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Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, messieurs! Nous
commençons la séance de la commission des terres et forêts
pour l'étude des crédits budgétaires.
Les membres de cette commission sont: MM. Bérubé (Matane),
Brassard (Lac-Saint-Jean), Desbiens (Dubuc), Giasson (Montmagny-L'Islet),
Jolivet (Laviolette) remplacé par... Il n'y a personne pour le moment,
je suis président, MM. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue)...
M. Pagé: Je pense qu'on va le remplacer par M. Jean-Claude
Rivest (Jean-Talon).
Le Président (M. Jolivet): M. Pagé, vous êtes
toujours...
Une Voix: Qui est-ce?
M. Pagé: C'est celui qui vous a donné une
défaite cuisante hier.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît! Vous aurez d'autres occasions pour en faire.
M. Pagé: ... qui est le présage ... du
référendum, M. le Président, ce sera comme ça dans
le comté de Matane. Vous allez voir qu'on est en forme aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): M. Pagé, est-ce que vous
remplacez M. Larivière?
M. Pagé: Oui, en attendant l'arrivée de M.
Rivest.
Le Président (M. Jolivet): Remplacé par M.
Pagé (Portneuf), MM. Marquis (Matapédia), Perron (Duplessis),
Russell (Brome-Missisquoi).
Une Voix: Peut-être M. Russell...
Le Président (M. Jolivet): Le rapporteur M. Denis Perron.
Vous acceptez que M. Denis Perron soit nommé rapporteur?
Une Voix: Les intervenants.
Le Président (M. Jolivet): Les intervenants: ce n'est pas
nécessaire de les nommer... Vous voulez que je les nomme? On va les
nommer.: MM. Baril (Arthabaska), Brochu (Richmond), Lamontagne (Roberval),
Léger (Lafontaine), Lévesque...
Une Voix: Mon collègue de Shefford, M. Ver-reault.
Le Président (M. Jolivet): Verreault (Shefford). MM.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Marcoux (Rimouski), Mercier (Berthier), O'Gallagher (Robert Baldwin),
Samson (Rouyn-Noranda). M. le ministre, vous avez la parole au début de
cette commission.
Remarques préliminaires
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Alors, mes chers collègues,
contrairement à l'étude des budgets antérieurs, vous avez
eu la possibilité, cette année, d'analyser quelque temps à
l'avance, la programmation financière du ministère des Terres et
Forêts pour la prochaine année. Cette manière de
procéder a dû recevoir un accueil plutôt favorable de votre
part.
Vous étiez donc à même de constater cette
année les intentions du gouvernement de vouloir stimuler
l'économie forestière en intervenant aussi bien sur la ressource
que sur les industries qui en dépendent.
Les demandes du ministère au niveau des crédits
s'élèvent donc cette année à $128,1 millions, ce
qui représente un accroissement de $5,1 millions en regard de l'exercice
précédent. Si l'on tient compte de l'accroissement de la masse
salariale consécutive à la signature des nouvelles ententes avec
les employés de l'Etat, on constate que la masse des crédits
affectés à la réalisation de nos programmes demeure
essentiellement stable. Cependant, un examen plus attentif des programmes
d'activités traditionnelles, ainsi que le déplacement de
l'activité moins prioritaire, ont permis au ministère de
dégager une marge de manoeuvre qui favorisera le lancement d'un nouveau
programme, soit celui du développement de l'industrie forestière
et d'y consacrer une somme de $17 millions dès l'exercice 1979/80.
D'importantes modifications à la structure du budget seront sans
doute apportées au cours des prochaines années pour tenir compte
de l'orientation nouvelle du ministère. Dès cette année,
les réaffectations budgétaires ainsi que la création d'un
nouveau programme touchant à l'industrie forestière visent
conjointement à mieux planifier l'aménagement de la ressource
forestière et à accroître l'efficacité de sa
transformation.
Avant d'aborder certains points particuliers du budget qui vous a
été présenté, j'aimerais vous entretenir au
préalable des motifs qui ont incité le ministère des
Terres et Forêts à intervenir au niveau de la transformation.
Tous ceux qui sont familiers avec la chose économique,
reconnaissent que la forêt du Québec, en raison de sa
présence dans les différentes régions, sa capacité
de renouvellement et des industries qui en dépendent, jouent un
rôle de premier plan dans notre économie.
Cependant, depuis plusieurs années, les industries
forestières et, en particulier, le secteur des pâtes et papiers,
montrent des signes de déclin. Jusqu'ici, les interventions de l'Etat se
sont limitées au secteur primaire et encore, la planification des
gouvernements antérieurs, à ce titre, était pour le moins
absente.
Misant donc sur l'avenir, le ministère a décidé de
prendre la situation bien en main, avant qu'elle ne se détériore
davantage et d'intervenir avec force aux niveaux primaire et secondaire, de
façon que le Québec soit mieux préparé à
affronter une concurrence qui s'annonce très vive au cours des
prochaines décennies.
Même depuis la fin de 1977, la position financière des
compagnies s'est améliorée. Nous croyons qu'il est
nécessaire d'intervenir, car cette situation est temporaire et les
problèmes d'ordre structurel demeurent inchangés.
Les objectifs de l'action de l'Etat relativement au programme
d'assistance à l'industrie sont les suivants: consolider la masse des
emplois actuels et promouvoir la création de nouveaux, en rendant
l'industrie plus concurrentielle sur les marchés internationaux. Cet
objectif implique pour l'industrie, l'aide à l'augmentation de sa
capacité de production et de sa productivité, l'assurance d'une
disponibilité de matières ligneuses à un coût
économique et l'assistance à la réduction des coûts
de transport de ces produits finis.
Deuxième objectif: Favoriser la protection de l'environnement et
la conservation de l'énergie. Différentes solutions ont donc
été retenues aussi bien au niveau de la ressource qu'au niveau de
sa transformation. C'est ainsi qu'on notera une augmentation des crédits
budgétaires au programme 2, amélioration de la forêt et de
la création du programme 7, développement de l'industrie
forestière, où se retrouvent des activités dont
l'accroissement, tout en facilitant la création de nouveaux emplois,
vise primordialement à reconstruire le capital forestier à
proximité des centres de transformation et conjointement, à
réduire le coût de l'approvisionnement et des coûts de
transformation.
D'après une évaluation récente des retombées
économiques des différents programmes qui seront mis de l'avant
au cours des cinq prochaines années, nous sommes en mesure de
prévoir la création de près de 22 000 nouveaux emplois
directs et indirects. J'ai l'impression qu'il y a une erreur de zéro
mais enfin. Le programme de développement de l'industrie des
pâtes et papiers produira sans quoi je me prendrais pour M.
Bourassa à lui seul, 15 600 emplois supplémentaires. Le
programme de voirie forestière 3800 et l'aménagement forestier
2300.
D'autre part, une grande partie de l'argent que le gouvernement
prévoit mettre dans le programme des pâtes et papiers reviendra
dans ses coffres indirectement par les impôts et les taxes
perçues. Ainsi, on estime que nous serons en mesure de retirer une somme
de $130 millions, sans considérer toutefois, les impôts sur les
profits des sociétés des $170 millions prévus dans
l'entente fédérale-provinciale.
Les modifications qu'il nous a fallu apporter au budget du
ministère se traduisent donc par un accroissement de $2 millions des
crédits destinés au reboisement, dont $1,4 est identifié
au niveau programme de développement et le sol, provenant d'une
diminution des sommes accordées, consa- crées aux travaux
agricoles. L'accroissement des dépenses à certaines
activités dont la production de semences, la production accrue de
plants, de reboisement sur les terres publiques, sont les moyens que le
ministère se donne en vue d'atteindre l'objectif qu'il s'est
fixé, soit celui de diminuer le coût de l'approvisionnement en
matières ligneuses.
Une augmentation des sommes réservées à la
protection des forêts contre les incendies. $0,7 million, cette somme
devant servir à défrayer le coût de surveillance de
nouveaux territoires et, notamment, ceux qui furent révoqués en
1978/79. Il est à noter que le budget comparatif de 1978/79, comprend un
budget supplémentaire de $1,5 million, consacré à la lutte
contre les incendies et il va de soi que si nous avons des incendies cette
année, on fera la même chose.
Un accroissement des crédits affectés à la
forêt privée de $350 000, ainsi qu'à un montant identique
réservé pour le financement de prêts forestiers. Concernant
la forêt privée, le ministère maintient ce rythme
d'activités et demeure en mesure, cette année, de répondre
à toutes les demandes en consacrant $12 millions. Le ministère
souhaite ainsi voir la forêt privée continuer à fournir une
part importante de l'approvisionnement en bois rond des usines du
Québec.
Addition d'un nouveau programme visant à favoriser le
développement de l'industrie et comportant notamment $1,4 million au
chapitre du reboisement, $3,6 millions en subventions pour favoriser
l'amélioration du réseau de voirie sur les territoires
concédés et $12 millions qui seront donnés en subventions
pour l'amélioration des usines.
Accélération du programme de cartographie de base qui se
traduit par un accroissement de $750 000 des crédits. Cet
élément devient très important lorsqu'on considère
les besoins futurs d'aménagement du territoire et les questions
relatives au zonage agricole.
Diminution de l'ampleur de notre programme de lutte contre
l'épidémie de tordeuse en raison de la régression de
l'épidémie dans certaines régions du Québec.
Report de la réalisation de divers programmes de mise en valeur,
$4,6 millions, tels que les centres d'interprétation de la nature, les
sentiers de nature, les terrains de villégiature. Il s'agit ici
d'activités entreprises dans le cadre du programme OSE qui n'ont pas
été reconduites cette année, du moins dans sa
totalité et, par conséquent, affectent évidemment le
budget conjoncturel du ministère à cet égard.
Diminution des crédits réservés aux
révocations de territoire concédé. Le gouvernement, bien
que décidé à poursuivre son programme de
révocation, a pris conscience qu'il n'est pas utile et nécessaire
de révoquer n'importe où sans motif précis. Les
concessions sur lesquelles existent des problèmes sérieux
d'approvisionnement seront révoquées les premières.
Ralentissement du programme de construction de routes dans les
forêts domaniales, ainsi
que divers autres prélèvements mineurs pour une somme
additionnelle de $1 million. Je m'explique à nouveau. Nous n'avons
consacré, dans le budget prévu ici, que les sommes
nécessaires à la reconduction des engagements antérieurs
du ministère. Nous sommes présentement à négocier
une nouvelle formule concernant la voirie forestière, en vertu de
laquelle les utilisateurs de la forêt construiraient eux-mêmes les
routes. Nos estimations indiquent que les coûts par l'entreprise
privée sont à peu près la moitié de ceux de l'Etat.
Par conséquent, nous pourrions donc économiser la moitié
des coûts de construction de voirie forestière ou en faire deux
fois plus pour le même montant, d'une part. D'autre part, dans un but
possiblement de relance de notre industrie forestière, du sciage en
particulier, nous serions prêts à défrayer la moitié
des coûts de voirie forestière. En d'autres termes, pour l'Etat,
le coût du programme de voirie pourrait être diminué par le
facteur 4 en passant par l'entreprise privée et en subventionnant
à moitié de tels coûts. Lorsque nous aurons réussi
à négocier ceci particulièrement avec l'industrie du
sciage, nous reviendrons au fonds de suppléance pour couvrir le
coût de ce programme particulier. Par conséquent, il ne s'agit pas
d'une diminution du programme de voirie sur forêt domaniale. Il s'agit du
maintien des engagements antérieurs et de la recherche d'une autre
formule qui serait plus souple, plus économique et nous permettrait de
faire certainement beaucoup plus de routes pour le même prix.
Voilà en résumé les points essentiels que j'ai cru
bon de vous présenter. J'espère vous avoir convaincu que le
ministère vise avant tout le développement économique du
Québec par une meilleure articulation entre la forêt, le
territoire et les industries qui en dépendent, et je vous remercie de
m'avoir écouté avec autant d'attention.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi, allez-y.
M. Russell: M. le Président...
M. Bérubé: Concernant le programme et certains
commentaires que j'ai faits tantôt concernant la création
d'emplois, je pense que dans le phrasé il faut faire attention. Il ne
s'agit pas uniquement du programme des pâtes et papiers qui
créerait 22 000 nouveaux emplois, mais il s'agit d'un ensemble de gestes
gouvernementaux; je pense en particulier au Bas Saint-Laurent-Gaspésie
où nous sommes déjà en mesure de voir l'impact. Donc,
c'est un ensemble de mesures sur lequel je pourrai m'étendre plus loin,
mais ce n'est pas lié spécifiquement au programme de
développement de l'industrie des pâtes et papiers. C'est pour
ça que le chiffre m'apparaissait gros tantôt; j'avais
oublié la connotation.
Le Président (M. Jolivet): Allez, monsieur. M. Armand
Russell
M. Russell: M. le Président, je veux simplement faire
quelques remarques avant qu'on amor- ce l'étude des crédits.
Premièrement, je voudrais souhaiter la bienvenue aux fonctionnaires et
les inviter à continuer à nous fournir des informations comme ils
ont si bien amorcé, au début, en nous transmettant les
détails de tout le budget qui répondent à plusieurs
questions qui devaient être posées. Ceci va éviter
l'expansion ou la lenteur de l'étude des crédits et nous aider
à accélérer le travail et à clarifier d'avance
plusieurs questions que nous avions l'intention de poser.
Par contre, il reste plusieurs petites clarifications à faire,
entre autres, connaître de façon plus approfondie la politique du
ministre en ce qui concerne le développement économique. Nous
avons lu dans les journaux à plusieurs reprises, à tort ou
à raison on blâme toujours les journalistes de la
façon dont ils rapportent les faits dans les journaux mais la
politique du ministre... Par contre, nous n'avons pas pu le suivre sur ce
terrain dans bien des domaines, parce qu'il semble y avoir contradiction. Je
donne simplement un exemple: Je croyais, d'après la teneur des journaux,
que toute la négociation avec le fédéral en vue du
développement et de l'amélioration des usines de pâtes et
papiers était réglée. Ce matin, il semble y avoir une
déclaration dans les journaux à l'effet que des
négociations ne sont pas encore complétées et que
ça ne marche pas. Je ne sais pas si les journalistes manquent
d'information ou si le ministre a oublié de leur transmettre le
résultat des négociations qui ont eu lieu.
Il faut quand même comprendre que l'industrie des pâtes et
papiers génère pour 18% des exportations canadiennes. Sur tout le
secteur manufacturier, c'est drôlement important. Cela représente
aussi de l'emploi actuellement pour 288 000 travailleurs qui en
dépendent. Si on s'en tient un peu à la situation qui a
prévalu dans le passé, je constate qu'actuellement, la
santé des moulins à papier s'améliore de beaucoup. Mais
c'est dû à un facteur bien identifié. C'est la
différence de l'échange de l'argent.
Mais si on n'agit pas immédiatement, en grosse partie
parce que 50% c'est drôlement important on va peut-être se
placer dans la même situation qu'il y a quelques années. On doit
arrêter d'en parler et on doit agir, et agir rapidement. Le ministre a
peut-être l'intention de le faire. Je m'interroge sur la lenteur des
négociations qui ont lieu actuellement avec le gouvernement central.
Si on regarde un peu, les impôts qui sont payés à
tous les gouvernements et particulièrement au fédéral, on
a payé $1 700 000 000 qui ont été perçus de
l'exploitation forestière, sur laquelle simplement $448 millions ont
été dépensés aux mêmes fins. Donc, il y aura
un écart bien important.
On remarque également en regardant les statistiques que la
plupart de ces dépenses viennent des provinces, non pas du gouvernement
central. Donc, je comprends qu'il y a un peu de négligence de la part du
gouvernement central. Il s'agit peut-être que le ministre soit plus
convaincant à faire comprendre la vigueur et la rapidité avec
lesquelles ils doivent intervenir.
Je ne veux pas chicaner le ministre sur les virgules, les
détails, mais la grande politique, je dis que c'est urgent et que Dieu!
qu'on arrête d'en parler. J'espère que les élections vont
se terminer bientôt et qu'on recommencera les négociations afin
d'en arriver à des négociations plus objectives et
communicatives.
Un autre point qui était extrêmement important je
sais que le ministre y a fait allusion tout à l'heure, c'est non pas
simplement la préservation de la forêt, mais la
régénération de la forêt. On sait que dans plusieurs
des territoires, là où l'entreprise privée avait
l'habitude de fournir un bon pourcentage de l'alimentation des moulins à
scie aussi bien que des moulins à pâtes à papier, cela se
détériore graduellement. Ceci manque peut-être l'apport de
la politique gouvernementale qui n'encourage pas assez l'entreprise
privée ou qui indirectement, impose un fardeau trop lourd à
l'entreprise privée et la régénération de ces
territoires devient trop coûteuse et plusieurs ne s'en occupent pas ou
à peine.
Donc, je crois que le ministre, ou le gouvernement devrait
réviser sa politique de façon à stimuler l'entreprise
privée à faire plus de plantations, plus de culture de nos terres
qui ne sont pas utilisables à d'autres fins que la forêt. La
région des Cantons de l'Est est un exemple très marqué
actuellement. Plusieurs scieries qui s'alimentent depuis quelques années
du côté américain se trouvent en difficultés un peu
précaires. Elles sont assez éloignées des grands
boisés, même pour s'alimenter au Québec, c'est assez
difficile, même si le ministre voulait les aider, quoique cela pourrait
être possible.
Mais je vois plusieurs de ces scieries qui employaient bon nombre
d'ouvriers, qui sont obligées de diminuer leur exploitation et, dans
plusieurs cas, vont être obligées de fermer. Je constate aussi que
plusieurs des papeteries de cette région ont certaines
difficultés avec leur approvisionnement et en auront encore si on ne
leur vient pas en aide, peut-être en modifiant leurs opérations.
On ne pourra garantir du travail à la main-d'oeuvre existante.
M. le Président, nous pourrons, à l'occasion de
l'étude de ces crédits, intervenir d'une façon plus
détaillée. Mais ce sont les points majeurs sur lesquels je
voulais faire ressortir... au début de ces travaux, malgré les
détails qu'on m'a fournis, je n'ai eu nulle part ailleurs dans ce
programme, là où il y avait réellement une action
très concentrée, une action à media très
concentrée. D'autres choses que j'ai vues dans les journaux comme chacun
de vous, les déclarations du ministre qui sont bien encourageantes pour
les gens du milieu, mais, si on n'agit pas de façon positive, cela va
être démoralisant tout à l'heure, lorsque les industries
vont commencer à fermer l'une après l'autre et je parle des
moulins à papier aussi bien que des scieries. Je regarde surtout la
région qui me concerne actuellement: les Cantons de l'Est. Je pourrai
donner plus de détails tout à l'heure, lorsqu'on passera les
crédits par le détail. (10 h 30)
M. le Président, je ne veux pas parler plus longuement de ce
domaine. Je sais que le ministre a fait un effort louable pour tâcher de
corriger une situation, une lacune qui existait au ministère des Terres
et Forêts. J'espère qu'il n'y aura pas un extrême de l'autre
côté et de faire en sorte dans ce domaine, comme il a l'intention
de faire dans les mines d'amiante d'essayer de nationaliser toutes les usines
à papier du Québec pour pouvoir corriger une situation. Je sais
qu'il existe une lacune majeure et c'est peut-être au point de vue
approvisionnement et distribution des approvisionnements.' Ceci peut être
réglé sans qu'on prenne la peine de nationaliser, mais le
ministre pourra nous dire tout à l'heure s'il a l'intention de
nationaliser toutes les usines à papier. C'est sa façon à
lui de tout régler. J'espère qu'il pourra nous répondre
pour enlever l'inquiétude qui existe actuellement chez plusieurs
propriétaires de ces usines à papier. Je pourrai tantôt
revenir avec plus de détails.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: Merci, M. le Président. Au moment
d'entreprendre l'étude des crédits de l'année
financière 1979/80, nous constatons que, dans le secteur des terres et
forêts, l'année qui vient de s'écouler peut être
qualifiée de bonne et même, pour certains secteurs de l'industrie,
de très bonne. Pour le constater, il s'agit de discuter avec des gens
qui sont dans le champ des terres et forêts, entre autres, ceux qui
occupent le domaine du sciage, pour réaliser que l'année qui
vient de s'écouler a été une des bonnes années que
l'industrie du sciage a connue au Québec, une des meilleures
années que l'industrie du sciage a pu connaître. Les raisons de
cela, on les connaît assez bien.
Une Voix: Le dynamisme du ministre.
M. Giasson: Le dynamisme du ministre, peut-être, mais le
dynamisme de ceux qui sont impliqués directement. Ceux qui ont
bâti et qui font vivre l'industrie ont certainement autant de dynamisme
que le ministre, ne lui en déplaise.
Il faut surtout reconnaître que l'industrie du sciage au cours de
la dernière année a vu un marché, soit le marché
américain, réclamer comme peut-être jamais dans le
passé des volumes de bois et, surtout, le réclamant en y posant
des conditions de marché qui étaient fort intéressantes
pour l'industrie et qui incitaient celle-ci à produire le plus possible.
Je pense à ces industries qui, en plus de la ressource qu'elles vont
chercher dans le domaine public, vont dans le secteur de la forêt
privée et même dans ma région, la ressource qui vient du
pays voisin, soit de l'Etat du Maine. Ces gens-là étaient heureux
de la situation, surtout du marché, des conditions faites par ce
marché américain, mais déjà ils commencent
à redouter que les années de vaches grasses se terminent
bientôt. Je rencontrais des gens de ce secteur tout récemment et
on me disait que la perspective pour l'année 1980 s'annonce
déjà moins bonne, c'est-à-dire que les demandes venant du
marché américain sont moins fortes, les prix commencent à
jouer. On sait qu'avec le dollar qui remonte la pente, ça va changer le
contexte que connaissait cette industrie-là.
Si le taux du dollar canadien a favorisé l'industrie du sciage,
il a également contribué, dans une certaine mesure, à
favoriser le secteur des pâtes et papiers. Il faut reconnaître que
l'industrie des pâtes et papiers comme telle a peut-être
été plus vigilante et a fait des efforts devant le contexte
qu'elle a connu au cours des dernières années. Là encore,
le taux de change canadien, par rapport au dollar américain, a servi
définitivement le secteur des pâtes et papiers et si la
remontée du dollar se maintient, peut-être que la bonne
année qu'a connue ce secteur sera changée au cours de
l'année 1980, c'est-à-dire qu'on va commencer à
connaître le retour vers la situation qui a été celle des
années 1975, 1976, 1977. Il faut quand même espérer, devant
la situation qui se redresse dans le secteur des pâtes et papiers, qu'on
ne perde pas au cours des prochaines années, ce qui a été
gagné en 1977/78, de manière que notre industrie des pâtes
et papiers puisse vraiment se ressourcer, soit en mesure de se renouveler, de
se moderniser, parce qu'il y avait beaucoup de chemin à faire de ce
côté.
Je crois que le programme que le ministre entend développer
dès 1979/80, va contribuer également, dans une bonne mesure,
à améliorer la situation dans l'industrie des pâtes et
papiers.
Les négociations avec d'autres paliers de gouvernement sont sur
le point de se terminer, il reste peu de choses qui feront l'objet de
discussions ou d'accrochages. Tant mieux, si on est capable de finaliser ce
dossier, cela permettra dans les différents secteurs où le
ministre entend intervenir, de passer à l'action et de commencer la
rénovation ou le développement qu'on entend suivre dans ce
secteur.
Je n'ai pas l'intention de poursuivre, M. le Président, les
commentaires du début. Je viens juste de prendre connaissance des propos
du ministre. Le ministre semble objectif. Je constate qu'il a fait un petit peu
de réaménagement à l'intérieur du budget. On a
diminué les investissements dans un secteur pour être capable de
pénétrer davantage dans d'autres. On verra au plan de la
pratique, ce que cela pourra apporter. Sans doute, si on a diminué dans
un secteur, c'est qu'on a jugé qu'il y avait moins d'urgence à
maintenir les sommes, les crédits qu'on y appliquait traditionnellement,
afin de tenter de développer davantage. Mais tout de même, en
lisant les notes du ministre, le chiffre que j'ai vu et qui m'a surpris, c'est
le nombre d'emplois créés. J'ai bien l'impression que ce nombre
d'emplois est constitué surtout d'emplois occasionnels. Il ne s'agit pas
d'emplois permanents, n'est-ce pas?
M. Bérubé: II s'agit, effectivement, je m'excuse...
corrige...
M. Giasson: 22 000 nouveaux emplois.
M. Bérubé: C'est directs et indirects.
M. Giasson: Ils doivent être surtout indirects.
M. Bérubé: Comme toujours. Il y a toujours un effet
d'entraînement ou un facteur deux.
M. Giasson: Dans quel pourcentage? 80% d'indirects?
M. Bérubé: Non, c'est plutôt 66% par rapport
à...
M. Giasson: Les deux tiers. M. le Président, je suis
prêt à discuter les crédits, programme par programme.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le programme I est
appelé. M. le ministre.
Connaissance de la forêt
M. Bérubé: M. le Président, nous
commencerons donc par le programme I qui est le programme de connaissance de la
forêt et qui implique deux grandes activités: la recherche et
l'inventaire de base.
Si on s'attaque d'abord à l'élément 1 qui est
l'élément recherche en point 1, on peut dire que la recherche
forestière a comme principal objectif d'accroître les
connaissances scientifiques et techniques qui vont nous permettre d'augmenter
la production des forêts qui sont les plus près des usines.
Essentiellement, nos recherches en amélioration de la forêt
visent à trouver les provenances et les espèces d'arbres à
reboiser qui vont fournir une production maximale, une production de
qualité.
Egalement, on cherche à améliorer la production de
semi-reboisements, à améliorer les méthodes d'intervention
dans les forêts naturelles.
En fonction de l'épidémie de la tordeuse, on a un certain
nombre de travaux de recherche. En particulier, on essaie de trouver les
mécanismes qui sont responsables du déclenchement de ces
épidémies. Les facteurs qui influencent la
vulnérabilité des peuplements et les interventions
d'aménagement qui visent à contrôler les
épidémies ou à en diminuer les effets.
En effet, on reproche parfois de s'engager dans des programmes de lutte
chimique contre la tordeuse et de ne pas utiliser des techniques
d'aménagement, donc des techniques naturelles, qui nous permettraient
possiblement d'avoir des résultats à un coût moindre pour
l'environnement.
D'accord sur cette critique, nous nous sommes donc efforcés
d'entreprendre des recherches qui devraient nous permettre
éventuellement de développer des techniques d'aménagement
qui
puissent nous éviter d'avoir à recourir à des
épandages d'insecticides chimiques ou biochimiques.
C'est donc l'essentiel des travaux de recherches qui sont en cours. Nous
avons d'ailleurs, dans le cahier qui vous est donné, à la page 4,
la composition des principales activités de recherche qui sont la
connaissance de la forêt, l'amélioration de la forêt, la
protection de la forêt, l'utilisation de la forêt, les forêts
privées et les produits forestiers.
Je dois souligner, à l'intention du représentant de
l'Union Nationale, que la partie des produits forestiers devrait
l'intéresser dans la mesure où son parti a peut-être des
assises solides dans les territoires du Québec qui sont essentiellement
dans les régions de feuillus et on se trouve souvent en présence
d'une forêt dégradée avec une abondance de peuplement de
feuillus dont on ne sait trop que faire sur le plan économique et par
conséquent, nous nous engageons dans un programme de recherche qui vise
spécifiquement à trouver de nouvelles utilisations pour ces
forêts de feuillus dégradées et qui nous permettrait de
mettre en valeur des forêts que vous connaissez particulièrement
bien et certainement mieux que moi-même. Cela concerne d'ailleurs le
député de Montmagny-L'Islet puisqu'il est dans un territoire
où ce problème est d'une acuité particulièrement
perçante.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, en matière de
recherche, au-delà des propos que vient de tenir le ministre, est-ce
qu'il y a eu des interventions de caractère tout à fait nouveau
où s'il s'agit tout simplement de continuité dans les programmes
de recherche et les plans qui étaient déjà
instaurés au ministère?
M. Bérubé: Je me répète, la recherche
dans le domaine des produits forestiers est une recherche essentiellement
à caractère nouveau dans laquelle nous nous engageons,
mais...
J'aurais pu, en fait, vous présenter les gens qui m'entourent.
Peut-être que mon sous-ministre accepterait de présenter
l'ensemble de nos hauts fonctionnaires qui m'accompagnent présentement
et qui sont en mesure de répondre aux questions. Ils sont assez
nombreux. Etes-vous capable de tous les nommer?
Je vais essayer de tous les nommer. M. Pierre Dorion, directeur de la
recherche, qui est à gauche du ministre; M. André Lachance,
directeur de la gestion financière; M. Laurent Marois, directeur de la
direction de l'aménagement; M. Jean-Louis Caron, sous-ministre adjoint,
que vous connaissez; M. Vallée de la recherche; M. Pierre-Paul
Légaré, assis à la table là-bas, qui est
sous-ministre adjoint aux forêts; le Dr Nadeau de la recherche; M.
Dubé de la recherche également; M. Rémi Tremblay et M.
Tanguay, qui sont tous les deux au service de l'inventaire; M. André
Germain, de la gestion financière; M. Rénald Hawey, de la
restauration.
Ce sont les membres de mon cabinet qui m'accompagnent. Ceci
étant, je pense que je vais maintenant passer la parole à M.
Dorion qui pourrait peut-être répondre plus spécifiquement
aux points précis sur des projets de recherche qui pourraient vous
intéresser.
Je crois que vous aviez posé une question tout à l'heure
à savoir ce qui avait...
M. Giasson: Quels étaient les aspects ou les
éléments nouveaux de la recherche que vous entendez mener au
cours de la prochaine année financière par rapport au type de
recherche qui était mené antérieurement.
M. Bérubé: Nous allons poursuivre un aspect que
nous avions commencé l'an dernier, celui de relier la production des
forêts aux aspects écologiques de la forêt. L'an dernier,
nous avions fait un travail dans l'ouest, dans la région des feuillus,
et nous avions pu montrer que réellement la production des essences
feuillues qui sont là est reliée aux caractéristiques
écologiques des stations forestières, ce qui va permettre,
évidemment, d'amener une meilleure précision dans les inventaires
et aussi dans les plans d'aménagement puisqu'on connaîtra mieux
l'accroissement de la forêt. (10 h 45)
Cette année, devant le succès qu'on a eu l'an
passé, on nous a demandé d'aller à un autre endroit pour
compléter ces données-là. Nous avons aussi, au cours de
l'année dernière, commencé des travaux en
télédétection, c'est-à-dire que nous tentons
d'utiliser des données du satellite et des photographies infrarouges,
fausses couleurs, pour les inventaires forestiers. Par exemple, la mise
à jour d'inventaires forestiers ou des inventaires d'exploration, la
mise à jour des cartes concernant les routes en forêt. Cette
année cela continue. La cartographie de la
régénération aussi, à l'aide de ces
données-là.
Du côté de la génétique, on a commencé
des tests concernant les provenances de certaines essences comme le pin rouge,
l'épinette rouge et le pin sylvestre. C'est-à-dire que si on fait
venir des graines d'une région donnée, il est possible que si on
plante ces arbres-là dans une autre région, on obtienne des
rendements meilleurs ou moins bons selon les caractéristiques du climat
ou des sols du milieu. On avait déjà commencé un certain
nombre d'essences, l'an passé, les trois essences que je viens de vous
nommer.
Concernant les recherches sur la tordeuse de bourgeons
d'épinette, nous avons, lorsqu'on a commencé le programme de
recherches, pris des données supplémentaires dans les places
échantillons que nous avons au Québec dans le sapin et
l'épinette, concernant l'effet des travaux sylvicoles et de la
fertilisation sur l'effet de l'épidémie de tordeuse. Autrement
dit, est-ce que les places qui ont été fertilisées ou les
endroits qui ont été sylviculturés résistent mieux
au passage de l'épidémie? Y a-t-il moins de mortalité, par
exemple, ou perte de croissance, ou croissance moins forte?
A ce moment-là, les traitements avaient eu lieu avant que
l'épidémie n'arrive. Alors, l'an passé, nous avons
commencé à faire des traitements sylvicoles après le
passage de l'épidémie. C'est ce qu'on va continuer durant la
dernière année. On a engagé aussi un expert en science
technologie du bois, comme M. le ministre vous a annoncé, qui va
commencer à élaborer un programme de recherches concernant
l'utilisation des feuilles.
On commence aussi, cette année, un nouveau projet sur
l'amélioration de l'épinette noire à des fins de
reboisement. On espère en arriver à avoir des lignées
d'épinettes noires qui vont donner un meilleur rendement, parce qu'on
sait que l'épinette noire est prisée par un certain nombre de
compagnies, entre autres, les pâtes et papiers, à cause de sa
fibre longue. On s'était, dans le passé, attaché
plutôt aux essences à croissance rapide. Cette année, nous
allons commencer à travailler sur l'épinette noire.
Le reste, c'est la poursuite des autres projets qui sont quand
même assez nombreux, qu'on a commencés parfois, il y a une dizaine
d'années, et pour lesquels il faut faire des remesurages quinquennaux et
des remesurages décennaux.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Russell: M. le Président, je voudrais simplement poser
quelques questions et ensuite les commenter. Je remarque que dans
l'élément 1.1: recherches: on semble parler beaucoup des
modifications qu'on a faites à la recherche et quand je vois le nombre
d'employés, les crédits sont à peu près les
mêmes. Si je comprends bien, il n'y a pas eu de modification du
personnel. Est-ce qu'il s'agit de 67 postes permanents ou s'il s'agit de 67
employés? Est-ce que tous les postes sont comblés?
M. Bérubé: Les postes sont tous comblés
actuellement.
M. Russell: Tous comblés. Donc, actuellement, vous avez
les mêmes employés que vous aviez dans le passé.
M. Bérubé: II y a souvent des gens qui s'en vont au
cours de l'année et on les remplace, mais en gros, c'est la même
chose.
M. Russell: Donc, vous n'avez pas de modifications majeures
à l'intérieur de ce département de recherche?
M. Bérubé: Non.
M. Russell: Quelles sont les modifications mineures que vous
faites pour accélérer la recherche et améliorer la
situation de la replantation, de la régénération de la
forêt et de tous ces domaines? En pratique, quels faits faites-vous?
Quand vous parlez de replantation, la recherche est faite où, par qui,
et quelles sont les modifications exactes cette année que vous faites
qui sont contraires à ce que vous avez fait l'an dernier?
M. Bérubé: II y a toujours certains ajustements
qu'on peut faire, par exemple, l'expert en science technologie du bois que nous
avons engagé, c'est en enlevant un poste au laboratoire des sols, parce
que notre laboratoire est devenu plus efficace à cause...
M. Russell: Où est situé le laboratoire des
sols?
M. Bérubé: Au complexe scientifique. M. Russell:
Ici. M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Toute la recherche est faite au complexe
scientifique.
M. Bérubé: Oui, mais évidemment, il faut
aller en forêt aussi. C'est là notre milieu de travail. Au
complexe, on y fait la conception, on y fait la compilation, etc. Alors, nous
disons: Nos principales recherches se font, en ce qui concerne, par exemple, la
génétique forestière, dans un réseau d'arboretum.
On a 21 arboretum à travers le Québec qui représentent les
principales conditions climatiques et écologiques. C'est à
l'intérieur de cela qu'on concentre nos recherches en
génétique forestière, plus, évidemment, la
pépinière qui est à Duchesnay et où on a une
serre.
En ce qui concerne les recherches en sylviculture et en fertilisation,
il y en a un bon nombre: la station forestière de Duchesnay et il y a un
certain nombre à Lotbinière aussi. Mais à ce moment, c'est
pas mal plus réparti, compte tenu des conditions qui nous sont
nécessaires pour chaque projet de recherche.
On demande à ce moment la création de secteurs
expérimentaux qui sont ensuite inscrits au terrier pour s'assurer la
permanence de nos lieux d'expériences. Mais, à ce moment, c'est
passablement réparti à travers le Québec,
évidemment. Si on veut travailler dans l'érable à sucre,
vous trouvez le département d'érable à sucre, si on veut
travailler dans le tremble, il faut aller là, etc.
M. Russell: Si je comprends bien, la recherche se fait au centre
et dans les pépinières on travaille selon les informations
obtenues du centre de recherches ici en ce qui a trait aux plantations et aux
changements de plantations qui se font dans les pépinières.
M. Bérubé: Evidemment, quand on a un projet de
recherches concernant les pépinières, il y a relation avec ceux
qui s'occupent des pépinières et on leur fournit les
résultats le plus rapidement possible, même s'ils sont
préliminaires. Si ce n'est pas encore prouvé au point de vue
statistiques, on leur donne les tendances.
Alors, concernant les pépinières, il y a un projet
actuellement qui consiste à essayer les cartouches qui sont faites au
Centre de recherche industrielle du Québec pour la reproduction de
plants en contenant. Notre fonction au service de la recherche, c'est
d'essayer cela dans la serre et de voir si le sol est trop compacté ou
s'il est assez humide, etc. C'est le projet que nous faisons actuellement en ce
qui concerne les pépinières.
M. Russell: II y a combien de pépinières au
Québec, actuellement?
M. Bérubé: Ce serait préférable de
poser la question au programme 2, élément 1. Je ne suis pas
exactement au courant moi-même.
M. Russell: ... six pépinières. Ce n'est pas
tellement nombreux, parce qu'on parlait des pépinières tout
à l'heure; on parlait de la recherche. Cela m'intrigue un peu, parce
qu'on ne semble pas modifier le budget de la recherche. On ne semble pas
tellement dépenser plus d'argent qu'on le faisait dans le passé.
Il semble que dans le passé on n'ait pas agi assez rapidement dans ce
domaine. C'est simplement peut-être illusoire, ma question, mais on
semble être en arrière dans la replantation et la
régénération, quand on se compare à des provinces
comme la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick qui sont des provinces plus
petites que la nôtre mais qui semblent faire beaucoup plus de
replantation qu'on en fait et où il semble y avoir plus de succès
qu'on en a. Je ne dis pas qu'ils en ont, mais j'ai dit que cela semble
être cette condition et c'est là-dessus que je me base. Le
ministre n'est pas dans l'erreur quand il dit: Bien, d'accord, on n'a pas eu de
succès dans le passé. Voici des mesures radicales qu'on va
prendre pour pouvoir corriger cette situation.
M. Bérubé: Je peux vous dire que notre
priorité actuellement, l'endroit où on met le plus d'efforts,
c'est sur l'amélioration de la forêt. Il y a 39,9% de notre budget
qui est là. Maintenant, dans l'amélioration de la forêt, on
a trois sous-activités de recherches qui se rapportent aux
pépinières et au reboisement. Alors, si on prend les 39,9% qui
vont en améliorations, il y a 32,5% qui vont à la
génétique forestière, 1,5% concernant la production de
"semage" de boutures et de plants et 28,4% qui vont aux recherches concernant
le reboisement lui-même, c'est-à-dire ce qui se fait sur les
terrains, les endroits qui seront reboisés ou ensemencés.
C'est le reboisement qui est notre principal effort actuellement.
M. Giasson: M. le Président, est-ce qu'on prévoit
consentir des efforts nouveaux ou plus grands du côté de la
recherche en vue d'une meilleure utilisation des sous-produits du bois,
sous-produits que, traditionnellement, on a jetés, qu'on a fait
brûler? Quels sont les efforts qu'on a faits de ce côté,
tant du côté du ministère que du côté de
l'entreprise privée? Y a-t-il eu des plants conjoints d'encouragement de
la recherche et d'une meilleure utilisation de ce produit, qui
traditionnellement, était toujours jeté, à toutes fins
utiles gaspillé?
M. Bérubé: A ma connaissance, étant
donné qu'on n'était pas organisé à
l'élément de recherche et au service de la recherche, dans le
domaine des produits forestiers jusqu'à tout dernièrement,
où on a engagé un spécialiste à qui on a
donné comme fonction de nous proposer un programme de recherche. J'avoue
que je ne suis pas tellement au courant de ce qui se faisait ailleurs. Je peux
vous dire que chez nous il ne se faisait pas grand-chose à l'exception
de certaines études économique qu'on a pu faire sur certains
sujets en particulier mais, concernant les méthodes de transformation,
l'intérêt est maintenant là puisqu'on a engagé
quelqu'un à qui on a donné comme fonction de nous proposer un
programme et aussi il y aura des discussions au cours de la prochaine
année sur la façon dont on réussira à avoir les
moyens pour le mettre en application.
M. Giasson: C'est surtout l'industrie privée qui, au
moment présent, au moment où on se parle, fait des efforts
exceptionnels de ce côté-là pour en arriver à
développer des types de produits nouveaux.
M. Bérubé: II y a aussi les laboratoires de
produits forestiers, celui de l'est qui est situé à Ottawa et
celui de l'ouest à Vancouver, qui dépendent des services
canadiens des forêts, et on a créé l'an dernier en
corporation, la corporation Forintek qui recevra des sommes du gouvernement
fédéral et on espère aussi de l'entreprise
privée.
M. Giasson: Du côté de la production de
méthanol, est-ce que là encore il y a des efforts nouveaux ou
plus grands que ce qui a pu se faire dans le passé en matière de
recherche?
M. Bérubé: La planification s'est occupée de
ce problème, mais cela va entrer dans l'étude avec notre
spécialiste. C'est là que la décision pourrait se prendre
à quel endroit on pourrait mettre les moyens nouveaux qu'on aura l'an
prochain.
Pour répondre plus spécifiquement à la question qui
vous intéresse, nous avons surtout fait faire des travaux à
l'extérieur du ministère par le biais d'un consultant Sandwell,
travaux d'ailleurs qui nous ont été remis il y a quelques
semaines et qui portent plus spécifiquement sur l'implantation au
Québec d'une entreprise fabriquant du méthanol. A prime abord, on
peut parler d'une non-rentabilité immédiate, dans la mesure
où le coût de production du méthanol pouvait avoisiner
celui de l'essence. Cependant, le rendement énergétique du
méthanol à la combustion étant de moitié moins
important, il s'ensuit des coûts, particulièrement dans les
turbines, qui sont particulièrement plus élevés. D'une
part, cela peut apparaître de cet ordre-là. Cependant, lorsqu'on
introduit certaines projections quant à l'accroissement du prix du
pétrole, le portrait change très rapidement d'une part. D'autre
part, il faut reconnaître que la fabrication de méthanol peut
atteindre deux objectifs, le premier objectif c'est celui d'une certaine
autosuffisance énergétique du Québec cela ne
fait aucun doute mais le deuxième objectif c'est celui de
constituer un marché pour un type de matière ligneuse qui
présentement occupe du territoire de façon improductive et qui
normalement ce type de forêt devrait être abattu de
manière qu'on puisse reboiser la forêt en des essences plus
intéressantes.
Or, de telles opérations sylvicoles, subventionnées
d'ailleurs par l'Etat, se heurtent à une difficulté, c'est qu'on
se retrouve avec des volumes épouvantables de matière ligneuse
dont on ne sait que faire. Si on introduit les sommes que le gouvernement
investit dans l'aménagement forestier dans les calculs de
rentabilité de cette usine de méthanol, à nouveau le
portrait change. C'est présentement ce que nous faisons au
ministère. Nous évaluons une opération
intégrée, aménagement forestier et production de
méthanol, de manière à en évaluer la
rentabilité globale et non pas la rentabilité uniquement
ponctuelle sur un projet spécifique. (11 heures)
Comme marché, nous examinons plus particulièrement un
marché captif, un marché gouvernemental et on pense, à
titre d'exemple, à des centrales thermiques de l'Hydro-Québec,
pour produire de l'électricité de pointe, qui fonctionnent
présentement au mazout et qui pourraient être converties à
un coût minime au méthanol. En d'autres termes, nous examinons
donc la rentabilité d'un tel projet à la lumière d'une
part d'un marché captif, d'autre part une autonomie
énergétique, donc une amélioration de la balance des
paiements et, troisièmement, comme instrument d'appui important dans une
politique d'aménagement du territoire, en incluant évidemment
là-dedans les économies que nous ferions au titre des subventions
à l'aménagement puisque présentement, il faut
subventionner très fortement, étant donné que le bois en
question n'a finalement aucune valeur et qu'il faut donc procéder
à de l'aménagement par le biais de subventions pures et simples,
ce qui ne serait pas le cas, évidemment, si le bois trouvait preneur et
qu'on pouvait donc y attacher une valeur.
C'est essentiellement l'état de ce dossier. Je dois dire
cependant que les consultants estiment qu'un des obstacles présentement
à cette technologie réside dans la conception d'un
gazogène qui nous donnerait la composition idéale des gaz pour la
fabrication de méthanol et qu'il est plus que probable qu'une
première étape devrait consister en l'implantation d'une usine
pilote autour du gazogène, de manière à développer
une technologie de fabrication de combustion du bois, de manière
à obtenir le bon rapport CO2H2 nécessaire à la fabrication
efficace du méthanol.
Les étapes subséquentes que sont la conversion en
méthanol et la catalyse en hydrocarbure, par exemple,
kérosène ou autres, sont des étapes, semble-t-il, assez
bien maitrisées sur le plan technologique et ne devraient donc pas poser
de difficultés majeures.
M. Russell: II y a un autre point qui m'intéresse
beaucoup. Je comprends l'intérêt du minis- tre au
développement de nouveaux produits qu'on n'a pas encore ici, mais
actuellement, comme le disait le député de Montmagny-L'Islet, on
a plusieurs produits forestiers qui ne sont pas utilisés ou
utilisés à peine et qu'on pourrait utiliser. Ce que je crois
comprendre des propos du ministre ou de celui qui a répondu
à sa place c'est que la recherche est faite à
l'extérieur du ministère plutôt qu'à
l'intérieur. De quelle façon peut-on utiliser la recherche pour
remplacer des produits importés actuellement. J'en avais fait mention,
ce pourrait être la planche particule ou d'autres produits semblables
pour l'utilisation de déchets. Plusieurs de ces produits qui se
gaspillent actuellement pourraient être utilisés pour la
fabrication de carton qui est faite actuellement avec des produits qui peuvent
servir pour le sciage. Quelles sont les modifications faites dans ce
domaine-là, c'est-à-dire la recherche?
Deuxièmement, l'autre point que j'aimerais voir clarifié:
Est-ce qu'on a réussi à améliorer la plantation pour
raccourcir le délai en vue de reproduire une forêt? Si mes
informations sont bonnes, aux Etats-Unis on reproduit une forêt à
l'intérieur de 30 ou 35 ans, alors qu'ici au Québec, ça
semble être 70 à 100 ans. A-t-on réussi à trouver
des produits et la façon de faire la plantation pour raccourcir la
durée de temps pour reproduire une forêt?
L'autre point qui m'intéresse beaucoup, c'est à savoir
quelle est réellement la meilleure méthode? Est-ce la coupe
à blanc, avec l'écrasement de tous les déchets et la
replantation complète ou si on doit continuer à faire ce qu'on a
fait dans le passé, c'est-à-dire plantation de semis et laisser
les petits arbres se régénérer eux-mêmes.
M. Bérubé: En ce qui concerne votre dernière
question, c'est préférable, quand on investit dans le
reboisement, de préparer notre station la mieux possible. Ensuite, il
faut suivre la plantation. Il pousse des essences indésirables,
érable à épi, disons, et différentes autres
essences qui vont y toucher. Il est absolument indispensable aujourd'hui de
voir à l'entretien de la plantation durant les premières
années, il n'y a pas de doute là-dessus.
Concernant votre deuxième question, oui, on a aujourd'hui des
essences qui vont nous permettre d'avoir des produits, des plantations dans un
délai très court. Evidemment, ça dépend de la
qualité du produit qu'on veut avoir, mais concernant le tremble, par
exemple, dans une dizaine d'années, vous pouvez avoir une plantation de
trembles. Vous avez quand même un volume considérable par
l'amélioration génétique du tremble. Pour le pin c'est
assez rapide aussi. Quand on parle de 70 ans, ça pourrait être
pour le sciage et du gros sciage. Je pense que l'on peut diminuer de
façon considérable si on entretient la plantation, si on fait des
éclaircies, etc. Il y a le mélèze aussi qui est une
essence à croissance très rapide, sur laquelle on travaille.
M. Giasson: On n'avait pas terminé. Le ministère
n'avait-il pas demandé à certaines entre-
prises de mener également de la recherche dans des secteurs, tels
que l'utilisation des déchets, en vue de produire de l'énergie?
Où en est ce dossier? Je pense qu'il y a eu une ou deux
industries...
M. Bérubé: C'est ce que je vous mentionnais
tantôt. Il faut dire que le ministère ne fait que s'engager dans
ce domaine des produits forestiers. Nous ne prétendons pas, d'ailleurs,
dédoubler ce qui peut exister déjà ici à
Québec. Nous avons déjà un centre de recherche
industrielle doté de tout l'équipement nécessaire pour
l'essai de matériaux, pour le développement de matériaux,
et qui peut constituer l'unité de recherche idéale pour le
développement. Cependant, il lui faut un client et en ce sens le
ministère est un mauvais client dans la mesure où, ne
détenant pas l'expertise quant à ce type de technologie, on ne
pose pas les bons problèmes ou on ne sait même pas poser le
problème.
La démarche, donc, au ministère, pour l'instant, est
modeste, mais en même temps, je pense, prometteuse pour l'avenir dans la
mesure où nous visons à engager un personnel restreint mais
connaissant les problèmes de la technologie, l'utilisation des
sous-produits, comme la fabrication de panneaux particules et
d'agglomérés de toutes sortes, et cette petite équipe,
sans faire nécessairement les travaux elle-même, peut à ce
moment passer des commandes.
Il ne faut pas oublier qu'au Québec existe le Centre de recherche
industrielle, d'une part, et existe également à Pointe-Claire un
centre de recherche de l'industrie canadienne des pâtes et papiers, qui
est un des centres les plus connus au monde. Il ne faut pas oublier non plus
qu'il existe le FRUL à l'Université Laval et qu'un centre de
recherche pour l'industrie forestière à l'Université du
Québec à Trois-Rivières est également en marche.
Par conséquent, il existe au Québec un certain nombre
d'unités de recherche. Le problème n'est donc pas tant au niveau
de la capacité à effectuer des recherches qu'au niveau du
dégagement de crédits nécessaires pour investir dans
certains travaux de recherche. De tels travaux de recherche doivent donc
être d'abord identifiés par un client potentiel et celui-ci doit
donc en faire après cela la commande.
Or, ce qui manquait au niveau du ministère des Terres et
Forêts était justement dans le passé le "know how",
l'expertise, qui nous avait permis de passer certaines commandes bien
spécifiques à des centres de recherche. C'est ce que nous
commençons. Par exemple, dans le cas du métha-nol, il suffit de
poser le problème pour finalement obtenir la réponse. Mais il
faut d'abord commencer par poser le problème et un des rôles
importants du service de la recherche sera justement de poser la
problématique, d'identifier les approches possibles, et à ce
moment de financer les travaux de recherche nécessaires pour obtenir les
réponses. C'est un peu de cette façon que nous envisageons le
rôle du service de la recherche, du moins dans ce domaine des produits
forestiers. Il ne faut pas s'imaginer qu'avec un ou deux bonshommes on sera en
mesure d'entamer des programmes de recherche majeurs, mais nous serons
certainement en mesure, en tout cas, de définir une problématique
et de passer les commandes nécessaires.
M. Russell: Est-ce que le ministre est satisfait des
crédits qu'il obtient actuellement pour pousser toute la recherche
nécessaire le plus rapidement possible?
M. Bérubé: On n'est jamais satisfait,
évidemment, des crédits qui nous sont octroyés. Mais je
dois dire que chaque fois que j'ai eu à demander des crédits
supplémentaires je pense en particulier à cette
étude du méthanol, je pense à certains travaux que nous
avons commandés récemment je n'ai eu aucune
difficulté à défendre mon point de vue au Conseil du
trésor. Mon expérience personnelle est que,
généralement, vous avez les crédits que vous êtes en
mesure de justifier et l'important c'est de bien analyser un problème de
manière à en identifier les éléments, les
éléments inconnus et, éventuellement, de pouvoir dans le
cadre d'un programme de recherche demander les crédits
nécessaires.
Or, à ma connaissance... évidemment, on pourrait mettre
plus d'argent en recherche, et ce serait bon en soi, mais présentement
on a les crédits nécessaires pour faire fonctionner le service de
la recherche. Si nous manquons d'argent, ce sera parce que nous aurons un
projet de recherche que nous n'arrivons pas à financer. Or, on ne m'a
jamais soumis jusqu'à maintenant, comme ministre des Terres et
Forêts, de projets de recherche dans lesquels nous ne pouvions nous
engager faute de crédits.
En d'autres termes, présentement, les crédits semblent
répondre aux besoins. Je ne dis pas que ce n'est pas impossible, ayant
été chercheur moi-même pendant des années, si je
dépensais $200 000 une année et qu'on m'en offrait $500 000
l'année suivante, je pourrais dépenser $500 000. On m'aurait
offert $10 millions, j'aurais dépensé $10 millions. Il ne fait
aucun doute qu'on peut toujours dépenser l'argent qu'on octroie. Par
conséquent, les budgets sont insuffisants, si on tient compte de
l'appétit caractéristique de tout individu normal, si chercheur
soit-il.
Je pense que ce n'est pas une question de suffisance de fonds, mais la
problématique en recherche, est essentiellement une question
d'identification de cible pour laquelle on a un intérêt, une
priorité à obtenir une réponse. A cet égard, je
peux dire qu'il n'y a aucun véritable projet de recherche qui m'a
été soumis, que l'on ne pouvait pas financer. Au contraire, nous
avons...
M. Russell: On pourrait peut-être déduire que les
fonctionnaires sont timides, qu'ils n'osent pas demander des crédits au
ministre des crédits accélérés pour
pousser plus loin la recherche de façon plus rapide, plus
accélérée, à moins que le ministre place une
commande et dise: mes-
sieurs, il faut que ça change rapidement. A ce moment-là,
les fonctionnaires pourraient dire: oui, on est prêt à le faire,
mais donnez-nous les fonds nécessaires.
M. Bérubé: Non. Le seul secteur où, je
pense, on peut avoir ralenti un peu les demandes de nos fonctionnaires, c'est
au niveau de la télédétection, où une équipe
aspirait à bâtir une expertise en
télédétection au Québec. Vous noterez, d'ailleurs,
quand nous arriverons à ce niveau, que nous commençons à
nous engager dans ce secteur; peut-être que notre effort est trop timide
et que dans l'identification de nos priorités budgétaires, il
aurait pu être utile de pousser davantage cet aspect de la
télédétection. Cela m'apparaît le seul domaine
à date où on m'a saisi d'un projet d'une certaine ampleur et que
nous appuyons, mais peut-être pas avec toute l'attention que nous
devrions. A part ça, on ne m'a pas soumis de projet. Au contraire, les
projets que l'on m'a soumis ont été financés par le biais
de fonds de suppléance, par le biais donc, de démarches
spécifiques.
M. Russell: M. le Président, j'aurais une question sur la
recherche. Je sais que plusieurs contestent les acides dont on s'est servi pour
combattre la tordeuse. Est-ce qu'on a trouvé d'autres produits pour
combattre la tordeuse que ce qu'on a utilisé dans le passé, comme
les produits conventionnels?
M. Bérubé: II y a le bacille, le "bacillus
Thurin-giensis" qui a été mis au point par le Centre de
recherches forestières des Laurentides, qui est utilisé en partie
actuellement. Ces essais sont faits en général avec les moyens
qui sont mis à la disposition de la conservation, de la protection
contre les insectes et les maladies. Nous n'avons pas suivi ça de
façon particulière. Probablement qu'à cet
élément de programme, on pourra vous donner des renseignements
beaucoup plus détaillés que ceux que je peux vous donner
actuellement.
A l'élément de programme 3, 3.2, il y aura des
fonctionnaires qui pourront répondre à ces questions.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? L'élément 1 et l'élément 2 du programme
1 sont-ils adoptés?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Donc, le
programme 1 adopté. Programme 2 amélioration de la forêt,
M. le ministre.
M. Bérubé: II s'agit de l'élément...
Attendez un peu! Vous avez adopté les deux éléments?
Le Président (M. Jolivet): Le programme au complet.
M. Bérubé: Nous avons discuté surtout,
dois-je dire, et je n'ai aucune objection de
l'élément recherche, mais nous n'avons pas discuté du tout
de l'inventaire de base. Vous n'avez pas de question. Parfait.
M. Giasson: Vous avez adopté le programme au complet?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Giasson: Je pensais que c'était l'élément
qu.'on adoptait.
Le Président (M. Jolivet): Non, j'ai posé les deux
questions. Si vous avez d'autres questions, on peut revenir. Cela ne me
dérange pas.
M. Giasson: Des questions...
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Giasson:... touchant les travaux sylvicoles.
Le Président (M. Jolivet): Sur l'inventaire de base,
d'accord.
M. Bérubé: Les travaux sylvicoles ou
l'aménagement de la forêt.
M. Giasson: Non, excusez. L'inventaire de base.
Le Président (M. Jolivet): L'inventaire de base.
Une Voix: Je ne voulais pas "bulldozer"...
Le Président (M. Jolivet): Non. J'avais cru comprendre
qu'on adoptait le programme au complet. (11 h 15)
M. Bérubé: M. le Président, l'inventaire de
base est peut-être, à mon point de vue l'une des activités
du ministère qui recèlent le plus de potentiel pour le
développement de l'économie québécoise. En effet,
dans le passé, peut-être manquait-on d'entrepreneurs pour
développer notre industrie forestière et que la matière
première étant d'une abondance telle, nous n'étions jamais
limités par l'approvisionnement de nos usines. Par conséquent, il
s'agissait de trouver des entrepreneurs dynamiques pour démarrer de
nouvelles entreprises et on pouvait toujours leur fournir
l'approvisionnement.
Or, au cours des années, on a constaté que les
entrepreneurs dynamiques se sont faits de plus en plus nombreux, mais que la
ressource est restée essentiellement stable. Il faut donc utiliser au
maximum le potentiel forestier et l'utilisation maximale du potentiel forestier
suppose que nous connaissions bien ce potentiel. Or, il faut reconnaître
que malheureusement nous ne le connaissons pas toujours très bien.
J'ai été à même de constater dans le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, où à la suite de la
préparation de documents biophysiques sur l'état de la
forêt, il nous a été possible de constater qu'il existait
un potentiel forestier extrêmement important et grâce à une
réallocation de ces bois, nous sommes en mesure de fournir en
approvisionnement à nos usines près de 1 400 000 cunits alors
que, dans le passé, les coupes se situaient plutôt au niveau de
700 000 cunits. Donc, pour une région de la Gaspésie, il nous est
possible de doubler l'approvisionnement là où autrefois on se
plaisait à dire et à répéter qu'il n'y avait pas de
matières ligneuses disponibles pour approvisionner les usines, et par
conséquent, elles devaient se contenter des approvisionnements qu'on
leur avait octroyés dans le passé.
C'est donc un doublement du niveau de l'approvisionnement des usines et
vous pouvez immédiatement concevoir l'impact économique
gigantesque d'un tel réaménagement sur un territoire tout de
même restreint du Québec, qui est le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie.
En d'autres termes, il nous faut bien connaître l'état de
notre forêt, cette forêt, de manière à en faire un
inventaire d'allocation, en faire un inventaire d'exploitation et être
capables de tenir une comptabilité de l'état de notre
forêt, en tenant compte, évidemment, des épidémies,
des incendies et des coupes qui y sont effectuées.
Ce qui me fait dire que cette activité d'inventaire
m'apparaît, à tout le moins, une des activités qui pourrait
dans les années qui viennent, avoir le plus d'impact sur notre industrie
dans la mesure où un inventaire beaucoup plus précis nous permet
de connaître exactement l'état de notre forêt et chaque fois
que le potentiel n'est pas utilisé au maximum, nous pouvons, à ce
moment, répondre aux demandes et augmenter les allocations de bois. Il
va de soi, évidemment, qu'un deuxième élément de
programme qui est l'amélioration de la forêt, que nous discuterons
dans quelques minutes, peut également augmenter le potentiel forestier
suite aux travaux de reboisement et d'aménagement sylvicole.
Mais l'inventaire... on a peut-être trop tendance à passer
par-dessus cet élément de programme, sans en reconnaître
son importance qui, à mon avis, est capitale et j'ai été
à même de constater cette année qu'une
réévaluation du potentiel forestier d'une région peut
avoir un impact économique absolument foudroyant.
M. Giasson: Au-delà de la région que vous avez
citée, soit le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, est-ce qu'il y a
d'autres secteurs forestiers au Québec où l'on aurait
sous-évalué le potentiel par rapport à l'implantation de
l'industrie?
M. Bérubé: II y a des régions du
Québec où on l'a surévaluée. Par exemple, dans le
Nord-Ouest, il est indéniable que lorsque l'on a pratiqué des
opérations de coupes importantes dans le bassin de MBR qui devait
être inondé par les travaux de la baie James, à
l'époque, on a augmenté les garan- ties d'approvisionnement aux
usines et lorsque celles-ci eurent fini de vider le territoire, elles ont
dû se rabattre sur le sud de certaines unités de gestion, comme
Harricana et, à ce moment, le ministère s'est vu dans le
passé confronté à un choix difficile, soit de
réduire de moitié, par exemple, les approvisionnements, mais
évidemment, d'entraîner des fermetures presque automatiques de la
plupart des entreprises ou accepter des coupes qui excèdent la
possibilité forestière locale régionale. C'est l'avenue
que le ministère avait choisie et avenue que nous devons maintenant
remettre en question.
Donc, il y a des cas où il y a des coupes en excès de la
possibilité et il y a des cas où nous ne coupons pas la
possibilité. Présentement, les régions du Québec
où nous terminons ces inventaires d'allocations sont essentiellement le
Bas Saint-Laurent-Gaspésie d'une part et, d'autre part, le Nord-Ouest.
Il semble bien que l'Outaouais soit la prochaine région à y
passer. Nous croyons qu'il y a là un potentiel intéressant de
développement.
M. Giasson: La découverte du potentiel de la forêt
du Bas Saint-Laurent-Gaspésie, dans l'optique où le
ministère va faire en sorte que ce soit utilisé à son
maximum, est-ce que ça va déboucher sur l'implantation de
nouvelles usines, de nouvelles industries ou si on va tout simplement utiliser
les entreprises déjà en place en utilisant à pleine
capacité les investissements et les installations qu'on y trouve? Est-ce
qu'on va vers de nouvelles usines ou si ce sont les usines actuelles qui vont
se voir octroyer des quantités ou des volumes additionnels?
M. Bérubé: Nous avons favorisé la
consolidation des entreprises existantes. Une nouvelle usine est en
construction ou on en a terminé la construction si je ne m'abuse,
à New Richmond, mais il faut dire qu'elle remplace une usine
fermée par la Consolidated Bathurst à New Richmond. Par
conséquent, ce n'est pas véritablement une nouvelle entreprise,
ce n'est pas un gain net. Egalement à Cap Chat, où il nous est
possible d'augmenter l'approvisionnement de 35 000 cunits sur un
approvisionnement original de 20 000 cunits, ce qui donne un total de 55 000
cunits, il est possible que ça ne donne pas naissance à une
nouvelle usine dans la mesure où existait déjà une partie
d'installations n'ayant pas passé au feu de la Richardson qui ont
été reprises par REXFOR et qui pourraient, à ce
moment-là, être converties de manière à traiter le
volume total de bois. Par conséquent, à nouveau, on ne peut pas
vraiment parler d'un gain net d'entreprise, mais, au moins, d'un sauvetage
longtemps attendu d'une usine qui existait dans la région.
Autrement, nous allons effectivement nous contenter d'augmenter les
approvisionnements des scieries existantes, de manière à
consolider ces opérations et à en faire des entreprises
véritablement viables, sauf pour...
M. Giasson: Est-ce que l'étude qui est menée
vis-à-vis l'implantation d'une industrie dans le secteur de la
vallée de la Matapédia découle de découvertes
faites lors de la prise de l'inventaire sur le territoire?
M. Bérubé: Oui. Ce projet a vu le jour suite
à des travaux préliminaires effectués, financés par
le Syndicat des producteurs de bois, qui visaient à éliminer
l'exportation de matières ligneuses du territoire vers d'autres
régions du Québec. Je pense à Port Alfred ou ailleurs, et
de faire en sorte que le bois soit usiné en Gaspésie, compte tenu
que le coût de transport de ce bois est élevé et que, donc,
le prix payé aux producteurs est beaucoup plus bas que ce qui est
payé ailleurs au Québec, faute d'usines appropriées sur le
territoire.
Cependant, la question se posait quant à l'approvisionnement
total de cette usine sur la forêt privée du territoire. Nous avons
donc procédé à cet inventaire de base de deux
façons: premièrement, par le biais d'une firme de consultants et
deuxièmement, par le biais du ministère, ce qui nous donne
finalement deux analyses indépendantes, et les hypothèses
n'étant pas toujours les mêmes, on doit donc concilier ces
études. On peut dire cependant que les deux études confirment,
effectivement, notre inventaire.
La conclusion qu'on en tire, c'est que nous pouvons dégager dans
l'ensemble de la Gaspésie, c'est-à-dire les unités de
gestion 12, 13, 14 et 15, cela n'inclut donc pas la forêt du grand
portage et ça n'inclut pas, non plus, les forêts plus à
l'ouest, on peut dégager un volume d'à peu près 230 000
cunits disponibles pour une industrie papetière en Gaspésie.
M. Russell: Est-ce qu'on a complété des inventaires
dans la région de la Mauricie et des Laurentides?
M. Bérubé: Tous les inventaires proprement dits,
où on devait aller sur le terrain pour prendre des prises sont
terminés.
M. Russell: C'est terminé.
M. Bérubé: C'est terminé. L'inventaire
décennal a débuté en 1973, a été
accéléré en 1976 pour rendre disponibles le plus
rapidement possible les données pour nos documents biophysiques. Tous
les documents biophysiques qu'on prépare, on sait qu'on a 44
unités de gestion. Chaque unité de gestion vient d'un document
biophysique qui est préparé. C'est une connaissance biophysique
du territoire qui nous permet d'évaluer une possibilité
forestière. Tout l'impact de l'inventaire de base de 1973 à 1983
est extrêmement important, comme le ministre l'a mentionné, pour
pouvoir évaluer une possibilité forestière au niveau du
Québec.
M. Russell: Est-ce que cet inventaire rassure les gens qui
semblaient être incertains de la garantie d'alimentation
forestière pour les usines existantes actuellement dans cette
région?
M. Bérubé: L'inventaire décennal donne une
certaine évaluation des possibilités, mais c'est évident
que lorsqu'on entre dans des petites garanties d'approvisionnement, il faut
aller plus loin qu'un inventaire. A ce moment-là, on s'en vient avec des
inventaires d'allocation qui précisent davantage la garantie
d'approvisionnement qu'on peut donner à une usine.
M. Russell: Actuellement, il est évident le
ministre est parfaitement au courant, aussi bien que ses fonctionnaires
que plusieurs des moulins de pâtes et papiers s'alimentent de bois qui
vient d'aussi loin que l'Abitibi, les copeaux, par exemple. Est-ce que cette
pratique va continuer parce que le coût est énorme pour
transporter ces copeaux dans la région de la Mauricie, pour garantir le
plein rendement de ces usines, ou si ces gens pourront éventuellement
s'approvisionner dans la région de la Mauricie avec un approvisionnement
plus à leur portée, à des coûts moindres?
M. Bérubé: Je pense que c'est une politique du
ministère à établir là-dessus. Je ne sais pas si le
ministre peut en parler.
C'est en dehors de l'inventaire. Nous sommes rendus dans des politiques
d'allocations.
M. Russell: C'est-à-dire que c'est l'inventaire qui peut
nous garantir cela.
M. Bérubé: Effectivement, je ne peux pas affirmer,
de façon absolue, que nous pouvons fournir les usines à partir du
territoire comme tel de la Mauricie. Il semble cependant qu'effectivement on ne
peut pas, à partir des forêts de la Mauricie, subvenir
entièrement aux besoins de ces usines et que par conséquent, il
nous faut faire appel à un certain volume de copeaux qui vient de
différentes régions du Québec et plus
particulièrement, évidemment, du Nord-Ouest où nous avons
un surplus de copeaux. La question que l'on peut se poser est la suivante. Ne
serait-il pas plus intéressant, sur le plan économique, de
transformer sur place les copeaux dans le Nord-Ouest, privant ainsi
l'approvisionnement des usines de la Mauricie d'un approvisionnement en
copeaux. Nous allons examiner cette question d'extrêmement près
à la lumière des inventaires. Il ne fait aucun doute que si la
Mauricie ne peut pas subvenir aux usines existantes, nous serions
amenés, à ce moment-là, soit à fermer des usines en
Mauricie pour en ouvrir une autre dans le Nord-Ouest, ce qui n'apparaît
pas particulièrement intéressant, même si localement on
peut imaginer une demande de la part de la population. C'est ce genre
d'information qui doit être rendue disponible pour pouvoir prendre la
décision et, à ma connaissance, même si l'inventaire est
terminé, les plans d'allocation ne sont pas faits pour la Mauricie.
M. Russell: M. le Président, simplement pour
compléter ma question, à la suite de la réponse du
ministre, il est à peu près certain qu'il n'est pas en
mesure, actuellement, de dire si on pourra continuer l'idée qu'on
a mise de l'avant d'installer un moulin de pâtes à papier dans la
région de l'Abitibi, comme cela a déjà été
annoncé par certains députés du gouvernement.
M. Bérubé: Ces députés n'étant
pas présents, il m'est difficile de le commenter en leur absence. Je
pense que la question que vous posez souligne tout simplement l'importance des
inventaires et des plans d'allocation, des plans de gestion. Nous estimons
avoir terminé pour 1980 l'ensemble des plans de gestion et la
réponse à votre question nous l'aurons à ce
moment-là. En effet, le bois circule au Québec, on ne peut pas
parler d'une forêt qui appartient à un village. C'est le
rêve, évidemment, de toute municipalité, de pouvoir
conserver sa forêt pour son usine. Cependant, nous avons connu, dans le
passé, dans toutes les régions du Québec, des petites
usines éparpillées dans chacun des villages il y en avait
souvent même plus d'une et qui faisait vivre les gens du village.
Cependant, on a coupé, à ce moment-là, beaucoup plus que
la possibilité, parce qu'une forêt même municipale ne peut
pas fournir en continu de telles petites usines. Par conséquent, on a
coupé plus que la possibilité et on a vu ces usines fermer les
unes après les autres. (11 h 30)
Etant donné que nous devons exploiter la forêt sur la base
du rendement soutenu, il faut accepter le principe que la forêt d'une
région n'est pas nécessairement usinée dans cette
région-là, dont les gouvernements antérieurs se sont
rendus responsables et qu'il faut continuer à honorer. Par
conséquent, il ne s'agit pas de détruire l'économie
forestière d'une région pour tenter d'en développer une
autre ailleurs. Je pense qu'il n'y aurait pas de véritable gain
économique pour l'ensemble des Québécois, même si
une région pourrait en profiter plus particulièrement. Par
conséquent, nous sommes pris avec un certain nombre de contraintes qu'il
nous faut respecter.
La réponse à votre question à ce moment-là
est simplement: Est-il possible de dégager des approvisionnements par
exemple en Mauricie ou ailleurs au Québec qui nous permettront de
libérer les copeaux du Nord-Ouest de manière à usiner dans
le Nord-Ouest les copeaux en question? La réponse, nous ne l'avons pas,
d'autant plus qu'en toute objectivité, présentement, les scieries
du Nord-Ouest particulièrement dans les unités de gestion du
Nord, coûtent plus que la possibilité régionale et que, par
conséquent, il nous faudrait peut-être déjà les
fermer. Donc, les surplus de copeaux avec lesquels elles sont aux prises
présentement sont peut-être liés au fait que nous leur
faisons couper plus de bois que nous devrions leur en faire couper et que, par
conséquent, si on devait les ramener elles aussi à un niveau
d'exploitation compatible avec la possibilité forestière, il est
possible qu'on n'ait plus de surplus de copeaux dans le Nord-Ouest. En d'autres
termes, il ne faut pas imaginer qu'on est en présence,
présentement, d'un surplus extraordinaire de bois. Je pense que les
surplus que nous pourrons dégager dans l'avenir c'est d'ailleurs
dans le cadre de notre programme de relance de notre industrie
forestière dont on pourra parler plus avant où nous
investissons des sommes importantes dans l'aménagement forestier et le
reboisement, que nous dégagerons des possibilités. D'ailleurs je
pourrai disserter un peu plus sur la question plus tard.
M. Russell: Si je comprends bien la réponse du ministre,
une chose qui est certaine, c'est que évidemment, maintenant, nous
possédons ou nous posséderons prochainement un inventaire complet
de toutes les forêts du Québec, contrairement à la vieille
coutume qui voulait qu'on prenne les inventaires qui nous étaient
fournis par des compagnies qui détenaient des territoires?
M. Bérubé: Oui. C'est le premier inventaire que le
Québec fait depuis 1973 à 1983, l'inventaire décennal, et
il est terminé ou pratiquement sur le point d'être terminé.
Un prochain inventaire débutera en 1983. Ce ne sera certainement pas sur
le même principe que celui qu'on a fait pour 1973 à 1983. Ce sera
un autre genre d'inventaire.
M. Russell: Est-ce qu'on fait l'inventaire sur les territoires
privés en même temps?
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'autres
questions. Est-ce que l'élément 2 du programme 1 est
adopté?
M. Giasson: M. le Président, à la catégorie
1 où on fait les prévisions en vue des traitements, je remarque
qu'à l'élément 2, on prévoit un montant additionnel
de $138 000. On indique dans une note que c'est lié aux conventions
collectives. Or, à l'élément 1, l'augmentation
prévue du côté traitements est de $160 000 pour une masse
salariale de $1 433 000, tandis qu'à l'élément 2, la masse
salariale je cite les chiffres de l'an dernier était de $1
617 000. On ne prévoit que $138 000 pour faire face aux exigences des
conventions de travail. Pourquoi cette différence?
M. Bérubé: C'est uniquement le traitement des
permanents, des gens qui ont...
M. Giasson: A l'élément 2 vous avez 80 permanents
de prévus et à l'élément 1 vous en avez 67. Moins
d'employés...
M. Bérubé: II y a réduction de deux postes
à ce moment-là. Si vous regardez la remarque 1 à la page
7, vous avez l'augmentation liée aux conventions collectives de travail
et au réaménagement de deux postes autorisés. Il y a donc
une réduction de deux postes.
Vous avez 82 postes en 1978/79 et 80 postes en 1979/80.
M. Giasson: On a 67 employés permanents prévus
à l'élément 1 et on prévoit des augmentations pour
faire face aux exigences des con-
ventions de $160 000. Tandis qu'à l'élément 2, on a
80 employés permanents. Il s'agit toujours d'employés permanents
et là, on ne prévoit que $138 000.
M. Bérubé: Ils ne sont pas payés aussi cher.
Cela dépend des catégories d'employés en grande partie.
Autrement dit, si, à la recherche, on a affaire à des chercheurs
qui sont professionnels, en plus grand nombre que dans d'autres secteurs
où il y a une catégorie d'ouvriers ou d'employés
fonctionnaires, ça peut avoir une influence principale sur ces
différences.
Le personnel de soutien dont l'un d'eux est de beaucoup supérieur
à celui que vous pouvez avoir à la recherche.
Ce qui est important, c'est la masse salariale.
M. Giasson: C'est la masse, mais...
M. Bérubé: C'est cela, si vous prenez
l'élément 1, vous allez voir...
M. Giasson: Pour masse salariale, vous avez une augmentation
prévue, plus forte pour la masse salariale la plus faible.
M. Bérubé: Oui, exactement. Si vous prenez $1,4
million à l'élément 1.1, recherches en 1978/79, avec un
accroissement de $160 000. Dans l'autre cas, vous avec $1,6 million avec un
accroissement de $140 000. Vous allez donc dire: Comment se fait-il que la
masse salariale étant plus forte à l'élément 2, que
l'écart soit plus faible? Mais, à ce moment, tenez compte de la
disparition de deux postes. A ce moment, vous allez trouver sensiblement la
même proportion.
M. Giasson: Ce sera le pourcentage de l'augmentation de la masse
salariale, si vous le prenez sur le tout, si l'augmentation est de 8%, cela va
s'appliquer...
M. Bérubé: Nous sommes d'accord,
c'est-à-dire...
M. Giasson: ... quel que soit le salaire payé par
catégorie d'employés. Si c'est 8%, c'est 8% pour tout le
monde.
M. Bérubé: Oui, à nombre de postes
constants. Or, comme vous passez dans le cas de l'élément 2, de
$82 millions à $80 millions, vous avez automatiquement, une diminution
budgétaire, ce qui explique pourquoi l'écart est plus faible.
En d'autres termes...
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'élément 2
est adopté?
Une Voix: Adopté.
Amélioration de la forêt
Le Président (M. Jolivet): Nous passons au programme 2,
élément 1, reboisement.
M. Bérubé: Dans le budget qui est alloué au
programme 2, amélioration de la forêt, qui est de $16 238 500,
l'accent sera surtout donné à l'élément de
programme reboisement qui regroupe, en fait, les activités qui sont
reliées à la régénération artificielle des
peuplements forestiers, c'est-à-dire production de semences, la
production de plants, la préparation de terrains, la plantation manuelle
mécanique et l'entretien de plantations, l'ensemencement. Cela cadre
avec la politique du ministère qui vise à porter de 30 000
à 100 000 acres, d'ici cinq ans, l'aménagement intensif au
Québec dans les zones de banlieue. L'objectif est simple. Nous
constatons que la distance moyenne de transport pour le bois de la forêt
publique est d'à peu près 150 milles au Québec contre 50
milles pour nos concurrents. Il existe des massifs forestiers au Québec,
à maturité, qui pourraient être récoltés
maintenant, mais qu'on ne saurait récolter maintenant, sans
entraîner une surexploitation de nos forêts, ce qui impliquerait
dans 30 ou 40 ans, une rupture de stocks.
Cependant, si nous nous engageons dès maintenant, dans un
programme permanent de reboisement, il ne fait aucun doute que dans 30 ou 40
ans, nous aurons une augmentation de la matière ligneuse disponible et,
à ce moment, nous aurons évité la rupture de stocks, ce
qui nous permet donc d'hypothéquer des massifs existant à
proximité des usines, sachant, cependant, que d'ici les 40 prochaines
années, nous serons engagés dans un programme de reboisement.
Ce que vous voyez donc dans cet élément de programme,
c'est la naissance d'un programme d'aménagement forestier qui va porter
à 100 000 acres par année, c'est-à-dire 100 000 de plants,
en fait la production du ministère dans ce domaine de la
plantation nos programmes de reboisement. C'est donc un effort
considérable et cela représente à peu près 25% de
toutes les superficies récoltées au Québec annuellement.
Pourquoi 25%? C'est que les inventaires nous montrent que près de 75% de
nos coupes en forêt publique se régénèrent
naturellement et qu'il n'y a donc pas besoin d'intervention humaine sauf pour
des dégagements, donc des coupes précommerciales ou commerciales
lorsque la forêt a commencé à se développer.
Par conséquent, nous pouvons limiter à peu près
à 25% des superficies récoltées, notre effort de
reboisement et c'est ce que nous comptons faire. Je dois souligner que,
malheureusement, il ne suffit pas de prendre la décision de reboiser 100
000 acres, c'est qu'il nous faut planter nos petits arbres et attendre trois
ans au moins, avant de pouvoir faire la transplantation définitive en
forêt.
Par conséquent, on ne peut augmenter notre budget d'une
façon instantanée. Ce n'est donc pas un accroissement
d'échelon, mais bien une rampe d'accroissement. Il faut augmenter
graduellement notre budget à cet égard jusqu'à ce que nous
soyons en mesure éventuellement d'avoir le budget stable qui nous
permette de fonctionner pour un programme de reboisement de 100 000 acres.
Cette année c'est donc le tout début. Nous allons mettre l'accent
sur la récolte de semences, sur la
préparation des terrains de nos pépinières et
l'année suivante nous pourrons commencer les plantations en
pépinières et ainsi de suite jusqu'à ce que d'ici trois
ans nous ayons un rythme de plantation qui sera, à ce moment-là,
de 100 000 acres par année. C'est donc, je dois le souligner, un
changement extrêmement important dans le cadre des politiques
gouvernementales.
Ce n'est pas pour critiquer, d'ailleurs, l'administration
précédente, mais un des problèmes au niveau du reboisement
c'est l'inconséquence des gouvernements, en ce sens qu'on a souvent
alloué des crédits permettant d'entrevoir un programme de
reboisement donné pour constater que, quand venait le temps de faire les
transplantations, les budgets nécessaires pour les transplantations
n'étaient pas prévus. A titre d'exemple, en 1975/76, près
de $11 millions de plants ont été brûlés par le
ministère faute de crédits suffisants pour les replanter. Or,
dans une situation de pénurie de matière ligneuse, c'est une
décision assez aberrante et, cependant, les coupures budgétaires
avaient forcé le ministère à réduire son programme
de plantation dans les forêts publiques.
Donc, un programme de reboisement est un programme permanent. Il faut
s'engager avec prudence dans un tel programme et surtout il faut être
convaincu que le jour où on s'est engagé dans un tel programme on
ne peut plus revenir en arrière. C'est pour cette raison que dans le
discours inaugural M. Lévesque devait annoncer la création d'un
fonds forestier. Nous devrons trouver un mode de financement de ces travaux qui
ne sera plus soumis aux aléas des décisions d'un Conseil du
trésor obligé d'arbitrer un grand nombre de priorités au
sein du gouvernement et qui, parfois, après avoir choisi
l'aménagement forestier comme prioritaire, peut décider trois ans
plus tard que ce n'est plus prioritaire et avec les conséquences que je
viens de décrire. C'est pour cette raison que nous présenterons,
à l'Assemblée nationale, un projet de loi pour la création
d'un fonds forestier qui rendra ces programmes, ces budgets, beaucoup plus
permanents dans l'avenir.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Le reboisement qui se fait présentement avec
les sommes qui sont investies là-dedans, cela se fait surtout dans les
territoires forestiers situés le plus près des usines, je pense.
Il n'est pas question d'aller faire du reboisement dans les secteurs
éloignés de l'industrie. D'ailleurs c'est là que le
meilleur potentiel forestier au Québec se retrouve actuellement, dans
ces zones.
M. Bérubé: Le reboisement va se faire avec le
programme qui a été amorcé surtout et avant tout dans les
zones de banlieue. Les zones de banlieue, on les considère, comme on l'a
mentionné dans le texte que vous avez c'est: L'aménagement
forestier intensif réside dans les zones de banlieue, c'est 40 milles
des centres ayant au moins 5000 habitants. Le reboisement sera fait,
naturellement, sur les meilleurs sites forestiers possibles, afin d'avoir un
rendement assez élevé pour le reboisement. Quand on sait que le
reboisement peut donner à peu près trois fois une
possibilité normale sur un territoire donné...
M. Giasson: Est-ce que la demande de plants de la part des
propriétaires de la forêt privée s'accroît
considérablement ou si c'est à peu près stable?
M. Bérubé: Depuis les dernières
années, cela se situe aux environs de 20 millions par année,
entre 18 millions et 22 millions par année. Depuis les deux
dernières années...
M. Giasson: On ne sent pas la volonté de faire davantage
du côté des propriétaires de forêts
privées.
M. Bérubé: Ce n'est pas ce programme-là,
c'est le programme 4. Cela va avec la production de plants. La production de
plants relève quand même de cela. De fait, il faut
reconnaître que le degré de régénération de
la forêt privée est beaucoup plus mauvais que celui de la
forêt publique. On estime présentement que les besoins en
plantations de la forêt privée seraient de l'ordre de 75 millions
de plants. Cependant, nous n'avons pas encore pris la décision. (11 h
45)
Cette analyse n'est que toute récente. J'ai mandaté un
groupe de travail pour analyser la situation sur la forêt privée
et il nous faut reconnaître présentement qu'on n'a peut-être
pas mis suffisamment d'accent sur le reboisement en forêt privée
dans le passé. Les sommes consenties à la forêt
privée sont importantes, mais on doit remarquer que la majeure partie
des investissements ne va pas encore, particulièrement dans le cas de
l'aménagement par les groupements forestiers, au reboisement, mais
semble aller davantage du côté des travaux sylvicoles. On constate
en fait que même le niveau de reboisement par les sociétés
a eu tendance à décroître. J'ai vu des chiffres, par
exemple dans la vallée de la Matapédia, où on constate une
réduction de l'effort de reboisement au cours des dernières
années et non pas un accroissement, alors que le problème majeur
semble être un problème de reboisement sur la forêt
privée. Il semble bien pour l'instant que c'est à peu près
stabilisé à 20 millions de plants.
M. Russell: On a parlé tout à l'heure de douze
pépinières au Québec. Est-ce que ce nombre est suffisant
pour répondre au programme actuel du ministre?
M. Bérubé: D'abord, ce ne sont pas douze
pépinières, ce sont six grandes pépinières au
Québec. L'infrastructure en place actuellement peut supporter facilement
une production de 50 millions. Actuellement, on est sur un barème de 30
millions. Ce qui veut dire, par rapport à l'amé-
nagement intensif de 100 000 acres, le ministre a annoncé
tantôt que ça donnait à peu près 100 millions de
plants. C'est un fait parce que c'est à peu près 1000 arbres
à l'acre. Notre programme vise tout simplement à augmenter le
reboisement à 70 millions par année et à avoir 30 millions
uniquement en termes de scarification et d'ensemencement aérien. Ce
pourrait être 100 millions de plants aussi, mais actuellement, dans notre
programme, on envisage une production de 70 millions de plants.
M. Russell: Si je comprends bien, on est
suréquipé.
M. Bérubé: Actuellement oui, on ne produit pas au
maximum. Mais par rapport à 70 millions, on est certain que
l'infrastructure en place dans nos pépinières peut produire 50
millions. On devrait quand même s'organiser pour produire 20 millions
supplémentaires en dehors des pépinières existant
actuellement.
M. Russell: Est-ce qu'il y a des pépinières de
sociétés privées qui produisent actuellement au
Québec, autres que celles du gouvernement?
M. Bérubé: Actuellement, c'est le gouvernement
uniquement qui produit ses propres plants. Maintenant, avec une production de
70 millions, il est fort possible qu'au moins une partie des 20 millions
supplémentaires soit produite par l'entreprise privée.
M. Russell: Est-ce que toutes nos pépinières sont
mécanisées pour produire...
M. Bérubé: Oui, nos pépinières sont
très bien organisées.
M. Russell: Très bien organisées. Les terrains
privés, est-ce qu'ils achètent leurs arbres...
M. Bérubé: Pour ce qui est des terrains
privés, on produit les plants suivant la demande, environ 20 millions
par année. C'est donné gratuitement et ce sont eux qui ont la
responsabilité de mettre les plants en terre.
M. Russell: Est-ce qu'ils peuvent obtenir les services d'un
orienteur pour savoir...
M. Bérubé: Oui, certainement, l'aide technique leur
est donnée.
M. Russell: Leur est donnée gratuitement. Au niveau des
crédits, je passe rapidement là-dessus, on demande un montant de
$550 000 pour la démobilisation. Ce n'est certainement pas pour
rééquiper nos pépinières?
M. Bérubé: La démobilisation de $550 000
c'est, comme je l'ai mentionné tantôt, pour 20 millions de plants
qui devront être produits en dehors de nos pépinières
existantes. Le ministère des Terres et Forêts, sur les 20
millions, se propose de fournir une production de 5 millions et donner 15
millions à l'entreprise privée. Les $550 000 que vous voyez,
c'est pour mettre en place l'infrastructure d'un centre de culture en
récipients.
M. Russell: Y a-t-il des entreprises privées qui font la
production au Québec?
M. Bérubé: II n'y en a pas actuellement. M.
Russell: II n'y en a pas actuellement. M. Bérubé:
Non.
M. Russell: Ce sera une nouvelle initiative pour
encourager...
M. Bérubé: Oui. Actuellement, on intéresse
l'entreprise privée à participer à l'élaboration de
certains centres pour la production de plants. On sait qu'on a 15 à 20
millions de plants à produire qui pourront certainement venir de la part
de l'entreprise privée.
M. Russell: II n'y a pas intérêt pour le
gouvernement à augmenter ses capacités de production?
M. Bérubé: D'après nos infrastructures,
comme je l'ai mentionné, c'est de produire 50 millions.
M. Russell: Je n'ai pas d'autres questions là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 1
est-il adopté?
M. Russell: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Le ministre a
mentionné tout à l'heure qu'environ 75% du territoire
québécois où on a de la forêt, se reboisaient sur
une base naturelle. Je vous avoue que ça me fait un peu peur, en tout
cas en ce qui a trait à la Côte-Nord. Par exemple, on sait
parfaitement bien que des entreprises privées, incluant bien entendu
Rayonnier-Québec, font la coupe à blanc et ne s'occupent
aucunement du reboisement. Est-ce qu'une étude a été
entreprise dans ce secteur-là, par exemple secteur Port Cartier ou
encore Riviè-re-au-Tonnerre ou Natashquan, par exemple, en rapport avec
ça?
M. Bérubé: Des études ont été
faites l'an passé, des études de
régénération qu'on appelle, dans le cadre des documents
biophysiques, afin de vérifier réellement le partage entre ce qui
pouvait se régénérer et ce qui pouvait ne pas se
régénérer. Mais il faut faire attention, parce que
bien souvent c'est regénéré mais ce n'est
peut-être pas régénéré dans les essences dont
on a besoin.
Mais sur la Côte-Nord je n'ai pas les chiffres en main
il me semble que cela confirme très bien ce que le ministre
disait: qu'environ 30% à 35% sont des territoires qui sont mal
régénérés avec des essences dont l'industrie n'a
pas besoin actuellement. C'est régénéré, mais c'est
mal régénéré.
M. Perron: Est-ce que dans le cadre du reboisement, c'est
prévu dans certains secteurs de la Côte-Nord, le reboisement?
M. Bérubé: Le reboisement, pour nous, sur la
Côte-Nord, n'est pas tellement fort. On a privilégié des "
régions, d'abord, premièrement où il y a réellement
un déficit en bois, et deuxièmement, où dans les meilleurs
sols entre autres, la période de croissance devient extrêmement
importante. Il faut mettre nos efforts dans les meilleurs sites possibles,
à potentiels les plus élevés. Ce qui ne veut pas dire que
nécessairement, il n'y aura pas de reboisement à faire sur la
Côte-Nord. Je pense que l'accent ne doit pas être donné
là actuellement.
Sur la Côte-Nord, pour répondre à votre question, je
dois dire qu'on ne peut pas considérer la Côte-Nord comme
étant totalement uniforme. Par exemple, il y a des régions de la
Côte-Nord, et je pense à la région du Saguenay, où
on fait face à certains problèmes d'approvisionnement à
long terme et par conséquent, dans ces parties de l'unité de
gestion nous procéderons à des travaux de reboisement. Par
contre, dans d'autres parties de la Côte-Nord, nous avons un potentiel
forestier beaucoup plus important que nos besoins le demandent et, par
conséquent, l'investissement comme tel dans le reboisement serait
beaucoup moins intéressant que dans d'autres régions du
Québec où on fait face à des pénuries.
M. Perron: D'après une étude qui a
été faite par le docteur Lussier vers 1970-1971, à ce
moment, il rapportait que sur la Côte-Nord, un arbre, disons une
épinette noire prenait de 70 à 90 ans pour arriver à sa
maturité. C'est justement cela qui me fait peur dans le secteur en
arrière de Port-Cartier. Selon moi, d'après ce que j'ai vu du
territoire lui-même, le reboisement naturel ne se fait pas, pas trop
trop, en tout cas.
M. Bérubé: C'est évident que cela
dépend encore des sites que vous coupez. Si vous coupez des sites
à épinettes noires c'est plus difficile à
régénérer. Mais peut-être que par rapport à
certains endroits sur la Côte-Nord qui ne se
régénèrent pas, si on le considère par rapport au
potentiel existant, c'est quand même un territoire où on n'utilise
pas au maximum la possibilité forestière actuellement. Nos
efforts actuellement devraient peut-être être mis ailleurs sur la
Côte-Nord, en reconstituant quand même le potentiel forestier.
M. Perron: Merci, M. le Président.
M. Russell: Quel est le résultat des tentatives qui ont
été faites de reboisement à la baie James? Est-ce qu'on a
des résultats concluants.
M. Bérubé: Je l'ai visité personnellement
l'automne passé et les résultats sont assez bons. Je ne peux pas
dire exactement les pourcentages, mais il semblerait je pense que c'est
aux alentours de...
Une Voix:... et c'est tellement récent; cela fait à
peine un mois. Cette année, on va avoir plus de résultats. Il y a
eu du pin gris; il y a eu de l'aulne crispé, qu'ils appellent, qui
pousse très bien. Cela prend même dans la roche. Il y a de bons
espoirs dans cela.
M. Bérubé: Mais c'est très rudimentaire
quand même comme reboisement.
M. Russell: C'est une tentative nouvelle, d'ailleurs, de deux ou
trois ans, le temps que c'était...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, juste
pour les besoins. On n'a pas pu enregistrer une partie de ce que vous avez dit
tout à l'heure. Si vous voulez vous approcher du micro.
M. Bérubé: J'ai dit qu'à la baie James, les
essais sont assez récents; cela date d'à peine de deux ans. C'est
trop tôt pour vraiment conclure des résultats. Il reste quand
même qu'on a de bons espoirs de réussir les expériences
qu'on fait en collaboration avec la Société de la baie James.
M. Russell: Par contre, si je conviens que ces résultats
seraient concluants, cela pourrait répondre un peu à d'autres
parties de la Côte-Nord, là où la reproduction est
très, très difficile et les essences qui se reproduisent ne sont
pas des essences qui se reproduisent rapidement; elles sont très lentes.
Si on pouvait travailler sur d'autres essences qui se reproduisent plus
rapidement...
M. Bérubé: Mais, à la baie James, il ne faut
pas penser qu'on ne fera jamais d'arbres à matière ligneuse. Ce
sont seulement des arbres pour regarnir parce que la croissance n'est pas assez
forte là.
M. Russell: C'est pour couvrir les erreurs qui vont se faire
là.
M. Bérubé: C'est-à-dire que c'est pour
regarnir, pour tous les bancs d'emprunt qu'on a faits pour les barrages.
M. Russell: M. le Président, par contre, si la
reproduction se fait dans ce climat, évidemment que l'expérience
sera valable pour d'autres parties du Québec.
M. Bérubé: C'est sûr.
Le Président (M. Jolivet): Elément 1,
adopté.
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: On a eu beaucoup de commentaires touchant le
reboisement et la plantation. Est-ce qu'on fait des efforts également
dans l'ensemencement pur, tel que cela se pratique en Colombie-Britannique?
M. Bérubé: La scarification et l'ensemencement?
M. Giasson: Non, en Colombie, on fait de l'ensemencement pur.
M. Bérubé: Nous en faisons aussi par avion,
c'est-à-dire qu'on scarifie le sol et qu'on ensemence par avion. Cela se
fait uniquement, actuellement, dans le Nord-Ouest, parce que l'ensemencement
que l'on fait c'est avec le pin gris et c'est une essence qui germe assez bien
quand elle arrive au sol.
M. Russell: D'après les informations que vous recevez de
la Colombie-Britannique, est-ce que c'est un résultat concluant ou
sont-ce des essais peu concluants?
M. Bérubé: Cela dépend encore des essences.
Je ne peux pas dire que c'est concluant ou pas.
M. Russell: Selon les informations que j'ai eues sur ce point, on
va presque redoubler les pépinières pour augmenter
l'ensemencement parce que justement ces essais n'ont pas été
concluants.
M. Bérubé: Nous avons du succès avec
l'essence qui est le pin gris dans le Nord-Ouest. Ce sont des sites qui sont
très appropriés pour cela. C'est la raison pour laquelle on
continue à expérimenter ce territoire avant d'aller ailleurs.
Le Président (M. Jolivet): Elément 1,
adopté. M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Elément 2. Est-ce qu'il
y a des questions sur l'élément 2? M. le ministre.
M. Bérubé: A l'élément 2, M. le
Président, vous noterez une réduction du budget qui s'explique de
la façon suivante. De plus en plus, le ministère va favoriser les
projets qui s'autofinancent au niveau des coupes commerciales et qui ont comme
objectif d'augmenter le rendement des peuplements forestiers sur des sites
à potentiel élevé. En d'autres termes, il est parfois
possible de faire de la récupération commerciale par le biais de
coupes sélectives dans des peuplements. Cela dégage les
peuplements, ce qui accroît la vitesse de croissance du peuplement
laissé sur place et nous permet de récolter après un
certain temps, disons 50 ans, le même volume de bois que si nous n'avions
pas fait cette récolte, et en plus, évidemment, on a l'avantage
de récolter, de façon intermédiaire, en cours de
développement, du peuplement.
Par conséquent, c'est une façon d'accroître la
possibilité forestière d'une façon qui est directement
rentable. Par conséquent, puisque nous mettons l'accent sur ce type de
travaux d'aménagement qui s'autofinancent par la vente des bois,
forcément les coûts décroissent. D'autant plus que nous
allons mettre l'accent aussi sur le reboisement et l'ensemencement comme nous
apparaissant le moyen d'augmenter le plus rapidement le potentiel forestier et
le moyen qui présente le plus d'avantages économiques en ce qui a
trait aux travaux d'aménagement.
Depuis deux ans, maintenant, nous effectuons un effort très
considérable au niveau du ministère pour donner une justification
économique à chacun de nos traitements sylvicoles de
manière qu'on évite de faire des travaux sylvicoles qui peuvent
avoir une justification sur le plan forestier, mais qui, sur le plan de la
rentabilité économique, est beaucoup plus faible, est beaucoup
moins intéressant que d'autres travaux sylvicoles. Par
conséquent, dans le cadre de cette approche, on doit constater que nous
allons éliminer un certain nombre de types de travaux
d'aménagements sylvicoles qui ne correspondent pas à des
critères d'optimisation économique des travaux.
M. Russell: Est-ce que les crédits de $5 700 000 qui ont
été mis à la disposition du ministre ont été
utilisés l'an dernier ou y a-t-il eu des crédits
périmés?
M. Bérubé: Par rapport à l'année
1978/79? M. Russell: 1978/79.
M. Bérubé: Je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup
de crédits périmés. C'est très faible.
Si vous voulez avoir le chiffre exact, il nous fera plaisir de vous le
fournir, mais cela doit être très minime. (12 heures)
M. Giasson: Sur la question des travaux sylvicoles, la
région que je représente a été durement
touchée par l'épidémie de la tordeuse de bourgeons
d'épinettes.
M. Bérubé: Et ça recommence.
M. Giasson: II y a des zones qui sont définitivement plus
touchées que d'autres à l'intérieur de la forêt.
Est-ce que tous les efforts seront faits pour récupérer le bois,
surtout le sapin qui a été durement touché dans des zones
à l'intérieur de l'ensemble du grand bloc? Tout de même,
à travers ça, il y a également des peuplements
d'épinettes, c'est-à-dire qu'on retrouve des
épinet-tes dans ces peuplements de sapins et on a constaté que
l'épinette a résisté beaucoup mieux, dans l'ensemble, que
le sapin. Si on ne fait pas d'efforts, dans une région comme chez nous,
il y aura une perte de la matière ligneuse dans des proportions assez
importantes. Souvent, des gens du milieu qui connaissent la forêt, qui
marchent en forêt, ont constaté sur place quels étaient les
dommages dans des secteurs de la forêt domaniale des Appalaches, entre
autres, et du Grand Portage, et ils sont inquiets de voir des quantités
de bois aussi fortes qui vont se perdre si l'exploitation n'est pas faite dans
les années immédiates qui viennent parce que vous avez
déjà des arbres qui ont subi les effets de la tordeuse il y a
quatre ou cinq ans et dont la qualité, pour le commerce, est nulle.
C'est déjà une perte. Il y a un autre volume de bois fort
important qui va devenir une perte dans deux ans s'il n'est pas
récupéré. Dans les travaux sylvicoles, je pense qu'il y
aurait possibilité de faire plus de récupération dans le
sapin, entre autres, dans les peuplements de sapins, que ce qu'on fait
présentement.
M. Bérubé: En principe, on doit
récupérer ces parties de territoire qui sont endommagées
par la tordeuse. Je pense qu'en termes d'aménagement, il faut tout de
suite penser à aller récupérer ces bois qui sont
marchands, qui pourraient être intéressants pour l'industrie. Ce
qui empêche d'aller chercher cette production, ce sont les coûts.
Soit qu'il n'y ait pas de chemin pour aller exploiter ce territoire et,
à ce moment-là, les gens nous disent: écoutez, même
s'il y a une réduction de droit de coupe, parce que le ministère
dans certains cas peut donner des réductions de droit de coupe, ce n'est
pas économiquement exploitable. Les gens ne cherchent pas à y
aller. C'est évident que le ministère a quand même une
responsabilité en termes d'aménagement sur un territoire
donné. Il doit se préoccuper de récupérer le plus
rapidement possible le bois qui est endommagé. C'est toujours une
question de coût.
M. Giasson: Vous dites ça, mais cependant, j'entends des
propos, chez moi, de gens qui s'y connaissent dans l'exploitation
forestière et qui me disent: si on était capable d'obtenir des
permis de coupe, nous serions fort intéressés à aller
récupérer cette matière ligneuse, ces essences qui vont se
perdre de toute façon. Cela est dit par des personnes qui s'y
connaissent en fait d'exploitation.
M. Bérubé: II est évident que les gens
voudraient avoir une augmentation quant à la possibilité... Ils
voudraient, en plus d'avoir leur garantie d'approvisionnement,
récupérer le surplus du bois. A ce moment-là, le
ministère dit: Allez plutôt chercher le bois qui est
endommagé et ensuite vous irez dans des territoires qui sont plus sains.
Il y a peut-être une réaction des deux côtés. Les
gens disent, à ce moment-là: on n'est pas intéressé
à y aller.
M. Giasson: Ce que je sais de la situation chez nous, c'est que
ce ne sont pas les utilisateurs qui font les coupes. Elles sont faites par
REXFOR et par la Coopérative forestière. L'utilisateur
achète le produit une fois que l'opération a été
faite par d'autres. Tandis que les demandes qui viennent de certains
entrepreneurs forestiers, ce sont de petits entrepreneurs forestiers par
rapport aux grandes usines de sciage. Ces gens-là disent: c'est
incroyable qu'on laisse perdre une quantité de bois assez importante
lorsque nous avons la certitude de faire les opérations sur une base
rentable, d'aménager les chemins s'il faut le faire et je crois que
logiquement, pour le ministère, plutôt que de laisser perdre ces
quantités de bois-là, il vaudrait mieux accorder des permis ou
augmenter les volumes ou les choix que la société REXFOR ou
encore la coopérative pourraient faire en matière
d'exploitation.
M. Bérubé: Je vous dis qu'en termes
d'amé-nagiste, il faut chercher à récupérer ces
bois. Par rapport à l'utilisation, c'est peut-être autre chose. Je
pourrais reprendre le débat avec l'élément 1 du programme
4.
M. Giasson: Cela serait vraiment un genre de travail sylvicole,
compte tenu qu'on laisse des essences qui ont mieux résisté
à l'épidémie; on récolte celles qui vont
périr, qui vont disparaître, de toute façon.
M. Bérubé: Je suis bien d'accord là-dessus.
D'ailleurs, c'est évidemment un objectif de nos traitements sylvicoles.
Lorsque nous faisons des plans d'exploitation, nous essayons d'aménager
la forêt en fonction des différents éléments dont
celui des peuplements affectés par les différentes maladies,
particulièrement par la tordeuse, par exemple, ou des peuplements
matures.
Il arrive, cependant, et c'est une difficulté que nous avons
partout, que ces peuplements ne peuvent pas tous être exploités au
même moment, ce qui a pour effet que les forestiers et les forestiers
d'expérience voient continuellement des peuplements forestiers matures,
qu'ils jugent matures, mais qui sont attaqués par la tordeuse et qui ne
sont pas coupés au moment où ils les voient. Nous avons
souventefois des suggestions qu'on devrait aller couper tout cela. Maintenant,
nous essayons de le faire à un rythme, quand même, qui
n'amènera pas tout le monde à augmenter leur possibilité
indûment pour l'année suivante, se retrouver ainsi avec un
déficit, parce que ces forêts ne sont pas remplacées
automatiquement.
Encore une fois, comme M. Marois le mentionnait, c'est un de nos
objectifs principaux au niveau de l'aménagement. Mais ce n'est pas
facile. C'est un peu comme ceux qui nous demandent des augmentations ou des
garanties d'approvisionnement et à qui on dit: II n'y a plus de bois
disponible. Alors, le citoyen voit de belles forêts matures et il dit:
Comment se fait-il qu'on nous dit qu'il n'y a pas de bois disponible. J'en vois
partout.
M. Russell: Ce n'est pas le même point quand même; le
point qui a été soulevé c'est que c'est du bois qui est
à perte actuellement et qu'on refuse d'émettre des permis en
disant qu'ils ont déjà utilisé et eu leur permis pour le
maximum et le bois va se perdre quand même et on va le laisser se perdre
plutôt que de laisser quelqu'un le couper et en faire une utilisation
rationnelle. Mais c'est quand même rentable.
D'un autre côté, tout à l'heure, j'entendais des
remarques; on disait: Souvent il n'y a pas de chemin pour aller faire la coupe
de ces bois. Je remarque que, dans les crédits de cette année, on
baisse les crédits pour les travaux de chemins forestiers pour les
travaux sylvicoles. Cela ne concorde pas.
L'an dernier, vous aviez des crédits de $328 000 pour les chemins
forestiers pour travaux sylvicoles. Cette année, vous baissez à
$170 000. Il faut croire que vous n'avez pas besoin de crédits. Donc, ce
n'est pas une plainte.
M. Bérubé: Non, on ne parlait pas de cette voirie.
Ce n'est pas la même voirie. On parlait de la voirie forestière
des grandes voies d'accès aux territoires de coupe, alors que dans ce
cas, ce n'est certainement pas avec $160 000 ou $300 000 de budget au point de
vue chemins forestiers...
M. Russell: M. le Président, je veux simplement dire que
je prends ici un article où c'est écrit: Chemins forestiers pour
travaux sylvicoles. L'an dernier, on avait $328 000 et cette année on a
$170 000 et on se plaint encore que les chemins ne sont pas tous complets pour
exécuter les travaux du bois qui est affecté.
M. Bérubé: Je vois le sourire sarcastique et
narquois du député qui est parfaitement conscient de la
réponse. Il existe également un autre volet...
M. Russell: C'est antiparlementaire dans la bouche du ministre.
Il n'a pas le droit d'utiliser ces paroles. Je voudrais qu'il retire ces
paroles; c'est une insulte.
M. Bérubé: II existe deux volets de voirie
forestière: un volet que nous retrouverons plus loin et qui est le
véritable programme de voirie forestière, donc d'ouvertures de
territoires pour l'exploitation forestière. Ici, il s'agit de petits
chemins qui nous permettent d'avoir accès à des massifs.
Evidemment, ce sont quand même des réseaux extrêmement
restreints et ce n'est pas à ce chapitre que l'on trouverait l'argent
nécessaire pour fabriquer des chemins indispensables à
l'accès des peuplements qui sont menacés, en danger et en
perdition.
Par conséquent, cet article est bien mineur et le programme de
voirie forestière de plusieurs dizaines de millions de dollars, nous le
trouverons plus loin et c'est là qu'il faut voir, en fait...
M. Giasson: M. le Président, je soulève cette
question. Il existe, dans la forêt domaniale des Appalaches, des zones
où le sapin est totalement en perdition et il n'est pas
nécessaire d'investir d'argent dans la construction de routes. J'ai
à l'esprit, par exemple, dans le canton Lessard un bloc durement atteint
qui est en bordure de la route 285. Il n'est même pas question de voir
construire des chemins. C'est une forêt qui est plutôt jeune,
c'est-à-dire que le diamètre moyen des arbres est assez petit.
Cela ne se prête pas nécessairement à l'exploitation de
billots. Ce serait des coupes qui devraient être faites en vue de la
production du bois de pulpe, qu'on appelle chez nous, à cause d'un
diamètre moyen qui n'est pas fort, qui n'est pas suffisant pour la coupe
en billots, mais cela va se perdre quand même. Quand le diamètre
moyen est de six pouces, par exemple, du côté des billots, ce
n'est peut-être pas tellement intéressant parce que cela fait des
billots très petits; par contre, c'est une forêt qui va se perdre
et qu'on pourrait exploiter pour transformer en bois à pâte. Vous
circulez sur la route 285 et vous constatez vous pénétrez
un peu dans le boisé, dans la forêt que c'est une
forêt qui est en perdition, l'épinette résiste, mais on va
perdre tout le sapin.
M. Bérubé: Pour avoir un débat plus
éclairé, il faudrait voir les plans d'exploitation, les plans
d'aménagement pour voir si justement ces massifs...
M. Giasson: Ces secteurs.
M. Bérubé: Oui... ne sont pas prévus pour
une coupe l'an prochain ou dans deux ans, par exemple.
M. Giasson: Dans deux ans il va être trop tard. Il faut que
cela se fasse immédiatement, cela va périr, cela va être
gaspillé. Les têtes sont déjà cassées. Ce
sont des arbres qui sont secs depuis deux ou trois ans et les têtes
commencent déjà à casser. L'eau pénètre et
ce n'est pas long que cela devient inutilisable. Là, il y aurait
justement une pratique de travaux sylvicoles.
M. Bérubé: Votre critique m'apparaît
fondée et je vais mes fonctionnaires sont ici et en sont
conscients... Notre politique est de privilégier les coupes dans ces
peuplements qui sont menacés et on pourrait donc être
amenés à dire à un industriel de cesser ses coupes dans le
territoire où il opère présentement et de se diriger dans
une autre partie du territoire pour faire les coupes à cet endroit.
Ce qu'il est cependant important de retenir, c'est que l'on ne doit pas
profiter de l'occasion pour augmenter les garanties ou les permis de coupe aux
industriels. En effet, si...
M. Giasson: II n'y a pas d'industriel qui coupe dans cette
forêt.
M. Bérubé: C'est-à-dire que dans l'ensemble
de la forêt des Appalaches, à ma connaissance, nous coupons au
moins la possibilité et même un peu plus dans la mesure où
nous sommes obligés
d'augmenter la possibilité par des travaux d'aménagement,
de reboisement et de travaux sylvico-les. Ce qui est dangereux, lorsqu'un
peuplement est attaqué par la tordeuse, c'est que ce peuplement a fait
partie du calcul de la possibilité. Si nous décidons de couper ce
peuplement, nous serons obligés de réduire les autres permis de
coupe de manière à ne pas couper plus que la possibilité
et par conséquent la seule solution, finalement, c'est de
déplacer les industriels pour les amener à abandonner leurs
coupes dans des peuplements qui ne sont pas menacés pour
privilégier les peuplements en perdition. La conséquence,
évidemment, de tout cela, c'est que c'est un coût
supplémentaire pour l'industriel, mais je suis assez d'accord avec vous
pour dire que normalement le ministère devrait imposer une telle
directive au concessionnaire et les permis de coupe devraient donc être
accordés annuellement à la condition qu'il n'existe pas, sur le
territoire, d'autres peuplements récupérables qui devraient
être récupérés en priorité. Mais je suis
absolument d'accord avec vous. Si vous me soulignez de tels cas sur votre
territoire d'une façon générale on m'a
signalé au ministère que c'était la politique mais
si vous me signalez des cas, il faudra voir à faire corriger ces
abus.
M. Giasson: M. le Président, je considère qu'il
serait fort important de connaître d'abord le programme de coupe qui est
préparé par le ministère, puisqu'il n'y a aucun industriel
qui fait des opérations forestières dans les Appalaches, aucun
industriel ne fait...
M. Bérubé: REXFOR et la Coop.
M. Giasson: Et la Coop. C'est le programme de coupe
préparé par le ministère et exécuté par les
deux organismes auxquels fait allusion le ministre qui pourrait nous indiquer
si dans les secteurs que j'ai à l'esprit et que je connais bien, on
prévoit récupérer avant deux ans tout le peuplement de
sapins qu'on y retrouve. Il y a même des propriétaires
d'érablières qui sont venus me rencontrer récemment, qui
manquent de bois à l'intérieur de leur érablière,
qui sont obligés de le transporter d'ailleurs et qui me disaient: Quant
à voir ce bois se gaspiller, si le gouvernement nous donnait la
permission de le récupérer, on pourrait tout au moins l'utiliser
comme bois de chauffage à l'érablière. On a placé
des demandes et il n'en est pas question. Cela va se perdre; s'il n'y a pas de
mesures prises incessamment, cela va se perdre. (12 h 15)
M. Bérubé: Nous allons obtenir l'information
directement du régisseur, il nous fera plaisir de vous la fournir. Si
vous constatez des anomalies de gestion, je pense qu'il est important de les
souligner et on verra à les corriger. Je suis absolument d'accord avec
vous.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 2
est-il adopté?
M. Bérubé: II y a un point que j'aurais voulu
souligner, M. le Président, avant de quitter ce programme.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Bérubé: Malheureusement, j'ai fait faire des
copies, mais elles sont tellement mauvaises que j'hésite presque
à vous les distribuer. Je pourrais essayer d'en tirer peut-être de
meilleures épreuves. C'est pour illustrer un peu l'impact du programme
de reboisement dans lequel nous sommes engagés. J'ai une carte que je
vais vous montrer. Vous recevrez à la prochaine séance de
meilleures copies. J'ai une carte du territoire du Québec où, en
grisaille, nous avons les territoires où existent présentement
des surplus de bois qui seraient disponibles. Nous constatons en fait que ces
surplus sont essentiellement dans le nord du territoire et que ce sont donc des
peuplements très coûteux à récupérer.
Notre programme de reboisement sur 100 000 acres ou, du moins,
reboisement et ensemencement sur 100 000 acres, va donc dégager les
possibilités que j'ai ici et on constate que nous allons dégager
des volumes disponibles dans la région de l'Outaouais, nous allons en
dégager également en Mauricie de façon substantielle, en
Gaspésie, du côté du Lac-Saint-Jean, nous en
dégageons donc un peu partout dans le Québec, y compris dans le
Nord-Ouest. Ce programme de reboisement nous permet donc de dégager les
massifs forestiers existants, sur lesquels nous pouvons maintenant effectuer
des coupes, simplement parce que nous savons que ces travaux de reboisement
sont faits de façon permanente et continue. On dégage donc des
possibilités qui vont peut-être permettre de répondre
à la question que vous avez posée: Est-il possible de ne pas
expédier de copeaux à l'extérieur du Nord-Ouest et de les
traiter sur place, compte tenu de l'accroissement des approvisionnements sur le
territoire? Mais l'accroissement d'approvisionnements sur ce
territoire-là n'est rendu. possible, en pratique, que par deux causes.
Une, un meilleur inventaire et l'autre, la conséquence des travaux de
reboisement dans lesquels nous sommes engagés.
Je pense que cette carte-là nous permet de voir vraiment l'impact
du programme que nous approuvons présentement. Cela représente un
impact majeur pour le développement industriel forestier au
Québec.
Je verrai donc à faire photocopier ces figures de manière
à ce que vous puissiez voir géographi-quement où sont
situés ces volumes de bois que nous anticipons au Québec, dans
les différentes régions québécoises.
M. Russell: Combien d'années prévoyez-vous avant la
réutilisation d'une forêt qui a été
reboisée?
M. Bérubé: Dépendant beaucoup des
régions, je pense que M. Marois serait plus en mesure... En
Gaspésie, je le sais parce qu'on y a travaillé, c'est
40 ou 45 ans, dans une forêt reboisée et entretenue.
Toutes nos actions sont basées sur une période de 50 ou 60
ans.
M. Russell: C'est une replantation, ce n'est pas un reboisement
naturel.
M. Bérubé: C'est une replantation entretenue.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 2 est
adopté au complet?
Une Voix: Adopté.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 3?
M. Russell: M. le Président, j'aurais une question,
à savoir si...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, M. le
ministre va peut-être faire une présentation du programme au
complet.
Protection des forêts
M. Bérubé: Oui. Nous sommes rendus à
l'élément 3 qui est évidemment la protection des
forêts. Trois éléments: prévention et lutte contre
les incendies, prévention et lutte contre les insectes et
l'éducation et conservation en milieu forestier. Ce sont les stations
forestières, les sentiers d'interprétation de la nature que le
ministère a implantés un peu partout au Québec pour
sensibiliser les Québécois à l'importance de la protection
de la forêt et de la conservation du milieu forestier.
Le premier élément porte sur la prévention et la
lutte contre les incendies. Vous savez que la protection est assumée au
Québec par sept sociétés de conservation et le
ministère, par le biais de son service de protection contre le feu,
établit le plan d'organisation provinciale. Il définit les
normes, il supervise l'exécution du plan par les sociétés
de conservation et il coordonne l'utilisation des ressources et principalement
l'équipement mobile tel que les avions citernes du gouvernement.
Nous avons deux représentants à chacun des conseils
d'administration des sept sociétés et ils participent à
l'exécution du programme de prévention, les luttes contre
l'incendie.
Je pense que c'est essentiellement ce qu'on peut dire concernant la
lutte conte les feux de forêts. Evidemment, même remarque que
l'année dernière, étant donné que nous sommes
difficilement en mesure de prédire s'il y aura ou non beaucoup de feux,
en général, on prévoit un budget de base dans ce programme
et chaque année on a recours au fonds de suppléance pour couvrir
les frais causés par les incendies.
M. Giasson: L'an dernier, M. le Président, est-ce que le
ministre a dû faire appel au fonds de suppléance? Dans quel ordre
de grandeur?
M. Bérubé: $1 500 000, je crois.
M. Giasson: $1 500 000 de plus que les prévisions des
crédits qui avaient été votés initialement?
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Est-ce que dans le montant de $9 170 000 le $1 500
000 est compris?
M. Bérubé: Non. Pour les frais de lutte, il n'y a
que $600 000 comme base. On part toujours avec à peu près $600
000 chaque année parce qu'on espère toujours que ça va
être moins pire que l'année précédente.
M. Russell: Si je comprends bien, les crédits
indiqués, soit $9 millions, ne comprennent pas le $1 500 000
supplémentaire qui a été...
M. Bérubé: Oui, je m'excuse, je croyais que
c'était pour cette année. Il est compris dans celui de l'an
dernier.
M. Russell: Ce qui cause une augmentation des crédits. Si
on a besoin d'un autre $1 500 000, il faut aller le chercher.
M. Bérubé: II faut aller le chercher.
M. Russell: M. le Président, dans la surveillance qui est
faite contre les incendies, est-ce que le ministère donne des contrats
à des sociétés qui ont des avions, qui font du survol de
territoires ou est-ce simplement fait par les sociétés?
M. Bérubé: Pas par le ministère, par les
sociétés.
M. Russell: Par les sociétés, y compris les moulins
à papier.
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Le ministère ne donne aucun contrat à
l'entrepise privée.
M. Bérubé: Pas pour la surveillance. M. Russell:
Pas pour la surveillance.
M. Bérubé: II y a une catégorie de
contrats... Non, effectivement, il n'y en a pas. On a une espèce
d'arrangement pour trois avions à peu près; c'est donné
par les sociétés, mais on finance une partie de ces trois
avions-là.
M. Russell: Donc, une partie financée par le
ministère.
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Quelles sont les régions surveillées et
par qui le sont-elles?
M. Bérubé: C'est surtout la Côte-Nord...
Enfin, ces avions-là sont un complément à la flotte
d'avions-citernes, si vous voulez. Ce sont des avions qui servent à la
détection, mais, lorsqu'il y a des feux, ils servent à diriger
les avions-citernes parce que pour guider les avions-citernes vers un feu,
ça prend un avion qui agit comme tour de contrôle, si vous voulez,
au-dessus des avions. Alors, c'est une espèce d'arrangement comme
ça. C'est la société qui donne le contrat, mais on lui
garantit qu'on va lui payer une partie du coût de location de cet
avion-là.
M. Russell: Quelle est la partie remboursée par le
ministère?
M. Bérubé: Cela varie selon qu'il y a des feux ou
non. S'il y a des feux, c'est réparti dans le coût des feux. A ce
moment-là, le gouvernement paie la moitié du coût du feu,
plus le prorata de sa superficie et c'est appliqué en remboursement du
coût de cet avion-là.
M. Russell: Est-ce que je dois comprendre que ces avions qui
travaillent à contrat ont des vols quotidiens à faire pour
surveiller un territoire?
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Ils sont payés à l'heure de vol
ou...
M. Bérubé: Pour avoir ces avions-là en
exclusivité, il faut leur garantir un minimum d'heures par mois,
c'est-à-dire pour toute la saison effectivement. On n'a pas le
choix.
M. Russell: Est-ce le ministère ou un
délégué du ministère qui demande d'aller voler tel
jour ou le propriétaire décide-t-il de voler tant d'heures?
M. Bérubé: Non, c'est la société qui
lui dit: Telle journée tu fais telle course, deux ou trois fois par jour
suivant les risques qu'il y a. La seule liberté que nous donne le fait
qu'on finance une partie de cela, c'est que notre centre de coordination peut
décider que cet avion-là, par exemple, qui est sanctionné
dans l'Outaouais, si le risque devient plus dangereux dans la Mauricie, on va
dire: Cet avion va travailler dans la Mauricie aujourd'hui ou demain, ou il
peut travailler en Gaspésie. On a le loisir de les déplacer de la
même façon qu'on déplace les avions-citernes en fonction
des risques dus à la température.
M. Russell: II y a trois avions, l'un dans le Nord, l'un dans
l'Outaouais, l'autre dans la Mauricie...
M. Bérubé: Ils peuvent être tous les trois
ensemble aussi à un moment donné.
M. Russell: Mais ils ne sont pas nécessairement
localisés à la même place.
M. Bérubé: Non, ces avions ont une
flexibilité, c'est pour ça qu'on les finance, pour avoir la
flexibilité qu'on désire. On les déplace de la même
façon qu'on déplace les avions-citernes. Au début de la
saison, ils peuvent être dans une région, dans la région
voisine et peut-être en Gaspésie, si on commence par l'ouest, et
une semaine après ils peuvent être tous en Gaspésie si on a
besoin d'eux là-bas.
M. Russell: Quel type d'avion est utilisé. M.
Bérubé: Un bimoteur, rapide. M. Russell: Rapide?
M. Bérubé: Oui, parce qu'il faut qu'il arrive sur
les lieux du feu avant que l'avion-citerne n'arrive.
M. Russell: II n'y a pas de norme exigée?
M. Bérubé: Nous les qualifions de bimoteurs rapides
versus des bimoteurs moins rapides. Ce sont des avions de 200 milles à
l'heure et plus, si vous voulez. Quand ils reçoivent l'appel pour se
diriger sur un feu, on veut qu'ils arrivent avant l'avion-citerne
ordinaire.
M. Russell: Quel est le taux à l'heure de ces
avions...
M. Bérubé: Sur cela, on n'a pas le choix; ce sont
des taux qui sont déposés par ces gens-là au
ministère fédéral des Transports et même si on
demandait des prix, il n'en est pas question. Ils n'ont pas le droit de nous
facturer moins ni plus que le taux qu'ils ont soumis au fédéral
et qui a été approuvé par le gouvernement
fédéral. Mais on procède tout de même par demande de
prix au printemps, parce qu'il y a de petites conditions qui peuvent varier
comme le fait de ne pas exiger le supplément de l'essence lorsqu'ils
partent d'une base à une autre base et des fois lorsque le pilote va
exiger $3.50 pour son lunch au lieu de $3. Ce sont des bagatelles dans ce
genre-là, mais quant au prix, cela se tient pas mal; on n'a pas le
choix, on ne peut pas demander de soumission pour cela.
M. Russell: Est-ce que ces avions peuvent faire d'autres travaux
entre-temps ou s'ils sont obligés d'être à votre
disposition?
M. Bérubé: Non, ils sont à la disposition du
ministère et de la société pour faire n'importe quoi.
M. Russell: A n'importe quel temps. M. Bérubé:
N'importe quoi.
M. Russell: Ils n'ont pas le droit de faire d'autres travaux.
M. Bérubé: Non, c'est exclusif.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: En rapport avec la Côte-Nord, quel est le
système que vous employez dans les villes de Gagnon, Fermont,
Schefferville et les alentours, parce qu'il y a tout de même un bon
bassin de services dans ce coin-là.
M. Bérubé: L'entente qu'on a avec ces
villes-là c'est qu'on leur a fourni un minimum d'équipement
météorologique, on leur fournit l'entraînement d'une ou
deux personnes, on leur a prêté des pompes et un peu de boyaux.
Ces villes, après étude, il y a des étés où
elles n'ont pas besoin de nous du tout, d'aucune façon.
On a effectivement une entente avec Forêt Météo. Ils
nous rapportent les conditions de pluie et de vents, de température,
tous les jours. C'est envoyé par notre système de télex
à Montréal, c'est traité dans l'ordinateur et cela nous
donne les conditions, le risque. On peut, vous savez, maintenant, avec le
système de Forêt Météo, prévoir qu'il y a
risque de feu dans deux jours, trois jours, quatre jours, d'ici. Si cela
devient dangereux, on envoie un avion-citerne; si ce n'est pas dangereux,
l'été, on n'envoie personne. Par contre, il pourrait arriver
une erreur humaine peut toujours arriver qu'il y ait un feu, mais
on doute qu'il brûle assez vite parce qu'on le sait si le feu va
brûler assez vite. On le sait trois ou quatre jours d'avance par la
situation météorologique. A ce moment-là, ils savent qui
contacter à Baie Comeau et on envoie un avion-citerne de là.
Ce ne sont pas des interventions rapides comme dans le sud. Dans le sud,
on essaie d'être sur le feu au moins 20 minutes après que le feu a
été rapporté. Dans le cas de Gagnon, on ne peut pas faire
cela. On pourra faire cela en période risquée. En période
dangereuse, l'avion va être stationné soit à Gagnon, soit
à Schefferville, soit à Fermont, à côté,
à Labrador City, en fait. A ce moment-là l'avion pourra
intervenir dans le même temps. Mais s'il n'y a pas de besoin, on n'ira
pas.
M. Perron: Est-ce qu'il existe une entente interprovinciale entre
Terre-Neuve, le Labrador et la ville de Fermont et les alentours, parce qu'on
sait qu'il y a trois ans passés il y a eu un feu qui a tout de
même été très prononcé à Labrador City
et les alentours et cela risquait même de se répandre
jusqu'à la ville de Fermont.
M. Bérubé: Je ne me souviens pas s'il y a une
entente officielle, mais je peux dire qu'il y a une entente très
efficace au niveau des fonctionnaires. Il n'y a aucun problème.
Même dans tout le Canada, on est en contact pratiquement journalier, en
période de feu, avec le Nouveau-Brunswick de la même façon,
avec même le Maine, le Vermont. On a un système de télex.
On est au courant de la situation à cet endroit et s'ils veulent faire
appel à nous, ils peuvent le faire, et effectivement ils le font, et
cela marche dans les deux sens. Même avec l'Ontario, c'est le même
système. Avec l'Ontario, je sais qu'on a une entente officielle. Avec
Terre-Neuve, je ne peux pas dire. Je ne me souviens pas si on a une entente
officielle, mais cela fonctionne très bien; il n'y a pas de
problème.
S'ils sont proches, ils y vont et nous envoient le compte et on paie, et
la même chose se fait.
M. Perron: Merci.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que
l'élément 1 est adopté avant l'ajournement? Donc, nous
ajournons la séance sine die en tenant pour acquis qu'il y aura un avis
de la Chambre après la période des questions.
Fin de la séance à 12 h 35
Reprise de la séance à 15 h 50
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission est réunie pour étudier les crédits
budgétaires du ministère des Terres et Forêts. Les membres
de cette commission sont: M. Bérubé (Matane), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé par M.
Pagé (Portneuf); M. Marquis (Matapédia), M. Perron (Duplessis),
M. Russell (Brome-Missisquoi).
Le rapporteur est toujours M. Perron (Duplessis).
Nous en étions rendus ce matin à l'élément 1
du programme 3, mais avant de débuter, pour éviter toute
confusion, nous siégeons jusqu'à 18 heures et nous reprenons les
travaux de 20 heures à 22 heures, et nous reprenons demain matin
à 10 heures...
M. Russell: Si nous n'avons pas terminé.
Le Président (M. Jolivet): ... si nous n'avons pas
terminé. Si on a terminé, tant mieux. M. le député
de Brome-Missisquoi avait encore des questions sur l'élément 1 du
programme 3.
M. Russell: Cela avait rapport aux envolées. Combien
a-t-on d'avions qui volent actuellement pour éteindre les feux?
M. Bérubé: Pour éteindre les feux?
M. Russell: Oui.
M. Bérubé: On en a 21.
M. Russell: 21. Les vieux CANSO fonctionnent encore?
M. Bérubé: Oui, ils fonctionnent très bien,
ils ont été refaits à neuf.
M. Russell: Est-ce que... Pardon?
M. Bérubé: C'est aussi fiable que les F-27.
M. Russell: Est-ce que le ministre aurait une plainte à
formuler contre les F-27? On a combien de F-27?
M. Bérubé: Deux.
M. Russell: Deux F-27. Est-ce qu'on fait la location de ces
avions à l'extérieur de façon permanente ou
occasionnelle?
M. Bérubé: Terres et Forêts, jamais, c'est le
ministère des Transports... de moins en moins.
M. Russell: Service des transports et des communications... De
moins en moins.
Le Président (M. Jolivet): Cela va.
L'élément 1 est adopté. L'élément 2. M. le
ministre.
M. Bérubé: Excusez-moi, M. le Président, je
suis mêlé dans mes papiers. Je vais me retrouver rapidement, si
vous me donnez trente secondes.
Le Président (M. Jolivet): On va vous les laisser.
M. Bérubé: Puis-je immédiatement remettre
à mes distingués collègues de l'Opposition ces deux
figures explicites que nous avons griffonnées à la main de
manière à rendre évidente la discussion que nous avions ce
matin? Essentiellement, ces figures 4 et 5 de notre rapport interne ne sont pas
disponibles à l'extérieur, du moins tant que l'entente ne sera
pas signée. On est en train de les dessiner. Les deux autres, je vous
les apporterai tantôt.
La première carte du Québec représente les surplus
de bois disponibles actuellement. Il est donc évident qu'il n'y a pas de
surplus de bois. Cependant, nous avons des peuplements à maturité
existant au Québec et nous pourrions hypothéquer ces peuplements,
les couper plus rapidement que normalement, à la condition que des
travaux d'aménagement soient faits sur les 100 000 acres dont nous
parlions. Ceci permet de définir au Québec des endroits où
nous pourrions ainsi produire de la matière ligneuse
supplémentaire, qui serait donc disponible pour l'industrie
forestière.
On peut donc constater que l'ensemble des régions du
Québec est impliqué. Certaines régions, cependant, en
profitent moins. Je pense, par exemple, à la région des
Appalaches où nous n'avons pas de stock à maturité de
disponible nous permettant de réaliser cette opération. On voit,
par exemple, qu'en Gaspésie l'impact est considérable. On le voit
également dans La Mauri-cie, ce qui pourrait répondre justement
à votre question. Nous sommes à quantifier les volumes de ces
bois qui deviendraient disponibles et à quantifier en même temps
l'impact économique d'une telle opération.
M. Russell: Vous n'avez pas encore trouvé de solution pour
l'alimentation des scieries des Cantons de l'Est?
M. Bérubé: Un des drames des scieries des Cantons
de l'Est, évidemment, c'est que les peu- plements sont plutôt de
type feuillu et non résineux, ce qui représente
déjà un obstacle.
Deuxièmement, la qualité des feuillus n'en fait pas du
bois particulièrement bon pour le sciage de qualité. Il s'agit
donc d'une forêt dégradée, établie sur un des
territoires où le potentiel est plus intéressant au
Québec, mais la forêt elle-même est dans un assez piteux
état. Comme il s'agit de forêts privées, il faut donc
tabler sur le dynamisme local de la population pour aménager ces
forêts. On doit constater qu'en dépit du fait que nous avons un
programme extraordinairement généreux dans le secteur de
l'aménagement des forêts privées, les Cantons de l'Est sont
parmi les régions du Québec qui profitent le moins du programme,
faute de demandes.
M. Russell: M. le Président, simplement pour informer le
ministre, ces scieries actuellement transportent du bois à des distances
de 150 milles, qui vient du côté américain. On pourrait
peut-être, en se dirigeant vers les terrains de la couronne, à
100, 150 milles, atteindre du bois qui n'est pas du feuillu.
M. Bérubé: II n'est pas évident que la
qualité des bois qui serait ainsi disponible serait d'un diamètre
suffisamment grand pour que ce bois mérite un transport sur une aussi
longue distance. Cependant, il apparaît, en tout les cas, que si l'on
développait le transport ferroviaire, on pourrait transporter du bois de
sciage sur de plus longues distances, à un coût très bas.
Malheureusement, ici, au Québec, les tarifs ferroviaires qui sont
exigés des entreprises sont prohibitifs, dépassent nettement la
capacité de payer de l'industrie du sciage et, par conséquent, ce
mode de transport est fort peu utilisé.
M. Russell: Actuellement, M. le Président, ce n'est pas
à cette question-ci, mais comme j'aimerais amorcer la question, est-ce
que le ministre est disposé à donner des droits de coupe à
ces gens qui seraient intéressés à faire de la coupe sur
des terrains de la couronne à 150 milles ou 160 milles de leurs
scieries, faire eux-mêmes leur propre coupe et leur propre transport?
M. Bérubé: Tout dépend. Si des volumes de
bois sont disponibles, ça ne fait aucun doute, mais, récemment,
on me saisissait, dans le secteur de la Beauce-Appalaches, de la
possibilité de faire venir du bois de la Côte-Nord et,
après évaluation des coûts d'exploitation et de transport,
le coût de ce bois s'avérait absolument prohibitif. Sans
dévoiler des chiffres de la société Rayonier, qui sont sa
propriété personnelle, il est notoire que le coût de bois
sur la Côte-Nord, par exemple dans la région où nous avons
des volumes de bois accessibles, est de l'ordre, enfin, dépasse les $100
du cunit et que, par conséquent, livré à l'usine, c'est
donc de l'ordre de $200 du 1000 pieds. Comme le prix de vente du bois est de
l'ordre de $250 du 1000 pieds et qu'on n'a pas encore inclus le transport de la
Côte-Nord jusque dans la région
des Appalaches, on peut imaginer que le coût final du bois
livré sur place sera de l'ordre de $250 à $300 du 1000 pieds et,
évidemment, il n'y a pas un scieur qui peut faire affaires de
façon rentable dans ces conditions, ce qui fait qu'il n'est pas
évident, à mon point de vue, que la récolte de bois au
nord soit tellement intéressante sur le plan économique.
Maintenant, cela peut être étudié dans un cas
particulier, mais le cas qui avait été soulevé a
été analysé à mon ministère et on a pu
démontrer que c'était totalement non rentable.
M. Russell: Je crois sincèrement qu'il y a deux, trois cas
en particulier où ils pourraient s'approvisionner peut-être dans
la Mauricie. Plutôt que d'envoyer des billes qui peuvent être
propres au sciage, on les envoie en bois de papier, on pourrait peut-être
exiger qu'elles soient envoyées au sciage au prix du marché. Je
pense que ces scieries seraient disposées à acheter de ce bois
pour pouvoir conserver leurs scieries.
M. Bérubé: Parfait! Il me fait plaisir d'accueillir
le député de Mégantic-Compton. Est-ce qu'il vient se
joindre à nous en qualité d'intervenant?
M. Grenier: Je suis de passage seulement.
M. Bérubé: De passage seulement, c'est dommage.
M. Grenier: De passage, mais pour revenir demain.
M. Giasson: L'opération Jean-Talon est terminée et
il va...
M. Grenier: Oui, on a un député temporaire.
Le Président (M. Jolivet): Elément 2, M. le
ministre.
Lutte contre les insectes nuisibles
M. Bérubé: Nous en sommes maintenant à la
lutte contre les insectes dits nuisibles, qui sont au nombre de trois, à
ma connaissance, à faire des ravages dans nos forêts. Nous avons
la tordeuse de bourgeons d'épinette, la mouche à scie de Lecomte
et la spongieuse. Certains experts à mon ministère pourront
certainement expliciter les caractéristiques d'une et de chacune de ces
bêtes.
Je dois dire que l'intensité de l'épidémie est en
régression, fort heureusement, sur la Côte-Nord, en
Gaspésie, sur l'île d'Anticosti, mais, par contre, les dommages
sont encore sévères dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ils ont
repris également de l'intensité dans le Bas-Saint-Laurent, je
pense à la région de Montmagny-L'Islet en particulier, et ceci
n'est pas sans nous inquiéter, d'autant plus que nos collègues
américains nous léguant la spongieuse... il s'agit d'une autre
bibite qui s'attaque à l'orme, c'est le?
Ce n'est pas une bibite. C'est une maladie hollandaise de l'orme.
La mouche à scie, la "gypsy moth", ça vient des
Etats-Unis, la spongieuse...
La spongieuse...
La spongieuse.
Cela vient des Etats-Unis. (16 heures)
Excusez-moi, je mêlais la "gypsy moth" avec la spongieuse; la
spongieuse, c'est tellement plus agréable et sonore. Il semble, en tout
cas, que les densités d'oeufs mesurées en forêt nous
permettent d'appréhender, pour l'année prochaine, une
réduction de près de la moitié de l'intensité de
l'épidémie. Par conséquent, on est dans la bonne
direction, la conséquence apparaît assez évidente: nous
réduisons nos efforts d'arrosage et nous continuons, comme par le
passé, à les concentrer là où nous sentons des
problèmes.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Dans les notes que nous a remises le ministre, il y a
un résumé des différents fléaux causés par
les insectes nuisibles. L'épidémie de mouches à scie de
Lecomte est-ce que cela a déjà fait des ravages au Québec
ou si c'est très marginal?
M. Bérubé:... des plantations de pin. M.
Giasson: Des plantations de pin?
M. Bérubé: Surtout dans l'Outaouais. Cela fait
plusieurs années, mais cela a des hauts et des bas. On était dans
une période de remontée qui a commencé l'an passé.
Cela se traite avec un virus et ça a un effet cumulatif; on n'est pas
obligé de toucher tous les insectes, on touche une certaine partie des
insectes et ils se transmettent cela entre eux et il semble que ce soit
très efficace, on en vient à bout avec ce traitement,
contrairement à la tordeuse où c'est beaucoup plus difficile; en
fait, on ne fait que diminuer les dommages, tandis que là on s'attaque
réellement à l'insecte.
M. Giasson: Est-ce que c'est à peu près le
même genre de dommages que la tordeuse peut faire? Cela suce la
sève des aigrettes de pin?
M. Bérubé: Non, ce n'est pas tout à fait le
même genre, mais ça peut entraîner la mort de la même
façon que la tordeuse. Cela va s'attaquer à un groupe de petits
arbres, ça va rester là et ça va se développer
jusqu'à ce que l'arbre meure. Mais, si c'est pris à temps, il n'y
a pas de problème. Etant donné que ce sont de petites plantations
qui sont accessibles, ce n'est pas du tout le même genre de programme.
Cette année, ça va être fait par hélicoptère
et beaucoup à terre, aussi, par les individus. La difficulté, ce
sont de petites parcelles, pour ne pas être obligé de tout
arroser. C'est très dispendieux à l'unité, si vous voulez,
parce que c'est trop petit.
M. Giasson: Est-ce que c'est au moment où la mouche est
à l'état de chenille qu'elle fait du
dommage? C'est une chenille, comme la tordeuse d'épinettes.
M. Bérubé: C'est très efficace, c'est
surprenant.
M. Russell: ... d'année en année.
M. Bérubé: Oui, c'est cumulatif dans la population
de l'insecte.
Cela reste dans la population de l'insecte, la population tombe à
presque rien au bout d'un certain temps. C'est une maladie qu'on injecte
à la larve et elle se transmet d'une génération à
l'autre et elle s'agrandit.
M. Giasson: Les coûts de lutte doivent être assez
minimes pour cet insecte par rapport à...
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: C'est de l'ordre de...
M. Bérubé: C'est de l'ordre de $60 000 juste pour
cela. Si vous calculez cela à l'acre, cela monte à environ $100
l'acre.
M. Russell: La tordeuse, c'est plus dispendieux que cela?
M. Bérubé: Au total, c'est plus dispendieux, mais
à l'acre, c'est de beaucoup meilleur marché.
Dans le cas de la tordeuse, c'est de l'ordre de $6 l'hectare.
M. Giasson: La spongieuse se trouve dans la région de
Montréal?
M. Bérubé: La spongieuse s'attaque surtout aux
feuillus et ce sont les feuillus... on s'attend à ce que le mont
Saint-Bruno et les montagnes qui entourent la région de Montréal
soient les plus attaqués. Il semble que la spongieuse se
développe là et ils s'en vont sur les vergers, alentour, ils
attaquent un arbre ici et là et ils peuvent faire mourir ces arbres. Ces
montagnes, en particulier, d'après nos experts, risquent d'être
dénudées complètement de feuillus; tous les feuillus
pourraient y passer. On ne sait pas quel résultat on aura; on
espère, d'après ce qui se fait aux Etats-Unis, que ça va
être bon. Il y a des produits chimiques qui sont très bons pour
cela, mais, malheureusement, on n'ose pas les utiliser dans ces régions
parce qu'il y a des lacs qui servent d'approvisionnement d'eau. On a
préféré utiliser le bacillius turigensis, c'est
supposé être bon. On espère que ça va donner les
résultats attendus.
M. Russell: C'est la première année qu'on en
fait?
M. Bérubé: Sur une grande échelle, dans le
cas de cet insecte, oui; mais ça fait plusieurs années qu'on
travaille sur une petite échelle et le fédéral en a fait
beaucoup. C'est un insecte qui, étant donné qu'il vient des
Etats-Unis, est régi par le ministère fédéral de
l'Agriculture; c'est un insecte importé.
M. Russell: Des insectes anglais.
M. Bérubé: C'est comme les vaches, il y a deux
trayons qui appartiennent au fédéral et deux qui appartiennent au
Québec.
M. Giasson: Depuis trois ou quatre ans, on a vu apparaître
dans la région, chez nous, une maladie je n'ai pas l'information
touchant cette maladie qui s'attaque à l'érable. Les
feuilles, au cours de l'été...
M. Bérubé: ... enrouleuse de l'érable.
M. Giasson: ... roulent sur elles-mêmes et jaunissent.
M. Bérubé: C'est une chenille, oui. C'est
l'enrouleuse de l'érable.
M. Giasson: Est-ce qu'il y a des façons de combattre
cela?
M. Bérubé: On ne recommande rien pour cela, parce
qu'au moment où cela arrive l'arbre peut se permettre de perdre ses
feuilles et il va les refaire. Vous n'avez pas vu, je crois, d'érables
mourir de cela. Les érables ont l'air dénudé, ils ont
l'air mourant, mais ils ne meurent pas de cela. C'est pour cela qu'on ne
recommande aucun traitement. L'insecte s'en va naturellement.
M. le député de Montmagny-L'Islet, je crois, a des
problèmes avec ses arbres sur son terrain.
M. Giasson: Non, je n'ai pas d'érablière chez moi,
je ne possède pas d'érablière.
Le Président (M. Jolivet): A l'élément 2, y
a-t-il d'autres questions? Donc adopté. L'élément 3.
Education en conservation
M. Bérubé: Dans le cas présent, il s'agit
des programmes de publicité que le ministère met chaque
année sur pied pour sensibiliser la population et plus
particulièrement les jeunes cette année, d'ici à 1983,
pour les initier au cycle forestier et les inciter à la conservation
aussi. Différents moyens ont été
privilégiés. D'abord, il y a l'opération et
l'établissement de centres d'interprétation de la nature
pour ceux qui n'ont pas visité Duchesnay, je vous le recommande, c'est
une expérience à ne pas manquer. C'est également une
intensification de la collaboration avec les organismes qui oeuvrent en
éducation forestière; donc formation de professeurs au niveau
élémentaire, production accrue de matériel de
vulgarisation et d'interprétation du milieu forestier qu'on peut
distribuer dans les écoles et finalement aide technique à divers
organismes qui oeuvrent à des programmes conjoints avec le
ministère.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Alors, M. le Président, le montant total a
été dépensé pour l'éducation et la formation
de la jeunesse pour la connaissance forestière et la protection des
sentiers. Tout ce montant de l'article a été
dépensé?
M. Bérubé: Nous avons à la page 29 la
ventilation des activités. Vous avez l'établissement des centres
d'interprétation de la nature, l'opération des centres
d'interprétation de la nature. Vous avez une liaison avec les organismes
d'éducation en conservation, la préparation du matériel
éducatif et de vulgarisation, les frais généraux. Vous
noterez une réduction des frais généraux, mais une
réduction surtout de l'établissement des centres
d'interprétation de la nature. L'explication qu'on peut y apporter,
c'est que nous avons fait un effort particulier dans le cadre du programme OSE
qui avait mis des fonds conjoncturels à notre disposition. Etant
donné le non-renouvellement de ce secteur du programme OSE, le programme
OSE s'est vu considérablement réduit, on a évidemment
moins d'activité au niveau de la création.
M. Russell: Cela fait combien d'années que ce programme
est en cours?
M. Bérubé: Pardon?
M. Russell: Cela fait combien d'années que ce programme
est en cours? Je sais que vous l'aviez l'an dernier...
M. Bérubé: Le programme OSE? M. Russell:
Non, non.
M. Bérubé: Cela fait plusieurs années. Cela
fait quatre ou cinq ans.
M. Russell: Quatre ou cinq ans.
M. Giasson: Mais, M. le Président, est-ce que je pourrais
savoir de quelle façon cela fonctionne? Je vois des centres en
opération, vous avez la station Duchesnay et il y a d'autres stations.
Est-ce que vous conduisez les jeunes...
M. Bérubé: On les invite. Entre autres, on a un
programme qu'on appelle "classe verte", les élèves sont
invités à passer quatre ou cinq jours dans les bâtisses
à Duchesnay. Ils ont un cours durant toute la semaine basé sur
les sciences naturelles. Le but de tout ce programme, dans le fond, c'est
d'inciter les jeunes à aimer la forêt pour pouvoir la
protéger. Dans le fond, ce qu'on veut, c'est baisser nos coûts de
protection de la forêt contre le feu, parce que la majeure partie des
feux est causée par l'ignorance des gens qui circulent en forêt.
Et les éduquant convenablement, on pense qu'à la longue, sur une
dizaine d'années, si les gens sont bien éduqués, ces
coûts vont diminuer.
M. Russell: De quelle façon fait-on la
sélection?
M. Bérubé: Dans le cas de Duchesnay, il y a une
espèce d'équilibre qui s'est créé. La plupart des
écoles reviennent chaque année. C'est le premier qui fait la
demande qui est accepté; on lui fixe la date et il va là. Il paie
pour sa nourriture, mais il ne paie pas pour le logement. Il a les cours
gratuitement.
Il y a un nouveau programme cette année pour tous ces genres de
centres. On a intéressé le ministère de l'Education,
officiellement, parce qu'il y a une entente signée entre les deux
sous-ministres à l'effet qu'on va fournir le matériel didactique
aux professeurs des écoles et ils vont se rendre, avec leurs
élèves et le matériel didactique qu'on leur fournit et ils
vont enseigner les sciences naturelles dans le milieu qu'on leur offre, avec
toutes les facilités.
On multiplie énormément de cette façon ce
programme, sans que ça coûte plus cher au ministère des
Terres et Forêts, si vous voulez, pas beaucoup plus cher non plus
à l'Education.
M. Russell: Quel est le nombre d'élèves qui
fréquentent annuellement ce centre à Duchesnay?
M. Bérubé: On pourra vous donner ça une
autre fois, si vous le voulez, demain...
Une Voix: Ils ont quel âge ces enfants qui
fréquentent...
M. Bérubé: ... pour le moment, je n'ai pas...
Une Voix: 9 ans à 12 ans.
M. Russell: Est-ce qu'il y a augmentation annuelle?
M. Bérubé: Effectivement, c'est le problème,
à Duchesnay: c'est rempli à pleine capacité, depuis deux
ans même.
M. Russell: Durant toute la période?
M. Bérubé: Oui, durant toute la période.
Surtout durant la période scolaire, naturellement, c'est plein. Les
professeurs sont bien intéressés à ça, parce que
ça leur facilite la tâche. 143 000 personnes dans les centres
d'interprétation, l'an passé.
M. Russell: 143 000, si ça coûte $1 600 000...
M. Bérubé: II faut que vous pensiez que c'est toute
la capitalisation. C'est pour les années à venir, ce n'est pas
annuellement, ce n'est pas le fonctionnement. C'est tout compris.
M. Giasson: Annuellement, vous n'avez pas l'ordre de
grandeur.
M. Bérubé: Dans le fonctionnement, vous avez
ça ici.
Non, le coût, par élève, ce n'est pas sorti encore.
Effectivement, c'est en période de rodage et d'installation, ces
choses-là. Il y a Duchesnay où il n'y a plus rien à faire.
C'est le seul. Il faudrait peut-être appliquer à ça
pratiquement seulement Duchesnay, parce que les autres ne sont pas... Ici, on a
à peu près 50 000 personnes seulement à Duchesnay. 143
000, c'est l'an passé.
On pourra vous préparer une réponse tout en détail
de ça. On l'a certainement, par centre, toute la fréquentation
qu'il y a eu.
M. Russell: La question principale que je me pose, est-ce qu'il
n'y a pas d'autres moyens d'atteindre plus d'élèves annuellement
que de les faire venir à Duchesnay?
M. Bérubé: Oui, c'est la nouvelle méthode
qui sera adoptée l'an prochain, avec tous les professeurs et la
collaboration du ministère de l'Education. C'est la façon la plus
élégante qu'on a trouvée pour augmenter
énormément ce programme et il va y avoir beaucoup plus de monde.
C'est la région de Montréal, effectivement, qui est visée
par un nouveau centre qui est en construction. Il faut additionner à
tout ça... On finance une partie de l'arboretum Morgan, vous connaissez
probablement? C'est un centre d'interprétation qui appartient à
l'Université McGill et qui est financé partiellement par nous,
mais ça, c'est rempli à pleine capacité au point que le
centre en souffre, physiquement, si vous voulez. C'est pour ça qu'on est
en train d'en installer un autre dans la région d'Argenteuil.
Mais c'est au stade d'études, la construction plutôt, la
planification...
M. Russell: Est-ce que le nouveau député va
être favorable à ça?
M. Bérubé: Je ne le sais pas, c'est
Argenteuil-Deux-Montagnes; on n'a pas choisi en fonction de la ligne, c'est en
fonction du site.
Il ne fait absolument pas de politique, d'ailleurs, vous l'avez bien
dit. (16 h 15)
M. Giasson: Pardon?
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions?
M. O'Gallagher: Dans le comté de Vaudreuil-Soulanges, il y
a quelques années, le ministère des Terres et Forêts a
investi de l'argent dans un centre de plein air. Est-ce que c'est encore en
marche? Quelqu'un m'a rapporté cela il y a quelques années.
M. Bérubé: Cela ne doit pas être notre
ministère.
M. O'Gallagher: II y a une grande pépinière
là aussi.
M. Bérubé: Est-ce que ce n'est pas une compagnie
forestière?
M. O'Gallagher: Je ne me le rappelle plus, mais c'était
à Saint-Lazare.
M. Bérubé: Non, à Saint-Lazare, ce sont des
plantations pour stabiliser les dunes de sable qu'il y a eu il y a trente ou
quarante ans. Il y a eu des laquages, il y a eu des traitements dans ces
plantations. On a peut-être eu l'intention, à un moment
donné, de faire un centre d'interprétation là, mais c'est
tombé.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi, d'autres questions? Cela va? Donc l'élément 3
est adopté. Le programme 3 est adopté au complet. Programme 4,
élément 1. M. le ministre.
Utilisation de la forêt
M. Bérubé: Nous commençons d'abord, dans le
premier élément, par parler de planification de l'utilisation et
c'est le pendant des travaux d'inventaire forestier que nous avons vus
antérieurement. Dans le cadre de cet élément de programme,
le rôle du ministère consiste à coordonner, à
rationaliser la location des bois qui viennent de la forêt publique et
même de la forêt privée, d'une façon non coercitive,
il va de soi, de même que la matière ligneuse, sous forme de
copeaux et de résidus à des usines de pâtes et papiers, de
sciage, de plaquage et de contreplaqué du Québec.
En effet, de plus en plus, on constate qu'il nous faut dans nos plans
d'aménagement tenir compte de toutes les sources d'approvisionnement,
c'est-à-dire les copeaux, les résidus de sciage, la sciure, la
planure de même que les bois de la forêt privée. De plus en
plus, nous tendrons donc à mettre des liens sur cette matière
ligneuse que nous donnons en garantie d'approvisionnement de manière
à rationaliser l'ensemble de la location et à minimiser les
distances moyennes de transport des résidus de bois.
Dans le cadre de ce programme, compte tenu des besoins de l'industrie et
de la l' évolution, on définit l'orientation à suivre
quant à l'approvisionnement d'ensemble des usines. On alloue les bois en
provenance de forêts publiques, on programme leur exploitation, on
contrôle l'émission des permis d'usinage des bois et on
contrôle également le mouvement des bois exportés.
Evidemment, ils sont peu importants.
Par ailleurs, la mise en oeuvre de la politique forestière, telle
que proposée dans l'exposé du ministre, ne peut être
assurée sans d'abord éliminer les obstacles importants dont en
particulier celui de la concession forestière comme mode d'occupation de
la forêt. A cet égard, nous avons donc
prévu à nouveau cette année un budget de $3
millions pour de la révocation dans notre programme régulier,
avec également une entente pour pouvoir accroître ce montant au
fur et à mesure des besoins.
Il est important de souligner, dans le cas de la révocation, que
ce qui retarde peut-être le programme de révocation, c'est
l'absence de plan de gestion. Comme je vous l'ai dit tantôt, nous sommes
à élaborer les plans de gestion pour chacune de nos unités
et notre orientation est de révoquer là où cela
apparaît utile. En effet, on pourrait dépenser des sommes
considérables à révoquer des concessions qui ne
libèrent aucun bois supplémentaire et qui font finalement qu'on
n'a à peu près rien gagné et l'industriel non plus.
Par conséquent, on n'a pas tendance à révoquer ces
concessions où nous ne pouvons dégager des volumes de bois. Pour
arriver à identifier ces volumes de bois, il nous faut donc des plans de
gestion pour chacune de nos unités et c'est ce que nous faisons à
vitesse accélérée présentement. Nous
préférons mettre les sommes nécessaires à
l'accélération du programme de confection de plans de gestion de
manière que l'on puisse plus facilement décider des concessions
à révoquer.
Egalement, une question qui doit être résolue au cours de
cette année, c'est celle du mode de gestion. Certes, on peut imaginer
une administration publique qui prenne en charge toutes les ex-concessions et
qui s'engage essentiellement dans une opération de gestion. Notre
réflexion va à l'encontre d'une telle orientation dans la mesure
où, concernant la voirie forestière, nous n'entendons conserver,
au niveau du ministère, qu'un petit programme de voirie
forestière qui nous permette des interventions ponctuelles d'urgence
à caractère souvent social ou à caractère
socio-économique là où les besoins se font sentir et
là où l'industrie, normalement n'irait pas.
Quant au reste, nous préférons laisser à
l'entreprise privée le soin de s'occuper elle-même de ses
chemins.
Une question qui a été réitérée
à de nombreuses reprises par les représentants de l'industrie va
dans le sens que l'industriel se sent loin de la confection de ces plans de
gestion, se sent peu impliqué et, comme il s'agit souvent de son
principal coût, il est donc un peu inquiet de voir le gouvernement
administrer entièrement les concessions, les ex-concessions sans qu'il
ait grand-chose à dire.
Par conséquent, il nous faut chercher un moyen d'intégrer
les industriels du bois avec le ministère, avec les coopératives
qui sont de nouveaux agents sur le territoire, avec les groupements de
sociétés d'exploitation des ressources et il faut donc trouver
une nouvelle formule, plus souple, pour la gestion de nos forêts
publiques.
Je dois dire que cette réflexion n'est pas suffisamment
avancée au ministère pour que l'on sache vraiment où aller
présentement. Il faut reconnaître que l'orientation initiale
consistait à reprendre la gestion en main, administrée par le
biais de l'administration publique, ce qui aurait impliqué, pour le
ministère, l'engagement d'au moins 500 nouveaux fonctionnaires pour la
gestion de nos forêts publiques avec la possibilité d'un
alourdissement et d'une inefficacité possiblement dangereuse, ce qui
nous amène, à ce moment-là, à peut-être voir
dans quelle mesure on ne pourrait pas cantonner le rôle du
ministère à ce rôle de la planification, de la location, de
la préparation des plans de gestions, puisque c'est là une
opération politique qui a un impact économique variable sur les
intervenants et, par conséquent, cela nécessite une
décision politique dont un ministre peut répondre à ce
moment-là.
Quant à l'exécution comme telle des travaux sur le
terrain, que ce soit de voirie, que ce soit de coupe commerciale,
précommerciale, sylvicole ou de travaux de reboisement, on peut
s'interroger dans quelle mesure l'ensemble du milieu forestier ne pourrait pas
reprendre ses opérations en main et les mener à bon terme.
C'est un peu l'orientation de notre réflexion actuellement et, je
pense qu'une fois cette approche bien définie, il sera certainement plus
facile de compléter la révocation.
Je dois dire cependant que jusqu'à maintenant nous ne nous sommes
vu refuser aucun fonds nécessaire pour l'achat d'une concession
donnée, c'est-à-dire que chaque fois que nous avons d'excellentes
raisons de révoquer une concession pour des raisons de
développement économique, je n'ai eu aucun problème
à obtenir les crédits jusqu'à maintenant. Ce qui est
peut-être remis en cause, c'est la révocation un peu automatique
dans le sens contraire des aiguilles d'une montre pour couvrir l'ensemble du
Québec sans rationalisation d'ailleurs.
Voilà. Je crois que cela devrait répondre essentiellement
aux questions préliminaires à tout le moins.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Relativement à la révocation de
concessions forestières, quels sont les secteurs de la province, les
unités qui seront touchés cette année à même
les crédits mis à la disposition du ministère?
M. Bérubé: M. Ouellet pourra vous indiquer plus
précisément les concessions.
La projection que nous avons faite pour cette année est la
suivante: Dans la région 1, il y aura tout simplement... On touche
à peu près à toutes les régions, les régions
1, 2, 3, 7 et 8 et beaucoup de petites concessions aussi qui n'avaient pas
d'usines. Il y a peut-être une trentaine de petits concessionnaires qui
n'avaient pas d'usines, qui avaient 10 milles carrés. Cela va de 1 mille
carré jusqu'à 33 milles carrés. Il y en a certaines autres
dans la région... Est-ce qu'on doit les nommer?
Oui, parce que, quand vous désignez les régions, je pense
que tous ne sont pas familiers
avec les numéros de régions. Des fois, c'est... Essayez
donc de les identifier, non point...
Des concessionnaires... ... tant le numéro de la région
que le nom de la région. C'est peut-être plus facile.
Dans le Bas-Saint-Laurent, nous avons une petite concession qui
appartenait à F.F. Soucy qui est à révoquer. C'est tout
petit, c'est 15 milles carrés. Dans la région no 2, on pense
révoquer ce qui appartenait à une scierie et le consolider dans
un contrat d'approvisionnement avec Laberge et Laberge et Domtar aussi pour
certains secteurs. Dans cette concession, on n'utilise pas complètement
les possibilités de la concession, on va donc pouvoir révoquer
certaines parties et consolider des usines de sciage.
Dans la région no 2, il y a Consolidated Bathurst pour une
partie.
La région 3? Cela a été mis dans la région
no 3, mais c'est plutôt le Lac-Saint-Jean. Dans la région no 3,
Québec, il y a la Papeterie Reed qui a une petite concession dans le
parc des Laurentides. Il y a Baie Saint-Paul Lumber qui appartient à
Price et Sainte-Anne Power qui appartient à Price Brothers qu'on pense
révoquer. Ce sont de petites concessions qui sont enclavées, qui
ne servent pas tellement à l'approvisionnement des usines, mais qui
peuvent servir, dans l'ensemble, à consolider l'approvisionnement des
scieries. On peut approvisionner ces usines par le biais des copeaux.
Il y a Domtar aussi. On a la rivière Chaudière pour la
région de Québec. Dans la région no 7, qui est Hull, la
région de l'Outaouais, il y a les Produits forestiers BED qui
n'opèrent plus leur usine de pâtes et papiers, ils achètent
plutôt de la pâte et n'opèrent qu'une scierie. Il y a UOP
Manufacturing qui fait du déroulage et aussi du sciage, qui est dans le
feuillu; on va peut-être pouvoir dégager le résineux en
révoquant ces concessions pour les offrir à d'autres scieries de
résineux de la région. Dans le Nord-Ouest, il y a encore UOP; une
partie de sa concession est située dans le Nord-Ouest et l'autre dans la
région de l'Outaouais. Il y a d'autres petits concessionnaires du
Nord-Ouest aussi.
M. Giasson: Les petites concessions qu'il y avait au
Québec seront à peu près toutes révoquées.
Je parle des petits territoires.
M. Bérubé: On en a une trentaine à
révoquer encore l'an prochain.
M. Giasson: Dans les petits territoires?
M. Bérubé: Oui, une trentaine dans de petits
territoires qui ne font pas 200 milles carrés. Vous voyez à peu
près l'ampleur. Le projet, pour l'an prochain, est à peu
près de 6000 milles carrés.
M. Russell: De quelle façon procède-t-on pour la
révocation? Est-ce par négociation ou par expropriation?
M. Bérubé: La révocation se fait
d'après la loi et les règlements qui découlent de la loi.
Il y a un arrêté en conseil qui permet au ministre de
révoquer la concession. Il y a ensuite une discussion, une
négociation et l'indemnité est établie suivant les
règlements.
M. Giasson: II y a des critères fixés d'avance.
M. Bérubé: II y a des critères, oui.
M. Giasson: Tout le monde est traité à partir de
ces critères et de ces modalités.
M. Bérubé: Oui. Essentiellement, il n'y a pas de
remboursement de la prime d'affermage, mais uniquement le remboursement de la
valeur résiduelle des travaux de nature permanente, qu'il s'agisse de
voirie, de place échantillon, d'améliorations de camp ou autres,
d'inventaires qui ont été consentis, investis par l'ancien
propriétaire et qui ont conservé une certaine valeur au moment de
la révocation; c'est donc ce montant que la loi nous oblige à
payer.
Il va de soi, évidemment, que pour le concessionnaire qui ne
détient pas d'usine la loi ne nous oblige pas à lui donner une
garantie d'approvisionnement puisque la loi nous oblige uniquement dans le cas
des concessionnaires détenteurs de permis d'usine et dont
l'approvisionnement dépendait de cette concession; la loi nous oblige
à ce moment-là à donner en garantie des volumes de bois
aussi économiques que possible par rapport à ceux qui lui sont
retirés. Cependant, dans le cas d'un concessionnaire qui ne
possédait pas d'usine, cet article de la loi ne s'applique pas. Il peut
donc se produire des cas où l'indemnisation est extrêmement
minime. Il peut se produire le cas de concessionnaires qui n'ont fait aucun
travail de nature permanente au sein de la concession et qui n'ont pas d'usine,
auquel cas la loi ne nous oblige pas à les indemniser.
M. Russell: Dans tous les cas, l'évaluation de
l'indemnisation est-elle faite par des fonctionnaires du ministère ou
par des firmes indépendantes? (16 h 30)
M. Bérubé: Elle est faite par M. Lacroix et par des
officiers du ministère mais elle peut être contestée en
cour à n'importe quel temps; on ne le sait pas encore. En fait, dans les
cas de révocation qu'on a faits à ce jour, sur
l'indemnité, cela va assez bien, c'est une formule qui est assez
stricte. Alors, il n'y a pas de différence. C'est une évaluation
des infrastructures au moment de la révocation; c'est une
vérification qui est assez facile à faire. Si on prend un chemin,
c'est avec les taux publiés, par exemple, par le ministère des
Transports. Cela ne pose pas de problème à ce jour.
M. Russell: II n'y a aucun problème majeur pour les
révocations?
M. Bérubé: Oh! il y a certainement des litiges.
M. Russell: Au niveau des révocations?
M. Bérubé: Au niveau de l'indemnité
elle-même...
Toutes les révocations qui ont été faites l'ont
été par des ententes, suite à des négociations.
C'est évident qu'au départ, la plupart du temps, il y a des
différences d'évaluation mais il y a rapprochement. Il existe des
litiges effectivement dans certains cas particuliers, des litiges que nous
sommes venus à bout de régler en cours de route. Il y erv a
certains autres qui restent à régler.
En général, on règle hors cour.
Cela va assez bien de ce côté. Encore une fois, toutes nos
révocations se sont faites par des ententes négociées,
selon des critères bien spécifiques, comme on vient de
l'indiquer, et conformément au règlement adopté par
arrêté en conseil à cet effet.
M. Russell: Quel est le pourcentage d'acres que le
ministère détient actuellement comparativement à ceux qui
sont donnés à des compagnies pour exploitation?
M. Bérubé: Sur la forêt publique? M.
Russell: Sur la forêt publique, oui.
M. Bérubé: II resterait 74 000 milles carrés
en concession actuellement.
M. Russell: 74 000 milles carrés en concession. Cela
représente quoi? 80% de la forêt publique?
M. Bérubé: Non, c'est moins que 50%. Il y aurait
100 000 milles en forêt domaniale et 74 000 milles en concession encore,
approximativement.
M. Russell: 74 000 milles qui représentent 50%?
M. Bérubé: Moins de 50%.
M. Russell: Et cette partie que le ministre a l'intention de
révoquer d'ici 1982?
M. Bérubé: 1982, 1983.
Il est possible qu'il reste certains territoires à la toute fin
qui ont été laissés pour compte dans la mesure où
il n'y avait aucun avantage. A titre d'exemple, c'est ce que j'ai donné
tantôt: Vous avez certaines concessions, je pense, sur la Côte-Nord
où, même si nous révoquions, il n'y aurait aucun changement
d'apporté puisqu'il faudrait continuer à approvisionner l'usine
et, dans ces conditions, avant d'investir nos sommes d'argent, on va
plutôt les mettre dans d'autres régions où, au contraire,
on peut en récupérant le contrôle de la forêt amorcer
un développement économique industriel beaucoup plus important.
Il est donc possible qu'en 1982, 1983, il reste encore quelques parcelles de
territoire mais je pense que cela devrait être essentiellement
terminé.
M. Russell: II serait faux de dire, comme certains journaux le
rapportent, que le rachat des concessions procède à pas de
tortue.
M. Bérubé: Bien, c'est évident, on
réfère plus spécifiquement à un cas particulier qui
inquiète les citoyens de la région de Mont-Laurier et c'est
relativement aux concessions de McLaren. Il n'est pas impossible que
l'Outaouais soit la prochaine région qui passe sous le couteau.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions?
M. Giasson: Même s'il ne s'agit pas de révocation de
concessions forestières, il arrive qu'occasionnellement le
ministère fasse des échanges de petits territoires avec des
particuliers qui possèdent des terrains boisés, terrains sur
lesquels il y a eu des lettres patentes d'émises. En retour, le
ministère va concéder du territoire du domaine public. Est-ce que
cela se produit fréquemment? Quelle est la fréquence de ces
transactions?
M. Bérubé: Cela n'arrive pas très
fréquemment. Actuellement, nous sommes en négociation avec un
concessionnaire que nous avons révoqué et qui avait des
territoires privés enclavés dans des territoires publics et
même, à certains endroits, nous n'avions pas accès à
la forêt publique parce qu'il y avait ces territoires privés
avant. Nous avons concédé nos territoires publics et lui ses
territoires privés dans des blocs, pour faire des blocs
homogènes. C'est dans ce sens que cela a fait l'affaire du
ministère et de l'autre aussi. C'est plutôt par échange de
territoires pour consolider nos territoires et les territoires du
propriétaire privé. C'est ce qui nous permet aussi d'avoir
accès à nos territoires.
M. Giasson: II y a des municipalités qui ont
déploré ces échanges à cause du fait que le
ministère des Terres et Forêts devenait propriétaire de
terrains pour lesquels des lettres patentes avaient été
émises et qui rapportaient des taxes par le biais de l'impôt
foncier aux municipalités. La municipalité, voyant ses terrains
retourner entre les mains du domaine public, perdait tout droit de percevoir
les taxes scolaires et municipales et elle se plaignait que les échanges
étaient de nature à diminuer quelque peu l'état des
revenus de la municipalité parce que celui qui faisait partie de
l'échange avec le ministère se voyait concéder des
territoires pour lesquels il n'y avait pas d'impôt foncier, il s'agissait
du domaine public. Je me souviens d'un cas particulier chez nous qui avait
suscité une polémique. Des articles avaient paru dans le journal
régional.
M. Bérubé: Les autres municipalités qui ont
eu des territoires publics qui sont passés au privé
étaient heureuses de cet échange. C'est un transfert. Dans la
mesure où c'est un échange, une municipalité y gagne et
l'autre y perd.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions?
M. Russell: M. le Président, on a révoqué
à peu près 20 000 milles carrés, si je comprends bien,
actuellement. A-t-on le coût approximatif?
Quelles sont les dépenses autour de $1 million? Ce n'est pas
nécessaire que ce soit au million près.
M. Bérubé: Je n'ai pas compris la question.
M. Russell: La révocation qu'on a faite est de 20 000
milles carrés à ce jour. A quel coût?
M. Bérubé: Je vais vous dire l'ordre de grandeur
que je connais. C'est de l'ordre de $800 le mille carré.
M. Russell: $800 le mille carré. Est-ce que...
M. Bérubé: C'est même un peu meilleur
marché que ce qui avait été anticipé. On anticipait
autour de $900, je crois.
M. Russell: Est-ce qu'on peut penser que les 70 000 milles
carrés qui restent sont évalués à peu près
au même coût?
M. Bérubé: Oui, fort probablement, parce que ce
qu'on a révoqué actuellement, c'est beaucoup de territoires pour
lesquels on n'a pas donné de garantie d'approvisionnement. Ces
territoires sont des territoires sur lesquels il n'y avait pas d'usine. Quand
vous enlevez complètement le droit de concessionnaire, vous êtes
obligé de payer beaucoup plus toutes les infrastructures parce qu'il y a
un déplacement tandis qu'ailleurs, dans les grandes concessions, si vous
donnez une garantie d'approvisionnement aux mêmes, vous n'êtes pas
obligé de payer les chemins secondaires ou des choses comme cela. Cela
devrait normalement entrer dans la moyenne.
M. Russell: II y a quand même beaucoup de chemins qui ont
déjà été payés par le ou les
gouvernements.
M. Bérubé: Pas sur les concessions. Sur les
forêts domaniales, le gouvernement construisait des chemins.
M. Russell: II y a des routes qui ont été
construites avec subventions sur des terrains de la Consol. Je suis
parfaitement au courant de cela.
M. Giasson: Les grandes voies d'accès. M. Russell:
Oui, les grandes voies d'accès.
M. Bérubé: Oui, les grandes voies d'accès,
justement. Sur des concessions, on tient compte de la part du gouvernement et
c'est déduit.
M. Russell: C'est déduit?
M. Bérubé: Oui. C'est très
spécifique. Il faut que ce soit construit par le concessionnaire dans le
règlement.
M. Russell: Ce qui veut dire que pour compléter la
révocation d'ici à 1990, cela peut être un
déboursé qui jouera entre $50 et $60 millions.
M. Bérubé: II nous reste 69 000 milles. $50 ou $55
millions.
Il est possible qu'à la toute fin il puisse rester
peut-être une dizaine de millions à faire. Normalement, notre
programme de révocation va marcher à la vitesse avec laquelle
nous serons en mesure, suivant les plans de gestion, d'identifier les
territoires où il existe des avantages très nets à
révoquer. Vous avez pu le constater d'ailleurs d'après la
description des territoires que nous révoquons, il s'agit toujours d'un
problème d'approvisionnement d'une usine. Il s'agit donc toujours d'un
problème de développement économique régional et,
par conséquent, au fur et à mesure que nos plans de gestion sont
prêts et nous permettent de voir l'impact d'une révocation dans le
réaménagement forestier, à ce moment-là, nous y
allons. Présentement, dans le budget, nous avons $3 millions, mais avec
une entente avec le Conseil du trésor pour une augmentation de presque
100% sur présentation de recommandations.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il d'autres questions sur
l'élément 1? Adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Elément 2.
M. Bérubé: Le contrôle de l'utilisation, M.
le Président, c'est la fonction même de l'Etat que de s'assurer
que des gestes des citoyens, effectués dans le cadre de la loi et la
réglementation en vigueur, soient conformes à ces lois et
réglementations. A cette fin, le ministère contrôle cinq
types d'activités: la normalisation et la réglementation de
l'utilisation, la vérification du mesurage de bois, le mesurage, la
classification des bois, la surveillance des opérations
forestières et la vérification des rapports d'infraction et la
facturation des amendes. Au cours de la prochaine année, nous
prévoyons appliquer une surveillance intensive sur plus de 2590
kilomètres carrés d'exploitations forestières. Nous
comptons mesurer tout près de 480 000 mètres cubes de bois. Une
vérification sur 761 000 mètres cubes de bois sera
également effectuée. Il s'agit d'une vérification de
mesurage faite par l'entreprise privée. C'est donc un service de
contrôle administratif de la qualité et de la quantité des
opérations forestières sur les forêts publiques.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Vous signalez dans les notes que vous nous avez
remises ce matin, c'est-à-dire au cours de la semaine dernière,
qu'en matière de système de mesurage, la province voulait
uniformiser le système de mesurage. Est-ce qu'il s'agit d'un mesurage
qui est fait... Quel est le système international de mesurage par
rapport à celui qu'on a connu traditionnellement?
M. Bérubé: Ce sera le mètre cube qui sera la
métrisation. Il y a 2,8 mètres cubes, je pense, dans
un cunit, dans 100 pieds cubes de bois. C'est à peu près
l'équivalent. En fait, c'est encore une mesure de volume. Je pense que
c'est simplement une conversion de mesure.
M. Giasson: Mais le nouveau système pour établir le
volume à partir du poids, des charges de bois sur camion ne se
développe-t-il pas?
M. Bérubé: Oui, il y a des systèmes à
la pesée, des facteurs de conversion pour ramener encore à une
mesure de volume parce que notre facturation des droits de coupe se fait encore
au volume.
M. Giasson: Généralement, le tronçonnage se
fait de plus en plus dans les usines quand il s'agit d'alimenter des
scieries.
M. Bérubé: Pour ce qui est de la façon de
mesurer, vous pouvez mesurer en longueur d'acres. Disons qu'on avait une mesure
de quatre pieds, ou en courte bille ou à la pesée, mais toujours
il faut ramener cela ensuite au volume.
Je pense qu'au niveau de la mesure en longueur d'acres, on mesure
presque 80% de notre bois actuellement qui est en longueur d'acres.
M. Giasson: Cela atteint ce volume: 80% du bois qui est
destiné aux usines de sciage.
M. Bérubé: De sciage et même certaines usines
de pâtes et papiers...
M. Giasson: Pâtes et papiers.
M. Bérubé: ... vont mesurer en forêt parce
qu'ils vont l'amener avant la "drave" à une jetée centrale et
là, ils vont le tronçonner en quatre pieds. Mais notre mesure se
fait en longueur d'acres.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: C'est simplement pour compléter. Je crois que
ce qui est fait à la pesée est quand même tout
revérifié.
M. Bérubé: II y a des vérifications de
densité, d'humidité pour ramener cela ensuite à un
volume.
M. Russell: ... dans vos pieds cubes, au pied carré.
M. Bérubé: Même, il v a actuellement des
copeaux qui se font directement en forêt, qui sont mesurés et qui
sont aussi vérifiés à la tonne. On peut faire des
équivalences ensuite.
M. Russell: ... qui est quand même assez juste. On
l'allonge.
M. Bérubé: La pression est aussi juste que celle
directement reliée au volume.
M. Russell: Oui, je le crois, à moins qu'il y ait eu
certains problèmes à certains moments.
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Ce ne sont pas des problèmes de
personnalités, mais d'évaluation. Est-ce qu'il s'agit du bois qui
est un petit peu affecté et qu'on semble avoir des différences
d'évaluation? Mais de toute façon, je pense que l'ensemble est
assez efficace des deux côtés.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 2
est-il adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 3, M.
le ministre.
M. Giasson: M. le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Giasson: ... dans la vérification du rapport
d'infraction et de facturation des amendes. Est-ce qu'il se commet encore
beaucoup d'infractions? (16 h 45)
M. Bérubé: II y a eu, au cours des années,
une amélioration énorme au niveau des exploitations. On
s'aperçoit aussi que les amendes diminuent et que le bois resté
sur le parterre des coupes diminue énormément; alors, on fait une
meilleure récupération. Aussi, avec l'exploitation en longueur,
cela a amené cette facilité d'exploiter beaucoup mieux la
forêt et de tirer tout le volume qu'on pouvait avoir de la
forêt.
M. Giasson: Cela contribue, comme ça, à diminuer
les infractions de la part des utilisateurs du terrain.
M. Bérubé: Oui. Nous, ce qu'on cherche, ce n'est
pas de donner des amendes mais que le bois soit utilisé, c'est
l'incitation.
M. Giasson: Pour sauver la ressource, la matière le plus
possible.
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Est-ce qu'on se dirige vers une coupe à blanc
pour forcer celui qui fait la coupe à couper la totalité et
à en faire l'utilisation?
M. Bérubé: De plus en plus, on va aller vers des
coupes intégrées parce que de plus en plus il y a des
utilisateurs de bois feuillu de toutes les essences. C'est la meilleure
façon actuellement d'exploiter la forêt. Est-ce que cela sera par
bandes ou par trouées? Mais dans un secteur donné, tout le bois
devra être utilisé. On avait des essences qui n'étaient pas
utilisées comme le tremble, mais avec des usines qui sont prêtes
à l'utiliser et qui s'installent, on va pouvoir utiliser à peu
près toutes les essences.
Le Président (M. Jolivet): Elément 3? Des Voix:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, vous êtes
à l'élément 3 maintenant, Voirie forestière.
M. Bérubé: L'élément 3, M. le
Président, c'est l'élément de voirie forestière.
L'objectif, évidemment, la construction de chemins forestiers, est de
rendre disponible tout le potentiel ligneux. Il ne s'agit pas ici de chemins
secondaires d'accès aux parterres de coupe puisque ceux-ci sont
évidemment à la charge de l'exploitant; il ne s'agit pas, non
plus, d'entretien, de réfection des chemins forestiers puisque nous
laissons l'entretien et la réfection des chemins forestiers à la
charge de l'usager; il s'agit donc, ici, uniquement de construction de chemins
principaux. La définition de chemin principal est un chemin qui doit
servir pour au moins quinze ans d'exploitation forestière.
Dans le cadre de ce programme, nous nous contentons cette année
de terminer les engagements du ministère. C'est ainsi que le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord,
tant pour leur superficie que pour la concentration des ressources
forestières et leur haute productivité vont, à nouveau,
accaparer la majeure partie des moyens qui sont mis en oeuvre cette
année. Il faut souligner la construction de 128 000 kilomètres de
nouveaux chemins et l'amélioration de quelque 32 kilomètres de
chemins existants et ceci représente des investissements de l'ordre de
$11 760 000. Il faut souligner aussi qu'il y a là-dedans la construction
de la route Maniwaki-Témiscamingue.
Nous avons également un nouvel élément qui est un
montant de $3 600 000, prévu, cette fois-ci, pour des travaux de voirie
sur les concessions forestières. En effet, dans le cadre de notre
programme de relance de l'industrie des pâtes et papiers, nous avons
dû constater que les difficultés structurelles de notre industrie
étaient reliées à un ensemble de coûts
supérieurs au Québec par rapport à nos concurrents les
plus dynamiques en Amérique du Nord, c'est-à-dire le sud des
Etats-Unis.
Cet écart de coûts, on le retrouve au niveau 1 du
coût de transport du bois en forêt. Notre réseau de voirie
forestière est beaucoup moins étendu que celui qu'on retrouve
dans le Sud; il est donc à compléter au Québec et nous
avons fait un effort de ce côté. On le retrouve également
au niveau des distances de transport et là, on a vu comment les travaux
d'aménagement sont susceptibles de générer des volumes de
bois à une plus grande proximité des usines.
Nous avons également un problème de productivité de
nos usines qui sont vieilles. Nous avons aussi un problème de transport
du produit fini, nos industries étant toutes situées à
l'intérieur de ce qu'on appelle le groupe Grand-Mère et celui-ci
a des tarifs qui sont toujours de plusieurs dizaines de dollars
supérieurs à ceux de leurs concurrents pour une raison bizarre,
historique. Certains diront que nous voulons à nouveau attaquer le
fédéralisme. Loin de nous cette pensée; vous savez que
nous n'attaquons jamais le fédéralisme et il va de soi que...
M. Giasson: Vous êtes contre.
M. Bérubé: ... si l'usine de Cabano, par exemple,
met du papier sur un camion et qu'elle le transporte à Bangor au Maine
où, ensuite, il est chargé sur un chemin de fer américain
et livré dans le Minnesota, le coût est de X et si l'on met le
même chargement directement sur un wagon à la sortie de l'usine et
qu'on l'expédie via le CN jusqu'à une certaine destination du
Minnesota, le coût est de X plus $55. Evidemment, c'est un effet du
hasard, tout le monde le sait et on ne peut véritablement expliquer, si
ce n'est par une action divine, le fait qu'évidemment nos industries ont
en moyenne des coûts de transport qui sont de l'ordre de $22 la tonne
plus élevés que leurs concurrents américains, d'une part,
et que d'autre part, lorsque l'on compare les coûts au mille, on constate
également qu'ils sont plus élevés. Cependant, cela ne
s'applique pas évidemment à nos amis de l'Ontario qui, eux,
bénéficient des mêmes tarifs au mille que leurs amis du sud
des Etats-Unis et cela ne s'applique pas également au Nouveau-Brunswick.
Cela ne s'applique qu'à ce qu'on appelle au "Grand-Mère Group,"
le "Grand-Mère Group" évidemment incluant l'Outaouais et
essentiellement le Québec.
Voilà une de ces anomalies du transport, mais loin de moi
l'idée de vouloir attaquer le fédéralisme rentable, sinon
pendable. Donc, c'est un élément de coût extrêmement
important. Dans le cas présent, nous nous attaquons à un des
éléments de coût, c'est-à-dire à la
construction de chemins forestiers pour étendre le réseau et nous
offrons donc à l'industrie forestière en place de défrayer
50% du coût de construction de leur voirie forestière en place de
défrayer 50% du coût de construction de leur voirie
forestière de manière à étendre rapidement au cours
des cinq prochaines années notre réseau de chemins forestiers et
à faire en sorte que le coût au cunit, le coût du cunit de
bois soit plus faible lorsque livré à l'usine.
Je dois souligner que la réduction également du budget
assigné à cette activité s'explique par le fait que nous
n'avons pas, dans nos prévisions budgétaires, envisagé de
nouveaux programmes d'investissement dans la mesure où nous sommes
à négocier une entente avec le gouvernement fédéral
on pourrait peut-être en discuter un jour une entente en vertu de
laquelle nous étendrions cette politique du partage 50/50 à
l'ensemble des utilisateurs de la forêt domaniale, ce qui impliquerait,
à ce moment, que nous défraierions 50% des coûts et que
l'industrie serait donc chargée de la construction de ces chemins.
Dans la mesure où nous n'avons pas réussi à signer
ce volet forestier... Dois-je souligner qu'au mois de décembre dernier,
le gouvernement fédéral signait un tel volet forestier avec
l'Ontario alors
que nous devions de notre côté annoncer notre intention de
signer en juin dernier, c'est-à-dire que nous négocions depuis
juin 1978. Néanmoins, l'Ontario a trouvé moyen de signer cette
entente alors que dans le cas du Québec, malheureusement, le
gouvernement fédéral ne veut pas renégocier l'entente du
volet forestier bien qu'il l'ait fait avec l'Ontario tant et
aussi longtemps que le volet industrie ne sera pas signé. Nous pourrons
d'ailleurs revenir aux raisons pour lesquelles nous n'avons pu nous entendre.
Je suis convaincu que cela ne vous intéresse pas puisque les raisons
pour lesquelles le Québec ne tire pas son épingle du jeu du
Canada ne vous intéresse pas; c'est connu depuis longtemps. Par
conséquent, notre volet de voirie forestière est
évidemment restreint par rapport au volet de l'année
dernière et c'est assez facile à comprendre. Il sera
élargi par le biais d'un recours au fonds de suppléance lorsque
nous aurons négocié une entente avec Ottawa et si nous n'arrivons
pas à négocier une entente avec Ottawa, nous, déciderons
à ce moment ce que nous faisons de ce programme.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Relativement à ce que vient de dire le
ministre, quand il nous indique que ses négociations avec le
fédéral n'ont pas connu le même cheminement que les
négociations avec l'Ontario, est-ce que les prérequis que le
fédéral posait au Québec, on les retrouvait
également dans les conditions qui étaient posées à
l'Ontario ou si on a posé des conditions particulières au
Québec par rapport à l'Ontario?
M. Bérubé: C'est-à-dire, je peux vous
signaler qu'il y a trois mois, je communiquais avec le trésorier de
l'Ontario pour l'interroger quant à ses succès de
négociations avec Ottawa. Il était fort optimiste, je dois dire,
il y a trois mois. Ayant rencontré M. Andras, M. Lessard, il en
était ressorti confiant de s'entendre. Or, il a pu négocier son
volet foresterie de façon totalement indépendante de son volet
industrie, ce qui lui a permis de négocier une entente. Cependant, dans
notre cas, le gouvernement fédéral a refusé de
négocier un volet foresterie tant et aussi longtemps qu'on ne se serait
pas entendu sur le volet industrie. Ce qui a permis, à ce moment,
à l'Ontario de signer alors que dans notre cas, nous n'avons pu
signer.
M. Giasson: Les conditions de l'industrie sont à peu
près semblables...
M. Bérubé: Les conditions de l'industrie sont
absolument identiques, qu'elles touchent l'Ontario ou qu'elles touchent le
Québec et c'est la raison pour laquelle M. Miller devait me rappeler, il
y a quelques jours, pour me dire: Comment ça va avec vos
négociations? J'a dû lui dire: Cela va mal pour telle et telle
raison. Il m'a dit: C'est bizarre, nous, c'est complètement
bloqué pour les mêmes raisons.
Cependant il n'a pas eu besoin de s'entendre avec Ottawa pour la
signature du volet forestier. Nous sommes parfaitement d'accord, concernant le
volet forestier. Les deux parties s'entendent, c'est-à-dire qu'il y a
accord total sur les termes de l'entente fédérale-provinciale,
sauf qu'Ottawa ne signera pas tant que l'autre entente ne sera pas
également conclue et l'autre entente n'est évidemment pas
conclue.
M. Giasson: Est-c que les conditions étaient exactement
semblables dans les négociations qui se faisaient entre l'Ontario et le
gouvernement fédéral?
M. Bérubé: Non, puisqu'Ottawa n'a pas mis de
condition pour le volet forestier en Ontario, mais nous en a mis au
Québec.
M. Giasson: Comment explique-t-il ça tout de
même?
M. Bérubé: C'est la situation
privilégiée du Québec dans la confédération
canadienne. Nous avons droit toujours à une attention
particulière qui, d'ailleurs, nous fait chaud au coeur et que nous
apprécions profondément.
M. Giasson: Non, mais tout de même il doit apporter des
raisons. Le ministre peut s'amuser et être sarcastique, mais tout de
même il faut qu'il motive.
M. Bérubé: Non, il n'y a jamais eu de motivation
à ma connaissance, il n'y a jamais eu de raison invoquée; je
regrette. Les négociateurs ne sont pas ici.
M. Giasson: Mais quand vous dites: Vous ne posez pas les
mêmes obligations, quand vous travaillez avec l'Ontario vous ne posez pas
les obligations que vous nous faites à savoir régler
également le dossier industrie.
M. Bérubé: C'est vrai. Au Québec, ça
nous est présenté comme un plan d'ensemble, "take it or leave
it", alors que dans l'Ontario on a dissocié les deux volets et on a
négocié le volet foresterie d'une part et le volet industrie
d'autre part. Ce qui explique pourquoi l'Ontario a pu s'entendre sur un volet,
mais non sur le deuxième, alors que, dans notre cas, étant
donné que les deux sont évidemment associés, je suis
obligé de vous dire que mon programme de voirie forestière est
sur une patte présentement parce que j'attends la fin de la
négociation.
M. Giasson: ...
M. Russell: On pourrait engager Bona Arsenault pour
négocier ça, il était chanceux; ses négociations
allaient bien quand il était là.
M. Perron: II a été dans le décor assez
longtemps!
M. Bérubé: On peut souhaiter que l'Esprit-Saint
vienne au secours de...
M. Russell: Cela pourrait arriver, on ne sait jamais ce qui peut
arriver avec l'Esprit-Saint et un désir de servir.
Faisant suite aux remarques du ministre, je suis parfaitement conscient
des différences de tarifs de chemin de fer que je trouve
désastreux, en étant victime pour certaines raisons, je trouve
que le fédéral devrait s'occuper de cette partie.
En ce qui concerne l'implication du fédéral dans les
chemins de pénétration, je ne suis pas tellement d'accord
quoique s'il donne des sommes à l'Ontario, je pense que le Québec
devrait quand même en bénéficier mais c'est un
domaine auquel je ne pourrais pas par sentiment être d'accord, que le
fédéral vienne se mêler de payer des chemins de
pénétration pour nos richesses naturelles tant pour les
forêts que pour les mines ou quoi que ce soit.
Par contre je ne comprends pas que l'Ontario ait des avantages que nous
ne pouvons otbeniret je pense que le ministre devrait peut-être prendre
les grands moyens pour essayer de les obtenir.
M. Bérubé: On a pensé à de grands
moyens effectivement et d'ici quelques mois on aura le
référendum. Je pense que c'est un des grands moyens qu'on peut
envisager, mais vous savez les grands moyens... On peut protester, vous avez
protesté, comme gouvernement, pendant des années en partant de M.
Duplessis, M. Lesage, M. Johnson, M. Bourassa, et les grands moyens ont
été pris à moins que les gouvernements antérieurs
aient été une bande de lavettes.
Mais en posant l'hypothèse que les gouvernements de l'Union
Nationale antérieurs n'ont pas été des gouvernements de
lavettes ou que les gouvernements libéraux antérieurs n'ont pas
été des gouvernements de lavettes, je me dois de présumer
considérant que j'ai devant moi des participants de ces
gouvernements antérieurs que les grands moyens, vous les avez
pris, mais les grands moyens semblent donner ce que ça donne. Par
conséquent il faut prendre les grands moyens, vous avez parfaitement
raison, M. le député de Brome-Missisquoi. Je suis parfaitement
d'accord avec vous quant à l'analyse des grands moyens qu'un peuple
devrait prendre une fois dans sa vie pour récupérer le
contrôle de son développement.
M. Russell: Ces choses qui le regardent ce sont ses richesses
naturelles. En ce qui concerne les tarifs de chemins de fer, je pense que c'est
un non-sens que le Québec ait été traité de cette
façon et ça, ce n'est pas d'hier.
Une Voix: Depuis 1933.
M. Russell: C'est à la grandeur du Canada. Si on se
compare aux Etats-Unis, c'est à la grandeur du Canada.
M. Giasson: Combien de bois est transporté par voie
ferrée, par chemin de fer?
M. Bérubé: Ce n'est pas du bois, c'est le
papier.
M. Giasson: Combien de papier?
M. Bérubé: Je pense que 90% de nos ventes de papier
journal vont à l'extérieur, si je ne m'abuse.
M. Giasson: Oui, mais il s'en transporte également par
bateaux du papier journal.
M. Bérubé: Je peux essayer de vous trouver
ça.
M. Giasson: Baie-Comeau, Port-Alfred, Trois-Rivières. (17
heures)
M. Bérubé: Les négociations
fédérales-provinciales. On en a deux classeurs complets. Si vous
êtes intéressés aux négociations, il me fera
plaisir, d'ailleurs, de vous remettre une liste de tous les échanges de
documents et rencontres depuis...
M. Russell: ... les documents...
M. Bérubé: Cela me fait plaisir, mais je dois dire
que la partie fédérale n'aime pas que l'on négocie sur la
place publique.
M. Giasson: ... il ne reste plus qu'à
négocier...
M. Russell: Est-ce que cette négociation... de M.
Lessard.
M. Giasson: Est-ce que ce qui fait l'objet des
négociations est terminé?
M. Bérubé: Les négociations sont
terminées pour autant que nous sommes concernés. Je pourrais vous
donner... Nous avons exactement quatre régions pour le "newsprint",
c'est le "Grand-Mère Group", le "Sovereignty Official", le "Maine to
Trunk Line", le "Maine to Central". J'essaie de voir les différences de
tarification et les volumes.
M. Russell: Est-ce que toutes ces négociations
relèvent de M. Lessard?
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Est-ce qu'on peut connaître les conditions
spéciales qu'il a pour le domaine de l'industrie?
M. Bérubé: Certainement, au programme 5, il me fera
plaisir de vous les donner... au programe 7.
M. Russell: L'an dernier, il y a eu une dépense
d'immobilisation pour les routes de $15 millions,
presque $16 millions. Est-ce qu'on avait une contribution
fédérale à ce moment?
M. Bérubé: Oui, parce qu'il existe une entente
fédérale-provinciale pour la voirie forestière qui se
termine présentement et qui couvrait les activités des
années antérieures.
M. Russell: Pour 1977/78.
M. Bérubé: Pour une partie. $13 millions
étaient sujets à l'entente fédérale-provinciale.
Malheureusement, je n'ai pas le volume.
M. Russell: $13 millions y étaient sujets et l'autre
partie ne l'était pas.
M. Bérubé: $13 millions étaient sujets
à l'entente fédérale-provinciale.
M. Russell: Dans le total, ces immobilisations, si je comprends
bien, ici vous avez dépensé totalement en plans et devis,
constructions et amélioration des ponts, $21 800 000. Est-ce que le
total de $13 millions pourrait s'appliquer à cela?
M. Bérubé: Oui, c'est cela. En fait...
M. Russell: La totalité s'appliquait... $13 millions ont
été partagés avec le fédéral et la
différence a été totalement payée par la
province.
M. Bérubé: Absolument. M. Russell:
C'était 50-50?
M. Bérubé: A peu près, mais en fait dans
le... 60/40.
M. Russell: 60-40.
M. Bérubé: Oui, c'est-à-dire des $13
millions, 60% sont payés par le fédéral et 40% par le
provincial. Mais si vous dites par rapport à $21 millions, 50
était admissible à l'entente, parce que les dépenses de
fonctionnement du ministère qui sont incluses là-dedans ne sont
pas admissibles. Après cela, vous avez les plans et profils qui ne sont
pas admissibles. Il y avait certains projets qui n'étaient pas
admissibles aussi, qui étaient déjà subventionnés
autrement.
M. Russell: Est-ce qu'il y a des conditions pour la
qualité de la route que vous construisez pour être admissible
à la subvention, à l'acceptation de...
M. Bérubé: Au point de vue de la qualité, si
vous parlez des standards, non. Les standards relèvent strictement de
nous. Le fédéral ne s'en occupe pas. Les seules conditions, c'est
que ce soient des routes de pénétration telles que le ministre
les a définies, soit une durée minimale de quinze ans.
Par exemple, j'ai des chiffres qui peuvent vous intéresser. Comme
vous le savez, les territoires sont subdivisés essentiellement en ce
qu'on appelle le "Southern", qui inclut... vous avez le "Eastern of Official
Territory" qui inclut l'Ontario, et vous avez le Québec qui est le
"Grand-Mère Group" et vous avez le "Southern" qui est le sud. Pour vous
donner des exemples de comparaison, sur une distance de 400 milles, le
"Grand-Mère Group" à "Official", donc au centre, Saint-Laurent,
$46 les cent livres, alors que, dans le "Southern to Official", donc le moulin
du sud, c'est $1.06, et le Maine' to Trunk. Line, c'est $1.25, ce qui veut dire
qu'en fait l'Ontario bénéficie sur une distance de 400 milles de
la différence entre $1.25 et $1.46. Je peux d'ailleurs aller à
800 milles, à ce moment, le "Grand-Mère Group" est à
$2.12, le "Southern to Official" est à $1.53 et le "Maine to Trunk line"
in New England, c'est $1.73.
Quelles que soient les distances couvertes au mille, le
"Grand-Mère Group" est toujours nettement en-dessous. Ce sont des
statistiques dont nous venons de terminer la compilation, qui démontrent
hors de tout doute que depuis 1933, les entreprises qui exploitent les
richesses naturelles au Québec paient toutes plus cher.
M. Russell: C'est du transport à l'intérieur du
Canada?
M. Bérubé: Papier journal, "newsprint". M.
Russell: A l'intérieur du Canada?
M. Bérubé: Non, c'est parce que l'Amérique
du Nord est décomposée en grandes régions. Nous avons, par
exemple, l'Ouest, le "Western Trunk Line", qui va aller jusqu'au lac
Supérieur. Nous avons ce qu'on appelle le "Eastern or Official
Territory" qui inclut la Nouvelle-Angleterre et qui prend l'Ontario et nous
avons le "Grand-Mère Group", qui est le Québec. Le
"Grand-Mère Group" est spécial; c'est le Québec. Toutes
les autres régions, que ce soit le Maine, c'est ce qu'on appelle
"Eastern or Official Territory". C'est une région avec des tarifs
uniformes, et vous avez le "Southern", qui est le Sud. Essentiellement, vous
avez donc trois régions: la Grand-Mère, qui est ici, vous avez la
"Eastern" qui est au centre, qui regroupe l'Ontario, le Maine, et vous voyez la
région de l'Ontario, c'est le "Eastern", et vous avez le "Southern
Territory". Alors, le "Grand-Mère Group" est le groupe qui fait
l'Outaouais. Les comparaisons que je vous donnais étaient à
distance comparable quelle que soit la longueur, le tarif pour le
"newsprint".
A ma connaissance, je n'ai jamais entendu le gouvernement du
Québec protester. Ce qui veut dire que d'une façon
générale, par rapport à nos concurrents, on peut payer
jusqu'à 46% plus cher pour le transport ferroviaire à distance
comparable pour le papier journal. On peut le faire, d'ailleurs, pour
absolument tous les autres. Nous l'avons fait pour le "newsprint", le "Grand
Work", le "Paper & Paper Articles", etc. Nous avons également une
analyse historique depuis 1933. Je suis convaincu que je n'ai...
M. Giasson: Le tarif américain est encore... si vous
transportez seulement sur le côté américain qui est
beaucoup meilleur marché que nous, si on transporte seulement sur le
côté canadien.
M. Bérubé: Le tarif le plus économique est
celui du sud des Etats-Unis où, de fait, les compagnies de chemins de
fer ont eu une politique d'encouragement à l'exportation du papier
journal produit localement, ce qui explique qu'elles sont en mesure de nous
concurrencer sur nos marchés naturels, étant donné leur
coût de transport moindre.
M. Giasson: Est-ce que les compagnies de chemins de fer aux
Etats-Unis sont subventionnées?
M. Bérubé: Non, pas à ma connaissance. M.
Russell: Non, parce que...
M. Giasson: ... des coûts d'opération...
moindres...
M. Bérubé: La tarification est une matière
extrêmement complexe. Nous avons dû, de fait, former un groupe de
travail avec le ministère des Transports et des consultants, et il s'est
rapidement avéré que ce problème du transport était
d'une rare complexité et que, de fait, l'industrie du papier au
Québec avait porté plainte à la commission des transports
il y a quelques années, en 1970, et avait perdu. Le jugement,
d'ailleurs, s'est rendu il n'y a pas tellement longtemps. Elle a donc perdu. De
fait, on croit constater que c'est l'absence de statistiques lui permettant
d'étayer son argumentation qui ne lui a pas permis de faire la preuve.
Il faut un travail de moine pour arriver à reconstituer ces chiffres.
Ils sont extrêmement difficiles à obtenir.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions?
M. Russell: J'avais une question tout à l'heure concernant
la construction de routes de l'an dernier. Quand on parle des $21 millions qui
ont été dépensés. La subvention
fédérale a-t-elle été déduite de ce montant
ou a-t-elle été additionnée à cela?
M. Bérubé: Non, ce sont $21 millions que le
Québec a déboursés...
M. Russell: C'est le total qui a été
dépensé par le ministère et le montant qui est revenu du
fédéral a été déposé au trésor
comme revenu.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Russell: D'accord. Donc, cette année, si vous
dépensez les $17 millions et vous n'avez pas de subvention provinciale,
ce sera pour le trésor un déboursé plus
élevé?
M. Bérubé: Attention, ce qu'on est en train de
négocier, c'est un amendement à l'entente actuelle. Tant que ce
n'est pas négocié ou signé, on poursuit l'entente actuelle
dans laquelle il reste encore $24 millions de fonds jusqu'à la fin de
1982. Donc, une bonne partie des projets qu'on présente cette
année sont couverts.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je remarque que dans les projections
d'investissements en voirie forestière, vous n'avez aucune
prévision pour la région de la Haute-Mauricie, de La Tuque. Le
réseau serait assez complet dans ce coin?
M. Bérubé: II s'agit surtout de territoires
concédés. Dans un tel cas, ce serait les $3,6 millions qui
apparaîtraient. Excusez-moi, je pensais que vous alliez approuver cet
élément très rapidement. J'avais sauté une
étape. Il y a $3,6 millions quelque part.
M. Giasson: Dans la forêt privée?
M. Bérubé: Oui. A la page 40, au poste 10
intitulé transfert, nous avons $3,6 millions. Ceci représente une
participation du gouvernement du Québec à 50% pour la
construction de chemins forestiers dans ce territoire, et évidemment,
d'autres concessions au Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Si on revient à
la question des coûts de transport ferroviaire en rapport avec ce que le
ministre vient de nous expliquer, les trois grandes régions, où
l'Ontario actuellement bénéficie d'un tarif beaucoup moindre que
celui du Québec. Est-ce que c'est parce que l'Ontario est dans cette
région ou si c'est parce qu'il est subventionné, que la province
est subventionnée par le fédéral?
M. Bérubé: C'est parce qu'il fait partie de cette
région.
M. Perron: Les tarifs sont établis. Il y a un accord entre
les Etats-Unis et...
M. Bérubé: Non, il n'y a pas véritablement
d'accord. C'est une entente tacite. Il faut dire que ces régions se sont
développées historiquement. Si les tarifs ne sont pas
prévus par réglementation, dans le cas des tarifs de chemins de
fer, ils sont la conséquence d'un ensemble de décisions
passées, de traditions qui ont fait que des régions se sont
finalement regroupées, identifiées et ont fini par avoir des
tarifs moyens, communs à l'intérieur de ces régions. Par
conséquent, il n'apparaît pas que ce soit comme telle une
décision gouvernementale, puisque depuis quelques années, il y
a
des réglementations sur la structure tarifaire. Maintenant, on
applique le principe de "users pay", du moyen et de la concurrence,
c'est-à-dire que le chemin de fer est en concurrence avec les autres
moyens de transport et lorsqu'il y a d'autres moyens de transport plus
économiques, à ce moment, on a tendance à ajuster ces prix
en conséquence. Donc, on n'a plus de régime tarifaire uniforme,
si ce n'est des régimes tarifaires effectifs et non obtenus par
réglementation. C'est ce qui rend l'analyse de cette question aussi
complexe.
M. Perron: Merci, M. le ministre. Maintenant, je voudrais passer
à la question de la voirie forestière. Si on prend la page 41 du
document que vous nous avez remis, qui est très intéressant
d'ailleurs, si on regarde la question de la Côte-Nord. On remarque pour
Outarde et Papinochois, un montant global d'environ $3 millions. La question
que je me pose, c'est celle-ci: Quand on sait que le projet de Natashquan, le
projet de Rivière-Saint-Jean qui fonctionne depuis l'an passé, et
Natashquan depuis cette année, où on a besoin de fonds
à la suite d'une rencontre que j'ai eue avec les gens concernés
pour faire de la voirie forestière, je me demande de quelle
façon on va pouvoir faire de la percée forestière dans la
ligne principale, dans la route principale, si on n'a pas de fonds pour cela.
Est-ce qu'on peut prendre des fonds ailleurs que dans ce programme?
M. Bérubé: Pour l'instant, non, parce que le budget
qui a été approuvé pour cette année, compte tenu
que la nouvelle entente n'est pas encore signée, que l'amendement
à l'entente n'est pas signé, le budget approuvé ne couvre
que les obligations antérieures du gouvernement actuellement. Alors,
Natashquan ne correspond pas à une obligation antérieure du
gouvernement, alors qu'il y a eu un protocole de signé avec la scierie
des Outardes qui explique les montants pour Outarde et Papinachois, pour ces
deux chemins. Par contre, pour ce qui est de Natashquan, le montant
nécessaire pour l'année prochaine sera de $50 000 c'est
à l'étude lorsque notre politique sera étendue
à 50-50 sur toute la province. Cela fait partie de cela. On attend que
l'entente soit signée pour débloquer ce montant additionnel, mais
il a été prévu au Conseil du trésor que dans
l'éventualité où ce serait signé, ces montants
seront automatiquement débloqués. (17 h 15)
M. Perron: Maintenant, qu'en est-il du projet de
Rivière-Saint-Jean qui, lui...
M. Bérubé: C'est le même montant. Ce projet,
qu'on appelle MIDER, en fait, c'est Rivière-au-Tonnerre,
Rivière-Saint-Jean et Rivière-Natashquan. L'année
prochaine, ce qu'il y a de prévu, c'est Natashquan et
Rivière-Saint-Jean, $50 000 chacune. Cela correspond à la
programmation nécessaire pour l'annnée prochaine.
M. Perron: Cette année, on est censés s'ali- menter
de 12 000 à 15 000 cunits. Est-ce que c'est possible de s'alimenter, au
moment où on se parle, à un tel montant de cunits?
M. Bérubé: Remarquez bien que je ne suis pas
allé à Natashquan dernièrement, mais...
M. Perron: Non, je parle de Rivière-Saint-Jean.
M. Bérubé: ... on me dit que l'hiver dernier, dans
le courant de l'hiver, on a débloqué des budgets spéciaux
pour Natashquan, entre autres, pour lui permettre d'aller installer ses camps,
sinon, cela aurait été reporté au mois de septembre
seulement. On a fourni toute l'installation nécessaire pour qu'elle
puisse aller construire ses camps.
M. Perron: Oui, d'accord, mais je parlais du projet de
Rivière-Saint-Jean.
M. Bérubé: Ah! Rivière Saint-Jean. M.
Perron: La scierie Deroy.
M. Bérubé: Rivière-Saint-Jean, je n'ai pas
le détail. Je ne sais pas si...
M. Perron: Est-ce qu'il est prévu cette année la
percée de routes forestières à Rivière Saint-Jean
même, parce qu'on sait qu'elle doit aller chercher de l'approvisionnement
un peu plus au nord soit environ 12 000 à 15 000 cunits?
M. Bérubé: Comme le directeur de la voirie le
disait, il y a de prévu dans le budget $50 000 pour Natashquan et pour
Rivière-Saint-Jean aussi il y a $50 000.
M. Perron: Mais ce n'est pas assez.
M. Bérubé: Mais, effectivement, il y a une demande
supplémentaire que le ministre a faite au Conseil du trésor
concernant un nouveau montant par rapport au projet de voirie
forestière. Il y a aussi des possibilités de transferts de
budget, compte tenu du besoin, qui seront identifiées clairement au
niveau de Rivière-Saint-Jean pour satisfaire les $150 000 qui seront
nécessaires à Rivière-Saint-Jean cette année.
M. Perron: Ah bon! Si l'entente n'est pas signée,
ça voudra dire qu'il y aura des possibilités de prolonger la
route actuelle pour aller chercher de l'approvisionnement.
M. Bérubé: Exact, pour pouvoir satisfaire
l'entrepreneur de Rivière-Saint-Jean, M. Deroy, pour sa coupe de cette
année.
M. Perron: Et est-ce qu'il y a quelque chose de prévu pour
Rivière-au-Tonnerre?
M. Bérubé: Non, pour Rivière-au-Tonnerre,
actuellement, il n'y a rien de prévu.
M. Perron: D'accord, merci.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions sur la
voirie forestière? Il n'y en a pas d'autres.
M. Russell: Non, on en a assez pour savoir que ça ne
marche pas.
Le Président (M. Jolivet): Elément 3,
adopté? Elément 4, aide à la production forestière
privée.
M. Bérubé: M. le Président, il s'agit d'un
programme qui subit passablement de transformation ces jours-ci. Il faut dire
que la production de la forêt privée est de majeure importance
pour le Québec dans la mesure où elle représente 25% de la
matière ligneuse livrée sur le territoire.
La diminution constante du stock ligneux de la forêt privée
a amené les gouvernements à intervenir quantitativement et
qualitativement pour améliorer la production de matière ligneuse
en forêt privée. Il faut dire que dans plusieurs régions du
Québec, on coupe plus que la possibilité, d'une part, et que,
d'autre part, les forêts ne se régénèrent pas aussi
bien que les forêts privées. Par conséquent, on se dirige
graduellement vers une diminution du stock de matière ligneuse en
forêt privée et, éventuellement, cela posera un
problème d'approvisionnement des usines puisqu'on ne peut pas à
la fois vouloir amener l'industrie à faire appel à la forêt
privée pour son approvisionnement et en même temps ne pas
s'assurer que cet approvisionnement sera maintenu dans le temps, sera donc
soutenu.
Pour atteindre, donc, les objectifs d'aménagement de la
forêt privée, le ministère va mettre l'accent sur
l'élaboration de documents de connaissances qui sont nécessaires
aux plans de gestion des unités d'aménagement des forêts
privées. Il faut dire que les plans de gestion des forêts
privées sont beaucoup moins détaillés, ou peut-être
beaucoup plus détaillés, au contraire, mais beaucoup moins
"enrégimentateurs" que les plans de gestion des forêts publiques,
évidemment, puisque les propriétaires demeurent libres de les
suivre ou non et demeurent libres de couper ou de ne pas couper la forêt
et on ne veut pas le leur imposer, du moins dans la législation
existante.
Cependant, nous croyons que si nous mettions à leur disposition
des plans de gestion leur donnant un portrait global de l'état de leur
forêt, on pourrait amener les syndicats de producteurs de bois à
adopter des stratégies d'exploitation des forêts privées
qui soient davantage conformes à un sain principe d'exploitation des
forêts privées. Donc, élaborer ces documents.
Deuxièmement, nous voulons donner plus de responsabilités
aux groupements forestiers en leur donnant une plus grande autonomie, et je
m'explique. Dans le passé, le ministère qui s'est engagé
dans ce programme d'aide à la forêt privée avait
établi une politique qui consistait à payer les coûts
d'aménagement. Nous constatons, au Québec, que le bois se vend
bon marché en comparaison avec la Suède. Nous avons des
coûts de bois de l'ordre de $70 le cunit alors que j'étais
à même d'observer, l'automne dernier, en Suède, des
coûts de bois de l'ordre de $140 le cunit. Par conséquent, il ne
fait aucun doute que notre forêt est exploitée à un
coût très bas; cela peut être avantageux pour notre
industrie, d'une part, mais, d'autre part, il reste une bien mince marge de
manoeuvre aux propriétaires pour financer des travaux
d'aménagement supplémentaires.
Dans ces conditions, il pouvait apparaître justifié pour le
gouvernement de s'engager dans un programme de subventions à
l'aménagement des forêts privées qui fasse en sorte que nos
forêts privées puissent être aménagées sur la
même base, compte tenu que c'est la vente de bois sur forêt
publique au Québec qui est responsable du maintien très bas des
prix. En effet, nous faisons concurrence à la forêt privée,
nous contrôlons 75% du marché du bois et, par conséquent,
nous sommes les producteurs de bois, finalement, qui déterminent le prix
sur le marché.
Dans ces conditions, le ministère s'est engagé à
financer les travaux d'aménagement sur la base suivante: On soustrait de
l'ensemble des coûts le profit résultant de la vente des bois et
la différence est donc payée à 100% par le gouvernement.
C'est la base de calcul en vigueur depuis déjà un certain nombre
d'années. A l'origine, les travaux d'aménagement devaient
coûter environ $35 l'acre; ils coûtent aujourd'hui environ $150
l'acre. Pour chaque indien et demi que nous avons en forêt, nous avons un
chef. Pour vous donner un exemple, voici le cahier de normes que doit suivre un
bûcheron en forêt. Il lui faut presque un cours classique, plus
quatre années d'université et, généralement, il
devrait aller au doctorat s'il veut être capable de suivre. J'ironise un
peu, mais le fait est que dans la mesure où le gouvernement paie tout,
il faut s'assurer que l'argent ne sera pas gaspillé, il faut donc
contrôler. A partir du moment où on contrôle, il y a
toujours, non pas un fraudeur, mais un esprit retors qui trouve le moyen de
confirmer la norme; il faut donc sophistiquer la norme et, à ce
moment-là, c'est une poursuite continue entre le fraudeur et
l'administrateur pour boucher les trous, l'autre s'efforçant de
débusquer une nouvelle porte de sortie.
C'est donc l'ensemble de la problématique où on constate
que l'administration s'enfle, non seulement au gouvernement, mais
également dans les groupements et les sociétés, où
nous constatons que nos normes sont de plus en plus sclérosantes et
où nous devons constater que les gens sont insatisfaits.
C'est donc à l'intérieur de cette problématique que
nous avons décidé d'opérer un virement radical. Une
étude récente qui m'a été fournie par un groupe de
conseillers devait conclure que, en pratique, on privilégiait, sur la
forêt privée, certains types de travaux d'aménagement alors
que d'autres qui leur apparaissaient plus importants étaient
laissés pour compte.
Par exemple, on constate que la forêt ne se
régénère pas et qu'il faudrait replanter... seule-
ment le recul pris au cours des années antérieures nous
obligerait à planter 2 milliards d'arbres en forêt privée
c'est le recul pris au cours des années antérieures
et que si nous ne voulions pas reculer maintenant, il faudrait planter 75
millions d'arbres par année au Québec. Voilà l'état
de la forêt privée. Comme vous voyez c'est un état assez
catastrophique. Il y a donc lieu de prendre des moyens radicaux.
Un des moyens c'est certainement de commencer par alléger notre
administration, alléger notre bureaucratie et voici l'approche que nous
sommes à négocier présentement avec la
fédération. Elle est relativement simple. Nous abandonnerions la
notion de contrat pour utiliser le concept de subside, de subvention. Les
subventions que l'Etat accorderait pour l'aide à la forêt
privée seraient basées sur le retour économique que l'Etat
compte retirer dans le travail d'aménagement. Je m'explique. Si le
reboisement augmente la possibilité forestière de trente cunits
à l'acre, que lorsque ces cunits sont usinés, l'Etat en retire
ces cunits supplémentaires sont usinés des
impôts, des taxes, des revenus, on peut donc escompter ces revenus et
calculer combien valent aujourd'hui ces revenus et ne donner en subvention que
ce que cela vaut et appliquer exactement la même approche à
l'ensemble des travaux sylvi-coles. A partir de ce moment, l'Etat se
contenterait de donner en subsides ce que cela va lui rapporter, laissant
à ce moment entièrement libres les groupements forestiers quant
à la façon de dépenser leur argent.
Le seul contrôle que le ministère pourrait effectuer serait
un contrôle sur le terrain pour vérifier la qualité des
travaux; lorsque la qualité des travaux indique qu'on ne pourra
atteindre que 50% du rendement théorique attendu, les subsides seraient
éventuellement ajustés en conséquence. En d'autres termes,
redonner l'entière responsabilité aux syndicats de producteurs de
bois, de contrôler et la technique et l'exécution, d'une part et
d'autre part, établir une structure de subside qui favorise les travaux
les plus rentables, les plus intéressants et défavoriser ceux qui
ne le sont pas, plutôt que de les mettre tous sur un pied
d'égalité, auxquels cas il n'y a plus aucun critère de
sélection, si ce n'est un ensemble de normes qui favorisent un ou
l'autre et laisser finalement fonctionner la machine. Dans ces conditions, il
nous apparaîtrait possible d'envisager une expansion substantielle de
notre programme d'aide à la forêt privée. C'est ce que nous
sommes à négocier présentement avec la
fédération.
M. le Président (M. Jolivet): M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Si je vous ai bien compris, M. le ministre, tout
à l'heure vous avez dit que le coût d'aménagement avait
atteint un niveau d'au-delà de $300 l'acre.
M. Bérubé: $300 à $350 l'acre, en calculant
tout: l'administration, la technique, l'exécution.
M. Giasson: A ce compte-là, c'est vraiment excessif. Mais
vous avez sûrement étudié la possibilité, à
l'intérieur des groupements forestiers, de laisser les
propriétaires de terrains qui ont été placés
à l'intérieur du groupement, mener les exploitations
eux-mêmes.
M. Bérubé: Certainement, maintenant...
M. Giasson: Dans ce que vous négociez présentement
avec la fédération des groupements et des
sociétés.
M. Bérubé: Oui, à titre d'exemple posons
l'hypothèse que le reboisement vaut à l'Etat, en argent en 1979,
$200 l'acre. Nous payons $200 l'acre. Mais si un fin matois trouve un moyen de
reboiser avec autant d'efficacité, mais à moitié
coût, tant mieux. En d'autres termes, nous allons laisser l'incitation
à réduire les coûts, alors qu'auparavant il n'y avait
aucune incitation à réduire les coûts, puisque nous payons
tous les coûts. Il n'y a donc qu'une incitation à accroître
les coûts, c'était du "cost plus". La conséquence c'est que
non seulement les coûts étaient élevés mais
également je pense que notre administration s'an-kylosait, alors
que présentement on pourra garder les normes techniques comme un guide
servant à la formation des sylviculteurs, servant à
l'enseignement si on veut, et le ministère se contentera,
conséquemment et dorénavant, de contrôler la pleine
réalisation des travaux et l'efficacité de ces travaux en
pénalisant ceux qui feront de mauvais travaux par le biais d'un subside
moindre. C'est essentiellement un changement total d'approche qui devrait
normalement nous amener à permettre des prises de décision, comme
vous le soulignez, qui seraient susceptibles de permettre aux gens de faire
deux fois plus de travaux. (17 h 30)
M. Giasson: Avez-vous eu l'occasion de voir le nombre de types de
traitements à l'intérieur d'une terre à bois qu'on peut
développer?
M. Bérubé: Qu'on peut fignoler? M. Giasson:
C'est incroyable!
M. Bérubé: On peut fignoler à l'infini,
c'est phénoménal, il ne fait aucun doute. Justement, il peut
devenir intéressant, éventuellement, plutôt que de faire 64
parcelles échantillons sur un lot, chacune effectuée à
tarif spécifique, on peut imaginer, puisqu'un subside global a
été donné pour traiter un lot, qu'à ce
moment-là le regroupement ou l'individu choisisse des moyens plus
économiques d'atteindre ses fins et qu'à ce moment-là les
profits qu'il pourra faire puissent être réinvestis dans
l'aménagement forestier. Mais une des conséquences, c'est que
nous devrions être à même de diminuer, au niveau du
ministère, notre rôle et l'application de ces normes.
M. Russell: Si je comprends bien, c'est simplement un subside qui
doit être donné à l'acre, à
la condition que les normes du ministère soient
respectées.
M. Bérubé: Non, il n'y a plus de normes. Ce qui
nous intéresse maintenant, par exemple, si je fais du reboisement et
que... pour être honnête, je dois dire que nous nous organisons
pour que les travaux de reboisement se fassent, c'est-à-dire que le taux
d'actualisation que nous choisissons, c'est le taux d'actualisation tel que les
travaux de reboisement soient possibles. Donc, nous essayons d'avoir un taux de
rendement interne, présentement, qui se situe entre 4% et 5%.
Pourriez-vous reformuler votre question pour être sûr
que...
M. Russell: Je disais simplement qu'on tente de simplifier, mais
ce qui semble ressortir de l'exposé du ministre, c'est que ça
devient un subside à l'acre pour celui qui va faire de la plantation,
suivant des normes bien établies, tant d'arbres à l'acre et
telles essences peuvent être recommandées.
M. Bérubé: Non pas suivant les normes, mais suivant
les types de travaux. Par exemple, le reboisement se voit attribué un
montant à l'acre. Ce montant à l'acre repose sur certaines
hypothèses, soit qu'une plantation aménagée va rapporter
un certain montant à l'Etat en taxes. C'est ce que nous versons en
subsides. Au bout de trois, quatre ou deux ans, le ministère fait la
surveillance de la plantation et si on constate qu'il y a la moitié des
arbres qui poussent, à ce moment-là, nous pourrons nous retourner
à l'avenir et dire: Ecoutez, vos reboisements ne donnent que la
moitié du rendement qu'ils sont censés donner et vos subsides
seront de 50% de ce qu'on devait vous donner.
En d'autres termes, nous ne contrôlerons plus comme tel les types
de travaux, nous ne marquerons plus les arbres, nous ne ferons plus rien, mais
nous regarderons le résultat forestier au bout du compte. A l'aide de
parcelles échantillonnages, nous vérifierons dans chaque
groupement forestier si l'ensemble ou la moyenne des travaux semble acceptable;
c'est essentiellement ce que nous contrôlerons. Si les travaux donnent
les résultats forestiers escomptés, à ce moment-là,
il n'y aura aucune pénalisation du groupement forestier. Si les travaux,
au contraire, ne donnent pas les résultats escomptés, à ce
moment-là, l'administrateur du ministère pourra
éventuellement recommander une réduction des taux de
subvention.
Mais, essentiellement, nous ne faisons pas de contrôles normatifs
derrière le bûcheron pour nous assurer qu'il coupe bel et bien cet
arbre et nous n'allons pas derrière lui mesurer chaque souche pour
savoir quel volume de bois il a récupéré, parce que le
contrôle s'avérerait assez coûteux, non seulement le
contrôle du ministère, mais le contrôle de l'organisme de
gestion en commun.
Une Voix: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): On continue.
M. Giasson: Dans le système en opération que vous
voulez modifier, lorsqu'il y avait des traitements, je ne parle pas du
reboisement sous sa forme globale mais des traitements décidés
par des études faites sur le terrain, l'aide se traduisait de quelle
manière? Quelles étaient les bases sur lesquelles on
déterminait le volume d'aide financière qu'on apportait lorsqu'il
s'agissait de traiter une forêt?
M. Bérubé: Coûts, moins revenus. En d'autres
termes, on devrait négocier avec la fédération, à
quelle vitesse peut couper un bûcheron dans une forêt de 6 cordes
à l'acre, de récupération partielle, quand c'est un
peuplement mélangé, situé au 44ième
parallèle, par temps chaud. On avait donc des échelles de
productivité qui faisaient l'objet de chicanes à chaque
année, parce que, évidemment, ceux qui faisaient les travaux en
milieu des moustiques, prétendaient que les fonctionnaires devraient
aller sur le terrain et ils verraient que ce n'est pas si facile. Evidemment,
vu de l'extérieur, en disant: Oui, mais si on compare ce qui se fait
ailleurs, on est quand même très généreux. Vous
voyez le genre de chicane.
Donc, on avait des courbes des échelles de productivité,
on avait une évaluation du coût que pouvait représenter ce
type d'opération sylvicole et s'il y avait récupération
commerciale de bois, ce volume de bois devait être connu, on le mesurait,
et à ce moment-là, on le mettait en marché, il y avait des
revenus, on soustrayait les dépenses afférentes et on arrivait
à un revenu net aux groupements et sociétés. La
différence non finan-çable était financée à
100% par le ministère, en ajoutant une part de profit normal de 10% aux
sociétés. Globalement, l'état général des
finances des sociétés semble bien indiquer que, d'une
façon générale, elles n'ont pas fait ces 10%.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Je voudrais poser une question au ministre concernant
les réalisations des travaux par les organismes de gestion en commun.
Dans la région 01, il existe un certain nombre de
sociétés, de groupements, mais surtout des sociétés
d'exploitation des ressources. On apprend, à la fin de leur année
financière, que celle de la Métis éprouve des
difficultés; ils ont une réunion, une assemblée
générale, en fin de semaine, et ils se demandent s'ils vont
effectuer des travaux l'an prochain.
Celle des Monts, que le ministre a rencontrée
dernièrement, est en difficultés financières. Celle de la
Vallée, qui est la plus grosse au Québec, a fait un
déficit de $129 000 cette année, sur les travaux sylvicoles en
forêt privée. Je sais que le ministre va me parler du Faribault et
des coupes sur la forêt publique, mais ils prennent les profits des
autres travaux, comme les coupes de bois sur la forêt publique, et les
autres ressources financières, pour combler le déficit de la
forêt privée.
Est-ce qu'il y a une explication logique à cette situation et
est-ce que la nouvelle formule serait de nature à améliorer la
situation financière de ces sociétés?
M. Bérubé: L'explication logique, je pense que cela
dépend beaucoup des sociétés. Il ne fait aucun doute que
l'année dernière, la négociation s'est conclue assez
rapidement avec la fédération et le député de
Matapédia reconnaîtra que son assistance a permis au
Bas-Saint-Laurent de prolonger la négociation un peu plus longtemps, ce
qui fait qu'on a pu commencer les travaux au mois de juillet au lieu de les
commencer à la bonne période.
Je pense que ce retard si vous me permettez à
entamer les travaux, est possiblement une cause des déficits de ces
sociétés. Je pense que les sociétés doivent d'abord
conserver leurs travailleurs forestiers les plus efficaces. Lorsqu'on retarde
trop les travaux, ces travailleurs forestiers ont tendance à quitter la
région. On a donc des problèmes de recrutement de matn-d'oeuvre
compétente, d'une part.
D'autre part, il est tout à fait possible que la forêt du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie ait des composantes de coûts
qui sont différentes de celles d'autres régions du Québec
et que, par conséquent, lorsqu'on y va au coût et qu'on y va
à l'échelle provinciale, on constate qu'il peut y avoir une
région défavorisée. Je pense que c'est également un
facteur.
Un troisième facteur qui peut jouer, c'est que ces
sociétés ont connu une croissance phénoménale.
Là-dessus, nous sommes responsables. Nous devons reconnaître que
nous avons accru, d'une façon très importante, les budgets de
l'aide à la forêt privée. Ceci a eu comme
conséquence de provoquer une croissance exponentielle des
activités de ces sociétés et tout le monde sait que trop
de croissance, est parfois aussi nuisible qu'insuffisance de croissance.
Certaines de ces sociétés, ou groupements, ont cru que
l'existence d'un fonds de roulement substantiel leur permettrait d'investir
dans de la capitalisation et elles ont constaté, à un moment
donné, même si la situation financière est fondamentalement
assez saine, que finalement, l'actif à court terme n'est pas égal
au passif à court terme. C'est ce qui s'appelle une situation de
faillite, par suite, peut-être, d'une mauvaise gestion financière
de l'entreprise.
Or, ces sociétés qui ont grossi très rapidement ont
donc des budgets importants à administrer et je pense qu'un des
problèmes auxquels on fait face présentement c'est qu'on constate
très rapidement qu'on a besoin, effectivement, d'administrateurs
beaucoup mieux formés et le ministère devra consacrer, en tout
cas, un effort de ce côté et un programme que le gouvernement
entend bientôt annoncer concernant l'aide à l'entrepre-neurship
québécois devrait justement permettre de faciliter la formation
de ces administrateurs. Donc, c'était un problème de croissance
rapide, peut-être d'insuffisance de moyens comptables de contrôle
des coûts qui ont fait que certains coûts ont mal été
contrôlés d'une part et d'autre part, on a supposé trop
rapidement que la présence d'un fonds de roulement intéressant
permettait de justifier des investissements qui ont parfois été
importants dans certains cas.
Je pourrais ajouter évidemment un ensemble d'autres conditions.
Je pense que chaque cas est un peu particulier mais il peut effectivement
apparaître et j'ai eu l'occasion d'aller sur le terrain que
les taux payés à l'acre pour certains types de travaux
étaient insuffisants et que, par conséquent, il fallait les
accroître. Il faut dire cependant, comme le soulignait le
député de Montmagny-L'Islet, que lorsque l'on veut traiter un lot
et qu'on a 62 prescriptions différentes, la technique coûte
affreusement cher. Comme on ne peut traiter souvent qu'une parcelle à la
fois, il faut revenir plusieurs fois, donc, les travaux sont très
éparpillés, on ne bénéficie pas de
l'économie d'échelle, par conséquent, le coût des
travaux sylvicoles s'en ressent. Je pourrais donner mille et une raisons qui
font qu'effectivement certaines sociétés ont eu des
difficultés de financement, par contre, d'autres ont obtenu des
opérations très rentables.
Je pense que celles qui ont connu des problèmes de financement
sont celles qui ont connu un taux de croissance un peu trop rapide. Je pense
qu'elles doivent passer par une opération de consolidation.
M. Marquis: J'aimerais revenir à la négociation qui
se déroule à l'heure actuelle, compte tenu que je ne suis pas
intervenu jusqu'à maintenant ni mes collègues de l'Est du
Québec, du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, est-ce qu'il y a des
chances, à ces conditions, que les négociations se terminent
à temps et que les travaux, cette année, puissent commencer plus
tôt, donc, éliminent une des raisons des difficultés
financières que vous avez mentionnées?
M. Bérubé: Oui, notre proposition est faite depuis
déjà un certain temps. La fédération nous a rendu,
je pense, une réponse mardi dernier, réponse qui a
été analysée et nous sommes en mesure de faire une
contre-proposition qui, normalement... et je me donne personnellement jusqu'au
8 mai pour conclure un accord, sinon, nous devrons prendre acte parce qu'il
demeure un fait que c'est... Je pense que les délais à signer les
ententes ont beaucoup plus d'impact sur la rentabilité des
sociétés que le taux que nous négocions.
M. Marquis: Une dernière sous-question: puisque vous avez
parlé que le coût de l'acre, dans une région comme le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, à cause de l'état de la
forêt et d'autres facteurs, peut être un élément
important. Est-ce qu'il en est tenu compte dans les négociations?
M. Bérubé: L'approche que nous avons suivie nous
permet d'abandonner cette logique dont on ne peut sortir, puisqu'il va de soi
que l'on peut
toujours trouver un coût qui n'avait pas été
prévu, souligner ce coût et demander une augmentation du taux.
Cependant, si vous l'acceptez à un endroit, très rapidement
l'ensemble du Québec va dire: Mais nos conditions sont aussi
dommageables et par conséquent, nous devons en bénéficier
aussi et il devient difficile de le donner à un et de ne pas le donner
à l'autre. Par conséquent, on est entraîné dans une
spirale escalatoire de coûts.
L'approche que nous suivons renverse totalement cette tendance, puisque
nous commençons par regarder, à la suite des travaux forestiers,
l'effet ou la plus-value que prendra un massif forestier, résultant de
l'intervention et, à partir de cette plus-value, nous décidons
combien il nous avait donné, c'est-à-dire que nous payons la
plus-value. En d'autres termes, nous disons: le gouvernement n'a pas de raison
d'essayer de faire des profits avec cela. Par conséquent, on est
prêt à payer ce que cela vaut. (17 h 45)
Mais prenons un exemple typique, celui des coupes précommerciales
qui ont été très populaires dans le Bas-Saint-Laurent et
la Gaspésie. Certains forestiers me disent, et cela pourra faire l'objet
de discussion si on veut, qu'une coupe précommerciale peut permettre une
récolte accélérée d'environ cinq ans.
Cinq ans ou quinze ans selon qu'on fait une récupération
dans l'intervalle. N'entrons pas dans les détails. Cinq ans ou quinze
ans suivant... non, mettons cinq ans. Que vaut une récolte
accélérée de cinq ans pour l'Etat? Cela se calcule. Cela
ne vaut pas cher. Par conséquent, nous paierons ce que cela vaut. Si
c'est insuffisant pour justifier des coupes précommerciales, on ne fera
pas de coupe précommerciale. En d'autres termes, les
sociétés ou groupements vont sélectionner les travaux
qu'ils vont juger payants et les travaux qu'ils vont juger payants vont
être payants parce qu'ils seront payants pour nous. S'ils sont payants
pour nous, il sont payants pour eux aussi puisque, finalement, la
rentabilité est fondée sur l'activité économique
qui en résulte.
Par conséquent, c'est une façon de sortir de cette
impasse. Il est donc possible que certains travaux dans le Bas-Saint-Laurent ne
puissent être faits ou soient faits de façon différente,
par exemple, les conversions de forêts. Il est tout à fait
possible qu'une conversion de forêt doive se faire avec un scarificateur
de type Létourneau, Morin ou autre, qui écrase tous les arbres de
manière à pouvoir replanter sur une très grande
échelle et que les coûts de cette opération soient
très bas à l'acre. Tant mieux, à ce moment on pourra le
faire selon ce que cela vaut à l'Etat, mais, pour autant que nous sommes
concernés, nous ne paierons que ce que cela vaut à l'Etat.
M. Marquis: Ce ne sont pas nécessairement les travaux les
plus créateurs d'emplois, cependant. Si vous parlez de scarification et
de plantation, c'est limité dans l'année, dans la saison et ce
n'est pas tellement créateur d'emplois.
M. Bérubé: Non. Pour créer des emplois, par
exemple, il pourrait être plus intéressant dans le cas du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, puisque c'est le domaine qui nous
intéresse et qui nous tient tellement à coeur, mon
collègue et moi, je pense que dans le cas de travaux créateurs
d'emplois, il serait préférable de penser à des coupes
commerciales en forêts publiques. C'est très créateur
d'emplois et c'est en même temps très payant, par
conséquent, on n'y perd pas. Alors, plutôt que de créer des
emplois à faire des travaux inutiles, créons donc des emplois en
général d'activité économique. C'est plutôt
cette approche que je suivrai.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions?
M. Russell: A la page 46, il y a la réalisation des
travaux par les organismes de gestion en commun. L'an dernier, il y avait $9
millions d'inscrits au budget; est-ce que la totalité a
été dépensée?
M. Bérubé: Peut-être à 90%. M.
Russell: A 90%?
M. Bérubé: Généralement, c'est 80%,
90% ou 95%.
M. Russell: Le montant pour cette année est de $9 300 000.
Est-ce que ces sommes sont déjà engagées ou est-ce juste
un budget estimatif?
M. Bérubé: Que voulez-vous dire par
déjà engagées?
M. Russell: C'est pour la réalisation de travaux faits par
des organismes de gestion en commun?
M. Bérubé: II n'y a eu aucune entente avec la
fédération encore.
M. Russell: II n'y a aucun engagement de pris. M.
Bérubé: Non.
M. Russell: Les engagements se prennent au fur et à mesure
que les gens présentent des demandes.
M. Bérubé: Comme M. le ministre le disait,
lorsqu'il y a eu une entente concernant les taux avec la
fédération, il y a eu dans le passé des contrats.
Maintenant, il y aura un protocole d'entente qui sera signé dans
quelques semaines avec la fédération ou les syndicats et offices
de producteurs.
M. Russell: Donc, ce nouveau protocole d'entente sera fait
suivant la nouvelle méthode que le ministre a expliquée.
M. Bérubé: C'est ça.
M. Russell: A la page 47, on parle du nombre d'acres. Ce sont
encore des estimations?
M. Bérubé: Ce sont des estimations très
grossières, c'est à titre indicatif; la fédération
doit nous remettre ces jours-ci une estimation plus précise tenant
compte de la nouvelle formule.
M. Russell: Le Bas-Saint-Laurent est gâté ici: 7000,
presque 10 000 acres.
M. Bérubé: Je dois dire que c'est une question de
dynamisme de population essentiellement.
M. Russell: Pas de dynamite?
M. Bérubé: Non, de dynamisme de population parce
que notre budget n'est pas réparti en fonction d'une décision du
Saint-Esprit, mais au contraire à partir des demandes des organismes de
gestion en commun. Donc, les travaux qui sont indiqués là ont
été demandés et le budget a été
subdivisé au prorata des demandes. Si chaque région souffle sa
demande, évidemment, elles seront toutes pénalisées en
conséquence puisque de toute façon c'est le même budget.
Nous ne faisons que distribuer au prorata des demandes et c'est la
fédération qui nous soumet cet ensemble de demandes.
M. Russell: Si je comprends bien, il n'y a pas encore d'entente
signée, ce sont seulement des estimations. Donc, le ministre
présume qu'il y aura des demandes de $3 millions pour cette
région.
M. Bérubé: Non, je présume que j'aurai des
demandes, non seulement je présume, mais je sais que j'aurai des
demandes pour 17 965 acres, sur un total de 52 921 acres demandées, et
je sais que j'aurai $8 947 800 à distribuer. A ce moment, j'applique une
règle de trois. L'essentiel, avec une règle de trois, c'est de
l'appliquer dans le bon sens.
M. Russell: L'appliquer dans le bon sens, mais je
m'aperçois que le bon sens semble être le Bas-Saint-Laurent. C'est
là que va aller le tiers du budget.
M. Bérubé: C'est fonction de l'ordonnance. Par
exemple, si, dans la région de Gatineau les demandes des producteurs de
bois ne sont que pour aménager 670 acres, je ne suis pas pour aller leur
tordre le bras en leur disant: Vous devriez aménager 3000 acres. Les
demandes nous viennent des régions, des groupements forestiers,
sociétés et groupements et nous ne faisons que répartir
elles sont compilées par la fédération au
prorata des demandes.
M. Russell: Si je comprends bien, il n'y a pas de refus de
demandes ou à peu près pas.
M. Bérubé: Non, il n'y a pratiquement pas de refus.
A titre d'exemple, si vous avez 52 000 acres et que vous avez $8 000 947,
ça doit donner à peu près $100 l'acre, c'est-à-dire
$169 l'acre. Or, nous savons qu'à l'exception du reboisement les
coûts à l'acre sont toujours supérieurs à ça.
J'en conclus que pour arriver à faire ces travaux, il faudra laisser
tomber un certain nombre d'acres.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny.
M. Giasson: Vous ne croyez pas, M. le ministre, qu'avec le
nouveau programme, que je ne rejette pas, loin de là, que dans certains
cas, vous allez mettre en danger la survie de certaines sociétés
ou certains groupes?
M. Bérubé: Présentement, nous sommes
à contacter les groupements et sociétés par le biais de
mon cabinet pour essayer de voir l'impact qu'une telle réforme peut
avoir. Il est possible que dans le cas du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie,
par exemple, on constate qu'il n'y a pas suffisamment de travaux rentables
à faire pour justifier ce niveau d'activités et les
sociétés seraient donc amenées à un recul
très important sur le plan financier et leur coût fixe pourrait
être trop lourd par rapport au volume de travaux à faire; c'est
indéniable.
Cependant, comme en Gaspésie, nous serons en mesure d'augmenter
les coupes en forêts publiques de plusieurs centaines de milliers de
cunits l'année prochaine, il va de soi qu'il est possible pour ces
groupements et sociétés d'obtenir des permis de coupe en
forêts publiques qui nous permettront de compenser.
Je pense que c'est l'intention du ministre de réaliser cette
opération. Ailleurs, les volumes sont quand même relativement
restreints et ça ne devrait pas tellement faire d'obstacle.
Il va y avoir vraisemblablement des économies à
réaliser sur la technique. On ne se permettra plus des techniques
"chromées", ils vont avoir une technique essentielle plutôt qu'une
technique de luxe. Finalement, on ne croit pas qu'il y ait quand même
dans les taux qui vont être accordés, qu'il y ait quand même
de danger à les mettre en péril. Ils vont devoir aussi
peut-être couper un peu sur leur administration car il y a certains
organismes qui ont une administration très lourde.
M. Giasson: J'ai l'impression que cela va forcer les groupements
ou les sociétés à rechercher une plus grande
efficacité et une plus grande productivité. S'ils ne font pas
cela, j'ai l'impression qu'il y en a qui ne tiendront pas le coup et que vous
allez voir disparaître. Maintenant, selon l'expérience
vécue jusqu'à maintenant, dans les régions où on a
des groupements qui font de l'aménagement, il va certainement y avoir
des différences assez marquées du coût à l'acre dans
des régions par rapport à d'autres. Oublions la dimension de
travaux exécutés en forêts publiques par certains
groupements. Prenons l'expérience égale semblable de
l'aménagement en forêt privée, point.
M. Bérubé: Cela va dépendre des travaux
qu'ils ont à réaliser, parce que les subsides vont
être accordés par groupes, par types de travaux, comme le
disait M. le ministre. Evidemment, là, s'ils ont des travaux, s'ils ont
beaucoup de tremble, à ce moment, le taux des subsides va être
moindre, parce que les revenus sont moindres. Mais par contre, la
productivité est beaucoup plus forte. Alors, c'est un peu la
disparité régionale. On se retrouvait un peu dans les types de
travaux à effectuer. Je ne crois pas qu'il y ait de grosses
différences pour les mêmes traitements dans le même genre de
peuplement. Il n'y aurait pas de différence d'un organisme à
l'autre, que ce soit dans le Bas-Saint-Laurent, dans la région de
Québec ou dans le Nord-Ouest, s'ils font le même type de
traitement dans le même type de peuplement, les revenus à l'Etat
seront les mêmes.
Le Président (M. Jolivet): Elément 4,
adopté? M. Russell: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Programme 4,
adopté.
Compte tenu de l'heure, nous allons suspendre les travaux jusqu'à
20 heures. Nous serons rendus au programme 5.
Suspension de la séance à 17 h 56
Reprise de la séance à 20 h 13
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des terres et forêts est maintenant
réunie pour continuer le travail d'étude des crédits
budgétaires du ministère des Terres et Forêts. Nous en
étions au programme 5: Gestion interne et soutien. Elément no 1 :
Direction. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, si vous
étiez d'accord, on pourrait peut-être passer au programme 6 pour
lequel vous n'avez pas de documentation, qui est le crédit forestier,
étant donné que les officiers du crédit forestier sont
avec nous, étant donné notre tendance proverbiale à
jacasser, nous pourrions prolonger indûment les débats et,
à ce moment-là, on pourrait peut-être raccourcir et, en
autant qu'ils sont concernés, peut-être leur éviter cette
séance pénible de nos tergiversations et discussions.
M. Giasson: Excellentes suggestions du ministre, M. le
Président. Nous les accueillons avec plaisir.
Financement forestier
Le Président (M. Jolivet): Donc, nous passons au programme
6.
M. Bérubé: On va vous expliquer tout cela, M. le
député.
M. Russell: ... au programme 6, il y avait quelque chose à
cacher, je ne le voyais pas dans le livre.
M. Bérubé: Alors, l'objectif du crédit
forestier est essentiellement de favoriser le remembrement de la forêt
privée.
Le Président (M. Jolivet): Pour les besoins de la cause,
c'est le programme 6. Nous sautons le programme 5 pour le moment.
M. Bérubé: Donc, le programme du crédit
forestier est très analogue au crédit agricole. Il vise comme
objectif premier le remembrement de la propriété foncière.
On doit constater qu'une des causes du coût très
élevé des travaux sylvicoles dont nous venons de discuter au
programme 4 résulte, dans une bonne part, du morcellement de la
propriété forestière et quand on sait qu'il est difficile
pour une ferme forestière d'être viable en bas de 500 à
1000 acres, on se rend compte de l'importance du remembrement des
propriétés forestières. Aussi, le crédit forestier
vise donc à offrir une certaine bonification d'intérêt de
manière à inciter les propriétaires de fermes
forestières à agrandir leur patrimoine et à faire en sorte
que l'opération puisse devenir plus viable, plus rentable.
Je pense que M. Moreau, qui m'accompagne et qui dirige tout le programme
de crédit forestier, pourra répondre à l'ensemble de vos
questions olus précises concernant l'étendue du programme, son
efficacité, son expansion. Il l'administre depuis deux ans complets
je pense que vous avez vraiment deux ans complets d'administration
, par conséquent on commence à accumuler les données
et cela pourrait être intéressant d'avoir une petite discussion au
moins sur l'ensemble du programme.
Le Président (M. Clair): Avez-vous autre chose?
Une Voix: J'attendrai les questions.
M. Bérubé: Vous attendrez les questions.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Le crédit
forestier constitue un programme qui est assez nouveau puisque sa fondation
remonte à tout récemment. Est-ce que l'accueil que lui ont fait
les propriétaires de forêts privées en
général indique que le crédit forestier vient vraiment
combler un besoin qui existait ou répondre à des attentes en
matière de développement d'unités forestières qui
feraient que, dorénavant, on pourrait avoir au Québec des gens
qui songent à vivre de l'exploitation de la forêt ou encore de la
part d'autres propriétaires qui, sans être exclusivement
forestiers, ont le désir d'accroître des terrains boisés
comme complément soit au revenu d'une ferme
ou au revenu d'une autre profession. Y a-t-il eu une évolution
rapide dans les demandes de prêt et dans le nombre de prêts qui ont
été consentis par l'Office du crédit agricole?
M. Bérubé: Oui, il y a eu...
M. Giasson: C'est toujours rattaché d'ailleurs à
l'Office du crédit agricole dont c'est une section.
M. Bérubé: ... surtout depuis les derniers douze
mois, une augmentation substantielle des demandes de prêts et le nombre
d'entrevues également est très significatif. Je vais vous fournir
les chiffres. Si nous comparons à 1977/78, nous avions fait 1064
entrevues, alors que pour l'année 1978/79, nous en avons 1634. Au rythme
où le nouvel exercice est amorcé, l'augmentation est encore plus
substantielle. Les demandes d'emprunt que nous avons reçues en 1977/78
étaient de l'ordre de 354 alors qu'elles furent de l'ordre de 507 en
1978/79, ce qui manifeste une augmentation de 43%. Si on prend les prêts
consentis par les institutions privées, les prêts à moyen
terme en vertu de la même loi, les demandes étaient de 349 en
1977/78, alors qu'elles sont passées à 558 en 1978/79.
Il en va ainsi dans l'augmentation des sommes prêtées. Par
exemple, au niveau du crédit dispensé par l'office
lui-même, les prêts sont consentis par l'office. En 1977/78, il y a
eu 250 prêts consentis pour $4 015 000 alors qu'en 1978/79, vous avez eu
365 prêts consentis pour $5 700 000. Nous pouvons d'ores et
déjà, je dirais, constater que les objectifs que le
législateur visait en établissant le crédit forestier,
sont déjà réalisés en bonne mesure.
Si nous prenons par exemple la superficie moyenne des forêts
privées, en 1974 il y a une étude qui a été faite
avant l'instauration du crédit forestier et on établissait la
superficie moyenne par propriétaire à 85 acres, 95 acres
plutôt. Si nous prenons, en 1979, la même superficie chez nos
emprunteurs, elle était de 122 acres avant le prêt et de 302 acres
après le consentement du prêt. C'était l'un des objectifs
de la loi que de favoriser l'agglomération, la constitution de massifs
imposants au niveau des forêts privées. Si nous considérons
l'âge moyen du propriétaire forestier, il était de 55 ans
en 1974, toujours d'après l'enquête qui précédait
l'instauration du crédit forestier, alors qu'en 1979 il est de 35
ans.
Ce qui était intéressant également, c'est un autre
objectif que visait le législateur à ce moment-là, c'est
qu'il y a actuellement 185 000 acres de forêts privées en gestion,
sous un plan de gestion. Vous n'ignorez pas que c'est une des obligations
reliées à un prêt, à un crédit forestier que
la superficie visée par le prêt soit soumise et assujettie
à un plan de gestion. Vous avez déjà une manifestation de
la réalisation, dans une grande mesure, des objectifs que visait le
législateur au départ.
M. Giasson: Quand vous dites qu'il y a 185 000 acres en gestion,
il s'agit de l'"acrage" que représente l'ensemble des prêts qui
ont été consentis à l'office, mais de quelle façon
l'office peut-il surveiller l'administration du gestionnaire qui doit
nécessairement remplir les conditions d'un programme d'administration ou
de gestion de sa forêt? Est-ce que vous avez la collaboration, au niveau
de la préparation du plan de gestion et de l'exécution, des
fonctionnaires du ministère des Terres et Forêts en
région?
M. Bérubé: Absolument. Nous avons une excellente
collaboration et il nous arrive également de procéder à
une surveillance aérienne, disons d'une façon sporadique, dans
certaines régions, mais disons qu'à ce niveau-là nous
avons beaucoup de collaboration de la part des représentants du
ministère des Terres et Forêts.
C'est édifiant, n'est-ce pas, M. le député de
Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Non, c'est normal. Il n'y a rien là pour nous
édifier, c'est vrai. C'est la logique même. Est-ce que cela vous a
édifié, M. le ministre?
Chez les prêts consentis, quelle est la proportion, le pourcentage
de prêts qui ont été consentis à des corporations,
sociétés ou compagnies comparativement aux propriétaires
privés?
M. Bérubé: Vous avez, à des groupements
forestiers de la province, quatorze prêts pour $225 300.
M. Giasson: ... groupements forestiers.
M. Bérubé: C'est-à-dire que pour les
groupements forestiers, c'est sept prêts, je m'excuse, pour $83 350. Les
organismes forestiers, vous en avez 21 pour $967 650. Vous avez aussi, si cela
peut vous intéresser, des agriculteurs qui en obtiennent. Il y en a 24
pour $360 090.
M. Giasson: 24 agriculteurs sur la totalité des
prêts consentis en crédits forestiers.
M. Bérubé: 24 pour la totalité des
prêts. Oui, sur 365 prêts. Vous avez ensuite les corps de
métiers, il y en a 114 qui ont obtenu $1 596 000.
M. Giasson: Des gens de tous métiers qui décident
de devenir forestiers.
M. Bérubé: De tous métiers, oui, qui sont
intéressés...
Même des députés.
M. Giasson: Un député ne le pourrait pas, je
crois.
M. Bérubé: Non. Vous avez les professions
libérales également. Vous avez les professionnels techniques et
sociaux, 69 pour $978 590, et les techniciens, 18 pour $172 000. Ici, j'ai
toute la grille des catégories d'emprunteurs.
M. Russell: 365 prêts...
M. Bérubé: Pour $5 760 000.
M. Russell: $5 760 000 de terre qui est contrôlée
par...
M. Bérubé: Depuis le début, ce sont des
opérations.
M. Russell: La moyenne des prêts s'étale sur combien
d'années?
M. Bérubé: 27 ans.
M. Russell: En moyenne?
M. Bérubé: En moyenne.
M. Giasson: Vous avez consenti sans doute des prêts
à des corporations, des entreprises incorporées en vertu de la
Loi des compagnies aussi, au-delà des groupements de forêts?
M. Bérubé: Oui, ce sont les organismes forestiers
qui y regagnent.
M. Giasson: Quand vous parlez de groupements forestiers, ce n'est
pas nécessairement groupements forestiers dans le sens où on
l'entend au niveau de l'aménagement de la forêt privée?
C'est une corporation...
M. Bérubé: Le groupement forestier tel que
défini ici, c'est celui que vous retrouvez au pro-grame 4 du
ministère, alors que l'organisme forestier, s'il s'agit des autres
sociétés ou corporations, les autres groupes, si vous voulez, qui
ne sont pas des groupements forestiers libellés comme tels.
M. Giasson: Lorsque vous donnez le nombre de prêts
consentis, il s'agit de prêts à long terme. Est-ce que cela inclut
également les prêts à moyen ou plus court terme pour
l'achat d'équipement, machinerie, exploitation et ces choses?
M. Bérubé: J'ai donné ici le nombre 365 pour
$5 760 000, c'est à long terme.
M. Giasson: A long terme.
M. Bérubé: Maintenant, à moyen terme, je
peux vous le donner. Vous en avez 425 pour $3 640 555. Ce sont les prêts
consentis par les banques et les caisses et garantis par le système du
crédit agricole et forestier, et sur lesquels l'office prête une
contribution à l'intérêt.
M. Giasson: Jusqu'à maintenant, l'expérience
vécue, c'est vrai que l'expérience est courte et récente,
mais les gens qui ont bénéficié de prêts de l'Office
du crédit agricole par cette section forestière, ont
été, selon vous autres, respectueux des plans d'administration
d'une forêt, c'est-à-dire ont veillé à ne pas
abuser, à ne pas faire de coupes excessives par rapport au potentiel du
territoire. Vous êtes capables de suivre, de surveiller l'ensemble de ces
prêts.
M. Bérubé: Effectivement, soit par des
renseignements qui nous sont fournis ou comme je le mentionnais tout à
l'heure, par une surveillance assez étroite, nous sommes en mesure
d'apporter les correctifs qui s'imposent. Il est arrivé, notamment, un
cas où on avait coupé 5000 cordes au lieu de 3500, qui avaient
été prévues annuellement. Nous avons envoyé une
mise en demeure à l'institution en question. Cela a été
corrigé et, par les années suivantes, cela a été
respecté.
M. Giasson: Vous en avez coupé moins, de manière
à respecter la capacité, le potentiel de cette forêt, et
également, de ne pas diminuer la garantie hypothécaire que vous
détenez sur l'ensemble des terrains aussi.
M. le Président, je laisserais la parole à des
collègues.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: J'avais une question, mais je crois qu'on y a
répondu. Il y a seulement une chose. Vous avez des inspecteurs qui
suivent ces terres. Vous avez le pouvoir de repossession si les paiements ne
sont pas rencontrés. C'est un contrat.
M. Bérubé: Oui. Nous réalisons exactement
comme nous le faisons sur une ferme pour le crédit agricole.
M. Russell: Dans quelle région les prêts
s'orientent-ils le plus?
M. Bérubé: Actuellement, la région de pointe
au niveau des prêts consentis, c'est les Cantons de l'Est et la
région de Sherbrooke. Nous en avons passablement dans la Beauce,
également dans la région de Trois-Rivières. Actuellement,
ce sont les trois grosses régions de la province où
prédominent nos activités.
M. Russell: Dans le Bas-du-Fleuve, cela ne fonctionne pas?
M. Bérubé: Cela fonctionne, mais disons qu'au point
de vue du volume, c'est moins imposant que les trois régions que j'ai
mentionnées, mais cela fonctionne dans le Bas-du-Fleuve, et de plus en
plus. Il faut reconnaître que c'est un programme relativement nouveau,
et, au départ, il se peut que nous n'ayons pas au point de vue de
l'information et de la publicité, atteint assez les
intéressés. Depuis quelques années, il y a des
conférences qui ont été données. Il y a eu des
articles dans la Terre de chez nous. Je pense qu'on a rejoint une certaine
clientèle. Les résultats commencent à paraître.
M. Russell: Sur la quantité de demandes que vous recevez,
combien sont complétées?
M. Bérubé: Actuellement, je vais vous dire
cela...
(20 h 30)
M. Russell: Quel pourcentage?
M. Bérubé: Au cours de l'année 1978/79, sur
507 demandes qui ont été reçues, il y en a 461 qui ont
été traitées.
M. Russell: Complétées?
M. Bérubé: Oui. Il y a évidemment des
problèmes qui se posent au niveau des effectifs, bien sûr.
Là, on est en train d'examiner cette question, si c'est possible, pour
avoir des effectifs additionnels pouvant répondre à la demande
accrue.
M. Russell: Quels sont les effectifs actuels?
M. Bérubé: Actuellement, nous avons, pour tout le
crédit forestier, un service voué exclusivement au crédit
forestier chez nous et nous avons 24 personnes qui travaillent à ce
service, dont à l'extérieur, 17, en fait, des hommes de champ, si
on peut dire, des gens qui sont sur la ligne de feu, qui sont localisés
principalement dans les trois régions mentionnées. Il y en a un
dans le Bas-Saint-Laurent, un dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean en plus et
peut-être le nord de Montréal...
M. Russell: Les crédits de $1 124 000 que vous avez
obtenus l'an dernier ont-ils tous été dépensés ou
s'il y a eu des crédits périmés?
M. Bérubé: Les crédits périmés
pour l'exercice qui vient de s'écouler sont de l'ordre de $6300. Cela
veut dire qu'il n'y a pas 1% de nos crédits qui a été
périmé pour l'exercice qui vient de s'écouler.
M. Russell: D'accord, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Matapédia.
M. Marquis: M. le Président, je voudrais reprendre une
question du député de Brome-Missisquoi, mais en la poussant plus
loin avec une sous-question. On a répondu que le Bas-Saint-Laurent ne
fait pas partie des régions de pointe. Est-ce qu'il n'y a pas une autre
raison très particulière à cette région pour
laquelle le programme de crédit forestier n'est pas aussi connu ou n'est
pas aussi appliqué que dans les trois régions de pointe?
M. Bérubé: Si je prends, par exemple, la
région du Témiscouata, vous avez eu quinze prêts au cours
de l'exercice l'année dernière. C'est relatif. Cela ne veut pas
dire que c'est inactif lorsque je mentionne trois régions où nos
activités sont plus grandes. Cela ne veut pas dire que dans les autres
il ne s'en fait pas, mais disons que c'est là que sont les
activités les plus probantes actuellement.
M. Marquis: C'est parce que je voudrais apporter une explication.
A cause de politiques antérieures, il y a eu beaucoup de lots
intrarnuni-cipaux qui ont été rachetés par le
ministère des Terres et Forêts ou d'autres organismes qui
appartiennent à l'Etat à l'heure actuelle et qui ne peuvent pas
être remembrés comme dans d'autres régions. Il y a des
paroisses où 80% des lots intramunicipaux appartiennent à l'Etat.
Cela peut être une raison qui explique que le crédit forestier ne
peut pas s'appliquer aussi bien qu'ailleurs. Cette rétrocession dont on
parle n'est pas encore réalisée.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il d'autres questions sur
l'ensemble du programme 6, en fait, c'est l'ensemble qu'on regardait?
M. Russell: Non, M. le Président, moi, je suis satisfait.
C'est jeune, ça commence. Cela a l'air à bien aller. Cela a l'air
en santé. On ne brime personne. On prête à tout le monde.
Espérons que ça va continuer dans la même voie. On verra
dans quelques années quels seront les résultats.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le programme 6... Oui, M.
le député.
M. Giasson: Une dernière question. Le Président
(M. Jolivet): Oui.
M. Giasson: Est-ce que la venue du crédit forestier vous a
semblé contribuer d'une certaine manière au développement
de fermes forestières spécialisées dans la production
d'arbres de Noël?
M. Bérubé: D'arbres de Noël, il n'y en a pas
beaucoup.
M. Giasson: II n'y a pas d'ouverture de ce
côté-là.
M. Bérubé: On ne peut pas dire, parce que, en
général, la plupart sont bien structurées, ce que
j'appelle une vraie ferme forestière d'arbres de Noël, pas celles
qui débutent, mais celles qui sont vraiment bien structurées
appartiennent à des gens qui ont déjà de grosses
entreprises dont les revenus sont faciles...
Le Président (M. Jolivet): Au programme 6, les
éléments 1, 2 et 3 sont adoptés. Revenons au programme
5.
Gestion interne et soutien
M. Bérubé: M. le Président, nous sommes donc
rendus à ce programme de gestion interne et de soutien qui fait toujours
l'objet de discussions
intéressantes dans le genre de: Pouvez-vous nous donner la liste
des noms, adresses, numéros de téléphone et salaires des
membres du cabinet: Nous allons donc nous soumettre aux demandes
habituelles.
M. Russell: Si vous pouvez commencer par nous donner les
noms.
M. Bérubé: Ce programme vise à planifier,
diriger et coordonner les ressources humaines, physiques et financières
essentielles à la gestion des programmes du ministère. Il y a
donc la direction du ministère et le soutien administratif et technique
du ministère. Le premier élément concerne plus
particulièrement l'organisation supérieure du ministère
qui est responsable de la planification des activités. Quant au second
élément, il consiste à fournir un soutien technique et
administratif aux gestionnaires affectés à l'un ou l'autre des
programmes du ministère. Les activités regroupent la gestion du
personnel, la gestion du matériel, la gestion financière,
l'informatique, l'information et la gestion des stations forestières
ainsi que le cabinet du ministre.
Est-ce que vous avez des questions portant sur le cabinet du
ministre?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Sur le cabinet du ministre, pas de questions, M. le
Président.
M. Bérubé: C'est la première fois en trois
ans. M. Giasson: De ma part? M. Bérubé: Non.
M. Russell: M. le Président, est-ce que le cabinet du
ministre est complet actuellement ou y a-t-il des postes vacants?
M. Bérubé: Je pense qu'il est complet
actuellement.
M. Russell: II est complet. Je n'ai pas d'autre question à
ce sujet. Je ne voudrais pas embêter le ministre, mais je lui ai
demandé de nommer les membres du cabinet tout à l'heure et il a
hésité. Il ne pourra peut-être pas tous les nommer, alors
je ne veux pas l'embêter.
Le Président (M. Jolivet): Cependant, y a-t-il d'autres
questions sur l'ensemble du programme? Sinon, on l'adopte.
M. Russell: M. le Président, à qui vont les
transferts de $258 000? A la page suivante, associations forestières,
Clubs 4-H, Association des manufacturiers de bois de sciage.
M. Bérubé: C'est bien cela.
M. Russell: C'est cela que ça coûte.
M. Bérubé: C'est un tout petit programme de
subventions.
M. Russell: Je suis prêt à adopter
l'élément 1.
Le Président (M. Jolivet): Elément 1,
adopté. Elément 2. Est-ce qu'il y a des questions sur
l'élément 2?
M. Bérubé: Voulez-vous avoir les noms,
numéros de téléphone et adresses de tous les
sous-ministres?
M. Giasson: S'il vous plaît, oui!
M. Bérubé: Si j'avais "une" sous-ministre, je me
méfierais de votre question.
M. Russell: L'information, c'est de la publicité?
M. Bérubé: Oui. Il ne se fait pas beaucoup de
publicité comme telle à l'intérieur du ministère,
sauf pour les campagnes de lutte contre les feux de forêt...
Il y a les programmes régionaux pour rendre publics les
différents programmes du ministère, mais la plus grosse campagne
est celle qui est axée autour de la protection de la forêt.
M. Russell: Le montant de $1 121 000 l'an dernier a
été dépensé.
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Au complet, vous en demandez plus cette année,
$50 000 de plus.
M. Bérubé: C'est la croissance astronomique des
dépenses de publicité qui étaient soulignées par
votre...
M. Russell: J'avais l'impression que le ministre tentait de
réduire ses crédits pour ménager plus et dépenser
où il ne faut pas faire de la publicité.
M. Giasson: Le ministre est plus habile que cela, il
dépense l'argent du ministère des Communications quand il veut
faire de la propagande. A la page 54, dans les réalisations de
l'année qui vient de se terminer, vous avez des projets d'information
qui semblent des projets nouveaux et qui se sont traduits par un coût de
$552 000. En quoi consistent ces projets d'information?
M. Bérubé: La moitié de cela, à peu
près $300 000, est consacrée aux campagnes d'information sur la
protection contre les incendies. Ce sont les campagnes qui sont faites en
collaboration avec l'ensemble des sociétés de conservation pour
avoir un seul message, une image unique. Entre
autres, cette année il y a un symbole nouveau, une espèce
de mascotte qui est un peu le pendant québécois du "Smokey the
bear" qui est un petit suisse...
M. Giasson: Tamia rayé.
M. Bérubé: ... tamia rayé de son nom
scientifique pour lequel il y a, entre autres, un concours pour lui trouver un
nom. C'est le thème central de cette campagne, c'est la campagne
majeure. Il y a évidemment aussi, à chaque année, les
dépliants qu'il faut renouveler continuellement sur la tor-deuse ou sur
les différents programmes du ministère.
M. Giasson: Les sommes qui ont été
dépensées dans le développement de l'infrastructure du
réseau de télé communications, ce sont des tours
additionnelles...
M. Bérubé: C'est cela.
M. Giasson: ... qui ont été
implantées...
M. Bérubé: C'est cela.
M. Giasson: ... sur le territoire.
M. Bérubé: C'est cela, ce sont des tours qu'on
installe et certains relais de transmission, de gros transmetteurs.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 2
adopté?
M. Russell: M. le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Russell: ... deux petites questions. Je vois ici qu'il y a $40
000 d'immobilisation, de quoi s'agit-il? L'an dernier il n'y en avait pas.
M. Bérubé: Vous mentionnez $92 000.
M. Russell: $40 000, l'an dernier il n'y en avait pas.
M. Bérubé: C'est pour certaines
améliorations qui sont des réfections, entre autres au toit de la
station forestière de Duchesnay.
M. Russell: Cela doit être fait par les Travaux
publics.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Russell: J'aimerais savoir ce qui a motivé le ministre
à abolir les octrois de bourses aux étudiants.
M. Giasson: II a mis son argent dans...
M. Bérubé: Je vais vous dire que le ministre n'a
pas eu grand-chose à voir là-dedans.
Le député de Montmagny-L'Islet a présenté la
réponse du ministre, c'est que cet argent a été
affecté au perfectionnement de notre propre personnel. A l'étude
des résultats que ce programme donnait, on s'est rendu compte que les
gens qui obtenaient des bourses avaient en même temps une obligation de
venir travailler au ministère, donc cela leur faisait tout de suite un
emploi. Dès qu'ils avaient fini, ils se présentaient au
ministère et disaient: Donnez moi un emploi parce que j'ai eu une bourse
de vous et je suis obligé de travailler pour vous. Comme le
marché du travail est assez difficile ces temps-ci, engagez-moi. Alors
cela posait toutes sortes de problèmes et finalement on ne rejoignait
pas les objectifs de perfectionnement de notre propre personnel, parce qu'on
donnait cela à des gens de l'extérieur qui étaient
méritants sans doute mais... on rentrait dans les plates-bandes du
ministère de l'Education, alors que c'était plus simple
d'harmoniser ces politiques en abandonnant carrément ce champ. Des
bourses d'étude, on n'en donne plus et l'argent est maintenant
consacré au programme de perfectionnement de notre propre personnel.
Il faut dire à titre d'information pour les honorables
députés de l'Opposition et du parti au pouvoir qu'en
général lorsque l'étudiant reçoit une bourse d'un
ministère et qu'il pétitionne également au niveau du
ministère de l'Education, il est tenu compte de la bourse qu'il
reçoit d'un autre ministère dans le calcul de sa bourse du
ministère de l'Education, ce qui a généralement comme
résultat net de rendre totalement inutile notre propre programme.
M. Russell: Au point de vue des postes, vous les avez
réduits de dix. Est-ce que ces 402 qui existent sont comblés ou
s'il y en a plusieurs de vacants?
M. Bérubé: II doit y en avoir un certain nombre de
vacants, cependant les taux de vacance ces temps-ci sont très faibles;
c'est autour de 5% vraisemblablement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Encore à la page 54, les prévisions
des instruments et des formules de mesu-rage au système international,
qu'est-ce que les formules de mesurage? (20 h 45)
M. Bérubé: Ce sont les formules que le mesureur
utilise sur le terrain pour pointer et indiquer les divisions, les
formulaires.
Le Président (M. Jolivet): Pas d'autres questions?
Elément 2, adopté. Le programme 5 est adopté au complet,
nous passons au programme 7.
Développement de l'industrie
forestière
M. Bérubé: Un dossier intéressant. Le
développement de l'industrie forestière.
M. Giasson: La relance de l'industrie forestière au
Québec, y compris la vallée.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, ce programme
est, en fait, un nouveau programme puisque l'année dernière, nous
y retrouvions un petit montant de quelques certaines de milliers de dollars qui
visait à maintenir le minimum d'expertise au ministère, sous
forme de consultant et également de personnel qui y était
entièrement affecté. Cela représente ici la
conséquence d'une orientation très nette qu'a prise le
ministère des Terres et Forêts dans le secteur du
développement économique.
En effet, énormément de décisions de gestionnaires
dont on vient de parler au cours de la journée visent à
améliorer le potentiel forestier, à allouer le bois disponible
à différentes entreprises et on se rend donc compte que dans le
secteur forestier, c'est le ministère des Terres et Forêts qui,
à toutes fins pratiques, contrôle le développement,
l'expansion de cette industrie forestière.
Or, il faut reconnaître que le ministère des Terres et
Forêts, dans le passé, s'est vu limité, par les
gouvernements antérieurs, à un mandat purement de récolte
de bois, sans relier cette activité de récolte de bois à
une activité industrielle, une activité commerciale qui
génère un grand nombre d'emplois.
Les décisions nous paraissant de plus en plus importantes pour le
développement économique, comme on l'a vu, le problème
d'allocation devient peut-être le facteur limitatif de l'expansion de
l'industrie, de même que les travaux d'aménagement, on se rend
bien compte que de plus en plus, les décisions du ministère des
Terres et Forêts devront être évaluées en fonction de
l'impact que ces décisions auront sur l'essor de l'activité
économique. Or, dès le début du mandat, nous nous
attaquions au ministère à l'analyse de la situation
de notre industrie forestière. Nous devions d'abord partir d'un
état de fait, c'est-à-dire que notre industrie perdait, bon an,
mal an, 1% de sa part de marché, c'est-à-dire qu'alors qu'il y a
25 ans, notre part de marché du papier journal était de 40% du
marché nord-américain, elle n'est plus que de 30%
aujourd'hui.
Essayant de découvrir les causes de ce recul, recul relatif, il
nous est apparu que notre industrie était affligée d'une
structure de coûts qui la désavantageait par rapport à
certaines autres régions de l'Amérique du Nord. En effet, nous
sommes situés loin de l'expansion naturelle des marchés; on sait,
par exemple, que la population de la ville de New York, au cours des dix
dernières années, a décru en chiffres absolus et qu'il y a
migration de la population, tant vers l'ouest que vers le sud.
Par conséquent, nos marchés se déplacent et
l'expansion, la demande se fait nécessairement de plus en plus loin de
nos marchés naturels. D'où, d'une part, le coût du
transport du produit fini qui va en s'élevant. En fait, pour l'instant,
une tonne de papier journal nous coûte $25 de plus à livrer sur le
marché, sur la moyenne de nos marchés, qu'il en coûte
à nos concurrents. C'est à la fois une question de distance et
également une question de transport. C'est ce que je soulevais cet
après-midi. En effet, nous avons complété une étude
très systématique des coûts rencontrés par nos
industriels qui doivent exporter et nous devons constater que pour les
mêmes distances parcourues, quand on compare les tarifs de transport au
mille, souvent, nos coûts sont jusqu'à 25%, 30% supérieurs
à ceux de nos concurrents. C'est donc un facteur important dans la
structure du coût.
Le deuxième élément d'importance, c'est le
coût de la matière ligneuse. La livraison du produit fini, je dois
dire que c'est $22 la tonne. Le deuxième important qui nous
défavorise, c'est le coût de la matière ligneuse, pour
plusieurs raisons, la principale était que nos forêts poussent
dans des conditions nordiques. Elles sont donc beaucoup moins denses. Et la
densité de matière ligneuse à l'acre est plus faible. Il
faut donc des superficies beaucoup plus grandes, ce qui veut dire un
réseau de voirie forestière beaucoup plus étendu, ce qui
veut dire également des camps forestiers situés à une
très grande distance, ce qui veut dire également des coûts
de transport.
Nous sommes avantagés, au niveau des coûts de transport,
par l'existence de la drave au Québec. Sans cette drave, il va de soi
que nos coûts seraient éminemment plus élevés.
Présentement, on évalue, sur le Saint-Maurice, à tout
près de $12 le cunit d'augmentation du coût de bois si nous
devions abandonner la drave et faire le transport par camion.
Le troisième élément, c'est le rendement de nos
machines, c'est-à-dire la productivité, où nous constatons
un écart d'à peu près $10 et, finalement, le taux des
salaires qui représentait $9 il y a maintenant près de deux ans.
Je dois dire que les négociations qui ont eu lieu dans le secteur
forestier cette année au Québec, jusqu'à maintenant, se
sont avérées en général fort raisonnables, à
tout le moins, et cet écart se comble rapidement. Il faut dire que dans
le sud des Etats-Unis, la syndicalisation est en marche. La tendance à
la hausse est très nette chez nos concurrents américains et
comme, du côté québécois, les demandes salariales
ont été fort modestes, je dois convenir qu'on peut parler d'un
écart de salaire qui va très rapidement en se comblant. Par
conséquent, on ne peut pas regarder du côté des salaires
comme étant la cause de la non-rentabilité de notre industrie
aujourd'hui. Loin de là.
C'est donc essentiellement une question de transport de produits finis,
c'est une question d'exploitation forestière et c'est une question de
modernisation. Il nous est apparu, à l'examen des
réinvestissements de l'entreprise privée, qu'au cours des cinq
dernières années nous ne portons pas de jugement sur ce
qui s'est produit avant en général, le niveau de
l'investissement, c'est-à-dire les montants d'argent disponibles
à l'entreprise étaient réinvestis jusqu'à des
proportions de 90% à 95% dans leurs usines. Par
conséquent, on ne peut pas blâmer l'industrie de ne pas
avoir réinvesti. Elle a réinvesti. Néanmoins, ces usines
québécoises vieillissent par rapport aux concurrents et la raison
en est très simple. Lorsque vous avez une marge de profits plus faible,
vous générez moins de profits, et vous générez
également moins d'investissements. C'est donc lié à la
structure de coûts.
Cependant, il nous est apparu que la demande pour le papier journal
allait s'accroître rapidement au cours des années à venir,
d'une part, et que, d'autre part, notre industrie possédait des machines
à papier qui tournaient à petite vitesse, que l'on pouvait
accélérer, ce qui nous permettrait de fabriquer du papier
à un coût, par tonne, presque la moitié moins en ce qui a
trait aux investissements par tonne. C'était donc extrêmement
intéressant. On peut donc évaluer jusqu'à près de
$60 l'économie par tonne liée à
l'accélération des machines par comparaison avec une nouvelle
implantation.
Cela veut donc dire que nous avons un avantage marginal très
grand à pénétrer le marché américain. Il
faut donc tenter de modifier l'attitude de notre industrie, en faire une
industrie peut-être plus agressive, qui cherche à
pénétrer les marchés plutôt que de chercher à
maintenir sa part de marché, ce qu'elle cherchait plutôt à
faire dans le passé. Il fallait donc modifier un peu l'attitude.
Une des façons de modifier l'attitude de l'industrie,
c'était peut-être de lui montrer que le gouvernement était
prêt à s'attaquer, de concert avec l'industrie, à la
solution de ces problèmes. Donc, il fallait réexaminer nos
propres programmes gouvernementaux, c'est ce que nous avons fait au niveau de
la voirie forestière. Il fallait aussi réexaminer nos programmes
de reboisement, en ajoutant non seulement l'augmentation de possibilités
comme un objectif, mais également le rapprochement des sources de
matières ligneuses des usines par une sélection plus
appropriée des territoires où nous ferions le reboisement. Donc,
il fallait faire la preuve que le gouvernement était
intéressé à ce que l'objectif final de l'exploitation des
forêts soit une industrie concurrentielle, éminemment rentable,
très productive, qui soit en mesure de payer des salaires
élevés il faut le reconnaître qui permettent
aux Québécois de s'assurer un revenu, un niveau de vie
intéressant.
Le programme, comme nous l'avons vu, visait donc à investir dans
l'aménagement forestier tout près de $69 millions, en voirie
forestière tout près de $37 millions et également environ
$3 millions pour améliorer la location des bois, c'est-à-dire
minimiser les distances de transport entre les bois et les usines.
Dans le volet fabrication, le gouvernement propose un programme à
caractère essentiellement incitatif. Je m'explique: Si notre industrie
est prête à s'engager sur cinq ans dans un programme de
modernisation de ses usines qui pourrait rendre ses usines concurrentielles
et nous estimons pouvoir couper de moitié la différence de
coûts qui nous sépare des Etats-Unis si donc notre
industrie accepte de réinvestir ses profits dans ses usines au
Québec plutôt que de s'engager dans d'autres dépenses... Il
faut reconnaître que notre industrie forestière pourrait, par
exemple la tentation est là continuellement prendre les
profits qui existent présentement et s'en servir pour s'acheter
mutuellement. Nous avons vu ces débats de géants entre DOMTAR et
la société de la Colombie-Britannique, MacMillan Bloedel. Nous
avons assisté à quelques opérations subtiles entre
Abitibi, Consol, Desmarais, et on a vu là la tentation très forte
de ces hommes d'affaires disposant de fonds assez importants de s'acheter
mutuellement. C'est une façon de dépenser l'argent disponible. Ce
n'est évidemment pas une façon de moderniser les usines
cependant. C'est donc une hypothèse.
Une deuxième hypothèse peut consister à investir
dans le sud des Etats-Unis où la marge de profits est plus
intéressante et où les marchés sont là. Il faut
reconnaître que certaines de nos entreprises québécoises
ont commencé à investir ici et là, donc de prendre les
profits produits au Québec et à les mettre ailleurs, là
où c'est plus rentable.
On pourrait également se verser des dividendes. Je ne soulignerai
pas l'accroissement des dividendes payés par les compagnies
forestières, mais il est très net.
Nous sommes donc placés dans la situation où l'industrie
pourrait certainement choisir de mettre son argent ailleurs ou choisir de le
mettre au Québec si elle a l'impression que c'est un secteur dynamique,
rentable, et que tous les efforts sont mis pour le rentabiliser, d'où
notre intervention au niveau des stimulants à apporter à cette
industrie.
Ces stimulants portent essentiellement sur deux objectifs: Le premier
objectif, c'est la modernisation de nos installations, modernisation pour
pouvoir accepter davantage de copeaux, de feuillus, donc pour faire en sorte
que nous puissions diriger de plus en plus de bois au sciage, et des
résidus à la pâte. Cela implique des transformations dans
les usines et nous encourageons donc ces transformations. Il faut
également modifier le procédé de fabrication de
pâte, puisque certains procédés on pense au sulfite
au rendement ou encore au thermomécanique permettent d'avoir un
bien meilleur rendement en matière ligneuse, donc de diminuer la
consommation de bois par tonne de papier. Comme c'est un de nos coûts
importants, c'est donc un impact direct sur la rentabilité. Cela diminue
également de façon substantielle le niveau de pollution. C'est
donc un objectif double.
On peut parler aussi de transformations pour l'automatisation de
certaines opérations, le chargement, le déchargement, la
manipulation des produits finis, donc, toute modernisation qui implique
l'utilisation de nouvelles technologies. Une telle politique incitative peut
avoir comme conséquence une réduction de l'emploi dans les
usines.
Aussi, avons-nous adjoint ce premier volet à un deuxième,
qui est celui de l'accélération des machines avec, comme
objectif, d'aller chercher 800 000 tonnes de capacité
supplémentaire de
production et inciter nos entreprises à pénétrer
dans les marchés. A cet égard, notre objectif n'est pas de
subventionner de tels investissements, mais de partager le risque.
C'est-à-dire que le programme accepté est le suivant: Nous, par
le biais d'un consortium de banques, faisons avancer la moitié des
sommes nécessaires à l'investissement. L'industrie, si elle
atteint le niveau moyen d'opération qui pourrait être fixé
disons de 85%; ce chiffre n'est pas définitif on rembourse
au gouvernement ou aux banques les montants en question. Si au contraire, elle
n'a pas réussi à pénétrer le marché, tel que
prévu, mais qu'elle reste avec des capacités inutilisées,
correspondant essentiellement à un niveau actuel d'à peu
près 100%, le gouvernement encaisse une partie du déficit encouru
par l'entreprise mais si, au contraire, l'entreprise dépasse ce seuil,
à ce moment, c'est le gouvernement qui empoche cette part de profit. En
d'autres termes, nous jouons le jeu de l'entreprise et nous prenons la
moitié du risque, c'est-à-dire la moitié des profits, la
moitié des pertes, si le cas se produit. (21 heures)
Voilà donc cette formule d'accélération des
machines. Cependant, il ne s'agit pas d'un programme de subventions où
toute compagnie qui veut investir sur un petit projet, peut se présenter
au gouvernement et recevoir automatiquement une subvention. Nous ne
subventionnerons que dans le cadre d'un programme quinquennal. En d'autres
termes, nous attendons de l'entreprise une intention ferme d'investir au
Québec sur cinq ans, à l'intérieur d'un protocole
d'entente que l'entreprise signerait. C'est la contrepartie finalement de cette
aide gouvernementale. Nous sommes prêts à aider l'industrie, mais
en échange, nous demandons à l'industrie de faire sa part,
c'est-à-dire de s'engager vis-à-vis du Québec à la
modernisation de ses usines. C'est là l'essentiel de notre
programme.
Une première analyse du dossier nous a permis d'évaluer
chacune des usines au Québec et d'estimer ce que nous penserions
être le niveau d'investissement normal pour cette industrie. Je dois dire
qu'entre-temps, le dollar canadien s'est effondré Dieu soit
loué d'une part, et d'autre part, nos projections quant à
l'accroissement de la demande, se sont également
réalisées. Nos industries se sont donc vues en position de force,
tournant à pleine capacité. Notre programme est devenu de plus en
plus important, à notre point de vue, puisqu'il s'agissait d'aller
chercher ces liquidités et de les resiphonner dans les usines
existantes. De fait, l'industrie a fort bien répondu, je pourrai vous
lire des lettres d'industriels concernant notre programme. Je dois dire
qu'alors que nous envisagions que l'industrie pourrait mettre entre $700
millions et $800 millions dans ces usines, l'industrie a offert d'investir
au-delà de $1 300 000. Donc, l'industrie semble répondre
extrêmement positivement à ce programme.
M. Russell: $1 300 000 000.
M. Bérubé: $1 300 000 000. Je ne parle pas de
remplacement d'équipement, il faut faire bien attention; avec notre
programme, ne sont admissibles que les projets introduisant de nouvelles
technologies, modernisant les installations, augmentant la productivité.
Tout remplacement de pièces d'équipement dans une usine, rendu
nécessaire à la suite d'une vétusté quelconque,
n'est pas subventionnable, puisqu'il va de soi que pour maintenir les
opérations, l'entreprise aurait dû investir de toute façon,
ce qui veut dire que l'industrie s'engage à investir, en fait, beaucoup
plus que ce montant, mais une partie de son investissement est là pour
maintenir ces opérations, auquel cas elle n'est pas éligible
à ces incitatifs. Cependant, cadrant uniquement avec notre programme
d'incitation à la modernisation, à l'augmentation de la
productivité, ou au rétablissement du pouvoir concurrentiel,
l'industrie a indiqué son intention de mettre au-delà de $1 200
000 000.
Concernant l'impact sur les travailleurs, la modernisation,
analysée usine par usine, pourrait représenter une
réduction d'environ 600 postes. Cependant, d'autres projets de
modernisation et l'accélération pourraient créer quelque
300 postes également, donc la perte nette est autour de 300.
Je dois dire également que sur cette période
considérée, le nombre de travailleurs mis en disponibilité
à la suite de mises à la retraite et départs volontaires
est de l'ordre de 3000. Donc, c'est un nombre de travailleurs extrêmement
faible par rapport aux rotations normales de cette industrie. L'industrie est
unanime à dire que cela peut être absorbé directement par
la rotation normale. Toutefois, nous n'avons pas cru bon de nous fier
uniquement à cela et nous avons donc conçu un programme,
l'équivalent d'une mini-caisse de stabilisation de l'emploi qui verse
des avantages additionnels aux travailleurs qui pourraient être mis
à pied. Il existe, en effet, une possibilité que l'usine qui fait
la modernisation ne soit pas l'usine qui engage des travailleurs, et que, par
conséquent, il y ait des mises à pied à un endroit et des
engagements ailleurs. C'est donc un des problèmes. Il pourrait se
produire également que l'usine, faisant une modernisation, ait une
équipe de travail très jeune et que les mises à la
retraite soient également très faibles. On ne peut pas anticiper
toutes les conditions. Par conséquent, l'industrie est d'accord pour
créer un bassin, un "pool" de main-d'oeuvre et y aller de façon
privilégiée pour rappeler les travailleurs qui seraient mis
à pied dans une usine, les rappeler dans une autre usine, donc un
privilège de réengagement serait offert à ces
travailleurs.
Je dois dire, également, que ces travailleurs se verraient offrir
des compensations financières supplémentaires pour le
déménagement en sus de primes de séparation normales,
également une allocation supplémentaire au-delà de
l'assurance-chômage advenant le cas où ils ne voudraient pas
déménager et préféreraient se chercher de l'emploi
dans la ville où ils demeurent et nous
examinons présentement une autre possibilité, soit des
cours de formation pour permettre peut-être d'étendre la
période de rotation de la main-d'oeuvre de façon à mettre
quelqu'un en disponibilité en cours pendant un an, ce qui permettrait
éventuellement d'occuper le poste de quelqu'un d'autre qui doit quitter
l'année suivante. Donc, une série de formules qui devraient
permettre de minimiser l'impact. Nous avons bon espoir, en fait, qu'un tel
programme n'aura aucun impact négatif sur la main-d'oeuvre
québécoise. Au contraire, un tel programme ne peut que consolider
les emplois existants et, rentabilisant l'industrie, justifier les salaires en
conséquence.
Concernant ce programme, nous avons estimé qu'étant
donné que 75% des impôts des corporations sont versés au
gouvernement fédéral, il serait un peu normal que le gouvernement
fédéral s'implique, d'autant plus que le 1er janvier 1978,
était convoquée une conférence
fédérale-provinciale des ministres des Forêts,
préparatoire à la conférence
fédérale-provinciale des premiers ministres des Forêts,
préparatoire à la conférence
fédérale-provinciale des premiers ministres et que, lors de cette
rencontre, cinq recommandations devaient ressortir. L'une d'entre elles
était que le gouvernement fédéral devait respecter les
priorités des provinces dans ce secteur des ressources et la
cinquième, le gouvernement fédéral devait étendre
sa participation à des programmes fédéraux-provinciaux,
à des programmes impliquant la modernisation de l'industrie. Je dois
dire que c'est à la demande du Québec, d'ailleurs, que cette
résolution fut adoptée.
Ceci fut confirmé à la conférence des premiers
ministres et, de fait, nous devions apprendre éventuellement que le
gouvernement fédéral allait annoncer son programme
parallèle et indiquer clairement son intention de collaborer avec les
provinces et offrir, donc, à l'ensemble des provinces du Canada, de
participer à un tel programme.
Je dois dire que notre programme ayant été annoncé
en juin 1978, nous avons donc entrepris les discussions avec l'industrie pour
roder le programme et l'améliorer en plusieurs points, et,
également, avec les syndicats, pour améliorer la formule
concernant les problèmes de main-d'oeuvre et avec le gouvernement
fédéral.
Ces discussions semblent avoir porté fruit, puisque, à la
suite des décisions des conférences
fédérales-provinciales des premiers ministres, le gouvernement
fédéral devait répondre à notre demande. Nous
demandions essentiellement $200 millions, $110 millions pour la foresterie, $90
millions pour l'industrie, et le gouvernement fédéral devait
annoncer un programme de $200 millions.
Une Voix: Pour le Québec?
M. Bérubé: Pour le Québec. Nous nous sommes
réjouis. L'annonce parallèle, évidemment, pour les autres
provinces ne nous choquait pas, puisque chaque programme devait s'adapter aux
priorités des provinces et ça nous semblait tout à fait
justifiable.
Or, il s'est avéré, d'une part, que les fonctionnaires
d'Ottawa rêvaient depuis de nombreuses années de mettre la main
sur un programme des pâtes et papiers de leur cru. N'en ayant pas sous la
main, ils ont décidé de tenter de mettre la main sur ceux des
provinces. Ils ont donc imposé deux conditions. La première
condition, c'est que toute analyse de dossier conduisant à une prise de
décision d'aide de la part d'un gouvernement provincial, devrait
être soumise à une deuxième analyse des fonctionnaires du
gouvernement d'Ottawa et seul un accord entre les deux niveaux de gouvernement
permettrait de donner une subvention. D'autant plus qu'ils assortissaient leur
propre décision à des critères essentiellement
discrétionnaires. En d'autres termes, le gouvernement
fédéral n'acceptait pas de définir un certain nombre de
critères précis en vertu desquels on aurait pu faire une analyse
automatique d'un dossier. On préférait se conserver un certain
degré d'arbitraire, de manière à pouvoir s'adapter aux
conditions changeantes des régions.
La conséquence, évidemment, c'est la double bureaucratie,
c'est l'assujettissement de toute la Fonction publique québécoise
ou ontarienne à un contrôle fédéral. C'est un
alourdissement considérable du processus, d'une part. D'autre part,
c'est là, il faut le reconnaître mettre l'industrie
forestière dans une situation extrêmement délicate.
En effet, il ne s'agit pas d'enfants d'école. Il s'agit
d'entreprises en concurrence les unes contre les autres. Ces entreprises
veulent surtout que les règles du jeu soient les mêmes pour tous.
Une fois que les règles du jeu sont déposées sur la table,
on ne s'y soumet pas, mais on est libre et tout le monde est soumis à la
même condition. Or, avec le système fédéral, on ne
peut savoir si tous seront sur un pied d'égalité, d'où
l'opposition féroce de la part de l'industrie papetière
canadienne à la proposition fédérale. Néanmoins,
c'était insuffisant pour les amener à changer d'idée.
Le deuxième élément, celui de
l'accélération des machines. Nos experts fédéraux
devaient estimer qu'investir dans l'accélération des machines
pourrait encourager une concurrence indue entre les provinces, provoquer un
surplus de papier sur les marchés et un effondrement des prix.
Entre-temps, évidemment, le MEER subventionnait une conversion au papier
journal de l'usine de Stephenville pour permettre 300 000 tonnes de papier
journal supplémentaire mais à 40% du niveau de subvention;
c'était de beaucoup supérieur à ce qu'on a chez nous.
Là, évidemment, c'est du fédéralisme bien compris.
Egalement, on devait, par le biais de la SEE, financer la construction d'une
usine de BATO Corporation, en Virginie, dans le papier journal. A nouveau,
c'est du fédéralisme bien compris.
C'était dire qu'une province n'avait pas le droit d'avoir comme
objectif l'augmentation de capacité de ses usines, mais le gouvernement
fédéral pouvait évidemment encourager. La condition du
gouvernement fédéral était qu'une province ne pouvait pas,
dans le cadre de ce program-
me, s'engager dans un programme d'accélération des
machines, si bien que nous devions décider d'y aller de notre
côté puisque, de toute façon, notre intention
n'était pas de subventionner, mais de partager le risque. Nous avons
dit: Nous allons y aller de notre côté. Mais non! Ces experts
fédéraux devaient décider que, bien que le pouvoir de
dépenser des provinces soit quelque chose d'inscrit dans la constitution
et que, par conséquent, on ne doit pas interférer avec le pouvoir
de dépenser, la condition imposée par Ottawa est la suivante:
Vous ne pouvez vous engager dans aucun programme unilatéral concernant
l'accélération des machines sous peine que nous annulions tout le
programme de modernisation dans son entier. En d'autres termes, nous ne
participerons que si vous acceptez de soumettre votre pouvoir de
dépenser à la tutelle fédérale dans un secteur qui
est de votre juridiction.
Vous me direz que cela ressemble beaucoup aux querelles des
écoles secondaires, des programmes de formation; vous me direz que
ça ressemble à toutes les autres querelles
fédérales-provinciales. Certainement, elle est absolument
identique, c'est une querelle de pouvoir. La situation en est là et je
dois dire que, présentement, le gouvernement fédéral
examine notre contre-proposition où nous avons accepté de
soumettre notre programme à un contrôle fédéral
bureaucratique double avec le poids que ça représente; nous
refusons cependant toute tutelle du pouvoir de dépenser du
Québec.
Voilà le programme de l'industrie des pâtes et papier.
Après neuf mois, il n'a toujours pas accouché.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Si j'ai bien compris le ministre, il semblerait que
l'industrie des pâtes et papier elle-même est vraiment
intéressée à faire des efforts pour réduire ses
coûts de production touchant les secteurs auxquels le ministre a fait
allusion. Est-ce que j'ai bien compris le ministre lorsqu'il a
énoncé des chiffres de $1 300 000 qui seraient des projets ou des
plans d'investissement de l'industrie au cours des cinq prochaines
années?
M. Bérubé: Oui, c'est ce qui...
M. Giasson: C'est la volonté de l'industrie.
M. Bérubé: C'est ce qui est ressorti de cette
consultation.
M. Giasson: Face à cette projection de $1 300 000 000,
qu'est-ce que le ministère des Terres et Forêts du Québec
entend apporter comme assistance financière?
M. Bérubé: Au total, l'objectif visé
était de $150 millions.
M. Giasson: C'est la contribution du gouvernement du
Québec.
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: A cela, il faut ajouter la contribution du
gouvernement canadien.
M. Bérubé: Nos $150 millions s'appliquaient
essentiellement aux $800 millions ou $900 millions d'investissements que nous
jugions prioritaires.
M. Giasson: Si Ottawa signe les ententes avec le Québec,
il y aura en plus, à la disposition de l'industrie, une assistance
financière venant du gouvernement canadien ou si c'est inclus dans les
$150 millions?
M. Bérubé: C'est inclus.
M. Giasson: C'est inclus dans les $150 millions. La contribution
propre du Québec serait de quel ordre?
M. Bérubé: De $60 millions pour l'industrie.
M. Giasson: $60 millions. Dans l'assistance financière,
à la page 59, vous indiquez que le ministère des Terres et
Forêts prévoit verser, au cours de la prochaine année, $11
650 000 en stimulant de 20% à 25% des investissements aux compagnies de
façon à inciter les investisseurs à moderniser leurs
usines et à accroître leur production. Les 20% à 25% est-ce
qu'ils touchent uniquement la présente année ou si à
l'avenir cette participation en pourcentage va continuer d'être
respectée par le ministère des Terres et Forêts? (21 h
15)
M. Bérubé: Elle va continuer. Cela a
été d'ailleurs un des objets du débat entre le
fédéral et nous. Nous insistions pour un taux fixe de subvention.
Vous allez comprendre rapidement. Dans la mesure où les critères
d'analyse fédéraux sont discrétionnaires, il n'y a pas de
taux fixe. On peut vous offrir n'importe quoi. Or, j'ai, sous les yeux, la
lettre de M. Anatole Côté, président de l'Association des
industries forestières du Québec qui s'adressait à M.
Robert Andras et qui disait: "Nous souscrivons donc d'emblée sous ce
rapport, au système universel et égalitaire
préconisé dans le programme québécois qui
prévoit que tout projet admissible a droit à l'entière
subvention prévue sans discrimination aucune." C'était donc la
position des industriels. Nous avons dû éventuellement faire un
compromis et lorsque nous disons entre 20% et 25% c'est que le gouvernement
fédéral a finalement accepté non pas de l'écrire
dans le protocole, mais a dit: Nous allons chercher à viser entre 20% et
25%. Nous avons donc cherché à restreindre la marge de manoeuvre.
Nous avons dit qu'une subvention en bas de 20% est totalement inutile. A notre
connaissance, elle n'incitera pas l'industriel à faire d'investissement
et il est connu qu'une subvention de 10% n'est simplement l'équivalent
qu'à mettre 10% de l'investissement dans la poche de l'investisseur,
puisque de toute façon cela n'est pas suffisant pour
l'inciter à faire un investissement. Par conséquent, on
s'est finalement mis d'accord pour 20% à 25%.
M. Giasson: L'assistance financière de l'année
d'administration 1979/80 prévoit $11 650 000, mais est-ce que le
ministre a déjà des chiffres sur ce que sera l'assistance
financière pour l'année financière qui va suivre et
l'autre subséquente?
M. Bérubé: Le montant qui est inscrit ici est
évidemment incomplet, dans la mesure où il est difficile dans un
budget de prédire exactement le démarrage et de prédire
exactement combien nous dépensons. Il nous est apparu que nous pourrions
dépenser ce montant jusqu'en novembre, à peu près, et que
lors du budget supplémentaire nous serions en mesure de
réévaluer le coût du programme et à ce moment voter
une deuxième enveloppe dans le cadre de ce programme. Par
conséquent, on peut parler en gros si on dit $150 millions
répartis sur cinq ans de $30 millions par année au
programme.
M. Giasson: $30 millions par année, $150 millions, avec
une participation fédérale de l'ordre de 40%.
M. Bérubé: Mais la participation
fédérale n'apparaît évidemment pas dans les
crédits; elle apparaît dans les deniers du ministre des
Finances.
M. Giasson: Mais quand vous dites: $150 millions, tout de
même cela inclut la participation du gouvernement canadien.
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: Est-ce que vous avez des indications, même si
vous n'avez pas finalisé vos négociations et vos ententes avec le
fédéral, venant de compagnies papetières à savoir
qu'elles seraient intéressées rapidement à signer un
protocole d'entente?
M. Bérubé: Oui, en fait, un des problèmes
que nous avons présentement c'est que, grâce à ces
négociations fédérales-provinciales qui,
évidemment, ralentissent, les industriels au lieu d'investir
préfèrent attendre pour voir si le programme sera mis sur pied.
Par conséquent, l'effet est totalement contraire de celui
recherché. Au moment où nos industriels devraient rapidement
chercher à accaparer une part du marché, présentement ils
sont sur la défensive et attendent que les gouvernements se branchent.
C'est un autre désavantage du fédéralisme.
M. Giasson: Oui mais là, vous avez beau y aller à
grands coups de pinceau, mais est-ce que ce sont toutes les industries de
pâtes et papiers au Québec qui, demain matin, seraient
prêtes à participer. C'est bien beau les coups d'encensoir que
vous vous donnez.
M. Bérubé: Vous n'avez qu'à lire les
déclarations de tous les présidents des compagnies de pâtes
et papiers. Il faut bien voir qu'avec les déclarations publiques qu'ils
ont faites, ils sont tous unanimes, à ma connaissance. Tous ceux que
j'ai rencontrés sont extrêmement favorables.
M. Giasson: Oui, mais toutes les usines au Québec ne sont
pas toutes dans un état de vétusté semblable. Vous avez
des investissements qui ont été faits assez récemment sur
lesquels l'industrie en cause n'a pas à réinvestir des sommes
fantastiques.
M. Bérubé: Cela paraît évident.
M. Giasson: Ce sont certaines usines, entre autres, qui sont plus
vieilles, qui ont vieilli, qui seraient intéressées. Mais cela
n'est pas l'ensemble de toutes les usines de toute l'industrie des pâtes
et papiers.
M. Bérubé: Toutes les compagnies ont proposé
au gouvernement des projets de développement qui, après
l'épuration de nos officiers, totalisent $1 300 000 000 de projets
d'investissement. C'est l'analyse préliminaire. Toutes les...
M. Giasson: Et ce seraient des investissements qui cadrent
exactement dans les objectifs recherchés par le ministère.
M. Bérubé: Le montant qui nous a été
octroyé était déjà plus grand que ça. C'est
plus que nous ne pouvons, d'ailleurs, encourager.
M. Giasson: Au-delà des autres investissements qu'ils vont
devoir faire pour...
M. Bérubé: Maintenir la production.
M. Giasson: ... maintenir l'ensemble de toute l'opération
de l'industrie au-delà de ce qui cadre avec les objectifs.
M. Bérubé: Déjà, le montant de $1 300
000 000 nous vient des compagnies et c'est un montant épuré de
certains projets qui, comme nous l'avions préliminairement
décidé, n'étaient pas éligibles. Cela veut dire que
c'est très fort.
M. Giasson: Au moment où cette opération aura
été menée dans l'ensemble de l'industrie, on
prévoit réduire de 50% le différentiel de coûts de
la tonne de papier journal.
M. Bérubé: Nous espérons pouvoir diminuer
d'à peu près $23 à $25 le coût par tonne du papier
journal produit au Québec, ce qui, évidemment, ajouté
à la dévaluation du dollar, est très significatif.
Evidemment, advenant un rétablissement du dollar canadien, sur lequel
normalement, on doit tabler, parce que le dollar canadien a eu tendance
à osciller, aussi bien en haut qu'en bas,
par conséquent on ne devrait pas, à moyen terme, tabler
sur un dollar canadien qui restera systématiquement à 10% en bas
du dollar américain. Il resterait qu'effectivement, les coûts de
production québécois seraient de l'ordre de $25 supérieurs
à ceux de nos concurrents américains.
Cependant, cette différence ne me paraît pas majeure. Dans
la mesure où il faut s'attendre à des accroissements de
coûts importants dans le sud des Etats-Unis à cause des nouvelles
conventions collectives et, également à une raréfaction de
la matière ligneuse, le sud des Etats-Unis est caractérisé
par de la forêt privée. Or, il y a une concurrence assez
importante pour des utilisations diverses de la forêt, soit à des
fins de villégiature, tourisme ou autres, et par conséquent, le
prix à l'acre des terrains forestiers dans le sud des Etats-Unis
s'accroît très rapidement. Il en résultera à
très court terme, c'est déjà en train de se produire, un
accroissement important du coût du bois et, par conséquent, un
certain rétablissement de notre industrie québécoise par
rapport au sud des Etats-Unis qui devrait normalement, à mon avis, lui
permettre de traverser les vingt prochaines années.
M. Giasson: D'autant plus qu'aux Etats-Unis en
général, le coût de la matière première aux
utilisateurs est nettement plus élevé qu'au Québec. Je
prends comme expérience le prix que les utilisateurs situés
près de la frontière du Maine payent le cunit en forêt. Ce
sont eux qui mènent les opérations, la coupe, le transport, il y
a une jolie différence.
M. Bérubé: C'est vrai et c'est un peu faux aussi.
Pour du bois comparable, c'est-à-dire du bois à pâte, on
doit constater que le bois au Maine est meilleur marché que le bois au
Québec. Mais pour du bois de sciage de qualité et ce qui
caractérise les forêts du Maine, justement, c'est la
présence d'un bois de très forte dimension qui donne un rendement
très élevé au sciage, ce qui justifie cette prime au bois
du Maine, ce qui explique, en fait, la différence entre le prix du Maine
et le prix du bois de sciage québécois. C'est une question de
qualité de bois pour une bonne part.
M. Giasson: C'était plus vrai il y a dix ans que ça
ne l'est maintenant. Il s'agit d'aller voir les empilements dans les cours des
scieries pour réaliser que la grosseur moyenne de la bille a
peut-être diminué de moitié en l'espace de dix ans.
M. Bérubé: Oui, c'est normal.
M. Giasson: Vous n'avez qu'à visiter les usines de la
partie sud de chez nous, c'est phénoménal de constater combien,
même dans le Maine, on a épuisé à peu près
toutes ces vieilles forêts qui donnaient une qualité
indéniable pour le sciage, nettement supérieure à ce qu'on
pouvait retrouver ici au Québec. Maintenant, quand vous regardez les
approvisionnements dans les industries de sciage chez nous, on a des parcelles
de forêt au Québec qui peuvent se comparer à ce qu'on va
chercher au Maine.
M. le Président, je laisserais mes collègues poser des
questions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je ne veux pas prolonger
inutilement la discussion. Le ministre semble aoir été assez
clair dans ses explications pour nous démontrer ce qui semble être
l'embarras dans les négociations entre le fédéral, le
provincial et les industriels, quoique je ne partage pas totalement la
façon de traiter les industries en ce qui concerne les subventions. Je
trouve que c'est quand même un programme ambitieux et raisonnable, auquel
on doit procéder le plus rapidement possible.
Je crois qu'il est important que les industriels résistent
à la tentative d'Ottawa de contrôler, de dire à l'industrie
la façon dont elle doit modifier son usine, parce que les gens qui sont
dans le domaine connaissent ça beaucoup plus que ceux qui sont
fonctionnaires à Ottawa. Ils doivent connaître le marché,
connaître les changements qu'ils doivent apporter pour pouvoir demeurer
dans le marché.
En ce qui concerne le changement, la modification des usines, ce qui
peut affecter le personnel, je crois qu'il serait préférable
qu'on en mette quelques centaines à pied avec la modification d'une
industrie, ce qui peut être très peu significatif, que de
continuer à perpétuer les conditions actuelles et peut-être
en mettre plusieurs milliers à pied. Si je regarde un peu les industries
comme East Angus et d'autres semblables, si on ne fait pas quelque chose, ces
industries seront obligées tout simplement de mettre la clé dans
la porte parce qu'elles ne seront plus concurrentielles. On ne peut pas
fonctionner dans le rouge continuellement. Et c'est ce qui peut arriver.
Je ne suis pas tellement le gars vendu aux subventions. Je
préfère plutôt des prêts à des industries
aussi importantes que celles du papier. Et je pense qu'avec le temps, elles
peuvent les rembourser c'est plus avantageux pour l'industrie
avec les profits qu'elles peuvent faire, avec...
M. Bérubé: ... c'est une subvention.
M. Russell: Non, pas nécessairement. Quand on donne une
subvention, les gens prennent toujours cela pour des dons, la réaction
n'est pas toujours la même. Mais si une industrie est obligée de
faire un remboursement, elle est traitée d'une façon
différente.
M. Bérubé: Vous voulez dire à un taux
privilégié par rapport au taux bancaire, par exemple?
M. Russell: Non.
M. Bérubé: Au taux bancaire?
M. Russell: Au taux bancaire, mais un prêt qui peut
être étendu sur un nombre d'années, qui permet à une
usine de capitaliser plus facilement. Pour accorder un prêt, il y a la
capacité de remboursement d'une industrie qu'il faut regarder. Je sais
que c'est toujours facile de donner des subventions. Tout le monde en veut, des
subventions. Si on en donne à l'industrie du papier, d'autres industries
vont se retourner vers le gouvernement en disant: Nous aussi, on veut des
subventions parce qu'on fait partie de l'économie
québécoise.
Si l'on procède par prêts, cela peut être des
prêts garantis. Et comme le ministre le disait tout à l'heure, si
parfois cela ne s'avère pas tout à fait aussi rentable que
prévu, il pourrait peut-être y avoir un montant de pertes qui
pourrait être absorbé par le gouvernement, après un certain
nombre d'années. Cela pourrait être une sorte de prêt.
En somme, je verrais un genre de banque industrielle qui prêterait
à l'industrie qui veut se moderniser, à certaines conditions, ce
qui ferait en sorte de rendre nos industries plus rentables. Il est certain
actuellement et c'est indéniable, c'est admis, je pense qu'on a
assisté à la commission parlementaire des usines de pâtes
et papiers, et c'était assez clair que les industries ne peuvent
pas continuer à fonctionner de la façon qu'elles le font
actuellement, avec les exigences gouvernementales en ce qui a trait à la
diminution de la pollution. Ce sont des demandes qui sont raisonnables mais,
pour répondre à ces demandes, il s'agit d'arriver avec des
modifications assez majeures. On ne peut pas les faire, sans qu'on puisse y
aller totalement, et pour rendre les usines rentables de même que la
façon de procéder... On a de vieilles usines qui sont
réellement vétustes.
Je pense que le marché, actuellement, ne cause aucune crainte,
pour quelques années encore. Le marché existe. Il s'agit
d'être capable de rencontrer les conditions du marché. Et si les
industries ont décidé d'y aller, pour $1 300 000 000 ou $1 400
000 000, je pense que c'est là une preuve que le marché existe et
que ces gens-là peuvent survivre, après avoir fait cette
modification.
Je suis d'accord avec le désir du ministre et je pense que, s'il
peut réaliser son programme, même s'il le faisait seul, je ne
serais pas celui qui le critiquerait si le fédéral ne voulait pas
modifier ses positions.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: Concernant votre idée de
prêt, je dois dire que cela a été envisagé
très sérieusement, particulièrement il y a deux ans, au
moment où l'industrie faisait face à un problème de
liquidité. Mais il ne fait aucun doute que si vous offrez de
prêter à CIP, ils ne riront pas à votre face parce qu'ils
sont polis, mais néanmoins, intérieurement, ils rigoleront
très fortement. Ce n'est pas un problème d'argent. Le
problème de notre industrie, présentement, ce n'est pas un
problème de manquer d'argent et d'avoir besoin d'un prêt
gouvernemental. C'est qu'est-ce qu'ils vont faire avec leur argent? Est-ce
qu'ils vont le remettre chez nous ou s'ils vont le mettre à
l'extérieur?
Vous pourriez leur offrir tous les prêts que vous voudriez, en
pratique, cela ne changerait absolument rien à leur décision,
parce que ce n'est pas un problème d'argent, de liquidité. Donc,
l'intervention prêt qui, à mon avis, peut être tout à
fait justifiée dans certains cas, aurait pu l'être dans la
situation des années 1975-1976, au moment où, effectivement,
notre industrie n'avait pas les sommes nécessaires pour investir. A ce
moment-là, le programme aurait dû en être un de prêt.
Je ne vous cache pas que dans notre première analyse, nous avions deux
volets, soit avances, soit subventions, suivant l'évolution de la
conjoncture économique, de manière à ce que nous soyons
prêts. (21 h 30)
Or, il s'est avéré que la conjoncture économique
étant ce qu'elle est devenue, le problème ne s'est plus
posé à savoir s'ils avaient l'argent, le problème s'est
simplement posé à savoir s'ils allaient le dépenser chez
nous. Par conséquent, l'hypothèse prêt était moins
applicable.
Deuxièmement, toutes ces entreprises ou la plupart de ces
entreprises sont aux prises avec des actes de fiducie qui les lient à
leurs créanciers actuels. En général, l'un des
problèmes de ces sociétés, c'est qu'elles ont dû
emprunter énormément dans le passé et présentement,
les actes de fiducie ne leur permettent plus d'emprunter, ce qui rend plus
compliqué la réouverture des actes de fiducie de manière
à pouvoir investir directement dans ces entreprises. C'est le
problème que plusieurs, non pas toutes, mais certaines de ces
sociétés rencontrent et qui fait que, en pratique, le prêt
est exclu en partant; il faut tenter de l'éviter, à cause des
actes de fiducie.
M. Giasson: Oui, mais les $ 1300 000 000, vont-elles aller les
chercher par la souscription du nouveau capital ou bien si elles vont ouvrir
les actes de fiducie?
M. Bérubé: C'est génération interne
de capital.
M. Giasson: Les profits annuels de l'entreprise vont être
suffisants pour générer la somme de $1 300 000 000?
M. Russell: C'est exactement ce à quoi je veux en venir,
c'est sans garantie, donc à ce moment, ils ne sont pas obligés
d'aller ouvrir des actes de fiducie. C'est la même chose actuellement
pour la plupart de ces industries.
M. Bérubé: Je regrette infiniment, mais nous venons
de terminer une analyse très serrée de deux cas de grandes
entreprises québécoises et le prêt est exclu à cause
des actes de fiducie, même
garanti par le gouvernement; c'est d'ailleurs le problème.
M. Russell: Ce qui arrive dans bien des cas, qui les justifie
d'acheter beaucoup d'équipement en "lease pack", je ne connais pas le
terme français pour ça.
M. Bérubé: C'est pour ça que l'idée
du prêt n'est pas à rejeter, mais suivant la conjoncture
économique, il apparaît, pour l'instant en tout cas, que le
prêt n'est pas le moyen. A ce moment, la question qu'il faut se poser est
la suivante: Est-ce qu'ils vont réinvestir, oui ou non? S'ils ne veulent
pas réinvestir au Québec, qu'est-ce qu'on peut faire pour les
amener à réinvestir au Québec? C'est là la
question.
Un dernier problème, on a parlé tantôt d'un
marché sans problème pour les quelques années qui
viennent. Là, je serais quand même plus réticent, en ce
sens qu'il y a six nouvelles machines à papier en construction, ce sont
950 000 tonnes qui vont arriver sur le marché américain. Ce qui
se produit, c'est ceci; et c'est le problème de notre industrie
forestière comme notre marge de profit est inférieure
à celle de nos concurrents, d'une façon générale,
tant que nos concurrents ne produisent pas à cent pour cent, les prix
vont rester bas, de manière qu'ils puissent tranquillement
pénétrer le marché. Lorsqu'ils fonctionneront finalement
à cent pour cent et que la demande continuera à
s'accroître, nos industriels ne feront quand même pas encore
suffisamment de profit pour décider d'une expansion, mais ils vont quand
même se contenter de passer de 85% à 87% à 90% à 95%
et, possiblement, à 100%, comme c'est le cas. Lorsque nos usines
arriveront à capacité, la pénurie de papier journal
comme celle que nous observons présentement va faire grimper le
prix du papier, ce qui fait que, très rapidement, nos concurrents vont
atteindre le seuil où il devient intéressant pour eux d'investir
dans une nouvelle usine, mais nos entreprises n'ont pas atteint ce seuil. Des
usines sont donc construites dans le sud des Etats-Unis et cette nouvelle
production arrive sur le marché quelques années plus tard.
Stabilisation des prix, parfois léger fléchissement, et le cycle
recommence. Ce qui fait que nous alternons entre des cycles de
prospérité de notre industrie, suivis de cycles de ralentissement
avec fermeture, sacrifices des canards boiteux, mises sur les plus rentables,
les plus efficaces et, tranquillement, nous sortons du marché. C'est ce
qui s'est produit depuis 25 ans. C'est Ça que nous cherchons à
enrayer avec l'aide du gouvernement fédéral et de nos amis
fédéralistes, d'ailleurs.
M. Russell: M. le Président, ça n'est pas nouveau,
cela a toujours existé et ça existera toujours; l'entreprise
libre, ça devient un cycle, à un moment donné, pas
seulement dans le papier, c'est dans tout, le bois de sciage et dans d'autres
industries, votre cycle, à un moment donné, on se résorbe,
on se développe, on monte, on surcharge le marché, les prix
baissent et là, il se fait une épuration; ceux qui sont moins
efficaces débarquent et les autres s'améliorent et demeurent.
C'est un cycle qui a toujours existé...
M. Bérubé: C'est nous qui débarquons.
M. Russell:... dans le contexte actuel. C'est la raison pour
laquelle il est important qu'on leur fournisse les moyens de se moderniser et
de rester dans le marché.
M. Bérubé: Absolument. C'est là le sens du
programme.
M. Russell: Est-ce qu'il exploite... c'est la protection de nos
richesses naturelles. C'est la raison pour laquelle je suis bien d'accord,
parce que je trouve que cela traîne beaucoup trop en longueur et on
aurait dû agir avant. On est déjà en retard.
M. Bérubé: Avez-vous envisagé l'impact
financier d'un programme unilatéral?
M. Russell: Oui.
M. Bérubé: C'est notre problème. Le
coût est très élevé, par conséquent, le
Québec se voit dans l'obligation d'assumer d'abord le coût du
volet foresterie, qui s'élève à au-delà de $109
millions, $110 millions. A cela, s'ajoute un autre programme de $150 millions
et...
M. Russell: Est-ce qu'on a examiné l'impact? Il y a une
couple de ces industries qui ferment ici au Québec.
M. Bérubé: Oui, et c'est ce qui explique...
M. Russell: Cela fera peut-être plus mal que l'impact d'un
marché seul.
M. Bérubé: C'est ce qui explique pourquoi nous
avons là un exemple absolument magnifique du blocage mutuel que
représentent deux niveaux de gouvernement qui s'engagent dans le
développement industriel. C'est un exemple absolument typique de
l'échec du fédéralisme et il est important de le
souligner.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Une question sur les usines. Dans le programme de
modernisation, est-ce qu'il est prévu qu'une usine qui veut se
transformer en productrice de papier journal et qui ne le serait pas à
l'heure actuelle est admissible au programme?
M. Bérubé: Oui, c'est le programme de
rénovation.
M. Marquis: Si New Richmond, par exemple, veut se transformer et
produire du papier journal, elle est admissible. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme no 7?
M. Russell: M. le Président, je crois qu'on pourrait en
discuter toute la soirée, on arrivera toujours au même point. Il y
a un malaise qui existe et c'est important que ça se règle. Quand
est-ce que ça va se régler? Le plus rapidement possible, c'est ce
qu'on demande au ministre.
M. Bérubé: M. le Président, à cela je
répondrai de la façon suivante: De telles malaises existent
depuis 113 ans et continuellement on dit: Quand est-ce que cela va se
régler? Pourquoi ce malaise? Pourquoi cela ne se règle-t-il pas?
Pourquoi ne vous assoyez-vous pas avec le gouvernement fédéral
pour négocier? Tout ce que je peux vous dire c'est que depuis neuf mois,
je suis assis à côté du gouvernement fédéral
et je négocie. Vous ne m'avez pas entendu faire de grandes
déclarations publiques, sauf il y a un mois lorsque j'ai voulu y mettre
une certaine pression. Mais la conséquence est absolument
évidente, c'est un très bel exemple d'un rejet par Ottawa des
priorités du Québec dans un secteur. Je dois dire qu'il a
joué exactement le même jeu avec l'Ontario qui présentement
est totalement incapable de signer une entente avec Ottawa pour les mêmes
raisons que le Québec.
Ce problème n'est pas propre au Québec. Il est propre au
système fédéraliste et, par conséquent, nous sommes
face à un choix: ou bien nous confions le mandat à Ottawa de
s'occuper du développement économique et si nous restons pauvres,
nous resterons pauvres et nous pourrons continuer à pleurer, mais nous
ne ferons pas porter le blâme sur le gouvernement du Québec, ou au
contraire nous assumons notre responsabilité de représentants du
peuple québécois qui attend de nous des solutions, auquel cas
nous devrons récupérer les pouvoirs nécessaires à
notre développement économique et seul le
référendum va nous les donner.
M. Russell: Je ne dirai pas que seul le référendum
peut vous les donner, mais je peux simplement dire au ministre, M. le
Président, que je suis sensible à cette infiltration du
fonctionnarisme dans l'industrie quand il veut tenter de contrôler les
industries. On est mieux de laisser ça aux industriels et leur fournir
l'argent dont ils ont besoin pour se moderniser et avec les normes qu'eux
auront acceptées d'avance, point.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 7 est-il
adopté? Le programme 8, M. le ministre.
Connaissance géographique du territoire
M. Bérubé: C'est la connaissance
géographique du territoire et il s'agit là du programme de
levées de cartographies intégrées et de
l'intégrité du territoire. Je dois dire qu'au niveau de la
cartographie intégrée, essentiellement, nos activités vont
porter sur ia cartographie des plaines d'inon- dation pour terminer le plus
rapidement possible ce programme et faire en sorte que les citoyens,
particulièrement de la région de Montréal, soient
avisés de la localisation d'un terrain qu'ils voudraient acheter en
fonction des risques d'inondation. C'est donc un programme extrêmement
important.
D'autre part, vous n'êtes pas sans savoir qu'avec la Loi sur la
protection du territoire agricole, il nous faut fournir rapidement un ensemble
de cartes permettant cette opération de zonage et nous avons dû
constater, en fait, qu'à plusieurs égards les plans de zonage,
souvent, étaient faits sur des cartes vieilles de cinq ou dix ans et
qu'en pratique, quand on venait pour examiner la situation sur le territoire,
on constatait des anachronis-mes absolument inacceptables et des
problèmes, d'ailleurs, d'application de la loi de zonage. Par
conséquent, nous mettons l'accent sur la cartographie des milieux
affectés par la Loi sur la protection du territoire agricole.
M. Russell: Ah! le zonage agricole? Le ministre dit que les
cartes qu'il va faire c'est pour aider le zonage agricole?
M. Bérubé: Elles facilitent une meilleure prise de
décision.
M. Russell: Ah! il va falloir que cela presse parce que cela a
paralysé pas mal l'économie dans le coin chez nous. Je ne
voudrais pas embarquer là-dessus mais il y a des fermes qui ont
été zonées agricoles et qui auraient peut-être pu
éviter d'être zonées; actuellement, on attend les
décisions de la commission, tout est paralysé, la construction.
Les gens trouvent que c'est malheureux qu'on ait...
M. Bérubé: En somme, elles n'auraient pas dû
être zonées agricoles?
M. Russell: Oui.
M. Bérubé: Le but principal de la Loi de protection
du territoire agricole, c'était de zoner les fermes.
M. Russell: Oui mais vous savez qu'il y a des fermes qui ne sont
pas tout à fait des fermes idéales pour l'agriculture; c'est ce
qu'on appelle, pas des fermes rocheuses, mais des roches terreuses. On a
zoné cela agricole, cela fait des années que ce n'est plus
cultivé; c'est prêt à se développer où il y a
de l'habitation...
M. Bérubé: ... cassés à la
dynamite.
M. Russell: Cela va se corriger avec le temps mais cela va
peut-être prendre un an ou deux. Donc, si c'était simplement pour
accélérer cela, j'adopterais sans discussion le programme qui
nous a été soumis avec beaucoup d'explications.
Le Président (M. Perron): Programme 8, adopté?
M. O'Gallagher: Quels sont les montants qui sont alloués
pour les relevés au point de vue des inondations dans la région
de Montréal?
M. Bérubé: Vous avez cela à la page 66: $1
400 000.
M. O'Gallagher: Où c'est écrit spéciaux?
M. Bérubé: C'est cela, oui.
M. O'Gallagher: Cela a été fait par des arpenteurs
de la pratique privée ou par vos propres gens?
M. Bérubé: Ce sont des contrats qui sont
donnés à l'industrie de la cartographie.
M. O'Gallagher: Ahl bon. C'est pour des relevés
topographiques aériens. En ce qui concerne les relevés
d'arpentage, $1 600 000, voulez-vous nous expliquer grosso modo quel est le
programme?
M. Bérubé: Lequel?
M. O'Gallagher: Le montant de $1 600 000, les relevés
d'arpentage.
M. Bérubé: C'est le budget qui est
dépensé par le service d'arpentage. Cela comprend les salaires
qui sont payés aux employés du service d'arpentage, cela comprend
ce qui s'est dépensé à l'intérieur et cela comprend
aussi un montant d'environ $800 000 à $900 000 qui va être
dépensé pour faire l'arpentage sur les terres publiques, pour
répondre aux demandes du ministère des Richesses naturelles ou
différents ministères du gouvernement.
Pour compléter la réponse, à la page 62, on a
certains articles qui impliquent ce montant. A la colonne de droite, le
deuxième article: Assister les organismes gouvernementaux, corps publics
et les particuliers dans la réalisation des travaux qui visent à
lotir, morceler, aménager et démarquer les terres publiques et
ce, dans le but de décrire de façon graphique ou littérale
certaines limites administratives. Ensuite, la compilation sur cartes au 20
millième des arpentages effectués sous l'autorité du
ministre des Terres et Forêts sur les terres de la couronne. Tout cela a
trait à l'arpentage des terres publiques. Ensuite, un autre article:
Effectuer des travaux de délimitation des postes indiens et esquimaux ou
inuit prévus par la Convention de la Baie James. Ce sont les trois
principaux articles qui sont compris dans ce montant de $1 106 000.
Le Président (M. Jolivet): Des questions?
M. Russell: Adopté.
M. O'Gallagher: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Deuxième
élément.
M. Bérubé: Intégrité du territoire.
M. le Président, il s'agit là d'un bien petit programme, $261
000. (21 h 45)
Une Voix: De $3 500 000.
M. Russell: Un petit programme.
M. Bérubé: Non, l'intégrité 8-2.
L'élément de programme.
Une Voix: $261 000.
M. Bérubé: $261 000. Il s'agit, comme nouvelle
activité, de déterminer clairement les parcelles territoriales
fédérales au Québec. C'est le nouvel
élément, la nouvelle activité véritablement du
service actuellement. En effet, on doit constater que le gouvernement
fédéral possède un grand nombre de parcelles dans le
territoire québécois, pour ne pas parler de Mirabel, et que c'est
la souveraineté du Québec qui est mise en cause par ces
possessions par un gouvernement étranger qui, on le sait, se comporte
toujours au plus grand avantage des Québécois, comme on l'a vu
dans le dossier, d'ailleurs, des pâtes et papiers tantôt.
M. Giasson: Quand le référendum aura permis aux
Québécois d'en décider. N'allez pas trop vite.
M. Russell: Est-ce que les Canadiens vont avoir besoin d'un
passeport pour venir au Québec quand il y aura eu un
référendum?
M. Giasson: ... On appuiera vos commentaires, mais
jusque-là, c'est...
M. Bérubé: Et, par conséquent, nous
cherchons présentement à délimiter cet ensemble de
parcelles détenues par ce gouvernement étranger, comme je le
disais, certainement étranger à nos intérêts,
à tout le moins. Egalement, dans le domaine des frontières, nous
poursuivons certaines discussions concernant la mise en place définitive
d'un segment de frontières dans la région de Cornwall entre le
Québec et l'Ontario. Egalement, on recherche certains critères
plus définis pour préciser le segment de l'Outaouais.
Le Président (M. Jolivet): Des questions? M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je n'ai pas de question personnellement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je pense que les informations
sont assez claires.
M. Bérubé: ... à tout vendre au
fédéral.
Le Président (M. Jolivet): Adopté? Le programme 8
est adopté. Le programme 9. Gestion des terres publiques.
M. Giasson: Ce n'est pas drôle. Ce n'est pas drôle
d'entendre cela de la bouche d'un ministre, un ministre qu'on dit
sérieux à part cela.
Gestion des terres publiques
M. Bérubé: Gestion des terres publiques. Là,
il s'agit évidemment d'un programme beaucoup plus important. Je le
replace; rendu à la fin, la fatigue commence à...
M. Giasson: C'est la fin de la journée. Cela a
été une bonne journée.
M. Bérubé: Je replace celui-là.
Essentiellement, la priorité est donnée à la
régionalisation de la gestion des terres publiques cette année,
et essentiellement aussi, à la normalisation des 12 000 occupations des
ex-membres de clubs de chasse et pêche résultant du programme
d'accessibilité des terres publiques aux associations de chasse et
pêche. En effet, dans le passé, il est souvent arrivé que
le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ait
autorisé des détenteurs de baux de chasse et de pêche
à construire des chalets, des camps de chasse, sur les terres publiques
et cela, souvent, sans l'autorisation du gouvernement du Québec puisque
seul le ministre des Terres et Forêts peut autoriser l'occupation du
territoire comme tel, le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche n'étant responsable que de la gestion de la faune et non de
l'occupation du territoire.
Il s'ensuivit donc une situation de laisser-aller général
avec plus de 12 000 occupations illégales qui, évidemment, sont
apparues à la surface lorsque le gouvernement a procédé
à son opération de déclubage et qu'il a fallu
décider ce qu'il adviendrait des occupants actuels.
Nous sommes donc dans une opération actuellement de
règlement de ces cas, législation des occupations, ce qui veut
dire que, pour les prochaines années, les deux prochaines années,
le ministère ne pourra que mettre peu d'accent sur des
aménagements à des fins de villégiature, presque toutes
les ressources humaines du ministère étant prises par cette
opération de rationalisation des occupations. Je dois dire
également que nous perdons des crédits. J'essaie de les trouver,
ah! oui, la mise en valeur des terres publiques. Nous perdons des
crédits, ce que vous verrez à la page 64, le troisième
article, au niveau de la mise en valeur des terres publiques et ceci, à
nouveau, s'explique par la disparition des crédits OSE, crédits
spéciaux qui avaient été consentis pour la création
d'emplois temporaires l'année dernière.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Le ministre vient de nous indiquer qu'il tentait de
légaliser l'occupation des anciens propriétaires des clubs
privés qui détenaient des territoires sous bail et qui avaient
construit des bâtiments, mais entend-il également légaliser
la situation de ce qu'on appelle les squatters au Québec?
M. Bérubé: La légalisation des squatters
pose un certain problème. Dans certains cas, on peut parler de
situations de bonne foi. Nous avons, par exemple, dans le Nord-Ouest en
particulier, légalisé des occupations de gens qui, de bonne foi,
à l'époque où sans doute la rigueur administrative
n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui... on a invité des colons
à venir s'installer et ceux-ci ont occupé d'immenses territoires
pour lesquels d'ailleurs ils n'ont jamais demandé ni lettres patentes,
ni billet de location, ni quoi que ce soit. Néanmoins, ils ont
occupé ces territoires pendant 25, 30, 40 ou 50 ans. Face à des
situations humaines difficiles, nous avons accepté de régulariser
l'occupation de certains petits lots sur lesquels est implantée la
résidence.
Egalement, dans certaines régions comme Cap-Seize dans le
comté de Matane, il y a un ou deux ans maintenant, nous avons entrepris
de légaliser l'occupation complète du village puisque, je pense,
même le curé était un squatter. En d'autres termes, lors de
l'évacuation de paroisses de l'arrière-pays, des paroisses
entières ont déménagé plus près de la route
nationale traversant le parc; finalement, on a implanté une paroisse
totale, complète sur les terres publiques et il apparaissait difficile
de mettre le feu à l'église. Dans ces conditions, on a donc
décidé de légaliser.
Cependant, on ne peut pas prendre comme principe de légaliser
toutes les occupations de squatters, occupations illégales, auquel cas,
je pense, le citoyen l'apprenant, il s'empresserait d'aller sur les terres
publiques et, en conséquence, nous nous verrions privés de tout
pouvoir moral pour l'en empêcher. En fait, qu'est-ce qui
empêcherait un citoyen d'aller se choisir une fort jolie pointe sur le
bord d'un lac et d'aller l'occuper en disant: De toute façon, c'est moi
qui suis arrivé le premier; je l'occupe, et maintenant vous me
légalisez. Par conséquent, il faut, de temps en temps, mettre le
feu à certaines résidences qui sont implantées
illégalement de manière que cela serve de leçon et incite
les occupants à plus de précaution à l'avenir.
M. Giasson: Est-ce que le ministre craint la prolifération
des "Moïse"?
M. Bérubé: C'est un mélange des deux,
exactement. C'est un mélange de fermeté et de flexibilité
dans les cas où, effectivement, on peut plaider l'ignorance des lois, on
peut plaider certains arguments valables; il faut faire attention dans cette
opération de légalisation mais je pense qu'il faut quand
même en faire.
M. Giasson: Je considère que cela doit être
examiné sérieusement. Il s'agit de personnes qui se sont
installées sans aucun droit, sans aucun bail tandis que ceux qui
occupaient des territoires en vertu de baux consentis pour des territoires
de
pêche au moins avaient un document. Ils détenaient un
document du gouvernement les autorisant à occuper ces territoires tandis
que celui qu'on appelle le squatter, le vrai, est totalement dans
l'illégalité.
M. Russell: Qu'est ce qui arrive à ceux qui refusent
complètement de signer des ententes avec le gouvernement, qui ont
déjà des camps d'installés? Est-ce qu'ils vont être
détruits?
M. Bérubé: L'exemple typique est sans doute dans le
Saguenay l'opération nettoyage de la plage. Gnéralement, on va en
cour. Premièrement, il y a un avertissement qui est servi par les
fonctionnaires. Si on ne quitte pas les lieux, il y a une poursuite en cour et
le juge déclare que le terrain et la bâtisse appartiennent au
gouvernement. On demande toujours à quelqu'un de déménager
ou de démolir son installation. S'il ne le fait pas, dans certains cas,
la bâtisse est brûlée.
M. Russell: Premièrement, il a le choix de faire une
entente ave le gouvernement pour être propriétaire du terrain ou
locataire du terrain.
M. Bérubé: Pas toujours. M. Russell: Pas
toujours?
M. Bérubé: Non, parce que ce serait
entériner la décision d'un individu d'aller occuper un terrain.
Dans un cas comme celui-là...
M. Russell: Je parle de ceux qui avaient déjà
obtenu, par l'entremise du ministère de la Chasse et de la Pêche,
des droits, des baux sur le bord des lacs...
M. Bérubé: Oui, il se voit offrir un bail.
M. Russell: II y en a qui sont vexés, qui disent: je ne
signerai pas d'entente, je ne veux pas signer de bail...
M. Bérubé: Jusqu'à maintenant, on n'a eu
personne qui ne voulait pas signer de bail.
M. Russell: Ah bon!
M. Bérubé: C'est plutôt l'inverse. On nous
demande plutôt: quand pourrons-nous avoir nos papiers?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: M. le Président, une courte question. A la
page 73, en ce qui concerne les travaux de mise en valeur des terres publiques,
le ministère prévoit compléter les aménagements
entrepris en 1978/79, entre autres au lac Matapédia. Quelle est
l'importance des sommes affectées à ces travaux-là et la
nature des travaux? C'est peut-être très particulier comme
question.
Une Voix: Pas mal.
M. Bérubé: C'est certainement très
personnel. Ce qui vous intéresse, c'est le lac Matapédia. Il y a
$90 000 disponibles au prochain budget.
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agit du même budget pour les
deux lacs ou si c'est seulement pour le lac Matapédia?
M. Bérubé: Je pense que c'est plutôt pour le
lac de l'Est que pour le lac Matapédia.
M. Giasson: Merci.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? S'il n'y en a pas d'autres, nous...
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Nous sommes à la gestion des terres publiques.
Or, l'existence de la réserve des trois chaînes fait quasiment de
ces propriétés-là...
M. Bérubé: Dois-je vous signaler que le
député de Beauce-Sud est maintenant dans sa campagne pour un
autre...
M. Giasson: Non. J'ai eu l'occasion lors de l'étude des
crédits du ministère des Terres et Forêts, bien avant la
venue de l'actuel ministre, de discuter ça. J'en ai discuté
d'ailleurs privément avec les anciens ministres. Est-ce qu'il y a des
projets dans l'air au ministère, de manière à permettre
à des propriétaires qui sont là de bonne foi, de devenir
vraiment propriétaires de l'espace de terrain couvert par les trois
chaînes en bordure de la rivière, des lacs?
M. Bérubé: La réserve des trois
chaînes...
M. Giasson: M. le ministre, ne soyez pas surpris si je suis
intervenu. Quand on vit des problèmes dans nos comtés, on est
forcé de s'en mêler.
M. Bérubé: Oui, j'ai le même problème.
D'abord se pose la question sub judice de la réserve des trois
chaînes entre 1884 et 1912 que la récente décision de cour
du juge L'Heureux-Dubé a remise en question, d'une part. D'autre part,
se pose également le problème des très nombreuses
aliénations consenties par les gouvernements successifs, forts de leur
conviction que cette réserve était de pleine
propriété, donc, les nombreuses aliénations consenties
dans le passé, ce qui pose évidemment de sérieuses
questions. A titre d'exemple, lorsqu'un pipe-line circule sur la réserve
des trois chaînes en vertu d'une autorisation donnée par le
gouvernement, quelle serait la position du propriétaire du pipeline s'il
apprenait,
demain matin, que le terrain sur lequel il a construit n'appartient pas
au gouvernement, qu'il n'avait donc pas le droit de l'aliéner, mais
qu'il appartient à l'ensemble des propriétaires riverains. Je
pose ce cas-là puisque c'est un cas réel.
M. Giasson: ... pas tellement sur les terres publiques.
M. Bérubé: C'est un problème qu'on m'a
apporté en tout cas.
M. Giasson: Est-ce que vous avez des cas identifiés de
pipe-lines...
M. Bérubé: D'aliénation?
M. Giasson: ... qui passent sur des territoires publics?
M. Bérubé: II y a des problèmes
d'aliénation de routes, de pipe-line, de terres publiques, oui, la
réserve des trois chaînes... que ce ne soit pas un pipe-line, que
ce soit des routes sur la réserve des trois chaînes, on en fait en
quantité. Par conséquent, le problème, c'est donc
l'interprétation de ces aliénations faites par le gouvernement
dans le passé sur la base d'une propriété publique de
cette réserve des trois chaînes. Alors, c'est ça que nous
cherchons à intégrer. Comme je l'ai souligné, j'avais
préparé une approche de solution qui visait à
éliminer la réserve des trois chaînes sur tous les cours
d'eau, plans d'eau de faible importance, de manière à
dégager l'ensemble du territoire québécois. D'autre part,
il apparaît que la protection des rives et des berges pour en garantir
l'accessibilité publique, est également un critère
important d'aménagement du territoire. (22 heures)
Par exemple, la Suède vient d'adopter une loi interdisant la
construction de toute résidence à moins de 200 pieds d'une rive
justement pour protéger les abords des lacs et rivières de ce
pays. De fait, la tendance naturelle de l'homme est de s'agglutiner sur le bord
des cours d'eau, ce qui permet d'ailleurs aux citoyens, éventuellement,
de demander des indemnités en cas d'inondation, d'une part, mais aussi,
d'autre part, de jouir d'une belle vue et d'un site charmant.
L'inconvénient, évidemment, est qu'on prive ainsi l'ensemble de
la collectivité de l'accès normal au plan d'eau qui est quand
même une propriété publique. Une intervention concernant la
réserve des trois chaînes doit donc faire l'équilibre entre
cette protection d'un patrimoine qui appartient à la collectivité
et les situations particulièrement délicates de gens qui, non
conscients de l'existence de la réserve des trois chaînes, l'ont
occupée de façon illégale et c'est ce que nous cherchons
à légaliser présentement.
Je dois dire que la façon la plus simple de légaliser,
c'est par l'émission d'un bail de location qui permet à ce
moment-là à l'occupant de légaliser sa situation, ce qui
nous permettra peut-être, au cours des siècles à venir,
tranquillement de rationaliser un peu mieux l'aménagement de nos berges.
Mais je ne suis pas convaincu que la vente pure et simple de l'ensemble des
réserves des trois chaînes ou la cession pure et simple de la
réserve des trois chaînes aux citoyens du Québec soit la
solution puisqu'on risquerait, dans un certain nombre d'années,
d'être obligés de faire l'opération inverse et de
récupérer les abords des cours d'eau.
M. Giasson: Cela veut dire, dans le sens de l'opinion que vous
venez d'émettre, que tous les gens qui possèdent du terrain sur
lequel coulent des rivières ou en bordure des lacs pourraient un jour
voir récupérer par l'Etat ces propriétés qui ne
sont pas assujetties à la réserve des trois chaînes parce
que concédées...
M. Bérubé: Non, si elles ne sont pas assujetties
à la réserve des trois chaînes, je pense qu'il devient
beaucoup trop onéreux pour la collectivité de reprendre
possession de ces territoires. C'est une décision qui a
été prise; en général, elle a été
prise antérieurement à 1884. C'est quand même une partie
importante du territoire du Québec, mais ce n'est pas tout le territoire
du Québec. Pour la partie du territoire du Québec où le
législateur a senti le besoin de réserver à l'usage
collectif près de 200 pieds ou 60 mètres de chaque
côté d'un cours d'eau, à ce moment-là, on peut se
demander si une société beaucoup plus sensible à des
préoccupations environnementales devraient, elles, sacrifier la
propriété collective des berges et des cours d'eau. Cela me
paraît difficile. Si le législateur, en 1884, était
sensible à cette propriété collective, je me demande quel
devrait être l'état d'esprit du législateur
d'aujourd'hui.
M. Giasson: C'est cela, il faudrait connaître l'état
d'esprit du législateur de 1884.
Le Président (M. Jolivet): Programme no 9, adopté?
Adopté.
Par le fait même, nous nous donnons congé demain matin,
quant à la commission, puisque j'ajourne les travaux sine die.
M. Bérubé: M. le Président, permettez-moi,
en terminant, de remercier les membres de cette glorieuse Opposition de Sa
Majesté et les membres du parti ministériel pour la grande
collaboration qu'ils ont apportée à l'étude de ces
dossiers qui s'est faite très rapidement, très succinctement
avec, en même temps, des questions fort pertinentes et fort
intéressantes.
Fin de la séance à 22 h 4