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Etude des crédits du ministère de
l'Immigration
(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs! Ouverture de la commission parlementaire de l'immigration
chargée d'étudier les crédits budgétaires du
ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration. Les
membres de la commission, pour la séance d'aujourd'hui, seront: MM.
Bellemare (Johnson); Bi-saillon (Sainte-Marie) remplacé par Bertrand
(Vanier); Brochu (Richmond), Ciaccia (Mont-Royal), Chevrette (Joliette),
Couture (Saint-Henri), de Bellefeuille (Deux-Montagnes); Blank (Saint-Louis) en
remplacement de Forget (Saint-Laurent); Laberge (Jeanne-Mance) en remplacement
de Godin (Mercier); Gosselin (Sherbrooke), Jolivet (Laviolette), Lacoste
(Sainte-Anne), Laplante (Bourassa), Lavigne (Beauharnois), Lefebvre (Viau),
Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), Pagé (Portneuf) et Roy
(Beauce-Sud).
Le député de Sainte-Anne, M. Lacoste, accepterait-il
d'être désigné comme rapporteur de la commission?
M. Lacoste: D'accord, j'accepte.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De
consentement? Le député de Sainte-Anne, M. Lacoste, est
nommé rapporteur de la commission. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Jacques
Couture
M. Couture: Merci, M. le Président. Je dois d'abord, en
guise d'introduction, vous dire que j'espère beaucoup de cette
commission. Je crois que dans la situation politique actuelle du Québec,
au moment de cette histoire que nous vivons tous, il est extrêmement
important de travailler ensemble pour mieux définir la position du
gouvernement, mieux approfondir ses politiques face aux problèmes de
l'immigration, de l'accueil que nous devons réserver aux immigrants et
aussi notre attitude générale face aux groupes ethniques.
J'aimerais profiter de l'étude en commission des crédits
du ministère de l'Immigration pour exposer les politiques que nous
poursuivons en ce domaine et dégager les orientations qui devront se
traduire dans la mise en oeuvre des programmes actuels du ministère et y
inspirer des développements nouveaux. L'immigration a, au Québec,
une importance reconnue par tous. Bien malgré eux, souvent, les nouveaux
Québécois se retrouvent au coeur de nos conflits. Il est grand
temps que nous fassions en sorte qu'ils se retrouvent au coeur de nos
solidarités. Point n'est besoin de rappeler certains
événements des années passées, certaines lois qui
ont parfois été, hélas, au centre de ces débats
entre les immigrants et les Québécois francophones.
C'est là le premier enjeu qui, au-delà de l'impact
démographique de l'immigration qui impose au Québec de
maîtriser l'immigration qui s'y destine, lui commande de maintenir et de
développer des programmes d'accueil et d'adaptation souples et efficaces
pour les nouveaux Québécois qui veulent s'installer ici. C'est
sans doute en regard de ses capacités d'accueil que le Québec
doit recevoir ces nouveaux résidents. Mais pour ceux que nous recevons,
il importe que tant les agents gouvernementaux que les autres fassent preuve de
responsabilité et d'ouverture.
Autant dans ses interventions propres que dans ses démarches
incitatives, c'est là une approche fondamentale du ministère de
l'Immigration du Québec. Il faut bien affirmer cependant que
l'immigration étant un domaine de juridiction partagée sous le
régime constitutionnel actuel, selon l'article 95, il y a lieu de revoir
ce partage de responsabilités pour permettre au Québec d'agir en
ce domaine en fonction de sa spécificité et de ses politiques de
développement, parce que la constitution est claire: sur l'immigration,
c'est un partage des pouvoirs entre le gouvernement central et les
gouvernements provinciaux.
J'ai déjà entrepris des démarches précises
en ce sens. D'une part des négociations ont eu lieu avec le gouvernement
fédéral pour que le Québec puisse gérer
lui-même des critères de sélection qui tentent de
refléter spécifiquement ses caractéristiques comme
société distincte. La position du Québec à cet
égard suppose que deux types de critères seraient utilisés
dans la détermination des points nécessaires actuellement,
c'est seulement le fédéral qui choisit ce genre de
critères un premier groupe de critères valable pour
l'ensemble des immigrants qui se destinent au Canada, géré et
administré par les agents du Canada à l'étranger; un
second groupe de critères directement lié à la situation
socio-économique et culturelle du Québec serait
géré et administré par les agents du Québec
à l'étranger.
A ce sujet, M. le Président, je ferai part ce matin, pour la
première fois, du document de base qui servira à la
négociation entre le gouvernement central et le nôtre, lors de la
venue à Québec, le 27 prochain de M. Cullin, ministre de la
Main-d'Oeuvre et de l'Immigration fédéral. A mon invitation le
ministre Cullin vient à Québec, le 27. Nous avons un projet de
négociation sur ces critères pour l'admission des immigrants et
aussi sur l'admission des étudiants dans les COFI. J'en ferai lecture et
je le déposerai ce matin.
Au-delà de l'entente And ras-Bienvenue qui permet au
Québec d'être consulté seulement, et encore quant à
l'application des critères de sélection uniques et valables pour
l'ensemble du Canada, la proposition de mon ministère consiste à
introduire dans la sélection des critères dont la na-
ture et la mesure lui sont propres et qui lui permettent d'avoir une
intervention déterminante dans la sélection des candidats
à l'immigration au Québec.
Il est fondamental, en effet, de reconnaître que, si le
gouvernement ne peut ajuster le profil de son immigration à la
réalité du Québec en contrôlant des critères
de sélection précédemment conçus pour tenir compte
de sa spécificité, il ne rendra service ni aux
Québécois, ni aux éventuels nouveaux
Québécois. Je pense que c'est aussi lié à l'analyse
que nous faisons de la réalité canadienne. Ce n'est pas une
réalité homogène, mais diversifiée. Il y a des
communautés différentes au Canada et, comme l'immigration est un
pouvoir partagé, il est nécessaire que les futurs immigrants se
préparent et s'adaptent à des communautés
différentes.
J'ai tenu à faire valoir également, au niveau de cette
fois de l'adaptation des nouveaux Québécois à la
société d'ici, la nécessité pour le Québec
de contrôler l'admission des étudiants dans les COFI, ce qui n'est
pas le cas actuellement. Le COFI est un outil d'adaptation à la
société québécoise, tant à son marché
de travail qu'à sa culture, qui doit être accessible à une
beaucoup plus grande proportion qu'actuellement des nouveaux venus au
Québec.
A nouveau ici, c'est le gouvernement du Québec qui est le mieux
à même d'évaluer les besoins des immigrants et de moduler
les services de formation qui sont pour eux autant de conditions favorables
à leur adaptation au Québec. En effet, qui dit adaptation dit
préparation à un type de société original,
homogène. Même dans la philosophie de la constitution canadienne
actuelle où on laisse aux provinces la juridiction exclusive en
éducation, en main-d'oeuvre, théoriquement évidemment, et
aux affaires sociales, on sent très bien que c'est le prolongement de la
juridiction québécoise de contrôler les mécanismes
d'adaptation des immigrants.
L'année qui vient sera marquée par le dépôt
des premières recommandations du Comité consultatif de
l'immigration qui a été réactivé il y a quelques
semaines. Le premier mandat que nous avons donné à ce
comité, en plus d'être un instrument de consultation et de
préparation au prochain comité consultatif l'année
prochaine où on veut préparer d'avance la
représentativité des groupes ethniques, sera d'organiser à
ma demande un colloque sur plusieurs aspects des problèmes et de la
situation des immigrants au Québec.
Je crois que c'est extrêmement important, dans la conjoncture
québécoise actuelle, de connaître vraiment, à
travers les représentations de tous les groupes ethniques, de tous les
représentants de groupes d'immigrants de connaître un peu leurs
préoccupations et d'aider le gouvernement à orienter ses
politiques pour répondre à ces préoccupations. Ce
comité est un instrument essentiel à l'élaboration des
politiques du ministère et est un outil de participation et de
sensibilisation de tous les agents sociaux et économiques qui sont, en
définitive, ceux qui président à l'accueil des
immigrants.
J'attends beaucoup des avis de ce comité auquel ont
accepté de participer avec empressement des Québécois de
vieille souche et des Québécois d'origines ethniques diverses,
les uns et les autres pouvant faire état d'une expérience vaste
auprès des nouveaux Québécois.
En ce qui concerne les problèmes particuliers des travailleurs
immigrants, un comité de travail du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et du ministère de l'Immigration, formé en janvier
dernier, vient de déposer ses recommandations. Elles appellent une
jonction beaucoup plus étroite entre le ministère de
l'Immigration et les services de main-d'oeuvre du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, en particulier au niveau du placement des travailleurs
immigrants.
D'autre part, elles suggèrent que cette jonction s'effectue
à la base au niveau des centres Travail Québec. Je pense qu'on
parle depuis plusieurs années et que le débat recommence depuis
quelques semaines sur l'importance éventuellement de s'orienter vers un
ministère des ressources humaines où l'immigration et la
main-d'oeuvre pourraient être éventuellement fusionnées.
Ces travaux continuent au ministère et des recherches s'effectuent dans
ce sens pour arriver à beaucoup plus d'efficacité et de
cohérence.
Ces recommandations sont déjà soumises à examen au
ministère de l'Immigration et à celui de la Main-d'Oeuvre et du
Travail. De fait, elles s'inscrivent au ministère de l'Immigration en
parallèle avec des efforts d'orientation qui sont toujours en cours mais
qui ont déjà permis de dégager, en continuité
d'ailleurs avec des travaux qui avaient déjà conclu dans le
même sens, il y a assez longtemps, la nécessité de profiter
de tous les avantages de la proximité à établir entre les
programmes d'immigration et de main-d'oeuvre.
Je pense que là-dessus pas mal tout le monde s'entend. D'autre
part, et c'est là d'ailleurs une seconde orientation centrale de la
politique d'accueil et d'adaptation que le Québec doit développer
pour les immigrants, il apparaît indispensable de décentraliser
les divers services visant à faciliter l'adaptation économique,
culturelle et sociale des nouveaux Québécois. Déjà
le ministère de l'Immigration dispose d'un instrument
privilégié en ce sens, les COFI. Et nous envisageons actuellement
un élargissement des fonctions que ceux-ci pourraient remplir.
En plus d'être déjà implantés à la
fois à Montréal et dans certains autres centres urbains du
Québec, ils constituent des centres mieux intégrés au
milieu, plus faciles d'accès et susceptibles, pour cela, de devenir un
lieu privilégié de contact et d'adaptation pour les immigrants
pour le développement de leurs relations avec les
Québécois.
Ce sont surtout des objectifs de formation linguistique que l'on a
cherché à atteindre jusqu'à maintenant dans les COFI.
Notre réflexion actuelle nous a amenés à étudier
diverses possibilités d'intégration aux COFI des services
d'information et d'orientation dont les immigrants ont trop souvent
un urgent besoin. Dans les mois qui viennent, nous pourrons lancer une
ou desexpériencespilo-tes faisant des COFI non pas un double pour les
immigrants de services publics déjà existants, mais un lieu
où ils pourraient s'inscrire à des activités de formation,
où ils pourraient aussi trouver accueil, appui et orientation vers les
services appropriés disponibles pour tous les citoyens. Tout le monde
conçoit que, quand les immigrants arrivent dans la société
québécoise, ils ont besoin d'un centre de préparation
à cette société, et l'expérience de nos COFI nous
révèle que c'est peut-être là le lieu le plus
intéressant pour élargir les mécanismes de ce centre et
des services.
Dans cette optique, le COFI devrait être ouvert à toute la
communauté. Il pourrait répercuter ses dynamismes et offrir ces
types de services. Lieu de rencontres, de services d'orientation, le COFI
pourrait devenir le point d'accrochage de cette interpénétration
que nous souhaitons tous entre le Québec et les nouveaux
Québécois. Je dois ajouter que depuis plusieurs mois, à ma
demande, toutes les directions du ministère, même tous les
fonctionnaires ont participé à un bilan de ce ministère
pour voir comment on pourrait éventuellement réorienter ces
politiques, et cela fait l'objet d'un mémoire d'orientation en
préparation auquel participent tous les paliers du ministère de
l'Immigration. Il y a aussi un autre domaine que nous avons exploré et
qui, effectivement, s'oriente vers certaines recommandations concrètes,
au niveau des services sociaux aux immigrants.
Nous nous sommes aperçus qu'on pouvait dire à tous les
immigrants quand ils arrivent: vous avez simplement à demander des
services aux institutions québécoises connues comme les CLSC, les
centres hospitaliers, etc. Ce qui est vrai, mais nous croyons que dans les
premiers mois de présence dans notre société, des services
sociaux aux immigrants directement orientés pour eux sont
nécessaires pour les préparer à utiliser, d'une
façon beaucoup plus efficace, les services généraux.
M. le Président, je voudrais rendre publique on va vous
distribuer le document en conséquence la proposition
québécoise pour éventuellement négocier avec le
gouvernement central de nouveaux pouvoirs du gouvernement
québécois en matière d'immigration. C'est une proposition
qui sert d'hypothèse de document de travail et qui a déjà
été envoyée à mon homologue fédéral,
M. Cullen, comme recommandation de nouvelle entente entre le Québec et
Ottawa en matière d'admission des immigrants, en matière aussi de
sélection et, enfin, d'admission des étudiants dans les COFI.
C'est ce que le Québec propose comme nouveau protocole d'entente.
Pour une politique de sélection des immigrants. Dans un document
que je remettais à mon homologue fédéral, le 14 mars
dernier, nous annoncions la détermination du Québec d'exercer la
maîtrise de la sélection des immigrants. A ce moment, j'insistais
notamment sur deux points.
Cela devait d'abord se situer dans le cadre constitutionnel actuel, en
reconnaissant au gou- vernement fédéral sa compétence au
niveau de l'admission des immigrants et du contrôle des
frontières, c'est-à-dire que dans cette négociation et
dans cette nouvelle entente avec le fédéral, nous
considérons, évidemment, que nous sommes encore dans le cadre
fédéral. C'est donc sur cette base de la constitution canadienne
que nous faisons les recommandations suivantes, sans nier, pour autant,
l'objectif de notre gouvernement et de notre parti de devenir souverain et,
effectivement, après la souveraineté, d'avoir la maîtrise
totale, dans tous ses aspects, de l'immigration.
Mais on estimait que, pour pouvoir refléter la
spécificité québécoise, tout en tenant compte de la
réalité canadienne, la sélection des immigrants devait se
faire en partie selon des normes et des critères canadiens et en partie
selon des normes et des critères québécois, les
critères québécois étant déterminants, quel
que soit le système de pondération retenu.
Je précise ici le sens et la portée de la proposition.
Au Québec, l'immigration a une influence économique,
culturelle et démographique incontestable et toute politique
d'immigration a des incidences directes sur la politique d'emploi. Elle est
donc en bonne partie un instrument de la politique de population et de la
politique de main-d'oeuvre. Il n'est pas nécessaire ici de rappeler que
sa responsabilité en matière d'éducation et de
sécurité sociale est une autre raison encore pour le
Québec de décider de son immigration, ni de souligner
l'importance du facteur culturel dans toute politique d'immigration.
Il est tout à fait normal, dès lors, que le Québec
se préoccupe au plus haut point du mouvement migratoire sur son
territoire et veuille en contrôler le flux. Environ 117 000 immigrants se
sont établis au Québec de 1973 à 1976, représentant
près de 60 000 travailleurs nouveaux. Aussi, sensible à
l'intention fédérale de faire une place plus grande aux provinces
dans tout le processus de l'immigration en vigueur, le ministère de
l'Immigration du Québec saisit cette occasion de la révision de
la Loi sur l'immigration canadienne, le projet de loi C-24, pour faire part de
son objectif immédiat, exercer un rôle déterminant dans la
sélection des immigrants.
L'immigration au Québec n'a pas su véritablement
s'identifier à la réalité socioculturelle et
économique des Québécois. Soulignons, à titre
d'exemple, qu'en moyenne 30% des travailleurs immigrants admis de 1970 à
1974 au Québec avaient été mal sélectionnés
par rapport aux besoins du marché québécois et que le taux
de dé-pardition de la population des travailleurs immigrants, toujours
au Québec, s'était situé, de 1969 à 1971, autour de
30%. Par ailleurs, sur environ 850 000 immigrants établis au
Québec depuis la fin de la guerre, à peine 20% étaient
d'expression française.
Il importe dès à présent de faire une distinction
entre la notion d'admission et la notion de sélection, toujours dans le
cadre, évidemment, fédéral. L'admission, de
compétence fédérale, déter-
mine les catégories de personnes dont l'entrée au Canada
est compatible avec les intérêts de la communauté. Il
s'agit, en fait, du contrôle des frontières.
Le gouvernement du Canada définit ainsi les documents requis
(passeports, visas, etc), les catégories d'immigrants et de
non-immigrants et les catégories interdites. La sélection, quant
à elle, détermine qui, parmi les candidats admissibles,
répondent le mieux aux possibilités d'accueil économiques
et culturelles du territoire. L'immigration est un domaine de
compétences partagées et ce partage des compétences doit
aller au-delà de la simple concertation entre deux niveaux de
gouvernement. L'article 95, de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique,
qui traite de l'immigration, n'écarte d'ailleurs pas, bien au contraire,
la possibilité de dispositions particulières que le Parlement du
Canada pourra prendre pour permettre à un Etat provincial, en
particulier, de participer activement aux opérations reliées
à la sélection et à l'adaptation des immigrants.
Cet article stipule, en effet, que le Parlement du Canada peut faire des
lois relatives à l'immigration touchant toutes les provinces ou l'une
quelconque d'entre elles. Il est important de noter que cette disposition. Le
Québec considère donc que les critères de sélection
des immigrants par l'établissement de critères
québécois déterminants, mais il reconnaît, par
ailleurs, la nécessité d'assurer un commun dénominateur
valable pour l'ensemble du territoire canadien par le maintien de
critères pan-canadiens.
Le Québec souhaite également participer aux
définitions des différentes catégories d'immigrants pour
qu'elles soient en accord avec ses attitudes humanitaires et ses conceptions en
matière d'immigration. En prenant pour référence l'actuel
système de sélection, le Québec déterminera et
appliquera cinq critères, Ottawa, trois; un neuvième
critère, la langue, ou les langues, faisant l'objet d'une application
par chacune des deux parties selon une pondération différente et
complémentaire. Les critères québécois sont des
critères variables dans le temps comme dans l'espace et doivent donc
être adaptés aux réalités très
particulières à un lieu et à un moment donné. Ils
reflètent que plus spécialement le milieu d'accueil et leur
objectif est d'assurer la meilleure "adéquation" possible entre les
caractéristiques du candidat et la spécificité du
Québec.
Les critères fédéraux sont dits fixes, en ce sens
qu'ils représentent ce commun dénominateur également
valable sur l'ensemble du territoire canadien et qu'ils conservent leur valeur
quelles que soient les variations régionales ou la conjoncture. D'une
certaine façon, ils caractérisent en ce sens plus directement la
personne. C'est l'admission des candidats sur tout le territoire canadien. La
seconde étape est la recherche des critères pouvant aider non
seulement la communauté d'accueil, qui est différente d'une
région à l'autre du Canada, mais aussi aider l'immigrant à
s'adapter à cette communauté différente.
Premièrement, le Québec exercera sa juridic- tion sur les
critères de l'adaptabilité-personnalité" de la profession
le mot est assez mauvais mais on l'utilise parce que c'est le mot que le
fédéral emploie lui-même; finalement, il faudrait dire la
capacité d'adaptation qui est plus français que le mot
"adaptabilité" qui ne l'est pas des emplois
réservés ou désignés, de la région de
destination et, selon les modalités évoquées plus haut, la
langue. Bien que ces facteurs ne représentent pas, à eux seuls,
une grille complète et adéquate pour sélectionner des
candidats à l'immigration, le ministère de l'Immigration estime
que ces facteurs émanent de sa propre compétence et qu'ils
complètent suffisamment les critères pan-canadiens pour permettre
une sélection qui corresponde aux objectifs économiques, sociaux
et culturels du Québec tout en préservant le principe de la
mobilité interprovinciale des personnes.
Contrairement à ce qu'on a laissé entendre, il n'est pas
question pour nous d'empêcher les immigrants d'aller dans quelque
région que ce soit du Canada.
C'est ainsi que le critère capacité
d'accueil-personnalité permet aux conseillers à l'immigration du
Québec d'évaluer la motivation, l'initiative, la
détermination et les autres facteurs propres à un individu, afin
de déterminer ses possibilités d'insertion dans la
société québécoise. Le ministère de
l'Immigration du Québec entend en effet mettre davantage l'accent sur la
capacité d'adaptation de l'individu par rapport à son
éventuel milieu d'accueil que sur les seules qualités
personnelles du candidat.
Dans cette optique, le Québec peut mieux que le gouvernement
fédéral tenir compte de ce qui fait sa différence par
rapport au reste du Canada. Ses conseillers à l'immigration ici et
à l'étranger sont mieux à même de tenir compte de
l'évolution constante que la société
québécoise connaît et, par conséquent, de mieux
évaluer la capacité d'accueil d'un candidat désireux de
s'établir au Québec.
La demande par profession et l'emploi réservé ou
désigné, on reprend évidemment les expressions des
critères fédéraux, sont également des
critères déterminants de l'intégration harmonieuse d'un
nouvel arrivant. Une étude sur l'application des critères
fédéraux actuels a permis de constater un taux
élevé de déperdition des immigrants qui se destinaient au
Québec, ainsi qu'une inadéquation entre les besoins
québécois en main-d'oeuvre et les secteurs professionnels que le
système fédéral privilégie dans une perspective
uniquement pancanadienne. Cela est un phénomène qui arrive
souvent: les immigrants sont admis selon des critères
fédéraux. Comme ils vont dans des régions très
différentes, que ce soient les Maritimes, le Québec ou la
Colombie-Britannique, les résultats sont complètement
différents d'une région à l'autre et les
communautés sont tellement différentes que le critère
fédéral ne peut pas d'avance corriger les situations.
Le Québec entend en outre contrôler sa politique de
main-d'oeuvre. Il estime donc qu'il est
le mieux piacé pour s'assurer que les caractéristiques
professionnelles des immigrants répondent à cette politique.
Cette volonté du Québec d'assurer un développement
cohérent de ses ressources humaines le conduit ainsi à affirmer
que les facteurs relatifs à l'emploi relèvent au premier chef de
sa compétence. Dans le cas des immigrants, cette volonté vise
à garantir une meilleure adaptation de ceux-ci à la
spécificité du marché du travail
québécois.
Le gouvernement canadien établira, pour sa part, le niveau
général de la demande pour l'ensemble du Canada. La région
de destination, autre expression des critères fédéraux,
est un autre des facteurs qui retiennent l'attention du Québec. Comment
peut-on en effet répartir le plus équita-blement possible, entre
les diverses régions, le flux annuel d'arrivants au Québec, sans
détenir juridiction sur ce critère? Inversement, toutes les
mesures incitatives nécessaire? et souhaitables pour assurer une plus
grande déconcentration ne sauraient être efficaces sans une
intervention au niveau même de la région de destination des
immigrants.
Le facteur de la connaissance linguistique, enfin, est lui aussi
lié aux capacités d'adaptation du nouvel arrivant et l'actuelle
norme pancanadienne ne peut tenir compte intégralement de la situation
particulière du Québec. Il est normal en effet d'évaluer
la connaissance linguistique d'un candidat en fonction de son milieu d'accueil.
Dans l'intérêt de tous, y compris des immigrants, il est logique
que le Québec favorise les candidats qui possèdent une
connaissance du français. Le fédéral donne tant de points
pour le français, tant de points pour l'anglais, c'est pour tout le
Canada. Je pense que le raisonnement élémentaire dit que toutes
les provinces en dehors du Canada, où c'est l'anglais qui est la langue
normale d'usage et presque exclusive, l'arrivée de cet immigrant dans
ces régions n'a pas le même impact que quand il arrive dans une
communauté francophone qui a tellement de problèmes culturels
comme le Québec, de survivance culturelle.
Tous ces critères ont pour principales caractéristiques
d'être variables et dans le temps et par rapport au lieu
géographique d'établissement de l'immigrant. Déterminer la
capacité d'accueil de l'immigrant par rapport à un milieu
donné et évaluer ses possibilités d'insertion sur le
marché du-travail sont des responsabilités qui commandent un
examen continu et vigilant d'une réalité à la fois
spécifique et en constante évolution.
Intimement liés au facteur conjoncturel d'établissement du
candidat à l'immigration, ces critères ont une influence
prépondérante sur l'aptitude d'un individu à
s'insérer dans un milieu nouveau dont il doit également
connaître en retour les limites et les capacités d'accueil qui
sont déterminées et administrées par le Québec.
Cela est très important à noter. Ce n'est pas seulement le fait
pour la communauté francophone québécoise de se
protéger par la sélection des immigrants. C'est aussi pour
l'immigrant lui-même de savoir quel type de communauté est le plus
susceptible de lui permettre de s'épanouir et s'adapter plus
facilement?
Deuxièmement, la juridiction fédérale doit pour sa
part assurer un commun dénominateur aux immigrants admis sur le
territoire canadien. Ces facteurs moins variables dans le temps et moins sujets
aux particularités régionales, parce qu'ils doivent s'adapter
à tout le monde dans tout le Canada, sont l'âge, la
compétence professionnelle, la présence de la famille et la
connaissance d'une ou des deux langues officielles du Canada,
c'est-à-dire que ce sont presque simplement des notations factuelles du
candidat.
Ces critères permettent d'assurer de façon objective que
l'ensemble des candidats disposeront de caractéristiques communes
à même de leur assurer à moyen terme un avenir
intéressant, quel que soit le lieu de leur destination première
ou finale.
Deuxièmement, pondération retenue pour les critères
québécois. Cette volonté du Québec d'exercer une
action directe en matière de sélection des immigrants ne saurait
s'en tenir à la seule redéfinition de juridiction entre le
gouvernement fédéral et le Québec.
Les changements que le ministère de l'Immigration
québécoise du Québec souhaite effectuer portent sur le
corollaire des critères, leur pondération en fonction des
objectifs du Québec, pondération ou mesure. La
responsabilité du Québec portera sur 55 des 100 points
prévus dans l'actuel système. Actuellement, c'est le
fédéral qui a les 100 points. Il les a tous. Ces points seront
alloués selon le schéma évoqué dans le tableau
récapitulatif en annexe. Il appartiendra aux administrations
concernées de définir les minima susceptibles d'assurer le
respect des objectifs poursuivis pour chacun des crtères et pour
l'ensemble des facteurs relevant de leur compétence respective.
Le facteur "personnalité" sera dorénavant
désigné par les termes "capacité d'accueil". Vous pouvez
tout de suite corriger parce qu'on a "capacité d'adaptation". On a
repris le mot même que le fédéral utilisait. Si vous
permettez on va le franciser. Les qualités personnelles du candidat
doivent être évaluées, mais elles doivent l'être en
fonction de la capacité d'adaptation du candidat à son nouveau
milieu.
Afin de mieux comprendre le contenu du critère "capacité
d'adaptation", voici quelques aspects qui doivent le composer: connaissance et
expérience antérieures qu'un candidat peut avoir du
Québec, travail temporaire, déplacements antérieurs,
même publicité et curiosité que cela peut engendrer,
compréhension de l'information donnée sur le Québec,
capacité et volonté du candidat de s'adapter au milieu
québécois, tel que manifesté par son initiative et sa
motivation et celle du conjoint évidemment connaissance
linguistique du conjoint, facilité de contact, c'est-à-dire un
ensemble de facteurs qui peuvent nous dire que voici un candidat qui est
très intéressé à venir dans cette
société québécoise, par une série de
signes.
Ce facteur "capacité d'adaptation" conservera les 15 points
actuellement accordés au critère "personnalité". Il est
essentiel, en effet, qu'une
évaluation consistante et globale puisse être portée
sur l'ensemble du projet soumis par un candidat. Le caractère
mécanique du système fédéral actuel de
sélection a trop de fois été déploré par le
Québec pour que les conseillers québécois ne se voient pas
dotés d'une marge de manoeuvre suffisante où leur jugement et
leur bon sens pourront se manifester. Il sera toujours impossible de laisser
à un ordinateur le soin de se prononcer sur la pertinence globale d'un
projet d'immigration.
Je pense que tout le monde va reconnaître, et c'est
évident, que des fonctionnaires fédéraux qui ont à
établir les critères pour l'ensemble du Canada n'ont pas de
connaissances exactes parce que finalement c'est un gouvernement central
des communautés régionales, différentes, dans ce
Canada. Ils sont les moins biens placés pour effectivement dire au
candidat d'aller ou préparer ce candidat à aller dans telle
communauté selon la région du pays.
L'actuel facteur "demande dans la profession" conservera dans la grille
québécoise de sélection sinon la même
pondération, du moins le même objectif que celui qu'on lui
attribue actuellement. Ce critère doit refléter de façon
aussi précise que possible les débouchés disponibles dans
un secteur donné. Le poids maximum de ce critère, important sans
doute, mais pas nécessairement déterminant en soi, passe de 15
à 10 points. Mais la pondération totale des critères
relatifs à l'emploi se situe néanmoins à 20 points, si
l'on tient compte du facteur "emploi". Le facteur "emploi" ayant, en effet, un
impact considérable au moment de l'arrivée du candidat au
Québec, la notion d'emploi réservé ou
désigné conserve son actuelle pondération de 10 points.
L'immigrant qui possède une offre d'emploi ou dont la profession est en
forte pénurie possède, évidemment, un avantage initial
indéniable dont il faut tenir compte.
Quant au critère lieu de destination, il voit sa
pondération maintenue à cinq points. Il s'appuiera non seulement
sur l'essor économique de la région concernée, mais
également sur les possibilités d'adaptation offertes par cette
dernière au nouvel arrivant, c'est-à-dire que, s'il y a une
région dans le Québec qui a un besoin plus particulier de
main-d'oeuvre et s'il y a des immigrants qui sont préparés
à aller, effectivement, remplir tel type d'emplois dont la région
a besoin, cela lui donne les points nécessaires.
Les recherches se poursuivent actuellement pour établir une
grille définitive applicable à ce critère. Dès
à présent, on peut prévoir toutefois que, sur les cinq
points alloués à ce facteur, deux points chercheront à
refléter la situation économique de la région, tandis que
les trois autres points porteront sur les capacités d'accueil
socioculturel d'une région donnée afin de favoriser la
déconcentration des immigrants.
Au facteur éducation qui passe de 20 à 10 points, il
serait opportun de comptabiliser le nombre d'années scolaires
réussies de la façon suivante: un point sur les huit
premières années d'études, un point par année
supplémentaire jusqu'à la quatorzième année de
scolarité ou c'est cela qui est important pour éviter une
certaine forme d'élitisme un point par année de formation
professionnelle en plus des quatre points de base. Les gens qui ont appris un
métier peuvent avoir le même nombre de points que quelqu'un qui
est de profession libérale évidemment, pour un total de dix
points.
La réduction globale de 20 à 10 du facteur
éducation permet de modérer le poids relatif de ce
critère. Aussi cela minimise un peu l'orientation élitiste qu'on
pourrait donner à la sélection des immigrants, souhait maintes
fois formulé par des organismes intéressés par
l'immigration.
Le critère "connaissance linguistique" voit son importance et sa
pondération considérablement modifiées. Pour un immigrant,
la langue du pays d'accueil est l'outil clé de son adaptation
socio-économique et culturelle. Elle est, par la suite, essentielle
à tout comportement d'intégration. C'est par sa connaissance ou
par son acquisition que l'immigrant se met en contact direct avec la culture et
en subit l'influence. Selon l'étude de Richmond sur l'intégration
socio-économique des immigrants, la non-connaissance de la langue
constitue le problème no 1 de l'immigrant. Je pense que c'est un
truisme; tout le monde admet cela d'avance.
La connaissance du français est non seulement utile à la
communauté québécoise, mais elle est essentiellement et
fondamentalement aussi extrêmement importante pour l'immigrant
lui-même parce que cela facilite, d'une façon assez
évidente, son adaptation à la communauté
québécoise.
Dans la mesure où l'immigration est perçue comme devant
refléter la réalité francophone du Québec, la
connaissance du français chez l'immigrant ou la possibilité qu'il
l'acquière doit avantager largement le requérant qui se destine
au Québec, c'est-à-dire le français et, ensuite, les
langues latines.
Le poids de ce critère doit être augmenté de 10
à 15 selon la modalité suivante: le gouvernement du Canada
accorderait cinq points pour la connaissance du français et cinq points
pour l'anglais, c'est-à-dire que, pour tous les immigrants qui veulent
venir au Canada, dans une première sélection, un premier
critère d'admission, le fédéral, s'ils possèdent
l'anglais et le français, leur donne les points nécessaires. Si
quelqu'un possède seulement le français, il a seulement cinq
points; s'il possède seulement l'anglais, il a seulement cinq
points.
Le gouvernement du Québec accorderait, pour sa part, cinq points
pour la connaissance du français, ce qui veut dire qu'un immigrant
français aurait dix points en venant au Québec, cinq points du
fédéral et cinq points du Québec, et quelqu'un qui ne
parle ni anglais ni français, n'est évidemment pas
avantagé par ce critère. Cela permet, en ajoutant des points pour
la connaissance du français, de faciliter l'arrivée des
immigrants en terre québécoise.
Voici quelques suggestions du gouvernement du Québec pour les
critères fédéraux. Les propositions qui vont suivre ne
veulent être rien d'autre qu'une base de discussion à
d'éventuels pourparlers pour une harmonisation de l'ensemble des
critères, ce sera l'objet de ma rencontre avec M. Cullen. Le
facteur actuel de la compétence pourrait voir cette pondération
passer de dix à quinze pour refléter également
l'expérience du candidat sur le marché du travail et la demande
globale pancanadienne dans la profession, c'est-à-dire qu'en partant, au
Canada, par les statistiques, on sait quels sont les secteurs où c'est
plus en demande, alors c'est une espèce d'annotation d'entrée
que, dans tel domaine, il y a des possibilités d'emplois.
Cette modification permettrait de conserver l'objectif actuel de ces
critères, c'est-à-dire évaluer la plus grande
compétence professionnelle offerte par un candidat tout en tenant
compte, également, des années d'expérience concrète
de ce dernier, et de la situation nationale de l'emploi.
Le facteur "âge" ne semble pas requérir des changements, ni
dans sa modulation ni dans sa pondération. Il reflète bien des
objectifs démographiques et d'adaptation à une nouvelle
société qu'on lui attribue. Les autorités
fédérales devraient tenir compte des recommandations faites
antérieurement par le comité de la Chambre et du Sénat et
abolir la catégorie des nommément désignés.
Malgré l'aide que les immigrants déjà établis
peuvent apporter aux membres de leur famille qui souhaitent à leur tour
s'établir au Canada, le système actuel où les proches
parents obtiennent jusqu'à 30 points bonis des 50 points requis accorde
une importance trop grande à ces considérations.
En conséquence, il est souhaitable que la catégorie
réglementaire d'admission dite des nommément
désignés soit abolie et qu'en retour, un critère
"famille", représentant un maximum de dix points, soit
inséré au critère de sélection des candidats
indépendants. En outre, et compte tenu de ces changements dans les
catégories admissibles, il sera nécessaire d'étendre la
notion de parrainés aux parents de moins de 60 ans afin, en effet, de
respecter les liens familiaux, parce que le critère
fédéral, pour les parents, est au-dessus de 60 ans.
A propos des points bonis, dans la sélection des immigrants, il y
aura lieu de tenir compte de la notion du couple. La sélection actuelle
se fait en se basant sur les caractéristiques du seul chef de famille.
On ne s'interroge pas sur la plus ou moins grande facilité qu'aura
l'épouse à entrer sur le marché du travail ou à
s'adapter à un nouveau milieu. On ne tient pas compte, non plus, du
rôle très important qu'elle peut être amenée à
jouer dans l'apprentissage d'une langue, par exemple, ou l'éducation des
enfants dans un nouvel environnement. En ne s'attachant qu'au chef de famille,
on se trouve à négliger des éléments importants de
la capacité d'intégration des immigrants. Je crois, d'ailleurs,
qu'il y a une grande lacune, même dans l'adaptation du côté
des épouses. Dans le but de ne pas pénaliser les
requérants célibataires, il y aura lieu de considérer
l'établissement de ce nouveau critère sous forme de points bonis
attri-buables aux membres de la famille accompagnant le candidat. Ainsi, des
points bonis seront accordés selon les caractéristiques de
l'épouse et des enfants.
Le Québec entend donc désormais, en conclusion, en accord
avec le gouvernement canadien parce que nous voulons quand même,
dans ce cadre fédéral, négocier et arriver à des
résultatsrecruter et sélectionner les immigrants qui se
dirigent sur son territoire, en tenant compte des capacités d'accueil et
des particularités de la société québécoise.
S'il ne pouvait ajuster le profil de son immigration à la
réalité du Québec en contrôlant des critères
précisément conçus pour tenir compte de sa
spécificité, on ne rendrait service ni aux
Québécois ni aux éventuels nouveaux
Québécois.
M. le Président, je vous présente aussi, en
dernière page le tableau que vous avez à gauche le
système fédéral actuel avec tous les critères qui
sont déjà évidemment utilisés pour l'admission des
immigrants. Et vous avez les propositions du Québec. On divise cette
série de critères qui étaient exclusivement
fédéraux en critères québécois, et on
suggère évidemment au gouvernement fédéral de
diviser ces critères de la façon suivante, ce qui donne 55 points
pour les critères québécois et 45 points pour les
critères fédéraux.
En terminant, je veux souligner l'importance de cette rencontre que nous
aurons dans quinze jours avec le ministre fédéral de
l'Immigration. Je rappelle, d'ailleurs, qu'actuellement il y a un mouvement qui
vient de tous les milieux pour appuyer ce type de demande du Québec pour
un meilleur partage de l'immigration.
J'en profite aussi pour souligner, en tant que ministre de
l'Immigration, que mes prédécesseurs de l'ex-gouvernement ont
été responsables à leur manière d'un
déblocage de ces politiques d'immigration québécoise. Ce
que nous voulons faire au gouvernement actuel, c'est le prolongement de ces
politiques et surtout apporter un nouvel éclairage des besoins du
Québec et même aussi favoriser l'épanouissement des
immigrants eux-mêmes. Je souligne aussi que déjà il y a eu,
dans cet appui à la politique québécoise, des
déclarations assez intéressantes et imprévues, entre
autres, je pense qu'il y a deux ou trois vice-présidents de banques qui
ont dit publiquement et carrément qu'on devrait donner au Québec
la juridiction presque entière de l'immigration. Il y a plusieurs
groupes ethniques qui ont manifesté le même appui. J'espère
qu'en commission parlementaire, dans la préparation à cette
négociation, nous pourrons recevoir d'une façon
déterminante un appui des membres de cette commission, de l'Opposition
aussi, pour qu'effectivement ensemble, conscients de notre
responsabilité au Québec face à l'immigration, s'il est
possible, nous puissions dégager un certain front commun. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Commentaires de l'Opposition M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: On va partager le temps disponible entre nos
membres, M. le Président. Je félicite le ministre de sa
déclaration, qui est en pro-
fondeur. Je crois, par exemple, que cela aurait été mieux
si on avait eu l'avantage, comme en Chambre, d'avoir sa déclaration
d'avance, parce qu'il y a beaucoup de points importants. Je sais, ce serait
difficile, sinon impossible, d'appuyer ou de rejeter cela, ce matin, sans, par
exemple, étudier les effets et les changements dans le pointage et les
raisons pour ces changements.
Le ministre a parlé d'une rencontre, par exemple, avec le
ministre, M. Cullen, pour bientôt, je pense, le 27. Est-ce que c'est
possible pour la commission d'avoir les grandes lignes, au moins, et
représentations qui, je crois, sont déjà
préparées par le ministre pour cette rencontre avec M. Cullen,
pour qu'on puisse appuyer la position du ministre? Est-ce que c'est exactement
celle que vous venez de lire?
M. Couture: Ce sont les grandes lignes de notre proposition.
M. Mackasey: J'ai remarqué...
M. Couture: II y a un deuxième point au programme dans la
rencontre avec M. Cullen: la discussion en long et en large de la
sélection des immigrants dans les COFI. Je pense que nous voulons
vraiment réviser toute cette politique. Actuellement, le
fédéral, c'est lui-même qui choisit les étudiants
qui doivent aller dans nos COFI, et le budget total, d'ailleurs, est fourni par
le fédéral. Nous avons quand même des orientations bien
prises pour ces COFI, et nous sommes, nous croyons, en droit de réclamer
que le Québec soit maître d'oeuvre complètement, surtout
que l'éducation est de juridiction complètement provinciale. Le
Québec devrait être maître d'oeuvre totalement de ces
programmes dans le COFI et du recrutement de ses étudiants. Je dois dire
que M. Cullen, on a échangé beaucoup de lettres lui et moi.
Actuellement, je vous en fais part au moment où on se parle, il semble y
avoir une volonté très nette du ministre fédéral de
débloquer à ce niveau. J'espère que ce ne sera pas une
velléité, mais vraiment qu'on aboutira à un accord
intéressant.
M. Mackasey: Je connais intimement M. Cullen, et aussi le
ministre M. Couture, ce n'est pas impossible d'arriver à une entente
entre le gouvernement fédéral et nous, les
Québécois, sur la question des immigrants. J'ai remarqué,
par exemple, dans le rapport de cette année, et malgré que nous
avons un pointage, si vous voulez, un système de sélection,
à l'heure actuelle, qui est uniforme à travers le pays.
Au tableau 6, je pense, à la page 30, je suis content de voir que
les premiers cinq pays de dernière résidence d'immigrants sont
tous des pays qu'on peut appeler des pays francophones. Par exemple, nous avons
Haïti, avec 11,8% d'immigrants qui sont au Québec maintenant, 3308;
deuxièmement, la France, troisièmement, le Royaume-Uni,
quatrièmement, les Etats-Unis et le Vietnam Sud. Est-ce que le ministre
prévoit dans ses sélections un changement de cet ordre, dans
l'esprit au moins de ce qu'il cherche à faire qui va encourager
l'immigration d'un tel pays plus que celle d'un autre. Vous avez parlé
des pays francophones avec raison, parce qu'ils viennent au Québec, au
Canada avec déjà la compréhension de la langue
française. Quels sont ces pays?
M. Couture: Je pense qu'il faut dire clairement, parce que
peut-être que cela n'a pas été suffisamment compris dans
certains milieux, que tous les citoyens du monde, en dehors du Québec,
du Canada, qui veulent effectivement venir dans ce pays... Nous, comme
gouvernement québécois, on ne peut dire que d'aucune façon
il y a quelque hostilité que ce soit contre un citoyen du monde qui
voudrait venir dans la société québécoise. Une fois
qu'on a dit cela, c'est important, parce que d'aucune façon nous voulons
avoir une politique exclusivement culturelle bu francophone et de culture
française. Mais nous sommes en droit je pense que c'est le
privilège d'une société comme la nôtre qui est
menacée en Amérique du Nord de favoriser l'immigration
francophone ou qui est capable de devenir francophone, l'immigration latine,
entre autres, par nos critères, en ajoutant des points à des
candidats qui viennent de ces pays qui sont favorisés. Par ailleurs, il
y a des citoyens d'autres pays qui peuvent obtenir des points
supplémentaires à d'autres titres.
M. Mackasey: Je ne veux pas laisser l'impression, M. le ministre,
que les Irlandais ne seraient plus bienvenus à Québec. Ce n'est
pas cela du tout, je sais que tout le monde...
M. Couture: Ils sont tellement bienvenus que j'ai un
beau-frère irlandais puis j'en suis très fier.
M. Mackasey: M. Cliche qui parle, là-bas.
M. Chevrette: Même s'ils se sentent mal à l'aise.
Certains Irlandais se sentent mal à l'aise.
M. Mackasey: Oui, je connais des Irlandais qui vont s'en aller
quand le pays sera séparé.
M. Chevrette: Au point d'affirmer, M. Mackasey...
M. Mackasey: Quand le pays sera séparé, certains
Irlandais seront partis au Canada. Je suis Canadien avant d'être
Québécois.
M. Chevrette: Même au point de nier la fierté des
Québécois?
M. Mackasey: Pas du tout, je suis fier d'être
Québécois, mais si vous vous voulez...
M. Chevrette: On s'en reparlera tantôt.
M. Mackasey: ... parler d'une autre chose. Ce n'est pas
nécessaire de parler tout à l'heure, c'est vous qui avez
soulevé la question. On va en parler immédiatement.
M. Chevrette: Je peux répondre.
M. Mackasey: Je suis Canadien. Je suis aussi résident de
la province de Québec et je vais rester comme résident de la
province de Québec tant que nous serons un pays uni. C'est cela que j'ai
dit hier. Je pense que c'est à cela que vous faites allusion.
J'ai dit aussi, par exemple, que si un jour ou l'autre nous avons la
séparation, j'irai au Canada, ce n'est pas plus compliqué que
cela.
M. Chevrette: Mais si les Québécois, avec toute
leur fierté, décidaient de par eux-mêmes,
démocratiquement, de s'autogérer, vous n'accepteriez pas cela,
vous vous en iriez?
M. Mackasey: Comment je n'accepterais pas cela?
M. Chevrette: C'est cela la fierté d'être
Québécois.
M. Mackasey: J'accepterai cela dans le sens que je suis Canadien
et que je vais rester Canadien.
M. Chevrette: Une chance que le ministre du Travail a
exprimé une tout autre approche.
M. Mackasey: En tout cas...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La parole est au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Oui, c'est bien de rester dans l'ordre, parce que
les déclarations que je fais, je n'ai jamais peur de les
répéter, devant vous surtout. Vous aviez le courage d'appliquer
vos recommandations quand vous étiez membre de la commission Cliche, et
pour cela on vous dira que vous êtes aussi homme que le ministre du
Travail. Je pense que vous n'avez pas ce courage, quant à la
déclaration que j'ai vue il y a deux jours.
M. Chevrette: Cher monsieur Mackasey, continuez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Bien sûr. Je me reprendrai tantôt.
M. Couture: Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Mackasey: Non. Je sais que tout le monde est bienvenu. Je sais
que vous voulez encore arriver à une entente avec M. Cullen, qui
prendrait en considération l'esprit culturel du Québec, que je
comprends, et le fait qu'il est d'expression française. Je pense que
c'est normal d'encourager, autant que possible, les immigrants qui n'ont pas
seulement la possibilité de parler une langue, l'anglais, mais aussi
l'autre langue officielle, le français. Je sais que tout le monde est
bienvenu, mais je vous demande encore s'il y a certains pays, à part
tous les pays, que vous favorisez pour l'immigration au Québec.
M. Couture: Excusez-moi, à part quoi? Certains pays
à part quoi?
M. Mackasey: Vous voulez des immigrants de tous les pays.
M. Couture: A priori c'est cela qu'il faut clarifier
nous ne refusons aucun citoyen du monde qui veut venir s'installer et
vivre au Québec; la preuve, c'est que vous vous promenez partout au
Québec, surtout, évidemment, dans la région de
Montréal, et que vous y rencontrez des représentants de tous les
pays du monde. On peut rendre hommage à beaucoup de ces immigrants qui
se sont assez bien adaptés à la situation
québécoise.
M. Mackasey: C'est selon la sélectivité des normes
établies par le gouvernement fédéral. Cela n'aurait aucun
sens, selon vous, d'arranger le pointage pour empêcher un pays ou un
autre de venir au Canada. Il me semble que ce serait à l'avantage de la
province de Québec d'attirer, d'encourager autant que possible les
immigrants des pays où la langue officielle est d'expression
française. Je suis complètement d'accord avec cela.
M. Couture: Je suis content de vous l'entendre dire.
M. Mackasey: Je vous demande: Y a-t-il quelques pays dont les
immigrants ont déjà tendance à venir au Canada pour y
rester de façon permanente et spécialement ici, dans la province
de Québec? Par exemple, Haïti, est-ce le pays qui cherche le plus
les Haïtiens à venir au Canada, au Québec, si
vous voulez? Est-ce la France, le Vietnam, la Tunisie?
M. Couture: II est évident que nos efforts actuels, dans
nos bureaux d'immigration à l'étranger, sont pour encourager les
immigrants de pays francophones à venir au Québec. Nos efforts
vont dans ce sens.
M. Ciaccia: Une directive, M. le Président. Allons-nous,
dans nos travaux, procéder comme on l'a fait dans plusieurs autres
commissions, c'est-à-dire avoir un bref commentaire de chaque parti et,
après cela, des questions d'ordre général, pour aller
ensuite aux crédits? Est-ce la manière dont nous allons
procéder?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Votre
question est très pertinente. Je pense qu'il est dans
l'intérêt de la commission, après avoir entendu
l'exposé du ministre, d'entendre l'exposé et non pas une
période de questions de
l'Opposition officielle. Je retiens ici que le député de
Mont-Royal partagera avec le député de Notre-Dame-de-Grâce
le temps alloué à l'Opposition officielle. Après, nous
entendrons le député de Richmond et tous les
députés du côté droit qui veulent également
faire un exposé ou parler. Lorsque les différents exposés
seront terminés, nous procéderons, puisqu'il n'y a qu'un
programme, à des questions d'ordre général.
La parole est à l'Opposition officielle.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Premièrement,
je veux remercier le ministre pour l'exposé qu'il nous a fait. Je
souhaiterais que le ministre explique à la population cela
pourrait faire partie du programme d'accueil que le ministre préconise
les bénéfices de l'immigration. Trop souvent, dans
certains secteurs de notre population, on s'attache à certains
mythes.
On voit certains désavantages, soit sur le plan personnel, soit
sur le plan de certains secteurs d'emploi. On n'envisage pas l'aspect global
des bénéfices et des avantages et même je dirais de la
nécessité d'une politique d'encouragement à l'immigration
dans un pays en croissance comme le nôtre.
Je partage entièrement, avec le ministre, le désir et les
préoccupations de l'aspect linguistique en vue de maintenir cet
équilibre, je pourrais dire, au Québec, parce que d'après
plusieurs inquiétudes, théoriquement, ce serait possible,
d'après les études démographiques, que si on ne tient pas
compte de cet encouragement, de cette préoccupation, le pourcentage
québécois canadien-français linguistique pourrait aller en
diminuant.
Mais tout en tenant compte de cet aspect linguistique, et tout en
acceptant le principe de partage du pouvoir de l'immigration d'après la
constitution, je suis heureux de noter que vous allez au moins discuter avec le
ministre de l'Immigration fédéral, votre homologue
fédéral, certains aspects, certains critères et certaines
préoccupations que vous avez quant à l'immigration au
Québec. Je crois que, dans cet esprit, nous devons vous appuyer. Nous
sommes entièrement en faveur du rôle du Québec dans
l'immigration, sans exclure, comme vous l'avez souligné dans votre
exposé, le rôle du fédéral. Alors si vos discussions
avec le fédéral vont dans le sens que vous voulez un plus grand
contrôle sur les critères d'immigration, nous allons vous appuyer,
de même si ces critères vont dans l'esprit d'une
société ouverte, une immigration ouverte, de non
discrimination.
Trop souvent on dit: Les immigrants n'ont pas de droits. Dans un sens,
c'est vrai que des pays, des gens d'autres pays peut-être n'ont pas de
droits dont ils peuvent se prévaloir pour dire: J'ai le droit d'aller
dans tel ou tel pays, au Québec, au Canada. Mais c'est l'esprit de notre
société de tenir cette immigration ouverte, parce que nous avons
une société pluraliste. Nous avons pu bénéficier de
tous les apports que différents groupes ethniques nous ont
apportés. Je fais une distinc- tion entre une société
ouverte, où nous allons inviter les gens de tout le globe, de tout le
monde, et votre préoccupation de la question linguistique, et je
prétends, M. le ministre, que l'une n'exclut pas l'autre.
Je souhaiterais que votre politique d'immigration invite sans
discrimination tout le monde, sans préoccupation d'un certain pays ou de
l'autre, tout en insistant, naturellement, parce que nous sommes au
Québec, sur la question d'apprendre la langue de la majorité. Je
trouverais malheureux que pour des questions linguistiques nous nous attachions
à dire que nous allons inviter seulement certains immigrants qui parlent
la même langue que nous. Je pense que dans le passé, et dans
d'autres pays, ce n'est pas cette approche qui a fait la force et la croissance
d'un pays. Les immigrants, la plupart du temps, ne parlent ni l'une ni l'autre
des langues, ni le français ni l'anglais. C'est vrai qu'il y a certains
encouragements dans certains cas, anglais ou français, mais la
préoccupation devrait être plutôt de faire cet accueil, de
faire cette insistance sur l'apprentissage et l'acceptation de la langue
française au Québec, plutôt que de dire, a priori: Ce
seront seulement ceux qui parlent le français qui seront admis au
Québec.
Je crois que cela ne sera pas en notre intérêt. On se
limiterait grandement et ce serait contre nos plus grands intérêts
de faire une telle restriction. Vous dites: Nous sommes ouverts, nous ne
voulons exclure personne; d'une façon, j'accepte que vous disiez cela,
mais je n'ai pas eu la chance d'étudier vos critères, car nous
venons de les recevoir seulement. Votre voeu d'accueillir tous ceux qui
répondent à certains critères, naturellement minimes, et
de faire un accueil au monde entier, il ne faudrait pas que ce voeu soit
nié dans les critères que vous allez apporter dans ce
document.
Il est possible que, d'après la méthode de
sélection de vos critères, certains pays soient exclus. Je ne
peux pas affirmer cela, je soulève seulement la question parce que je
n'ai pas eu l'occasion de l'étudier. Certains pays peuvent donc
être exclus et d'autres peuvent être favorisés. Je crois que
nous allons porter une attention particulière à cet aspect des
critères, et j'accepte que vous devrez partager et avoir le droit
d'accepter les critères de l'immigration. Il leur faudrait être
assez larges pour accepter les immigrants du monde entier.
Il y a encore une couple de remarques que je voudrais faire. Dans un de
vos critères je remarque que vous voulez attacher moins d'importance
à la famille. Il ne vous faudrait pas enlever cet aspect au complet pour
vraiment affaiblir l'aspect familial. Dans certains groupes ethniques, M. le
ministre, la question de famille est très importante. Il ne faudrait pas
que votre politique aille à l'en-contre de cet esprit de famille.
Je crois qu'il n'existe pas plus que chez les Québécois.
Il y a dans certains milieux ethniques une préoccupation assez
importante de l'aspect familial et il ne faudrait pas que vos critères
réduisent la possibilité pour ces personnes d'amener
leur famille ici au Québec. Une fois que ces gens sont
acceptés au début, intégrables à notre
société, je ne trouverais pas de raisons d'éliminer
l'aspect familial à moins qu'il y ait certaines raisons
particulières.
L'autre remarque que je voudrais faire, M. le ministre, serait qu'il
faudra que votre gouvernement inspire une certaine confiance dans le milieu
ethnique et celui des immigrants. Il y a la crainte non seulement du fait que
la politique a l'objectif de séparer le Québec, mais aussi quant
à la question linguistique. Je voudrais vous assurer que, dans le milieu
immigrant que je connais, il n'y a aucune objection, et non seulement
objection, ce n'est pas la façon de le dire, mais il y a tout le
désir possible de parler le français, mais de ne pas vouloir
exclure la possibilité d'apprendre l'anglais.
J'ai l'impression parfois que l'on fausse le débat en
suggérant que les immigrants veuillent s'intégrer seulement au
secteur anglophone. Dans notre histoire, les écoles ont exclu
systématiquement les immigrants du secteur français; ce n'est pas
une question de blâme mais de fait. Ils ont été quasiment
obligés d'aller à l'école anglaise. S'il y a maintenant le
désir d'aller à l'école anglaise parmi plusieurs d'entre
eux c'est à cause de la crainte d'être unilingue.
Je crois que c'est une crainte qu'on ne peut pas mettre de
côté et j'espérerais que votre politique puisse leur
enlever cette crainte afin qu'ils puissent s'intégrer plus facilement au
milieu francophone. Le député de Joliette-Montcalm avait
demandé si, à la suite d'une décision des
Québécois de s'autogérer...
M. Chevrette: ...démocratiquement prise.
M. Ciaccia: ...je voudrais vous assurer que je n'ai pas
l'intention de laisser le Québec.
M. Chevrette: Convainquez votre confrère de droite.
M. Ciaccia: J'espère cependant que cette décision
va être prise avec...
M. Chevrette: Démocratiquement.
M. Ciaccia: ...oui, démocratiquement, on le dit trop
souvent, mais avec la connaissance de tout, sans rien cacher. C'est dans votre
intérêt et le mien que les gens prennent cette décision en
sachant tous les faits.
M. Chevrette: Cela ne se fera sûrement pas comme il y a 110
ans.
M. Ciaccia: Et si cela se fait dans cet esprit
démocratique et si vous gardez en votre esprit la société
ouverte, on espère que va continuer parce que c'est cela, je
crois, que nous avons l'un des privilèges que nous avons au
Canada et au Québec d'avoir les libertés individuelles
d'expression, la mobilité d'avoir tout ce que plusieurs pays n'ont pas.
Si on maintient ces valeurs, je ne crois pas qu'on va craindre les
décisions qui peuvent être prises collectivement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Est-ce que le ministre désirerait
répondre ou si on passe aux commentaires immédiatement?
M. Ciaccia: On va travailler pour convaincre les
Québécois qu'ils sont mieux dans la Confédération.
Je ne voudrais pas avoir de malentendu.
M. Couture: C'est dans le journal des Débats que vous
appuyez notre affaire.
M. Chevrette: ...que vous étiez sympathique.
M. Ciaccia: Je suis prêt à dialoguer et mon esprit
est au Québec.
M. Couture: J'aurais simplement à ajouter une chose, si
vous me permettez, M. le Président, parce que c'est relié
à la déclaration préliminaire et je vais distribuer le
document. C'est que dans toute cette présentation des critères il
y a quand même les cas dits très spéciaux où nous
considérons, comme gouvernement et comme bien d'autres gouvernements,
qu'à ce moment-là tous les critères ne comptent plus,
c'est-à-dire que nous faisons nôtre la définition du mot
"réfugié" au sens de la convention de Genève, je pense.
Dans le document nous rappelons que dans des cas très particuliers, pour
des raisons humanitaires, quand il peut y avoir des catastrophes
matérielles dans certains pays, des renversements de régimes, des
réfugiés politiques, il y a des populations extrêmement
souffrantes dans le monde, et je crois que c'est la responsabilité de
tout gouvernement qui se veut civilisé et humanitaire, à ce
moment-là, de laisser tomber tous ses critères et d'accorder une
attention très spéciale à ce type de
réfugiés. Il doit y avoir des efforts de la part des
sociétés pour en accueillir le plus possible. Evidemment, aussi,
sous réserve des possibilités concrètes de les accueillir
et de les aider. Car on peut bien dire: On va accueillir demain 100 000
réfugiés cambodgiens mais cela poserait tellement de
problèmes, même pour ces Cambodgiens, que ce ne serait même
pas bon pour eux. Je voudrais quand même ajouter à ces
déclarations que pour ces catégories d'immigrants nous voulons
participer étroitement à faire une analyse des besoins actuels
dans le monde international et à nous préparer en
conséquence pour faire un effort supplémentaire pour accueillir
des cas très pénibles comme on en trouve chez les
réfugiés chiliens, entre autres, au Cambodge et dans certaines
parties du monde.
J'ajoute cela au document et je laisse le député de
Richmond s'exprimer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'aimerais aussi
à mon tour faire certaines remarques générales sur la
présentation des crédits du ministère
et en même temps peut-être aussi sur l'important document
que vient de déposer le ministre.
Si le montant des crédits accordés à un
ministère est un signe de l'importance que le gouvernement accorde
à ce dernier dans la liste de ses priorités, je n'ai pas d'autre
choix, malheureusement, que de constater qu'avec un maigre budget de $12 700
000, dont plus de 50% proviennent d'ailleurs directement du gouvernement
fédéral, le ministère de l'Immigration est vraiment au bas
de l'échelle de ce côté.
C'était le sort que lui avait réservé le
gouvernement précédent, malgré les promesses et la
présentation de projets de loi qui n'ont d'ailleurs pas franchi
l'étape de la deuxième lecture. Lorsque l'Union Nationale a
créé le ministère, en 1968, le but visé
était de donner au gouvernement québécois un outil qui lui
permettrait, à la suite de négociations avec le gouvernement
fédéral, d'exercer pleinement la juridiction que lui
reconnaît, conjointement avec le gouvernement d'Ottawa, l'article 95 de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Mis à part son projet
d'indépendance, je sais que le gouvernement du Parti
québécois partage notre philosophie dans ce secteur particulier
de notre vie nationale. Il reconnaît, comme nous l'avons dit, d'ailleurs,
en 1968, et soutenu depuis sept ans dans notre programme politique, que
l'immigration constitue un apport vital tant pour notre avenir culturel que
pour notre avenir politique et économique et qu'il est absolument
essentiel que, dans ce domaine névralgique, le Québec soit le
maître d'oeuvre non seulement pour les services d'intégration et
d'adaptation à la réalité québécoise, mais
aussi pour le contrôle de la sélection et le recrutement des
immigrants. D'ailleurs, j'ai été content de la déclaration
du ministre dans ce sens.
A l'intérieur de cette zone grise que constitue l'imbroglio
actuel de ce dossier constitutionnel, il y a, à notre avis, suffisamment
d'indices, à la suite de l'échange de correspondance entre le
ministre québécois et son homologue fédéral, sur la
nécessité d'une nouvelle négociation dans ce secteur pour
justifier qu'il soit possible, compte tenu, évidemment, des objectifs
socio-économiques du Québec et de ses besoins économiques
également, pour reprendre les paroles du ministre actuel, M. Bud Cullen,
de trouver un terrain d'entente qui ira plus loin que les résultats
modestes de l'entente Andras-Bienvenue à ce sujet, signée en
octobre 1975.
Nous devons aller au-delà de la consultation pour obtenir des
pouvoirs de décision qui nous permettront d'agir avec efficacité
dans ce domaine: dans l'élaboration, d'abord, d'une politique de
main-d'oeuvre où l'Immigration jouerait un rôle positif concret;
deuxièmement, dans la mise sur pied de mécanismes
d'intégration et d'adaptation selon nos besoins régionaux avec
des mises de fonds plus considérables; troisièmement, dans la
création d'un véritable ministère des ressources humaines
et de l'immigration. A notre avis, si le gouvernement veut être logique
et réaliste, il devra, s'il envisage sérieusement de créer
le futur ministère des ressources humaines, comme l'a laissé
entendre le ministre la semaine dernière peut-être, a-t-il
dit y greffer les services présentement confiés au
ministère de l'Immigration. Seulement à ce moment aura-t-il
réussi à regrouper toutes les ressources propres à assurer
l'accroissement démographique ordonné et planifié au
Québec.
J'ai été particulièrement content du
dépôt, par le ministre, du document de négociation avec le
gouvernement fédéral à ce sujet et, au cours de
l'étude des crédits, nous aurons l'occasion d'y revenir. J'ai
également été satisfait de voir une volonté d'une
plus grande prise en main par le Québec des COFI qui sont un outil
privilégié pour l'intégration et l'adaptation des
immigrants à la communauté québécoise.
Actuellement, le gouvernement fédéral conserve passablement la
mainmise sur ce domaine, d'une part par sa possibilité de limiter le
nombre de cours et d'autre part, à notre avis, parce qu'il se garde
l'entier privilège de choisir les personnes aptes ou non à suivre
ces cours.
Le ministre a indiqué, et j'en suis, son intention
d'élargir la responsabilité des COFI. A ce sujet, j'aimerais ici
référer au rapport annuel 1975/76 du ministère de
l'Immigration, à la page 12. "Le programme COFI est une manifestation de
la Loi sur la formation professionnelle des adultes. Cela signifie que la
totalité des crédits est fournie par le gouvernement
fédéral, aux termes d'une entente
fédérale-provinciale signée en 1967. Celui-ci choisit donc
lui-même les bénéficiaires du programme", comme je l'ai
mentionné tout à l'heure. "De plus, l'objectif du programme est
essentiellement économique. Il s'agit de faciliter l'intégration
des nouveaux arrivants au marché du travail. Il n'est donc pas possible,
dans les conditions actuelles, de rejoindre toutes les personnes qui auraient
avantage à en bénéficier. C'est ainsi, par exemple, que
les femmes qui ne se destinent pas au marché du travail ne peuvent pas
suivre ces cours et que le programme n'atteint même que la moitié
environ de la population active immigrante, soit à peu près le
quart des nouveaux arrivants de l'année."
Je pense que ce paragraphe-ci du rapport annuel décrit assez bien
une situation à laquelle le ministre a fait allusion tout à
l'heure.
En ce qui nous concerne, nous croyons que dans ce champ de
responsabilité plus grande que le ministre a l'intention d'accorder au
COFI, on devrait, justement, atteindre peut-être, un ensemble plus grand
de nos immigrants, de sorte qu'on n'arrive pas à la situation qu'on
connaît actuellement où il y a seulement une partie du groupe
d'immigrants que l'on tente d'intégrer à la
société, laissant boiteux l'ensemble de la communauté des
immigrants, à toutes fins pratiques, les familles de ces gens, ou
l'ensemble de cette communauté qui doit s'intégrer chez nous,
mais non pas ceux qui vont être directement attachés au
marché du travail. Dans ce sens, nous soulignons au ministre notre
préoccupation et nous espérons que l'élargissement du
cadre qu'il semble vouloir donner
aux responsabilités des COFI atteindra également et les
épouses et les autres membres des familles qui ont, eux aussi, besoin de
s'adapter à la société québécoise.
J'aimerais, également, dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, que le ministre explique davantage ce qu'il entend par
l'établissement de liens étroits entre l'immigration, le travail
et la main-d'oeuvre, tel qu'il l'a déclaré le 10 décembre
dernier, à l'occasion d'une visite au COFI-Lévis à Verdun.
S'agit-il, M. le ministre, de l'amorce d'un futur ministère des
ressources humaines auquel j'ai fait allusion tout à l'heure, comme le
souhaite son adjoint parlementaire au Travail? Ou s'agit-il plutôt d'un
rapiéçage ou d'un collage de pièces quelque peu
détachées?
Si je pose ces questions, M. le Président, à ce moment-ci,
c'est qu'elles touchent directement l'orientation du gouvernement dans ce
domaine. Jusqu'à ce jour, le ministre a fait plusieurs
déclarations touchant différents secteurs, que ce soit le dossier
constitutionnel, que ce soit les COFI comme tels, le Conseil consultatif de
l'immigration, l'apport démographique, économique de l'immigrant
travailleur, les bureaux d'immigration à l'étranger, etc.
Maintenant, j'aimerais, M. le Président, avant de terminer, aussi
faire quelques remarques sur l'important document que nous a remis le ministre.
Le document qu'il nous a présenté, à mon sens, c'est un
pas dans la bonne direction. Il tient compte, à notre avis, de la
réalité politique actuelle du Canada et des besoins et
aspirations légitimes du Québec, en même temps. Il fait
preuve d'une approche ferme mais, en même temps, modérée de
la part du gouvernement, compte tenu de son but ultime de faire du
Québec un Etat indépendant, que l'on soit d'accord ou non. Aussi
longtemps que le gouvernement agira ainsi, dans cette attitude d'ouverture et
de respect, dans un esprit positif qui tient compte du lien
fédéral actuel qui est la réalité qui est la
nôtre, nous appuierons le gouvernement en cette matière. Je n'ai
pas perçu, en ce qui me concerne, dans la liste des critères
soumis par le ministre, le désir d'exclure des immigrants d'un
quelconque pays que ce soit, ou d'une région quelconque. Il est normal
que le Québec favorise les immigrants venant de pays francophones, de
par sa nature même. Ce qui ne veut pas dire que l'on doive exclure ceux
qui viendront de pays où la langue parlée est autre que le
français, que ce soit l'italien, le grec et, bien sûr, les pays
d'origine anglophone.
Ce document nous donne l'objectif immédiat du ministère,
soit un pouvoir de décision entre les mains du ministère du
Québec sur la sélection des immigrants destinés au
Québec. Cependant, il ne nous dit pas, dans une perspective à
plus long terme, quelle sera la politique globale du gouvernement en
matière d'immigration comme telle, quelle sera la place de l'immigrant
au sein de la communauté québécoise et les ressources que
le gouvernement entend mettre de l'avant pour assurer ses
responsabilités dans ce domaine. Sur ce dernier point, nul ne peut
ignorer qu'à l'heure ac- tuelle le budget du ministère est en
très grande partie payé directement par le gouvernement
fédéral, d'où la nécessité, à mon
avis et à notre avis aussi, d'un transfert de fonds du gouvernement
fédéral au Québec, sans quoi la volonté
annoncée par le gouvernement, n'ira pas bien loin.
J'ai apprécié grandement, de façon
générale, l'attitude que le ministre entend donner à son
ministère dans les négociations avec le
fédéral.
J'apprécie également, à l'heure actuelle,
l'attitude du gouvernement fédéral, en contrepartie, qui se dit
ouvert à la discussion dans ce domaine. A mon avis, c'est là la
clé pour arriver à une évolution normale et
souhaitée de la situation et aussi à des résultats
concrets. Je pense que c'est seulement dans cet esprit d'ouverture et de
volonté de régler un problème qu'on pourra arriver
à situer vraiment le débat et arriver à des
résultats concrets souhaitables.
Motion appuyant la politique du ministre en
matière d'immigration
En guise de conclusion, M. le Président, je crois qu'il serait de
mise que les membres de cette commission appuient à l'unanimité
la prise de position du ministre de ce matin. C'est avec plaisir que je propose
la motion suivante. Si j'ai bien compris les remarques des
députés qui m'ont précédé, de l'Opposition
officielle, comme les remarques du ministre également, je pense que la
commission pourrait être unanime à ce sujet, pour accepter la
motion suivante: Que les membres de la commission appuient les prises de
position du ministre de l'Immigration sur la juridiction du Québec en
matière d'immigration, notamment en ce qui concerne la maîtrise de
la sélection des immigrants sur le territoire du Québec.
Merci M. le Président.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le Président,
c'est justement cet aspect que nous voulions éviter, quand nous nous
sommes opposés en principe sur des motions de fond.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... les
motions.
M. Ciaccia: C'est seulement vous, oui.
Je ne sais pas si le président de l'Assemblée nationale a
rendu sa décision à la demande du leader parlementaire de
l'Opposition officielle, mais je crois que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
soulevez une question de règlement?
M. Ciaccia: Je soulève la question de règlement. En
commission parlementaire, sur les cré-
dits, on ne peut c'est la coutume déposer une
motion de fond.
M. Chevrette: M. le Président, on peut parler sur la
question de règlement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
quelques personnes...
M. Chevrette: Etant donné qu'il y a eu un jugement de
rendu je ne sais pas si on appelle cela un jugement ou une
directive d'émise de la part du président, qui a
déjà eu la même objection, je pense qu'on pourrait avoir
une sentence sur le banc comme on dit, et dans les plus brefs délais.
Ceux qui ne pourraient pas se rallier à cela en appelleront à une
instance supérieure qui est l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Vanier.
M. Bertrand: Sur la question de règlement, M. le
Président, j'étais loin de penser que la question reviendrait
aussi vite sur la table, ayant eu le sentiment que la dernière fois cela
avait créé un remous tel, surtout dans l'Opposition officielle,
qu'on serait bien loin d'en réentendre parler avant très
longtemps. J'ai écouté le discours du ministre du Travail et de
l'Immigration on est plutôt porté à l'appeler le
ministre du Travail, étant donné que c'est sa grosse brique, ses
gros millions qui nous a exposé quelles allaient être les
principales propositions du Québec au ministre Cullen. Quand j'ai aussi
entendu les réparties du député de
Notre-Dame-de-Grâce et surtout du député de Mont-Royal sur
le sujet, à ma grande surprise, sachant à quel point le
député de Notre-Dame-de-Grâce est particulièrement
rapproché des milieux des immigrants, surtout dans Montréal, et
sa profonde connaissance du milieu, je n'attendais pas d'autre attitude que
celle dont il a fait part ici à cette commission, ce matin. Evidemment,
l'Union Nationale nous a habitués depuis un certain temps
déjà à un style nouveau qui, quant à moi, est en
train de créer une espèce de terrain d'entente, un
dénominateur commun entre le parti gouvernemental et le parti de
l'Opposition reconnue extrêmement intéressant pour l'avenir. Je
suis surpris, mais en même temps heureux de voir que la motion a
été déposée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, voudriez-vous parler sur la question de
règlement, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Est-ce qu'il parle sur la question de
règlement?
M. Bertrand: Sur la question de règlement, je veux dire
ceci, c'est que dans le cas présent, sur l'étude des
crédits jusqu'à maintenant, à aucun moment il n'a
été question de millions, il a été question d'un
document présenté par le ministre de l'Immigration,
discuté par l'Opposition offi- cielle, discuté par l'Opposition
reconnue et sur lequel sans doute vont porter plusieurs des
délibérations de la commission, à partir de
maintenant.
Comme la dernière fois, sur la question de règlement,
quand une telle motion avait été présentée, elle
n'avait pour seul but, à la limite, de permettre au ministre, qui va
rencontrer son homologue fédéral de la même
façon que le ministre des Communications était placé
devant un projet de loi déposé à la Chambre des Communes
à travers l'unanimité qui se dégage au sein d'une
commission parlementaire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, pourriez-vous me dire en quoi la motion est
recevable ou irrecevable? Ce sont les remarques que le président attend
de votre part.
M. Bertrand: Oui, c'est exactement ce que j'allais dire, M. le
Président... De permettre au ministre, profitant de cette
unanimité, de pouvoir dire: Ce n'est pas le Parti
québécois, c'est même plus que le gouvernement, c'est
l'ensemble de l'Assemblée nationale, donc du peuple
québécois, qui vous fait cette demande.
M. Blank: II parle encore sur le fond.
M. Ciaccia: C'est sur le fond de la motion.
M. Bertrand: Dans ce sens-là, M. le Président, je
considère que de la même façon que vous aviez jugé
recevable la motion, la dernière fois, considérant que le
débat portait sur cette question et considérant surtout
l'unanimité je ne dis pas, s'il y avait division, mais il y a
unanimité vous devriez juger recevable la motion du
député de Richmond.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Saint-Louis sur une question de règlement.
M. Blank: Le problème est bien simple. C'est une motion de
fond. Une motion de fond, suivant les articles 57 et 58, a besoin d'un avis. On
ne peut pas donner un avis par écrit à une commission; cela veut
dire que c'est illégal, une motion de fond, dans une commission. Si on
veut faire cette motion, on peut la faire en haut, on a toute la liberté
de la faire en haut.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Y a-t-il
d'autres députés qui veulent intervenir?
M. Blank: Sans un avis, une motion de fond ne peut être
considérée ni par l'Assemblée nationale, ni par une
commission.
M. Chevrette: C'est pratiquement un vote de félicitations
qu'on veut faire!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette, à l'ordre!
M. Chevrette: Oui.
M. Ciaccia: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Quant aux remarques du député de
Joliette disant que vous avez déjà rendu un jugement ou une
décision dans une matière semblable, je dois vous rappeler que
puisque le leader parlementaire a demandé une directive sur la base
même, le fondement même de cette question, je crois que cela serait
à votre discrétion de prolonger le délai et de ne pas
prendre votre décision maintenant afin de voir si le président de
l'Assemblée a donné une directive à cet effet ou non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Une question de privilège, M. le
Président. J'avais dit carrément et j'espère clairement
je vais le répéter en anglais si c'est
préférable que je partageais le concept du ministre du
Travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, avez-vous terminé sur
la question de règlement? Il n'y a pas de question de privilège
en commission parlementaire.
M. Mackasey: Je sais. Enfin, ma question de règlement est
terminée.
M. Blank: Moi, je suis d'accord avec le député de
Mont-Royal. Le président de la Chambre a été saisi de
l'affaire et il attendait avant de rendre son jugement, pensant que cela
n'arriverait jamais plus sur cette même affaire. Nonobstant son voeu,
c'est encore arrivé. Pour la meilleure poursuite des travaux de cette
commission, je crois que vous devriez prendre cette question en
délibéré afin de permettre au président,
aujourd'hui, de rendre sa décision sur les demandes antérieures.
Vous pourrez vous baser sur son jugement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je mets
fin aux arguments de part et d'autre. Le président actuel est
très...
M. Chevrette: J'ai un argument additionnel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Qui ne
serait pas à la connaissance du président, vous pensez?
M. Chevrette: Qui pourrait l'être, mais peut-être pas
à la connaissance de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Joliette-Montcalm sur la question de règlement.
Je me réserve le droit, si je suis au courant du point de
règlement que vous soulèverez, de mettre fin rapidement au
débat.
M. Chevrette: Je voudrais souligner au député de
Saint-Louis qu'il aurait avantage à continuer sa lecture des articles 57
et 58 pour se rendre à l'article 155. "En commission, aucune motion
n'est annoncée". Donc, quand on nous sort les avis écrits, cela
ne change pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
président était au courant de l'article 155.
M. Chevrette: J'y ai pensé, mais c'est pour le
bénéfice du député de Saint-Louis.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Richmond.
M. Chevrette: Excusez-moi, je n'ai pas fini. Il y a
également l'article 160. Vous pouvez continuer à lire. On y parle
du mot "motion"; c'est donc dire qu'il y a possibilité de faire des
motions en plus de s'appuyer sur l'article 155 pour dire qu'elles ne sont pas
annoncées. Donc, tout est recevable et vous avez tous les
éléments en main, vous, M. le Président. Je sais que vous
les avez puisque vous vous en êtes servi pour rendre un jugement. Vous
pourriez le faire sur-le-champ.
M. Blank: L'article 160, c'est sur des motions de forme. On a
droit à toutes sortes de motions de forme en commission; mais une motion
de fond, le seul endroit pour la faire est à l'Assemblée
nationale par un avis.
M. Ciaccia: ...M. le Président, puisqu'on
réfère aux articles je ne voulais pas faire une discussion
ou un débat sur le règlement l'article 4 dit: "en tenant
compte des usages de l'Assemblée depuis son origine." Or, les usages des
commissions parlementaires, c'est de ne jamais faire de motion de fond. Il y a
eu l'exemple qui a été donné à cette
Assemblée par, je crois, votre leader parlementaire, mais c'était
strictement une motion de forme. Alors, sur la question d'usage, d'après
l'article 4, ce n'est pas l'usage de faire des motions de fond en commission
parlementaire pour les études de crédits.
M. Couture: Pouvez-vous nous certifier qu'il n'y a jamais eu de
motion de fond dans toutes les commissions parlementaires
antérieures?
M. Ciaccia: C'est vrai.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
question de règlement, M. le député de Richmond.
M. Brochu: M. le Président, j'aimerais d'abord
peut-être attirer votre attention aussi sur le fait que, quelle que soit
la nature de tous les articles du règlement, il reste un fait acquis
à ce jour, c'est que l'événement s'est produit. Même
s'il y a une décision finale qui est en suspens sur ce qui sera fait
à l'avenir par rapport à notre règlement, il reste que la
motion précédente avait connu l'étape du vote en
commission. C'est ce qui avait été...
M. Couture: C'est déjà un usage.
M. Brochu: C'est déjà un usage, parce qu'elle avait
été reconnue et qu'elle avait franchi cette étape. M. le
Président, est-ce que je pourrais vous demander, à ce stade-ci,
si on pourrait procéder de la même façon, passer
l'étape du vote, comme pour l'autre motion, et la remettre ensuite pour
délibération avec la première motion, pour recevoir une
décision finale?
J'aimerais, par ailleurs, attirer votre attention aussi sur le fait que
nous aurions certains problèmes à représenter une motion
de fond, parce que les deux prochains mercredis sont encore
réservés c'est la période de motions de fond
au Parti libéral. Donc, cela nous porterait encore à trois
semaines d'ici avant de pouvoir ramener la même motion, ce qui serait un
peu un non-sens.
M. Blank: Je pense que ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai, si
le gouvernement fait la motion, il peut le faire n'importe quel jour.
M. Brochu: Oui, oui, mais vous n'accepterez pas, je le sais.
M. Blank: Ce n'est pas à nous d'accepter; on n'a pas le
droit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La parole est au député de
Richmond sur la question de règlement.
M. Brochu: Oui. M. le Président, est-ce que je peux vous
demander une directive pour savoir de quelle façon agir ici? J'ai
entendu très bien le ministre faire son exposé. J'ai entendu le
député de Notre-Dame-de-Grâce et également le
député de Mont-Royal souligner le fait qu'ils étaient
d'accord avec la prise en charge par le gouvernement québécois du
contrôle des critères d'admissibilité et en même
temps...
M. Ciaccia: Vous n'avez pas le droit...
M. Brochu: C'est une demande de directive, je m'excuse.
M. Ciaccia: Une question de règlement, article 96.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
attendez un peu, sur la question de règlement. S'il vous plaît, il
n'y a pas de privilège, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, en commission parlementaire. Je donne la parole au
député de Mont-Royal sur l'article 96, question de
règlement.
M. Ciaccia: Alors, on m'a attribué que j'étais
d'accord avec le ministre sur les propos qu'il tenait, sur ce qu'il
préconisait pour le partage des pouvoirs de l'immigration, la
maîtrise de l'immigration au Québec. Je voudrais seulement
souligner qu'il y avait certaines conditions à cela. Alors, ce n'est pas
exact de dire que je suis entièrement d'accord avec le ministre.
D'après l'article 96, je voud rais corriger les affirmations du
député de Richmond, en disant que j'ai qualifié cet appui
que je donne au ministre. J'ai soulevé plusieurs questions sur l'appui
que nous pourrions donner à sa position.
M. Brochu: M. le Président, en vertu également de
l'article 96, avant de revenir à la demande de directive que je vous
avais adressée, je veux d'abord corriger la correction qui vient
d'être faite. Le député siège depuis assez longtemps
en cette Chambre pour savoir que ce que j'ai voulu dire à ce moment-ci,
c'est simplement qu'il acceptait le principe. Qu'il ait discuté et
proposé des modalités d'application, c'est son droit et je le lui
reconnais entièrement. La question que j'ai soulevée portait sur
un principe, celui de l'acceptation du fait que le gouvernement du
Québec prenne en charge de façon générale le
contrôle de son immigration.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je dois
rappeler au député que l'article 96 ne permet pas de
débat, mais seulement de corriger les propos qui ont été
tenus. Je remarque que l'article 96 s'appliquait et qu'on n'a pas
soulevé l'article 54. Or, est-ce qu'il y a d'autres
députés qui voudraient intervenir sur la question de
règlement?
M. Mackasey: J'espère que je suis à
l'intérieur du règlement, si vous voulez, parce que moi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
sur le fait que la motion est recevable ou non que le président demande
à être renseigné; aucune autre intervention à part
celles portant sur la recevabilité ou la non-recevabilité.
M. Mackasey: M. le Président, je vous demande, comme
président, de me donner quelques minutes pour m'expliquer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
question de règlement, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Cela revient exactement à ce point-ci. Le
député a suggéré l'acceptation de la
déclaration du ministre, et il a dit que le député de
Notre-Dame-de-Grâce appuyait la déclaration du ministre. Ce n'est
pas le cas. J'ai accepté le concept qu'autant que possible les
immigrants qui ont déjà la compétence francophone soient
encouragés à venir dans la province de Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je vous ai accordé la
parole sur la question de règlement. Le président, à ce
stade-ci, entend les députés qui veulent faire connaître
des arguments pour ou contre la recevabilité de cette motion car le
président aura une décision à prendre.
Je pense que ce n'est pas le moment de débattre la motion mais de
renseigner le président sur les arguments favorables ou
défavorables à la motion, à la recevabilité de la
motion.
M. Couture: Question de règlement et de points
d'information. Est-ce que la décision qui a été rendue
dans une commission parlementaire récemment sur le même type de
motion est pour vous une indication d'usage?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur la question de règlement?
M. Brochu: J'avais juste une demande de directive que je n'avais
pas complétée au moment où j'ai été
interrompu tout à l'heure. Est-ce que ce serait le moment d'y
revenir?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le président, avant le vote, doit décider si la motion est
recevable ou non, et s'il n'y a aucun autre député qui veut se
faire entendre, le président va suspendre la séance pour quelques
minutes.
M. Brochu: Ce n'est pas pour étirer le débat, M. le
Président, c'est simplement pour que, lorsque de telles situations se
produisent, on sache de quelle façon agir, non pas sur la question de
voter ou non sur la motion, mais sur la question d'une commission parlementaire
comme telle et de l'attitude en commission parlementaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que...
M. Blank: II y a un motif très logique, pas seulement
légal mais logique sur la question de ne pas accepter des motions de
fond dans une commission qui étudie des crédits. Le temps est
limité à cette commission, il y a un bâillon.
M. Couture: II n'y a pas de bâillon avec moi.
M. Blank: Excusez-moi! Il y a un bâillon dans nos
règlements.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
M. Blank: Laissez-moi finir mon exposé. Il y a un
règlement sur les heures allouées pour l'étude des
crédits, le gouvernement peut l'arrêter après dix
heures.
M. Chevrette: Le règlement...
M. Blank: Laissez-moi parler. Il y a un bâillon dans nos
règlements sur les commissions qui étudient des crédits.
Cela veut dire que n'importe quel député de l'Opposition ou
ministériel peut bloquer l'étude des crédits en faisant
des motions de fond. Cela veut dire qu'on prendra nos droits sur l'étude
des crédits. C'est cela que le gouvernement veut faire, bâillonner
nos droits?
Des Voix: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Sur la question de règlement, M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Sur le même point de règlement, il reste
qu'on n'a pas à remonter très loin pour avoir un exemple qu'on
n'a pas limité jusqu'à maintenant l'étude des
crédits, à ce que je sache. Je l'ai vécu sous l'ancien
gouvernement, mais maintenant on nous laisse dépasser, au
ministère du Travail, d'ailleurs, dont le titulaire est le même
que celui qui est devant moi aujourd'hui.
M. Couture: On a un style nouveau, M. le Président.
M. Brochu: On a dépassé largement les heures
permises. Alors l'argumentation qui est fournie ici n'a aucune valeur. Si le
gouvernement change d'attitude, on lui dira à ce moment-là, mais
pas actuellement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
présidence se déclare suffisamment informée et suspend la
séance pour quelques minutes et demande au député de
Richmond de nous fournir une copie écrite ou une traduction
écrite de la motion qui a été présentée.
Messieurs les membres de la commission, suite à la motion qui a
été présentée par le député de
Richmond, je vous informe que je rendrai ma décision à quatre
heures cet après-midi, c'est-à-dire au début de la
prochaine séance. J'informe également les membres de la
commission qu'une décision a été rendue par le
président à une autre commission parlementaire ce matin, à
la commission parlementaire des affaires sociales, une motion du genre a
été présentée par le parti ministériel,
débattue sur une question de règlement par l'Union Nationale, et
le président l'a rejetée. Nous faisons face à je
comprends que tous les cas sont des cas d'espèce deux
décisions et les motions sont différentes dans chaque cas, les
commissions parlementaires sont différentes, les mêmes points de
règlement peut-être s'appliquent. Alors, suite à cette
motion, j'informe les membres de la commission que la décision sera
rendue au début de la séance de cet après-midi à
quatre heures.
M. Brochu: Sur le point que vous avez soulevé, j'aimerais
juste apporter un éclaircissement. On m'informe qu'à la
commission des affaires sociales la motion qui a été
présentée n'était pas de même nature que celle que
j'ai présentée, qu'elle impliquait des fonds et des deniers
publics d'une part...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est ce
que j'ai dit, qu'il y avait des cas d'espèce.
M. Brochu: ... et que d'autre part la nature même de la
motion était trop floue pour qu'elle soit débattable en
commission parlementaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
pour cela que j'ai dit que toutes les motions
étaient des cas d'espèce, des cas particuliers et que
j'aurai à rendre une décision sur la motion telle que
présentée ici. Même si un jugement a déjà
été rendu, je ne me sens pas à ce point lié que je
sois obligé de rendre une décision sur le champ. Alors ma
décision sera rendue à quatre heures cet après-midi.
M. Couture: M. le Président, si vous me le permettez,
après les exposés des membres de l'Opposition, l'Opposition
officielle et du parti reconnu, l'Union Nationale, j'aimerais simplement faire
quelques commentaires. Je me réjouis en attendant cette décision,
que quel que soit le sort réservé à cette motion. L'avis
de tous les membres de cette commission est assez unanime. C'est cela qui est
important, je pense, politiquement pour le Québec et cette participation
à la commission parlementaire. On a tous reconnu les principes. Le
député de Mont-Royal avait peut-être raison de dire que
dans les modalités on aura peut-être des choses à dire, on
assujettit cet accord à certaines conditions, mais je me réjouis
beaucoup de l'accord sur les principes. C'est certainement ce qui a
déclenché ou ce qui a stimulé le député de
Richmond à présenter sa motion. Sur les principes, il y a accord
unanime de cette commission parlementaire et j'en prends note.
C'est un événement que je qualifierais d'historique, parce
que, depuis plusieurs années j'ai rendu hommage à nos
prédécesseurs le gouvernement québécois
lutte avec vigueur pour revendiquer ce que la constitution si ce n'est
pas dans le texte, c'est l'esprit suggère comme pouvoirs
québécois dans cette matière. Ce document que j'ai
présenté ce matin et qui sera l'objet de négociation avec
mon homologue fédéral prend aujourd'hui, par cet appui des
membres de la commission parlementaire, une portée assez
considérable, et je m'en réjouis.
Je voulais quand même aussi ajouter quelques mots sur certains
points qui ont été soulevés. Le député de
Mont-Royal insistait beaucoup pour qu'on explique davantage à la
population les bénéfices de l'immigration et qu'on essaie de
détruire certains mythes. Je suis parfaitement d'accord avec lui.
D'autant plus que, comme je l'ai annoncé, le but du colloque sur
l'immigration au début de juin, qui durera deux jours et dont le mandat
est confié au comité consultatif de l'immigration j'en
profite pour saluer la présence du président et du
secrétaire parmi nous, je ne sais pas s'il y en a d'autres; ils ont
déjà travaillé beaucoup pour préparer ce colloque
est de nous permettra justement, entre Québécois et
immigrants ou représentants de groupes ethniques, de mieux nous
comprendre, de mieux communiquer et, éventuellement, d'arriver aux
objectifs soulignés par le député de Mont-Royal. Il a
aussi manifesté son appui à cet objectif d'équilibre que
nous voulons maintenir ou développer au Québec. J'ajoute
peut-être que ce n'était pas suffisamment évident dans
l'exposé que même si on favorise l'immigration francophone,
il n'est pas moins vrai que tous les citoyens de tous les pays du monde sont
bienvenus. Notre politique linguistique est justement préparée et
mise en place pour faciliter aux citoyens des autres pays qui ne connaissent
pas la langue française la préparation à cette
connaissance suffisante de cette langue et la participation à la vie
collective québécoise.
Je ne veux pas préciser sur ce sujet parce que je pense que le
but d'une commission parlementaire est surtout de passer des questions aux
réponses, mais je veux aussi tout simplement souligner un ou deux points
exposés par le député de Richmond. Il a noté avec
raison le faible budget du ministère de l'Immigration. J'imagine que,
comme bien d'autres, il a découvert avec surprise que plus de la
moitié de ce budget, à toutes fins pratiques, venait du
gouvernement central. C'est 53% pour l'année à venir. Cela ajoute
aux arguments que nous développons depuis longtemps qu'il n'est pas
possible d'avoir une véritable politique d'immigration, de
contrôler et de développer nos mécanismes d'intervention
dans ce milieu sans, évidemment, contrôler l'immigration
elle-même et les instruments que nous avons. Ces instruments sont,
à toutes fins pratiques, financés et contrôlés par
le gouvernement central. Alors, dans la négociation qui se
prépare, non seulement nous exigeons ce contrôle, mais aussi,
comme l'a souligné le député de Richmond, nous allons
demander un transfert des fonds. C'est-à-dire que dans les enveloppes
budgétaires que le Québec devra lui-même administrer pour
ses services d'immigration, nous voulons que les transferts soient
réels, en termes d'impôt ou autrement, pour que le Québec
puisse préparer lui-même son budget, parce que, à toutes
fins pratiques, les sommes dispensées pour l'administration de COFI
dépendent de l'acceptation du gouvernement fédéral de nos
programmes de cours de langue dans les COFI.
C'est le gouvernement fédéral qui, en dernier ressort,
décide si oui ou non il y aura tant d'étudiants qui viendront
dans les COFI. C'est évidemment un non-sens, quand on a des objectifs
d'éducation et d'adaptation de la population immigrante à la
société québécoise.
Non seulement cela, mais je crois que, comme on l'a souligné
ailleurs, nous vivons quand même dans une période de transition,
cette première année de gouvernement, et j'imagine qu'avec le
transfert de nouveaux pouvoirs, avec le développement de services
nous en discuterons sans doute dont j'ai mentionné la mise sur
pied éventuellement, le budget de l'Immigration risque peut-être
de doubler et de devenir assez important, sans exclure la possibilité,
qui a été soulignée à juste titre, que ce
ministère puisse éventuellement s'aboucher ou fusionner avec la
Main-d'Oeuvre. Je pense qu'il y a eu tellement de travaux dans les
années passées que c'est un secret de polichinelle que nous aussi
au gouvernement, nous songeons, peut-être, à trouver une formule
plus heureuse pour essayer de rejoindre, en somme, les services de
main-d'oeuvre et d'immigration.
Un dernier point, M. le Président. Le député de
Richmond demandait des détails sur les politi-
ques d'immigration et de main-d'oeuvre. Je voudrais, dans le courant du
débat, m'expliquer là-dessus. Il y a eu depuis plusieurs semaines
un comité conjoint entre la Main-d'Oeuvre et l'Immigration qui a produit
un rapport sur le service aux travailleurs immigrants. Ce comité devient
permanent, c'est-à-dire effectivement, pour chercher ces formules de
coordination entre l'immigration et la main-d'oeuvre, nous avons des
fonctionnaires de deux ministères qui continuent à travailler
pour éventuellement offrir des services équivalents aux
immigrants et aux travailleurs québécois. Nous pourrons nous
expliquer un peu plus tard.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sainte-Anne et, par la suite, le député
de Vanier.
M. Lacoste: Je dois dire que mon exposé avait
été préparé avant la résolution du
député de Richmond et je dois avouer que je rejoins
drôlement les idées, justement, du député de
Richmond ou du parti de l'Union Nationale.
M. Ciaccia: Vous étiez pour en faire une motion, vous.
M. Lacoste: Comme dans les autres domaines des relations
fédérales-provinciales, pour cette question si vitale qu'est
l'immigration, le Québec a demandé à maintes reprises au
fédéral de réviser ses politiques d'immigration, de sorte
qu'on puisse maintenir l'équilibre linguistique au Québec. Pour
ne pas faire peur au député de Notre-Dame-de-Grâce et qu'il
quitte immédiatement le Québec, on va dire le Québec pour
le moment.
M. Mackasey: C'est encore au Canada, je pense, la province de
Québec. La juridiction sur l'immigration est encore partagée
entre les deux pouvoirs. Vous admettrez cela, au moins, M. le
député?
M. Lacoste: J'admets cela. La province a mis sur pied...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sainte-Anne. J'informe les membres de la commission
je sais que tous le savent qu'à moins du consentement de
celui qui fait un exposé général, qui veut recevoir une
question et qui veut y répondre, il a le droit de finir son
exposé. C'est un droit et non pas un privilège d'adresser la
parole ici à cette commission et je demande à tout le monde de
respecter le droit de parole des autres. Egalement, aux députés
ministériels lorsque parle un député
ministériel.
M. Lacoste: La province a mis sur pied un ministère de
l'Immigration, qui a été créé le 5 novembre 1968
par le chapitre 68 des lois de cette année-là. A cette date, la
loi du ministère stipulait que le ministre était chargé de
l'application des lois relatives à l'immigration et avait pour fonction
de favoriser l'établissement au Québec d'immi- grants
susceptibles de contribuer à son développement et de participer
à son progrès, ainsi que de favoriser l'adaptation des immigrants
au milieu québécois.
Le 28 décembre 1974, par le projet de loi no 46, qui était
adopté par le Parti libéral au pouvoir, la Loi du
ministère de l'Immigration fut amendée. On ajoutait à la
charge du ministre "l'application de lois relatives aux ressortissants
étrangers qui s'établissent temporairement au Québec
à un titre autre que celui de représentant d'un gouvernement
étranger ou de fonctionnaire international".
De plus, le ministère devenait responsable de la planification,
de la coordination et de la mise en oeuvre des politiques relatives aux
immigrants et aux ressortissants étrangers. Il a pour fonction
d'informer, de recruter, de sélectionner ces personnes, de rendre
possible leur établissement au Québec, et d'assurer leur
intégration harmonieuse au Québec, aux fins d'une
société québécoise, et plus particulièrement
à la majorité francophone.
S'ajoutaient également aux responsabilités du
ministère, les deux éléments suivants qui sont
significatifs à l'évolution de la politique de l'immigration au
Québec. Je cite un article du projet de loi: "Prendre les dispositions
nécessaires pour que les personnes qui s'établissent au
Québec acquièrent dès leur arrivée, ou même
avant qu'elles ne quittent leur pays d'origine, la connaissance de la langue
française. Etablir et maintenir les services d'adaptation chargés
de l'intégration harmonieuse des immigrants au sein de la
société québécoise et plus particulièrement
la majorité francophone".
Tout cela pour dire que quand même, le gouvernement d'alors, avec
le projet de loi no 46, a établi les principes d'une politique
d'immigration. Je crois que le ministre actuel de l'Immigration, avec son
projet de négociations avec le gouvernement fédéral, va
directement dans ce sens du projet de loi no 46, dans les principes et
même peut-être plus d'avant. Mais depuis longtemps, au
Québec, depuis 1968, avec la loi sur l'immigration, de
négociations en négociations, on a toujours demandé au
gouvernement fédéral les pouvoirs que nous donne l'article de la
constitution canadienne sur l'immigration, pouvoirs partagés par les
deux gouvernements. Je crois qu'il est quand même temps
j'espère que ce ne sera pas trop long comme négociations, le
gouvernement libéral a peut-être eu la dernière chance de
négociations constitutionnelles je crois qu'il est plus que temps
maintenant, que ce soit la dernière chance, peut-être la
dernière année ou les deux dernières années de
négociations, que le gouvernement fédéral prenne le voeu
du Québec, de la majorité des Québécois en
matière d'immigration.
C'est l'exposé, pour moi, qui est important pour la population
québécoise. J'inclus justement les Irlandais, j'en ai dans mon
comté, moi aussi, des Irlandais, dans Pointe-Saint-Charles, j'ai des
Irlandais francophones, puis des Irlandais anglophones, il y en a dans Verdun
aussi. M. le député de NDG était là auparavant, ce
sont des citoyens à part entière. Il y en a qu'on appelle
immigrants et
qui sont maintenant résidents du Québec, ils sont
Québécois en premier. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais...
M. Couture: Excusez-moi, M. le député, j'aimerais,
comme ministre, répondre, donner un bref commentaire. Vous me
permettez?
M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Couture: Je pense que c'est aussi important de souligner que
la négociation que nous entreprenons, évidemment, poursuit celle
déjà entreprise par nos prédécesseurs. Mais je
crois qu'elle a peut-être un éclairage nouveau. Actuellement, nous
savons tous que notre gouvernement a, comme objectif final, la
souveraineté politique avec association économique avec le reste
du Canada. Pour nous, il ne s'agit pas, dans cette négociation,
d'oublier notre objectif à long terme, il s'agit, dans ce cadre
fédéral que nous respectons, selon la promesse faite pendant la
campagne électorale, jusqu'au moment où les
Québécois majoritairement nous auront donné leur appui
pour faire l'indépendance du Québec, dans ce cadre
fédéral, notre position est bien claire, nous voulons au moins
réclamer, avec force, tout ce que la constitution actuelle qui, à
bien des points de vue, méprise les droits du Québec on
n'a qu'à signaler les affaires sociales, la main-d'oeuvre et
l'immigration, entre autres dans ce cadre fédéral, nous
voulons aller chercher tous les pouvoirs que nous reconnaît la
constitution sans oublier notre objectif à long terme.
M. Bertrand: Suite aux derniers propos du ministre de
l'Immigration, je voulais justement introduire mon intervention dans ce
débat sur le fait que l'attitude gouvernementale, à l'heure
actuelle, est évidemment une arme à deux tranchants. D'une part,
bien sûr, le gouvernement agit dans le cadre fédéral
actuel, respectant, en cela, comme l'a souligné le ministre, les
engagements qu'il a pris lors de la dernière campagne électorale
d'être un bon gouvernement provincial dans le cadre fédéral
tant et aussi longtemps que les citoyens québécois, à
l'occasion d'un référendum, ne manifesteraient pas le
désir d'accéder à l'indépendance. C'est une
occasion, évidemment, pour nous, de se situer dans le prolongement des
gouvernements précédents, dans les visées autonomistes des
gouvernements précédents et d'affirmer en cela que de tout temps
les revendications du Québec, indépendamment des partis
politiques ou indépendamment des gouvernements en place, s'inspiraient
toujours de la même logique, s'inspiraient toujours de la même
volonté d'affirmer un certain nationalisme québécois.
Nous situant dans cette lignée de revendications des
gouvernements précédents, nous nous trouvons, jusqu'à un
certain point, à accepter les règles du jeu du système
fédéral actuel et à tenter, par voie de
négociations, d'affirmer les juridictions québécoises dans
certains champs d'activités.
D'autre part, et c'est le deuxième aspect plutôt tranchant
de la question, nous savons fort bien et les gens le savent que
c'est une attitude qui s'inscrit dans un contexte bien particulier et qui
n'exclut pas notre revendication ultérieure qui sera sans doute
exposée au moment même où se tiendra la campagne du
référendum, d'accéder à la juridiction exclusive
totale en matière d'immigration comme nous voudrions aussi
accéder à la juridiction exclusive et totale, par exemple, en
matière de communications, en matière d'affaires sociales, en
matière de formation professionnelle et bien d'autres secteurs qui
resteront à définir et sur lesquels portera la
souveraineté politique.
Donc, dans ce contexte très particulier où, à
l'heure actuelle, nous acceptons les règles du jeu que nous jouons
à fond, ma première surprise est de constater que ceux-là
mêmes qui, à l'heure actuelle, constatent l'incertitude ou
l'inquiétude qui règne dans la société
québécoise, face à nos objectifs ultérieurs,
à venir, sont les mêmes personnes qui devraient profiter des
occasions que nous leur fournissons de donner leur appui à ce genre de
démarches qui s'inscrit dans le contexte fédéral, qui
s'inscrit dans le cadre fédéral et, avec nous, d'accepter de
jouer les règles du jeu à fond.
Qui sait, une fois cette avenue explorée, le sentiment
d'unanimité étant généralisé d'un parti
à l'autre au sein de l'Assemblée nationale, si le gouvernement
fédéral faisait la démonstration d'une ouverture d'esprit
face à ces revendications une nouvelle fois
répétées du gouvernement québécois, quel
serait le climat qui prévaudrait au Québec dans une année
ou deux, au moment du référendum? Qui sait si, à travers
les mois et à travers les années, les revendications
répétées de ce gouvernement provincial, trouvant leur
appui dans l'Opposition officielle et l'Opposition reconnue, ne trouveraient
pas une oreille attentive à Ottawa? C'est pour cela que je suis le
premier surpris de constater...
Et là je veux quand même reconnaître que vous en avez
fait un débat de procédure. Je ne reviens pas là-dessus,
M. le Président, vous avez rendu votre décision et on aura
compris, nous, entre les lignes, ce que cela veut dire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
décision n'est pas rendue...
M. Bertrand: ...d'accord... et que peut-être, quant
à nous en tout cas, prenant trop souvent prétexte de ce genre de
débat, vous vous êtes empêché de donner votre appui
au gouvernement. L'autre jour en communications, aujourd'hui dans le domaine de
l'immigration et tantôt dans le secteur des affaires sociales, qui sont
tous des secteurs sur lesquels, il me semble, les gouvernements
précédents avaient souventefois répété
qu'on devait reconnaître la juridiction du Québec, j'aurais
pensé, j'aurais souhaité que ce front commun des
Québécois avec le gouvernement, dans des secteurs qui nous ont
toujours paru être de compétence québécoise, aurait
permis peut-être de développer un climat nouveau qui aurait
auguré d'un avenir différent, si jamais tout le monde avait
accepté de jouer les règles du jeu à fond.
Qui sait? L'avenir est difficilement prévisible, mais je pense
que si on jouait aujourd'hui les règles du jeu comme elles se
présentent, et si l'Opposition officielle embarquait dans le coup, je
crois que le climat ne s'en trouverait qu'amélioré. Mais la
situation étant ce qu'elle est, et devant constater que nous sommes
incapables de constituer ce front commun, même si l'Union Nationale s'y
prête de bonne foi et avec la meilleure des volontés, j'en suis
convaincu, il faut tout de même constater j'espère que
c'est un peu comme cela qu'on devait interpréter les paroles de
l'Opposition officielle tantôt qu'il y a une unanimité qui
se dégage derrière la position de principe, que le ministre de
l'Immigration a soutenue ce matin et avec laquelle il entreprend maintenant des
négociations avec son homologue fédéral.
J'espère que dans ses interventions tantôt, un peu comme
l'Union Nationale l'a fait et les gens du côté ministériel,
l'Opposition officielle profitera de l'occasion, en dehors de toute motion,
pour exprimer le voeu, au maximum pour exprimer le voeu que l'ensemble du
Parlement soit solidaire derrière la position de principe
présentée par le ministre de l'Immigration, et que cette
expression d'unanimité puisse être exprimée par le ministre
de l'Immigration qui tantôt se réjouissait quand même de
constater qu'on semblait d'accord sur les principes. Si jamais l'Opposition
officielle, en somme, n'en faisait pas un débat, mais simplement
exprimait le voeu que cette position soit celle de l'ensemble de
l'Assemblée nationale, nous aurions fait un pas en avant.
Mettez-vous dans la peau du ministre de l'Immigration qui, avec son
homologue fédéral, devra défendre une position qui est
celle, bien sûr, du gouvernement et donc du Parti
québécois, parce que c'est tout de même ce parti-là
qui est à l'heure actuelle au gouvernement, qui devra faire la
démonstration que ce n'est pas une position du parti séparatiste,
mais une position de l'ensemble des Québécois.
Imaginez le pouvoir que cela lui donne d'affirmer enfin, dans le cadre
fédéral, avec les règles du jeu actuelles, que c'est
l'ensemble des parlementaires qui sont d'accord avec cette position. Une fois
que cette unanimité sera exprimée de façon très
nette, très claire, et que tout le monde s'y sera rallié, je
pense que le ministre, au niveau des détails connaissant sa
souplesse et son ouverture d'esprit ne pourra qu'être
extrêmement réceptif avec son homologue fédéral pour
toute discussion sur les détails, sur les façons de s'accommoder
des principes dans la pratique.
Là-dessus, M, le Président, je voudrais, sur un autre
plan, souligner à quel point le document du ministre,
déposé ce matin, définit bien sûr la position du
Québec et définit la volonté du Québec d'intervenir
sur les critères de sélection, sur la sélection de ceux
qui pourraient être admissibles aux politiques d'immigration.
Il définit des critères d'admissibilité et aussi
une certaine politique au niveau de l'accueil. J'ai eu quelques contacts
récents avec des immigrants. Je n'ai pas la chance de vivre dans un
comté où je peux en compter autant que dans certains
comtés de Montréal où les députés
ministériels et ceux de l'Opposition ont un contact courant avec les
immigrants, mais, ayant participé l'autre jour comme représentant
du ministre à une kermesse gastronomique à Québec
où une vingtaine de pays étaient représentés j'ai
été vraiment en mesure de constater un peu pour reprendre
les propos du député de Notre-Dame-de-Grâce à
quel point ces gens sont intéressés à s'intégrer au
Québec et vraiment dans toute la force du mot.
Ils sont les premiers à solliciter de la part du gouvernement
québécois une intervention beaucoup plus intensifiée dans
ce secteur particulier de l'immigration. Ils sont les premiers, entre autres
choses, à revendiquer que le Québec accroisse ses politiques
d'accueil, que le Québec renseigne davantage les immigrants sur ce
qu'est le Québec et sur les possibilités que leur offre le
Québec pour s'y adapter et s'y intégrer au plus haut niveau.
Là-dessus, je pense que jamais nous ne réussirons, M. le
Président, à établir ces politiques d'accueil et
d'admissibilité des immigrants si nous ne créons pas cet
environnement culturel, social et économique indispensable à
l'intégration des immigrants.
Quand je dis créer cet environnement culturel, social et
économique, je veux essentiellement dire trois choses. La
première je pense que, là-dessus, on a tous un mea culpa
personnel à se faire comme Québécois et, en cela, je pense
qu'il s'agit vraiment d'exprimer une réalité c'est que la
société québécoise, et en cela elle ressemble
étrangement à bien d'autres sociétés dans le monde,
n'a pas toujours eu à l'endroit des immigrants l'ouverture d'esprit
qu'il convient d'avoir quand on accepte des immigrants chez nous. Je pense
qu'il faudrait que le ministère, par les quelques moyens qui sont mis
à sa portée, accroisse ses possibilités d'intervenir au
niveau de l'ensemble des Québécois, par la publicité ou
d'autres moyens, pour que, sur le plan des mentalités, les
Québécois comme peuple se montrent extrêmement plus ouverts
à l'immigrant.
C'est là une des interventions, bien sûr, qui, s'effectuant
au niveau des mentalités, supposent que ce ne sont ni les lois, ni des
règlements, ni peut-être des millions de dollars qui peuvent y
faire quoi que ce soit, mais un état d'esprit général, une
ouverture qui doit être sans doute amorcée par le gouvernement,
mais qui doit se répandre aussi à travers tous les
représentants du Parlement. Ainsi, quand on parlera de politique
d'immigration, on en parlera avec une ouverture
d'esprit qui pourra se répandre dans l'ensemble de la
société québécoise, de telle sorte que, quand on
consacre des millions de dollars à l'admissibilité et aux
politiques d'accueil, ce ne soit pas perdu, mais que chaque
Québécois se fasse un propagandiste de l'ouverture de notre
société à l'immigration.
Je pense que, quand on constate les chiffres quand même minimes
comparativement aux autres provinces de l'immigration qui se fait au
Québec, il faut tout de même constater qu'il y a peut-être
de ce côté des efforts considérables à faire et qui
devraient être faits par l'ensemble des députés dans
chacune de leurs régions.
Au niveau de la langue française, quand on parle d'environnement
culturel, social et économique, il est bien clair que la charte de la
langue française, même si plusieurs y ont vu une volonté de
brimer les droits des minorités et les droits des groupes ethniques qui
avaient décidé de venir s'installer chez nous, je pense que non
seulement elle respecte les droits des minorités qui habitent au
Québec et qui sont des citoyens québécois au même
titre que tous les autres, mais j'ai l'impression, je sens, à travers
cette Charte de la langue française, une volonté de permettre
à ces groupes ethniques, aux immigrants de s'intégrer d'une
façon beaucoup plus rapide à la société
québécoise.
Tout à l'heure, on tentait d'expliquer pourquoi les immigrants
allaient tellement à l'école anglaise et pourquoi si peu d'entre
eux décidaient de fréquenter l'école française. On
semblait invoquer, à un moment donné, qu'ils n'avaient pas
l'intention, en s'en allant à l'école française, de
devenir des unilingues francophones et, par le fait même, de manquer
cette occasion de partager une seconde langue qui, je le reconnais, permet a un
individu de s'intégrer davantage à la société
québécoise. De la même façon, je reconnais que des
francophones qui fréquenteraient un système scolaire francophone
et qui n'auraient pas la chance, à l'intérieur du système
francophone, de recevoir des cours adéquats de langue anglaise
rateraient une occasion de s'intégrer davantage même à la
société québécoise. Il est bien clair et
tout le monde le reconnaît, le Parti québécois le premier
qu'un francophone, dans la mesure où il n'a plus ce libre choix
d'aller à l'école anglaise, doit, en correspondance avec ce libre
choix qui lui est enlevé, recevoir, dans son système francophone,
des cours d'anglais qui lui permettront de devenir un citoyen qui peut, lui
aussi, partager, s'associer, parler, communiquer avec l'ensemble des gens qui
vivent en Amérique du Nord.
Cela m'apparaît tout à fait normal. Je ne comprendrais pas
une Charte de la langue française qui ne serait pas accompagnée,
au niveau du ministère de l'Education, d'une volonté très
nette d'améliorer les cours de langue anglaise dans le système
francophone. A ce moment-là, il est bien clair que les immigrants qui
viennent ici et qui s'intègrent au secteur francophone ne perdent rien.
Au contraire, dans la mesure où, comme tous les autres francophones
fréquentant le même système, ils peuvent avoir accès
à des cours d'anglais drôlement améliorés par
rapport à ce qui existe à l'heure actuelle, ils sont eux aussi
bénéficiaires d'un état, d'une situation qui leur permet
de profiter des mêmes avantages que les francophones.
Troisièmement, sur le plan de la situation économique,
considérant le chaos qui existe à l'heure actuelle, le taux de
chômage extrêmement élevé, il faut avoir, je pense,
l'honnêteté, quand on ouvre les portes du Québec à
l'immigration, avoir la décence en même temps de constater
à quel point la situation économique nous pose tout de même
des contraintes considérables. Et un gouvernement qui n'aurait pas
à coeur, quand il réfléchit à l'accueil des
immigrants, de penser en même temps au problème du chômage
à l'intérieur du Québec et aux nombreux
Québécois qui sont sans emploi et qui, très souvent,
à cause de ce problème de chômage, s'en prennent aux
immigrants, prétextant que l'immigrant vient chercher chez nous des
emplois qui devraient plutôt être remis aux Québécois
qui n'en ont pas, c'est souvent la source d'un malaise qu'on constate dans la
mentalité des Québécois face à l'immigration.
Cela se pose en termes de chômage, en termes d'emplois disponibles
ou non. Il y a souvent des attaques faites contre les immigrants, quant
à moi, injustement, quand on regarde le type d'emploi qu'ils viennent
chercher au Québec. C'est souvent de là que part cette
mentalité, peut-être malheureuse, face aux immigrants.
Pour terminer, M. le Président, je veux simplement dire que, si
on veut établir une politique d'immigration québécoise, il
faut, je pense, avoir confiance en soi. Ce que je note, dans le document que le
ministre a présenté ce matin, c'est qu'il n'est pas possible
qu'un gouvernement ait une politique d'immigration, qu'il revendique la
compétence du Québec dans ce secteur si on n'a pas confiance en
soi. Si on veut donner confiance aux immigrants, dans leur possibilité
de s'intégrer et de s'adapter au Québec, si on veut leur donner
cette confiance, il faut tout d'abord qu'elle existe chez nous. Je sais que je
vais peut-être fournir là l'hameçon au député
de Notre-Dame-de-Grâce pour préciser des déclarations qu'il
aurait faites récemment. Mais si les gens qui viennent ici ne constatent
pas que ceux qui sont les représentants mêmes au Parlement de
Québec n'ont pas confiance dans le peuple et l'avenir du Québec
et dans les décisions des Québécois, quelles qu'elles
soient, comment voulons-nous donner confiance aux immigrants qui s'en viennent
chez nous? Comment voulons-nous, par exemple, leur permettre d'avoir confiance
dans le fait qu'il est possible de s'introduire dans le marché du
travail québécois, qu'il est possible d'aller au système
francophone d'enseignement, et en même temps d'avoir le sentiment de
recevoir des cours en langue anglaise qui leur permettent de s'intégrer
convenablement à la société québécoise,
qu'il est possible de vivre dans un environnement culturel, social et
économique qui respecte ce qu'ils sont? Le député de
Notre-Dame-de-Grâce mentionnait que, quant à lui, si jamais le
peuple québécois décidait,
au moment du référendum, majoritairement, d'accéder
à l'indépendance, il aurait plutôt le goût, parce que
d'abord il se considère comme un Canadien avant de se considérer
comme un Québécois, de s'en aller au Canada. C'est un droit
individuel que je lui reconnais, c'est bien clair. Mais comme
représentant d'un comté où il y a plusieurs anglophones,
plusieurs immigrants, et tout de même des francophones aussi, je ne
comprends pas que, comme membre du Parlement de Québec, il ne manifeste
pas sa confiance dans les Québécois et dans l'avenir du
Québec, et surtout sa confiance dans les décisions que le peuple
québécois serait amené à prendre, et cela inclut
des anglophones, les francophones, et tous les immigrants de quelque provenance
que ce soit. Je ne comprendrais pas qu'aujourd'hui, dans ces débats
qu'on entreprend, il aille faire une déclaration à Winnipeg
disant que, quant à lui, si jamais cela se faisait, il aurait
plutôt le goût de s'en aller à l'extérieur du
Québec.
M. le Président, je voudrais revenir là-dessus et dire
à quel point c'est d'abord une question de confiance en soi. Si on veut
donner confiance aux immigrants, il faut d'abord que les représentants
mêmes du Québec aient cette confiance en eux-mêmes et en
l'avenir du Québec.
M. Mackasey: M. le Président, oui, je ne sais pas si c'est
une commission pour discuter d'immigration ou discuter du député
de Notre-Dame-de-Grâce. Quand même, ce n'est pas moi qui ai
décidé pour les immigrants, à ce jour, d'aller à
l'école anglaise. J'espère, au moins, que vous ne le reprocherez
pas au député de Notre-Dame-de-Grâce si 90% des immigrants
sont déjà allés à l'école anglaise. Il y a
probablement quelque chose qui ne marche pas à leur avis dans le secteur
français. C'est logique. J'ai déjà été
ministre de l'Immigration, je sais les problèmes des immigrants. J'ai
tout simplement dit, je pense, au dé- but, au ministre qu'il aurait
été préférable que l'exposé de ses principes
soit distribué à tous les députés même
hier, si cela avait été possible pour que nous ayons une
chance d'étudier ce document. Je ne suis pas ici pour répondre
aux commentaires fous de mon ami de Richmond. C'est simple et c'est clair que
si le Québec se sépare et j'espère que cela n'arrivera
jamais, parce que je suis ici depuis 55 ans je peux
répéter ouvertement que si un jour, il y a la séparation
je souhaite que cela n'arrivera jamais je vais m'en aller de
Québec. Ce n'est pas la fin du monde de dire que je suis Canadien et
aussi Québécois. Je pensais que le député
était dans le même esprit, sinon, je vais prendre la peine de dire
dans son comté qu'il n'est pas canadien, ce n'est pas long, il reste
tout près de chez nous. Mais, quand on revient à la question de
l'immigration, j'accepte, comme je l'ai dit au ministre, que les immigrants,
autant que possible, devraient connaître les deux langues.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Excusez-moi, je vais vous
reconnaître à quatre heures cet après-midi lorsque nous
allons continuer l'étude...
M. Bertrand: Un dernier commentaire au député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je pense qu'on peut même lui dire que si
jamais les Québécois, par référendum,
décidaient qu'on n'accède pas à
l'indépendance...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, j'ai interrompu le député de
Notre-Dame-de-Grâce pour suspendre les travaux, je ne vous permettrai
pas, à ce stade-ci, de remplacer le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Les travaux de la commission sont interrompus
jusqu'à prochain ordre de la Chambre.
(Fin de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 16 h 38
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Reprise des travaux de la commission parlementaire chargée
d'étudier les crédits du ministère de l'Immigration.
Les membres pour cette séance seront: MM. Bellemare (Johnson);
Bertrand (Vanier) en remplacement de Bisaillon (Sainte-Marie); Brochu
(Richmond), Ciaccia (Mont-Royal), Chevrette (Joliette), Couture (Saint-Henri),
de Bellefeuille (Deux-Montagnes); Marchand (Laurier) en remplacement de Forget
(Saint-Laurent); Godin (Mercier), Gosselin (Sherbrooke), Jolivet (Laviolette),
Lacoste (Sainte-Anne), Laplante (Bourassa), Lavigne (Beauharnois), Lefebvre
(Viau), Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), Pagé (Portneuf) et Roy
(Beauce-Sud).
Décision de M. le Président sur la
motion de M. Brochu
Messieurs, je vous avais dit, à la suspension des travaux, que je
rendrais ma décision à 16 heures, lors de la reprise des travaux.
Je suis prêt à rendre cette décision, suite à la
motion présentée par le député de Richmond.
Ce matin, lors de l'étude des crédits du ministère
de l'Immigration, le député de Richmond a fait, en commission
parlementaire, la motion suivante: Que les membres de la commission appuient
les prises de position du ministre de l'Immigration sur la juridiction du
Québec en matière d'immigration, notamment en ce qui concerne la
maîtrise de la sélection des immigrants sur le territoire du
Québec. Cette motion présentée par le député
de Richmond soulève deux questions de grande importance.
Premièrement, le président doit décider de la
recevabilité ou de la non-recevabilité de cette motion et, en
deuxième lieu, il doit également décider s'il est opportun
de débattre et de voter maintenant une telle motion en supposant qu'elle
soit déclarée recevable alors que les membres de la commission
sont à étudier les crédits du ministère.
L'article 155 du Règlement de l'Assemblée nationale
édicte qu'en commission, aucune motion n'est annoncée de telle
sorte qu'il s'ensuit nécessairement qu'il est possible de
présenter une motion en commission parlementaire. D'autre part,
l'article 160 du même règlement édicte qu'un
député en commission parlementaire étudiant, soit un
projet de loi ou des crédits, peut parler pendant vingt minutes sur une
même motion.
Il s'ensuit que l'article 160 corrobore l'article 155 et qu'.une motion
est possible lors de l'étude des crédits d'un ministère en
commission parlementaire. Cela cependant ne suffit pas pour conclure que toutes
les motions qui peuvent être présentées en commission
parlementaire sont re-cevables. Pour qu'elles soient jugées recevables,
la motion doit entrer dans le cadre du mandat que la commission a reçu
de l'Assemblée nationale et doit également être pertinente
aux débats en cours au moment de cette présentation. Le
célèbre auteur May, dans son volume intitulé "The System
of Committees", à la page 142, déclare ceci: No resolution or
amendment may be proposed which is not whithin the order of reference ". "And
if any such resolution or amendment is proposed, the Chairman will decline to
put it from the chair."
Il ressort clairement de ce qui est plus haut mentionné que le
critère de la pertinence au débat en cours et au mandat de la
commission est un critère essentiel devant guider le président
quant à la décision qu'il a à rendre.
L'étude des crédits d'un ministère est l'occasion,
pour les membres d'une commission parlementaire, d'examiner l'ensemble des
politiques mises de l'avant par le ministère concerné et son
titulaire et d'émettre leurs opinions sur le bien-fondé ou non
des orientations et des idées préconisées par le
ministère et le ministre.
J'ai donc à décider si la motion présentée
par le député de Richmond entre dans le mandat que la commission
a reçu de l'Assemblée nationale et si elle est pertinente au
débat. Après avoir lu attentivement la motion
présentée par le député de Richmond, j'en viens
à la conclusion que la motion, telle que présentée, entre
dans le cadre du mandat que cette commission a reçu de
l'Assemblée nationale et est pertinente au débat en cours. Ce
serait trop restreindre le mandat d'une commission que de ne pas permettre
l'examen de motions de cette nature, lesquelles ont trait aux politiques d'un
ministère dont on étudie les crédits et s'adressent
à un ministre qui, à cette occasion, défend des
crédits et des politiques.
La motion du député de Richmond est une motion
d'espèce, une motion particulière, ayant trait à la
politique du ministère de l'Immigration et ayant trait essentiellement
à une politique qui a été définie ce matin
même, lors de la commission parlementaire du ministère de
l'Immigration. En conséquence, je déclare donc ladite motion
recevable.
Cette motion étant déclarée recevable, il importe
maintenant de se demander s'il est opportun, à ce stade-ci, de
débattre ladite motion et de prendre un vote sur celle-ci
immédiatement. L'objet essentiel de la commission parlementaire qui
siège aujourd'hui est d'étudier les crédits du
ministère de l'Immigration et il importe que la commission remplisse
bien ce mandat précis.
D'autre part, tous savent qu'en principe, la commission parlementaire
peut, après avoir examiné les crédits pendant au moins dix
heures, ne plus être convoquée, même si l'étude des
crédits n'est pas terminée.
Compte tenu du mandat premier de cette commission, et compte tenu de
l'article 128 du règlement de l'Assemblée nationale, j'estime
qu'il est inopportun, à ce stade-ci, d'entreprendre le débat sur
la motion qui a été déclarée recevable, puisqu'une
telle attitude, à ce stade-ci, n'avancerait en rien les travaux de
ladite commission. En effet, cette motion, même si elle est pertinente
à l'étude des crédits du ministère de
l'Immigration,
pourrait, à ce stade-ci, empêcher la commission de remplir
son rôle premier, qui est d'étudier avant tout les crédits
du ministère de l'Immigration.
Bien plus, j'estime que les motions de cette nature,
déclarées recevables par un président lors de
l'étude des crédits d'un ministère, devraient être
débattues après l'examen de l'ensemble des crédits du
ministère et avant l'ajournement sine die des travaux.
En conséquence, je déclare donc recevable la motion
présentée par le député de Richmond, mais j'en
reporte le débat et le vote après l'examen des crédits du
ministère et avant l'ajournement sine die de ladite commission.
M. Ciaccia: Question d'information, M. le Président, avant
de continuer l'étude des crédits. On vient de recevoir un autre
document du ministère, je crois. Ce serait préférable, si
c'était possible, de nous faire parvenir ces documents un peu plus
tôt, parce que c'est passablement difficile pour nous, durant le
déroulement des travaux, d'essayer à la fois d'étudier le
document que vous nous présentez et d'étudier les crédits
et de poser des questions. Est-ce que vous aurez d'autres documents à
nous faire parvenir ou est-ce que c'est l'ensemble des documents?
M. Couture: Vous ne voulez pas être inondés de
documents?
M. Ciaccia: Cela ne nous fait rien.
M. Couture: Je dois vous dire que ce dernier document est une
explication des éléments. Ayant en main les rapports annuels des
dernières années, je crois que vous avez déjà toute
la matière disponible des sujets et des politiques possibles du
ministère. Ce que ce document vous apporte, c'est le détail de
ces politiques à venir, mais je crois que, de toute façon, il
vous était loisible, en connaissant le mandat législatif du
ministère et les services actuellement en cours au ministère,
d'avoir en conséquence ce cadre de discussion. C'est simplement pour
vous aider ou pour apporter des éléments plus
détaillés de ce qu'on a déjà...
M. Ciaccia: Y a-t-il des membres de la commission qui ont
reçu ce document avant nous, avant l'Opposition officielle?
M. Couture: Non.
M. Chevrette: Après vous de cinq minutes.
M. Couture: Ils l'ont tous reçu en même temps.
Une Voix: Tous en même temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: M. le Président, je vous remercie de la
décision rendue aussi et je pense qu'après avoir entendu vos
arguments, j'y acquiesce; je reconnais le bien-fondé de votre jugement
et je l'accepte. On pourrait donc discuter de la motion et en disposer à
la fin de l'étude de nos crédits, d'une part.
C'était simplement pour revenir un peu sur un point, à la
suite de l'intervention du député de Notre-Dame-de-Grâce ce
matin. Je n'ai pas voulu être méchant et reprendre ses propos
immédiatement. Cependant, j'ai entendu a ce moment-là, et les
membres de la commission parlementaire qui étaient présents
pourront peut-être le souligner malheureusement le
député de Notre-Dame-de-Grâce n'est pas présent
à ce moment-ci ils ont entendu, dis-je, les commentaires du
député de Notre-Dame-de-Grâce, suite aux remarques que
j'avais faites.
Suite spécialement à la motion que j'avais exposée,
suite aussi aux commentaires d'ordre général que j'avais faits
dans le cadre de l'ouverture de cette commission parlementaire, ie rappelle
à la commission qu'à ce moment le député de
Notre-Dame-de-Grâce avait qualifié les propos que j'avais tenus,
de commentaires de fou. Alors, j'aimerais simplement rectifier les faits ici,
non pas pour déclencher une guerre, parce que je n'ai pas l'intention de
me lancer dans ce genre de débat, mais simplement pour souligner que
tout comme je reconnais à chacun des membres de cette commission qu'ils
soient de l'Opposition officielle, de l'Union Nationale ou des autres
formations politiques ou du gouvernement, le droit d'être ici,
étant dûment élus et aussi, que nous avons tous et chacun,
non seulement le droit d'y être, mais également la
responsabilité de participer au meilleur de notre connaissance, et selon
les principes que chacun, nous défendons, à cette commission
parlementaire, je trouve extrêmement malheureux que l'on ait à
déplorer des situations comme celles-là.
Je ne m'en prends aucunement ici à la personne du
député de Notre-Dame-de-Grâce, mais plutôt à
ce genre d'attitude que je déplore et qui, j'espère,
disparaîtra de notre forme de parlementarisme le plus tôt possible,
ce genre de vocabulaire qu'on ne devrait pas retrouver à la table d'une
commission parlementaire. Quelqu'un peut très bien, et je l'accepte, ne
pas être d'accord avec un opinant voisin ou d'un autre parti ou
même de la même propension politique, cependant, de là
à apporter des qualificatifs du genre de celui qu'on a entendu ce matin,
lorsqu'il a parlé d'un commentaire de fou, je pense que c'est
dépasser largement les cadres de la discussion et l'attitude normale
également qu'on devrait avoir. Je profite de l'occasion pour souhaiter
que nos travaux, dans l'ensemble, connaissent une autre tournure ou que l'on
redonne le sérieux qu'on souhaite aussi à l'Assemblée
nationale et aux travaux parlementaires dans leur ensemble. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
conformément à une politique que nous
avons établie ce matin, je pense que le ministre, l'Opposition
officielle ont reconnu, de même que les députés avaient
fait un exposé général. Alors, je pense qu'il serait dans
l'ordre, à ce stade, de donner la parole à l'Opposition
officielle pour poser des questions d'ordre général.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me permettez, avant
de poser des questions d'ordre général, de répondre un peu
à quelques propos que le député de Vanier a tenus ce
matin, puisque le temps était écoulé, à 13 heures,
la commission a ajourné ses travaux, et je n'ai pas eu l'occasion de
répondre à quelques-unes de ses remarques. Remarquez bien que je
ne parle pas sur la motion, j'accepte votre décision... Je veux parler
seulement sur les propositions du député de Vanier. Le
député a suggéré que nous fassions un front commun
vis-à-vis d'Ottawa, pour appuyer...
M. Laplante: Question de règlement, M. le
Président. Actuellement, le député de Mont-Royal est en
train de soulever une question de fond qui a été discutée
ici, ce matin, qui a amené le député de Richmond à
une motion...
Des Voix: Non, ce n'est pas ça.
M. Laplante: Ce sont les suites de ça. C'est encore le
fond dont on discute...
Des Voix: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, M.
le député de Bourassa, j'ai donné la permission au
député de Mont-Royal qui s'adresse au député de
Vanier, et je pense qu'il appartiendra également au député
de Vanier d'avoir la permission de répondre s'il a des corrections
à faire.
M. Ciaccia: Je peux assurer le député de Bourassa
que ça n'a rien à faire avec la motion. Ce sont certains propos,
certaines idées que le député de Vanier a soulevés
et certaines suggestions qu'il a faites et qui n'ont rien à faire avec
la motion. Je voudrais répondre...
M. Laplante: J'espère que vous allez conserver les
meilleures idées qu'il avait.
M. Ciaccia: Si vous aviez été ici ce matin, vous
n'auriez peut-être pas fait cette intervention. Je vais vous pardonner
quand même.
Vous avez suggéré un front commun avec le ministre.
Premièrement, l'approche de récupérer d'Ottawa certains
pouvoirs dans le domaine de l'immigration, je crois, a été
commencée par le gouvernement précédent et le ministre, ce
matin, a accepté cela. Il a dit qu'il continuait dans cet esprit.
M. Couture: Avec un esprit nouveau.
Critères de sélection des
immigrants
M. Ciaccia: Peut-être que c'est ça qui nous
inquiète. Mais il y a certaines contradictions quand même. Vous
avez mentionné le domaine des communications. Vous avez mentionné
le domaine de l'immigration. Je ne sais pas si c'est l'approche de ce ministre
de l'Immigration. Est-ce que c'est la nouvelle approche du gouvernement? Est-ce
que chaque ministre va avoir son approche vis-à-vis du
fédéral? Parce que je me souviens, à la commission
parlementaire des communications, que c'est nous qui avons soulevé le
problème d'assister au moins aux conférences
fédérales-provinciales. Le ministre des Communications refusait
même d'y assister. Il ne nous a même pas donné un engagement
pour les rencontres qui auront lieu prochainement.
Alors, il me semble que c'est un peu contradictoire de votre part de
suggérer de faire un front commun quand nous ne savons même pas
quelle est la politique de votre gouvernement a ce sujet. Nous y voyons
plusieurs contradictions.
Nous voyons un manque de confiance de la part de plusieurs groupes
ethniques. Non, je dis ça en toute sincérité. Pour faire
un front commun, il faudrait tout de même avoir certaines bases que nous
acceptons tous les deux.
Je vous donne un exemple. Nous allons revenir à des questions du
comité consultatif sur ce sujet. Il y a plusieurs groupes ethniques qui
se sont opposés à la manière, à la façon de
nommer ce comité. Il n'y a pas eu de consultation. Il y avait une
occasion en or pour le gouvernement de vraiment consulter à la base les
différentes communautés, les différentes
fédérations, mais il ne l'a pas fait.
Les groupes ethniques se posent des questions et, tout en
répondant, M. le Président, aux propos du député de
Vanier, je soulève aussi certaines questions pour le ministre qui
pourrait lui aussi répondre sur ce sujet que nous soulevons.
Sur la question des COFI, à un moment donné, on a eu la
déclaration du ministre que la langue seconde, la langue anglaise, ne
serait plus enseignée dans les COFI. Nous avons une inquiétude
qui nous est exprimée par différents groupes ethniques sur la
Charte des droits de l'homme. Plusieurs de ces gens viennent de pays où
ils ont eu des expériences assez difficiles quant au droit individuel
à leur liberté. Ils craignent considérablement le fait
que, dans la Charte de la langue, la Charte des droits de l'homme soit
exclue.
On parle de la question de l'économie, vous avez soulevé
certains propos quant à l'immigration et à la question des
emplois. Je pourrais citer aussi d'autres contradictions, mais, pour faire un
front commun, il faut toujours s'entendre sur l'approche que nous allons avoir.
Vous avez soulevé ce matin que vous voulez continuer à avoir un
ministre de la Main-d'Oeuvre, du Travail et de l'Immigration. Or, le 19 mai, je
crois, à une commission parlementaire, le leader parlementaire du
gouvernement a affirmé qu'il va toujours y avoir un ministre à
l'Immigration séparément des autres ministères.
Même dans le programme du Parti québécois, on
cherche, mais on ne trouve pas grand-chose sur la question de l'immigration.
Vous avez certains propos sur les minorités, vous parlez des an-
glophones, mais, comme politique d'immigration, cela n'existe pas.
Nous ne voyons comment on pourrait faire un front commun à
l'heure actuelle, même avec la meilleure des volontés. Il faudrait
s'entendre aussi sur la question des critères de sélection que
nous allons retourner.
Nous allons poser des questions, nous allons discuter avec vous pour
savoir comment vous êtes venus à ces différents
critères et comment vous allouez les cinq points, dix points ou vingt
points et des différences avec l'approche fédérale ou
l'approche actuelle. Pour ces raisons, M. le Président, je voudrais dire
au député de Vanier que, si on ne fait pas front commun avec le
ministre dans sa rencontre prochaine avec son homologue fédéral,
ce n'est pas parce qu'on ne veut pas récupérer nous aussi les
pouvoirs d'immigration et les droits du Québec à un pouvoir de
décision en, matière d'immigration. Ce n'est pas cela du tout,
mais, faisant face aux différentes contradictions, aux
différentes politiques, aux différentes approches des
différents ministères de votre gouvernement en face du
fédéral, on verrait difficilement comment...
M. Brochu: Une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Richmond, sur une question de règlement.
M. Brochu: Je ne veux pas, à ce stade-ci, changer l'allure
des débats, mais j'ai présenté ce matin une motion qui
avait pour contenu de demander le consensus, étant donné qu'il y
avait un accord de principe, sur le document déposé par le
ministre. Vous avez jugé la motion non débattable pour le moment,
mais recevable. Je pense qu'à ce stade-ci, M. le Président, il
n'est pas de mise de revenir sur la question, parce que ce que le
député est en train de faire, c'est de justifier la raison pour
laquelle on n'a pas voulu se prononcer immédiatement sur la motion et
essayer de tenter de passer par la porte d'en arrière. M. le
Président, je pense que ce n'est pas le moment, et ce n'est pas mon
intention non plus de revenir sur la motion. Je respecte votre décision
et je vous demanderais une directive à ce moment pour que les membres de
la commission, dans leur ensemble, s'en tiennent à l'étude des
crédits pour le moment. Lorsque viendra la discussion comme telle, selon
votre jugement rendu, de la motion que j'ai présentée ce matin,
à ce moment, le député de Mont-Royal aura tout le loisir
de donner toutes les raisons qui, à son sens, justifient la prise de
position qu'il n'a pas adoptée ce matin.
Une Voix: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
reconnu auparavant, sur la même question de règlement, le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, j'appuie ce qu'on vient de
dire et j'ajouterais que, s'il fallait se mettre à discuter "at large"
pendant dix heures sans aller aux crédits eux-mêmes, vous ne
seriez pas plus avancé sur l'objectif que vous avez donné dans
votre jugement, que je respecte. Si, par des moyens détournés, on
se met à parler sur le fond indirectement, on va se ramasser avec 10
heures de discussions et on n'aura pas étudié les crédits
budgétaires.
L'objectif que vous visiez est d'en arriver, dans les plus brefs
délais, à l'étude des crédits mêmes. Vous
déviez de la même façon et je ne marche pas
là-dedans du tout. Je me dis: Si on veut justifier, au cours des heures
qui vont venir, le fait qu'on ne veut pas voir débattre une motion de
fond et qu'on ne passe pas pour autant à l'étude des
crédits, je ne vais pas en appeler, parce qu'il paraît qu'on ne
peut pas le faire, on apprend les règlements ici, mais je vais vous
inciter à ramener à l'ordre chaque fois qu'un gars déviera
de l'étude des crédits. C'est l'objectif, nous avez-vous dit.
Là, on reprend ce que le député de Vanier a dit, on va
revenir contre ce que le député de Richmond a dit, on va nuancer
ce que le ministre a affirmé. Non, non, on va se brancher une fois pour
toutes.
Si c'est l'étude des crédits, branchons-nous tout de
suite. J'"embarque" avec lui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Vanier.
M. Bertrand: Sur la question de règlement, M. le
Président, ça m'amuse de voir que le député de
Mont-Royal puisse soulever les contradictions dans notre camp. S'il y a une
contradiction, c'est que justement, ceux-là mêmes qui, ce matin,
ne voulaient pas que la motion soit jugée recevable pour ne pas
permettre que, ou les ministériels ou l'Union Nationale s'en servent
comme d'un bâillon pour s'empêcher de parler des crédits, ce
sont les mêmes personnes qui, au moment, où vous avez rendu une
décision, pour qu'on en débatte à la fin, reviennent sur
le fond de la question. Quant à moi, ça ne fait qu'illustrer la
pertinence de votre décision à savoir que la motion était
recevable. Elle était tellement recevable qu'au moment où vous
avez décidé qu'on la débattrait à la fin, il y a
des gens de l'Opposition officielle qui ont voulu la débattre tout de
suite.
C'est ce que le député de Mont-Royal est en train de
faire. Soyons conséquents.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Mais je pense que le député de Joliette
et le député de Vanier n'ont pas compris notre attitude du
tout.
M. Chevrette: Non, en effet.
M. Bertrand: Non, pas du tout.
M. Blank: Je vais l'expliquer encore.
M. Chevrette: Quand il y a un monde entre deux individus, c'est
difficile de se comprendre.
M. Blank: Pour commencer, je suis d'accord avec une partie de la
décision du président, que la première chose que ce
comité doit faire, c'est d'étudier les crédits du
ministère. D'accord, il y a un usage, une coutume, quand on
étudie les crédits. Et une des procédures, c'est le
commencement. On a une présentation générale du
ministère et après, on étudie les crédits. Mais
l'étude des crédits, suivant la loi parlementaire, se fait pour
l'Opposition. Ce n'est pas fait pour le gouvernement, pour faire un "show".
Cela se fait suivant la procédure parlementaire, c'est la chance que les
élus du peuple de l'Opposition ont de demander comment notre argent est
dépensé. C'est le but de l'affaire. Si nous, de l'Opposition,
voulons prolonger notre premier débat sur les questions
générales, c'est notre affaire, notre temps qu'on gaspille, parce
que le gouvernement doit y mettre fin, après 10 heures.
Si nous...
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blank: ...voulons dépenser neuf de ces dix heures sur
des questions générales, c'est notre affaire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, sur une question de règlement.
M. Couture: Je crois que le député de Saint-Louis
est en train de débattre le fond du cadre de la commission
parlementaire. Ce n'est pas du tout...il ne soulève pas du tout une
question de règlement comme telle.
M. Blank: Ce n'est pas ça, on dit que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Saint-Louis,
à l'ordre!
M. Blank: Je n'ai pas fini mon intervention.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que la présidence à ce stade-ci est suffisamment informée.
Elle a rendu une décision et je pense qu'il faut bien comprendre le sens
de cette décision. Tout d'abord, elle a déclaré recevable
la motion et, compte tenu que cette motion était pertinente aux
débats en cours, en a reporté, d'autre part, le débat et
le vote avant l'ajournement d'à midi, après l'étude des
crédits, considérant qu'en raison de l'article 128, il pourrait
être préjudiciable aux membres de la commission de débattre
pendant des heures cette motion de telle sorte que les crédits ne
pourraient être étudiés. En conséquence, pour
être logique avec cette décision, je défendrai aux membres
de la commission de tenter de débattre ou de ne pas débattre la
motion, ce qui surviendra après l'examen des crédits.
Je pense que faire obstacle ou contourner cette décision
reviendrait à dire que l'un des motifs principaux de ma décision,
qui a d'ailleurs été invoquée par l'Opposition officielle,
sur une question de règlement...que cette Opposition officielle a
changé d'idée actuellement.
M. Blank: Je n'ai pas changé d'idée.
Peut-être que vous ne me comprenez pas.
M. Couture: M. le Président, je demanderais qu'on en
vienne au...
M. Laplante: M. le Président, question de
règlement.
M. Blank: II n'y a pas de question de règlement. Je n'ai
pas terminé mon intervention.
M. Laplante: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Je pense avoir été très clair. A ce
stade-ci, nous devrions étudier les crédits du ministère
de l'Immigration et toute question ayant trait au débat de la motion qui
a été déclarée recevable est reportée
après l'étude des crédits.
M. Blank: Suivant votre pensée, je dois dire que...
M. Laplante: Question de règlement, M. le
Président. Le député de Saint-Louis ne peut discuter sur
le verdict que vous venez de rendre.
M. Blank: Je ne parle pas du verdict. Je dis que je suis
d'accord.
M. Laplante: On ne peut plus discuter, on doit aller à
l'ordre du jour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blank: Mais si je comprends...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Tant pour les députés de gauche,
que pour ceux de droite, je pense avoir été très
clair.
M. Blank: Est-ce que je peux vous demander une directive? Est-ce
que, maintenant que vous avez donné cette décision qu'on discute
de cette motion, à la fin, on doit maintenant discuter du
ministère en général?
M. Brochu: Ce n'est pas la même chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis...
M. Blank: Pourquoi m'empêche-t-on?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis, je pense qu'il nous appartient, à
ce stade-ci, d'étudier tout simplement, comme on le fait d'habitude, les
crédits du ministère de l'Immigration et on débattra le
bien-fondé de la motion plus tard.
M. Couture: M. le Président, je vous demande une
directive. Je m'aperçois évidemment que dans les questions
générales, les membres de la commission parlementaire, dans cet
ordre de questions générales, auront très souvent à
donner leur avis sur le document que nous avons présenté sur
notre attitude, sur notre approche, face au gouvernement fédéral.
C'est pour cela que je vous demande une directive, M. le Président.
Dès que des membres de la commission parlementaire font des commentaires
sur la position du Québec, face au gouvernement fédéral,
je crois qu'ils abordent la question de la motion. Effectivement, M. le
Président...
M. Blank: Si on ne parle plus de crédits, de quoi va-t-on
parler?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Couture: C'est la raison pour laquelle je demande une
directive au président, si vous me le permettez. Je crois que vous
devez, à ce stade-ci, M. le Président, bien nous dire quelle
limite vous faites entre questions générales sur l'orientation du
ministère et son approche vis-à-vis du gouvernement
fédéral et en quoi cela touche ou non la motion en question.
Quand le député de Mont-Royal répond au
député de Vanier sur ce front commun qui est demandé, il
rejoint exactement l'esprit de la motion du député de
Richmond.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
directive va être la suivante: En aucun endroit dans la motion il n'est
question de relations fédérales-provinciales. Or, je permettrai
aux membres de cette commission de parler des relations
fédérales-provinciales en matière d'immigration. Mais ce
que je défendrai, c'est que des membres de cette commission viennent
justifier des prises de position qui ont été prises ce matin, sur
des questions de règlement de part et d'autre.
C'est ce que je défendrai et je ne veux pas défendre aux
membres de la commission d'exercer un droit légitime,
c'est-à-dire le droit, dans le domaine de l'immigration, de parler des
relations fédérales-provinciales. D'ailleurs, en aucun endroit
dans la motion, on en parle.
M. Brochu: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laurier.
M. Marchand: M. le Président, je n'ai nulle- ment
l'intention de toucher à la motion de fond qui a été
touchée ce matin. Vous me permettrez de toucher au document
déposé.
M. Couture: Excusez-moi, M. le Président. Est-ce que les
questions générales... Comment allons-nous procéder?
Le député de Mont-Royal a fait une série de
commentaires dont certains m'apparaissent au moins soulever des
réponses. Est-ce qu'on laisse les questions générales se
défiler ou le ministre peut-il répondre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il faudrait au moins que les membres de la commission respectent une
politique que nous avons établie ce matin, même à la
suggestion du député de Mont-Royal. C'est-à-dire que nous
avons eu l'exposé général du ministre, l'exposé de
l'Opposition officielle, l'exposé de l'Opposition reconnue,
l'exposé des députés ministériels. Il était
convenu tous les députés ministériels qui avaient
demandé à prendre la parole l'avaient prise que, par la
suite, on recommençait avec les questions générales, avec
l'ordre normal, l'Opposition officielle, l'Opposition reconnue.
M. Couture: M. le Président, est-ce qu'on répond
aux questions générales à la suite ou est-ce qu'on les
entend toutes ensemble?
M. Marchand: M. le Président, lorsqu'il est question de
défendre des crédits, je pense bien que chaque
député qui est membre de la commission a le droit à une
expression générale d'opinion sur la défense des
crédits. Ce matin, lorsque est arrivé notre tour de parler, le
député de Richmond a fait une motion et nous a fait taire. En
fait, il nous a empêchés de donner nos commentaires
généraux. J'ai un court commentaire à faire sur le
document déposé et je pense que je suis tout à fait dans
l'ordre de faire un tel commentaire à ce moment-ci, puisque c'est dans
la défense générale des crédits.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais,
avant de vous donner cette permission, M. le député de Laurier,
j'aimerais vous dire, parce que le député de Mont-Royal est au
courant de notre façon de procéder, puisque je l'ai
rencontré dans plusieurs commissions, qu'habituellement, chaque parti a
un critique officiel dans un domaine bien particulier. Habituellement, je donne
la parole à ce critique officiel de l'Opposition officielle et de
l'Opposition reconnue. Même si je reconnais avant des
députés du parti ministériel, je leur donne le droit de
poser des questions, seulement après avoir respecté ce droit qui
est traditionnel. Il en est de même des députés de
l'Opposition officielle qui ne sont pas des critiques, à moins que le
critique officiel du parti, en cette matière, n'indique à la
présidence qu'il cède ce droit de parole ou qu'il permette
à un autre de poser des questions. C'est la politique que j'entends
suivre.
M. Marchand: M. le Président...
M. Brochu: Question de règlement, M. le
Président...
M. Marchand: ...sur le même point...
M. Brochu: Je m'excuse, question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Richmond, sur une question de règlement.
M. Brochu: J'aimerais rétablir un fait, M. le
Président. Lorsque le député de Laurier mentionnait...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 96, c'est cela?
M. Brochu: Oui....tout à l'heure que j'avais fait taire
les autres députés en présentant ma motion, je voudrais
être bien compris, à ce stade-ci, M. le Président, et aussi
continuer dans le sens de votre directive.
La motion que j'ai présentée ce matin visait
essentiellement à élargir le débat sur le document
précis que le ministre avait présenté, pour discuter de sa
prochaine approche avec le ministre fédéral dans les prochains
jours. C'était donc, comme vous l'avez dit, pertinent au débat et
cela aurait permis au député de Laurier, comme aux autres, de
prendre position là-dessus et de donner leurs commentaires.
J'aimerais, à ce stade-ci, que les députés de
l'Opposition officielle soient conséquents avec le geste qu'ils ont
posé délibérément et qu'ils soient conscients
qu'ils ont accepté de limiter le débat, étant donné
qu'on ne peut plus, parce que la motion a été rejetée,
discuter du contenu comme tel dans la prochaine relation
fédérale-provinciale du document que le ministre nous a
présenté ce matin, parce que...
M. Couture: M. le Président, je voudrais avoir une
directive là-dessus. Ce matin, le ministre a présenté les
politiques du ministère, son document. Ensuite, vous avez laissé
l'Opposition officielle s'exprimer, faire des considérations
générales, et le représentant du parti reconnu de l'Union
Nationale aussi. Il y a eu, après, réponse du ministre à
ces considérations générales.
Cet après-midi, vous donnez la parole à l'Opposition
officielle, au député de Mont-Royal, qui a des questions
générales. J'ai pris en note ces questions. Je veux savoir
comment on va procéder. Est-ce que les questions générales
continuent de l'un à l'autre et, après, est-ce que le ministre
répond, à la suite de ces questions...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, les règles...
M. Couture: ...ou si, au fur et à mesure que cela arrive,
on répond.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, les règles en commission parlementaire sont très
larges. Même si la période des exposés
généraux était terminée, il n'en demeure pas moins
que, compte tenu d'une tradition assez libérale dans ce domaine, il
appartient au président de donner la permission à tout autre
député qui voudrait faire un exposé général
sur cette question de le faire. Je pense qu'il ne faut pas faire de la
procédurite ici, en commission parlementaire, puisque les notes qu'on
m'a remises après ma nomination, après les avoir lues... On
remarquait une très grande liberté d'expression en commission
parlementaire. Même pour le droit de parole de 20 minutes que l'article
160 prévoit, la tradition veut qu'en commission parlementaire, du moins
lors de l'étude des crédits, ce soit prolongé
légèrement. On a même vu des gens parler 45 et 50 minutes
sans qu'il y ait de question de règlement. Je pense que c'était
très bien compris de part et d'autre. En ce qui concerne l'intervention
du député de Richmond, j'aimerais être clair. Je ne
restreindrai pas le débat malgré la motion, en ce sens que les
relations fédérales-provinciales dans le domaine de l'immigration
sont ouvertes aux discussions, puisqu'il n'en est pas question dans la motion.
Ce que je défendrai, par exemple, c'est que les membres de la commission
viennent justifier des prises de position qu'ils auraient pu avoir ce matin et
qui viendraient justifier la décision que le président a rendue.
C'est là-dessus. Je pense qu'étant donné que toute la
politique du ministère de l'Immigration se retrouve dans un document qui
nous a été déposé par le ministre, ce serait tout
simplement nier l'existence et le but de cette commission que d'empêcher
les députés d'en parier. M. le député de
Laurier.
M. Marchand: Je vous remercie, M. le Président. En effet,
je voudrais tout simplement faire un commentaire sur une partie du document
déposé ce matin, sur la politique de sélection des
immigrants. A la page 19, je vois qu'il est souhaitable que la catégorie
réglementaire d'admission, dite nommément désignée,
soit abolie et qu'en retour un critère "famille", représentant un
maximum de dix points, soit inséré au critère de
sélection des candidats indépendants, lorsqu'on voit que, dans le
système passé, il y avait trente points d'alloués à
ces personnes sur cinquante points. Je me demande si, dans cette politique, il
n'y a pas un rejet d'une certaine catégorie ou de certains groupes
ethniques venant de certains pays. Je crois qu'il y a là une
discrimination certaine à l'égard de ces immigrants qui se
trouvent heureux chez nous, puisqu'ils veulent y faire venir leur famille.
Aussi, je demande au ministre s'il n'y a pas lieu de réviser ses
positions sur ces points afin d'éviter la discrimination que je
mentionnais plus haut.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Couture: M. le Président, puisque vous m'accordez la
parole, vous me permettrez de re-
monter un peu dans les questions générales du
député de Mont-Royal. Vous permettez, M. le député
de Laurier. Le député de Mont-Royal a fait état de
contradictions apparentes, d'après lui, ou du moins c'est comment il
perçoit les positions de certains ministères, face aux relations
fédérales dans le contexte des relations
fédérales-provinciales. Je dois dire ceci: Je crois que nous
l'avons dit assez explicitement ce matin. L'objectif de notre gouvernement est
et sera toujours la souveraineté politique.
Nous sommes aussi conscients que le mandat reçu à la
dernière élection provinciale est un mandat provisoire de bon
gouvernement provincial en espérant que, lors du
référendum, le peuple québécois, massivement,
appuiera notre option de souveraineté politique, dans l'espérance
aussi que les explications que nous donnerons, la consultation, la vaste
mobilisation, arriveront à ce résultat.
Dans ce contexte actuel, entre le 15 novembre et le
référendum, nous voulons être de parfaits partenaires face
au gouvernement central pour le bénéfice même des
Québécois, parce que nous sommes conscients aussi que les
Québécois paient des taxes à ce gouvernement, et c'est
notre responsabilité, comme gouvernement provincial, d'utiliser au
maximum ce qu'il y a et ce qui reste du fédéralisme.
Dans cette optique, partout où la constitution nous
apparaît claire dans la juridiction accordée aux provinces et
à l'analyse aussi de l'histoire passée où nous avons vu
dans tellement de dossiers à quel point le gouvernement
fédéral a empiété sur les droits des provinces, je
crois que c'est pour cette raison que je l'ai rappelé ce matin
nous nous situons dans ce prolongement de plusieurs gouvernements
provinciaux qui, avec raison, ont dénoncé l'empiètement du
fédéral et cherchent, par tous les moyens, à
récupérer au moins les droits qu'ils sont sûrs d'obtenir
par la constitution actuelle.
Dans ces dossiers provinciaux, selon les ministères et selon les
ministres aussi, je pense qu'il peut arriver, en effet, que notre approche ne
soit pas toujours la même, parce que l'objectif de fond, qui est toujours
de récupérer des droits qui nous semblent certains, selon
l'attitude même du gouvernement fédéral, selon l'attitude
même de certains ministres fédéraux, il ne nous est pas
possible d'avoir tout à fait la même attitude.
Je dirais ceci, en ce qui concerne l'immigration. J'ai eu une rencontre
avec le ministre fédéral de l'Immigration; j'ai eu plusieurs
échanges de lettres. Dans l'état actuel de ce dossier, avec le
fédéral, il m'apparaît possible... Je le dis vraiment
sincèrement, parce que l'attitude du ministre actuel de la Main-d'Oeuvre
et de l'Immigration au gouvernement fédéral semble ouverte et
j'espère que je n'aurai pas à regretter ces paroles, mais,
jusqu'à nouvel ordre, je pense que le ministre du gouvernement
fédéral à l'Immigration est ouvert à de nouvelles
négociations.
Comme je suis en face d'un ministre qui accepte de rouvrir le dossier,
je pense que c'est une attitude responsable de vouloir aller jusqu'au bout de
nos revendications dans le dossier de l'immigration. C'est la raison pour
laquelle nous présentons ce document, qui n'est pas simplement de la
littérature, qui est pour nous une base importante de
négociation, parce que nous avons fait l'analyse des besoins du
Québec en matière d'immigration. Nous avons aussi conclu,
à la lumière de la constitution canadienne, que ce sont des
droits possibles même à l'intérieur du contexte
fédéral, et c'est dans cette optique que nous allons
négocier. Le député de Mont-Royal a parlé du
comité consultatif de l'immigration, et je pense qu'on a entendu de
nouveau les griefs qu'il avait déjà formulés auparavant,
lors de la nomination de ce comité consultatif. En effet, je crois que
les explications que nous avons données quand nous avons lancé le
comité consultation n'ont pas été suffisantes...
M. Marchand: Je m'excuse. Question de règlement.
M. Couture: ...et je profite de la commission
parlementaire...
M. Marchand: J'ai posé une question...
M. Couture: Est-ce une question de règlement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Laurier, sur une question de règlement.
J'aimerais savoir en vertu de...
M. Marchand: C'est-à-dire que... Vous allez revenir
à ma question après?
M. Couture: Oui. J'ai noté quelques questions.
M. Marchand: D'accord.
M. Couture: Je vais à la suite.
M. Marchand: D'accord.
M. Couture: Je suis heureux de profiter de cette commission
parlementaire pour rappeler le sens véritable de ces nominations au
comité consultatif de l'immigration en mars dernier.
Nous avions le choix, en effet, de passer plusieurs semaines à
faire le tour des centaines de groupes ethniques du Québec pour leur
demander de déléguer un représentant ou de diviser la
structure du comité consultatif et de chercher des représentants
de groupes ethniques pour faire partie du comité consultatif. Cela
pouvait être un choix.
Je sais que l'ancien gouvernement avait procédé de cette
façon; d'ailleurs, cela avait été tellement laborieux
qu'une communauté ethnique n'a jamais été capable de
s'entendre pour déléguer un représentant. Il
m'apparaissait important d'avoir dans des délais les plus rapides cet
instrument de consultation du milieu des immigrants et des groupes ethniques.
J'ai donc cru sage et suffisant, après une consultation raisonna-
ble cela n'a pas été une consultation exhaustive,
je n'ai pas rencontré les 400 groupes ethniquesde nommer des
citoyens éminents de ces milieux pour leur demander ceci comme premier
mandat. C'est cela qui est important. Je leur ai dit: Au lieu de vous nommer
deux ans et trois ans comme cela était possible et comme on l'avait fait
dans les années précédentes, on veut vous nommer pour un
an. Votre premier mandat, votre première tâche sera justement de
chercher une formule valable de choisir vos délégués,
parce qu'au lieu de laisser au ministre et à son cabinet et à ses
fonctionnaires le soin de trouver des structures de
représentativité, de faire les consultations eux-mêmes,
vous allez être vous-mêmes l'instrument du comité
consultatif pour chercher une formule valable pour les années
subséquentes dans le choix des membres du comité consultatif:
Je ne veux pas m'étendre sur cette question. Je sais qu'on peut
accepter ou non cette option, mais le vrai sens de la nomination des membres du
comité consultatif de l'immigration, cette année, c'est d'abord
de leur donner cette responsabilité et ce mandat de chercher
eux-mêmes une formule valable, satisfaisante, pour choisir à
l'avenir les membres du comité consultatif.
Surtout que nous avons le colloque de deux jours, au début de
juin, avec des représentants de tous les groupes ethniques et de tous
les groupes d'immigrants, je crois que ce sera un lieu aussi fort important et
fort intéressant pour recevoir l'écho de ces groupes sur la
façon de procéder pour l'avenir.
Une autre question d'ordre général dont a fait mention le
député de Mont-Royal, ce sont les COFI et l'abolition des cours
d'anglais. Quand j'ai fait cette annonce publique qui a déclenché
un tollé dans bien des milieux, cela a été très
exagéré comme dramatisation du phénomène.
L'essentiel de ce que j'ai dit, c'est ceci: Voyant que, par nos COFI, on
atteint à peine 20% il faut bien se rappeler ce chiffre de
toute la clientèle possible d'immigrants pour les COFI, et sachant
d'autre part que 80% à peu près des immigrants non francophones
s'intègrent à toutes fins pratiques dans la communauté
anglophone, j'ai fait le raisonnement qui m'apparaît assez
élémentaire et vigoureusement affirmé que, puisque c'est
le gouvernement central qui décide des sommes d'argent pour
l'administration de nos COFI, puisque c'est aussi le gouvernement central qui
recrute et sélectionne les étudiants des COFI, il faudrait, avant
de donner quelques classes d'anglais dans les COFI, au moins doubler et tripler
nos classes de français, soulignant que l'analyse la plus
élémentaire de la situation des immigrants dans leur cheminement
d'adaptation à la société québécoise
était vraiment déplorable.
Dans mes lettres et mes communications avec M. Cullen, j'ai dit que je
voulais réévaluer entièrement la question des cours de
langue et du cours d'anglais dans nos COFI.
La condition préalable que j'y mets, c'est d'abord d'assurer ce
minimum de services aux immigrants pour l'adaptation à la
communauté francophone. D'ailleurs, c'est un des éléments
im- portants de la négociation que j'aurai avec lui le 27 mai prochain.
Alors, l'abolition des cours d'anglais, ce n'est pas comme telle la nouvelle.
La nouvelle, c'est que les COFI sont exclusivement contrôlés par
le gouvernement central. La nouvelle, c'est qu'il y a seulement 20% des
immigrants qui vont dans les COFI et la grande et mauvaise nouvelle, c'est que
80% des immigrants vont dans le secteur anglophone et nous avons besoin de
doubler les effectifs et notre instrument le COFI. Et là, quand nous
aurons ce contrôle des étudiants, quand nous aurons tous les
services adéquats à donner aux immigrants pour les adapter
à la communauté francophone, je dis publiquement qu'il n'est pas
du tout exclu que pour n'importe quel immigrant qui aura besoin de ce cours
d'anglais pour aller sur le marché du travail, que ce soit un poste de
cadre ou de président de compagnie ou autrement, quoique avec la
nouvelle loi je pense que ce sera de moins en moins nécessaire...
Jamais, je n'empêcherai un immigrant de recevoir un service, mais en
autant que nous ayons le contrôle et que nous ayons les services
adéquats. J'arrive à la question du député de
Laurier qui me référait à la page 19. Je dois vous dire
que pour les nommément désignés, quand on dit qu'on
abolit, on a quand même le critère famille. Par le critère
famille, on élargit même les personnes. Dans le critère
nommément désigné, il y avait déjà des
exclusions que nous faisons sauter. Alors, c'est vrai qu'on donne moins de
point à ce critère, mais on élargit la dimension famille.
Je pense que...
M. Marchand: Dans quel sens, à quel point?
M. Couture: Auparavant, les nommément
désignés, les parents devaient être de 60 ans et plus.
M. Blank: Non. Ça, c'est parrainé.
M. Couture: Les parrainés. Là, nous faisons sauter
cette frontière. Ce que je veux dire surtout, c'est qu'il y a quand
même un choix qu'on doit faire. Ou bien on donne une partie importante
des points à tous les nommément désignés, les
parrainés, ou on essaie c'est une question de justice, je crois
de donner un traitement beaucoup plus juste et plus objectif à
toutes les demandes d'immigrants qui viennent en terre
québécoise. C'est le choix que nous avons fait et je pense qu'il
peut vraiment se justifier.
M. Marchand: C'est un choix, mais en fait, vous admettez quand
même que vous limitez les familles d'immigrants qui veulent faire venir
leur famille.
M. Blank: Vous le rendez plus difficile.
M. Marchand: C'est beaucoup plus difficile.
M. Couture: Ce n'est pas plus difficile, mais ces gens ont moins
de points qu'ils en avaient.
M. Blank: S'il y a moins de points, c'est plus difficile.
M. Couture: Evidemment, c'est plus difficile, mais on donne plus
de facilité qu'auparavant, par exemple, à des gens qui ont une
connaissance du français et je trouve que cela corrige et cela nous
permet, à ce point de vue-là, d'atteindre un objectif que nous
poursuivons.
M. Marchand: Justement. C'est un objectif que vous poursuivez,
mais cela limite quand même les immigrants de certains pays qu'on
pourrait nommer, comme peut-être, l'Italie, la Grèce, le Portugal.
C'est officiel que vous limitez les immigrants de ces pays.
M. Couture: Pas comme tel. On n'atteint pas les pays. On atteint
les parents de gens qui pourraient venir de ces pays.
M. Marchand: Vous atteignez les personnes.
M. Couture: Par ailleurs, on peut corriger cette situation en
offrant un éventail plus large de possibilités. Comme cela
rejoint, d'ailleurs, en parlant des Italiens, vous avez raison, cela atteint
surtout les Italiens...
M. Marchand: Les Grecs, Portugais, Espagnols.
M. Couture: ...comme cela rejoint d'autres critères
où on cherche... Je ne sais pas si vous avez remarqué
l'importance qu'on donne à la capacité d'adaptation. Quand, au
Québec, nous allons avoir à donner des points... On a cela
à la page 13.
M. Blank: C'est très facile pour un immigrant de s'adapter
si sa famille est ici. C'est plus facile.
M. Couture: Oui, mais je vous renvoie à la page 13.
Quand nous aurons à statuer sur les possibilités
d'immigrants à venir au Québec, là on a une série
de critères qui nous aident à accorder des points à ces
futurs immigrants et, nécessairement, les membres d'une même
famille qui auront évidemment une connaissance et une certaine
expérience du Québec, parce qu'ils auront de la famille ici, au
Québec, qui auront une meilleure compréhension du Québec
parce qu'il y aura probablement de la correspondance et le reste... Il y a une
série de notations qu'on fait à la page 13 et qui nous permet
d'aider ces gens.
M. Marchand: C'est automatique.
M. Blank: Non, ce n'est pas automatique, c'est exactement
ça. Le problème avec votre explication, M. le ministre, c'est
qu'avant, avec le système actuel, on donne jusqu'à trente points
pour un proche parent, pour des personnes désignées; vous donnez
une partie de ces points, cinq de plus dans la famille, cela passe de cinq a
dix, il reste vingt-cinq de plus, mais vous augmentez l'adoption de 10 à
15; mais là, c'est discrétionnaire. C'est l'officier en charge
qui va prendre la décision, c'est une décision personnelle. Ce
n'est pas une décision légale prise par l'Assemblée
nationale ou la Chambre des communes. Ce n'est pas une obligation de lui donner
ces points.
Si, par hasard, il n'aime pas des personnes avec des vieux...
M. Couture: C'est comme tous les agents d'immigration, ça
reste toujours discrétionnaire. Mais je pense que c'est à nous
justement à avoir un personnel très qualifié pour pouvoir
utiliser à bon escient ces critères.
M. Blank: Une minute, maintenant...
M. Couture: Le fédéral a le même
problème avec ses critères.
M. Blank: Non, je m'excuse. Actuellement, le seul critère
parmi les dix du fédéral où il y a une discrétion,
c'est dans la personnalité. Tous les autres sont point, point, point,
aucune discrétion. La discrétion, c'est pour la
personnalité seulement.
Je veux faire une autre constatation...
M. Couture: J'aurais un commentaire à faire sur ce que
vous venez de dire. Je pense que la discrétion est plutôt sur
l'ensemble des critères et, effectivement, il y a une série de
critères, quelqu'un qui connaît le français ou ne le
connaît pas. C'est factuel. Il y a des points pour ça. Il y a la
demande dans la profession, c'est assez factuel; l'éducation, c'est
factuel.
M. Blank: Oui, c'est ça.
M. Couture: L'emploi réservé, c'est factuel. La
capacité d'adaptation; là, vous pourriez dire, je pourrais
admettre avec vous qu'il y a peut-être un facteur discrétionnaire,
mais ce qu'on propose à la page 13 détaille assez bien les
conditions qu'on demande pour pouvoir accorder les points en
conséquence. Là-dessus, je dis que ça rejoint finalement,
par ce critère, l'objectif que vous visez en facilitant l'arrivée
ici de gens qui sont de même famille ou qui ont des liens avec des
immigrants établis.
M. Blank: Je suis d'opinion contraire, exactement là. Et
parlant de la question d'un groupe particulier, il y avait un bassin
d'immigration très important pour le Québec: la Grèce, le
Portugal, l'Espagne et l'Italie. On sait que, dans ces pays, le niveau de
scolarité est très bas. Alors, aujourd'hui, avec les
critères fédéraux où on donne un point pour chaque
année de scolarité, au moins ces personnes ont une petite chance;
elles peuvent... Le niveau général de scolarité au
Portugal et en Espagne, c'est quatre ans; en Italie, c'est cinq ans; en
Grèce, c'est six ans.
Je dois dire que ces personnes, les travailleurs d'une bonne famille
honnête qui veulent venir travailler ici sont des immigrants qu'on
cherche; il faudrait au moins commencer avec cinq ou six points. Maintenant,
avec votre système, vous coupez l'élémentaire à
moitié. Je dois dire que ces pauvres Grecs, Italiens, Portugais,
Espagnols ont
la moitié moins de possibilités de venir ici et vous
faites ça sur une base de scolarité. On n'a pas tellement besoin
de gens instruits ici. On a besoin d'honnêtes travailleurs; c'est
ça qui va bâtir un Québec, c'est ça qui a bâti
le Canada.
M. Couture: Je pense que vous avez peut-être mal lu le
document.
M. Laplante: On ne pourrait plus faire venir des bonnes ici.
M. Blank: Je n'ai même pas de document, vous avez
coupé...
M. Couture: A la page 16, vous avez le détail ici. Je
pense que vous n'avez peut-être pas lu suffisamment le document.
Evidemment, je m'excuse, vous l'avez eu seulement ce matin.
M. Blank: Non, ça dit exactement ça: la
moitié des points sur les huit premières années
d'étude. Cela fait jusqu'à huit; la moitié, c'est quatre.
Maintenant, c'est huit. Un point pour chaque année du primaire,
aujourd'hui. Mais vous voulez couper ça à la moitié.
M. Couture: C'est sur dix, ça...
M. Laplante: Mais, M. le ministre, est-ce que ça nous
empêcherait de faire venir des bonnes ici, actuellement, au
Québec?
M. Blank: Des quoi?
M. Laplante: Des bonnes, des servantes.
M. Blank: Les bonnes ne viendront pas avec ce système,
c'est impossible.
M. Laplante: Elles ne pourraient pas venir avec ça.
M. Blank: C'est impossible avec ce système.
M. Marchand: On n'a absolument rien contre ça.
M. Blank: Vous cherchez...
M. Couture: M. le Président, je devrais dire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Couture: Je devrais dire, M. le Président, que le
député de Saint-Louis a parlé du Portugal...
M. Marchand: Ce sont des paroles de petits bourgeois.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...A
l'ordre!
M. Couture: Le député de Saint-Louis a parlé
du Portugal et j'aimerais bien parler des Portugais parce que j'ai eu l'honneur
de recevoir à dîner le ministre des Affaires extérieures du
Portugal.
J'ai été en contact avec la communauté portugaise
de Montréal et, s'il y a un groupe ethnique, actuellement, qui semble
drôlement avoir de la difficulté à entrer au Canada, ce
sont bien les Portugais.
Il y a, aux portes des ambassades du Canada à Lisbonne, des
attentes énormes. Justement, considérant les capacités
d'adaptation des Portugais, des Italiens et quand il y a déjà une
communauté importante ici, au Québec, pour nous, c'est un facteur
extrêmement important pour, d'avance, favoriser l'arrivée
d'immigrants de ces communautés, c'est évident.
M. Blank: En parlant des Portugais, je veux faire une suggestion
au ministre. Quand il parlera à son homologue, M. Cullen, le 27... avec
votre nouveau système d'éducation, vous pénalisez des
Portugais, parce que les Portugais n'ont pas tellement eu les moyens de
s'instruire. Mettons cela de côté pour le moment. Le Portugais a
un problème particulier et je pense que le ministre est au courant. Tous
les réfugiés de l'Angola et de la Mozambique qui sont au Portugal
ont créé un problème économique extrêmement
important pour le pays.
Je pense qu'on doit faire pression j'ai déjà fait
pression personnellement pour que le ministre de l'Immigration à
Ottawa donne une préférence spéciale à ces
réfugiés de la Mozambique et de l'Angola qui sont maintenant
rendus au Portugal, où il n'y a pas de place. Pourquoi ne donne-t-on pas
le même privilège à ces gens qu'on va donner...
M. Couture: Qu'est-ce qu'il vous a répondu?
M. Blank: Sur les deux. Je pense même que le premier
ministre du Portugal a fait des démarches auprès de Pierre
Elliott Trudeau la semaine dernière dans la même veine. Qu'on
donne une priorité spéciale à ces gens. Je suis d'accord
que la communauté portugaise, une grande partie d'entre elle est dans
mon comté, je vais dire franchement que c'est un des meilleurs groupes
d'immigrants qu'on a au pays. Je ne dis pas cela parce que je pense qu'ils ont
voté pour moi, je ne le sais pas. C'est difficile à savoir, parce
qu'il n'y en avait pas tellement sur la liste électorale. Ils ne sont
pas citoyens; c'est un mouvement d'immigrants récent. La
citoyenneté n'était pas encore accordée à ces
gens-là, ils n'avaient pas terminé leur stage de cinq ans.
Maintenant, c'est trois ans. On va le voir aux prochaines élections, ils
vont tous être citoyens.
Mais ces gens ont besoin d'un appui particulier du ministre de
l'Immigration fédéral. Cela a déjà
été fait par moi-même, par le groupe ethnique du Parti
libéral, pour appuyer les demandes de ces groupes de
réfugiés qui, maintenant, ont de la misère au Portugal; il
y a même un problème au Portugal. Je pense que le Canada et le
Québec ont assez de place pour ces immigrants.
M. Couture: Je suis très...
M. Blank: Franchement, je peux dire que c'est un groupe qui s'est
intégré très facilement à la communauté
française.
M. Couture: Je suis très heureux d'entendre le
député de Saint-Louis là-dessus. Je suis tout à
fait d'accord. Je veux corriger une impression. Si vous remarquez, dans la
dernière page, vous allez mieux comprendre ce que je veux dire. La
dernière page de votre tableau, le gouvernement fédéral
donnait 20 points pour l'éducation, dans ses critères actuels, le
fédéral demande 20 points. C'est-à-dire qu'il donne 20
points pour l'éducation, donc pour les années de
scolarité.
Nous, nous avons, pour diminuer un peu cette approche élitiste de
l'immigration, réduit cela et sommes passés de 20 à 10
points. Cela devient un critère québécois, parce que,
jusqu'à preuve du contraire, je pense que l'éducation est de
juridiction provinciale.
Vous avez, dans le tableau, à droite,
l'expérience-compétence, 15 points, des critères
suggérés pour le fédéral. Cela n'est pas de la
scolarité. C'est de l'expérience, c'est-à-dire des gens
qui, liés à une demande d'emploi, ont une expérience dans
ce domaine. Cela peut être votre Portugais qui a une deuxième ou
troisième année, qui a travaillé dans un champ et qui veut
devenir un travailleur agricole. Le critère, les points accordés
à ce critère le favorisent. On baisse, je veux bien qu'on me
comprenne, les exigences scolaires pour donner plus d'importance à
l'expérience et à la capacité d'adaptation. Je pense que
c'est une orientation qui, à ce point de vue, n'est pas
pénalisante pour le type d'immigrants dont vous parlez.
M. Blank: On a le même critère maintenant, dans les
critères fédéraux, mais
l'expérience-compétence de membres professionnels était
toujours liée à l'éducation, pas nécessairement aux
années d'expérience dans la profession.
Vous voyez que les officiers retournent encore à
l'éducation. Cela veut dire que maintenant...
M. Couture: C'est pour cela qu'on a corrigé la
situation.
M. Blank: Non, vous ne l'avez pas corrigée. Vous
établissez l'expérience-compétence de membres
professionnels à quinze points.
M. Couture: Ce n'est pas de la scolarité.
M. Blank: Ce n'est pas de la scolarité, mais avant, ce
n'était pas scolaire non plus. Ce sont les officiers.
M. Couture: Vous avez 20 points pour les degrés de
scolarité.
M. Blank: Vous mettez cela à une autre place et cela
revient au même.
M. Couture: Non, on les baisse à dix.
M. Blank: Je vous donne le moyen utilisé par les officiers
pour faire leurs analyses. Ils ne leur donnent pas de compétence
professionnelle. Vous avez ici dix maintenant. Vous avez quinze pour la
profession et dix pour la compétence, actuellement. Ces dix points sont
toujours basés sur l'éducation et jamais sur les années
d'expérience, n'est-ce pas exact?
M. Couture: Mais, ils sont corrigés autrement.
M. Blank: Vous donnez maintenant quinze points à cela, au
lieu de dix points; c'est la même chose.
M. Couture: Non, on ne donne pas quinze points, on donne dix
points à l'éducation.
M. Blank: Je ne parle pas d'éducation, je parle
d'expérience...
M. Couture: Cette situation est drôlement corrigée
avec l'expérience, qui est de quinze points, que le
fédéral doit donner et la capacité d'adaptation où
on donne quinze points, nous. Je pense...
M. Blank: La personnalité, c'est la même chose.
M. Couture: Oui, mais ce ne sont pas des années de
scolarité.
M. Blank: Non, mais quelle est la différence entre la
personnalité et l'adaptation?
M. Couture: On la prend au lieu de laisser au
fédéral.
M. Blank: Cela arrive au même.
M. Couture: Non, mais je veux vous dire que vous aviez vingt
points à l'éducation et que nous avons dix points à
l'éducation.
M. Blank: Je vais arrêter mon intervention à ce
moment-ci. Comme avocat, j'ai des années et des années
d'expérience sur les critères d'unité des points pour
l'immigration. Je peux vous donner une expérience de 27 ans. Je vous dis
qu'avec les critères que vous changez ici, vous diminuez le nombre
d'immigrants qui viendraient au Québec et ce n'est pas votre but. Votre
but, c'est le contraire. Vous voulez des immigrants, mais avec...
M. Couture: Vous ne m'avez pas fait la preuve.
M. Blank: Je vous donne 27 ans d'expérience à
l'immigration.
M. Couture: Ce n'est pas convaincant ce que vous dites.
M. Bertrand: Est-ce qu'on peut savoir pourquoi vous en venez
à cette conclusion?
M. Blank: Pourquoi? Parce que l'emphase n'est pas sur le type
d'immigrant qu'on veut et qui veut venir ici. C'est vrai, sur papier c'est
très bon. Si on veut avoir des gens instruits, très
compétents, avec de l'expérience, avec des métiers comme
la mécanique, etc. Ces gens ne viendraient pas ici.
M. Bertrand: Raison de plus. Si je suis votre logique...
M. Blank: Oui.
M. Bertrand: ... vous êtes en train de dire que, si on veut
que les immigrants qu'on reçoit ici soient des gens qui ont des faibles
taux de scolarité et qui sont prêts à remplir des emplois
qui ne demandent pas d'avoir des licences, des maîtrises ou des
doctorats... Si c'était le cas, je dirais: Attachons beaucoup
d'importance à l'éducation et, à ce moment-là, ces
gens vont être privilégiés dans la grille.
M. Blank: Prends l'ensemble, c'est le contraire. Cela n'arrivera
jamais.
M. Couture: M. le Président, je pense...
M. Blank: On donne une chance, avec les gens
désignés, maintenant, aux pauvres qui n'ont pas
d'éducation, d'expérience, de venir ici. On enlève cela
maintenant.
M. Couture: Les quinze points d'expérience pour la demande
de profession, à la limite, n'importe qui pouvant prouver qu'il a une
expérience dans quoi que ce soit peut obtenir ces points-là. Nous
autres, on a baissé l'éducation. C'est-à-dire qu'on a
baissé l'exigence scolaire. C'est tellement vrai que je vais être
obligé de discuter avec M. Cullen pour que, dans ces critères sur
l'expérience, les quinze points qu'il accorde ne soient pas quinze
points sur le niveau scolaire, parce que, de fait, on a des échos que
parfois c'était utilisé comme tel.
M. Blank: Oui, c'est cela.
M. Couture: L'ensemble des critères qu'on a
repartagés, les points qu'on a repartagés, je pense que cela nous
offre actuellement justement une possibilité d'avoir une
présentation beaucoup moins élitiste.
M. Blank: Je me demande...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député de Rosemont... de Richmond.
M. Brochu: Merci, de la distinction, M. le Président.
J'aurais ici une autre question qui se rattache à cela. Je ne sais pas
si on va retrouver un équilibre de ce côté, dans le
pointage. Au niveau du système fédéral actuel de
sélection des immigrants, on retrouve au milieu le poste boni où
on accorde actuellement, aux nommément désignés, entre
quinze et trente points.
J'aimerais savoir du ministre si ces points sont accordés de
façon automatique ou nommément désigné, et ce qui
fait qu'il y a une sélection entre 15 et 30 points. Est-ce que ces
points entre 15 et 30 s'accordent de façon discrétionnaire
jusqu'à maintenant?
M. Couture: La pratique de l'immigration fédérale
sur le partage entre 15 et 30, je n'ai pas la réponse exacte.
M. Blank: J'ai la réponse. M. Couture: Je vous en
prie.
M. Blank: II y a trois catégories. Il y a la
catégorie de neveux, nièces, oncles ou tantes, c'est 15 points.
Si le requérant est un citoyen canadien, cela monte à 20. Si
c'est un frère, soeur, mère, père, fils ou fille, c'est 25
ou 30, selon qu'il est citoyen canadien ou non. Cela dépend du
degré de relation ou s'il est citoyen ou pas citoyen. Ce n'est pas
discrétionnaire, c'est automatique.
M. Couture: Je dois quand même souligner... Continuez, je
pense que vous n'aviez pas fini.
M. Brochu: En même temps, lorsqu'on se réfère
au niveau des propositions du Québec, on ne retrouve pas ici ce boni de
15 à 30 qui pouvait, sans considération de l'instruction de la
personne ou de son expérience, lui accorder un certain nombre de points,
compte tenu de son degré de parenté avec la personne qui veut
venir chez nous.
M. Couture: Là-dessus, vous avez 10 points à
famille, pour la colonne fédérale.
M. Brochu: Oui.
M. Couture: Ce qui n'est pas indiqué dans les
critères québécois, on ajoute 10 points au-dessus
cela fait 110, au fait de boni pour les enfants, c'est-à-dire
dans la famille...
M. Blank: Où cela?
M. Couture: ... selon le nombre d'enfants, on ajoute les 10
points.
M. Brochu: Cela n'apparaît pas dans la colonne ici?
M. Couture: Non, cela n'apparaît pas. C'est un boni qu'on
se réserverait le droit de donner.
M. Brochu: Là, j'aimerais peut-être que le ministre
nous refasse les chiffres, parce qu'entre les 15 et 30 points de boni
accordés actuellement au nommément désigné et, par
exemple, le 10 qu'on accorde dans les propositions du Québec à
l'article famille, il y a quand même une différence. J'aimerais
que le ministre nous explique plus en détail cette différence, ce
qu'il avait commencé à faire.
M. Couture: II y a une différence. Je crois qu'on pourrait
débattre longtemps cette utilité de faire venir constamment les
gens de même famille pour augmenter le groupe de l'immigration au
Québec ou au Canada. C'est un choix. Je dois dire qu'il m'apparaît
plus juste, en termes simplement humanitaires et de politique d'immigration,
surtout dans la conjoncture internationale actuelle, d'ouvrir davantage nos
portes à toute catégorie d'immigrants et d'établir des
critères beaucoup plus précis sur l'admission des immigrants.
Comme le Canada avait quand même un certain bassin d'immigrants qu'il
acceptait d'une année à l'autre, et on le sait, avec le Portugal
maintenant, on ferme les portes à certaines entrées, je pense
qu'effectivement il y avait discrimination pour certains pays du monde. Je
crois que c'est un choix que nous faisons d'élargir davantage la
possibilité d'immigration de tous les pays du monde.
M. Brochu: Est-ce que cela veut dire, en même temps, M. le
ministre, que l'on restreint la possibilité quand même pour les
familles d'immigrés, parce qu'à ce moment, vous allez du
côté des individus...
M. Couture: On ne les restreint pas, mais ils ont moins de points
qu'ils n'en avaient avant.
M. Brochu: Oui, mais vous les restreignez automatiquement.
M. Couture: C'est-à-dire que... Vous avez raison, on les
restreint.
M. Marchand: ...c'est dangereux pour moi...
M. Brochu: ...fermé...
M. Couture: On les restreint...
M. Marchand: C'est dangereux pour moi...
M. Couture: Oui, on les restreint, mais on ne les empêche
pas de venir et ils ont quand même des points additionnels,
c'est-à-dire que s'ils ont de la famille là-bas, qu'il y des
immigrants qui sont membres d'une famille qui veulent venir ici, ils ont des
points que les autres n'ont pas. Alors, à ce point de vue-là, on
diminue leurs chances, mais on ne les restreint pas dans le sens de les
empêcher de venir. Ils ont quand même des points additionnels.
M. Marchand: Vous ne les restreignez pas, mais vous leur donnez
moins de chance.
M. Brochu: M. le Président... M. Couture: C'est
exact.
M. Brochu: ...est-ce que je pourrais terminer mes remarques avec
le ministre? Ensuite, je pourrai laisser la parole...
Est-ce que les dix points qui sont suggérés ici dans les
propositions du Québec vont être automatiques?
M. Couture: Oui.
M. Brochu: Bon! Maintenant, je reviens à la question
principale. Dans sa philosophie que le ministre a l'air de vouloir exposer
maintenant, il nous dit qu'à cause de la situation politique dans
différents pays du monde, il se peut, si c'est ce que semble sous-tendre
son argumentation, que des individus isolés, c'est-à-dire sans
famille, viennent peut-être davantage que des familles complètes.
D'accord? Je pense que c'est ce que vous dites.
M. Couture: C'est exact.
M. Brochu: Bon! Je me demande ce qui empêche l'un et
l'autre. Surtout, il semble y avoir une contradiction ici avec la philosophie
que vous avez émise plus avant dans votre document. Vous dites que le
facteur d'adaptabilité, par exemple, est un critère important en
ce qui concerne l'immigrant, mais comment pouvez-vous concilier de favoriser
l'adaptation et l'insertion sociale culturelle de nos immigrants chez vous si,
au point de départ, vous limitez la venue de leur famille? Autrement
dit, comment, par exemple, sur le plan pratique, sera-t-il plus facile
d'intégrer à la société québécoise un
immigrant seul, un père de famille, quand les autres vont être
chez eux, ou une famille, alors que les frères et les soeurs veulent
venir aussi, ce qui serait de nature, à ce moment-là, à
favoriser l'adaptation, puisqu'on aurait une famille complète?
M. Couture: Justement, il y a quinze points...
M. Brochu: J'aimerais avoir des éclaircissements
là-dessus.
M. Couture: Oui. Il y a quinze points de prévus pour la
capacité d'adaptation.
M. Brochu: Oui, mais ça ne répond pas à ma
question.
M. Couture: Bon! C'est ça... Je vais y
répondre.
M. Blank: C'est discrétionnaire.
M. Couture: Les frères ou les soeurs ou les parents des
citoyens québécois-canadiens qui sont ici, qui veulent venir dans
ce pays, par le facteur "capacité d'adaptation", je pense que le
raisonnement est assez simple à suivre, ont nécessairement
davantage de préparation à s'adapter à la
société québécoise. Ces points accordés
à la capacité d'adaptation vont jouer en leur faveur, et c'est ce
que je développais tout à l'heure. Je disais que non seulement
les points de la famille favorisent quand même les parrainés et
les parents, mais la capacité d'adaptation, c'est aussi un
élément qu'ils auront plus que d'autres. Je pense que c'est assez
élémentaire.
M. Brochu: Mais comment pouvez-vous concilier le fait que vous
accordez une importance,
comme vous dites, dans votre document, à la capacité
d'adaptation, alors que vous restreignez la possibilité pour les
immigrants de faire venir, s'ils le désirent, d'autres personnes de leur
famille, ce qui est en soi un moyen pour eux de s'adapter...
M. Couture: Moi, je dis que l'un et l'autre s'ajoutent.
M. Brochu: Maintenant......une question
supplémentaire...
M. Blank: Cela fait vingt minutes...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Richmond.
M. Brochu: D'une autre façon, je le prends par la bande.
Si, dans vos propositions du Québec, vous dites qu'au facteur
"adaptabilité", dans les critères québécois, vous
accordez quinze points, est-ce que ça va être automatique?
M. Couture: Non, il faut quand même évaluer les
normes... On a, à la page 13, une notation prévue, pour
évaluer ceux qui ont cette capacité d'adaptation.
M. Brochu: Pour les membres qui ont de la famille ici?
M. Couture: Cela, c'est automatique. M. Brochu: Pour eux,
c'est automatique? M. Couture: Oui.
M. Blank: Vous donnez quinze points d'adap-tabilité
à chacun des membres de la famille?
M. Marchand: A la famille, c'est automatique.
M. Couture: Non, non, je parlais des dix points pour la famille,
c'est automatique, mais, dans l'évaluation de l'immigrant, les quinze
points prévus pour la capacité d'adaptation s'ajoutent
nécessairement aux dix points de la famille, normalement.
M. Blank: Maintenant, on donne les mêmes quinze points. On
appelle cela personnalité. Cela arrive à la même chose,
c'est discrétionnaire. Je vais vous dire franchement que je n'ai jamais
vu plus qu'une moyenne de 8 ou 9. Cela fait quelque chose de très
spécial qu'on nous donne 9 points pour cela.
M. Couture: C'est peut-être la raison pour laquelle c'est
réellement important que ce soit le Québec qui ait ce
critère en main. Le fédéral lui-même... plus le
fonctionnaire est loin d'une réalité communautaire, plus il a de
la difficulté à porter un bon jugement. C'est la raison pour
laquelle.
M. Blank: Vous pensez que les fonctionnaires
québécois...
M. Couture: Le fait que ce soit le fédéral qui
définisse lui-même la capacité d'adaptation pour la
région de Rimouski, c'est un non-sens. C'est la raison pour laquelle on
l'exige.
M. Brochu: Pour favoriser cette adaptation, est-ce que le
ministre serait prêt à donner une directive à ses
fonctionnaires pour que, lorsqu'une personne qui est déjà ici
veut faire venir un membre de sa famille, ce soit automatique de lui accorder
quinze points au départ pour assurer ce facteur d'adaptation?
M. Couture: Ce n'est pas exclu...
M. Brochu: Cela, c'est de juridiction strictement
québécoise.
M. Couture: L'intérêt d'une commission
parlementaire, c'est peut-être de profiter des suggestions, des
recommandations. Dans mon esprit, ce critère de capacité
d'adaptation doit nécessairement s'ajouter au critère "famille".
C'est évident que le parent, le cousin ou tout autre parent qui est dans
un autre pays et qui garde des liens avec des gens du Canada a la
préparation, il a cette capacité d'adaptation. Je suis prêt
à considérer ce fait.
M. Brochu: Le ministre retient la suggestion? M. Couture: Oui, je
la prends en note.
Le Président (M. Clair): Sur le même sujet, le
député de Mont-Royal et, par la suite, le député de
Vanier, sur le même sujet toujours.
M. Ciaccia: M. le ministre, j'essaie de comprendre la philosophie
et les explications du ministre et à savoir pourquoi vous avez
réduit les points pour les familles des immigrants. C'est d'abord un
problème humain. Je ne crois pas que vous vouliez diviser les familles.
Je ne crois pas que cela devrait être votre intention de mettre des
obstacles à ce que les familles viennent ici. J'essaie de comprendre
pourquoi vous avez changé les points pour la question famille quand ces
points étaient automatiques. Vous les avez réduits et vous les
rendez discrétionnaires. Est-ce que c'est un état de pression,
quel est le but de faire cela?
J'entends vos explications, mais je ne peux pas comprendre pourquoi vous
avez réduit cela. Vous dites: II faut ouvrir davantage l'immigration.
Certainement, mais pas aux dépens des familles. Vous pouvez toujours
l'ouvrir davantage sans donner ce pouvoir de discrétion. On parle de
familles, on ne parle pas des étrangers. On parle de familles de gens
qui sont ici. Vous voulez donner cela à la discrétion de certains
fonctionnaires quand quelqu'un peut avoir un frère, une soeur, un neveu.
Ce n'est pas cela qui va doubler votre immigration, parce que les familles sont
assez limitées. On ne peut pas créer des familles seulement pour
faire de l'immigration.
M. Couture: Je pense qu'il y a une question un peu
théorique dans ce problème. Je suis persuadé
qu'actuellement, avec les critères que nous proposons,
évidemment, on donne un peu moins de points pour le facteur famille,
mais dans la...
M. Ciaccia: Pourquoi?
M. Couture: On donne moins de points parce qu'on veut
élargir le bassin. On veut donner un peu plus de chance à tous
les immigrants éventuels.
M. Ciaccia: Aux dépens des familles. Aux dépens de
ceux qui ont des familles.
M. Couture: Pas aux dépens, parce que quelqu'un qui a de
la famille a déjà des points alors que les autres n'en ont
pas.
M. Ciaccia: Avec les explications que vous...
M. Couture: On pourrait donner 100 points pour la famille. C'est
un choix.
M. Ciaccia: Avec les explications que vous nous donnez,
j'espère que le ministre fédéral n'acceptera pas ces
critères parce que vous affectez... C'est un problème tellement
humain que vous affectez des familles qui existent ici qui, pour une raison ou
une autre, voudraient faire venir les membres de leur famille et cela va
dépendre du pouvoir discrétionnaire d'un fonctionnaire.
M. Couture: II y a dix points "famille" qui sont
automatiques.
M. Ciaccia: Oui, mais pourquoi les réduire? Quelle est la
philosophie de cette réduction? Qu'est-ce que cela représente?
Pourquoi ne le laissez-vous pas à 30, pourquoi ne le laissez-vous pas au
même montant?
M. Couture: On le réduit parce que... On pourrait le
mettre à 60, on pourrait le mettre à 70. Dans l'analyse que nous
faisons de critères plus objectifs...
M. Ciaccia: Ce serait plus logique de l'augmenter à 60,
70, parce que cela montrerait une philosophie qu'au moins vous voulez garder
les familles ensemble. Mais le réduire, c'est
incompréhensible.
M. Blank: Vous avez contre...
M. Couture: Je pense que c'est une question de choix politique
justement et de philosophie de l'immigration. C'est celle que nous
retenons.
M. Blank: Vous avez une contradiction. Vous dites:
Peut-être qu'on va donner 60 ou 70 points. Vous êtes d'accord avec
le fédéral que les parents de moins de 60 ans soient
parrainés, pour l'information de mes amis ici, c'est automatique. Ils
n'ont pas besoin de points. Avec une nouvelle loi fédérale qui
serait votée d'ici un mois ou deux, le ministre serait d'accord sur ce
point, si une personne ici a ses parents, sa mère et son père,
dans un autre pays, de n'importe quel âge, c'est automatique, il vient au
Canada s'il a une bonne santé, et un casier judiciaire vierge. Pas de
point. Mais sur cela vous dites: Mais ce même parent qui vient ici doit
laisser en Italie ou en Grèce sa fille, son fils et si...
M. Couture: On ne touche pas à ça. M. Blank:
Laissez-moi finir.
M. Couture: La loi fédérale est là. On ne
touche pas à ça, nous. Vous avez, dans les candidats
"parrainables", le...
M. Blank: Mais avec vos nouveaux critères, vous ôtez
ça.
M. Couture: Non, non, on ne touche pas à ça. Je
vais vous donner la liste...
M. Blank: Parrainer, je ne parle pas de parrainer... je ne parle
pas de ça.
M. Couture: Les candidats "parrainables", vous avez
l'époux, l'épouse, le fiancé, plus enfants,
célibataire de moins de 21 ans, vous avez fils ou fille
célibataire de moins de 21 ans, les frère, soeur, neveu,
nièce, petit-fils, petite-fille, orphelin de moins de 18 ans, on ne
touche pas à ça.
M. Blank: D'accord. On ne touche pas à ça, je parle
de parrainer. Mais la mère et le père viennent ici, disons qu'ils
ont 45 ans, maintenant, ils ne sont pas parrainés, avec la loi actuelle;
avec la nouvelle loi, ils peuvent être parrainés, ça veut
dire que M. Jos Bleau qui est au Canada peut faire venir sa mère et son
père automatiquement. Mais son frère et sa soeur doivent rester
en Italie ou en Grèce où il va y avoir de nouveaux
critères, il n'y a aucune chose spéciale pour eux, ils ne sont
plus désignés. Maintenant, vous enlevez les points
spéciaux, de 15 à 30 points...
M. Couture: Les frères et soeurs de 18 ans et plus.
M. Blank: 18 ans et plus, jusqu'à 60 ans.
M. Couture: Ils ont de grandes chances de rentrer.
M. Blank: Oh non!
M. Couture: On ajoute quelque chose, tous les parents,
père et mère, grand-père et grand-mère sans
distinction d'âge, alors qu'il y a déjà, actuellement par
le fédéral, une contrainte.
M. Blank: Oui, oui, c'est pour ça que je dis... M.
Couture: On ajoute quelque chose.
M. Blank: ... mais le fédéral fait ça dans
sa nouvelle loi. Ce n'est pas vous qui avez décidé ça.
C'est dans la nouvelle loi.
M. Couture: On n'est pas encore là.
C'est parce qu'on a oublié que ceux qui n'étaient pas au
courant de la loi fédérale, tous les candidats "parrainables",
ça fait quand même énormément de gens qui peuvent
s'ajouter aux familles.
M. Blank: Cela ne fait pas énormément de gens. Dans
le parrainage, on peut les mettre dans deux ou trois catégories, la
femme ou l'épouse d'une personne, ce n'est pas tellement gros, des
parents de plus de 60 ans, des orphelins de moins de 18 ans et c'est
pratiquement tout. C'est très limité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 18
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Reprise des travaux de la commission parlementaire chargée
d'étudier les crédits du ministère de l'Immigration. Je
pense que le député de Richmond aurait une demande
préalable à formuler au ministre.
M. Brochu: Oui. A ce stade-ci, j'ai eu l'occasion, entre les deux
périodes de discussion de rencontrer quelques-uns des fonctionnaires qui
accompagnent le ministre. Ce serait peut-être bon, à ce stade-ci
des travaux, pour l'éclairage des membres de la commission, pour nos
travaux futurs aussi, étant donné que peut-être l'un ou
l'autre des hauts fonctionnaires qui l'accompagnent auront à prendre la
parole, que le ministre nous fasse un petit exercice de présentation,
pour la bonne marche de nos travaux.
M. Couture: Je vais faire mieux que cela. Je vais demander au
sous-ministre par intérim, M. Luc Martin, de présenter son
équipe.
M. Marchand: M. le ministre, est-ce que cela veut dire que vous
ne les connaissez pas?
M. Couture: Non. Cela veut dire que je donne tellement
d'importance au sous-ministre, qui est en fait le sous-chef qui dirige
l'administration...
M. Marchand: Habituellement, on était habitué
à ce qu'un ministre présente ses hauts fonctionnaires.
M. Couture: Justement, nous avons un style nouveau, M. le
député de Laurier.
Je vous remercie, M. le ministre. Il me fait plaisir de vous
présenter M. Marcel Cloutier, qui est sous-ministre adjoint aux
opérations au ministère de l'Immigration, M. Pierre Veilleux, qui
est directeur de l'administration au ministère, et M. Guy Fournier, qui
est directeur du personnel. Ce sont les trois personnes qui m'accompagnent.
M. Marchand: Et en arrière?
M. Couture: II y a M. Ronald McNeil, du cabinet, et M. Jacques
Roy, du cabinet également. Je dois dire que j'attendais qu'on arrive
à l'étude des éléments pour vous présenter
l'équipe.
M. Brochu: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le ministre, vous vous étiez
référé à un échange de lettres que vous avez
eu avec votre homologue fédéral. Est-ce que cela serait possible
pour vous de déposer ces lettres en commission parlementaire, pour qu'on
puisse en prendre connaissance?
M. Couture: Je n'ai absolument aucune objection à
déposer ces lettres. Je crois en effet que c'est de caractère
public. Je demanderai à quelqu'un de l'équipe de s'assurer que
ces lettres soient colligées, parce qu'il y en a plusieurs. C'est une
correspondance assez abondante, où il y a en effet discussion de
principes de philosophie d'immigration, etc. Cela peut être
d'intérêt public et cela me fera plaisir de vous les faire
parvenir.
M. Ciaccia: Merci. Vous avez parlé également d'un
colloque avec les groupes ethniques ou le comité consultatif.
Peut-être que nous allons revenir tantôt au comité
consultatif.
En ce qui concerne le colloque c'est un genre de consultation si
je peux bien comprendre est-ce que vous avez pris des mesures afin qu'il
y ait traduction simultanée de cette conférence pour qu'elle soit
de nature bilingue?
M. Couture: Ce n'est pas une conférence de nature
bilingue, c'est une conférence de nature québécoise.
M. Ciaccia: Ah! Mais on va avoir des différences d'opinion
sur la nature québécoise.
M. Couture: Ce qui nous intéresse avant tout
évidemment, vous avez peut-être raison de souligner cet aspect de
la question c'est que les gens qui participeront au colloque puissent
effectivement participer activement et comprendre ce qui se passe. Je crois
que, d'aucune façon, on n'interdira aux gens de s'exprimer dans leur
langue, que ce soit le chinois, le portugais ou l'anglais; mais effectivement,
les travaux généraux du colloque seront en français. Je ne
veux pas anticiper, je veux vraiment apporter tout le respect nécessaire
à l'équipe qui prépare le colloque, qui est le
comité consultatif.
Je ne veux pas préjuger des décisions qu'il prendra
à ce sujet. Comme le président est dans la salle, je lui demande
de prendre note de votre préoccupation et, effectivement, on pourra
peut-être, dans les jours prochains, vous donner une réponse.
M. Ciaccia: Je vais vous dire pourquoi j'ai...
M. Brochu: Est-ce qu'il y aura une traduction
simultanée?
M. Couture: Je suis obligé de vous dire que ce n'est pas
le ministre lui-même qui organise le colloque, c'est un mandat
confié au comité consultatif de l'immigration. Les organisateurs
du colloque dont le président, M. Laurier Bonhomme, est présent
ici ce soir... Je pense qu'il prend bonne note de vos préoccupations et,
si vous le voulez, je prends avis de votre question et, dès que j'aurai
la réponse du comité consultatif, je vous la donnerai.
M. Ciaccia: Je voudrais vous expliquer pourquoi je fais cette
demande. Il ne faudrait pas que ce soit interprété dans le sens
que je ne suis pas en faveur que les immigrants, de même que tous les
Québécois puissent parler le français. Ce n'est pas cela
du tout, le sens de ma question.
M. Couture: Pour qu'ils comprennent ce qui se passe.
M. Ciaccia: Mais, il faut regarder le passé et il faut
voir...
M. Couture: Oui, vous avez raison.
M. Ciaccia: ... qu'on ne peut pas s'attendre...
M. Couture: Oui.
M. Ciaccia: ... que ces gens, ces communautés qui ont
peut-être été intégrés à la
communauté anglophone, puissent, du jour au lendemain, changer de langue
de communication. Je crois bien que, comme objectif...
M. Couture: Oui.
M. Ciaccia: Ils vont pouvoir se fixer cet objectif ce
serait un objectif valable mais, aujourd'hui, il y a plusieurs
communautés...
M. Couture: Qui ne comprennent pas le français.
M. Ciaccia: ... qui ne le comprennent pas. Je ne porte pas un
jugement, je n'impute pas la faute à qui que ce soit ce soir...
M. Couture: Oui, d'ailleurs, je pense que...
M. Ciaccia: C'est une question pratique.
M. Couture: Oui, j'accepte que vous souleviez le problème,
mais notre objectif n'est pas que les immigrants ou les représentants de
groupes ethniques s'adaptent à notre colloque. Notre objectif est que le
colloque soit pour eux. Là-dessus...
M. Ciaccia: Je voudrais qu'ils le comprennent. M. Couture:
Oui.
M. Ciaccia: II faudrait qu'ils comprennent ce qui se passe.
M. Couture: J'en prends note, comme je vous dis, mais vous me
permettrez de ne pas répondre moi-même, parce que ce n'est pas moi
qui suis responsable de l'organisation. Eventuellement, on vous répondra
en temps et lieu.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que vous favoriserez
vous-même...
M. Brochu: M. le Président, étant donné que
M. Bonhomme est ici dans la salle, est-ce que le ministre ne pourrait pas avoir
le renseignement immédiatement à ce sujet? Est-ce que la
décision est prise de la part du comité?
M. Couture: Avec la permission de la commission parlementaire, je
n'ai pas d'objection à ce que M. Bonhomme nous dise si, actuellement, il
y a une décision qui est prise à ce sujet. Si elle n'est pas
prise, j'imagine qu'il prend note des préoccupations des membres de la
commission. Je n'ai pas objection à ce qu'on demande l'avis du
président du comité consultatif.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Evidemment, cette personne, si elle parle, parlera au nom du ministre, comme
c'est la règle.
M. Couture: Je veux vraiment que le président du
comité consultatif soit très libre de répondre oui ou non
ou simplement, le ministre, à sa place, prend avis de la
préoccupation et de la question. Le ministre s'engage à vous
donner une réponse dans les plus brefs délais.
M. Ciaccia: Que favorisez-vous, vous-même?
M. Brochu: M. le Président, si vous me permettez...
M. Couture: Je favorise clairement que ceux qui participeront
à ce colloque puissent se comprendre et comprendre ce qui se passe. Je
favorise cet objectif. Quels moyens prendra-t-on pour y arriver? On vous le
dira en temps et lieu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet?
M. Marchand: Est-ce qu'on pourrait savoir à peu
près quand aura lieu ce colloque? Quand?
Une Voix: Merci, M. le Président. Si vous permettez...
M. Couture: Je vais attendre que le président vous
reconnaisse pour répondre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
je demanderais votre collaboration. Il y a une autre règle qui veut que,
lorsqu'on aborde un sujet bien précis là, la parole est au
député de Mont-Royal qui pose des questions
générales mais il arrive que des députés ont
des questions incidentes ou supplémentaires. Alors, à ce moment,
je permets à d'autres députés... Mais, quand même,
j'en reconnais parfois avant. J'avais reconnu le député de
Richmond. Après, ce sera le député de Laurier et
après, le député de Bourassa, toujours sur le même
sujet. On reviendra après au député de Mont-Royal. Le
député de Richmond.
M. Brochu: Seulement pour enchaîner sur l'intervention du
député de Laurier, pour son information, le colloque aura lieu
les 4 et 5 juin à l'Université de Montréal.
Deuxièmement, je pense qu'il y a peut-être eu un petit peu...
M. Couture: Merci.
M. Brochu: C'était pour l'information du
député de Laurier qui posait la question. Pour enchaîner
sur la question de la traduction simultanée possible, il y a
peut-être eu un petit peu de confusion. Je pense que le président,
à ce moment, était en discussion avec un collègue. Est-ce
qu'on pourrait quand même reposer la question? Je pense qu'il
n'était peut-être pas au courant de la question comme telle qu'on
a posée, à savoir si la décision est arrêtée
actuellement en ce qui concerne la possibilité de traduction
simultanée ou si le projet est à l'étude.
Si oui, quand prendra-t-on une décision à ce sujet?
M. Couture: Je pense que le ministre a bien répondu.
Actuellement, c'est à l'étude.
Je pense qu'il faut la permission du président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Monsieur, si vous voulez répondre à la question qui vous est
posée, vous devez venir ici, a moins du consentement unanime, et,
d'autre part, je vous avise également que...
Des Voix: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, s'il vous plaît, messieurs! Je vous avise
également que dans le journal des Débats, c'est comme si le
ministre parlait.
M. Brochu: D'accord.
M. Couture: Alors, je répète ce que je viens de
dire. Actuellement le sujet est à l'étude au comité
consultatif, et je pense que M. Couture vous a avisés qu'on le mettra au
courant de notre décision et qu'il vous en fera part.
M. Brochu: Merci, monsieur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Laurier.
M. Marchand: Je voudrais savoir quelles sont les associations qui
seront invitées. Est-ce que tous les groupes ethniques seront
invités?
M. Couture: II y a eu 1500 invitations. Cela vous donne une
idée du nombre de groupes ethniques. Pour ceux qui ne le savent pas, il
n'y a pas qu'un groupe ethnique et une fédération au
Québec. Il y en a des centaines. C'est très heureux, d'ailleurs.
Cela manifeste la diversité des groupes ethniques et leur contribution
enrichissante à la société québécoise.
Il y a 1500 invitations qui ont été envoyées
à tout ce qui est groupe ethnique et, déjà, on me faisait
part qu'il y a beaucoup de réponses qui entrent. Effectivement, je pense
que l'objectif du comité, c'est d'atteindre à peu près 400
participants, c'est-à-dire des gens qui vont aller en atelier pendant
deux jours. Si vous me posez la ques-
tion à savoir quels sont les ateliers, je vous répondrai,
mais je n'anticiperai pas sur votre curiosité.
M. Brochu: Etant donné que la fin de l'inscription est le
18 mai, est-ce que le ministre est au courant actuellement de la proportion,
par rapport aux 1500 invitations qui ont été envoyées,
dans laquelle on a répondu à cette invitation pour participer au
colloque?
M. Couture: Aujourd'hui, c'est le 17. Je pense que les
inscriptions finissent demain soir, en effet. Je pense que beaucoup de gens ont
répondu par téléphone disant qu'ils enverraient
effectivement leur inscription par la suite. Je suis presque porté
à dire qu'on a reçu 30% à 50% de réponses fermes
depuis dimanche. Depuis les derniers jours, évidemment, ça doit
s'accumuler. Effectivement, si vous me posez une question en Chambre ou si vous
voulez avoir la réponse exacte...
D'ailleurs, j'imagine que le comité consultatif par la voie de
communiqué vous informera en temps et lieu sur le nombre
d'inscriptions.
M. Brochu: Est-ce que le ministre a actuellement une assurance
que tous les groupes ethniques auront une représentation au sein du
colloque?
M. Couture: J'ai l'assurance que les principaux groupes ethniques
seront représentés. Il y a eu un accueil assez enthousiaste sur
l'idée du colloque.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant s'il vous plaît.
Une Voix: Les ateliers à cette occasion.
M. Marchand: Cela fait suite à la première
question.
M. Couture: Le colloque se déroule le samedi 4 juin et le
dimanche 5 juin. Les ateliers sont les suivants: Le samedi le 4...
M. Brochu: ... sur la politique et l'immigration du
Québec.
M. Couture: ... sur la politique de l'immigration du
Québec. Je livre simplement la liste des ateliers. L'accueil et la
première adaptation, l'immigrant et le problème linguistique, et,
quatrième atelier, les réfugiés politiques. Le dimanche 5
juin, premier atelier, l'immigrant et le travail; le deuxième atelier,
la femme immigrante et la famille; troisième atelier, la politique de
l'immigration fédérale, le projet de loi C-24 et,
quatrième atelier, les communautés ethniques.
Il y a des sous-thèmes à l'atelier B-4 qui sont les
communautés ethniques. Comme sous-thèmes, on a,
premièrement, la vie interne d'une communauté ethnique;
deuxièmement, la place des communautés ethniques dans la
société québécoise; troisièmement, le
rôle des associations ethniques; quatrièmement, le gouvernement
du
Québec et les communautés ethniques; cinquièmement,
la préservation et le développement des langues et des cultures
ethniques; sixièmement, les services communautaires d'ordre non culturel
organisés par les ethnies; septièmement, les communautés
ethniques et la vie économique.
Je demande aux gens du ministère d'envoyer à l'Opposition
officielle et au parti reconnu de l'Union Nationale une copie des thèmes
et de l'organisation du colloque.
M. Marchand: ... et de tous développements en cours de
l'organisation de ce colloque.
M. Couture: C'est cela. Il y a le samedi soir, à 19 h 30
un banquet sous la présidence du premier ministre du Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Avant de parler d'ateliers, je croyais que le
député de Laurier aurait été assez gentil de
demander au moins le thème du congrès. Quel est-il, M. le
ministre?
M. Couture: Le thème général, c'est: Les
immigrants et les groupes ethniques dans la société
québécoise d'aujourd'hui.
A moins qu'il y ait eu une variante du comité consultatif, c'est
le mandat et l'orientation que j'avais donnés au comité
consultatif en le laissant quand même libre d'affiner ce thème ou
de le modifier s'il y a lieu, mais dans le respect, quand même, de ses
décisions-. Jusqu'à nouvel ordre, d'après les ateliers, je
crois comprendre qu'on a retenu ce thème.
M. Laplante: Vous parlez d'invitations, M. le ministre...
M. Marchand: Si le député de Bourassa avait lu les
journaux, c'était dans les journaux.
M. Laplante: M. le Président, lorsque le ministre parle
des invitations, est-ce que les invitations ont été faites au nom
du ministre ou si elles ont été faites au nom du
comité?
M. Couture: Les invitations ont été faites au nom
du Comité consultatif de l'immigration.
Une Voix: C'est ce que le ministre a dit tout à
l'heure.
M. Laplante: Le programme d'atelier, tel qu'établi...
Est-ce que le comité a eu la liberté de choisir ses ateliers et
son thème?
M. Couture: II a eu toute la liberté possible. J'ai
suggéré le thème du colloque et, effectivement, je
m'aperçois que les membres du comité consultatif ont retenu une
série de thèmes et ils ont été très libres
dans le choix des thèmes.
M. Laplante: Dans le monde de l'éducation, est-ce que vous
avez invité des commissions sco-
laires du Québec ou si vous vous êtes centré surtout
sur une commission scolaire?
M. Couture: A ma connaissance, il n'y a pas d'invitation aux
commissions scolaires comme telles.
M. Laplante: II n'y a aucune invitation aux commissions
scolaires.
M. Couture: Le président me fait signe que oui, il y a des
invitations aux commissions scolaires.
M. Laplante: Ce que j'espérais, c'est un voeu que
j'exprime, M. le Président, c'est qu'il y ait différentes
commissions scolaires...
M. Couture: Le président du comité consultatif va
répondre en mon nom.
Les invitations que nous avons faites et aux groupes populaires et aux
instances de l'éducation ont été faites dans les
écoles qui ont des services pour les immigrants et dans les
écoles qui se penchent sur l'adaptation des immigrants dans leur
milieu.
M. Blank: Quand vous parlez de groupes populaires, quelle est
votre définition du groupe populaire?
M. Laplante: Je vous en félicite. Je vous demanderais
d'être à l'ordre, M. le député de Saint-Louis. Vous
parlerez à votre tour tout à l'heure. Je ne vous
dérangerai pas tout à l'heure.
M. Blank: II a parlé d'invitations. Il faut vider la
question qui a été vidée.
M. Laplante: Vous la viderez après, si vous voulez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Est-ce qu'il y a eu une invitation lancée
à la Fédération des commissions scolaires du
Québec, parce qu'elle a des ateliers actuellement, à
l'intérieur de son congrès, sur le thème de
l'immigration?
M. Couture: On me dit qu'on ne peut pas vous garantir qu'on a
invité la fédération. Nous avons invité les
commissions scolaires les plus importantes; maintenant, si jamais on avait
oublié la fédération, on va vérifier cela. Si ce
n'est pas fait, on le fera et on essaiera d'avoir la confirmation par
téléphone.
M. Laplante: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Quand vous parlez des groupes populaires, que font-ils,
ces groupes populaires, vis-à-vis de l'immigration? De quels groupes
parlez-vous?
M. Couture: C'est-à-dire, Mister Blank...
M. Blank: En français, c'est Monsieur Blank.
M. Couture: Oui. Je suis dans votre quartier d'ailleurs.
M. Blank: Oui, bien sûr.
M. Couture: II faut vous souvenir que le thème du
congrès est "Québec-Immigration, communautés ethniques". A
notre avis, Québec veut dire aussi les groupes populaires, les groupes
de Québécois qui travaillent à l'adaptation de l'immigrant
dans les quartiers. D'ailleurs, vous connaissez très bien au niveau de
votre quartier tous les groupes populaires de travail.
M. Blank: C'est ça le danger, c'est que je les
connais.
M. Couture: Ils sont invités.
M. Blank: C'est ça le danger, de quel groupe parlez-vous,
un groupe populaire de mon comté qui est invité?
M. Couture: Je ne veux pas vous donner une liste exhaustive de
tous les groupes populaires. Les ateliers populaires de votre comté sont
invités. Les Sortilèges sont invités, ce sont des groupes
populaires.
M. Blank: Les quoi?
M. Couture: Les Sortilèges sont invités.
M. Marchand: Des danseurs.
M. Couture: Ce sont des danseurs, qui sont en contact
fréquent avec des immigrants, qui participent à beaucoup de
festivités d'immigrants; pour nous, ils peuvent donner un apport
culturel à un paquet de thèmes. Le projet pilote A est
invité, même s'il est inscrit dans le MAS, c'est quand même
un groupe populaire, parce qu'il y a des Vietnamiens, des Grecs, des Portugais.
D'ailleurs, vous le savez, je ne sais pas pourquoi vous me posez la
question.
M. Blank: Et le groupe L'Accord?
M. Couture: Quel accord?
M. Blank: Le groupe L'Accord.
M. Couture: L'organisme L'Accord est invité. C'est
à lui de décider quel groupe il enverra.
M. Marchand: Est-ce que les associations sportives qui s'occupent
des enfants d'immigrants sont aussi invitées?
M. Couture: Oui, monsieur. M. Marchand: Lesquelles?
M. Couture: Si nous prenons les Italiens, on peut y
dénombrer à peu près 200 associations, officielles ou pas;
il y a dans ça des associations qui s'occupent d'activités
sportives, il y en a aussi qui sont culturelles, et ces associations sont
invitées.
M. Marchand: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander à l'organisme...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Bourassa, il n'y
avait personne qui avait été reconnu après le
député de Saint-Louis et le député de Laurier a
pris la parole et il avait le droit de la prendre.
M. Laplante: Ce sont des questions...
M. Marchand: Ce sont des questions subséquentes. Allez-y
donc!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa...
M. Marchand: M. le député de Bourassa, je vais vous
dire une chose...
Le Président (M. Vaillancourt): M. le député
de Laurier, M. le député de Bourassa, à l'ordre tous les
deux! M. le député de Bourassa, vous êtes membre d'une
commission, j'avais reconnu le député de Saint-Louis, il avait
terminé, comme il n'y avait personne d'autre sur ma liste, pour le
même sujet, le député de Laurier a cru bon de prendre la
parole et je la lui laisse.
M. Marchand: Je vous félicite, M. le Président, je
dois vous dire...
M. Laplante: II faudrait qu'il regarde ici, cela fait deux fois
que je la demande avant le député de Laurier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, un peu de décorum...
M. Marchand: Et je dois vous dire, M. le Président, que
ça...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends qu'il fait chaud, je comprends que c'est humide, mais
travaillons...
M. Marchand: Si ça fait deux fois, ça fera
peut-être dix fois tout à l'heure, parce que c'est justement le
rôle de l'Opposition de questionner le ministre, de questionner ses
adjoints, c'est le rôle des oppositions et ce n'est pas le rôle des
"backbenchers" du Parti québécois, c'est le rôle de
l'Opposition d'instruire la population, et je veux demander au ministre, M. le
Président, s'il veut déposer la liste de tous les organismes
invités en dehors des groupes ethniques.
Si on me dit qu'il y a des organisations sportives... J'en connais des
grandes comme le PYO qui s'occupent de toutes les classes ethniques et je me
demande si elles sont invitées et si d'autres organisations sportives
sont invitées. M. le ministre, si vous êtes au courant, ou si vous
ne l'êtes pas, je vous demande de déposer la liste au complet de
tous les organismes invités et non seulement des organismes populaires,
parce que, si les autres ne s'appellent pas populaires, ce sont des organismes
qui sont extrêmement populaires pour la population du Québec,
parce qu'ils font du bien. Ils ne font pas que des difficultés. C'est
cela que tu voulais que je te dise?
M. Couture: Je pense que le député de Laurier a dit
une parole de trop.
M. Marchand: Elle n'est pas de trop, je la pense.
M. Couture: Quand on dit organismes populaires, ce n'est pas
nécessairement lié à des organismes qui créent des
difficultés. Ce que je veux dire...
M. Marchand: Donne la liste et on les choisira, nous autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Couture: Effectivement, je crois que les
critères...
M. Bertrand: Censure, censure!
Une Voix: Un peu de décorum, s'il vous plaît!
M. Couture: ... les vrais critères pour inviter les
groupes et organismes ou colloque sur l'immigration, les vrais critères
sont que c'est pour ceux qui, effectivement, travaillent, ont des services au
profit des immigrants ou des représentants de groupes ethniques. Il me
fera plaisir de vous déposer la liste de ceux qui ont été
invités. S'il y a eu des oublis malheureux... Je pense que 1500
invitations, cela doit couvrir pas mal de monde. S'il y a eu des oublis
malheureux, je serai très heureux d'en prendre note. Et on les invitera
si on me prouve que ce sont des gens qui s'occupent des immigrants.
M. Marchand: Je vous remercie M. le ministre, vous êtes
bien aimable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Quelle est la
représentativité des invitations que vous avez envoyées?
Quand vous dites que vous avez envoyé 1500 invitations, je dois vous
dire que ce nombre, en lui-même, n'impressionne pas, parce qu'il peut y
avoir un demi-million d'immigrants à Montréal, parmi tous les
groupes. Alors, 1500, ce n'est pas vraiment...
M. Couture: Ce ne sont pas des invitations personnelles, ce sont
des invitations à des groupes.
M. Ciaccia: Ce sont des invitations à des groupes. Comment
avez-vous déterminé cette représentativité?
M. Couture: Ce que je peux comprendre de la
procédure...
M. Ciaccia: Avez-vous invité tous les groupes?
M. Couture: On a, au ministère, un répertoire
complet. Quand on arrivera, si jamais on y arrive, à un
élément qui parle des relations avec les groupes ethniques, on a
effectivement, au ministère, un répertoire complet de tout ce qui
existe de groupes ethniques et d'organisations qui s'occupent des immigrants ou
des groupes ethniques. On est parti de ce répertoire qui a
été alimenté par des informations récentes. Vous
savez que, dans ce domaine, les associations naissent et souvent meurent
rapidement, mais je pense qu'on a essayé, le secrétaire du
comité consultatif, qui est un fonctionnaire du ministère, qui
est très informé de ce monde et qui, depuis plusieurs
années, travaille dans ce domaine... On a tout simplement essayé
de rejoindre tous ceux, comme groupes, qui ont, d'une façon ou d'une
autre, intérêt ou s'occupent des immigrants ou des groupes
ethniques.
M. Ciaccia: Est-ce que les 1500, ce sont des organisations ou
s'il y a des individus également?
M. Couture: Là-dessus, si vous me le permettez, je vais
demander au président de nous fournir les détails. Dans ces 1500,
est-ce que cela représente des groupes et des individus?
Si vous me permettez, je vais répondre à deux ou trois
questions en même temps. Si, par malheur, on avait oublié des
associations ou des groupes... Lors de la conférence de presse, on a dit
à tous de prendre contact avec le secrétariat pour recevoir les
formules d'inscription pour ce colloque si, dans la journée qui suivait
ou le lendemain, ils ne recevaient pas d'invitation.
Deuxièmement, la représentativité est la suivante
actuellement. Il doit y avoir à peu près 22% de la
totalité de 1300 ou 1400 associations et groupes qui sont
invités, qui sont des groupes populaires, ce qui veut dire qu'à
peu près 80% sont des groupes ethniques et des associations des
communautés ethniques. Il n'y aucun individu qui est invité
à participer aux délibérations des ateliers à ce
colloque, excepté des personnes-ressources que nous allons chercher dans
la communauté ou que nous allons chercher dans certains
ministères.
Je tiens à vous rappeler que le conseil consultatif n'est pas un
organisme politique. Nous avons décidé d'organiser le colloque
par nous-mêmes avec ce qui préoccupait les groupes et non pas ce
qui préoccupait le gouvernement.
M. Ciaccia: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, sur le même sujet, le député de
Laurier.
M. Marchand: M. le Président, je me demande tout d'abord,
justement dans ces invitations, s'il y a eu des groupes invités qui sont
de l'extérieur de la province ou du Canada.
Deuxièmement, lorsque vous parlez de personnes-ressources, est-ce
que les personnes-ressources sont des Québécois, des Canadiens ou
des personnes de l'extérieur? Remarquez bien que ce n'est pas une
question d'objection, je voudrais le savoir. De quel endroit
viennent-elles?
M. Couture: Tout d'abord, on voulait se concerter entre
Québécois. Nos invitations se sont limitées aux
frontières de la province. En ce qui concerne les personnes-ressources,
il y aura des personnes-ressources qui sont des fonctionnaires; il y aura des
personnes-ressources qui sont des recherchistes, qui sont dans des milieux
autres que les milieux du gouvernement et il y a des personnes-ressources qui
viendront des communautés ethniques et qui actuellement exemple,
comme le C-24 depuis le livre vert, font de la recherche sur
l'immigration en regardant la théorie et la pratique. Ce sont des
personnes-ressources qui sont essentielles à un colloque semblable.
M. Marchand: Ce sont des personnes-ressources qui viendront
d'Ottawa, à ce moment-là?
M. Couture: Non, pas nécessairement.
M. Marchand: Qui viendront d'autres endroits?
M. Couture: D'autres endroits. M. Marchand: D'autres
pays?
M. Couture: M. le Président, pour compléter cette
réponse...
M. Marchand: Ecoutez, je vous pose une question
sérieuse.
M. Couture: II n'y a pas de personnes-ressources qui viennent
d'autres pays. Je vous ai dit que les personnes-ressources, actuellement,
étaient limitées au territoire de la province de Québec.
S'il y a des personnes-ressources qui viennent, selon votre expression,
d'Ottawa, ce sont des personnes qui actuellement travaillent au
Québec.
M. Marchand: D'accord.
M. Couture: M. le Président, pour prolonger, parce que je
voyais mes amis d'en face sourire quand le président du comité
consultatif a dit qu'il ne s'agissait pas d'une organisation politique, je
pense que c'est justement l'intérêt de l'organisation de ce
colloque que nous l'ayons confié au Comité consultatif de
l'immigration, parce que ce
comité consultatif, qui est un instrument de consultation
auprès du ministre, a une existence légale politique, mais qui
n'est pas un organisme politique. Ainsi, le Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre, comme M. Laberge, M. Rodrigue, M. Desmarais et M. Ghislain
Dufour qui en font partie, on n'oserait pas dire qu'eux-mêmes forment un
groupe politique comme tel en étant membres du conseil consultatif. Je
crois que c'est important de dire que ce n'est pas le ministre qui organise le
colloque, justement, pour permettre à des représentants
très diversifiés des milieux d'immigrants et des milieux
ethniques d'assurer eux-mêmes la responsabilité de ce colloque
pour lui donner toute la crédibilité nécessaire.
Je me réjouis une fois de plus de voir à quel point ceux
qu'on a nommés au comité consultatif se sont empressés
d'assurer ce mandat et d'y apporter tout l'effort et l'enthousiasme
nécessaire à sa réalisation. J'espère même
que si les membres de l'Opposition veulent y participer, je pense que
j'accepterais avec plaisir les demandes de participation, parce que je crois
que ce sera un moment historique au Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député de Richmond.
M. Brochu: D'ailleurs, c'est simplement pour apporter une
précision...
M. Marchand: De votre part, c'est bien mal vu.
M. Brochu: J'espère que je ne dérange pas trop le
député de Laurier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Brochu: M. le Président, sur le même sujet, le
ministre m'arrêtera si je me réfère au rapport annuel
1975/76. Le répertoire des différents groupes ethniques existait
quand même avant que le ministre reconstitue le nouveau comité
consultatif, lequel a puisé, je pense, à l'intérieur de ce
fichier les données nécessaires en ce qui concerne les groupes en
place, évidemment, a côté, pour les groupes populaires. Je
pense que c'est le sens de la donnée de ce côté. On indique
ici que la bonne tenue du répertoire des groupes ethniques qui comprend
622 associations reconnues, représentant 49 ethnies, a exigé que
soient complétés 300 dossiers avec questionnaires et 508 fiches
techniques, etc. Je pense que ce sont les données qui sont pertinentes
au ministère, à même lesquelles vous avez puisé.
Est-ce que c'est exact?
M. Couture: C'est exact.
M. Brochu: Bon. Je suis heureux que ce point soit clarifié
pour bien nous situer dans le débat, parce qu'on avait l'impression, par
les discussions qui ont eu lieu, à un moment donné, que les noms
avaient été pris ici et là, de façon...
M. Couture: C'est à la base du répertoire que nous
avons au ministère.
M. Brochu: Bon. Maintenant, voici la question que j'ai à
poser: Le président a très bien souligné les buts du
colloque qui aura lieu les 4 et 5 juin prochains, en mentionnant que ce serait
là l'occasion pour ces ethnies de se rencontrer, de se mieux
connaître et de définir ensemble ce qu'ils veulent comme
règlement ou solution au problème qui se pose du
côté de l'immigration, peut-être par intérêt
personnel et aussi pour la commission, si d'autres membres ne sont pas au
courant. Je pense que c'est la première fois, à mon avis, du
moins, qu'une rencontre d'une telle envergure a lieu, de façon aussi
structurée. Est-ce exact que c'est la première fois qu'une telle
rencontre a lieu dans cette optique?
M. Couture: Sans être trop modeste, je dois dire que
l'événement en lui-même est peut-être assez nouveau,
mais des colloques ont été organisés par le passé,
par des organisations qui s'occupaient d'immigrants ou de groupes ethniques. Il
y en a eu des colloques, mais un colloque directement organisé par un
comité consultatif de l'immigration, avec l'envergure qu'on lui donne,
je serais porté à dire que c'est vraiment une
première.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Vanier, sur le même sujet.
M. Bertrand: Je voulais seulement, avant de commencer, rappeler
au député de Laurier et à celui de Saint-Louis que les
députés ministériels existent aussi. Cela fait deux fois
que je vous entends parler que c'est l'Opposition officielle qui pose les
questions au ministre et que les "backbenchers" ont simplement à
assister aux délibérations. Je pense qu'on peut intervenir aussi.
Parfait.
M. Marchand: Aucune objection.
M. Bertrand: D'accord. C'est parce que cela m'avait
chatouillé, agacé. Je me demandais ce que je venais faire ici,
quand j'ai entendu ce que vous disiez.
M. Marchand: Je regrette infiniment. On ne pourrait pas se passer
de vous.
M. Bertrand: Merci. Vous êtes trop galant. M. le
Président, est-ce qu'il y aurait possibilité de savoir, ou du
ministre...
M. Laplante: ... il n'est pas pire!
M. Bertrand: ... ou du président du comité
consultatif... On a souligné que le ministre, en réponse à
plusieurs questions qui avaient été formulées par
l'Opposition, quand il avait été question de la formation du
comité consultatif, avait répondu, et je pense qu'on en a un
témoignage quand on sait qu'il y a à peu près 1000
groupes
ethniques 1000 associations de tout genre qui peuvent exister, le
ministre avait toujours répondu en manifestant justement qu'on ne savait
plus, à un moment donné, quels étaient nos
interlocuteurs.
On ne savait plus qui représentait quoi ou quelle était
exactement, pour chacun des groupes ethniques, la
représentativité. Est-ce que, au niveau du ministère,
à l'heure actuelle, il y a des efforts qui sont faits? Là, je
veux que ma question soit bien comprise, parce que le député de
Mont-Royal a toujours une tendance habituellement, quand on formule quelque
chose, à nous dévier ça et à nous faire faire une
interprétation par la suite. Alors, je fais très attention aux
mots que je vais employer. Il ne s'agit pas de brimer le droit d'association
des individus dans des groupes ethniques de quelque nature...
M. Ciaccia: Votre conscience semble vous troubler, vous.
M. Bertrand: Ah non! C'est parce que c'est toujours vous qui me
troublez quand je vous regarde aller sur vos feuilles de papier! Je me dis:
"Woops!" Il est en train de faire dévier ce que je suis en train de
dire.
M. Marchand: Votre conscience vous suit. M. Ciaccia: Je
fais des "doodles".
M. Bertrand: Je commence à connaître mon monde en
face de moi.
M. Ciaccia: Vous ne nous connaissez pas assez.
M. Blank: Des fois, on trouve des vérités dans nos
papiers.
M. Bertrand: On apprend vite de quel bois vous vous
nourrissez.
M. Marchand: Souhaitez qu'on ne vous connaisse pas trop.
M. Bertrand: Je voudrais savoir du ministre s'il a l'intention,
avec peut-être le comité consultatif ou enfin, quelque autre
organisme qui pourrait l'aider dans ce sens, d'amener progressivement les
immigrants qui sont réunis au sein d'associations à prendre
conscience, peut-être, que ce ne serait pas mauvais qu'à un moment
donné on puisse savoir qui est l'interlocuteur, quand il s'agit de
parler aux groupes ethniques.
J'imagine qu'un ministre qui a affaire à 1000 ou à 1200,
1300 groupes ethniques ou associations de tous genres, à un moment
donné, doit y perdre son latin, même s'il a été
placé dans des situations où il l'a peut-être connu...
M. Couture: J'en ai perdu pas mal.
M. Bertrand: ... il doit être amené à perdre
son latin quand il s'agit d'identifier des interlocuteurs.
A un moment donné, quand il s'agit de parler à la
communauté italienne, il parle à qui? Quand il parle à la
communauté grecque, il parle à qui? Quand il parle à la
communauté polonaise, il parle à qui? Est-ce que c'est un
problème réel, ça? Qu'est-ce que le comité
consultatif peut faire et est-ce que le colloque peut aider dans ce sens? En
d'autres mots, je voudrais qu'on... Quand Mon-tini parle, par exemple, il parle
au nom de qui, lui? Est-ce qu'il parle au nom de l'ensemble de la
communauté italienne?
M. Ciaccia: II parle au nom du Consiglio.
M. Couture: M. le Président, je pense que la question
s'adresse à moi.
M. Ciaccia: II me regardait. C'est pour ça que j'ai
répondu.
M. Couture: De toute façon, il vous regarde tout le
temps.
M. Bertrand: Je me méfie de vous. Je vous regarde...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Couture: Je crois que la question a beaucoup d'importance,
parce que, effectivement, je n'ai pas peur de le dire, il y a eu
énormément de charriage dans certains journaux pour minimiser le
rôle de beaucoup d'autres groupes ethniques qui font peut-être
moins de bruit, mais qui existent et qui représentent beaucoup de
monde.
En effet, dans la mosaïque des groupes ethniques du Québec,
et je pense que certains de mes amis d'en face en savent autant que moi
là-dessus, il y a une prolifération étonnante. Vraiment,
parfois, ça peut être malcommode ou difficile d'être devant
tant de groupes, parce que, comme le député de Vanier le
soulignait, on cherche toujours l'interlocuteur valable ou l'interlocuteur
idéal, mais, jusqu'à nouvel ordre, et j'espère que
ça va durer longtemps, on est en démocratie et la liberté
existe dans notre société. Ce n'est pas à nous, ce n'est
pas à moi comme ministre de l'Immigration j'espère que
j'ai l'appui des membres de la commission là-dessus de dire aux
groupes ethniques qui ils doivent avoir comme représentants et quelles
fédérations ils doivent choisir, etc. C'est leur
responsabilité et, là-dessus, je n'interviendrai d'aucune
façon.
Ceci dit, effectivement, si on cherchait idéalement à
demander à tous les groupes ethniques du Québec de
déléguer quelqu'un pour faire partie du comité consultatif
de l'immigration on aurait beaucoup de monde dans ce comité consultatif.
On en aurait trop.
Ce serait à nous de dire qui on choisit, qui on privilégie
parmi ces représentants désignés par les groupes
ethniques. En effet, chez les Italiens, il y a plusieurs groupes. Chez les
Grecs, ils sont plusieurs aussi. Chez les Arméniens, ils sont trois ou
quatre groupes. Les Arabes, il y en a à ma
connaissance deux ou trois aussi. Il y a les Chinois aussi, ceux qui
sont de tendance Kuo-min-tang et ceux qui sont de tendance de la Chine
maoïste, il y en a à l'infini. La liste ne se terminerait pas.
Ce n'est pas à nous de décider quels groupes les
représentants d'immigrants ou de groupes ethniques doivent choisir. On
doit quand même chercher à trouver une façon de
reconnaître l'existence de ces groupes et d'évaluer leur
importance. On peut faire cela. Si un groupe ethnique compte quatre personnes
de la même communauté ethnique et qu'il y en a un autre à
côté où ils sont 2000, on peut se permettre
d'évaluer celui qui a 2000 membres et celui qui en a 4. Il y a une
différence. On peut faire cela.
La précaution que j'ai prise, elle n'a pas été
suffisamment comprise, c'est de demander aux membres actuels du comité
consultatif... J'ai choisi du monde en consultant des gens qui connaissent le
milieu, je les ai nommés comme on fait d'ailleurs dans d'autres
commissions. Il y a des commissions qui sont créées par des
gouvernements. On choisit des gens. On ne demande pas à
l'université d'envoyer un délégué pour participer
à une commission d'étude. On ne demande pas à toutes
sortes de groupes quand on veut vraiment procéder rapidement, de
demander à tout le monde, de faire des élections pour choisir des
gens. J'ai choisi, effectivement, des citoyens éminents, à mon
avis, et je leur ai donné ce mandat. Je répète, je ne veux
pas prendre cette responsabilité, parce que je ne suis pas un immigrant,
du moins de dernière date, je suis un immigrant de 300 ans. Je veux
laisser aux immigrants d'aujourd'hui et aux groupes ethniques qui existent le
soin de chercher la formule de représentativité.
Au lieu d'être nommés pour deux ans ou trois ans, ils sont
nommés seulement pour un an. Ils vont faire le colloque, ils vont
conseiller le ministre sur certaines politiques et ils auront pour mandat
principal de nous trouver une formule de représentativité.
Là-dessus, j'aimerais que les membres de l'Opposition, une fois
que j'ai abondé dans mes explications, reconnaissent, au moins, cette
bonne volonté de respecter les groupes comme ils le sont et de nous
donner du temps pour trouver une formule peut-être idéale au moins
souhaitable pour que, dès l'an prochain, quand on aura à nommer
les prochains membres du comité consultatif, ce sera à la
recommandation de ceux qui auront passé des mois à chercher cette
formule.
M. Ciaccia: M. le ministre, vous avez mentionné
tantôt, si je comprends bien, le président du comité
consultatif est ici parmi nous, que c'était un groupe qui est
apolitique. Le comité consultatif n'est pas politique.
Je crois qu'il y aurait eu plus de crédibilité dans votre
déclaration si vous aviez consulté les différents groupes
ethniques avant de nommer votre comité.
Vous avez donné auparavant une explication, cela aurait pris
quelques semaines, si je comprends bien parce qu'il y a tellement de groupes
ethniques, mais je crois que, dans les circons- tances, le délai de
quelques semaines et même de quelques mois aurait été de
beaucoup préférable pour au moins donner, non seulement le fait
qu'il y ait eu représentativité et objectivité et que les
groupes ethniques eux-mêmes ont été impliqués
à la nomination du comité consultatif, mais vous auriez
donné la preuve et l'apparence, les deux, que vraiment il y aurait eu
cette objectivité. Maintenant...
M. Laplante: II aurait pu les faire nommer par Claude Ryan, du
Devoir.
M. Ciaccia: Non, mais je vous dis... M. le Président, je
vais ignorer les remarques du député de Bourassa.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Bourassa est au courant des règlements
pourtant.
M. Ciaccia: II s'assoit assez souvent comme président. Je
vais vous dire une chose, M. le Président, il n'est pas mieux comme
président qu'il n'est comme député. Il est aussi
partisan.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Revenons
au sujet qui nous intéresse.
M. Ciaccia: C'est parce qu'il m'a coupé...
M. Couture: Voulez-vous que je fasse un commentaire tout de suite
là-dessus?
M. Ciaccia: Non, je vais continuer, après je demanderais
vos commentaires. Je crois que, dans ce domaine, c'est tellement important. On
parle d'avoir la confiance des groupes ethniques parce que cela leur a pris
beaucoup d'années, beaucoup de temps à évoluer, à
construire ces institutions. Quand on parle d'un groupe ethnique, qu'on parle
de la Fédération des groupes italiens, cela a pris beaucoup
d'années, M. le ministre, avant que les centaines d'organisations de
cette communauté s'unissent pour constituer cette
fédération. C'est malheureux...
M. Couture: Laquelle?
M. Ciaccia: La Fédération des groupes italiens du
Québec. C'est malheureux qu'après tellement d'efforts de leur
part pour essayer de s'unir, pour essayer de faire des représentations
et vraiment représenter cette communauté, on l'ait totalement
ignorée dans la nomination du comité consultatif. Cela aurait
été très facile. Je ne crois pas que ce soit une
réponse de dire: II y a beaucoup de groupes ethniques dans la
communauté italienne. C'est vrai, je crois qu'il y en a plus de 100.
Mais ils se sont unis dans une fédération. Ils ont accepté
que cette fédération les représente. Alors, la seule chose
que vous aviez à faire, c'était de prendre le
téléphone et d'appeler le président de la
Fédération des groupes italiens à Montréal et vous
auriez eu il vient d'être changé, M. le
député de Bourassa, je vous donnerai le nom après
son avis.
C'est malheureux que vous ayez donné cette impression. C'est la
même chose pour les Grecs. Il y a un président de la
communauté grecque, à Montréal, qui représente le
groupe. Peut-être qu'on exagère un peu le nombre. Je ne pense pas
que cela aurait pris tant de consultation qu'on le laisse croire. C'est pour
cela, quand vous donnez ces explications, ceux qui savent les circonstances et
les conditions qui existent dans les communautés ethniques trouvent
difficile d'accepter ces explications. Vous disiez que vous vouliez nommer des
immigrants d'aujourd'hui. Je pourrais peut-être vous demander si le
président de votre comité consultatif, M. Laurier Bonhomme, est
un immigrant d'aujourd'hui.
M. Couture: Non. Déjà, avant que l'on nomme qui que
ce soit, c'était mon intention de nommer un Québécois
comme président pour la première année, justement.
M. Ciaccia: Parce que, vous savez, ce ne serait pas la
première fois qu'un gouvernement qui veut certaines réponses
d'une commission nomme les gens je ne vous dis pas que c'est ce que vous
avez fait, mais c'est l'impression les personnes qui ont les mêmes
tendances politiques que lui.
M. Couture: Non, hélas! Je dis hélas, parce que si
vous saviez les reproches qu'on a eu pour certaines nominations.
M. Ciaccia: Je comprends, mais je crois que c'est un domaine
où vous auriez eu une occasion en or de vraiment faire cette
consultation au niveau des groupes ethniques, des immigrants, et
peut-être que vous auriez eu une meilleure réponse et moins de
critique quant à la représentativité. Quand vous parlez
des groupes populaires qui sont invités à ce colloque, est-ce que
vous pourriez me dire comment vous avez fait le choix de ces groupes et quelle
est la raison pour laquelle vous avez invité ces différents
groupes?
M. Couture: Je reviens au comité consultatif. Je dois vous
dire que, quand l'ex-ministre Bienvenue a créé et nommé
les premiers membres du comité consultatif, sur quinze membres, il y
avait dix membres québécois et cinq membres de groupes ethniques.
Il avait effectivement demandé à un certain nombre d'associations
et de fédérations de leur suggérer trois noms. Comme je
l'ai dit cet après-midi, la communauté chinoise n'a jamais pu
s'entendre sur ces trois noms. Elle n'a jamais pu s'entendre, de fait, elle n'a
jamais eu de représentant.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une raison pour ne pas consulter les
autres.
M. Couture: Non, ce n'est pas une raison. Je signale simplement
que ce comité consultatif, malheureusement, n'a pas survécu,
faute de je ne sais pas quoi, de membres ou de mandat, mais on a fait un
progrès considérable sur la représentati- vité du
groupe et, actuellement, les Québécois sont minoritaires dans le
comité consultatif. C'est évident, je concède au
député de Mont-Royal qu'on aurait pu prendre le
téléphone, demander à la fédération ici,
à la fédération là, de déléguer
quelqu'un.
Mais par l'expérience que nous avons de certaines
fédérations, cela aurait été assez compliqué
de trouver des représentants rapidement parce qu'effectivement, et ce
n'est pas à nous de juger, il y a des groupes ethniques qui ont beaucoup
de difficultés à s'entendre pour choisir un
délégué. Il y a des groupes qui ont plusieurs
communautés, si on avait demandé un délégué
pour chaque communauté, il n'y aurait pas eu de problème, mais en
choisir un, ça posait beaucoup de problèmes.
De toute façon, je ne veux pas prolonger le débat,
j'admets que c'était une avenue possible. Je défends celle que
j'ai choisie, parce que je dis que c'est provisoire et on a justement ce mandat
de faire une bonne préparation pour les nominations de l'année
prochaine. J'espère qu'on m'accordera le temps de préparer une
bonne représentativité pour l'année prochaine. J'admets
que cela aurait pu être fait autrement; j'ai choisi cela et je pense que
je peux assez bien le justifier.
Concernant la deuxième question, je vais donner globalement les
critères pour le choix des groupes populaires; si le président
juge qu'il y a matière à ajouter, il ajoutera. Ce qu'on a
cherché à faire, c'est effectivement de rejoindre tous ceux qui,
au Québec, de quelque façon que ce soit, ont des services pour
les immigrants ou se préoccupent, à travers leurs programmes, des
immigrants ou des groupes ethniques. Je pense que c'est le critère
général qui a été retenu.
Une maternelle ou bien une garderie, quelque part, qui, d'aucune
façon, ne s'occupe d'immigrants, n'est pas invitée. S'il y a une
garderie à Montréal qui reçoit plusieurs immigrants et
s'occupe de familles d'immigrants, elle sera probablement invitée. C'est
aussi simple que ça.
M. Ciaccia: M. le ministre, le leader parlementaire, à une
commission sur l'immigration au mois de mai 1975, avait suggéré,
demandé de faire siéger une commission parlementaire afin
d'entendre des experts dans le domaine de l'immigration. Votre leader
parlementaire actuel avait suggéré et demandé cela. Est-ce
que cela serait votre intention, maintenant que votre gouvernement est au
pouvoir, de faire siéger une telle commission afin de pouvoir entendre
les différents experts dans ce domaine pour qu'ils puissent donner leur
point de vue à la commission?
M. Couture: Est-ce que vous aviez vous-mêmes répondu
favorablement?
M. Ciaccia: On n'a pas eu le temps, parce que je note ici qu'il y
a eu des élections avant ce temps-là... mais...
M. Couture: En 1975, il n'y a pas eu d'élections.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une raison si on n'a pas
répondu... on ne l'avait pas demandé...
Une Voix: Cela joue des tours, des élections. M. Ciaccia:
C'est vous qui l'aviez demandé.
M. Couture: Je voulais savoir la réponse que vous aviez
faite.
M. Ciaccia: Je ne sais pas la réponse que le ministre,
à cette époque, avait donnée.
M. Couture: Je pense que...
M. Ciaccia: Je voudrais connaître votre réponse.
M. Couture: Oui, d'accord. Je voulais y répondre aussi,
mais j'étais curieux de connaître la raison pour laquelle vous
aviez refusé de répondre. Notre première étape est
évidemment ce colloque qui est un instrument assez exceptionnel pour
nous, de connaître par les représentants de nombreux groupes
ethniques et d'immigrants, un peu leurs préoccupations d'aujourd'hui
dans la réalité québécoise de 1977. Je n'exclus pas
du tout, à la suite de ce colloque d'ailleurs et à la suite de ce
mémoire d'orientation qui se prépare depuis plusieurs mois au
ministère où on essaie de faire le bilan du ministère de
l'Immigration depuis sa fondation, des services qui se donnent, de la
perception des fonctionnaires face à ces services, ajoutez à cela
ce que les immigrants ou les membres de groupes ethniques diront
eux-mêmes, je n'exclus pas la nécessité, à
l'automne, parce qu'il faut donner ce délai, éventuellement... Je
prends note de la suggestion, je pense que ce sera peut-être une bonne
façon de faire le tour de la question, surtout si on continue à
réfléchir sur l'avenir de ce ministère et des politiques
d'immigration au Québec.
M. Ciaccia: Je me référais à la suggestion
qui avait été faite par votre leader parlementaire actuel, mais
je voudrais moi-même réitérer la même suggestion,
étant donné l'importance que ce sujet apporte et vu l'importance
de l'immigration et tous les gens semblent reconnaître cela de plus en
plus.
Il y a quelques années, je crois bien que le gouvernement du
Québec n'y attachait pas autant d'importance et nous commençons
à voir, dans différentes sphères, le genre de conflits, le
genre de problèmes qui peuvent être apportés quand on
néglige le problème de l'immigration au gouvernement du
Québec.
Vu l'importance de ce sujet, je suggérerais fortement que vous
convoquiez une commission parlementaire qui pourrait aider tous les
parlementaires, tous les membres de cette commission, à prendre note des
problèmes qui pourraient nous être apportés. Je vois, par
exemple, que le gouvernement a tenu une commission parlementaire sur
l'énergie. C'est vrai que cela a fait suite à la
procédure, à la demande et au processus qui avaient
été institués par le gouvernement précé-
dent, mais le fait est que vous l'avez tenue, cette commission. Vous avez
demandé des soumissions d'organismes de tout le pays et même je
crois que, si je ne me trompe pas... Je ne sais pas s'il y avait des groupes
américains, peut-être que oui et peut-être que non. En tout
cas, il y avait différents experts...
M. Laplante: J'ai été président de cette
commission.
M. Ciaccia: II a été président; oui, le
député de Bourassa était président à cette
commission.
M. Laplante: Vous l'avez aimé, à ce
moment-là?
M. Ciaccia: Votre performance était excellente à ce
moment-là.
De la même façon, je crois que c'est un sujet aussi
important: c'est dans le domaine humain, c'est dans nos relations humaines,
c'est dans nos relations avec les différents groupes ethniques qui sont
ici. C'est une politique qui, je pense n'a pas encore évolué dans
votre gouvernement.
Je crois que cela serait très important que nous ayons cette
commission, afin de nous permettre de prendre certaines informations et
certaines positions quant à ce sujet extrêmement important pour
tous les Québécois.
M. Couture: J'en prends avis et je demanderais au
député de Mont-Royal, s'il veut prolonger sa réflexion
là-dessus, de nous faire part assez rapidement des objectifs et du
mandat possible de cette commission.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet?
M. Bertrand: Sur le même sujet, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député de Vanier.
M. Bertrand: Sur le même sujet, j'imagine, effectivement,
que tout ministère qui voudrait profiter d'une commission parlementaire
pour faire état de la question qui est l'objet même du
ministère pourrait bien convoquer une commission parlementaire comme
cela. On pourrait demander à l'Education de faire une commission
parlementaire spéciale pour qu'on parle des problèmes de
l'éducation. J'imagine que si la démarche allait pour n'importe
quelle commission, on n'en finirait plus de tenir des commissions
parlementaires, pour n'importe quel ministère.
Mais dans ce cas précis, j'imagine que la volonté du
député de Mont-Royal vient peut-être du fait qu'il aurait
le sentiment que c'est peut-être la seule occasion qui pourrait nous
être fournie, au cours de la prochaine année, de parler des
problèmes d'immigration. J'aimerais savoir si c'est l'intention du
ministre, à l'heure actuelle, d'avoir
une législation neuve, ou d'avoir des amendements à des
lois existantes dans le domaine de l'immigration. Peut-être que si jamais
c'était le cas, cela pourrait être à l'occasion de ces
débats sur des propositions précises du ministre, que pourrait se
faire ce genre de consultation dans le cadre d'une commission
parlementaire.
M. Couture: Je dois dire que, dans le message inaugural, il n'y
avait rien de directement spécial ou indiqué sur une
législation par rapport à l'immigration. Par ailleurs, dans les
objectifs généraux énoncés dans le message
inaugural, où on rappelait, à juste titre, l'intérêt
pour le gouvernement de répondre aux aspirations des
Québécois, je peux dire à ce moment-ci, que ce n'est pas
exclu qu'éventuellement ce ne seront pas de grandes lois
on essaie de corriger, dans certaines lois, certaines dispositions qui
pourraient affecter les immigrants.
A l'occasion du colloque, j'imagine aussi qu'on pourra retenir les
préoccupations des immigrants, des groupes ethniques eux-mêmes.
Dans la prochaine loi des conditions minimales de travail, effectivement, je
pense qu'on va atteindre le monde des immigrants dans certains travaux au
Québec.
Je n'ai pas de difficulté à rappeler à cette
commission parlementaire que, dans le travail domestique entre autres, il y a
beaucoup d'exploitation des immigrants et je pense qu'il va falloir
éventuellement légiférer de ce côté. A ce
sujet, au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, j'ai l'intention,
avec l'Immigration, de créer un comité. Il y a déjà
un comité sur les travailleurs immigrants. C'est un mandat qui,
effectivement, sera redonné à ce comité pour plus
précisément nous indiquer ce qu'on pourrait faire pour cette
portion de travailleurs immigrants qui sont très exploités dans
le monde du travail.
C'est dans ce sens que, cette année, on pourrait corriger
certaines situations par des amendements à des lois qui oublient la
réalité des immigrants, qu'on pourrait bonifier à cet
égard.
Je ne veux pas préjuger de l'avenir, mais notre principale
préoccupation, cette année, c'est effectivement de
préparer ce mémoire d'orientation du ministère, d'y mettre
beaucoup de temps, beaucoup d'ardeur, d'y faire participer le plus de
fonctionnaires possible du ministère, en collaboration aussi avec des
recherches qu'on fait au ministère de la Main-d'Oeuvre pour nous donner,
à plus ou moins brève échéance cela peut
être dans quelques semaines ou quelques mois un aperçu
possible de lois générales sur l'immigration au Québec.
C'est évidemment dans un délai à moyen terme, cela veut
dire au moins l'année prochaine.
M. Bertrand: Concernant toujours cette question de
législation, M. le Président, j'ai ici un document qui relatait
la position du gouvernement du Québec relativement au projet de loi
C-24, en date du 7 mars 1977. Dans ce document, le ministre de l'Immigration
n'avait pas de réprimande particulièrement sévère
à adresser au gouvernement fédéral. Il notait, au
contraire, une bonne volonté de son côté, en tout cas, en
ce qui concernait les critères de sélection des immigrants et de
sa volonté de négocier, de discuter de ces choses-là.
Est-ce que j'interprète bien, très rapidement, pour les quelques
paragraphes que j'ai lus, votre réaction au projet de loi C-24, ou
est-ce que vous avez le sentiment, à ce stade-ci, qu'il y a, dans le
projet de loi déposé par le gouvernement fédéral,
des points qui risquent de remettre en cause les principes que vous voulez
affirmer quant à la juridiction de la partie de souveraineté qui
pourrait être celle du Québec dans le cadre fédéral
actuel? Si oui, quels sont ces principaux points?
M. Couture: Je ne suis pas prêt à dire qu'on a eu
des réprimandes assez sévères en ce qui concerne les
droits de l'homme. Dans le document que nous avons présenté
à cette occasion, nous avons signalé d'une façon
vigoureuse que les dispositions concernant les droits de l'homme,
l'arrestation, la perquisition, nous inquiétaient vivement et, à
ce sujet, nous avons ajouté aux critiques nombreuses qui ont
été faites sur ces dispositions.
Evidemment, dans ce document, nous avons surtout relevé ce qui
concernait directement l'implication de cette loi vis-à-vis de la
politique québécoise d'immigration. Nous avons, en effet,
noté que le gouvernement fédéral semblait bien
disposé à l'égard d'une juridiction plus élargie
des provinces. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, nous avons battu le
fer pendant qu'il était chaud et que nous avons proposé cette
rencontre avec M. Cullen, mais il faut quand même noter que ce que le
projet de loi C-24 reconnaissait comme droits possibles du Québec, c'est
justement à la suite de l'initiative québécoise prise sous
le gouvernement de l'Union Nationale de créer le ministère de
l'Immigration et d'affirmer fermement à la face du Canada que l'article
95 de la constitution permettait aux provinces de légiférer dans
ce domaine.
Ce qu'a fait le gouvernement fédéral dans le bill C-24,
finalement, c'est d'ouvrir à toutes les autres provinces ce champ de
juridiction que déjà le Québec se permettait d'occuper
depuis plusieurs années.
M. Brochu: M. le Président, sur le même...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
parce que le député de Mont-Royal m'indique qu'il n'avait pas
terminé.
M. Ciaccia: Je n'avais pas terminé, je serai assez
bref.
Pour revenir aux propos du député de Vanier, j'avais fait
cette suggestion, d'ailleurs, dans le même esprit que cela avait
déjà été fait avant, d'une façon positive.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire qu'il y ait des lois
définitives, que vous en ayez en vue, pour convoquer une telle
commission parlementaire. Par exemple, celle sur l'énergie, il n'y avait
pas de loi en vue. C'est un problème d'actualité. C'est un
problème qui nous préoccupe tous. Même, cela pourrait
permettre au ministre,
quand il veut se réorienter dans la direction de son
ministère, de prendre des renseignements des démographes, des
experts. Cela pourrait permettre à tous les parlementaires d'avoir ces
renseignements.
Vous avez mentionné tantôt, je voudrais seulement revenir
à un autre sujet, que vous étiez ici depuis 300 ans. Cela
soulève la question, à savoir, M. le ministre, si vous vous
êtes penché sur cette question: Quand un immigrant cesse-t-il
d'être un immigrant? Je sais que la question a été souvent
soulevée en Chambre, mais je ne sais pas si vous-même ou votre
ministère s'est penché sur cette question, sur les
réponses. Cela devient aussi une question importante quant à
votre comité consultatif et quant aux réponses que vous pouvez
donner relativement à votre politique d'immigration. Alors, est-ce que
vous avez des idées sur cette question?
M. Couture: J'imagine que vous n'attendez pas de moi que je vous
donne une limite ou une frontière exacte au moment où un
immigrant cesse d'être immigrant. Je pense que c'est un vieux
problème, mais de fait, tout citoyen de quelque pays que ce soit, qui se
destine en terre québécoise, est immigrant. Le mot "immigrant"
signifie mouvement vers. C'est quelqu'un qui entre dans un pays. A ce moment,
il devient résident. Evidemment, on le considère immigrant
résident. C'est la raison pour laquelle on attache tellement
d'importance aux mécanismes d'adaptation à la
réalité québécoise. On cherche d'ailleurs à
ce que cet immigrant résident puisse rapidement, et ce sont deux
mouvements, lui-même, se sentir intégré à la
communauté québécoise et d'autre part, ce qui n'est pas
toujours facile non plus, à ce que cette communauté d'accueil
puisse, effectivement, le recevoir, l'adopter et le considérer comme un
citoyen égal, un Québécois égal. Maintenant, je
pense que c'est lié beaucoup plus à des problèmes
psychologiques et à des problèmes de respect des autres. Je
connais des Grecs ou des Italiens ou des Japonais qui sont nés avant moi
qui sont au Québec, étant nés avant moi, ils
étaient au Québec avant que je n'y arrive, parce que je suis
né en telle année, et ils sont nés avant et ils
sont encore considérés comme des immigrants. C'est
peut-être l'occasion de rappeler qu'il faudrait, au Québec,
changer notre vocabulaire et notre attitude vis-à-vis de l'immigrant et
des groupes ethniques. J'ai noté cet après-midi, avec plaisir
aussi, que vous aviez cette préoccupation vis-à-vis des groupes
ethniques, à savoir qu'on soit le plus accueillant possible, qu'on
cherche vraiment à les considérer comme des citoyens à
part entière. C'est un problème aussi important du
côté de l'immigrant même que du côté des
Québécois. Je pense que l'effort doit se faire des deux
côtés: D'une part, aider les immigrants à rapidement
devenir des Québécois à part entière. On ne sait
pas à quel moment cela arrive. Cela arrive différemment selon les
gens. D'autre part, à ce que la communauté d'accueil rapidement
aussi cherche à accueillir, à s'associer à ces immigrants,
à les considérer comme des citoyens à part en-
tière. Alors, il n'y a pas de réponse précise, mais je
pense que votre question nous interroge tous, et demande cet effort dans nos
mécanismes d'adaptation et dans le travail d'information et de
sensibilisation qu'on doit faire auprès des Québécois.
Je pense qu'il y a un bout de chemin à faire des deux
côtés.
M. Ciaccia: C'est relatif, parce que les Amérindiens nous
considèrent tous comme des immigrants.
M. Couture: Ils ont bien raison.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'aimerais simplement
faire une remarque à la suite de la proposition sur la convocation de la
commission parlementaire. A mon sens, j'aimerais que le ministre la
considère sérieusement parce que j'ai l'impression que ça
pourrait être un lieu privilégié, justement, pour la
définition éventuelle d'une politique plus globale, à long
terme de la question de l'immigration. Le ministre a indiqué que ses
fonctionnaires travaillent à la question de l'orientation globale du
ministère et aussi font le point sur l'évolution du
ministère depuis sa création en 1968.
Pour ma part, ce matin, dans les remarques générales que
j'ai faites au début de la commission, j'ai mentionné
l'intérêt qu'on avait pour la création éventuelle
d'un ministère des ressources humaines. Je pense que ça irait
aussi dans ce sens. On pourrait même, peut-être, se servir du
travail effectué par les fonctionnaires dans ce sens c'est une
suggestion que je fais pour préparer un schéma de travail
pour la commission, se servir, autrement dit, de leur étude à ce
sujet-là comme document de travail, comme base à nos discussions,
pour arriver peut-être, à l'intérieur de ces
préoccupations qui pourraient nous être soumises, à
dégager les trois grands aspects, en fait, de la question de
l'immigration: la culture, la démographie et également
l'élément économique.
J'en fais une suggestion. Le ministre a dit tantôt qu'il
était ouvert à ces suggestions. Je souscris d'abord au principe
de convoquer cette commission parlementaire, parce que je crois au
bien-fondé de cette convocation et, deuxièmement, je voulais vous
soumettre cette préoccupation qui pourrait peut-être nous servir
de plan de travail ou d'une amorce de discussion valable.
M. Couture: Vous n'en faites pas une motion?
M. Brochu: Non, je n'en ferai pas une motion. On pourrait
peut-être voter ce soir sur celle-là.
J'y reviendrai peut-être, en quelque sorte je dis ça
sous toute réserve mais c'est un peu comme le colloque du
comité consultatif dans ce sens, mais au niveau de l'Assemblée
nationale, c'est-à-dire qu'on aurait une participation et du
gouvernement et des partis de l'Opposition à l'établissement
éventuel d'une politique globale, à
long terme, où chacun des participants, du côté
ministériel comme du côté de l'Opposition, pourrait
soumettre ses préoccupations, la façon dont il envisage la
question de l'établissement d'un éventuel ministère des
ressources humaines, ce qu'on est prêt à engager et comme budget
et aussi comme concept à l'intérieur de cette nouvelle politique,
de sorte que ça pourrait devenir un outil de travail même pour le
ministre. Non pas que ce soit une question partisane d'un côté ou
de l'autre, mais c'est une source de renseignements et d'opinions
peut-être valables pour arriver à structurer, à partir de
là, ces politiques définitives à plus long terme et,
après ça, en arriver à un consensus.
C'est ce que je voulais souligner au ministre à ce stade-ci. Je
ne sais pas, M. le Président, si la discussion était finie autour
de ça. Est-ce qu'on pourrait passer à l'étude des
éléments comme tels ou si...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y aurait d'autres questions d'ordre général?
M. Chevrette: Non, monsieur. J'appuie entièrement ce que
M. Brochu demande. Si vous passez à l'élément 1, je
m'abstiendrai de poser des questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est la
question que je posais aux députés ministériels, à
savoir s'il y avait des questions générales avant d'entreprendre
l'étude de l'élément 1.
M. Ciaccia: On va défendre votre droit de parole, M. le
député. Si vous avez des questions d'ordre général,
demandez...
M. Chevrette: Ordinairement, je suis capable de me
défendre tout seul, monsieur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette-Montcalm, le député de Vanier
m'indique qu'il a une question d'ordre général à poser et
c'est son droit.
M. Chevrette: Dans ce cas-là, je vais garder mon droit de
parole. Je vais poser une question.
M. Bertrand: M. le ministre... M. le Président... M.
Chevrette: Je garde mon droit de parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît. M. le député de Joliette-Montcalm, je pense que
vous avez, pour le moment en tout cas, renoncé à poser votre
question...
M. Chevrette: Je ne renonce pas. Je dis que si vous optez... M.
le Président, je m'excuse...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
n'opte pas. Ce sont les membres de la commission qui optent pour poser des
questions. Le député de Vanier a une question à
poser...
M. Chevrette: Dans ce cas-là, s'il en reste sur les rangs,
M. le Président, même si je rencontre mon ministre
régulièrement pour le bénéfice de
l'Assemblée, je vais en poser une.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette-Montcalm, j'ai reconnu le député
de Vanier. Vous poserez votre question après le député de
Vanier.
M. Chevrette: Pour autant que vous me garderez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
étiez le premier sur la liste. Là, vous êtes devenu le
deuxième.
M. Ciaccia: Ne vous battez pas, là! Ne faites pas comme
vous faites chez vous.
M. Bertrand: C'est mon meilleur ami.
M. Ciaccia: C'est de ceux-là qu'il faut faire le plus
attention parfois.
M. Chevrette: Pas de confessions.
M. Bertrand: Parfois, on préfère ses ennemis. Je
vous aime beaucoup. Je ne vous changerais pas comme ennemis.
M. le Président, je voudrais savoir du ministre du Travail...
M. Ciaccia: De l'Immigration...
M. Bertrand: ... Il y a un phénomène qu'on
constate... Il y a des chiffres qui sont assez éloquents
là-dessus. Il y a un chiffre, entre autres, qui dit que 90% des
immigrants qui ne sont ni de langue française, ni de langue anglaise,
à l'arrivée, s'en vont du côté...
Une Voix: C'est exagéré...
M. Bertrand: ... du secteur anglophone.
D'un autre point de vue, il y a une deuxième statistique fort
éloquente, à savoir que 85% des immigrants s'en vont surtout
habiter, vivre et travailler dans la région de Montréal. Je
commence à être jaloux de nos collègues d'en face qui sont
élus par des immigrants, seront battus par des immigrants... Je suis un
peu jaloux.
M. Ciaccia: Les immigrants de Mont-Royal? M. Bertrand:
Vous n'en avez pas, vous? M. Ciaccia: A Mont-Royal?
M. Bertrand: De 300 ans, ce n'est pas beaucoup.
M. Ciaccia: Les immigrants d'après les
Amérindiens...
M. Bertrand: On constate qu'il y a des régions du
Québec qui ne connaissent pas d'arrivées massives d'immigrants.
Il y a eu quelques programmes qui ont été mis en route: entre
autres à l'arrivée massive des Cambodgiens, des Vietnamiens, il y
a eu des efforts de "démétropolisation". Je voudrais savoir si
c'est un phénomène tout à fait inévitable parce que
la région de Montréal est celle qui a priori offre le plus
d'emplois et que les immigrants, je les comprends fort bien, vont plutôt
décider de s'installer dans des régions où l'emploi est
plus ouvert, où il y a plus de disponibilité de ce
côté, comparativement à des régions comme le
Bas-du-Fleuve où on a des taux de chômage qui
s'élèvent au-dessus de 20% ou à d'autres régions.
Est-ce que c'est un phénomène très naturel auquel on ne
doit pas chercher une autre explication que ce phénomène de
l'emploi? Donc, n'y a-t-il rien à faire contre le
phénomène qui fait que les immigrants ont tendance à s'en
aller dans la métropole ou bien, est-ce qu'un ministère de
l'Immigration peut par toutes sortes de moyens arriver à motiver les
immigrants au niveau de l'accueil pour qu'ils puissent se répartir
davantage sur tout le territoire du Québec?
M. Couture: Nous avons au ministère, effectivement, une
politique de "démétropolisation", c'est-à-dire que nous
cherchons à convaincre les immigrants d'aller s'établir dans
certaines régions. C'est tellement vrai que nous avons un COFI à
Québec, nous en avons un à Hull, à Sherbrooke, à
Trois-Rivières.
Le mouvement est lancé, mais il est encore modeste. Je dois dire
et j'aimerais que le député de Saint-Louis m'écoute
parce qu'on a eu une longue discussion en fin d'après-midi sur ce sujet
qu'il y a un phénomène qui ne nous aide pas de ce
côté, c'est le fait que le critère "famille" soit tellement
important actuellement pour la venue d'immigrants. A toutes fins pratiques,
comme la plupart des immigrants sont installés dans la région de
Montréal et qu'il y a un flot considérable d'immigrants qui
arrivent en terre québécoise justement à cause de ce
critère je n'en suis pas malheureux du tout c'est un fait
qu'ils ont tendance, évidemment, à aller vivre avec leurs parents
qui, eux, vivent à Montréal. Cela s'ajoute à cette
difficulté pour nous de convaincre les immigrants d'aller s'installer
dans d'autres régions du Québec.
Le véritable facteur qui aidera les immigrants à
être stimulés pour sortir de la région de Montréal,
c'est l'emploi. C'est la raison pour laquelle on donne beaucoup d'importance
à ces ouvertures possibles dans des emplois que les
Québécois acceptent moins, mais que les immigrants peuvent,
à toutes fins pratiques, préférer. Nous faisons de la
promotion de ce côté.
Je dois dire qu'il y a quelques semaines, quelques mois, j'ai
lancé l'idée, et j'espère que les députés de
province pourront entendre le message, de parrainage de municipalités de
province pour l'accueil des immigrants. Si on envoie un immigrant tout seul
à Gaspé ou tout seul à Cap-Chat ou à Chicoutimi, ce
n'est pas facile pour lui de s'inté- grer, de s'adapter, mais si on
envoie quelques familles dans un lieu déterminé en étant
certain qu'il y a une communauté d'accueil pour les aider à
s'adapter, c'est peut-être là une voie possible de
réussite. C'est dans ce sens que nous étudions au
ministère les possibilités de
"démétropolisation".
M. Brochu: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
demander une directive à ce stade-ci? Ce n'est pas que je veuille
modifier le débat ou quoi que ce soit, mais en regardant plus en avant
à l'intérieur des crédits, je me rends compte que,
malgré que la question soit pertinente et intéressante, on la
retrouve dans la deuxième partie du programme 1, en ce qui concerne le
service de l'immigrant travailleur.
Est-ce qu'on ne pourrait pas, M. le Président, sur des questions
de cette nature, passer aux crédits comme tels et vider les questions
dans l'ordre ou...
Je veux vous demander d'abord si vous me donnez la permission de
continuer. Est-ce qu'on peut d'abord vider ces questions
immédiatement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce qui
arrive, c'est que depuis le début on a pris l'habitude de poser
énormément de questions générales, de telle sorte
que, lorsque nous arriverons aux éléments, il y aura des
questions qui ne seront pas posées à ce moment-là. Alors,
je suis assez large là-dessus. J'ai donné au député
de Mont-Royal l'occasion de poser des questions générales,
à l'Union Nationale également, aux députés
ministériels et, par la suite nous allons aborder
l'élément 1 et nous allons revenir à l'Opposition
officielle et à l'Opposition reconnue, sauf que je permettrai toujours
aux députés de poser des questions sur le même sujet qui
est abordée lorsque cela intéresse d'autres
députés.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que cela a pour intérêt de débloquer et déblayer le
terrain passablement. Le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Cela s'inscrit dans
la même veine que la dernière question en ce sens que je remarque
qu'il y a un souci constant, dans toute la politique, d'incorporer la politique
de l'immigration à une politique de main-d'oeuvre. Ce qui me frappe,
c'est qu'on a porté à mon attention à plusieurs reprises
que dans certaines usines de Montréal... La question s'adresse au
ministre. Est-ce qu'il a été porté à votre
attention que dans certaines usines de Montréal, certains employeurs
immigrants faisaient de la ségrégation d'embauche et employaient
uniquement des immigrants? C'est une première question. J'en aurai
quelques autres sur le même sujet puisqu'on y va à fond de train
dans les questions.
M. Couture: A ma connaissance, d'une façon directe, non;
indirecte, oui. C'est-à-dire que j'ai
appris, comme tout le monde je pense que vous faites
peut-être allusion à la construction...
M. Chevrette: Au textile aussi, M. le ministre.
M. Couture: Au textile... que des employeurs, eux-mêmes
immigrants, ou membres d'une communauté ethnique, favorisaient leurs
coreligionnaires, je ne m'en scandalise pas plus que cela, sauf que je pense
que ce qui arrive beaucoup plus souvent, c'est que la discrimination se passe
dans l'autre sens. C'est-à-dire qu'il y a des manufactures, il y a des
entreprises qui ont plutôt tendance à refuser tel type
d'immigrants, parce qu'elles en ont peur ou parce qu'elles n'aiment pas leur
face, comme elles disent. Je ne voudrais pas qu'on donne trop d'importance au
phénomène que vous présentez actuellement, mais je pense
que la discrimination doit être complètement refusée en
tout état de cause, quel que soit le milieu. Et dès que c'est
porté à notre attention, je pense que c'est notre
responsabilité d'intervenir.
M. Chevrette: M. le ministre, si je pose la question, c'est parce
que cela crée des problèmes dans le domaine des relations de
travail et cela crée des problèmes même sur le plan
économique. Un employeur qui poserait de tels gestes sur le plan
économique peut se permettre de faire travailler cette main-d'oeuvre
à très bon marché et empêcher toute syndicalisation
à l'intérieur de ses usines. Sur le plan concurrentiel avec des
usines identiques où la syndicalisation est installée, cela
crée un déséquilibre et une concurrence illégale au
détriment de la main-d'oeuvre québécoise; c'est ce que
j'appelle du "cheap labor". On m'a rapporté, ce fait à plusieurs
reprises et ce serait peut-être bon qu'on envisage je ne sais pas
quelles sont vos idées là-dessus des correctifs même
à court terme là-dessus pour éviter une concurrence
déloyale au détriment de la main-d'oeuvre qui est l'immigrant en
question qui arrive bien souvent, qu'on peut facilement intimider en disant: Si
tu te syndicalises, mon "chum", tu perds ton emploi. Cela se voit. On a eu des
exemples et c'est dans ce sens que je voulais attirer votre attention, dans un
premier temps.
M. Couture: Vous avez bien raison d'attirer mon attention
là-dessus. Je dois dire que la solution résidera toujours dans la
facilité au syndicalisme. Je pense que c'est le seul instrument valable
de défense des travailleurs. En attendant, l'Etat a son rôle
à jouer de protection de ces travailleurs non syndiqués,
exploités, immigrants par-dessus le marché. Je crois que ce qui
pourra peut-être nous aider dans l'avenir, c'est la formation de ces
comités tripartites de main-d'oeuvre dans toutes les régions du
Québec où on associera les intervenants locaux à
l'application de nos lois et je pense qu'ils auront une responsabilité
additionnelle de nous signaler ce genre de cas; mais à long terme, c'est
préférable de penser à une législation qui
permettra une meilleure syndicalisation dans ces milieux. Je ne vois pas
comment on pourrait pallier cela autrement à court terme.
M. Chevrette: Dans un autre ordre d'idées, M. le ministre,
mais cela regarde toujours l'immigration par rapport aux relations de travail,
il s'agit de la certification ou des permis de travail décernés
aux immigrants. On exige énormément d'heures de travail en termes
d'apprentissage pour certains immigrants. J'ai eu la chance là aussi de
rencontrer certains Grecs en particulier, dans le domaine de
l'électricité, chez les mécaniciens d'ascenseurs ou
d'autres spécialités en plomberie.
Je crois qu'on leur demande 8000 heures d'apprentissage au Québec
avant d'obtenir un permis de travail pour devenir compagnons et non pas
apprentis. C'est un autre aspect que j'aimerais que l'on envisage au niveau du
ministère de l'Immigration pour essayer de respecter un certain
contingentement de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction...
M. Blank: Les barbiers!
M. Chevrette: ... c'est possible. Mais tout en respectant
certains contingentements, je pense qu'il ne faudrait pas les pénaliser
en terme d'entrée sur le marché du travail. Au moment où
on émet le permis, ils devraient être soumis à des lois
tout au moins comparables, après un certain temps d'apprentissage, et
ça devient très douloureux pour quelqu'un qui a à
répondre à ces cas, si c'est une loi ou une
réglementation. J'aimerais que ce soit également regardé
de près par le ministère de l'Immigration, pour qu'on puisse
faire en sorte que, lorsqu'on corrigera le tout au niveau de la certification
dans l'industrie de la construction, on regarde sur une même base la
question de l'immigrant.
M. Blank: Parce qu'on peut le faire au ministère;
maintenant, on donne l'équivalence des certificats...
M. Couture: J'allais dire qu'il y a un service
d'équivalence au ministère de l'Immigration.
M. Blank: ... dans ce service, peut-être qu'on peut ajouter
un autre critère pour donner l'équivalence, pas seulement sur la
question des années d'études, mais des années
d'expérience outre-mer qui équivaudraient à un certain
nombre d'heures ici. Parce que comment prendre des barbiers ou des
mécaniciens qui ont besoin de neuf ans de scolarité, même
s'ils ont des milliers d'heures, comment trouver des mécaniciens ou des
barbiers de la Grèce, de l'Italie ou du Portugal, qui n'ont jamais eu
neuf ans de scolarité, parce que neuf ans de scolarité, c'est
quelque chose de merveilleux dans ce pays? Mais tous ces gens sont
empêchés de poursuivre leur métier, même s'ils ont
trente ans d'expérience! Un barbier d'Athènes, qui a trente ans
d'expérience, mais seulement six ans de scolarité, ne peut jamais
avoir son permis ici. Ce sont des problèmes qu'au ministère on
peut mettre dans les équivalences par un moyen ou l'autre.
M. Couture: Je ne peux pas faire beaucoup de commentaires
là-dessus. Je pense que c'est un fait que nous déplorons tous et
c'est conjointement avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de
l'Immigration qu'il faudra chercher des solutions possibles tout en respectant
quand même les droits de nos hommes de métier, de nos
professionnels qui veulent se protéger. Si on accepte le principe, c'est
ça qu'il est difficile de faire accepter aux Québécois, si
on dit en partant: II y a des immigrants qui arrivent ici au Québec et,
une fois qu'ils ont passé leur période de préparation et
d'adaptation à la réalité québécoise, je
pense que c'est injuste de les traiter toujours comme des citoyens de seconde
zone ou des citoyens dont on n'accepte pas qu'ils soient vraiment devenus des
Québécois.
Il faudra rapidement trouver des solutions de ce côté.
Moi-même, je déplore vivement la situation, dans certains cas,
c'est une aberration que des hommes de métier passent des années
à attendre de pouvoir exercer leur métier, c'est très
injuste. Mais nous là depuis cinq mois et, éventuellement, au
comité consultatif, je relancerai le débat là-dessus. Je
suis prêt à recevoir toute recommandation utile et
raisonnable.
M. Chevrette: M. le ministre, je finirai par un commentaire. Vous
parlez d'une politique de main-d'oeuvre en regard de l'immigration; je pense
que, quand vous affirmez que certains Québécois acceptent
difficilement que certains immigrants arrivent sur le marché du travail
au Québec, c'est dû au fait que n'ayant pas de politique de
main-d'oeuvre, on accepte à peu près n'importe quel corps de
métier sans indiquer aux candidats à l'immigration les
possibilités ou les capacités de main-d'oeuvre, là
où on a un manque de main-d'oeuvre spécialisée dans
certains secteurs donnés. De la sorte, on peut recevoir 500 immigrants
qui s'en viennent dans des secteurs de travail déjà
encombrés.
Cela arrive très fréquemment au Québec. A ce qu'on
me dit, en tout cas, je n'ai pas fait les analyses, mais si tel était le
cas, cela s'expliquerait par le fait qu'on n'a pas de politique de
main-d'oeuvre. Quand vous traitez, dans l'exposé initial de ce matin,
personnellement, ça me donne une lueur d'espoir en disant qu'on
regardera l'immigration simultanément à une politique de
main-d'oeuvre, et ça nous permettra probablement de corriger plusieurs
lacunes là-dessus.
M. Couture: Ce ne sont pas seulement les immigrants qui sont
pénalisés, mais tous ceux qui sortent des CEGEP, qui se
préparent à des métiers qu'ils ne peuvent pas exercer,
parce qu'il y a du contingentement.
M. Blank: Je fais la même réflexion que le
député de Joliette.
On a 500 immigrants qui vont arriver, tous des plombiers, je prends cela
en exemple. Je ne sais pas si vous le savez, mais actuellement, avec les
critères fédéraux, il y a un critère de plus qui
n'est pas marqué. On a besoin de se voir offrir un emploi mais pas
seulement cela. Cette offre doit être acceptée par le
ministère fédéral de la Main-d'Oeuvre. Si cela n'est pas
accepté par le fédéral, même si vous avez 50
unités, vous ne viendrez pas au Canada. Je me demande ce qui arriverait
dans l'avenir, quelle main-d'oeuvre prendra la décision, la
main-d'oeuvre fédérale ou la main-d'oeuvre provinciale?
M. Couture: Provinciale.
M. Blank: Provinciale? Cela veut dire que le provincial va
voir...
M. Couture: C'est le critère provincial maintenant, emploi
réservé ou désigné.
M. Blank: Cela veut dire que, si vous suivez les mêmes
politiques qu'au fédéral, c'est le provincial qui va avoir le
droit de veto sur un immigrant.
M. Couture: Qui donne quoi? M. Blank: Un droit de
veto.
M. Couture: Je ne veux pas parler en termes de droit de veto. Ce
que je dis, c'est que...
M. Blank: On doit être pratique. C'est très bon de
faire de bonnes suggestions, mais en fait, n'ouvrez pas les portes à 500
plombiers, s'il n'y a pas de travail pour un seul.
M. Couture: Eventuellement, c'est une intention que je peux vous
donner immédiatement, vous allez en avoir la primeur, je pense qu'il
faudra effectivement que le Québec donne son permis de travail aux
immigrants.
M. Blank: C'est comme dans le bill de Mme Bacon.
M. Couture: Je ne sais pas si c'est dans le bill de Mme Bacon,
mais cela sera dans le mien, en tous cas.
M. Blank: Oui, c'était dans le bill de Mme Bacon.
M. Ciaccia: C'est malheureux de se faire prononcer ainsi
bacon.
M. Blank: La politique n'a pas tellement changé.
M. Couture: La différence, c'est qu'on applique nos
politiques.
M. Blank: Mais on ne va pas à gauche. M. Marchand:
On va voir cela.
M. Blank: On va voir cela. On nous la promet depuis cinq mois,
mais on attend.
M. Chevrette: On a attendu six ans, nous autres.
M. Marchand: Pas dans votre cas. M. Blank: Regarde le bill
46. M. Chevrette: Et on n'a rien vu.
M. Blank: Je parle du bill 46 dont le député de
Sainte-Anne a parlé aujourd'hui. C'est un pas en avant. Demandez-lui une
copie du bill 46 et lisez-le.
M. Ciaccia: Dans les discussion que vous avez soulevées,
est-ce que vous ne trouvez pas cette approche un peu restrictive? Est-ce que
vous prenez en considération les propos que le député de
Joliette a soulevés? Est-ce que vous prenez en considération le
fait que, parmi ces gens, il va y en avoir aussi qui vont non seulement
demeurer ou rester comme ouvriers, mais qui vont aller comme entrepreneurs et
qui vont commencer des entreprises qui, elles-mêmes, vont pouvoir donner
de l'ouvrage à d'autres? Est-ce que vous prenez cela en
considération dans les aspects à retenir?
M. Couture: On a un service qu'on appelle le service de
l'établissement, qui est un service du ministère de l'Immigration
du Québec, qui a quand même des résultats parfois
étonnants, c'est-à-dire qu'on a au ministère des gens qui
recrutent de futurs entrepreneurs, des citoyens de certains pays du monde, qui
sont recrutés pour venir investir et lancer une entreprise au
Québec. On a même, je pense, ce qui s'appelle le service des
immigrants entrepreneurs investisseurs.
En 1975/76, les cas établis de ces immigrants entrepreneurs
investisseurs totalisent $26 millions et on prévoit au-delà de
$44 millions pour l'année à venir. Dans les emplois
créés, c'est au-delà de 1000 pour l'année 1975/76.
Dans les secteurs impliqués, on rencontre l'agriculture, le commerce,
l'industrie manufacturière, pour 141 cas; 141 sujets immigrants sont
venus investir et créer une entreprise.
Vous voyez que le ministère de l'Immigration aide quand
même, modestement, mais à sa manière, c'est un des
éléments qu'on aura à étudier à la
création d'emplois et aide aussi des immigrants non seulement à
devenir des gens dépendants de notre économie, mais des agents de
notre économie.
M. Ciaccia: Je suis heureux que vous nous ayez donné ces
chiffres, mais la question que je me posais, ce n'est pas sur les immigrants
qui viennent ici comme investisseurs, développeurs ou entrepreneurs,
mais sur la proportion d'immigrants qui viennent ici comme ouvriers et qui, une
fois ici, se développent et... Est-ce que vous avez des chiffres?
M. Couture: C'est difficile à...
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez...
M. Couture: Mon sous-ministre regarde cela. C'est parce
qu'à un moment donné des gens viennent comme ouvriers...
M. Ciaccia: Après un certain nombre d'années, ils
deviennent des créateurs d'emplois, plutôt que seulement des
employés.
M. Couture: On n'a pas de chiffres, mais vous avez tous
été témoins, comme moi, qu'on a beaucoup d'entreprises
québécoises, à Montréal, où on a
effectivement des chefs d'entreprise qui sont des Grecs. On n'a qu'à
considérer tous les restaurants grecs à Montréal. Je pense
qu'il y a...
M. Blank: ... des restaurants...
M. Couture: ... 4000 Grecs et 4000 restaurants grecs. Enfin, il y
a beaucoup d'immigrants qui sont devenus des entrepreneurs...
M. Blank: Quand deux Ecossais se rencontrent, il y a une
bande.
M. Couture: ... mais on n'a pas de chiffres.
M. Blank: Quand deux Irlandais se rencontraient, il y avait une
bataille.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Sur...
M. Blank: En parlant des affaires sociales, c'est le service
dirigé par le brigadier Gauvreau.
M. Couture: Oui, il était là avant, mais je pense
qu'il n'y est plus. Il est parti au mois de février.
M. Blank: II est parti au mois de février. En parlant de
ces entrepreneurs, dans vos critères, est-ce que vous êtes
prêts à continuer le système fédéral, de
donner 25 points pour ces gens-là?
M. Couture: Le fédéral ne donnait pas 25 points
pour ces gens-là.
M. Blank: Pour les entrepreneurs, au lieu d'emplois et de la
compétence professionnelle, le fédéral donnait les deux,
25 points, le maximum.
M. Couture: On lui donne 45 points. Si le fédéral
veut partager autrement ces 45 points, on n'y a pas d'objection. On lui
suggère déjà quinze points pour l'expérience et la
compétence et il pourra éventuellement donner plus de points s'il
veut dans un titre ou l'autre.
M. Blank: Mais, actuellement, au fédéral, la
demande de profession et la compétence, les quinze points et les 10
points, c'est le maximum qu'on donne à ces personnes. Pour un soudeur,
ça peut être cinq et quatre points; mais pour des entrepreneurs,
il donne le maximum de 25 points.
Si un homme peut montrer qu'il va établir un commerce, on lui
donne le total de 25 points.
M. Couture: Nous lui donnerons vingt points, et il pourra avoir
ses quinze points du côté du fédéral. Pour
l'entrepreneur, le critère québécois...
M. Blank: Cela veut dire que...
M. Couture: ... va lui donner certainement dix points pour la
demande...
M. Blank: Le fédéral va lui donner les quinze
points, cela revient au même.
M. Couture: Cela va revenir au même, oui, aucun doute
là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député de Richmond. Non, pas sur le
même sujet. Le député de Sainte-Anne, sur le même
sujet.
M. Lacoste: Suite à la question du député,
M. Chevrette.
M. Chevrette: Joliette-Montcalm, très important, il faut
s'en souvenir.
M. Lacoste: ... tantôt, vous avez parlé de besoin de
la main-d'oeuvre dans chacune des régions du Québec, Est-ce
qu'à l'heure actuelle le ministère de l'Immigration a des
disponibilités sur les besoins de main-d'oeuvre dans chacune des
régions du Québec?
M. Couture: Je vais parler en tant que ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre. On a effectivement des profils de besoins de main-d'oeuvre
selon les secteurs et les régions du Québec. Ces profils nous
viennent de différentes sources, de l'industrie et du commerce,
c'est-à-dire que les besoins de main-d'oeuvre sont toujours
associés évidemment à l'emploi et à l'industrie et
aussi des statistiques fédérales en ajoutant à cela notre
service de recherche.
On sait, globalement, peut-être pas suffisamment que, dans telle
région, effectivement, il peut y avoir certains besoins de
main-d'oeuvre, mais je ne peux pas vous détailler, ce soir, dans telle
ou telle région ce qu'on a comme besoin de main-d'oeuvre, mais on a un
profil général des besoins de main-d'oeuvre au Québec,
c'est évident.
M. Lacoste: C'est peut-être sur cela, lorsque le
député de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non pas
dans le domaine du travail, dans le domaine de l'immigration.
M. Lacoste: Toujours dans le domaine de l'immigration, lorsque le
député de Saint-Louis disait tantôt qu'il se gargarisait du
fait que l'ancien gouvernement, en 1974, avait fait un beau projet de loi, je
lui ferais peut-être remarquer que le projet de loi no 46, justement
à l'article no 1, ce n'est pas celui du ministre actuel de
l'Immigration, c'était dans le projet de loi de 1974: Etudier les
données disponibles sur les besoins de main-d'oeuvre dans chacune des
régions économiques du Québec, les emplois qui sont
disponibles et la possibilité pour les immigrants de s'y établir
en tenant compte de la caractéristique de la population et de programmes
d'aménagement du territoire...
M. Couture: C'est peut-être une conclusion pour moi.
M. Lacoste: C'est de votre ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y aurait lieu maintenant...
M. Chevrette: D'attaquer l'élément 1.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
d'attaquer l'élément 1 du programme 1, le seul et unique
programme d'ailleurs.
Une Voix: Adopté.
M. Blank: J'aurais seulement deux petites questions sur les
critères, des cas particuliers. Je constate, dans le document que vous
nous avez donné, concernant la définition du mot
"réfugié", que le ministère de l'Immigration du
Québec est d'accord sur cette définition, etc., et que vous
n'avez aucune objection de mettre de côté des critères de
Québec pour accueillir des réfugiés.
M. Couture: Le fédéral fait la même
chose.
M. Blank: Oui. Avec la nouvelle division des critères, qui
va prendre la décision de déterminer si une personne est une
réfugiée? Bon, c'est le fédéral ou le provincial ou
les deux?
M. Couture: Je crois que, dans l'état actuel du droit
international, cette convention a été signée par des pays
souverains. On n'est pas encore souverain. J'espère que nous allons le
devenir rapidement.
M. Blank: Ce n'est pas cela, ma question.
M. Couture: Non, mais j'y arrive. Je fais un préambule. Je
voudrais, avec M. Cullen, arriver à l'entente suivante,
c'est-à-dire qu'en droit international, c'est évident que c'est
le pays souverain qui peut déterminer la catégorie de
réfugiés qui demandent un visa. Je le reconnais. C'est justement
la particularité du fédéralisme canadien, s'il est bien
appliqué, et il n'a jamais été bien appliqué,
à mon avis, c'est de partager cette responsabilité dans certains
domaines. Dans ce domaine très particulier de la définition du
réfugié et de l'accueil possible des réfugiés, je
voudrais arriver à cet accord avec M. Cullen. Que la communauté
québécoise, pour des raisons humanitaires, après
l'information et l'analyse d'une situation donnée, dans n'importe quelle
partie du monde, puisse arriver et dire: Voici, il y a 500
réfugiés du Cambodge qui ont un pressant besoin de nous. Il y
en
a de Turquie, parce qu'un volcan, un cataclysme et le reste... Nous,
comme communauté québécoise, on veut, on est prêt et
on va s'organiser pour accueillir 500 réfugiés. J'aimerais que,
quand on va dire cela au gouvernement fédéral, que ce soit
accepté automatiquement. Quand je dis automatiquement, je veux dire:
pour autant que les critères soient conformes aux critères
internationaux, c'est-à-dire que ce n'est pas nous qui allons
définir et déterminer d'avance qui est réfugié ou
non. Je pense que la définition de la convention...
M. Blank: M. le ministre, les exemples que vous me donnez, ce
sont des décisions pas nécessairement légales, ce sont des
décisions politiques, dans le sens: On va accepter 500
réfugiés de Turquie ou 800 réfugiés d'Uganda ou des
choses comme cela. Je parle de cas particuliers comme on a maintenant. Par
exemple un monsieur entre au Canada comme touriste et va, demain, au bureau
d'immigration et dit: Je suis réfugié. Je veux rester au Canada.
Il y a un moyen actuellement de déterminer comment on est
réfugié. Il fait sa demande. On le questionne. Ce questionnaire
est retourné à Ottawa, au comité interministériel
de l'immigration, de la main-d'oeuvre et des affaires extérieures. Ces
gens décident à ce moment s'il est vraiment un
réfugié. S'il est réfugié, d'après eux, on
l'accepte. Mais cela ne se termine pas là. Si on le refuse, il y a une
autre chance pour ce monsieur. Il fait sa demande, on peut le refuser; on lui
donne alors un ordre d'expulsion, mais il peut faire appel à la
Commission des affaires d'immigration. Il doit prouver qu'il est un
réfugié. Après cela, il y a une enquête publique. Il
peut prouver, avec des témoins, qu'il est vraiment un
réfugié. Il y a une autre chose qui peut arriver à cette
enquête. Le ministre fédéral, avec le Solliciteur
général, peut donner un certificat disant: D'après les
renseignements, il y va de la sécurité ou de
l'intérêt national de ne pas lui donner de statut de
réfugié. A ce moment, le tribunal perd le droit d'entendre la
cause, sans question d'appel, en disant que le ministre de l'Immigration et le
Solliciteur général ont ce droit. Où le Québec
va-t-il se situer dans ce "pattern"? C'est ce que je me demande.
M. Couture: Cela revient à ce que je disais tout à
l'heure. Toutes les fois qu'un immigrant, un touriste se déclare
réfugié, veut demander asile politique au Québec, je
voudrais qu'on puisse avoir ce pouvoir comme communauté originale, qui a
des droits importants et partagés avec le fédéral en
matière d'immigration, je veux qu'on nous donne ce droit d'accepter,
d'accueillir ce réfugié.
C'est la proposition que je fais au fédéral. Si ce
réfugié est en Ontario, dès qu'il est en dehors du
territoire québécois, ce sera la décision du
fédéral, s'il n'y a pas d'accord avec les autres provinces, mais
si un réfugié est en territoire québécois et
demande asile au Québec, je veux que ce soit le Québec qui puisse
d'ailleurs, pas d'une façon arbitraire, mais par rapport à
la définition internationale du réfugié et, au besoin,
évidemment, avec audition d'une cour où le fédéral
et le provincial pourraient s'en tenir au jugement d'une cour je veux
que le Québec puisse avoir ce droit d'accueillir ce
régufié.
M. Blank: C'est très bien, ce que vous dites, mais
jusqu'à une date, dans l'avenir, qui n'arrivera peut-être jamais,
il n'y a pas de frontières entre le Québec et l'Ontario qui
empêchent ce monsieur, que le Québec accueille comme
réfugié aujourd'hui, de se rendre à Toronto, même
que...
M. Couture: II va courir des risques parce que, s'il sort du
Québec, il court de grands risques. S'il demande asile au Québec
et nous, on l'accueille...
M. Blank: Oui, mais...
M. Couture: ... il ne peut pas être accepté en
dehors du Québec. Il court beaucoup de risques.
Une Voix: II n'y a pas de frontières.
M. Blank: Non, mais vous n'aurez pas un immigrant reçu
seulement pour la province de Québec. C'est un immigrant reçu
pour tout le Canada.
M. Couture: Non, mais si lui est en danger et demande asile et
c'est le Québec qui l'accueille...
M. Blank: Oui, et Québec lui donne...
M. Couture: ... il ne courra pas le risque d'aller ailleurs.
M. Blank: ... le titre d'immigrant reçu, c'est bon pour
tout le Canada.
M. Couture: Je sais bien, mais il n'aura pas intérêt
à aller en dehors du Québec.
M. Blank: Oui, mais vous ne le savez pas.
M. Couture: C'est nous qui l'accueillons et, dès qu'il va
sortir du Québec, le fédéral peut le recueillir.
M. Blank: II ne peut pas si c'est un immigrant reçu.
M. Ciaccia: II n'y a pas de frontières entre le
Québec et l'Ontario.
M. Couture: Je réclame pour le Québec le
privilège d'accueillir des réfugiés. Alors, si...
M. Blank: Moi, je pense qu'il serait plus logique si le ministre,
à ce stade-ci, réclame et demande d'être
représenté à ce comité
interministériel...
M. Couture: On négociera avec le
fédéral.
M. Blank: ... qui a un mot à dire quant à ceux
qu'on reçoit comme réfugiés et ceux qu'on ne reçoit
pas. Je pense que ce serait plus logique que
le Québec décide que celui-ci est un réfugié
et que le Canada décide qu'il ne l'est pas.
M. Couture: C'est comme dans une famille. La famille de ma rue
peut bien accueillir un étranger et la famille voisine ne veut pas en
entendre parler. Ce sont deux familles qui restent dans la même rue; une
l'accueille et l'autre ne l'accueille pas.
M. Blank: Oui, mais il a droit de marcher dans la rue devant
cette famille.
M. Couture: Oui, mais s'il entre dans l'autre famille, il ne sera
pas accueilli.
M. Blank: Oui, mais il peut marcher dans la rue.
M. Chevrette: Oui, mais... M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Moi, je voudrais souligner au député
de...
M. Blank: Saint-Louis.
Une Voix: Saint Louis Blues.
M. Chevrette: Je ne suis pas dû pour ça ce soir, mon
cher monsieur.
Ce que je voudrais dire, c'est que la réponse du ministre se
situe dans le cadre d'une volonté d'en arriver à avoir tous les
pouvoirs d'une politique d'immigration. A partir de là, si on parle du
statut de réfugié, automatiquement, ce n'est pas pour le reste du
Canada. C'est en fonction de la province de Québec. La réponse ne
peut pas venir...
M. Blank: C'est encore au Canada.
M. Chevrette: Non, mais vous avez l'air de vous scandaliser d'une
réponse, alors qu'on suit une logique en disant: Au départ, on va
prendre les prémisses. C'est la politique intégrale de
l'immigration contrôlée par le Québec.
M. Couture: C'est tellement vrai que la France fait la même
chose. Il va y avoir des personnes non grata, dans certaines régions de
France, par exemple des gens qui ont été, je ne sais pas, dans
une région donnée... Ils ont fait un mauvais coup ou ils ont
été arrêtés et sont allés en prison. Ce
système existe en France. On va dire: Interdit de séjour à
Paris. Interdit de séjour dans la région de Lyon. Interdit de
séjour dans la région de Bordeaux. Cela peut être le
contraire, c'est-à-dire...
M. Blank: C'est ça qu'on voit ici.
M. Couture: ... permission de séjour dans telle et telle
région.
M. Blank: C'est ça qu'on voit ici avec les cartes
d'identité et...
M. Ciaccia: J'espère qu'on n'introduira pas ce
système-là ici. Un instant!
M. Blank: ... on doit se rapporter au poste de police chaque fois
qu'on déménage d'une chambre à l'autre. C'est ça
qu'on voit ici?
M. Couture: Non, j'ai dit exactement le contraire. J'ai dit:
Permis de séjour dans telle région. C'est tout à fait
normal. Cela existe partout au monde.
Une Voix: ... faire une visite?
Le Président (M. Laplante): Avez-vous une question, vous
trois?
M. Blank: La question que je pose, c'est encore celle des
critères. On a parlé du cas des réfugiés. Mais pour
des raisons humanitaires, qui prend la décision? Si quelqu'un ne
répond pas à des critères, s'il ne tombe pas dans la
catégorie des réfugiés, s'il ne tombe pas dans le
parrainage, mais, pour des raisons... On a une famille ici, à
Montréal, avec un père et une mère et neuf enfants; le
dixième enfant est encore aux Indes et ne peut pas répondre aux
critères de l'immigration.
Aujourd'hui, s'appuyant sur le côté humanitaire, le
ministre de l'Immigration décide de laisser entrer cette personne. Qui
va décider à l'avenir, avec votre nouvelle approche?
M. Couture: Je vais suggérer à mon homologue
fédéral de créer un comité conjoint pour les cas
limites. On décidera ensemble. On est capable de se parler.
M. Blank: Avant que vous arriviez avec les nouveaux
critères, j'avais fait des suggestions à des ministres
québécois de l'Immigration concernant un moyen plus facile
d'arriver au même but. On a au fédéral un système de
parrainage et de personnes désignées, c'est-à-dire le
droit de désigner une personne qui doit être un proche parent.
Je dis que dans les cas où elle le veut, la province peut
être la personne, le parent qui peut le désigner. Cela veut dire
que les critères au fédéral... Si, à la suite de
l'interview de l'agent de l'immigration à Paris ou à Beyrouth
etc., cette personne choisit le Québec, le Québec peut parrainer
cette personne. Cela veut dire que cette personne a quinze à trente
points de plus immédiatement.
M. Couture: On en a 55.
M. Blank: Ah oui! mais vous avez tout renouvelé à
55 pour réduire l'autre. Vous n'avez pas le même contrôle.
Je pense que c'est plus facile, plus économique et efficace et que cela
fait l'affaire du Québec. De plus, vous avez plus de contrôle sur
l'affaire.
M. Couture: Non, on a moins de contrôle, on va avoir moins
de points.
M. Blank: Ce n'est pas cela. Ce n'est pas cela du tout parce que
les personnes qui vous donnent les 30 points, c'est sur 5 critères.
C'est plus facile et vous aurez pratiquement le droit de choisir n'importe
quelle personne comme immigrant.
M. Couture: J'ajoute cela au dossier.
M. Blank: Cela va être accepté. C'est un moyen
peut-être de régler le problème assez facilement.
M. Couture: II y a quand même des critères que je
considère extrêmement importants qu'on doit déterminer.
L'éducation ne doit pas aller au fédéral. La
capacité d'adaptation ne doit pas aller au fédéral.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Viau. Par après, nous passerons à
l'élément 1, si vous voulez bien.
M. Brochu: J'aimerais revenir sur la question du...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
dit: Le député de Viau.
M. Brochu: Ah! J'avais compris Richmond.
M. Lefebvre: M. le Président, le député de
Mont-Royal s'est posé la question, à savoir quand un immigrant
commençait ou quand un immigrant cessait de l'être. Je
déplore un peu dans le moment que, dans le projet que vous avez
présenté, il n'y ait absolument rien pour l'immigrant qui est ici
depuis un bout de temps et qui n'est pas encore intégré.
On sait très bien que l'aide aux immigrants, c'est quand
même une politique relativement récente; mais il y a encore des
Québécois d'origine étrangère qui sont ici depuis
huit, dix, quinze ans, qui n'ont eu aucune aide d'intégration et qui de
fait ne sont pas encore intégrés et qui voudraient l'être,
mais il n'y a aucune mesure qui le leur permet. Est-ce qu'il y a une politique
dans ce sens qui s'en vient?
M. Couture: C'est l'élément 2. L'adaptation,
c'est-à-dire qu'on a toute une série de services pour aider... Je
comprends très bien la question du député dans le sens que
nos politiques d'adaptation sont peut-être venues trop tard. On s'occupe
effectivement seulement des immigrants alors qu'il y a plusieurs citoyens
québécois de groupes ethniques qui, après plusieurs
années, à toutes fins pratiques, ne sont pas adaptés
à la réalité québécoise et pas du tout
enracinés. C'est cela que vous voulez dire, je pense.
M. Lefebvre: C'est cela.
M. Couture: De fait vous avez bien raison, c'est un
problème difficile. Je m'en remets là-dessus au colloque pour
nous éclairer. Il y a actuellement dans les relations avec les groupes
ethniques un effort qui démarre pour garder contact avec eux par
certains programmes d'activités culturelles entre
Québécois et groupes ethniques, pour les rapprocher de la
communauté francophone québécoise. Vous avez raison de le
signaler, c'est un effort supplémentaire qu'il faudra faire pour se
rapprocher des groupes ethniques. J'ai participé dernièrement
à une grande manifestation japonaise à l'hôtel Sheraton
à Montréal; il y avait 500 Japonnais.
Je n'ai pas été très surpris. Ils ont fait tous les
efforts possibles pour me faire plaisir, pour faire plaisir au gouvernement du
Québec en affichant du français, en parlant de temps en temps
français, mais c'était évident que cette communauté
était complètement à l'extérieur de la
réalité québécoise francophone. Je ne portais aucun
jugement sur ces gens. Je pense que c'est notre faute finalement, parce qu'on
n'a pas fait les efforts suffisants pour garder contact avec eux. Dans la
volonté de ces groupes de se rapprocher de nous, on doit, à mon
avis, multiplier les contacts, les services pour faciliter cette
intégration des groupes ethniques à la réalité
québécoise.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député de Bourassa.
M. Laplante: Je ne sais pas si vous voyez cela comme un danger,
je ne voudrais pas porter un jugement là-dessus, mais souventefois
l'immigrant vient ici pour résider au Québec et on a une tendance
à lui faire louer des locaux dans une communauté
déjà existante, dans un même endroit dans la ville. Si je
prends l'exemple du député de Saint-Louis qui parlait tout
à l'heure des nombreux Portugais chez lui, je crois, trouvez-vous
difficile de pousser cette action pour offrir un accueil ou une
intégration au monde québécois?
M. Ciaccia:... veux-tu qu'ils aillent demeurer à
Westmount?
M. Blank: Mais le problème, c'est une question de logement
et de travail.
M. Couture: Parce qu'on n'a pas...
M. Laplante: Je pense que c'est une erreur qu'on fait là
actuellement. On fait des ghettos pour eux, comme aux Etats-Unis les
Américains ont fait des ghettos pour les Noirs.
M. Couture: Je pense qu'on est quand même dans un pays
libre. Alors, on ne doit pas forcer les gens à aller vivre à tel
endroit plutôt qu'un autre et c'est naturel que les immigrants qui
arrivent cherchent à se retrouver là où il y a des
communautés ethniques d'accueil. L'effort qu'on doit faire, c'est de les
stimuler et de préparer les milieux d'accueil.
Cela, c'est important. On n'envoie pas 25 citoyens d'Afghanistan-Nord
à Chibougamau demain, seuls, avec le monde qu'il y a là. Je pense
qu'il faut préparer des communautés d'accueil où les gens
qui vont les recevoir connaissent bien l'origine de ceux qui arrivent,
connaissent leur histoire, leur géographie, leurs besoins, leurs
goûts et le reste et où ils sont prêts à faire cet
effort difficile, parce que c'est difficile de les adapter et de les
intégrer à leur communauté. Si on ne fait pas cela,
naturellement... D'ailleurs, si je m'en vais en Allemagne et que j'apprends que
dans un quartier de Berlin il y a une communauté française, je
vais avoir bien le goût d'aller de ce côté-là. C'est
bien naturel. Ils font la même chose les Grecs, les Japonais, les
Portugais qui arrivent à Montréal. Si personne ne les accueille,
si on ne fait pas cet effort pour les aider à s'intégrer,
à des communautés plus vastes, ils vont rester dans le ghetto.
C'est notre responsabilité.
M. Blank: Je peux ajouter que, dans mon comté de
Saint-Louis, il y a vraiment des ghettos d'immigrants, mais c'est un ghetto
d'échange, ça se déplace. A Saint-Louis, au commencement
du siècle et jusqu'à 1940, c'était un ghetto juif. Les
Juifs, du moment qu'ils ont eu leur citoyenneté, leur intégration
dans la communauté québécoise anglophone, ont...
M. Laplante: Juste une question additionnelle, si vous permettez.
Est-ce que c'est le même Juif qui s'en va actuellement à
Chomedey?
M. Blank: Ces mêmes Juifs sont maintenant répartis
à Chomedey, à Dollard-des-Ormeaux, à Westmount, à
Côte-Saint-Luc, à Snowdon, à Saint-Laurent et à
Saint-Lambert. Ils sont suivis par les Grecs, ils ont suivi les Juifs dans les
mêmes rues, les mêmes maisons, les mêmes commerces.
Maintenant, les Grecs, qui ont été seulement une vingtaine
d'années dans la grande communauté, commencent à
déménager. Du moment qu'ils sont citoyens, ils
déménagent de Saint-Louis à Laurier, à Park
Extension. Après quelques années, ces mêmes Grecs de Park
Extension déménagent à Chomedey, Dollard-des-Ormeaux et
LaSalle. Ils sont maintenant déplacés de Saint-Louis par des
Portugais et les Portugais sont le troisième grand groupe à
entrer dans ce ghetto. Après quelques années, les Portugais vont
se disperser dans le Montréal métropolitain. Ils sont suivis par
d'autres groupes. Il y a beaucoup de Chinois.
Parlons des Chinois, de la communauté chinoise. Ils ne sont pas
dans le Chinatown. Dans le Chinatown, il y a peut-être 200 Chinois qui
habitent là. Les autres, 5000 ou 6000 Chinois, sont un peu partout.
Quand on a fait des études pour la construction de l'hôpital
chinois à Montréal, on a fait ça dans le centre de la
communauté chinoise. Savez-vous où ça? La rue Saint-Denis,
près de Villeray, c'est le centre de la communauté chinoise dans
l'île de Montréal, parce qu'il y a des Chinois dans l'Est, il y a
des Chinois à LaSalle...
M. Couture: C'est parce que le fédéral a
détruit tout le quartier chinois à Montréal.
M. Blank: Cela n'a rien à voir, c'est avant ça. On
a construit l'hôpital en 1962.
M. Ciaccia: C'est la faute du fédéral encore. M.
Couture: Ils font assez de chinoiseries. Une Voix: Les
Québécois et les Chinois aussi. M. Blank: En 1962,
l'hôpital a été construit...
M. Couture: La Place Favreau, vous avez entendu...
M. Blank: ... une des personnes impliquées dans cette
affaire de l'hôpital était la mère du député
d'Anjou. Même que c'était un gouvernement libéral à
ce moment-là et c'était Mme Johnson qui était
présidente des dames du comité d'accueil de l'hôpital
chinois en 1962, qui est déménagé au nord de la ville.
Cela veut dire qu'il y a des échanges dans les ghettos ce ne sont pas
seulement des ghettos, parfois, ce sont des commerces qui sont là, des
restaurants, mais du moment qu'ils sont installés, si le gouvernement
peut les aider, les intégrer plus vite qu'avant, ils vont se disperser.
La raison pour laquelle ils vont là, c'est que les logements sont moins
chers, il y a du travail manufacturier alentour, c'est pourquoi ils sont
là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous êtes prêts maintenant à adopter, pas à
adopter, mais à aborder l'élément 1 du programme 1?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
M. Brochu: II y a un point que j'aimerais éclaircir...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Richmond.
M. Brochu: ... pour éviter de revenir, étant
donné qu'on est reparti dans la discussion générale. On a
touché la question des propositions du Québec par rapport au
système fédéral actuel de sélection des immigrants.
Cet après-midi, le ministre a mentionné qu'il allait ajouter au
système de 100 points dix autres points dans l'évaluation.
Cependant, on n'a pas mentionné à quel titre ces points allaient
être accordés. J'aimerais, avant de passer aux
éléments comme tels, que le ministre puisse nous apporter
quelques éclaircissements à ce sujet.
M. Couture: Dans ça, vous avez la possibilité de
points bonis à la page 20, où on dit: "la sélection
actuelle se fait en se basant sur les caractéris-
tiques du seul chef de famille. On ne s'interroge pas sur la plus ou
moins grande facilité qu'aura l'épouse d'entrer sur le
marché du travail ou à s'adapter à un nouveau milieu. On
ne tient pas compte non plus du rôle très important qu'elle peut
être amenée à jouer dans l'apprentissage d'une langue, par
exemple l'éducation des enfants, etc. "En ne s'attachant qu'au chef de
famille, on se trouve à négliger des éléments
importants de la capacité d'intégration des immigrants. Dans le
but de ne pas pénaliser les requérants célibataires, il y
aura lieu de considérer l'établissement de ce nouveau
critère sous forme de points bonis attribuables aux membres de la
famille accompagnant le candidat. Ainsi, des points bonis seront
accordés selon les caractéristiques de l'épouse et des
enfants. C'est dix points. Remarquez que c'est une suggestion que je vais faire
à mon homologue fédéral pour lui permettre
d'équilibrer la perte des points des immigrants
désignés.
M. Brochu: Ces points se rattacheraient exclusivement au secteur
famille.
M. Couture: Exclusivement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1 du programme 1, établissement des immigrants. Le
député de Mont-Royal.
Etablissement des immigrants
M. Ciaccia: M. le ministre, je note, à
l'élément 1, que les traitements ont augmenté dans votre
budget, mais le budget proprement de fonctionnement diminue de 15,8%. Je note
que cela arrive à plusieurs programmes. Je me pose une question. Si
votre budget de fonctionnement va en diminuant, est-ce une indication que ces
articles prennent moins d'importance dans votre ministère?
M. Couture: Non, je pense que c'est une indication de bonne
gestion.
M. Ciaccia: C'est facile de dire.
M. Couture: C'est une bonne réponse. Vous n'êtes pas
content?
Effectivement, nous avons, je pense...
M. Ciaccia: Où avez-vous épargné de
l'argent?
M. Laplante: C'est une bonne question.
M. Couture: On a épargné de l'argent dans
l'équipement, dans les transports et communications chez les
occasionnels, on engage moins d'occasionnels. C'est à peu près
cela.
M. Ciaccia: Les occasionnels ne font pas partie des traitements?
Non?
M. Couture: Oui, ils font partie des traitements. Je
m'excuse.
M. Ciaccia: Mais les traitements ont augmenté...
Alors...
M. Couture: Mais quand même, on engage moins
d'occasionnels. Il y a une espèce d'assainissement des finances au
ministère de l'Immigration. Permettez que je m'en réjouisse.
M. Ciaccia: Vous parlez des coûts des bureaux à
l'étranger. Nous avons des chiffres pour l'exercice budgétaire
1976/77. Est-ce que vous avez les coûts des bureaux à
l'étranger pour l'année courante?
M. Couture: Voulez-vous dire les locations ou le...
M. Ciaccia: Les locations, oui. Le coût global, incluant
les locations.
M. Couture: Le coût global, c'est $887 000 de salaires et
de frais de déplacement.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez ajouté ou est-ce que vous
avez l'intention d'ajouter d'autres bureaux à l'étranger? Si oui,
dans quels pays?
M. Couture: On a ajouté, cette année, Bruxelles. Il
y a une mission qui est commencée, en Amérique latine, à
Buenos Aires. Vous avez le lieu de ces missions au tableau "Service à
l'étranger", votre carton orange, juste la page
précédente, organisation des COFI. Ils ne l'ont pas? Vous ne
l'avez pas. Ne cherchez pas, vous ne l'avez pas.
M. Ciaccia: Cela doit être un document que vous avez
détruit.
M. Couture: Ce qu'on a ajouté, c'est la mission à
Buenos Aires. Il y a deux personnes qui sont allées effectuer une
mission pour couvrir les territoires d'Argentine, du Chili, du Brésil et
du Pérou.
Dans le reste des postes à l'étranger, c'est sensiblement
les mêmes. Il y a Bruxelles qu'on a ajouté, mais c'est tout.
M. Brochu: Sur le même sujet, M. le Président. On
devait ouvrir la mission de Buenos Aires. Il était question aussi
d'ouvrir une mission à Lisbonne. Est-ce qu'il y a eu des personnes
envoyées là-bas également? Est-ce que le ministre peut
nous dire où en est rendu le dossier?
M. Couture: Ceux qui sont à Paris ont la
responsabilité de la mission dans la péninsule ibérique.
De fait, il y avait une proposition, éventuellement, d'ouvrir une
mission à Lisbonne et cela a été retardé. Il n'en
est pas question à court terme. Moi-même, j'aurais le goût
qu'on ouvre une mission à Lisbonne, étant donné que c'est
un pays ami, comme tous les pays amis, comme tous les pays sont des pays amis.
Mais pour Lisbonne, le fait d'avoir rencontré le...
M. Marchand: Est-ce qu'il y a des pays qui ne sont pas des pays
amis?
M. Couture: Même à Ottawa, il y a des pays amis. Le
fait d'avoir, à Lisbonne, rencontré le ministre des Affaires
extérieures et surtout d'avoir pris connaissance du dossier des...
Une Voix: Saskatchewan.
M. Couture: ... Portugais qui sont en très grand nombre...
Je pense que c'est le député de Saint-Louis ou le
député de Mont-Royal qui faisait remarquer que ceux qui arrivent
du Mozambique et de l'Angola... Il y a un flot considérable de Portugais
qui optent pour le Canada. Je pense que cela répondrait à un
besoin d'avoir éventuellement un bureau à Lisbonne. Pour le
moment, nous avons une mission qui partira de Paris pour couvrir ce
territoire.
M. Blank: ...
M. Brochu: Au cours de la prochaine année, la situation
sera maintenue de ce côté-là. Est-ce qu'au bureau de Paris
il y a eu du personnel supplémentaire, à cause de ce parrainage
ou de l'extension de la mission à Lisbonne?
M. Couture: On a ajouté une personne.
M. Brochu: Une personne. Il y avait sept postes prévus
à ce moment-là pour...
M. Couture: II y en a huit.
M. Brochu: II y en a huit. Il y avait quatre agents en poste au
31 mars 1975.
M. Couture: Quatre agents?
M. Brochu: En poste à Paris, au bureau de Paris. Il y
avait un effectif prévu de sept agents. Ils ont été
embauchés; ils sont maintenant rendus à huit?
M. Couture: Huit, oui.
M. Brochu: Ah bon! Est-ce que cela a été le
même phénomène dans les autres bureaux, comme, par exemple,
le bureau de Londres où l'effectif prévu, selon le rapport de
1975/76, était aussi de trois conseillers?
M. Couture: C'est toujours trois. M. Brochu: II s'est
maintenu à trois? M. Couture: Oui. M. Brochu: Maintenant,
à Rome? M. Couture: A Rome, il y en a deux.
M. Brochu: Deux. Il y avait, à ce moment-là, un
effectif prévu de trois conseillers.
M. Couture: II y en a un qui est à Milan. Le
troisième qui était à Rome est rendu à Milan.
M. Brochu: Bon, d'accord. En ce qui concerne maintenant le bureau
de Beyrouth, le rapport annuel mentionne la présence d'un conseiller. Il
a dû être évacué, évidemment, à cause
des circonstances.
M. Couture: II était à Limassol avant et il est
retourné à Beyrouth. Il y en a deux maintenant à
Beyrouth.
M. Brochu: C'est rouvert là-bas?
M. Couture: Oui, c'est rouvert. Il était à
Limassol, à Chypre.
M. Brochu: Ah bon! D'accord. Est-ce qu'il y a une augmentation de
l'effectif prévue au bureau de Beyrouth?
M. Couture: Non, il n'y a pas d'augmentation prévue.
M. Brochu: D'accord. En ce qui concerne la mission de
Port-au-Prince, est-ce qu'il y a eu des changements de ce
côté-là?
M. Couture: Aucun changement.
M. Brochu: Les agents devaient entrer en fonction, je pense, au
cours de 1976/77.
M. Couture: II y a un seul agent prévu pour
Port-au-Prince.
M. Brochu: Un seul actuellement. La mission de Port-au-Prince
comprend, à ce moment-là, tout le secteur des Antilles; quelle
est sa responsabilité?
M. Couture: Les Caraïbes et le Mexique. M. Brochu:
Les Caraïbes et le Mexique.
M. Laplante: Sur le même sujet, M. le Président. Les
employés qu'il y a dans ces missions sont-ils payés suivant notre
politique salariale du Québec ou suivant la politique salariale du pays
dont...
M. Couture: Dans certains cas, ils n'accepteraient sûrement
pas d'aller travailler suivant la politique salariale...
Une Voix: ... à Port-au-Prince?
M. Couture: Non, c'est la politique salariale
québécoise.
Une Voix: Québécoise.
M. Laplante: Parmi les employés qu'on a là, ce sont
tous des Québécois ou si vous avez des personnes du pays qui
travaillent pour le Québec dans ces missions?
M. Couture: Pour les principaux postes, ce sont des
Québécois, sauf qu'il y a du personnel de soutien qui est
engagé sur place.
M. Laplante: Le personnel de bureau, de soutien est-il
payé suivant la politique québécoise ou suivant la
politique du pays?
M. Couture: La politique québécoise.
M. Laplante: Est-ce que c'est différent pour l'Industrie
et le Commerce?
M. Couture: L'Industrie et le Commerce...
M. Laplante: Le personnel de bureau de l'Industrie et du Commerce
engagé sur les lieux est payé suivant la politique du pays.
M. Couture: Cela doit être différent.
M. Laplante: C'est qu'on a dit qu'un salaire de $18 000 en
Angleterre... Le même employé peut être payé ici $27
000 ou $28 000, mais à cause de la politique salariale de l'Angleterre,
c'est un très bon salaire à $18 000.
M. Couture: Au ministère de l'Immigration, on suit la
politique salariale québécoise. Est-ce que cela répond
à votre question?
M. Laplante: Cela répond à ma question, mais je
trouve cela drôle qu'il y ait une différence, par exemple, dans le
même gouvernement, entre deux ministères, qu'il y ait deux
politiques salariales différentes pour les employés du personnel
de bureau.
M. Chevrette: Ce n'est pas la seule chose qu'on trouverait
drôle si on se mettait à fouiller!
M. Couture: C'est la première fois que j'entends dire que
l'Industrie et le Commerce a une politique différente de celle de
l'Immigration, de ce qui est admis habituellement dans les postes à
l'étranger. C'est toujours la politique salariale
québécoise.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Richmond.
M. Brochu: J'aimerais revenir à la question des missions,
en particulier à celle de Beyrouth. Est-ce que le ministre, à
cause de la situation là-bas et vu que la mission a rouvert par la
suite, est en mesure de nous dire, à ce moment-ci, s'il y a eu
passablement de demandes qui ont été faites de la part de
citoyens libanais pour immigrer ici au Québec?
Est-ce que le ministre a des chiffres à ce sujet?
M. Couture: On me dit qu'il n'y a pas eu plus de demandes, ce qui
m'étonne un peu. J'imagine qu'effectivement...
M. Ciaccia: ... politique à Montréal.
M. Couture: Probablement, c'est difficile de partir de
là-bas, surtout de ces pays qui ont des problèmes politiques
très graves. Il y a des contraintes imposées par le pays
même pour empêcher l'exode massif de la population, surtout des
gens qui ont des métiers ou des professions. Maintenant...
M. Blank: ...
M. Couture: Des demandes qu'on a reçues en dix mois, du
1er avril 1976 au 31 mars 1977, en provenance de ce pays, on a eu 1351 cas pour
2869 personnes. Alors...
M. Blank: Combien ont été acceptées?
M. Couture: On me dit qu'elles ont toutes été
acceptées, sauf quelques exceptions. De fait, l'immigration en
provenance de...
M. Blank: J'ai à mon bureau, des dossiers de Libanais qui
ont été refusés, environ une dizaine. Je suis seulement
avocat.
M. Chevrette: Des exceptions.
M. Couture: L'immigration a le problème suivant... On peut
quand même souligner que c'est une immigration qui est excellente comme
capacité d'adaptation à la réalité
québécoise, parce que les Libanais parlent français,
évidemment.
M. Brochu: Maintenant, sur la question des missions comme telles,
le rapport annuel mentionne que grâce à son réseau de
postes, à l'intérieur des missions et à ces missions
périodiques itinérantes également, la direction des
services à l'étranger est en mesure de se prononcer sur la
pertinence des candidatures à destination du Québec dans
près de 90% des cas. J'aimerais peut-être que le ministre me dise
si c'est exact et s'il n'y aurait pas là quand même une
exagération, parce que, quand on regarde l'ampleur des missions, on voit
qu'elles sont quand même assez restreintes. On peut se demander dans
quelle proportion elles sont en mesure d'effectuer tout ce travail.
M. Couture: Quand un agent de l'immigration
québécoise s'en va en mission dans un pays, par exemple, à
Lisbonne, l'ambassage du Canada est informée d'avance des dates de
séjour de notre agent d'immigration. Alors, là, l'agent
fédéral bloque une série de candidatures à
destination du Québec, c'est-à-dire qu'eux, à l'ambassade
du Canada, reçoivent les gens. Il y a des gens qui, effectivement,
veulent venir au Québec et il y en a d'autres qui veulent aller dans les
autres provinces. Alors, les candidatures qui se destinent au Québec
sont bloquées lors de la venue de l'agent d'immigration
québécoise et on prépare les entrevues en
conséquence. C'est dans ce sens qu'on peut dire que l'agent
d'immigration québécoise rencontre 90% de ces personnes. Comme
vous savez, on ne dit pas le dernier mot sur l'admission même au Canada,
mais dans bien des cas, cela réussit.
M. Brochu: Comme cela, il semblerait que les données
fournies ici, seraient normales, c'est-à-dire que le nombre de personnes
en poste là-bas suffirait à faire cette analyse de 90% des...
M. Couture: II y a des pays où nous allons et il y a des
pays où nous n'allons pas. C'est pour cela qu'on a ouvert une mission en
Amérique latine; il y avait beaucoup de candidats d'Amérique
latine, mais on n'avait personne pour les voir sur place.
M. Brochu: Alors, selon les besoins qui se présentent,
vous ouvrez périodiquement des missions.
M. Couture: Oui, on ouvre des missions.
M. Brochu: En ce qui concerne maintenant les missions
itinérantes comme telles, est-ce qu'en 1975/76 plusieurs de ces missions
ont fonctionné?
M. Couture: On me dit qu'il y en aurait eu une quarantaine
à partir de postes à l'étranger, c'est-à-dire dans
toutes sortes de destinations, selon les besoins.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y aurait d'autres questions sur l'élément 1 du programme
1?
M. Lacoste: ... question supplémentaire à poser. En
1975, les bureaux d'immigration du Québec en poste à
l'étranger ont rencontré 13 000 personnes, grosso modo, dont 7137
se sont dirigées vers le Québec, ce qui représente 25,5%
du total de l'immigration au Québec.
On a beau avoir des bureaux à Paris, à Port-au-Prince et
en différents endroits du monde, cela représente quand même
seulement 25% du flux total de l'immigration au Québec. A ce stade-ci,
j'ai peut-être une question à poser au ministre. De quelle
façon entrevoit-il de combler justement la différence entre les
25% et les 100%?
M. Couture: C'est lié à la rencontre que j'aurai
avec M. Cullen. Avec l'application de nos critères et ce droit
prépondérant que nous revendiquons, par la présentation de
nos critères et la détermination et l'application de ces
critères chez les immigrants qui se destinent au Québec,
effectivement, nous couvrirons tous les immigrants qui viendront au
Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1, adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Puisqu'il semble qu'il
faut faire la preuve préalable d'un emploi ici au pays pour en obtenir
un visa de résidence permanente, est-ce que le ministre peut nous dire
quel est, en moyenne, le délai qui s'écoule entre l'étude
d'un dossier pour un candidat à l'étranger et sa
présentation à un employeur au Québec, l'embauche et son
arrivée? Est-ce qu'on a des données en ce qui concerne le temps
moyen que l'évolution d'un dossier comme celui-là peut
prendre?
M. Couture: Cela peut prendre de six mois à un an.
M. Brochu: De six mois à un an. Est-ce qu'il n'y a pas
là un peu un problème? Parce que le pauvre type, à un
moment donné, qui peut décrocher un emploi au Québec... On
sait à quel point ils sont rares surtout actuellement.
M. Couture: C'est un délai vraiment excessif.
M. Marchand: Quand il n'est pas accepté, il se cherche une
autre "job".
M. Brochu: C'est pour ça que je pose la question.
M. Couture: C'est excessif. C'est la raison pour laquelle il
faudrait simplifier l'entrée des immigrants au Québec. Je pense
que, quand on contrôlera davantage ces entrées, on pourra
assouplir nos mécanismes.
M. Brochu: Mais, M. le Président, j'aimerais savoir
pourquoi le délai est si long, parce qu'il y a des procédures
auxquelles j'ai fait allusion qui relèvent en partie du gouvernement
provincial aussi? A quel stade de ce processus, si vous voulez, à quel
principal point est-ce que cela retarde? Est-ce qu'il existe un problème
majeur quelque part dans ce cheminement du dossier? Est-ce que le ministre a pu
identifier exactement où se pose le problème, de sorte que
l'immigrant soit tenu d'attendre trois mois, six mois, peut-être un an
pour entrer? A ce moment-là, il risque tout simplement de perdre son
emploi. Est-ce que ça peut poser des problèmes aussi?
M. Couture: Je pense que c'est lié au fait que, si
l'immigrant a déjà un emploi en vue, il faut quand même un
délai pour liquider ses affaires sur place, préparer la famille
à venir. Ce délai de six mois me paraîtrait raisonnable. Un
an, je trouve ça trop long, mais, de trois à six mois, c'est
à peu près normal, à mon avis, pour quelqu'un qui change
de pays, change de société, qui amène sa famille,
même s'il a un emploi en vue. Mais, au-delà de six mois, je trouve
que c'est un peu excessif.
M. Blank: On pourrait peut-être ajouter un peu à la
réponse du côté pratique encore. La demande, la
réception de la demande de la personne au bureau d'immigration dans
telle et telle ville au pays, ça ne prend pas tellement de temps. Si
la
personne a indiqué dans sa demande qu'elle a de l'emploi, etc.,
ça ne lui prendra pas de temps à être acceptée
conditionnellement. Mais, après ça, il y a deux étapes de
plus. L'une est du côté médical et, nonobstant le fait
qu'il y ait des médecins dans presque tous les pays, le gouvernement du
Canada n'accepte pas ces médecins. Il n'accepte que des radiographies
prises sur place, mais envoyées ou à Londres ou à Ottawa
pour examen, pour voir si la personne est en bonne santé; le rapport du
médecin est étudié par les médecins à
Londres ou à Ottawa seulement, et cela retourne au pays avec
l'acceptation. Après ça, il y a ce qu'on appelle le "stage B". Le
"stage B" est une vérification civile, c'est-à-dire le dossier
civil et criminel de cette personne. Cela est fait par la Gendarmerie royale,
en collaboration avec Interpol et la police du propre pays du candidat.
Il y a des pays comme Israël qui ne veulent pas tellement
coopérer parce qu'ils ne veulent pas que les gens s'en aillent. Cela
prend six à sept mois avant que la police d'Israël réponde
à l'Interpol qui peut répondre à la Gendarmerie royale que
la personne n'a aucun dossier, etc. Ce n'est pas une question de
séparatisme, ou des affaires comme cela.
Ces deux étapes, le médical et le "stage B", cela prend du
temps. Cela dépend du pays. L'acceptation ne prend pas beaucoup de
temps. Oui ou non, c'est peut-être une couple de semaines parfois, mais
ce sont les autres étapes qui...
M. Couture: Je vous remercie de ces éclaircissements.
M. Brochu: Est-ce que ce sera le même
phénomène en ce qui concerne un immigrant qui viendrait de
France? Est-ce que la question de la radiologie doit passer par l'Angleterre
également?
M. Blank: Son rayon X va en Angleterre.
M. Brochu: Je ne sais pas pourquoi. C'est le biculturalisme
intégré dans les rayons X.
M. Couture: Je suis curieux de savoir pourquoi. Je m'informerai
sûrement.
M. Brochu: Ce serait une bonne question à poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté?
M. Brochu: Suite à l'entente Andras-Bienvenue en octobre
1975, la consultation du Québec est requise pour l'émission des
visas d'emplois temporaires pour les non-immigrants. Est-ce que le ministre a
mis sur pied tous les mécanismes nécessaires pour remplir ces
obligations? Qu'est-ce qu'il y a eu de prévu à ce jour?
M. Couture: On a les mécanismes en conséquence pour
appliquer l'entente Andras-Bienvenue.
M. Brochu: Est-ce qu'il y a eu des ressources additionnelles de
prévues à ce sujet?
M. Couture: On me dit qu'on en a pas besoin. Cela entre dans nos
programmes réguliers.
M. Brochu: ...déjà existants. M. Couture:
Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'élément 1 est adopté M. le représentant de
l'Union Nationale?
M. Brochu: J'avais une autre question aussi. On en a
discuté un peu tantôt indirectement, mais j'aimerais revenir sur
la question des immigrants établis pour les tendances concernant
l'emploi au niveau de l'agriculture en particulier. Si on remarque le
pourcentage d'emploi en 1974 et 1975 on avait, au niveau de l'agriculture,
33%...
M. Couture: Etes-vous toujours dans l'élément
1?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
l'élément 2, M. le député de Richmond.
M. Brochu: C'est la deuxième partie de
l'élément 1.
M. Couture: L'établissement, oui. L'établissement
des agriculteurs qui viennent ici. C'est l'élément 1.
M. Brochu: C'est sous le titre de services aux immigrants
entrepreneurs, investisseurs.
M. Couture: C'est cela, c'est l'élément 1.
M. Brochu: Oui, l'élément 1, de la deuxième
partie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Brochu: Je ne voudrais pas, s'il y en a d'autres qui ont
d'autres remarques avant...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Brochu: Au niveau des immigrants établis, plus
précisément dans le secteur de l'agriculture, on remarquait 33%
d'établissements dans ce secteur d'activité en 1974-1975. En
1975-1976 on se retrouvait avec 26%. On n'a pas le pourcentage pour 1976-1977,
est-ce que cette tendance à la baisse dans ce domaine semble se
maintenir actuellement?
M. Couture: On a 27% en 1975-1976 et on prévoit 21% en
1976-1977 dans l'agriculture. C'est la tendance actuelle.
M. Brochu: Dans le commerce, est-ce que vous avez les chiffres
aussi?
M. Couture: On a 52% en 1975-1976, et on prévoit à
peu près la même chose.
M. Brochu: A peu près la même chose. En ce qui
concerne l'industrie?
M. Couture: 21% et 29%.
M. Brochu: 29% en 1976-1977?
M. Couture: Ce sont évidemment les projections qui sont
liées à des entrevues déjà faites. Elles nous
permettent de faire une projection.
M. Brochu: Dans le secteur manufacturier? M. Couture:
C'est ce que je disais 21% et 29%. M. Brochu: 21 et 29, d'accord.
Merci. M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1 adopté. Elément 2: Adaptation des
immigrants.
Adaptation des immigrants
M. Ciaccia: A l'élément 2, M. le ministre, vous
mentionniez que vous aviez pris la gestion de trois COFI de l'extérieur.
Est-ce qu'on peut vous demander si c'est pour améliorer les services ou
si c'est strictement pour les reprendre du fédéral?
M. Couture: Pour?
M. Ciaccia: Est-ce que c'était pour les reprendre de
l'administration fédérale ou...
M. Couture: Non. Les commissions scolaires avaient
l'administration de ces établissements et on était sur une base
contractuelle avec elles. Alors, on les a récupérés
complètement.
M. Laplante: Au moment de la grève de 1974? M. Couture:
Non. C'est autre chose.
M. Ciaccia: Est-ce que l'enseignement de la langue anglaise comme
langue seconde continue dans les COFI ou si vous l'avez...
M. Couture: Non. C'est complètement aboli. M. Ciaccia:
C'est aboli.
M. Couture: Selon la décision que j'ai prise au mois de
janvier, je crois. Mais cela a été aboli sous condition. Quand je
dis aboli, c'est qu'il n'y en a plus. Mais la demande que j'ai faite à
M. Cullen...
M. Ciaccia: C'est cela que cela veut dire normalement aboli.
M. Couture: Pardon? Oui, c'est aboli, mais dans l'optique
suivante. Il est important de faire le lien. C'est après l'analyse dont
j'ai largement parlé ce matin pour dire à nos amis du
fédéral: Vous payez tous les budgets des COFI, vous choisissez
vous-mêmes les étudiants qui doivent venir dans nos COFI. On
s'aperçoit qu'il y a seulement 20% des immigrants qui sont de langue
française et qu'effectivement on atteint à peine 25% de toute la
clientèle possible. Donc, c'est insuffisant alors qu'il y en a 80% qui
vont dans le secteur anglophone. On a ajouté: Doublez, donnez-nous des
budgets pour doubler au moins nos classes de français et assurons
d'abord le minimum pour répondre à nos besoins de cours de
français pour les immigrants et, éventuellement, nous songerons
à donner d'autres cours aux immigrants s'ils en ont besoin. Ce sera la
base de notre rencontre...
M. Ciaccia: Ne trouvez-vous pas que cette politique va exactement
à l'encontre de vos objectifs? Parce que si vous avez une politique par
laquelle vous allez enseigner seulement une langue et vous vous plaignez que
vous avez seulement 20% qui vont à vos COFI, vous allez en avoir encore
moins. Est-ce que vous ne pourriez pas attirer plus d'étudiants aux COFI
si vous...
M. Couture: C'est affilié aussi à la politique
linguistique du Québec et à la réalité
québécoise actuelle. On dit une chose qui est très simple.
Tous les immigrants qui viennent au Québec, il y en a un nombre
considérable qui ne parlent ni anglais, ni français.
M. Ciaccia: Et les COFI leur enseignent le français.
M. Couture: C'est cela.
M. Ciaccia: Mais en plus de leur enseigner le français,
après avoir reçu le cours en français, et seulement
après, ils avaient l'occasion d'apprendre l'anglais.
M. Couture: Oui. Mais je dois vous dire là-dessus que ce
n'est pas cela qui pose le problème. L'argent qui était
prévu pour donner des cours d'anglais...
M. Ciaccia: Quel pourcentage du budget
représentait-il?
M. Couture: Ce n'est pas tellement considérable. Il y
avait au maximum 60 classes. C'est peut-être $350 000 à $400 000,
mais nous nous disons ceci, qui est extrêmement important, quand
même, pas seulement au niveau des principes, mais au niveau pratique,
parce que chaque classe de français est importante pour nous: Quand vous
voyez à quel point on répond si peu aux besoins de cours de
français pour les immigrants allopho-nes, on se dit: Ces budgets sont
donnés...
M. Ciaccia: A qui?
M. Couture: Allophones, ce sont ceux qui ne parlent ni anglais,
ni français.
Des Voix: Allophones. A-l-l-o-p-h-o-n-e-s. M. Couture: On
s'est dit qu'on... M. Blank: Allô police.
M. Couture: ... a tellement besoin des budgets pour
répondre aux besoins de cours de français qu'on demande au
fédéral d'abord, étant donné que c'est lui qui
prend la décision, de nous donner au moins ce dont on a besoin. Ensuite,
on verra à donner autre chose.
M. Ciaccia: Quel pourcentage du budget total ça
représentait, des cours d'anglais?
M. Couture: On avait six classes sur 104, pour l'anglais.
M. Ciaccia: Six classes sur 104 et vous avez aboli cela pour
raison de budget.
M. Couture: On a besoin de toute classe de plus en
français; pour nous, cela a beaucoup d'importance. Parce que les besoins
sont tellement évidents que tout ce qui pourrait s'ajouter a une
importance considérable pour nous. A ce point de vue, la base de ma
négociation avec M. Cullen, c'est de dire que nous n'excluons pas la
possibilité, éventuellement, de cours d'anglais pour ceux qui en
auront besoin. Mais nous voulons avoir les budgets nécessaires pour
répondre aux besoins des immigrants pour la communauté
francophone.
M. Ciaccia: Vous m'excuserez, M. le ministre, mais j'ai de la
difficulté à comprendre votre raisonnement. Je trouve
plutôt que c'est une question symbolique, que vous voulez abolir
l'enseignement de l'anglais. Alors, ce serait plus facile de dire...
M. Couture: C'est tellement peu vrai ce que vous dites là
que dans ma négociation...
M. Ciaccia: Voyons donc, 6 sur 104. Vous n'allez pas ajouter
tellement de classes anglaises avec un pourcentage si minime du budget.
M. Couture: La déficience est tellement
considérable que six classes de plus, cela a de l'importance pour nous.
Il y a un aspect symbolique, vous avez raison.
M. Ciaccia: Cela représente 6%.
M. Couture: Mais surtout, c'est l'aspect politique que je veux
développer. C'est pour indiquer au fédéral que c'est un
non-sens que lui-même décide pour nous et qu'il décide des
sommes et des étudiants qui viendront dans nos COFI. Si ça peut
réveiller le fédéral, cette réalité, j'en
suis très content et j'espère qu'à la prochaine rencontre
avec M. Cullen on pourra véritablement mettre les cartes sur table et
dire: Au Québec, les besoins sont de telle nature qu'il nous faut
nous-mêmes assumer et décider de ce dont les immigrants ont besoin
dans cette communauté.
M. Ciaccia: Si je vous comprends bien, alors, si le
fédéral augmente le budget, vous allez enseigner l'anglais.
M. Couture: Si le fédéral nous donne les sommes
nécessaires pour répondre à nos responsabilités
face à l'adaptation des immigrants à la réalité
québécoise, nous-mêmes, parce qu'on n'a même pas
notre mot à dire là-dessus, pour l'évaluation des besoins
des immigrants... Comme je l'ai dit cet après-midi, si un immigrant a
besoin de la langue anglaise pour devenir un cadre au Québec ou
autrement, on serait porté à dire qu'on peut l'orienter vers les
commissions scolaires qui dispensent des cours d'anglais, des cours du soir
d'anglais, je pense que c'est offert à tous les Québécois.
Mais dans notre service aux immigrants, nous n'excluons aucune
possibilité pour aider ces immigrants à acquérir la
connaissance d'une langue dont ils auront besoin pour le travail.
Mais je pense que c'est un raisonnement normal et
élémentaire de dire: Donnez-nous les sommes nécessaires et
donnez-nous ce qu'il faut pour répondre au moins aux besoins d'abord des
immigrants face à la collectivité québécoise.
M. Blank: En fait, combien de personnes ont suivi des cours du
COFI l'année passée?
M. Couture: II y en a 2300.
M. Blank: Combien "d'applications" avez-vous eues?
M. Couture: Des quoi?
M. Blank: Combien "d'applications " pour ces 2300 places?
M. Chevrette: Des demandes. M. Blank: Des demandes,
oui.
M. Couture: II faudrait que vous le demandiez au
fédéral. C'est ça que je me tue à vous dire depuis
ce matin, c'est le fédéral qui contrôle tout, on ne sait
même pas... D'ailleurs, c'est une très bonne question que vous me
posez, une très bonne question.
M. Blank: Cela veut dire...
M. Ciaccia: Vous ne faites pas assez d'efforts. Il se tue
à nous le dire, mais il n'essaie pas assez fortement.
M. Couture: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
Cela manifeste à quel point le système est
un peu aberrant. On ne sait même pas combien il y a d'immigrants
qui demandent d'aller à des cours de français. On ne le sait pas,
ce n'est pas nous qui les recevons, ce sont les centres de main-d'oeuvre du
Canada.
M. Ciaccia: Demandez-le leur.
M. Blank: Même sans le savoir, vous avez
décidé que vous avez de la place pour d'autres qui suivraient les
cours de français, en fermant les cours d'anglais?
M. Couture: Pour renforcer le bassin global. On connaît le
bassin global d'immigrants qui viennent au Québec. De ce nombre de 33
000 immigrants qui viennent au Québec dans une année, on sait
combien il y en a qui ne connaissent ni l'anglais ni le français.
M. Blank: Ni désignés, ni parrainés.
M. Couture: De ce nombre, on ne sait pas ceux qui vont s'inscrire
aux centres de main-d'oeuvre du Canada.
M. Blank: Parce que les gens désignés et
parrainés n'ont pas droit à ces cours?
M. Couture: Bien sûr.
M. Blank: Les personnes qui sont désignées ou
parrainées n'ont pas droit à ces cours; ce sont seulement des
indépendants.
M. Couture: En fait, on ne sait pas le nombre exact. Ce n'est pas
nous qui contrôlons l'inscription des étudiants.
M. Chevrette: Adopté, l'élément 2. M.
Blank: Elément 2, adopté.
Une Voix: Ce n'est pas une politique très
accueillante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2, adopté? Adopté.
Elément 3: Direction et gestion interne.
M. Ciaccia: L'élément 3, M. le
Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
Est-ce qu'il y a des questions sur l'élément 3?
M. Ciaccia: Oui, un instant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
Direction et gestion interne
M. Ciaccia: M. le Président, il y a eu des études
sur l'impact économique de l'immigration sur le Québec, des
travaux de recherche en économie des ressources humaines et une
étude sur la motivation des immigrants. Est-ce que ces études
sont terminées? Je crois que ces études avaient
commencé...
M. Couture: L'étude sur la motivation des immigrants est
terminée. Je vais essayer de retrouver mes notes. A quelle page
avez-vous cela?
M. Ciaccia: Vous avez cela à la page 13.
M. Couture: Celle-là est terminée. L'étude
sur la motivation des immigrants est terminée.
M. Ciaccia: Et les deux autres, M. le Président?
M. Couture: Celle sur l'impact économique de l'immigration
sur le Québec n'est pas terminée encore.
M. Ciaccia: Et l'autre non plus, les travaux de recherche en
économie des ressources humaines?
M. Couture: Celle-là est terminée, me dit-on.
M. Ciaccia: Est-ce possible pour vous, M. le ministre, de
déposer à cette commission les études qui sont
terminées?
M. Couture: Oui. On déposera avec plaisir ce qui est
terminé.
M. Ciaccia: Avez-vous l'intention...
M. Couture: On a même, au ministère, actuellement,
l'intention d'établir un système de publication de ces
études et des travaux du ministère qui seront ainsi très
accessibles au public.
M. Ciaccia: Avez-vous l'intention de recommander d'autres
études?
M. Couture: On a un programme de recherche dont je peux vous
faire part. Il y a d'abord, comme je vous en ai parlé, le mémoire
d'orientation du ministère qui, depuis plusieurs mois, est en
préparation, qui n'a pas été directement entrepris par le
service de recherche, mais qui est un travail collectif du
ministère.
En ce qui concerne les travaux à venir au service de la
recherche, il se fait une enquête sur l'adaptation des nouveaux
immigrants. Par exemple, l'usage du français et l'intégration, la
problématique de l'intégration sociale des nouveaux arrivants; il
y a aussi une enquête sur la connaissance des groupes ethniques je
pense que cela va nous aider tout le monde une autre enquête
étudie les indicateurs d'intégration au Québec,
c'est-à-dire ce qui aide les immigrants à s'adapter, les groupes
ethniques, les francophones, les anglophones, etc. Enfin, il y a une
enquête sur les attitudes des entrepreneurs québécois face
à l'immigration. C'est tout.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pourriez déposer la liste des
études qui sont en cours?
M. Couture: Je vais demander de vous préparer la
liste.
M. Ciaccia: Quand vous parlez de ces différentes
études d'adaptation de nouveaux immigrants et les connaissances des
groupes ethniques, des attitudes des employeurs vis-à-vis des
immigrants, comment procédez-vous pour faire ces études? Est-ce
que vous donnez cela par contrat à des consultants?
M. Couture: II y a deux séries d'études, une est
faite directement par notre service de recherche et l'autre est accordée
par contrat. Il y a, par exemple, l'INRS qui a eu des contrats d'étude,
mais, ce que'je vous ai présenté tout à l'heure, ce sont
des études faites par notre service de recherche. Quand l'étude
est plus difficile, plus spécialisée, on donne, d'ailleurs c'est
mentionné dans le budget, des contrats à des instituts
spécialisés.
M. Ciaccia: Ces trois études que vous...
M. Couture: C'est notre service de recherche.
M. Ciaccia: C'est le service de recherche de votre
ministère. Est-ce que le budget de l'année financière
courante va augmenter pour la recherche, par rapport au budget de l'exercice
budgétaire de 1976/77?
M. Couture: Cette année, il est à $406 000. On n'a
pas les chiffres de l'année dernière. On a $406 000 pour cette
année. On vous les donnera quand... Je pense qu'on l'a ici. On est
plutôt modeste cette année. On a $406 000 cette année. On
avait $415 000 l'année dernière.
M. Blank: Elément 3, adopté.
M. Ciaccia: Je n'ai plus de question.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de l'Union Nationale.
M. Brochu: M. le Président, aux engagements financiers
d'août 1976, il avait été question, à l'engagement
no 100, en particulier, d'un contrat que le ministère avait
accordé au Centre de sondage de l'Université de Montréal
pour une étude sur la motivation, en fait, des immigrants au
Québec, dans le cadre du projet d'accords démographiques. Je
pense que le ministre en avait fait état à un moment
donné.
J'aimerais citer, à ce sujet, une lettre qui a été
envoyée en date du 11 mars 1977 au ministère de l'Immigration et
à un haut fonctionnaire qui est ici justement, et qui est signée
par M. Yves Bussières. Je cite une partie du document, de cette
étude se rapportant à l'étude mentionnée: "Cette
étude porte, en outre, sur les immigrants potentiels à partir
d'une enquête par questionnaire qui sera réalisée
auprès des candidats à l'immigration, à l'étranger.
Cette partie de l'étude devrait nous permettre de mieux connaître
les attentes des immigrants au moment de leur sélection et de nous
éclairer sur l'élargissement éventuel de certains bassins
d'immigration".
J'aimerais, à ce stade, étant donné l'importance de
la question, que le ministre puisse peut-être nous faire état de
la question, nous dire où en sont rendus, en fait, les résultats
de ces études en question, et dans quelle mesure le ministre a
l'intention et la possibilité de se servir des études en
question.
M. Couture: Pour la deuxième question, je pense que ce
n'est pas difficile d'y répondre.
Vous avez raison de souligner que c'est extrêmement important
comme problématique et, effectivement, ce sera un instrument de travail
privilégié pour nous.
A la première question, je m'informe où en sont rendus les
travaux. Je ne le sais pas. Ils sont encore en cours.
M. Brochu: A ma connaissance, les travaux devaient, je pense,
être terminés vers la fin mars 1977. Je vous dis ça sous
toutes réserves.
M. Couture: Ce n'est pas au mois de mai plutôt?
M. Brochu: D'ailleurs, j'aurais peut-être quelques autres
questions à soulever à ce sujet-là. Je vois le
président qui me fait des signes de tête. Est-ce qu'on pourrait
remettre l'adoption de ce dernier élément et peut-être
terminer les questions là-dessus et, en même temps,
peut-être disposer de l'importante motion qui a été
reportée à la fin de l'étude de nos crédits?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De toute
façon, il est onze heures et...
M. Couture: Je peux prendre note des questions et vous
répondre par écrit, si vous le voulez.
M. Ciaccia: M. le Président, nous sommes satisfaits. Nous
avons accepté les crédits. Nous donnons notre approbation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais
l'Union Nationale m'informe qu'elle a d'autres questions à poser.
M. Brochu: Je comprends que l'Opposition officielle est
pressée d'être satisfaite dans les circonstances. Je ne voudrais
pas mettre la crème sur le gâteau de sa satisfaction. Mais...
M. Ciaccia: J'ai posé toutes mes questions...
M. Brochu: ...le ministre pourrait peut-être déposer
la réponse à ce moment-là.
M. Blank: ...il est onze heures...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que...
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Bertrand: Je voudrais qu'on soit très clair.
L'Opposition officielle dit qu'elle est satisfaite, que, pour elle,
l'étude des crédits est terminée...
Une Voix: Oui.
M. Chevrette: II n'y a pas de vote de pris.
M. Bertrand: Est-ce que ça veut dire, M. le
Président...
M. Marchand: C'est fini, il passe onze heures maintenant...
M. Blank: II passe onze heures.
M. Bertrand: ...que l'étude des crédits
étant terminée, ça veut dire que, normalement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'étude des crédits n'est pas terminée, M. le
député de Vanier...
M. Bertrand: Ah! Vous revenez, vous!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...puisque l'Union Nationale a d'autres questions à poser. Or, les
travaux de la commission...
M. Bertrand: Est-ce qu'on pourra bénéficier de la
présence des représentants de l'Opposition officielle?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de...
M. Blank: Cela finit à onze heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
Une Voix: L'élément 3 n'est pas accepté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés jusqu'à un prochain ordre
de la Chambre.
(Fin de la séance à 23 h 4)