre justice quand même au rapport Jutras. Je
remercie le député de ses explications, d'autant plus, M. le
ministre, que dimanche dernier, au conseil général du Parti
libéral du Québec, on a présenté une
résolution exactement au même effet. Pour les raisons
invoquées par le député de Prévost, les efforts
conjugués de Mme la députée de L'Acadie et du
député de Jean-Talon ont fait que cette résolution n'a pas
été adoptée.
Des voix: Ah!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à partir des
mêmes arguments de l'adjoint parlementaire au ministre du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, nous avons fait
rejeter la motion. Mais sérieusement, je me demandais par contre si,
dans le cas de services jugés essentiels, jugés de droits
fondamentaux, le même raisonnement pouvait s'appliquer, celui de ne pas
s'immiscer dans le fonctionnement interne des syndicats pour leur imposer des
règles qu'eux-mêmes devraient se fixer. C'est l'explication
générale. Mais dans le cas de situations où, vraiment, ce
sont les droits fondamentaux des individus qui sont touchés, je me
demandais s'il ne pourrait pas y avoir primauté des droits des... C'est
un débat un peu théorique qu'on fait, M. le Président. Si
vous voulez me rappeler à l'ordre, je suis
d'accord, mais, pendant que je peux profiter des conseils d'un
syndicaliste averti comme le député de Prévost, je le fais
parce que j'ai eu peur de manquer d'arguments dimanche.
M. Marois: S'il vous plaît, M. le Président. Pendant
que l'adjoint parlementaire poursuit intérieurement la réflexion
et va livrer sa façon de concevoir les choses, Mme la
députée de L'Acadie, je voudrais simplement noter, au passage,
à la suite de ce que vient de dire le député de
Jean-Talon, cette résolution ayant pour but d'examiner très
sérieusement, d'une façon approfondie, lors de
l'événement qu'il a relaté concernant son parti, me
confirme dans l'opinion que j'émettais tout à l'heure, lorsqu'il
a formulé d'autres commentaires concernant des rapports qui nous
viennent avec des recommandations, il se trouve à me confirmer dans
cette opinion que j'ai toujours eue du député de Jean-Talon. Il
sait fort bien qu'il y a une distinction et des nuances importantes entre la
forme et le contenu de certaines recommandations et les objectifs visés,
la façon de les traduire aussi dans la réalité. Je lui en
sais gré d'ailleurs.
M. Rivest: Néanmoins, pour être juste à
l'égard de l'événement dont il s'agit qui était le
conseil général du parti, nous avons tout de même convenu
qu'il y aurait lieu -et c'est peut-être le sens de la question que ma
collègue a adressée à l'adjoint parlementaire dans le cas,
entre autres, des services de santé et des services sociaux -enfin
d'inviter les syndicats et un peu tout le monde, et sans doute les patrons,
à réaliser l'importance des décisions prises lors des
assemblées syndicales eu égard aux difficultés que cela
pose aux bénéficiaires et à certaines catégories de
bénéficiaires. On était à l'aise, dans un certain
sens pour faire cela dans la mesure où, M. le ministre, vous savez que
pour ce qui est des clientèles captives, dans notre cas, le
problème ne se pose pas dans la mesure où il n'y a pas de droit
de grève dans notre conception des choses pour les personnes
âgées ou handicapées...
M. Marois: M. le Président, le député dit
d'une façon un peu courte et à tout le moins lapidaire que dans
leur proposition, le problème ne se pose pas, je trouve cela un peu
absolu. Enfin...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Prévost.
M. Dean: Très brièvement, M. le Président,
on a parlé, depuis le début, de l'importance de la
"déjudiciarisation" qu'on discute ici des comportements, des relations
humaines des plus intimes et des plus fondamentales. Dans un tel contexte, la
pression morale de l'opinon publique, les critiques de certains incidents qui
peuvent se produire, une assemblée qui semble mal dirigée ou mal
organisée, je pense que la réaction de l'opinion publique, la
pression de tous les facteurs est la meilleure incitation à un
comportement véritablement démocratique dans un syndicat
donné. Je pense qu'on a de nombreuses preuves de cela dans le
concret.
M. Rivest: Cette question-là risque de survenir au moment
où on regardera la réforme du Code du travail. Cette
question-là va certainement revenir, c'est une de mes
inquiétudes. On donne souvent l'argument que l'ensemble, les
dispositions dans les statuts mêmes propres à chacun des syndicats
peuvent varier énormément et que certains syndicats ont
peut-être des exigences plus fortes, au point de vue de la rigueur et de
la valeur du vote de grève qu'ils prennent. Est-ce qu'au
ministère du Travail, vous avez une idée générale
de ce qu'est la pratique syndicale sur la façon de prendre un vote de
grève et de la signification que le vote de grève peut avoir.
Avez-vous quelque chose là-dessus?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Prévost.
M. Dean: En attendant qu'on offre une meilleure réponse,
je vais offrir la mienne. Je ne sais pas s'il existe de recherche
précise là-dessus. Je peux vous dire que, personnellement, j'ai
eu connaissance d'un grand nombre de statuts de syndicat, différentes
formulations de protection de la démocratie interne. Règle
générale, les statuts des syndicats sont très
démocratiques. Le problème parfois, quand il existe des
écarts, repose, d'après mon expérience, soit dans
l'apathie des membres ou bien, dans certains cas très minoritaires, mais
carrément d'écarts et d'abus... (23 h 45)
M. Rivest: Pour rendre justice au rapport Jutras, probablement
que sa recommandation venait de la façon dont un certain syndicat,
à la Commission de transport, avait procédé au vote de
grève au mois de janvier. Je pense qu'il faut être juste aussi
pour la recommandation du rapport Jutras. Cela se situe dans un contexte bien
précis qui est celui de la Commission de transport ayant vécu des
circonstances tout à fait particulières. Enfin, on sait à
quoi je fais allusion.
M. Marois: M. le Président, on croirait entendre mes
propres propos.
M. Rivest: Notre problème, c'est qu'on s'entend trop bien.
Pas sur le projet de loi...
Mme Lavoie-Roux: Non, pas sur le projet de loi.
M. Marois: Pour répondre plus précisément,
cependant, à la question qu'il pose dans le cadre d'un débat
très élargi sur l'article 111.0.23, que je présume
adopté, il existait, avant les amendements apportés au projet de
loi no 45, l'obligation de déposer au ministère les statuts et
règlements d'un syndicat. Seulement, cela faisait une telle
quantité de papier à transporter que cette obligation a
été abandonnée. Cela faisait partie des amendements
à l'article 45. Cependant, il reste toujours une disposition dans le
code qui prévoit que le commissaire général du travail
peut exiger d'une association requérante ou accréditée le
dépôt de ses statuts et règlements, ce qui permet d'y aller
sur une base plus sélective, l'expérience étant acquise au
ministère. Mais on ne dispose pas pour autant, maintenant, de
données très précises permettant de faire des tableaux
comparatifs.
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.23, oui, est
adopté tel qu'amendé. 111.0.24 est-il adopté?
M. Rivest: Non. D'abord, à 111.0.24, il faudrait faire une
correction au niveau de sa majesté la langue française.
M. Marois: Dans un journal circulant... Alors, il serait
amendé, M. le Président, en retirant les mots "de langue
française". L'Opposition tient absolument à ce qu'on retire les
mots "de langue française". Étant donné notre sens de la
coopération, si l'Opposition tient absolument à retirer les mots
"de langue française", on va les enlever.
M. Rivest: Sur le deuxième alinéa: "Cette
suspension - il s'agit du décret - a effet jusqu'à ce qu'il soit
démontré, à la satisfaction du gouvernement, qu'en cas
d'exercice du droit de grève les services essentiels seront maintenus de
façon suffisante dans ce service public." Là, on prévoit
le cas où il y a grève illégale, à toutes fins
utiles. C'est ce qu'on prévoit, c'est-à-dire une grève qui
existe au moment où il n'y a pas de services essentiels. C'est
ça? C'est une drôle de façon de légiférer,
entre vous et moi. C'est un peu curieux, non? On prévoit
déjà qu'il y a des gens qui ne respecteront pas la loi. On dit:
Là, le gouvernement continue de maintenir son décret et les gens
sont en grève illégale, mais qu'est-ce que ça ajoute de
plus, quand bien même il y aurait un décret, quand bien même
le décret resterait?
M. Marois: M. le Président, non seulement je pense, mais
après réflexion je suis certain que l'article est très
clair. Il dit bien ce qu'il a à dire.
M. Rivest: II dit quoi? Il dit qu'il va y avoir un décret
qui va être maintenu en cas de grève illégale. C'est
ça qu'il dit. Alors, que vaut ce décret s'il n'est pas
respecté? Pourquoi on met ça?
Mme Lavoie-Roux: Surtout qu'à ce moment les services
essentiels ne seront pas remplis, on ne les a pas définis.
M. Rivest: Vraiment, je ne sais pas ce que ça fait dans la
place.
M. Marois: M. le Président, le député de
Jean-Talon - je m'excuse, mais je vais le dire comme je le pense, même si
est minuit moins dix - s'amuse. Il joue dans les articles.
M. Rivest: Je ne m'amuse pas. C'est un article. Je vous demande
pourquoi vous le mettez.
M. Marois: Pas du tout! Je vais vous l'expliquer. Écoutez
deux secondes. Écoutez deux secondes, cela va
accélérer...
M. Rivest: Cela fait dix minutes que vous
réfléchissez. Vous ne le savez même pas et vous dites que
je m'amuse. M. le Président...
M. Marois: Effectivement, je crois que vous vous amusez.
M. Rivest: ...cela prouve...
M. Marois: "Dans un service public..." Au paragraphe 1, les
paragraphes s'interprètent les uns par rapport aux autres. C'est une
règle d'interprétation en droit.
Mme Lavoie-Roux: On est d'accord avec le paragraphe 1.
M. Rivest: On n'a pas de problèmes avec le premier
paragraphe.
Mme Lavoie-Roux: II est très bien dit.
M. Marois: Si vous n'avez pas de problèmes avec le premier
paragraphe...
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord.
M. Marois: ...le droit de grève est suspendu par
décret. Le deuxième paragraphe précise que la suspension
est maintenue a effet jusqu'à ce qu'il soit démontré,
à la satisfaction, qu'en cas d'un exercice l'attitude du
député de Jean-Talon me prouve qu'il s'amuse, M. le
Président éventuellement, dans la perspective où le droit
de grève serait accordé, que des
ententes, des listes sont là permettant de donner des services de
façon suffisante...
M. Rivest: Ce n'est pas cela exactement, parce que s'il y a un
décret, cela...
M. Marois:...que les services essentiels seront maintenus de
façon suffisante dans les services publics.
M. Rivest: S'il y a un décret, M. le
Président...
M. Marois: Oui.
M. Rivest: ... cela prouve que les services essentiels ne seront
pas fournis.
M. Marois: C'est évident. M. Rivest: Bon!
M. Marois: Et partant de là, il n'y a pas de droit de
grève.
M. Rivest: Oui, mais il est dit: "Cette suspension a effet..."
Quand bien même vous liriez l'article avec une tonalité autre pour
me fournir une explication sur la raison d'être de l'article, cela ne
m'en donne pas. Vous avez lu l'article à très haute voix, avec
force, c'est-à-dire voici ce que cela dit: Cette suspension a effet
jusqu'à ce qu'il soit démontré à la... Je vous ai
demandé pourquoi c'était là.
M. Marois: Tant et aussi longtemps qu'il ne sera pas
démontré à la satisfaction du gouvernement qu'advenant le
cas où on redonnerait le droit de grève, les services essentiels
seront maintenus d'une façon suffisante, ils ne l'auront pas.
M. Rivest: Et ils vont être dans une situation
d'illégalité.
M. Marois: Si tant est que quelqu'un se permettait ...
M. Rivest: Oui, c'est cela. Mme Lavoie-Roux: S'il l'exerce.
M. Marois: ...de faire une grève, il serait en situation
de grève illégale et l'ensemble des autres mesures
s'appliqueraient.
M. Rivest: Bon! Alors, qu'est-ce qui arrive, là?
Mme Lavoie-Roux: II n'y aura pas de services essentiels
d'assurés.
M. Rivest: II n'y aura pas de services essentiels. Les gens vont
être dans l'illégalité.
M. Marois: Voilà!
M. Rivest: Qu'allez-vous faire? Qu'arrive-t-il, à ce
moment-là? C'est cela, ma question.
M. Marois: C'est un cas... M. Rivest: Oui.
M. Marois: ...qui peut se produire. Là, on se trouve en
situation de cas isolé. Contrairement à votre proposition
d'abolition en partant où, là, vous prenez tout un pan complet,
cela va jusqu'à 60% des établissements. C'est exactement ce que
je vous ai expliqué.
M. Rivest: Vous êtes dans la même situation que
nous.
M. Marois: Possiblement, sur des cas très isolés et
très précis. Là, il y a une différence de taille,
parce que vous prenez ce risque sur des pans complets de services et
particulièrement dans les services de santé et les services
sociaux. En partant, vous tenez cela pour acquis. Vous ne prévoyez rien
pour les services essentiels, puisque c'est l'abolition. En partant, c'est
aboli. En partant, vous partez de là...
M. Rivest: Et vous, là...
M. Marois: ...et vous ne prévoyez aucune forme de sanction
pénale. Je n'en ai pas vu dans votre proposition.
M. Rivest: C'est quoi, la sanction pour
l'illégalité ici?
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas rédigé un projet de
loi. C'est évident qu'il y a des sanctions pénales.
M. Marois: Ce sont les articles, l'ensemble des articles plus
loin qui viennent dans le projet de loi...
Mme Lavoie-Roux: Qui aurait des sanctions? Je vous l'ai
demandé l'autre jour.
M. Marois: ...qui reproduisent l'ensemble de toutes les sanctions
pénales prévues dans le code qui étaient les sanctions
pénales... Je n'en ai pas vu dans votre proposition d'une part. D'autre
part...
Mme Lavoie-Roux: Nous autres aussi.
M. Rivest: Dans notre cas aussi. Vous allez voir notre amendement
demain.
M. Marois: ...tout le mécanisme des pouvoirs prévus
aussi dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux, les
mesures disciplinaires, c'est quelque chose qui existe. Un employeur qui se
respecte, qui assume ses responsabilités prend aussi les mesures qui
s'imposent. En plus, le cas échéant, si tant est qu'un employeur
n'assume pas ses responsabilités, il y a les pouvoirs prévus dans
la Loi sur les services de santé et les services sociaux, qui sont des
pouvoirs de mise en tutelle. En plus, ce que vous présentez comme une
panacée... Bien sûr, on fait le débat. Vous le faites,
alors, on fait le débat.
M. Rivest: À ce moment-là, j'ai une autre question
sur le deuxième paragraphe. C'est à la satisfaction du
gouvernement. Le conseil n'est plus là. Il ne regarde plus cette chose.
Ne serait-ce pas utile que le conseil qui connaît les parties sur le
terrain, qui a dialogué avec elles, qui les a rencontrées, qui a
convenu, puisse aviser quelque part le gouvernement pour lui dire: Tu devrais
être satisfait, parce qu'il y a eu des correctifs appréciables.
Non, il est disparu du décor, lui, le conseil. Ne serait-ce pas utile?
J'en fais la...
M. Marois: M. le Président, le député de
Jean-Talon qui sait lire des textes de loi vient de dire: Le conseil est
disparu dans le décor. Je le cite textuellement. Eh bien! non, le
conseil est toujours dans le décor. Le texte se lit: "Cette suspension a
effet jusqu'à ce qu'il soit démontré...
M. Rivest: C'est impersonnel, cela.
M. Marois: Très bien, très bien. C'est impersonnel,
mais le député sait très bien que les articles
s'interprètent les uns par rapport aux autres. Toute l'économie
générale de la loi, notamment, met à contribution un
instrument clé qui est là, qui est le conseil. Le conseil va
jouer son rôle.
M. Rivest: Pourquoi, au troisième alinéa: "Un
décret pris en vertu du premier alinéa entre en vigueur le jour
où il est pris ou à toute date ultérieure qui y est
indiquée." Si le gouvernement estime que les services essentiels...
M. Marois: En cas de grève appréhendée.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 111.0.24
est adopté?
M- Rivest: On a enfin obtenu une réponse claire en fin de
séance, l'article est adopté.
Le Président (M. Desbiens): Tel qu'amendé.
M. Rivest: M. le Président, il est minuit.
Le Président (M. Desbiens): L'article 111.0.25.
M. Rivest: Demain.
M. Marois: M. le Président, je présume que de
consentement on pourrait poursuivre les travaux au moins pour terminer les
quelques articles qui suivent et, comme l'a si bien expliqué le
député de Jean-Talon, étant donné qu'on a
regardé l'ensemble de l'économie, tout le processus se reproduit
en ce qui concerne les services de santé et les services sociaux, compte
tenu aussi de la coopération évidente des députés
de l'Opposition pour faire en sorte que cette loi soit adoptée dans les
meilleurs délais, je présume que le député serait
d'accord pour qu'on poursuive nos travaux encore quelque temps.
M. Rivest: Dans un esprit de collaboration avec le ministre qui
nous invite à ce faire, je suis prêt à adopter l'article
111.0.26... Ah! sous réserve d'une question. Je voudrais suspendre
l'article 111.0.25 parce que je trouve très intéressant que,
après toutes les déclarations que le ministre a faites au sujet
de l'injonction, il nous ramène cette notion dans le projet de loi.
M. Marois: Oui.
M. Rivest: J'aimerais suspendre cela parce que je voudrais vous
entendre là-dessus.
M. Marois: Je ne vois pas pourquoi on le suspendrait, M. le
Président...
M. Rivest: Mais, à l'article 111.0.26...
M. Marois: ...on va l'expliquer tout de suite.
M. Rivest: ...il y a la chambre de commerce ou la ville de
Montréal qui a signalé une inquiétude elle aussi...
Le Président (M. Desbiens): II faudrait s'entendre, je
m'excuse, pour la suspension de l'article 111.0.25 avant.
M. Rivest: Oui, suspendu.
M. Marois: Je ne vois pas pourquoi on suspendrait l'article
111.0.25, M. le Président. On peut très bien examiner les deux
articles.
M. Rivest: M. le ministre, on aurait
besoin d'au moins 15 minutes sur l'article 111.0.25.
M. Marois: Alors, prenons 15 minutes.
M. Rivest: Non, on arrête à minuit. Je me suis
tapé trois ministres aujourd'hui, c'est assez pour moi.
M. Marois; Cela vous fait de la variété.
Le Président (M. Desbiens): Alors, s'il n'y a pas de
consentement pour suspendre l'article 111.0.25, je vais suspendre les travaux
de la commission.
M. Rivest: On pourrait régler l'article 111.0.26
très rapidement. À l'article 111.0.26, il y a des entreprises -
il y de l'inquiétude qui a été soulignée - du
secteur privé qui, effectivement, peuvent... Évidemment, c'est le
lock-out qui est interdit dans le plan, mais je vais vous lire la
recommandation de la ville de Montréal alors: "Alors que l'association
accréditée se voit accorder, en définitive, le pouvoir
d'établir les services à maintenir, l'employeur perd le droit de
décréter un lock-out. -D'accord? - Même si la ville de
Montréal n'a jamais utilisé ce moyen de pression et même
s'il est vrai qu'un tel moyen ne peut être utilisé globalement,
certains des services offerts par la ville aux citoyens étant
essentiels, un lock-out partiel imposé dans des services n'affectant pas
les citoyens reste un bon moyen de pression utile dans toute négociation
et permettrait à l'employeur de mettre fin à des situations de
vandalisme."
Vous pouvez l'appliquer dans le cas d'une entreprise privée qui
pourrait faire un lock-out qui ne viserait pas les services essentiels. Est-ce
que la portée de cet article n'aurait pas intérêt à
être précisée ou si, de l'avis du ministre, il croit qu'il
n'y a pas de problème là? Je veux bien prendre sa parole, mais,
enfin, je veux quand même signaler à votre attention les remarques
que la chambre de commerce en particulier et que la ville de Montréal
nous ont adressées à cet effet.
Le Président (M. Desbiens): Je comprends donc que
l'article 111.0.25 est suspendu.
M. Marois: M. le Président, comme je ne vois pas
très bien pourquoi on ne procéderait pas dans l'ordre à
111.0.25, si on est pour suspendre 111.0.25...
M. Rivest: Là, il y a une raison majeure.
M. Marois: ...et que nous n'avons pas de consentement pour
poursuivre les travaux, alors, suspendons tout.
Le Président (M. Desbiens): La commission élu
permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de la sécurité du
revenu ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)