(Neuf heures cinquante-neuf
minutes)
Le Président (M. Provençal)
: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux
ouverte. La commission est réunie afin de procéder à l'interpellation de la cheffe du
deuxième groupe d'opposition au ministre de la Santé et des Services sociaux
sur le sujet suivant : Les lacunes dans l'offre de services de soins de
santé et services sociaux pour les peuples autochtones du Québec.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Picard (Soulanges) est remplacée par M. Lemieux
(Saint-Jean); Mme Montpetit (Maurice-Richard), par M. Kelley
(Jacques-Cartier); M. Zanetti (Jean-Lesage), par Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques);
et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), par M. Ouellet
(René-Lévesque).
• (10 heures) •
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup. Je comprends qu'il y a une entente à l'effet que
l'opposition officielle interviendra lors de la deuxième, quatrième et sixième
série d'interventions, alors que le troisième groupe d'opposition interviendra lors de la cinquième série d'interventions.
Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition, vous avez la parole pour
10 minutes. À vous, madame.
Exposé du sujet
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Merci d'être là. En fait, je veux commencer par nous rappeler qu'est-ce qui nous rassemble ici
aujourd'hui. Le 8 octobre 2019, le gouvernement a fait une promesse
aux Premières Nations et aux Inuits qui partagent le territoire. Il s'est
engagé à leur donner accès, sans aucune discrimination, à tous les services
sociaux et de santé. Il s'est engagé à ce que les autochtones puissent jouir,
en toute égalité, du meilleur état possible de santé physique et mentale. Il
s'est engagé à prendre les mesures nécessaires pour assurer la pleine réalisation
de ce droit. C'est ça qui est écrit dans la déclaration des Nations unies pour
le droit des peuples autochtones, dont nous avons adopté les principes ici même
en octobre dernier.
On va se le dire, ça ne devrait pas prendre
l'ONU pour nous dire ça. Tout le monde devrait avoir le même accès aux soins de
santé, tout le monde devrait se sentir en sécurité dans nos hôpitaux et nos
cliniques. Le drapeau qui flotte au-dessus de chacune d'elles, qu'est-ce qu'il
veut dire? Bien, il veut dire : Ici, vous allez être traités avec dignité
et avec respect. C'est nos valeurs de base au Québec. Mais le décès de Joyce
Echaquan nous a ramenés sur terre. Les autochtones n'ont pas le même accès aux soins
de santé que les autres. Les autochtones vivent du racisme dans le réseau de la
santé, du racisme qui est systémique, parce qu'il est toléré par le système.
Le symbole de notre échec, c'est Joyce, mais pas
juste Joyce. C'est les gens de Natashquan, qui ne peuvent pas veiller leurs
proches en fin de vie selon les rites qu'ils ont toujours pratiqués, avec la
sauge, avec les tambours, avec la communauté présente. C'est la communauté de
Maliotenam, qui perd ses enfants quand la DPJ intervient, sans respect des
droits et de la culture innue. C'est Marie-Louise Niquay, de Manawan, forcée de
déménager à Joliette pour faire son hémodialyse, Marie-Louise, qui a dû choisir
entre sa santé, les soins et sa famille. C'est Levi Kumarluk, décédé d'un
poumon perforé 18 heures après son accident, parce qu'on ne voulait pas
lui accorder l'évacuation médicale dont il avait besoin. C'est la mère de
Nancy, à Salluit, qui est allée au dispensaire avec des vertiges, des malaises.
Elle souffrait, elle a dit qu'elle était malade. Au dispensaire, on ne l'a pas
crue. Ils l'ont retournée chez elle trois fois, ils l'ont retournée à la maison
trois fois, elle revenait. Malheureusement, la mère de Nancy n'était pas soûle,
elle avait attrapé le botulisme, et elle en est décédée. Ce sont les jeunes
enfants du Nunavik et Eeyou Istchee, qui doivent se rendre à Montréal ou à Québec
tout seuls pour une intervention d'urgence, faire des heures et des heures
d'avion, débarquer dans une ville où tu n'as jamais mis les pieds, qui ne
ressemble en rien à tout ce que tu as connu depuis que tu es né, te faire
soigner par des gens qui ne savent pas parler ta langue, tout ça sans tes
parents proches, sans quelqu'un pour t'accompagner.
Je me pose la question, M. le Président : Est-ce
qu'on accepterait ça si c'étaient nos enfants? Est-ce qu'on accepterait que nos
proches se fassent traiter de même sur leurs terres, qu'ils ont toujours
occupées? Est-ce qu'on accepterait cette discrimination qui ronge le système si
les discriminés, c'étaient nous? Non, je ne pense pas. Je ne pense pas qu'on
accepterait ça puis je ne pense pas que les Québécois et Québécoises
l'acceptent non plus, maintenant que Joyce nous a ouvert les yeux.
M. le Président, ça a pris le courage d'une
femme sur son lit de mort pour lever son cellulaire et pour montrer au Québec
ce que les gouvernements successifs savaient déjà depuis longtemps. Le racisme
que les autochtones vivent dans notre système de santé, l'accès inégal aux
soins, ça fait longtemps que les gouvernements sont au courant. On a eu la commission Viens, on a eu l'enquête sur les femmes
et les filles autochtones disparues et assassinées, on
a eu des centaines d'histoires comme celle-là, comme celle de Joyce. À chaque
fois, les politiciens s'en sortent, s'en lavent les mains, puis ils laissent
pourrir la situation, puis on attend la prochaine crise. Et, maintenant que la
situation les rattrape, ils nous disent que, cette fois-là, ça va changer. Je
suis désolée, M. le Président, mais les autochtones,
ils ont déjà vu neiger, là, ils étaient ici avant nous autres. Cette fois-ci,
ça va prendre plus que des paroles, plus que des paroles en l'air, ça va
prendre des résultats, des gestes concrets, des actions concrètes, des
résultats.
La semaine dernière, la communauté de Joyce a
pris l'initiative, car le Conseil des Attikamekw de Manawan et le Conseil de la
nation attikamekw ont proposé le Principe de Joyce. Le Principe de Joyce, c'est
garantir à tous les autochtones un accès équitable, sans discrimination aux
services sociaux et aux soins de santé; c'est de défendre leurs droits, leurs
droits à la santé physique, mentale, émotionnelle, spirituelle au lieu de le
bafouer, ce droit-là; de connaître et de respecter leur savoir traditionnel et
leurs pratiques en matière de santé. Même si ces gens-là sont en colère, ils
nous ont tendu la main. Quand le gouvernement a refusé le Principe de Joyce
cette semaine, qu'est-ce que vous pensez qu'ils ont compris? Eh bien, ils ont
compris qu'à la CAQ les mots «racisme systémique», ça dérange plus que le
racisme lui-même. Ce n'est pas comme ça qu'on bâtit la confiance, M. le
Président. Les autochtones vont nous faire confiance le jour où on va les
écouter.
Ce que les
autochtones nous disent, c'est que le problème, ce n'est pas les individus, ce
n'est pas les Québécois, c'est le système, c'est l'effet de 400 ans de
colonialisme et des traumatismes qui en découlent. Le ministre
a fait une annonce sur la formation
du personnel, l'argent qui a été mis à reconstruire le Centre d'amitié
autochtone de Joliette, c'est bien, mais le problème est beaucoup plus
profond que ça, et il le sait. On a un système à reconstruire, M. le Président.
Et, aujourd'hui, j'avais interpelé le capitaine
de ce système, de ce service, pardon, qui est le ministre de la Santé. Pourquoi?
Bien, parce que je voulais savoir ce qu'il allait faire, lui, comme capitaine
de la santé et des services sociaux, pour que les services deviennent
sécuritaires pour les autochtones. Je voulais savoir ce que le ministre de la
Santé allait faire pour les traiter en égaux, pas juste à Joliette, mais
partout au Québec. Mais le ministre de la Santé n'est pas là. Finalement,
sachez que je m'adresse au ministre responsable des Affaires autochtones, puis
je suis un peu déçue, mais ce n'est pas parce que je ne l'aime pas. Et il le
sait parce que je lui en avais parlé. Pour moi, si on veut discuter de nation à
nation, bien, il faut que, lorsqu'on parle des autochtones en santé, que le ministre
de la Santé s'en sente imputable. C'est lui, c'est de façon transversale dont
il faut aborder les choses et non pas comme un dossier parmi les autres.
J'avais honnêtement cru, j'ai espéré jusqu'à hier soir, que le gouvernement
avait saisi cette dimension-là, que M. Legault avait envoyé un message
clair à l'ensemble de ses ministres.
Alors, M. le
Président, ça fait deux ans que la CAQ est en poste. Ça fait un an que le
rapport de la commission Viens a été déposé. Ça fait cinq mois que le ministre
de la Santé est ministre de la Santé. Ça fait deux mois qu'on a un nouveau
ministre des Affaires autochtones. Bon, peut-être qu'ils ne sentent pas cette
urgence-là, mais les autochtones, eux, ils baignent là-dedans depuis des
générations. Alors, aujourd'hui, j'espère que nous aurons la chance... Parce
que, moi, ce que je vais faire, je vais pointer vers des trous, des lacunes du
filet qui nous ont été mis en lumière par les différentes commissions depuis
des années, et je vais amener des solutions, et c'est clair pour moi que ça
commence par la reconnaissance du Principe de Joyce et donc de l'existence
réelle du racisme systémique dans la société québécoise et particulièrement
dans le système de santé.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre
également pour une période de 10 minutes. À vous la parole.
Réponse du ministre
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, merci. Je veux saluer les gens qui m'accompagnent aujourd'hui,
d'abord, toute l'équipe qui est avec moi. Et, vous savez, j'ai déjà fait des
interpellations comme député mais jamais comme ministre. Et, quand les
ministres saluaient l'équipe, je me demandais pourquoi ils le faisaient avec tant d'insistance. Je vous confirme que c'est
beaucoup de travail pour l'équipe. Alors, merci beaucoup aux hommes et
aux femmes qui sont ici avec moi. Les députés de la banquette ministérielle,
député de Saint-Jean, députée de Roberval, députée d'Abitibi-Ouest, merci
beaucoup. Et, M. le Président, je prends la peine de le mentionner parce que
c'est un exercice qui est important aujourd'hui, exercice démocratique qui est
très important. Et, quand on veut faire de la transparence, ça demande de la
recherche, et je vous confirme que l'équipe a travaillé très fort jusqu'à cette
nuit. Alors, beau travail qui a été fait.
M. le Président, je vais me permettre aussi de
saluer les gens qui nous regardent à la maison et plus particulièrement deux
personnes aujourd'hui. Puis je suis sûr que mes collègues de l'opposition ne
m'en voudront pas. Premièrement, le grand chef de la nation attikamek, Constant
Awashish, qui m'a dit qu'il nous écouterait, qu'il était très intéressé par nos
débats. Alors, encore une fois, une belle occasion que vous nous donnez de
parler des relations avec les autochtones, c'est tellement important. Et la
deuxième personne que je veux saluer, bien, écoutez, je pense que c'est notre
doyenne, qui nous écoute aujourd'hui, c'est ma grand-mère, qui va avoir 102 ans
dans quelques semaines. Alors... Et, je vous dis, elle est très critique, et je
ne veux pas la décevoir, elle déteste quand on se chicane entre nous et elle
déteste quand on dit que c'est la faute des autres. Alors, grand-maman, je vais
m'assurer de ne pas te décevoir aujourd'hui.
M. le Président,
premièrement, je voudrais répondre à l'interrogation à savoir la présence du
ministre de la Santé aujourd'hui. Et, effectivement, ma collègue m'en avait
parlé il y a... je pense, c'est voilà une semaine, son intention.
Et, vous savez, je pense, je ne vais surprendre personne aujourd'hui en vous
disant qu'il y a une grande pandémie. Et mon collègue ministre de la Santé est
présentement très occupé à combattre cette pandémie.
Mais je veux vous
rassurer, je veux rassurer, parce que, depuis le début de mon arrivée en
mandat, oui... à ce mandat-là, le premier ministre a passé un message clair à
l'ensemble des ministres, qu'on devait travailler ensemble. Et, M. le
Président, lorsque j'ai été nommé, le premier geste que j'ai fait, c'est
d'envoyer un message à l'ensemble des députés de cette Chambre en disant :
On doit travailler ensemble. Les efforts autochtones, ce n'est pas le travail d'une personne, c'est délicat, c'est important.
Alors, j'ai envoyé ce message-là d'ouverture puis je vous confirme, M. le Président, que mes collègues ministres
ont répondu à l'appel, ont répondu présent.
Et, dans le cas
particulier du ministre de la Santé, on a travaillé très fort ensemble, et la
preuve, c'est que la première annonce qu'on a faite, premier geste concret...
Parce que ma collègue a raison, les gens des Premières Nations nous le
disent : On a entendu parler beaucoup, il y a beaucoup de choses qui ont
été dites, il y a beaucoup de rencontres qui ont été faites, mais nous, on veut
de l'action. Montrez-nous des gestes concrets.
Et le premier geste
concret qu'on a posé, c'est avec le ministre de la Santé. Et c'est une première
annonce qu'on a faite. Parce que, lorsque la collègue me demandait : Est-ce
qu'on tolère ça, est-ce qu'on tolérerait ça si ça arrivait à un de nos proches,
à un de nos enfants?, puis la réponse, c'est non. C'est non, et la preuve,
c'est qu'on agit.
Et
ça ne sera pas réglé rapidement, ma collègue a fait référence à 400 ans d'histoire. Il
n'y a pas de magie là-dedans, là, je ne réglerai pas ça du jour au
lendemain, ça va demander beaucoup de travail. Et, M. le Président, je veux
vous rassurer, je veux rassurer les gens qui
nous écoutent, on est dans l'action, présentement. Mais ça va prendre du temps, ça va
prendre de la patience, il va y avoir des moments plus difficiles. Et c'est l'engagement
que j'ai obtenu de la part des chefs et des grands chefs des différentes
nations, des différentes communautés. Je leur disais : Écoutez, on va
avancer. On va être dans l'action. Ça ne sera peut-être pas à 100 % dans
l'objectif que vous voulez ou de la façon que
vous vouliez, mais vous savez, on est très ouverts à la critique. Puis je pense
qu'aujourd'hui c'est ce qu'on va recevoir, on va recevoir
de l'information qui va nous permettre d'être encore plus exacts dans nos
gestes, dans nos façons de travailler avec les Premières Nations.
Je veux aussi vous
dire que, depuis mon arrivée en poste, j'ai préparé un plan qui s'appelle J'ai
espoir. Et moi, M. le Président, je crois qu'ici on doit avoir espoir qu'on va
faire mieux, qu'on va y arriver ensemble en corrigeant notre système. Puis, la collègue
a raison, oui, il y a des individus sur lesquels on doit travailler, mais un système
aussi qu'on doit améliorer.
Et on l'a déjà
annoncé dans notre première annonce en matière de santé, qu'on devait avoir de
la formation. Et, vous savez, je vais vous donner un geste très important que
le ministre de la Santé a posé à ce moment-là. Il aurait pu dire qu'on va
former, dans le fond, les infirmières, les préposés aux bénéficiaires, les
docteurs, donc le personnel soignant. Non. Sa décision a été une décision
courageuse, de dire : On va former tout le monde dans le système hospitalier.
La personne qui fait l'entretien, le préposé aux bénéficiaires, la personne à
la réception, tout le monde va être formé. Alors, c'est la première grande
décision qu'il a prise. La deuxième, ça a été de dire : On ne fera pas ça
juste à Joliette. Oui, on commence à quelque part, mais c'est l'ensemble du système
de la santé, l'ensemble du système de la santé qui va avoir cette formation-là.
Parce que, oui, M. le Président, il faut être proactif. On ne peut pas
réparer... faire du cas par cas, il faut vraiment être proactif, et c'est ce
qu'il veut faire.
Alors, moi, je veux
rassurer ma collègue de l'opposition en lui disant : On a un ministre de
la Santé qui prend ça très au sérieux et qui est dans l'action. Puis, aujourd'hui,
oui, je vais parler en tant que ministre responsable des Affaires autochtones, mais je parle au nom de mon
gouvernement, parce qu'on travaille ensemble dans ces dossiers-là, et,
dans chacune des annonces, il y a d'autres ministres qui étaient avec moi, et,
à preuve, on va en avoir une plus tard aujourd'hui, et je vais avoir une
collègue ministre qui va être avec moi pour cette annonce-là. Ça vous démontre
à quel point, M. le Président, c'est vraiment un travail d'équipe, et j'ai
tendu la main dans le passé, je la tends encore aujourd'hui, en disant :
On doit travailler ensemble.
Collègues des
oppositions, vous avez des suggestions, des commentaires à nous faire, on est
vraiment là pour travailler ensemble. Ce sujet-là est trop important pour en
faire de la partisanerie. Et je veux vous rassurer, M. le Président, jusqu'à
présent, nos travaux sont faits de cette façon-là et les collègues de
l'opposition ont vraiment tout fait pour aider, pour faire avancer la cause
j'en suis très, très, très heureux. Bravo!
Depuis
mon arrivée, ça a vraiment été une relation d'ouverture avec les communautés,
établir des contacts, et, malgré le
fait qu'on est en période de pandémie, vous allez comprendre que de faire des
relations pour la première fois, de contacter des gens par téléphone,
c'est plus difficile qu'en personne, mais c'est la réalité qu'on vit avec la
pandémie.
Aujourd'hui, j'espère
avoir l'occasion de parler de ce qui va bien dans le système, parce qu'il y a
des belles choses. Il y a des belles réussites, mais je veux vous dire aussi,
M. le Président, que, malgré tout ça, on sait qu'il y a des lacunes, on sait qu'il y a du travail à faire et, la preuve, on
s'est donné un plan de 200 millions, un plan, j'ai espoir, qu'on va
mettre en branle dans les prochaines semaines. J'avais promis une annonce par
semaine et c'est ce qu'on fait, c'est ce qu'on livre. Pourquoi c'est si
important? Parce qu'encore une fois les membres de Premières Nations nous
disent : Assez parlé. On a raconté, à plusieurs reprises, ce qu'on avait
vécu. Agissez, faites quelque chose.
Le
plan va être en trois phases, M. le
Président. La première phase, c'est maintenant.
Il y a une urgence d'agir, de démontrer qu'on est capable de faire des
changements. Et, vous savez, les communautés... les allochtones nous font la
même demande, hein? Tout le monde veut, au Québec, que ça bouge. Les éléments
tragiques de Joyce Echaquan ont été un électrochoc. Ils nous ont demandé de
bouger, de réagir. C'est ce qu'on fait.
La deuxième phase
sera l'année prochaine, et là on aura plus de temps pour le travailler, et
j'espère le travailler, même, avec les groupes d'opposition, parce que je crois
vraiment que c'est ensemble qu'on va y arriver.
Et la troisième
phase, M. le Président, c'est la page blanche. C'est cette phase que je me
garde avec les Premières Nations pour dire : Voyons, voyons, peut-être,
des points qu'on n'aurait pas vus, nous, dans notre planification. Développons ensemble cette troisième phase, laissons-nous la
chance, dans le fond, de réajuster le tir et de corriger des lacunes qu'on
n'aurait peut-être pas vues.
Alors, M. le
Président, ce que je vous dis depuis tout à l'heure, c'est qu'on est très
ouverts : très ouverts à la critique,
très ouverts à corriger nos plans aussi. Et, d'ailleurs, quand on a fait la
première annonce pour la sécurisation culturelle, on a dit : Voici
où on veut aller. Cependant, dans l'application, on a de l'ouverture et, à
preuve, lorsque mardi, j'ai reçu le Principe de Joyce... la semaine passée,
mardi passé, je l'ai reçu, une semaine plus tard, j'ai donné suite à mon
engagement, j'ai fait une sortie médiatique, ici, en disant qu'on saluait le
travail.
C'est un travail qui
est colossal, c'est un travail qui va nous aider avec le ministre de la Santé
pour voir comment, justement, ajuster notre principe de sécurisation
culturelle. Et on est d'accord avec le principe. Cependant, il y a un mot qui
nous divise, il y a une expression qui nous divise, et c'est le racisme systémique.
Et ça, depuis le jour 1, ça a été très clair avec les différentes nations,
M. le Président.
Alors, je comprends,
les gens pourraient déçus, mais ils ne peuvent pas être surpris. Et il y a une
expression anglaise que je ne peux pas traduire, qui dit : «We agree to
disagree». Et sur ce terme, c'est comme ça que je me suis adressé à des membres
de la nation attikamek en disant : Écoutez, on est d'accord avec ce qu'il
y a dans le principe. C'est vraiment intéressant. Et le fait qu'il y a eu des
consultations, pour nous, c'est une grande richesse pour nous aider à améliorer
ce qu'on veut faire en sécurisation culturelle. Cependant, il y a une chose qui
est très claire pour nous depuis plusieurs semaines : chaque fois que le
terme de racisme systémique fait surface, ça divise les gens, et, même, ça fait
monter de l'intolérance. Il y a des commentaires vraiment qui sont in-à-propos
qui sont dits. Et là on s'est dit : On va combattre le racisme. Ça ne nous
empêche pas de le faire.
Et, M. le Président,
malgré notre désaccord sur le terme racisme systémique, ça ne m'a jamais
empêché de travailler avec une nation. Ça ne m'a jamais empêché de travailler
avec un groupe, un leader, parce que ce qu'on veut
faire, au final, c'est combattre le racisme. Et ça, c'est notre ferme intention.
Puis, M. le Président, on va continuer de le faire. On va continuer de
le faire parce que c'est important pour nous.
En terminant mon
introduction, je voulais vous dire que, dans notre plan, depuis mon arrivée, on
a parlé de trois axes. Et j'espère être
capable de vous en parler aujourd'hui, parce que nos relations vont s'améliorer
en développant l'amélioration
culturelle, le développement culturel, le développement économique et, oui, le
développement touristique, parce que, M. le Président, dans les
prochaines années, j'ai l'impression que les Québécois vont vouloir voyager
beaucoup plus au Québec. On veut développer une offre touristique autochtone,
parce que je crois fermement, M. le Président,
que, de cette façon-là on va se rapprocher et on va travailler sur ce qui est
si important pour moi, c'est-à-dire le vivre-ensemble. On a à se
connaître, on a à se respecter. Puis, au final, ce qu'on veut, c'est bien vivre
ensemble. Alors, M. le Président, je vous remercie.
Argumentation
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre. Nous allons maintenant débuter la
période d'échange. Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition, vous
avez la parole pour un maximum de cinq minutes. À vous.
• (10 h 20) •
Mme Massé :
Merci. Bon, je reste assise. Désolée, j'ai appris qu'on faisait ça assis. Mais,
moi, c'est rare, je suis toujours debout, d'habitude, hein?
En fait, le premier
thème que je vais aborder, c'est la question de la sécurisation culturelle et
la responsabilité populationnelle. J'imagine qu'avec vous il y a des gens aussi
du ministère de la Santé. Ils vont savoir très bien de quoi je parle. Alors,
c'est sûr que ce qui est frappant lorsqu'on est en lien avec les gens des
Premières Nations, c'est qu'ils ont peur d'aller dans le système de santé ou
dans le système des services sociaux, d'ailleurs, parce que l'expérience qu'ils
ont vécue, depuis des décennies, depuis des siècles, est une expérience
négative.
Alors, peur de faire
face aux préjugés et de ne pas être pris au sérieux, de ne pas recevoir le bon
diagnostic, le bon traitement, peur de ne plus revoir son enfant, peur...
jusqu'à la peur de mourir. C'est des peurs qui habitent les gens des Premières
Nations et qui fait que, bien, ils se tiennent plus à l'extérieur qu'à
l'intérieur du système de santé. Alors, la sécurisation culturelle, dans les
faits, ce n'est pas que juste reconnaître, entendre et reconnaître qu'ils ont
peur, c'est d'agir en fonction de ça.
Alors, moi, je pense
qu'il y a un appel à l'action dans le rapport Viens, qui est l'appel 74,
qui donne une indication au ministre de la Santé de comment il pourrait
rassurer les gens des Premières Nations, et je le lis, c'est : «Modifier
la loi sur [la] santé et les services sociaux et la Loi sur les services de
santé et les services sociaux pour les autochtones cris pour y enchâsser la notion de sécurisation
culturelle...» Et, dans ce sens, faire ce travail-là en collaboration avec les Premières Nations. C'est-à-dire que, si on reconnaît qu'effectivement le principe de sécurisation culturelle est fondamental, bien, il
faut que cette loi soit... que la loi sur la santé et les services sociaux
enchâsse le principe même.
Des définitions, il y
en a, hein, il y en a, il n'y a pas... les autochtones en ont définies, il y a...
au niveau de l'éducation, au niveau de la santé, je veux dire, c'est défini,
là, ça fait que je ne vais pas prendre le temps ici pour le définir. Ce que je
vous dis, c'est qu'il faut l'enchâsser.
M. le Président, mon
cinq minutes, je le prends en entier, c'est ça?
Le Président
(M. Provençal)
: Oui.
Mme Massé :
Bien. Alors, je lance ça comme piste. Il y a un trou dans le filet, sécurité...
sécurisation culturelle, sécurité des autochtones, je nommerais. Une des façons
d'obliger l'État à répondre à ce trou dans le filet, c'est d'enchâsser, dans la
loi sur... la LSSSS, comme on dit, ce principe de sécurisation culturelle.
Et je me dis : tant
qu'à faire, tant qu'à aller jouer dans cette loi-là, bien, ça pourrait être intéressant,
et ça aussi, ça enverrait un sacré bon message, que le ministère de la Santé et
des Services sociaux oblige ses institutions à divulguer les informations
qu'elles ont concernant les enfants disparus. Je pense notamment aux
Attikameks, qui nous ont fait de grandes représentations pour nous
expliquer — mais
je sais qu'ils ne sont pas les seuls — nous expliquer qu'il y a
quelque chose qui ne marche dans le système de santé et de services sociaux,
puisqu'ils n'arrivent pas à savoir ce qu'il s'est passé avec leurs enfants qui
leur étaient enlevés et qui se retrouvaient à quelque part dans le système de
santé et services sociaux. Alors, je pense que, tant qu'à jouer dans la loi,
bien, ça vaudrait la peine aussi d'inscrire ce qu'on a failli faire dans un autre
cadre de loi par le passé. La prédécesseure du ministre actuel des Affaires
autochtones avait signifié son intérêt de refaire un projet de loi autonome, ce
que nous demandaient les Premières Nations. Je pense que, si on inscrivait, en
travaillant avec eux autres, dans la loi sur la santé et les services sociaux,
cet appel à la transparence des institutions, je pense qu'il y aurait là
quelque chose d'intérêt.
Je vais juste terminer, parce que cinq minutes,
c'est très court, sur la question de la responsabilité populationnelle. C'est
simple, ça fait partie de la loi sur la santé et les services sociaux. Je pense
que, dans les faits, d'adopter le Principe de Joyce serait une façon de venir
inscrire la reconnaissance que nous avons au Québec que la santé de nos gens, peu
importe leurs origines, elle est inscrite par la responsabilité populationnelle
qu'a le ministère de la Santé et des Services sociaux. Et une façon de le
faire, c'est, bien sûr, de reconnaître aussi le Principe de Joyce et ce
principe-là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, M. le Président, nos échanges sont déjà très riches. Et
j'ai pris en note trois points importants que ma collègue a soulignés.
Je vais commencer par la sécurisation
culturelle. Et j'ai bien aimé lorsqu'elle a mentionné que plusieurs ont des
définitions différentes. Et je vais vous avouer, moi, bien honnêtement, quand
je suis arrivé dans le dossier, j'ai demandé ce que ça voulait dire effectivement,
parce qu'il y a plusieurs façons de le voir. Et moi, je vais vous donner deux
pistes de réponse, une réponse que j'ai trouvée très simple mais qui m'a marqué
énormément, et c'est le grand chef Constant Awashish qui, un jour, m'a
dit : Tu sais, Ian, il y a une jeune fille de 10 ans qui est venue me
voir qui m'a dit qu'elle s'inquiétait pour son avenir. Mais moi, M. le
Président, je vais vous avouer que j'ai deux grandes filles de 11 ans,
12 ans, et jamais mes enfants ne m'ont dit s'inquiéter pour leur avenir.
Et ce que cette jeune fille là venait de lui dire, c'est que, dans le fond,
avec tout ce qu'elle avait entendu avec l'histoire tragique de Joyce Echaquan,
pour elle, elle craignait le type de soins qu'elle aurait. Et pour moi, M. le
Président, quand on entend quelque chose comme ça, je pense qu'on n'a plus
besoin de définition par la suite pour la sécurisation culturelle, on comprend
ce qu'ils vivent, on comprend bien.
Et c'est tellement important pour nous que
l'annonce n° 1 qu'on a faite, c'est vraiment la
sécurisation culturelle, et c'est-à-dire de façon concrète. Et je comprends
très bien quand on parle de l'enchâsser dans la loi, c'est à l'étude
présentement. Oui, c'est important, c'est à l'étude.
Cependant, quand on parle de geste concret pour
les Premières Nations, ils ont des atteintes beaucoup plus terrain. Et la
première façon qu'on a trouvée, c'est d'avoir des navigateurs, M. le Président.
Ça, c'est un terme qui peut avoir l'air bizarre. Juste vous rassurer, ce sont
des humains, ce n'est pas un principe de tablette, là, ce sont des navigateurs,
des humains qui vont accueillir les membres des Premières Nations dans le
système de santé. Parce que, vous savez, des fois, ça peut être assez
impersonnel comme édifice, c'est quand même assez grand, alors où on va,
problème de langue parfois, problème de reconnaissance. Alors, nos navigateurs
vont être là pour accueillir les membres des Premières Nations, pour les
rassurer et s'assurer, en plus de ça, qu'ils vont avoir les bons soins, donc de
les diriger. Ça, c'est la première des choses.
Deuxième des choses, on parle d'agents de
liaison. Donc, c'est de faire en sorte que l'information du terrain remonte
jusqu'au niveau décisionnel, parce que, ma collègue l'a bien dit tout à l'heure,
il faut regarder notre système, comment améliorer le système. Alors, ça, ça a
été la première étape, première partie importante qu'on a annoncée. Et ça, ça a
commencé avec Joliette et ce sera fait dans tous les centres. Et, je l'ai dit tout
à l'heure, on parle d'une formation qui va être étendue à tous les centres.
Alors, ça, moi, je trouve ça rassurant. Ça, c'était pour la sécurisation
culturelle, M. le Président.
Quand on
parle de projets de loi, et ma collègue a mentionné... on se rappellera
le projet de loi n° 31, et j'y étais, je pense qu'on y était
ensemble aussi, c'était sur un autre sujet. Et il y avait eu tentative, justement,
de corriger cette lacune du passé pour donner réponse à des parents qui ont des
questions tellement importantes. Et c'était un dossier déchirant. Je n'aime pas
dire le terme «dossier», parce que ce sont des hommes, des femmes, des
familles, qui ont vécu des moments horribles. Et, M. le Président, lors du
retrait de cette partie du projet de loi n° 31, il y
a un engagement qui avait pris par ma prédécesseure d'aller jusqu'à la fin des
choses, de revenir avec une offre bonifiée. Et,
aujourd'hui, devant mes collègues de l'opposition, je prends
le même engagement en vous disant : Ça s'en vient, ça
s'en vient. C'est extrêmement important. On a compris le message, cependant, de le faire différemment, parce que, justement, on
travaille ensemble puis on grandit dans tout ça. Alors, oui, il y aura quelque
chose de différent qui sera présenté.
Et, encore une fois, je tends la main à mes
collègues de l'opposition. Travaillons ensemble pour le livrer, parce qu'il y a
des attentes. Et, M. le Président, on parle de 1984. Il y a beaucoup d'attentes
des parents qui ont des attentes envers nous. Et je parle des derniers cas, M.
le Président. Ma collègue de l'opposition me fait signe que ça remonte aux
années 70 aussi, mais les derniers cas, c'est 1984, et je vous dis que ça
remonte à... on pourrait même dire Matusalem, comme disait ma grand-mère.
Alors,
on a du travail à faire là-dessus, mais je pense, M. le Président, qu'on va
devoir le faire sans partisanerie. On va devoir travailler ensemble,
oppositions et gouvernement. Parce qu'encore là c'est un bel exemple qu'on doit
livrer. Il y a des attentes, les gens des Premières Nations qui nous écoutent
ont formulé des attentes. Ma collègue a bien fait de le mentionner tout à
l'heure, entre autres, il y a la nation attikamek, mais il y en a bien d'autres
qui ont des attentes envers nous de livrer cette information-là.
Alors, ce que
je viens de vous dire, M. le Président, c'est qu'on sait qu'il y a du travail à
faire. On sait qu'il y a du travail à
faire. On sait que ce n'est pas terminé. Mais moi, je veux vous rassurer en
vous disant qu'au gouvernement on est une
équipe complète, dont plusieurs ministres, et, dans ce cas-là, le ministre de
la Santé et Services sociaux. On travaille ensemble pourquoi? Parce que c'est un enjeu qui est prioritaire, qui est
majeur, puis on va y arriver ensemble. Je n'y arriverai pas tout seul,
M. le Président. Mais je peux vous garantir aujourd'hui, en voyant mes
collègues de l'opposition, j'ai un très bon feeling qu'on va arriver à le faire
ensemble pour le bien des familles qui ont de grandes attentes envers nous.
Merci.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à la députée Roberval.
Mme Guillemette :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Tout d'abord, je voudrais remercier M. le ministre, qui me permet ce matin, encore
une fois, d'être ici et de discuter avec vous d'un sujet qui est... qui me
tient à coeur, qui est très important. Et j'aimerais remercier les équipes qui
l'accompagnent, parce qu'on a rarement l'occasion d'avoir deux cabinets avec
nous. Donc, on a le cabinet des Affaires autochtones et le cabinet de la Santé.
Donc, c'est... Merci d'être ici. Une salutation particulière à la collègue
cheffe du deuxième groupe d'opposition, qui nous permet, encore une fois, de
discuter d'enjeux très importants pour les deux nations, pour nos deux nations,
et aux collègues également, député de Saint-Jean, députée d'Abitibi-Ouest, le
collègue de Jacques-Cartier. Donc, ce sera une belle expérience encore ce
matin.
Vous savez, j'ai une prédilection pour la santé
mentale, mais je vous en parlerai dans un deuxième temps. Dans un premier
temps, je vais vous parler du plan de lutte à l'itinérance. Bien que
régulièrement on ait l'occasion de parler de plein de sujets, on a rarement
l'occasion de l'aborder dans le sens de la spécificité des services offerts aux
autochtones. Et je crois que c'est une belle opportunité qu'on a ce matin.
Vous savez, M. le Président, ma circonscription
inclut la communauté de Mashteuiatsh avec laquelle j'ai, depuis de nombreuses
années, l'occasion de travailler sur certains dossiers, notamment en santé.
J'en profite également ce matin pour saluer le chef Cliff Moar et toute
l'équipe des membres du conseil de bande. Donc, je suis très au fait des
dossiers et des enjeux autochtones, des peuples autochtones, autant en santé et
en services sociaux qu'en développements territoriaux ou en développement
économique. J'ai aussi eu l'opportunité d'accompagner le Dr Philippe Gosselin,
dentiste, et ce, pendant 15 ans, à raison d'une semaine par mois, dans la
communauté d'Obedjiwan, pour dispenser des
soins dentaires. Donc, les enjeux, j'ai pu les constater de visu sur le
terrain, directement sur le terrain. Nous habitions dans la réserve. Donc,
ça a été vraiment, pendant 15 ans, une belle expérience.
Et si on se reporte, il y a 30 ans, donc,
j'ai vu une évolution, de 30 ans à venir aujourd'hui, aux services qui
sont offerts, autant en communauté que chez nous à Roberval. Notre population,
statistiquement, est composée de 10 % d'autochtones. Donc, on a quand même
une certaine expertise à travailler avec les peuples autochtones dans notre
service de santé.
Donc, la commission Viens a mis de l'avant
différents appels à l'action en lien avec l'enjeu d'itinérance chez les peuples
autochtones, dont l'appel à l'action 47, qui suggère de mettre en place un
programme d'accompagnement à la justice et à l'intervention communautaire pour
les personnes vulnérables en situation d'itinérance ou à risque de le devenir,
l'appel à l'action 99, qui est de soutenir financièrement et de façon
pérenne les services offerts en milieu urbain aux clientèles itinérantes, et
aussi l'appel à l'action 100, qui est de soutenir financièrement la
création d'un centre d'hébergement exclusivement réservé à la clientèle
itinérante inuite de Montréal.
Donc, un soutien financier pour la mise en place
des services de santé a également été mentionné dans la politique de lutte
contre l'itinérance et dans le Plan d'action interministériel en
itinérance 2015‑2020 où il y a des particularités pour les peuples
autochtones, et les Premières Nations, et les Inuits. Donc, par ailleurs, en
automne 2019, le ministère Santé et Services sociaux a initié
l'élaboration du prochain plan d'action ministériel en itinérance, qui s'appuiera sur les orientations politiques nationales du
plan d'action 2015‑2020, et c'est dans ce cadre, notamment, que le
Projet résilience, à Montréal, est actuellement à l'étude.
En outre, récemment, l'Assemblée nationale a
adopté, comme le mentionnait la collègue tout à l'heure, le projet de loi n° 32,
dont les mesures visent à mieux adapter le système judiciaire aux clientèles
vulnérables, à favoriser le recours
aux nouvelles technologies de l'information et à optimiser la justice pénale.
La loi met en place les dispositions nécessaires pour poursuivre
l'adoption du système... l'adaptation du système de justice aux clientèles
présentant des situations sociales
particulières, comme les personnes vivant des problématiques de santé mentale
ou de toxicomanie.
Le plus beau dans tout cela, c'est que nous ne
comptons pas nous arrêter là. Nous allons continuer à travailler fort dans ce
dossier, et ce, en collaboration et en partenariat avec les Premières Nations.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de l'opposition
officielle, le député de Jacques-Cartier. À vous.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Je veux commencer avec une citation de Carol Dubé : «Le
28 septembre 2020, ma femme, la mère de mes enfants, nous a été arrachée
dans des circonstances inhumaines dont nous avons tous été témoins. La mort
de Joyce a été une terrible tragédie pour nos enfants et moi. Je souhaite que
les gouvernements du Québec et du Canada adoptent le Principe de Joyce
afin que ce terrible événement ne soit pas survenu en vain, que sa voix sonne
le début de réels changements pour tous les autochtones afin que plus jamais
personne ne soit victime de racisme systémique.» Ça, c'est la citation
au début du Principe de Joyce.
Et, oui, je veux parler de racisme systémique, parce
qu'on peut blâmer la Loi sur les Indiens et le niveau fédéral, mais, nous, comme
une société, à faire des choix comme une province. Et, juste pour notre
histoire, on peut regarder sur le plafond, la peinture ici. On a des hommes
blancs qui arrivent, et l'autochtone sur ses genoux. C'est partie de notre
histoire, malheureusement. Mais on a aussi pris des décisions, comme un gouvernement,
comme un État, d'avoir un ministère responsable pour la Colonisation et
Occupation des régions. Les régions étaient déjà occupées. Par les autochtones.
Si on veut comprendre pourquoi, à Joliette... Et
avec Manawan, il y a des frictions, des fois, des fois, qui sont basées par les
décisions prises par les institutions du Québec, c'est parce qu'on a formé une
occupation des régions où les Attikameks étaient déjà là, et il y a une longue
histoire, et la communauté de Manawan connaît leur histoire très bien, et,
quand même, l'État du Québec connaît ça très, très bien. Parce que, si on
regarde dans le rapport de la commission Viens, on a un bon exemple où la
décision, M. le Président, d'un gouvernement du Québec a forcé des Attikameks
de changer leurs habitudes et à punir des gens qui à faire la chasse de
l'orignal, qui était partie de leurs traditions, mais aussi la façon qu'ils
nourrissent leurs familles.
Et c'est bien écrit dans une histoire, ici, de
Marcel Pitikwe, de Wemotaci... alors, je vais prendre une autre communauté
attikamek... qui a eu des gardes-chasses qui... est venu dans sa maison, à
saisir toute la nourriture, toute la chasse qui a été faite pour sa famille
pour l'hiver. Ils ont mis lui en prison. Alors, ils ont enlevé le père d'une
famille. Mis en prison, enlevé toute la viande, l'orignal qui... orignaux qu'il
a chassés pendant la saison de chasse, puis la famille était maintenant obligée
de trouver des autres moyens de survivre tout un hiver. Ça, c'est juste une
histoire dans le rapport de la commission Viens, mais c'était multiplié partout
au Québec, puis on peut répéter cette histoire aussi partout au Canada, quand
même, dans l'Amérique du Nord, en général.
Ce ministère-là a éventuellement été séparé dans
les Ressources naturelles, et tout ça, mais, à la base, c'était une institution
créée par le gouvernement du Québec, qui a eu une intention de changer
l'habitude des peuples autochtones, qui a eu les habitudes de mettre les
autochtones dans les coins, les parties, les terres qui étaient moins
intéressantes, moins de ressources naturelles, moins de priorités pour le
gouvernement d'exploiter. Et ça, c'est juste... c'est une réalité. Ça, c'est
une décision et des décisions du gouvernement du Québec.
Mais je reviens au Principe de Joyce, parce
qu'on n'a pas beaucoup de temps, et il y a plusieurs solutions qui sont dedans.
Mais une que je trouve que c'est intéressant, c'est dans la commission... des
appels à l'action de la commission Viens, c'est ce mécanisme de suivi. Et je
trouve l'idée d'un ombudsman bien... fort intéressante pour les peuples
autochtones. Si c'est dans le système et des services sociaux, ou quelque chose
plus global, je pense qu'il y a une bonne idée là. C'est quelque chose qui
n'existe pas dans les autres provinces. Si on faire ça, on va être à l'avance
des autres provinces, avec une idée qui vient de la communauté, oui, des Attikameks,
mais, je pense, il y a plusieursautres nations l'idée bien
intéressante.
Alors, moi, je veux entendre le ministre
peut-être expliquer un petit plus, parce que dans son point de presse mardi, il
a dit : Oui, on est ouverts à cette idée-là, on trouve ça intéressant,
j'ai eu des discussions avec le ministre de la Santé, mais le ministre de la
Santé n'est pas ici pour nous de le questionner, lui. Alors, je veux juste
entendre le ministre des Affaires autochtones élaborer un petit peu c'est quoi,
les discussions qu'il a eues avec le ministre, mais aussi avec des nations
autochtones.
• (10 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je vais maintenant
recéder la parole à M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup pour les points de mon collègue de Jacques-Cartier
et prendre la balle au bond dans ce qu'il a mentionné. Il est revenu sur
l'histoire, sur notre histoire récente et beaucoup moins récente aussi et je
l'ai déjà dit : Vous savez, M. le Président, on ne pourra pas corriger
près de 400 ans d'histoire par magie, comme ça. Ça va prendre beaucoup de
temps, d'énergie. Puis c'est le même engagement que j'ai pris, en passant, avec les chefs et les
grands chefs, en disant : Écoutez, on doit travailler ensemble, mais il y a beaucoup
de travail à faire.
Principe de Joyce, je veux revenir là-dessus, parce
que c'est très important et je me rappelle très bien de la déclaration de
M. Dubé, le conjoint de Joyce Echaquan. C'est un message qui m'avait beaucoup
marqué. Et, vous savez, on ne peut pas donner une explication à un décès comme
ça puis on ne peut pas dire que son décès est en vain, parce que c'est une
perte qui est terrible pour la famille, pour les enfants. Cependant,
rappelez-vous que, depuis ce jour-là, ça a vraiment été un électrochoc au Québec
et, à chaque semaine, il y a une action qui a été mise en place.
Pourquoi? Parce que, je pense, ça a été un
réveil collectif et je dois vous dire, M. le Président, quand j'ai vu les
images et que j'ai réagi, il y a de mes collègues, de mes amis des Premières
Nations qui m'ont contacté, en disant : Tu es choqué parce que tu le vois,
mais nous, ça fait longtemps qu'on le vit. On l'a dit, mais là, vous l'avez en
plein visage puis vous réagissez.
M. le Président, je
vais vous dire que oui, ça a été un réveil brutal pour plusieurs Québécois et
c'est pour ça qu'on est dans l'action depuis ce jour-là. Qu'est-ce qu'on a
fait, et mon collègue me demandait pour... mon collègue ministre de la Santé.
Depuis ce jour-là, on sait que le premier ministre a rencontré la nation
attikamek et on s'est engagés dans une rencontre hebdomadaire. Donc, à chaque
semaine, il y avait des rencontres avec les dirigeants de la nation attikamek pour faire un suivi. Je pense
qu'on ne peut pas aller avec un suivi plus proche que ça. Ça a commencé avec le premier ministre,
et, par la suite, mon collègue ministre de la Santé était présent avec moi dans
nos rencontres hebdomadaires.
Et, d'ailleurs, pas
plus tard que ce matin, j'étais avec le grand chef et les chefs de la nation
attikamek en rencontre pour faire notre suivi. C'est ce qu'on a établi
ensemble : à chaque semaine, on se rencontre, on fait le suivi des
différents dossiers. Et, bien entendu, en toute transparence pour le collègue,
mes amis de la nation attikamek m'ont ramené, ce matin, le fait que le Principe
de Joyce était très important pour eux, très, très important pour eux. Et, sans
aucune surprise, je leur ai dit que depuis le jour un j'ai toujours été
transparent avec eux et qu'il y a une chose sur laquelle on ne s'entendait pas,
c'était le terme de «racisme systémique».
Cependant, quand on
me demande ce qu'on va faire avec le Principe de Joyce, qui est si important,
et des informations qui sont très pertinentes pour nous qu'on va mettre en
oeuvre... Et, quand on parle d'ombudsman, nous, on le regarde, on trouve ça
fort intéressant aussi, mais je vais pousser la réflexion avec mon collègue.
Quand j'ai rencontré les membres des Premières Nations, on a eu beaucoup de
discussions sur des systèmes. On peut penser aux CAVAC, par exemple, d'autres grands systèmes comme ça, et les gens
me disaient souvent : C'est loin de nous. On n'a pas le réflexe d'aller vers des grands systèmes
comme ça, nous, on a un réflexe de proximité, on veut faire confiance à quelqu'un
yeux dans les yeux. Je ne vous dis pas qu'on est contre. Ce que je vous dis,
c'est que c'est fort intéressant, mais on a quand même décidé, sur le terrain,
d'avoir ce que je disais plus tôt, des navigateurs, des agents de liaison.
Et on peut continuer,
on a d'autres possibilités qu'on regarde : d'inclure les communautés sur
les comités d'usagers pour vraiment avoir une relation directe puis de
partager, vous savez, les... Ce que je fais, présentement, de façon
hebdomadaire avec la nation attikamek, on aimerait que ça se fasse dans le réseau
de la santé avec des institutions comme un hôpital, comme un centre de soins.
Alors, ça, on le regarde aussi. Un processus de plainte interne qui serait
facile et qui serait plus proche des Premières Nations, c'est ce qu'on regarde
aussi.
Alors, oui, collègue,
la notion d'ombudsman est fort intéressante, mais ce n'est pas la seule chose qu'il
y a à faire là-dedans, et c'est pour ça que, lorsque je suis sorti mardi en
point de presse, ce que j'ai dit, c'est que le Principe de Joyce, on l'appréciait beaucoup. Comme je l'ai dit
plus tôt, avec des consultations, avec du travail qui était vraiment
réfléchi, ça nous aide. Il y a un seul point sur lequel on n'est pas en accord,
mais je vous confirme, M. le Président, que ça ne nous empêchera pas de
combattre le racisme, on va continuer comme ça.
L'autre point qu'il
est important pour moi à mentionner au collègue... Tantôt, je disais qu'on
travaillait en équipe. Je peux vous dire
que, dès le début de mon arrivée, on a créé un caucus autochtone au sein même
du gouvernement. Pourquoi? Parce que j'ai besoin de cette information-là
qui vient des différentes communautés. Alors, tous mes collègues députés et ministres qui ont une communauté autochtone sur leur
territoire, on se réunit une fois par semaine pour avoir l'information
du terrain, parce que je veux prendre des décisions rapides, je veux prendre
des décisions qui sont basées sur des faits qui arrivent du terrain. Et c'est
pour ça que j'ai tendu la main, à plusieurs reprises, à mes collègues de l'opposition,
pour qu'on travaille bien ensemble pour avoir cette information-là et réagir en
temps réel. Parce que, je l'ai dit plus tôt, je vous le redis encore une fois, tout
le monde a soif d'action, les gens veulent qu'on agisse. On a parlé beaucoup,
mais on doit être dans l'action, et c'est ce qu'on fait, M. le Président.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je vais maintenant
céder la parole à la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Merci, M. le Président. Avant toute chose, M. le
Président, j'aimerais saluer les gens de la communauté de Pikogan. «Kwe»... (S'exprime
dans une langue autochtone).
En tant que députée
de la circonscription d'Abitibi-Ouest, je considère qu'il est primordial de
souligner la présence et l'apport de la nation abitibiwinnik à la vie
économique culturelle de notre coin de pays.
Depuis le tout début
de mon engagement politique, j'ai toujours considéré les gens de cette
communauté comme des partenaires, des gens pour qui j'ai un profond respect et
une amitié sincère, un peuple avec l'histoire à la fois riche et tragique, mais qui porte sur le monde le regard empreint
de la résilience de ceux qui ont survécu à de dures épreuves. C'est,
d'ailleurs, parce que ces liens d'amitié me sont chers que le sujet
d'aujourd'hui me tient à coeur.
L'accès aux soins de
la santé des populations autochtones, les difficultés auxquelles ces
communautés font face, j'y ai été témoin lorsque j'étais infirmière auxiliaire
à l'Hôpital Hôtel-Dieu d'Amos, à quelques kilomètres de la communauté de
Pikogan.
M. le Président,
j'aimerais prendre un moment pour nous transporter il y a 40 ans et vous
inviter à inverser les rôles. Imaginons que ce soient nous qui devons consulter
un médecin issu d'une communauté et d'une culture qui n'est pas la nôtre, qui
ne parle pas la même langue, qui n'a pas les mêmes coutumes. Avant même le
diagnostic, le niveau d'anxiété monte déjà d'un cran.
Si
vous permettez, j'aimerais partager avec vous un des plus beaux moments de ma
carrière en soins hospitaliers. Une
dame âgée avait été admise lorsqu'elle a été retrouvée au bord du chemin du
secteur de Matagami, soit deux heures au nord d'Amos. Elle n'avait pas
de pièce d'identité, elle ne savait pas sa date de naissance et elle avait de
sérieux problèmes de mobilisation, incapable
de communiquer avec nous, car elle parlait d'anciens dialectes et ne
connaissait pas le français. Imaginez l'angoisse que vivait cette dame, M. le
Président. Bien qu'une interprète était présente sur notre territoire, deux de
mes collègues et moi-même avons suivi une formation pour apprendre les rudiments
de sa langue. Nous l'avons fait parce que nous avions eu l'intime conviction
que cela nous permettrait de mieux la soigner et de lui offrir un peu de réconfort. Les mots ont des effets
thérapeutiques, j'en suis convaincue. Pour elle, j'étais devenue sa... (s'exprime
dans une langue autochtone), celle qui donne des soins. Un matin que je
m'occupais d'elle, elle a pris ma main et a déposé un bisou en signe de
gratitude. Jamais je n'oublierai ce moment et cette marque de confiance.
Si je vous parle de tout ça, M. le Président,
c'est pour vous montrer que c'est par l'ouverture aux langues et aux cultures autochtones
du Québec que passera l'amélioration des soins offerts à ces communautés. Pour
cela, il faut s'assurer que l'ensemble des cohortes
d'étudiants en médecine soit formé sur la réalité autochtone et inuite du Québec.
De cette façon, ils développeront les compétences nécessaires
à ce domaine social, médical bien précis. Cependant, pour assurer la
réussite de cette approche, il faut favoriser la présence du personnel autochtone
dans le milieu de la santé. C'est pourquoi, chaque année, un nombre de places
est réservé pour l'admission des étudiants autochtones, inuits au doctorat
médecine à travers le Québec.
M. le Président, j'ai confiance qu'avec les actions prises par notre gouvernement et avec l'implication nouvelle du
député de Vachon à titre de ministre responsable des Affaires autochtones nous débuterons une ère de réconciliation,
d'amitié, de respect mutuel avec les autochtones et les Inuits du Québec.
«Meegwetch», merci, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je cède maintenant la
parole à la cheffe du deuxième groupe d'opposition. À vous la parole, madame.
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Dans ce deuxième bloc... C'est parce que j'entendais la collègue
parler des langues, il y a des appels à l'action de la commission Viens qui
sont très spécifiques sur la question des langues, tant au niveau des banques
de traducteurs, traductrices, ce qui est fondamental, qu'aussi ne serait-ce que
d'envoyer un signal que, dans le système de santé et d'hébergement, les autochtones
peuvent utiliser leur langue maternelle. Je ne me souviens plus du numéro, là,
c'est ça que je cherchais avant d'être surprise, mais j'ai confiance que votre
équipe va mettre le doigt dessus facilement.
Dans ce
deuxième cinq minutes, en fait, je voulais parler d'une vérité de La Palice, c'est-à-dire les 12 travaux d'Astérix pour avoir... quand tu es autochtone,
avoir accès aux soins de santé. C'est une complexité de système. Ça dépend où
tu habites. T'es-tu conventionné? Pas conventionné? T'habites en milieu urbain
ou sur ta communauté? Est-ce que ta communauté est considérée comme isolée, pas
isolée? Elle est-tu proche d'un grand centre? Bref, casse-tête terrible. D'ailleurs,
si j'avais eu plus de temps, je vous aurais lu un petit extrait du rapport de
la Commission de la santé et des services
sociaux des Premières Nations du Québec Labrador, parce que ça fait vraiment, quand j'ai lu ça, là,
12 travaux d'Astérix. Ça a des référents pour nous. Et, dans ce sens-là,
bien, je pense que vous voyez, d'entrée de jeu, d'une façon impressionniste, ce
avec quoi je vais aborder, c'est la question des compétences.
Je pense qu'une des solutions pour mettre fin à
cette... Je ne vous parlerai pas d'indépendance du Québec. Moi, j'y crois. Je sais que vous n'êtes pas là,
mais il faut absolument que le gouvernement
du Québec assume sa pleine responsabilité en matière de responsabilité populationnelle. Et ça, c'est pleinement de nos compétences.
C'est sûr que ça va vouloir dire qu'il y a des appels à
l'action. Là, je pense autour des 80, 82, 83, qui dit qu'il faut que le gouvernement
du Québec initie ces négociations-là avec le gouvernement fédéral et les gouvernements autochtones, justement, pour être en mesure de signer des
ententes tripartites qui vont, disons, guider le phare pour faire en sorte que
les 12 travaux d'Astérix deviennent un peu moins compliqués, puisque le Québec
a la responsabilité populationnelle dans sa loi sur les santés et les services
sociaux.
Je veux identifier un autre problème, c'est la question
du financement par projet pilote. Et là, on l'a vu par le passé, il
y a des projets, comme, par exemple, la Clinique Minowé dans, je pense, votre circonscription ou juste à
côté. Je pense aussi au programme Wigobisan à Lac-Simon, je pense à la
clinique, justement, nouvellement financée. Bien, je sais que vous avez financé
le béton, mais je ne sais pas qu'est-ce qu'il va avoir comme services dans la
clinique. J'attends toujours des nouvelles de ça. Bref, ce soit... aussi, le
centre d'amitié autochtone Mamuk à Québec.
Bref, il y a quelque chose de particulier de
l'ensemble de ces projets-là, c'est qu'ils sont issus d'autochtones hors communauté souvent, sauf Lac-Simon, dans ce
que j'ai nommé, qui ont des initiatives locales qui sont le fruit et
qui... d'initiatives locales qui, malheureusement, n'ont pas un financement...
que le financement pérein... pérenne, pérenne, pardon, n'est pas assuré, alors
donc, financement par projet.
Et vous voyez, voilà une autre raison pour
laquelle, lorsqu'on reconnaît le racisme systémique, M. le ministre... c'est qu'on est capable de poser des
gestes qu'on sait que le gouvernement d'après ne va pas défaire
puisqu'on agit dans le système et non pas comme des initiatives fort
intéressantes comme les navigateurs, les agents de liaison. Ce n'est pas
mauvais en soi, sauf que ça ne change pas profondément la loi. Donc, après ça,
bien, facile de mettre la hache là-dedans puis changer ça. Bref, c'est ça.
Donc, la question du financement est
fondamentale. Pourquoi? Bien, parce que, justement, parce que les compétences
sont en jeu, justement, parce qu'il y a eu du racisme systémique depuis des
décennies, voire des siècles, ça fait en sorte que la reconnaissance du rôle et
de la capacité des Premières Nations de gérer leurs services de santé ou leurs initiatives
de santé dans leurs approches à eux, bien, fait en sorte qu'il faut qu'il y ait
des ententes pour que l'argent soit au rendez-vous. On ne peut pas voir des
pinottes quand ça va mal puis, après ça, se retrouver à quêter l'argent au gouvernement.
Donc, les solutions sont sur la table.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Lafrenière : Merci, M.
le Président. Merci, collègues de
l'opposition. Encore une fois, ça nous permet d'avoir de bonnes
discussions. Et j'ai bien aimé quand on a parlé des soins de santé et de voir
de quelle façon aussi on peut s'assurer d'un
financement qui est pérein. Donc, à chaque année, les gens ne se demandent
pas : Est-ce que ça va revenir? Est-ce
que je suis dans une insécurité? Notre plan
d'action prévoit un financement sur
cinq ans. Quand on dépose notre plan d'action, notre plan d'action du
200 millions, tout ce qu'on annonce jusqu'à présent, c'est sur un horizon
de cinq ans.
Et je dois vous dire
aussi, M. le Président, que les actions qu'on annonce dans les dernières
semaines, dans les prochaines semaines aussi, c'est inspiré d'un plan d'action gouvernemental
pour le développement social et culturel des Premières
Nations et des Inuits. Et ça, je dois saluer le précédent gouvernement, qui
avait commencé le travail en cette matière. Ça fait que vous voyez qu'on
réussit à bien s'entendre, puis ma grand-mère va être fière, je ne mets pas ça
sur le dos des autres, on est capable de bien travailler ensemble. Et c'est
quelque chose qui avait débuté sous l'ancien gouvernement, puis on a repris ses
actions, puis on les met de l'avant.
Tout à l'heure, on
parlait de sécurisation culturelle aussi et difficultés des langues, j'en suis.
Et, quand on parlait de navigateurs, un des points importants des navigateurs,
c'est d'être capable d'accueillir les gens dans leur langue. Et c'est pour ça
qu'on n'est pas arrivé avec une mesure que j'appellerais du mur-à-mur, en
disant : Voici comment on va
fonctionner. Puis ce serait simple, en passant, M. le Président, hein, de
dire : Voyez, on va embaucher tant de fonctionnaires mur-à-mur,
voici ce qu'on va faire. Ce n'est pas ce qui est préconisé du tout. C'est vraiment
une approche qui va être régionale. Alors, pour exemple, quand on parlait du
centre hospitalier de Joliette, bien, avec la nation attikamek, on va le
développer ensemble et s'assurer que nos navigateurs ont une connaissance de
cette réalité-là. Et on va le développer ensemble, même pour la formation. La
formation, il y a un tronc commun, mais ça va être ajusté avec chacune des
communautés, parce qu'on ne veut pas tomber dans du mur-à-mur, on veut vraiment
s'ajuster. Alors, ça, c'était la première des choses que je voulais dire.
Tout à l'heure, ma collègue
m'a fait sourire aussi, quand elle parlait d'indépendance. Je n'embarquerai pas
longtemps sur ce sujet-là. Mais, étant donné qu'elle a ouvert la porte, je
pense qu'elle va bien comprendre notre point aussi, quand on parlait de
déclaration des Nations unies, on est en accord avec le principe. Encore là, on
trouve ça fort intéressant. La raison pour laquelle nous, comme sept autres collègues
de sept autres provinces, on réagit, c'est qu'on se le fait imposer, et là
c'est une attaque directe en notre pouvoir de gouvernance ici. Il y a plusieurs
provinces qui lèvent la main en disant : On est tous d'accord avec le
principe, qui est fort intéressant. Puis je reviens avec le Principe de Joyce,
c'est la même chose, on est d'accord.
Alors, ne jetons pas
tout ça, on est d'accord avec la majorité. Il y a des points sur lesquels on ne
s'entend pas. Alors, je suis persuadé que ma collègue tient à ce que le Québec
reste fort dans tout ça et fasse respecter ses droits, et c'est pour ça qu'on
est en accord avec le principe. C'est dans l'application, dans la façon que ça
a été fait, du fédéral, qu'on réagit en disant : Il faut le faire correctement,
il faut bien l'attacher, parce qu'au final, quand ça va s'appliquer sur le
terrain, bien, il faut que ça soit bien fait. Alors, ça, c'est un autre
exemple, M. le Président.
Depuis tout à
l'heure, on parle beaucoup de santé, je m'en voudrais de ne pas mentionner des
choses qui... ce que j'appelle des bons coups, parce qu'il y a des choses qui
se passent bien, qui se font bien. Puis c'est normal, dans les médias, on va
parler plus de l'avion qui s'écrase que celle qui atterrit, mais laissez-moi
vous parler de quelques avions qui ont atterri correctement récemment.
Pourquoi? Parce que, vous savez, les employés dans le monde de la santé, dans
le milieu de la santé, font un très bon travail. Il y en a certains qui font un
moins bon travail, puis, dans ce temps-là, on le corrige, mais je vais vous
donner un exemple avec Manawan.
Manawan, il y a de
cela une semaine et demie, le chef Ottawa me contacte, il me dit deux choses.
Un, au niveau de la santé mentale, il sent que sa communauté est vraiment
vulnérable. Deux, il dit : Mes gens qui donnent des soins sont épuisés, on
n'y arrive pas. Ça, je l'appelle un jeudi. Je contacte mes deux collègues — parce
que j'ai dit, tout à l'heure, qu'entre ministres on travaille bien ensemble
dans ce dossier-là — donc,
mes deux collègues à la Santé, et, le lendemain, on confirme au chef Ottawa
qu'il va avoir de l'aide. Non seulement il a eu de l'aide, il y a eu des
équipes qui ont remplacé les équipes médicales sur le terrain pendant le
week-end, mais il y a une équipe du CIUSSS aussi qui a été déployée pour aider
en matière de santé mentale.
Et je parlais la
semaine dernière avec le chef Ottawa, il me disait : Tu sais, Ian, ça n'a
pas été facile au début, parce que les gens
de la santé, quand ils ont appris qu'ils s'en venaient chez nous, il y en a qui
avaient des craintes. Vous savez,
plus tôt, je vous parlais d'apprendre à se connaître, du vivre-ensemble, bien,
le monde de la santé, les gens avaient des
craintes, en disant : Comment on va être reçus sur place? Puis il
dit : Ian, je suis heureux de te dire aujourd'hui que non seulement ils ont été bien reçus, puis ils ont
très bien mangé pendant le week-end avec nous, on les a bien acceptés, ça a bien été, mais, pour lui, c'était un petit
pas de gagné avec les gens du milieu de la santé. Parce que, quand ils
retournent dans leur centre hospitalier, ils vont raconter comment ils ont été
bien reçus et comment ça s'est bien passé.
Puis moi, je vais
tabler là-dessus, M. le Président. Parce que, oui, on peut corriger ce qui ne
va pas bien, mais on peut rappeler qu'il y a des choses qui se font très, très
bien, il y a un beau travail. Puis je veux saluer les gens du milieu de la
santé, qui font un travail remarquable. Puis, quand ce n'est pas bien fait, on
va le corriger, M. le Président, on n'a pas peur de ça. Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Je cède
maintenant la parole au député de Saint-Jean.
• (11 heures) •
M. Lemieux :
Merci beaucoup, M. le Président, et je vous promets de ne pas faire comme la
dernière fois et m'adresser directement à mes collègues, que je salue, d'ailleurs,
mais de passer par vous.
Nous arrivons ici
avec ce que nous sommes et ce que nous avons été. Petit détour pour vous dire
que j'ai eu la chance d'aller travailler comme journaliste en territoire autochtone
à peu près partout, dans le moyen Nord du Québec, mais dans l'ouest aussi, où
j'ai passé 10 ans, et dans le Nord, le Nord dans l'Ouest. Et je voulais
qu'on fasse, pas une parenthèse, mais je voulais qu'on regarde ce dont on parle
aujourd'hui, les soins de santé et de services sociaux pour les autochtones et
les Premières Nations dans le Grand Nord. Le contexte ici aussi est important,
il fait foi de tout. C'est une marotte de ma part de toujours parler du
contexte, mais je commence en disant, pour faire court, qu'il faut arrêter de
regarder le nord avec nos yeux et surtout nos lunettes fumées du Sud.
Donc, le nord, le
Grand Nord, l'Arctique, déjà, si je parle de Nunavik, Nunavut, on vient de
perdre la moitié du monde qui ne savent pas lequel est lequel, en partant. Wikipedia,
c'est facile, on l'a sur nos téléphones, nos tablettes.
Quelques mots vite fait : «Durant la guerre froide, le monde commence à
s'intéresser à l'Arctique, [bla, bla, bla].
«Ce n'est qu'à partir des
années 1960 que le gouvernement du Québec commence à jouer [son] rôle sur
cette portion de son territoire acquise 50 ans plus tôt. Dans l'élan de la
Révolution tranquille, Québec reprendra progressivement le contrôle», bla, bla,
bla... Bref, si on s'intéresse au sujet, il faut voir le contexte, être plus
large, et savoir de quoi et de qui on parle.
Il y a aussi, quand je parlais du contexte, ce
que l'actualité nous dit et nous fait penser. L'actualité, si je me reporte à
mes bonnes années, à mes belles années, il y a à peu près 20 ans dans les
médias, avant que les drogues dures fassent leurs ravages dans le nord, c'était
la colle et l'essence. Les plus jeunes ne sauront pas de quoi je parle, mais
souvenez-vous, vous allez tout de suite voir des images. Je me souviens des
reportages de mes collègues de l'époque qui nous scandalisaient littéralement,
en nous montrant des images des groupes de jeunes autochtones qui
s'intoxiquaient en respirant des vapeurs d'essence. Il y en a, avant, plusieurs
années avant, que c'était de la colle.
Plus
récemment, les vagues de suicides... et là encore, les images de ce que les
journalistes qui sont allés là-bas, parce
que c'est loin... Alors, on y va avec
nos yeux du Sud, on arrive dans le nord et tout nous surprend, tout nous
dérange, tout nous frappe. Bref, les vagues de suicides, jusqu'à en parler
presque de suicides à la chaîne, faisaient aussi les manchettes récemment.
Parlons-en, parce que c'est au coeur du sujet
dont on parle, parce que c'est encore, malgré que ce soit encore un peu tabou, c'est toujours un énorme problème,
particulièrement chez les jeunes. Et j'essayerais presque de dire que ceux qui y survivent doivent composer avec des
problèmes de violence systématique, mais ça, c'est une autre histoire.
Donc, en consultant le rapport de gestion 2019‑2020
déposé cet été par le RRSSSN... Oui, je sais, c'est des acronymes qui se
compliquent, plus on... Mais appelons-le, pour les intimes, le RR triple S N,
en réalité, c'est la Régie régionale de la santé et des services sociaux du
Nunavik. Ceux qui n'avait pas compris, le Nunavut, c'est dans l'ouest, le Nunavik, c'est au Québec. Bon, si on
regarde ce rapport-là, il est fabuleusement intéressant. Et je vais
faire vite sans trop le citer parce que ce que j'en retiens, c'est qu'on a
trouvé les moyens... D'ailleurs, il y a du financement, là, il y a
75 millions qui ont été débloqués pour les prochaines années, à partir
desquelles on va pouvoir financer ce dont je vais vous parler. On a demandé aux
Inuits de créer, imaginer, travailler un programme de prévention du suicide par
et pour eux. Et ça fait toute la différence.
Il y a donc maintenant une stratégie régionale
en prévention du suicide. Il y a maintenant des solutions, des façons d'essayer d'intervenir qui leur
appartiennent. Le ministère de la Santé et des Services sociaux, pour parler
d'argent... parce que c'est dramatique quand nous, on en parle, ou, quand on en
parle dans le Sud, on pense en termes d'argent, combien ça coûte, puis, en
réalité, il faut penser en termes de vie et de suicide. Le ministère de la
Santé, donc, a donné au RRSSSN 118 millions pour 2020. Ça constitue une
partie de son budget, parce qu'il y a aussi du fédéral là-dedans. Et, au final, ce qu'il faut savoir, c'est
qu'il y a maintenant une stratégie qui est financée. À partir du
1er octobre dernier, on pouvait déjà embaucher du monde pour essayer de
faire ce qu'ils ont constaté qu'il fallait faire, qu'ils avaient besoin de
faire, et dans une grande marge aussi, le faire eux-mêmes, par eux, pour eux.
En ce qui me concerne, c'est une énorme partie de la solution. Et, quand on ne
met pas nos lunettes fumées du Sud et qu'on regarde la réalité terrain dans
l'Arctique, ça change tout.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de
l'opposition officielle, le député de Jacques-Cartier. À vous.
M. Kelley :
Merci, M. le Président. Le 25 novembre, nous avons souligné la Journée
nationale de commémoration des actions contre la violence faite aux
femmes. Je pense, c'est important juste de rappeler qu'on a eu le rapport... bien, l'enquête nationale sur les filles
autochtones disparues et assassinées, mais c'est toujours important juste de
rappeler les faits que les femmes autochtones sont 3,5 fois plus...
excusez-moi, 3,5 fois plus susceptibles des actes de violence conjugale.
Une femme autochtone est 12 fois plus... 12 fois plus susceptible
d'être assassinée, quand on regarde les chiffres envers les peuples non autochtones.
Alors, c'est des chiffres qui sont vraiment tristes, mais c'est une réalité.
But I did
want to just take the point that, this week, there was a report that was
released by The Native Women's Association of Canada just to highlight that the
215 indigenous women that they follow on this question have said that, during COVID and during the measures put in place to confine people, at least in
these cases it's 251 they followed... results that they are experiencing more
violence at home. It's extremely important to remember that.
C'est la même chose pour toute la société des
femmes qui sont victimes de violence. La COVID a vraiment mis eux autres dans
la situation où ils sont plus vulnérables puis à risque, mais la réalité est
plus pire aussi pour les femmes autochtones du Québec, mais aussi du Canada.
Alors, pourquoi je fais ça? Je porte le ruban
blanc cette semaine, comme mes collègues, mais je veux juste poser la question
au ministre, peut-être, de nous juste donner une mise à jour sur les actions
que le gouvernement a pris dans les derniers
deux ans sur... pour mieux protéger ces femmes-là, mais aussi quelles
initiatives est-ce que le ministre des Services sociaux a prises pour
aussi aider les femmes autochtones. Parce qu'on peut regarder... oui, des gens habitent sur réserves ou sur leurs territoires,
mais aussi, je pense à des femmes qui, peut-être, résident en ville,
comme à Montréal. Il y a des femmes qui sont
à risque là aussi. Alors, c'est un enjeu important, je pense, pour toute notre
société.
Puis je veux encore
juste revenir un petit peu à une suggestion. Parce que, de faire un vrai
changement au sein du système de santé, ça va prendre pas juste un comité des
ministres, mais il y a quelque chose qui existe pour les anglophones, qui est
l'accès à des services en santé et des services sociaux en langue anglaise.
C'est un comité qui est encadré par une loi, qui oblige chaque CISSS et CIUSSS
de livrer des rapports, des services qui sont offerts à la communauté, mais
aussi il y a des lacunes. Il y a des représentants dans les différentes régions
du Québec, des anglophones qui viennent de
l'Estrie, l'Outaouais, quand même, de la Côte-Nord, Bas-Saint-Laurent, on peut
regarder tout le territoire du Québec. Il y a des gens
qui viennent de la communauté qui siègent sur un comité au sein du ministère de
la Santé pour s'assurer que les services sont là. Et, des fois, ils vont bien
expliquer au ministère que : Aïe, ça ne va pas bien, ici. Il y a une
lacune ici, il faut régler le problème, là.
Alors, je pose ça
aussi, un petit peu, comme peut-être une option pour le ministre des Affaires
autochtones puis aussi le ministre des Services de santé de regarder cet
exemple qui existe pour les anglophones et de peut-être former quelque chose
qui est similaire avec les autres nations autochtones du Québec. Parce que,
comme je dis, il y a des fonctionnaires du
gouvernement du Québec qui siègent sur ce comité-là avec la communauté. Et, des
fois, ça marche bien. Quand il y a une volonté, ça marche bien, quand la
loi est bien encadrée, ça peut marcher bien.
Et je dis que c'est quelque
chose qui a été mis en place pendant les discussions autour de la Charte de la
langue française dans les années 70. La communauté a travaillé avec le
gouvernement, le Parti québécois, à l'époque, de M. Lévesque, pour
s'assurer que les anglophones étaient bien représentés au sein du système de
santé. Alors, peut-être, un modèle comme ça
peut fonctionner pour le ministère de la Santé aussi. Et sinon, au minimum, on
va avoir des rapports qui sortent... qui dit : Bien, regarde, sur
tout le territoire du Québec, il manque ça, ça, ici, et ici, et là.
Parce qu'on a vu
encore... je reviens des appels d'actions dans le rapport de la commission
Viens... c'est la récolte des données qui est difficile au Québec puis au
Canada en termes de qu'est-ce qu'il se passe avec les peuples autochtones. Et
c'est bien noté quand ils ont essayé, la commission Viens, de faire le résumé
de la situation des autochtones. Ils ont dit : Des fois, c'est très
difficile de trouver l'information. Les chiffres n'existent pas.
Alors, je lance ces
deux éléments-là au ministre puis j'attends d'entendre ses réponses. Merci.
• (11 h 10) •
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. M. le
ministre.
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, M. le Président. Avant de répondre à la question du collègue,
je veux répondre à la question de la collègue cheffe de la deuxième opposition.
C'est à partir des articles 12, tantôt, quand on parlait de la langue, et il y
en a plusieurs qui font référence à la langue, alors c'est important. Puis, en
même temps, ça permet de répondre à mon collègue de Jacques-Cartier sur
l'importance de la langue dans les services. Et c'est pour ça que je reviens,
encore une fois, avec les navigateurs qui vont être dans les centres
hospitaliers, qui vont avoir cette capacité-là d'échanger avec la clientèle
dans la langue... dans leur langue maternelle. C'est important. Vous avez parlé
de l'anglais aussi, puis je comprends cette importance-là avec certaines
communautés aussi.
D'ailleurs,
j'aimerais vous souligner, M. le Président, qu'il y a présentement un comité
triparti qui existe, avec le fédéral, nous et l'Assemblée des premières nations
du Québec et du Labrador, qu'on appelle, entre nous, l'APNQL. Alors, il y a un
comité triparti qui existe déjà pour voir, au niveau de la santé, qu'est-ce
qu'on peut faire, qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer les soins et
comment on peut donner les soins directs.
M. le Président, je
m'en voudrais, quand mon collègue de Jacques-Cartier parle de violence faite
aux femmes, de ne pas embarquer sur un sujet qui est très cher pour moi. Vous
savez, j'ai eu l'honneur et le plaisir de présider une commission spéciale
importante pour nous, la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des
mineurs. Quand on parle de jeunes femmes qui sont vulnérables, quand on parle
de jeunes femmes qui avaient besoin d'aide, et surtout, que le gouvernement
agisse, c'est un exemple qui est très concret. Et, d'ailleurs, dans cette commission, M. le Président, on a... on s'est
déplacés à Val-d'Or pour rencontrer les membres des Premières Nations,
pour entendre ce qu'ils avaient à nous dire.
Parce
qu'effectivement, comme mon collègue de Saint-Jean disait tout à l'heure, on ne
peut pas faire du mur-à-mur, on ne peut pas se servir des mêmes
services, si vous voulez, qu'on a dans le Sud, en disant : Ça va
s'adapter. Bref, comme il l'a si bien dit tout à l'heure, on ne peut pas
regarder ça avec nos yeux du Sud. Il faut s'adapter, il faut regarder, dans les
communautés, quels sont les besoins.
Sans parler des
résultats de cette commission spéciale, je peux vous dire cependant qu'en se
déplaçant, pour nous, c'était important d'avoir la vision du terrain, voir
comment on pouvait répondre à leurs besoins spécifiques.
Quand on parle des
clientèles vulnérables, M. le Président, c'est une clientèle qui est très
vulnérable. Je vais en profiter, parce que notre temps est compté — on
passe du temps de qualité ensemble, mais notre temps est compté — pour
vous parler d'une autre clientèle vulnérable, et je parle de la protection de
la jeunesse aussi, M. le Président. Quand on parle de femmes, souvent, on va
parler de protection de nos enfants aussi, et je vais prendre un exemple
concret qui est arrivé, et je suis persuadé que, dans mon prochain bloc, je
vais avoir la chance de reparler de la protection de la jeunesse, parce que
c'est important pour tout le monde ici.
Récemment, on a vécu
un cas à Mani-Utenam. Et, encore là, quand je vous parle de notre nouvelle
approche dans notre disponibilité, dans
notre proximité, le chef m'a contacté en disant qu'il y avait eu un événement à
Mani-Utenam, et ça n'allait pas bien.
Ce qu'il s'est passé, on a appliqué les processus standards. Dans le fond, on
n'a pas fait ce que le collègue de Saint-Jean a dit tout à l'heure, on
ne s'est pas adaptés, avec nos lunettes locales, en disant : Comment on peut le faire dans cette communauté? Est-ce qu'on
ne devrait pas parler aux autorités locales? Comment on pourrait faire
mieux? Alors, entre vous et moi, M. le Président, ça aurait pu être fait très
différemment, puis ça n'a pas été le cas.
Est-ce qu'on peut
corriger le passé? Non, mais on peut améliorer le futur. Qu'est-ce qui a été
fait par la suite? Avec mon collègue ministre délégué à la Santé, c'est de
regarder, premièrement, à très courte échéance... Parce qu'on peut parler de
changements législatifs, M. le Président, mais ça n'arrive pas demain. Donc, à
courte échéance, comment la Protection de la jeunesse va mieux travailler avec
les organisations locales? Ça, dans la semaine, ça s'est réglé. Par la suite, qu'est-ce qu'on a dit aussi?
Regardons comment déléguer certains pouvoirs en matière de protection de
la jeunesse. Et ça, M. le Président, ça se fait ailleurs. Je peux vous donner
des beaux exemples. Lac-Simon, pas plus tard
que la semaine dernière, j'ai signé ce protocole, justement, pour leur donner
des pouvoirs en vertu de l'article 37.5 pour qu'ils appliquent
eux-mêmes la protection de la jeunesse. La communauté attikamek a déjà ce
modèle-là.
Alors, quand on parle de
partager, justement, et d'ajuster notre façon de faire... Protection de la
jeunesse, vous savez, suite aux événements tragiques de Granby, il y a
plusieurs changements qui ont été faits; on a la commission Laurent qui va nous
rendre ses recommandations, il y a déjà un volet autochtone qui est important
pour nous. Mais, en attendant, quand on a
des demandes avec les différentes communautés — parce qu'il ne faut pas voir les
peuples autochtones comme un bloc monolithique, hein, ce n'est pas tout le
monde qui a les mêmes besoins — on s'adapte, et, dans le cas des
Attikameks, dans le cas des Algonquins à Lac-Simon, on s'est bien adaptés;
Val-d'Or, c'est la même chose, il y a une entente qui existe à Val-d'Or aussi
pour l'application de la protection de la jeunesse. Alors, c'est vraiment ça quand on parle d'un partenariat, c'est de
s'ajuster, de donner des bons outils et, après ça, bien, les assister
dans leur travail au quotidien, et ça fonctionne, M. le Président.
Ce n'est pas parfait. Le système, il n'est pas
parfait. Mais, tantôt, je vous parlais de bons coups. Moi, c'est des bons
coups, je voulais souligner aujourd'hui, parce que le système sait s'adapter,
on a des gens de coeur qui sont sur le terrain, et ça nous a démontré que
c'étaient des beaux résultats pour le bien de la communauté et les gens qui
sont vulnérables. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je vais maintenant redonner la parole à la
députée de Roberval. À vous.
Mme Guillemette : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, pour ce deuxième tour de parole, j'aimerais prendre un moment pour vous entretenir de santé mentale. Vous ne serez pas surpris. En cette période de crise sanitaire, c'est un sujet auquel on donne beaucoup
de place. On parle beaucoup, ces temps-ci, de l'importance de la santé mentale, et c'est un facteur important
qu'on doit aussi prendre en considération lorsqu'on pense aux enjeux de la
santé des peuples autochtones du Québec.
Malheureusement,
notre capacité à estimer les besoins des Premières Nations et des Inuits en
matière de santé mentale est affectée par l'absence de données
spécifiques sur les peuples autochtones. Par exemple, nos données statistiques
sur la dépression ne peuvent être ventilées selon l'identité autochtone. Comme
cette information ne fait pas partie des instruments de collecte des données et
que les régions majoritairement peuplées d'autochtones ont parfois décliné la
participation à certaines enquêtes, il va de même pour les données sur le taux
de suicides, qui ne peuvent être déterminées à partir des données des enquêtes
québécoises. Cette situation est vraiment problématique, parce qu'elle nous
empêche de mettre à profit et de mesurer le défi auquel nous devons faire face
afin d'assurer un soutien adéquat aux peuples autochtones.
Afin d'inclure les groupes autochtones dans les
enquêtes du Québec, des travaux sont en cours présentement pour explorer la
possibilité de prendre en compte l'identité autochtone dans une perspective
globale au sein du MSSS, notamment avec la mesure 4.2.6 du Plan d'action
gouvernemental pour le développement social et culturel des Premières Nations
et des Inuits 2017‑2022 .
L'inclusion des peuples autochtones dans les
enquêtes du Québec a comme finalité de permettre au MSSS de rehausser la
surveillance ainsi que d'améliorer la compréhension du contexte de la
dépression, de l'alcoolisme et du décès par suicide au Québec, incluant celle
des peuples autochtones. Ces travaux permettront de produire des informations
pertinentes de qualité et disponibles en temps opportun aux différents acteurs
de la santé publique afin de mieux soutenir et d'adapter adéquatement les
politiques et les programmes de prévention existants. Mon collègue de Saint-Jean, tout à l'heure, a fait mention
d'une belle collaboration qui a été mise à profit pour mieux soutenir,
dans la réalité des peuples autochtones, une communauté.
Il y a certains liens qui sont faits déjà entre
santé mentale et sentiment d'appartenance. Vous savez, une bonne santé mentale,
c'est nourri par un sentiment d'appartenance fort, une inclusion sociale, une
confiance en ses moyens et en ses aptitudes. Ça peut aussi s'appuyer sur un
sentiment de compétence, sur la spiritualité, mais surtout sur le soutien
affectif qu'on reçoit.
On sait que la mise en valeur de la culture
passée et présente est quelque chose de nécessaire pour que leur rôle sur leur territoire
québécois soit reconnu de tous, pour qu'on évite de tomber dans le piège de la représentation
anecdotique de l'histoire dans nos institutions, les institutions culturelles,
éducatives.
Cet été, M. le Président, j'ai eu la chance d'aller
visiter le musée amérindien et d'aller participer à des fouilles
archéologiques. Et, lorsque la situation le permettra, j'invite M. le ministre
à venir visiter ce magnifique musée autochtone. Donc, en attendant d'avoir des
données empiriques pour diriger plus spécifiquement notre action aux besoins
des peuples autochtones, il est important qu'on agisse maintenant pour
favoriser une bonne santé mentale dans les communautés. Certaines pistes de
solution sont déjà bien connues par notre gouvernement et seront explorées. Je
sais déjà que le ministre a ce dossier-là très à coeur. Nous continuerons
d'agir en collaboration avec les Premières Nations.
Et je ferais un petit clin d'oeil, M. le
ministre. Hier, on a eu la nomination de Mme Marie-Andrée Gill, on parle
de culture, donc, Mme Marie-Andrée Gill, une écrivaine originaire de
Mashteuiatsh, a reçu, du CALQ, du Conseil des arts et des lettres du Québec, en
collaboration avec Culture Saguenay—Lac-Saint-Jean, le prix de l'Artiste de
l'année. Donc, félicitations, Mme Gill. Et on a plusieurs belles exemples
de Mashteuiatsh ou de d'autres communautés, si on ne pense qu'à Michel Jean,
qui a reçu le Prix littéraire France-Québec 2020. Donc, la richesse de la
culture autochtone, on doit se l'approprier aussi, nous... Pour contrer la
stigmatisation, il n'y a rien de mieux que de bien connaître nos deux peuples,
pour pouvoir collaborer pour le meilleur, pour l'avenir. Donc, je vous
remercie, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le
Président (M. Provençal)
: Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député du troisième groupe
d'opposition, le député de René-Lévesque. À vous, monsieur.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour de saluer le ministre et les
collègues ce matin pour cette interpellation. Avant de faire cette
interpellation, j'ai parcouru une vaste revue de presse. Mais j'aimerais juste
attirer l'attention sur trois articles qui, aujourd'hui, vont faire partie
assurément du plaidoyer que nous allons faire pour améliorer les services de
santé pour les Premières Nations.
Le 19 novembre
2020, Espaces autochtones, pour Radio-Canada : Les communautés
autochtones du Québec rattrapées par la deuxième vague. Un peu plus de
150 cas confirmés, dont au moins 81 depuis la première vague. ICI
Radio-Canada Côte-Nord, le 20 novembre : Retour des points de
contrôles aux entrées de Uashat. 22 août 2020, sur Espaces
autochtones, encore, sur Radio-Canada : Le prudent déconfinement des
Mohawks de Kahnawake.
C'était écrit dans le
ciel, M. le ministre, les communautés autochtones étaient parmi les populations
les plus à risque pendant cette pandémie, et avec raison. Il fallait tout faire
pour les outiller, pour les protéger, pour éviter, autant que possible, que le
virus entre dans les communautés. Elles ont tenu le fort, elles ont paré la
menace, et c'est parce qu'elles étaient organisées, et elles l'ont fait
spontanément. Elles ont limité l'accès à leurs points d'entrée, elles ont...
elles se sont déconfinées moins rapidement que le reste du Québec. Certaines
ont reporté le début des classes, d'autres ont établi des zones de transition.
Il faut rappeler que,
chez les autochtones, les aînés sont extrêmement respectés. C'est peut-être sur
la base de cette valeur humaniste que les communautés ont si bien résisté. Je
relisais, d'ailleurs, un article qui cite un jeune Mohawk de 10 ans, en
parlant de l'importance de tout faire pour protéger les aînés pendant cette
pandémie : «Les aînés, pour nous, c'est comme un arbre. Ils font partie de
l'arbre.»
Ce
que j'essaie de démontrer, c'est que, grâce à leurs valeurs de solidarité et de
respect, grâce à leur leadership, à leur cohérence, les communautés
autochtones ont fait face à la première vague et ont, depuis le début de la
deuxième vague, fait face avec courage et efficacité. Ils se sont débrouillés,
malgré le fait que les services de santé dispensés par l'État étaient
déficients dans certains cas. Elles se retrouvent dans des services trop
souvent discriminatoires dispensés par l'État québécois.
D'ailleurs, je vous
rappelle que ma collègue députée de Joliette a déposé une motion pour enchâsser
le concept de sécurisation culturelle dans la loi sur la santé et les services
sociaux. Le plus important, c'est que cette motion a été adoptée à l'unanimité.
Donc, comme parlementaires, nous avons l'obligation morale d'agir en ce sens. On a annoncé de la formation, c'est bien, M. le
ministre, mais, pour se donner tous les moyens de ne jamais reculer, ça
prend un outil législatif.
Pendant la pandémie,
M. le ministre, les élus de ma région, de la Côte-Nord, avec les élus des
Premières Nations, on a tenu plusieurs rencontres téléphoniques. Parce que,
vous le savez, sur la Côte-Nord, ce n'est pas un système de santé comme on
connaît ailleurs dans la métropole et dans la capitale, et, dans certains cas,
on peut même le qualifier de médecine de
brousse. Donc, les gens de la communauté d'Essipit, de Pessamit, de Uashat mak
Mani-Utenam, d'Ekuanitshit, de Nutashkuan, d'Unamen Shipu, de
Pakuashipi, de Matimekosh—Lac
John ont, à chaque semaine, expliqué leurs craintes, leurs peurs face à cette
pandémie, et on discutait, avec les élus et la Santé publique, des meilleures
façons de mettre des pratiques pour sauver leurs communautés, protéger leurs
communautés. Et, vous savez, M. le ministre, les communautés des Premières
Nations, ce sont des communautés tissées serrées. Dans les logements — et il y a beaucoup de surpopulation — on voit plusieurs familles partager les
mêmes pieds carrés, et cette promiscuité
amenait évidemment tout un défi si la COVID-19 allait se présenter à
l'intérieur même des communautés.
Donc, tout ça pour
dire qu'aujourd'hui on ne peut pas faillir, et j'aurais des questions pour le
gouvernement pour faire encore mieux dans cette pandémie et aider encore nos
communautés, notamment celles de la Côte-Nord, mais toutes les communautés des
Premières Nations sur l'ensemble du territoire.
On apprenait ce matin
qu'Ottawa ne digère tout simplement pas que votre gouvernement a mis de côté
1,2 million de tests de dépistage rapide de la COVID-19, qui ne sont tout
simplement pas déployés. Donc, pour nous, on croit que ces tests rapides
devraient être utilisés pour aider les Premières Nations à diagnostiquer rapidement
la présence de la COVID pour assurer de limiter la propagation. Donc, où en est
le déploiement du gouvernement pour les tests rapides? Est-ce que votre gouvernement
aussi envisage un plan d'évacuation aérien d'urgence pour évacuer des membres
des communautés éloignées malades de la COVID? Et, en terminant, est-ce que le
gouvernement est ouvert à déployer aussi temporairement et rapidement des soins
ambulatoires directement dans les communautés pour éviter au maximum les
déplacements des gens vers les hôpitaux, où ils risquent de contracter la COVID
et de les ramener dans leur communauté?
Bref, le ministre de
la Santé nous dit qu'il en fait beaucoup. J'aimerais, aujourd'hui, entendre du
ministre des Affaires autochtones : Avec son arrivée, quel est le
leadership qu'il attend occuper pour ce qui est de la limitation de la
propagation de la COVID-19 à l'intérieur des communautés des Premières Nations?
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. Alors, M. le ministre, je vous recède la
parole.
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci à mon collègue de René-Lévesque pour sa
question qui me permet de parler, justement, de cette pandémie qui frappe
effectivement très fort dans les communautés. Puis on comprend, hein, avec la
promiscuité, avec un problème de logis, avec des gens... plusieurs personnes,
plusieurs familles dans la même unité d'habitation, on comprend la sensibilité
de tout ça.
Et c'est pour ça que nous sommes en lien, je
vous dirais, quotidiennement avec les communautés, puis je peux vous donner des exemples. Tantôt j'ai parlé
de Manawan, je vais y revenir. Mais Wemotaci l'a vécu aussi, Wemotaci a des cas confirmés positifs
dans la communauté. Lac Barrière, même chose, un cas qui a été déclaré. Mais,
rapidement, les gens de la communauté s'inquiètent. Pourquoi? Parce que leur
crainte, c'est que ça se propage rapidement.
Dans le cas de Manawan, quand on a su,
justement, qu'il y avait une hausse des cas, quand on a su par le chef Ottawa
qu'il y avait une problématique, on a agi, on a agi rapidement. Et, vous savez,
on pourrait dire que les soins de santé, c'est de compétence fédérale dans une
communauté, mais on a agi. On a agi avec le CIUSSS. Ça, c'est un geste concret,
une équipe qui... des équipes, pardon, qui ce sont déplacées pendant le
week-end pour aller sur place pour, justement, faire en sorte de calmer
l'éclosion qu'il y avait là et surtout de soutenir le personnel médical, qui
était, bien honnêtement, brûlé complètement du travail qu'il faisait là. Alors,
ça a été fait, ça a été fait rapidement, puis on n'a pas attendu d'avoir des
grands principes, on l'a fait rapidement sur la demande qu'ils ont...
Pour ce qui est de barrer l'accès à certaines
communautés, c'est un réflexe qui était approprié. Et je dois vous avouer, M.
le Président, depuis mon arrivée en poste, j'aurais aimé faire la tournée des
communautés pour rencontrer les gens, mais c'est la dernière chose à faire
présentement. Dernière chose à faire, moi, qui arrive dans une zone en Montérégie,
zone rouge, zone à risque, d'aller dans des communautés comme ça et de risquer
de propager la COVID. Alors, on le fait par téléphone, mais on est en lien, je
veux vous rassurer, on est en lien. Mais il y a une très grande sensibilité des
communautés des Premières Nations à la visite, d'avoir de la visite sur leur territoire,
ils ne tiennent pas à ça, mais pas du tout, pour les raisons que vous avez
évoquées tantôt. Alors, oui, on y travaille.
En toute transparence, vous avez parlé des tests
rapides, je vais faire des vérifications, je ne vous dirai pas n'importe quoi,
mais je ne le sais pas, je ne le sais pas, mais je vais faire des vérifications
avec ce que vous m'avez apporté. Je peux vous dire a contrario que, dans la
région de l'Abitibi, il y a une communauté qui m'avait interpelé, ils disaient
qu'il manquait de «testing kit», des trousses de test, et on a fait l'appel
avec nos collègues du fédéral, puis ça s'est réglé rapidement. Alors, on le
fait, ça, c'est le genre de chose qu'on fait au quotidien. Je dis souvent que,
dans notre secrétariat, on est des facilitateurs, on est impliqués dans la
majorité des dossiers, mais avec d'autres ministères. Et vous avez demandé quel
genre de leadership on a, mais c'est très collaboratif, on travaille avec tous
les ministères, on a des résultats qui sont probants, qui sont rapides.
La santé, c'est tellement important pour nous,
M. le Président, que nos... pas une, mais les deux premières annonces qu'on a
faites, dans le plan J'ai espoir, touchaient la santé. On a parlé, tout à
l'heure, de la sécurisation culturelle, qui est si importante. Et la deuxième
annonce, par la suite, c'était le Centre d'amitié autochtone de Lanaudière. Et
vous allez me demander pourquoi la santé, parce que, souvent, les gens quand
ils vont recevoir des soins, vont aller se loger, vont rester sur place, et ça
va être à proximité, c'est même un terrain, on a pu obtenir la proximité d'hôpital,
pour permettre, justement, d'avoir des soins. Parce que, vous l'avez dit tout à
l'heure, vous avez parlé de médecine de brousse, puis il y a des gens qui
doivent se placer au quotidien puis, oui, des communautés, mais même des gens,
des fois, de régions plus éloignées qui doivent se déplacer.
Hier, je parlais à un chef, M. le Président,
qui, lui, doit se déplacer avec son épouse, de venir jusqu'à Québec pour avoir
des soins de dialyse. Il est heureux de savoir qu'ici, à Québec, on a un centre
d'hébergement où ils peuvent rester sur place. Mais, oui, c'est un enjeu, c'est
un enjeu qu'on vit avec certaines régions, on en est conscients, M. le
Président, et, non, ça ne s'est pas réglé du jour au lendemain, on a encore
beaucoup de travail à faire là-dedans.
Ceci étant
dit, il y a des belles avancées, j'en ai parlé tout à l'heure, je vais
continuer de parler de certaines avancées qui ont été faites pour les
personnes vulnérables. Récemment, on a réussi à embaucher des ressources, au
niveau de la DPJ, pour le Grand Nord. C'était un défi, M. le Président, on ne
réussissait pas à avoir des ressources qui restaient sur place, on a réussi à
en embaucher, à avoir le personnel nécessaire. Et, en ajout à ça, on a, avec la
communauté crie et inuite, développé des logements qui vont être bâtis pour le
personnel. C'est un autre des enjeux qu'on vit dans certaines communautés,
comment avoir de l'attraction pour le personnel et comment le garder sur place.
Alors, oui, il y a du logis qui va être bâti. Ça, encore là, c'est un exemple
qui est très pragmatique sur comment donner des bons soins. Vous allez me dire,
ce n'est pas le logis pour l'infirmière ou le médecin qui donne les meilleurs
soins, mais d'avoir un médecin ou une infirmière sur place, qui peut loger sur place,
ça contribue grandement à avoir des soins.
Alors, on est dans cette approche-là. Je le
disais, encore une fois, on est très ouverts, très ouverts aux commentaires
qu'on reçoit. Et, cher collègue, je peux vous confirmer, je vais vérifier pour
les tests rapides, puis je vous reviendrai, parce que c'est important pour moi.
Merci.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. La parole maintenant va revenir au député de Saint-Jean.
• (11 h 30) •
M. Lemieux : Merci beaucoup, M.
le Président. J'écoutais le débat, hier, aux motions sans préavis, en hommage à Max Gros-Louis et, entre autres,
l'intervention du collègue de René-Lévesque, et vous allez voir pourquoi
ça m'a frappé. Je me suis souvenu que c'est
vraiment le premier autochtone que j'ai vu en vrai, comme on disait dans le
temps, là, aujourd'hui, on dit en présentiel. Il faut dire que j'étais très
jeune, c'était au Colisée de Québec, M. le député de René-Lévesque, pour le tournoi pee-wee, et que Max Gros-Louis, je m'en
souviens encore, je le vois, battait la mesure dans le colisée et soulevait tout le monde avec son
tambour pour appuyer son équipe. Le petit bonhomme que j'étais n'était
pas peu impressionné par le tambour puis par
ses couettes. J'étais impressionnée aussi, et il faut que je fasse vite parce
que j'ai pris toutes sortes de notes
auxquelles je veux venir, mais, en 1979, à Regina, quand le jeune journaliste
que j'étais s'est retrouvé dans un «friendship centre», puis, après,
quand il s'est retrouvé dans les Territoires du Nord-Ouest pendant deux semaines pour la venue du pape
Jean-Paul II à l'époque à Fort Simpson, où il n'est pas venu la première
puis il est revenu l'année d'après. Ça fait déjà trop longtemps de ça,
il y en a qui se demandent de qui je parle quand je parle de Jean-Paul II,
c'était le pape à l'époque.
Tout
ça pour dire que ces impressions-là sont importantes. Puis ces impressions-là
font en sorte qu'on vient conforter cette espèce de vision que j'essayais
d'énoncer tout à l'heure qui est importante, parce qu'il faut voir les choses
comme elles le sont sur leur terrain, qui n'est pas le nôtre. Ce n'est pas eux
et nous, mais, en même temps, c'est chez eux, et il faut respecter ça.
Je ne raconte pas ça
pour rien, parce qu'on arrive ici avec ce que nous sommes, comme je disais
tantôt, et le contexte fait foi de tout. Donc, c'est important de le voir.
Quand je parlais du Grand Nord, quand je parle maintenant du Moyen Nord, il y a
plein de choses dans ce que les peuples des Premières Nations nous demandent qu'on
ne comprend pas parce que, sauf erreur, on n'est pas capable de même l'imaginer
dans certains cas.
Et, là encore, ce que
le député de René-Lévesque vient de nous dire au sujet de la pandémie,
effectivement, on a vu ça passer, mais jusqu'à quel point les personnes âgées
sont importantes pour les Indiens, jusqu'à quel point on a des arguments
légitimes pour faire ce qu'on a fait...
D'ailleurs, les
arguments, M. le Président, du député de René-Lévesque par rapport aux tests
sont plus que légitimes. Content d'entendre le ministre des Affaires
autochtones dire qu'il va faire des vérifications. Moi, ma compréhension, c'est
qu'on voulait les envoyer et on se prépare pour les envoyer, une fois qu'on va
valider tout ce qu'il faut, vers les régions éloignées. Et il n'y a pas juste
Sept-Îles puis les Îles-de-la-Madeleine qui sont des régions éloignées au Québec.
Et là on aurait une bonne place où les envoyer.
La sécurisation
culturelle dont a parlé la cocheffe du deuxième parti d'opposition m'a vraiment
accroché au début. J'ai vraiment dit : Bien oui, il faut... encore là, il
faut se remettre à leur place. Et, vous le disiez, Mme la députée d'Abitibi-Ouest, c'est tellement important de voir la situation dans leurs yeux,
dans leurs langues. Mais, moi, en tout
cas, les navigateurs du ministre
des Affaires autochtones, je trouve ça pragmatique, je trouve ça
pratico-pratique, je trouve ça
réaliste. C'est, jusqu'à preuve du contraire, quelque chose d'immédiat ou de
presque immédiat, et c'est tant mieux.
Le député de Jacques-Cartier
a émis une... «and you were so bang on, my friend», quand vous parliez des agences qui sont obligées de considérer la partie
anglophone de la clientèle. Vous venez de donner une très bonne piste à
notre ministre des Affaires autochtones, et je suis certain qu'il va accrocher
là-dessus bien avant l'ombudsman. Je ne sais
pas lui, mais moi, l'ombudsman, à quelque
part, il me semble que, dans le
service de santé, au-delà des comités des usagers, il y a tellement de
couches et de labyrinthes que, si on peut aller directement à ceux qui en ont
de besoin, on va faire la job, comme on dit.
Et la responsabilité
populationnelle, Mme la cocheffe du deuxième groupe d'opposition, bien là, vous
m'avez. Je vais vraiment, moi aussi, y penser beaucoup. Pas la partie
indépendantiste de l'affaire, mais la partie constitutionnelle de l'affaire. La partie représentation à Ottawa. Parce qu'au final, quand
on parle de soins de santé, comme de
n'importe quoi des Premières Nations, il y a toujours une espèce de triangle,
qui est loin d'être amoureux. La bonne nouvelle,
là-dedans, c'est que j'ai fait des vérifications et, encore récemment, on m'a
dit que les relations entre le monde de la santé du Québec et Ottawa étaient aussi bonnes qu'elles pouvaient
l'être dans les circonstances, même en pandémie.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Nous allons
terminer le bloc d'intervention. Et je cède la parole au député de l'opposition
officielle, le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Merci, M. le Président. Je suis content que la députée de Roberval a parlé de
la santé mentale, parce que, quand on a eu
l'annonce du 100 millions de dollars, c'est une bonne chose, mais j'ai dit
que c'est important qu'on va trouver qu'il y a l'argent disponible pour
les peuples autochtones du Québec. Malheureusement, pendant la crise et très
récemment, la nation naskapie a vécu un suicide d'une très, très jeune membre
de la communauté. Ça arrive trop souvent et c'est triste, alors j'espère que,
dans un temps qui n'est pas... difficile pour plusieurs Québécois, on n'oublie
pas que cet argent, on va trouver des parties pour les différentes communautés
autochtones. Parce que ce n'est pas facile, quand même, les Cris ont fermé leur
frontière pour s'assurer tout le monde reste chez eux, parce qu'eux autres...
ma collègue la cheffe de la deuxième opposition officielle a parlé du fait du
logement, et c'est une vraie crise, mais, quand on pense qu'il y a trois
familles dans le même logement... Puis, si jamais il y a une vraie éclosion
dans une communauté crie, on va avoir plusieurs problèmes pour, oui, des
personnes plus aînées en sécurité, mais les personnes à risque. Alors, la
prévention est très, très, très importante.
Et, en même temps,
les tests rapides... est important, mais aussi je veux s'assurer qu'il y a des
discussions avec le gouvernement fédéral, parce qu'ils ont dépensé beaucoup d'argent partout au Canada.
Pour protéger le Manitoba, on comprend, présentement, il y a une crise
là, mais j'espère qu'on va avoir notre... pas notre juste part, mais le gouvernement
fédéral a un rôle à jouer aussi pour s'assurer qu'il y a un financement adéquat
pour la prévention et la bataille contre le COVID pour les peuples autochtones
du Québec.
Et, M. le Président,
je veux juste parler un petit peu, tout le monde ici connaît mon père, plusieurs
personnes, sur côté, à la fonction publique, ont travaillé avec mon père, mais
tout ce dossier de la santé mentale, c'est important. Parce que mon oncle a
marié une femme autochtone, à trois heures nord de Whitehorse, à Lowes, qui est
allée à une école résidentielle. Alors, mes cousins sont autochtones. Pelly
Crossing, c'est une ville de 300 personnes. Puis je vous dirais que, pour mes cousins, oui, il y a
une mine pas loin, mais mes cousins étaient comme : à chaque fois
qu'on travaille dans une mine, on pense, des fois, juste parce qu'il y a un job
dans le coin, c'est y a un «fit», c'est parfait.
Mais ce n'est pas la
réalité pour mes cousins, qui ont trouvé ça difficile de faire le mélange de
leur culture, leur condition puis la réalité
d'une moderne planète, si je peux dire ça comme ça. Ce n'était pas facile pour
eux autres non plus d'aller vers le Sud, à Vancouver, pour étudier. Ce
choc d'aller à une communauté de 300, à une grosse ville métropolitaine, pas
facile. Et c'était difficile pour leur santé mentale, c'est quoi, notre avenir,
on en est où et...
Alors, quand on parle de santé mentale et quand
on voit des cas, c'est vrai, et ce n'est pas facile, et je vous dirais que ce
n'est pas facile. Quand même, mon oncle, c'est un avocat qui travaille pour
protéger les droits des autochtones, il peut dire que ce
n'est pas facile pour les gens de Pelly Crossing, dans cette petite communauté
qui est loin des ressources et des institutions. Alors, quand on parle de tout
ça, ce n'est pas juste de faire un débat, mais on parle des vraies personnes
qui sont dans des situations très, très vulnérables.
Je suis content de l'échange que nous avons eu
ici. Moi, je pense qu'avec plusieurs des éléments qui existent des différents rapports qui ont été mis sur la
table, à un certain moment, c'est probablement une bonne idée de déposer un projet de loi
qui est plus large, où on peut travailler ensemble, qui on peut avoir la représentation
des peuples autochtones, ici, pour peut-être modifier plusieurs lois du Québec.
• (11 h 40) •
Ça, c'est un énorme travail parce que, comme on
a discuté, ce n'est pas juste le ministre des Affaires autochtones qui va
changer tout. Ça prend un changement dans plusieurs différents ministères. Ça
prend une action concrète du gouvernement. Moi, je pense, quand on regarde des
appels à l'action, ce n'est pas une critique envers les fonctionnaires SAA,
mais j'imagine qu'eux autres veulent plus de ressources aussi.
Alors, mais peut-être c'est le temps maintenant
de créer un ministère qui est responsable pour, et pas juste un secrétariat.
Et, encore, ce n'est pas un reproche vers un secrétariat, mais peut-être c'est
le temps de donner plus de ressources, plus de fonctionnaires et un plus grand
budget qui est dédié aux peuples autochtones du Québec. Puis, je pense, ça, ce
n'est pas une mauvaise chose. Ça, c'est quelque chose que je pense que tout le
monde, ici, sur ce côté de la Chambre, est probablement prêt à discuter, parce
que c'est écrit dans le rapport. Et moi, je trouve que c'est aussi quelque
chose, très, très intéressant. Et, peut-être, ça peut aider, peut-être non,
mais je pense qu'il y a un débat à avoir là-dessus.
Alors, je veux juste remercier le ministre puis
aussi tous ses collègues pour les interventions d'aujourd'hui. Encore, je
répète, je pense, c'était une bonne discussion, dans la bonne direction. Mais
c'est sûr qu'il y a beaucoup de choses qu'il reste à faire. Merci, M. le
Président.
Conclusions
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup. Nous en sommes aux dernières interventions. M. le
ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, chose promise, chose due, collègue de
René-Lévesque. L'information que j'ai reçue, c'est qu'on est en attente
de validation des tests, de voir de quelle façon ça va s'appliquer. Alors, je
vais vous revenir avec plus de précision, mais c'est la première réponse que
j'ai eue.
Et, pour moi, cet exercice-là, aujourd'hui,
bien, ça me permet, justement, de parler de l'exercice qu'on vient d'avoir ensemble. Je ne le disais même pas à la
blague quand je disais qu'on était pour avoir deux heures de temps de qualité ensemble. J'apprécie beaucoup la façon que
s'est déroulé l'échange. Et je peux vous dire, j'ai pris plusieurs pages
de notes, parce que c'est ensemble, je
pense, qu'on va arriver à un meilleur résultat. Puis ça a été très positif ce
matin.
Puis je suis heureux de voir aussi mon collègue
de Jacques-Cartier, qui nous dit qu'il va nous appuyer dans nos demandes avec
le fédéral pour s'assurer qu'on a les bonnes ressources, les ressources
financières aussi, pour le système de santé dans les communautés. Et je salue
son approche ce matin.
On a parlé de beaucoup de choses aujourd'hui, M.
le Président. Et je vais tenter, en quelques minutes, de faire une conclusion
de tout ça, mais je veux régler... bien, je veux régler... je veux parler de
l'aspect santé et santé mentale. Mon collègue de Jacques-Cartier en a parlé,
puis c'est effectivement extrêmement important. Mon collègue ministre délégué à
la Santé, en a déjà parlé, il y a des listes d'attente pour les psychologues, il
y a des listes d'attente pour les psychiatres. Il fallait trouver des solutions
rapides pour les gens qui ont besoin d'un service. Hein, quand on est en
situation de détresse, on ne peut pas attendre des mois, même pas des semaines.
Alors, on a augmenté les services sur le 811. Il
y a le programme québécois pour les gens qui ont besoin de santé... de soins de
santé, pardon, mentale sans passer par un médecin de famille, ça, c'est bien.
Et, ce matin, par un pour hasard, je voyais l'Association québécoise de
prévention du suicide, qui a lancé un site Web fort intéressant, qui s'appelle
suicide.ca. Il y a une application qui s'appelle Mes outils. Et je l'ai testée
ce matin, M. le Président. Et rapidement, quand on va sur cette plateforme, on nous
demande si on veut avoir de l'information ou de l'aide, et il y a quelqu'un qui peut dialoguer avec nous en direct.
Je vous parle de ça, M. le Président, parce que,
vous savez, des fois, la réponse peut venir de plusieurs groupes. Et, dans ce cas-là, c'est une association qui a décidé de faire sa contribution, puis je voulais les saluer aujourd'hui.
Je veux saluer le travail qu'ils ont fait.
Je vais vous dire qu'il y a plusieurs ressources
qui ont été ajoutées dans le système, mais ce n'est pas terminé, pour la santé
mentale, on a ça à l'oeil. Et, d'ailleurs, mon collègue ministre délégué à la
Santé me disait qu'il avait fait une approche avec nos collègues de l'opposition
pour le plan 2021‑2026, une approche non partisane avec des consultations
pour voir de quelle façon on peut améliorer les services qu'on donne. Et mon
collègue de Jacques-Cartier a amené un point intéressant pour les communautés
des Premières Nations et inuites, de quelle façon on peut améliorer ces
soins-là, puis je suis persuadé que c'est des commentaires qui vont remonter
dans cette approche qui est non partisane.
Depuis notre
arrivée en poste, M. le Président, depuis mon arrivée en poste, ce que j'ai
tenté de faire, c'est des annonces concrètes. Je vous l'ai dit tout à
l'heure, les gens ont réagi beaucoup à ce qui est arrivé à Joyce Echaquan, mais c'est une réalité qui était là, on l'a eu au visage,
les gens ont réagi, c'est un électrochoc. Et je veux m'adresser à Carol Dubé,
au conjoint de Joyce Echaquan, en lui disant que, dès le lendemain, les
Québécois ont réagi rapidement, nous ont demandé de faire des actions, puis
c'est ce qu'on a commencé à faire.
Alors, le Principe de Joyce, M. le Président, on
l'a. Pour nous, c'est un principe qui est fort important, fort important. Et le
ministre de la Santé m'a déjà dit qu'il regardait, dans ce principe-là, de
quelle façon on pourrait l'appliquer pour que ce soit bien, bien concret. Parce
que, oui, c'est intéressant, et les consultations qui ont mené à ça sont une
démarche qui est fort complète.
De notre côté, depuis... je vous disais, depuis
mon arrivée, j'ai le plan... j'ai espoir où, à chaque semaine, on fait des
annonces concrètes pour amener des changements mais des réponses aussi. Tout à
l'heure, il y a un collègue qui faisait mention à l'ENFFADA. On peut faire
mention aussi au rapport Viens. On répond à des appels à l'action qui étaient
là, qui étaient déjà couchés sur papier, il fallait juste provoquer des choses,
et là on est dans la livraison.
Alors, M. le Président, on est rendu à la
quatrième semaine, quatrième annonce qui va avoir lieu dans pas tant de temps
que ça, dans quelques minutes. Alors, j'invite les gens dans cette salle à
regarder cette annonce et les gens à la maison, qui sont nombreux à nous
écouter, à nous entendre en direct tout à l'heure, à 13 h 30, parce
que c'est une autre annonce qui répond à des appels à l'action.
Première annonce est importante pour la
sécurisation culturelle dans le monde hospitalier. Mon collègue ministre de la
Santé a décidé d'élargir cette annonce-là et de s'assurer que tous les employés
et non pas seulement le personnel soignant, tous les employés étaient pour être
impliqués, et pas juste le centre de santé de Joliette mais vraiment
l'ensemble. C'est la sécurisation culturelle, donc, qui est annoncée dans la
première... l'annonce n° 1.
Annonce n° 2, c'est le
Centre d'amitié autochtone de Lanaudière, et, encore là, pour permettre à des
gens qui ont des traitements à recevoir, qui ont des soins de santé à recevoir,
de pouvoir être hébergés et d'avoir une approche qui est adaptée aussi. Alors,
ça, ça a été notre deuxième annonce.
Par la suite, une annonce qu'on n'a pas eu le
temps de parler beaucoup aujourd'hui, c'est cette table ronde, cette table commune avec l'Assemblée des Premières
Nations du Québec et du Labrador, et ce qui va nous permettre... Tout à
l'heure, quelqu'un demandait : Comment vous allez faire le suivi de tout
ça? Comment vous allez regarder ce que vous avec annoncé et voir comment ça
percole dans le système? Et quelle est la réaction des communautés? Et on
espère, avec cette table commune, qui va être coprésidée par moi et le chef
Picard, d'être capable de remonter ces
grands enjeux puis de trouver des solutions, des solutions qui sont... oui, qui
sont pragmatiques, mais qu'on peut appliquer très bientôt. Alors, ça,
c'est la troisième annonce. Puis la quatrième, bien, vous allez l'avoir tout à
l'heure.
Parallèlement à ça, il y a beaucoup de discussions
avec les communautés. Quand on parle des Premières Nations, quand on
parle des Inuits, c'est 55 communautés au Québec. Et souvent on a tendance
à tout rassembler ça dans un groupe, mais ils ont des besoins bien différents.
Puis je vais me permettre, dans les minutes qui nous restent, de parler de
certains enjeux. Entre autres, dans la région d'Abitibi, on a connu un enjeu
avec la chasse à l'orignal, et j'ai eu la chance, lundi passé, de confirmer le
début des négociations. Alors, on a un négociateur, la nation algonquine ont
leur représentant, qu'on va financer, qu'on va aider, pour dialoguer ensemble,
pour trouver une solution. Et ce que je veux, c'est une solution qui est
permanente. Et j'ai un maire de la région qui me dit : Pourquoi vous ne
nommez pas un négociateur permanent pour trouver une solution temporaire? J'ai
dit : Je vais faire l'inverse. Je vais mettre un négociateur temporaire
pour trouver une solution permanente, parce que ça fait des années que ça
revient. Et il y a quelque chose qui est clair, je pense que ce n'est pas juste
la chasse à l'orignal, c'est bien plus profond.
Alors, M. le Président, en même temps qu'on fait
cette table technique sur la chasse à l'orignal, puis je ne suis vraiment pas un spécialiste de chasse à
l'orignal, on va avoir une table politique aussi, avec la nation
algonquine, de nation à nation, pour parler des enjeux, ce qu'on peut améliorer
dans cette région, dans ces communautés-là, pour faire en sorte que ça ne
revienne pas comme ça. Parce que, quand ça arrive, on l'a vu, ce qui est
arrivé, bien, il y a quelque chose de plus profond, puis on va le régler
ensemble.
On va continuer nos actions, M. le Président, ce
n'est pas terminé. On a un premier bloc jusqu'à Noël. Et, par la suite, comme
je vous ai déjà dit, on va avoir des annonces qui vont être adaptées avec les
communautés. Et, je l'ai dit tout à l'heure, mais je vais le répéter devant mes
collègues aussi, il y a plusieurs de nos actions qui découlent de la mise en
oeuvre du Plan d'action gouvernemental pour le développement social et culturel
des Premières Nations et des Inuits, et ça, ça avait été lancé par le précédent
gouvernement, M. le Président, et je veux le saluer. Je veux saluer le travail
qui avait été fait à cette époque-là, puis nous, on continue dans cette voie.
Et il faut reconnaître quand il y a des choses qui sont bien faites, et c'est
ça qui s'appelle faire de la politique non partisane.
M. le Président, tout à l'heure, je vous ai
parlé du grand chef Constant Awashish, qui m'avait confié qu'un jour un jeune
enfant lui avait dit qu'elle craignait pour l'avenir, et je vous le dis encore
une fois, pour moi, ça m'a brisé le coeur, ça m'a fendu le coeur. Mes filles ne
m'ont jamais sorti un commentaire de ce type-là. Et c'était bien senti, c'était
profond. Et c'est pour ça que j'ai appelé mon plan J'ai espoir, parce que moi,
j'ai espoir de changer les choses. J'ai espoir que cette jeune fille là, dans
quelques années, va aller voir le grand chef Awashish et lui dire : Tu
sais quoi? Moi aussi, j'ai espoir. Je pense qu'on va réussir à changer les
choses. Ce ne sera pas rapide, ce ne sera pas du jour au lendemain, M. le
Président, mais je veux lui donner de l'espoir.
Et, avec ce que j'ai entendu aujourd'hui, avec
les échanges qu'on a eus dans cette Assemblée, des échanges qui étaient
riches... comme je vous dis, j'ai pris plusieurs pages de notes pour amener des
changements... et moi, ça me confirme notre volonté de travailler ensemble.
Alors, j'ai encore plus d'espoir aujourd'hui, M. le Président, d'arriver à
livrer quelque chose d'intéressant.
Tout à l'heure, on parlait d'emploi aussi. C'est
bien, de donner les soins, mais il faut aussi donner de l'espoir avec de
l'emploi. Et, quand on a parlé de développement, moi, j'ai toujours parlé de
développement en trois phases, donc le développement
culturel, très important, développement économique, avec des emplois de choix,
et non pas par manque de choix, en disant c'est là que tu vas aller
travailler, et le développement touristique, M. le Président. Et j'en parle,
encore une fois, parce que je suis persuadé que, dans les prochains mois ou
prochaines années, les Québécois vont chercher une offre touristique locale, et
quelle belle occasion pour faire connaître les différentes nations, quelle
belle occasion pour voyager au Québec, aller rencontrer nos frères et nos
soeurs de différentes nations, de découvrir leur quotidien. Et je pense que ça
va faciliter le vivre-ensemble, M. le Président. Moi, j'y crois vraiment. Et la
preuve, c'est qu'on a un organisme incroyable, qui s'appelle Tourisme
autochtone Québec, qui travaille, qui milite avec nous pour, justement,
développer cette offre touristique là.
Et ça, je terminerais avec un principe que
j'aime beaucoup des Premières Nations, qui s'appelle le principe des sept générations. Ce qu'on fait aujourd'hui
ensemble va avoir une répercussion sur les sept prochaines générations. Alors, on n'a pas le choix, M. le Président, il
faut réussir, il faut réussir à tabler... à faire des annonces, de faire des
gestes importants aujourd'hui, qui vont
avoir un impact sur nos enfants, nos petits-enfants. Et ça, c'est pour sept
générations.
Alors, c'est un petit peu le contrat que je nous
lance ensemble, avec les oppositions, travaillons ensemble. Parfois, on ne sera pas en accord, mais il y a une
chose qui est claire, on a le même but, la même visée, c'est d'aider...
d'améliorer les relations avec les Premières Nations. Et ça, je suis persuadé
de ça, M. le Président. Je regarde mes collègues ici. Je suis persuadé qu'on
veut tous la même chose.
Je vous remercie, M. le Président.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. La conclusion appartient maintenant
à la cheffe du deuxième groupe d'opposition, pour une période de
10 minutes.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Effectivement, on a eu plusieurs éléments. C'est rare
qu'on a l'opportunité d'avoir, comme ça, un temps réservé pour parler de
nos relations avec les premiers peuples, et c'est appréciable.
Faciliter le vivre-ensemble, je pense que tout
le monde en est. D'ailleurs, c'est la première étape du principe de
sécurisation culturelle. Cette première étape là parle de conscientisation,
d'être conscient qu'il y a des cultures millénaires qui sont extraordinairement
riches. Mais ce n'est que la première étape.
La deuxième
étape, c'est : il faut avoir une sensibilité, apprendre la langue, deux
mots, trois mots, quatre mots, ça change tout. Mais ce n'est pas ça, la
sécurisation culturelle.
La troisième étape, c'est de développer des
compétences culturelles. Ça commence à être un peu plus dur, parce que, là, il
faut s'engager, il faut faire quelque chose, il faut bouger quelque chose.
Et, finalement, bien, tout ça est au «je», hein?
Les trois premières étapes, c'est je, moi, personne. Quatrième étape, sécurisation culturelle, là, c'est le
«nous» qui rentre, et c'est le nous dans des actions structurelles, structurantes.
Pas des initiatives, des éléments structurants.
Et c'est ça, M. le ministre, que moi, j'ai de la
difficulté à comprendre. Pourquoi, quand on parle de la nécessité d'avoir des
choses structurantes, comme, par exemple, inclure dans une loi, c'est
structurant... Bien sûr, les navigateurs, je vous le disais un peu plus tôt,
c'est une initiative, en fait, c'est tellement simple, ça fait tellement
longtemps qu'on le sait qu'on se demande donc comment ça se fait que ce n'est
pas fait encore. Mais changer fondamentalement les choses, structurellement les
choses, bien, c'est d'agir dans la sécurisation culturelle pour ces gens qui
nous ont accueillis il y a 400 ans.
Alors donc, c'est sûr que moi, quand j'ai vu les
communautés attikameks arriver avec le Principe de Joyce, ce qui est devenu...
Pour moi, je me suis dit : Bon, bien, ça va être adopté facilement,
puisque, déjà, on avait adopté ici les principes qui guident la déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples autochtones. C'est du copier-coller
sur les principes de cette déclaration-là. Bien, je me suis dit : Voyons,
tu sais, comment ça se fait qu'on n'est pas capable... Oui, bien sûr, d'agir,
et ça, c'est nécessaire, il était grandement temps, mais, ceci étant dit,
comment se fait-il qu'on n'est pas capable d'envoyer un message clair? Pas
juste aux gens des Attikameks. Rappelons-nous, là, le Principe de Joyce, là,
c'est la majorité des nations qui se sont prononcées en faveur, qui sont
derrières les Attikameks pour ce Principe de Joyce là, et, plus que ça, leur organisation
politique, qui est APNQL, a aussi clairement signifié que ce qu'ils veulent, ce
qu'ils souhaitent, pas qu'on juge s'ils ont raison ou tort, mais qu'on les
écoute.
Les écouter, je vous entends, M. le ministre,
vous allez... vous jasez avec plein de monde. Moi aussi, je jase avec plein de
monde. Et c'est fou, parce que ces gens-là... Moi, là, je jase avec des aînés,
des gens issus... des artistes issus de différentes communautés, puis ce qu'ils
me disent, c'est... je les entends dire clairement : Bien, il faut, il
faut, Manon, il faut — moi — que
vous reconnaissiez la discrimination systémique. Pourquoi? Bien, parce que
c'est ça qu'on vit, nous. On ne vous demande pas si on a raison ou tort, on
vous dit : C'est ça qu'on vit.
Alors, j'entends le ministre, qui dit :
Bien, regardez, on a fait ceci, on a fait cela. Puis, tu sais, c'est clair que,
tout au long de notre échange, autant avec les oppositions, que je remercie
d'avoir été présentes aussi, on a parlé de problèmes systémiques en santé et
services sociaux. Je n'ai pas abordé la question de la DPJ pour une seule
raison, c'est que je sais qu'on va avoir d'autres moments pour le faire et je
sais qu'il y a du travail de fond qui est en train de se faire. C'est juste
pour ça que je ne l'ai pas abordé. Mais, ceci étant dit, on a échangé sur des problèmes
systémiques vécus par nos frères et soeurs autochtones. Bien, c'est sûr que,
pour moi, je m'attends aussi à des solutions systémiques.
Et ça, par
exemple, ça n'oppose pas d'inscrire, dans la loi de la santé et des services
sociaux, la responsabilité populationnelle qui est déjà la nôtre,
d'inscrire la question de la sécurisation culturelle. Ça n'oppose pas avec des actions concrètes ici et maintenant, un n'oppose pas
l'autre. La seule différence, c'est : quand tu agis au niveau du système,
bien, tu t'assures que ça va être pas mal plus dur à défaire s'il y a quelqu'un
d'autre qui arrive après toi.
Et moi, je pense que le Québec, on est rendu là.
Regardez les sondages qui sont sortis au mois d'août, où les gens disaient... les Québécois et Québécoises
disaient oui à 90-«ish» %, je ne m'en souviens plus, je n'ai pas de
mémoire, disaient... les Québécois et
Québécoises de toutes origines disaient : Oui, le gouvernement du Québec,
le gouvernement, l'État a un rôle à jouer pour éliminer la
discrimination systémique vécue par nos frères et soeurs.
Ça fait que moi, c'est à ça que j'appelle. Puis,
dans le fond, quand je regarde ça, je me dis : Qu'est-ce le Principe de
Joyce a de différent de ce qu'on a adopté ici, collectivement, tout le monde?
Puis il y a une chose, c'est la reconnaissance du racisme systémique vécu par
nos frères et soeurs autochtones. Puis je me dis : Ce n'est pas juste parce qu'ils sont entêtés, là, tu sais, ou c'est
qu'ils ont une fixation. Non, non, c'est parce que c'est ça qu'ils et elles
vivent.
D'ailleurs, qu'ils et elles vivent, peu importe
leur âge, peu importe leur nation d'origine, peu importe s'ils vivent hors ou
en communauté, moindrement qu'ils prononcent leur nom de famille ou que leur
plaque de voiture est plaquée à Mashteuiatsh... Ah! c'est drôle, ils se font
coller plus que les autres. Ça existe, ils nous le racontent, ils nous le
disent. Et on en a des tonnes, d'histoires comme ça.
Alors, si tel est le cas, je ne comprends pas
pourquoi la CAQ, actuellement... puis vous pouvez dire que j'en fais une
fixation, mais c'est juste que je ne comprends pas... Ce n'est pas une question
de mots, c'est ça qu'ils vivent. Je suis qui, moi, blanche de 57 ans, pour dire
que ce n'est pas ça qu'ils vivent? Ils me le disent, que c'est ça qu'ils
vivent. Ça, c'est le bout que je ne comprends pas et je ne comprends toujours
pas à la fin de notre échange.
Alors, oui, M. le ministre, j'entends votre
programme J'ai espoir. Vous ne pouvez pas imaginer, lorsque j'étais la seule
dans ce parlement, la seule... j'en ai déjà parlé avec mon collègue,
d'ailleurs, de Jacques-Cartier, qui osait parler de racisme systémique, parce
qu'il n'y a personne, aucun autre parti qui voulait mettre ces deux mots-là
ensemble. Je me rappelle comment ce n'était pas simple, mais on y est arrivés.
Pourquoi? Bien, parce qu'on a tendu l'oreille puis on a écouté les gens qui
vivent la situation.
Alors, je veux laisser le mot de la fin à, moi
aussi, Carol Dubé, le conjoint de Joyce, qui nous dit : «Je souhaite que
les gouvernements du Québec et [le gouvernement d'Ottawa] adoptent le Principe
de Joyce afin que ce terrible événement ne soit pas survenu en vain, que sa
voix sonne le début de réels changements pour tous les autochtones afin que
[...] jamais [plus] personne ne soit victime de racisme systémique.»
• (12 heures) •
M. le Président, je trouve que les autochtones
ont fait leur bout de chemin. Ils nous tendent la main. Le gouvernement dit, le
ministre le dit, que le racisme systémique divise. Bien, peut-être. Mais de refuser
de reconnaître la réalité vécue par les autochtones, ça divise, ça aussi, puis
ça divise, sinon plus, ça creuse le fossé entre nous, Blancs, francophones, machin truc, et eux, premiers peuples. Et ça, pour
moi, en mémoire de Joyce, c'est inacceptable.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée. Je
vous remercie pour la qualité de vos
interventions, démontrant vos préoccupations pour les peuples autochtones du Québec.
(Panne de son) ...je lève la séance, et la
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup
à tous.
(Fin de la séance à 12 h 01)