(Onze
heures vingt-huit minutes)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, bonjour,
chers collègues. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement
ouverte.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 102, Loi
visant principalement à renforcer l'application des lois en matière
d'environnement et de sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable
des pesticides et à mettre en oeuvre certaines mesures du plan pour une
économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission.
Je souligne que cette
séance se déroulera à la fois dans la salle Louis-Joseph-Papineau, où je me
trouve, et dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Fortin (Pontiac) est
remplacé par M. Benjamin (Viau); M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)
est remplacé par M. Gaudreault (Jonquière).
Étude détaillée (suite)
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le
secrétaire. Lors de l'ajournement de nos travaux, hier soir, la commission
avait adopté l'article 158 tel qu'amendé. Nous sommes donc à...
M.
Gaudreault : ...
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui, M. le
député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Je voudrais savoir si on reprend à partir de l'amendement
sur les municipalités, là, l'article...
Une voix : ...
M.
Gaudreault : ...11.1, hein, c'est ça, qui introduisait 92 je ne sais
plus quoi, là. Alors, moi, je voudrais qu'on revienne sur cet amendement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Donc,
moi, ce que je vous propose, c'est qu'on termine, parce que c'est des articles
suspendus. Il ne nous en reste pas beaucoup pour terminer le bloc sur la sécurité
des barrages ou ça va vous empêcher...
M.
Gaudreault : Bien, en fait, là, 92... 11.1, là, il est sur la
sécurité... il est dans le même bloc.
La
Présidente (Mme Grondin) : O.K. Donc...
M.
Gaudreault : Ça concerne les barrages.
• (11 h 30) •
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, les
dispositions transitoires, dans le fond, vous avez besoin qu'on revienne sur
l'article suspendu pour être capable de... c'est ça? C'est ça que j'entends?
M.
Gaudreault : Bien, moi, je voudrais qu'on... en fait, qu'on continue
avec l'article... qu'on reprenne avec l'article qu'on avait suspendu...
La
Présidente (Mme Grondin) : Dès maintenant?
M.
Gaudreault : ...qui était l'amendement du ministre. Oui.
La
Présidente (Mme Grondin) : Dès maintenant. Mme la députée de
Verdun.
Mme
Melançon : Bien, je suis du même avis que le député de Jonquière. Nous
avions suspendu préalablement. On avait promis au ministre d'être rapides, là,
pour pouvoir y revenir pour, justement, pouvoir faire avancer les autres articles par la suite. Donc, je suis du même avis que le ministre,
celui qui s'est dit qu'il ferait un très bon ministre, donc, que le député de
Jonquière, à ce moment-ci, si le ministre est d'accord aussi.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, j'entends que le ministre
semble d'accord. Donc, il y a comme consensus, mais j'aurais besoin d'un
consentement...
M. Charette :
Consentement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Grondin) : ...pour revenir à l'article suspendu. Mme la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, ça vous va aussi?
Mme
Lessard-Therrien : Oui.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Donc, on revient à
l'article qui est suspendu, c'est l'article 131, hein, en fait? Non? M. le
secrétaire va me dire comment ça fonctionne, clairement.
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Grondin) : C'est l'amendement, hein, qui
introduisait un article, 11.1. Donc, nous allons revenir à... M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Naturellement, j'imagine que les... Bien, tout
d'abord, bonjour, tout le monde. Bonjour, collègues. Bonjour, Mme la
Présidente, les gens qui nous accompagnent.
J'imagine que les
collègues ont aussi pu échanger avec les gens du milieu municipal depuis hier.
Et nous, ce qu'on a réitéré de notre côté et avec une certaine insistance,
c'est que c'est quelque chose qui est attendu de la part du milieu municipal,
là, depuis plusieurs années. On insistait, naturellement, hier, et ça nous a
été réitéré, là, à travers nos échanges en cours de journée, c'est une
possibilité qu'on offre au milieu municipal et non pas une obligation. Donc, ce
n'est pas une responsabilité qui leur est imputée, mais les municipalités
auront avec cet article-là la possibilité d'agir sur un barrage privé qui peut
être une problématique, là, pour leur milieu.
On pourra
certainement échanger, là, mais j'ai des copies de résolutions qui ont été
adoptées, autant par les MRC, autant par la FQM, et c'est un combat, là, de
leur côté... je dis combat, sans armes et sans que ça soit belliqueux, c'est
une demande de la part du milieu municipal depuis plusieurs années. Et on a
récupéré hier des résolutions, là, qui remontent aussi aux années 2018,
2019. C'étaient des demandes qui étaient adressées au MAMH, le ministère
titulaire, et le projet de loi maintenant nous permet, là, de répondre à ces
demandes-là. Donc, je mets ça en perspective, mais avec les échanges on pourra
répondre aux questions des collègues, là, si questions il y avait.
La
Présidente (Mme Grondin) : Peut-être, juste avant, juste pour
vous donner l'information que... En fait, sur cet amendement, on a calculé le
temps qui reste, donc ça va vous donner une idée. Donc, Mme la députée de
Verdun, il vous reste 2 min 20 s. Et M. le député de Jonquière,
il vous reste 7 min 45 s. Et Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue
ainsi que M. le député de Viau, vous avez 20 minutes. Ça vous convient?
Parfait. Donc, Mme la députée de Verdun.
Mme
Melançon : Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Bonjour à tout le monde.
Alors, comme il me reste 2 min 20 s, je vais rapidement mettre
la table. Et je crois que la proposition que j'ai faite hier était plus que
sage. On a donc parlé avec la FQM, et je
retiens deux grandes choses, d'abord, que la FQM a été contactée hier, là, ou
ce matin par le cabinet du ministre
pour pouvoir avoir un échange, alors qu'on nous disait que l'échange avait eu
lieu un petit peu avant.
Et voici ce que je
retiens de l'échange avec la FQM, là. C'est qu'après analyse de ce qui est
déposé au 11.1, ça semble répondre à la demande de la FQM, mais demeurera
probablement sans suite parce qu'aucune municipalité ne prendra le risque qui
en découlera sans les éléments qui faisaient aussi partie des recommandations,
c'est-à-dire s'assurer qu'une municipalité intervenant dans ce contexte ne
puisse être tenue responsable de dommages occasionnés dans le cadre de ses interventions, sauf en cas de faute lourde, deux,
de pouvoir transférer la facture et le coût des travaux aux
propriétaires, bénéficiaires. Donc, les deux éléments sont essentiels pour la
FQM, pour favoriser les interventions. Et, à
titre d'assureur de plus de 80 %
des municipalités du Québec, la FQM est extrêmement préoccupée par l'impact
éventuel de l'adoption de cet amendement. Ils ne nous proposent pas d'aller de
l'avant avec l'amendement tel que rédigé.
Donc, on a bien fait
de parler avec la FQM, là. D'ailleurs, je dois... je dois vous dire qu'il y a
eu... Il y a un consensus, là, puis on a parlé avec les gens de la FQM, ils ne
peuvent pas cautionner cette proposition d'amendement. C'est aussi clair que
ça, Mme la Présidente. Ça, c'est l'échange que nous avons eu avec la FQM.
J'imagine que les autres collègues ont dû avoir des échanges aussi avec la
fédération, je leur laisserai le temps, mais de mon côté, là, voici les
échanges que nous avons eus. Et difficile pour moi de dire que la FQM est
contente puis que c'est une de leurs demandes. Ils me disent totalement
l'inverse.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, madame. M. le ministre... ou
je cède la parole...
M. Charette : Bien, peut-être, oui,
répondre à l'intervention de la collègue. On a validé, ces dernières heures, le
contenu. La FQM, elle est contente, hein, ceci dit, on ne peut pas dire le
contraire, elle est contente de la possibilité qui leur
est offerte, mais ils ont des inquiétudes au niveau du pouvoir, de leur
responsabilité, et au niveau du budget. Ce qu'on leur dit, les juristes
pourront compléter, c'est que le droit municipal est déjà très clair à ce
niveau-là. Donc, l'amendement qu'on souhaiterait voir aborder, de leur côté,
l'UMQ a une préoccupation semblable, dans les faits, n'est pas nécessaire,
compte tenu du droit municipal. Donc, ils ont une inquiétude, oui, mais les
juristes pourront répondre à cette inquiétude-là.
Au niveau de leur responsabilité, au niveau du
pouvoir de taxation, la réglementation, la législation municipale leur permet
déjà de faire ce qu'ils souhaiteraient faire en autant, bien sûr, que cet
article-là soit adopté. Cet article-là va leur donner la possibilité d'agir.
Et, à partir du moment où la possibilité leur est donnée, là, le droit
municipal peut prendre le relais et les protéger sur les inquiétudes, là,
qu'ils ont partagées. Mais à la base, le premier, premier principe, elles
doivent avoir le pouvoir d'intervenir, ce qu'elles n'ont pas présentement.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, effectivement,
je pense qu'on a bien fait de suspendre cet article hier. Nous, on a fait nos
devoirs également, ce notre côté, on a également interpelé la FQM, la Fédération
québécoise des municipalités, et visiblement, là, on a eu à peu près les mêmes
contacts que l'opposition officielle.
Je vais me permettre, Mme la Présidente, de lire
carrément le courriel qu'on a reçu à la suite des demandes d'information qu'on
a faites auprès de M. Pierre Châteauvert, qui est directeur des politiques
à la FQM. Et M. Châteauvert, notamment, était venu ici, en commission,
quand on a reçu la FQM en auditions. Alors, je ne vois pas comment... À la
suite de la lecture, là, vous allez voir, là, Mme la Présidente, mais je ne
vois pas comment le ministre peut dire : On a consulté la FQM, ils sont
satisfaits.
Écoutez bien, M. Châteauvert nous dit, et
ça, c'est ce matin — hier
soir? — ce
matin, là : «Le cabinet du ministre, l'opposition officielle et la
troisième opposition nous ont contactés hier et ce matin pour nous demander
notre avis sur un amendement proposé à
l'article 11.1 du projet de loi n° 102. Après analyse et en fonction
de nos recommandations contenues dans
notre mémoire déposé à la commission parlementaire, le 23 novembre 2021,
nous ne pouvons cautionner cette proposition d'amendement. À première
vue, celui-ci peut sembler répondre à notre demande, mais demeurera probablement
sans suite, parce qu'aucune municipalité ne prendra le risque qui en découlera
sans les éléments qui faisaient aussi partie de nos recommandations :
premièrement, de s'assurer qu'une municipalité intervenant dans ce contexte ne
puisse être tenue responsable de dommages occasionnés dans le cadre de ses
interventions, sauf en cas de faute lourde,
deuxièmement, de pouvoir transférer la facture et les coûts de ces travaux aux
propriétaires et bénéficiaires. Ces
deux éléments sont essentiels pour favoriser ses interventions. Et, à titre
d'assureur de plus de 80 % des municipalités du Québec, la FQM est
extrêmement préoccupée par l'impact éventuel de l'adoption de cet amendement.
«Par ailleurs, nous avons constaté que plusieurs
amendements ont aussi été adoptés sans consultation préalable et nous
procéderons à leur analyse pour vérifier si d'autres problématiques se posent.»
• (11 h 40) •
Alors, Mme la Présidente, on en a parlé dans un
autre dossier, j'ai le goût d'appliquer le principe de précaution. Tu sais, la
FQM, visiblement, je ne sais pas si je peux répéter, là, mais il nous dit, à la
fin de son premier paragraphe : «Nous ne pouvons cautionner cette
proposition d'amendement.» Alors là, moi, je suis extrêmement préoccupé par le
fait que le ministre nous dit : On a consulté, il y a des résolutions de
municipalités. Il peut y avoir des résolutions de municipalités depuis 2018,
mais la résolution de municipalité peut dire : On voudrait avoir un
pouvoir pour intervenir sur les barrages, mais que le libellé du texte ne
corresponde pas à ce qu'ils disent. Puis là c'est visiblement le cas. Alors, je
trouve ça déplorable, je trouve ça préoccupant, et ce, sans compter les autres
éléments que j'ai soulevés hier dans notre discussion concernant la saine
gouvernance, l'éthique.
Bon, je comprends que le monde municipal est
soumis à d'autres lois et d'autres règles en cette matière, sur l'éthique, la
gouvernance, la transparence, puis ils y seront soumis de toute façon, mais je
ne vois pas pourquoi, par un amendement introduit subitement comme ça, on
ouvrirait la porte à soulever des questions sur des enjeux d'éthique, à peut-être être obligé de faire appel,
éventuellement, s'il arrive des problèmes, à des règles sur l'éthique, la
gouvernance en matière municipale. Je ne trouve pas que c'est un bel
amendement.
Alors, moi, je pense que le ministre n'a pas
beaucoup le choix, à la suite de ce qu'on vient d'entendre de la FQM, de
retirer son amendement ou, l'autre chose, c'est de dire : On le retire,
mais on va retravailler pour éventuellement avoir quelque chose de mieux qui
répond plus aux demandes, aux vraies demandes municipales. Puis moi, je suis
prêt à travailler avec le ministre là-dessus, il nous reste encore quelques
semaines, en tout cas, au moins quelques heures de commission parlementaire. On
peut même amener des amendements à la prise en considération au salon bleu. Si
on s'entend tous sur un libellé d'amendement qui pourrait correspondre à la
réelle volonté municipale, je pense qu'on serait capable d'arriver à quelque
chose.
Mais je pense qu'on doit se rendre à l'évidence.
En plus de ce qu'on a dit hier, en cette commission, je pense à la députée de
Verdun, je pense à mes interventions, pour soulever des doutes sur la validité
de cet amendement, en plus de ce qu'on a reçu comme message de
Pierre Châteauvert, directeur des politiques à la FQM, je vois mal comment
on pourrait adopter cet amendement-là. Moi, je tends la main au ministre pour
dire : Retirons-le, travaillons différemment, on a encore de l'espace pour
l'amener, un amendement qui a de l'allure. Et aussi regardons... si ce n'est
pas possible dans ce projet de loi là, il y en aura d'autres, des omnibus sur
l'environnement, ça pourrait être l'année prochaine qu'on le fera. Donnons-nous
le temps de le faire correctement.
Et je termine cette intervention en vous disant
que moi, je demeure préoccupé par le fait que l'amendement, puis ça me fatigue,
là, terriblement, dans sa rédaction, ne met pas la sécurité en premier, au
sommet. Puis je ne dis pas que le ministre ou le
ministère n'est pas préoccupé par la sécurité, mais, quand on lit l'amendement,
là, la première chose qu'on voit, là, c'est : «Toute municipalité locale
peut accorder une aide pour la réalisation de travaux d'entretien». La
sécurité, là, l'enjeu de sécurité apparaît au quatrième paragraphe dans la
deuxième ligne. C'est la première fois qu'on voit apparaître le mot «sécurité»,
quand on parle «d'un risque sérieux pour la sécurité des personnes ou des
biens». Mais avant d'arriver à ça, là... Tu sais, normalement, là, je trouve
que cet article 91.12 devrait se dire : Pour des raisons de sécurité
des biens et des personnes — des
personnes, d'abord — et
des biens, une municipalité pourrait... blablabla. Bon. Mais là ce n'est pas
ça, c'est l'aide financière qui prime dans le texte de la loi, dans le texte de
l'amendement.
Alors, je suis obligé de dire... Parce que moi,
je n'étais pas fermé, je vous l'ai dit, je suis très ouvert à la
décentralisation, mais là avec les doutes qu'on soulève, avec ce message clair
de la FQM, je suis obligé de dire non, non, non à cet amendement et de proposer
au ministre de le retirer, ça va être tout à fait correct, tout le monde va
être content, puis de le retravailler pour l'amener mieux rédigé, soit dans les
quelques heures de travaux qu'il nous reste ou soit dans un autre omnibus
l'année prochaine. Et je pourrai...
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Jonquière...
M. Gaudreault : ...contribuer avec
le ministre. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : ...je suis désolée, il vous reste une seconde. Mme
la députée de Verdun, il vous reste cinq secondes. Donc, oui, M. le
ministre.
M. Charette : En fait, on va y aller
dans l'ordre. Non, il n'est pas question de retirer ce débat-là. Les municipalités
seraient les grandes perdantes. Les collègues parlent beaucoup de la FQM.
J'espère qu'ils ont aussi consulté l'UMQ. L'UMQ dit oui, nous propose un
amendement, et cet amendement-là revient au rôle de la responsabilité et du pouvoir de taxation municipal. Comme je vous dis,
et je laisserai les juristes qui nous accompagnent répondre à ça parce
que, dans les faits, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, avec le pouvoir qu'on
leur donnera avec cet article-là, ils seront en mesure d'avoir les assurances
nécessaires au niveau du pouvoir de taxation mais également au niveau de leurs
responsabilités.
Peut-être évacuer la partie qui est la plus
facile, soit celle des problèmes éthiques potentiels. Hier, je le mentionnais
d'entrée de jeu, il n'y a pas une loi, il n'y a pas un règlement qui va
empêcher tout le monde de magouiller ou de mal faire. Malheureusement, on le
souhaiterait tous, mais on sait fort bien que les gens qui veulent mal faire
trouvent souvent un moyen de le faire. Ce qui peut nous rassurer, c'est qu'au
niveau du code d'éthique des élus municipaux, du Code criminel également, tout
ceci est très, très bien encadré. Donc, c'est un volet, là, pour ma part, qui
ne m'inquiète pas du tout.
Pour ce qui est de la responsabilité du pouvoir
de taxation, ce sont des questions très, très légitimes. Peut-être vous
proposer la formule suivante : on a Me Grignon qui pourrait nous
répondre ou nous orienter au niveau de la responsabilité des municipalités, et
ça, c'est la partie moins agréable, on est dans deux salles, ce matin, de
l'autre côté, mais bien, bien avec nous malgré tout, un juriste du ministère
des Affaires municipales qui pourrait prendre le relais pour ce qui est du
pouvoir de taxation. Donc, avec consentement, on pourrait laisser Mme Grignon,
là, nous parler et tenter de nous rassurer, là, par rapport à la responsabilité
des municipalités.
La Présidente (Mme
Grondin) : Est-ce qu'il y a consentement pour laisser parler
Me Grignon? Oui, il y a consentement? Donc, allez-y, je vous... Pardon?
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Grondin) : Allez-y, je vous invite à vous présenter, s'il vous
plaît.
Mme Grignon (Karine) : Oui. Bonjour.
Karine Grignon, avocate au ministère de la Justice.
En fait, ici, au niveau de la responsabilité de
la municipalité, donc, ce n'est pas une obligation qui lui est faite de faire
des travaux. Donc, c'est un pouvoir, comme elle a d'autres pouvoirs, là, en
matière municipale, par exemple l'entretien de cours d'eau, donc ça existe déjà
au niveau de la Loi sur les compétences municipales, et c'est les règles de
responsabilité normales, là, donc elle doit exécuter ces travaux d'une manière
adéquate. Puis, si jamais il arrive une faute, bien, il pourra y avoir recours,
là, à l'encontre des travaux, là. Donc, c'est les recours normaux par rapport à
la responsabilité civile, là, qui s'appliquent à ce moment-là. Donc, ici, ce
n'est pas traité différemment.
Puis, au niveau des règles, en fait, ce n'est
pas parce qu'on accorde ce pouvoir-là à la municipalité qu'on écarte toutes les
autres règles, par ailleurs, là. Donc, tout ce qui concerne la sécurité des
barrages, qu'on a étudié précédemment, va demeurer applicable. À partir du
moment où il s'agit d'un barrage à forte contenance, par exemple, il devra y avoir des règles, là, qui pourront
s'appliquer et qui devront être respectées par la municipalité, à ce moment-là.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci. Y a-t-il... Ça va? Donc, parce que, M. le
ministre, vous souhaitez donner la parole...
M. Charette : Dans l'autre salle, si
c'est possible.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, bonjour, maître, j'imagine.
Donc, je vous... Il y a consentement pour qu'on poursuive? Et donc je vous
invite à vous présenter, s'il vous plaît.
• (11 h 50) •
M. Fontaine (Nicolas) : Oui.
Bonjour. Nicolas Fontaine. Je suis directeur des orientations et de la
gouvernance municipales au ministère des Affaires municipales dans la Direction
générale des politiques.
Donc, c'est dans... notre équipe qui avons
préparé cette disposition-là. Différents commentaires, là, que je pourrais
formuler par rapport aux interventions qui ont été faites. L'idée de la disposition,
c'est de donner un outil à un intervenant sur le terrain qui peut résoudre
certains problèmes. On constate, par exemple, qu'il y a des barrages privés
pour lesquels, par exemple, les propriétaires ne s'entendent pas ou ne peuvent
trouver une personne pour prendre en charge les travaux. Donc, on a ici un
acteur public qui peut réaliser les travaux au bénéfice, par exemple, des
propriétaires riverains d'un bassin qui a été créé par l'installation du
barrage. Et la municipalité, l'intérêt qu'il y a, c'est qu'elle peut par la
suite taxer les bénéficiaires pour financer les travaux. Parce que, lorsqu'on a
plusieurs propriétaires autour d'un bassin qui est par barrage, parfois il n'y
a pas entente.
Et la disposition est effectivement en deux
volets. On a un volet pouvoir d'aide et on a un pouvoir... un volet
intervention directe, donc de réaliser les travaux. C'est au choix de la
municipalité. Et, comme Me Grignon vient de le mentionner, il n'y a
effectivement pas d'obligation. Donc, ici, on vient donner un pouvoir dans un
champ de compétence qui est occupé par des municipalités qui sont autonomes,
qui sont... qui ont été reconnues comme gouvernement de proximité.
Et l'idée derrière ça, ce n'est pas non plus de
protéger les municipalités contre elles-mêmes. Donc, si elles souhaitent
procéder à des travaux, elles peuvent le faire. Si elles préfèrent ne pas le
faire parce qu'elles n'ont pas l'expertise, elles peuvent, en vertu de la
disposition qui est sur la table... elles pourraient verser une aide financière,
par exemple, à des propriétaires riverains pour qu'ils engagent un contracteur
qui s'y connaît en matière de barrages et qui réalise lui-même les travaux.
Dans ce cas-là, la responsabilité de la municipalité n'est pas engagée.
Sinon, l'idée de ne pas avoir prévu
d'exonération de responsabilité pour le milieu municipal dans une disposition
comme celle-là, c'est de garder un certain équilibre entre la municipalité, qui
veut, bien sûr, être protégée comme organisme d'intérêt public, et le public lui-même,
qui doit quand même avoir la possibilité éventuellement d'avoir des recours
s'il y avait vraie faute. Donc, c'est l'idée.
Et les municipalités ont les pouvoirs fiscaux
nécessaires pour financer les éventuels travaux qu'ils pourraient faire, soit
en taxant les bénéficiaires ou, éventuellement, à leur choix, là, à leur
entière discrétion, ils pourraient financer une partie des travaux à même la
taxe générale et une partie aux bénéficiaires. Donc, selon le contexte, là, la
municipalité serait en mesure de déterminer la meilleure façon de financer ces
travaux-là.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci,
M. Fontaine. Donc, je vois Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Vous souhaitiez intervenir?
Mme Lessard-Therrien : Oui, merci,
Mme la Présidente. J'ai plusieurs questions. D'abord, «si le propriétaire d'un
barrage est introuvable, la municipalité peut, au plus tôt le 30e jour
suivant la publication d'un avis public annonçant son intention, y réaliser des
travaux visés au premier alinéa». Mais, si on est dans le cas d'un barrage qui
est problématique, qui doit avoir des rénovations dessus, des travaux, le
propriétaire est introuvable, là, la municipalité peut, mais si la municipalité
ne peut pas, c'est la responsabilité de qui de s'assurer que les travaux soient
faits sur le barrage? C'est ma première question.
M. Charette : Je le mentionnais
hier, ce n'est pas une obligation. Le milieu municipal, à juste titre, a comme
revendication depuis plusieurs années, lorsqu'on leur donne une nouvelle
responsabilité, c'est d'avoir les budgets en conséquence pour pouvoir
l'assumer. Là, on ne leur donne pas une obligation de responsabilité, on leur
donne une possibilité. Donc, ça vient répondre un petit peu à l'enjeu, là, du financement.
Mais, à partir du moment où elles ont cette possibilité-là, elles ont à leur
disposition ce que nos deux juristes nous ont expliqué, elles ont des moyens
qui viennent avec ce pouvoir-là. Elles auront la possibilité de faire financer
les travaux, ce qu'elles ne pourraient pas avoir étant donné qu'actuellement
elles n'ont tout simplement pas le droit d'entreprendre ce type d'intervention
là. Et par la suite, si tel est le souhait, elles auraient la possibilité de se
faire rembourser par les citoyens d'un secteur en particulier ou ça serait aux
municipalités de voir quelles seront les modalités de remboursement, est-ce que
c'est la totalité, une partie, est-ce que c'est un secteur qui est visé.
Donc, il faut être bien, bien, bien clair, et je
comprends la revendication du milieu municipal, mais il n'y a aucune obligation qui leur est formulée à travers
cet amendement-là. Et je pourrais vous lire, et je ne le ferai pas, mais...
les résolutions, justement, qui allaient
dans ce sens-là, des MRC et municipalités, là, qui souhaitaient avoir la
possibilité d'intervenir.
Mme Lessard-Therrien : Ce n'était
pas exactement ça ma question, Mme la Présidente. Ça, je comprends bien ça.
Mais, si elle n'utilise pas son pouvoir pour agir, il reste qu'il y a une
problématique sur le barrage, le propriétaire est introuvable, la municipalité
dit : Moi, je ne peux pas, ça fait que là, ça revient à qui, la
responsabilité d'effectuer les travaux?
M. Charette : En fait, là, on ajoute
un partenaire potentiel en les municipalités avec cet amendement-là. Mais vous
avez tout à fait raison, puis j'essayais de le mentionner hier, il ne faut pas
oublier tous les autres articles que l'on a adoptés. Donc, si jamais cet
amendement-là n'était pas accepté, si on le laissait tomber, on revient à la
case départ, oui, pour ce qui est des municipalités, mais
tous les autres pouvoirs continuent de s'appliquer. Et même s'il était adopté,
si la municipalité... si une municipalité, pour x raisons que ce soit, ne
veut pas s'investir dans ce projet-là, bien, c'est tous les autres articles qui
s'appliquent, c'est-à-dire toutes les obligations à l'égard du propriétaire, la
possibilité pour le ministère de prendre en charge des travaux si le
propriétaire n'est pas identifié. On se souvient qu'on se donne même la
possibilité, si on identifie le propriétaire après coup, de se retourner vers
le propriétaire. Donc, tout ça, là, tous les articles précédents viennent
s'appliquer. Celui-ci, cet amendement-ci, c'est une option de plus que les
municipalités souhaitent avoir.
Mme
Lessard-Therrien : Les
municipalités ont des tailles assez différentes. Il y a des très petites
municipalités qui ont des barrages sur leur territoire, qui ont des fois un
employé et demi, tu sais, si elles se lancent dans, tu sais, dans la
réalisation de ces travaux-là parce qu'elles identifient un enjeu, parce qu'il
faut agir rapidement, parce qu'elles ont envie de le faire, tu sais, moi, des
fois, je me pose la question, puis là vous me dites qu'il y a des résolutions,
mais c'est quoi, leur intérêt d'aller de l'avant? Parce que, tu sais, après, il
faut qu'ils courent après des factures, tu sais, une fois qu'ils ont réalisé
les travaux. Puis elles le font déjà, là, des fois il y a des enjeux de
ponceaux sur des chemins privés, les propriétaires, tu sais, on se renvoie la
balle : Ce n'est pas notre responsabilité, c'est la responsabilité de la
municipalité, gnagna. Là, ça devient très compliqué pour ces petites
municipalités-là qui ont réalisé les travaux pour des enjeux de sécurité, mais
là, après, elles doivent courir après... Ils ont une facture à refiler aux citoyens,
doivent courir après leurs sous, des fois il y a des démarches judiciaires qui
sont entamées. Ça devient vraiment comme, tu sais, un bordel. Puis les
municipalités ont parfois peu de moyens. Ça fait que moi, j'aimerais peut-être
entendre quand même le ministre sur... Je comprends que c'est un partenaire
supplémentaire, mais c'est quoi, l'avantage que les municipalités vont chercher
avec cet amendement-là?
• (12 heures) •
M. Charette : Très, très bonne
question. Puis je peux parler, là, de nombreux cas dans la région. Si un
barrage n'était pas entretenu, par exemple... Et là on revient davantage, là,
on ne parle pas de gros, gros barrage, là, pour des productions
d'hydroélectricité, ou autres. On a plusieurs lacs au Québec, dans les différentes
régions, notamment beaucoup dans les Laurentides, qui, sans ce barrage-là, vont
tout simplement disparaître. On a vu l'actualité d'ailleurs, ces derniers mois,
j'en ai dans les Laurentides, des lacs qui sont disparus. C'est tragique, très
certainement, mais ce que ça veut dire, c'est que la valeur foncière de la
municipalité diminue énormément. Donc, c'est là, son avantage. À partir du
moment où il y a une série de riverains qui sont riverains mais qui ne le sont
plus parce que le lac a disparu, bien, la valeur foncière, le potentiel foncier
de la ville diminue énormément. Donc, c'est là où il y a un intérêt majeur de
la part des municipalités d'intervenir.
Et c'est vrai que le propriétaire peut ne pas
être solvable. On le disait dans les dernières séances, le propriétaire, ça
peut être une association, ça peut être un propriétaire bien, bien malgré lui,
en ce sens que le barrage est sur son terrain, mais qui, dans les faits, ne l'a
pas souhaité ou n'en a pas assumé la responsabilité. C'est là où la ville
souhaite avoir la possibilité d'intervenir. Et ensuite, la ville a quelques
options, on les a mentionnées, à travers un pouvoir d'emprunt, de faire
financer ces travaux-là par la suite, soit d'éponger la facture parce qu'elle
est consciente que ce barrage-là vient donner de la valeur à son assiette
fiscale, en quelque sorte, ou répartir en partie ou en totalité la facture
auprès des gens du secteur qui bénéficient directement de cette
infrastructure-là.
Donc, l'avantage, il est indéniable, indéniable
pour les municipalités. Et c'est vrai qu'on en a de toutes petites. C'est vrai
que certaines n'ont à peu près pas de personnel ou de personnes qualifiées pour
faire ce type de travaux là. C'est pour ça qu'à travers l'amendement aussi, non
seulement elles ont le pouvoir, mais ce n'est pas une obligation qu'elles le réalisent
elles-mêmes. Elles peuvent engager les ressources nécessaires, que ce soit
consultant, que ce soit ingénieur, que ce soit la personne nécessaire, là, pour
réaliser le travail. Donc, ce n'est pas une obligation que ce soit le
fonctionnaire de la ville qui fasse les travaux. De surcroît, si la personne
n'a pas les compétences, elle n'aurait tout simplement pas le droit de le faire
en vertu des articles aussi qu'on a adoptés, là, précédemment.
Mme Lessard-Therrien : Je remercie
le ministre pour son explication éclairante. Ça soulève quand même quelques
bémols chez moi. D'abord, je trouve qu'avec cette réponse-là, quand même, on
s'éloigne de la préoccupation du député de Jonquière sur l'enjeu de sécurité.
Les municipalités ont intérêt à se saisir elles-mêmes des travaux sur les
barrages pour maintenir une capacité fiscale, c'est-à-dire de garder des
valeurs élevées aux terrains en bordure de l'eau. Là, je trouve vraiment qu'on
s'éloigne de la préoccupation de la sécurité. Puis, en même temps, je comprends
que, comme le ministre le dit, ce n'est peut-être pas le bon endroit dans ce
projet de loi pour remettre en question la fiscalité municipale, mais c'est
définitivement un enjeu au Québec. Puis là ce que je me rends compte, c'est
qu'on dépose cet amendement-là, finalement, pour encourager les municipalités à
subir un régime fiscal qui est de plus en plus inadéquat. Je trouve ça quand
même particulier comme explication, finalement, de la part du ministre.
M. Charette : Je vais tenter de la
rassurer, et on a toujours l'expertise aussi du juriste du MAMH, là, pour
l'enjeu, là, d'assiette fiscale ou de marge de manoeuvre au niveau des
municipalités. D'abord, la question de sécurité, le collègue de Jonquière l'a
posée aussi, cette question-là. Elle n'est pas mauvaise, mais le mot
«sécurité», dans le paragraphe, s'il est avant ou s'il est après, ça n'a pas
moins d'importance, là, ça n'a pas moins de portée sur le pouvoir, là, qui
serait possible pour les municipalités. Mais, pour l'enjeu fiscalité, avec
consentement, toujours, on pourrait retourner, là, auprès du collègue, là, du
MAMH.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, ça va? M. Fortin.
M. Fontaine
(Nicolas) : Oui, M. Fontaine, en réalité.
La Présidente (Mme
Grondin) : Fontaine, je suis désolée, je
m'excuse.
M. Fontaine (Nicolas) : Il n'y a pas
de problème, donc, Nicolas Fontaine.
Effectivement, l'intérêt pour une municipalité,
là... Comme le ministre l'a bien expliqué, il y a la conservation de la valeur
foncière, mais on peut voir ça aussi, de manière plus large, comme la
conservation d'un milieu de vie.
Imaginons, par exemple, là, dans les
années 70, un promoteur trouve un ruisseau, installe un barrage, ça crée
un étang artificiel, les maisons sont construites autour. Les gens vivent avec
ce barrage-là à proximité et en profitent. Éventuellement, si le barrage qui
crée ce lac-là, artificiel, venait à disparaître, bien, le lac disparaîtrait.
Les gens, au lieu d'être à quelques mètres, en respectant les bandes riveraines
évidemment... à quelques mètres du lac, bien, se retrouveraient beaucoup plus
loin. Donc, la municipalité, elle n'a pas seulement l'intérêt de la valeur
foncière, c'est sûr que ça fait partie des considérations, mais la conservation
d'un milieu de vie de qualité pour sa population, et ça passe par là aussi.
En matière de sécurité, il peut y avoir un
intérêt, pour la municipalité, pour entretenir un barrage privé. Par exemple,
ces barrages-là, parfois, créent des bassins qui peuvent être utilisés par les
pompiers, en cas d'incendie, avec une borne sèche. C'est un exemple. On
pourrait vouloir, pour la municipalité, conserver ce barrage-là pour éviter que
le bassin éventuellement se vide et fasse des dommages matériels en aval.
Donc, c'est un autre intérêt, pour la
municipalité, d'intervenir sur ce barrage-là en particulier, dans sa mission de
poursuite de l'intérêt public pour les contribuables, les habitants, la
population de son territoire. Puis, encore une fois, d'un point de vue fiscal,
si la municipalité souhaite s'impliquer dans ce genre de travaux là, elle a
tous les outils nécessaires actuellement pour les financer dans les lois
municipales générales, soit la Loi sur la fiscalité municipale, la Loi sur les
cités et villes et le Code municipal, en fonction de la municipalité à laquelle
il s'applique.
La Présidente (Mme
Grondin) : Allez-y, Mme la députée.
Mme Lessard-Therrien : Bien, on
dirait que je n'arrive pas à être convaincue, Mme la Présidente. Bon, j'entends
l'argument, la conservation du milieu de vie, mais est-ce que ce n'est pas
aussi une préoccupation du gouvernement du Québec de maintenir la qualité de
ces milieux de vie là? Tu sais, est-ce que c'est parce qu'on va... En s'adjoignant,
comme ça, d'un nouveau partenaire, est-ce que c'est parce qu'ils ont plus
d'agilité, ils peuvent faire les travaux plus rapidement que ce que le
gouvernement du Québec actuel pourrait faire? Moi, on dirait, je crains à ce
qu'il y ait un genre de déresponsabilisation, peut-être, du rôle du ministère
sur ces enjeux-là, de maintenir la qualité de vie, de maintenir la sécurité. Ça
fait que j'ai encore besoin d'être convaincue, Mme la Présidente.
M. Charette : ...est très, très
légitime, mais, encore une fois, il ne faut pas oublier les autres articles
dans cette même section, dans ce même bloc, qui ont été adoptés. Donc, ce n'est
pas, d'aucune, d'aucune façon, une façon de se délester d'une responsabilité qui
revient au ministère. N'oublions pas, même dans l'éventualité où une ville
voulait s'impliquer sur un barrage privé,
les autres dispositions sont maintenues, et la responsabilité première reste au
propriétaire, et, si le propriétaire ne fait pas la job, bien, le ministère a
tous les pouvoirs qu'on a eu l'occasion de débattre, là, ces derniers jours,
c'est-à-dire carrément d'entreprendre lui-même les travaux, si c'est jugé
nécessaire de le faire.
Donc, ce n'est pas une déresponsabilisation, ce
n'est pas du délestage de responsabilité, c'est qu'on a des partenaires qui
veulent avoir un rôle qui serait aidant pour le ministère s'ils veulent s'en
prévaloir, mais, encore là, il n'y a aucune, aucune obligation. Je pense, c'est
hier, on disait : Ce serait peut-être... ou ce matin. On finit par perdre
la notion du temps, moi le premier. Mais ce n'est pas vrai que c'est juste les
grosses municipalités qui veulent ce type d'option là à leur disposition. Il y
a plusieurs, plusieurs petites municipalités... Les cas de figure qu'on a
exposés ces dernières minutes, que ce soit un bassin d'eau pour les pompiers,
que ce soit un lac qui vient profiter au cadre de vie des citoyens, c'est rarement de grosses municipalités, là... Donc, les
petites municipalités ont un intérêt très, très marqué, et les plus
grandes aussi, très, très certainement.
Mme Lessard-Therrien : Mais, comme je disais, effectivement, moi, je
suis très sensible aux petites municipalités. J'en ai énormément sur mon territoire. En même temps, tu sais, il était
dit tantôt : Bien, soit la municipalité va entreprendre les travaux
elle-même ou elle va pouvoir financer les riverains qui, eux, vont engager un
contracteur pour réaliser les travaux. Moi, je reste quand même préoccupée sur,
tu sais, à quel point, des fois, ça peut mettre la municipalité entre l'arbre
et l'écorce.
Puis je reste quand même très sensible à
l'argument de la FQM, puis, bon, la FQM, qui sont généralement les
représentants des plus petites municipalités, où ça peut mettre la municipalité
dans une position difficile, où là tu as des citoyens qui disent : Tu as
le droit, finance-moi, c'est dans tes responsabilités de nous financer pour
qu'on engage un contracteur pour ne pas qu'on perde notre qualité de vie. Mais,
si, pour x raisons, la municipalité est préoccupée, on dit : Elle pourrait
se rembourser à même l'impôt foncier.
Là, ça a un impact sur toute la municipalité.
Là, c'est-tu une poignée de riverains puis c'est-tu des riverains, par exemple,
qui sont là juste l'été, une partie de l'année, puis c'est des villégiateurs
qui viennent de l'extérieur profiter d'un lac? Mais, tu sais, ça engendre
beaucoup de questions. Ça met les municipalités dans des positions délicates.
Puis là on a l'avis de la FQM qui dit :
Nous, on ne veut pas aller là. Ça fait que, là, moi, j'ai l'impression qu'il y
aurait peut-être matière à retravailler cet amendement-là.
M. Charette :
Là, c'est certain que ça peut sembler par personne interposée du... parce qu'on
a tous parlé à, notamment, la FQM, mais je vous demande aussi de ne pas oublier
l'UMQ. Mais, la FQM, deux préoccupations, responsabilité municipale et le
pouvoir de taxation, et je pense... Ce n'est pas moi qui l'ai mentionné, je
n'ai pas la fine connaissance de la compétence au niveau juridique, mais je
pense que nos deux juristes ont clairement dit : Ce qu'il manque,
actuellement, c'est le pouvoir d'agir, et, à partir du moment où ce pouvoir
d'agir là est donné, la loi existante, tantôt aux Affaires municipales et
tantôt à l'Environnement... Les lois existantes, la réglementation existante,
viennent répondre de façon très, très claire au volet responsabilité et au
volet pouvoir de taxation ou possibilité fiscale, là, pour une municipalité.
Mme Lessard-Therrien : Je
n'aurais pas d'autre commentaire, Mme la Présidente, pour l'instant. Je ne sais
pas si le collègue de Viau veut commenter.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
• (12 h 10) •
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, bonjour, collègues. Donc, Mme la Présidente, avant qu'on
arrive à l'article 11.1, j'avais l'impression, en fait, pour les périodes
où j'ai pu participer à cette étude détaillée, que l'intention du ministre,
pour ce qui est de la sécurité des barrages, était quand même, somme toute,
assez claire. D'ailleurs, ma collègue la députée de Verdun, d'ailleurs que je
salue et que je remercie pour sa grande contribution dans cette étude
détaillée, a posé plusieurs questions notamment sur l'identification de ces
barrages, les mécanismes de sécurité, les mécanismes de pouvoirs octroyés dans
le cadre de ce projet de loi par rapport à la sécurité des barrages, mais
l'article 11.1 qu'on a devant nous me donne une impression tout
autre, une impression... En fait, j'ai une impression de délestage et j'ai une
première question. Est-ce que le ministre peut nous dire combien de barrages
qui seraient susceptibles de se retrouver dans cette situation? Est-ce qu'il a
une idée combien de barrages, à peu près, seraient susceptibles de se retrouver
dans cette situation?
M. Charette : En fait, on a partagé
aux collègues, avant-hier, je pense, un tableau... des tableaux qui établissent
très, très clairement la répartition par région, le type de barrage, barrages
privés... Donc, c'est une information, là, qui est déjà entre les mains du
collègue. On peut revenir sur certains chiffres, mais c'est une information,
là, qui vous est déjà connue. Est-ce que le sous-ministre adjoint pourrait
donner un portrait des barrages, encore une fois, au Québec?
M. Benjamin : ...en lien avec
l'article 11.1, est-ce qu'on a une idée de combien de barrages, en lien
avec l'article 11.1, qui seraient susceptibles de tomber dans cette
situation?
M. Rousseau (Michel) : Je ne vous donne, évidemment, pas un chiffre... Excusez,
consentement...
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, ainsi que de vous
présenter, s'il vous plaît.
M. Rousseau (Michel) : Michel Rousseau, sous-ministre adjoint.
Difficile pour moi de vous donner un chiffre
là-dessus, là. Je ne suis pas dans les intentions municipales, là, mais
retenons que ça concerne beaucoup, beaucoup les barrages à faible contenance et
les petits barrages, là. Je ne dis pas que c'est exclusif, là, mais ça touche
beaucoup ce genre de barrage là. Donc, on a le nombre, comme le ministre a dit. Maintenant, c'est surtout des barrages pour
lesquels... C'est simple, un barrage, hein? Le plus sécuritaire des
barrages, c'est quand il n'existe pas. Il n'y a pas de danger. Il n'y a pas
d'eau de retenue.
Donc, si le propriétaire d'un barrage... petit
barrage à faible contenance n'est pas en mesure de l'entretenir, ne peut
rien... bien, la solution, ça va être de le démolir, évidemment, avec les
conséquences qu'on a nommées tantôt. Donc, on perd de l'eau, on ne peut pas
aller à la pêche, on ne peut pas faire de canot, etc. Donc, ça va être les cas
où les municipalités trouvent que, pour la communauté puis le bien de tous,
c'est important que ce barrage-là soit maintenu parce qu'il crée un milieu de
vie, comme disait le...
Donc, combien de cas ça représente, je n'ai pas
le nombre, là, mais j'ai envie de dire, c'est surtout les cas de lacs de
villégiature, puis c'est souvent des lacs à faible contenance puis de petits
barrages. Mais l'autre solution... Puis c'est un outil de plus, hein? Ça va
vraiment améliorer la sécurité, parce que la réalité, c'est que c'est un joueur
de plus qui peut venir investir dans la sécurité des barrages. Si ce pouvoir-là
n'est pas là, bien, on reste avec les propriétaires. Et, si les propriétaires
n'ont pas les moyens, bien, on va revenir à la situation où, éventuellement,
s'ils ne peuvent pas le sécuriser, ils vont être obligés de le démolir. Donc,
c'est un joueur de plus qui vient sécuriser les barrages. C'est vraiment une
mesure, à mon avis, qui augmente la sécurité.
M. Benjamin : Merci. Un des
intervenants tantôt a évoqué l'importance de l'intérêt... de regarder l'intérêt
public, et je suis d'accord. Comme élus, que nous soyons des élus à l'Assemblée
nationale, peu importe le palier, des élus municipaux, l'intérêt public est
important. Et c'est ça aussi, je trouve, toute la beauté des études détaillées
de projets de loi, ça nous permet de poser les bonnes questions, les questions
les plus judicieuses, qui vont dans le sens justement de l'intérêt public et des
enjeux. C'est le collègue de Jonquière qui évoquait les enjeux éthiques. Moi,
j'ose évoquer ici les enjeux d'imputabilité aussi par rapport à cette
question-là.
Moi,
je ne veux pas faire jouer une instance contre une autre. Je ne veux pas faire
jouer l'Union des municipalités contre la Fédération québécoise des
municipalités. Ce sont deux instances importantes, deux outils importants que
les municipalités du Québec se sont dotés pour faire
valoir les intérêts, les enjeux, les réalités de nos municipalités partout à
travers le Québec. Les deux associations ont fait parvenir des mémoires, et il
y a une qui a participé aux consultations, c'est la Fédération québécoise des
municipalités. Et l'argument principal du ministre que j'ai entendu hier,
c'était à l'effet que c'était une demande des municipalités. C'est l'argument
maître du ministre qui justifiait l'article 11.1.
Or, et je cite
M. Châteauvert, qui parle au nom de la Fédération québécoise des
municipalités, qui nous dit que la Fédération québécoise des municipalités est
extrêmement préoccupée par l'impact éventuel de l'adoption de cet amendement.
Pour paraphraser un autre, ce n'est pas banal, Mme la Présidente. Ce n'est pas
banal, ce qu'on a devant nous, ici, comme commentaire, et, force de cela, je vais
déposer... Et il y a une perche qui avait été tendue au ministre tout à
l'heure. Malheureusement, je pense que... Je croyais qu'il allait la saisir,
mais malheureusement il nous a catégoriquement dit non. Alors, face à cela, je
dois... je vais déposer un amendement. Donc, si vous voulez suspendre un
instant, Mme la Présidente, le temps que je fasse vous parvenir un amendement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. M. le ministre.
M. Charette :
Je partage tout à fait... Et peut-être juste résumer... J'apprécie l'échange
que nous avons, là, c'est très, très constructif. C'est des préoccupations qui
sont bien réelles, mais je vous laisserais le préparer. Mais je vais en
profiter pour peut-être faire une petite lecture, ce qui ne vous empêche pas de
transmettre l'amendement dans l'intervalle. Donc, on parle de la FQM. On parle
de l'UMQ. Là, je vais vous lire une résolution d'une assemblée générale de la
FQM. Donc, c'est long. Bien, je vous ai lu quelques articles plutôt longs
jusqu'à maintenant, donc, mais c'est plus court. C'est plus court que certains
articles, je vous rassure, mais ça permet de mettre le tout en contexte.
Donc :
«Considérant que plus de 6 000 barrages publics et privés sont érigés
sur le territoire québécois;
«Considérant que
l'entretien des barrages privés comporte des enjeux importants pour les
municipalités et génère une insatisfaction de la part des citoyens;
«Considérant
l'obligation pour tous les propriétaires de barrages d'exécuter des travaux de
réfection et de mise aux normes selon la Loi sur la sécurité des barrages;
«Considérant
que l'abandon de certains barrages de forte contenance pourrait avoir des
conséquences importantes sur la valeur foncière des propriétés
riveraines et causer des dommages importants en aval de ces installations;
«Considérant que la
difficulté tient, pour des considérations légales — c'est important — à
l'incapacité des propriétaires des barrages privés à mettre à contribution tous
les bénéficiaires du plan d'eau (bassin desservi), certains refusant d'assumer leur part des frais. Ceux-ci
peuvent être très onéreux : analyses techniques de différentes natures,
plans et devis, documents d'appel d'offres et réalisation des travaux;
«Considérant que
l'article 70 de la Loi sur les compétences municipales permet aux
municipalités d'entretenir une voie privée
ouverte au public par tolérance du propriétaire ou de l'occupant, sur requête
d'une majorité des propriétaires ou occupants riverains;
«Considérant
que les municipalités ont également la capacité de prendre en charge la mise à
niveau des installations septiques dans certains secteurs, selon un
programme bien défini, pour ensuite taxer les citoyens concernés;
«Considérant qu'il
serait opportun que ce principe s'applique aussi aux barrages privés, afin
qu'une municipalité puisse ainsi exécuter ou faire exécuter les travaux
nécessaires à l'entretien et au maintien de ces infrastructures pour ensuite
taxer, par secteurs, les citoyens concernés;
«Il est proposé par
M. Sylvain Breton, maire d'Entrelacs, et appuyé par M. Gérard Jean,
maire de Lanoraie, de demander à la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation de permettre aux municipalités de prendre en charge l'entretien
d'un barrage privé et de lever une taxe de secteur pour financer les travaux
nécessaires à son entretien et/ou à sa restauration.»
Donc, l'UMQ, je vous
le dis d'emblée, est favorable au libellé et satisfaite, de ce que je
comprends, des explications qu'on a pu fournir depuis. La FQM, la résolution de
l'assemblée générale est assez éloquente à ce...
• (12 h 20) •
Une voix : ...
M. Charette :
Oui, bien, en fait, je peux même la déposer, avec consentement, au secrétariat.
C'est une information publique. Ça, ça a été adopté... assemblée générale...
ça, c'est septembre, neuvième mois... oui, septembre, 26 septembre 2019.
Donc, c'est une résolution, là, à leur assemblée générale, qui a été adoptée.
Donc, encore une
fois, il y a deux volets. Il y a deux volets à la demande, d'avoir le pouvoir
d'agir et ensuite d'avoir la possibilité de lever une taxe de secteur pour
financer les travaux. Ce volet-là, je pense qu'on y a bien répondu par
l'entremise des juristes qui nous accompagnent. C'est le premier volet qui est
manquant, c'est la possibilité d'agir. Actuellement, là, ils n'ont tout
simplement pas le droit de tenter une action. Ils n'en ont pas la possibilité.
C'est ce que vient proposer l'amendement en question. Et je veux être bien,
bien clair avec les collègues. Quand j'ai dit que je ne voulais pas renoncer à
cet amendement-là, ce n'est pas que la discussion n'est pas intéressante. Elle
est fascinante, mais c'est une demande historique du milieu municipal, qui
voulait être réconforté ou rassuré.
Donc, je pense que
les deux éléments d'inquiétude, encore une fois, responsabilités et pouvoirs
fiscaux, ont été clairement établis, là, ce matin, là, par les explications qui
ont été fournies.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, vous souhaitez toujours
déposer un amendement... En fait, ça serait un sous-amendement, M. le député de
Viau. Donc, je vais suspendre les travaux. C'est bien ça?
M.
Benjamin : Mais, si vous permettez, Mme la Présidente, avant de
suspendre, donc, j'aimerais... En fait, une courte réponse au ministre. En
fait, j'apprécie de plus en plus les compétences de lecteur du ministre, donc,
et, vraiment, je trouve ça intéressant.
M. Charette :
...
M. Benjamin :
Voilà, et... mais j'aurais aimé aussi que le ministre nous donne lecture
des recommandations 2 et 3 des consultations qui ont été tenues en
novembre dernier. Donc, les consultations, en novembre dernier... Il nous a
parlé d'un document qui datait de septembre. Moi, je suis encore dans
l'actualité avec lui, donc, consultations tenues en novembre dernier, et les recommandations en... Il y a
eu trois... plusieurs recommandations de la FQM, mais je pense que, dans
le cas qui nous concerne, les recommandations 2 et 3 la FQM sont très
éloquentes, et ces recommandations-là sont en écho avec ce qu'on a devant nous
aujourd'hui, c'est-à-dire que la FQM soit préoccupée, extrêmement préoccupé,
par l'impact éventuel de l'adoption de cet amendement.
Alors, voilà, donc, maintenant,
je suis prêt à déposer mon sous-amendement, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Donc,
avant de suspendre les travaux, je vois que la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue
souhaite intervenir. Allez-y.
Mme Lessard-Therrien :
Oui, Mme la Présidente. Bien, l'extrait que vient de lire le ministre a
soulevé des questions chez moi. Je noterais quand même que, tu sais, ça date de
2019, là, mais, quand même, je... Il y a la question de la possibilité d'agir
puis il y a la question de lever une taxe de secteur. Moi, j'aimerais peut-être
mieux comprendre qu'est-ce que ça veut dire, lever cette taxe de secteur là.
Est-ce que ça veut dire qu'on va juste hausser les taxes municipales du
terrain... du propriétaire à qui appartient le barrage? J'aimerais avoir plus
d'informations sur ce que ça veut dire, lever une taxe de secteur.
M. Charette :
Ce n'est pas dans notre libellé à nous, là. C'est ce que la FQM demande. Notre
libellé à nous, compte tenu des pouvoirs existants, là, par loi et par
règlement, permet aux municipalités, en autant qu'elles aient le droit
d'intervenir, là, si elles n'ont pas droit d'intervenir, c'est un pouvoir,
naturellement, qu'elles n'ont pas... mais de cibler comment le... ou
d'identifier comment ces travaux-là vont être financés. Est-ce que c'est une
facture que la ville voudra assumer entièrement? C'est possible. Est-ce que
c'est une facture que la ville voudra refiler partiellement, et, si c'est le
cas, est-ce que c'est une facture qu'elle voudra refiler partiellement aux
riverains du lac qui serait ainsi protégé? Tout à l'heure, je parlais de
valeurs foncières. Naturellement, une maison qui est sur le bord d'un lac a une
plus grande valeur qu'une maison, là, qui
est sur le bord d'un pré, qui était anciennement... un ancien lac. Donc, c'est
la municipalité qui va déterminer quelle serait la façon pour elle de financer
ces travaux-là et de se faire rembourser par la suite, si tel est son souhait.
Donc, on ne rentre pas dans le détail parce que c'est un pouvoir municipal, là,
que les municipalités ont déjà, en autant qu'elles aient le droit d'intervenir
sur le lieu, ce qui, actuellement, n'est pas possible.
Mme
Lessard-Therrien : J'ai vraiment de la misère à comprendre, Mme la
Présidente, la question de la facture. En quels cas la municipalité va vouloir
assumer la facture d'un barrage qui n'est pas bien entretenu par un
propriétaire? Je vois là un gros risque, là. Puis même de refiler cette
facture-là sur les riverains parce qu'il y a un propriétaire qui ne gère pas
bien ou qui n'entretient pas bien son barrage, je m'explique mal... Puis, pour
moi, tu sais, cette possibilité d'agir... Puis moi, je comprends très bien les
municipalités, tu sais, de vouloir avoir... Je pourrais comprendre... En fait,
plutôt, je pourrais comprendre une municipalité de vouloir avoir ce pouvoir
d'agir là, parce qu'elles sont à petite échelle. Elles ont une marge de
manoeuvre, parfois, qui est plus facile, une agilité, mais, pour moi, ça, ça
reste quand même symptomatique d'un échec du ministère à rendre la marchandise.
Si les municipalités...
Puis, tu sais, là, on
le voit dans le contexte des barrages, mais on pourrait... Je veux dire, les
municipalités réclament maintenant de pouvoir plus contribuer dans le réseau de
CPE parce que c'est un... Encore là, c'est un aveu d'échec de la part du
ministère de la Famille dans le contexte des CPE, mais c'est juste pour
illustrer que, quand les municipalités sont rendues à vouloir avoir plus de
pouvoirs pour agir sur des responsabilités qui relèveraient au ministère ou au
gouvernement du Québec, pour moi, ça reste un aveu de... un symptôme que le
gouvernement n'a pas fait sa job, puis ça, ça reste préoccupant, puis j'espère
qu'on va tous garder ça en tête ici autour de la table.
M. Charette :
Peut-être, encore là, rassurer la collègue, le sous-ministre l'a bien
mentionné, le barrage le plus sécuritaire, c'est celui qui n'existait pas.
Donc, ce n'est pas toujours un enjeu de sécurité. Dans certains cas, c'est un
enjeu de pouvoir permettre à une population de bénéficier d'une infrastructure,
soit un lac, mais ce n'est pas toujours une question de sécurité. À la limite,
ce barrage-là, on le laisse aller, on le démolit, mais c'est un lac,
ultimement, là, qui va disparaître, et c'est là où l'intérêt des municipalités
intervient. C'est la municipalité qui va déterminer quelle est l'importance de
ce lac-là pour ses citoyens, ses citoyennes, quel est... à quel point la municipalité
tient...
Puis, entre nous, des
lacs, il en disparaît à tous les ans, là, mais c'est la municipalité qui va
déterminer... puis ce sont des lacs qui ont été créés de façon artificielle,
là, on s'entend là, mais c'est la municipalité qui va déterminer à quel point
elle y tient, et c'est souvent ce qui va déterminer son désir de s'impliquer
dans le dossier. Puis les citoyens, entre eux, qui bénéficient du lac en
question, vont apprécier que la municipalité entame la démarche, qu'elle
permette la réalisation des travaux. Et ensuite les citoyens qui en
bénéficient, là, ils seront les premiers heureux que leur lac soit préservé,
et, dans certains cas, ça pourrait vouloir dire qu'une taxe sectorielle qui
leur sera imputée... parce qu'un citoyen, individuellement, ne peut pas régler
la situation.
Et, pour ce qui est de la
fiscalité ou de la taxe de secteur, je serais tenté, de nouveau, de passer la
parole au juriste du MAMH, là, pour répondre à la préoccupation, là, de la
collègue.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, allez-y, M. Fontaine.
• (12 h 30) •
M. Fontaine (Nicolas) : Oui,
bonjour. Donc, il existe différentes sortes de taxes qu'une municipalité peut
lever. La plus connue, c'est sans doute la taxe foncière générale. Quand on
reçoit un compte de taxes, on a une taxe qui est basée sur la valeur de notre
propriété à un certain taux, puis c'est pareil pour l'ensemble des
contribuables... la municipalité. Ça, c'est destiné à financer les services
publics généraux.
Maintenant, il peut y avoir des situations où,
je donne un exemple, une municipalité refait une avenue dans un secteur donné
de la municipalité qui bénéficiera seulement aux gens qui habitent dans ce
secteur-là parce que ça ne connecte pas avec d'autres secteurs de la
municipalité. On pourrait imaginer des municipalités avec plusieurs noyaux
villageois, où il va y avoir des interventions vraiment dans un noyau
villageois en particulier. Donc, il y aura un intérêt de la municipalité de ne
pas faire financer ces travaux-là par l'ensemble des contribuables puisqu'il y
en a seulement une partie déterminée qui en bénéficie. Ça fait que, dans ce
cas-là, la municipalité va pouvoir imposer une taxe de secteur, c'est-à-dire
une taxe qui doit être basée sur la valeur foncière de l'immeuble, mais qui va
être facturée seulement aux gens d'un secteur délimité. Donc, c'est ça, une
taxe de secteur.
Dans le cas qui nous intéresse, ça pourrait
représenter justement les propriétaires qui sont le plus directement concernés
par les travaux de la municipalité sur un barrage, donc ceux qui jouxtent...
dont le terrain jouxte le lac, là. Ceux-là pourraient se faire donner une
partie de la facture sous forme d'une taxe de secteur, mais il peut y avoir
différents montages.
On pourrait imaginer, dans un autre cas de
situation, que le barrage privé crée un bassin autour duquel il y a une plage
municipale. Donc, la municipalité, elle a une plage, c'est un service public,
donc elle, elle bénéficie de ce barrage-là. Ça fait qu'elle pourrait
dire : Je vais entretenir le barrage même si je n'en suis pas propriétaire
puisque que c'est un barrage privé et je vais faire en sorte qu'il y ait une
partie des travaux qui soit financée à même une taxe de secteur pour les
maisons autour du lac, par exemple, et une partie à même la taxe générale pour
l'ensemble des contribuables parce que j'ai une plage publique qui est un
équipement public. Donc, ça, c'est un exemple de montage là où la municipalité
pourrait financer en partie par une taxe de secteur, puis en partie par une
taxe générale.
J'espère que ces explications-là ont pu
éclaircir un peu, là, la nature de la taxe de secteur.
La Présidente
(Mme Grondin) : Ça va? Oui, M. le
ministre, allez-y.
M. Charette : Des fois, on se
demande si nos travaux sont suivis. Je vous confirme que oui, à tout le moins l'UMQ. On vient de recevoir un courriel :
Bien, merci pour le suivi, les interventions du ministre, appuyé par Me
Fontaine, sont très claires. Donc, l'UMQ... et je ne veux pas parler pour elle,
mais, de ce que je comprends, elle se satisfait des explications que l'on vient
de donner. Et pour ce qui est de la FQM qui a essentiellement les mêmes
préoccupations, responsabilités et pouvoirs de fiscalité ou pouvoir de taxation
municipale, là, je pense que les explications, là, données ces derniers
instants, là, sont très claires à cet effet-là.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, nous allons
suspendre les travaux, si ça vous convient, pour permettre la réflexion.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 12 h 45)
La Présidente
(Mme Grondin) : Nous reprenons nos travaux. Donc, nous en
sommes... M. le député de Viau, vous proposez un sous-amendement à l'amendement
déposé par le ministre qui introduit l'article 11.1. Je vous invite à en
faire la lecture, s'il vous plaît.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente, donc... Alors, l'amendement... le sous-amendement, pardon, se
lirait comme suit. Donc, si on irait jusqu'au troisième paragraphe, dans un
premier temps : «Si le propriétaire d'un barrage est introuvable, la
municipalité peut, au plus tôt le 30e jour suivant la publication d'un
avis public annonçant son intention, y réaliser des travaux visés au premier
alinéa. La municipalité peut transférer les coûts de ces travaux aux
propriétaires et bénéficiaires des travaux.»
Et la deuxième modification, Mme la Présidente,
constituerait en l'ajout d'un autre paragraphe vers la fin, en disant ce qui
suit, et je lis : «Une municipalité intervenant en vertu de cet article ne
peut être tenue responsable [des] dommages occasionnés dans le cadre de ses
interventions, sauf en cas de faute lourde.» Voilà.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. Souhaitez-vous...
M. Benjamin : Ah! brièvement,
brièvement, pour indiquer... s'il est vrai que nous avions, dans le cadre des consultations, reçu deux mémoires, dont celui de l'Union des municipalités du Québec et celui de la Fédération québécoise des municipalités,
nous avons pensé qu'il fallait tenir compte de toutes les opinions qui nous ont
été formulées, dont à travers même des recommandations lors de ces mémoires. Et
je crois que cet amendement... ce sous-amendement, pardon, viendrait répondre
aux demandes de l'Union des municipalités du Québec, mais aussi aux
préoccupations émises par la Fédération québécoise des municipalités. Voilà,
Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la Présidente. Merci au collègue pour
la proposition d'amendement. Naturellement, on ne redira pas tout ce
qu'on a dit, là, dans les instants précédents, mais, sur la forme, il n'y a pas
à s'inquiéter, mais sur la formulation, puis on ne jouera pas, là... bien, ce
n'est pas un jeu, là, mais on ne se lancera pas dans cette dynamique-là. Tel
que libellé, là, de façon légistique, là, ce ne serait pas acceptable. Mais,
pour ce qui est des deux principes, on revient transférer les coûts. Je pense que
le juriste du MAMH a été très, très, très clair. Ce sera possible dès que
l'amendement sera adopté. Mais, pour que ce soit possible, il faut qu'une
municipalité ait la possibilité d'aller sur un barrage privé, ce qui n'est pas
le cas, d'intervenir sur le barrage privé, ce qui n'est pas le cas
présentement. Et, pour ce qui est de la responsabilité, ça aussi, je pense
qu'on l'a largement, largement explicité.
Donc, ce sont deux inquiétudes très, très
légitimes, autant FQM, UMQ, mais c'est couvert par la législation, autant MAMH
que ministère de l'Environnement et la réglementation de ces deux
ministères-là, en autant, bien sûr, que les municipalités aient le droit
d'intervenir sur un barrage privé, ce qui n'est pas le cas présentement.
La Présidente (Mme Grondin) :
Donc, Mme la députée de Verdun.
• (12 h 50) •
Mme Melançon : Merci. Je
remercie à mon tour le député de Viau pour le dépôt de son amendement, parce
qu'il est vrai, à ce moment-ci, donc, que nous devons porter attention à ce que
dit la Fédération québécoise des municipalités. Et j'écoutais avec attention,
mais dans le silence, parce qu'il ne me restait plus de temps tout à l'heure,
Mme la Présidente, ce que disait le ministre au sujet, donc, d'une résolution
datant de septembre 2019. Nous, ce que nous avons comme information, ça ne date
pas de septembre 2019. Ça date de ce matin. Et je crois que le député de
Jonquière a été extrêmement transparent. Il a lu l'entièreté, donc, du courriel
qui nous a été envoyé par Pierre Châteauvert.
Et, selon, donc, la fédération, actuellement, tel que libellé... Puis eux aussi
connaissent assez bien, dans le fond leur... bien, je voudrais dire leur
carré de sable, leurs membres, les... ce qui... les intérêts de leurs membres
aussi. Parce qu'ils représentent beaucoup de municipalités, et de petites
municipalités, et des municipalités qui n'ont pas toujours, justement, et la
connaissance et le personnel pour pouvoir aller de l'avant. Et j'ai bien
entendu ce que le ministre a dit, tout à l'heure, en disant : Mais ce
n'est pas une... ce n'est pas un devoir, c'est un pouvoir qu'on leur donne.
Mais il faut connaître, quand même, le monde municipal pour savoir à quel
point... Puis vous le savez, là, dans votre région, par exemple, les maires se
connaissent bien, ils connaissent bien aussi les citoyens, ils connaissent bien
le territoire. Et, à un moment donné, ils veulent bien desservir leur
population. Et, quand il va arriver des demandes, ça va être difficile, c'est
les municipalités qui vont avoir un poids. Puis les gens vont venir dire :
Bien, tu l'as, le pouvoir, tu peux l'exercer. Puis là les municipalités vont
dire : Oui, mais c'est parce qu'on n'a pas ce qui va avec. Je ne suis pas
certaine, moi, que ça, ça vient contrebalancer.
Je reviendrais au courriel qui nous a été envoyé
ce matin, la réponse de la Fédération québécoise des municipalités. Et tel
que... Parce qu'on n'a pas pu échanger avec eux, Mme la Présidente, lorsqu'ils
sont venus nous voir en consultations particulières, on n'a pas pu échanger sur
ce sujet-là parce qu'il s'agit d'un amendement qui est arrivé après. Alors,
moi, si on se fie sur septembre 2019 pour arriver avec l'amendement, alors que
je dis : Bien, attention, parce qu'il y a aussi... il a coulé de l'eau
sous les ponts depuis 2019. Il a tellement coulé de l'eau sous les ponts que
M. Jean, Gérard Jean, de Lanoraie, n'est plus maire aujourd'hui. Et je le
salue. C'est un homme avec qui j'ai eu le bonheur et le plaisir de travailler.
Cependant, Mme la Présidente, en date d'aujourd'hui et non pas en date de septembre 2019, ce que nous recevons comme
information, c'est : «Après analyse et en fonction de nos
recommandations contenues dans notre mémoire
déposé à la commission parlementaire le 23 novembre 2021, nous ne pouvons
cautionner cette proposition d'amendement.» Alors, moi, je trouve très
difficile le fait que le ministre nous dise, ce matin : Bien là, il faut
faire attention, la FQM est d'accord. Mais non, la FQM n'est pas d'accord, Mme
la Présidente, je viens de vous en faire lecture. On pourrait même le déposer
si le ministre souhaite que nous déposions le courriel ici, à la commission, je
n'ai aucun problème avec la transparence, mais, actuellement, il demande à ce
que le risque qui en découle soit amoindri et il ne voit pas, à l'intérieur de
l'article et de l'amendement, que ce risque est amoindri. Alors, c'est difficile
pour nous. Puis, si on doit trouver quelque chose, une voie de passage à
l'intérieur de l'amendement qui a été déposé par le collègue de Viau, bien,
faisons-le, moi, j'ai une ouverture.
Moi, ce que je veux, dans le fond, c'est qu'on
puisse répondre, en temps réel, aux demandes de la Fédération québécoise des
municipalités. Et j'entends que les gens de l'UMQ ont écrit au ministre, et
c'est tant mieux. Mais, tout comme le député de Viau, Mme la Présidente, je ne
suis pas de celles qui va vouloir, justement, diviser les membres de l'UMQ et
les membres de la FQM. Moi, je n'entrerai pas là-dedans, vraiment pas. Moi, ce
que je souhaite, dans le fond, à ce moment-ci, c'est qu'on puisse véritablement
répondre à des demandes.
Je n'ai pas
introduit, à l'intérieur, et je le dis rapidement pour le député de Jonquière
et pour la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, la notion de sécurité, qui
aurait même pu être ajoutée à cet amendement-là. Parce qu'il est vrai... Puis
le ministre, tout à l'heure, disait : Bien, il peut y avoir des enjeux de
sécurité, mais ce n'est pas toujours le cas. Souvent, c'est pour l'assiette
fiscale. Un n'empêche pas l'autre. Puis, moi, honnêtement, l'assiette
fiscale... à ce moment-ci, là, moi, je suis plutôt dans un omnibus en environnement,
et pour l'environnement et pour la sécurité des barrages,
c'est comme ça qu'il s'appelle, d'ailleurs, dans le projet de loi, là, c'est
exactement comme ça qu'on l'a libellé, hein, Loi visant principalement à
renforcer l'application des lois en matière d'environnement et de sécurité des
barrages, assurer une gestion responsable des pesticides et de mettre en oeuvre
certaines mesures du Plan pour une économie verte 2030 concernant les
véhicules zéro émission, alors, moi, à partir du moment où on est sur la
sécurité des barrages, moi, je pense que c'est l'aspect sur lequel aussi on
doit principalement se pencher.
Je me demandais...
tout à l'heure, j'écoutais Me Fontaine qui nous parlait puis qui nous
expliquait... hier, j'ai quand même soulevé... puis je profite de sa présence,
dans le fond, parce que, lors du projet de loi n° 67, il y a beaucoup de
responsabilités supplémentaires qui ont été ajoutées aux municipalités, mais
l'argent n'a pas suivi. Et je sais que c'est encore une demande des municipalités.
Alors là, on ne va pas leur faire une obligation, mais ils auront ce pouvoir-là dorénavant. Et ce que je retiens principalement
de la Fédération québécoise des municipalités, c'est qu'ils disent
ceci : Il parle de deux... je vais repartir : «À première vue,
celui-ci — en
parlant de l'amendement — peut
sembler répondre à notre demande, mais demeurera probablement sans suite parce
qu'aucune municipalité — donc
on ne répondra pas à la volonté — ne
prendra le risque qui en découlera sans les éléments qui faisaient aussi partie
de nos recommandations :
«1. s'assurer qu'une
municipalité intervenante dans ce contexte ne puisse être tenue responsable de
dommages occasionnés dans le cadre de ses interventions, sauf en cas de faute
lourde;
«2. de pouvoir transférer
la facture et les coûts de ces travaux aux propriétaires et bénéficiaires. Ces
deux éléments sont essentiels pour favoriser ces interventions. Et à titre
d'assureur de plus de 80 % des municipalités du Québec, la FQM est
extrêmement préoccupée par l'impact éventuel de l'adoption de cet amendement.»
On ne peut pas faire
fi d'inquiétudes exprimées par le directeur des politiques de la Fédération
québécoise des municipalités, qui est Pierre Châteauvert. Je ne pense pas qu'on
puisse faire fi de ça, et c'est pourquoi on a déposé, donc, un amendement qui
reprend, ni plus ni moins, dans le fond, ce que la Fédération demande. Et je
pense qu'en l'inscrivant à l'intérieur de l'amendement qui a été apporté par le
ministre lui-même dans son omnibus à lui, je pense que si ça vient, justement,
enlever le flou autour de l'amendement, tout le monde va être content, et ça va
répondre aux demandes de la FQM. Et je le répète, Mme la Présidente, la FQM
représente des petites municipalités qui sont justement visées par l'article
ici. Ils sont très, très bien positionnés pour savoir ce qui est dans l'intérêt
de leurs membres. Et moi, en ce sens là, j'invite les collègues, bien sûr, à
appuyer l'amendement, et au ministre, je lui tends la main en disant : On
est prêt à travailler. S'il faut le libeller différemment avec les légistes, on
va le faire. Moi, je n'ai pas l'armée de
légistes derrière moi, là. Je le répète, mon sous-ministre, mon légiste et mon
ami, bien, il s'appelle Karl Filion.
Document déposé
La
Présidente (Mme Grondin) : Vous me voyez venir, Mme la députée,
hein, dans le sens où dans le fond, peut-être juste avant, là, de vous
remercier pour votre collaboration, là, compte tenu de l'heure, je veux vous
rappeler que la résolution de la FQM a
été... qui est transmise par le ministre, est maintenant déposée, est
disponible dans le greffier.
Et donc, la
Commission suspend ses travaux jusqu'à 14 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 14 h 02)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, bon après-midi, chers
collègues. Donc, à l'ordre s'il vous plaît!
La Commission des
transports et de l'environnement reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 102, Loi visant
principalement à renforcer l'application des lois en matière d'environnement et
de sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable des pesticides et à
mettre en oeuvre certaines mesures du Plan pour une économie verte 2030
concernant les véhicules zéro émission.
Je vous rappelle que
cette séance se déroulera à la fois dans la salle Louis-Joseph-Papineau, où je
me trouve, et dans la salle salle Louis-Hippolyte-La Fontaine. Je souhaite
donc la bienvenue aux collègues qui se trouvent dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Lors de la suspension
de nos travaux, cet avant-midi, nous en étions au sous-amendement de
l'amendement qui introduit l'article 11.1. Donc, ce sous-amendement-là a
été déposé par le député de Viau. Souhaitez-vous intervenir, M. le député, à ce
moment-ci?
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Je pense que nous étions au point où est-ce
que c'était le ministre qui souhaitait intervenir. Donc, je pense que c'est M.
le ministre qui voulait intervenir.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Déjà, réitérer à quel point j'apprécie, ce sont de
beaux échanges et ce sont des questions légitimes qui sont posées. Je pense
aussi, ce matin, qu'on a réussi à démontrer qu'il y avait très, très
certainement deux inquiétudes du milieu municipal, que ce soit l'UMQ ou la FQM.
Un, à la base, là, on
s'entend, c'est un pouvoir ou une possibilité qu'elles souhaitent avoir, les
municipalités. Mais elles ont deux inquiétudes qui sont aussi très légitimes,
c'est-à-dire : quelle sera leur responsabilité et quel sera leur pouvoir
de taxation, quel sera leur pouvoir pour être remboursées ou se faire
rembourser, si elles le souhaitent, ces travaux-là. Donc, ce sont deux
inquiétudes, deux préoccupations, là, qui sont, encore une fois, très
légitimes.
Et
je pense qu'à travers les propos des juristes que nous avons entendus ce matin
on a pu les rassurer que la responsabilité, elle est très bien encadrée et
qu'ils ont... et qu'elles auraient, c'est-à-dire, avec ce nouveau pouvoir là,
la possibilité de trouver des formules de financement pour se faire rembourser
les travaux, on l'a mentionné, que ce soit à travers une taxation sectorielle,
que ce soit... Bref, les possibilités existent, en autant qu'elles aient le
pouvoir d'aller sur les barrages.
Et c'est là où on
revient à l'amendement lui-même. Puis on se l'est dit, ce matin, le libellé,
là, d'un point de vue légistique, pourrait être revu. Mais, étant donné que ces
pouvoirs-là sont déjà bien confirmés, on ne commencera pas, là, à ajouter des
éléments qui n'ajoutent rien, là. Quand c'est prévu, c'est prévu. Donc, pour ce
qui est de la municipalité, elle peut transférer les coûts de ces travaux aux
propriétaires et bénéficiaires des travaux. On ne le dirait pas comme ça, mais,
dans les faits, c'est quelque chose qui sera effectivement permis.
Pour ce qui est du
deuxième, là aussi, d'un point de vue légistique, il y a certainement une
problématique au niveau du libellé lui-même, parce que, tel que lu, ce que ça
représenterait, ce serait une forme d'immunité pour les municipalités. Leurs
pouvoirs, leurs responsabilités, c'est encadré, on l'a dit. D'ailleurs, on a
adopté plusieurs, plusieurs articles, au cours des dernières séances, qui
viennent déterminer un petit peu les façons de faire. Dans tous les cas, il n'y
a personne qui peut avoir d'immunité. Quand je dis personne, pas un individu,
pas une personne morale, pas davantage une municipalité. Donc, c'est là où les
attentes sont irréconciliables, en quelque sorte.
Mais, encore une
fois, la responsabilité elle-même, elle est très bien encadrée, et les
municipalités qui voudront, d'aventure, se permettre ce pouvoir-là auront
l'encadrement nécessaire, auront le soutien nécessaire par le ministère,
notamment, s'il y avait des questions, des façons à préciser au niveau des
procédures à entreprendre. Mais c'est là où, malheureusement, l'amendement
proposé par le collègue pose problème.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M.
le ministre. Donc, M. le député donc de Viau.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Nous allons, M. le ministre, si vous
permettez, prendre un pas de recul par rapport à l'amendement que nous avons
devant nous, nous allons essayer d'imaginer le scénario suivant. S'il advenait
que l'amendement soit rejeté, ne soit pas adopté, donc qu'on adopterait votre
article tel quel, imaginons le scénario suivant : un barrage, sur le
territoire d'une municipalité X, pour lequel il aurait été demandé de faire des
travaux, et la municipalité aurait refusé de s'y engager, à cause des coûts,
des enjeux. Et on ne souhaite pas, évidemment, qu'il y ait quelque chose qui
arrive, qu'il y ait un désastre quelconque qui arrive.
Vous voyez tout de
suite. Moi, à mon sens, on va tout de suite reprocher à cette municipalité-là
de n'avoir rien fait. Non? Moi, en tout cas, je serais citoyen de cette
municipalité-là, j'aurais probablement pointé du doigt les élus municipaux,
pour leur dire que vous aviez la possibilité de faire quelque chose et vous n'aviez
rien fait. Et là je vois très bien le ministre de l'Environnement qui va
probablement, quand on va le pointer du doigt... En fait, quand je dis «le
ministre de l'Environnement», pas vous, ne le prenez pas personnel, M. le
ministre, donc un ministre de l'Environnement, en fait, qui va tout de suite
rejeter la balle dans la cour de la municipalité pour dire : Nous avions
donné cette compétence-là aux municipalités, ils avaient le pouvoir d'agir.
Vous comprenez? Qu'est-ce que vous... est-ce que ça va être ça, votre réflexe?
• (14 h 10) •
M. Charette :
Encore une fois, les questions sont très pertinentes, et ça mérite de
rassurer et les collègues et les municipalités. Il n'y a aucune obligation qui
est faite aux municipalités. Donc, la municipalité n'est pas obligée
d'intervenir. Donc, on ne dit pas : Le ministère de l'Environnement,
dorénavant, n'est plus responsable, c'est la municipalité de ce barrage X là
qui aurait la responsabilité. Donc, tous les articles qu'on a longuement
débattus avec de beaux échanges, au cours des dernières séances, s'appliquent
de plein droit. Donc, on ne restera pas sans... les bras croisés, si on savait
qu'une situation posait problème. Et, on l'a vu, le ministère peut intervenir
par lui-même, si jamais le propriétaire n'est pas collaborant, si jamais le
propriétaire est inconnu. Donc, d'aucune façon, là, on pourra jeter le blâme à
une municipalité.
Les citoyens qui vont
demander à leur municipalité d'intervenir sont les citoyens qui bénéficient de
ce lac-là, donc ce sont des bénéficiaires directs de l'infrastructure. Et la
ville pourra très bien leur dire : Bien, voici, j'ai la possibilité
d'intervenir, mais naturellement vous êtes les premiers bénéficiaires de cette
infrastructure-là, donc, ultimement, vous aurez vraisemblablement une
contribution à faire pour éponger totalement les coûts ou, sinon, une partie
des coûts. Mais la ville sera de son plein droit d'avertir les citoyens.
Mais n'oublions pas
que les citoyens sont les premiers bénéficiaires. Les citoyens sont les
premiers à vouloir toujours un lac à quelques mètres de leur résidence et non
pas une plaine parce que le lac aurait complètement disparu. Et, encore une
fois, il y a des lacs, comme ça, qui disparaissent... je dis «à chaque année»,
je n'ai pas de statistique, mais très, très certainement régulièrement. Dans
les Laurentides, cet été, là, je pourrais vous donner quelques cas.
Donc, les citoyens
qui se retournent vers leur municipalité se feront dire par la
municipalité : Bien, vous jouissez de cette infrastructure-là, donc on
veut bien, on veut bien entreprendre des travaux, mais vous aurez une partie
des coûts assumés étant donné que vous êtes les premiers bénéficiaires, là, de
la présence de ce lac-là. Donc, d'aucune, d'aucune façon c'est une déresponsabilisation
du ministère, parce qu'on a tous les outils pour agir. Cependant, le milieu
municipal est celui qui nous demande d'avoir ce pouvoir-là. Reste ensuite à la
municipalité de déterminer si elle va vouloir s'en prévaloir. Une municipalité
pourra dire : Bien, moi, ce lac-là, sur mon territoire, bon, je n'ai pas
le sentiment qu'il me revient de le mettre en valeur ou de le protéger, donc la
municipalité, dans ce cas là, elle sera tout à fait dans son droit de
dire : Non, je n'interviens pas dans ce cas-là.
M.
Benjamin : J'aimerais savoir quelle est votre intention sur les...
quand vient le temps de parler des coûts des travaux. Est-ce que votre
intention, c'est de... véritablement, est-ce que ce soit que la municipalité
puisse assumer ces coûts-là, que la municipalité... En fait, il y a trois
scénarios possibles, tel que votre article le présente : que soit que la
municipalité les assume, ces coûts-là, que la municipalité puisse les
transférer en totalité aux propriétaires, aux bénéficiaires ou, du moins,
puisse les assumer en partie. Quelle est votre intention là-dessus?
M. Charette :
C'est à la municipalité. En fait, on donne un moyen qui est réclamé par les
municipalités, mais la municipalité va se gouverner comme elle le souhaite.
C'est certain, quand on parle de barrages, souvent, là, pour plusieurs d'entre
nous, on peut avoir Manic-5 en tête, là, mais, dans bien, bien des cas, pour ce
qui est des barrages concernés ou
susceptibles d'être concernés par cet amendement-là, ce sont de petits barrages
qui ont un rôle clé pour préserver un lac, mais ce n'est pas des
infrastructures, là, dans bien, bien des cas, qui sont géantes. Donc, à chacune
des fois, on ne parle pas de millions et de millions de travaux, là. Donc, ça
peut être une facture qui n'est pas gargantuesque.
Et la ville décidera.
Si la facture, justement, là... si c'est quelques milliers de dollars ou
quelques dizaines de milliers de dollars, la ville pourra bien dire : Bon,
je vais l'assumer. Mais, si le montant est un petit peu plus dispendieux, bien, elle aura la possibilité d'en
refiler une partie aux citoyens qui bénéficient de cette présence-là d'un
lac ou la totalité, mais on ne s'ingère pas dans la décision qui sera celle des
municipalités. Et ce serait difficile de s'ingérer ou d'indiquer une intention,
à ce moment-ci, parce que, comme je vous dis, on peut parler de quelques
milliers, dizaines de milliers de dollars à quelques centaines de milliers, à
quelques... peut-être des montants plus élevés, tout dépendant, mais c'est variable.
On l'a vu, là, il y a
plusieurs milliers de lacs, donc ce serait impensable et certainement pas notre
intention de dire : Bon, vous refilez 50 % de la facture aux citoyens
ou... C'est les municipalités qui, d'abord, décideront si elles veulent intervenir
et, deux, qui pourront utiliser les outils à leur disposition. Puis il y en a
de nombreux, que ce soit à travers l'Environnement ou à travers le MAMH, comme
le disait maître... là, c'est son... Nicolas...
Une voix :
...
M. Charette :
...Fontaine, Me Fontaine, voilà. C'est à mon tour d'hésiter sur le nom de
famille. Donc, c'est un petit peu ce qu'il nous disait ce matin, les
municipalités vont avoir différentes possibilités, là, d'action de leur côté.
M. Benjamin :
C'est vrai. Et, quand vous parlez des barrages, vous parlez de la diversité des
barrages et des lacs, de nos cours d'eau,
mais aussi la réalité des municipalités est pareille. Les municipalités sont de
toutes tailles, et ce n'est pas vrai
que... et je pense que ma collègue de Verdun l'a rappelé à quelques reprises,
toutes les municipalités n'ont pas les mêmes moyens, n'ont pas les mêmes
potentiels. Aussi bien intentionnées qu'elle soit pour pouvoir agir ou intervenir, elles n'auront pas les mêmes moyens
pour pouvoir agir. Moi, je viens du monde municipal, M. le ministre, et souvent les demandes du monde municipal de pouvoir
de proximité, des demandes de pouvoir sont souvent accompagnées aussi de
demandes de compensations financières. Est-ce qu'il y a des compensations financières
qui sont prévues?
M. Charette :
En fait, comme je le mentionnais hier, pour que le... PAFMAN... J'ai de la
misère avec les noms, cet après-midi. Mais
ce programme-là, il est disponible pour les propriétaires, les villes
propriétaires. Donc, il y aurait une possibilité. Et ça, c'est très,
très possible, là. Si une ville dit : Cet ouvrage-là, là, pour la
valorisation de mon milieu, j'y tiens et je veux assumer son entière
responsabilité, je veux en devenir propriétaire, là, elle devient admissible,
donc ça pourrait être financé par le gouvernement du Québec, là, directement.
Sinon, c'est les formules de financement qu'on se partageait.
Mais tout est dans
l'importance du barrage et du lac qui en découle. Il y a des municipalités qui
vont se dire : Oui, O.K., je sais que tel plan d'eau sera appelé à être
asséché en très grande partie, parce que le barrage, on le laisse aller, il
sera démoli. Donc, c'est la ville qui va déterminer un intérêt de s'impliquer
ou non. Et je comprends et je connais le passé municipal, là, du collègue.
C'est très, très légitime pour une ville de dire : Vous nous donnez une
responsabilité ou un mandat, on veut du financement en retour. Mais là on ne
leur donne aucun mandat, on leur dit : Vous avez la possibilité d'intervenir,
mais il n'y a pas d'obligation.
La
Présidente (Mme Grondin) : Mme la députée de Verdun.
Mme
Melançon : Merci. Bien, c'est à mon tour de faire une fleur au
ministre en lui disant que les échanges sont non seulement importants, je pense
qu'on peut se dire ici qu'on tente, à notre façon, bien sûr, aussi... de tenter
de prévenir ce qui pourrait parfois ne pas être fait lorsqu'on arrive dans le
détail de projets de loi comme celui qui nous est présenté aujourd'hui.
J'ai quelques
questions, et vous connaissez mon goût certain pour des exemples concrets. Et
ça fait quelques reprises, là, dont vous parlez de plans d'eau asséchés. Est-ce
que vous pouvez nous donner des exemples concrets, là, qui arrivent
actuellement à cause de barrages qui n'ont pas été entretenus, s'il vous plaît?
M. Charette :
On peut échanger.
Mme
Melançon : Bien sûr.
M. Charette :
Laissez-nous quelques minutes. Mais j'en ai en tête, là, dans les
Laurentides... mais je ne me souviens pas de leur nom. Mais, quelques secondes,
on va pouvoir...
Mme Melançon : Pas de problème. Bien
sûr, bien sûr, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, ça va? Est-ce que vous souhaitez poser...
Mme Melançon : ...
La Présidente (Mme
Grondin) : Je vais suspendre les travaux.
(Suspension de la séance à 14 h 19)
(Reprise à 14 h 20)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. Donc, Mme la
députée de Verdun, je pense que... je vous cède la parole.
Mme Melançon : Merci. Donc, je sais
que le ministre et son équipe sont en train de faire des vérifications, puis on
va arriver avec les exemples concrets que je demande, parce que... La raison
pour laquelle j'en viens à ça, c'est que je comprends, je comprends les
municipalités de vouloir, bien sûr, avoir ce pouvoir-là, mais je sais qu'en
même temps ce pouvoir-là peut être repoussoir, je vais le dire comme ça, pour
certaines autres municipalités.
Et moi, je suis ici comme législatrice, bien
sûr, mais je suis aussi là pour prendre l'information qui me vient du ministre,
qui me vient du sous-ministre, qui me vient des légistes aussi, et je dois
prendre votre parole. Et il y a des points très importants que vous avez
mentionnés, tout à l'heure, avec lesquels je suis plutôt en accord. Restent
certaines zones grises sur lesquelles je
souhaite, encore une fois, me faire rassurer, principalement, donc, sur le
pouvoir de transférer, justement, les
coûts des travaux des propriétaires, là... aux propriétaires ou aux bénéficiaires.
Celui-là, vous avez dit à plusieurs reprises que ce sera permis. J'ai
bien entendu les légistes, aussi, sur ce sujet-là. Ça, pour moi, c'est un peu
plus clair.
Donc, moi, je veux savoir... Puis, comme
ministre, vous rencontrez des élus, là, puis, comme nous, comme députés, comme
vous, Mme la Présidente, comme le député de Viau, comme les autres collègues,
on rencontre des maires, des mairesses qui
nous font des demandes et qui, à un moment donné, disent : Bien, c'est
parce que, si vous ne me donnez pas ce pouvoir-là, malheureusement,
bien, on va se trouver dans des situations qui deviendront intenables. Et, moi, c'est ce que je veux éviter, des situations
intenables. J'ai quelques exemples en tête, Mme la Présidente, et je
veux à tout prix éviter cela.
Ce qui me trouble, et je l'ai dit au ministre
juste avant la pause pour le dîner, c'est que la FQM, ce que le ministre nous
disait, c'est qu'en 2019 ils avaient une certaine position, et la position
semble avoir changé et... avec ce que me donne le ministre comme information,
quant au pouvoir de facturer, de taxer, ni plus ni moins, de façon sectorielle,
dans le fond, les endroits où il pourrait y avoir des problèmes avec des
barrages et de pouvoir transférer, donc, la facture avec les riverains qui sont
propriétaires.
Puis moi, je veux juste aussi... puis je vais le
dire, je ne pensais pas aller là, mais je vais y aller. Je ne veux pas que ce
soit juste pour des riverains fortunés ou des municipalités fortunées, pour un
groupe de propriétaires sur le bord d'un cours d'eau, qui, pour des raisons x,
y, z, là, sont en train de perdre l'eau puis qu'il y a une dévaluation de la
grosse maison sur le gros bord de l'eau. Moi, ce n'est pas juste à eux à qui je
veux penser. Puis je pense que le ministre comprend très bien sur quoi je me
dirige, là. Moi, j'ai envie de penser à l'ensemble, au groupe, et on est là
pour, justement, avoir une vision d'ensemble du Québec, et non pas d'un lac.
Puis je vous le dis, je vais être très honnête
avec vous, Mme la Présidente. Vous savez, la pandémie nous a amenés à vouloir
aller jouer à l'extérieur. Puis la pandémie m'a aussi ramenée, moi la première,
à l'extérieur puis de me dire : Ah! c'est vrai que c'est le fun, un cours
d'eau, c'est vrai que c'est le fun, un bord d'eau. Avec les enfants, partir
puis aller faire un peu de planche, c'est chouette, puis d'aller se promener à
canot, c'est chouette, puis d'aller pêcher avec les enfants, c'est chouette. Je
ne sais pas si vous avez vu le prix des petits chalets sur le bord de l'eau,
dernièrement. J'ai vraiment sursauté. Donc, je le dis avec un sourire, juste
pour bien exprimer, dans le fond, au ministre que, ce que je souhaite, c'est
qu'on puisse parler pour le groupe. Puis, pour moi, le groupe, bien, c'est
l'ensemble des municipalités. Et je voudrais juste éviter, comme je le disais
tout à l'heure, qu'on puisse aller dans des municipalités... Je ne les nommerai
pas, là, mais, tu sais...
Je vois des endroits assez formidables, aussi.
On parlait beaucoup des Laurentides, mais je sais qu'il y a aussi de très, très
beaux bords d'eau qui se situent dans les Cantons-de-l'Est, par exemple, avec
des grosses, grosses, grosses maisons. Puis on a vu, justement, dernièrement,
des grosses, grosses, grosses maisons qui ont décidé de couper tous les arbres
sur le bord de l'eau, qui aimaient mieux payer le 60 000 $ en arbres,
là, qui venaient... en disant : Ce n'est pas grave, on va mettre ça dans
les pertes, là, puis le bord d'eau puis l'environnement, là, ce n'est pas grave,
ça va faire partie du tout, mais je vais t'avoir une belle vue sur mon lac.
Moi, ce n'est juste pas à eux uniquement que je veux penser.
Donc, je crois que le ministre trépigne de me
répondre sur, principalement, les exemples dont nous parlions tout à l'heure.
M. Charette :
Bien, en fait, je pourrais citer quelques-uns, effectivement, mais je veux
rassurer la collègue, on ne veut pas... ce
n'est pas un amendement ou un article, là, qui vise les citoyens privilégiés,
sinon fortunés, au contraire, c'est sans doute ceux qui seraient les
plus à même de se retourner de bord par eux-mêmes pour préserver leurs biens.
Juste... Là, je sais bien qu'on... Difficile,
avec les caméras, et tout ça, mais... vous donner un exemple très, très simple.
Et c'est l'été dernier, dans ma région, dans les Laurentides, le lac Sapinière — je
m'excuse, là, ce n'est pas à la portée de tout le monde — avec
un barrage et un barrage, ensuite, qui n'a pas été entretenu et réinstallé,
s'est littéralement asséché, asséché, asséché. J'ai d'autres cas, là, sur le
côté de Chertsey aussi. Donc, on en a, on en a sans doute à tous les étés, des
cas d'espèce de cette nature-là. Et naturellement, lorsqu'une ville veut
compter sur un lac, bien, ça, ce n'est plus un lac, là, ça peut devenir... il
peut y avoir de la végétation en l'espace de quelques semaines, si l'eau ne
revient pas. Donc... Et on ne parle pas de grosses municipalités là. Val-David,
ce n'est pas gros, Chertsey, ce n'est pas gros, une ville dans les Laurentides,
l'autre sur le côté de Lanaudière.
Donc, c'est des cas, là, uniquement à
l'été 2021, donc l'été dernier. Et c'est là où les municipalités
aimeraient, dans certains cas, intervenir. C'est des cas d'espèce, là, c'est
certain qu'il y a d'autres enjeux pour ces deux lacs-là aussi, mais c'est des
cas assez flagrants. Puis, on le disait tout à l'heure, puis c'est sans ironie,
le barrage le moins dangereux, c'est le barrage qui n'existe pas. Donc, à la
limite, on pourrait se dire : On ne veut plus de ce lac-là, mais, en même
temps, on sait que la municipalité veut capitaliser. Et de surcroît, là, dans
le cas du lac la Sapinière, de ce que je
comprends, là, il y a une auberge. Donc, pour la municipalité, c'est une façon
d'attirer des touristes ou des villégiateurs, aussi. Donc, c'est la
municipalité qui détermine l'importance qu'elle accorde à cette
infrastructure-là.
Mme Melançon : Je vais faire sourire
le ministre quelques instants. Il y a le Lac Lacoursière à Verdun. Je sais que
vous êtes venus marcher à l'Île des Soeurs. Lac Lacoursière, là, Mme la
Présidente, c'est un lac, donc, à l'Île des Soeurs, qui n'est pas un lac, qui a
déjà été une veine d'eau et qui a besoin d'une grosse pompe. Donc, on pompe
dans le fleuve pour remplir le bassin d'eau. Et malheureusement, au ministère
de l'Environnement, c'est reconnu comme un lac, ce qui ne nous permet pas
d'aller nettoyer le bassin, ce qui amène beaucoup de puanteur, qui amène... Et
c'est l'image de votre lac qui m'a fait sourire, M. le ministre, parce qu'en
2018, en pleine campagne électorale, les pompes du lac se sont arrêtées. Là, je
n'avais plus un lac, j'avais un bassin vide. Alors j'espère qu'on va pouvoir
trouver une solution pour le lac Lacoursière de Verdun. Et là je pense à mes
citoyens, là, qui travaillent très, très fort pour le Lac Lacoursière, qu'on
trouve une solution.
Cela étant dit, Mme la Présidente, je remercie
le ministre. Moi, je ne veux pas allonger de façon volontaire le débat ici. Je
comprends... J'aurais souhaité que nous puissions aller plus loin, je comprends
que le ministre n'est pas capable d'aller plus loin. On a eu des discussions à
micro fermé, aussi. Moi, ce que je vous propose, c'est que nous puissions
peut-être voter sur notre amendement — vous imaginez qu'on va être
pour notre amendement — puis
par la suite on ira voter sur l'amendement... sur notre sous-amendement, puis
par la suite sur les amendements du ministre.
Mais j'espère
que le ministre entend quand même de l'inquiétude de la part de la Fédération.
Et je vais inviter la Fédération,
bien sûr, à entrer en communication directement avec le cabinet, à ce
moment-ci, pour pouvoir peut-être régler les petits... Bien, je pense
qu'il y a de la mauvaise communication ou une communication qui va devoir être
établie. Voilà.
• (14 h 30) •
La Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup, Mme la députée de Verdun. M. le
député de Viau, souhaitez-vous intervenir ou... sur le sous-amendement?
M. Benjamin : Sur le sous-amendement,
rapidement, Mme la Présidente, donc, pour dire que ce sous-amendement-là, nous
l'avons amené en écho avec ce que nous avons entendu comme préoccupations. Et
ces préoccupations-là, pour nous, demeurent, et en espérant qu'on pourra y
répondre, soit en adoptant cet amendement, ce sous-amendement, pardon, ou au
fil... tout au long de l'étude détaillée. Nous y verrons, oui, nous y
reviendrons.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci beaucoup. Donc, s'il n'y a plus
d'intervention, nous pourrions procéder à la mise aux voix de ce
sous-amendement. Est-ce que le sous-amendement est adopté?
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : Est-ce que le sous-amendement est adopté?
M. Charette : Contre.
M. Benjamin : Nous allons
demander un vote...
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, un vote par appel nominal. Parfait.
Donc, puisque nous demandons un vote par appel nominal, pour les membres de la
salle... Non, je ne le lis pas. Ça, c'est vous qui le... Parfait.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Melançon (Verdun)?
Mme Melançon :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette-Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Bussières (Gatineau)?
M. Bussière :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, le
sous-amendement à l'article... de l'amendement qui introduit l'article 11.1 est rejeté. Nous revenons à l'amendement
déposé par le ministre qui introduit l'article 11.1. Y a-t-il des
interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Très rapidement, Mme la Présidente, je souhaite simplement ici mentionner que
ma volonté, ce n'est pas, donc, de nuire à des municipalités. Et j'invitais
donc le bureau du ministre, là, à parler rapidement avec la Fédération. Je
pense que la volonté du ministre est là aussi, il me l'a dit, puis on a eu une
discussion, je le disais tout à l'heure, à micro fermé. Alors pour moi, et
c'est important que je puisse le dire, il faut qu'il y ait des municipalités
qui puissent... qui veulent avoir ce pouvoir, qu'on puisse leur donner, ceux
qui ne le veulent pas, ce n'est pas une responsabilité, alors pourront le
laisser, mais, devant quand même le petit côté partagé, là, à cause de la FQM,
de notre côté, là, je tiens à le mentionner,
moi, je vais m'abstenir, ce qui va permettre aux municipalités qui le
souhaitent... parce qu'il y a une
majorité ici, du côté gouvernemental, mais il manque quand même un peu
d'information à ce moment-ci. Ce
n'est pas contre ce que le ministre nous a expliqué, mais je tenais à le faire
et à le dire à micro ouvert, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Merci, Mme la députée
de Verdun. Donc, et s'il n'y a pas d'autres interventions sur cet amendement,
je demanderais... je ferais la mise aux voix. Est-ce que cet amendement est
adopté?
Mme Melançon :
Abstention.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc un vote par appel nominal?
Une voix :
...
La Présidente
(Mme Grondin) : Oui.
Est-ce que... effectivement. Donc, nous étions dans la salle Louis-Joseph
Papineau. Donc, est-ce que cet amendement est adopté dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine? Je ne vous entends pas. Est-ce que c'est adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Adopté? Parfait. Merci
beaucoup. Donc, l'amendement est adopté.
Nous... Donc, cet
amendement-là introduit un nouvel article, qui est l'article 11.1. Donc,
nous en étions à l'article de la dernière section du bloc 4, portant sur
la sécurité des barrages, et là, nous étions dans la thématique Dispositions
transitoires, l'article 159. Je le sais, M. le ministre, donc, vous
ne l'avez pas lu et vous proposez aussi un amendement. Est-ce que c'est bien
ça, si je me rappelle bien?
M. Charette : Oui,
effectivement, et c'est un peu ce qui ce qui avait été discuté hier, là, au
niveau de la date de référence. Donc 159. Et je lis la version originale :
Le propriétaire d'un
barrage dont un exposé des correctifs a été approuvé par le ministre en vertu
de l'article 17 de la Loi sur la sécurité des barrages au plus tard le — inscrire,
naturellement, la date d'entrée en vigueur, là, de la présente loi — doit
apporter ces correctifs à ce barrage au plus tard le 31 décembre 2022, si
à cette date le calendrier de mise en oeuvre... afférent, pardon, expire ou est
expiré.
En cas de non-respect du premier alinéa, les
articles 35.8 et 41 de la Loi sur la sécurité des barrages, édictés
respectivement par les articles 139 et 141 de la présente loi,
s'appliquent.
Le commentaire : Cette disposition vise à
fixer au 31 décembre 2022 la date limite pour réaliser sur un barrage les
travaux correctifs approuvés dans un exposé des correctifs au plus tard à
l'entrée en vigueur du présent projet de loi et dont le calendrier de mise en
oeuvre afférent expire au plus tard à cette même date limite.
Elle rend aussi applicables, en cas de
non-respect de cette obligation, les dispositions relatives aux sanctions
administratives, pécuniaires et aux sanctions pénales applicables.
Et l'amendement se lirait ainsi :
Donc : À l'article 159 du projet de
loi :
1° remplacer, dans le premier alinéa, «2022» par
«2023»;
2° remplacer, dans le deuxième alinéa, «35.8 et
41» par «35.7 et 40».
Commentaires : Les modifications au premier
alinéa ont pour effet de repousser au 31 décembre 2023 la date à laquelle
un propriétaire de barrage dont un exposé des correctifs a été approuvé par le
ministre au plus tard à l'entrée en vigueur de la loi devra apporter ses
correctifs.
La modification effectuée au deuxième alinéa est
requise pour corriger les références au mauvais article de la Loi sur la
sécurité des barrages. Ce sont les articles 35.7 et 40 de cette loi qui
prévoient les sanctions pertinentes en cas de non-respect de l'approbation et
non les articles 35.8 et 41.
Essentiellement, oui, il y a une erreur... Pas
une erreur, mais c'est-à-dire, il y a une concordance à rétablir, et il y a le
même enjeu de date, là, qu'on a pu discuter hier à l'article précédent.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. Donc Mme la députée
de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, un peu comme hier, puis hier, j'ai voté donc contre parce que je ne comprends toujours pas pourquoi,
dans le temps, on est à 31 décembre 2023. Et, pire encore, à ce
moment-ci, c'est que le propriétaire d'un barrage dont un exposé des correctifs
a été approuvé par le ministère, là, et par le ministre, doit apporter les correctifs au barrage au plus
tard le 31 décembre 2023. Je trouve ça excessivement fort, surtout pour
des travaux. Là, on n'est pas en train de dire... On demande... Tout a été
fait, là. À partir du moment où le propriétaire du barrage a été... dont un exposé de correctifs a été approuvé, bien, là,
on leur donne jusqu'en 2023 pour faire les correctifs.
Je trouve qu'on manque un petit peu d'ambition.
Je pense que nous pourrions exiger à ce moment-ci, justement, d'aller un petit
peu plus rapidement. Hier, je me rappelle que le député de Jonquière et moi
avions fait des propositions, là, pour quand même se ramener dans le temps.
Mais moi, j'aimerais ça comprendre, encore une fois et surtout à ce moment-ci,
si le propriétaire d'un barrage dont un exposé des correctifs ont été
préalablement, là, donc, approuvés par le ministre, bien, pourquoi est-ce qu'on
va attendre 2023 pour faire les correctifs.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, M. Rousseau.
• (14 h 40) •
M. Rousseau
(Michel) : Oui, merci. Oui, effectivement, rapidement, là, les
arguments qu'on amenait hier, là, tiennent aussi pour ça, dans le sens que
c'est vraiment une considération de capacité du milieu à se conformer,
considérant que c'est quand même des travaux qui nécessitent, là, différentes
expertises, des arpenteurs, des ingénieurs, il y a des forages à faire, bref,
on revient toujours au fait que c'est le temps qu'on pense que ça va prendre.
Être plus court que ça, bien, on ne serait pas réaliste. Et puis on se retrouverait
avec des situations de non-conformité.
Je comprends très bien, par contre, que là, ici,
on n'est pas dans les études, on est dans les travaux comme vous dites. Donc,
ça peut sembler effectivement plus préoccupant de dire qu'on retarde des
travaux. J'ai déjà moi-même posé cette question-là il y a un certain temps, et
la réponse est assez simple, puis en même temps, moi, j'ai confiance dans cette
façon de faire les choses : c'est qu'on les connaît déjà, ces cas-là,
parce qu'il y a eu des exposés de correctifs. Donc, c'est sûr et certain que,
s'il y a des cas... s'il y avait des cas urgents là-dedans, on serait déjà
intervenu, et, si dans ces cas-là il y en a pour lesquels ça prend des travaux
immédiats, avec l'article 2.1 qu'on a adopté, en mettant le barrage en bon
état, on va pouvoir agir.
Donc, ça donne le temps au milieu de faire le
travail et ça n'empêche pas qu'on peut agir sur les situations où les travaux
devraient se faire plus rapidement en utilisant d'autres articles. Et ça, les
ingénieurs chez nous ont déjà regardé ça
dans l'esprit que, si la loi était adoptée, c'est quoi, je pense que c'est
80 cas ou à peu près, là, est-ce qu'il y a des cas là-dedans que le
délai est trop long et est-ce qu'on doit mettre de la pression pour que les
travaux se fassent plus rapidement avec d'autres articles. À date, on me dit
qu'il n'y a pas vraiment beaucoup de cas, mais j'ai demandé qu'on refasse un
tour de roue très sérieux là-dessus pour être sûr que ce délai-là ne va pas
amener des situations comme vous dites, Mme la députée de Verdun. Donc, c'est
la meilleure réponse que je pourrais vous donner là-dessus, là. Mais c'est
vraiment la capacité du milieu à agir, mais ce n'est pas n'importe comment,
puis c'est sûr qu'on va veiller au grain pour ne pas que ça amène de risques en
ayant un tel délai.
Mme Melançon : En tout respect,
j'entends, mais je ne comprends pas, parce qu'à partir du moment où il y a
80 cas, et, comme le disait le sous-ministre, là, l'exposé de correctifs,
là, est connu, bien, je pense qu'on doive mettre ça de
l'avant le plus rapidement possible, puis, la journée où l'exposé de
correctifs, disons qu'on a fini, là, le... on a fini la loi, là, aujourd'hui,
puis tout, tout roule, là, je ne pense pas que les prochains qui vont avoir des
exposés de correctifs vont avoir deux ans pour faire la correction. Là, c'est
ce qu'on va donner à ceux qui sont déjà fautifs, qui ont déjà en main l'exposé
de correctifs. Donc, je ne comprends tout simplement pas.
Moi, j'ai une question pour la légiste, peut-être
que Me Grignon va pouvoir m'éclairer, mais est-ce qu'on pourrait mettre
n'importe quelle date à l'article 159? Est-ce que... Je vais le reprendre
autrement. Est-ce que je suis obligée de prendre la même date qu'il y a dans
l'article 158 à l'article 159 ou on pourrait mettre n'importe quelle
date à l'article 159?
La Présidente (Mme
Grondin) : Allez-y, Me Grignon.
Mme Grignon (Karine) : Oui, c'est
deux types de travaux différents, là. Effectivement, on pourrait mettre des
dates différentes, là.
Mme Melançon : Parfait. Donc, je ne
suis pas en train de... Parce qu'on se le dit souvent, là, puis on se regarde
souvent avec le sourire en disant : Nous, on n'est pas légistes, là. Donc,
je ne suis pas légiste, alors j'ai besoin d'avoir l'avis de Me Grignon
là-dessus.
Moi, je pense qu'on pourrait aller un peu plus
rondement, puis moi, je suis prête à... j'ai démontré ma très grande ouverture,
là, depuis le départ. Mais là, à partir du moment où c'est des travaux qui
doivent être faits, à partir du moment où l'exposé des correctifs est connu...
Et là, ce n'est même pas sur le ministère où on se dépose, mais c'est vraiment
sur ceux qui sont des propriétaires et qui doivent justement bouger. On parle
de 80 cas, quand même, 80, c'est des
travaux, là qui sont à être mis sur le terrain. Moi, je pense très honnêtement
que nous devrions penser à, justement, devancer la date. Toujours prête,
moi, à vouloir mettre de l'eau dans le vin, là, mais je trouve que... Je
comprends qu'il y a des ministres qui n'aiment
pas ça, mettre de l'eau dans le vin, mais, à un moment donné, il faut ce qu'il
faut, et là je trouve qu'il y en a qui prennent juste du vin puis il y
en a qui boivent juste de l'eau. Alors, je serais plutôt d'avis, donc, à ce
moment-ci, puis je le dis avec le sourire, mais je serais d'avis à ce moment-ci
de faire une proposition peut-être au ministre et de voir avec lui est-ce
qu'il y a une possibilité d'ouverture pour que nous puissions, justement,
exiger à ce que les travaux aillent plus rondement.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : Je dirai aussi avec le
sourire qu'une sage a dit hier que mettre de l'eau dans son vin, ça goûtait mauvais, mais je le dis avec le sourire. Mais oui.
Dans les faits, là, le... Et on est différents, on est dans un cas de figure
différent de celui d'hier, les délais
généraux lorsqu'il y a un changement important de cette nature-là, c'est
18 mois. Donc, ce qu'on pourrait...
On trouverait la bonne formulation, là, mais essentiellement, ce que je dirais,
ce serait 18 mois après l'adoption du présent projet de loi. Donc,
il se pourrait qu'on gagne quelques semaines ou quelques mois, là, le cas
échéant.
Mme Melançon : Bien, vous
voyez, pour moi, c'est déjà mieux. J'ai une question cependant avant de...
Avant de dire que cette offre est acceptée, je voudrais que nous puissions,
peut-être, voir avec M. Rousseau la... Disons qu'on est en 2024. On s'en
va dans le temps, là, 2024, il y a un propriétaire de barrage qui reçoit donc
un exposé de correctifs. Il doit aller de l'avant. Il aura combien de temps
pour faire ces correctifs?
M. Rousseau
(Michel) : Vous parlez pour les prochains cas qui vont venir,
là?
Mme Melançon : Oui.
M. Rousseau
(Michel) : Bien, en fait, l'exposé des correctifs est toujours
prévu. Justement, dans l'exposé des correctifs, il y a une date de prévue des
travaux. Et c'est ça qui est négocié. Bien, négocié... c'est ça qui est analysé
par nous. Et cette date là, bien, elle doit être raisonnable. Elle doit
convenir autant au demandeur qu'à nous. Donc, ça dépend. Ça peut être variable
parce qu'il y a des travaux qui peuvent se faire plus rapidement. Donc là,
c'est vraiment pour la période transitoire, là, que le ministre parle de
18 mois. Mais, pour les autres, c'est vraiment, dans le cas... dans le
roulant, c'est-à-dire, on approuve une date proposée par l'ingénieur. Puis si
on pense que c'est trop long, là, on fait réduire, un peu comme il se passe
ici, là.
Mme Melançon : Mais,
M. Rousseau, ce que je tente simplement de voir, c'est est-ce que les gens
vont avoir plus que 18 mois. Selon vous, habituellement, là, la moyenne
pour faire exécuter justement les travaux, dans l'exposé de correctifs, on
parle de combien de temps?
M. Rousseau
(Michel) : Bien, je vous dirais, ça va dépendre vraiment de
l'ampleur des travaux, là, mais c'est rare que... C'est rare que c'est en bas
d'un an parce qu'il y a toute la dynamique d'appel d'offres. Puis ça dépend
toujours... Là, on le vit dans les sols contaminés, là. Si on peut faire
l'appel d'offres pendant l'hiver, c'est génial parce que, là, on prend ce
temps-là pour régler l'administratif. Mais il y a des cas où il y a des travaux
majeurs qu'on pourrait donner jusqu'à trois ans pour faire les travaux si on pense
que ça prend ça. Donc, je dirais que le délai usuel, il est plus souvent de l'ordre de trois ans qu'il va être de
l'ordre d'un an. Donc, ça dépend vraiment de l'ampleur des travaux,
mais...
Mme Melançon :
Donc, de donner 18 mois à ce moment-ci, à partir du moment où on aura un
projet de loi bien en vie, qui deviendra
donc une loi bien en vie, d'y aller avec 18 mois, c'est quelque chose qui
pourrait bien convenir. Puis moi, je suis bien prête, là, parce qu'hier
je vous ai bien entendu aussi, M. Rousseau, il faut leur donner une belle
saison pour exécuter les travaux. Ça, j'ai bien saisi ça. Donc, à la lumière de
ce que vous me dites, s'il était possible, en effet, d'y aller avec peut-être
une proposition d'amendement, ici, je serais... Je serais très, très, très
réceptive à ça.
M. Charette : On pourrait
suspendre, là, peut-être quelques petites minutes, le temps de préparer le
libellé.
Mme Melançon : Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, je suspends les travaux.
(Suspension de la séance à 14 h 49)
(Reprise à 15 h 01)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos
travaux. Mme la députée de Verdun, vous proposez un sous-amendement à
l'article 159.
Mme Melançon : Exactement.
Exactement, Mme la Présidente, en remerciant bien sûr le ministre et ses
équipes qui me permettent justement de pouvoir déposer cet amendement.
Alors, l'article 159
«Remplacer le paragraphe 1° de l'amendement
proposé à l'article 159 du projet de loi par le suivant :
1° remplacer, dans le premier alinéa,
«31 décembre 2022» par, ouvrir la parenthèse, «(indiquer ici la date qui
suit de 18 mois celle de l'entrée en vigueur de la présente loi)», fermer
la parenthèse.
Voilà. Dans le fond, ça revient exactement aux
discussions que nous avons eues avant la pause qui nous ont permis d'arriver à
la rédaction de cet amendement, de ce sous-amendement, devrais-je dire, et dans
lequel justement on vient... Comme ce sont des travaux, comme on peut presser
un peu plus le pas, et... ça va nous permettre justement, dans les 80 cas
de barrages, là, qui ont déjà un exposé de correctifs, de pouvoir aller de
l'avant plus rapidement. Donc, on va avoir des barrages en bon état
18 mois... Bien, en tout cas, les travaux vont commencer 18 mois
après, justement, l'entrée en vigueur de la présente loi.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. M. le ministre,
souhaitiez-vous intervenir?
M. Charette : ...
La
Présidente (Mme Grondin) :
Ça va? Donc, y a-t-il d'autres interventions sur ce sous-amendement? Est-ce
que ce sous-amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Grondin) : Ici, dans la salle Louis-Joseph-Papineau, mais,
dans la salle Louis-Joseph-LaFontaine, est-ce que le sous-amendement est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Merci. Donc, le
sous-amendement à l'article 159 est adopté. Nous revenons donc à
l'amendement, tel qu'amendé, proposé par le ministre. Y a-t-il des
interventions à ce sujet? Non. Donc, est-ce que l'amendement à
l'article 159 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Est-ce que dans la salle
Louis-Joseph-LaFontaine, est-ce que c'est adopté, l'amendement?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Merci. Donc, l'amendement est adopté. Nous
revenons à l'article 159, tel
qu'amendé. Y a-t-il des interventions? Ça va? Donc, est-ce que cet article, tel
qu'amendé, est adopté, ici?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Est-ce que dans la salle
Louis-Joseph-LaFontaine, c'est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Donc, l'article 159, tel
qu'amendé, est adopté. Nous poursuivons à l'article 160. M. le
ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Donc : 160. Jusqu'à l'entrée en vigueur d'un règlement pris en
vertu de l'article 22.1 de la Loi sur la sécurité des barrages, édicté par
l'article 131 de la présente loi et malgré toute disposition contraire, le
propriétaire d'un barrage à forte contenance dont le niveau des conséquences
d'une rupture est «faible» ou «minimal» et
qui n'est pas situé sur le pourtour du réservoir d'un barrage dont le niveau
des conséquences d'une rupture est égal ou supérieur à «moyen» au sens
du Règlement sur la sécurité des barrages n'a pas :
1° à faire effectuer ni à transmettre au
ministre une étude, visée à l'article 16 de la Loi sur la sécurité des
barrages, visant à évaluer la sécurité de ce barrage;
2° à communiquer au ministre, pour approbation,
un exposé des correctifs qu'il entend apporter à ce barrage et le calendrier de
mise en oeuvre afférent visés à l'article 17 de la Loi sur la sécurité des
barrages;
3° à apporter à ce barrage, toujours, les
correctifs approuvés par le ministre conformément à l'article 17 de la Loi
sur la sécurité des barrages; et
4° à préparer et à tenir à jour un plan de
gestion des eaux retenues visé au premier alinéa de l'article 19 de la Loi
sur la sécurité des barrages.
Et le
commentaire : Cette disposition vise à mettre en place certains
assouplissements applicables aux propriétaires de barrages à forte
contenance dont le niveau des conséquences d'une rupture est faible ou minimal
et qui n'est pas située sur le pourtour du réservoir de barrage dont le niveau
des conséquences est égal ou supérieur à moyen, et ce, jusqu'à l'entrée en
vigueur d'un règlement pris en vertu du nouvel article 22.1 de la Loi sur
la sécurité des barrages édictée par l'article 131 du projet de loi.
Ce propriétaire n'a pas à faire d'études visant
à évaluer la sécurité du barrage ni à transmettre d'exposé des correctifs ou de
calendrier de mise en oeuvre de ces derniers. Il n'a pas non plus à apporter de
correctifs normalement prouvés à la suite d'une telle étude. Finalement, ce
propriétaire n'a pas à préparer ni tenir à jour un plan de gestion des eaux retenues.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : Bon, là, je vais dire
quelque chose, puis je sais que je vais faire sourciller les gens du ministère,
là, mais je vais me permettre... puis je pense que ça va faire l'affaire du
ministre que je me permette à ce moment-ci...
Moi, j'ai toujours... puis je vous le dis, je
pense que c'est chat échaudé craint l'eau froide. Quand on y va avec les seuils
«faible», «minimal», moi, j'ai toujours peur qu'on échappe quelque chose. Et je
vais prendre l'exemple le plus probant, là, l'affaire des porcheries. Vous
savez, on a décidé d'y aller avec... il y a des seuils ou... vous ne pouvez pas
être... tu sais, dans le fond, les porcheries n'étaient pas dans les niveaux
élevés, donc on avait abaissé ça, ce qui nous amené une nouvelle problématique,
celle des... puis je vais parler de Saint-Adelphe, là, dans quelques secondes.
À Saint-Adelphe, on n'avait pas vu venir la possibilité qu'il y ait trois
porcheries sur un même terrain à 150 mètres d'une porcherie ou d'une
autre. Puis, quand on a vu... quand on a fait le règlement, là, je pense... ce
n'était vraiment pas dans la volonté des législateurs que d'ouvrir une brèche
comme celle-là puis de savoir qu'il y en a qui étaient pour jouer avec le
chiffre, donc de passer à 4 000, puis que, finalement, à 3 999 bêtes,
bien, qu'il n'y ait pas de bureau d'audiences publiques. Mais là quand on se
ramasse avec trois porcheries sur un même terrain, 150 mètres,
150 mètres, il y en a trois, on vient de tomber à 11 997 bêtes.
Tu sais, je ne pense pas que le ministère, là, voulait dire qu'à
11 999 bêtes, on ne faisait pas de BAPE. Ce n'était pas ça, la
volonté.
Moi, ce qui me fait peur avec ce genre
d'écriture là, c'est qu'on arrive peut-être avec une problématique sur les
barrages qu'on ne voit pas, en tout cas, que moi, je ne peux pas voir
aujourd'hui. Moi, je n'avais pas vu, là, la possibilité qu'on mette trois
porcheries sur un terrain, puis qu'on se dise : L'affaire est ketchup! Il
y en a, là, qui ont flairé la bonne affaire puis qui ont tenté de le faire.
Heureusement, ils ont pour le moment retiré, pour... retiré le projet, puis je
salue encore une fois les gens de Saint-Adelphe qui ont mené ce combat-là, je
vais dire ça comme ça, là. Puis je sais à quel point la municipalité était mal
à l'aise, eux autres aussi, là, en se disant : Bien là, nous autres, une
fois que tout est... puis nous autres, on a un règlement du côté du ministère
de l'Environnement, puis ils sont obligés de dire : Bien, selon le
règlement tel qu'édicté, bien, oui, ça fonctionne. Mais ce n'était pas ça, la
volonté du législateur, je tiens à le rappeler.
Alors,
aujourd'hui, là, quand on arrive avec des conséquences d'une rupture faible ou
minimale, est-ce qu'il y a quelque chose qu'on ne voit pas qui pourrait
être possible? Parce que je le dis à cause du commentaire. Dans le commentaire
actuellement, là, ce qui est marqué, c'est : «Cette disposition... vise à
mettre en place certains assouplissements
applicables aux propriétaires de barrages à forte contenance dont le niveau des
conséquences d'une rupture est faible
ou minimal — mais
elle est là quand même — et
qui n'est pas situé sur le pourtour d'un réservoir de barrage dont le niveau des conséquences est égal
ou supérieur moyen, et ce, jusqu'à l'entrée en vigueur d'un
règlement...» pa, pa, pa. Donc, ce
propriétaire n'a pas à faire d'études visant à évaluer la sécurité du barrage
ni à transmettre d'exposé des correctifs.
• (15 h 10) •
Moi, à partir
du moment où on dit : On n'a plus besoin de faire d'études, on a pu... ça
me fait peur. Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on ne voit pas? Puis là
je m'adresse au sous-ministre, puis au ministre bien sûr, là, en tout respect, mais avec l'expérience que vous avez, là, qui pourrait
susciter ou qui pourrait créer une problématique, parce que, je vous le dis,
là, moi, toute l'affaire de Saint-Adelphe, puis je suis persuadée que le
ministre, aussi... tu sais, on n'aime pas ça, là, voir ces affaires-là, puis on
aurait pu, on aurait dû, puis il y a plein de paires d'yeux qui tombent sur ces
règlements-là, puis, à un moment donné, boum! ça arrive. Mais quand ça arrive,
il faut agir. Là, j'aimerais ça agir avant que ça arrive, donc c'est pour ça
que je pose la question.
Vous voyez, je ne fais pas un grand détour, là,
mais vous comprenez très bien ma préoccupation, puis je voudrais juste me faire
d'abord rassurer, puis me faire aussi démontrer qu'il n'y a pas quelque chose
qu'on ne voit pas à ce moment-ci et qui pourrait nous échapper puis qu'à un
moment donné on va se dire : Eh! ça en prenait des études, puis ah zut! ce
n'était pas le moyen que ça prenait, parce que là, «moyen»... Parce que ce que
je comprends dans l'explication, c'est qu'il peut y avoir un barrage qui peut
avoir, bien sûr, une conséquence sur un autre barrage qui va être en aval.
Puis, s'il y a un problème, bien, que finalement la conséquence ne devienne pas
désastreuse parce que c'est celui qui était à faible problématique qui cause
tout un problème avec l'autre barrage qui, lui, était plus important.
Bref, je m'arrête ici, là, mais vous vous
entendez mon cri du coeur, puis je le fais vraiment pour des citoyens qui...
bien, qui se posent plein de questions aussi sur la réglementation du ministère
de l'Environnement. Voilà.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée.
Mme Melançon : Merci à vous.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, M. le ministre, vous cédez la parole...
M. Rousseau.
M. Rousseau (Michel) :
Oui, la question est importante parce que c'est quand même au coeur du principe
de cette loi-là, la loi... tout ce qu'on change au niveau de la loi sur la
sécurité des barrages.
Bon, l'approche générale qui a guidé tous les
changements, c'est de revenir sur la base du risque. Quand ça a été créé, cette
loi-là, il y a 20 ans, évidemment, il y avait eu malheureusement le
déluge, mais il y avait quand même peu de connaissances. Après ça, on a
construit le répertoire, il y a eu des choses de faites, puis cet article est
là, qui va être répété dans la réglementation parce qu'on a mis un article sur
pause, justement pour la réglementation, mais ici on annonce les couleurs du
règlement.
Bien, de façon générale, avec le temps, ça a été
démontré clairement que pour les... ceux qui ont des conséquences faibles et
minimales, ça, ça veut dire qu'il n'y a pas de maisons habitées, c'est des
routes souvent qui sont là, les études de sécurité n'amènent pas de plus-value
pour plusieurs raisons. Je dirais, la première, c'est parce ce qu'il y a l'échéance pour les fournir. Souvent,
c'est de l'ordre de 20 ans, 15 ans ou 20 ans. Donc c'est déjà
très long, alors que ces barrages-là
sont déjà soumis à des obligations de surveillance et des inspections à des
fréquences beaucoup plus serrées — huit ans, par exemple.
Donc les études qui étaient demandées, qui peuvent coûter 35 000,
40 000 dollars pour ce genre de barrage là, sans dire qu'elles sont
inutiles, c'était cher payé d'avoir une telle étude pour le peu que ça amène,
alors que ce qu'on souhaite, c'est : lorsqu'il y a une inspection faite
par un ingénieur, mettons aux huit ans, s'il détecte un problème, il se doit de
prévoir des travaux, étude ou pas étude, dans 10 ans, donc... et
l'article 2.1, c'est ça qu'il va venir amener. Donc, l'ingénieur, allant
faire son inspection plus régulièrement, il voit qu'il y a un problème, il va
demander au propriétaire d'investir de l'argent dans des travaux. Actuellement,
il y a des gens qui ne veulent pas investir
dans les travaux parce qu'ils doivent payer auparavant une étude à
40 000 dollars qui, dans le fond, n'a pas tant de plus-value
alors que ça va coûter peut-être ça pour les travaux. Donc, c'est vraiment...
ce n'est pas tant un allègement qu'une adaptation à... Si l'article avait été
écrit en 2002 avec tout ce qui est connu, ça n'aurait jamais été demandé
d'avoir une étude pour ceux-là. Donc ça, c'est le premier point, je dirais, qui
est... pourquoi c'est arrivé, cet article-là.
Qu'est-ce qui
fait — puis
la question est intéressante, là — qu'on
ne va pas en échapper? Bien, c'est sur deux ans. C'est le fait que
l'inspection va demeurer, ça, je l'ai dit, l'inspection va demeurer à une
fréquence plus régulière, beaucoup plus courte que les études. Le 2.1 est très
ferme et l'ajout des SAP puis des amendes. Donc, en contrepartie de tout ce
qu'on a rajouté pour resserrer, bien, ça vient balancer, puis ça vient dire aux
gens : Mettez votre argent sur des travaux pour ce genre de barrage-là.
Ça, c'est vraiment important.
Un autre point, puis je vais finir là-dessus, on
a adopté un article, là, je ne l'ai pas par coeur, là, qui dit qu'on peut
reclasser au fur et à mesure les barrages. Donc, une des choses qui va être
faite et qui est déjà en cours, c'est ceux qui sont classés à conséquence, par
exemple, faible ou minimale, bien il y a un tour de roue qui va se faire pour
être sûr et certain que ce n'est pas plutôt des «moyens». Et on est déjà en
train de remonter des barrages dans la catégorie «moyen», donc qui vont êtes
assujettis à l'ensemble de l'oeuvre. Donc, il y a deux façons, là, que cet
article-là ne vienne pas créer de vide, puis qu'il amène des problèmes, c'est
que tous ceux qui sont proches d'être conséquences «moyennes», ils vont être
évalués bien rigoureusement, puis probablement qu'ils vont remonter, et ceux
qui vont rester «faible» et «minimale», bien, lors d'inspections d'ingénieurs,
ils ne pourront pas dire : Bien là, je n'ai pas d'argent pour faire
l'étude, ça va me prendre du temps pour faire l'étude. Non, tu fais tes travaux
maintenant, tu mets l'argent là-dedans, sinon, on applique 2.1. Donc, ça
devrait amener, nous, on pense, beaucoup plus de travaux sur ce genre de
barrages là, de l'argent mieux investi. Puis c'est sûr qu'au total, la sécurité
est accrue par ça. Ça fait bizarre de dire : On arrête des études, ça
accroît la sécurité, mais ça va l'être, parce que c'est vraiment des... le
problème, c'est vraiment l'étude qui... C'est comme demander une étude à
quelqu'un qui... tu sais, elle coûte 40 000 $ , puis, en bout de
ligne, tu te rends compte que ce n'était peut-être pas vraiment nécessaire pour
les travaux. D'autant plus qu'ils avaient mis ça, en 2002, avec une échéance de
15 ans, puis de 20 ans. Là, c'est vraiment personnel, ce que je vais
dire, mais ça démontre un peu, j'ai envie de dire, le peu d'importance de cette
étude-là quand tu le demandes aux 20 ans.
Ça fait que c'est tout ça
qui a guidé... et ça a fait l'objet de débats avec... lors des consultations
aussi, avec les consultants eux-mêmes, qui perdent un peu de business avec ça.
Mais les consultants sont à l'aise avec ça, parce qu'il n'y a pas... les gens
veulent... En fait, pour eux, c'est clair, là, que cette étude-là n'est pas...
ils préfèrent travailler sur un mandat de
faire des travaux. Donc, je ne sais pas si ça répond... Sinon, il y a d'autres
précisions. Ça me fera plaisir, là.
Mme Melançon : Moi, j'aime ça quand
c'est clair comme ça. Ça nous amène, d'abord, une bonne réflexion, puis je
souhaitais qu'on puisse le faire. Et ça nous permet de mettre dans le micro, je
vais le dire comme ça, dans le fond, quel est le but qui est recherché avec un
article comme celui-ci. Moi, ce qui me rassure énormément, donc, c'est le huit
ans. Le huit ans, je pense qu'il peut nous rassurer toutes et tous, plutôt
qu'avoir l'étude aux 15, 20 ans, et que l'inspection va demeurer en se
rappelant, bien sûr, qu'on a préalablement, donc, adopté des articles avec des
sanctions administratives pécuniaires et des amendes plutôt salées, on va se le
dire, là, qui donnent justement une poignée supplémentaire au ministère à ce
moment-ci.
Je vais me permettre un commentaire aux
commentaires. Je pense que c'est le mot «assouplissement» qui m'a fait peur
dans le commentaire. Je pense que c'est vraiment ça. Je comprends, là, puis
avec l'explication du sous-ministre adjoint, on saisit bien, on saisit mieux,
mais je pense que c'est ce qui m'a fait peur, là, parce que, dans le fond, ce
n'est pas vrai que c'est un assouplissement. On vient de diversifier, je
pense... plutôt qu'avoir l'étude, là, je pense qu'on vient plutôt se
diversifier. Mais j'envoie quand même le signal auprès des gens du ministère,
puis je sais qu'ils sont nombreux à nous écouter, parce que, quand il y a des
commissions parlementaires, surtout sur des mammouths comme ceux-là, là... Et
c'était le propre de la LQE, hein, on va se le dire, là, d'arriver avec des
niveaux, puis c'était demandé par plein de groupes, puis on a travaillé ça avec
les groupes aussi, à l'époque, les règlements, là, je tiens juste à le
rappeler. Mais il y a des vides comme ça, puis je trouve ça dangereux, à un
moment donné, de dire : Bien, telle activité, on va mettre ça a peu de
risques, le peu de risques, à un moment donné, s'il s'additionne avec plusieurs
activités sur un même territoire, tout petit, tout petit comme un terrain,
comme un lot, bien, on arrive malheureusement avec des problématiques à
Saint-Adelphe... Donc, j'invite rapidement le ministre, mais aussi l'équipe du
ministère, à revoir rapidement pour régler la problématique des porcheries. Je
sais qu'on est complètement ailleurs, mais je me permets une petite envolée qui
aura duré 22 secondes de plus. Voilà.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée. M. le
ministre, ça va? Donc, M. le député de Viau.
• (15 h 20) •
M. Benjamin : Merci, merci, Mme la
Présidente. Donc, comme ma collègue, la députée de Verdun aussi, donc j'ai été
très attentif aux explications du sous-ministre. Ma question, c'est au
troisième alinéa, je crois, je pense que c'est comme ça qu'on appelle ça, le
troisième alinéa, qui commence par «à apporter à ce barrage des correctifs
approuvés par le ministre». En fait, une première question avant d'arriver à
cet élément-là : L'article qu'on a devant nous, M. le ministre, toucherait
combien de barrages à peu près, puisqu'on parle de barrages à forte contenance?
M.
Rousseau (Michel) :
Strictement sur les fortes contenances faibles et minimales, là, parce que
c'est ceux-là qu'on module selon le risque, c'est 800... c'est autour de
800 qu'on avait mentionné hier.
M. Benjamin : Autour de...
M. Rousseau (Michel) :
800...
M. Charette : ...moi-même une
question au sous-ministre, c'est 800 quelque chose, mais ça doit être
juxtaposé à la deuxième condition aussi, et donc être à côté d'un autre type de
barrage.
M. Rousseau (Michel) :
Ceux qui sont à côté... le paragraphe qui dit si ce barrage-là est associé à un
réservoir moyen et plus, là, bien, ça, ça évite que le maillon le plus faible
dans le fond, là, qui soit le maillon déterminant, le 800, là, c'est vraiment
le nombre de barrages qui vont être fortes contenances, faibles et minimales
qui pourraient être visés par ça. De là, il va falloir soustraire tous ceux
qu'on veut remonter à la hausse. Combien? Je ne sais pas, mais c'est de cet
ordre de grandeur là, puis... c'est ça. Puis il y a ceux évidemment qui sont
autour des barrages, mais le 800, ça comprend vraiment ceux que ça
s'appliquerait pour les «faibles» et «minimales», là.
M. Benjamin : Merci. Alors donc, si
on en venait au troisième alinéa, où c'est dit : «À apporter à ce
barrage»... En fait, c'est une dispensation, donc, de communiquer au ministre
«les correctifs approuvés par». «À apporter à ce barrage les correctifs approuvés par le ministre». J'aimerais peut-être
vous entendre spécifiquement sur cet élément-là, M. le ministre. Oui.
M. Rousseau (Michel) :
Juste... paragraphe 3°? Juste pour...
M. Benjamin : Sur le 3°, donc le
segment où c'est dit : «À apporter à ce barrage les correctifs approuvés
par le ministre».
M. Rousseau (Michel) :
En fait, ici on parle des... dans la séquence, là, c'est les correctifs qui
peuvent avoir été ciblés dans le cadre d'une étude. Donc, ça va avec le reste,
c'est-à-dire que l'étude n'étant pas requise... L'étude, c'est
elle qui, habituellement, signifie les correctifs. Puis après ça il faut
approuver les correctifs. Là, de la manière que ça va fonctionner, comme
l'étude est... je ne dirais pas remplacée par l'inspection, mais, à quelque
part, oui, il va y avoir une inspection de l'ingénieur et il va devoir faire
les correctifs en vertu de l'article 2.1. Donc, c'est des étapes
administratives qui ne sont plus là. Moi non plus, le mot «allègement», ce
n'est pas mon préféré, mais, s'il y a un allègement, c'est vraiment au niveau
administratif, dans le sens qu'il n'aura pas besoin de faire approuver l'étude
ni de faire approuver les correctifs. Il va pouvoir se mettre tout de suite en
action. Mais actuellement ces barrages-là doivent faire approuver des
correctifs selon ce que l'étude a démontré.
M. Benjamin : Alors, c'est dit... En
fait, si je lis, si je voulais lire au complet la phrase, donc, en vertu du
Règlement sur la sécurité des barrages, donc, ces entités-là n'auront pas à
apporter à ce barrage les correctifs approuvés par le ministre. Donc, c'est-à-dire
que, si... donc ce que je dois comprendre, c'est que, s'il y a des correctifs
que le ministre a approuvés, donc ces barrages-là n'ont pas à apporter ces
correctifs-là.
M. Rousseau (Michel) :
La question est intéressante, mais tout ça découle... À partir du moment où il
n'y a plus d'études de sécurité qui, elles, conduisent à un exposé de
correctifs, à une approbation de correctifs, en enlevant le premier... une première étape, les autres
tombent aussi. Par contre, s'il y a des correctifs à apporter sur un barrage,
il doit le faire. Et ça, ça va être... C'est pour tous les barrages, qu'il y
ait eu une étude ou pas avant.
Donc, ce que ça vient dire pour ceux-là,
c'est : Les correctifs, là, au sens de l'approbation de l'étude de
sécurité, ça n'existe plus parce que tout ça, c'est remplacé, mais s'il y a des
correctifs à faire puis qu'on a approuvés, on les connaît, ils vont devoir les
mettre en place, ne serait-ce que par l'esprit de l'article 2.1 qui dit
que ton barrage doit être en bon état. Donc, ces correctifs là, dans le
concret, ils vont être apportés. Et, pour les autres, dorénavant, ils n'auront
pas besoin de passer par l'étape administrative. Ils vont pouvoir procéder
directement aux correctifs. Donc il n'y a pas de barrages, là, pour lesquels il
y avait des correctifs de prévus qui vont être exemptés de les apporter. Ça,
c'est sûr. C'est l'article général 2.1 qui va les obliger à faire ça.
M. Benjamin : Et dans une des
conversations qu'on avait avec le sous-ministre, M. le ministre, je pense qu'il
nous avait donné quel est le pourcentage, en fait, des barrages à forte
contenance qui appartenaient à Hydro-Québec. C'était quel pourcentage encore?
M. Charette : Hydro-Québec, en
particulier, de mémoire, je ne le sais pas. On va se laisser quelques petites
secondes, le temps que l'info nous soit confirmée.
Des voix : ...
M. Rousseau
(Michel) : 25 % des
barrages, mais 9 % de forte contenance... ou l'inverse, plutôt, l'inverse.
C'est ça.
M. Benjamin : Donc, dans le cas
des... O.K. Hydro-Québec, gouvernement, ça va. Municipalités, personnes
physiques. Donc, il y a 9 % des barrages qui appartiennent à des personnes
physiques. Est-ce que je comprends que c'est ce qu'on a devant nous? En fait,
je vous expose un cas de figure. Donc, je suis une personne physique. Je suis
propriétaire d'un barrage à forte contenance, je pourrais apporter des
correctifs sans le faire approuver par le ministre. Est-ce que c'est ce que je
dois comprendre?
M. Rousseau
(Michel) : Ceux qu'on exempte sont tous les barrages. Ça ne
touche que les fortes contenances. Donc, il
faut vraiment que ça soit d'abord une forte contenance et il faut que le niveau
de conséquence de ces barrages-là, peu importe le type de propriétaire,
il faut que les niveaux de conséquence soit faibles ou minimal. Ça veut dire
qu'il n'y a pas d'habitations en aval. C'est ceux-là qui sont visés, donc, que
ce soit des... peu importe le type de propriétaire.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait. Donc, y a-t-il... S'il n'y a pas
d'autre intervention sur cet article... Oui, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Tout simplement
pour savoir parce que ce n'est pas indiqué ici. J'imagine qu'à
l'article 160, ça va devenir effectif à partir du moment où la loi est
édictée. Oui?
Mme Grignon (Karine) :
Effectivement. Donc au niveau de l'entrée en vigueur, ça entre en vigueur immédiatement, mais la disposition qu'on vient
d'étudier vient permettre d'appliquer tout de suite ce qu'on vient de
voir, là, aux paragraphes 1°, 2°, 3° et
4°, là, pour les différentes situations. Pas besoin d'attendre la modification du
règlement.
Mme Melançon : Ah! Voilà! C'est
ça. Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Grondin) :
Ça va? Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, je vais vérifier avec les
membres de la salle... je vais lire mon document parce que je me suis trompée
dans les noms de salle. Donc, pour les membres de la salle de Louis-Joseph-Papineau,
est-ce que l'article 160 est adopté?
Des
voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Pour les membres de la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, est-ce que l'article 160 est
adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. Donc,
l'article 160 est adopté. Nous avions... En fait, je vous propose une
pause. Ça vous convient?
Donc, je vais
suspendre les travaux.
(Suspension de la séance à
15 h 29)
(Reprise à 15 h 38)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, il nous reste... Nous venons
d'adopter l'article 160. Donc, nous allons aller avec l'article 161,
ça vous va? M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente.
161. Jusqu'à l'entrée
en vigueur du premier règlement modifiant le Règlement sur la sécurité des
barrages pris après le — entre
parenthèses — indiquer
ici la date d'entrée en vigueur de la présente loi — et
sous réserve de l'article 160 de la présente loi, les
articles 76 à 78 de ce règlement s'appliquent à compter du — entre
parenthèses — indiquer
ici la date de l'entrée en vigueur de la présente loi — à
tout barrage :
1° à forte contenance
existant, dont le niveau des conséquences d'une rupture est égal ou supérieur à
«moyen» au sens de ce règlement, mais qui était inconnu du ministre;
2° qui devient
considéré comme un barrage à forte contenance, dont le niveau des conséquences
d'une rupture est égal ou supérieur à «moyen» au sens de ce règlement et qui
n'a jamais fait l'objet d'une étude visant à en évaluer la sécurité;
3° à forte
contenance, dont le niveau des conséquences d'une rupture est révisé à égal ou
supérieur à «moyen» au sens de ce règlement et qui n'a jamais fait l'objet
d'une étude visant à en évaluer la sécurité.
Le délai visé au
premier alinéa de l'article 78 de ce règlement se calcule toutefois à
compter, selon le cas, de la connaissance du barrage par le ministre, du
changement de catégorie du barrage ou de la révision du niveau des conséquences
d'une rupture du barrage au lieu d'à compter de l'entrée en vigueur de la Loi
sur la sécurité des barrages.
Le commentaire...
La
Présidente (Mme Grondin) : S'il vous
plaît.
• (15 h 40) •
M. Charette :
Donc, cette disposition vise à rendre applicables, dès l'entrée en vigueur
de la loi, certaines dispositions du Règlement sur la sécurité des barrages
sous réserve de l'article 160 du projet de loi qui prévoit des assouplissements pour certains barrages, et ce,
jusqu'à l'entrée en vigueur du premier règlement qui modifie le
Règlement sur la sécurité des barrages.
Ainsi, les
articles 76 et 78 du règlement s'appliqueront à tous barrages à forte
contenance existants dont le niveau de conséquence d'une rupture serait égal ou
supérieur à moyen, à tout barrage qui devient un barrage à forte contenance
avec ce même niveau des conséquences d'une rupture et qui n'a jamais fait
l'objet d'une étude visant à en évaluer la
sécurité ainsi qu'à tout barrage à forte contenance dont le niveau de
conséquence d'une rupture est ainsi révisé.
Ces dispositions du
règlement ont pour but de s'assurer que les propriétaires de ces barrages
établissent un plan de gestion des eaux retenues et un plan de mesures
d'urgence et procèdent à une évaluation de la sécurité du barrage dans un
certain délai, qui varie notamment en fonction de l'état du barrage. Ce délai
commence à courir, selon le cas, au moment de la connaissance du barrage par le
ministre, du changement de catégorie du barrage ou de la révision du niveau des
conséquences d'une rupture du barrage.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. Donc, y a-t-il des
interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme
Melançon : Merci Mme la Présidente. Là, enlève le masque, remet les
lunettes. O.K., désolée. À ce moment-ci...
Là, il y a des entrées en vigueur qui se font immédiatement, il y en a qu'on
doit attendre à cause des règlements, bien entendu, là, les règlements
qui seront déposés certainement bientôt. Je ne sais pas combien de temps le
ministre se donne pour les règlements environ? Si c'est possible d'obtenir ça,
puis de savoir... On vise, j'imagine, un 45 jours?
M. Charette :
...calendrier pour... et on se parle ouvertement. Notre souhait serait d'avoir
deux omnibus réglementaires au cours des prochains mois, donc on viserait
vraisemblablement, là, cet automne, là, pour ce règlement-ci, ce qui serait
dans le deuxième omnibus, là, si le calendrier peut être maintenu.
Mme Melançon : Parfait. Excellent.
Lorsque... Là, on va les prendre, si vous le permettez, un derrière l'autre,
là. «À forte contenance existant, dont le niveau [de] conséquences d'une
rupture est égal ou supérieur à "moyen"», parce
que l'article 160 couvre le reste, au sens de ce règlement, mais qui était
inconnu du ministre. Pourquoi qu'il était inconnu du ministre?
La Présidente (Mme
Grondin) : M. Rousseau.
M. Rousseau (Michel) :
Oui, en fait, tout cet article-là vise ce que je disais tantôt, là, tous les
barrages qui vont être réévalués à moyen. Donc c'est possible qu'il y ait des
niveaux de conséquences qui étaient à «faibles» ou «minimales», puis le fait
qu'on peut les reclasser au fur et à mesure, on fait plus d'inspections, et
tout ça, ça va ensemble, là. Bien, on... il y a des barrages qu'on pouvait
penser qu'ils n'étaient pas «moyen», mais, en fait, ils l'étaient. Donc, il y a
tous ceux qui vont être réévalués, tous ceux qui vont être... Bon, découvrir un
nouveau barrage, là, c'est peu probable,
parce qu'ils sont mal connus, mais c'est beaucoup ceux qui vont être réévalués,
là. Cet article-là vise vraiment ça et, dès maintenant, ça vient un
peu... bien, pas compenser, mais tantôt on disait : Il ne faudrait pas
qu'il n'y ait rien qui tombe dans la craque, comme on dit. Bien ça, ça vient
éviter ça parce que tous ceux qui sont faibles... à forte contenance, qui sont
actuellement moyens, mais pas classés comme tels, il faut rapidement les
classer comme tels, puis l'article s'applique dès maintenant. C'est ça que ça
vient dire surtout, puis ça vient aussi... c'est en lien avec l'article 78
du règlement qui existe déjà, là, j'ai envie de dire : Ça vient le
réactiver. Il y a déjà des échéances de prévues là-dedans pour ceux qui sont
déjà classés moyen, mais c'est vraiment les... pourquoi cet article-là est...
c'est vraiment pour les nouveaux, là, qu'on va reclasser.
Mme
Melançon : Parfait.
J'imagine qu'au 2°, donc, «qui devient considéré comme un barrage à forte
contenance», donc on vient de le changer de catégorie, «dont le niveau des
conséquences d'une rupture est égal ou supérieur à "moyen" au sens de
ce règlement [...] qui n'a jamais fait l'objet d'une étude visant à en évaluer
la sécurité». Donc, c'est parce qu'on veut avoir une première analyse du
barrage?
M. Rousseau (Michel) :
En fait, c'est qu'il n'y a pas encore... La seule façon qu'on avait avant de
reconsidérer le niveau de conséquence des barrages, c'est alors de l'étude de
sécurité ou lors de la demande de permis. Donc, si, pour toutes sortes de
raisons, il n'y avait pas eu besoin d'en faire une ou, encore, il n'avait
pas... il ne l'avait pas déposée, même s'il devait le faire, bien, à ce
moment-là, ce qu'on vient dire, c'est qu'étude de sécurité ou pas, ceux qui
n'ont jamais fait l'objet, ils vont être aussi impliqués là-dedans. Donc, on
n'attendra plus l'étude de sécurité. C'est ça que ça vient dire, là, en terme
légal, là.
Mme Melançon : Parfait. Parfait
pour moi. Et puis le 3°, donc, «d'une rupture est révisé à égal ou supérieur
"moyen" au sens de ce règlement [...] qui n'a jamais fait l'objet»,
bien, c'est la même, chose dans le fond. Ça ressemble beaucoup au 2°, non?
Une voix : ...
Mme Melançon : Parce que les
deux sont à forte contenance. Il y en a un qui devient considéré comme... Donc,
on l'a changé de catégorie, mais je ne vois pas....
La Présidente
(Mme Grondin) : ...le niveau de conséquences dans le 3°,
c'est le niveau des conséquences d'une rupture. C'est la différence entre les
deux. Non?
Mme Grignon (Karine) : ...le
2°, en fait, c'est qu'il va le devenir, considéré comme un barrage à forte
contenance, tandis que le 3°, c'est qu'il l'est déjà.
Mme Melançon : C'est qu'il
l'est déjà. Oui, c'est ça. Voilà, hein? Bon, c'est pour ça que je disais, là,
il est réévalué. Dans, le fond, il est... Bon, parfait. Le délai visé au
premier alinéa, on en a parlé, se calcule toutefois à compter, dans son cas, de
la connaissance du barrage par le ministre. Certainement. On sait pourquoi, du
changement de catégorie ou de la révision d'une rupture de barrage qui a eu
lieu jusqu'à compter... Ça, moi, ça me convient.
Cependant, mon oeil a été attiré... Et je sais
que j'ai manqué quelques minutes de la commission et c'est peut-être pour ça, là. J'aimerais qu'on me parle du plan
de gestion des eaux retenues et le plan des mesures d'urgence. Est-ce
que... Je ne sais pas si on en parlait à un article plus précis, là, mais si on
peut surtout m'expliquer les deux plans... Parce que pour le changement de
catégorie, bon, on en a parlé, de toute façon, à 160, mais les deux plans, moi,
c'est la première fois, là, que j'ai souvenir qu'on en parle ensemble.
M. Rousseau
(Michel) : O.K. Oui, le plan de mesures d'urgence actuellement,
et ça va rester comme ça, s'applique aux fortes contenances, moyens et plus.
Donc, ça, c'est déjà là. Le plan de gestion des eaux, on l'a vu tantôt, là,
peut-être qu'on s'est attardé plus aux études, là, mais le plan de gestion des
eaux de retenue, il s'applique actuellement aux fortes contenances, sauf ceux
qui sont classés E, ça veut dire vraiment... pas négligeable mais à risque
négligeable. Et là, tantôt, on a enlevé cette obligation-là aux faibles et
minimales essentiellement pour les mêmes raisons que je vous ai données.
Souvent, les barrages à conséquences faibles et minimales sont des barrages qui
sont déjà au fil de l'eau. C'est des barrages pour lesquels un plan de gestion
des eaux de retenue, puis ça, c'est l'expérience des 20 ans qui a démontré
ça, ça devenait inutile pour ce genre de barrage là. Les gestions des eaux de
retenue, c'est vraiment quand est-ce... c'est plus quand
un barrage doit être géré en mode continu, là. Il faut l'ouvrir, il faut le
baisser, il faut... Donc, ça, ça s'applique vraiment aux barrages forte
contenance et ceux pour lesquels ils ont des risques moyens et plus. Donc, ça,
enlever l'étude qu'on a enlevée tantôt pour les faibles et minimales, bien,
c'était cohérent aussi pour les eaux de retenue parce que, souvent, les eaux de
retenue, aussi, ce plan-là était déposé en même temps que l'étude. Donc, tout
ça va ensemble, je dirais, là, c'est dans cet esprit-là, là.
• (15 h 50) •
Mme Melançon : Et le fait que
nous allions justement retirer, pour certains, l'obligation d'avoir un plan de
gestion des eaux de retenue puis avec l'expérience que vous avez, donc, des
20 dernières années, là, puisque c'était en 2002, est-ce que vous vous
diriez que, malgré les changements climatiques qui vont nous amener une
pression supplémentaire quant à la gestion des eaux puis, donc par le fait
même, des eaux... la gestion des eaux retenues qu'il n'y aurait pas de problème
à long terme? Parce que là on est en train de faire... Tu sais, on ouvre une
loi, on repart des règlements. Je veux juste m'assurer que, dans le temps...
Parce qu'on le sait, là, on le voit... Je lisais, pas plus tard qu'hier, là,
dans une revue scientifique, avec la fonte des glaciers qui est accélérée,
l'eau qui vient du nord, à un moment donné, va vouloir s'écouler, elle va s'en
venir vers le sud. C'est comme ça que ça fonctionne. Donc, est-ce que, malgré
les changements climatiques, l'article 61 ne verra pas... Dans le fond, on
ne verra pas une pression supplémentaire même sur ces barrages-là à faible
contenance, il n'y aura... Parce que vous le disiez, là, c'est au fil de l'eau,
là, pour certains barrages, mais est-ce qu'il n'y aurait pas des crues qui
pourraient être... qui pourrait survenir à cause des changements climatiques à
ce moment-ci?
M. Rousseau
(Michel) : Bien, la réponse, c'est non. L'enjeu des changements
climatiques, c'est vraiment beaucoup plus important au niveau des très gros
barrages. Et comme on le disait, dans le règlement, on oblige d'avoir un
facteur de risque selon différentes considérations, un facteur de sécurité, et
c'est déjà le cas, là, c'est-à-dire que les ingénieurs sont en train de
s'adapter pour... lors de la construction.
Toutefois, le barrage dont on parle, ce ne sont
pas des barrages, là, qui contrôlent les inondations, ne sont pas des barrages
qui accumulent beaucoup d'eau, donc il n'y aura pas de... l'impact est
négligeable là-dessus. Et comme c'est des barrages qui... L'enjeu, ce n'est
pas, justement, la formation d'un réservoir, parce que ça coule en continu,
donc c'est... le réservoir, il ne peut pas augmenter, diminuer. Ce n'est pas
là. Les changements climatiques, c'est vraiment lorsqu'on va autoriser des
travaux pour des gros barrages. Et ça, c'est déjà... Comme j'expliquais, les
ingénieurs sont... dans leur formation continue, ça fait partie des... Puis je
parlais avec un qui me disait justement qu'il avait eu des présentations
là-dessus. Il y a toutes sortes d'écoles. Il y en a qui disent que les
changements climatiques pour les barrages, ça a plus ou moins d'impact. Il y en
a qui disent ça va avoir moins d'impact parce que, les hivers étant plus
chauds, la neige va fondre, l'hiver, un peu, donc il va en passer plus l'hiver
que tout d'un coup au printemps. Il y en a d'autres qui disent ça amène plus de
pluie. Donc, comme on le sait, les changements climatiques, c'est plus un désordre
climatique. Ça ne va pas tout le temps dans le même... Donc, il y a quand même
pas mal d'écoles de pensée à l'effet que les
changements climatiques puis la gestion des barrages ne va pas nuire, puis
même, dans certains cas, au contraire, parce que ça va éviter les coups
d'eau. Ça fait que je vous dirais, c'est clair pour les barrages qui sont visés
là... minimal, ça n'a pas d'impact. Puis même pour les plus gros, les écoles de
pensée... Mais c'est de plus en plus dans la construction, il y a quand même un
facteur de sécurité qui est fait. Mais on ne parle pas de barrage avec gestion
de réservoir, dans ce cas-ci, c'est pour ça
que ça n'a pas de lien, là. Ça n'a pas vraiment de... Je ne sais pas si c'est
clair, là.
Mme Melançon : Oui, oui, oui.
Bien sûr. Moi, ça me va. Je ne sais pas si mon collègue...
La Présidente
(Mme Grondin) : Ça va? Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que les membres dans la salle Louis-Joseph-Papineau...
est-ce que... pour les membres, est-ce que l'article 161 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Grondin) : Adopté. Donc, est-ce que, pour les membres dans
la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine,
l'article 161 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci beaucoup. Donc, l'article 161
est adopté. Il nous reste, dans ce bloc qui porte sur la sécurité des barrages,
un seul article, si je me rappelle bien. Donc, nous avions suspendu
l'article 131. Vous aviez procédé, M. le ministre, à la lecture, hein, de
cet article. Donc, y a-t-il... souhaitiez-vous intervenir?
M. Charette : Tout simplement
mentionner, on l'avait suspendu à juste titre parce qu'on référait à un article
qui a été étudié depuis, pour lequel on a pu fournir, là, certaines
explications. Donc, on peut certainement poursuivre les échanges, là, mais,
effectivement, ça avait été lu.
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait. Donc, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Oui, en effet, c'était à cause des dispositions transitoires, là, à
ce moment-ci, où on voulait s'assurer. Donc, le gouvernement peut, par
règlement... Moi, c'était sur... Justement, c'est lorsque
nous parlions d'ensembles de barrages à forte contenance, et c'est là où je me
rappelle que... Donc, là, il y avait
l'intention, à 160, on l'a vu, qui nous arrive, justement, avec des nouveautés.
Est-ce que le sous-ministre peut me répéter qu'est-ce qu'on entendait
par les ensembles de barrages, à ce moment-ci? Je me rappelle, j'avais posé une
question...
Une voix : ...
Mme Melançon : Oui, bien sûr,
allez-y.
M. Charette : ...petit élément, et
c'est mon oubli, Mme la Présidente, il y aurait aussi un amendement. Le 22.1 ne
change pas du tout, mais il y aurait un amendement que je m'apprêtais à
oublier. Si vous me permettez, j'en ferais la lecture, et ça viendra permettre,
là, l'échange plus global par la suite. Donc, la... Je mets le... Je remets le
masque.
Donc, ce serait d'ajouter, à la fin de
l'article 22.1 de la Loi sur la sécurité des barrages proposé par
l'article 131 du projet de loi, l'alinéa suivant :
«Dans l'exercice de son pouvoir, le gouvernement
prend notamment en considération les paramètres de classement des barrages à forte contenance déterminés par règlement
conformément au deuxième alinéa de l'article 14.»
Mme Melançon : Je vais juste le...
M. Charette : Et je n'ai pas de
commentaires comme tels, mais c'est assez clair, là, c'est une précision
supplémentaire, là, qui va nous permettre de mieux se référer aux différents
paramètres de classement, là, des barrages.
La Présidente (Mme Grondin) :
Est-ce que vous souhaitez que je suspende les travaux quelques minutes?
Mme Melançon : Oui, s'il vous plaît,
quelques... Parce que je vais essayer de le trouver. Je veux juste
savoir : Est-ce qu'il y avait un commentaire à...
M. Charette : Non, c'est ça, je n'ai
pas...
Mme Melançon : Non, c'est ça, hein,
c'est...
M.
Charette : Vu que c'est un
amendement, là, qu'on a proposé, là... Je pense, c'est ce matin qu'il a été
déposé...
Mme Melançon : Ah! c'est pour ça.
D'accord.
M. Charette : ...et c'est réellement
pour faciliter la référence aux... bien, c'est-à-dire, comme... Ça prend en
considération, là, les paramètres de classement des barrages à forte
contenance.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, je vais suspendre les travaux quelques
minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 58)
(Reprise à 16 heures)
La
Présidente (Mme Grondin) :
Donc, nous reprenons nos travaux. Nous en étions à l'article qui était
suspendu.
J'avais besoin d'un consentement pour y revenir,
je ne l'ai pas demandé. Ça va? Donc, nous sommes... nous revenons à
l'article 131.
M. le
ministre, vous avez déposé un amendement à cet effet. Donc, je suis prête à
entendre... Y a-t-il des interventions sur amendement?
Mme Melançon : Oui,
sur l'amendement. Dans le fond, j'aimerais juste, peut-être, avoir une petite
explication, là, surtout conformément au deuxième alinéa de l'article 14,
si on est capable d'avoir juste une petite mise en bouche, là, ça va nous
faciliter, dans le fond, la compréhension pour tout le monde.
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc,
M. Rousseau.
M. Rousseau
(Michel) : En fait, le... Bien, vous aviez
commencé à poser une question, puis l'amendement était justement dans ce
sens-là, c'est que la façon dont c'est écrit, là, on parle des barrages qui ont
des caractères communs qu'il détermine. Dans ce cas-ci, ce que ça vient
préciser, c'est quoi les caractères communs, mais ce n'est pas des
caractères... c'est-tu tout juste des barrages bleus, là, ou c'est-tu tous des
barrages du privé ou c'est-tu tous des barrages d'Hydro-Québec? C'est vraiment
selon le classement du barrage. Donc, c'est des critères objectifs, puis les
niveaux de classement, juste pour rappeler, c'est la multiplication entre le
niveau de conséquences qu'on parlait tantôt et des
critères, un ensemble de critères qui donnent des points, puis, parmi ces
critères-là, on a la hauteur, l'âge du barrage, est-ce qu'il est dans une zone
sismique, et etc. Donc, en multipliant les deux, ça donne un niveau de risque
de chaque barrage, les plus à risque sont les A, les moins à risque sont les E.
Donc, ce que ça vient de dire, c'est que si on fait des... si on utilise cet
article-là, le caractère commun devra être associé au classement, c'est...
Donc, ça vient confirmer ce qui était en tête puis ce qu'on fait déjà. Mais ça
ne pourra pas être n'importe quoi, il faut que ça soit en fonction du
classement. C'est ça que l'amendement vient amener, là.
Mme Melançon : Et donc cet
amendement-là vient parler de l'ensemble des barrages à forte contenance. Dans
le fond, on vient le définir, mais ce sera, bien sûr, à l'intérieur du
règlement pour déterminer de A à E, comme vous le mentionnez, avec les
différents niveaux de... parce que... Puis vous comprenez, là, pourquoi à 22.1,
quand moi, je le lisais, là, je me disais : O.K., sur quoi le «tout», tu
sais, de la présente section, «tout ensemble de barrages à forte contenance»,
donc, là, c'est le «tout ensemble de barrages» qu'on comprend avec le niveau de
risque puis avec ce classement, qui seront donc déterminés par le règlement.
J'ai bien compris? C'est bien cela?
M. Rousseau
(Michel) : Oui.
Mme Melançon : Alors moi, je
suis très à l'aise, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait. M. le député
de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Est-ce qu'on est sur l'amendement?
La Présidente
(Mme Grondin) : Sur l'amendement.
M. Benjamin : On
est sur l'amendement, d'accord. C'est le classement... Le classement des
barrages, j'aimerais savoir, en fait, est-ce qu'il a une périodicité, ce
classement-là, sur quelle... dans quelle période, à chaque combien de temps,
est-ce que c'est chaque année, à chaque deux ans, à chaque 10 ans.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. Rousseau.
M. Rousseau
(Michel) : Le classement du barrage est
réévalué à chaque fois qu'on intervient ou qu'il y a une demande sur un
barrage, donc c'est une mise à jour, je dirais, continuelle, comme il y a des
inspections qu'on a vues qui peuvent être assez régulières, donc dès qu'il y a
une nouvelle information. Je vous disais tantôt, dans le... parmi les critères,
il y a l'âge du barrage ou son état. Donc, dès qu'il y a de nouvelles
informations, le calcul entre les différents
critères, là, plus les niveaux de conséquences est refait, et c'est à ce
moment-là qu'il est classé A, B, C, D, E. S'il augmente de C à B, par
exemple, bien, il va y avoir une surveillance plus régulière. Il y a des règles
qui vont avec chaque classe. Donc, c'est
vraiment, je dis, en continu, dès qu'il y a une intervention qui est faite sur
ce barrage-là par rapport à soit nous, à
soit le propriétaire ou le consultant, dès que quelqu'un intervient. Donc, dans
toutes les inspections qu'on fait, et on va en faire davantage, à chaque
fois, on va regarder s'il y a eu des paramètres qui ont changé. Si oui, on va
refaire les calculs. Et si la classe change, bien, on va la changer, puis ça
apparaît même dans le registre, et là, les obligations réglementaires qui vont
en fonction des classes vont être adaptées. Donc, c'est en continu, je dirais,
là, puis c'est important que ça soit comme ça. L'état du barrage fait partie
des critères. Donc, c'est en continu. Ça serait ça, la réponse courte.
M. Benjamin : À ce moment-là,
est-ce que je comprends, M. le sous-ministre... Est-ce que ce sont les
paramètres qui changent ou le classement qui change? C'est parce que j'imagine
que les paramètres, ce sont les lignes... les grandes lignes, les conditions,
les seuils. Est-ce que ça, ça varie beaucoup ou, du moins, c'est vraiment le
classement qui change ou les paramètres changent?
M. Rousseau (Michel) :
Les paramètres demeurent les mêmes. Par exemple, prenons... bien, prenons
l'âge, c'est le plus simple, là. C'est un paramètre qui est là. Et, selon
l'âge, il y a des points qui sont donnés dans le calcul. Donc, si on arrive à
un barrage puis qu'il est... ça fait cinq ans qu'il a été classé, il est plus
vieux. En faisant le calcul avec son âge, il
passe la catégorie... la classe, c'est-à-dire va changer... peut changer. Et
souvent, bien, à ce moment-là, si la classe change, bien, il y a des
obligations qui sont plus serrées parce que... Les inspections, c'est le plus
bel exemple, là, les inspections pour surveillance, c'est dicté par la classe.
Donc, les paramètres sont les mêmes. Bon, la zone sismique, ça ne change pas
beaucoup. Au Québec, on connaît nos zones sismiques. Mais supposons que les chercheurs disaient : Dorénavant, je ne sais
pas moi, Cap-Rouge est une zone sismique, il n'y a pas de barrage à Cap-Rouge,
mauvais exemple. Je reste à Cap-Rouge, c'est pour ça, mais un nouvel endroit
qui a une zone sismique, bien, il faudrait le considérer, donc, mais les
paramètres restent les mêmes, là, ça, c'est certain. Donc, c'est vraiment le
classement qui change selon le calcul qui est refait à chaque fois.
M. Benjamin : Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Parfait. Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, on pourrait procéder, là,
au vote. En fait, donc, est-ce que, pour les membres de la salle Louis-Joseph-Papineau,
l'amendement à l'article 131 est adopté?
M.
Charette : Adopté.
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, il est adopté. Est-ce que, pour les membres
dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine,
l'amendement à l'article 131 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. Donc, l'amendement
est adopté. Nous revenons à l'article 131 tel qu'amendé. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. En fait, je reviens sur le commentaire du
ministre. Quand il dit : «Ensemble de
barrages à forte contenance qui ont [des] caractères communs», qu'est-ce qu'on
entend par «caractères communs» ici?
M.
Rousseau (Michel) : La précision qu'on a
faite justement dans l'amendement vient l'amener, puis je vais prendre un
exemple très simple. Tout à l'heure, on a parlé, là, abondamment, dans
l'article 160, que les faibles et minimales n'auraient plus besoin
d'études, donc, dans le règlement, puis ça, c'était une mesure transitoire,
mais, quand le règlement va être adopté, ça va être écrit, et le caractère
commun va être le niveau de conséquence faible et minimal. Donc, le caractère
commun, ça va toujours être soit le niveau de conséquence, soit la classe, donc
des critères qui sont objectifs, scientifiques. C'est dans cet esprit-là. Et ça
va être prévu, tout le temps, adopté dans le règlement, qui lui, déjà, le
règlement, il est fait puis il tient compte de ces caractères communs là, mais
là on vient le préciser qu'on va pouvoir exempter certaines dispositions. Puis
on l'a fait à 160. Et ça, 160, ce qui a été fait là va être réécrit directement
dans le règlement. Donc, caractères communs, c'est soit la classe, soit le
niveau de conséquence.
M. Benjamin :
Parfait. Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Ça va? Donc, y a-t-il d'autres
interventions? Puisqu'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que les membres dans la salle Louis-Joseph-Papineau... est-ce que l'article 131 tel qu'amendé
est adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci. Pour les membres dans la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, est-ce que l'article 131 tel
qu'amendé est adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Merci beaucoup. Donc,
l'article 131 tel qu'amendé est adopté.
Nous avons terminé le
bloc 4, qui portait sur la sécurité des barrages et du domaine hydrique de
l'État. Nous allons amorcer une nouvelle section, donc le bloc 5. J'aurais
besoin... Puisque le ministre a déposé des amendements pour les blocs qui
viennent, donc nous, nous avions consenti de travailler avec un plan de travail
il y a quelque temps, un consentement pour y aller. Là, c'est un nouveau plan
de travail ou, en fait, un plan de travail qui est révisé pour les blocs 5
et 6, dans lequel il y a des amendements. Est-ce que vous êtes à l'aise qu'on
travaille avec ce nouveau plan là révisé? Mme la députée de Verdun.
• (16 h 10) •
Mme
Melançon : Moi, je n'ai pas de problème à ce qu'on aille avec un plan
révisé, là. Je vais cependant vous demander, Mme la Présidente, de nous donner
du temps, parce que, souvent, là, on part les lectures, puis là, nous, il faut
se retrouver à l'intérieur des documents qui sont un peu à part. On doit
joindre ça dans notre nouveau cahier. Ce n'est pas optimal, on le sait, mais,
si on a ce temps-là et si on respecte tout de même l'ordre général, là, moi, je
n'ai aucun problème avec ce qui est proposé comme plan de travail.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette :
Naturellement, on va prendre tout le temps nécessaire. Et peut-être mentionner
qu'à travers le site Greffier, il y a aussi un nouvel index qui est disponible pour
aider à tout le monde, là...
Une voix :
C'est ça.
M. Charette :
...de se retrouver un petit peu dans la séquence. Mais effectivement, là, on va
prendre le temps nécessaire pour que tout le monde puisse se retrouver.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le ministre, de compléter.
En fait, effectivement, ce nouveau plan de travail ou cet index est maintenant
disponible sur le Greffier dans le cahier du député. Donc, si je comprends
bien, donc, il y a consentement pour qu'on puisse fonctionner comme avec le
nouvel index ou plan de travail révisé?
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous allons commencer le
bloc 5, qui porte sur les mesures complémentaires. Donc, M. le ministre.
L'article 78, s'il vous plaît.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Avec un amendement, aussi, que je pourrai lire par la suite. Donc,
l'article original, soit... Loi sur la qualité de l'environnement :
78. L'article 1 de cette loi est modifié
par le remplacement, dans la définition de «personne» du premier alinéa, de «ou
une personne morale autre qu'une municipalité» par «, une fiducie ou une
personne morale».
Et le commentaire : L'article 1 de la
Loi sur la qualité de l'environnement prévoit des définitions pour
l'application de la loi et des règlements.
La modification à la définition du terme
«personne» vise d'abord à supprimer sa non-application aux municipalités
puisque, par nature, une municipalité est une personne morale de droit public
et qu'il est inutile de la traiter différemment d'une autre personne. Une telle
différence de traitement n'est d'ailleurs pas apportée dans les autres lois du
corpus législatif québécois. Des ajustements de concordance seront proposés
plus tard dans le projet de loi pour tenir compte de ce changement.
Et la modification de terme «personne» vise
également à assimiler une fiducie à une personne. Une telle assimilation est
requise puisqu'une fiducie ne possède pas de personnalité juridique,
contrairement à une compagnie, par exemple.
Donc, ça, c'est l'article original. Je ferais la
lecture de l'amendement. Ce serait de «remplacer l'article 78 du projet de
loi par le suivant :
78. L'article 1 de cette loi est modifié
par le remplacement de la définition de «personne» du premier alinéa par la suivante :
«"Personne" : une personne
physique, une personne morale, une fiducie, une société, une coopérative ou
tout autre regroupement de personnes.»
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, merci, M. le ministre. Y
a-t-il des interventions sur cet amendement? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Nous allons donc
débuter, c'est ça, avec l'amendement. J'imagine que cette définition là de
«personne» est la même que l'on retrouve dans l'ensemble des lois du corpus
législatif québécois à ce moment-ci?
Mme Grignon (Karine) : Bien, ici, en
fait, on a une particularité, là, on assimile à une personne certaines autres
formes juridiques, là, comme une fiducie, une société de personnes aussi, là.
Donc, ce n'est pas nécessairement toutes les lois qui ont besoin de faire ça,
mais, pour la Loi sur la qualité de l'environnement, effectivement, toute
l'énumération va être considérée quand il y a une obligation qui s'applique à
une personne dans la loi. Ça va viser l'ensemble de ces formes juridiques là,
là.
Mme Melançon : Moi, je ne veux pas
rentrer dans le menu détail, là, des définitions, mais dans la LQE,
actuellement, la définition de «personne», est-ce que c'est celle que nous
retrouvons actuellement?
Mme Grignon (Karine) : Non, c'est
ça. Actuellement, la définition de «personne» excluait les municipalités. Donc,
les personnes et les municipalités étaient traitées d'une manière distincte,
et, partout dans les articles de la LQE, il fallait mettre «personnes ou
municipalités» parce qu'il fallait viser les deux dans la plupart des cas.
Mme Melançon : Alors pourquoi est-ce
qu'on a décidé de procéder au changement à ce moment-ci?
Mme Grignon (Karine) : C'est
justement, parce qu'il n'y avait pas de distinction à faire entre les deux.
Vous allez voir, là, on a un article un petit peu plus loin où la majorité des
articles de la LQE avait cette duplicité-là, là, donc on insérait «personnes et
municipalités» à l'intérieur de l'article. Donc, en mettant uniquement le mot
«personne», on est sûr de viser les deux, puis là, avec notre nouvelle loi qui vise
uniquement des personnes, parce que ça s'applique aussi à la Loi sur les
pesticides, à la Loi sur les espèces menacées, elle n'avait pas cette
distinction-là. Donc, quand on mentionne le mot «personne», on visait aussi les
municipalités à l'intérieur de ces lois-là, ce que la LQE ne faisait pas.
Mme
Melançon : Non, mais je trouve ça particulier, quand même,
qu'on change de définition à ce moment-ci, et, tu sais, pour moi, une
définition demeure puis, si on doit ajouter, on ajoute, mais, de voir qu'on est
en train de transformer à ce moment-ci... je
me pose simplement la question, c'est peut-être moi qui a une mauvaise
compréhension à ce moment-ci. J'essaie,
j'essaie de voir... Je vais prendre le temps de réfléchir. Je sais que mon
collègue de Viau a aussi levé le doigt, alors je vais lui laisser la
parole, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : ...en complémentaire.
Avec ce changement-là, et on va y revenir dans d'autres articles, ensuite, ça va
être la même chose partout, donc il y a réellement une volonté d'uniformisation
derrière ça.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. M. le député de Viau.
M.
Benjamin : Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, à plusieurs
reprises, dans plusieurs études détaillées, je me rappelle que... soit sur la
Loi sur le patrimoine naturel, j'ai eu à poser cette question sur qu'est-ce
qu'on entendait... et je vois le ministre sourire, donc il doit sûrement s'en
rappeler, «personne», on nous disait que ça faisait référence à personne
physique ou personne morale. L'article 78, au premier paragraphe, ce qu'on
a devant nous, on nous demande de remplacer, et corrigez-moi, en fait... on
nous demande de remplacer «personne» du premier alinéa, «personne morale autre
qu'une municipalité» par «fiducie ou [...] personne morale». À ce moment-là,
donc, est-ce que je comprends que les personnes physiques, au sens de cet
article- là ou du sens de cette loi-là, n'existent plus?
M. Charette :
Non, en fait, c'est qu'on vient changer la définition. On confirmera plus
tard pour que ce soit partout pareil, la
même chose. Donc, une personne, c'est une personne physique, c'est une personne
morale, c'est une fiducie... bien, en fait, c'est un ou l'autre, là, une
fiducie, une société, une coopérative ou tout autre regroupement de personnes.
M. Benjamin :
Parce qu'en fait, moi, ce que j'ai devant moi, ça dit :
L'article 1 de cette loi est modifié par le remplacement, dans la définition de «personne» du premier alinéa, de «ou
une personne morale autre qu'une municipalité» par «une fiducie ou une
personne morale». Donc...
Mme Grignon
(Karine) : En fait, pour vous faciliter votre compréhension, je vous
invite peut-être plus à lire la proposition d'amendement où on remplace
l'article au complet, où là on voit la définition complète du mot «personne».
Donc, vous avez raison, la règle générale d'une personne, c'est une personne
physique ou une personne morale dans la majorité des lois. Pour l'application
de la Loi sur la qualité de l'environnement, la nouvelle loi qu'on a établie,
là, plus tôt, on va un petit peu plus loin puis on assimile à ces personnes-là
une fiducie, une coopérative, puis les autres regroupements de personnes.
M. Benjamin :
Donc, la question que posait, tout à l'heure, ma collègue la députée de
Verdun, donc une municipalité serait
considérée, au sens de ce qu'on a devant nous, tout simplement comme une
personne morale, c'est ça?
Mme Grignon
(Karine) : Oui, exactement, une municipalité, c'est une personne
morale de droit public. Donc, dans toutes les lois du corpus québécois, quand
le mot «personne» est utilisé, les municipalités sont aussi visées.
M. Benjamin :
D'accord. Merci.
La Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions sur cet amendement? Mme la députée de
Verdun.
• (16 h 20) •
Mme
Melançon : Ce que je comprends donc, c'est, bon, avec
l'uniformisation, je comprends qu'on va voir un peu plus loin, dans le fond, on
va faire beaucoup de... bien, en tout cas, on va rentrer à l'intérieur de ce
projet de loi, cette nouvelle définition-là une fois pour toutes. Là, on ne
sera plus obligé, justement, d'aller ajouter ou retirer ou... On va s'entendre sur la définition du terme «personne» qui va donc
inclure les municipalités maintenant. Et est-ce que c'est le cas dans
les projets de loi du MAMH?
Mme Grignon
(Karine) : En fait, comme je vous dis, là, dans les autres lois au
Québec, à partir du moment où le mot «personne» est utilisé sans définition
particulière, ça réfère à une personne physique ou à une personne morale. Comme
la municipalité est une personne morale, automatiquement, elle est visée.
Mme Melançon :
Je vais reprendre ma question, si vous me permettez, Me Grignon. Je m'excuse,
là, c'est jeudi, fin de journée, là, probablement que mon cerveau commence à
ressembler à du jello, là, mais aux Affaires municipales, est-ce qu'on va...
Est-ce qu'on a la même définition?
Mme Grignon
(Karine) : On n'a pas... Le mot «personne», en général, n'est pas
défini dans les lois au Québec. On utilise le sens commun. Et le sens commun,
c'est ce que le député de Viau disait, personne physique ou personne morale.
Donc, dans les lois du MAMH, quand le mot «personne» est utilisé, ça vise les
municipalités en tant que personnes morales.
Mme Melançon :
Je pose simplement la question, là. Vous ne trouvez pas qu'on vient
complexifier au lieu de faire le contraire? Parce que là, si, dans chaque
ministère, on repart avec certaines définitions qui ne sont pas tout à fait les
mêmes d'une à l'autre... Il semble que, déjà, de la législation
gouvernementale, c'est un peu compliqué. Là, je ne le sais pas, est-ce qu'on ne
vient pas rajouter à cette compréhension, à la complexification, bref, est-ce
qu'on ne rend pas trop complexe la chose, à ce moment-ci?
Mme Grignon
(Karine) : Bien, justement, c'est ce qu'on tente de faire. C'était une
exception, la LQE, de traiter différemment les personnes et les municipalités.
Il n'y avait pas ça ailleurs, là. Donc, le fait de les ramener ensemble, ça
réuniformise l'ensemble des lois au Québec, là. Donc, la distinction, c'était
la LQE qui l'apportait, là, avec l'ancienne définition, c'est pour ça qu'on
vient la remplacer.
Mme Melançon :
Puis je vous dis juste une chose, là. Dans la LQE, je suis sûre que ce n'est
pas le politique qui est arrivé avec une autre définition, là. Des fois, c'est
comme ça. Je ne sais pas pourquoi, hein, on va se regarder, des
fois, le politique, des fois, on se dit : Oui, nous autres, on a
complexifié les choses, là — pas
toujours le cas — je
veux juste qu'on se le dise.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le
député de Viau. À moins, M. le ministre... Je ne vous ai pas donné la
chance.
M. Charette :
...
M. Benjamin :
Ah! Une toute simple et une facile, Mme la Présidente, vous allez voir. Et quand
on parle de municipalité ici, donc ça implique toutes les structures, tous les
cas de figure au niveau des municipalités, c'est-à-dire MRC, communauté
métropolitaine, ça inclut tout ça.
Mme Grignon
(Karine) : Ça implique toutes les structures qui ont la personnalité
morale, oui.
M. Benjamin :
O.K.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres
interventions? Donc, puisqu'il n'y a pas d'autre intervention, pour les membres
dans la salle Louis-Joseph-Papineau, est-ce que l'amendement à
l'article 78 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Adopté. Pour les membres de la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, est-ce que l'amendement à
l'article 78 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci. Donc, l'amendement est
adopté. Nous revenons à l'article 78 tel qu'amendé. Y a-t-il des
interventions? Donc, s'il n'y a plus d'intervention...
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui? Députée de Verdun...
Député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. En fait, j'aurais aimé entendre le ministre, parce
que j'ai l'article devant moi et il me semble qu'il... Est-ce que le ministre
peut peut-être nous parler de cet article-là, l'article qu'on s'apprête à
statuer et à voter autour de ça? Parce qu'il me semble que, oui, il y a des
changements. En fait, le principal, en fait, objet, c'est le changement de...
pour fiducie aux personnes morales. Mais pouvez-vous me dire, M. le ministre,
de quoi il est question véritablement dans cet article-là?
M. Charette :
Bien, je ne saurais pas quoi dire de plus. Peut-être préciser la question parce
qu'essentiellement on vient préciser une définition, comme on l'a mentionné. En
fait, ça, c'est l'objet de l'article dans le projet de loi. Est-ce que vous
faites référence à l'article dans le texte...
M. Benjamin :
...oui.
M. Charette :
O.K. Donc, ça, c'est beaucoup plus costaud. Je ne sais pas si la collègue
juriste pourrait résumer. Donc, ce serait, dans le fond, le texte actuel et non
pas le texte du projet de loi.
M. Benjamin :
Le texte... En fait, ça peut être le texte proposé, parce qu'on s'entend, on
travaille maintenant sur l'article amendé. Donc, moi, j'aimerais bien vous
entendre sur le texte proposé.
M. Charette :
Le texte proposé, en fait, c'est une modification qui est relativement simple.
On vient modifier, par le remplacement, dans la définition de «personne» du
premier alinéa, de «ou une personne morale autre qu'une municipalité» par «une
fiducie ou une personne morale». Ça revient un petit peu à ce qu'on mentionnait
tout à l'heure. Les municipalités sont effectivement des personnes morales, et
la fiducie, elle est une catégorie de personnes. Mais là, il ne faut pas
oublier qu'on a adopté l'amendement qui voulait aussi clarifier ça, là. Donc,
le texte, comment dire, il faut prendre en compte la modification, là, qui a
été adoptée par l'amendement.
M. Benjamin :
J'aimerais peut-être entendre, si vous permettez, M. le ministre, Me Grignon,
parce que je m'aperçois qu'il y a des éléments, comme par exemple, est-ce
qu'une coopérative est une personne morale.
Mme Grignon
(Karine) : Non, c'est ça, effectivement, on a besoin d'aller au-delà
de la définition standard, qui est personne physique et personne morale. Donc,
c'est pour ça qu'on nomme coopérative, fiducie. En fait, coopérative, oui, est
une personne morale, c'est pour ça qu'on nomme fiducie, société et autres
regroupements de personnes parce que ces trois possibilités-là n'ont pas la
personnalité morale. Donc, on ajoute à la définition, à ce moment-là. Mais une
coopérative, oui, excusez-moi, a la personnalité morale, mais différemment, là.
M. Benjamin :
D'accord. Alors... C'est parce que je vois qu'on a maintient «coopérative».
Mme Grignon (Karine) : C'est
ça, mais, en fait, dans l'application, c'est un petit peu compliqué, là, au
niveau de l'exercice de sa personnalité juridique, là, elle n'a pas tous les
attributs, là, donc, on la nomme pour qu'elle soit assimilée complètement à une
personne, puis qu'elle puisse assister en justice, puis tout ça, là, elle
puisse accomplir tous les gestes, là. Donc, à partir du moment où on va la
viser, parce qu'une coopérative pourrait être assujettie à une obligation de la
Loi sur la qualité de l'environnement, donc elle pourrait demander une
autorisation, par exemple, donc on va vouloir qu'elle soit visée à titre de
personne, à ce moment-là.
M. Benjamin : Est-ce qu'il y a,
au sens de la Loi sur la publicité légale, est-ce qu'il y a des entités qui ne
figurent pas ici, dans les exemples, dans les exceptions? Parce que je sais
que, par exemple, les corporations religieuses, par exemple, les congrégations
religieuses ont parfois des statuts... ont un statut particulier au sens de la
Loi sur la publicité légale. Est-ce que... Y a-t-il des entités qui ne figurent
pas là?
Mme Grignon (Karine) : Non. En
fait, là, l'expression «tout autre regroupement de personnes» va avoir cet
objectif-là, là, de viser tout ce qui ne serait pas encadré de manière
spécifique, là, soit à titre de coopérative, de fiducie, de société en nom
collectif, de société à participation, là, tout ce qui a une existence un petit
peu différente, là. Il faudrait je vois à quoi ça ressemble exactement une
corporation religieuse, mais là on va être capable d'aller les viser avec le
«tout autre regroupement de personnes», à ce moment-là.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il reste à peine 30 secondes.
• (16 h 30) •
Mme Melançon : D'accord. Bien,
je vais faire... Juste rapidement. Vous voyez, Me Grignon, c'est ce que je
voulais signifier tout à l'heure, ça devient complexe. Puis, même vous, qui
êtes une grande légiste, à un moment donné, quand on arrive... C'est pour ça
que je dis : La définition, je trouve qu'elle vient alourdir et rendre la
compréhension encore plus difficile à ce moment-ci. Je pense que la question du
député de Viau était tout à fait à propos, surtout pour savoir... Parce qu'il y a comme un doublon, là, il ne fait plus partie
ou il est intégré, mais il est encore là. Moi, je m'y perds un petit
peu, là, je pense qu'on pourra peut-être... Peut-être que ça va me faire du
bien de dormir là-dessus, mais je pense qu'on pourra peut-être juste en
rediscuter pour nous assurer qu'on n'a rien laissé totalement au hasard. Je
remercie le député de Viau d'avoir attiré mon attention sur ça.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, chers
collègues, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 31)