(Dix heures vingt minutes)
Le
Président (M. Villeneuve) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, bon vendredi matin à tous! Je déclare la
séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
La commission est réunie afin de procéder à
l'interpellation de la députée de Taillon au ministre de la Santé et des
Services sociaux sur le sujet suivant : La volonté du ministre de la Santé
et des Services sociaux de légaliser la facturation des frais accessoires aux
patients.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président.
Le
Président (M. Villeneuve) : Je vous rappelle brièvement le déroulement
de l'interpellation. Dans un premier temps,
la députée de Taillon aura un temps de parole de 10 minutes, suivi du
ministre pour également 10 minutes. Par la suite des périodes de cinq minutes seront allouées selon la séquence
suivante : d'abord, un député de l'opposition officielle, ensuite
le ministre, puis un député du groupe formant le gouvernement, et ainsi de
suite. Je comprends qu'il y a entente à
l'effet que le deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la troisième
et de la sixième série d'interventions. 20 minutes avant midi, donc, 12 heures, j'accorderai 10 minutes de
conclusion au ministre et un temps de réplique égal à la députée de
Taillon.
Enfin, je
vous rappelle que le débat ne peut, à moins d'un consentement, dépasser midi.
Et je pense que nous avons ce consentement, et il y aurait donc
consentement jusqu'à 12 h 12.
Donc, si tout le monde est prêt, je céderais la
parole à Mme la députée de Taillon. Vous avez 10 minutes.
Exposé du sujet
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, nous avons
effectivement, du côté du Parti québécois, demandé cette interpellation
sur les frais accessoires. Depuis quelques jours, je pense que les gens sont en
mesure de constater et de réaliser l'ampleur de la brèche qui a été ouverte par
le ministre par rapport à des acquis sociaux qui datent de 1970, 45 ans où on a réussi, malgré d'autres contraintes
budgétaires — ce n'est
pas d'aujourd'hui qu'il y a des contraintes budgétaires — on a
réussi à préserver cette valeur, cet acquis social, qui est essentiel pour la
population du Québec.
Et je prends
aussi à témoin, cette semaine, le choix qui a été fait également dans le projet
de loi n° 20 par le ministre de
désassurer la fécondation in vitro. On voit finalement — les médias nous le confirment — des témoignages de couples, de
patients qui sont anéantis, qui sont complètement déstabilisés et, vraiment,
qui ne comprennent pas la pertinence d'avoir fait ce choix-là au niveau de la
population, puisqu'à travers ces naissances il y avait également une partie de
l'avenir du Québec qui pouvait être vue si on changeait nos lunettes et si on
regardait ça dans une vraie perspective de développement démographique et de
contribution à l'augmentation de la population du Québec.
Alors, les frais accessoires nous apparaissent
encore plus importants d'être questionnés, sont encore plus pertinent aujourd'hui, puisque le ministre annonce
qu'il a conclu une entente avec la FMSQ. Alors, on se souvient, quand il
avait, en mai, conclu l'entente avec la
FMOQ, la lecture attentive de cette entente nous avait révélé qu'il avait
réintroduit les primes à l'inscription, les
primes Bolduc, ce dont évidemment il ne s'était pas vanté dans la conférence de
presse qu'il avait tenue avec le
président de la FMOQ. Alors, cette fois-ci, il n'y a pas la présence de la
présidente de la FMSQ lors de son
point de presse. Ça va être intéressant de voir : Est-ce que la FMSQ est
satisfaite? Est-ce qu'elle a fait des compromis significatifs? Est-ce
qu'au contraire le ministre a été très généreux à leur endroit? Et il est quand
même intéressant que l'entente avec la FMOQ
a réussi à être signée en mai, alors que celle avec la FMSQ... Pourtant, le
ministre nous disait travailler très fort sur cette entente. Il disait
qu'il était toujours sur le point... ça fait au moins trois mois, là, qu'il est
sur le point, d'une journée à l'autre, de
signer l'entente. Mais ça ne se signait pas. Et, il y a une semaine et demie,
le projet de loi n° 20 est
adopté, il se ferme. Le ministre impose les frais accessoires, et là, quelques
jours plus tard, eh bien, l'entente se confirme et elle s'annonce
exactement la journée où on fait une interpellation. Alors, je pense qu'on a
toute une occasion de parler de ce dossier-là.
Alors, je pense que la population, qui,
aujourd'hui, au niveau de la FIV, comprend l'ampleur de ce que ça représente, comprend aussi l'improvisation dans
laquelle c'est fait. Pas de campagne de sensibilisation, d'information.
Il y a des patientes qui ont des embryons congelés qui ne savent pas si elles
vont pouvoir les utiliser ou non. Il y a des cliniques
de fécondation qui nous appellent dans tous les bureaux de circonscription. Je
suis sûre que tous les bureaux de circonscription
de mes collègues ont reçu des appels de panique de patients qui ne comprennent
pas où ça va atterrir, hein?
On ne veut pas faire la
même chose avec les frais accessoires. Le ministre a certainement, maintenant,
dans sa poche la liste des frais accessoires
qu'il a négociés, parce que
c'est sûr que, dans l'entente, ça fait partie de ce qui a été convenu. C'est ce qui a probablement permis une ouverture du côté de la FMSQ à signer cette entente. Alors,
on se rappelle qu'il y avait au moins 50 millions. Je dis «au moins», parce
que, le 50 millions qui a toujours été évoqué, le ministre ne l'a jamais confirmé ni infirmé. Et, puisque,
le projet de loi n° 20, il a, dans ce projet de loi, élargi la
portée de ce qui déjà était interdit — donc, on parle de quelque
chose qui était interdit — on
présume qu'un certain nombre de médecins, actuellement,
n'utilisaient pas les frais accessoires, n'en chargeaient pas à leurs patients,
et moi, je sais très bien qu'il y a plusieurs médecins, médecins de
famille ou médecins spécialistes, qui savaient que ce n'était pas permis et qui
ne chargeaient pas ces frais-là. Il y en a
d'autres, peut-être avec raison, peut-être pour des motifs qu'ils pourront
expliquer, qui décidaient d'en charger. Et,
ces frais-là, eh bien, on sait maintenant qu'ils vont être multipliés, parce
qu'en principe les quelques frais qui pouvaient être permis, c'était
seulement pour quelques médicaments obligatoirement utilisés dans le bureau du
médecin.
Mais là le
ministre a dit : Moi, j'étends ça, ça va pouvoir être des frais qui vont
couvrir les frais de bureau,
les frais d'équipement, les frais de tests diagnostiques. Alors, je l'ai
entendu très bien dans des conférences de presse, M. le Président, dire : Les gouttes pour les yeux, si ça coûte 2 $,
ça va être 2 $. Mais ce qu'il ne dit pas, c'est que, quand ça
coûtait 200 $, il va être capable de
charger 198 $ pour des frais de cabinet, des frais de bureau puis des
tests diagnostiques. Alors, pour le citoyen, ça va continuer de lui
coûter 200 $. Et, si ce n'est pas ça, on ne demande pas mieux que le
ministre nous le confirme, qu'il nous la
donne, la liste, qu'il nous donne la liste des frais, qu'il nous donne la liste
des personnes, des professionnels, des médecins qui vont pouvoir en
facturer, de ceux qui seront exclus de là.
Mais, juste
pour amener à ce débat des frais accessoires, je vous dirais que, depuis le
début, on dit au ministre qu'il a la possibilité, par un simple
remaniement de la masse qui a été donnée... la masse monétaire — d'argent — qui a
été négociée avec la FMOQ ou avec la FMSQ, de faire en sorte que ça, ça se
retrouve, finalement, ça se répartisse autrement, ces frais accessoires là,
donc, le 200 $ pour les gouttes et les frais d'équipement, bien, que ce
soit tout simplement partagé. Et là il y a, dans les ententes, des
tableaux très, très clairs, M.
le Président, qui disent, par exemple, qu'un radiologiste, son revenu
moyen... de tous les radiologistes, c'est 652 000 $, et, à
l'intérieur de ça, il y a un 130 000 $
qui est prévu pour les frais de cabinet. Et ça, c'est beaucoup plus important
qu'un médecin, par exemple, qui travaille en santé communautaire, qui,
lui, a un revenu de 249 000 $ en moyenne et 1 882 $ de
frais de cabinet. Alors, on voit très bien
que, dans la façon dont la FMSQ reçoit l'ensemble de sa masse, elle a du jeu.
Elle peut en mettre un peu plus à un
endroit et un peu moins à d'autres, équilibrer tout ça pour ne pas qu'il y ait
des surcharges pour des médecins qui ont
effectivement, peut-être, des équipements supplémentaires à payer. Et le
ministre en fait la démonstration complète ce matin, parce qu'il dit que
pour les échographies il a demandé à la FMSQ, dans son entente, de remanier la
masse, exactement ce qu'on voulait, pour prendre un 30 millions de dollars
et faire en sorte que les échographies soient remboursées par la RAMQ. Alors,
il a été capable de convaincre la FMSQ de remanier sa masse, pas de mettre plus
d'argent, de tout simplement réallouer des sommes différemment pour que les
échographies soient gratuites lorsque les patients les ont dans des cliniques.
Alors, c'est
ce même exercice qu'on disait qu'il était possible. On n'enlève pas un sou, pas
un dollar aux médecins, on dit :
Dans l'enveloppe, il y avait de l'argent prévu pour les frais de cabinet,
répartissez-vous cette enveloppe-là correctement
pour ne pas avoir à charger de surplus aux patients. Le ministre a décidé de faire le contraire, c'est-à-dire de dire : Non, tout ce qui était déviant, qui était surchargé aux
patients depuis quelques années... Il y a eu un dérapage récent, parce que,
pendant des années, il y a eu une grande conformité à ce qui était convenu au niveau
de l'assurance maladie, et les médecins ne chargeaient rien aux patients. Là,
il y a eu une dérive dans les dernières années, et, au lieu de rectifier
cette dérive-là en disant : Écoutez, il
y a de l'argent, il y a des budgets, il y a des sommes qui sont alloués pour
les frais de cabinet, assurez-vous de mieux répartir ça pour couvrir les
sommes pour les ophtalmologistes, pour les dermatologues, pour les radiologistes s'ils ont plus de frais... au
lieu de faire ça, il a dit : Non, moi, je vais prendre ce
50 millions, la population est contente de payer, elle aime ça
payer, la population, elle est heureuse de payer pour ces soins-là. Et il a
créé une médecine à deux vitesses, il a
orienté directement vers la privatisation... et je vais y revenir un peu plus
tard. Et c'est sûr que ces mesures-là
sont des mesures qui rendent l'accès inéquitable pour la population. Les plus
pauvres n'auront pas accès, les plus riches auront un meilleur accès, et
c'est contraire à la volonté des Québécois, M. le Président.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Villeneuve) :
Merci, Mme la députée de Taillon. Alors, je céderais maintenant la parole à M.
le ministre pour une période de 10 minutes.
Réponse du ministre
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Bien, d'abord, ça me fait plaisir d'être ici avec nos collègues pour
débattre du sujet qui a été proposé par la
députée de Taillon, et je vais me permettre, M. le Président, de bien lire le
titre de l'interpellation — c'est le sujet dont on est censés parler,
et, à date, on voit qu'on n'en a pas énormément parlé, mais je vais
quand même rappeler à nous tous et toutes et à la population qui nous écoute
l'objet de l'interpellation — c'est : «La volonté du ministre de la Santé et des Services sociaux de légaliser
la facturation des frais accessoires aux patients.» C'est ça, l'objet, M. le Président. Ce n'est pas
l'entente avec la FMSQ, qui n'a rien à voir avec ça, et ce n'est rien
d'autre. Ce n'est pas la loi n° 20 dans
sa totalité, c'est un aspect spécifique qui est illustré par un titre choisi
par la députée de Taillon.
C'est
important de le dire pour qu'on puisse comprendre où le débat s'en va. Et je
fais cette remarque préliminaire là, M. le Président, pour aviser
surtout les gens qui nous écoutent, parce qu'ici on sait comment on fonctionne,
on sait quel est le jeu, et la nature du jeu
parlementaire, et l'objectif du jeu parlementaire, qui est, d'abord et avant
tout, de créer une perception dans le public. Ça ne veut pas dire que la
perception est la réalité. Par définition, «perception», c'est «une interprétation de quelque chose». On reçoit
quelque chose et on en fait une interprétation. Et le jeu parlementaire
est de créer quelque chose qui fait notre
affaire. Moi, dans mon cas, M. le Président, ce qui m'intéresse, c'est la
réalité des faits. C'est la seule
chose qui m'intéresse. On peut débattre de l'opportunité d'une chose, on a
failli en faire dans les propos de la
députée de Taillon tantôt, mais on veut créer une perception, et ça a été un
peu la conclusion que j'ai entendue il y a quelques instants dans les
dernières 10 minutes des remarques introductives de la députée de Taillon.
Bon. Je vais
faire un parallèle, M. le Président, si vous me le permettez, parce qu'il est
d'actualité et il est pertinent. Ce n'est pas comme l'entente avec la
FMSQ, ça, ça n'a aucun rapport, là. Ça arrive aujourd'hui, parce qu'hier soir
la FMSQ a fait une assemblée, là. Je ne
contrôle pas, moi, les horaires des fédérations. Puis ils ont pris une décision,
puis c'est dans les médias aujourd'hui. Ce n'est pas moi qui contrôle ça. Ils
ont émis un communiqué de presse. Mais ce qui est d'actualité et qui va bien illustrer mon propos de la perception, M. le
Président, c'est les projets de loi nos 78 et 79 qui ont
été déposés par mon collègue le député de Saint-Laurent à propos de la
rémunération des députés, nous tous et toutes ici aujourd'hui. Et, quand on
regarde ce qui est dans les médias aujourd'hui... Et je ne critique pas les
médias, M. le Président. C'est difficile
d'être dans les médias : on a des contingences, on a, à des dates de...
c'est un rythme infernal, il faut sortir des textes, faire des
nouvelles. Ce n'est pas évident aujourd'hui d'être du côté des médias, je le
comprends très bien. Mais, quand on regarde
la nature des deux projets de loi et qu'on regarde ce qui est véhiculé depuis
hier et ce matin, force est de constater que le fait réel qui est à la
base de la rédaction et du dépôt du projet de loi sort peu et ça engendre une
perception qui est, je pourrais dire, là, pour nous, parlementaires, nous tous
et toutes, peu importe du côté de la Chambre où on est, une perception négative
d'une réalité qui est positive et importante.
La réalité,
on le sait, là — et ce
n'est pas le gouvernement ni les oppositions qui le disent, on est tous
ensemble là-dedans — la réalité, elle est décrite en détail par
la juge L'Heureux-Dubé, qui, dans son rapport, établit des lignes qui
nous dirigent vers une réforme du mode de
rémunération qui vont faire en sorte que la rémunération globale du député va
être inférieure après qu'avant. Ça, c'est un
fait. Ce n'est pas une appréciation, ce n'est pas une perception, c'est un fait
écrit par une juge à la retraite, mais juge
quand même, qui a l'expérience de l'exigence d'écrire un texte précis. Ce n'est
pas juste ça, leur fonction, mais c'est certainement leur
caractéristique, à ces professionnels-là, c'est d'écrire des textes précis.
Aujourd'hui, on regarde les journaux puis on a
l'impression qu'on a des augmentations de salaire, alors que, dans les faits, à la prochaine législature...
C'est des termes que les gens ne comprennent pas nécessairement. Une
législature, là, c'est un mandat.
Mme Lamarre : ...au règlement. Le
ministre est complètement hors d'ordre. On est ici pour parler des frais
accessoires.
M. Barrette : M. le Président, je
vous...
Le
Président (M. Villeneuve) : Oui. Juste un instant, juste un instant.
Je veux juste vous rappeler que le règlement permet d'avoir un discours
relativement large. Alors, on va continuer l'intervention, si vous me le
permettez, M. le ministre.
M.
Barrette : ...évidemment, je prends un exemple pour illustrer mon
propos, celui de la perception. Et la députée de Taillon, elle, dans son propos, a parlé de l'entente de la FMSQ, qui
n'est pas du tout dans le titre, hein, en passant. Je lui rappelle qu'elle a parlé, pendant la moitié de
son temps, de la FMSQ, de l'entente qui a été conclue hier. Ce n'était
pas du tout dans le titre, ce n'est pas les frais accessoires.
Alors, pour le propos, là — parce
que c'est important, M. le Président, parce que ça va teinter tout notre débat, là — alors, on dépose un projet de loi qui est
positif. Moi, au prochain mandat, si je suis encore là... et nous tous
et toutes, on va gagner moins
qu'aujourd'hui. Et ça ne passe pas. Ça passe comme étant une augmentation de
salaire. C'est quand même extraordinaire. C'est ça, la perception.
Je fais cette
remarque-là, M. le Président, parce que la population doit savoir qu'il y a des
faits dans le débat actuel et que le rôle, l'objectif de la députée de
Taillon — et
je n'irai pas jusqu'à dire «le député de Lévis», ce n'est pas le même
style — est
de créer une perception négative mais qui n'est pas basée sur les faits. C'est de
la perception sur un discours, et on le
disséquera pendant le débat. Autant pour la rémunération des députés il y a un
projet de loi qui est déposé sur la base d'un rapport qui dit d'une
façon indéniable, indiscutable qu'on baisse de rémunération globale, on baisse... quand bien même les chiffres sont plus
gros, là, à la fin, quand on regarde l'impôt, et ainsi de suite, on
gagne moins dans nos poches, il y en a
moins, quand bien même, là, on est... ça sort différemment. Et je ne critique
pas, M. le Président, les médias, là.
Alors, ici, sur la question des frais
accessoires, M. le Président, je reviens au titre, je reviens au titre et je le
relis, M. le Président : «La volonté du ministre de la Santé et des
Services sociaux de légaliser la facturation des frais accessoires aux patients.» Le mot ici qui est important dans le titre,
choisi par la députée de Taillon, le mot qui est important, c'est «légaliser». Or, quels sont les faits? Les
faits sont indéniables, ils sont disponibles sur le site de l'Assemblée
nationale. Sur le site de l'Assemblée
nationale, il y a l'historique des projets de loi avec les dates auxquelles ils
ont été présentés, déposés, adoptés,
les textes originaux, les modifications, et ainsi de suite. C'est public. Il y
a, dans nos annales publiques, les textes, les débats parlementaires.
Le
Parti québécois a créé les frais accessoires en 1979. Alors, quand la députée
de Taillon, comme elle l'a fait tantôt, elle
nous dit que depuis toujours ce n'est pas... non, non. La réalité, c'est que le
Parti québécois a créé les frais accessoires. Ils ne les appelaient pas
de même, ils les appelaient les services accessoires. Et, M. le Président, on
se rappelle, c'est le Dr Denis Lazure, un docteur, qui a fait ça.
En
1984, le Parti québécois est revenu à la charge pour préciser encore plus la
notion de frais accessoires, et
on est passé de services accessoires à frais
accessoires. Les mots «frais accessoires» ont été introduits dans le corpus
législatif, les lois du Québec par le Parti québécois dans un bill, une loi,
omnibus. Ça n'a même pas été traité spécifiquement, c'est arrivé... J'entends souvent la députée de Taillon
dire qu'on arrive par la porte d'en arrière, ou des choses comme ça. Ça n'a même pas été traité directement. Alors, les
frais accessoires ont été créés par un autre nom en 1979. En 1984, on a introduit les mots «frais accessoires». Et, oui,
M. le Président, la médecine a évolué dans le temps, et il s'en est
multiplié. Ça s'est multiplié aussi sous le
gouvernement du Parti québécois dans les années 90. C'était visible. Le
Parti québécois a-t-il fait quelque
chose à cet égard-là? Non. Ils étaient là, M. le Président, 18 mois de 2012 à
2014. Est-ce qu'ils ont fait quelque chose pour abolir les frais
accessoires? Non.
Alors,
quand je parle de perception, bien, c'est ce que je veux dire. On a entendu
pendant 10 minutes la députée de Taillon,
là, faire avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie un débat sur le côté
négatif de la chose, mais, en réalité, comprenons
bien qu'elle fait une lecture négative de ses propres actions à sa formation
politique à elle. Et j'y reviendrai, M. le Président, évidemment.
Argumentation
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci. Merci, M. le ministre. Alors, je
céderais la parole à Mme la députée de Taillon pour un cinq minutes.
• (10 h 40) •
Mme Lamarre :
Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, on est ici pour parler des frais
accessoires avec la version que le ministre
impose. Il se plaît à vouloir refiler l'imputabilité de sa décision actuelle à
d'autres avant. Entre 1979 et 2009,
il n'y a jamais eu de plainte sur ces frais accessoires parce qu'ils étaient
appliqués selon l'esprit de la loi, c'est-à-dire accommoder un médecin
quand un patient avait besoin d'une compresse sur un bras, sur une plaie pendant une intervention qu'il lui faisait dans
son bureau. C'était ça, l'esprit que le Parti québécois a mis dans les
frais accessoires, et ça avait bien du bon sens, puis je pense que, ça, les
Québécois le comprennent très bien.
Où
ça a dérapé depuis 2009, c'est que certains, et je dis bien «certains»,
médecins ont considéré qu'ils avaient besoin
de surcharger pour d'autres frais et ils ont utilisé le subterfuge de
l'autorisation qu'ils avaient de charger des gouttes pour les yeux et ils ont mis des gouttes pour les
yeux à 200 $, alors que ça n'avait pas de bon sens. Donc, de toute
évidence, ils ont inclus d'autres frais dans
ce 200 $ là que les frais qui sont prévus pour les gouttes pour les yeux.
Et là c'est cette portion-là que nous, on dit clairement qu'elle est
prévue pour s'inscrire dans les honoraires, la distinction entre les honoraires
et les frais de cabinet qui sont prévus dans les ententes de la FMSQ. Alors, il
reconnaissait lui-même, le ministre, quand il était président de la FMSQ, que
c'était une astuce, une astuce. Alors, qu'il arrête de blâmer le Parti
québécois pour 1979 et 1980. Il n'y a plus personne qui le croit, ça ne marche
pas.
Ce
que les gens réalisent aujourd'hui, c'est que, là, il change la donne, et ce
n'est pas juste moi qui le dis, M. le Président.
Dans les estrades, nous avons Dre Estelle Ouellet, du groupe de Médecins
québécois pour le régime public, qui s'est déplacée de Montréal, qui est
une résidente en psychiatrie, une future spécialiste membre de la FMSQ, et nous
avons le Dr Simon-Pierre Landry, du
groupe ROME, Regroupement des omnipraticiens pour une médecine engagée,
qui est parti de Sainte-Agathe pour être à
Québec aujourd'hui pour venir dire au ministre que ces frais accessoires — parce que c'était bien ça, l'objet de l'interpellation — c'était un accroc énorme à l'équité et
c'était directement de la privatisation des soins de santé et que ça créait vraiment deux classes de patients, ceux
qui auront les moyens de payer et ceux qui n'auront pas les moyens de
payer, ce qui est contraire à l'esprit de la Loi sur l'assurance maladie.
Alors,
sincèrement, je crois que le ministre doit cesser ses discours, je vous dirais,
nébuleux, qui ne convainquent plus
personne. Et d'ailleurs je prends à témoin l'Association médicale du Québec,
hein? Ce sont tous des médecins, là, dont
je parle. Donc, ce sont des médecins qui disent au ministre : Attention,
le ministre dévoile ses vraies intentions : un système de
copaiement pour les activités médicalement requises. Les gens ne choisissent
pas d'être malades, ils sont malades, puis,
au Québec, on a dit, un peu comme on ne choisit pas d'avoir un accident d'auto, que ça, on ne voulait pas que les gens soient ruinés parce qu'ils n'avaient pas les moyens d'affronter ces accidents de la vie là. Et
c'est ça qu'on veut.
Alors,
ce que l'Association médicale du Québec dit : «En entrevue
ce matin à l'émission Gravel le matin, sur les ondes de Radio-Canada
Première, le ministre a tenu des propos extrêmement inquiétants pour quiconque
a à coeur le principe d'accessibilité [...] et d'universalité [des soins] sans
égard à la capacité de payer. Le gouvernement vient de rejeter unilatéralement...» Unilatéralement. On ne dit pas «depuis les
30 dernières années». Ce gouvernement «vient de rejeter unilatéralement les principes auxquels les Québécois ont droit
depuis l'implantation du régime de santé universel il y a maintenant
[près de] 50 ans. Aujourd'hui, le gouvernement officialise l'effritement de la
couverture de soins au détriment des citoyens, qui deviennent des utilisateurs-payeurs.
[...]"L'Association médicale du Québec déplore ce recul de la couverture des actes médicalement nécessaires", a
déclaré Dre Yun Jen, présidente de l'AMQ. "Plus que jamais, il
faut se concentrer sur la pertinence des actes et éliminer la mauvaise utilisation
des fonds publics pour les investir là où ça compte..."»
Alors, j'invite le
ministre à prendre acte des commentaires de ses collègues et à nous donner la
liste, à être transparent puis à nous donner concrètement en quoi vont
consister les frais qu'il va charger. Est-ce qu'il peut nous donner la liste des frais? S'il n'a pas le montant
des frais, quels sont les exemples des frais qui vont être facturés aux
patients dorénavant?
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, Mme la députée de Taillon. Alors,
je céderais la parole à M. le ministre pour cinq minutes.
M.
Barrette : Merci, M. le Président. C'est toujours intéressant, on voit
que le débat avance, mais on voit qu'on va dans toutes sortes de directions. Et c'est normal, on veut aller dans
d'autres directions pour s'éloigner du point central, du coeur de
l'affaire, le coeur de l'affaire étant au Parti québécois.
Et, il y a
quelques instants, la députée de Taillon nous a dit, là, que 1980, là, c'est
fini, on a tout oublié ça, là. Moi, je
peux dire, M. le Président, qu'il n'y a pas un Québécois adulte aujourd'hui qui
a oublié les années 90, par exemple, il n'y en a pas un, il n'y a pas une Québécoise qui a oublié ça. On
n'oublie pas. Puis la députée de Taillon vient de nous dire qu'il faut
arrêter de blâmer le Parti québécois et de blâmer le passé. Oui, mais le
problème, M. le Président, c'est que le
passé, là, il est pas mal présent, là, il est pas mal présent, parce qu'en 2014
le Parti québécois est sorti publiquement à plusieurs reprises pour prendre une position claire sur les frais
accessoires à propos, notamment, de les encadrer. J'ai même ici, devant moi, M. le Président — si vous voulez, je peux déposer le document,
mais je ne pense pas que ce soit nécessaire, mais je peux le faire — un
communiqué du Parti québécois, un communiqué de presse qui porte la signature
de la députée de Taillon, qui parle de
l'importance de ça. Ce n'est pas loin, ça, ce n'est pas le passé. Puis ce n'est
pas un blâme, c'est juste une
question de faits. Alors, moi, je l'ai dit dans mon introduction, mon objectif
n'est pas, M. le Président, de faire autre chose que de démontrer les
faits, pas de créer de toutes pièces des arguments qui mènent à des perceptions
fausses. Le «gouvernement du Parti québécois
interviendra aussi afin d'encadrer les frais accessoires abusifs».
Campagne électorale, 17 mars 2014, allocution faite par la chef, la
première ministre, accompagnée du Dr Réjean Hébert et de Mme Diane Lamarre, à
ce moment-là, candidate.
Ce n'est pas des farces, M. le Président. Dans
leur programme électoral, M. le Président, je le rappelle, était écrit ceci — je le réitère : «Doter le système de
santé de balises — M. le
Président — claires
afin de protéger l'accès aux services
et d'encadrer les frais accessoires abusifs.» Ça, c'est dans le programme
électoral de mars 2014. Ce n'est pas le passé, c'est le présent.
Et, M. le
Président, je vais aller plus loin, le slogan du Parti québécois était
celui-ci : Déterminés. Déterminés à quoi, M. le Président? Déterminés à encadrer les frais accessoires pour enlever le caractère abusif de ceux-ci. Déterminés,
M. le Président, il me semble que c'est fort comme position, ça, puis il me
semble que c'est une position claire.
Le Parti québécois, aujourd'hui, dans cette interpellation, nous reproche de
faire — avec
quoi?, détermination — ce
qu'eux autres voulaient faire. On ne sait pas si c'était une vraie
détermination, mais c'est ça qu'ils voulaient faire. Alors, M. le Président, c'est assez spécial de voir évoluer le débat et
de voir que le Parti québécois, en quelques mois, a changé complètement de position. Est-ce que c'est
pour générer une perception politiquement rentable ou est-ce que c'est
pour faire avancer le débat? Évidemment, M. le Président, on oublie le fondement
de toute cette action-là, là, la leur, Déterminés, et la nôtre, réalisée, le fondement, qui est
celui de prendre des décisions en fonction de la réalité budgétaire de
l'État québécois. Et ça, évidemment, je suis convaincu, M. le Président,
que la députée de Taillon n'en parlera pas pendant son interpellation, parce
que c'est ce qui s'est passé en campagne électorale. Le Parti québécois a
déposé un budget sans crédit, et, quand on
ne dépose pas de crédit, c'est parce qu'on sait qu'on ne peut pas en présenter,
parce qu'on sait qu'on n'a pas les moyens de faire ce que l'on avance.
Et, conséquemment, on peut rester dans le merveilleux monde de la perception,
et donc des fabulations, et faire des interpellations.
• (10 h 50) •
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, M. le ministre. Alors, je cèderais la parole à un député
ministériel. Le député de Sainte-Rose?
M. Habel : Exactement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Villeneuve) : Vous
avez cinq minutes, M. le député.
M. Habel : Oui. Merci, M. le
Président. Premièrement, permettez-moi de vous saluer et de saluer la première
opposition, la deuxième opposition ainsi que mes collègues qui m'accompagnent
sur l'interpellation d'aujourd'hui.
Alors, je pense que le ministre a été très clair.
Et je vous remets la plateforme de votre parti, Mme la députée de Taillon, et, sur votre plateforme, c'était marqué bel et
bien d'encadrer les frais accessoires abusifs. Alors, aujourd'hui,
l'interpellation porte sur le sujet des frais accessoires, et, dans votre
plateforme, c'était écrit noir sur blanc d'encadrer les frais accessoires
abusifs.
Alors, le résultat aussi de votre gouvernement à
travers les 18 derniers mois a été simplement le livre blanc sur l'autonomie, alors que notre gouvernement, en
18 mois, M. le Président, a fait d'énormes avancées pour la santé
des Québécois. Je vous en donne quelques
exemples. Premièrement, l'adoption de la loi n° 1 sur les soins de fin de
vie a été applaudie par l'ensemble des parlementaires, l'ensemble de la population
du Québec; le dépôt et l'adoption du projet de
loi n° 20 sur les réseaux, où on est passé de 192 établissements de
santé à une trentaine de CISSS et de CIUSSS, plus précisément 13 CISSS, neuf CIUSSS et quatre
établissements de communautés nordiques et autochtones. On est passé de
trois paliers à deux paliers hiérarchiques, M. le Président. On a réduit la
bureaucratie pour l'investir directement sur le
plancher et pour les patients. Alors, déjà, on a fait une grande avancée, M. le
Président, en termes de santé. Et, par la suite, on a déposé et finalement adopté le projet de loi n° 20 sur
l'accès aux soins de santé, amélioré l'accès des services en santé, notamment en médecine de famille et
aussi des médecins spécialisés. Au sujet du projet de loi n° 20, il y
avait aussi la fécondation in vitro. Et
on a aussi encadré les frais accessoires, parce que, écoutez, on a écrit noir
sur blanc ce que le Parti québécois voulait faire, c'est-à-dire encadrer
les frais accessoires abusifs.
On
a fait ce qu'on avait dit qu'on allait faire, M. le Président. On en a toujours
fait davantage, notamment l'application de la loi n° 41 et les sept actes
des pharmaciens. Je vous en nomme quelques-uns, M. le Président : on a permis de prescrire un médicament lorsqu'aucun diagnostic
n'est requis; on a permis de prescrire des médicaments lorsque le
diagnostic est déjà connu; on a prolongé l'ordonnance d'un médecin; on a permis
l'ajustement d'ordonnances d'un médecin; on a permis de prescrire des analyses
de laboratoire et de substituer un médicament, M. le Président.
Alors, en
18 mois — regardez
le chemin qu'on a parcouru, M. le Président — on n'a pas été statiques, on
a été proactifs, et j'ai un tableau ici, M. le Président, qui le démontre
très bien, M. le Président. Regardez ce qu'on a fait : adoption de la loi
n° 1 sur la fin de vie; dépôt et adoption de la loi n° 20 sur les
réseaux; dépôt et adoption de la loi n° 20 sur l'accès; encadrement de la
FIV; entente historique avec la FMOQ; nouveau cadre de gestion des GMF; encadrer
les frais accessoires; étalement des ententes de rémunération; application de
la loi n° 41; mise en place du plan d'action de l'itinérance, et on a
déposé un projet de loi sur le tabac. Et, M. le Président, on a été les
précurseurs en 2005 sur la Loi sur le tabac
et on continue d'être les pionniers au niveau de la Loi sur le tabac notamment
en proposant l'interdiction pour les adultes de fumer en présence de
mineurs de moins de 16 ans dans les véhicules et d'assujettir la cigarette électronique. Actuellement, il fait
l'objet d'un débat, M. le Président, et actuellement des discussions
vont bon train pour le projet de loi n° 44. Il fait l'ensemble et aussi
l'unanimité dans les médias et dans la population. Bien, c'est ce qu'on fait
depuis 18 mois, M. le Président, et c'est ce que le ministre de la Santé
fait. Il fait l'unanimité parmi les citoyens, qui veulent avoir plus d'accès à
un médecin de famille, plus d'accès en médecine spécialisée. Et les gens nous
parlaient en élection qu'il y avait trop de bureaucratie. Eh bien, regardez ce
qu'on a fait, on est passé de 192 établissements de santé à une trentaine
de CISSS et de CIUSSS, M. le Président.
Alors,
en terminant, M. le Président, sur l'interpellation des frais accessoires, les
seules personnes qui ont fait les frais, c'est les citoyens, qui ont
subi le leadership déficitaire du PQ lorsqu'il était au gouvernement, et ce
déficit, lui, M. le Président, n'était pas accessoire. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Villeneuve) : Merci, M. le député de Sainte-Rose. Alors, je céderais
la parole maintenant à Mme la députée de Taillon pour cinq minutes.
Mme Lamarre :
Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, très honnêtement, les gens qui nous
écoutent aujourd'hui et la population, ce qu'ils veulent, c'est que le ministre
donne des réponses aux Québécois.
Il
impose une nouvelle façon de voir les frais accessoires et il refuse de
l'expliquer à la population, et c'est ça que les gens comprennent depuis
20 minutes où on discute. Alors, qu'il ait le courage de ses décisions, ce
ministre, et qu'il nous donne des précisions
sur ce qu'il entend faire. Quand les patients vont partir de chez eux pour voir
un spécialiste ou un médecin de
famille, ils veulent savoir combien ils vont avoir à payer et chez quel médecin
ils vont avoir à payer et pour quels
services ils vont avoir à payer. C'est ça, l'enjeu de notre interpellation,
parce que, dans tout le processus de l'adoption
article par article, le ministre, comme il le fait depuis 20 minutes, a
systématiquement dévié la conversation pour ne jamais rentrer sur le
coeur du projet et de ces frais accessoires. Alors, maintenant qu'il a eu tout
ce qu'il veut — et
il a eu sa loi, il a l'entente avec la
FMSQ — il
devrait avoir le courage de dire : Écoutez, je vais vous l'expliquer
comme il faut, en quoi ça va consister, les
frais accessoires. Quand vous allez aller voir l'ophtalmologiste, dorénavant il
va vous charger 2 $ pour les
gouttes, 198 $ pour ses frais de cabinet, ses frais d'équipement et ses
frais de tests diagnostiques parce que
je l'ai autorisé à faire ça. Et, si ce n'est pas ça, j'invite le ministre à le
corriger. Mais, pour l'instant, c'est l'interprétation qu'on est obligés
de faire de ce qu'il refuse de préciser.
Alors, elle est où,
la transparence annoncée par le premier ministre le premier jour d'entrée en
fonction de ce gouvernement-là? Elle est où,
la transparence? Déjà, on n'a pas de plan d'action, on demande un plan. Des
réformes, on peut en faire autant
qu'on veut, on peut changer des lois à toute vitesse comme le ministre voudrait
le faire, ce n'est pas ça qui garantit l'amélioration de l'accès, ce
n'est pas ça qui garantit que les décisions vont être cohérentes, et, sur le
terrain, les médecins qui sont ici avec nous
aujourd'hui en tribunes nous confirment que le projet de loi n° 10, ça
n'améliore pas l'efficacité. Ils n'ont pas accès aux infirmières qui
pouvaient les aider à améliorer cet accès. Il y avait des ententes, il y avait des conventions, il y avait des promesses,
des engagements pris par le ministre, et les infirmières ne sont pas là;
elles sont coupées, les infirmières. Les préposés sont coupés, les psychologues
sont coupés dans les réseaux, et on déplace les
gens, on les fait se promener de très loin dans les Laurentides; les gens vont
avoir 200 kilomètres à faire pour avoir le même service qu'avant.
Alors, pour l'amélioration, là, moi, je n'ai pas vu encore des applaudissements
sur le terrain, et les économies promises par le ministre ne sont même pas là
non plus. Alors, elle est où, la transparence annoncée?
• (11 heures) •
Je vois, ce matin,
Vincent Marissal, dans La Presse, qui dit : Alors, ce qu'on
aimerait... Gaétan Barrette... excusez-moi,
le ministre — lui, il
dit : Gaétan Barrette — mais le ministre de la Santé «vient de faire
passer son projet de loi n° 20 malgré une profonde opposition dans
le milieu de la santé et chez ses critiques. On craint, notamment, que l'encadrement des frais accessoires — on est bien sur ce sujet-là — (de plus en plus communs) ne les normalise
et [qu'ils] ne se multiplient. Le
ministre Barrette rejette toutes ces inquiétudes avec l'arrogance dont il est
capable. La meilleure défense, c'est bien connu, c'est l'attaque, un
principe auquel adhère notre ministre de la Santé.» Et il dit — puis
là je pense que c'est ça, là — que la population en a assez, M. le
Président, c'est de ne pas avoir la vérité, de ne pas avoir l'information dont
elle a besoin pour être capable de savoir. On le voit, les couples infertiles,
là, ça leur est arrivé en pleine figure,
aucune capacité d'apprécier qu'est-ce qui s'en venait. Et là c'est la même
chose avec les frais accessoires.
Alors, «ses états
d'âme quant à la formulation des questions — je poursuis le... Vincent
Marissal — ne
nous intéressent pas. On voudrait seulement
qu'il explique son projet de loi, qu'il dise en quoi il est bon pour les
Québécois. Au lieu de ça, M. Barrette ridiculise ses opposants [...] les traite
d'ignorants, ce qu'il a d'ailleurs déjà fait à l'Assemblée nationale, avec le
même mépris, à sa critique péquiste, Diane Lamarre.»
Le
Président (M. Villeneuve) : Oui. Question de règlement.
M. Habel :
Article 35 : on ne peut pas faire...
Le Président (M.
Villeneuve) : Article?
M. Habel :
Article 35.
Le Président (M.
Villeneuve) : Oui.
M.
Habel : On ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne pourrait faire
directement. En reprenant les propos de M. Marissal, elle impute des
motifs au ministre. Je lui demande d'être vigilante par rapport à ses propos.
Le
Président (M. Villeneuve) : Bien, écoutez, je pense que ça va bien,
là. On va laisser continuer la députée de Taillon. Moi, je pense que ça
va bien. Allez-y, madame.
Mme
Lamarre : M. le Président, je retiens : on voudrait seulement
qu'il explique son projet de loi. On voudrait qu'il nous en parle, de
ces frais accessoires, qu'il nous donne l'information. Est-ce que le ministre
peut, dans le prochain cinq minutes qui lui
est consenti, nous donner les frais accessoires qu'il prévoit autoriser par son
amendement?
Le Président (M.
Villeneuve) : Merci, Mme la députée de... Oui, vous avez terminé?
Une voix :
...
Le Président (M.
Villeneuve) : Non? D'accord.
Mme Lamarre :
Je pense que, là, les gens attendent clairement une réponse, M. le Président.
Le
Président (M. Villeneuve) : Là, écoutez, je pense qu'on a un petit
problème de chronomètre. M. le secrétaire?
Une voix :
Il restait 20 secondes.
Le
Président (M. Villeneuve) : Il restait 20 secondes, alors vous avez
encore 20 secondes... ou 17, là. Allez-y.
Mme Lamarre :
Je suis convaincue que c'est ça que les personnes qui nous écoutent
actuellement veulent entendre du ministre. Il est rendu là, et, s'il refuse de
le dire, c'est parce qu'il y a des choses avec lesquelles il n'est pas à l'aise. Alors, s'il en est fier, s'il est
sûr que c'est ça qui est essentiel pour la population, qu'il n'y a rien d'autre
à faire, qu'il nous donne cette liste des frais accessoires.
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, Mme la députée de Taillon. Alors,
je céderais la parole, pour les cinq prochaines minutes, à M. le
ministre.
M.
Barrette : M. le Président, je sens que le ton monte en face, je suis
un peu étonné. Mais, encore une fois, ça fait partie de la mécanique de création de perception. Et moi, je ne suis pas
ici pour vous lire des articles de journaux, M. le Président, je vais
plutôt vous lire des articles de loi, ce qui est beaucoup plus pertinent, et je
vais encore vous montrer comment la députée de Taillon réussit à passer à côté
du sujet.
Côté
transparence, M. le Président, voici ce que la loi initiale, originelle,
déposée par le Parti québécois, disait : Il est interdit, tatatata,
sauf dans des cas prescrits ou prévus à une entente, une entente entre le
gouvernement et les fédérations médicales.
Quand le Parti québécois a créé ça, il ne l'a pas fait de façon transparente,
c'était en négociation, en secret avec les médecins, ce n'était pas
public. En 1984, quand ils ont changé la loi pour la préciser plus, ils ont dit
ceci : «...sauf dans les cas prescrits
ou prévus dans une entente et aux conditions qui y sont mentionnées — là aussi, des conditions dans une entente avec les médecins.» Le Parti québécois est
revenu au pouvoir, il n'a pas changé ça. Il est revenu une deuxième fois
au pouvoir, il n'a pas changé ça. Il n'a pas changé ça.
Alors,
côté transparence, M. le Président, moi, je suis très fier de dire aujourd'hui
deux choses : Un, il y aura un règlement
public publié, pour consultation, dans la Gazette officielle, adopté,
transparent, où tout sera écrit et détaillé, ça va être clair; et, pour ce qui est de l'explication du projet de loi,
peut-être que certains chroniqueurs n'ont pas eu la patience de suivre les 110 heures d'étude détaillée en
commission parlementaire. M. le Président, juste pour l'anecdote, j'ai
demandé au Secrétariat de l'Assemblée nationale de voir si notre commission, où
on a étudié de façon détaillée, article par article,
le projet de loi, si... où on se situait dans l'histoire documentaire de
l'Assemblée nationale. On a été la cinquième plus longue commission parlementaire de l'histoire documentaire de
l'Assemblée nationale et où on a parlé de ça, M. le Président. Et là je me fais dire qu'on n'a pas été
transparents puis on ne sait pas ce qu'on va faire. M. le Président, ça
a été dit en long, en large et en hauteur, il va y avoir un règlement.
Mais
revenons au fond de l'affaire, M. le Président. Je le répète, le Parti
québécois était déterminé, M. le Président, déterminé à faire quoi, M. le Président? À encadrer et baliser les frais accessoires. «Encadrer», M. le Président, dans le dictionnaire, ce n'est pas «abolir».
Puisqu'on est dans un débat — un débat, c'est bidirectionnel, il me
semble, hein? — alors,
je pense qu'on peut... Un débat, par
définition, si on va dans le dictionnaire... je n'irai pas là, mais je pense
que toute la population comprend que c'est
bidirectionnel. Est-ce que la députée de Taillon peut nous expliquer pourquoi
elle qui a signé cette position-là, elle a signé cette position-là, c'est... Il y a plein d'articles que je peux
déposer, M. le Président, où elle est citée, où elle annonçait il y a un
an et demi qu'elle voulait encadrer les frais accessoires, pas les abolir.
Est-ce qu'elle peut prendre du temps pour
éclairer la lanterne de la population sur des raisons pour lesquelles elle ne
voulait pas les abolir? Pourquoi a-t-elle signé un document? Pourquoi s'est-elle associée... Moi, là, quand je mets mon
nom, là, puis que je participe, là, au programme électoral du parti
libéral, j'y adhère, puis j'y adhère encore aujourd'hui, M. le Président.
Alors, elle qui y a
adhéré puis non seulement y a adhéré, mais elle a été décrite par l'actuel chef
comme son lieutenant en santé, c'est elle, l'esprit penseur de la position du
Parti québécois — c'est
correct, puis je la félicite, d'ailleurs,
pour cette démarche-là — alors elle sait donc pourquoi elle voulait les encadrer et non les
abolir. Est-ce qu'elle peut prendre du temps de débat
parlementaire — c'est
à ça que ça sert, là — au
lieu de lire des articles de journaux sympathiques mais pas à mon endroit, mais
ça, je suis habitué... Mais faisons un vrai débat, là : Pourquoi, sur
quelles bases elle a choisi de prendre une
position? Moi, j'en... là, puis je vais en parler dans la prochaine
intervention, puis elle pourrait nous
le dire, pourquoi elle a choisi d'encadrer plutôt que d'abolir. Est-ce qu'elle
peut prendre de son temps pour nous
l'expliquer? Le monde va aimer ça. Moi en premier, là. On va tous aimer ça, M.
le Président. Puis elle peut prendre son temps pour nous dire ça.
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, M. le ministre. Alors, pour les
cinq prochaines minutes, je céderais la parole à Mme la députée de
Crémazie. À vous la parole.
Mme
Montpetit : Merci, M. le Président. D'abord, permettez-moi de saluer
le ministre de la Santé, mes collègues députés du gouvernement ainsi que ceux
de l'opposition. C'est réellement un plaisir de participer à cette interpellation aujourd'hui sur les frais
accessoires, puisque cette occasion, M. le Président, nous permettra, une fois
de plus, de rétablir les faits.
Je
me permets de relire le titre de l'interpellation pour la suite de mon
intervention, le titre exact : «La volonté du ministre de la Santé
et des Services sociaux de légaliser la facturation des frais accessoires aux
patients.»
Alors, commençons, M.
le Président, par une définition littérale du mot «légaliser». Dans Le petit
Robert, «légaliser» veut dire «rendre légal». Et «rendre légal», M. le
Président, ça veut dire que quelque chose était illégal. Et tout l'enjeu de la discussion qu'on a
aujourd'hui et qu'on a eue au cours des dernières semaines, derniers mois,
d'ailleurs, sur ces questions-là tourne sur
ce mot-là. En parlant de légalisation des frais accessoires, la députée de
Taillon présume que ces frais étaient
illégaux et que la présente loi aurait pour effet de les rendre légaux. Or, ce
n'est évidemment pas le cas. On l'a abordé amplement au cours des
dernières semaines, mais la répétition est toujours source de compréhension.
Alors,
prenons appui sur la Loi sur l'assurance maladie. Et la notion des frais
accessoires a été introduite, comme on le mentionnait, en 1979 par le
Dr Lazure, ministre, à l'époque, des Affaires sociales, de René Lévesque.
Et je le cite, l'article de loi allait
ainsi : «Il est interdit à toute personne d'exiger ou de recevoir tout
paiement d'un bénéficiaire pour un service
accessoire à un service assuré [...] par un professionnel soumis à
l'application d'une entente ou par un professionnel désengagé,
sauf — et
c'est ce qui nous intéresse ici — dans les cas prescrits ou prévus à une
entente.» Donc, les frais accessoires sont devenus légaux à ce moment-ci, je le
répète, en 1979, et ceux-ci étaient négociés par entente avec les fédérations médicales. En 1984,
l'article 22 de la Loi sur l'assurance maladie a été modifié par Pierre
Marc Johnson, alors ministre de la Justice, et je vous le lis, M. le
Président, aussi pour fins de compréhension : «Il est interdit à toute
personne d'exiger ou de recevoir tout paiement d'une personne assurée pour un
service, une fourniture ou des frais accessoires
à un service assuré rendu par un professionnel soumis à l'application d'une
entente ou par un professionnel désengagé, sauf dans les cas prescrits
ou prévus dans une entente et aux conditions qui y sont mentionnées.»
Je souligne également
l'article 22 de la même loi, qui prévoit qu'un médecin soumis à
l'application d'une entente ou un médecin
désengagé qui exerce dans un cabinet privé ou un médecin soumis à l'application
d'une entente qui exerce dans un
centre médical spécialisé au sens de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux doit afficher à la vue
du public, dans la salle d'attente du cabinet ou du centre médical spécialisé où
il exerce, le tarif des services, fournitures et frais accessoires
prescrits ou prévus dans une entente qu'il peut réclamer d'une personne assurée
ainsi que celui des services médicaux qu'il rend et qui sont non assurés ou non
considérés comme assurés par règlement. Article 22.
Je
répète, M. le Président, le médecin doit afficher le tarif des frais
accessoires prévu dans une entente qu'il peut réclamer d'une personne
assurée. Donc, si on demandait au médecin d'afficher les frais accessoires,
j'imagine, c'est parce qu'ils étaient légaux. Donc, on ne peut prétendre que la
loi actuelle légalise les frais accessoires, puisqu'ils ont été légalisés en 1979 par le gouvernement du Parti québécois. Quant
à nous, nos intentions ont toujours
été claires, baliser ces frais
accessoires pour faire cesser les abus. Alors, la loi n° 20,
c'est la transparence, à laquelle on fait régulièrement référence, et la
fin des abus. Merci, M. le Président.
• (11 h 10) •
Le Président (M.
Villeneuve) : Merci, Mme la députée de Crémazie. Alors, je céderais la
parole pour un cinq minutes à M. le député de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Cinq minutes, M. le Président, cinq minutes, je vais essayer
de ne pas perdre de temps.
Je salue mes
collègues, je salue les collègues du gouvernement, le ministre, son équipe, les
collègues de l'opposition également sur un dossier qui est éminemment
important, les frais accessoires, parce que je comprends qu'on en parle depuis un bout de temps, mais il a
des impacts. Là, ce matin, et ce que j'entends depuis le début, bien,
c'est un paquet de choses, hein? Je veux dire, la glace est grande, et puis on
patine et on occupe le territoire partout.
Deux choses me permettant
de ramener les choses dans leur contexte. Le député de Sainte-Rose, qui tout à l'heure
présente des tableaux... Parce qu'on
est au matin des tableaux, hein, je ne ferai pas exception à la règle. J'en
avais deux ce matin. Je n'ai même pas le nouveau, là, c'est deux vieux de ce
matin, là, que j'avais avec moi. Alors, le député
de Sainte-Rose dit : Vous savez, on en a tellement fait depuis qu'on est
arrivés, en 18 mois, tout est beau, puis on avance. Bien, ces tableaux-là, M. le député, je vous les présenterai, si
vous les voulez, personnellement, parce que ça indique que, pour deux périodes comparables, 2014, 2015,
en ce qui concerne les chirurgies, le temps d'attente dans les
chirurgies, on est passé de 20 154 à
20 978 et que, la promesse faite
par le gouvernement et le ministre
de la Santé de faire en sorte
qu'il n'y ait plus personne qui aurait attendu plus d'un an pour une chirurgie,
bon, on ne l'a pas atteinte. Alors, on a beau être
proactif puis on a beau montrer des choses, mais, pour l'instant... Et les 20 000 quelques, c'est pour six mois et
plus, là, parce que, si je prends la
totalité des gens qui aujourd'hui attendent une chirurgie, c'est pas mal plus que ça. Ça fait que proactif, oui, mais des échecs,
oui aussi. Alors, c'en est un. C'est un petit tableau qui était là, je le
retrouve comme ça par hasard dans mes affaires.
Oui, il a un impact, le projet de loi n° 20,
qui va engendrer plusieurs conséquences sur l'accès aux soins de santé puis, oui, il y a des exemples concrets
puis, oui, la normalisation des frais accessoires, disons, l'harmonisation, parce que la députée de Crémazie nous dit il y a deux
instants... Puis là, bon, on analyse des mots. On s'est chicanés sur «légalisation», «normalisation»,
«institutionnalisation». Non. Je pense que, moi, ce n'était pas ça, mon objectif. Ce n'était pas de légaliser,
normaliser, institutionnaliser. Ce n'est pas le terme, c'est l'impact, hein?
Tant qu'à ça, là, ce n'est pas vraiment un débat sur le terme qu'on a eu, c'est un débat
sur l'impact, quel est l'impact de cette institutionnalisation, de cette
normalisation des frais accessoires telle que décidée par le ministre — pas
rien que proposée, décidée — alors
qu'on ne sait pas grand-chose là-dessus,
parce que, bon, par règlement, on ne sait pas encore ce que ce sera et ce que
ça coûtera. Bien, l'impact, c'est sur les
citoyens. Et, au surplus, le citoyen, légitimement, s'inquiète, parce que, si
le ministre a dit que, parce qu'il l'a déjà évalué également, que c'est
50 millions, le 50 millions, le gouvernement n'avait pas la capacité à le payer, transposons : le citoyen non plus n'a pas la capacité à le payer.
Alors, on fait quoi, puis on va chercher quoi, puis où on va chercher de
l'argent? Puis est-ce qu'il y a moyen de faire en sorte qu'on puisse offrir un
service puis offrir... puis de faire en
sorte que les gens n'aient pas à fouiller dans leurs poches encore une fois? Parce que leur
capacité à payer est atteinte, elle aussi. Et je pense, et nous pensons, et
nous avons proposé des façons de faire qui auraient
sûrement permis, si on l'avait davantage écoutée, d'éviter
de faire en sorte que le citoyen, la citoyenne, les patients, les
patientes au Québec aient aussi à assumer ces frais-là.
Il y en avait,
des avenues. Il y en a, des avenues, et le ministre
les connaît fort bien. D'ailleurs, depuis un bout de temps, il en parle pas mal. Il parle de faire des économies sur le prix
des médicaments, il parle de faire des économies sur les surdiagnostics. Évidemment, quand on
économise, on peut ensuite redistribuer, on peut ensuite décider de ce qui
sera offert, mais on peut le faire aussi en consultations. Je pense que le dossier est tellement important, et nous l'avons demandé aussi, nous avons demandé à plusieurs reprises qu'il y ait une consultation
publique sur ce dossier-là des frais
accessoires, ce qui nous avait été refusé.
Vous savez,
on parle de frais à ce moment-ci, puis on est en train de se dire : Qui doit
payer quoi? La constante, c'est qu'il y a
des échecs et il y a des conséquences actuellement dans notre système de santé pour ceux et celles qui nous regardent
et qui nous écoutent ce matin, encore
une fois, et je reste là-dessus,
et des conséquences, hein, je vous en dirai, elles sont très, très, très palpables. On parle de frais accessoires, puis on
parlait de procréation assistée. Je l'aborde parce que vous en avez parlé également. Ce matin, on peut
lire, concernant la procréation assistée : «"C'est la catastrophe. On
reçoit plein de demandes de la part de couples paniqués. Et, honnêtement, on ne
sait pas trop quoi leur répondre", affirme le directeur médical de la Clinique Ovo, le Dr François
Bissonnette.» Je sais qu'au ministre, ce matin, on a fait entendre des extraits de gens qui disaient que c'était
épouvantable et puis qu'on leur brisait un projet de vie. Alors, ce sont ça
aussi, les conséquences.
Enfin, je dirai que ce matin le ministre de la
Santé a abordé un autre frais que dorénavant il assumera, les écographies, par
le biais d'une entente avec la Fédération des médecins spécialistes. Je pose
une question, et là c'est mon deuxième
tableau. Il a choisi de permettre que les écographies soient couvertes. Bien,
je poserais ma question, il me reste 44 secondes — et là
je sortirai celui qui est tout nouveau : Est-ce que le ministre admet et
confirme un bris de promesse dans sa
décision d'assurer par les radiologistes l'écographie?, alors qu'à
Trois-Rivières, le 11 mars 2014, il disait : «Finalement, le Parti
libéral du Québec s'engage à offrir un accès rehaussé à la résonance
magnétique, au scan et à l'écographie, afin
que les Québécois puissent obtenir le bon diagnostic le plus rapidement
possible. Ces trois examens seront
donc couverts par le régime public lorsqu'ils seront effectués dans les
cliniques privées, et ce, dès 2014‑2015.» Ça, c'est signé... Tout à
l'heure, le ministre dit : C'est le fun, j'adhère à tout ce qu'on fait.
Citation ouverte.
Est-ce que le
ministre confirme ce matin qu'il a brisé cette promesse d'offrir aux Québécois
et aux Québécoises ces trois services 2014‑2015?
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, M. le député de Lévis. Pour les
cinq prochaines minutes, je céderais la parole à M. le ministre.
M. Barrette : Bien, merci, M. le
Président. Et je remercie le député de Lévis d'introduire cet élément-là, qui évidemment est complètement en dehors de l'objet
de l'interpellation, mais je n'en lui fais pas reproche, mais je ne
prendrai pas tout mon temps pour m'étendre
là-dessus parce que ce n'est pas l'objet de l'interpellation, mais, encore une
fois, dans la finalité de l'exercice, qui est de créer des perceptions,
c'est de bonne guerre parce qu'au moins c'est basé sur un fait.
La
citation est réelle, mais elle n'est pas hors contexte en tant que citation,
mais la citation a été faite hors contexte, le contexte étant celui du contexte budgétaire. Lorsque cette
citation-là a été faite, évidemment, on ne pouvait pas savoir à quel point la gestion du
gouvernement précédent avait été budgétairement déficiente. Par contre, M. le
Président, la seule chose qui change
de cette citation, c'est la date. Cet engagement-là, M. le Président, qui était
un engagement électoral de notre gouvernement, sera exercé dans le
mandat.
Je
suis convaincu que le député de Lévis, qui aspire légitimement, un jour, à
prendre le pouvoir, et qu'on espère qu'il
échouera, ferait la même chose. Je suis convaincu que le député de Lévis aurait
la rigueur de réaliser les engagements électoraux,
qui sont des engagements de mandat, et qu'il aspire, lui aussi, à ne pas avoir
de surprise si un jour il est au gouvernement.
Et là-dessus, par contre, on a un autre engagement, et il n'aura pas, lui,
cette surprise que moi, j'ai eue et que
notre gouvernement a eue, parce que dans nos engagements il y aura un énoncé
budgétaire, une vérification faite avant l'élection pour que justement la population puisse juger adéquatement
des promesses en fonction de faits réels, hein, la chose dont on ne
parle pas aujourd'hui, qui est le fondement de toutes ces décisions-là, qui est
la situation budgétaire du Québec. Les trois examens d'imagerie médicale en
cabinet seront dans ce mandat couverts par la RAMQ, le plus volumineux, le plus important, actuellement, étant
l'écographie. C'est notre premier pas, et je pense que la population va être contente. C'est ça, la réalité. Mais je
remercie le député de Lévis de me permettre de faire cette digression-là. Je
la fais, M. le Président, parce que, là,
c'est majeur. Ça, c'est majeur, c'est un engagement, et ça, c'est plus
solennel, on n'est pas dans les
impressions. On veut peut-être créer une impression, mais la réalité, elle est
celle-là. Et c'est un engagement, puis là je le dis pour une troisième
fois, ça sera respecté.
Mais ça nous ramène
quand même à la source du débat, la chose que la députée de Taillon oublie. Le
député de Lévis, lui, il ne peut pas, lui...
et, comme moi quand j'étais à l'extérieur du gouvernement, il ne peut pas, lui,
faire ce débat-là. Je ne le lui reproche
pas, hein, je ne le lui reproche pas, il n'est pas dans les chiffres
intrinsèques du gouvernement. Il l'est, là, mais il ne l'était pas à
l'époque.
Alors,
tantôt, là, dans quelques instants, la députée de Taillon va reprendre la parole dans cette interpellation-là, qui devrait être un débat. D'ailleurs,
on vient d'en faire un, là, on vient d'avoir un échange bidirectionnel — on
m'a posé une question, j'ai répondu, c'était clair — sur
ce sujet-là, qui était le sujet de l'engagement électoral, mais le sujet de l'interpellation, là, et ma collègue
la députée de Crémazie l'a bien démontré, là, même le mot choisi par la députée de Taillon est inapproprié. On ne
peut pas légaliser quelque chose qui était déjà légal, hein, c'est déjà là, on
laisse une impression dans le texte. Dans quelques
instants, la députée de Taillon va prendre la parole. Échangeons,
débattons. Est-ce qu'elle peut nous dire, puis je vais en débattre avec
elle, pourquoi elle avait signé un document qui choisissait d'encadrer,
au lieu d'abolir, les frais accessoires?
Pourquoi elle a signé ça? La population a le droit de savoir ça, aimerait savoir ça.
Ça, c'est de la transparence, de la vraie transparence. Est-elle capable de nous dire ça? M. le Président, je lui laisse, je
pense, la parole. Je pense que c'est à elle. Ce n'est pas elle? C'est dommage.
Elle va revenir.
• (11 h 20) •
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, M. le ministre. Je céderais la parole à un député ministériel. Alors donc, Mme la
députée de Crémazie, à vous la parole pour cinq minutes.
Mme
Montpetit : Je prendrai quelques minutes avant de redonner avec
plaisir la parole à la députée de Taillon.
Et,
pour revenir au sujet de notre interpellation, sur la question de l'encadrement
des frais accessoires, je pense qu'il est important de faire...
Effectivement, on parlait du passé un peu plus tôt, le passé étant relativement
récent. Et, le 28 janvier 2014,
Réjean Hébert, ancien ministre de la Santé sous le gouvernement péquiste, est
questionné en entrevue à l'émission 24/60
au sujet des frais accessoires facturés par certains médecins à leurs patients.
Il déclare alors : «...si on peut [...] les encadrer — encadrer,
hein, on entend bien le mot "encadrer" — au moins les réduire
de façon importante, je pense qu'on aura fait un très grand bout de chemin.»
17 mars 2014,
en pleine campagne électorale, la première ministre du Québec et chef du Parti
québécois, Pauline Marois, en
compagnie du Dr Réjean Hébert et de l'actuelle députée de Taillon, dévoile
les engagements du Parti québécois en
santé et s'engage à quoi, M. le Président?, à encadrer les frais accessoires. À
cette époque, le Parti québécois sollicite un autre mandat pour
appliquer sa plateforme électorale, et je lis à la page 18 de cette
plateforme, on en a fait mention, M. le Président, je lis : «Pour
continuer à augmenter l'accessibilité aux services de santé dans le système
public, nous sommes aussi déterminés à [...] doter le système de santé de
balises claires afin de protéger l'accès aux services et d'encadrer les frais
accessoires abusifs.»
Alors
que les intentions de notre gouvernement ont toujours été très claires, soit de
baliser les frais accessoires pour faire
cesser les abus, le Parti québécois change incessamment de discours. Le
26 octobre dernier, en effet, le PQ fait une énième volte-face
quand, dans un communiqué, sa porte-parole en matière de santé, la députée de
Taillon, invite les Québécois à signer une
pétition exigeant maintenant l'abolition des frais accessoires. Donc, on passe
d'encadrement pendant un mandat, encadrement pendant une campagne
électorale, encadrement dans un programme électoral, et là nous en sommes à l'abolition. Encore une fois, M. le
Président, nous avons un bel exemple du manque de vision et de l'improvisation
qui caractérisent ce parti en matière de santé.
Ceci
dit, notre présence ici, M. le Président, me donne l'opportunité de clarifier
une déclaration du chef du Parti québécois
et chef de l'opposition officielle et député de Saint-Jérôme faite en avril
dernier en compagnie de la porte-parole de l'opposition officielle en
matière de santé, notre collègue la députée de Taillon. Il évoquait alors à La
Presse «la possibilité — et je le cite, là — de revoir la liste de médicaments qui sont
remboursés par l'État et de repenser le panier de services couverts par l'assurance maladie». Question de transparence,
M. le Président, comme l'évoque régulièrement la députée de Taillon, je souhaiterais déposer la liste des médicaments qui
sont présentement remboursés par le régime public, afin que la députée de Taillon et porte-parole de
l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins
puisse nous indiquer ceux que son parti
souhaite retirer. Puisqu'il est question de transparence ici aujourd'hui, je
pense que ça nous permettra d'en
savoir un peu plus sur la volonté du nouveau chef du Parti québécois ainsi que
de sa porte-parole.
Merci, monsieur.
Le Président (M.
Villeneuve) : ...
Mme Montpetit : Absolument.
Documents déposés
Le Président (M. Villeneuve) :
Est-ce que j'ai le consentement pour le dépôt des documents? Ce n'est pas nécessaire. Alors, le dépôt est donc accepté.
Alors, merci, Mme la députée de Sainte-Rose. Je céderais maintenant la
parole à Mme la députée de Taillon pour les cinq prochaines minutes.
Mme
Lamarre : M. le Président, je vous remercie. Ce que je veux apporter
comme information à la population qui
nous écoute, c'est que, vous savez, ce qui est déplorable dans notre système actuel au
niveau du système
de santé, c'est qu'on a mis en place
des mécanismes de contrôle, que ces mécanismes de contrôle là, de 2003 à 2012, entre autres, n'ont pas été appliqués, n'ont pas été validés, et je donne, à titre
d'exemple, la fécondation
in vitro, qui a été
introduite en 2010 et où il devait y avoir un registre des naissances. Si on
avait eu ce registre des naissances, on aurait été capable de suivre l'évolution des frais reliés à la fécondation in vitro, on aurait été capable de voir où il y avait
des dérapages. Mais ce gouvernement n'a rien fait, il a laissé dévier, dériver une situation. Quand nous
sommes arrivés au pouvoir en 2012,
nous avons demandé au Commissaire à
la santé de faire un portrait très juste de la situation de la fécondation
in vitro qui n'a pas été fait entre
2010 et 2013 par le gouvernement libéral. Et, s'il l'avait fait, il aurait
constaté les motifs pour lesquels il y avait ces écarts et il aurait pu
peut-être apporter des solutions et les corriger.
J'ai demandé, lors des travaux du projet de loi
n° 20, au ministre combien d'enquêtes il y avait eu au niveau des neuf
cliniques de fécondation in vitro. Parce que, quand on sent que ça dévie,
quand on sent qu'un programme ne rencontre
pas les objectifs, il faut faire quelque chose. Il n'y a rien qui a été fait
entre 2010 et 2013. C'était un laxisme total. Et il a dit qu'il y avait
une seule inspection qui avait été faite, une seule inspection, M. le ministre.
Une voix : ...
Le Président (M. Villeneuve) :
Allez-y, Mme la députée.
Mme
Lamarre : Je voudrais récupérer mes secondes, parce que c'est vraiment
une distraction causée par la partie opposée.
Donc, c'est une situation où il y avait une seule inspection sur une plainte.
Donc, on n'applique pas les mécanismes
de contrôle. C'est la même chose quand il y a eu la construction des hôpitaux
universitaires. Ces déficits-là ont été
accusés pendant le régime libéral, et les fraudes ont été associées à ça
également. Et là on est dans les frais accessoires, et les frais accessoires dérapent. Il faut faire
quelque chose. Encadrer, ça peut aussi vouloir dire réduire, ça peut
vouloir dire abolir, ça peut vouloir dire
beaucoup de choses. Ce n'est pas nous qui sommes au pouvoir, c'est le
gouvernement. Ils ont pris des décisions; qu'ils les assument, maintenant.
La réalité
sur le terrain, moi, j'en ai des exemples. J'ai ici un organisme, le Comité de
lutte en santé de la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, qui
a invité, depuis presque un an, les gens de son territoire à participer à un registre des frais facturés lors de consultations
médicales. Ils vont faire une présentation, en fin de semaine, sur ces
résultats-là. Ils ont recueilli
527 témoignages. On est dans Pointe-Saint-Charles, on est dans des
quartiers défavorisés. Ils ont été compilés
dans un rapport, et le taux des frais qui leur ont été facturés représente la
somme de 40 775 $. On est dans un quartier défavorisé de Montréal. On a 527 personnes à qui on a
chargé ces frais-là inutilement. Est-ce qu'on va être capable d'avoir un portrait un peu plus clair? Et en quoi
on va faire que ces frais accessoires maintenant qui vont être
officialisés par le ministre... bien, ces
gens-là, s'ils n'ont pas le 50 $ avant de partir de chez eux parce que
leur enfant fait une otite, ils vont être obligés d'attendre, ils vont
être obligés de faire que ça s'aggrave. Et on pourrait dire : Bien, ils
peuvent toujours aller à l'hôpital, mais là
on a vu des cas d'hôpitaux à Montréal où l'hôpital dévie les gens qui ont des
conditions simples comme celle-là et
les envoie dans une clinique à côté qui est une clinique privée où on leur
facture, on leur charge des frais accessoires pour des prises de sang,
pour des examens très simples au niveau des allergies.
Alors, c'est
la privatisation du système de santé que le ministre est en train d'imposer
sans avoir fait le ménage, sans avoir
assumé ses responsabilités de contrôle qu'il avait d'application de mécanismes
pour surveiller, éviter les dépenses inutiles. Alors, moi, ma question à
la fin de cette période-ci, elle va être très claire, et j'aimerais ça avoir
une réponse parce qu'il y a beaucoup de gens
qui écoutent : Les prestataires de l'aide sociale, M. le Président, est-ce
qu'ils vont être obligés de payer des
frais accessoires? Quand les gens reçoivent quelques centaines de dollars par
mois et qu'ils ont un enfant qui est malade, est-ce qu'ils vont être
obligés de sortir... d'emprunter à leur voisin avant de se rendre chez leur médecin en ne sachant pas si les soins vont être
autorisés ou s'ils vont en être privés parce qu'ils n'ont pas le 50 $
pour payer les frais accessoires? Elle est là, la question. Le ministre peut-il
y répondre concrètement aujourd'hui?
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, Mme la députée de Taillon. Je
céderais la parole à M. le ministre pour les cinq prochaines minutes.
• (11 h 30) •
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Évidemment, la réponse, c'est non,
puisqu'il n'y a pas des frais accessoires universellement dans le
réseau. Mais, M. le Président, on remarquera qu'encore une fois la députée de Taillon
refuse l'invitation au débat, à l'échange.
Je l'ai invitée dans ma dernière intervention à nous expliquer pourquoi elle
choisissait avant d'encadrer les frais
accessoires. Il y en a une, raison, on la sait tous. Est-ce qu'elle a pris,
là, le temps de débattre? Non.
Je reviens à mes remarques
introductives. L'exercice qu'on fait, là, c'est un exercice de perception, de
perception, en faisant tout, mais absolument
tout pour éviter, éviter, éviter le coeur, la racine, la source qui nous mène à
prendre des décisions. Je vais lui donner un indice : elle est
budgétaire. Elle pourrait prendre son temps, échanger, là, hein? C'est toujours
les mêmes tons, les mêmes remarques : Le ministre doit nous dire... puis
il n'est pas transparent, puis il parle juste du passé, puis... Bien oui, mais là, là, on est dans le concret,
là, le réel, pas l'imaginaire, là, pas dans la perception; les faits, les faits. Pourquoi elle a choisi
d'encadrer et pas d'abolir? Pourquoi elle ne nous l'explique pas? Pourquoi elle
n'est pas capable d'être vraiment transparente?
La
députée de Crémazie, il y a quelques instants, M. le Président, exprimait
avec brio, tout comme l'a fait mon collègue de Vimont, la situation du Parti
québécois.
Une voix :
...
M. Barrette :
De Sainte-Rose. Pardon. Excusez-moi, M. le Président.
Une voix :
C'était la même circonscription il y a...
M. Barrette :
Oui, je sais, c'est un... Voilà. Aller trop dans le passé, c'est ce que ça
fait.
Alors,
M. le Président, je le remontre à la caméra, là, écoutez,
là : voici les médicaments qui sont actuellement prévus dans notre régime. C'est toutes des pages
recto verso, là, chaque ligne, c'est un médicament, là. C'est gros, ça. M. le Président, là, c'est ça, là. Le Parti
québécois avait choisi... elle l'a
dit, ma collègue l'a cité, elle a été citée dans les médias, elle voulait s'adresser aux médicaments, il y a
des médicaments qui allaient être coupés. J'ai ici une liste que je peux
lui déposer, M. le Président, j'ai une
copie papier que je vais donner, déposer. La page pourrait faire des
photocopies si elle le désire ou si
la députée de Taillon le désire. Est-ce qu'elle pourrait remplir cette
feuille-là pour notre bénéfice, pour la transparence argumentaire? M. le
Président, est-ce qu'elle pourrait remplir la feuille et nous indiquer... elle
peut le déposer à la prochaine période de
questions, ça va me faire plaisir, est-ce qu'elle pourrait nous indiquer sur
une feuille exactement les médicaments qu'elle s'engageait de façon
déterminée à retirer de la liste? Est-ce qu'elle pourrait faire ça? Savez-vous quoi, M. le Président? Je pense
qu'elle ne le fera pas, comme je pense que, d'ici la fin de l'interpellation,
elle ne nous dira pas pourquoi, sur quelles
bases elle avait pris comme position de recommander à son parti, qui l'a inclus
dans son programme, d'encadrer les frais accessoires et non de les abolir.
Le
chef actuel du Parti québécois et Mme Lamarre ont eux-mêmes évoqué ça, là. Il y a
une citation, M. le Président,
je la montre, ici, là.
Le Président (M.
Villeneuve) : Question de règlement. Mme la députée de Taillon.
Mme Lamarre :
Oui. On n'est pas supposé nommer le nom de famille des députés.
Le Président (M.
Villeneuve) : Tout à fait. Alors, se rappeler qu'on doit nommer les
gens par leurs titres en cette enceinte.
M. Barrette :
Ah! on ne peut pas dire «le chef»... Bien, «le député de Saint-Jérôme».
Excusez-moi, M. le Président. Petite entorse.
Alors, M. le
Président, regardez ce qu'est la citation, là, qui existe, c'est une citation,
c'est dans les médias, M. le Président. C'est dans les médias. Alors, ça dit quoi?
«M. Péladeau et Mme Lamarre ont évoqué la possibilité de
revoir la liste de médicaments...»
Le
Président (M. Villeneuve) :
Juste pour faire suite à la demande de la députée de Taillon tantôt. On ne peut pas faire indirectement, là, ce qu'on ne peut pas faire
directement, et le nom...
M. Barrette :
...
Le Président (M.
Villeneuve) : Mais le nom de M. Péladeau est un... et
Mme Lamarre.
M. Barrette :
Ah! bien, O.K. d'abord. M. le Président, je m'excuse encore une fois.
Le Président (M.
Villeneuve) : Donc, peut-être tout simplement le...
M. Barrette :
Je vais reprendre le texte, alors, en corrigeant, là, pour observer la...
Le Président (M.
Villeneuve) : M. le ministre, on ne peut pas le faire indirectement.
Désolé.
M. Barrette :
Je vais quand même lire la citation.
Le Président (M.
Villeneuve) : Oui.
M.
Barrette : «[Le député de Saint-Jérôme] et [l'actuelle députée de Taillon] ont évoqué la possibilité de revoir la
liste des médicaments qui sont remboursés par l'État et de repenser le panier
de services couverts par l'assurance maladie.»
La feuille
que j'ai déposée il y a quelques instants pourrait être utilisée aussi pour les
services qui vont être repensés. J'imagine que repenser, ça doit
peut-être vouloir dire abolir, peut-être? Alors, est-ce que la députée de
Taillon peut nous dire la logique, la base
factuelle, factuelle qui mène à ce geste politique là fort, qui est d'encadrer
et de repenser le panier de services? Est-ce qu'elle peut prendre... Je
vais être généreux, M. le Président.
Sur les cinq prochaines
minutes, est-ce qu'elle pourrait prendre une
minute pour simplement nous indiquer le secteur factuel sur lequel la députée
de Taillon s'appuie pour faire ces propositions-là?
Le
Président (M. Villeneuve) :
Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a une intervention de ce
côté-ci? Donc, pour les cinq prochaines minutes, M. le député de Sainte-Rose,
à vous la parole.
M.
Habel : Merci, M. le Président. Écoutez, je vais reprendre la plateforme du Parti québécois, M. le Président, qui a fait une plateforme pour 2014-2018, et il
y a une page qui est strictement pour
les soins de santé, alors, je l'ai un peu
agrandie, M. le Président. On voit qu'il y a quatre grandes
orientations, M. le Président. Un des aspects, c'est mourir dans la dignité, et un autre aspect, c'est viser
une plus grande accessibilité aux services de santé et de services
sociaux.
M. le Président, je pense qu'avec le projet
de loi n° 20, qu'on a déposé et adopté, on a réalisé d'objectif de
donner une plus grande accessibilité et on va voir les fruits de nos efforts à
la suite du projet de loi n° 20. Et le projet mourir dans la dignité a été adopté par notre
gouvernement dès le début. C'était le projet de loi n° 1. Alors, on
pourrait dire qu'on a essentiellement déjà fait, grosso modo, entre
49,5 % ou 50,5 % des objectifs du Parti québécois en matière de
santé. Et je continuerais par dire, étant
autour du 50 %, M. le Président, qu'un article du Devoir, de Marco
Fortier disait que «le gouvernement Couillard tient promesse plus
rapidement que ses prédécesseurs : après un an et demi au pouvoir, les libéraux ont rempli la moitié de leurs engagements
électoraux». M. le Président, la moitié de leurs engagements
électoraux.
Alors, j'ai fait une nomenclature des 18
derniers mois en santé avec le projet de loi n° 10, avec le projet de loi n° 20, avec l'encadrement des frais
accessoires, qui est le sujet de l'interpellation aujourd'hui, M. le Président.
Et, dans le mot «encadrer», et la
députée de Crémazie et le ministre de la Santé l'ont bien évoqué, encadrer, ça
veut dire que quelque chose était illégal auparavant, et on a bien
démontré, M. le Président, que, depuis 1979, les frais accessoires sont légaux. Alors, dans la campagne électorale, le 17
mars 2014, la première ministre et le Dr Réjean Hébert ainsi que la
députée de Taillon dévoilent leurs
engagements en santé, et c'est inscrit : «Un gouvernement du Parti
québécois interviendra aussi afin d'encadrer les frais accessoires
abusifs.»
Alors, M. le Président, ce qu'on a fait, c'est
d'encadrer les frais accessoires abusifs. On a réalisé une vision et la volonté
de notre gouvernement et on a réalisé des objectifs qui étaient partagés par
aussi le Parti québécois, M. le Président.
On a réalisé 50 % de leurs engagements en moins de 18 mois, alors qu'eux,
en 18 mois, ont réalisé simplement le livre
blanc sur l'assurance autonomie. Alors, je pense qu'on est dans une bonne voie
d'améliorer les choses, M. le Président.
Je pense qu'on a des bonnes balises avec le projet de loi n° 10, le projet
de loi n° 20, l'application du projet de loi n° 41 et le
projet de loi n° 44, qui est actuellement en lice. Alors, je ne
continuerai plus mon intervention, parce qu'il en deviendrait accessoire de
poursuivre sur le sujet.
Le Président (M. Villeneuve) : Donc,
vous avez terminé votre intervention, M. le député de Sainte-Rose?
M. Habel : Oui. Merci.
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci. Alors, je céderais la parole, pour
les cinq prochaines minutes, à Mme la députée de Taillon.
• (11 h 40) •
Mme Lamarre : Alors, M. le
Président, on a, pendant nos échanges, réussi à obtenir quelques fragments d'information de la part du ministre au niveau des
frais accessoires, parce que je reviens sur les frais accessoires parce
que c'est vraiment ça qui est l'objet. Puis c'est le ministre qui est ministre
actuellement, alors c'est lui qui applique, c'est lui qui décide, c'est lui qui a pris les décisions. D'ailleurs, un
gouvernement majoritaire, ça fait qu'ils ont pris toutes les décisions.
Et je vous dirais que, quand le ministre dit que ça a été long... le projet de
loi n° 20 avait 68 articles, il a déposé 78 amendements, plus
d'amendements que le nombre d'articles qu'il avait au départ. Et, le 27
octobre, il y a deux semaines et demie, il nous a déposé en liasse 20 amendements
supplémentaires. Alors, il ne peut pas blâmer l'opposition d'avoir pris du
temps.
On a
travaillé sur un projet qui était un brouillon, M. le Président. C'était un
brouillon, c'était de l'improvisation complète, et le ministre a
tellement convenu que c'était de l'improvisation qu'il a été obligé de faire,
parallèlement à son projet de loi, des
ententes qui, elles, déterminent des contenus un peu plus fiables, un peu plus
raisonnables. Sinon, ce qu'il avait mis même dans ses premières
orientations réglementaires, les médecins disaient : C'est impossible
d'appliquer ça, on déstabilise complètement le système de santé, on nuit à
l'accès au lieu d'améliorer l'accès.
Alors,
c'est ça, l'improvisation que le ministre nous impose, et c'est ça qui amène
des délais. Parce que, oui, je suis
une personne rigoureuse, oui, je suis une personne qui aime à ce que les
projets de loi soient bien faits. Une loi, quand c'est mal fait, c'est
sujet à contestation, c'est des frais pour le gouvernement, c'est des frais, au
niveau des avocats, qu'ils vont se faire un plaisir de contester, et d'ailleurs
il y en a qui vont probablement contester la portion des frais accessoires que
le ministre a introduite dans le projet de loi n° 20. Alors, le
ministre nous embarque dans des recours collectifs, dans des frais supplémentaires. Lui
qui semble être si attentionné à préserver chaque dollar... bien, on voit
que, quand il s'agit d'annoncer des choses, il a le verbe facile. Quand il
s'agit de ramasser de l'argent dans les coffres de l'État, le rendez-vous n'est pas là. Le projet de loi n° 10, il
avait promis qu'on aurait 220 millions d'économies; bien, les
220 millions, ils ne sont pas là actuellement, c'est ce qui fait qu'il a
été obligé de recharger un 400 millions de plus, déjà, aux coupes de
450 millions qu'il avait demandées aux hôpitaux. Alors, l'argent ne rentre
pas bien, puis, même si on parle très haut
et fort puis qu'on donne des discours très colorés, là, le résultat, c'est dans
la colonne des chiffres qu'on le
voit, puis le 220 millions promis, il n'est pas là. Puis les heures de
travail qu'on a faites en commission parlementaire, elles se justifient
par l'improvisation.
Le
ministre lance un peu n'importe quoi dans ses projets de loi, mais on va
revenir dans les petits détails tout petits, minuscules qu'on a réussi à obtenir sur les frais accessoires. Il a
dit : Je vais ajouter les frais d'équipement, les frais de bureau, les tests diagnostiques, plus une marge,
une marge de profit de 10 % à 15 %. Est-ce que, ça, il peut nous
expliquer où il en est et qu'est-ce que ça représente sur une colonoscopie qui
coûte 500 $? 10 % à 15 %, M. le Président, ça fait 50 $ à 75 $ de plus, ce n'est pas banal.
Alors, sur quoi il se base? Puisque déjà il rajoute les frais d'équipement, les
frais de bureau, les tests diagnostiques,
les honoraires, les frais de cabinet, qui sont déjà tous dans l'enveloppe, il
veut en redonner un petit peu
plus : l'autorisation pour les médecins de rajouter un 10 % à
15 % de marge de profit de plus. Alors, je pense que ça, là, c'est une innovation, on n'a jamais
entendu parler de ça avant. Et, au contraire, on disait tous qu'il fallait
enlever ces frais-là. Et le ministre, lui, il dit : Bien, non seulement je
vais élargir la portée... Parce que c'est vraiment ça, là. Entre payer 2 $ pour des gouttes puis payer
150 $ pour un équipement, il y a toute une marge, là. Alors, le ministre,
il légalise le 150 $ pour les frais de
bureau. Ça inclut les chaises dans la salle d'attente, la secrétaire, les
équipements, le papier pour la civière, peut-être le déneigement... on
ne le sait pas, là, le déneigement dans la cour, parce que ça aussi, ça rentre. Alors, qu'il nous précise ce que c'est.
Et, à partir du moment où il a tout autorisé ça, là, frais d'équipement,
frais de bureau, tests diagnostiques, il
rajoute un 10 % à 15 % en plus pour d'autres frais, parce qu'on
aurait besoin de davantage. Alors, est-ce que le ministre peut nous
donner quelques précisions là-dessus?
Et
je voudrais aussi profiter de ça pour qu'il nous parle de sa notion
d'universalité. Je pense qu'il devrait nous dire qui lui a donné le
mandat de remettre en question le principe de l'universalité de nos soins de
santé.
Le Président (M.
Villeneuve) : Merci, Mme la députée de Taillon. Je céderais... à M. le
ministre pour les cinq prochaines minutes.
M.
Barrette : Bien, M. le Président, j'aimerais bien qu'elle fasse
l'histoire de son propre parti et qu'elle se demande qui a donné le mandat au Parti québécois en 1979
d'atteindre l'universalité comme elle le présente. C'est eux autres,
c'est leur formation qui a mis les frais
accessoires au monde, alors qu'il n'y en avait pas avant. Alors, c'est assez
cocasse de voir la députée de Taillon
me demander ça, alors qu'eux autres l'ont fait. Bon, j'étais jeune, M. le
Président, j'avais aux alentours de 20 ans à ce moment-là, 23,
précisément, et je ne me rappelle pas... mais j'étais jeune, je ne me rappelle
pas avoir entendu un débat dans la société ni un mandat donné au gouvernement
de mettre en place les frais accessoires. Alors, c'est le fun avec la députée
de Taillon, M. le Président, parce que les concepts sont toujours à géométrie
variable.
Maintenant,
M. le Président, encore une fois, dans son intervention, elle évite la question
fondamentale, la question budgétaire, la question qui a fait qu'il fallait
pour elle aussi et sa formation politique encadrer les frais accessoires,
penser à modifier l'accès aux médicaments, penser à modifier le panier de
services. Elle le sait très bien, mais elle fait tout, tout, tout pour éviter d'en parler. Encore une fois, on est dans un
exercice de tentative de créer ou de moduler la perception du public. Alors, elle a fait une longue tirade, il y a quelques
instants, sur la loi n° 10, les économies, elles ne seront pas là,
du profit. Bien oui, M. le Président, les économies sont là. Qu'elle ne
s'inquiète pas, qu'elle relise les sorties qu'on a faites, qu'elle relise l'échéancier, et elle va voir, les économies sont
là. Le profit; il n'y a pas de profit là-dedans, M. le Président, il n'y en a pas, de
profit. On sait très bien — et
je l'ai dit à tour de bras, à multiples répétitions — qu'il
y a des contingences qui viennent avec le
prix coûtant d'une telle affaire, des contingences, qui fait qu'il y a
une marge. Mais ça sera du coûtant, M. le Président, ça sera du coûtant,
c'est tout. C'est une réalité.
La
députée de Taillon voudrait aujourd'hui faire le règlement. C'est ça qu'elle fait, là.
Elle essaie de me mettre dans une position où je donnerais l'impression,
dans sa construction, de refuser de lui donner des réponses, alors qu'elle sait très bien que la loi prévoit la mise en place
d'un règlement qui va déterminer la liste et le coût de chacun des
frais, chacun, qui sera publique, ainsi que le détail du frais en question.
Elle le sait, on en a débattu pendant des heures. Elle refait à
l'interpellation ce qui a été débattu pendant d'intéressantes longues heures,
des heures records en étude détaillée :
28 sessions, 110 heures. C'est long, ça, pour un projet de loi qui a été déposé en novembre 2014. Ça va bientôt faire un
an très bientôt.
Alors, bon, c'est ça
que je voulais dire au départ. Autant pour les députés, on essaie de
construire... Écoutez, M. le Président, hier, c'était vraiment extraordinaire. Pour vous montrer comment le Parti
québécois fonctionne : le
leader, le député de Marie-Victorin, hier, était aux nouvelles pour dire qu'il était contre la loi n° 78
et la loi n° 79 à cause de l'image. Il disait : L'image n'est pas bonne, ce n'est
pas le bon temps pour faire ça. Alors, le député, là, de Marie-Victorin, qui est son leader, choisi
par son chef, le député de Saint-Jérôme, il s'en va à la caméra dire : Moi, ce qui
importe pour moi, là, et pour ma formation politique, ce n'est pas les
faits, ce n'est pas la raison, nous, on pense que la population n'est pas capable de comprendre. La population, on pense
que, elle, ce qu'il lui faut, c'est juste une image. Nous autres, on est
dans l'image, on n'est pas dans le fond, on
est superficiels, mais on n'est pas dans la raison, on est le Parti québécois, on est le parti de
l'imagination, on est le parti de la perception et, budgétairement, nous sommes
le PPP PQ : le parti de la poudre de perlimpinpin du Québec.
C'est ça, la réalité, M. le Président.
Alors, aujourd'hui, là, ça va bientôt faire deux
heures qu'on refuse d'aborder le fond, qui est la réalité budgétaire — c'est
ça qu'on refuse de faire — qui
mène à ces décisions-là, M. le Président, les faits, M. le Président, les faits, et on se
rappelle, M. le Président, c'est ce qui a mené à ça. Déterminés à encadrer
les frais accessoires. Pourquoi? On
le sait, pourquoi, puis j'y reviendrai dans mon allocution de clôture. La
députée aura passé son interpellation à refuser du fond dans un débat, un échange bidirectionnel qui a été, encore une
fois, une série d'éditoriaux, M. le
Président, pour construire une
perception négative de la réalité.
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, M. le ministre. Je céderais maintenant la parole à un
député ministériel. Non? Donc, à ce
moment-ci, on passerait au deuxième
groupe d'opposition. Alors, M. le député de Lévis, pour environ trois minutes, si on veut
respecter l'horaire qu'on s'est donné au départ.
• (11 h 50) •
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le Président. C'est trop de générosité. Procréation assistée, M. le Président, à travers tout ce dont on
parle, également un mot. Évidemment, je pourrais vous rappeler les impacts et les
échanges qui ont eu lieu concernant
les effets, et les frais accessoires, et la volonté du ministre de prendre
cette décision pour atteindre l'équilibre budgétaire.
Je rappelle
aussi que je vous disais il y a deux instants, puis je pense que c'est important que les gens le sachent, qu'il y a des choix, il y a des choix, il y a des
décisions à prendre, bien sûr, il y a des choix budgétaires à faire
également, il y a des moyens d'aller récupérer de l'argent pour faire en sorte
qu'on puisse continuer à offrir des services. C'est des avenues qui peuvent
être prises, qui ne l'ont pas été, mais ce sont des avenues qui existent. Je le
rappelle aussi parce que le ministre en a parlé. Puis je rappelle aussi cette
inquiétude que les gens ont manifestée encore tout récemment sur cette espèce de tendance, en tout cas, cette perception — le ministre en parle souvent — la perception, M. le Président,
l'impression que ce dont on parle là n'est qu'un début, c'est-à-dire que, les
frais accessoires, les gens devront payer, on établira la liste par règlement;
la procréation assistée, on désassure ce qui existait depuis 2010; et la
perception et l'impression que le ministre
laisse à travers ces différentes interventions récentes, de dire :
Écoutez, il va falloir qu'on se pose
des questions sur probablement bien d'autres choses. Alors, l'inquiétude, elle
est légitime, et les conséquences et les effets, ils sont également
tangibles.
On se pose des questions, parce que le ministre
a déposé une liste, une liasse importante de médicaments qui sont couverts et remboursés. On peut aussi se
poser la question : Est-ce que les médicaments pour la fécondation
in vitro seront retirés de cette liste?
Sont-ils tous couverts à travers la liasse et l'épaisseur de documents déposés
par le gouvernement? Est-ce que, là
aussi... est-ce que les gens qui, ce matin, ont réagi au fait que dorénavant la
procréation assistée ne serait plus couverte pour les femmes qui
présentent également une condition médicale, malgré le fait qu'on ait dit qu'on
puisse peut-être aller du côté d'un premier
cycle couvert, faisant en sorte qu'on limite l'explosion des dépenses dans un
programme comme celui-là... et comprenons
bien que de resserrer et de baliser aurait fait en sorte qu'on puisse à nouveau
économiser. Ce matin, moi, j'ai entendu, j'ai vu, j'ai entendu des gens...
Le Président (M. Villeneuve) : En
conclusion, M. le député de Lévis, s'il vous plaît.
M. Paradis (Lévis) : Déjà, M. le
Président?
Le Président (M. Villeneuve) : Oui,
oui.
M. Paradis
(Lévis) : Alors, toutes ces
questions, bref, touchent la population et ne serait-ce qu'à cette
question : Est-ce que les médicaments
pour la procréation assistée seront retirés de la liste que le ministre a
présentée tout à l'heure ou s'il continuera à assumer le remboursement?
Conclusions
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, M. le député de Lévis. Alors,
nous en sommes maintenant aux dernières interventions, alors je céderais
la parole, pour un maximum de 10 minutes, à M. le ministre.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Alors, je pense que ça aura été une interpellation intéressante en ce sens que je pense avoir bien démontré quelle était la
finalité de l'exercice. La loi a été adoptée, elle a été débattue très longuement, et ce n'est pas une critique, c'est
bien de faire ces débats-là, là, même si parfois l'utilité pourrait, à mon
sens, être discutable, là, mais ne revenons
pas là-dessus. Mais ça a été long, et tout ce qu'on a abordé aujourd'hui ici avait déjà été abordé longuement.
Donc, on est
dans un exercice de perception à l'image, comme je l'ai dit dans mes remarques
introductives, de la perception de la réforme de la loi n° 79 qui
traite de la réforme de la rémunération des députés et qui va faire en sorte
que, dans les faits, les députés vont gagner moins après quatre ans. Puis ça,
c'est un fait. On a tout fait, du côté de l'opposition officielle, pour éviter
de parler de la source de tous ces débats-là, qui est la question budgétaire.
Je vais évidemment m'y attarder à cette étape-ci.
Le Parti québécois, on se rappellera, en 2014, a proposé avec détermination d'encadrer les
frais accessoires et a évoqué la possibilité de retirer des médicaments de la liste de ce qui est couvert ainsi que
de repenser le panier de services. Pourquoi? Bien, on le sait, aujourd'hui, là, parce qu'eux savaient, mais ne le divulguaient
pas, que la situation budgétaire du
Québec faisait en sorte qu'on s'en allait vers un mur et qu'il fallait donc
faire des choix. C'est à ça qu'on est conviés au Québec. Peu importe le gouvernement qui est en
place, il est convié par la force des choses à faire des choix parce
qu'il n'a pas les moyens de continuer à tout
faire de la manière qu'il le faisait. C'est la raison pour laquelle le Parti
québécois n'a déposé qu'un livre blanc sur
l'assurance autonomie, parce qu'il savait qu'il n'avait pas les moyens de le
payer. Alors, le Parti québécois, qui
fait uniquement dans la perception, bien, je ne suis pas sûr que c'est
respecter l'opinion publique à ce point-là
de ne pas dire au public la vérité. Alors, nous, on la dit : Il y a une
problématique budgétaire, et on doit composer avec, et c'est complexe, hein, il y a une complexité, une complexité
dans les choix politiques, voir ce que les gens peuvent tolérer, et
c'est dans cette optique-là et c'est dans cet esprit-là que nous prenons des
décisions qui sont difficiles.
Et, parmi les
décisions difficiles, il y a la loi n° 20 avec ses composantes, et, la loi
n° 20, là, prenons quelques-unes des
composantes : la fécondation
in vitro, la procréation médicalement assistée; nous ne nous retirons pas, eh non! on garde le financement public mais modulé d'une
manière telle que ça respecte nos capacités budgétaires, qui, je le
répète, sont limitées parce que
l'État n'a pas de compte de banque. L'argent que l'État
gère, ce sont les impôts des citoyens et citoyennes,
des entreprises, les taxes, les redevances, c'est une masse
finie d'argent, alors, à un moment
donné, il faut que les colonnes s'équivaillent, les dépenses et les
revenus, et ça nous amène... C'est facile, les colonnes, c'est facile, ça,
faire des colonnes, mais, quand arrive le
temps de prendre la décision qui impacte la population, ça, c'est moins
facile, il faut l'expliquer. Et j'ai
invité la députée de Taillon à nous expliquer la logique qui l'avait
menée à soutenir une position politique de son parti, qui voulait
encadrer les frais accessoires et repenser la liste des services du panier de
services offerts gratuitement à la population et la liste des médicaments. Elle
n'a pas eu le courage, et j'irai même jusqu'à dire «la décence» de nous le dire. C'était une belle occasion, là, on a eu deux
heures, puis ça aurait été le fun de débattre là-dessus : O.K., pourquoi vous faites ça puis où est-ce que
vous seriez allés chercher l'argent, vous autres, pour revenir à l'équilibre
budgétaire? Elle a refusé de faire ça. À la place, elle a fait toutes sortes
de sorties dans toutes sortes de directions pour créer une impression
négative.
Alors, nous,
on est transparents, on est très transparents, on dit à la population : Il y a une problématique budgétaire, et, pour maintenir le système public particulièrement là où c'est essentiel, les maladies qui sont sévères, les
traitements, et ainsi de suite, bien, on fait une loi qui va faire ça et on
prend des décisions qui, dans certains cas, ont un impact mitoyen. On ne se retire pas du financement, par exemple, de la procréation
médicalement assistée, on continue à
l'appuyer publiquement, mais pas de la même manière ni à la même
hauteur. C'est des décisions difficiles.
Quand le Parti québécois a choisi d'encadrer les frais accessoires, la raison était simple, elle
était la même, mais cachée, parce que
la transparence, ce n'est pas l'apanage et la vertu du Parti québécois. Eux autres, c'est les impressions. Alors, ils ont choisi d'encadrer, parce que, ramener dans le
système public un tel coût, bien, ils n'avaient pas les moyens, tout comme on ne les a pas. Et, quand arrive le
moment de prendre des décisions difficiles, c'est ça, une décision
difficile, M. le Président : c'est entre prendre des dizaines de millions
pour ça versus des dizaines de millions pour les soins à domicile,
les CHSLD, un deuxième bain, le cancer.
Je peux énumérer une liste, là,
pendant les cinq minutes qui me restent. Bien, ça, c'est des choix qui, intellectuellement, devraient être
directs, mais ce n'est pas évident à faire pareil, parce qu'il y a toujours quelqu'un qui nous ramène, là, des argumentaires qui ne
visent qu'à être négatifs au plan de la perception. Mais nous, on a le
courage de prendre ces décisions-là, ce que le Parti québécois n'a pas eu.
Un, ils n'ont
pas eu le courage d'être transparents et ils n'ont pas eu le courage de les
prendre, ces décisions-là. Ils n'avaient pas besoin d'attendre en campagne
électorale pour proposer ça, ils auraient pu le faire quand ils étaient là, mais ils ne l'ont pas fait. Nous, on le dit, on
l'a dit depuis le début, et, contrairement
à ce que la députée de
Taillon veut bien laisser entendre,
les frais accessoires, ce ne sont qu'eux qui existent, il n'y en aura pas, de nouveaux, et les frais accessoires vont être
encadrés, et les abus vont disparaître. Conséquemment, je ne vois pas de situation
où les frais accessoires ne diminueront pas et je suis pas mal convaincu à
cette étape-ci qu'ils vont diminuer de façon substantielle, mais il n'y en aura
pas, de nouveaux. Fin des abus, pas de nouveaux. Ça ne peut pas être plus clair
que ça : règlement
public, publié, ouvert à la consultation et avec une liste de prix détaillée.
Ça ne peut pas être plus transparent que ça, ça ne peut pas être plus à l'avantage des gens que ça. Frais
illégaux, comme, encore une fois, les frais d'ouverture de dossier :
illégal, médecin mis à l'amende, patient remboursé. On ne peut pas être plus
positifs que ça, on ne le peut pas.
La députée de Taillon s'est acharnée, en le
début de cette interpellation, à entrer dans la discussion, à amener dans la discussion l'entente avec la FMSQ, qui n'a
rien à voir avec les frais accessoires, M. le Président. Tout ce que je fais, c'est que je prends les prochaines sommes
qui sont étalées et qui vont arriver, puis qui ne sont pas avancées, là,
qui vont arriver, là, et je viens imposer
une distribution de cette somme-là à un secteur donné, ce qui est pour cette
fédération-là quelque chose de dur à vivre, je le comprends très bien. Je
comprends cette mécanique-là.
• (12 heures) •
Alors, je ne
viens pas du tout, du tout, du tout amener, dans le public, des nouveaux
services, là, l'échographie est payée
au Québec, là, je viens simplement faire quelque chose de ponctuel, dans un
secteur d'activité donné, que le public attend. Le député de Lévis
m'a relevé une citation, puis je l'en remercie. Et ces examens-là vont être
payés par le public à l'intérieur des sommes d'argent qui sont
négociées. Il n'y aura pas d'argent neuf pour ça, point final. C'est ça que la population
attend de nous. C'est ça, des décisions difficiles, mais c'est aussi ça, des
décisions qui sont transparentes. On est
transparents, il n'y a pas d'accroires, on ne construit pas, on ne fabule
pas, là, on dit les choses telles qu'elles sont, tout comme la rémunération
des députés, après ce projet de loi là, va être inférieure après qu'avant,
malgré tout ce qui se dit aujourd'hui.
J'aimerais, M. le Président, aujourd'hui, là...
j'ai le fantasme, aujourd'hui, d'avoir un grand auditoire — malheureusement,
les gens qui ont la patience et l'intérêt de nous écouter ne sont pas assez
nombreux — parce
que, ce que je viens de faire comme allocution, ce que l'on vient de vivre
comme interpellation, il m'apparaît que c'est très pédagogique pour la population. Réalisez ce qui se passe ici, là, réalisez les
démarches, la mécanique, les intentions qui sont derrière les interventions de l'opposition officielle, qui
ne sont jamais basées sur les faits, qui sont toujours,
comme le député de
Marie-Victorin nous a bien dit hier soir au téléjournal, et à
toutes les antennes : Nous, ce qui nous préoccupe, c'est l'image. La réalité, ça ne nous importe pas,
nous autres. Nous autres, c'est l'image. Nous, ce qu'on veut, c'est vous
faire accroire des choses pour que vous
votiez pour nous. Nous, on veut que la population vote pour nous en connaissance de cause, en sachant qu'on va prendre telle,
telle, telle décision d'une façon transparente et rationnelle. C'est ça qu'on veut. Et c'est ça qu'on fait avec la loi n° 20
et c'est ça qu'on va continuer à faire jusqu'à
la fin du mandat, incluant le respect de l'engagement électoral de
couvrir publiquement tous les examens d'imagerie médicale en cabinet. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci, M. le ministre. Alors, je céderais la parole pour un maximum
de 10 minutes à Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, je
pense que les gens qui ont assisté à
l'interpellation vont apprécier la capacité du ministre à faire de la
psychologie inversée, ou psychologie renversée. C'est lui qui ne donne pas les réponses aux questions.
C'est lui qui est ministre. C'est lui qui les a, les réponses, de son côté,
et il s'applique à ne rien dire. La population
avait le droit vraiment d'obtenir des précisions. On voit aujourd'hui, depuis quelques jours, le cauchemar dans lequel il amène par
ses décisions improvisées les couples infertiles.
Et là, au niveau des frais accessoires, il a
fait un choix et il doit l'assumer. Il a fait le choix de transférer le 50 millions
de frais accessoires aux citoyens, aux patients. Et il avait la possibilité de
réaménager dans l'enveloppe qui était déjà
convenue avec les médecins, c'est ça qui était supposé être, de toute façon, depuis le départ, et la preuve qu'il avait cette possibilité-là, c'est que, dans l'entente qu'il vient de
signer avec la FMSQ, il a choisi de prendre 30 millions de dollars
et de dire à l'ensemble des spécialistes : Vous allez tous mettre un petit
peu d'eau dans votre vin, prendre un petit
peu de votre argent
et en donner un peu plus aux radiologistes. C'est ça qu'il a dit : 30 millions. Donc, vous allez dans la
grande enveloppe des spécialistes choisir de prendre 30 millions pour en donner plus aux radiologistes pour que les écographies
soient remboursées par la RAMQ. Alors, le même exercice pouvait s'appliquer
pour que finalement les gens, s'il y avait
des frais supplémentaires au
niveau des ophtalmologistes, qu'ils
soient assumés par les gens qui sont...
(Interruption)
Mme
Lamarre : M. le Président, je ne suis pas certaine qu'on ait le droit d'avoir des gens qui
viennent visiter pendant que je parle. Et ça fait deux fois que ça
arrive. Est-ce qu'on peut suspendre le temps et faire sortir les gens, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Villeneuve) : Je
demanderais, là, à tout le monde d'essayer d'être un peu plus silencieux et — on
a tous bien travaillé, on s'est tous bien écoutés — de continuer dans cette voie-là. Alors, si vous
voulez continuer, Mme la députée de Taillon.
Mme
Lamarre : Merci beaucoup. Alors donc, on assiste à cette opération du ministre,
qui a choisi puis qui fait en même
temps la démonstration aujourd'hui... c'est presque un aveu de sa part, il nous fait la démonstration
complète que c'était possible, c'était possible de prendre le 50 millions,
et de le mettre dans l'enveloppe, et de dire aux médecins : Réallouez-vous
les sommes, c'est ça qui est l'esprit de la loi, et c'est comme ça que ça
aurait toujours dû être. Et il aurait pu le faire. Et il le fait pour 30 millions
de dollars pour les écographies et il continue de maintenir que, pour énormément
d'autres situations qui vont demeurer hypothétiques jusqu'à
la publication du règlement... Je rappelle qu'il va nous laisser juste quelques jours après la
publication du règlement pour pouvoir réagir, parce qu'une fois que c'est publié dans le
règlement on a très peu de jours au niveau de la Gazette officielle pour
réagir.
Alors, c'est
le choix qu'il fait. Alors, il préfère garder toute cette information-là
cachée, secrète. Il va négocier ça. Il devait négocier ça avec la FMSQ,
avec une firme comptable et lui. Et on a réussi à obtenir qu'il y ait un
organisme public, l'INESSS, l'Institut
national d'excellence en santé et services sociaux, qui regarde ces
chiffres-là. Mais, autrement, c'est un
cadeau qu'il s'apprête à faire. Et, on le sait, ce n'est pas ça que les
médecins veulent. Les médecins eux-mêmes, ce n'est même pas ça qu'ils
demandent. On en a, des médecins qui sont ici et qui nous disent : Nous,
on veut préserver l'universalité. Nous, on a
choisi une profession pour être au service des patients, de tous les Québécois,
on ne veut pas qu'il y ait de
discrimination. Ce qu'il instaure, le ministre, c'est de la discrimination à
l'endroit des plus démunis. C'est ça qu'il fait par sa mesure. Il
empêche l'accès, il nuit à l'accès. Dans un projet de loi n° 20 qui était
un projet de loi pour améliorer l'accès, il
trouve moyen de nuire à l'accès des plus démunis du Québec. C'est un scandale,
c'est quelque chose qu'on n'oubliera
jamais. Et les experts commencent à dire : Ça va être irréversible, ce
qu'il est en train de faire. Il est en train de déplacer complètement le principe de l'universalité, d'instaurer un
système de privatisation, un système où les gens les plus démunis n'auront pas le choix. Et, je vous
dis, moi, il y a des médecins qui vont être très malheureux de refuser,
de fermer la porte puis de ne pas pouvoir
offrir des services à des gens démunis parce qu'il faut qu'ils leur chargent
50 $, parce que c'est ça que le ministre va avoir légalisé. Bien, je pense
que le ministre, il ne fait pas les bons choix pour la population et il ne fait
même pas les bons choix pour les médecins.
Quand on a le regroupement québécois pour une
médecine publique, quand on a le Regroupement des omnipraticiens pour une
médecine engagée, quand on a l'Association médicale du Québec, qui inclut des
résidents en médecine, des étudiants en médecine, des médecins de famille, des
médecins spécialistes, qui tous disent : C'est dangereux, dans quoi vous nous amenez?, ce n'est pas ça, le contrat
qu'on vous a donné... Qui a donné ce mandat-là au gouvernement libéral? Quand les gens ont voté en
2014, qui a voté pour que le système public en santé soit complètement
déstabilisé comme le ministre est en train de le faire? Il y a des enjeux
économiques, et il sait très bien qu'il faut qu'il
impose des mesures de contrôle s'il veut que ça marche. Des contrôles, quand il
y a des projets comme les centres hospitaliers universitaires... Les
deux centres hospitaliers universitaires, ils ne se sont pas construits sous le
règne du Parti québécois, M. le Président,
ils se sont construits sous le règne de huit ans du Parti libéral, qui a laissé
des dérives énormes avec des pertes
énormes, qui aurait fait que, ces montants-là, là, on aurait pu les appliquer
pour la fécondation in vitro, on n'aurait pas eu à supprimer le
remboursement de la fécondation in vitro.
Alors, moi, ce que je sais, c'est qu'il y a
énormément de gens qui veulent et qui tiennent au maintien de notre système
public, et je pense que le ministre fait une grave erreur, une grave erreur
avec le choix qu'il fait avec cette possibilité
de démolir, démolir, de nuire à l'universalité, de faire en sorte que ce
principe de garantie qu'on a, qu'au Québec, quand on est malade, si on n'a pas d'argent, on ne sera pas pénalisé...
C'est un principe que tous les Québécois veulent se donner. Et, je le redis, les gens qui sont à
l'aise aujourd'hui puis qui disent : Je suis peut-être capable de le
payer, moi, le 100 $, ils ne
savent pas si leurs enfants, demain, vont l'avoir, le moyen, pour le payer, le
100 $. Alors, collectivement, on a fait ce choix-là. C'est une
valeur fondamentale pour les Québécois.
Et le
ministre, unilatéralement, sans avoir eu le mandat de personne, renie cet engagement-là,
renie ce choix sociétal là, qu'on a
fait tous ensemble. Et je trouve que, sous des allures très affirmées, il vient
toujours insidieusement élargir la porte.
Rappelez-vous, il y a quelques semaines, il disait tout simplement que, dans le
fond, au lieu de coûter 200 $, les gouttes coûteraient 2 $. C'était ça, son discours. Est-ce que c'est
ça, la vérité pour la population? Ce n'est pas ça qu'il nous a dit aujourd'hui. Il n'a jamais contredit quand
j'ai dit qu'il y aurait 198 $ de frais d'équipement, de frais de bureau ou
de tests diagnostiques. Il n'a pas pris une de ses 20 minutes pour nous
dire : Bien non, Mme la députée de Taillon, ça ne sera pas comme ça, rassurons la population, ça n'arrivera pas, ça. Il
n'a pas pris une seconde de son temps pour rassurer la population. Il préfère faire des jeux de mots,
faire des stratégies politiques, et ça, la population en a assez. Elle
commence à découvrir son jeu. Alors, qu'il le donne, qu'il donne la vérité aux
gens. Les gens ont le droit à cette information-là. Quand on est rendu à
demander une interpellation... parce qu'on a un ministre qui ne répond pas à
nos périodes de questions, qui ne répond pas quand on fait l'étude article par
article au niveau d'un projet de loi.
• (12 h 10) •
Alors,
l'interpellation, c'est le moment où on a un petit peu plus de minutes à nous,
au niveau de l'opposition, pour
obtenir ces informations-là, et le ministre a systématiquement refusé de donner
quelque information que ce soit pour éclairer la population. C'est
vraiment, vraiment quelque chose d'inacceptable, et il faut que ce soit
condamné, et je pense que la population est en train de voir très clair dans
son jeu.
Alors, moi,
je veux remercier les médecins de famille, je veux remercier les médecins
spécialistes qui tiennent à la survie du régime public, qui comprennent
qu'un accès égal, équitable pour tout le monde, c'est fondamental, c'est fondamental pour la santé immédiate des gens, mais
c'est aussi l'investissement pour l'avenir du Québec, parce que, quand
on ne soigne pas nos patients diabétiques aujourd'hui, on a des complications,
on a des dialyses dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans. Alors, c'est un
investissement, la santé, pour les Québécois, et on veut que ce soit équitable
pour tout le monde.
Alors, le ministre n'entend pas les gens, il
n'écoute pas les gens. Ça se passe entre lui et lui. Il fait même des émissions
de télévision où il est très fier de voir qu'on remet en évidence qu'il se cite
lui-même : Je me cite, je me cite. Écoutez, il y a des limites, là, il y a
des limites. On est ministre de la Santé, on est ministre d'une population de 8 millions d'habitants. Quand la FADOQ, la
Fédération de l'âge d'or, quand l'association des retraités en
enseignement, quand la CSN, la CSQ, la FIQ,
la fédération des infirmières, la Coalition Solidarité Santé, la Clinique
communautaire de Pointe-Saint-Charles, qui est proche des populations
vulnérables, quand des avocats, Me Verbauwhede, Me Ménard nous disent non, quand on a une pétition de plus
de 10 000 personnes qui dit : Non, ce n'est pas ça qu'on veut, ce
n'est pas l'esprit qu'on veut, le ministre a
le devoir de vraiment être attentif à ça. Et j'ajouterais une instance ultime
que nous avons au Québec, M. le Président, la Protectrice du citoyen. Ce
mot-là, son titre veut tout dire. La personne à qui on confie objectivement de protéger les citoyens, elle a
clairement dit au ministre qu'il faisait une erreur, qu'il ne faisait pas les
choses correctement, qu'il s'appropriait des privilèges et des responsabilités qu'il
n'avait pas dans son mandat et qu'il devait faire les choses différemment.
Alors, je
l'invite aujourd'hui à faire preuve de beaucoup, beaucoup de modération dans
l'aménagement des frais accessoires qu'il va faire. On va continuer à
les dénoncer, et la population va le suivre de très près.
Le
Président (M. Villeneuve) : Mme la députée de Taillon, merci beaucoup.
Merci à vous tous.
Je lève donc
la séance. Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux
sine die. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 12 h 13)