(Onze heures vingt-cinq minutes)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, bonjour. Je vous souhaite la bienvenue à cette commission. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de
l'environnement ouverte.
La commission
est réunie virtuellement afin de poursuivre des auditions publiques dans le
cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 88,
la Loi modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et
d'autres dispositions législatives.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Lamothe (Ungava)
sera remplacé par M. Girard (Lac-Saint-Jean);
M. Ciccone (Marquette), par
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); Mme Melançon (Verdun), par M. Polo
(Laval-des-Rapides); Mme Ghazal
(Mercier), par Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), par M. Gaudreault (Jonquière).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, ce matin, nous allons entendre, par visioconférence, le Comité conjoint
de chasse, de pêche et de piégeage. Donc, je vous souhaite la bienvenue. Je
souhaite la bienvenue à notre... aux
représentants de ce comité. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite, donc, à
vous présenter et à procéder à votre exposé. Vous avez la parole.
Comité conjoint de chasse, de pêche et de piégeage (CCCPP)
M. Smart (Miles) : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, Mmes, MM. membres de la commission. Mon nom est Miles Smart. Je suis secrétaire exécutif du
Comité conjoint de chasse, de pêche et de piégeage. Je vous remercie pour
cette opportunité de présenter le mémoire
que j'avais envoyé à la commission et les commentaires du comité conjoint
sur le présent projet de loi.
Le comité conjoint a été créé par les
dispositions du chapitre 24 de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Il s'agit d'un groupe d'experts,
des représentants des Cris, Inuits et Naskapis, et du gouvernement du
Canada et du Québec. Comme organisme consultatif auprès des gouvernements, le
comité est l'assemblée exclusive et privilégiée par laquelle les délégations
autochtones et gouvernementales formulent les règlements, et surveillent
l'administration, et la gestion du régime de chasse, pêche et piégeage pour le
territoire d'application des conventions, la Convention de la Baie James et du
Nord québécois ainsi que la Convention du Nord-Est québécois.
Suite au dépôt du projet de loi n° 161, en
2017, par le gouvernement précédent, le ministère des Forêts, et de la Faune,
et des Parcs a consulté le comité conjoint concernant les dispositions de
l'ancien projet de loi, et a déclaré son intention de soumettre un nouveau
projet de loi semblable au cabinet actuel. Plusieurs recommandations ont été
faites lors de ce processus, dont certaines ont été intégrées au présent projet
de loi, et d'autres non. Le comité conjoint exprime sa reconnaissance aux
représentants du ministère d'avoir collaboré avec lui sur ce dossier.
Cela dit, le comité conjoint était surpris quand
le projet de loi a été déposé sans préavis ni une notification du ministère
immédiatement après, malgré notre mandat et le processus de consultation établi
par les dispositions des conventions nordiques.
Cela dit, le comité conjoint exprime un avis de
soutien général des diverses dispositions du projet de loi, sujet aux
observations et recommandations détaillées dans notre mémoire.
La protection de la faune et l'application du
régime de chasse, pêche et piégeage du territoire est un élément clé des conventions nordiques. Le comité conjoint
milite depuis longtemps pour une refonte significative des dispositions
législatives touchant les amendes, les infractions liées à la faune, un élément
central du projet de loi. Le comité exprime son fort soutien aux dispositions
du projet de loi à cet égard.
Le comité soutient également les diverses
dispositions visant à renforcer les moyens et les pouvoirs du ministre pour
protéger et conserver la faune et les habitats fauniques. De plus, le comité
est très content de voir que le projet de loi inclut une disposition permettant
au ministre de réglementer les conditions dans lesquelles une personne ne peut
abandonner ou négliger de conserver la chair d'un ours.
• (11 h 30) •
En considération de la hiérarchie législative
prévue à l'article 185 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur
de la faune, le comité rappelle à l'Assemblée nationale que les droits
existants des Cris, Inuits et Naskapis qui sont
établis par les conventions nordiques et la Loi sur les droits de chasse et de
pêche dans les territoires de la Baie James et du
Nouveau-Québec ont préséance sur toute autre législation. Par exemple,
l'obligation de fournir une preuve de permis et identification avec photo ne
s'applique pas aux Cris, Inuits et Naskapis.
De plus, le
comité aimerait vous partager un commentaire antérieur fait au ministère
concernant l'introduction du terme
«sous-produit de la faune». Bien que l'intention concerne les fluides ou de
tout produit dérivé de ceux-ci, il y a un risque de confusion avec un
terme similaire existant dans les conventions nordiques, soit «sous-produits»
du droit de récolte des Cris, Inuits et Naskapis. Le comité demande l'assurance
du ministère qu'il n'y aura pas de mauvaise application
de cette disposition. L'utilisation et le droit des Cris, des Inuits et
Naskapis de faire le commerce de sous-produits ne sont pas assujettis à
la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune.
Au sujet des dispositions concernant les
habitats fauniques et les programmes de restauration et de création, le comité
note que l'interprétation de la définition des organismes voués notamment à la
gestion, à la conservation ou à l'aménagement d'habitats fauniques est vague.
Le comité recommande que la définition du type d'organisation qui peut se voir
déléguer la gestion d'un programme et de l'aide financière afférente soit
élargie afin de ne pas exclure les divers organismes autochtones qui
connaissent la réalité sur le territoire et ont un grand intérêt à réaliser de
tels programmes. Je parle ici des nations locales, des gouvernements
autochtones régionaux, les municipalités nordiques, les corporations foncières inuites ainsi que les associations régionales
et communautaires de chasse, pêche et piégeage.
Le comité
répète également la recommandation faite au ministère concernant l'introduction
d'une interdiction de 12 heures de chasse au gros gibier par les
clients des pourvoiries suivant leur débarquement d'un aéronef. De telles
mesures existent dans d'autres juridictions canadiennes et visent à empêcher
l'utilisation illégale des avions pour suivre et chasser des animaux. Nous recommandons
à l'Assemblée nationale de revoir la position du ministère et chercher une
solution réglementaire qui pourrait être adaptée, comme dans le cas de
l'abandon de la chair d'ours.
En conclusion, le comité conjoint félicite le
ministre et le personnel du ministère d'avoir entrepris cette amélioration et
cette modernisation de la loi. Ce projet reflète la grande importance que revêt
la faune pour tous les résidents du Québec, et en particulier pour les
bénéficiaires des conventions nordiques. J'ai passé assez vite sur notre
mémoire, avec les grandes lignes, mais, si vous avez des questions en détail,
bien, je suis là pour vous. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, merci beaucoup. Donc, nous allons commencer la période
d'échange. M. le ministre, vous avez la parole pour
16 min 30 s.
M. Dufour : Oui. Bien, merci
beaucoup, Miles. Très, très intéressant comme présentation, particulièrement le
mémoire, là, quand on a la chance, là, de prendre acte de tout ce que vous avez
mentionné là-dessus. Puis je pense que c'est important de préciser aux gens, parce
que vous n'étiez pas là sur les deux premières journées, mais, justement, vous
représentez quand même une bonne panoplie de communautés autochtones en
étant... naturellement, les Cris, les Naskapis, les Inuits. Donc, vous êtes un
comité vraiment important lorsqu'on discute, au ministère de la Forêt, de la
Faune et des Parcs, sur tout, tout, tout l'aspect nordique. Et je pense qu'au
fil du temps on a établi une très belle relation avec vous pour s'assurer que
les actions qu'on pose soient les bonnes.
Faisons juste prendre la situation de l'arrêt de
la chasse au caribou, qui a été supporté par votre organisme, naturellement,
lorsqu'il y a eu cette situation-là, et qui a été fait, à l'époque, sous la
41e législation du collègue à ce moment-là, Luc Blanchette, un résident de
l'Abitibi-Témiscamingue, de Rouyn-Noranda. Donc, c'est juste pour vous dire
comment que, oui, l'importance de ce comité-là, comment qu'il est, parce qu'il
faut prendre acte de ce que vous vivez sur le terrain pour s'assurer qu'on
fasse les bonnes actions au niveau du ministère de la Forêt, de la Faune et des
Parcs.
Ça m'amène à un point que vous n'avez pas
touché, je pensais peut-être que vous l'auriez touché dans votre présentation,
lorsque vous mentionnez, entre autres, je pense, dans votre mémoire — il me
semble, c'est dans le mémoire que je l'ai vu, ou c'est dans une lettre, l'un ou
l'autre — comme
quoi que vous étiez déçus de ne pas avoir été retenus en premier acte au niveau
des organismes. Donc, vous avez... il faut bien comprendre une chose, hein, on
vous avait proposé. Vous êtes un partenaire du ministère de la Forêt, de la
Faune et des Parcs, on vous avait proposé. Et,
après ça, il y a une discussion entre leaders. Et naturellement qu'il y avait
un nombre limité de groupes, et finalement votre groupe a été, au
départ, un peu comme refusé, mais a été accepté dans une deuxième étape. Vous
n'êtes pas les seuls, il y a eu quelques
autres groupes. Entre autres, je pense à la fédération des trappeurs, qui ont
vécu la même situation que vous. Je voulais quand même vous le préciser
en début de séance.
Maintenant, si on va sur le projet de loi
n° 88, moi, je vais avoir quelques questions. Je vais avoir peut-être
quelques précisions aussi à apporter sur certaines interrogations que vous avez
émises.
Je me dois tout de suite de débuter avec la
situation du sous-produit de la faune, que vous avez mentionnée vers la fin de
votre présentation, pour éviter à ce qu'il y ait un imbroglio. Je le répète et
je le mentionne ici, autant pour les collègues que pour vous-même, les droits
existants dont jouissent les Cris, Inuits et Naskapis qui sont établis par la
CBJNQ, la CNEQ et par la loi D-13.1... ont préséance. Donc, je pense que
c'est important de vous le préciser en commission. Et ça vous donne vraiment
l'heure juste par rapport à cette situation-là, si vous avez une inquiétude. En
tout cas, j'ose espérer que ce que je vous mentionne là vous permet de prendre
en acte que c'est conforme.
L'autre élément que j'aimerais discuter un peu
avec vous, c'est un petit peu toute la mécanique qui nous est arrivée au projet
de loi. Si vous vous souvenez, il y avait eu une première rencontre le
27 novembre 2019. Le MFEP vous a présenté son intention de modifier
la loi. Comme on le sait, ce projet de loi là avait été travaillé par l'équipe
de Luc Blanchette par le passé, et on a bonifié ce projet de loi là. Lorsque,
moi, je suis arrivé en poste, on voulait que je le prenne intégralement puis
que je le dépose comme ça. J'ai refait un tour de piste avec, ce qui nous a
amenés au 27 novembre, rediscuté avec
vous pour vous dire qu'on allait modifier cette loi-là, harmoniser les
pratiques de certains éléments — entre
autres, vous avez parlé tantôt des amendes — et ça nous a amenés au
24 février de cette année où a été un
peu comme confirmé cet accord-là. Et naturellement une lettre vous avait été
envoyée le 11 mars. Donc, c'est le...
je pense que c'est important de faire la mécanique aussi de ce côté-là, donc,
au niveau de la chronologie des événements.
L'autre élément que
vous mentionnez dans votre mémoire : projets pilotes, que soit consulté le
CCCPP. Donc, c'est sûr et certain, projets
pilotes sur votre territoire, bien, je vous l'ai mentionné tantôt, vous êtes un
joueur, il est de mise qu'on vous
consulte avant d'arriver avec quelconque projet pilote. Je pense que c'est
important. Sans ça, pourquoi qu'on aurait des partenaires, si on ne le
fait pas de cette façon-là?
Donc, si ça peut vous
rassurer sur certaines interrogations que, dans votre mémoire, vous aviez, ou
que vous avez présentées, bien, j'ose
espérer qu'on est à la bonne enseigne sur ce que je vous mentionne,
concrètement parlant.
Du
côté de... Dans le mémoire, il y a un élément que j'ai plus ou moins compris,
je vais vous demander peut-être
de me l'expliquer, puis on pourra rééchanger là-dessus une fois que vous aurez
fait votre intervention, c'est l'aspect du fameux 12 heures que vous
demandez que les chasseurs qui arrivent en aéronef à une pourvoirie ne puissent
pas pouvoir aller chasser. Je n'ai pas trop compris le libellé du mémoire. J'aimerais
ça que vous m'expliquiez un petit peu cet aspect-là. Pour moi, j'ai un petit
point d'interrogation, là, à comprendre c'est quoi, la dynamique par rapport ça, pourquoi
que vous iriez là. Puis, selon moi,
légalement parlant, je pense qu'il y
a des éléments par contre qu'on ne peut pas empêcher non plus. Mais, en
tout cas, je veux vous entendre sur cet aspect-là.
• (11 h 40) •
Vous avez parlé aussi
au niveau de la chair d'ours. J'aimerais peut-être en savoir un petit peu plus,
de par vos connaissances. Je pense que ça serait important, parce qu'hier on a
eu des intervenants qui nous ont abordés sur cet aspect-là. Ils ne l'ont pas
juste abordé sur l'aspect de l'abandon, mais sur aussi la question des
parasites chez l'ours. Selon moi, le parasite qu'ils nous présentaient hier, ce
n'est pas un parasite qui est propre à l'ours. Donc, c'est un parasite qui peut se retrouver dans toute viande
animale externe, là, celle qui... que ce soit l'orignal, que ce soient d'autres
types d'orignaux... pas d'orignaux, mais d'autres types d'animaux, et ce parasite-là
est un ver qui peut contaminer l'humain. Donc, j'aimerais ça vous entendre un
petit peu parler là-dessus, et, finalement, au niveau des amendes et des
pénalités.
Parce qu'on a eu
beaucoup de gens qui ont dit : Pas de trouble avec les amendes plus
sévères pour les braconneurs. Ça, tout le monde est d'accord avec ça. Par
contre, les amendes sur, exemple, les infractions mineures comme un dossard,
500 $ pour un dossard qui n'est pas bien porté ou qu'on a mis un
imperméable ou un sac à dos par-dessus, il y a des gens qui trouvaient que
c'était vraiment aller à l'extrême puis que ça pouvait décourager les jeunes,
la relève, en fin de compte.
Donc,
pour moi, c'est mes questions. Je vous passe la parole. Et puis j'ose espérer
que mes collègues aussi vont avoir quelques questions pour vous. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, M. Smart.
M. Smart (Miles) : Oui, merci. Merci au ministre. J'apprécie
beaucoup vos reconnaissances du rôle du comité conjoint. On travaille
très étroitement avec votre ministère.
Concernant la
proposition d'avoir une attente de 12 heures, même 24 heures, suite à
l'arrivée d'un chasseur sportif à une pourvoirie pour la chasse au gros gibier,
ça, c'est un règlement qui existe déjà dans d'autres territoires et dans des juridictions semblables. Ici, je parle des Territoires Nord-Ouest. Donc, en
général c'est une région comparable au contexte au Nord-du-Québec. Et
cette mesure est en place pour assurer que les chasseurs n'utilisent pas les
avions pour chasser et trouver les animaux, qui est illégal. On n'avait pas
reçu une bonne explication de vos représentants pourquoi ce n'était pas
faisable ici, au Québec. Ils ont juste dit que c'était difficile à mettre en
oeuvre. C'est pour ça qu'on suggère peut-être
un règlement flexible, une disposition dans la loi flexible, comme est proposé
pour l'abandon de la chair de l'ours, qui vous donne beaucoup
d'adaptabilité. Donc, c'est sûr que, pour le Nord-du-Québec, les Cris, les
Inuits, Naskapis aimeraient voir un tel règlement, mais il n'est pas
nécessairement obligé de le faire pour tout le Québec, dans les autres régions
où ce n'est pas très faisable ou peut-être n'est pas populaire.
À ce moment,
également, on sait que la chasse au caribou est fermée, et peut-être sera
fermée pour plusieurs années, celle qui
représentait l'industrie de la chasse au gros gibier, vraiment. Au
Nord-du-Québec, il n'y a pas tellement d'autre chasse au gros gibier. Il
y a un peu d'ours noirs, il y a peut-être un peu l'orignal. Donc, il y a une
opportunité maintenant de mettre une telle mesure en place et d'avoir le temps
de travailler avec les pourvoyeurs pour le mettre... bien l'adapter, bien le
mettre en oeuvre. Je ne sais pas si ça répond à votre question.
M. Dufour :
Bien, finalement, c'est une question de repérage. Donc, ce que vous me
mentionnez, c'est qu'il est possible que les
gens qui arrivent, naturellement, en aéronef... — c'est pour ça, la différence entre être en aéronef
ou par voie terrestre — que celui qui est avec un avion irait
faire du repérage avant d'atterrir, puis, après ça, go, on s'en va à la chasse
parce qu'on a repéré où était la matière, en fin de compte, les animaux, là.
M. Smart
(Miles) : C'est ça.
M. Dufour :
O.K. Parfait.
M. Smart
(Miles) : On avait fourni les exemples à vos représentants pendant nos
consultations.
M. Dufour : O.K. Bien, merci de
l'explication. Ça répond à ma question.
M. Smart
(Miles) : O.K. En passant à l'abandon de la chair de l'ours — ici,
on parle de l'ours noir — je
comprends que les pratiques de la chasse à l'ours diffèrent à travers la
province, et entre les chasseurs autochtones et les chasseurs sportifs. Juste pour vous informer que pour... et surtout
pour les Cris et aussi pour les Naskapis, l'ours noir est un animal très important, même culturel, même
spirituel. La chasse à l'ours noir, ce n'est pas comme toutes les autres
chasses, c'est très important. Et, pour eux
autres, ce n'est pas la chair, c'est la viande, puis il ne faut pas
l'abandonner.
Cela dit, je
sais qu'hier d'autres groupes ont mentionné qu'il y a des parasites, mais il
existe des parasites dans tous les gros gibiers, et un règlement
flexible pour bien gérer ça, je pense. Aussi, vous avez... avec une telle
disposition, vous pouvez mettre en
place, par zone de chasse, une interdiction. Donc, peut-être,
tu pourrais commencer avec le Nord-du-Québec, où c'est plus faisable, où il y a un peu moins
de chasse sportive. Donc, c'est ça qu'on suggère, et on espère que vous
allez garder cette disposition.
M. Dufour : Merci. Les amendes.
M. Smart (Miles) : Oui, les
amendes. C'est sûr que toutes les différentes règles de... et là tu avais
soulevé les infractions mineures, s'il porte
bien son gilet, et tout ça, ces règles ne s'appliquent pas aux Cris, Inuits et
Naskapis. En fait, les règles qui s'appliquent aux chasseurs
autochtones, c'est vraiment les règles plus de sécurité publique, donc, qu'ils
doivent respecter aussi. Donc, je ne veux pas me prononcer trop sur cet aspect,
parce que je ne représente pas les chasseurs sportifs.
Cela dit, toute infraction jugée mineure envers
la faune, ça n'existe pas pour le comité conjoint. Même un poisson de trop pris par un pêcheur sportif, ça
nous concerne, parce qu'on parle de la bonne gestion des ressources qui,
des fois, ne sont pas toutes en bon état. Puis il faut protéger les droits et
la sécurité alimentaire des Cris, des Inuits et des Naskapis. Donc, pour nous,
il y a vraiment... il n'y a pas d'infraction mineure. Et je pense que c'est
tout ce que je pourrais dire pour ce qui concerne les chasseurs sportifs.
M. Dufour : Merci pour moi. Mme
la Présidente, si vous voulez passer la parole à mes collègues.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Oui. Alors, j'ai la députée d'Argenteuil qui veut prendre la parole. Vous avez
2 min 45 s.
Mme Grondin : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour,
M. Smart. Très, très heureuse de pouvoir échanger avec vous. Juste pour vous dire à quel point j'ai lu
avec attention votre mémoire. Mes premières amours étaient à la Baie-James, lors de mes études. On le sait,
c'est quoi, des premières amours. C'est un territoire que j'adore.
J'ai une
petite question sur les habitats fauniques. Je ne suis pas certaine de
comprendre ce que vous souhaitez, tant du point de vue du programme de
restauration et de création, vous dites que ça semble un peu dilué, mais aussi
du point de vue de l'interprétation ou de la définition des organismes voués à la gestion, la conservation, l'aménagement des habitats fauniques.
M. Smart (Miles) : Oui, merci.
En fait, ce qui nous concerne le plus, c'est cette définition qui est
écrite : «organisme voué notamment à la
gestion, la conservation [...] l'aménagement [des] habitats fauniques». Pour le
ministère, toutes les organisations nordiques autochtones
sont des partenaires clés dans plein de projets de recherche et scientifiques, également pour la surveillance des habitats. Puis c'est ces
personnes qui ont beaucoup de connaissances aussi du territoire. Donc, ils sont vraiment les experts. Donc, on
veut s'assurer que, pour de tels projets, toutes ces organisations autochtones seraient capables de gérer de tels programmes.
Mme Grondin : Donc, vous pensez
qu'il manque un mot dans cette définition ou interprétation qui est plus
«expert scientifique» ou...
M. Smart (Miles) : On a juste
peur d'arriver... quand la loi est mise en place, qu'ils vont dire : Oh
non! On est désolés, vous ne pouvez pas le
faire parce que x, x, x dans la loi... Donc, on veut s'assurer
qu'il y a assez de flexibilité. Je ne sais pas si le ministre pourrait
nous expliquer un peu plus quelle... exactement la grandeur des organisations
qui sont visées par ces dispositions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le ministre, vous n'avez que 30 secondes.
• (11 h 50) •
M. Dufour : O.K. Bien, c'est
sûr que cet élément-là est davantage orienté vers les régions plus au sud que votre région telle quelle d'utilisation. Donc,
c'est sûr et certain qu'on a des enjeux au sud, là, à tous les niveaux, au
niveau des habitats fauniques, avec,
veux veux pas, l'étalement urbain, etc. Donc, c'est vraiment davantage dans cet
enjeu-là, mais, oui, on pourrait peut-être éclaircir davantage dans une
rencontre précise avec vous.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci. Donc, je cède maintenant la parole à M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour la présentation
également. Écoutez, moi, ma première
question est en lien, bien sûr, avec, quand on regarde votre mémoire, et, bon,
vous revendiquer avec raison, bien sûr, les privilèges
que vous avez, là, sur le territoire du Nord-du-Québec et de la Baie-James, et
vous exprimez également certaines inquiétudes en lien avec l'application
du projet de loi n° 88 versus, justement, la loi sur le territoire de la
Baie-James et du Nord-du-Québec.
Ceci dit, avant de
poser ma question, et en tout respect pour le ministre, Mme la Présidente, je
trouve quand même assez gênant que le seul organisme qui représente en bonne
partie les communautés du Nord-du-Québec mentionne dans leur mémoire d'entrée
de jeu, là, à l'introduction, à la page 1, qu'ils ont été étonnés de constater
que le projet de loi avait été déposé sans préavis ni même notification du
ministère ni notification, même, après coup.
Je comprends que le
ministre, dans ses remarques, a informé... nous informe que, pour cause de
conflit d'horaire, la rencontre n'a pu avoir lieu. Ceci dit, M. le ministre,
vous êtes responsable de votre agenda, vous et votre équipe. Et surtout, quand
on regarde les communautés, les premières concernées par le projet de loi que
nous étudions actuellement, vous avez une obligation, en fait, même une
certaine obligation de trouver un certain accommodement à l'intérieur de votre
horaire pour s'assurer qu'elles sont non seulement consultées avant que le projet de loi soit déposé, mais que la
communication soit faite de part et d'autre, pour éviter, justement, une
mésentente ou une incompréhension de part et d'autre. Et ça, c'est sans
ramener sur la table, M. le ministre, bien sûr, la question qui vous a été
posée un peu plus tôt aujourd'hui, là, à la période des questions. Donc, je
pense qu'il y a des enjeux au niveau de la gestion de votre horaire à ce
niveau-là, et des partenaires avec lesquels vous devez travailler.
Donc,
ceci dit, Mme la Présidente, je vais revenir à ma question. Je le dis, je l'ai
dit en tout respect, M. le ministre. Donc, je comprends qu'il y a
certaines inquiétudes en lien avec le chevauchement entre la loi sur le
territoire de la Baie-James et le Nouveau-Québec et l'application du projet de
loi n° 88. Selon vous, de quelle façon devrions-nous ajuster le tir pour réduire
les effets néfastes de ce chevauchement, tel que vous faites la lecture du
projet de loi n° 88?
M. Smart
(Miles) : Bien, oui, merci, M. le député. En fait, on a une longue
histoire — le
comité conjoint existe depuis 40 ans — et il faut toujours soulever
l'importance et la préséance des conventions nordiques et les lois qui s'appliquent, et on veut assurer qu'on n'est
pas oubliés dans les autres lois. Puis on avait déjà eu d'autres expériences
qui n'étaient pas très bien — je parle ici peut-être de la Loi sur
l'immatriculation des armes à feu — parce que, souvent, les gens vont...
le gouvernement va peut-être dire : O.K., non, ça ne va pas toucher leurs
droits puis on n'a pas besoin de leur parler, de les consulter. Je parle ici
plus d'autres ministères que le ministère des Forêts, de la Faune et Parcs qui
est plus... à travailler avec nous. Puis ce qu'on propose, souvent, de mettre
dans les droits ou dans les règlements, c'est
juste une simple référence aux droits des bénéficiaires des conventions nordiques et pour les droits des autochtones en général pour
dire que ça n'applique pas, pas toujours mettre en évidence ces droits
autochtones. Donc, ce qu'on avait proposé dans notre mémoire, on vous demande
de peut-être chercher, si c'est possible, des termes ou des libellés qui sont un
peu plus grands.
M. Polo :
Plus grands, plus larges, plus... Je veux juste...
M. Smart
(Miles) : Oui, oui. Et, souvent, juste peut-être une référence aux
Cris, Inuits et Naskapis. On va... On se fait souvent dire que — j'avais
soulevé l'article 185 dans la Loi sur la conservation et la mise en valeur
de la faune — que
les droits dans l'autre loi... la loi D-13, elle prend préséance, mais, peut-être,
on a peur que, quand tu passes dans toutes les autres dispositions, les lois et
les règlements, que ça, c'est oublié. Et on veut toujours assurer que c'est bien mis en évidence, surtout parce qu'on parle d'une immense partie du territoire du Québec, et on parle, ici, d'une majorité des
résidents de ce territoire.
M. Polo :
En effet.
M. Smart
(Miles) : Et c'est aussi...
M. Polo :
Vous pouvez poursuivre.
M. Smart
(Miles) : Oui. Il y a aussi un peu la dynamique que tout est visé sur
le sud du Québec, ce que je comprends, la majorité du monde habite ici, mais
n'oubliez pas le Nord-du-Québec et tout ce qui existe là-bas.
M. Polo :
O.K. Et considérez-vous... croyez-vous qu'on devrait faire un... il devrait y
avoir une... dans les règlements, il devrait y avoir un règlement pour le Sud
pour bien distinguer le Sud du Nord? Est-ce que, selon vous, ce serait quelque
chose qui devrait être considéré au niveau des règlements?
M. Smart
(Miles) : Oui. Et notre impression générale, c'est que les réalités du
Sud sont bien différentes des réalités du Nord, mais le gouvernement veut trouver des
solutions générales pour toute la province. Et, souvent, ça, ça ignore les complexités. Le Québec,
c'est très grand, il y a beaucoup de régions, et les contextes, des réalités
peuvent être très différents. Donc,
on cherche toujours d'avoir plus d'attention aux régions du Nord-du-Québec,
aussi la Côte-Nord qui est assez... qui a une bonne majorité
des autochtones. Mais ça, c'est une observation générale pour tout ce qui
touche les droits autochtones au Nord-du-Québec.
M. Polo :
Donc, ce que je comprends, ce que j'interprète, c'est que vous souhaitez qu'on
évite qu'on fasse du mur-à-mur, mais
qu'on... vraiment, on adresse des particularités soit du Sud, soit de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec. C'est ce que vous
recommandez, qu'on garde les particularités différentes.
M. Smart (Miles) : C'est ça.
Parce qu'il faut se souvenir que le régime de chasse, pêche et piégeage est
différent au Nord-du-Québec. Il y a le régime... Il y a la loi qui s'applique
partout, mais il y a des spécifiques au Nord-du-Québec. Puis il faut toujours faire reconnaissance de ça,
ça fait 40 ans qu'ils existent.
M. Polo :
En effet.
M. Smart
(Miles) : Merci.
M. Polo :
O.K. Parfait. Vous considérez aussi, sur un autre sujet, que les modalités
consultatives dans le cadre d'un projet pilote ne sont pas adéquates. Quel type
de modalités, selon vous, devrions-nous inclure directement dans la loi pour
que la consultation préalable soit optimale?
M. Smart
(Miles) : En fait, on se demandait — c'était plus une observation,
une question — pourquoi,
en comparant à l'ancien projet de loi n° 161, on
n'avait pas reçu ou on n'avait pas le temps de recevoir une bonne explication
des représentants du ministère qui avaient... nous rencontrés la semaine
dernière. Puis, je ne sais pas, c'est plus une question peut-être. Je ne sais
pas si le ministre peut expliquer un peu pourquoi ils ont changé quand ça vient
aux consultations publiques et annoncements de tels projets. On avait noté que
ça ne serait pas publié... prépublié dans la Gazette officielle, qui...
normalement, ça, c'est le processus de consultations publiques, ainsi que les
annonces du ministère. Mais je n'ai pas de vrai... je n'ai pas de recommandation
à cet égard.
M. Polo :
O.K. O.K. Et pour la mise en place de programmes en lien avec les habitats
fauniques, vous dites que le projet de loi n° 88 est
moins intéressant que ceux prévus au projet de loi n° 161
du précédent... lors de la précédente législature. Quelles mesures, spécifiquement?
Quand vous faites la comparaison, là, de l'ancien projet de loi n° 161, versus le projet de loi n° 88, quelles mesures, selon vous, ne vont pas aussi
loin que le projet de loi précédent?
• (12 heures) •
M. Smart
(Miles) : En fait, ça, c'est une autre observation, une question. On
s'est demandé... Il y avait des dispositions, dans l'ancien projet de loi,
concernant les critères d'évaluation du ministère des programmes qui ont... On
voit qu'ils sont absents dans le nouveau projet de loi. Donc, on s'est
demandé... Et je pense que j'ai la référence spécifique
dans notre mémoire. Donc, c'était article 39 dans l'ancien projet de loi,
plusieurs paragraphes qui ne se trouvent plus dans le nouveau projet de
loi.
M. Polo :
Est-ce que vous considérez qu'il faudrait... Oui, je le sais, que vous avez
fait sous forme d'observation, mais vous recommanderiez qu'on ramène ces
articles-là dans le projet de loi n° 88?
M. Smart (Miles) :
Mais je pense que, la bonne gestion et application de toute loi et règlement,
il faut toujours avoir des bons critères, bien établis et définis, et on
voulait juste que ça, ça existe dans le nouveau projet de loi. Cela dit, on
comprend que le ministre cherche la flexibilité, l'innovation, puis, peut-être,
ça, c'est une des raisons que c'était enlevé.
Puis, juste pour
retourner à mon commentaire précédent sur les projets pilotes, nous aimerions
peut-être, suite à l'adoption, j'espère, du projet de loi, d'établir, avec le
MFFP, un... des modalités de consultation comme existent déjà pour d'autres
administrations dans le territoire, des modalités de consultation sur les tels
projets de loi dans notre territoire.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, nous allons passer maintenant
du côté de la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais vous entendre sur des recommandations
que nous a formulées le groupe la SNAP-Québec, la société nature et parcs du
Québec, notamment sur la reconnaissance du rôle particulier des membres des
communautés autochtones dans la surveillance du territoire et la conservation
de la faune, ainsi que les cobénéfices générés par les programmes des gardiens
du territoire. Et ils recommandaient aussi, là, d'entamer des discussions de
nation à nation avec les représentants autochtones afin de déterminer ensemble
les conditions pour la mise en place d'un programme des gardiens autochtones du
territoire. Évidemment, vous avez... les communautés autochtones ont une
connaissance, là, vraiment profonde du territoire québécois, notamment dans le
nord, où les activités par les non-autochtones sont moins fréquentes.
J'aimerais vous entendre sur l'instauration d'un tel programme de gardiens
autochtones du territoire.
M. Smart
(Miles) : En fait, je ne suis pas au courant de cette discussion. Cela
dit, il existe déjà plusieurs ententes adoptées au cours des années concernant
la protection de la faune, la protection de l'environnement, les programmes de
formation et embauche des agents de la protection de la faune autochtones, donc
les bénéficiaires des conventions. Et il y a plusieurs programmes qui existent
déjà avec le gouvernement provincial ainsi que le gouvernement fédéral. Des
tels programmes, on les soutient, c'est sûr. Puis je pense qu'il faut vraiment
parler avec les nations cries, la Société Makivik pour les Inuits puis la
nation naskapie pour en discuter, les détails des tels programmes, mais on les
soutient, fortement. Puis il faut comprendre aussi qu'il y a déjà des
organisations qui existent, des organisations autochtones comme l'Association
des trappeurs cris, qui, en fait, «exercisent» un tel rôle sur le territoire.
Donc, ça, c'est les partenaires clés pour de tels programmes. Est-ce que ça
répond à votre question?
Mme Lessard-Therrien :
J'ai... C'est très nuageux ici aujourd'hui, au Témiscamingue. J'ai de la difficulté
à bien entendre toutes les réponses, là, ma connexion n'est vraiment pas très
bonne. Donc, je ne pourrai pas rebondir sur toute votre réponse, mais je vais
la réécouter, ultérieurement. Donc, je vais juste vous poser mes questions puis
réécouter les réponses plus tard. Je suis vraiment désolée, ma connexion est
difficile.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce que vous aimeriez vous mettre juste en forme... en mode sonore? Comme
ça, peut-être que la liaison...
Mme Lessard-Therrien :
Je peux essayer de fermer la caméra, là.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Oui, je peux vous l'autoriser. Le son... peut-être
meilleur.
Mme Lessard-Therrien :
Je suis toujours là. On va l'essayer.
Sinon,
j'avais une question par
rapport à l'harmonisation des usages
de la forêt. Est-ce que c'est un problème, pour vous, dans le Nord-du-Québec, la
cohabitation des activités forestières versus les activités de chasse, de
piégeage, de pêche?
M. Smart
(Miles) : Merci pour la question. Il y a un autre comité établi par la
«Paix des Braves», le conseil Cris-Québec sur les... c'est... je ne me
souviens... les forêts, qui est responsable spécifiquement pour ça. Donc, quand
on parle des activités forestières dans le territoire, c'est tout dans le territoire
des Cris, pas aux Inuits ni les Naskapis, puis
il y a un autre conseil qui est responsable de ça. Il y a plusieurs
dispositions qui sont... qui fonctionnent présentement concernant ça. Donc, nous, on... le comité conjoint
va peut-être partager ses commentaires, quand ça vient sur des espèces en
particulier peut-être comme le caribou forestier ou les activités des Cris sur
le terrain, mais, quand ça vient aux détails de tout ça, c'est vraiment... il y
a un autre conseil qui est responsable pour ça.
Mme Lessard-Therrien :
Je vous remercie. Ma connexion ne s'est pas améliorée en fermant la caméra, donc, j'ai... encore une fois, j'ai eu de la
difficulté à tout comprendre. Mais, comme je vous dis, je vais aller réécouter
les réponses.
Donc, j'irais avec ma
dernière question. Vous avez abordé, là, la question en réponse, tout à
l'heure, à la question d'un autre député sur le mur-à-mur, que le gouvernement
a vraiment une approche pour le Québec en entier sans égard aux différences
entre le Nord-du-Québecou ce qu'il se passe dans le sud. J'aimerais vous
entendre plus en détail là-dessus. Qu'est-ce
que... Ça serait quoi, la meilleure solution pour avoir une approche beaucoup
plus territoriale, qui se colle davantage aux réalités que vous vivez
dans le Nord-du-Québec?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous n'avez que quelques secondes,
M. Smart.
M. Smart
(Miles) : Je peux vous offrir un exemple. On sait présentement que le
ministre consulte le public sur un projet de politique sur la faune, qui est
une très bonne nouvelle pour le ministère. Au début des discussions, au comité conjoint, les délégations autochtones
cherchaient des assurances d'avoir une politique pour le Nord-du-Québec,
parce que le contexte est complètement
différent comparé au sud. Puis la réponse qu'on avait reçue à ce point,
c'était : Non, on cherche une politique pour tout le Québec, puis
là on va peut-être avoir des mentions et des sections faisant référence au
territoire.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Je vais être obligée de... je vais
être obligée de... Malheureusement, je vous ai donné un peu plus de temps, mais je vais être obligée de vous arrêter
ici. Alors, je vous remercie beaucoup pour votre contribution à nos
travaux.
Et, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à
12 h 08)
(Reprise à 14 h 05)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, nous reprenons nos travaux. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses
travaux.
La
commission est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre
des consultations particulières sur
le projet de loi n° 88, Loi
modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et
d'autres dispositions législatives.
Cet après-midi, nous
entendrons la Fondation de la faune du Québec, Action boréale ainsi que la
Société des établissements de plein air du Québec.
Je vous souhaite...
je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fondation de la faune du
Québec. Je vous rappelle que vous disposez
de 10 minutes pour faire votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échanges avec les
membres de la commission. J'imagine que vous connaissez bien cette procédure.
Donc, je vous
invite à prendre la parole, mais, tout d'abord, à procéder... à vous présenter,
et ensuite vous ferez votre exposé. Alors, voilà, vous avez la parole.
Fondation de la faune du Québec
(FFQ)
M. D'Amours (Jean-Claude) : Bonjour.
Je suis Jean-Claude D'Amours, président-directeur général de la Fondation de la
faune du Québec. Et je suis accompagné de M. Sébastien Rioux, qui est
directeur des programmes à la Fondation de la faune du Québec.
Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes les
députées et MM. les députés, membres de la commission, c'est un plaisir pour nous de venir partager nos commentaires à l'égard du projet de loi.
Je vais commencer en vous parlant un
peu de la Fondation de la faune. Ensuite, je vais vous présenter nos
commentaires, qui se déclinent en une proposition et deux suggestions.
Tout d'abord, la Fondation de la faune a été
constituée en 1984 en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune. Elle est à la fois une
société d'État, une personne morale à
but non lucratif et un organisme de bienfaisance
enregistré à l'Agence de revenu du Canada. Ses biens font partie du domaine de l'État, et
elle est administrée par un conseil d'administration formé de
13 membres, nommés par le gouvernement, et son président-directeur
général, qui relève du ministre responsable de la Faune. La fondation a pour
fonction de promouvoir la conservation, la mise en valeur de la faune et son
habitat, conformément à l'article 145 de la loi. Et également le Vérificateur
général du Québec procède à un audit de ses états financiers à chaque année.
Nos commentaires concernent particulièrement les
articles 96, 97 du projet de loi. Donc, on parle, là, de mettre ici
d'autres dispositions législatives, et ça fait référence aux compensations financières
prélevées en vertu de la Loi sur la conservation et mise en valeur de la faune
et qui sont versées au Fonds des ressources naturelles dans un nouveau volet
réservé à la conservation et à la mise en valeur de la faune. Actuellement, les
sommes perçues pour les pertes et les dommages aux habitats fauniques sont
versées à la Fondation de la faune du Québec par les directions régionales du ministère des Forêts, de la Faune et
des Parcs. Chaque somme prélevée... reçue à la fondation c'est-à-dire,
est placée dans un fonds dédié régional correspondant pour ensuite être
réinvestie dans la réalisation de projets fauniques dans cette même région.
Chaque dollar perçu d'une région est réinvesti dans la même région. Les fonds
dédiés régionaux ont été créés par la fondation pour les 17 régions
administratives du Québec. Entre 2003 et 2020, un montant total de
8,94 millions a été versé à la Fondation de la faune et 4,48 millions
ont été versés... affectés c'est-à-dire, à des projets relatifs aux habitats
fauniques.
Ainsi, notre proposition va comme suit :
C'est que, forte de ses... de 17 années d'une gestion simple, efficace,
rigoureuse, transparente et traçable des compensations pour perte d'habitat, la
Fondation de la faune offre sa collaboration
dans l'élaboration de nouveaux programmes liés à la gestion des fonds de
compensation pour la faune et son habitat.
• (14 h 10) •
Concernant les suggestions que nous portons à
l'attention de la commission, elles concernent les articles 133 et 159 de
la loi. L'article 133 fait référence à la composition ou au nombre
d'administrateurs de la Fondation de la faune,
mais notre suggestion, c'est de modifier à la baisse le nombre
d'administrateurs de la fondation. Il y a peut-être un alignement des astres, des planètes. C'est que
la totalité des administrateurs du conseil
d'administration, leur mandat
prend fin en 2021, et on a... trois d'entre eux ont déjà signifié à la
fondation qu'ils ne souhaitaient pas renouveler leur mandat. Donc, on voudrait
être en cohérence avec les autres organismes qui relèvent du ministre, c'est-à-dire
la SOPFIM, la SOPFEU et la SEPAQ, pour avoir un conseil d'administration
composé de neuf ou 10 membres.
L'autre suggestion, c'est à l'article 159,
on souhaite que la fondation soit autorisée à verser... à transmettre au ministre
son rapport annuel et ses états
financiers au 30 septembre
plutôt qu'au 31 juillet, puisqu'il est, techniquement, pour nous, impossible de les transmettre avant le
31 juillet. Et on s'est inspirés de la loi sur la SEPAQ pour vous suggérer
le 30 septembre. Voilà, c'est l'essentiel de nos commentaires.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons procéder maintenant aux échanges. M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Dufour : Bien, bonjour,
M. D'Amours, M. Rioux. Donc, bien content de vous avoir avec nous
pour discuter un peu du projet de loi. Puis je comprends que vous semblez...
pour le reste du projet de loi, vous semblez être assez en accord. Je pense que
l'élément qui vous touche beaucoup, c'est la situation des fonds, sur lequel on
va, justement, discuter un petit peu, et la portion administrateurs.
Permettez-moi de régler peut-être la situation
des administrateurs. Écoutez, moi, d'un côté, c'est un fait que, vous, comme
bien dans... comme dans bien des cas, vous avez un conseil d'administration
avec un nombre peut-être des fois qui est plus difficile pour vous réunir.
C'est sûr que la situation virtuelle d'aujourd'hui risque d'avoir changé un peu
cette problématique-là au lieu de toujours se rencontrer en présentiel. Par
contre, je pense que c'est important de mentionner aux gens ici, autour de la
table, qu'il y a quand même une représentativité régionale qui se déploie un
petit peu partout à travers les régions du Québec, que ce soit les grands
centres... que les régions éloignées.
Donc, il reste un élément à cet effet-là, moi,
je pense, qui est méritoire, d'avoir des présences d'un petit peu partout.
D'ailleurs, on sait la situation de la SOPFEU présentement dans le secteur de
Maniwaki, et c'est un des éléments que j'ai demandés à la SOPFEU, de
régulariser son conseil d'administration parce qu'à peu près 80 % de son
conseil d'administration vient de seulement deux régions du Québec.
Donc, c'est sûr et certain que, lorsqu'on
rapetisse un conseil d'administration dans une nomenclature québécoise comme la
Fondation de la faune du Québec... la Fondation de la faune, et, comme
organisme, bien, je trouve que c'est un petit peu peut-être dangereux.
Permettez-moi
aussi de rajouter un élément sur cet élément-là aussi, c'est que, s'il y a une
volonté de votre part de faire une modification là-dessus, on n'est peut-être
pas à la bonne enseigne présentement, dans le bon projet de loi. Celle-ci
devrait davantage être déposée dans le cadre du projet de loi modifiant la Loi
sur la gouvernance des sociétés d'État. Donc, je voulais quand même vous
préciser ce point-là.
Mais c'est sûr que
moi, ma perception au niveau provincial de conseils d'administration trop
petits... je peux comprendre la difficulté qu'on avait auparavant parce qu'on
faisait presque toutes nos choses en présentiel. Mais le fait qu'on a exploité
le virtuel de façon spéciale depuis un an, bien, je peux vous dire une chose...
que peut-être que ça, ça peut compenser pour les problématiques de quorum.
Maintenant, sur le
deuxième volet, et ça, je pense que c'est important de le préciser, et vous le
savez, moi, je pense que vous êtes un des beaux organismes qui est greffé à un
ministère. Vous faites un très beau... vous avez fait, jusqu'à présent, un très
beau travail, et on en est très fier. Par contre, il reste un élément ou deux
éléments particuliers, je pense, et c'est un peu là-dessus que je vais vouloir
vous entendre puis en discuter. On le sait, et vous l'avez mentionné tantôt, si
on prend... prenons des chiffres, là, de votre mémoire, vous avez, depuis
17 ans, une entrée de fonds de 8 942 000 $. Et, si on prend
des régions... prenons la région qui... d'où je viens, là... bien, pas d'où je
viens, mais où est-ce que j'habite aujourd'hui, l'Abitibi-Témiscamingue, bien,
si on regarde, il y a un solde non affecté de 1 147 000 $.
Il
y a d'autres régions où ce n'est pas le cas. Il y a d'autres régions que les
sommes... Si on prend la Capitale-Nationale,
297 000 $ d'entrée de fonds, 187 000 $ qui ont été
affectés, ce qui est quand même assez appréciable et respectable... Et c'est tout à fait normal
qu'on ne soit pas à zéro pour zéro, mais il reste par là qu'on a à peu près
50 % du fonds qui a été affecté et 50 % du fonds qui n'a pas
été affecté, ce qui veut dire qu'on a une somme d'environ
4 461 000 $ pour donner un coup de barre pour des projets
d'habitations fauniques, par exemple.
La
question que je me pose, quand je regarde tout ça et
lorsqu'on a eu à travailler le projet
de loi, c'est : Est-ce que...
Étant donné que je vous ai donné un exemple, là, d'un grand centre, qui a
probablement les ressources nécessaires pour faire plein d'actions, et
un milieu peut-être plus problématique au niveau de l'Abitibi-Témiscamingue,
est-ce que les directions régionales ont les ressources et les capacités
nécessaires pour réaliser des projets de restauration et d'aménagement à la
suite d'une demande de compensation? Et ça, ça ne vient pas simplement d'une
préoccupation que moi, j'ai mais aussi la Vérificatrice générale, qui, en 2016,
avait soulevé cet état de fait, alors que votre montant non affecté, à ce
moment-là, était de 2,5 millions. Et aujourd'hui on est à plus de
4 millions.
Donc, c'est vraiment
là, je pense, que... la prise de conscience, la prise de question, elle est à
cet effet-là. Mais je réitère le fait que vous êtes un très bon partenaire dans
les actions que vous avez réalisées jusqu'à présent, c'est très, très bon. Mais
est-ce qu'on a les ressources nécessaires au niveau de la fondation? Parce
qu'on le sait, que ces ressources-là ne vous permettent pas de vous engager
trop... du monde de plus, là. C'est vraiment des sommes qui sont affectées à faire des améliorations d'habitats fauniques. Donc,
c'est ma grande question que j'ai à vous poser aujourd'hui.
Et la deuxième,
peut-être, question, qui serait une sous-question un peu : Comment
voyez-vous votre rôle, d'ailleurs, dans la restauration et l'aménagement
d'habitats fauniques? On a la chance d'avoir un projet de loi qui vous touche,
bien, je pense que c'est intéressant de vous entendre aussi sur cet aspect-là.
M. D'Amours
(Jean-Claude) : Mme la Présidente, je laisserais la parole à mon
collègue M. Rioux pour répondre à des questions. Il y a des éléments plus
techniques et spécifiques...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. Rioux.
M. Rioux
(Sébastien) : Merci, Mme la Présidente. Je tiens à remercier le ministre
pour sa question fort pertinente, à laquelle ça me fera plaisir d'apporter des
éléments de précision.
Dans un premier temps,
ce qu'il faut comprendre, c'est que ce sont... dans la majorité des cas, ce ne
sont pas les directions régionales du MFFPV qui réalisent les projets mais bien
des organismes du milieu qui réalisent les projets, une fois qu'ils ont obtenu
l'aval de la direction régionale du MFFP. Et pourquoi on fonctionne de cette
façon-là? C'est pour s'assurer que les projets qui sont réalisés sont en
adéquation avec les priorités régionales et les enjeux spécifiques sur les habitats fauniques en région. Donc, ça, ça
serait, je vous dirais, le premier élément de ma réponse.
Le
deuxième élément de ma réponse. M. le
ministre, comme vous l'avez si bien
mentionné lors de l'allocution précédente, lors de cette commission-ci, il
y a toujours place à amélioration, et notre gestion des fonds dédiés ne fait
pas exception à cette affirmation-là de votre part. Je pense qu'avec les
17 ans d'expérience qu'on a avec la gestion des fonds dédiés un des
éléments qui ressort, c'est qu'on a besoin de mieux communiquer l'existence de
ces fonds dédiés là de manière à
démocratiser leur utilisation par les partenaires régionaux qui sont en contact
avec les directions régionales du MFFP. Donc, ça, c'est... et c'est,
d'ailleurs, quelque chose qu'on a commencé à travailler avec la direction
générale régionale du MFFP en juillet dernier.
Mon
autre point, puis ça explique en partie pourquoi, dans certaines régions, les
fonds ne sont pas nécessairement sortis à la vitesse qu'on l'aurait
souhaité, c'est que, dans certains cas, il y a des restrictions trop
spécifiques qui ont été appliquées pour
l'utilisation des fonds dédiés, comme, par exemple, il y a des pertes d'habitat
qui ont été engendrées pour le doré jaune dans une rivière X. Bien,
les directions régionales du MFFP pouvaient mettre une restriction sur
l'utilisation des fonds pour cette rivière-là, pour cette espèce-là, alors, au
fil du temps, on s'est rendu compte que de mettre trop de restrictions pour
l'utilisation des fonds, ça limitait les possibilités de réaliser des projets. Parce
qu'il demeurera toujours une chose, c'est qu'à la Fondation de la faune on ne
peut pas accepter une demande qu'on n'a pas reçue.
Mon
dernier élément, puis ça touche particulièrement la région du ministre,
l'Abitibi... L'Abitibi, c'est une région qui
a moins d'organismes qui sont actifs dans le secteur de l'environnement et de
la faune, et c'est une particularité régionale, et ça se reflète aussi dans les
14 autres programmes d'aide financière qu'on gère à la fondation.
En moyenne, on reçoit moins de demandes de la région de l'Abitibi que d'autres
régions, et la situation des fonds dédiés n'y fait pas exception.
• (14 h 20) •
M. Dufour :
O.K. Oui. Merci de la réponse que vous m'amenez. Je vais vous amener peut-être
sur un autre élément. Vous le savez, la Fondation de la faune agit quand même
très bien, mais on a d'autres partenariats. Je le précisais, justement, hier
avec une des allocutions que je faisais, par exemple, Canards illimités, qui va
restaurer des habitats fauniques. Quel est le lien que vous avez avec Canards
illimités lorsqu'on arrive à des situations où est-ce que les deux organismes...
parce que, veux veux pas, d'un côté, on va chercher des sous... Canards
illimités nous demande des sous au ministère, et, de l'autre côté, vous avez la
fondation, qui, elle, bénéficie de ces sommes-là, grâce à la destruction
d'habitats fauniques, au bout de la ligne. Donc, quel est le lien potentiel qui
peut se créer entre différents organismes qui ont sensiblement des mêmes
volontés?
M. D'Amours
(Jean-Claude) : Encore une fois, Mme la Présidente, je vais laisser la
parole à M. Rioux... directeur des programmes.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Ah! M. Rioux.
M. Rioux (Sébastien) : Encore
une fois, une question
très intéressante, M. le
ministre. Écoutez,
c'est important de comprendre
que la Fondation de la faune n'a pas du tout les mêmes visées que Canards
illimités, dans le sens où notre organisme ne réalise pas de projet. Elle est
là en support à un réseau de partenaires qui sont, eux, actifs dans le milieu
et qui réalisent des projets. Donc, notre organisation n'a pas du tout les
mêmes visées que Canards illimités. Et, dans ce sens-là, d'ailleurs, il y a beaucoup
de projets qui émanent des fonds dédiés qui ont été réalisés par Canards
illimités dans plusieurs régions du Québec.
M. Dufour :
Parfait. Merci. Je laisserais... Mme la Présidente, je laisserais mes collègues...
Je sais que... Mme Grondin, je suis certain qu'elle a des bonnes questions
là-dessus.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Oui, mais son collègue M. le député de Portneuf...
M. Dufour :
Ah! O.K.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...avait levé la main en premier, alors je vais
lui donner la parole. Vous avez six minutes encore, alors vous pouvez vous
partager ça, je pense.
M. Caron : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Merci pour votre
présentation. Hier, on avait des... (panne
de son) ...qui nous parlaient
de leurs préoccupations à propos du saumon de l'atlantique. Je sais que vous
travaillez fort... bien, notamment avec la période de pandémie qu'on traverse, qu'on
a vécu l'été dernier, donc une suroccupation des plans d'eau, une occupation
qui n'est pas toujours raisonnée et raisonnable. Je sais que vous avez
travaillé, il y a peu de temps, justement, au lac Saint-Pierre, pour aménager
et susciter plus de perchaudes et de brochets, me semble-t-il.
Mais je voulais vous
entendre... Je sais que ça ne fait pas partie des suggestions que vous avez
faites, mais j'aimerais entendre votre position à ce sujet-là, l'impact qu'a
cette pandémie et puis comment est-ce que vous pensez qu'on pourrait intervenir
à l'intérieur de ce projet de loi pour atténuer, finalement, ce qu'on a vécu.
Ce qui est fait est fait, mais on peut anticiper que les Québécoises et les Québécois
vont se réapproprier de plus en plus les plans d'eau. Donc, comment est-ce que
vous entrevoyez ça?
M. D'Amours (Jean-Claude) : Tout
d'abord, j'aimerais préciser que la
Fondation de la faune... évidemment, on finance des projets d'organismes qui
interviennent en forêt et aussi dans des milieux aquatiques. On l'a remarqué
l'année dernière, avec une augmentation importante de la vente de permis de
chasse, de pêche et de piégeage, donc, la pandémie a eu un effet contraire à
celui qu'on avait anticipé. Les gens se sont approprié la forêt et les plans
d'eau au Québec.
Maintenant, le rôle
que la fondation pourrait jouer pour minimiser les impacts de la présence des
gens dans le milieu naturel, c'est par la sensibilisation et l'éducation. Et
nous finançons, oui, des projets d'éducation, des projets de sensibilisation. Cependant, nous... comme le
soulevait M. Rioux tout à l'heure, c'est que la fondation ne peut pas
soutenir des projets qu'on n'a pas reçus. Alors, à partir du moment où
les organismes qui sont aux prises avec différents groupes d'utilisateurs... qui ont besoin de sensibiliser les autres
utilisateurs à l'impact de leur présence et de leurs pratiques, nous
sommes ouverts à soutenir des projets qui peuvent prévenir la dégradation
d'habitats, effectivement.
M. Caron : Merci. Je veux vous... juste vous dire : Je
suis président du caucus de la Capitale-Nationale, donc, si vous avez besoin
d'un coup de main pour lever des projets dans la Capitale-Nationale, c'est avec
plaisir que je vais vous transmettre mes coordonnées. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, messieurs. Petite question. J'ai envie
de rebondir sur le côté projets de prévention et fonds régionaux. Ce que je
constate... et, quand je regarde votre tableau, la région des Laurentides... Moi,
je viens de la région des Laurentides, le comté d'Argenteuil. ...et je vois les
entrées de fonds, et des sorties de fonds,
et je suis très inquiète. Je ne comprends pas pourquoi il y a peu d'entrées de
fonds et, bon, la moitié, comme un peu partout ailleurs.
Donc, je constate qu'il y a... Vous savez, la
région des Laurentides, troisième région en forte croissance depuis 20 ans
et pour les 30 prochaines années, je ne peux pas croire qu'il n'y a pas
des choses à faire en matière de protection ou de restauration de nos habitats
fauniques, de la faune.
Pour avoir
travaillé longtemps avec le milieu des Laurentides, je constate aussi qu'il y a
une volonté d'implication et de responsabilisation de différents
partenaires qui n'est pas seulement sur la restauration, mais on va tenter de protéger ce qu'on a avant de commencer à réparer
ce qu'on a perdu. Et donc, là, est-ce que ce n'est pas, justement, une des problématiques? C'est que la Fondation de la
faune, dans ses programmes ou dans son fonds dédié, est plutôt axée sur la
restauration, alors que la volonté du milieu est plus de dire : On
conserve, et on protège, et on prévient.
M. Rioux (Sébastien) :
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, M. Rioux.
M. Rioux (Sébastien) : ...je
peux me charger de répondre à la question de la députée d'Argenteuil.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, allez-y.
M. Rioux (Sébastien) : En fait,
ce qu'il faut comprendre, c'est le... dans le tableau qu'on vous a acheminé, il
n'y a pas de ventilation de l'utilisation des fonds en fonction des... du type
d'action. Ça, c'est la première chose.
Puis la deuxième chose, c'est que c'est
important de bien départager les rôles dans le cadre des fonds dédiés. Ce n'est
pas la Fondation de la faune qui va percevoir les compensations pour perte
d'habitat, mais bien chacune des directions régionales du MFFP. Et parfois...
Et ça, ces compensations-là, elles sont exigées en vertu de la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune. Et il peut aussi y avoir des
ordonnances de la cour de nous verser, à la Fondation de la faune, des fonds
pour perte d'habitat. Donc, ce n'est pas notre rôle à nous d'aller percevoir
ces compensations-là. Ça, c'est la première chose.
La deuxième chose. Dans l'ensemble des projets
qu'on a financés au cours des années, il y en a 54 % qui visent
l'aménagement de l'habitat, 30 % qui visent la protection de
l'habitat — donc,
il y a une certaine proportion des fonds qui vont pour préserver ce qu'on a
déjà, donc, ce que vous dites est... on le fait — et il y en a 12 %
qui vont en acquisition de connaissances et 4 % en transfert de
connaissances. Il demeurera toujours que les fonds de compensation, ils sont là
pour compenser les pertes d'habitat par l'aménagement de d'autres habitats, mais
on s'assure aussi d'investir des fonds en protection, comme vous l'avez
mentionné.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...vous interrompre ici. Alors, nous allons maintenant passer la parole au
député de Laval-des-Rapides. Non? M. le député de D'Arcy-McGee, allez-y.
• (14 h 30) •
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Merci, MM. D'Amours... et M. Rioux pour votre exposé, et
vos explications, et vos recommandations très précises. Vous avez, évidemment,
un mandat, en quelque part, circonscrit mais qui va au centre de l'atteinte des
objectifs du projet de loi quand même. Bon, le ministre se donne la prétention de dire que les questions pas abordées dans votre
mémoire ne sont pas là parce que vous êtes d'accord avec la totalité du
projet de loi. Je ne permets pas la même prétention. Je vous invite... Et en
toute connaissance du fait que vous êtes une
société d'État, vous avez une expertise et une présence sur le terrain, vous
avez à financer des projets de mise en valeur, de conservation de la
faune qui vont au coeur du projet de loi.
Alors, je me permets de vous poser quelques
questions sur les sujets assez clés dans le projet de loi et qui ont fait sujet
de plusieurs interventions dans nos... dans les interventions devant notre
commission jusqu'à date. À titre d'exemple, le régime d'amendes pour des
infractions qui contribuent au fonds, finalement, est à être... à changer, est
assujetti aux changements proposés dans le projet de loi. Plusieurs ont
intervenus pour dire qu'il y en a quelques-uns qui sont trop salés, d'autres,
qu'ils devraient être modifiés afin d'être remplacés par de l'éducation et de
la formation, plutôt. J'aimerais vous
entendre là-dessus, sur ce régime-là, d'amendes, et tout ça. Est-ce que
vous avez des commentaires à nous offrir là-dessus?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. D'Amours, allez-y.
M. D'Amours (Jean-Claude) : Oui,
oui, très bien. En commençant, j'aimerais rappeler à la commission que la
fondation gère 14 programmes. Et le programme le plus connu, le plus
populaire de tous les temps de la fondation, c'est le programme Pêche en herbe,
qui vise à initier les jeunes de six à 17 ans à la pêche. On leur remet
également un permis Pêche en herbe et qui
est valable... valide jusqu'à l'âge de 17 ans. Donc, oui, on a investi quand même
beaucoup dans la mise en
valeur, pas seulement que dans la conservation.
En ce qui concerne le régime d'amendes, c'est
bien évident que c'est complexe de départager qu'est-ce qui s'adresse aux
braconniers et qu'est-ce qui s'adresse à des infractions d'ordre plus
technique. Et je fais souvent le parallèle avec le Code
de la sécurité routière. Vous savez, à chaque intersection, là, il doit y avoir
un règlement, à quelque part, qui dit qu'on doit faire un arrêt. Si... Et, pour
aider les conducteurs à faire leur arrêt, bien, on ne leur demande pas
d'apprendre par coeur tous les règlements, mais on pose une affiche qui
dit : Ici, il y a un arrêt.
Dans le domaine de la chasse et de la pêche, là,
c'est très réglementé. Au Québec, on a une gestion très pointue, très fine de
la pratique de la chasse et de la pêche. Il y a des règlements pour toutes
sortes de choses. Et, par exemple, les projecteurs, le six volts. Ce n'est
pas tout le monde qui sait c'est quoi, six volts. Puis, quand on va
acheter une lampe en magasin, ce n'est pas nécessairement clair que
c'est six, c'est plus ou moins six volts, puis qu'est-ce qui est autorisé puis qu'est-ce qui ne
l'est pas. Ce que les gens savent, c'est : quand ils ont besoin
d'éviscérer un gros gibier, ils ont besoin quand même de beaucoup
d'éclairage pour pouvoir procéder. Alors, s'ils utilisent un éclairage trop
puissant, bien, ils se retrouvent en infraction technique, ils pourraient se
faire aussi saisir leur gibier. Donc,
parfois, là, c'est peut-être difficile, et là ça fait appel au discernement des
agents dans ces situations-là. Mais... Puis la loi ne peut pas encadrer,
quand même, le discernement des agents. Donc, c'est un peu complexe puis c'est
un peu difficile de dire : Est-ce que c'est trop ou pas assez? Dans le cas
d'un acte de braconnage, ce n'est jamais trop, mais, dans le cas d'une infraction technique, oui, c'est beaucoup et ça peut,
effectivement, décourager les jeunes à la pratique.
M. Birnbaum :
Merci, c'est apprécié. Deuxième question. Nous avons entendu des... le syndicat
qui représente les agentes et les agents de la faune, qui ont certaines
préoccupations en termes des tâches ajoutées qui seraient impliquées dans... si
les... si le projet de loi était adopté, ainsi que la désignation de d'autres
fonctions potentielles aux techniciens et aux autres membres de leurs équipes,
et tout ça. Et aussi ils confirment le constat que leur nombre est en diminution presque constante. De votre
perspective, experts sur le terrain, est-ce
que le projet de loi comme conçu peut
être implémenté de façon responsable et efficace par les agents, agentes
et leurs équipes sur le terrain, actuellement?
M. D'Amours (Jean-Claude) : Bien, en
ce qui nous concerne, on croit que la Direction de la protection de la faune
joue un rôle essentiel et on a totalement confiance dans leur capacité
d'intervenir sur le terrain. Le Québec, c'est un très grand territoire, bien
évident qu'il n'y a pas suffisamment puis il n'y aura jamais suffisamment
d'agents de conservation pour patrouiller
l'ensemble du territoire, donc ils ont besoin de l'aide. Et l'aide, c'est les
gens qui sont présents sur le territoire, mais c'est aussi les
assistants à la protection de la faune, qui viennent du milieu des zecs, qui
viennent du milieu des réserves fauniques aussi, à la SEPAQ, et des
pourvoyeurs. Donc, il y a un paquet de gens qui peuvent intervenir avec les
agents pour déployer la force qui est nécessaire sur le territoire.
M. Birnbaum : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Laval-des-Rapides, il reste cinq minutes.
M. Polo : Oui. Parfait. Merci. Merci beaucoup. J'ai... Je commencerais par vous poser une question, à savoir...
plus pour ma connaissance générale, pour
bien comprendre aussi votre relation entre votre organisme puis le ministère.
Vous avez dit que vous gérez 14 programmes. J'imagine que c'est des
programmes que vous gérez au nom du ministère, c'est... est-ce que j'ai bien compris? Est-ce que
le ministère est votre principal bailleur de fonds? Parce que,
là, je comprends que... Vous nous
avez parlé des fonds dédiés, des fonds qui sont... qui permettent, justement,
d'amasser des sommes à même des
territoires qui peuvent être endommagés, et donc des sommes compensatoires.
Puis les fonds dédiés sont, par la suite, redistribués, en fait, sont assignés en fonction des régions où...
d'où proviennent ces fonds-là. Mais, vous, comme organisme, vous êtes...
votre principal bailleur de fonds, j'imagine que c'est bien le ministère? Parce que... je vais vous expliquer pourquoi je vous pose la question. C'est que vous avez un
rôle important, vous avez une mission
importante. Vous... La faune est votre principale préoccupation, puis je trouve que vos recommandations... nos échanges sont très intéressants,
mais vos recommandations sont assez minces, assez légères. Et je me demandais
si c'était parce que vous ne vouliez pas nécessairement vous mettre en
porte-à-faux face à des recommandations peut-être un petit peu plus poussées et
qui pourraient être perçues, d'une façon ou d'une autre, par soit les gens du ministère
ou carrément l'équipe du ministre... Je veux juste bien comprendre c'est quoi,
la relation, excusez ma méconnaissance, à ce niveau-là.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. D'Amours.
M. D'Amours (Jean-Claude) : Oui. En
ce qui concerne, en fait, les sommes qu'on reçoit du ministère des Forêts, de
la Faune et des Parcs, il y a une contribution des chasseurs, des pêcheurs et
des piégeurs qui est prélevée à même le permis de chasse, pêche et piégeage. Ça
représente une somme de près de 4 millions par année. La fondation a un
budget, cette année, vous voyez, de 13,2 millions, donc la majorité des
sommes qu'on gère ne provient pas nécessairement directement du ministère des
Forêts, de la Faune et des Parcs. On a des ententes avec le ministère de
l'Environnement et le ministère des Transports, on a des ententes également
avec des fondations privées, on réalise des activités de financement, donc il y
a de l'argent qui vient d'un peu partout qui entre à la fondation. Et, tout ça,
c'est réinvesti dans la conservation, la mise en valeur de la faune et son
habitat.
M. Polo :
O.K. Excellent. Donc, merci. Donc, quand vous regardez — puis
là je vais faire peut-être un parallèle ou un lien avec d'autres présentations
que nous avons eues au cours des derniers jours — quand vous regardez
des situations, particulièrement, ou qui ont touché des endroits comme la
rivière Bonaventure, vous êtes à même de comprendre,
c'est quoi, le litige, puis, surtout, avec l'été 2021 qui approche à
grands pas, et, vous le savez, là, les récriminations de part et d'autre, et
tout ça... Puis, une des questions que j'ai posées, hier, à un autre groupe qui
est venu nous présenter, c'est : Comment, que ce soit pour la rivière
Bonaventure ou dans d'autres situations similaires qui pourraient se produire
ailleurs au Québec, comment créer un endroit de discussion, un espace de
discussion, d'échange et de, même de négociation qui soit productif, qui
permette, justement, d'arriver à des solutions qui sont porteuses, des
solutions qui peuvent par la suite être aussi transmises ou partagées ailleurs,
et surtout d'essayer que chacun mette un peu d'eau dans son vin? Selon vous,
là, quand on regarde la situation de la rivière Bonaventure autour du PDAR et, notamment,
et, d'un côté, les gens qui protègent la faune et, d'un autre côté, les gens
qui représentent les activités récréatives, comment on peut, à ce moment-là,
trouver un espace ou créer un espace qui pourrait être reproduit ailleurs?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. D'Amours.
Une voix :
Bien, je peux, oui.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. Rioux ou M. D'Amours. Je pense que
les deux voulaient parler.
M. Rioux
(Sébastien) : Oui. En fait, je peux me charger de cette question-là, Mme la
Présidente.
En fait, le rôle de
la fondation, c'est... on n'a pas un... Ce n'est pas notre rôle, de participer
à ce genre de rencontre là. Par contre, c'est notre rôle de financer la
solution qui émanera des échanges constructifs qui auront eu lieu, en autant
que la solution qui émane de ces échanges-là est en lien avec notre mission,
qui est la protection et mise en valeur de la faune du Québec.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. D'Amours, voulez-vous ajouter quelque
chose?
• (14 h 40) •
M. D'Amours
(Jean-Claude) : Oui. En fait, ça fait référence à toute forme d'usage
sur le territoire d'une zec, là. La rivière Bonaventure, c'est une zec d'abord
et avant tout. Et la loi dit que nul ne peut faire commerce sur une zec sans
l'autorisation du ministre. Là je fais référence à l'article 109 de la
loi, évidemment, c'est dans la section des zecs de chasse et pêche. Je connais
un peu plus les zecs de chasse et pêche puisque j'ai été directeur général de
leur fédération pendant 15 ans. Donc, là où il y a des problèmes, c'est quand
le ministère accorde des autorisations de commerce à des tiers, mais qui
n'exige pas qu'il y ait un dialogue ou une entente au préalable avec le
gestionnaire du territoire, le gestionnaire de la zec en question.
Alors, le préalable,
ce serait que le ministre exige qu'il y ait une entente préalable avec le
gestionnaire de la zec pour faciliter l'harmonisation des usages sur leur
territoire.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci. Alors, je vais passer du côté de la
députée Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme la députée.
Mme Lessard-Therrien :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'ai quand même peu de temps, mais je
veux revenir, moi aussi, sur le tableau. Moi aussi, je viens de la même région
que le ministre, l'Abitibi-Témiscamingue. Je suis assez surprise, là, de voir
qu'il y a moins, là, du quart de l'argent des fonds régionaux qui sont... bien,
en fait, qui se concrétise en projets sur le terrain. Tantôt, vous avez dit, tu
sais : On ne peut pas financer des projets qui ne nous sont pas déposés.
Est-ce qu'il n'y aurait pas un souhait de développer peut-être davantage
d'autonomie pour, tu sais, des fois, comment dire, agir un peu là-dessus? Quand
vous voyez qu'il y a des projets qui ne sont pas déposés puis vous avez des
idées, ou... tu sais, est-ce que vous ne pourriez pas initier davantage des
projets? Vous avez parlé de la sensibilisation, d'éducation. Bien, vous êtes à
même de constater que, parfois, c'est déficitaire. Est-ce que vous ne pourriez
pas initier... d'avoir des initiatives sur vos propres bases? J'aimerais vous
entendre là-dessus.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. Rioux.
M. Rioux
(Sébastien) : Oui. Je remercie la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue
pour cette question-là, qui est très intéressante et qui va être en lien avec
les réponses qu'on a données précédemment. Mais je vais tenter d'apporter des
bonifications à nos réponses précédentes.
À chaque année, la
Fondation de la faune envoie ce qu'on appelle un sommaire de l'utilisation des
fonds à chacun des directeurs régionaux du MFFP. Donc, à chaque année, le
directeur régional est au fait des sommes qui sont
non affectées dans sa région et des sommes qui sont disponibles. Ça, c'est la
première chose. La deuxième chose, c'est qu'on a fait des présentations
en 2002 et en juillet dernier à l'ensemble des directeurs régionaux du
MFFP pour les informer des mécanismes de fonctionnement des fonds dédiés et
pour les informer que c'était notre souhait, à la Fondation de la faune, de
sortir un maximum d'argent possible pour financer des projets fauniques.
Alors, partant de...
tu sais, comme j'expliquais tantôt, on a des compétences partagées dans la
gestion des fonds dédiés et donc, comme on est conscient qu'il y a des besoins
de mieux communiquer l'existence de ces fonds dédiés là... Et c'est pour ça
qu'on a commencé à travailler, cette année, avec la direction régionale, en
fait, avec la direction générale régionale pour trouver des mécanismes pour
favoriser la sortie d'argent. Mais il reste qu'il y a quand même des
contraintes régionales, comme celles que je vous ai exposées tout à l'heure en
lien particulièrement avec l'Abitibi, qui font en sorte que, parfois, c'est
plus difficile, mais on travaille sur ça.
Mme Lessard-Therrien :
O.K. Bien, c'est tout à fait intéressant. Moi, je pense à plein d'organismes
qui pourraient bénéficier de ces sommes-là, je vais transférer le message.
Comptez sur moi pour relayer l'information.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez terminé votre portion. Alors, je dois aller du côté du député de
Jonquière. M. le député.
M. Gaudreault : Oui. Bonjour,
merci d'être là. Je vais vous demander de répondre rapidement, s'il vous plaît,
parce que moi aussi, je n'ai pas beaucoup de temps. La Vérificatrice générale,
est-ce qu'elle a déjà soulevé des irrégularités sur la façon dont les fonds que
vous avez sont gérés?
M. Rioux (Sébastien) : En aucun
cas.
M. Gaudreault : O.K. J'aimerais
ça savoir combien il en coûte au ministère, ministère de la Forêt, Faune et
Parcs, pour gérer... pour vous confier la gestion de ce fonds-là. Ça coûte
combien au ministère?
M. Rioux (Sébastien) : En fait,
on ne charge rien au MFFP pour gérer les sommes des fonds dédiés à part les revenus d'intérêts générés sur les placements.
Et, dans les cinq dernières années, en moyenne, la fondation a perçu
69 000 $ en intérêts sur les placements.
M. Gaudreault : O.K. Donc, moi,
j'essaie juste de comprendre le problème, là, que le ministre essaie de régler.
J'ai l'impression, là, il y a comme une expression qu'on dit que c'est une
solution pour un faux problème. Moi, ce que je sens, c'est qu'avec les
modifications qui sont proposées à l'article 97 du projet de loi, puis il
y a également à l'article 69 puis à l'article 96, c'est que, le
ministre, dans le fond, il fait une centralisation. Là, il va pouvoir récupérer aux fonds du ministère les fonds
qui vous sont dédiés pour faire des programmes qu'il pourrait lui-même
déterminer dans son bureau au lieu d'être gérés dans les différentes régions du
Québec.
S'il y a des problèmes de gestion parce que
l'argent ne sort pas assez, on peut régler ça. Mais, pour moi, ce n'est pas la
solution, de centraliser entre les mains du ministre. Est-ce qu'il pourrait
arriver que, dans cette nouvelle centralisation du ministre, qu'il y ait de
l'argent qui serve à d'autre chose que la mission pour laquelle vous êtes
conviés présentement? Est-ce que le ministre pourrait mettre l'argent sur
d'autre chose?
M. Rioux (Sébastien) : Je ne
peux pas répondre pour le ministre. Par contre, je peux répondre pour en ce qui
nous concerne. La fondation ne peut pas financer de projet qui ne cadre pas
avec sa mission, qui est la protection, mise en valeur des habitats de la faune
du Québec. Donc, quand les fonds dédiés sont chez nous, on ne peut pas financer
d'autre chose que ça.
M. Gaudreault : Bon. Ça veut
dire que, si on confie ça entre les mains du ministre, bien, ça ne veut pas
dire que ça ne pourrait pas aller à d'autres fins. Évidemment, moi, je suis un
hyperpartisan de la décentralisation, puis ce n'est pas parce que l'argent ne
sort pas assez qu'il ne faut pas... qu'il faut nuire à la... jeter le bébé avec
l'eau du bain puis commencer à centraliser à Québec. Alors, on va suivre ça de
très près. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci beaucoup. Donc, ceci met fin à votre contribution à notre commission. Je
vous remercie beaucoup pour votre présence. Je vous souhaite une belle fin de
journée.
Et nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 47)
(Reprise à 14 h 50)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants
de l'organisme Action boréale. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes
pour faire votre exposé. Par la suite, nous
procéderons à la période d'échange avec les membres
de la commission. Je vous invite,
donc, à commencer par vous présenter puis à procéder à votre exposé.
Alors, vous avez la parole.
Action boréale de l'Abitibi-Témiscamingue (ABAT)
M. Jacob (Henri) : Oui.
Bonjour. Mon nom, c'est Henri Jacob. Je suis président de l'Action boréale et
je milite en environnement depuis 1972. Je vais laisser mon collègue se présenter.
M. Brodeur-Girard (Sébastien) :
Alors, bonjour. Mon nom est Sébastien Brodeur-Girard. Je suis membre de l'Action boréale, c'est à ce titre que je suis
là, et, sinon, également avocat et professeur à l'École d'études autochtones
à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
M. Jacob (Henri) : Bon, je vais
commencer notre présentation.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. Jacob.
M. Jacob
(Henri) : Oui. Bonjour. Je remercie la commission de pouvoir nous
permettre de présenter notre point de vue sur la révision de la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune.
Comme j'ai dit
précédemment, moi, je milite depuis 1972 dans des dossiers environnement.
J'ai, en l'an 2000, à part de toutes mes autres activités, fondé l'Action
boréale, qui est un groupe militant depuis qu'il a été fondé en l'an 2000. Notre organisme a pour but de... la sauvegarde
des forêts le plus possible, la promotion d'une foresterie écologique,
et travailler aussi à l'implantation d'un réseau d'aires protégées
représentatif des écosystèmes, donc ceux qu'il y a ici dans la forêt boréale.
On travaille aussi à la protection des espèces fauniques. Comme exemple, le troupeau de caribous de Val-d'Or, depuis 1984
qu'on s'implique, donc même avant la fondation de l'Action boréale, pour
s'assurer, idéalement, qu'on puisse
restaurer cette harde de caribous pour les générations futures. Et tous nos
projets se... font en sorte d'essayer de réserver à nos enfants un
héritage qui sera une valeur intéressante pour leur qualité de vie.
Je vais revenir tout de suite aux questions du
projet de loi n° 88. En fait, nous, on pense qu'il
devrait y avoir, dès dans la prémisse, des distinctions qui devraient être
faites : distinction sur la chasse de subsistance, qui est un droit
ancestral, pour les communautés autochtones, qui est enchâssé dans la Constitution
canadienne, et la chasse sportive, qui, à notre point de vue, c'est un
privilège que les provinces, dont le Québec, donnent de façon temporaire et qui
comporte des obligations et des restrictions. Contrairement à, nécessairement,
un droit, on peut le perdre, ce privilège-là.
Et ce n'est pas un droit fondamental comme il a été dit dans le cas de la crise
de l'orignal du parc de La Vérendrye l'année dernière.
Il y a aussi une autre distinction qu'on devrait
faire sur la question de la faune, moi, ce que j'appelle... vous trouverez un
autre nom, mais j'appelle ça la faune barbecue, la faune qui sert simplement
pour les chasseurs sportifs, pour aussi faire des partys et distribuer dans
leur famille ou simplement faire des soupers en commun. On parle, naturellement,
des espèces qui se mangent, soit de poisson ou soit d'animal de la faune
terrestre et versus ce qu'on appelle toute l'autre faune, toutes les autres
espèces qui font partie de la biodiversité animale, qu'on parle des petits
oiseaux ou on parle des mustélidés, qu'on parle d'à peu près toutes les autres
espèces qu'on ne mange pas mais qui sont là et qui sont très importantes.
Surtout qu'on a appris, depuis... au moins depuis l'an 2000, que, la
biodiversité, c'est très important, ça fait qu'il faudrait que ces
distinctions-là apparaissent dans la prémisse, à notre point de vue.
Sur la question de la faune, on pense que ce
secteur-là devrait retourner comme il était auparavant, dans le ministère...
avec le ministère de l'Environnement, puisque c'est un secteur qui devrait se
baser sur la conservation, contrairement à ce qu'il se passe au ministère des
Forêts, présentement, ministère Faune et Parcs... Forêts, Faune et Parcs, qui,
lui, a une mission qui est beaucoup plus économique. Et on trouve que c'est en conflit
d'intérêts quand c'est le même ministère qui a à décider entre la conservation
d'une espèce, d'un habitat ou l'exploitation de ce même territoire. Ça fait
qu'on pense que ça devrait être retiré, soit de retourner à l'Environnement ou
s'en aller vers un ministère, carrément, ministère de la Faune, s'il le faut.
Les menaces aux écosystèmes que vous parlez dans
le document, les principales menaces à l'écosystème que nous, on note, c'est
par l'exploitation, qui sont les causes principales, et, c'est reconnu un peu
partout, la destruction de l'habitat soit par la foresterie ou l'exploitation
minière ou quelquefois par Hydro-Québec aussi. Donc, c'est important de... Puis
c'est ça qui cause un problème, le fait que ce soit les mêmes ministères qui
décident soit la conservation ou l'exploitation. Ça cause ce problème-là, qui
fait en sorte que la conservation est vraiment reliée au second plan.
D'ailleurs, dans le projet de loi, on doit le
noter, on a appris juste à la dernière minute, mais aussi...
(Interruption)
M. Jacob (Henri) : Excusez. On
a appris à la dernière minute... Et, dans ce projet de loi, on voit surtout le
côté économique même de la question des... de la question de la conservation
des espèces. Je pense que c'est... ça devrait être prioritaire, de parler de
conservation et non pas d'exploitation de la faune.
Dans... Une autre chose qu'on voudrait noter,
c'est que vous donnez... vous voulez accorder plus de pouvoir aux agents de
conservation, mais, malheureusement, sur le territoire, il n'y a presque plus
d'agents de conservation. Moi, ici, je pourrais vider un lac sans trop, trop de
problèmes, sans avoir trop, trop de problèmes, il n'y en a pas. Ça fait que
c'est... Puis, ce qu'on peut suggérer, c'est qu'on devrait utiliser peut-être les
communautés autochtones pour être soit des alliés ou des agents affiliés aux
agents de conservation et même peut-être travailler en collaboration avec les
organismes à but non lucratif qui travaillent là-dedans.
Et, dans le cas des infractions, je pense qu'il
y a lieu, dans la faune... il faudrait faire un peu comme... pour ce qui est
sur la loi sur le... quand tu dépasses le 0,08, tu devrais risquer de
perdre ton permis, si tu commets une infraction majeure aux lois de la faune.
Si tu tues en dehors des heures ou quoi que ce soit, tu devrais avoir une
amende qui soit, oui, financière, mais surtout une perte du privilège pour une
période. Ça, ça devrait être comme ça.
Ça fait que, pour le reste, bien, je vais
laisser la place à mon collègue, qui va peut-être pouvoir compléter. Et on
pourra répondre, suite à ça, à vos questions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. Brodeur-Girard.
M. Brodeur-Girard (Sébastien) :
Merci. Merci. Merci, Henri. Merci à vous. Donc, c'est vraiment un plaisir que
d'être ici pour partager nos observations avec vous.
Le premier point, bien, je
reviendrais peut-être sur la question, l'occasion manquée, en fait, des
droits... à propos de la reconnaissance des droits de chasse, de pêche et de
piégeage des autochtones. Alors, on sait que, depuis 2004, il y a des
obligations constitutionnelles qui sont reconnues par la jurisprudence de la
Cour suprême du Canada, notamment l'arrêt Haïda et Taku River pour les
obligations de consultation et d'accommodement, et, bon, que ça a été une
belle... une belle occasion, justement, de faire en sorte que la loi
s'harmonise avec cette... ces obligations-là pour éviter de mettre en danger la
constitutionnalité de cette loi-là. Un peu comme actuellement, avec la Loi sur
les mines, il y a des contestations devant les tribunaux, comme vous le savez,
potentiellement, parce que, justement, il n'y a aucune indication de
reconnaissance de ces droits ancestraux là, qui sont pourtant
constitutionnellement reconnus. Donc, c'est une occasion manquée d'harmoniser,
donc, les lois du Québec, notamment avec la Déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples autochtones.
Ensuite, un autre point. Une certaine
inquiétude, c'est par rapport aux changements qui sont apportés à la manière de créer des refuges fauniques, donc
l'ajout des articles 122 et suivants à la loi, qui sont dans le projet de loi n° 88. C'est l'article 59 et suivants,
donc, où on complexifie le régime qui existe actuellement en ajoutant des
étapes, notamment une mise en réserve des terres du domaine de l'État, ce qui
constitue un alourdissement de la procédure. Et, d'ailleurs, on trouve ça un
peu surprenant dans la mesure où le gouvernement actuel a, à plusieurs
reprises, insisté sur l'importance d'alléger les procédures, de rendre ça plus
simple, plus souple, et là, bien, au contraire, on rajoute des étapes, donc ça
complexifie les choses, un manque... ça peut amener un manque d'efficacité et
de souplesse.
Et on a aussi ajouté une obligation législative
de consulter le ministre responsable des Ressources naturelles pour pouvoir
créer des refuges fauniques, ce qui est évidemment pas mal plus lourd qu'une
procédure administrative. Alors, qu'il y ait un échange qui se fasse entre les
différents ministères, c'est certain que c'est une chose qui est tout à fait
naturelle et normale, mais d'en faire une obligation législative, on se pose la
question, sur... finalement, si ce n'est pas essayer de mettre sous l'autorité
du ministère des Ressources naturelles quelque chose qui ne lui revient pas du
tout à cet égard-là. Donc, ça, c'est un problème qu'on a pu noter.
• (15 heures) •
Et, finalement, un dernier point que
j'aborderai, c'est celui du fonds de la faune, qui est créé à
l'article 96, donc, du projet de loi n° 88, et qu'il n'y a pas beaucoup
de précisions sur où va cet argent-là, bon, qui est fondé... tout ce qui a été
amassé avec, bon, les différentes amendes, etc., à quoi est-ce que ça sert.
Alors, de centraliser tout ça, on se pose la question : Est-ce que cet
argent-là quitte les régions où il a été amassé puis il va être dépensé
ailleurs, dans des projets qui n'auront aucun rapport avec les infractions qui
ont été commises? Alors, nous, on pense qu'il devrait y avoir un objectif de
s'assurer que ces fonds-là permettent, justement, de... aient... soient
dépensés de manière... en lien avec ce pour quoi ils ont été amassés et surtout
puissent bénéficier aux régions. Encore là, on pense que c'est quelque chose
d'important, de favoriser la décentralisation de ce processus-là plutôt que de
tout rapatrier à un endroit. Puis potentiellement des régions comme nous ici,
en Abitibi-Témiscamingue, où forcément la chasse et la pêche occupent une place
importante, alors il y a des amendes qui peuvent être collectées...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois...
M. Brodeur-Girard
(Sébastien) : ...mais qui
seraient dépensées ailleurs dans le Sud. Donc, je vous remercie.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre ici. Je vous ai laissé un petit peu plus de temps pour que vous puissiez élaborer votre pensée.
Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Dufour : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour, M. Brodeur, M. Jacob. Donc, je pense que
c'est... il y a des éléments intéressants que vous amenez, à discussion, je
pense, et puis il y a peut-être aussi quelques éléments qui méritent peut-être
que je ressasse un petit peu qu'est-ce qu'est le projet de loi n° 88
en lui-même et aussi quels sont les éléments, puis ça va peut-être, justement,
toucher à certains points que vous avez apportés.
D'entrée de jeu, avant même de parler du projet
de loi, je pense que le projet de loi en soi sur... si ma mémoire... c'est au
chapitre II, là, je n'ai pas le projet de loi avec moi, là, au niveau
des... du par coeur, mais on parle de la reconnaissance autochtone. Donc, je
pense que ça, c'est important de le préciser. On a, d'ailleurs, eu, ce matin,
le CCCPP, qui est venu nous parler, qui reconnaît, d'ailleurs, tout le côté
nordique, qui, je pense, avait des très bons avis à nous présenter, mais qui
comprennent très bien le projet de loi. Donc, en tout cas, de ce côté-là, moi,
à l'inverse de vous, j'ai moins de problématiques, peut-être, à voir que les
autochtones ne sont pas reconnus dans leur chasse. On discute, d'ailleurs, au
niveau de la réserve faunique La Vérendrye, mon collègue Ian Lafrenière,
présentement, travaille sur une négociation avec les gens, avec les communautés
algonquines. Le dossier est quand même avancé, il y a quand même eu quelques
informations qui semblent avoir coulé médiatiquement. Donc, encore là, on prend
acte, on considère qu'est-ce qu'il en est, et tout ça.
Par contre, je dois dire que je m'inscris en
faux avec votre argument, M. Jacob, quand vous dites que ce n'est pas un
droit fondamental. La chasse sportive est une chasse qui est aussi listée au
niveau des lois. Est-ce que c'est une chasse ancestrale? Peut-être pas, mais
elle est inscrite dans une loi. Donc, à ma connaissance, on est encore dans un
État de droit, donc je pense que nos lois méritent d'être respectées de ce
côté-là. Donc, je suis naturellement en désaccord avec l'argumentaire que vous
avez amené tantôt. Et, quand on dit «chasse sportive», c'est ça qui est la
terminologie officielle, mais je pense qu'il est important de dire aussi qu'on
a plusieurs gens, puis vous en connaissez vous-même, M. Jacob, qui font de
la chasse pour avoir une nourriture pour l'année complète. Il y a des
allochtones que, oui, ce n'est pas du steak haché qu'ils prennent, c'est du
steak qu'ils font faire suite à l'abattage de leur
orignal. Donc, ça a une grande importance pour beaucoup de familles allochtones
aussi. Et je considère aussi que les autochtones aussi ont besoin de cette
nourriture-là comme propriété pour leur garde-manger.
Écoutez, le projet de
loi, il faut comprendre aussi un élément, vous l'avez dit, il y a un volet
économique, puis on ne se le cachera pas, je pense que la chasse, la pêche et
le piégeage contribuent pour plus de 1 milliard dans le PIB du Québec.
Beaucoup d'industries, beaucoup de personnes en vivent, et c'est quand même un
élément très, très important.
Et pas plus tard que
tantôt on avait les gens de la Fondation de la faune qui disaient : On a
énormément de règles au Québec, on est une des juridictions qui est la plus
ciblée pour la chasse, la pêche et le piégeage. Et je pense qu'il faut en être
fiers. Ce n'est pas simplement d'arriver ici puis de dire qu'on ne fait pas les
bonnes choses. Je pense qu'on a quelque chose dans les mains qui est
intéressant. Je pense qu'au fil du temps le Québec fait attention.
Y a-tu de
l'amélioration à faire? Bien oui, tout le temps. Il y a toujours de
l'amélioration à faire. Veux veux pas, on est en présence de situations où
est-ce qu'il faut réagir souvent. Et on a un projet de loi qui n'a pas été
modernisé depuis 2009, au-delà de 11 ans, projet de loi qui a été mis en
application en 1984, qui a eu quelques modifications, mais très sommaires.
Donc, oui, je pense qu'on est rendu à une étape de moderniser le projet de loi
puis de faire en sorte que le projet de loi ait un intérêt versus la société
d'aujourd'hui.
Les trois axes du
projet de loi, je dois le répéter, c'est une société forte et résiliente pour
la génération d'aujourd'hui et de demain par la protection de la santé humaine
et animale au coeur des préoccupations de la population, l'urgence de veiller à
la conservation de la biodiversité et des écosystèmes en contexte de
changements climatiques et de mondialisation des échanges, interconnexion et
interdépendance des humains, des animaux et de leurs habitats, contrer les
menaces et assurer une gestion durable des ressources fauniques dans un souci
d'équité et de pérennité des ressources, mieux outiller les protecteurs de la
faune qui interviennent sur le territoire... sur l'ensemble du territoire.
Et, là-dessus, je
dois vous le donner, au niveau de nos agents de la faune, on avait hier le
syndicat qui nous disait qu'il y avait au-delà de 400 agents, et
présentement on est dans un creux de vague à 340. Il n'y a pas eu de formation
qui a été faite depuis le début de la pandémie. C'est sûr que ça nous cause un
problème dans les régions, je vous l'accorde. Il faut trouver le moyen de
repartir la machine de ce côté-là. Il va y avoir une formation qui va être
donnée cette année entre autres à Duchesnay. Il y a quand même Alma qui forme
aussi des gens. Donc, de ce côté-là, il y a un travail, oui, je vous l'accorde,
qui doit être amélioré pour éviter le braconnage et les gens qui ne respectent
pas la faune de ce côté-là.
Le deuxième axe,
c'est un patrimoine faunique créateur de richesse et de qualité. Donc, encore
là, comme je vous l'ai mentionné, il y a une vie socioéconomique, il y a une
vie locale, on a des communautés autochtones à respecter. Je pense que ça fait
partie de cet axe-là.
Et le troisième axe,
c'est une organisation agile et performante, allègements administratifs, une
priorité gouvernementale, comme l'a dit tantôt M. Brodeur-Girard, donc
améliorer les allègements réglementaires. Moi, au niveau des allègements
réglementaires, ce que je pourrais vous mentionner, c'est que la structure
réglementaire rend difficiles plusieurs actions du ministère, et ça, on le
voit. Par exemple, la création d'un refuge faunique est soumise à un lourd
processus administratif. Bien, pour alléger le poids bureaucratique, il est
notamment prévu de créer un statut provisoire pour protéger les espèces pendant
la création d'un refuge faunique et la possibilité pour le ministre d'aller de
l'avant avec des projets pilotes. Si, ça, ce n'est pas donner un coup de main,
bien, je pense que je ne sais pas qu'est-ce que ça peut être, parce qu'on le
sait que, dans un gouvernement il y a des processus, là.
Il est également
prévu de prévoir le montant qu'un promoteur aurait à payer au MFFP s'il y a un
habitat faunique qui est touché. Le ministère s'occuperait ensuite de créer un
habitat de remplacement. Donc, tantôt, vous avez fait effet des fonds. Il y a
un élément de préoccupation qui... comme vous l'avez dit, est-ce que ces
fonds-là seraient pour quitter la région? Il
reste, par contre, qu'on a deux éléments qu'il est important à préciser dans ce
cas-là. Les fonds, prenons le cas de l'Abitibi-Témiscamingue, il y a
au-delà de 1,4... à ma connaissance, ce n'est pas loin de 1,4 million qui
est fait, justement, pour venir aider puis que présentement... qui est dans les
coffres, parce qu'il n'y a pas suffisamment, supposément, de demandes d'aide.
Ça, c'est un point.
Et, deuxièmement,
est-ce qu'on a suffisamment d'organismes et de ressources pour faire en sorte
qu'on est en mesure de faire en sorte que ces fonds-là régionaux aient un
impact sur le territoire? Par contre, j'en conviens aussi là-dessus avec vous,
ce sont des fonds régionaux. Donc, une centralisation de certains de ces
fonds-là, des fois, n'est pas la meilleure méthode, mais il faut quand même que
ces fonds-là puissent agir. Et, de l'autre côté, nous avons toujours la
situation de la Vérificatrice générale qui, en 2016, a émis un avis comme quoi
que les fonds ne roulaient pas suffisamment par rapport à la récolte de ces
sommes-là.
Je pense que c'est important
de préciser certains éléments comme ça que vous amenez pour vraiment voir un
peu le projet de loi et les bons côtés du projet de loi. C'est sûr et certain
que vous avez une vision, et je la connais. Nous avons une vision aussi au ministère.
Ça ne veut pas dire que celle-ci est toujours dans les mêmes allégeances, on ne
se le cachera pas. Par contre, moi, de mon côté, je pense que le projet de loi
en soi, celui qu'on traite aujourd'hui, ce n'est pas un projet pour la
foresterie, c'est un projet pour la faune, et je pense que les éléments qui
sont là vont donner un coup de main à la faune, que ce soit par les amendes,
que ce soit par les gouvernances des zecs qui, comme on l'a mentionné hier,
dans certains cas, redeviennent un petit peu des clubs privés, par l'arrivée,
de façon légale, dans un projet de loi, des chiens de sang.
Donc, moi, selon moi, on a des éléments dans ce projet
de loi qui méritent attention et qui méritent considération. Donc, pour ma
part, c'est vraiment les éléments que je voulais vous mentionner par rapport à
ça. Moi, j'aurais une question puis je sais possiblement
déjà un peu votre réponse, mais comment on fait pour améliorer nos fameuses
tables GIRT?
• (15 h 10) •
M. Jacob (Henri) : Bon, en fait...
D'abord, juste pour vous dire, on n'est pas contre une amélioration du projet
de loi et de la loi sur la faune. Ce qu'on pense, nous autres, puis ce que j'ai
dit au départ, c'est qu'on devrait inclure principalement la biodiversité.
D'ailleurs, les Nations unies, la semaine
dernière, dans le journal, c'était écrit que le secrétaire général déclarait
que la prochaine décennie, ça serait la décennie de restauration des habitats,
parce qu'il ne reste plus, d'après les derniers rapports du Fonds mondial de la
nature, suffisamment d'habitats pour maintenir les populations animales. Le dernier rapport faisait état que,
dans les derniers 50 ans, qu'on a perdu 68 % des espèces... des
populations animales, pas nécessairement juste d'espèces menacées. Ça,
c'est une des choses.
Et au Québec, un peu partout, l'année dernière,
vous avez... vous vous êtes organisés pour qu'on n'ait pas les 83 aires
protégées qui avaient fait consensus dans les consultations régionales. Et ces
aires protégées là faisaient en sorte, justement... créaient des milieux
protégés qui permettraient à la faune de se reproduire et à la faune de mieux
se maintenir. Ça, c'était une des choses.
Dans l'autre dossier, en 2018, vous nous avez
demandé, à l'Action boréale, de vous préparer un plan pour le rétablissement du
troupeau de caribous de Val-d'Or, ce qu'on a fait, et on attend toujours votre...
la réponse de notre plan, qui a été fait par
deux spécialistes qui travaillaient dans le ministère des Forêts, tout leur
travail a été fait au ministère durant
ce temps-là, et des spécialistes du caribou. Et ça, je pense que c'est
important de le noter, qu'il faut restaurer ces habitats-là. Puis j'ai
oublié un peu votre question, là, mais je tenais à noter ça. Pouvez-vous juste...
M. Dufour : Oui, c'était comment
qu'on pourrait... pour améliorer les tables GIRT.
M. Jacob
(Henri) : Bien, en fait, les
tables GIRT, présentement, ce qu'on a, c'est le ministère... votre
ministère qui nous arrive à chaque fois, quand on va aux tables GIRT — parce
que je suis sur la table GIRT ici, à Val-d'Or — et on répond aux demandes du
ministère. C'est à peu près tout le temps comme ça. Il faut intervenir pour essayer d'avoir, exemple, avoir des
biologistes. Comment ça se fait, ça, que des biologistes de votre ministère ne
siègent pas en permanence? C'est tout le
temps des ingénieurs forestiers. On n'a rien contre que des ingénieurs
forestiers soient là, mais qu'il n'y ait pas de biologiste pour pouvoir
répondre, justement, à nos questions... Parce que, nous, vous l'avez dit, on a peut-être...
pas on a peut-être, on a une vision différente. Et il faut
absolument, qu'en l'an 2021, qu'on parle de biodiversité. Puis pour ça, bien, ça prend des tables
multisectorielles. Et votre ministère devrait au minimum, tant que vous avez la gestion de la faune, avoir
des biologistes qui siègent en permanence pour pouvoir répondre adéquatement.
Ça, c'est une des choses.
L'autre chose, je pense que les tables GIRT ne
doivent pas remplacer de vraies consultations au niveau de la population, parce
que même les gens qui sont alentour de la table, souvent, ont tendance à
défendre leurs propres... je dirais, leurs
propres créneaux. Les chasseurs défendent le droit des chasseurs, les
utilisateurs de VTT et de skidoo défendent leurs... ce qu'ils appellent leurs droits à eux autres. Moi, je pense
que c'est des privilèges et que ce n'est pas des droits, parce que c'est... on
a... on ne fait pas ça dans le but de survivre. Et puis, moi, ce qui est
primordial devrait être une question, comme on parlait tantôt, de chasse
de survie ou de se nourrir. Je ne connais pas beaucoup de monde sur le
bien-être social qui peuvent se permettre d'aller à la chasse à l'orignal,
parce que ça coûte aujourd'hui très cher, pas le
permis, tout ça, mais de pouvoir aller dans un territoire qui serait libre,
parce que ces gens-là n'ont pas de camp de chasse, etc.
Je pense que, pour améliorer et pour... au
minimum, il devrait y avoir des consultations régionales de façon... je ne dis pas, tu sais, sans arrêt, mais au moins
une fois, je ne sais pas, une fois par année, une fois aux deux ans pour,
justement, que les gens puissent pouvoir interagir. On a perdu ça, cette
culture de la consultation et de la concertation ou du débat au niveau de... un
peu partout au Québec. Je pense que ça doit revenir si on veut vraiment avoir
le vrai pouls et prendre des décisions
éclairées. Souvent, les décisions sont prises avec simplement un côté de la
médaille, quand c'est une opération qui s'en vient. Si on avait des gens...
qu'on avait des débats avec, au moins, les deux côtés de la médaille, bien là, les populations pourraient
prendre des décisions éclairées ou donner des recommandations de façon
beaucoup plus éclairée. Ça fait que, ça, ça pourrait peut-être améliorer un
peu.
M. Dufour : Bien, merci de votre réponse, M. Jacob. Et peut-être
juste en terminant, avant de laisser la parole à mes collègues, juste vous mentionner, n'oubliez pas une chose,
au niveau des 83 aires protégées, le ministre
Charrette a fait le projet de loi n° 46, et il y a des chances
qu'on retrouve de ces aires protégées là suite à la réglementation du projet de
loi n° 46.
M. Jacob (Henri) : Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, merci, M. le ministre. Il ne
reste que 2 min 15 s. Vous avez... J'ai le député de
Lac-Saint-Jean qui a demandé la parole.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Merci, Mme la Présidente. Merci, vraiment content,
M. Jacob et M. Brodeur, d'avoir la
chance de discuter avec vous. Puis, écoutez, je me présente, un fier
représentant de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, du Lac-Saint-Jean.
Et vous connaissez beaucoup, beaucoup le... cette région, qui est une des
régions très, très, très forestières du Québec, et j'en suis très fier. Et on a
des gens qui travaillent en forêt, et c'est des gens qui
sont des passionnés, des gens de coeur, des gens aussi qui développent beaucoup
des méthodes de travail efficaces, des méthodes de travail qui sont très
proactives au niveau de la conservation de la biodiversité. Ces gens-là aussi,
ces mêmes gens là, bien, c'est eux, monsieur, qui utilisent beaucoup aussi la
forêt pour des activités de loisirs, des activités sportives.
Puis on a la chance
aussi d'avoir une communauté, communauté autochtone Mashteuiatsh, qui travaille
énormément en partenariat avec les gens, les gens de la région. C'est des gens
qui arrivent avec des solutions et qui apportent beaucoup de choses, là, au
niveau de la population, et avec qui on est très, très fier et très heureux de
travailler avec eux.
Moi, ma question...
Je regarde, vous avez beaucoup, beaucoup d'éléments que vous amenez un peu
partout, puis c'est sûr et certain... puis vous comprendrez aussi tout l'aspect
important du secteur de la forêt, hein, dans l'économie des municipalités du
Québec. Et donc c'est quand même un dossier qui est excessivement important.
Puis ce projet de loi là, bien, il vient travailler beaucoup sur toute la
question de la biodiversité, de la faune et bien entendu au niveau des agents
aussi de conservation de la faune.
Moi, c'est au niveau
un peu, là... Quand vous parlez, là, de la chasse de subsistance par rapport à
la chasse loisir et sportive, quand vous dites, là : Il faut faire la
distinction entre les deux, tout ça, puis... je veux juste vous dire qu'il y a
bien des gens que c'est vrai que, grâce à la chasse, ça leur permet de mettre...
de leur mettre quelque chose aussi dans le congélateur, là. Il faut se dire les
vraies choses, là, j'ai des gens ici, là, que ça ne gagne pas des gros revenus,
puis ils ont besoin aussi de cet aspect-là. Mais peut-être qu'est-ce que vous
feriez, M. Jacob...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député, j'ai la tâche ingrate de vous
interrompre, parce que cette portion est terminée, et je dois aller maintenant
du côté de l'opposition officielle. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, je vais commencer
par une question un petit peu plus large, un petit peu plus globale, parce que,
dans votre exposé, là, vous avez parlé de votre vision... sur la vision de l'exploitation
de la faune puis, si j'ai bien compris, vous avez préféré utiliser le mot
«protéger», je crois. Il y a une différence entre, bien sûr, protéger et
exploiter. Pouvez-vous... avez-vous l'impression que le projet de loi
n° 88 vise plutôt l'exploitation ou la protection de la faune? Pouvez-vous
élaborer, là, sur, justement, votre interprétation puis votre lecture, de façon
plus globale, sur le projet de loi n° 88?
M. Jacob
(Henri) : Oui, bien, rapidement, nous, c'est sûr qu'on constate qu'on
parle beaucoup du côté financier et ce que ça rapporte. On est d'accord que ça
rapporte et on n'est pas contre ni la foresterie ni l'exploitation, une
certaine exploitation de la faune. Mais on est à une époque, en l'an 2021,
où la question de la biodiversité est patente, est aussi importante que la question
des changements climatiques, et ça, on en voit très, très peu d'exemples dans
ce projet de loi là. On se serait attendu, vu qu'on parlait, en 2021, qu'on
aurait accès à ce discours-là qui... comme je vous dis, aux Nations unies, on
en parle, on parle qu'on a perdu 68 % des cheptels d'animaux. Donc, il y a
un problème.
• (15 h 20) •
Et là, dans les
derniers 50 ans, on ne parle pas que c'est depuis que l'humain est arrivé
sur la planète, là, juste dans les derniers
50 ans, on a perdu... Si vous faites le calcul, il faut qu'on fasse... On
parle beaucoup de conservation et on doit parler... Comme le secrétaire
des Nations unies a dit dernièrement, on est dans la décennie de la
restauration des habitats, parce que c'est ça qui est important, on en a
besoin. Si on veut que les écosystèmes continuent à vivre et nous donner des écoservices,
c'est-à-dire nous donner de l'air pur, nous donner de l'eau de qualité, et de
l'air, et tous les services écologiques, il faut recréer aujourd'hui des
écosystèmes et des habitats fauniques de qualité pour permettre justement à la
biodiversité de se maintenir.
Parce que, contrairement
à peut-être ce qui nous a été dit tantôt, la question faunique... la question
forestière, elle, se veut une exploitation d'à peu près cinq espèces d'arbres
au Québec. Et, pour ça, après ça, un coup qu'on a exploité, on veut réinstaurer
ces mêmes cinq espèces d'arbres là en ne tenant pas compte du reste. Je pense
qu'on en a à peu près 38, espèces forestières, mais les autres essences sont
moins intéressantes, mais sont très intéressantes pour la faune. Ça fait que
c'est là qu'est peut-être un peu notre façon de voir qui est différente de
celle du ministère des Forêts.
M. Polo :
O.K. Parfait. Puis je comprends. Puis je comprends également la mission de
votre organisme qui est avant tout de
favoriser la protection de la faune. Ceci dit, vous avez parlé, par exemple,
des amendes. Vous seriez en faveur d'amendes un peu plus salées, un peu plus
fortes pour dissuader, justement, là, les comportements qui sont illégaux.
Quand on a reçu,
hier, le Syndicat des agents de protection de la faune, ils nous ont parlé
notamment qu'on devrait envisager, par exemple, une suspension de permis de
trois ans directement, peut-être même de cinq ans pour les récidivistes.
Iriez-vous aussi loin? Est-ce que vous êtes en accord? Est-ce que, selon
vous... En même temps, ils nous ont parlé
aussi également beaucoup du pouvoir de discernement des agents pour être
capable de faire la distinction, utiliser
leur gros bon sens, une erreur de méconnaissance, le non-port d'un dossard ou
l'utilisation d'une lampe avec un voltage qui soit supérieur
6 volts, etc.
Donc, vous, comment
vous faites la part des choses, là? Parce qu'en même temps on ne peut pas... et
là je suis en accord avec les paroles du ministre, on ne peut pas non plus
dissuader complètement et éliminer toute forme de pratique, que ce soit la chasse, la pêche et les autres activités.
Mais comment, justement, dissuader ou vraiment être le plus sévère possible avec les gestes illégaux,
mais, en même temps, avoir un pouvoir de... avoir un certain jugement ou
un certain discernement pour des erreurs de débutant ou des erreurs de novice,
si on peut dire, là, à ce niveau-là?
M. Jacob
(Henri) : En fait, comme on a dit, naturellement que, si une personne
a pris un poisson qui est un petit peu trop gros ou un petit trop petit, je
pense que, là, une amende qui serait dissuasive dans le sens tout simplement de
dire : C'est comme un premier avertissement, tu as une petite amende.
Mais, quand on parle de récidivistes, puis quand on parle de gens qui
braconnent la nuit, et ça, exactement ce qu'on a dit au départ, nous, on est
pour qu'on ait, justement, une perte de ce... on appelle ça un «privilège»,
puis on va toujours dire que c'est un privilège, que tu aies la perte, au même
titre que, quand tu dépasses le 0,08 sur la route, que tu perds ton permis de
conduire pour une période de temps, dépendamment de l'infraction qui serait
commise. Ça fait que, là-dessus, on est totalement en accord.
Moi, je travaille en collaboration avec des
agents de conservation à toutes les années, et c'est ce qu'ils me disent, la
même chose. Parce que, si tu es quelqu'un qui est en moyens, une simple amende,
un montant forfaitaire, c'est simplement un petit coût comparé au bénéfice
qu'ils en retirent.
Mais je pense que c'est comme ça qu'on a réussi
à civiliser les gens sur la route en grande partie. Ça n'empêche pas qu'il va
toujours y avoir des récidivistes, même chose en exploitation de la faune. Mais
souvent ça a beaucoup plus d'incitatifs quand tu perds ton permis pour une
couple d'années que simplement avoir une amende d'une couple de centaines de
dollars ou même de milliers de dollars. Ça fait que, ça, là-dessus, on est
absolument d'accord avec ce que les agents de conservation disent.
M. Polo : Parfait.
M. Brodeur-Girard (Sébastien) :
Et je me permettrai juste d'ajouter un petit détail, qu'on aurait beau avoir
les sanctions les plus sévères, les plus rigoureuses qui existent, si on n'a
pas les moyens de les faire appliquer, qui est, donc... qui revient à une
question du nombre d'agents de la faune qui peuvent être déployés sur le territoire,
bien, ça ne fera pas de différence non plus.
M. Polo : Êtes-vous d'accord,
disons, de façon plus anecdotique, que croiser un agent de la faune, c'est
presque... on a presque plus de chances que de gagner la loterie de la 6/49?
M. Jacob (Henri) : Bien, je
vais vous dire, moi, à chaque année, je passe un mois et demi, depuis 1995,
dans le nord du lac Parent, et je dois à chaque fois me présenter aux agents de
conservation qui étaient à Senneterre pour leur dire que je vais baguer des
canards dans le Nord, et c'est avec le Service canadien de la faune, et des
fois il faut que je me prenne à quatre ou cinq fois durant ce mois-là pour être
capable de rencontrer un agent de conservation au bureau. Le bureau est fermé.
Les gens sont à Val-d'Or et ils viennent passer des fois une ou deux journées.
Et, quand tu en rencontres plus qu'un, c'est spécial.
Puis sur le lac, en 27 ans, j'ai rencontré
deux fois des agents de conservation sur un lac qui est immensément utilisé
pour la pêche. Et, juste pour vous dire que, dans les dernières années, c'est
n'est pas... c'est peu dire, mais les braconniers ont le champ libre, là, c'est
vraiment... ils sont vraiment malchanceux de tomber sur un agent de
conservation, là, tu sais.
M. Polo : Je comprends. Mais avez-vous
des idées à ce niveau-là? Je comprends, là, il y a une pénurie dans tous les
secteurs, pénurie, pénurie, mais avez-vous des idées ou des choses à nous
soumettre, là, à ce niveau-là?
M. Jacob (Henri) : Bien, en
fait, ce qu'on a dit au départ, c'est que, nous autres, on pense qu'on devrait
utiliser les personnes qui sont sur le terrain, donc les gens des Premières
Nations et les groupes qui travaillent sur le terrain, ne serait-ce que comme
aide ou... comme temporairement utilisés comme associés pour aider les agents
de conservation sur le terrain. Je pense qu'on est rendu à un point où est-ce
qu'il faut que la population se mêle aussi de ça, pas simplement juste... Il
faut qu'on aide les agents de conservation à faire leur travail. Quand nous, on
veut respecter les règles, bien qu'eux autres aussi.
Puis en passant, simplement pour dire, on n'est
pas contre qu'il y ait une chasse sur le territoire, ni de la pêche, ni de
l'exploitation forestière, mais on pense qu'il faut se moderniser, puis c'est
ça que... la loi ne semble pas s'en aller vers un élargissement plus grand sur
le côté conservation.
M. Polo : Mais, d'ailleurs,
vous ramenez le sujet de la chasse que vous n'êtes pas contre. Parfait, j'en
suis. J'ai une question plus globale : Pour vous, la chasse de subsistance
s'applique à qui? On comprend qu'il y a des communautés qui ont des droits
ancestraux, etc. Mais votre interprétation, votre définition, ça s'applique à
qui, la chasse de subsistance?
M. Jacob (Henri) : Bien, vous
voyez, je ne suis pas jeune, jeune. Moi, quand j'étais plus jeune, quand
j'étais, mettons, en bas de la vingtaine, à l'époque, les personnes qui
allaient à la chasse... Moi, mon père, il vient... on vient de la campagne, quand
il allait à la chasse, ce n'était pas pour un sport, c'est parce qu'il n'avait
pas été capable, durant sa saison, parce qu'on était loin de tout, il n'avait pas assez... été de profits pour être
capable de nourrir sa famille, et là il allait chasser un orignal. Et ce
n'était vraiment pas, pour lui, un sport, là. Ça, c'était de la subsistance.
Peut-être qu'aujourd'hui...
Là, je ne sais pas comment ça pourrait aller, mais, comme je vous disais tantôt,
je ne connais pas beaucoup de monde sur le bien-être social, maintenant, qui
ont les moyens d'aller dans le bois, parce que ça leur prend un VTT, ça leur
prend tout ça. Si... Ils pourraient peut-être avoir... Mais, dans les communautés
autochtones, parce que j'ai travaillé et je travaille
encore avec des communautés autochtones, il y a encore — ce que
les gens ne semblent pas savoir — beaucoup de gens encore qui, oui, se
servent... ils font de la chasse intelligente. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de
braconniers dans les communautés. Ça existe aussi. Mais je connais beaucoup de
gens dans les communautés qui font réellement de la subsistance. Ils vont se
chercher quelques orignaux et, surtout, ils font une meilleure gestion, à mon point
de vue, parce qu'ils en ont... justement, ils en dépendent. Ça fait qu'ils ne
peuvent pas vider, eux autres, un coin.
M. Polo :
Je comprends. Mme la Présidente, il me reste combien de temps?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Il reste 1 min 30 s seulement.
M. Polo :
Parfait. Bien, écoutez, j'aimerais juste dire, en terminant, vous avez fait
mention, dans votre préambule, souvent...
la collaboration, l'importance de travailler, de collaborer, là, et les droits
aussi des communautés autochtones. Je l'ai soulevé mardi, d'entrée de
jeu, lorsqu'on a commencé l'étude du projet de loi n° 88,
je l'ai mentionné hier. Je sais que, ce matin, nous avons eu des représentants
des communautés du Grand Nord québécois.
Mais ceci dit, vous
en avez fait référence, et je sais que le ministre a répondu, dans certaines de
ses explications, dans, en fait, le préambule de sa longue question à votre
égard, que tout ça s'est fait en communication, mais je dois de nouveau
réitérer ma déception qu'il n'y ait pas eu plus de groupes qui sont intervenus
qui venaient porter la voix et surtout les préoccupations, les doléances ou les
ambitions, la vision des communautés autochtones pour un projet de loi aussi
important qui les touche en premier lieu. On comprend qu'ils ont des droits
protégés, des droits reconnus autant par le gouvernement fédéral que
provincial, mais je dois, de toute façon, manifester...
Parce que, pour moi,
avoir une quinzaine de groupes rencontrés au cours des trois derniers jours et
qu'on n'ait pas eu plus de présence des communautés autochtones, j'ai une
énorme déception à ce niveau-là. Je tenais à le mentionner parce que vous avez
fait référence aux communautés autochtones dans votre préambule également.
M. Jacob
(Henri) : Bien, je vous remercie...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci. Je vais être obligée de vous couper ici,
M. Jacob. C'est le tour maintenant de la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
• (15 h 30) •
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour à vous, M. Jacob,
M. Brodeur-Girard. J'ai peu de temps, mais j'aimerais vous entendre, là,
vous en avez parlé dans votre allocution, sur le fait que, dans le fond, le ministre veut dans la loi consulter le ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles officiellement, là. C'est inscrit...
ça serait inscrit dans la loi pour l'établissement des refuges fauniques.
Est-ce que vous avez l'impression que c'est de donner un droit de veto au
ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles?
M. Jacob
(Henri) : Rapidement, oui, je trouve que c'est un genre de droit de
veto. Et ce que je trouve un peu étonnant, c'est qu'on ne donne pas ce même
droit de veto là au ministère de l'Environnement qui, lui, a un autre... a un
mandat beaucoup plus de conservation, là... Et, un peu comme dans la création
des aires protégées... puis disons que le ministère des Forêts et le ministère
des Ressources naturelles ont des droits de veto sur toutes propositions
d'aires protégées. Ça fait que je trouve... Pourquoi, là, donner ce droit de
veto là au ministère des Ressources naturelles
et ne pas le donner au ministère de l'Environnement? C'est un peu... on se
questionne sur ça. Mais, peut-être, mon collègue veut peut-être en
rajouter un peu.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. Brodeur-Girard.
M. Brodeur-Girard
(Sébastien) : Bien, je suis d'accord. Effectivement, de voir cet
ajout-là, comme je disais c'est... alors qu'on avait des... un processus qui
était simple et efficace auparavant, bien, on le remplace par une succession de
nouvelles étapes à ajouter, de consultations, de personnes à intégrer
là-dedans, pour, tout ça, éventuellement, pouvoir faire des projets pilotes
supplémentaires. Puis je ne pense pas qu'on puisse parler d'agilité ou de
souplesse dans ces modifications-là par rapport à ce qui existait avant,
certainement, à mon humble avis.
Mme Lessard-Therrien :
Peut-être un petit ajout, là, dans l'article, là, qui modifie, là,
l'article 122.3, ça dit, toujours dans les refuges fauniques :«Toute
autre activité susceptible de nuire à la conservation de la faune ou de son
habitat, à l'exception de celles prévues par [les règlements].» Vous pensez
quoi, que le ministre se garde cette porte ouverte
là, par règlement, de pouvoir venir définir certaines activités qui seraient
permises dans les refuges fauniques?
M. Jacob
(Henri) : En fait, tous ces... je ne sais pas si on peut appeler ça un
privilège, mais ces droits-là que les ministres — et ça semble être une
pratique un peu généralisée au ministère ou on le voit avec le ministère de
l'Environnement dans le cas des aires protégées — qui se donnent un
certain droit de veto eux autres mêmes en tant que ministre, de pouvoir... Je ne dis pas qu'il ne faut pas qu'ils aient
des pouvoirs, mais qu'ils se donnent la possibilité eux-mêmes de
déterminer qu'est-ce qui devrait être soit une aire protégée ou une... en fait,
en décider sans trop, trop de discussion. Je trouve que... Je ne sais pas si
c'est nécessaire que le ministre ait ce pouvoir-là supplémentaire.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je passe la parole maintenant à M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Bonjour, M. Brodeur-Girard, M. Jacob. Merci beaucoup d'être ici.
Ça m'interpelle beaucoup, ce que vous dites
concernant l'accès au territoire. On a été sensibilisés là-dessus, entre
autres, par la fédération des zecs,
là, qui nous ont dit : Bien, écoutez, les zecs... il y a certaines zecs,
là, ce n'est pas la majorité, mais certaines zecs qui sont quasiment en
train de se transformer en clubs privés. Pouvez-vous nous en parler un petit
peu plus, de votre point de vue, s'il vous plaît, et si vous avez des
témoignages à cet égard?
M. Jacob (Henri) : Pour la question
des zecs, moi, ce que j'ai vu, c'est ça, c'est que certains se comportent comme
des clubs privés. Et on l'a vu dans le cas de... souvent avec les communautés autochtones.
On défend même des gens qui sont sur leurs territoires ancestraux, parce que ça
se chevauche, de ne pas pouvoir aller sur ces territoires-là. Je trouve ça un
peu spécial qu'aujourd'hui on remplace une nomination ou un acronyme pour gérer
un territoire. Mais, en réalité, quand tu regardes ça, ça devient presque
privé, là. C'est... Ça, je trouve ça un peu spécial.
Et ce qu'il se passe aussi dans le temps de la
chasse... Moi aussi, je suis dans une région forestière, et c'est rendu que tu
ne vas pas te promener... tu ne vas pas faire d'autres activités quand qu'il y
a le temps de la chasse à l'orignal, là, tu ne vas pas dans le bois, là. C'est
dangereux parce que... Puis, je peux vous dire, j'ai déjà senti... on ne m'a jamais
visé, mais te faire avertir à coup de 30-06, là, ça, ça arrive, tu sais.
Ça fait que ce genre, là, de... C'est pour ça
que je dis : C'est des terres publiques, ça devrait faire en sorte que des
terres publiques... D'ailleurs, même à la table GIRT, moi, j'ai entendu des représentants
de chasseurs dire que ceux qui n'ont pas de camp de chasse devraient
s'enregistrer au ministère et dire dans quel territoire ils s'en vont durant le
temps de la chasse, comme si, maintenant, parce que tu as un camp de chasse, tu
as un droit qui est comme privé d'un territoire d'un kilomètre carré.
Je trouve que c'est des... qu'on commence à... C'est pour ça qu'on tient à...
qu'on demande à reconnaître que la chasse, c'est un privilège, et non... comme
le ministre dit, lui, qu'il considère ça, la chasse sportive, comme un
privilège plutôt qu'un droit. Puis je ne pense pas que c'est un...
M. Gaudreault : Je comprends la
nuance — il
me reste peu de temps — Centralisation
de la Fondation de la faune. Moi, je ne peux pas accepter qu'un ministre
responsable de la Faune centralise à Québec la gestion du fonds de la faune.
M. Jacob (Henri) : Bien,
rapidement — puis
je laisserai mon collègue compléter — nous, ce qu'on dit, c'est
que, si tu détruis un marais, exemple, un marais à sphaigne... pas à sphaigne,
à quenouilles en Abitibi, tu devrais aller dans le même secteur pour... S'il faut
que tu... tu ne peux pas l'empêcher, la destruction, bien là, tu vas investir
sur le même type d'écosystème dans le milieu le plus rapproché, parce qu'on
comprend que, si tu crées un fonds... parce qu'on l'a vu dans tous les fonds,
après ça, ça s'en va dans les régions, où est-ce que les groupes sont plus
organisés pour réclamer des fonds. Souvent, c'est alentours des grands centres.
Et ça je pense que... à notre point de vue, ça ne devrait pas se faire comme
ça, puis on ne comprend même pas pourquoi qu'on veut créer un nouveau fonds. Il
y a déjà la fédération de la faune qui semble bien fonctionner. Je vais laisser
mon collègue...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Malheureusement, votre collègue ne pourra pas compléter puisque cette portion
est terminée. Alors, je vous remercie beaucoup pour votre contribution à nos
travaux.
Je suspends ces travaux quelques instants afin
que l'on puisse accueillir le prochain groupe. Et donc merci infiniment. Alors,
nous allons suspendre quelques instants nos travaux.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 45)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue à la Société des
établissements de plein air du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, et, par
la suite, nous procéderons à la période d'échanges avec les membres de la
commission. Je pense que vous connaissez bien ce processus. Et donc je
vous invite à vous présenter tout d'abord et ensuite à présenter votre exposé.
Allez-y.
Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ)
M. Caron
(Jacques) : Je tiens tout
d'abord à vous saluer, Mme la
Présidente, à saluer M. Dufour,
notre ministre des Forêts,
Faune et Parcs puis saluer l'ensemble des parlementaires, des députés qui sont
avec nous aujourd'hui. C'est avec plaisir... Je suis accompagné... Mon nom,
c'est Jacques Caron. Je suis le P.D.G. de la SEPAQ. Je suis accompagné aujourd'hui
de M. Dave Boulet, qui est V.P. Exploitation à la SEPAQ et biologiste de
formation, donc ça fitte bien avec la thématique de la commission.
Donc, sans plus tarder, c'est avec plaisir que
je vous dis qu'on est avec vous aujourd'hui pour travailler, dans le fond, sur
le cheminement du projet de loi. Avant qu'on vous fasse part de nos
commentaires... qui sont peu nombreux parce qu'on chemine régulièrement avec le
ministre puis on a quand même une bonne écoute. Donc, on salue le projet de loi
puis on est en accord avec la majorité des thématiques du projet de loi.
Donc, avant de rentrer dans les commentaires de
la SEPAQ, ça va me faire plaisir de vous parler un petit peu de la SEPAQ en
tant que telle, comme organisation. Notre rôle dans la faune, c'est un peu
notre rôle aussi comme agent de développement économique
du Québec en région. Donc, c'est important de comprendre que la SEPAQ, telle
qu'on la connaît aujourd'hui, là... La SEPAQ, elle existe depuis 35 ans.
Le réseau de Parcs Québec existait avant. Il y avait des dénominations... On
appelait ça le parc des Laurentides... il y avait... dans le passé.
Donc, la SEPAQ, pour vous donner une image, là,
de... c'est 50 000 kilomètres carrés au Québec, dans le fond,
répartis dans toutes les régions du Québec. La SEPAQ, c'est 13 réserves
fauniques dans lesquelles on peut faire des prélèvements au niveau de la pêche,
de la chasse puis qu'on peut faire aussi de la villégiature.
Parmi... Au niveau des prélèvements au niveau de
la chasse, l'orignal, le roi des forêts du Québec, c'est vraiment le numéro un
dans nos produits. On le vend dans plusieurs réserves fauniques. C'est vraiment
très apprécié des chasseurs québécois puis
c'est vraiment un élément qui a un impact fiscal et économique important pour
le Québec.
Il y aussi...
On ne peut pas ne pas parler de la SEPAQ Anticosti qu'on exploite, dans le
fond, sur la merveilleuse île d'Anticosti, où il y a des dizaines de
milliers de cerfs de Virginie. Donc, on exploite, la SEPAQ... on exploite
beaucoup de kilomètres carrés sur l'île d'Anticosti. On exploite aussi, au
niveau de la chasse, du petit gibier et de l'ours noir mais en très petite
quantité.
La SEPAQ, c'est aussi 23 parcs nationaux
qui ont été très importants à travers les années, notamment dans la période de
pandémie, là, où les gens avaient vraiment besoin de se connecter avec la
nature. Donc, les 23 parcs nationaux pour faire de la randonnée, du
camping puis connecter avec la nature. Donc, on est vraiment présent dans
toutes les régions, proches des grands centres et aussi en région. La SEPAQ,
pour ceux qui ne nous connaissent pas bien... c'est... La SEPAQ, c'est huit établissements
touristiques, dont notamment l'Aquarium de Québec, c'est la SEPAQ, la chute...
le parc de la Chute-Montmorency, où on peut admirer la magnifique chute. C'est
la SEPAQ. On possède trois domaines hôteliers, qui sont le domaine de
Duchesnay, le domaine de l'Auberge de montagne et le Gîte du Mont-Albert, et on
est aussi exploitant de plages publiques à Oka, à Pointe-Taillon, Lac-Kénogami
et Lac-Simon, des endroits où... qui sont fortement appréciés par les Québécois
puis qui ont permis vraiment aux Québécois de se détendre au cours des derniers
mois. Puis je pense qu'on devrait être très achalandés au cours des prochains
mois.
Au-delà des merveilleux territoires qu'on opère
pour les Québécois et pour le gouvernement du Québec, comme je vous ai dit tout
à l'heure, la SEPAQ, c'est un moteur économique et touristique extraordinaire
pour le Québec. On parle de 8 millions de visites par année dans nos
sites. Ça, ça veut dire que c'est 8 millions de personnes, dans le fond, qui se promènent dans les diverses
régions du Québec, qui achètent dans les épiceries, dans les dépanneurs,
qui s'achètent des nuitées dans les hôtels,
qui dépensent de l'argent dans les postes d'essence. Donc, la SEPAQ, on est un
moteur... pas juste des revenus SEPAQ, on est un moteur pour l'ensemble des
régions du Québec et on en est fier.
• (15 h 50) •
Un petit mot qui est important que je vous dise
aussi sur la SEPAQ, c'est que la SEPAQ, on est, comme je vous ai dit, un opérateur, un exploitant au niveau
des territoires, mais on travaille avec les directives qui nous sont données
par le ministère et le ministre. Donc, ce n'est pas nous autres qui fixons les
quotas, ce n'est pas nous autres qui fixons
les dates de chasse, les règlements. Nous autres, on est là pour opérer et les
appliquer, puis on rend des statistiques au ministre, donc on est vraiment un opérateur. On est bien organisé. On
est une grosse machine. Puis, pour vous donner une idée de l'ampleur de
la SEPAQ, c'est... en période de haute saison, on parle de
2 800 employés passionnés qui sont là pour servir les Québécois.
Donc, on est... je suis fier, pour ma part, d'être le P.D.G. de cet
organisme-là.
Pour revenir un petit peu sur le... C'est
important aujourd'hui, là, vraiment, l'objet de la journée, qui est le projet
de loi n° 88, bien, dans le fond, comme j'ai dit d'entrée de jeu, on est...
on salue vraiment le projet qui est présenté par le ministre. C'est un projet
qui est complet. On est très favorable au projet de loi, puis on a travaillé, dans
le fond, en parallèle, parce qu'il y a des tables nationales de la faune qui
sont pilotées par le ministre et par le sous-ministre, régulièrement, où on
peut être entendus, et les divers intervenants de la faune sont entendus. Donc,
le projet de loi, c'est vraiment... ça tient compte vraiment d'une consultation
qui s'est faite, puis là il y a une autre consultation dans le cadre du projet de loi. Donc, le projet de
loi, c'est vraiment un projet documenté et bien organisé qui est produit par le
ministre.
Parmi les éléments qui nous touchent, nous
autres, à la SEPAQ... parce que ce n'est pas le projet de loi de la SEPAQ, c'est vraiment le projet de loi du peuple présenté par le ministre,
nous autres, il y a des éléments qui touchent la sécurité dans la
pratique de la chasse, qui nous touchent; il y a des éléments concernant les
conducteurs de chiens de sang qui nous touchent; il y a des éléments concernant
la chair de gros gibier qui nous concernent puis il y a des éléments concernant
la gestion des réserves fauniques et la possibilité de faire des projets
pilotes.
Sur ces éléments-là, je vais passer la parole à
mon V.P. Exploitation M. Dave Boulet qui pourrait vous entretenir sur des
éléments plus techniques, Dave étant, comme je vous ai dit, biologiste de
formation et gestionnaire chevronné. Donc, il va pouvoir vous entretenir sur
les éléments du projet de loi qui nous concernent...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste trois minutes, M. Boulet.
M. Boulet
(Dave) : Parfait. Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, MM. et Mmes les parlementaires, bonjour.
Alors, bien, merci de nous recevoir aujourd'hui.
Alors, dans le vif du sujet, M. Caron l'a
mentionné, on a très peu de commentaires. Vous l'avez vu avec l'ampleur de
notre mémoire, il est très court, parce qu'on est en accord avec la très grande
majorité... on appuie assez largement cette mise à jour de cette loi-là.
Donc, le premier dossier, c'est une
technicalité, mais, au niveau de la sécurité pour la pratique des activités de chasse, on demandait peut-être de porter une
réflexion sur l'article 30, là, qui consiste à rendre non conforme le fait
de se promener avec une arbalète qui est tendue. Ça demande quand même une
certaine énergie, là, pour un segment de clientèle, les jeunes, la clientèle féminine, de
tendre et d'étendre cet engin-là. On pense que la façon actuelle de fonctionner
pourrait être maintenue ou... sûrement durant la période de jour. Je pense que
ça... ce n'est pas quelque chose qui... au braconnage nécessairement. Donc, on
demanderait d'y porter une attention puis, si possible, de le maintenir. Ça...
une demande de la clientèle.
Deuxièmement, au
niveau des conducteurs de chiens de sang, on supporte vraiment, largement,
l'ouverture qui est derrière ça. La SEPAQ travaille depuis le tout début avec
l'Association des conducteurs de chiens de sang du Québec. Ce service-là est
offert gratuitement dans l'ensemble des réserves fauniques de la SEPAQ. On doit
mettre tout en notre pouvoir pour retrouver une bête qui a été blessée, c'est
notre responsabilité. Il en va de l'éthique de la chasse de mettre tous les
moyens disponibles. Chaque année, ça nous permet de récolter autour de
75 orignaux qui auraient été perdus. Puis les clients en auraient
généralement récolté un autre, donc c'est beaucoup plus que 75 qu'on sauve,
c'est possiblement le double. Donc, c'est vraiment une très belle mesure, puis
ça permet de conserver la chair aussi puis de l'utiliser, là, la venaison.
Le troisième de nos
points, c'est la chair de gros gibiers. Bien, on salue les modifications
apportées à cet article-là, puis il en va aussi de l'éthique du chasseur de
faire tout ce qui est en son pouvoir pour sauver puis préserver la chair de
gibier. Mais, au niveau de la chasse de l'ours noir, qui a lieu au printemps,
ça peut parfois amener une certaine problématique si l'ours est chassé ou
blessé le soir puis on le retrouve seulement le lendemain, puis c'était une
nuit chaude. Il arrive malencontreusement des fois que la venaison n'est pas comestible
au complet, donc il faudrait s'assurer de... qu'il y ait une certaine souplesse
à ce niveau-là, parce que ça peut arriver. L'automne... chevreuil, à l'orignal,
c'est frais, donc c'est très, très rare qu'on perd de la venaison.
L'autre point qu'on
avait, c'étaient les nouveaux pouvoirs réglementaires du ministre en faveur de
la relève. On trouve que c'est vraiment important, la relève, c'est vraiment
une priorité en matière de chasse et pêche.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, votre exposé... votre temps est terminé,
donc nous allons procéder aux échanges. M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Dufour :
Donc, M. Caron,
M. Boulet, merci d'être présents, merci aussi pour votre présentation.
Écoutez, moi, j'aurais... j'ai différentes questions. Puis ça... Veux
veux pas, vous êtes les derniers à passer, puis ça fait quand même deux
jours... trois jours qu'on rencontre des groupes, et je comprends que... puis
c'est... on est bien content, là, il y a des éléments que vous nous dites...
vous êtes bien en accord. Mais j'aurais peut-être des questionnements par
rapport que... à des éléments qui ont été soulevés tout au long de ces
consultations-là et voir un peu avec vous votre... comme on dit en anglais,
votre «thinking» par rapport à ces éléments-là.
Je regarde,
premièrement, tout l'aspect d'éclairage de nuit. Donc, ce qu'on s'est fait
mentionner... puis je vais vous les donner en rafale puis après ça vous pourrez
en... les répondre. On s'est fait répondre un petit peu sur cet aspect-là, que toute la... comment dire, pas la
valeur mais la puissance de la luminosité à utiliser, on s'est fait interpeler
quand même par deux, trois groupes sur cet aspect-là. J'aimerais avoir un petit
peu votre... votre... comment vous le voyez. Puis même on disait :
Les chiens de sang vont souvent peut-être être utilisés en période de nuit pour
essayer de trouver la bête. Donc, juste avec une petite lampe frontale,
c'est-tu suffisant? Donc, j'aimerais ça vous entendre étant donné que vous êtes
régulièrement au niveau de la forêt.
Au niveau de l'alcool
et la drogue, on s'est fait interpeler, puis ça m'a touché un peu, ce point-là par
rapport aux agents de la faune qui ont dit : Avons-nous les habiletés et
les équipements pour vraiment intervenir sur cet aspect-là? Donc, est-ce que
c'est quelque chose qu'on fait juste s'amuser à inscrire dans une loi ou on a vraiment
les commodités pour agir, au bout de la ligne?
Ensuite de ça, la
fameuse histoire de l'arbalète non tendue, on l'a entendue par deux, trois
groupes aussi, et vous, vous êtes en désaccord. Je me dis : À moins que je
ne comprenne pas, là... O.K., je comprends qu'elle est tendue pour te rendre.
Tu tires un coup avec l'arbalète, il y a quelqu'un qui va falloir qui la
réétire la tension pour faire en sorte que ton arbalète se réutilise. Donc,
quelle est la problématique tant que ça d'arriver... de ne pas avoir le droit
d'avoir... que l'arbalète, je veux dire, soit tendue pour voyager, alors que,
si on l'utilise au moins une fois... Je ne pense pas que tu réussis
automatiquement du premier coup, donc je me dis : C'est quoi qui arrive à
ce moment-là? C'est quoi, la problématique versus l'article de loi? J'essaie de
comprendre. J'aimerais ça que vous me l'expliquiez, surtout que c'est revenu
par deux, trois fois dans les discussions.
Au niveau des
amendes, il y a un élément qui nous a été... interpelé, puis, des fois, quand
qu'on écrit des projets de loi, on pense bien faire, mais ça a une conséquence.
On nous expliquait, par différents groupes aussi, bon, mettons que tu as une
amende pour ton dossard, ça peut aller jusqu'à perdre ta bête. Puis là, à un
moment donné, je pense que c'est la même chose, ça devient peut-être extrême
comme amende à ce moment-là. J'aimerais vous entendre là-dessus, la cause à
effet d'une amende qui s'amplifie avec d'autres actions qui donnent le droit
de. Donc, au bout de la ligne, moi, ce seraient mes grandes questions.
Et la dernière, c'est
au niveau de l'ours. Vous dites : C'est une petite quantité qui est
extraite. Donc, je ne sais pas si vous avez vos chiffres, mais ce serait peut-être
intéressant de savoir, parce que, contrairement à l'orignal, qui est une viande
qui est chassée puis qui est consommée, l'ours est à peu près encore le seul
gros gibier par certains qui est vu comme une prise de chasse sportive, donc un
trophée au bout de la ligne. Donc, c'est sûr que j'aimerais ça aussi vous
entendre sur cet aspect-là. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...ou M. Boulet qui prend la parole?
M. Caron (Jacques) : ...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : M. Caron, oui.
• (16 heures) •
M. Caron
(Jacques) : Je vais prendre la parole, puis M. Boulet va pouvoir
complémenter mes réponses. Au niveau de l'ours, l'ours... effectivement,
l'ours... il y a eu toutes sortes de rumeurs que l'ours était rempli de
parasites et... Mais moi, je peux vous dire que, pour y avoir goûté, personnellement,
l'ours, c'est une très bonne venaison, c'est très bon à manger, et il n'y a pas
vraiment d'enjeu de santé avec la nourriture de l'ours.
Là où l'ours devient
plus complexe, puis... soit que, comme vous l'avez dit, M. le ministre, il y a
des gens qui n'abattent l'ours que comme trophée pour prendre une photo puis
ils l'abandonnent. Ça, nous autres, on pense que c'est... si on abat une bête, normalement,
on devrait la manger.
Il y a des situations,
comme il a été dit par M. Boulet tout à l'heure, que l'ours est généralement
abattu dans le dernier 15 minutes de la journée. On ne tue pas un ours à
midi. Un ours, là, il est abattu généralement dans le dernier segment de la
journée à la limite légale où on peut abattre une bête. Et, comme vous le
savez, même un bon tireur, là... un ours, là, il ne reste jamais sur place. Il
y a un ours sur 10 qui va rester à l'endroit où on l'a tiré. Il y en a neuf sur
10 qui vont exploser, ils partent. Donc, ils peuvent faire 200 mètres,
150 mètres, puis, dans le bois, ils ne vont pas dans les chemins, ils s'en
vont dans le bois. Compliqué. Donc, de retrouver un ours... Il va mourir. Il a
été atteint mortellement, mais il ne mourra pas dans les premières minutes. À
la noirceur, le soir, ce n'est pas toujours évident. Donc, souvent, il y en a
qui ne sont pas retrouvés.
Puis je vous amène un
peu sur la question que vous avez émise en regard de la lumière. Mais moi, je
pense que pour pouvoir, dans le fond, retrouver une bête blessée, je pense que
le chasseur ou le conducteur de chiens de sang doit être doté... parce qu'il
n'est plus en situation de chasse, il est en situation de retrouver un gibier,
je pense qu'il doit être équipé de la bonne luminosité pour pouvoir trouver la
bête, mais aussi pour éviter de se perdre ou de se blesser. Parce qu'il faut
aussi penser à la sécurité des chasseurs.
Pour les autres
questions, je vais laisser M. Boulet y aller avec des réponses, puis je
bonifierai au besoin.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. Boulet.
M. Boulet
(Dave) : Merci. Alors, pour poursuivre au niveau de l'éclairage pour
les recherches nocturnes, c'est un point, là... Dans le fond, dans le projet de
loi, ce qu'on voit, c'est de permettre un peu plus de luminosité, un peu plus
d'éclairage pour retrouver les bêtes. C'est sûr que plus il y a de lumière,
plus c'est facilitant pour retrouver des gouttes de sang ou des choses comme
ça, puis c'est aussi plus sécurisant en forêt, il faut se le dire.
Mais on comprend que
la ligne est mince entre donner un éclairage pour rechercher puis versus voir quelqu'un
avec un supergros spot la nuit en forêt... il n'est peut-être pas en train d'en
chercher un blessé, il en cherche peut-être un vivant. C'est du braconnage. Ça
fait que la ligne est mince. Ça fait qu'on comprend que ça doit être
réglementé.
Je vous dirais, comme
opérateurs, bien, on cherche à aller chercher les gibiers blessés. Donc, toute
bonification que le ministre peut apporter, bien, on va le prendre, mais on
comprend que ça ne pourra jamais être éclairé comme en plein jour parce que,
là, ça va être trop tentant pour un autre type de clientèle.
Mais ce qu'il faut s'assurer, surtout, c'est que
ce soit simple et digeste, pour que les gens, ils comprennent, là. Tu
sais, le nombre de lumens, puis ces choses-là, ce n'est pas évident à calculer
sur ta lampe de poche, qu'est-ce que c'est, là. Ça fait que ça prend quelque
chose de simple, là, pour les agents, l'interpréter, mais surtout pour le citoyen.
Au niveau de la
viande d'ours, bien, effectivement, il y avait une partie de clientèle qui
était significative, dans le passé, qui abandonnait la chair d'ours. Maintenant,
c'est rendu une exception, il y en a très, très peu. Puis, quand les gens
l'abandonnent, bien, on essaie de trouver des familles, on a des ententes avec
des communautés autochtones aussi qui sont proches ou des boucheries qui
ramassent ça, qui redonnent les protéines, donc la venaison, à des oeuvres de
charité qui en servent pour des soupes populaires, des choses comme ça. Ça fait
qu'on essaie de la récupérer tout le temps. Mais il y a le facteur température,
parce que, si c'est chassé au printemps, des fois, au printemps, il fait 18, 20 °C,
bien, il faut le retrouver dans un temps assez rapide. Ça a une grosse
fourrure, c'est noir, donc il fait chaud là-dedans, il y a un enjeu. Ça fait
qu'il ne faudrait pas placer l'honnête citoyen qui a fait un mauvais tir en
position... à cause de ça, là, de se ramasser avec une infraction.
Au niveau
des alcools et de la drogue, bien, nous, on trouvait que c'était logique puis
c'était pertinent qu'il y ait une cohérence avec... Nous, on a fait un
parallèle tout de suite avec la conduite de véhicules automobiles, on s'est
dit : C'est pertinent, si ce n'est pas permis de conduire une automobile,
conduire une arme à feu, c'est quand même un risque, là. Ça fait qu'on trouvait
que c'était cohérent. Mais on sait aussi que c'est quand même assez coutumier,
le midi, d'aller au camp, de prendre une bière puis de repartir chasser. Ça
fait partie de l'expérience. Comme quelqu'un s'en va en auto, puis arrête dîner
au restaurant, prend une bière, puis ce n'est pas si dangereux que ça de
reprendre le volant. Mais tout est une question
de respect puis d'abus. Mais on a vu... nous, dans notre exploitation, on n'a jamais
vu de problématique avec les agents puis de zèle à ce niveau-là, ça
fait qu'on pense qu'ils ont du jugement à ce niveau-là, puis on
s'attend qu'au niveau de la drogue ça va être la même chose. Ça fait qu'on ne
voyait pas vraiment d'enjeu.
Au niveau de
l'arbalète, là, la tendre et la détendre, c'est vraiment pour la clientèle de
la relève, là, les jeunes. Ça demande une certaine force physique pour tendre
ça. Généralement, quand, mettons, on crinque l'arbalète pour notre enfant,
notre jeune, il y va, il tire. C'est très, très rare qu'on peut retirer une
deuxième flèche, là. Le gibier, s'il est atteint ou manqué, il se sauve. Puis
là, bien, on reçoit un petit texto ou un appel à la radio, puis on va rejoindre
cette personne-là, de la relève ou notre conjointe, puis on va l'aider à
recrinquer l'arbalète, puis on repart en arrière du gibier. Ça fait que la
décrinquer, c'est facile, on tire dans une cible, là. Ça, c'est superfacile, on
appuie sur la détente. Mais la retendre, là, c'est une autre paire de manches.
Ça fait que nous, on n'a
pas observé de problématique par rapport à ça ou de... on n'a pas entendu
parler d'événement de sécurité ou de... on n'a pas de statistique, mais on n'en
a jamais entendu, puis on est quand même le plus gros opérateur de chasse.
Donc, on se disait : Ce n'est peut-être pas nécessaire. Mais, encore là,
on était capable de se positionner dans la peau des agents. De rencontrer
quelqu'un, potentiellement des chasseurs, la nuit, avec une arbalète tendue
dans le véhicule, ça pourrait être tentant de l'utiliser pour faire... pour
chasser de nuit.
Ça fait que peut-être que... La proposition
qu'on vous apporte dans notre mémoire, c'est de dire : Peut-être que le
jour, c'est correct d'avoir une arbalète tendue, en flèche, mais la nuit, ce
n'est peut-être pas correct, ça pourrait être considéré comme une arme chargée.
Je pense qu'on aurait quelque chose qui serait satisfaisant et pour les agents
de la faune et pour les utilisateurs. Donc, on vous le soumet pour réflexion.
Le dernier point,
vous nous avez parlé des différentes charges pénales, les amendes qui sont
significativement bonifiées dans le
projet de loi. De façon générale, on appuie ça puis on est d'accord avec ça,
mais celles... les amendes pour lesquelles on est vraiment favorable,
puis on encourage les agents à aller loin, c'est celles qui ont un impact sur
le milieu naturel, sur l'habitat puis sur les ressources fauniques.
Ça peut arriver que les gens, pour une
technicalité... C'est comme oublier de mettre une ceinture dans le véhicule,
là, ou... Il y a des petites technicalités que c'est plus comme un ticket de la
sécurité routière, mais il y a d'autres choses, là, où c'est vraiment plus
grave. Quand les gens récoltent durant la nuit ou récoltent un deuxième
chevreuil ou le chevreuil d'une autre personne, ils n'avaient pas le droit, ça,
je dirais qu'on n'a pas vraiment de pardon,
là. On est tout à fait fier de dissuader ces gens-là. Ce n'est pas de la
clientèle... On n'a pas besoin de ça dans le domaine. C'est correct
d'être très dissuasifs. Ça fait qu'on...
M. Dufour : Merci. Merci
beaucoup, M. Boulet. Je vais laisser la... Mme la Présidente passer
la parole.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Oui. Alors, vous avez deux collègues
qui ont demandé la parole, Mme Grondin... excusez, Mme la députée d'Argenteuil et Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice. Alors, il vous reste cinq minutes
à toutes les deux. Donc, je vous laisse vous gérer.
Mme Grondin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente, et je vais me dépêcher pour laisser ma collègue aussi
pouvoir poser sa question.
Bonjour, messieurs, très heureuse de pouvoir
échanger avec vous. Comme vous êtes en accord avec le projet de loi n° 88, de ce que j'ai compris,
que le ministre vous a posé des questions plus précises quant à différents
éléments dans ce projet de loi là, je me permets, à ce moment-ci,
d'explorer un autre volet. Et donc... Et je vais me concentrer sur la question
des parcs nationaux, parcs nationaux qui sont des aires protégées.
J'ai compris, à travers la présentation que vous
avez faite... Et, M. Caron, je partage la même fierté que vous avez su nous transmettre par rapport à cette
beauté-là, par rapport à nos parcs nationaux, par rapport à l'ensemble du
réseau. Mais vous avez, dans le portrait, beaucoup, beaucoup parlé
d'exploitation et de mise en valeur de nos ressources. Vous avez même dit que
vous étiez... la mission, dans le fond, de la SEPAQ, c'est d'être opérateurs.
Pourtant,
quand je regarde aussi la mission notamment des parcs nationaux, il y a
tout un volet de conservation et de protection. Vous en avez moins
parlé. Pourtant, je pense que vous devez jouer un rôle essentiel en matière de recherche et développement. Moi, dans la région
des Laurentides, il y a des parcs, comme le parc du Mont-Tremblant, qui
ont collaboré avec différents enjeux émergents, que ça soit le myriophylle à
épis, que ça soit tout l'enjeu des territoires périphériques, des corridors
écologiques pour essayer de relier le parc d'Oka au parc du Mont-Tremblant.
J'aimerais ça vous entendre. C'est quoi, votre rôle? Est-ce qu'il demeure
significatif en matière de conservation et de protection? Et où vous vous
situez à ce niveau-là?
• (16 h 10) •
M. Caron (Jacques) : Bon. Je
vous remercie pour votre question. Dans le fond, là, la SEPAQ, là, c'est un
juste équilibre entre l'accessibilité des gens aux parcs nationaux et la
conservation, puis on est... la conservation, là, on est vraiment, là... on est...
ça nous a... on a ça à coeur. On a une équipe complète qui travaille sur un
programme de suivi, on appelle ça le PSIE. Il y a une centaine d'indicateurs
qui sont présentés à chaque année dans notre rapport annuel, qui sont présentés
à notre conseil d'administration, puis on en est pas mal fiers. Donc, on
travaille sur les plantes envahissantes, on travaille avec les zones
périphériques, on travaille aussi pour éliminer tout ce qui peut, dans le fond, avoir des impacts sur les parcs nationaux. Donc, on est... Effectivement, j'aurais dû... Vu qu'on parlait plus de la faune dans l'introduction,
mon discours était plus axé faune, mais la conservation de nos parcs nationaux,
là, c'est très, très, très important pour nous autres. Notamment,
le ministre... au niveau des caribous forestiers en Gaspésie,
on est toujours à l'affût de toutes les collaborations qu'on peut faire
avec les projets du ministre. Donc, c'est très important pour nous, je peux
vous le confirmer.
M. Dufour : Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. Dufour... M. le ministre, pardon.
M. Dufour : Non, mais c'est...
Je pense qu'il y avait une autre collègue qui voulait parler aussi, je pense.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bien, j'avais... Oui, c'est Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice. C'est ce que
j'ai fait, je lui ai lancé la parole. Allez-y.
M. Dufour :
Ah! O.K.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Si vous voulez présider, écoutez, je peux prendre votre place.
M. Dufour : Non, non, mais je
ne l'ai pas entendu, c'est parce que je ne l'ai pas entendu.
Mme Tardif : Non, moi non plus.
Merci, merci. Bienvenue. Merci. Donc, allons-y rapidement. On avait des
intervenants qui sont passés cette semaine, tout le monde était très
intéressant, mais il y en a qui nous faisaient part de leurs craintes par
rapport aux projets pilotes avec le ministère. Et j'aimerais vous entendre
parce que je sais qu'avec la SEPAQ vous avez
quand même un certain nombre d'exemples de projets pilotes. Si vous pouvez en
parler davantage, ça serait
intéressant, là, pour les gens qui nous écoutent et pour les députés, là, qui
sont sur la commission. Merci.
M. Caron (Jacques) : Bonjour.
Comme c'est vraiment des...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il reste quelques secondes.
M. Caron
(Jacques) : Comme c'est des
éléments sur le terrain, M. Boulet, qui est mon V.P. exploitation terrain,
va vous en faire part, c'est... Il a travaillé très fort sur les projets de
relève et les autres, donc je lui laisse la parole.
M. Boulet (Dave) : Bien, de
façon générale, on est très favorable aux projets pilotes, aux différents
projets pilotes puis aux pouvoirs que ça
donne au ministre, parce que ça nous permet d'explorer des choses avant de les
enchâsser dans une réglementation ou dans une loi. Alors, il faut se
donner cette ouverture-là. C'est quelque chose qui est rapide puis qui nous permet de le tester. On est souvent des bons
terrains de jeu pour faire ça. On a une bonne proximité, une bonne
collaboration avec le ministère. Donc, plusieurs de ces projets-là, qu'ils
soient forestiers, fauniques ou autres, se font souvent sur les territoires de
réserves fauniques ou de parcs nationaux, donc des endroits où il y a du
prélèvement, des endroits où il y en a moins. Donc, rapidement, en quelques
secondes, là, ça répondrait à ça. Ça fait que nous, on est vraiment favorable.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, cette portion est terminée. Donc, nous allons maintenant aller à
l'opposition officielle, M. le député de Laval-des-Rapides. Votre micro, s'il
vous plaît.
M. Polo : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. D'entrée de jeu, je vais laisser un peu de temps, du temps à mon
collègue de D'Arcy-McGee également pour intervenir. Je veux remercier, là, nos
deux représentants, là, de la SEPAQ. Et je les remercie pour leur présentation.
Je vais commencer. Ils ont abordé beaucoup, là,
l'enjeu notamment des amendes, d'une part, mais également la question de
l'éclairage en soirée. Bien sûr, on s'entend que leur mission, c'est de
favoriser, si on peut dire, là, l'appropriation
par la population en général, là, de leurs différents parcs qui sont sous leur
gouverne, sous leur gestion, et
puis... mais, en même temps, donc, de favoriser cette utilisation-là dans les
règles de façon, bien sûr, à respecter la loi.
Quand... Donc, vous avez, bien sûr, évoqué, là,
la question de la luminosité, une bonne luminosité. En même temps, j'ai bien compris votre exemple par rapport
à... qu'il faut quand même assurer l'utilisation de matériel ou d'appareils
qui vont leur permettre de pouvoir retrouver la bête une fois qu'elle est
touchée, une fois qu'elle est sur le point de décéder,
sans nécessairement... mais en même temps de décourager les braconniers
également. Bien sûr, là, lorsqu'on parle de luminosité, actuellement, ce
qu'on regarde, c'est qu'il y a une limite de... il y a vraiment une limite qui
est fixée au niveau du voltage, donc de six volts. Selon vous, est-ce que
c'est la bonne mesure? Est-ce qu'il faudrait considérer d'autres types de
mesures pour, justement, d'une part, assurer la sécurité de ceux qui
pratiquent la chasse, de pouvoir retrouver leur bête, mais, en même
temps, tout en décourageant ou en ne donnant pas des outils qui pourraient
aider les personnes qui font... qui posent des gestes illégaux ou qui font du
braconnage?
M. Caron (Jacques) : Je vais
prendre le début de la question, puis mon collègue, M. Boulet, va
compléter. Moi, dans le fond, ce que je
pense là-dessus, c'est qu'on doit, d'une part, retrouver la bête, mais, d'autre
part aussi, assurer la sécurité des chasseurs ou des... Puis vous
comprendrez qu'un chasseur qui abat un ours ou... un ours, notamment, souvent,
il peut y avoir... il n'est pas toujours dans le mille. Donc, l'ours peut être
blessé de façon qui n'est pas mortelle, mais peut avoir des problématiques à se
déplacer. Donc, si le chasseur qui a fait un mauvais tir est mal équipé en
termes de luminosité, bien, il pourrait être attaqué par la bête, donc... parce
qu'un ours blessé, ça pourrait être dangereux.
Donc, je ne suis pas un expert en degré de
luminosité, mais moi, de mon expérience de chasseur, ce qui est vraiment
interdit, puis ça, M. Boulet pourrait confirmer ce que je dis, c'est un
rayon lumineux qui braque dans les yeux d'un animal, qui le gèle. Donc, c'est
ça qui est vraiment interdit. Moi, je pense qu'il pourrait y avoir des
approches, genre un fanal, qui donne un rayon, mais qui ne fixe pas dans les
yeux de l'animal, autrement dit, une autre sorte de... une luminosité qui donne
de la lumière, mais pas une lumière qui fige l'animal. Ça pourrait être une façon
qui pourrait, dans le fond, régler la problématique et protéger le chasseur,
lui donner une luminosité, mais ne pas lui donner d'avantages comparatifs s'il
y a des... ils font du braconnage ou pour des gens, là, qui n'ont pas... qui
ont des mauvaises idées.
M. Boulet
(Dave) : De façon très précise, là, à la question : Est-ce que
6 volts, c'est suffisant? Je dirais que c'est le minimum suffisant, là,
selon nous. C'est couramment utilisé, des engins qui sont 5, 6, 7,
8 volts, là. C'est ce qui est le plus couramment
utilisé, même si ce n'est pas conforme, c'est dans la réalité des faits. Une
limite à 8, 9 ou 10 permettrait de laisser le citoyen... puis 99 %
des citoyens, sous cette limite-là, sans se demander si son appareil est trop fort ou pas assez fort. Mais ça ne donnerait
pas un grand avantage aux braconniers de donner quelques volts de plus,
puis on mettrait tous les citoyens sous cette ligne-là. Ça fait que juste de
rehausser un petit peu, ça ferait l'affaire.
M. Polo : Pouvez-vous revenir
sur la suggestion de votre collègue, au préalable, lorsqu'il faisait référence
à un type de luminosité qui va braquer, donc, l'animal sans nécessairement...
Est-ce que cette technologie existe, en fait? Parce que je n'ai pas... je ne
peux pas utiliser un terme, mais est-ce que cette technologie existe déjà?
M. Boulet (Dave) : Oui, oui,
l'exemple du fanal qui éclaire... une ampoule électrique, ça éclaire de façon
égale tout le tour, puis, si on projette ou on circonscrit un rayon lumineux,
bien, on peut le projeter plus loin. Le même nombre de lumens ou d'énergie peut
être concentré puis aller détecter quelque chose plus loin. Ça fait que ça,
c'est... je n'ai pas les termes électriques, là, pour l'expliquer, mais, oui,
ça existe, là.
M. Polo : O.K. Parfait.
M. Boulet (Dave) : Et les gens
qui ont des petites lumières frontales, bien, ça éclaire de façon directionnelle,
mais ce n'est pas fort, ça éclaire de façon directionnelle. Ça fait que ça peut
amener une certaine complexité pour le citoyen, là.
• (16 h 20) •
M. Polo : En effet. Dites-moi
quelque chose, sur un autre sujet, on a eu l'occasion, au cours des derniers
jours, là, de... Bon, vous gérez différents parcs, cours d'eau, bien sûr, les
membres ou les clients qui visitent vos grands parcs, bien sûr, le font aussi
pour la pêche, et puis vous êtes à même de savoir un peu la problématique au
niveau de la rivière Bonaventure, entre ceux qui veulent protéger la faune,
ceux qui veulent s'assurer que l'habitat du saumon
est protégé, puis, en même temps, vous avez les exploitants d'activités
commerciales, etc. Une des suggestions qui nous a été partagée, c'est,
par exemple, l'obligation d'une entente au préalable afin de permettre une
activité commerciale. De cette façon-là, il y a des ententes qui sont signées
avant, au préalable, plutôt que de générer des conflits, comme on l'a vu l'été dernier et comme on l'entrevoit
peut-être cet été, si jamais il n'y a pas d'entente qui arrive.
Vous, selon les situations que vous avez à
gérer, là, selon les différents parcs, comment vous pourriez gérer ou suggérer
des situations ou des contextes qui vont favoriser, justement, une meilleure
entente entre, justement, les différentes parties prenantes?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. Caron.
M. Caron (Jacques) : Bon. Moi,
je ne suis pas au courant de la problématique de la rivière Bonaventure, mais
on opère notamment une rivière à saumon à Port-Daniel, puis, pour notre
clientèle, puis on opère plusieurs fosses, puis on n'a pas d'enjeu
problématique, puis il y a une bonne protection du saumon, puis c'est très
apprécié des pêcheurs québécois. Mais je ne peux pas vous répondre précisément
sur le cas de la rivière Bonaventure, je n'en suis pas... je ne suis pas au
courant de ce cas-là.
M. Polo : O.K. Mme la
Présidente, peut-être juste céder mon temps à mon collègue de D'Arcy-McGee.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Bien, merci, M. Caron et M. Boulet, pour votre exposé.
Bon, au SEPAQ, vous avez une lourde responsabilité de sauvegarder, de protéger,
de nous aider à exploiter et à... de ces terrains tellement précieux qui nous
appartiennent tous. Alors, votre rôle est assez important en ce qui a trait aux
objectifs de ce projet de loi aussi, de mise en valeur et conservation ainsi
que l'exploitation de la faune.
Mais, écoutez, évidemment, c'est important que
ce projet de loi ne soit pas lettre morte et que ses exigences soient
exécutoires. Nous avons entendu des témoins, au fil des trois jours, qui nous
ont parlé du fait qu'il y a un nombre décroissant d'agents et agentes de la faune
de disponibles, que leurs tâches sont des fois très difficiles, quand il s'agit d'assurer qu'il n'y a pas de
surconsommation d'alcool ou de drogue, à titre d'exemple, contrôle au
braconnage. Et il faut qu'ils soient présents et équipés pour, comme je dis,
assurer le respect des règles et des changements qui vont être compris dans ce
projet de loi une fois adopté.
C'est quoi, votre lecture de cette situation?
Est-ce que les équipes sur le terrain pour travailler avec vous, pour nous
protéger, pour assurer la mise en valeur de notre faune, sont à la taille, et
sont équipés, et sont assez nombreux pour faire leur travail?
M. Caron (Jacques) : Je peux
commencer avec un début de réponse en vous disant que, dans nos réserves, bien,
dans nos parcs... Les parcs nationaux, il n'y a pas de chasse, il n'y a pas de...
Il y a de la pêche à certains endroits, mais c'est vraiment dans les réserves
fauniques où il y a un prélèvement. Dans les réserves fauniques, il y a une
présence des agents de la faune, mais on a quand même des équipes sur le
terrain, nous autres, là, qui... c'est des assistants,
ils n'ont pas... ils ne sont pas agents de la faune officiels, mais c'est des
assistants, donc qui contrôlent, qui surveillent le territoire. Puis de ce qui
nous touche, nous autres, la SEPAQ, on trouve que le comportement, le jugement
puis la présence des agents de la faune, c'est très correct. Il y a peut-être toujours
place à amélioration, mais, nous autres, on n'a pas eu, de la part de nos
gestionnaires sur le terrain, là, de plainte, là, à l'effet qu'il manquait de
présence ou qu'il manquait de surveillance à cet égard-là. M. Boulet pourrait
peut-être compléter.
M. Boulet (Dave) : Je dirais que, dans nos parcs nationaux, bien, on
assure essentiellement le volet protection aussi par notre mandat de
conservation et d'éducation, versus les réserves fauniques où c'est
essentiellement de la mise en valeur qu'on fait. Donc, dans les parcs, on est
relativement autonome au niveau de ça puis on y investit des sommes puis des
efforts significatifs. Puis, quand on a besoin, on fait appel aux agents de
protection de la faune qui viennent nous prêter main-forte, là, dans les cas un
peu plus lourds. Ils nous aident à bâtir les plans d'action et les plans de
protection annuels.
Dans les réserves
fauniques, bien, c'est, de façon plus importante, c'est les agents de
conservation de la faune qui y viennent, mais c'est possible... C'est des
territoires immenses, là, tu sais. De penser qu'on pourrait assurer quelque
chose de vraiment efficace... Il n'y aura jamais un agent derrière chaque arbre
ou derrière chaque lac. Mais je dirais que ce qui est peut-être facilitant dans
les réserves fauniques, c'est qu'à peu près la majorité... tous les chasseurs
et les pêcheurs sportifs sont enregistrés avant d'entrer. On les connaît, on
sait où ils doivent être, leur numéro de plaque d'immatriculation, ça rend le
suivi beaucoup plus facile que dans bien d'autres territoires dits libres au
Québec, là. Ça fait qu'on ne vit pas d'énormes problématiques par rapport à ça.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : C'est terminé pour cette portion. Alors, je
vais maintenant passer la parole à Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Je ne veux pas faire mentir vos statistiques sur la chasse à l'ours, mais, lors de ma première chasse,
moi, j'ai tué le matin, puis mon ours, il est resté dret là. Je l'ai atteint
dans la tête, et il n'a pas fait de course.
Dans un autre ordre
d'idées, j'aimerais revenir sur la question de la députée d'Argenteuil qui
parlait des fameux corridors fauniques. En ce moment, le projet de loi ne
répond pas à ces corridors-là. Pourtant, ils sont quand même importants, là, si
on veut s'assurer que nos espèces continuent d'être bien répertoriées sur le
territoire. Puis on avait... c'était Nature Québec qui nous disait que, surtout
en contexte de changements climatiques, on peut s'attendre à ce que nos espèces
migrent vers le nord à raison de 45 kilomètres par 10 ans. Ça fait
que, si on veut s'assurer que ces espèces-là puissent migrer, bien, ça nous
prendrait des corridors fauniques.
J'aimerais vous
entendre peut-être davantage là-dessus, sur la question des corridors
fauniques.
M. Caron
(Jacques) : Je vais laisser le biologiste, mon V.P. biologiste vous
répondre.
M. Boulet
(Dave) : Alors, Mme la députée, c'est sûr qu'on est favorable à des
initiatives de ce type-là, mais la SEPAQ ne crée pas d'aires protégées, la
SEPAQ ne crée pas une réserve faunique. Tu sais, notre mandat, nous, on arrive
une fois que c'est créé, on l'exploite, on l'opère, on protège, on met en
valeur. Donc, notre pouvoir puis notre rayon d'action, il est là. Mais, oui, on
est favorable. Oui, on travaille avec les zones périphériques. Oui, on
encourage ça puis on est extrêmement favorable. Puis c'est un bon point, la société
se doit de réfléchir à ça.
Mme Lessard-Therrien :
Est-ce qu'on pourrait voir naître des parcs nationaux de corridors fauniques?
Ça pourrait être une idée.
M. Boulet (Dave) : Ça pourrait être une idée, mais je ne
m'immiscerai pas... mes collègues du MFFP au service des parcs. Alors, on
va opérer ce qui va être créé.
Mme Lessard-Therrien :
C'est bon. Sur l'aspect aussi conservation, là, de la SEPAQ, bon, ça
déborderait peut-être le présent projet de loi n° 88, en tout cas,
j'aimerais savoir, tu sais, est-ce que vous... J'aimerais profiter de votre présence pour vous poser la question : Est-ce que vous considérez qu'en ce moment la SEPAQ est suffisamment financée pour répondre à cette
mission-là, en fait, de conservation?
M. Caron
(Jacques) : On reçoit annuellement autour de 18 millions de la
part du gouvernement pour la mission conservation. C'est sûr que les puristes
en voudraient toujours plus, mais il y a toujours aussi une capacité organisationnelle
à livrer. Puis comme mon collègue a dit, là, les territoires sont immenses,
mais c'est sûr que Parcs Canada est plus amplement financé par l'État
que nous autres. Nous autres, on est financé pour la partie conservation.
Toute la partie commerciale, on doit la financer à même les revenus qu'on
génère par la location des chalets, des terrains de camping ou des forfaits
d'orignal. Mais on est...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre ici, parce que je dois
passer la parole au député de Jonquière. M. le député.
M. Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup pour votre présence. Évidemment,
je suis très fier du Centre touristique du Lac-Kénogami qui est dans ma circonscription.
Je sais que vous avez investi beaucoup. Il y a encore des investissements
à faire, entre autres la protection de l'érosion des berges. Je remarque également
que vous travaillez de plus en plus sur la protection du patrimoine. Moi, j'ai
hâte d'aller visiter le lac à l'Épaule, là, le fameux chalet où l'avenir du Québec s'est décidé. Je vais
traverser encore dans quelques minutes, comme je le fais deux fois par semaine,
le parc des Laurentides. Je suis préoccupé par la préservation du patrimoine de
la chapelle de L'Étape.
• (16 h 30) •
Alors, je vous passe le message, en passant,
mais tout ça, c'était ma pause publicitaire, là. Ma vraie question, c'est la
suivante. On a beaucoup parlé de relève, ici, dans ce projet de loi. Si la société
d'État ne s'occupe pas de la relève, je ne vois pas qui pourrait s'en occuper.
Bien, tout le monde peut s'en occuper, mais il faut que la société d'État soit
exemplaire. Et souvent la relève commence par le petit gibier, hein, la
perdrix, puis après ça, on va passer à l'ours, là, et à l'orignal. Mais je
constate que, par exemple, si je prends l'exemple — c'est ce qu'on m'a
signalé, là — de
la réserve faunique de Rimouski, elle est accessible pendant seulement une
seule fin de semaine pour le petit gibier puis l'est pour la chasse à l'orignal
pendant deux mois et demi. Puis là je vous épargne évidemment les coûts, là,
pour accéder, et tout. Alors, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de revoir, là,
un peu les proportions pour permettre, justement, à la relève de prendre un petit
peu plus de place sur la faune?
M. Caron
(Jacques) : On est très favorable
à la relève, parce que la relève, c'est nos futurs clients. Mais il y a un élément important, vous dites... vous
avez dit que la chasse au petit gibier, oui, c'est une belle façon de commencer,
mais moi, je pense que l'élément prépondérant pour la relève, c'est d'avoir un
tuteur. On a tous quelqu'un, un parent, un oncle, un ami qui nous a initiés à
la chasse. Puis moi, je pense que... Nous autres, on travaille beaucoup là-dessus
à la SEPAQ, là, pour favoriser le tutorat des nouveaux chasseurs. Ça, je pense
que c'est très important.
Pour ce qui est de la relève en tant que telle,
on a beaucoup de programmes à la SEPAQ où on favorise, dans le fond, la gratuité pour un jeune de moins de
18 ans accompagné d'un parent. À Anticosti, on a des forfaits privilégiés
pour les jeunes. Je pense qu'on est pas mal dans ce créneau-là, et on y tient,
parce que notre clientèle, elle est très... autant, dans les parcs, on parle
d'une moyenne d'âge entre 35 et 40 ans, au niveau de la chasse, notre
clientèle est très vieillissante, et le renouvellement, il n'est vraiment pas
là, là. Donc, on est conscient de ça...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre ici,
M. Caron, parce que cette séance est terminée, et ça... vous venez
aussi de conclure nos audiences relativement au projet de loi. Alors, je vous
remercie de votre collaboration. Je vous souhaite une très, très belle fin de
journée.
Mémoires déposés
Et, avant de terminer, je dépose les mémoires
des personnes et organismes qui n'ont pas été entendus. Je dépose le mémoire de
l'Association de l'exploitation minière du Québec, celui de Humane Society
International Canada, celui du Protecteur du
citoyen, le mémoire de la Société pour la prévention de la cruauté envers les
animaux, le mémoire de la Ville de Laval et, sur Greffier, il y a un
mémoire aussi qui vient d'être déposé, c'est ça, Mme la... un autre mémoire qui
vient d'être déposé sur Greffier, que vous pourrez consulter.
Alors, je vous remercie beaucoup pour ce travail
que nous avons fait cette semaine, ça a été fort agréable, et je vous souhaite
une très, très belle fin de journée. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 16 h 33)