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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, mesdames et
messieurs. La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu reprend donc l'étude des crédits
du même ministère.
Les membres de la commission sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie)
remplacé par M. Marquis (Matapédia); MM. Brassard
(Lac-Saint-Jean), Dauphin (Marquette), Dean (Prévost), Mmes Dougherty
(Jacques-Cartier), Harel (Maisonneuve), MM. Lavigne (Beauharnois), Marois
(Marie-Victorin), Perron (Duplessis), Rivest (Jean-Talon) et Vallières
(Richmond).
Les intervenants sont: MM. Chevrette (Joliette), Gauthier (Roberval),
Hains (Saint-Henri), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Leduc (Fabre), Mailloux
(Charlevoix), Paquette (Rosemont), Polak (Sainte-Anne), Rochefort (Gouin).
À l'ajournement de nos travaux, mardi, nous avions adopté
les programmes 1, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13. Il nous reste donc
l'étude des crédits des programmes 2 et 14. On s'était
quand même entendu pour, à l'occasion, revenir sur certains
sujets, mais on avait abordé les programmes concernés. M. le
ministre.
M. Marois: M. le Président, si on me le permet, c'est
parce que je me rends compte que je me suis trouvé à induire en
erreur les membres de cette commission; on n'a pas adopté, en principe,
les programmes 2 et 14 parce que je croyais, de mémoire, que les
crédits que nous avons à voter et qui concernent l'Office de la
construction apparaissaient au programme 14, mais en fait ces crédits
apparaissent au programme 3, à l'élément 3.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, on peut y aller
immédiatement. Est-ce que vous avez des commentaires
généraux sur ces programmes particuliers ou est-ce qu'on passe
immédiatement à des questions?
M. Rivest: J'ai une...
M. Marois: On avait convenu de passer tout de suite aux
questions.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon.
Les services essentiels
M. Rivest: J'ai une remarque à faire au ministre avant de
céder la parole à mes collègues. Le journal Le Soleil, ce
matin, publie la décision, semble-t-il, du Conseil des ministres sur la
loi sur le maintien des services essentiels, où on valorise le recours
collectif, où on enlève aux syndicats la préférence
syndicale et où on donne les éléments de structuration du
futur conseil du maintien des services essentiels, et on évoque
certaines difficultés auxquelles le ministre a fait face à son
conseil. Je voudrais simplement... Je ne veux pas en discuter ce matin, non
plus que le ministre me confirme ou m'infirme l'article du Soleil. Comment,
vous ne l'avez pas lu? Hier, M. Marois refusait de commenter de quelque
façon les décisions du Conseil des ministres.
M. Marois: Refusait de?
M. Rivest: De commenter de quelque façon. Vous ne le ferez
pas ce matin, mais...
M. Marois: Je veux bien. J'avais bien refusé mais...
M. Rivest: ... j'ai eu vent que le ministre ou certains de ses
collaborateurs rencontreraient la presse pour lui donner les grandes lignes et
les modalités du projet de loi, avant même que le projet de loi
soit déposé à l'Assemblée nationale. Je voudrais,
dans un respect des institutions qui nous gouvernent, avant que quoi que ce
soit soit dévoilé à quiconque, que l'Assemblée
nationale soit la première informée.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je voudrais, puisque le
député l'évoque, dire, d'une part, qu'effectivement j'ai
refusé de faire quelque commentaire que ce soit sur la décision
du Conseil des ministres. D'autre part, je voudrais dire également que
ce n'est pas exact, qu'il n'y aura pas de rencontre, que je n'ai pas
autorisé de rencontre avec les journalistes avant le dépôt
d'un projet de loi à l'Assemblée nationale.
M. Rivest: Très bien.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, M. le Président, pour votre gouverne et la
gouverne des gens qui accompagnent le ministre, nous avons convenu ce matin,
avec le ministre, d'examiner, dans un premier temps, le problème de la
construction durant environ une demi-heure, compte tenu de la commission
parlementaire qui aura lieu lundi avec mon collègue de
Mégantic-Compton, enfin, en ce qui nous concerne, les
députés ministériels seront libres d'intervenir. Ensuite,
le député de Marquette parlera au ministre des programmes de
création d'emplois pendant une période de vingt minutes, et nous
consacrerons le reste de la commisison à la CSST. Cela permettra aux
sous-ministres...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Rivest: Et la réponse également que le ministre
a à nous donner sur Alliance Sécurité Blindé.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
Problèmes dans la construction
M. Bélanger: Merci, M. le Président. D'abord, il
faut vous dire que l'étude des crédits du ministère du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu est un
moment extrêmement important pour nous, les députés de
l'Opposition. Il est également un moment privilégié, pour
le côté ministériel, puisqu'il nous permet de poser des
questions au ministre afin qu'il nous rende compte de son administration. Ce
n'est pas un reproche que je veux faire au ministre, mais on peut quand
même dire que, depuis quelque temps, il a été absent
à plusieurs reprises de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas un
reproche, comme je l'ai mentionné, c'est plutôt une constatation.
Je comprends qu'il a beaucoup d'occupations et également, il semblerait
qu'il a eu certains problèmes de santé.
Son adjoint parlementaire, par contre, est continuellement là,
mais il semblerait, à ses réponses, que ce sont plutôt des
cassettes préparées d'avance par les fonctionnaires du
ministère qui nous disent sensiblement toujours la même chose.
Donc, on va profiter, avec votre permission, des quelques moments
privilégiés qui nous sont donnés pour poser certaines
questions au ministre, tout en espérant avoir des réponses
précises.
M. Marois: M. le Président, me permettez-vous une
remarque? Les travaux de cette commission se sont déroulés
jusqu'à maintenant d'une façon rigoureuse, méthodique. On
a tenté de fournir les réponses les plus complètes
possible aux questions posées par les députés. À
l'occasion, on a eu des échanges qui me sont apparus
intéressants. J'ose espérer que le député de
Mégantic-Compton n'a pas l'intention d'adopter, pour la poursuite de nos
travaux, le genre de remarques et d'insinuations qu'il vient de faire dans son
premier préambule en prêtant des intentions, des façons de
procéder et en portant des jugements à l'emporte-pièce sur
mon adjoint parlementaire.
Il se rendra compte d'ailleurs par mes réponses qu'en ce qui
concerne les réponses fournies par mon adjoint parlementaire en Chambre,
quand je ne suis pas là, j'ai souvent dit - c'est peut-être une
expérience nouvelle et à mon point de vue, c'est une
expérience heureuse - que mon adjoint parlementaire, le
député de Prévost, je le considère comme un
"ministre adjoint". Le député va se rendre compte par mes
réponses que les réponses fournies par le député de
Prévost, l'adjoint parlementaire, ce ne sont pas des cassettes
préparées d'avance par les fonctionnaires. C'est fondamentalement
et essentiellement l'information et les faits tels qu'ils sont portés
à notre connaissance. D'autre part, quand il s'agit d'y ajouter un
jugement politique, le député va se rendre compte que nous sommes
- mon adjoint parlementaire et moi - profondément sur la même
longueur d'onde. Nous travaillons ensemble et nous participons de la même
approche et de la même conception politique en ce qui concerne l'analyse
des problèmes.
M. Bélanger: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: ... je n'ai pas l'intention de faire un
débat partisan. Ce sont tout simplement des remarques que j'ai faites
parce que pour nous, les députés de l'Opposition, lorsque nous
avons une période de questions qui dure à peine trois quarts
d'heure et que finalement, pendant cette période de questions, souvent
les députés ministériels en posent, nous
préférons évidemment avoir une réponse du
ministre.
Maintenant, j'ai mentionné que l'adjoint parlementaire faisait un
travail extraordinaire, sauf que je croyais - et j'ai encore la même
impression - que, très souvent, il ne faisait que répéter
ce qui lui avait été dit. En ce qui concerne le rôle que
joue l'adjoint parlementaire du ministre, je trouve ça formidable et je
suis un de ceux qui préconisent même que d'autres adjoints
parlementaires jouent le même rôle parce que le ministre,
qui doit s'occuper non pas seulement de son comté, mais de la province
tout entière, doit certainement pouvoir compter sur l'appui d'un adjoint
parlementaire, et on pourrait même aller jusqu'à dire un ministre
adjoint. Je suis totalement prêt à accepter ce principe.
M. le Président, maintenant on va discuter. Tout de même,
on est ici pour discuter des problèmes dans la construction qui sont
nombreux d'ailleurs. Le ministre va l'admettre. Depuis 1975, dans la
construction, les travailleurs qui étaient au nombre de 150 000 sont
devenus moins de 90 000 au moment où nous nous parlons. Il y a
certainement là un malaise. C'est évident qu'on va, encore une
fois, nous dire que ce sont les taux d'intérêt. C'est donc facile
de toujours dire que cela dépend de la politique financière
d'Ottawa ou de Washington et de ne pas regarder ce que le gouvernement du
Québec peut faire. Il peut faire beaucoup. Cela M. le ministre, vous en
êtes convaincu, le gouvernement du Québec peut faire beaucoup.
Actuellement, on tente justement de relancer l'industrie de la construction
domiciliaire. Mais, encore une fois, on l'annonce dans le budget comme
étant un programme, sans toutefois en donner les détails. Alors,
il se produit quoi? Il se produit que non seulement, dans le moment, cela
n'avantage pas les travailleurs, mais au contraire, il n'y a plus un
constructeur d'habitations qui peut vendre une maison parce que tout le monde
s'est arrêté d'acheter en attendant ce fameux programme.
On a eu la même chose d'ailleurs avec le programme d'accession
à la propriété. On avait annoncé un programme
d'accession à la propriété. On en avait fait une promesse
électorale; maintenant, on appelle cela un engagement électoral;
de toute façon cela se ressemble beaucoup. Ce programme devait
être rétroactif au 1er mai, il l'a effectivement
été, mais on en a connu les modalités au mois de
décembre. Encore une fois, on a paralysé la vente de maisons.
Donc, on a travaillé à l'encontre des intérêts des
travailleurs de la construction, probablement sans le vouloir, sans que cela
soit voulu, mais tout simplement par un manque de planification. Je peux
l'affirmer, cela semble être la marque de commerce du gouvernement
actuel: un manque de planification, un manque de préparation. (10 h
30)
De toute façon, dans le domaine de la construction, comme je l'ai
mentionné, les problèmes sont nombreux. Les mises en chantier -
on peut en parler brièvement -qui étaient de l'ordre de 68 000 en
1976 au Québec, ont finalement atteint en 1981, 28 000. En 1982, si ce
présumé programme qui vient d'être annoncé ne porte
pas de fruits immédiats, les mises en chantier vont tomber probablement
aux environs de 22 000 ou de 23 000. Cela, c'est dramatique pour les
travailleurs; c'est également dramatique pour les familles. On sait
qu'au Québec, il se crée à chaque année environ 52
000 couples ou ménages et la construction domiciliaire, depuis cinq ans,
ne répond même pas aux besoins. On peut donc dire qu'il y a un
"vacuum" et qu'on a refusé environ 100 000 couples qui seraient
normalement admissibles à un logement. C'est urgent, je pense, d'y
remédier, dans l'intérêt des travailleurs et,
également, dans l'intérêt de l'économie du
Québec. On ne peut pas penser à une relance économique,
sans penser à relancer d'abord la construction résidentielle.
Les entreprises de construction, là aussi, nous faisons face
à un problème majeur. Malgré la Régie des
entreprises de construction, malgré que ces entrepreneurs doivent
soumettre chaque année un bilan, malgré qu'il y ait beaucoup de
restrictions, on assiste quand même à des faillites: environ 400
faillites, en 1981, d'entrepreneurs en construction.
Heureusement, la plupart du temps, les acheteurs d'une maison ne perdent
pas d'argent puisque les entrepreneurs, aujourd'hui, font partie de
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations qui offre une
garantie, jusqu'à concurrence de 20 000 $, en cas de faillite,
justement.
Je vous ferai remarquer, M. le ministre, que cela n'a pas
été imposé par le gouvernement. Cela a été
l'initiative de l'Association provinciale des constructeurs d'habitations qui,
elle-même, a décidé de prendre l'affaire en main et de
protéger le consommateur. Nulle part ailleurs, en Amérique du
Nord, les consommateurs ne sont protégés de cette
façon.
Il y a également l'Office de la construction du Québec,
l'OCQ, qui, semble-t-il, n'a pas encore de président-directeur
nommé en permanence. Dès le 15 janvier, j'écrivais au
ministre pour lui faire valoir l'importance d'avoir un directeur
général à la tête de l'OCQ pour exercer un certain
leadership. Il semblerait qu'à ce jour, que je sache, du moins selon mes
informations, il n'y en ait pas. Le ministre pourra me répondre si la
nomination a été faite ou si elle est sur le point de se faire,
mais c'est d'une extrême importance que cette nomination se fasse le plus
rapidement possible.
Je profite de l'occasion également pour féliciter M.
Gagnon, qui I en était le président, qui a effectué un
travail formidable, un travail qu'on peut qualifier -il l'a
démontré - d'une compétence indéniable. Justement,
parce que M. Gagnon a démontré une compétence
indéniable, un bon leadership, de là l'importance d'en nommer un
le plus rapidement possible pour
continuer dans la même veine.
Il a également été question, à plusieurs
reprises, de la tutelle du local 144 qui est un point très chaud. Ce
n'est pas normal qu'un syndicat soit sous tutelle pendant sept ans. Une
tutelle, dans mon esprit et dans l'esprit de plusieurs, c'est une
période transitoire dans laquelle on tente de remédier à
une situation le plus rapidement possible. Si ce temps de tutelle n'est pas
trop long, je ne peux pas admettre qu'on puisse agir de cette façon.
La tutelle du local 144 n'a pas produit non plus les effets
escomptés. Alors, de là peut-être l'urgence et la
nécessité de revoir cette tutelle le plus rapidement possible. Ce
n'est pas à moi, je pense, de dire au ministre de quelle façon il
doit résoudre le problème, mais plutôt de lui rappeler
qu'il y a un problème et de prendre les moyens nécessaires pour y
remédier.
Il y a également le renouvellement du décret; nous aurons
à siéger lundi prochain en commission parlementaire à cet
effet. Mais je trouve vraiment qu'on a attendu à l'extrême limite
avant de réagir. J'avais, en novembre, janvier et février
dernier, averti par lettre le ministre qu'aucune des centrales syndicales
n'avait obtenu la majorité requise pour négocier avec l'AECQ, et
qu'il devait trouver une solution le plus rapidement possible. Finalement on a
attendu à la dernière minute, on a prolongé les
décrets de 30 jours, et nous nous retrouvons exactement au même
point où nous étions au départ, face à un
décret qui n'est pas renouvelé et à la tenue d'une
commission parlementaire. Je me réjouis d'ailleurs, parce que ce sera
sûrement agréable de voir ces associations syndicales et
associations patronales venir devant nous pour discuter de leurs
problèmes collectifs. Soyez assurés M. le Président, M. le
ministre, que je serai à cette commission parlementaire et que j'y
assisterai avec beaucoup d'intérêt.
Il y a également le règlement de placement dans le domaine
de la construction. Je me souviens très bien que l'année
dernière, lors de l'étude des crédits, j'avais
déclaré, et je cite exactement ce que nous retrouvons au journal
des Débats: "J'ai l'intention bientôt de mener une lutte à
mort, non pas en mon nom personnel, non pas au nom du Parti libéral du
Québec, non pas au nom des associations patronales et non pas non plus
contre les centrales syndicales, mais au nom des travailleurs du Québec
qui, à mon avis, ont un droit qui est fondamental de travailler dans la
profession qu'ils ont choisie." Je peux vous dire, M. le Président, que
je n'ai absolument pas changé d'avis depuis un an et si, l'année
prochaine, des modifications n'ont pas été apportées au
règlement de placement, je serai encore, probablement, du même
avis.
En particulier en ce qui touche nos jeunes, c'est inconcevable qu'avec
l'argent des contribuables nous dépensions des millions pour former des
apprentis menuisiers, des apprentis électriciens, des apprentis
plombiers et qu'immédiatement après avoir obtenu leur
diplôme, leur certificat, l'Office de la construction dise à nos
jeunes: Vous n'avez pas le droit maintenant d'aller sur les chantiers. C'est
inconcevable dans un monde qu'on dit civilisé. Si on ne veut plus leur
donner de permis pour aller travailler, qu'on arrête tout au moins de
dépenser inutilement l'argent des contribuables. Qu'on tienne
également compte du bassin de la région, c'est une autre chose
qui est inconcevable. On peut très facilement faire son cours d'apprenti
menuisier à la régionale de Lac-Mégantic, être
très bien formé, être qualifié comme apprenti, avoir
un employeur à Montréal ou dans une autre région du
Québec qui est prête à vous embaucher. Parce que vous
êtes domicilié à Lac-Mégantic - je vous donne cet
exemple parce que c'est dans le comté que j'ai l'honneur de
représenter -parce que vous êtes formé dans cette
régionale, vous n'avez pas accès au marché du travail,
tout au moins dans la province de Québec. C'est inconcevable, c'est
inacceptable et il faudra y songer très sérieusement. Je parle au
nom des jeunes, les jeunes qui ont choisi cette profession parce qu'ils
l'aimaient, qui ont choisi cette profession parce qu'ils y avaient de
l'intérêt et, au moment où ils sont prêts à
rendre des services au Québec, ils doivent s'expatrier en Ontario, en
Alberta, en Colombie britannique et aux États-Unis.
Vous me permettrez ici de vous citer un cas précis d'un
électeur qui est venu me rencontrer à mon bureau et qui m'a
beaucoup marqué. Il a terminé son cours comme apprenti menuisier
et l'Office de la construction lui a appris qu'il y avait en banque dans la
région de Beauce-Sud, c'est-à-dire la sous-région de la
Beauce, 86 apprentis menuisiers. On sait que, pour engager un apprenti, il faut
avoir sur le chantier au moins cinq menuisiers qualifiés; si vous
multipliez 86 par 5 dans la région, jamais ce jeune qui vient de
terminer ses études ne pourra même avoir son carnet d'apprenti et
tenter de gagner sa vie dans la profession qu'il a choisie.
Toujours pour continuer dans cet exemple concret qui m'a beaucoup
marqué, ce même jeune homme me dit: Je suis venu ici pour deux
raisons, d'abord je voudrais construire ma propre maison sur un terrain que
veut me donner l'un de mes oncles le long d'une route nationale, la route 263.
J'ai dû apprendre à ce même jeune homme que non seulement il
ne pourra jamais travailler dans la profession qu'il avait choisie, mais qu'il
n'avait pas le droit de se construire non plus, parce qu'il y avait une loi qui
avait été votée qu s'appelle la Loi sur la protection
du
territoire agricole. Je trouve inconcevable qu'on puisse traiter un*
jeune qui a de l'ambition, qui, à l'âge de 21 ans, est
déjà marié, qui a déjà terminé ses
études, qui est prêt à faire partie de la
collectivité québécoise, qu'on puisse dire à ce
jeune: Non seulement tu ne pourras pas travailler dans la profession que tu as
choisie, mais également tu ne pourras pas te construire là
où tu avais avantage de le faire, parce que cela ne te coûtait
absolument rien pour le terrain; étant toi-même menuisier, tu
avais l'avantage de pouvoir construire ta propre propriété;
d'être obligé de dire à ces gens-là: Vous avez
rêvé, la réalité est tout autre.
Cela sont des choses que je n'oublierai jamais; même si je devais
mettre fin à ma vie politique demain ou aujourd'hui, ça demeurera
toujours dans ma mémoire, et ce sont des choses qui, j'espère, ne
se produiront plus. J'espère qu'on trouvera le moyen d'amender ce
règlement de placement, si vous ne voulez pas l'abolir. Je suis
totalement d'accord pour qu'il soit aboli, pour qu'on laisse libre le
marché. Vous avez une carte de compétence, vous avez
démontré que vous êtes compétent pour travailler
dans ce métier; si vous avez cette carte de compétence, c'est
parce que vous avez travaillé X heures pour l'obtenir, ou bien vous avez
suivi des cours en conséquence. Donc, c'est inconcevable qu'on dise, par
voie de règlement: Vous n'avez pas le droit d'aller travailler parce que
vous avez été absent deux ans, parce que vous avez
été malchanceux dans votre région, il n'y avait pas de
travail. C'est une chose, je pense, que le ministre devrait vraiment revoir,
à la lumière de tout ce qu'on a vu récemment dans le
regroupement des 32 000 interdits; l'association des constructeurs, l'AECQ
également et même certaines centrales syndicales sont contre ce
règlement de placement. Je suis d'accord et ma formation politique est
d'accord; ils le sont encore.
M. Dean: Lesquels sont contre? M. Bélanger:
L'international.
Mme Harel: Contre le règlement de placement.
M. Bélanger: Ils sont contre le règlement de
placement, la classification.
M. Dean: Vos "chums" de 144.
M. Bélanger: Non, ce ne sont pas mes "chums" au 144. J'ai
rencontré, toutes les centrales syndicales, et cela me fait toujours
plaisir de les rencontrer aussi bien le 144 que la FTQ, la CSN, je n'ai aucun
préjugé à l'égard des centrales syndicales. Si nous
voulons parler d'amis au sein des syndicats, je pense qu'on pourrait en parler
longtemps, mais, de toute façon, ce n'est pas là le but de mon
intervention. Le but de mon intervention, c'est tout simplement de tenter de
convaincre le ministre que ce règlement de placement, il faut absolument
qu'il soit revu et, selon moi, je le répète encore une fois,
qu'il soit totalement aboli.
Il ne faudrait pas non plus charrier et faire accroire que nous voulons
que ce soit la jungle dans le domaine de la construction, que le chauffeur de
taxi puisse finir sa nuit de travail, prendre le rouleau et aller peinturer. Ce
n'est pas cela qu'on dit. Nous disons: Que celui qui possède un droit
acquis, qui a une carte de compétence, qui a démontré
qu'il était compétent ou qui a déjà gagné sa
vie auparavant dans ce domaine puisse encore avoir accès au travail,
qu'il ne soit pas obligé de terminer, dans plusieurs cas, sa
carrière comme assisté social, parce qu'on a tout simplement
adopté un règlement soi-disant pour protéger les vrais
travailleurs de la construction. Mais, à mon avis, le vrai travailleur
de la construction, c'est quelqu'un qui a justement acquis une carte de
compétence, qui a démontré qu'il était
compétent dans tel ou tel domaine, que ce soit par des cours ou par le
nombre d'heures travaillées.
Donc, je vais terminer sur le règlement de placement en
espérant que le ministre a très bien compris que je n'avais pas
changé d'avis, que j'étais du même avis que l'année
dernière et que, l'année prochaine, si le règlement n'a
pas été amendé, je serai encore du même avis. Il y a
une chose aussi que je voudrais mentionner, sur laquelle j'aimerais que le
ministre fasse le point, c'est le chantier du gazoduc. Nous avons connu, tout
le monde le sait, de la violence. Nous avons connu également une
injustice au point de vue de l'embauche. Je n'ai pas peur de mentionner qu'il y
a eu un monopole d'embauche exercé de la part de la FTQ par lequel on
embauchait 98% des travailleurs de la FTQ contre 2% des autres centrales
syndicales. C'est une chose intolérable. Je voudrais que le ministre
nous assure que les problèmes de violence sont totalement
réglés et qu'on pourra continuer les travaux du gazoduc, qui est
un investissement extrêmement important au Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Avez-vous terminé, M.
le député?
M. Bélanger: Non, j'y arrive M. le Président. Je
fouillais un peu dans mes notes. Pour revenir au gazoduc, quelques mots encore
avant de terminer. Je voudrais savoir si le ministre a également
envisagé la possibilité d'abolir les bureaux de placement
syndicaux, afin qu'on en finisse avec ce monopole d'embauche de la part d'une
centrale syndicale. Je n'ai rien contre cette
centrale syndicale. Je parle au nom des travailleurs qui ont le droit de
choisir leur centrale syndicale sans toutefois subir de préjudice.
C'est à peu près les remarques que j'avais à faire
au début. J'espère que le ministre apportera des réponses
aux quelques questions que j'ai soulevées. Soyez assuré que nous
sommes disposés à travailler avec le ministre afin de trouver des
solutions aux problèmes de l'industrie de la construction. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton. M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, après cet exposé
général, en reprise - c'est ainsi qu'on le dit à la radio,
en reprise; c'est parce que j'ai gardé une espèce de fixation sur
l'expression utilisée par le député de
Mégantic-Compton, quand il a parlé de cassettes, tantôt,
dans ses remarques préliminaires - je vais donc reprendre les
réponses déjà fournies en y apportant les
précisions de faits correspondant à la réalité
d'aujourd'hui. (10 h 45)
En ce qui concerne, d'une façon générale, le
secteur économique de la construction, il est indéniable que le
secteur résidentiel, que le secteur domiciliaire est extrêmement
important. C'est pourquoi, malgré une conjoncture économique que
tout le monde reconnaît difficile - nous sommes quand même
obligés de l'admettre, je comprends qu'on n'aime pas qu'on évoque
les taux d'intérêt, mais c'est quand même un fait,cela ne facilite pas les choses - le gouvernement du Québec a,
jusqu'à maintenant, développé, mis au point, lancé
un certain nombre de programmes. Certains ont été
soulignés, rappelés par le député, d'autres pas, je
ne veux pas en reprendre toute la liste, je n'ai pas à moi seul la
responsabilité totale, complète de tout ce secteur. On y apporte
notre contribution par divers biais que je veux bien expliquer. Notamment le
programme d'accès à la propriété - je ne reviendrai
pas sur des chiffres qui ont été mentionnés par mon
collègue responsable de l'habitation - a donné jusqu'à
maintenant des résultats quand même intéressants, dans une
conjoncture économique difficile.
Le gouvernement croit cependant, ça a été
annoncé dans le discours sur le budget, qu'il est possible de faire
plus, mais à condition de le faire en concertation. Le gouvernement n'a
pas la prétention de croire qu'il peut à lui seul tout faire. Et
l'entreprise privée, d'autre part, est aussi consciente qu'elle ne peut
pas, à elle seule non plus, tout faire. C'est pour ça qui si tant
est qu'il s'est dégagé un consensus au sommet
socio-économique de Québec, c'est bien sur ce point-là. Il
s'agit maintenant de mettre au point des ententes entre les diverses parties,
et même, le cas échéant, ça pourrait impliquer,
parce qu'il y avait eu des ouvertures de faites dans ce sens, les institutions
financières, pour permettre de relancer le secteur de la construction
domiciliaire.
Il faudrait cependant, pour être équitable, juste et
correct, donner un tableau complet du secteur économique de la
construction. Le résidentiel est extrêmement important et on
compte faire tout ce qui est humainement possible, même dans une
conjoncture difficile, pour aider à la relance économique dans ce
secteur-là, mais il y a également aussi les autres secteurs de la
construction qui, Dieu merci, dans certains coins du Québec, en
particulier à Montréal, vont passablement bien. Ça doit
être souligné. Cela dit, je sais que mon collègue, le
député de Prévost, l'adjoint parlementaire, aurait des
choses à ajouter là-dessus.
Le député a soulevé beaucoup de questions et il se
peut que j'en oublie. J'ai essayé de noter au fur et à mesure,
mais si j'en oublie, il me les rappellera et on y reviendra. Je voudrais tout
de suite lui signaler une chose. Quand on parle du placement des travailleurs
de la construction, constamment on évoque les différentes
dimensions du problème: la venue et l'entrée sur le marché
et la reconnaissance des droits des jeunes et des nouveaux d'accéder au
marché, d'une part, et d'autre part, on parle aussi de l'accès et
de la protection des emplois pour les travailleurs dans une région
donnée. Par ailleurs, également, on parle de la protection des
droits de ce qu'on appelle les vrais travailleurs de la construction. Tout
ça doit être réconcilié d'une façon qui soit
la plus équitable et la plus juste possible. Évidemment, dans
certains cas, ça pose des problèmes. Ce n'est pas toujours
facile.
Je voudrais indiquer un certain nombre de chiffres qui ne sont pas
souvent portés à la connaissance des parlementaires non plus
qu'à celle du public. Alors qu'en 1980, les nouveaux salariés
admis dans le secteur de la construction ont été de 3237, en
1981, le nombre a été de 4031, d'après les indications
qu'on me donne. Il y avait, parmi le bloc, 4031 nouveaux admis. Donc, quand on
dit qu'il n'y en a pas, c'est inexact. Il faut donc faire la nuance et ne
jamais perdre de vue qu'il y a ceux qui sont là et qui veulent pouvoir
continuer à travailler. En 1981, je le rappelle, il y en a eu 4031.
Parmi ces 4031 il y en avait environ 1000, comme ordre de grandeur, qui avaient
des relations de parenté, des enfants, par exemple, ou des fils, avec
des gens qui étaient déjà dans les métiers de la
construction. Cela est une chose.
Je vais prendre cela à rebours puis
remonter. En ce qui concerne le règlement de placement de la
construction, nous continuerons, M. le député de
Mégantic-Compton et moi, à avoir nos divergeances fondamentales
de vues et je pense bien que le député de Mégantic-Compton
continuera, d'après ce que j'en sais, jusqu'à nouvel ordre,
à moins qu'il y ait un virage d'annoncé, à vivre en
divergeance de vues sur certains éléments avec le programme
politique de sa formation. Enfin, chacun a droit à ses opinions et cela
doit être respecté. Vous choisirez la voie que vous croyez
pertinente pour faire valoir votre point de vue.
Je me permets encore une fois de rappeler, parce que cela
m'apparaît important, qu'il y a eu une commission qui s'est
appelée la commission Cliche. On sait dans quel contexte et pourquoi
cette commission a été créée. On se rappelle les
conclusions de la commission. Une de ses recommandations était
précisément la mise en place d'un règlement de placement.
On se souvient aussi que l'ancien gouvernement, dans la foulée du
rapport Cliche, avait adopté la loi qui donnait particulièrement
naissance à l'Office de la construction du Québec et lui confiait
le mandat, notamment, de mettre au point un règlement concernant le
placement et l'embauche. Ce que nous avons fait depuis, c'est de
procéder à un certain nombre d'ajustements, qui, dans certains
cas, ont apporté un assouplissement des règles, notammment quant
aux nombres d'heures devant être comptabilisées. Il est toujours
en chantier, j'espère l'avoir dans les meilleurs délais. On me
dit qu'il a franchi le cap de l'étude au niveau de ce qu'on appelle le
comité mixte qui regroupe les porte-parole patronaux et syndicaux
autorisés. Je devrais l'avoir en main; il doit passer maintenant
l'étape du conseil d'administration de l'Office de la construction du
Québec pour m'être soumis. La loi stipule que j'ai le pouvoir, en
le recevant, de l'accepter ou de le refuser, et si tant est qu'on n'est pas
d'accord avec les ajustements apportés, il faut retourner et recommencer
le processus qui est un processus assez long.
Cependant il me paraît important de rappeler que les objectifs
fondamentaux du règlement, c'est de protéger les vrais
travailleurs de la construction, de protéger aussi, de donner et
d'accorder une priorité régionale avec les limites et les nuances
qui sont prévues par le règlement lui-même. On sait fort
bien que dans l'ensemble de la batterie des règles, des
règlements, et le reste, il est prévu qu'un employeur qui se
déplace peut amener avec un lui un pourcentage x de la main-d'oeuvre.
Chacune de ces normes ou règles est constamment
réexaminée, réévaluée par ceux et celles qui
ont à vivre avec, pour qu'ils nous fassent des suggestions d'ajustement.
Si ces règles n'avaient pas existé, malgré une conjoncture
qui n'a pas été facile, surtout quand on est arrivé en
1981-1982 en particulier, surtout à partir de l'été
dernier, je voudrais rappeler que la moyenne d'heures travaillées par
les salariés de la construction, qui était de 931 en 1976, est
passée à 1100 en 1981. Or, pour les travailleurs de la
construction, ce n'est pas un détail parce que cela correspond aussi
à une hausse de leurs revenus. Le salaire moyen a atteint 14 000 $,
forcément correspondant et accroché aussi au nombre d'heures
travaillées. Cela est survenu alors que la conjoncture économique
faisait baisser le nombre d'heures totales travaillées dans la
construction. Quant à ce qu'on a appelé le cas des 32 000, le
règlement est là. L'Office de la construction a constaté
que sur les 32 000 travailleurs, 20 000 n'avaient aucune heure de
déclarée, donc, n'avaient pas travaillé.
Cela suit une première phase d'assouplissement des règles.
Maintenant, c'est soit 1000 heures sur une période de deux ans, ce qui
correspond à environ six mois de travail, et cela va même
jusqu'à une possibilité de 100 heures au cours de chacune des
cinq années civiles qui ont précédé le 1er janvier
1982. J'ai fait parvenir, dans un premier temps, une première lettre qui
a été retransmise par l'Office de la construction du
Québec à chacun des 32 000 travailleurs, leur rappelant leurs
droits, leur rappelant que certains d'entre eux qui n'avaient pas vu leurs
cartes renouvelées pouvaient se prévaloir de recours, qui
pouvaient s'exercer dans un délai très rapide, et faire valoir le
nombre d'heures de maladie, le nombre d'heures d'accident de travail, le nombre
d'heures de libération à des fins syndicales, par exemple, etc.,
et dans ces cas obtenir une révision. Effectivement, 6000, donc, sur un
bloc de 12 000 qui restaient sur les 32 000, 6000, se présentant
simplement en région ont obtenu un renouvellement. Environ 2000 cas sont
en révision au niveau de l'Office de la construction du Québec,
en appel. Je dois dire que l'Office de la construction a fait un travail
remarquable là-dessus. Je tiens à le signaler. Les bureaux de
révision ont siégé même les fins de semaine pour
faciliter les choses. Cela veut dire déjà un bloc de 8000.
On a, depuis, fait parvenir une seconde lettre rappelant aux gens qu'en
plus ils avaient le droit d'être inscrits sur une liste de rappel.
Effectivement, un certain nombre, je n'ai pas le chiffre en mémoire, se
sont prévalus de ce droit. Quant à certaines balises et certains
assouplissements qui sont nécessaires, j'ai constamment dit que
j'étais d'accord pour les examiner et demander à l'office de
travailler en ce sens, mais ne pas défaire l'économie
générale ou fondamentale du règlement, ce qui nous
mènerait à une absence de règlement. Le danger profond est
là qu'on retourne aux situations antérieures
où on avait des envahissements venant de partout, qui enlevaient
les emplois aux vrais travailleurs de la construction.
Je ne sais pas comment réagirait le député de
Mégantic-Compton s'il n'y avait aucune espèce de balises. Je ne
dis pas que c'est parfait. Ce n'est jamais parfait. Je ne dis pas qu'on n'a pas
de problèmes. Si on n'avait pas de problèmes dans le genre de
métier qu'on fait on s'ennuierait, comme ce n'est pas permis, je vous en
passe un papier. Or, on ne s'ennuie pas du tout. Il y a des problèmes.
Il ne faut pas se les cacher. Il faut essayer de trouver les meilleures
solutions possible. Je ne sais pas comment réagirait, M. le
Président, le député de Mégantic-Compton s'il
voyait envahir littéralement son comté d'un coup, lorsque des
chantiers démarrent, par essentiellement et uniquement des gens arrivant
d'une autre région, arrivant de Montréal. Comment
réagirait-il? Je pense que cela soulèverait un certain
tollé légitime. (11 heures)
En ce qui concerne le renouvellement du décret, là je suis
obligé quand même, sous réserve de revenir, de relever un
certain nombre d'affirmations faites par le député, parce que les
gens, chez nous, ont fait un travail absolument colossal, j'en ai
été personnellement témoin dans les derniers milles
où j'ai passé, avec mon adjoint parlementaire, pas loin de 48
heures d'affilée au travail.
Il faudrait d'abord se rappeler que c'est la première fois - ne
cherchez pas ailleurs, il n'y en a pas d'autres - qu'intervient une entente de
principe dans toute l'histoire avant la fin du décret. C'est la
première fois qu'une entente de principe prévue par la loi
intervient entre la partie patronale et la partie syndicale et que les parties,
de consentement, nous demandent de prolonger d'une trentaine de jours le
décret actuel pour leur permettre d'aller consulter leurs instances.
Je pense que cela mérite d'être signalé. Je ne veux
pas reprendre toutes les dates, les interventions et les lettres que j'ai fait
parvenir aux parties. L'Association des entrepreneurs en construction m'a fait
parvenir sa demande le 30 mars dernier. Le 2 avril, deux ou trois jours
après, j'ai désigné deux personnes du service de
conciliation pour agir dans ce dossier. Dès le 8 avril, on se souviendra
que la partie patronale a publié dans les journaux ses propositions. Le
16 avril, le député de Prévost, l'adjoint parlementaire, a
rencontré les parties syndicales, ce qui a permis d'aider à
dégager une majorité, tel que prévu par la loi pour que
s'engagent des pourparlers qui ont mené précisément
à une entente. En plus, le 23 avril, j'ai désigné M.
Raymond Leboeuf à titre de médiateur spécial dans ce
dossier et je dois dire que même les plus hautes instances
chargées du secteur des relations de travail dans le ministère
sont intervenues et ont travaillé ensemble très
étroitement. En dernière heure, le vendredi 30 avril - je m'en
souviens très bien, j'étais sur place avec l'adjoint
parlementaire - une entente de principe est intervenue. On sait que, pour une
raison ou pour une autre que les parties viendront nous expliquer, l'entente de
principe, alors qu'elle a été acceptée par les instances
syndicales, par les membres, ne l'a pas été par la partie
patronale.
Donc, il y a eu un effort colossal; c'est ce que je voulais relever, en
toute justice, pour les gens qui ont fait un travail colossal. Pour l'amour du
bon Dieu, ce n'est quand même pas la faute des conciliateurs, du
médiateur, du sous-ministre adjoint aux relations du travail, de
l'adjoint parlementaire ni ma propre faute si, pour une première fois
qu'on en arrive à une entente de principe, cela foire une fois rendu au
niveau de l'assemblée générale. Une partie nous expliquera
pourquoi. C'est pour cela qu'on convoque une commission parlementaire et vous
remarquerez qu'on a bougé drôlement vite. On a convoqué
dans les meilleurs délais la commission parlementaire pour faire en
sorte que je puisse faire - et c'est mon intention - des recommandations. Si
tant est qu'il faut obtenir un Conseil des ministres spécial dans la
journée de lundi, immédiatement après nos travaux, j'ai
l'intention de faire l'impossible pour qu'il n'y ait aucun vide juridique.
Je vais aller plus rapidement sur les autres questions qui ont
été posées.
M. Polak: M. le Président, j'ai une question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Question de règlement,
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: On parle d'entente. Ce matin, on a fait une entente de
principe concernant le bloc de temps. On a commencé à 10 h 20 au
lieu de 10 heures. Donc, une demi-heure pour ce dossier; je sais que c'est un
dossier très important, avec les questions posées et les
réponses données. Mais on est déjà rendu à
presque 45 minutes là-dessus; ensuite, il y a eu le député
de Marquette. Il ne reste presque plus de temps pour moi, je ne veux tout de
même pas commencer à 12 h 30 pour poser une couple de
questions.
Donc, est-ce qu'on va s'en tenir à cette période de temps?
Si le député donne encore d'autres renseignements, qu'est-ce
qu'on fait? Une entente, est-ce que cela lie, oui ou non? Où est-ce
qu'on va? Je n'ai aucune objection, s'il y a moyen de continuer plus tard, je
suis prêt à y retourner n'importe quand, je trouve cela
très
intéressant. Je ne voudrais tout de même pas devenir la
victime de cette affaire-là.
Une voix: Être sur les accidents de travail.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne, je voudrais simplement vous rappeler qu'effectivement une
espèce d'entente a été signalée ce matin par le
député de Jean-Talon, à savoir qu'on devrait prendre une
demi-heure sur l'OCQ en ce qui concerne la construction. J'ai pris quelques
notes sur le temps et, effectivement, nous avons commencé à 10 h
20, le député de Mégantic-Compton a utilisé son
droit de parole jusqu'à 10 h 45, et, depuis 10 minutes, c'est le
ministre qui répond. Si les questions sont moins longues et les
réponses moins longues, on réussira sûrement à
rester dans les limites du temps, mais cela dépend un peu des deux
parties. Après que les questions ont été posées,
c'est normal qu'il y ait des réponses.
M. Rivest: Le député de Sainte-Anne a peur
d'être victime d'un accident de travail.
M. Polak: Est-ce que l'on peut négocier ouvertement la
division d'un bloc de temps? Je n'ai aucune objection à le faire, au
moins on sait où l'on va. On dira: À telle heure, on va
arrêter tel et tel dossier.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Notre préoccupation - je pense que c'est celle
du député de Sainte-Anne - c'est qu'on aimerait avoir une bonne
période d'une heure et demie pour la Commission de la santé et de
la sécurité du travail. On a besoin d'un certain temps.
M. Marois: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Marois: Quant à moi, je veux bien respecter les
ententes, mais si les remarques et la question prennent 25 minutes... Si vous
voulez, je vais prendre note de vos questions, je vais fermer mes dossiers et
je vais vous écouter avec plaisir, mais je ne pourrai pas fournir les
réponses. J'ai une liste de questions. Écoutez, j'en ai
noté une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, j'ai douze
questions à commenter. Je peux fermer les livres, ne pas parler de la
tutelle, ne pas parler de l'OCQ, ne pas vous dire ce que j'ai l'intention de
faire concernant le PDG et vous écouter; je vais respecter
l'entente.
M. Dean: Vous posez une question de 20 minutes et vous voulez une
réponse en quelques secondes.
Le Président (M. Bordeleau): Pour qu'on reprenne
immédiatement nos travaux, je voudrais simplement signaler que chacun a
son droit de parole. Je vais demander aux membres de la commission toute leur
collaboration pour poser les questions les plus courtes possible, et je pense
que les réponses seront également plus courtes.
M. Bélanger: Je peux vous assurer, pour ma part, que je
n'ai pas d'autre question, et si le ministre veut s'en tenir à des
réponses brèves, je vais les accepter également. J'aurais
peut-être une suggestion à faire immédiatement, pendant que
j'ai le droit de parole, pour ne pas y revenir. Est-ce que le ministre n'a pas
pensé à envisager la possibilité, étant
donné qu'on parle d'une relance dans le domaine de la construction
domiciliaire, d'abolir tout simplement, pour cette année, les vacances
obligatoires de deux semaines à la fin de juillet? Nous lançons
un programme, comme le décret que nous allons discuter lundi - c'est
pour cela que je vous donne un préavis - de relance qu'on veut
immédiate et, tout de suite après, on a 15 jours,
obligatoirement, où tous les chantiers du Québec doivent fermer.
Je veux simplement lui suggérer cela et lui dire également qu'un
de ses ex-collègues du Conseil des ministres, M. O'Neill, a
déclaré à la télévision que le
règlement de placement dans le domaine de la construction était
le règlement le plus stupide, je reprends ses mots, qu'il lui avait
été donné de connaître. C'est tout pour moi, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le ministre,
vous pouvez continuer vos réponses.
M. Marois: Je prends note des commentaires du
député de Mégantic-Compton sur les vacances, il les
suggérera aux parties syndicale et patronale, si elles s'entendent, on
les mettra dans le décret. En ce qui concerne la tutelle du 144, j'ai le
rapport des tuteurs et ils me recommandent pour l'instant, étant
donné les conditions de vie dans ce local, de ne pas lever la tutelle.
Quand les tuteurs me recommanderont de le faire, je le ferai avec plaisir. En
ce qui concerne le président de l'OCQ, c'est un travail colossal,
difficile et complexe; dès que j'aurai arrêté un choix, je
le transmettrai au Conseil des ministres et l'on communiquera, on rendra
publique la décision; pour l'instant, ce n'est pas encore fait. En ce
qui concerne le renouvellement du décret... Voilà ce que j'avais
à dire, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M.
l'adjoint parlementaire et député de Prévost. Ce sera
ensuite le député de Duplessis.
M. Dean: Quand une cassette fait le tour du monde pendant qu'elle
joue, il faut quand même que, pour enregistrer une autre cassette, on
fasse le tour aussi, si on veut répondre sérieusement. Cassette
pour cassette, on va en enregistrer toute une. Je voudrais commenter
brièvement un certain nombre de choses. D'abord, on a dit que, selon
l'expérience passée, pour cette année par exemple, en ce
qui concerne la baisse de la construction domiciliaire, il y a, dans ce qu'on
appelle le logement familial, un taux de vacance actuel très
serré de 1%, c'est-à-dire qu'il y a un grand besoin de
construction de logements de nature familiale. L'expérience du
passé a démontré que, lorsque le taux de vacance est
à 1% avec des taux d'intérêt normaux, sans que personne
n'intervienne, les lois du marché feraient en sorte qu'il y ait au moins
50 000 débuts de construction cette année. S'il n'y en a que 25
000 ou environ, se peut-il que, malgré que nos amis n'aiment pas parler
du fédéral, les taux d'intérêt soient un facteur
dans cette situation? Cela se peut fort bien parce que tout le monde est
d'accord que c'est une partie du problème.
On parle du fameux règlement de placement, mais tous les
problèmes constatés dans l'industrie de la construction avant la
commission Cliche étaient dus en bonne partie à un surplus
inexcusable de personnel pour le nombre d'emplois; à l'époque il
y en avait 200 000 qui avaient des cartes de compétence pour 100 000
emplois. C'est cela qui provoquait le désordre; c'est qu'il y avait un
manque total de politique de main-d'oeuvre dans la construction comme dans bien
d'autres secteurs. L'industrie de la construction était une passoire
pour n'importe qui et cela se faisait au détriment des travailleurs qui
voulaient gagner leur vie. Les faits prouvent que les travailleurs de la
construction travaillaient moins de six mois par année avec le salaire
que cela comporte. La commission Cliche, ce n'était quand même pas
trois fous qui étaient là; ce sont trois personnes très
respectables qui ont fait une carrière. Ils ont constaté dans le
rapport que le manque de politique de main-d'oeuvre dans la construction
était la cause de la plupart des problèmes.
On est rendu à 132 000; le nombre d'emplois dans l'industrie de
la construction à l'heure actuelle, c'est dans les environs de 60 000 ou
70 000. Donc, il y a encore un surplus.
Le député de Mégantic-Compton parle de ce droit
fondamental de travailler dans le métier qu'on a choisi. Je suis
d'accord, sauf que ce n'est pas le fait de choisir un métier qui
crée un emploi. Les avocats ont bien réglé leur
problème, ils ont le droit de choisir leur métier mais les
candidats ne peuvent même pas étudier le droit avant que le
barreau leur dise qu'ils ont la possibilité de le faire. On
contrôle le nombre d'étudiants. On pourrait dire: II y a 25 000
jeunes Québécois qui veulent choisir la pharmacie et ils exigent
la reconnaissance de leur droit d'étudier et de pratiquer. Il y a un
contrôle, même de l'entrée dans le système scolaire,
de ceux qui veulent pratiquer, et c'est vrai pour un tas de métiers ou
de professions.
Je veux bien qu'il y ait une politique de main-d'oeuvre dans la
construction, comme je voudrais qu'il y ait une politique de main-d'oeuvre en
général pour établir de meilleurs liens entre la formation
à l'école et les besoins du marché du travail. Mais, en
1969, quand le gouvernement de l'Union Nationale a adopté une loi sur la
qualification de la main-d'oeuvre, j'ai été un de ceux qui
étaient tout enthousiasmés par cette loi qui voulait instaurer
une politique de main-d'oeuvre; c'était en 1969; mais, en 1976, on
attendait encore une politique de main-d'oeuvre.
Mme la députée de Chomedey, l'autre jour, a
constaté...
M. Rivest: En 1982, on attend encore.
M. Dean: Oui, mais vous n'attenderez pas beaucoup plus longtemps
parce qu'au moins on travaille à cela.
M. Rivest: M. Bourassa...
M. Dean: Mme la députée de Chomedey, l'autre jour,
avec beaucoup de justesse, a constaté qu'il y a des métiers
techniques et technologiques où il y a des besoins, des emplois mais il
n'y a pas de travailleurs formés. Il y a d'autres métiers
où l'on s'acharne à former de futurs travailleurs mais où
il n'y a pas de débouché. Cela est une question qu'il faut
régler le plus rapidement possible, je suis d'accord avec cela, mais ce
n'est pas en disant que le jeune... que quand il y a un surplus de personnel
qualifié dans l'industrie, on ouvre la porte et on laisse entrer tout le
monde dans... Ce n'est pas rendre service, à moins que le
député de Mégantic-Compton soit en faveur du sous-emploi
permanent. Veut-il qu'on donne des cartes à tous les jeunes et que ces
jeunes-là, qui croient qu'ils vont travailler
régulièrement pendant toute leur vie, la passent à
travailler cinq mois par année et gagnent des salaires annuels qui
n'équivalent même pas à ceux des plus petits
salariés du secteur public? Écoutez, il ne faut pas trop
"charrier" là-dessus. (11 h 15)
Je veux souligner ceci juste en passant,
quand on parle des jeunes. Il faudrait aussi peut-être faire en
sorte que le système d'apprentissage dans la construction ne soit plus
une façon d'exploiter du "cheap labour" sous le prétexte de
former des travailleurs, comme c'était le cas auparavant... qu'on offre
aujourd'hui à des jeunes la garantie de quelques centaines d'heures par
année, mais après que le gars a fait deux ou trois ans
d'apprentissage que sa possibilité d'embauche soit moindre. On a connu,
à l'époque non contrôlée de l'industrie de la
construction, des apprentis qui, aussi longtemps qu'ils étaient en bas
du taux de salaire des hommes de métier, travaillaient cinq ans presque
sans répit pour compléter leur apprentissage, et après
qu'ils l'avaient complété et qu'ils avaient leur carte de
compétence, ils tombaient en chômage pendant des mois et des
années.
M. Bélanger: Plus le droit de travailler.
M. Dean: Le droit au travail est un droit très noble, que
tout le monde reconnaît. J'ai beau avoir la formation pour travailler
chez General Motors, chez Pratt et Whitney ou dans une société de
votre comté, M. le député de Mégantic-Compton, si
cette entreprise n'a pas d'emplois à offrir, j'ai le droit au travail,
mais il faut toujours bien créer des emplois pour donner du travail. Sur
la question du monopole de placement...
M. Bélanger: Très intéressant:
M. Dean: C'est très intéressant, parce que le
député de Mégantic-Compton sait certainement que l'article
12.02 du règlement de placement dit que l'employeur peut embaucher
directement des salariés pour effectuer des travaux dans l'industrie de
la construction sans avoir recours à une agence de placement. Il y a
trois sources de placement possibles: D'abord, ce qu'on appelle à la
barrière: c'est l'employeur qui peut choisir n'importe qui de son choix,
il n'est même pas lié par des règles d'ancienneté
comme dans d'autres secteurs industriels où il y a des syndicats et
l'office. Est-ce que le député de Mégantic-Compton sait
que 70% des placements dans la construction sont faits à la
barrière par un employeur qui a le choix absolu de sa main-d'oeuvre de
10% à 15% par des parents, de 10% à 12% par les syndicats?
M. Bélanger: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Prévost. Question de règlement, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, pour faciliter la
tâche à l'adjoint parlementaire et également pour gagner du
temps, j'aimerais qu'on parle seulement du gazoduc, parce que c'est là
qu'on a découvert le plus grave problème de monopole
d'embauche.
Le Président (M. Bordeleau): Ce n'était pas...
M. Dean: Je ne charrie pas, le monopole de placement...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Prévost.
M. Dean: ... les faits sont têtus. Évidemment, les
cassettes n'aiment pas les faits, parce que les faits bloquent les cassettes.
70% des placements dans toute l'industrie de la construction se font à
la barrière par l'employeur qui a le libre et total choix de sa
main-d'oeuvre; de 10% à 15% sont le choix des parents; de 10% à
12% de tous les placements dans l'industrie de la construction sont faits par
des syndicats et 4% par l'OCQ. Quand on parle de monopole de placement, il y a
des problèmes, il y a eu des problèmes. On fait tout ce qui est
en notre pouvoir pour régler ces problèmes, mais
considérer le monopole du placement comme si c'était une
vérité à 100% absolue, partout, c'est tout simplement
charrier. Des cassettes de cette nature, cela risque de faire des
courts-circuits dans la machine.
Sur la tutelle, je veux juste...
M. Bélanger: Une autre question de règlement...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, je regrette, mais je
voulais avoir seulement les chiffres d'embauche sur le gazoduc. C'est tout ce
que je veux avoir. Je ne veux pas qu'on relève toute l'industrie de la
construction, le système d'embauche de l'industrie, mais sur le
gazoduc...
M. Dean: II faudra effacer toute la transcription du discours de
25 minutes que le député a fait au début. Il veut couvrir
l'histoire du monde. C'est comme les ML. Les ML posent des questions de vingt
minutes et te demandent une réponse en quinze secondes.
M. Bélanger: Qu'est-ce que c'est, les ML?
M. Dean: Militants libéraux.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Prévost, vous pouvez continuer.
M. Dean: Je suis assez naïf pour croire que tous les
députés à l'Assemblée nationale sont
sérieux. Quand on soulève une question, cela mérite une
réponse. C'est avec cela qu'on fait de la démocratie, un
échanqe de choses. Quand on se met à poser des questions pour le
plaisir d'en poser, quand on craint la vérité, quand on craint
les réponses, c'est une déformation du système
parlementaire, quant à moi. Pour ce qui est de la tutelle du 144, je
vais seulement dire, en passant, que j'ai personnellement fonctionné
comme tuteur d'un syndicat. Je suis d'accord que le but d'une tutelle, c'est de
corriger un excès, une erreur, des agissements qui sont contre le
principe du fonctionnement honnête, intègre et démocratique
d'un syndicat. Le but d'une tutelle, c'est de remettre le syndicat dans les
mains de ses membres. Tous les syndicats mis en tutelle par le gouvernement
sont maintenant remis dans les mains de leurs membres, sauf le 144, parce que
le tuteur n'est pas encore convaincu que ce syndicat est capable de prendre en
main ses propres affaires et de remettre le pouvoir dans les mains de ses
propres délégués élus. J'aurais bien d'autres
choses à dire, M. le Président, mais on va s'arrêter
là.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Prévost.
M. le ministre, vous voulez ajouter une information?
M. Marois: On peut bien lancer les chiffres qu'on voudra, mais
ça ne refléterait pas la réalité de la situation
actuelle. Les travaux du gazoduc ont été, à toutes fins
utiles, arrêtés durant la période du dégel et
reprennent le 31. J'ai fait parvenir un télégramme au
président de Trans Québec & Maritimes il y a quelques jours
pour lui rappeler le contenu de ma lettre du 17 février, laquelle
était très précise quant aux droits et aux obligations des
uns et des autres et disait que nous entendions nous assurer que c'était
pleinement respecté.
C'est à la suite de nos interventions, contrairement à ce
qu'a laissé entendre le député de Mégantic-Compton,
que les travailleurs d'autres allégeances syndicales ont pu commencer
à entrer sur les chantiers et la situation a évolué en
cours de chantier. J'avais un rapport quotidien qui tombait sur ma table de
sorte qu'on pouvait suivre cela. En plus de cela, grâce, pour la
première fois, à des liens très, très
étroits et, comme on dit en québécois, tricotés
serrés avec le ministère de la Justice, il y a eu et il y a
encore un suivi des plaintes concernant des travailleurs, des leaders
syndicaux, des entreprises, les unes acheminées selon les voies
légales au ministère de la Justice, les autres à l'Office
de la construction du Québec. Des poursuites ont été
intentées, c'est publiquement connu. J'ai envoyé un
télégramme, il y a quelques jours, au président de Trans
Québec & Maritimes et à ses adjoints pour bien indiquer la
volonté du gouvernement de continuer à suivre de très
près ce chantier, notamment, qui est un gros chantier, extrêmement
important, et de s'assurer que les droits des uns et des autres étaient
pleinement respectés. Les indications que j'ai au moment où on se
parle, c'est que la situation devrait encore s'améliorer davantage dans
la poursuite des travaux.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
M. Bélanger: M. le Président, juste une minute.
Le Président (M. Bordeleau): Vous m'aviez dit tantôt
que vous n'aviez plus d'autres questions. Remarquez que je ne veux pas vous
enlever le droit de parole...
M. Bélanger: C'est que le ministre en a soulevé
une.
Le Président (M. Bordeleau): ... c'est pour vos
collègues. En tout cas, allez-y, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Moi, j'ai des chiffres en date du 1er mars.
C'est pour ça que j'ai dit qu'en date du 1er mars 1982, sur le chantier
du gazoduc où je me suis rendu personnellement, où on a connu des
troubles, de la violence, il y avait là un monopole d'embauche, à
98%, par la FTQ. Maintenant, que le ministre ait fait des interventions pour
corriger...
M. Marois: Je peux dire que 98%, c'est inexact. C'est
inexact.
M. Bélanger: Ce sont les chiffres que j'ai ici.
Entendons-nous pour 97%.
M. Marois: Non, non, non. On ne fera pas un règlement hors
cour et on ne négociera pas les chiffres. Les faits sont réels et
les faits sont têtus ou, alors, dans les chiffres qui me sont retransmis
par les entrepreneurs et par - comment l'appelle-ton? - Trans Québec
& Maritimes...
M. Bélanger: TQM.
M. Marois: ... oui, d'accord... le propriétaire, il y a
quelqu'un qui me ment, car ça ne correspond pas aux chiffres qui m'ont
été fournis et qui tombaient sur ma table quotidiennement, de
sorte qu'on pouvait voir évoluer la situation. Et on était, en
plus, en contact, forcément, aussi avec non seulement les centrales
syndicales, mais les locaux syndicaux. Il y avait des travailleurs
de la CSD sur le chantier, il y avait des travailleurs de la CSN, il y
avait des travailleurs du 144 sur le chantier, il y avait des travailleurs du
Conseil provincial international sur le chantier, il y avait des travailleurs
de la FTQ aussi. Forcément, il y en avait beaucoup de la FTQ; elle
représente dans ce genre de métier plus de la majorité des
travailleurs.
M. Bélanger: J'aimerais que le ministre me fasse parvenir
ses chiffres pour que je puisse les comparer avec les miens.
M. Marois: Vous voulez les chiffres à quelle date? Vous
savez comme moi que le chantier du gazoduc est un chantier qui voyage.
M. Bélanger: Au 1er mars 1982.
M. Marois: Au 1er mars. On vous fera parvenir le tableau jusqu'au
1er mars, monsieur.
M. Bélanger: D'accord, merci. M. Marois: J'en
prends note.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Monsieur le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Je voudrais toucher quatre points spécifiques en rapport avec le
règlement no 5, soit le règlement de placement. Contrairement aux
militants libéraux et contrairement aux élus libéraux, je
suis très favorable à ce que le règlement de placement
demeure. Cependant, il y a des choses qu'il faut sûrement
améliorer, dans ce règlement, sur lesquelles j'ai
déjà fait des interventions en commission parlementaire l'an
dernier. J'aurais quatre questions à poser au ministre. Je vais poser
les quatre questions, le ministre peut en prendre note et, par la suite, me
répondre sur chacun des points.
Premièrement, combien y a-t-il de travailleurs enregistrés
actuellement, avec des permis d'enregistrement, dans la construction?
Deuxièmement, combien sont actuellement au travail?
Troisièmement, cela se rapporte à l'article 12.12 qui
concerne l'entrepreneur qui a un contrat après une soumission ou sans
soumission, c'est selon; cela peut être aussi un contrat
négocié. Supposons que l'entrepreneur obtienne un contrat dans
une autre région que la sienne; l'article 12.12 lui permet d'amener avec
lui tout travailleur qui est considéré comme permanent et qui a
travaillé pendant plus de six mois dans l'entreprise concernée.
Voici un exemple précis de cet article 12.12 qui cause des
préjudices dans certaines régions du Québec, dont la
mienne: C'est un entrepreneur du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui vient d'obtenir un
contrat dans la ville de Gagnon. Il arrive dans la ville de Gagnon
dernièrement avec à peu près 95% de travailleurs qui
viennent du Saguenay-Lac-Saint-Jean, cependant que chez moi, dans la
région 09, il y a à peu près 60% des travailleurs de la
construction qui ne travaillent pas. Est-ce qu'il y aurait une
possibilité que l'article 12.12 soit amendé afin de permettre que
ce soit plus régionalisé? Cela pourrait être amendé
dans le sens suivant: par exemple, on pourrait dire que, si l'entrepreneur a
besoin de tant de travailleurs de la construction, disons une centaine, il
pourrait en amener une vingtaine avec lui, soit à peu près 20%,
ou encore cela pourrait être amendé dans le sens que
l'entrepreneur n'amène avec lui que les contremaîtres.
Ma quatrième question concerne les apprentis. Comme le
mentionnait tout à l'heure un député à cette
commission parlementaire, les étudiants qui sortent, par exemple, du
secondaire V avec un métier de plombier ont beaucoup de
difficultés à se trouver un emploi dans le domaine de la
construction, à moins que la banque régionale ne soit vide. Je
voudrais savoir s'il n'y aurait pas possibilité d'amender l'article
concernant les apprentis dans le sens qu'un apprenti qui obtient un emploi
garanti d'un entrepreneur pourrait obtenir son permis d'enregistrement dans la
construction, surtout si l'entrepreneur veut avoir cet apprenti.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Perron: Cela a été appuyé par les ML. (11
h 30)
M. Marais: M. le Président, très rapidement. Le
nombre de travailleurs enregistrés: 92 000.
Le nombre de travailleurs au travail, évidemment, cela fluctue.
L'ordre de grandeur qu'on me donne, c'est 60 000. En ce qui concerne l'article
12.12 - il reste maintenant l'étape du conseil d'administration de
l'Office de la construction du Québec à franchir - je n'ai pas
encore reçu le projet d'amendement du règlement de placement;
dès que je l'aurai, je pourrai répondre à la question du
député à savoir si oui ou non on touche, dans le projet
d'amendement, à cet article. Ce qu'on m'indique, cependant c'est
peut-être important de le noter - c'est que sur 45 000 travailleurs qui
disposent d'une carte avec droit d'utiliser l'article 12.12, en 1980 seulement
5000 s'en sont prévalus.
Quant à la question des apprentis, de ceux qui ont une
espèce d'emploi garanti à la sortie, présentement on sait
que ces gens
viennent, quant aux possibilités d'obtenir un emploi,
après que le bassin de ceux qui ont droit à un emploi dans la
sous-région a été vidé. D'après les
indications que j'ai, il y aurait un certain nombre d'ajustements qui seraient
prévus dans le projet de règlement. Je serais à même
de répondre de façon beaucoup plus précise quand j'aurai
le projet en main.
D'ailleurs, c'est mon intention, comme je l'ai déjà
indiqué, de réunir des parlementaires pour examiner le projet
quand je l'aurai en main.
M. Perron: M. le Président, une couple de questions
toujours sur le règlement de placement et les travailleurs dans la
construction. On sait qu'il y a à peu près 32 000 travailleurs
qui ont perdu leur permis d'enregistrement à un certain moment. Est-ce
que le ministre pourrait nous dire combien ont été
réinscrits à la suite des appels qui furent faits par les
travailleurs de la construction?
M. Marois: Dans un premier temps, sur les 32 000, il faut diviser
le bloc en deux puisqu'il y en avait 20 000 qui n'avaient aucune heure
même pas un minimum de 100 heures par année sur une période
de cinq ans.
M. Perron: Dans ces 20 000, il y avait aussi des travailleurs de
la construction qui étaient déjà au travail dans d'autres
métiers que la construction.
M. Marois: Le bloc de 20 000, c'étaient des gens qui
n'avaient aucune heure, même sur la base du règlement tel qu'il
est fait actuellement, soit le minimum qui donne droit à la carte, 100
heures par année sur une période de cinq ans. Sur les 12 000 qui
restaient, qui avaient effectivement des heures, à la suite de toutes
les démarches, des contacts qui ont été faits,
présentement 6000 ont obtenu, sur simple appel au niveau local, leur
carte et environ 2000 sont en révision, ce qui veut dire 8000.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. M. le
député de Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Mon collègue de
Jean-Talon... Oui?
M. Marois: Je voudrais remercier en notre nom M. Gagnon, M.
Ménard et les autres membres de l'Office de la construction, qui se sont
déplacés, ainsi que les gens du ministère, pour nous aider
à communiquer des réponses à vos questions.
M. Rivest: Je vais demander au ministre de transmettre au
gouvernement les désirs les plus chers des gens de l'Office de la
construction, soit que le gouvernement prenne ses responsabilités pour
relancer l'industrie de la construction. Ce serait peut-être une
excellente base de solution aux problèmes que mon collègue de
Mégantic-Compton et nos autres collègues ont
évoqués.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député.
M. Marois: C'est pour cela que nous travaillons
présentement avec les partenaires sociaux et économiques, y
inclus les institutions financières pour mettre au point un programme
qui, s'il pouvait se réaliser, serait d'une envergure qu'on n'aurait
jamais vue au Québec dans le secteur domiciliaire.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
Immédiatement, on peut aborder la question des programmes d'emploi. M.
le député de Marquette.
Le bon d'emploi
M. Dauphin: Programme 4. Merci, M. le Président. Comme
l'entente a été prévue que nous devons procéder
brièvement, je vais me concentrer surtout sur le programme du bon
d'emploi - j'aurai certaines questions à poser au ministre - ainsi que
sur le programme du placement étudiant. À la suite de cela,
j'aurai quelques questions générales auxquelles il pourra
répondre ultérieurement si jamais le temps presse trop.
Effectivement, en Chambre, on nous a confirmé qu'au niveau du placement
étudiant, secteur privé, le programme avait été
remplacé par un nouveau programme consistant en l'engagement de 195
étudiants, qui à ma connaissance ont commencé leur travail
la semaine dernière. Jeudi passé, j'avais posé des
questions à l'adjoint parlementaire du ministre, à savoir quelles
étaient les prévisions de création d'emploi chez les
étudiants pour cet été. Il m'avait fourni une
réponse au niveau du secteur public, soit 2270 demandes
d'étudiants faites par des employeurs dans le secteur public. Au niveau
du secteur privé - je comprends que cela a débuté la
semaine dernière - il m'avait donné un chiffre assez
approximatif. Alors, j'aimerais savoir les prévisions dans le secteur
privé pour cet été.
M. Marois: Je peux répondre immédiatement à
cette question. Vous aurez les blocs de comparaison. Sur la base du programme
tel qu'il existait l'an dernier avec, entre autres, la subvention,
c'était quelque chose entre 300 $ et 400 $. Incidemment, le
sous-ministre associé a eu l'occasion de rencontrer le Conseil du
patronat, tout récemment, - je tiens à le
dire parce que cela a été fait lors d'une rencontre
publique - pour expliquer le programme, inviter les employeurs à se
prévaloir des services de nos centres de main-d'oeuvre et du Service de
placement étudiant. Le Conseil du patronat s'est dit parfaitement
d'accord avec la mesure en disant qu'effectivement, à la suite des
relevés, de nos études, des enquêtes qui ont
été faites, les 300 $ ou 400 $ étaient la raison majeure
de l'embauche.
Sur la base des chiffres, en 1981, il y a eu 110 699 inscriptions
d'étudiants dans nos fichiers. Il y a eu 9269 placements en entreprise
privée, 3851 placements dans les secteurs public et parapublic, et 161
étudiants et étudiantes qui ont pu bénéficier des
échanges interprovinciaux. Tout cela faisait partie de ce qu'on appelle
le placement étudiant.
Les objectifs. D'une part, l'adjoint parlementaire vous a
communiqué les chiffres de ce qui s'était réalisé
à ce jour, depuis le démarrage du programme. Les objectifs sont
les suivants, pour 1982, sur la base du nouveau programme et avec la mise
à contribution de 195 étudiants et étudiantes dans toutes
les régions du Québec: 111 000 inscriptions au fichier. Quant
à l'objectif dans le secteur privé de placement, nous visons un
objectif de 10 250, dans le secteur gouvernemental, la même chose que
l'an dernier, 3850. Nous en prévoyons, sur la base des échanges
interprovinciaux, 150.
M. Dauphin: D'accord. Sous l'ancien programme, on assujettissait,
si vous me permettez l'expression, pour l'octroi de la subvention les
employeurs à certaines conditions. Entre autres, on exigait que
l'employeur, pour qu'il puisse avoir droit à la subvention, engage
l'étudiant pour un minimum de 180 heures, alors qu'avec le nouveau
programme, à ma connaissance, il n'y a aucune condition d'exigée.
C'est vrai qu'il n'y a pas de subvention d'accordée...
M. Marois: C'est cela. Incidemment, c'est en le prenant par ce
biais qu'on pourrait l'aborder par d'autre. Le programme devient beaucoup plus
souple pour les employeurs, pour les étudiants et étudiantes
aussi, qu'il ne l'était. À partir du moment où il y a des
subventions, il faut un certain nombre de critères, de normes et de
balises.
M. Dauphin: Sauf qu'autrefois, ce programme...
M. Marois: Le programme, en passant -le sous-ministre me le fait
remarquer mais c'est important de le signaler - c'était un programme de
placement étudiant pour l'été, alors que le programme
actuel est un programme de placement étudiant ouvert durant toute
l'année. Pensez, par exemple, aux périodes des fêtes,
à certaines périodes de relâche, de vacances et le reste
qui proviennent en cours d'année et pas nécessairement uniquement
durant la période d'été.
M. Dauphin: Sauf que le ministre admettra que cela fournissait
à l'étudiant une certaine garantie de travail pour pouvoir
poursuivre ses études l'année subséquente de par les
conditions exigées, 180 heures. Tandis que, maintenant, il existe quand
même une certaine pression chez l'étudiant, du fait qu'il peut
être congédié au bout de 3, 5, ou 7 jours, ce qui ne donne
aucune garantie à l'étudiant par rapport à ce qui existait
autrefois.
M. Marois: Je vais essayer de retracer, si on ne les retrace pas
aujourd'hui, je les enverrai au député, on va en prendre note...
On fournira - parce qu'on les avait, je les ai déjà vus - les
chiffres sur le nombre d'étudiants ou d'étudiantes qui ont obtenu
un emploi uniquement par le biais de la subvention. Le député se
rendra compte que, sur le nombre d'étudiants et d'étudiantes qui
ont obtenu un emploi, cela représente un pourcentage infime, ceux qui
ont réussi à l'obtenir dans le passé uniquement
grâce à la subvention.
M. Dauphin: J'insistais surtout sur les conditions exigées
de l'employeur, c'est-à-dire de garantir un minimum de cinq semaines de
travail à l'étudiant pour qu'il puisse ramasser un "motton"
d'argent pour poursuivre ses études l'année suivante. Pour cet
été, il n'y a absolument rien de garanti. Autrement dit,
l'étudiant peut être placé en vertu du placement
étudiant de par le travail des 195; il faut les encourager, je pense, au
départ, ne pas être négatif. Les étudiants peuvent
être congédiés quelques jours plus tard, tandis que, sous
l'ancien programme, on leur assurait un minimum de 180 heures de travail pour
l'été. C'est le point que je voulais soulever concernant le
nouveau programme.
Concernant les conditions d'admissibilité au programme du bon
d'emploi, le chômeur doit être à la recherche d'un emploi
depuis au moins six mois, être inscrit dans un centre de main-d'oeuvre.
La question qu'on se posait était celle-ci: Le fait d'exiger six mois
à la recherche d'un emploi, six mois sans travail, est-ce que cela
n'encourage pas, effectivement, des jeunes à se mettre soit sur l'aide
sociale ou sur l'assurance-chômage pour avoir droit au programme du bon
d'emploi? Je prends, par exemple, au niveau du secteur professionnel, un jeune
qui aurait une certaine formation et qui voudrait profiter du bon d'emploi pour
se dénicher un emploi intéressant et qui, pour subvenir à
son existence, aurait dû se trouver un emploi
ailleurs que dans sa compétence. Pour bénéficier de
cette espèce de bon d'emploi qui lui fournirait peut-être un
travail plus intéressant, en principe, il doit laisser son emploi. C'est
la question que je me posais, à savoir...
M. Marois: Oui.
M. Dauphin: ... pourquoi exiqer cela pour devenir admissible au
programme du bon d'emploi.
M. Marois: Je peux répondre immédiatement à
la question du député. D'abord, je pense qu'il faudrait apporter
une correction. Le député verra à la lecture -cela
apparaît dans le dépliant qui a été rendu public et
qui est disponible; toutes les conditions sont là - que la condition, ce
n'est pas, comme il l'a laissé entendre, d'être inscrit au centre
de main-d'oeuvre depuis six mois, pas du tout. C'est d'avoir un diplôme
depuis six mois. La nuance est de taille parce que là, on comprend le
sens des six mois. Pourquoi avoir un diplôme depuis six mois? Il y a bon
nombre d'étudiants et d'étudiantes qui ont un diplôme
depuis six mois et qui se sont trouvé un emploi. L'objectif du programme
n'est pas de subventionner tous les emplois qu'obtiennent tous les finissants
ou finissantes des niveaux prévus automatiquement à partir du
moment où ils possèdent un diplôme. Le laps de six mois de
recherche, c'est que précisément, par le bon d'emploi, on vise
à aider ceux et celles qui ne réussissent pas, après un
certain temps, à se trouver un emploi. Ce sont ceux-là qu'on
cherche à aider pour briser le cercle vicieux qu'on connaît bien,
qui fait que des jeunes se présentent chez des employeurs et qu'on leur
dit: Avez-vous de l'expérience? Non, je n'ai pas d'expérience. Si
vous n'avez pas d'expérience, vous n'aurez pas d'emploi. C'est comme le
chat qui court après sa queue: pas d'expérience, pas d'emploi;
pas d'emploi, pas d'expérience. Ce que le bon d'emploi vise, c'est
à donner le coup de pouce qui permet de briser ce cercle vicieux et
d'ouvrir une perspective d'emploi, de donner une première chance
à un jeune d'obtenir un emploi. C'est le sens des six mois. La condition
n'est pas d'être inscrit depuis six mois, mais d'avoir un diplôme
depuis six mois. (11 h 45)
Une voix: Est-ce que ceux qui ont déjà
travaillé sont admissibles aussi?
M. Marois: En ce sens, ceux qui ont travaillé dans un
autre secteur sont admissibles aussi.
Le Président (M. Bordeleau): Sur le même sujet,
est-ce que vous voulez continuer dans le même sens?
M. Dauphin: J'en ai plusieurs autres.
M. Marois: Peut-être qu'il serait intéressant de
signaler qu'on dispose, jusqu'au 14 mai, d'un certain nombre de chiffres qui
sont indicateurs de pas plus que ça peut signifier rendu au 14 mai,
puisque ça a démarré, comme le député le
sait, le 1er mai. En passant, une des conditions, c'est d'avoir un
diplôme de formation professionnelle de niveau secondaire,
collégial ou universitaire, mais également un programme de
formation générale de niveau secondaire V au moins. Et là,
il y avait certaines craintes, quand on a ouvert du côté du
général, mais les résultats sont les suivants: du 1er au
14 mai 1982, selon les chiffres qui me sont communiqués, - j'aurai donc
des chiffres plus à jour avant longtemps - le nombre de bons qui ont
été délivrés est de 2014. Ceux qui provenaient du
secteur général, 330, donc 16,4%; ceux du secteur professionnel,
1684, c'est-à-dire 83,6%. Ça, ce sont les bons qui ont
été délivrés.
Le nombre de subventions accordées -parce qu'une fois le bon
accordé, il faut l'arrimage avec l'emploi et l'employeur, -292, le 14
mai. On va retrouver sensiblement les mêmes données. Dans des
emplois directement reliés à la formation - cela, je pense que
c'est intéressant comme chiffres, -246, c'est-à-dire 84,2%, et
dans un emploi non directement relié à la formation, 45,
c'est-à-dire 15,8%: Évidemment, cela n'indique pas plus que cela,
parce que c'est sur une période de quinze jours, mais quand même,
il y a là quelque chose d'intéressant. On va voir comment,
après quelques mois, après trois, quatre mois, ça va
devenir plus significatif. On ne peut pas dégager de tendance, mais je
pense que c'est intéressant comme chiffres.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Duplessis, sur le même sujet.
M. Perron: Ce n'est pas tout à fait cela, non, ce n'est
pas le placement étudiant; ça concerne le placement à
Hydro-Québec, mais pas pour les étudiants.
Le Président (M. Bordeleau): Si c'est sur le même
sujet, vous pouvez continuer, M. le député de Marquette, on
reviendra un peu plus tard au député de Duplessis.
M. Dauphin: Oui, je n'en ai pas pour longtemps, je veux juste
poser des questions; il y a mon collègue de Sainte-Anne qui
s'impatiente.
M. Polak: Depuis dix heures ce matin.
M. Rivest: Soyez patient.
M. Dauphin: II y a une autre crainte,
M. le ministre, c'est qu'après l'expiration du délai de 20
semaines...
M. Marois: Est-ce que la Commission de la santé et de la
sécurité du travail a amené un médecin avec elle?
Je vois le député de Sainte-Anne s'impatienter, j'ai peur que sa
tension...
M. Rivest: ... je pense que les fonctionnaires de la commission
de la santé commencent à s'inquiéter de ce qui les
attend.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! Pour
justement permettre que le député de Sainte-Anne soit le plus
patient possible ou devienne le moins impatient possible, M. le
député de Marquette, continuez donc.
M. Dauphin: Au sujet du budget autorisé au programme du
bon emploi, je crois que le ministre, en conférence de presse, a
parlé de 9 000 000 $ qui, cette année, avaient été
prévus pour ce programme - il confirmera ou infirmera - qui va profiter
à environ 3000 jeunes. Sans faire de partisanerie, si je me
réfère à la dernière campagne électorale, il
était question de montants beaucoup plus substantiels que cela. Je me
souviens du premier ministre, entre autres, qui déclarait, en campagne
électorale, qu'il avait l'intention d'investir approximativement 50 000
000 $ - pas nécessairement juste pour le bon emploi,
Chantier-Québec et tout cela - pour réduire le chômage de
moitié au Québec. On est un an après, et je me demande
qu'est-ce qu'on va faire avec les 143 000 autres chômeurs
âgés de 15 à 24 ans. Je vais demander au ministre, quant
à la création d'emplois, quant au budget pour la création
de nouveaux emplois, pour quelle raison le budget de 9 000 000 $ n'a pas
été doublé ou triplé, considérant la
gravité de la situation.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Marois: La première des choses, je peux confirmer le
montant; le budget de démarrage est de 9 000 000 $, dans une masse
budgétaire de 62 800 200 $ par rapport à un budget global, l'an
dernier, de 54 000 000 $ et des bricoles. Il y a donc là une progression
importante. D'autre part, je reviens sur la notion de budget de
démarrage. Maintenant, les budgets concernant les programmes de
création d'emplois, comme on le voit dans le livre des crédits,
ce ne sont plus des budgets fermés: bons d'emploi, tant;
Chantier-Québec, tant; programme de retour au travail des
assistés sociaux, tant; soutien à des organismes, et le reste,
tel montant. C'est une masse qui est autorisée, qui est votée.
À l'intérieur de cette masse - on se souviendra de nos
discussions en commission parlementaire l'an dernier, où j'avais
évoqué le fait - je dispose en plus du pouvoir, en cours
d'année, selon les besoins qui peuvent varier d'une région
à l'autre, selon la performance de tel ou de tel programme, même
selon les régions données, de déplacer à la hausse
ou à la baisse, à partir d'un budget de base, 10% de cette masse
d'un programme à l'autre, sans compter en plus le déplacement
d'une région à l'autre.
On en avait discuté et il y avait eu une suggestion de faite,
à savoir si cette marge de manoeuvre ne pourrait pas être
élargie. Effectivement, elle a été élargie, elle
est portée à 25%; donc déplacée, à la hausse
ou à la baisse, de 25%. C'est l'effort qui est fait, les 62 000 000 $,
par le ministère. Cela n'inclut pas les efforts additionnels qui sont
faits dans le domaine de la création d'emplois par l'ensemble des autres
ministères. Le ministre des Finances l'a évoqué dans le
discours sur le budget, donc je ne peux pas aller plus loin que de simplement
rappeler ce qu'il a évoqué, mais il y a un projet qui est au
point effectivement. Le ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, avec sept autres ministères, a mis
au point un projet, et c'est là qu'on voit l'intérêt de
combiner la main-d'oeuvre et la sécurité du revenu, parce qu'il y
a aussi d'autres budgets, notamment celui de l'aide sociale. J'ai souvent
évoqué le fait que pour toutes sortes de raisons, notamment les
gestes posés par le fédéral concernant
l'assurance-chômage, on avait transformé dans les faits
substantiellement, pour un pourcentage important, le programme d'aide sociale -
qui est une espèce de revenu minimum garanti, qui est même
insuffisant pour ceux qui en ont vraiment besoin - en une espèce de
programme d'assistance-chômage québécois. En conjuguant
bien les morceaux avec certains budgets de base d'autres ministères, on
a mis au point un projet qui fera l'objet d'une étude au Conseil des
ministres, incessamment, qui permettrait de débloquer de l'emploi, sur
une base expérimentale dans un premier temps, mais de façon
intéressante, me semble-t-il, pour les bénéficiaires de
l'aide sociale. Cela vient donc s'ajouter à l'effort qui est fait
là.
Maintenant, si tant est qu'il devait rester une quelconque marge de
manoeuvre, malgré la croissance plus importante en pourcentage du budget
de nos programmes de création d'emplois par rapport à la
croissance des autres programmes, aussi bien de notre ministère que de
l'ensemble des autres ministères, il va de soi que je vais plaider - je
pense bien que j'aurai des appuis importants - pour une augmentation des
budgets pertinents. D'ailleurs, l'an dernier, en cours d'année,
on était parti avec un budget de démarrage global, si ma
mémoire est bonne, moins élevé que les 54 000 000 $. Il y
a eu des budgets supplémentaires en cours d'année.
Mme Harel: M. le Président, je pense que mon
collègue de Marquette accepterait peut-être que je pose une
question additionnelle.
Le Président (M. Bordeleau): Additionnelle? Oui,
d'accord.
Mme la députée de Maisonneuve.
Aide spécialisée à des personnes
handicapées
Mme Harel: Oui. M. le ministre, vous venez d'évoquer votre
pouvoir, en cours d'année, d'ajuster à la hausse ou à la
baisse certains budgets dans le cadre des programmes. Je fais
référence à SEMO, qui est un programme qui permet d'aider
ou d'apporter une aide supplémentaire, une aide
spécialisée à des jeunes, particulièrement,
à des anciens détenus ou à des personnes
handicapées, ou en tout cas à des groupes qui ont manifestement
des difficultés d'adaptation au marché du travail. Quand on fait
référence au bon d'emploi, c'est la capacité, pour un
jeune qui a terminé ses études et qui a obtenu son diplôme
professionnel en général, d'être le moteur, de prendre les
initiatives d'aller se chercher un emploi lui-même. Mais il peut y avoir
aussi des services qu'on appelle les services de placement à but non
lucratif qui apportent une aide supplémentaire,
spécialisée, à des groupes qui ont plus de
difficultés. Au sujet du SEMO, j'ai appris, hier, qu'à
Montréal, il n'y aurait aucun des projets qui ont été
déposés, soit pour une aide supplémentaire pour le
placement des ex-détenus, des personnes handicapées ou encore des
jeunes de moins de vingt et un ans, en fait, les dix-huit à vingt et un
ans, particulièrement... Les projets, malgré le fait qu'ils aient
été considérés par la direction régionale du
centre de main-d'oeuvre comme extrêmement intéressants, la
direction ne pourrait pas leur donner suite, parce qu'aucun budget ne
permettrait de faire plus que de reconduire les programmes de l'an dernier.
C'est donc dire que même les 2 000 000 $... est-ce que c'est 2 000
000 $ ou 3 000 000 $ qui sont consacrés à SEMO pour
1982-1983?
M. Marois: Relativement à cette question, je vais en
prendre note, je vais faire vérifier, ça m'étonne beaucoup
ce que la députée de Maisonneuve dit. Je vais faire
vérifier parce que le budget de ce programme, qui est effectivement un
programme très intéressant, était de 1 200 000 $ l'an
dernier et il est porté, comme budget de base, à 2 000 000 $, ce
qui est quand même une progression de plus de 50%. Et si tant est qu'en
cours de route, on devait y ajouter un peu plus, il me semble qu'il pourrait y
avoir des possibilités; mais quant à cette affirmation, je
présume que, forcément, puisqu'elle le dit, ça a
été vérifié; on va vérifier de notre
côté et je pourrai vous faire parvenir une réponse plus
détaillée, plus précise.
Mme Harel: En fait...
M. Marois: Évidemment, il y a, je dois le dire, une chose,
cependant. Même avec une progression comme celle-là, il va de soi
qu'on ne pourra pas répondre à toutes les demandes qui nous
viennent parce que, effectivement, il s'en est développé beaucoup
et on veut continuer à soutenir... Dans certains cas, il ne s'agit pas
seulement de reconduire les budgets de certains groupes qui performent
très bien depuis déjà un certain nombre d'années,
accroissent leurs effectifs, leurs activités; et on continue à
les soutenir, ce qui veut dire, dans un certain nombre de cas, des
accroissements budgétaires, mais il y en a d'autres qui s'ajoutent. On
veut bien augmenter, mais la progression des groupes et des demandes est
forcément plus rapide que même une courbe de progression à
la hausse de plus de 50%. Je vais quand même faire vérifier.
Mme Harel: En fait, selon les vérifications que j'ai pu
faire à la direction régionale, sur l'année suivante,
l'augmentation du budget aurait été en grande partie
consacrée à d'autres régions du Québec que
Montréal, compte tenu que les principaux projets, surtout concernant le
retour des femmes sur le marché du travail, SORIF en particulier,
Opération Relance, étaient consacrés à
Montréal, ce qui a amené une non-acceptation de projets autres
que ceux déjà existants à Montréal, qui sont
excellents indéniablement, qu'il faut soutenir mais qui concernent fort
heureusement une clientèle particulière, celle des femmes. Mais
il y a des besoins aussi dans d'autres secteurs qui sont aussi laissés
pour compte. Je pense qu'on peut compter sur le ministre, certainement, pour
soutenir ce genre de programmes qui font appel à l'initiative du milieu
aussi, puisque très souvent, ces bureaux de placement à but non
lucratif offrent une aide personnalisée qui met à contribution
les ressources du milieu. (12 heures)
M. Marois: Vous pouvez compter sur mon appui, qui n'a de limite
que la dure limite des contraintes du budget. Encore une fois, malgré
les progressions, il y a peut-être des marges qui pourraient rester, avec
la
meilleure volonté politique possible. Ma seule limite, c'est la
limite de la progression des budgets qui est, encore une fois, une progression
plus élevée que celle qu'on trouve dans les autres programmes.
Simplement comme budget de démarrage, 62 800 000 $ cette année,
comparé à 54 000 000 $ l'an dernier, mais c'est 54 000 000 $
incluant les budgets supplémentaires obtenus en cours de route. Si ma
mémoire est bonne, notre budget de démarrage - je donne les
chiffres sous réserve - c'était autour de 35 000 000 $ ou 36 000
000 $. On est passé à 54 000 000 $. Donc, de 35 000 000 $ ou 36
000 000 $ à 62 800 000 $.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Marquette, en vous signalant que le temps fuit toujours.
M. Dauphin: Quelques minutes. Mon collègue, le
député de Jean-Talon, faisait référence mardi
à un rapport, qui a fait la manchette des journaux, du ministère
du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
relativement aux mesures de contrôle concernant certains programmes de
création d'emplois, disant qu'il y avait un fouillis sur le plan
administratif et que les conditions exigées dans certains programmes
n'étaient pas respectées par le ministère. J'aimerais tout
simplement avoir l'assurance du ministre qu'au niveau du programme du bon
d'emploi les conditions effectivement seront respectées pour qu'on ne se
retrouve pas, souvent, dans des cas où un employeur congédierait,
à la fin des 20 semaines, le jeune pour ensuite aller chercher un autre
montant de 3000 $ en engageant un autre jeune et pour que celui-ci, finalement,
ne soit pas constamment, comme je le disais tantôt, nerveux.
Voici la deuxième question à laquelle je voulais faire
allusion: Si un jeune quitte l'emploi à la fin de quatre semaines, par
exemple, qu'arrivera-t-il pour l'employeur? Est-ce qu'il doit en engager un
autre? Est-ce que la partie qui aura été versée au jeune
sera tout simplement soustraite des 3000 $?
La dernière question en terminant - je céderai la parole
à mon collègue - est relative au placement étudiant,
encore une fois. J'ai eu des représentations de certains
étudiants qui ne sont pas encore citoyens canadiens et qui ne sont pas
admissibles au programmé du placement étudiant au niveau du
secteur public. C'est un décret gouvernemental qui existe depuis un an
ou deux qui dit qu'il faut absolument être citoyen canadien pour
être admissible au placement étudiant, secteur public. Je ne
voudrais pas m'avancer trop loin sur cela, mais je voudrais savoir si le
ministre est au courant de ce décret.
M. Marois: Sur la première question, je ne sais pas,
peut-être que le député était absent au moment
où on en a discuté; effectivement, le député de
Jean-Talon a posé la question, rappelant ce qui avait paru dans les
journaux concernant la région administrative de Québec. Je ne
voudrais pas laisser entendre qu'on avait des problèmes à
l'échelle du Québec. Je l'ai expliqué l'autre jour; donc,
je ne veux pas reprendre la réponse, je vais référer le
député à la réponse que j'ai faite à ce
moment. J'ai fait une réponse très détaillée sur le
cas de la région de Québec, le suivi, ce qu'on a fait, les gestes
qui ont été posés par le ministère et, ensuite, les
mesures qui ont été prises pour voir si des problèmes du
même ordre se posaient dans d'autres régions. Les indications
qu'on a présentement, c'est que non, les problèmes ne se posaient
pas dans d'autres régions.
En ce qui concerne le bon d'emploi, je rappelle que, parmi les
conditions, il doit s'agir d'un poste additionnel ou d'un poste vacant, mais,
encore là, à certaines conditions. Cela suppose,
forcément, qu'il y ait un certain nombre de mesures de contrôle.
Dans le cas où il y aurait des départs volontaires, il est
évident qu'on ne va pas pénaliser l'employeur pour une raison
comme celle-là. Dans le cas où cela prendrait la forme d'un
congédiement ou - je vais utiliser le mot qui me vient
spontanément à l'esprit - d'une espèce de "gimmick",
littéralement, pour obtenir la subvention et puis essayer de recommencer
le processus, bien, ceux qu'on va pincer vont écoper parce que ce n'est
pas fait pour cela. Il y a toujours des malins, dans n'importe quelle
société, dans n'importe quel métier, qui essaient de tirer
des avantages qui ne correspondent pas aux objectifs qui sont prévus par
un programme. J'espère que, dans ce cas comme dans les autres, cela va
être à la marge, mais on va tout de même prendre des mesures
pour surveiller, cela. C'était la deuxième question.
Quant à la troisième question sur les citoyens qui n'ont
pas obtenu la citoyenneté canadienne en ce qui concerne le placement
étudiant dans les secteurs public et parapublic, on m'indique - et on va
vérifier -qu'il ne semble pas qu'on ait de règles qui les
excluent. Je dis bien qu'il ne semble pas, d'après les indications qu'on
me fournit, mais je vais vérifier, par exemple.
M. Dauphin: J'ai vérifié auprès de votre
collègue aussi des Communautés culturelles.
M. Marois: Je m'excuse parce que je ne veux pas vous induire en
erreur. Au gouvernement du Québec, il y a une règle, c'est la Loi
sur la fonction publique, effectivement.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Vous avez
terminé, M. le député de Marquette?
M. Dauphin: Oui, ça va.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne. Enfin, c'est à vous!
M. Rivest: Est-ce que vous êtes prêt, M. le
député de Sainte-Anne?
La CSST
M. Polak: M. le Président, l'expérience
parlementaire de temps en temps est très frustrante; j'ai vécu
cela ce matin et je ne blâme personne, c'est peut-être le
système qui en est la cause. Parce que, tout de même, quand on
discute les crédits... Je suis dans notre formation en charge du dossier
de la CSST, qui est tout de même un dossier d'une grande importance, et
je ne voudrais pas que les fonctionnaires de la CSST ou que les gens qui sont
affectés par leurs travaux... On pense aux gens. On reçoit les
instructions un mois avant que les crédits sortent. On commence à
se préparer pour les crédits, rencontres avec les recherchistes,
articles de journaux, etc., finalement pour en finir en une heure, même
pas le temps d'avoir un bon débat que j'aurais bien aimé avoir
avec le ministre. C'est un va-et-vient d'un côté et de l'autre
pour essayer d'obtenir des réponses, peut-être même
d'améliorer le système. Donc, ce que j'ai décidé,
M. le Président - j'en ai d'ailleurs parlé avec le ministre - vu
qu'il y a une limite de temps, c'est que j'avais neuf points que je vais vous
donner sous forme de questions. S'il reste un peu de temps, on pourrait
peut-être discuter d'une ou de deux questions qui sont de haute
importance. Les autres, le ministre peut les prendre par écrit.
Il va s'engager à me répondre le plus tôt possible.
Là, je veux faire une remarque. L'année dernière, j'ai
posé une couple de questions aussi, parce qu'encore l'année
dernière, j'étais la victime, il ne restait pas de temps. Donc,
j'ai posé une couple de questions auxquelles je n'ai jamais reçu
de réponse. J'espère que cette année... Je me rappelle que
j'avais posé des questions sur les frais de voyages du président
et du vice-président en Italie, sur le grand voyage de l'équipe
qui est allée dans le Nord du Canada pour un congrès, sur
l'ordinateur, etc. En tout cas, les frais de bureau à Montréal,
comment c'est équipé, combien cela coûte, etc. Je n'ai
jamais eu de réponse. J'étais novice, donc je ne savais pas
exactement quoi en faire. Aujourd'hui, j'ai une année
d'expérience, et quand le ministre s'engage à me donner des
réponses par écrit, je prends note de cette offre et
j'espère avoir les réponses d'ici trois ou quatre semaines.
Autrement, on va continuer, parce qu'on veut avoir ces réponses.
D'ailleurs, je vais commencer par vous dire que depuis que je suis dans
ce dossier, j'ai rencontré différents fonctionnaires et hauts
fonctionnaires de la CSST et j'ai toujours eu toute la coopération
voulue. De leur part, je n'ai aucune plainte à formuler. J'ai
rencontré le président, le vice-président, je suis
allé aux colloques plusieurs fois au nom de notre parti. Au point de vue
d'obtenir des renseignements, de la coopération je n'ai aucune plainte
sur quoi que ce soit; je suis très content. Ce n'est pas là
qu'est le problème. Juste pour vous dire qu'on prend cela au
sérieux, on a commencé à faire le tour de la province pour
rencontrer les patrons et également les représentants des
syndicats pour voir comment cette loi marche en pratique, ce qu'il y a
exactement comme plainte de la part des patrons et de la part des
syndiqués. On a visité la Mauricie, on a rencontré les
représentants syndicaux, les chefs syndicaux à Sorel tout un
vendredi et eux autres... Le député de Prévost parlait des
ML. Je me demandais ce qu'étaient les ML. Les ML, ce sont les militants
libéraux. J'ai vu les MP. Ce que veut dire MP? Les MP, ce n'est pas
Maximilien Polak, ce sont les militants péquistes, parce qu'il y en a
beaucoup parmi les syndiqués. On travaille là-dessus pour
chercher un contact avec eux. On est surpris de leur réaction, qu'ils
aient beaucoup d'inquiétudes vis-à-vis de l'attitude du
gouvernement, et cela commence à changer beaucoup. On prend cela
très au sérieux. Il y a une certaine clientèle que vous
avez toujours eue ou tenue pour acquise et on travaille fort pour que cette
clientèle, au moins une bonne partie, devienne la nôtre. La
question, maintenant, M. le Président, les neuf points sont les
suivants.
D'abord, je voulais vous parler du dossier de l'inspection. J'ai pris
cela au début parce qu'étant avocat je sais qu'au point de vue
des crédits il faut se limiter d'abord aux crédits et, ensuite,
aller un peu plus loin. Donc, en vertu de l'article 249 et en vertu de
l'article 250 de la loi, c'est le gouvernement qui paie les frais d'inspection.
Je voudrais savoir, parce que dans les crédits, tout de même, il
n'y a pas de ventilation exacte des sommes qui ont été
déboursées, quel a été le montant de ces frais
d'inspection payés par le gouvernement pour l'année 1981-1982 et
quelle est la prévision pour la même inspection pour
l'année 1982-1983.
Ensuite, je voudrais parler de la connaissance et de la formation des
inspecteurs. Lorsque j'ai visité quelques usines, sans mentionner le nom
des compagnies que j'ai visitées, parce qu'il y en a quelques-unes qui
ne veulent pas que leur nom soit révélé, elles ont
peut-être peur
d'avoir plus de visites des inspecteurs que nécessaire, on ne
sait jamais... Donc, je vais parler en termes généraux. Elles
m'ont dit que très souvent elles trouvent qu'il y a un manque total de
connaissance de la part des inspecteurs sur le plan commercial, sur le plan de
la souplesse et sur le plan des délais. Ce qui arrive très
souvent, c'est que l'inspecteur vient, il peut être très
compétent sur le plan technique, mais il ne prend pas le soin de
discuter avec le patron. Pour faire tel et tel changement dans votre usine, par
exemple, on vous donne un délai d'un mois. J'ai un cas où
l'employeur a dit: On n'est simplement pas en mesure de faire cela en un mois,
ni au point de vue du temps, ni au point de vue des coûts. On
réalise qu'il y a des choses à faire, des corrections à
apporter, mais on a besoin d'un certain échéancier, et cela
crée des problèmes.
Donc, la formation commerciale de l'inspecteur, je pense que c'est un
aspect dont il faut tenir compte, parce que c'est un argument qui joue
très souvent un rôle important. D'ailleurs, à l'usine que
j'ai visitée, j'ai parlé également avec le
représentant du syndicat qui était d'accord avec le patron,
à savoir que celui-ci n'était pas en mesure de faire le travail
dans un délai d'un mois ni de débourser l'argent tout de suite
pour faire tous les travaux. Les deux étaient d'accord, mais
l'inspecteur n'était pas d'accord. Donc, c'est un problème, je ne
dis pas que c'est général, mais c'est un point qui a une certaine
importance.
Maintenant, au point de vue de la connaissance technique et de la
formation des inspecteurs, il y a eu un accident mortel, le 6 août 1981,
à Gatineau, pendant la construction du nouvel hôpital où, 3
travailleurs sont décédés. J'ai analysé en
détail le rapport du coroner, qui fait de la critique très
sérieuse quand il dit qu'il n'y avait pas de visite
régulière de la CSST, qu'on n'avait pas remarqué
l'état de l'échafaudage, que l'inspecteur ou celui qui est venu
n'était pas familier avec le système d'échafaudage. Un
témoin a même témoigné, en disant que la commission
était débordée de travail, que la priorité se
trouvait ailleurs. Je comprends que c'est arrivé au moment où on
avait des inspecteurs de la construction qui étaient
intégrés à la CSST, mais tout de même, je voudrais
savoir s'il y a eu des changements depuis ce temps-là. Est-ce que la
formation technique a été améliorée? Est-ce qu'on
exige de ces inspecteurs une connaissance assez approfondie de leur
domaine?
D'ailleurs, je dois vous faire remarquer que les articles 198 à
215, justement, traitent du domaine de la construction et les règlements
particuliers des articles qui gouvernent cela ne sont pas encore en vigueur. On
voudrait savoir quand seront en vigueur ces règles qui décrivent
très bien la démarche à suivre pour prévenir ces
accidents. Je ne blâme pas la CSST de l'accident survenu à
Gatineau, mais si on avait fait une visite auparavant, une inspection au
préalable, peut-être qu'on aurait pu éviter un tel accident
ou prendre des mesures pour l'éviter. C'est mon premier point, sur la
formation des inspecteurs, pas seulement dans le domaine technique, mais aussi,
partiellement, dans le domaine commercial.
Le deuxième, c'est le point que j'appelle la
déréglementation. J'ai analysé un peu des lois similaires
dans d'autres provinces et aux États-Unis et j'ai noté que, par
exemple, en Ontario et dans plusieurs États des États-Unis, on a
un système où le gouvernement ou la commission fixe des objectifs
dans certains secteurs en disant: Voici, vous devrez atteindre tel ou tel
objectif dans tel ou tel délai. Dans la fixation de ces normes et
objectifs, il y a tout de même une certaine latitude qui est permise
à l'employeur en question, au patron, tandis qu'ici on procède
toujours par réglementation. Quand on lit les règlements, il y en
a qui sont très complexes et où il n'y a pas de distinction dans
les différentes catégories d'employeurs et dans les
différents secteurs. Il n'y a pas de distinction entre les grandes et
les petites compagnies. Je me demande s'il l'on ne devrait pas plutôt
penser dans le sens d'une déréglementation, dire: On fixe des
objectifs; moins d'interventions de jour en jour dans la gérance, dans
l'administration. Cette formule a été mise en vigueur avec
beaucoup de succès en Ontario et aux États-Unis à des
frais beaucoup moins considérables que les frais qu'occasionne le
système de réglementation tellement détaillé qu'on
possède ici. C'est un point à noter et j'aimerais avoir des
commentaires là-dessus. (12 h 15)
Le troisième point, c'est le fameux projet de règlement
sur la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. C'est un projet de règlement qui a été
publié dans la Gazette officielle du Québec le 29 juillet 1981
et, d'après ce que j'ai cru comprendre, le ministre n'a pas encore pris
de décision là-dessus. C'est le fameux règlement sur la
représentativité des travailleurs à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail en vertu - je l'ai ici
devant moi, ce projet de règlement - de son article 223.
Ce que le règlement prévoit, c'est que la composition de
la commission n'est pas basée sur le principe: un travailleur, un vote.
C'est accordé plutôt comme un statut privilégié aux
travailleurs syndiqués. Je prends, par exemple, l'article 4 de ce projet
de règlement: "Les employés non syndiqués -donc dans des
établissements où on a un fort
groupe d'employés non syndiqués - ne pourraient ensemble
déléguer jamais plus qu'un représentant." Donc, on
pourrait avoir le cas, l'exemple qui a été donné où
l'on a 500 employés dans un établissement, dont une dizaine sont
syndiqués; l'absurdité est qu'à un moment donné,
les représentants du comité local de la santé et de la
sécurité du travail auraient quatre représentants sur les
dix et un seul représentant pour les 490 autres. D'ailleurs, j'ai
reçu des commentaires la semaine dernière de la part de quelques
compagnies qui ont remarqué cela et qui m'ont demandé d'en
parler. Évidemment, elles trouvent cela injuste, déraisonnable et
discriminatoire. L'idée de cette loi, c'est de protéger le
travailleur et de protéger sa santé et sa sécurité.
On se demande si on est là pour protéger le syndicat, le
syndiqué ou les travailleurs tous ensemble. Donc, je ne sais pas
où ce projet de règlement en est rendu. Est-ce que cela a
été discuté? Est-ce que le ministre est d'accord avec
cela? S'il reste un peu de temps, on devrait avoir un débat sur ce point
pour savoir ce qu'il en pense, parce que c'est totalement inacceptable. Quant
à moi, je trouve, si c'est vrai que le texte reste tel quel et que ceux
qui ne sont pas syndiqués n'ont qu'un représentant,
indépendamment de leur nombre, du nombre total de travailleurs qu'il y a
dans certains établissements, je trouve que c'est discriminatoire,
déraisonnable; ça peut même nuire au bon fonctionnement de
la loi.
Le point suivant, c'est la politique de recrutement et le nombre des
effectifs de la CSST. On a parlé dernièrement de ce fameux
problème des tablettés. La ministre de la Fonction publique
m'avait répondu qu'elle était en train de faire une sorte de
système selon lequel on prendrait cette banque de tablettés...
D'ailleurs, à Québec, ici même, il y a deux semaines, j'ai
rencontré moi-même un tabletté qui l'est depuis six ans et
qui reçoit un gros salaire.
M. Rivest: Depuis 1976?
M. Polak: C'est cela. Je l'ai rencontré personnellement.
Je n'avais jamais rencontré de tabletté de ma vie. Il m'a
parlé un peu de son expérience. C'est une chose que je trouve
scandaleuse que cela existe, un salaire comme celui-là pour un homme qui
n'est même pas obligé d'aller au bureau le matin. Il reste chez
lui, il reçoit un appel de temps en temps, on lui donne un job à
faire pour une semaine ou deux, et c'est à peu près tout. Donc,
je me demande, vu que la CSST a tout de même besoin d'employés qui
ont une certaine connaissance, des fonctionnaires qui ont des
compétences, si on pense ou si le ministre pense à la solution
suivante: demander à Mme la ministre de la Fonction publique si, parmi
ses tablettés, il y en a qui peuvent travailler pour la CSST. Ils sont
payés, on ferait le transfert et ça ne coûterait pas une
cenne de plus à la bourse publique. Ces gens-là pourraient
très bien être employés par la CSST et ce serait au
bénéfice de tout le monde.
Je me demande aussi s'il y a des tablettés à la CSST.
Est-ce qu'il y a du monde là, qui a été mis à part,
qui reçoit un bon salaire et qui ne travaille pas? Je n'ai aucune
idée, c'est une question que je pose et j'aimerais avoir une
réponse là-dessus.
J'ai vu qu'il y a une augmentation des effectifs à la CSST. De
1896 personnes en 1980, on est passé à 2506 en 1981, et pour 1982
je n'ai pas les chiffres. Donc, je comprends...
M. Marois: Je vais vous les donner, moi.
M. Polak: Oui, parfait! Là, vous répondrez au moins
à une question que je vous ai posée.
M. Marois: Je suis prêt pour les autres, j'attends juste
que vous terminiez votre liste.
M. Polak: D'accord, parfait! Donc, pour 1982, je n'ai pas les
chiffres. Je comprends que le ministre va probablement dire: Mais vous devez
comprendre que la CSST est un organisme tout de même un peu neuf, donc
cela prend un certain temps. Quand on a commencé, on n'était pas
beaucoup, et, là, on commence vraiment à travailler à
pleine force. Donc, ça prend une certaine augmentation du personnel. Je
le comprends, mais je me demande s'il y a des études qui existent
à l'intérieur de la CSST au point de vue de la
productivité de ce travail. Est-ce que les chiffres sur la
productivité, si un tel système existe, cela se compare
favorablement avec d'autres ministères ou pas?
J'aimerais savoir, par exemple, si des statistiques démontrent
qu'il y a moins d'accidents, maintenant que la machine est en place, que
l'année précédente. Est-ce qu'on paie moins en
indemnités maintenant qu'il y a un an, par exemple? Quels sont les
résultats?
Ce sont des questions auxquelles j'aimerais avoir des réponses
sans demander, M. le ministre, qu'un fonctionnaire prenne deux semaines pour
faire des études là-dessus. Je parle de chiffres, grosso modo,
pour voir comment cela va, s'il y a amélioration ou non.
Je voudrais parler également d'un autre point: la coordination
entre différents ministères. Quand j'étais dans la
Mauricie, j'ai visité une usine. Je peux vous dire que ces gens
travaillent avec du silicium, si je prononce bien.
M. Rivest: Silicium.
M. Polak: Ce qui est arrivé, c'est qu'à un moment
donné, l'inspecteur de la CSST est venu. Je vais vous décrire
cela en quelques mots de profane. L'inspecteur a dit: II faut que vous
régliez votre problème à l'intérieur, parce que
c'est très dangereux pour le travailleur à l'intérieur,
toute cette poussière. D'ailleurs, je l'ai vue lorsque j'ai fait une
visite de l'usine. C'est mieux que ce soit répandu un peu dans
l'atmosphère autour de vous, pour justement soulever le problème
des travailleurs qui travaillent à l'intérieur. Cela a du sens.
Deux semaines plus tard, un autre inspecteur vient et, cette fois, c'est un
inspecteur du ministère de l'Environnement qui dit: Vous autres, la
manière dont vous faites votre production, c'est bien beau, mais cela
affecte l'atmopshère. Il faut que vous gardiez cette maudite patente
à l'intérieur, parce que l'atmosphère doit être
belle pour que tout le monde puisse prendre son petit lunch dans un parc. On
veut vivre. La population qui demeure là s'est plainte. Donc, il faut
que ce soit concentré en dedans. Évidemment, il y a des
contradictions. Que va faire le pauvre employeur? D'un côté, il y
a le ministère qui dit: Prenez des mesures pour que toute cette affaire
soit réglée en dehors et l'autre dit: En dedans. Donc, je me
demande quelle est la coordination entre différents ministères,
par exemple, le ministère de l'Environnement et la CSST. Il y a d'autres
ministères aussi où il y a une interrelation de problèmes.
Est-ce qu'il y a une politique conjointe? Au lieu d'avoir deux inspecteurs qui
viennent sur une période de deux semaines et qui ne se parlent pas, n'y
aurait-il pas moyen d'avoir une sorte de comité de coordination et dire:
Comment cela fonctionne-t-il? Qu'est-ce qu'on peut faire pour résoudre
le problème? Il y a évidemment un autre ministère, celui
de l'Industrie et du Commerce, qui doit jouer un rôle là-dedans,
parce qu'on sait très bien qu'il y a des employeurs qui font des
soumissions au ministère de l'Industrie et du Commerce pour dire: De la
manière qu'on exige certaines mesures, nous ne serons simplement plus
capables de produire à un prix concurrentiel. Ce qui veut dire que cela
peut occasionner la fermeture de notre usine. C'est tout de même un
problème de coordination. Je ne sais pas quel système existe. Je
ne demande pas non plus si on va créer encore d'autres comités de
coordination, etc., mais tout de même je demande quel est le
système.
Autre point; j'achève, M. le ministre. Le ministre a parlé
de la réforme complète du régime actuel d'indemnisation
des accidentés du travail. Nous sommes tous au courant de cela, parce
qu'on en parle depuis longtemps. Au lieu d'indemniser par la formule de la
perte d'intégrité physique, on parle plutôt d'une
philosophie de remplacement de revenu. C'est une philosophie très
intéressante. D'abord, où en sommes-nous avec toutes ces
idées dont on a discuté? Je me rappelle même un colloque
auquel j'ai participé avec le député de Prévost.
Vous êtes ministre et dans notre équipe c'est le
député de Jean-Talon qui est le ministre fantôme, "the
shadow minister". M. le député de Prévost est l'adjoint
parlementaire et, moi, je suis l'adjoint parlementaire dans notre
équipe. Donc, j'ai suivi le député de Prévost
à ces colloques.
M. Marois: C'est bien ainsi, M. le Président.
M. Polak: J'ai pris note, et je vous remercie. Donc, on en avait
parlé, je me le rappelle, toute une journée à un colloque
fort intéressant. Où en sommes-nous? A-t-on
présenté un projet de loi là-dessus? Deuxièmement,
c'est important, est-ce qu'il existe des études concernant les
coûts d'un tel programme? On peut parler également du
problème de l'augmentation du fardeau fiscal des entreprises et, si
telles études existent... je suis certain que, si on va consentir
à faire des changements radicaux, on doit penser également aux
coûts. Si de telles études existent, est-ce qu'on pourrait en
avoir copie avant d'être obligés d'invoquer le nouveau projet de
loi d'accès à l'information, à moins que vous vouliez nous
donner volontairement celles qui existent au point de vue des coûts pour
prendre position plus tard?
J'ai aussi quelques questions à la rubrique administration. J'ai
noté que j'ai demandé l'année dernière comment il
se faisait qu'au conseil d'administration il n'y avait pas de
représentant de la CSD. Il y a un représentant de la CEQ, mais
tout de même...
M. Rivest: II y a un représentant des enseignants et il
n'y a pas de représentant des gars de la construction.
M. Polak: Tout de même, c'est bien connu que la CSD
représente quelques industries lourdes qui ont des cotisations assez
importantes parce qu'il y a certains dangers reliés au métier. Je
n'ai rien contre les professeurs, etc., mais je me demande pourquoi ne pas
remplacer quelqu'un de la CEQ par quelqu'un de la CSD au conseil
d'administration. Je pense que le temps est venu de nommer d'autres personnes,
mais je ne me souviens pas exactement quand leur mandat expire. J'ai fait, je
le répète, cette suggestion pas du tout pour favoriser un
syndicat en particulier. Je n'ai aucune préférence, mais je
trouve, quand on parle de santé et de sécurité au travail,
extrêmement logique que quelqu'un de la
CSD soit là au lieu que ce soit quelqu'un de la CEQ parce que
tout de même, dans le domaine de l'enseignement, il n'y a pas tellement
d'accidents travail. D'ailleurs, la prime payée démontre
très bien la distinction.
Une autre remarque. Je ne veux pas être difficile, mais tout de
même il faut que je relate un peu ce que les employeurs que j'ai
rencontrés m'ont dit. Ils m'ont dit que le président vote
toujours avec les syndicats. Donc, à quoi sert notre rôle? Parce
qu'on est là, c'est un comité paritaire. À un moment
donné, la décision est prise et lui, il vote avec le syndicat.
Donc, notre rôle est devenu plutôt consultatif. C'est cela qu'ils
m'ont dit. Ce n'est pas une question de critiquer la décision du
président. Il suit probablement ce qu'il trouve le meilleur pour
appliquer la loi. Mais, tout de même, cela crée un problème
sérieux au point de vue de la coopération entre les groupes,
d'une part, le syndiqué et, d'autre part, le patron. Il y a une critique
sérieuse qui peut affecter à un moment donné le
travail.
Autre chose sur le plan de l'administration. J'ai reçu des notes
sur les réunions qui se tiennent régulièrement à la
CSST; il y a des réunions où on appelle les directeurs
régionaux. Est-ce que ces réunions sont vraiment des
réunions d'une bonne productivité? Je vais faire
référence à une réunion - je n'accuse personne -
qui a eu lieu à Montréal le 4 mars, où une vingtaine de
personnes sont venues de partout, de Rouyn, Chicoutimi, Sept-Îles,
Rimouski, Hull, Sherbrooke, Trois-Rivières, Québec; cela
coûte cher de prendre l'avion et d'aller là. La réunion a
commencé à dix heures et s'est terminée à 12 heures
et 30 minutes; donc, cela a duré deux heures et 30 minutes, pour le
total. Selon ce qu'on m'a dit, la réunion était pour une remise
de papiers. Évidemment, je n'étais pas là, je n'ai aucune
idée, cela peut être quelqu'un qui voulait planter une mauvaise
remarque de ma part... (12 h 30)
M. Rivest: Sur les régions également, il y a
d'autres informations voulant que plusieurs réunions - je comprends que
ce sont des instances régionalisées - se tiennent à
l'Alpine Inn et dans les grands hôtels. Il me semble que...
M. Polak: Je sais, M. le Président, que le ministre va
répondre que la CSST s'administre elle-même, que ce n'est pas le
gouvernement qui finance cela. Vous ne payez pas pour cela. Ce n'est pas vrai,
parce que ce sont nos employeurs qui paient, et quand un employeur paie, il
l'ajoute à son produit ou à son article, et moi j'achète
l'article. Donc, plus cela coûte cher pour financer cette
opération, plus cher coûte l'article, et plus cela coûte
cher au contribuable. Cela vient toujours de la même poche, celle du
contribuable, à la fin.
J'aimerais tout de même avoir un peu l'assurance que ce sont des
réunions vraiment nécessaire, qu'on travaille
sérieusement, qu'on ne laisse pas venir les gens de tous les coins de la
province pour deux heures, avec beaucoup de frais de voyage, etc.
Autre point, on m'a parlé de loyer. Encore ici, je n'accuse
personne. C'est malheureux qu'on n'ait pas le temps, M. le Président,
parce que si on avait le temps, on aurait pu discuter de tout cela ici...
M. Marois: On a le temps, M. le Président, je prends
note.
M. Polak: Parfait.
M. Marois: Vous allez avoir des réponses
précises.
M. Polak: M. le Président, je peux même revenir cet
après-midi.
M. Marois: Allez-y, posez vos questions, vous perdez du temps, M.
le député, parlez.
M. Rivest: Parle, parle, tu perds du temps.
M. Polak: J'ai ici le prix du loyer pour des locaux loués
par la CSST. J'ai ici le prix d'un local à Québec, au parc Samuel
Holland, 13,92 $ le pied carré.
M. Rivest: C'est dans le comté de Jean-Talon.
M. Polak: On ne critique pas le comté de Jean-Talon, il
est très bien représenté à l'Assemblée
nationale.
On trouve, par exemple, le même bureau à Chicoutimi
où le prix est de 15,54 $ le pied carré. Il y a tout de
même une différence assez substantielle. Est-ce que cela veut dire
qu'à Chicoutimi cela coûte beaucoup plus cher de louer un local
qu'à Québec? Cela se peut. Peut-être que la CSST va
répondre: II faut avoir un local, tout de même, au centre-ville,
d'une certaine superficie, il n'y en a pas beaucoup, de locaux comme cela.
Donc, cela coûte cher. Cela peut être une réponse, je
n'accuse personne. D'autre part, je ne sais pas quel est le prix moyen d'un
emplacement commercial à Chicoutimi, mais je note une différence
substantielle entre Québec et Chicoutimi pour un tel local.
Je note également à Chicoutimi, un autre local, au 345,
rue des Saguenéens, qui est inoccupé et pour lequel on paie
encore un loyer de 44 000 $ par année.
M. Marois: Où, dites-vous?
M. Polak: On m'a dit à Chicoutimi,
l'adresse est 345, rue des Saguenéens. Excusez ma prononciation,
mais pour un Irlandais, c'est difficile de prononcer le mot
Saguenéen.
Maintenant, je ne sais pas si le bail est terminé, pour quelle
raison le local est inoccupé, ni combien de temps va durer le paiement
de ce loyer. Encore une fois, je n'accuse personne, je n'ai aucun renseignement
ou détail là-dessus, c'est juste pour clarifier.
Dans le cadre de l'administration, j'ai eu une expérience
moi-même, quand j'ai rendu visite, à Longueuil, chez Pratt and
Whitney, société très bien connue du député
de Prévost. J'ai rencontré les chefs syndicaux de Pratt and
Whitney, il y en avait quatre dont deux avaient des réclamations
enregistrées auprès de la CSST et ils ne savaient même pas
si leur réclamation avait été reçue. Cela a pris
environ quatre semaines avant que le dossier soit ouvert, ou on a trouvé
que ce dossier existait déjà auparavant pour une autre maladie du
même employé. Donc, j'ai appelé le bureau moi-même
à Longueuil, on a été très aimable, on m'a
répondu tout de suite. J'ai expliqué le cas, j'ai dit: II s'agit
d'un chef syndical de Pratt and Whitney. Je suis M. Polak, député
de l'Opposition dans ce dossier, pourriez-vous m'aider? J'ai eu une
réponse tout de suite. Après une journée ou deux, le
problème était réglé.
Je me demandais sérieusement s'il fallait mon intervention pour
pousser cela un peu. Ce n'était pas un simple ouvrier, c'était le
chef du syndicat chez Pratt and Whitney. Je me demande ce qui arrive avec le
simple travailleur. Il y a des travailleurs qui ont besoin de leur argent, qui
n'ont pas de réserve ni de fonds. Ils ne peuvent pas attendre quatre,
cinq, six ou sept semaines pour recevoir un paiement. C'est un problème.
Ils m'ont donné la permission de citer ces cas où il y a un
problème de lenteur administrative. On n'avait pas expliqué
à l'employé en question que, n'étant pas dans le district
de Longueuil, puisqu'il demeurait dans le nord de Montréal, il devrait
s'adresser à un autre bureau. Il n'était pas au courant de
cela.
Maintenant, une autre question - j'en avais juste deux - sur
l'élément d'anxiété, parmi le personnel, qui
affecte la productivité. On parle avec les employés, pas toujours
avec les hauts fonctionnaires, mais aussi avec de simples fonctionnaires qui
travaillent pour la CSST et il n'y a pas de doute qu'il y a un facteur
énorme d'anxiété au point de vue de la politique salariale
du gouvernement. Est-ce qu'ils vont perdre leur poste? Qu'est-ce qui arrive? On
coupe leur salaire, etc. Donc, cela rend ces gens très anxieux au point
de vue de leur travail, cela les préoccupe énormément. Ce
n'est pas seulement à la CSST, sans doute, le même problème
doit exister dans d'autres ministères, mais je pense que peut-être
il pourrait y avoir une sorte de directive du gouvernement à tous ses
fonctionnaires des secteurs public et parapublic pour les rassurer un peu sur
ce qui arrive. Il ne faut pas augmenter ce facteur d'anxiété qui,
sans doute, affecte la productivité du personnel.
Un dernier point. Sans doute le ministre est-il au courant qu'il y a eu
un accident mortel en novembre 1981 à Rock Forest. L'enquête du
coroner a carrément prouvé que le ministère des Transports
ne suivait même pas la règle que l'industrie privée suit
déjà depuis une dizaine d'années. Au bureau de district du
ministère des Transports, on ignorait l'existence de l'article de la loi
17 obligeant la pose d'un cadre de protection sur certains modèles de
machinerie lourde. On a ici un cas de ministère qui n'applique pas les
directives du règlement. Évidemment, l'accident a eu lieu et
l'ouvrier en question est décédé. Au moins le gouvernement
devrait commencer, lorsqu'il s'agit d'appliquer cette loi, par l'appliquer dans
son propre ministère. Il a un contrôle direct. Pour moi, cela est
primordial, même avant le secteur privé. Tous les secteurs sont
importants. Je trouve cela scandaleux lorsqu'un ministère du
gouvernement viole le règlement ou la loi qui existe et qu'il n'est
même pas au courant qu'on aurait dû avoir tel ou tel cadre de
protection sur tel et tel modèle de machinerie. Cela aurait
peut-être pu éviter l'accident.
Ce sont les neuf points que je voulais soulever, et je sais que le
député de Jean-Talon a peut-être un ou deux autres points
à ajouter. Encore une fois, j'aurais préféré avoir
vraiment le temps de discuter de cela parce que je ne veux pas laisser planer
d'insinuation sur quoi que ce soit vis-à-vis de personne. Mais, s'il ne
reste pas de temps, j'aimerais tout de même avoir une réponse du
ministre, disant: Vous aurez la réponse dans tel et tel délai.
Ensuite, on pourra suivre ce dossier. Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): Pour permettre au ministre de
répondre, finalement, c'est terminé. Je vais permettre au
député de Jean-Talon de poser des questions, et Mme la
députée de Maisonneuve a aussi une question.
M. Rivest: Je pense que les questions soulevées par mon
collègue illustrent évidemment, elles sont lancées un peu
vite, compte tenu des circonstances - ce qui nous apparaît, à tout
le moins d'après les informations que nous avons recueillies autant du
côté patronal que du câté syndical et surtout en
milieu industriel, un très grand malaise sur la façon dont la
CSST fonctionne. Puisque c'est une institution qui est relativement jeune, il
ne faut pas non
plus être injuste; ce n'est pas le désir de l'Opposition
d'être injuste à l'endroit de la CSST. Je sais, par ailleurs, pour
en avoir causé avec des responsables de la CSST - et même au
niveau politique on en est parfaitement conscient - que c'est une très
grosse machine qui est jeune, comme je l'ai dit. Il y a tout le
phénomène, qui m'apparaît très important, de la
régionalisation. Je voudrais insister également sur les
premières remarques du député de Sainte-Anne quant
à la direction de la CSST, toutes les questions que le
député a posées en ce qui concerne les salaires, les
voyages, l'aménagement des bureaux, enfin, les dépenses du
siège social, l'édifice de Montréal et tout cela.
Là-dessus, je sais que de très nombreux échos nous
parviennent sur de petites choses, qui ne sont pas des drames, mais qui
illustrent peut-être un certain scepticisme des gens qui circulent autour
de la CSST sur la façon dont les choses sont administrées.
Pour ma part, je dois signaler deux choses au ministre. L'une a
été spécifiquement mentionnée par le Syndicat de
professionnels du gouvernement qui témoignait publiquement devant la
commission Bisaillon. Mon collègue y a référé quand
il a demandé le nombre de personnel à la CSST. D'après les
prétentions de M. Lecourt, le président du syndicat, pour
l'engagement des professionnels, on avait recours à des occasionnels
d'une façon systématique et on ouvrait, par la suite, des
concours. Je ne veux pas mal interpréter M. Lecourt, vous pourrez relire
le document. J'inviterais le ministre à relire le témoignage du
président du Syndicat de professionnels. On a ouvert des concours, mais,
évidemment, les gens qui étaient en poste, dans une grande
proportion, ont facilement déclassé tous les autres qui pouvaient
avoir autant le droit de travailler pour le gouvernement du Québec. Sur
le plan de la Loi sur la fonction publique, il y a eu des échos.
On m'a également signalé un deuxième
élément. La CSST - le ministre me dira si c'est vrai ou non - au
niveau de sa politique d'achat, ne passerait pas par le Service
général des achats. Je voudrais savoir pourquoi la CSST - je le
dis sous toute réserve - jouirait d'un pareil privilège.
Ma question essentielle touche au domaine de la réparation et
elle concerne spécifiquement l'administration de la CSST. À ce
titre-là, dans le domaine des prévisions qui sont faites et des
coûts effectifs, des prévisions au titre de la réparation
qui sont budgétisées chaque année de la facture
qu'effectivement la CSST est obligée de payer en fin d'année,
j'ai noté, dans le rapport annuel 1980-1981, qu'on parlait d'un
coût, à la page 47: Ce programme d'incapacité permanente et
temporaire avec les modalités qui y sont données a
coûté quelque 28 000 000 $ de plus à la commission en 1980.
Je veux voir comment on l'a financé. C'est pour l'année 1980. Et,
pour l'année 1981, selon mes informations il y a eu un trou - puisque
c'est l'expression consacrée lorsqu'on parle de l'administration
publique - de quelque 50 000 000 $, 60 000 000 $ ou 70 000 000 $ et les
prévisions actuelles au niveau de la CSST, au niveau de son
administration pour l'année 1982 - j'avais dit sous toute réserve
indiquent un trou pour cette année de l'ordre de près de 80 000
000 $, 90 000 000 $ ou 100 000 000 $.
Alors, quand l'Opposition affirme qu'elle a des doutes sérieux,
ces échos qui nous parviennent nous inquiètent, d'autant plus
qu'il y a des gens qui paient la facture sur le terrain. Malgré le temps
très court, malheureusement, qui nous est accordé, je voudrais
bien savoir ce qu'il en est au juste. C'est notre devoir de souligner cela
publiquement au ministre à l'occasion des crédits. Si besoin est,
si le ministre, regardant la façon dont la CSST est administrée,
et si nos prétentions sont exactes, je ne veux pas faire une querelle de
chiffres, mais l'ordre de grandeur m'apparaît drôlement
inquiétant, ultérieurement, dans le cadre de nos activités
parlementaires, j'aimerais bien, j'en fais la demande au ministre, que l'on
puisse, lorsque cela conviendra au ministre, au président et au conseil
d'administration, prendre une bonne journée, cela serait
d'intérêt public dans les conditions actuelles, compte tenu des
remarques de mon collègue, pour regarder cela avec le président
de la CSST qu'on aimerait bien voir, et discuter avec lui de l'ensemble des
opérations de la CSST. (12 h 45)
Alors, ma question spécifique porte sur les prévisions de
la CSST. On nous parlait d'un trou de 28 000 000 $ en 1980, on nous a
mentionné la possibilité pas mal certaine d'un trou de quelque 50
000 000 $, 60 000 000 $ ou 70 000 000 $ pour 1981, et d'une possibilité
très probable, semble-t-il, d'un dépassement de ces 63 000 000 $
qui pourra peut-être aller chercher quelque chose comme 80 000 000 $ ou
100 000 000 $ pour 1982, ce qui ferait près de 200 000 000 $
d'écart sur une période de trois ans entre les prévisions
au titre de la réparation que la CSST fait et les sommes qu'elle est
effectivement obligée d'acquitter. C'est une question extrêmement
complexe qui touche aux procédures, aux politiques, aux programmes de la
CSST, je le sais, qui est sans doute liée, m'a-t-on indiqué, au
phénomène de la régionalisation, au fait que les bureaux
régionaux, les instances régionales prendraient des
décisions qui interpréteraient la présomption favorable
aux travailleurs d'une façon absolument disparate à
l'échelle du territoire. Il y aurait un ensemble de causes. Je veux bien
qu'on
identifie les causes; si le ministre peut nous en indiquer
quelques-unes, et des causes très spécifiques sans doute faut-il
le faire. Mais, au bout de la ligne, je pense qu'il est très important
que l'opinion publique et que tous les intervenants, la partie patronale comme
la partie syndicale, s'assurent que des correctifs majeurs soient
apportés dans ce domaine de la protection de la santé et de la
sécurité.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Je m'excuse, avant
de donner la parole à Mme la députée de Maisonneuve, je
voudrais signaler que j'ai présumé du consentement pour
dépasser 12 h 30. J'aurais dû le demander.
M. Rivest: Avec ce qu'on a, on pourrait prendre quatre jours.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, c'est cela. Il va
falloir se limiter dans le temps; à un moment donné, il va
falloir permettre aux gens d'aller dîner. Il est peut-être possible
de s'entendre pour ne pas dépasser 13 heures. Est-ce que cela peut
aller?
Mme la députée de Maisonneuve, rapidement, si vous voulez
bien.
Mme Harel: Rapidement, oui. En fait, je veux faire
référence à la polémique qui a été
soulevée par les parties patronale et syndicale concernant la
confidentialité des statistiques qui peuvent être ou non fournies
à une association syndicale représentative. On sait que cette
polémique a été répercutée dans les
médias d'information ce printemps. Je voudrais savoir, finalement,
quelle a été la position de la CSST concernant les demandes
faites par des associations syndicales représentatives ou par des
fédérations syndicales dans le but d'obtenir des statistiques sur
la fréquence, la gravité des accidents de travail, des maladies
industrielles et de la mortalité par entreprise.
Mon autre question concerne la responsabilité que l'OCQ a
transférée à la CSST concernant la sécurité
sur les chantiers de construction. Je voudrais me faire rappeler quand la CSST
a eu pleine juridiction. Il semble - je ne suis pas du tout en mesure de le
vérifier - que dans le cas de ces techniciens, puisqu'il ne s'agit pas
de professionnels, comme l'a souligné tantôt le
député de Jean-Talon, il y aurait eu un grand délai entre
leur engagement et les concours de recrutement. Quand ont-ils été
embauchés? Ont-ils tous été soumis à des concours
de recrutement? Quand ont eu lieu ces concours de recrutement?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Marois: Rapidement, sur les deux questions posées par
la députée de Maisonneuve, le transfert de juridiction de
l'Office de la construction du Québec à la CSST s'est fait dans
la foulée de l'adoption de la loi le permettant, le 21 juin. Ce sont 46
personnes qui étaient impliquées; donc, forcément, 46
personnes ont été transférées. Il n'y avait pas de
concours.
Mme Harel: II y a eu embauche? Des personnes n'ont pas
été engagées occasionnellement pour compléter les
46?
M. Marois: De ces 46 de l'OCQ, il en venait 12 qui étaient
intégrées du fait de la loi, qui étaient recrutées
dans les régions à ce moment.
Mme Harel: Alors, cela fait un total de 58 personnes qui n'ont
pas été complétées par des occasionnels.
M. Marois: Je voudrais vous présenter, pour ceux qui ne
les connaissent pas, M. Néron, qui est vice-président à
l'inspection; il y a aussi, derrière nous, M. Jean-Louis Bertrand, qui
est le vice-président à la prévention; M. Bernier, qui est
le vice-président à l'indemnisation, à la
réparation, et à la réadaptation.
La situation pour les gens transférés: Quand la commission
a pris la responsabilité de l'inspection, le 1er janvier 1981, il y a eu
une entente avec l'OCQ qui a consacré 46 inspecteurs, sous
l'autorité de la commission, pour continuer l'inspection, en attendant
leur intégration à la fonction publique. On a dû
compléter ces cadres par des occasionnels, une douzaine d'occasionnels
dans les régions. Du fait de la loi qui amendait la Loi sur la fonction
publique, ces douze occasionnels et les 46 qui travaillaient à l'OCQ,
mais sous le mandat de la commission, ont été
intégrés sans voie de concours automatiquement par la loi.
Présentement, pour compléter les cadres de l'inspection dans le
secteur de la construction, il se tient un concours de recrutement, selon les
normes de la Loi sur la fonction publique. En ce qui concerne l'autre question,
c'est toujours présentement devant le conseil d'administration et M.
Giasson doit soumettre incessamment une recommandation sur ce problème.
Il y aura une décision de prise suite aux recommandations qui seront
faites.
M. Rivest: Une remarque sur le transfert. Il y a beaucoup de gens
dans l'industrie de la construction qui disent - je ne sais pas si c'est vrai,
je ne sais pas si la députée de Maisonneuve l'a signalé -
que les inspecteurs qu'il y avait à l'OCQ - c'est l'OCQ qui les avait
avant - connaissaient beaucoup mieux le monde de la construction que les
nouveaux inspecteurs de la CSST.
Est-ce que ce sont les mêmes personnes?
M. Marois: Je ne sais pas d'où viennent ces bruits. Nous
avons reçu de l'OCQ des gens qui avaient une expérience comme
inspecteurs qui remonte à 1972, lorsque le mandat a été
confié à l'OCQ. Et parmi ceux qu'on recrute, on va chercher
à peu près le même type d'expérience passée,
une dizaine d'années dans l'industrie avec des activités et des
expériences en santé et sécurité. Alors, je ne
pense pas qu'il y ait une telle différence entre les deux
personnels.
Sur les commentaires-questions du député de Jean-Talon, il
y a des rumeurs -moi, je pense qu'il est grand temps de vider ça, ces
rumeurs - sur l'administration, sur les prétendus voyages coûteux.
Je m'excuse auprès du député de Sainte-Anne, j'avais
expliqué et répondu - on pourra relever cela au journal des
Débats - concernant deux voyages, dont un dans le Grand-Nord - je sais
que le député de Sainte-Anne s'était amusé...
M. Polak: Sur la glace.
M. Marois: ... comme un petit fou en posant sa question - et un
en Italie. J'avais répondu très précisément. Dans
le cas de l'Italie, j'avais même donné le nombre de personnes
impliquées. C'était dans le cadre de l'entente internationale
entre le Québec et l'Italie concernant les possibilités pour les
citoyens des deux pays de bénéficier des avantages des
régimes respectifs des divers pays, comme il y a des ententes avec
d'autres pays. Je le rappelle: dans le Grand-Nord, ce n'était pas, non
plus, toute une batterie. Je ne me souviens plus des chiffres, je les avais
donnés à ce moment. C'étaient deux ou trois personnes, si
ma mémoire est bonne; je redonne le chiffre sous réserve... Je
dis bien que je redonne le chiffre sous réserve. C'était dans le
cadre de la rencontre annuelle des commissions d'accidents du travail.
Une année, je m'en souviens très bien, je suis allé
moi-même rencontrer les gens. La rencontre avait lieu à
Québec... Mais enfin, si le député me le permet, je ne
l'ai pas interrompu pendant sa batterie de remarques-questions. Il y en a
quatorze. Il veut avoir des réponses. J'aimerais bien qu'il me permette
de répondre. Écoutez, comme je suis le ministre responsable de
cette commission et que je suis aussi celui qui a parrainé la loi, pas
besoin de vous dire que mes convictions profondes m'ont amené à
parrainer cette loi, cette réforme. Maintenant, j'ai la
responsabilité d'en suivre l'application. Donc, je suis vivement
intéressé par ce qui se passe. J'ai l'occasion de rencontrer de
façon régulière le président-directeur
général, les vice-présidents et les membres du conseil
d'administration, soit seuls soit en groupes.
Je pense qu'il va falloir nettoyer ça parce que je ne veux pour
aucune raison que des rumeurs qu'on alimente tranquillement, atteignent en bout
de ligne la réputation de gens qui - je le dis honnêtement comme
je le pense - font un travail absolument colossal. C'est colossal ce qu'il y a
à faire au Québec dans le domaine de la santé et de la
sécurité au travail pour s'attaquer à la racine des maux,
les corriger à la source -c'est cela, le fondement de la loi - et le
faire non pas comme une grosse machine, avec ses gros sabots, qui vient d'en
haut, mais en concertation avec les parties patronales et syndicales.
Ce n'est pas facile de faire une opération comme celle-là.
Je sais le travail que ça représente, sans compter, parce que
ça s'ajoute, les opérations, en plus, d'un regroupement pour une
meilleure coordination dans un secteur où tout le monde se marchait sur
les pieds, celui de l'inspection dans le domaine de la santé et de la
sécurité du travail. Cela a été colossal,
l'opération qui a dû être faite de regrouper des effectifs
qui venaient du ministère de l'Environnement, du ministère du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, de
l'Office de la construction, du ministère de l'Énergie et des
Ressources, de bâtir une équipe qui se tienne avec des gens qui
avaient beaucoup d'expérience. Dans certains cas, du vieux gagné
dont il fallait moderniser les méthodes, les approches etc. C'est 20%,
sur le plan strictement des efforts des gens qui sont à l'inspection,
c'est 20% du temps des gens qui travaillent à l'inspection qui ont
été mis dans le cadre d'efforts de formation, d'information pour
mieux équiper les inspecteurs. C'est le nombre d'inspections, comme on
dit, de conformité ou de routine, c'est-à-dire provenant des
inspecteurs eux-mêmes, contre des inspections faites sur demande. C'est,
au minimum - c'était une des questions du député, je vais
trouver mes chiffres, je m'excuse - pas loin de 75% maintenant des visites
d'inspection qui sont faites de l'initiative même de l'équipe
contre l'autre partie qui provient des demandes des gens. Donc, il s'est fait
un gros travail, et cela par-dessus tout le travail de base concernant la
réparation et l'indemnisation.
La formule, je serais prêt à la soumettre au
président-directeur général, M. Sauvé, et au
vice-président, si elle paraît valable au député de
Jean-Talon. On peut avoir des discussions de ce genre, mais je pense que cela
ne nous mènera pas au fond du problème. Je serais prêt
à proposer qu'avec une équipe de parlementaires choisis par
l'Opposition et une équipe de parlementaires de chez nous, on organise
une rencontre avec le président-directeur général et les
vice-présidents et qu'on puisse
ensemble - qu'on prenne une journée, s'il le faut - lors d'une
rencontre, examiner tous les dossiers, poser toutes les questions, s'informer
mutuellement et obtenir les réponses pertinentes. Par exemple, on
pourrait se faire expliquer cela peut-être plus clairement que je ne peux
le faire en deux ou trois minutes, parce que j'ai noté quatorze
remarques et questions du député de Sainte-Anne sur les quelque
60 000 000 $ pour 1981 qu'a évoqués le député de
Jean-Talon. Il faut faire bien attention. Il y a ce qu'on appelle les
prévisions actuarielles qui sont forcément faites, chaque
année. Il faut bien qu'on fasse une prévision actuarielle pour
établir une base budgétaire pour les coûts encourus dans
une année pour répondre aux besoins réels des gens. On
pourrait fouiller cette question et se faire peut-être mieux expliquer
les écarts entre les deux. On se souviendra que l'an dernier, par
exemple, en commission parlementaire on avait évoqué la
façon d'appliquer l'article 38-4 de la loi. Les assouplissements qui ont
été apportés par la suite sur le plan des politiques de la
commission et aussi, dans la foulée, les retombées des jugements
rendus par la Commission des affaires sociales ont entraîné des
coûts additionnels.
Maintenant, je pense que cela pourrait être une formule, je la
soumets, je laisse le temps, d'ici à la fin de mes
réponses...
M. Rivest: M. le ministre, cela est très important. Si
votre réponse dispose de l'affirmation que j'ai faite au sujet des 28
000 000 $, des 63 000 000 $ et j'ai évoqué la possibilité
de 100 000 000 $. Vous dites les prévisions, etc. Mon information est
que le montant précis est de 63 000 000 $ et que ce ne sont pas juste
des prévisions. Il y aurait, m'a-t-on dit, une décision du
conseil d'administration. Ce chiffre existe, c'est un coût réel
puisque le conseil d'administration ou une instance de la commission a
prévu un financement de ce coût sur une période de 25 ans.
Donc, c'est une dépense nette pour l'État, ce n'est pas une
prévision lancée en l'air. J'ai des preuves très
concrètes de cela. (13 heures)
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, oui.
M. Marois: Le député me permet-il de
répondre aux questions? Si on le préfère, je ne
répondrai pas et je vais laisser tomber. Je dis que chaque année,
quand on établit le budget à la commission, forcément il
faut faire des prévisions. Ces prévisions sont basées sur
des prévisions actuarielles. Il y a forcément un écart
quelconque, et c'est vrai qu'il y a un écart. Je ne conteste pas les
chiffres de 63 000 000 $, le chiffre que j'ai c'est 62 000 000 $, on ne se
chicanera pas pour 1 000 000 $. Je ne conteste pas, je dis que l'écart
entre les deux, entre les prévisions et le coût, qui apporte les
62 000 000 $, il y a des explications à cet écart. J'essayais
très rapidement, en quelques secondes, d'expliquer au
député ce qui justifiait, l'écart entre les coûts
réels encourus, impliquant les 62 000 000 $ et les prévisions de
départ qui peuvent être faites quand le conseil d'administration
accepte le budget.
M. Rivest: ...
M. Marois: Cela étant dit, bien sûr qu'il est
financé...
M. Rivest: L'an prochain c'est combien?
M. Marois: ... d'une année à l'autre... Les taux de
cotisation? Je vais revenir tantôt sur la question des cotisations. Je
maintiens cependant la suggestion que je viens de faire à l'Opposition
pour qu'on puisse organiser une rencontre avec le président-directeur
général et les vice-présidents et qu'on puisse prendre le
temps qu'il faut...
M. Polak: Est-ce que je peux dire quelque chose là-dessus,
M. le ministre, sur cette rencontre?
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Marois: M. le Président, est-ce que je pourrais...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Marois: M. le Président, j'ai écouté
attentivement...
M. Polak: On veut régler les rencontres.
M. Marois: ... les remarques, les commentaires. Je formule une
suggestion. Est-ce que le député pourrait faire ce que j'ai fait
pendant qu'il parlait, prendre note et me fournir ses remarques après?
Je vais essayer de répondre à ses questions, il y en a
quatorze.
M. Rivest: Sur l'offre que vous avez faite, est-ce qu'on peut
ajouter une remarque?
Le Président (M. Bordeleau): Un instant: Je vais permettre
d'abord au ministre de répondre, c'est lui qui a la parole.
M. Rivest: Oui, d'accord.
Le Président (M. Bordeleau): On va être
obligé d'y aller compte tenu du temps, parce qu'on ne pourra pas
continuer indéfiniment sur consentement. Alors, M. le ministre, je vous
laisse la parole, en demandant aux autres intervenants de vous la laisser
également.
M. Marois: Le député écoute sûrement
et il prend bonne note. Les crédits concernant l'inspection, l'an
dernier, c'était 15 456 705 $ et, cette année, 18 856 484 $.
En ce qui concerne les connaissances techniques, j'ai
évoqué tantôt l'effort important qui est fait sur le plan
de la formation, de l'information; j'ai expliqué le pourcentage de temps
qui y était consacré. J'ai aussi précisé le nombre
d'inspections qui sont faites spontanément par la commission. Je ne peux
pas reprendre chacun des cas, que ce soit dans Gatineau ou dans d'autres
coins.
En ce qui concerne toute la question de la
déréglementation, un des éléments importants de la
loi - bien sûr il y a un certain nombre de réglementations de
prévues qui sont des cadres - une des clés tient à
l'établissement et à la mise au point des programmes de
prévention par les parties - patronale et syndicale - en concertation
avec la commission, ce qui devient en quelque sorte la réglementation
qu'on se donne dans un établissement donné pour tenter de
corriger, en prenant le temps qu'il faut, compte tenu des coûts
impliqués, à la source les problèmes qui sont
décelés, si on veut corriger à la source.
Je reviendrai sur ce qui concerne les comités santé et
sécurité; ce que je peux dire pour l'instant, c'est qu'il y a un
règlement qui a été adopté pour
prépublication et qui a été envoyé au Conseil des
ministres. J'ai signé le projet de décret demandant au Conseil
des ministres d'autoriser la prépublication. On sait qu'il y a un
délai suivant la prépublication, délai durant lequel les
parties peuvent se prononcer, nous faire part de leurs remarques, de leurs
commentaires et des ajustements, le cas échéant.
En ce qui concerne la politique de recrutement, à ma
connaissance, il n'y a pas de "tablettés" à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Il s'est fait un
travail remarquable, et je voudrais donner les chiffres. Le
député a mentionné des chiffres tantôt; on parlait
de 2500, si ma mémoire est bonne, concernant le nombre de personnes
à la commission l'an dernier. Les postes autorisés cette
année sont au nombre de 2800; les postes occupés, de 2406. Donc,
il y a eu un effort important, malgré tout ce qu'a pu impliquer en plus
la régionalisation, pour assurer une présence plus grande en
région, pour répondre mieux et plus rapidement aux besoins des
citoyens.
Il y a un effort important qui est fait par la commission. En plus, la
commission et de nombreux organismes ont soumis des noms de personnes au
ministère du Revenu pour bâtir les équipes d'inspection et
de vérification. Donc, on voit que, là aussi, c'est relié
à la question de la productivité. En ce qui concerne le nombre
d'accidents, le député verra, en regardant les chiffres, les
tableaux qui apparaissent dans les rapports annuels et qui paraîtront
aussi dans le prochain rapport annuel qu'on aura en main avant longtemps, qu'il
y a non pas une diminution du nombre global d'accidents, mais une diminution en
ce qui concerne la gravité. Le meilleur exemple, la meilleure
illustration de cela, c'est les cas de décès. Alors qu'en 1978,
il y avait 229 décès, 235 en 1979, en 1981, c'est passé
à 202, avec une légère diminution en ce qui concerne la
gravité. Cependant, je tiens à redire ce que j'ai
déjà évoqué. Il faut faire attention aux chiffres
en ce qui concerne le nombre global d'accidents parce que l'entrée en
vigueur, par étapes, de la loi et tous les débats autour de la
loi no 17 ont éveillé et sensibilisé beaucoup de gens
à une réalité qui existait, qui était ce que
j'appelle le nombre d'accidents non déclarés ou cachés, de
sorte que des choses n'apparaissaient jamais dans les chiffres officiels, par
définition. Il y a même eu des manoeuvres de perquisition qui ont
été menées dans certaines entreprises, où ont
été littéralement décelés des
systèmes organisés, complètement parallèles,
d'indemnisation interne qui se faisait au détriment des travailleurs.
Donc, il faut toujours faire très attention quand on compare les
chiffres. On verra bien les tendances au Québec, comme dans les autres
provinces canadiennes, je pense à l'Ouest, en particulier; je pense
à la Suède et aux autres pays où sont faites des
réformes comme celle-là. C'est sur une période d'environ
quatre à cinq ans qu'on peut véritablement avoir des tableaux qui
nous permettent de comparer les chiffres de façon sérieuse.
Enfin, il y a quand même une indication à la baisse en ce qui
concerne la gravité.
En ce qui concerne les efforts de coordination avec le ministère
de l'Environnement qui, maintenant, se cantonne strictement dans le domaine
exclusif et large de l'environnement à l'extérieur des
entreprises, on a mis en marche un processus de coordination beaucoup plus
étroit que par le passé avec ce ministère. C'est le cas,
par exemple, en ce qui concerne Noranda; c'est le cas en ce qui concerne le
dossier qu'a évoqué le député de Sainte-Anne, le
carbure de silice; c'est le cas en ce qui concerne le problème qui avait
été soulevé à Valleyfield, le problème de la
compagnie Expro.
On porte une chose à mon attention: depuis le début de
1982 - je reviens au commentaire que je faisais - il y a une indication
à la baisse, sur le nombre
d'accidents depuis le début de 1982, de 3,8%, mais, enfin, il
faudra voir les chiffres à la fin de l'année.
En ce qui concerne le remplacement du ministère du Revenu,
où est rendue la réforme? J'ai sur mon bureau, depuis quelques
jours, un projet de mémoire avec un projet de loi que j'entends
acheminer au Conseil des ministres; donc, cela passera par la voie des
comités permanents de développement social et de
développement économique. Je voudrais - c'est ce que je souhaite
fortement, je vais travailler dans ce sens - qu'il nous soit possible de
déposer le projet de loi avant la fin de nos travaux; non pas pour
l'adoption, bien sûr, mais pour que tout le monde puisse avoir le temps
d'y travailler et, le cas échéant, fournir les
études...
M. Rivest: C'est évalué à combien? M. Marois:
Pardon?
M. Rivest: C'est évalué à combien de plus
pour l'entreprise?
M. Marois: Si tant est que le projet est retenu dans la
forme...
M. Rivest: L'ordre...
M. Marois: Comme ordre de grandeur, entre 65 000 000 $ et 75 000
000 $. Alors que j'ai déjà entendu - c'est ça le domaine
des rumeurs - des chiffres circuler et qu'on disait: Cela a l'air d'être
une réforme qui va coûter 155 000 000 $. J'ai entendu 200 000 000
$.
M. Rivest: J'ai lu 100 000 000 $ quelque part.
M. Marois: Vous avez lu 100 000 000 $. Bon! C'est 62 000 000 $.
Je me garde une marge parce que cela dépend des morceaux qu'on y met,
qu'on retranche ou qu'on ajoute, mais c'est cela l'ordre de grandeur. J'ai
noté la suggestion du député pour ce qui concerne la
composition du conseil d'administration.
Maintenant, pour ce qui concerne le droit qu'a de par la loi le
président, M. Sauvé, d'exercer son vote
prépondérant, je voudrais faire une mise au point. Il n'est pas
présent parmi nous, il est retenu, je l'ai expliqué, au symposium
international qui se tient à Montréal sur l'amiante; je pense que
c'est important que M. Sauvé soit là. Je ne peux laisser dire
n'importe quoi. Je sais bien que le député de Sainte-Anne a son
côté humoristique mais aussi véhicule les problèmes
qu'il perçoit de la façon la plus franche possible. Il faut faire
attention de ne pas tomber dans des excès. J'ai noté le mot que
le député a utilisé, il a dit: On m'a dit - il rapportait
une rumeur - que le président exerçait - je l'ai noté, on
le relèvera dans le journal des Débats - toujours - c'est
l'expression utilisée - son vote prépondérant. Bon Dieu!
c'est faux.
M. Polak: C'est lui-même qui l'a dit. Je vais vous envoyer
l'article de journal dans lequel il l'a dit.
M. Marois: C'est faux! Il n'a sûrement jamais dit une chose
comme celle-là; le président de la commission n'est pas un
menteur. Je regrette, les chiffres sont là, et je vais vous les donner
les chiffres.
M. Polak: Analysez les votes, donnez-moi les votes.
M. Marois: M. le Président, moi, j'ai respecté le
droit de parole du député et j'ai le droit de m'offusquer de
certaines déclarations à l'emporte-pièce qui sont injustes
à l'égard d'hommes et de femmes qui assument des
responsabilités. J'ai le droit de dire ici ce que je pense et ce que je
sais, et le député n'a pas à s'offusquer de cela. J'ai
respecté son droit de parole, je ne l'ai pas interrompu. Quand il a eu
des abus de langage, j'ai toléré ces abus de langage, et je me
dois en toute honnêteté, bon Dieu! de rendre à César
ce qui est à César, M. Sauvé et son équipe. Il n'y
a personne de parfait, on est tous des humains, mais chez les humains,
qu'est-ce que vous voulez, c'est vrai pour vous et c'est vrai pour moi, il y a
le meilleur et il y a le pire, et on essaie de faire le mieux. S'il y a des
erreurs à corriger, n'importe quand à partir des faits
réels, mais pas n'importe quoi, sur n'importe qui, n'importe comment. Je
regrette, ce n'est pas "toujours", c'est complètement faux.
M. Polak: Question de règlement!
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! Sur
une question de règlement.
M. Polak: Si le ministre est prêt à continuer, je
peux répondre aux renseignements qui sont de nature fausse, parce que je
ne veux pas tout de même qu'il m'accuse d'avoir fait des remarques qui ne
sont pas correctes. Je veux répondre à cela. Si vous me le
permettez, je ne vous interromprai pas, mais, si vous ne me permettez pas de
continuer de répondre, je devrai soulever des questions de
règlement ou de privilège pour corriger les erreurs que vous
faites parce que cela n'est pas correct non plus. Je vous ai interrompu pour
dire: Produisez donc le vote! C'est bien facile, on va prendre tous les votes
qui ont été pris on va voir qui a voté avec qui. Cela
réglera le problème.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne, je vous rappelle qu'en commission parlementaire il n'y a pas de
question de privilège. Vous pouvez toujours soulever des questions de
règlement, mais je vous rappelle également que le ministre a son
droit de parole au même titre que vous. Je voudrais bien qu'on lui
permette de continuer à répondre aux questions que vous avez
soulevées dans votre intervention tantôt. M. le ministre.
M. Marois: Si jamais il arrivait, Dieu nous en protège!
que nos amis d'en face aient à assumer un jour des
responsabilités comme celles qu'on assume, je leur souhaite d'être
entourés d'équipes d'hommes et de femmes comme ceux et celles qui
m'entourent, des hommes et des femmes de cette qualité. Il verra que
c'est plus qu'utile.
Je voudrais être juste. Dans le cas présent, le
président de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, M. Sauvé, sur les votes pris au
conseil d'administration, sur les règlements, a voté une fois.
Sur 180 décisions du conseil d'administration, d'après les
chiffres que j'ai, il a exercé son vote prépondérant entre
cinq et dix fois. Tout de même, il y a des nuances, il faut les faire.
Pas "toujours", ce n'est pas exact.
Sur le prix des loyers, d'après les chiffres que j'ai, en ce qui
concerne le bureau situé à Samuel Holland, il s'agit de 51 602
pieds carrés au taux annuel de 10,21 $ le pied carré; le
député a mentionné 13,92 $. En ce qui concerne le bureau
situé à 345 des Saguenéens, Place du Saguenay Inc., le
prix, le pied carré, était de 13,23 $; c'étaient 3135
pieds carrés. Le bureau n'est plus occupé par la commission pour
deux raisons conjugées: d'abord, il y a eu inondation; ensuite, dans la
foulée de l'inondation, il y a eu fin du bail. (13 h 15)
En ce qui concerne les cas d'aggravation, le député m'a
mentionné le cas d'un représentant syndical. Je n'ai pas de
renseignement sur 340 000 dossiers qui sont ouverts. C'est vrai que dans les
cas d'aggravation, cela prend un peu plus de temps, le traitement des dossiers,
que lorsqu'il s'agit de la première étape. S'il y a des cas
précis qui peuvent être portés à ma connaissance ou
qu'on peut retransmettre à la commission, j'assure qu'ils seront
examinés. La politique, c'est que tout le monde est traité sur le
même pied.
En ce qui concerne les coûts, alors que les taux de cotisation aux
employeurs étaient de... Entre 1973 et 1976, il y a eu une augmentation
de 50,8% des taux de cotisation; de 1976 à 1981, il y a eu une
augmentation de 12,3% des taux de cotisation, du taux moyen de cotisation par
100 $ de revenu; la dernière augmentation de 1981 à 1982 est
passée - le taux moyen - de 2,10 $ le 100 $ à 2,16 $. Bien
sûr, c'est une augmentation de 3%. Il y a des variations,
forcément, qui vont de quelques cents... C'est le taux moyen.
En ce qui concerne la politique salariale, cela fait partie de
l'ensemble de la politique salariale et de l'ensemble du dossier des
négociations, mais je ne veux pas ajouter là-dessus ce qui a
déjà été dit.
En ce qui concerne le ministère des Transports, c'est exact, ce
que le député a dit. C'est pour cela que le projet de loi 17 est
venu faire une chose, c'est faire en sorte que le gouvernement du
Québec, comme les autres, tombe sous la coupe de la loi, qu'il cotise,
qu'il paie comme n'importe quel employeur et qu'il soit soumis à la loi
17. Dans le cas du transport, particulièrement, suite au cas qu'il a
évoqué, qui est survenu dans l'Estrie, le ministère s'est
plié, comme n'importe quel autre employeur, aux recommandations, aux
ordonnances des inspecteurs. Toutes les machines et tout l'équipement
dans la région de l'Estrie ont été munis des câbles
protecteurs requis. On me dit qu'en ce qui concerne le parc de voitures et
d'équipement de machinerie du ministère des Transports, c'est un
montant de 5 000 000 $ que cela implique comme coût, les coûts
prévus, d'ailleurs, pour faire en sorte que l'équipement
réponde aux normes, aux critères de sécurité
requis.
Je ne sais pas si j'ai fait le tour des 14 points...
M. Rivest: J'ai un cas...
M. Polak: Est-ce que je peux répondre juste pour deux
minutes, M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît. Je vais demander à tout le monde d'être très
concis et de ne pas ouvrir un débat, parce qu'on va être
obligé de suspendre la séance tout simplement.
M. Marois: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est
malheureux qu'on ne puisse pas avoir un débat parce que j'aurais pu
répondre longtemps, mais ce n'est pas possible parce que nous sommes
restreints dans le temps. Je voudrais prendre le point le plus constructif des
remarques du ministre, concernant la fameuse journée de rencontre. Je
suis pour cela, notre équipe est pour cela, à la condition qu'on
n'aille pas rencontrer le président et les deux ou les trois
vice-présidents. Je pense bien qu'il faut rencontrer le conseil
d'administration au complet et qu'on entende également les points de vue
syndical et patronal, parce que
quand on rencontre les fonctionnaires, on a leur point de vue qui ne
révèle pas toujours les points qui sont importants, du
côté patronal ou syndical. Donc, pourquoi ne pas rencontrer le
conseil d'administration au complet pour avoir un bon débat?
Deuxièmement, en présence des journalistes, parce que tout de
même, on parle d'une affaire publique. On parle de millions de dollars.
C'est bien beau d'avoir une petite rencontre entre nous avec ces gens, tout le
monde va interpréter à sa façon. Qu'on fasse cela d'une
manière publique, que les journalistes puissent y assister, ce serait
une formule totalement acceptable. C'est le point constructif.
Pour les autres points, j'espère que le ministre ne pense pas
qu'il a répondu à mes neuf ou dix points en détail. C'est
vrai qu'il a touché tous les points, mais grosso modo. J'aimerais avoir
d'autres détails et j'espère encore en recevoir bientôt.
J'ai noté qu'il n'a pas répondu sur le projet de règlement
sur la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, qui est un sujet brûlant, en tout cas, je ne sais pas où
est rendu l'étude de ce projet de loi.
M. Marois: Le député n'a pas écouté
ma réponse.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Marois: II la lira dans le journal des Débats, M. le
Président, j'ai répondu à sa question.
M. Polak: Vous n'avez pas répondu à moins que j'aie
manqué la réponse, mais voulez-vous la répéter.
C'est bien facile de répéter. On accepte tel projet de
règlement ou on ne l'accepte pas. Donc, c'est tout ce que je veux savoir
parce que j'ai peut-être manqué la réponse.
M. Marois: Non, j'ai dit...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Marois: Rapidement, M. le Président. J'ai dit que j'ai
reçu le projet de règlement adopté par le conseil
d'administration avec recommandation d'obtenir l'autorisation du Conseil des
ministres pour prépublication. J'ai signé la demande au Conseil
des ministres, demandant d'autoriser la prépublication et le Conseil des
ministres prendra sa décision. Une fois le règlement
prépublié, si telle est la décision du Conseil des
ministres, on dispose d'un délai de soixante jours si ma mémoire
est bonne pour recevoir les commentaires des uns et des autres et puis, le cas
échéant, procéder aux ajustements qui pourraient
s'imposer.
M. Polak: Si j'ai bien compris votre recommandation.
M. Marois: C'est un processus de consultation.
M. Polak: Donc, la recommandation du ministre a bien pour but
d'accepter le projet tel qu'il est présenté. C'est votre
recommandation personnelle comme ministre.
M. Marois: Prépublication...
M. Polak: D'accord. Sur les autres aspects je ne veux pas voir
tout ça dans le détail. Je prends juste une minute et demie de
plus. Le ministre a parlé d'un travail colossal de ceux qui travaillent
là. Je suis tout à fait d'accord. C'est un travail colossal. Il y
a aussi une note colossale à payer et il faut tout de même avoir
beaucoup plus de détails sur ce que vous appelez les rumeurs, je suis
totalement d'accord avec vous. Ce serait une très bonne idée de
se rencontrer et de discuter cela plus en détail.
Au point de vue des questions que je vous ai posées, hier, vous
avez répondu: C'est vrai, à ce moment, sur le voyage en Italie,
le président et le vice-président... Mais je n'ai jamais
reçu une réponse sur le voyage dans le Grand-Nord où, moi,
j'avais compris que ce n'était pas juste trois ou quatre personnes,
c'était beaucoup plus et leurs femmes étaient là. Je ne le
sais pas, je me rappelle d'avoir posé la question si les femmes
étaient là, si elles ont payé leurs propres
dépenses de voyage, etc. Je ne sais pas ce qui est arrivé. J'ai
posé cette question en 1981 et je n'ai pas reçu de
réponse. Je ne me suis pas amusé comme un fou, du tout. Je ne
suis pas un fou, je ne m'amuse pas comme un fou. Je m'amuse comme un fou, M. le
ministre, mais après les heures de travail.
M. Rivest: Surveillez...
M. Polak: Et, je voudrais simplement dire que je ne désire
pas que l'on se quitte sur une mauvaise note. On veut travailler d'une
manière positive et constructive et on est là pour essayer
d'améliorer le système. On ne veut pas attaquer personne ou faire
des insinuations, même pas sur le vote prépondérant du
président. Je ne l'accuse pas, je peux vous envoyer une copie du journal
où il a même dit qu'à date, quand on analyse toutes ces
fautes, d'ailleurs, le vote sur le fameux règlement concernant la
Commission de la santé et de la sécurité du travail n'a
pas été pris à l'unanimité. Donc, c'est un
exemple.
M. Marois: C'est exactement sur les règlements...
M. Polak: Oui mais...
M. Marois: ... où le président a exercé son
vote prépondérant.
M. Polak: ... parce que c'est une question essentielle et
capitale. On ne parle pas de beaucoup d'autres votes qui ont été
pris sans décision de nature administrative, très souvent. Donc,
pour le reste, je regrette qu'on n'ait plus le temps d'aller dans le
débat plus en détail, mais j'aimerais tout de même recevoir
les détails sur beaucoup de questions et de sous-questions que j'ai
posées. Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon. Rapidement, s'il vous plaît.
M. Rivest: Simplement, j'endosse complètement l'approche.
Je pense que c'est le rôle de l'Opposition de soulever cela. On veut le
faire publiquement d'ailleurs parce que c'est le rôle de l'Opposition,
lors de l'étude des crédits et ultérieurement, d'exercer
le contrôle sur l'administration. Or, il y a des choses qui nous
paraissaient...
Le premier élément que je voudrais dire en terminant. Le
chiffre de 155 000 000 $ sur la réparation des lésions n'a pas
été lancé en l'air. Il y a même eu un document
formel qui a été soumis au conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre - je pourrai donner la ventilation des estimations - et qui,
effectivement, arrive à la somme de 155 000 000 $, ce document a
été soumis au conseil consultatif du travail, l'avant-projet de
loi sur les lésions.
Deuxièmement, je peux vous dire...
M. Marois: M. le Président, je peux vous dire que c'est
exact. Il y a effectivement un avant-projet de loi et je peux dire que
ça ne correspond cependant pas aux coûts inhérents au
projet que j'ai sur ma table, présentement.
M. Rivest: Oui, d'accord. Vous l'avez ramené à 85
000 000 $?
M. Marois: 62 000 000 $.
M. Rivest: Parlant des 62 000 000 $, deuxièmement, le
ministre a reconnu que la Commission de la santé et de la
sécurité avait été obligée de financer un
déficit, compte tenu des prévisions. L'explication que le
ministre a donnée malgré qu'il a bien des raisons administratives
également - j'espère que le ministre a pris les mesures pour voir
à ce que ce soit corrigé - est qu'on avait financé ce
déficit sur une période de 25 ans. Donc, cette somme n'est plus
là.
Deuxièmement, je voudrais avoir une dernière
précision, si le ministre peut s'informer auprès de ses
collaborateurs, en ce qui concerne le déficit prévu pour 1982 sur
la base des chiffres des trois premiers mois de l'exercice financier. On m'a
indiqué que le déficit de 63 000 000 $ de l'an dernier serait
supérieur cette année. Je voudrais savoir de quel ordre est ce
déficit prévu pour 1982.
M. Marois: Je n'ai pas les chiffres avec moi présentement.
Ce que je vais faire, je vais les fournir au député. J'en prends
note et je vais les lui fournir.
M. Rivest: D'accord. Est-ce que vous pouvez confirmer le fait
d'une première constatation tout à fait récente,
probablement au mois de mars ou avril dernier, que la Commission de la
santé et de la sécurité du travail avait des informations
selon lesquelles le déficit pour 1982 serait supérieur au
déficit de 1981? Sans avoir les chiffres, puisque vous dites ne pas les
avoir est-ce que vous pouvez confirmer au moins l'information qui m'a
été communiquée selon laquelle le déficit serait
supérieur en 1982? Ce qui indiquerait, M. le ministre...
M. Marois: Je vais vérifier les chiffres et je les
fournirai au député.
M. Rivest: J'ajouterai ceci en terminant, ce qui indiquerait que
les mesures administratives de correction tarderaient à venir. Cela fait
tout de même plus d'un an que la commission est au courant qu'elle avait
un déficit de 63 000 000 $. En tout cas, j'insiste
énormément sur les mesures de correction. Quant à moi et
quant à nous...
M. Marois: J'en ai pris bonne note.
M. Rivest: Oui, d'accord. Quant à nous, cela termine
l'étude des crédits.
Je veux remercier le ministre de l'ensemble des travaux de la
commission. J'ai constaté, de même que tous mes collègues,
que la tâche du ministre est considérable. C'est un
ministère extrêmement complexe, sécurité du revenu,
travail et tout cela. Nous avons bien apprécié la collaboration
du ministre, de son adjoint parlementaire et de tous ses collaborateurs.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre, un
petit mot de la fin.
M. Marois: M. le Président, je comprends que l'ensemble
des crédits sont, par conséquent, adoptés.
M. Rivest: Au sujet d'Alliance Sécurité
Blindé... Mon Dieu, j'avais promis de vous en parler!
M. Marois: Je comprends que l'ensemble des crédits sont
adoptés. Pendant que je cherche mes notes concernant cette question, je
voudrais en profiter pour remercier les membres de cette commission. Il
m'arrive de hausser parfois la voix et le ton quand je le crois pertinent et
justifié, personne ne m'en tiendra rigueur. Je voudrais, bien sûr,
non seulement remercier les membres de cette commission, mais remercier aussi
toute l'équipe des hommes et des femmes qui ont suivi nos travaux et qui
m'ont permis de vous fournir, j'espère le mieux possible, les
réponses aux questions qui ont été posées et
prendre note de celles auxquelles on apportera des réponses par
écrit. Je vous remercie, M. le Président, de la façon que
vous avez dirigé nos travaux.
Alliance Sécurité Blindé
En ce qui concerne le dossier d'Alliance Sécurité
blindé, je pourrais en parler pendant une heure, cela me paraît
absolument loufoque.
M. Rivest: C'est ce qu'on nous avait dit.
M. Marois: Voici ce que j'ai comme information en date du 26 mai.
Des accréditations ont d'abord été émises par le
bureau du Commissaire général du travail, qui est ici d'ailleurs,
M. Levac, en faveur de l'Union des agents de sécurité du
Québec de Charlesbourg, Québec, pour représenter les
salariés travaillant au secteur du transport par camion blindé
d'Alliance Blindé. Ces accréditations ont été
émises entre février 1980 et février 1982.
Deuxièmement, ces accréditations ont été
émises pour les établissements suivants: -si vous voulez suivre
la suite - je pense que cela vaut la peine d'en prendre note - donc, pour les
établissements suivants: Montréal, Sherbrooke, Noranda, Hull.
Québec, Trois-Rivières - je fais une autre pause - Rimouski et
Chicoutimi.
Troisièmement, la Caisse d'entraide économique de Rouville
a acquis certains des actifs de quatre de ces établissements, les quatre
premiers que j'ai mentionnés: Montréal, Sherbrooke, Noranda et
Hull, et le syndicat accrédité a produit au bureau du Commissaire
général du travail une requête selon l'article 45 du Code
du travail pour assurer la transmission des droits de l'ancien employeur
Alliance Blindé au nouvel employeur, selon le syndicat. (13 h 30)
Quatrièmement, la Société nationale de fiducie de
Montréal a acquis ou saisi certains actifs de six de ses
établissements, c'est-à- dire les quatre que je viens de
mentionner, en plus des établissements de Québec et de
Trois-Rivières. Le syndicat accrédité a produit par voie
de conséquence, au bureau du Commissaire général du
travail, une requête selon l'article 45 du Code du travail.
Cinquièmement, Sécurité Desjardins Limitée,
de Lévis, s'est portée acquéreur ou a acquis certains
actifs de l'établissement de Montréal. Le syndicat
accrédité a produit, au bureau du Commissaire
général du travail, la requête, toujours selon l'article
45.
Sixièmement, le Service CPD, de Lévis, je ne sais pas ce
que c'est...
Une voix: Caisse populaire Desjardins...
M. Marois: ... Caisse populaire Desjardins, de Lévis,
s'est portée acquéreur ou a acquis certains actifs de
l'établissement de Rimouski. Le syndicat accrédité a
produit, au bureau du commissaire général du travail, une
requête selon l'article 45 du Code du travail.
Toutes ces requêtes selon l'article 45 ont été
confiées au même commissaire du travail qui devra
déterminer, dans un premier temps, à la suite d'une ou de
plusieurs auditions - on verra - quel est le nouvel employeur dans ces
dossiers. Le dossier de Montréal se complique par la conjugaison
d'autres éléments qui échappent au contrôle du
bureau du commissaire général du travail. Il s'agit de la
compagnie Alliance sécurité et investigation Québec, qui
vise l'établissement de Montréal d'Alliance Blindé, qui
fait l'objet d'une requête en révocation d'accréditation et
qui est devant la Cour d'appel du Québec.
Pour compléter le tableau, il aurait été
porté à notre connaissance... Quand on a parlé des cas de
licenciement lors de la première journée de nos travaux, j'ai
indiqué qu'il y avait, dans certains cas, des enquêtes qui
étaient faites à la suite d'indications ou de faits qui
étaient portés à notre connaissance. Parce que, dans
certains cas, on n'a pas reçu comme tel d'avis de licenciement. Il
semble que ce soit le cas; on a déclenché une enquête, on a
été informé d'une situation de licenciement de 160
travailleurs aux établissements de Montréal,
Trois-Rivières, Québec. Concernant les autres régions, 43
travailleurs ont été licenciés sur un bloc de 160...
M. Rivest: N'avez-vous pas la date du licenciement?
M. Marois: On a été informé de la situation
par appel téléphonique, c'est comme cela, des fois, qu'on
décèle les choses; on ne reçoit pas d'avis, on n'a pas
reçu d'avis de licenciement. Donc, on a été informé
par appel téléphonique le 12 mars 1982; l'enquête a
débuté le 29 mars 1982. D'après les renseignements qu'on
a, les activités auraient
cessé au début du mois de mars 1982, à la suite de
difficultés financières.
Les employés ont déposé une requête en
ordonnance de séquestre à la Cour supérieure de
Montréal le 30 avril 1982 pour arrérage de salaire,
c'est-à-dire environ 190 000 $ plus 4% pour les indemnités de
vacances. L'audience a été fixée au 28 mai 1982 pour
permettre à l'employeur de négocier la vente de l'entreprise
à Loomus, une entreprise de Vancouver. On a créé un
comité de reclassement dans la région de Montréal avec une
durée de mandat allant du 1er avril au 1er juillet avec un budget de
3000 $ dont la part du ministère était de 1500 $.
M. Rivest: Je ne veux pas interrompre le ministre, je pense que
le député de Duplessis a perdu le fil.
M. Marois: II y a de quoi perdre le fil. Le nombre de
travailleurs participants est de 42 sur 75, il y a 33 travailleurs qui ont
refusé de participer aux travaux du comité.
M. Perron: M. le Président, pour répondre au
député de Jean-Talon.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: J'en ai tellement vu dans le domaine que je n'ai pas
perdu le fil du tout.
Une voix: Moi, je l'ai perdu.
M. Marois: Dans les autres régions - je parlais de
Montréal - on attend les résultats des négociations entre
Alliance Blindé et Loomus, le nom de la compagnie, avant de créer
un comité de reclassement. Voilà l'état du dossier tel
qu'il a été porté à ma connaissance en date
d'aujourd'hui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: La question a été posée parce que
les travailleurs nous ont demandé ce qui était pour leur arriver,
parce qu'en plus il y a le gel, au ministère des Transports, des permis.
Deuxièmement, il y a une saisie du ministère du Revenu dans tout
cela. Je ne sais pas qui est saisi et qui s'est fait geler, parce que c'est
tellement compliqué. Il y a des travailleurs au bout de la ligne qui
sont restés sur le carreau et ils s'adressent au ministère du
Travail avec beaucoup d'espoir.
M. Marois: J'ai évoqué tout ce qu'on a fait
à date dans le dossier et le suivi, forcément, qui va
s'enchaîner. Il me semble qu'on fait l'impossible dans un dossier...
M. Rivest: Vous allez nous promettre de régler cela au
cours de la prochaine année?
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Je
remercie donc les membres de la commission.
M. Rivest: On remercie le Président parce qu'il a
été très patient.
Le Président (M. Bordeleau): Oui! Je vous en remercie.
Finalement, nous allons adopter les programmes 2 et 14 qui vont nous permettre
d'adopter également l'ensemble des programmes, de 1 à 14
inclusivement.
La commission a donc rempli le mandat qui lui avait été
donné qui était d'étudier les crédits du
ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Je demanderais au rapporteur de faire son
rapport.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 40)