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Etude des crédits du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
(Seize heures quarante-sept minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre! La commission du
tourisme, de la chasse et de la pêche est réunie pour
étudier les crédits budgétaires du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Les membres de cette commission sont: M. Chevrette (Joliette-Montcalm),
M. Desbiens (Dubuc), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
M. Marchand (Laurier), M. Michaud (Laprairie), M. Perron (Duplessis), M.
Picotte (Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda)...
M. Le Moignan: M. Grenier...
Le Président (M. Jolivet): En remplacement de M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Le Moignan (Gaspé). Le rapporteur de cette
commission est...
M. Michaud: Je suggérerais le député de
Kamouraska-Témiscouata, M. Léonard Lévesque.
Le Président (M. Jolivet): M. Léonard
Lévesque.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Duhaime: M. le Président, MM. les membres de la
commission permanente du tourisme, de la chasse et de la pêche, il me
fait plaisir de venir vous revoir pour la troisième année
consécutive pour qu'ensemble, pendant les prochaines heures, nous
discutions des crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche pour l'exercice financier 1979/80. Je voudrais d'abord vous
féliciter, mes collègues de l'Assemblée nationale, d'avoir
insisté pour voir inscrire vos noms comme membres permanents de cette
commission, ce qui démontre très bien votre intérêt
marqué, à la fois pour les questions du tourisme, aussi bien que
pour celles concernant la chasse et la pêche. Je vous en
félicite.
M. Le Moignan: Vous avez raison.
M. Picotte: Notre amitié au député de
Saint-Maurice.
M. Duhaime: Je remercie mon collègue de Maskinongé.
Comme la coutume le veut, je voudrais, bien sûr, au premier chef, vous
présenter l'équipe sous-ministérielle de mon
ministère. Je vous donne les noms: M. Michel Duchesneau, sous-ministre
en titre; M. Michel Roy... Pardon? M.
Duchesneau va nous accompagner demain matin. Je vous donne les noms
aujourd'hui et on fera les présentations plus officielles demain matin,
si vous aimez mieux, M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: D'accord.
M. Duhaime: M. Michel Roy, qui est sous-ministre adjoint au
Tourisme; M. Ronald Clark, sous-ministre adjoint à la Direction
générale des opérations régionales; M. Jean-Guy
Houde, sous-ministre adjoint à la Direction générale de
l'administration et M. Jacques Lefebvre, sous-ministre adjoint à la
Direction générale de l'équipement.
Je voudrais également, avec beaucoup de plaisir, vous
présenter les membres de mon cabinet. M. Lgc Roy, que vous connaissez
déjà, va nous accompagner demain matin; M. Noël Lamy, qui
est ici; M. Yvon Marineau, M. Pierre Morin, M. Robert Patoine, qui sont tous
quatre secrétaires particuliers adjoints. Il y a également, qui
n'est pas ici aujourd'hui et qui ne viendra pas non plus pour les
crédits, M. Raymond Roy, qui est secrétaire particulier adjoint
attaché à mon comté, à Shawi-nigan.
Exposé préliminaire
M. Yves
Duhaime
Je voudrais peut-être, M. le Président, si vous me le
permettez, traiter, d'une façon générale, de trois sujets,
et je pense que nous devrions peut-être mentionner dès à
présent qu'il est 16 h 50 et je pense que nous sommes tous
conviés à l'Assemblée nationale pour un vote à 17 h
45, ce qui signifie que j'aurai le plaisir de m'adresser à vous pendant
ces quelque 55 minutes pour essayer de faire une vue d'ensemble sur les
activités du ministère depuis les quelque 20 mois qu'on a
derrière nous, mais plus particulièrement sur l'année qui
se termine. Ceci vous donnera très certainement le temps de
préparer vos interventions, que nous entendrons avec très grand
plaisir demain matin.
M. le Président, je voudrais peut-être parodier les mots de
Mme Boileau qui, au sommet économique de Montebello, au nom d'une des
associations de consommateurs, disait qu'elle sentait une agitation prometteuse
au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et vous
allez comprendre aisément que je lui donne amplement raison au
départ.
Je voudrais vous dire que, dans le domaine de la faune, du tourisme et
sur le plan de l'administration du ministère, beaucoup de choses ont
bougé durant la dernière année. Nous avons, je pense, eu
beaucoup d'action et il se dégage un dynamisme c'est le moins
qu'on puisse dire de l'action que nous avons conduite au
ministère durant les douze derniers mois. Je voudrais aborder ces trois
aspects et vous dire, par exemple, que ce qui a marqué l'année
1978 dans le domaine
de la faune est sans contredit l'opération gestion faune que nous
avons conduite tambour battant à travers le Québec. Nous en
avions parlé brièvement le 30 mai 1978; l'opération en
était à ses débuts; nous nous étions dit à
ce moment-là: Attendons voir ce que cela donnera et, l'an prochain, on
sera mieux placé pour faire un bilan. Je pense que la mise en oeuvre de
l'opération gestion faune à travers le Québec a
été un grand succès et a également
été très bien accueillie par les sportifs, chasseurs et
pêcheurs du Québec.
Je voudrais vous signaler que l'opération gestion faune a
contribué à mettre fin à des droits exclusifs de chasse et
pêche qui avaient été maintenus sur 1161 territoires du
Québec qui avaient été confiés à bail de
droits exclusifs de chasse et de pêche à des clubs privés.
Nous n'avons renouvelé aucun de ces baux et je suis en mesure de
déclarer devant cette commission que nous avons libéré
tous les territoires de chasse et de pêche du Québec sans aucune
exception.
Je voudrais dire également que cette opération a
porté sur 16 000 milles carrés de territoire qui autrefois
regroupaient en gros 25 000 membres et que nous avons substitué à
ces clubs privés 55 associations de chasseurs et pêcheurs que nous
avons reconnues et agréées et qui sont devenues responsables
d'autant de zones d'exploitation contrôlée et qui regroupent
également 90 associations de chasseurs et de pêcheurs non
nécessairement agréées mais ayant une participation soit
au niveau de l'informatin ou encore au niveau de la gestion ou de
l'éducation dans le secteur de la faune. Donc, 55 zones d'exploitation
contrôlée.
Malgré toutes les questions qu'à tort ou à raison,
on s'était posées au début de l'opération, ces
associations, au cours de l'année 1978, aussi bien durant la saison de
pêche que durant la saison de chasse, ont émis 100 000 cartes de
membres. Une carte de membre donne droit au titulaire, pour un coût de
$15, d'être accompagné de sa femme et de ses enfants mineurs. Ces
associations, je profite de l'occasion qui m'est donnée pour les
féliciter ardemment pour ce défi qu'elles ont relevé au
cours du printemps 1978 en particulier, ce qui nous a permis de mettre en
oeuvre cette opération gestion faune. Nous avons également vu
à ce que les associations agréées aient les moyens
financiers de réaliser leurs objectifs et nous avons mis à leur
disposition un fonds de péréquation de l'ordre de $1 million que
nous avons distribué à travers tout le Québec aux
associations agréées.
Au total, maintenant que nous avons en main le bilan de l'année
sur le plan des activités financières, on peut dire que, quand on
compare les comptes de fonctionnement des associations, nous retrouvons un
déficit de $44 000 au total, ce qui signifie que presque toutes les
associations ont pu boucler leurs budgets; celles qui ont fonctionné
à déficit sont peu nombreuses et, dans à peu près
tous les cas, les déficits sont faibles, sauf en deux cas.
Je voudrais dire également qu'au budget de cette année,
vous allez retrouver ce même fonds de péréquation
augmenté de 25% et que nous avons porté, pour l'exercice 1979/80,
à $1 250 000 pour les associations. Nous avons, bien sûr,
l'intention de hausser le nombre des associations, nous allons le faire
prudemment, bien sûr, mais ce que j'ai en tête comme chiffre, c'est
quelque chose autour de soixante, en augmentant de cinq ou six pour cette
année.
Je voudrais également dire que nous avons, cette année,
permis des travaux importants sur les territoires des associations par le biais
d'un programme OSE et nous avons pu injecter un montant de $600 000 sur le
territoire des ZEC, à travers le Québec au cours de
l'été et de l'automne 1978.
Je voudrais dire aussi que nos informations venant tant du milieu des
associations que des administrations régionales nous donnaient
l'impression, malgré les critiques de certains chroniqueurs ou de
certains milieux face à cette politique de libéralisation... nous
avons voulu en avoir le coeur net et nous avons tout simplement confié
à l'Institut québécois d'opinion publique la
préparation d'un sondage. J'ai eu l'occasion de le rendre public lors
d'une conférence de presse à Trois-Rivières et je voudrais
retenir six points qui m'ont particulièrement frappé. ( 17
heures)
Le premier, c'est que les pêcheurs, à 79%, se sont
déclarés satisfaits de la qualité de la pêche.
Deuxièmement, à 80%, ils se sont déclarés
satisfaits de la qualité de la chasse; à 84%, ils se sont
déclarés satisfaits des services offerts; à 73%, ils se
sont déclarés satisfaits du rôle du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, dans leurs relations avec les
associations; 90% des personnes interrogées ont déclaré
avoir l'intention de reprendre leur carte de membre; finalement, 94% ont
déclaré vouloir reprendre leur carte de membre au même
endroit. Ces 94% nous ont déclaré avoir participé à
des activités de chasse et de pêche dans le territoire où
ils avaient payé une contribution comme membre.
Cela signifie que seulement 6% ont pu payer une cotisation à une
association et aller à la chasse, à la pêche ou encore en
forêt sur le territoire d'une autre association, ce qui justifie
amplement la décision que nous avons prise de maintenir
l'universalité de la carte de membre, dans les ZEC. Ce qui signifie,
à toutes fins utiles, que si vous devenez membre d'une des associations
du Québec responsables d'une ZEC, vous êtes automatiquement admis
et vous n'avez aucun autre droit d'entrée à payer à une
autre ZEC, si vous vous rendez sur cet autre territoire, sauf, bien sûr,
les frais de péage sur les chemins routiers, dans les cas où il y
en a.
Je sais, bien sûr, qu'autant durant la saison de pêche que
durant la saison de chasse, plusieurs se sont inquiétés,
plusieurs ont lancé des cris d'alarme. Certains sont allés
même jusqu'aux canulars. Je pense que le moins que l'on puisse dire,
c'est que ces craintes et ces menaces, à la faune en particulier, qu'on
appréhendait, ne se sont pas produites. Et j'ai toujours eu confiance au
bon sens, à l'intelligence, à l'esprit de conser-
vation des Québécois et de leurs familles envers la faune
du Québec, envers nos forêts, envers nos lacs, nos rivières
et notre environnement. Si, dans certains endroits, il y a eu surcharge dans
certains plans d'eau, il est bien évident que ce n'est pas une chose qui
s'est généralisée et que dans chaque cas, le
ministère n'a pas craint d'intervenir et de donner suite à une
recommandation, soit d'une association ou encore d'une administration
régionale et de tout simplement fermer un lac. Nous en avons
fermé à peine une centaine dans toute la saison de pêche
1978.
Je voudrais également profiter de l'occasion pour remercier toute
l'administration, tous les fonctionnaires et les employés du
ministère, aussi bien ceux de l'équipe à Québec que
ceux qui sont dans les régions, pour le travail absolument fantastique
qu'ils ont fait à chaque étape de cette opération gestion
faune et je pense que c'est leur rendre justice que de leur dire merci au nom
de toute la population du Québec.
Je voudrais dire aussi durant la saison de chasse, nous aurons
particulièrement l'occasion d'en reparler; bien sûr je vous
signale tout de suite, quitte à ce que demain, je puisse vous fournir
les bilans complets de la chasse à l'orignal, au chevreuil, au caribou,
ainsi que le bilan total du dossier sécurité que nous tenons
à jour au ministère, que l'hécatombe 1914-1918 qu'on nous
avait annoncée durant la saison de chasse à l'automne 1978, au
Québec, ne s'est pas produite. Et malgré le fait suivant: Nous
avons émis cette année, pour la chasse au gros gibier, 10 000
permis de plus, passant de 100 000 à 110 000. Moins d'accidents de
chasse se sont produits, moins d'accidents non mortels, moins d'accidents
mortels, moins de noyades également.
J'en suis donc venu à la conclusion que les cours de maniement
d'armes à feu et les rudiments d'information que la
Fédération québécoise de la faune transmet aux
citoyens qui suivent leur cours de maniement d'armes à feu portent leurs
fruits et qu'également, la publicité que le ministère a
faite cette année, en particulier avec deux dépliants, l'un,
"Pêche 1978" et, l'autre, "Chasse 1978", que vous avez retrouvés
dans la plupart des journaux nationaux du Québec durant les saisons de
pêche et de chasse ont porté leurs fruits.
Sur le plan de la protection, il y aurait, là aussi, beaucoup
à dire, mais nous avons également publié des brochures,
des parutions éducatives également. Nous avons fait fonctionner
le télé-faune, le zénith... Quel est le numéro?
C'est important d'avoir le numéro.
M. Picotte: II est plus accessible que celui du système
des réservations, je pense. Celui des réservations, on peut vous
le donner, on le connaît.
M. le Moignan: Le ministre ne connaît pas
celui-là...
M. Picotte:... on le signale tellement souvent. M. Duhaime:
C'est 523-... Sur le plan de la conservation, nous avons utilisé...
J'aurai un document à remettre aux membres de la commission, demain,
vous donnant le nombre de télé-faunes reçus sur ce
télé-faune et vous allez probablement rester ébahis du
nombre d'appels que nous avons pu recevoir. Cela a été d'un grand
secours pour l'efficacité du travail des agents de conservation sur le
terrain aussi bien que des patrouilles aériennes.
Nous avons augmenté cette année le nombre d'agents de
conservation à titre permanent, de sorte que nous sommes autour de 530,
et en ajoutant les occasionnels, et en les transposant en hommes-année,
cela nous donne 70 hommes-année occasionnels pour un total, en gros, de
600, en plus, bien sûr, des auxiliaires de la faune.
Je profite de l'occasion pour vous dire également, en anticipant
possiblement sur une réponse que je fournirai demain au
député de Gaspé, que nous avons recruté, au cours
de 1978, tous les diplômés des quatre polyvalentes qui avaient
réussi leurs examens au cours d'agent de conservation.
Je voudrais ajouter que, au cours de l'année 1978/79, avec le
budget que l'Assemblée nationale nous a voté l'année
dernière, nous avons également équipé d'un
système radio tous nos véhicules. Ils sont relayés
ensemble soit aux postes régionaux, soit aux postes
sous-régionaux, ou soit encore aux postes satellites. Nous avons
actuellement 57 postes régionaux répartis à travers le
Québec et six postes satellites. Nous avons également
procédé, au cours de l'année, à l'embauche d'une
trentaine de biologistes.
Je voudrais peut-être ajouter un point sur le plan du cheptel. M.
le Président, nous avons l'honneur de saluer le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Toutes mes lumières vous sont acquises.
M. Picotte: Ayez l'obligeance de lui dire que cela allait bien
jusqu'au moment où il est arrivé.
M. Chevrette: C'est sûrement mieux qu'au moment où
j'ai écouté en Chambre le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Je n'étais pas là.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre! On continue.
M. Duhaime: Vous me permettez, M. le Président, de dire un
mot des résultats de la chasse à l'orignal au cours de l'automne
1978 et de vous dire, au départ, que l'augmentation de la récolte
a été normale, comparativement à l'augmentation des
années antérieures. Ce qui m'a frappé, c'est que le gros
de l'augmentation, cette année, est venu de la région du
nord-ouest et, d'une façon générale, l'ensemble du
Québec a augmenté sa récolte, sauf exception. Au total
je vous le donne de mémoire aujourd'hui, mais demain,
j'aurai tous ces détails à vous fournir
l'augmentation générale est de 700 têtes, de sorte qu'il
n'y a pas lieu de faire croire, de dire ou de tenter de dire ou de tenter de
faire croire à qui que ce soit au Québec que le troupeau
d'orignaux ou notre cheptel est en danger d'extermination. Là n'est pas
la question.
Cependant, lorsque 110 000 personnes, sur un territoire comme le
Québec, s'adonnent à des activités de chasse à
l'orignal, il m'apparaît important que l'on s'arrête un instant et
que l'on se demande si cette progression va continuer. Il y a lieu de penser
que l'an prochain, il y aurait possiblement 120 000 chasseurs à
l'orignal. Il y a donc le nombre et il y a la concentration des chasseurs dont
il faut tenir compte. Ce qui nous a amenés, M. le Président,
à innover, et nous l'avons fait très tôt, pour que nous
puissions d'abord mettre en route le système, rejoindre les chasseurs,
leur permettre d'en discuter et d'en parler. Je rendrai public prochainement le
détail de la réglementation concernant la chasse au gros gibier,
en particulier à l'orignal, dans les semaines qui viennent.
Nous avons décidé, dans un premier temps, de faire
disparaître le certificat du chasseur que vous avez probablement
dans votre porte-monnaie en carton, trois volets, dépliant, avec
des timbres que vous colliez au verso, suivant que vous achetiez un permis pour
le chevreuil, pour l'orignal ou pour le petit gibier. Il était valable
pour deux ans.
C'est vrai qu'il était gratuit, mais je pense que ça ne
valait pas grand-chose. Nous avons donc décidé de faire
disparaître ce certificat du chasseur, qui avait l'inconvénient,
d'abord, d'être en carton. S'il allait dans le havresac ou dans le fond
du canot, vous le retrouviez en morceaux. Nous avons fait appel à une
technique un peu plus moderne. Nous avons décidé d'émettre
un nouveau certificat du chasseur, qui est valable pour cinq ans, qui
coûte $3, donc, $0.60, moins d'un paquet de cigarettes par année
pour un chasseur, ce n'est pas beaucoup. Celui qui va le perdre va payer les
frais d'administration inhérents à son remplacement, soit $2,
mais il est bon pour cinq ans. Nous l'émettons, à l'heure
où je vous en parle, sans distinction, à tous ceux qui, il y a
deux ans ou un an, étaient les détenteurs d'un certificat de
chasseur.
Nous calculons que nous allons en émettre entre 450 000 et 500
000 et, d'après nos estimations, déjà, il y aurait 30 000
noms de déménagés ou de mauvaises adresses. A
ceux-là qui vont avoir l'occasion de nous lire ou de nous
écouter, je vous dis tout de suite: Ne téléphonez pas au
ministère. On va tenter de trouver un mécanisme pour rejoindre
ces gens-là avec des avis qui seront publiés pour être en
mesure d'émettre, le plus rapidement possible, les certificats. (17 h
15)
Vous allez noter qu'il a le format d'une carte de crédit; il est
en plastique. Au verso, il y a votre signature. Vous allez retrouver un
numéro, votre nom, votre prénom, votre numéro d'assurance
sociale, la date d'expiration et votre date de naissance. Je vous dis tout de
suite que nous avons retenu ce petit oiseau de la forêt, qui est un ami
du chasseur, ce petit gibier, contrairement à ce que vous semblez
croire, M. le député de Gaspé, ce n'est pas une
gélinotte...
M. Le Moignan: Ce n'est pas une poule, non.
M. Duhaime: Ce n'est pas une poule des bois. Ce n'est pas une
perdrix non plus. C'est un tétras des savanes. Il s'agit ici de la
femelle.
J'ai reçu mon certificat lundi dernier, le 2. Je pense que nous
avons émis les certificats par ordre alphabétique. Alors, si j'ai
reçu le mien au début du mois d'avril, on aurait donc
dépassé les "d", ce qui veut dire que M. Le Moignan a des chances
de le recevoir avant M. Picotte, mais c'est simplement les contraintes
alphabétiques.
M. Picotte: Mais dans mon cas, cela ne presse pas, M. le
ministre.
M. Duhaime: Une fois ces certificats émis, nous allons
pouvoir travailler de façon beaucoup plus rapide, réduire les
marges d'erreur dans l'écriture des noms, sauver également du
temps au niveau des postes d'émission à travers le Québec
et le détenteur du certificat de chasseur, il ne faut pas qu'il pense
qu'il s'agit là d'un permis, ce n'est pas un permis de chasse, c'est un
certificat de chasseur qui lui donne droit d'acheter des permis de chasse. Ce
certificat n'établit qu'une chose, c'est que le porteur ou, encore,
mieux, le détenteur a réussi avec succès son cours de
maniement d'armes à feu que nous donnons dans toutes les régions
du Québec, en collaboration avec la Fédération
québécoise de la faune, dans un système que nous appelons
Pesmef ; nous aurons l'occasion d'en reparler.
M. le député de Kamouraska-Témiscouata me signale
que dimanche prochain, il suivra son cours de maniement d'armes à feu.
Alors, je vous incite à faire la même chose.
M. Le Moignan: Vous êtes invité à...
M. Picotte: Cela me donne une preuve de plus que je n'ai pas
à aller en forêt dans son coin. Je n'irai plus dans ce coin.
M. Duhaime: Ce certificat de chasseur va nous permettre, bien
sûr, de travailler plus rapidement, plus efficacement et nous pourrons
également mettre en place, dès l'automne qui vient, ce que nous
avons appelé le regroupement des chasseurs pour la chasse à
l'orignal. Je ne voudrais pas aujourd'hui entrer dans les détails...
Une Voix: Quand?
M. Duhaime: L'automne qui vient. Déjà, nous l'avons
annoncé en conférence de presse; nous avons émis des
communiqués et je suis bien convaincu que lorsque nous en viendrons
aux
éléments du programme, nous pourrons approfondir cette
question, mais je vous dis d'ores et déjà que nous sommes
prêts.
Je vous signale également que nos collègues des autres
provinces sont un peu ébahis par la formule du certificat de chasseur et
on me signale à l'instant que l'Alberta et la Colombie-Britannique vont,
dans notre sillage, travailler sur cette formule de certificat de chasseur et
l'émettre un peu de la même façon en retenant, en tout cas,
le même principe et cela me fait plaisir de dire que les fonctionnaires
de mon ministère travaillent en collaboration à les aider.
Je vous signale également un élément important,
qui, lui aussi, est déjà en vigueur, qui est une grande
amélioration sur le plan de la sécurité et qui aura ses
effets. Cette année non pas cet automne pour toutes les
chasses, petit gibier ou gros gibier, le port du dossard est obligatoire et il
y a des degrés de fluorescence et de luminosité. Je vous avoue ne
pas me souvenir de tous ces détails de mémoire, mais c'est paru
dans l'arrêté en conseil que le gouvernement a adopté, et
je voudrais vous signaler tout de suite que nous ne créons pas un
précédent avec une mesure comme celle-là,
déjà une trentaine d'Etats américains l'ont adoptée
dans le passé et je pense qu'avec le Québec ce serait la
sixième province canadienne.
Je suis persuadé que, l'automne prochain en particulier, mais
durant toute l'année, nous allons épargner des vies avec le
dossard et nous allons éviter également des accidents avec
blessures. J'ai fait faire un exercice au service de la protection au
ministère, chez ceux qui s'occupent plus particulièrement de
sécurité, et c'est tout près d'une centaine d'accidents au
cours des dernières années qui ont été... Je pense
que l'étude a remonté jusqu'en 1973 précisément,
où il y avait un lien direct entre l'accident et le fait que le chasseur
blessé ne portait pas le dossard. Il va aller de soi, M. le
Président, que le chasseur qui va à la sauvagine ou encore qui va
tirer les corneilles ne sera pas obligé de porter le dossard, pour une
raison que tout le monde connaît.
Nous avons également, M. le Président, au cours de
l'année 1978, fait adopter la loi 71, qui a été
sanctionnée le 22 décembre 1978 et qui a pu passer
inaperçue jusqu'à un certain point dans la foulée des
derniers jours de la session, mais je dois dire en gros que la loi 71, qui
amendait la loi 58, qui elle-même datait de 1968, qui n'avait donc pas
été touchée depuis dix ans, permet maintenant de mieux
travailler. Avec cette loi, nous pouvons établir directement les zones
d'exploitation contrôlée, alors que, l'année
dernière, nous avons dû constituer en réserves de chasse et
de pêche ces territoires appelés zones d'exploitation
contrôlée. Nous allons également pouvoir créer des
réserves fauniques. Le ministre a davantage de latitude dans cette
nouvelle loi pour déléguer des pouvoirs aux gestionnaires,
c'est-à-dire aux associations agréées responsables des
zones d'exploitation contrôlée. Les pénalités dans
la loi sont maintenant beaucoup plus sévères, les amen- des sont
plus fortes et nous avons fait, pour la première fois, une distinction
entre les infractions mineures et majeures pour ce qui est de la suspension du
certificat du chasseur par une cour de justice pour une période de
quinze mois. La loi 71 permet également au ministre de fermer un
territoire à la chasse par une déclaration et par un
communiqué de presse de la même façon que mon
collègue le ministre des Terres et Forêts peut décider
à 11 h 30 de fermer les forêts d'un secteur précis et que
ce soit en vigueur au moment même où il le décide, alors
que l'ancienne loi obligeait le ministre de la Chasse à préparer
un arrêté en conseil, à le faire accepter au Conseil des
ministres et à le faire ensuite publier dans la Gazette officielle avant
qu'il n'entre en vigueur. C'est donc vous dire qu'à chaque occasion,
lorsque le ministre décidait de fermer un territoire à la chasse,
le jour où l'avis était publié dans la Gazette officielle,
la chasse était, de toute manière, terminée pour tout le
monde. Alors, nous avons un outil pour travailler maintenant et nous pourrons
l'utiliser, le cas échéant. Dans cette loi, nous avons
également établi des règlements spéciaux pour les
personnes handicapées et je vous avoue que cela me surprend un peu que
l'Opposition ne nous ait pas félicités pour cette mesure qui est
dans la loi.
M. Picotte: On parle seulement demain matin.
M. Duhaime: Je me réfère au débat que nous
avons eu lors de l'adoption de la loi 71.
M. Le Moignan: Je n'étais pas là, parce que je vous
aurais félicité.
M. Duhaime: Vous avez sûrement la meilleure excuse.
M. Chevrette: On vous donnera tout au moins l'absolution, M. le
ministre.
M. Duhaime: La loi étant ce qu'elle était, je dois
dire que c'est avec étonnement que je parcours parfois les chroniques de
presse, et je lisais récemment qu'un chroniqueur s'était
scandalisé de voir que, désormais, on ne pourrait plus chasser la
corneille en voiture. On m'a même qualifié de ministre des
corneilles, ce que j'ai trouvé très amusant. C'était le
genre de qualificatif que nous donnions à nos maîtres
d'école, à l'époque où nous étions entre les
mains des frères de l'Instruction chrétienne.
M. Le Moignan: Vous étiez cruel!
M. Picotte: Ce n'était pas catholique; n'est-ce pas M. le
curé?
M. Duhaime: Ce que la Loi de la conservation de la faune dit,
c'est qu'il est interdit, dans une voiture, d'avoir une arme à feu
chargée, le jour comme la nuit; c'est interdit. Une arme n'a pas le
droit d'être chargée, d'abord, et non chargée, elle
doit être dans un étui fermé, de sorte que nous
allons cesser d'avoir des procédures devant les cours de justice, avec
des jugements de tous bords et de tous côtés. Par exemple, il y a
des genres de mousquets qui n'entrent pas dans un coffre de Volkswagen; alors,
c'était une exception, nous l'avons donc clarifiée. Quand on
voyage en voiture, on voyage en voiture; quand on chasse, on chasse. Ce sont
deux activités, à mon sens, bien distinctes. Sauf que, si vous
êtes handicapé physique, il peut être assez difficile de
sortir de votre voiture, ouvrir le coffre, trouver vos cartouches ou vos
balles, armer votre arme; lorsque vous arrivez pour tirer, il y a de gros
risques que la corneille, l'ours, l'orignal soit parti.
Nous avons donc retenu une idée qu'un Etat américain a
lui-même adoptée et nous avons décidé de donner une
chance aux handicapés chez nous de devenir des chasseurs, de sorte qu'un
handicapé physique, sur attestation de son handicap par son
médecin, obtiendra du ministre un permis spécial qui lui
permettra de rester assis dans sa bagnole et de tirer sur le gibier qui sera
à ce moment-là permis, s'il est en saison; ça lui prendra
bien sûr son certificat de chasseur, son permis de chasse, mais il est
exempté de l'obligation de ne pas tirer, de ne pas tuer. Je demande aux
handicapés, par ailleurs, d'être très prudents.
M. Picotte: Est-ce qu'un handicapé "partiellement"...
J'entends, par exemple, un gars qui se serait fait casser les deux jambes.
M. Duhaime: Oui. C'est bien sûr que ceux qui sont
psychiatriques chroniques sont exclus de la rubrique handicapés
physiques pour la chasse. Vous allez le comprendre facilement.
Dans le domaine de la pourvoirie, M. le Président, nous avons, au
cours de l'année, rendu public un document qui s'intitule: Vers une
nouvelle politique de la pourvoirie. Je profite de l'occasion pour saluer le
secrétaire de l'Association des pourvoyeurs du Québec, M.
Séguin, qui est avec nous et qui suit nos discussions avec beaucoup
d'intérêt.
Ce document a fait l'objet d'une étude attentive de la part de
l'Association des pourvoyeurs du Québec et ces gens en ont
discuté en atelier, en plénière, lors de leur
congrès de Montréal. J'ai eu moi-même l'occasion de les
rencontrer et de discuter avec eux et nous avons fait le point. Nous avons
retenu cette idée qu'il nous fallait solidifier les bases de la
pourvoirie au Québec et le premier geste à poser était de
nous prononcer quant à la durée des baux. (17 h 30)
Nous allons donc, cette année, mettre fin au moratoire que nous
avions imposé l'année dernière, parce que, au cours de
l'année écoulée, nous n'avons émis aucun nouveau
bail comportant des droits exclusifs à aucune pourvoirie du
Québec.
Nous allons donc mettre fin à ce moratoire. Nous allons
renouveler, de façon à peu près automatique, tous les baux
de pourvoirie comportant des droits exclusifs pour une période de neuf
ans. Le mécanisme que nous retiendrons très probablement
permettra, une fois trois années écoulées sur cette
durée de neuf ans, de donner une option au pourvoyeur pour renouveler
pour un autre trois ans, de façon qu'il ait toujours derrière lui
un temps de six ans à courir, minimum. En arrière de lui, ou en
avant, cela dépend de quel côté vous regardez.
Deuxièmement, cela va entraîner que les pourvoyeurs
pourront trouver plus facilement des sources de financement d'institutions
financières, parce que leurs baux seront d'unedurée beaucoup plus
longue, donnant de ce fait une garantie additionnelle.
J'ai dit également à l'Association des pourvoyeurs que je
les reconnaissais comme des petites et moyennes entreprises au Québec,
comme étant en quelque sorte les aubergistes de nos forêts et
qu'ils étaient essentiels au rouage et à l'économie du
tourisme, aussi bien pour les Québécois que pour les
étrangers qui nous visitent chaque année.
Je pense que c'était la première fois qu'une telle
reconnaissance était accordée aux pourvoi-ries. Nous allons
continuer ce travail amorcé en franche collaboration avec elles et avec
leur exécutif nouvellement élu, aussi bien que les travaux que
nous avions abordés avec l'ancien exécutif.
Je voudrais peut-être vous dire quelques mots également au
sujet de la Loi des parcs, qui a été adoptée au cours de
l'année 1977, précisément le 11 novembre, que nous avons
commencé à mettre en oeuvre au cours de l'année.
Nous avons tenu des audiences déjà, sur une proposition
concernant le parc de la Gaspésie, une deuxième concernant le
parc du mont Orford; le 10 avril, nous annoncerons les dates d'audiences pour
le parc des Laurentides; et au cours de l'été, nous
entreprendrons la dernière manche pour ce qui est du parc de la Montagne
tremblante, puisqu'il faut l'appeler par son nom.
Je pense que nous avons été sages d'introduire dans cette
loi le mécanisme des audiences publiques, parce que nous avons eu
l'occasion de le mettre à l'épreuve à deux reprises,
jusqu'à maintenant. Et je n'arrive pas à comprendre comment
l'ancien gouvernement avait refusé d'inclure dans la Loi sur les
réserves écologiques, un tel mécanisme de consultations et
d'audiences publiques obligatoires.
Les audiences publiques, au sens de la loi 19, ne devraient porter que
sur la classification du parc, c'est-à-dire conservation ou
récréation et également, sur la limite proposée.
Nous avons fait beaucoup plus. Nous avons voulu, sans pour autant l'inclure
dans la loi, avoir une opinion ou une réaction, ou une
contreproprosition, ou des contrepropositions, de la part de la population, sur
le plan directeur, dans chaque cas. Nous avons donc inclus dans notre
publicité concernant chacun des parcs, la classification, la limite
proposée et le plan directeur. Et nous avons laissé porter les
audiences sur ces trois points.
En Gaspésie, nous avons reçu et entendu, en audiences
publiques, trente mémoires. A Sherbrooke, la semaine dernière,
vendredi et samedi derniers, en soirée et toute la journée, nous
avons entendu 42 mémoires sur le parc du mont Orford. Dans chacun de ces
quatre cas qui, comme vous le savez, sont régis actuellement par des
lois spéciales, la loi 19 nous oblige à les classifier d'ici le
11 novembre 1979. Une fois les audiences tenues, les gens au ministère
font l'analyse, à la loupe, de chacune des propositions et j'aurai
l'occasion, dans chacun des cas, d'acheminer ensuite une proposition finale
pour discussion au comité ministériel permanent de
l'aménagement, par la suite, au Conseil des ministres et de rendre
publique la décision finale du gouvernement dans chacun des quatre
cas.
I! va sans dire que nous tiendrons compte nous en tiendrons
compte énormément du poids des audiences publiques que
nous avons tenues.
Un mot bien bref au sujet de l'île d'Anticosti. L'année
dernière, nous avons organisé une nouvelle chasse à
Anticosti en ouvrant un nouveau territoire, baie de l'Ours. On peut dire que
cela a très bien fonctionné. Nos objectifs ont été
rencontrés. Nous aurions pu également accueillir les 225
chasseurs comme prévu, n'eût été dix jours de
mauvaise mer qui ont empêché tout le monde de voyager de part et
d'autre entre Havre-Saint-Pierre principalement et la baie de l'Ours. Nous
allons continuer, au cours de 1979, cette même chasse à la baie de
l'Ours. Nous allons possiblement porter de sept à neuf ou dix le nombre
d'emplacements à la baie de l'Ours et nous allons également
retenir une nouvelle formule dans deux endroits, à l'île
d'Anticosti, où nous ne fournirons pas les services de guides, les
services de cuisinières, de bonnes, de sorte que les chasseurs feront
leur lit, laveront leur vaisselle, feront leur popote, se guideront en
forêt eux-mêmes et nous pourrons avoir un tarif beaucoup plus
réduit pour au moins deux installations. Nous aurons l'occasion de
donner les précisions en temps utile sur cette question-là.
Pour ce qui est des rivières à saumon, j'ai
décidé de reporter ou de prolonger d'une autre année le
moratoire que nous avions imposé. En collaboration avec la
Fédération québécoise de la faune, le Conseil de la
faune, le Conseil du saumon, avec les quatre grandes associations sportives de
pêcheurs de saumon, avec même une association internationale, avec
mes gens également au ministère, nous avons terminé la
préparation complète de tout le dossier technique pour chacune
des 26 rivières à saumon qui sont encore, en tout ou en partie,
"clubées". Nous annoncerons, en cours d'année, une nouvelle
politique d'accessibilité, mais je veux poursuivre le dialogue que nous
avons amorcé et que nous intensifierons au cours de l'année. Ceci
n'empêchera pas pour autant des actions ponctuelles qui surviendront sur
certaines rivières au cours de l'année 1979, actions qui iront,
bien sûr, dans le sens d'une accessibilité au public pour ces
rivières.
Au sujet de la question amérindienne, nous avons participé
activement à la rencontre que je qualifierais d'historique entre toutes
les bandes indiennes du Québec et le premier ministre du Québec,
qui a eu lieu au cours de l'automne dernier. Cela semble vous étonner,
M. le député de Maskinongé?
M. Picotte: Non, cela ne m'étonne pas du tout.
M. Duhaime: Je voudrais simplement vous rappeler que la
dernière fois qu'un chef du gouvernement du Québec avait
rencontré les bandes indiennes, il nous faut remonter jusqu'à
Callières.
M. Le Moignan: Pourquoi pas Jacques Cartier?
M. Chevrette: Est-ce qu'il est sur la liste sur le mur?
M. Le Moignan: Pourquoi pas? M. Duhaime: Nous avons dit...
M. Picotte: Cela ne nous...
M. Duhaime: ... à plusieurs reprises notre grand
intérêt pour cette question. Je voudrais simplement
répéter ce que j'ai dit à Sept-lles, lors d'un
récent voyage, que dans toute la question des rivières à
saumon, les citoyens blancs du Québec doivent tenir compte de
l'existence et de la présence de populations amérindiennes sur
les territoires, en tenir compte dans le sens qu'il nous faut établir un
dialogue fructueux, essayer de voir comment nous pouvons avoir une cohabitation
plus heureuse. Je pense, entre autres, au secteur de la Restigouche,
Cascapédia, la Moisie, en particulier. C'est avec une grande ouverture
d'esprit que j'aborde ce dossier. J'ai eu l'occasion déjà de
rencontrer quelques bandes indiennes, entre autres les Atikamiks et les
Montagnais, lors d'un de leurs congrès de région. Nous avons
ouvert les pourparlers. Je suis armé de patience.
M. Le Moignan: Ils ont enterré...
M. Picotte: ... leurs haches de guerre.
M. Le Moignan: Ils ne l'ont même pas scalpé, le
chanceux!
M. Duhaime: Je ne suis armé que de patience! M.
Picotte: Ils lui en ont enlevé un peu!
M. Duhaime: J'ai bien l'intention de ne pas me ranger vers une
solution que je qualifierais de simpliste et qui consiste à dire: Nous,
les blancs, nous avons tous les droits sur les rivières à saumon
et nous allons mettre tout le monde au pas. Je pense que c'est
complètement ridicule d'aborder cette question de cette façon.
Vous allez me permettre, M. le Président, de déplorer le fait
que nous devons lire parfois des mots malheureux écrits trop
souvent dans des chroniques ou des commentaires dans nos journaux au
Québec.
Le Président (M. Jolivet): Terminé, M. le
ministre?
M. Duhaime: Non.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre! On continue.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais peut-être
vous signaier que notre pendule nous indique qu'il nous reste à peine
quatre ou cinq minutes. J'en ai terminé avec le premier bloc de la
faune. Je ne voudrais pas entamer le tourisme et être obligé
ensuite de vous demander d'ajourner nos travaux à 10 heures demain
matin. Peut-être que je pourrais réserver pour demain le bloc sur
le tourisme en vous disant tout de suite que j'en aurai pour à peu
près une vingtaine de minutes, et vous dire aussi que je parlerai
brièvement du bloc de l'administration pour à peu près
cinq minutes, mais, d'ores et déjà, je voudrais vous signaler
quelque chose.
M. Picotte: A tout risque, M. le ministre, on donne notre
consentement.
M. Duhaime: Je voudrais vous préciser que je n'ai pas de
consentement à vous demander, mais je vous remercie quand
même.
M. Picotte: Non, mais on pourrait continuer; la cloche n'a pas
sonné. On ne vous imposera pas ça.
M. Dumaine: Je continue en vous donnant sommairement quelques
données sur les chiffres que vous allez retrouver au livre des
crédits du ministère, à la page 22-1; c'est une
information pertinente pour les membres de la commission et qui l'est encore
davantage pour vos recherchistes. (17 h 45)
Dans la colonne indiquant 1979/80, vous allez lire, vis-à-vis de
"crédits à voter", $129 891 400 et, dans la colonne d'à
côté, sous la rubrique 1978/79, vous lisez $119 665 200, vous
laissant croire que le budget du ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche a augmenté de $10 millions.
M. Le Moignan: C'est vrai?
M. Duhaime: Cela est faux.
M. Le Moignan: Ah, je le savais!
M. Duhaime: Ce qu'il faut comprendre...
M. Picotte: On s'en doutait bien.
M. Le Moignan: On le savait...
M. Picotte: Cela n'avait pas de bon sens non plus.
M. Duhaime: Attendez que je vous donne l'explication
complète et vous sourirez avec moi.
Dans la colonne de droite, sous la rubrique 1978/79 de la page 22-1,
comme ça se fait d'ailleurs chaque année à l'étude
de tous les crédits je l'avais expliqué l'année
dernière le chiffre de $119 665 200 est un chiffre au 31
décembre 1978, budget de base de 1978/79, plus les crédits au
budget supplémentaire en cours d'année 1978. On se comprend bien?
De sorte que, si vous allez au livre des crédits pour l'année
financière 1978/79, à la page 20-1, sous la rubrique Tourisme,
Chasse et Pêche pour l'année 1978/79, notre budget de base, au
départ, l'année dernière, était de $110 294 200.
Cela est le budget que l'Assemblée nationale a voté. Si on y
ajoute le budget supplémentaire en cours de route, c'est ce qui
comptabilise, au 31 décembre, un budget voté de $119 millions.
Donc, il faut comparer les chevaux avec les chevaux et les carottes avec les
carottes. Je vous prierais donc de regarder la page 20-1; notre budget de base,
au départ, de l'année financière 1978/79, était de
$110 294 200, alors que nous partons cette année avec $129 891 400, ce
qui fait une augmentation de $19 millions.
M. Le Moignan: Oui, mais là, on... également.
M. Duhaime: Ce qui signifie qu'il y a tout lieu de penser qu'au
31 décembre 1979, nous aurons l'occasion de le vérifier lors de
l'étude des crédits l'an prochain, le montant de $129 891 000
sera très certainement haussé si on se fie à la
problématique des années dernières de sorte que c'est avec
beaucoup d'enthousiasme que je reçois vos félicitations et que
j'accueille vos sourires sur une augmentation aussi importante des
crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et je vous rappelle qu'au 31 décembre 1977, les
crédits votés étaient de $94 796 100.
C'est vous dire que le ministère du Tourisme n'est pas l'enfant
pauvre du gouvernement et je suis très heureux de remercier mes
collègues autour de la table, au Conseil des ministres, le ministre des
Finances en particulier...
M. Le Moignan: Mais pour les autres ministères, ce n'est
pas le 31 mars?
M. Duhaime: ... et vous dire que nous pourrons avec ces sommes,
au cours de l'année, continuer le travail entrepris.
Je vous demanderais, M. le Président, d'ajourner nos travaux
à demain dix heures pour entreprendre le bloc du tourisme.
Le Président (M. Jolivet): Adopté? M. Picotte:
Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Ce qui est fait. La commission
ajourne ses travaux à demain matin dix heures.
Fin de la séance à 17 h 49