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Soquem
(Onze heures dix-sept minutes)
M. GRENIER (président): A l'ordre! On me fait toujours la
même demande. Si quelqu'un de l'assistance veut adresser la parole, il
pourra utiliser les microphones à sa disposition. De même, je
demande aux députés qui ne sont pas à la table, de bien
vouloir s'approcher pour les fins d'enregistrement. On va vous distribuer au
début certains feuillets publicitaires. Il en manquera pour les
députés et on demanderait, s'il y avait lieu, que Soquem fasse
parvenir à tous les députés ces mêmes feuillets
puisqu'ils sont d'intérêt général.
M. JOHNSON: M. le Président, nous sommes ce matin réunis
en comité pour connaître les activités des régies
gouvernementales à caractère industriel ou commercial. Cette
réunion a été demandée par le député
de Laurier qui est revenu à la charge quelque fois. Nous avons
après un moment d'hésitation accepté que la
Société québécoise d'exploration minière
vienne témoigner. Nous avions quelques réticences parce qu'il
s'agit évidemment d'un domaine tout à fait spécial, celui
de 1» exploration minière, un domaine hautement compétitif
et clairement spéculatif. Le ministre des Richesses naturelles et
moi-même avons communiqué avec les autorités, notamment
avec le président, et nous avons appris qu'il n'avait pas d'objection
avenir devant le comité. Cependant, on doit comprendre tout de suite
que, même si la province est l'unique actionnaire et qu'il s'agit
cependant d'un domaine un peu spécial, il est fort possible qu'il y ait
certaines réticences lorsqu'on demandera, par exemple, de donner des
précisions sur certains travaux qui s'accomplissent afin de ne pas
exposer plus de monde qu'il ne faut à la spéculation.
Les journaux ont publié une nouvelle plutôt
désagréable mais cette nouvelle était en même temps
un témoignage de la conscience professionnelle du président et
des administrateurs puisqu'il s'agissait évidemment d'expulsion ou de
mise à pied de deux employés de cette société.
J'espère que les collègues voudront bien ce matin poser
des questions générales. Sans vouloir bâillonner qui que ce
soit, je pense qu'il faudrait insister, non seulement sur l'erreur qui a pu
être commise mais insister aussi surtout sur le côté positif
du travail qui est fait actuellement par cette Société
québécoise d'exploration minière, fondée en vertu
d'une loi sanctionnée le 15 juillet 1965 et qui avait été
votée à l'unanimité, j'ajouterais même, avec
enthousi- asme par tous les membres de l'Assemblée législative et
du Conseil législatif.
Alors, bienvenue, M. Carbonneau, bienvenue, messieurs les
administrateurs, messieurs les conseillers et officiers. Vous êtes ici
devant ceux qui doivent rendre compte des sommes d'argent que l'Etat, le
trésor public, a voulu investir dans une société promise
à un grand développement et toute préparée, nous
n'en doutons pas, à participer au développement du
Québec.
Alors, je cède la parole à ceux qui auraient des questions
à poser. Cependant, je pourrais peut-être pour engager le
dialogue, un peu plus tard, après un mot du chef de l'Opposition, poser
des questions d'usage pour engrener les procédures ce matin.
M. LESAGE: M. le Président, M. le Premier Ministre, M. le
Président et MM. les administrateurs de Soquem, je serai très
bref. Cette société d'exploration minière, Soquem, a
été fondée dans un but bien précis que les
administrateurs ont parfaitement compris et la politique de la
société, telle qu'elle est mise en oeuvre, est bien celle qui
avait été indiquée dès le début.
Malgré son tout jeune âge, la société, comme
le disait le président, dans un rapport qu'il faisait au premier
ministre en sa qualité de ministre des Richesses naturelles, au mois de
juillet dernier, fonctionne à plein rendement, malgré son jeune
âge.
Evidemment, ce n'est pas à ce moment-ci, nous le réalisons
pleinement, que nous pouvons espérer le plein effet de la mise en oeuvre
des politiques et de l'administration de Soquem, ce n'est pas à ce
moment-ci et déjà, nous pouvons espérer des
résultats flamboyants. Je crois que pour cela nous l'avons tous
bien perçu dès le début il faut être
réaliste. Le programme d'exploration de Soquem, programme
exécuté soit par Soquem seul, par ses équipes, ou en
collaboration avec d'autres entreprises minières ou d'exploration
minière, ce programme qui doit couvrir toutes les régions de la
province où il y a des possibilités de découvrir des
gisements miniers rentables, est en voie d'exécution.
C'est en fait le début des opérations. Qu'il survienne des
difficultés, des remous, des accrocs, rien de surprenant, parce que ce
sont ce que j'appelle des difficultés de croissance. Ici je voudrais
assurer le premier ministre, qui nous a invités à suivre une
ligne de conduite que je crois raisonnable, que quant à nous, nous ne
chercherons pas les bêtes noires, mais nous voudrons plutôt,
à l'occasion de cette con-
versation puisque c'est une conversation que nous allons engager
nous en tenir à l'aspect positif et aux résultats obtenus
jusqu'à maintenant par Soquem.
Nous sommes bien conscients qu'il n'est pas possible ni au
président, ni aux administrateurs, aux hauts-fonctionnaires de Soquem,
de tout nous dire dans un domaine aussi délicat, parce que c'est
justement, lorsqu'il arrive qu'on en dit trop, même si on est
obligé d'en dire trop, pour éviter le pire, qu'il peut survenir
des écueils et des difficultés.
Alors, c'est l'esprit dans lequel nous entreprenons cette conversation,
cet échange et nous sommes convaincus que le président voudra,
à un moment donné, nous exposer non pas tout l'historique de
Soquem, mais la politique générale de la société et
nous dire d'une façon générale encore, quels sont les
travaux en cours et les résultats obtenus jusqu'à
aujourd'hui.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on pourrait d'abord, M. Carbonneau, vous demander
si vous êtes bien le président, oui, nommé pour dix ans en
vertu de la loi et quels sont les deux membres qui ont été
nommés pour cinq ans?
M. CARBONNEAU: D'abord, M. Mousseau-Tremblay, géologue.
M. JOHNSON: Mousseau-Tremblay, oui. Et monsieur?
M. CARBONNEAU: Et M. Claude Genest qui est
secrétaire-trésorier.
M. JOHNSON: Et les autres membres pour quatre ans sont MM. Gauvreau,
Lapierre et Parizeau?
M. CARBONNEAU: M. Gauvreau, M. Lapierre, M. Parizeau.
M. JOHNSON: Un a été nommé pour un an, qui
était-ce?
M. CARBONNEAU: M. Parizeau.
M. JOHNSON: Il a été nommé de nouveau?
M. CARBONNEAU: Il demeure en fonction.
M. JOHNSON: Il n'a pas été remplacé?
M. CARBONNEAU: Non.
M. JOHNSON: Il est irremplaçable?
M. CARBONNEAU: Irremplaçable.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a une politique salariale à
établir chez vous?
M. JOHNSON: M. Lapierre est nommé pour? M. CARBONNEAU: Deux ans.
M. JOHNSON: Deux ans. Et M. Gauvreau? M. CARBONNEAU: Pour quatre ans.
M. JOHNSON: Quatre ans. Est-ce qu'il ne manque pas un
administrateur?
M. CARBONNEAU: Oui, M. Sabourin qui a démissionné pour des
raisons personnelles au mois de mars dernier.
M. JOHNSON: II était nommé pour combien
d'années?
M. CARBONNEAU: Trois ans. Son terme finissait le 1er novembre 1968.
M. JOHNSON: Le 1er novembre 1968. M. Lapierre, son terme expire le?
M. CARBONNEAU: Il a expiré le 1er novembre dernier.
M. JOHNSON: Novembre 1967. M. Genest, en 1980? Non...
M. CARBONNEAU: En 1970. M. JOHNSON: En 1970.
M. CARBONNEAU: De même que M. Tremblay également.
M. JOHNSON: M. Carbonneau en 1975. M. CARBONNEAU: Oui.
M. JOHNSON: Et voilà. M. Carbonneau, je pense qu'il serait
peut-être bon d'aérer tout de suite le problème qui a
amené le député de Laurier à poser des questions en
Chambre et ensuite à faire une requête pour que le comité
vous entende...
M. LESAGE: Ce n'est pas la partie positive.
M. JOHNSON: Non, mais quand même je pense que les journalistes
seront bien déçus si on n'entend pas la version de M. Carbonneau
sur ce qui est arrivé, sans nécessairement nommer de noms. Nous
avons déjà dévoilé en
Chambre, à la suite d'une conversation que nous avons eue avec
vous, qu'il y avait eu deux renvois. Nous avons même cerné un peu
les postes en déclarant qu'il s'agissait d'abord d'un ingénieur
chargé des forages et, deuxièmement, d'un économiste
à votre emploi. Pourriez-vous nous dire dans quelles circonstances vous
avez dû prendre cette décision?
M. CARBONNEAU: A la Soquem, nous avons une politique
générale concernant l'information, à savoir qu'un
employé, quel qu'il soit, ne peut se servir pour des fins personnelles
de l'information obtenue dans l'exercice de ses fonctions.
Il est évident qu'au cours de nos activités à
travers la province, nous apprenons d'abord la nature des formations
géologiques, nous découvrons des indices qui, sans être
parfois spectaculaires, sont quand même très intéressants
et qui peuvent nous mettre éventuellement sur la piste de gîtes
minéralisés. Par conséquent, nous acquérons une
information avec les fonds publics qui, en certains cas, a une très
haute valeur même si nous ne pouvons pas la monnayer directement. A la
Soquem, la politique est que cette information doit être tenue
confidentielle et être utilisée uniquement aux fins pour
lesquelles Soquem a été créée.
Il y a diverses formes selon lesquelles l'information peut couler,
parvenir à l'extérieur, sans que le public en
général n'ait été informé auparavant. Une
fois que le public est au courant d'un fait géologique ou d'un fait
économique ou d'une minéralisation, le public est traité,
je pense, d'une façon équitable et n'importe quelle
société minière, n'importe quel prospecteur peut exercer
l'activité qu'il veut mais, avant cela, le public, en
général, est défavorisé si un employé se
sert de ces renseignements-là à ses fins ou pour favoriser un
groupe particulier.
Or, dans les deux cas qui ont fait l'objet d'un congédiement, il
y a de nombreuses preuves que ces deux personnes, malgré des
avertissements, s'étaient servies de renseignements à leurs fins
propres, soit I l'occasion d'achat d'actions ou pour favoriser des amis ou
encore même, dans un cas, pour favoriser le piquetage de terrains
avoisinants la découverte.
Alors, nous avons cru, surtout en raison de la situation de ces deux
employés qui déjà avaient un certain dossier à ce
point de vue-là, dossier, dans un cas peut-être bénin, mais
dans l'autre cas assez sérieux, nous avons cru que le verre
débordait et qu'il fallait agir.
M. LESAGE: Donc, M. Carbonneau, dans le cas de cet ingénieur et
de cet économiste, ce qui s'est produit à l'occasion de la
publication, ou plutôt devrais-je dire de la découverte dans le
canton Louvicourt, ce n'était pas dans leur cas la première fois
que les administrateurs de Soquem prenaient connaissance de leurs
activités dans ce sens.
M. CARBONNEAU: C'est-à-dire que c'est la première
découverte d'indices importante que nous faisions. Mais il y avait eu
des situations semblables ou similaires, où sans qu'il y ait
découverte, des renseignements que nous possédions avaient
été utilisés dans un cas en particulier pour le
bénéfice de sociétés privées dans
l'exploration minière.
M. LESAGE: Ces renseignements n'avaient pas servi personnellement
à cet employé pour acheter lui-même.
M. CARBONNEAU: Oui, dans le cas, puisqu'il faut être
spécifique, dans le cas de l'ingénieur, ça lui a
certainement servi à guider son action et à acheter des
actions.
M. LESAGE: Avant l'incident de Louvicourt?
M. CARBONNEAU: Non, pas avant l'incident de Louvicourt, mais avant
l'annonce faite au public de Louvicourt. Dans les deux mois
précédents, il y avait eu un cas où l'employé en
question avait tiré avantage de renseignements que nous avions
donnés à nos cadres supérieurs, pour favoriser un ami. De
fait, à notre insu, il était resté vice-président
d'une société minière, ce qui est assez sérieux. Il
appartenait à un conseil d'administration d'une autre
société très modeste, mais, quand même, il
appartenait encore à un conseil d'administration.
Avec votre permission, M. Georges Gauvreau va dire quelques mots, M. le
Président.
M. GAUVREAU: M. le Président, dans Soquem, le rôle du
conseil d'administration, c'est-à-dire surtout le travail des membres
externes, est assez limité, si vous lisez l'article 13. C est le
président qui administre, qui s'occupe de la régie interne. Dans
un problème de congédiement comme celui-ci, il nous a
semblé au conseil d'administration que c'était exclusivement un
problème de régie interne et nous n'aurions même pas
songé à demander à M. Carbonneau de nous rendre des
comptes, sauf peut-être de nous informer. Mais je tiens à dire
dans le cas actuel, puisque ç'a fait l'objet de plusieurs questions dans
le public et que les députés désirent
être renseignés, que, lors de ces deux renvois, le conseil
d'administration a été réuni et que les trois membres
externes, M. Parizeau, M. Lapierre et moi-même, avons été
saisis du problème et nous avons appuyé fortement, nous avons
recommandé ce congédiement et nous avons recommandé qu'il
soit fait rapidement, pour servir d'exemple et de façon que les
intérêts du public soient autant que possible
protégés, qu'un employé de Soquem ou des employés
de Soquem ne se servent pas de renseignements qu'ils ont obtenus dans
l'exercice de leur travail à leur avantage personnel, au
détriment du grand public qui doit être renseigné en
même temps. J'ai dit ça pour insister sur le fait que M.
Car-bonneau a eu l'appui du conseil d'administration dans ce geste.
M. LESAGE: M. Gauvreau, si les dispositions de l'article 12 de votre loi
s'étendaient à vos fonctionnaires, vous sentiriez-vous plus
à l'aise? L'article 12 est celui qui traite les questions de conflits
d'intérêts, mais c'est limité aux administrateurs. Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu de modifier l'article 12, pour ajouter les
fonctionnaires? Qu'est-ce que vous en penseriez?
M. GAUVREAU: C'est un fait que l'article 12 ne couvre que le cas des
administrateurs.
M. LESAGE: Que les conflits possibles d'intérêts dans le
cas des administrateurs.
M. GAUVREAU: Les précautions que nous avons prises, les avis que
nous avons donnés sur le caractère de la confidentialité,
sont des mesures de régie interne. Nous pouvons y insister davantage.
Nous pouvons faire signer des formules à nos gens. C'est un fait, qu'il
y aura toujours une tentation très forte dans un domaine de cette
nature, de céder à la tentation de donner des renseignements.
Nous n'avons jamais discuté ce problème en assemblée, de
cette proposition que vous faites.
M. LESAGE: C'est-à-dire que c'est une question que je vous al
posée. Est-ce que vous vous sentiriez plus à l'aise?
j
M. GAUVREAU: Ce serait certainement un outil, un instrument de
coercition qui aurait un effet plus fort. Par contre, j'ignore ce que M.
Carbonneau en pense lui-même. Je n'ai pas d'opinion absolue
là-dessus. Je ne serais pas prêt à recommander que l'on
fasse un article là-dessus, parce que je pense qu'une bonne partie de
ça peut être réglée par la régie interne, par
la discipline.
M. CARBONNEAU: A ce sujet, je crois que le problème est beaucoup
plus vaste que simplement l'achat d'actions. Ce qu'il y a en jeu, c'est la
diffusion d'informations. Il y a plusieurs façons de profiter
d'informations géologiques. Pas seulement par l'achat d'actions. Alors,
nous allons étudier le problème à fond. Mais je dois vous
dire que je ne connais pas de société minière, de quelque
dimension qu'elle soit, qui a complètement réglé ce
problème. A un moment donné, il faut faire confiance aux gens,
quand même.
M. LESAGE: De toute façon, je vous ai posé la question,
n'est-ce pas, et vous allez l'étudier. Et si vous croyez que la force de
la loi, en l'étendant aux autres cas que celui prévoyant que les
administrateurs ne peuvent détenir d'intérêts dans des
compagnies minières, devrait être étendue au-delà de
ça, je pense que ce serait une bonne chose que votre conseil
d'administration l'étudie et fasse rapport normalement au ministre des
conclusions auxquelles vous en serez venus.
C'est simplement une suggestion que je faisais. Si vous croyez que
ça peut aider.
M. CARBONNEAU: Certainement.
M. LESAGE: Parce que vous êtes beaucoup plus en mesure de savoir
exactement ce dont vous pouvez avoir besoin que nous ne le sommes.
Maintenant, M. Carbonneau, puisque nous avons commencé à
parler du cas de Louvicourt, si je comprends bien, c'est à la suite des
indiscrétions et des actions de ces deux messieurs que vous avez
dû faire une déclaration. C'est ce que j'ai cru comprendre.
M. CARBONNEAU: Non, je ne dirais pas ça, je n'oserais pas, en
tout cas. Il est bien difficile de démêler toutes les
interventions et toutes les rumeurs dans un cas comme ça. Il reste que
le forage se fait dans une région où l'on est extrêmement
en alerte.
M. LESAGE: Oui, en Abitibi, tout le monde guette!
M. CARBONNEAU: Tout le monde guette. Nous n'avons pas de raison
particulière d'assumer que les foreurs ont noté la
présence de cette minéralisation. Mais nous n'avons pas de
raison, non plus, d'affirmer qu'ils ne l'ont pas notée. De fait, et
ça, il y a certainement plusieurs facteurs d'influence, dont sans doute,
les activités de cet ingénieur, mais, je n'oserais pas dire que
cet ingénieur est le seul facteur d'in-
fluence, mais de fait, dès le jeudi, les actions des trois
sociétés avec lesquelles nous sommes associés, avaient
commencé à monter; et vendredi, il y avait déjà
assez d'activités.
Alors, ceci nous est apparu nettement suffisant, à cause du
danger du mouvement, pour nous inciter à préparer un
communiqué pour la fin de semaine, pour que lundi matin, tout le public
soit au courant de la découverte, et qu'en même temps cesse une
situation qui, de fait, pouvait favoriser certains individus; de sorte que les
résultats d'analyse du premier forage nous sont parvenus à six
heures trente, samedi soir et le bulletin est sorti le lendemain, vers huit
heures, de sorte qu'à l'ouverture des marchés, la nouvelle
était publique, chacun pouvait en prendre avantage, aussi bien sur le
plan d'achat d'actions ou de vente d'actions, que sur le plan de jalonnement de
terrains dans la région en question.
M. LESAGE: L'on m'a dit que les gens une expression populaire
s'informaient, surveillaient ceux qui faisaient de l'exploration
minière et l'expression dont on s'est servi c'est la suivante: Ceux qui
se promènent avec des carottes.
Est-ce que ceci est une traduction en langage populaire, une traduction
assez fidèle de l'atmosphère qui règne autour d'une
découverte?
M. CARBONNEAU: Bien, c'est-à-dire, qu'il y a à Val-d'Or,
un laboratoire qui donne un service d'analyse à toutes les
sociétés minières faisant des travaux dans la
région. On peut, de temps en temps, avoir quelques échantillons
minéralisés à faire analyser à ces endroits. C'est
très à la main, c'est très commode, il existe un autre
laboratoire à Rouyn, il existe également des laboratoires, ici,
au ministère. C'est très à la main et les gens vont faire
analyser des échantillons, ici et là, de temps en temps. Mais, il
n'est pas fréquent que, subitement, une société ou un
groupe, amène des sacs d'échantillons...
M. LESAGE: C'est ça.
M. CARBONNEAU: ... à la suite, dansun laboratoire, quel qu'il
soit. Déjà, à moins que la société soit
organisée pour faire ses propres analyses, ce qui est très rare,
eh bien, il est impossible de cacher au moins aux employés du
laboratoire, que nous voulons avoir des résultats d'analyse.
M. LESAGE: Ou même les poches de carottes!
M. CARBONNEAU: Les poches, les sacs. Disons les sacs...
M. LESAGE: Oui.
M. CARBONNEAU: ... de carottes. Des morceaux de carottes fendues en
deux.
M. LESAGE: Oui, je sais ce que c'est.
M. CARBONNEAU: Des carottes minéralisées.
M. COURCY: M. Carbonneau, on semble dire, dans le nord, quand la
première annonce des premiers forages, de cinq trous, je crois...
M. CARBONNEAU: Non, il y a deux forages.
M. COURCY: II y a deux forages, oui. Entre la première et la
deuxième annonce qui a été faite quinze jours
après, environ du 5 au 23 mai, il y a eu les forages 712, 713 et 714.
Maintenant, à ce moment-là, c'est ce que l'on dit
et c'est pour ça que j'aimerais que les éclaircissements soient
donnés ici, il semblerait y avoir eu retard dans la deuxième
annonce, ce qui a rendu la spéculation plus facile parce que les 712,
713 et 714 semblaient décroître au lieu de maintenir la richesse
de la première annonce. Dya certainement une raison à
ça.
M. CARBONNEAU: Je peux bien vous donner tout de suite l'historique, la
chronologie des événements. J'ai une maquette qui va me permettre
de vous exposer exactement les événements qui ont eu lieu.
J'avais préparé auparavant une sorte de résumé des
activités de Soquem depuis sa fondation.
M. LESAGE: Oui.
M. CARBONNEAU: Mais je peux très bien passer immédiatement
à l'explication de cette maquette, si vous le
préférez.
M. JOHNSON: Voici, si vous me le permettez. Les peuples heureux n'ont
pas d'histoire. S'il n'y avait pas eu cette histoire-là, vous ne seriez
pas ici devant nous et je pense qu'il faut fournir des réponses à
des articles particulièrement virulents, entre autres de certains
journaux de Toronto, où en se pourléchant les babines on y est
allé à fond de train comme s'il s'agissait d'une affaire
extraordinaire, comme si nous étions complices, le gouvernement,
l'Assemblée législative et Soquem, pour tromper le public et, une
fois de plus, c'est un prétexte pour certaines personnes de donner libre
cours à une réserve de bigoteries qui semble
inépuisable.
« There are certain obvious questions, » disait le Toronto
Daily Star, vous les connaissez sans doute et je vous remercie d'avoir
préparé ce cahier à l'intention des membres du
comité, mais je pense qu'il faudrait en profiter ce matin pour
répondre à ces questions très claires de M. McArthur: Were
the two men, who were fired, connected in any way with the policy of
non-release of information? What is the extent of their trading and profit if
any? » Alors, je pense que vous avez répondu en partie à
cette question, mais est-ce que l'on pourrait répondre
catégoriquement et clairement à ces questions, avec l'espoir que
ce même journal publiera vos réponses avec autant d'enthousiasme
qu'il a publié cet article extrêmement gentil? Est-ce que les deux
personnes qui ont été mises à pied étaient
liées par votre politique de ne pas faire connaître l'information
au public? Il s'agit du document numéro 49.
M. CARBONNEAU: Certainement! La première personne était
liée. La seconde, l'économiste, s'est servie de l'information
à des fins personnelles, après l'annonce publique.
M. JOHNSON: La première personne, comment pouvait-elle être
liée? Elle n'était pas membre du bureau d'administration?
M. CARBONNEAU: Non, non, encore une fois, c'est une question de
régie interne.
M. JOHNSON: Ah bon! Elle n'était pas liée, ni par la loi
qui ne formule aucune restriction dans ce domaine. Elle était
liée par votre politique interne qui, si je le comprends bien...
M. CARBONNEAU: Les directives.
M. JOHNSON: ... est basée sur la politique interne des autres
compagnies minières.
M. CARBONNEAU: Elle est peut-être plus exigeante.
M. JOHNSON: La vôtre? M. CARBONNEAU: Oui.
M. JOHNSON: En quoi est-elle plus exigeante que la coutume suivie?
D'abord, voulez-vous nous donner la coutume?
M. CARBONNEAU: II est très rare que dans des situations comme
celles qui ont accompagné la découverte de Louvicourt, il n'y ait
pas d'employés de société minière qui tirent profit
â leur fin personnelle des découvertes. C'est très
rare.
Et notre politique est plus sévère en ce sens que pour
nous-mêmes, favoriser un ami pour jalonner des terrains autour d'une de
nos découvertes est considéré comme un manque
sérieux de conformité à une directive, soit celle de ne
pas donner d'information à qui que ce soit, lors d'une
découverte.
Il n'y a pas beaucoup de sociétés qui appliqueraient une
politique de cette façon-là. Nous l'appliquons, nous avons ces
directives encore une fois, en tenant pour acquis que, dans
l'intérêt public, une société de la couronne ne peut
se permettre de laisser ses employés profiter ou faire profiter des
particuliers de l'information qu'elle possède. C'est
toléré dans certaines entreprises, dans de nombreuses entreprises
d'exploration minière.
M. JOHNSON: Evidemment, ayant pratiqué le droit minier pendant
mes jeunes années, avant d'entrer en politique, je suis en mesure de
vous dire, M. Carbonneau, qu'il y a des gens qui ont de très grosses
fortunes aujourd'hui et qui ont les moyens de paraître vertueux parce
qu'ils les ont faites précisément en se servant d'informations
que leurs amis leur passaient au club. Alors, tout à fait
inopinément, cela tombait à la table au club, en langage
codé. Mais il ne faut pas que cela arrive dans le Québec et il ne
faut pas que cela arrive à des gens qui ont des noms comme le
vôtre. Des noms comme le mien, cela passerait, mais des noms comme le
vôtre.
Alors, chez vous la politique est sévère. Est-ce que cela
vous aiderait si on amendait la loi pour y inclure les mêmes
prescriptions que dans la Loi des mines? Nul fonctionnaire ou employé du
ministère, ne doit avoir directement ou indirectement un droit ou
intérêt dans une mine de la province. Toute personne qui
contrevient au présent article est passible sur poursuite sommaire d'une
amende n'excédant pas $500, en outre de la destitution de sa charge, la
nullité du droit ou intérêt acquis en contravention du
présent article.
M. CARBONNEAU: Cela ne nous aiderait certainement pas, cela nous
nuirait. On ne pourrait pas conserver chez nos employés le même
esprit d'entreprise, d'initiative et de confiance. Il y a eu des faiblesses.
C'est-à-dire qu'il y a eu des furoncles dans l'entreprise, mais dans
l'ensemble, nous avons un personnel qui travaille. Je ne dis pas qu'au
ministère on ne travaille pas, mais on travaille dans un esprit
différent. Très éloigné très
souvent de la direction puisque la direction quand même a
son siège social ici ce personnel prend beaucoup d'initiatives
lui-même. Alors, si on lui crée un cadre de travail rigide dans ce
domaine-là comme dans d'autres, je pense qu'il va être difficile
de lui demander d'agir de la même façon,
M. JOHNSON: M. Carbonneau, est-ce que l'amendement que je vous ai
proposé, ne correspond pas d'assez près aux directives que vous
aviez données?
M. CARBONNEAU: Peut-être, c'est peut-être naïf un peu
de l'espérer, je ne le crois pas, mais je préférerais
beaucoup que les employés de Soquem arrivent au même
résultat volontairement plutôt que maintenus dans un corset, d'une
façon rigide par un article de loi.
M. LESAGE: C'est-à-dire que vous préférez à
la menace de punition, l'effet de la confiance acquise?
M. CARBONNEAU: Il est très difficile par un article de loi
également de fermer tout ce champ de diffusion d'information. Je ne suis
pas avocat, mais dans les causes qui touchent à 1' « inside
trading », par exemple, je ne crois pas que les Commissions de valeurs
aient réussi à régler le problème actuellement. On
peut défendre aux employés d'acheter des actions, mais comment en
arriver à ce que les employés, par exemple, ne puissent pas
donner le tuyau àunbeau-frère?Tandis qu'il peut arriver, je
crois, que, sur un régime de confiance, les employés y pensent
deux fois avant d'avertir leur beau-frère.
M. JOHNSON: Cela peut arriver à trois ou quatre heures du matin,
un peu fatigués...
M. LESAGE: L'enthousiasme peut être une cause.
M. CARBONNEAU: Nous recrutons nos employés dans divers milieux.
Je peux vous dire tout de suite que le congédiement de deux
employés n'a pas amélioré les relations humaines à
l'intérieur de Soquem. Certains de nos employés, comme vous le
verrez par les curriculum vitae, n'ont pas besoin de travailler au
Québec pour gagner leur vie. On les a récupérés
dans divers secteurs de l'industrie privée ou dans d'autres
gouvernements. On est allé chercher, sur d'autres continents aussi, des
Québécois qui avaient laissé la province. Ces
gens-là ne sont pas obligés de rester ici.
M. JOHNSON: L'autre question, c'est: Who did formulate the no-talk
policy?
M. CARBONNEAU: Pardon?
M. JOHNSON: Qui a donné les instructions de ne pas laisser
couler... Evidemment, la réponse est évidente, c'est vous.
M. CARBONNEAU: C'est moi, c'est-à-dire je pense, que c'est le
conseil, quand même sur mes recommandations. M. Gauvreau a
été mis au courant et mes collègues ont été
mis au courant de cette politique. Je l'ai exposée, moi, aux
employés.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a eu des directives écrites?
M. CARBONNEAU: Il y a des directives écrites, et j'ai les bobines
magnétiques des directives qui ont été données
oralement. Il y a eu des séances qui ont duré plus d'une heure
sur le sujet, pour bien expliquer aux employés la raison de cette
politique.
M. JOHNSON: Par souci tout simplement de compléter le processus
dans lequel je suis engagé, je pose une autre question. Je prends
à mon compte la question de M. McArthur: How is it that there appeared
to be a leak of information even before the first drill hole was announced? Je
pense que cela va de soi que vous avez déjà répondu. Il y
en a un qui a parlé.
M. CARBONNEAU: Oui, mais je ne dirais pas qu'il est le seul
responsable.
M. LESAGE: C'est à la suite de l'étude de la formation
géologique.
M. CARBONNEAU: Oui.
M. JOHNSON: L'autre question de M. McArthur: Is it not true that it is
reasonable to keep drilling results a secret only when they really are a
complete secret and the market therefore is not active. Once the market is
churning is it not the proper policy of releasing information as it is
obtained? C'est peut-être la question qui a soulevé le plus de
remous. On s'est demandé pourquoi vous aviez je rejoins la
question du député d'Abitibi-Ouest pris tant de temps
à publier la deuxième nouvelle qui était beaucoup moins
intéressante, apparemment, pour le marché.
M. CARBONNEAU: Je pense que je pourrais vous l'exposer plus facilement
avec le modèle.
M. JOHNSON: Alors, suspendons la réponse à
celle-là.
M. LESAGE: La question que les gens se posent, c'est surtout
celle-là. Pourquoi le délai entre la première et la
deuxième déclaration? Alors, si je peux vous faire une
suggestion, M. le Président, M. le Premier Ministre, je pense qu'on est
aussi bien de nous éclairer tout de suite sur ce point.
M. CARBONNEAU: Alors, vous savez que c'est à la suite d'un accord
signé en mars 1967 que nous avons entrepris des travaux sur les
propriétés minières de trois petites
sociétés cadettes: Naganta, Nemrod et Timrod.
Nous avons fait des relevés géophysiques des mesures des
propriétés physiques des roches de divers types au cours de
l'été, et en particulier sur le site de la découverte, en
novembre 1967, nous avons relevé la présence d'une zone plus
conductrice d'électricité que sur le roc environnant. Nous
l'avons représenté dans l'espace ici par un bloc de styromousse.
Cette maquette en fait est un bloc de la croûte terrestre qui
représente une profondeur vers l'intérieur de 400 pieds, une
largeur de 500 pieds et une longueur de 960 pieds. Alors, vous voyez, en
travers, ici, ni plus ni moins le socle rocheux, le roc qui à cet
endroit représente une structure géologique à grande ou
enfin à con-ductivité nettement plus forte que le roc
environnant.
Il y a dans cette zone géologique des concentrations de pyrite de
fer. La pyrite de fer est un sulfure de fer stérile qui est souvent
accompagné d'autres types de sulfure en l'occu-rence ici, un sulfure
double de cuivre et de fer qui s'appelle la chalcopyrite. Alors tout ce que
nous avions en novembre 1967 c'était la connaissance d'un conducteur qui
s'exprimait en surface par une très faible anomalie
géophysique.
Nous avons une centaine de ces conducteurs comme ça dans le
portefeuille d'anomalies qu'on appelle anomalies géophysiques. Alors
nous les forons les unes après les autres systématiquement. Et,
le 28 avril dernier, nous étions rendus à cette
anomalie-là. Cette baguette représente en fait la carotte qui
mesure un pouce et un huitième. C'est le cylindre rocheux qu'extrait la
foreuse. Les forages sont tous inclinés sur la propriété
à des angles variant de 45 degrés à 70 degrés.
Alors le 28 avril ce forage-là débute et il est terminé le
1er mai. Vous allez me permettre de prendre mes notes, je pense que c'est
très important pour éclairer la question. Maintenant il n'y a
personne d'autre sur place à ce moment-là que des foreurs. Il est
de pratique usuelle de faire des forages comme ça, de confier le travail
à un entrepreneur et les foreurs font le travail. Nous avons comme
ça plusieurs foreuses qui vérifient les anomalies.
Le 30 avril je reçois un appel téléphonique de
l'ingénieur en charge des forages qui m'indique que le forage 705 aurait
coupé une zone minéralisée. Alors la zone
minéralisée a été analysée le vendredi
suivant, le 2 mai, et rapportée le samedi, comme je le disais tout
à l'heure, à six heures trente de l'après-midi. Cette
carotte représentait 64 pieds à 9.3% selon ce que nous avons
rapporté. Mais une vérification subséquente nous rapporte
9.6% suivi de 55 pieds à 1.81%.
Le 2 mai, c'est donc le jeudi de la semaine en question, un second
forage est effectué et nous commençons à recevoir des
carottes vers la fin de cette même journée.
Le vendredi, nous avons des carottes additionnelles et le samedi, nous
avons ces carottes jusqu'à 282 pieds, tel que rapporté dans notre
communiqué. Sur ces 282 pieds de longueur, le long de la carotte, il y a
à peu près 1/4 pouce de couleur verte et à l'examen, cette
carotte nous montrait également une très forte
minéralisation. Alors, à la suite du rapport d'analyse officielle
de la première section, de l'examen visuel de cette section, nous avons
émis le premier communiqué.
Il ne fait pas de doute que la nouvelle é-tait importante. La
découverte d'un indice de cette valeur ne survient pas très
souvent dans l'industrie minière de l'est du Canada. Je vous ferai
grâce des réactions des gérants d'exploration mais à
peu près toutes les sociétés d'importance d'exploration
minière en Amérique du Nord, nous ont
téléphoné d'abord pour nous féliciter, sur la foi
de ce communiqué seulement, et nous offrir leur participation.
C'est-à-dire offrir leur contribution financière et technique au
cas où Soquem voudrait partager son intérêt,
l'intérêt qui lui appartenait en vertu de la convention avec les
trois sociétés minières: Naganta, Nemrod et Timrod.
Alors, le travail s'est donc poursuivi. Le 7 mai, le forage 707 est
effectué. Le forage 706 est terminé le même jour à 3
heures de l'après-midi. Concernant le forage 707, la couleur indique une
teneur de 1.5 à 3%. Le forage 707 n'est pas un mauvais forage. Il
indique une teneur plus faible que le forage sous-jacent. Mais il n'y a
personne dans les cercles miniers qui espèrent que des teneurs comme
ça se poursuivent latéralement et verticalement sur de
très longues distances. Mais on a encore ici un forage très
satisfaisant qui donne plus de trente pieds
de minéralisation dans un seul bloc avec des teneurs
supérieures à 1.5% de cuivre et deux sections, deux longueurs
dépassant cinq pieds, également avec des teneurs
supérieures à 1.5%.
M. JOHNSON: Une couple de questions. Est-ce que 1.5%, c'est
commercial?
M. CARBONNEAU: 1.5% actuellement, même par méthode
souterraine, ça nous paraît absolument commercial. Maintenant, par
méthode à ciel ouvert, on peut selon le tonnage disponible aller
à des pourcentages beaucoup plus faibles. Je pense qu'il est raisonnable
de considérer ici comme teneur inférieure, pour le moment,
même une teneur de 3/4 de 1% au cas où plus tard on pourrait faire
une exploitation à ciel ouvert.
M. LESAGE: Ce qui semblait possible d'après les premiers
résultats?
M. CARBONNEAU: D'après les résultats, oui. Alors, le
forage 707 se termine le 10 mai à 7 heures du soir. Dès le lundi,
6 mai, nous avions demandé à un entrepreneur en forage d'apporter
une nouvelle foreuse sur les lieux. Elle est arrivée le 9 mai. Alors, le
9 mai à 7 heures, elle a commencé à faire son forage. Le
forage 708 a commencé le 7 mai et s'est terminé le 14 mai,
à 546 pieds. Il indiquait encore quand même des teneurs
intéressantes. Ici, la couleur bleue indique une teneur de 3% à
6%. La couleur verte, une teneur de 3/4 de 1% à 1.5%. Il indiquait quand
même une certaine faiblesse. Il n'y avait pas lieu à ce
moment-là d'être angoissé. Il indiquait une certaine
continuité. Ensuite, le forage 709 a débuté le 13 mai pour
se terminer le 15 mai.
On a deux foreuses, maintenant, en opération, à ce
moment-ci. Egalement, ce forage, pas aussi brillant que les deux premiers,
indique quand même une continuité que nous avons donc
appelée un filon ou une zone, hautement minéralisée qui se
continue, avec une certaine inquiétude au 708 mais la
minéralisation est encore présente.
Alors, nous prenons le 710 maintenant qui commence le 14 mai pour se
terminer le 20 mai et qui a une profondeur de 569 pieds. Alors, le 710 se
termine donc, le 20 mai. C'est la fin du forage. Mais les analyses arrivent
toujours quelques heures plus tard. Il faut fendre la carotte, en envoyer une
moitié dans les laboratoires.
Dans le cas du forage 710, qui s'est terminé le 20 mai,
déjà nous avions 29 résultats d'analyse le 20 mai, le
soir. On ne peut pas dire qu'on retarde trop pour envoyer ça aux
laboratoires.
Trois autres résultats nous parvenaient le 21. Cela
complétait le tout.
Ce trou-là était nettement inquiétant,...
UNE VOIX: Décevant!
M. CARBONNEAU: Décevant, oui. Ici, nous n'avons plus qu'une
section de cinq pieds, à 2.1%. Il y a encore de la
minéralisation. Mais la largeur réelle de ça, la largeur
qui permettrait l'exploitation est certainement inférieure à cinq
pieds, elle est peut-être de trois pieds et demi ou quatre pieds et
là il y a raison de s'inquiéter.
Nous aurions bien pu publier ce résultat-là. Il aurait eu
un effet, le même effet sur le marché qu'a eu le trou suivant.
Mais, qu'est-ce qui serait arrivé si le trou suivant, le 711, avait
donné de bons résultats comme il était bien raisonnable de
s'y attendre d'ailleurs, puisqu'il était effectué à 110
pieds verticaux, sous la plus belle section que nous avions eue dans le premier
trou. Il était bien raisonnable de s'attendre que celui-là soit
convenable.
En publiant tout de suite, un communiqué rapportant le trou 710,
on risquait de provoquer une baisse de marché et, le surlendemain ou
quelques jours suivants, provoquer une remontée du marché en
publiant 711. Le trou 710 nous indiquait qu'il fallait être prudent. Mais
le trou 711, lui, réellement, nous a indiqué nettement que la
zone de ce côté-ci, du moins, la zone minéralisée,
la première zone minéralisée recoupée par le
forage, manquait de continuité dans les teneurs raisonnables.
Sur le plan, ici, en fait, la longueur totale est de 120 pieds I plus de
6% et ici, nous avons de petites sections de cinq pieds à 2%, et ici,
à trois quarts de 1%, trois quarts, une section de 9 pieds à 2%.
Ce n'est plus intéressant, il y a tellement de contraste entre les deux.
Ici, on est rendu à une profondeur d'environ 210 pieds sous la surface
du terrain, là nous étions à environ 125 pieds sous la
surface. Alors, nous avons été obligés d'avouer que nous
étions un peu battus, que la minéralisation se ferme très
rapidement.
Maintenant, quand ce forage a-t-il été fait? Le forage 711
a été fait du 16 au 22 mai. Les analyses nous sont parvenues par
groupes comme suit: Le 20 mai, sept analyses; le 21 mai, 22 résultats
d'analyse; le 22 mai, cinq résultats d'analyse. Remarquez bien que tous
les autres forages sont revisés, que le laboratoire nous envoie chaque
jour de 50 à 60 analyses, de divers forages. Alors, le 22 mai, nous
avons encore cinq analyses et le 23 mai, à cinq heures, nous recevons
encore quatre résultats d'analyse.
Alors, on ne pouvait quand même pas laisser aller le
communiqué avant d'avoir le résultat d'analyse. Le
communiqué est parti à huit heures ou dix heures le même
soir. Le second communiqué était émis pour annoncer que la
zone minéralisée découverte, la première en tout
cas, ne paraissait pas s'étendre très loin latéralement,
ni verticalement.
C'est ça qui a provoqué, malheureusement, une baisse de
marché. Est-ce que là, il aurait été
préférable de l'annoncer avant? Je ne crois pas que nous
étions en mesure, seulement sur la foi du trou 710, de laisser aller
cette nouvelle. Il était très naturel d'espérer, sur la
foi du trou 707, au dessous du 706, que nous aurions au forage 711, une section
aussi bien minéralisée ou meilleure.
On doit s'attendre qu'elle soit meilleure. On passe subitement de 120
pieds à 6% à neuf pieds à 2% dans un cas, et à neuf
pieds à 2.9% et à cinq pieds à 2.10%.
M. JOHNSON: Est-il exact de dire que vous aviez toujours besoin, avant
de publier la mauvaise nouvelle, d'un trou témoin?
M. CARBONNEAU: Bien, d'un trou de confirmation. Il est possible de
publier au jour le jour des renseignements, mais des renseignements incomplets.
Je ne pense pas que sans tomber dans la prétention, les
sociétés d'exploration d'un certain calibre publient des
bulletins au jour le jour. Il faut avoir une vue d'ensemble. Il faut attendre
que le forage soit complété, qu'il soit terminé. Parce
qu'on risque, à ce moment-là, de donner une information partielle
qui peut paraître soit très optimiste ou très pessimiste.
Il faut attendre d'avoir un résultat complet du forage et la vue
d'ensemble avant de laisser aller un bulletin de nouvelles. En cela nous nous
conformons à la façon dont agissent en général les
sociétés d'un certain calibre.
Il est entendu qu'une société cadette qui a besoin,
souvent, de fonds pour financer justement son exploration, a souvent avantage
à émettre la nouvelle le plus rapidement possible.
M. JOHNSON: Lorsqu'elle est bonne.
M. CARBONNEAU: Lorsqu'elle est bonne. Lorsqu'elle est mauvaise, on s'en
abstient et les choses s'éteignent. Nous n'avons pas le monopole du
jugement dans ce domaine-là, mais, en dernier ressort, lorsqu'il y a
parfois des conflits presque irréconciliables entre le public en
général et le public des spéculateurs, la po- litique est
simple. Nous allons apporter les faits; établir la situation et dire ce
que nous trouvons de bonne foi, au meilleur de notre connaissance. Dans ce
dossier, dois-je ajouter, nous avions, sur le terrain, à partir du jeudi
10 mai, un géologue chevronné qui est jeune, mais qui, par
exemple, lors des dernières assises de l'Association des mines du
Canada, The Canadian Institute of Mining and Metallurgy, était
honoré de la médaille Barlow. Il s'agit de la plus haute
décoration, si vous voulez, pour les géologues de moins de 40
ans. Nous avions également sur le chantier, dès la fin du premier
trou, un géologue de Toronto comme conseiller: le Dr Bruce Graham qui a
fait sa thèse de doctorat pour le gouvernement du Québec, ici, au
ministère des Richesses naturelles, en 1945, 1946 et 1947 et qui a une
connaissance très poussée des couches géologiques de la
région du Nord-Ouest québécois. On le considère
certainement comme l'un des quatre ou cinq plus grands experts qui, comme nous,
a vu un peu cette chose-là se détériorer sans cependant
dire qu'elle était sans espoir, parce que nous allons revenir
tout à l'heure aux forages subséquents si on lit le
bulletin complet, si on n'en extrait pas seulement un paragraphe mais qu'on le
lit dans son ensemble, on considère encore que la région restait
favorable. M. Graham par exemple, s'opposait à ce qu'on fasse les
forages dans cette section-là dans des intervalles de 50 pieds, ces
forages-ci ayant 100 pieds. Pour exprimer exactement ce qu'il me disait
là, en s'opposant à ce que nous fassions des forages ici, il
employait l'expression « Stop beating a dead horse. You will not make him
go ». Alors, ça ne voulait pas dire que nous étions comme
il le disait. Il y avait encore de la place dans le voisinage, mais ce
segment-là ne paraissait pas de dimension suffisante pour soutenir, au
stade où nous étions rendus, compte tenu de la profondeur de
mort-terrain il y a 40 à 50 pieds d'argile par-dessus ça,
ce conducteur compte tenu de ce segment de terrain, le tonnage
n'apparaissait pas suffisant, dis-je, pour soutenir une opération
commerciale par cette méthode, évidemment à ciel ouvert.
Le gîte se trouvant, lui, dans la partie supérieure du roc, dans
le toit, une opération par méthode souterraine devenait
impossible. On ne pouvait pas aller chercher le toit et recevoir l'argile sur
la tête.
C'est ainsi que le gîte n'apparaissait pas, au stade où
nous en étions rendus, à l'aide de renseignements recueillis,
devoir se prêter à une opération commerciale.
Alors, voici la situation en ce qui concerne
les étapes à travers lesquelles nous avons passé
avec ces forages et à quel moment nous avons donné l'information.
Je ne crois pas que nous aurions pu la donner plus rapidement. Si elle avait
été donnée au trou 710 qui aurait causé une
inquiétude, un mouvement de bourse, mais qui aurait causé une
inquiétude et que nous avons confirmé après, alors, la
baisse aurait été moins subite, mais elle aurait
été subite, il y aurait eu un dégringolement assez rapide.
Mais si le forage 711, comme nous étions bien en droit de nous attendre,
avait été un peu plus fort en teneur, eh bien, le marché
de ces actions aurait remonté. Nous n'avons pas objection à cela,
qu'il remonte ou qu'il baisse; mais avant de donner une nouvelle de nature
à impliquer que la zone v? était pas aussi bonne qu'on
l'espérait, il nous fallait tout de même un forage de
confirmation. Et il est de très bonne pratique de toujours faire,
lorsqu'on a une section de cette valeur, un trou de forage sous la section,
soit avec un angle différent comme dans ce cas-ci, ou soit au même
angle mais en reculant le point de départ d'environ 100 pieds.
M. JOHNSON: M. Carbonneau, une question qui nous est posée, est
la suivante: Auriez-vous publié la nouvelle du premier forage qui
était extrêmement intéressant, s'il n'y avait pas eu de
coulage? Est-ce pour en somme donner la chance à tout le monde de
connaître la même nouvelle, que vous avez publié un bulletin
au sujet du premier forage?
M. CARBONNEAU: Non, je crois que nous l'aurions publié,
peut-être pas le lundi. Mais je crois que nous l'aurions certainement
publié dans la semaine, le mercredi ou le jeudi. Si nous l'avons
publié le lundi, je dois avouer que les mouvements d'actions nous
avaient inquiétés à la direction durant la journée
de vendredi, mais nous considérions comme notre devoir de publier ces
deux forages le plus tôt possible parce que, comme on le dit d'ailleurs
dans notre communiqué, dans l'intérêt public, nous
espérions bien que ces forages seraient assez significatifs pour
encourager l'exploration dans la région de Val-d'Or. Effectivement, ils
ont eu cet effet, quel que soit le résultat. Et dans
l'intérêt public, il était certainement, je pense, de bon
aloi de publier ces deux forages le plus tôt possible.
M. JOHNSON: Les intérêts privés auraient fait la
même chose d'après vous?
M. CARBONNEAU: C'est-à-dire les intérêts
privés... il y a des cas dans l'histoire des mines!
Mais le cas le plus, je pense, près de nous et qui a fait le plus
de bruit, c'est le cas de la Texas Gulf, lorsqu'elle a découvert son
gisement de Timmins. Elle n'a pas publié sur le coup. Elle a
conservé les résultats. Au bout de six mois, ses administrateurs
ont même fait une déclaration qu'il n'y avait pas
découverte. Et la Commission des valeurs, c'est-à-dire la
Securities Exchange Commission a poursuivi les administrateurs de Texas Gulf
pour fraude dans l'information à leurs actionnaires. Et ils ont
été poursuivis pour « inside trading »; maintenant
ils ont été relevés de cette accusation, mais actuellement
la cause est en appel.
M. LESAGE; Sur ce point, puisque l'une des bases des questions du
premier ministre est l'article de M. Jack McArthur, parut dans le «
Toronto Daily Star », du 28 mai, il semble que M. McArthur confirme que,
dans le secteur privé, l'information doit être rendue publique
aussitôt que possible, au fur et à mesure des découvertes.
Sa question est la suivante: Is it not true that it is reasonnable to keep
drilling results a secret only when they really are complete secret and the
market therefore is not active? Once the market is churning, isn't the proper
policy of releasing the information as it is obtained?
Alors, votre réponse serait oui à sa deuxième
question et c'est ce que vous avez fait effectivement?
M. CARBONNEAU: The market was not churning. A partir du mardi suivant,
ces actions-là ont monté très vite et se sont maintenues
à un haut niveau.
M. LESAGE: Oui.
M. CARBONNEAU: Alors, le « market » n'était pas
« churning » à partir de ce moment-là.
M. LESAGE: Oui, mais lors de la première
déclaration...
M. CARBONNEAU: La première déclaration, au cours du lundi,
ces actions-là ont monté très rapidement.
M. LESAGE: Oui, mais lorsque vous avez fait votre première
déclaration, le marché était déjà actif.
M. CARBONNEAU: II était très modestement actif, mais il
était actif les jeudi et vendredi prédédents.
M. DOZOIS: Ce n'était pas un « complete secret »
à ce moment-là.
M. CARBONNEAU: On n'avait pas mis de cadenas partout. Mais le lundi
suivant, le cadenas était mis partout, nous avions une agence de
détectives privés sur la propriété et tout a
été fermé. Il n'y a certainement pas eu d'information qui
a couru, à partir au moins du milieu de la semaine, parce qu'il a fallu
régler nos problèmes de régie interne.
M. LESAGE: Mais c'était après la première
déclaration.
M. CARBONNEAU: Oui, c'est après.
M. DOZOIS: M. Carbonneau, si vous n'aviez pas senti qu'il y avait des
fluctuations sur le marché, j'imagine que vous n'auriez pas fait votre
déclaration du 5 mai basée sur la découverte, vous auriez
attendu que ça confirme, peut-être.
M. CARBONNEAU: J'aurais peut-être attendu ce résultat
d'analyse ici, mais il n'y avait pas de risque, c'est-à-dire que nous
avions plus de 3% dans le deuxième forage. M. Tremblay était sur
l'emplacement et, de fait, nous avons eu à l'analyse, 4.22%. Avecune
analyse visuelle dans des teneurs aussi élevées, les chances
d'erreur sont minimes.
M. DOZOIS: Mais vous avez pris la précaution de dire, dans le
dernier paragraphe: Les travaux ne sont pas assez avancés pour nous
prononcer maintenant sur l'ampleur de la découverte.
M. CARBONNEAU: Si on lit bien les communiqués, ils ont
été écrits quand même avec soin, en équipe,
en pesant tous les mots. Les trois communiqués, si on les lit bien, on
verra que tout ce que nous avons fait jusqu'à aujourd'hui, c'est de
représenter la réalité, si déplaisante soit-elle au
second bulletin. Au troisième bulletin, on peut peut-être
continuer cet exposé. Mais peut-être qu'avant de terminer, par
hasard, après avoir émis le premier bulletin, avoir
rappelé à nos employés la conduite qu'ils doivent tenir au
sujet de l'information, notre conseiller juridique a mis la main sur un article
qui concerne la « Corporate Disclosure and Inside Trading »,
écrit par un avocat de la Commission des valeurs mobilières
américaine: The Securities Exchange Commission, qui dit très bien
ceci: en ce qui concerne « Corporation Disclosure and Inside
Trading: « What events needs this caution and cause management to
cut off trading until there is public disclosure of the news. » Alors, il
recommande « public disclosure » dans les exemples suivants: A
dividend increase or decrease,... etc., et à la fin, « a
significant discovery of natural resources such as oil or minerals ».
Alors, je peux terminer l'exemple. Nous avons continué les
forages après le forage 711, le 712, le 713. Le 712 est le suivant ici,
commencé le 21 mai et terminé le 27. Dernier résultat
d'analyse le 31 mai dénotant la présence de deux intersections
minéralisées, une de cinq pieds, l'autre de douze pieds environ,
à des teneurs de près de 1%. Les forages 713 et 714 sont
forés entre deux ici. Malgré les recommandations de notre
conseiller de Toronto, nous l'avons fait quand même, parce qu'il y avait
encore une possibilité qu'il y ait eu un pli couché très
serré et que le forage ait été fait, malgré toutes
les indications, dans le mauvais sens. Alors, nous avons fait quand même
le 714 qui confirme absolument la présence de la masse
minéralisée ici.
Il y a le 715 qui a été commencé le 28 mai et a
été terminé le 7 juin. Alors, nous n'avons pas pris trop
de temps à le rapporter celui-là non plus. Le troisième
communiqué est sorti le 7 juin et les résultats nous sont
arrivés les 4, 5, 6 et il n'est pas complètement
échantillonné. Or ce forage montre une intersection très
intéressante de 17 pieds à 3% et aussi une autre intersection de
20 pieds ici à des teneurs voisines de 1%.
Mais surtout cette intersection-ci démontre la possibilité
d'une nouvelle zone. Et voici comment l'on peut représenter maintenant
un peu la situation dans l'espace si l'on remonte en haut, la première
zone est ici, elle a été recoupée par deux forages d'abord
très intéressants, au-dessous elle a semblé s'affaisser
excepté qu'ici il y a encore certaines possibilités d'extension
mais à des teneurs beaucoup plus faibles.
Ici, nous avons cette nouvelle intersection. L'anomalie
géophysique se poursuit, elle a été vérifiée
par d'autres sortes de mesures. Alors il est permis de penser que encore
une fois, que voulez-vous, tant que les renseignements ne sont pas obtenus par
foreuses, il faut tout mettre au conditionnel si cette zone se poursuit
jusqu'en surface, si elle a un peu d'extension latérale, nous aurions
à ce moment-là deux masses minéralisées. Non pas
seulement celle-là qui ne pouvait pas soutenir une opération
commerciale à elle seule, payer pour l'enlèvement du mort-terrain
par exemple. Mais si nous avons aussi celle-là qui se poursuit, que nous
vérifions
maintenant par d'autres forages, eh bien, nous aurons suffisamment, nous
l'espérons pour alimenter une opération commerciale mais à
basse teneur, peut-être 1%, 1 1/2% mais qui serait commercial parce que
le tonnage à ce moment-là serait suffisant, la masse de cuivre
présente serait suffisante au moins pour payer pour l'enlèvement
de mort-terrain. On n'assume pas ici qu'on pourrait construire une laverie, une
usine de concentration avec un gisement comme ça, mais on pourrait
certainement faire traiter ce minerai-là ailleurs.
Maintenant, pour terminer cette maquette, vous avez ici ce que
représente à l'échelle un bloc de 125,000 tonnes de
minerai. On ne demandait pas beaucoup dans la première intersection,
125,000 tonnes de minerai ici, ces 125,000 tonnes de minerai à une
teneur de 10% de cuivre cela vaut $10 millions. La Presse a mentionné ce
chiffre. Je pense que La Presse faisait une projection raisonnable.
Déjà les forages sont espacés à 100 pieds, prouvant
donc que cette dimension-là existait. Le premier forage avait plus de
100 pieds de minéralisation. Alors, encore là, ça allait.
Ce qui n'allait pas, c'était l'extension verticale. Il fallait attendre
de faire le forage pour le prouver. Malheureusement le forage a prouvé
que l'extension verticale était décevante.
M. LESAGE: M. Carbonneau, vous parliez tout à l'heure des
recherches géologiques faites sur la base de la conductibilité
électrique. Est-ce comme ça que vous dites ça?
M. CARBONNEAU: Oui.
M. LESAGE: La conductibilité électrique d'une zone. Est-ce
que vous pouvez, par ces recherches géologiques, savoir d'une
façon assez précise si une zone est adjacente à celle qui
est représentée par le morceau que nous avons devant nous, une
zone adjacente est également minéralisée.
M. CARBONNEAU: Avec votre permission, je vais laisser répondre
notre géophysicien à cette question.
M. LESAGE: Prenez de votre côté du bloc, M. Carbonneau,
est-ce que des expériences géologiques quant à la
conductibilité du sous-sol...
M. CARBONNEAU: Nous avons déjà mesuré deux lignes
espacées à 200 pieds, je crois, et qui dénotent par une
autre méthode de mesure une continuité plus considérable
que celle indiquée par le premier type de relevé.
M. JOHNSON: Vous arrivez là chez le voisin.
M. CARBONNEAU: Non, nous ne sommes pas chez le voisin. Nous sommes
encore chez nous.
M. LESAGE: Est-ce que vous continuez le forage dans cette zone?
M. CARBONNEAU: Nous continuons le forage, nous avons même,
malgré le deuxième communiqué qu'on a dit pessimiste,
à ce moment-là nous avons ajouté une quatrième
foreuse sur la propriété. Cela n'était pas
désespéré. Et il y a quatre foreuses actuellement sur la
propriété, trois qui travaillent dans ce secteur-ci. Il y a
actuellement de 800 à 1,000 pieds de carottes par jour qui sortent du
district.
M. LESAGE: Et pendant ce temps-là vous continuez des recherches
géologiques sur la base de la conductibilité
électrique?
M. CARBONNEAU: Exactement sur tout le reste du territoire qui a 6,500
acres de terrain.
M. LESAGE: 6,500 acres!
M. CARBONNEAU: Oui, 6,500 acres. Ceci représente environ une
demi-acre de terrain. Nos équipes géophysiques continuent de
faire des travaux. Maintenant, je peux mentionner aussi le service que nous
rendons à l'industrie minière. Actuellement, toutes les
sociétés géophysiques, les ingénieurs-conseils en
géophysique, les manufacturiers d'appareils survolent ce conducteur pour
vérifier leurs nouveaux appareils. Il y a toutes sortes de
relevés dont nous avons le résultat la plupart du temps
gratuitement ou à un coût très faible, qui se pratiquent
actuellement sur ce nouveau conducteur, que l'on peut mesurer tant qu'il n'y a
pas de laverie, d'accumulation d'acier faite par les membrures d'un
édifice. Ceci va servir aussi bien au Québec qu'à
l'Ontario, mais va servir beaucoup à mettre au point de nouvelles
méthodes de géophysique ou enfin de nouveaux instruments. Nous
avons déjà des renseignements provenant de ces mesures qui vont
nous, être très utiles sur certaines de nos
propriétés.
M. JOHNSON: Basés sur les résultats de vos forages, des
gens qui manufacturent des instruments veulent aller vérifier si leurs
instruments détectent un degré plus ou moins
intéressant.
M. CARBONNEAU: C'est ça. On a commencé à voler le
lendemain de notre bulletin. Nous ne pouvons pas empêcher les gens de
faire des vols au-dessus de l'espace aérien, mais on volait
déjà le lendemain de notre premier communiqué.
M. GAUCHER: Pour ajouter un mot à ce que M. Carbonneau a dit, ce
gisement a un intérêt particulier, c'est que c'est un conducteur,
c'est tout. Mais la plupart des forages ont été placés sur
des conducteurs magnétiques, qui ont une expression
gravi-métrique, qui ont d'autres relevés géophysiques qui
indiquent un indice intéressant. Ce conducteur est un des premiers qui
n'est que conducteur et n'a aucune autre expression géophysique. Et ceci
peut rouvrir à l'exploration beaucoup de terrains autour des
régions de Val-d'Or et de Noranda, qui seront sans doute
réexaminées avec ce type de gisement comme exemple et qui
pourront peut-être permettre de trouver d'autres gisements dans cette
vieille région minière.
M. JOHNSON: M. Carbonneau, serait-il exact de résumer ainsi la
situation? Vous avez, dans vos instructions à votre personnel, suivi la
coutume du milieu, c'est-à-dire demandé à vos gens de ne
pas se servir d'informations qu'ils pourraient acquérir dans leur
travail ou à l'occasion de leur travail, avant que le public ne soit
informé?
M. CARBONNEAU: De fait, même après. Nous leur avons
demandé de ne jamais prendre l'initiative de l'information. C'est une
politique générale, que nous ayons des découvertes ou non,
365 jours par année. Nos employés ne doivent pas prendre
l'initiative de communiquer l'information que nous possédons à la
Soquem en dehors des nécessités de l'exercice de leurs
fonctions.
M. JOHNSON: Mais je disais « se servir ». Ce n'est pas
seulement transporter l'information. Dans les compagnies minières, si je
suis bien informé, et j'ai de bonnes raisons de croire que je le suis,
c'est que l'on encourage même les gens à participer à
l'achat d'actions, mais après que le public a été
informé.
M. CARBONNEAU: Peut-être, mais, en général,
même dans les grandes sociétés minières, on
n'encourage pas l'achat d'actions de compagnies associées dans la
situation dans laquelle nous étions. On encouragera l'achat d'actions de
sa propre compagnie. On donnera des options.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. CARBONNEAU: Mais, on n'encourage pas les employés à
s'exposer dans un conflit d'intérêts. Un employé, par
exemple qui a le choix entre un forage, à 45 degrés ou un
à 70 degrés, lorsqu'il sait qu'à 70 degrés, il y a
des chances d'avoir une intersection plus longue s'il a des actions
d'une autre société que la sienne mais qui est associée
à l'entreprise pour laquelle il travaille, s'expose à un conflit
d'intérêts. Il sait fort bien que la nouvelle relative à
une intersection plus longue a des chances de faire monter le marché des
actions plus rapidement que celle de l'intersection d'un forage placé
à 45 degrés.
Alors, les grandes sociétés les grandes et les
moyennes en général les sociétés
respectables d'exploration n'encouragent pas l'achat d'actions dans des
situations comme la nôtre, mais peuvent encourager l'achat d'actions une
fois que le gisement est mesuré, que les mouvements d'actions sont
terminés. Cela devient un investissement pour ces
employés-là plutôt qu'une spéculation. Nous
n'encourageons pas la spéculation mais encourageons
l'investissement.
M. JOHNSON: Alors, chez vous, vous suivez la même politique?
M. CARBONNEAU: Sûrement.
M. JOHNSON: D'accord. Deuxièmement, vous avez publié
quant à moi, je suis satisfait de l'explication que vous nous
avez donnée des informations moins intéressantes lorsque
vous avez été en mesure de le faire d'une façon prudente.
Et, cependant, je me pose une question, ne serait-il pas à propos, au
moins dans vos règlements, d'avoir une disposition claire qui servirait
de directives permanentes, si l'on veut, à vos employés,
plutôt que tout simplement, des directives verbales, fussent-elles
enregistrées sur ruban magnétique?
M. CARBONNEAU: Oui, depuis le 15 mars, nous avons une directive
permanente concernant l'achat d'actions qui, pour les employés, consiste
à se conformer aux mêmes exigences que les administrateurs. Cela
était déjà bien en place avant la découverte.
Maintenant, nos employés ne sont pas des spéculateurs, quoi qu'on
puisse en penser. Il y en a beaucoup qui n'ont pas touché, malgré
leur vie professionnelle, au marché des actions.
Il y a certains de nos employés qui ont ache-
té des actions et qui n'ont simplement pas saisi qu'ils ne se
conformaient pas aux prescriptions de l'article 12, parce qu'ils n'en ont
acheté qu'un petit nombre, croyant qu'ils demeuraient à
l'intérieur d'un dixième de 1%.
Mais les actions des trois compagnies Naganta, Nemrod, Timrod, ne se
qualifiaient pas pour une possibilité d'achat, parce qu'en plus de
ça, elles étalent hors de la liste. Nos employés n'ont pas
saisi ce point de la question et, Je suis prêt à croire qu'ils
n'ont pas agi de mauvaise foi.
M. LESAGE: La diffusion d'informations me semble être une affaire
assez importante pour autant que les administrateurs et vos employés
sont concernés. Y a-t-il à ce sujet des directives écrites
ou seulement vos directives verbales?
M. CARBONNEAU: Non, il y a beaucoup de directives écrites aussi.
Il y a des choses très évidentes écrites dans les codes
d'éthique également pour les ingénieurs en plus des
directives de régie interne.
M. JOHNSON: Peut-être est-ce la meilleure indication que vous
êtes sur la route d'une grande découverte avec ce que vous avez
montré là. Je ne voudrais pas faire monter les actions mais c'est
une indication assez faible. Je connais deux cas en particulier où les
promoteurs ont failli aller en prison et sont en fin de compte devenus deux
gros producteurs. D'autres qui, dans leur carrière de promoteurs, ont
manqué à tous les codes d'éthique, à toutes les
lois imaginables. Mais on n'a jamais pu les prendre au collet, ni par la Loi
des valeurs mobilières, ici, ni par la même loi en Ontario ou
ailleurs. Je pense que la Securities Exchange a ses problèmes aussi, au
point où elle droit recourir, comme vous le savez, à des mesures
qui relèvent des postes. Quant à ceux qui connaissent le domaine,
il n'y a pas lieu de s'alarmer de ce qui a pu arriver chez vous ni du rythme de
vos communiqués. C'est la conclusion que j'en tire sans autre
intérêt.
M. LESAGE: Je pense que ce n'est pas mal donné. Un qui est bien
au courant de cette affaire, c'est le député d'Abitibi-Ouest. Il
sait ce qui s'est passé.
M. JOHNSON: Oui, il a déjà perdu beaucoup d'argent dans
certaines affaires.
M. LESAGE: Il paraît qu'il en a gagné aussi. On dit qu'il a
même fait des profits, par accident.
M. COURCY: Serait-ce commettre une indiscrétion que de nous
définir les conditions dans lesquelles Soquem peut faire de
l'exploration sous les propriétés de Naganta, Nemrod et
Timrod?
M. CARBONNEAU: Non, c'est déjà publié. La
société Naganta-Nemrod-Timrod a publié les principaux
éléments du contrat d'association. Ce contrat comportait les
éléments suivants: nous nous engagions, si nous voulions
conserver nos droits en vertu de la convention, à faire pendant une
période de cinq ans, pour $175,000 de travaux d'exploration,
distribués comme suit: $10,000 de travaux la première
année; $15,000 la seconde année; $25,000 la troisième
année; $50,000 la quatrième année; $75,000 la
cinquième année. A l'issue de cette période, si nous
voulons conserver les droits acquis en faisant ces dépenses, nous sommes
obligés de former une troisième compagnie dans laquelle nous
transformons nos dépenses d'exploration en actions de cette
troisième compagnie. Le groupe Naganta-Nemrod-Timrod, qui a
dépensé au-delà de $300,000 sur ses
propriétés mais qui, d'un commun accord, a accepté de
considérer qu'il n'avait dépensé que $180,000, aura
également un bloc d'actions pour ce montant. Enfin, je peux vous donner
le détail. Voulez-vous...
M. COURCY: Ces mêmes conditions prévalent-elles pour
d'autres petits prospecteurs qui ont des concessions actuellement?
M. CARBONNEAU: Oui, nous ne refusons pas les mêmes conditions mais
il faut apporter la même chose proportionnellement.
M. COURCY: Proportionnellement.
M. CARBONNEAU: On nous apportait 6,500 acres de terrain au voisinage
immédiat du ba-tholite de Bourlamaque, au voisinage immédiat
d'anciennes propriétés minières en production et d'une
propriété minière encore en production, Manitou Barvue. On
nous apportait un terrain qui était quand même intéressant.
Même si plusieurs sociétés minières étaient
passées sur ce terrain-là, et sans succès, il était
cependant intéressant. Ici, sans vouloir, encore une fois, faire montre
de trop de prétentions, il est peut-être bon de mettre en valeur
que nous avons fait cette découverte, comme si c'était une
nouvelle équipe de coureurs automobiles qui pratiquerait depuis deux ans
aux 500 milles d'Indianapolis.
Nous avons été faire une découverte au coeur d'un
district minier où, depuis plus de 40 ans, on fait de l'exploration. La
mine Manitou Bar-vue a été découverte, enfin, le premier
affleurement a été découvert en 1923. Alors, si l'on nous
apporte des terrains aussi valables, il n'y a pas de raison que nous ne
donnions pas les mêmes conditions.
M. LESAGE: Maintenant, M. Carbonneau, vous avez évidemment rempli
vos obligations quant aux dépenses que vous deviez faire, seulement le
travail que vous avez fait sur les terrains a dû coûter
passablement cher?
M. CARBONNEAU: Oui, mais nous n'avons pas dépassé
actuellement $75,000. Même avec les travaux récents. Nous
étions à $37,000 avant la découverte. Evidemment avec ces
forages-là, ça va très vite et d'ici à...
M. LESAGE: Est-ce que ces engagements de votre part vous donnent la
moitié des intérêts?
M. CARBONNEAU: C'est-à-dire qu'il y a deux interprétations
possibles à la convention. Dans un cas, nous aurions 49%
d'intérêt et dans l'autre cas 46%. Nous verrons. Avant cela,
encore, il faudrait quand même attendre d'avoir un gîte
minéralisé bien prouvé.
M. LESAGE: Et c'est une politique générale, n'est-ce pas,
que vous avez de vous associer suivant des termes similaires avec des
sociétés minières?
M. CARBONNEAU: Oui. Il est peut-être intéressant de
mentionner que, l'an dernier, dans notre rapport annuel, nous avons
rapporté que nous avions 18 associations en cours. Nous en avons
d'autres, cette année, qui seront dans le rapport annuel. Mais
déjà je peux mentionner que nous avons, au cours de
l'année, conclu une entente d'exploration de ce type, avec la
société UMEX, l'Union minière du Haut-Katanga, avec la
société Bell Asbestos, dans l'amiante, avec le groupe
Lapointe-Atwater-Roberts-Hollinger pour un grand gisement de...
M. LESAGE: Minerai de fer.
M. CARBONNEAU: ... de minerai de fer et de titane, à Magpie. Nous
avons conclu un accord avec la société Kerr-Addison et Selco.
Nous avons aussi conclu dernièrement un accord avec la
société Noranda Exploration, qui est la filiale d'exploration de
la compagnie Noranda.
M. LESAGE: Pour du travail autour de Rouyn?
M. CARBONNEAU: Travail au nord-est de Rouyn. Et nous avons quatre autres
associations sur le chantier, pour l'été prochain. De cette
classe-là, nous terminons les négociations à ce sujet.
M. JOHNSON: Avez-vous des intérêts dans ces recherches de
diamant, à l'Ile Bizard?
M. CARBONNEAU: Non. Je pourrais peut-être demander à M.
Tremblay; Je pense que c'était quand même intéressant, M.
Tremblay a été géologue du groupe de Beers, de Williamson.
Nous avons eu l'occasion de l'examiner. Maintenant, je ne crois pas que ce soit
du domaine public...
M. JOHNSON: Les journaux en ont beaucoup parlé.
M. CARBONNEAU: Les journaux en ont beaucoup parlé justement. Sans
aller dans les détails, je crois qu'il peut nous donner l'histoire de
cette découverte.
M. TREMBLAY: Les gîtes de St. Lawrence Columbium, à Oka, et
les intrusions que l'on connaît sous le nom de Montagnes
montérégien-nes, qui sont typifiées par le mont Royal,
cette association-là a donné, depuis très longtemps,
à penser qu'il pouvait y avoir également des intrusions rocheuses
à associer au type qui, ailleurs dans le monde, surtout en Afrique et en
Sibérie, donne lieu à des gîtes de diamant. Alors, les
recherches, depuis toujours d'ailleurs, moi-même j'étais
à la tête d'un de ces programmes d'exploration pour la
société de Beers pendant cinq ans ici au Canada et
même après mon départ de cette société, les
recherches se sont poursuivies par beaucoup de gens, en plus de la
société elle-même, et des étudiants intelligents de
l'université McGill ont pensé fouiller davantage les rapports
géologiques du ministère des Richesses naturelles, principalement
les rapports du Dr Clark, de la région de Montréal, et ont vu
qu'il y avait peut-être moyen de pousser davantage l'étude de
certaines de ces roches dans les environs de l'île Bizard et du mont
Royal et de ces autres intrusions dites montérégiennes, du type
du mont Royal, comme le mont Johnson, le mont Rouge-mont, le mont
Saint-Hilaire, etc.
M.JOHNSON: Saint-Bruno.
M. TREMBLAY: Saint-Bruno, oui.
M. JOHNSON: Saint-Paul aussi? M.TREMBLAY: Oui.
M. JOHNSON: Pour moi, il y a des diamants aussi à Saint-Pie.
M. TREMBLAY: C'est cela. Alors, ces gens ont, en particulier,
noté la présence de ce qu'on appelle brèches
ignées. Car en Afrique et ailleurs en Sibérie et dans plusieurs
parties du monde, nous trouvons ces diamants dans des brèches
ignées d'un type spécial et ces brèches ignées, que
l'on peut identifier par la présence de minéraux accessoires, un
certain grenat ou un certain minéral spécial qui peut
s'identifier assez facilement et qui permet de dire avec certitude que nous
avons une roche d'un type dit kimberlitique, du même type de roches que
l'on trouve I Kimberley, en Afrique du Sud qui, comme vous le savez, contient
des gîtes de diamant assez importants.
Le seul problème est que, même si l'on découvre ce
minéral indicateur de la roche « kimberlite », c'est un
indice qui est utile mais ce n'est pas un indice 100% certain. Autrement dit on
peut encore faire des recherches et trouver que cette roche s'apparente
à la « kimberlite ». Mais on peut trouver également
que cette roche ait de la « kimberlite », mais l'on connaît
du point de vue statistique que seulement 2% des roches « kimberlitiques
» du monde contiennent des diamants en teneur raisonnable pour être
extraites et exploitées. Alors, vous voyez que les problèmes ne
s'arrêtent pas à l'identification seule de ce minéral. Or,
à l'île Bizard, on a identifié ce minéral. En fait,
la première identification s'est faite dans nos bureaux à Soquem
et nous avons pu dire à ce moment-là que c'était une roche
du type « kimberlitique » sans rien garantir évidemment du
vrai type de la roche ou même de son caractère
diamantifère. Alors j'ignore où en sont les recherches
actuellement. Je ne peux que présumer qu'elles sont haletantes et que
toute découverte de diamant est encore problématique.
M. JOHNSON: Merci, M. Tremblay. M. LE PRESIDENT: M. Courcy.
M. COURCY: Profitant de la présence du Dr Auger, sous-ministre au
ministère des Richesses naturelles, et de celle de M. Carbon-neau,
j'aimerais savoir quelles sont les relations entre le ministère des
Richesses naturelles et Soquem, en regard des carottes que le ministère
de l'Agriculture et de la Colonisation expédie au ministère des
Richesses naturelles, dans le forage des puits que nous faisons chez les
cultivateurs et les colons, un peu partout dans la province?
M. JOHNSON: Il y a aussi les autres carottes.
M. LESAGE: Les cultivateurs n'ont pas seulement les carottes
comestibles.
M. COURCY: M. Auger.
M. AUGER: M. le Président, toutes les carottes qui nous
étaient envoyées et qui sont envoyées par le
ministère de l'Agriculture, à la suite des forages pour la
découverte de puits, eh bien, elles sont étudiées afin
d'identifier les roches, autrement dit les roches et le minerai qui pourraient
s'y trouver. Ce sont des informations géologiques valables et qui
permettent... C'est une information additionnelle pour la préparation de
nos cartes de nos relevés géologiques.
M. COURCY: Mais actuellement vous n'avez rien découvert dans ces
roches-là qui pourrait intéresser Soquem, par exemple?
M. AUGER: Si nous trouvions quelque chose d'intéressant, eh bien
là, il faudrait juger de la politique à suivre pour fournir
l'information, parce que normalement, Soquem est une société
d'exploration comme n'importe quelle autre.
M. COURCY: Ah! elle ne serait pas préférentielle...
M. AUGER: Aucun traitement préférentiel.
M. COURCY: ... au point de vue du ministère des Richesses
naturelles, étant donné que c'est un organisme
gouvernemental.
M. LESAGE: Ce n'est pas un organisme gouvernemental. C'est un organisme
qui reçoit des subventions gouvernementales.
M. AUGER: Soquem n'a pas...
M. LESAGE: La loi est bien différente de celle des organismes
gouvernementaux.
M. AUGER: Soquem n'a pas accès à nos informations
confidentielles et à nos dossiers. Pas plus que les autres compagnies
qui font de l'exploration.
M. COURCY: Si la teneur d'une des carottes
donne un rendement en cuivre de cette teneur, informez-vous le public
directement ou les compagnies minières?
M. AUGER: Il faudrait établir une politique pour disposer de
cette information, ce qui peut se faire de différentes manières.
Dans le passé, il y a déjà eu une vente à
l'enchère dans le nord de l'Ungava, par exemple c'est une
façon de procéder ou encore tout simplement ouvrir au
public...
M. GRENIER: M. Johnson.
M. JOHNSON: M. le Président, je voulais tout simplement demander
à M. Carbonneau s'il considère que, dans son statut actuel, il
est sujet à l'application de la Loi des valeurs mobilières, comme
toute autre société.
M. CARBONNEAU: Nous sommes une compagnie privée à ce point
de vue. Et ce sens que nous n'avons pas d'actions dans le public, le
gouvernement étant l'unique actionnaire. Mais nous serons certainement,
je pense, soumis à la Commission des valeurs mobilières dans les
sociétés comme celles que nous devons former actuellement par
cette convention, les sociétés d'exploitation dans lesquelles
nous avons un intérêt. Mais actuellement, la Commission des
valeurs mobilières, je pense, n'a pas à établir de
règlements pour les sociétés qui n'ont pas d'actions
translgées sur les marchés publics. Les nôtres ne le sont
pas, en tant que Soquem.
M. LESAGE: Cela ne vous affecterait qu'indirectement comme
intéressé minoritaire dans des sociétés à
caractère privé.
M. CARBONNEAU: Oui. Maintenant, je peux ajouter à ce sujet que
nous avons cependant consulté les membres de la commission sur cette
politique d'information et nous avons obtenu leur accord entier sur le premier
bulletin. Nous avons eu certaines divergences sur la façon de
présenter le second et le troisième. Mais on peut
néanmoins avoir des divergences de vues et poursuivre des fins
similaires. J'ajouterai aussi, en ce qui concerne la diffusion de
l'information, que nous n'avons jamais cherché à nous substituer
à la direction des sociétés Naganta, Nemrod, Tlmrod qui
auraient pu si elles l'avaient voulu publier des informations sur les forages
un par un. Nous n'avions aucune responsabilité directe d'informer les
actionnaires de Naganta, Nemrod, Timrod. Et la direction de ces compagnies
pouvait, sous restriction, venir sur les lieux, examiner les résultats
et les travaux.
Nous leur avons même donné au début, quand ils se
sont présentés, des documents, des cartes. Ensuite, ils ne se
sont même plus présentés. Dernièrement, nous avons
institué une nouvelle façon de les informer. Mais, ils peuvent
toujours se prévaloir du contrat qui leur donne accès aux
renseignements. Ils peuvent toujours réinformer leurs actionnaires.
M. LESAGE; Oui, les autorités de ces compagnies ont
entière liberté d'exercer leur jugement...
M. CARBONNEAU: Sûrement.
M. LESAGE; ... quant à l'information à leur donner, du
moment qu'elle est exacte.
M. CARBONNEAU: Du moment qu'elle est exacte, sûrement. Mais nous
n'avons pas raison de croire qu'elle n'aurait pas été exacte,
s'ils l'avaient fait.
M. LESAGE: Non.
M. CARBONNEAU: Mais, ils ne l'ont simplement pas fait.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Deux-Montagnes.
M. BINETTE: M. le Président, je sais que vous n'avez pas eu le
temps de faire votre exposé général des activités
de Soquem depuis le début des opérations, mais est-ce que l'on
peut dire que Soquem a réellement l'effet d'entraînement
prévu lors de sa création, pour inciter d'autres corporations
à venir faire de l'exploration autour de Soquem?
M. CARBONNEAU: Je crois qu'elle l'a fait beaucoup plus rapidement qu'on
l'avait prévu. J'aimerais peut-être citer le taux de croissance
que le ministre des Richesses naturelles d'alors, avait indiqué à
la Chambre, à l'Assemblée législative.
Il disait, le 28 mai, et c'est dans les Débats, ça:
« Et alors, pendant au moins les deux premières années, on
peut même présumer pour la troisième année, mais au
moins pour les deux premières années, il y aura des
problèmes de mise en marche, de recrutement de personnel, les premiers
travaux qui laisseront comme une sorte de surplus accumulé, une bonne
partie des premier, deuxième et probablement troisième
versements. Ce qui fait
qu'on prévoit qu'entre $2 millions et $3 millions de fonds
disponibles devraient être accumulés d'ici une couple
d'années, pendant que le travail se mettra en marche, parce qu'il ne
faut pas se faire d'illusion. Tant mieux, si des miracles arrivent ou quelque
chose d'extrêmement heureux. Mais, au départ, vu qu'il s'agit de
quelque chose à long terme, comme travail, et d'être
systématique on ne peut prévoir que tous ces montants-là
vont être employés la première et même la
deuxième année et au complet probablement la troisième
année. »
Or, ils ont été employés au complet, pratiquement,
dès la première année. La deuxième année,
également, et nous sommes à la troisième année avec
des prévisions budgétaires qui dépassent le $1,500,000,
que nous prenons sur nos réserves accumulées au cours des
premiers cinq mois d'opération, au moment où nous recevions,
quand même, la contribution du ministère des Finances, le ministre
des Finances qui achetait nos actions, mais nous n'avions pas de
dépenses d'exploration.
Pour l'année qui vient de se terminer, nous avons certainement
apporté du capital d'exploration, puisque nos partenaires ont
contribué avec nous à nos propres programmes, pour une somme de
$507,000 en exploration.
Cette année, l'on prévoit une somme s'élevant
à tout près de $700,000, à cause de ce projet de
Louvicourt qui va probablement dépasser les $800,000.
Ceci, donc, c'est à l'intérieur de nos associations. Il y
a certainement un effet d'entraînement aussi, en ce qui concerne les
autres projets que nous avons dans diverses parties de la province. Par
exemple, le projet que nous avons avec la Société Rio Tinto
d'explorer un territoire assez vaste, environ 100 milles au nord-est du lac
Mistassini, dans la prospection d'uranium. Nous y avons, en 1966, investi une
somme de $80,000. Nous avons mis à jour des anomalies
radiométriques, c'est-à-dire des anomalies suggérant la
présence d'uranium ou de thorium, métaux radioactifs.
Bien, il y a eu, à la suite de nos travaux, publication de
certains résultats d'examens de terrains, je veux dire qu'à la
suite de nos travaux, un géologue de la Commission géologique
canadienne est venu nous visiter et a remarqué certains minéraux
sur l'emplacement de notre travail et les a rapportés dans un rapport
officiel au mois de février 1966. Ce qui fait que dès le
début de la saison, le 8 juin 1966, il y avait une fièvre de
piquetage dans la région. Soquem a pris une position très forte,
associée à Rio Tinto dans ce jalonnement, mais d'autres
sociétés se sont installées.
Il est très facile d'évaluer que, l'an dernier seulement,
les sommes dépensées en exploration, dans cette
région-là, ont dépassé les $500,000 et
dépasseront cette année probablement $1 million. Il s'agirait
maintenant d'une seule découverte un peu encourageante pour que dans les
années subséquentes, les sommes engagées là
dépassent facilement les $5 millions. Vous avez là un cas d'effet
d'entraînement.
Dans le cas de Louvicourt, vous voyez par les journaux
déjà qu'on fait du forage sur la propriété voisine
de Soquem et de Naganta, sur la propriété Beacon, et toutes les
autres sociétés envoient leurs géologues examiner nos
carottes, examiner nos levées géophysiques, pour employer les
mêmes méthodes sur leur terrain. Les méthodes qu'ils
avaient employées datent en général d'assez longtemps,
à quelques exceptions près. On faisait des levées
seulement de magnétique. On mesurait le magnétisme des roches et
on forait les zones de cisaillement des roches pour trouver de l'or. C'est une
prospection d'or qui a pris place surtout dans la région de Val-d'Or,
mais on n'a pas fait de prospection systématique avec les
méthodes les plus modernes. Sur plusieurs de ces
propriétés, on est en train de reviser actuellement. Alors,
encore là il y a un effet d'entraînement important.
M. PLAMONDON: M. Carbonneau, peut-on dire que la majeure partie de vos
dépenses d'exploration sont faites dans le Nord-Ouest
québécois?
M. CARBONNEAU: Non, le chiffre exact est de 36% dans le Nord-Ouest
québécois. La distribution de nos dépenses d'exploration,
régionalement, pour les prévisions de l'année en cours,
est la suivante: L'Abltibi et le Témiscamingue: 36%. La Gaspésie:
28%. La sous-province Grenville, c'est-à-dire le terrain qui va, disons,
de la région d'Ottawa jusqu'à la frontière du Labrador:
15%. Les monts Otish, c'est-à-dire cette région au nord-est du
lac Mistasini: 15%, les Cantons de l'Est: 3%, la région de Chibougamau:
3%.
M. JOHNSON: Et dans Portneuf?
M. CARBONNEAU: Dans Portneuf, c'est dans le Grenville et nous avons fait
des travaux de levées radiométriques l'an dernier. Nous avons
acquis des concessions minières et nous avons fait du forage.
M. LESAGE : II y a des mines dans Portneuf...
M. CARBONNEAU: Oui, il y a l'ancienne mine Montauban et nous avons cette
année un projet de levées géophysiques je ne peux
pas donner les détails qui est justement orienté pour
faire une nouvelle exploration dans cette sous-province qui a été
en somme, assez négligée par les sociétés
minières. Evidemment, ces entreprises préféraient investir
leurs fonds, dans des régions de la province qui paraissaient plus
prometteuses.
M. LE PRESIDENT: M. Flamand, veuillez vous approcher I la table.
M. FLAMAND: J'imagine que vous avez la même façon de
procéder. Vous essayez de dépenser votre argent dans des
régions prometteuses. Mais dans le cas où il est question de
l'uranium, d'autres régions que celles-là ont-elles
été explorées par vos équipes?
M. CARBONNEAU: Oui, nous travaillons dans diverses régions de la
province. En fait, je ne pense pas qu'on puisse dire que nous avons
éliminé une seule région de la province pour la
prospection de l'uranium. Nous sommes « un peu » présents
à peu près partout et « beaucoup » à certains
endroits.
M. FLAMAND: Y a-t-il des endroits où vous travaillez seuls?
C'est-à-dire que Soquem n'est pas associée à de grandes
corporations pour cette exploration du côté de l'uranium?
M. CARBONNEAU: Oui, nous dépensons quand même
au-delà de 60% de notre budget seuls, à choisir des
régions, à les valoriser, à les amener à un stade
où le potentiel des découvertes est plus grand. C'est ce qui nous
permet souvent d'obtenir un associé. De temps en temps, on choisit de
ces programmes qui nous paraissent prometteurs et on en fait un « pet
project », un projet pour lequel on a une cote d'amour et nous le gardons
seuls. On verra toujours.
Il est toujours facile de trouver des associés, si c'est
valorisé au point où il y a une découverte.
M. FLAMAND: J'ai eu connaissance que vous avez jalonné, l'an
dernier, une région dans le comté de Dubuc et naturellement une
rumeur circulait, à ce moment-là, dans cette
région-là, que c'était pour de l'uranium. Est-ce que c'est
exact ou si c'était au sujet d'une autre découverte?
M. CARBONNEAU: C'est dans le Lac-Saint-Jean, canton Dubuc?
M. FLAMAND: Canton Dubuc, oui, c'est à proximité de
Chicoutimi.
M. CARBONNEAU: A Saint-Honoré, oui, oui... M. FLAMAND: C'est
ça.
M. CARBONNEAU: Nous avons jalonné beaucoup de terrain dans cette
région, pas seulement pour l'uranium. Le premier indice qui nous a
amenés là, c'est la détection d'une zone très
radioactive, près du village de Saint-Honoré. C'est exact. Nous
avons les concessions minières encore là.
M. JOHNSON: M. Carbonneau, quant aux recherches de l'uranium, est-ce que
j'ai bien compris que vous étiez en société avec Rio Tinto
dans un projet?
M. CARBONNEAU: Oui.
M. JOHNSON: Etes-vous en société avec d'autres compagnies
étrangères pour l'uranium?
M. CARBONNEAU: Actuellement, nous sommes dans les dernières
étapes de négociations avec une autre société
étrangère, c'est-à-dire étrangère,
américaine, nord-américaine.
M. JOHNSON: Or, toutes ces rumeurs-là, de la France qui s'en
venait chercher notre uranium...
M. CARBONNEAU: Non, nous avons offert le programme des monts Otish
à la société française Mokta qui l'a
refusé.
M. JOHNSON: Voulez-vous dire cela en anglais pour que ça se rende
jusqu'à Toronto!
M. CARBONNEAU: Nous ne partageons aucun programme avec des
sociétés françaises pour recherche d'uranium. Aucun.
M. JOHNSON: Non pas que nous ayons objection...
M. CARBONNEAU: Non, aucunement, les choses sont ainsi.
M. JOHNSON: La vérité a ses droits. M. CARBONNEAU: Oui,
oui.
M. LE PRESIDENT: On vous remercie M. Carbonneau, de même que vos
administrateurs, d'avoir accepté de vous rendre ici. Je le fais au nom
du comité et cela a sûrement servi à
éclairclr une situation peut-être un peu nébuleuse
pour le public, et à donner des informations très
précieuses aux membres du gouvernement.
Alors, merci grandement et la séance est levée.
M. JOHNSON: Je n'ai rien à ajouter à ce que vous a dit le
Président. Il a bien résumé la si- tuation. Disons, comme
responsables du gouvernement, que nous n'avons qu'un voeu, c'est que vous
continuiez votre excellent travail. Vous avez toute la confiance des
autorités gouvernementales.
M. LE PRESIDENT: La séance est levée.
(13 h 12 )