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Commission spéciale des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250
Code des professions
et autres projets de loi connexes
Séance du mardi 14 novembre 1972
(Dix heures seize minutes)
M. PERREAULT (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
Le président, M. Harry Blank, étant retenu à
Montréal à cause d'une défectuosité de l'avion
à la dernière minute non, ce n'est pas un
détournement, heureusement on m'a demandé de le remplacer
en vertu de l'article 144, 4e du code Lavoie. La réunion, ce matin, a
lieu sans audience publique pour permettre de faire le point sur le bill 250 et
les lois connexes et permettra à tous les membres de faire un tour
d'horizon et de faire valoir des points particuliers de la loi. Je cède
la parole au ministre des Affaires sociales.
Réimpression des projets de loi
M. CASTONGUAY: M. le Président, le 14 septembre dernier, alors
que les auditions de mémoires se poursuivaient, j'ai indiqué,
comme je l'ai rappelé, je pense, la semaine dernière, un certain
nombre de changements qu'il nous apparaissait nécessaire d'apporter au
code des professions et qui portaient sur des aspects assez
généraux du code pour modifier quelque peu l'équilibre
dans les fonctions, les pouvoirs, la composition, sans revenir toutefois sur
les objectifs fondamentaux. Et ceci, afin que les discussions au cours des
séances suivantes de la commission puissent porter davantage sur les
aspects qui continuaient de mériter d'être étudiés
plus attentivement.
Nous avons terminé l'audition de tous les organismes la semaine
dernière et, aujourd'hui, nous sommes rendus à la séance
synthèse pour faire le point. On m'a demandé si, au moment de la
reprise de la discussion de ces projets en deuxième lecture en Chambre,
il y aurait des versions réimprimées des projets de loi. Et
j'avais indiqué à l'époque que c'était notre
intention et, de fait, sauf s'il y a un projet où il n'y a qu'une ou
deux petites modifications, les autres seront réimprimés, de
telle sorte que l'étude puisse être faite de façon aussi
efficace que possible par les membres de la Chambre.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le ministre, je ne voudrais pas vous
interrompre trop souvent, mais sur ce point précis de la
réimpression, est-ce que cela signifie que le code des professions
lui-même serait réimprimé?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais il y aurait peut-être quelques lois
spécifiques qui ne seraient pas réimprimées?
M. CASTONGUAY: C'est cela, celles où on ne ferait que
réimprimer à toutes fins pratiques, le même texte, avec
deux ou trois amendements.
Mais pour toutes les autres, il va y avoir réimpression où
le le nombre d'amendements est quelque peu élevé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, cela veut dire que sur 24 lois il y en
aura probablement 22 qui seraient réimprimées.
M. CASTONGUAY: Je vais le demander. Je ne peux pas m'aventurer dans ce
domaine.
Alors, M. Morin, qui travaille directement sur ce dossier, me dit que
selon lui elles le seront toutes. Je me gardais une marge au cas où un
ou deux projets de loi ne le soient pas mais il semble bien que tous les
projets seront réimprimés.
M. PAUL: Cela prouve la nécessité d'avoir d'excellents
fonctionnaires à ses côtés.
M. CASTONGUAY: C'est vrai.
M.PAUL: Surtout quand ils sont compétents.
M. CASTONGUAY: C'est vrai.
Voilà un point de clarifié. A ce moment-ci, après
l'audition de la masse des mémoires que nous avons reçus, du
très grand nombre de questions qui ont été
abordées, il m'apparaît important de connaître les points de
vue des membres de la commission sur des aspects généraux de ces
projets, soit du code lui-même ou des lois particulières. Il ne me
semble pas qu'il serait opportun, ce matin, d'amorcer une discussion
détaillée d'un projet en particulier, ou encore une discussion
détaillée de certains aspects, compte tenu du fait que, au moment
de la deuxième lecture et de l'étude en comité, nous
aurons le temps voulu pour le faire. Il me semble que ce sera le moment pour
reprendre la discussion d'une façon aussi organisée.
Alors, compte tenu du fait que nous avons indiqué
déjà le 14 septembre, en ce qui a trait au code des professions,
les modifications qu'il apparaissait nécessaire d'apporter à ce
moment-là et que, même s'il peut en rester quelques-unes qui
n'étaient pas couvertes et, compte tenu que chacun des autres projets
touche à une corporation professionnelle bien particulière et
qu'on entre forcément dans des discussions plus spécifiques, pour
ma part, je n'ai pas d'annonces à faire ce matin ou d'indications
à donner a priori, sauf si, au moment de la discussion, selon le
désir des membres, nous abordons une, deux ou trois questions d'ordre
général. Là, au cours de la discussion, selon les besoins,
je
pourrai indiquer les orientations qu'il nous semblerait utile de
suivre.
C'est tout ce que j'avais à dire pour le moment, M. le
Président. J'aimerais savoir si les membres de la commission ont des
suggestions quant à la forme de la discussion que nous devons avoir et
quant à certains aspects qui pourraient être abordés
aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
Dangers à éviter
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai
écouté le ministre et j'ai retenu sa proposition de travail. Nous
nous y attendions; évidemment, ce n'était pas souhaitable
d'entrer dans la discussion détaillée de chacun des projets de
loi. Il y en a 23 ou 24, outre le projet de loi 250, sur le code des
professions.
Je voudrais faire les remarques suivantes: En principe, je suis d'accord
sur la façon de procéder que vient de suggérer le
ministre. En ce qui concerne le code des professions c'est la
pièce maîtresse de toute cette législation les
amendements qui ont été annoncés le 14 septembre
étaient très importants et répondaient à des
observations, remarques ou demandes qui avaient été
exprimées devant la commission par la plupart des organismes, même
ceux qui n'avaient pas eu l'occasion, à ce moment, de présenter
leurs mémoires. On l'a dit à ce moment, ç'ont
été des améliorations extrêmement importantes qui
ont permis d'orienter la discussion de façon plus positive par la
suite.
Ces modifications avaient pour but de tempérer ou d'obvier
à cette critique que l'on a faite, critique amplement justifiée,
du danger de l'ingérence gouvernementale par de trop fréquentes
nominations à travers cet outil qu'est le code des professions. Les
modifications apportées à plusieurs articles du projet de loi ont
certainement diminué le danger d'ingérence. Jusqu'à quel
point cela a-t-il pu l'éliminer complètement? Je ne crois pas que
ce soit éliminé complètement. De toute façon, je
pense que cela répondait au voeu généralement
exprimé par les organismes qui sont venus devant la commission
parlementaire.
Il y avait un autre danger. On l'a mentionné dans les travaux qui
nous ont été remis par ceux qui ont travaillé avec le
ministre, les collaborateurs des minitres on devrait dire maintenant les
trois ministres particulièrement, le ministre des Affaires
sociales.
Les organismes qui ont comparu devant la commission ont mentionné
que les corporations devaient avoir le plus d'autonomie possible, tout en
tenant compte, par exemple, de l'objectif principal qui était poursuivi
et qui est de protéger les intérêts du public.
Encore là, je pense que, par certaines modifications, on a
donné un peu plus d'autonomie aux corporations professionnelles par les
pouvoirs qu'on a enlevés au lieutenant-gouverneur en conseil et qu'on a
donnés à l'Office des professions et au bureau. Je pense qu'il y
a eu également amélioration par les modifications
apportées.
Il reste le troisième danger qu'on a mentionné et cela est
inhérent à chacune des lois que nous étudions, et on le
constate actuellement avec les projets de loi qui sont devant la Chambre et
ceux que nous avons déjà adoptés, c'est toujours la
lourdeur de l'appareil gouvernemental. Cela met en place des structures et le
danger d'une telle législation est de paralyser, par une trop grande
lourdeur administrative, le fonctionnement des organismes qui existent
déjà et de vouloir, par trop d'uniformisation, tuer ce qui existe
de meilleur à l'intérieur de chacune des corporations
professionnelles, ainsi que de mettre des entraves à des rouages qui ont
toujours assez bien fonctionné pour vouloir uniformiser. C'est un danger
qu'il faudra s'appliquer à éviter en voulant atteindre
l'uniformisation chez des corporations professionnelles qui fonctionnaient
bien, qui avaient des mécanismes: Prenons des exemples comme les
comités de discipline, les comités de surveillance, les codes
d'éthique, la déontholo-gie. Enfin, ce sont des choses qui
fonctionnaient à l'intérieur de certaines corporations
professionnelles; d'autres devront instituer ou améliorer ces
mécanismes. Le danger est de gêner le fonctionnement de ces
mécanismes qui ont fait leurs preuves dans le passé.
C'étaient donc les trois principaux dangers mentionnés par les
organismes qui sont venus devant la commission parlementaire; à ce point
de vue, je pense que le code a introduit des modifications.
On a noté aux dernières séances de la commission,
à partir du 14 septembre, entre autres par l'attitude du Barreau, que
ces améliorations, ces changements ont été bien
reçus. Autant, au début, nous avions été avertis
que cette législation ne serait pas acceptable, autant on nous a dit
devant la commission, à la fin des audiences, que le code des
professions, dans sa nouvelle teneur, était mieux accepté qu'au
début.
Le ministre nous a dit tantôt qu'on n'entrerait pas, ce matin,
dans chacun des détails des lois. Il serait difficile, à ce
moment-ci, de donner une opinion très précise sur des points
particuliers qui concernent une ou l'autre des professions, parce qu'il y a un
équilibre à maintenir entre différentes professions. On
l'a vu au cours des audiences de la commission parlementaire. Quand on touche
un champ précis, que ce soit dans le domaine de la santé ou dans
d'autres domaines, il y a un certain nombre de professions qui se touchent.
Quand on parle des optométristes, relativement aux problèmes de
la vision, on sait à quel nombre de professions auxquelles on touche.
Quand on a étudié le secteur administratif, on savait qu'on
touchait à des professions comptables, des professions d'administration;
la même chose quand on s'est aventuré du côté des
ingénieurs.
Quand on touche à une des professions, il y a des implications
pour l'autre, surtout quand on a parlé des champs d'exercice. Alors, il
est difficile, ce matin, sans connaître l'ensemble de la
législation modifiée pour chacune des corporations
professionnelles, de donner un avis précis sur un point particulier. Il
nous faudra connaître, en deuxième lecture, tout l'ensemble de la
législation proposée par le gouvernement pour nous prononcer sur
certains points chauds qui ont été discutés devant cette
commission parlementaire.
D'autre part, il est certain que les 24 séances ou à peu
près tenues par cette commission parlementaire ont mis en
évidence certains problèmes particuliers qui existaient
probablement, au moment où nous avons commencé nos travaux,
l'hiver dernier, mais qui ont pris une dimension particulière au fur et
à mesure que nous poursuivions nos audiences. Parmi ces
problèmes, il y a évidemment le champ d'exercice des professions
qui se touchent et la définition du champ d'exercice et de l'acte
exclusif réservé à chacune des professions. C'est un
problème qui a été mis en lumière et dont nous
connaissions l'existence au moment d'entreprendre nos travaux.
Un autre problème qui est ressorti, de façon très
aiguë, au cours des séances de la commission, est celui de la
formation des candidats à l'exercice de chacune des professions et de
leur acceptation au sein des corporations professionnelles.
Nous en avons eu deux exemples très précis dans deux
disciplines, soit pour les dentistes et les avocats et, ce matin, dans les
journaux, il y a des articles qui parlent des examens du Collège des
médecins, des examens requis pour les médecins avant d'exercer
leur profession.
La formation des étudiants est un problème qui a
été particulièrement souligné devant la commission
parlementaire et on a vu quelles relations ça pouvait avoir avec les
corporations professionnelles, les conseils des universités, les
facultés universitaires. Disons que, de ce côté-là,
il y a eu d'excellentes suggestions qui ont été faites devant la
commission parlementaire et je retiens particulièrement le
témoignage qui nous a été donné, il y a quelques
jours, par le Conseil des universités du Québec.
Il y avait là une attitude assez raisonnable, assez
pondérée, une attitude qui peut se concilier avec celle des
autres corporations professionnelles qui ont touché ce
problème-là, particulièrement le Barreau. En somme, les
travaux de la commission parlementaire on le dira plus tard ont
été bien engagés. Ils sont positifs. Je pense que nous
allons, en continuant de la façon que nous avons commencé,
déboucher, dans les circonstances, compte tenu de la complexité
des problèmes, des objectifs qui sont poursuivis, sur une
législation qui sera acceptable.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
Trouver un équilibre
M. GUAY: M. le Président, j'ai aussi écouté le
ministre et également les amendements, en principe, qui seront
apportés au code des professions. C'est bien sûr que, à la
fin des auditions sur une législation aussi importante, il faut quand
même dire que le législateur a le pouvoir et le devoir de trancher
des questions très- difficiles. Et ce ne sera sûrement pas sans
douleur pour certains groupes, à la fin, que le législateur dira
son dernier mot.
Il s'agit donc, pour le législateur, de trouver, dans bien des
cas, un moyen terme, ce que j'appelle un juste milieu, ou ce que le ministre a
mentionné, un équilibre. Les groupes concernés ont
soulevé à la commission, assez souvent, la peur du contrôle
étatique trop poussé. Ils ont réclamé, à
coup sûr, plus d'autonomie. Il semble, d'autre part, que les groupes que
nous avons eu l'occasion d'entendre à la commission se sont entendus, en
principe du moins, sur certaines modifications au code des professions.
Ce n'est peut-être pas le cas pour les lois spécifiques,
mais sur le code lui-même, les groupes ont semblé d'accord pour
des modifications assez prononcées.
Il ne faut pas non plus par une législation, freiner le
progrès ou empêcher l'avancement de groupes qui ont mis de l'avant
des services et qui se sont donné des politiques qui leur permettaient
justement d'offrir au public des services diversifiés au maximum. Il ne
faudrait pas non plus faire en sorte que certains groupes soient dans un
état de recul, sous prétexte de mieux protéger le public.
La protection du public est d'abord et avant tout le gros pourquoi de cette
législation et il ne faudrait pas, avec ce voile, cette barrière
dont le législateur est obligé de tenir compte, sous
prétexte de mieux protéger le public, faire en sorte qu'on vienne
freiner le progrès.
Il est ressorti clairement des auditions à la commission que,
même si le principe du non-chevauchement des champs de pratique est
très louable... Quand on révise les mémoires, on se rend
de plus en plus compte que cela devient complètement impossible. On
pourrait mentionner des corporations professionnelles qui en ont fait la preuve
devant cette commission.
Et j'ajoute qu'il aura été impossible et impensable que le
législateur seul réussisse à mener à bien une telle
législation. Premièrement, c'est très complexe;
deuxièmement, le législateur n'étant pas parfait dans tous
les domaines aurait, bien sûr, fait des erreurs monumentales. Des erreurs
seront sûrement évitées et les solutions vont permettre que
ces lois soient mieux adaptées aux besoins de 1972.
Un autre point, l'évolution de la société.
L'évolution nécessaire a donné naissance à de
nouveaux groupes de professionnels que le législateur n'a pas le droit
d'ignorer. Et je pense que c'est le mandat du Parlement de faciliter au maximum
non seulement aux groupes déjà en place qui distribuent des
services, aux grou-
pes naissants, en leur donnant des dispositions, des outils
nécessaires et indispensables, si on veut que ces groupes mènent
à bien le mandat qu'eux se sont donné... Et je pense que c'est le
moment de féliciter et de remercier tous les groupes qui ont comparu et
qui sont venus témoigner à cette commission parlementaire,
témoignages importants, d'une qualité extraordinaire, qui
viennent compléter la recherche des parlementaires et ce qui aurait pu
manquer d'essentiel à une loi.
Pour ma part, concernant le code des professions, je me rends compte que
d'autres amendements devront être apportés. J'ai ici un volume
contenant les amendements exprimés par les différents groupes qui
sont venus aux séances de la commission parlementaire. Je pense que nous
ne pouvons pas ignorer le son de cloche que certains groupes très
importants sont venus nous faire entendre.
Je sais que le législateur aura l'occasion, lors de la discussion
de ces projets de loi à la Chambre, de proposer des modifications. Dans
ce sens, il y a des contacts d'établis avec tous les groupes de
professionnels capables d'analyser les amendements qui seront apportés,
par exemple, dans la réimpression du bill 250 annoncée ce matin.
Je pense que nous devons dire que le ministre a un esprit ouvert. C'est la
deuxième fois que je le mentionne; j'ai même dit plus tôt
que le ministre devenait raisonnable. A partir de cela, c'est plus facile, non
seulement pour le législateur mais pour ceux qui auront, encore une
fois, à vivre avec ces lois. Parfois une loi semble contraignante
à des actions qu'un professionnel ou un citoyen doit et peut poser. Il
ne faut quand même pas ignorer que la société sera ou non
victime d'une loi. Si les contrôles étatiques semblent trop
poussés et que le ministre démontre toujours un esprit ouvert,
nous espérons qu'il y aura lieu, avec des recommandations du
législateur car c'est lui qui a le dernier mot de
réussir à faire une loi qui sera vivable pour l'ensemble des
citoyens du Québec.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
Protéger le public
M. BURNS: M. le Président, j'ai examiné avec attention
l'essentiel des amendements qui ont été annoncés par le
ministre lors de la dernière séance. Je limiterai mes remarques
à quelques-uns de ces amendements annoncés. D'abord, il fait
toujours plaisir de commencer des commentaires par des félicitations. Je
tiens à féliciter le ministre, plus particulièrement,
d'avoir suivi la recommandation 120 du rapport Castonguay-Nepveu relativement
à l'injonction pénale. Comme en fait état le rapport,
actuellement, le droit des professions au Québec, l'injonction civile
contre des récidives régulières n'est pas reconnue par nos
tribunaux sinon dans le cas de la Loi de la pharmacie. Et je pense qu'il est
normal, vu le but qui nous anime tous, dans cette loi, de vouloir
protéger le public, même parfois avec des moyens qui peuvent
apparaître draconiens pour le professionnel intéressé.
Cette injonction pénale aura pour effet d'empêcher qu'un
professionnel qui récidive régulièrement dans des choses
qui lui sont défendues par sa corporation professionnelle ou par la loi
qui la régie, de l'empêcher de continuer à faire ses
écarts à la loi. Sur ce point, je tiens à féliciter
le ministre. Nous étions dès le début favorables à
une telle mesure. Le fait d'avoir suivi le rapport de la commission
Castonguay-Nepveu à ce sujet donnera un moyen additionnel pour
protéger le public.
D'autre part, M. le Président, j'ai été
désagréablement surpris par un certain nombre d'amendements
annoncés par le ministre.
Lorsque le projet de loi 250 nous avait été soumis, nous
avions l'impression qu'il y avait un certain espoir, non pas de contrôle
par le public, mais de participation du public à l'administration des
professions. Je me demande si, actuellement, les amendements annoncés
par le ministre ne sont pas, en ce qui concerne le contrôle des
professions, tout à fait dans le sens inverse. Je me demande
effectivement si le milieu professionnel, par ces amendements, ne devient pas
complètement étanche et fermé, contrairement, je pense, au
but fixé en amenant le projet de loi 250. Pour ce faire, je ne veux que
citer quelques amendements que nous a annoncés le ministre, celui, en
particulier, relativement aux cinq membres de l'Office des professions, dont
trois seraient nommés à partir d'une liste fournie par le conseil
interprofessionnel.
A toutes fins pratiques évidemment, je n'ai pas vu le
texte un amendement de ce genre fait que les représentants
externes sont disparus. Les deux représentants nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil demeurent, d'accord; mais le fait que ce soit
le conseil interprofessionnel qui ait cet organisme central qu'on appelle
l'Office des professions, qui nomme parmi ses membres des gens, j'ai
l'impression qu'on reste toujours dans le milieu des professions.
Là-dessus, je vois que le vague espoir qu'on avait, non pas de
contrôle de l'extérieur, mais de participation un tant soit peu
à l'administration des professions, disparaît, du moins par la
façon de nommer les membres de l'Office des professions.
Dans les bureaux des corporations, c'est un peu le même
phénomène qui arrive. Auparavant, on avait le
lieutenant-gouverneur qui nommait des agents externes; maintenant, c'est
l'office qui nommera les agents externes parmi les agents qui s'y trouvent.
Alors, encore une fois, je me demande si ce n'est pas le chapelet qui commence
à éviter que, véritablement, il y ait participation
extérieure. On en voit un autre exemple au niveau du comité
administratif où le membre externe, selon le projet original,
était
nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil parmi les membres
externes du bureau. Maintenant, cela va être le bureau qui va nommer son
membre externe qui, à toutes fins pratiques selon moi, ne devient plus
un membre externe.
D'autre part, il y a un autre amendement sur lequel nous aurions pu
être d'accord. Nous ne sommes pas d'accord sur celui-là à
partir du moment où les trois amendements que je viens de mentionner
sont présents. Il est normal de concevoir que le secrétaire, le
syndic, le syndic adjoint, soient nommés par le bureau si les
éléments de contrôle existent au niveau de l'office, au
niveau des bureaux eux-mêmes et au niveau du comité
administratif.
Maintenant, on nomme, par l'entremise du lieutenant-gouverneur en
conseil, ces secrétaires, syndics et syndics adjoints et j'ai
l'impression qu'on tente de faire bouger le chien par la queue à ce
moment. Il était normal, si on avait une espèce d'ensemble
d'appareils mis en place pour qu'il y ait une participation extérieure,
que les bureaux, une fois constitués normalement, puissent nommer
eux-mêmes leurs secrétaires, syndics et syndics adjoints. Je me
demande comment il se fait qu'à ce moment-ci on en arrive à faire
cette modification à l'endroit des organismes internes de contrôle
de la profession alors que les éléments externes de
contrôle de la profession semblent avoir été
dilués.
M. le Président, comme remarque générale sur ce
point, je me demande si le ministre n'a pas tout simplement adopté
d'emblée le mémoire du comité interprofessionnel. C'est un
peu l'impression que ça me donne. Sur ce point, je me demande aussi si
je ne me verrai pas dans la drôle de position, au moment où nous
discuterons du projet de loi, de défendre les amendements du ministre ou
de défendre le projet de loi du ministre contre les amendements du
gouvernement. Ce serait une position assez drôle pour moi de le faire. Je
pense que, sur ce point, le projet 250 original était infiniment
supérieur, beaucoup plus satisfaisant et justifiait davantage les buts
qu'on s'était fixés.
Je me pose aussi quelques questions, beaucoup plus sous forme de
questions que je pose au ministre, et auxquelles il pourra répondre
à loisir avant qu'on ait le texte définitif. J'ai remarqué
qu'à l'article 169, au niveau du paragraphe a) et du paragraphe c),
relativement à la procédure des comités d'inspection
professionnelle et à la réglementation de la publicité, il
y a un amendement qui est annoncé. Autrefois, on disait que
c'était l'Office des professions qui aurait à établir des
normes de procédure aux comités d'inspection professionnelle et
de publicité. Maintenant, ce sont les bureaux, individuellement, nous
annonce le ministre, qui devraient le faire. Je me demande quelles dispositions
ou quelles dépositions ont été faites devant cette
commission pour inciter le ministre à changer ainsi son attitude. Parce
que, à mon avis, c'est une tendance contraire à tout ce à
quoi on peut s'attendre en matière de tribunaux administratifs au sens
large, c'est-à-dire d'uniformisation, de standardisation, surtout des
règles de procédure et de publicité devant les tribunaux
administratifs. C'est beaucoup plus au niveau d'une question que je
soulève ce point de vue, à savoir quelle déposition a
vraiment convaincu le ministre qu'il fallait remettre au bureau...
M. CASTONGUAY: Me permettez-vous une question? Est-ce que vous parlez
bien du comité d'inspection professionnelle?
M. BURNS: Des procédures des comités d'inspection
professionnelle et de la réglementation de la publicité.
Mon raisonnement est le suivant. En résumé, si cela
réside entre les mains des bureaux, je pense qu'il ne faut pas
s'attendre à une trop grande uniformisation ou à une trop grande
standardisation des procédures devant les comités d'inspection
professionnelle ou des règlements concernant la publicité.
Le ministre nous a également annoncé à l'article
10, sauf erreur, et sans être plus précis, que le pouvoir de
contrôle des règlements des bureaux par l'office j'ai cru
du moins le comprendre devrait disparaître parce que, disait-il,
lors de la séance du 14 septembre, le mot "satisfaisant", risque
d'être arbitraire, lorsque le pouvoir du bureau, à l'article 10b)
est, entre autres, "d'adopter par règlement, à la demande du
lieutenant-gouverneur en conseil, le code de déontologie devant
régir les membres d'une corporation en défaut d'en adopter un
satisfaisant dans un délai fixé". Le ministre nous dit que le mot
"satisfaisant" risque d'être arbitraire, n'est pas précis; il
faudrait enlever ça. Je lui demande par quoi il va remplacer ce pouvoir
de contrôle qui existait au niveau des règlements auparavant qui
était entre les mains de l'office. Ce serait assez bon qu'on sache ce
par quoi il va le remplacer.
Finalement, une dernière remarque. J'ai noté que les
syndics, les syndics adjoints et les secrétaires, dans le projet de loi
original, étaient rémunérés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, et c'était parfaitement normal,
puisque c'était le lieutenant-gouverneur en conseil qui les nommait.
Cette chose-là disparaît, nous dit le ministre, mais par contre
apparaît un nouvel aspect où on peut indirectement subventionner
diverses corporations.
Je me demande et je reviens un peu à mon premier point
à ce sujet comment on peut maintenant prétendre devoir
subventionner des corporations qui sont dans le besoin, et à qui on
n'impose pas de véritables mécanismes de contrôle. C'est un
problème sur lequel on devrait se pencher. J'en fais tout simplement
l'énoncé pour le moment.
En ce qui me concerne, M. le Président, pour le reste, lors de
l'étude du projet de loi, article par article, nous aussi aurons
sûrement beaucoup d'autres remarques et sans doute plusieurs
amendements à suggérer à l'encontre des amendements
du gouvernement pour rétablir le projet de loi du ministre.
M. LE PRESIDENT: Le ministre Saint-Pierre. Est-ce que d'autres membres
veulent parler?
M. BURNS : Je parle du ministre des Affaires sociales. C'est
peut-être pour cela que le projet a tellement changé. D'autres
ministres sont venus s'adjoindre en cours de route.
M. PAUL: II y en a qui sont partis.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres membres de la commission
parlementaire qui veulent parler?
Adoption des projets de loi
M. PAUL: A la suite des réponses aux remarques qui ont
été adressées par le porte-parole de chacun des partis de
l'Opposition, est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a l'intention de
présenter en deuxième lecture le code des professions et les lois
connexes, avant la prorogation de la présente session? Parce qu'il nous
faut connaître quelle sera exactement la priorité à
apporter à certains projets de loi, considérant que beaucoup de
ministres se permettent de faire des annonces indiquant qu'ils ont l'intention
de présenter une loi dans le cours de la présente session. Alors,
nous aimerions savoir si le ministre a l'intention d'aller de l'avant avec ces
projets de loi et, dans l'affirmative, il conviendra qu'il serait urgent que
les projets de loi réimprimés nous soient distribués le
plus tôt possible.
M. GUAY: M. le Président, si vous me le permettez. J'ai
discuté avec les députés de la formation politique que je
représente et nous en sommes venus à cette conclusion. Quant
à la difficulté de discuter une législation qui comporte,
premièrement, le projet de loi-cadre, qu'on appelle le 250, ensuite, les
lois spécifiques, je me pose la question suivante: Y aurait-il lieu,
lors de la discussion à l'Assemblée nationale, de cette
législation, de discuter d'abord en principe du projet de loi 250 et en
principe de chacun des projets de loi qui s'y rattachent, ou plutôt de
discuter d'abord du principe entier, c'est-à-dire, et le code et les
lois spécifiques, afin de ne pas être lié ensuite par le
code des professions quand on viendra discuter des autres projets de loi? Il
pourrait se produire le danger suivant: Le code des professions étant
adopté, il deviendrait très difficile de modifier ou de faire
certaines modifications parce que nous aurions toujours, je peux le dire ainsi,
les mains liées par le code des professions. Il y aurait peut-être
lieu, j'en fais une proposition ou plutôt une recommandation, un voeu
à la commission, que d'abord le projet de loi no 250 soit discuté
en principe et, ensuite, les autres projets de loi connexes également en
principe et qu'on puisse, par la suite, après que tous les membres de la
Chambre auront eu l'occasion d'en discuter, adopter ensuite le code des
professions, mais qu'il y ait d'abord eu une ébauche de discussion sur
les autres projets de loi.
M. CASTONGUAY: M. le Président, d'abord sur la question
d'étude des projets de loi, compte tenu du fait que les membres de la
commission ont fait un travail intensif, au cours des derniers mois, d'analyse
des mémoires qui ont été soumis, quant à moi, d'une
part, je crois qu'il y aurait grand avantage à ce que nous
procédions à l'étude du code et des autres projets de loi
avant la fin de la présente session.
Pour cette raison, et aussi pour une autre, car la présence de
ces projets de loi crée une certaine incertitude dans tout le milieu
touché par ces projets de loi. Je ne pense pas seulement à
l'inquiétude vis-à-vis de certains droits ou privilèges
que les groupements professionnels peuvent craindre de perdre dans certains
cas, mais une certaine incertitude. Je crois que le travail qui a
été fait à la commission, soit les analyses et les
discussions avec les membres de ces corporations, ont permis de faire
évoluer passablement les points de vue, de mettre en relief divers
problèmes. Si l'on veut vraiment franchir l'étape de cette
révision des lois des corporations professionnelles, il me semble que
c'est le moment de le faire. Si nous les reportons à la prochaine
session, nous laissons planer l'incertitude, nous courons le risque que l'on se
demande, dans certains milieux, si vraiment il est de l'intention de
l'Assemblée nationale d'adopter ces projets, soit dans leur forme telle
que réimprimée ou modifiée, mais de les adopter. Pour
toutes ces raisons, il me semble qu'il y aurait avantage, pour ma part,
je partage tout à fait cette opinion à faire adopter ces
projets de loi avant la fin de la session.
Le deuxième point, mentionné par le député
de Dorchester, toujours sur l'étude des projets de loi, je le retiens.
C'est une suggestion qui doit être examinée. Quelle est la
meilleure manière d'aborder l'étude de ces projets de loi? Est-ce
qu'on entreprend le code et qu'on se rend jusqu'au bout ou est-ce qu'on aborde
l'ensemble en principe, et après cela chacun des projets de loi de
façon détaillée en commission? Les points de vue
mentionnés par le député me semblent valables et je vais
en discuter avec le leader du gouvernement en Chambre. Il y a certainement une
suggestion qui doit être étudiée, parce que je pense que la
façon dont nous allons aborder l'étude de ces projets de loi, non
seulement le fond, est importante à cause de l'ampleur de
l'ensemble.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur ce point précis, également
dans les lois spécifiques, vous en avez plusieurs qui touchent le
secteur de la
santé, les affaires sociales. Il y en a d'autres qui vont relever
particulièrement du ministre de l'Industrie et du Commerce et il y en a
d'autres enfin qui vont relever du ministre de la Justice. Peut-être
qu'il y aura lieu, en Chambre aussi, de faire un certain regroupement de ces
loi, de façon que, quand nous commencerons à étudier les
lois qui relèvent du ministre des Affaires sociales, nous les
étudiions l'une après l'autre, sans les entrecouper; par exemple,
sans prendre le projet de loi des médecins puis celui des comptables ou
des ingénieurs. Je pense qu'il faudra rester dans le même groupe
de professionnels.
M. CASTONGUAY: Très bien. C'est notre intention, à moins
que des problèmes techniques se produisent entre-temps, de
déposer, dès la semaine prochaine, certains des projets de loi
réimprimés. Est-ce que nous pourrons déposer l'ensemble,
dès la semaine prochaine? Je ne suis pas en mesure de le dire; mais
à tout le moins, dès la semaine prochaine, nous pourrons
commencer à déposer certains des projets et déposer tous
les autres, soit l'ensemble, le plus rapidement possible, en commençant
au cours de la semaine du 20 novembre.
Quant au fond, maintenant, aux aspects qui ont été
soulevés, j'ai peut-être quelques commentaires à faire
lorsqu'on confronte les rappels qu'ont faits les députés de
Montmagny, de Dorchester et de Maisonneuve. On voit la difficulté de
maintenir un équilibre raisonnable dans ces projets de loi.
D'une part, le député de Montmagny dit qu'il faut
être prudent pour ne pas introduire une lourdeur administrative,
gouvernementale trop grande dans le fonctionnement des corporations. Le
député de Dorchester dit qu'il faut être prudent,
l'objectif de la protection du public ne doit pas freiner le
progrès.
D'autre part, le député de Maisonneuve conclut
provisoirement, je l'espère, que les modifications apportées,
face aux représentations qui n'étaient pas uniquement celles du
conseil interprofessionnel, mais formulées dans le sens des commentaires
du député de Montmagny et du député de Dorchester,
auraient pour effet d'annuler ou de contrecarrer la présence
d'éléments externes au sein des bureaux, etc., à partir de
l'office.
L'aspect majeur qu'il me semble nécessaire de se souvenir dans
ceci, c'est que nous optons clairement, dans ces projets de loi, pour le
maintien du système des corporations professionnelles. A partir du
moment où nous optons pour ce système, il s'agit de corriger ce
qui semble avoir été défectueux dans le mécanisme
et une des choses qui ont été mentionnées à
plusieurs reprises, c'est l'ensemble d'objectifs précis quant aux buts,
aux fonctions de ces corporations professionnelles.
Les projets de loi où le code est clair sur ce point, c'est la
protection du public. C'est déjà un point acquis majeur.
Deuxièmement, dans le passé, je pense que le grand nombre de
mémoires qui ont été présentés à
cette commission démontrent que plusieurs organismes ou plusieurs
groupements veulent être reconnus, non pas pour assurer une meilleure
protection du public, mais pour leur propre promotion.
Et, contrairement au passé où les projets de loi visant la
formation d'une corporation professionnelle pouvaient être
présentés par un député, aujourd'hui, avec le code
des professions, les lois et les amendements, ils doivent provenir du
gouvernement. C'est un autre point très important.
Quant à l'office, je reconnais que l'équilibre est
modifié. Nous avons augmenté le nombre de membres. D'autre part,
le lieutenant-gouverneur en conseil se réserve la nomination du
président, du vice-président et on sait que,
généralement, dans de tels organismes, le président joue
un rôle prépondérant. Egalement, une fois ces membres
nommés ce sont des personnes qui vont agir à temps plein et elles
ont des rôles clairs à assumer dans la législation.
Même si certaines parmi elles auront été
nommées à partir d'une liste qui aura été produite,
il n'en demeure pas moins que, à compter du moment où elles sont
nommées, elles perdent toute attache avec les groupes qui ont pu les
nommer dans le passé. Ce ne seront pas nécessairement des
personnes qui sont issues de corporations professionnelles. Dans certains
cas...
M. BURNS: Est-ce que le ministre me permet de douter de ça dans
le concret? Est-ce que ce n'est pas un peu faire de l'angélisme que de
s'imaginer que le conseil interprofessionnel va nommer des gens qui peuvent
survenir d'ailleurs que des professions?
M. CASTONGUAY: Maintenant, dans certains cas, sur ce
point-là...
M. BURNS: Surtout quand...
M. CASTONGUAY: ... je serais extrêmement heureux si le conseil
interprofessionnel en nommait qui venaient de l'extérieur. S'il ne le
fait pas, et c'est possible, je serais déçu, mais le
lieutenant-gouverneur en conseil va également nommer deux autres
personnes.
M. BURNS: M. le ministre...
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez, une dernière remarque. On
sait comment certaines corporations professionnelles ont une opinion plus ou
moins haute des autres corporations professionnelles.
Et le fait d'être issu d'un groupement professionnel ne signifie
pas que l'on voie nécessairement et que l'on acquiesce à tous les
gestes posés par des membres d'autres corporations professionnelles.
Alors, il y a aussi là un certain élément qu'on ne doit
pas ignorer.
M. BURNS: Mais, mon point de vue, c'est que cela reste encore le groupe
de professionnels comme tel, le bloc de professionnels. Et je suis certain
je ferais même une prédiction au ministre que ce
qu'il désire, peut-être de bonne foi, en disant qu'il
espère que le conseil interprofessionnel en nommera de
l'extérieur... Après avoir entendu, non pas toutes, mais une
bonne partie des professions, leur façon de vouloir garder leurs petits
problèmes entre leurs mains et de ne pas vouloir d'intervention
extérieure, moi, je peux vous prédire qu'il n'y aura pas de
nomination de l'extérieur dans ce groupe étanche de professions.
Et je pousserais plus loin ma prédiction en disant que ce seront
probablement les représentants des professions qui ont une moins haute
opinion des autres professions qui vont être des
délégués du conseil interprofessionnel, parce que ce sont
eux qui le contrôlent actuellement.
M. CASTONGUAY: Je retiens la mise en garde, l'avertissement du
député de Maisonneuve. Je voulais tout de même mentionner
certains aspects qui entourent cette question, qui tempèrent, à
tout le moins dans mon esprit, le jugement provisoire je l'espère
qu'il formulait.
Concernant d'autres points plus spécifiques, le
député de Montmagny a mentionné les problèmes que
posent les rôles distincts des établissements d'enseignement et
des corporations professionnelles. Il m'apparait évident, encore sur ce
plan, que des améliorations par rapport à la situation actuelle
doivent être apportées. Et je ne crois pas que l'on puisse aborder
le problème tellement sur le plan de la présence du public ou sur
le plan de l'efficacité des mécanismes de représentation
du public. Je crois que ce qui importe le plus, c'est de faire en sorte que les
exigences sur le plan professionnel et les exigences sur le plan de la
formation scolaire ne viennent pas pénaliser l'étudiant. Et
lorsque nous examinons chacun des conflits dont nous avons été
témoins depuis les deux ou trois dernières années, c'est
généralement l'étudiant qui était la victime, en
quelque sorte, du conflit entre deux types d'organisme qui chacun je
pense qu'on ne peut mettre en cause la bonne foi ni des établissements
d'enseignement ni des corporations professionnelles sur ce plan vise
à faire en sorte que la personne à qui un permis d'exercice est
octroyé soit vraiment compétente pour l'exercice de cette
profession. En même temps, l'établissement d'enseignement, lui,
est plus préoccupé par la qualité de sa formation
scolaire, de sa formation générale, de telle sorte qu'avec
l'évolution, cette formation qui est donnée permette de s'adapter
à de nouvelles circonstances. Il me semble que nous abordons franchement
ce problème dans le code des professions et que nous proposons des
mécanismes qui, avec la bonne foi des deux parties impliquées,
pourraient déboucher sur une solution beaucoup plus heureuse que celles
qui existent dans bien des cas présentement.
On a mentionné également et je reviens à une
des remarques du député de Dorchester que la protection du
public ne doit pas freiner le progrès.
Sur une affirmation aussi générale, je suis tout à
fait d'accord.
M. GUAY: Si vous me le permettez, M. le ministre, je voudrais clarifier
ce point. Je me suis peut-être mal exprimé. Loin de moi
l'idée de dire que la protection du public n'est pas importante parce
que c'est même le principe directeur de cette législation.
Plusieurs groupes ont mentionné un danger, celui d'être dans
l'obligation de freiner l'évolution dans certains services. Nous savons
qu'il y a énormément de groupes de professionnels qui sont
nés d'après l'évolution technologique et nous ne pouvons
rien y faire. Je voudrais bien qu'il ne plane pas de doute à la
commission, si je me suis mal exprimé en disant que la protection du
public ne doit pas freiner l'évolution. Je voulais dire par là
qu'on pouvait avoir les deux et si on peut avoir les deux, c'est encore
mieux et de permettre l'évolution des groupes, l'évolution
de la science et de permettre également une plus grande protection du
consommateur. C'est ce que nous souhaitons.
M. CASTONGUAY: Sur ce plan, justement encore, je crois que l'ensemble
législatif que nous étudions fait les distinctions qui
s'imposent. Je voyais il y a une couple d'années un projet de loi du
Collège des médecins où, dans un premier article, on
disait "... que le Collège des médecins avait la
responsabilité de la protection de la santé au Québec".
C'est faux. C'est une responsabilité gouvernementale au premier titre.
Le Collège des médecins a comme rôle la protection du
public face à l'exercice de ses membres, d'assurer leur bonne formation
lorsque les permis d'exercice sont octroyés et d'assurer que la pratique
en est faite conformément à des normes. Sur ce plan, les autres
problèmes d'organisation de services ne doivent pas être vus dans
le contexte des lois des corporations professionnelles, de même que
l'évolution de la connaissance ne doit pas être vue
nécessairement dans le contexte. C'est plutôt la qualité de
l'exercice et le respect des normes. Sur ce plan, si nous mélangions les
objectifs, on courrait peut-être ce risque. Mais je crois qu'on clarifie
encore sur ce plan les objectifs visés et que le danger existe
moins.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on permet d'ajouter quelques commentaires
sur l'échange qui vient d'avoir lieu entre le ministre et le
député de Dorchester, en ce qui concerne l'évolution des
professions, il est clair que c'est un problème important. Nous l'avons
constaté devant la commission parlementaire. Il y a des professions qui
sont plus anciennes, qui ont
plus de traditions, qui ont plus de façons de travailler, qui ont
des mécanismes qui ont été rodés par le temps et
à l'expérience, mécanismes qui fonctionnent
peut-être mieux que dans d'autres corporations. Mais nous avons
constaté aussi qu'il y a des professions qui se dessinent, qu'on voit
apparaître. Je pense que le député de Dorchester, dans ce
sens, ne voudrait pas que peut-être, quand on va toucher le champ
d'exercice ou la définition d'un champ d'exercice d'une profession, on
empêche l'évolution d'autres professions. Evidemment, il y aura
une évolution. C'est pour cela qu'on a mentionné souvent devant
la commission parlementaire que cela serait heureux si nous pouvions trouver un
mécanisme qui permette à certaines professions qui se rencontrent
à un certain moment dans le champ d'exercice de continuellement
établir le dialogue et que leur champ d'exercice, le perfectionnement de
la profession soit rendu plus facile. C'est dans ce sens que le
député de Dorchester mentionnait de ne pas freiner
l'évolution des professions actuelles qui sont plus jeunes que d'autres
professions et également de permettre à d'autres professions qui
sont nées et qui naîtront du besoin de l'évolution de la
société de voir le jour. Je pense que c'est justement ce
mécanisme de souplesse qu'il faudra introduire quelque part dans la
législation afin de permettre à toutes les catégories de
professionnels de pouvoir donner les services que le public attend des
professionnels.
M. GUAY: Je pourrais même aller un peu plus loin. Si on prend une
profession en particulier, par exemple, les pharmaciens, ils semblent avoir
oublié complètement la raison qui a donné naissance au
pharmacien, qui était l'apothicaire du temps. C'est peut-être un
exemple frappant. Il y aura peut-être au cours des années à
venir des professions qui abandonneront complètement les objectifs qui
ont présidé à leur naissance. Il y aura peut-être un
changement de caractère dans certaines professions. Pour la plupart des
professions, c'est faux .
Mais il y a quand même des professions pour qui cela deviendra
vrai et on a cet exemple-là à l'esprit. Si la loi ne permet
même pas un changement de caractère, cela sera peut-être
normal et cela sera peut-être nécessaire dans l'avenir, parce que
des professions s'étant améliorées, ayant peut-être
une direction un peu plus accentuée vers les besoins et les besoins
prioritaires de la société, il y aura peut-être des
détournements d'objectifs que l'on croit aujourd'hui fondamentaux, qui
deviendront autres dans l'avenir. C'est dans ce sens-là, justement, pour
ne pas que la loi soit trop conservatrice si je peux m'exprimer ainsi
et vienne trop confirmer un état de stabilité des
corporations professionnelles et les empêcher de donner naissance
à d'autres groupes qui se concentreront sur de nouveaux
problèmes, parce que l'évolution donne également naissance
à de nouveaux problèmes. Si on veut couvrir tout le champ, je
pense qu'il faut, comme le disait le député de Montmagny,
permettre une certaine dose de souplesse dans la loi et des mécanismes
qui permettront un rajustement en temps et lieu.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: A moins que le ministre veuille répondre à
cela?
M. CASTONGUAY: Non, allez-y.
Représentations de l'étudiant et du
citoyen
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais aborder brièvement
deux points. Le ministre vient de signaler que, lorsqu'il y a des tensions ou
des conflits entre une corporation professionnelle et une institution
d'enseignement, dans les conflits que nous avons connus en tout cas, c'est
toujours l'étudiant qui est pénalisé. Nous avons
abordé ce problème-là lorsque le Barreau est venu tout
récemment et j'ai émis le souhait que j'émets encore
aujourd'hui qu'un amendement soit apporté qui prévoit, d'une
certaine façon, la connaissance du point de vue de l'usager,
c'est-à-dire de l'étudiant, dans ces conflits, afin que sa voix
puisse être entendue à un niveau officiel quelconque, que sa
participation pleine et entière soit requise et qu'on puisse en
bénéficier. Je ne sais pas si cela est possible, remarquez, mais
c'est un problème assez nouveau et peut-être qu'il faudra en
étudier toutes les implications avant de penser à l'inscrire
officiellement dans un projet de loi. Mais cela me semble un problème
important, dans la mesure où l'évolution dans ce sens-là
je n'en ai aucun doute va s'accuser dans les années
à venir. Je me demande si, d'ici à la présentation de la
version révisée, la nouvelle version imprimée, le ministre
et ses conseillers peuvent travailler suffisamment là-dessus pour nous
apporter un article qui pourrait nous satisfaire.
Le deuxième point. Je voudrais revenir brièvement sur ce
que disait mon collègue de Maisonneuve. Je pense que l'inquiétude
qu'il a manifestée est la suivante. C'est que si la liste, pour les
membres externes, aussi bien au niveau de l'Office des professions que des
bureaux des corporations, est établie par le conseil interprofessionnel,
il y a un risque d'élitisme. Avec tout le respect que j'ai pour le
conseil interprofessionnel je suis moi-même professionnel
il y a quand même des déterminismes qui jouent au sein des
professionnels qui font que, sans le vouloir, parfois sans même en avoir
connaissance, ils élimineront certains groupes socio-économiques
des listes qu'ils vont établir et ils vont faire ce qu'on appelle en
psychiatrie la scotomi-sation ou ce que les ophtalmologistes appellent des
scotomes. Il y a des points noirs, des points aveugles. Ils ne voient pas qu'il
y a des gens
dans certains groupes socio-économiques; ils ne les voient pas.
Ce n'est pas par mauvaise volonté, mais ils ne les voient pas. J'ai
l'impression que si la liste est établie par ces groupes-là, il
va manquer des gens, il va manquer de monde comme on dit. Moi, je me
préoccupe de la question parce que, bien souvent, les plaintes qui ont
été formulées à l'endroit des corporations
professionnelles sont précisément venues de ces groupes
oubliés que certaines gens appellent le monde ordinaire. C'est un point
de vue qui ne doit pas être négligé parce que le monde
ordinaire, c'est souvent ce qu'on appelle, dans le Parti libéral et dans
d'autres, la majorité silencieuse. On la vante beaucoup à
certains moments, quand cela fait notre affaire, mais, par contre, à
d'autres moments, quand cela peut nous gêner, on l'oublie
complètement. Moi, j'aimerais que la majorité silencieuse soit
représentée d'une certaine façon et qu'on prenne les
moyens pour qu'elle soit représentée.
Si la proposition originale du ministre a été
contestée, eh bien, qu'on en trouve une meilleure, pour que ce monde
ordinaire soit représenté, puisqu'il faut compter sur son bon
sens, sur sa sagesse, sur son sens profond de la justice. Il faut compter aussi
sur ses réclamations justes en tant que citoyen, en tant qu'objet de
l'administration, qui trouve souvent l'administration ou la science trop
lourde. Il me semble qu'on ne devrait pas éliminer trop rapidement le
problème aujourd'hui et que le ministre devrait reprendre sa planche
à dessin avec ses conseilleurs et trouver quelque chose. Je ne sais pas
encore quoi au juste. Nous aussi y penserons de notre côté et y
reviendrons lorsque le projet de loi sera discuté en deuxième
lecture. Sans être plus précis que ça aujourd'hui,
j'aimerais soumettre au ministre que l'examen du problème n'est pas
terminé et qu'il faudrait peut-être s'y remettre pour trouver une
meilleure solution, étant donné, comme beaucoup de gens l'ont
dit, que, ce code des professions une fois adopté, il est très
probable qu'on n'y reviendra pas très rapidement et dans un avenir
rapproché.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Je voudrais simplement mentionner que j'ai entendu ce
matin encore parler du problème des étudiants non acceptés
dans des corporations après avoir fait leur cours universitaire et dire
que ce problème était nouveau. C'est là, à mon
avis, un problème qui date de plusieurs décennies. S'il nous a
frappés ces dernières années, c'est peut-être que
les étudiants ont eu la vedette dans les journaux, à la
télévision, dans les media d'information. C'est un très
vieux problème. Je crois qu'on peut toujours dire qu'il n'y a pas eu de
mauvaise volonté de la part des universités ou des corporations.
Il est tout de même surprenant que des gens de si haute formation, aussi
bien au niveau universitaire qu'au niveau des corporations, des gens qui sont
censés être, en théorie, complètement
désintéressés, n'aient pu s'entendre relativement à
ce problème.
Personnellement, je vois que c'est une nécessité pour le
gouvernement de régler ce problème avec la coopération de
tous et même d'autorité, si on ne peut pas s'entendre. Il y a
là une injustice que subissent ces étudiants. Bien des fois,
c'est une injustice que l'étudiant n'a jamais prévue et qu'il est
absolument obligé de subir parce que, pour entrer dans la corporation,
il n'a comme moyen exclusif que les cours universitaires qu'on lui donne. Si
ces cours sont insuffisants, ç'a été bien souvent
vis-à-vis de l'étudiant une fausse représentation, parce
que, lorsqu'il est entré à l'université, il a cru que cela
conduisait par le fait même à une profession et voilà qu'il
se trouve dans un cul-de-sac. C'est un vieux problème qui doit
absolument être résolu dans l'intérêt de tous.
M. GUAY: M. le ministre...
M. CASTONGUAY: J'aurais quelques commentaires. J'ai beau prendre des
notes, j'ai peur d'oublier...
M. GUAY: Oui.
M. CASTONGUAY: ... certains aspects. Sur la reconnaissance des nouveaux
groupes, j'aimerais dire un mot de la question de la représentation des
membres externes, des usagers, dans les mécanismes d'élaboration
des programmes et d'évaluation et sur le comité d'inspection
professionnelle, particulièrement la question de la publicité que
le député de Maisonneuve a soulevée plus tôt. En ce
qui a trait à la reconnaissance des nouveaux groupes, je pense qu'il
faut être extrêmement prudent. On a cité à plusieurs
reprises devant la commission des extraits du rapport de la commission.
Evidemment, on choisissait les extraits qui appuyaient les thèses
apportées. On n'a pas souvent cité l'extrait où la
commission disait qu'il fallait être extrêmement parcimonieux dans
la formation de nouvelles corporations professionnelles et
particulièrement des corporations professionnelles à champ
d'exercice exclusif. On ne peut pas ignorer tous les conflits qui ont
été mis en relief ici devant la commission entre groupements
professionnels d'une part. On ne peut pas ignorer non plus que seule la
protection du public est le motif de formation d'une corporation
professionnelle et non la promotion des membres. Il y a toutes sortes d'autres
moyens de faire la promotion de membres. On peut créer des organismes
à caractère scientifique, des syndicats, et aussi essayer de
s'améliorer, comme au plan de la compétence. Justement, sur ce
point, même si cela n'a pas été mentionné devant la
commission, je l'ai vu mentionné à d'autres reprises, on demande
comment il se fait qu'il n'y ait pas de projets de loi proposés pour les
actuaires.
Je pense que là, on voit jusqu'à quel point il y a des
contradictions dans certaines des attitudes qui ont été prises.
Tous ceux qui sont venus ici, qui ont demandé la formation d'une
corporation professionnelle s'il n'y en avait pas, ou d'une corporation
professionnelle à champ d'exercice exclusif, se réclamait de la
protection du public, comme motif appuyant ces demandes. Jamais, à ma
connaissance, on n'a dit que les actuaires, par le fait qu'ils n'étaient
pas formés en corporation professionnelle, comme les économistes,
par exemple, exposaient la population à un danger. Vous n'êtes pas
obligés de vous référer à ce type de professionnel;
il n'y a pas d'urgence lorsque vous y référez. Vous pouvez
évaluer la compétence de leur travail, dans une certaine mesure,
alors que vous n'êtes pas en mesure d'évaluer la compétence
de l'acte médical ou que vous n'êtes pas face au même
problème de confidentialité que les avocats doivent respecter,
etc. Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a des responsabilités
lourdes dans la formation de corporations professionnelles. Alors, il y a eu
à mon sens des contradictions assez flagrantes dans les exposés
qui nous ont été faits sur ce point. Il me semble que, si l'on
pense premièrement à la protection de la population, à
l'évolution des modes de pratique aux difficultés de
définir des champs d'exercice, aux conflits possibles lorsque des
groupes sont trop bien structurés on le voit même entre les
corporations professionnelles et les établissements d'enseignement
... Pour toutes ces raisons, il faut se rappeler aussi cette
recommandation de la commission; c'est l'attitude que nous entendons prendre
dans la présentation des nouveaux projets de loi.
Pour l'autre point qui concerne la présence ou la connaissance du
point de vue de l'usager dans les conflits mettant en cause les
établissements d'enseignement et les corporations professionnelles, ou,
si on n'appelle pas cela des conflits, dans les relations qui doivent
s'établir, nous proposons maintenant, par ce projet de loi, que les
corporations professionnelles soient présentes dans les
mécanismes d'élaboration des programmes, mécanismes
d'évaluation du progrès fait par les étudiants au sein des
établissements d'enseignement. Des modalités devront être
définies par règlement pour assurer cette présence
efficace.
Pour faire le pont, le but visé est d'assurer que, dans toute la
mesure du possible, lorsqu'un étudiant finira ses études, son
diplôme soit non seulement reconnu comme ouverture à un permis
d'exercice, mais accepté par la corporation professionnelle comme
étant suffisant.
Si ceci n'est pas suffisant présentement dans ce que j'ai
annoncé touchant le code, il serait possible, particulièrement
lorsqu'on entre dans des études plus spécialisées, qu'une
corporation veuille ajouter certaines conditions additionnelles. Encore
là, qu'un contrôle s'exerce pour que cela ne devienne pas
arbitraire et que ces conditions additionnelles soient dans des règle-
ments qui seraient soumis à l'approbation soit de l'office ou du
gouvernement. Le mécanisme vise à faire en sorte qu'on n'ait pas
deux systèmes de normes qui s'élaborent en vase clos, mais
plutôt un mécanisme qui permette de concilier les deux points de
vue. Si ce mécanisme fonctionne très bien, si pour des raisons
valables quelque chose devait y être ajouté, la porte est ouverte,
mais avec un contrôle, de telle sorte que cela ne devienne pas
arbitraire.
Là s'introduit la question de la connaissance du point de vue de
l'usager et de l'étudiant.
Les structures de fonctionnement des établissements
d'enseignement sont contenues dans les chartes des univesités, dans la
loi créant les CEGEP, dans les autres dispositions touchant la Loi de
l'instruction publique. Je pense qu'en ce qui a trait à la Loi de
l'instruciton publique, nous tombons à un niveau qui nous concerne
moins. Je ne crois pas, même si le but est valable... D'ailleurs,
lorsqu'on regarde les nouvelles chartes comme celle de l'université
Laval, c'est ce qu'on a tenté de faire dans une certaine mesure. Est-ce
que l'expérience de cette Charte va s'avérer satisfaisante? Il
semble bien qu'à ce jour elle soit considérée de la part
des professeurs et des étudiants comme marquant un progrès
sensible sur la situation antérieure. Il me semble que c'est par ces
mécanismes, soit de charte ou encore législatifs, touchant les
établissements d'enseignement que l'on doit introduire ceci. Autrement,
si on le faisait par une loi externe, on risque de débalancer
l'équilibre ou les structures des établissements
d'enseignement.
M. GUAY: Je pense que ce serait le moment d'ajouter, M. le ministre,
que, lorsqu'on parle d'évaluation de la compétence, il y a quand
même ensuite la responsabilité de l'acte posé. Peut-on
donner à un l'évaluation de la compétence et à
l'autre la responsabilité de l'acte posé par un professionnel?
C'est étroitement relié.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, mais je ne saisis pas...
M. GUAY: Je pourrais prendre un exemple. Si les maisons d'enseignement
accordent elles-mêmes, par l'évaluation de la compétence,
un diplôme, un droit de pratique, il ne faut quand même pas oublier
que la responsabilité de l'acte posé va revenir à la
corporation.
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. GUAY: A ce moment, je me pose la question suivante: Est-ce possible
de donner le pouvoir d'évaluation de la compétence à un et
la responsabilité à l'autre?
M. CASTONGUAY: Je suis bien d'accord. C'est pourquoi je dis qu'on doit
faire en sorte que cette question d'évaluation de la compétence,
qui s'échelonne dans le temps dans bien des
cas, ou de l'acquisition de la connaissance nécessaire, se fasse
conjointement. C'est le but des dispositions contenues dans le code. De toute
façon, pour reprendre le point de vue de l'usager, il me semble que le
mécanisme ou l'endroit où cette question doit être
examinée, c'est plutôt au niveau des structures des
établissements d'enseignement.
En ce qui a trait à la question de la procédure du
comité d'inspection professionnelle, si j'ai bien écouté
les remarques du député de Maisonneuve, lorsqu'il dit que les
pouvoirs réglementaires quant au fonctionnement du comité sont
transférés du lieutenant-gouverneur en conseil au bureau, il voit
un danger face à un objectif d'uniformisation des règles de
procédure. Si ma mémoire est bonne, vous avez relié cet
objectif à la nécessité d'une certaine uniformisation dans
les organismes à caractère quasi judiciaire. Justement, les
comités d'inspection professionnelle, à mon sens, n'ont pas ce
rôle quasi judiciaire. Pour eux, le rôle est d'évaluer, non
pas à partir de critères disciplinaires, la qualité de
l'exercice, mais beaucoup plus d'examiner si les connaissances des membres sont
bien à jour, compte tenu des modes de pratique, de l'évolution de
la connaissance. A partir de ce mécanisme, on peut au besoin intervenir
au plan de la formation continue, au plan du recyclage, etc. C'est un
mécanisme qui vient s'ajouter aux mécanisme tels que les
comités de discipline qui, eux, j'en conviens, prennent un
caractère quasi judiciaire. Mais l'autre est beaucoup plus un
mécanisme d'évaluation de la pratique, pour assurer que cette
pratique évolue dans le temps en conformité avec
l'évolution de la connaissance des nouveaux modes de pratique. Il n'a
pas ce caractère.
Si on le reprend sur ce plan-là et que l'on examine les modes de
pratique très différents selon les groupements professionnels et
les mécanismes d'évaluation très différents qui
peuvent être imaginés selon qu'il s'agit d'un groupement
professionnel par rapport à un autre, c'est dans ce sens-là que
nous sommes arrivés à la conclusion que ces règlements
devraient être préparés ou adoptés par le
bureau.
On touche alors à tous les modes de pratique qui prennent des
formes extrêmement différentes. C'est sur ce plan-là que le
jugement a été fait ou que des représentations ont
été retenues. Enfin, le député de Bourget a
ajouté des commentaires quant aux dangers, selon lui, que
représente l'introduction d'une liste préparée par le
conseil interprofessionnel. Tout comme pour le député de
Maisonneuve, je vais examiner attentivement ses représentations.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres points?
Besoin de professionnels
M. GUAY: II y aurait peut-être un point, mais peut-être pas
final. Je me suis permis de poser l'éternelle question aux groupes qui
venaient devant la commission parlementaire et elle se posait à peu
près comme ceci: Est-ce qu'il y a suffisamment de professionnels x, par
exemple, pour répondre aux besoins de 1972? Presque chaque fois, j'ai
fait la compilation des réponses et je dois dire que chaque fois, j'ai
eu une réponse négative. C'est-à-dire qu'il ne semblerait
pas, en 1972, qu'il y ait suffisamment de professionnels pour répondre
aux besoins de la population.
C'est peut-être sous forme de question que je peux le demander au
ministre. Est-ce qu'il y a des mécanismes qui sont suffisamment souples
pour permettre l'entrée d'étudiants en nombre suffisant pour
répondre à tous ces besoins de professionnels? On pourrait
facilement se référer au domaine de la santé, car je
trouve quand même inconcevable qu'on ait d'aussi longues listes d'attente
de patients dans les hôpitaux. Est-ce que c'est faute de professionnels,
faute d'établissements? Il y a quand même quelque chose qui ne
fonctionne pas ou qui fonctionne au ralenti ou qui fonctionne mal.
Je ne cours pas le risque d'accuser qui que ce soit, sauf qu'il faut
quand même prévoir dans une législation que ce
problème accumulé devient un problème fantastique quand on
sait le nombre de patients qui attendent pour recevoir des soins. Des patients
vont recevoir des soins dans six mois, par exemple, et ils devraient en
recevoir aujourd'hui. Est-ce que cette législation va permettre une
certaine correction d'un problème de cette envergure?
M. CASTONGUAY: Je regarde d'abord le domaine de la santé, parce
que je ne pense pas qu'on ait fait les mêmes remarques lorsqu'on a
parlé des ingénieurs. Bien au contraire. Je ne crois pas que, du
côté de la profession juridique, le problème se pose de la
même façon. Au contraire, on commence à se demander
si...
M. GUAY: Cela doit être moins prononcé, mais ça
existe.
M. PERREAULT: II y a même un surplus d'ingénieurs dans le
moment, il y en a même qui sont chômeurs.
M. GUAY: C'est peut-être le seul groupe auquel je n'ai pas
posé mon éternelle question.
M. CASTONGUAY: Pour ne pas dévier de la question, je vais
répondre en ce qui a trait au domaine de la santé et des services
sociaux. Si l'on regarde la situation telle qu'elle était il y a dix ans
ou douze ans par rapport à ce qu'elle est aujourd'hui, on constate qu'il
y a eu une augmentation presque phénoménale du nombre de
professionnels de la santé.
Ceci s'est fait d'abord par la voie d'investissements beaucoup plus
importants dans le domaine de l'éducation, dans le domaine hospitalier,
pour la formation pratique de ces profession-
nels, aussi par de nouveaux mécanismes ou une nouvelle approche.
Par exemple, aujourd'hui dans les facultés de médecine, je l'ai
mentionné à quelques reprises, le nombre d'étudiants en
première année est pratiquement le double de ce qu'il
était il y a deux ou trois ans.
De nouveaux groupes sont aussi venus s'ajouter en cours de route. Et
malgré tout ceci, aujourd'hui, on dit qu'il manque encore des
professionnels et c'est probablement exact. Le point que je veux faire
ressortir, c'est que nous sommes dans un domaine où la demande est
à peu près complètement élastique. Je suis
convaincu que si nous ajoutions demain un hôpital pour traitement actif,
cet hôpital se remplirait même si c'est l'endroit où il y a
le plus grand nombre de lits pour traitement actif de toute la province.
Je donne cela à titre d'exemple. Et le fait qu'il y ait des
listes d'attente n'est pas un phénomène particulier au
Québec. D'abord, bien souvent, on retrouve les mêmes personnes sur
les listes d'attente de plusieurs hôpitaux. Egalement, dans bien des cas,
il s'agit de cas électifs.
Il y a aussi un problème d'organisation, vous avez raison. Je
voyais encore ce matin une lettre, dans le Devoir, d'une personne qui raconte
son cas. Au lieu d'être opérée un vendredi, on l'a
reportée au mardi. Des cas semblables, il y en a
énormément. On touche là l'organisation et le
fonctionnement des établissements. Il y a eu de l'amélioration.
On voit que les durées de séjour dans les établissements
ont diminué. De plus en plus, il est clair que les équipements
très spécialisés, comme ceux des salles
d'opération, des cliniques externes, devraient fonctionner un plus grand
nombre d'heures, etc.
La réponse ne se situe pas face à cette demande
pratiquement inépuisable uniquement sur le plan de la formation de
nouveaux groupements professionnels, on l'a vu au cours des dix
dernières années, non pas seulement non plus sur le plan de
l'addition de nouveaux équipements, mais sur le plan du fonctionnement.
Et le dernier des problèmes qui se posent, face à un
problème comme celui-là, c'est qu'à un moment donné
il faut malgré tout établir certaines normes. Autrement, on peut
en arriver à un déséquilibre assez sérieux entre
les ressources qu'on alloue à un tel secteur malgré la
nécessité de soins et les ressources qu'on alloue à
d'autres secteurs extrêmement importants comme l'habitation, le
fonctionnement de l'économie, etc.
Le problème est réel, mais je ne crois pas qu'on trouve
jamais une solution complète. Et ici, dans la mesure où, encore
une fois, on assouplit, on met à jour les mécanismes
d'organisation des corporations professionnelles, je crois qu'on contribue,
dans la mesure où on peut y contribuer, à l'amélioration
de la situation.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
Manque de collaboration
M. LAURIN: J'aimerais faire part au ministre d'une dernière
impression provoquée par toutes ces audiences. J'ai cru constater un
manque assez flagrant de collaboration entre certaines corporations et le
ministère de l'Education en ce qui concerne l'élaboration, le
contrôle et la révision des programmes touchant la
spécialité à laquelle s'intéressaient ces
corporations. Plusieurs corporations se sont plaintes qu'elles ne recevaient
pas l'accueil voulu au ministère de l'Education, que le ministère
de l'Education édictait des règlements, des normes souvent sans
consultation avec les membres de ces corporations et que, par voie de
conséquence, il y a des programmes qui en souffraient parce qu'ils
n'étaient pas toujours adaptés aux fins spécifiques de la
profession visée, et que la qualité des enseignants, aussi bien
que la qualité des étudiants, une fois qu'ils avaient
terminé leurs études, laissaient à désirer.
D'une part, je ne sais pas si vous avez la même impression, et,
d'autre part, si oui, de quelle façon pourrait-on corriger ce manque de
collaboration? Est-ce qu'on peut y arriver par une loi ou est-ce qu'on peut y
arriver par une meilleure concertation entre l'Office des professions et le
ministère de l'Education, ou une meilleure concertation entre le
ministre des Affaires sociales, l'Office des professions et le ministre de
l'Education?
M. CASTONGUAY: Dans toutes ces questions, il y a
généralement deux versions et la réalité se situe
assez souvent entre les deux versions. Nous avons entendu les corporations
professionnelles mais nous n'avons pas entendu, sur ce plan, le
ministère de l'Education.
Je ne crois pas qu'il m'appartienne de répondre, d'autant plus
que je n'ai pas une connaissance intime du fonctionnement de ce
ministère qui me permettrait d'essayer de faire la part des choses dans
ces remarques.
M. LAURIN: La personne près de vous?
M. CASTONGUAY: Peut-être qu'il veut faire un commentaire. Je ne
veux pas lui couper la parole. J'ai retenu toutefois ces commentaires parce que
je pense qu'on ne peut pas, à prime abord dire que, étant
donné le fait qu'ils ont été répétés
à certaines reprises, tous ceux qui ont fait ces commentaires
étaient dans l'erreur, étaient trop sensibles ou avaient une
mauvaise notion de ce que devait être la consultation. Si l'on examine
les projets de loi et nous aurons l'occasion de le faire d'une
façon plus complète lorsque les versions corrigées seront
déposées l'office aura un rôle à jouer sur ce
plan et constituera un genre de contrepoids qui pourra faire en sorte que,
lorsque des avis sont requis selon des mécanismes
spécifiés, ils soient bien obtenus.
Il me semble que l'on introduit dans toute
cette question un certain contrepoids qui peut faire en sorte que des
mécanismes qui ont été pensés il y a quelques
années et qui n'ont peut-être pas donné tous leurs
résultats pourront fonctionner avec un meilleur rendement dans
l'avenir.
Je pense en particulier aux avis qui seront demandés par l'office
lorsqu'il déterminera les diplômes qui donnent par exemple,
ouverture au permis d'exercice ou encore, dans l'élaboration des
mécanismes de participation des corporations, soit à
l'élaboration des programmes. L'office pourra s'assurer par la suite du
fonctionnement de ces mécanismes, l'office deviendra un interlocuteur,
et j'espère qu'un meilleur équilibre pourra être
atteint.
Il y a aussi le fait que des changements assez profonds ont
été apportés et que certains de ces changements ont
créé des résistances parce qu'il fallait changer des
attitudes ou des habitudes presques séculaires. Dans la mesure où
les changements n'étaient pas acceptés, la consultation dans
certains cas pouvait devenir quelque peu stérile. C'est peut-être
aussi du côté des corporations professionnelles un
phénomène qu'on n'a pas reconnu et qui faisait qu'on
n'appréciait pas le fonctionnement de ces mécanismes. Je pense en
particulier aux changements apportés quant à la formation des
infirmières. Au début, je ne crois pas que cela ait
été accepté d'emblée. Et tant et aussi longtemps
qu'on remettait ce changement en cause, j'imagine qu'on n'était pas
satisfait des mécanismes de consultation, parce que la consultation se
faisait non pas sur cette question de la remise en cause, mais de la
façon de former dans le nouveau contexte.
C'est la raison pour laquelle je disais tout à l'heure qu'il est
assez difficile pour moi de dire où se situe exactement la
réalité.
M. SAINT-PIERRE: Les liens entre le ministère de l'Education et
le monde des professions ont été jusqu'ici surtout avec les
universités. Mais il serait peut-être bon de rappeler qu'il y a
déjà eu des tentatives, particulièrement à
l'époque de M. Gérin-Lajoie, de mettre sur pied toute une
série de comités qui regroupaient et qui retouchaient à
peu près toutes les professions que nous avons ici.
On m'avait fait part, à l'époque, que ces comités
qui permettaient à ces professions d'être consultées dans
tous les changements de profession pour les études universitaires, les
études supérieures, deuxième ou troisième cycle,
l'admission, n'ont pas toujours donné les résultats attendus.
Autant tout le monde voulait participer, autant l'apport des différents
groupes a été souvent très marginal; et souvent
c'était le secrétaire du comité qui faisait tout
l'ouvrage. Alors, après, nous avons eu une phase où les relations
entre le ministère et les universités ont été
profondément modifiées, particulièrement avec le Conseil
des universités qui n'était ni le gouvernement, ni
l'université. Il apportait un apport de l'extérieur et il appor-
tait, au niveau des programmes, de l'approbation des programmes, un
mécanisme fort important et dans lequel le ministre de l'Education
était quand même tenu à consulter ces gens-là. Je
pense qu'au Conseil des universités, en plus des représentants du
monde ouvrier, il y a toujours eu une très forte représentation
du monde des professions. Les corporations professionnelles ont sûrement
été dans la liste de ceux qui ont été
consultés.
Je vous mentionne que dans les nominations du conseil d'administration
des universités et des CEGEP en particulier, les corporations
professionnelles sont invariablement sur la liste des groupes consultés.
Un autre point que je trouve particulièrement important... Je
m'excuse.
UNE VOIX: Pas le Collège des médecins.
M. LE PRESIDENT: Ceci était fait par le groupe des
infirmières.
M. SAINT-PIERRE: Pour les nominations au conseil d'administration, M. le
Président, je me rappelle qu'à chaque fois qu'on devait faire des
nominations dans un CEGEP, il y avait au moins 260 lettres à envoyer
dans le mécanisme de consultation. Je serais curieux, si j'avais les
dossiers, d'en tirer une copie, mais à peu près tous les groupes
professionnels étaient consultés. Il n'est pas impossible
qu'à l'occasion il y ait eu des erreurs, mais je ne pourrais pas croire
qu'un groupe n'ait jamais été consulté dans ces
nominations-là.
Je pense, M. le Président, que pour souligner un aspect plus
important du problème actuel, ce sont les grandes opérations
sectorielles qui ont été lancées par le ministère
de l'Education et je pense en particulier à l'opération des
sciences appliquées. Il y en a une pour les professions de la
santé qui a démarré il y a quelque temps. Ces
opérations d'envergure de planification, par un biais du comité
directeur, par différents mécanismes, rejoignent et le monde
universitaire et le monde des corporations professionnelles et les
représentants des différents groupes. Je pense que, dans les deux
qui ont été lancés, les sciences appliquées et les
professions médicales, nous en avons sept qui sont prévus. On
tente de rejoindre, mais avec un apport plus substantiel que le comité
consultatif, les possibilités des gens.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M.CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais demander au
ministre s'il peut répondre à la question suivante ou s'il y
répondra au moment du dépôt des lois en Chambre. Plusieurs
organismes sont venus devant la commission parlementaire et ont demandé
à être reconnus, soit comme corporation professionnelle à
titre réservé ou ayant un droit d'exercice exclusif. Est-ce que
le ministre a eu
le temps de considérer toutes ces demandes qui ont
été faites devant la commission? Est-ce que les annexes au code
des professions, annexe 1 et 2, sont susceptibles d'être modifiées
soit pour enlever des corporations qui y sont inscrites ou soit pour en ajouter
qui n'y sont pas?
Modifications aux annexes
M. CASTONGUAY: Tout ce que je peux dire, M. le Président,
à ce moment-ci, c'est qu'il va y avoir certaines modifications aux
annexes.
Devant l'ampleur des problèmes discutés en ce qui a trait
aux corporations existantes toutefois, il nous a semblé plus important
de centrer notre attention sur ces corporations, sur celles qui, de toute
évidence, devaient être créées pour la protection du
public. Je pense en particulier à la corporation des chiropraticiens.
Quant aux autres où il me semble que la discussion n'a pas
été poussée suffisamment, où les points de vue
présentés soulèvent d'autres problèmes, je pense
particulièrement au secteur de l'éducation, à tous les
groupements et à la complexité de certaines des questions
je reviens au point de vue que j'avais mentionné tantôt
notre attitude est une attitude très prudente face à la formation
de nouvelles corporations. Je ne crois pas qu'on crée de
préjudices en prenant cette attitude parce que le code des professions
prévoit un mécanisme plus souple pour la formation de nouvelles
corporations, surtout celles à titre réservé. Pour cette
raison, il va y avoir des amendements ou des changements à l'annexe.
Certaines des demandes qui ont été formulées ne recevront
pas une réponse positive. Cela ne veut pas dire que le dossier est
fermé en permanence, mais ce sera une des têches de l'office
d'examiner plus en profondeur ces demandes et de voir si, vraiment, il y aurait
lieu d'y donner suite, sous une forme ou sous une autre, dans l'avenir.
Il y a aussi un autre aspect, sur ce plan, que je voudrais rappeler et
qui n'a pas été abordé souvent dans l'étude de cet
ensemble législatif. C'est qu'il existe aussi un autre mécanisme
d'octroi de permis par des ministères ou d'autres organismes. Ces
mécanismes existent dans le domaine des assurances, du commerce des
valeurs mobilières. Nous retrouvons, dans le projet de loi de la
protection de la santé du public, des dispositions nouvelles, à
cet effet, pour certains groupes. Il ne faudrait pas l'ignorer. Il nous
apparaît qu'il y a là une avenue plus souple et plus
appropriée face à certains problèmes d'octroi de permis.
Disons que cela constitue la troisième catégorie, les
corporations à champ d'exercice exclusif, corporations dont le titre est
protégé, et aussi les groupements qui reçoivent un permis
d'un organisme gouvernemental ou paragouvernemental.
Commission permanente?
M. CLOUTIER (Montmagny): II y avait une recommandation de la commission
Caston- guay-Nepveu, l'une des dernières recommandations, la
recommandation 51. On suggérait que soit formée à
l'Assemblée nationale une commission permanente des professions
chargée d'examiner les projets de loi portant sur les professions, les
règlements élaborés sous leur empire, de consulter et
d'entendre tous les intéressés avant leur adoption. Voici qu'il y
a une commission spéciale qui a été créée
par l'Assemblée nationale et qui, à mon avis, n'est pas
permanente. C'est une commission ad hoc. Je voudrais avoir l'opinion du
ministre là-dessus.
Nous nous sommes rendu compte à l'audition des mémoires,
dans les discussions avec les organismes, de l'importance qu'il y ait
régulièrement je ne sais pas comment ce
"régulièrement" pourrait se traduire, une fois par année,
une fois par deux ans, je ne sais pas à quelle fréquence
mais il m'apparaît nécessaire, au terme des auditions de cette
commission, que la commission des corporations professionnelles soit une
commission permanente au même titre que la commission des comptes publics
ou la commission des engagements financiers et que cela soit automatique.
Le député de Bourget a exprimé certaines
réserves tantôt et il l'avait déjà dit au cours des
travaux antérieurs de la commission. On peut se poser la question
à ce moment-ci: Quand le code des professions sera-t-il rouvert et quand
les lois spécifiques seront-elles touchées? Parce que nous nous
sommes rendu compte que c'était un travail d'envergure et j'imagine que
n'importe quel gouvernement ne sera pas prêt, un moment donné,
à rouvrir le dossier n'importe quand et n'importe comment et ce ne
serait pas bon, non plus, qu'il soit rouvert tous les mois et continuellement.
Je pense bien qu'il serait bon, après une certaine expérience,
que le dossier soit de nouveau évalué et que les corporations
professionnelles, peut-être par le truchement du conseil
interprofessionnel, de l'Office des professions la façon est
à déterminer aient de nouveau un échange avec la
commission permanente. D'autre part, il y aura l'évaluation. Comme le
ministre vient de le dire, il y a prudence dans l'octroi de permis d'exercice
à titre réservé, de permis d'exercice exclusif. Et la
troisième avenue, celle qui a été utilisée, le bill
30, la protection de la santé publique... Entre autres, il y a un groupe
qui demandait à être couvert par le code des professions et que
l'on retrouve maintenant sous la loi 30 ; ce sont les embaumeurs, les
thanatologues que l'on retrouve à cette section.
Je pense qu'il serait donc important que cette commission soit
permanente, qu'elle soit appelée à siéger au moins une
fois chaque année. Il y a actuellement trois ministres responsables de
ces lois devant la Chambre, l'Assemblée nationale. Y aura-t-il un
ministre désigné, un moment donné, qui pourra être
le ministre responsable de toute l'activité professionnelle? On n'a pas
de suggestion à faire quant au nom du ministre. Le député
de
Maskinongé suggère le ministre des Affaires municipales.
C'est une possibilité. Il y aurait un choix...
M. BURNS: Cela va assez mal comme ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... qui serait valable, ce serait aussi notre
président de la commission qui a assisté à toutes les
audiences de la commission. A tout événement, je ne suis
chargé de faire la promotion d'aucun titulaire actuel ou futur.
M. PAUL: Vous réalisez qu'il s'impose.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une suggestion que je fais. Je comprends
qu'elle ne prend pas corps dans cette législation. On n'incluera
peut-être pas cela dans le code des professions, mais le code Lavoie de
l'Assemblée nationale pourrait, à l'occasion de cette loi,
peut-être être modifié pour que cette commission ait un
statut de permanence. Alors, c'est une suggestion que je fais et je demanderais
au ministre des Affaires sociales, avec ses deux collègues,
d'étudier cette possibilité.
Les corporations professionnelles ou les groupements qui sont venus
devant la commission parlementaire, qui ont fait des demandes
particulières, qui pensent devoir être couverts par le code des
professions, qui ne le seront pas au début, pourront ainsi continuer de
discuter avec la commission parlementaire.
M. CASTONGUAY: L'article 182 du code dit que le premier ministre ou tout
autre ministre qu'il désigne est chargé de l'application du
présent code. Il doit donc y avoir un ministre qui va faire le lien
entre le cabinet ou le gouvernement et l'Office des professions et les
corporations professionnelles, et qui va être chargé, tel que
l'indique cet article, de façon spécifique de l'application de ce
code.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne me souviens pas des articles
spécifiques mais est-ce qu'il y a un rapport qui est produit par
l'Office des professions? Il y en a un.
M. CASTONGUAY: Et aussi les corporations professionnelles. Lorsque ce
rapport a été écrit, le mécanisme des commissions
parlementaires avait pris naissance dans la forme qu'on leur connaît
aujourd'hui, mais l'expérimentation s'était
échelonnée sur une période beaucoup plus courte. Je note
que, par exemple, dans les nouveaux règlements de la Chambre, le nombre
des commissions a été révisé, suite à
l'expérience des trois ou quatre dernières années. Il ne
m'appartient pas de dire, ce matin, s'il doit y avoir une commission permanente
ou non, tel que le recommandait la commission; compte tenu de cette
évolution, je pense que les commissions parlementaires ont fait leur
preuve comme mécanisme utile, valable. Il y a le problème du
nombre qui se pose et du choix de celles qui doivent être permanentes.
Pour ma part, je trouve qu'il s'agit là d'un excellent mécanisme
et que, si la Chambre jugeait qu'il devait y avoir une commission permanente
sur ce plan, je me rallierais évidemment d'emblée à ce
jugement. Je ne crois pas que je puisse aller plus loin, ce matin.
M. GUAY: Dans l'article 182 du code des professions, quand on dit qu'une
personne en particulier sera chargée de l'application du code, est-ce
que cela peut également signifier une révision périodique
de ce code des professions ou si, une fois adopté, c'est fini?
Evidemment, c'est toujours possible de faire des amendements sauf que je
retiens la suggestion qui vient d'être faite d'avoir une commission
permanente. Peut-être que l'application nous prouvera que cela
s'impose.
M. CASTONGUAY: D'abord, la présence d'un tel ministre va
s'avérer nécessaire simplement dans l'application du code tel
qu'il est présentement, étant donné la
nécessité de soumettre des règlements. Je regardais les
règlements de certaines corporations, au cours des derniers mois,
règlements qui ont été approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Or, on peut se poser bien des questions quant
à l'esprit de ces règlements par rapport aux dispositions de la
loi et quant à la validité dans certains cas des
règlements par rapport aux dispositions de la loi. Il y a là un
rôle qui doit être exercé et il y en a plusieurs autres. En
ce qui a trait aux modifications à ce code et aux lois des corporations
professionnelles, comme toute autre loi, elles peuvent être
amendées et il n'y a pas un Parlement qui lie les Parlements futurs.
Jamais.
M. GUAY: D'accord, même si en pratique, ça peut être
un peu différent.
M. CASTONGUAY: II y a des mécanismes nouveaux. Sans retourner
devant la Législature, il est maintenant possible de créer de
nouvelles corporations professionnelles à titre réservé
dans ce projet-ci.
M. GUAY: Si je posais cette question-là, M. le ministre,
c'était pour éviter ce qu'on a vu à la commission. Ainsi,
des personnes nous ont dit: Cela fait tout près de 50 ans qu'on demande
des modifications et nous ne les avons pas eues. Alors, écoutez.
M. CASTONGUAY: Je croyais avoir entendu cinq ou six ans, je ne croyais
pas avoir entendu 50 ans.
M. GUAY: J'ai entendu ça, je l'ai relevé au journal des
Débats.
UNE VOIX: Les arpenteurs-géomètres.
M. CASTONGUAY: Mais ils ont dit que ça faisait 50 ans qu'ils
attendaient des amende-
merits. Peut-être aussi que leurs amendements ne sont pas
valables. Je ne sais pas mais parfois...
M. GUAY: Je pense qu'ils sont devenus valables en 1972.
M. LE PRESIDENT: Je pense que la commission a maintenant fini une
étape. Je ferai un rapport à la Chambre du travail que nous avons
fait, un rapport général du nombre de séances, du nombre
des représentations, du nombre des mémoires...
M. LAURIN: Et vos impressions.
M. LE PRESIDENT: Pas les miennes, et peut-être la suggestion que
tous les bills soient réimprimés. Nous prenons en
considération toutes les représentations que nous avons entendues
ici et la responsabilité ministérielle. La seule recommandation
que l'on peut faire à ce stade-ci est d'ajourner les travaux de la
commission sine die.
M. LAURIN: Cela aura le mérite d'être court.
M. GUAY: Si vous permettez, M. le Président, étant
donné qu'on a eu des observations générales, nous nous en
sommes tenus au général, est-ce que la commission va encore
siéger?
M. LE PRESIDENT: Si c'est nécessaire.
M. GUAY: Et pour regarder plus attentivement les lois spécifiques
ou si...
M. CASTONGUAY: Ma suggestion est de procéder avec la
deuxième lecture et, une fois cette étape franchie, soit pour un
projet spécifique, de poursuivre selon les mécanismes de la
Chambre, l'étude détaillée des projets, ou encore,
après toutes les études en deuxième lecture, de
procéder à l'étude détaillée. Mais il me
semble que, avant que la réimpression soit faite et que l'étude
en deuxième lecture soit abordée, on pourrait consacrer
énormément de temps à une discussion qui ne ferait pas
avancer ces projets de loi.
M. GUAY: D'accord. Et d'autant plus qu'il faut se garder un peu de
travail en Chambre.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 7)