Journal des débats (Hansard) of the Committee on Citizen Relations
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Wednesday, September 20, 2023
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Vol. 47 N° 27
General consultation and public hearings on the consultation document entitled : Planning of Immigration to Québec for the 2024-2027 Period
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11 h (version non révisée)
(Onze heures treize minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. La
commission, je vous le rappelle, est réunie afin de poursuivre les auditions publiques
dans le cadre de la consultation générale sur le cahier de consultation
intitulée La planification de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Gendron (Châteauguay) est remplacée par Mme Bogemans
(Iberville); Mme Garceau (Robert-Baldwin) est remplacée par M. Derraji
(Nelligan); Mme Prass (D'Arcy-McGee) est remplacée par Mme Lakhoyan Olivier
(Chomedey); et Mme Massé (Sainte-Marie-Saint-Jacques) est remplacée par M.
Cliche-Rivard (Saint-Henri-Saint-Anne).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, à nouveau, mesdames et messieurs les
élus, bienvenue à la commission. Alors, à l'ordre du jour aujourd'hui, nous
entendrons donc ce matin les groupes suivants : l'Université du Québec,
avec les représentants qui sont devant moi, et l'Université de Montréal. Je
vous souhaite donc, messieurs, la bienvenue. Vous allez avoir une période de 10 minutes
pour votre exposé. Je vais d'abord vous demander de vous présenter pour le
bénéfice des élus. Alors, le temps est à vous.
M. Cloutier (Alexandre) : Merci
beaucoup. Merci, Mme la Présidente. Alors, je m'appelle Alexandre Cloutier, je
suis président de l'Université du Québec. Je suis accompagné de ma collègue.
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : Céline Poncelin de Raucourt, vice-présidence à l'Enseignement
et à la Recherche.
M. Nadeau
(Charles) :Charles Nadeau, vice-président
à l'administration.
M. Colleret (Maxime) : Maxime
Colleret, conseiller aux relations gouvernementales.
M. Cloutier (Alexandre) : Alors,
Mme la Présidente, Mme la ministre, chers députés, merci de nous recevoir dans
le cadre de cette commission parlementaire. C'est un moment qui est important
pour nous. C'est toujours un honneur de venir vous rencontrer, vous rappeler
que l'Université du Québec, c'est une université qui vous appartient en quelque
sorte. Parce que c'est une université qui a été fondée par une loi de l'Assemblée
nationale et une loi unanime de l'Assemblée nationale, il y a plus maintenant
de 50 ans. Un des objectifs de l'Université du Québec, c'était qu'il y ait
des universités partout sur le territoire québécois. Et une des raisons pour
lesquelles le gouvernement s'était... ou l'Assemblée nationale, devrais-je
dire, s'était dotée de l'Université du Québec, c'était pour combler le retard
historique des francophones quant à l'accès à l'université et pour augmenter le
taux de diplômés partout dans les régions du Québec. Je dois vous avouer qu'on
a fait des pas de géant dans l'histoire du Québec. Au moment où on se parle,
nous avons plus de 100 000 étudiants qui sont inscrits. Environ le tiers
des effectifs étudiants sont inscrits au sein du réseau de l'Université du
Québec et on a un peu plus de 800 000 diplômes qui ont été émis depuis la
fondation de l'Université du Québec. Plus de 3500 professeurs, 4000 chargés
de cours, 15 000 employés, le tiers de l'effectif étudiant, ce qui fait en
sorte qu'on dit haut et fort que nous sommes la plus importante université
francophone des Amériques et on en est extrêmement fiers.
On a une mission aussi d'accessibilité. C'est
important que je vous la partage. Encore au moment où on se parle, il y a plus
d'un étudiant sur deux qui sont des étudiants qu'on appelle des étudiants de
première génération. Donc, on brise le cycle, on donne accès à nos universités
et ça permet donc bien sûr de pouvoir obtenir un diplôme universitaire et donc
de casser en quelque sorte le cycle d'un grand retard du Québec. Et il y a
aussi toujours, au moment où on se parle...
M. Cloutier (Alexandre) : ...grande
disparité en termes de taux de diplomation entre les régions du Québec.
Ceci étant dit, dans le cadre de la
commission actuelle, il y a aussi une croissance importante des étudiants
internationaux étrangers, ça a presque doublé en fait dans les six dernières
années. Puis récemment, bon, on a fait une petite enquête que je suis fier de
vous partager aujourd'hui. Il y a environ le tiers des effectifs étudiants
internationaux qui nous disent qu'ils souhaitent s'établir au Québec. Donc, on
vient tout juste d'avoir accès à ces résultats-là. On a fait une étude auprès
de nos étudiants, l'enquête ICOPE, là, où on nous a présenté les résultats pas
plus tard que la semaine dernière.
Alors, sur ce, Mme la Présidente, je vais
céder la parole à ma collègue la vice-présidente aux études.
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : Merci beaucoup. Donc, effectivement, dans ce contexte-là,
le Programme de l'expérience québécoise est très important pour l'Université du
Québec parce que c'est un levier d'attraction et de rétention des étudiants
internationaux, et donc dans notre mandat de développement du Québec, vous avez
compris que c'est un élément qui nous tient à coeur.
La présence d'étudiants internationaux
dans nos établissements, c'est d'abord une façon d'avoir un bouillonnement
d'idées et également une diversité qui est très bénéfique pour la mission
d'enseignement, de recherche, mais aussi de service à la collectivité de l'université.
Les étudiants étrangers qui sont présents sont aussi des stimulants pour les
économies locales et ils participent de la vitalité de nos établissements
universitaires.
C'est aussi l'instrument par excellence
pour convertir les étudiants et les étudiants que nous accueillons de
l'étranger en travailleurs et travailleuses pour le Québec. En 2002, ce sont
2 000 étudiants venant de l'étranger que nous avons diplômés sur le
sol québécois... 2022, pardon. Et donc en modifiant le volet diplômé du
Programme de l'expérience québécoise, le gouvernement nous aide justement à
atteindre ces objectifs-là. Rappelons que les objectifs de la modification,
c'est d'éliminer les conditions sur l'expérience de travail et sur le statut
d'emploi et de renforcer la maîtrise du français en mettant l'accent sur les
programmes francophones. Et nous sommes d'avis à l'Université du Québec que ces
modifications vont permettre effectivement de valoriser la langue française
dans les études universitaires et qu'elles inciteront le développement d'un
lien d'appartenance plus fort dans les communautés. Ces modifications devraient
également permettre d'assurer une présence plus importante des étudiants
internationaux dans nos établissements, ce qui est bénéfique pour les
universités mais également les collectivités d'accueil. On réagit donc très
favorablement aux modifications qui sont actuellement proposées au volet
diplômé du Programme de l'expérience québécoise.
Cela dit, afin d'avoir l'impact souhaité,
les nouvelles orientations gouvernementales vont devoir être accompagnées de
certaines mesures concrètes pour favoriser l'accueil et l'intégration des
immigrants. Pour que la réforme du PEQ soit une réussite, il faut donner aux
universités, à l'Université du Québec les moyens de s'assurer de mieux soutenir
les étudiants étrangers qui s'inscrivent dans nos établissements et donc
d'avoir des investissements dédiés pour l'Université du Québec pour renforcer
nos mesures d'intégration et d'accompagnement de nos étudiants venant de
l'étranger.
Il faut aussi s'assurer que la
francisation des étudiants étrangers puisse se faire directement à
l'université. Dans ce sens, l'Université du Québec est un partenaire idéal
parce que, grâce à son identité résolument francophone et sa présence partout
au Québec et l'accueil, elle a à coeur l'intégration en français des nouveaux
arrivants. Et des mesures spécifiques pourraient être proposées pour que
Francisation Québec puisse reconnaître et appuyer les programmes de
francisation qui se déroulent directement dans les universités à l'heure
actuelle.
• (11 h 20) •
Nous sommes bien conscients de
l'importance de contribuer à la régionalisation de l'immigration, de pallier la
rareté de main-d'oeuvre grâce à la formation universitaire et d'assurer la
valorisation de la langue française, notamment dans la métropole montréalaise.
Et nous considérons être un partenaire privilégié du gouvernement du Québec
pour former ses prochaines générations de jeunes professionnels qui nous
arrivent de partout dans le monde, qui s'installeront dans toutes les régions
et qui oeuvreront en français dans des secteurs stratégiques pour le Québec.
Il faut toutefois dire que le programme de
réforme du PEQ dépend de la collaboration du gouvernement du Québec avec
Immigration, Réfugiés, Citoyenneté Canada pour réduire de façon significative
les refus des permis d'études, notamment pour les personnes venant de l'Afrique
francophone, et les délais de traitement des demandes de résidence permanente.
Juste un dernier chiffre. 72 % des
demandes de permis d'études qui sont effectuées au Québec par des étudiants
africains ont été refusées par le gouvernement fédéral en 2021. Quand on est en
Ontario, ce taux tombe à 52 %. La croissance prévue du nombre d'étudiants
étrangers dans nos établissements, pour terminer, signifie également qu'il faut
trouver, vous en êtes bien conscients, des...
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : ...alternative aux solutions d'habitation compte tenu des
difficultés actuelles de logement.
Et je passerais la parole ici à mon
collègue, Charles Nadeau, qui pourra vous en parler plus précisément.
M. Nadeau
(Charles) :Merci. Partout à travers le
Québec, les difficultés d'accès au logement se font sentir, ce qui affecte
également les étudiants internationaux, qui, bien souvent, éprouvent des
difficultés particulières pour se trouver un logement dans un marché immobilier
difficile pour les locataires. Or, le logement est un facteur déterminant dans
la réussite des études universitaires. C'est 18 % des étudiants
internationaux qui se trouvent en résidence universitaire au cours de leurs
études dans les universités du réseau de l'Université du Québec.
Le Québec peut compter sur la Société
immobilière de l'Université du Québec, qui est chargée de l'acquisition, la
construction et de la gestion d'immeubles, particulièrement de résidences pour
étudiants. Nous pouvons aussi compter sur les multiples projets de nos
différents établissements. À ce jour, grâce à la Société immobilière de
l'Université du Québec et... où le projet de nos différents établissements dans
le réseau de l'UQ, il y a actuellement 3 765 chambres sur nos campus.
Or, d'ici cinq ans, pour répondre aux besoins de la demande. C'est
4 000 chambres supplémentaires qui nous est nécessaire. Et, sur un
horizon de 10 ans, on doit ajouter à ces chiffres un
5 500 places en résidence.
En ce moment même, sept projets de
construction de résidences sont prêts à démarrer s'ils obtiennent leur
financement dans le réseau de l'Université du Québec, ce qui totalise, à court
terme, une capacité de 1 575 chambres. Ces unités permettront de
répondre aux besoins de notre population étudiante et des étudiants
internationaux actuels et futurs de l'Université du Québec. Elles permettront
aussi de soulager le marché de l'immobilier actuel, puisque les étudiants qui
habitent en résidence n'occupent pas de logement des autres citoyens de leur
communauté. Investir dans les résidences de l'Université du Québec, c'est donc
réduire le stress sur le marché immobilier, sans compter que le coût d'une
construction étudiante est moins important que celui d'un logement
traditionnel, faisant du logement étudiant un outil rentable pour relever les
enjeux liés à l'habitation.
En conclusion, Mme la Présidente,
l'Université du Québec se réjouit donc des modifications que le gouvernement
souhaite apporter au programme... au volet diplômé du Programme de l'expérience
québécoise. Elle souhaite toutefois rappeler que les objectifs visés par le
gouvernement du Québec nécessitent également des enveloppes dédiées pour des
initiatives d'accompagnement et d'intégration au sein des établissements
universitaires, une collaboration étroite avec Immigration Canada afin
d'accélérer le temps de traitement des demandes de permis d'études et de résidence
permanente, une collaboration financière avec l'Université du Québec afin de
construire de nouvelles résidences pour étudiants et de soulager le marché
immobilier. L'UQ souhaite contribuer aux différents chantiers nationaux en
cours en matière de francisation, d'accessibilité au logement...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous avez terminé?
M. Nadeau
(Charles) :...de l'immigration et de
main-d'oeuvre. J'arrive justement à : Mme la Présidente, chers membres de
la Commission des relations avec les citoyens, nous vous remercions de votre
écoute et sommes disposés à répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On était vraiment alignés. Merci beaucoup pour cette
présentation. Vous savez, c'est un honneur pour nous, hein, aussi de vous
recevoir, parce que vous éclairez nos travaux. Alors, on va commencer, donc, la
période d'échanges avec les parlementaires. Je me tourne du côté de la
banquette de la ministre, avec une période totale de 16 minutes 30 secondes.
La parole est à vous.
Mme Fréchette : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci, M. le Président. Merci à vous tous de
prendre part à cette commission parlementaire, à cette consultation, qui
manifestement génère un grand intérêt, et nous en sommes très fiers, très
contents. Alors, merci de vous être prononcés à travers votre mémoire. Votre
présentation m'a suscité, là, plein de nouvelles questions.
Alors, bien, d'une part, je voudrais vous
féliciter, là, pour cet effort de démocratisation à l'université qui a été
réalisé. Je pense qu'on peut être fier des résultats atteints par le réseau UQ,
avec les chiffres que vous nous donniez, M. Cloutier. Vraiment, c'est fabuleux,
poursuivons sur cette voie-là, mais franchement, quand on regarde le résultat,
le travail déjà accompli, c'est fantastique. Et d'entendre aussi le pourcentage
fort important de gens pour qui c'est la première génération qui accède à
l'université, ça, très intéressant, très impressionnant.
J'aimerais vous entendre, dans un premier
temps, sur, justement, la volonté des étudiants étrangers de rester ou de ne
pas rester. Vous nous parlez d'un tiers des étudiants étrangers qui disent
vouloir rester au Québec. Déjà, est-ce que ça, c'est le fruit de votre travail?
Dans le sens que est-ce que vous les incitez à considérer cette opportunité-là
de rester? Si oui, comment le faites-vous? Et, si vous n'avez pas d'action
particulière en ce sens-là, est-ce que c'est quelque chose que vous envisagez
de développer comme une initiative?
M. Cloutier (Alexandre) : Je
vais peut-être me permettre de mettre la table, puis sans doute que mes
collègues voudront compléter. Je vais mettre l'ancien chapeau que j'avais, qui
était celui de vice-recteur dans une organisation qui...
M. Cloutier (Alexandre) : ...justement
la responsabilité d'aider à l'accueil des étudiants internationaux. Puis un des
maillages que j'ai toujours trouvé qui manquait, c'était le maillage entre le
marché de l'emploi puis la diplomation. Le rôle des universités, c'est de
diplômer. C'est, bien sûr, de les accueillir, mais de les mener à terme dans
leur projet d'études. Mais l'autre volet, qui est celui du maillage avec les
besoins du marché de l'emploi, bien, c'est peut-être moins... on pourrait
assurément travailler davantage sur cet élément-là pour s'assurer que, lorsque
des étudiants obtiennent leur diplôme, bien, ils puissent bien comprendre les
occasions qui s'offrent à eux.
Et vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a
aussi, à travers ça, bien, l'espèce de dichotomie du gouvernement fédéral, où
on leur demande de retourner, bien sûr, dans leur pays. Ça fait qu'il y a aussi
cet enjeu-là.
Par contre, de manière plus certaine, ce
que je peux affirmer, c'est qu'il vient d'y avoir une enquête, l'enquête...
auprès de nos étudiants, et on leur a posé la question de savoir quelles était
leurs intentions, et les résultats, là, qui ont été partagés récemment, sont à
l'effet que le tiers d'entre eux manifestent d'emblée la volonté de vouloir
s'établir sur le territoire québécois.
Là où l'UQ peut avoir un rôle peut-être un
petit peu plus différent à jouer, c'est le fait qu'on est partout, dans toutes
les régions du Québec. C'est ce qui est... c'est ce qui rend, je pense, notre
partenariat, je dirais, particulièrement intéressant parce que si on veut
accueillir en français les étudiants internationaux, mais aussi de poursuivre
leur intégration au sein de la communauté québécoise, bien, inévitablement, les
programmes en région contribuent, assurément. Maintenant, est-ce qu'on pourrait
travailler sur un meilleur accompagnement vers le marché de l'emploi?
Probablement que la réponse, c'est oui, mais peut-être que mes collègues
souhaitent compléter.
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : J'allais justement compléter avec cet élément-là, parce que
votre question nous amène à donner un exemple très concret. Quand on parle d'un
meilleur soutien pour l'accueil, l'intégration et l'accompagnement des
étudiants qui viennent de l'étranger, c'est précisément sur ce genre d'objet là
que, la ressource essentielle, c'est un accompagnement de proximité. C'est des
gens qui sont dans nos universités, qui sont proches des étudiants qui viennent
de l'étranger, qui perçoivent leurs questions, qui sont à leur écoute et qui
les aident à s'orienter dans leur nouvelle communauté d'accueil.
Donc, le type d'accompagnement très
concret dont ont besoin ces étudiants-là, bien, la question de leur avenir puis
de leur intégration sur le marché du travail au Québec et dans leur milieu de
vie, ça fait partie de cet accompagnement de proximité qu'on doit offrir aux
étudiants. Et c'est ça, quand on dit : On a besoin de ressources pour être
à l'écoute et en dialogue avec ces étudiants-là, c'est précisément le genre de
sujet sur lequel ils ont besoin de soutien.
Mme Fréchette : Donc, quand
on leur demande : Qu'est-ce qui vous amènerait à considérer davantage de
rester au Québec?, ce serait l'accompagnement qui serait la réponse la plus
commune?
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : En fait, l'accompagnement, c'est un facteur qu'on voit qui
est décisif dans beaucoup de décisions. Alors, ils ne vont pas nécessairement
dire : J'ai besoin d'accompagnement. Ils ont besoin de mieux comprendre le
système dans lequel ils arrivent, et, pour pouvoir mieux le comprendre, c'est
cet accompagnement-là. Mais, dès le moment de l'admission, ce qui fait la
différence, quand ils nous répondent, c'est, bien, si j'ai des réponses
personnalisées à mes questions, c'est ça qui fait la différence entre le fait
que je vais m'inscrire à telle université versus à telle autre. Donc, oui,
c'est cet accompagnement-là dont ils ont besoin, même s'ils ne le nomment pas,
mais c'est ce qui leur permet d'avoir les réponses à leurs questions.
Mme Fréchette : Et est-ce
qu'à votre avis la proposition qu'on met de l'avant dans un des deux scénarios,
là, à savoir d'avoir un PEQ diplômé en continu, est-ce que c'est de nature à
rehausser leur intérêt par rapport à la volonté de rester? Est-ce que, de ce
côté-là, vous avez déjà des informations dans ce sens-là ou c'est quelque chose
qui reste à voir? D'une part, est-ce que la volonté d'obtenir la résidence
permanente fait partie de leur réflexion et de leurs éléments décisionnels? Et
est-ce que le PEQ diplômé, à votre avis, permettrait de rehausser l'intérêt?
• (11 h 30) •
M. Cloutier (Alexandre) : Bien,
en tout cas, on pose l'hypothèse que oui, assurément, puisqu'on réduit les
conditions, au PEQ, on pense que, par défaut, il y aura nécessairement un plus
grand intérêt. Puis c'est aussi un argument, je pense, pour l'Université du
Québec, de promotion. Lorsqu'on fait du recrutement à l'international. Alors,
ce sont assurément des bonnes mesures, qui vont contribuer au recrutement
d'étudiants francophones à l'étranger.
Juste pour compléter peut-être aussi la
réponse de ma collègue, en lien avec l'accompagnement, on a un enjeu aussi, au
Québec, qui est celui du taux de diplomation de nos étudiants étrangers au
premier cycle. Ils font très, très, très bien aux deuxième et troisième cycles,
mais, au premier cycle, c'est un peu plus complexe. Il faut aussi être
conscient que, lorsqu'on accueille davantage d'étudiants internationaux au
premier cycle, bien, on a des enjeux d'accompagnement pour les mener à la
diplomation, non seulement les faire venir, mais qu'ils obtiennent leur diplôme
universitaire. Et là il y a un écart, quand même, entre les étudiants canadiens
versus les étudiants étrangers, puis on a une responsabilité de s'assurer
qu'ils ont tous les outils nécessaires...
11 h 30 (version non révisée)
M. Cloutier (Alexandre) : ...pour
pouvoir arriver à la diplomation. Donc, c'est aussi... il y a aussi des enjeux
de ressources qui sont liés à ça, et le rôle des universités dans cet
accompagnement-là. Alors, ce qu'on essaie de dire, finalement, c'est, oui, plus
d'étudiants internationaux, on est capables d'y contribuer, mais il faut
comprendre que ça, ça amène un impact. Ça amène un impact sur le registrariat,
ça amène un impact sur nos professeurs, sur la dynamique dans les classes, etc.
Donc, c'est important qu'on ait une vue d'ensemble puis qu'on comprenne bien
que, si on demande, par exemple, à l'Université du Québec de jouer un rôle
particulier, bien, ça devra venir aussi avec des ressources pour bien
accompagner ces élèves-là, pour les mener à la diplomation, comme on fait avec
les autres étudiants.
Mme Fréchette : Est-ce que la
connaissance du français fait partie des éléments qui expliqueraient que le
taux de réussite ne soit pas celui qui est souhaité, ou...
M. Cloutier (Alexandre) : Oui
ou non. En fait, je pense qu'il y a plusieurs facteurs. Dans le sondage qu'on
vient de faire, c'est... 93 % de nos étudiants sont de locution française.
Donc, il y a déjà aussi des tests qui sont faits, là, pour l'admission de nos
étudiants. Alors, peut-être que, pour certains, il peut y avoir un enjeu. Mais
on a aussi des enjeux en lien avec la préparation de nos étudiants. Il y a une
diversité, hein, vous pouvez imaginer. Il y en a qui arrivent de tous les pays,
en fait, francophones dans le monde entier. Alors, par définition, même pour
nos écrits de programmes, lorsqu'on fait l'admission, très complexe, hein, de
poser de bons diagnostics sur le niveau de préparation. Alors, il y a des
enjeux comme ceux-là, par exemple.
Juste le... Ça a explosé. Vous avez vu les
chiffres que je vous ai donnés tantôt, ça a presque doublé, la présence des
étudiants internationaux, mais imaginez l'impact pour nos registraires. C'est
fou, le nombre d'étudiants... le nombre de demandes, maintenant, qu'on reçoit
dans chacun de nos établissements, ça se compte en dizaines de milliers de
demandes. Donc, ces demandes-là doivent être traitées. Puis, ensuite, on doit
procéder à l'analyse de chacun des dossiers, mais c'est très complexe, pour les
programmes, de faire des analyses, comparer en fonction des pays. Donc, on
essaie de se doter des outils, mais, assurément, un bon filtre, hein, pour s'assurer
que les étudiants aient tout le bagage nécessaire pour venir réussir ici, au
Québec. Mais il y a tout un travail de fond, là, qui est lié à ça.
Mme Fréchette : Vous nous
avez parlé, bien, du taux de refus très élevé, là, pour les étudiants étrangers
en provenance d'Afrique francophone. Est-ce que vous avez vu une légère
amélioration, au cours de la dernière année, de la situation concernant ça?
Parce qu'on fait beaucoup de pression sur le fédéral pour que ça change, et j'aimerais
savoir, de votre côté, sur le terrain, qu'est-ce que vous observez.
M. Cloutier (Alexandre) : C'est
ce qu'on dit, une légère amélioration, mais, pour les chiffres comme tels, je
ne sais pas si on les a.
Mme Poncelin de Raucourt (Céline) :
On n'a pas de... C'est souvent des chiffres qui sont excessivement
difficiles à avoir, on les obtient de haute lutte, ou grâce aux publications
dans les journaux. Mais sur le terrain, il y a certaines personnes qui nous
disent avoir constaté certaines améliorations, mais on n'a pas encore le recul
pour vraiment la mesurer. Mais ça reste... on a encore beaucoup trop de cas
avec des refus qui sont invraisemblables, par rapport, justement, au fait qu'on
n'a pas confiance dans le fait que vous allez repartir dans votre pays, ou
alors, on conteste la... des agents des douanes qui contestent le niveau de
français de ces personnes-là, donc, qui viennent se prononcer sur des éléments
qui... pour lesquels ils ont assez peu d'outils, finalement, pour mesurer la
réalité des choses.
Mme Fréchette : Je vous
amènerais sur la régionalisation puis l'établissement durable en région.
Combien est-ce qu'il nous reste de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : 6 min 29 s.
Mme Fréchette : Six minutes?
Merci. Alors, bien, nous, c'est une de nos priorités de faire en sorte que l'immigration
se déroule de plus en plus en région. On a vu une belle augmentation ces
dernières années, et, bien sûr, ça concerne les étudiants étrangers. Alors, on
aimerait ça, même, idéalement, que les gens viennent s'établir en région dès
leur arrivée au Québec, et non pas après un passage dans la métropole, et je
pense que les universités peuvent faire l'aimant de départ, justement, pour un
établissement en région. Comment est-ce que vous voyez que le réseau UQ puisse
contribuer à cet objectif-là d'enraciner, dans le fond, nos étudiants étrangers
en région, sur le moyen et le long terme?
M. Cloutier (Alexandre) : C'est,
assurément, une voie qui m'apparaît la voie la plus naturelle pour l'établissement
de ces étudiants qui choisissent de venir étudier en région. Souvent, ils se
font des blondes, des chums, et ils apprivoisent la région, ils l'adoptent et
ils décident de s'y établir. Les exemples, là, sont extrêmement nombreux. Je
suis profondément convaincu que c'est une très bonne voie, pour l'intégration
en français dans nos régions, d'accueillir des étudiants de premier cycle, de
les mener à la diplomation et, ensuite, de s'assurer qu'on fasse le maillage -
comme je disais tout à l'heure, peut-être, qui manque un peu - avec les besoins
de l'emploi.
Mais, déjà, nos institutions en région
jouent un rôle clé. Je pense à l'Université du Québec à Chicoutimi.
Contrairement à ce qu'on peut penser... Des fois, on dit : Ah mon Dieu! à
Chicoutimi, il ne doit pas y avoir un gros taux d'étudiants étrangers. Au
contraire, ça...
M. Cloutier (Alexandre) : ...ça
avoisine le 30 % des étudiants qui sont des étudiants étrangers. Il y a un
haut taux aussi du côté de Trois-Rivières. À Rimouski, ils sont en hausse de
façon importante. Je pense que, si on travaille en collaboration avec les
universités, qu'on réfléchit aussi à la façon dont on fait le recrutement des
étudiants étrangers, peut-être de façon un petit peu plus harmonieuse ou
peut-être qu'on aurait avantage à travailler de façon un peu plus uniformisée.
Peut-être "uniformisée", ce n'est pas le bon mot, mais ne pas
multiplier... je trouve qu'il y a beaucoup d'efforts variés, on va le dire
comme ça. Peut-être qu'on pourrait avoir une meilleure efficacité pour le
recrutement à l'international, mais c'est assurément une voie qui m'apparaît
très prometteuse pour le Québec, qui fonctionne déjà très bien, hein, par
ailleurs, je vous en ai parlé tout à l'heure, il y a une hausse constante des
étudiants internationaux dans nos universités au moment où on se parle,
particulièrement vrai pour les établissements en région.
Donc, avec les modifications du PEQ, on
peut appeler... on peut penser que ça va se poursuivre. Mais maintenant, comme
je le disais, l'accroissement des étudiants internationaux amène aussi son lot
d'enjeux au sein des établissements. Puis on ne peut pas juste faire une
réflexion sur la croissance des étudiants puis l'accueil sans qu'on réfléchisse
à comment, à l'intérieur des universités, on les mène à la diplomation. Et ça,
ça a des impacts pour tout le monde, pour le registraire, pour les gens aux coms,
pour les administrateurs, bref pour tout le monde. Puis c'est pour ça que nous,
on dit, l'UQ, vous savez qu'on est un joueur, on veut être un bon partenaire du
gouvernement du Québec sur les enjeux... sur les enjeux de société. Mais on a
un sérieux enjeu de sous-financement. Je le sais que ce n'est pas l'objet de la
commission, mais il n'en demeure pas moins que, si on met plus de
responsabilités ou si on s'attend à davantage de collaboration, bien, il va
falloir aussi régler les autres enjeux en lien avec notre capacité portante de
développement et de répondre aux enjeux du gouvernement du Québec. Il y a eu
d'autres collègues qui réfléchissent à la formule de financement. On a demandé
un réinvestissement majeur pour vivre une deuxième phase de développement de
l'Université du Québec. On a plein de projets de développement. On veut être un
bon joueur, mais encore faut-il qu'on ait la bonne capacité portante.
Mme Fréchette : Vous parliez
de maillage tout à l'heure avec des entreprises. Je vois dans le fonds un
souhait commun entre vous et des entreprises, particulièrement en région, pour
du logement. Donc, je me disais : Est-ce qu'il y a moyen pour vous de
joindre vos forces avec des secteurs d'activité économique dans les villes ou
les régions où sont implantés vos établissements pour faire en sorte de bâtir
du logement, qui serviront à la fois pour des étudiants étrangers et des futurs
travailleurs, dans le fond, qui pourront être actifs dans la région, dans les
secteurs d'activité? Est-ce que c'est des formules déjà que vous avez
considérées?
M. Nadeau
(Charles) :Pas de façon importante. Mais
oui, il y a déjà eu des discussions similaires à ça. J'ai un cas en tête, là,
justement dans la région de Drummondville, par exemple, où il y a des besoins à
la fois pour des étudiants, des fois pour des nouveaux... des travailleurs
étrangers. Donc, on a eu... déjà eu des discussions pour avoir des modèles qui
permettraient tout ça. Donc, tout ça reste à voir, parce qu'il y a toujours le
statut de résidence étudiante qui demeure importante, là, pour le... notamment
les congés de taxe d'impôt foncier, puis tout ça, là, qui ont un impact
important dans les frais d'exploitation des résidences, mais on a déjà eu
effectivement des discussions en ce sens-là. C'est des partenariats
intéressants. Absolument, oui.
• (11 h 40) •
M. Cloutier (Alexandre) : Peut-être
juste ajouter que... les universités font preuve de beaucoup, beaucoup
d'imagination. Récemment, on a vu des hôtels se convertir en résidences
étudiantes dans certaines régions du Québec, ce n'était pas... On est loin du
modèle traditionnel, là, parce que, justement, les besoins sont tellement
urgents. On l'a vu particulièrement dans la région de Saguenay. Je pense qu'il
y a des pourparlers aussi dans la région de Rimouski. On voit aussi qu'avec
Ivanhoé Cambridge, et peut-être de l'intérêt des gens de la Caisse de dépôt de
vouloir collaborer dans des projets dans... avec les universités. Là, on a vu
le projet qui émerge du côté de Montréal. Peut-être qu'il pourrait y avoir
d'autres projets qui pourraient émerger du côté du Québec. Nous, ce qu'on sait,
c'est qu'on en a pour 700 millions d'investissements à faire. Maintenant,
on est ouvert à tout partenaire qui souhaiterait nous aider à construire un
nouveau modèle financier qui nous permet de répondre à nos besoins actuels.
Mme Fréchette : Bien oui, je
pense qu'il y a un continuum de services auxquels on peut penser avec des
étudiants étrangers qui, après ça, deviennent des travailleurs et qui le
souhaite-t-on, resteront dans la région. Donc je vous invite, en fait, incite à
promouvoir les atouts du Québec et puis à promouvoir également les programmes
renouvelés, là, qu'on a présentés pour attirer les étudiants étrangers dans la
durée. Et parler de Francisation Québec également parce que c'est accessible
aux étudiants étrangers qui ne maîtrisent pas pleinement le français. Donc,
vous me parliez tout à l'heure qu'il y a quand même à peu près 7 %, 8% des
gens dont ce n'est pas la langue maternelle. Donc, Francisation Québec fera...
sera une solution intéressante pour eux.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, c'est ce qui met pratiquement fin à cette première
portion d'échanges avec les parlementaires. Merci, Mme la ministre...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...je me tourne maintenant du côté de l'opposition
officielle, avec le député de Nelligan, pour une période de neuf minutes 54
secondes. La parole est à vous.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, avocate. Très heureux de vous revoir, encore une fois, en
commission parlementaire. Juste pour le besoin de la suite des consultations,
même les consultations futures, est-ce qu'aujourd'hui, parce que là on répare
une erreur, une erreur du PEQ, je ne veux pas refaire toute l'histoire, vous
étiez là, les communiqués sont là, toujours. Mais est-ce que ça a été une
erreur de fermer le PEQ? Et c'était quoi, l'impact pour le réseau de l'UQAM et
l'ensemble des universités en région?
M. Cloutier (Alexandre) : Vous
aurez compris que je ne vais pas répondre directement à votre question, mais je
vais assurément vous dire qu'on se réjouit de voir l'allègement des conditions
qui sont posées par le gouvernement actuel, et qu'on pense que cette levée des
conditions va nous permettre de faire un meilleur recrutement puis la promotion
à l'international.
M. Derraji : Je comprends,
entre les lignes, le collègue qui regarde vers le futur, c'est excellent. Donc,
j'espère, comme vous, qu'on ne va pas revenir en arrière et recommencer à jouer
dans un modèle qui marchait très bien, qui fonctionnait très bien. On va
commencer à décortiquer le PEQ, parce que j'ai plein de questions sur le PEQ.
Le problème des visas, ça n'a aucun bon sens, surtout avec des missions en
Afrique. Il y avait un intervenant, la semaine dernière, président de
l'observatoire rattaché, probablement, à... l'observatoire rattaché à
l'Université de Laval, qui disait qu'on doit focusser beaucoup nos efforts sur
l'Afrique, la jeunesse africaine. Je lui ai même posé des questions sur la
géopolitique, la présence de la France en Afrique, les gens qui cherchent un
autre modèle, un autre endroit où on parle français, et le Québec, il est bien
positionné.
Commençons avec le fédéral. Trouvez-vous
que c'est normal que les étudiants qui viennent doivent cocher toujours la case
"puis je dois m'engager à revenir chez moi"? Ça, ça n'a aucun bon
sens, parce que c'est de l'hypocrisie de pousser des gens à déclarer
automatiquement aux agents de douane qui doivent retourner chez eux après la
fin de leurs études. Et nous, aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait? On leur donne
le droit, on veut les garder.
M. Cloutier (Alexandre) : C'est
tout à fait juste. En fait, vous faites une lecture qui est, pour le moins,
contradictoire. On demande, effectivement, de s'engager à un retour du côté
d'Ottawa et du côté du Québec. Visiblement, on souhaite une meilleure
intégration aux besoins de main-d'oeuvre particulièrement, pas juste aux
besoins de main-d'oeuvre, mais à la contribution de l'ensemble des enjeux de la
société québécoise.
M. Derraji : Oui, mais vous
comprenez que c'est tellement difficile pour des jeunes... Parce que vous
l'avez très bien dit au début, on comprend comment ça marche à l'échelle
internationale, le recrutement des étudiants, c'est très important, avoir des
leviers, et le PEQ est un levier. Le problème, c'est que des gens honnêtes
viennent au Québec et les agents de la douane leur posent la question :
Avez-vous l'intention de rester? Et on leur a vendu le rêve du Québec d'étudier
en français dans une région et qu'ils peuvent rester avec un PEQ Diplômé, et
ils disent oui. Il y en a qui se sont ramassés avec des enjeux. C'est quoi,
votre suggestion? Est-ce qu'on doit aller aussi mener la bataille pour que...
avec les étudiants, d'enlever cette case?
M. Cloutier (Alexandre) : Mais
c'est une bataille qui se fait déjà à ma connaissance, puis mon collègue, le
recteur de l'Université de Montréal, prendra la parole tout à l'heure. Mais je
ne veux pas parler pour le BCI, puis, peut-être, qu'il le fera s'il le
souhaite, là. Mais, de mémoire, moi-même, je suis un nouveau président dans
l'organisation, mais je ne pense pas, je prends beaucoup de risques en disant
qu'il y a eu des représentations qui ont été faites pour lever cette
condition-là au niveau fédéral, et qu'on soit conscient du double message qui
est envoyé entre le gouvernement du Québec et le gouvernement d'Ottawa, et
qu'il y a eu des représentations, en ce sens, qui ont été faites. Je pense que
l'enjeu, c'est que, là je m'avance encore, mais, de mémoire, ça nécessitait un
amendement législatif pour lever cette condition. C'est ce qu'on s'est
fait dire, du moins, c'est ce que j'ai compris. De toute façon, c'est de
l'information, là, qui est à vérifier. Peut-être que mes collègues, s'ils
souhaitent compléter. Je ne sais pas si Céline...
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : Oui, je confirme qu'effectivement on collabore beaucoup, en
particulier avec le ministère de l'Enseignement supérieur, pour collaborer avec
les autres ministères québécois, faire des démarches auprès du gouvernement
fédéral. À chaque fois qu'on peut rapporter des cas, des exemples, on les
communique à nos ministères avec lesquels on collabore pour qu'ils...
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : ...puissent continuer constamment à alimenter ce
discours-là. Mais effectivement, il y a, je pense, aussi un statut pour les
agents de douane qui doit être retravaillé, qui doit être corrigé parce que
c'est vraiment à cet endroit-là que beaucoup de choses coincent. Et il y a
beaucoup d'efforts à faire.
M. Derraji : Mais vous
avez notre appui par rapport à cela parce que ça n'a aucun bon sens, surtout
pour des jeunes qui arrivent dans un pays. Pour beaucoup, c'est la... Parfois
c'est leur premier voyage à l'international. C'est un stress énorme. Avoir un
échange avec un douanier, c'est pire qu'un chef de police dans leur pays
d'origine. Mettez ça dans le contexte. Pour nous, parler à un agent de la
douane, probablement, c'est normal. Mais quelqu'un qui vient d'un autre pays,
c'est un agent d'autorité. C'est extrêmement difficile. J'en ai vu moi-même des
cas où j'ai reçu des appels directement de l'aéroport. Je veux aller à... J'ai
entendu votre présentation. J'ai bien compris qu'il n'y a pas ou peu de
problème de logement au niveau des résidences à travers le Québec du réseau de
l'UQ?
M. Cloutier (Alexandre) : Non,
en fait. En fait, on veut doubler nos besoins. En fait, on souhaite doubler nos
résidences actuelles. Mon collègue peut donner plus de détails...
M. Derraji : O.K.
L'argent suit ou pas de la part du gouvernement? Vous êtes à l'aise par rapport
à ce qui est proposé de la part...
M. Cloutier (Alexandre) : On
vient tout juste de recueillir les besoins. On a... On a un projet... On a sept
projets de résidences qui sont... qui sont prêts en fait ou relativement prêts.
Et donc on est à l'étape maintenant de travailler sur le modèle financier puis
le partenariat qu'on souhaite établir. Nous, ce qu'on a voulu surtout faire,
c'est dire : On est un joueur clé. Parce que c'est bien beau, là,
l'immigration, mais encore faut-il les accueillir. Par définition, si on
construit du logement étudiant, on libère des logements. Et donc il y a des
options sur la table pour collaborer. Maintenant, on est rendus à l'étape des
discussions puis de trouver le bon modèle financier. Je ne sais pas si,
Charles, tu souhaites compléter?
M. Nadeau (Charles) :C'est tout à fait juste. Donc, pour nos... Pour les
besoins, là, pour les cinq prochaines années, 4 000 places en
résidence que l'on a besoin dans nos établissements pour cette... c'est
700 millions d'investissement.
M. Derraji : 700 millions
d'investissement. J'imagine que le gouvernement du Québec doit être là, doit
répondre à l'appel?
M. Nadeau
(Charles) :Bien, pour avoir des modèles
financiers qui nous permettent d'avoir un loyer abordable pour les étudiants,
ça prend effectivement un montage financier où est-ce qu'on a de l'argent, là,
qui nous est... où est-ce qu'il y a certaines sommes qui sont disponibles, peu
importe la source, mais qui ne nécessitent pas un remboursement par la suite?
M. Derraji : O.K. Mais
si jamais il n'y aura pas ou je ne le souhaite pas, je ne le souhaite à
personne, le levier venant du gouvernement est très important pour vous donner
les outils nécessaires pour avoir ces étudiants en région. Je peux faire ce
constat? Je peux pour conclure ça?
M. Nadeau
(Charles) :Oui. Partenaire. Que ce soit
le gouvernement ou un autre partenaire financier, mais effectivement il y a
besoin d'avoir des partenaires financiers.
M. Derraji : Je veux
revenir à un point important. Le pourcentage des étudiants, des étudiants que
vous ramenez qui parlent français. La plupart, c'est des francophones?
M. Cloutier (Alexandre) : Oui,
la quasi-totalité.
M. Derraji : O.K. Parce
que je vous ai entendu tout à l'heure parler de la francisation. Moi, ce qui me
vient à l'esprit, c'est plus l'intégration que la francisation. Là, est-ce que
je me trompe, mais quelqu'un qui est étudiant français à l'intérieur du réseau
de l'UQ, aujourd'hui, ce que j'aimerais voir, moi-même, j'ai choisi de venir...
Mon choix pour venir au Québec, c'est pour faire mon MBA. J'aurais aimé avoir
du support et de l'appui pour intégrer le marché du travail. Étudier en
français? Oui, peut-être. Surtout comprendre l'accent au début du premier
cours, c'est difficile. Mais, écoutez, on s'améliore tous à l'intérieur. Mais
pour une université avec un réseau régional, avez-vous pensé à des mesures
d'intégration? Au fait, permettre le rattachement et l'enracinement dans la
région avec des partenaires du milieu au lieu de la francisation? Si c'est le
cas, avez-vous des exemples?
• (11 h 50) •
M. Cloutier (Alexandre) : Il
y en a plein d'exemples. Puis... Mais, moi, je pense que c'est un... c'est un
élément sur lequel on peut toujours faire mieux. Mais c'est magnifique en fait
ce qui se passe dans les régions. Par exemple avec ville Saguenay, il y a un
moment d'accueil des étudiants internationaux. Il y a un barbecue qui est
organisé, par exemple, à l'UQAC à chaque année, où toute la communauté est
invitée à venir accueillir. Puis là il y a différents kiosques avec les...
Chacun y va de... qui met en valeur dans le fond l'apport de sa culture. Donc,
il y en a des... Il y en a assurément des exemples, mais... mais donc... mais
comme je le disais tout à l'heure, par définition, puisqu'il y a une croissance
importante des étudiants internationaux, la réalité des universités, on doit en
tenir compte. Pour organiser cet accueil-là, bien, nécessairement, ça veut dire
des ressources qui y sont dédiées.
M. Derraji : Avez-vous
des fonds par rapport à l'intégration du ministère?
M. Cloutier (Alexandre) : Il
y a eu à l'époque, là, il y a à peu près cinq ans, des sommes quand même
importantes qui doivent dater de l'ancien gouvernement. En fait, là...
M. Derraji : Mais là je
parle de... Vous êtes l'homme du... Parler de moi, de maintenant et du futur,
est-ce que vous avez des...
Une voix : Il y a la... Il y
a à l'heure actuelle...
M. Cloutier (Alexandre) : ...parler
mon financier.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je dois vous arrêter. Le temps imparti à l'opposition
officielle est terminé...
M. Derraji : Merci, avocate.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...mais on va poursuivre avec le deuxième groupe
d'opposition et le député de Saint-Henri–Sainte-Anne pour une période de trois
minutes 18 secondes.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup pour votre présentation. C'était très intéressant. Il y a beaucoup de
beaux chiffres là-dedans. J'aime beaucoup l'idée du tiers qui se destinent ou
se destineront à la résidence permanente. C'est quelque chose qu'on ne savait
pas puis c'est quelque chose qu'on va devoir réfléchir puis analyser dans le...
dans la logique de le mettre hors seuil. Parce qu'effectivement, si le tiers de
tous les étudiants étrangers, en ce moment au Québec, vont être traités hors
seuil, finalement on va avoir plusieurs dizaines de milliers de demandes
possiblement dans le PEQ hors seuil annuellement. Alors, je veux juste que ça
soit entendu. Si le gouvernement prend cet engagement-là, on ne pourra pas nous
dire, dans un an ou dans deux ans, qu'on ne savait pas à quoi on s'attend,
parce que vous nous avez présenté des données qui sont certes préliminaires
pour les UQ, mais qui sont quand même potentiellement un signe de ce qui s'en
vient.
Je voulais vous laisser avec deux choses.
Vous avez parlé d'inclure le DESS au PEQ. Ça, c'est une très belle
revendication. Je pense qu'on n'en a pas assez parlé. Et vous en avez parlé
aussi dans votre mémoire de ne pas mettre le test de français écrit obligatoire.
C'est des gens que vous diplômez, c'est des gens qui ont réussi un programme
universitaire en français. Alors, je vous laisserais nous répondre là-dessus à
l'effet : Pourquoi, à ce point-là, c'est inutile et pourquoi on devrait ne
pas mettre une exigence supplémentaire quand, j'imagine, la preuve est déjà
faite qu'ils sont francisés?
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : Tout à fait. En fait, la réponse courte et simple, c'est
que pour pouvoir être admis dans un programme de baccalauréat, on fait passer
des tests de français à ces étudiants-là, ces candidats-là, et c'est... ce sont
des tests qui sont au moins équivalent au niveau 5 qui est déjà exigé.
Donc, on trouve que ça pourrait permettre d'alléger finalement la mise en place
de la réforme.
M. Cliche-Rivard : Jusqu'à
aujourd'hui, on ne le demandait pas, dans le PEQ actuel, le diplôme est la
preuve du fait français, dans le PEQ diplômé tel qu'on le connaît aujourd'hui.
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : Pour le diplôme de baccalauréat, c'est certain, oui...
M. Cliche-Rivard : Pour le
diplôme de maîtrise aussi, et il n'y a jamais eu de problème allégué ou
démontré de quelconque façon que ce diplôme-là n'était pas une preuve
suffisante du français.
Mme Poncelin de Raucourt (Céline) :
Tout à fait.
M. Cliche-Rivard : Donc, à
votre connaissance, il n'y a pas de démonstration de nécessité d'exiger un test
qui, au surplus, n'est pas fait ici, n'est pas conçu ici, là, en plus d'un
diplôme qui est émis par une université du Québec.
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : Exact, dans les universités francophones, c'est... cette
démonstration-là n'est plus à faire parce qu'on l'intègre dans le parcours.
M. Cliche-Rivard : Test qui,
au surplus, coûterait quelques centaines, là, de dollars à la pièce, là, à
chaque fois qu'il faut faire le test ou à chaque fois qu'il faut le démontrer.
Donc, je pense que c'est un élément important. J'entends plusieurs critiques
d'étudiants étrangers sur le manque de flexibilité du MIFI sur le changement de
CAQ ou sur le changement de type de CAQ, donc premier cycle, deuxième cycle,
etc. Est-ce que vous avez des revendications pour ça, sur... pour
l'assouplissement du CAQ étudiant?
Mme Poncelin de Raucourt
(Céline) : Au niveau des difficultés que peuvent éprouver les
étudiants étrangers dans les démarches qu'ils peuvent avoir, effectivement, il
y a des enjeux aussi de cohérence entre les règles des différents ministères,
et c'est un travail qu'on est en train de faire. Justement, il y a une table
permanente pour les étudiants internationaux qui a été mise en place récemment
et qui va permettre d'avoir ces discussions-là pour bien faire le point sur les
difficultés que vivent nos étudiants et pour trouver ensemble ces solutions-là,
donc.
M. Cliche-Rivard : Parce
qu'il y a beaucoup de scénarios ou d'histoires où de gens, bon, sont admis à la
maîtrise, finalement, après une session, trouvent ça trop difficile. Ils
veulent descendre au baccalauréat ou modifier leur programme, et c'est un refus
au niveau du ministère. Et donc ils ont malheureusement échoué leur session, se
retrouvent sans statut et ça cause de la précarité. Et j'entends ça à tous les
jours, malheureusement.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est terminé pour cette partie d'échange avec les
parlementaires. On va terminer la ronde avec le député de Matane-Matapédia pour
une période de trois minutes,18 secondes.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Vous me permettrez d'entrée de jeu de saluer mon ancien collègue Me
Cloutier et ses collaborateurs, collaboratrices, d'être ici à nous parler des
universités, c'est important. D'ailleurs, on a fait une motion tout à l'heure à
l'Assemblée nationale pour augmenter le financement des universités en
immobilisations, toutes vos revendications. Ça a malheureusement été refusé par
le gouvernement, mais ce n'est pas l'objet de mon propos. Accueillir les
étudiants internationaux... je veux vous parler du cas de Rimouski. L'Université
du Québec à Rimouski, où j'ai étudié, est celle que je connais le mieux.
Écoutez, c'est 2000 demandes. On doit dire non, ce n'est pas possible, on
n'a pas d'hébergement. Je regardais la situation des résidences, c'est
épouvantable. Donc, il y a plusieurs facteurs pour accueillir, d'abord
accueillir les étudiants avant même qu'ils puissent envisager de rester après,
d'étudier, puis de rester, c'est de les accueillir. Dans une ville comme
Rimouski, c'est dévastateur. Alors, quelqu'un doit prendre la responsabilité
d'accélérer les dossiers si on veut être capable d'accueillir une immigration
au Québec et encore, à plus forte raison, dans une région. Donc, le portrait
que vous avez dans les universités du réseau quant aux capacités que vous
n'avez pas, qui font en sorte que vous refusez des étudiants internationaux, ça
peut représenter combien de personnes...
M. Cloutier (Alexandre) : ...ça
va être difficile de chiffrer exactement le nombre de personnes. Par contre, on
peut chiffrer très clairement les besoins en termes de logement. Et les besoins
en termes de logement, c'est simple, il faut les doubler. Alors, ça vous donne
une idée du nombre de places qui est nécessaire pour les gens, donc, qui ne
trouvent pas preneurs en termes de logement étudiant. Et le cas de l'Université
du Québec à Rimouski est assurément un cas patent.
M. Bérubé : Parce que je...
Pour le bénéfice des collègues, ce qu'on dit, près de 2 000 étudiants
étrangers doivent être contactés prochainement par l'établissement, là, on
parle de l'UQAR, notamment pour s'assurer qu'ils ont trouvé un logement pour la
rentrée de septembre, celle-ci. S'ils n'en ont pas, l'UQAR les dissuadera de
venir étudier chez eux. Imaginez le préjudice réputationnel pour la ville de
Rimouski, pour l'UQAR. Ça, c'est seulement à Rimouski. Je vous invite, un peu
plus tard, hors commission, à nous trouver les autres chiffres, si on pouvait
les cumuler. Je pense que c'est une statistique qui parlerait. Pour moi, c'est
un frein. Dans le réseau collégial, par exemple, on fait presque des miracles,
là, dans les petits cégeps. C'est le cas aussi dans votre région natale, mais,
au plan universitaire, ça se joue à un haut niveau. Et puis là on n'a pas ce
qu'il faut pour les accueillir. Donc, je veux prendre le temps que j'ai,
essentiellement, pour m'attarder à ça en disant : Les résidences
étudiantes, c'est un enjeu pour vous puis c'est un enjeu pour l'immigration si
on veut bien réussir en région. Et la force du réseau UQ, c'est d'être présent
en région. Alors, c'est pour ça qu'il a été créé en 1968, c'est bien ça, et que
vous êtes toujours là avec la même vitalité. Alors, moi, je suis un diplômé de
l'UQAR, j'en suis très fier, mais j'aimerais que mon université continue de
grandir, notamment avec les cerveaux de partout dans le monde.
M. Cloutier (Alexandre) : Et
on est prêts pour une phase 2 de développement, messieurs, mesdames les
députés.
M. Bérubé : J'ai vu ça.
M. Cloutier (Alexandre) : L'Université
du Québec est mûre pour une deuxième phase de croissance. Et on est en train de
faire tomber les dernières barrières avec, récemment, une faculté de droit à
l'Université du Québec en Outaouais, qui vient d'ouvrir. Puis on espère, un
jour, avoir une faculté de médecine pour former, partout sur le territoire
québécois, des gens qui habitent les régions, qui vivent en région et qui vont
pratiquer en région. Alors, Mme la Présidente, on a ouvert sur autre chose.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, sur ces bonnes nouvelles, on va terminer cette...
sur cette ronde cette audition. Merci beaucoup de vous être présentés devant
nous, d'avoir répondu à nos questions.
Alors, je suspends la commission pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 58)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 02)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux.
Donc, nous recevons en ce moment l'Université
de Montréal. Bienvenue à vous trois. Alors, vous êtes des habitués, vous savez
que vous allez bénéficier d'une période de 10 minutes pour votre exposé.
Mais d'abord vous allez... je vais vous inviter à vous présenter pour le
bénéfice des parlementaires. On va ensuite poursuivre avec une période d'échanges.
Alors, le temps commence maintenant.
M. Jutras (Daniel) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je m'appelle Daniel Jutras, je suis le recteur de
l'Université de Montréal. Je suis accompagné de deux collègues.
Mme Amiraux (Valérie) : Bonjour,
je suis Valérie Amiraux, je suis professeure de sociologie et je suis vice
rectrice aux partenariats communautaires et internationaux.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous n'avez pas besoin de toucher le micro.
Mme Meikle (Victoria) : Ah,
O.K. Bonjour. Victoria Meikle, directrice des relations gouvernementales et
institutionnelles au cabinet du recteur.
M. Jutras (Daniel) : Alors, Mme
la Présidente, Mme la ministre, Mesdames, Messieurs les députés, d'abord, je
veux vous remercier sincèrement de l'invitation qui nous a été faite.
L'Université de Montréal, comme vous le
savez, a une population étudiante très importante, 46 000 étudiants
uniques à l'Université de Montréal. J'exclus de ce compte HEC et Polytechnique
qui sont des écoles affiliées. Parmi ces 46 000 étudiants, étudiantes
uniques, il y a près de 8 000 étudiants internationaux, la majorité
en provenance de pays francophones, et ils se répartissent moitié-moitié entre
les étudiants de premier cycle et les étudiants aux cycles supérieurs.
Alors, nous sommes donc très
reconnaissants de pouvoir partager avec vous notre perspective sur la
planification de l'immigration au Québec, de répondre en particulier à l'appel
de mémoire que nous avons pu déposer, compte tenu de l'importance de cette
cohorte, ce groupe d'étudiants et d'étudiantes pour le dynamisme de l'Université
de Montréal.
Dans notre mémoire que vous avez reçu et
que vous avez... dont vous avez eu l'occasion de prendre connaissance, nous
recommandons que le gouvernement du Québec opte pour le scénario un de l'orientation 12
qui est proposé dans le cadre des consultations. Nous... pour l'option... nous
appuyons, plutôt, l'option A de l'orientation 12 plus précisément, là, qui
est recommandée par le ministère de l'Immigration, soit d'augmenter
graduellement les cibles totales pour atteindre 60 000 admissions en
2027 et d'admettre en continu les personnes qui déposent une demande de
résidence permanente à la suite de l'obtention d'un certificat de sélection du programme
d'expérience québécoise au volet diplômé du Québec.
Je tiens à préciser que nous avons exprimé
cet avis en tenant compte de la manière dont les options étaient proposées dans
le document de consultation, mais, pour nous, le volet essentiel qui doit être
mis de l'avant est celui qui touche le programme du PEQ et donc cette hypothèse
que les étudiants internationaux soient admis en continu et hors plafond, quel
que soit, en fait, le seuil qui sera établi par le gouvernement.
Nous appuyons cette recommandation sur un
certain nombre d'éléments. D'abord, il faut reconnaître que les personnes dont
on parle, ces personnes, donc diplômées du Québec, ont déjà une connaissance du
français issue de leur parcours étudiant. Pour la plupart, ces personnes résident...
la très, très grande majorité réside sur le territoire du Québec et il s'agit,
à notre avis, d'un élément qui est important dans le contexte de ce qui a été
dit récemment à propos des liens entre les étudiants issus de l'immigration et
les pressions sur les services publics et l'accès au logement dont on parlait
un peu plus tôt ce matin, là. Il ne s'agit pas d'individus qui vont apparaître
dans le réseau, c'est des gens qui généralement sont là depuis quelques années
et qui sont déjà intégrés, déjà logés et déjà des utilisateurs de services
publics.
Ces personnes sont jeunes, elles ont un
riche parcours de vie au moment de recevoir leur diplôme, mais nous croyons et
nous avons plusieurs indices de ça, plusieurs exemples qu'ils vont contribuer,
s'ils décident de s'établir définitivement au Québec, au développement social,
culturel, économique et démographique de notre société.
Autre volet. Ces personnes ont terminé une
formation postsecondaire, ce sont des personnes qui vont être sélectionnées dans
le Programme de l'expérience québécoise, qui sont très fortement qualifiées
pour intégrer le marché du travail. Il faut savoir donc que leur formation au
Québec va faciliter sans doute la reconnaissance de leurs compétences par les
employeurs potentiels d'ici, ce qui est un avantage significatif. Et nous
sommes optimistes sur la réduction des temps d'attente pour la résidence
permanente qui découlerait de l'admission en continu...
M. Jutras (Daniel) : ...serait
un incitatif de plus pour encourager les diplômés à s'installer au Québec et à
y rester. On a parlé de ce volet-là, peut-être de l'effet, en termes de
recrutement, qui pourrait résulter de cette mesure qui est recommandée et que
l'on appuie.
En somme, nous partageons le constat qui
est fait par le premier ministre dans le document de consultation sur la
contribution des étudiants internationaux, je le cite : «Les étudiantes et
étudiants étrangers diplômés de nos programmes francophones nous apparaissent
comme des candidats idéaux étant donné que ces personnes possèdent un diplôme
québécois, qu'elles sont jeunes, qu'elles vivent déjà ici en français depuis
plusieurs années. Elles constituent un bassin exceptionnel où recruter de
nouveaux Québécois et de nouvelles Québécoises.» En facilitant le chemin à
parcourir pour que les étudiants internationaux s'établissent de façon
permanente au Québec à la fin de leurs études, nous croyons que le gouvernement
enverrait un signal fort qui contribuerait, selon nous, à l'attractivité des
établissements universitaires francophones. Et, lorsque nos universités
rayonnent, c'est tout le Québec qui en bénéficie.
À cet égard, l'Université de Montréal joue
un rôle déterminant dans la francisation au Québec, et ce, depuis sa fondation,
il y a bientôt 150 ans. La langue française est au cœur de ce qu'est notre
université, et je dois mentionner notre école de français, qui est un chef de
file dans l'enseignement du français depuis plus de 60 ans, avec une vaste
gamme de cours de français, d'ateliers et d'autres formations qui permettent
aux étudiantes et aux étudiantes de développer des compétences linguistiques et
interculturelles qui favorisent leur réussite académique et leur intégration au
Québec.
Nos experts, d'ailleurs, en francisation,
collaborent étroitement avec le programme Francisation Québec pour établir les
standards et les contenus des cours depuis de nombreuses années. Aujourd'hui,
la plus grande université francophone des Amériques, l'Université de Montréal a
acquis une réputation qui fait qu'elle bénéficie d'un rayonnement à
l'international qui est unique parmi les établissements francophones québécois
et canadiens. L'Université de Montréal représente le principal pôle francophone
en recherche au Canada avec 465 unités de recherche, 113 chaires de recherche
du Canada, une chaire de recherche du Canada 150, une chaire d'excellence en
recherche du Canada, une affiliation avec 28 centres de soins hospitaliers et
services sociaux à travers la région métropolitaine et au-delà, deux écoles
affiliées, Polytechnique Montréal et HEC Montréal.
Notre réputation, notre attractivité
contribuent aussi à l'embauche, année après année, de nouveaux professeurs qui
vont aussi s'intégrer à la communauté québécoise. Environ 30 % de ces
nouveaux professeurs que nous recrutons ne sont ni citoyens canadiens ni
résidents permanents, et notre établissement contribue à leur francisation le
cas échéant.
Alors, je vais peut-être privilégier la
période de questions parce que, comme vous allez entendre aujourd'hui beaucoup
d'universités... je pense, entendre à peu près la même chanson de la part de la
plupart des intervenants, je souhaite que vous puissiez dialoguer avec nous sur
les aspects qui vous intéressent le plus. Et donc je vous remercie pour votre
attention, et nous sommes prêts à répondre à vos questions. Mes collègues, qui
ont une expertise plus pointue sur ces aspects-là, pourront certainement
contribuer valablement à la conversation. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, merci beaucoup pour cette présentation.
Effectivement, on va entamer, donc, la période d'échange avec les
parlementaires. On commence par la banquette gouvernementale, avec la ministre,
pour une période totale de 16min 30s. Vous pouvez commencer.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci beaucoup, M. le recteur, merci à vous trois d'être des
nôtres et de prendre part à cet échange, à cet exercice démocratique fort
important et qui sera déterminant pour la suite.
• (12 h 10) •
Alors, je veux vous ramener sur le thème
de la rétention, en fait, des étudiants étrangers. D'une part, j'aimerais ça,
si vous avez l'information, que vous nous parliez un peu de l'évolution du
profil des étudiants étrangers qui vont à l'Université de Montréal. Est-ce
qu'il y a certaines tendances qui se dégagent, est-ce qu'il y a eu des
changements, et est-ce que vous amenez ces étudiants étrangers à considérer
l'idée de rester après leur programme d'études, de rester au Québec, donc? Et,
si oui, comment est-ce que ça se traduit puis qu'est-ce qui semble être des
éléments déterminants pour eux dans leur décision de rester ou non?
M. Jutras (Daniel) : Écoutez,
je vais me charger du premier volet, puis je vais demander à Mme... peut-être,
de se charger ce deuxième volet. D'abord, en termes de tendances ou
d'évolution, vous avez lu les journaux ce matin comme moi, ce sont des chiffres
que l'on connaît, il y a une augmentation extrêmement significative de la
présence des étudiants internationaux au Québec. Ce n'est pas un phénomène
proprement québécois, là, c'est un phénomène de massification de la mobilité
étudiante à travers le monde, je pense, de démocratisation aussi de la mobilité
étudiante à travers le monde, là, issue de pays qui, autrefois, n'auraient pas
envisagé l'hypothèse de venir au Québec, dans notre cas, ou de s'établir à
l'étranger. Il y a une volonté aussi, je pense, de soutenir une
internationalisation de la recherche, ce qui fait en sorte qu'il y a une
mobilité de chercheurs, d'étudiants...
M. Jutras (Daniel) : ...l'étudiant
dans les cycles supérieurs. Ce que l'on voit, donc, chez nous, c'est une
augmentation significative, on voit les chiffres des dernières années, une
augmentation significative qui nous amène autour de 50 000 étudiants,
à peu près, 50 000 étudiants internationaux qui s'installent au
Québec.
Chez nous, je dirais, sur un plan
démographique, je l'ai mentionné en ouverture, il s'agit surtout d'étudiants
francophones, moitié à peu près de nos étudiants sont issus de la France et de pays...
en fait, un peu plus de la moitié si on inclut les autres pays francophones.
C'est la France qui est, évidemment, la cohorte la plus... qui nous fournit la
cohorte la plus importante. On a beaucoup d'étudiants qui sont issus du Maghreb
aussi, évidemment, pour des motifs qui tiennent à ce facteur linguistique. Il y
a une émergence des pays de l'Amérique latine, je dirais, aux dernières... au
cours des dernières années. Donc, vous parliez, dans les consultations, de pays
francotropes, voilà un exemple de lien que l'on peut établir.
Donc, la tendance, je pense, elle est
soutenue, elle est bénéfique pour le réseau universitaire québécois, pour
l'Université de Montréal.
Mme Amiraux (Valérie) : Donc,
pour répondre à la deuxième partie de votre question, qui concernait la façon
dont nous les incitons, éventuellement, à rester au Québec, s'ils n'en ont pas
l'idée dès le départ, j'aimerais commencer par dire qu'un des premiers
facteurs, me semble-t-il, à rappeler, c'est que le projet des étudiants internationaux
est un projet qui démarre longtemps avant d'arriver sur le sol québécois. Donc,
le rôle des universités, la nôtre s'en préoccupe énormément, c'est de les
accompagner dès que cette idée germe dans leur esprit, que ce soit un projet
individuel ou un projet de fratrie. Donc, on a toute une série de services qui
sont maintenant actifs depuis février 2023, qui ont à charge d'accompagner les
étudiants individuellement dans les démarches qui précèdent leur arrivée au
Québec.
Le deuxième ensemble de mesures, c'est de
travailler de manière beaucoup plus fine que nous le faisions peut-être
précédemment sur les mesures d'accompagnement à peine arrivée au Québec, à
Montréal en particulier. Donc, ça, c'est, évidemment, toutes les séries
d'activités qui visent à les accueillir de manière idoine sur les campus mais
aussi à les accompagner dans l'acculturation pédagogique qui va être la leur,
puisque l'arrivée sur un campus comme le celui de l'Université de Montréal,
c'est souvent, pour eux, découvrir des manières d'enseigner, découvrir des
manières d'apprendre dont ils ne sont pas... ils ou elles ne sont pas
familiers, familières. Donc, tout ça, c'est quelque chose sur lequel on s'est
énormément investi depuis les dernières années, en personnel, en mobilisation des
étudiants aussi ambassadeurs. On utilise beaucoup le système du mentorat par
les étudiants qui sont passés par ces mêmes trajectoires.
Et puis troisième volet que j'aimerais
porter à votre connaissance, c'est tout ce qui concerne le développement de ce qu'on
appelle, chez nous, les apprentissages expérientiels, c'est-à-dire, dès les
premiers mois du premier cycle, hein, on n'attend pas la maîtrise ou le
doctorat, d'inciter les étudiants à s'engager dans des parcours qui les
immergent dans des activités de type communautaire, de type recherche, au plus
près de ce que nous faisons ici, au Québec, de sorte que la question,
lorsqu'elle se pose, de savoir où commencer mon expérience professionnelle peut
plus naturellement se tourner vers Montréal, la grande région, et l'ensemble du
Québec.
Mme Fréchette : Merci. Et
est-ce qu'à votre connaissance l'accès facilité à la résidence permanente fait
partie des éléments qu'ils considèrent avant de choisir de venir au Québec,
plus particulièrement à l'Université de Montréal?
Mme Amiraux (Valérie) : Alors,
il faut rappeler que certains des étudiants internationaux arrivent, c'est une
minorité, mais arrivent avec le statut de résident permanent, hein, il ne faut
parfois pas complètement l'enlever. Donc, certains ont déjà le projet et
s'imaginent vivre ici avant même de commencer leurs études. Il est certain que
la facilitation de la résidence permanente, c'est un levier énorme pour garder
les talents dont nous avons appris à les connaître en les formant.
J'ajoute aussi que ces questions
administratives, je ne vous apprends rien, sont extrêmement stressantes et
anxiogènes pour les étudiants. Et là encore il y a des difficultés qui nous
sont externes à nous, universités, mais, sur les campus, nous développons une dextérité
dans l'accompagnement sur tous les angles, le CAQ, les changements de
programme, les difficultés qui ont été évoquées précédemment aux douanes. On a
du personnel qui est là 24 sur 24 et qui répond aux appels pour accompagner les
étudiants qui rencontrent des difficultés.
Je n'ai pas mentionné, tout à l'heure, le
fait que nous avons aussi un souci d'apprentissage du français dans sa
globalité, c'est-à-dire du français comme langue de travail, langue de
communication, mais aussi de tout l'appareil culturel qui accompagne
l'apprentissage d'une langue. Donc, on s'est doté d'une école de français qui a
pour mission, sous forme de cours crédités, non crédités, de jumelage entre
étudiants qui mobilisent... qui sont compétents dans différentes langues, pour
aider au plus près les étudiants à franchir cette première barrière dont on
sait qu'elle est importante et qu'elle nous permet aussi ensuite d'avoir une
forme de familiarité et de loyauté de ses étudiants vis-à-vis de nous comme
institution et vis-à-vis du Québec comme pays.
Mme Fréchette : Par rapport à
la connaissance du français, j'aimerais apporter une précision, là, qui a fait
l'objet de discussions tout à l'heure, juste pour clarifier un élément, à
l'effet que...
Mme Fréchette : ...dans la
réforme du PEQ-Diplômés, qu'on a annoncée en mai dernier, donc, les étudiants
issus de programmes francophones ou qui ont trois ans d'études en français au
lycée, au secondaire ou au collège n'auront pas à prouver qu'ils connaissent le
français, à moins que survienne un doute de la part du ministère. Donc, c'est
dans l'éventualité où il y aurait un doute que là, il pourrait y avoir une
preuve additionnelle qui soit demandée. Mais, sinon, le fait d'avoir le diplôme
comme tel suffira. Donc, Mme la Présidente, je voudrais céder la parole à des
collègues.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien entendu. Alors, je me tourne du côté de la députée de
Vimont. Il vous reste 9 min 18 s.
Mme Schmaltz : Parfait,
merci, Mme la Présidente. Merci à vous de votre présence, c'est toujours bien
apprécié. L'Université de Montréal s'est exprimée à plusieurs reprises en
faveur des étudiants internationaux et de leur importance. Ils seront, en soi,
les chercheurs, travailleurs qualifiés de demain au Québec, soit ils
deviendront, dans leur pays, les ambassadeurs pour les universités et le
Québec. À votre avis, est-ce que la nouvelle mouture du PEQ-Diplômés vous
paraît suffisante pour contribuer à l'installation définitive de ces étudiants
au Québec?
M. Jutras (Daniel) : Je sais
qu'il ne faut pas que... Je pense que oui. En fait, c'est l'essentiel de notre
mémoire. Je pense que les orientations qui sont proposées sont extrêmement
positives, de notre point de vue. Je pense qu'il est important aussi de retenir
que, dans les populations dont on parle, il faut distinguer les étudiants à
statut temporaire des étudiants qui, éventuellement, seront partie du PEQ et
solliciteront un statut de résident permanent, là, parce que les chiffres,
parfois, sont confondus. On parle de très gros chiffres pour les étudiants, là,
50 000 étudiants internationaux, en ce moment, au Québec. Ce ne sont pas
tous ces étudiants-là qui voudront, éventuellement, accéder à un statut de
résident permanent au Québec. Difficile de mesurer la proportion. On l'évoquait
tantôt, nous, on n'a pas de sondages, là, sur l'intention de ces étudiants...
Mme Schmaltz : C'est,
justement, le tiers, là... Vos prédécesseurs ont parlé du tiers des étudiants
qui s'étaient montrés favorables. Vous, est-ce que vous pouvez entériner ça, ou
c'est difficile?
M. Jutras (Daniel) : Non. Je
pense qu'on est au niveau anecdotique, je dirais, aux données. La mesure la
plus adéquate que l'on peut imaginer, c'est ce que l'on connaissait au PEQ, par
exemple, avant les modifications, par rapport au nombre total d'étudiants
internationaux qu'on a sur place. Donc, si on imagine à peu près 50 %,
puis qu'on retourne à des chiffres autour de 5 000, 7 000, 8 000
candidats au PEQ, bien, on peut imaginer que c'est à peu près entre 20 % à
30 %, je dirais, d'étudiants internationaux qui décident de rester au
Québec, dans une proportion plus importante, plus proche de 30 %,
probablement, dans des universités francophones comme la nôtre, que ce ne serait
le cas dans d'autres universités. Alors, oui, je dirais que ce facteur-là va
être un facteur important.
Mais il faut garder à l'esprit... comme
l'évoquait Mme Amiraux, il y a un moment que les projets sont vraiment très
diversifiés, sont à géométrie très variable. Il y a des gens qui arrivent ici
avec le statut de résident permanent. Il y a des gens qui viennent ici
seulement pour une période courte, parce qu'ils souhaitent participer à la vie
universitaire, à la recherche, et recevoir une formation, puis repartir, ensuite,
dans leur pays, ou ailleurs, pour contribuer à ce qui est requis dans leurs
espaces. Et on est sensibles à cette réalité-là aussi, à la fois, comme vous
l'évoquez dans votre question, parce que ces gens-là deviennent des
ambassadeurs du Québec, les ambassadeurs du savoir québécois, mais aussi parce
qu'on a la responsabilité de ne pas vider ces pays-là des énergies vives, là,
qui peuvent contribuer à l'essor de pays en développement. Donc, il faut un
équilibre entre ces éléments-là. Mais, évidemment, nous, on les accueille très
favorablement, quel que soit leur projet.
• (12 h 20) •
Mme Amiraux (Valérie) : Juste
pour, peut-être, rajouter le fait que les deux conditions, hein, qui ont été
retirées, donc l'exigence d'avoir un emploi au moment du dépôt de sa demande,
et puis celle de l'expérience de travail de 12 mois avant de pouvoir la
présenter, sont, clairement, deux éléments qui vont beaucoup alléger le fardeau
du processus qui pèse sur les étudiants internationaux, et qui vont,
probablement, les inciter à se projeter de manière peut-être plus fluide et
plus rapide.
Mme Schmaltz : C'est sûr que
qui dit étudiant dit aussi intégration, éventuellement, sur le marché du
travail. J'aimerais vous entendre, justement, sur les propositions et les actions
que nous proposons à ce sujet, comment vous pouvez peut-être contribuer, d'une
certaine façon.
Mme Amiraux (Valérie) : Alors,
sur la question... Je mentionnais tout à l'heure les expériences... le fait de
faire goûter aux étudiants internationaux, au plus tôt de leur formation, à une
expérience en lien avec leur secteur disciplinaire, quel qu'il soit, et là je
parle pour l'ensemble des 13 facultés qui composent l'Université de Montréal,
donc j'inclus aussi les secteurs de la santé, j'inclus les secteurs des
sciences naturelles, des...
Mme Amiraux (Valérie) : ...humaines
et sociales, etc., du droit. Donc, l'ensemble de ces initiatives qu'on a mises
en place et qui sont massivement suivies par nos unités de formation, elles ont
vocation précisément à permettre à des étudiants, étudiantes de se confronter à
une expérience professionnelle, quand bien même cela ne se fait que sous forme
de quelques heures dans un laboratoire, sous la forme d'un bénévolat dans un
organisme communautaire. On le reconnaît et on les accompagne aussi par toute
une série d'initiatives dans plein de départements, sous forme de mentorat. Le
mentorat, il est exercé par des professionnels, des gens en exercice, des gens
peut-être comme vous dans cette salle, qui ont pu être sollicités par nos
professeurs pour développer ces activités de mentorat qui sont extrêmement
demandées et de vrais succès. Je pense à l'initiative du département de science
politique qui me vient en tête, qui est très... couronnée de succès.
Et puis, on a aussi développé un projet
qui s'appelle Millénium, qui est un projet qu'on a pu développer grâce à des
soutiens philanthropiques, qui nous permet aussi de soutenir des étudiants,
dont des étudiants internationaux, qui peuvent se projeter comme acteurs et fondateurs
d'entreprises. Donc, ce sont des activités qui vont de la formation au B.A.-BA
de l'entrepreneuriat et qui ensuite les accompagnent pas à pas vers leur
projet, que ce projet fonctionne ou que ce projet ne fonctionne pas, puisqu'on
a toujours tendance à parler de choses qui se passent très, très bien, mais
évidemment, il y a parfois des changements de trajectoire. Et la nouvelle
mouture du PEQ me semble aussi très généreuse sur ces changements de
trajectoire. Et c'est ça qui nous intéresse comme université, d'être capable
aussi d'accompagner nos étudiants dans leur changement d'orientation et dans
leur changement de projet de vie, surtout quand ils sont à des milliers de
kilomètres de chez eux.
Mme Schmaltz : On parle... On
soulève des points importants, comme vous le mentionnez, mais par contre il y a
aussi tout ce qui est mobilité, tout ce qui est logement. Est-ce que vous êtes,
j'imagine, confrontés, comme tout le monde, aussi à une certaine pénurie? Ou
encore est-ce qu'il y a des projets derrière ça? Est-ce que vous avez une
vision pour aider?
M. Jutras (Daniel) : Oui.
Écoutez, je ne vous apprendrai rien en vous disant que la situation est
variable à travers le Québec. Là, nous, on est en région métropolitaine. C'est
moins la disponibilité de logements dans notre environnement que le coût du
logement qui est un enjeu significatif. Ce n'est pas une idée absolument
géniale. Vous avez certainement entendu cette préoccupation-là.
En termes de disponibilité de logements,
M. Cloutier a évoqué tout à l'heure, mon collègue, le projet d'Ivanhoé
Cambridge, pour lequel on est très enthousiastes, je pense, et qui ajouterait,
si tout va bien, à peu près 1 000 logements,
1 000 logements à configurations différentes, parce que ce dont on se
rend compte en ce moment, c'est que le concept de résidence, dans sa forme
traditionnelle, là, une chambre avec des espaces sanitaires partagés au même
étage, ça ne convient pas pour la majorité des étudiants maintenant, qui ont
des parcours différents. Plusieurs sont plus vieux que ce qu'on imagine.
Mme Schmaltz : ...quelque
chose de plus privé?
M. Jutras (Daniel) : Il faut
des appartements, je pense...
Mme Schmaltz : Des
appartements.
M. Jutras (Daniel) : ...dans
plusieurs cas, puis des appartements de tailles différentes. Il y a des
étudiants internationaux, en particulier, qui arrivent avec des familles, avec
des enfants. Donc, il va falloir tenir compte de ça, d'une part, dans la
reconfiguration des espaces.
On a des enjeux de rénovation, parce que
nos résidences sont de vieilles résidences, elles datent des années 60, 70, et
donc on a plusieurs millions de dollars de rénovations à investir là-dedans.
Mais je dirais que l'enjeu principal pour nous, c'est de s'assurer que les programmes
d'accès à des logements abordables soient adaptés aux besoins des étudiants.
Chez nous, on a, pour vous donner un ordre
de grandeur, là, 1 100 résidences étudiantes et qui sont pour le
bénéfice non seulement de l'Université de Montréal, mais de HEC et de
Polytechnique aussi, donc 70 000 étudiants. Alors, bon an mal an, on
parvient à répondre à la demande, mais difficilement. Cette année, on a deux
fois plus de personnes sur la liste d'attente, là. Il y a
2 000 personnes sur la liste d'attente actuellement pour
1 000 logements qui sont déjà comblés. Alors, ça roule, évidemment.
C'est un parc immobilier qui roule un peu.
Mme Schmaltz : Qui gère ça?
C'est... Comment vous gérez ça?
M. Jutras (Daniel) : L'université
gère ce flot-là. Ce qu'on constate, et on en voit la démonstration depuis
quelque temps, c'est que les étudiants normalement qui quittaient les
résidences étudiantes maintenant s'installent à demeure dans les résidences
étudiantes. Nos résidences, elles sont 450 $, je pense, autour de ça, par
mois, là, c'est vraiment un tarif très avantageux. Évidemment, c'est la formule
traditionnelle, pour la plupart des résidences dont on parle, d'un logement
avec des installations sanitaires sur l'étage. Donc, ça ne convient pas à tout
le monde. Mais ça devient vraiment extrêmement difficile pour nous d'utiliser
cet espace là de résidence universitaire pour accommoder, en particulier, les
étudiants internationaux. Alors, je pense qu'il va falloir réfléchir aussi à
des mesures particulières, dans le contexte d'accès aux logements abordables,
logements sociaux, qui toucheraient les populations étudiantes.
Mme Schmaltz : J'imagine que
vous en avez déjà quelques-unes qui doivent commencer à émerger, ou non, vous
êtes encore aux balbutiements?
M. Jutras (Daniel) : Je vais
prendre, pendant une seconde, mon chapeau de président du Bureau de coopération
interuniversitaire, là...
Mme Schmaltz : Allez-y.
M. Jutras (Daniel) : ...ces
représentations-là sont faites depuis...
M. Jutras (Daniel) : ...quelque
temps déjà... favorable, du côté du MES.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je dois vous arrêter. Je dois vous arrêter, la période
impartie au gouvernement est terminée, mais on va poursuivre avec l'opposition officielle
pour une période de 9min 54 s.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Je vais prendre quelques secondes pour vous remercier pour...
Écoutez, c'est presque un mois, j'ai eu l'immense honneur de recevoir mon
doctorat à l'université. Vous étiez là, une magnifique cérémonie, ça va rester
toujours gravé.
M. Jutras (Daniel) : On vous
en félicite, M. le député.
M. Derraji : Merci beaucoup.
C'était... ça va rester toujours gravé dans ma mémoire, et je voulais vous
remercier pour les trois doctorats honoris causa, ça a été trois profils, mes
enfants étaient là... De voir une artiste, un économiste et un pédiatre qui
collaborent avec notre université, je vous en félicite parce que c'est ça,
l'appui qu'on peut donner à nos étudiants qui choisissent l'Université de
Montréal. Donc, bravo!, encore une fois. C'est une petite note personnelle,
chers collègues, désolé. On va revenir au sujet de notre échange.
Je veux citer votre mémoire : «Par le
biais de ce programme — on parle du PEQ — depuis le nombre
de personnes diplômées admises à la résidence permanente par le biais de ce
programme a chuté de façon importante, souvent au bénéfice d'autres provinces,
passant d'une moyenne de 5800, en 2020, juste avant la réforme 2021, à 1 445,
2022.» Je ne veux pas faire un débat du passé, vous étiez là, vous avez vu la
question que j'ai posée, et je ne veux pas vous ramener sur un terrain
politique, vous ne faites pas de la politique, moi, j'ai choisi de faire de la
politique, mais ce que je vois, c'est au-delà de 4400 étudiants que, presque,
nous avons perdu. Et ce qui me chicote, encore une fois, c'est... j'ai eu des
cas qu'ils ont choisi de partir à l'Université d'Ottawa, d'autres au
Nouveau-Brunswick, d'autres dans d'autres provinces canadiennes. Je ne veux
juste pas réécrire l'histoire, mais pour ne pas qu'on tombe encore une fois
dans des réformes où on n'écoute pas les acteurs du milieu, pensez-vous
qu'aujourd'hui, avec la réforme actuelle, vous avez les outils nécessaires pour
garder les étudiants étrangers au Québec?
M. Jutras (Daniel) : Encore
une fois, la réponse est oui, elle est affirmative, elle est positive. Je pense
que la levée des conditions qui étaient imposées va avoir un effet sur les
candidatures. Je reviens à ce que j'évoquais tantôt, là, on ne parle pas de
l'ensemble des étudiants internationaux qui aspirent à venir au Québec et qui
pourraient être motivés par le désir de s'installer à demeure au Québec. Il y
en a beaucoup. On n'a pas de chiffres convaincants ou, en tout cas, fondés sur
des études scientifiques qui nous donneraient confiance, mais on sait qu'il y a
une proportion importante de ces gens-là qui vont vouloir s'y installer.
Et il y a un autre groupe d'étudiants qui
viennent ici pour, je pense, profiter de l'excellence de nos universités, que
vous évoquez vous-même, là, avec votre commentaire plus personnel sur votre
propre statut. Nos universités, au Québec, sont extrêmement attractives. Je
parle de l'Université de Montréal, mais je parle de l'ensemble du réseau. Le niveau
de qualité de formation est extrêmement élevé, on peut en être très, très fier,
à l'échelle du réseau universitaire. Là, encore une fois, je porte un peu mon
chapeau de président du BCI, et je pense que cette mesure de lever certaines
des exigences qui étaient imposée dans la formule du PEQ que l'on a connu ces
dernières années va faire une différence.
Ceci dit, ce n'est pas facile de trouver
les éléments ou de préciser le lien causal entre les différentes interventions.
On a quand même été au milieu d'une pandémie. Je ne peux pas mesurer quel est
l'effet de la pandémie sur, par exemple, la décision de ces personnes de
solliciter le PEQ ou non. Il y a des facteurs comme celui-là sur lesquels on
n'a pas vraiment de données et qui ne permettent pas de tirer des conclusions
précises.
• (12 h 30) •
M. Derraji : O.K.. Excellent,
Je vais revenir aussi sur la question de l'intégration. Merci pour l'exposé de
ce que l'université fait. Je tiens juste à seconder le mentorat. L'école où
j'ai gradué, l'école de santé publique, il y a un programme de mentorat et on a
beaucoup d'étudiants internationaux, des médecins qui viennent de l'Afrique,
pas mal de l'Amérique latine aussi, mais même de l'Europe. Et juste vous dire
jusqu'à quel point le mentorat est important, parce que l'unité de santé
internationale l'USI, à l'Université de Montréal, qui a des mandats un peu
partout dans le monde, bien, c'est grâce à ce mentorat que l'université rayonne
et les experts québécois rayonnent à l'international.
Et là ça me ramène à vous poser une
question. On parle beaucoup de mesures de francisation et d'intégration.
L'université contribue avec une main-d'œuvre très qualifiée. Je prends deux
secteurs où l'État, maintenant, part à l'étranger pour faire des missions
économiques, pour ramener des travailleurs, deux secteurs : santé et
éducation. Pensez-vous que c'est le moment que le gouvernement appuie les
efforts de l'université? Parce que, là, je pense que c'est vos fonds propres,
vous payez avec les fonds propres de l'université tous ces...
12 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...d'accompagnement
de ces étudiants ou bien pensez-vous que le MIFI, dans ses efforts d'intégration,
peut aider ou doit aider l'université?
M. Jutras (Daniel) : Bien, écoutez,
le financement des universités vient, dans sa très grande proportion, des
enveloppes du Québec, hein, le fonds de fonctionnement vient du Québec. À ma
connaissance, il n'y a pas de fonds désigné, à moins que... Ma collègue, je
pense... sous contrôle de ma collègue, il n'y a pas de fonds désigné qui vise l'intégration.
On arrive à les soutenir, les programmes que l'on a mis en place sont
efficaces. Il y a toujours la place pour l'amélioration. Je pense qu'on peut
faire un peu plus.
Je signale au passage que, dans la
réflexion sur le financement des universités, l'ensemble des universités
québécoises ont déposé des mémoires ces dernières années qui suggèrent qu'il y
a encore un rattrapage à faire dans le financement global des universités. On a
eu d'un soutien qui est très apprécié du gouvernement du Québec ces dernières
années, on a vu un accroissement de l'enveloppe puis on souhaite que ça
continue, là. Les représentations budgétaires vont aller dans la même
direction.
Et ce que vous évoquez, cet effort de
soutenir l'intégration est significatif parce qu'il contribue à la diplomation
et à la persévérance des étudiants qui est un facteur central pour nous. C'est
ça notre mission, en fait.
M. Derraji : Bien, surtout qu'on
vit une crise de main-d'oeuvre. Et on le voit, ça frappe les services publics.
Et vous l'avez très bien mentionné, ce n'est pas tous les étudiants
internationaux qui veulent rester au Québec, là. C'est utopique de penser qu'on
va atteindre du 30 %, du 40 %, ça n'arrivera jamais, presque au moins
à court terme. On l'espère parce que c'est triste de laisser partir des jeunes
diplômés francophones qui ont étudié dans nos universités, sachant la pénurie,
que ce soit au niveau... Vous êtes à Montréal mais aussi à travers le Québec,
et c'est là où je vous envoie encore une fois, où je vous renvoie encore une
fois la balle, et je sais que vous êtes en négociation par rapport au
financement, la mission de l'université, ce n'est pas faire l'intégration. Ce
que vous faites avec vos programmes de mentorat est extrêmement pertinent, mais
pensez-vous que le ministère du MIFI, qui est responsable, peut, via des
programmes d'intégration, vous accompagner?
Mme Amiraux (Valérie) : Bien,
je reprendrais les mots du recteur en disant qu'il y a toujours marge d'amélioration,
on peut toujours mieux faire et le plus on nous soutient financièrement, le
mieux on fera. Mais ce n'est pas la seule partie de ma réponse, là, je voulais
quand même revenir sur le fait que les étudiants internationaux, hein, c'est
une catégorie, vous le savez, qui est très, très complexe, faite de variété de
profils, d'origines, etc. Une fois qu'ils sont sur nos campus, on ne les traite
pas différemment, c'est-à-dire que l'objectif, c'est que l'étudiant
international devienne un étudiant et que lorsque des particularités, des
spécificités... Je vais vous donner un exemple, là, il y a eu un séisme
terrible au Maroc, on a eu évidemment un message à destination des étudiants
issus du Maroc, on a aussi veillé à ce qu'il y ait une cellule de soutien qui
puisse être mobilisée pour... Donc, je dirais que la spécificité de l'étudiant
international, elle est, une fois qu'il est ici, très liée à son statut
administratif, bien sûr, mais, sur le plan de la réussite, sur le plan du
soutien et de la participation à la vie du campus, ce sont nos étudiants comme
d'autres. Donc, j'aimerais qu'on ait ça en tête quand on nous entend parler des
étudiants internationaux. Le terme d'intégration est peut-être un petit peu...
M. Derraji : Mais je ne parle
pas de l'intégration à l'intérieur de l'université, je parle de l'intégration
par la suite parce qu'on veut aller avec le PEQ diplômé. Si on veut aller dans
ce sens, on veut les garder.
Mme Amiraux (Valérie) : Absolument.
M. Derraji : Et on veut même
les ramener en région. Et c'est là où je me dis : Écoutez, on a une mine d'or
de jeunes qui ont étudié dans notre université francophone, mais on veut les
garder pas uniquement à l'intérieur de l'université... qui me préoccupe. J'en
suis sûr et certain que, je l'ai vécu moi-même, c'est excellent, l'accompagnement,
il n'y a aucune différence, peu importe le statut de l'étudiant, mais je parle
d'à l'extérieur. Quand j'ai un marché de travail, surtout dans le secteur
public qui souffre. C'est là où les gens ont besoin d'être accompagnés. Donc,
est-ce que l'université, via le service de placement, d'accompagnement, vous
voyez l'opportunité?
Mme Amiraux (Valérie) : Le
service de placement, c'est quelque chose sur lequel on travaille, on travaille
depuis deux ans, parce que c'est clairement un dossier sur lequel on peut s'améliorer
de manière drastique.
J'ai parlé tout à l'heure du projet
Millénium pour ceux qui se sentent une vocation d'entrepreneuriat, quel que
soit le secteur. Il y a énormément de choses qu'on pourrait faire évidemment et
qu'on pourrait de nouveau améliorer avec des soutiens qui pourraient venir nous
aider.
M. Derraji : Excellent. Merci
beaucoup. Revenons aux barrières. Vous avez entendu ma question tout à l'heure
sur le visa de permis d'étude, je m'engage à revenir chez moi, j'ai entendu le
Bureau de coopération interuniversitaire, c'était dans le passé, est-ce que c'est
quelque chose que vous avez sur la table encore?
Mme Amiraux (Valérie) : Alors,
concrètement, je pense que les personnes qui sont dans cette salle le savent
très bien... Et j'en profite pour remercier la ministre Fréchette de son aide
dans l'accompagnement sur les discussions avec les autres paliers de
gouvernement qui... extrêmement précieux. Merci beaucoup. Vous savez qu'on est
confronté à énormément de difficultés de tous ordres, vous mentionnez les
critères qui sont des critères inadéquats pour...
Mme Amiraux (Valérie) : ...certaines
personnes. On peut aussi mentionner l'arbitraire, évidemment, de certains
agents frontaliers, on peut... mais ça, c'est quelque chose avec lesquels on
travaille au quotien...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup.
M. Derraji : Merci.
Mme Amiraux (Valérie) : Je
vous en prie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je suis la maîtresse du temps.
Mme Amiraux (Valérie) : Oui,
c'est terrible.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, je poursuis avec le député de Saint-Henri
Sainte-Anne pour une période de trois minutes 18 secondes. Le micro est à
vous.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Juste pour commencer, là, pour les gens qui nous écoutent, parce que
Mme la ministre a dit quelque chose de très important, le projet de règlement
pour le nouveau PEQ ajoute une nouvelle obligation d'avoir une connaissance du
français écrit de niveau 5 dans le PEQ Diplômé, ce qui, je présumais, ce
démontrait par un test. Mais je comprends de votre commentaire qu'un test va
être uniquement demandé dans des conditions spécifiques si un doute existe sur
le niveau de français, et donc, pour les gens qui écoutent, ce ne sera pas
nécessaire au dépôt du dossier. Donc, c'est une clarification très importante.
Merci de l'avoir apporté, c'est très apprécié. Je reviens vers vous, les
universités du Québec, l'Université du Québec nous a parlé d'inclure le
D.E.S.S. comme qualification au PEQ. Est-ce que vous êtes d'accord?
M. Jutras (Daniel) : Moi, je
dirais pourquoi pas.
M. Cliche-Rivard : Pourquoi
pas?
M. Jutras (Daniel) : Je pense
que c'est une bonne idée, oui.
M. Cliche-Rivard : On parle
du temps d'attente aussi, hein, qui est un facteur comparatif ou un élément
comparatif entre les provinces. La ministre nous parle d'admissions en continu.
Bon, finalement, ce que je comprends, moi, c'est plutôt une sélection en
continu, parce que les admissions vont relever du gouvernement fédéral, c'est
le gouvernement fédéral qui émet la résidence avec les cibles que fixe le
Québec. Ce que je comprends, par contre, c'est qu'une fois un CSQ émis, bien
qu'il est émis tout de suite, donc la sélection est faite, on se retrouve dans
un dossier complet ou dans toutes les demandes de travailleurs qualifiés du
Québec. Donc, les demandes de CSQ PEQ vont aller rejoindre celles des CSQ
Travailleurs et celles des CSQ Travailleurs qualifiés dans le grand bassin
qu'est l'immigration économique du Québec. Donc, comment on fait pour s'assurer
finalement... Parce que, là, nos délais de traitement sont à 17 mois pour
les travailleurs qualifiés de Québec au Québec, cinq mois pour les autres
provinces canadiennes. Donc, je comprends que la sélection va se faire
rapidement, mais comment est-ce qu'on peut pousser et garder notre avantage
comparatif au niveau de l'admission?
Mme Amiraux (Valérie) : Une
question difficile, parce que ce n'est pas une question sur laquelle nous avons
une marge d'action quelconque. Ce qu'on peut aider, c'est aider,
éventuellement, nos étudiants à parfaitement préparer leurs dossiers. Mais vous
avez très bien décrit la situation à laquelle on est confronté, de toute façon,
sur ces questions-là. Le délai de traitement administratif, les universités ont
peu de marges de manœuvre sur cet enjeu.
M. Cliche-Rivard : Donc, ce
n'est pas parce qu'on sélectionne en continu dans le PEQ qu'on vient ouvrir grande
la porte de la fin de l'intérêt de l'Ontario ou des autres provinces, parce
que, les délais tel qu'affiché, malgré qu'on va donner un CSQ plus vite,
malheureusement, les gens ne seront pas admis résident permanent plus vite.
Mme Amiraux (Valérie) : Nous
ne sommes pas dans la tête de la personne qui fait son projet. Et je vais me
permettre d'être un peu personnelle, je viens de le conclure moi-même. C'est
extrêmement long, mais les délais sont quand même de durée bien moindre qu'ils
n'étaient il y a encore deux, trois ans. On est revenu à la normale
prépandémique pour la plupart des catégories. Le fait de se projeter... là, on
rentre dans des enjeux plus de sciences sociales, mais le fait de ce projet...
se projeter comme citoyen d'un pays qui n'est pas le sien, c'est quelque chose
qu'on souhaite faire quoiqu'il advienne. Donc, une fois que le CSQ est accordé,
je dirais, la première porte est franchie. Cette première étape, elle est
salutaire, elle est salutaire parce que ça signifie que l'endroit immédiat,
l'endroit de votre vie relationnelle, de votre vie affective vous a dit oui.
M. Cliche-Rivard : Je
comprends, mais est-ce qu'on devrait exiger que le PEQ soit traité tout de
suite en admission? Est-ce qu'on devrait le demander?
Mme Amiraux (Valérie) : Je
pense que ce n'est pas à nous de répondre sur sur cette question-là. Ce qui
importe, pour nous, c'est que...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est terminé, c'est terminé. Votre réponse était claire.
Alors, on termine avec le député de Matane-Matapédia pour une période également
de trois minutes 18 secondes. Le micro est à vous.
• (12 h 40) •
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Tout à l'heure, je questionnais
le réseau UQ sur le nombre de places d'hébergement, en particulier pour
l'Université du Québec à Rimouski, j'ai cru comprendre que vous avez le même
enjeu à l'Université de Montréal. À combien évaluez-vous le nombre d'étudiants
internationaux que vous devez refuser faute d'hébergement?
M. Jutras (Daniel) : Je
dirais d'entrée de jeu que la nature du problème, comme je l'évoquais tantôt,
est différente à Rimouski, pour prendre l'exemple que vous évoquez, et à Montréal.
À Rimouski, c'est vraiment la disponibilité des logements ou c'est le taux
d'occupation qui est extrêmement élevé... le taux d'inoccupation qui souffre...
À Montréal, je pense, les logements sont disponibles mais ils sont trop
coûteux. Nous, je ne sais pas si on peut chiffrer précisément le nombre de
personnes que l'on doit refuser, je ne pense pas qu'on les refuse, on fait les
efforts requis pour les loger. En général, on y arrive, on a des systèmes
d'appoint qui sont significatifs, un soutien aux étudiants dans la recherche de
logement. Et on y arrive, mais c'est le coût...
M. Jutras (Daniel) : ...est un
enjeu extrêmement important. Alors là, on entre dans des ramifications qui
sortent du cadre de la conversation ici pour entrer sur le terrain de l'aide
financière aux étudiants...
M. Bérubé : C'est voulu.
M. Jutras (Daniel) : ...et je
ne peux pas chiffrer cette dimension-là. Je ne pense pas que les étudiants
reportent leurs projets chez nous en raison de l'absence de logements.
M. Bérubé : Très bien. Alors,
si je vous suggère que... davantage de résidences étudiantes... Je crois que
vous avez dit que vous en avez 1 100, à peu près.
M. Jutras (Daniel) : Oui.
M. Bérubé : Avez-vous un
projet présentement qui a été présenté au gouvernement du Québec?
M. Jutras (Daniel) : Pour
construire de nouvelles résidences?
M. Bérubé : Oui.
M. Jutras (Daniel) : On n'a
pas de terrain pour faire ça, hein. En région métropolitaine, la réserve
foncière de l'Université de Montréal, elle est consacrée au... l'espace
académique dont on a besoin. Donc, il n'y a pas de terrain sur lequel on
pourrait construire de nouvelles résidences. On a des résidences à rénover, je
l'évoquais dans mon propos tantôt, là. Les tours que vous connaissez sur
l'avenue Édouard-Montpetit, elles sont en très grand besoin de rénovations.
Mais on n'a pas de projet de construction.
M. Bérubé : Il n'y a pas
de... Vous n'avez pas proposé le Royal Vic non plus à l'époque?
M. Jutras (Daniel) : On n'a
pas proposé le Royal Vic, puis on a...
M. Bérubé : C'était déjà...
C'était déjà réservé.
M. Jutras (Daniel) : ...tout
récemment rencontré des gens chez Ivanhoé Cambridge pour appuyer leur projet et
les conseiller au mieux, parce qu'effectivement il va falloir tenir compte de
la nature des besoins précis des populations dont on parle.
M. Bérubé : Je dis ça parce
qu'on a eu le débat ici. Je comprends que ça avait été réservé à McGill,
quoique je pense que vous auriez pu faire une proposition.
Est-ce qu'il y a un élément que vous
n'avez pas pu aborder que vous aimeriez aborder, avec le peu de temps qu'il
nous reste?
M. Jutras (Daniel) : Non.
M. Bérubé : Un enjeu plus
pointu, une préoccupation qui n'a pas été abordée? Libre à vous.
Mme Amiraux (Valérie) : Ce
n'est pas un enjeu. Là, je me tourne... Merci beaucoup de la question, de la
possibilité d'essayer de gagner un peu de temps... Mme la ministre, de vous
inviter à continuer à nous aider dans le parcours du combattant auprès d'IRCC.
Il y a actuellement toute une réflexion sur les cadres de confiance et
d'institutions de confiance. On est à pied d'oeuvre à l'université, avec nos
collègues des autres universités. Mais le soutien du palier québécois est
essentiel pour la réussite de nos étudiants internationaux et leur accès au
territoire. Donc, merci de ne pas nous oublier.
M. Jutras (Daniel) : Merci
beaucoup du temps que vous nous avez consacré.
M. Bérubé : Merci, merci à
vous.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mesdames, messieurs, merci beaucoup pour l'apport à nos
travaux.
Sur ces bons mots, je suspends jusqu'à...
les travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 43)
(Reprise à 15 h 01)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux, effectivement.
Alors, aujourd'hui, en après-midi, nous
recevons l'École de technologie supérieure. Alors, bonjour, Mesdames. Bonjour,
monsieur. Je vais vous laisser vous présenter. Vous allez ensuite bénéficier
d'une période de 10 minutes pour exposer votre mémoire, les grandes lignes
de votre mémoire. Va suivre ensuite un débat... un débat? Plutôt des
discussions, des périodes...
15 h (version non révisée)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...questions avec les parlementaires. Alors, à vous la
parole.
Mme Bouthillette (Annie) : Bonjour,
Mme le Ministre. Bonjour, membres de la commission. Donc, nous sommes très
heureux d'être ici pour représenter l'École de technologie supérieure. Donc, je
me présente, Annie Bouthillette, directrice exécutive des relations
institutionnelles à la direction générale de l'école. Je suis accompagnée de...
M. D'Etcheverry
(Jean-Alexandre) : Jean Alexandre-D'Etcheverry, directeur affaires
publiques et relations gouvernementales. Merci beaucoup de l'invitation.
Mme Thélusma (Fréda) : Et
Fréda Thélusma, directrice du service des relations internationales à l'école.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
À vous.
Mme Bouthillette (Annie) : C'est
à nous?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, allez-y.
Mme Bouthillette (Annie) : D'accord.
Donc, je n'ai pas appris le texte par cœur, donc je vais vous lire, mais,
évidemment, tout cela est très, très senti. Tout d'abord, bien, merci de nous
donner l'opportunité de partager notre point de vue et aussi nos humbles
recommandations dans le cadre de l'actuelle réflexion du gouvernement sur la
planification de l'immigration au Québec. Nous en profiterons pour vous
aiguiller sur certaines pistes structurantes et surtout de démontrer la
contribution significative de l'École de technologie supérieure aux enjeux de
main-d'oeuvre et de francisation, et ce, à travers le prisme de notre mission,
notre mission unique, qui est le développement économique et technologique du
Québec.
Considérant le rôle central que jouent les
universités en matière d'accueil, d'intégration, de francisation, évidemment,
de formation des étudiantes et étudiants internationaux, nous considérons qu'il
est plus que temps de reconnaître et de définir le rôle primordial des
étudiantes et étudiants internationaux au sein de notre société. Aussi, à l'instar
des préoccupations de M. Legault, il est important d'évaluer, voire de bonifier
notre capacité non seulement d'attraction, mais aussi d'accueil, d'intégration,
de francisation et de rétention. Et vous verrez, le modèle de l'ETS permet une
rétention assez exceptionnelle des étudiants vers le rôle de travailleurs et
travailleuses, les universités étant, comme vous le savez, un vecteur
incontournable en toutes ces matières.
Les efforts de l'ETS pour attirer et
former des talents internationaux qualifiés et engagés s'inscrivent dans une
vision beaucoup plus large de contribution de l'école et de ses étudiants à l'innovation
technologique et au dynamisme économique du Québec. Les talents qui choisissent
le Québec, puis ensuite l'ETS, bénéficient d'une formation axée sur la pratique
qui est inspirée des réels besoins de l'industrie, vous n'êtes pas sans savoir
la proximité que nous avons avec les industries, près de 5 000 entreprises
au Québec. Et les stages en entreprise que nous offrons dès la première année d'études
font en sorte qu'il y a un cadre académique et de recherche extrêmement
dynamique qui favorise l'innovation technologique et aussi l'entrepreneuriat
via le Centech, évidemment.
Qui sommes nous, l'ETS? Pour ceux qui ne
nous connaissent pas, je dis souvent que nous sommes un secret bien gardé.
Donc, nous avons été créés par le gouvernement du Québec, donc nous sommes
votre école de technologie supérieure, il y a de cela bientôt 50 ans. L'année
prochaine, nous aurons le bonheur de célébrer cet anniversaire. Nous avons été
créés, justement, dans l'optique de maximiser l'accessibilité aux études des
francophones, et nous sommes une institution phare du réseau de l'Université du
Québec. Spécialisée en génie et en ingénierie d'application, l'ETS forme
25 % des ingénieurs au Québec, et nous sommes la deuxième université
canadienne en matière de diplomation, tout de suite après Waterloo. Sur une
population totale de plus de 11 000 étudiants, 33 % de notre
effectif provient de l'international, et, aux cycles supérieurs, c'est
74 %. Donc, il n'est pas faux de dire que nous sommes une université
internationale.
J'aimerais insister sur notre modèle
coopératif... d'enseignement coopératif, pardon, notre proximité reconnue dont
je vous ai parlé avec l'industrie, la formation par stage dès la première
année, qui contribue à créer une dynamique facilitant la connexion rapide entre
le marché du travail et ainsi que l'acquisition d'acquis d'assise solide pour
un établissement à long terme. D'ailleurs, j'aimerais prendre un moment pour
vous parler de la rétention chez nous. Donc, c'est 89 % des étudiants
français qui demeurent chez nous suite à leurs études et c'est 68 % qui
vont le rester après un premier emploi. C'est, je crois, un des meilleurs taux
de rétention au Québec.
Tout d'abord, je vais souligner un extrait
de votre cahier de consultations, puis ensuite détailler un peu nos
recommandations. Donc, comme il y était stipulé, les orientations du
gouvernement en matière de planification de l'immigration dans les limites de
la capacité d'accueil dont nous parlions il y a quelques instants, la sélection
des étudiants étrangers est encouragée, car elle contribue au rayonnement et au
développement des universités et des collèges québécois par l'accroissement de
contacts internationaux. Par ailleurs, il est relevé que certains étudiants
pourraient devenir des candidats à l'immigration permanente et contribuer à la
vie culturelle, sociale et économique du Québec. Ils constituent de surcroît un
bassin de main-d'œuvre inestimable. Du côté de l'ETS, évidemment, nous y voyons
une opportunité commune, soit le renforcement du recrutement international...
Mme Bouthillette (Annie) : ...talent,
avec l'aide du gouvernement. Nous sommes, effectivement, en accord avec le fait
qu'au Québec l'immigration constitue un apport économique, certes, mais aussi
un bassin de main-d'oeuvre qui nous permettra de combler des besoins dans
certains secteurs stratégiques et à long terme. En effet, quand on regarde les
projections, sur 10 ans, des étudiantes et étudiants qui gradueront du
collégial au Québec, force est de constater que la démographie locale ne
suffira pas aux besoins de main-d'oeuvre actuels, et, encore moins, futurs.
De plus, puisqu'il s'agit d'un phénomène
mondial, le Québec n'échappe pas à la véritable course mondialisée aux talents.
L'attraction et la formation d'étudiants permettent donc d'augmenter le bassin
de travailleuses et de travailleurs qualifiés et engagés, mais aussi de
diversifier les compétences nécessaires et demandées par l'industrie, en
particulier, en génie et en technologie, en constante évolution. Pour l'ETS, le
modèle proche de l'industrie place nos jeunes au sein même d'un rythme effréné
de développements technologiques et des besoins de nos entreprises. Nous
croyons donc qu'il serait profitable que le gouvernement amplifie les efforts
individuels des universités en matière de recrutement de talents à
l'international. En bref, l'ETS recommande une politique proactive et un
investissement récurrent, visant à renforcer, sur la scène internationale et
dans les marchés les plus prometteurs, le positionnement et l'attractivité du
Québec et de son offre d'éducation aux études supérieures.
Dans un deuxième ordre d'idées, dans le
cahier de consultation, les orientations gouvernementales stipulent que, malgré
le manque de main-d'œuvre constaté dans plusieurs domaines, une augmentation
annuelle de niveau d'immigration ne doit pas entrer en conflit avec notre
capacité d'accueil et d'intégration en français au Québec. Le passage des
étudiants et étudiantes au statut de résident permanent ne devrait donc pas
engendrer de pression supplémentaire sur les services publics qui leur sont
offerts. Nous souhaitons donc encourager l'optimisation des voies d'accès au
Programme de l'expérience québécoise. Dans cette perspective, l'ETS soutient
cette orientation gouvernementale et se réjouit vraiment du fait que le
gouvernement envisage d'admettre en continu les personnes qui déposent une
demande de résidence suite à l'obtention d'un CSQ du Programme de l'expérience
québécoise, volet Diplômés, du Québec.
L'ETS recommande toutefois au gouvernement
de simplifier et d'accélérer les voies d'accès au PEQ. Cette recommandation
vise à résoudre des problèmes majeurs sur les délais excessifs et la complexité
du processus d'obtention de la résidence permanente, qui affectent,
malheureusement, l'attractivité du Québec comme destination d'études et
l'employabilité des étudiantes et étudiants internationaux. Ces délais ne
favorisent pas la rétention à la hauteur de ce qu'elle pourrait être, en
particulier, pour les diplômés de l'ETS, dont le taux de placement de leur
diplomation approche les 100 %.
L'ETS croit qu'un comité de concertation
réunissant les différentes parties prenantes, fédéral, provincial et les
universités, initiative qui a déjà existé par le passé, devrait être mis en
œuvre, sous le leadership du gouvernement du Québec. Ce comité pourrait se
pencher sur le parcours académique et d'immigration des étudiants, véritable
parcours du combattant, si je peux me permettre, afin d'identifier les freins,
les particularités et de proposer des solutions concrètes dans la
collaboration. Ce comité pourrait favoriser les liens et la concertation entre
les divers acteurs, et permettre vraiment une intégration beaucoup plus fluide
des étudiants internationaux, ainsi que de prendre la parole des organismes
communautaires, qui sont un rouage incontournable de l'intégration et de la
francisation de nos étudiants.
• (15 h 10) •
Tel qu'énoncé dans le cahier de
consultation du ministère, le gouvernement souhaite un accroissement de la
connaissance du français chez les personnes immigrantes. Le gouvernement
mentionne également souhaiter tendre vers une sélection de personnes
connaissant le français dès l'admission. Nous y voyons une opportunité,
évidemment, de renforcement et de diversification des programmes de
francisation intégrés au cursus des étudiantes et étudiants internationaux non
francophones, idéalement, offerts sur leur campus universitaire.
Comprenez-moi bien, l'ETS est une
université francophone, c'est ce pour quoi nous avons été créés, et notre
mission initiale est, évidemment, de favoriser l'accessibilité aux études en
français au Québec. Or, nous parlions, précédemment, des difficultés de
recrutement, à la fois pour le corps professoral comme pour les étudiants, et
de la course mondialisée aux talents. L'ETS est alors dotée d'infrastructures
et de mesures existantes, maintenant, chez nous, permettant de soutenir les
non-francophones qui intègrent l'établissement non seulement dans leur
apprentissage du français, mais d'un français qui est bonifié au requis du
domaine d'études, en sciences et en technologie. Notre taux de réussite est impressionnant,
puisque nos professeurs non francophones sont en mesure d'enseigner en français
dans les six mois à un an suivant leur arrivée.
Et nos étudiantes et étudiants, dont la
majorité suivent...
Mme Bouthillette (Annie) : ...les
cours en français obtiennent des résultats académiques similaires à leurs
collègues francophones.
L'ETS soutient évidemment la mise en œuvre
de Francisation Québec et salue l'investissement intensif dans le renforcement
et la diversification des programmes de francisation pour répondre aux défis
auxquels sont confrontés les étudiants internationaux non-francophones. Notre
expérience nous a démontré qu'une intégration de l'apprentissage à même le
cursus, ainsi et surtout offert sur les lieux mêmes où l'étudiante et l'étudiant
évolue quotidiennement, sont des facteurs de succès primordiaux.
L'ETS, qui ne détient malheureusement pas
de faculté de langue, suggère donc un investissement conséquent du
gouvernement, indexé sur le volume en augmentation constante d'étudiants et d'étudiantes
ainsi que de professeurs internationaux non francophones pour soutenir ses
efforts et infrastructures nécessaires en matière d'enseignement du français,
un français adapté aux spécificités académiques des sciences et de la
technologie.
Dernière recommandation, le gouvernement
stipule dans son cahier de consultation qu'il souhaite une coordination
gouvernementale des services d'intégration des personnes immigrantes pour
notamment favoriser l'accueil, l'intégration et la rétention des personnes immigrantes
dans toutes les régions en misant sur les services d'accueil et de soutien aux
personnes immigrantes. Nous voyons un besoin de renforcement du soutien aux
établissements d'enseignement supérieur pour l'accueil et l'intégration des
étudiantes et étudiants internationaux en constante augmentation. Nous croyons
important de bonifier le support aux universités en la matière. En effet, les
universités disposent déjà de structures d'accueil, d'installations de soutien,
que l'on pense notamment au logement étudiant ou encore aux cours
d'intégration. Ceci étant dit, l'augmentation exponentielle des étudiants qui
intègrent ses murs font en sorte que nous ne sommes pas en mesure de déployer
tous les efforts qui seraient requis. En parallèle, nous reconnaissons les
efforts du gouvernement en matière d'accueil et d'intégration en regard de la
mise en œuvre de la réforme et de la modernisation du système. Je pense
notamment à Accompagnement Québec et au PASI.
Nous reconnaissons également la
contribution du gouvernement afin de soutenir les organismes communautaires qui
font partie, vraiment, de l'écosystème d'intégration des étudiants
internationaux. Celle-ci est essentielle à leur intégration saine et
harmonieuse au sein de la société québécoise.
Pour l'ETS, des projets de construction
d'appartements étudiants abordables, les projets de développement de notre
campus, je pense au campus... notamment, sont des réponses concrètes pour
soutenir les besoins actuels et la croissance projetée, mais plusieurs défis se
présentent. Il nous faudra donc être plus créatifs et trouver des solutions
pour réaliser les projets d'infrastructure dans des délais raisonnables pour
répondre aux besoins des nouveaux arrivants.
Nous recommandons donc de consolider et de
varier le soutien aux établissements d'enseignement pour améliorer leur
capacité d'accueil et d'intégration des étudiants internationaux, en mettant
l'accent sur le développement des infrastructures, y compris le logement
abordable, l'amélioration de l'expérience étudiante numérique, la valorisation
des communautés immigrantes comme appui aux nouveaux arrivants et le maintien
d'une attention appropriée au soutien psychologique. Voilà. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci pour cette présentation. Alors, avant de laisser la
parole à la ministre et à l'aile gouvernementale, elle a pris sur son temps
parce que vous avez dépassé un petit peu.
Mme Bouthillette (Annie) : Désolée.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous avez conclu, et c'est parfait. Je voulais être la
première à vous souhaiter bon 50 ans pour l'année prochaine.
Mme Bouthillette (Annie) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, on va donc se tourner du côté de l'aile gouvernementale
avec un 13min 30 s. La parole est à vous, Mme la ministre. Encore merci.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mme Bouthillette. Merci à vous trois d'être présent et de
participer à cet exercice, à cette consultation. Et, effectivement, bon
anniversaire un peu à l'avance, et mes félicitations aussi pour votre capacité
d'attraction d'étudiants étrangers. Parce que, vraiment, vous avez des chiffres
mirobolants. Alors, vraiment, vous êtes, comme on dit, un moteur, un moteur
d'attraction pour ces étudiants étrangers. Félicitations! Parce que Dieu sait
que c'est un marché prisé, un marché très compétitif. Alors, bravo pour vos
efforts, parce que ça semble porter fruit.
Je vous amènerais maintenant dans le
mémoire que vous nous avez présenté. Je commencerais par l'aspect, en fait,
méthodes d'enseignement. D'une part, vous mentionnez, à la page 10, que... vous
suggérez que les cours de français soient accessibles sur les campus
universitaires pour les étudiants. Donc, je vais simplement mentionner que,
déjà, plusieurs campus offrent des possibilités de francisation avec nous.
Donc, l'Université de Montréal, l'Université de Sherbrooke, campus Longueuil,
l'UQAM, l'Université Laval, déjà, offrent des cours de français dans leurs
locaux à titre de mandataires de la francisation pour Francisation Québec. Puis
on s'assure, bien sûr, d'avoir une offre qui soit flexible, qui réponde aux
besoins variés des étudiants, notamment les étudiants internationaux. Donc, en
ce sens-là, on est en action, je vous dirais...
Mme Fréchette : ...mais vous
mentionnez à la page 11, donc, que... vous proposez qu'un investissement accru
du gouvernement dans la diversification des programmes de francisation afin que
les méthodes soient davantage adaptées à la clientèle étudiante. Et là j'aurais
aimé vous entendre sur cette formule d'adaptation que vous proposez, parce
qu'on a essayé de ratisser très large dans ce qu'on a développé jusqu'à
maintenant. Alors, s'il y a d'autres formules qu'on doit envisager, eh bien, on
est tout ouïe.
Mme Bouthillette (Annie) : En
fait, nous, nous avons une entente au sein du réseau de l'UQ, avec l'UQAM,
évidemment, qui a une faculté de langue pour, évidemment, former sur un
français de base. Ceci étant dit, à l'ETS, on a dû en fait développer aussi des
cours adaptés en français au langage technologique, au langage des sciences,
qui est un petit peu... en fait, qui est notre force, qui est notre première
compétence et qui n'était pas possible au niveau de l'UQAM. Et aussi, ça demandait
aux étudiants d'être en dehors du campus. Donc, on les connaît, ils ont besoin
d'être dans un environnement où ils se reconnaissent, donc de sortir de cet
environnement-là, c'est un petit peu plus complexe. Donc, je vous dirais que
ça, c'est au niveau de l'offre. Donc, on est en mesure encore d'accompagner nos
étudiants en matière de français.
Je pense qu'on aurait besoin... on aurait
la volonté, en fait, de mettre en place des cours... une plus grande offre de
cours avec une méthode... je pense qu'on est allé vers le mot
"méthode", mais, en fait, je dirais vraiment une adaptation aussi à
leur apprentissage, parce qu'ils sont chez nous, ils sont aussi, vous l'avez
vu, avec des stages de quatre mois chaque année, ils sont aussi à l'extérieur
de l'ETS. Et donc on doit vraiment adapter nos méthodes d'enseignement à cette
réalité-là. Donc, ils sont chez nous, ils sont sur le campus, mais ils sont
amenés aussi à aller en entreprise. Donc, on pense que c'est important
d'adapter ces méthodes-là. Est-ce que c'est la mode hybride?
Donc, on est en évaluation de différentes
capacités que l'on a d'offrir les cours sous différentes méthodes. On ne pense
pas avoir trouvé encore la formule idéale, mais on y travaille, l'objectif
étant toujours de favoriser la réussite de nos étudiants et, évidemment, que
nos professeurs soient capables d'enseigner rapidement dans la langue de
Molière.
Mme Fréchette : Tenez-nous au
courant des résultats, de vos conclusions suite à vos analyses et vos études ou
vos sondages. Donc, on sera vraiment intéressés à prendre connaissance de ça.
Vous parlez de faire des stages. Est-ce qu'il y a une part significative de vos
étudiants qui font des stages en région?
Mme Bouthillette (Annie) : Au
niveau de notre pourcentage, on en a quand même plusieurs qui font des stages
en région. C'est certain qu'il y a, je dirais, une course, hein, il faut savoir
qu'il y a une course aux stagiaires. Chez nous, on a à peu près 5 à 6 offres de
stages par étudiant. Donc, on travaille quand même avec 5 000 entreprises,
donc, oui, il y a des... évidemment, des étudiants qui vont en région. Souvent,
ceux qui proviennent de ces régions-là vont y retourner. Il y a quand même, je
dirais, une capacité d'accueil, au niveau des logements abordables, qui est plus
complexe. Un stage de quatre mois, quand on est à Montréal, aller louer un
appartement en quatre mois, ça représente quand même une difficulté pour nos
étudiants. Donc, on essaie, évidemment, de faire notre possible.
Ceci étant dit, on a des bonnes nouvelles,
c'est-à-dire qu'à peu près une vingtaine... de 20 % à 30 %, ça dépend des
années de diplomation, de nos étudiants vont aller travailler en région. Donc,
ceci étant dit, même s'ils ne font pas de stages au sein des entreprises
régionales, ils vont y retourner pour travailler dans différentes entreprises.
Mme Fréchette : O.K. Merci.
L'époque a changé, hein, du temps où moi, je cherchais un stage.
Mme Bouthillette (Annie) : Ce
n'est pas la même dynamique en ce moment.
• (15 h 20) •
Mme Fréchette : Wow! Cinq à
six offres par étudiant, vraiment, tant mieux pour eux. Alors, je vous parlerai
maintenant de recrutement, parce que... Bien, nous, on a des ententes avec
trois organismes, particulièrement Montréal International, Québec International,
Société de développement économique de Drummondville pour aller recruter à
l'étranger et... Bien, vous concernant, il y a Montréal International qui
s'occupe d'attirer non seulement des talents, mais également des étudiants qui
voudraient venir se former, donc, au Québec. Et vous, en fait, vous proposez,
là, d'être... d'amplifier nos efforts par rapport aux actions de recrutement.
Donc, j'aimerais vous entendre sur
qu'est-ce que vous verriez qu'on doive ajouter dans nos actions et de quelle
manière vous pourriez assumer un rôle dans ces actions.
Mme Bouthillette (Annie) : En
fait, il y a une complexité de compréhension, vraiment, au niveau des étudiants
internationaux par rapport à notre propre système. Donc, il y a déjà des choses
qu'il faut expliquer. Je pense aux Français, notamment, évidemment, qui sont
notre bassin naturel, notre filière d'étudiants francophones le plus
facilitant. Donc, ils vont, souvent, venir, par exemple, au niveau de la
maîtrise, du doctorat, puisque, dès qu'ils terminent leur bac, ils ont un
niveau, souvent, maîtrise par la suite.
Ceci étant dit, on a le souhait, en fait,
d'amplifier, au niveau du baccalauréat, les étudiants internationaux. On n'a
pas énormément d'étudiants internationaux dans le baccalauréat. Évidemment, il
faut revoir l'ensemble...
Mme Bouthillette (Annie) : ...des
cursus ou des qualifications qui sont offertes à l'étranger, par exemple, on
est en train de regarder dans l'ensemble des lycées français. Quelles sont les
compétences techniques qu'ils ont pour venir à l'ETS? Et on est en train aussi
de mettre en place un cursus de mise à niveau en sciences et en technologie
pour les aider à entrer au baccalauréat. Donc, nous, on fait nos efforts aussi,
de notre côté, mais je pense que le gouvernement aurait avantage aussi à
démystifier, à vendre le Québec, puis pas que Montréal, hein, parce que,
souvent, le réflexe des étudiants à l'international, c'est de venir s'installer
à Montréal. Je pense qu'il faut aussi parler des autres régions. Moi-même, je
viens de Québec, et donc je sais qu'on peut avoir une carrière extrêmement
stimulante comme ingénieur ici, au Québec, et à Québec. Donc, c'est un exemple
que je vous donne. Il y en a probablement plein d'autres. Donc, je pense que ce
sera intéressant. On pourra nous-mêmes nous faire les porte-parole puisqu'on
ouvre un bureau en France à l'occasion de notre 50ᵉ, en avril, un bureau de
représentation. On pense que la carrière d'ingénieur doit bénéficier, en fait,
et le Québec de bénéficier d'aide sur place pour continuer à tisser ces liens-
là et renforcer notamment le Bureau du Québec à Paris, qui fait une job
incroyable. On veut venir s'imbriquer dans cet écosystème-là pour continuer à
vendre nous-mêmes aussi les études chez nous, donc.
Mme Fréchette : Intéressant.
Merci. Qu'est-ce qui fait... parce que vous avez des hauts scores quand même de
gens, des étudiants internationaux qui restent après leurs études. Est-ce que
vous les sonder sur les raisons qui les ont amenés à décider de rester? Est-ce
que vous savez, là, quels sont les deux, trois ingrédients principaux?
J'imagine que d'avoir un emploi, ça y concourt, là, mais est-ce que c'est la
seule chose? Est-ce qu'il y d'autres éléments?
Mme Bouthillette (Annie) : Je
vous dirais que le modèle ETS est un modèle quand même... on dit souvent que
c'est un modèle d'engagement, c'est-à-dire que l'étudiant ne va pas seulement
venir étudier au Québec. Il va effectivement entrer rapidement sur le marché du
travail. Il va se lier d'amitié, il va comprendre des réalités des entreprises
avec lesquelles il est amené, à... dans lesquelles il va s'intégrer. On a
aussi... on a les clubs technologiques, chez nous, aussi, qui permettent aux
jeunes de créer des liens. On a un vaste campus en plein milieu du centre-ville
aussi, qui fait en sorte qu'il y a un attachement qui se développe, notamment
avec la ville de Montréal. Et on offre évidemment des perspectives à travers le
Québec. Donc, je pense que ce modèle d'enseignement coopératif là, le fait
qu'on ait des stages en entreprise... Souvent, on demande aux entrepreneurs,
s'il vous plaît, laissez-les terminer leur baccalauréat ou leurs études avant
de les employer. Je vous dirais que, vous le savez, le marché du travail est
très agressif, en ce moment, donc, nous, notre combat, au quotidien, c'est
qu'ils terminent leurs études, mais quand c'est fait rapidement, ils ont
plusieurs offres d'emploi. Donc, c'est vraiment, je pense, ce qui fait en sorte
qu'ils ont... rapidement, qu'ils vont intégrer la communauté, là.
Mme Fréchette : Merci. Mme la
Présidente, je céderais le droit de parole à des collègues.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Alors, je reconnais la députée
d'Iberville, et il vous reste 4min 8s.
Mme Bogemans : Parfait...
Tout à l'heure, vous parliez d'outils technologiques pour mieux accompagner les
étudiants. Pouvez-vous détendre un petit peu sur le sujet? Précisément, comment
vous voulez les accompagner, quel genre d'outils on pourrait mettre en place?
Mme Bouthillette (Annie) : Miroir.
Mme Thélusma (Fréda) : En
fait, c'est qu'on essaie de trouver des façons de faire en sorte que notre
accompagnement soit le plus efficace possible. Donc, évidemment, on se dit
qu'on privilégie d'abord les contacts humains avec les étudiants que l'on
accompagne, mais on essaie de voir, au niveau de nos opérations, au niveau des
systèmes qui existent, qu'est-ce qui pourrait faire en sorte que ce soit plus
efficace. Donc, dans cette perspective-là, en termes d'exemple, je pourrais
penser, par exemple, à des systèmes informatisés, où c'est possible, par
exemple, d'avoir un portfolio numérique où on est capable de suivre exactement
le cheminement et le suivi de l'étudiant. Penser à des outils qui nous
permettent vraiment, à chacune des étapes de leur intégration, d'avoir... pour
nous, d'avoir un regard rapide et éclairé sur leur situation.
Mme Bogemans : Est-ce que ça
permettrait... Parce qu'on parlait d'accompagnement spécialisé ou individualisé
de l'étudiant, est-ce que ce genre d'outil là pourrait diminuer la pression sur
vos équipes en accompagnement?
Mme Thélusma (Fréda) : Bien,
en fait, c'est exactement l'objectif. Tout à fait. C'est de faire en sorte que
tous les étudiants puissent recevoir au moment opportun le soutien dont ils ont
besoin.
Mme Bogemans : O.K.. Est-ce
que la relation serait à distance ou c'est plus vraiment d'être capable... de
suivi puis de voir venir, plutôt un outil de planification?
Mme Thélusma (Fréda) : Je
crois que ce serait vraiment un équilibre parce qu'on continue de croire que le
contact avec les personnes, les étudiants internationaux est absolument
important pour leur permettre justement de développer leur réseau, de
connaître... de bien comprendre et de connaître la culture.
Par contre, étant donné le nombre
croissant d'étudiants, c'est important d'avoir des outils qui nous permettent,
justement, d'accompagner adéquatement.
Mme Bogemans : Absolument.
M. D'Etcheverry
(Jean-Alexandre) : Si vous me permettez, ça fait partie des conditions
d'accueil optimales dont on parlait un petit peu plus tôt...
M. D'Etcheverry (Jean-Alexandre) :
...c'est-à-dire que le stress que ces étudiants-là peuvent vivre, là, tu
sais, lorsqu'ils ne savent pas où est rendu leur dossier, c'est en transit, ils
sont à l'extérieur, ils ne sont pas chez eux, quand ils nous arrivent, ils sont
déjà dans un état tel que, souvent, bien, oui, ça peut être une chance pour le
personnel. Alors, l'idée, c'est de mieux les accompagner. Et, quand on parlait
de l'expérience, on parlait un peu plutôt, oui, d'avoir un travail à la fin,
mais, pendant qu'ils sont reçus ici, est-ce qu'on peut s'assurer d'avoir
optimisé l'expérience qu'ils ont vécue pour sentir qu'ils ont leur place ici?
Mme Bogemans : Absolument.
Puis on sait à quoi s'attendre, on sait comment se préparer aussi, puis ça
diminue l'anxiété.
Mme Bouthillette (Annie) : Si
on numérise les opérations qui sont, pour moi, je dirais un peu plus de l'ordre
des opérations normales, on garde l'humain pas pour des choses qui ne sont pas
importantes, mais on garde l'humain dans une tâche humaine, c'est-à-dire
d'accompagner nos étudiants. C'est 11 personnes, chez nous, qui
accompagnent 3 500 étudiants chaque année, donc ce n'est pas beaucoup.
Donc, il y a vraiment un travail exceptionnel qui se fait sur le terrain, là,
pour que tout le monde se sente bien intégré.
Mme Bogemans : Absolument,
félicitations. C'est la première fois qu'on entend parler de... de logique, de
suivi puis d'accompagnement spécialisé, là, c'est vraiment super. Est-ce que
vous allez développer vous-même la plateforme ou est-ce que c'est quelque chose
qui est en réflexion?
Mme Thélusma (Fréda) : Bien,
en fait, on est en train d'y réfléchir, parce qu'on... On crée des tables,
justement, de discussion à l'interne pour que... on parlait du fait que c'est,
effectivement, une équipe de 11 personnes qui soutient l'ensemble des
activités pour nos étudiants internationaux, mais de voir à ce que ça soit un
processus qui soit transférable à travers toute l'université. Donc, quels sont
les moyens qu'on a? Quels sont les mécanismes qu'on peut mettre de l'avant, que
ce soit au niveau informatique ou bien au niveau de nos processus
opérationnels, pour nous assurer qu'on soit... que cet accueil soit optimal du
début à la fin, finalement, du processus?
Mme Bogemans : C'est vraiment
super. Vous parlez que votre mission, c'est vraiment le développement
économique et technologique du Québec, et, par le fait même, de l'accompagnement
des étudiants étrangers, vous innovez en cette matière-là. Félicitations! C'est
complet.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. C'est terminé. Merci pour cette première
portion d'échanges. Je me tourne du côté de l'opposition officielle avec la
députée de Chomedey. Et vous avez 12 minutes 23 secondes. La parole
est à vous.
Mme Lakhoyan Olivier : Bonjour.
Je suis vraiment contente que vous soyez là, comme nous tous. J'adore vous
entendre, vous êtes très, très motivés avec votre école. On parle ici de l'ETS,
École de technologie supérieure, pour les gens qui nous écoutent. Donc, vous,
c'est spécialisation dans le génie, ingénieurs. Vous parlez de rendre le Québec
plus attrayant, à l'international, comme destination d'études. Comment
qualifieriez-vous la réputation du Québec à l'international suite à la dernière
réforme du PEQ, qui est le programme expertise Québec?
Mme Bouthillette (Annie) : Il
y a comme... Est-ce que je comprends bien que vous souhaitez savoir un peu la
perception du Québec dans l'esprit des étudiants internationaux?
Mme Lakhoyan Olivier : Exact.
Mme Bouthillette (Annie) : D'accord.
Bien, ce qu'on nous en dit, pour avoir fait quelques missions à l'étranger, je
vous dirais que la réputation du Québec est excellente. On a, évidemment, un
gros bassin d'étudiants qui envisagent de venir s'installer au Québec. Par la
suite, bon, évidemment, il y a plusieurs défis qui vont se présenter à ce
niveau-là pour qu'ils puissent, effectivement, venir chez nous, mais notre
réputation est excellente. Et le fait qu'on soit aussi une province francophone
est extrêmement recherché. Je pense nos collègues, notamment, de la France.
• (15 h 30) •
Et il y a une belle réceptivité à la
réforme du PEQ, les étudiants qu'on a chez nous en ce moment. Évidemment, le
bouche-à-oreille a toujours son effet aussi, donc ils parlent à leurs amis, et
tout ça, qui veulent venir s'installer. Cette réforme-là est accueillie avec
vraiment beaucoup d'enthousiasme. Et, en fait, on pense... et ça les encourage,
en fait, dans tout ce processus-là qu'ils envisagent. Rappelons-nous que, oui,
on a des étudiants qui ont 25, 30 ans, qui viennent étudier chez nous,
mais on a des jeunes de 18, 19, 20 ans aussi, là. Et donc ça peut être un
grand pas que de changer de continent, de venir étudier dans une université
qu'ils ne connaissent pas. Donc, ce genre de réforme là et ce genre de mesures
là les encouragent.
Mme Lakhoyan Olivier : Pouvez-vous
élaborer sur les défis?
Mme Bouthillette (Annie) : Je
vais peut-être te laisser...
Mme Thélusma (Fréda) : Les
défis en lien avec le PEQ?
Mme Lakhoyan Olivier : Oui.
Mme Thélusma (Fréda) : Oui,
tout à fait. En fait, auparavant, c'est sûr que le fait que les étudiants, surtout
dans un contexte où, à l'ETS, les étudiants sont amenés à faire des stages,
donc rapidement intégrés sur le marché du travail... Donc, le fait
qu'auparavant ils devaient attendre un certain nombre de temps avant de pouvoir
bénéficier du programme, je dirais, que c'était le défi majeur. Donc,
aujourd'hui, maintenant, c'est assez à ces réformes-là, peut être que les
défis...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Thélusma (Fréda) : ...que
l'on constate les défis que les étudiants nous partagent sont, vraiment,
surtout liés à toute la lourdeur administrative. Si j'avais à mettre le doigt
sur un défi en particulier, ça serait sur cet aspect-là, sur les délais de
traitement de leurs dossiers, sur la difficulté qu'ils peuvent avoir parfois à
comprendre la machine administrative qui entoure ces processus. Donc, si j'avais
à identifier quelques défis, ce serait à ce niveau-là, particulièrement.
Mme Lakhoyan Olivier : Qu'est-ce
que vous aimeriez suggérer à la ministre aujourd'hui, concernant ce détail-là,
afin d'améliorer?
Mme Bouthillette (Annie) : En
fait, on a retracé le parcours de l'étudiant, hein, moi, je viens de l'expérience
client, donc on a utilisé cette méthodologie-là pour tracer le parcours de l'étudiant,
pour identifier les différents irritants. Donc, il y a des défis au niveau de l'institution,
de l'ensemble des établissements, évidemment, on a tous nos façons de procéder,
et des défis au niveau du fédéral, des défis au niveau du provincial. Et ça
crée parfois un stress quand on n'a pas reçu tel document dans les temps, parce
que là le temps avance, il y en a qui ont des enjeux de passeport. Donc, il y a
toutes sortes de choses qui sont liées à eux aussi.
Et là, parfois, avant de prendre l'avion,
ils n'ont pas tous les papiers, et donc, là, il y a des inscriptions des
étudiants. Après 10 jours, ils se retrouvent en plein milieu de leur année
scolaire, parfois où le PEQ ou la... va être échue. Donc, il y a différentes
choses, durant le parcours de l'étudiant, qui créent des moments de stress et
qui est essentiellement administratif. Donc, je pense que les étudiants
pourraient nous aider à comprendre ce qu'ils vivent, et les universités, et que,
vous aussi, on pourrait travailler ensemble à regarder ce parcours-là, à nommer
les irritants et à trouver des solutions concrètes.
Mme Lakhoyan Olivier : Je
comprends, c'est assez stressant, changer de pays. Et est-ce que je suis
acceptée, je ne suis pas acceptée? Je vais arriver, je ne vais pas arriver, je
vais manquer mon année, je vais arriver à moitié. Je comprends tellement ce
stress-là. Ce serait bien si on peut trouver une solution afin d'alléger ce
stress-là de ces gens-là. On le sait, nous vivions dans une pénurie de
logements, on en entend parler et puis... au Québec, mais plus particulièrement
à Montréal. Quels sont vos principaux défis afin de pouvoir loger vos
étudiants, chercheurs, professeurs? Parce que vous amenez toutes sortes de beau
monde ici pour l'ETS. Donc, ces gens-là ont besoin d'un logement. Donc,
Montréal étant... on connaît le centre-ville et Montréal, quels sont vos défis
là-dessus?
M. D'Etcheverry
(Jean-Alexandre) : On a été très heureux d'accueillir, dans le fond, la
possibilité, entre autres, dans le Programme d'habitation abordable du Québec,
la possibilité que des nouveaux appartements abordables pour étudiants puissent
être réalisés dans ce type de cadre et ce type de programme là, qui n'était
pas, au départ, nécessairement, associé à ce besoin-là. Mais le besoin était,
en ce moment, dans des circonstances, comme vous le savez, là, au niveau de l'inflation,
autant de la réalisation... ou des coûts de construction. Mais avant même ça,
pouvoir trouver un terrain, comme, par exemple, pour nous, là, au centre-ville
de Montréal, je vous dirais que ça commence à être hors de portée d'une
institution comme la nôtre, alors qu'on a toujours, nous, réalisé nos propres
projets.
On offre 1100 appartements abordables
présentement aux étudiants, mais ce n'est pas assez. On a quelque chose comme
500 noms sur une liste d'attente et on n'en prend pas plus que 500. Donc, comme
vous voyez, les besoins sont là. C'est une pression indue, malheureusement, sur
le parc locatif de la ville en soi, parce que ces étudiants-là ne pouvant se
loger dans des résidences qu'on offrirait, bien, vont aller trouver, quand
même, refuge ailleurs. Donc, ils créent une pression sur le marché lui-même.
Alors, moi, je dirais que c'est un volet
qu'on devra développer tous ensemble. Ce sont malheureusement des obstacles, je
vous dirais, qui peuvent être assez difficiles à surmonter pour les étudiants.
Et nous, on souhaite réaliser de nouveaux projets, mais dans le cadre actuel et
dans les difficultés économiques que ça comporte, il faudra que toutes les
parties soient à la table pour trouver des voies de passage. Je parle de la
ville de Montréal, je parle du gouvernement du Québec et incessamment,
peut-être, du fédéral.
Alors, je vous dirais qu'on attend, on
entend, et on attend peut-être de nouveaux programmes qui seraient plus
adaptés.
Mme Bouthillette (Annie) : Je
me permettrais peut-être d'ajouter. On a quand même déposé un projet récent de
1300, je pense, 1300 appartements, qui a reçu un accueil favorable de votre
part...
Mme Bouthillette (Annie) : ...gouvernement
et aussi de la Ville de Montréal. Donc, on est quand même en action. On s'est
déjà exprimé d'ailleurs, l'ETS aussi, sur l'ETS en région, donc nous allons
déjà commencer à aller voir comment on peut aller complémenter l'offre de
formation en région, notamment avec nos partenaires de l'UQ. Donc, c'est une
offre complémentaire que l'on va faire, mais définitivement, on doit aussi,
l'ETS, étant donné notre modèle, notre popularité, et tout ça, aller en région.
On annoncera bientôt un premier campus en dehors de Montréal et il y en aura
probablement d'autres aussi. C'est la volonté du gouvernement, c'est ce qu'on
nous a demandé et notre mission d'accessibilité l'exige. Donc, nous irons aussi
en région et donc on espère qu'il y aura moins, justement, de pression sur
Montréal à ce niveau-là.
Mme Lakhoyan Olivier : C'est
bien ça. Vous avez aussi parlé que vous accordiez beaucoup d'importance à la
francisation de vos étudiants et des chercheurs aussi, et des professeurs.
Est-ce que le nouveau programme de Francisation Québec vient vous offrir une
solution afin de faciliter la francisation de vos étudiants? Est-ce que c'est
fait par vous? Je sais, c'est en collaboration avec... Oui?
Mme Bouthillette (Annie) : Avec
l'UQAM. Donc effectivement, mais, comme je le mentionnais tout à l'heure, mais
que je trouve important de rappeler, c'est un Français différent qui est le
nôtre, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup, beaucoup de... de particularités, au
niveau des technologies, de l'ingénierie. Il y a des mots que je ne comprends
même pas moi-même en français quand les jeunes s'expriment. Et donc il y a ce
souhait-là, en fait, de... oui, la langue de base. Je pense que par la
communauté, ils vont l'apprendre, de toute façon. Les cours sont donnés en
français, donc ça y va de leur réussite. Mais ils doivent aussi apprendre un
langage qui est adapté, et donc c'est là où on pense que nous, on peut faire la
différence, parce qu'évidemment c'est un langage que l'on maîtrise.
Mme Lakhoyan Olivier : Dans
mon temps, les livres étaient pas mal en anglais. Est-ce que c'est toujours le
cas?
Mme Bouthillette (Annie) : Oui.
Mme Lakhoyan Olivier : Ah
oui, hein?
Mme Bouthillette (Annie) : Je
vous dirais que notre communauté est bilingue. Ils n'ont pas le choix. Si on
pense aux chercheurs, aux postdoctorants ou aux doctorants, ils écrivent dans
des revues où 99 % des revues scientifiques de prestige sont en anglais.
Ceci étant dit, l'ETS fait un effort quand même de francisation. Donc, nous
traduisons la majorité des études ou des articles qui sont déposés et qui se
retrouvent sur notre site web, là, Substance, et donc on fait cet effort-là
aussi, on pense que... la séance ouverte se passe dans les deux langues, et
donc dans le français aussi. Donc, on a aussi cet effort-là de notre côté.
Mme Lakhoyan Olivier : Pourquoi
pas? Ça les aide à la réussite. Oui, vraiment, il est motivant de vous voir.
Votre passion pour l'intégration réussie de vos étudiants. Or, de votre
mémoire, vous dites aussi que vous avez besoin des ressources supplémentaires
afin de vous aider à encore mieux arriver. Quelles seraient les ressources
nécessaires que vous aimeriez que la ministre l'entende aujourd'hui de...
• (15 h 40) •
Mme Bouthillette (Annie) : Vous
parlez des réintégrations... tout ça. En fait, on a regardé nos chiffres, on a
une augmentation de... sur les 10 dernières années à peu près de 15 %
de nos étudiants internationaux. Mais on a aussi une augmentation de nos
étudiants en général qui ont aussi besoin... on pense à quelqu'un qui vient
s'installer des régions, qui vient s'installer à Montréal, a aussi besoin
d'intégration. Donc, il ne faut pas les exclure non plus. Et donc on a besoin,
on l'a vu, on a quelques ressources terrains. Ils ont besoin, comme le disait
Frida, vraiment d'un soutien humain sur place. Imaginez quelqu'un qui arrive
d'ailleurs, il ne sait pas c'est quoi, un Jean-Coutu, il ne sait pas que c'est
une pharmacie. Donc, ça va dans tous les détails. Et donc ça, ça met quand même
une pression au niveau des universités parce qu'on a... au-delà de de
l'apprentissage, de la matière, de l'intégration dans une université, on a
aussi leur intégration au niveau social, culturel, la langue, on en parlait.
Donc, ça fait beaucoup. Ça fait une grosse bouchée. Donc, on pense qu'on
pourrait mettre des ressources en commun et on bénéficierait évidemment d'un
investissement supplémentaire pour augmenter nos ressources. On a aussi parfois
des ressources qui sont sur le terrain au niveau de la santé mentale, du
soutien psychologique. Ça prend quand même des gens solides pour venir
s'installer au Québec ou ailleurs. Et donc c'est tous ces efforts-là, je pense,
qu'on aurait besoin d'un coup de pouce, même s'il y en a déjà, je tiens à le
préciser. Je pense qu'on aurait avantage, avec l'augmentation du nombre
d'étudiants aussi, les universités n'arriveront pas à suivre, là. Donc, on va
avoir besoin d'un coup de pouce.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...le temps que nous avions.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pourtant, chez Jean Coutu, on trouve de tout, même un ami.
Je me tourne maintenant du côté du deuxième groupe d'opposition pour une
période de quatre minutes huit secondes. Le micro est à vous.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup et c'est d'ailleurs une grande fierté d'avoir l'ETS ici aujourd'hui.
Vous êtes dans ma circonscription, dans Saint-Henri-Saint-Anne...
M. Cliche-Rivard : ...dans
l'effervescent quartier de Griffintown, donc très content de vous avoir ici
aujourd'hui. Je me demandais si vous avez étudié ou estimé combien de vos
étudiants étrangers se destinent au Québec pour la résidence permanente. Est-ce
que vous avez fait cette étude-là?
Mme Bouthillette (Annie) : ...je
parlais de taux de rétention à 89 % tout à l'heure, 68 % après un
premier emploi. Donc, presque la majorité.
M. Cliche-Rivard : ...presque
tous, là, vous êtes dans les 90 %. Donc, ça, c'est les étudiants
étrangers, ce n'est pas toute votre clientèle, c'est...
Mme Bouthillette (Annie) : Non.
M. Cliche-Rivard : Les
étudiants étrangers, à 90 %, vont rester au Québec.
Mme Bouthillette (Annie) : Oui.
M. Cliche-Rivard : Bon, ça,
c'est des très, très bonnes nouvelles. Félicitations, d'ailleurs!
Mme Bouthillette (Annie) : Merci.
M. Cliche-Rivard : Et ça,
est-ce que c'est avec beaucoup d'efforts pour solidifier le fait que les gens
restent au Québec où ça se fait naturellement?
Mme Bouthillette (Annie) : Je
vous dirais que c'est assez naturel étant donné le modèle, que j'exposais tout
à l'heure, justement, en stage d'intégration. Le fait qu'on est à Griffintown,
vous le disiez, l'effervescence de Griffintown, de Montréal, et tout ça, avec
nos efforts d'intégration, donc, définitivement, ils trouvent une voie
intéressante, là, à rester au Québec. Et, comme je le disais tout à l'heure, aussi
en région. Donc, on a des stages en région, on a peut-être entre 20 et
30 %, là, dépendamment des années, qui vont aller en région pour un
premier emploi. Donc, ils ont différents souhaits par rapport à leur vie.
Rappelons-nous qu'il y a des gens là-dedans qui ont des familles aussi, ce
n'est pas que des étudiants de 20 ans, là. Donc, souvent, ils vont
souhaiter, pour toutes sortes de raisons aussi, aller s'installer en dehors de
Montréal.
M. Cliche-Rivard : Donc, vous
pouvez, à votre façon, être un vecteur de régionalisation à partir du cœur de
Montréal. C'est quand même intéressant comme modèle.
Mme Bouthillette (Annie) : Je
me plais à le dire.
M. Cliche-Rivard : Vous vous
plaisez à le dire.
Mme Bouthillette (Annie) : Oui,
un vecteur de régionalisation francophone au Québec.
M. Cliche-Rivard : Excellent.
Bien, je pense que le plus d'initiatives du genre, le mieux on se portera puis
le mieux notre immigration se portera. Dans votre mémoire, vous parlez de
simplifier le PEQ. Est-ce que vous parlez de simplifier en termes de conditions
d'accès ou vous étiez... comme tantôt vous me parliez de la bureaucratie ou de
la lourdeur. Parce que, là, on vient quand même beaucoup simplifier le PEQ en
enlevant le 12 mois de travail. J'ai de la misère à voir comment on
pourrait le simplifier davantage, considérant que, là, bref, c'est un diplôme
qui est qualifiant, là, au programme. Est-ce qu'il y a d'autres choses que vous
voyez ou?
Mme Bouthillette (Annie) : Bien,
je peux te laisser. Il y a des exemples. Juste pour... des fois, c'est bien
d'illustrer, mais, quand quelqu'un... un étudiant va terminer, va être diplômé,
je vous disais tout à l'heure, on se fait offrir des jobs, là, donc, il y en a
deux ou trois, mais, oups, il n'y a pas nécessairement le bon document ou tout
ça. Donc, le délai de quelques mois entre le moment où il termine et le moment
où il va pouvoir entrer dans le marché du travail fait en sorte que, parfois,
il va se décourager ou que l'entreprise va avoir trouvé un autre étudiant.
Donc, c'est un peu, je vous dirais, des fois, ce genre de chose là qui se
passe, mais... je vais te laisser peut-être compléter.
Mme Thélusma (Fréda) : Puis,
en fait, pour compléter dans le même sens, oui, effectivement, on parlait
surtout davantage de la lourdeur administrative. Donc, il y a certainement des
éléments qui peuvent toucher d'autres ordres d'enseignement par rapport au...
mais, par rapport à nous, ce qui serait le plus avantageux, c'est vraiment de
réviser au niveau des processus administratifs, principalement.
M. Cliche-Rivard : Et ça...
vous nous parliez, le document et tout ça, bon, les gens font une demande de
permis postdiplôme, c'est des choses qui viennent après un petit certain temps,
les entreprises n'ont pas de confirmation, ça, ça touche davantage le fédéral,
mais, avec le Québec, quand même, vous... est-ce que vous avez un exemple
particulier de document, ou vous jugez trop lourd, ou... dans ce processus
particulier du PEQ Diplômé?
Mme Thélusma (Fréda) : En
fait, c'est sûr que nous, on parlait surtout de l'arrimage, l'arrimage global,
hein?
M. Cliche-Rivard : Je
comprends. O.K., l'ensemble.
Mme Thélusma (Fréda) : Dans
l'ensemble. Donc, évidemment qu'on parle de compétences qui s'interrelient, donc,
dans cette perspective-là qu'on a amenée sur le point.
M. Cliche-Rivard : Vos gens
restent à 90 %. Par contre, vous parlez du problème des délais. Donc, bon,
ce que je comprends, c'est que ce n'est donc pas un vecteur de compétitivité
avec l'Ontario dans le sens où les gens ne partiront pas à cause des délais.
Cela dit, vous le sentez au niveau d'une anxiété, ou d'une détresse, ou d'une
incertitude. J'imagine, c'est là où ça vient faire mal à votre clientèle,
d'attendre deux ans.
Mme Thélusma (Fréda) : ...parce
que, dans le fond, aussi, le pourcentage qu'on donnait tout à l'heure par
rapport à la rétention, on a fait des études spécifiquement par rapport à nos
étudiants français. Donc, c'est sûr que, si on élargissait par rapport à
l'ensemble de nos étudiants, les chiffres seraient un peu différents parce
que...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
Mme Thélusma (Fréda) : ...la
réalité n'est pas nécessairement la même. C'est terminé?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Oui, c'est terminé. Merci pour ces échanges
ma foi fort intéressants, pertinents dans le cadre des auditions que nous
tenons.
Je vous souhaite une bonne fin de journée
et je suspends les travaux le temps de recevoir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 49)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît, la Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux. Alors, nous recevons maintenant
Polytechnique Montréal. Nous avons quatre représentants.
Alors, mesdames, monsieur, je vais vous
demander de vous présenter. Vous allez bénéficier ensuite de 10 minutes
pour votre exposé et vont suivre également, par la suite — c'est un
pléonasme, ce que je viens de faire là — les discussions avec les
parlementaires. Alors, la période commence maintenant.
Mme Cohen (Maud) : Merci.
Bonjour à tous, Mme la Présidente, députés, Membres de la commission
parlementaire. Mon nom est Maude Cohen, je suis directrice générale de
Polytechnique Montréal. Je suis accompagnée de trois collègues experts
aujourd'hui, Pr Pierre Langlois, directeur des affaires académiques et de
l'expérience étudiante. Pierre pourrait...
M. Langlois (Pierre) : Bonjour.
Mme Cohen (Maud) : Voilà.
Amélie Ferland, conseillère aux étudiants en immigration et interculturels
internationaux.
M. Ferland (Amélie) : Bonjour.
Mme Cohen (Maud) : Ainsi qu'Émilie
Brière, cheffe des relations institutionnelles, gouvernementales et engagement
avec les communautés.
Mme Brière (Émilie) : Bonjour.
• (15 h 50) •
Mme Cohen (Maud) : Alors,
allons-y. Donc, un mot sur Polytechnique Montréal, première université francophone
de génie en Amérique du Nord, créée il y a 150 ans, anniversaire que nous
célébrerons le 20 novembre de cette année. Notre université forme des
ingénieurs de très haut niveau et développe une recherche de pointe qui est
reconnue à l'international. Ça fait donc partie de l'identité et de notre
histoire de Polytechnique Montréal d'accueillir une communauté étudiante et
professorale issue de partout à travers le monde. Par ailleurs, il faut noter
que tous les domaines d'études de Polytechnique sont inclus dans les secteurs
prioritaires identifiés dans le cadre de l'Opération main-d'œuvre. Nous sommes
ainsi un partenaire de choix du Québec pour soutenir sa croissance et sa
prospérité et voulons d'ailleurs remercier la Commission aujourd'hui de nous inviter.
Nous avons basé notre conviction sur deux
faits, deux chiffres. D'abord, 47 %, c'est le nombre... c'est, selon le
rapport de l'Ordre des ingénieurs du Québec, la croissance attendue en besoins
de main-d'œuvre d'ici à 2030. Cette donnée, comme d'autres, nous conduit à
constater que le Québec fait face à une rareté de main-d'œuvre qui se
maintiendra encore dans la prochaine décennie, chose d'ailleurs que nos
partenaires industriels, employeurs institutionnels ne cessent de nous
rappeler. Bref, pour répondre aux nécessités urgentes de l'économie québécoise
et à sa croissance, le bassin de recrutement local est trop limité.
L'attraction d'étudiants et d'étudiantes internationaux francophones dans des
programmes de génie est donc essentielle pour répondre à nos besoins.
Le second chiffre est lié à notre
expérience. Chaque année, nous accueillons plus de 10 000 étudiantes
et étudiants en génie et en sciences...
Mme Cohen (Maud) : ...tous
cycles confondus, dont le tiers proviennent de l'international. Chaque jour,
nous avons la chance de constater l'impact positif de ces talents qui nous ont
choisis pour leurs études. Aujourd'hui, Polytechnique Montréal est convaincue
d'une chose, peu importe leur lieu de naissance, ce sont des étudiants et des
étudiantes formés dans les établissements universitaires québécois, qui
contribuent à bâtir le Québec d'aujourd'hui et surtout de demain.
À la rentrée de septembre 2023, nous avons
accueilli 867 nouveaux étudiants internationaux qui viennent rejoindre les... 2
032, pardon, déjà inscrits dans nos programmes. Nous constatons chaque jour
leur contribution à trouver des solutions porteuses d'avenir pour nos
communautés, à stimuler l'économie locale et le soutien de plus de 4000 emplois
en équivalent temps plein, comme l'a montré une étude de la Chambre de commerce
du Grand Montréal métropolitain, enfin, par leur présence à construire un
avenir inclusif et collectif que nous souhaitons durable et inspirant pour les
générations futures.
Notons aussi qu'aujourd'hui, parmi nos
30 % d'étudiants internationaux, un grand nombre sont inscrits à la
maîtrise professionnelle. Déjà, détenteurs d'une formation universitaire en
génie, reconnue par le Québec et par notre université, ils constituent, de
fait, dès leur arrivée, une plus- value pour notre pays. La plus grande
majorité... Pour la grande majorité, cette formation permet d'intégrer le
marché du travail en 24 mois. Enfin, ce programme de maîtrise professionnelle
leur permet d'avoir une première expérience professionnelle en effectuant un
stage et 30 % de nos stages se déroulent hors de Montréal. C'est une
contribution essentielle aux efforts de régionalisation de l'immigration. En
dépit de leur importance, les étudiants étrangers du Québec font encore face à
de nombreux défis, notamment par des intentions de refus de certificat
d'acceptation du Québec, qui causent des retards de traitement, des délais
irréguliers de traitement de permis d'études par le gouvernement fédéral et des
taux de refus élevés pour les ressortissants de certains pays.
Les démarches aussi sont complexes pour
obtenir la résidence permanente postétudes, et ce ne sont que quelques
exemples. Ces défis conduisent des étudiants internationaux diplômés et
universités québécoises francophones, bien intégrés et établis au Québec, à
rechercher des opportunités professionnelles hors du Québec, pour bénéficier
des facilités d'accès à la résidence permanente offertes par d'autres provinces
canadiennes. Dans ce contexte, toute intervention du gouvernement, pour faciliter
l'attraction, l'accueil, la rétention et l'insertion des étudiants
internationaux au Québec, est salutaire.
À ce titre, nous nous réjouissons donc de
la plus récente refonte du Programme de l'expérience québécoise, le PEQ. Une
réforme qui répare une iniquité préjudiciable à l'attractivité du Québec
vis-à-vis des autres provinces canadiennes, qui n'impose pas une période tampon
d'une année sur le marché du travail, après l'obtention du diplôme, afin
d'amorcer des démarches de résidence permanente.
Ainsi, en facilitant les demandes de
résidence permanente pour les finissants d'un programme académique en français
d'une université québécoise, cela permet au Québec de continuer de bénéficier
de l'apport de ses étudiants devenus diplômés. En agissant ainsi, le
gouvernement injecte directement de la compétitivité et de l'attractivité dans
ses établissements académiques, dont Polytechnique Montréal fait partie. Le
gouvernement renforce aussi son engagement vis-à-vis de la protection du
français, qui fait partie, évidemment, intégrante de notre ADN. Ces deux points
nous conduisent à penser que ces modifications réglementaires auront des
retombées profitables à l'ensemble du milieu économique québécois.
Notre université est particulièrement bien placée
pour constater combien l'expérience universitaire est un puissant moteur
d'intégration. À Polytechnique, nos étudiants internationaux suivent une
formation, très majoritairement, en français, effectuent des stages dans des
organisations et des organismes québécois, participent activement à
l'innovation québécoise et font rayonner le Québec par leurs découvertes
scientifiques en recherche, développent, en réseau, une vie locale et
contribuent à l'économie québécoise. En choisissant, d'abord, une université
québécoise, les étudiants internationaux choisissent, bien souvent, de vivre et
de travailler par la suite ici, au Québec.
Selon une étude du BCEI menée en 2021,
50 % de nos étudiants internationaux comptent demander la résidence
permanente à la suite de leurs études et 38 % y réfléchissent. En sortant
de notre université, nos étudiants internationaux sont déjà courtisés par des
employeurs partout au Québec, pour occuper des emplois hautement qualifiés dans
des secteurs névralgiques...
Mme Cohen (Maud) : ...de notre
économie. Ces candidats à la résidence permanente sont une richesse dont le
Québec peut difficilement se passer, surtout dans notre contexte de besoin
criant de main-d'oeuvre. Dans la présente consultation, des questions sont
soulevées concernant le seuil annuel de 50 000 ou de 60 000 nouveaux
arrivants. Comme la question concerne l'ensemble des immigrants et non
seulement les étudiants, nous nous abstenons aujourd'hui de commenter cette
question. Cela dit, notre recommandation serait par contre d'admettre en
continu et hors du plafond les personnes qui déposent une demande de résidence
permanente à la suite de l'obtention du CSQ du PEQ, le volet diplômé du Québec.
L'inverse pourrait être contre-productif à tous nos efforts de recrutement et
de formation d'une main-d'œuvre hautement qualifiée dont l'intégration sur le
sol québécois est assurée par un parcours universitaire.
Pour conclure, nous pensons que
l'immigration doit plus que jamais être abordée dans l'optique d'assurer la
vitalité du Québec. Nous croyons que l'enseignement supérieur, particulièrement
celui francophone, constitue une mécanique puissante pour assurer l'intégration
des immigrants qui contribuent aujourd'hui à la prospérité du Québec. L'option
de ne pas comptabiliser les étudiants internationaux dans les seuils
d'immigration consoliderait les gains en attractivité et en rétention des
talents que la modification réglementaire du PEQ va certainement engendrer.
Nous sommes d'avis que les effets cumulés de ces deux mesures seraient une
action décisive du gouvernement pour assurer la prospérité du Québec. En misant
davantage sur la sélection de personnes qui sont déjà présentes sur notre
territoire, le territoire québécois, en particulier les étudiantes et étudiants
diplômés, le gouvernement favorise une plus grande rétention des personnes
diplômées de programmes francophones. Depuis toujours, Polytechnique Montréal
est l'alliée d'un Québec plus prospère, je dirais depuis 150 ans, même.
Avec la collaboration au cœur de nos valeurs, nous nous engageons à répondre à
toute opportunité d'enrichir les discussions avec le gouvernement, les autres
universités et le milieu des affaires pour trouver des solutions porteuses
d'avenir pour toutes et tous. Chers députés, je tiens à vous remercier de votre
attention. Mme Brière, Mme Ferland, M. Langlois et moi-même répondrons à toutes
vos questions avec plaisir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme Cohen. Tout d'abord, écoutez,
150 ans, vous ne le faites pas, là, je vous le dis, je vous regarde tous
les quatre, vous ne le faites pas. Non, mas trêve de plaisanterie
Mme Cohen (Maud) : Même pas
cumulées, même pas cumulées.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pardon?
Mme Cohen (Maud) : Je
dis : Même pas cumulées.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, trêve de plaisanterie. Merci beaucoup pour cette
présentation. On va commencer maintenant l'échange avec les parlementaires. Je
me tourne du côté de la banquette ministérielle avec une période de
16 minutes 30 secondes. Le micro est à vous.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci, Mme la directrice générale. Merci à vous tous de
prendre part à cet échange, à cet exercice très important et qui soulève beaucoup
d'attention. Cette année, on en est très content parce que l'immigration est
particulièrement stratégique pour la suite des choses pour le Québec. Donc,
merci de partager votre expertise, et vraiment stimulant d'entendre vos
réalisations, vos ambitions. Je me disais : Ça me donne presque le goût de
retourner aux études, mais... un jour, sait-on jamais. Et bravo pour votre
contribution, je dirais, à la régionalisation aussi par le biais des stages. Je
n'étais pas consciente de cette facette de votre activité, donc c'est
intéressant de voir, dans le fond, les liens que vous avez avec l'ensemble des
régions et l'activité économique que vous devez instiller, là, dans ces régions
à travers les stages que vos étudiants font. Et je vois que vous avez donc beaucoup
d'étudiants étrangers, donc c'est intéressant de vous entendre là-dessus.
• (16 heures) •
Dans votre mémoire, là, vous dites vouloir
contribuer à l'attraction et à la rétention d'étudiants étrangers francophones
au Québec. Alors, j'aimerais que vous nous parliez des mesures additionnelles,
des initiatives que vous aimeriez ou envisager prendre pour justement nous
rendre plus attrayants ou rendre votre institution, là... lui permettre
d'accueillir davantage d'étudiants étrangers.
Mme Cohen (Maud) : Bien, je
pourrai scinder peut-être un peu la parole tout à l'heure à Mme Ferland, mais
je tiens à préciser que, pour s'intégrer dans un pays d'accueil, mon père est
un immigrant, mon mari est un immigrant, le réseau est vraiment fondamental et
la capacité de s'intégrer assez facilement au marché du travail l'est aussi.
Donc, tout ce qui permet à un étudiant ou à une étudiante de s'intégrer, de
bâtir un réseau à travers des études, comme des études qu'ils peuvent avoir à
Polytechnique Montréal, vient favoriser ça, parce que le type d'études que l'on
a où le travail d'équipe est fortement, fortement, pas juste encouragé, il est
obligatoire...
16 h (version non révisée)
Mme Cohen (Maud) : ...dans
plusieurs de nos cours, il y a des stages qui sont obligatoires déjà et il y a
des projets que l'on appelle des projets intégrateurs qui font qu'ils
interagissent ensemble. Mais non seulement ça, Polytechnique continue à stimuler
sa vie étudiante, non seulement les partys, comme je l'explique souvent, mais,
par exemple, on encourage énormément les sociétés techniques qui sont vraiment
des projets de formation où les étudiants apprennent sur le tas, apprennent en
faisant des expériences vraiment super stimulantes. Et, honnêtement, ce sont
des étudiants et souvent des étudiants et étudiantes étrangers qui réussissent
par la suite d'ailleurs à se placer davantage sur le marché.
Il y a évidemment d'autres mesures qui
sont mises en place dans l'accompagnement des étudiants. On en discutait juste
avant la commission, tout à l'heure, avec Mme Ferland, son équipe. Elle
est vraiment dans l'accompagnement des étudiants qui sont là. Évidemment, si on
était en mesure d'avoir davantage de ressources, c'est sûr que l'accompagnement
plus individualisé, peut être ne pas passer notre temps en mentorat à côté d'un
étudiant, mais un accompagnement plus individualisé favoriserait davantage
vraiment la capacité de rapidement intégrer la personne sur le marché. Mais je
vais la laisser vous expliquer un peu ce que son service fait pour les
étudiantes et les étudiants étrangers, qui permet de faciliter tout ça.
Mme Ferland (Amélie) : Alors,
bonjour. Je travaille depuis neuf ans au sein du service aux étudiants de
Polytechnique. Mon rôle est celui de conseillère aux étudiants internationaux,
donc je m'occupe beaucoup de tout ce qui est accueil des étudiants avant l'arrivée,
durant leur séjour aussi. Donc, je m'assure que les étudiants ont des documents
d'immigration qui sont valides. Et vous allez comprendre que 2 800 étudiants
internationaux, c'est quand même... ça fait beaucoup de gens. Donc, on se doit
de s'assurer que ces étudiants-là puissent continuer leurs études. Et le
maintien d'un statut légal, c'est vraiment la condition de base. C'est tout au
bas de la pyramide de Maslow, dans la vie d'un étudiant international. À cela s'ajoutent
des considérations particulières, comme s'assurer que ces étudiants-là ont,
justement, des assurances qui puissent finalement poursuivre un séjour dans de
bonnes conditions.
Donc, je ne suis pas seule à accompagner
ces étudiants-là, bien entendu. Toute l'équipe avec laquelle je travaille, que
ce soit les psychologues, les conseillers au soutien à la réussite
interviennent aussi auprès de ces étudiants. Mais je vous dirais que, oui,
effectivement, d'avoir un nombre plus important de conseillers aux étudiants
internationaux, et je pense que ce n'est pas une réalité qui est unique à
Polytechnique, là, c'est un peu... c'est la même un peu partout dans le réseau
universitaire ou des cégeps, ce serait une bonne chose puisque, bien sûr, plus
on augmente le taux d'étudiants internationaux, plus les besoins augmentent et,
des fois, les ressources ne suivent pas. Donc, je pense que, oui,
effectivement, d'avoir des bras supplémentaires, ça pourrait vraiment
contribuer à aider.
Mme Fréchette : Est-ce que...
Mme Cohen (Maud) : Je vais
peut-être...
Mme Fréchette : Allez-y.
Mme Cohen (Maud) : Pardon. Je
vais peut-être juste ajouter aussi que les enjeux de logement dont on entend
récemment parler sont des enjeux qui se sont surtout amplifiés depuis la fin de
la pandémie. Ce sont des enjeux que nous, à Polytechnique Montréal, ne
connaissions pas autant que maintenant. L'enjeu, ici, à Montréal, c'est le
logement abordable. Il y a du logement disponible, mais il n'est pas abordable
pour les étudiants, et donc il y a énormément d'efforts qui sont faits par l'équipe
de Mme Ferland pour accompagner l'étudiant dès le début puis l'aider à se
trouver un logement, surtout lorsqu'on est en réaction d'un étudiant qui arrive
et qui n'a pas de logement. Par contre, je veux aussi souligner qu'on accueille
vraiment de façon très favorable le projet de résidence qui est fait par l'équipe
d'Ivanhoe Cambridge et on va vraiment collaborer de façon importante à ce
projet-là pour pouvoir leur faciliter la tâche.
Mme Fréchette : C'est sûr que
c'est un élément que nous avons à l'œil également de notre côté. Par rapport à
l'accès à la résidence permanente, j'aimerais vous entendre sur... est-ce que
ça vous semble être un élément d'importance dans le choix pour des étudiants
étrangers de venir ou pas à Polytechnique, que cet accès à la résidence
permanente après leurs études... Est-ce que ça vous semble un élément important
dans leur réflexion?
Mme Cohen (Maud) : Je pense
que ça... Bien, en fait, je n'ai pas de données. Nous n'avons pas de données
sur cet élément-là. Par contre, ce qui est certain, c'est que ça serait un
élément important sur le fait qu'ils restent. Et, honnêtement, comme je l'ai
dit, 90 % ont l'intention de s'établir lorsqu'ils arrivent chez nous...
Mme Cohen (Maud) : ...donc on
irait peut-être chercher 10 % additionnels. Tant mieux, là, si 100 %
avaient l'intention, mais dans les faits, il y en a... à la fin de tout ça, il
y en a peut-être 75 % qui restent sur le sol québécois. Alors, si on est
en mesure, avec le 25 % additionnel, de gruger du terrain, éviter qu'ils
se... qu'ils aillent, par exemple, en Ontario ou dans d'autres provinces qui
les accueillent avec les bras ouverts, là, parce qu'ils ont été formés ici, une
main-d'oeuvre qualifiée que nous, on a formée, ça faciliterait les choses. On
le constate, nous, dans nos statistiques, qu'il y a vraiment un mouvement...
avec la difficulté de l'obtention de la résidence permanente, il y a vraiment
un mouvement vers les provinces canadiennes.
Mme Fréchette : Parlant du
Canada, on est très préoccupés et insistants auprès du fédéral par rapport au
haut taux de refus d'étudiants étrangers en provenance d'Afrique francophone.
J'aimerais que vous nous partagiez votre expérience sur ce plan-là. Est-ce que
vous avez vu une légère amélioration ou aucune amélioration au cours des
derniers mois? Parce que le fédéral tient un discours plutôt optimiste, mais on
n'en a pas vu encore la couleur sur le terrain, là. Qu'en est-il, de votre
côté?
Mme Cohen (Maud) : Je vais
laisser peut-être la parole à M.... à professeur Langlois. Pierre.
M. Langlois (Pierre) : Oui.
Merci beaucoup. Bien, c'est difficile d'établir une observation, un lien
immédiat. Vous savez, notre cycle de recrutement est quand même assez long. Ce
qui est plus inquiétant, je pense, c'est peut-être le message que ça risque de
transmettre si la situation ne s'améliore pas rapidement. Parce que, là, on est
en train de préparer le recrutement déjà pour l'année de septembre 2024. Donc,
si le message se passe que c'est difficile d'immigrer, c'est difficile d'avoir
ses papiers à temps, c'est difficile d'avoir son permis d'études, bien, ça met
un frein dans le recrutement, puis ça, ces choses-là ont des effets sur
plusieurs années ensuite.
Mme Fréchette : Est-ce que
vous faites des représentations sur ce sujet-là auprès du fédéral?
Mme Cohen (Maud) : Oui, oui,
oui, on travaille... On travaille avec le fédéral, mais on travaille aussi avec
Universités Canada pour faire ces représentations. C'est répété. Et c'est sûr
que ça semble se concrétiser surtout sur certains pays d'Afrique, là,
évidemment. Donc, c'est ce que l'on tente de travailler avec eux, c'est
d'éviter un peu la systématisation, peut être, de refus pour certains pays.
Cela dit, je peux quand même... sans dire
que ça a été parfait cette année, je peux quand même dire que c'est nettement
mieux que l'année dernière, parce que l'année dernière, ça avait été une année
horrible, et on l'a vu directement dans nos effectifs étudiants. L'année
dernière, on a expérimenté une croissance de la population étudiante qui
tournait autour de 1 %, et ce n'étaient pas des étudiants étrangers, pour
une des rares années qu'on a expérimentées, alors que cette année on est de
retour à des nombres de croissance de population qui sont plus raisonnables,
dont une vaste majorité provient des étudiants et étudiantes internationaux.
Mme Fréchette : D'accord.
Bien, on sera intéressés, en tout cas, à connaître l'évolution des choses, là.
De votre côté, je vous invite à nous tenir informés de ça dans les mois qui
viennent. Mme la Présidente, je vais...
Mme Cohen (Maud) : Mais les
pays sont les mêmes, les pays sont toujours les mêmes.
Mme Fréchette : Alors, je
vais céder la parole à des collègues. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Merci, Mme la ministre. Alors, je reconnais la députée de
Laviolette-Saint-Maurice. Il vous reste six minutes. La parole est à vous.
Mme Tardif : Merci. Malgré
votre jeune âge cumulatif, donc, je me permets de vous souhaiter un bon 150e. 150
ans, pour une institution, ce n'est pas rien...
• (16 h 10) •
Une voix : Effectivement.
Mme Tardif : ...mais d'autant
plus que c'est 150 ans de renommée, de renom, de renommée et de reconnaissance
internationale. Donc, chapeau, vous êtes un très beau modèle d'université, et
c'est pour ça qu'il y a tant de gens, d'immigrants qui viennent chez vous.
Donc, on sait que les ingénieurs que vous
formez et que les enseignants, les chercheurs qui sont là ont un impact très
positif pour la société québécoise. Et je me dirige vers les régions, parce
qu'en région, on a aussi besoin d'ingénieurs, et, vous voyez, moi, j'ai mal
tourné, je suis rendue assise ici malgré mon jonc. Donc, là, je fais un peu la
leçon en disant qu'on a besoin d'ingénieurs sur le terrain, mais on en a besoin
partout. Je fais des farces, là. Mais, effectivement, en région... Et j'ai
entendu que vous aviez des stages qui permettent... Je m'excuse, je ne savais
pas que vous aviez des stages à l'université pour les étudiants. Je savais qu'à
l'École de technologie supérieure, à l'Université de Sherbrooke, par exemple,
dans un baccalauréat, il y avait le programme stages-études, et c'est très,
très en demande pour...
Mme Tardif : ...les
entreprises et c'est très bénéfique pour les étudiants aussi. Parlez-moi un peu
de votre façon, là. Et est-ce qu'on peut avoir davantage de collaboration et
comment collaborer avec vous en région?
Mme Cohen (Maud) : Bien, moi,
je vais commenter, mais après je pense que Pierre a des statistiques. Tu levais
la main, préfères-tu commencer, Pierre?
M. Langlois (Pierre) : Bien,
je n'ai pas tant de statistique, mais, tu sais, je peux un parler un petit peu
très, très brièvement des stages.
Mme Cohen (Maud) : O.K.,
vas-y.
M. Langlois (Pierre) : Donc,
oui, merci pour la question. Bien, vous savez, à la Polytechnique de Montréal,
il y a un stage obligatoire dans la formation d'ingénieur. Tous les étudiants,
toutes les étudiantes doivent faire au moins un stage pendant leur formation
d'ingénieur. La plupart en font deux, voire trois. On a aussi beaucoup de
stages qui se font à la maîtrise professionnelle. Alors, encore une fois, bien,
pratiquement toutes les étudiantes ou tous les étudiants à la maîtrise
professionnelle vont faire au moins un stage, certains vont le faire à
l'intérieur de l'université, mais la majorité vont vouloir aller en entreprise.
Maintenant, pour ce qui est de la région
versus Montréal, Mme Cohen en a parlé tantôt, et puis ce qui est la clé ici
pour nous, c'est d'établir des partenariats avec des entreprises à travers le
Québec. Et ça, Polytechnique a une longue expérience d'en avoir établis, et
nous continuons à les avoir. Nous sommes là pour travailler avec les
entreprises. Après tout, c'est notre raison d'être, de former des gens qui
seront prêts pour le marché du travail ensuite.
Mme Cohen (Maud) : Je vais
donner un exemple. Par exemple, dans le secteur des mines, j'ai eu des
discussions à mon arrivée avec un grand dirigeant d'une entreprise minière
québécoise qui était diplômé de Polytechnique. Ce n'est pas à Montréal que ces
ingénieurs-là sont embauchés. Or, on a des ingénieurs en mines, des ingénieurs
en mécanique, des ingénieurs en électrique, des ingénieurs en industriel qui
vont aller travailler dans leur entreprise, et ils sont vraiment, vraiment
intéressés, ils travaillent vraiment main dans la main avec nos organisations.
Je peux donner d'autres exemples, là, avec, évidemment, tout le secteur
technologique, qui est répandu à travers le Québec, où on pourrait avoir des
ingénieurs formés en génie informatique ou logiciel qui vont travailler de
façon très, très concrète. Même chose pour les municipalités qui embauchent
vraiment de façon importante nos ingénieurs soit civils ou soit dans d'autres
domaines. Donc, comme Pierre le disait, on a des partenariats très forts au
niveau des stages mais aussi au niveau du placement ensuite, lorsque...
Mme Tardif : Permettez-moi.
Mme Cohen (Maud) : Oui,
pardon.
Mme Tardif : Permettez-moi.
Je sais qu'il y a un stage, là, un stage qui est obligatoire pour graduer, mais
est-ce que vous entrevoyez d'inclure, d'incorporer les stages-études comme les
universités, comme l'Université de Sherbrooke, par exemple, fait, et qui fait
que l'alternance, là, après un an, ils ont un stage et ils ont des stages, plus
d'un stage, ce qui fait qu'ils sont davantage aptes à aller sur le marché du
travail et plus rapidement disponibles pour les employeurs aussi.
M. Langlois (Pierre) : Mais,
vous savez, définitivement, on regarde toujours ce qu'on peut faire de mieux,
puis l'option d'avoir un programme plus coopératif avec davantage de stages
obligatoires est toujours sur la table. Ça étant dit, je voulais juste rappeler
que la plupart de nos étudiantes et étudiants vont faire un stage après leur
première année, ils vont faire le stage obligatoire après la deuxième et
pratiquement tous et toutes vont faire un stage après la troisième année aussi.
Donc, cette alternance-là naturelle existe. Beaucoup d'étudiantes, d'étudiants
vont faire déjà un stage de six mois qui va les décaler, donc ils vont être en
stage à l'été puis à l'automne et, ensuite, vont poursuivre leurs études à
l'hiver et à l'été suivant. Donc, cette réalité-là existe aujourd'hui à la
polytechnique.
Mme Tardif : Excellent,
merci. Je vous sors un petit peu de votre domaine de confort au niveau de
l'éducation comme telle, mais est-ce qu'on a un portrait statistique au niveau
des immigrants qui... non seulement qui demeurent au Québec, mais qui
s'installent en région, comme ingénieurs.
Mme Cohen (Maud) : Bien, en
fait, nous, on a fait un portrait, là, on pourra vous le partager, si les gens
qui en font partie... On a fait un portrait de profils d'étudiants qui ont été
diplômés de Polytechnique et qui se sont installés. Mais on n'a pas la
statistique exacte, à moins je me trompe, Émilie, sur le nombre de diplômés en
génie qui vont s'installer par la suite en région. Mais on a un nombre vraiment
élevé d'exemples par contre. Par exemple, je peux vous donner l'exemple...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme Cohen.
Mme Cohen (Maud) : Oui,
parfait. C'est bon.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le temps imparti au gouvernement est... est terminé en
fait. Je vais vous inviter, si vous avez des documents, par ailleurs, à les
envoyer, à les acheminer par courriel au secrétariat de la commission. Ça va
être partagé aux parlementaires. Merci beaucoup, mesdames. Je me tourne
maintenant du côté de l'opposition officielle avec la députée de Chomedey pour
une période de 12 minutes de 23 secondes. Le temps commence
maintenant.
Mme Lakhoyan Olivier : Bonjour,
merci d'être là. On entend beaucoup...
Mme Lakhoyan Olivier : ...de
l'école polytechnique. Ça fait partie de l'histoire du Québec. Comme vous
mentionniez, 150 ans. Ça se comprend.
Vous avez des défis, comme les autres
universités. Vous avez tous parlé de... Programme expérience québécoise, le
PEQ. Donc, depuis le changement des règlements concernant le PEQ, vous avez
trouvé que vous avez manqué beaucoup d'étudiants, donc le nombre a chuté, veut
veut pas. Et puis là qu'il y a des changements qui s'en viennent, vous êtes...
vous semblez être contents de ces changements-là. Pouvez-vous nous expliquer
comment, en gros, ça vous a affectés... le changement, mais... avant les
nouveaux changements qui s'en viennent, là, la coupure, disons, dans le PEQ,
jusqu'à maintenant, là, jusqu'à dernièrement?
Mme Cohen (Maud) : Écoutez,
ce que j'expliquais, c'est que ce qu'on a constaté clairement c'est que
beaucoup de nos diplômés, plutôt que de rester au Québec, s'installaient dans
d'autres provinces canadiennes parce qu'ils avaient leur résidence permanente
beaucoup plus rapidement. Donc, à ce titre, c'est ce qu'on souhaitait souligner,
c'est qu'avec ce changement qui évite la période tampon, ça fait en sorte que
l'étudiant qui diplôme au Québec peut, aussi rapidement qu'il le pourrait à
l'extérieur du Québec, s'installer ici, là où il a fait son stage, là où il a
bâti son réseau déjà, là où elle a fait ses amis. Donc, c'est beaucoup plus,
beaucoup plus efficace pour une personne qui est ici, puis efficace pour le
Québec, là, parce que ce sont nos établissements d'enseignement qui les forment
et qui les accompagnent là-dedans. En même temps, on a des étudiants ici, au
Québec, qui vont étudier à l'international, puis on veut qu'ils reviennent, là.
Mais ce sont nos établissements, avec nos efforts, qui les formons, et puis,
par la suite, on les laissait partir dans d'autres provinces canadiennes, parce
qu'ils ne pouvaient s'établir ici rapidement. Donc, c'est plutôt à ce titre, je
vous dirais, qu'il y a eu une baisse.
Ça va augmenter notre attractivité, cela
dit, c'est certain, pour le Québec, par rapport à d'autres provinces canadiennes,
d'être en mesure d'assurer à l'étudiant qui arrive de l'international qu'il
pourra, s'il obtient son diplôme et qu'il est francophone, et qu'il étudiait
dans un programme francophone... qu'il pourra obtenir sa résidence permanente.
Donc, c'est davantage l'impact sur la diplomation, qu'ils ne s'installaient pas
ici, au Québec, et qu'ils partaient, je vous dirais, qui était significatif.
Mme Lakhoyan Olivier : Donc,
pour vous, c'est l'intégration, aussi, dans la société québécoise, des étudiants
qui ont déjà passé des années ici, la facilité à s'intégrer dans notre société.
Est-ce que j'ai bien entendu? Tantôt, vous avez parlé... le fait que certains
immigrants ont l'appui de leur communauté, ils ont un appui. Est-ce que j'ai
mal compris? Leur communauté les appuie aussi pour les aider à s'intégrer?
Mme Cohen (Maud) : Mme
Ferland pourrait peut-être répondre à cette question-là. C'est sûr que
certaines communautés ont des programmes de soutien des programmes... Mais de
formaliser, en interaction avec Polytechnique, là, Mme Ferland pourrait
peut-être répondre à la question.
• (16 h 20) •
Mme Ferland (Amélie) : Bien,
on a des étudiants qui proviennent de pays... par exemple, je nommerais le
Liban, où, au sein de... à Montréal, il y a une diaspora qui est déjà établie
depuis très longtemps et qui peut soutenir, effectivement, les étudiants.
Maintenant, au sein de notre école, on a aussi des associations étudiantes qui
proviennent de différents pays, qui offrent certains services aux étudiants. On
a des comités étudiants qui ont un focus particulier vers les étudiants
internationaux, donc, je peux les nommer, là, PolyExplore, Poly International,
dont le but est de faire des activités, de faire découvrir le Québec aux
étudiants. Ça implique autant des étudiants québécois que des étudiants
internationaux. Donc, il y a cet écosystème-là qui existe déjà pour soutenir
les étudiants, en plus des services qu'on offre déjà au sein de l'école.
Mme Lakhoyan Olivier : On
nous a mentionné, d'autres groupes... concernant la lourdeur de la paperasse,
les étudiants immigrants... Pouvez-vous élaborer là-dessus?
Mme Cohen (Maud) : Mme
Ferland va répondre à la question.
Mme Ferland (Amélie) : Oui,
bien, je pense que ça a été nommé par plusieurs intervenants déjà. Je ne sais
pas qu'est-ce que je peux rajouter de plus nécessairement. Tout ce que je peux
nommer, c'est que, bon, on avait eu, dans les dernières années... on semblait
avoir beaucoup d'intentions de refus au niveau des premières...
Mme Ferland (Amélie) : ...de
CAQ, j'ai constaté une amélioration cette année. Encore là, au niveau du permis
d'étude du fédéral, ça, ça coince encore au niveau des délais de traitement, en
particulier pour des régions comme l'Afrique subsaharienne, l'Afrique du Nord.
Quoique, là encore, on est sorti de la pandémie, et je pense qu'il y a eu... ça
a eu des effets. Donc, j'ai comme l'impression que l'IRCC a peut-être liquidé
certains de ses arriérés, et ça a eu un effet positif sur les délais de
traitement. Donc, grosso modo, une certaine amélioration par rapport aux années
passées, mais ça peut toujours s'améliorer, là, je pense que... surtout du
côté du fédéral.
Mme Lakhoyan Olivier : Je
comprends le fait qu'un étudiant a tellement à apprendre, surtout en technologie
aussi. C'est une lourdeur, demander d'autres choses à faire, comme les
paperasses, et tout ça. Est-ce qu'il y a de l'aide, à l'université, pour venir
en aide aux étudiants?
Mme Ferland (Amélie) : Oui.
Je peux peut-être y répondre, en fait, c'est mon rôle, c'est de soutenir les
étudiants qui ont des difficultés avec leurs documents d'immigration. Donc, on
essaie d'être le plus possible dans la prévention, mais, malheureusement, bon,
on ne peut pas se démultiplier, là, il y a juste deux postes de conseillers aux
étudiants internationaux, donc on est souvent dans le curatif. On apporte
souvent des solutions aux étudiants qui ont déjà des problèmes, mais c'est sûr
qu'on on travaille, on planche sur du contenu pour essayer de vulgariser les
démarches, qui ne sont pas nécessairement limpides au départ, là, surtout que
les étudiants doivent fonctionner avec deux paliers de gouvernement, comme vous
le savez. Donc, ça complexifie la chose. Il y a des règles aussi à respecter au
niveau du travail. Donc, c'est notre rôle, c'est vraiment d'essayer de
démystifier tous ces aspects-là puis d'accompagner au mieux les étudiants dans
leur séjour pour que ça se passe légalement.
Mme Lakhoyan Olivier : Culturellement
parlant, est-ce que vous rencontrez des défis avec les étudiants immigrants?
Est-ce que ça se passe bien?
Mme Cohen (Maud) : Bien, je
peux peut-être répondre en partie, puis Mme Ferland pourra répondre. Ce qu'il
est important de comprendre, c'est que la majorité des étudiants qui viennent
ici, à tout le moins au baccalauréat, lorsqu'ils sont admis et qu'ils sont
étudiants internationaux, ils doivent faire une année qu'on appelle de
préparation. Donc, c'est une année où, d'abord, on vise à remettre à niveau les
connaissances en sciences physiques, chimie, mathématiques, mais c'est surtout
une année où on vise à les intégrer dans un milieu, où on vise à leur offrir
des cours d'intégration à la culture québécoise. Et, par la suite, il y a
évidemment le service aux étudiants, avec Mme Ferland, mais une plus grande
équipe qui travaille avec eux. Donc, il y a beaucoup d'efforts. Et, comme Mme
Ferland le précisait, il y a énormément, énormément d'activités étudiantes
autour de l'intégration des étudiants qui viennent de l'international, pour
s'assurer que leur parcours se fait de façon la plus harmonieuse possible.
Est-ce que ça répond à la question ou est-ce que... Mme Ferland a peut-être des
choses à ajouter. Non?
Mme Lakhoyan Olivier : Ça
répond à ma question. Concernant le logement, puisqu'ils viennent de
l'extérieur, comment vous trouvez... avez-vous un défi de logement et comment
vous travaillez là-dessus?
Mme Cohen (Maud) : Je vais
laisser Mme Brière répondre à cette question.
Mme Brière (Émilie) : Oui,
effectivement, l'enjeu du logement est présent également à Montréal, et pas
uniquement en région, mais c'est un enjeu qui se pose d'une façon particulière
en région métropolitaine, puisque c'est moins la question de la disponibilité
ou des logements vacants qui est l'indicateur pertinent, mais plutôt
l'accessibilité des logements disponibles. Donc, c'est déjà des commentaires,
je pense, que vous avez entendus aujourd'hui venant de collègues d'autres
universités, mais on les partage. On partage cette lecture, tout à fait, que le
défi est vraiment celui de l'accessibilité. Et donc l'équipe de services aux
étudiants à Polytechnique accompagnent notamment Mme Ferland, accompagne des
étudiants pour qu'ils puissent se trouver des logements abordables.
Après, nous, à Polytechnique, on a... on
participe, on bénéficie de cette offre de logements étudiants qui est celle du
campus de l'Université de Montréal, Polytechnique, HEC, et donc elle est
effectivement dimensionnée pour accueillir une partie des étudiants qui sont à
la recherche d'un logement, mais pas pour accueillir la totalité. Mais on est
tout à fait ouverts à travailler de concert avec l'ensemble des universités et
des établissements d'enseignement supérieur de la région métropolitaine,
puisque la question du logement étudiant en région métropolitaine...
Mme Brière (Émilie) : ...à
notre sens, elle ne doit pas être traitée établissement par établissement, mais
plutôt dans une approche concertée, y compris avec des partenaires que ce soit
la CDPQ, Ivanhoé Cambridge pour les projets de cités universitaires ou tout
autre modèle qui nous permettrait d'envisager des solutions qui répondent aux
besoins de l'ensemble des établissements plutôt que d'une communauté
universitaire plutôt qu'une autre. Donc, notre approche est vraiment plutôt celle
d'une collaboration autour de cet enjeu.
Mme Lakhoyan Olivier : Mais
j'apprécie vos suggestions. On va prendre note, c'est sûr. J'avais tellement de
questions. Oui, c'était quoi l'autre question que je voulais demander?
Bien, si vous avez un dernier point à nous
soumettre que vous n'avez pas écrit, comment le gouvernement peut vous aider,
est-ce qu'il y a un point que vous aimeriez mettre de l'avant?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On ne vous entend pas.
Mme Cohen (Maud) : Merci.
J'ai essayé de ne pas faire de bruit pendant que ma collègue parlait, mais...
Je pense que je vais réitérer le besoin, je pense, pour nos universités d'avoir
davantage de ressources, d'accompagnement, de mentorat pour les étudiants, pour
que l'on soit plus dans le préventif, ça, c'est sûr. Besoin qui a été émis.
C'est sûr que nous, on n'a jamais eu
vraiment d'enjeux, d'attractivité comme institutions, mais, comme nos collègues
des autres universités ont commencé à comprendre notre truc pour attirer des
bons étudiants, il est certain qu'on va mettre un peu plus d'emphase dans le
futur sur notre capacité de recrutement à l'international. Donc, on pense
notamment à l'ouverture d'un bureau en Europe évidemment, chose qu'on n'a pas
eu besoin de faire auparavant, par exemple, pour avoir du succès, mais ça, ça
nécessite effectivement des investissements quand même assez significatifs pour
une université de notre taille, mais c'est des choses qui peuvent vraiment...
dans le contexte, ce sont des investissements très minimes pour le Québec dans
sa globalité quand on pense à la...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
Mme Cohen (Maud) : Pardon.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mais oui et oui, la gardienne du temps vient de parler.
Merci, Mme la députée. Mais en fait il nous reste une dernière intervention
aussi, alors vous pourrez poursuivre dans votre lancée avec le député de
Saint-Henri Sainte-Anne pour une période de 4 min 8 s. Le micro est à vous.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci pour votre belle présentation. Je vous le lisais et je me
disais que vous ne faites pas seulement en génie, vous faites aussi en
diplomatie quand même quand je vous lis, là. «Cette refonte répare une iniquité
préjudiciable à l'attractivité du Québec et il s'agit du vent de dos dans le
milieu universitaire avait grandement besoin». J'aurais voulu être plus
diplomatique moi-même, j'aurais eu de la misère. Donc, je vous en félicite.
Écoutez, vous parler de refus de CAQ,
d'intentions de refus, j'aimerais ça savoir pour quel motif ça vous frappe ou
ça frappe vos étudiants étrangers, pourquoi les CAQ sont refusés comme ça?
Mme Cohen (Maud) : Mme Ferland,
allez-y.
• (16 h 30) •
Mme Ferland (Amélie) : Oui,
c'est ça, je ne peux pas répondre. Bien, il y a différentes raisons, il y a des
questions de capacité financière, ça peut être des documents qui sont
manquants, parfois des choses aussi triviales que l'utilisation d'une signature
électronique plutôt qu'une signature manuscrite, chose qui, selon moi, à moins
que je me trompe n'est nulle part écrite sur le site du MIFI. Donc, il y a
beaucoup de raisons pour lesquelles les étudiants peuvent se voir... bien,
peuvent recevoir des intentions de refus, et malheureusement les raisons qui
sont énoncées ne sont pas toujours très limpides. Parfois, les étudiants ont de
la difficulté à s'y retrouver et à formuler une réponse adéquate, donc c'est
pour ça qu'on est là. On intervient et on les accompagne, mais ça pourrait être
plus clair.
M. Cliche-Rivard : Et si vous
permettez, est-ce qu'on gagnerait à assouplir un petit peu souvent le langage
de certaines lettres, là, quand il manque un document ou une signature, là,
quelque chose comme «intention de refus» quand on est un étudiant étranger
versus «demande de documents additionnels» ou «communication au dossier»? Je
dis ça en plus où il y a souvent aussi une mention ou une menace, là, sur
fausse représentation, de voir son dossier sanctionné pour cinq ans si jamais vous
n'êtes pas dans l'incapacité de prouver quelque chose, alors que finalement il
manque, comme vous l'avez dit, une signature manuscrite ou une page d'un
passeport. Est-ce qu'envers nos étudiants étrangers, il n'y aurait pas
nécessité auprès du MIFI d'assouplir le langage dans les communications?
Mme Ferland (Amélie) : Bien,
c'est sûr que, par expérience, l'appellation intention de refus induit souvent
un vent de panique chez les étudiants. Et quand on leur dit d'emblée que c'est
essentiellement une chance que le gouvernement leur...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Ferland (Amélie) : ...de
redonner les documents manquants. Alors là, la tension baisse d'un cran tout de
suite. Donc, oui, peut-être qu'il y aurait moyen de renommer certaines choses
et de clarifier encore une fois les raisons qui sont données pour parfois...
bien, à titre de motifs d'intention de refus.
M. Cliche-Rivard : Parce qu'il
est bien évident que le souhait du MIFI, c'est que tout se passe bien, là,
finalement, on espère obtenir le document additionnel, ça, c'est clair. On
espère que l'étudiant étranger se destine, réussisse son immigration. On n'a
évidemment aucune intention ou aucune volonté de juste créer un vent de
panique, là, comme vous l'avez dit. Donc, au contraire, avec une communication
un petit peu plus claire, avec une ligne, disons, plus sympathique, là, on
gagnerait probablement ou, du moins, on diminuerait beaucoup votre charge
mentale de stress associé à la gestion de certains dossiers.
Mme Ferland (Amélie) : Probablement.
M. Cliche-Rivard : Donc, j'espère
que le message a été entendu. Est-ce que la même chose s'applique du côté d'IRCC?
Est-ce qu'on voit le même genre de langage avec le fédéral ou c'est propre au
Québec?
Mme Ferland (Amélie) : Je
vous dirais qu'on a une collaboration qui est beaucoup plus directe avec le
MIFI. Si jamais de notre côté, on voit qu'il y a des incongruités, par exemple,
dans une intention de refus, ça peut arriver. Donc, au moins, on a une ligne de
communication avec le MIFI, ce qu'on n'a pas du côté fédéral. Alors... alors je
vous dirais que... et, oui, parfois, bien là, on le voit surtout avec les
étudiants qui sont en provenance de l'étranger, qui demandent un premier permis
d'études. Ça, encore là, les raisons, les motifs de refus pour les demandes de
permis d'études sont souvent assez vagues, ne permettent pas de se faire
vraiment une tête correctement sur les raisons pour lesquelles on a refusé la
demande.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Cliche-Rivard : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, l'audition se termine ainsi, puis je
vais me permettre de dire : Vos petits trucs, ils restent entre nous et
vous et tous ceux qui vont auditionner, là. Merci beaucoup pour l'apport à nos
travaux. Ce fut fort agréable de vous avoir avec nous aujourd'hui.
Alors, je suspends la commission pour
quelques instants, le temps de recevoir le prochain groupe. Au revoir.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
(Reprise à 16 h 36)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La commission des...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...des relations avec les citoyens reprend ses travaux.
Nous recevons donc, de l'Université McGill, le Pr Fabrice Labeau. Bonjour
docteur... docteur, Pr Labeau. Alors, vous allez avoir 10 minutes pour
présenter votre exposé et le temps commence maintenant.
M. Labeau (Fabrice) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Distingués membres de la Commission, Mmes et MM.,
je suis ravi d'être avec vous aujourd'hui au nom de l'Université McGill et
d'avoir cette occasion d'échanger sur un sujet qui touche aux fondements mêmes
de la mission de notre institution et, ultimement, à sa capacité à pleinement
jouer son rôle au sein de la société québécoise.
Mon nom est Fabrice Labeau. Je suis
premier vice principal exécutif adjoint aux études et à la vie étudiante et
aussi professeur au département de génie électrique et informatique de
l'Université McGill. Dans le cadre de mes fonctions, je suis responsable de la
mise en œuvre des politiques, des mesures et des décisions qui ont pour but
d'améliorer la qualité de vie étudiante et de l'enseignement à McGill, dans une
perspective de développement et d'épanouissement des membres de notre
communauté universitaire.
Fondée il y a plus de deux siècles,
l'Université McGill a pour mission d'enrichir le savoir et d'en favoriser la
création et la transmission en offrant la meilleure formation possible, en
effectuant de la recherche jugée excellente selon les normes internationales
les plus rigoureuses et en étant au service de la société. Et d'ailleurs, ce
troisième pilier de sa mission est ultimement son objectif fondamental.
McGill figure au premier rang des
universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat et se
classe, année après année, parmi les meilleures universités du monde. Sur ces
trois campus, l'Université McGill propose 300 programmes d'études et
déploie une multitude d'initiatives en recherche. Son corps professoral de près
de 1 800 membres provient des quatre coins du monde et sa population
étudiante compte plus de 39 000 étudiants, incluant
12 000 étudiants internationaux provenant de plus de 150 pays,
dont la présence à Montréal enrichit la société québécoise. Fait à rappeler,
plus de la moitié des étudiants de McGill sont québécois et 60 % de sa
population étudiante parle français ou l'a langue maternelle, de même que la
grande majorité de ses dirigeants.
Chaque année, l'université remet près de
9 700 diplômes à ses étudiants, répondant ainsi aux besoins du marché
du travail québécois et formant les prochaines générations de leaders, de
bâtisseurs, de scientifiques, d'intellectuels ou d'artistes. En somme, McGill
est profondément ancré au Québec et elle est consciente de ses responsabilités,
notamment à l'égard de la protection et de la promotion de la langue française.
Si la principale langue d'enseignement ici
est l'anglais, le français occupe néanmoins une place importante sur tous nos
campus. Comme nous l'avons détaillé dans notre mémoire, McGill valorise et
promeut la langue française par le biais de plusieurs mesures politiques et
initiatives que je me permets d'énumérer brièvement de façon non exhaustive.
Par exemple, elle offre d'occasions d'apprentissage et d'interactions en
français dans le cadre de cours, de séminaires, d'ateliers et de conférences.
La possibilité pour tous nos étudiants et étudiantes de remettre leurs travaux,
leurs examens, leurs mémoires, leurs thèses en français à un programme
d'immersion qui est conçu avec l'appui de l'Office québécois de la langue
française et destiné aux étudiants non francophones de l'université, y compris
les étudiants internationaux, et, durant l'été, un programme d'immersion en
français de découverte de la culture québécoise qui est offert en collaboration
avec nos collègues de l'Université du Québec à Chicoutimi.
On a aussi une offre de formation de
premier cycle en médecine entièrement en français à notre campus Outaouais et
qui est situé à Gatineau. La collaboration aussi avec l'Université du Québec en
Outaouais est sur ce même campus de Gatineau pour l'année préparatoire en
médecine, et bien sûr, il ne s'agit que de quelques exemples des multiples
dimensions dans lesquelles l'Université McGill déploie ressources et expertise
dans la promotion de la langue française, de la culture francophone et dans
l'avancement, finalement, de la société québécoise.
• (16 h 40) •
Comme nous l'avons indiqué dans notre
mémoire, nous souscrivons pleinement à l'objectif du gouvernement du Québec qui
souhaite voir les universités anglophones jouer un rôle plus important dans la
francisation des professeurs et des étudiants venant de l'étranger qui enseignent
ou qui étudient dans leurs établissements. Nous sommes déterminés à continuer à
agir en ce sens.
Je réitère également que McGill est
d'accord avec les principes de la démarche actuelle du gouvernement pour la
promotion et la protection du français au Québec en égard à l'immigration, mais
nous sommes fortement préoccupés quant à ses probables conséquences négatives
et involontaires sur notre capacité à attirer et à retenir les meilleurs
talents du Québec.
Tout d'abord, au niveau des étudiants internationaux,
nous avons des inquiétudes quant aux effets que pourrait avoir la distinction
faite entre les programmes francophones et les programmes anglophones dans le
cadre des modifications annoncées au programme de l'expérience québécoise, le
PEQ. Nous craignons en effet qu'une part importante de notre population
étudiante provenant de l'étranger remette en question ses projets de venir
étudier à McGill par crainte de ne pas pouvoir rester au Québec par la suite.
Les étudiants internationaux qui choisissent le Québec y apportent une
précieuse diversité de points de vue et d'expériences. Ils ne sont pas venus au
Québec pour l'angliciser, mais pour poursuivre un projet académique avec
ouverture et une certaine curiosité intellectuelle. Pour certains, il s'agit
aussi d'un projet de vie et ils n'hésiteront pas à saisir les occasions de
francisation...
M. Labeau (Fabrice) : ...et
d'intégration à la société québécoise qui leur seront offertes. Dans l'optique
de franciser et de retenir un plus grand nombre d'étudiants étrangers après
l'obtention du diplôme, ce qui est à la fois l'objectif de McGill et du
gouvernement, nous sommes d'avis que les orientations proposées par celui-ci
s'avéreront contreproductives. Nous croyons qu'il serait préférable d'évaluer chaque
candidat à l'immigration individuellement plutôt qu'en défavorisant d'emblée
ceux ayant suivi un programme anglophone. Cela aurait pour effet d'exclure de
nombreux excellents candidats à l'immigration non francophones, comme certains
francophones aussi, qui auraient choisi de faire leurs études secondaires en
anglais.
À titre d'exemple, suite à l'annonce du
projet de réforme, j'ai moi-même été contacté récemment par un de nos étudiants
originaire de Chine qui a, en plus de ses cours universitaires à temps plein,
décidé de suivre des cours de français pour s'intégrer à la société québécoise.
Cet étudiant s'inquiète maintenant pour son projet de vie au Québec qu'il a
patiemment construit au cours des dernières années.
En plus de ces impacts sur l'attraction et
la rétention des étudiants, nous redoutons aussi et anticipons que les
propositions du gouvernement auront des effets négatifs sur notre capacité à
mener à bien une autre partie importante de notre mission, c'est-à-dire de
mener des travaux de recherche d'envergure internationale dans un esprit
d'ouverture, de collaboration et toujours portés par un profond sens de
l'intérêt public.
Pour McGill et pour toutes les
institutions universitaires québécoises, la capacité d'attirer et de retenir
les meilleurs chercheurs en provenance de l'étranger est vitale afin de faire
du Québec un pôle international d'idées, de culture, de savoir, de perspectives
et de voies diverses et riches qui nous permettront de faire des avancées
cruciales en matière de durabilité, de santé des populations, de justice et de
sécurité afin de répondre aux défis socioéconomiques et environnementaux de
notre époque. Nous avons l'intime conviction que l'avancement du bien commun et
la recherche de ces solutions passent par une collaboration académique sans
frontières, qu'elles soient géographiques ou linguistiques, et par notre
aptitude aussi à convaincre les chercheurs les plus talentueux de se joindre à
nos équipes de recherche et notre corps professoral afin de constituer le fer de
lance de nombreuses initiatives d'avant-garde. C'est l'approche de McGill et
elle lui a permis de livrer la marchandise.
Par exemple, comme nous l'avons souligné
dans notre mémoire, non sans fierté, d'ailleurs, pas moins de trois des
10 études citées dans l'édition 2022 des découvertes de l'année de
Québec Science étaient liées à notre institution. L'Université McGill, forte de
la diversité de talents qui la composent, contribue depuis deux siècles au
succès de la société québécoise, j'irais plus loin en affirmant qu'elle est
elle-même un succès québécois par son ouverture, sa détermination, l'excellence
et l'engagement de ses membres et son ancrage profond dans la communauté.
Au-delà des palmarès, des classements, des
statistiques, toutes ces questions et les orientations qui seront ultimement
suivies par les autorités gouvernementales auront des conséquences bien réelles
sur les vies d'hommes et de femmes. Chacun d'entre eux est un futur concitoyen
confiant dans l'ouverture de la société québécoise, dans la perspective que le
Québec devienne, pour eux, l'endroit idéal pour poursuivre leur projet de vie
ici plutôt qu'à Toronto, Boston, Paris ou ailleurs. Afin d'illustrer leur
parcours et tout en rappelant que nous sommes une communauté de scientifiques
pour qui les données probantes constituent le socle de nos prises de décision,
j'aimerais partager avec vous quelques anecdotes relatées par les membres de
notre communauté en lien avec les défis et les aléas des parcours des gens
venus d'ailleurs qui viennent travailler ici.
Nous avons, par exemple, eu récemment deux
cas de professeurs aux potentiels prometteurs qui ont quitté en raison des
difficultés et des délais liés au processus d'immigration. Notre université a
également récemment perdu une candidate convoitée par notre faculté de génie,
qui a finalement été recrutée par une autre université canadienne hors Québec,
en raison des délais d'obtention d'un permis de travail. L'année dernière, nous
n'avons pas réussi à recruter une prestigieuse candidate de nationalité
indienne et domiciliée aux États-Unis pour une banale question de visa afin
qu'elle puisse venir à Montréal pour une entrevue. Elle a finalement accepté
l'offre d'une autre institution.
Ce ne sont là que quelques exemples des
défis associés au processus de relocalisation et d'immigration, et nous sommes
d'avis que toutes les contraintes et restrictions supplémentaires qui
pourraient être ajoutées seraient contreproductives et contre l'intérêt de la
société québécoise. Cela dit, et comme nous l'avons souligné dans notre mémoire
à la commission, une fois ces talents universitaires établis à Montréal, McGill
est conscient de sa responsabilité sociale et résolue à contribuer pleinement à
leur francisation et leur intégration au sein de la société québécoise et à
consacrer les ressources à cet effet. Par exemple, McGill continue le
développement et le déploiement du programme Mon français, qui s'adresse aux
membres du personnel enseignant ainsi que leurs conjoints et conjointes qui
sont en quête de résidence permanente.
Paradoxalement, les orientations proposées
par le gouvernement viendraient faire obstacle à notre capacité même de remplir
des objectifs de la révision de la Politique québécoise de financement des
universités quant aux enjeux de main-d'œuvre dans les secteurs stratégiques et
à notre capacité de contribuer au développement économique par la recherche de
pointe et l'innovation, comme nous l'avons souligné dans notre mémoire.
En conclusion, je pense que les
universités québécoises sont des carrefours de connaissances et de culture,
elles créent des ponts avec les chercheurs, les scientifiques, les innovateurs
de partout dans le monde. Et, depuis plus de deux siècles, l'Université McGill
a ouvert ses portes à un nombre incalculable de personnes talentueuses sans
égard à leur nationalité, origine ethnique, condition socioéconomique,
convictions religieuses...
M. Labeau (Fabrice) :
...logique ou langue. Encore une fois, une fois que nous avons amené des
talents internationaux à s'établir au Québec, l'Université McGill souscrit
pleinement à l'idée de contribuer davantage à leur francisation. Et nous sommes
prêts à y consacrer davantage de ressources et nous y travaillons au moment où
on se parle.
Une petite dernière anecdote pour
conclure. Le 29 mai 2023, à l'occasion de la cérémonie d'installation qui
allait confirmer sa nomination à titre de 18 ᵉ principal et
vice-chancelier de notre université, le professeur... qui a longtemps enseigné
la biologie végétale en français à l'Université de Montréal, a exprimé le
souhait que soit interprétée la chanson Je reviendrai à Montréal de
Robert Charlebois. Ce choix symbolisait le fort attachement au Québec, à sa
langue et à sa culture de notre nouveau dirigeant, mais surtout que son retour
à Montréal après les années passées dans une autre province constituait bel et
bien pour lui un retour dans la plus grande société francophone d'Amérique. Au
delà de la symbolique, la haute direction de McGill a bien l'intention de
poursuivre et de renforcer l'engagement de McGill envers la promotion et la
valorisation de la langue française et des initiatives majeures en ce sens sont
en préparation et seront annoncées prochainement. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pr Labeau, merci beaucoup pour cette présentation. Je ne
suis peut-être pas issue de l'immigration et ce que je vais vous dire ne me
rajeunit pas parce que ça remonte à 33 ans au moins, mais, oui, j'ai
fréquenté l'Université McGill dans un département entièrement francophone,
littérature française et québécoise. Alors, je peux dire que ce que vous dites
est tout à fait vrai.
Alors, je me tourne maintenant du côté de
la banquette gouvernementale pour une période d'un petit peu moins de
16 minutes, 15 minutes et 20 secondes. Mme la ministre, le micro
est à vous.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci M. le vice principal. Nous apprécions grandement que
vous preniez part à cet exercice, à cette discussion sur un thème de grande
importance, à la fois pour notre devenir économique, mais également pour la
langue française. Comme vous avez vu, la connaissance du français devient un
axe principal, un axe majeur de nos réformes en matière d'immigration
permanente, réforme que nous avons donc présentée au printemps dernier. Et j'en
profite d'ailleurs pour saluer les initiatives que l'Université McGill a mises
de l'avant. Vous en avez énoncé plusieurs que vous avez mises de l'avant et je
serais intéressée à poursuivre cette discussion dans le cadre de nos échanges
sur le rôle que pourra jouer l'Université McGill en lien avec le français.
Je voudrais revenir dans un premier temps
sur... bien, en fait, sur quelques passages de votre mémoire, juste pour faire
quelques précisions, en fait, par rapport à la réforme qui a été proposée pour
le PEQ diplômé. Donc, simplement pour mentionner que, pour les étudiants qui
auront traversé ou obtenu un diplôme d'un programme en anglais... auront tout
de même la possibilité d'appliquer pour le PEQ diplômé s'il advenait qu'ils
aient fait trois ans d'études en français, soit au niveau secondaire ou
postsecondaire. Et advenant que ce ne soit pas le cas et qu'ils souhaiteraient
déposer une candidature pour la résidence permanente, bien, il sera toujours
possible pour eux de le faire après une année d'expérience sur le marché du
travail s'ils maîtrisent le français au niveau qui est requis à travers le programme
régulier de travailleurs qualifiés ou à partir de l'an prochain,
automne 2024, à travers le programme de sélection des travailleurs
qualifiés. Donc, il y a toujours cette voie de passage, cette possibilité qui
demeure pour les étudiants ayant gradué d'un programme en anglais.
• (16 h 50) •
Il est de notoriété publique que
l'Université McGill se classe parmi les meilleures universités au monde et elle
contribue grandement au rayonnement à la fois de la métropole du Québec, du
Canada. Donc, moi, j'aimerais que vous nous parliez un peu... bien, je vous en
félicite, d'une part, parce que c'est un accomplissement qui mérite notre
admiration et j'aimerais que vous nous partagiez des chiffres sur le
recrutement international, vos chiffres de recrutement international qui,
j'imagine, sont très bons, là, suivant les grandes données que vous nous avez
partagées. Mais au cours des dernières années, est-ce que ce fut le cas
également? Est-ce que vous êtes parvenu à recruter sur le plan international de
très bons talents?
M. Labeau (Fabrice) : Oui,
bien sûr. Donc... Bien, peut être que je vais vous... je vais peut être revenir
sur votre première remarque à propos de l'idée qu'effectivement nos diplômés
des réseaux universitaires anglophones auront l'opportunité de passer par le
chemin régulier. Je pense que c'est bien important de conserver ça, mais je
pense aussi du point de vue de l'attractivité de nos universités, l'idée que
nos étudiants et l'exemple que je vous donnais, par exemple, de cet étudiant
chinois qui a travaillé fort pour apprendre le français et s'intégrer, leur
fermer la porte à ce que j'appellerais la voie rapide qu'on est en train de
déployer au travers du PEQ, c'est une difficulté. Puis je ne sais pas si vous
avez peut-être vu, dans La Presse, ce matin, il y avait un article sur les
étudiants internationaux...
M. Labeau (Fabrice) : ...et
ça m'a frappé qu'il y avait une étudiante qui avait été interviewée par les
journalistes de LaPresse qui avait un profil très
intéressant, c'était une étudiante de nationalité française qui avait fait ses
études secondaires, primaires aux États-Unis et qui était arrivée à McGill pour
faire ses études universitaires. Et, typiquement, c'est une personne qui est
complètement bilingue, francophone, et qui n'aurait pas accès au programme du
PEQ. Donc, c'est un exemple aussi de cas où on se dit : Bien, ça serait
peut-être une bonne idée de regarder ces gens-là individuellement et de leur
permettre aussi de présenter un dossier qui pourrait leur ouvrir les portes du
PEQ.
Pour en revenir à votre question, plus
haut niveau du recrutement international, peut-être, je vais vous demander de
préciser, vous parlez principalement des étudiants internationaux ou bien du
personnel?
Mme Fréchette : Oui, oui, des
étudiants internationaux.
M. Labeau (Fabrice) : Bien,
au niveau des étudiants internationaux, comme je le disais, on a à peu près
12 000 étudiants internationaux, à l'Université McGill, ce qui constitue à peu
près une trentaine de % de notre effectif total. Puis c'est important de noter
que c'est... notre plan stratégique, en termes de recrutement, c'est qu'on veut
avoir maximum 30 %. Donc, on oscille entre 25 et 30 % d'étudiants
internationaux, pour le simple fait qu'effectivement ça fait partie du... comme
je le répète souvent, de l'ADN de notre institution d'avoir ce
multiculturalisme, ces nombreuses nationalités, 150 pays différents sur notre
campus. Ça apporte à la valeur de l'expérience de nos étudiants, mais on veut
aussi être clairement ancré comme université québécoise et donc on veut garder
un équilibre entre la provenance de nos différents étudiants. Donc, on est à
peu près à 30 % puis on n'a pas du tout l'intention d'en recruter plus. Le
recrutement se passe relativement bien. Je vous dirais qu'il y a forcément eu
un impact de la pandémie, les effets de la pandémie durant la pandémie,
forcément, ont été un petit peu complexes à gérer. On a eu des hausses du
nombre de demandes, comme toutes les universités ont eu un nombre assez
fulgurant du nombre de demandes. On n'a pas augmenté forcément notre nombre
d'acceptations. Comme je le vous le disais, on se limite à 30 % de notre
effectif.
On a... après la pandémie, je trouve qu'on
a des petites difficultés à s'adapter. Je pense qu'il y a certains facteurs
géopolitiques qui jouent aussi, qui font que l'attractivité des études en
Amérique du Nord, au Canada et au Québec en particulier, bien, varie de temps à
autre, dépendamment des pays. Au total, je pense qu'on s'en sort bien. Je pense
qu'on a quand même aussi, en même temps, un recrutement des étudiants québécois
qui est en train d'augmenter. Donc, on a une proportion de plus en plus grande
d'étudiants québécois aussi dans notre université.
Mme Fréchette : ...que vous
avez eu de très bons chiffres, que vous êtes parvenu à atteindre vos objectifs,
ces dernières années, en matière de recrutement d'étudiants étrangers, même si
les critères d'accès au PEQ ont été resserrés au cours des dernières années.
Donc, est-ce que j'ai raison de penser que l'accès plus resserré au PEQ n'a pas
vraiment joué du côté négatif pour votre capacité à recruter des étudiants
internationaux?
M. Labeau (Fabrice) : Ça a
beaucoup changé la dynamique, parce que, forcément, les restrictions qui ont
été rajoutées au niveau du PEQ ont rajouté des contraintes aux étudiants qui
avaient leur projet justement de venir à McGill et d'ensuite pouvoir
potentiellement s'installer au Québec. On a eu beaucoup plus de demandes, en particulier
pour tous nos programmes de formation, nos programmes d'intégration, de
programmes de français. Il y a eu beaucoup plus d'intérêt par rapport à ces
programmes-là, donc, ce qui est quand même une très bonne nouvelle, de notre
point de vue, aussi. La plupart de nos étudiants internationaux qui ont un
projet de vie de rester au Québec, et forcément ce ne sont pas tous les
étudiants internationaux qui ont ce projet de vie de rester au Québec, se sont
quand même mobilisés pour pouvoir arriver à un niveau de français qui était
suffisant pour pouvoir bénéficier du programme.
Je pense qu'on a des difficultés par
rapport au temps d'expérience qui était requis. Donc, les assouplissements par
rapport à ça, je pense qu'ils sont extrêmement bienvenus puis je pense que
toutes les universités vous le diront, c'est des assouplissements qui sont très
bienvenus et qui nous facilitent quand même la tâche dans notre travail de
rétention, d'intégration de nos étudiants internationaux.
Mme Fréchette : Dans le cadre
de votre présentation, vous avez fait référence aux talents internationaux, là,
cette fois, à titre de membres du personnel ou des collaborateurs. J'aimerais
rappeler que dans le cadre de la réforme du Programme de sélection des
travailleurs qualifiés, on a le volet 4 qui est présent, qui concerne les
talents d'exception. Donc, de quelle manière est-ce que vous voyez comme
possibilités, là, l'utilisation de ce volet 4 pour vos professeurs, dont vous
nous dites qu'ils sont des professeurs...
Mme Fréchette : ...on a
renommé. Je pense que ça peut être une voie de passage pour une partie des gens
que vous aviez en tête quand vous nous parlez d'aller recruter et de continuer
à travailler avec des chercheurs de calibre international.
M. Labeau (Fabrice) : Bien,
écoutez, la façon, dont ça marche pour la plupart de nos professeurs, c'est
qu'on les recrute dans des profils d'immigration temporaire, et puis ils
partent vers la résidence permanente après ça. Les programmes qu'on utilise
sont tous ceux qui sont à notre disposition, dépendamment des circonstances des
individus. Puis je pense qu'on essaie de travailler fort avec les talents qu'on
recrute, comme vous dites, c'est des gens qu'on va recruter à l'international
parce qu'ils ont des qualités exceptionnelles, parce que ce n'est pas forcément
des gens qu'on va retrouver sur un marché local. Et donc, dépendamment des
années, on recrute entre 60 et 90 professeurs chaque année. Environ deux tiers
proviennent de l'international en général, donc ça fait quand même pas mal de
volume. Et dépendamment des individus, on va essayer d'utiliser tous les
programmes qui sont à notre disposition.
Moi... Ce qu'on a constaté, puis les
exemples anecdotiques que je vous donnais, c'est que, dans l'état actuel des choses,
au fur et à mesure de l'application des différents programmes qu'on a vus dans
les 5 à 10 dernières années, il y a eu de plus en plus de complications par
rapport à l'attraction de ces talents. Et je pense que le message principal
qu'on a, de notre point de vue, c'est une question de : Est-ce qu'on
demande la connaissance du français préalablement ou est-ce qu'on travaille
fort avec nos gens pour qu'ils apprennent le français, et qu'on travaille fort
pour les intégrer au fur et à mesure qu'ils sont là? Parce que nous, de notre
point de vue, c'est, dès qu'on demande, au préalable, une connaissance du
français, ça nous rend leur recrutement plus difficile, en particulier, quand
on commence à avoir des demandes, en termes de maîtrise du français pour les
conjoints, conjointes, par exemple.
Donc, c'est plus dans ce sens-là qu'on
voulait faire notre message ici, à la commission, par rapport à toutes les
réformes possibles, quel que soit le programme. Effectivement, comme je vous le
dis, on utilise les programmes qui sont les plus adéquats pour chacun des
individus qu'on recrute. On voudrait s'assurer qu'il y a suffisamment de
souplesse pour qu'on puisse, justement, faire cet effort ensemble de recruter
les talents puis les garder au travers de programmes d'intégration.
Mme Fréchette : Et
j'aimerais, d'ailleurs, souligner que, parmi les anecdotes que vous avez
mentionnées, il y en avait certaines qui étaient liées à des permis de travail
ou à des visas. Alors, j'aimerais simplement rappeler que les permis de travail
et les visas sont délivrés par le gouvernement canadien. Donc, c'est à ce
niveau-là davantage que ça se trouve, s'il y a un enjeu de ce côté, parce que,
comme vous savez, c'est une compétence partagée entre Québec et Ottawa, donc...
M. Labeau (Fabrice) : C'est
clair que, dans notre perspective, on gère, comme tout le monde, le fait
qu'effectivement c'est une compétence partagée. Ce qu'on voit, parfois, aussi,
c'est qu'on a des individus qui se retrouvent à partir en Ontario, parce que, finalement,
le processus est plus simple pour eux que par le Québec, vu qu'on a un
processus à deux étapes de cette compétence partagée. Je pense que ce que je
dirais, de ce point de vue là, c'est que... et je pense que toutes les
institutions qui emploient du personnel, en le recrutant à l'étranger, vous
diront que tout ce qui peut simplifier la coordination entre les deux paliers,
ça nous aide. Tout ce qui peut s'assurer de la cohérence entre les programmes
des deux côtés, ça nous aide aussi dans beaucoup de domaines, par exemple, au
niveau des étudiants internationaux, par exemple, au niveau du recrutement.
• (17 heures) •
On a parlé beaucoup des raisons pour
lesquelles les permis... les permis d'études se font refuser à Ottawa, qui est
le fait qu'Ottawa trouve que nous n'avons pas... nous avons de la difficulté à
démontrer, au travers des étudiants, qu'ils ne vont pas rester au Canada après
leurs études, alors que, de l'autre côté, on parle beaucoup de rétention puis
on essaie de les garder au Québec. Je pense que cette cohérence entre les
différents stades des processus d'immigration temporaire, qui peuvent mener à
de l'immigration permanente, je pense qu'il faut qu'on ait un travail
là-dessus, et tout ce qui peut être fait dans la coordination et la cohérence
entre les deux paliers, ça nous aide énormément à chaque fois.
Mme Fréchette : Parfait.
Bien, nous, on mettra l'accent, comme vous le savez, sur la rétention et la
rétention avec intégration dans la société en français. Donc, on a mis
plusieurs outils, dont Francisation Québec, et d'ailleurs je vous invite à
faire... à diffuser cette information que c'est accessible à la fois pour les
étudiants étrangers qui ne maîtrisent pas le français et votre personnel
également.
En conclusion, parce qu'il nous reste peu
de temps, vous mentionnez, à la page cinq de votre mémoire, qu'il n'existe
aucune donnée fiable sur le taux de rétention des étudiants étrangers après
l'obtention de leur diplôme, et vous...
17 h (version non révisée)
Mme Fréchette : ...le
gouvernement s'associe avec le milieu universitaire afin de mettre en place des
moyens pour mesurer ce taux. Alors, j'aimerais que vous nous parliez, en fait,
de votre perspective quant à ce qui pourrait être développé en partenariat pour
avoir un meilleur suivi des étudiants étrangers?
M. Labeau (Fabrice) : Oui,
tout à fait. Bien, écoutez, c'est une discussion qu'on a eue aussi avec le
ministère de l'Enseignement supérieur en parlant de rétention, justement, des
étudiants étrangers. On a fait... On a essayé, à l'intérieur de l'université
aussi, de faire notre propre petite machine à trouver des données en essayant
de regrouper des données sur ce qu'on connaît de nos étudiants, ce qu'on
connaît de nos anciens qui restent en contact avec l'université pour essayer d'avoir
une idée de la rétention. Et c'est comme ça qu'on arrive tous à peu près, dans
les universités, avec un chiffre qui est de l'ordre de 20 % à 30 %
sans avoir beaucoup plus de certitudes parce qu'on a des petits échantillons,
on a des données qui ne sont pas très fiables.
Et donc la conversation qu'on a avec le
ministère de l'Enseignement supérieur, c'est d'essayer de voir si on peut
mettre en place une vraie étude qui tiendrait compte des données qui sont
disponibles à différents niveaux du gouvernement dans différentes bases de
données, que ce soit les bases de données de revenus, que ce soit les bases de données,
justement, du ministère de l'Enseignement pour essayer de pouvoir croiser des
données entre les différents niveaux, pour qu'on ait des données fiables qui
puissent nous permettre de savoir, finalement, après un an... après six mois,
un an, cinq ans qui est toujours au Québec dans nos diplômés.
Mme Fréchette : Excellent.
Bien, je profite au passage pour souligner qu'on a annoncé un financement, une
subvention à hauteur de 5 millions de dollars pour une organisation
chapeautée par le scientifique en chef, Rémi Quirion, sur les parcours
migratoires. Alors, il pourrait être intéressant, si vous souhaitez aller de l'avant
avec une proposition comme celle que vous avancez, de peut-être soumettre cette
idée au fonds.... on essaie de chercher l'acronyme, un des fonds que gère M. Quirion.
Donc, on pourra vous retrouver l'acronyme exact de ce fonds de recherche. Bien,
merci beaucoup, M. le vice-principal.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la ministre, pour cet échange. Pr
Labeau, je me tourne maintenant du côté de l'opposition officielle pour une
période de 12 min 23 s, et c'est le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, merci pour votre présence. C'est très, très intéressant de
voir vos efforts par rapport à la francisation, mais aussi Projet expérience,
Projet Québec. Je vous invite à faire beaucoup, beaucoup de publicité par
rapport à ce genre de projet. Très heureux de voir une université de renommée
internationale... Mme la ministre l'a mentionné tout à l'heure, je pense que
nous devons tous être fiers de voir une université de ce calibre chez nous, au
Québec, et surtout avec vos efforts en collaboration avec l'Office québécois de
la langue française. C'est très louable.
Je vais commencer par l'étude... si ma
mémoire, elle est bonne, et je ne sais pas si c'est l'équipe de Mme la ministre
peut aussi vérifier, mais j'ai l'impression que Montréal International avait
déjà fait quelque chose dans ce sens sur la rétention des étudiants étrangers.
Une voix : Il y a quelques
années.
M. Derraji : Oui, il y a
quelques années. Pas récemment. Vous avez raison.
Une voix : ...
M. Derraji : Oui, vous avez
raison, mais ce serait très intéressant. Moi, je vous salue si jamais vous
reteniez la proposition de Mme la ministre, surtout si les fonds existent. Ça
va nous outiller, je dirais même avec une bonne méthodologie, inclure la
régionalisation. Il y a plusieurs universités aujourd'hui qui ont évoqué ce
plan, le TS. J'ai entendu même... bien, Polytechnique aussi. Mais ce serait
génial que McGill aussi puisse contribuer avec votre savoir-faire. Désolé pour
cette introduction longue, mais je trouvais quand même très, très, très
valorisant de votre part venir aujourd'hui et nous dire un peu vos efforts
aussi à l'intérieur de l'université.
J'aimerais bien vous entendre sur les deux
projets, Projet Expérience et le Projet Québec. Vous avez l'occasion de nous
partager un peu ce que vous faites à l'intérieur... ce beau parcours à l'intérieur
de McGill.
M. Labeau (Fabrice) : Bien,
écoutez, il y a plusieurs projets différents qu'on fait. Il y a un projet qui
est un projet, je pense, qui est relativement nouveau. C'est le projet qu'on
fait avec l'Université du Québec à Chicoutimi, qui est un programme d'immersion
pendant l'été où on envoie nos étudiants internationaux qui ont envie, justement,
de s'immiscer dans la vie des Québécois, de s'immerser dans...
M. Labeau (Fabrice) : ...s'immerger
dans la vie des Québécois aussi. On les envoie dans une famille d'accueil
pendant quatre semaines. La journée... Donc, ils vivent en français pendant
toute la durée de leur séjour. Ils ont des cours de français, ils ont des
visites d'entreprises, en français, dans la région. Et donc non seulement c'est
un programme qui nous permet de sensibiliser nos étudiants internationaux à la
langue française, mais aussi à la culture québécoise, et, en plus, ça se passe
en région. Puis ça, je pense que ça atteint plusieurs objectifs qui sont
vraiment importants, et puis c'est des objectifs qu'on entend répéter souvent
en ce moment, et qui sont clairement énoncés.
Aussi, dans les notes du ministère par
rapport à cette consultation, c'est la question de : Est-ce qu'on peut
essayer de retenir nos talents? Est-ce qu'on peut s'assurer que nos talents
parlent français? Est-ce qu'on peut s'assurer aussi que nos talents sont
sensibilisés aux régions? Et je pense que c'est tout ça qu'on essaie de faire
au travers de ce programme-là.
On a un programme d'expérience
francophone, qui est un programme local où, par exemple, on prend nos étudiants
puis on fait des visites culturelles à Montréal, toutes en français, pour leur
expliquer un petit peu c'est quoi, la culture québécoise, c'est quoi, la
culture de Montréal. C'est des visites culturelles, c'est des visites qui se
font avec des pairs, qui leur parlent juste français. On a aussi un système de
jumelage de langages, donc ça permet des échanges virtuels de langues, et tout
ce genre d'activités là.
Tout ça se passe dans le cadre, je dirais,
d'un ensemble d'initiatives qu'on a créées au niveau de notre Comité de la
promotion et de valorisation de la langue française, à McGill. C'est un comité
qui a été très, très actif dans les dernières années, qui a, d'ailleurs, été
finaliste au Prix du mérite français de l'OQLF il y a quelques années, donc
c'est vraiment un travail qui a été, aussi, reconnu. Et, comme je le disais
plus tôt, on est vraiment au travail, en ce moment, pour fortifier tous ces
programmes, s'assurer que ces programmes ont plus de financement, plus
d'intérêt, puis plus d'options aussi pour nos différents étudiants.
M. Derraji : ...parce que
c'est quand même important d'entendre ça, et que l'ensemble des membres
puissent l'entendre, mais aussi que ça reste un peu dans les archives de
l'Assemblée nationale, surtout dans un passage dans une commission importante.
On parle d'immigration, mais, vous savez, on parle aussi d'une université
anglophone. Pas besoin de vous dire et de vous faire la genèse de tout ce qu'on
peut dire et de ce qui se dit sur une université comme la vôtre.
Je vais vous ramener à la page 3... non,
la page 2, oui, la page 2. Avec ce que vous venez de me dire, Projet
Expérience, Projet Québec, vous dites que : «Toutefois, nous exprimons
notre préoccupation quant à ses probables conséquences involontaires ainsi qu'à
notre capacité à attirer et à retenir les meilleurs talents au Québec, tout en
encourageant leur francisation et leur intégration à la plus grande société
francophone d'Amérique.» Est-ce que vous pensez que les nouvelles mesures,
surtout par rapport au PEQ, handicapent votre université?
• (17 h 10) •
M. Labeau (Fabrice) : Bien,
je pense que les nouvelles mesures qui sont proposées pour le PEQ, en
particulier, l'idée que le PEQ ne serait pas accessible aux étudiants qui
viennent d'universités anglophones, à moins d'avoir un passé d'enseignement en
français, bien, ça nous handicape dans ces efforts-là, ces efforts, justement,
qui sont destinés à intégrer et franciser nos étudiants internationaux. Et,
comme je le dis, c'est des efforts qu'on déployait déjà maintenant, mais qu'on
veut encore déployer de manière encore plus ample dans les années qui viennent.
C'est clair que, si on ne peut pas montrer
cette espèce de lumière au bout du tunnel, pour nos étudiants, qui est le PEQ,
qui est le passage rapide, la voie rapide qui est accessible aux étudiants des
universités francophones, ça va être d'autant plus difficile de les convaincre
qu'on est là, on est tous là comme société, comme nation, pour les aider à
s'intégrer à la nation québécoise. Et donc leur fermer la porte du PEQ, par
défaut, je pense que c'est ça qui va vraiment nous nuire dans ces efforts qu'on
est en train de faire.
C'est clair que, d'un point de vue plus
global, il sera important pour nous — et je dis «pour nous» en tant
qu'Université McGill, mais, je pense, pour tout le réseau universitaire
québécois — de réfléchir, justement, à nos objectifs de rétention,
combien des étudiants internationaux qu'on veut retenir au Québec. Parce que
c'est clair que les étudiants internationaux qui restent au Québec et qui
s'intègrent dans notre société, bien, répondent à des besoins de main-d'oeuvre
qui sont criants, en ce moment, au Québec. Ça nous apporte une richesse, dans
notre société québécoise, qu'il est difficile d'ignorer. Mais je pense qu'il
faut aussi penser...
M. Labeau (Fabrice) : ...se
rendre compte que les étudiants internationaux qui viennent dans une université
puis qui repartent après, ce n'est pas une perte en soi. Il y a une valeur à
leur séjour dans nos universités et, en particulier... et je pense que ça, tous
mes collègues du réseau universitaire québécois se feraient l'écho de ceci, on
a besoin de l'apport de nos étudiants internationaux dans les deuxième et
troisième cycles, dans les cycles supérieurs, pour maintenir l'écosystème de
recherche québécois. L'écosystème de recherche des universités québécoises est
un écosystème extrêmement performant. On a une présence et une force de frappe
énorme, au Québec, au niveau de notre écosystème de recherche, mais il est
clair que nous n'avons pas assez de gens au Québec pour remplir les bancs de
nos classes de deuxième et troisième cycle. Et c'est ces gens-là qui sont les
rouages de notre écosystème de recherche. Sans ces étudiants internationaux, on
n'aurait pas la visibilité qu'on a en recherche, on n'aurait pas des entreprises
internationales qui viennent s'installer au Québec à cause justement de
l'écosystème de recherche du Québec, de la recherche de pointe qu'on fait, du
fait qu'ils savent qu'il va y avoir ce transfert de connaissances entre les
universités et les entreprises. Donc, les...
M. Derraji : C'est un point
important. Je vous ai laissé parce que c'est tellement pertinent, ce que vous
étiez en train de dire. Et je vous l'accorde, parce qu'il faut juste regarder
un peu, la plupart des laboratoires de recherche, peu importe l'université,
envoient des équipes de recherche de renommée internationale dans plusieurs
domaines, et on peut constater l'apport de ceux et celles qui décident de venir
au Québec, parce que la science, elle est là, la recherche, elle est là. Nos
chaires de recherche font un travail exceptionnel de recrutement.
Donc, j'entends entre les lignes une
certaine doléance parce qu'au bout du compte l'Université McGill risque de
sortir perdante de cet exercice de planification.
M. Labeau (Fabrice) : Moi, je
pense que je vais peut-être présenter ça d'une autre façon. Moi, je pense que
c'est nos étudiants qui risquent de sortir perdants de cet exercice. Je reviens
à l'exemple que je donnais dans mon discours d'ouverture de cet été :
étudiant chinois qui m'a contacté, qui travaille fort pour apprendre le
français puis s'intégrer, puis qui a un projet de vie québécois, qui s'est
dit : Moi, je vais aller à McGill, puis qui a été attiré au Québec par la
réputation internationale de McGill, je vais aller à McGill, dans une des
meilleures universités du monde, et je vais m'installer au Québec, et je vais
faire tous les efforts que je peux. Puis ce qu'on vient de dire à cet
étudiant-là, c'est qu'il n'aura pas accès à la voie rapide, entre guillemets, du
PEQ. Donc, je pense que c'est nos étudiants qui vont finalement en souffrir.
Et puis, si nos étudiants en souffrent, ça
veut dire aussi qu'ils vont avoir moins tendance à rester, et le Québec
lui-même va en souffrir en termes de rétention de ces talents.
M. Derraji : Désolé, je pense
que je me suis mal exprimé. Vous avez raison, c'est les étudiants. Je parle au
grand-père des étudiants, vous êtes là aujourd'hui en train de nous parler de
vos étudiants, et je le vois toujours, les recteurs, les vice-recteurs, vous
occupez quand même un poste important à la tête, premier vice-principal
exécutif adjoint, c'est quand même un poste important, et je vois le caractère
possessif depuis le début. Vous étiez en train de nous parler de cette
étudiante, et je me suis demandé comment, nous, en tant que société québécoise,
on peut garder ces jeunes. Quand même, c'est un rêve. Quelqu'un qui choisit
d'épouser un autre pays, de se déraciner, de venir ici, vivre dans un hiver qui
n'est pas clément du tout, pensez-vous qu'adoucir un peu les règles avec de
l'accompagnement, surtout au niveau de la francisation, c'est quelque chose
qu'on doit envisager?
M. Labeau (Fabrice) : Bien,
je pense que oui. Et puis, si on peut assouplir les règles, nous, on peut
travailler fort sur la francisation. Mais si les règles ne sont pas assouplies,
je pense qu'on ne va pas réussir à avoir le... à atteindre notre objectif
commun dans ce cas-là.
M. Derraji : Oui. Et vous
l'avez mentionné dans votre rapport, même si ces gens parlent français, ils ne
peuvent pas appliquer. Ils ne peuvent pas bénéficier parce que vous êtes un
établissement anglophone.
M. Labeau (Fabrice) : Oui. Et
je vais reconnaître aussi que, comme la ministre le soulignait plus tôt, il y a
des moyens, mais les moyens, ce n'est pas la voie rapide. On est en train de
définir une voie rapide à l'immigration, qui est le PEQ, et ça a toujours été
un très bon outil de voie rapide à l'immigration pour le genre de talents qu'on
veut. On veut recruter des jeunes, on veut recruter des jeunes pour le marché
du travail, et cette voie rapide, on va l'offrir à certains étudiants et pas à
d'autres. Et je pense que c'est le fait qu'il y a deux vitesses à ce système...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup, Pr Labeau.
M. Derraji : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, ce n'est pas terminé, il reste encore une
intervention. Donc, je me tourne du côté de la deuxième opposition, avec une
période de 4min 8 s, et le député de Saint-Henri...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...Sainte-Anne, la parole est à vous.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Je vais continuer dans le même sujet. Votre mémoire, vous parlez que
McGill offre des cours de français à tous ses étudiants, vous l'avez dit, je me
demandais est-ce qu'on sait dans quelles proportions les étudiants internationaux
s'y inscrivent à ces cours-là.
M. Labeau (Fabrice) : C'est
assez variable, et je dois dire qu'il y a différents types de cours aussi, je
dois bien vous le dire, on a à peu près 2 500 étudiants dans des cours de
français dans une année donnée. Mais, ces cours-là, comme je vous le disais, on
a des cours de français crédités, donc qui font partie du programme, on a des
cours de français non crédités, qui sont ouverts, bien ouverts au grand public,
on a des programmes spécifiques, par exemple on a des cours de français de
communication professionnelle en français qui sont gratuitement offerts à nos
étudiants en doctorat. Donc, il y a toutes sortes de différentes versions de
ceci qui...
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Vous avez parlé... c'est parce que je n'ai pas beaucoup de temps, vous avez
parlé de certains cours sont crédités, est-ce que vous avez une ouverture au
fait que la francisation fasse partie du cursus de tous, donc que tous nos
étudiants étrangers temporaires entament leur francisation pendant leurs
études? Est-ce que vous avez une position là-dessus?
M. Labeau (Fabrice) : Ce sont
des discussions qu'on a en cours en ce moment même au niveau de l'université,
de savoir à quel point... bien, premièrement, on peut offrir... Il y a deux façons
de voir ça. La première question c'est : Est-ce qu'on peut offrir l'option
au moins à tous nos étudiants, dans le cadre des crédits de leur programme,
d'avoir une option en français? Et la deuxième question, c'est : Est-ce
qu'on peut demander à chacun de nos étudiants d'avoir une option en français
dans leur... Ce n'est pas... Il n'y a pas de réponse simple. En particulier, on
a plusieurs programmes qui sont extrêmement, extrêmement difficiles à changer,
on a des programmes qui ont des désagréments internationaux, des agréments
nationaux ou québécois. Et, dès qu'on touche à un programme, si on veut
rajouter des cours de langue, ça... il y a... ne marche pas.
M. Cliche-Rivard : Je
comprends. Parce que ça fait partie de l'enjeu, là, le rôle d'anglicisation ou
le fait anglais à Montréal, de certains étudiants internationaux qui ne se
mêlent pas au français ou qui ne touchent pas au français pendant leur cursus
complet. Moi, j'ai l'impression que, si vous optiez ou si vous avanciez dans
cette proposition-là, on aurait brisé cet argument-là, en ce sens où, plutôt,
vous serez un vecteur de francisation envers les étudiants étrangers qui seront
tous capables, dans la sphère publique, commune ou à moyenne de mesure, de
s'exprimer en français dans la vie de tous les jours. Je pense qu'on y
gagnerait.
Vous avez été très clair sur votre
position sur la réforme du PEQ. Par contre, cette fois-ci aussi, dans cette
réforme-là projetée, il n'y a pas de mesures transitoires. La dernière fois, il
y avait eu des mesures transitoires pour les gens qui allaient obtenir un
diplôme d'ici une date x. Donc, à tout événement, là, si jamais les conditions
telles qu'écrites devaient être maintenues, est-ce que vous demanderiez au
moins que les gens qui sont présentement aux études ou, du moins, présentement
en voie de compléter leurs études soient protégés par une clause transitoire?
M. Labeau (Fabrice) : De
toute façon, oui, si c'est la meilleure chose qu'on peut obtenir, sans aucun
doute, on serait... on voudrait une clause transitoire autant que possible,
mais je vais peut-être revenir à ça de manière plus précise. Au fur et à mesure
que nous, nous développons de plus en plus de programmes d'intégration pour nos
étudiants, je pense que, même si le projet passait comme tel qu'il y est puis
on avait des mesures transitoires, on voudrait revenir en discuter dans pas
très longtemps parce que je pense qu'il va falloir qu'on ouvre cette voie
rapide à nos étudiants et, en particulier, ceux qui... On a cette espèce d'idée
qu'on a 20 % de rétention. Ce 20 %-là, on veut s'assurer qu'il reste
et on veut s'assurer qu'on leur ouvre la voie rapide. Et, si on veut garder
30 % au lieu de 20, on a 10 % en plus à qui on veut ouvrir la voie
rapide. Donc, je pense que ça va être important qu'on ait des discussions plus
avancées sur à quel moment on peut ouvrir la voie rapide pour ces gens-là. Ça
va être crucial pour nos efforts.
• (17 h 20) •
M. Cliche-Rivard : Bien, il
me reste quelques secondes seulement, donc j'en profite pour vous remercier
pour votre présentation aujourd'hui et au plaisir. Merci beaucoup.
M. Labeau (Fabrice) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Professeur Labeau, merci beaucoup encore une fois pour
cette présentation. Merci d'avoir pris part à nos travaux. Il me reste à vous
souhaiter une bonne fin de journée.
Et, pour les membres de la commission, je
suspends les travaux quelques instants, le temps de recevoir le prochain
groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 21)
(Reprise à 17 h 25)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend officiellement ses travaux.
Alors, nous en sommes rendus à l'audition
du groupe Union étudiante du Québec. Bienvenue à la Commission des relations
avec les citoyens. Donc, vous allez bénéficier d'une période de 10 minutes,
d'abord pour vous présenter, ensuite, pour présenter l'essentiel de votre
mémoire, le résumé, à tout le moins. Ensuite, nous allons procéder avec
l'échange avec les parlementaires. Alors, voilà, le temps commence maintenant.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Parfait.
Donc, bonjour, tout le monde. Mme la Présidente, les membres de la commission.
Ça nous fait très plaisir d'être ici aujourd'hui. Je m'appelle Catherine
Bibeau-Lorrain. Je suis présidente de l'Union étudiante du Québec. Je suis
accompagnée d'Étienne Paré, qui est coordonnateur aux affaires sociopolitiques
à l'UEQ. Donc, nous regroupons plus de 90 000 personnes étudiantes
universitaires à travers tout le Québec. Notre mission est de défendre les
droits et intérêts de la communauté universitaire et, entre autres, aux
différentes instances gouvernementales.
Donc, notre objectif dans le cadre de
cette consultation, aujourd'hui, est de mettre de l'avant certaines demandes
pour être sûrs que la nouvelle réforme du Programme de l'expérience québécoise
n'ait pas les mêmes effets néfastes que la dernière réforme datant de 2020 sur
la communauté étudiante internationale. Lors de la présente consultation, l'UEQ
mettre de l'avant, d'une part, l'importance de ne pas inclure les personnes
étudiantes issues du PEQ dans les cibles que le gouvernement québécois souhaite
se fixer en lien avec l'immigration, et, d'autre part, nous allons nous pencher
sur les différents critères linguistiques envisagés dans la nouvelle réforme.
Tout d'abord, c'est important de
mentionner que les réformes du PEQ effectuées en 2020 par le ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Simon Jolin-Barrette,
ont clairement dénaturé l'objectif du programme d'attraction et de rétention de
la communauté étudiante internationale. Ces réformes ont eu des impacts
catastrophiques en...
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : ...en
ajoutant des impacts... bien, des obstacles importants au dépôt de la demande
du PEQ, et donc, au final, à l'obtention du certificat de sélection québécoise
pour ces personnes étudiantes. En effet, même avec un nombre croissant de
personnes étudiantes internationales dans nos établissements d'enseignement
supérieur, il y a une chute drastique de demandes dans le cadre du PEQ pour le
volet diplômé qui a été entraîné par les réformes de 2020. En effet, en 2020,
le gouvernement québécois a reçu 5 465 demandes contre seulement
2 268 en 2022, ce qui représente une baisse d'environ 60 %, ce qui
est plus qu'alarmant dans le contexte de pénurie de main-d'œuvre touchant le
Québec actuellement.
Dans ce contexte, l'UEC estime qu'il faut
travailler à favoriser l'accessibilité au PEQ pour les personnes étudiantes
internationales qui représentent un bassin de main-d'œuvre inestimable, surtout
dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre actuelle, comme mentionné plus tôt.
Il faut aussi noter que ce sont des personnes qui ont des cercles et des
réseaux déjà bien établis au Québec. Ce sont des personnes qui ont choisi de
venir étudier au Québec pour s'établir par la suite afin de mettre l'épaule à
la roue et de travailler pour notre société québécoise. Selon nous, il doit y
avoir une priorisation du scénario 1 émis dans
l'orientation 12, cahier de consultation publié par le ministère de
l'Immigration, de la Francisation et de l'intégration. L'UEC, on préconise ce
scénario puisqu'une admission en continu des personnes étudiantes au PEQ pour
le volet diplômé signifie que les personnes déposant une demande dans le cadre
de ce programme ne seront pas prises en compte dans la cible de
60 000 personnes immigrantes. Autrement, il y a un risque élevé que
des personnes étudiantes, répondant pourtant aux critères posés par le
gouvernement québécois, se voient refuser l'accès de la résidence permanente du
fait d'une cible trop restreinte, ce qui n'est pas souhaitable. Je cède
maintenant la parole à Étienne pour la suite.
M. Paré (Etienne) : Merci,
Catherine. Bonjour à tous et à toutes. Bien content d'être avec vous
aujourd'hui. Moi, je souhaite continuer en parlant notamment des critères de
sélection du Programme de l'expérience québécoise, puis en émettant, là,
quelques problématiques à l'égard de ces critères-là.
La réforme de 2020 introduit une
contrainte de 12 mois de travail suite à la diplomation, des contraintes
linguistiques, alors qu'on souhaite saluer le retrait de la contrainte de
12 mois de travail, là, qui était une demande de l'Union étudiante du
Québec depuis 2020. On a quand même... On souhaite quand même mettre en
lumière, là, quelques enjeux concernant les contraintes linguistiques qui
demeurent.
La réforme présentement proposée demande à
une personne appliquant au volet diplômé du PEQ d'avoir soit un diplôme
québécois francophone ou d'avoir fait trois ans d'études secondaires ou
postsecondaires en français. Dans les deux cas, il est requis de faire la
démonstration d'un niveau de connaissance du français écrit d'au moins 5 sur
l'échelle québécoise des niveaux de compétence en français pour les personnes
immigrantes adultes. À l'Union étudiante du Québec, on est d'avis qu'une
personne ayant étudié dans un établissement francophone en français ne devrait
pas fournir de preuve supplémentaire de ses compétences en français écrit. En
effet, il nous apparaît inutile de demander à une personne diplômée d'aller
passer un test de français écrit dans un centre de francisation. Ce test
engendre des coûts qui sont évitables pour la personne diplômée, tout en
contribuant à engorger les centres de francisation qui ont définitivement mieux
à faire que de réévaluer le français de diplômés universitaires.
De plus, selon nos partenaires de Le
Québec, c'est nous aussi, il n'existe aucune donnée permettant de déterminer
qu'une personne ayant diplômé en français au Québec aurait un Français écrit
d'une qualité inférieure au niveau 5 de l'échelle mentionnée plus tôt.
C'est pour ça qu'on recommande de retirer cette exigence de la présente
réforme. De plus, le présent règlement ne tient pas vraiment compte de la
réalité de nombreuses personnes étudiantes au cycle supérieur. Il existe de
plus en plus de programmes et d'universités qui offrent des programmes avec des
cours en anglais ou des cheminements bilingues, comme HEC Montréal, par
exemple, afin d'attirer davantage d'étudiants internationaux au Québec. Le
bilinguisme est souvent présenté à ces personnes étudiantes comme une
plus-value dans leur cheminement scolaire, alors que ces cours peuvent
présentement les exclure de la voie rapide pour obtenir le certificat de
sélection du Québec.
• (17 h 30) •
À cette réalité s'ajoute celle de tous les
étudiants qui réduisent une partie de leur mémoire ou de leur thèse en anglais.
Comme vous le savez probablement tous, l'anglais demeure la langue qui
prédomine l'univers scientifique. Ce n'est donc pas rare d'avoir des
professeurs qui sont de bonne foi offrir à leurs étudiants à la maîtrise, au
doctorat, d'écrire une partie de leur thèse ou de leur mémoire en anglais afin
d'en faciliter la publication, ainsi la reconnaissance par les pairs de partout
à travers le monde. Ces personnes étudiantes vont donc s'exclure du PEQ,
probablement sans le savoir au préalable, sur une erreur de bonne foi. C'est
d'ailleurs le cas d'une doctorante française à l'Université Laval qui s'est vu
refuser son admission au PEQ, car elle avait écrit un chapitre de sa thèse en
anglais. Ça me paraît donc comme un non-sens de se priver de personnes
étudiantes francophones et bien intégrées dans leur milieu en raison d'une
condition aussi minime. Nous croyons que la rédaction de leur thèse n'est pas
le moment opportun pour imposer des restrictions linguistiques. La publication
scientifique demeure l'un des meilleurs moyens de faire rayonner la science et
la recherche faite au Québec à l'international. Il est important de noter
également que la publication scientifique facilite l'accès au financement,
notamment celui offert par les Fonds de recherche du Québec. Ça crée donc une
iniquité dans les possibilités de financement de la recherche entre les
étudiants québécois, les étudiants internationaux qui veulent rester et les
étudiants internationaux qui ne souhaitent pas rester pour qui cette
restriction-là ne s'applique donc pas et qui peuvent pourtant tous postuler au
même programme des fonds de recherche Québec.
Du côté de la population étudiante
anglophone, je tiens à noter qu'en 2020 c'était 41 % de la population
étudiante internationale qui étudiait à McGill et Concordia. Vous comprendrez
que j'avais écrit ce texte-là avant de voir les articles de ce matin dans La
Presse, là. C'est un peu à la baisse, mais ça demeure quand même dans les mêmes
eaux. Ce sont les deux principales universités anglophones au Québec.
L'objectif du PEQ, c'est d'offrir une voie rapide à...
17 h 30 (version non révisée)
M. Paré (Etienne) : ...résidence
permanente aux immigrants qui sont déjà intégrés à la société québécoise, il
nous apparaît donc incohérent d'en exclure une aussi grande partie de la
population et du centre international d'entrée de jeu. En n'offrant aucune
possibilité pour les personnes ayant étudié en anglais de démontrer leurs
connaissances en français pour accéder au PEQ, on vient ici retirer l'un des
principaux arguments pour favoriser la francisation des personnes étudiantes
anglophones.
Dans une optique de mettre en valeur la
francisation de ces personnes étudiantes, nous recommandons de ne pas limiter l'accès
du PEQ à ceux ayant étudié en français et de mettre en place davantage de
programmes de francisation pour la population étudiante universitaire au
Québec. Je laisserais maintenant Catherine conclure.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Oui.
Donc, finalement, la suppression des exigences relatives à l'expérience de
travail pendant une période de 12 mois au moment du dépôt de la demande
est un pas vers une meilleure accessibilité du PEQ. Pour nous, ce qui est le
plus important, c'est de faciliter l'intégration des personnes étudiantes au
PEQ, et il faut continuer dans cette direction. Il est donc crucial pour la
communauté étudiante internationale dans son ensemble de revenir aux conditions
du PEQ avant les réformes de 2020, particulièrement pour une meilleure prise en
considération des personnes étudiantes anglophones prêtes à se franciser pour
rester au Québec, mais aussi des personnes francophones qui ont fait le choix d'étudier
ou de produire un document dans une autre langue que le français.
Les personnes francophones avec un diplôme
francophone sont aussi touchées par cette obligation, et les faits qu'on vous a
relatés pendant notre consultation démontrent l'importance pour le gouvernement
québécois de redonner à ce programme son essence : permettre aux personnes
étudiantes disposant d'un diplôme québécois d'obtenir rapidement leur CSQ.
Merci beaucoup pour votre écoute, et on va maintenant être prêt et prête à
répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, merci beaucoup pour la présentation du résumé de
votre mémoire, de vos recommandations. Juste avant de laisser la parole,
habituellement, dans l'enceinte du parlement, on ne nomme pas les députés ou
les ministres par leur nom, seulement par leur titre, si jamais ça revient au
cours des discussions. Alors, je me tourne maintenant du côté de la banquette
gouvernementale. Mme la ministre, vous bénéficiez d'une période de 16 min 30 s.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, un grand merci à vous deux, il me fait grand plaisir de vous
revoir et d'avoir pris connaissance de vos propositions et de vos points de vue
par rapport à cet enjeu-là, qui est devenu un enjeu de grande importance sur le
plan collectif.
J'aimerais, tout d'abord, bien, vous
informer qu'un de vos vœux est déjà exaucé, au sens où vous nous suggérez de
retirer une preuve de connaissance du français écrit, niveau 5, pour ceux
qui auront gradué d'un programme en français. Et, en fait, c'est déjà le cas.
Donc, il n'y a pas nécessité, pour quelqu'un qui a diplômé d'un programme d'études
en français, d'ajouter, comme preuve, le niveau de connaissance 5 en
français. C'est simplement en cas de doute que le ministère se réserve cette
possibilité-là. Lors de l'analyse du dossier, s'il surgit un questionnement ou
un doute, il y aura la possibilité d'aller un peu plus loin et de demander,
donc, une preuve de niveau de connaissance... du niveau du français... niveau 5.
Mais, à la base, la présentation du diplôme fera foi de cette connaissance-là.
Donc, voilà, c'est bien de le préciser, puis de communiquer cette
information-là à vos membres, qui, peut-être, certains d'entre eux, se
questionnent sur cet élément-là. Donc, je vous invite à rectifier l'information
les concernant.
Et je profite également de l'opportunité
de m'adresser à vous pour dire également que, pour le PEQ-Diplômés, en ce qui a
trait au programme d'études en anglais, bien, il y a une mesure transitoire, d'une
durée d'une année, avant que ce soit appliqué. Alors, c'est, là encore,
important, peut-être, de la faire circuler, comme information, auprès de vos
membres, pour que les gens comprennent bien la nature de notre démarche.
À partir de là, vous parlez de
francisation, dans le cadre de votre mémoire, vous soulignez, donc, l'importance
des cours de francisation. Donc, bien sûr, Francisation Québec est un outil
central à ce défi-là qu'on a, collectivement, de faire en sorte que le français
soit mieux maîtrisé et utilisé. Et je me demandais comment est-ce que vous
verriez qu'on puisse rejoindre plus facilement votre clientèle, en fait, vos
membres. De quelle manière est-ce qu'on pourrait procéder pour s'assurer que davantage
d'étudiants qui souhaitent prendre des cours de francisation soient conscients,
sachent que Francisation Québec, c'est pour eux, que c'est gratuit, qu'il y a
même des formules d'allocation financière qui existent? Donc, j'aimerais vous
entendre là-dessus.
M. Paré (Etienne) : Bien,
tout d'abord, là, j'aimerais saluer, d'entrée de jeu, là, le fait que notre
demande semble avoir déjà été répondue. Je pense que ça démontre aussi la
nécessité de bien communiquer ces informations-là auprès de la population
étudiante, surtout celle internationale, qui ne sait pas nécessairement
toujours vers qui se tourner. Nous, c'est des discussions qu'on a avec des
partenaires, des organisations qui travaillent, notamment, sur ça qui nous
avaient mentionné, qui nous avaient signalé cette inquiétude-là. Donc, je pense
que ça démontre très bien, là, la pertinence de...
M. Paré (Etienne) : ...de
faire davantage de communication pour permettre à ces étudiants-là, justement,
de bien connaître leurs droits et tout ça.
Pour ce qui est de la mesure transitoire,
on la salue également, mais nous, on ne se mentira pas que notre objectif,
c'est de permettre à tous les étudiants qui viennent étudier en anglais au
Québec et qui décident de se franciser d'avoir accès éventuellement au
Programme d'expérience québécoise. D'ailleurs, par rapport à votre question
concernant la francisation, bien, nous, c'est certain que le meilleur moyen de
rejoindre ces gens-là, c'est directement sur les campus. On pense que les
campus mériteraient d'avoir davantage de support, davantage de ressources pour
faciliter la transmission de la connaissance. Je pense que l'interlocuteur précédent
l'a démontré quand même, qu'il y avait un intérêt, qu'il y avait plusieurs
projets qui pouvaient être mis en place. Donc, pour nous, c'est certain que tu
peux avoir un moyen avec Francisation Québec, puisque collaborer avec les
campus universitaires, on pense que c'est le plus simple, notamment parce que
c'est là que les étudiants sont déjà, c'est là qu'ils passent la plupart de
leur temps. Il y a des étudiants internationaux, souvent, ils vont travailler
sur le campus même, parce que ça ne fait pas si longtemps que ça qu'ils ont le
droit de travailler à l'extérieur des campus. Et donc, pourquoi ne pas tout
garder au même endroit, là, à ce niveau-là?
Mme Fréchette : Et, avec
Francisation Québec, bien, vous savez, on a des formules à temps plein, à temps
partiel d'apprentissage du français, en présentiel, en virtuel, également même
en amont, avant même que les gens n'arrivent au Québec. Est-ce que vous trouvez
qu'il y a des formules nouvelles ou additionnelles qu'on devrait considérer
pour faciliter l'accès aux étudiants étrangers à ces mesures?
M. Paré (Etienne) : Bien,
c'est certain que de notre côté, on pense que le plus de flexibilité qui peut
être offerte possible, c'est le meilleur. Je pense que de l'intégrer aussi dans
le cursus universitaire, ça pourrait être une option qui pourrait être
intéressante. Comme les gens sont déjà sur le campus, c'est une charge de
travail qui peut des fois s'ajouter, la francisation, quand on doit travailler
pour payer nos études. Les frais de scolarité de la population étudiante
internationale sont quand même relativement très élevés. À ça s'ajoute un
parcours temps plein, des fois une vie de famille. On a beaucoup d'étudiants
internationaux qui sont aux cycles supérieurs, qui ont des enfants, qui viennent
ici avec toute leur famille, qui doivent en prendre soin. Donc, pour nous, là,
c'est d'offrir le plus de flexibilité possible, je dirais que c'est ça, le plus
important.
Mme Fréchette : Merci. Mme la
Présidente, je vais céder le droit de parole à des collègues.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, je reconnais la
députée de Vimont, et il vous reste 11 min 14 s. Le temps est à
vous.
Mme Schmaltz : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous d'être... de vous être déplacés. C'est toujours bien
apprécié de pouvoir échanger aussi en mode plus... en mode présentiel, disons.
Vous savez, on a plusieurs orientations,
je pense que vous le savez, dont l'orientation n° 9. Celle-ci favorise l'intégration
réussie, favorise un meilleur enracinement dans la société pour toutes les
personnes immigrantes. C'est sûr que cette orientation va viser davantage les
besoins qu'on a en région, les besoins de main-d'oeuvre, notamment, et, en tant
que représentants de la communauté étudiante, c'est sûr que vous allez pouvoir
nous amener un regard plus éclairé, peut-être, sur cette question, parce que
vous les côtoyez suffisamment. Qu'est-ce que vous pensez de cette orientation?
M. Paré (Etienne) : Bien, nous,
c'est certain qu'un des objectifs... puis c'est de favoriser, évidemment, la
venue de ces étudiants internationaux là en région. Je pense que, dans une
perspective de contribuer à notre société, il y a un avantage certain à ce que
ces gens puissent aller étudier dans ces programmes-là en région, notamment
parce que dans certaines universités en région, il y a des spécificités, il y a
des trucs qu'on ne retrouve pas ailleurs, que ce soit le génie des mines, par
exemple, en Abitibi, le génie marin à Rimouski. Il y a un certain avantage à ce
qu'on ait des étudiants internationaux qui aillent porter leur expertise dans
ces universités-là, que ce soit à travers la recherche ou tout simplement en
s'intégrant dans un milieu de la sorte. Donc, nous, c'est sûr qu'on va
encourager toute mesure qui va permettre, là, aux étudiants internationaux
d'aller s'intégrer davantage dans les universités de région.
• (17 h 40) •
Mme Schmaltz : Est-ce que
vous avez des suggestions, justement, pour la rétention ou encore pour la
promotion de ces... de ce que vous venez de... De quelle façon vous
envisageriez de promouvoir justement ces formations en région?
M. Paré (Etienne) : Oui.
Bien, c'est certain qu'il y a une bonne partie de la communication, de la...
J'allais dire... La publicité qui est faite, c'est fait en bonne partie par les
universités également, les administrations universitaires, de leur côté, pour
aller chercher ces étudiants-là à l'international. Je sais qu'il y a plusieurs
universités qui le font quand même beaucoup. Ceci étant dit, c'est certain que
de faciliter l'accès, que ce soit à travers des bourses, pour éviter de payer
les frais de scolarité au complet, qui pourraient être offertes à tous les
étudiants internationaux, et non pas une sélection d'étudiants, notamment pour
favoriser leur volonté d'aller ailleurs... Parce qu'on ne se mentira pas que la
ville qui est reconnue au Québec, c'est Montréal, c'est certain que c'est
beaucoup plus facile d'attirer des étudiants internationaux à Montréal. Ceci étant
dit, il y a beaucoup d'universités de région qui ont beaucoup à offrir, puis de
leur offrir davantage de visibilité...
M. Paré (Etienne) : ...d'offrir
des incitatifs, peut-être, financiers aux étudiants internationaux, ça pourrait
être un moyen, là, de les attirer dans ces programmes-là.
Mme Schmaltz : Est-ce que
vous recevez, justement, ce genre de commentaires? Ou encore est-ce qu'il y a
de la curiosité des étudiants étrangers à savoir qu'est-ce qu'il y a en dehors
de Montréal? Est-ce que... Ou c'est vous qui faites cette promotion ou eux sont
intéressés parce qu'ils en ont entendu parler, peu importe, là, de quelle
façon, maintenant, avec tout l'univers des réseaux... des médias sociaux?
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Oui,
mais c'est sûr, tu sais, nous, en plus, on représente des associations de
campus aussi qui sont en région. Ça fait que ce genre de curiosité là se fait
ressentir de nos associations puis des personnes étudiantes directement sur les
campus, c'est certain. Donc, oui.
Mme Schmaltz : Donc, si je
résume un petit peu, ça serait vraiment de mettre des incitatifs pour les
attirer. Puis on parle de bourses, notamment. Est-ce qu'il y a d'autres
suggestions, hormis l'argent, hormis la bourse, pardon, pas l'argent mais les
bourses? Est-ce qu'il y aurait quelque chose d'autre à favoriser?
M. Paré (Etienne) : Bien,
c'est certain que toute mesure d'accompagnement qui peut être faite, c'est
vraiment important, qu'on parle, notamment, au niveau du logement, aider les
étudiants internationaux à se loger en région, ça peut vraiment être important,
les accompagner aussi pour qu'ils connaissent bien leurs droits. Considérant que,
comme ils ne viennent pas d'ici, des fois, ils ne sont pas familiers avec nos
méthodes, avec nos droits, avec nos lois, et tout ça, donc leur offrir
peut-être un peu plus d'encadrement à ce niveau-là, ça pourrait être vraiment
intéressant. On parlait tantôt de francisation, bien, c'est certain qu'un
étudiant international qui ne parle pas français qui va s'installer à
Rouyn-Noranda va définitivement avoir besoin de beaucoup plus d'aide qu'un
étudiant qui vient s'installer à Montréal tout simplement parce qu'il n'a pas
le choix d'apprendre, puis, des fois, bien, c'est beaucoup plus difficile quand
qu'on est par soi-même, qu'on est seul.
C'est la même réalité pour beaucoup de ces
étudiants-là. Ils arrivent ici, ils n'ont pas de ressources, ils n'ont pas leur
famille, ils n'ont pas leurs amis nécessairement. Donc, de trouver une façon de
les accompagner davantage... Évidemment, bon, c'est sûr, ça peut être fait en
collaboration avec les administrations universitaires qui sont sur le terrain,
les associations étudiantes également. C'est eux les mieux placés, là, pour
aider ces populations-là. Ça fait que, des fois, peut-être simplement offrir
davantage de ressources à ce type d'organisation là, ça pourrait également être
une bonne stratégie de la part du gouvernement.
Mme Schmaltz : Par curiosité,
est-ce que vous avez eu vent, justement, peut-être, d'étudiants étrangers
intéressés à aller au-delà de la région de Montréal? Est-ce que vous avez des
histoires ou peut-être des échos par rapport à ça?
M. Paré (Etienne) : Bien, on
connaît plusieurs internationaux qui viennent de région. Notamment, on a
beaucoup d'étudiants internationaux qui vont étudier en région qui s'impliquent
énormément dans leur communauté. Je pense notamment à notre association étudiante,
l'Abitibi, la plupart de cette association étudiante là sont des étudiants
internationaux. Puis c'est vraiment intéressant, parce que ces gens-là, comme
ils n'ont pas nécessairement de famille, d'amis ici, bien, ils sont vraiment
intéressés à s'intégrer puis à s'impliquer dans leur communauté de toutes les
façons pas possibles, que ce soit en faisant du bénévolat, ou tout ça, tout
simplement parce qu'ils ont le temps. Ils n'ont pas à voir leur famille,
nécessairement, le vendredi, donc ils ont beaucoup de temps à offrir. Puis
c'est des personnes, vraiment, avec une richesse à apporter à leur communauté.
Puis, nous, bien, c'est certain que, quand qu'on les entend nous vendre un peu
leurs universités, puis leur réalité en région, bien, on trouve ça vraiment
inspirant, nous-mêmes étant des étudiants de Montréal, là.
Mme Schmaltz : Est-ce qu'ils
ont un intérêt à vouloir rester?
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Oui,
c'est sûr. Puis, justement, quand on parlait de ces réformes du programme de l'expérience
québécoise là, les personnes, justement, en région nous faisaient part de leur
intérêt à... de leurs inquiétudes par rapport à ces nouvelles réformes là parce
que c'est des personnes qui veulent rester, qui veulent mettre l'épaule à la
roue, comme je disais précédemment, pour notre société québécoise puis qui
veulent rester après leurs études, qui ont pris goût à rester dans leur région,
que ce soit à Montréal mais aussi dans des régions éloignées, en Abitibi, à
Sherbrooke, en Estrie, et tout. Donc, c'est certain que c'est des personnes qui
veulent s'enraciner même après. Il y a plusieurs personnes de notre association
et membres de la communauté qui nous en ont fait part.
Mme Schmaltz : ...j'imagine,
de se franciser avant tout.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Pardon?
Mme Schmaltz : Avec l'intérêt
de se franciser.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Oui,
certainement.
Mme Schmaltz : O.K. Je
vais... J'ai encore un peu de temps, hein, pas mal?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
Mme Schmaltz : Parfait. Je
vais vous ramener dans votre mémoire en page 8. D'ailleurs, vous l'avez
soulevé un petit peu tantôt, vous mentionnez certains enjeux relatifs à la
population étudiante francophone inscrite à des programmes dispensés en anglais
ou rendant un mémoire de maîtrise ou une thèse de doctorat en anglais. C'est
sûr que je comprends, c'est un enjeu plus large de ce qu'on va discuter, qui ne
concerne pas non plus uniquement les étudiants étrangers mais bien tous les
étudiants du deuxième, troisième cycle, naturellement. Mais je ne sais pas ce
que vous pensez de... justement, des étudiants du deuxième, troisième cycle qui
doivent, nécessairement, tantôt vous l'avez mentionné, remettre leur thèse
ou... en anglais. Est-ce que vous avez peut-être... Avez-vous des solutions,
peut-être, pour un peu renverser la vapeur, ou c'est vraiment, selon vous, une
chasse gardée, puis on ne touche pas à ça, il y a...
M. Paré (Etienne) : Bien,
c'est certain qu'on ne parle vraiment pas d'une majorité d'étudiants, on est
vraiment plus dans un cas par cas. La plupart des étudiants aux cycles
supérieurs, là, étudient encore en français au Québec, puis je pense que...
M. Paré (Etienne) : ...la
plupart des programmes qui sont offerts sont quand même amplement suffisants.
Nous, le problème qu'on voit davantage, c'est plutôt qu'on va présenter à ces
étudiants-là une plus-value à étudier dans les deux langues ou à étudier dans
université francophone en anglais. Puis ça, c'est peut-être moins du ressort du
gouvernement, plus du ressort de l'administration universitaire en question,
mais c'est certain que nous, on continue de valoriser... notamment pour tout ce
qui est la recherche en français, c'est important pour nous que ça se fasse en
français. On est au Québec, on reconnaît ça absolument, puis surtout qu'on est
la seule place en Amérique du Nord qui fait de la recherche en français. Ceci
étant dit, dans certains domaines de recherche, c'est vrai que ça se passe
principalement en anglais. Puis l'un n'empêche pas l'autre.
Mme Schmaltz : ...les
sciences, je pense, hein, c'est vraiment très niché, là, comme... O.K.
M. Paré (Etienne) : Oui,
absolument. Et l'un n'empêche pas l'autre. Une personne étudiante peut faire toute
sa recherche en français, faire ses cours en français, travailler avec un
professeur francophone, et tout ça, mais décider d'écrire une partie de sa
thèse en anglais pour en faciliter la publication. Après ça, souvent, c'est que
c'est une mesure qui va être proposée de bonne foi. Tu sais, c'est le
professeur qui dit : Tu vas être publié plus facilement, faisons ça. Puis
là, bien, après ça, la personne est comme : bon, bien, je n'ai plus accès
à l'expérience québécoise, tu sais, je ne le savais peut-être pas
nécessairement. Donc, peut-être, premièrement, de mieux éclaircir dès l'arrivée
des personnes étudiantes : si vous voulez demeurer, c'est important que
vous fassiez complètement en français. Mais, après ça, nous, tu sais, on est
quand même dans du cas par cas, là, ce n'est pas la majorité des étudiants qui
vont écrire leur thèse en anglais, là.
Mme Schmaltz : Je comprends.
Est-ce que le soutien est là pour ces étudiants, justement? Est-ce que vous
sentez qu'ils ont un soutien au niveau de leurs études? S'ils ont des besoins
de publication, de lecture, peu importe, là, est-ce qu'ils ont tout le soutien
nécessaire?
M. Paré (Etienne) : Bien là,
on rentre dans des enjeux beaucoup plus larges, comme vous le disiez tantôt,
mais c'est certain que, pour nous, augmenter le financement à la recherche,
c'est vraiment important, augmenter les montants des bourses, que ce soit au
niveau des fonds de recherche du Québec, au niveau des organismes
subventionnaires au fédéral.
Mme Schmaltz : ...je comprends
que... mais c'est important quand même qu'on les entende.
M. Paré (Etienne) : Oui,
bien, 100 %...
Mme Schmaltz : Donc, allez-y,
hein, sentez-vous bien à l'aise.
M. Paré (Etienne) : Mais il y
a toujours une possibilité d'en faire plus. Il y a toujours possibilité
d'améliorer le financement, que ce soit au niveau des étudiants mais également
au niveau des chaires de recherche, qui, eux, ont à employer beaucoup
d'étudiants aux cycles supérieurs. C'est certain que la précarité financière
aux cycles supérieurs, c'est un des principaux enjeux. D'augmenter les revenus
qui sont disponibles à travers les différents programmes de bourses, et autres,
c'est une priorité pour l'Union étudiante du Québec. On salue d'ailleurs, là,
l'augmentation qui a été faite par Rémi Quirion, puis M. Girard, et M.
Fitzgibbon dans le cadre du dernier budget, mais ce n'est pas encore suffisant,
il en faut plus. On parle également d'améliorer aussi les mesures au niveau
d'encadrement, c'est beaucoup une population qui est isolée, aux cycles
supérieurs, ce qui a des enjeux et des impacts directs sur la santé
psychologique de ces personnes étudiantes là.
Mme Schmaltz : Mais, vous
savez, vous êtes des formidables ambassadeurs, d'une certaine façon. Parce que je
comprends les revendications, mais, souvent, quand on travaille main dans la
main, on peut faire des grands pas ensemble. Vous comprenez où je veux en
venir, là? Dans le sens, je comprends, là, parfaitement, puis c'est correct
aussi de les exprimer, mais, si, de l'autre côté, on peut aussi compter sur
votre soutien, dans le sens... comme tantôt la ministre l'expliquait, de
pouvoir le verbaliser auprès de la communauté étudiante, ce serait déjà
formidable, dans le sens que, bien, ça permettrait, de un, de mieux comprendre.
Puis, des fois, vous savez comment c'est, hein, quand on entend toutes sortes
de ragots, puis à un moment donné, bien, ce qui était à la base devient
complètement faux. Alors, c'est important, c'est un peu pour ça que je parlais,
cet échange-là, que je trouve vraiment très intéressant. Est-ce que nous
avons...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est malheureusement terminé.
Mme Schmaltz : Mais, mon
Dieu, j'ai bien fini, je trouve.
• (17 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ça va vite, hein, ça va vite. Mais on va poursuivre nos
échanges quand même avec l'opposition officielle, pour une période de
12 minutes 23 secondes, et le député de Nelligan. Le temps commence
maintenant.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Premièrement, bienvenue, bienvenue à l'Assemblée nationale. C'est
votre... C'est la maison du peuple, comme on dit. Excellent rapport, très bien
détaillé, à l'image du professionnalisme de votre organisation. Donc, je tiens
à vous saluer. Ce n'est pas toujours facile écrire des mémoires. J'ai été, moi
aussi, un certain moment, intervenant dans des commissions. Je sais c'est quoi,
le stress d'écrire un mémoire documenté. Je sais que vous avez travaillé avec
une autre organisation, qui représente... qui s'est mobilisée beaucoup à
l'époque du PEQ, M. Camara, si ma mémoire, elle est bonne. Donc, je tiens à
vous saluer sur tout le travail que vous avez fait en amont de cette
consultation.
J'ai deux blocs de questions, premier bloc
très rapide. Je sais qu'on ne doit jamais regarder le passé, mais parfois le
passé nous donne des bons indicateurs par rapport au futur, surtout que
maintenant... J'aimerais bien aussi vous entendre sur la deuxième partie, mais
je vais commencer avec la première. Vous l'avez très bien mentionné au
début : les ratés de la réforme première. Aujourd'hui, si nous sommes là,
c'est pour corriger les ratés de la première réforme. Et je le dis vraiment
d'une manière très amicale à Mme la ministre. Heureusement qu'elle est venue
avec un nouveau temps, heureusement qu'elle est là avec une autre volonté
gouvernementale, mais moi, ce...
M. Derraji : ...qui
m'intéresse aujourd'hui. Surtout, j'ai en face de moi une... un groupe qui
s'est beaucoup mobilisé pendant la première réforme et je tiens à vous saluer.
J'étais là. J'étais là, au premier rang de ceux et celles qui disaient que
c'était une erreur grave et monumentale, la réforme du PEQ. J'aimerais vous
entendre, mais j'aimerais que les membres de la commission puissent entendre
les doléances des membres que vous représentez. Mais gardez en tête, j'aimerais
aussi vous entendre sur nos étudiants qui, eux, ils ont choisi une université
anglophone pour y étudier.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Bien,
c'est certain, comme vous l'avez mentionné, l'Union étudiante du Québec et
d'autres partenaires, là, se mobilisent depuis longtemps dans ce dossier-là. Ça
fait des années... bien, depuis la réforme de 2020, on s'était beaucoup
mobilisé par rapport à ça. La première des choses, c'est certain que ce 12 mois
d'expérience de travail qui étaient demandés, et ça, c'était une première des
choses sur laquelle on se mobilisait beaucoup puis qu'on trouvait que c'était
un non-sens de demander ça. Donc là... puis j'avais dit un peu dans
l'allocution au départ, mais c'est quelque chose qu'on salue. Puis, c'est sûr
que par rapport aux restrictions de la langue, ça inquiète beaucoup les
personnes étudiantes, comme on le disait aussi, parce que les personnes
étudiantes, que ce soit des francophones qui étudient en anglais ou des
personnes anglophones, veulent rester au Québec, sont inquiètes de savoir
qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire après leurs études. Ça effecte beaucoup
leur santé mentale, entre autres pendant les études, de vouloir... de
s'investir dans les études au Québec, mais après, ne pas le savoir s'ils vont
pouvoir rester pour s'établir dans la société québécoise. C'est quelque chose
qui affecte beaucoup leur santé mentale. Donc, c'est des choses que nos personnes
étudiantes qui viennent dans nos instances viennent nous en parler de ça, donc.
M. Derraji : Que ça coûte
cher étudier au Québec. Je ne sais pas. Je ne vais pas vous coincer, parce que,
probablement, vous n'avez pas d'idée par rapport aux frais, mais de mémoire,
c'est entre 3 à 5 fois ce qu'un étudiant québécois paie en tant que frais.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : En
effet, ça, c'est un autre aspect qui pèse beaucoup sur la santé mentale des
personnes étudiantes. Ça met un fardeau sur leurs épaules. Ce stress financier
là de devoir payer des frais de scolarité qui sont le double, triple de ce que
paye la communauté étudiante québécoise. Donc, oui, c'est un autre aspect qui
pèse lourd sur les épaules de la communauté étudiante internationale. Puis
c'est d'autres revendications que l'UEQ met de l'avant. C'est certain.
M. Derraji : Dans votre
mémoire, vous dites que vous voulez le retour du PEQ comme avant mai 2020.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : ...que
ce soit par rapport... bien là, l'exigence du 12 mois, ça, c'est bien, mais par
rapport aux exigences linguistiques et donc de revenir aux exigences avant, et
donc de permettre à la communauté étudiante, qui étudient en anglais, de
pouvoir appliquer au programme de l'expérience québécoise puis de leur
permettre une voie d'accès rapide... Pourrait... Pour la résidence permanente.
M. Derraji : Mme la ministre
vient de vous dire quelques éléments de... que, probablement, vous n'avez pas
vu avant. Est-ce que c'est assez par rapport aux étudiants? Est-ce que ça
répond à l'ensemble de vos demandes à la communauté étudiante, le PEQ, le PEQ
diplômé?
M. Paré (Etienne) : Bien,
c'est certain que nous, ce qu'on souhaite, c'est de faciliter le plus possible
le processus qui est un processus qui est quand même relativement stressant.
Là, on parlait de mesures transitoires, tantôt, c'est certain que... bon, pour
ceux qui sont étudiants présentement. C'est une bonne nouvelle, au moins parce
que ça leur donne un petit coussin, mais nous, c'est certain qu'à plus long
terme, on souhaite que toutes les personnes étudiantes qui viennent au Québec,
peu importe dans la langue dans laquelle ils viennent étudier, puissent s'y
installer ensuite, pour toutes les raisons qu'on a énumérées. Puis ce n'est pas
parce qu'on vient étudier à Concordia ou à McGill qu'on n'apprendra pas le
français, puis qu'on ne tentera pas de s'intégrer. On a vu hier passer en
commission parlementaire, là, John et Esther, qui ont démontré que c'était
possible d'apprendre le français, de s'intégrer, de même connaître la culture
québécoise, là, à un certain niveau. Puis nous, pour nous, c'est des
témoignages qui sont très frappants, qui sont très touchants puis qui
démontrent l'importance de s'assurer que ces gens-là aient accès au programme
de l'expérience québécoise.
M. Derraji : Pourquoi vous
pensez qu'encore une fois, le gouvernement risque de créer deux classes
d'étudiants? Je me rappelle à l'époque du PEQ, beaucoup d'organisations se sont
mobilisées. On le voit avec une certaine pression de quelques groupes. Est-ce
que le message envoyé aux universités anglophones et à leurs étudiants, c'est
comme... peu importe ce qu'ils vont en faire, peu importent les efforts,
l'accès rapide, ce n'est pas pour eux. Il faut utiliser d'autres accès qui sont
beaucoup plus complexes, on s'entend.
M. Paré (Etienne) : Bien, je
pense que, jusqu'à un certain point, c'est un peu ça qui se passe. Puis, tu
sais, j'ai mentionné plus tôt au niveau du financement de la recherche, là, par
rapport à si une partie de la thèse va être écrite en anglais ou non, j'irais
même à dire que c'est jusqu'à trois classes qui sont créées entre les personnes
étudiantes Québécoises, les personnes étudiantes internationales qui souhaitent
rester, puis les personnes étudiantes internationales qui n'ont pas l'intention
de rester parce que, là, ils n'ont pas tous les mêmes... ils ont toutes les
mêmes règles, mais ils n'ont pas tous les mêmes...
M. Paré (Etienne) : ...cartes
dans leur jeu pour déterminer comment ils peuvent procéder à leurs études aux
cycles supérieurs. Donc, c'est certain que, pour nous, on trouve ça un peu
dommage puis c'est une occasion manquée pour retenir des étudiants qui ont
définitivement l'intention de rester au Québec, surtout que, dans certains cas,
comme le cas de John, hier, il n'avait pas le choix de prendre ce programme-là
parce que Concordia était la seule université à l'offrir au Québec. Donc, pour
nous, c'est un peu un non-sens, là, de ne pas offrir les mêmes opportunités à
tout le monde.
M. Derraji : Bien, on a vu le
même témoignage, vous et moi, et je trouve ça un peu inquiétant, parce qu'on en
a un besoin, d'ingénieurs, on a besoin de personnes compétentes mais surtout
ceux et celles qui veulent rester chez nous. La concurrence est mondiale. Vous
l'avez vu, pendant le PEQ, il y a des gens qui ont reçu des offres d'emploi à
200 kilomètres de la frontière, Ottawa, Ontario, des provinces, même, qui
se sont amusés à faire de la publicité pour attirer des jeunes francophones du
Québec. Et je ne pense pas que c'est ça qui est souhaitable.
Dans votre mémoire aussi, vous voulez...
vous avez fait la demande de créer un programme de francisation pour les
universités anglophones afin d'encourager la francisation. Vous étiez là, vous
avez vu la présentation des responsables de McGill. Il a deux programmes, mais
ces programmes que lui a mis en place, que l'université a mis en place, ça ne
va pas aider ces étudiants. Et, quand je lui ai posé la question est-ce que ça
affecte l'université, bien, sa réponse fut que ça affecte plus les étudiants
qu'on veut retenir, mais, avec cette nouvelle version du PEQ, on ne les aidera
pas. Quand vous êtes... vous voyez des programmes comme Francisation Québec, si
on lance des programmes comme Francisation Québec, c'est pour ces gens. Donc,
pensez-vous que, si on met un programme Francisation Québec, que ce soit à
McGill, en collaboration avec McGill, et à Concordia et leur permettre
d'utiliser le PEQ comme les autres universités, est-ce que c'est une bonne
chose?
M. Paré (Etienne) : Bien,
c'est certain que c'est une solution qu'on prioriserait, considérant que c'est
directement sur les campus, là où il y a le besoin. On parle de McGill,
Concordia depuis un moment, il y a également Bishop's, qu'on représente, là,
dans nos membres, qui serait directement touchée par ça. Puis, nous, ce qu'on
souhaite, c'est qu'il y ait vraiment une concertation entre tous les acteurs de
ce milieu-là pour faciliter puis éviter aussi de mettre trop le fardeau de la
francisation sur la personne étudiante qui va faire ses études, qui vient
s'intégrer, qu'il a déjà beaucoup sur son assiette au niveau de la gestion de
son temps, de sa santé mentale, et tout ça. Nous, on souhaite éviter que le
fardeau soit sur elle, plutôt sur l'administration universitaire, qui pourra
offrir un programme. Puis là, si ça va être le même programme pour les trois
universités, ce sera le même programme pour les trois universités puis, si
c'est un programme séparé, ce sera un programme séparé. Nous, on n'est pas là
pour dire aux universités exactement comment s'arranger, mais ce qu'on
souhaite, c‘est qu'il y ait de quoi directement sur les campus pour permettre à
ces étudiants-là de se franciser.
M. Derraji : Mais ce qu'on
doit retenir, aujourd'hui, de la part de l'Union étudiante du Québec, c'est
qu'un PEQ pour tout le monde, pas de discrimination, que tu sois étudiant
anglophone ou francophone... désolé, étudiant dans une université anglophone ou
étudiant dans une université francophone, c'est les mêmes règles pour tous.
J'ajouterais que, pour un étudiant dans une université anglophone qui parle
français, lui permettre d'avoir accès rapide au PEQ, c'est ce que vous voulez.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Exactement.
M. Derraji : En cas de refus
de la part du gouvernement, ce serait quoi, votre réaction?
• (18 heures) •
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Bien,
nous, c'est certain qu'on va mobiliser notre communauté étudiante, qui nous
relate déjà des inquiétudes, qui nous relate déjà ses positions par rapport à
ça. Donc, c'est sûr qu'on... c'est certain que notre mobilisation étudiante va
se faire ressentir à cet effet-là, c'est certain.
M. Derraji : Vous voulez
ajouter quelque chose? Parlons de cas concrets. Les dernières années, avec la
réforme du PEQ, vous avez vu des cas de personnes qui quittaient le Québec.
Avez-vous des exemples à nous partager?
M. Paré (Etienne) : Bien,
dans le cadre de mes fonctions, là, on travaille également avec notre
partenaire de l'Alliance canadienne des associations étudiantes, où on
participe à leurs conférences qui réunissent des assos étudiantes de partout au
Canada. Puis je n'ai pas connu de personnes qui sont partis du Québec. Par
contre, j'ai connu des gens qui ont choisi d'autres provinces pour leurs
études, des gens qui voulaient initialement venir étudier dans les grandes
universités au Québec puis qui se sont dits : Avec l'incertitude par
rapport au PEQ, les mesures qui étaient en place à ce moment-là plus
l'incertitude de est-ce qu'il va y avoir d'autres mesures qui vont être
modifiées pendant mon parcours, je ne sais pas trop ce qu'il va se passer
pendant les trois ans que j'étudie au Québec, ont fait le choix d'aller étudier
en Ontario, en Alberta ou en Colombie-Britannique. Ça, c'est des gens que j'ai
eu la chance de rencontrer dans le cadre de ces conférences-là. Tu sais, aucune
idée si, par la suite, ils seraient restés ou non, tu sais, c'est des scénarios
qui sont hyperhypothétiques, mais c'est ce qu'ils m'ont dit.
M. Derraji : C'est un
excellent point, mais gardons aussi en tête que c'est plus rapide d'avoir la
résidence permanente à l'extérieur du Québec. Parce que le PEQ, même avec le
PEQ, il faut attendre encore plusieurs années avant...
18 h (version non révisée)
M. Derraji : ...d'obtenir la
résidence permanente. Donc, quand on dit «favoriser l'enracinement et garder
ces gens ici», même avec le PEQ, ce n'est pas la voie la plus rapide.
M. Paré (Etienne) : Je ne
vous mentirai pas, vous nous sortez un peu de notre zone d'expertise, là. Les
critères d'immigration au Québec ou dans les autres provinces, bien, nous, ce
qu'on constate, c'est qu'il y a des étudiants qui ont décidé d'aller étudier
dans d'autres provinces pour avoir la résidence permanente plus rapidement.
Après ça, je ne mentirai pas que je ne connais pas nécessairement tous les
processus.
M. Derraji : Mais je dois
vous dire que vous êtes dans votre zone de confort, parce que c'est exactement
la réponse : parce que c'est beaucoup plus rapide à l'extérieur. C'est ça
qu'on doit comprendre en tant que parlementaire, c'est que, quand on planifie
une immigration, peu importe, on doit retenir ces étudiants, l'importance de
voir que, de l'autre côté, sans prendre de vol, juste traverser le pont de
Gatineau à Ottawa, les procédures sont beaucoup plus rapides. Et c'est là ce
que les universités, elles ont décrié aujourd'hui, d'ailleurs, vous êtes le
dernier groupe, mais toutes les universités veulent juste des éléments pour
retenir ces étudiants et non pas les pousser à partir. Merci à vous deux.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Alors, cette portion de temps est
terminée. On va donc finaliser le tout avec le député de Saint-Henri
Sainte-Anne, du deuxième groupe d'opposition, pour une période de quatre
minutes huit secondes. Le temps est à vous, M. le député.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Merci beaucoup. J'en profite aussi pour remercier Mme la ministre et
son équipe ministérielle pour les précisions et les corrections. Tant mieux sur
le test et sur la disposition transitoire, je suis contente de l'apprendre, et
ça me fait penser qu'on devrait peut-être se fixer une rencontre informelle de
travail en mode question-réponse pour examiner les quelques petits éléments du
règlement qui comporte une série d'articles assez... disons, une longue série d'articles.
Je pense que mon collègue aussi, mes collègues de l'opposition ont plusieurs
questions aussi, et, malheureusement, le briefing technique, à l'époque, était
pour les journalistes et pas pour les députés. Donc, si on pouvait avoir une
rencontre informelle de question-réponse, je pense que...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
M. Cliche-Rivard : ...oui, Mme
la Présidente, je pense que nous, à l'opposition, nous apprécierions. Donc, la
demande est lancée. J'espère qu'on aura la chance de faire ça. Je reviens vers
vous. Petite question. D'autres groupes nous ont parlé d'une volonté d'inclure
les D.E.S.S. dans l'admissibilité au PEQ. Est-ce que vous avez une position sur
ça?
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : On
n'a pas de position exactement par rapport à ça, mais on représente des
personnes qui sont au D.E.S.S., donc c'est certain que, quand on parle de
favoriser l'accessibilité pour tout le monde au Programme de l'expérience
québécoise, bien, ça représente aussi ces personnes-là qui sont aux cycles
supérieurs, donc oui.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Vous avez parlé de l'admission en continu, donc le scénario proposé
de mettre le PEQ — Diplômé hors seuil. Moi, je me pose une question.
Parce que, là, on n'aura pas, donc, d'engagement du nombre de CSQ ou d'admissions
annuelles dans ce programme-là, on dit : C'est en continu. Si ça monte
à... je ne sais pas, moi, à 12 000, 14 000, 15 000, 20 000
CSQ diplômés par année, je me demande si.. et si c'est une possibilité que le
ministère va voir que c'est un petit peu trop versus ce qui était prévu, et
voudra peut-être mettre les freins, peut-être, et rallonger les délais, parce
qu'il n'y a pas d'engagement de délais, là, et que ça va prendre six mois, huit
mois, neuf mois pour obtenir son CSQ, c'est une question que je pose, ou bien
si le programme ne pourrait pas être fermé temporairement, comme on l'a connu
une fois dans les dernières années. Bref, je me demande : Est-ce que hors
seuil, c'est vraiment notre solution ou s'il ne faudrait pas plutôt prévoir un
seuil raisonnable et élevé et qu'on ait donc un engagement, à savoir il y aura
12 000 CSQ, il y aura 14 000 CSQ? Je me pose la question face au fait qu'on ne
le saura pas, finalement.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : C'est
certain que c'est une crainte qui est là, puis, je me rappelle, on en avait
discuté. Nous, on est là pour représenter les personnes étudiantes, pour
favoriser le plus possible les personnes... tu sais, on veut favoriser l'accessibilité
des personnes étudiantes au PEQ. Notre objectif, ce n'est pas de mettre en
place des mesures pour limiter l'accès de ces personnes-là au programme, tu
sais, on veut permettre à toutes les personnes étudiantes qui veulent faire une
demande de pouvoir le faire. C'est ça, l'objectif. Après, nous, tous ces
processus administratifs là, selon nous, ce n'est pas notre travail de
réfléchir à ça. Selon nous, s'il y a des engagements qui sont pris de ne pas
mettre des limites, bien, il doit y avoir des mesures qui sont mises en place
pour respecter ces engagements-là. Donc, c'est ce que répondrais.
M. Cliche-Rivard : Et je suis
certainement confiant que c'est ça, l'intention, c'est juste que c'est
difficile à prévoir comment il y aura d'étudiants internationaux l'année
prochaine, c'est difficile à savoir, encore plus, pour 2027. Le PEQ, c'est
autoqualifiant, en ce sens où ton diplôme te qualifie. Donc, finalement, on n'est
pas nécessairement tributaire du nombre de permis d'études que le fédéral
émet...
M. Cliche-Rivard : ...et là on
pourrait se retrouver dans une situation... et c'est ça que j'essaie de voir.
Là, tout le monde est bien intéressé du hors seuil, je trouve ça
superintéressant, mais est-ce qu'il n'y a pas là un double tranchant ou est-ce
qu'il n'y a pas là un risque que, finalement, on soit surpris et que,
finalement, bien, indirectement, on vienne élargir ou allonger le délai de
traitement pour compenser? C'est une inquiétude.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Écoutez le temps écoulé, c'est ce qui met fin à cette
audition. Madame, monsieur, merci beaucoup pour votre apport aux travaux de la
commission.
Alors, la commission ajourne ses travaux
au jeudi 21 septembre 2023, après les avis touchant les travaux des
commissions. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 07)