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Étude des crédits du ministère
des Richesses naturelles
(Seize heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, messieurs!
La commission des richesses naturelles se réunit pour l'étude des
crédits se terminant en mars 1978. Sont membres de cette commission, M.
Baril (Arthabaska), M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), M. Desbiens (Dubuc), M. Garneau
(Jean-Talon), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Goulet (Bellechasse), M.
Grégoire (Frontenac), M. Joron (Mille-Îles), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Marcoux (Rimouski), M. Marquis
(Matapédia), M. Mercier (Berthier), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M.
Perron (Duplessis). Est-ce qu'il y aurait une proposition pour la nomination
d'un rapporteur? M. Bordeleau?
M. Bordeleau: D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. Bordeleau (Abitibi-Est),
adopté. M. le ministre.
Exposé préliminaire du ministère
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Dans l'ensemble des secteurs
d'intervention du ministère des Richesses naturelles, et nous exclurons
ici le secteur énergétique, qui relève de la
compétence de M. Joron, c'est le secteur des mines que le gouvernement
du Québec a choisi de privilégier pour l'exercice 1977/78 parce
que les crédits additionnels réclamés à ce chapitre
contribueront probablement davantage à la relance du
développement économique au Québec. Vous noterez en effet
que les crédits 1977/78 apparaissent au livre du budget pour l'ensemble
des programmes qui font l'objet de notre analyse d'aujourd'hui. Ils
s'inscrivent en nette augmentation par rapport à ceux de 1976/77, soit
$63,4 millions contre $51,4 millions. Cette augmentation budgétaire de
$12 millions représente un taux de croissance de 23,3% et s'explique en
grande partie par la mise en oeuvre ou la poursuite des programmes suivants.
D'une part, l'exécution du pian directeur d'exploration du Nord-Ouest
québécois qui accapare à lui seul $8 millions de cette
marge additionnelle et qui nécessitera environ $65 millions d'ici 1982.
Au niveau du programme 5, vous noterez l'intensification des activités
dans le domaine de la lutte contre les inondations dans la région de
Montréal. Il y a $3 millions prévus en 1977/78 contre $1 million
en 1976/77. Cet écart de $2 millions a toutefois été
sensiblement tempéré par la fin des travaux entrepris en 1976/77
dans la région de Charlevoix, travaux réalisés au
coût d'environ $700 000.
Au programme 6, vous constaterez que l'entente avec les Indiens Cris et
les Inuit exige en 1977/78 des paiements de $11,6 millions comparativement aux
$9,3 millions versés en 1976/77. En effet, $4,5 millions sont requis
pour couvrir les frais encourus par les autochtones lors de la
négociation de la convention et $7,8 millions pour permettre le
versement à ces derniers de la tranche annuelle des indemnités
prévues à l'article 25.1 de la convention.
De plus, une somme additionnelle de $500 000 a dû être
versée à la direction générale du
Nouveau-Québec pour permettre, d'une part, d'accroître les
prêts consentis aux coopératives du Nouveau-Québec, soit
celles de Koartac et Baie-aux-Feuilles et pour faciliter, d'autre part, le
maintien de certains services dispensés à l'ensemble du
territoire.
Inutile de souligner que, pour libérer les sommes requises au
financement de ces initiatives nouvelles évaluées à $12
millions, nous avons dû limiter l'augmentation normale des coûts
dans tous les secteurs, et parfois, on observera une légère
baisse de la plupart de nos activités existantes. Ainsi, après
avoir signalé les points saillants du budget du ministère des
Richesses naturelles, permettez-moi, dans un second temps, d'examiner plus
attentivement avec vous nos nouvelles initiatives préconisées
pour le prochain exercice financier, tout en m'attachant davantage à
l'examen du secteur des mines.
Donc, au secteur des mines, il convient peut-être de
décrire d'abord l'état de la situation. La décision de
recourir, dès 1977/78, au plan de relance du Nord-Ouest, par
l'élaboration d'un plan quinquennal d'exploration minière, est le
résultat d'une analyse sérieuse entreprise par le
ministère dans le cadre de l'élaboration d'un futur livre blanc
sur la politique minière au Québec, livre blanc qui devrait
normalement paraître d'ici un an. En effet, actuellement et
traditionnellement, le rôle du gouvernement a toujours été
de stimuler, par effet d'entraînement auprès des entreprises
privées, le niveau d'exploration géologique sans intervention
directe de sa part.
Ce rôle n'a malheureusement pas réussi à
empêcher l'évolution négative des activités de
l'industrie minière, soit celui de la faible production du cuivre depuis
la fin des années soixante et de la baisse relative de la production
québécoise du zinc depuis 1964/65. Toutes ces fermetures de
mines, bien entendu, menacent l'approvisionnement en concentré de cuivre
de la fonderie de Noranda, qui est essentiellement une fonderie de service.
Mais il y a un danger plus grand qui la guette, c'est qu'en 1974 Texas Gulf,
une filiale à 30% de la Corporation de développement du Canada,
décidait de construire à Timmins, à quelque 140 milles de
Rouyn, sa propre fonderie.
En 1974, l'approvisionnement de Texas Gulf comptait pour 20% de
l'approvisionnement de Noranda. Le gouvernement de l'Ontario passait en-
suite une loi fiscale de caractère fortement protectionniste
devant dissuader les producteurs ontariens de cuivre d'alimenter Noranda au
Québec. Or, en 1977, 35% de son alimentation provenait de l'Ontario et
25% du Québec. Le premier résultat tangible est que Noranda se
verra couper son approvisionnement en provenance de l'Ontario au fur et
à mesure de l'expansion projetée de cette nouvelle fonderie et en
1982, elle sera en très mauvaise posture si aucune nouvelle source de
cuivre n'est trouvée.
Si Noranda devait fermer, ce serait une perte directe de 1200 emplois,
sans compter tous les effets d'entraînement, tant au niveau de la
région que sur l'économie montréalaise, au niveau de la
transformation.
Quant à l'effort d'exploration des compagnies minières, il
a été très insuffisant jusqu'en 1974. Cet effort
atteignait un sommet de $13 millions en 1969, pour atteindre un investissement
inférieur à $10 millions en 1970, alors que l'Ontario et la
Colombie-Britannique connaissaient respectivement des efforts beaucoup plus
considérables de $32 millions et de $40 millions.
Même si, en 1974, l'exploration revenait à $23 millions au
Québec, c'est encore très loin du taux de 4% à 5% de la
valeur de la production minérale qui devrait idéalement
être dépensé pour l'exploration, soit normalement un
montant de l'ordre de $75 millions.
Par opposition au nord de la région du Nord-Ouest,
l'infrastructure est bien développée dans le sud du territoire et
l'exploration de cet endroit est intense. La partie nord n'est accessible que
par quelques voies de pénétration et quelques cours d'eau.
L'exploration, en raison de ces problèmes d'accès, y est
entravée et fort limitée.
De plus, notre analyse a révélé que les
activités d'exploration dans ce vaste territoire du Nord-Ouest sont le
fait de grosses compagnies, car les coûts impliqués y sont
élevés. Dans le passé, les prospecteurs et les petites
sociétés ont joué un rôle important dans
l'exploration et ont été responsables de plusieurs
découvertes qui ont débouché sur l'ouverture de mines.
Maintenant, les gîtes qui se manifestent en surface auprès
de celles-ci sont de plus en plus rares et le rôle des prospecteurs et de
la petite société est amoindri. Le prospecteur a toutefois encore
son utilité parce qu'il exécute souvent un travail
d'éclaireur pour les sociétés.
En conséquence, les petites sociétés plus
dynamiques et audacieuses que les grosses entreprises atteignent rarement le
niveau de l'exploitation de leurs découvertes, à cause des
coûts inhérents à celui-ci. Ces sociétés sont
en fait contraintes à se joindre ou à vendre aux grosses
entreprises.
S'il est relativement peu coûteux pour le prospecteur ou la petite
société de trouver des indices sérieux annonçant la
présence probable d'un gîte, il n'en est plus ainsi pour
l'étape suivante, qui est celle de la mise en valeur. Le financement des
compagnies de mise en valeur est difficile, car il s'agit d'un capital de
risques que les institutions financières ne sont pas disposées
à avancer.
Deux moyens ont été utilisés dans le passé
pour financer de tels programmes. On peut tantôt avoir recours à
un accréditeur spécialisé qui s'engage à acheter
des blocs d'actions à des dates ultérieures et à des prix
déterminés. À cause d'abus, la Commission des valeurs
mobilières a adopté des mesures qui limitent ce genre de
transactions contribuant à tarir cette source de fonds à nos
prospecteurs et petites entreprises.
On peut également avoir recours aux grosses compagnies et aux
sociétés d'État qui, si elles sont
intéressées, acquièrent une participation
généralement majoritaire des intérêts.
Les conséquences sont forcément évidentes. On
assiste à une diminution du nombre des petites sociétés et
à une augmentation de l'influence des plus grosses entreprises. De plus,
le nombre de petits programmes d'exploration est élevé par
rapport aux travaux importants.
Ainsi, en 1974, sur 257 sociétés qui ont fait de
l'exploration, 168 ont dépensé moins de $50 000 et 71 ont
dépensé moins de $5000. Ces chiffres indiquent qu'un grand nombre
de travaux n'ont pas l'ampleur requise pour une évaluation
sérieuse d'une propriété. Souvent, on ne fait que les
travaux requis pour conserver les terrains, conformément aux exigences
de la Loi des mines, avec pour résultat équivalent le gel du
terrain.
Enfin, le rôle des grandes sociétés est
déterminant et celles-ci ont en général leur siège
social à l'extérieur du Québec.
Les actions envisagées. Pour corriger la situation actuelle, pour
contrer la diminution constante, depuis quelques années, des
réserves connues de cuivre et de zinc, particulièrement dans le
Nord-Ouest québécois où on assiste à une diminution
causée par la cessation des activités d'au moins sept mines
depuis 1975, il faut également suppléer à l'effort
d'exploration nettement insuffisant des compagnies minières au
Québec. Il nous faut tenter de garantir à la fonderie de
Rouyn-Noranda des approvisionnements en cuivre et de contrer ainsi les risques
de fermeture prévus pour 1982.
Il est donc nécessaire d'amplifier le rôle du gouvernement
du Québec et d'intégrer l'action de l'entreprise privée
à nos objectifs.
La stratégie retenue est mixte. Le ministère des Richesses
naturelles entend dépenser, dans le cadre du plan quinquennal
d'exploration minière dans le Nord-Ouest québécois, en
plus de ses crédits ordinaires, $1,7 million en 1977/78, une somme de
$65 millions dont $8 millions pour l'année en cours.
Afin de stimuler la découverte de nouvelles réserves de
minerai de cuivre et d'élargir l'éventail de minéraux sur
l'exploitation desquels repose l'activité économique du
Nord-Ouest, afin d'assurer que ces investissements massifs du gouvernement
de même que ceux qui seront consentis par les compagnies
minières publiques et privées afin d'assurer qu'ils
pourront porter fruit dans le cadre le plus favorable possible, la Loi des
mines est amendée, afin d'autoriser le ministre des Richesses
naturelle à conserver pour la couronne des terrains où les droits
de mine lui appartiennent.
Ces terrains ne seront pas soustraits au jalonnement, mais la permission
du ministre sera requise pour quiconque désirera acquérir les
droits miniers. Cette permission du ministre pourra d'ailleurs comporter des
conditions et des obligations relatives aux travaux que l'acquéreur
devra effectuer sur ces terrains, notamment par le biais d'ententes
d'exploration.
Ces nouvelles dispositions permettront d'éviter le jalonnement de
nuisance qui vise uniquement la spéculation et d'assurer que ces
territoires favorables à la présence de minéraux fassent
l'objet de travaux d'exploration minière appropriée de la part
des détenteurs des droits miniers dans les délais
précisés.
Alors, les actions concrètes que nous avons retenues pour le
Nord-Ouest québécois sont les suivantes: II y aura donc des
activités d'inventaires financées dans le cadre des
crédits de l'enveloppe de base, soit environ $1 million, qui sont
maintenues au rythme actuel, mais sont réorientées vers le
Nord-Ouest québécois. Il y aura une réalisation de travaux
intensifs d'exploration menés dans le cadre d'ententes conjointes
convenues avec des sociétés minières publiques et
privées, telles SOQUEM et Noranda, pour n'en nommer que quelques-unes,
et cela, pour une somme d'environ $4 millions. C'est ainsi que la participation
de SOQUEM est déjà acquise à la réalisation d'un
plan quinquennal. SOQUEM se verra consacrer cette année une somme
pouvant atteindre $3 millions pour exécuter ce mandat précis
d'évaluer le potentiel minier de la région dans le voisinage
immédiat des mines de Louvem et de Manitou-Barvue. SOQUEM pourra,
à son tour, en tant que mandataire, conclure avec les compagnies
possédant des intérêts dans le territoire visé des
ententes ayant pour but l'exploration intensive des terrains favorables. De
même, la société Noranda a accepté le principe de
participer au vaste programme quinquennal d'exploration. Cette dernière,
principale compagnie ayant des activités dans le Nord-Ouest, est
prête à discuter avec le gouvernement du Québec d'un
investissement possible d'exploration de $20 millions sur cinq ans.
Des discussions seront amorcées sous peu afin de
concrétiser pour le début de 1978 cette volonté commune.
Le ministère des Richesses naturelles et le ministère des
Affaires intergouvernementales entendent aussi conclure des ententes
quinquennales avec les gouvernements étrangers afin d'augmenter les
efforts d'exploration dans le Nord-Ouest. Le ministère des Richesses
naturelles a déjà retenu une somme de $500 000 à
même son enveloppe de 1977/78, de $8 millions pour participer à
des programmes conjoints d'exploration avec des gouvernements désireux
de s'assurer des approvisionnements de cuivre stable à moyen terme.
On observera la création d'un fonds de déve- loppement
minier de $500 000 dans le but d'apporter une source de fonds d'appoint aux
prospecteurs des compagnies "juniors" d'exploration. Finalement, le
développement de voies de pénétration et de voies
d'accès aux gîtes miniers dans les régions
géographiques partiellement ou pas explorées, mais
présentant toutefois des indices favorables de minéralisation,
sont favorisées. De plus, des projets déjà
financés, soit quatre projets additionnels, sont envisagés et
impliqueront un déboursé de $2,5 millions en 1977/78.
Alors, du côté de l'inspection minière, la
priorité pour cette année continuera à être
accordée à la salubrité au travail, à la
santé au travail dans les mines et carrières et au niveau de
l'amiante. Nous sommes d'avis que l'ensemble des exploitants d'amiante pourront
respecter d'ici le 1er janvier 1978, et ce, pour la grande majorité des
postes de travail, la norme de cinq fibres, plus longue que celle de cinq
microns par centimètre cube, norme édictée par le
gouvernement le 25 juin 1975.
Nos inspecteurs concentrent également leurs efforts dans les
mines et les carrières qui contiennent de la silice. De plus, nous avons
décidé récemment de donner une préséance
à l'une des multiples recommandations de la commission Beaudry, en
introduisant des amendements majeurs à la Loi des mines par le bill 27.
À l'avenir, les inspecteurs et le chef se référeront au
ministre pour toute prise de décision importante,
particulièrement en période de crise. Dorénavant, le
ministre des Richesses naturelles aura à répondre devant
l'Assemblée nationale de toute prise de position affectant la
santé et la sécurité au travail dans les mines et
carrières.
Il importe, toutefois, de préciser, à cette étape,
que le mandat global de veiller et d'assurer la santé et la
sécurité au travail dans l'ensemble des secteurs de
l'activité est confié au ministre d'État du
développement social, M. Marois, et qu'en conséquence, le
ministère des Richesses naturelles ne fera pas cavalier seul en cette
matière, n'étant responsable, en fait, que d'une partie
relativement restreinte de la réalisation d'objectifs.
Notons, de plus, qu'un changement majeur au niveau de la philosophie
gouvernementale est prévisible dans ce domaine très
contesté de la santé et de la sécurité au travail.
En effet, jusqu'à ce jour, le ministère des Richesses naturelles
a surtout été amené à travailler en collaboration
avec le côté patronal. Il est à prévoir qu'une
redéfinition des règles du jeu et des chances de
responsabilité s'avéreront nécessaires, suite à la
manifestation très évidente de l'intention des syndicats de
participer plus activement à ce secteur d'activité.
Finalement, même si nous avons l'intention au cours de 1977/78 de
privilégier la salubrité au travail dans le secteur minier, notre
service d'inspection continuera à se préoccuper de la
sécurité au travail en s'assurant que des inspecteurs
spécialisés en sécurité générale, en
électricité et en mécanique continuent de surveiller
étroitement leur champ d'action respectif.
En ce qui concerne le secteur de l'eau, la stratégie retenue pour
1977/78 a consisté à maintenir
à son niveau existant le programme d'inventaire et de recherche
sur l'eau. Il s'agit de la réalisation d'un programme d'acquisition
systématique des données concernant la quantité et la
qualité de l'eau des rivières et des lacs de la province, de
même que les nappes d'eau souterraines, ainsi que de l'étude du
climat.
Ces données sont disponibles pour tous les utilisateurs actuels
ou potentiels de l'eau et sont la base même d'une gestion et d'une
utilisation rationnelle de cette importante ressource.
Nous allons également privilégier un programme global
d'intervention en matière de lutte contre les inondations et contre les
phénomènes d'érosion et de sédimentation.
Au cours des derniers mois, nous avons repensé et
rationalisé les quelques éléments de notre politique
d'intervention en cette matière. Les grandes lignes d'un partage des
responsabilités entre les citoyens, les municipalités et le
gouvernement du Québec ont été revues.
Nous favorisons un rôle accru des municipalités dans la
solution des problèmes à caractère local. Au niveau
régional, sont également inclus les cas où le gouvernement
central a, vis-à-vis de la collectivité, des
responsabilités assez claires. Toutefois, nous entendons aider les
municipalités sur le plan technique et, dans le cas de projets de
moyenne envergure, sur le plan financier.
En cette matière plus précise de lutte contre les
inondations, nous comptons recourir à une batterie de mesures
précises telles que des mesures préventives. Une politique de
lutte contre les inondations doit revêtir un caractère
préventif et, à cette fin, nous entendons privilégier tout
spécialement les mesures de limitation du développement des
plaines d'inondation. Dans cette optique et en collaboration avec le
gouvernement d'Ottawa et le ministère des Terres et Forêts, nous
entendons réaliser, au cours de la prochaine année, une partie du
programme quinquennal d'identification et de délimitation des plaines
d'inondation du Québec. Ce travail indispensable sera la base de toute
la politique de lutte contre les inondations qui sera soumise bientôt au
gouvernement du Québec.
Nous recourons également à des mesures correctrices
propres au génie de l'hydrotechnique. La région de
Montréal profitera de travaux de protection contre les inondations pour
quelque $3 millions dans le cadre d'une entente négociée avec le
gouvernement fédéral. Ces travaux seront principalement
réalisés dans les municipalités de Roxboro, de Pierrefonds
et de Pointe-Calumet. La participation des municipalités se chiffre par
10% du coût total des travaux.
Nous sommes en train de négocier également une nouvelle
entente avec Ottawa en vue de réaliser l'ensemble des travaux
prévus dans le rapport d'étude qui nous a été
soumis l'automne dernier par un comité fédéral-provincial
sur la régularisation des eaux dans la région de
Montréal.
Il faut également mentionner les projets de travaux d'importance
afin de régler les problèmes d'inondation dans les
municipalités de Maniwaki,
Saint-Michel-des-Saints et de Sainte-Clothilde-de-Horton, le tout
totalisant environ $400 000, travaux qui ont été mis en marche au
cours du dernier exercice financier.
Enfin, le printemps 1976 fut marqué par des inondations assez
sévères partout au Québec à la suite desquelles le
gouvernement a autorisé la réalisation de travaux correcteurs de
quelque $1 360 000. Les travaux ainsi prévus n'ont pas tous
été réalisés en entier et nous prévoyons les
compléter au cours de cette année pour un montant de $200
000.
En ce qui a trait aux mesures d'urgence, la Direction
générale des eaux entend continuer son programme d'assistance
technique et financière aux municipalités qui ont à faire
face à des situations d'urgence lors d'inondations. Nous verrons
à parachever plusieurs projets mis en chantier en 1976/77 et à
consolider l'entretien et la réparation des barrages existants. Il
s'agit d'abord de terminer la construction des barrages Mathieu-d'Amours et
Duvivier sur la rivière Matane en Gaspésie, de Mare-du-Sault sur
la rivière Montmorency dans le parc des Laurentides, de Waterville sur
la rivière Coaticook, dans l'Estrie, de même que les barrages
Sorcier sur la rivière Mastigouche et Croche, sur la rivière
Cachée dans la région de Portneuf et enfin, le barrage
Saint-Didace, sur la rivière Maskinongé, dans la région du
lac du même nom.
Il faut également poursuivre pour 1977/78 le parachèvement
des structures, digues et évacuateurs de crues et la mise en eau du
réservoir de Savage Mills c'est sur la rivière
Yamaska-Nord, en amont de Granby. Ce projet a été
réalisé dans le cadre du programme d'aménagement des eaux
du bassin de la rivière Yamaska et relève de l'OPDQ.
Au cours de l'année 1977/78, nous prévoyons reconstruire
deux barrages sur la rivière Blanche, dans le parc Portneuf, et
réparer environ six barrages relevant de notre compétence.
Enfin, il nous faudra poursuivre les efforts pour contrôler les
empiètements en cours d'eau et en minimiser les effets. En effet, pour
répondre à des besoins personnels, beaucoup de
propriétaires riverains d'un cours d'eau sont bien souvent tentés
de s'accaparer d'une partie de ce dernier, sans se préoccuper des
conséquences de leur geste. De petits empiètements
additionnés finissent par provoquer des effets néfastes sur le
régime des eaux, sur la ressource elle-même, sur l'habitat de la
faune et sur l'environnement en général.
Nous constatons que ce genre d'intervention est souvent le
résultat d'un manque de connaissance des lois et règlements
existants et d'une ignorance des effets néfastes que peuvent provoquer
de tels gestes.
Malgré les fonds très limités que possède le
ministère dans ce domaine, nous avons l'intention d'amorcer, cette
année, une campagne d'information afin de renseigner la population du
Québec sur les conséquences d'une utilisation anarchique du lit
des cours d'eau et sur les lois et règlements
existants. C'est également mon intention d'exiger que des
positions de plus en plus fermes soient prises dans des cas d'interventions non
autorisées.
Je voudrais donc terminer l'analyse de ce secteur en mentionnant
certaines actions qui seront prises dans un proche avenir.
Nous croyons que la réforme administrative doit
précéder la réforme juridique et, à cet effet, un
regroupement de toutes les activités gouvernementales dans le domaine de
l'eau sera préconisé. Ceci, afin qu'il y ait, au gouvernement
québécois, un seul responsable de la gestion de cette ressource,
l'eau.
Considérant les nombreuses affinités entre le secteur des
terres publiques et le secteur de l'eau, considérant également
que la gestion de ces deux secteurs doit être basée sur une
politique de protection et de conservation, j'ai l'intention de proposer au
gouvernement, dans les plus brefs délais, conjointement avec le ministre
délégué à l'Environnement, la création d'un
nouveau ministère qui regrouperait les secteurs des terres, de l'eau et
de la protection de l'environnement. Il reviendrait à ce nouveau
ministère d'assumer les actions nécessaires pour mettre en marche
une réforme fondamentale de l'eau. Cette réforme a
été recommandée par la commission d'étude des
problèmes juridiques de l'eau, il y a déjà six ans, sans
toutefois que depuis cette date il y ait eu une action concrète. Cette
réforme serait basée sur la nécessité de donner
à l'eau un statut juridique particulier en reconnaissant à cette
dernière comme une ressource collective, appartenant à l'ensemble
des Québécois. Il reviendra également à ce nouveau
ministère d'examiner les responsabilités de
décentralisation de la gestion de l'eau ainsi que les diverses
réformes fiscales et financières rendues nécessaires par
une gestion moderne des ressources en eau.
Également, au cours du dernier exercice financier, le
ministère des Richesses naturelles, par sa Direction
générale du Nouveau-Québec, a continué à
offrir aux résidents du territoire du Nouveau-Québec, tant Cris
qu'Inuit, les services gouvernementaux progressivement mis en place depuis 1963
et ce niveau de services est assuré pour 1977/78.
Le programme 6 du ministère des Richesses naturelles comprend
deux éléments, les activités traditionnelles de la
Direction générale du Nouveau-Québec et les travaux de
mise en application de la convention de la baie James et du nord
québécois. Le groupe du bureau de coordination de l'application
de l'entente, pour sa part, complétera, de concert avec les
ministères impliqués, les projets de loi qui pourront être
votés par l'Assemblée nationale afin de rendre effective la
convention signée entre le gouvernement du Canada, les Cris de la baie
James, les Inuit du Nouveau-Québec et le gouvernement du Québec,
il y a près de 18 mois. Parmi les activités menées par la
Direction générale du Nouveau-Québec, il serait pertinent
de souligner la signature récente d'un protocole avec le
ministère des Affaires sociales, visant à accroître
l'autonomie des structu- res parapubliques nordiques, chargé de la
dispensation des soins de santé. C'est ainsi qu'en vertu de ce
protocole, dorénavant les corporations d'hôpitaux assumeront
l'entière responsabilité du personnel de santé nordique et
le transport des malades. D'autre part, la Direction générale du
Nouveau-Québec continuera à fournir le service d'accueil des
malades au sud et les services de logistique pour supporter le fonctionnement
desdites corporations d'hôpitaux tant à la baie James qu'à
la baie d'Hudson et à la baie d'Ungava.
D'autres services offerts aux personnes et aux communautés
locales seront maintenus dans le cadre des responsabilités de la
Direction générale du Nouveau-Québec. Depuis une quinzaine
d'années, il existe des institutions coopératives sur les
territoires de Nouveau-Québec, les coopératives locales se sont
regroupées dans une fédération qui offre, à chacune
d'entre elles, des services intégrés.
Mais, depuis quelques années, tant les coopératives
locales que la fédération éprouvent certaines
difficultés financières. La direction générale du
Nouveau-Québec étudie de très près cette situation
financière; elle recherche les causes des difficultés survenues
dans le fonctionnement, en vue de proposer une structure et un mode de
financement original pour ces entreprises particulières.
Dès mon arrivée au ministère des Richesses
naturelles, j'ai demandé aux officiers de la direction
générale du Nouveau-Québec de me préparer un
document de travail relativement à l'administration du
Nouveau-Québec et au type de gérance qu'il serait utile d'y
instaurer, en liaison avec la nouvelle philosophie de l'entente avec les
autochtones. Donc, dans le cadre d'une restructuration des activités du
ministère des Richesses naturelles, nous serons en mesure de proposer
des solutions que nous espérons adéquates en regard d'une
gérance adaptée aux besoins de l'heure.
Ceci nous permet de passer en revue bien sommairement l'ensemble des
programmes du ministère des Richesses naturelles et peut-être
d'expliciter un peu à l'avance les principaux programmes
budgétaires qui apparaissent au discours du budget.
Nous avons également distribué aux différents
membres de cette commission un aperçu assez détaillé de la
programmation du ministère, ce qui normalement devrait permettre aux
différents membres de cette commission de nous poser les questions les
plus appropriées possible.
Le Président (M. Laplante): Avant de donner la parole au
député de Jean-Talon, est-ce qu'il vous serait possible, M. le
ministre, de faire la présentation des fonctionnaires qui vous
accompagnent, surtout dans le cas particulier qu'on a aujourd'hui. Depuis que
je suis président, c'est la première fois que je vois une dame
accompagner un ministre.
M. Bérubé: II me fait certainement plaisir,
à tout seigneur tout honneur, de vous présenter vous
m'excuserez, M. Perlstein, sous-
ministre adjoint Mme Claire Monette qui est responsable de la
gestion financière et qui vous a préparé le document qui a
été remis entre les mains des différents participants
à cette commission. Je pense qu'elle fait un excellent travail et vous
pourrez d'ailleurs en juger. En même temps, je vous présente,
à ma gauche, M. Daniel Perlstein, sous-ministre, pour l'instant, par
intérim, au ministère des Richesses naturelles.
Le Président (M. Laplante): En arrière, vous
avez?
M. Bérubé: M. Perlstein pourrait peut-être...
Je vais buter sur un certain nombre... En fait, ça va assez bien...
M. Garneau: ... fonctionnaires et il ne sait pas leur nom?
M. Bérubé: Un certain nombre. Je n'ai pas trop de
problèmes, en fait. Il y a MM. Paradis, Tanguay, à l'inspection;
MM. Têtu, Sirois, Hendler, Laurin, Poitras, Olivier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
Commentaires de l'Opposition M. Raymond
Garneau
M. Garneau: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
le ministre et le ministère de nous avoir fait parvenir le document
détaillé sur les différents programmes du
ministère; contrairement à ce qu'il vient de dire, au lieu de
nous aider à poser des questions, ça va en éviter un bon
paquet. Je crois que c'est une initiative qui mérite d'être
soulignée.
M. le Président, dans les remarques d'ouverture du ministre, j'ai
été quand même un peu surpris de constater qu'il ne nous
avait pas parlé du tout de l'amiante. On sait que la nationalisation des
compagnies privées d'amiante avait été l'un des points les
plus chauds de la campagne électorale dans toute la région de
Thetford Mines et d'Asbestos.
Par la suite, on avait eu la chance d'avoir des interventions du
ministre des Finances nous annonçant presque la nationalisation des
compagnies privées d'amiante et je constate qu'aujourd'hui, dans son
exposé d'ouverture, il n'en est absolument pas question. Tout ce qu'il
nous a dit concernant le secteur minier est relié à un programme
que je n'ai pas eu l'occasion de commenter jusqu'à maintenant, mais que
je trouve, pour ma part, improvisé.
J'écoutais parler le ministre tout à l'heure et j'avais lu
les articles de journaux qui annonçaient cette politique et, avec le
petit peu d'expérience que j'avais dans l'administration, cela me
donnait nettement l'impression d'un programme qui avait été
bâti par une administration qui a décidé de sortir les
fonds de tiroirs et, constatant que le montant n'était pas suffisamment
élevé, on a dit: Mettez-en un peu plus et, par la suite, pour que
cela paraisse bien, on va multiplier cela par cinq et on va en faire un
programme quinquennal. Cela me donne nettement l'impression que c'est la
façon dont le plan de développement minier a été
fait.
Ce qui me frappe encore davantage ce matin, j'ai eu cette
impression en lisant le document de presse c'est de constater que, dans
tout cela, il n'y a rien de véritablement mis en place, sauf
l'accélération d'inventaires de projets qu'il devait y avoir dans
les fonds de tiroirs et qu'on peut mettre en oeuvre directement par le
ministère, mais que, du côté de l'entreprise Noranda, il y
a uniquement eu des conversations, puisque le ministre nous a dit tout à
l'heure qu'il y avait des ententes, qu'il était prêt à
discuter, en principe, et que cela irait au début de 1978, avant que
quelque chose se fasse. La même chose du côté des autres
entreprises, qu'on appelle entreprises provenant d'autres pays, de telle sorte
que, finalement, je ne serais pas surpris de voir le budget de $8 millions se
retrouver, en grande partie, dans les crédits périmés de
fin d'année.
Je vois le sous-ministre par intérim sourire. Il a suffisamment
d'expérience pour réaliser qu'il y a peut-être des
éléments de vérité dans ce que je dis. Ce n'est
peut-être pas en entier vrai, mais il y a des éléments de
vérité.
Aussi, je déplore le fait que, dans ce programme minier qui
semble s'appliquer au Nord-Ouest québécois comme tel, le ministre
n'est pas davantage explicite ou n'a pas fait de commentaires concernant le
développement des mines de sel des Îles-de-la-Madeleine, de
même qu'en ce qui regarde une importante industrie de son comté
qui est en grande difficulté depuis quelque temps et qui, là
aussi, avait fait l'objet de promesses. Je me rappelle être allé,
pendant la campagne électorale, dans Matane, avoir lu quelques articles
de journaux, avoir entendu des commentaires de journalistes qui étaient
venus à ma rencontre, me poser des questions sur les mines de cuivre.
J'avais été à même de constater que le
député de Matane, le candidat dans Matane, avait des solutions
à tout le problème de ces mines de cuivre de son comté. Je
constate qu'aujourd'hui, dans les notes explicatives qu'il nous donne comme
présentation de son budget, il n'en est absolument pas question.
J'imagine que s'il avait eu de bonnes nouvelles pour son comté, il se
serait empressé de nous les dévoiler. Pour ce qui est des
Îles-de-la-Madeleine, je pense que c'est un projet extrêmement
important. J'aurais aimé entendre le ministre nous en parler
davantage.
J'aurai, au cours de l'étude programme par programme, un certain
nombre de questions que j'aimerais poser sur des aspects particuliers, entre
autres, du programme d'inventaire et de recherche et sur le programme du
Nord-Ouest québécois, mais je voulais au moins, au point de
départ, mentionner ces aspects qui m'apparaissent être des oublis
volontaires ou non de la part du ministre, oublis que je place en perspective
des promesses
qui avaient été faites durant la campagne
électorale concernant l'amiante, entre autres, concernant les mines de
cuivre du comté de Matane, et j'aimerais aussi attirer l'attention du
ministre sur l'important projet des Îles-de-la-Madeleine dont il ne nous
a pas parlé du tout et qui, évidemment, est pour cette
région du Québec, un projet extrêmement important, non
seulement de développement de richesses naturelles par une entreprise
québécoise, mais également une source de création
d'emplois pour une population qui en manque désespérément.
C'étaient les remarques, M. le Président, que je voulais faire
à l'ouverture et nous y reviendrons sur chacun des programmes un peu
plus tard.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le ministre, est-ce
que vous préférez entendre M. le député de Richmond
avant de faire vos commentaires ou de donner vos réponses?
M. Bérubé: C'est peut-être
préférable de répondre quand c'est chaud.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Garneau: Vous allez avoir toute la journée pour
répondre, parce qu'il va faire chaud toute la journée, avec la
température qu'on a.
M. Bérubé: La première remarque à
laquelle je tiens à répondre immédiatement m'a
frappé. C'est l'accusation qu'il s'agirait d'un programme
assemblé à la hâte et qui a consisté à racler
des fonds de tiroirs. Effectivement, à la lecture du dossier que vous
avez entre les mains, vous avez sans doute remarqué que les fonds de
tiroirs étaient sans doute abondants. Doit-on en tirer la conclusion que
l'ancien gouvernement avait laissé dormir tellement de projets en ne
donnant pas les budgets suffisants à son ministère, que le
ministère n'a jamais eu l'occasion justement de donner libre cours
à son imagination? Cela pourrait être fort possible, et nous y
avons mis effectivement un temps relativement court, grâce, je dois dire,
à un travail acharné de la part des fonctionnaires du
ministère. Je dois constater que ceux-ci se sont imposé une
programmation extrêmement serrée, avec des horaires précis,
avec des échéanciers précis, et nous suivons
l'évolution du travail d'une façon très suivie. Par
conséquent, si, comme vous le dites, ce programme a été
assemblé à la hâte, j'ai l'impression que les
fonctionnaires mettent les bouchées doubles et que, présentement,
nous avons certainement un excellent programme à proposer et à
défendre.
Quant au problème des mines des Îles-de-la-Madeleine,
évidemment, il est toujours facile de vouloir faire de la petite
politique et je n'insisterai...
M. Garneau: Vous en savez quelque chose.
M. Bérubé: ...pas sur cette intervention assez peu
sérieuse.
M. Garneau: Je reprenais les propos de votre campagne
électorale, pourtant.
M. Bérubé: Pour ce qui a trait aux
Îles-de-la-Madeleine, je note deux choses. D'une part, le
développement des Îles-de-la-Madeleine, présentement,
relève surtout du ministère des Transports, puisqu'il faut
procéder à la construction d'un port pour l'expédition du
sel et, par conséquent, c'est d'abord SOQUEM et le ministère des
Transports qui ont la responsabilité du dossier.
Finalement, relativement à la politique de l'amiante, je tiens
à dire que cette politique n'ayant pas d'incidence budgétaire, du
fait également qu'il s'agit d'une politique élaborée en
collaboration avec plusieurs ministères, sous mandat du ministre
d'État au développement économique, il ne m'apparaît
pas normal de ma part de vouloir la commenter.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'aimerais moi aussi,
à ce moment-ci, faire quelques remarques au ministre, au nom de l'Union
Nationale. Le ministre des Richesses naturelles est en train de devenir un des
éléments-pivots, je pense, du développement de la province
de Québec dans son secteur.
Il n'y a pas si longtemps, la grande majorité des citoyens ne
soupçonnaient même pas les risques de pénurie de
matières premières auxquels nous devons faire face maintenant
dans certains domaines. Le rôle du ministère et de ses organismes
dépendant, comme SOQUIP, SOQUEM et la SDBJ ne doit pas se limiter
à l'administration des crédits à sa disposition, mais doit
surtout consister à mettre sur pied, je pense, un plan de
développement et d'utilisation des ressources à sa
disposition.
Le ministre des Finances a sifflé, comme il le mentionnait si
bien, la fin de la récréation, celui de l'énergie, de son
côté, a sifflé la fin du gaspillage. Le ministre des
Richesses naturelles doit mettre, de son côté, je pense, fin au
mythe de la durée indéfinie des ressources minières et
hydrauliques. Du côté du secteur des mines, en particulier,
certaines statistiques présentées à l'occasion du sommet
économique de la Malbaie nous indiquent qu'au rythme d'exploitation
actuel, des réserves de minerai connues auraient des durées
variant entre 70 ans, par exemple, pour le fer, et 4 ans pour le domaine de
l'or. Plus de 33% du minerai brut extrait du sol québécois est
exporté vers les marchés étrangers sans apport à fa
valeur ajoutée du Québec.
Je ne voudrais pas élaborer davantage ces faits
déjà connus de tous, mais j'espère que le ministre et son
gouvernement nous présenteront dans les plus brefs délais une
politique précise sur l'utilisation des mines du Québec, ainsi
que le programme de transformation d'une partie plus importante de nos
ressources à l'intérieur même
du Québec, afin d'accélérer cette fameuse relance
économique. Dans le secteur de l'eau, la ressource elle-même fait
l'objet d'une attention particulière depuis que l'on a pris conscience
de l'état de pollution avancé de certains de nos cours d'eau. Le
ministre a fait état tantôt de la Yamaska, je pense, qui pose des
problèmes majeurs de ce côté.
On voyait dans les journaux aujourd'hui, en ce qui concerne, par
exemple, la pollution par le mercure du lac Saint-Louis, du lac des
Deux-Montagnes, et je pense que certaines études ont été
faites de ce côté par le cégep Saint-Laurent. Un
comité interministériel fédéral-provincial aussi
s'est penché sur cette question. En ce qui concerne la pollution par les
industries, dans cette région, la prise de conscience est
peut-être un peu brutale, mais elle nous appelle, dans ce secteur aussi,
à prendre des actions d'autant plus énergiques.
De plus, on réalise que, contrairement à ce que certains
croyaient, la ressource non plus n'est pas inépuisable et il faut
maintenant contrôler non seulement la qualité des eaux, mais aussi
les utilisations qu'on pourrait maintenant en faire.
Nous espérons, par ailleurs, que le développement de la
région Nord de la province aura lieu à un rythme
accéléré, compte tenu des infrastructures
développées pour la construction des centrales
hydroélectriques. Il existe plusieurs projets conjoints d'exploration
menés par la SDBJ et SOQUEM dont nous sommes anxieux, évidemment,
de voir les résultats.
Dans le domaine de l'énergie, nous attendrons le livre blanc du
ministre Joron avant de discuter davantage. Il y a plusieurs autres questions
aussi que nous allons, en fait, avoir l'occasion de discuter lors de
l'étude, élément par élément, des
présents crédits.
Cependant, au moment de ces remarques générales du
début de l'étude des crédits, j'aimerais quand même
toucher certains points qui me tiennent à coeur de façon plus
particulière, comme la question de la transformation au Québec de
l'amiante, c'est-à-dire la politique qui avait été mise de
l'avant, dans son programme, par le Parti québécois, qui avait
été mise dans les premières pages à l'occasion de
la campagne électorale, politique aussi à laquelle je me suis
adonné depuis plusieurs années, parce que depuis 1970, j'ai eu
l'occasion de travailler à ce dossier et à différentes
occasions de faire cette promotion de la transformation sur place de nos
richesses naturelles, en particulier, celle de l'amiante.
Le ministre, tout à l'heure, en réponse aux remarques que
lui faisait à ce sujet le député de Jean-Talon, a
indiqué que, étant donné que cette question n'avait pas
d'incidence budgétaire immédiate dans les crédits que nous
discuterons et qu'en plus il y avait une interrelation de plusieurs
ministères à ce sujet, il n'avait pas l'intention d'aller plus
avant dans la question.
Cela m'amène, M. le Président, à ce stade-ci,
à me poser une question de fond sur le sujet, à savoir où
est-ce que le gouvernement s'en va vérita- blement avec cette question.
Depuis le 15 novembre, le choeur de chant a diminué un peu ses
sérénades du côté de la transformation de l'amiante,
et je me demande exactement ce qui se passe. Le ministre nous dit maintenant
qu'il n'a pas l'intention d'en parler tout de suite. Au sommet
économique, le premier ministre a fait état que, très
bientôt, on arriverait à quelque chose dans ce domaine, par
contre, de façon assez générale.
J'aimerais qu'à ce stade-ci le ministre est quand
même impliqué dans le dossier il puisse nous donner au
moins certaines indications sur la politique générale que son
gouvernement entend maintenant appliquer à ce sujet. Est-ce qu'il y a
des transformations majeures à votre programme pour que vous soyez
hésitant à ce point à nous donner des réponses ou
à nous donner, tout au moins, des indications d'ordre
général sur les intentions du gouvernement? Est-ce qu'il y a des
faits nouveaux qui se sont ajoutés au dossier depuis que vous avez pris
la charge du ministère? Est-ce que, dans les échanges que vous
avez sûrement eus avec les entreprises concernées par l'amiante au
Québec, il y a des faits nouveaux qui se sont produits, de sorte que,
maintenant, on semble, de façon de plus en plus générale,
être muet sur cette question?
Il faudrait peut-être que le ministre nous réponde
davantage sur ce côté et aussi sur les échéanciers
possibles dans le domaine, parce qu'il y a quand même un
élément nouveau dans la situation au Québec, qui est de
plus en plus présent, et c'est celui du chômage. Je pense que la
transformation chez nous de l'amiante ferait un contrepoids, du moins dans une
certaine mesure, à cette augmentation du taux de chômage qui est
assez élevé, du moins dans la région des Cantons de
l'Est.
Je sais que, dans d'autres régions, le même
phénomène s'est produit, mais, chez nous, on le constate de
façon aiguë également. Qu'il suffise simplement de souligner
que, dans la région de Drummondville, par exemple, on dépasse
actuellement 20% de chômage. Qu'il suffise de regarder le cas qu'on a
discuté tantôt à l'Assemblée nationale, pendant la
période des questions, celui de la région d'East Angus, où
500 ou 550 pères de famille vont maintenant être mis à
pied. C'est un peu le portrait qui se dessine chez nous.
Je pense que cette situation existe et qu'elle semble augmenter. Je
regarde le domaine de la chaussure, par exemple; à Richmond, c'est la
même chose. On a d'importantes industries qui étaient là
depuis très longtemps; maintenant, elles ferment leurs portes
complètement et d'autres fonctionnent au ralenti. Je pense que c'est un
signal d'alerte en ce qui concerne les domaines où on peut intervenir
rapidement pour créer vraiment des emplois nouveaux. Il nous faut
souligner qu'on doit intervenir et sans plus attendre.
J'aimerais que le ministre nous indique aussi quel genre de
participation il pourrait proposer aux entreprises en ce qui concerne la
transformation. On a connu, dans les chansons de la campagne électorale,
la question de la nationalisation
comme telle. Par la suite, il a semblé y avoir une
réaction des entreprises. Je me rappelle très bien, en ce qui
concerne Asbestos, par exemple, que l'on devait investir $77 millions pour
l'expansion de la mine; à ce moment, l'entreprise avait suspendu sa
décision en attendant de voir ce qui allait se passer.
Par la suite, je pense qu'il y a eu des rencontres avec le ministre et
le gouvernement à ce sujet. Par contre, très peu de
données sont sorties de ces rencontres, mais toujours est-il qu'au bout
du compte, la compagnie a redécidé par la suite d'investir ces
$77 millions en question et de continuer son expansion.
Est-ce à dire que l'industrie avait compris à ce moment et
souhaiterait même cette nationalisation? Est-ce à dire que, dans
ces rencontres qu'il y a eu probablement avec le ministère et le
gouvernement, il a pu y avoir des ententes ou des compromis de faits, à
savoir que ces entreprises ne seraient pas nationalisées, mais qu'il y
aurait peut-être un apport conjoint entre le ministère et les
entreprises pour la transformation sur place de l'amiante? Ou encore y a-t-il
eu des garanties données par le gouvernement qu'il n'y aurait pas de
séparation du Québec?
On peut se poser différentes questions parce que, dans le
cheminement poursuivi au cours de ces négociations et dans l'attitude
des entreprises minières, il y a des choses qui sont, du moins de
l'extérieur, difficilement explicables. J'aimerais que le ministre fasse
peut-être plus de lumière sur cette question et nous indique ce
qu'il en a été de ces négociations. Y a-t-il eu des
compromis de faits et quelle sera sa politique à l'avenir en ce qui
concerne la transformation de l'amiante au Québec?
Deuxièmement, j'aimerais peut-être aussi que le ministre
nous donne certaines indications en ce qui concerne la question des mines de
granit dans la région des Cantons de l'Est également dont
dépendent, je pense, environ 200 emplois actuellement. Le ministre a
peut-être été mis au courant de certains problèmes
qui existaient dans ce domaine, problèmes en particulier de la mise en
marché.
Il y a eu certaines suggestions de la part des exploitants de faites au
ministère, je crois, peut-être assez récemment, en ce qui
concerne, par exemple, une utilisation plus grande de la matière en
question pour l'utilisation des contrats du gouvernement en ce qui concerne,
par exemple, la fabrication de bandes de trottoirs ou d'édifices
gouvernementaux.
J'aimerais que le ministre, s'il est en mesure, nous fasse
immédiatement un petit résumé de la situation, où
cela en est et qu'est-ce que son ministère a l'intention de faire a ce
sujet. Quels sont les efforts qui sont fournis ou qui sont offerts par le
ministère au niveau de la production et au niveau de la mise en
marché comme tel? D'après les informations qui me sont parvenues,
il semblerait qu'il y ait eu différentes interventions gouvernementales
à ce sujet, mais peut-être un peu contradictoires à
certaines occasions.
D'un autre côté, M. le Président, j'aimerais,
à ce stade-ci, attirer l'attention du ministre sur le fait que l'Estrie
déplore que la carte et les inventaires géologiques ne soient pas
faits dans sa région comme telle, du moins selon le désir de ceux
qui ont à oeuvrer à ce niveau-là. Il y aurait
peut-être davantage d'exploration géologique à faire faire
là par SOQUEM. Il serait peut-être à souhaiter
également, M. le Président, qu'on puisse obtenir, comme d'autres
régions du Québec, comme en particulier le Nord-Ouest, un bureau
de géologues résidents, ce qui pourrait être un apport
intéressant pour notre région.
Maintenant, M. le Président, rapidement en terminant, j'aimerais
mentionner, puisque le ministre en a fait état un peu, la question de
l'inspection dans les industries minières, problème que j'ai
soulevé justement lors du projet de loi 27. C'est simplement pour
rappeler au ministre qu'il serait peut-être temps, à ce stade-ci,
qu'il intervienne pour faire cesser une pratique qui a, malheureusement, trop
duré. Lorsque l'on vient faire une inspection dans une entreprise, si la
compagnie en est avisée d'avance, il se fait un beau grand ménage
de sorte que, lorsque les inspecteurs du ministère viennent faire la
visite, ce qu'ils voient, effectivement, ce n'est pas l'industrie en
opération, mais du théâtre bien monté, surtout, en
ce qui nous concerne, lorsque cela a lieu le mercredi matin, tout est au
ralenti et je pense que les rapports faits à ce moment-là ne
démontrent pas réellement l'état de la situation.
J'aimerais que le ministre fasse peut-être le point sur cette
question, nous indique aussi ce qui en est exactement et nous indique d'autres
choses qui n'ont pas été portées à notre
connaissance, peut-être pour faire le contrepoids de certaines
données à cet égard. Je sais que c'est un problème
et qu'il serait souhaitable, comme dans d'autres domaines, que les inspections
soient différentes de celles qu'on a vues dans le domaine des grandes
charcuteries. Il ne faudrait pas que les gens en cause soient avisés. Il
faudrait que cela se fasse de façon différente de la façon
dont cela se faisait dans les hôtels autrefois: la police provinciale
avisait les heureux propriétaires avant d'aller faire des descentes de
sorte que la porte d'en arrière n'était pas assez grande pour que
tout le monde puisse sortir à ce moment-là. Les inspecteurs de la
police visitaient, à ce moment-là, un hôtel très
bien tenu pour autant qu'il était du bon bord, j'imagine.
Disons que je souligne ces faits-là pour montrer que cette
attitude, si elle persiste, dénote un archaïsme qui n'a plus sa
place. Si on veut arriver à du sérieux, à des
résultats, il serait peut-être bon de changer le mode d'approche
de ce côté-là.
C'est, à ce stade-ci, M. le Président, les quelques
remarques d'ordre général que j'avais à faire à
l'intention du ministre.
Le Président (M. Laplante): Avant que M. le ministre
réponde, est-ce que je dois considérer, M. le
député de Richmond, que ce sont seulement des remarques d'ordre
général et que vous n'avez pas de question à travers
cela?
M. Brochu: C'est-à-dire que j'ai posé quelques
questions au ministre...
Le Président (M. Laplante): Parce que j'aimerais recevoir
une orientation des membres, avant de prendre d'autres noms.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Si on veut aller dans les
remarques générales, comme le député de Jean-Talon
l'a fait, j'inviterais le ministre à parler sur l'ordre
général. Mais si vous voulez interpréter votre ordre
général comme des questions déjà
générales, là, je serai obligé de commencer
à prendre les noms avant de procéder à l'étude
programme par programme. C'est en toute équité pour tout le
monde.
M. Brochu: M. le Président, on ne s'enfargera pas dans les
fleurs du tapis, on va faire un compromis.
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Brochu: C'étaient des remarques d'ordre
général dans lesquelles il y avait des questions auxquelles le
ministre s'apprêtait à répondre.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie, M. le
député de Richmond. M. le ministre.
Réplique de M. le ministre
M. Bérubé: Vous avez soulevé un grand nombre
de points, M. le député de Richmond. En ce qui a trait à
la politique de l'amiante, je pense qu'il est tôt pour me compromettre
publiquement. Je pourrais néanmoins donner un certain nombre de
principes qui dictent un peu notre façon de voir le problème. On
peut essentiellement dire qu'il y a quatre objectifs que l'on peut poursuivre
dans une politique de l'amiante. D'une part, je pense qu'il faut mettre au
premier rang les problèmes de salubrité et de santé au
travail; donc nous avons à mettre en application le plus rapidement
possible la réglementation du rapport Beaudry. D'ailleurs, si j'ai
signalé, dans mon discours d'introduction, que, déjà,
l'entreprise pourrait probablement répondre aux normes
édictées de cinq fibres au centimètre cube pour le 1er
janvier 1978, je dois dire aussi que, déjà, un
arrêté en conseil est prêt, qui va abaisser ce niveau
à deux fibres, donc va aller plus loin que l'ancien arrêté
en conseil et obligera à nouveau à des améliorations dans
un délai relativement court.
Donc, en un premier point, le problème de salubrité est un
problème important. Comme deuxième objectif, je pense que
l'État pourrait chercher à maximiser les revenus qu'il tire de
l'exploitation de la fibre d'amiante. C'est une approche qui est
défendue, certainement, par des économistes de renom, comme M.
Kierans en particulier, et je pense que ça peut être justement un
objectif, soit, faire en sorte que le Québec retire le plus grand profit
possible de l'exploitation de la fibre. Néanmoins, cet objectif peut
être assorti d'un deuxième objectif qui est celui de rechercher la
plus grande transformation, cette fois-ci en produits finis, puisque
l'industrie de transformation est beaucoup plus génératrice
d'emplois et également donne une plus value au produit, telle que l'on
peut retirer des revenus beaucoup plus considérables.
Donc, c'est un troisième objectif. Le quatrième objectif,
c'est peut-être celui de vouloir que le Québec ait un rôle
à jouer dans la planification du développement de cette
industrie. Ce sont donc quatre objectifs qu'une politique de l'amiante peut
chercher à atteindre.
Il faut retenir un certain nombre d'avantages que détient cette
industrie. Ainsi, on a souvent laissé entendre, c'est surtout
l'industrie sans doute qui a défendu ce point de vue, qu'on ne pouvait
pas transformer la fibre localement pour des raisons d'économie de
transport et il est plus économique d'expédier la fibre à
l'utilisateur qui en fait la transformation que de faire la transformation sur
place et d'expédier un produit fini. Les coûts évidemment,
étant plus élevés, on pense ici surtout aux
problèmes de l'amiante-ciment. Il faut quand même retenir que,
dans le cas de l'amiante-ciment, près de 55% des produits finis sont
expédiés entre 200 et 800 milles du point d'origine et que, par
conséquent, si cet argument était prédominant, on n'aurait
pas une telle distance de transport de l'amiante-ciment.
On se rend compte que, dans ce domaine, le Québec pourrait
disposer d'avantages marqués vis-à-vis de l'approvisionnement de
marchés non seulement locaux, mais quand même relativement
distants.
Il faut également retenir que la préoccupation occidentale
vis-à-vis de la conservation de l'énergie va privilégier
les matériaux isolants et, à ce niveau, je pense qu'il ne fait
aucun doute que la fibre d'amiante peut avoir des avantages marqués pour
l'avenir.
Il existe évidemment des produits de remplacement,
généralement à base de pétrole. On peut
s'interroger sur la compétitivité de tels produits de
remplacement, compte tenu d'une certaine pénurie de pétrole et
sans doute d'une augmentation des prix à prévoir pour les
années à venir.
Par conséquent, on se rend compte que, dans l'industrie
québécoise de l'amiante, le Québec en particulier devrait
normalement profiter de ces avantages comparatifs, avantages dont il n'a pas
profité dans le passé. Donc, une politique de l'amiante devrait
normalement viser à ce que l'on réponde à ces
questions.
La formulation comme telle de la politique, il est peut-être
tôt pour moi de vouloir vous la présenter, parce que vous
réalisez qu'il existe un grand nombre de solutions. On peut envisager un
office de commercialisation de l'amiante. Je crois que mon collègue
adjoint parlementaire est un des fervents partisans de cette approche. On peut
envisager la nationalisation, on peut envisager des ententes de
développement, on peut envisager un grand nombre d'interventions, on
peut même envisager l'association avec des entreprises
manufacturières ici, pour la transformation sur place.
II est très possible que la solution équilibrée se
situe dans un mélange heureux de ces différentes solutions. Pour
cette raison, je pense qu'il est bon que l'on prenne le temps d'évaluer
tous les scénarios possibles. Cette évaluation a
été faite et je pense que, présentement, nous sommes
à quantifier véritablement l'intervention du gouvernement dans la
matière et, d'ici peu de temps, nous serons en mesure de vous annoncer
une politique officielle.
Mais je tiens tout de suite à vous rassurer, en ce qui a trait
à l'attitude du gouvernement face à l'industrie minérale,
il n'y a pas eu de compromis jusqu'à maintenant. Nous avons eu une ronde
de rencontres au tout début de notre mandat; nous avons clairement
expliqué les objectifs de notre politique et nous avons bien fait
comprendre que tant et aussi longtemps que notre politique n'aurait pas
été élaborée, nous ne serions pas prêts
à entamer une deuxième ronde de négociations.
Que certaines compagnies aient décidé, à la suite
de ces rencontres, de retarder des investissements et de revenir en
arrière, ceci relevait purement de questions internes et je pense que je
n'ai pas à intervenir à ce niveau.
Vous avez soulevé un certain nombre d'autres problèmes. En
particulier, vous avez insisté sur l'importance de voir à la
transformation de notre matière première. Je pense
qu'effectivement, dans le cas de l'amiante, nous nous préoccupons de ce
problème à un très haut degré.
Je pense également qu'on peut justifier notre programme
d'intervention dans le Nord-Ouest sur la base de cette inquiétude
vis-à-vis de la transformation de notre matière première.
Il faut tout de même reconnaître que le cuivre est peut-être
le secteur le plus intégré de l'industrie minérale au
Québec, puisque nous comptons deux "smelters" au Québec, nous
comptons également une raffinerie à Montréal et nous
comptons des usines de transformation mécanique, en tuyaux et
autres.
Par conséquent, c'est peut-être l'industrie qui est la plus
intégrée au Québec et c'est également cette
industrie qui est menacée dans son approvisionnement en cuivre.
Par conséquent, c'est donc normal que, dans notre programme
d'exploration, nous ayons mis l'accent sur le cuivre. Vous voyez que c'est
effectivement cette préoccupation de transformation qui nous
amène à privilégier le cuivre.
Je pense qu'il faudra éventuellement se tourner vers d'autres
minéraux tels le fer, le titane, mais, pour l'instant, nous ne nous
sentons pas les reins suffisamment solides pour engager trop de politiques
à la fois.
Vous avez soulevé également un problème
d'exploration dans les Cantons de l'Est. Là-dessus, je souscrirais
volontiers à votre position quant à l'importance de mettre au
point un programme d'exploration dans les Cantons de l'Est. Vous noterez,
d'ailleurs, dans le cadre du programme, que nous avons un début de
programme dans la Gaspésie, ce qui pourrait peut-être
répondre à certaines questions qui m'ont été
posées, et que nous n'avons malheureusement pas de programme dans les
Cantons de l'Est.
Une des raisons à cela, évidemment, c'est le
problème de la tenure des terres. Les Cantons de l'Est ont une tenure
essentiellement privée. Vous savez que le sous-sol, à ce
moment-là, est propriété de celui qui possède le
titre de surface, ce qui évidemment complique passablement la situation,
puisqu'il n'est pas possible d'aller jalonner suivant le mode traditionnel et
de réclamer la propriété du sous-sol.
Également, nous avons le problème de la concession des
terres, concession à fins minières. Beaucoup de ces concessions
n'ont jamais eu une vocation minière. Elles ont été
concédées, à l'époque, pour on ne sait trop quelle
raison et on pourrait envisager éventuellement la reprise du sous-sol,
sans évidemment nuire aux titres de surface qui pourraient demeurer
entre les mains des propriétaires actuels.
Cependant, la loi ne semble pas nous permettre une telle mesure et nous
avons été amenés, à ce moment-là, à
examiner la loi et je pense que, l'année prochaine, nous aurons
certainement un projet d'amendement à la Loi des mines qui devrait nous
permettre, justement, de rétablir cette situation, ce qui serait
certainement de nature à accélérer l'exploration et le
développement minier dans les Cantons de l'Est.
Je pense que j'ai sensiblement répondu à vos questions.
Quant au granit, je ne vous cacherai pas que je ne suis pas au courant, mais
donnez-moi quelques minutes pour consulter un petit billet qu'on m'a
passé. Je pourrai peut-être vous répondre.
Si vous permettez que je parle par le biais de M. Sirois... Il serait
peut-être plus en mesure, d'ailleurs, de répondre, puisque j'ai
beaucoup de difficultés à lire.
De façon assez précise, c'est qu'on a proposé
à l'Association des producteurs de granit, il y a quelques mois, de se
voter un budget pour promouvoir l'utilisation du granit au Québec. On
avait suggéré un montant de $75 000 en laissant entendre que le
ministère des Richesses naturelles pourrait en défrayer la
moitié. On a également les services techniques usuels de visite
et d'aide aux carrières et, en l'absence du directeur
général de l'association, on prête les services d'un
spécialiste qui assume l'intérim et on fournit des locaux pour la
tenue de leurs conférences.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que la commission est
prête à... M. le député d'Abitibi-Est, ce sont des
remarques générales ou une question?
M. Bordeleau: Des remarques générales.
Le Président (M. Laplante): Des remarques
générales. Allez-y.
M. Bordeleau: M. le Président, c'est simplement un
commentaire général, à la suite de ce que d'autres membres
de la commission ont mentionné. C'est simplement pour manifester ma
satisfaction de voir le ministère des Richesses naturelles investir une
partie importante de son budget
dans la région du Nord-Ouest que je représente à
l'Assemblée nationale, surtout dans son programme quinquennal qui vise
particulièrement le Nord-Ouest.
N'en déplaise au député de Frontenac, je pense que
la région du Nord-Ouest québécois est quand même la
première région, la région minière par excellence.
De toute façon, on n'entre pas en concurrence dans ce domaine,
étant donné que ce sont des métaux différents.
Cette région du Nord-Ouest a toujours été laissée
au bon vouloir des grosses compagnies étrangères. Alors, avec ce
nouveau plan de développement quinquennal, on peut voir poindre, en tout
cas, une nouvelle façon de développer notre région, qui se
fera de façon beaucoup plus efficace en tenant compte des gens du
milieu, particulièrement, au niveau du fonds de développement
minier où on associera de petits prospecteurs au développement,
au lieu de les laisser seuls ou de les obliger, faute de capitaux, à
vendre leur propriété à des intérêts
étrangers. Je pense que c'est un bon début. J'espère qu'on
ne s'arrêtera pas là, mais c'est déjà pour moi, une
grosse différence avec ce qui s'est fait antérieurement. Si
c'étaient, effectivement, des fonds de tiroirs, les tiroirs
étaient passablement profonds. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, avez-vous des
remarques?
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais tout de
même, à la suite de l'intervention de mon collègue de la
région du Nord-Ouest, mentionner que la principale valeur, au point de
vue financier, minière au Québec, c'est encore l'amiante. Je
voudrais mentionner que la région de l'Amiante, également, a
toujours été laissée au bon vouloir des grosses compagnies
minières qui se sont installées dans ce coin. Je crois je
sais que le ministre l'a à coeur aussi que cette région
mérite une attention spéciale au point de vue minier.
M. Bordeleau: Absolument d'accord.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, vous avez le
programme 1, éléments 1 et 2. Est-ce que vous seriez prêts
à l'aborder ou aimeriez-vous avoir une période de questions?
M. Garneau: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à ce qu'on commence au programme 1, pour autant qu'on puisse
évidemment, ce que je regardais, c'était la définition du
programme revenir sur la question de l'amiante. Je ne sais pas si je
peux le faire au programme 1 ou si on peut le faire uniquement dans les
remarques générales. Si on me permet de le faire sous le
thème général d'inventaires et recherches, je n'aurais pas
objection à entreprendre immédiatement là-dessus le
programme 1.
Le Président (M. Laplante): Je peux vous le permettre, M.
le député de Jean-Talon, vu que cela tombe dans les inventaires.
Les mines, en somme, on peut aller très largement là-dessus.
Est-ce que vous seriez intéressés à entreprendre le
programme 1 avec les deux éléments ensemble, parce que ce sont
deux programmes d'inventaires, l'un géologique et l'autre
minéral?
M. Garneau: En fait, ce que je veux discuter, c'est reprendre au
bond de la balle les propos du député de Richmond sur la question
de nationalisation des mines d'amiante. Si on peut le faire en
commençant l'étude du programme 1, je n'ai pas d'objection;
autrement, je suggérerais qu'on continue dans les remarques
générales.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas d'objection.
Est-ce que le ministre aurait des objections?
M. Bérubé: Pas d'objection.
Inventaires et recherches
Politique du gouvernement dans le domaine de
l'amiante
Le Président (M. Laplante): Est-ce que d'autres membres
auraient des objections? Programme 1, éléments 1 et 2, ensemble,
commençant par les questions relatives à l'amiante.
M. Garneau: De l'amiante? Bon!
M. le Président, je voudrais demander au ministre quelles sont
les raisons qui ont fait en sorte qu'un parti politique s'est
présenté devant la population avec un programme et que ses
membres ont fait des déclarations quand même très
précises concernant la nationalisation de ces mines d'amiante. Comment
se fait-il que, tout d'un coup, après des rencontres avec les magnats de
l'amiante, soit General Dynamics, ou, je ne sais pas, moi, Asbestos Corporation
ou Johns-Manville, je ne sais pas lesquels, ou toutes les compagnies ensemble,
à un moment donné, il y a eu un changement d'idée? Quand
on regarde l'évolution du dossier, je ne voudrais pas... Je vais
reprendre après le 15 novembre, quoique, avant le 15 novembre, il y
avait encore, je pense, des titres de journaux qui pourraient être
utilisés. Mais, compte tenu du fait qu'à ce moment-là, le
parti politique qui s'appelle le Parti québécois, n'était
pas au pouvoir, je voudrais le prendre à partir de son élection
et à partir de son assermentation.
Par exemple, dans une entrevue accordée au New York Times,
à la fin de novembre, le premier ministre du Québec disait: "Nous
pensons qu'il faudra un jour reprendre le contrôle de ces compagnies" en
parlant des compagnies d'amiante. Dans le Montreal Star du 9 décembre
1976, on dit que, dans une entrevue avec la revue Business Week, M.
Lévesque parle des "home controls" à propos des compagnies
d'amiante. Le Devoir du 10 décembre cite M. René Lévesque:
"Quand nous deviendrons un gouvernement national, certains secteurs vont passer
sous le contrôle du Québec, dont l'amiante". Dans le
Montreal Star de la fin de décembre 1976, dans le Devoir du 30
décembre 1976, on dit, à ce moment-ci, que deux thèses
s'affrontent au sein du cabinet, la première, celle de la
nationalisation...
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais soulever
une question de règlement. Je veux bien croire que le
député de Jean-Talon cite des journaux. S'il veut prendre la
responsabilité assumant que le journal a cité textuellement les
paroles de René Lévesque, très bien, s'il veut en prendre
la responsabilité. Mais on sait fort bien que, souvent, les
journalistes, de par la rapidité avec laquelle ils doivent
rédiger leurs articles, ne font pas toujours la part des nuances. Si le
député de Jean-Talon veut continuer à citer des extraits
de journaux, il faudra qu'il garantisse la teneur des paroles de M.
Lévesque lui-même. Là, il ne fait que citer des journaux.
Je crois qu'il saisit la nuance.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac...
M. Grégoire: Je crois que, autant en commission qu'en
Chambre, la citation d'un journal ne peut pas être admise comme
étant la citation de celui qu'on cite lui-même, mais elle doit
rester la responsabilité de celui qui cite le journal.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, pour vous répondre, dans d'autres commissions, cela s'est
fait tel que le député de Jean-Talon le fait actuellement et je
me verrais... Je ne serais pas capable de l'empêcher de le faire...
M. Grégoire: Qu'il le fasse, mais avec les restrictions
nécessaires.
Le Président (M. Laplante): ...c'est déjà
une coutume établie ici, en commission parlementaire, lors de
l'étude des crédits, de poser une variété de
questions et de citer des articles de journaux.
M. Grégoire: Qu'il le fasse, mais avec les restrictions
nécessaires.
M. Garneau: Je dirai au député de Frontenac...?
M. Grégoire: Frontenac.
M. Garneau: ...de Frontenac qu'autrefois, les citations des
journaux n'étaient pas permises. Aujourd'hui, elles le sont comme source
d'information pour poser des questions, non seulement en commission
parlementaire, mais également à l'Assemblée nationale. Ce
dont je parle, ce sont des citations qui étaient entre guillements dans
ces journaux qui sont bien connus et, pour autant que je sache, à ces
moments, à ces périodes, il n'y a pas eu de rétractation
ou de question de privilège soulevée, à l'Assemblée
nationale ou autrement, pour dire que ces journaux avaient mal cité les
propos des hommes dont je parle.
Alors, le Montreal Star du 29 décembre 1976 et le Devoir du 30
décembre 1976 soulignaient que deux thèses s'affrontaient au sein
du cabinet, la première étant la thèse de la
nationalisation envisagée par Yves Bérubé et,
deuxièmement, le contrôle de la compagnie par le biais d'achat
d'actions qui était préférable selon Bernard Landry, et je
pourrais en citer bien d'autres. Le discours du premier ministre René
Lévesque à New York où il parle de la possibilité
de nationaliser l'industrie de l'amiante et on pourrait voir, en janvier, dans
le journal La Presse, qu'on parle du contrôle essentiel, d'un
contrôle dominant dans le cas des compagnies d'amiante. Là, cela
commence à se modifier un peu. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce, tel que le rapportait le journal La Presse du 28 janvier, parle de
nationalisation, pas de nationalisation nécessairement, mais de
nationalisation "si nécessaire", suivant le mot célèbre de
la période de la conscription.
Un peu plus tard, le 4 février, dans le Devoir, on dit ceci: "Le
gouvernement recherchera la participation des compagnies d'amiante dans son
effort en vue d'augmenter sensiblement la transformation au Québec". Il
commence à amollir.
Et après avoir mentionné... On voit aussi que, quelques
jours plus tard, le 22 février, l'actuel ministre des Finances, dans un
discours qu'il prononçait devant le Canadian Club de Montréal,
avait remis son texte aux journalistes et, par hasard, en lisant son texte, il
a passé par-dessus une phrase qui indiquait que le gouvernement
commençait à changer d'idée. Finalement, le Montreal Star
du 28 février cite, et c'est entre guillemets dans le journal: "1 do not
see Asbestos being nationalized in the future" (Bérubé).
C'était attribué au ministre actuel des Richesses naturelles.
Finalement, le 12 mars, on voit, dans le Globe and Mail... On rapporte des
propos de membres du gouvernement en disant que la nationalisation ne viendrait
qu'en dernier recours.
Finalement, le 6 avril, celui que le journal Le Devoir du 30
décembre présentait comme le père de la thèse de la
nationalisation, est cité de nouveau, encore par le Devoir, qui souligne
des propos attribués à l'actuel ministre. Celui-ci aurait dit
que, d'un simple point de vue pragmatique, la nationalisation n'est pas une
solution. M. le Président, il est six heures, cela donnera tout le temps
au ministre de réfléchir durant l'heure du souper, mais il reste
que les membres de l'Opposition, les citoyens de la province de Québec,
qui ont, dans une certaine mesure, voté sur un programme politique, tout
ce monde a le droit de savoir comment il se fait qu'après des rencontres
avec les magnats de l'amiante, cela a été changé.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 7
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
Reprise des travaux de la commission parlementaire des richesses
naturelles. La parole était au ministre.
M. Bérubé: Si je comprends bien la nature de la
question que me posait le critique de l'Opposition en ce qui a trait à
la politique du gouvernement dans le domaine de l'amiante, je me contenterai
simplement de rappeler essentiellement les articles du programme du Parti
québécois, puisque c'est ce à quoi il se
référait. Le député de Jean-Talon a sans doute lu
autant que moi le programme du Parti québécois. Il notera que,
dans ce programme, il est fait mention de deux obligations relativement
à l'amiante, d'une part, d'examiner la possibilité de prendre un
contrôle québécois là où le Québec
jouit d'un avantage ou d'une situation de contrôle déjà,
c'est-à-dire une situation de monopole, et on cite en exemple l'amiante.
Donc, d'un côté, le programme suggère la possibilité
de prendre un contrôle majoritaire de l'industrie de l'amiante. D'autre
part, le programme suggère également d'examiner la
possibilité d'un office de mise en marché des produits de
l'amiante.
Ces deux recommandations sont évidemment contradictoires
puisqu'on ne peut pas à la fois nationaliser et créer une
régie de mise en marché de l'amiante. Par conséquent, on
doit en retenir que, pour autant que le Parti québécois est
concerné, l'objectif vis-a-vis de l'amiante est d'assurer un
contrôle sur l'industrie et d'utiliser au maximum les ressources de cette
industrie au bénéfice des Québécois.
Par conséquent, il n'y a pas de contradiction dans la
série d'articles qu'on a cités en référence. Il
existe effectivement, je l'ai mentionné dans ma première
réponse, un grand nombre d'options qui nous sont ouvertes. Il est
d'ailleurs tout à fait possible que la solution finale soit une
combinaison d'options dans un heureux mélange et que, par
conséquent, lors d'une interview, on mette l'accent sur un aspect ou sur
un autre aspect, m'apparaît normal. Il ne faut pas se cacher
qu'énormément de gens avaient des opinions différentes sur
la même question. Par conséquent, je ne vois pas en quoi les
articles que le député de Jean-Talon a cités ont la
moindre implication pour autant que la politique de l'amiante est
concernée.
Il n'y a jamais eu de recul, il y a simplement eu une étude, et
nous n'avons pas caché que nous étudions la question. Dans son
discours à New York, le président, M. Lévesque, a
très bien souligné qu'en général, le Parti
québécois ne regardait pas d'un bon oeil les nationalisations et
que le seul cas qui pouvait peut-être être différent,
c'était le cas de l'amiante.
Et encore, M. Lévesque précisait que la nationalisation ne
serait considérée que comme une solution ultime. Donc, dès
le départ, le gouvernement n'a pas caché que nous entrevoyions
toutes les solutions possibles. La nationalisation en est une et je ne vois
absolument pas de contradiction dans les différents
énoncés soulignés précédemment.
M. Garneau: M. le Président, je trouve que le ministre,
dans un bel exercice linguistique, essaie de contourner la question.
Fondamentalement, dans les engagements, soit dans le programme, soit face
à l'opinion publique, des gens qui sont actuellement membres du
gouvernement, et je pense entre autres au ministre des Finances avant
les élections ou après les élections, on est revenu avec
des textes où c'était non seulement une hypothèse, mais on
donnait cela comme étant l'orientation du gouvernement.
J'ai moi-même, comme ancien membre du gouvernement, eu des
débats avec des membres de l'ancienne Opposition et des supporteurs de
l'ancienne Opposition, et on ne faisait pas ces distinctions casuistiques que
fait actuellement le ministre.
Dans le fond, je ne pose pas toutes ces questions pour tenter de
soutenir la thèse de nationalisation, je ne l'ai jamais soutenue. Mais
ce que je recherche, c'est les raisons pour lesquelles cela a changé.
Curieusement il y a des changements dans les déclarations du ministre,
lorsque je vois, par exemple, ce point de vue qui est rapporté du
ministre des Richesses naturelles dans le Devoir. Le ministre y dit: "D'un
simple point de vue pragmatique, la nationalisation n'est pas une solution." Je
me demande ce qui s'est passé? Tout cela se produit après des
rencontres avec les magnats de l'amiante, rencontres qui se sont faites
à huis clos. Je me rappelle avoir posé des questions au ministre
en Chambre, d'avoir posé des questions au premier ministre finalement,
on a pris avis de la question, lorsque j'ai demandé d'une façon
particulière s'il y avait eu des engagements pris par le gouvernement
sur la non-nationalisation de l'amiante. Le premier ministre, venant à
la rescousse du ministre des Richesses naturelles, a parlé de
mémoire. Il a dit qu'il allait y penser, qu'il prenait avis. D'ailleurs,
je pourrais relever le journal des Débats. Je n'ai pas voulu revenir sur
la question à l'Assemblée nationale. Il a dit qu'il allait
réfléchir à cette question pour voir s'il y avait eu des
discussions concernant par exemple les emprunts sur le marché
américain.
J'aimerais savoir, par exemple, du ministre des Richesses naturelles,
si, à l'occasion de ces rencontres, lui-même ou ses
collègues ont discuté avec les gens des compagnies d'amiante des
produits qui pourraient remplacer l'amiante. Le ministre y a fait allusion tout
à l'heure. J'ai été très intéressé
par ces propos, parce que, dans les milieux journalistiques et dans d'autres
milieux qui ont discuté longuement de cette question, on a
rapporté qu'il y aurait eu des "commitments", des engagements de pris
par le gouvernement, et c'est ce qui aurait fait changer d'avis aux compagnies.
C'est pour cela que le gouvernement aurait changé d'avis face à
sa politique antérieure.
Je voudrais en savoir plus du ministre. De façon précise,
je voudrais qu'il soit bien conscient
que sur cette chose, un jour ou l'autre, la lumière sera faite
je ne sais pas combien cela prendra de temps mais ce qu'il dit,
il le fait comme membre d'un gouvernement siégeant à une
commission parlementaire. Je lui demande si lui et ses collègues ont eu
des discussions avec les gens de l'amiante dans le cours desquelles ils ont
presque été mis en demeure de modifier leur attitude, soit
à cause de financement sur les marchés pour la province et
l'Hydro ou encore soit à cause de la mise en place de produits, de
découvertes scientifiques que les compagnies d'amiante auraient pu
rapidement mettre sur le marché, si le gouvernement du Québec
avait décidé d'aller de l'avant avec sa politique de
nationalisation.
D'ailleurs, c'est un peu pour cela que j'ai pris ma pipe de Sherlock
Holmes. Je voulais essayer de connaître la vérité ce soir
là-dessus.
M. Bérubé: Pour autant que le ministre des
Richesses naturelles est concerné, la réponse est "non".
M. Garneau: Le ministre des Richesses naturelles pourrait-il
je comprends que ces questions se discutent à un plus haut
niveau, peut-être bien nous assurer que lui-même n'est pas
au courant que de tels propos, de telles discussions auraient eu lieu entre les
gens de l'amiante, le ministre de l'Industrie et du Commerce, le ministre des
Finances ou le premier ministre? À sa connaissance, de telles
discussions n'auraient pas eu lieu.
M. Bérubé: À ma connaissance, de telles
discussions n'ont pas eu lieu.
M. Garneau: Le ministre des Richesses naturelles voudrait-il
s'enquérir auprès de ses collègues? Je lui demande de le
faire très sérieusement, parce que je pense que c'est important
que cette question se vide, compte tenu de toutes les rumeurs qui circulent au
niveau du changement complet d'attitude du Parti québécois dans
l'espace de quelques mois.
M. Bérubé: Je me permettrais de faire une
suggestion au député de Jean-Talon. Comme en
général la période des questions se perd souvent en
questions oiseuses, ce serait peut-être l'occasion unique pour le
député de Jean-Talon de poser quelques questions pertinentes aux
gens concernés.
M. Garneau: Lorsque j'en ai posé là-dessus, cela
s'est terminé, le gouvernement prenant avis de la question et
répondant qu'on allait y réfléchir, sans que personne
n'apporte d'autres éléments par la suite.
De plus, le président de l'Assemblée nationale et le
leader du gouvernement utiliseraient rapidement, l'un ou l'autre, quelque 100
ou 200 articles pour dire qu'il ne s'agit pas de questions qui peuvent
être posées à répétition durant la
période de questions d'une demi-heure ou de trois quarts d'heure, mais
c'est en commission parlementaire que cela se pose. Alors, le ministre n'est
pas informé, si je comprends bien, de discussions qui auraient pu avoir
lieu entre le premier ministre et, ou le ministre des Finances, et, ou le
ministre de l'Industrie et du Commerce, concernant la technologie assez
avancée de substituts aux produits de l'amiante qui auraient pu
être mis sur le marché et très rapidement par les
compagnies multinationales si le gouvernement avait été de
l'avant avec sa nationalisation. Le ministre des Richesses naturelles nous
déclare de son siège en commission qu'il n'est pas au
courant.
M. Bérubé: Exactement.
M. Garneau: Alors, on essaiera de poursuivre l'enquête
à un autre niveau et auprès des gens qui savent ce qui s'est
passé.
C'est tout, M. le Président, pour ma part, sur l'amiante.
Peut-être que sur l'amiante, d'autres ont des questions à
poser.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas de nom de retenu.
Est-ce que le ministre aimerait faire un court exposé du programme 1,
éléments 1 et 2, avant que les questions ne soient posées
ou si on passe tout de suite à l'adoption? Ce serait peut-être un
record.
M. Garneau: Sur le programme 1, je voudrais demander aussi au
ministre si c'est à ce moment qu'on va parler de SOQUEM ou si on en
parlera à un autre moment? Aux Finances, nous avons traité au
début des sociétés d'État qui relèvent du
ministère, mais je n'ai pas d'objection à le faire à la
fin. Il s'agirait seulement de savoir à quelle place on va le faire.
M. Bérubé: Cela pourrait, effectivement, servir de
prétexte à discuter de SOQUEM dans la mesure où SOQUEM est
impliquée dans un programme dans le Nord-Ouest québécois.
Comme au moins l'élément 1, qui est inventaires et études
géologiques, inclut l'intensification des activités d'exploration
dans le Nord-Ouest québécois, on pourrait supposer que ce serait
l'occasion pour poser des questions.
M. Garneau: Parfait. Est-ce que le ministre a des commentaires
à faire sur le programme 1?
M. Brochu: Excusez-moi, M. le député de Jean-Talon.
Immédiatement avant votre question, j'aimerais poser deux brèves
questions sur l'amiante avant qu'on ne termine et qu'on aborde les sujets un
par un. Je voudrais demander au ministre si, dans l'éventuel
établissement je ne sais pas combien cela va prendre de temps
d'une politique de l'amiante, le ministre a de prévues
jusqu'à maintenant, avec les entreprises concernées, des
rencontres pour mettre au point sa politique en la matière. Est-ce que
le ministre lui-même ou un comité interministériel
travaille actuellement à établir un dialogue avec les
entrepri-
ses au sujet de l'amiante, afin de définir les positions
possibles ou les scénarios éventuels que le ministre a
l'intention de choisir?
M. Bérubé: La réponse est oui. Je dois dire
qu'en ce qui concerne la politique de l'amiante, l'industrie aura à
participer à son élaboration.
M. Brochu: Et a-t-on prévu, à ce jour, des
rencontres comme telles, à court terme?
M. Bérubé: Non, il n'y a pas de rencontres de
prévues. Nous attendons d'être en mesure de soumettre, au moins
à l'attention du Conseil des ministres, le document définitif sur
la politique de l'amiante avant de commencer les rencontres.
M. Brochu: Est-ce que, en cours de route, le ministre a
l'intention de convoquer une commission parlementaire à ce sujet
où on pourrait débattre la question plus à fond et prendre
connaissance des différents dossiers qui sont concernés par le
sujet et, en particulier, les points importants soulevés par le
député de Jean-Talon en ce qui concerne le remplacement de la
fibre d'amiante par des matières synthétiques et d'autres sujets
de la sorte? Est-ce que le ministre a l'intention de convoquer, à
brève échéance, une commission parlementaire pour faire la
lumière sur les différents aspects de la question de l'amiante et
peut-être aussi pour asseoir les bases de sa politique éventuelle
dans le domaine de la transformation de l'amiante?
M. Bérubé: Non, je dois dire, en toute
sincérité, que je n'ai pas envisagé la possibilité
de tenir une commission parlementaire, la nature du sujet étant telle
qu'à mon point de vue, en tout cas, l'exposition au public ne serait
peut-être pas l'attitude la plus souhaitable. Par conséquent, je
considère que c'est une politique gouvernementale et je n'ai pas
envisagé la possibilité de l'ouvrir, comme telle, à une
commission parlementaire. Maintenant, ça peut être tout à
fait discutable ou réévaluable, mais je ne l'ai pas
envisagé.
M. Brochu: La question qui me vient à la suite de ces
remarques, c'est de quelle façon le ministre va-t-il s'y prendre pour
arriver à choisir son fameux scénario? J'y reviens d'une autre
façon, si vous voulez: Est-ce qu'il existe, étant donné
que le ministre semble considérer la question comme ne devant pas
prioritairement aller devant une commission parlementaire, peut-être
à cause de sa nature technique... Est-ce que le ministre a prévu
un comité interministériel qui puisse se pencher,
éventuellement, sur la question, afin de définir les positions du
gouvernement, toujours en matière de transformation de l'amiante?
M. Bérubé: Ah oui! Cela, c'est absolument exact.
Lorsque vous parlez de la politique de l'amiante dans le futur, moi, je parle
maintenant plutôt de la politique de l'amiante dans le passé. Il y
a eu un comité interministériel qui a justement travaillé
à élaborer cette politique. Cette politique a été
soumise au Conseil des ministres. Elle est présentement en voie de
quantification.
M. Brochu: À ce stade-ci, M. le Président, je
constate qu'il semble y avoir une espèce de contradiction. J'aimerais
que le ministre m'éclaire à ce sujet. Non seulement pendant la
campagne électorale, mais immédiatement après, on avait
l'impression, et certaines déclarations sont probablement allées
dans ce sens, que la question de la transformation de l'amiante était
une priorité et qu'elle devait se faire dans un laps de temps
très rapproché, donc à très court terme.
Il semblait qu'en ce qui concerne la décision politique de
transformer l'amiante, celle-ci était prise. Il reste peut-être,
à l'intérieur de cette décision politique, comme le
ministre le souligne, le choix du scénario en question,
c'est-à-dire savoir de quel mode d'approche on se servira pour
établir cette transformation de l'amiante au Québec. Mais, d'un
côté, il semblait y avoir cette volonté ferme d'agir
à court terme pour mettre en place les mécanismes voulus pour
avoir cette transformation de l'amiante sur place, alors que, d'un autre
côté, maintenant, on a l'impression de se retrouver devant un
monde un peu flou, c'est-à-dire que, d'un ministère à
l'autre, on semble plus ou moins certain des actions à prendre, il
semble y avoir une concertation, du moins, c'est ce qui nous apparaît,
très molle de ce côté, ce qui me fait réaliser qu'il
semble y avoir une opposition assez flagrante entre les propos assez fermes
tenus pendant la campagne électorale, sur la nécessité de
transformer très rapidement l'amiante au Québec... Maintenant, on
se retrouve dans une situation où on dit: C'est à venir. C'est
à être étudié. Tout ce qui existe, en fait,
d'à peu près certain, c'est qu'il y aurait un comité
ministériel qui se pencherait sur la question.
M. Bérubé: Qui s'est penché sur la
question.
M. Brochu: Justement.
M. Garneau: II s'est relevé?
M. Brochu: Ce qui m'amène à aller plus loin dans ma
remarque, et c'est un peu le sens que le député de Jean-Talon
souligne à l'instant, c'est que, lorsque quelqu'un se penche, cela
m'inquiète toujours parce que la brève expérience que j'ai
pu avoir à l'Assemblée nationale depuis les années
soixante-dix m'indique qu'on reste habituellement penché assez
longtemps, c'est-à-dire que, lorsqu'on fait face à une situation
et qu'on a une idée politique bien arrêtée, il reste
à la traduire dans les faits, avec des moyens, lesquels sont simplement
une question de choix à ce moment.
Donc, lorsqu'on étudie trop longtemps ou qu'on se penche trop
longtemps, la situation risque simplement de rester sur une tablette et c'est
ce que je crains dans ce domaine. Non pas que je veuille, à ce stade-ci,
imposer ou suggérer au ministre un mode d'approche plutôt qu'un
autre,
mais ce que j'aimerais obtenir du ministre, c'est la certitude
qu'à très court terme, le gouvernement se redressera de sa
situation penchée, qu'il pourra prendre la décision politique qui
s'impose et trouver le moyen, ce que le gouvernement ne semble pas avoir
jusqu'à maintenant, de s'asseoir à la même table avec les
entreprises concernées, qui ont d'ailleurs démontré leur
ouverture d'esprit dans ce sens, afin d'adopter l'un ou l'autre des
scénarios, mais d'en adopter un.
C'est un peu la contradiction que je voyais entre ce qu'on a vu dans le
programme du Parti québécois, ce qui a été dit aux
élections et ce qu'on voit maintenant de la part des différents
ministres concernés. Il me semble que la situation demeure en plan
à un point tel qu'on se demande si on peut vraiment espérer qu'il
va se passer quelque chose dans ce domaine.
J'aimerais que le ministre m'éclaire sur cette position ou sur
les raisons profondes qui font qu'actuellement il semble que le gouvernement ne
soit pas en mesure de prendre la décision politique qui serait
nécessaire pour arriver à ce que les gens, du moins de la
région des Cantons de l'Est, souhaitent beaucoup, soit la transformation
sur place des produits de l'amiante.
M. Bérubé: Je n'ai pas tellement de réponse
à apporter à cela. J'ai l'impression d'avoir été
suffisamment explicite dans mes réponses antérieures. J'ai dit ce
que j'avais à dire.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Rimouski, sur le même sujet.
M. Marcoux: Face au leadership que le gouvernement du
Québec entend assumer dans la politique de l'amiante, il y a eu un
regroupement des entreprises actuelles qui fonctionnent dans ce secteur, qui
ont formé un comité les reliant pour essayer de proposer au
gouvernement du Québec une attitude, de proposer, en somme, des mesures
que ces entreprises prendraient pour transformer au Québec le plus
possible cette ressource. Est-ce que vous êtes en relation avec ce
comité d'entreprise? Je ne me souviens pas du nom du responsable? Est-ce
que vous avez eu des relations avec ce comité depuis qu'il existe?
Est-ce que vous savez où en est l'état de leurs études ou
de leur décision concernant l'amiante?
M. Bérubé: Je me demande, M. le
député de Rimouski, si vous faites référence aux
études SORES comme telles, qui sont subventionnées par, je pense,
l'Association des mines d'amiante. Enfin, il y a une firme reliée
à SNC, de Montréal...
M. Marcoux: C'est cela.
M. Bérubé: ... qui fait présentement, pour
le compte de l'industrie de l'amiante, un regroupement de l'industrie de
l'amiante, une étude sur les possibilités de fabrication
secondaire dans le secteur de l'amiante. Il faut quand même se dire que
cette entreprise, SORES, avait déjà fait des études dans
le passé pour le compte du ministère de l'Industrie et du
Commerce et ces études ont en général été
négatives, parce qu'elles se situaient dans le contexte d'un
marché libre, sans aucune directive venant de la part du gouvernement du
Québec quant à la façon de commercialiser la fibre. Par
conséquent, la conclusion à laquelle on en arrivait toujours,
c'est qu'il existe un excellent équilibre entre l'offre et la demande
et, par conséquent, on ne voit pas ce que le Québec pourrait
faire dans le domaine. Évidemment, c'est une approche, mais je ne crois
pas que le gouvernement morde à l'appât, et je pense qu'il ne faut
pas aborder le problème de la mise en marché de produits
transformés de l'amiante sur la base classique de l'équilibre
entre l'offre et la demande, parce que la demande venant des mêmes
entreprises qui font l'offre, cela devient difficile, à ce
moment-là, de parler véritablement d'autre chose que d'un
éternel équilibre.
M. Marcoux: Comme cela, cette étude n'est pas encore
publique, et vous n'êtes pas informé de l'état de cette
nouvelle étude qu'on a demandée et vous n'êtes pas en
relation avec le comité ou avec ce groupe de travail.
M. Bérubé: Nous avons de forts doutes quant au
résultat d'une telle étude, mais nous allons la laisser se
poursuivre. On ne sait jamais, peut-être qu'on va trouver des choses
intéressantes subitement. Il est à noter que l'industrie avait,
en général, toujours affirmé qu'il n'y avait pas
possibilité de transformation et, ce qui nous a surpris, c'est qu'au
lendemain du 15 novembre, plusieurs entreprises nous parlaient de la
possibilité de construire une usine dans tel et tel secteur de
l'amiante. Donc, subitement, on trouvait les moyens de transformer de la fibre
au Québec. Je pense que l'incitation à transformer au
Québec dépend énormément de la pression...
M. Marcoux: En partant de nouvelles hypothèses, est-ce
qu'on ne risque pas d'arriver à d'autres conclusions?
M. Bérubé: C'est possible que cette nouvelle
étude, finalement, arrive à de nouvelles conclusions. Si
l'industrie décide de poser comme hypothèse qu'à l'avenir
la transformation de tous les produits pouvant être
expédiés de Montréal sur les marchés mondiaux d'une
façon compétitive avec d'autres produits de remplacement... Donc,
si une étude arrive à la conclusion qu'il existe un certain
nombre de produits et que, deuxièmement, l'industrie est
décidée à faire la transformation au Québec pour
exporter vers l'extérieur du Québec... C'est une décision
corporative que les compagnies n'ont pas jugé bon de prendre dans le
passé.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. C'est drôle,
parfois, comme il semble y avoir des renverse-
ments de situation; je me demande pourquoi. Je me demande, à ce
stade-ci, si le ministre nous dit tout ou s'il n'aimerait pas ajouter certaines
choses. J'aimerais qu'il ouvre son coeur à la commission parlementaire
pour qu'on puisse savoir exactement ce qu'il y a dedans.
Lorsque je parle de situations inversées, c'est que, depuis
quelques années, on parle de transformation de l'amiante au
Québec et les entreprises, de leur côté, semblaient
complètement désintéressées. Depuis le 15 novembre,
les entreprises se sont montrées mieux disposées et ont dit: On
est prêt à transformer l'amiante sur place et, maintenant, c'est
le gouvernement qui ne veut plus. Alors, qu'est-ce qu'il se passe? On peut
poser la question dans ces termes, parce que c'est un fait que, depuis le 15
novembre, c'est peut-être la première fois qu'on a vu les
entreprises être si bien disposées et exprimer leur désir
de collaborer dans le sens d'une transformation de produits sur place.
Depuis ce temps, je suis intervenu personnellement à
différents moments, à différents endroits pour pousser le
gouvernement qui avait d'ailleurs ça dans son programme, comme
l'Union nationale l'avait comme préoccupation à mettre en
application un des éléments importants de son programme et
ça ne marche plus.
M. Marcoux: C'est un nouveau style.
M. Brochu: Si c'est un nouveau style, ça ne durera pas
longtemps. Cela va être très bientôt un ancien style, parce
que ce n'est pas logique. C'est là que je me dis qu'il y a une zone
grise dans laquelle le ministre trouve refuge pour fermer les portes, les
écoutilles de son coeur, quand il ne nous dit pas exactement tout ce
qu'il y a dans le dossier. Encore là, ce n'est pas logique. Je ne peux
vraiment pas m'expliquer ça.
M. Grégoire: C'est facile à expliquer pourtant.
Depuis des années qu'on en parle...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député de Frontenac a demandé la parole?
M. Grégoire: Je veux juste parler sur le même
sujet.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous inscrire et vous
allez pouvoir parler tout à l'heure. Avez-vous autre chose à
dire?
M. Brochu: Pour répondre immédiatement au
député de Frontenac avant qu'il ne finisse sa question, c'est
que, justement, durant des années, on en a parlé et, maintenant,
on ne veut plus en parler ce qui en est, pour parler de l'avenir de la
transformation de l'amiante et, de plus en plus, on assiste à un silence
qui se fait de plus en plus doucereux.
On maintient cette position de mutisme, ce que je ne comprends vraiment
pas. Je me permets, à ce stade-ci, de faire une demande au ministre. Je
sais qu'il ne me répondra probablement pas, parce qu'il ne veut pas
répondre. Je pense que le ministre a chaussé ses patins à
grandes lames ce soir, pour passer à côté de la question.
Même si la question est tout à fait brûlante en ce qui
concerne l'amiante, il n'y a pas de problème, il sait que cela ne
brûlera pas. Mais je pense qu'il a chaussé ses longs patins, parce
qu'on n'est pas plus avancé qu'on l'était, sauf qu'on sait une
chose, c'est que le Parti québécois ne veut plus parler de la
transformation de l'amiante.
J'aimerais au moins demander au ministre...
M. Bérubé: ...ne veut pas parler de la
politique...
M. Brochu: Oui, mais cela revient à la même chose.
Vous avez dit vous-même, j'ai l'article de journal ici, que c'est une
décision politique que vous aviez à prendre. La décision
politique n'est pas venue. Je me demande dans quelle zone nébuleuse vous
allez passer actuellement.
J'aimerais au moins demander si, à l'intérieur de la zone
grise dans laquelle le ministre se trouve actuellement, dans cette zone de
perdition possible où il ne pourra peut-être pas retrouver les
principes politiques qu'il a défendus si ardemment durant la campagne
électorale, s'il peut nous dire au moins à l'intérieur de
quels délais il espère mettre en application l'ancienne politique
qui était contenue dans le programme du Parti québécois,
celle de la transformation des produits de l'amiante au Québec.
M. Bérubé: Je n'aime pas me compromettre sur les
délais, pour diverses raisons. Mais vous comprendrez qu'à chaque
fois qu'il y a des études, que ce n'est pas moi qui fais les
études, forcément. Il faut attendre que les rapports me soient
fournis, pour avoir la réponse aux questions qu'on a posées.
Par conséquent, je n'aime pas faire des délais, mais je
peux vous assurer que, d'ici la fin de la première année de
mandat du gouvernement, vous aurez une politique de l'amiante et vous pourrez
poser toutes les questions qu'il vous plaira de poser.
M. Brochu: Maintenant, est-ce que vous avez demandé...
M. Garneau: C'était le 15 novembre donc le 15 novembre
1977. C'est un engagement du ministre.
M. Grégoire: Le premier mandat a commencé à
la fin de novembre, le 26 novembre.
M. Garneau: Le 26. On ne se chicanera pas pour onze jours!
M. Marcoux: C'est parce qu'entre le 15 et le 26, il s'est
passé bien des choses.
M. Garneau: On ne se chicanera pas pour onze jours. Vous avez eu
juste le temps de changer de politique.
M. Grégoire: Vous êtes surpris de
l'accélération...
M. Garneau: Non, non...
M. Marcoux: On a juste le temps d'envoyer beaucoup de lettres
disant que les engagements que vous aviez pris n'étaient pas
valables.
M. Garneau: Sauf que vous avez respecté seulement ceux qui
faisaient votre affaire.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Frontenac. Je vais vous donner la parole, cela fait longtemps que cela vous
chatouille.
M. Grégoire: Non, le ministre a très bien
répondu. Il s'en est parlé pendant des années sans rien
faire. Maintenant, il ne s'en parle pas, mais il va se faire quelque chose.
M. Brochu: Il ne s'en parle plus, mais il ne se fait rien.
M. Garneau: On va attendre le 26 novembre.
M. Brochu: On se fixe le 26 novembre pour avoir la
réponse. À l'intérieur du délai du 26 novembre.
M. Grégoire: L'ancien ministre des Finances semble tout de
même surpris de voir que le gouvernement actuel peut agir rapidement et
j'en prends bonne note.
M. Garneau: Ce qui me surprend, c'est qu'on n'a plus de
barèmes sur lesquels s'appuyer. À un moment donné, ce
parti politique s'est présenté comme un nouveau parti qui allait
respecter les engagements d'un programme électoral. Même les
adversaires ont cru cela, imaginez-vous comment on avait de la bonne foi!
On s'aperçoit aujourd'hui que ce qui a été dit
avant ne compte pas, ce sont des choses nouvelles.
M. Grégoire: II n'y a personne qui a dit cela. M.
Garneau: Je ne reprendrai pas le débat.
Le Président (M. Laplante): À ce stade-ci, est-ce
qu'il y a d'autres questions sur l'amiante?
M. Garneau: Oui, la prochaine va être le 26 novembre.
Le Président (M. Laplante): La réponse est
donnée. Le 26 novembre. C'est le ministre qui l'a donnée.
M. Garneau: On l'a pris en note à part cela. Que le
ministre l'indique dans son agenda.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions à part du 26 novembre? Le député de
Richmond.
M. Brochu: À part du 26 novembre, M. le Président,
est-ce qu'il y a, jusqu'à maintenant, certains échanges entre le
ministère ou le comité interministériel et les entreprises
oeuvrant dans le domaine de l'amiante au Québec, de sorte que le
gouvernement puisse avoir accès aux dossiers de ces organismes en ce qui
concerne la transformation de l'amiante?
C'est-à-dire que les entreprises, ayant souligné leur
intention de participer éventuellement à des programmes de
transformation d'amiante au Québec ont sûrement, à ce
moment-là, prévu certaines modalités et elles ont
certainement certaines données à ce sujet. Je voudrais d'abord
savoir du ministre s'il a eu accès à ces données et, s'il
n'a pas eu accès, jusqu'à maintenant à ces données,
s'il y a lieu de croire qu'il y aura une collaboration entre les entreprises
intéressés au domaine et le ministère ou le comité
interministériel qui sera formé.
M. Bérubé: Je peux rassurer le député
de Richmond; les quelques compagnies que j'ai eu l'occasion de rencontrer m'ont
toutes déclaré qu'elles étaient prêtes à nous
fournir toute l'information nécessaire quand nous jugerions bon de
prendre contact avec elles.
M. Brochu: Les entreprises elles-mêmes attendent donc la
décision politique du ministre. Ce sera vous, M. le ministre, qui aurez
l'initiative du jeu en ce qui concerne la transformation de l'amiante au
Québec.
M. Bérubé: Je l'espère.
M. Brochu: Maintenant que vous avez l'initiative, allez-y, la
porte est ouverte.
M. Garneau: Cette réponse m'inquiète.
M. Brochu: Merci, M. le Président, c'est tout.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur
l'amiante?
M. Brochu: C'est inquiétant, cela me surprend. Je pense
qu'il n'y aura pas d'autre réponse, de toute façon, même si
je pose des questions.
Le Président (M. Laplante): On commence à
l'élément 1 du programme 1. M. le député de
Jean-Talon.
M. Marcoux: On ne peut rien vous cacher.
M. Brochu: C'est un gouvernement qui fonctionne à ciel
ouvert, un peu comme les mines d'amiante, qui fonctionnent supposément
à ciel ouvert.
M. Garneau: II y a presque deux fibres par centimètre cube
d'air.
M. Brochu: J'ai l'impression qu'en plus du ciel ouvert, il y a
des galeries qu'on ne connaît pas. C'est là que le gouvernement se
retranche.
M. Grégoire: ...
M. Garneau: M. le Président, j'imagine que c'est là
qu'on peut discuter un peu plus à fond du plan quinquennal. Est-ce dans
ce programme ou dans le deuxième, parce que...
M. Bérubé: Ce programme-ci, oui, effectivement.
M. Garneau: C'est celui-là. Le programme 1 ou 2?
M. Bérubé: Le programme 1.
Programme d'exploration de SOQUEM
M. Garneau: Le programme 1. M. le Président, j'aimerais
savoir de quelle façon a été établi le montant de
$3,5 millions, je crois, pour la première année de l'entente avec
SOQUEM et quel type de relations ou d'échanges y a-t-il eu entre le
ministère et SOQUEM pour en arriver à l'établissement de
ce montant?
M. Bérubé: Le montant est de $3 millions, à
ma connaissance.
M. Garneau: $3,5 millions ou $3 millions?
M. Bérubé: II me semble que c'est $3 millions. Oui,
c'est bien cela, à la première page du dossier du secteur des
mines. C'est écrit textuellement, c'est bien cela, $3 millions.
Pardon?
C'est effectivement $3 millions.
C'est cela, à la description, si vous voulez, intitulée:
Dégagement de l'infrastructure pour le programme 1, normalement, vers la
fin, vous devriez trouver... Vous avez "input" tourbières, les ententes,
oui ententes SOQUEM, vous verrez, vis-à-vis des ententes, qu'il y a une
entente avec SOQUEM définie pour le 1er mai 1977, au montant de $3
millions, et il y a une entente France-Québec, qui n'est pas
complètement définie, mais qui devrait se définir
très bientôt, au montant de $500 000.
Quant à la façon d'établir le montant, c'est
relativement simple. Lorsqu'il y a eu un accord de principe du gouvernement
pour financer un programme d'exploration dans le Nord-Ouest, nous avons pris
comme principe surtout dans le cas de l'exploration plus ponctuelle, lorsqu'on
en est peut-être presque au stade de la mise en valeur ou un peu avant la
mise en valeur, que SOQUEM était peut-être en partie l'instrument
privilégié pour ce type d'exploration.
SOQUEM, lors d'une rencontre, nous a proposé un programme
d'exploration dans les régions environnant ces propriétés.
Nous avons donc préparé un contrat type pour SOQUEM qui permet de
financer de telles recherches dans le cadre de nos objectifs.
M. Garneau: Si je comprends bien, à un moment
donné, vous avez avisé SOQUEM qu'il y avait $3 millions pour elle
et vous avez dit: Faites-nous un programme pour dépenser les $3
millions. C'est à peu près cela que je comprends des propos du
ministre.
M. Bérubé: Dans le Nord-Ouest, cela a
été discuté directement avec les géologues de
SOQUEM et ceux du ministère.
M. Garneau: M. le Président, comment pensez-vous qu'un
observateur puisse prendre une telle déclaration au sérieux en
termes de développement et d'exploration minière? On
connaît un peu l'histoire de l'exploration. Le ministre, normalement,
devrait être beaucoup plus spécialisé que moi, le seul bout
de la lunette que j'ai eu à ce problème, c'est comme ancien
actionnaire de la compagnie SOQUEM, et pour avoir discuté avec cette
entreprise des budgets d'exploration à chaque année et des
budgets d'investissement, d'une façon plus générale.
Comment penser qu'une structure d'entreprise, serait-ce une entreprise
d'État, qui se voit du jour au lendemain confier une somme assez
importante en termes d'exploration et quand on regarde le budget annuel
de SOQUEM et qu'on analyse les montants qu'elle a en exploration, du jour au
lendemain, on multiplie par un pourcentage très important son
investissement en exploration comment une société
d'État, qui est quand même restreinte, peut-elle mettre sur pied
les équipes de spécialistes? Parce qu'elle avait son budget
régulier, donc sa programmation devait être faite quand même
d'avance, comment penser que ce montant pourrait être
dépensé sérieusement avec un avis de seulement quelques
mois pour mettre sur pied tout ce projet? Quand je pense, par exemple, à
d'autres territoires du Québec qui ont dû être
explorés assez rapidement, compte tenu d'autres projets, travaux qui
devaient être faits, et les délais encourus pour mettre sur pied
toutes ces équipes de chercheurs, comment peut-on croire qu'une somme de
$3 millions pourra être dépensée aussi rapidement avec une
programmation conçue dans l'espace de quelques mois, surtout lorsque la
compagnie est avisée qu'elle a $3 millions, alors même qu'elle
n'avait pas nécessairement de projets en sus de ceux qu'elle pouvait
réaliser avec l'équipe humaine qu'elle avait?
M. Bérubé: D'abord, il est important de souligner
qu'une bonne partie de ces explorations est de l'exploration en chantier. Vous
n'êtes sans doute pas sans savoir que près de 80% des nouvelles
réserves de minerai se découvrent généralement dans
l'ancienne mine. Vous n'êtes pas non plus sans savoir que les
opérations de la Manitou-Barvue approchent de leur fin, faute de la
réserve adéquate de minerai. Par conséquent, SOQUEM estime
qu'il y a possibilité dans la région environnant le gisement, et
là, ce sont des forages souterrains, donc des forages intensifs et
passablement coûteux, avec la connaissance qu'elle a de la
géologie, d'améliorer substantiellement les réserves
potentielles du gisement. Donc, une bonne partie de ces explorations se fait en
chan-
tier sur le site même de la Manitou-Barvue, d'une part. D'autre
part, SOQUEM, évidemment, fait appel à des sous-contractants pour
réaliser le forage en bonne partie. Donc, il y a plusieurs maîtres
d'oeuvre pour le forage. SOQUEM, à ce moment, peut avoir un rôle
de supervision.
Troisièmement, SOQUEM, également, entreprend un certain
nombre de projets avec d'autres groupes, vous pouvez penser au groupe de
Brossard, me signale-t-on. Donc, il y a peut-être une demi-douzaine
d'autres groupes avec lesquels SOQUEM aura à travailler. Par
conséquent, ce n'est pas simplement avec l'équipe d'exploration
de SOQUEM, mais c'est sous la direction de SOQUEM, c'est-à-dire avec une
supervision technique, géotechnique de SOQUEM. En fait, il faut
peut-être souligner qu'il s'agit d'un programme de $6 millions sur deux
ans, donc $3 millions par année. Selon l'avis même de SOQUEM, il
aurait même été possible de dépenser $6 millions
dès la première année.
M. Garneau: Pour le dépenser, je suis d'accord avec le
ministre, cela peut être dépensé. Justement, ce qui me
préoccupe, c'est que ce programme semble être conçu pour le
dépenser, et non pas nécessairement pour accélérer
ou pour faire des travaux d'une façon bien planifiée.
M. Bérubé: Vous aviez peur au gel de
crédits, tantôt, à la fin de l'année.
M. Garneau: Oui, mais, de deux choses l'une, ou les
crédits vont être gelés et périmés, ou
encore, ils vont être dépensés. On sait comment, dans un
gouvernement, cela peut se dépenser. La réponse du ministre me
donne l'impression que, justement, c'est la deuxième formule qui a
été retenue. SOQUEM va embarquer dans le jeu pour dépenser
les $3 millions, et la programmation de SOQUEM a été faite...
En tout cas, les réponses du ministre nous donnent l'indication
que cela a été, à un moment donné: Voici, vous avez
$3 millions. Dépensez-les, comme si on donnait $3 millions de plus au
ministère des Affaires culturelles. Il les dépenserait, mais ce
n'est pas nécessairement dans une planification très bien
orchestrée. Si on avait les gens de SOQUEM ici, j'aimerais les
questionner là-dessus.
M. Bérubé: Oui, je rappellerai à
l'ex-ministre des Finances que SOQUEM avait, en fait, comme tout budget
d'exploration, $1,5 million par année au cours des années
passées. L'ex-ministre des Finances reconnaîtra que $1,7 million
il y a sept ans, c'est quand même beaucoup moins que $1,5 million
aujourd'hui. C'est donc dire que, en fait, au cours des années, SOQUEM
avait été amenée à ralentir considérablement
ses travaux d'exploration, faute de budgets nécessaires à sa
disposition et également pour une autre raison, c'est que, vu les
nouvelles propriétés qu'elle était en train de mettre en
valeur, évidemment, les coûts étant beaucoup plus
élevés, le budget à l'exploration n'a peut-être pas
pu suivre l'inflation. Par conséquent, une injection de $3 millions
cette année peut peut-être, tout au plus, rétablir le
niveau d'exploration que SOQUEM a pu connaître dans les années
soixante-neuf, avant que le gouvernement libéral ne prenne le pouvoir en
1970.
M. Garneau: Le ministre n'aurait pas dû s'aventurer dans ce
domaine, parce que la révision du capital-actions de SOQUEM a
été discutée et approuvée par celui qui vous parle
et si vous voulez dire que nous avons diminué l'action de SOQUEM, je
pense que c'est un débat sur lequel le ministre actuel ne pourrait pas
être gagnant, mais il vient de me donner la preuve... Justement, c'est ce
que je disais tout à l'heure, comment une entreprise qui a
planifié pour $1,5 million, à ce qu'il me dit, d'exploration, du
jour au lendemain, est capable de se lancer dans un programme d'exploration
à quelques mois d'avis? Je ne blâme pas le ministre d'avoir
donné $3 millions à SOQUEM. Ce que je dis, c'est que son
optimisme me fait penser à une personne qui a voulu, à un moment
donné, dorer la pilule, parce que si une entreprise fait de
l'exploration pour $1,5 million et, dans l'espace de trois mois, doit
multiplier par à $3 millions, ça fait $4,5 millions, dans
l'espace de quelques mois elle doit organiser tout cela et faire des
recherches sérieuses. En tout cas, le moins que le ministre puisse me
permettre de faire, c'est de douter de la grande planification de ce programme.
C'est tout ce que j'ai à dire sur cet aspect de SOQUEM.
M. Bérubé: Le moins que je puisse dire, c'est que,
compte tenu de l'excellente performance de SOQUEM dans le passé, compte
tenu du fait qu'il s'agit de travail au voisinage de sa
propriété, donc, dans une région où SOQUEM
connaît particulièrement bien la géologie, où SOQUEM
a énormément d'idées quant aux travaux de forage qui
pourraient être réalisés, je pense qu'on peut, à ce
moment-là, conclure que SOQUEM est en mesure de préparer un
programme de forage. Pour ce qui est de le réaliser, évidemment,
vous n'êtes pas sans savoir que le forage en profondeur est un forage
coûteux et que, par conséquent, il fallait une mise de fonds
supplémentaire. Donc, dans la mesure où SOQUEM peut faire faire
à contrat le forage et que SOQUEM se concentre dans la planification des
travaux de géologie et cela, dans un milieu qu'elle connaît
très bien, personnellement, je n'ai aucun doute, compte tenu de
l'excellente performance et, en général, de l'approche
très prudente des gens de SOQUEM dans la préparation de son
programme d'exploration, je n'ai aucune raison de croire que le programme n'est
pas valable, d'autant plus que ce programme nous a été
proposé par SOQUEM elle-même et, après examen par les
géologues du ministère, ceux-ci ont convenu qu'il s'agissait
là d'un excellent programme, donc il y a quand même eu deux
contrôles.
M. Garneau: M. le Président, peut-être un autre
aspect. Le ministre vient de nous dire que le programme avait été
préparé par SOQUEM. Il y a
cinq minutes, il nous a dit le contraire. De toute façon, cela ne
me paraît pas très clair. On nous a dit qu'on a monté le
programme. Il y avait $3 millions. On a avisé SOQUEM qu'il y avait $3
millions. Le ministre nous dit que c'est une suggestion de SOQUEM. En tout cas,
si jamais nous avons devant nous, un jour ou l'autre, le conseil
d'administration de SOQUEM à une commission parlementaire, on pourra lui
poser des questions et peut-être connaître exactement la
vérité en ce qui regarde ce programme.
M. le Président, pour ce qui est des autres
éléments, je voudrais parler de l'entente possible avec la
Noranda.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon...
M. Garneau: Oui.
Le Président (M. Laplante): ... est-ce qu'il y a d'autres
membres qui veulent poser des questions sur SOQUEM? On n'y reviendra pas.
D'accord.
M. le député de Jean-Talon.
M. Garneau: Dans le cas de la Noranda, lorsque l'annonce a
été faite, les journaux ont titré: Une entente, si ma
mémoire est fidèle, de $20 millions avec la Noranda, et le
ministre nous a dit tout à l'heure dans ses propos d'ouverture ou en
réponse à une autre question, que l'entente avec la Noranda ne
serait pas signée avant le début de 1978.
Ai-je mal compris? Le ministre s'est-il trompé de date? Il
voulait dire 1977 et il nous a dit 1978? Y a-t-il des possibilités que
ces sommes soient dépensées cette année dans le cadre de
la programmation spéciale?
M. Bérubé: Non. Ce qui avait été
annoncé et j'imagine que le député de Jean-Talon
n'aura pas de difficulté à le contrôler est une
entente de principe avec Noranda, l'année étant avancée,
évidemment, Noranda ne s'est pas engagée pour cette année
financière, mais a souligné qu'elle serait prête à
engager le programme à partir de l'an prochain. Il y a d'abord une
première étape, ce sont les négociations, qui sont en
cours présentement entre les géologues de Noranda et les
géologues du ministère, sur la préparation d'un programme
d'exploration, d'une part et nous prévoyons également que ce
programme pourrait normalement débuter au début de 1978.
M. Garneau: Y a-t-il une entente quelconque de signée, qui
serait de principe ou autre? Y a-t-il un document de signé par le
gouvernement, le ministère des Richesses naturelles et Noranda, ou
s'agit-il simplement d'échanges de points de vue où on a dit:
Oui, votre programme est intéressant? On va le regarder, ou y a-t-il des
engagements fermes et qu'il s'agit de les discuter pour les
modalités?
M. Bérubé: II v a eu un engagement verbal et,
après cela, il y a eu un échange de correspondance entre le
ministère, entre moi-même et la compagnie.
M. Garneau: Le ministre va penser que je veux le torturer. Loin
de moi cette idée, mais je veux être sûr de ce que j'entends
et de ce qui sera écrit dans le journal des Débats. Quand le
ministre parle d'entente verbale, signifie-t-il qu'après discussion d'un
programme en termes de finance, en termes d'objectif, entre Noranda et le
ministère, il y a eu une entente verbale sur ce programme et que,
maintenant, on en discute? Ce n'est pas ce qu'il y a eu. Donc, c'est tout
simplement un échange de vues sur les objectifs, et la compagnie Noranda
se dit prête à aller un peu plus de l'avant pour regarder comment
elle pourrait y coopérer?
M. Bérubé: Non.
M. Garneau: II n'y a pas eu d'engagement ferme de la part de la
société Noranda?
M. Bérubé: Exactement. Vous avez là le
point.
M. Garneau: Mais ce que je déplore est qu'on soit
obligé d'aller le chercher au compte-gouttes. Pourquoi le ministre ne
nous le dit-il pas clairement au lieu de nous faire penser...? Si je n'avais
pas posé la deuxième question, dans le journal des Débats,
on aurait eu l'impression que l'entente était presque signée et
que c'était une question de modalités.
M. Bérubé: C'est un accord de principe entre la
société Noranda et le ministre des Richesses naturelles. La
société Noranda se montre intéressée par le
programme d'exploration du Nord-Ouest présenté par le
gouvernement et dit qu'elle serait prête à mettre $20 millions sur
cinq ans, compte tenu évidemment de la négociation avec le
ministère au niveau des géologues pour la mise au point d'un
programme qui ferait son affaire sur le plan économique.
M. Garneau: Le ministre aurait dû nous donner cette
réponse plus tôt. On sauvait une dizaine de minutes et il n'y
aurait pas eu de problèmes.
Sur les autres aspects, il s'agit surtout d'interventions du
ministère. Les sommes impliquées sont relativement plus petites
et, de ce côté, je pense qu'elles peuvent être
réalisées aux programmes de $200 000 et de $400 000... Si vous
avez les avions qu'il faut, il ne devrait pas y avoir de problème pour
remplir le reste du programme. Mais des deux gros éléments,
évidemment, le premier avec celui de SOQUEM, et je ne parle pas des
ententes avec la France. Là aussi, cela doit être des bonnes
intentions et non pas des choses signées, parce qu'en même temps
je pourrais demander au ministre s'il ne pourrait pas reprendre la discussion
avec Le Creuset en discutant de ces ententes pour voir si elle ne pourrait pas
s'établir à Montmagny. Mais, là aussi, il s'agit d'un
montant de $500 000 qui est loin d'être dépensé en
1977/78. Que le ministre soit certain que, lors des études des
prochains crédits, on va vérifier quels sont les crédits
périmés dans chacun de ces éléments.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions
sur le programme 1, les éléments 1 et 2?
Fiscalité des entreprises
minières
M. Garneau: Au programme 1, sur l'ensemble de l'industrie
minière, le ministre considère-t-il que les formules ou les
politiques de taxation actuellement en vigueur devraient être
modifiées pour alourdir ou diminuer le fardeau fiscal des entreprises
minières, que cela soit dans le cas des mines de fer ou dans les autres
types de minéraux?
En d'autres termes, le ministre a-t-il l'intention d'apporter ou de
suggérer des modifications importantes à la fiscalité, en
plus ou en moins?
M. Bérubé: Des modifications importantes, non.
Disons que nous avons envisagé très sérieusement, au point
d'avoir des discussions franches et sérieuses avec le ministre des
Finances, certains allégements fiscaux, je pense en particulier à
la rente minière qui est extrêmement progressive et qui monte
à 30% assez rapidement pour les entreprises qui ont un volume de
production élevé. À mon point de vue, cela amène
une certaine difficulté dans la mesure où une
société comme Noranda peut difficilement mettre en exploitation
un petit gisement, compte tenu du fait qu'elle sera taxée à peu
près au niveau de 30%, alors qu'une petite entreprise minière
exploitant le même gisement pourrait, avec un taux de taxation de 15%,
mettre en valeur ce gisement. Donc, on est placé dans la situation
où, avec la table de progression que nous utilisons, les grandes
entreprises ne sont pas en mesure de développer les petits gisements
qu'elles découvrent. Il y a donc un certain nombre de gisements qui
restent non développés. Cela représente donc certains
inconvénients.
Cependant, présentement, ce que nous sommes en train
d'étudier, ce sont peut-être d'autres modes de taxation
basés sur le rendement. Je ne vous cacherai pas que, comme en
général, l'industrie minière est réticente à
tout changement fiscal, pour l'instant, cela ne m'apparaît pas une
priorité, mais cela mériterait, en tout cas, d'être
discuté. L'industrie s'était montrée favorable au
système de taxation sur le volume. Je pense qu'aujourd'hui elle se rend
compte que cela pose certains problèmes et, peut-être que,
justement, un mode de taxation fondé sur le rendement pourrait avoir des
intérêts évidents pour l'industrie minérale.
Maintenant, bien que ce soit un mandat qu'on se soit donné au
ministère des Richesses naturelles, cela ne m'apparaît pas, pour
l'instant, un mandat prioritaire.
M. Garneau: Dans le cas de la taxation des compagnies
minières, on sait que les entreprises qui exploitent des mines
souterraines ont demandé que les frais de l'exploration qui se fait par
en dessous au lieu de se faire par-dessus soient intégrés dans
les frais qui font partie de la dépréciation...
M. Bérubé: II semble que le ministre des Richesses
naturelles ait toujours les mêmes problèmes qu'avait l'ancien
ministre des Richesses naturelles avec le ministre des Finances.
M. Garneau: Justement, l'ancien ministre des Finances semblait un
peu plus ouvert que l'actuel.
M. Grégoire: Cela, on le sait, c'était grand
ouvert.
M. Garneau: D'ailleurs, c'est pour cela qu'il y avait du
progrès au Québec.
M. Grégoire: ...lui non plus, c'était ouvert par
en-dessous.
M. Garneau: Sauf qu'actuellement vous financez vos projets
à même les emprunts qui ont été faits par l'ancien
gouvernement. Vous vous vantez de Fire Lake, vous vous vantez de Donohue
Saint-Félicien, mais si le financement n'avait pas été
fait, durant l'année financière passée, je me demande ce
que vous feriez cette année. Mais, là, on ouvre un peu le
débat et le député de Frontenac nous amène sur un
terrain qui est fort différent. Mais pour autant que la question des
frais d'exploration souterraine sur de petites mines était
considérée, il s'agissait de trouver une formule du suivi des
dépenses pour bien s'assurer qu'il s'agissait de dépenses faites
véritablement pour de l'exploration et non pour de la mise en valeur de
gisements déjà découverts.
Les mauvaises langues ont dit justement que cela avait été
bloqué par le ministre des Finances, cette année. J'aimerais bien
savoir pourquoi le ministre des Richesses naturelles n'a pas mis un peu plus
d'énergie. Je crois que, quand on regarde le type de mines que nous
avons au Québec, surtout avec la disparition des grands gisements
connus, on tombe dans de petites mines, de petits gisements, relativement, du
moins parlant, leur expansion est bien souvent reliée à de
l'exploration souterraine.
Je sais que cela n'a pas été fait cette année, mais
si le ministre désirait apporter des modifications dans ce sens,
certainement qu'il trouverait, du côté de l'Opposition, un
thème sur lequel il pourrait y avoir accord. Mais je ne sais pas si le
ministre a l'intention de le faire l'an prochain ou pas.
M. Bérubé: La difficulté principale,
évidemment, chaque fois que l'on parle de reconnaître
l'exploration en chantier comme une dépense admissible, c'est de
distinguer cette exploration en chantier de l'exploitation comme telle, des
dépenses d'exploitation. C'est donc une certaine difficulté.
Après étude assez serrée, qui, malheureusement nous
a mis un peu tard pour la faire insérer dans le présent budget,
nous avons convenu que peut-être sur une base expérimentale, on
pourrait tenter, sur deux ou trois ans par exemple, tel dégagement
fiscal de manière à voir dans quelle mesure il est
appliqué et applicable. Il y a une autre possibilité aussi, c'est
d'inclure parmi les dépenses admissibles, non seulement l'exploration en
chantier, mais également les dépenses de mise en valeur, auquel
cas nous n'aurions plus cette difficulté de distinguer entre
l'exploration en chantier et la mise en valeur et ça deviendrait
à ce moment-là plus facile.
Mais je pense que le député de Jean-Talon a parfaitement
raison d'insister sur les problèmes que rencontre l'industrie
minérale qui veut faire de l'exploration en chantier. En fait, on sait
que près de 80% des nouvelles réserves proviennent de
l'exploration en chantier, et ces dépenses n'étant pas
admissibles en déduction du moins, elles ne sont pas admissibles
pour l'épuisement de ces réserves ça pose certaines
difficultés.
Maintenant, nous allons quand même continuer à regarder la
situation d'assez près.
M. Garneau: Est-ce que la méthode suivie dans le cas des
mines d'or où cette distinction était faite pour les subventions
données par le gouvernement fédéral je sais qu'on
devait analyser cette méthodologie a été
suffisamment concluante ou pas?
M. Bérubé: Je reconnais volontiers que dans le cas
des mines d'or, je suis peut-être mal placé, mais l'autre ministre
pourrait vous répondre, M. Têtu.
Voulez-vous reprendre votre question, parce qu'on serait probablement en
mesure de vous répondre?
M. Garneau: Lorsque la question des frais d'exploration
souterraine avait été analysée dans le cadre de la
réforme fiscale qui remonte à 1973 ou 1974, la raison pour
laquelle ça n'avait pas été inclus dans la loi à ce
moment-là, c'était justement de quelle manière on allait
suivre et faire la comptabilisation des frais qui étaient assumés
à l'épuisement gagné ou pas. L'Association des mines de
métaux avait soulevé la possibilité d'appliquer, dans le
suivi de ces dépenses, la même méthode, la même
surveillance qu'appliquait le fédéral dans les subventions qu'il
versait aux mines d'or. Parce que là aussi, il y avait des
dépenses qui étaient incluses, d'autres ne l'étaient pas
et, de mémoire, peut-être que ma mémoire fait
défaut, M. Têtu se le rappellera certainement, on avait
suggéré que cette possibilité d'appliquer cette même
méthodologie soit analysée et qu'éventuellement on
pourrait peut-être la modifier.
Pour ma part, les dernières fois que j'ai parlé de cette
question avec les officiers du ministère des Finances, il n'y avait pas
de conclusion de rapport apportée. Est-ce qu'il y en a eu une depuis et
s'il n'a pas été suivi, pourquoi? Je ne le sais pas.
M. Bérubé: Le traitement particulier dont vous
faites mention, en rapport avec les compagnies d'or, ne fait pas l'objet,
à mon sens, d'une distinction particulière en ce qui a trait aux
frais d'exploration, que ce soit dans une mine souterraine ou à ciel
ouvert. Le principe qui nous avait animés, pour faire la distinction
entre le fait que les frais d'exploration en chantier pouvaient faire l'objet
d'une plus-value, soit effectivement une reconnaissance de $1 pour chaque $3
ainsi dépensés, la difficulté technique fondamentale qui
avait été retenue était de faire la distinction en
chantier où finit l'exploration et où commence la mise en
valeur.
Ce traitement pouvait s'intercaler dans des mines souterraines comme
dans des mines à ciel ouvert. Mais le fait du statut d'une mine
souterraine ou à ciel ouvert n'était pas en fonction directe de
cette incidence. Pour les compagnies d'or, le problème pouvait
également se poser, mais non pas en fonction du fait que ce soit une
mine souterraine ou à ciel ouvert, mais en fonction de la
difficulté technique de distinguer l'exploration de la mise en valeur
sur le chantier.
M. Garneau: Mais comme responsable de la perception des droits
miniers, est-ce que vous croyez qu'il y a possibilité de mettre au point
une technique comptable et de surveillance qui pourrait législativement
s'articuler et être appliquée sans nécessairement ouvrir
une porte énorme, où l'évasion fiscale pourrait avoir
libre cours?
M. Bérubé: La difficulté, c'est de se
trouver des normes d'évaluation, des normes de base, pour pouvoir ni
plus ni moins ceinturer une formule dans laquelle on pourrait déterminer
où cesse l'exploration et où commence le développement en
chantier. Les experts de ces compagnies ne sont pas d'accord sur les frais
qu'ils doivent délimiter respectivement. Il y a eu un problème
technique d'évaluation dans lequel les compagnies elles-mêmes ne
s'entendaient pas.
Effectivement, si on voulait mettre au point une formule dans laquelle
on donnerait une plus-value à ces frais, l'importance de la question
serait quand même de les déterminer pour les valoriser sur un plan
d'impact fiscal.
M. Garneau: Mais s'ils étaient approuvés sur
programme avant l'exécution des travaux et que la vérification
consistât à aller voir si les travaux programmés et
approuvés ont été faits, est-ce que cela pourrait
fonctionner?
M. Bérubé: Je ne crois pas que cela puisse
davantage résoudre le problème, parce que la même
difficulté technique existe, même si on pouvait estimer à
l'avance la nature de ces dépenses en question.
M. Garneau: Mais, sans connaître le montant
précis...
M. Bérubé: La nature.
M. Garneau: La nature, mais physiquement, cela serait
peut-être possible de voir à quelle place ils sont rendus et s'ils
veulent faire des travaux d'exploration, il me semble qu'avec des experts cela
devrait se trouver. Vous pensez que cela ne se trouve pas?
M. Bérubé: Des approches ont été
conçues pour contourner cette difficulté, en prenant une
méthode estimative, en faisant, par exemple, une expertise, pour
déterminer quelle proportion les frais d'exploration sur lesquels on
entendrait une définition bien déterminée
représentent par rapport au coût d'exploitation, et à
partir de ces rapports, essayer de traduire quand même une plus-value
à ces frais, dans un contexte minimum et dans un contexte maximum.
À ce moment-là, cela pourrait quand même atteindre
son effet indirectement, parce que les abus se trouveraient quand même
visés par les taux maxima.
M. Garneau: Si vous réussissez à écrire cela
dans un texte qui peut s'administrer...
M. Bérubé: On a de la difficulté.
M. Garneau: Je trouve que cela serait quand même important,
parce que quand on regarde l'importance du secteur minier au Québec, si
on enlève l'amiante dans l'ensemble du secteur, les 28 000 à 30
000 personnes qui y sont reliées, une valeur de production de tout
près du milliard, je pense que c'est une industrie qu'il nous faut
aider, parce qu'elle est en compétition, bien souvent, dans plusieurs de
nos minerais, nos mines qu'on trouve au Québec, à cause du genre
de mines, elles sont bien souvent en compétition difficile avec les
concurrents des autres pays. Surtout qu'il s'agit de petits gisements, ils
peuvent être aidés. Il y aura certainement, de notre
côté, un appui à tout effort qui pourrait être fait
en termes d'avantages raisonnables à apporter à ces petits
gisements, surtout dans l'exploration souterraine, parce que, si on
enlève le fer et l'amiante, avec la fin de la Noranda, c'est le lot du
Québec ou presque, de ces petites mines qui sont en profondeur et qui
nécessitent de l'exploration souterraine.
M. Bérubé: M'est-il possible de poser une question
à quelqu'un qui connaît bien le sujet, puisque, effectivement, la
taxation est très lourde à supporter pour l'industrie
minière? Est-ce que l'ancien ministre des Finances pourrait m'expliquer
que, de 1974 à 1975, on a doublé les impôts pour
l'industrie minière, dans une situation justement difficile?
M. Garneau: M. le Président, je ne sais pas si on me
permet de répondre. Si le ministre veut changer de côté, je
suis prêt.
Le Président (M. Laplante): Allez-y. Si vous voulez
répondre.
M. Garneau: Au contraire, le ministre devrait féliciter
l'ancien gouvernement d'avoir agi avec prudence. S'il y a un secteur où
on a été prudent, c'est bien celui des mines. Quand on regarde le
fardeau parce que la fiscalité minière, dans le fond,
c'est une question de poids comparatif on n'a pas de cadeau à
faire à qui que ce soit.
Personne ne va nous faire de cadeaux dans le secteur de l'exploration.
Il s'agissait de trouver un système fiscal qui n'allait pas être
relativement plus lourd que celui des compétiteurs, au moment où
on l'a fait, mais quand on regarde la situation des mines souterraines, ceux
qui entourent le ministre, M. Têtu, certainement M. Perlstein
n'était pas là se rappellera l'effort qui a
été fait pour tenter de trouver une solution comptable ou
technique aux recherches souterraines. On n'avait pas trouvé de
solution, à ce moment-là. Comme le nouveau gouvernement est
censé avoir des solutions à tous les problèmes, il devrait
en trouver une à celui-là.
M. Bérubé: Je remarque, néanmoins, qu'ayant
reconnu que l'industrie minérale était dans une situation
difficile, il devrait également sans doute reconnaître qu'à
l'époque l'industrie minière, dans le domaine du cuivre,
était en régression, chaque année, qu'un doublement des
droits miniers n'était pas de nature à soulager cette petite
industrie. Je sais évidemment qu'au cours des deux années
suivantes l'ancien gouvernement a cherché des solutions pour
alléger le fardeau fiscal qu'il venait d'imposer à l'industrie
minière.
M. Garneau: Si le ministre est si peiné que cela, pourquoi
ne présente-t-il pas une loi pour abaisser le fardeau fiscal des
compagnies minières? Parce qu'il va avoir à rencontrer, à
ce moment, son collègue, le ministre des Finances, qui nous
blâmait justement de ne pas l'avoir mis assez haut. Peut-être qu'il
serait plus facile pour le ministre de discuter avec moi de ce
côté qu'avec son collègue actuel.
M. Grégoire: On ne changera pas de ministre. On aime mieux
celui qu'on a.
M. Garneau: Gardez-le et vous allez voir, cela va bien aller
politiquement. Laissez-le comme cela. Moi aussi je ne le changerais pas,
à votre place, je ne le changerais pas. Certainement pas. Taxer le linge
d'enfants et tout cela, parfait, continuez comme cela.
M. Grégoire: Au moins les déficits baissent.
M. Garneau: Continuez comme cela. Oui, c'est cela, on verra cela
à la fin de l'année, si les déficits baissent.
M. le Président, pour ce qui est du programme 1, quant à
moi, je n'ai plus d'autres questions.
Le Président (M. Laplante): Vous avez fini, M. le
député de Richmond? D'autres questions sur le programme? Le
député de Rimouski.
M. Marcoux: À part la région de l'Abitibi où
il va y avoir des coûts d'exploration au niveau des
ressources minérales, est-ce qu'on peut avoir une vue, une
idée, en tout cas, des principales autres régions où il y
aurait quand même de l'exploration?
M. Bérubé: Oui, en gros, il y a $200 000 de
relevés géochimiques en Gaspésie et $400 000 d'exploration
en chantiers. Je vais le trouver quelque part. Oui, au projet 7,
l'infrastructure, on trouve une prospection du dôme de Lemieux en
Gaspésie.
M. Garneau: Du dôme...
M. Bérubé: À mon souvenir, le gros du
travail est dans le Nord-Ouest. Il faut quand même inclure Chibougamau
dans le Nord-Ouest.
Le Président (M. Laplante): Programme 1, les
éléments 1 et 2 sont adoptés?
Des voix: Adoptés.
M. Garneau: Seulement une question à ajouter. C'est sur le
développement du dossier du gisement de fer du lac Albanel. Ce matin,
à la commission des engagements financiers, nous avons vu l'engagement
qui avait été fait pour une analyse sur le transport du minerai
de fer entre le lac Albanel, Chibougamau et le Saguenay. Est-ce qu'il y a des
développements de ce côté? Est-ce que les études se
complètent? Peut-on envisager, dans un proche avenir, la mise en valeur
des gisements de fer du lac Albanel?
M. Bérubé: Effectivement, j'ai vu une étude
de rentabilité assez complexe sur les différentes
possibilités, au moins deux routes différentes pour le transport
du minerai, également, s'il faut développer Ferchib en même
temps que Feral. Enfin, il y a différents scénarios de la mise en
valeur de gisements. Cette étude du transport du minerai a
été effectuée au ministère des Transports comme tel
et le dossier lui-même est entre les mains de la SDBJ. Je ne vous
cacherai pas que le ministère des Richesses naturelles a relativement
peu à voir avec ce projet.
Il faudrait peut-être s'adresser au ministre Joron, c'est lui qui
a la tutelle de la SDBJ.
M. Garneau: Est-ce que le ministre est en train de me dire qu'il
y a des développements miniers importants au Québec, comme au lac
Albanel, et que le ministre responsable des mines au Québec n'en sait
rien?
M. Bérubé: Oui, effectivement, les
sociétés... on est au courant des dossiers, on est au courant du
dossier du transport, mais nous ne menons pas nous-mêmes le dossier.
M. Garneau: Vous voulez dire que le ministère des
Richesses naturelles est absent du développement du lac Albanel?
M. Bérubé: Le dossier est mené par la SDBJ.
Nous ne sommes pas là comme intervenants.
M. Garneau: En tout cas, on va essayer de trouver les bons.
Le Président (M. Laplante): Programme 1, adopté, en
entier.
M. Garneau: Oui.
Soutien et surveillance de l'industrie
minière
Le Président (M. Laplante): Programme 2, Soutien et
surveillance de l'industrie minière. M. le ministre.
M. Bérubé: II y a trois éléments. Il
y a la construction de voies d'accès pour faciliter l'accès
à la ressource et le développement de l'exploration. C'est
l'élément 1. Nous avons à l'élément 2,
essentiellement le budget du Centre de recherches minérales, sous la
direction du Dr Olivier. À l'élément 3, nous avons... Oui,
ce sont des routes d'exploitation, donc la stimulation et la surveillance de la
production minière. Il y a deux endroits où on fait de la voirie
minière. Il y a de la voirie avec un objectif d'exploration, donc
d'ouverture des territoires à l'exploration, mais, à l'article 3,
on a de la voirie minière, mais, cette fois-ci, c'est à des fins
d'accès à des mines, comme telles, existantes.
Il y a l'économie minérale où on s'occupe justement
de dossiers de développement de projets. Finalement, vous avez la
gestion interne et le soutien du secteur mines à l'élément
5.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que les membres de la
commission aimeraient discuter, de façon globale, le programme 2
ou...
M. Garneau: Quant à moi, il est adopté.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député de Richmond a des questions au programme 2?
M. Brochu: Oui, j'aurais une question ici en ce qui concerne
l'enlèvement du mort-terrain par les compagnies? Est-ce qu'il existe
encore au ministère un programme d'aide pour enlever le mort-terrain
dans les exploitations à ciel ouvert?
M. Bérubé: Non, pas à ma connaissance. C'est
confirmé par tous nos collègues.
M. Brochu: II n'existe plus rien dans ce domaine? Est-ce qu'il a
déjà existé un programme, il n'y a pas longtemps? Les
rumeurs que j'avais eues à cet effet, concernaient en particulier la
mine à ciel ouvert d'Asbestos. On disait que le gouvernement participait
pour une certaine part pour enlever le mort-terrain.
M. Bérubé: Une fois de plus, les rumeurs sont
infirmées. Il ne semble pas qu'il y en ait eu.
M. Brochu: Cela me fait plaisir d'avoir la réponse. Je
sais que la question avait été posée à
différentes occasions. Il n'y en a jamais eu et il n'y en a
pas.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que d'autres
députés ont des questions sur le programme 2? Programme 2,
adopté. Le député de Frontenac.
M. Grégoire: J'aurais des questions sur l'inspection
minière. Il y a un élément... Si je pouvais trouver quel
élément... L'élément 3...
M. Bérubé: L'élément 3 ou
l'inspection minière. Je sais que c'est un sujet qui vous tient à
coeur. Je suis convaincu que vous voudrez poser toutes les questions à
ce sujet.
M. Grégoire: Justement, j'avais demandé la parole
pour poser des questions là-dessus. Je voudrais relever les remarques
qui me semblent justes de mon collègue de Richmond sur l'inspection des
mines. De là à dire que les inspecteurs avertissent d'avance les
compagnies, je ne serais pas porté à le croire, mais il se
produit ceci, et c'est là-dessus que j'aurais des questions à
poser sur la méthode employée. Lorsque l'inspecteur arrive sur
les lieux de la mine, il peut le faire à l'improviste. À ce
moment, il doit être accompagné d'un représentant syndical
et d'un représentant patronal. Le temps de les attendre, de se rendre
à la mine et de descendre à un endroit spécifique, il peut
s'écouler parfois une heure ou une heure et quart, et le gardien
à la porte a le temps de prévenir les divers secteurs pour
éviter, surtout dans les mines d'amiante, que la situation soit trop
dangereuse. Est-ce que le ministre envisage c'est d'abord ce que je
voudrais savoir une nouvelle méthode d'inspection pour essayer de
réduire le délai entre le moment où l'inspecteur
décide une inspection et le moment où il apprend cette
inspection?
M. Bérubé: Si vous permettez, aucun inspecteur
depuis 1975 ne donne d'avis ni à la partie syndicale, ni à la
partie patronale.
M. Grégoire: J'ai admis qu'il ne donne pas d'avis. Mais
quand on va faire l'inspection dans les mines, on doit, et c'est dans les
conventions collectives, être accompagné et d'un
représentant du syndicat...
M. Bérubé: C'est cela.
M. Grégoire: ... et d'un représentant patronal.
M. Bérubé: C'est l'application.
M. Grégoire: Lorsque arrive le temps pour eux de dire:
Nous venons faire une inspection, où sont vos représentants? Le
temps que le représentant syndical arrive, que le représentant
patronal arrive, et que tous deux partent pour le lieu de l'inspection, il
s'écoule un délai d'une heure et quart, une heure et demie
parfois. C'est pendant ce temps qu'on cesse les dynamitages et qu'on fait
partir les machines pour enlever la poussière.
M. Bérubé: Je dois répondre que s'il y a
délai, c'est justement parce qu'il n'y a pas d'avis. Auparavant, s'il y
avait un avis, comme on le faisait, de 1967 à 1975, on avisait
également les deux parties, 72 heures d'avance, l'inspecteur arrivait,
le délégué syndical désigné par son syndicat
était prêt, il le savait, parce qu'on l'avait avisé 72
heures à l'avance.
Le secrétaire du local concerné, de son côté,
avisait la mine que tel représentant désigné par lui
devait accompagner l'inspecteur et aussitôt que l'inspecteur arrivait et
les représentants patronal et syndical ils étaient tous
les deux prêts l'inspection commençait sans aucun
délai.
M. Grégoire: Mais la compagnie était
avisée?
M. Bérubé: Les deux parties également et,
sur demande des syndicats, d'ailleurs, le ministre a émis une nouvelle
directive en 1975 pour abolir ça et pour demander aux syndicats de
nommer d'avance cinq de leurs représentants. À la suite de cet
accord, l'inspecteur, en arrivant à la mine, disait: Donnez-moi un des
représentants désignés par le syndicat. Sur cinq, la
compagnie choisissait celui qui était disponible soit pour aller sous
terre, soit pour la surface. Les syndicats n'ont pas aimé ça et
ont dit: C'est drôle, c'est encore le patron qui décide quel
représentant parmi les cinq désignés par le syndicat
accompagne l'inspecteur. Ils ont fait des revendications au ministre et nous
avons changé de nouveau sa directive et nous avons demandé aux
syndicats de désigner, par ordre de priorité, leurs
représentants. Donc, M. Untel, priorité no 1, M. Untel, no 2,
ainsi de suite, au moins deux. On avait mis cinq et on a changé de
nouveau pour dire au moins deux, pour faciliter les cas des petits syndicats
qui ne pouvaient trouver cinq représentants; à deux, ils le
pouvaient. Alors, ce qui arrive, c'est que l'inspecteur arrive à la mine
et dit: Le no 1, c'est M. Tremblay, passez-moi M. Tremblay. M. Tremblay ne veut
pas ou M. Tremblay est absent, passez-moi M. Victor Saint-Onge, n'importe qui,
le no 2, et, s'il n'y en a pas, l'inspecteur fait une inspection comme s'il
était accompagné.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions? Le
député de...
M. Grégoire: Oui, j'en avais une autre. M. Brochu:
Allez-y!
M. Grégoire: On me dit que les boîtes dans
lesquelles sont prélevés les tests des poussières sont
envoyées à Québec...
M. Bérubé: Des capsules de plastique, oui, c'est
ça.
M. Grégoire: ...pour analyse en laboratoire.
M. Bérubé: C'est exact.
M. Grégoire: Je n'ai aucune connaissance
scientifique de la chose, seulement j'ai des questions là-dessus.
On me dit que le transport diminue la densité des fibres, peut
atténuer la valeur du test et peut fausser, jusqu'à un certain
point je ne sais trop à quel point ce test lui-même.
Est-ce exact? Est-ce que le fait de transporter ces capsules, la période
de temps écoulée, peut diminuer la valeur intrinsèque du
test?
M. Bérubé: Si, dans le transport, on secoue trop
longtemps ou trop souvent la capsule, il y aurait des possibilités que
certaines poussières se délogent du filtre, mais ce n'est pas
prouvé que ça arrive toujours. Une chose certaine, c'est que le
délai fait que le rapport est rédigé quelques jours ou
quelques semaines plus tard.
M. Grégoire: Mais avec les routes et les trous et les
côtes qu'il y a entre Thetford et Québec, les capsules doivent
certainement être secouées.
M. Bérubé: Mais vous admettrez que, lorsque mes
techniciens ou ingénieurs vont dans le Grand-Nord, il faut bien qu'ils
reviennent en automobile, en avion ou en taxi et ils les transportent quand
même, et c'est sur des distances de 500 milles au lieu de 60 milles.
M. Grégoire: Quel est le délai entre le moment
où ces capsules arrivent à Québec et leur retour vers la
région de Thetford ou d'Asbestos, par exemple? Quel est le délai
moyen?
M. Bérubé: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de
retour...
M. Grégoire: Quel est le délai entre le moment
où ces tests sont prélevés et le moment où on
reçoit le rapport de ces tests?
M. Bérubé: Oui. Actuellement, nous n'avons qu'un
seul technicien de laboratoire qui peut faire les comptes de poussières
d'amiante et un technicien ne peut compter beaucoup plus que de dix à
douze échantillons par jour. C'est un travail au microscope
extrêmement fatigant pour la vue et, quand il en fait douze, sa
journée est bonne.
M. Grégoire: Mais quel est le délai moyen entre le
moment où le test est prélevé et le rapport
retourné?
M. Bérubé: C'est en fonction du nombre qu'il a
à compter.
M. Grégoire: Est-ce qu'on peut dire que c'est d'environ
quatre semaines, cinq semaines?
M. Bérubé: Si vous faites allusion au blitz de
l'amiante, cela a pris jusqu'à cinq mois, six mois, sept mois, parce que
nous en avions, seulement pour une mine, 1100. Alors, mettez ça à
onze par jour, vous avez trois mois de travail seulement pour une mine, pour un
seul échantillonnage, le blitz.
M. Grégoire: Y a-t-il un gros équipement dans ces
laboratoires pour l'examen des tests, des capsules?
M. Bérubé: Non, ce n'est pas tellement gros. Nous
avons des pompes. Il y a tout l'équipement pour prélever les
échantillons. Vous avez l'équipement de microscopes pour faire le
compte des capsules. Il faut évidemment un petit laboratoire pour laver
les capsules, les préparer, les ranger, réparer les trentaines de
pompes que nous avons. Nous avons des centaines et des centaines de
capsules.
M. Grégoire: Je voudrais poser une question au ministre
maintenant. Cela serait plutôt une question politique, étant
donné que l'amiante est une de ses préoccupations primordiales.
Le ministre ne croit-il pas qu'il serait important, devant la situation
existante dans les mines d'amiante, qu'un tel laboratoire de
développement des tests puisse exister dans la région de
l'amiante, étant donné qu'il y a quantité de
prélèvements à faire à Québec et que
l'amiantose constitue tout de même une des principales maladies
industrielles au Québec à l'heure actuelle? Le ministre ne
favoriserait-il pas l'établissement d'un tel laboratoire de
développement des tests prélevés dans les mines d'amiante
dans la région de l'amiante.
M. Bérubé: On pourrait toujours dire cela. Il
n'apparaît pas évident, de prime abord, que les résultats
des analyses seraient substantiellement différents. Il y aurait
peut-être une accélération si la quantité de travail
à imposer continue à s'accroître. Il faudra
peut-être, éventuellement, dédoubler le personnel et,
à ce moment, il pourrait y avoir réellement avantage à
relocaliser un laboratoire plus près des mines.
M. Grégoire: J'aurais une dernière question
à poser à l'inspecteur des mines.
Le Président (M. Laplante): J'aimerais que vos questions
soient posées au président plutôt, s'il vous
plaît.
M. Grégoire: Au président et retransmise par les
canaux normaux. M. le Président, je voudrais vous poser une question.
Est-ce votre politique d'envisager les possibilités que les ouvriers
eux-mêmes puissent faire des prélèvements immédiats
dans les mines elles-mêmes et que ces prélèvements puissent
être par la suite analysés dans le laboratoire du ministère
et que les prélèvements, à l'aide des mêmes
capsules, directement par les ouvriers qui, pour certains, ont la
compétence voulue pour le faire?
M. Bérubé: C'est une des suggestions, semble-t-il,
du rapport Beaudry, à ce qu'on me dit, qui veut que l'entreprise soit
responsable d'effectuer un contrôle continu et le syndicat pouvant se
contenter de contrôles ponctuels avec un échantillonnage qui
serait entre les mains des ouvriers. C'est à peu près tout ce que
j'en sais.
Actuellement, la plupart des grosses compagnies ont leurs propres
techniciens, leurs propres pompes et, dans la majorité des cas, les
techniciens sont des gens appartenant aux syndicats qui font leur
prélèvement et nous recevons les résultats
régulièrement à tous les trois ou six mois.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Richmond.
M. Brochu: J'aimerais simplement revenir sur la question qui a
été discutée tout à l'heure, de l'avertissement des
compagnies par les inspecteurs lorsqu'il y avait visite. Je voudrais être
bien sûr d'avoir bien compris la réponse qui a été
donnée à ce moment.
Le ministre, par la voix qui est à sa droite, nous a dit qu'avant
1975 les entreprises étaient informées et qu'à partir de
1975, les entreprises, lorsqu'il y avait une inspection en vue ont cessé
d'être avisées de sorte que lorsque les inspecteurs se
présentent sur un chantier, il n'y a aucun préavis, ni aucune
forme d'information qui est transmise à la compagnie actuellement.
M. Bérubé: M. Tanguay, notre inspecteur en chef des
mines qui a perdu tous ses pouvoirs par la loi 27 et qui va les
récupérer par délégation, va vous
répondre.
C'est exact. J'aimerais quand même mentionner que, lorsqu'on fait
une inspection, souvent si la mine est moindrement grosse, l'inspection peut
durer une semaine à deux semaines et même s'il n'y a pas avis,
lorsque cela fait cinq minutes que l'inspecteur est rendu sur le terrain, tout
le monde le sait. Au bout d'une demi-journée, tout le monde le sait et
cela sera comme ça tous les jours tant que l'inspecteur continuera
d'être là parce que cela ne change pas grand-chose. Mais un point
d'importance est que, jusqu'à un certain point, lorsqu'on pense qu'en
faisant un grand nettoyage, on diminue les poussières, je suis
porté à vous dire que c'est le contraire parce que les
poussières respirables ne sont pas visibles.
Elles restent dans l'air des semaines et des semaines de temps pour
autant qu'il y a de la dynamique, des courants d'air. Alors, en faisant un
grand ménage, on crée plus de poussière qu'on n'en
élimine.
M. Brochu: Est-ce que vous avez remarqué, à cet
égard, que, depuis que les compagnies ne sont pas avisées, les
prélèvements qui sont faits lors de la visite des inspecteurs
contiennent beaucoup moins de poussière dans les tubes qu'ils n'en
contenaient avant, étant donné que, lorsque les compagnies
étaient avisées, toute la poussière qui était en
place, semble-t-il, était déplacée avec beaucoup de
vitesse?
M. Bérubé: Une chose que je peux vous dire, c'est
que ce n'est pas facile à contrôler, mais, depuis quelques
années, la pression est tellement forte sur les compagnies qu'il y a une
amélioration constante depuis plusieurs années. On ne sait pas si
c'est lié à l'avertissement ou non.
M. Brochu: Un fait demeure, cela a dû être
porté à l'attention du ministère, à
différentes occasions, en ce qui me concerne, cela a été
porté à mon attention plusieurs fois, il y a des gens qui ont
travaillé assez fort, qui ont sué assez péniblement
lorsqu'un inspecteur apparaissait dans le décor, pour changer un peu ce
qui pouvait exister en termes de situation à ce moment-là. Je
pense que, si cela a été le cas, les compagnies n'étaient
peut-être pas au courant de l'élément important que vient
de nous donner le ministre à savoir que ce ménage jouait contre
elles et que les poussières étaient plus nombreuses. Je suis
content d'avoir ces nouveaux éléments et je vais quand même
jeter un nouveau coup d'oeil de l'autre côté pour voir ce qui se
fait maintenant. Je sais qu'on a eu de nombreuses plaintes, et je pense que
plusieurs étaient fondées à cet égard, venant
d'ouvriers aux prises avec ces problèmes, qui avaient à vivre ces
problèmes.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 1, adopté?
M. Grégoire: J'aurais une dernière question, parce
que c'est rare d'avoir l'occasion de...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Je sais que vous avez eu des plaintes assez
substantielles concernant le bloc 31, au niveau 1100, à la King Beaver.
Je sais que vos inspecteurs y sont allés pendant une semaine, comme vous
dites, régulièrement, tous les jours. Est-ce que vous avez eu les
rapports et est-ce que cela a donné des résultats? Est-ce que la
compagnie a apporté les améliorations qui s'imposaient, lorsque,
par exemple, vous insistez dans une inspection, dans un coin où
réellement il y a de la poussière?
M. Bérubé: Aussitôt qu'on a eu la plainte,
j'ai fait faire, comme vous dites, une enquête qui a duré une
semaine complète. J'ai communiqué avec les deux compagnies qui
déjà, depuis l'enquête sur l'amiante, avaient
demandé à une firme consultante de faire une enquête. Les
deux compagnies concernées ont eu chacune une enquête et j'ai les
rapports sur mon bureau. C'est la première conséquence. Le
rapport complet est entre les mains du ministre. Je peux dire qu'on va suivre
le dossier de près. C'est un problème assez compliqué
parce que les poussières qui passent d'une mine à l'autre ne
passent pas à travers une ouverture comme dans une porte, mais passent
à travers du minerai déjà cassé. C'est une question
de balancement.
M. Grégoire: C'est la Bell qui a dynamité et c'est
tombé dans la galerie d'Asbestos Corporation.
M. Bérubé: Les deux sont collées l'une sur
l'autre. C'est une question de maintenir un équilibre entre les
systèmes de ventilation des deux mines.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 1, adopté. Élément 2, adopté.
Élément 3, adopté. Élément 4, adopté.
Élément 5, adopté. Programme 2, adopté. Programme
3: Gestion interne et de soutien. M. le ministre.
Gestion interne et soutien
M. Bérubé: il s'agit simplement de la direction du
ministère à l'élément 1 et de tout le soutien
administratif et technique du ministère en ce qui a trait à la
direction du personnel, la direction de la programmation budgétaire, la
direction de l'organisation et la direction des communications, et le tout est
à l'élément 2.
M. Garneau: J'ai cru comprendre tout à l'heure qu'on avait
présenté M. Perlstein comme sous-ministre par intérim.
Où est rendu le sous-ministre, M. Tremblay?
M. Bérubé: M. Tremblay vient d'être
nommé au Conseil exécutif, mais responsable des
sociétés d'État. Il est secrétaire
général associé aux sociétés
d'État.
M. Garneau: Dans le programme 2, se trouvent, je pense, les
crédits nécessaires au cabinet du ministre? C'est-à-dire
au programme 3.
M. Bérubé: Oui.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait nous donner les noms
de son personnel politique, son secrétaire particulier, attaché
de presse, etc?
M. Bérubé: Oui, je peux certainement.
M. Garneau: Et les rémunérations de chacune de ces
personnes.
M. Bérubé: De mémoire, je serais bien en
peine, je ne pourrais pas vous dire.
M. Garneau: II doit y avoir quelqu'un qui doit avoir les
chiffres.
M. Bérubé: Je peux 'es déposer demain.
M. Garneau: J'aimerais qu'ils soient inscrits au journal des
Débats. Si on pouvait les donner, il doit pas y en avoir des milliers,
j'imagine.
M. Bérubé: Nous n'avons pas l'information, mais
nous l'apporterons demain. Je peux vous donner les noms si vous voulez, tout de
suite.
M. Garneau: Mais vous n'avez pas l'information?
M. Bérubé: Sur les traitements, non, les
rémunérations, non.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait, en prenant avis de
la question, nous les transmettre demain ou avec un peu d'optimisme, si nous
terminions ce soir, les transmettre par voie du courrier de sa majesté
la reine?
M. Bérubé: Certainement.
M. Garneau: Par courrier interne. Est-ce qu'il va plus vite que
l'autre?
M. Bérubé: Je peux vous donner les noms si vous
voulez.
M. Garneau: Les noms, c'est parce que la question que je voulais
poser au ministre, il peut peut-être en prendre avis, les noms, la
qualification professionnelle et la rémunération.
M. Bérubé: Je peux vous donner les noms, le Dr
Jean-Louis Verrette, ingénieur civil et chef de cabinet; Raynald Valois,
au ministère des Richesses naturelles, docteur en philosophie; Donald
Roy, attaché de presse; Jacques Poirier... ce qui m'inquiète un
peu, c'est qu'il y en a qui sont aux Terres et Forêts et j'essaie de me
souvenir. C'est peut-être dangereux...
M. Garneau: Je demande au ministre ceux qui émargent au
budget du programme 3.
M. Bérubé: C'est ça. Je pense que je vais
vérifier, parce que j'ai l'impression que l'attaché de presse et
Raynald Valois sont tous les deux aux Richesses naturelles.
M. Garneau: Comme la question est posée, le ministre
s'étant engagé à y répondre demain ou par
écrit, dépendamment si les travaux sont terminés ou non,
je n'ai pas d'autre question au programme 3. Quant à moi, il peut
être adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 3, d'autres membres
ont des questions? Programmes, élément 1, adopté.
Élément 2, adopté. Programme 4, Inventaires et recherches
M. le ministre.
M. Bérubé: Le programme 4 se rapporte à la
direction générale des eaux. Il s'agit du programme d'inventaires
et de recherches qui consiste à faire des inventaires climatologiques et
des études d'informations météorologiques, ce sont des
activités prévues à l'élément 1. Quant
à l'élément 2, il inclut des activités aussi
diverses que l'inventaire des eaux de surface et des eaux souterraines, des
relevés de qualité des eaux, des études enfin de la
limnologie, études et informations dans le domaine de l'eau.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, si dans
l'éventualité d'un regroupement, ce programme 4 ferait partie du
nouveau ministère dont il annonçait la création?
M. Bérubé: À mon avis, oui.
M. Garneau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Programme 4... le
député de Richmond.
Recherches météorologiques
M. Brochu: À l'élément 1, si vous permettez,
je ne sais pas si c'est ici qu'on peut poser la question. Lorsqu'on parle
d'inventaires et de recherches météorologiques, dans ce
programme-ci sont compris les études de prospection en ce qui concerne
les changements de climat, l'évolution de situations climatologiques sur
le continent. Je fais référence à certaines études
qui ont été faites entre autres par le Conseil des sciences du
Canada qui prévoyait, en ce qui concerne le comportement cyclique de la
température, certaines sécheresses comme celle de cet
été, possiblement d'autres à venir? Est-ce que c'est un
des rôles de ce département ou si c'est complètement
à part ou si le département se limite strictement à
compiler les données et à les transmettre en termes d'information
au fur et à mesure?
M. Bérubé: On participe à certaines
études ad hoc dans ce domaine, mais on ne fait pas ce genre
d'étude, on ne fait pas de la prévision. La prévision
c'est un rôle fédéral.
Ce sont des inventaires et de la recherche sur des données.
M. Brochu: Ah bon! Il y a une compilation, on transmet les
informations et votre rôle se limite là.
M. Bérubé: On les analyse des fois dépendant
des études spécifiques.
M. Brochu: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: M. le ministre, est-ce qu'il y a des
relevés qui se font dans le moment à la rivière des
Prairies, à Pierrefonds, à propos de la ligne des eaux
ordinaires, avec les remplissages, inclus dans ce programme?
M. Bérubé: On a tous les renseignements concernant
les niveaux de la rivière des Prairies, Roxboro, Pierrefonds, etc. C'est
dans le programme 4-2. Cela existe au bureau et ils sont disponibles sur
demande, à n'importe qui.
M. O'Gallagher: C'est dans le programme 4-2?
M. Bérubé: Au dossier, par exemple, vous trouverez,
à la programmation budgétaire, secteur des eaux, programme 4,
à l'élément de programme 2, que l'on inclut l'inventaire
des eaux de surface, les données sur les niveaux, les débits des
rivières et des lacs, de façon systématique et continue.
C'est également l'inventaire des eaux souterraines avec la
disponibilité régionale. C'est donc à 4-2 que je dois vous
référer. Vous vous référez au niveau dans les
rivières dans la région de Terrebonne, j'ai l'impression?
M. O'Gallagher: Non, le problème qui me préoccupe,
c'est le problème de la détermination de la ligne des eaux
ordinaires dans la région de l'île de Montréal.
M. Bérubé: C'est le programme 5-3 où on
contrôle les empiétements, etc. C'est dans le programme 5-3.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que la commission me
permettrait de poser une question qui touche directement mon comté?
M. Grégoire: C'est dans 5-3, les empiètements de la
rivière des Prairies à Montréal.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
Le programme 4, élément 1, adopté?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
Élément 2, adopté?
M. Garneau: À l'élément 2, est-ce que c'est
à ce programme qu'on retrouve les travaux de la commission tripartite
pour le niveau des eaux du lac Champlain et du Richelieu?
M. Bérubé: C'est au programme 5, c'est au niveau de
la cartographie des zones d'inondation.
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté,
élément 2.
M. Grégoire: Le programme 2, c'est évaluer le
potentiel qualitatif des principaux cours d'eau et lacs du Québec.
Est-ce que cela regarde la pollution des cours d'eau et des lacs?
M. Bérubé: Très peu, c'est plutôt des
caractéristiques naturelles.
M. Grégoire: Au programme 5?
M. Bérubé: Environnement.
Il y a des superpositions d'activités aux Richesses naturelles
qui ressemblent de près à celles qui ont cours à
l'Environnement, si on pense à la limnologie, sauf qu'on
s'intéresse davantage au potentiel de la ressource eau plutôt
qu'à la qualité des eaux provenant d'un mauvais usage, par
exemple. Ce n'est donc pas tout à fait la même philosophie.
M. Brochu: Est-ce à dire, par exemple, que même dans
le problème du mercure qui est soulevé actuellement, le
ministère des Richesses naturelles n'est pas impliqué au niveau
de la responsabilité comme telle, dans les actions à prendre?
M. Bérubé: On collabore, avec notre laboratoire et
nos techniciens, en faisant des échantil-
lonnages et des analyses qui sont fournis à un comité
interministériel qui étudie tout le problème.
Le Président (M. Laplante): Programme 4, adopté
dans son entier?
Une voix: Oui.
Contrôle de la ressource eau et ses
usages
Le Président (M. Laplante): Programme 5: Contrôle de
la ressource eau et de ses usages. M. le ministre.
M. Bérubé: À l'élément 1, on
retrouve la protection contre les dérèglements hydrauliques et
ceci inclut, par exemple, des mesures préventives. Ces mesures
préventives, ce sont essentiellement tous les programmes de
cartographie, de plans d'inondation qui sont faits en collaboration avec le
ministère des Terres et Forêts.
Également, nous avons des mesures correctrices de génie
où on retrouve, par exemple, les endiguements prévus dans la
région de Roxboro, de Pierrefonds et de Pointe-Calumet. Ce sont
là des travaux qui sont faits, dans le cadre de l'entente
Canada-Québec, sur les mesures correctives aux problèmes
d'inondation. Je vois qu'on note des choses un peu plus mineures du
côté de Maniwaki, Saint-Michel-des-Saints et Sainte-Clothilde,
également la construction d'un barrage sur la rivière
Maskinongé.
À l'intérieur même de ce programme, il y a
également des mesures d'urgence, des mesures d'urgence bien connues des
municipalités qui font face à des problèmes
d'embâcles, par exemple, et qui demandent l'aide du ministère pour
le dynamitage ou encore pour obtenir des sacs, pour obtenir de
l'équipement pour lutter contre les inondations. Ce sont donc des
interventions ponctuelles à la suite de situations d'urgence.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Brochu: Richmond.
Le Président (M. Laplante): ...Richmond.
M. Brochu: M. le Président, le ministre a mentionné
tout à l'heure, parmi les villes où il y avait un programme du
ministère à ce sujet, la municipalité de Sainte-Clothilde.
Le ministre pourrait-il mentionner où en est l'état de ce dossier
et quelle va être l'intervention du ministère?
M. Bérubé: Pourriez-vous répéter quel
dossier?
M. Brochu: En ce qui concerne le dossier de
Sainte-Clothilde-de-Horton que vous avez mentionné en terminant, il y a
quelques minutes, en citant Maniwaki et les autres. Quel genre d'intervention
le ministère a-t-il l'intention de faire?
M. Bérubé: À Sainte-Clothilde, on
prévoit terminer le creusage de la rivière, cette année,
pour éviter les embâcles à l'avenir.
M. Brochu: Le programme sera complété
définitivement cette année. D'accord. Est-ce que c'est à
cet élément-ci, M. le Président, qu'on peut discuter de la
question de l'aide financière que le gouvernement peut apporter en cas
d'inondation?
M. Bérubé: Vous référez à
l'élément d'urgence. Il faudrait s'entendre, si c'est...
M. Brochu: Oui, au moment d'une inondation, le ministère
peut intervenir, fournir l'aide nécessaire pour pallier une
éventuelle inondation, par exemple, mais en ce qui concerne le
dédommagement, est-ce que c'est à cet élément-ci
que peut s'inscrire la discussion?
M. Bérubé: Nous ne faisons pas de
dédommagement, en fait. La politique du gouvernement est de ne pas
dédommager pour des dommages subis à la suite d'une inondation
d'une part, et, d'autre part, de référer au Service de la
protection civile, advenant une catastrophe nationale qui entraînerait,
à ce moment-là, une attitude différente de la part du
gouvernement.
Par conséquent, nous référons de telles situations
au ministre de la Justice qui est responsable de la protection civile, mais au
ministère des Richesses naturelles, nous n'effectuons pas de
dédommagements à la suite d'inondations.
M. Brochu: Mais, est-ce qu'il n'y a pas un membre du gouvernement
qui aurait annoncé dernièrement, il y a peut-être environ
un mois, que le gouvernement était à mettre au point un certain
programme visant justement à dédommager les victimes
d'inondations?
M. Bérubé: Non, nous avons un programme de
correction, dans le cas des accidents naturels, c'est tout nouveau. Ce
programme d'intervention gouvernementale, qui est un nouveau programme,
implique surtout des travaux correcteurs pour faire face à des
problèmes d'érosion. À titre d'exemple, un endiguement ou
un enrochement, pour prévenir l'érosion d'une berge, c'est un
type de travail et, également, par suite d'un affaissement de terrain,
les travaux de protection pour stabiliser le sol. Nous avons également
des problèmes d'inondation aussi, des digues pour protéger contre
l'inondation. Ce sont donc des travaux de protection à
l'intérieur d'une localité seulement.
Dans ce cas, nous avons une procédure en vertu de laquelle les
premiers $5 de travail par habitant sont à la charge de la
municipalité, le ministère des Richesses naturelles assumant 90%
du surplus de coûts.
Le but de ce programme est, d'une part, d'établir la
responsabilité des municipalités face au développement
urbain dans des zones sensibles et, d'autre part, en même temps, de
permettre au ministère, au gouvernement du Québec, d'in-
tervenir quand le cataclysme est suffisamment grave pour ne pas que les
moyens financiers de la municipalité ne soient taxés
au-delà d'un niveau raisonnable.
M. Brochu: Actuellement, si je comprends bien, il n'y a aucune
intervention du gouvernement dans le programme actuel en ce qui concerne les
dédommagements pour dommages personnels à la
propriété, soit commerciale, résidentielle ou autres.
L'action du ministère, dans le plan de financement qu'on nous a
mentionné se limite strictement au phénomène
lui-même, c'est-à-dire l'endiguement, l'aide technique à la
municipalité ou autres.
M. Bérubé: Oui, il y a également des mesures
d'urgence. C'est-à-dire qu'advenant une inondation subite, un
embâcle, on peut être amené à fournir des sacs de
sable, à dynamiter, à fournir des pompes et la
municipalité s'occupe de la main-d'oeuvre, du fonctionnement des pompes,
de l'électricité et tout. Cela revient à peu près
à un partage des coûts 50-50.
M. Brochu: Est-ce que le ministre peut nous dire si, l'an
passé, des programmes du genre ont existé en ce qui concerne le
dédommagement? Parce que j'ai eu certains échos indiquant que
certaines municipalités auraient vu certains de ses citoyens aux prises
avec des dommages matériels par suite d'inondations. Ces citoyens
auraient été compensés, dans une certaine mesure,
financièrement, par le ministère des Richesses naturelles.
M. Bérubé: Oui, effectivement, en 1974 et en 1976,
il y a eu intervention du gouvernement par suite d'une décision du
Conseil exécutif. Là, c'est dans le cadre d'une entente
fédérale-provinciale sur le dédommagement lorsque les
dommages excèdent un certain niveau, $6 millions, je crois, une
participation d'Ottawa.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Robert-Baldwin. Je m'excuse.
M. Brochu: Je m'excuse, on n'a quand même pas
terminé sur la question de...
M. Bérubé: Le gouvernement fédéral
dans le programme national concernant des mesures d'urgence contribue à
la suite de catastrophes nationales selon la formule suivante: Le premier
dollar, la tête, est couvert par les provinces. Cela veut dire, pour le
Québec, $6 millions ou $6,5 millions. Après cela, il y a une
formule, $2 millions ou $3 millions, 25%, après cela, 50% et 75%,
etc.
M. Brochu: Est-ce à dire que ces programmes, selon des
ententes fédérales-provinciales ont été mis en
application jusqu'en 1976 et que maintenant, le gouvernement du Québec
ne participe plus à ces programmes fédéraux-provinciaux
pour subventionner les personnes qui ont des dommages?
M. Bérubé: Ce programme fédéral est
un programme continu. S'il y a une catastrophe dans la province de
Québec, l'année prochaine s'il y a des inondations pour $50
millions, le fédéral va offrir de participer. Là, c'est
aux provinces de décider si elles veulent dédommager les
citoyens. Ce serait une décision du Conseil exécutif, à ce
moment.
M. Brochu: Donc, c'est un programme qui peut être
utilisé seulement lorsqu'il y a un problème à
l'échelle de la province, à un moment donné. S'il y a une
entente fédérale-provinciale, l'une ou l'autre
municipalité qui le demande, peut, à ce moment, être
subventionnée, et voir à ce que ses citoyens soient
subventionnés pour des dommages personnels. Si c'est dans le cas d'une
municipalité, comme cela s'est présenté chez nous au
printemps, à Richmond, dans le cas d'une municipalité qui subit,
elle, des dommages, seulement dans son secteur, à ce moment, il n'y a
aucun dédommagement de prévu actuellement.
M. Bérubé: S'il y avait pour plus de $6,5 millions
dans les municipalités, le gouvernement fédéral
participerait et là, ce serait à la province de décider si
elle veut participer pour le reste.
M. Brochu: Le premier critère est $6,5 millions de
dommages. S'il n'y a pas $6,5 millions de dommages, il n'y a pas de
participation. Maintenant, en ce qui concerne plus précisément le
cas de l'inondation qui est survenue au mois de mars cette année,
à Richmond, il a semblé qu'il s'est présenté des
problèmes peut-être d'ordre technique qui ont fait que
l'inondation, apparemment, suite à un embâcle, aurait pu
être évitée selon les renseignements que j'en ai eus, et de
la municipalité et des citoyens concernés, c'est-à-dire
que l'inondation s'est produite les 15 et 16 mars, alors que trois jours
auparavant, le maire lui-même avait prévenu les autorités
du ministère des Richesses naturelles qui surveillaient d'ailleurs la
région, à ce moment, par hélicoptère, de bien
vouloir procéder immédiatement au dynamitage de l'embâcle
qui se formait pour éviter les dommages subséquents. Ce qui
malheureusement n'aurait pas été fait pour des raisons que
j'ignore actuellement, de sorte que l'inondation a eu lieu, causant les
dommages qu'on a connus. À la suite de cela, j'avais
suggéré aux gens concernés dans la région de
Richmond, par le biais du conseil municipal, de demander au ministre des
Richesses naturelles d'intervenir dans le dossier pour faire la lumière
sur la question, à savoir pourquoi il y avait eu tant de retard à
procéder au dynamitage lorsqu'il y avait eu embâcle, et
deuxièmement aussi, pour demander au ministre d'intervenir pour
dédommager ces personnes qui n'avaient pas subi, ce qu'on appelle un
"act of God", c'est-à-dire un acte de la nature, indirectement, mais
plutôt le résultat d'un non-dynamitage au moment où il y en
aurait eu besoin pour régler la question de l'embâcle et
éviter ainsi le problème de l'inondation.
D'ailleurs, à ce sujet et à la suite des démarches
que j'avais faites auprès des citoyens de Richmond, suite à leurs
représentations, la munici-
palité avait envoyé une lettre au ministre. J'avais
d'ailleurs envoyé, à ce moment, aussi une correspondance au
ministre, lui indiquant l'état de la situation et demandant son
intervention. Malheureusement, je n'ai pas eu de nouvelles depuis ce temps.
J'aimerais rappeler au ministre ici pour le bien situer dans la
question, la teneur de la résolution qui avait été
adoptée à ce moment par la municipalité de Richmond. Je
vous fais grâce du préambule et de l'adresse: "Attendu que le
centre-ville de la ville de Richmond a été inondé les 15
et le 16 mars 1977, causant des dommages considérables aux
édifices dans ce secteur et des pertes monétaires aux
propriétaires de ces immeubles et aux commerces;
Attendu que cette inondation a été causée par la
crue des eaux de la rivière Saint-François, non pas par une crue
normale due à la hausse du niveau de la rivière, mais
causée par un embâcle de glace à la hauteur de
Richmond;
Attendu que cet embâcle a forcé la rivière à
sortir de sa voie normale et à couler dans la rue principale et dans une
partie de la rue du Collège:
Attendu que la rivière était sous la surveillance des
autorités du Services de protection civile et du ministère des
Richesses naturelles par la voie des airs;
Attendu que ce n'est qu'à la suite de l'intervention
énergique du maire de Richmond, M. André Lupien, auprès
des autorités compétentes, que les glaces ont été
dynamitées, mais seulement après que les dommages furent
faits;
Attendu que malgré des déclarations récentes du
ministre des Richesses naturelles, M. Yves Bérubé, la ville de
Richmond n'est pas en mesure de déplacer son centre d'affaires je
pense que c'est une suggestion qui avait été faite, à
savoir de déplacer le centre-ville à ce moment-là
la ville de Richmond...
M. Bérubé: C'est moins compliqué que de
déplacer l'embâcle.
M. Garneau: Qui avait suggéré ça?
M. Brochu: Le ministre des Richesses naturelles.
M. Garneau: Déménager le centre-ville?
M. Brochu: Je reprends ici:
Attendu que malgré des déclarations récentes du
ministre des Richesses naturelles, M. Yves Bérubé, la ville de
Richmond n'est pas en mesure de déplacer son centre d'affaires, à
moins que le gouvernement du Québec soit prêt à
subventionner un projet massif de rénovation urbaine, afin de
déplacer ce centre d'affaires;
Pour ces motifs, il fut proposé par le conseiller Delaney et
appuyé par le conseiller Dunn et résolu unanimement que les
autorités municipales de la ville de Richmond demandent au gouvernement
du Québec de placer à la disposition des propriétaires et
des citoyens de Richmond, les fonds né- cessaires afin de les
dédommager pour les pertes encourues par les inondations des 15 et 16
mars 1977 et ce, dans le plus bref délai possible.
Alors, disons que je n'ai pas reçu d'autre nouvelle de ça,
mais j'avais l'intention de revenir à la charge dès que possible.
J'aimerais que le ministre...
M. Garneau: Est-ce que le centre-ville a été
déplacé?
M. Brochu: Non, pas à ma connaissance.
M. Garneau: Le ministre n'a pas respecté son
engagement.
M. Brochu: Le ministre n'a pas respecté son engagement,
n'a pas mis les fonds nécessaires à la disposition de la
municipalité de Richmond...
M. Bérubé: Nous...
M. Brochu: ... étant donné qu'il semble que le
ministre ne déplacera pas le centre de la ville de Richmond, qu'il
puisse peut-être faire la lumière un peu sur ce dossier, à
savoir ce qui s'est produit, étant donné que le maire est bel et
bien intervenu pour demander aux autorités du ministère, à
ce moment-là, de faire sauter l'embâcle en question qui
menaçait d'inondation... C'est malheureusement ce qui s'est produit,
puisqu'on n'a pas fait sauter dans les délais prévus
l'embâcle qui s'était créé.
M. Bérubé: D'abord, quand vous me parlez de
délais prévus, quel a été le retard?
M. Brochu: Ce n'est pas indiqué ici, mais je pense que
c'est une couple de jours, un jour ou deux.
M. Bérubé: Je voudrais simplement clarifier que les
embâcles sont naturels...
M. Brochu: Ah oui! Cela, c'est vrai!
M. Bérubé: Pour nous, la question des débits
des eaux dus à des embâcles de glace, c'est une condition
naturelle et le gouvernement n'a aucune responsabilité pour enlever ces
embâcles. C'est un service qu'on fournit au public à mesure qu'on
le peut. Cela veut dire qu'on a une équipe qui survole toutes les
rivières. Autant que possible, lorsqu'on voit un embâcle qui est
dangereux, on essaie de l'enlever avec du dynamitage, etc. En 1977, comme vous
le mentionnez, on a eu une débâcle très hâtive au
mois de mars, les 15 et 16, ce qui est très anormal pour la province de
Québec et, par contre, on a eu des embâcles partout dans la
province et on a eu de plusieurs endroits la même demande qu'a faite le
maire de Richmond, et il y a même un autre endroit qui nous a
blâmés parce qu'on avait dynamité trop tôt. Comme
ça, on fait notre possible, mais disons...
M. Garneau: Avez-vous déplacé le centre-ville
à cet endroit?
M. Bérubé: On fait notre possible, mais... Nous
avons une demande de déplacement de centre-ville... ... deux jours de
délai, vraiment, c'est...
M. Garneau: Est-ce que le ministre s'est engagé à
le déplacer?
M. Bérubé: On va peut-être signer une entente
fédérale-provinciale sur les déplacements de
centre-ville.
M. Garneau: Peut-être pourriez-vous le déplacer aux
mines Madeleine?
M. Grégoire: On a bien déplacé le
gouvernement...
M. Garneau: Cela prend de l'activité dans ce
coin-là, ou à Cap-Chat encore?
Une voix: ... vous avez d'autres questions...
M. Grégoire: On a bien déplacé l'ancien
gouvernement...
M. Garneau: Pardon?
M. Brochu: Mais est-ce que le ministre a quand même le
dossier ou les rapports à ce sujet? Il y a sûrement eu des
rapports de faits, étant donné...
M. Garneau: C'est depuis ce temps-là...
M. Brochu: J'espère que je ne vous dérange pas
trop, M. le député de Jean-Talon. S'il y a quelque chose,
dites-le moi.
M. Garneau: Non, ça ne me dérange pas du tout.
M. Brochu: Bon, d'accord! Pourtant, il fume le calumet de paix.
Cela devrait être bon signe.
M. le Président, je reviens à ma question. Est-ce qu'il
n'y a pas eu un rapport de fait quand même sur l'état de la
question, étant donné qu'il y a eu quand même des
représentations suite à ça? Il y a eu une demande de faite
par le maire, d'abord; ensuite la non-intervention immédiate des
autorités dans la question; il y a eu une inondation; il y a eu les
démarches que j'ai faites auprès du ministre; il y a eu les
démarches que la municipalité a faites, elle, auprès du
ministre. Est-ce qu'une étude de ce dossier a été faite?
Qu'est-il arrivé au juste? Un fait demeure, c'est qu'il n'y a pas eu de
suite. L'embâcle, n'en soyez pas inquiets, est fondu! C'est
réglé pour le moment.
M. Bérubé: Quand vous dites qu'il n'y a pas eu de
suite, il y a eu une suite. On a dit non. C'est ça qui est... On ne peut
pas dire plus que ça. Disons que la politique gouvernementale est de ne
pas dédommager, sauf en cas de catastrophe provinciale, et cette...
M. Brochu: Cela, ce n'est pas une catastrophe provinciale. Ne
dites pas ça, parce que le ministre va dire que c'est à cause du
fédéral.
M. Bérubé: Bien oui, il n'y a pas d'entente sur les
déplacements de centre-ville.
C'est parce qu'on a eu la même demande, je le
répète, de plusieurs municipalités et on a partout
donné la même réponse.
M. Brochu: Mais lorsque vous avez comme cela une situation qui se
produit, où les autorités municipales demandent une intervention
immédiate devant un tel danger, n'est-ce pas votre
responsabilité, à ce moment, au ministère, d'intervenir
immédiatement?
M. Bérubé: La notion d'intervention
immédiate, c'est dans la mesure des moyens. Le service qu'offre le
ministère d'aider une municipalité, par exemple, à faire
du dynamitage...
M. Brochu: Oui.
M. Bérubé: ...c'est un service gracieux qu'offre le
gouvernement et il accepte de défrayer 50% des coûts. Il va de soi
que, si les fonctionnaires du ministère sont engagés à un
certain nombre d'endroits en même temps et, effectivement, à cette
période, comme la débâcle a été très
rapide, il y a donc eu plusieurs demandes d'interventions, il est tout à
fait possible qu'on n'ait pas pu se rendre à Richmond pendant une
journée ou deux pour y faire le dynamitage, étant donné
que les autorités du ministère étaient prises
ailleurs.
Maintenant, du fait que le gouvernement ne soit pas en mesure
d'intervenir à un endroit donné ne donne aucun droit aux
résidents de cette municipalité qui doivent subir des dommages
parce que, de toute façon, il s'agit là d'un
dérèglement naturel dont le gouvernement n'est pas
responsable.
M. Brochu: Mais les autorités du ministère
étaient occupées ailleurs, elles étaient en haut, parce
qu'en se promenant en hélicoptère, elles ont quand même vu
la situation. Je comprends qu'elles n'étaient pas sur place, mais elles
étaient quand même très près, au-dessus de la
situation.
M. Bérubé: La municipalité pouvait s'occuper
de son dynamitage. Il y a des municipalités qui s'occupent de leur
propre dynamitage. Je pense que le fait est que la municipalité
n'était pas équipée pour faire face à des crues,
sans doute parce qu'elles ne sont peut-être pas fréquentes
à ces endroits, et on peut se renseigner exactement pourquoi le
ministère a retardé.
M. Brochu: Donc, même s'il y avait eu retard à cause
de raisons techniques ou autres, cela veut dire à ce moment, si je
comprends bien les propos du ministre, que le ministère ne prend aucune
part de responsabilité...
M. Bérubé: C'est bien cela.
M. Brochu: ...dans ce qui est arrivé et il n'y a aucune
compensation qu'on peut espérer voir verser à ces personnes?
M. Bérubé: Non.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Il y a trois
sujets sur lesquels je voudrais poser des questions: d'abord, Roxboro,
Pierrefonds. Les travaux de digues qui ont été faits à
Roxboro et le soulèvement des rues à Pierrefonds, et l'usine de
pompage à Roxboro, c'est terminé?
M. Bérubé: Ce ne sera pas tout à fait
terminé cette année, mais je l'ai noté ici quelque part.
Je n'ai pas le montant exact, le décompte des sommes qui vont comme
telles dans le projet.
M. O'Gallagher: Je pense que c'est pas mal terminé. Je
pense qu'il ne reste que le...
M. Bérubé: C'est un montant de $3 millions pour
l'ensemble de Pierrefonds. A-t-on le décompte? On n'a pas le montant
exact à chaque endroit, mais, au total, c'est $3 millions pour ces trois
endroits.
M. O'Gallagher: Pour le reste de Sainte-Geneviève,
l'île Bizard, l'île Mercier et la partie de Pierrefonds qui est pas
mal rurale, avez-vous un plan d'attaque pour protéger ces endroits?
M. Bérubé: On négocie en ce moment avec le
gouvernement fédéral le prolongement de l'entente actuelle qui a
permis de faire de la protection à Roxboro, Pierrefonds, Pointe-Calumet.
Mais un des critères de ces négociations, c'est qu'avant qu'on
intervienne il faut qu'il y ait preuve de bénéfice-coût en
haut de un. Comme cela, il y a deux faits. Premièrement, il faut qu'on
signe une entente avec le gouvernement fédéral et,
deuxièmement, suite à des études dans chaque
région, il faut démontrer que le
bénéfice-coût est en haut de un. Normalement, on
interviendrait avec des digues locales sur la rivière des Prairies.
M. O'Gallagher: Mais vous n'avez pas de plan, "d'engineering" ou
de génie de fait pour prévoir une prochaine inondation?
M. Bérubé: À un endroit
spécifique?
M. O'Gallagher: ...et être prêt à entreprendre
la construction de digues si vous pouvez avoir une entente avec le
fédéral immédiatement au lieu de...
M. Bérubé: On a des études
préliminaires à plusieurs endroits, on a des projets
présentés par des municipalités au coût de $40
millions, des demandes de digues, etc: On a tout cela dans nos dossiers, mais
cela ne donne rien de faire trop de travail avant qu'on ne signe une entente et
qu'on ait l'argent.
M. O'Gallagher: Alors, il y a des démarches qui se font
avec le fédéral. Vous attendez-vous à avoir des
résultats de ces démarches prochainement?
M. Bérubé: L'entente actuelle finit au 31 mars 1978
et on négocie un prolongement immédiat.
M. O'Gallagher: L'autre problème que je voulais soulever,
c'était le projet de vente de terrains remplis que vous avez entrepris
sur la rive sud de l'île de Montréal, à Pointe-Claire,
Beaconsfield, Baie-d'Urfé. Avez-vous l'intention de réaliser un
projet semblable du côté de Pierrefonds, Roxboro,
Sainte-Geneviève, Île-Bizard?
M. Bérubé: En passant, c'est dans le programme 5,
élément 3. Je peux répondre quand même. C'est dans
un programme de plans directeurs de l'aménagement des rives, dont
Pointe-Claire, Lachine, etc. C'est un programme de cinq ans et dans ces cinq
ans, on va couvrir toutes les régions critiques dans la région de
Montréal.
M. O'Gallagher: Est-ce que je pourrais suggérer quelque
chose dans votre programme? Je pense que les ventes se feraient plus
rapidement, ce serait plus rentable si vous finissiez votre arpentage. Dans le
moment, pour un propriétaire, pour reprendre la partie remplie de son
terrain vis-à-vis de son lot, cela demande des travaux d'arpentage pour
un montant de $1500 à $2000, même pour un terrain de quelque mille
pieds. C'est un problème technique entre le ministère des Terres
et Forêts et le ministère des Richesses naturelles. Si on pouvait
faire tous les terrains ensemble, un arpenteur pourrait faire plusieurs
terrains ensemble, on pourrait diminuer le coût à seulement 20%,
peut-être. Alors, les riverains seraient plus encouragés à
racheter leur terrain immédiatement. Il n'y aurait pas le coût en
surplus de $2000 de frais d'arpentage et d'enregistrement du numéro de
bloc, le "cadastrage", le rattachement à un réseau d'arpentage
provincial... Si je pouvais faire cette suggestion, je pense que votre projet
serait beaucoup plus rentable et vous pourriez même exiger les frais
d'arpentage directement à l'acheteur du terrain et vous auriez un plus
grand succès avec votre programme.
M. Bérubé: Je note vos commentaires. Je vais en
tenir compte. Il y a une difficulté. Il faut arpenter tous les terrains,
cela veut dire un coût immédiat assez élevé et on
n'est pas certain que tout le monde va les acheter.
M. O'Gallagher: C'est discutable.
M. Bérubé: II faut y penser, mais je note ce qui a
été dit.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Je sais qu'il y a une étude qui est
entreprise au ministère concernant la régulari-
sation des eaux du lac Parent, près de Senneterre, suite à
des demandes qui ont été faites par la municipalité
concernée, depuis plusieurs années. J'aimerais simplement savoir
si l'étude est en cours et si elle va se terminer bientôt et s'il
y a des correctifs qui vont être apportés prochainement.
M. Bérubé: Je ne peux pas vous répondre. Je
pourrais vous répondre du bureau. Mais si je me souviens bien du
dossier, c'est justement un projet où les
bénéfices-coûts sont moins de un. C'est assez difficile.
Dans la construction de barrages, on entre assez vite dans des millions et les
bénéfices, normalement, sont beaucoup moindres. Mais au bureau,
je pourrais vous donner plus de détails.
M. Bordeleau: D'accord, merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, je ne sais pas si je
pourrais avoir une réponse ici. C'est une question semblable. Le
ministère des Richesses naturelles a commencé du travail
d'empierrement sur la rivière Anse-Saint-Jean au début de 1976,
et c'était pour savoir s'il y avait une continuation possible de ces
travaux à Saguenay.
Alors, j'irai au bureau. Deuxièmement...
M. Bérubé: Peut-être...
Selon le nouveau programme, disons qu'on va faire, dans les prochaines
semaines, une certaine publicité. On va avertir toutes les
municipalités, tous les députés de cette politique; ce
genre de travaux va entrer dans les nouveaux programmes.
M. Desbiens: Est-ce qu'on peut dire qu'à ce
moment-là les berges de la rivière Saguenay seront incluses, une
possibilité existe-t-elle?
M. Bérubé: Tout sera inclus. Mais il faut retenir
que la municipalité doit défrayer $5 par habitant avant que le
ministère commence à s'impliquer.
M. Desbiens: D'accord.
M. Bérubé: Également, le projet doit
être jugé rentable par le gouvernement, c'est-à-dire qu'il
y a toujours un rapport bénéfice-coût supérieur
à un. Ce sont les deux conditions.
M. Desbiens: Si je peux ajouter une question, est-ce
qu'entre-temps, sur les berges de la rivière Saguenay surtout, le
ministère permet que des individus érigent des empierrements pour
protéger leur propriété?
M. Bérubé: Normalement, quand quelqu'un veut avoir
une protection sur son terrain, on exige qu'il fasse ça sur son terrain,
pas sur le terrain de la couronne, autrement dit, pas dans l'eau. Mais il y a
des cas spéciaux où on va même permettre ça dans
l'eau s'il n'empiète pas trop.
Le Président (M. Grégoire): Je donne la parole au
député de Bourassa.
M. Laplante: M. le ministre, c'est sur la question de la
rivière des Prairies. J'ai entendu le député de
Robert-Baldwin tout à l'heure parler d'emplissage riverain. À
côté du pont Pie-IX, est-ce que ça prend des... vous allez
situer ça, la rivière des Prairies, Pie-IX, Montréal-Nord,
il se fait de l'emplissage continuellement par différents entrepreneurs.
Est-ce que ça prend des permis?
M. Bérubé: Oui.
M. Laplante: Est-ce qu'ils ont des permis, comme Beaver
Asphalt?
M. Bérubé: Je ne peux pas vous le dire ici... M.
Laplante: Vous ne le savez pas...
M. Bérubé: Mais il faudrait me donner l'endroit et
je vais vérifier au bureau.
M. Laplante: Sur la vente des terrains dont le
député de Robert Baldwin parlait tout à l'heure, n'est-il
pas mieux d'offrir ces terrains aux municipalités afin de faire
actuellement des pistes cyclables, des parcs, de la verdure?
M. Bérubé: M. le député de Robert
Baldwin a fait mention d'un programme que nous avons, un plan directeur. Ce
programme consiste à légaliser d'anciens empiètements en
face de terrains privés. Cela veut dire que, depuis des années,
il y a des personnes qui ont rempli en face de chez eux, en élargissant
leur terrain. Maintenant, il y a eu des règlements adoptés par le
gouvernement qui ont établi les taux de vente de ces terrains.
Normalement, on ne peut pas vendre en face de quelqu'un un terrain à une
autre personne. On peut seulement l'offrir au propriétaire riverain,
parce qu'on va éliminer l'accès à l'autre.
M. Laplante: Parce qu'il y a des terrains qui sont agrandis
actuellement de 300 pieds de profondeur sur le bord de la rivière des
Prairies. Cela veut dire qu'on est allé jusqu'à au moins 60 ou 70
pieds. Je pense que ce serait une politique à adopter de vendre
ça aux municipalités ou le leur céder pour faire des
pistes ou une ceinture autour, surtout le long de la rivière des
Prairies, car on a la nette intention de la dépolluer.
M. Bérubé: Je souligne que ceci est seulement pour
légaliser d'anciens empiètements. Quand on fait le plan
directeur, il y a consultation avec les municipalités et les riverains,
pour savoir ce qu'on va faire des terres où il y a eu de
l'empiètement. Cela veut dire que s'il y a une zone propice à un
parc, dans notre plan directeur, ça peut être prévu comme
un parc. Mais on ne peut pas faire ça entre un terrain privé et
le cours d'eau, parce qu'on n'a pas le droit d'enlever l'accès que cette
personne avait à l'eau avant. C'est illégal.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jean-Talon.
M. O'Gallagher:... il faut être propriétaire
riverain pour devenir acquéreur du terrain appartenant à la
couronne. La municipalité ne peut pas acheter de terrain en avant de
chez vous.
Le Président (M. Laplante): Programme 5, adopté? Le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: On m'a dit tout à l'heure que c'était
au programme 5, élément 4, qu'on devait parler des eaux du
Richelieu. Est-ce que la commission tripartite est encore penchée sur
l'étude ou si elle s'est relevée de l'étude? Est-ce qu'il
y a possibilité d'avoir des ententes à brève
échéance, compte tenu de la complexité de ce programme
qui, évidemment, cause pas mal de problèmes aux citoyens des
bords du Richelieu?
M. Bérubé: La commission mixte ne semble pas
s'être redressée encore. Son rapport est prévu pour le mois
de décembre. Effectivement, nous avons eu l'occasion de rencontrer
à deux reprises les maires des villes le long du Richelieu qui nous ont
fait une proposition légèrement différente de celle qui
est soumise à la commission mixte. Présentement, nous laissons
jusqu'au mois de décembre à la commission mixte internationale le
soin de définir un programme et s'il n'y a toujours pas de programme en
décembre, il faudra, à ce moment-là, aviser, parce que
cela s'applique aux riverains du Richelieu.
M. Garneau: Si je comprends bien, dans ce cas-là, il n'est
pas possible pour le Québec de faire des travaux qui auraient pour
conséquence de relever le niveau du lac Champlain dans la partie
américaine. Ces travaux devraient être acceptés par les
trois gouvernements, le Canada, les États-Unis et le Québec.
M. Bérubé: Exactement. Chaque fois que des travaux
correcteurs en cours d'eau sont susceptibles de changer les niveaux et les
régimes hydrauliques de rivières ou de lacs situés de
l'autre côté de la frontière, de tels cas doivent
être soumis à la commission mixte internationale. Dans le cas
présent, il y a un long différend entre Ottawa et les
États-Unis, puisqu'il y avait déjà eu une entente qui date
de 1935, relativement à la construction d'un barrage à Firesland,
en aval de Saint-Jean.
Malheureusement, les travaux ont été interrompus par la
guerre et, aujourd'hui, les États-Unis, par suite de pressions du
mouvement écologique, remettent en question ce programme et contestent
à ce moment-là, étant donné les nombreux retards,
la décision qui avait été prise à l'époque.
Le gouvernement d'Ottawa, de son côté, estime que l'entente ayant
été signée, normalement, on pourrait accomplir les
travaux. Néanmoins, l'administration précédente du
Québec avait accepté de soumettre de nouveau cette question
à la commission mixte internationale et on avait convenu, à ce
moment-là, d'attendre jusqu'en décembre de cette
année.
M. Garneau: Date du rapport.
M. Bérubé: Oui. Et nous avons convenu de ne pas
modifier cette décision sage de l'ancien gouvernement. Peut-être
sage, enfin, nous ne la remettons pas en question.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur le
programme 5?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Richmond.
M. Brochu: Pas directement sur le programme 5, mais sur ce qu'on
a discuté tout à l'heure. Est-ce que je pourrais demander au
ministre de faire un effort spécial à l'avenir pour
répondre aux lettres qu'on lui fait parvenir concernant ces divers
problèmes qu'on peut lui soumettre?
M. Bérubé: Si c'est possible. Disons que je me fais
un point d'honneur de contrôler la correspondance qui entre à mon
bureau et je lis toujours les lettres à leur entrée. Elles sont
également, en parallèle, transmises aux services et nous avons un
suivi de toutes ces lettres, de manière que je sois au courant et que je
puisse déceler quand on prend du temps à répondre à
une lettre.
Il peut toujours se glisser, malheureusement, une erreur, je ne conteste
pas cela.
M. Brochu: Disons que je fais la remarque.
M. Bérubé: Nous allons faire enquête,
effectivement. On va contrôler. Ce n'est pas normal.
M. Brochu: Je fais la remarque sans aucune animosité. L'an
prochain, si cela se reproduit, je serai peut-être un peu plus bougonneux
sur la question. Je comprends que dans l'installation de personnel, il a pu se
glisser des erreurs techniques, parce que, dans le cas que je vous ai soumis
tantôt, on n'a malheureusement pas eu de réponse.
Le Président (M. Laplante): Programme 6,
élément 1, adopté?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Élément 2,
adopté?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Élément 3,
adopté. Élément 4, adopté. Programme 6.
M. Grégoire: M. le Président, je ne sais pas si
vous me permettriez sur le programme 2, même s'il est adopté,
j'aurais juste une question à poser, sur le centre des richesses
minérales.
M. Bérubé: Est-ce qu'on pourrait le faire à
la fin?
Le Président (M. Laplante): C'est ce que j'allais
suggérer, si les membres de la commission sont d'accord.
Programme 6, Affaires du Nord.
M. Garneau: À part cela, il y aurait une autre suggestion
à faire à l'adjoint parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député.
M. Garneau: II pourrait toujours parler à son ministre, de
retour au ministère.
Le Président (M. Laplante): Très bonne suggestion,
M. le député de Jean-Talon.
M. Grégoire: Ce n'est pas à lui que je voulais
poser la question.
M. Garneau: Est-ce que l'adjoint parlementaire est en rupture de
ban avec son ministre, ils ne se parlent pas?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, sur le
programme 6, éléments 1 et 2.
Affaires du Nord
M. Bérubé: Le programme 6 concerne tout le
problème des affaires du Nord. Nous avons évidemment les
activités traditionnelles du Nouveau-Québec, à
l'élément 1. Il s'agit surtout du maintien d'activités qui
existaient par les années passées. Il s'agit de soutien
logistique accordé pour le transport de malades, de carburant sur place.
C'est un soutien aux fonctionnaires qui sont éparpillés dans un
territoire immense.
Également, il y a à l'intérieur de ce programme des
prêts, comme j'ai souligné précédemment, à
des coopératives inuit à Koartaf, à Baie-aux-Feuilles pour
leur permettre de prendre en charge les magasins généraux qui
sont possédés par l'État présentement.
Il s'agit du soutien normal aux activités du gouvernement dans le
Nouveau-Québec.
Il existe un deuxième élément de programme qui
porte plus spécifiquement sur la mise en application de la convention de
la baie James et du Nord québécois. Toutes les
négociations, par exemple, avec les Naskapis présentement passent
par le bureau de coordination de l'entente et, à l'intérieur de
ce programme, il y a évidemment le fonctionnement du bureau de
coordination, mais je pense que le principal article budgétaire
évidemment, ce sont les paiements aux Inuit et aux Cris et,
éventuellement, aux Naskapis dans le cadre des conventions qui ont
été signées.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Dans l'élément 1, les notes
explicatives qu'on nous a données, on indique que la baisse des
crédits est due à la catégorie 0-3, Communications, au
fait qu'une entente a été signée entre le ministère
des Affaires sociales...
M. Bérubé: Affaires sociales.
M. Garneau: ...et le ministère des Richesses naturelles
sur le transport des malades. Est-ce à dire que le ministère des
Richesses naturelles le porte à son budget ou si c'est un remboursement,
une imputation de crédits qui est remboursée par le
ministère? Vous fonctionnez au brut là-dessus ou est-ce
payé directement par le ministère?
M. Bérubé: C'est une subvention du ministère
des Affaires sociales maintenant aux corporations d'hôpitaux qui
s'occupent elles-mêmes de payer ces déboursés pour
transporter les malades.
M. Garneau: Je n'ai pas d'autres questions à poser sur
l'élément 1, j'en aurais sur l'élément 2,
concernant la convention avec les autochtones. Est-ce que le ministre des
Richesses naturelles, responsable des affaires du Nord et également
responsable de l'application de l'entente avec les Indiens et les Inuit, a
participé aux discussions concernant les articles de la convention
reliés à la langue, le problème de la Charte de la langue
française? On a vu, dans les journaux, ce matin, à la suite
d'autres articles, d'autres déclarations, que les autochtones voulaient
remettre en question l'entente à cause justement du projet de loi no 1.
Est-ce que le ministre a participé aux discussions qui ont eu lieu entre
le ministre Laurin et les représentants des différentes
communautés indiennes et inuit?
M. Bérubé: Non, j'ai rencontré les
représentants d'à peu près toutes les communautés,
Inuit, Cris, Naskapis et autres, d'ailleurs, d'un peu partout au Québec,
mais lorsqu'il s'est élevé un différend relativement
à la langue, je suis intervenu auprès de M. Laurin et, à
ce moment-là, c'est M. Laurin directement qui a négocié,
qui est d'ailleurs en train de négocier, avec en particulier je
crois que ce sont les Inuit et les Cris les Inuit à
Montréal et également les Naskapis. Il devait rencontrer les
Inuit à Montréal et il doit... C'est fait, bon.
Cela veut donc dire que, présentement, on amende la charte de la
langue de manière à rendre celle-ci compatible avec la
convention.
M. Garneau: Est-il vrai que, dans les relations entre les
fonctionnaires du ministère des Richesses naturelles responsable des
affaires du Nord, les directives auraient été données pour
défendre à ceux-ci de s'adresser en français aux
autochtones dont la langue de communication est l'anglais?
M. Bérubé: Cela ne vient pas du ministre. On n'a
jamais reçu de directive à cet égard.
M. Garneau: À votre connaissance, il n'y en a pas eu qui
ont été données non plus aux fonctionnaires qui oeuvrent
dans le Grand-Nord; parce qu'il y a eu, à un moment donné, des
rumeurs, des articles de journaux même soulignant cet aspect et les
autochtones se plaignaient de ne pas pouvoir communiquer avec les
fonctionnaires qui re-
fusaient de leur parler en anglais alors qu'ils ne connaissaient pas
d'autre langue.
M. Bérubé: Cela ne semble pas avoir
été porté à la connaissance des officiers
supérieurs du ministère.
M. Garneau: J'espère que ce n'est pas le ministre des
Transports qui a étendu l'application de cette directive.
M. Bérubé: L'application de cette directive.
M.Garneau: Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 6? Programme 6, élément 1, adopté.
Programme 6, élément 2, adopté. Programme 6, dans son
entier, adopté. Programme 7; Études et recherches concernant les
hydrocarbures et l'électricité.
M. Garneau: Cela a déjà été
étudié...
M. Bérubé: Cela a déjà
été étudié avec M. Joron.
M. Garneau: M. le Président, le ministre des Richesses
naturelles est également responsable de SOQUEM. Je voudrais lui demander
s'il est vrai que le président de SOQUEM a démissionné de
son poste de président de la société d'État?
M. Bérubé: Oui.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire pour
quelles raisons il a démissionné?
M. Bérubé: Je pense que ce sont des raisons
essentiellement personnelles. Le président de SOQUEM, M. Carbonneau, a
été président de l'entreprise depuis maintenant une
douzaine d'années et, pour diverses raisons personnelles, M. Carbonneau
m'a demandé à être relevé de ses fonctions. Il m'a
demandé et m'a manifesté son désir d'être
peut-être disponible pour d'autres tâches.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait nous assurer que la
démission de M. Côme Carbonneau n'est pas reliée à
des interventions politiques dans l'administration quotidienne de SOQUEM?
M. Bérubé: Non, il n'y a pas eu d'intervention de
quelque nature que ce soit. Je dois dire que, dans le cas de SOQUEM,
l'entreprise fonctionnait très bien, il n'y a pas véritablement
eu beaucoup de contact entre le ministère et SOQUEM, sauf lorsque le
temps est venu de discuter du contrat dans le cadre du Nord-Ouest
québécois où là, évidemment, il y a eu des
rencontres plus suivies. Peut-être aurait-il dû y avoir plus de
rencontres, je suis d'accord.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait m'assurer, assurer
cette commission que la réponse qu'il vient de nous donner, par rapport
à lui-même et à son ministère, s'étend
également et s'applique également au bureau du premier ministre
et aux bureaux des autres ministres?
M. Bérubé: Je ne pourrais malheureusement pas me
compromettre. Je peux dire que, pour autant que je suis concerné, j'ai
maintenu des communications téléphoniques au moins une fois par
mois avec M. Carbonneau pour m'enquérir de la situation à SOQUEM,
ou, du moins, l'évolution du fonctionnement, pour voir si tout allait
bien. Également, je me suis organisé pour rencontrer M.
Carbonneau au moins à trois reprises, chaque fois qu'il y a eu des
problèmes. Il n'y a vraiment jamais eu de problème majeur, sauf
des choses un peu mineures.
M. Garneau: Le ministre nous assure qu'à sa connaissance
la raison de la démission de M. Carbonneau n'est reliée d'aucune
façon à des interventions politiques dans l'administration
quotidienne de SOQUEM de la part de membres du gouvernement.
M. Bérubé: À ma connaissance, non. Mes
rencontres avec M. Carbonneau ne m'ont pas permis... et M. Carbonneau ne m'a
pas mentionné la moindre intervention. Il a certainement souligné
les problèmes qu'il voyait dans la nouvelle politique du
ministère des Richesses naturelles. Il a fait valoir plusieurs points de
vue tout à fait valables, susceptibles de guider nos orientations, si
bien qu'hier des gens de SOQUEM ont travaillé avec les gens du
ministère, justement parce que nous croyons qu'il devrait
peut-être y avoir plus de communications entre SOQUEM et le
ministère dans l'élaboration de la politique minérale.
M. Garneau: Merci, M. le Président.
M. Grégoire: M. le Président, étant
donné également que le ministre est responsable du centre de
recherches minérales, et je ne pose pas la question, parce qu'il y a
rupture de ban, comme l'insinuerait Je député de Jean-Talon, mais
simplement parce que, des fois, il y a des réponses qui doivent
être inscrites au journal des Débats. C'est à propos du
Centre de recherches minérales.
Je sais qu'il y a eu des rencontres au niveau des recherches
scientifiques entre le centre de recherches minérales, le centre de
recherches industrielles du Québec, les laboratoires également de
l'Université de Sherbrooke et tous les laboratoires qui font des
recherches sur l'amiante et sur la transformation des produits de l'amiante et
des résidus de l'amiante. Je sais qu'à ce moment les mines, les
compagnies minières faisaient partie également de ce
comité qui groupait tous les laboratoires de recherches. La question que
je voudrais poser, c'est la suivante: Est-ce que les compagnies minières
ont collaboré à ce regroupement des recherches en apportant des
données sur les technologies et sur les recherches qu'elles avaient pu
effectuer elles-mêmes dans leurs propres laboratoires? Est-ce qu'elles
ont collaboré, en apportant leurs données de recherches
scientifi-
ques, avec ces compagnies minières ou si elles se sont
contentées d'assister passives aux réunions?
M. Bérubé: À ma connaissance, non.
M. Grégoire: Elles n'ont pas collaboré par des
apports de recherches qu'elles-mêmes avaient élaborées dans
leurs laboratoires.
M. Bérubé: Vous parlez de récemment?
M. Grégoire: Lors des rencontres sous les auspices du CRIC
le Centre de recherche industrielle du Québec qui ont eu
lieu en 1972 et ont été mises à jour en 1976.
M. Bérubé: Non.
M. Grégoire: Elles n'ont jamais apporté leurs
connaissances scientifiques dans ce regroupement des différents
laboratoires sur les produits de l'amiante?
M. Bérubé: Vous parlez du traitement des
résidus. Il y a une seule expérience que j'ai faite
personnellement il y a plusieurs années. J'ai visité Canadian
John-Manville et on m'a parlé d'un projet qu'elle a maintenu pendant des
années sur la récupération du nickel, les résidus
d'amiante. Elle a pris un brevet sur le procédé et elle l'a
essayé en pilote l'an dernier, sans résultat positif. C'est la
seule chose dont j'ai entendu parler des compagnies d'amiante.
M. Grégoire: Mais sur le reste, elle n'a pas
apporté de données scientifiques additionnelles à celles
déjà...
M. Bérubé: Pas de nouveauté.
M. Grégoire: Pas de nouveauté.
Le Président (M. Laplante): II nous reste...
M. Grégoire: Est-ce qu'elles en avaient, par contre, des
nouveautés? Est-ce qu'elles mentionnaient qu'elles avaient des
nouveautés, mais qu'elles n'ont pas voulu apporter dans...
M. Bérubé: L'impression que je garde des compagnies
d'amiante au Québec, elles ont travaillé pour améliorer
l'exploitation des mines, mais elles n'ont pas fait de recherche au Canada, au
Québec surtout, sur l'utilisation de l'a fibre, ni sur la
récupération de certains éléments des
résidus.
M. Grégoire: Elles n'auraient même pas fait de
recherche là-dessus.
M. Bérubé: Pas au Québec. Elles en ont fait
à l'extérieur.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, tout à l'heure, j'ai
posé une question au ministre concernant la langue des communications
avec les Inuit et je n'avais pas la référence. Mon recherchiste
me la soumet et je voudrais, sans soulever un débat nouveau, signaler au
ministre un article qui a paru dans le journal Le Soleil du 7 avril dernier et
qui, au troisième paragraphe, indique ceci, et c'est entre guillemets.
Ce seraient les propos de M. Charlie Watt. Voici ce qu'il disait: "Auparavant,
nous rencontrions des fonctionnaires provinciaux et ils parlaient en anglais",
a affirmé M. Charlie Watt, président de l'Association des Inuit
du Nord québécois. "Quand nous nous rencontrons maintenant, ils
savent que nous ne parlons pas français et ils se disent: Au diable avec
tout cela. Its le parlent de toute manière. Je ne sais pas au juste ce
que ça veut dire..." L'article continue: "Depuis le mois de novembre,
les lettres des ministères sont presque toutes rédigées en
français, ce qui signifie simplement que nous devons tout faire
traduire", a dit M. Watt. C'était la référence qui m'avait
incité à poser la question tout à l'heure.
M. Bérubé: Dans la mesure où M. Charlie Watt
s'est impliqué et dans la mesure où il y a
énormément de négociations qui ont été
menées de façon fort experte par M. Poitras, du bureau de
coordination de l'entente, je pense que M. Poitras pourrait peut-être
donner son point de vue sur ces négociations et sur la langue
utilisée.
La seule intervention que les Inuit ont faite, c'est à la suite
de la négociation des terres 2 qui continue après la signature de
l'entente. Il est arrivé, lors de ces négociations, que la partie
québécoise, les fonctionnaires québécois, on
faisait le point, à un moment donné, en français, pour se
comprendre plus rapidement. Ils nous ont fait remarquer qu'ils auraient
aimé comprendre nos échanges de vues et, à la suite de
ça, on a toujours fait les négociations en anglais, même
entre fonctionnaires québécois, en leur présence.
M. Garneau: Vous agissez comme les Japonais en visite à
Québec.
M. Bérubé: D'ailleurs, les Inuit ne se gênent
pas pour parler l'inuttituuit en notre présence et se consulter et
là, on n'y comprend rien, nous.
M. Garneau: Qu'est-ce qu'il arrive pour la correspondance dont
parte M. Watt? Ce ne serait pas juste non plus?
M. Bérubé: Elle se fait assez
régulièrement en anglais. Il nous arrive quelquefois de ne pas
pouvoir, à cause des délais très courts, faire faire les
traductions, parce qu'on a comme principe qu'on fait la correspondance d'abord
en français et on la traduit ensuite en anglais.
M. Garneau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Ceci termine l'étude
des crédits des Richesses naturelles.
Il me reste à remercier tous les membres de cette commission pour
leur coopération.
(Fin de la séance à 22 h 35)