(Onze heures vingt-quatre minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Bonjour,
tous les membres. Bienvenue. Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux
sociaux sur la santé et le développement des jeunes ouverte.
La commission spéciale est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur les
impacts des écrans et des réseaux sociaux sur les jeunes.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Non, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a consentement pour aller au-delà de l'heure prévue, soit environ cinq
minutes, étant donné le léger petit retard que nous avons?
Des voix : Consentement.
Auditions (suite)
La Présidente (Mme Dionne) : Merci à
tous. Donc, nous entendrons aujourd'hui M. Jean-François Biron, chercheur
à la Direction régionale de santé publique du CIUSSS au
Centre-de-l'Île-de-Montréal, et Mme Carolanne Campeau, chargée d'enseignement au Département des sciences de la santé
communautaire, à l'Université de Sherbrooke.
Donc, je souhaite premièrement la bienvenue à
M. Biron. Donc, bonjour, M. Biron, et bienvenue. Merci d'être avec
nous. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour nous faire part de
votre exposé, et, suite à cela, nous procéderons à une période d'échange avec
les membres de la commission. Donc, la parole est à vous.
M. Jean-François Biron
M. Biron (Jean-François) : Oui.
Donc, bonjour, tout le monde. J'espère que vous allez bien et que vous êtes
bien réveillés, là. L'heure du midi arrive.
Écoutez, premièrement, juste un petit merci à
tous les élus, là, d'avoir permis cette réflexion collective sur le sujet.
C'est un sujet auquel on s'intéresse, à la Direction régionale de santé
publique de Montréal, depuis des années. Donc,
moi, j'ai commencé mes travaux là-dessus en 2008 et j'ai vraiment vu beaucoup
de changements. Donc, comme on n'a pas beaucoup de temps, je vais y
aller directement avec l'exposé. Voilà.
Donc, voilà,
si on... Là, je vous ai fait un schéma, là, qui va permettre d'aborder
différents aspects de l'approche de santé publique sur le sujet des
écrans, de l'hyperconnectivité et de la santé.
Donc,
premièrement, c'est sûr qu'en santé publique on regarde toujours trois grands
déterminants, c'est-à-dire les caractéristiques des individus et leur
vulnérabilité potentielle, et on regarde aussi l'environnement dans lequel ils évoluent, dans quelle mesure cet environnement-là
est protecteur ou non. Et on va regarder aussi la nature des contenus et
des produits qui sont disponibles, là. On voit ça pour l'alcool, on voit ça
pour différentes substances, c'est vrai aussi pour les menaces biologiques, et
c'est même la... on peut regarder la situation des écrans dans cette
perspective-là. Toujours trois grandes dimensions. Donc, ça, c'est la grande
approche de la santé publique.
Ce qui est très important à retenir dans le cas
des écrans, c'est vraiment… Il faut tenir compte des enjeux de santé en
fonction du stade de développement des individus, et les enjeux de santé
évoluent en fonction, évidemment, d'où sont rendus les individus dans leur
développement. Donc, on peut penser que les enjeux de santé des tout-petits n'est pas... ce n'est pas la même chose que chez
les enfants qui sont plus vieux, ce n'est pas la même chose que chez les
adolescents et ce n'est pas la même chose que chez les adultes. Donc, dans
toute... Toute la réflexion qu'on fait en ce moment
doit tenir ça en compte, là, peu importent, là, quelles orientations seront
retenues. C'est... C'est un incontournable.
Et puis, pour vous donner peut-être une idée un
peu plus concrète de ça, c'est… par exemple, quand on regarde les 0-5 ans,
là, on est vraiment en train de regarder comment ces populations-là se
développent, le développement langagier,
moteur, socioaffectif, la relation avec les parents, tout ça. Donc, ce n'est
pas la même chose chez les
adolescents, par exemple, où, par exemple, c'est le développement de
l'identité, où le groupe de référence des adolescents n'est plus seulement la famille mais aussi les pairs. Les
influences viennent d'ailleurs. Et chez les adultes, évidemment, on
comprend que c'est... ce n'est pas du tout les mêmes enjeux. Donc, j'ai résumé
tout ça, mais pour que ce soit bien clair, là, dans tout ce qu'on entend, que
c'est vraiment l'approche qu'on privilégie.
J'ai donné quelques exemples aussi au niveau des
enjeux de santé. Et il faut comprendre aussi que, dans tout ce cheminement-là
des individus, la façon dont les produits qui sont offerts... Puis là je vous
donne un exemple très concret, là. Si la bande passante
ou l'appareil numérique ne rend pas possible de jouer à des jeux vidéo ou de...
Par exemple, au début des années 2000, ça prenait une demi-heure pour
télécharger une photo, là. C'est... Vous comprendrez
que c'est... Il y a vraiment l'environnement. Le contenu va vraiment aussi
influencer. Mais là, maintenant, on sait qu'il y a vraiment comme... les
écrans sont omniprésents, et l'ergonomie des appareils, la capacité a beaucoup
augmenté, ce qui a changé les usages et ce qui nous amène à la réflexion
actuelle.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais aussi
attirer votre attention qu'on ne peut pas réfléchir collectivement sans prendre
en compte… oui, il y a des méfaits, mais, quand même, que l'expérience, qu'elle
soit... que les individus ont avec les écrans n'est pas que négative et qu'il
faut tenir en compte de cette expérience-là dans... lorsqu'on aborde le sujet
avec les adolescents, notamment. Donc, c'est à prendre en compte. Et je vais
vous... peut-être exprimer, là, dans les prochaines diapositives un petit peu
mieux ça.
Dans le fond, maintenant, ce qu'on voit, c'est
que, les types d'utilisation des écrans chez les adolescents, nos données
montrent qu'en fait c'est vraiment des habitudes numériques et qu'elles sont
diversifiées. Les adolescents ne font pas qu'une chose, ils font beaucoup de
choses. Souvent ou très souvent, comme on le voit, les trois grands usages,
c'est vraiment le visionnement de vidéos, interagir et consulter les médias
sociaux, et le jeu vidéo, qui... C'est plus
de la moitié des jeunes, dans tous ces usages-là, souvent ou très souvent. Et
ils font d'autres choses, mais ça se diversifie selon les individus.
Donc, c'est important de voir que, maintenant, on parle d'habitudes numériques.
Et c'est pour ça que c'est important de les accompagner, peu importent les
orientations qui sont... qui seront retenues.
Même chose,
quand on essaie d'identifier une activité principale, vous voyez, même quand…
On parle beaucoup de médias sociaux. Bien, c'est quand même juste une
personne sur quatre, là, dans les adolescents, qui disent que c'est leur
activité principale. Et ceux qui disent que leur activité principale... font
aussi d'autres choses. Il y a un adolescent sur cinq qui n'est pas capable
d'identifier une activité principale, parce qu'ils font des... ils ont des
activités diversifiées. Donc, vous pourrez consulter peut-être plus en détail
ces informations-là.
• (11 h 30) •
Quand on parle du temps d'écran, qui n'est pas
un indicateur parfait mais qui... quand on regarde au niveau de la population,
c'est très instructif. On a pris un... On avait fait une enquête pendant la
pandémie parce qu'il y avait vraiment beaucoup de préoccupations, et après. Et
là, ici, ce que ça exprime, on voit que... Quand on regarde les jeunes qui
faisaient moins de deux heures, il y en a vraiment beaucoup plus après, une
fois que la pandémie a été terminée. Et, les grands utilisateurs, il y en a
moins. Il y a moins de grands utilisateurs après la pandémie. Et ce que ça
montre, c'est l'influence de l'environnement. Ça veut dire que, quand on
réfléchit au phénomène globalement, c'est une belle démonstration, que quand on
coupe les activités de socialisation, les alternatives aux écrans, bien, ça a
un impact. Ça veut dire que, dans une situation normale, quand on encourage et
qu'on stimule les environnements pour offrir des alternatives aux écrans, c'est
aussi à envisager. Et ça, c'est une belle démonstration.
On a quand même beaucoup d'utilisateurs
intensifs, ceux qui font cinq heures et plus. Ça, c'est quand même une
préoccupation. Je vous montre pourquoi. Parce que, quand on compare... En fait,
ici, on voit, j'ai... Pour ne pas qu'on se perdre dans les statistiques, là, je
sais que vous allez être bourrés de statistiques dans les prochains jours et
les prochains mois, ça, c'est de... c'est nos travaux, là, qui montrent ça, et
j'ai «highlighté» les... On voit que, pour tout
ce que les... J'ai surligné les indicateurs où je voulais attirer votre
attention, et ce qu'on voit, c'est qu'à peu près… les proportions de jeunes dont la santé est passable
ou mauvaise, que le moral est passable ou mauvais, qui sont insatisfaits
de leur vie en général, qui ont des résultats plus faibles, motivation pour les
études plus faible, très faible, activité physique faible ou très faible, bref,
il y en a deux fois plus, en proportion, dans le groupe de nos utilisateurs
intensifs, ce qui fait que c'est important d'agir et que c'est un enjeu de
santé publique, là. Voilà.
Même chose, ça, c'est des travaux qu'on a menés
auprès des sixième année, mais c'est pour dire aussi, quand on parle du développement, là... C'est des
indicateurs de ressources, là, de compétences sociales, en fait, là, et on
voit que ceux qui font moins de deux heures
se portent mieux que ceux qui font plus de quatre heures, là. Ces données-là
sont quand même assez parlantes.
Donc, au niveau de l'efficacité personnelle, la résolution de problème,
l'autocontrôle, l'empathie, donc,
ceux qui font plus de quatre heures, c'est plus difficile pour eux. Et j'attire
aussi votre attention sur le fait que le risque de décrochage scolaire est plus élevé dans nos grands
utilisateurs et que leur activité physique est moins grande.
Donc, on a une série d'indicateurs diversifiés
qui pointent que, dans le fond, une utilisation modérée est pas mal plus
bénéfique, là, qu'une utilisation intensive. Donc, c'est très légitime d'agir
dans une perspective de santé publique, là. Je sais que d'autres vont aller
dans le même sens.
Donc, en conclusion, en fait… puis ça, on
pourrait en parler ensemble, mais en fait c'est toujours la même chose, on agit
sur les grands déterminants. Donc, évidemment, ce qui fait consensus, c'est de
travailler... d'outiller les individus, les familles, les intervenants, les
acteurs qui sont près des jeunes. Il y a différents exemples qui existent. Et
ça, je pense que tout le monde est d'accord. Vous allez l'entendre, ça, c'est
clair.
Ceci dit, ça doit se faire en... On ne peut pas
mettre juste le poids sur les familles et les individus, là. Il faut vraiment
aménager des environnements qui aident à avoir des alternatives aux écrans. Il
y a différentes façons de le faire. Ce n'est pas une piste parfaite, mais c'est
un des déterminants. Il faut mettre... Dans le fond, il faut mettre tout
ensemble pour améliorer la situation.
Évidemment,
une des recommandations, c'est vraiment d'intensifier et soutenir la recherche
et la mobilisation des acteurs en
prévention. Donc, il ne faut pas arrêter. Il faut vraiment aller dans ce
sens-là et développer des connaissances. Et évidemment ça ne saurait se
faire sans élaborer et adopter des politiques qui permettent d'identifier,
contrer les conceptions qui entraînent des utilisations soit intensives ou
problématiques, là.
Et donc je sais qu'on est dans une période un
peu expérimentale à l'international là-dessus, il y a peu de données, mais, ceci dit, c'est pour ça que nous,
on propose peut-être de mettre une agence ou un observatoire indépendant
qui permettrait de documenter, de faire la lumière sur le
phénomène et donner des moyens d'action, là, basés sur des preuves
scientifiques, là, pour améliorer la situation dans le futur.
Donc, en gros, c'est ça. Le reste, bon, je vous
invite à me poser des questions, là, mais, pour moi, ça fait pas mal le tour,
là, de ce que je peux vous dire en 10 minutes. Voilà. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, M. Biron. Donc, nous allons débuter la période d'échange avec M.
le député de Marquette.
M. Ciccone : Merci beaucoup. Bonjour, M. Biron, très heureux de
vous avoir avec nous aujourd'hui. Je vais commencer avec une question très,
très simple. Puis on a vu vos chiffres, là. Vous parlez... Vous avez tout
défini la catégorie des âges, là, dans votre premier diaporama. Quel âge, selon
vous, on devrait exposer pour la première fois un jeune à des écrans, la
technologie ou des écrans, là, numériques?
M. Biron (Jean-François) : Bien, en
fait, ce que je vous amènerais à réfléchir, là-dessus... Excusez, il y a comme
un bruit, là, c'est dur pour moi. Je vais baisser le volume. Ce ne sera pas
très long.
Oui. Bien, en fait, ici, il faut le réfléchir en
fonction aussi du contenu auquel les jeunes sont exposés. Donc, ce n'est pas
vrai que tous les contenus s'équivalent. Puis je vous donne un exemple très
concret, là. Même pour un adulte, là, par exemple, faire du gambling en ligne
ou consulter du matériel pornographique, ce n'est pas la même chose qu'écouter
une série sur la Deuxième Guerre mondiale. Là, ça, c'est pour les adultes. Je
pense qu'on comprend tous ça. Donc, il y a l'idée du contenu qui doit être
prise en compte.
Ceci dit, il faut quand même accompagner les
jeunes, parce qu'ils vont évoluer dans un environnement numérique dans le
futur, là. Ça, c'est clair. Donc, j'aurais de la difficulté à vous donner une
balise claire, parce que ça tient... ça fait vraiment... ça tient vraiment
du... Le contenu va être très important, finalement, là, dans la définition de
ça. Donc, je peux difficilement vous répondre à ça. Mais c'est clair que
certaines utilisations qui... Si elles sont faites
dans une perspective de bon encadrement, que ça ne prend pas trop de place puis
que c'est du contenu approprié, je pense qu'il y a des contenus qui
pourraient être corrects, là.
Mais c'est sûr que, chez les tout-petits... En
fait, c'est ça, hein? Peut-être que j'ai oublié de vous le mentionner tout à
l'heure, mais on identifie les tout-petits, donc les 0-5 ans, comme une
population particulièrement vulnérable parce qu'ils sont en développement et
ils sont aussi... ils n'ont pas le contrôle, là. Et donc c'est sûr que, chez
les 0-5 ans, les recommandations internationales puis les études vont dans
ce sens-là. Il faut... Un jeune n'aura pas le cancer parce qu'il a passé devant
un écran, là. Il ne faut pas... Tu sais, il faut être logique, là. Mais ce que
je veux dire, c'est qu'il faut éviter de les exposer quand ils sont tout
petits, et de limiter vraiment, à cet âge-là, le temps, et avoir des contenus appropriés. Donc, c'est sûr que, pour les
0-5 ans, là, je pense que les recommandations sont là-dessus. Après
ça, c'est plus difficile de vous répondre. Ça dépend vraiment du contenu. Donc,
voilà.
M. Ciccone :
...considérant même le fait qu'il y a un développement langagier, moteur ou
socioaffectif, ça, c'est... Mais ça dépend... Selon vous, ça dépend du contenu.
Vous ne dites pas : Non, il ne faut pas… les empêcher de zéro à cinq ans.
Vous dites que ça dépend du contenu. C'est ce que j'entends. Juste...
M. Biron (Jean-François) : Non, ce
n'est pas ce que je dis, en fait. Peut-être que je ne suis pas clair, là. En
fait, ce que je dis, c'est que les recommandations actuelles, c'est de ne pas
exposer les jeunes de zéro à deux ans, et, quand c'est plus... les trois à cinq
ans, par exemple, c'est une heure, accompagnés, avec du matériel éducatif qui
va... donc, avec un accompagnement, du
matériel sélectionné. C'est ce que disent les recommandations actuelles, là,
là-dessus. Donc, voilà ce que je dis.
M. Ciccone :
O.K. Merci de clarifier. Très apprécié.
M. Biron (Jean-François) : Merci.
M. Ciccone : Je
sais que vous êtes de la Direction régionale de santé publique du
Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, mais
avez-vous également consulté des résultats versus les régions, le rural versus
ce qui est urbain? Avez-vous déjà vu ces études-là? Le même travail que
vous venez de nous présenter, l'avez-vous vu au niveau de la ruralité? Est-ce
que c'est semblable?
M. Biron (Jean-François) : Bien, en
fait, c'est une bonne question. Bien, malheureusement, la réponse, c'est qu'il
y a encore peu de données. En fait, les études que nous, on a menées, c'est
parce qu'il n'y avait pas encore beaucoup de choses qui étaient développées.
En ce moment, tout ça émerge, et je sais qu'il y
a des études qui vont sortir bientôt pour l'ensemble du Québec, mais ces
chiffres-là ne sont pas encore disponibles, là, pour les adolescents,
notamment. Mais, pour les travaux comme tels que nous, on a menés, qui sont
très, très spécifiques aux écrans, je vous dirais que je n'ai pas connaissance
de travaux comme les nôtres. Mais, sinon, dans des initiatives de recherche, et
tout ça, quand c'est mené ailleurs, il y a quand même une convergence des
données.
Puis je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de
différences, parce que je vous dirais qu'en région ils ont aussi des
cellulaires, et les enjeux des familles sont les mêmes, là. Tous les milieux,
en ce moment, se questionnent, là, sur comment gérer les
écrans dans les familles, dans les écoles. Donc, je pense que les chiffres
qu'on a pourraient probablement... reflètent une réalité quand même assez
universelle, là.
• (11 h 40) •
M. Ciccone :
Dernière question, M. Biron. Vous avez parlé de soutenir la recherche.
Est-ce que c'est possible de penser qu'un
jour la recherche va rattraper le développement technologique? Est-ce qu'on va
être capables ou on va toujours être en mode rattrapage?
M. Biron (Jean-François) : Ah! vous
posez des bonnes questions. En fait, c'est sûr qu'on ne peut pas aller plus
vite, que ce soit n'importe quoi, que le phénomène qu'on étudie, là, que ce
soit n'importe quel type de... C'est vrai aussi pour la consommation ou même
pour quand il y a des sondages sur, disons... disons, même d'ordre politique,
là. On est toujours un peu en arrière des événements. Et donc la réponse,
c'est... L'idée, c'est de réduire davantage cet écart-là.
M. Ciccone :
Merci beaucoup pour vos réponses, M. Biron. Merci.
M. Biron (Jean-François) : Ça fait
plaisir.
La
Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le vice-président. Nous allons maintenant à Mme la députée de
Hull.
Mme Tremblay : Oui. Bonjour. Alors,
très heureuse de vous recevoir aujourd'hui.
Bon, parmi...
Vous dites : Autre... tout autre usage. C'est quoi, «tout autre usage»,
des exemples de ça, là? Parce que c'est quand même, je pense, 34 %,
«tout autre usage». Donc, qu'est-ce qu'on remarque comme...
(Panne de son)
M. Biron
(Jean-François) : …bien, en
fait, c'est qu'il y a des... Il y a comme des... Je dirais, il y a trois
grandes catégories qu'on a identifiées qui sont assez universellement
répandues. Après ça, ça devient difficile parce que ça devient un petit peu en
fonction de l'intérêt. C'est un peu comme... En fait, c'est comme chez les
adultes, là, tu sais, il y a des gens que ça
va être des sites, disons, de rencontre ou des... ça va être des sites de
recettes, ça va être selon les intérêts,
des sites de musique, des forums de jeux vidéo, ça va être... Donc, c'est
difficile. Ça peut être des webinaires, comme on fait, sur un sujet
particulier, ça peut être de l'entraînement physique, des gens qui vont... tu
sais, qui vont faire... qui suivent, disons... puis, c'est ça, qui font de
l'entraînement physique. Donc, ça dépend vraiment de l'intérêt des gens, donc
c'est difficile.
En fait, on aurait pu poser la question,
spécifier, mais, à ce moment-là, on aurait eu plein, plein de catégories, là.
Donc, c'est... En fait, c'est que les... En ce moment, les habitudes numériques
ressemblent de plus en plus ou reflètent de plus en plus le monde non
numérique, là, en termes d'intérêts et de diversité, là.
Mme Tremblay : Parfait. Dans le
tableau Utilisation intensive, donc, on voit qu'il y a un impact, là, quand
même majeur à certaines... sur la santé. Est-ce qu'il y a une utilisation
intensive qui cause plus de dommages qu'une autre,
par exemple? Parce qu'il y en a que ça peut être plus une collecte
d'information, faire les devoirs, une utilisation beaucoup dans le cadre
scolaire, comme outil pédagogique. Est-ce que vous avez remarqué une
utilisation intensive qui pourrait causer plus de dommages qu'un autre type
d'utilisation?
M. Biron (Jean-François) : Bien, ce
que je pourrais vous dire là-dessus, c'est qu'il faut le voir un peu comme les
habitudes de vie, O.K., c'est-à-dire que, peu importe l'utilisation, dont même
ceux qui font un peu de tout, quand ça prend trop de place puis que ça nuit à
d'autres fonctionnalités nécessaires, là, comme le sommeil, ou on mange moins bien, ou on dort... c'est ça, ou on
néglige certains pans, peu importe l'utilisation, quand il y en a trop,
ça va avoir des impacts, là. Ça, c'est quand on regarde sur les habitudes de
vie.
Nous, on a quand même essayé de regarder,
justement, s'il y avait des types d'utilisation qui favoriseraient les excès,
et puis on a vu qu'effectivement, là, le jeu vidéo et les médias sociaux, puis
c'est ce que montre la littérature, ont des caractéristiques, des fois, qui
vont favoriser certains excès.
Puis là-dessus j'aimerais peut-être amener un
point qui pourrait intéresser... et peut-être être un peu différent de ce qu'on
entend. C'est que ce n'est pas seulement les choses positives qui font qu'on
passe trop de temps sur les écrans, là, des... Puis je vous donne un exemple.
Par exemple, c'est que, si, à un moment donné, un contenu nous affecte, et
on... par exemple, sur les médias sociaux, parce que ça... Ce n'est pas
nécessairement quelque chose qui va être nécessairement positif qui fait qu'on
va retourner aller vérifier et que ça va prendre de la place dans notre tête,
et qui fait qu'on va y retourner.
Et un des exemples de ça, c'est, bien, par
exemple, dans… les jeux de hasard et d'argent. Ce qui fait que les gens jouent
davantage, des fois, c'est qu'ils veulent se refaire, et donc ce qui fait
qu'ils vont y passer plus de temps. Ce n'est pas pour le plaisir, c'est parce
qu'ils veulent se refaire.
Et les algorithmes qui sont développés, des fois,
vont exacerber un peu ça. Par exemple.... Puis je vous donne un autre exemple
concret, c'est… Par exemple, si vous jouez à un jeu, là, qui... mettons, vous
voulez lancer une balle dans un panier et puis vous arrivez très loin, vous
allez vous décourager assez rapidement. Si vous l'avez, vous allez être content
puis vous allez peut-être arrêter. Mais, si vous frappez juste... si vous êtes
tout le temps sur le bord de l'avoir, on appelle ça des
quasi-gains ou des quasi-réussites, vous allez peut-être y passer plus de
temps. C'est juste d'avoir ça en tête. Les algorithmes vont saisir ces
choses-là.
Donc, c'est sûr que ce qui est pointé du doigt,
c'est vraiment certains médias sociaux, ou certains jeux vidéo, ou cette
technique-là. Donc, oui, ça, c'est pointé par la littérature.
Mais il y a deux choses, en fait, je finis ma
réponse là-dessus, là, c'est... Il y a... Et on le voit, comme les habitudes de
vie, où ça prend... C'est tout simplement d'ajuster, de faire un ajustement.
Puis certaines personnes sont capables. Puis
il y a des fois où ça devient plus une relation de quasi-dépendance ou de
dépendance qui se développe. Mais ça, ça touche beaucoup moins de
personnes. Et le temps sera beaucoup plus que cinq heures, là, ça va être
des... Les gens qui ont, disons, des problèmes, une utilisation problématique
vont passer beaucoup plus de temps que le cinq heures par jour, là. Ça va
être des 8-10 heures par jour. Ça prend toute la place. Mais ça, c'est...
Quand on est en santé publique, on tient compte de ça, mais on tient compte
aussi de la place que ça peut prendre dans les habitudes de vie. Donc, je ne
sais pas si ma réponse est claire, là, mais...
Mme Tremblay : Oui, bien, c'est très
clair. Puis, d'entrée de jeu, vous avez parlé de la nature des contenus aussi,
donc ça a nécessairement un impact, évidemment. Pour ceux, là, que ça devient
problématique, à partir d'où l'intervention doit être faite, là? Tu sais, parce
que le cinq heures… Vous l'avez dit, il y a les contenus, ça a un impact. À
partir d'où? Puis c'est quoi, les solutions? Comment on peut prévenir ça?
Puis moi, je comprends que c'est souvent à
l'adolescence que ça... le problème va... Ça avoir un impact, très jeune, chez
les 0-5 ans, mais c'est à partir d'où qu'on doit intervenir? Comment on
doit le faire? Est-ce qu'on travaille plus en prévention? Puis après, quand on
s'aperçoit que les jeunes nous disent que... qu'ils nous lancent un signal
d'alarme, c'est quoi, les bons moyens pour intervenir?
M. Biron (Jean-François) : Bien,
là-dessus, on est en période expérimentale. En fait, la commission est en... Je
pense que c'est une réflexion collective. Donc, je peux vous donner des pistes,
mais, encore une fois, si j'avais la solution, j'aimerais bien ça, là. Mais il
y a des pistes d'action, puis je pense que c'est... La question, c'est... Oui,
le cinq heures, quand on le prend comme un indicateur populationnel, ce que ça
veut dire, c'est qu'il faut réduire l'utilisation intensive. Mais il y a aussi
parfois des utilisations qui ne sont pas nécessairement intensives mais qui
sont inadaptées, c'est-à-dire qui font mal à l'utilisateur. Tu sais, quelqu'un
qui a un problème, par exemple, d'estime de
soi ou certaines vulnérabilités pourrait faire un temps tout à fait... qu'on
considère peut-être correct dans une perspective d'habitudes de vie,
mais cette relation-là qu'elle développe, elle est problématique.
Donc, ce qu'il faut comprendre, c'est que...
Est-ce que l'utilisation nous fait du bien? Est-ce qu'elle contribue... Puis, dans le fond, il y a moyen de
le réfléchir individuellement, mais encore faut-il que les gens... peut-être
qu'on le sait de plus en plus, mais soient au courant de... soient capables de
voir à quel moment l'utilisation leur nuit.
Mais c'est sûr que... Regardez, quand on fait
plus de cinq heures par jour, c'est sûr que, si on est en vacances, puis qu'on
a besoin de décrocher, puis que l'écran fait partie de nos activités, bien, ce
n'est pas la même chose que quand on
travaille, qu'on a une famille à gérer, là, le cinq heures, il devient beaucoup
plus important… ou, quand on a des études, qu'on est en période
d'examen, bien, écoutez, si vous passez sept heures sur l'écran, c'est sûr que
c'est trop. Ça fait que c'est un petit peu... Encore une fois, c'est dur à
répondre.
Mais, à l'échelle de la population, on voit
qu'il y a beaucoup de grands utilisateurs, et il faut amener l'utilisation à un
point où elle n'entraîne pas de problème, notamment sur l'activité physique,
parce qu'il y a des données qui nous
montrent, en ce moment, que, par exemple, la capacité des jeunes,
cardiovasculaire, est moins bonne que les jeunes de voilà 30 ans,
là, Et c'est... Là, on ne peut pas dire que c'est les écrans qui causent ça
complètement, mais c'est clair que c'est pointé comme un des facteurs
importants, là. Voilà.
Mme Tremblay : ...je comprends que
la prise de conscience du temps a un impact sur la santé. Donc, je vous
remercie puis je vais laisser mes collègues poser d'autres questions.
M. Biron (Jean-François) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci. Bonjour,
M. Biron. Un peu, donc, dans le même esprit que ma collègue, je vais...
Donc là, vous avez essentiellement, donc,
répondu, donc, que l'ensemble, donc, des usages devaient être considérés.
Peut-être juste... J'avais une précision, parce que, donc, vous nous avez
présenté, donc, le temps-écran par jour, en semaine, chez les
adolescents montréalais, excluant le temps pour l'école et les travaux
scolaires. Juste dans la perspective, donc, de ce que vous venez d'expliquer,
donc, pourquoi cette décision-là, donc, elle a été prise, donc, d'exclure le
temps pour l'école et les travaux scolaires?
• (11 h 50) •
M. Biron
(Jean-François) : Bien, cette décision-là... En fait, c'est que
l'ensemble des indicateurs internationaux, en général, là, les études, elles prennent... C'est comme ça que sont
conçus les indicateurs. Parce qu'en fait, puis là c'est un peu
méthodologique, ce que je vais vous dire, c'est que, quand on pose une question
dans le cadre d'une enquête ou d'un sondage, il faut permettre le plus possible
à une personne de répondre, là.
Exemple concret, là, si je vous demande combien
de fois vous mangez du spaghetti dans un mois, vous pouvez peut-être me
répondre, mais, si je vous demande il y a combien de pâtes dans votre assiette,
ça va être plus difficile. Ça fait que c'est un petit peu
ça, là. Ça veut dire qu'il y a une question de méthodologie et de cohérence des
indicateurs qu'on utilise.
Et une chose que je pourrais vous dire
là-dessus, c'est que les indicateurs qui sont utilisés sont imparfaits, là. Ça,
c'est soulevé. Ça veut dire que, quand... Que ce soit un indicateur de votre
téléphone qui mesure le temps, bien, il
n'est pas capable de savoir nécessairement quand vous êtes... quand vous faites
d'autres choses. Donc, les indicateurs, disons, techniques qui mesurent
de cette façon-là, c'est une chose.
Mais, quand on demande aux gens le temps qu'ils
consacrent, ils peuvent dire : O.K., moi, dans le fond, j'arrive le soir,
je fais à peu près ça. Ils arrivent à nous donner une évaluation correcte de
leur temps d'écran. Ils peuvent la sous-estimer, la surestimer, mais en fait ça
nous permet de regrouper les grands utilisateurs et de les comparer aux moins
grands utilisateurs. C'est ça, l'idée.
Et pourquoi ne pas prendre en compte le reste?
C'est que ça devient un peu difficile pour les jeunes de dire : O.K., là,
il faut que je calcule, en plus, quand mon professeur utilisait cet écran-là,
quand je faisais mes devoirs. C'est que ça devient très difficile. Ça devient
un peu comme les pâtes que je vous parlais, là. Et l'indicateur… À ce
moment-là, c'est la validité de… l'indicateur qui est moins bon. Donc, c'est
vraiment ça.
Et
évidemment, s'il y a des solutions, dans le futur, pour faire des meilleurs
indicateurs, on va le faire, mais, pour l'instant, ce n'est pas juste notre choix, c'est le choix de l'Institut
de la statistique du Québec, c'est le choix des études qui se font aussi à l'international, notamment par
Common Sense Media, qui suit le phénomène, des trucs comme ça, là.
Voilà.
Mme Cadet : Je vous entends bien.
Donc, il y a une question, donc, de... aussi, donc, le temps que le jeune contrôle, là, celui où il a une certaine forme,
donc, d'agentivité, donc, dans le choix de son activité, donc, à faire.
Mais j'ai bien aussi compris ce que vous avez répondu à ma collègue au niveau,
donc, de l'intensité du temps d'écran puis des effets que ça peut avoir, donc,
sur la santé. Il faudrait, dans le meilleur des mondes, donc, pouvoir
comprendre, donc, l'ensemble du temps d'écran du jeune.
M. Biron
(Jean-François) : Oui. Bien,
l'ensemble, l'ensemble du temps d'écran, oui et non, là, parce que, vous
comprenez, en ce moment, on a des preuves.
Parce que le temps d'écran de loisirs, O.K., c'est le temps sur lequel le
jeune pourrait faire d'autres choses ou
pourrait dormir, pourrait faire de l'activité physique, pourrait faire d'autres
choses, alors que le temps d'écran,
lorsqu'il est à l'école, c'est plus difficile, là, de le couper, d'une part.
Comme, en ce moment, on fait du temps d'écran. Je suis content que vous
m'écoutiez, vous comprenez? Et par ailleurs, donc, ça vous... Après ça, le
temps que vous allez avoir ce soir, bien, vous pouvez faire
du jogging, vous pouvez faire d'autres choses. C'est là que vous... C'est
la marge de manoeuvre. Et donc c'est là, dans le fond, où les impacts vont être
plus importants, et on a des preuves de cet impact-là, tandis que les preuves
de l'utilisation pour le travail ou le scolaire sont moins fortes, là, pour
l'instant.
Mme Cadet : Merci. Au niveau des
types d'utilisation des écrans, donc, je reviens, donc, à votre première, donc, diapositive, est-ce que vous avez vu, donc,
des distinctions sur les effets sur la santé entre une utilisation
passive ou une utilisation interactive des écrans?
M. Biron (Jean-François) : Bien, la
réponse, c'est qu'il y a des... Bon, la première réponse, c'est : Notre
étude, elle n'a pas pu saisir ça. Il faut comprendre qu'on avait un
10 minutes. La validité des informations que les jeunes nous donnent est
importante. Donc, on ne peut pas poser toutes les... On ne peut pas avoir les
réponses à toutes les questions. Il faut faire des choix. Malheureusement,
c'est toujours le cas.
Donc, ceci dit, là-dessus, encore une fois, il y
a des enjeux entre qu'est-ce qui est vraiment une utilisation passive et une
utilisation active de l'écran, parce que, dans le fond, si vous dites :
O.K., j'utilise l'écran de façon active parce que je joue à des jeux vidéo,
bien, ça ne veut pas... tu sais, ce n'est pas la même chose que si vous faites un... vous participez activement à une réflexion
de groupe ou... C'est un peu différent. En fait, c'est que, quand un jeune
regarde un contenu sans être actif, il y a de la littérature qui disait :
Bien, c'est mieux quand le jeune est impliqué. Mais par ailleurs, si cette
implication-là, ça implique de dépenser de l'argent, ça implique de... Ça fait
que, là-dessus, encore une fois, malheureusement, la réponse est pleine de
nuances et à clarifier, là.
Mme Cadet : Vous parlez de dépenser
de l'argent. Est-ce que vos données, que ce soit dans cette étude ou dans une
étude précédente, ont été corrélées avec le milieu socioéconomique de
provenance des jeunes?
M. Biron (Jean-François) : Bien, en
fait, ce qu'on a vu, par exemple, parce qu'on a aussi des études chez les
adultes, ce qu'on voit, c'est que, chez les enfants, c'est assez clair, puis on
peut le comprendre aussi, parce que, les statistiques, il faut aussi les faire
parler, hein, il faut les mettre... les replacer dans leur contexte, puis ce
qu'on voit, c'est que le temps d'écran, par exemple, est plus élevé dans les
familles monoparentales et les familles défavorisées. Puis, en même temps, on
peut le comprendre, parce que, parfois, les milieux, disons, défavorisés, ils
évoluent aussi dans un environnement où il y a moins d'alternatives, où les
moyens pour fournir des alternatives aux jeunes... Donc, je reviens à l'aspect
de l'environnement.
Puis, là-dessus, peut-être... C'est une
excellente question, parce qu'en fait je pense que, dans les orientations ou dans la réflexion actuelle, il faut être
capables de rejoindre sans porter de jugement, là, pour que... outiller
davantage ces milieux-là, et ce n'est pas seulement en leur disant d'arrêter de
passer du temps sur les écrans, là, c'est vraiment en offrant un
accompagnement, d'une part, mais en offrant des alternatives. Et là-dessus,
oui, pour les jeunes, c'est... il y a des études qui montrent qu'il y a quand
même un lien.
Pour les adultes et les
adolescents, c'est peut-être moins vrai, là, parce qu'évidemment tout le
monde... Quand on est chez les adultes, c'est vraiment assez répandu. Puis
d'ailleurs on parle beaucoup du temps d'écran des jeunes ou des impacts sur les jeunes, mais les adultes et les jeunes
adultes en font beaucoup aussi. Et les jeunes qui... Il y a une étude récente qui montre que le comportement
des parents, le comportement des adultes influence le comportement du
jeune. Donc, on ne peut pas demander aux jeunes de limiter leur temps d'écran
si on ne fait pas la même réflexion, là.
Mme Cadet : Merci.
La
Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Le temps file. Je vais passer la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Bonjour. Merci pour votre présentation.
Je veux parler un peu des jeux vidéo. Vous êtes
un de ceux qui en parlent le plus, là, qu'on a rencontré à ce jour. Les jeux
vidéo, ça ne date pas d'hier, hein, ça fait plusieurs décennies, maintenant,
que c'est là. C'est là pour rester, visiblement. Est-ce qu'il n'y a pas moyen
d'aller faire un peu le ménage dans les jeux vidéo? Parce qu'il y a beaucoup de
personnes qui nous ont parlé des problèmes, des microtransactions, notamment,
des «loot boxes», qu'on dit en anglais, là, les boîtes-mystères. Et je suis
tombé sur un article, hier, qui disait que semble-t-il qu'au Japon, en Belgique
et aux Pays-Bas ils ont interdit les microtransactions dans les jeux vidéo. Je
n'ai pas d'information à quel point ça fonctionne ou pas, là, comment c'est
appliqué, mais je trouve que c'est une piste intéressante. Si on en arrivait à
interdire ces choses-là dans le jeu vidéo, est-ce que ça réglerait une partie du
problème, qu'est-ce que ça changerait, ou il y aurait quand même d'autres
enjeux qu'il faudrait regarder?
M. Biron (Jean-François) : Bien,
juste pour vous... Dans le fond, la première chose, je suis au courant de la
littérature là-dessus. Je m'intéresse à ça. J'ai aussi... Je travaille aussi
sur les jeux de hasard et d'argent, dont les appareils de loterie vidéo, et
tout ça. Donc, je connais un petit peu ça. Ceci dit, c'est un sujet vaste,
comme vous le dites, donc ma réponse aura des limites, là, juste pour placer la
chose.
Ce que je pourrais vous dire là-dessus, c'est
que, bien, par exemple, comme… Vous êtes probablement au courant qu'en France
ils ont sorti un rapport, là, le temps perdu... À la recherche du temps
perdu, et là-dessus, en fait, eux, ils recommandent quand même la mise en
place d'un observatoire, justement, pour documenter l'ensemble de la situation.
Et, oui, effectivement, il y a des exemples où les microtransactions sont
interdites. Et est-ce que c'est une bonne chose? Bien, en fait, ce que montre
la recherche, c'est qu'effectivement les jeux où on... disons, on introduit ces
éléments-là, c'est un peu comme dans les jeux de hasard et d'argent, O.K., et
ça va... C'est un des facteurs dans les études, là, qui ne sont pas des
recherches populationnelles, épidémiologiques, mais qui sont plus des
recherches fondamentales. On voit quand même que c'est un des aspects.
Donc, oui, c'est une... Donc, la réponse,
c'est : Oui, c'est une des pistes, c'est-à-dire de s'assurer que ce soit
bien indiqué ou interdit pour les... à partir de certains âges. Là, je ne
pourrais pas vous dire à partir de quel âge, pourquoi, et tout ça. Je pense que
le travail de la commission, c'est peut-être de tout mettre ça ensemble puis
d'arriver à ce qu'on ait des gens qui se penchent particulièrement là-dessus
pour qu'on ait les moyens de prendre des bonnes décisions. Mais c'est sûr que
la littérature, en ce moment, elle pointe certains aspects.
Les jeux vidéo, c'est très immersif, hein, et
les jeunes sont parfois... quand on s'y adonne, sont… deviennent très stimulés.
C'est très, très, disons… Des fois, il y a un groupe d'appartenance là-dessus, et
c'est très répandu. Mais ce n'est pas tous les jeunes qui ont des problèmes,
ça, il faut le rappeler, avec ça.
Donc, encore une fois, regarder le contenu, les
caractéristiques et les conceptions algorithmiques qui vont entraîner, finalement, des problèmes. c'est plutôt
ça qu'il faut cibler, en fait, c'est comment le jeu est conçu,
comment... quelles sont les stratégies pour cibler les... qu'est-ce qui... Il
faut redonner un petit peu les moyens aux utilisateurs de paramétrer les choses
pour que ce soit moins dangereux pour eux, donc, ne pas les faire accepter
plein de choses à leur insu, d'une part.
Donc, longue
réponse pour dire que, oui, c'est une piste d'action intéressante, mais qu'il
faut regarder l'ensemble des
contenus. Puis là on parle des jeux vidéo, mais je pense que ça s'applique à
l'ensemble de l'oeuvre, là, à l'ensemble des contenus auxquels les
jeunes sont exposés, la réflexion sur quels sont les contenus préjudiciables,
quelles sont les caractéristiques de ces produits-là puis quelles sont les
stratégies qu'on juge qui ne sont pas acceptables, là. Voilà.
• (12 heures) •
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Oui. Bonjour. Cet
enjeu-là, au début, on le traitait comme un enjeu d'éducation. Êtes-vous
d'accord, et je présume un peu de la réponse, que c'est vraiment un enjeu de
santé publique, au même titre qu'il y a quelques années on a fait un débat sur
le tabagisme ou sur d'autres enjeux, que c'est très large et que c'est vraiment
une question, là, de santé publique qui devrait aussi, là, interpeler,
notamment, le ministère de la Santé, mais toutes nos sociétés? Question assez
large, mais j'ai besoin d'entendre l'appréciation que vous avez de cette
question-là.
M. Biron (Jean-François) : Bien,
écoutez, je ne veux pas faire d'humour, là, mais j'ai répondu parfois de
longues réponses sur des questions un peu plus petites, puis là ma réponse,
elle serait assez courte, malgré que la question est
large. La réponse, c'est oui, là. C'est clair, là, que c'est un enjeu de santé
publique. D'ailleurs, quand on regarde la première diapositive après la
présentation, là, où je schématise le tout, là, que je vous ai présentée,
c'est... je place… bien, «je»... on place la problématique dans une perspective
de santé publique, et il y a déjà des enjeux qui sont identifiés pour le
développement de la santé des tout-petits.
Et là je vous ai montré des chiffres qui
montrent très clairement que c'est un enjeu de santé publique, mais, avant, on
le regardait beaucoup comme un enjeu seulement lié, disons, à l'exposition des
jeunes à des contenus pornographiques, et tout ça. Maintenant... ou tout
simplement... Je me rappelle, quand j'ai commencé à étudier ça, il y avait
l'émergence, là, de la cyberdépendance. Donc, on le regardait beaucoup d'un
angle clinique, et maintenant c'est très clair qu'on le regarde comme une
habitude de vie. Et c'est ce que montrent les chiffres que je vous ai présentés, puis je me suis limité dans ce que je
vous ai présenté. Vous savez, en 10 minutes, là, on ne peut pas... on
ne peut pas faire le tour complètement de la question.
Donc, j'ai essayé de vraiment... Mais la
réponse, c'est oui, c'est un enjeu de santé publique, oui, c'est un enjeu qui
touche tout le monde, oui, c'est un enjeu auquel... Ça nous amène à réfléchir à
l'utilisation qu'on a, comme adultes, hein, à l'utilisation aussi, aux espaces,
aux environnements qu'on développe. Donc, moi, je vois ça comme une réflexion
collective, où la santé publique est un enjeu important. Voilà, donc, c'est
oui.
M.
Bérubé : On pourrait
comparer ça, dans les années 80, quand ma mère me disait de ne pas trop
s'approcher de l'écran, que ce n'était pas bon pour les yeux. Bien là, l'écran
nous suit en permanence, alors c'est vraiment décuplé. On n'aurait pas pu
prévoir ça il y a très longtemps, qu'un jour on aurait un enjeu comme celui-là.
Merci beaucoup. Merci pour votre travail et vos recherches. Très éclairant.
M. Biron (Jean-François) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Donc, il nous reste six minutes. Rapidement, j'avais le député de
Gaspé et Mme la députée de D'Arcy-McGee. Alors, M. le député.
M. Sainte-Croix : ...la Présidente.
Bonjour, M. Biron. Merci d'être présent avec nous aujourd'hui. J'aurais
deux questions. La première, considérant le cadre, là, de votre recherche, au
niveau de la géographie, au niveau de la démographie,
au niveau de vos objectifs de recherche, est-ce que vous avez noté des écarts — si
oui, lesquels, là — avec
la littérature existante? Avons-nous des... Avez-vous identifié des
problématiques ou des enjeux particuliers sur le profil que vous avez mis à
l'étude? Ça fait que ça, ce serait ma première question.
Ma deuxième serait pour la suite, là, parce
qu'on parle souvent de la recherche, qui ne suit pas le rythme du développement
de l'industrie du numérique. En termes de recherche, au Québec principalement,
sur quelles cibles devrions-nous tabler rapidement pour la suite des choses, en
fonction des enjeux qu'on soulève à l'intérieur de cette commission?
M. Biron (Jean-François) : Bien, la
première question, en fait, bien, nos résultats vont en fonction... sont très cohérents avec la littérature internationale,
en fait. C'est sûr que nous… Quand j'ai commencé à travailler puis à
faire des analyses là-dessus… Les
indicateurs sont encore en développement, donc on est encore en processus
d'amélioration continue. Voilà.
Mais, ceci dit, il n'y a pas vraiment de...
Quand on regarde ce qui se fait aux États-Unis, même notre recherche sur... par
exemple, pendant la pandémie, après la pandémie, c'était très cohérent avec ce
à quoi on s'attendait, donc, avec les
déterminants. Et il y a des études internationales qui notent exactement la...
le même phénomène, donc... Puis on le
voit, là, quand on se fait questionner parfois sur les projets de loi, comment
ça se passe à l'extérieur. On est tous, ailleurs, à réfléchir. Ailleurs,
peut-être que la réflexion est un petit peu plus avancée, c'est-à-dire
notamment en Australie, par exemple, où ils
ont déjà mis une commission... un organisme indépendant, là, une agence
indépendante pour regarder ça.
Puis, quand je parle... Pourquoi indépendant, je
ne veux pas trop m'éloigner de la question, là, pourquoi indépendant, c'est parce qu'en fait on sait que,
quand c'est l'industrie ou les opérateurs qui s'autorégulent, bien, ce
n'est pas exactement la même chose. On le voit dans d'autres problématiques.
Donc, c'est pour ça que nous, on considère que l'indépendance... considérant
aussi l'enjeu, là, puis que ça touche tout le monde, puis que c'est un enjeu de
société, ce serait important, là, en tout cas, que les élus prennent en compte
cet aspect-là dans le futur. Donc, la première question, c'est ça.
Qu'est-ce qu'il serait important de faire? Bien,
je pense que ce qu'il est important de faire, en fait, ça peut paraître un peu
étrange, mais on est en train de le faire, bien, c'est de s'asseoir tous
ensemble, là. Je pense, c'est la priorité. Vous dites pour la recherche, mais,
même pour la recherche, moi, ça m'a donné l'occasion de rencontrer d'autres
personnes puis ça permet d'entendre les préoccupations, parce que... Comment on
fait pour... Comme on est en retard, bien, je pense qu'on va pouvoir agir plus
vite si on a les moyens de le faire, si on a des indicateurs, si on a un
endroit pour regrouper l'information.
Donc, moi, je dirais, la première chose à faire,
c'est vraiment de mobiliser et d'avoir un lieu de concertation pour pouvoir
travailler plus rapidement. Ça faciliterait beaucoup les choses puis
probablement que ça accélérerait aussi les actions.
M. Sainte-Croix : Merci
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci beaucoup. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Il vous reste environ trois minutes.
Mme Prass :
Oui. Vous avez mentionné que le temps à l'école devant les écrans n'a pas été
compris dans les statistiques, parce que c'est un petit peu la tendance qu'on
voit un petit peu partout. Mais, avec ça, avec... Dans cet esprit, est-ce que
vous faites une distinction entre les élèves quand ils sont à l'école devant un
écran et quand ils font ça de façon... de
façon loisir? Est-ce que... Par exemple, quand vous avez les divisions
d'heures, deux heures, cinq heures et plus, etc., si on rajoute le temps
que les jeunes sont devant un écran à l'école, est-ce que vous faites une
distinction qu'il y a une utilité éducative qui n'a pas le même effet négatif,
si vous voulez, que de le faire de façon de loisir?
M. Biron (Jean-François) : Oui. En fait, poser la question, c'est un peu y
répondre, hein, c'est-à-dire qu'il y a clairement
une différence, là. Et, en ce moment… Donc, il y a une distinction au niveau de
l'impact, c'est-à-dire que c'est sûr
qu'au niveau du temps passé, là, ça peut faire un cumul, puis peut-être que,
pour les yeux, ou pour l'ergonomie, ou... donc, peut-être qu'il y a des recommandations qui devraient être mises
en place, puis là je n'ai pas de réponse aujourd'hui, mais, sur le fait de... Bien, si on utilise les
écrans à l'école... Puis ça dépend quel type d'écran. Est-ce qu'on parle du
tableau en avant alors que les jeunes sont en... ils sont exposés? Est-ce que
c'est notamment la même chose que si on est sur une tablette? Donc, encore une
fois, on a comme une différence qui est liée à l'exposition puis au type
d'exposition.
Mais, oui, le
contenu, on espère puis on prend pour acquis que le contenu que les jeunes
consultent à des fins éducatives, que ce soit démontré efficace ou pas, est
très différent que quand quelqu'un joue à des jeux vidéo, ou quand quelqu'un
interagit sur des médias sociaux pour le loisir, ou quand quelqu'un, par
exemple, est en train de faire des activités où il dépense de l'argent, là.
Puis là, à ce moment-là, ça ne peut pas nécessairement... Ce type d'utilisation
qui est préjudiciable ne peut pas se faire dans le cadre académique.
Donc, il y a une
différence. Et peut-être que les deux sont à étudier, puis peut-être que la
convergence entre les deux est aussi quelque
chose qu'on pourra étudier plus dans le futur. En ce moment, ce n'est pas tout
à fait clair encore.
Mme Prass :
Puis, toujours dans le contexte de l'école, on a entendu qu'il y a certaines
écoles qui récompensent les élèves
avec du temps d'écran et... Est-ce que vous ne pensez pas, justement, que ça
renforce cette idée des jeunes que c'est
l'ultime cadeau, disons, à avoir puis... plutôt que de lire un livre, d'être à
l'extérieur, que ça renforce cette notion-là?
La Présidente (Mme
Dionne) : En 10 secondes, M. Biron, par oui ou non.
M. Biron
(Jean-François) : Oui. Bien, en fait, en 30 secondes, je vais
faire rapide, là, il y a un enjeu de normalisation là-dedans. Et, dans le fond,
je finirais sur une note positive en…
La Présidente (Mme
Dionne) : ...
M. Biron
(Jean-François) : Peut-être que ce qui serait intéressant,
peut-être...
La Présidente (Mme
Dionne) : Désolée, on est obligés d'interrompre. On n'a
malheureusement plus de temps. Je suis désolée, c'est...
M. Biron (Jean-François) :
O.K. Ce n'est pas grave.
La Présidente (Mme
Dionne) : Bien, merci beaucoup pour votre participation. Puis
effectivement on est très heureux également, tous les membres, d'avoir cette
conversation-là et ces discussions-là avec différents experts tels que vous.
Alors, merci beaucoup.
Pour ma part, je
suspends les travaux pour accueillir nos prochains témoins.
M. Biron
(Jean-François) : Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
12 h 10)
(Reprise à 12 h 13)
La Présidente (Mme
Dionne) : Alors, la commission reprend maintenant ses travaux. Nous
souhaitons donc la bienvenue, maintenant, à Mme Carolanne Campeau. Alors,
bienvenue parmi nous, Mme Campeau.
Donc,
d'entrée de jeu, je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour nous faire
part de votre exposé, et, suite à cela, il y aura une période d'échange
avec les membres de la commission. Donc, je vous cède la parole à l'instant.
Mme Carolanne Campeau
Mme Campeau (Carolanne) : Merci beaucoup. Merci de
me recevoir aujourd'hui. En fait, moi, je travaille en prévention des dépendances depuis plus de
10 ans, et c'est un honneur, en fait, de vous présenter aujourd'hui
quelques recommandations pour bâtir un avenir où les habitudes numériques de
nos jeunes seraient moins préoccupantes.
Donc...
Alors, je vais vous présenter, en fait, certains facteurs de risque liés à
l'usage des écrans chez les jeunes dans le but qu'on comprenne,
finalement, les causes pour agir sur ce qui pose, finalement, le plus de
problèmes. Donc, je me suis appuyée sur le
modèle écologique pour comprendre les causes et pour également analyser et
identifier certaines pistes d'intervention qui seraient les plus prometteuses,
en regardant, en fait, à plusieurs niveaux les sphères d'influence, donc
l'environnement social, les milieux de vie et l'individu.
Donc, on va commencer par l'environnement. Dans
ce contexte, en fait, et là, vraiment, c'est-à-dire la société et
l'environnement numérique dans lequel nos jeunes évoluent, l'absence de
régulation adéquate des plateformes numériques et également la méconnaissance
des lois qui sont déjà existantes posent un problème majeur. Donc,
l'utilisation d'Internet, comme vous le savez, comme vous avez fait état, là,
dans votre document consultatif, pose problème, pose plusieurs risques pour les
enfants et les jeunes utilisateurs et utilisatrices. Et donc il existe déjà
quelques lois qui sont mises en place, qui visent à réduire ces risques, mais
qui sont parfois méconnues ou sinon incomprises et aussi difficiles, là, à
mettre en pratique.
Donc, en premier, on a la Loi sur la protection
des renseignements personnels qui exige, en fait, un consentement parental pour
les moins de 14 ans lorsqu'il s'agit de la collecte de leurs données
personnelles. On a également la loi n° 25 qui exige que les entreprises
obtiennent un consentement clair et explicite avant de collecter, utiliser ou
partager des informations personnelles. Ainsi, un ado, en fait, actuellement,
ne peut pas, là, naviguer... un ado de moins
de 14 ans ne peut pas naviguer sur les pages ou sur les plateformes
numériques sans avoir le consentement de son parent, mais ça, ce n'est
pas clair. Et, même quand on a des pop-up, par exemple, qui viennent nous
demander d'accepter, ce n'est pas clairement
indiqué dans tous les cas, là, que ça prend 14 ans pour pouvoir appuyer
sur «accepter».
Donc, ce que la recherche nous montre, c'est que
les réseaux sociaux utilisent des techniques qui sont addictives pour capter,
maintenir l'attention à des fins de profits. Donc, ces caractéristiques limitent,
en fait, la capacité des jeunes à exercer un autocontrôle, une capacité
d'autocontrôle, et aussi les rendent plus vulnérables à développer, là,
finalement, une dépendance.
Donc, voici quelques recommandations que je vous
propose : premièrement, commencer par appliquer de manière, là, plus
efficace la loi sur le consentement pour les moins de 14 ans, donc, de
s'assurer aussi que le consentement soit éclairé, d'informer les parents et les
jeunes de ces lois et aussi de leur raison d'être, donc, d'exiger aussi plus
précisément que les réseaux sociaux vérifient l'âge dès l'ouverture d'un
compte, et aussi mettre en place d'autres mesures, comme par exemple limiter la
publicité ciblée, permettre plus de fonctionnalités de contrôle et réguler
l'exposition à des contenus inappropriés pour les mineurs.
Donc, en ce qui concerne les milieux de vie tels
que les écoles, ils jouent également, là, un rôle central dans l'utilisation,
là, des écrans chez les jeunes. Donc, comme vous savez, depuis janvier, en
fait, l'utilisation des cellulaires est interdite pendant les heures de classe,
mais l'interdiction est appliquée de manière qui n'est pas nécessairement
uniforme dans toutes les écoles. Donc, certaines écoles, en fait, vont laisser
les élèves garder leurs cellulaires, en
autant que le cellulaire, que l'appareil n'est pas visible, donc, par exemple,
dans leurs poches. Le problème, c'est que la littérature, en fait, nous
montre que la simple présence d'un appareil comme le cellulaire, même s'il
n'est pas utilisé, peut détourner l'attention, affecter la concentration et
donc la mémoire de travail, donc, ce qui pose un problème au niveau de
l'apprentissage.
Maintenant, quand on regarde à l'extérieur de la
classe, les appareils, en fait, sont également... l'utilisation des appareils
comme le cellulaire sont également associés à un effet sur la diminution des
interactions sociales en personne et aussi l'augmentation de la sédentarité.
Donc, en fait, la plupart des bienfaits qui sont
documentés en lien avec l'utilisation des écrans en milieu scolaire concernent
principalement les élèves ayant des besoins plus spécifiques, et ces
bienfaits-là peuvent être atteints, en fait, en offrant un accès surveillé et
encadré par l'école, donc dans un cadre vraiment plus formel, sans
nécessairement que ce soit l'appareil de l'élève.
Alors, voici quelques recommandations,
donc : élargir l'interdiction des cellulaires à l'ensemble du contexte
scolaire, aux niveaux primaire et secondaire, afin de faciliter son application
et réduire les effets négatifs, assurer une application
efficace et uniforme de cette interdiction au Québec, donc élaborer des
directives aussi qui sont plus claires pour encadrer l'utilisation des
appareils qui est autorisée à des fins pédagogiques en précisant vraiment les
objectifs pédagogiques, évaluer l'impact et
l'utilisation des écrans sur l'apprentissage et ensuite ajuster les pratiques
en conséquence.
Donc, j'aimerais aussi qu'on regarde un facteur
de protection qui est documenté dans la littérature, qui est l'éducation
numérique. Alors là, actuellement, la situation au Québec, on a une transition,
en fait, vers des méthodes d'apprentissage qui sont plus informelles et moins
de laboratoires informatiques traditionnels comme on avait avant. Donc, par exemple, on en avait 53 %, des
écoles qui avaient un laboratoire informatique traditionnel en 2021, et on
est rendus à 39 %, et ça s'en va en
diminuant. Les ateliers, en fait, que les élèves reçoivent ne suffisent pas,
tout simplement. Donc, ils sont offerts de manière inégale, ils manquent
de continuité, et les organismes, en fait, qui sont mandatés manquent aussi de
financement pour offrir vraiment à grande échelle et évaluer. Donc, la
recherche montre que de préparer les élèves à utiliser la technologie des
écrans de manière bénéfique, à la fois en milieu scolaire mais aussi dans leur vie, là, constitue un facteur de
protection qui atténue les risques. Mais, en contrepartie, on a aussi un
manque de formation, qui est documenté, en
fait, auprès du personnel enseignant pour mieux guider les élèves dans leur
utilisation.
Donc, ce
qu'il faut faire, il faut intégrer l'enseignement de compétences numériques de
manière plus formelle dans les
programmes scolaires, donc, incluant aussi les saines habitudes numériques, il
faut augmenter le financement des organismes locaux pour offrir des
ateliers de prévention sur différentes thématiques, donc… comme par exemple la
cyberintimidation, la sextorsion, les jeux vidéo, les réseaux sociaux, etc. Et
ces activités-là seraient complémentaires aux programmes qui seraient mis en
place dans les écoles. Il faut aussi former et soutenir les enseignants dans l'utilisation efficace pour qu'eux puissent enseigner une
manière d'utiliser la technologie qui maximise les bienfaits en minimisant les
méfaits.
Donc, également, il faut aller vers des
alternatives aux écrans et aménager, dans le fond, les communautés pour
faciliter la pratique d'activités hors ligne. Alors, l'offre d'activités varie
selon les communautés, est souvent limitée, particulièrement dans les milieux
qui sont défavorisés. Et donc, par exemple, les aires de jeux gratuites, les
activités sportives, culturelles, accessibles à faible coût sont limitées et
parfois aussi insuffisantes pour répondre aux besoins, et, en dehors de l'été,
par exemple, les parcs ne sont pas nécessairement tous éclairés, donc, ce qui
réduit aussi les activités qui sont accessibles gratuitement et facilement
accessibles autour de... des familles. Alors, en parallèle, les maisons des
jeunes ont du mal à rester ouvertes.
• (12 h 20) •
Donc, les recherches montrent que l'utilisation
intensive des écrans a tendance à remplacer d'autres activités qui sont plus
bénéfiques… qui comporte, bon, des effets négatifs sur le développement, la
santé globale et également est plus présente, en fait, dans les milieux qui
sont défavorisés. Les études soulignent également l'importance d'offrir, là, une diversité d'activités hors ligne
pour remplacer, finalement, l'utilisation des écrans. Donc, il faut
développer et multiplier les activités accessibles à faible coût, en
particulier dans les communautés qui sont défavorisées, pour permettre aux familles et aux jeunes d'avoir des
alternatives concrètes aux écrans : éclairer les parcs toute l'année,
créer des aires de jeux intérieures dans les
centres communautaires, entre autres, pour que les familles puissent profiter
d'une sélection d'activités qui sont gratuites, et augmenter le financement des
maisons des jeunes et d'autres organismes jeunesse
afin de les aider à rester ouvertes, et proposer, encore une fois, une offre
plus attrayante d'activités hors ligne.
Donc, en ce
qui concerne l'individu, pour agir, en fait, en amont et répondre au manque
d'information, Capsana a lancé Pause, en 2018, qui était une première
campagne québécoise de prévention des risques liés à l'usage des écrans chez les jeunes et les familles, réalisée grâce au
soutien du gouvernement du Québec. Maintenant, c'est bien plus qu'une
campagne, c'est rendu un site de référence offrant plus de 180 articles,
des guides, des outils, de l'information pour les parents et les milieux de
vie. L'une des grandes forces de Pause réside dans ses défis de déconnexion,
qui ont réussi à mobiliser 24 000 jeunes, 46 000 familles
et 213 maisons des jeunes à travers la province depuis ses débuts. Donc,
la recherche souligne que l'éducation des parents et des jeunes est essentielle
pour mieux gérer l'utilisation des écrans, et, même si c'est peu étudié, les
initiatives de déconnexion sont prometteuses et, notamment, aident les jeunes à
mieux évaluer les risques et à développer des stratégies pour contrer, là,
finalement, les effets négatifs.
Alors, ce qu'il faut faire ici, c'est faire
connaître davantage des ressources qui existent déjà, en assurant que les
parents connaissent les outils fournis par Pause, entre autres, et pour qu'ils
s'informent et évaluent l'utilisation et agissent pour réduire les risques. Il
faut promouvoir davantage des initiatives de déconnexion qui transmettent un
message sur l'importance de prendre des pauses et d'avoir des habitudes plus
équilibrées. Et il faudrait offrir des formations qui sont destinées aux
parents pour... en finançant les organismes, finalement, qui les proposent
et... pour qu'ils puissent élargir l'offre, répondre à la demande et aborder
des thématiques plus spécifiques.
Donc, en conclusion, c'est essentiel, en fait,
de miser sur une approche qui est globale et complémentaire. Et je pense, moi,
sincèrement que le Québec a maintenant l'opportunité de se positionner comme
chef de file en matière de prévention des risques en s'appuyant sur des
initiatives qui sont pionnières, on va dire, comme Pause, qui est déjà unique
au Canada, en allant encore plus loin que ça, en offrant un modèle à suivre
pour promouvoir une utilisation équilibrée et saine des écrans au bénéfice de
nos jeunes et de l'ensemble de la société. Voilà. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, Mme Campeau. Donc, nous allons débuter cette période d'échange.
Alors, qui veut casser la glace? M. le député de… O.K., Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci de votre
présentation. Vous parlez de... Vous êtes une des premières, là, qui prenez une
position très claire pour une application stricte d'interdiction du cellulaire
à la grandeur du territoire scolaire, à la grandeur du Québec, si j'ai bien
compris. Est-ce que ça ne pose pas quand même un gros défi d'application? Je
pense notamment aux grosses polyvalentes. Parce qu'hier on avait les écoles
privées qui sont venues nous parler, qui nous disaient — moi,
ça m'avait surpris — qu'il
y avait déjà 60 % des écoles privées du Québec qui interdisaient le
cellulaire sur leur territoire scolaire. Et les écoles privées sont souvent de
plus petite taille, donc on imagine que c'est plus facile à faire. Mais moi,
j'ai grandi dans une polyvalente sur la Rive-Sud de Montréal, je ne sais pas on
était combien, plusieurs centaines, certainement, ça fait une pas pire grosse
section de cases de cellulaires à mettre à l'entrée de l'école. Comment on fait
ça quand tu es une polyvalente?
Mme Campeau (Carolanne) : C'est une
bonne question. Et moi, je commencerais par aller voir qu'est-ce que ces
60 % d'écoles privées, finalement, ont fait, et est-ce que c'est des
pratiques qui ont été, disons, efficaces dans la façon qu'eux, ils l'ont fait,
et donc identifier qu'est-ce qui fonctionne puis qu'est-ce qui ne fonctionne
pas dans le but de transposer ça, finalement, à différents milieux.
C'est sûr qu'il y a un enjeu d'applicabilité,
mais, en ce moment, il y en a déjà un en lien avec l'utilisation pendant les
heures de classe, et ça, ça nuit aux apprentissages, là, finalement, de nos
jeunes. Et donc il faut agir pour peut-être simplifier, que ce soit carrément,
finalement, l'emplacement au complet.
Et je me dis aussi qu'il y a des endroits comme
la France, qui a déjà appliqué, en fait, ce type d'interdiction là depuis 2018,
peut-être qu'eux également ont des pratiques qui pourraient être inspirantes
dans la manière qu'ils l'ont fait, qu'ils l'ont appliqué, que nous, on pourrait
s'inspirer de, en allant de l'avant. Donc, c'est sûr que ça prendrait une
période de réflexion avant que ce soit mis en place.
M. Leduc :
C'est sûr que, là, on a un défi de calendrier, parce que tout ça est
extrêmement récent, autant en France qu'au Québec. Ce qu'ils nous disaient
hier, les écoles, c'est que c'est des applications extrêmement récentes pour
une école au complet. La directive du gouvernement du Québec date de mars
dernier. Ça ne fait même pas encore un an, à peine six mois. Ça fait
que nous, on a... on doit faire un rapport au mois de mai, ça fait qu'on n'a
pas le luxe d'attendre un an, deux ans pour voir comment ça va fonctionner. Il
va falloir qu'on se positionne avant.
La plupart des gens qui sont passés avant vous
nous disaient… là, je parle des professeurs, les directeurs d'école, les
comités de parents, ils disaient tous, de manière presque unanime :
Laissez les écoles décider. Tu sais, ils voyaient les bienfaits d'une
interdiction sur le territoire scolaire au complet, mais ils disaient :
Laissez les écoles décider. Qu'est-ce qui, vous, vous fait prendre le... la
coche supérieure en disant : Non, non, non, il faut, entre guillemets,
imposer à toutes les écoles du Québec?
Mme Campeau (Carolanne) : C'est sûr
que certaines écoles ont peut-être des réalités, là, particulières, sauf qu'en
même temps je trouve qu'on envoie des messages qui peuvent sembler ambigus et
contradictoires aussi pour le jeune qui est dans un milieu, qui entend parler
d'objets ou d'utilisations pédagogiques, que ce n'est pas clair, que certains
profs, certains enseignants le font de cette façon-là, d'autres le font
différemment, qu'on n'est pas censés avoir nos écrans, mais que les écrans sont
mauvais pour la santé. Donc, il y a plusieurs messages. Ce serait, d'une façon,
d'harmoniser, là, finalement, ce qu'on envoie, ce qu'on véhicule par rapport à
l'utilisation des écrans, spécifiquement l'utilisation à des fins de
divertissement.
Là, après, il
faudrait vraiment regarder, là, au niveau des types d'appareils et l'effet sur
les... sur l'apprentissage, mais, vraiment, au moins, quand on parle de
divertissement, de loisir, bien, dans un cadre scolaire, étant donné les...
tous les effets nuisibles qui ont déjà été documentés, ça n'a pas sa place. Et
ça, on enverrait ce message-là, et ce serait plus facile, je crois, pour des
directions d'école qui, des fois aussi, ont des connaissances différentes à
différents niveaux par rapport à l'utilisation des écrans, tous les risques
associés, qu'on leur donne une marche à suivre qui est beaucoup plus claire et
qui donne quand même une certaine latitude. Ça, ce serait à voir, là, mais on a
besoin de clarifier, parce que ce qu'il y a en ce moment est fait différemment,
et ça envoie... C'est ça. Je trouve que c'est... c'est mélangeant, ça devient
mélangeant.
M. Leduc : Sans utiliser, je pense,
le terme exact de «majorité numérique», vous prenez une position assez claire en disant : Il faut que ce soit
appliqué plus sévèrement, cette idée-là d'avoir un âge minimal pour créer un
compte sur les réseaux sociaux. C'est toujours la question de l'application,
après ça. Comment on le fait? Comment on le met en pratique? Je ne me rappelle
plus qui qui est passé avant vous, mais il disait : Même si c'est
compliqué de le mettre en pratique, le
simple fait d'avoir une majorité numérique enverrait le bon signal. Est-ce que
vous êtes un peu de cette école-là ou
plutôt vous dites : Non, non, il faut vraiment qu'on trouve une manière de
serrer la vis sur l'applicabilité?
Mme Campeau (Carolanne) : Je crois
qu'au début on a avantage à miser sur... J'entends un écho. O.K. On a avantage
à miser, en fait, sur le pouvoir symbolique que ça va envoyer au niveau, là,
d'affecter, on va dire, les normes, là, et
peut-être la banalisation de l'utilisation des réseaux sociaux. On a besoin que
les gens soient conscients.
Et là je dis ça, et, vraiment, les parents à qui
je parle, le fait qu'on a fait, même, un article sur... par exemple, sur le
site de Pause pour vraiment préciser cette information-là, ça semble vraiment
n'être pas connu qu'il y a comme déjà une majorité numérique, sans
nécessairement que ce soit dit de cette façon-là, mais il y a un âge, c'est
14 ans. Ailleurs, c'est 13 ans. Au Québec, c'est 14 ans, et les
gens ne sont pas nécessairement au courant de ça. Et pourquoi, en fait? Pourquoi on clique sur «accepter» quand on va sur un
site? Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'est-ce... Comment les données sont
utilisées? J'ai l'impression, si les gens étaient plus conscients de ça, les
parents aussi, ils pourraient mieux guider leurs jeunes et ils comprendraient
que c'est un environnement qui comporte des risques assez importants, que la
loi a dû vraiment clarifier, là, finalement, l'âge que ça prend pour,
finalement, c'est ça, aller de l'avant et l'utiliser.
Maintenant, en ce qui concerne la mise en
pratique, je me dis qu'il y a des applications ou plus... comme par exemple Airbnb ou les comptes de cryptomonnaie,
qui réussissent à identifier, vérifier, confirmer l'âge des
utilisateurs. Donc, il doit y avoir une
façon de faire en sorte qu'on soit conscient, ou sinon que ce soit lié au
compte du parent, ou je n'ai pas
exactement la recette à suivre de ce point de vue là, mais je pense que c'est
essentiel de commencer par dire ce que c'est
en ce moment et d'aller dans la direction, là, de vraiment appliquer plus
efficacement ce qu'on a déjà, là, en place.
M. Leduc : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Joliette.
• (12 h 30) •
M. St-Louis : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci d'être avec nous ce midi, et fort apprécié. D'un point de vue
technologique, je vais retourner... On a rencontré un ex-parlementaire
britannique qui nous a parlé de certaines recommandations que le Parlement britannique
a faites un peu à la sauvette, mais on nous parlait d'un téléphone... en fait,
de retourner à un téléphone où ce serait juste une ligne téléphonique et
textos. Donc, moi, je me dis : Si on arrivait à une application... On a le
mode avion. Pourquoi on n'aurait pas le mode scolaire sur nos téléphones? Je pense qu'Apple pourrait peut-être
nous aider de ce côté-là. Vous voyez ça comment, si, à ce moment-là, on permettait, bon, que l'élève ait en ses... en
sa possession, pardon, le téléphone, mais sans accès à toutes les
applications, là, qu'on... négatives qu'on connaît, là, les algorithmes, et
autres?
Mme Campeau
(Carolanne) : C'est une excellente question aussi. En fait, je suis
vraiment pour le... ramener les téléphones... les «dumbphones», comme on dit en
anglais, donc, qui ont... des téléphones qui ne sont pas nécessairement
intelligents, surtout pour nos plus jeunes, en fait, parce que je me dis :
Si la navigation n'est pas permise sans le consentement parental, donc, un
enfant en bas de 14 ans ne devrait pas nécessairement avoir un accès non
supervisé et libre à ces plateformes-là et aux pages Web.
Maintenant, les études, ce que la littérature
nous dit, c'est que la simple présence de l'appareil qui est normalement
utilisé pour aller sur les réseaux sociaux est déjà problématique. L'appareil
n'a pas besoin... Et là, vraiment, il y a des études qui regardent l'appareil
dans les poches, l'appareil visible, l'appareil dans la même pièce, l'appareil
en dehors de la pièce, et les meilleurs résultats sont en dehors de la pièce.
Donc, il faut vraiment que l'appareil soit le plus loin possible, parce que,
sinon, ça a une influence sur vraiment... Je sais ce qui m'attend, je sais ce
que je vais aller faire, j'ai le réflexe de le faire avec cet appareil-là aussi.
Donc, je pense que, si on utilise les téléphones
intelligents, qui sont utilisés à d'autres fins, qui appartiennent, finalement,
là, à l'élève, même si on met un mode spécifique, ça risque de quand même
nuire. Mais, bon, il faudrait quand même évaluer, là, pour avoir des données
probantes sur ce sujet-là.
M. St-Louis : Donc, on revient un
peu à la cloche du chien de Pavlov, il y a une réaction automatique du cerveau
en voyant simplement l'appareil, peu importent ses fonctions. Merci.
Mme Campeau (Carolanne) : Exact.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. le député de Marquette.
M. Ciccone : Ah mon Dieu! Je n'avais pas levé la main, mais merci. C'est
vrai que je parle beaucoup. C'est vrai, je parle beaucoup. Mais, moi, il y a
juste un élément, parce que c'est très, très intéressant, puis, écoute, je ne
veux pas me prononcer, là, sur vos recommandations, qui sont très, très... Je
trouve que c'est des bonnes recommandations, mais surtout, de ces
recommandations-là, j'ai quasiment le goût de vous poser la question comment
les appliquer, comment on va être capables de faire ça avec les... avec la
grande industrie de la technologie, les Meta, Instagram, et autres, là. Tu
sais, je me pose toujours cette question-là.
Mais moi, je veux vous amener sur un élément
qu'on ne parle pas beaucoup, puis je ne l'ai pas vu. J'ai lu votre présentation puis je ne l'ai pas vu. On
parle beaucoup de la santé mentale, on parle beaucoup des effets négatifs
sur nos jeunes et moins jeunes, tout ce qui
est technologie, téléphone cellulaire, mais, l'aspect sécurité, on n'en parle
pas assez.
Le groupe
précédent, M. Biron, précédemment, l'a mentionné dans sa... dans sa
présentation, où les adolescents… Là, il y a le volet sécurité, puis ils
parlent en voiture. Pourquoi que, des gens comme vous, parce que je vous mets
dans une catégorie de spécialistes dans le domaine, on ne met pas assez
l'accent sur l'aspect sécurité? Parce que vous... Il y a un élément addictif,
là, dépendance sur... Puis, vous l'avez dit, juste le fait de l'avoir dans la
même pièce, on est excité, puis il y a cette anxiété-là. Dans la voiture, en
marchant dans la rue, même à vélo, on le voit, là, les jeunes sont sur leur
téléphone. Pourquoi qu'on ne parle pas de cet aspect sécurité là?
Mme Campeau (Carolanne) : Bien,
aujourd'hui, j'avais... j'avais 10 minutes, donc, ce qui fait en sorte...
Parce qu'en fait, dans... J'ai fait une recension des écrits sur l'utilisation,
là, en contexte scolaire des appareils mobiles, et tout ça, et, vraiment, ce
qui ressortait par rapport à l'éducation numérique était séparé, là, en
plusieurs morceaux, et il y avait vraiment
l'aspect sécurité qu'il était nécessaire, là, d'aborder, et que cela devrait
être fait, encore une fois, dans le
contexte scolaire mais complémenté, on va dire, avec même les campagnes que la
SAAQ va faire, là, sur l'utilisation, la distraction au volant. Et donc
on envoie le même message de plusieurs acteurs qui gravitent autour du... Mais
c'est absolument essentiel.
Et même je me rappelle, là, dans les débuts, que
j'avais participé au contenu pour le site de Pause. On abordait, en fait, même... On l'avait amené avec une touche d'humour.
Mais tous les accidents qui étaient liés à marcher avec son cellulaire, donc de traverser la route…
Ça peut aller dans un extrême, mais ça peut être aussi, des fois, tomber
dans une fontaine ou des choses que les jeunes trouvaient drôles, et ça les
faisait quand même réfléchir. Donc, on avait utilisé ces contenus-là.
Mais, tout à
fait, je suis d'accord qu'il faut absolument en parler. Ça fait partie... C'est
ce qui est le plus difficile, c'est
qu'il y a... (panne de son) …qui sont très importantes. Et même la sécurité en
termes de protection d'informations personnelles, de ne pas publier des
images d'adresse, de ne pas donner des informations qui sont personnelles, tout
ça doit également, là, au niveau de la citoyenneté numérique, être abordé, je
crois, dans des cours plus formels.
M. Ciccone : Je veux faire un peu de pouce, ce que mon collègue
d'Hochelaga a dit, justement. Puis, quand on regarde votre présentation, là,
vous semblez beaucoup faire, là, de la globalité. Quand vous prenez une
décision, des recommandations, c'est... Avez-vous pris en considération les milieux
ruraux, urbains? Vous avez parlé un peu des secteurs un peu plus précaires,
défavorisés, ça, on l'a vu, mais, pour arriver avec ce genre de recommandations
là, est-ce qu'on pourrait dire : Pas de cellulaire, voici comment doit le
faire, mais c'est à l'ensemble du territoire du Québec, nonobstant la ruralité
et tout ce qui est urbain, là?
Mme
Campeau (Carolanne) : Je vous dirais que je n'ai pas... Je ne suis pas
en maîtrise d'assez d'informations pour regarder les différences, là, au
niveau des milieux urbains, des milieux ruraux. Par contre, quand je parle, on
va dire, d'offre d'activités, je sais que les
problématiques dans les grands... les grands centres, c'est l'insuffisance, là.
Le parent se connecte, et, déjà, dans l'heure du début d'inscription, les cours
ne sont plus disponibles. Donc, si on veut favoriser des activités hors ligne,
il faut que ça réponde à la demande.
À l'inverse, comment que ça se passe dans les
régions rurales, je sais, au niveau de... physiquement aussi, les endroits sont
plus loin, donc, la distance, donc, de faciliter l'accessibilité, et tout ça,
ça devient peut-être un enjeu plus précis dans ces cas-là. Mais ce serait
intéressant, en fait, de voir, de documenter ce type de différence là, comment
qu'on peut répondre aux besoins, en fait, qui sont différents selon la réalité
des différentes régions.
M. Ciccone : Une dernière question. À votre avis, là, pour appliquer,
justement... Puis ça va un peu dans le même sens de la question que je vous ai
posée précédemment. Pour appliquer ces recommandations-là, vous parlez d'offrir
d'autres... d'autres avenues, vous parlez d'activités à moindre coût pour les
endroits un peu plus précaires, mais est-ce
que ce n'est pas plus facile d'appliquer ce que vous proposez ici, justement,
en région, où il y a plus de parcs, il y a des lacs, il y a des
activités, il y a plus de sports, on peut faire du vélo? À Montréal, dans le
quartier de mon collègue d'Hochelaga, dire
aux enfants : Bien, allez jouer dans la rue, ce n'est peut-être pas idéal.
En ruralité, cependant, dire :
Va jouer dans le parc, va jouer dans le bois, va te baigner dans le lac, ce
n'est pas plus facile dans ces endroits-là?
Mme Campeau (Carolanne) : Peut-être
que oui, mais, en même temps, si on parle de petits enfants, il faut mobiliser
les parents, à faire en sorte aussi que les parents les accompagnent. Parce
que, quand on a des enfants qui sont plus vieux, on peut peut-être les
encourager vers… et, c'est ça, ils ont les emplacements pour, mais, quand on parle à des parents, il faut trouver une façon de
les mobiliser, de faire en sorte... Puis ça peut être aussi des
municipalités qui font une programmation ou
une semaine en lien avec des activités sans écran. Donc, ils véhiculent cette
information-là encore une fois : C'est important de prendre
des pauses, et voici une programmation que vous pouvez faire. Donc, on crée un
mouvement, on mobilise les gens. Parce que je pense qu'en lien avec, vraiment,
les parents des tout-petits il y a des
enjeux, oui, d'aires de jeu, d'endroits, mais, même quand les endroits sont
disponibles, des fois, il y a d'autres enjeux aussi. Il faut vraiment
les pousser vers, là, ce type... faciliter, si on veut, là. C'est ça.
M. Ciccone : Question très, très rapide. Selon vous, quel serait l'âge
pour mettre un appareil technologique dans
les mains d'un jeune? C'est quel âge, selon vous, qu'on ne devrait jamais
mettre un téléphone ou un écran devant un enfant? C'est-tu trois ans,
quatre ans, cinq ans?
Mme Campeau (Carolanne) : Je pense
qu'il reste encore... surtout en lien avec, on va dire, les tablettes et les
types d'applications éducatives, bon, la problématique que certaines
applications sont dites éducatives, mais ce n'est pas nécessairement des
sources qui sont fiables, l'information qui est... qu'on peut vraiment se
positionner ou s'appuyer dessus.
Donc, dès qu'on a un accès qui est non
supervisé, je pense que c'est problématique. Et donc, si on regarde, on a l'écran, on a la télévision dans les maisons,
est-ce qu'on peut garder ça sur la télévision le plus longtemps
possible? Parce que ça nous permet, en tant que parents, de regarder,
d'évaluer, de surveiller, de voir ce à quoi nos jeunes sont exposés, de revenir là-dessus si on trouve qu'il y
a quelque chose qu'on doit... qu'on doit noter, qu'on doit mentionner.
Mais, dès qu'on donne l'appareil avec un libre accès à l'Internet dans les
mains, non supervisé, de notre enfant, ça comporte des risques. Et donc moi,
j'attendrais le plus longtemps possible. Ça, c'est ce que je peux vous dire.
M. Ciccone : Merci beaucoup. Merci.
• (12 h 40) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Moi, je voudrais vous entretenir sur la cyberintimidation. Nous, quand on était
jeunes, ce n'est pas compliqué, on réglait ça après l'école, à 4 heures.
On se tirait les cheveux, puis après ça c'était terminé. Ça s'arrêtait là.
Nous, à Rivière-du-Loup, on appelait ça : On se retrouve à 4 heures
dans le tunnel. Mais, blague à part, maintenant, c'est un fléau qui perdure au-delà
du territorial, je veux dire, ça se poursuit après
l'école, ça se poursuit la nuit, les fins de semaine. C'est 24 heures sur
24. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus, sur les recommandations
que vous nous faites, quelles recommandations auraient le meilleur impact pour
essayer de diminuer les effets néfastes de ce fléau. J'aimerais vous entendre
là-dessus.
Mme Campeau (Carolanne) : Bon,
encore une fois, c'est une multitude d'interventions. Donc, quand je parle de
retirer aussi le cellulaire du milieu scolaire, il y a un lien aussi avec la
cyberintimidation. Il y a des études, en fait, qui regardent même la perception
des jeunes, et ce que les jeunes notent comme étant problématique en lien avec
leurs appareils, c'est souvent la cyberintimidation. Et donc est-ce qu'on peut
donner une pause à nos jeunes pendant le temps qu'ils sont dans le milieu
scolaire? C'est sûr qu'il y a probablement d'autres enjeux. On va revenir en
arrière. On va avoir quand même, là, des problématiques qui vont venir, qui
vont voir le jour, mais ce ne sera pas en lien avec l'appareil. L'enfant ne
sera pas sollicité constamment pendant le temps qu'il est à cet endroit-là, qui
devient un endroit un petit peu plus, je l'espère, là, sécuritaire.
Après ça, c'est d'avoir des intervenants qui sont,
encore une fois, formés, qui sont sur les lieux, qui peuvent faire un lien, qui
peuvent faire des interventions, qui peuvent proposer, là, finalement, une
référence vers. Il y a des sites. Je sais qu'il y a un organisme, Liberté de
choisir, qui a fait des outils qui sont superintéressants dans un projet qui
s'appelait Cyberréflexion et qui, vraiment, vise à outiller le jeune pour
réagir et savoir quoi faire dans le cas de commentaires
haineux et de cyberintimidation, mais il faut faire connaître ces beaux outils
là. J'ai l'impression qu'on a beaucoup de choses, beaucoup de belles ressources
qui sont juste assises quelque part mais pas assez connues, finalement.
Et donc c'est le... financer, on va dire, un organisme qui va venir expliquer
et outiller le jeune directement dans le milieu. Ça va venir complémenter le
tout.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme Campeau. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Campeau. Merci pour votre présentation. Dans,
donc, les différents, donc, facteurs de risque que vous nous avez exposés, je
pense… En fait, très rapidement, donc, dans votre présentation, vous nous
parlez de ce que d'autres experts, donc, nous ont appelé... ont appelé, donc,
les mécanismes de renforcement virtuel, donc, s'assurer, donc, que... en fait,
tous les mécanismes qui font en sorte, donc, de capter l'attention, donc, du
jeune, donc, sur les écrans. Comment vous pensez qu'on peut réguler ces
différentes plateformes? Je sais que mon collègue vous a posé la question sur
les «dumbphones», là, donc de revenir, donc,
à ces écrans-là. Donc, déjà, donc, pour ce qui est, donc, de l'appareil en tant
que tel, je vous ai entendue là-dessus. Maintenant, nous, comme législateurs,
comment est-ce qu'on s'assure, donc, de diminuer un peu la prévalence de ces
mécanismes-là?
Mme Campeau (Carolanne) : Bien, je
sais qu'il y a d'autres experts qui vous l'ont mentionné, on va dire, ailleurs
aux États-Unis, là, par exemple, ils ont deux projets de loi, en ce moment, là,
qui sont le «safety»... qui ont en tête le «safety by design», donc de faire en
sorte que l'environnement, là, finalement, dans lequel les utilisateurs,
utilisatrices vont aller soit déjà, par défaut, un petit peu plus sécuritaire.
Et donc, déjà, d'offrir... Si, on va dire, ils veulent utiliser ces techniques
de renforcement là, qu'ils utilisent déjà, bien, de faire en sorte que, dans
certains cas, on puisse les retirer. Donc, si, on va dire, une personne... Et c'est
là que je dis plus de contrôle de fonctionnalités en... autant pour
l'utilisateur, l'utilisatrice, mais aussi son parent. Donc, dans le cas, on va
dire, que c'est un moins de 18 ans, donc, de faire en sorte d'offrir plus
d'options qui réduisent ce qui pourrait être problématique. Ça ne veut pas dire
que tout le monde va les retirer, même si on leur suggère de le faire. Donc,
d'une certaine façon, ils vont quand même pouvoir garder, là, leurs techniques,
mais on essaie le plus possible d'offrir le contrôle, finalement, à l'individu
qui se retrouve, là, dans l'environnement.
Mais également, comme j'ai mentionné, s'assurer
qu'ils vérifient l'âge et que les comptes, finalement, soient des comptes
d'utilisateurs qui ont l'âge, et le bon jugement, et la capacité, là, d'esprit
critique qui est nécessaire pour être exposé à ces contenus-là.
Je n'ai pas... Il me manque des informations au
niveau, on va dire, des droits, des lois et de comment faire en sorte, là, de
forcer des compagnies qui ne sont pas sur notre territoire à agir dans le sens
qu'on veut, mais je crois aussi à la persuasion, et de convaincre, et de
suggérer, et je pense que d'autres aussi ont démontré que ça a eu un impact
positif de juste simplement dire : Nous, on voudrait que ce soit ça, ça, ça
et que… Des fois, ils vont dans le sens quand même de mettre en place,
finalement, là, ce type de proposition là. Voilà.
Mme Cadet : Merci. Vous venez de
parler de la vérification de l'âge, donc je fais un petit peu du pouce sur la
question... sur la question que vous a posée notre collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, donc, sur la majorité numérique, là. Parce
qu'effectivement j'ai également noté que vous... bien, que vous en parlez sans
nommer nécessairement, donc, cette terminologie. Donc, pour vous, le risque est
si important que, même si, donc, on avait, donc,
une mesure plus symbolique… Puis là, je comprends, vous l'avez dit, il y a
déjà, puis vous avez raison, là, il y a déjà une certaine limite d'âge,
donc, qui existe par les plateformes, donc, elles-mêmes. Donc, ça, ça existe.
Mais vous dites, donc, qu'il faudrait qu'on soit en mesure, donc, de vérifier
l'âge, et, même, s'il y avait des risques au niveau des données personnelles
des jeunes, c'est plus important d'avoir une mesure de majorité numérique qui
fait la vérification de l'âge que de ne pas en avoir.
Mme Campeau (Carolanne) : Ah oui!
Oui, oui, tout à fait. Ça, c'est... Les données s'accumulent continuellement
sur les impacts sur la santé mentale, sur les symptômes anxieux, sur les symptômes
dépressifs. Ça va très, très loin, là, au
niveau du bien-être global, finalement, là, de nos jeunes, mis à part la
possibilité de développer une dépendance. Donc, c'est tout à fait
essentiel de protéger ceux qui sont les plus vulnérables. Et les lois qui sont
déjà en place, d'une certaine façon, le font, mais c'est sûr qu'on devrait
véhiculer que ce n'est pas juste une question non plus de collecte de données,
mais c'est tout, globalement, ce à quoi on peut être exposés aussi en termes de
publicité, en termes d'influenceurs. Vous en avez fait mention aussi dans votre
document. Mais, c'est ça, ce n'est pas un endroit pour nos jeunes qui sont,
selon moi, là, en bas de 14 ans. Et, même, encore là, de se positionner
par rapport à l'âge exact, je suis en manque de connaissances pour dire est-ce
que c'est 14, 15 ou 16. Mais, certainement, il faut... il faut agir à ce
niveau-là.
Mme Cadet : Vous m'avez vue venir,
c'était ma prochaine question, c'est : Vous, quel âge vous verriez? Donc,
je comprends, donc, que vous n'êtes pas prête à vous positionner là-dessus.
Une dernière question. Il y a une autre experte,
plus tôt, qui était, elle aussi, donc, en faveur de la majorité numérique, qui,
elle, bon, nous émettait, donc, des recommandations quant à la présence même de
l'appareil en tant que tel. Donc, elle, elle
nous disait, évidemment, comme juriste, qu'elle ne recommandait pas, donc, de
pénaliser, donc, l'acte, donc, d'un parent, d'acheter un appareil à son
enfant mineur. Mais j'aimerais, donc, vous entendre là-dessus. Parce que la majorité
numérique, c'est l'accès aux réseaux sociaux, la création de comptes, mais
qu'en est-il, pour vous, de l'accès
des jeunes à un téléphone intelligent, un peu en complément de ce que vous avez
dit, là, sur les «dumbphones»?
Mme Campeau (Carolanne) : C'est
possible. Actuellement, là, ce qu'on sait, c'est que, la plupart du temps, les
jeunes se retrouvent avec l'ancien téléphone intelligent de leurs parents.
Donc, ce n'est pas toujours le cas qu'un parent
va acheter l'appareil que l'enfant veut, là. Mais, en même temps, des fois, le
parent ne configure pas nécessairement l'appareil pour que ce soit un
appareil qui ne peut pas aller sur certains sites ou certaines choses de
bloquées, et, des fois, c'est ça, le wifi disponible, donc là, le jeune se
retrouve, des fois, à 10 ans, neuf, huit ans. Il y a des statistiques qui
sont assez inquiétantes en termes de l'âge que se retrouve avec un téléphone,
finalement, qui a accès à tout.
Et, comme j'ai mentionné plus tôt, moi, je crois
sincèrement… On a déjà un cadre qui est assez intéressant, qui dit : Ça prend 14 ans pour dire que
j'accepte d'être sur une page Web, parce que la page Web collecte
l'information et, des fois, la vend à
d'autres, ce qui veut dire que, techniquement, il n'y a aucun site qui
permettrait... qui permettrait, finalement, des utilisateurs qui sont en
bas d'un âge sans le consentement du parent. Si le parent donne son
consentement, c'est différent, mais il faut que le parent soit conscient qu'il
est obligé de donner son consentement, donc qu'il y a un enjeu, là, finalement,
à ce niveau-là. Et donc, là encore, il faut, encore une fois, nous positionner
par rapport à l'âge exact, mais je pense qu'il faut retarder le plus possible,
où on donne un accès qui n'est pas... qui n'est pas cadré, là, finalement, à
tous les sites qui sont disponibles en ligne. Je ne sais pas si ça répond.
Mme Cadet : Oui, ça me va. Merci.
Mme Campeau (Carolanne) : O.K.
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Il reste un peu de temps. Est-ce qu'il y a des collègues qui ont d'autres
questions? Allez-y, oui.
Mme Cadet : Merci. On a juste
tendance à poser beaucoup de questions, donc on coupe. Donc, j'essaie d'être
succincte. Mais en fait peut-être, justement, pour faire du pouce là-dessus
puis bien comprendre, donc, c'est ça, donc, vous dites : Le parent, donc,
devrait donner son... en fait, doit déjà, donc, donner son consentement pour
l'accès aux différents sites. Est-ce que vous verriez, dans ce cas, donc, par
exemple, donc, une mesure, une recommandation de santé publique pour qu'un
jeune, donc, ait le droit, donc, d'avoir un téléphone intelligent? Donc, on
jase, là. Parce que, tu sais, on le sait, on a des recommandations de santé
publique pour le nombre, le temps d'écran, donc, par tranches d'âge, selon leur
développement. Est-ce qu'en vertu, donc, des recherches que vous faites vous
dites : Ah! bien, peut-être qu'on pourrait dire, bien, les parents, donc,
une suggestion, parce qu'évidemment ça demeure leur libre arbitre, donc, une
suggestion, donc, pour les parents, donc, pourrait être, donc, de permettre à
leurs jeunes d'avoir un téléphone intelligent à partir de 14 ans, mettons?
• (12 h 50) •
Mme Campeau (Carolanne) : Oui, oui.
Moi, je crois que ça, ça serait aller dans une direction qui est... qui donne,
encore une fois, un guide, sans nécessairement, là, imposer ou brimer, là,
nécessairement les droits des parents. Mais, par exemple, si on regarde les
recommandations en termes de temps d'écran, un enfant d'un an ne devrait pas
avoir un accès à un cellulaire pour faire n'importe quoi, même chose au niveau…
Même quand on est dans la tranche un petit peu plus vieux, si c'est un maximum
d'une heure, on ne donnera pas nécessairement un libre accès où il peut y aller
quand il veut, tout seul, sans surveillance.
Et on revient, encore une fois, au fait que la
plupart des données regardent que c'est préférable... en fait, vont mentionner
que c'est préférable de garder sur un écran qui est dans un espace commun où on
peut voir, et choisir, en fait, le contenu qu'on va... Et donc, oui, je pense
que ce serait possible, en regardant tout ça, de dégager des grandes
recommandations en termes... avec les types, en fait, d'appareils, donc,
tablettes, cellulaires.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
madame... Merci beaucoup, Mme Campeau. C'est tout le temps que nous avions
pour ces échanges. Donc, merci infiniment pour votre contribution à ces travaux.
Alors, pour ma part, j'ajourne les travaux
jusqu'au jeudi 18 septembre, après les avis touchant les travaux des
commissions. Alors, bon dîner à tous. Bonne fin de journée. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 52)