(Neuf heures quarante-sept minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
bon mardi à tous et à toutes. Ayant constaté le quorum, je déclare la Commission spéciale sur les impacts des écrans et
des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre les consultations
particulières et les auditions publiques sur les impacts des écrans et des
réseaux sociaux sur nos jeunes.
Donc, Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Non, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
cet avant-midi, nous entendrons Mme Servane Mouton, neurologue et
coprésidente de la commission française sur l'exposition des enfants aux
écrans; l'Institut national de santé publique
du Québec; M. Robin Walker,
ancien président de la Commission de l'éducation à la Chambre des
communes du Royaume-Uni.
Auditions (suite)
Donc, je souhaite maintenant la bienvenue à la
Dre Servane Mouton et qui est accompagnée aujourd'hui de M. Jonathan
Bernard, chargé de recherche dans l'équipe de recherche sur les déterminants
précoces de la santé au Centre de recherche en épidémiologie et statistiques.
Alors, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour nous faire
part de votre exposé, et, ensuite de cela, nous procéderons à une période
d'échange et de questions avec les membres de la commission. Alors, bienvenue,
et je vous cède maintenant la parole.
Mme Servane Mouton
Mme Mouton (Servane) : Merci.
Bonjour à chacun et chacune ou chacune et chacun. Je vous propose de parler
cinq minutes, et ensuite Jonathan parlera cinq minutes, l'idée étant
de donner quelques éléments qui seront surtout le support à la discussion qui
suivra. Puisque la question est très large et dense, il y aura peut-être
certains points que vous voudrez que nous développions ensuite.
Donc, la... un peu les attendus de notre
travail, lors de la commission mise en place par Emmanuel Macron, était, en
effet, de travailler sur les impacts de l'usage ou d'exposition des écrans des
jeunes, des mineurs, globalement, en termes de santé, essentiellement, et
ensuite de réfléchir à des façons de mieux réguler les usages ou de mieux...
minimiser, en tout cas, d'éventuels effets délétères ou de mettre en valeur des
effets qui pourraient être positifs éventuellement.
Ce qui est ressorti sur le plan sanitaire était
que les études étaient robustes et consensuelles en ce qui concernait les
effets sur la santé somatique, avec d'abord la problématique de la sédentarité,
qui avait tendance à augmenter et à aujourd'hui représenter un problème de
santé publique à moyen et long terme chez les moins de 18 ans, avec, sur
les derniers rapports de l'ANSES sur la question, une estimation de 50 %
des moins de 18 ans qui présenteraient un taux de sédentarité trop élevé
associé à un manque d'activité physique, qui est un facteur de risque
cardiovasculaire, donc AVC, infarctus du myocarde, maladies des artères des
jambes à moyen et long terme.
• (9 h 50) •
Le deuxième point consensuel est l'impact de
l'exposition des écrans sur le sommeil, qui, rappelons-le, est un pilier de
notre santé globale, la dette chronique de sommeil pouvant favoriser les
maladies cardiovasculaires, mais aussi des maladies neurodégénératives, comme
la maladie d'Alzheimer, ou encore des maladies métaboliques, comme le diabète,
et, bien sûr, aussi perturber les apprentissages par des difficultés
attentionnelles... perturbait aussi l'humeur en favorisant la dépression.
Donc, voilà, la perturbation du sommeil est
vraiment une préoccupation majeure en termes de santé publique, et les écrans
sont impliqués par une surexposition, en particulier le soir, qui décale
l'heure d'endormissement, soit indirectement, parce que l'activité, en
elle-même, est stimulante et captivante et que l'on s'endort plus tard, soit
également par l'exposition à une lumière qui est riche en bleu et qui va
décaler le pic de la mélatonine qui... étant une hormone pilier des rythmes du
sommeil.
Le troisième élément qui émerge et qui est alors
très préoccupant dans les pays asiatiques, mais avec des tendances qui suivent
dans les pays occidentaux est l'effet sur la vision, en particulier la
problématique de la myopie. Une forte progression de la myopie chez les plus
jeunes, les écrans pouvant être impliqués par la surstimulation de la vision de
près, c'est souvent l'argument que l'on a en premier en tête, mais, en fait,
c'est plutôt par une diminution des activités à l'extérieur au profit
d'activités à l'intérieur. Or, c'est l'exposition à la lumière naturelle qui
préserve ou qui permet, en tout cas, un bon développement
de l'oeil et qui préserve donc de l'apparition de la myopie. Donc, des enfants
qui vont être exposés de façon excessive aux écrans vont, de ce fait, en
général, avoir cette activité à l'intérieur, ceci au détriment de leurs
activités à l'extérieur, et donc avoir un risque plus élevé de myopie. Et
enfin, des éléments suggèrent que c'est le déséquilibre de la lumière des
écrans qui est riche en bleu et pauvre en rouge, qui est donc différente de la
lumière naturelle, qui expliquerait ce risque de myopie.
Ça, ce sont des choses qui sont, je dirais,
avérées, l'augmentation de la sédentarité, la dette chronique de sommeil et
l'augmentation de la myopie avec une application des écrans.
Ce sur quoi la littérature scientifique est plus
discutable en termes de rigueur méthodologique, c'est les questions sur le
neurodéveloppement, même si elle est quand même de plus en plus riche
concernant les moins de six ans, avec des effets sur les compétences
sociorelationnelles, sur la régulation des émotions, surtout chez les plus petits,
également sur l'acquisition de langage et sur les capacités attentionnelles.
Ensuite, sur... pour les enfants plus grands, la
problématique de l'exposition aux réseaux sociaux fait poser la question de
leur impact sur la santé mentale, les adolescents, qui, on le sait, est en...
«en chute libre», ce n'est pas le bon terme, mais, en tout cas, est moins bonne
ces dernières années, et les crises de la COVID ne sont pas les seules
explications. Et les réseaux sociaux sont impliqués, vraisemblablement. Ils
n'occupent qu'une petite place. Elle doit être prise en compte, au sérieux,
puisque c'est un facteur qui est modifiable.
Je vais dire le dernier petit mot, et après je
vais laisser la parole à Jonathan. C'est qu'on a un petit peu déplacé le
curseur en voulant impliquer... en tout cas, intégrer le questionnement sur
l'impact environnemental du numérique, puisque c'est aussi la question du monde
que nous allons laisser à nos enfants et leur santé dépendra de cet... de
l'état des écosystèmes, et enfin remettre la place des écrans dans une
perspective vraiment systémique et sociétale, puisque, se concentrer que sur
l'écran, on risquerait de nous faire passer à côté des raisons pour lesquelles
ils sont aussi prégnants aujourd'hui dans les vies quotidiennes, qu'elles
soient privées ou professionnelles. Je vous remercie. Jonathan, c'est à toi.
M. Bernard (Jonathan) : D'accord.
Bien, du coup, je parle plutôt des axes, c'est ça? Donc, bonjour. Bonjour à
tous et merci pour cette audition. Alors, je suis Jonathan Bernard, je suis
épidémiologiste à l'Inserm et je travaille particulièrement sur le lien entre
l'usage des écrans et la santé de l'enfant, et donc j'ai fait partie de cette
commission présidée par Servane.
Et donc, après cet exposé sur cette revue de la
littérature sur les effets sanitaires observés, je vais vous parler un tout
petit peu des différents axes d'action qu'on a mis en... qu'on a proposés, en
tout cas. Donc, l'idée du rapport, c'était quand même de faire système,
d'essayer de comprendre ce sujet en décloisonnant l'ensemble des petits bouts
qui traitent du sujet de par leur propre angle. Donc, par exemple, il y a des
préoccupations de santé, mais il y a aussi des
préoccupations en termes... éducatives à l'école, etc. Il y a des
préoccupations en termes de sécurité dans l'espace public, de haine en ligne, etc. Donc, il y avait
beaucoup de sujets avec, à chaque fois, des parties prenantes qui
traitent d'un petit bout de ce sujet.
Et donc, nous, ce qu'on a essayé de faire,
c'était quand même d'avoir une vision d'ensemble pour pouvoir attaquer le
problème de façon systémique. Donc, c'est un petit peu pourquoi on a décliné
notre proposition de réponses en six axes. Le premier, le premier axe,
c'était tout d'abord responsabiliser les plateformes, les grandes plateformes
de réseaux sociaux en particulier, de façon à ce qu'elles limitent toutes les
conceptions addictogènes qui permettent de stimuler l'engagement sur ces
plateformes. Donc, par exemple, le scroll infini, les algorithmes de
recommandation qui sont souvent très opaques, etc. Donc, toutes ces
conceptions-là, on considère que c'est du rôle des réseaux sociaux et des
grandes plateformes pour englober... même plus que les réseaux sociaux, d'agir
pour redonner un petit peu du temps et de la liberté aux jeunes. Donc, ça,
c'est un premier axe.
Le deuxième
axe, il est plutôt concernant la protection des mineurs. Plutôt que les
contrôler, ce qui a actuellement un petit peu le... quand on parle de
contrôle de l'âge, contrôle des usages, des applis de contrôle parental, etc.
Donc, nous, le parti, c'était aussi de protéger les enfants, mais de ne pas les
contrôler, c'est-à-dire qu'ils vont... ils ont aussi des droits, et donc on
considère que, pour l'instant, on ne part pas sur le bon... dans la bonne direction,
et donc on propose, en particulier, des mesures pour accompagner la protection.
Elles passent aussi par la responsabilisation des acteurs et des industriels,
mais pas seulement. Voilà.
L'axe trois, il est plutôt autour de
l'accompagnement, donner des formes de normes sociétales sur le plan de la
santé pour accompagner, et c'est de donner un petit peu des bornes, des cadres
sur : À partir de quel âge on peut faire
quel type d'activité? Donc, c'est notamment dans cette partie-là, dans cet
axe-là, qu'on propose une recommandation qui est déjà un petit peu en vigueur en France, qui est de dire :
pas d'écran avant trois ans. Et puis ensuite, on propose
différentes bornes à chaque âge.
Bon, jusqu'à six ans, il faut quand même
penser à limiter le temps d'écran, favoriser des contenus de qualité, si
possible, avec accompagnement parental. Après, il y a aussi, à partir de
l'adolescence, des recommandations sur les bornes qu'on a appelées, nous, 11,
13, 15 qui sont... À partir de 11 ans, chez nous, c'est l'entrée dans
l'éducation secondaire au collège et c'est souvent l'âge... un des âges
d'acquisition du premier smartphone. Nous, on considère qu'à partir de
11 ans un enfant n'a pas forcément besoin d'un smartphone. On considère
que c'est un outil bien trop avancé pour le besoin d'un enfant et qui est,
d'ailleurs, souvent plutôt le besoin du parent plus que de l'enfant, pour
pouvoir savoir où il est, pouvoir le joindre à tout moment, mais qui révèle
plus, des fois, une forme d'anxiété des parents que d'un besoin réel des
enfants.
Donc, ces bornes, elles visent un petit peu
aussi à donner une norme sociale de façon à ce que les parents soient armés
pour dire : Voyez, les recommandations, c'est ça. Et, en fait, que ça
fasse un petit peu tache d'huile, parce qu'aujourd'hui on
voit bien que les ados, ils s'appuient aussi sur ce que leurs copains, leurs
copines, leurs camarades ont le droit de faire, et, du coup, on est un peu dans
une fuite en avant où on a un âge d'acquisition du premier smartphone toujours,
toujours plus précoce. Donc, il y a ces bornes de 11 ans où on recommande,
en particulier, de... la possibilité
d'équiper un enfant avec un téléphone, mais pas un smartphone, et, seulement à
partir de 13 ans, de pouvoir les occuper... les équiper avec un
smartphone personnel.
Et autre recommandation-phare de cet axe-là,
c'est celle des réseaux sociaux, qu'on considère... dont on considère que les
adolescents peuvent en faire un usage à partir de 15 ans, mais seulement
des réseaux sociaux qu'on considère éthiques. Donc, actuellement, à
15 ans, il faut le... en tout cas, en Europe, il faut le consentement des
parents. Ce consentement est rarement recueilli et donc il y a beaucoup de
contournement de cette limite-là...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci beaucoup,
M. Bernard, Mme Mouton. Malheureusement, on a un petit peu dépassé
notre temps.
M. Bernard (Jonathan) : Oui. Je vous
en prie.
La
Présidente (Mme Dionne) :
Alors, si vous le permettez, on va poursuivre ces échanges avec les
membres de la commission, là, pour une
période de questions. Alors, d'entrée de jeu, je vais laisser la parole à M. le
député de Marquette.
• (10 heures) •
M. Ciccone : Merci beaucoup. Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Bonjour... bien, bonjour, bon après-midi à vous deux. Je pense qu'on est
l'après-midi chez vous. Merci d'être là avec nous.
Je veux commencer par... La première question,
je vais faire référence à certains groupes qu'on a déjà entendus. Certains
groupes nous disent : Puisqu'on ne peut plus rien faire avec la réalité
numérique, on est aussi bien de la contrôler.
Selon vous,
est-ce que cette problématique-là, que vous nous avez évoquée aujourd'hui,
plusieurs problématiques, est-ce que
tout ça est réversible dans notre société aujourd'hui? Est-ce qu'on peut
renverser la vapeur ou il est trop tard?
Mme Mouton (Servane) : Jonathan, tu
veux te lancer?
M. Bernard (Jonathan) : Je t'en
prie. Est-ce qu'on peut... Alors, je peux essayer de donner une réponse. Moi,
je... enfin, je ne suis pas devin, je ne sais pas si c'est possible. Je pense
quand même que, pour l'instant, on est un peu à l'ère du far west, si je peux
dire, des outils qui sont tout récents, qui sont développés au cours des
dernières décennies. qui confèrent énormément d'avantages, en termes de
communication, d'évitement des déplacements, la preuve en image, puisque nous
sommes en train de vous parler. Donc, il y a énormément de bénéfices, mais on
n'a pas encore eu le temps de mesurer les effets pervers de ces choses-là.
Donc, il n'est pas tard... il n'est pas trop
tard pour mettre en place des moyens de régulation, et ces moyens de
régulation, actuellement, ils sont quand même à destination... Je parle de ce
qui est mon coeur d'expertise, la santé publique. Pour l'instant, on s'adresse
aux individus, aux consommateurs. On leur dit : Il faut faire ceci, il
faut faire cela, mais, pour l'instant, on n'a pas vraiment passé la vitesse
numéro deux pour contraindre aussi les acteurs, les responsabiliser par rapport
aux effets pervers qu'ils peuvent causer sur la santé des individus.
Est-ce que c'est souhaitable de revenir
totalement en arrière? Je ne le pense pas, à titre personnel. C'est une
opinion, mais, en tout cas, il y a probablement des choses qu'on peut faire.
M. Ciccone : Chez vous comparativement à chez nous, là, est-ce qu'il y a
des mesures qui ont été mises en place par le législateur, justement, pour contrôler
cette problématique-là?
Mme Mouton (Servane) : Il y a
deux... oui, c'est... très rapide, en France, tout ce qui est législatif est
quand même plus compliqué du fait des règles européennes. Alors, on sort un
petit peu de nos domaines d'expertise, avec Jonathan, parce que le domaine de
la loi est quand même complexe. Mais il y a deux gros textes qui ont été
adoptés à l'échelle européenne, le DSA et le DMA, l'année dernière, qui visent
à réguler ce secteur du numérique.
Au niveau français, il y a des lois qui sont
proposées ou qui sont peut-être à mettre en application : par exemple, l'accès aux réseaux sociaux à 15 ans,
donc la majorité numérique, la loi sur les influenceurs également, qui
interdit l'exploitation en images de leurs enfants par des parents pour éviter
cette marchandisation totalement délirante qu'on a pu voir ces dernières
années. Et il y a eu, voilà, des projets de loi qui n'ont pas abouti sur ce
domaine-là ou qui se heurtent à la problématique européenne parce qu'elles ne
vont pas être en conformité avec le système européen.
M. Ciccone : Suite à, justement, cette législation-là, avez-vous vu une
différence de comportement chez les jeunes ou même chez les parents envers
leurs jeunes?
M. Bernard (Jonathan) : Je pense
qu'il est un peu trop tôt pour vraiment mesurer ces effets-là. Il y a des
signaux faibles quand même. On sent que le sujet est très, très présent dans
les médias. Il y a quand même une prise de conscience, au moins chez une partie
de la population, mais c'est quelque chose qui est assez empirique et qui a
besoin, encore, d'être prouvé par des études scientifiques valides, oui.
M. Ciccone : Merci beaucoup. Ça me va, Mme la Présidente.
M. Bernard
(Jonathan) : Je pense aussi que... les régulateurs aussi... les
régulateurs, pardon, les plateformes ont pris en compte ces sujets-là parce
qu'on sent qu'ils sortent des nouveaux outils de régulation. Alors, c'est
encore très anarchique, mais on sent qu'il y a une volonté, eux aussi, de
montrer patte blanche.
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Ça me va.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui, bonjour. Alors,
merci d'être présents avec nous. Au niveau des écoles, qu'est-ce qui en est?
Qu'est-ce que vous avez fait? Puis comment ça se passe dans les écoles chez
vous?
Donc, ici, le cellulaire a été interdit en salle
de classe. Donc, chaque école a dû mettre en place ces consignes-là. À l'heure actuelle, on se questionne sur : Est-ce
qu'on devrait l'interdire dans l'ensemble de l'école, donc? Parce que, bon, on sait que le temps d'écran est quand même
important. On se questionne également sur... aussi au niveau : Est-ce
qu'il est nécessaire? Quand on l'utilise comme outil pédagogique, le téléphone,
les écrans, donc, est-ce qu'il faut absolument que ça ait vraiment une
plus-value? Sinon, ça ne devient pas nécessaire dans l'apprentissage des
enfants.
Donc, où est-ce que vous en êtes, vous, avec la
gestion du téléphone dans les écoles puis au niveau des outils pédagogiques?
Mme Mouton (Servane) : Sur la... J'y
vais ou tu veux...
M. Bernard (Jonathan) : Vas-y. Je
compléterai...
Mme Mouton (Servane) : Sur la place
du «smartphone», alors... je suis désolée, sur les dates, je ne suis pas
forcément très bonne, mais, il y a quelques années, il y a déjà eu une loi qui
interdisait la présence ou, en tout cas, l'usage des «smartphones» par les
collégiens, donc les 11-14 ans, sachant qu'en primaire ils n'étaient pas censés
en avoir un. En tout cas, ce n'était pas trop une question à ce moment-là, même
si l'âge a pu avancer depuis.
Après, elle n'était pas forcément appliquée. Le
sujet a été remis sur... dans la discussion, à la rentrée, avec une expérimentation dans, je crois, 200 ou 300
collèges, je ne sais plus exactement, auxquels on a proposé d'équiper en
boîtes à «smartphone», en casiers à
«smartphone» pour que les élèves les... puissent les mettre dans un lieu sûr,
fermé, etc., tout au long de la journée et
que, de fait, il y ait vraiment une absence de «smartphones» dans
l'établissement scolaire. Au lycée, il n'y a pas vraiment de règle.
Voilà. Il n'y a pas vraiment de règle.
La question de l'usage pédagogique du numérique
est une vraie grosse question puisqu'il... en tout cas, en France, ce qui
est... ce qui apparaît, quand on a auditionné différentes personnes du secteur
de... responsables institutionnelles, c'est qu'il n'y avait peut-être pas eu de
concertation réellement et d'étude d'impact, en fait, avant le déploiement des
outils numériques, qui en faisait des outils multiples, variés, validés de
façon totalement, on va dire, anarchique, enfin, en tout cas, sans vraiment
rationnel et avec un haut degré de... un niveau de numérisation très variable
d'un établissement à l'autre, d'une région à l'autre, d'un département, d'une
mairie, enfin d'un lieu à l'autre. C'est très hétérogène en France. Et de
cette... une des mesures qu'on a appelées, c'était de ne déployer un outil
pédagogique numérique que s'il avait démontré son efficacité par des études
scientifiques rigoureuses. Voilà. Pour l'instant, rien n'a changé de ce
côté-là. Notre rapport est paru tout récemment, et puis c'est un petit peu une
période compliquée au niveau politique, donc je ne sais pas si ça va être
repris.
Et sur l'autre outil qui est très utilisé, qui
est le... ceux qui sont les logiciels de communication
parents-enfants-enseignants qui sont chez nous, Pronote ou des... voilà, c'est
le nom, en tout cas, du principal en France, c'est pareil. On a posé la question
de la raison pour laquelle ils avaient été déployés parce qu'il remonte souvent
que ce sont des problèmes dans les familles avec des enfants qui doivent se
connecter pour avoir accès aux ressources pédagogiques, ou à la liste des
devoirs à faire, ou à... des choses comme ça, et qui ensuite en profitent pour
avoir d'autres activités récréatives : réseaux sociaux, jeux vidéo, etc.
Et, du coup, les parents se sont... se sentent en permanente obligation de
contrôler l'usage de leurs enfants. Ça crée des tensions, des conflits, etc.
Ça pose aussi la question de l'équipement des
familles. Une famille qui est favorisée, qui va avoir un ordinateur pour
l'enfant ou un ordinateur dans la maison, O.K., et puis les familles très
défavorisées qui vont plutôt offrir un «smartphone» qui servira de tout pour
l'enfant, téléphone, O.K., mais aussi de support de travail, de support pour
consulter ses devoirs, etc. Donc, il y a... et, en fait, il n'y a pas vraiment
eu de... pareil, de réflexion sur : Est-ce que ce serait... c'était
pertinent de déployer cet outil ou est-ce qu'il ne fallait pas vraiment le
réguler? Est-ce qu'il devait être consultable toute la journée, toute la nuit
ou est-ce qu'il fallait mettre des balises? Est-ce que les profs pouvaient
mettre des ressources en... pareil, à n'importe quelle heure du jour et la nuit
ou est-ce que c'était uniquement pendant les horaires de cours? Ça n'a pas été
pensé, en fait, avant d'être déployé. Donc, ça faisait partie aussi des choses
qu'on appelait... c'était que ce logiciel, s'il continue à être utilisé, il
faut qu'il soit encadré pour que cela ne soit pas source de problème dans la
vie de l'enfant et dans la vie des familles aussi.
Mme Tremblay : J'aurais une dernière
question. Chez les tout-petits, là... mais vous l'avez dit, en bas de trois ans, ne devraient pas avoir accès aux
écrans. Quels sont les moyens qui ont été pris, s'il y en a, jusqu'à présent,
là, pour sensibiliser la population des effets délétères, justement, des écrans
avant cet âge-là? Comment vous faites pour atteindre
les parents, conscientiser la société, puisque, vous l'avez dit, c'est
systémique à... aux effets chez les tout-petits?
• (10 h 10) •
M. Bernard
(Jonathan) : Si je peux me permettre, Servane, sur ce sujet, il y a
une campagne publicitaire qui... enfin, d'information qui est faite à la
télévision depuis 15 ans sur la recommandation pas d'écran avant trois ans,
mais c'est une recommandation qui est faite par l'Arcom, donc c'est l'autorité
de régulation de l'audiovisuel, mais qui ne touche pas forcément tous les
publics et qui n'est posée qu'une fois par an pendant 15 jours, si je ne dis
pas de bêtises. Donc, c'est assez limité.
Cette recommandation, maintenant, elle commence
à être déclinée un petit peu plus de manière... dans les carnets de santé et
elle commence à bien diffuser auprès du personnel soignant, mais il y a encore
beaucoup de travail. On sent que cette recommandation, déjà, n'est pas très
bien suivie par les familles et puis surtout qu'il y a des très grandes disparités
sociales dans ce suivi.
Donc, ce qui nous semble nécessaire aussi, c'est
d'arriver à une forme d'éducation et d'intervention proportionnée, c'est-à-dire
qu'il faut faire plus chez... plus de travail d'accompagnement et de diffusion,
d'éducation à la santé dans les foyers les plus à risque, et puis avoir des
méthodes de diffusion peut-être plus douces et plus... un peu moins ciblées pour l'ensemble de la
population. Donc, il faut qu'on arrive à jongler sur des mesures plus
intenses dans les foyers à risque et puis
peut-être un peu plus diffuses ailleurs dans la société. Mais ça reste quand
même du rôle du personnel soignant,
durant la période des 1 000 premiers jours, et donc, ça, c'est quelque
chose qu'on recommande dans le rapport.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Je passe maintenant la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous. Merci pour votre exposé et vos recommandations. J'y
vais avec la première.
Vous nous
dites, donc, responsabilité... responsabiliser les plateformes quant aux...
bien, j'imagine, donc, quant aux mécanismes de ce que d'autres experts
avant vous ont appelé, donc, de renforcement virtuel, le défilage infini, les
mécanismes qui captent l'attention des jeunes sur les réseaux. Pouvez-vous,
donc, nous indiquer, donc, comment le législateur ou différents régulateurs,
donc, pourraient s'y prendre? Vous l'avez dit, bon, l'autorégulation, donc, ce n'est pas nécessairement, donc... il n'y en a pas,
donc, en ce moment, dans le milieu, c'est un peu le far west. On a vu ce
matin que Meta, donc, sur sa plateforme Instagram, donc, annonçait, donc,
différentes mesures justement pour mieux encadrer l'usage des jeunes sur leur
plateforme. Mais comment est-ce que vous entrevoyez le rôle de l'État dans
cette responsabilisation-là?
M. Bernard (Jonathan) : Bien, déjà,
il y a... ce sujet se joue essentiellement au niveau de la Commission
européenne, ce qui n'empêche pas, à chaque État, d'avancer sur le sujet. Mais
souvent, souvent, on nous encourage à avancer
tous ensemble. On va dire que les plateformes, déjà, il y a un premier sujet,
c'est qu'il y a des «dark patterns». On pourrait faire... Donc, les
«dark patterns», c'est les conceptions qui permettent d'augmenter l'engagement.
On considère qu'il y en a certains, qui ont été visités par des associations et
des spécialistes du sujet, qu'il faudrait mettre sur une liste... une liste
noire, en fait, d'utilisation. Par exemple, vous faites une recherche sur
quelque chose et puis, en fait, vous triez vos sorties par, je ne sais pas, par
prix, et, des fois, bien, en fait, il y a un changement dans le tri, il y a
quelque chose qui n'est pas du tout trié. Donc, ça, c'est un «dark pattern»,
par exemple, des choses qui vous incitent à acheter quelque chose... voilà.
Donc, tous ces trucs-là, on peut en faire une liste pour tout simplement les
interdire. Donc, ça, c'est possible. Pas forcément tous les interdire, mais, en
tout cas, on peut en faire une liste.
Un point qui nous semble très important, c'est
l'interopérabilité des plateformes, parce que chacune des plateformes développe
son propre outil de régulation, de contrôle de l'âge, etc., de signalement
aussi. Et donc, en fait, il y a une multiplicité, une multiplication des
formats, et, en fait, la conséquence aussi, c'est que ça perd les utilisateurs.
Et donc on considère qu'il faut qu'il y ait une standardisation, en tout cas,
de ces processus-là, qui pourrait aussi aller de pair avec un décloisonnement
des plateformes. Par exemple, on pourrait très bien demander à ce qu'Instagram
ne soit pas autorégulé par Instagram et par... mais qu'il y ait un système
ouvert qui permette à des sociétés ou des associations qui sont spécialistes de
la régulation, ou de la recommandation, ou du signalement de pouvoir pénétrer
sur la plateforme pour, en fait, fournir leurs propres services. Donc, ça,
c'est une forme de... Comment on pourrait appeler ça, Servane? De dégroupage
des services.
Donc, actuellement, une plateforme a la mainmise
sur l'ensemble de ces éléments-là, et donc on pourrait très bien les ouvrir à
la concurrence, d'une certaine façon, pour que chaque utilisateur puisse monter
sur une plateforme, dire : Moi, je ne veux pas cet algorithme de
recommandation d'Instagram, je veux mon propre algorithme de recommandation,
qui a été fabriqué par telle association, et dont j'ai... et auquel j'ai
confiance parce que je sais qu'elle va me
montrer tel type de contenu. Et, en fait, ça permettra aussi une plus grande
transparence et une concurrence qui pourrait aller vers de meilleurs
contenus recommandés, par exemple, pour ce qui est des algorithmes.
Mme Cadet : Merci. Votre deuxième
recommandation, vous disiez : protéger, mais pas de contrôler. Pouvez-vous
élaborer? Sur les jeunes, là...
M. Bernard (Jonathan) : Servane,
est-ce que tu veux essayer de répondre à cette question?
Mme Mouton (Servane) : L'idée, c'est
ce que disait Jonathan tout à l'heure, que le... d'une certaine façon, chaque
citoyen, y compris de jeunes citoyens, ont le droit d'accéder à des
informations par le Net et qu'ils ne doivent pas être...
ils ne devraient pas, en tout cas, être brimés parce qu'on n'est pas capables
de leur offrir un espace sécurisé, en fait. Donc...
Mme Cadet : Peut-être, ici, je
vais... je vais préciser ma question, puisqu'en fait... donc là, donc, bon, au
point 4, donc, je vous parlerai un peu, donc, de la majorité numérique, donc on
y reviendra. Mais ici, est-ce que vous parlez, donc, de les protéger un peu, les
contrôler au niveau du contenu ou au niveau de l'accès?
Mme Mouton (Servane) : Bien,
c'est... les deux sont un petit peu liés, puisqu'aujourd'hui ils peuvent
s'inscrire sur un réseau social en ayant huit ans et demi, aller sur le
réseau... sur un site pornographique en ayant quatre ans et être contactés par
un prédateur pédophile à six ans et demi. Comment fait-on? On ne peut pas les
laisser, en fait, naviguer seuls sur Internet, en réalité. C'est pour ça que
ces questionnements autour de la majorité numérique, mais aussi autour de
l'accès aux «smartphones» se sont posés puisqu'aujourd'hui on n'est pas
capables de faire en sorte que leur navigation sur Internet soit sûre. On ne le
sait pas, en fait.
Mme Cadet : Puis justement, au
niveau de la majorité numérique, donc, vous disiez, donc, chez vous, donc,
c'est à 15 ans. Quels sont les mécanismes de vérification qui sont mis en
place? Parce qu'évidemment, donc, on a ce débat-là, et la grosse question,
c'est : Est-ce que ça devient une mesure symbolique de message à
transmettre à la population au niveau de la majorité numérique ou est-ce que,
s'il fallait que le législateur québécois aille dans cette direction-là, qu'il
y ait des mesures de vérification? Et là, donc, toute la question, donc, des données
personnelles des jeunes se pose. Donc, comment est-ce que vous avez traité ces
défis-là chez vous?
Mme Mouton
(Servane) : Je réponds en partie, mais je laisserais Jonathan
compléter parce qu'on a peut-être aussi... il y a une partie d'opinion
dans ce que je vais dire.
La question de la protection des données
personnelles, elle est essentielle, c'est sûr, et c'est ce qui est toujours
avancé quand on parle de contrôle d'âge, puisqu'on veut préserver l'anonymat et
ne pas faire en sorte que, voilà, l'identité d'un usager soit associée à tout
ce qu'il va faire sur Internet. C'est essentiel. En même temps, et là c'est l'opinion, il me semble qu'aujourd'hui c'est
quand même un peu un miroir aux alouettes, une expression peut-être qui n'est que française, mais la protection de la
vie privée aujourd'hui, en fait, vu comment ils sont capables... On voit
bien comment on est profilés sur Internet et qu'on est... il est possible de
déterminer à peu près l'âge, le milieu social, voire même la profession rien qu'en... parce qu'ils croisent les cercles
d'amis, les... ce que nous avons acheté, sur quels sites nous avons été, etc. Donc, finalement, la
frontière entre l'identité, alors une personne, nom, prénom, adresse,
etc., et tout ce qu'on va y faire, et soi-disant de façon protégée, sans qu'on
puisse nous identifier, est quand même assez trompeuse. Je ne suis pas certaine
qu'on soit vraiment anonyme sur Internet aujourd'hui, notamment parce qu'on
fait des achats par carte bancaire, etc. Enfin, je pense que... Bien, ce n'est
peut-être pas si... C'est peut-être un combat qui, pour l'instant, n'est pas
gagné, en tout cas, l'anonymat.
Et, de ce fait, est-ce que l'appel du contrôle
d'âge est symbolique? D'une certaine façon, oui. Il est faisable sur certains
sites qui passent par les paiements bancaires. Les jeux d'argent sont interdits
aux mineurs. Il y a un contrôle d'âge, de pourriels. Donc, les moyens de
contrôler l'âge existent. Après, voilà, il y a cette histoire d'associer une
identité avec un comportement en ligne qui pose problème. Mais là il y a
presque une question, je dirais, d'éthique, et philosophique, et sociétale, et
je... et la réponse n'est pour l'instant pas trouvée, c'est : Est-ce qu'il
est plus dramatique de faire en sorte que
des adultes se connectent sur des sites pornographiques et qu'on puisse peut-être,
par recoupement, dire : Bien, voilà, il s'est connecté, ou est-ce qu'il
n'est pas plus essentiel de protéger les enfants de l'accès à un site
pornographique parce que, pour eux, ça pourrait être un traumatisme durable? Je
ne sais pas. Enfin, si, j'ai une petite opinion, mais je... ce sont des
discussions qui doivent être peut-être pas uniquement dans la sphère juridique
et politique, mais aussi citoyenne. Les parents, les enfants, les citoyens devraient
peut-être être concertés sur ce type de choix. Je ne suis pas sûre que la
réponse soit si simple, en fait. Voilà.
Jonathan, je te laisse conclure, parce que ce
n'était quand même pas tout à fait...
• (10 h 20) •
M. Bernard (Jonathan) : Non, mais je
vais revenir par rapport à la question du contrôle versus la protection.
Actuellement, les plateformes... enfin, les plateformes de réseaux sociaux,
mais aussi les fabricants de téléphones, les fournisseurs d'accès à Internet
proposent des outils qu'on appelle de contrôle parental. Peut-être qu'en français, c'est mal nommé, mais on s'est
rendu compte quand même que tous ces acteurs économiques disaient :
Nous, on a créé un petit logiciel, on se lave les mains. Maintenant, c'est dans
la responsabilité des parents de l'activer, de savoir l'utiliser, de... en tout
cas, de contrôler cet outil pour contrôler les enfants. Nous, on s'est
dit : Ce n'est pas c'est pas comme ça
qu'il faut faire, déjà, parce qu'il y a une multiplicité des outils qui ne sont
pas obligatoires, qui ne sont pas souvent très simples d'utilisation. Et
donc, nous, ce qu'on demande, c'est que ces acteurs-là, ils soient capables
déjà de se mettre autour de la table pour avoir des solutions qui soient un peu
plus intégrées, et pas chacun à son niveau, et ensuite d'être sûr qu'elles
soient effectives. Parce qu'actuellement, c'est ça, combien de personnes savent
utiliser le contrôle parental? Comment ça marche quand il y a plusieurs niveaux
de contrôle parental, etc.? Donc, ça, c'est un premier point.
Et ensuite il y a un point éthique, c'est
aussi : Bien, les parents, des fois, ils se disent : Tiens, j'ai
activé le contrôle parental, mais est-ce qu'ils ont informé leurs enfants qu'il
y a un contrôle parental? Est-ce qu'on ne doit pas aussi des explications à un
enfant sur... Voilà, je mets un contrôle parental parce que tu peux être exposé
à des contenus violents et pornographiques. C'est pour te protéger.
Mme
Cadet : Parfait. D'accord, j'ai saisi. J'ai une dernière question, ensuite,
je reviendrai s'il reste du temps. Normes
sociétales, vous disiez : mesures plus intenses, donc, pour certains
milieux plus à risque. Peut-être vous entendre là-dessus, puis ensuite
je laisserai mes collègues...
M. Bernard
(Jonathan) : Oui, on s'est rendu compte qu'il y avait des fortes
inégalités sociales entre... notamment en
termes de niveau de diplôme, pour l'exprimer assez simplement. Dans les
catégories aisées et éduquées, on a des temps d'écran beaucoup plus
faibles que dans les familles populaires.
Mme Cadet :
Bien, juste, «mesures plus intenses», qu'est-ce que vous signifiez par ça?
M. Bernard
(Jonathan) : Plus intenses, c'est-à-dire qu'on... l'idée, c'est
d'aller chercher les familles dans lesquelles... Il faut aller vers elles, en
fait, et ne pas se dire : Tiens, on fait une campagne de pub, tiens, on
met des affiches dans le cabinet médical, les gens doivent le lire et après ils
savent ce qu'il faut faire. Non, ce n'est pas comme ça que ça marche. Il y a
des personnes qu'il faut accompagner plus intensément parce qu'ils ont moins de
ressources, ils ont plus de difficultés sociales pour mettre en place les
bonnes pratiques de santé pour leurs enfants. Et donc c'est là où il faut
réussir à faire du progressif en fonction du besoin et ne pas dire : On
fait partout, on fait pareil pour tout le monde. Voilà.
Mme Cadet :
D'accord. Merci beaucoup. Merci à vous. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Je passe maintenant la parole à M. le député de Joliette.
M. St-Louis :
Alors, bonjour à vous deux. Merci de participer aux travaux de notre
commission. C'est grandement apprécié.
Parmi les experts et
expertes que nous avons reçus durant la journée d'hier, il y a une psychiatre
qui nous a parlé de déréglementation, de
neurotransmetteurs, des problèmes avec la mélatonine, la dopamine créés par les
écrans bleus. Donc, le nombre d'heures passées devant un écran, que ce soit un
iPad, un «smartphone», à la limite, un
ordinateur ferait en sorte qu'il y a une certaine désensibilisation ou une
mauvaise régulation de ces neurotransmetteurs. En tant que neurologues,
vous en pensez quoi? Est-ce qu'il y a un nombre d'heures par jour ou par
semaine qui serait... qui ferait partie d'un équilibre de... ou est-ce qu'il
n'y a rien à faire parce que... Elle est même... Elle nous a même parlé d'un
jeûne numérique de quatre semaines pour ramener le cerveau, une espèce de mise
à niveau, là, de ces neurotransmetteurs.
Mme Mouton
(Servane) : Je n'ai pas connaissance de données aussi précises qu'un
temps qui serait O.K. pour la régulation de la sécrétion des neurotransmetteurs
et un autre qui ne le serait pas.
Pour parler de la
mélatonine, la dopamine, ça va être un petit peu différent. Peut-être, ça a
plus été évoqué, pour moi, dans le problème du système de récompense et des
mécanismes addictifs ou addictogènes. Donc là, on est... à la limite, il peut
s'agir d'un jeu vidéo auquel on joue cinq minutes et on a envie d'y revenir, et
d'y revenir, et d'y revenir. Voilà. Ça va être assez sur un mode rapide, mais
c'est vraiment un autre sujet.
Mais, pour rester sur
le sommeil, la mélatonine et l'exposition à la lumière bleue que vous évoquiez,
le sommeil est un élément pilier de la santé, mais aussi très... comment dire,
il est sous la dépendance de multiples choses, en fait. Donc, l'exposition à la
lumière en est une, c'est un... avec la sécrétion de mélatonine qui va dépendre
de l'exposition à la lumière. Donc, c'est
comme ça que ça peut être perturbé. Mais les activités physiques, les
interactions sociales, les repas sont aussi des éléments qui vont interagir
avec le sommeil. Donc, juste réguler le temps... le temps passé sur un écran ne va pas suffire, peut-être, à
améliorer le sommeil si, parallèlement, je ne sais pas, on boit 10 cafés
par jour, qu'on reste allongé toute la journée et qu'on fait une sieste de
quatre heures dans l'après-midi, on ne dormira pas mieux le soir. Enfin, c'est
une problématique un petit peu complexe.
Après, ce qui ressort
de façon assez homogène, c'est cette exposition le soir aux écrans, à une heure
où on est censés dormir ou à une heure où on
est censés se préparer à dormir, donc dans l'heure qui précède
l'endormissement... perturbe la qualité, la quantité du sommeil. Ça, c'est
relativement consensuel. Et, chez les enfants, il y a aussi des études qui
mettent en lien le temps d'écran global dans la journée, et pas uniquement le
soir, avec une qualité du sommeil qui est altérée lorsqu'il y a des... alors,
je n'ai pas vraiment de chiffres. En tout cas, les enfants les plus exposés
dans la journée étaient aussi ceux qui avaient une qualité et quantité du
sommeil moins bonnes. C'est probablement... enfin, j'imagine que ce n'est pas
là l'exposition à la lumière, le problème en lui-même, mais c'est plutôt,
peut-être, le manque d'activité physique qui est lié à cette activité sur
écran.
Donc, après, vous
dire : Tant d'heures, c'est O.K, et après... non, ça ne va pas, je ne
pourrais pas. Par contre, on peut essayer de
faire... de définir une journée idéale en fonction de l'âge, l'heure de coucher
par rapport à l'heure du lever, parce
qu'il y a un temps sommeil qui, on sait, globalement, est nécessaire pour
l'être humain pour être en bonne santé. L'activité physique, le niveau
modéré à soutenu, c'est pareil, en fonction de l'âge, il y a des besoins pour
que le corps soit en bonne santé,
l'alimentation. Voilà. On pourrait reconstituer une journée idéale en intégrant
éventuellement de l'écran qui, quand même, rappelons-le, n'est pas un essentiel
et indispensable au développement d'un enfant, que ce soit sur le plan de sa
santé mentale, du neurodéveloppement ou de la santé physique. Donc, il peut
s'intégrer si c'est, voilà, de façon modérée, mais ça n'est pas une nécessité
pour lui pour en faire un être humain épanoui.
M. St-Louis : Vous
avez raison. Le facteur dopamine, là, était relié directement à l'élément
récompense, là. Puis même, à la limite, la conclusion de sa présentation
disait, bon, «less is more», donc la moyenne d'heures passées devant un écran
au quotidien devrait être la moyenne hebdomadaire.
Donc, j'essaie juste de voir, là, où il y a une
certaine limite acceptable où est-ce qu'il y a une saine hygiène de vie avec
les écrans, mais bon.
Mme Mouton (Servane) : Sur les
enfants, ce qu'on a mis, on ne s'est pas lancés dans les histoires d'heures
parce qu'on est... on voulait être le plus scientifique possible pour ne pas
être attaqués sur, justement, une... enfin, sur le fait qu'on exprimait nos
opinions. Donc, on peut soutenir qu'avant trois ans, pas d'écran, on peut
soutenir qu'entre trois et six ans... Les études abondent, en fait, que...
enfin, arrivent et se...
(Interruption) ...excusez-moi, se soutiennent
pour dire que l'écran quotidien et important pour un enfant entre trois et six
ans n'est pas favorable à un bon neurodéveloppement, et, en plus, ça peut avoir
des conséquences sur son sommeil, sur la sédentarité et sur la vision, etc.
Donc, on a dit : occasionnel, fortement limité, et des contenus à haute valeur
éducative et accompagné par un adulte. Ça en fait une activité récréative parmi
d'autres et accompagnée parce que ce n'est pas n'importe quelle activité.
Et puis ensuite on n'a pas mis de... on n'a pas
pu mettre de bornes. On en avait discuté avec Jonathan, je le laisserai parler
de ça. Mais même sur les temps de sédentarité chez les ados et chez les
adultes, certains pays... je me demande si le Canada n'avait pas diffusé ça, de
dire que c'étaient deux heures de sédentarité par jour, et plusieurs pays
le reprennent. Ce sont des valeurs un peu... des estimations, des discussions,
mais en fait, scientifiquement, on ne peut pas dire que c'est le bon temps qui
permet d'avoir une bonne santé. On ne sait pas trop, en fait, estimer cette
sédentarité acceptable. Donc, on est forcés de jongler avec... enfin, il nous
semble que, finalement, cette idée de journée idéale est peut-être la plus
proche de ce qu'on pourrait recommander.
Et je me demande si ce n'est pas des Canadiens
aussi qui avaient fait ça, ou des Québécois, parce que ça me rappelle quelque
chose, cette histoire de journée idéale qui, de fait, limitait le temps
d'écran, parce que... après, j'arrête, je laisse parler Jonathan, mais, si un
enfant va à l'école, qu'on dit : pas d'écran avant l'école parce que ça
détériore ses capacités attentionnelles, il y a des études qui peuvent montrer
ça. Ensuite, il va à l'école, ensuite, il rentre
de l'école, il faut qu'il goûte, peut-être il a des devoirs à faire, ensuite, à
un moment donné, avant de se coucher, il va falloir qu'il mange à
nouveau peut-être, et qu'il se lave, et puis... lise une histoire, et ensuite
il va dormir. En fait, dans une journée
d'école, il n'y a pas beaucoup de temps pour regarder un écran. Donc, c'est
peut-être en raisonnant comme ça qu'on
peut amener la réflexion sur le temps d'écran, mais je ne me lancerais pas sur
des heures acceptables.
Jonathan, peut-être, tu veux être plus...
• (10 h 30) •
M. Bernard
(Jonathan) : Juste pour compléter, effectivement, c'est vous
autres, Canadiens, qui avez développé le
concept des comportements liés au mouvement sur 24 heures, donc à partir
du principe que, dans une journée, il y
a 24 heures, et voilà, comment on peut décomposer les différentes
activités au sens métabolique, énergétique, donc c'est le sommeil,
l'activité physique et la sédentarité. Et donc vous avez, au Canada, des
recommandations basées sur ça, qui ont même été reprises par l'OMS et qui
incitent, effectivement, à recommander un certain nombre d'heures de sommeil,
un certain nombre d'heures d'activité physique et puis ne pas dépasser un
certain nombre d'heures d'écran ou de sédentarité.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Il nous reste un petit deux minutes. Alors, M. le député de
Hochelaga-Maisonneuve avait une question.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
En fait, c'est très simple. Je vois que vous avez consulté beaucoup de jeunes,
dans l'exercice de votre commission. Qu'est-ce qu'ils vous ont dit, les jeunes
Français? Ils veulent plus de restrictions? Ils veulent plus de liberté? Ils
veulent tout ça à la fois? Qu'est-ce qu'ils vous ont dit?
Mme Mouton (Servane) : Vas-y,
Jonathan.
M. Bernard (Jonathan) : Oui. Bon, on
a fait un hackathon avec trois classes de collège. Qu'est-ce qu'ils nous ont
dit? Je pense que, si je fais un peu un bilan d'ensemble, déjà, ils ont
conscience du temps qu'ils passent, du temps qu'ils perdent, du temps
d'amusement aussi. Ils ont conscience des bénéfices et des risques liés à ça,
mais ils ont aussi conscience qu'ils n'arrivent pas à s'autoréguler, et on les
a sentis beaucoup en attente que les adultes prennent
leurs responsabilités. Moi, je crois que c'est ça qui m'a surtout marqué. Pour
faire simple : Nous, on n'y arrive pas, donc, qu'est-ce que vous
faites, nous, pour nous aider? Mettez-nous des limites, on en veut. Alors,
après, il faut voir à quel niveau on met la limite, mais je crois qu'ils sont
en demande.
M. Leduc : Ils souhaitaient une
certaine forme d'encadrement?
Mme Mouton (Servane) : Et aussi
d'être protégés parce que le... la confrontation à des contenus violents ou
pornographiques est aussi quelque chose qui, vraiment, est un traumatisme et
dont les plus grands voudraient protéger leurs petits frères et leurs petites
soeurs. D'ailleurs, même, pour certains : J'avais un smartphone, quand
j'avais neuf, 10, 11, 12 ans, je voudrais que mon petit frère, ma petite
soeur n'en ait pas, parce que je sais ce que ça peut entraîner et ce que ça a
fait sur moi.
M. Bernard
(Jonathan) : Et peut-être après, dans les zones les plus difficiles,
il y a aussi un gros sujet sur... Les réseaux sont aussi un vecteur de trafic
de drogue, de harcèlement et de prostitution également. Donc, c'est aussi par
ces moyens-là que passent, très jeunes, des fois, des réseaux, et je crois
qu'il y a des alertes à... et puis aussi sur la place de la femme dans la
société. Donc, ça, c'est des choses qu'on a constatées dans le discours des
jeunes.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. C'est malheureusement tout le temps que nous avions. Un énorme merci
pour votre contribution à ces réflexions.
Alors, pour ma part, je suspends les travaux
quelques instants pour accueillir nos prochains invités. Merci beaucoup à vous
deux.
(Suspension de la séance à 10 h 33)
(Reprise à 10 h 36)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux.
Donc, je souhaite la plus cordiale des
bienvenues aux représentants de l'Institut national de santé publique du Québec.
Donc, bonjour et bienvenue à cette commission. Je vous rappelle que vous avez
10 minutes pour nous transmettre votre exposé. Par la suite, il y aura une
période d'échange avec les membres de la commission.
Donc, peut-être d'entrée de jeu, vous présenter
et nous faire part, par la suite, de vos commentaires. Donc, je vous cède la
parole.
Institut national de
santé publique du Québec (INSPQ)
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, et bonjour. Merci aussi aux membres de la
commission. Je m'appelle Pierre-Gerlier Forest, je suis le président-directeur
général de l'Institut national de santé publique du Québec. Je suis accompagné
aujourd'hui du Dr Éric Litvak, qui est un médecin spécialiste de santé publique
mais qui est aussi le vice-président Affaires scientifiques de l'INSPQ; de Mme
Fanny Lemétayer, qui est sociologue mais
aussi conseillère scientifique spécialisée, membre de notre équipe écran; et de
Mme Andréane Melançon, qui est
psychologue et qui est conseillère scientifique spécialisée, cette fois-ci,
dans les dossiers de petite enfance. Tous les trois ont participé, évidemment, à nos travaux sur les questions qui
intéressent la commission et vont pouvoir répondre à vos questions après
ma courte introduction.
D'entrée de jeu, je vais vous dire que les
questions qui animent les travaux de la commission spéciale, le débat public,
plus largement, retiennent l'attention depuis longtemps, depuis plus de
10 ans, et donc avant le virage numérique qui a été pour ainsi dire
propulsé par la pandémie de COVID-19. On se centre aujourd'hui, à votre
invitation, sur les enfants et les jeunes, mais c'est clair, pour nous, que le
problème est plus vaste, qu'il touche aussi les adultes et en particulier la
question des aînés vulnérables, qu'il faudra bien aborder un jour.
Comme le soulève le document de consultation,
l'usage généralisé des écrans, c'est un véritable enjeu de santé publique. La
perspective de mieux comprendre, de mieux encadrer les pratiques qui y sont
associées, dans les différents milieux de vie des jeunes Québécois, ne peut
être qu'accueillie très favorablement. Je vous remercie encore une fois, donc,
Mme la Présidente, de l'occasion qui nous est donnée aujourd'hui de soulever
quelques points qui, d'après nous, méritent une attention particulière.
Avant de faire état des faits saillants de notre
mémoire, peut-être, le temps de présenter brièvement l'organisation que je
représente... L'INSPQ, je suis sûr que vous le savez toutes et tous, c'est une
institution publique. Nous sommes le premier, le principal centre d'expertise
et de référence en matière de santé publique au Québec. Notre mission principale, c'est de soutenir le ministre de la
Santé et des Services sociaux, la nouvelle agence Santé Québec et les
établissements du grand réseau de la santé et des services sociaux dans
l'exercice de leur mission de santé publique. Un de nos rôles essentiel, c'est
un rôle qui nous a été confié par l'Assemblée nationale il y a 25 ans,
c'est d'informer la population sur son état de santé et de bien-être, sur les
problèmes en émergence et sur les déterminants de la santé humaine, et ça
explique notre présence aujourd'hui parmi vous.
Alors, vous
le savez, la transformation numérique, elle bouleverse nos modes de vie, mais
elle est certainement là pour rester.
Donc, le premier message, c'est celui qu'il faut apprendre à mieux vivre avec
les écrans, tout en saisissant les leviers qui nous permettent
d'encadrer les pratiques et en particulier les pratiques des enfants et des
jeunes, pour les protéger. L'institut a beaucoup d'expertise sur le
développement de l'enfant et en matière de promotion de la santé des jeunes,
mais ce qui rend notre présence aussi, aujourd'hui, pertinente, nous le
croyons, c'est que nous travaillons aussi beaucoup sur des dossiers comme la
santé mentale, les saines habitudes de vie, la prévention de la violence et les
jeux de hasard et d'argent.
• (10 h 40) •
Et donc, c'est cette expérience combinée sur
l'ensemble de ces domaines-là qui nous a amenés à suggérer, dans notre mémoire,
trois grands objectifs pour... qui devraient guider l'action publique. Le
premier, c'est de tenter de retarder l'usage des écrans, surtout pour les
enfants en bas âge. Le deuxième, c'est de réduire l'exposition, surtout
lorsqu'il n'y a pas de valeur éducative qui est associée aux contenus qui sont
consultés ou consommés. Et puis finalement essayer de réduire les impacts négatifs
des écrans sur les jeunes, retarder, réduire l'exposition et essayer de réduire
les impacts négatifs.
L'atteinte
de ces objectifs-là, elle va passer par la reconnaissance, dans l'ensemble de
notre société, d'une responsabilité qui est partagée par tous, les parents, le
personnel et le milieu scolaire, les milieux de petite enfance, les décideurs
publics, mais aussi, bien sûr, les entreprises du secteur privé qui sont
concernées directement par les écrans et leurs contenus. C'est une
responsabilité qui exige aussi que les actions de toutes et tous soient
cohérentes. S'il existe une certitude, pour nous, en santé publique, en matière
d'approche préventive auprès des jeunes, c'est que l'efficacité des
interventions dépend de leur cohérence. Il faut aller dans la même direction et
avoir le même message, si on veut que les interventions portent.
Concernant le premier
objectif, qui vise à retarder l'usage des écrans, on ne le dira jamais assez,
les écrans ne sont pas nécessaires. Vous
l'avez entendu maintenant de la bouche de plusieurs experts, depuis les débuts
de vos travaux, les écrans ne sont pas nécessaires au développement des
tout-petits, bien au contraire. On sait que les apprentissages qui sont manqués en début de vie vont s'avérer
difficile à rattraper plus tard, que les habitudes de vie que les tout-petits
développent ont tendance à se maintenir, à se cristalliser plus tard dans
l'enfance et à l'âge adulte. Et c'est déjà un problème, parce que les
tout-petits, ils ont besoin d'interactions sociales et d'échanges concrets, pas
d'amis virtuels, pas de stimulation tous azimuts. Mais en plus, si vous prenez
en compte le fait que les tout-petits et les enfants qui sont issus de milieux sociaux économiquement
défavorisés sont plus exposés aux écrans, pour toutes sortes de raisons
sur lesquelles on pourra revenir, bien, ça soulève évidemment des craintes
supplémentaires parce qu'il y a un risque
que les inégalités actuelles et futures qui sont engendrées et perpétuées par
ces pratiques continuent pour ces enfants.
Pour ce qui est du
deuxième objectif visant la réduction de l'exposition aux écrans, surtout quand
il n'y a pas de valeur éducative ajoutée, la notion de cumul de temps d'écran
doit être au coeur des réflexions. Et encore là la cohérence des interventions
est essentielle. Pour ce faire, des normes et des balises précises doivent être
développées en fonction des appareils, en fonction des finalités d'usage et,
bien sûr, en fonction des milieux. Ces balises devraient, par exemple, définir
et considérer l'ensemble des différents types d'usages qui sont effectués en
milieu scolaire et s'ajuster, encore une fois, selon les types d'appareils et
l'âge des élèves.
Il demeure important
de privilégier, dans le milieu éducatif, des usages pédagogiques qui sont
circonscrits dans le temps et surtout qui ont démontré leur valeur ajoutée,
lorsqu'on les compare à des méthodes d'apprentissage plus classiques. Ces balises, nous croyons qu'elles devraient être
activement promues dans l'ensemble de la population et, bien entendu, auprès des acteurs des milieux
fréquentés par les jeunes. Il y a encore trop d'adultes qui jouent un
rôle fondamental auprès des enfants, qui
méconnaissent les recommandations qui sont déjà existantes et qui sont
largement partagées avec de forts consensus des experts.
Enfin, concernant
notre troisième objectif, la réduction des méfaits, qui est liée à l'usage des
écrans, l'expérience en matière préventive nous enseigne que la sensibilisation
des individus ne suffit jamais à infléchir des comportements, même avec la meilleure information, même avec les
meilleurs communicateurs. Encore une fois, il y a, je suis sûr, toutes
sortes d'exemples qui viennent à votre esprit. Des mesures législatives ou
structurelles sont nécessaires pour faire en sorte que l'environnement
les protège d'emblée.
L'INSPQ, d'abord,
salue les initiatives qui visent à développer les compétences personnelles et
sociales des jeunes et de leurs parents face au numérique. Le concept de
citoyenneté numérique, le respect de la vie privée, la sécurité en ligne, le
respect des autres et le développement de l'esprit critique, c'est évidemment
des facteurs importants, c'est des facteurs, même, essentiels. Mais on ne peut
pas passer sous silence qu'un jeune, encore moins un enfant, ne peut pas
consentir sans comprendre les conséquences potentielles à long terme de ses
actes. Attendre ça des enfants, attendre ça des jeunes, alors que même les
adultes ne s'y retrouvent pas, c'est vraiment un problème.
Les
pratiques de marketing d'influence qui se font à l'insu des consommateurs,
jeunes et moins jeunes, comme je viens
de le dire, le recours aux influenceurs, les techniques qui visent à intervenir
dans les chaînes algorithmiques — je
suis sûr que, encore une fois, toutes et
tous, vous voyez ces jeux-là sur votre téléphone vous-mêmes — sont
discutables. Elles devraient être encadrées. L'Organisation mondiale de la
santé souligne d'ailleurs le besoin de transposer des restrictions du
marketing, qui ont été utilisées pour d'autres comportements ou produits
nocifs, à l'environnement numérique, pour engager la responsabilité des acteurs
industriels qui sont concernés.
Alors, j'espère que
nos réflexions, elles sont appuyées sur notre expertise, elles sont appuyées
sur les connaissances scientifiques disponibles, elles vous seront utiles,
qu'elle éclaireront votre réflexion et vos travaux. Et bien sûr, ça va nous
faire plaisir, maintenant, de répondre à vos questions.
La
Présidente (Mme Dionne) :
Merci infiniment, M. Forest. Donc, nous allons débuter cette période
d'échange avec Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Merci beaucoup pour votre exposé. Donc, vous
nous avez mentionné, puis on peut lire, donc, dans votre mémoire, «que
l'exposition au contenu soit pédagogique ou récréative, le temps alloué peut
empiéter sur d'autres habitudes de vie essentielles au bien-être des jeunes.»
Donc, vous parlez des effets du cumul d'usage et d'exposition.
Depuis le début de
ces consultations, donc, on a eu, donc, des avis assez partagés sur la notion
de temps d'écran, s'il faut la... s'il faut distinguer les... bien, ce que
peut-être que vous appelez les finalités d'usage pour calculer le bon temps d'écran, celui à des fins pédagogiques ou celui,
donc, à des fins récréatives. J'aimerais peut-être, donc, vous entendre
de façon plus prononcée sur cet aspect-là, sur la qualification du temps
d'écran.
M. Forest
(Pierre-Gerlier) : Je vais commencer par Andréane, là-dessus, hein?
C'est peut-être plus facile.
Mme
Melançon (Andréane) : Oui. Bien, au niveau des tout-petits, et puis
Fanny pourra compléter pour les plus vieux, mais au niveau des tout-petits, on
sait que l'usage des écrans, d'abord, on le redit, donc, n'est pas nécessaire.
Mais on sait aussi que, chez les enfants, chaque demi-heure ajoutée de temps
d'écran va avoir un impact sur le développement, en fait, de la santé globale.
On a une étude très
intéressante ici, au Québec, qui est l'étude sur le parcours des enfants à la
maternelle, et, bon, on a mesuré ça auprès des enfants, à cinq ans, mais on
remarque que les enfants, plus ils regardent, plus ils font un temps d'écran, donc, de moins d'une demi-heure
ou entre une demi-heure et une heure, entre une heure et deux heures, bref, etc., plus cet usage-là augmente, plus ils
sont susceptibles de présenter un risque de vulnérabilité
développementale dans leur développement. Et ça, c'est important parce que ça
veut dire, en fait, qu'ils sont plus susceptibles que les autres d'être
vulnérables et de ne pas pouvoir profiter des enseignements à la maternelle.
Alors, ça, on a
vraiment des données très claires, que de si petits temps d'usage qu'une
demi-heure ou une heure, cumulés, vont avoir une incidence, et ça, c'est à cinq
ans. Donc, ça, nous, ça nous indique vraiment que le cumul est à prendre en
compte chez les tout petits. Est-ce que chez les jeunes...
Mme Lemétayer
(Fanny) : Chez les jeunes, le temps d'écran est aussi très important
parce qu'on sait qu'il est associé à plusieurs problèmes de santé, comme le
fait, déjà, que faire usage d'un écran, que ce soit un usage éducatif ou pas,
c'est un comportement sédentaire, donc on peut associer tous les facteurs de
risque qui sont liés à la sédentarité comme le diabète, l'obésité, les risques
de maladies cardiovasculaires. Donc, ça, c'est à prendre en compte, et donc il
y a certains effets sur la santé qui ne tiennent pas compte du temps... du
contenu, donc, que ce soit éducatif ou non,
ou de loisir. Finalement, ça a les mêmes effets sur la santé. Donc, on ne peut
pas regarder uniquement...
Mme Cadet :
La finalité d'usage...
Mme Lemétayer
(Fanny) : La finalité d'usage, oui.
Mme Cadet :
...assurément. Donc, le temps d'écran, pris dans sa globalité, c'est lui qui
peut avoir un effet sur la santé, le développement global de l'enfant, qu'il
soit en petite enfance ou un petit peu plus tard, à un stade ultérieur de
son... niveau développement.
Mme Lemétayer
(Fanny) : Exact, même sur la... pour les impacts sur la santé mentale,
on a observé qu'un temps d'écran prolongé avait aussi un effet sur la santé
mentale. Donc, ça, ça peut s'expliquer parfois par l'effet sur le sommeil, et
l'effet sur le sommeil peut avoir des effets sur les symptômes dépressifs. Mais
on voit que c'est quand même un... le temps
d'écran est un indicateur quand même assez important, même si ce n'est pas le
seul, en fait, même si, dans d'autres circonstances, il faut considérer
d'autres aspects comme le contexte d'usage aussi, chez les tout petits,
notamment. On dit de superviser les usages, d'être... d'accompagner l'enfant.
Chez les plus vieux, on dit plutôt d'éviter certains contextes mais aussi de se
renseigner sur ce que les jeunes font sur leurs écrans, pour être capables de
répondre à leurs besoins.
Mme Cadet :
Vous avez mentionné, donc : «Les appareils doivent être pris en compte
dans les solutions privilégiées.» On a moins entendu parler de cette... de ce
type de recommandation là au cours de la commission, jusqu'à présent. Donc,
vous parlez aussi, donc, de la taille de l'appareil, quand vous dites...
• (10 h 50) •
Mme Lemétayer
(Fanny) : Bien, c'est à la fois les appareils puis les contenus, parce
qu'évidemment les appareils ont beaucoup évolué, hein? Maintenant, on a
beaucoup d'appareils qui sont mobiles et interactifs, et ce qu'on voit, c'est qu'ils présentent souvent plus
de risques parce qu'ils sont toujours présents, ils sont... C'est des
appareils qui nous permettent d'entrer en
communication. Donc, on est beaucoup attachés à ces appareils-là, et donc c'est
important d'en tenir compte, tenir compte aussi des contenus, parce que les
effets vont être, évidemment, aussi différenciés.
Mme Cadet : Merci. Ensuite, bien, vous avez parlé, donc, des
effets, bien, en fait, donc, de... bien, en fait, des distinctions,
donc, relatives, donc, aux milieux, donc, dans les milieux plus défavorisés
qui... que l'utilisation, donc, des écrans, donc, serait plus prévalant. Vous
avez mentionné que peut-être qu'on pourrait y revenir.
Donc, j'aimerais,
donc, vous entendre élaborer peut-être sur les motifs, puis ensuite, les
experts, si vous avez... En fait, les experts précédents, si vous avez entendu,
donc, nous suggéraient peut-être de mener des campagnes ciblées auprès des
milieux défavorisés, donc, vous entendre aussi sur cette recommandation, oui.
Mme Melançon
(Andréane) : Oui, effectivement, on remarque que le temps d'écran chez
les familles qui sont en situation de vulnérabilité est plus élevé chez les
enfants, et puis il y a beaucoup de facteurs qui peuvent être associés à ça. En fait, des fois, il y a le... on
sait qu'il y a le niveau d'éducation qui est différent. Donc, est-ce que
c'est des parents qui sont au courant ou pas
des normes? Est-ce qu'ils ont eu accès à cette information-là? Mais il y a aussi
toutes sortes d'autres facteurs. Il y a le
travail. Est-ce que c'est des... est-ce que les conditions de travail sont
souvent précaires, stressantes, ce
qui donne moins de temps, puis de liberté, puis de disponibilité de qualité au
parent à donner à son enfant. Donc, il y a vraiment beaucoup, beaucoup
de facteurs qui peuvent être associés à une écoute... un usage plus long des
écrans à la petite enfance.
Puis c'est
important aussi de l'aborder d'un point de vue de facteur de protection, parce
que, malheureusement, des familles qui sont en situation de
vulnérabilité sont aussi des familles qui ont moins accès, probablement, aux alternatives au temps d'écran. Donc, on propose beaucoup de
dire : On va remplacer, on va proposer des alternatives, mais est-ce que
ces alternatives-là, qu'on parle d'accès à des terrains sportifs, qu'on parle
d'aller à la bibliothèque, lire des livres,
des activités parascolaires, est-ce que c'est accessible à tout le monde? Donc,
il faut vraiment aller voir tous ces facteurs qui sont associés. Est-ce
qu'il faudrait aussi considérer la conciliation travail-famille? Est-ce que
c'est présent chez toutes les familles? Est-ce que c'est possible? Donc, il y a
beaucoup de facteurs associés à considérer.
Et effectivement, pour ça, il faut faire des
campagnes ou faire des actions qui peuvent être ciblées, donc, d'un côté, qui sont populationnelles, qui vont adresser
tout le monde, mais qui vont aussi pouvoir aller chercher ces
enfants-là, ces jeunes-là là où ils sont, qui parfois peuvent se sentir
stigmatisés, qui parfois peuvent se sentir comme étant des mauvais parents et
de ne pas vouloir être jugés. Donc, c'est vraiment une question à adresser de
façon holistique, si je peux dire, et intersectorielle.
Mme Cadet : Là-dessus, pour préciser,
est-ce que... Il y a d'autres chercheurs qui nous ont parlé des disparités en
milieux ruraux et milieux urbains. Est-ce que vos recherches ont aussi porté
sur ces points?
Mme Melançon (Andréane) : On n'a pas
regardé la différence entre les milieux ruraux puis les milieux urbains, mais
c'est un bon point, parce qu'on sait que les services sont de plus en plus
accessibles et, des fois, ils sont disponibles uniquement par le biais de
l'Internet. Donc, est-ce que ça aussi, c'est un facteur à considérer? Est-ce
que les parents ont le choix ou pas
d'utiliser leur écran eux-mêmes ou pour leur enfant? Est-ce qu'ils ont accès à
une autre forme de services que via
l'Internet? Ça, c'est un facteur qui pourrait être différent en milieu rural ou
en milieu urbain.
Mme Cadet : Oui, puis on nous parle
aussi, donc, de l'accès à des lacs, à des grands espaces pour offrir une
alternative aux jeunes.
Mme Melançon (Andréane) : Exactement.
Mme
Cadet : Une dernière question avant de passer à mes collègues,
là. En novembre dernier, votre synthèse des connaissances nous disait,
donc : «L'utilisation des écrans en contexte scolaire et la santé des
jeunes de moins de 25 ans, effets sur la cognition...» On a beaucoup
entendu parler de petite enfance, un peu d'adolescence, mais moins de mesures
ciblant, donc, les 18 à 25 ans. Donc, je voudrais peut-être vous entendre
sur ces points-ci.
M. Litvak (Éric) : Bien, on est
également préoccupés, comme notre P.D.G. le disait un peu plus tôt, de l'impact
des écrans sur, en fait, les personnes de tous les âges. On sait que, comme
société, on est en train de vivre une grande transformation assez rapide mais
avec l'omniprésence du numérique partout dans l'ensemble de nos activités.
Donc, c'est une question aussi qui nous préoccupe, à l'institut. On essaie
vraiment de regarder ça dans son ensemble, là, puis il y a beaucoup de
questions pour lesquelles on a encore besoin d'avancer et de mieux comprendre
tous ces phénomènes-là et leurs impacts.
Votre question spécifique sur la cognition,
c'est ça que vous...
Mme Cadet : Oui. Bien, dans le fond,
c'est que vous croyez pertinent, en fait, dans vos recommandations, d'établir
des balises progressives sur les stades développementaux.Votre rapport
de novembre dernier portait sur les effets sur la cognition puis votre rapport,
donc, couvrait toute l'enfance, tous les jeunes de moins de 25 ans. Donc,
on a beaucoup entendu des experts nous parler des effets sur la cognition pour
la... au stade de développement de la petite enfance. On a parlé des jeunes,
des adolescents, mais, entre 18 et 25 ans, donc, si on s'intéresse aussi,
donc, à ce stade-là, quand on parle des jeunes, j'aimerais vous entendre sur
peut-être des recommandations que vous aviez ou l'état des connaissances que
vous avez...
La
Présidente (Mme Dionne) : ...rapidement, Mme la députée, parce qu'on a
d'autres collègues qui ont des questions.
Mme Cadet : C'est sûr, c'est sûr.
M. Litvak (Éric) : Bien, je pense
que, rapidement, ce qu'il faut voir, c'est que les effets sur le développement
durant l'enfance et la jeunesse vont rester, de 18 à 25 et aussi à l'âge
adulte. Ça fait que je pense un peu... l'approche qui est préconisée pour les
enfants plus jeunes, il faut voir le même type d'impacts potentiels et de
risques pour les 18 à 25 et même pour les adultes d'âges plus avancés. Donc,
quand on parle de limiter les impacts sur le développement, il faut le voir
vraiment dans une perspective d'un parcours de vie, là.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député
de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Bonjour à vous quatre. Merci d'être là. Je ne sais pas si vous avez écouté un
peu, hier, on a reçu Option consommateurs qui proposait d'introduire, dans la
loi sur la protection des renseignements personnels, la notion de l'intérêt
supérieur de l'enfant, qui pourrait venir, donc, donner des pouvoirs à la
commission des renseignements personnels, qui s'occupe de la loi, à appliquer
la loi, à venir interpréter des éléments des réseaux sociaux qui pourraient éventuellement être
interdits. On parle ici... le bouton J'aime, le démarrage automatique
des vidéos, le «doom scrolling», comme on dit en anglais, le défilement infini,
toutes sortes de choses qui sont démontrées, qui captent... qui sont faites
pour capter l'attention des enfants puis qui restent trop longtemps sur les
écrans.
Si on se dirigeait, donc, comme État, comme
société, avec une législation du genre, vers des pouvoirs qui permettraient de,
je dirais, retirer les éléments les plus nocifs des réseaux sociaux, sans
abolir les réseaux sociaux, est-ce que ce serait une voie, en matière de santé
publique, qui vous semblerait pertinente?
M. Litvak (Éric) : Oui, c'est ça, il
y avait une nouvelle, ce matin à l'effet qu'Instagram viennent de modifier leur réglementation... en fait, leurs pratiques
par rapport à ça. Je pense que, de façon générale, c'est le genre de
choses auxquelles on est favorable. Maintenant, évidemment, la complexité,
c'est de décider qu'est-ce qui est interdit, à qui, dans quel contexte, et
ainsi de suite, mais c'est certainement une voie.
Comme notre P.D.G. le disait aussi plus tôt, il
ne suffit pas d'informer les gens sur ce qui est bon ou mauvais, il faut créer
un environnement qui, dans le fond... qui va favoriser des meilleurs choix, des
meilleures décisions et aussi limiter l'exposition à des risques. C'est un peu
cette idée-là de réduire les méfaits liés à l'usage des écrans, donc ce qui
peut être fait en matière d'encadrement légal pour limiter ce type
d'interactions là qu'on sait qui peuvent être nocives. On pense que c'est tout
à fait une des approches qu'il faut préconiser.
Maintenant, ce n'est pas non plus la seule, comme
on l'a dit, mais on est plutôt favorables à ça. Je pense que la complexité,
comme je le disais, c'est de déterminer quoi exactement. Puis probablement,
pour faire ça bien, il faut le faire vraiment avec toutes les parties
concernées pour bien comprendre ce qui va avoir un impact.
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Il y a
deux aspects qui probablement nous préoccupent davantage ici. C'est la question
du consentement, que j'ai soulignée, là, qui apparaît vraiment problématique
pour des enfants ou des personnes d'âge mineur : qu'est-ce que ça veut
dire, en fait, le consentement, et comment on va faire pour protéger les gens
dans cette perspective-là, et puis l'utilisation des données par des tiers,
lorsque des parents ou vous-même, comme enfant, vous vous rendez... sans vous
rendre compte, vous contribuez, en participant à des réseaux, à leur fournir
des données sur vous, sur vos habitudes, là encore, sans véritablement de
contrôle sur ce qui va arriver. Parce que c'est très difficile, je pense, de...
encore une fois, même pour nous, adultes, de comprendre exactement ce qui
arrive quand vous appuyez sur J'accepte, lorsque vous joignez un réseau.
M. Leduc : On lit rarement tous les
petits caractères. En tout cas, moi, je ne les lis pas. Puis sinon il y a
l'autre voie qui est la majorité numérique, là, à 14, 15, 16 ou même des gens
disaient, hier, 18 ans. Est-ce que ça, c'est
une solution qui serait plus intéressante que commencer à réguler les réseaux
sociaux ou difficilement applicable? Il semble y avoir différentes voies qui sont devant nous comme
législateurs. Éventuellement, il va falloir qu'on s'entende, on a un
rapport à donner, mais la majorité numérique, vous en pensez quoi?
• (11 heures) •
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Bien,
c'est un outil qui... Comme vous le savez, la majorité, cette notion-là, c'est
un outil qui a été utilisé en santé publique dans d'autres cas, comme le tabac,
l'alcool. Et donc c'est certain qu'on n'a pas une position de principe qui est
opposée à son usage, mais je pense que la perspective qu'on a essayé de
prendre, dans ce mémoire, c'est qu'un outil isolé en lui-même, ce n'est
probablement pas suffisant. On n'est pas opposés à cette idée de majorité
numérique, mais on ne pense pas que c'est une solution miracle. Si on adoptait
cette solution-là... Évidemment, vous avez tous et toutes été adolescents, vous
savez que vous essayeriez de... J'ai eu des fausses cartes pour rentrer dans
des bars.
M. Leduc : Vous avez fait ça, vous?
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Je
pense que...
M. Leduc : Vous n'avez pas attendu à
18 ans?
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Non.
Voilà.
M. Leduc : Eh bien! Il n'y a pas
grand monde qui ont attendu à 18 ans. Puis je pose la question puis...
M. Forest
(Pierre-Gerlier) : Donc, il faut être réalistes aussi et voir que ce
n'est pas un outil suffisant, mais ce n'est pas nécessairement un
mauvais signal à envoyer à la fois à la société, aux utilisateurs puis aux
producteurs de contenu.
M. Leduc : Donc, sans... Puis une
dernière question, Mme la Présidente. Sans aller nécessairement dans une application stricte et rigide, l'idée même d'avoir
une majorité, ne serait-ce que comme un signal, vous semble
intéressante?
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Voilà.
M. Leduc :
O.K. Merci.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci, Mme la
Présidente. Alors, messieurs, d'abord vous remercier de votre présence ici,
c'est très apprécié, et de votre participation à cet exercice important, vous
en conviendrez.
Vous avez fait état, dans votre audition, de
responsabilités communes, sociétales et de cohérence dans nos politiques, nos
actions, peu importe quelle forme ça va prendre. Si vous auriez trois
recommandations à faire ici, à la commission, en fonction du rôle qui est le
nôtre, législateur, quelles seraient-elles, dans l'objectif qu'on partage de
protéger les enfants et dans l'optique de la santé publique? Vous avez quand
même déterminé des éléments très intéressants qui font consensus, hein, science
à l'appui aussi. Donc, si vous aviez trois recommandations à nous faire,
quelles seraient-elles?
M. Litvak (Éric) : Je pense que
le... Bon, trois recommandations. Ça dépend si vous cherchez des interventions
plus spécifiques, là, mais je pense que nous, notre perspective, c'est de
dire : Il y a trois objectifs qu'on doit
viser, et puis c'est vraiment à ça qu'on doit essayer de s'en tenir. Puis ce
qui... Les interventions qu'on doit mettre en place doivent garder en
tête toujours ces mêmes trois objectifs là.
Le premier,
c'est retarder l'âge auquel les enfants sont exposés. Puis on sait que, chez
les tout-petits, il n'y a pas vraiment
de bénéfice et il y a beaucoup d'effets négatifs. Donc, faire en sorte que les tout-petits
n'y soient pas exposés.
Ensuite, quand on tombe aux enfants d'âge
scolaire, bien, c'est tout faire pour essayer de réduire ou limiter
l'utilisation. En raison du fait que, bien qu'il y a certains des usages qui
peuvent apporter quelque chose de positif, il y
a toujours un peu de négatif, il y a l'effet du cumul, etc., comme on l'a dit,
donc essayer, avec ce que l'on met en place, tant à l'école qu'à la
maison que dans l'accès à d'autres types d'activités, de réduire l'usage. Donc,
ça, deuxième grand objectif.
Puis, même si on veut ou même si on réussit à
réduire l'utilisation des écrans, bien, il va toujours y en avoir, ça fait
partie de nos vies, ça va en faire partie dans le futur, donc pour toutes ces
utilisations légitimes qui vont se poursuivre...
légitimes ou récréatives qui vont se poursuivre, bien, mettre en place les
conditions pour éviter les méfaits ou les risques qui peuvent être
associés à ça. Puis là, bien, ça réfère un peu à la dernière question dont on
vient de parler. Ça, c'est un exemple. Donc,
faire en sorte que ce soit... si on est capables de réglementer pour que ce
soit.... ça induise moins des phénomènes de dépendance, que ça expose
moins à des contenus inappropriés, à du marketing qui est défavorable, et ainsi
de suite. Ça fait que c'est tout cet aspect-là, dans le fond, contrôler le
contenu et pour limiter les impacts négatifs sur la santé. C'est la troisième
perspective qu'il faut se donner.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Marquette.
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous quatre.
Moi, j'ai une question suite aux excellentes
questions de mes collègues, là. Sachant que votre objectif est de faire
progresser les connaissances, les compétences, de proposer des stratégies ainsi
que des actions intersectorielles susceptibles d'améliorer l'état de santé et
le bien-être de la population, quand vous voyez, parce que c'est toujours dans le contexte de temps d'écran, comment... et
les problématiques qu'on vit aujourd'hui dans notre société et ailleurs,
quand vous entendez ou vous voyez des écoles secondaires offrir des programmes
de «e-sports», jeux vidéo, dans nos écoles, comment l'INSPQ réagit?
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Qui
veut prendre ça d'abord? Peut-être toi, Fanny?
Mme
Lemétayer (Fanny) : Je pourrais parler des usages en milieu scolaire.
Alors, on a regardé, justement, on a fait
une synthèse de connaissances sur les usages en milieu scolaire et leurs
impacts sur la cognition, puis on s'est aperçu qu'il y avait... bien,
non seulement il y a différents usages à l'école, hein, il y a les usages des
élèves, les usages qui sont induits par
l'école, des usages pédagogiques ou des usages de divertissement. Et nous, on a
regardé deux situations.
On a regardé la présence du cellulaire en
classe, et qui est utilisé à des fins personnelles, et on a vu que ça induisait
une distraction numérique et que ça avait... ça affectait l'apprentissage et
plus précisément la mémoire de travail. Donc, ça, c'est un des premiers
résultats qui nous amène à dire qu'on est mieux de favoriser des gens en
classe, des environnements sans distraction numérique.
L'autre aspect qu'on a regardé, c'est
l'utilisation à des fins pédagogiques. Donc, on a regardé l'utilisation
d'outils numériques pour... comme support à la lecture et à la prise de notes
et on s'est aperçu de deux choses. C'est que, comparativement à la lecture
papier, la lecture numérique, elle entraîne une plus faible compréhension de
texte. Puis, comparativement à la prise de notes manuscrites, la prise de notes
numériques, elle, elle n'apporte aucun bénéfice sur l'apprentissage.
Donc, ce que
ça dit, c'est que, même si les usages sont pédagogiques, même s'ils sont... ils
n'ont pas forcément une valeur ajoutée sur l'apprentissage et ils ont
potentiellement des effets sur la santé. Donc, le «e-sport», c'est aussi un
ajout de temps d'écran. On sait que les jeunes sont déjà passés à un temps
d'écran de loisir très... beaucoup plus élevé que la recommandation, qui est de
deux heures par jour, entre six et 17 ans, et, si on vient ajouter encore
du temps d'écran à l'école, ça ne fait que cumuler ce temps-là et
potentiellement renforcer les effets sur la santé. Donc, c'est quelque chose
qui est à considérer, le «e-sport». Ça ne vient qu'accumuler, et on ne sait pas
aussi, en plus, les effets que ça a, le temps d'écran durant l'école,
l'influence que ça peut avoir sur leur temps d'écran de loisir. Donc, ça, c'est
des choses qu'il serait important de... sur lesquelles se pencher aussi.
M. Ciccone : Est-ce que l'aspect
également de dépendance... parce qu'on sait, on a entendu des
professionnels comme vous, là, depuis
quelques jours, ils vont créer vraiment des algorithmes, des lumières pour
attirer les jeunes, puis ça crée une dépendance, là. Plusieurs nous
l'ont dit, ça crée vraiment une dépendance. Est-ce que c'est à considérer
également, que, dans notre réseau, il y a... Il y a une école publique, là, et
même privée... on est supposés de protéger nos jeunes, mais on va amener des
outils qui va créer une dépendance. Est-ce que ça vous inquiète, l'INSPQ?
Mme Lemétayer (Fanny) : Bien, tout à
fait. C'est justement, tous ces mécanismes de persuasion qui sont utilisés pour
qu'on reste le plus longtemps possible sur les plateformes pour que... c'est
évidemment préoccupant, parce que tous ces algorithmes, tous ces mécanismes
font en sorte qu'on reste le plus longtemps possible. Puis le temps d'écran, je
le redis, on l'a vu, c'est quelque chose qui est fortement associé à différents
effets sur la santé, donc c'est sûr que c'est à...
M. Ciccone : Merci beaucoup. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je passe maintenant la parole à Mme la députée de Châteauguay.
Mme
Gendron : Oui, bonjour. Merci beaucoup d'être là. Je vais
être rapide. Je pense qu'il nous reste peu de temps.
Je veux juste vous dire ma surprise puisque
l'accès à la technologie, finalement, c'est quand même un grand coût. Je suis
surprise que vous dites que c'est surtout, en fait, les gens plus démunis ou en
situation plus précaire, en fait, qui utilisent beaucoup les technologies qui
sont coûteuses. Donc, le choix est d'aller... au lieu d'aller prendre une
marche ou aller au parc, de consumer, en fait, des réseaux. Ça fait que j'étais
surprise de ça.
Par contre, je voulais avoir votre opinion au
sujet des librairies numériques. Vous savez, tu sais, il y a énormément de
documents qui sont lis, qui sont consultés maintenant de façon numérique et
plus papier, donc on parle d'un monde
numérique incroyable. Est-ce que vous iriez jusqu'à dire que tout ce milieu
numérique, là, de lecture pour nos jeunes, d'accès aux bibliothèques
numériques devrait être circoncis ou devrait... justement, on devrait retourner
vers le papier davantage? J'aimerais avoir votre opinion là-dessus.
• (11 h 10) •
Mme Lemétayer (Fanny) : Par rapport
aux populations plus vulnérables socioéconomiquement, qui sont plus exposées,
ils sont effectivement plus exposés. Mais, par contre, ils n'ont pas forcément
la littératie qui leur permet de bénéficier
des avantages du numérique, et donc ils en font plutôt un usage de loisirs. Et
aussi... Excusez-moi. J'ai perdu mon idée.
Des voix : ...
Mme Lemétayer (Fanny) : Oui, c'est
ça. Ça inclut... Ce n'est pas forcément des usages numériques des nouveaux...
des nouveaux écrans, en fait. C'est plus par rapport à la télé, par rapport
à... Excusez-moi.
Des voix : ...
Mme Lemétayer (Fanny) : Sur la
lecture, oui, c'est ça. Nos résultats sur les cognitions nous ramènent à
privilégier, justement, la lecture papier, parce que, comme je disais tantôt,
ça... la lecture numérique a un impact sur la compréhension de texte, donc on a
moins de facilité à comprendre les textes sur numérique. C'est sûr que ça donne
un accès aussi... Il faut faire... Il faut trouver l'équilibre entre donner
l'accès à certaines personnes qui n'ont... qui n'auraient pas forcément accès à
ces connaissances versus défavoriser certaines personnes qui n'ont pas les
compétences numériques pour en bénéficier.
Mme Gendron : O.K. Donc, on
favorise, pour nos enfants, la lecture de livres papier plutôt que sur des
tablettes. Ça pourrait être déjà un début.
Mme Lemétayer (Fanny) : Oui, oui.
Mme Gendron : O.K. C'est
intéressant. Merci. C'était la question que j'avais.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Joliette.
M. St-Louis : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Permettez-moi aussi de vous remercier pour votre participation aux
travaux de cette commission.
Mes collègues l'ont abordé, le facteur temps, et
vous l'avez nommé, est très important. Je pense qu'il y a un certain
consensus : zéro-trois ans, c'est pas de temps d'écran, après ça, c'est
avec grande parcimonie, il faut que ce soit éducatif. On parle d'une certaine
majorité numérique, on verra si ce sera une recommandation ou pas. Peu de gens
ont statué sur le nombre d'heures qui pourrait être une... qui pourrait être
sain pour un adulte ou un jeune adulte. On sait qu'au niveau de l'alcool on est
arrivés à informer les gens, de dire : Bien, deux à trois verres, pour un
homme ou... en tout cas, je ne me souviens pas des chiffres exacts, mais on
connaît maintenant certaines limites qui sont, pour le corps, acceptables.
Est-ce que, dans vos
études passées ou à venir, vous êtes en mesure d'aider notre commission à
statuer sur une recommandation potentielle, sur une idée de grandeur, là?
Peut-être pas un chiffre exact, là, je comprends que ce n'est pas une science
exacte, mais est-ce que c'est plus de l'ordre de trois à cinq heures par
jour, au-delà de ça, en bas de ça? Avez-vous déjà des chiffres?
M. Forest (Pierre-Gerlier) : Je vais
laisser répondre ma collègue sur le point technique, mais je pense que ce que
je trouve très intéressant dans votre question, c'est... ça rappelle encore une
fois ce principe-là, cette idée du cumul de temps, qu'il ne faut pas considérer
ce problème seulement à partir... Une pratique en elle-même est ni bonne ni
mauvaise. La question, c'est avoir une vision globale de ce qui est en train de
se passer. Ce n'est pas ce qui se passe à l'école qui est grave, c'est que ça
se passe à l'école, à la maison, dans les loisirs, et c'est cette vision
globale qu'il faut arriver à mettre derrière toute intervention qu'on va mettre
de l'avant dans l'avenir.
Puis peut-être, Fanny, tu peux répondre sur la
question du temps d'exposition.
Mme Lemétayer (Fanny) : Oui. Bien,
on a vu, dans quelques enquêtes qui ont été réalisées au Québec, qu'il y a un
seuil de quatre heures de temps d'écran qui est vraiment associé à des
problèmes de santé, des effets sur la réussite scolaire, donc santé mentale,
santé physique. Donc, c'est vraiment à partir de ce seuil-là qu'on voit que les
impacts apparaissent.
M. St-Louis : Parfait. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. D'autres interventions? Donc, ça fait le tour de la question.
Alors, merci infiniment pour votre contribution à ces travaux, alors ça va nous
permettre de pousser la réflexion plus loin.
Donc, je suspends les travaux quelques instants
pour accueillir notre prochain invité.
(Suspension de la séance à 11 h 14)
(Reprise à 11 h 26)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
la commission reprend maintenant ses travaux. Donc, la présentation de notre
prochain invité sera accompagnée d'une traduction en simultanée.
Donc, je souhaite maintenant la bienvenue à
M. Robin Walker. Donc, bonjour, M. Walker. Bienvenue à cette commission.
Donc, je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour nous faire part de
votre exposé, et ensuite nous procéderons à une période d'échange avec les
membres de la commission. Donc, la parole est à vous.
M.
Robin Walker
M. Walker (Robin) :
Well, thank you very much for having
me, first of all.
I
am the former chair of the Education Select Committee in the House of Commons,
and we launched an inquiry on screen time along similar lines to what your committee is studying in
September of 2023. At the time, we were focused really on the impact on education and on the balance between welcoming
digital education and the opportunities for digital device providers,
but also the growing understanding of risks that overexposure to social media
and online platforms produces. This was
partly prompted by our select committee's evidence on county lines and the
exploitation of vulnerable children by criminal gangs involved in the
drugs' trade. And as part of that work, we had come across examples where
social media and online gaming were being used to groom and recruit children
into criminal activity.
I also served on the Northern
Ireland Affairs Committee for a period of time, and that committee was
conducting an inquiry into the targeting of young people by criminal gangs
associated with sectarian groups in Northern Ireland. It struck me that there
was a lot of overlap between some of the grooming activities being undertaken
in both circumstances, and that was one of the things I was keen that we were
able to look into.
But we were also keen to
emphasize the benefits of educating children around the risks of online life
and the importance of having an online education. And so, when we launched the
inquiry, we use this heading of a call for evidence, which was quite balanced,
and really talked about the pros and the cons of screen time.
What we heard in evidence,
though, was a growing weight of concern about the negative impact of screen
time on mental health, on behavior, on children's well-being, and limited evidence
about the educational benefits, particularly of mobile phones and particularly
of social media.
And I think one of the
difficulties in this debate is in defining screen time. A lot of the academic
evidence that we received said screen time can not be defined in a way that
tells you whether it is good or bad and that it is something that has benefits
and has risks, and you have to balance those up.
But overall, over the course of
an inquiry, what we heard is that the very substantial risks to children and
the very substantial problems, particularly
with regard to pornography and being bombarded with content that leads to a
bad body image amongst young girls and bad approaches amongst young men, those
things are creating very substantial problems. And I think there's a growing
weight of evidence that those problems outweigh some of the benefits.
• (11 h 30) •
So, our
conclusions, compared to perhaps the launch of the inquiry, were quite strong
that we wanted Government to go further in restricting the use of mobile phones
in schools, we wanted Government to provide more guidelines as to what was
genuinely useful educational technology — and frankly a lot of content out there
that markets itself as educational technology but isn't — and we called on Government to set a
clear demarcation of the age of digital consent, which we, and I think many of
us, have reached the conclusion has been set by default at a very low level, at
the age of 13, but should be genuinely considered with all the implications of
social media and front-facing mobile phones.
And
it's been interesting to see both your work and the work going on in Australia
on that issue, which, I think, pick up on that point.
It's worth saying, as part of the inquiry, we visited France and had meetings
in the National Assembly to understand the basis of their mobile phone ban, and
we also visited the Netherlands to understand their discussion around restricting devices in schools and their approach.
It's fair to say, culturally, I think the Netherlands is a more similar system to the U.K., and the French is
quite a different system. But actually, what we were struck by in France
was the unanimity across a very broad political spectrum, that the mobile...
ban on mobile phones had been positive and was a good thing for children's
mental health. And what we were struck by in the Netherlands is the general
belief that there needed to be further travel in direction of restricting
online new devices and restricting screen time.
And some very interesting
evidence, I think, from some of the students who themselves pointed out to us
how mobile devices have become so important to their lives, that they said
where they are restricted, they reduce our topics for conversation. Now, to me,
that was a striking comment and something that actually led me to believe this
is a... something that does need to be further looked into.
And we also heard, in the
Netherlands, interestingly, some of the best evidence for the educational
benefits of banning devices in schools, which they had gathered from the U.K...
and we hadn't been presented with that evidence by the U.K. Department for
Education. We hadn't been presented with it by any of the educational experts
from whom we took evidence, but actually, the evidence of the benefits for
particularly disadvantaged pupils in restricting mobile phone use was very
strong in a controlled experiment in English schools in cities, where some
banned mobile devices and others didn't. So, again, that's something that led
us to reach the conclusions that we did, but the Government needs to go
further.
I hope that's helpful to your
committee. I think this is something I found as a learning experience. I opened
the inquiry very much with an open mind about the use of digital devices and
online, and the more I engaged with it, the more concerned I became that some
of the systems we have are there by default and need greater thought from
legislators, both when it comes to the health and the educational effects on
young people.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci beaucoup, M. Walker, pour cette intervention. Nous allons maintenant
procéder à la période d'échange. Donc, M. le député de Marquette, je vous cède
la parole.
M.
Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Good evening, Mr. Walker. Thank
you for being with us today.
I just want to talk to you
about screen time and your conclusion on screen time in your inquiry. What do
you consider screen time? Does it... Because here, we have different views with
different groups that we had. Some say we have to differentiate between the
educational, you know, platforms and the gaming platforms, or iPads and
iPhones, social media. So, what's your conclusion on it? Do we have to put all
of the screen time in the same basket?
M. Walker (Robin) :
It's a crucial question, and I think a
lot pends on the definition that you use on screen time. We took a broad
approach which was: This is about time that children spend engaging with
screens, whether that's on a computer, or
whether it's on a mobile device, or whether it's a laptop. But there is a
fundamental difference between supervised time, time that might be spent
in a class engaging with educational tools, and unsupervised, unrestricted
time, and indeed, the distraction risk of having devices that are sending
people notifications while they should be concentrating on something else in
class.
And that's where we came to the
conclusion that the problems that exist from unsupervised screen time and
screen time that intrudes in other education do need action and do need a
change societally in the way in which we engage with them. Whereas, of course,
if you measure total amount of time someone spends looking at a screen quite
reasonably, people who gave us evidence that, if someone is researching their
homework or working towards a project on a screen, that is positive screen
time.
But I think the challenge is
that the algorithms that exist both within social media and, dare I say, also
within tools, tools like Google, encourage us to go down less positive routes.
And adults are well placed to regulate those pressures, children less so.
M. Ciccone :
Thank you for your answer. After your
conclusion on your inquiry, did the House of Commons had a legislation on this
matter? And, if so, do you see results, even if it's new, or you didn't have
any legislation?
M. Walker (Robin) :
No, not yet.
M. Ciccone : Not yet?
M. Walker (Robin) : So, to be honest with you, we got this inquiry, this was the last
thing I did as the select committee chair before the election was called. So,
it was something we had to put out our conclusions. We had to put them out rapidly. We
were... I was glad that we got rapidly, we were... I was glad that we got
unanimous cross-party support for those conclusions, and we had to tweak
our recommendations so that, instead of being for the current Government, as we
originally expected them to be, they would be for the incoming Government.
So, those are recommendations
that we've made to the incoming Government. I think it's interesting to see
that some of the comments from the new Secretary of State for Science and
Technology actually suggest that he may be engaging with some of those. Peter
Kyle has suggested... he's following the Australian developments very closely
and he's open to changing, for instance, the age of use of social media to 16.
That's something that we strongly recommended and it's something that I'm very
glad to see that he hasn't ruled out. I think it's too early to say really,
with a new government in a new parliament, whether there will be further
legislation.
But we also made some
recommendations with regard to existing legislation, such as the Online Safety
Act, and that was something which, again, was passed with strong cross-party
support in the last Parliament. There are some steps that takes to potentially
go further than ever before and criminalizing some types of online activity and
on holding tech company executives
responsible for harm to children. We want to see that road very rapidly
implemented. And again, one of the things on the desk of the new Government
will be the implementation of that Online Safety Act, which Parliament has already
passed into law.
M. Ciccone :
My last question: With the new
adjustments, with the existing legislation that you made, did you have time to
evaluate if those changes have worked on your society?
M. Walker (Robin) :
I think the honest answer is no,
because the Online Safety Act has not yet been fully implemented. So, there has
not yet been a rally, but one thing we said in our report is for the
Government, when it introduced the toughest stance on encouraging schools to
have bans and said we're not going to make it statutory, but we do want you to
go further with it. They didn't introduce any mechanism for monitoring that,
and we think that's a mistake. And, as an evidence-based committee, we
recommended that they introduce a formal mechanism and use that formal
mechanism of monitoring in order to then decide whether a statutory ban is
required. That was something I was surprised to hear when we visited France,
that, whilst there was very, very strong cross-party support for what have been done, there have been very little evaluation
of the impact of what have been done. And I think that's important that
all of us should try and get that evaluation done as part of our policymaking.
M. Ciccone :
Thank you very much, sir.
M. Walker (Robin) :
Thank you.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Good morning... good afternoon for you,
I guess, sir. Thanks for talking to us.
I was wondering, have you ever
considered in your commission to try and regulate the most negative aspects of
social network? I'm talking about the like buttons, the doomscrolling, the push
notifications, the loot boxes, microtransactions, the automatic starts of...
Have you ever considered saying: Well, that's the social networks... They are
all... always going to exist now, but, the most negative aspects of them, we
can try to say no to them, we can pass laws to forbid those aspects. Have you
ever considered that?
M. Walker (Robin) :
I think it's a fair question. I think
part of this turned out election comes down to the challenge of the remit. My
select committee is the Education Select Committee. We look at policy as it
affects children and particularly children in education. We didn't have the remit
to look at the regulation of the online space in the way that, perhaps, other
select committees of the House of Commons would. So, for instance, the
Department for Science and Technology, they would be able to look at that
space. Also, to some extent, I think there is an argument for Health to be
involved in that.
That is why, amongst our
recommendations, we talked about the importance of cross-government working on
some of these issues. And we do think that actually there is scope and there is
a good case for changing the law when it comes to the application of what are
fundamentally adult designed technologies to children, and that was something
we've talked to the member that... I know the French National Assembly had
tried to change the age at which children can sign up for social media. They
tried to change that and introduced the element of parental consent for
children between 13 and 15. Unfortunately, due to the operation of EU law and
EU competence, that was something that they
could not make work effectively, and it's something that would need to be
approved at an EU level.
One
of the points I was making to ministers is that we don't have that restriction
any longer, that actually, the U.K. could make laws in
this respect which would be within its competence. And so I think it is
something that we want to seriously
consider. But, in terms of the detail of the regulation of social media and how
those platforms work, that would really
fall to other departments and other parts of government rather than the
Department for Education and the Education Select Committee. So, whilst
it sounds like a bit of a get out, we wanted to push in that direction and
encourage cross-government work, but we couldn't make specific recommendations
with regard to what the law should be.
• (11 h 40) •
M. Leduc :
As our committee here has... have a
broader approach, would you tell us to do that, to go in that particular path?
Would you...
M. Walker (Robin) :
I think the challenge you will have is about what is practical. How
do you make practical changes to the social media model? And I think that is
where my focus... And I think the best way of protecting children, in the
short-term at least, is to focus on genuine age barriers, age verification and
proper control over who accesses these things, which are, after all, designed
with adults in mind, in which all the social media companies tell us they don't
allow any children under 13 onto them. I'm afraid that's completely untrue, and
there's very strong evidence, but that...
that is not the case, but I think that is something that... that strikes me as
the place to start.
But
undoubtedly, and I think the Children's Commissioner in the U.K. has made a
strong case for this, there is an argument for them changing their model
further. The challenge will always be that these are global companies and, unless they are very firmly forced to do so
by the law, that they will tend not to listen to tweaks and changes that
are made in individual territories. So, that's where things like the Online
Safety Act actually potentially prescribing criminal penalties for tech... to
company executives take things a lot further than we have been previously.
M.
Leduc :
Thanks
a lot, sir.
M.
Walker (Robin) : Thank you.
La Présidente (Mme
Dionne) : Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci,
Mme la Présidente. Thank you so much, Mr. Walker, for
being with us today. About minimal age to
access social media platforms, you dabble into this, and you say... you
actually mentioned how, like, on Facebook,
for example, like, there's a minimum age, but it's not really respected. So,
was there, like, in your commission, conversations about putting, like,
a U.K. wide, well, ban for children and young teenagers' access to social
media? And, if so, were there, like...
regarding issues with privacy? Because it would have to be... verified, like,
for age verification. Like, what were the discussions regarding privacy
at this committee?
M.
Walker (Robin) :
Yes. So, this is a really important issue, and I think the... what
we heard from a lot of the technical experts who gave evidence to us is that
the social media companies already gather enormous amounts of data on all of
their users that allows them to profile users very effectively. And, in many
cases, they know exactly the age of the people who are using their devices. They
can certainly ban them to within a few years in terms of the age of people, and
they choose to ignore that information when it comes to the current rules,
because they are only required to require someone to say that they are 13.
Now, that is something which I think
we could change and I think it is something that we have recommended, that the Government consults, on setting an age for
access, which in the U.K., I believe, would be 16. I think there is some debate
about where that change should be. In France, they talk about 15, in Australia,
I think also, they're talking about 15. There's a natural cut off in our
education system and in most respects to the U.K., which would make 16 a more
logical age. And I think there's a strong health case for looking at that age,
because it's also at the age at which people have greater mental capacity to
engage with issues of addictive... the addictivity of social media and to
manage to... for themselves.
One
piece of evidence I was quite struck by was... we are talking about a head
teacher, talking to a head teacher who had introduced a mobile phone ban, and
the problems which she had had in doing that and the benefits that she saw from
it. And she said that actually the vast majority of the benefits amongst the girls
that she supported were between the age of 13 and 15, and that the girls over
the age of 16 were largely able to regulate their behavior effectively in this
space anyway. And so, she wouldn't be so worried about that group. Now, that
was anecdotal evidence, but it went along with a lot of the other evidence that
we heard that actually a sensible cut off is really between the age of 15 and
16, and that there is no real logic apart from the history of when particular
laws were passed around the use of the Internet, as to why we currently use 13
as the key element.
The
other problem and the problem which our Children's Commissioner has
highlighted, and a lot of her research, is about that 13 years-old cut off
is more represented by the... in the breach than it is in observance... It's a
well-known fact that many children under the age of 13 have social media
accounts and use them regularly. And that is something which we think that the
tech companies need to take more responsibility toward and need to be penalized
for breaching if they continue to do it.
Mme Cadet :
Thank you. We heard about a concept called Child
Rights by Design that aim from the U.K. I don't know
if, like, you're able to... to talk more to us about it? And what worked
regarding the principles that aim from Child Rights by Design, and what would
you recommend us to do? I think it's complimentary to my colleague's questions on being able to regulate the platforms
on the mechanisms that they put forward to keep our attention online.
M.
Walker (Robin) :
Yes, and the first thing I say about this, I won't claim to be an
expert in the detail of the Rights by Design, I think that would fall more into
the remit of what used to be our DCMS Committee and is now our DSIT, Department
for Science and Technology. Beeban Kidron gave us... Baroness Kidron gave us
some very good evidence on these issues, and
she has been working closely with the tech companies to put in an
approach... The challenge is that it's largely voluntary for the tech companies
to embrace this. Yes, companies like Google talk a lot about the fact that
they're working with the Government on this and making sure that they are doing
it effectively. I think it's a useful tool kit but I think, again, the
challenge comes... if companies aren't identifying who are children and who
need protection in the first place, then they can't...
And the
other thing we heard constantly, whenever we talked about parental controls and
protections for children being built into these things, is that there is a
fundamental problem with the technical capacity of parents not keeping pace
with technical capacity of their children. So, to put it simply, children can
often run rings around their parents when it comes to their dealing with
parental controls and restrictions.
So, one of the things, in terms
of the design elements that we did pick up in the report, though, is the
benefits. And there has been a campaign in the U.K. for a child's phone, and
effectively, to have a phone that doesn't have all the social media apps on it,
doesn't have access to the Internet, returns us to the days in which we could just
send text messages and make phone calls with the phone. And I think there's a
lot of interest in taking that further, including
from some of the big mobile phone manufacturers actually, who are saying that,
you know, this is something that could help to solve a lot of these
problems and make phones more useful and less frightening to both parents and
children alike. So, that is something that we also enlighten on the report in
terms of designing things appropriately.
The last thing I'll just say on
the point about design is a lot of the tech companies have very good parental
controls available, but they don't activate them automatically. And we think
that needs to change. We think that the default should be that all the parental
controls are set on, and, if people want to disable them, they should disable
them. Unfortunately, at the moment, the default is largely the other way
around.
Mme Cadet :
Thank you. And you are chairing the
Education Commission. So, do you... did you discuss school-wide ban of cell
phones in high schools?
M. Walker (Robin) :
Yes, and, as context to this, you know,
this was something that the Government had strengthened its guidance on shortly
before our inquiry. What we... We had launched the inquiry partly to encourage
them to strengthen their guidance, and then they pre-empted us by doing so. We
think largely where their guidance has ended up is pretty sensible in terms of
saying, you know, there is no good reason to have devices on in class, or in break time, or indeed on school trips, which is
something that I think the French system picked up on quite strongly.
But, of course, there have to be exemptions for SEN children and for specific
academic purposes. If you want to teach people the risks of using a mobile phone,
of course, you should be able to put a mobile phone in front of them and show
them some of those things. So, I think a sensible approach is good.
One thing we picked up and one
problem with the U.K., guidance, as it currently stands, is it gives schools
lots of different options as to how to implement a ban. And, in many ways,
that's a good thing. But one of those options is an outright ban and say: Leave
the phone at home. We heard consistently that is not what parents want. Parents
want to be able to be in touch with their children on the way to and from
school. And it's important that, however a ban is implemented, it should allow
children to use mobile devices to communicate on their journey to and from
school.
Mme Cadet :
Thank you so much.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à M.
le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé :
Merci, M. Walker. Qui doit
prendre la décision? Est-ce que c'est le gouvernement ou ça doit être les
écoles? Évidemment, vos structures sont très différentes des nôtres, mais
quelqu'un doit trancher. Alors, c'est une des questions qu'on se pose.
• (11 h 50) •
M. Walker (Robin) : Absolutely, and the position that I inherited, and I guess I presided over, as
School Minister for a time — before I was on the select committee,
I was a minister for schools — was one in which the Government said:
Schools should make the decision. This ought to be in the hands of schools.
What we had heard over a long period of time, and partly what prompted our
select committee report, was that schools did not want to be left with that
decision themselves. They were facing increasing pressure from parents and from
pupils and, actually, they would like Government to step in and give clearer
guidance on this. And it was echoed when we went to France and we visited
schools in France to talk about the impact of their ban. What we heard is that
lots of schools had had restrictions on mobile phones in place, but, until the
Government passed a law and actually changed the national approach, they found
it very, very difficult to enforce those and they often had difficulties with
problem parents, who encouraged their children to go against it. Once the ban
was in place and it was clear in the law, they found it much more
straightforward. And so, one of the messages we took home from that was that
actually this would help teachers and head teachers to enforce an effective
ban, to have clearer guidance from the U.K. Government.
M. Bérubé : Donc, ça envoie un
message à nos autorités, à notre ministère de l'Éducation, qu'il y a plus de
force d'envoyer une consigne, une réglementation dans l'ensemble du réseau que
de laisser à elles-mêmes les écoles se débrouiller.
Donc, de votre analyse, de vos travaux, vous en
arrivez à la conclusion qu'il vaut mieux que ça soit une consigne nationale,
une demande nationale de la part du ministère de l'Éducation.
M. Walker
(Robin) :
Correct.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Je passe maintenant la parole à M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci,
Mme la Présidente. Salutations à vous, M. Walker, et remerciements pour
votre présence avec nous aujourd'hui.
J'aimerais vous ramener sur le côté de votre
récente législation. Certains groupes sont venus nous entretenir de la question
du consentement, la compréhension du consentement par les jeunes, par les ados
et par les parents aussi au regard de l'utilisation et de l'accès à des
plateformes, réseaux sociaux, peu importe le type d'usage, là, de produits. De
votre côté, considérant votre expérience sur la question et votre... la mise en
place de votre législation, comment avez-vous abordé cet enjeu-là du
consentement à l'usage auprès de nos jeunes et de nos ados?
M. Walker
(Robin) :
So, I
think the challenge of consent, when it comes to the online world is that it is
basically taken for granted, and that is generally fair when it comes to adults
who are happy to click a box saying that they accept conditions. I think the
question of when are children capable of giving that level of consent is a very
important one. And that is why we recommended in our report that the Government
should consult on changing the digital age of consent from 13 to 16. And we
think that is a more logical, more sensible place to give children control over
when they give away their data, and that would also mean that the social media
companies would have a responsibility not to
harvest that data and use algorithms on that data for children under the age of
16, who shouldn't be on their
platforms anyway, in our view. But I think there's a debate about that,
particularly between the age of 13 and 16.
Of course, the alternative
approach, which I know has been tried in legislation in France, but isn't yet
effective legislation, is to require some form of parental consent for children
between the age of, say, 13 and 15. Now that
would require the social media companies to change their operating model quite
substantially and introduce a whole load of new technology to allow the
parents to consent on behalf of children. It may be a very good idea, but I
think it's very, very challenging to get them to that place where they will do
it. And so, we were very interested by that
proposal in France. We were frustrated to hear of it being blocked by the issue
of competence and where it sits, and it doesn't sound like that's been
able to make further progress since. But I think actually changing the age of
consent, the age at which children can digitally consent to share their data
and material is a more straightforward approach and would protect children
faster.
And so that's something that,
yes, we recommended in our report, that it was easier simply to raise it from
13 to 16 than to introduce an intermediate stage. But I think both, both have
valid arguments behind them. What I don't think is sensible is to continue to
operate a digital age of consent, which was designed for the Internet before
front facing mobile phones and social media were even invented, and there's no
logic to that. And I think Jonathan Haidt and... number of people who have
point it out the slight ludicrousness of the situation where certainly in both
U.S. and U.K. law the digital age of consent was invented before the digital
world, in which we now live, existed.
M. Sainte-Croix : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Joliette.
M. St-Louis : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Good day, Mr. Walker. Thanks for being with
us today. Beside bad and good content, most
experts agree that time spent on platforms is probably, if not, well, one of
the most important factors, if not,
the most important. I was wondering if your commission had any recommendations
on that matter.
M. Walker (Robin) :
Yes, and I think we took into account a
lot of evidence that showed the amount of time children are spending on
platforms is increasing. It's been increasing progressively with age, but also
with time. And so, there's a lot of evidence on our report about the amount of
time children are spending. Part of it there is a balance, is the fact that the
opportunity cost of time that people are spending online on social media
platforms and in gaming could be done, could be used doing other things such as
physical activity. And that's why we recommended for older teenagers, the
debate ought to be about balance rather than just about banning things and
whether things should be allowed or not. But actually, for young children, what
we consistently heard is that the disbenefits and the risks of time spent
online and on platforms were never designed for them in the first place,
outweighed any possible benefits. And, while
there are absolutely might be some benefits from screen time in terms of
supervised screen time on computers and that side of things, actually
the amount of time that children are spending unsupervised scrolling on devices is becoming a problem. So, that's where I
think there's a balance between where you place your interventions.
The other thing that we said
about time in the report is of course, it's correct, and the Government has
made the argument that you can't simply set a guideline for time when you don't
know what the time is being used for, and you can't say there's a perfect
amount of time that people should spend on screens on devices. And, in one
sense, that's fair. But actually, if we know that particular times are
particularly dangerous, such as after bedtime, when children are in their own
rooms completely unsupervised, we ought to be providing parents with guidance
as to how to handle that. And I think there is a case for Government to provide
guidance and support for parents as to what are reasonable restrictions to set.
This doesn't say you can legislate for it. I don't believe you can, and I
believe there are plenty of people, certainly in my party, who would object to
that. But actually, having a proper conversation about it and making sure that
both Public Health and educationalists are involved in that conversation, to
say: Actually, restricting screen time before bed... just before bedtime
probably is sensible. Making sure that children don't take devices into their
room unsupervised is probably sensible. That, though, strikes me as totally
valid things for public debate. I don't think we'll fix them through
legislation but I think we can make sure that Parliaments are urging proper
debate to take place on them.
M.
St-Louis :
O.K..
So, no specific numbers in terms of a daily average or whatsoever, just a balance.
M. Walker (Robin) :
Well, as I say, there are lots... there
is a lot of data in the report as to what those numbers are and how they have
increased. We haven't said there is a perfect amount of time, but what you said
is, the young children, the risks outweigh
the benefits so strongly that we think actually of a ban on using these devices
is sensible. For older teenagers, it's about
balance and it's about making sure that they can balance physical activity,
engagement with nature, time outdoors, with screens. And that's
something that ought to be taught and encouraged in schools.
M. St-Louis :
Thank you, sir.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci. Mr. Walker,
you provided earlier anecdotal evidence on a teacher who noticed the effects on
social media users among girls between the ages of 13 and 15. Is there... Were
there more, like, debates... within your commission on gender differences on
the effect of social media use?
• (12 heures) •
M. Walker (Robin) :
Yes, we took quite a lot of evidence on
this. And I think also as part of the evidence that we gathered in other
inquiries fell into this one. So, things like the county lines piece, there was
quite a lot of evidence about the online harms to boys and girls, respectively.
And so, there are undoubtedly disproportionate impacts depending on where you
look.
I think the challenge is there
is clearly a mental health impact across sexes of the growth in screen time and
social media. And so, disaggregating the general trends from the specific is
very, very difficult. But I think a lot of the debate in the U.K. and a lot of
the legislation when it comes to something like the Online Safety Act has been
around protecting girls. And it was partly a borne out of the Everyone's
Invited so-scandal, where we had issues around
sexual abuse taking place in schools and... schools, partly, is what drove a
lot of the interest in this. But I think there's also good evidence
that, actually, you know, boys are being badly affected in many ways, not
least, in some cases, at the hard end of this, in being criminalized through
activity that takes place on social media involves sharing of illegal images.
So, these things do affect
everybody. I think there's a clearer and more immediate case for action in
protecting girls, first and foremost, and I think that's what's driven quite a
lot of the debate in the UK certainly, but I think there's... you know, there's
absolutely a strong case in protecting both boys and girls from the unforeseen
consequences of some of this technology, and that's really where we didn't make
any conclusions on the basis of protecting one group or other. The conclusions
we reached were across the board.
Mme Cadet :
And, regarding cyberbullying, so, given
the bans that you effected in the UK, was there evidence or data regarding the
differences on the impact of cyberbullying with removing the screens?
M. Walker (Robin) :
So, there is a lot of anecdotal
evidence which is largely positive around the impact of bans, and it's very
difficult to get a really serious randomized controlled trial. So, where we've
spoken to people in schools and across educational institutions, there is some
good evidence that it has decreased cyberbullying and it has allowed children
to separate their school life from their home life more effectively, but I
think it's very difficult to put that on an
absolutely scientific basis and say, in a randomized controlled trial, this is
what took place, and I think that's part of the challenge in some of the
debate we have around this.
Mme Cadet :
Of course. Thank you.
La Présidente (Mme Dionne) : D'autres
interventions?
Mme Cadet : Well, my
colleague often asks a question regarding esports in schools, so was there a
part of your discussions in your education commission about banning esports?
M. Walker (Robin) :
It wasn't a major part of the
discussion, if I'm honest, and I think we did hear some evidence that,
actually, gaming has a more nuanced and balanced impact than the social media
and that there are benefits and disbenefits to it. But, in some respects, it's
less likely to lead to behavioral addiction than social media. So, I think
that's an interesting area and certainly an area for more research, but I
wouldn't claim that that was a major focus in our report. It got mentioned
incidentally because, obviously, it was one of the things driving screen time
and the increase in screen time, but the evidence we heard was not as
conclusive in terms of the mental health and well-being impact, I have to say.
Mme Cadet :
Thank you. And we still have time? OK,
so I forgot my question, actually. Oh! yes, regarding rewards, so we talked, in
schools, as well, about the use of screens as a reward. So, let's say, at the
end of a busy week, we let the kids in classes being able to watch a show or be
on their tablet, so is this something that was also discussed in your commission?
M.
Walker (Robin) :
To be honest, no. It's a good point, and, I mean, I remember
watching things on the television back in my school days as a reward. I don't
think we should be looking to stop... and I think I would draw up the
distinction, I guess, between the sort of... the beneficial, supervised access
to screens in a group and people being able to go off and do their own thing
unsupervised. I think there's good ways of using screens in schools to improve
delivery of information, and that may include rewards and creating some
downtime. I think that is rather different to, you know, giving a child a
device which has unlimited access to the Internet and expecting them to get on
with it and I think that's where I would draw the distinction in where we felt
the case for action was strongest.
Mme Cadet : Thank you.
La Présidente (Mme Dionne) : M. le
député de Joliette.
M. St-Louis : Mr.
Walker, I would like to come back on your... I think, I believe it was a
recommendation you made about phones made for... especially for children and
teens. We know that a lot of applications were created a few years ago. I think
Facebook had one that were made for use of children. Why not go that way, for
something that already exists, then to come back, in time, to phones that
were... you know, we can only call on or text, so?
M. Walker (Robin) :
I think the basic point was... and this
is an issue which is being raised by a number of campaigners, people who've
lost children to suicide related to social media addiction and issues...
Actually, parents wants to be able to contact their children by phone. Parents
sometimes want access to a GPS enabled device which will allow them to see
where their children are traveling to, but they don't want them to have
unrestricted access to the Internet. And however good some of the programs can
be, which can be put in place by social media companies themselves or, indeed,
by phone manufacturers, to try and introduce parental controls, it's often the
case, but children are able to get around them, and disable them, and take them
off.
And so I think the point
about... it is perfectly possible, and, indeed, many, many manufacturers still
do make phones that don't have the Internet enabled on them and don't allow you
to download unlimited apps, and those have their uses. And, I think,
particularly when we consider the importance of parents being in touch with
their children on a journey to and from school, we think actually creating a
category in the market that supports that would be useful and sensible, and
something that... you know, between the market and the fact that children won't
be allowed to use smartphones in schools in any case, there may well be a case
for that.
So, I think that was really the
basis on which we were recommending it. My colleague Vicky Ford has done a lot
of work with some of the campaigners on this and was very involved in changes
to the Online Safety Act on some of these issues specifically. So she might be
a good person to talk to if you want more details on the children's phone
concept, but I think that was where it came from and I don't think anyone on
the committee thought it was a bad idea for that to be at least an option.
M. St-Louis :
It is very interesting. Thank
you.
La Présidente (Mme Dionne) : Il nous
reste deux minutes. D'autres interventions? Alors, merci infiniment,
M. Walker, pour votre contribution à ces travaux. Ça a été un réel plaisir
d'échanger avec vous.
Alors, pour nous, eh bien, la commission suspend
ses travaux jusqu'après les avis touchant les travaux des commissions. Sur ce,
je vous souhaite un excellent dîner et une excellente soirée à vous,
M. Walker.
(Suspension de la séance à 12 h 07)
(Reprise à 15 h 17)
La Présidente (Mme Dionne) : Bon
après-midi à tous et à toutes. Donc, la commission reprend ses travaux. Cet
après-midi, nous recevrons comme témoins l'Association québécoise du personnel
de direction d'écoles, le Regroupement des comités de parents autonomes du
Québec, la Fédération des syndicats de l'enseignement, la Fédération autonome
de l'enseignement et finalement la Fédération des établissements d'enseignement
privés.
Donc, je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de l'Association québécoise du personnel de direction d'écoles.
Donc, bonjour. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour nous
faire votre exposé. Par la suite, nous procéderons à une période d'échange, de
questions avec les membres de la commission. Donc, peut-être, d'entrée de jeu,
vous présenter et nous présenter vos commentaires par la suite. Alors, la
parole est à vous.
Association québécoise
du personnel de
direction des écoles (AQPDE)
M. Ouellet (Carl) : Merci. Bonjour.
Je suis Carl Ouellet, président de l'Association québécoise du personnel de direction des écoles, qui représente plus de
800 membres, directions, directions adjointes, gestionnaires administratifs d'établissements scolaires des
niveaux primaire, secondaire, formation professionnelle et de
l'éducation aux adultes. Je suis accompagné
d'André Bernier, vice-président de l'AQPDE et directeur à l'école du
Bourg-Royal-et-Châtelet au centre de services
scolaire des Premières-Seigneuries, ainsi que d'Édith Michaud, directrice à
l'école Lanouette au centre de services scolaire Kamouraska—Rivière-du-Loup.
Mme la Présidente, Mmes, MM. les députés membres
de la commission, depuis la COVID-19, le temps utilisé à consulter des
appareils numériques personnels a progressé comme jamais auparavant. Face à ce
constat, plusieurs universités et spécialistes de la santé à travers le monde
ont développé des outils pour documenter cette situation. Plusieurs de ces recherches sont présentement en cours afin
de valider les impacts directs chez le développement des enfants. Bien
que récentes, des recherches démontrent déjà des répercussions sur la santé
développementale, psychosociale et physique de nos jeunes. L'idée de tenir une
commission parlementaire sur le sujet pour y réfléchir comme société nous
apparaît fondée.
Comme directions d'établissements scolaires,
nous sommes aux premières loges de ces changements dans nos écoles. Nous ne
sommes pas spécialistes dans le domaine de la santé ou des chercheurs, mais
directement sur le terrain avec nos élèves. Nous sommes ici pour vous exposer
nos constats et les constats de nos équipes-écoles. De plus, en préparation à
cette commission, un sondage a été mené auprès des membres de l'AQPDE. Les
répondants ont pu émettre leurs préoccupations face aux impacts des temps
d'écran chez les élèves.
Pour débuter, il est important de mentionner
que, pendant la pandémie, des investissements massifs en informatique ont été
octroyés par le gouvernement pour soutenir nos écoles. Plusieurs initiatives de
centres de services scolaires et écoles ont été déployées pour que nos élèves
possèdent leurs outils numériques dès la troisième ou quatrième année du
primaire. Par conséquent, cela a eu effet d'augmenter le temps d'écran pour nos
élèves.
Toujours dans cette même période, plusieurs
parents se sont munis d'un ordinateur ou d'une tablette pour faire l'école à la
maison et pour permettre à leurs élèves d'être en contact avec leurs
enseignants. Cela peut paraître contradictoire, mais ça prouve que nous ne
pouvons plus vivre sans ces appareils.
• (15 h 20) •
Sur le plan pédagogique, l'école ne peut plus se
passer d'outils technologiques. C'est plutôt l'utilisation inappropriée et non
pédagogique des écrans dont il est question aujourd'hui. Voici des exemples
concrets de ce que nous vivons dans nos écoles.
Dans un premier temps, nous avons demandé aux
directions leurs principales préoccupations portant sur les impacts des écrans
et des réseaux sociaux sur le développement des jeunes. Avec une forte
majorité, les membres ont répondu que l'isolement et la socialisation étaient
des enjeux majeurs. En second lieu, le thème de la dépendance revient à
plusieurs reprises.
Sur le plan linguistique, les directions notent
que plusieurs écoles... plusieurs élèves débutent leur scolarisation avec de
grandes lacunes langagières. Les enfants de cinq ans arrivent avec des
habiletés langagières normalement observées chez un enfant de trois ans. À ce
stade, il est important de mentionner que les difficultés langagières rendront
l'apprentissage de la lecture plus compliqué pour ces élèves.
Dans certains centres de services scolaires, le
nombre de demandes en orthophonie a presque doublé dans les dernières années.
Est-ce entièrement la faute des écrans? Nous ne sommes pas en mesure d'y
répondre. Cependant, des recherches ont démontré que les enfants en bas âge
apprennent plus intensivement lorsqu'il y a des échanges directs avec leurs
parents et leur entourage.
Par ailleurs, il est également... été mentionné
dans le sondage que ces difficultés langagières pouvaient se traduire par des
difficultés comportementales. La gestion des émotions étant étroitement liée au
langage fait en sorte que plusieurs élèves sont incapables de les exprimer de
façon adéquate. Par le fait même, certains peuvent se désorganiser en classe,
et le personnel, comme les directions, doivent utiliser des mesures
contraignantes pour intervenir. Ce type d'intervention était très peu observé
il y a trois ou quatre ans.
Sur le plan cognitif et de la santé mentale, les
constats observés sur les fonctions exécutives des élèves, telles que la
capacité à retenir de l'information, l'attention, l'engagement à la tâche, la
planification et la persévérance, ont diminué autant chez les élèves du
primaire que ceux du secondaire. Les jeux vidéo chez les élèves en bas âge
peuvent jouer sur la perception du monde réel. Des parents d'élèves ont confié
à leur direction que, le soir ou la nuit, leur enfant pouvait oublier ses
besoins de base, comme dormir, manger, boire ou aller à la toilette, tellement
il était prisonnier de leur jeu vidéo. D'autres directions du primaire ont
mentionné que des jeunes filles de leur école étaient arrivées en classe avec
de la crème antiride car une influenceuse en exposait les bienfaits.
Sur le plan de la santé physique, plusieurs
recherches démontrent que les élèves sont moins actifs qu'auparavant. Les enseignants au préscolaire observent même que des
enfants rencontrent de plus en plus de défis avec le développement de
leur motricité fine comparé à avant. Le fait d'utiliser des écrans tactiles
plutôt que du matériel à manipuler, tels que des crayons, pourrait expliquer ce
retard. Les intervenants remarquent aussi que, dans les cours d'école et
pendant les pauses, les jeunes ne jouent plus s'ils ne sont pas pris en charge
par le personnel scolaire.
Dans le même ordre d'idées, les directions ont
noté des lacunes concernant les relations sociales entre les élèves. On estime
qu'ils ne savent plus entrer en relation, donc, une grande perte de capacité
des habiletés sociales. Ce phénomène est perceptible au primaire... au
préscolaire car la gestion des situations conflictuelles entre les élèves ne
fait qu'augmenter. Les enseignants et intervenants en préscolaire et au
primaire doivent donc concevoir des ateliers de prévention et enseigner les
comportements attendus aux élèves. Au secondaire, plusieurs écoles ont mis en
place des programmes de prévention de saines habitudes d'habiletés sociales.
Scientifiquement parlant, il est trop tôt pour
confirmer hors de tout doute que les performances scolaires de nos élèves sont
affectées à cause des écrans. Cependant, dans certaines situations, l'usage
excessif des écrans joue sur la réussite des élèves. Un élève qui passe la
majorité de son temps libre à jouer aux jeux vidéo, à visionner des films sur
son écran, à rester passif physiquement ou qui a tendance à s'isoler
socialement a plus de chances de compromettre sa réussite
qu'un élève qui est actif et pour qui le temps d'écran est encadré par ses
parents à la maison.
Lorsqu'on pose la question aux directions :
Devrions-nous interdire les cellulaires non seulement en classe, mais à l'école
également?, les membres de l'AQPDE sont divisés. Pour travailler en cohérence
avec cette position de nos membres, il nous apparaît nécessaire que cette
décision se prenne localement, dans chaque école, au conseil d'établissement.
Par ailleurs,
s'il y avait d'autres mesures à prendre pour limiter les temps d'écran à
l'école, 65 % des directions croient que les grandes orientations
devraient provenir du ministère de l'Éducation, question d'avoir les mêmes encadrements de base. 94 % sont d'avis que
c'est le rôle de l'école d'outiller les élèves à développer de saines
habitudes de consommation des temps d'écran et des contenus.
Dans les dernières années, il faut mentionner
que la majorité des écoles ont mis en place des programmes et des ressources
pour prévenir et pour gérer la cyberintimidation. La plupart des écoles ont
également pris l'initiative de sensibiliser les élèves et leurs parents aux
impacts potentiels d'une utilisation excessive des écrans.
À l'extérieur de l'école, presque la totalité
des directions pensent que c'est de la responsabilité des parents d'encadrer
l'utilisation des écrans et gérer les réseaux sociaux de leur enfant. Nous
pensons que le parent doit jouer le rôle principal et que l'école doit le supporter.
C'est pour cela que chaque école devrait, par le biais de communications
régulières, informer les parents et offrir de l'accompagnement au besoin.
Cependant, est-ce à la direction d'école de
prendre ce dossier en charge? À la lumière de ce qui a été dit, il nous apparaît que non. L'école et la direction
peuvent apporter du soutien car c'est notre rôle de faire réussir chaque
élève selon ses capacités et dans un
environnement sécuritaire. Le travail de mettre en place les... Le travail est
de mettre en place les outils pour y parvenir. À l'heure actuelle, le
manque de ressources, la gestion du personnel non légalement qualifié et
l'ajout de dossiers administratifs pèsent lourd sur les épaules des directions.
La mauvaise utilisation des appareils électroniques et tout ce qui en découle
ne devrait pas faire partie du quotidien des directions et leur équipe.
À propos du document reçu en vue de cette
commission, nous avons été surpris de constater que le sujet de l'intelligence
artificielle était très peu abordé. Dans les écoles et nos centres, l'arrivée
de l'IA apporte son lot de défis. Prenons comme exemple la tricherie par
décomposition des recherches faites par l'aide... par l'intelligence
artificielle. L'AQPDE demande qu'une place significative sur l'intelligence...
place significative sur l'utilisation et la gestion de l'IA soit prise en
compte dans les rapports et les suivis de cette commission. Pour nous, des
encadrements et balises devraient provenir du ministère de l'Éducation.
Finalement, l'AQPDE a demandé à ses membres
quels seraient les outils ou les leviers pour soutenir la gestion des écrans et
des réseaux sociaux chez les enfants. Nous vous faisons part de deux
éléments : un, que les parents soient davantage sensibilisés sur les effets
des temps d'écran et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des
enfants, et, deux, que, dans ce dossier, les directives proviennent du
ministère de l'Éducation, notamment sur l'intelligence artificielle.
Bien sûr,
l'AQPDE veut faire partie des discussions pour être en mesure de transmettre le
vécu terrain et travailler à la
recherche de solutions pour nos élèves. Merci de votre écoute. Nous sommes
maintenant prêts à échanger avec vous.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment pour cette présentation. Donc, nous allons débuter avec Mme la
députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. C'était très concret, je trouve, vos interventions. J'avais des
questions par rapport au bon usage. Selon vous, quel genre de recherche
pourrait venir appuyer un bon logiciel, un bon programme, une bonne plateforme
pour n'importe quel niveau scolaire, là, mais pour être utilisé en classe?
Est-ce qu'il y a un genre de recherche qui pourrait venir aider ou quel
serait... Par exemple, s'il y avait l'instauration d'un protocole pour
dire : Telle plateforme, c'est bénéfique, on le sait, c'est fondé, est-ce
que vous pensez que ça ferait du sens?
M. Bernier (André) : Moi, je vous
dirais que le type de recherche à mettre de l'avant, ce serait quelque chose
qui nous donnerait... qu'il y a une plus-value, au niveau pédagogique, de ce
logiciel-là. Le type de recherche, est-ce que ce serait quelque chose de
qualitatif ou de quantitatif? Là, ce serait plus les chercheurs qui pourraient répondre
à ce qui serait plus avantageux, mais de faire une recension de tout ce qui
existe et qu'on utilise devient, je pense, une tâche à peu près inaccessible
pour les chercheurs parce qu'il y a tellement de variété en termes de logiciels
ou d'applications utilisées que ça demeure un peu difficile. Mais par contre il
peut peut-être y avoir des choses qui sont ciblées comme étant des
incontournables, je vais le dire comme ça, et donnant une plus-value
pédagogique pour l'apprentissage et non pas des logiciels qui sont là
uniquement, là, pour une utilisation ludique.
Mme Bogemans : Parfait. Puis, selon
vous, comment on pourrait bien encadrer les intervenants à l'école concernant
l'utilisation des outils numériques?
M. Bernier (André) : De la formation.
Plus il va y avoir de la formation au niveau, là, du personnel... Dans certains
centres de services, il y a des... ce qu'on appelle, excusez l'anglicisme, là,
mais des lead technopédagogiques qui vont venir être un support auprès des
enseignants pour les conseiller sur les bons outils à utiliser, sur les
méthodes de travail à utiliser durant le temps, là, d'enseignement et qui vont
donner cette plus-value-là au niveau, là, du personnel enseignant et de
l'enseignement qui se fait.
Mme Bogemans : Parfait.
Vous vouliez intervenir?
Mme
Michaud (Édith) : ...nous, dans notre centre de services et dans la
plupart des centres de services, il y a une planification aussi du
numérique qui est faite dans le sens qu'en première année il y a des contenus
numériques qui sont travaillés par les enseignants. Il y a une gradation quand
on parle... de la première année au secondaire, dans le fond, pour que nos
élèves deviennent habiles avec la technologie, donc, dans les outils qui sont
utiles dans notre vie de tous les jours. Alors, quand on parle... Il faut que
ce soit vraiment pratique. Il y a déjà des planifications qui sont faites, là,
dans les centres de services.
• (15 h 30) •
Mme Bogemans : Donc, c'est plus au
niveau du développement des compétences des enseignants ou des intervenants
qu'au niveau de la formation sur un outil concret comme les outils peuvent
évoluer au fil du temps.
Une voix : Oui.
Mme Bogemans : O.K., parfait. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : M. le
député de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente... à vous trois d'être là. Vous parlez, donc, d'interdiction du
cellulaire à l'école... c'est-à-dire dans la classe. Ça a l'air d'être assez
consensuel, puis je... personne, à date, qui est venu ici ne nous a dit :
Non, arrêtez ça, là. Au contraire, ça semble être vraiment consensuel. Le débat
est plus : Est-ce qu'il faut interdire sur le territoire de l'école, et,
si oui, qui fait ça? L'école, le centre de services scolaire, le ministère?
Vous, vous dites : Si interdiction il y
a, il faut que ce soit une directive nationale, le ministère. Ça ne peut pas
être école par école.
M. Ouellet (Carl) : Ce qu'on dit,
c'est que la directive ou l'orientation devrait être nationale, mais la décision devrait se prendre dans les milieux.
Exemple, si la directive vient du ministère, que chaque école doit
déterminer comment il fonctionne... C'est ce qu'on veut savoir. C'est ce qu'on
fait présentement avec les autres règles de vie aussi, là. Quand on prend les règles de vie de l'école, c'est décidé à
l'échelle locale. On le sait déjà que c'est ça. Alors, nous, on continue
à dire : Des grandes... Oui, si c'est ça, la grande orientation, de
dire : On laisse aux écoles le choix ou non d'interdire le cellulaire dans
l'école, pas seulement dans la classe, on le sait. Donc, après ça, c'est à
chaque milieu de prendre cette décision-là.
On a des
parents au conseil d'établissement, on a des élèves, au secondaire, qui siègent
au conseil d'établissement, membres du personnel enseignant, de soutien
professionnel. Je pense que chaque milieu est différent. La loi, elle le dit,
le principe de subsidiarité... Nous, on y croit. Il faut prendre la décision le
plus près possible de l'élève, et, dans ce dossier-là aussi, on pense que c'est
important.
M. Leduc : Donc, si on débarquait
avec une interdiction mur à mur, à la grandeur de la province, applicable à partir
du ministère, on échapperait quelque chose, là. Qu'est-ce qu'on échapperait,
selon vous?
M. Ouellet (Carl) : Bien, ce n'est
pas qu'on échapperait quelque chose. Nous, que ce soit, encore une fois, du
mur-à-mur, on est contre. On le dit dans plusieurs dossiers, on aime mieux que
ce soit laissé aux gens du milieu, aux gens... les gens qui connaissent leur
milieu. Ça se peut que, dans certaines écoles, ils vivent telle, telle réalité.
On aime mieux que ce soit vraiment associé aux écoles, cette décision-là.
M. Leduc : Si c'était laissé aux
écoles, d'après vous, est-ce qu'on s'en va vers une tendance où de plus en plus
d'écoles vont l'interdire, ou si ça va être moitié-moitié, ou ça va être
minoritaire...
M. Ouellet
(Carl) : Aucune idée. On sait qu'il y a déjà... de nos
membres, il y en a qui commencent la démarche, qui vont l'interdire à l'école. C'est très variable. On n'a pas la
donnée exacte, là, mais on sait, là, que, parmi nos membres, déjà, il y
en a qui font la démarche, là, pour l'interdire au complet dans leur école,
avec les parents, avec les élèves.
M. Leduc : C'est ça. Lorsque c'est
fait, y a-tu de la résistance de certains parents? Comment vous gérez ça?
M. Ouellet (Carl) : On va le voir,
là, on est rendus... On commence les réflexions, donc ce n'est pas en
application à 100 % partout, en tout cas, dans les écoles que je connais,
là. Ça fait qu'on n'est pas en mesure, là, de répondre comme il faut, là.
M. Leduc : Peut-être une petite
dernière, Mme la Présidente. Vous dites : 43 % des membres de l'AQPDE
ont répondu à la consultation... jugent que, si le gouvernement devrait fixer
une majorité numérique, l'idéal serait de 14 ans. Intéressant. On a eu 16,
on a eu 18, 15. Là, vous dites 14 puis vous dites «si», «si le gouvernement»...
C'est que vous n'êtes pas certains que c'est une bonne idée?
M. Ouellet (Carl) : Encore une fois,
on n'a pas sondé là-dessus spécifiquement. On a lancé la question : Si le
gouvernement devait mettre une majorité numérique, quel serait l'âge idéal? On
fait le lien de 14 ans avec l'âge où on a le
consentement des parents ou non, au secondaire, sur certains dossiers. L'élève,
on peut... L'élève peut décider de ne pas faire intervenir le parent à partir
de 14 ans. Ça fait que je pense que c'est dans cette lignée-là.
M. Leduc : Sur quoi, par exemple?
M. Ouellet (Carl) : Tout ce qui est
dossier professionnel, dossier psychologique. L'élève de 14 ans et plus
peut demander que le parent ne soit pas au courant, dans nos écoles. Donc, on y
allait un petit peu, là, dans cette lignée-là en disant : Bien, le
14 ans est déjà là pour certaines choses, pourquoi ne pas le faire? Si on
avait à donner un âge pour la majorité numérique, pourquoi ne pas prendre le
même âge?
M. Leduc : Mais ça voudrait dire que
secondaires, quoi, III, IV, V seraient...
M. Ouellet (Carl) : II, III.
M. Leduc : II, III seraient libres
de choisir.
M. Ouellet (Carl) : Bien,
entendons-nous que la majorité numérique, c'est... le parent, avant ça, aurait
autorisé l'accessibilité à certains logiciels, à certains programmes, tout ce
qui est réseaux sociaux. Donc, avant 14 ans, c'est le parent qui prendrait
ça en charge. Comme je vous dis, on n'a pas fait l'analyse complète, mais
c'est...
M. Leduc : Très intéressant. Merci.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci. Je voudrais juste saluer les jeunes qui
sont accompagnés de la députée de Robert-Baldwin, qui sont en visite.
Alors, bonjour, bienvenue à la commission. Alors, on poursuit cette période de
questions avec M. le député de Marquette.
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous tous.
Très intéressant, votre mémoire. Certains éléments qui nous font... qui me
fait, moi, un peu sourciller, puis on l'a entendu, là, avec d'autres groupes
aussi, là, spécifiquement, sur les... Puis là je vous cite, là :
«Scientifiquement parlant, il est trop tôt pour confirmer hors de tout doute
que les performances scolaires de nos élèves sont affectées à cause des
écrans.» Puis ça, il y a plusieurs scientifiques qui sont venus nous dire que
tout ce qui est numérique est allé trop vite pour la recherche, puis pour avoir
des données, puis pour être capables de... Mais ce que j'entends... puis
corrigez-moi si j'ai tort, là, mais vous n'êtes pas contre les outils
pédagogiques à l'école.
M. Ouellet (Carl) : Du tout.
M. Ciccone : O.K. Quand on parle de temps d'écran... O.K., certains
groupes nous disent que, quand on parle de temps d'écran, que ce soient des
outils pédagogiques, que ce soient les réseaux sociaux, le soir, dans
l'autobus, que ce soient les jeux vidéo à la maison, il faut tout mettre ça
dans le même panier, O.K., parce que c'est du
temps d'écran. Certains nous disent : Bien, il faut séparer les outils
pédagogiques, parce que ça, c'est complètement différent. Je veux vous entendre là-dessus. Est-ce qu'on devrait... le temps
d'écran devrait être calculé avec tous les outils? Quand on parle d'un écran, là, quand le jeune se
met les yeux sur un écran, on devrait mettre ça tout dans le même
panier?
M. Bernier (André) : Bien, si vous
me le permettez, je... Il y a une grosse différence. Moi, ce que je vois dans
le temps d'écran, quand on parle que l'élève est actif devant un écran,
admettons, faire de la recherche, faire de la rédaction pour taper un document,
il y a quand même quelque chose, là, où il est actif, il fait travailler, je
vais dire, ses neurones, versus être passif à un jeu vidéo, être juste sur du
«chat», à... bon, ce qui n'est pas du tout la même chose que le travail, où il
va peut-être, même, collaborer en travail d'équipe, dans Google Classroom, ou
des choses comme ça. Donc, il y a... moi, je vois une différence, déjà là,
entre ces deux choses-là.
À savoir est-ce que tout doit être regroupé ou
divisé, je pense que ce serait les chercheurs, qui sont beaucoup mieux placés
que nous pour le faire. Puis, d'une classe à l'autre, l'utilisation qui va être
faite va être drastiquement différente en
termes de temps d'utilisation. Une classe peut faire 30 minutes dans sa
journée, alors que l'autre enseignante, qui est très numérique, qui a
tous ses contenus en numérique, va peut-être faire deux heures, trois heures
dans sa journée. Donc, c'est très variable, mais effectivement, ça a un impact
au global, oui. Mais là, de dire est-ce qu'on le calcule ensemble ou pas, je
laisserais les chercheurs se prononcer sur cet aspect-là.
M. Ciccone : Merci. Parce que plusieurs ont comme ligne de pensée :
si on ne le sait pas encore, il faut rester plus prudents, il faut faire très,
très attention.
Ceci dit, vous avez parlé de la socialisation,
puis on le voit que c'est un problème, là. Puis plusieurs ont des enfants ici,
puis on le voit, là, de nos yeux vu. Cependant, vous dites que certaines écoles
ont des ateliers de prévention... et enseigner le comportement attendu aux
élèves. Ils mettent en place des programmes de prévention ou de sensibilisation
d'habiletés sociales. Ça fait que, là, on est obligés de mettre des programmes
pour aider les enfants à socialiser puis...
Mais vous, votre groupe, quand vous voyez qu'il y a... On est obligés de mettre
ces programmes-là, puis dans d'autres
écoles — vous
voyez où je m'en viens, là, vous allez voir — on met des programmes de jeux vidéo, de «e-sports», qui vont accentuer le nombre d'heures et de
temps passés sur des écrans, et c'est une problématique, puis les experts
le disent, ce n'est pas le député de Marquette, là, où ça va créer de la
dépendance. Comment vous réagissez à ça, vous?
Mme
Michaud (Édith) : C'est certain que... C'est dur de comprendre
comment les enfants, dans ces milieux-là, vont... Je ne sais pas comment, au niveau social, ces enfants-là vivent,
mais je sais que moi, dans les... dans nos milieux, lorsqu'on parle de difficultés au niveau social,
c'est certain qu'on doit agir en prévention énormément, ce qu'on n'avait
pas à agir il y a quatre ou cinq ans. Donc, c'est certain que, depuis les
dernières années, lorsqu'on parle d'enseigner les
comportements qui sont attendus pour les petits de préscolaire, parfois, c'est
un deux, trois mois où on doit intensifier nos actions, ce qu'on ne
faisait pas avant, là. Donc, on a vraiment des programmes, vraiment,
d'intensification de comportement pour les petits.
• (15 h 40) •
M. Ciccone : Dernière question. Je veux vous entendre sur un dossier qui
m'est cher, là, la cyberintimidation et l'intimidation. À l'époque — je
regarde messieurs, on est pas mal de la même génération — quand
il y avait de l'intimidation, ça se faisait beaucoup face à face, hein, puis
on... ça se passait dans la cour d'école, puis il y avait des adultes qui
étaient là puis qui étaient capables, des fois, d'arrêter... puis travailler en
amont, puis d'arrêter, justement, avant que ça aille trop loin. Là,
aujourd'hui, ça se passe beaucoup sur les réseaux sociaux, et souvent, des
fois, quand on va voir que des jeunes vont
se colletailler ou ça va aller trop loin... mais c'est le résultat de ce qui
s'est passé avant.
Quels éléments vous mettez en place pour,
justement, éviter ou... peut-être même de s'assurer que ce genre de chose là
arrête, à part juste la sensibilisation, là?
M. Bernier (André) : Effectivement,
il faut aller plus loin qu'une sensibilisation. Il faut faire de l'éducation.
Il faut... je ne veux pas prendre un terme anglais, mais c'est lui qui va
sortir quand même, il faut coacher les parents aussi par rapport à ça. On met
beaucoup de choses en place pour les supporter, des ateliers que... bon, là, je
vais aller en sens contraire, mais des
ateliers numériques, qu'on rend disponibles aux parents pour faciliter l'accès,
où ils peuvent aller voir de la documentation pour se familiariser,
quels types d'intervention ils peuvent faire. On les met en contact avec des
gens qui peuvent les aider aussi, parce qu'il y a une forme de... il y a une
deuxième vie qui se crée, là, pour certains élèves, où ils vivent par le
numérique, et, justement, la cyberintimidation arrive dans cette portion-là, souvent, qui est la portion numérique. Donc, il
faut accompagner les parents, puis, par la suite, il faut aussi
accompagner les élèves, autant la personne qui subit que la personne qui le
fait.
On a beaucoup d'enfants qui ne réalisent pas la
portée de leurs propos quand ils sont en... je dis «des enfants», mais on
a des adultes aussi... ne réalisent pas la portée de leurs propos une fois
qu'ils sont en arrière d'un écran et d'un clavier. C'est comme si tout était
permis. Donc, il y a beaucoup d'éducation à faire par rapport à ça, effectivement, pour prévenir toutes ces choses-là.
La difficulté est aussi de faire affaire, des fois, avec des élèves qui
ne sont même pas de notre école, puis qu'il
y a une relation avec quelqu'un de notre école, et qu'on doit gérer, même si
ça s'est passé à l'extérieur. Ça, ça devient
très complexe dans notre rôle de direction d'école, là, des situations comme
ça.
M. Ciccone : Merci beaucoup.
M. Ouellet (Carl) : Peut-être, en
complément, il y a de plus en plus d'organismes aussi qui aident les écoles, policiers-éducateurs dans les écoles secondaires.
Donc, on fait appel aussi aux ressources externes. Comme M. Bernier
vient de dire, souvent... à certaines
occasions, c'est des élèves qui viennent... qui ne proviennent même pas de la
même école, donc il faut trouver un lien. On va chercher de l'aide à l'externe,
là, pour se faire soutenir, comme direction, comme équipe aussi, là, dans cette
gestion-là. C'est important pour nous, puis on est très heureux, là, justement,
d'avoir ces gens-là avec nous, là.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Tout à l'heure, vous avez indiqué que, sur le cellulaire à l'école,
c'est partagé. C'est ce que vous avez indiqué. Qu'est-ce que vous avez comme
information sur vos membres qui sont contre le retrait total? Qu'est-ce qu'ils
vous disent? Quelles sont les principales raisons?
M. Ouellet (Carl) : Je vous dirais
que... C'est sûr que la gestion entre en ligne de compte, comment on va gérer
ça dans nos écoles. Je prends une polyvalente de 3 000 élèves. Ce serait
si simple d'installer 3 000 casiers à l'entrée, puis les jeunes laissent
leurs cellulaires là, mais ce ne sera pas possible. C'est impossible.
Physiquement parlant, je pense que ce serait impossible à faire. Les jeunes...
On le voit, oui, les cellulaires dans les classes ne sont plus autorisés, mais
il y a encore des jeunes... je vous l'annonce, là, je ne sais pas, là, mais il
y a encore des jeunes qui arrivent avec leur cellulaire en classe. Alors, il y
a une partie de gestion aussi, qui revient, principalement... Nous, on est plus
en mode éducation. Apprenons à nos jeunes comment s'en servir, comment... à
bien s'en servir. Si tu veux appeler ton parent ou si tu veux parler à ton ami,
attends le midi, va... attends à l'extérieur, fais ça dans d'autres moments.
Nous, on est vraiment en mode sensibilisation et éducation, là, pour nos
jeunes.
M. Bérubé : Donc, vos membres ne
sont pas nécessairement contre. C'est la gestion de ça, comment on fait en
sorte de le gérer. Je me suis rendu dans une école de ma circonscription, puis,
pour le téléphone en classe, en tout cas, des enseignants
m'ont dit qu'eux l'acceptaient parce que, dans d'autres, ils ne l'acceptaient
pas... On s'évite du trouble. Autrement dit, c'est dur à gérer. On va se faire
détester à cause de ça. On va avoir à gérer des parents qui considèrent que leur enfant a besoin, plus qu'un
autre, d'avoir son téléphone s'il arrivait quelque chose d'exceptionnel,
où aucune ressource, dans l'école, ne pourrait intervenir, autre que le parent.
Tu sais, moi, à l'époque, là, il y avait garde
Sainte-Marie, là, puis elle réglait pas mal tout. Tu sais, à la réception, là,
elle t'appelait, puis, si tu avais un bobo, ou quoi que ce soit, tu avais de la
peine, tu allais là, c'était réglé. Mais là, maintenant, ce n'est plus ça. Mais
c'est pour ça que les raisons sont importantes, parce que, dans le chiffre,
mettons, 40 %... vous avez peut-être évoqué un chiffre tout à l'heure,
mais, si c'est 40 %, c'est parce qu'ils reconnaissent que c'est négatif.
Mais c'est dur à gérer. Nous, on peut se questionner sur comment on le gère.
Évidemment, il y a différentes façons. Un
conseil des ministres, c'est plus facile de prendre un téléphone puis de le
mettre dans une pochette où on n'a pas accès. Une école complète, c'est autre
chose. On n'est pas pour mettre un brouillard d'ondes non plus, parce qu'il y a
des gens qui en ont besoin. Alors, ça fait partie aussi des réflexions qu'on va
avoir. Qu'est-ce qu'est ce qu'on fait avec ça? Comment ça devient un objet qui
n'est pas encouragé? Je vais le dire comme ça, ce n'est pas encouragé.
M. Ouellet (Carl) : Nous, on revient
à la même chose, on pense que c'est à chaque école de gérer ça. Si les écoles
prennent comme décision...
M. Bérubé : Ils pensent qu'ils
peuvent le faire, oui.
M. Ouellet (Carl) : C'est parce
qu'ils peuvent le faire. Et il y a des différences entre une école secondaire
de 400, 500 élèves et une école de
3 000 élèves. Peut-être que c'est plus facile... ce dossier-là est
peut-être plus facile à gérer dans ce type d'école là. Je lance ça comme ça,
là, mais c'est plus comme ça qu'on le voit, là.
M. Bérubé : C'est très complexe.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Pour
faire du pouce sur mon collègue, l'INSPQ a été vraiment clair ce matin.
L'objectif, c'est vraiment de retarder l'usage, d'en limiter l'usage, de
réduire l'usage et de réduire aussi les impacts. Dans une optique où on laisse
le libre choix aux écoles, est-ce que vous pensez qu'on aura l'adhésion? Puis
est-ce que vous pensez que ces objectifs-là pourraient être remplis, sachant ce
que vous savez des problématiques qu'on vit présentement avec le temps d'écran
et les impacts que ça a chez nos jeunes?
M. Ouellet (Carl) : Je ne suis pas
sûr de saisir, là, la question. Est-ce que c'est possible, là, de...
La Présidente (Mme Dionne) : C'est-à-dire
que, bon, on parle de réglementation nationale, là. Bon, on entend aussi qu'il
y a des... une prise de décision qui peut... qui pourrait être faite dans les
écoles elles-mêmes. Mais moi, je veux juste vous dire, tu sais, l'INSPQ est
très clair, là, sur les objectifs, là, pour, justement, la santé et le
bien-être de nos enfants, tu sais, de réduire le temps d'écran, d'en réduire
les impacts.
Donc, dans un souci de réduire le temps d'écran
et, justement, d'en réduire les impacts, est-ce que vous pensez que... si on ne
légifère pas au niveau national, mais qu'on laisse les écoles se doter d'un
plan, est-ce que vous pensez qu'on pourrait avoir... que ça pourrait être possible?
Mme
Michaud (Édith) : ...c'est certain qu'on va avoir besoin d'aide. Si
on fait du mur-à-mur, là, c'est sûr qu'on va besoin d'aide parce que notre mission première, en tant que direction
d'école, c'est d'être des leaders pédagogiques, et non, tu sais, je veux
dire, des polices de cellulaires, là. Donc, c'est certain qu'on va avoir besoin
d'aide pour la gestion...
La Présidente (Mme Dionne) : Ça
m'amenait justement, à une question, peut-être, d'application. Est-ce que ça
pourrait être, peut-être, la responsabilité des parents, éventuelle, de dire à
leurs enfants de laisser le cellulaire à la maison? Bref, on a... on se pose
des questions.
M. Bernier (André) : Ça devrait déjà
l'être.
Mme Michaud (Édith) : Exact.
La Présidente (Mme Dionne) : Je
passe maintenant la parole à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui, bonjour. Alors,
moi, je veux revenir sur votre document, bon, à la page... ici, alors, où vous
dites... Bon, bien là, je suis d'accord avec vous pour la mission de l'école,
que je connais bien. Ensuite, vous dites, bon : Nous, nous pensons que le
parent doit jouer son rôle puis supporter l'école. Ça, ça me va aussi. C'est
quand vous arrivez à la fin, puis je veux bien vous comprendre, quand vous dites,
à la fin de ce paragraphe-là : «Bref, la mauvaise utilisation des
appareils électroniques, et tout ce qui en découle — ça fait que votre
phrase est très, très, très large — ne devrait pas faire partie
du quotidien des directions et du personnel.»
Ce n'est pas difficile, ça, cette phrase-là?
Moi, je pense... parce qu'il y a tellement de choses qui se passent là. Ça a
été nommé par les collègues, là, tu sais, il y a de la cyberintimidation, donc,
tout ce qui se passe en ligne, les enseignants qui sont
filmés à leur insu, peu importe. Donc, je veux essayer de voir quel est votre
esprit derrière cette phrase-là, parce que moi, je pense que c'est
indissociable, là, de votre rôle maintenant, en 2024. Ça fait que je veux juste
bien comprendre. Peut-être que je ne saisis pas bien.
M. Ouellet (Carl) : Ce qu'on vient
dire, dans le fond, c'est que... On a demandé à nos directions combien de temps
par semaine ils pouvaient mettre à faire de la gestion de mauvais contenus ou
d'appareils. On parle entre deux et cinq
heures par semaine. C'est pas mal généralisé dans... surtout au secondaire, là,
je parle moins des écoles primaires.
Donc, ce qu'on disait, par cette phrase-là,
c'est qu'avec toutes les autres difficultés qu'on a présentement, dans nos
écoles, de pénurie de main-d'oeuvre, de lourdeur administrative, de gestion du
personnel non légalement qualifié, c'est un deux à cinq heures qu'on pourrait
être plus en leaders pédagogiques, en soutien à nos personnels, qu'en gestion.
Bien souvent, cette gestion-là provient... comme M. Bernier disait, elle
provient de l'extérieur. C'est des choses qui se passent à l'extérieur de
l'école, qu'on doit gérer. Donc, c'est plus en ce sens-là qu'on l'a écrit.
Mme Tremblay : Qu'est-ce qu'on peut
faire pour diminuer ce temps de gestion là qui est si grand? Est-ce que ça passe par la prévention, des balises comme
l'interdiction de cellulaires en classe ou... là, plus largement, on a
évoqué, aussi, dans toute l'école? Donc,
pour vous, là, la solution numéro un, elle serait quoi, la première qu'on
devrait prendre?
• (15 h 50) •
M. Ouellet
(Carl) : Moi, je pense, la première, c'est de... auprès des
parents pour qu'il y ait plus de promotion, de sensibilisation, outiller
nos parents. C'est eux qui ont le rôle majeur, là, dans ce dossier-là, pour
nous, en tout cas, pour la gestion des
écrans. Ensuite, soutenir nos élèves. Nous, comme école aussi, on a besoin
d'avoir des programmes, on a besoin d'avoir des outils pour que nos
enseignants, nos personnels de soutien professionnel supportent nos écoles,
aident nos élèves à savoir comment se servir d'appareils, comment s'en servir à
bon escient. C'est ça qu'on veut, dans le fond, là. On ne veut pas bannir les
cellulaires. Ce qu'on veut, c'est qu'ils s'en servent de façon responsable et
adéquate, que ça serve quelque chose, au bout de la ligne, là.
Mme Tremblay : Oui. J'ai d'autres
questions parce que... Je reviens à ça parce que je fais une référence avec ce
que vous avez dit tantôt : Nous, on a une gradation, là... je n'ai pas la
parole... tu sais, dès le jeune âge, on a un programme de mis en place. Donc,
j'aimerais ça vous entendre dire... parce qu'on dit de plus en plus aussi... de
dire : Bien, il faut vraiment, quand on
utilise des technologies, qu'il y ait une plus-value. Donc, quand vous parliez,
tantôt, de gradation, vous, est-ce que ça... est-ce qu'il y a de la prévention,
là-dedans, de l'utilisation, ou c'est vraiment comme outils technologiques, à
chaque année, que vous ajoutez une couche?
Mme Michaud (Édith) : ...les outils
technologiques. On ne va pas dans les outils sociaux, là, dans le numérique,
là...
Mme Tremblay : Mais est-ce que vous
vous sentez interpelés par le fait, maintenant, qu'on dit de plus en plus, dans les études, que vraiment, là, il faut
qu'il y ait vraiment une valeur ajoutée quand on utilise, vraiment,
quelque chose... qu'on ne pourrait pas faire
autrement. C'est presque ça que les experts sont venus nous dire, là, qu'on ne
pourrait pas faire autrement en classe.
Donc, il faut vraiment que ça ajoute quelque chose qu'on ne pourrait pas faire.
C'est ce que les... certains semblent
dire, là, aller dans cette direction-là. Est-ce que vous avez cette
réflexion-là à l'heure actuelle?
M. Bernier (André) : Quand on parle
de planification, au niveau du numérique, on parle de planification des
compétences numériques, un développement de compétences. Donc, ça va être au
niveau d'un comportement éthique dans l'utilisation du numérique, s'en servir à
bon escient, qu'est-ce que j'ai de besoin, justement, comme outils technologiques, pour ajouter cette plus-value là.
Il y a tout le processus, le SAMR, là, où on va aller voir, là... où il y
en a que ça va être juste... on va refaire la même chose, à la place d'un
crayon, on va avoir un clavier. On n'a aucun avantage à faire ça puis on va
aller jusqu'à la création. Là, on va aller plus loin. Là, on a une plus-value.
Bien, tout ça fait partie de la planification
numérique, qu'on commence dès le jeune âge, là, souvent à partir de la
maternelle, où on va voir de très petites choses, mais on va commencer à
conscientiser l'enfant. Puis il y a un développement qui se fait jusqu'au
secondaire, Puis ces planifications-là existent quand même depuis plusieurs
années. Par contre, elles sont à revoir parce que le numérique avance tellement
rapidement que les planifications existantes, là, ne sont plus... souvent, plus
à jour, là, versus les outils qui existent maintenant.
Mme Tremblay : Vous avez dit «SAMR».
Est-ce que j'ai bien entendu?
M. Bernier (André) : Oui.
Mme
Tremblay : J'ai une dernière question. Ça concerne
l'intelligence, donc, artificielle. Donc, vous dites qu'on... Bon, on ne
l'aborde pas en profondeur ici, dans la commission, mais quels sont vos enjeux?
C'est quoi, vos... à l'heure actuelle, là, vous voyez dans les écoles, là,
primaires, secondaires, au niveau de l'intelligence artificielle?
M. Ouellet
(Carl) : Ça va très vite. Je vais vous dire, pour nous, ça va très
vite. On en entendait plus parler au niveau universitaire, collégial, hein,
dans les dernières années, mais au secondaire, je vous dirais que... tout ce
qui est tricherie, tout ce qui est
déformation de propos. Les jeunes sont capables d'enregistrer les propos d'un
enseignant, avec la voix, ils sont capables de lui faire
dire à peu près n'importe quoi. Donc, ça, c'est venu très vite et ce qu'on
demande, c'est, premièrement, d'avoir de l'information. On est peu informés,
dans les écoles, sur l'intelligence artificielle. Certains centres de
services... Nous, comme association, nous le faisons pour nos membres. C'est
fait à l'échelle locale. Moi, je pense que le gouvernement a comme une
responsabilité là-dedans, le ministère de l'Éducation a une responsabilité,
justement, d'offrir... de former les gens, le personnel scolaire, d'informer,
pour commencer, et de former. On s'attend à ça.
Et on a été, comme on
l'a dit dans notre mémoire, là, un peu déçus de voir que, dans le document, on
en faisait peu mention, de tout le volet intelligence artificielle. Et pour
nous, là, ça va être pire avec les années. Les jeunes savent de plus en plus comment s'en servir, et nous, on a un peu
de retard, on est moins vite qu'eux autres là-dessus. Donc, on veut être
supportés là-dedans.
Mme
Tremblay : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Je passe maintenant la parole à Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci,
Mme la Présidente. Merci à vous d'être présents avec nous aujourd'hui. Sur les
programmes que vous mettez en place, donc, vous dites, donc... la gestion des
situations conflictuelles, donc, qui doit se
faire, vous concevez des ateliers de prévention, vous mettez en place des
programmes de prévention et de sensibilisation, d'habiletés sociales. C'est une à cinq heures de temps par semaine pour gérer
les situations de cyberintimidation. Est-ce que vous diriez que
l'omniprésence des écrans contribue à la lourdeur de la tâche des
professionnels de l'éducation?
M. Bernier
(André) : Je dirais que la présence et l'utilisation non adéquate
entraînent une lourdeur. Si on avait uniquement une utilisation adéquate,
pédagogique, avec une plus-value, on ne serait pas dans cette situation-là.
Enlevons les Facebook, les TikTok, les... bon, on aurait beaucoup moins de...
Ce n'est pas Word ou Google Docs, là, qui va entraîner, là, des problématiques
de comportement. C'est réellement tout ce qui se passe en termes de médias
sociaux, d'environnements non structurés, où tout peut se passer. Ils peuvent
voir des tonnes de choses qu'ils ne devraient pas voir. C'est beaucoup plus ça
qui a un impact sur le rôle et le travail des professionnels que le fait
d'utiliser Google Classroom ou telle autre chose, où il n'y a à peu près rien,
là, de néfaste qui va se passer, là, sur ces plateformes-là. C'est là, je
pense, la grosse différence, là.
Mme Cadet : Puis
bien, justement, vous venez de le mentionner, donc, pour vous, donc, il y a une
utilisation adéquate des écrans. Donc, celle qui est à des fins pédagogiques,
donc, peut l'être, celle qui est à des fins, donc, récréatives, qui se passe de
façon périphérique, à l'école, mais qui s'insère, donc, dans vos milieux de
travail... Donc, celle-ci, vous marquez la
ligne là. Donc, c'est clair, donc, que vous êtes pour l'utilisation des
technologies pédagogiques.
Un autre groupe est
venu nous dire que, pour eux, c'est important que l'école, donc, ne fabrique
pas des analphabètes numériques. Est-ce que vous partagez cet avis?
M. Ouellet
(Carl) : ...montrer à nos jeunes comment s'en servir. C'est un outil.
Ils vont travailler avec ça, hein? Nos futures générations vont travailler, la
plupart, avec des outils technologiques, donc c'est important de les éduquer,
de les sensibiliser et de développer cette compétence-là aussi. C'est très
important, au primaire ou au secondaire aussi, là.
M. Bernier
(André) : Je compléterais... Ça fait partie des compétences du
XXIe siècle. On les forme à des métiers qui n'existent pas encore à ce
jour, donc on ne peut pas passer à côté de ça. On parlait de l'intelligence
artificielle. C'est la même chose. Si on ne les éduque pas, on va créer des
analphabètes numériques, qui ne seront pas capables
d'utiliser ces technologies-là dans l'avenir. Puis ils vont en avoir besoin,
assurément, comme M. Ouellet disait.
Mme Cadet : Dernière
question. Sur le plan linguistique, donc, vous dites que les... vous observez
que les acquis langagiers des élèves sont moins importants qu'il y a quelques
années puis qu'il y a plus de disparité entre les milieux défavorisés et les
milieux non défavorisés. Je comprends que c'est, pour le moment, donc,
anecdotique ou pas... peu documenté. J'aimerais donc vous entendre sur ce
point-là, sur les acquis langagiers en particulier, parce qu'on a plus entendu
les experts nous parler des défis au niveau comportemental.
Mme Michaud
(Édith) : C'était une expérience personnelle, parce qu'auparavant
j'étais directrice dans une école où l'indice de défavorisation était de 10, et
maintenant, après-COVID, je suis maintenant directrice dans une école où
l'indice de défavorisation est de 2. Puis j'ai... au niveau du langage de mes
élèves, au niveau préscolaire, j'observe vraiment une augmentation du nombre
d'élèves qui ont des troubles langagiers et qui ont de la difficulté à s'exprimer pour des demandes simples, là, qui font
des phrases de deux, trois mots, qu'on a de la difficulté à comprendre
lorsqu'ils s'expriment. Puis, par la suite, c'est là qu'on voit qu'il y a
des... ils ont des difficultés au niveau de toute la gestion des émotions, les
conflits dans la cour de récréation. Donc, c'est pour ça, là, qu'on doit mettre
en...
Mme Cadet : ...avec
les écrans, indépendamment de s'ils viennent de... proviennent de CPE ou pas,
là, avant d'arriver au préscolaire.
Mme Michaud
(Édith) : Bien, ça pourrait, là. C'est sûr qu'on ne peut pas... on ne
sait pas ce qui s'est passé dans les maisons à ce moment-là, est-ce qu'ils ont
été en contact avec les écrans. Mais on peut supposer, peut-être, que ça a un
impact, là.
La Présidente (Mme Dionne) : M. le
député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : J'aimerais revenir,
Mme la Présidente, sur la question de l'intelligence artificielle. Vous avez
fait état de votre surprise à l'effet que c'est plus ou moins abordé dans le
cadre de nos travaux, de cette commission-ci. Ceci dit, on est très conscients
que la question de l'intelligence artificielle va à vitesse grand V, est déjà
bien implantée. Et on voit le développement des nouvelles générations de
téléphones intelligents, où cette capacité-là est présente. Donc, ce n'est
plus, là, aller... ce n'est plus un complément, ce n'est plus un ajout. C'est
partie prenante, hein, intégrante de la chose.
À partir du moment où on... Et ce que je
comprends de votre position, c'est que vous êtes favorables à l'usage, en
termes pédagogiques, des technologies numériques. Est-ce que vous croyez qu'on
peut faire des gains là qui seront favorables pour nos jeunes? Nonobstant le
fait que, quelque part, oui, ça facilite, oui, ça amène une vitesse aussi en
termes de data, hein, de possibilité de mettre des datas, voyez-vous, dans
cette avenue-là, des gains, ou vous êtes
plutôt du côté... comment vous dire, là... vous craignez la place de
l'intelligence artificielle dans la vie de nos jeunes puis, de plus en
plus rapidement, dans nos écoles?
• (16 heures) •
M. Ouellet (Carl) : Non. Encore une
fois, on ne craint pas, on veut sensibiliser, on veut former. C'est ce qu'on
veut pour nos jeunes. On ne peut pas... vous l'avez bien dit, là, on ne peut
pas l'ignorer, là, on ne peut pas passer à
côté de ça. Comme école, comme institution, on doit éduquer ces jeunes à
l'intelligence artificielle. C'est pour ça, justement, qu'on en a fait
mention, là, dans notre mémoire, qu'on trouvait que ça n'avait pas été assez
abordé, mais on va vivre avec ça. On l'a dit précédemment, on va vivre avec ça.
Si ça a une plus-value, il faut justement aller de l'avant, il faut le
démontrer, il faut le montrer à nos élèves, comment ça fonctionne. On ne peut
pas s'arrêter à ça, là, sinon on va se faire engloutir par l'intelligence.
La Présidente (Mme Dionne) : En
30 secondes, M. le député.
M. Sainte-Croix : Vous êtes
conscients que, tu sais, c'est comme tout nouveau, malgré, là, la récente évolution, mais c'est comme tout nouveau dans le
portrait du numérique. Est-ce que vous jugez qu'on a suffisamment de recul et de compétences, au niveau de
l'intelligence artificielle, pour commencer dès à présent à faire un usage
intelligent et pédagogique de ça? Voyez-vous
déjà des outils qui en tiennent compte dans votre... dans vos réalités, là, de
pédagogue?
La Présidente (Mme Dionne) : Je vais
devoir vous faire répondre par oui et non. Le temps est écoulé.
M. Bernier (André) : Oui.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment pour votre contribution à nos travaux.
Donc, je suspends les travaux quelques instants
pour accueillir nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 16 h 02)
(Reprise à 16 h 06)
La
Présidente (Mme Dionne) :
...reprend maintenant ses travaux. Donc, je souhaite maintenant la
bienvenue aux représentants du Regroupement des comités de parents autonomes du
Québec. Alors, bonjour et bienvenue à cette commission.
Donc, je vous rappelle que vous disposez d'un
temps de 10 minutes pour nous faire part de votre exposé. Et, suite à cela, nous procéderons à une période
d'échange avec les membres de la commission. Donc, la parole est à vous.
Regroupement des
comités de parents
autonomes du Québec (RCPAQ)
M. Martel (Sylvain) : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour aux membres de la commission. Je vous remercie de
l'invitation. Je suis Sylvain Martel, conseiller stratégique pour le
Regroupement des comités de parents autonomes du Québec. Je suis un parent
engagé depuis une douzaine d'années dans la gouvernance scolaire et je suis
accompagné de Marie Pier Bessette, qui est conseillère au développement
organisationnel chez nous, mais aussi présidente
du comité de parents du centre de services des Chênes, et de
François Paquet qui est conseiller à l'engagement parental, et qui
a une très longue expérience d'engagement parental dans le milieu scolaire, et
qui forme chez nous toute une nouvelle génération de parents engagés.
Comme on représente
les parents francophones et anglophones d'environ 200 000 élèves
québécois, on a limité la portée de notre
mémoire au milieu scolaire. D'abord, ce qu'on voudrait dire, c'est que le
groupe le plus important que cette commission aura
à entendre et surtout à écouter, ce sont nos enfants. L'usage des technologies
chez nos enfants, leurs référents, leurs
repères, les modèles sont parfois difficilement saisissables pour les parents,
mais c'est leur monde qu'on veut comprendre et baliser. On vous demande
de garder un esprit ouvert et d'imaginer, autant qu'on puisse le faire, la
présence et l'impact des technologies numériques dans leur vie d'adulte dans
10, 20, 30 ans.
Quand on a demandé
aux parents où se situait la responsabilité d'une éducation numérique entre les
parents et l'école, la grande majorité nous ont mentionné qu'il s'agissait
d'une responsabilité partagée, avec une certaine propension vers la
responsabilité familiale. Pratiquement personne ne considérait que c'était une
responsabilité exclusive de l'école. Les
parents souhaitent une collaboration avec les équipes-écoles afin de bien
outiller leurs enfants et de les rendre autonomes dans leur vie
numérique, mais il faut les aider aussi, les parents, puisqu'eux-mêmes ont des
enjeux à gérer de façon saine leurs habitudes numériques.
Un des moyens qu'on
suggère, c'est d'assurer l'exemplarité de l'État en termes de vie numérique
saine dans les milieux scolaires. Pour y arriver, il faut préalablement définir
les usages acceptables des technologies numériques à l'école et clairement préciser le vocabulaire utilisé afin d'être plus
précis que simplement les écrans ou les médias sociaux pour définir tous
les outils, tous les usages, tous les contenus, tous les contextes, sans aucune
distinction ou nuance.
On vous recommande
aussi de mettre beaucoup de poids sur la capacité réelle de mise en oeuvre des
moyens que vous proposerez. Il semble y avoir un consensus pour des mesures et
des actions, mais si elles ne sont pas applicables sur le terrain, vos
éventuelles propositions et conclusions resteront inutiles.
• (16 h 10) •
Mme Bessette
(Marie Pier) : Comme parents, nous connaissons et observons de façon
quotidienne à quel point les technologies numériques influencent nos enfants.
Nous sommes bien placés pour illustrer certaines problématiques bien concrètes
et précises. La problématique la plus fréquemment soulevée par les parents sont
les outils numériques utilisés comme gardiens de nos enfants ou encore offerts
à titre de récompense. Il est important d'être sensibilisé aux conséquences de
ces pratiques sur nos enfants qui sont malheureusement devenues banales et trop
courantes dans nos écoles.
En accoutumant un enfant
à recevoir du contenu numérique comme une récompense ou une solution pour qu'il
reste calme, nous risquons qu'il développe des habitudes qui vont affecter son
développement émotionnel, social et cognitif. Nous croyons donc qu'il serait
bon de faire une compensation, de façon systématique, du temps d'utilisation
des outils numériques par les élèves à l'école, par exemple, par des activités
de socialisation ou des activités physiques, pour mieux balancer l'exposition
aux technologies numériques en milieu scolaire. Même si des encadrements
apparaissent nécessaires, le RCPAQ veut souligner sa confiance envers la
créativité et l'expertise du personnel scolaire et des services de garde pour
proposer des alternatives sans l'implication d'un outil numérique.
Le temps
d'utilisation des technologies numériques à l'école s'additionne à celui de à
la maison. Afin que les parents puissent faire des choix éclairés, informés et
précis dans leur gestion numérique familiale, un rapport sur l'utilisation des
outils numériques par les élèves devrait être systématiquement envoyé aux
parents. Seulement 4 % des parents se
considèrent adéquatement informés sur l'utilisation des technologies numériques
à l'école, et, lorsqu'ils obtiennent de l'information, 70 % des
parents la reçoivent de leur propre enfant. Nous avons clairement besoin d'une collaboration plus serrée entre
l'école et les parents et donc d'un partage d'informations
périodiquement détaillées.
Nous avons vu votre
intérêt pour la question des cellulaires à l'école lors de témoignages
précédents. Sachez que nous considérons qu'il s'agit d'un seul morceau d'un
très grand casse-tête qu'est la vie numérique en contexte scolaire. La
directive ministérielle actuelle nous satisfait parce qu'elle permet au milieu
d'aller plus loin si le besoin ou la volonté
se manifeste. D'ailleurs, le succès du plan de rattrapage du début de l'année
est une excellente démonstration de l'efficacité de donner aux instances
locales la latitude d'adapter la mise en oeuvre des grandes orientations à leur
propre réalité et de prendre des décisions adaptées aux situations de leur
milieu.
Les
centres de services scolaires et commissions scolaires ont déjà des comités de
parents et les écoles ont déjà leur
commission... leur conseil d'établissement où siègent des parents élus pour
travailler avec les équipes-écoles et prendre des décisions, des moyens locaux en collaboration avec les parents. Nous
n'en avons... nous n'avons qu'à nous en servir.
M. Paquet
(François) : Les conseils d'établissement ont déjà les mandats
d'approuver les activités éducatives, d'organiser les activités parascolaires,
d'approuver les codes de vie. Ils sont aussi appelés à commenter le programme
d'activités du service de garde en milieu scolaire. Ce serait logique qu'ils approuvent
les activités qui ne sont pas pédagogiques, faites avec un outil numérique. De
plus, inclure ce genre d'activités dans la programmation des activités
éducatives du service de garde permettrait aux parents d'en être informés et de
pouvoir donner leur avis. Mais surtout, on devrait donner à ces conseils
d'établissement le pouvoir de décider du détail de l'application et de la
portée de toute mesure concernant l'utilisation des technologies numériques par
les élèves.
Les conseils
d'établissement sont les mieux placés pour définir et adapter, selon leur
milieu, des orientations qu'on prendrait au niveau national. Et ils sont aussi
les mieux placés pour faire un état de situation périodique, une responsabilité
qu'on pourrait aussi leur attribuer.
Pour
être certain que la collaboration avec les parents est complète, il faudrait
rendre obligatoire la consultation des comités de parents par les
centres de services scolaires, les commissions scolaires, sur toute mesure ou
politique qu'ils mettent en place concernant l'utilisation par des élèves des
technologies numériques en milieu scolaire. Dans tous ces cas, il faut
s'assurer que ces pouvoirs et responsabilités soient respectés.
Je m'implique et je
soutiens les parents depuis 28 ans et je constate trop souvent que le
respect de la loi en gouvernance scolaire, malheureusement, c'est à géométrie
très variable.
M. Martel
(Sylvain) : D'autres groupes, par exemple, nos partenaires des
directions d'école et enseignants vous
diront que certaines de nos recommandations relèvent de leur expertise et
responsabilités. Nos recommandations sont faites dans un esprit de
collaboration et ne sont que des propositions qui reflètent le contexte actuel
de vie numérique en milieu scolaire. Ce contexte change rapidement et en
profondeur, on le sait tous, on le vit tous. Mais notre réseau scolaire roule
encore sur des bases établies dans les années 60 alors que plusieurs
d'entre nous n'étaient même pas nés. L'adaptation à la vie numérique que doit
faire notre système d'éducation est une occasion parfaite de réfléchir
collectivement sur comment rénover ces bases et bien les asseoir dans la
réalité actuelle et assurer leur pertinence pour les années à venir.
Une grande réflexion collective sur l'éducation
est nécessaire pour savoir où on est, où on veut et où on peut aller et trouver
des consensus pour y arriver. C'est vous, parlementaires, qui détenez les clés
d'un tel chantier. Et pour le bien-être et la réussite de nos enfants et aussi
de nos petits-enfants, parce qu'on regarde plus loin en avant, c'est une idée
que vous devriez porter dès maintenant. Je vous remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment pour cet exposé. Nous allons débuter la période d'échange avec M. le
député de Marquette.
M. Ciccone :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, bonjour à vous trois. Très heureux
de vous avoir aujourd'hui. Vous êtes Regroupement des comités de parents, alors
vous parlez pour les parents. Quelle est la responsabilité des parents dans
tout ça? On peut parler des établissements scolaires qui ont leur
responsabilité, puis ce n'est pas ici de pointer le doigt à personne, là, tout
le monde a une part de responsabilité. Mais, si on commence dès la naissance de
l'enfant, souvent, le premier qui met un outil numérique dans les mains d'un
enfant, c'est le parent. Quel est le rôle du parent dans ça?
M. Martel (Sylvain) : Bien, nous,
quand on a demandé aux parents, comme je disais tantôt, c'est une
responsabilité partagée, puis là on parle en milieu scolaire, c'est une
responsabilité partagée. Puis pourquoi c'est partagé? C'est parce que nos
enfants passent, si on ajoute le service de garde et tout ça, ils passent une
grande partie de la semaine à l'école. Donc, il y a un bout où on ne contrôle
pas.
C'est pour ça que nous, on a besoin de
l'information. Quand on nous dit : Il faut gérer le temps d'exposition à
ce qu'on appelle les écrans, là, qu'on trouvait peut-être un peu trop général,
mais il faut gérer ce temps d'exposition là, puis qu'on ne sait pas quel a été
le temps à l'école, bien, c'est dur de le gérer chez nous. Puis les parents
sont... font une modulation, hein, de l'usage des technologies numériques par
leurs enfants, c'est-à-dire que, selon le contexte, selon le contenu, ils vont
permettre un peu plus, un peu moins, journée de congé le lendemain, bon, il
pleut, tu ne peux pas... ta pratique de soccer est annulée, bon, il y a une
modulation, puis c'est normal, puis c'est
correct. Mais il y a un grand bout où est-ce qu'on ne sait pas ce qui se passe,
et ça nous prend cette information-là pour être capable de bien prendre
les décisions à la maison.
Donc, c'est pour ça que nous, on demande qu'il y
ait un échange d'information systématique, là, c'est-à-dire que... Puis là je
ne parle pas de dire : 17,4 minutes, là, aujourd'hui, devant l'écran,
là, ce n'est pas... juste une idée, parce qu'on n'en a pas. Il y a 4 % des
parents qui nous ont dit : On sait ce qui se passe à l'école en termes de
technologie numérique. Le reste, c'était : J'ai peu de détails, je n'ai
pas de détails, je n'en ai pas souvent. Puis 70 % nous disent : C'est
nos enfants qui nous le disent. Donc, il faut...
Donc, c'est une responsabilité partagée. Bien
sûr, il y a une grande partie de la responsabilité qui va du côté des parents,
les parents le reconnaissent eux-mêmes. Comme je disais tantôt, il n'y a
personne qui trouve que c'est une responsabilité de l'école, donc, mais il faut
collaborer de façon plus... plus proche, parce que nous, on est dans... en
fait, il y a un grand bout qu'on ne voit pas, là.
M. Ciccone : Oui, puis je vous comprends, parce que je vois une
statistique que vous avez mise dans votre mémoire, là, que 93 % des
parents exercent une forme ou une autre de contrôle de technologie.
Honnêtement, c'est surprenant, avec les
chiffres qui sont démesurés, démesurés sur le temps d'écran, là, de nos jeunes.
Puis la problématique qui vient avec ça, même si on n'a pas toutes les
données puis que c'est allé... la technologie est allée trop vite pour la
science, là, pour être capable d'avoir... faire la recherche, là, nos jeunes,
ça ne va pas nécessairement bien avec les écrans, là. Puis il y a 93 % des
gens... des parents que vous avez consultés, ils disent qu'eux autres ont un
contrôle... Est-ce que le contrôle parental est bon?
M. Martel (Sylvain) : Il y en a que
c'est accès à Internet, accès à l'appareil, contrôler les contenus qu'ils
peuvent voir, donc, puis des fois c'est un amalgame aussi de toutes ces
stratégies-là, là.
Mme Bessette (Marie Pier) : Mais, si
je peux me permettre, un contrôle parental ne veut pas nécessairement dire
qu'il respecte les normes de la santé publique. Ils exercent un contrôle
parental qu'ils jugent adéquat. C'est ce que les parents nous disent.
M. Ciccone : O.K. Avec ce qu'ils savent, avec l'information qu'ils ont.
Mme
Bessette (Marie Pier) : Exact, avec l'information qu'ils ont, les
connaissances qu'ils ont. Il y a encore de l'éducation aux parents à faire, mais, avec les connaissances et
l'éducation qu'ils ont, ils exercent un contrôle parental.
M.
Ciccone : Merci de le préciser.
M. Martel (Sylvain) : Il y a un peu
moins que la moitié qui ont été prêts à avouer qu'ils savaient que leurs
enfants contournaient les restrictions. Donc, il y en a probablement plus,
parce qu'il y en a qui ne veulent pas l'avouer,puis il y en a qui peut-être ne
le voient pas.
M. Ciccone : J'ai vu que oui... j'ai vu qu'il y avait 42 % qui
l'ont dit. En terminant, je veux laisser le temps à mes autres collègues aussi, vous avez terminé en disant : Nous
détenons la clé, nous, les parlementaires, le législateur. Est-ce que
c'est le législateur, le gouvernement qui doit régler toute cette
problématique-là? Parce que c'est une donnée... Parce qu'il y a quelqu'un qui
doit être courageux, là, il y a quelqu'un... parce qu'on a entendu beaucoup de
groupes dire : Les établissements scolaires... Non, non, réglez ça. On a
parlé à un ancien député de l'Angleterre, où son milieu lui disait : Non,
non, faites une législation, parce que nous autres, on ne veut pas avoir cette
pression-là, prenez la décision, on ne veut pas... On a entendu également,
avant vous, quelqu'un qui disait : Non, non, la classe, moi, je laisse
rentrer le cellulaire quand même dans ma classe, parce que je ne veux pas avoir
de problème avec mes... Ça fait que qui doit être courageux là-dedans?
• (16 h 20) •
M. Martel
(Sylvain) : Bien, je vais commencer par vous répondre puis,
après ça, préciser de quelle clé on parle.
En fait, nous, ce qu'on pense, c'est que le
gouvernement devrait mettre les grandes orientations, puis les moyens devraient
revenir dans les milieux, c'est-à-dire soit les centres de services scolaires
dans certains... pour certaines mesures,
soit les conseils d'établissement. Maintenant, quand on parlait de : Vous
détenez la clé, c'était surtout sur une grande réflexion en profondeur
sur notre système d'éducation, parce qu'on est à un moment charnière, on le
voit bien, là. La technologie numérique vient chambouler plein de choses qui
n'ont pas bougé depuis des décennies, là. Et
donc je pense que, si on commence à
vouloir enseigner à nos jeunes à devenir des citoyens numériques sains, et en santé, et heureux,
on ne peut pas encore rajouter ça à l'école. Il y en a... à tous les six mois,
on rajoute quelque chose dans l'école puis on n'enlève jamais rien. Donc, à un
moment donné, ça n'arrive plus, là, ça... Il faut absolument...
M. Ciccone : Est-ce que vos parents ont peur pour leurs enfants, pour
leur avenir?
M. Martel (Sylvain) : Ce n'est pas
une question qu'on a posée, mais je... en fait, moi, je pense... ce qu'on
entend beaucoup, les parents ont confiance en leurs enfants. Ça fait que...
est-ce qu'ils ont peur? Je pense qu'il y a une... Ils ne comprennent peut-être
pas. C'est dur de comprendre c'est quoi, l'intérêt de regarder quelqu'un en
live sur YouTube en train de jouer à un jeu vidéo. C'est dur de comprendre
l'intérêt. Pour moi, c'est dur de comprendre l'intérêt, mais il y a un intérêt.
Puis c'est pour ça qu'on vous invite à aller parler à nos enfants, parce qu'ils
vont vous l'expliquer. Il y a certainement un intérêt, là, ils sont des
millions, en même temps, à regarder quelqu'un jouer à un jeu vidéo. Ça fait
que...
M. Ciccone : Merci beaucoup.
M. Paquet (François) : Si je peux me
permettre, quand on dit que... chacun des milieux, c'est que la situation est
différente. Qu'on soit à Amqui, à Arvida, à ville LaSalle ou à Hochelaga,
Hochelaga-Maisonneuve, la situation peut être différente d'une école à l'autre,
la socialisation va être différente. Ça fait que chacun des milieux peut décider que... du type d'encadrement qui est
nécessaire dans leur milieu, puis ça, c'est le conseil d'établissement
qui pourrait le faire. Puis le conseil d'établissement,
on dit, c'est... il y a des parents, mais il y a l'équipe-école aussi,
O.K.? Puis les parents qui sont là, ce n'est pas juste des parents, ils ont
tous un cerveau, là, puis ils sont tous sensibilisés, beaucoup plus que les
parents qui ne s'impliquent pas.
M. Ciccone : Vous voulez du sur-mesure?
M. Paquet (François) : Hein?
M. Ciccone : Vous voulez du sur-mesure?
M. Paquet (François) : Bien, pas du
sur-mesure, des balises nationales, mais chaque conseil d'établissement peut
décider de la façon de les appliquer.
M. Ciccone : Merci. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. le député de Jonquière.
M. Gagnon : Oui, bonjour. Bonjour.
Juste une petite parenthèse, j'ai adoré l'image sur le dessus de votre mémoire,
où est-ce qu'on voit un jeune, là, capté par l'écran puis une belle nature
derrière. Je trouvais que c'était une image très forte. Bref, je voulais vous
en faire part.
Je veux
simplement que vous nous alimentiez plus, peut-être, sur le moyen. On vient de
l'entendre, les grandes orientations, mais ça... qui, après ça,
pourraient revenir plus au niveau local : prise de décision, comité de
parents, conseil
d'établissement. Mais où c'est que je veux vraiment vous entendre pour nous
alimenter, c'est qu'on a entendu beaucoup de gens venir s'exprimer, mais
votre statistique est un peu éloquente, sur le 4 % de parents qui
disent : Bien, moi, je le sais à peu près, 4 %, je le sais à peu près
qu'est-ce qui se passe au niveau de la technologie dans la classe. Moi, ça me
chamboule quand même, je trouve ça... je trouve qu'il y a quelque chose
d'alarmant, puis c'est pour ça que je veux
vous donner le... je veux vous entendre, parce que ça veut dire qu'il y a une
communication qui est ébranlée. Il y
a une communication qui ne se fait pas entre qu'est-ce que je fais en heures de
classe avec les technologies, et, quand je reviens à la maison à
15 heures, 15 h 30, je te permets des choses parce que je ne
sais pas ou je sais peu comment tu as utilisé l'appareil.
Alors, ma question, c'est plus le moyen, piste
de solution pour rétablir cette communication-là, ce sentiment qu'on travaille
tous ensemble parce que c'est une responsabilité partagée. Vous nous proposez
quoi?
Mme Bessette (Marie Pier) : Bien, en
fait, je pense qu'il faut tout simplement commencer par ouvrir ce canal de
communication là, là. Je pense que les équipes-écoles, à tort ou à raison, vont
cacher l'usage du numérique, parce que je ne pense pas qu'il y ait un prof qui
est fier de dire : Bien, aujourd'hui, j'étais absent, ça fait que j'ai dit
à ma remplaçante : Mets un film, puis ça va faire la job ou c'est vendredi
puis peu importe. Ça fait que je ne pense pas qu'il
y ait un prof qui va aller le crier sur les toits, ça. Je pense qu'on met les
écrans, comme on disait au début, là, tous dans le même panier, là. On ne fait pas le discernement entre les usages
ludiques et pédagogiques où il devrait y avoir... Tu sais, il ne
faudrait pas que les profs aient peur, de se cacher, de dire : Bien,
aujourd'hui, on a travaillé sur Netmath, puis mes élèves ont vraiment avancé,
puis ils ont vraiment appris. Mais ça reste du temps d'écran. Moi, il faut que je le sache comme maman. Mais il y a
cette peur-là de dire : Si je dis qu'on a travaillé sur des tablettes, il
y a des parents qui vont se ramasser
dans ma classe puis qui vont me tomber dans la face parce que, là, on a
écouté... un écran.
Ça fait qu'il faut vraiment, là, que ça devienne
très... baliser qu'est-ce qui est un usage pédagogique et qu'est-ce qui est un
usage ludique, qu'on vienne mettre des balises sur l'usage ludique. Bien, c'est
correct que toute l'école se rassemble dans le gymnase, une fois par année,
pour écouter un film, parce que c'est un événement, mais ce n'est pas normal
qu'on fasse ça à... célébration classe à tous les mois dans la classe. Tu sais,
il y a des usages comme ça qui devraient être balisés, mais pas nécessairement
l'usage pédagogique. Il n'y a pas un parent qui nous ont dit : Aïe! moi,
je ne veux pas que mon enfant apprenne à utiliser un ordinateur. Mais ça reste
du temps d'écran qui tourne dans le compteur, puis il faut que moi, en tant que
maman, je sois capable de le moduler à la maison, ce temps d'écran là, parce
que mon jeune l'a réellement fait.
Ça fait qu'il faut qu'on le nomme, et ça, ça
commence par la bonne communication entre les équipes-écoles. Puis là,
présentement, là, on dirait qu'on fait ça en cachette, en dessous de la
couverte, parce que c'est tout dans le même melting-pot si c'est pertinent,
pédagogique, ludique ou pas, là. Puis je parle des écoles, mais je vais repiler
sur les services de garde aussi, là, parce que beaucoup d'enfants passent une
partie de leur journée au service de garde. Ça fait que si, au service de garde
le matin, ils ont fait du temps d'écran, que l'enseignant fait du Netmath dans
sa journée, que le soir aussi, c'est une autre éducatrice au service de garde,
elle ne sait pas ce qu'il a fait le matin, elle refait du temps d'écran, bien,
peut-être que mon quatre ans qui est en préscolaire, là, peut-être qu'il a déjà
dépassé son... Bien là, j'ai dit Netmath, en préscolaire, peut-être pas, mais,
tu sais, il a peut-être déjà dépassé son deux heures, mon quatre ans. Puis là,
moi, il arrive à la maison, je veux faire le souper, je mets la télé une
demi-heure en me disant : Je vais être capable de faire le souper, mais je
n'ai aucune idée, moi, de qu'est-ce qui s'est fait toute la journée. Ça fait
que c'est important, là, que ça, ça vienne s'arrimer, là.
M. Martel (Sylvain) : Je pense que
la meilleure illustration de ce fait-là, c'est que c'est les enfants qui nous
informent, hein, ce n'est pas l'école. 12 % des parents reçoivent de
l'information de l'école, disent que c'est de l'école qu'ils reçoivent de
l'information. Sinon, c'est d'autres parents, par la bande, en allant au
service de garde chercher son enfant puis le découvrant devant l'écran en train
de regarder le même film pour la sixième fois depuis le début de l'année.
Mme Bessette (Marie Pier) : Puis
j'ajouterais que ce n'est pas juste primaire, là. On parle beaucoup de
cellulaire au secondaire, là, mais c'est quand même choquant de savoir qu'il
s'écoute des films beaucoup au secondaire aussi, là. Ça fait que, tu sais, on
vise le primaire sur les films, on dirait qu'on met cellulaire au secondaire,
mais il y a du vice versa des deux côtés, là.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay (Hull) : Oui.
Alors, je cherche vos recommandations. Ah oui! je les ai, juste ici. Il y en a
une qui me questionne quand même beaucoup, là : envoyer systématiquement
aux parents un rapport détaillé sur l'utilisation des technologies numériques à
l'école et en service de garde.
Je ne sais pas c'est quoi, vos attentes, là,
mais moi, je m'imagine, là, au secondaire, un élève a en moyenne neuf profs,
O.K.? Chaque prof peut avoir jusqu'à, tu sais, 200 élèves, mais là tu
compiles, mais chaque élève a... La possibilité d'horaires est tellement
différente. Comment qu'on fait pour... Bon, chaque prof envoie à la direction son
utilisation d'écran quotidien, la direction compile ça, mais là la direction a
à peu près 700 élèves sous elle. C'est quoi,
vos attentes qui seraient réalistes en lien avec cette utilisation-là des
technologies dans l'école? Parce que je vois mal, à ce stade-ci, sans
alourdir la tâche... parce qu'ils sont venus nous dire que tantôt, la gestion,
là, de tout ce qui est technologie dans les écoles, ça leur prend... les
directions d'école sont venues nous dire ça, là, deux à cinq heures par semaine puis que c'est trop, parce qu'ils sont débordés
par autre chose, la mission de l'école puis plein d'autres situations. Donc,
comment ça pourrait se faire sans alourdir, de façon importante, la tâche de
tous, le personnel?
M. Martel (Sylvain) : Bien, écoutez,
on a quand même un détail, un peu, de ce que nos enfants font en classe. On reçoit, via l'agenda, des fois,
qu'est-ce qu'ils ont fait, qu'est-ce qu'ils ont à faire. Il y a une
communication qui se fait entre les classes et les parents. Donc, nous, quand
on demande que ce soit détaillé, comme je disais tantôt, ce n'est pas
nécessairement à la seconde près, mais c'est pour être capable... parce qu'on
le voit bien, là, on se fait dire, comme parents, par la Santé publique ou des
chercheurs en santé publique à tout le moins : Il faut absolument limiter
ce temps-là. Mais pendant six, sept, huit heures par jour, mon enfant, je ne le
sais pas, ce qu'il fait.
• (16 h 30) •
Donc, comment ça s'applique? Écoutez, je vais
vous avouer que dans toutes nos recommandations, c'est peut-être la plus
complexe, parce que, là, on joue dans le carré de sable des directions et des
enseignants et... Mais, en fait, ce qu'on exprime, c'est surtout le besoin de
le savoir. Au moins, si moi, je sais que mon enfant, en moyenne, passe quatre heures par semaine à faire de
l'ordinateur dans son cours de français, bien, au moins, je le sais, au
moins, je suis capable de me dire : Bon, des fois, ça va être plus, des
fois, ça va être moins, mais j'ai une base. Là, je n'ai rien, je pars de rien.
Donc, il faut absolument qu'il y ait cette communication-là.
C'est sûr que, si on voulait avoir une
information extrêmement... tu sais, on n'est pas obligé de l'avoir la journée
même non plus, là. Si on sait, par exemple, que... Puis on les rencontre, les
profs, au début de l'année, puis ils nous le
disent que... Voici ce qu'on va faire, comment on va fonctionner. On va faire
des ateliers, on va... Il va y avoir tel logiciel qu'on va utiliser,
etc. Bien, peut-être que, là, on pourrait tout simplement avoir une évaluation
du temps d'écran. Puis on pourrait avoir la
même chose aussi dans les services de garde. Ça veut dire que oui, on fait les
activités, on va jouer au ballon et tout ça. On va regarder un film de temps en
temps, ça va... Donc, nous, on est capables de savoir, au moins à peu près, où
est-ce qu'on s'en va. Maintenant, écoutez, ça prend une collaboration.
Mme Tremblay : ...communication,
finalement.
M. Martel (Sylvain) : Une
meilleure communication.
Mme Tremblay : ...d'être mieux
informés sur ce que vous voulez...
M. Martel (Sylvain) : Sur ce
sujet-là.
Mme Tremblay : Sur ce sujet-là,
qu'est-ce qui est utilisé. Certains groupes sont venus nous dire, notamment
l'INSPQ... puis il y a de la recherche aussi là-dessus, ça fait que, quand on
utilise... Puis vous avez parlé de Netmath tantôt, O.K., c'est un exemple, là,
bien connu dans le milieu de l'éducation. Quand on utilise un outil
pédagogique, il faut absolument que ça apporte une valeur qui est ajoutée. Ça
veut dire que, par exemple, parce que je connais Netmath, il y a plusieurs
activités dans Netmath qui pourraient être faites par des activités de
manipulation dans la classe, qui pourraient être faites par différentes
interactions, activités de groupe, qui seraient tout aussi bénéfiques. Puis
même que l'INSPQ, elle, dit : C'est dans ce sens-là qu'on devrait aller.
Donc, il faut vraiment, quand on utilise un outil pédagogique, là, un logiciel,
il faut absolument que ce soit quelque chose qui apporte un plus.
Est-ce que vous êtes d'accord avec cette
affirmation-là, comme parent, vous, de limiter... Justement, ça répondrait
peut-être à vos préoccupations au niveau du temps de gestion d'écran, parce que
vous êtes dans la même direction que l'INSPQ, finalement.
M. Martel (Sylvain) : Écoutez,
l'usage pédagogique, c'est sûr, en partant, là, on n'est pas contre. Par
contre, ce qu'on s'est rendu compte, quand on a fait des lectures, parce qu'on
s'est rendu compte qu'il y a eu beaucoup quand même de travail de fait, déjà,
dans les dernières années, et notamment par le Conseil supérieur de l'éducation... et, dans un des rapports
préliminaires du Conseil supérieur de l'éducation, on parle d'une espèce de
tendance à faire un amalgame, que la technologie va donner une meilleure
pédagogie en classe afin de pousser certains... Puis on donne comme exemple
tout le programme de 2011 de l'achat des écrans blancs. Donc, il y a cette
tendance-là, de dire : parce que c'est un outil technologique, le côté
pédagogique en sera bonifié d'office, ce qui n'est pas vrai.
Donc, je pense que juste de réfléchir... puis
tantôt j'entendais M. Ouellet le dire, c'est-à-dire juste penser :
Est-ce que cet outil-là, vraiment, nous donne une plus-value? Bien, c'est déjà
ne pas prendre pour acquis que ça se fait automatiquement. Donc, je pense que
juste poser la réflexion, c'est intéressant pour être capable de justement
utiliser des outils qui ont cette plus-value-là. Puis il faut les apprivoiser,
les outils aussi, hein? L'outil comme tel, là, il n'est pas méchant, là, c'est
l'usage qu'on en fait aussi, là. Tu sais, je veux dire, on donnait l'exemple,
dans notre mémoire, de la calculatrice, là. La calculatrice, elle était
interdite, moi, quand j'allais à l'école, puis maintenant, bien, elle est sur
la liste d'effets scolaires de mes enfants. Ça fait que, tu sais, il y a eu une
progression, là. On a appris que, oui, peut-être qu'on pourrait se servir de
cet outil-là, leur faire faire les petits calculs de base, parce que ça va être
très précis, puis les amener plus loin dans l'enseignement des mathématiques en
se servant de l'outil. Ça fait qu'il faut les apprivoiser, les outils.
Ça
fait que ce n'est peut-être pas à première vue qu'on va être capables d'évaluer
est-ce que cet outil-là est bon ou pas,
mais c'est dans les usages. Puis ça, bien, on se fie beaucoup sur l'expertise
de nos partenaires enseignants, là, là-dedans, là, d'être capables de
dire : Oui, mon enseignement va plus loin quand j'utilise cet outil-là.
Puis nous, je veux dire, on ne veut pas avoir une preuve
scientifique signée par l'institut pour dire... On va juste dire : Oui, si
tu penses que tu vas plus loin, allons-y, là, il n'y a aucun problème.
Mme Tremblay :
...comme parent, imposer un âge numérique, donc, d'accès. Vous, est-ce que
vous avez une opinion là-dessus, puisque
vous êtes sûrement parent vous-même? Alors, 14, 16 ans, 18 ans,
est-ce que vous avez une réflexion là-dessus?
M. Martel (Sylvain) : Écoutez,
on a posé la question aux parents. On a eu des réponses. Écoutez, on a eu
une charte, une tarte, là, avec tous les âges.
Mme Tremblay :
Mais est-ce qu'ils étaient en accord de l'imposer, cependant, ou il y en a
qui disent : On est contre totalement?
M. Martel (Sylvain) : Non,
bien, c'est-à-dire qu'on demandait... La question, c'était : Jusqu'à quel
âge est-ce qu'il devrait y avoir un encadrement de vos enfants dans leur
vie numérique? Puis, pop, ça va... Il y en a que c'était plus que 18 ans.
Il y en a que c'était : À quatre ans, c'est réglé.Ça fait qu'il y
a tout eu. Alors, c'est pour ça que vous ne le voyez pas dans le mémoire. C'est
vraiment...
Mme Tremblay :
Il n'y avait pas de consensus.
M. Martel
(Sylvain) : Ce n'était pas clair. Mais la question qu'on se pose,
c'est : Comment on fait pour appliquer ça?
Mme Tremblay :
Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet :
Merci, Mme la Présidente. Merci beaucoup à vous d'être présents
aujourd'hui. Je pense que vous avez été
assez clairs sur l'encadrement, donc, du cellulaire à l'école, donc, en nous
disant que vous seriez en faveur d'une
directive nationale... bon, plutôt nationale, mais sur l'application. Ça
devrait être, donc, le conseil d'établissement au niveau local qui
devrait déterminer, selon son milieu, la taille de l'école, ses particularités,
donc, comment mettre en place une telle directive.
Maintenant, donc,
plusieurs, donc, des... bien, en fait, quelques-uns, donc, des experts qui sont
venus, donc, témoigner à cette commission, donc, nous ont dit : Donc, dans
l'application, parfois, donc, ce qu'on entend, c'est que les parents, donc,
veulent être en mesure, donc, de rejoindre leur enfant. Donc, une telle mesure,
donc, ne devrait pas inclure, donc... Ça ne
devrait pas être, donc, de le laisser à la maison, par exemple, parce que le
parent, donc, veut rejoindre son enfant. Donc, sur cette affirmation-là,
est-ce que vous avez sondé vos membres? Comment est-ce que vous recevez ce
besoin, donc, allégué des parents, donc, de rejoindre leur enfant?
M. Martel
(Sylvain) : On est toujours capable de rejoindre notre enfant à
l'école. Il n'y a pas... Ce n'est pas un souci, ça. Est-ce que... Moi, de ce
que je comprends, c'est que, si une école interdit le cellulaire à l'école, on
ne veut pas voir le cellulaire. Est-ce qu'il peut être dans le manteau, dans la
case, dans le sac? Je veux dire, je comprends, pour des élèves un peu plus
vieux, ils ont des emplois, ils ont... Tu sais, des fois, il y a un besoin, là.
Mais je comprends que, pour les écoles qui décident d'interdire le cellulaire
sur toute l'école, on ne veut juste pas personne qui se promène avec un
cellulaire.
Donc, est-ce
qu'avant, lorsqu'on n'est pas à l'école, s'ils l'ont puis ils le mettent
quelque part, puis on ne le revoit plus de la journée, bien, c'est sûr, là,
vous allez me dire : Oui, mais s'ils l'ont dans leur poche, ils vont
vouloir le regarder, et tout ça. Bien, c'est là que la sensibilisation,
l'éducation, leur apprendre des saines habitudes de vie... On le fait pour
plein d'autres affaires dans les saines habitudes de vie, là. Alors, c'est à un
très bas âge qu'on dit à nos enfants que fumer, ce n'est pas trop bon. Puis un
peu plus tard, ados, on dit : Bien, tu sais, l'alcool, on va... Donc, tu sais, on le fait, là, tu sais, ça
vient... Ça fait qu'il faut juste entrer ça dans le réflexe aussi, là, parce
que, ça aussi, ça devient une autre
chose, tu sais. Fais attention en traversant la rue, fais... Il y a plein,
plein, plein de choses qu'on inculque à nos enfants de façon
automatique, là. Donc, l'usage du cellulaire, ça devrait être exactement la
même chose.
Maintenant, dans la
logistique de : le téléphone, il faut-tu qu'il soit là ou là?, bien, c'est
là que les milieux vont pouvoir décider. Tu sais, ce n'est pas tout le monde
qui va pouvoir avoir un endroit pour ça, ce n'est pas tout le monde qui va... Puis, bien, je pense qu'en même
temps, ça peut être un bel apprentissage de dire : Il est dans ton sac,
ne t'en sers pas. Tu sais, je veux dire, là,
tu... Là, tu apprends, là, regarde, à te gérer, là. Tu l'apprends, tu sais.
Tandis que, si tu dis : Tu n'as pas le droit du tout, bien, bon,
premièrement, on le sait, surtout au niveau des ados, si on leur dit : Tu
n'as pas le droit du tout, c'est comme les inviter à le faire. Mais, tu sais,
je pense qu'il faut leur faire confiance, tu sais. Tu sais, on leur fait
confiance sur toutes les autres matières puis tout ce qu'on leur apprend, là.
On dit : Ils vont l'apprendre. C'est la même chose, il faut inscrire ça
dans les réflexes de ce qu'on apprend à nos enfants.
Mme Cadet : Merci. Puis juste pour
préciser, M. Martel, donc, quand on entend justement, donc,
l'affirmation que : Ah! bien, les parents, donc, pourraient être
réfractaires, parce qu'ils veulent être en mesure de rejoindre leurs enfants,
vous, ce n'est pas le son de cloche que vous avez de vos membres du tout.
M. Martel
(Sylvain) : Moi, si je veux rejoindre mes enfants à l'école puis
que... je veux dire, je pense que ça va être plus vite, si j'appelle.... S'il y
a une... Là, attention, il y a une distinction, s'il y a une vraie urgence.
Mme Cadet : Oui, bien sûr.
M. Martel
(Sylvain) : Pas les appeler s'ils veulent manger du spaghetti,
là, tu sais. Mais, s'il y a une urgence, puis j'appelle à l'école, moi,
je pense que mon enfant va... Je vais lui parler en dedans de deux minutes.
• (16 h 40) •
Mme Cadet : O.K. Majorité
numérique. Donc, ma collègue de Hull, donc, vient de poser la question. Donc,
vous... En fait, là, vous... On comprend qu'il n'y a aucun consensus de la part
de vos membres sur une imposition ou non, que ça s'en va, donc, de tous bords,
tous côtés. Puis vous avez terminé en disant : Bien, tu sais, c'est le comment. Et là je me demande : Est-ce que,
dans les réflexions ou dans les préoccupations qui vous ont été
communiquées de la part des parents sur la majorité numérique, si la question
de la protection des données personnelles des enfants a été abordée? Parce que,
dans le comment, il y aurait deux mécanismes, soit une directive plus
symbolique de dire : Bien, on... Voici,
donc, on met un certain seuil qui serait à définir, et là ce ne serait pas
nécessairement vérifiable. Donc, on demande... Ce sera au bon vouloir,
donc, du jeune de s'y conformer ou d'avoir, donc, des véritables mesures de
vérification de l'âge qui, là, viendraient... qui seraient accompagnées, donc,
de défis au niveau de la protection des données personnelles des enfants avec,
donc, transmission de carte d'identité. Est-ce que cette préoccupation-là a été
soulevée par des parents?
M. Martel
(Sylvain) : Écoutez, comme
je l'ai dit au début, nous, comme on représente des comités de parents,
on s'en est tenu au milieu scolaire. Donc, vraiment, là, on est vraiment en
dehors du terrain de jeu scolaire. Et puis... Bien, à la fois, ce n'est pas
notre mandat de parler pour les parents en dehors du milieu scolaire, et puis,
donc, on n'a pas posé la question aux parents, là.
Mme Cadet : Donc, ça n'a pas
été abordé. Vous n'avez pas posé cette question-là. Dernière question, écran
récompense. Donc, votre mémoire est assez exhaustif là-dessus. Vous disiez,
donc, que c'est un phénomène qui est trop prévalant. Donc, je comprends que
vous demandez formellement au législateur d'encadrer l'enjeu des écrans
récompenses dans les écoles.
Mme Bessette (Marie Pier) :
Puis, tu sais, écoles, mais services de garde, là, le milieu scolaire au
complet est important. Pour nous, à ce niveau-là, là, ça prend vraiment des
balises claires. Puis, tu sais, ce n'est pas une question de taper sur la tête
à tout le monde, là. Ça a été un phénomène de société qui est venu avec plein
de choses. Puis, tu sais, je me rappelle moi-même, quand j'étais jeune, quand
la télé arrivait dans la classe. Ça fait que, tu sais...
Mme Cadet : Sur roulettes, là.
Mme Bessette (Marie Pier) : Oui,
c'est ça. Ce n'est pas une question de taper sur la tête à personne, mais oui,
là, ça va prendre des balises parce que c'est beaucoup trop présent avec tout
ce que ça entraîne, là. Jusqu'à quel point, tu sais, si tu es gentil, je te
donne un bonbon? Tu es gentil? Je te donne un film. C'est tout ce que ça génère
chez nos enfants à ce niveau-là puis à quel point... Allez, sur une heure de
dîner, dans une école pendant une journée de pluie, là, je vous promets qu'il
n'y a pas beaucoup de jeux libres. Tu sais, jusqu'à quel point tout ça est
devenu une habitude de tout le monde, tout le monde, tout le monde. Puis, tu
sais, même chose, là, je suis, en tant que parent, chez moi aussi, là. Il
mouille? La TV s'ouvre plus facilement.
Mais l'État, à mon sens, doit devenir exemplaire
à ce niveau-là, de dire : Chez moi, on donne l'exemple. Dans mes écoles,
aux services de garde, il n'y a pas d'usage ludique parce qu'on fait de la
socialisation, parce qu'on fait des jeux libres, parce qu'on fait des activités
physiques, l'école doit donner l'exemple, là. Pour moi, c'est un peu comme les cigarettes dans les hôpitaux, là. On dit
que ce n'est pas bon pour la santé? Bien, on les a enlevées. Tu sais,
l'État a dû dire : Nous, dans nos bâtiments, bien, on est exemplaires. Puis
pour moi, à ce niveau-là, ça doit le devenir.
Mme Cadet : Juste une précision
très rapide. Comme, pour vous, donc, ce serait la même formule, donc,
directives nationales avec le comment par les conseils d'établissement?
Mme Bessette (Marie Pier) :
Oui.
Mme Cadet : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Ah! je n'avais
pas de question.
La
Présidente (Mme Dionne) :
Ah! Vous n'aviez pas de question. Ah! O.K. Donc, j'avais le député de Saint-Louis.
M. St-Louis : Pardon?
La Présidente
(Mme Dionne) : Joliette. Bon, 16 h 45? Oui.
M. St-Louis : Merci, Mme la
Présidente. Je pense que les journées sont longues en commission. Vous avez
mentionné tout à l'heure que les réalités géographiques étaient différentes,
que la... Bon, ce n'était pas pareil à Arvida que dans Hochelaga-Maisonneuve.
Puis on l'a entendu précédemment, à savoir que probablement qu'à Gaspé,
l'utilisation était moindre, en fait. Même, on a affirmé qu'elle était moindre
parce qu'il y avait des activités de
proximité, dont la baignade à la mer, qui sont... On n'a pas ça à Joliette,
malheureusement, on n'est pas... Puis moi, ça m'a juste fait réaliser
que, oui, il y en a qui ont cette chance-là puis que c'est modulé.
En même temps, on sait que les effets néfastes
des écrans sont les mêmes partout. Les algorithmes font fi du fait que tu es en
bord de mer ou tu es en milieu urbain ou rural. Puis on cherche à diminuer le
nombre d'heures d'écran pour nos enfants. Il y a une gestion au niveau
scolaire, il y a une gestion à la maison. On en discute depuis plusieurs jours,
puis nous, on va continuer à le faire et on aura une réflexion par la suite.
L'école, on sait qu'ils sont un... Nos enfants sont à l'école un certain nombre
d'heures par jour, vous l'avez nommé tantôt. Est-ce que vous ne pensez pas
qu'il devrait y avoir peut-être un plafond d'heures numériques en milieu
scolaire?
Mme Bessette
(Marie Pier) : C'est un peu
ce qu'on disait. Présentement, les conseils d'établissement approuvent
les sorties à l'extérieur. Puis c'est un peu ce qu'on demandait aussi, si les
conseils d'établissement avaient le pouvoir de dire : Bien, nous, on
approuve le contenu numérique puis le temps en contenu numérique... justement,
d'être capable de dire, bien, tu sais, maximum tant d'heures qui est fait en
usage ludique, c'est... voici le contenu qui peut passer. C'est un peu ce qu'on demande, là, d'être capable de mettre ce
plafond-là dans les écoles, selon les milieux, là.
M. Paquet (François) : Si je
peux me permettre, on approuve déjà dans les conseils d'établissement, là, les
listes de fournitures, O.K., le nombre de crayons, le nombre d'effaces. Bien,
pourquoi pas, une fois par année, parce que ça se fait une fois par année, les
listes de fournitures — normalement,
c'est en mai — bien,
pourquoi ne pas présenter les plans de
cours : bon, bien, en français, en mathématiques, bon, on prévoit tant
d'heures de... L'enseignant a déjà...
Moi, je fais confiance aux enseignants, là. Les enseignants ont déjà une bonne
idée de ce qu'ils vont utiliser. Ça fait que l'important, c'est juste
de... On ne veut pas avoir le minutage exact, mais dire : Bon, bien, nous,
on va utiliser tel outil probablement à raison d'une heure par semaine, tel
outil à raison de deux heures par semaine. Puis ça peut se faire une fois par
année, comme les listes de fournitures, puis ça devient une habitude. C'est sûr
qu'au début ça ne sera pas facile. Comme les plans de lutte à l'intimidation,
les premiers qui sont arrivés en 2012, ce n'était pas évident pour les conseils
d'établissement, puis les directions d'école, puis les équipes-écoles, de
pondre ces plans-là, mais ça a évolué. Puis il faut commencer à quelque part.
M. St-Louis : Parce que ce
qu'on a entendu en commission depuis le début, tout indique que ça tournerait
autour de quatre heures par jour pour les saines habitudes de vie. Mais la
tarte, si c'est quatre heures par jour puis que l'école en bouffe trois, comme
parent, moi, ça veut dire qu'à la maison, c'est une heure qu'il reste, et que
j'ai ça à gérer. Je ne sais pas, ça me...
M. Paquet (François) : Bien,
c'est le rôle des parents aussi, là.
M. St-Louis : Tout à fait. Je
ne me défilerai pas de ça, ce n'est pas... mais dans le sens où est-ce qu'on
discutait... comme ma collègue la députée de Hull disait, c'est difficile pour
les établissements de le gérer à la pièce. Puis si on met un plafond qui permet
une saine gestion, et à l'école, et à la maison, il pourrait être... Si on
parle de quatre heures, vous le voyez
comment? Ce serait moitié-moitié? Est-ce que, pour vous, il y a déjà des
indications ou...
Mme Bessette (Marie Pier) : Bien,
je vais retaper sur le clou. Est-ce que c'est quatre heures? Tu sais, est-ce
que l'école a pris trois heures de contenu pédagogique... de numérique
pédagogique ou a pris trois heures de contenu ludique? Tu sais, elle va être
là, mon... Tu sais, si on me dit : Pendant trois heures, votre enfant a
vraiment utilisé des outils technologiques de façon pédagogique, il a vraiment
avancé puis... Il n'y a pas de problème, je vais me moduler, moi, comme maman à
la maison. Si on me dit : Aujourd'hui, j'ai écouté un film de deux... Le
roi lionà l'école. Bien là, tu sais... Puis je n'ai pas d'exemple précis,
mais, tu sais, elle va être là, le... La distinction entre le pédagogique puis
le ludique va tomber importante, là, si on tombe sur un quatre heures d'écran
par jour, là.
M. Martel (Sylvain) : C'est un
peu ce qu'on dit aussi dans le mémoire, quand on dit : Il faut éviter de
dire «les écrans», puis que ça soit tous les usages, tous les outils, tous
les... puis qu'on le minute, ça. C'est-à-dire que chaque utilisation a un
contexte, a un but, a une façon de faire qui est propre à elle. Puis c'est ça,
je pense que c'est... On ne peut pas tout mettre ça puis... Puis ça, c'est
notre rôle, comme parent, de dire, quand l'école me dit : Ils ont passé
trois heures devant l'écran, comme dit Marie Pier, ah oui, mais c'était
pédagogique. Ça fait que, bon, O.K., peut-être que mon enfant est dû pour jouer
un peu parce qu'il a travaillé fort à l'école aujourd'hui. Ça fait que, O.K.,
vas-y, joue aux jeux vidéo puis prends un certain temps pour jouer aux jeux
vidéo.
Ça fait que je suis
capable de le doser, là, puis c'est ça qu'il faut faire, là. On n'arrivera pas
si on met... Si on met des balises, là, comme ça, carrées, puis qu'on essaye de
rentrer nos enfants dans ces cases-là, ça ne marchera pas, là. Il faut faire
preuve d'une certaine flexibilité puis d'une adaptation au contexte. De là
notre demande de ramener les décisions dans les milieux, c'est-à-dire :
Eux, le contexte, là, ils le vivent, là. Donc, ils sont capables d'ajuster et de donner la flexibilité nécessaire pour que ça
marche, parce que ce qu'on veut, c'est que ça marche. On ne veut pas que tout
le monde dise : Ah! bien ça, c'est... On ne veut pas suivre ça, puis tout
le monde rentre à l'école avec une baboune parce qu'ils ne sont pas contents.
Tu sais, c'est... On veut juste que ça marche, là.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment. C'est malheureusement tout le temps qu'on a. Alors, merci,
M. St-Louis, député de Joliette, et merci à tous pour votre contribution
très appréciée.
Alors je suspends les
travaux quelques instants pour accueillir notre prochain... nos prochains
invités.
(Suspension de la séance à
16 h 50)
(Reprise à 16 h 57)
La Présidente
(Mme Dionne) : Alors, la commission reprend maintenant ses
travaux. Donc, je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la
Fédération des syndicats de l'enseignement. Alors, bonjour et bienvenue. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour nous faire part de votre exposé. Suite à cela, il y
aura une période d'échange avec les membres de la commission.
Donc, peut-être vous
présenter d'emblée et nous faire part ensuite de vos commentaires. La parole
est à vous.
Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE)
M. Bergevin
(Richard) : Alors, bonjour, Mme la Présidente, Mmes et MM. les
parlementaires. D'entrée de jeu, je souhaite vous remercier de nous donner
l'opportunité de partager avec vous notre point de vue sur les impacts de
l'utilisation des écrans sur la santé et le développement des jeunes, plus
particulièrement dans les salles de classe. Pour ma présentation, je suis
accompagné de la vice-présidente aux dossiers professionnels et pédagogiques de
la FSE-CSQ, Mme Karine Nantel, ainsi que d'Isabelle Tremblay, qui est
conseillère à la fédération.
Je vous ferai tout
d'abord une brève présentation des positions de la FSE. Il nous fera ensuite
plaisir de répondre à toutes vos questions. Je vous rappelle que la FSE-CSQ
représente plus de 87 000 enseignantes et enseignants de centres de
services scolaires et des commissions scolaires de partout au Québec. Elle
compte, parmi ses membres, du personnel
enseignant de tous les secteurs, préscolaire, primaire, secondaire, formation
professionnelle et formation générale des adultes. Ces enseignantes et enseignants
ont toutes et tous à coeur le bien-être et la réussite de leurs élèves et
souhaitent s'assurer que les meilleures conditions d'apprentissage possible
soient au rendez-vous pour chacun d'entre eux. Avant d'aller plus loin, je
souhaite rappeler à l'ensemble des participantes et participants à cette commission que la responsabilité de
minimiser les impacts de l'utilisation des écrans sur la santé et le
développement des jeunes est une responsabilité partagée puisque nous sommes
toutes et tous concernés, que nous soyons parents, enseignants ou simples
citoyens.
En
tant que représentants de la Fédération des syndicats de l'enseignement, nous
nous intéressons principalement, dans notre présentation, à
l'utilisation des écrans en classe puisqu'il s'agit de notre domaine
d'expertise. De notre point de vue, il est essentiel de faire une distinction
entre les différents types d'écrans pouvant être utilisés en classe, notamment
les téléphones cellulaires, les autres écrans portatifs, tablettes, ordinateurs
ou autres, et les écrans fixes comme les tableaux numériques interactifs. Ces
différents types d'écran ont assurément tous des impacts différents sur les
élèves et le personnel. Plus important encore, nous faisons une distinction
entre un usage personnel des écrans et un usage à des fins pédagogiques.
D'ailleurs, dans une enquête réalisée en 2023 par la FSE-CSQ, auprès de ses
membres, 92 % des enseignantes et enseignants consultés s'étaient montrés
défavorables à l'utilisation du téléphone cellulaire en classe, sauf s'il était
utilisé à des fins pédagogiques. Durant ma présentation, j'aborderai les
incidences positives et négatives liées à l'utilisation des écrans dans les
salles de classe avant de conclure avec les grandes orientations souhaitées par
la FSE, en lien avec l'utilisation de ces outils numériques.
• (17 heures) •
Débutons maintenant
avec les incidences positives. Pour la FSE, il est impossible de parler de
l'utilisation des écrans en classe, sans parler plus largement de l'utilisation
du numérique qui permet aux élèves d'accéder à une multitude de ressources
auxquelles ils n'auraient pas autrement accès. Certains de ces outils
permettent même de suivre pas à pas la démarche d'apprentissage des élèves et,
ce faisant, donnent l'occasion aux enseignants de mieux adapter leurs
interventions au rythme et aux difficultés d'apprentissage de chacun. Mais ce
qui est primordial pour la FSE, c'est que l'utilisation des écrans en classe
soit, d'abord et avant tout, motivée par une intention pédagogique et que la technologie
soit mise au service des apprentissages. La question d'équilibre prend ici tout
son sens, puisque l'utilisation d'une variété d'approches et d'outils demeure
une excellente façon de favoriser les apprentissages du plus grand nombre d'élèves. L'utilisation des écrans doit demeurer une
approche parmi d'autres, que les enseignantes et enseignants peuvent
librement choisir d'utiliser, en tout respect de leur autonomie et de leur
jugement professionnel. Nous proposons donc d'encourager un usage équilibré des
écrans, dont les balises devront être établies à partir d'orientations claires
et surtout issues de la recherche.
En
ce qui concerne les élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage, les outils technologiques sont d'un soutien incontestable
pour la lecture et l'écriture, notamment pour les élèves vivant avec un trouble
de dyslexie et de dysorthographie.
Dans un esprit d'équité et d'égalité des
chances, nous souhaitons également profiter de notre présentation pour
souligner l'importance de garantir un accès équitable aux ressources numériques
pour l'ensemble des élèves, pour éviter toute forme de
discrimination basée sur l'accès aux technologies. Il en va de même pour
l'accès à une connexion Internet stable, peu importe si l'école est située en
milieu urbain, rural ou en région très éloignée, comme les élèves du Grand Nord
québécois.
Abordons maintenant les incidences négatives des
écrans en classe, dont il importe de minimiser les risques. En premier lieu, il
est impossible de passer sous silence l'enjeu de la distraction que cause
l'accès à un écran, que l'on soit jeune ou moins jeune. Il s'agit d'ailleurs de
la raison principale pour laquelle les enseignants se sont prononcés très
majoritairement contre l'utilisation... pardon, contre l'utilisation des
cellulaires en classe, sauf à des fins pédagogiques. Nous l'avons dit dans
notre avis, et les recherches le confirment aussi, la simple vue d'un écran sur
le coin d'un bureau, même s'il est éteint, peut être une source de distraction
importante. À cet égard, nous estimons que la façon la plus efficace de
minimiser les distractions est de faire une distinction claire entre l'accès à
un écran personnel, comme le téléphone portable d'un élève, et l'accès à un
écran fourni et formaté par l'école.
Le plagiat peut aussi être facilité par la
présence d'écrans dans les salles de classe puisque les élèves ont un accès
immédiat à une multitude de données en ligne. Il devient alors facile de copier
des contenus et de les utiliser sans en citer
les sources. Il est aussi assez simple de s'approprier le travail d'une autre
personne à partir d'une plateforme de
partage. C'est un défi important pour les enseignants, qui doivent non
seulement sensibiliser les élèves à l'importance du jugement critique,
au respect des droits d'auteur, à la crédibilité des sources, mais également à
l'importance de la protection des renseignements personnels.
Dans un tout autre ordre d'idées, nous
souhaitons également insister sur le fait que la formation du personnel constitue
un enjeu incontournable. Un sondage que nous avons réalisé sur la formation
continue liée à l'utilisation du numérique a récemment démontré que 80 %
des profs ont suivi de la formation sur le sujet depuis 2020. Par contre, ce
qui nous préoccupe grandement, c'est que le tiers de ces enseignants estiment
que les formations qu'ils ont suivies ne répondaient pas à leurs besoins. Nous
demandons donc que les enseignants puissent compter sur une offre de formation
continue, pertinente et adaptée à leurs besoins, pour favoriser une utilisation
optimale des écrans et une pleine maîtrise des différents outils. La FSE-CSQ
insiste aussi sur la nécessité de fournir aux enseignants les outils
nécessaires pour utiliser ces technologies, notamment des ressources de soutien
technique, pour éviter d'alourdir leur tâche, qui est déjà colossale.
Je souhaite également profiter de cette tribune
pour soulever un paradoxe évident qui existe entre la volonté des dernières
années de mettre le numérique de l'avant en éducation et l'enjeu de
l'exposition des élèves aux écrans. Les orientations et les plans d'action
gouvernementaux ont contribué à l'augmentation du temps d'écran chez les jeunes. À la sortie de cette commission, il faudra
qu'il y ait des recommandations pour une meilleure concordance entre le temps d'écran attendu et la mise en place de
projets de numérisation de l'éducation, notamment l'enseignement à
distance.
Concernant
les effets sur la santé, des enseignants d'éducation physique nous rapportent
une baisse considérable des résultats aux tests physiques standardisés.
Conscients des effets néfastes d'une exposition prolongée aux écrans, la
FSE-CSQ recommande la promotion de pratiques qui minimisent les risques pour la
santé physique et mentale des élèves, en incluant,
notamment, des temps de pause. Nous... pardon, nous recommandons également de
mettre en place une campagne de sensibilisation sur les risques pour la
santé physique et mentale associés à l'utilisation excessive des écrans, non
seulement à l'école, mais également à la maison.
Aussi, il ne faut pas négliger les conséquences
de l'utilisation des écrans sur la mission «socialiser» de l'école québécoise.
Quand on entre dans un endroit où les yeux de la majorité des élèves sont rivés
sur leur écran de cellulaire, il y a quelque
chose d'inquiétant. Dans un tel contexte, la socialisation est une
responsabilité partagée, notamment avec les parents, qui ont un grand
rôle à jouer dans les comportements sociaux de leur enfant hors de l'école.
L'enjeu est d'envergure car il s'agit d'un problème de société qui n'appartient
pas qu'à l'école. Le premier contact avec les outils numériques se fait très
jeune, principalement à la maison. À nous tous, donc, de tenter de trouver un
équilibre.
En conclusion, l'intégration des écrans à
l'école présente à la fois des avantages à considérer et des défis
significatifs. Nous jugeons essentiel de garantir que l'utilisation des
technologies numériques ne compromette ni la santé
des élèves, ni leur développement, ni les conditions de travail du personnel
enseignant. La FSE-CSQ est donc d'avis que les écrans ont leur place
dans les établissements scolaires du Québec, mais que leur utilisation doit
être mesurée, encadrée, équitable et équilibrée. Surtout, leur usage doit être
motivé par des intentions pédagogiques et reposer sur le jugement professionnel
du personnel scolaire.
On ne peut faire fi du numérique en éducation si
on souhaite bien préparer les jeunes au monde qui les attend. On doit enseigner
et promouvoir une utilisation éthique et responsable du numérique et amener les
élèves à développer leur esprit critique,
notamment pour une utilisation la plus saine possible des réseaux sociaux.
C'est une... pardon, c'est une
discussion que nous devons avoir tous ensemble pour dégager une position
commune, enseignants, parents et intervenants de tous les horizons. Les
établissements scolaires devront aussi disposer d'une marge de manoeuvre
suffisante pour encadrer l'utilisation des écrans dans les écoles en fonction
des différentes réalités des milieux. Nous privilégions
d'ailleurs le pouvoir collectif des communautés-écoles dans le respect des
expertises et des rôles de chacun.
La classe... Enfin, il est clair pour la FSE-CSQ
que le choix de l'utilisation des écrans en classe à des fins pédagogiques doit
demeurer la prérogative de l'enseignant qui est le mieux placé pour poser un
jugement professionnel sur la méthode pédagogique la plus appropriée pour ses
élèves. Le gouvernement devra aussi fournir aux enseignants l'information et la
formation nécessaires pour qu'ils puissent faire des choix éclairés.
Je vous remercie beaucoup pour votre attention,
et nous demeurons disponibles, mes collègues et moi, pour répondre à toutes vos
questions.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. Bergevin. Donc, un de mes collègues veut lancer les discussions?
M.
Ciccone : Bien, je peux. Bien oui.
La Présidente (Mme Dionne) : M. le
député de Marquette.
M. Ciccone : Bien oui. Merci beaucoup. Bonjour. Bonjour à vous tous. Un,
je vous remercie énormément de faire la mention de la problématique sur la
santé des jeunes. On peut parler de la santé mentale, tout ce qui engendre,
justement, l'utilisation des réseaux sociaux et des outils... Mais en même
temps... les outils numériques. Mais, en même
temps aussi, il faut mentionner l'aspect physique aussi, puis on voit le
problème de tension artérielle, le problème d'obésité chez nos jeunes,
qui viennent justement d'une utilisation d'une sédentarité causée par... Puis
ça, ce n'est pas le député de Marquette qui le dit, puis ce n'est pas vous non
plus, c'est la science qu'il le dit. Alors, merci beaucoup de le mentionner.
Moi, j'ai une petite question à vous poser puis
je suis ambigu sur ce que vous avez dit puis je veux savoir comment vous voulez le faire, et si c'est
possible. Vous avez dit, là, que vous n'êtes pas contre l'utilisation du
cellulaire à l'école, si j'ai bien compris, sauf l'utilisation du cellulaire...
sauf utilisé pour une utilisation pédagogique. Vraiment, est-ce qu'on peut
utiliser un téléphone cellulaire, mettre ça dans la main d'un adolescent ou
d'un enfant, puis il va le voir comme un objet pédagogique? Est-ce que ça,
c'est réaliste de penser comme ça?
M. Bergevin (Richard) : Pour donner
la réponse la plus précise, c'est que la question auquel nos enseignants ont
répondu, c'est celle-là, ils n'avaient pas le choix de dire : Est-ce que
je veux l'abolir complètement ou pas? Alors, on voulait être très précis dans
notre réponse qu'on vous donnait, parce que c'est la réponse à laquelle les
enseignantes et les enseignants ont répondu, c'est-à-dire... c'est à cette
affirmation-là qu'ils ont dit : Oui, on est d'accord à 92 %, c'est-à-dire pas de cellulaire, sauf pour des
besoins pédagogiques. Ça serait intéressant de revérifier, auprès des
enseignants, cette... de revalider cette notion-là aujourd'hui, qu'on a
produit, la commission, qu'on a médiatisé
les problématiques de l'écran à l'école. Est-ce qu'on pourrait revalider
l'information auprès de nos collègues? Je
pense que ça vaudrait la peine, mais on ne pouvait pas aller plus loin que
l'information précise que nos enseignantes et nos enseignants nous
avaient donnée. On voulait être sûrs de rester dans les balises qu'on avait.
• (17 h 10) •
M.
Ciccone : Parfait. Recommandation 5, je veux tenter de
la comprendre, là : «Assurer l'équité, tant du point de vue de
l'accès aux outils technologiques que du point de vue du développement des
compétences nécessaires à une utilisation optimale de ces outils par les
élèves.» Dans le fond, vous dites : Ils sont là, mais s'assurer de bien
les utiliser pour être capable... parce
qu'éventuellement, je veux dire, ça s'en va dans l'optimisation, là, puis le
numérique. C'est ce que vous voulez dire ici, là?
M. Bergevin (Richard) : Un peu comme
d'autres groupes ont dit, le numérique existe dans la société, les élèves vont
avoir à l'utiliser plus tard. Alors, il faut être capable de leur donner une
certaine formation et éducation en lien avec le numérique. Nous, on fait
beaucoup une différence entre le téléphone cellulaire et l'ordinateur ou la
tablette qui a été préformatée par l'école pour que... éviter, parce que,
souvent, la problématique qui vient avec les outils numériques, c'est souvent
l'attention qui est... c'est très attractif, donc ça attire l'attention des
élèves, et ça la... ça les détourne, désolé, de leur rôle premier,
d'apprenants.
Si on garde des outils qui sont bien formatés,
qui ne vont pas aller, justement, détourner l'élève de son apprentissage, on a
des chances de garder une meilleure utilisation de l'appareil, une meilleure
utilisation pour l'élève. Il faut être capable de les éduquer. Il ne faut pas
abuser, il faut avoir les bonnes balises. Puis nous, ce qu'on s'attend de la
part du gouvernement ou de l'État, c'est de nous fournir des balises claires.
On a dit tout à l'heure qu'on voulait que les enseignantes et les enseignants
puissent prendre les bonnes décisions, les décisions éclairées. Pour ça, vous l'avez mentionné tout à l'heure que
c'est la science qui mentionnait qu'il peut y avoir un problème au
niveau de la santé physique des élèves, mais on veut que la science vienne nous
éclairer pour nous dire ça serait quoi, les attentes
qu'on a en lien avec l'école. Mais on ne peut pas retirer le numérique de nos
classes complètement, sinon on ne remplirait
pas notre mission d'amener les élèves à être des citoyens qui sont capables de
se développer dans notre société.
Alors, si on
veut être capable d'amener ce développement-là, mais de le faire de façon saine
auprès des élèves, bien, il faut être capable de les former avec... au
numérique. Donc, il faut qu'ils y aient accès à l'école. C'est important. En
plus, il y avait la notion d'équitable. Il y a des milieux qui sont
défavorisés, il y a des milieux qui n'en ont
pas, accès à du numérique à la maison. Alors, il faut qu'ils soient capables de
l'apprendre quelque part, et l'école, c'est un beau milieu pour
justement rééquilibrer l'équité dans la société puis donner la meilleure chance
à tout le monde de réussir.
M.
Ciccone : Mais rééquilibrer, mais en même temps aussi, on
fait face à une situation qui est problématique, c'est le temps d'écran.
On fait le travail à l'école, mais quand on sort de l'école, là, vous n'avez
plus contrôle, là, puis là on ajoute, on ajoute des heures, on ajoute des
heures, là. C'est pour ça que vous dites que c'est une responsabilité qui est
partagée aussi.
Puis on a entendu, puis ce qui est difficile,
là, puis je ne veux pas parler pour mes autres collègues, là, mais moi, ce que j'ai trouvé très difficile, depuis le
début de cette commission-là, avec les groupes qu'on a entendus, c'est
qu'on a entendu des spécialistes, on a
entendu des scientifiques, des docteurs, puis là ils viennent nous dire :
Mais la recherche n'est pas encore
optimale, puis on n'est pas capables d'avoir des données. On ne sait même pas
encore, là, on n'est pas capables de se prononcer si les outils
pédagogiques, c'est bon ou ce n'est pas bon, parce que la recherche, elle n'est
pas encore là.
Cependant, ce que je vois
ici, là, dans une de vos recommandations, vous, là, dans... il faut faire
attention, mais tout ce qui a rapport avec un élève en difficulté, qui a un
plan d'intervention, que les outils lui ont été fournis par le gouvernement,
parce qu'il y a quand même des programmes... On a tous quelqu'un... on connaît
tous quelqu'un, là. Ça, là, on ne touche pas à ça, là. Il ne faut pas toucher à
ces élèves-là, eux autres ne rentrent pas dans, justement, le calcul des écrans
pour ces jeunes-là, en matière pédagogique, là, je ne parle pas des jeux vidéo,
mais en matière pédagogique.
M. Bergevin (Richard) : On va mettre
un certain bémol, puis je te donne la parole, Karine. Tous les élèves qui sont
en difficulté d'apprentissage n'ont pas les mêmes besoins. Alors, ce n'est pas
toute la même réalité et il ne faut pas enlever l'humain de ça. Maintenant,
Karine va être capable de bien compléter.
Mme Nantel (Karine) : Vous avez
raison, les spécialistes s'entendent ou ne s'entendent pas, on fait la somme du
nombre d'heures ou on ne fait pas la somme. Je les ai écoutés, vos commissions,
et depuis le début, et j'en ai des dizaines et des dizaines de pages de notes.
Donc, votre travail sera colossal, et le rapport, on l'attend avec impatience
au mois de mai et on va le lire avec attention.
Et ce qu'on dit, c'est que, pour aider un élève
qui a un ou des troubles d'apprentissage, parce qu'on a ça dans nos écoles
présentement, ça prend un soutien d'un adulte, d'un adulte signifiant engagé
auprès des jeunes et que ce soit un enseignant, que ce soit un intervenant, un
enseignant orthopédagogue, un spécialiste de l'orthophonie, par exemple, ou de
la psychoéducation... Puis ce qu'on dit, c'est : Après l'intervention de
l'humain, là, dans l'aide qu'on apporte à ces jeunes-là, bien, on peut intégrer
des outils à l'aide à l'apprentissage. L'outil ne remplace pas l'humain, l'outil, ce qu'il fait... puis il ne règle pas le
trouble non plus, hein? L'appareil, l'outil ne règle pas le trouble
d'apprentissage de l'élève. Il soutient cet élève-là, l'amène, j'oserais dire,
à un même niveau que les autres élèves qui n'ont pas besoin de ce soutien
numérique là. Au même titre, on faisait le parallèle avec une paire de lunettes
pour un élève qui a besoin de cet outil-là pour bien voir.
Donc, ce que nous, on dit, c'est que,
finalement, c'est qu'on met un outil dans les mains d'un élève avec un trouble
d'apprentissage, puis cet outil-là, à lui seul, il ne peut pas permettre à
l'élève de réussir. Ça prend l'humain à côté qui va le guider, qui va
l'accompagner, qui va l'encourager, qui va le pister, parce que, des fois, il
pense qu'il est très habile avec cet outil-là, puis, woups, bien, il a besoin
d'être recadré. Puis ce qu'on veut, c'est former des citoyens qui seront autonomes avec ces outils numériques là,
éventuellement. Et ça, pour nous, c'est le rôle de l'école de les aider
à être habiles et autonomes avec les outils numériques.
M. Ciccone : Vu la situation actuelle, puis je ne vous apprends rien,
là, il manque de personnel dans les écoles, techniciens, éducateurs
spécialisés. Est-ce qu'à cause de cela on risque de, justement, pousser les
jeunes un peu plus vers les outils technologiques?
M. Bergevin (Richard) : La
problématique de la pénurie amène beaucoup de problèmes dans nos milieux, hein,
que ce soit des gens qui ne sont pas suffisamment qualifiés ou des gens qui
manquent dans les différents postes, là : enseignants, personnels de
soutien, professionnels. Alors, est-ce que ça peut amener à des mesures qui
sont malheureuses? Oui, ça peut amener à des mesures qui sont malheureuses.
Est-ce que celle-là en particulier... Ça dépend des milieux.
M. Ciccone : Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci. Je passe maintenant la parole à M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.Bonjour à vous trois. On a un débat ici, là, une discussion, plutôt, depuis
quelque temps sur le niveau d'interdiction. Est-ce que c'est à la classe,
l'école, le centre de services scolaire, le Québec? Tout le monde semble être
d'accord que, pour la classe, ça fonctionne assez bien. La directive actuelle,
pas nécessairement besoin de la changer. Après ça, vous, j'ai cru comprendre
que, par école, ça serait l'idéal, une directive pannationale, là, du ministère
de l'Éducation qui dit : Partout, plus maintenant, là, de cellulaire sur
l'ensemble du territoire de l'école. Ce n'est pas l'idéal, il faudrait laisser
de l'espace à chaque équipe-école puis à chaque conseil d'établissement?
M. Bergevin (Richard) : Nous, ce
qu'on préfère, c'est de travailler... On l'a appelée la communauté-école, là,
parce qu'équipe-école c'est un peu plus restrictif. Communauté-école, ça inclut
aussi les parents dans l'enjeu.
Nous, ce qu'on considère, c'est que si on amène
la... Ce qu'on souhaite, c'est qu'au niveau national, on ait des balises claires. Tout à l'heure, je vous
disais : On veut que les enseignants aient les bonnes informations pour
être capables de faire des choix éclairés.
On veut que les milieux aussi, les écoles aient des bonnes... des balises
intéressantes pour être capables de faire des choix éclairés. Mais, si on amène
la décision au niveau du conseil d'établissement, avec l'école, les
professionnels de l'école, avec les parents, on risque de créer une certaine
mobilisation autour de ça, qui va être plus
grande et plus intéressante que si on a un ministre de l'Éducation qui vient
chapeauter tout ça et vient donner une grande directive à tout le monde.
Il y a la facilité de dire qu'on n'a pas à prendre ce... Tout à l'heure,
quelqu'un parlait de courage, là, on n'a pas besoin d'avoir, dans nos milieux,
le courage de dénoncer. Par contre, si on a le courage de, justement, faire la
discussion et d'amener des solutions qui sont locales, on pense que ça va être
plus gagnant à long terme que d'avoir une grande
directive. Par contre, on les veut, les balises nationales, hein? On veut avoir
l'information, on veut avoir les chercheurs. Puis si on ne les a pas,
présentement, les informations, si les chercheurs n'ont pas encore les
solutions, bien, on veut qu'ils soient mis à profit dans les prochains temps,
dans les prochaines années, pour nous en
amener des bonnes solutions, des bonnes balises, des balises qui vont être
probantes, qu'on va être capables d'utiliser pour être capables d'aller plus
loin et de prendre... de faire des choix éclairés.
Alors, ça, là-dessus, il faut mettre les
scientifiques à profit. Il faut mettre les balises nationales à profit, mais il
faut laisser les milieux se mobiliser pour faire les choix les plus éclairés
pour chacune des écoles.
M. Leduc : Il y a sûrement des
écoles, d'endroits que vous représentez comme syndicat, qui ont déjà appliqué
ça à l'échelle de l'école, là, pas juste à l'échelle de la classe. Est-ce que
ça... Ça se passe comment, en fait, à votre connaissance?
M. Bergevin (Richard) : Moi, je vais
répondre pour le secondaire, parce que je suis plus du secondaire, puis je vais
laisser Karine répondre pour le primaire. Je pense qu'elle a des bonnes
informations à transmettre. En fait, quand les balises sont sorties, la première
chose que, personnellement, j'ai faite, je suis descendu dans des écoles
secondaires pour aller voir, justement, comment ça se passait. Puis j'ai des
collègues qui travaillent... J'ai plusieurs collègues qui travaillent au
secondaire, puis ils m'ont dit, en général, que la transition s'est assez bien
faite, mais qu'il n'y a pas eu beaucoup de changements, parce que, dans la
plupart des milieux où j'ai visité, les gens avaient déjà des méthodes pour
éviter que les élèves aient les téléphones cellulaires dans leurs poches.
Alors...
• (17 h 20) •
M. Leduc : Comme quoi, mettons?
M.
Bergevin (Richard) : Bien, la boîte en avant, avec les espaces pour que
les jeunes laissent leurs cellulaires, ferment les cellulaires, etc., et
que ça reste là.
M. Leduc : Ça, c'est l'initiative de
profs?
M. Bergevin (Richard) : D'enseignants
ou d'écoles, là. Certains milieux l'ont fait plus de façon école, mais la
plupart du temps, c'étaient les enseignants qui avaient pris ces
initiatives-là. Et, anecdote, quand il n'y avait pas de boîte en avant, parfois
les élèves demandaient au prof : Mais c'est où que je le mets, mon
cellulaire, là? Tu sais, donc, c'était rentré dans les moeurs qu'on ne garde
pas le cellulaire dans nos poches puis on va le déposer en avant.
Alors, le changement qui a été amené par la
directive ministérielle n'a pas modifié de façon importante la façon dont ça se
passait dans les classes, alors... Mais ça se vit très bien de ne pas avoir de
téléphone cellulaire dans les poches puis de... parce que tout à l'heure, on
parlait de l'attention, hein, de la distraction qu'amène un téléphone
cellulaire. Quand ça vibre dans nos poches, inévitablement, à 15, 16 ans,
ça devient... la concentration lâche ce qu'on est en train de faire puis s'en
va sur le cellulaire. Même si on n'a pas le droit de le sortir, on le sait
qu'on a eu un message, on le sait qu'on veut savoir c'est qui qui nous a écrit,
on veut savoir c'est quoi qu'il y a sur le message, et donc ça détourne
l'attention. Puis l'attention en classe, la concentration sur le travail
d'apprenant, c'est un élément essentiel pour maximiser les heures qu'on a dans
nos classes avec nos élèves pour les faire progresser. Parce qu'on parle
souvent de réussite, mais la réussite, ça vient avec la concentration puis
l'attention.
Mme Nantel (Karine) : J'ai la même
lecture que mon collègue...
M. Leduc : Bien oui.
M. Bergevin (Richard) : Excuse-moi!
Mme Nantel
(Karine) : Bien non. C'est ça, je vais prendre la parole.
Vous comprendrez que j'ai la même lecture.
Au secondaire, ça se faisait déjà dans les
écoles, la boîte pour déposer le cellulaire, les pochettes avec les petits
numéros. Donc, ça, c'était déjà acquis dans la plupart des écoles. Au primaire,
vous n'êtes pas sans savoir que les élèves sont un peu plus jeunes, donc on a
moins cette problématique-là. En cinquième, sixième, ça commence
tranquillement, mais les enseignantes et les enseignants s'étaient dotés de
règles précises dans les codes de vie qui étaient approuvés par les conseils d'établissement.
Donc, souvent, il y avait déjà des directives qui étaient en place pour
permettre, justement, de réguler les élèves.
Puis mon collègue l'a dit, c'est intéressant de
voir que les élèves apprennent rapidement, et la plupart se conforment. Bon, il
y en a toujours qui trouvent ça un peu plus difficile, ou qui les cachent,
ou... mais les élèves apprennent. Les élèves aiment bien avoir des balises,
hein, les enfants aiment ça, avoir des balises claires, cohérentes et que les
intervenants d'une même école appliquent ces balises-là. Donc, ça causait moins
problème.
M.
Leduc : Est-ce qu'il pourrait y avoir une modulation du
genre interdiction totale du cellulaire au primaire? Parce que, là, je
suis un peu... J'ai vu un chiffre tantôt, je ne me souviens plus c'était qui
qui disait qu'il y avait quasiment 50 % des élèves de sixième année qui
avaient un cellulaire ou une tablette. Ça me semble... J'étais étonné, je ne
pensais pas que c'était autant que ça. Est-ce qu'il pourrait y avoir une interdiction
totale, au primaire, pour dire : pas de cellulaire dans l'établissement
scolaire, de Gatineau à Gaspé, tandis qu'au secondaire on laisserait plus de lousse, dépendamment des écoles, selon l'application d'un
cas x ou y? Est-ce que ce serait possible d'imaginer un scénario comme ça?
Mme Nantel (Karine) : L'objectif,
c'est d'avoir des balises claires, qui viennent du ministère ou du
gouvernement. Et ensuite, nous, on prône vraiment la... l'équipe ou la
communauté... comme mon collègue l'a dit, la communauté-école qui se prononce,
et qui a ces débats-là de fond dans les milieux, et qui arrive avec des
directives qui collent au milieu. On l'a dit, arriver avec une règle pour tous,
un mur-à-mur... les gens ne participent pas aux discussions, ne participent pas
aux échanges. C'est toujours plus difficile de faire... d'amener les gens vers
ces nouvelles balises et règles. Nous, ce qu'on prône, c'est une discussion
franche dans les milieux et des décisions qui sont prises à l'échelle de la
communauté de l'école.
M. Leduc : Mais, tu sais, cinq,
sixième année, on a quoi, 10, 11, 12 ans?
Mme Nantel (Karine) : 12.
M. Leduc : Est-ce que c'est la même
utilisation du cellulaire que leurs grands frères, grandes soeurs de 13, 14,
15, 16?
Mme Nantel
(Karine) : C'est difficile à dire. On n'est pas... Moi, je
suis... Vous parlez à la prof probablement la moins techno au Québec.
Donc, vous l'aurez rencontrée, là, c'est moi. Et à côté, j'ai quand même un
scientifique, un prof de science, qui est un... qui est quand même très, très
débrouillard en informatique. Je peux vous dire qu'autant à l'école qu'à la
maison, ce qui est important, c'est... puis d'autres groupes avant nous l'ont
dit, c'est de donner l'exemple, hein? C'est
de dire : Bien... puis c'est de s'engager auprès des jeunes pour
comprendre leur réalité. Vous avez eu une intervenante ici,
Mme Parent, Dre Parent, qui est venue parler de conversations franches
qu'elle a eues avec les jeunes, puis je
pense que ça, ça peut nous outiller sur leurs besoins et sur leurs limites,
parce qu'ils l'ont évoqué qu'eux autres aussi, ils trouvent qu'ils sont
trop souvent sur ces appareils-là. Et il y avait des jeunes enfants, là. Elle a
fait... elle a cité des témoignages de
jeunes qui disaient : Bien, moi, j'aimerais ça passer plus de temps avec
mon père, avec ma mère, qu'elle me
parle. Donc, si, dans nos familles, on est capables de mettre des règles sur
l'utilisation... bien, pas de cellulaire
à table, bien, j'imagine qu'on est capables de faire la même chose dans une
classe, pas de cellulaire en classe.
Et tout ça s'explique. Dès qu'on a une
intention... parce que c'est ça, la mission de l'école, c'est d'expliquer,
c'est de conscientiser, c'est de sensibiliser. Donc, si on nous oblige ou on
nous donne des balises mur à mur, bien, on nous enlève une partie de notre ADN,
comme pédagogue, d'expliquer, de sensibiliser, de questionner. Et cette
docteure expliquait qu'il y avait des mots clés, hein? Nommer les choses. Les
élèves, des fois, ils sont... ils ont honte de dire à quel point ils utilisent
trop souvent ou trop longtemps l'appareil. Et je pense que donner la parole aux
jeunes dans cette... puis vous allez le faire, en commission, vous allez aller
dans les milieux, et ça, on salue cette initiative-là, parce qu'il faut faire
parler ces jeunes-là, de 11, 10, neuf, et ceux qui sont au secondaire, pour comprendre leur dynamique et comprendre à quel
point ils en ont besoin aussi, de ces outils ludiques, de socialisation.
Et certains docteurs sont venus dire que ce
n'est pas nécessairement positif de les éliminer complètement. Nous, on le
voit, dans les milieux scolaires, les jeunes
partagent entre eux et communiquent entre eux. Si on leur enlève
complètement, on passe à côté d'une partie de leur vie importante. Maintenant,
il faut les amener à réfléchir à leur utilisation, et ça, les mieux placés pour
faire ça, c'est les enseignants et les enseignantes.
La Présidente (Mme Dionne) : Justement,
parlant d'enseignants, enseignantes, j'ai discuté cet été sur le terrain avec
des enseignants. Malgré la directive d'interdiction en classe, on a encore des
enseignants qui ont une problématique avec des élèves qui amènent leur
cellulaire, puis, malheureusement, à un moment donné, ils sont confrontés à des
limites, là, pour l'interdire. Donc, si on ne fait que mettre des balises, puis
qu'on continue, dans le fond, puis que le
cellulaire est toujours autorisé dans l'établissement ou sur les terrains
d'école, comment on peut faire pour mieux aider ces enseignants-là qui
vivent encore avec des problématiques de cellulaires? Puis souvent, c'est ça
qu'on me disait aussi, là, c'est l'appel d'un parent à 15 h 55, avant
que la cloche sonne, juste pour voir si l'enfant est dans la classe. Mais, en
tout cas, bref, comment est-ce qu'on peut faire pour soutenir les enseignants
quand même?
M. Bergevin (Richard) : Bien, nous,
on part avec la balise que ce qui existe actuellement, c'est... On part de là.
Alors, présentement, les cellulaires ne sont pas supposés être en classe. Les
profs ont pris des moyens. S'il y a des problématiques dans les milieux, il
faut que les milieux se donnent les moyens. Puis souvent, entre les décisions
et les moyens, c'est souvent là que ça achoppe parce qu'il faut que les milieux
aient les moyens. Présentement, les milieux ont un stress important en lien
avec la pénurie puis en lien avec ce qu'on connaît de nos milieux scolaires, ce
qui fait que c'est difficile, parfois, de faire appliquer des règles.
C'est sûr que de dire... de prendre une décision
qu'on élimine les téléphones cellulaires de toutes nos écoles, à la grandeur du
Québec du jour au lendemain, ça peut être une décision qui soit prise, mais ça
va aller aussi avec son lot de problématiques qui vont être en lien avec ça. Ça
va venir aussi avec des parents qui vont dénoncer ce type de situation là parce qu'ils veulent être capables
de rejoindre leurs enfants. Ça va arriver aussi avec des problématiques
de gestion de cet encadrement-là.
Et aussi, il ne faut pas se le cacher, là, si,
demain matin, on donnait la directive d'éliminer tous les cellulaires de toutes
les écoles, là, on se retrouverait avec un problème de sevrage des élèves,
O.K.? Non, puis on en rit, là, c'est toujours... mais
éliminons les cellulaires, là, puis on va avoir une autre problématique de
santé publique qui va... qu'on va avoir à gérer dans nos écoles. Et là, je vous
le dis, si jamais vous arrivez à la conclusion de cette commission-là en disant
qu'on élimine des cellulaires des écoles, là, s'il vous plaît, faites des recommandations
en lien avec ça, parce que nous, on va avoir à le gérer dans nos écoles. On va
les avoir, les élèves qui vont être tout croches pendant je ne sais pas combien
de temps. Je ne suis pas un scientifique, je ne connais pas cette... Oui, je
suis un scientifique, mais je ne connais pas cette notion-là, mais ça risque
d'être long. Alors, j'aimerais ça que... si jamais vous prenez cette
décision-là, amenez des solutions puis des moyens dans nos milieux.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
• (17 h 30) •
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous. Merci d'être avec nous aujourd'hui. Dans votre
mémoire, donc, vous nous dites : «On constate que les populations plus
vulnérables sur le plan socioéconomique se trouvent
plus durement touchées par des inégalités numériques.» Donc, vous parlez
beaucoup de la fracture numérique. Dans le cadre des consultations, vous
les avez écoutés, donc, quant aux disparités avec les milieux sociaux... les milieux, donc, socioéconomiques.
Donc, on nous a surtout parlé, donc, d'une surabondance, donc, l'usage
des écrans, ou d'une prévalence d'un usage,
donc, plus inapproprié, ou plus ludique, ou de divertissement dans les milieux
défavorisés.
Donc, je voudrais peut-être vous entendre sur
cet aspect-là. Donc, comment est-ce que vous réconciliez ce qu'on a entendu dans le cadre des consultations et
l'enjeu de la fracture numérique qui... quelles autres recommandations ou comment est-ce que vous, vous verriez... par
exemple, donc, votre recommandation 3 de campagnes de
sensibilisation, est-ce que vous les feriez ciblées aussi? Donc, je voulais
vous entendre sur cet aspect-là, sur ces disparités.
Mme Nantel (Karine) : Bien, ce qu'on
pense, c'est que... Bien, on l'a vu avec la pandémie, hein? Lorsqu'on a dû
basculer, là, rapidement en pandémie, on l'a vu qu'il y a certains milieux qui
n'étaient pas prêts, hein? On a dû même fournir des portables, des... il y en a
qui n'ont pas la connexion Internet, donc on a même dû fournir des clés pour
avoir une connexion Internet. Donc, ça, on l'a bien... On l'a bien senti qu'il
y avait des disparités importantes.
Maintenant, on... J'ai entendu ce que vous
dites, puis ça m'amène à vous parler aussi de la formation chez les parents. On
l'a vu, les parents ont besoin aussi d'être formés sur les meilleures... la
meilleure utilisation des outils numériques, tablettes, cellulaires et autres.
Et dans notre avis, on parle aussi de la formation des enseignants. Et il y a
une donnée intéressante où on dit qu'on a 80 % des enseignants qui se sont
formés sur le numérique et seulement 30 % nous ont dit que ça répondait à
leurs besoins. Donc, ça, c'est très préoccupant.
Donc, on va avoir besoin de soutien dans nos
milieux et dans les familles pour arriver à bien déterminer l'usage du
cellulaire et des plateformes numériques, alors, lesquelles on met de côté
complètement et lesquelles on peut utiliser, qui nous amènent moins de risque.
Donc, c'est à ce niveau-là que nous, on avait...
M. Bergevin (Richard) : J'aimerais
ajouter un élément aussi. On parle beaucoup du primaire, des jeunes, on parle
beaucoup aussi du secondaire, nos adolescents, mais il faut aussi parler de la
formation professionnelle puis de la formation générale des adultes. Ce sont
deux groupes que, souvent, on laisse de côté parce qu'ils sont
minoritaires dans nos organisations, mais c'est important qu'on en tienne
compte parce que la fracture, elle se vit là aussi. Des gens qui ont moins de
formation, qui connaissent moins, on a besoin de les former, mais on a besoin
aussi de les former à la limite du temps d'écran, là. On a les deux enjeux
qui doivent être pris en considération, et ces groupes-là sont souvent des gens qui ont besoin d'aide, et de
soutien, et de formation, surtout sur le numérique. Alors, c'est
important de ne pas les oublier dans la
fracture numérique, parce que ces gens-là, souvent, ont un besoin d'un soutien
important.
Mme
Cadet : ...vous faites bien
de le soulever. Majorité numérique, vous êtes en contact avec les jeunes,
donc, dans votre quotidien. On pose souvent, donc, la question, donc, sur le
seuil d'âge. Donc, peut-être vous entendre sur ce point-là.
M. Bergevin (Richard) : On n'a pas
amené d'âge ou de moment où on devrait avoir la majorité numérique parce qu'on
a essayé de rester terre à terre puis de se poser la question : Qu'est-ce
que ça va donner ou qu'est-ce qu'on va être
capables de faire appliquer? On avait de la difficulté à visualiser clairement
comment on ferait appliquer une majorité numérique.
Ce qu'on souhaite, c'est aller vraiment vers
l'éducation et travailler vraiment sur la progression avec le temps... avec l'âge de l'utilisation du numérique,
avoir une utilisation qui est saine, avoir des balises qui sont
éclairantes pour les enseignantes et les enseignants pour qu'on soit capables
de bien utiliser le numérique et dans une quantité qui est suffisante, sans
dépasser les limites de ce que la recherche nous dira, qui est adéquate. Mais
on n'a pas déterminé d'âge pour... de balises claires pour cet élément-là de la
majorité numérique.
Mme Cadet : Vous voulez ajouter?
Mme Nantel (Karine) : Non seulement
c'est difficile d'appliquer une majorité numérique, mais, en plus, ce qui... ce
qu'on a découvert aussi, c'est que nos jeunes sont toujours deux coups en
avance sur nous autres. Donc, ils sont capables de contourner, ils sont
capables de détourner le contrôle parental. Donc, on pense que c'est difficile d'application, d'une part, et on va se... On pense
que notre... Encore une fois, notre mission, c'est d'éduquer,
sensibiliser, informer le mieux possible.
Mme Cadet : Merci.
De retour précisément à l'école, donc, à un groupe plus tôt, donc, je leur
posais la question sur la lourdeur de la tâche. Donc, vous avez parlé des défis
qui se... qui existent, donc, dans notre système d'éducation en ce moment.
Donc, est-ce que vous trouvez que l'usage périphérique des écrans... pas à des
fins pédagogiques, ça, je vous ai entendus,
mais usage périphérique des écrans, si ça alourdit la tâche du personnel
éducatif?
M. Bergevin (Richard) : Quand vous
parlez d'usage périphérique...
Mme Cadet : Périphérique, oui, c'est
ça, j'ai un peu inventé ce terme.
M. Bergevin (Richard) : Ludique?
Mme
Cadet : Mais c'est ça, ludique. Je veux dire, donc,
l'emploi, donc, des technologies, des... la présence des jeunes sur les réseaux sociaux, donc tout ce que
ça amène comme défis, puis que, finalement, donc, ça se fait, donc, à l'extérieur de l'école ou en périphérie de
l'école, mais qu'au final, donc, l'école a quand même à en gérer les
conséquences.
M. Bergevin (Richard) : Ça amène des
enjeux qui sont importants pour l'ensemble de la société et pour l'école. Et,
oui, ça alourdit d'une certaine façon la tâche des enseignantes, des
enseignants, parce que, oui, on a à gérer de la socialisation qui n'est pas
directe, devant nous, mais qui est par les médias sociaux, donc de façon
détournée, donc difficile à gérer, ou à voir venir, ou, en tout cas, à...
Souvent, on aide les enfants ou les adolescents
dans leur socialisation puis leur façon d'agir avec leurs collègues. On les
forme, on les éduque pour que ça puisse bien se passer. Au niveau des médias
sociaux, c'est souvent plus difficile, parce que c'est... ce n'est pas
accessible nécessairement pour les enseignantes, les enseignants, et on n'a pas
nécessairement la formation pour le faire, et on n'a pas nécessairement le
temps pour le faire. Ça a des impacts dans nos classes directement. Ça a des
impacts dans nos écoles, et, oui, ça alourdit la tâche des enseignantes, des
enseignants, parce qu'il y a des comportements qu'on ne... auxquels on ne peut
pas... sur lesquels on ne peut pas agir. Parce que normalement, quand il y a
des comportements qui sont déviants, bien, on va essayer d'agir pour être
capable de ramener les élèves, de les éduquer, de les former, de s'assurer
qu'ils vont avoir les bons comportements, mais, quand on ne les voit pas, les
comportements puis qu'on subit les crises qui peuvent s'ensuivre, bien, c'est
problématique. Alors, oui, on en vit les conséquences.
La Présidente (Mme Dionne) : ...
Mme Cadet : Oui?
La Présidente (Mme Dionne) : Il
reste peu de temps...
Mme Cadet : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : ...je
vais passer la parole à Mme la députée de Châteauguay. Il reste
trois minutes.
Mme Gendron : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bonjour. J'ai une petite question pour vous. Plusieurs groupes, comme vous, nous ont mentionné que de
prendre les décisions près du milieu, c'est ce qu'ils recommandaient,
donc par le conseil d'établissement ou, comme vous dites si bien, là, le milieu
école ou... En fait, ma question était : Advenant qu'une décision est
prise d'avoir, oui, accès au cellulaire dans l'école... Je comprends bien que,
l'année suivante, le conseil d'établissement
pourrait décider tout autre chose, donc d'enlever la possibilité d'utiliser le
cellulaire par les étudiants ou même par les professeurs. Aujourd'hui, la
réalité, c'est que plusieurs professeurs l'utilisent, que ce soit, bon, pour
accès à un dictionnaire, Kahoot!, plein de choses, et c'est utilisé au
quotidien, puis ça fait partie du plan de travail du professeur.
Donc, en donnant cette responsabilité-là au
conseil d'établissement, vous pensez qu'on peut garder une certaine stabilité,
sachant que, d'une année à l'autre, toute cette base-là, là... ou, en fait, les
outils pourraient changer d'une année à l'autre? J'aimerais vous entendre sur
cet aspect-là, quant à moi, d'instabilité ou... quant à moi, c'est comme
incertain, autant pour le professeur... ou d'autant plus, même, pour les professeurs
que les étudiants.
M. Bergevin (Richard) : J'irais
là-dessus en disant que, bon, première chose, les enseignantes, les enseignants
sont représentés au sein du conseil d'établissement. Rarement un conseil
d'établissement a avantage ou intérêt... parce qu'on... les gens qui se
retrouvent autour de la table, c'est les enseignantes, les enseignants, c'est
du personnel scolaire, c'est les parents qui sont là aussi. Oui, il pourrait
arriver qu'à un moment donné le conseil d'établissement
change d'idée, mais ça serait plutôt surprenant que le conseil d'établissement
change d'idée annuellement, parce qu'il n'y a personne qui a intérêt à
ça. Ni les parents, ni les enseignants, ni le personnel scolaire n'a intérêt à
ce qu'on joue au balancier avec ça.
Et je vous dirais du
même coup que, même au niveau national, dépendamment des choix qui seraient
faits par un gouvernement, un gouvernement pourrait changer d'idée, puis on
pourrait changer de gouvernement, puis que le nouveau gouvernement ait d'autres
idées puis amène d'autres mesures, réglementations, choix. C'est un peu plus lourd, on va s'entendre, qu'un conseil d'établissement, mais
il reste qu'il pourrait y avoir des choix qui soient faits, différents. Ça
dépend comment un gouvernement prendrait les décisions. Si c'est une loi, c'est
plus long, mais, si c'était juste une réglementation, ça serait différent.
Mme Gendron :
Est-ce que j'ai quelques secondes?
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, il vous reste une minute.
• (17 h 40) •
Mme Gendron :
O.K. D'après vous, est-ce qu'aujourd'hui, advenant qu'on donnait justement
cette responsabilité-là au conseil
d'établissement... est-ce que, d'après vous, la majorité déciderait d'accepter
que les étudiants amènent leurs cellulaires ou de refuser?
M. Bergevin
(Richard) : Ce qui est important, c'est les balises qui vont être
données au niveau national par les données de recherche, les données
scientifiques, qui sont capables de nous éclairer. Puis les conseils
d'établissement, en général, ils suivent beaucoup la science, parce que les
gens ne sont pas qualifiés pour être capables d'inverser la tendance. Alors, si
la science nous dit que le bon choix, c'est d'interdire le cellulaire à
l'école, il n'y a pas de raison pourquoi les conseils d'établissement iraient
en sens contraire de cette directive... pas de cette directive-là, de cette
balise-là, mais, pour ça, il faut avoir des données qui sont valables.
Mme Gendron :
Merci. Puis je salue...
La Présidente (Mme
Dionne) : C'est malheureusement...
Mme Gendron :
Oui. Bien, parfait. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : ...tout
le temps que nous avons. Alors, merci infiniment pour votre contribution
à ces travaux.
Donc, je suspends les
travaux quelques instants pour accueillir nos prochains témoins.
(Suspension de la séance à
17 h 42)
(Reprise à 17 h 45)
La Présidente (Mme
Dionne) : Alors, la commission reprend maintenant ses travaux. Donc,
je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la Fédération autonome
de l'enseignement.
Donc, bonjour et bienvenue
à cette commission. Heureuse de vous revoir. Alors, je vous rappelle que vous
avez 10 minutes pour nous faire part de votre exposé, puis, suite à cela,
nous pourrons procéder à une période d'échange et de questions avec les membres
de la commission.
Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
Mme Hubert
(Mélanie) : Oui. Alors, Mme la Présidente, Mmes et MM. les membres de
la commission, bonjour. Alors, je suis
Mélanie Hubert, enseignante au primaire et présidente de la Fédération autonome
de l'enseignement. Je suis accompagnée aujourd'hui par ma collègue Annie
Primeau, qui est, elle aussi, enseignante et vice-présidente à la vie
pédagogique. Et on a avec nous deux personnes conseillères syndicales,
Christel Gilbert et Marika Tremblay.
La FAE, comme vous le
savez, est une organisation syndicale qui représente environ
60 000 enseignantes et enseignants des centres de services scolaires
ainsi que deux écoles spécialisées, l'école Peter-Hall et le centre
académique Fournier. Et on est un peu partout au Québec, là, dans la région de
l'Outaouais, de la Montérégie, des Basses-Laurentides, Laval, Montréal,
l'Estrie et la région de la Capitale-Nationale.
Pour la FAE, la
réflexion qu'on mène ces jours-ci, c'est une réflexion très importante, tant
d'un point de vue pédagogique que d'un point de vue de la santé et de la
sécurité de nos élèves. C'est une excellente chose, qu'on prenne le temps d'y
penser, et le sujet préoccupe grandement les membres qu'on représente. On mène
d'ailleurs des travaux actuellement qui vont nous mener jusqu'à un congrès en
juin 2025, et c'est ma collègue Annie Primeau qui va vous faire état un
peu des positions qui ont été développées jusqu'à maintenant. Je lui cède la
parole.
Mme Primeau
(Annie) : Merci. Donc, depuis le lancement du plan d'action du
numérique en éducation en 2018, le
ministère attend du personnel enseignant qu'il participe à la formation des
élèves sur le développement des compétences
numériques, même sans programme dédié. Des investissements importants ont été
réalisés en équipement, et plusieurs
documents ont été publiés pour encourager les enseignants à adopter ces
nouvelles pratiques destinées à préparer les élèves à une société en transformation. Ces publications mettaient
en avant le numérique comme synonyme d'innovation, de créativité, de réussite éducative tout en
soulignant l'importance du leadership et de l'implication des enseignants
pour se former à des pratiques pédagogiques novatrices, collaboratives et
créatives. Le cadre de référence de la compétence numérique propose de nombreux
outils numériques, comme les jeux vidéo éducatifs, la réalité virtuelle ou les
capsules vidéo en ligne.
Un rapport national de la
Santé publique du Québec conclut que l'utilisation des appareils numériques en
classe, qu'elle soit personnelle ou pédagogique, n'apporte aucun bénéfice à
l'apprentissage. Il peut même avoir un effet négatif sur la cognition des
jeunes. La simple proximité d'un appareil distrairait les élèves et aurait un
impact négatif sur leur apprentissage. Mise à part une directive ministérielle
interdisant les téléphones cellulaires en classe, aucune mesure concrète n'a
été prise pour inverser la tendance ou pour atténuer l'influence des partisans
du numérique. Il est difficile de concilier deux besoins opposés,
développer des compétences pour évaluer un monde numérisé tout en promouvant
une sobriété numérique pour limiter les impacts négatifs sur l'apprentissage.
Le personnel enseignant est souvent seul à chercher un équilibre qui pourrait
faire consensus sur cette question.
Au Québec, en 2011, les tableaux blancs
interactifs ont été introduits dans les classes pour 240 millions de
dollars, suscitant des controverses sur leur utilité et l'attribution des
contrats. En 2018, le gouvernement de Philippe Couillard a lancé le plan
d'action du numérique en éducation avec un budget de plus de 1 milliard de
dollars. Pendant la pandémie de COVID-19, 42 millions d'équipement de
vidéoconférence ont été fournis aux centres de services scolaires sans demande
préalable. La FAE s'y est opposée, invoquant des atteintes potentielles aux
droits des enseignants. En raison de
l'absence de besoins réels et des réticences éthiques liées à l'enseignement
comodal, ces équipements ont été peu ou pas utilisés. Le rapport du Vérificateur
général du Québec de décembre 2022 a critiqué la gestion des dépenses en éducation, recommandant au ministère de l'Éducation du Québec de faire une analyse adéquate
des besoins et de consulter les utilisateurs avant tout achat d'équipement.
La FAE insiste sur l'importance de l'autonomie
professionnelle des enseignants, confirmée par la Loi sur l'instruction publique. Les enseignants doivent pouvoir choisir leurs
méthodes et outils pédagogiques, y compris l'usage des outils numériques
qui doivent rester des options de soutien. Cependant, la promotion des
technologies par des conseillers pédagogiques et des marchands numériques
menace cette autonomie en poussant l'intégration numérique sous prétexte
d'innovation.
La FAE souligne les nombreux défis auxquels les
enseignants font face pour évaluer et intégrer ces outils, notamment le manque
de temps, de matériel et de soutien technique. Le choix d'utiliser des outils
numériques doit appartenir exclusivement aux enseignants et non leur être
imposé. Ces outils doivent servir les enseignants et non le contraire.
La FAE exprime des inquiétudes concernant
l'enseignement à distance, récemment autorisé par le projet de loi n° 23,
dans des situations exceptionnelles. La FAE craint que cette mesure ne soit
étendue au-delà des contextes exceptionnels, comme la pandémie, et dénonce
également des essais d'enseignement à distance dans des centres de services,
comme lors des journées... des journées d'intempéries, pardon, ou des grèves.
Les recherches montrent que l'enseignement à distance a eu des effets négatifs
sur les résultats et la motivation des élèves, confirmant que cette méthode
doit rester une solution de dernier recours.
La FAE affirme que la formation à distance, y
compris en mode hybride ou comodal, doit rester une mesure exceptionnelle et
qu'elle ne doit pas être utilisée pour compenser le manque de personnel ou de
locaux. L'intégration de l'enseignement à distance modifie les conditions de
travail des enseignants, ce qui devrait être négocié plutôt qu'imposé par le gouvernement. L'enseignement à
distance nécessite une révision complète des pratiques pédagogiques et
alourdit la tâche des enseignants. Ils doivent pouvoir influencer ces
changements pour protéger leurs droits et assurer la réussite éducative des élèves.
L'ajout de
nouveaux contenus numériques à l'enseignement est complexe, et, étant donné la
rapidité d'évolution du domaine et la
surcharge actuelle du Programme de formation de l'école québécoise, avant
d'intégrer des nouveaux éléments sur les compétences, la commission doit
d'abord évaluer les contenus qui sont déjà présents, tels que ceux en éducation à la sexualité, ainsi que les futurs
contenus sur la violence et la santé mentale. Il est essentiel de
permettre une implantation adéquate du programme de CCQ avant d'envisager des
modifications et, si de nouveaux contenus sont recommandés, il sera impératif de retirer des éléments existants pour
faire de la place car la surcharge des programmes actuels ne permet pas
l'ajout de nouveaux sujets.
• (17 h 50) •
Mme Hubert (Mélanie) : Ma collègue
l'a dit, la fédération revendique l'autonomie professionnelle des profs dans le
choix des outils pédagogiques mais aussi leur participation dans les décisions
qui les concernent. Alors, si la commission concluait d'encadrer le milieu
scolaire, nous nous attendons à ce que le personnel enseignant ait voix au
chapitre, que ce soit par des mécanismes de consultation qui sont établis au
ministère ou encore, là, par ceux qui sont dans les conventions collectives. Et
on met, nous aussi, en garde la commission contre les solutions mur à mur car
chaque milieu scolaire a des particularités dont il faut tenir compte.
Évidemment, nous aussi, on a parlé du point de
vue des profs, et donc du point de vue de l'école, mais l'encadrement du
numérique ne peut pas reposer uniquement sur les épaules de l'école québécoise.
Au moment de déterminer des mesures à prendre pour protéger nos enfants et nos
adolescents, la FAE a bien peur qu'une fois de plus on se dise que le milieu scolaire
va pouvoir régler les problèmes, et on pense que ça serait une solution
dommageable, et ce n'est pas la voie à prendre. Les enjeux dépassent le cadre
de l'école, c'est un problème de société et c'est de manière globale qu'il
faudra le voir. C'est un partage... par un partage juste et bien ciblé des
responsabilités de chacun qu'on atteindra les objectifs. Les parents demeurent
un premier modèle et les premiers éducateurs de leurs enfants. La commission en
a entendus qui sont prêts à jouer leur rôle.
Les entreprises qui
produisent et qui distribuent du matériel devraient avoir des comptes à rendre.
Ils ne peuvent pas être dédouanés des effets potentiels de leurs outils et de
ce qu'ils offrent comme contenu. Et, si des éléments
sont nocifs, bien, le gouvernement doit pouvoir utiliser son pouvoir de
législation pour encadrer les entreprises, les plateformes de diffusion,
faire des politiques générales, et ainsi de suite. Le domaine du numérique est
aussi en constante évolution. On a beaucoup parlé d'avoir
accès à des données, et, pour ça, le gouvernement pourra aussi continuer
d'investir dans la recherche pour qu'on puisse prendre des décisions éclairées
qui ne sont pas basées sur une mode du moment ou des pressions d'un marché ou
d'une industrie.
Alors, pour conclure,
l'école a certainement un rôle important à jouer pour mieux encadrer
l'utilisation des écrans et des réseaux sociaux chez nos jeunes, mais rappelons
que l'école ne pourra pas être l'unique gardienne de la prudence et de la
tempérance. Il faudra en faire un projet de société pour nos jeunes. Merci.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci infiniment pour cet exposé. Nous allons maintenant
procéder à la période d'échange. Donc, M. le député de Marquette, la parole est
à vous.
M. Ciccone : Merci. Il me semble que je passe le premier souvent,
câline.
La Présidente (Mme
Dionne) : Bien, vous levez votre main rapidement.
M.
Ciccone : Ah oui! Merci. Non, je suis
anxieux. Bonjour. Bonjour à vous quatre. Merci beaucoup d'être présents...
d'être présentes.
Il y a
deux éléments que vous avez soulevés et qui m'interpellent beaucoup, les
enjeux d'éthique majeurs, je veux vous entendre là-dessus. Qu'est-ce que vous
considérez étant des enjeux d'éthique majeurs? Et également vous parlez de la
sécurité des jeunes, je veux vous entendre là-dessus, puisqu'on parle beaucoup
de santé. On a effleuré l'aspect sécurité privée, menace de vie privée, fraude,
et tout ce qui est harcèlement, et tout ce qui vient avec ça, mais moi, je veux vous entendre sur ces
deux éléments là, la différence entre les deux, puis des exemples, des
exemples des deux, s'il vous plaît.
Mme Primeau
(Annie) : Bien, si on pense à la sécurité des jeunes, il faut penser,
là, lorsqu'on était... Là, vous faites référence à... le milieu de classe ou
l'enseignement à distance comme on l'a vécu? Parce que...
M.
Ciccone : Bien, regarde, je vais vous
lire... c'est dans votre conclusion : «Ce dossier, fort complexe et
multifactoriel, commande un maximum de prudence, de stratégie, de réflexion de
la part de tous les acteurs impliqués dans l'éducation des enfants et des
adolescents. Il en va de la santé et de la sécurité des jeunes.»
Mme Primeau
(Annie) : Oui, bien là, lorsqu'on parle de sécurité, évidemment, on
parle de sécurité au niveau intellectuel. Lorsque, par exemple, on a un jeune
qui utilise un logiciel qui, finalement... ils ont toujours des espaces de
clavardage un peu dans ces endroits-là, où là, finalement, on finit par
échanger avec des gens qu'on ne connaît peut-être pas.
Et on a eu, tout le
monde, connaissance d'histoires qui se sont finies de manière très malheureuse,
de jeunes qui ont été hameçonnés par des gens qui se disaient de leur âge, mais
qui ne l'étaient pas du tout et qui ont vécu des choses qui étaient
désagréables. Évidemment, des situations aussi... un jeune, par bon vouloir,
qui va partager, sur un site non sécurisé, des informations qui vont être à
caractère sensible et qui pourront aussi le mettre de manière à risque. Donc,
ce n'est pas seulement à distance, mais c'est aussi... pardon, de manière
personnelle. Lorsqu'on le fait, ça devient aussi un enjeu éthique que d'avoir
cette responsabilité-là aussi, à la fois qu'on soit comme parent ou qu'on soit
comme enseignant.
Lorsqu'on a un jeune
qui a un outil numérique entre les mains, les pare-feux doivent être rendus
disponibles. Et, on va se le dire, et vous le savez également, ça va tellement
vite qu'il se crée de nombreux sites Internet avant même que le pare-feu ait le
temps de réagir et de les bloquer, malgré la bonne foi des écoles et des
centres de services qui tentent de développer des mécanismes pour les barrer.
C'est un domaine qui va trop vite.
Donc, l'aspect
sécurité, à ce moment-là, un jeune également qui ouvre sa caméra, et qui prend
des photos, et qu'il se retrouve à les partager de manière inadéquate ou qu'il
se retrouve dans une situation où ces photos sont partagées, on l'a déjà
également vu... donc on parle de cyberintimidation à travers ça, beaucoup. Il y
en a eu, des exemples récents, dans l'actualité. Ça fait partie des enjeux
éthiques majeurs et de sécurité des jeunes auxquels on peut rapidement penser.
M.
Ciccone : Envers vos membres aussi,
l'aspect éthique, et de filmer à son insu.
Mme Primeau
(Annie) : Absolument. Le personnel enseignant n'est pas soustrait de
ça. Il y a déjà eu, malheureusement, des
partages tristes aussi concernant le personnel enseignant en classe, dans des
situations malheureuses, là, qui se sont passées, qui mettent également
à risque le personnel enseignant et qui... ils mettent aussi leur sécurité en
danger, effectivement.
M.
Ciccone : Également, dans le paragraphe
d'ajout éventuel de contenus à enseigner, parlez-vous d'ajouter un élément au cursus scolaire? Parce qu'ici, là,
vous dites, là : «Se conscientiser aux règles du bon citoyen
numérique.» J'aime ça. J'aime ça, mais, en même temps aussi, on sait que c'est
partagé, hein, cette problématique-là. Qu'est-ce qu'on peut faire pour avoir le
bon parent numérique?
Mme Primeau (Annie) : Ah! c'est
difficile. C'est difficile d'être le bon parent numérique parce qu'on n'est pas
toujours derrière son enfant, derrière son épaule, à regarder sur quel site mon
enfant va, qu'est-ce qu'il écrit, à quelle personne il
écrit? Est-ce que cette personne-là est une vraie personne? Est-ce que c'est
une personne usurpatrice, un robot? Et ça devient très difficile, donc
développer des bons comportements numériques, mais c'est dans toute situation.
Ça s'apprend à l'école, oui, avec les outils qu'on a, ça s'apprend également à
la maison, avec les outils qu'on a à la maison. Et c'est par des discussions
puis des préventions comme ça qu'on peut faire en sorte de protéger les jeunes
de situations qui pourraient leur être nuisibles ou désagréables.
• (18 heures) •
M. Ciccone : Est-ce que, selon vous et vos membres, on devrait justement
inclure, dans le cursus scolaire, un cours à cet effet-là?
Mme Primeau (Annie) : Le cours de
CCQ inclut certaines notions de savoir-vivre, là...
M. Ciccone : Oui, mais spécialisé, là. Spécialisé, je parle, là.
Mme Primeau (Annie) : ...sur
lesquelles on peut... Bien, si on va dans... au niveau des contenus, il n'y a
pas de position au niveau du personnel enseignant à la FAE. Il n'y a pas de
position qui a été prise à ce sujet. Ça va peut-être se faire au prochain
congrès de juin, mais on ne peut pas devancer les positions qu'on a. Par
contre, les positions qu'on a actuellement sont à l'effet de ne pas alourdir la
charge qui est déjà présente. Puis, si on met quelque chose, il faut en enlever, la cour est pleine, ça ne rentre
plus. Parce que les contenus notionnels — je
te laisse aller après — sont
saupoudrés sur les matières, ça fait qu'on lance ça comme ça puis on dit aux
enseignants : Ah! bien, c'est pour la volonté des milieux, arrangez-vous
avec ça, avec votre autonomie locale. Puis, bien là, les profs se tirent un peu
la couverte pour essayer de passer ça dans leurs programmes respectifs, mais le
PFEQ déborde.
Mme Hubert (Mélanie) : C'est ce que
les profs dénoncent, souvent, c'est que, quand on veut régler des problèmes, quels qu'ils soient, on dit : On
va mettre des nouveaux contenus à l'école puis on va l'enseigner aux
jeunes. Et, en soi, ça peut être louable, mais on ne peut pas, à un moment
donné, parler de brossage des dents, de RCR, d'apprendre à nager, et tout ça,
ça s'ajoute à l'éducation, à la sexualité, et ainsi de suite.
Donc, les
profs, ce qu'ils nous disent, c'est : On a déjà du mal à gérer nos
programmes, à arriver au bout de ce qu'on a à enseigner, donc, si la
commission jugeait qu'il y a des contenus à privilégier plutôt que d'autres, il
faudra trouver de la place dans les programmes pour le faire. Et, quand c'est
lancé dans le milieu scolaire et ça appartient à tout le monde... on le sait, quand ça appartient à tout le monde,
malheureusement, souvent, ça n'appartient à personne, et c'est très
difficile de faire les suivis de ce qui a été fait ou pas. Donc, si on veut
atteindre des objectifs, ayons quelque chose de structuré.
Ceci étant dit, nos profs ne nous ont pas dit
qu'ils avaient besoin qu'on enseigne ces contenus-là. On n'est pas là non plus,
mais, de façon générale, quand on choisit d'ajouter des contenus, là,
faisons-le avec prudence et faisons-le correctement.
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Joliette.
M. St-Louis : Merci, Mme la
Présidente. Merci, mesdames, de votre visite. Merci du dépôt de votre mémoire
très important pour les travaux de la commission. Très content de vous
entendre. Vous avez nommé le fait que c'est un projet de société, là, c'est une
responsabilité partagée entre la famille et l'école, la ligne est mince.
Je suis un peu perplexe par rapport à... puis
vous allez pouvoir m'éclairer, j'en suis certain, sur votre position. Vous dites : C'est la prérogative
des professeurs. J'en conviens pour le contenu, mais, pour l'utilisation du
numérique comme telle, si, dans une école donnée, il y avait plusieurs
professeurs qui décidaient d'utiliser, à bon escient, j'en suis convaincu...
mais on sait que le nombre d'heures est cumulatif puis on voit des enfants qui
se retrouvent avec des deux puis des trois heures, peut-être, par jour,
d'utilisation de numérique, alors que tout pointe vers un quatre heures par
jour pour les saines habitudes de vie. Est-ce qu'il n'y a pas là de... Tu sais,
comment vous allez faire pour le gérer à l'interne, si le prof de physique, le
prof de chimie puis le prof de bio disent : Bien, moi, c'est bien de
valeur, mais ça me prend le numérique pour livrer mon contenu? Comment la
commission va pouvoir s'aligner, si on ne donne pas de balises plus claires,
là, à l'établissement ou...
Mme Primeau (Annie) : Bien, je
serais portée à vous dire que le numérique, il est déjà là, dans chaque local
de classe. Le tableau avec la craie, ça n'existe déjà plus, donc toutes les
classes sont équipées de tableaux blancs interactifs. Les classes ont déjà du
matériel pédagogique qui est numérique, et ça, ça date depuis 2011.
Donc, pour l'instant, nous, il n'a pas été
question de balise tant que de faire attention à ça, parce que, si on met des
balises, considérez que, dans chacune des classes, qu'elles soient primaires ou
secondaires, a été installé un tableau blanc interactif qui ne fonctionne
qu'avec du numérique. C'est fini, la craie, c'est fini, les tableaux blancs avec
les crayons effaçables à sec de couleurs. C'est comme ça que ça fonctionne,
donc vous devrez le considérer dans vos balises, parce que, s'il y a un nombre
d'heures limité, bien, on ferme le tableau.
Mme Hubert (Mélanie) : Si je peux me
permettre, également, dans de trop nombreux milieux scolaires, beaucoup de profs nous disent : L'idée, là,
que tout le monde va faire du numérique mur à mur, c'est fort peu
probable aussi. En ce sens que beaucoup de profs
dénoncent... Quand ils veulent utiliser les outils, qu'ils ont la compétence
pour le faire et qu'ils ont un intérêt pour le faire, la première chose qu'ils
nous disent, c'est : Je n'ai pas les prises électriques suffisantes dans
ma classe pour le faire, l'outil ne fonctionne pas une fois sur deux, le technicien
est disponible à peu près une heure par semaine pour mon école, et ainsi de
suite.
Donc, les enseignantes et enseignants se butent
continuellement à toutes sortes de défaillances techniques par... Ça fait que
de dire que l'école au complet pourrait fonctionner en numérique du matin au
soir, c'est mal connaître la réalité du milieu scolaire. Puis je ne dis pas que
vous la connaissez mal, mais c'est de dire : C'est peu probable qu'on soit
capable, dans l'état actuel de nos écoles, de penser qu'on va faire un... tout
au numérique du jour au lendemain.
Et là je vous inviterais... j'inviterais la
commission à regarder aussi le plan d'action numérique, et tout ça, qui a été
déployé à la fin des années 2010, là, en 2018‑2019. C'était tout au
numérique, et on prônait la magie de tout ça. Donc, si on veut revenir en
arrière, il faudrait aussi revoir, peut-être, toute la documentation ministérielle
qui existe, qui, en ce moment, prône beaucoup l'usage du numérique. Puis on a
des compagnies qui travaillent beaucoup, en arrière, pour faire mousser ces
politiques-là. Donc, il y a un rôle aussi du gouvernement à jouer pour établir
des politiques qui seront peut-être différentes de celles qui ont été établies
il y a six, sept ans.
Mme Primeau (Annie) : Puis le
matériel scolaire, le nouveau matériel, il est numérique, maintenant, c'est
fini, le bon vieux manuel papier, là, qu'on pouvait faire circuler d'un local à
l'autre. Les manuels sont maintenant numériques. Puis il y a plusieurs
compagnies aussi d'édition qui éditent leurs cahiers d'exercices en numérique,
donc ça devient difficile.
Puis, pour la gestion complète d'une école, si
on pense à une école secondaire où on a 300, 400 élèves qui ont une mesure
qu'on appelait, là, 30810 et qui se promènent avec un portable... Allez voir
les gens qui sont responsables de la gestion de ces portables-là et vous allez
voir à quel point ça peut être complexe de gérer le numérique dans un
établissement. Je n'ai pas de fil, je n'ai pas de souris, ma souris ne marche
plus, mon ordi ne barre pas, la batterie a
fondu, j'ai oublié la moitié de l'affaire, j'ai échappé mon verre dedans. Et
ça, c'est à l'ensemble d'une école secondaire. Donc, je m'imagine
difficilement une école strictement numérique.
M.
St-Louis : Ce n'était pas ce que j'insinuais. Je me suis
peut-être mal exprimé, là, c'était vraiment loin de ça.
Mme Primeau (Annie) : On est allées
au plus loin.
M. St-Louis : Non, non, non. Moi,
c'était plus une question de voir, justement... Puis les tableaux blancs... Je
ne suis pas un expert, là, mais on parle des écrans bleus. Les tableaux blancs,
pour moi, c'est venu remplacer le tableau noir avec la craie, donc c'est
interactif, ce n'est pas une surutilisation des écrans comme les téléphones intelligents,
les iPad ou les ordinateurs, donc. Mais ce qu'on nous a répété à plusieurs
reprises, c'est qu'au niveau de l'éducation,
s'il n'y a pas de valeur ajoutée d'utiliser le numérique comme tel, en classe,
bien, la bonne vieille méthode interactive, comme... que moi, j'ai
connue devrait être privilégiée, parce que le temps s'additionne. Il
s'additionne à la maison, il s'additionne à l'école, il s'additionne partout
puis il va continuer de s'additionner.
Puis on comprend que, bon, il y a le contenu, il
y a la dépendance au niveau des algorithmes, mais, si on regarde juste le
temps... l'écran lui-même, moi, ce que je me dis, c'est qu'à quelque part, si
on n'arrive pas à baliser, comme société, le temps d'utilisation à l'école, on
n'y arrivera juste pas.
Mme Primeau (Annie) : Non, mais
l'enseignant qui utilise le numérique dans sa classe a son jugement
professionnel aussi, a une raison derrière l'activité qui sous-tend
l'utilisation du numérique, que ce soit un projet sur tablette, ou sur
ordinateur, ou pour d'autres... bon, les cellulaires, là, maintenant, de moins
en moins, on va plus fonctionner avec ordinateurs, tablettes, là, maintenant
que c'est arrivé.
Il y a des logiciels qui existent, qui sont pour
usage de la classe et qui sont bénéfiques à l'usage de la classe. On va penser,
rapidement, à Antidote, qui va aider n'importe quel élève, mais principalement
l'élève qui va être en difficulté d'apprentissage puis qui va pouvoir utiliser
ce logiciel-là pour bonifier sa production écrite ou sa compréhension écrite.
Il y a également des logiciels en mathématiques qui existent. Donc, il faut
faire confiance à l'enseignant en place, là, dans la classe pour être capable
de doser cet équilibre-là. Ce n'est pas parce qu'un élève en aurait, de
l'enseignement numérique et accès à un écran à chaque période d'enseignement,
que nécessairement 100 % de la période d'enseignement est dédiée au
numérique, non plus. C'est une fraction d'une période.
Mme Hubert (Mélanie) : Puis vous
dire que nos membres se sont quand même prononcés en faveur que le ministère
fasse la promotion d'une utilisation sécuritaire et responsable des outils
numériques puis qu'on puisse tenir compte, là, des normes éthiques, puis de la
santé mentale et physique de nos jeunes en fonction de leur âge, puis qu'on
ait... qu'on puisse prôner une forme de balise, là, en lien avec ça.
Donc, si on avait un ministère qui présente de
l'information basée sur de la recherche et qu'on est capable d'avoir des
informations, nos membres étaient intéressés à les avoir pour qu'on puisse
faire une utilisation sécuritaire des appareils. Donc, ça, nos membres nous
l'ont dit, là, en juin 2022, déjà.
• (18 h 10) •
M. St-Louis : Ça, ça me rassure.
Puis c'est l'objectif de la commission, d'aller chercher ces réponses-là pour
être en mesure de baliser puis d'encadrer ce qui, présentement, à notre avis,
ne l'est... je ne peux pas parler pour tout le monde ici,
dans la commission, mais ne l'est pas suffisamment, parce que... Puis on n'est
pas les seuls, au Québec, là, il y a 41
États américains qui ont poursuivi Meta pour différentes raisons. Donc, je
pense qu'il y a une conscientisation au niveau mondial qui fait en sorte
que... Ce n'est pas pour rien qu'on est réunis ici. Alors, merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente... bienvenue. Je vais vous poser à peu près la même question que
j'ai posée à vos collègues, là, de la FSE il y a quelques minutes, à
savoir : L'application, donc, de la directive de l'an dernier sur l'interdiction en classe, comment ça
s'est passé chez vos membres? Et, à votre connaissance, est-ce qu'il y a
des écoles, des établissements qui l'ont interdit à la grandeur de l'école, que
vous représentez, et si vous avez aussi un écho de... comment ça se passe dans
ces endroits-là?
Mme Hubert (Mélanie) : Bien, pour la
directive en classe, vous dites que les... Je vais répondre un peu comme nos collègues précédents ont répondu, il y
avait une grande majorité d'écoles où déjà, en classe, l'utilisation des
cellulaires était déjà prohibée. Donc, la
directive est venue un peu renforcer ce qui était déjà en place. Puis on peut
dire, de façon générale, où, là, ça a
peut-être aidé, c'est que c'est venu un peu légitimer les décisions qui sont
prises par l'école. Donc, les
disputes avec les parents, quand on a, par exemple, confisqué un appareil et
tout ça, on peut s'appuyer sur une
directive gouvernementale. Ce qui est intéressant de cette directive-là,
c'était qu'elle permettait quand même une forme d'autonomie
professionnelle par rapport à l'usage pédagogique de cesdits appareils, là,
selon le jugement des gens.
Donc, on n'a pas eu d'échos énormément, là,
d'endroits où ça se serait mal passé ou que les gens l'ont mal vécu. Là où les
gens ont eu des difficultés, c'est plus dans l'annonce, le moment de l'annonce.
Les codes de vie étaient déjà imprimés, et
tout ça, ça a nécessité des ajustements qui n'étaient peut-être pas prévisibles
puis... Peut-être qu'il y aurait un besoin de prévisibilité dans tout
ça, mais ça s'est bien passé.
Et on a eu des commentaires, on entendait les
gens en présentation, précédemment, parler de l'éducation... de la formation
professionnelle et de l'éducation des adultes. On a eu des demandes. C'est
peut-être anecdotique, on n'a pas de position là-dessus, mais il y a des gens
qui se posaient la question à savoir pourquoi on n'a pas eu de réflexion par
rapport à l'éducation des adultes et à la formation professionnelle. Certains
auraient peut-être souhaité que ça les touche, d'autres non. On n'a pas de
position là-dessus, mais c'est les échos qu'on a eus.
Sur notre territoire, on a une école qui a
appliqué l'interdiction mur à mur pour l'ensemble du réseau scolaire. Pour le
moment, on n'a pas d'écho que ça se passe mal. Ce qui est intéressant de ce
milieu-là, puis il faut le dire... c'est le milieu qui a choisi de le faire,
donc on peut imaginer une communauté autour de l'école qui est mobilisée dans
le même sens, des parents qui vont avoir le même langage, le même discours à la
maison. On peut imaginer que ça va peut-être
favoriser des résultats, et ça sera intéressant de voir, justement, à cette
école-là, comment ça va se vivre toute l'année et quelles retombées on
pourra observer chez les élèves.
Et ça, ça nous amène à réitérer l'importance
d'avoir des données, de faire de la recherche pour être capable de mieux
comprendre les impacts puis de voir quelles solutions sont les plus porteuses.
Mais l'exemple à Oka, entre autres, cette année, là, sera intéressant à suivre,
assurément.
M. Leduc : Parce que c'est tout à
fait récent, là-bas, là?
Mme Hubert (Mélanie) : C'est cette
année.
M. Leduc : Ça commence, là.
Mme Hubert (Mélanie) : Ça a commencé
cette année.
M. Leduc : Et donc l'idée de dire
qu'il faudrait peut-être... Certains jonglent avec l'idée d'une interdiction sur le territoire de l'école, mur à mur, du
Québec. Est-ce que, là, on commence à aller empiéter un peu sur
l'autonomie de chaque milieu? Elle est où, la frontière? Où est-ce qu'on la
trace, la ligne?
Mme Hubert (Mélanie) : Bien, pour
nous, laisser la place à l'usage pédagogique pour les profs qui en sentent le
besoin... pour nous, c'est intéressant parce que, malheureusement, on n'a pas
toujours tous les équipements pour tous les élèves. Puis on a des exemples
d'utilisation où c'est pratique que les élèves aient leurs propres appareils
puis qu'on puisse... Par exemple, en classe d'accueil, les profs s'en servent
sur une base assez régulière pour avoir des
dictionnaires français et... peu importe la langue parlée par l'élève, on a
accès à des ressources au bout des doigts.
Donc, une interdiction mur à mur sur l'ensemble
des territoires scolaires, ça pourrait peut-être être un petit peu difficile
pour certains projets pédagogiques dans certaines écoles, mais...
Mme Primeau (Annie) : Mais je pense
que ça serait intéressant de voir comment ça se passe puis d'attendre un peu
avant de prendre cette décision-là, de ne pas prendre de décision hâtive, mais
de prendre le temps d'observer ce qui va se passer, comment ça va se passer,
puis d'être capable aussi de faire les ajustements nécessaires.
Puis il y a aussi... d'un autre côté, j'aurais
envie de vous dire, il y a plusieurs établissements qui, avant même l'arrivée
de l'interdiction et de la directive ministérielle, là, par rapport aux
cellulaires, qui avaient cette règle-là. Je vous ai
entendue, Mme la Présidente, adresser la question à l'équipe qui est passée
avant nous. J'aurais aussi envie de vous dire : Il faut que cette
règle-là, lorsqu'elle figure au code de vie de l'établissement, soit respectée,
donc pas seulement appliquée, mais qu'elle soit respectée. Et parfois, bien, il
arrive que le personnel enseignant, parce qu'on à affaire à des jeunes qui veulent se prouver, vont offrir une certaine
réticence, une certaine opposition à la collaboration... bien, il y a un
bout de travail que la direction d'établissement doit faire avec les parents
aussi pour cheminer en ce sens-là. Ce n'est pas normal que des enseignants dans
une école se retrouvent seuls avec la problématique de gestion de cellulaire. Et ils ne se sentent pas soutenus...
et qu'ils se sentent soutenus par une directive ministérielle, il y a
quelque chose en moi qui trouve ça profondément triste. Il y a des gens qui
sont à l'école ou qui sont membres de l'équipe de direction qui doivent faire
ce pont-là. Lorsque le premier niveau enseignant-élève ne fonctionne pas, on
doit passer au niveau suivant aussi, il ne faut pas l'oublier.
M.
Leduc : Vous représentez à la fois des profs au secondaire
et au primaire. Est-ce que, dans les discussions qu'on va avoir, à
savoir si on applique ou pas des directives nationales ou pas... est-ce qu'on
devrait faire une modulation en fonction du
primaire ou secondaire ou ça devrait être la même recommandation, peu importe
ce qu'elle sera, mais pour tous les niveaux scolaires?
Mme Hubert (Mélanie) : Bien, les
enseignantes et enseignants qu'on a consultés nous parlaient d'avoir des normes
qui respectent l'âge des élèves. Donc, on pourrait imaginer, peut-être, que les
situations au préscolaire ne sont pas les mêmes qu'en cinquième secondaire. Je
pense que nos membres étaient ouverts à avoir quelque chose de différencié,
mais, encore une fois, il faudra avoir des données et qu'on puisse s'appuyer
sur une recherche... de la recherche crédible qui va pouvoir nourrir les
réflexions et pas juste nos intuitions ou notre expérience. Parce que, souvent,
l'anecdote se généralise, et on tire des conclusions, mais encore faut-il
pouvoir valider que ces intuitions-là sont les bonnes et voir s'il n'y aurait
pas d'autres solutions plus intéressantes, plus porteuses qui n'ont pas été
portées à notre connaissance.
M. Leduc : Peut-être une dernière,
Mme la Présidente. Qu'est-ce qui serait, donc, parce que je me suis posé la
même question, là, des données? C'est quoi, la donnée? Parce que j'imagine que
tout le monde a un peu le biais de confirmation : il n'y a plus de
cellulaire, tout le monde est plus content, tout le monde va mieux. C'est quoi,
la donnée objective qu'on pourrait... qui pourrait être utilisée dans une école
pour dire : Il y a en effet une amélioration, ou une détérioration, ou peu
importe? C'est quoi? Le nombre de retenues, le nombre de plaintes, de...
Mme Primeau (Annie) : Oh! Ça fait
longtemps que je n'ai pas entendu ce mot-là, «retenue».
M. Leduc : Quand j'étais au
primaire, on allait à l'Oasis quand on était puni. C'était l'Oasis.
Mme Primeau (Annie) : Oui, je ne me
souviens pas de la dernière fois que j'en ai donnée. Je vous dirais que les
meilleures personnes pour répondre à ça, ce sont les chercheurs, les gens qui
travaillent dans le domaine scientifique, qui sont les spécialistes de ça, qui
vont pouvoir déterminer, par rapport au développement, par rapport à toutes sortes de critères scientifiques palpables,
qui sont tangibles, qui sont concrets, qui ne seront pas subjectifs...
vont pouvoir déterminer ça. Puis j'aurais envie qu'on fasse confiance à la
science, qu'on laisse la science, qu'on laisse les recherches se faire, qu'on prenne le temps d'observer et qu'on n'agisse
pas de manière hâtive, à vouloir tout placarder.
L'interdiction totale ne va pas permettre à
quelconque être humain d'apprendre un bon comportement face à quelque chose.
C'est un peu comme le jeune qui se bat tout le temps sur la cour d'école. Si on
le retire de la cour d'école, il ne développera pas ses habiletés sociales pour
apprendre des bons comportements sociaux en présence des autres sur la cour. Il y a une intégration
graduelle, il y a un enseignement graduel qui doit être fait pour que ce jeune-là
puisse réintégrer la cour d'école et s'amuser avec ses camarades.
Bien, l'interdiction du cellulaire, c'est la
même chose, il faut... Oui, il y a des moments pour l'utiliser, non, il y a des
moments où on ne peut pas l'utiliser, et tout sera dans une question de dosage.
Ça fait que l'interdiction mur à mur, il faut y penser aussi, si vous vous en
allez là. Mais moi, j'aurais envie de vous dire de faire confiance à la
science, de laisser les chercheurs aller puis de les laisser faire ces... leurs
recommandations, puis de les entendre, de les écouter, puis qu'on s'en reparle,
là, de voir aussi comment ce projet-là à Oka va se dérouler, les observations
que ces gens-là dans le milieu vont pouvoir en faire, également.
Mme Hubert (Mélanie) : Et peut-être,
dernière chose, faire attention. On cherche souvent des statistiques rapides,
on veut, pour un tableau de bord ou quoi que ce soit, avoir rapidement des
chiffres. Des changements de comportement de cet ordre-là prennent du temps. Il
faudra regarder d'une manière longitudinale aussi les choses. On ne peut pas
s'attendre, en mettant en place quelque chose à l'an un, qu'à l'an deux on aura
déjà toutes les retombées positives. Donc,
se donner du temps aussi pour voir, à long terme, comment tout ça va évoluer,
donc, avec la recherche, le temps, se donner le temps.
Puis c'est intéressant que vous soyez en
commission transpartisane, là, parce que, justement, on est capable, de cette
manière-là, de ne pas avoir la visée à court terme, de la fin de notre mandat,
puis la réélection, ou notre programme électoral, on est dans une pensée
peut-être plus globale, puis ça, ça va être intéressant pour la suite.
Donnons-nous du temps.
• (18 h 20) •
M. Leduc : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. le député de Jonquière.
M. Gagnon : Bonjour. Plaisir de vous
accueillir. Je pars du principe, là... d'une prise de position, puis je pense
que vous l'amenez bien, que vous avez mise dans le rapport, c'est-à-dire :
Les enseignants sont les mieux placés pour déterminer la façon d'intégrer les
technologies dans le quotidien. Et je fais également du pouce sur... aussi sur
une responsabilité partagée. Alors, on a ces deux visions-là qui doivent
devenir un tout.
Et puis, tout à l'heure, cet après-midi, on a
entendu quand même un groupe mentionner que 4 % des parents recevaient une
communication sur comment étaient utilisées les technologies en classe. Alors,
ma question, c'est : À partir du moment qu'on laisse les enseignants,
comme vous le mentionnez, qui sont les mieux placés, comment vous voyez la
communication entre le parent et... à la maison, sur qu'est-ce qui est utilisé
en classe, le temps qu'on l'utilise en classe? Est-ce qu'on devrait y aller de
manière nationale, c'est-à-dire laisser à l'enseignant l'utilisation dans sa classe, mais venir baliser le nombre
d'heures, à l'école, c'est trois heures par jour.... une proposition
nationale comme trois heures par jour, ou on y va au choix du professeur, et
c'est une communication plus parent-enseignant, classe par classe?
Alors, où c'est que je veux en venir, c'est que
je vois qu'à un moment donné, si on veut tous y arriver, collectivement, il va
falloir qu'il y ait une communication qui s'installe et puis... le temps
utilisé en classe puis le temps à la maison, quand mon enfant revient,
qu'est-ce qu'il a consommé, le nombre d'heures qu'il a consommées, pour que
moi... à partir de 17 heures, qu'est-ce que je lui autorise en soirée
et... Comment on se parle?
Mme Primeau (Annie) : J'espère que
cet enfant-là n'aura pas de devoirs à faire sur son ordi. C'est quand même
quelque chose à faire, lorsqu'on arrive au secondaire, il y a beaucoup de
travaux à faire, là, sur l'ordinateur, mais on n'a pas de... On revient à la
notion de balise, on revient à la notion d'âge aussi, où, comme le mentionnait ma collègue tout à l'heure, on n'aura pas le même
besoin lorsqu'on est au préscolaire versus lorsqu'on est en secondaire
V. Mais cet apprentissage-là doit être fait,
parce que, lorsqu'on arrive aux études supérieures ou encore en technique, là,
parce que ce n'est pas tout le monde qui suit un curriculum linéaire, bien, il
doit y avoir des adaptations qui sont à faire.
Mais, pour répondre à cette question-là,
j'aurais envie de revenir à ce que j'ai répondu à M. Leduc, précédemment. On a
d'excellents chercheurs, au Québec, dans nos universités, on a d'excellents
professionnels scientifiques. Je pense qu'on peut leur donner le temps
d'observer. Commencer à y réfléchir, oui, mais leur donner le temps d'observer puis de voir qu'est-ce que c'est,
une bonne limite, et ce que ça n'est pas, tout en prenant conscience que
cette extension-là de l'école... plus on
vieillit, dans son cheminement au secteur jeunes, bien, plus on revient à la
maison avec une bonne quantité de devoirs à faire. Donc, ce cheminement-là...
Même si le parent dit : Bien, tu n'as pas de télé, tu n'as pas de
cellulaire, il a quand même des travaux à faire. Donc, ça aussi, il faut y
penser.
Puis le parent, bien oui, la notion de devoirs,
c'est dans sa cour. Souvent, c'est le parent qui doit supporter, encourager,
encadrer, soutenir son jeune, l'aider. Si l'ordi a planté, il y a une mise à
jour à faire, le jeune est moins à l'aise, donc c'est le parent qui soutient tout
ça. Donc, il faut y penser aussi.
Mme Hubert (Mélanie) : C'est sûr
qu'une communication quotidienne avec les parents sur ce sujet-là particulièrement... Les profs nous disent... nous
parlent souvent de la surcharge de travail. Donc, si on se disait... on
mettait une obligation d'indiquer, par exemple, dans l'agenda, le nombre
d'heures, ou tout ça, ça peut devenir très, très fastidieux aussi puis ça
pourrait constituer un alourdissement de tâches. Puis, si on met du temps sur
ça, bien, il faut imaginer que le temps, dans la journée, on ne le mettra pas
sur, peut-être, d'autres choses qui va... qui seraient plus importantes. Donc,
avant d'imposer, peut-être, des idées de cet ordre-là, je pense que ça méritera
d'être réfléchi. Nos profs, en tout cas, n'allaient pas dans ce sens-là. On n'a
pas de position, là, qui irait dans ce sens-là.
Puis il faut imaginer aussi, pour toutes les
écoles où on a plusieurs adultes qui interviennent dans le courant de la
journée avec les mêmes jeunes, ça suppose énormément de communication
d'énormément de gens, de coordination. Ce n'est peut-être pas la meilleure
voie, a priori, pour une question de faisabilité, là. J'ai de la difficulté à
imaginer comment tous les adultes du service de garde, les différents cours,
les spécialistes dans chaque matière, tout ça... Ce serait peut-être difficile
à appliquer, mais effectivement, il y aura les enjeux de... Si on veut que les
parents prennent leur part de responsabilité, il faudra penser comment on fait
circuler l'information, mais surtout que les familles portent à la maison le
même discours de ce qu'on voudra véhiculer à l'école. Parce que le problème,
souvent, c'est que l'enfant, quand il retourne à la maison, il n'a pas toujours
le même discours. Donc, si je me suis fait saisir mon téléphone à l'école mais
que j'arrive à la maison, puis là mon parent est plus dans une logique
d'appeler à l'école pour se plaindre que le cellulaire a été confisqué, bien,
c'est sûr que ça ne nous aide pas.
Donc, moi, je pense qu'il faut beaucoup plus
travailler à ce que l'école et les parents aient un message commun, puis qu'on
puisse envoyer le même discours à nos élèves, et qu'il y ait une cohérence dans
tout ce qu'on voudra faire, pour éviter que le milieu scolaire se retrouve
isolé d'un côté puis les parents de l'autre.
Mme Primeau (Annie) : Tu sais, je
pense que c'est important aussi, là, je veux faire du pouce sur ce qui vient
d'être dit... Moi, je suis enseignante de première année à Montréal-Nord, donc
j'ai 20 élèves, puisque je suis en milieu défavorisé. Et ce que je disais
à mes parents d'élèves, c'est que, si votre demande ne peut pas se multiplier
par 20 et être résolue par 20 en moins de deux minutes, c'est que ce n'est pas
réaliste. Donc, je ne peux pas attacher 40 chaussures
en moins de deux minutes. Donc, le parent, lui, il a un enfant dans ma classe,
mais moi, j'en ai d'autres. Et plus on vieillit
dans le curriculum scolaire, hein... les profs, au secondaire, ils en ont 180.
Donc, c'est difficile, à 180, et ce n'est pas possible de penser à pouvoir
dénoter, pour chacun des jeunes qu'ils croisent une journée, le nombre de
minutes exactes. Donc, peut-être que ça peut être défini différemment, mais ça,
ce sera justement à définir à la suite des recherches, qu'est-ce qu'un temps
d'écran acceptable.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Il nous reste une minute. Peut-être, une dernière question de Mme la
députée de Bourassa-Sauvé?
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Rapidement, donc, mesdames, vous avez souligné l'importance pour
nous, comme législateurs, d'agir à l'extérieur de l'école également. Vous avez,
par exemple, donc, parlé, donc, du travail à faire auprès des plateformes qui
emploient des mécanismes de renforcement virtuel. Je pense que vous avez écouté
les chercheurs, avant vous, qui en parlaient.
Est-ce que ce
sont des mécanismes que vous voyez dans les applications qui se trouvent dans
les établissements scolaires, qui, de façon un peu saugrenue, là,
s'inséreraient, là, dans du matériel pédagogique?
Mme Gilbert (Christel) : En fait,
les applications qui sont utilisées sont gérées par les centres de services scolaires, hein? Ce n'est pas l'enseignant qui
peut, unilatéralement, décider d'utiliser n'importe quel outil. Donc, il y
a quand même un processus, là, qui est fait, et le centre de services scolaire
approuve, là, selon différentes réglementations, justement, au niveau de la
sécurité. Donc, on souhaite très fortement...
Mme Cadet : Est-ce qu'on est assez
informé sur les mécanismes de récompense?
La Présidente (Mme Dionne) : ...le
temps, alors je dois... Désolée, c'est moi, la méchante qui va mettre un terme
à cette conversation. Merci infiniment pour votre contribution.
Alors, pour ma part, je suspends les travaux
pour accueillir nos derniers invités de la journée. Alors, merci beaucoup pour
votre contribution.
(Suspension de la séance à 18 h 29)
(Reprise à 18 h 35)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, nous accueillons le dernier
groupe de cette journée de consultations. Donc, bienvenue aux représentants de
la Fédération des établissements
d'enseignement privés. Alors, merci d'être là, et je vous rappelle que vous
avez 10 minutes pour nous faire part
de votre exposé. Suite à cela, on procédera à une période d'échange et des
questions avec les membres de la commission. Alors, peut-être, d'emblée,
vous présenter et nous faire part, par la suite, de vos commentaires. La parole
est à vous.
Fédération des
établissements d'enseignement privés (FEEP)
Mme Brousseau (Nancy) : Oui, bien
sûr. Mme la Présidente, M. le vice-président et tous les députés membres de la
commission présents, bonsoir, parce que c'est rendu là, et merci de vous
pencher sur cette question fondamentale qui nous préoccupe aussi au quotidien.
Moi, je m'appelle Nancy Brousseau. Je suis la directrice générale de la fédération, puis on va dire la
FEEP, c'est plus court. Je vous présente notre président, M. David
Bowles, qui est également le directeur
général du collège Charles-Lemoyne. Et je suis également accompagnée de Mme
Tania Genzardi, qui est la directrice des services complémentaires et à la vie
scolaire chez nous, à la fédération. Nous sommes trois présents ici, ce soir,
de Montréal, mais le mémoire que vous avez reçu a été écrit à plusieurs mains.
Notre équipe pédagogique y a contribué.
Pour votre gouverne, juste pour vous situer, là,
parce que tout le monde n'est pas dans l'éducation à temps plein, la FEEP,
comme ses membres, c'est un petit OBNL. C'est, en quelque sorte, on peut le
dire, là, pour faire un parallèle, le centre de services scolaire des écoles
privées. Alors, nous, on est une trentaine d'employés et on est au service de 144 écoles secondaires, c'est le très
grand nombre, 118 écoles préscolaires, primaires, 12 écoles spécialisées
en adaptation scolaire, 15 résidences, et
tout ça est réparti dans 14 des régions administratives du Québec. Alors, on se
promène, et ces écoles regroupent, on va dire, 96 % des enfants qui
sont au privé au Québec, soit à peu près 133 000 élèves.
Le mémoire déposé s'appuie sur de nombreuses
recherches, mais également sur une enquête de la fédération, que nous avons menée postpandémie, au plus tôt que
faire se peut, en 2023, et auprès de plus de 45 000 de nos
élèves du secondaire. Alors, ce mémoire présente des pistes de réflexion et des
recommandations pour un usage équilibré des écrans, et j'insiste sur ce mot. Je
pense que c'est ce qu'on vise tous. Selon le temps imparti et l'expertise de
notre petite équipe, vous avez sans doute constaté que nous avons fait des
choix quant aux questions proposées dans le document. On n'a pas pu tout
répondre.
Alors, je cède la parole à notre président
David.
M. Bowles
(David) : Merci. Donc,
l'usage des technologies numériques, en particulier des écrans et des
réseaux sociaux, a radicalement transformé la vie des jeunes. Alors que ces
outils offrent des opportunités de communication et
d'apprentissage indéniables, il est maintenant clair et démontré que leur usage
excessif et/ou inadapté peut avoir des effets néfastes sur la santé physique,
mentale et émotionnelle des jeunes.
Les écoles privées sont reconnues pour être des
incubateurs d'innovation en éducation. Comme vous le savez possiblement,
l'utilisation des technologies dans nos écoles n'est pas récente, et le modèle
un pour un, c'est-à-dire un appareil par élève, est implanté depuis longtemps
dans nos écoles. C'est cette expertise, entre autres, qui nous a permis de
répondre rapidement aux enjeux de l'enseignement à distance lors de la
pandémie.
Bref, nous utilisons depuis longtemps la
technologie en classe. Nous en observons les effets et nous assurons une veille
de la recherche à ce sujet. Cela dit, il faut d'emblée faire attention lorsque
l'on parle de technologies ou des écrans en
général puisqu'il en existe de nombreuses formes. Par exemple, l'école peut
fournir ou imposer un portable ou une tablette à des fins pédagogiques
pour l'élève, mais elle ne requiert pas l'achat d'un téléphone cellulaire.
Là-dessus, je vais céder la parole à ma collègue
Mme Genzardi.
Mme Genzardi (Tania) : Donc, à la
lumière de la recherche, de notre enquête et de nos observations, nous avons
fait sept constats que je vais vous nommer.
Premier constat : comme vous avez pu lire
dans le tableau fourni dans le mémoire, l'enquête de la FEEP démontre qu'une
consommation excessive d'écrans est associée à une plus faible confiance de
soi, au sentiment d'avoir une vie stressante et à des impacts négatifs de la
santé mentale de façon générale.
Constat n° 2 : l'enquête démontre également le lien entre l'utilisation des
réseaux sociaux et la cyberintimidation et les mêmes impacts,
c'est-à-dire faible confiance en soi, stress élevé et santé mentale diminuée.
Constat n° 3 : l'usage prolongé et abusif des écrans réduit l'activité
physique et les interactions sociales en personne.
Constat n° 4 :
nous nous devons d'insister, les outils technologiques bien utilisés peuvent
dynamiser l'enseignement, motiver les élèves et personnaliser l'apprentissage.
Par exemple, ils permettent d'adapter les cours aux besoins spécifiques des
élèves, en particulier pour ceux ayant des difficultés d'apprentissage. Ils
permettent également un enseignement à distance lorsque la situation le
requiert.
Constat n° 5 :
les parents jouent un rôle crucial dans la gestion du temps des écrans de leurs
enfants, ne serait-ce que dans l'exemplarité
de bons comportements à adopter. Ils doivent être sensibilisés et outillés pour
contrôler non seulement la quantité de temps, mais surtout l'usage que les
jeunes en font.
Constant n° 6 : l'école peut et doit encadrer l'utilisation des appareils
numériques en milieu scolaire. Il est toutefois essentiel d'avoir une
collaboration entre les parents et l'école pour instaurer des règles claires et
partagées par tous.
Et finalement, le constat n° 7 :
la plupart des encadrements pour assurer une éducation au numérique adéquate
des élèves existent déjà, qu'on pense notamment au cadre de référence de la
compétence numérique ou au nouveau cours de CCQ. Il faut simplement s'assurer
que cela soit bien appliqué, comme prévu par le MEQ.
La FEEP a soumis 31 recommandations dans son
mémoire. Voici sept recommandations clés : encourager les parents à
prendre conscience du temps d'écran de leur enfant et vérifier l'utilisation
qui en est faite; la deuxième, encourager les écoles à mieux communiquer aux
parents le temps d'écran nécessaire pour les devoirs et leçons afin de leur
permettre de mieux gérer l'usage scolaire et récréatif; la troisième,
encourager les écoles en accord à encadrer clairement l'usage des écrans dans
leur milieu; quatrièmement, s'assurer que tous les élèves aient accès à une
éducation numérique adaptée à leur âge; cinquièmement, s'assurer de la place
numérique de la formation initiale et continue dans la formation du personnel
scolaire; sixièmement, sensibiliser et éduquer les jeunes sur les risques liés
à une utilisation excessive des écrans et des réseaux sociaux, notamment la
cyberintimidation; et finalement, la septième, communiquer les directives à suivre
ou les ressources disponibles en cas de problématique émotionnelle liée aux
écrans.
Je recède la parole à David.
• (18 h 40) •
M. Bowles
(David) : Donc, en
conclusion, les écrans et les réseaux sociaux font partie intégrante du
quotidien des jeunes inévitablement, que ce soit à l'école ou à la maison. Il
est primordial de pouvoir... de promouvoir un usage équilibré, encadré et sain
de ces technologies afin de maximiser leurs bénéfices tout en minimisant leurs
effets négatifs. La collaboration entre les parents, l'école et les décideurs
est essentielle pour assurer le bien-être des jeunes dans ce monde désormais
numérique.
Dans cet
esprit, la FEEP ne souhaite pas que le gouvernement impose des solutions mur à
mur dans les écoles. À l'instar des
comités de parents qui nous ont précédés, nous avons confiance en l'autonomie
des milieux et en la collaboration des
élèves, du personnel scolaire et des parents pour prendre des bonnes décisions
pour leur milieu et leur réalité respective.
Nous souhaitons terminer avec une citation tirée
d'un article récent du Devoir signé par le président d'Edteq, du
président de l'AQUOPS et de la présidente et directrice générale de L'École
branchée, qui reflète tout à fait notre position en tant qu'acteurs clés du
système scolaire du Québec, et je cite : «Évoquer l'idée de sortir les
écrans des écoles revient à dévaloriser l'éducation. Rappelons qu'au Québec
l'école a une triple mission : instruire, socialiser et qualifier. Qu'on
soit d'accord ou pas avec la présence numérique en ses murs, il est impossible
en 2024 d'instruire en mettant de côté des sources d'information infinies
accessibles via le Web, impossible de socialiser en ignorant le fait que les
relations interpersonnelles se prolongent dans la sphère numérique et impossible
de qualifier si on ne développe pas la compétence numérique mise au profit dans
les emplois et la vie citoyenne d'aujourd'hui.»
J'ajouterais qu'il ne faut pas oublier que nous
formons les élèves pour qu'ils puissent relever les défis de leur génération
avec les outils de leur génération. Pour que nos jeunes Québécois puissent
changer le monde, il faut les éduquer à utiliser les technologies, donc les
écrans aussi, de façon saine, intelligente, efficace et éthique, et non se
mettre la tête dans le sable en bannissant simplement leur utilisation à
l'école.
Nous vous remercions de
votre invitation et de votre attention soutenue en cette fin de journée et nous
sommes... nous avons très hâte de répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment pour ces commentaires. Donc, nous allons débuter cette période
d'échange avec M. le député de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Bonjour à vous trois. Vous passez les derniers d'une longue journée. Vous êtes
les valeureux, valeureuses, bravo. On va essayer d'être aussi concentrés que
les premiers de ce matin.
Vous semblez faire une distinction dans le vaste
monde des écrans. On... faire la même distinction. Donc, j'ai l'impression que vous faites la distinction entre
le cellulaire et le reste des écrans. Vous n'êtes pas en train de
remettre en question la directive de dire : On n'a plus de téléphone
cellulaire en classe, là. Vous n'êtes pas là du tout?
M. Bowles (David) : Non, pas du
tout. En fait, nous, on a fait un sondage auprès de nos membres quand tout ça
était dans les médias pour voir les pratiques dans nos écoles, et le cellulaire
était banni dans la... en classe, là, dans la totalité de nos écoles, et
c'est... parmi 60 % de nos membres, le cellulaire était banni même tout au
long de la journée. Donc, effectivement, on ne met pas de... On ne remet pas ça
en question du tout. On fait vraiment une distinction
entre un outil qui a un écran, soit une tablette ou un ordinateur portable, qui
est utilisé à des fins pédagogiques à l'école, encadré par l'école, et
une utilisation personnelle d'un cellulaire, qui n'a pas sa place à l'école.
M. Leduc : O.K. Je vais revenir à
ça, mais d'abord, donc, je veux compléter sur la différence entre les deux.
Vous dites : Il y a quand même des outils pédagogiques importants et il
faut enseigner ça aux enfants. C'est ça que vous nous dites.
M. Bowles (David) : Tout à fait.
M.
Leduc : On ne peut pas...
Vous dites : Si on sort... comment vous avez dit... si on sort le
numérique de l'école, on ne sert pas l'éducation, quelque chose comme
ça.
M. Bowles (David) : Bien,
exactement, je serais d'accord avec la façon que vous l'avez dite, tout à fait.
En fait, les jeunes utilisent le numérique dans leur vie de tous les jours,
vont l'utiliser dans le milieu du travail, dans leur vie d'adulte. Donc, il
faut enseigner la compétence numérique aux jeunes pour les former à relever les
défis de leur génération quand ils vont sortir de nos écoles.
M.
Leduc : Donc, si on
disait : On sort le tableau blanc ou autre, on revient à la craie, le
tableau noir, on revient aux cahiers Canada, ça existe encore
d'ailleurs, vous n'êtes pas du tout là. Vous êtes à l'inverse, là.
M. Bowles (David) : On n'est pas là
du tout. Bien, à l'inverse, en fait, les jeunes vivent dans un monde numérique.
Ils vont travailler dans un monde numérique et évoluer dans un monde numérique
en sortant de l'école. Il faut les préparer à ce monde-là. Donc, oui, on serait
en désaccord de sortir toutes les technologies de l'école, puis je ne pense pas
que ce serait bénéfique pour nos Québécois quand, partout en Amérique du Nord,
les technologies existent aussi dans les écoles.
M. Leduc : Mais là, quand on parle,
des fois, mettons, de récompense écran, ça, ce n'est pas...
M. Bowles (David) : Bien, ça, je
suis en désaccord avec ça. Je ne peux pas dire que c'est quelque chose qui
n'existe pas dans les écoles. Je peux vous dire que c'est certain qu'on demande
à nos enseignants de ne pas donner des récompenses de temps d'écran. Ça, ce
n'est pas une utilisation pédagogique.
M. Leduc : Je comprends, O.K.,
parfait, on se comprend bien. Donc, revenons sur l'histoire... donc, vous
dites : 60 % de vos membres ont déjà banni le cellulaire sur le
territoire de l'école, sont allés plus loin que la directive du ministre.
M. Bowles (David) : Bien, en fait,
oui, en fait, il y a un certain nombre qui demandent aux jeunes de le laisser
dans le casier le matin, d'autres qui disent... qui donnent des endroits où les
jeunes peuvent le mettre, et, c'est ça, exactement, 60 %.
M.
Leduc : Parce qu'on est à des années-lumière de ça dans le
réseau public, là. Ça se compte sur les doigts d'une main, à la limite, là, les écoles, dans le public,
qui ont banni sur le territoire... vous, c'est presque la majorité, là,
60 %.
M. Bowles (David) : Oui, mais, quand
je dis «sur le territoire», les jeunes arrivent avec leur cellulaire à l'école le
matin. Donc, il n'y a pas des fouilles. On ne leur demande pas de ne pas
utiliser un cellulaire, mais on leur demande de le laisser au casier et de ne
pas l'utiliser dans la journée scolaire.
M. Leduc : Puis, s'ils se font
prendre sur l'heure du midi...
M. Bowles
(David) : Bien là, chaque école a ses pratiques. Je peux vous dire
que, chez nous, on va le confisquer jusqu'à la fin de la journée. Il fut un
temps où on le confisquait pour quelques journées, mais les parents avaient de
très, très fortes réactions. Donc, on le confisque pour la journée, et il y a
une conséquence aussi. Ça peut être une réflexion que le jeune va écrire puis,
si ça continue puis ça devient un problème récurrent, ça peut être des retenues
et d'autres conséquences.
M. Leduc : O.K., mais là, donc,
cette pratique-là, à 60 % de vos membres, elle est en fonction depuis à
peu près combien de temps? Ça fait quelques années déjà ou c'est, somme toute,
récent?
Mme
Brousseau (Nancy) : C'est progressif, même cette année, c'est... Il y
a davantage de gens qui ont pris ces résolutions-là,
je dirais ça comme ça, par rapport à l'an passé. On n'a pas nécessairement des
chiffres annualisés, là, mais...
M. Leduc : O.K., mais environ, ça
fait quoi, deux ans, trois ans, plus que ça?
M. Bowles (David) : Bien, ça,
c'était l'année dernière, là, justement, quand c'était... juste avant la
directive, là, pas longtemps avant la directive qui a été envoyée.
M. Leduc : O.K. C'est très récent,
très récent.
M. Bowles (David) : C'est récent,
c'est très récent.
Mme Brousseau (Nancy) : Oui, oui,
c'est récent, quand même. Enfin, tout le monde prend conscience... Évidemment,
tout le monde en parle aussi à l'extérieur, que ce soit dans les médias ou...
Quand le gouvernement prend cette problématique-là à bras-le-corps, bien, les
gens font tous aussi une espèce de prise de conscience, et on est... On est avec les jeunes. Alors, ils peuvent
voir aussi : Ah! bien, tiens donc, c'est la pause, mais c'est silencieux
parce que tout le monde est devant son
écran. Nous, on a une triple mission. Vous l'avez entendu 1 000 fois
depuis quelques jours. Une de
celles-là, c'est de socialiser. Alors, en quelque part, si on veut socialiser
les jeunes, il faut leur permettre de le
faire puis avoir les conditions qui leur permettent... Je ne veux pas dire
qu'on ne socialise pas du tout via le numérique. Il y a quand même une
partie qui peut se faire, mais, quand ils sont à l'école, du moins, c'est là où
on peut interagir avec ses camarades.
M. Leduc : Cette proportion-là de
60 %, elle va continuer à grandir, vous pensez, dans le futur?
M. Bowles (David) : Je pense que
oui.
Mme Brousseau (Nancy) : On pense que
oui.
M. Bowles (David) : La question
précise était : Avez-vous mis en place une politique qui restreint
l'utilisation des téléphones cellulaires dans votre école? Il y a 15 % qui
disaient : Oui, aucun cellulaire ne peut être apporté à l'école, puis il y
a 45 % qui ont répondu : Oui, les cellulaires doivent rester dans les
casiers toute la journée et leur consultation est limitée et occasionnelle.
M. Leduc : Puis ça, vous pensez que
ça va continuer à croître en proportion de l'ensemble de vos membres?
M. Bowles (David) : D'après moi, ce
serait plus de 60 % aujourd'hui si on posait la même question.
M. Leduc : Ah oui, hein, ça...
M. Bowles (David) : Mais c'est une
impression. Je n'ai pas la statistique.
Mme Brousseau (Nancy) : Oui, c'est
ça.
M. Leduc : C'est une impression.
Bien, c'est ça, ce que je cherchais. O.K., et peut-être une dernière question.
Il y a des gens qui proposent de dire : Il faudrait peut-être une
interdiction mur à mur, une directive du ministre qu'il n'y a plus de
cellulaire dans aucune école du Québec, point barre. Est-ce que, là, on va un
peu loin ou vous préféreriez qu'on reste avec chaque école qui décide selon son
milieu, si c'est applicable ou pas?
M. Bowles (David) : Nous, on préfère
toujours laisser l'autonomie aux écoles. On sent que c'est vraiment une force
de notre réseau que les écoles puissent s'adapter à leur réalité, à leurs
parents, à leur clientèle, mais... puis de bannir complètement de l'école, là,
ce serait une guerre à n'en plus finir, là. Au pourcentage d'élèves qui ont un
cellulaire, de dire : Tu ne peux pas l'apporter du tout en tout temps à
l'école dans tout le Québec... Je pense qu'à un moment donné il faut choisir
ses batailles, choisir ses priorités, mais de...
M. Leduc : Il y en a qui le font,
par contre, dans vos membres. Vous avez dit 15 %.
M.
Bowles (David) : Il y en a qui le font. Il y a 15 % qui le font,
effectivement.
Mme Brousseau
(Nancy) : Oui, on va les regarder. On va les regarder aller. C'est
intéressant.
M. Leduc : Puis
ça doit être spécial. O.K. Comment ça se passe?
Mme Brousseau
(Nancy) : Je ne peux pas vous le dire encore. C'est trop récent, mais
ça va être intéressant de regarder ça aller.
En fait, tu sais, quand on dit : Ne pas les apporter du tout, bien, en
fait, s'il n'y a pas de vérification, ils peuvent le laisser au casier
puis personne ne le sait, à moins que ça sonne dans les casiers.
M. Leduc : Il
n'y aura pas de gardien qui va se promener puis inspecter, des fouilles à
l'entrée.
M. Bowles
(David) : Non, non, non, puis on a entendu... Il y a d'autres gens qui
sont passés aussi, qui ont dit : On ne fouille pas les élèves, là. Donc,
c'est vraiment... Même dans les cas comme... Dans l'école que je dirige, les
jeunes n'ont pas le droit de l'avoir en classe, mais il n'y a pas de fouille.
Donc, c'est simplement si ça sonne, si le jeune le sort, s'il le consulte, que
l'enseignant va confisquer à ce moment-là.
Mme Brousseau
(Nancy) : Exact.
• (18 h 50) •
M. Leduc : Je
comprends. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Hull.
Mme Tremblay (Hull) : Alors,
bonjour. Bon, vous autres, vous représentez, là, les établissements
d'enseignement privés. Là où la technologie, je dirais... Bien, en tout cas,
dans l'utilisation, est arrivé quand même, peut-être...
Les élèves ont été outillés plus rapidement d'iPad, tout ça, par rapport au
public, là. Chez nous, en tout cas, ça a été le cas, parce que les
frais... on peut demander aux parents, puis tout ça.
Alors, est-ce que
vous vous questionnez en lien avec ça? Parce qu'ici il y a l'INSPQ qui disent
clairement, là, selon... que ça ne devrait pas être la méthode d'enseignement
par défaut.
Alors,
vous, vous avez été rapidement, là... à utiliser cet outil-là, puis le temps
d'écran a augmenté probablement assez rapidement chez vous, là, dû au
fait que vous l'avez intégré, puis ça a son effet positif. Je ne suis pas en
train de dire... Mais est-ce que, là, vous avez une réflexion... parce c'est
moins présent, là, l'iPad, partout dans l'école, là, au public, là, mais est-ce
que vous une réflexion en lien avec ça? Parce que, là, l'INSPQ, ce qu'il vient
dire, puis plusieurs chercheurs aussi, c'est que, tu sais, il faut qu'il y ait
quand même, tu sais... à réfléchir à ce que ça apporte quelque chose à notre
enseignement. Ce n'est pas juste un outil, mais vraiment un outil qui est
pédagogique, qui apporte un plus qui, autrement, par d'autres façons, ne
pourrait pas être apporté. Est-ce que, là, vous, vous avez cette réflexion-là,
vous qui avez été quand même précurseurs de l'utilisation, là, des outils
technologiques, chaque élève a son iPad? Vous avez plusieurs centres... écoles
qui l'ont.
M. Bowles
(David) : Tout à fait. En fait, on a eu la réflexion même avant de
voir toutes les études, l'ayant expérimenté dans nos écoles. Rapidement, quand
les écoles ont passé au modèle un pour un, on a vu les réactions des élèves. On
a vu qu'à l'heure du dîner, si c'était permis, bien, tout le monde se ruait
dans son écran sans se parler, à jouer à des jeux vidéo. Donc, rapidement, on a
adapté nos règlements, on a adapté nos pratiques. Puis ce que vous avez dit,
c'est exactement ce qu'on demande à nos enseignants. Si l'outil est utilisé en
classe, c'est qu'il est utilisé à des fins pédagogiques, dans un but
pédagogique, qui ne pourrait pas être fait autrement, ou il est utilisé pour
enseigner carrément la compétence numérique à nos jeunes, chose que l'on doit
intégrer, qui existe dans le cours de CCQ aujourd'hui, mais que le cours de CCQ
a un nombre de périodes limité avec énormément de sujets à l'intérieur. Nous,
on pense qu'il faut vraiment prioriser l'enseignement de la compétence
numérique dans le cadre du cours de CCQ et, si ce n'est pas possible, dans le
cadre d'autres cours ou dans le cadre des autres matières.
Mme Brousseau
(Nancy) : Je pense qu'il faut faire attention aussi quand on... Il n'y
a rien de tout noir ou tout blanc dans la classe, parce que, quand l'enseignant
qui choisit ses méthodes d'enseignement utilise des outils numériques, bien, ça
n'empêche pas que... Tu sais, le 60 minutes n'est pas que des outils
numériques. Il peut aussi à la fois créer une aire de discussion entre élèves,
basée sur un article qu'on est allés chercher. Tu sais, ce n'est pas du... Ce
n'est pas du tout ou rien, là. Par exemple, on est ici, nous, ensemble, on
discute, il y en a qui ont leur appareil, on fait un peu de tout en même temps,
mais ce n'est pas tout ou rien.
Mme
Tremblay : Vous avez une recommandation, qui est la
recommandation 12, bon, qui parle de soutenir les activités du récit, là,
qui fait quand même un bon travail, mais là vous allez un petit peu plus loin
dans la recommandation parce que vous nous amenez sur l'intelligence
artificielle qui, rapidement, dans la dernière année, là, les derniers mois, a
pris de l'ampleur. Donc, quel est votre souhait en lien avec l'intelligence
artificielle? Est-ce que, là, il y a des enjeux? Qu'est-ce qui se passe dans
les écoles en lien avec l'intelligence artificielle?
Mme Brousseau (Nancy) : Ou, il y a
des enjeux, c'est sûr, mais tout a été concentré sur l'enseignement supérieur à
ce jour, puis c'est très correct, parce que je pense que c'était encore plus
criant pour eux. Mais toute la première problématique, on
va dire, centrée sur le plagiat, qu'on a connue en enseignement supérieur,
bien, les élèves du secondaire ne sont pas bêtes non plus, là. Alors, aussi,
c'est apparu comme une problématique, mais, au-delà de ça, ce qu'on essaie, et
vraiment, on est aux balbutiements de tout ça, là, mais ce qu'on essaie, c'est
d'outiller les gens de travailler avec des
éléments, que ce soient des applications ou quoi, qui... et souvent c'est pour
le personnel, en fait, c'est de leur faciliter la tâche, de leur
permettre de travailler plus efficacement.
Par exemple, on aurait pu aussi... J'espère que
ça ne s'est pas fait, mais, dans l'écriture des mémoires, avec les questions
qu'il y avait, nous, on a un peu blagué en disant : On pourrait prendre
toutes les questions qu'il y avait dans le document de consultation, les
installer dans Internet, dans ChatGPT notamment, et il nous aurait produit un mémoire certainement qui n'aurait pas été plus
bête que les autres. Alors, c'est d'outiller, donc, les gens à
reconnaître ce qui est issu ou pas... En tout cas, ce n'est certainement pas le
rôle de l'école de faire comme si ça n'existait pas, en pensant que, si on fait
comme si ça n'existait pas, bien, il n'y aura pas d'influence.
M. Bowles
(David) : Moi, j'ajouterais que c'est une compétence que les
jeunes doivent absolument apprendre à utiliser. C'est un outil qui...
auquel ils ont accès en ce moment, auquel ils vont avoir accès encore plus
quand ils vont arriver au collégial, à
l'université et dans leur travail. Donc, moi, pour moi, ça fait partie de la
compétence numérique qu'il faut
intégrer au cours, que ce soit dans le cadre du cours de CCQ ou quelque part
dans le curriculum. Les jeunes doivent apprendre à utiliser l'intelligence
artificielle de façon efficace, saine et éthique parce qu'ils y ont accès puis
ils vont l'utiliser. Donc, encadrons-les puis assurons-nous de leur enseigner
comment l'utiliser de façon efficace. C'est un outil qui peut être très, très
utile pour eux dans la vie de tous les jours puis dans leur future carrière.
Mme Tremblay : Avez-vous une opinion
sur l'âge numérique? Parce qu'on est venus dire, là, que, tu sais, la gestion
des médias sociaux dans les écoles, ça prend énormément de temps parce que ça
déborde le cadre de l'école. Donc, est-ce
que vous avez... J'ai comme un peu deux questions, mais est-ce que l'âge
numérique, vous êtes positionnés là-dessus? Puis la gestion de tout le
parallèle des médias sociaux, comment ça a des... Comment on devrait agir?
Mme
Brousseau (Nancy) : Vous voulez dire la majorité numérique? Est-ce que
c'est ça auquel vous faites allusion?
Mme Tremblay : Oui... bien non,
bien, d'avoir une... Est-ce qu'on impose un âge ou... pour l'accès aux réseaux
sociaux?
Mme
Brousseau (Nancy) : C'est ça, une espèce d'âge minimum, ce n'est pas
tant que ça dans notre expertise, honnêtement, puis, bon, c'était
13 ans. Ça l'est encore, puis on s'aperçoit qu'il n'y a pas vraiment de
mécanisme pour... Ça fait que, tant qu'il n'y
aura pas de mécanisme... Ça pourrait être une recommandation, bien entendu.
S'il y avait des grands messages de société pour dire aux écoles et aux
parents que ce n'est pas 13, mais 14 ou 15, puis que c'est appuyé sur la
recherche, bien, nous, on va embarquer dans ça, là, ce n'est pas un souci. Les
réseaux sociaux, c'est vraiment une autre bibitte, hein? Tu sais, quand on dit
«les écrans», là, c'est très large, là. Bien, les réseaux sociaux, c'est un
autre monde.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. M. le député de Marquette.
M. Ciccone : Merci beaucoup. Je veux juste vous donner raison sur
ChatGPT. Mon collègue, il vient de l'essayer avec vos recommandations, puis on
a eu un beau mémoire, à peu près, de six pages, sept pages. Ça fait que ça
fonctionne... juste vous dire, ça fonctionne.
Je vous dirai d'entrée de jeu, en introduction,
qu'on se fait une tête sur les... tout ce qui est technologique, jeux vidéo,
que ce soient les cellulaires, puis on pense un peu, là, avec ce qu'on lit, ce
qu'on entend... puis on se fait vraiment une opinion. Puis je vous dirai que
depuis les... Ça fait trois jours qu'on a des séances comme ça, là, je suis
tellement mêlé, là, je vous le dis, là, je ne sais plus où donner de la tête.
Si quelqu'un me posait la question : Enrico, qu'est-ce que tu penses de la
technologie?, j'aurais... je ne pourrais pas rien dire, honnêtement, parce que,
depuis le début, c'est complètement aux antipodes, ce qu'on entend. Il y en a
qui disent : C'est très bon. Il y en a d'autres qui disent : Aïe! Attention, il ne faut pas aller
trop vite, on n'a pas de recherche. Puis justement... Puis c'est sans
jugement, là, les questions que je vais vous poser, parce que je veux vous
entendre puis je veux comprendre comment vous avez pris ces positions-là.
Votre organisme appelle à une prise de
conscience collective, à des actions concrètes pour que les écrans et les
réseaux sociaux deviennent des alliés plutôt que des sources de risque pour la
santé des jeunes, alors qu'on a entendu des scientifiques qui, eux-mêmes,
avaient de la difficulté à se prononcer parce que la recherche n'était pas à la même vitesse que le développement
technologique. Ils disent : Nous, on ne peut pas se... on ne va pas se
prononcer là-dessus parce qu'on ne sait pas... même si les outils pédagogiques
dans les écoles sont bons, on ne le sait pas encore. Alors, ce n'est pas un peu
paradoxal d'écrire une chose comme ça? Puis, je veux dire, comment vous êtes
arrivés avec cette conclusion-là ou cette proposition-là?
M. Bowles (David) : Bien, on peut
peut-être répondre tous les deux, mais ce que je peux vous dire, c'est que
nous, la recherche qu'on a, puis la recherche qu'on a lue, puis qu'on regarde,
c'est... Effectivement, dans... une utilisation non contrôlée, exagérée des
écrans, des réseaux sociaux, c'est effectivement dangereux. C'est dangereux
pour la santé mentale. C'est dangereux pour la santé physique.
Par contre, c'est que
les... Ce n'est pas juste à l'école que ça se passe, c'est certain, au
contraire, c'est plutôt dans la vie personnelle des jeunes. De regarder des
YouTube Shorts sans arrêt pendant toute une soirée, une partie d'une nuit,
c'est certain que ce n'est pas bon pour la santé d'un jeune. De passer son
temps sur les réseaux sociaux à regarder des photos de jeunes qui sont
sexualisés dans différentes... de se comparer à tout ça, c'est certain que ce
n'est pas bon pour l'estime de soi. Mais nous, ce qu'on est convaincus, c'est
qu'il faut absolument éduquer nos jeunes par rapport à ça, puis on ne peut pas
les éduquer sans utiliser la technologie, puis on ne peut pas non plus faire
semblant qu'ils n'auront pas besoin d'être compétents avec le numérique quand
ils vont sortir de nos écoles puis qu'ils vont arriver dans les études
supérieures ou sur le marché du travail, dans le monde de 2040 puis 2050, dans
lequel ils vont se retrouver, eux, pour travailler.
Donc, on voit un danger. On voit que c'est
possible que l'utilisation exagérée est un danger, mais on pense que c'est
notre rôle, en tant qu'école, d'encadrer tout ça à l'école, de montrer qu'il y
a des utilisations pédagogiques de ces outils-là puis aussi de leur enseigner
de l'utiliser de façon saine, donc, bonne pour la santé, de se donner des trucs. On l'a dans les compétences numériques du
cours de CCQ. Les jeunes doivent apprendre à bien doser leur utilisation
du numérique. Donc, ça, on ne voit pas comment que ça pourrait être une
mauvaise idée. Puis de faire semblant que le numérique n'existe pas puis sortir
les écrans de l'école, c'est sortir de 2024 puis retourner dans les
années 80. Je veux dire, ça ne peut pas être au bénéfice de nos jeunes
Québécois qu'on veut qu'ils aillent changer le monde puis réussir à se
démarquer dans toutes les sphères de la société.
• (19 heures) •
Mme Genzardi (Tania) : Dans le fond,
juste pour compléter, dans un monde idéal, le jeune serait autonome dans ses décisions. Il aurait son appareil puis il
ferait les bonnes choses à faire. Pour y arriver, il faut l'éduquer. Puis
je vous le dis, le MEQ, dans le cours CCQ, on le dit souvent, là, mais il y a
vraiment beaucoup de bons contenus, là, sur la gestion de temps, comportement,
les écrans. Il faut juste l'enseigner.
M.
Ciccone : Un autre élément. Dans vos recommandations, vous
dites : «Par l'entremise de l'école, sensibiliser, outiller, soutenir les parents dans le rôle
d'encadrement de l'usage des écrans à la maison.» Comment un
enseignement... un établissement scolaire peut soutenir des parents?
M. Bowles (David) : Bien, je peux
vous dire, de notre côté, nous, on envoie des capsules aux parents, des courtes
vidéos, des capsules, des trucs, comment bien programmer sa tablette pour qu'il
y ait un contrôle parental sur le nombre de minutes d'utilisation, où regarder
pour voir quelle utilisation votre enfant fait de la tablette numérique et même
du cellulaire, même si ce n'est pas nous qui l'encadrons à l'école.
On fait des séances d'information, on invite les
parents. Puis je peux vous dire, quand je suis devenu directeur d'école, on
faisait des séances d'information pour les parents. Il fallait s'assurer qu'il
n'y ait pas un match du Canadien, parce qu'il y avait quatre, cinq personnes
qui venaient. Quand on fait une séance d'information à propos de l'utilisation
des tablettes et du numérique, il n'y a pas de place dans l'école, tellement
les parents viennent.
Donc, oui, je pense qu'on est partenaires des
parents. On est conscients, même nous, qu'on met un outil, entre les mains du
jeune, qu'il va ramener à la maison. Donc, nous, à l'école, tout est contrôlé
sur la tablette, mais on est conscients que ça ne l'est pas nécessairement,
lorsque le jeune arrive à la maison. Donc, on communique beaucoup avec les
parents puis on essaie de leur fournir tous les outils nécessaires pour pouvoir
faire leur travail aussi, à eux, à la maison.
M. Ciccone : Justement, les tablettes, tantôt, vous avez dit,
corrigez-moi si j'ai tort, là, puis mon collègue de Hochelaga en a parlé :
60 % des établissements ou des professeurs avaient banni, déjà, le
téléphone de la classe et même de l'école?
M. Bowles (David) : Bien, c'est
60 % que le jeune n'est pas supposé avoir son cellulaire avec lui de toute
la journée scolaire.
M. Ciccone : Toute la journée? Parfait. Mais là vous dites qu'il y a des
tablettes pour tout le monde, un pour un. Est-ce que les tablettes sont
bloquées?
M. Bowles (David) : Oui, oui.
M. Ciccone : Oui? Alors, pas de réseaux sociaux, il n'y a pas de vidéo,
Il n'y a pas de...
M. Bowles (David) : Bien, en fait,
nos enseignants ont des consoles de gestion et donc... C'est important de
former les enseignants, d'appuyer les enseignants pour qu'ils sachent, eux
aussi, bien l'utiliser. Donc, je prends le cas chez nous puis dans plusieurs
écoles que je connais, où c'est la tablette... il y a une console de gestion
qui est utilisée, donc, en tout temps. Premièrement, les jeunes, quand ils
rentrent dans l'environnement wifi de l'école, toutes les applications de jeux,
de réseaux sociaux, elles sont bloquées. Puis les enseignants, pendant que les jeunes
sont en classe, peuvent prendre contrôle des
écrans, peuvent pousser ce qu'ils ont dans leurs écrans à eux sur l'écran
des jeunes, peuvent tout bloquer en pesant sur un bouton, que les jeunes, tout
à coup, il n'y a plus rien sur leurs écrans.
Donc, on est
conscients, par contre, que c'est un apprentissage. Les jeunes aussi sont très
intelligents, trouvent des façons de contourner, parfois. Donc, il faut
que nos règlements soient très clairs, il faut qu'on agisse. Il faut que nos enseignants, enseignantes puis tout le monde qui
travaillent à l'école soient mobilisés pour vraiment intervenir quand il y a
des enjeux.
M. Ciccone : Une dernière question. À la question 1, quelles
stratégies les parents peuvent-ils adopter pour superviser l'utilisation des
écrans de leurs enfants, et etc., vous écrivez dans votre mémoire : «Le
temps passé par un jeune, par exemple, sur Minecraft, à construire un village
médiéval, parce qu'il est passionné d'histoire», etc. Je veux vous entendre
là-dessus. L'INSPQ est venu ce matin. J'ai posé la question sur les fameux
«e-sports». Ça a déjà fait l'objet d'un article dans le journal du Devoir,
Attention aux programmes scolaires de sport électronique, avertit la Santé
publique. Vous pensez quoi de ça, vous? Parce que moi, je mets Minecraft
là-dedans, là.
M. Bowles (David) : Oui, bien, on a
des écoles qui ont des programmes «e-sport». On a même une ou deux écoles qui
ont des sport-études «e-sport», puis l'objectif des programmes «e-sport», dans
ces établissements scolaires là, c'est d'enseigner, entre autres, les saines
habitudes de vie qui vont autour du jeu vidéo, donc de calculer le temps qu'on
y consacre, de s'assurer de bien se nourrir puis de faire de l'exercice quand
même, malgré qu'on joue aux jeux vidéo. Donc, nous, dans les écoles où ça a été
bien encadré... puis il y a même des organismes, là, qui donnent un coup de
main aux écoles.
Ce n'est pas quelque chose qui existe partout,
puis je ne pense pas que c'est quelque chose qui devrait exister dans toutes
les écoles, mais qu'il y ait quelques programmes accessibles à des endroits où
c'est une passion des jeunes... Vous savez,
c'est presque rendu un sport, à certains endroits, là, ils remplissent des
stades sportifs au complet, où des jeunes se font des compétitions en
«e-sport». Donc, c'est quelque chose qui existe, mais, encore une fois, qu'il
faut définitivement encadrer puis faire dans un cadre pédagogique.
M.
Ciccone : Vous savez que c'est un élément qui crée de la
dépendance? Tu sais, vous me faites la comparaison avec le sport, moi,
j'aimerais ça que les jeunes soient dépendants du sport. Ce n'est pas le cas.
Mais ça, ça crée une dépendance. C'est ce que l'INSPQ nous disait, là. Il faut
faire très, très attention avec ça.
M. Bowles (David) : C'est certain
qu'il faut faire attention, puis les jeunes qui s'inscrivent dans ces
programmes là, c'est qu'ils en font déjà beaucoup, du «e-sport», à la maison.
Le but, c'est qu'ils apprennent à l'encadrer
puis à le faire de façon saine à l'école. Mais, bon, je comprends qu'il y a
beaucoup de débats autour du «e-sport» en particulier, là, c'est un
aspect...
Mme Brousseau (Nancy) : Oui, oui. On
peut être pour ou contre le «e-sport», en partant, mais c'est mieux, du
«e-sport» encadré, que du «e-sport» pas encadré. On va voir ça comme ça.
M.
Ciccone : Oui, mais quand ils sortent de l'école, ils
continuent pareil à la maison. Je reste là-dessus, Mme la Présidente, je
vais laisser la... mais on s'en reparlera, à un autre moment donné.
La Présidente
(Mme Dionne) : Très intéressant, M. le député. On poursuit avec
Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci, M. Bowles. Bonjour, mesdames, merci d'être avec nous. J'ai
été surprise de lire, dans votre rapport, l'affirmation suivante : «Il
arrive que des parents s'insurgent parce que l'école configure les appareils de
façon à limiter l'usage qui en est fait. Il arrive que les parents menacent l'école de poursuites ou encore décident de porter
plainte au protecteur national de l'élève.» C'est quoi, la prévalence de
ce phénomène puis c'est quoi, la
préoccupation... en fait, c'est quoi, la préoccupation qui est derrière ça de
la part des parents?
M. Bowles (David) : Bien, il y a
différents événements qui peuvent arriver. Comme je disais tout à l'heure,
quand on confisque les cellulaires, il y a des grosses réactions de parents. Il
y a aussi des parents... parce qu'il y a beaucoup, dans nos écoles... le jeune
doit laisser le casier... pas le cadenas, mais le cellulaire dans le casier.
Puis on a des parents qui nous appellent, il dit : Oui, mais moi, j'ai
besoin de texter mon enfant trois, ou quatre, ou cinq fois par jour pour voir
comment il ou elle va, j'ai besoin de recevoir un appel un certain nombre de fois
par journée. Donc, il y a beaucoup d'éducation, de communication à faire avec
les parents pour dire : Bien, nous, il y a d'autres méthodes de
communiquer avec vous si jamais il y a un enjeu. Mais il y a des arguments avec
certains parents à ce niveau-là, ça existe.
Ce n'est pas une grosse prévalence. Je vous
dirais que la grande majorité des parents nous appuient dans nos démarches,
quand il est question de ne pas utiliser des tablettes, exemple, à l'heure du
dîner pour que les jeunes puissent socialiser entre eux. On n'a pas de plainte
à ce niveau-là. Mais, quand vient le temps de confisquer, là, il y a des
grosses réactions, parfois. Et puis, quand on configure aussi... parce qu'on
configure les tablettes de façon pédagogique, pour limiter certaines applications,
et puis il y a des parents qui disent : Bien, moi, j'aimerais ça que mon jeune puisse faire ce qu'il veut avec, le
soir, tu sais. Bien là, on a des discussions avec des parents à ce moment-là.
Je vous
dirais que ce n'est pas une majorité de parents, mais c'est toujours des
discussions qu'on doit avoir puis c'est
le dialogue, qui est important, puis l'éducation non seulement des jeunes, mais
parfois des familles, là, qui est importante.
Mme Cadet : Plus tôt, vous disiez,
je pense que c'était 14 %, donc, de vos écoles dont la consigne sur... bien, en fait, donc, la non-utilisation, donc, des
écrans, donc, dans l'établissement scolaire... disait : On laisse le
téléphone à la maison. On a entendu des discours
contraires, là, contradictoires, que, d'une part... on nous disait : Bien,
les parents veulent rejoindre leurs enfants, que ça, c'est une grande
préoccupation. D'autres qui nous disaient : Bien, moi, je suis capable de
rejoindre mon enfant en communiquant avec l'école, donc c'est... ça ne devrait
pas faire partie de l'équation, là, quand on pense à ce type de mesures là.
Puis vous, qu'est-ce que vous en pensez? Qu'est-ce que vous entendez de la part
des parents là dessus?
M. Bowles (David) : On ne peut pas
parler au nom de tous nos membres, mais, chose certaine, de bannir
complètement, durant le trajet entre la maison et l'école et vice-versa, nous,
à l'époque, dans mon école, quand on prenait le cellulaire puis on le
confisquait pour plus qu'une journée, il y avait des grandes inquiétudes de
certains parents. Qu'est-ce qui arrive si mon enfant a un accident? S'il lui
arrive quelque chose, j'ai besoin de le rejoindre.
Donc, nous, c'est certain qu'on a décidé...
Quand ils sortent de l'école, c'est vraiment les familles qui décident, à ce
moment-là, ce qu'ils veulent pour leurs enfants au niveau des moyens de
communication. Nous, vraiment, la grande majorité de nos membres, lorsqu'ils
disent qu'on n'a pas le droit de cellulaire à l'école, c'est qu'ils le laissent
dans le casier, quand ils arrivent le matin à l'école, puis ils le reprennent
avant de quitter. Et puis ça, on est capables de bien communiquer ça à nos
familles, la grande majorité nous appuient, ils sont d'accord avec la consigne. Malgré qu'on... quand on attrape des
jeunes en classe, parfois, parce qu'ils reçoivent un texto, c'est
souvent le parent qui l'a texté. Mais, bon,
il y a toutes sortes de situations qui arrivent, mais on a l'appui des parents,
majoritairement, à ce niveau-là.
Mme Cadet : Recommandation 4,
vous dites : «Encourager les écoles à communiquer avec les parents au
sujet des écrans et fournir des indications quant au temps d'écran nécessaire.»
On l'a entendue un peu plus tôt, une recommandation comme celle-ci. Comment
est-ce que vous voyez la faisabilité de cette mesure-là?
Mme Brousseau (Nancy) : De
recommander du temps d'écran?
Mme Cadet : Non, de recommander,
donc, que les écoles communiquent avec les parents. Donc, nous, on a entendu,
donc, ce besoin, donc, de la part des parents, donc, d'obtenir, donc, les
renseignements nécessaires quant au temps d'utilisation des écrans fait à
l'école, pour qu'ils puissent s'ajuster rendus à la maison. Les intervenants
avant vous, donc, sont venus nous dire que ça alourdirait la tâche. Donc, vous,
donc, comment est-ce que vous voyez... comment est-ce que vous entrevoyez la
faisabilité, donc, d'une telle recommandation quant à la communication entre
l'équipe-école et les parents?
M. Bowles (David) : Bien, nous, en
tout cas, dans notre cas, c'est la direction qui communique avec les parents,
au niveau des recommandations de quoi faire à la maison, de comment gérer à la
maison. Par contre, les enseignantes, enseignants ont aussi leur part à faire
au niveau de leur cours. Il y a des enseignants qui utilisent davantage les
outils numériques. Donc, c'est important pour ces enseignants-là de bien
communiquer leurs attentes avec les
familles. Donc, la communication avec les parents fait partie de la tâche et
des responsabilités de l'enseignant. C'est même une de leurs tâches les
plus importantes. C'est vraiment un partenariat avec les parents qu'on a, pour
socialiser, instruire et qualifier nos jeunes, donc. Mais d'envoyer des
directives de groupe, en fait, c'est très faisable. On le fait, là, c'est la
direction qui envoie des recommandations, des suggestions, des capsules avec
nos équipes. Nos équipes de techniciens en éducation spécialisée aussi
travaillent très fort pour créer de la formation pour les jeunes mais aussi
pour les parents, mais c'est un travail d'équipe-école.
Mme Genzardi (Tania) : C'est sûr
qu'au primaire c'est facile. Au primaire, l'enfant a une enseignante, donc c'est facile, la communication. Le défi est
au secondaire. Mais, comme David dit, tu sais, la direction peut faire
une rencontre : Bon, approximativement, chacun, c'est quoi, votre temps?,
puis on communique. Tu sais, c'est facile, là, ce n'est pas...
• (19 h 10) •
Mme Brousseau (Nancy) : ...pas
nécessairement une communication quotidienne, là, tu sais. Il ne faut pas le
voir comme ça.
Mme Genzardi (Tania) : C'est une
moyenne, non, non, c'est sûr.
Mme Brousseau (Nancy) : Une moyenne,
oui.
Mme Genzardi (Tania) : Ce n'est pas
très compliqué.
Mme Cadet : Recommandation 25 :
«Demander aux autorités de faire pression sur les plateformes pour qu'elles développent et améliorent constamment
leur algorithme de modération.» On a beaucoup... on a entendu parler,
donc, des mécanismes, là, qui peuvent parfois, donc, créer, donc, des
dépendances ou des mécanismes, donc, de renforcement
numérique, là, qu'on... on appelait ça comme ça. Est-ce que ce sont, donc,
des... Un, est-ce que vous voyez, donc,
ces enjeux-là, donc, déborder, donc, dans vos écoles, donc, dans la gestion des
relations conflictuelles, par exemple, entre les élèves, donc, en raison
de ce qu'ils voient, lié, donc, aux algorithmes, donc, de modération, donc, qui
existent? Et d'autre part, est-ce que parfois, donc, sur les logiciels qui sont
utilisés, donc, à des fins pédagogiques, ce type de mécanismes-là peuvent également, donc,
faire partie de ces logiciels-là? On pense aux mécanismes de
récompenses, là, qu'après, donc, un jeu
ludique... on disait que, bon, que vous avez fait assez, peut-être au primaire,
donc, de soustractions ou d'additions,
bien, regardez, donc, la prochaine étape. Donc, est-ce que vous voyez ça dans
vos écoles, ces phénomènes-là?
M. Bowles
(David) : Bien, il y a certaines applications. Exemple, Netmath est
une application beaucoup utilisée par les jeunes en mathématiques et les
enseignants de mathématiques, qui est très, très efficace, mais c'est certain
qu'il y a un élément ludique de jeu, qu'on veut en faire plus. Mais de vouloir
faire plus de mathématiques pour mieux comprendre, ça peut être une bonne chose
aussi. Puis ce n'est pas le genre de choses qu'ils vont faire la nuit, là, chez eux, en cachette des parents. Même
chose dans les cours de langue, Duolingo, exemple, est de plus en plus
utilisé, ou des applications qui ressemblent à Duolingo, même dans d'autres
cours. En histoire, il y a une application qui existe, qui ressemble à
Duolingo.
Puis, oui, il y a des
mécanismes de récompense, qu'on voit que ça motive les jeunes. Ils ont cette
habitude-là de vouloir jouer. Mais, encore
une fois, ils sont vraiment en apprentissage de contenus importants qui,
habituellement, n'étaient pas facilement transférables aux jeunes, parce qu'il
y avait peu d'intérêt pour certaines matières, parfois, qui, avec le jeu, le
ludique, la compétition, le numérique, peut devenir plus motivantes. Mais je
n'ai pas vu de jeunes devenir dépendants, là, à Duolingo ou à Netmath, en tout
cas, dans mon expérience.
Mme Brousseau (Nancy) : C'est
toujours l'objet, hein, c'est toujours l'objet qui change le résultat, en fin
de compte.
Mme Cadet : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions de la part des membres? Oui, oui, oui, M.
le...
M. St-Louis :
En fait, c'est une sous-question, parce que les sujets ont été pas mal
couverts par nos collègues. Mais on parle beaucoup de temps d'écran. Vous êtes
précurseurs, au niveau de l'éducation, ma collègue le mentionnait, puis je l'ai
vécu avec mes filles. Est-ce que vous avez des statistiques ou, en tout cas, du
moins, une idée du nombre d'heures d'utilisation en classe? Parce qu'on s'est
fait parler de différents... bien, en tout cas, je ne pense pas que l'INSPQ ait
statué, mais on a entendu souvent parler de quatre heures par jour d'écran.
Au-delà de ça, là, ce n'est plus des saines
habitudes de vie. Est-ce que, dans vos établissements, vous avez certaines
stats ou pas du tout?
Mme Brousseau
(Nancy) : On a une stat dans notre étude, l'utilisation est autour de,
tu sais... ça peut aller jusqu'à 42 heures-semaine, là.
Une voix :
Non, mais en classe.
Mme Brousseau
(Nancy) : Ah! en classe.
M. St-Louis :
En classe, en classe. Oui, oui. Excusez.
Mme Brousseau
(Nancy) : Parce que je veux juste ressortir le tableau, là.
M. Bowles
(David) : On ne l'a pas. Puis ça va varier beaucoup d'une école à
l'autre, dépendant de l'utilisation, mais c'est définitivement quelque chose
qui serait intéressant. Puis l'INSPQ, si elle se penche sur le nombre d'heures d'écran total, d'après moi, il y a
des distinctions à faire aussi entre un temps d'écran en classe, à
utiliser une application avec d'autres... à des fins pédagogiques, versus
regarder des vidéos YouTube à répétition le soir, là.
Mme Brousseau
(Nancy) : C'est ça, ce n'est pas du tout la même chose. Encore une
fois, c'est l'objet qui change la perspective.
M. St-Louis :
Oui. Bien, c'est ça, dans le contenu, on comprend qu'il y a du mauvais et
du bon contenu, mais on nous a répété à plusieurs reprises que ça s'additionne.
Je veux dire, c'est le temps d'écran, au final, qui devient... qui peut être
néfaste, aussi néfaste. Donc, si on arrivait à un chiffre de quatre heures par
jour qui devraient être partagées entre la vie personnelle et la vie à l'école,
est-ce que vous auriez la possibilité de donner des directives à vos
établissements de...
M. Bowles
(David) : Bien, ce serait... Nous, on ne peut pas donner de directive,
parce que les écoles... Mais, oui, donner
des recommandations, même comme école, de donner des directives à
l'équipe-école, de dire : Limitons-nous à environ tel nombre de
minutes ou d'heures par période, pour qu'à l'école on ne dépasse pas un certain
nombre d'heures puis qu'on recommande aux parents, par la suite, un certain
nombre d'heures à la maison, ce seraient des données intéressantes qu'on
pourrait utiliser, qui seraient extrêmement intéressantes.
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui. Il reste deux minutes. Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Oui, merci. Puisqu'il
nous reste du temps, donc, vous représentez à la fois les écoles primaires et
secondaires, est-ce que vous avez, donc, des... en fait, des recommandations
distinctes, donc, à nous émettre par rapport à ces deux
clientèles-là? Parce qu'on a moins abordé cette... le continuum du développement
des jeunes, là, dans le cadre de vos recommandations.
Mme Brousseau (Nancy) : C'est une
bonne question. C'est une bonne question parce qu'on... D'abord, notre étude,
elle porte seulement sur les élèves du secondaire. On n'a pas interrogé nos
élèves du primaire. On sait aussi que l'utilisation est fort différente quand
même, là, chez les jeunes. On pense que l'encadrement aussi est différent à la
maison, dans les deux cas. Donc, moi, je ne peux pas aller beaucoup plus loin
que ça. Toi, tu as les deux, tu as le primaire et le secondaire.
M. Bowles (David) : Oui, chez nous,
j'ai du préscolaire jusqu'au secondaire V puis je peux vous dire que
l'utilisation est très différente au primaire. Donc, il y a du un pour un, mais
ce n'est définitivement pas en tout temps. Le jeune n'a pas accès à sa tablette
en tout temps. C'est l'enseignant qui a les tablettes puis qui les distribue au
moment où on utilise l'outil numérique. Et puis l'apprentissage qu'on fait est
différent aussi. Les jeunes vont commencer à apprendre la programmation un
petit peu au primaire, puis c'est très utile de commencer à apprendre ça,
d'ailleurs, dans la robotique, vont programmer des petits robots à l'aide
d'applications qui se retrouvent sur la tablette, mais c'est beaucoup plus
encadrant, je vous dirais.
Là, je n'ai pas d'étude ou d'expertise pointue,
mais l'expérience que j'ai dans mon école, les enseignants, pour faire une
utilisation qui est vraiment saine... l'enseignant contrôle beaucoup plus
l'outil numérique, alors qu'au secondaire le jeune l'a avec lui ou avec elle en
tout temps. C'est certain qu'il y un contrôle puis une surveillance qui est
fait, de la part de l'enseignant, mais le jeune a plus d'autonomie,
définitivement, au secondaire.
La
Présidente (Mme Dionne) : Il
nous reste une petite minute. M. le député de Gaspé, aviez-vous une
question?
M. Sainte-Croix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
désolée, j'ai passé outre.
M. Sainte-Croix : ...Mme la
Présidente, à cette heure de la journée. C'est plus une... Je vous écoute, puis
ça m'est arrivé en tête : Est-ce que vous jugeriez que l'idée même
derrière l'utilisation du numérique, c'est un stimuli, pour vos équipes, pour
vos jeunes?
M. Bowles (David) : Il y a un
élément de motivation, définitivement, parce que ça rejoint le réel. Je veux
dire d'apprendre, comme je disais tantôt, avec un jeu qui ressemble à Duolingo,
il y a une petite compétition entre les élèves, il y a des points qui s'accumulent.
D'ailleurs, les profs utilisent énormément des kahoots, aussi. Je ne sais pas
si vous connaissez les kahoots, là, où les jeunes répondent aux questions
directement, puis on voit le gagnant dans le groupe.
L'enseignant aussi peut voir la compréhension, immédiatement, de ses élèves
après avoir enseigné une matière en
utilisant le numérique, alors qu'avant il fallait attendre le test, deux
semaines plus tard, pour voir si les jeunes avaient compris. Mais oui, l'élément qui peut être plus
ludique va chercher une motivation chez les jeunes, d'après ce qu'on observe.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Alors, ceci met fin à cette...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : On
aimerait tous comprendre.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Non,
non. Merci infiniment pour votre contribution, en ce début de soirée.
Alors, nous, on met... on suspend les... on
ajourne, en fait, les travaux jusqu'à mercredi 18 septembre, après
les avis touchant les travaux en commission. Alors, bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 19 h 18)