(Dix heures une minute)
La Présidente (Mme D'Amours) : Votre
attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 32, Loi sur la liberté académique
dans le milieu universitaire.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Proulx (Côte-du-Sud); Mme Dansereau (Verchères),
par Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré);
Mme Lachance (Bellechasse), par M. Chassin (Saint-Jérôme); M. Lévesque
(Chapleau), par M. Émond (Richelieu); M. Polo (Laval-des-Rapides),
par Mme David (Marguerite-Bourgeoys); Mme Labrie (Sherbrooke), par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve); et M. Bérubé (Matane-Matapédia), par Mme Perry
Mélançon (Gaspé).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Lors de l'ajournement de nos travaux, la semaine dernière, nous en étions à l'étude de l'amendement de la ministre
au préambule du projet de loi. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'amendement? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui. Alors, bonjour,
d'abord et avant tout.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bonjour.
Mme David : J'aurais un
sous-amendement à apporter à l'amendement de la ministre, qui a été déposé sur
Greffier. Et donc, si vous permettez, on peut le lire dès maintenant. Ça va?
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
allez-y, Mme la députée.
Mme David : Alors, le préambule.
L'amendement proposé au préambule est modifié par le remplacement des mots «que l'autonomie universitaire et la
liberté académique universitaire» par les mots «que l'autonomie
universitaire et les volets institutionnels et individuels de la liberté
académique universitaire».
Le préambule, tel qu'amendé, se lirait
ainsi :
«Considérant
que l'autonomie universitaire et les volets institutionnels et individuels de
la liberté académique universitaire
constituent des conditions essentielles à l'accomplissement de la mission de
ces établissements d'enseignements.»
Alors, tout d'abord, Mme la Présidente, je tiens
à vous dire à quel point je suis heureuse d'être de retour. Des fois, les
priorités personnelles et familiales doivent passer devant la politique.
C'était la première fois en huit ans et demi. Mais je suis très contente
de pouvoir faire la dernière semaine, les dernières heures législatives,
d'abord avec la ministre de l'Enseignement supérieur, avec tous les collègues
de l'Enseignement supérieur, tous les collègues du parti du gouvernement, mes
collègues des oppositions, pour parler d'un sujet tellement important de
l'enseignement supérieur, sujet... en fait,
domaine qui a été toute ma vie, ou à peu près, professionnelle, sauf les dernières
années. Donc, c'est un drôle de
destin, qu'on finisse avec ça, vraiment, pour moi, en tout cas, ma vie
législative. Et j'imagine que c'est un privilège
qu'on peut avoir de clore une longue boucle en travaillant un projet de loi
aussi important, pas long en termes de quantité d'articles, de mots,
etc., mais très important au niveau de la mission même de ce qu'est une
université.
Et vraiment il faut être dans une université, je
crois que les mémoires l'ont très, très bien dit, pour comprendre qu'il y a trois piliers à cette université, que sont
évidemment les étudiants, toute la communauté étudiante, et Dieu sait
que, quand elle n'est pas contente, elle peut parler fort. On s'en souvient, il
y a 10 ans exactement en ce moment, pas besoin de faire de dessin, on sait
où on était en mai 2012. Et... (Interruption) ...excusez, ça, ce n'est pas supposé arriver, de déranger comme ça, alors je
vais fermer. Par ailleurs, alors, les étudiants sont très, très
importants, et ils sont très diversifiés. Puis c'est important, dans le propos
que je veux tenir, parce qu'on ne peut pas dire : Les étudiants sont tous
pareils, dans la même mouvance, etc., mais, c'est normal, les étudiants sont
des acteurs engagés dans la société, avec
l'âge qu'ils ont, avec la réflexion qu'ils ont à... souvent, à cette époque de
leur vie. On a tous eu une période
très formatrice de notre vie qui s'appelle l'enseignement supérieur, donc
collège, université. Alors, on a adhéré à toutes sortes de convictions
et on les défendait, je l'espère, parce que c'est important, haut et fort.
Alors, il y a les étudiants qui sont très, très importants.
Il y a, évidemment, le corps enseignant. Et,
quand on dit ça, ne parlons pas seulement des professeurs, parce que, dans une
université, il faut appeler ça les enseignants, parce que, quand au moins
60 % des cours au premier cycle, qui est de loin la
plus grande clientèle des universités, ce sont des chargés de cours. C'est
une... c'est un corps de métier, j'oserais dire, qui a pris énormément
d'ampleur depuis 40 ans, énormément, énormément, à cause de toutes sortes
de raisons sur lesquelles je ne peux pas trop insister, mais les cours se sont
diversifiés, les programmes se sont diversifiés.
Il est immensément plus fréquent, maintenant, de
faire des programmes courts, de faire un baccalauréat par cumul. Cette
notion-là n'existait même pas quand je suis entrée comme professeure à
l'université. La notion de certificat, que j'avais, évidemment, travaillé très
fort à l'époque où j'étais vice-rectrice, pour faire des baccalauréats par
cumul de certificats, ce qui était une... honni par certaines facultés, qui
disaient : Mais ce n'est pas possible, avec une sorte de... comment dirais-je, de condescendance bienveillante de la
part de certains... certaines facultés, qui étaient des facultés dites
traditionnellement nobles et qui faisaient des baccalauréats, maîtrises,
doctorats.
Alors, des facultés d'éducation permanente, de
la formation qu'on appelait, à l'époque, continue, pour les madames qui
revenaient sur le marché du travail ou pour des gens en cours de formation qui
voulaient aller acquérir certaines formations additionnelles, ça a complètement
changé le... Maintenant, on est complètement ailleurs, et c'est... La formation
tout au long de la vie est devenue un concept mondial extrêmement important, et
ce n'est plus la formation linéaire. Bon, j'ai plaidé ça beaucoup, dans la
question des bourses, à l'étude des crédits, mais ce n'est plus du tout la formation linéaire, temps plein,
du jeune garçon qui a fait les collèges classiques, à l'époque, là, je
remonte aux années 60, 50, 70. Et là ça
a été l'ouverture, pour tous les âges, je dirais, tous les les genres sexuels,
on dirait maintenant, tous... ouvert
à toutes les conditions socioéconomiques. Et le Québec est un champion de
l'aide financière aux études, des droits de scolarité accessibles.
Vraiment, il y a eu, oui, des frictions, je parlais de mai 2012, mais on a
quand même... on peut, quand on se compare, se dire : On a fait un chemin
absolument exceptionnel en matière d'accessibilité à l'université,
d'accessibilité aux programmes, le matin, le midi, le soir, les fins de
semaine, en ligne, en personne, etc.
Donc, les chargés de cours sont devenus
extrêmement importants, et c'est un... on peut faire un métier, maintenant,
d'être chargé de cours. Et ça, ça devient important dans notre amendement. Je
prends un long détour pour dire à quel point ce deuxième... ce deuxième pilier
de la communauté universitaire est extrêmement important, c'est-à-dire les enseignants, donc professeurs et
chargés de cours, d'où certains mémoires qui insistent sur l'amendement que nous apportons, en disant : N'oublions
pas le volet institutionnel, mais individuel, individuel. Alors, j'y
reviendrai.
Et le troisième volet, évidemment, puis on l'a
vu puis on le sait, quand on est ministre de l'Enseignement supérieur, la
ministre actuelle le sait, on parle beaucoup, dirigeants d'universités. Ils
nous appellent, quand ils ne sont pas de bonne humeur. Quand ils sont de bonne
humeur, ils font plutôt leurs affaires, je dirais, mais, quand ils ont des inquiétudes, ils les manifestent. Ils ont un... je
dirais, une organisation qui a... s'est beaucoup modifiée,
particulièrement après 2012, de la CREPUQ qui a terminé, je dirais, son mandat
pour se transformer en Bureau de coopération interuniversitaire. Le mot a été
longuement réfléchi, c'est de la coopération entre les universités, mais ce
n'est plus un porte-parole qui parle au nom des universités.
Alors, l'autonomie universitaire, ce n'est pas
seulement... ce n'est pas seulement un mot, ça... chaque université veut parler
en son nom et se permet aussi, dans certains cas où il y a consensus, comme
dans ce cas-ci, de faire un mémoire conjoint, et c'est ce qu'ils ont fait avec
le mémoire du BCI pour la liberté académique. Donc, évidemment qu'on ne peut
pas passer à côté des dirigeants universitaires et de leurs équipes. Parce que
ce n'est pas seulement un recteur ou une rectrice, on a toute la question de la
création du réseau de l'UQ, où il y a une présidente, conseil d'administration,
mais il y a des directeurs généraux, des recteurs. Et donc c'est une structure
que le gouvernement, que l'État a créée, dont je pourrais parler pendant de
longues minutes, ce que je ne ferai pas, je vais vous épargner. Mais ça aussi,
c'est un fleuron du Québec, la question... le réseau de l'Université du Québec,
parce que c'est comme ça qu'on a donné
accessibilité à nos jeunes de partout au Québec, l'accessibilité aux études
supérieures, en parallèle, évidemment, conjointement avec la création du réseau
des cégeps. Je rêve de... qu'on revoie... qu'on fasse le point, 50, 60 ans
après, sur tout ça.
• (10 h 10) •
Alors, je pense que nous sommes rendus à une
réflexion très large sur préscolaire jusqu'à universitaire, où on veut s'en
aller, dans les prochaines décennies, sur la question de l'éducation. Et je
serai partante pour une commission Parent 2.0, comme on dit, je pense qu'on est
dû, mais, en attendant, il faut faire des choses importantes. Et, quand on
parle de liberté, le volet individuel dans notre... dans notre amendement,
c'est le volet du deuxième pilier, c'est-à-dire les chargés de cours et les
enseignants. Les chargés de cours et les enseignements... et les enseignants
ont été au coeur et, je dirais, chargés de cours, au coeur de ce qui a donné
lieu à ce projet de loi ci, disons-le clairement. S'il n'y avait pas eu la
question de la chargée de cours Lieutenant-Duval, à l'Université d'Ottawa, je suis certaine, certaine que nous ne
serions pas ici, nous ne serions pas ici, parce qu'il n'y a jamais eu de
cas aussi, je dirais, médiatisé que celui-là récemment, dans un avenir
relativement... dans un passé relativement récent.
Ce n'est même pas au Québec, c'est dans une
autre province, c'est quand même... ça a créé... ça a donné lieu à toutes
sortes d'enjeux où, au Québec, on a regardé ça puis on a comme eu une... Oui,
il y avait eu des soubresauts puis il y en a encore, dans les universités, par
rapport à une certaine censure, par rapport à une certaine liberté d'expression,
et d'enseigner comme on veut et ce qu'on veut, mais les premiers qui ont été
visés, la première qui a vraiment eu, vraiment, des mois extrêmement
difficiles, c'est une chargée de cours, disons-le, une chargée de cours de
l'Université Concordia, une... quelqu'un qui était formé au Québec, mais qui
enseignait, comme plusieurs, à l'Université d'Ottawa, et qui, en toute... en
tout sérieux et dans une approche, je ne ferai pas du tout le... je ne referai
pas le rapport Bastarache, mais qui a enseigné des choses et qui a utilisé des
mots qui, bon, pour toutes sortes de raisons, ont pu offenser les étudiants. Et
ça a été comme un... on dit souvent, en société, il y a des révélateurs, ça a
été un révélateur de quelque chose qui se passe, et dont le Québec n'est pas
nécessairement exempt, là, je ne dis pas ça, mais je
refais un peu la genèse de ce qui nous a réveillés, au Québec, et qui ne nous
avait pas vraiment frappés jusque-là, bien qu'il y ait eu des soubresauts et
des événements ici et là dans... Mais donc ça a touché et ça a mis au jour de
façon... peut-être dans le grand public, disons ça... disons-le comme ça, la
notion de liberté académique, dont, je dois dire, pas grand monde se levait le
matin pour réfléchir à ça dans la population en général, chez les élus. Et là,
tout à coup, c'est arrivé, et on a essayé de comprendre ce qui se passait.
Et là on a compris qu'une chargée de cours, et
c'est pour ça que le volet individuel est si important, avait vécu quelque
chose d'extrêmement difficile. Je ne dis pas que les étudiants n'ont pas vécu
eux aussi des choses, mais ça nous a mis au jour un enjeu sur lequel le
gouvernement a dit : Bien là, je pense qu'on devrait intervenir, et d'où
cette intervention législative qui, ma foi... J'ai observé de loin, la semaine
dernière, j'avais vu le projet de loi avant, j'avais parlé à tous les
intervenants, j'étais au courant, je savais, puis ils nous avaient dit toutes
les modifications qu'il devait y avoir.
Et je crois que la ministre a été d'une très
bonne oreille, disons-le, là. Quand les choses sont... Je n'ai jamais... je
n'ai jamais voulu être avare de félicitations ou de remerciements. Quand c'est
le cas de l'être, et ici c'est vraiment le cas, il y a eu des beaux amendements
apportés et qui font en sorte que les... ces trois piliers sont assez bien
représentés. J'ai compris que tout n'est pas donné à tout le monde dans... On a
vu renaître, évidemment, des revendications, qui sont de très, très longue date
dans les universités, que ce soient des syndicats de professeurs, d'enseignants
ou des hauts dirigeants, même, et des étudiants. Et on voit là les trois
piliers qui se sont manifestés, tant du point de vue étudiants, syndicats de
professeurs, ou fédérations de professeurs, ou hauts dirigeants.
Alors, ce qui est dit par un... et je vais le
citer, Louis-Philippe Lampron, qui est un acteur extrêmement important, en ce
moment, je pense, dans le réseau universitaire québécois, c'est un président du
syndicat des professeurs de l'Université Laval, mais c'est aussi un professeur
de droit très sérieux, très reconnu, Louis-Philippe Lampron, qui dit :
Oui, mais la définition de l'UNESCO, attention! Là, il faut aussi faire
référence au volet individuel de la liberté académique, et ce volet individuel
ne se retrouve pas dans le préambule.
Et c'est de la pédagogie, un préambule, c'est,
comme il le dit lui-même... il dit qu'un préambule... «Si on retrouve une
mention à cette recommandation dans deux des considérants du projet de loi,
force est de constater que la rédaction globale de ce même projet de loi est
très éloignée des principes qui ont établi... Comme tous les membres de la
commission le savent, les considérants d'une loi offrent une importante clé de
lecture. C'est une clé de lecture, ce n'est pas prescriptif, un préambule,
c'est une clé de lecture ou d'interprétation aux personnes et aux juges chargés
d'interpréter la portée de cette même loi. Or, en l'espèce, aucun des
considérants du projet de loi n° 32 ne
fait référence au volet individuel de la liberté académique. Au contraire, la
référence faite à la recommandation 1997 de l'UNESCO au troisième
considérant est limitée par une mention faite à la seule autonomie des
établissements universitaires.»
Donc, voilà la raison pourquoi, en toute bonne
foi, bonne volonté, nous pensons que c'est une bonne idée. Nous pensons que
c'est une bonne idée de rajouter, peut-être pour rassurer, peut-être pour que
cette clé de lecture existe au moment où il y aura... éventuellement peut-être
avoir référence en cour à cette loi-là, pour que toutes les institutions
universitaires qui vont avoir cette loi-là en main, qui devront la respecter...
Alors, on a pensé qu'il pouvait être
intéressant de dire, tout simplement : «Et les volets institutionnels et
individuels de la liberté académique universitaire». Voilà, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il des interventions
sur le sous-amendement de la députée de Marguerite-Bourgeoys? Mme la
ministre.
Mme McCann : Bien, d'ailleurs, je voudrais
saluer ma collègue, là, très contente qu'elle soit de retour pour les travaux
sur ce projet de loi très, très important. Alors, en regard de l'amendement qui
est déposé par ma collègue, je reviens à l'amendement, en fait, c'est un
sous-amendement de notre amendement, et je reviens, et je le relis,
l'amendement que nous avons déposé, qui, à mon avis, fait foi, hein, de ces
deux volets de la liberté académique. On parle de l'autonomie universitaire et
de la liberté académique universitaire. Premier point.
Deuxièmement, le projet de loi en soi parle de
liberté individuelle, liberté académique universitaire. C'est vraiment
l'ensemble du projet de loi qui parle... qui aborde toute cette question de la
liberté individuelle des professeurs, etc.
L'autonomie universitaire, hein, qui est l'autre volet, bien, on le dit, dans
notre amendement, Mme la Présidente,
on parle d'autonomie universitaire. Alors, de cette façon-là, et c'est la trame
de notre projet de loi, il ne faut pas le dénaturer non plus. On a l'esprit
de la commission Cloutier qui va dans ce sens-là. On a également le rapport de
l'université du futur qui parle aussi dans ces termes-là, autonomie
universitaire, liberté académique universitaire.
Donc, autonomie universitaire fait référence à
l'institutionnel, liberté académique universitaire fait référence à
l'individuel. Je pense que le rapport de l'université de futur est clair
là-dessus et je pense que la commission Cloutier, qui nous a fait, évidemment,
comme on le sait, beaucoup de suggestions par rapport à... au projet de loi...
Vraiment, c'est le vocable que nous utilisons, et je ne pense pas qu'on
pourrait aller dans le sens de ma collègue, parce que ça viendrait dénaturer le
projet de loi.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. D'autres interventions? Mme la députée
de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David :
Bien, en fait, la ministre a tout à fait raison, il y a une trame
narrative, dans le projet de loi, qui est importante, mais, nous, pourquoi on
propose ça, c'est parce qu'un préambule met la table, si on veut. C'est vrai
que ça peut être redondant, c'est vrai que c'est peut-être assez pointu, c'est
comme si on retapait sur le même clou qui est dit après,
mais on se disait : Bien, si ça peut vraiment rassurer les gens dont la liberté
académique et la... dont ils sont les premiers, j'oserais dire,
bénéficiaires... Oui, les universités veulent beaucoup... et ils le voulaient
et ils l'ont obtenue, et je suis contente, ils voulaient vraiment avoir la
notion de... on relit, par exemple, le rapport de l'Université de Montréal,
mais le BCI aussi, être sûrs qu'ils gardaient leur autonomie universitaire.
C'est pour ça que, l'article 6, bon, ils ont eu tellement peur. Mais le
volet individuel, c'est quand même des milliers et des milliers d'enseignants
qui... Comme je disais un peu, l'historique de ce projet de loi là et la
genèse, ça a été à partir d'un enjeu très, très fort et d'une confrontation
entre la liberté académique individuelle... Ce n'était pas l'autonomie
universitaire, c'était la liberté académique individuelle d'un chargé de cours
qui était mise à mal ou dont on disait : Non, non, non, il ne faut pas
faire ça comme ça.
Alors, peut-être que
c'est trop, peut-être que c'est comme taper un peu trop fort sur le même clou,
mais nous avons l'impression que ça peut être intéressant de réassurer. Et
c'est vrai que la liberté académique, c'est une chose, mais le volet individuel
de la liberté universitaire, c'est quand même quelque chose qui est dit de
façon un peu plus précise. Alors, c'était le but de notre... de notre
amendement, de peut-être insister. Alors, la ministre pourrait dire :
C'est vraiment insistant. C'est comme : As-tu bien compris, là, c'est ça,
là? Oui, c'est vrai, mais un préambule peut servir à ça. Alors, c'est une suggestion
qu'on fait à la ministre, qui pense peut-être que ce n'est pas nécessaire.
Nous, on dit : Bon, bien, ça aurait pu être très intéressant de rajouter
ça.
• (10 h 20) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. D'autres interventions sur le sous-amendement de la
députée de Marguerite-Bourgeoys? S'il n'y a pas d'autre... Oui, madame... Non?
Mme David :
...
La Présidente (Mme D'Amours) : Le
vote par appel nominal? Nous allons passer au vote par appel nominal. M.
le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme David
(Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme McCann (Sanguinet)?
Mme McCann :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Chassin (Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
contre.
Le Secrétaire :
M. Émond (Richelieu)?
M. Émond :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Proulx (Côte-du-Sud)?
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Contre.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme D'Amours (Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, le sous-amendement est rejeté. Nous revenons à l'amendement de la ministre. Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'amendement apporté? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David :
Excusez, je n'ai pas parlé beaucoup, la semaine dernière, hein, alors vous
me retrouvez, puis j'en profite, c'est la
fin de... Je salue mon collègue. Excusez, on n'est pas supposés se saluer en
commission parlementaire, mais je le salue quand même, parce qu'il
n'était pas là quand... Bon, pas le droit de se tutoyer.
Alors, écoutez, je répète
un petit peu ce que j'ai dit, c'est quand même très intéressant d'apporter cet
amendement-là, parce que ça fait en sorte qu'il y a quand même un... que de
préciser «autonomie universitaire» plutôt
que «autonomie», ça aussi, c'est, je dirais, de la réassurance. C'est pour être
sûr. Là, on fait plaisir aux recteurs, là, on fait vraiment plaisir aux
recteurs qui disent : Aïe! Attention! Je lève la main parce que la liberté
académique, c'est bien plus que ce qui se passe dans une salle de classe, entre
des étudiants, des professeurs ou entre un chercheur au doctorat puis des
compagnies pharmaceutiques, c'est l'ensemble de la gestion d'une université.
Alors là, ils ont levé la main pour beaucoup plus large que, probablement,
l'événement qui a donné lieu au projet de loi.
Mais on le savait, on le savait, depuis le
début, que la liberté académique, la liberté universitaire, c'est... ce sont
des concepts qui ont créé littéralement les universités. Pour quoi? Pour leur
permettre de faire de la recherche librement, pour leur permettre de ne pas
avoir seulement des contrats très ciblés, de dire : Je veux que tu
cherches, mais je vais te dire ce que je veux que tu trouves, parce que ça va
me faire du bien pour pouvoir vendre mon médicament. Là, je caricature, mais,
des fois, il y a eu des dossiers qui sont allés très loin en cour pour des
histoires, justement, bon, de contrats accordés. Et puis, dans certains pays,
on ne cherche pas ce qu'on veut. Dans certains pays, on a intérêt à trouver ce
que certaines autorités veulent qu'on trouve.
Alors, la liberté universitaire, c'est majeur,
c'est majeur. C'est très dur à respecter, même dans la liberté académique,
parce que, des fois, ça peut... c'est ça, ça peut faire des petites chicanes de
départements puis entre professeurs, et tout
ça, qui n'ont pas tous les mêmes idées, qui n'ont pas tous les mêmes théories,
qui ne travaillent pas tous sur les
mêmes choses. Alors, ça peut faire des belles petites flammèches, mais c'est ça
qui fait avancer une société.
Alors, que la ministre accepte de mettre
l'autonomie universitaire et la liberté académique universitaire, évidemment,
on est d'accord avec ça. On est d'accord parce qu'il fallait préciser
l'autonomie universitaire. Ça va faire des heureux, et c'est un peu dans le
même esprit, d'ailleurs, de... que j'ai apporté mon sous-amendement, tout à l'heure, mais, bon, on va dire que la liberté
académique universitaire inclut ce que moi, je proposais, volets
institutionnel et individuel. Mais la ministre a trouvé bon, et je partage son
opinion, de mettre l'autonomie universitaire pour être bien sûr que tout le
monde y trouvait son compte, parce que, dans les trois piliers, là, il y a
vraiment une importance.
Et ce que le rapport Cloutier dit aussi, le
rapport de l'université du futur dit aussi, l'UNESCO dit aussi :
Attention! Il y a beaucoup de monde qui joue sur cette patinoire-là, puis il
faut que tout le monde essaie de travailler ensemble. Est-ce que c'est facile?
Non. Est-ce que les universités, c'est un lieu d'amour et de collaboration, et
tout? On pourrait en parler longtemps, ce
n'est pas si évident que ça, mais, au moins, c'est un lieu où on peut chercher,
parler.
Et la ministre a apporté beaucoup d'amendements,
permettre de critiquer l'institution. Le commun des mortels ne comprend pas
nécessairement, là. Bien, pourquoi il faut apporter tous ces détails-là? C'est
quoi, cette bibitte-là? Mais c'est très, très important, parce que, sinon, tu
es dans un devoir de loyauté. Bon, c'est tout... c'est des grands débats, hein?
Il s'écrit des thèses là-dessus, et... Mais l'autonomie universitaire, donc,
est un ajout important dans le préambule. Alors, on salue ça puis on remercie
la ministre d'avoir ajouté le mot «universitaire».
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. D'autres interventions sur l'amendement de
la ministre? S'il n'y a pas d'autre intervention, je vais la mettre aux
voix. Est-ce que l'amendement de la ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Merci. Nous revenons au préambule tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bonjour, tout le monde.
Bonjour, Mme la ministre. Bien, je ne peux pas m'empêcher, en ayant lu la... ma
revue de presse, ce matin, de faire un petit clin d'oeil aux gens qui se sont
présentés à votre congrès, en fin de semaine, avec un petit carré rouge puis
qui se sont fait peut-être dire que ce n'était pas approprié. Je fais un petit
clin d'oeil sympathique, parce qu'on a parlé beaucoup de cancellation, de
culture de cancellation, puis ils sont passés proche de se faire canceller, en
fin de semaine dans votre congrès, mais, si j'ai bien compris, ça s'est bien
terminé. C'est ça, l'important. J'assume que ce cas-là était à l'extérieur du
périmètre d'application de cette loi, n'est-ce pas? Bon, j'ai bien assumé.
Parfait. C'était tout, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. D'autres interventions? Mme la députée
de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : ...paragraphe
par paragraphe, considérant par considérant, ou c'est sur l'ensemble du
préambule?
La Présidente (Mme D'Amours) : On
peut le faire, on peut faire. C'était une demande. Alors, si vous avez quelque
chose à dire sur le premier paragraphe, nous pouvons y aller.
Mme David : Bien là, je me fais
plaisir, mais pas trop longtemps, vous allez dire : Aïe! On a d'autres
choses à faire, on est en fin de session, là, puis... Mais je sens que ça va
aller quand même assez rapidement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mais,
Mme la députée, on le sait que c'est un sujet qui vous tient à coeur. Puis je
ne crois pas que vous preniez votre temps pour faire du temps, mais plutôt pour
faire des messages et apporter un bien au projet de loi. Alors, moi, si vous me
dites que vous avez... qu'on passe paragraphe par paragraphe, ça va me faire
plaisir.
Mme David : Oui,
bien, écoutez... Oui, mais c'est des commentaires. Je n'ai pas d'autre
amendement, sinon que de dire, dans le premier considérant, que c'est vraiment
important, chaque mot a son sens, et d'avoir ajouté «création», c'est
important. Il n'y a plus un vice-recteur dans une université qui ne s'appelle
pas vice-recteur Recherche, Création et souvent Innovation, maintenant.
Pourquoi? Je me le suis demandé, pendant longtemps, mais... longtemps, je veux dire, même dans les années 2000... même
quand j'étais sous-ministre à l'Enseignement supérieur, je me disais : Bien, pourquoi? C'est quoi ce...
recherche, pour moi, ça incluait tout, mais, non, c'est un ajout
extrêmement important, «création». Et, en 1997, ça devait l'être beaucoup
moins.
Des voix : ...
Mme David : Je pense qu'il y a une
présidente qui vous regarde.
• (10 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme David : Et donc le fait de
rajouter «création», ça veut dire aussi que de la recherche, ça peut être
créatif, mais qu'il y a des facultés, je pense à faculté de musique,
architecture... et ça prend beaucoup de créativité, et on crée des choses.
Alors, le fait qu'on l'ait rajouté puis qu'on l'ait mis, ce n'est pas rien.
L'autre chose que je trouve extrêmement
important, et ça, les professeurs et les universités ont tendance à l'oublier,
c'est les services à la collectivité. Ça aussi, ça a été réfléchi depuis des
décennies. C'est quoi, faire du service à la collectivité quand on est un
enseignant? C'est-tu juste de passer à la radio puis à la télévision parce que
tu es un expert? Ça, il y a des experts qui le font presque à temps plein, j'en
connais quelques-uns très bien, et qui sont très utiles pour la collectivité,
d'expliquer ce qui se passe, on l'a vu pendant la pandémie. Bon, combien de
professeurs... puis qui déclinent leurs titres, puis des fois l'entrevue est
moins longue que les titres qu'ils ont à décliner. Mais c'est important. Mais
ça peut être autre chose, les services à la collectivité, être membre d'un
conseil d'administration de cégep. J'ai envoyé des professeurs sur des
conseils. C'est important de faire la transition entre le cégep puis
l'université, entre ces deux ordres d'enseignement. C'en est un, service à la
collectivité. Aller travailler dans une... dans un conseil d'administration,
une maison d'hébergement pour femmes victimes de violence, aller travailler à
Moisson Montréal, à Centraide, bien, c'est reconnu. Et, quand on veut être
agrégé ou titulaire, et on demande notre graduation, je dirais, d'un titre à
l'autre, bien, il faut que ce volet-là soit évalué.
Maintenant, si je vous dirais, dans la
pondération, qu'il y en a qui n'ont pas grand-chose à mettre dans ce volet-là,
et ils sont titularisés au max parce qu'ils ont effectivement des publications
et des publications. Ce qui est important aussi, mais c'est important de le
voir, dès le premier considérant de ce préambule, pour dire : Attention!
Un professeur, c'est... ça peut être un agent de changement social, de
développement social, et ça devrait être ça. En tout cas, moi, je trouvais que
c'était très important quand je regardais des CV de professeurs. Qu'est-ce que
tu as fait pour ta collectivité? En quoi tu t'es vraiment investi? Et il y en a
qui le font à merveille et, malheureusement — bien là, je fais mon... je
profite de ce forum-ci — ce
n'est pas assez valorisé par les comités de graduation, je dirais, que sont
l'agrégation et la titularisation. Pour moi, peut-être que mon engagement en
politique m'a confirmé plus que jamais l'importance de l'engagement citoyen, ça
devrait être beaucoup plus valorisé. Alors, c'est mon commentaire sur ce
premier considérant, mais je n'ai pas d'autre... On va voter pour, évidemment.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires sur le premier considérant? Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, un commentaire
général sur les considérants, mais allons-y, là, pendant qu'on est sur le premier. Je n'ai pas vu ça souvent dans les
projets de loi sur lesquels j'ai travaillé depuis quatre ans, des
considérants, j'assume que ça n'a pas de force légale au même titre qu'un
article. Vous me corrigerez si je me trompe. Et, dans ce cas-là, pourquoi en
avoir mis? C'est quoi, la démarche? Qu'est-ce qui vous a mené à cette décision,
de dire : Mettons des considérants dans ce projet de loi?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Mme la Présidente,
c'est une bonne question. Oui, ça n'a pas la force d'un article de loi, mais ça met la table et ça situe vraiment le
dossier très bien. On le voit, là, dans les échanges qu'on a actuellement,
que c'est important de nommer certains
éléments, comme, par exemple, l'autonomie universitaire dont on a parlé précédemment, pour que nos... la communauté universitaire
reconnaisse qu'on a identifié ces dimensions qui sont très importantes.
Quand on parle, par exemple, de la définition de l'UNESCO, quand on parle
d'autonomie universitaire, on réitère des principes, dans ces considérants, qui
mettent la table et qui, vraiment, bonifient le cadre dans lequel les articles
de loi, évidemment, vont se décliner.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, dans ce sens-là,
vous vous rappelez la discussion qu'on a eue la semaine passée sur les
traumavertissements, puis on explorait si c'était possible de rajouter quelque
chose dans les articles, puis vous avez pesé l'idée, vous avez dit : Bien,
ce n'est peut-être pas pertinent. On a eu un échange là-dessus, que j'ai
apprécié d'ailleurs,
mais comme un... Est-ce que ça serait plus à propos, peut-être, d'écrire
quelque chose dans les considérants, toujours pour souligner que c'est
un outil intéressant qui est déjà appliqué par plusieurs professeurs dans différents
contextes? Vous vous souvenez l'échange qu'on avait où je trouvais que ça
faisait un peu mauvaise presse de juste dire
obligation... interdiction d'obliger? Si on pouvait mettre quelque chose qui
soulignait que c'est un outil intéressant dans les considérants, comme ça n'a pas une force de loi, est-ce que
c'est quelque chose qui pourrait être envisageable?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, je me souviens de
notre échange et ce que je disais, dans le fond, c'est implicite. En fait, on dit qu'on ne peut pas obliger un
professeur de faire un traumavertissement, mais il demeure qu'un professeur
peut juger, hein, il est libre d'en faire un. Alors, moi, je pense que c'est
assez fort comme article, là, dans le projet de loi et que ça donne toute la latitude. C'est vraiment l'esprit de cet
article-là, ça donne la latitude au professeur de décider, au
bénéficiaire de la liberté académique universitaire, de décider d'en faire un.
C'est vraiment l'esprit de cet article-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je suis d'accord, mais,
au final, ce qui va rester de nos beaux échanges fructueux, ça va être ça, ça
va être le texte de la loi. Donc, dans six mois, un an, des années, peu de
gens vont aller fouiller dans le procès-verbal pour voir qu'il y a eu un bel
échange entre la ministre puis le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Parce que les
considérants n'ont peut-être pas la même force que l'article, ou ont à peu près
presque peu de force, dans le fond, ça ne serait pas une belle façon de venir
équilibrer ce qui me semblait être de la mauvaise presse qu'on faisait avec
l'interdiction d'obligation, de venir l'équilibrer en disant... ici, dans le
considérant, de rappeler que c'est un outil pertinent, pédagogique qui est
utilisé déjà dans plusieurs contextes, quitte à ce que, plus tard, dans la loi,
de ce qui était effectif dans la loi, on interdise de l'obliger?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, je ne crois pas
que ça ajoute beaucoup, là, en le mettant dans le considérant. D'ailleurs, là,
l'avis de la commission Cloutier est assez clair par rapport au
traumavertissement. Moi, je pense que... Encore une fois, je suis beaucoup plus
sur le principe de donner de la latitude. C'est ça, la liberté académique
universitaire, autant pour un traumavertissement, où on dit... dans le fond,
les bénéficiaires, c'est eux qui décident, c'est eux qui choisissent, c'est
eux... ce sont eux qui sont des experts. Alors, moi, je reste sur le fait que
l'article est totalement en lien avec l'esprit de la loi.
M. Leduc : Dernière tentative, Mme
la Présidente. Justement, ce que vous venez de dire, ce sont les experts, ce
sont eux qui le savent, mais on pourrait... C'est ça qu'on pourrait écrire,
notamment, tu sais : Considérant que les enseignants, chargés de cours
sont les gens qui ont une lecture de leur environnement, qui peuvent peser la
pertinence ou non de faire un traumavertissement, dans les considérants, puis
plus tard, évidemment, dans le texte, comme on l'a déjà adopté :
interdiction d'obligation.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, moi, je pense que
ce dont on discute actuellement, c'est la trame générale du projet de loi,
quand on parle de la liberté, la définition de la liberté académique
universitaire, la liberté de discussion et tous les autres éléments. Alors,
encore une fois, je ne crois pas que ça aurait une valeur ajoutée.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires sur le premier considérant? Nous passerions au deuxième
considérant. Est-ce qu'il y a des commentaires? Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
• (10 h 40) •
Mme David : Bien, écoutez,
peut-être, ça fait suite indirectement, mais assez directement à la discussion
qui vient d'avoir lieu. Moi, personnellement, ce concept-là ne m'excite pas
beaucoup. Je le disais, le traumavertissement, j'en ai fait toute ma vie. Quand
tu es... tu enseignes la psychopathologie, l'étudiant est traumatisé du premier
cours au dernier cours. Quand tu es en médecine, les étudiants ont tous peur
d'avoir des maladies qu'ils se font enseigner. Est-ce que c'est un
traumavertissement? Bon, je sais bien que c'est un sens beaucoup plus social
qu'on veut donner à des enjeux sociologiques importants, mais ce que vous
dites, dans le deuxième considérant, c'est quand même important, là : «Il
est primordial que ces établissements d'enseignement offrent une formation de
qualité aux membres de leur communauté étudiante — ça, on espère, mais
c'est la dernière ligne qui est importante — dans un environnement propice
à l'apprentissage, à la discussion et aux débats.»
Ça, là, ça met la table à : On a le droit
de débattre. Et on a le droit de débattre... C'est dur, le débat. Quand, dans
les années 80, 90, 2000, on avait des discussions sur es-tu fédéraliste,
es-tu souverainiste au party de Noël, ce n'était
pas des discussions le fun, des fois, entre les cousins, cousines, les
mononcles puis les matantes, puis ça se chicanait solide. C'est dur de
débattre. Au Québec, on est... on a toujours dit, on était une société très
conciliante puis on n'aime pas trop ça, la chicane, etc., mais, quand tu es à
l'université, dans un cours où tu dois apprendre qu'il y a d'autres points de
vue que le tien, apprendre qu'il y a des théories des grands philosophes, des
grands sociologues, des politologues, puis qu'il y a...
qui ont écrit sur des grandes guerres, des conflits, bien, c'est sûr que ça
peut donner lieu à des débats. C'est sûr que ce n'est pas toujours reposant
d'aller étudier des enjeux qui sont très difficiles, sur la nature humaine, là,
puis sur...
Même en... dans le domaine où j'enseignais, la
psychologie clinique, bien, c'étaient des débats entre est-ce qu'on donne
des médicaments, ou bien on traite par la thérapie, ou on fait des deux, ou on
ne croit qu'aux neurosciences, ou on ne croit qu'à l'aspect plus psychologique
des maladies mentales. Et c'étaient, je vous dis, là, des débats qui pouvaient être extrêmement houleux. Et, attention, ça
allait même jusqu'au choix des futurs professeurs. Est-ce qu'on fait un
affichage de postes en neurosciences ou on fait un affichage de postes en
psychologie clinique, plus axé sur la psychothérapie,
l'écoute, l'empathie, le counseling, etc.? Je vous dis que c'est... j'ai eu des
assemblées départementales qui étaient bien pires que des périodes de questions
au salon bleu, là. C'était... ça y allait fort, là.
Alors, ce n'est pas facile, le débat, ce n'est
pas facile, la discussion, mais, je dirais dans cette phrase-là, ce sont les deux... ce sont les deux composantes de
l'apprentissage. Alors, ça le dit, là, clairement : Ce n'est pas une
mission facile de discuter et de débattre ni pour le professeur qui est devant
ses étudiants... ses étudiants qui ne pensent pas tous la même chose. On ne dit pas «les étudiants», il y a souvent... On
parlait de carrés rouges tout à l'heure, puis il y a eu des carrés
verts, puis on se souvient d'énormes tensions qu'il pouvait y avoir.
Alors, discussions, débats égalent, normalement,
apprentissage. Puis l'étudiant, il se fera sa tête en... Mais il faut qu'il
commence par connaître les enjeux puis pouvoir poser des questions. Alors, moi,
je pense que mettre ça dans le considérant, ça met la table à une vie
universitaire qui peut être saine, pas toujours facile, mais nécessaire.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. D'autres interventions sur le deuxième
considérant? Nous passerions au
troisième considérant. Est-ce qu'il y a des interventions, commentaires?
Madame... bien, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, pardon.
Mme David : Ce n'est pas grave.
Bien, là, on... j'espère, mais je... Ils étaient contents, mais ils voulaient qu'on le retrouve dans le projet de loi parce que
c'est plus prescriptif, à la page V du rapport Cloutier, en chiffres
romains. En tout cas, c'est... c'était
l'autonomie, l'autonomie des établissements d'enseignement supérieur. Mais
c'est dit dans les considérants,
c'est bien que ça soit dit. C'est bien que ça soit dit. Comme dit la ministre,
il y a une trame et c'est important qu'on le mette. Là, on ne parle pas
de liberté académique, là, et individuelle. Là, on parle vraiment autonomie des
établissements d'enseignement supérieur. Et j'aurais peut-être été beaucoup
plus craintive si on avait étudié... Et c'est une bonne idée de faire le
préambule après avoir étudié le projet de loi, parce qu'évidemment que, si on
n'avait pas réglé les enjeux de l'article 6, on ne serait pas en train de
dire que ça va bien avec le troisième considérant, on serait en train de dire
que c'est la catastrophe pour... et que ça ne marche pas ensemble, là, et
que... Donc, l'article 6 est venu, avec les amendements, corriger ce qui,
pour tout le monde, ou à... tout le monde, je pense, était une grande crainte,
de perdre l'autonomie. Là, on retrouve cette... on la trouvait dès le début
dans la première mouture, mais ça ne marchait plus avec l'article 6.
Alors, si ça peut rassurer, là, le député d'Hochelaga,
oui, il y a souvent... Moi, je n'ai pas eu récemment... en tout cas, dans les
quatre dernières années, je n'ai pas eu aucun projet de loi où il n'y
avait pas de considérants puis de préambule, là. Il y en a eu en laïcité, il y
en a eu en langue française, il y en a en liberté académique. Ça met la table.
Comme dit le Pr Lampron, c'est une... ce sont des clés de lecture, ça met
le... ça nous... c'est l'apéritif qui nous dit où on s'en va, un peu, après
avec l'ensemble de l'oeuvre et c'est...
Ça montre l'importance de le voter après le
projet de loi, parce que, là, comme on est allés apporter des amendements
extrêmement importants à l'article 6, ça nous permet en toute sécurité
d'avoir le troisième considérant, qui est totalement cohérent avec le nouvel
article 6 et l'ensemble, je pense, du projet de loi, parce qu'il y en a
dans l'article 3, dans l'article 4. La trame a été comme... on a pris
un train, là, qui s'en allait un peu vers là, puis là les gens qui s'occupent
des trains, ils ont remis les rails, là, puis ils ont fait reculer le train,
puis là on va prendre un peu une autre direction, puis je pense que cette
direction-là est en droite ligne avec les considérants. Alors, si on avait besoin d'une preuve que c'est important d'adopter
les considérants, le préambule après, on l'a dans ce considérant-là.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions sur le troisième considérant? S'il n'y a pas
d'autre intervention, je passerais au cinquième, étant donné que le quatrième,
il y a eu un amendement, et que nous avions voté pour le quatrième considérant.
Est-ce qu'il y a des interventions sur le cinquième considérant? Mme la députée
de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Là, c'est vraiment
extrêmement important, puis, évidemment, là, je ne pourrai plus parler après,
parce que ça va être fini, hein? Vous n'avez pas d'autre article à nous
soumettre, là? On pourrait passer plus de temps, hein, passer toute la semaine
à parler.
Une voix : Là, tu peux en déposer,
par exemple.
Mme David :
Moi, je peux en déposer, mais... C'est ça, je pourrais. Mais celui-là, là...
Écoutez, je tiens à faire le point, parce que ce qui est dit là est extrêmement
important, et on le voit, ceux qui ont lu La Presse en fin de semaine,
ce qui se passe en Floride. Les gens sont en train de regarder avec des yeux
complètement médusés sur ce qui peut se passer en Floride, qui ressemblent à
des universités où on va décider vraiment qui, quand, comment et quoi va être
enseigné à un niveau même universitaire. Les enjeux, ça se... Je ne veux pas
juste de parler de politique américaine. Dans des pays où la démocratie, disons, n'est pas à
l'honneur, il y a... il y en a, des contraintes doctrinales, il y en a, des contraintes idéologiques, il y en a,
des contraintes morales, et c'est ce qui guette toutes les démocraties si
on ne fait pas attention à ces enjeux extrêmement doctrinaires : on
n'enseignera pas telle chose, on n'enseignera pas telle autre chose. Tous les
enjeux, en ce moment, sont... pas tous, mais de très nombreux enjeux sont mis
en question, et il ne faut plus parler de questions de genre, il ne faut plus
parler d'avortement — là,
je ne parle pas du Québec, là, on n'est pas
rendus là, et heureusement — il
ne faut pas parler de certaines littératures qui auraient telle ou telle
tendance. Bien, on s'en va dans un mur doctrinal extrêmement inquiétant partout
sur la planète, et il ne faut pas que le Québec embarque là-dedans du tout, du tout, du tout. Et on n'est pas loin, là,
de la frontière américaine, et ils s'entredéchirent de façon très
inquiétante pour la démocratie, et on peut même avoir des petits relents de ça
peut-être ailleurs au Canada. Il faut faire très, très attention.
Encore une fois,
c'est beaucoup plus exigeant de ne pas avoir de contraintes doctrinales. Si on
dit à nos enfants, quand on les éduque : Tu dois penser comme ça, tu n'as
pas le droit de penser. Je vais te dire quoi lire, quoi penser, quoi faire, et
tu dois rester dans ces ornières-là. On pourrait dire, c'est plus simple, c'est
plus facile, tu dis à l'enfant : Tu te couches à sept heures puis, si
tu te relèves, là, tu vas avoir une punition. On sait bien, tous ceux qui sont
parents, que ça ne marche pas comme ça, l'éducation, c'est un tango qu'on joue
un peu avec la personnalité de notre enfant, avec ses enjeux, avec notre état,
à nous, nos convictions. Mais, si on est trop doctrinal, si on est trop
idéologique ou moral, le mot y est, là, je ne l'invente pas, le mot est là,
«moral»... C'est très exigeant, la démocratie est beaucoup plus exigeante pour
la pensée que peut l'être... peuvent l'être des gouvernements totalitaires ou
des perspectives très, très morales. Tu dois penser comme ça puis tu n'as pas
le droit, comme on dit, de penser en dehors de la boîte. Quand cette boîte-là
est très hermétique, c'est là que ça peut donner lieu à des conflits terribles
dans le monde. Et là on a ce considérant-là,
puis, je le dis, c'est extrêmement important de l'avoir mis là, extrêmement
important. Parce que, lorsque les établissements d'enseignement ne pourront
plus accomplir leur mission, parce qu'ils auront des contraintes doctrinales,
idéologiques ou morales, nous n'aurons plus d'établissements dignes de ce nom
et nous n'aurons plus de sociétés démocratiques dignes de ce nom.
Alors,
ça a peut-être l'air de deux petites lignes et demie toutes anodines, mais
ce n'est pas anodin. Et, là-dessus, je pense que la ministre a eu tout à
fait raison de mettre ça comme ça, parce que c'est le contraire de ceux et
celles qui pensent qu'on peut faire un projet de loi sur la liberté académique
pour enchâsser cette liberté et pour la cadrer dans une idéologie x ou y. Je
pense que cette phrase-là montre que c'est le contraire. On dit non, on doit pouvoir
enseigner sans ces contraintes-là qui nous
obligent évidemment à de l'écoute, évidemment à du compromis, évidemment
à ce qu'on vient de dire, des débats, des
débats, cette discussion, débat. Mais, sans ça, on risque vraiment, vraiment
le pire et on voit ce que ça a donné à travers les siècles, des guerres atroces
sur des notions, vraiment, là, de qui est plus... qui a le mérite d'exister,
qui n'a pas le mérite d'exister, etc.
Alors, je remercie la
ministre d'avoir mis ce considérant-là parce qu'il est exigeant, mais c'est les
fondements mêmes de la démocratie. Alors, les universités peuvent peut-être
dormir en paix au moins pour quelques années, on verra, on n'est jamais à
l'abri de rayer ce genre de considérant là.
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. D'autres interventions sur le dernier considérant?
M. Leduc :
Peut-être laisser la ministre répondre avant d'y aller, là, si...
Mme McCann :
...
M. Leduc :
Non. O.K., bien, je vais y aller avant.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député, allez-y.
M. Leduc :
Merci beaucoup. Alors, le considérant dit : «Considérant qu'il y a
lieu de veiller à ce que ces établissements d'enseignement puissent accomplir
leur mission sans contrainte doctrinale, idéologique ou morale.»
Je voudrais avoir un
court échange avec la ministre quant à un article qui a été publié, en janvier
dernier par Philippe Mercure dans La Presse+, qui dit : Quand la
CAQ écorche la liberté universitaire. Il dit ce qui suit :
«Sans tambour ni
trompette, le gouvernement a lancé une initiative intitulée "Programme
d'appui à la laïcité". L'idée : offrir des bourses aux chercheurs qui
veulent étudier la laïcité. Jusqu'ici, tout va bien.
«Mais
attention : la conclusion des recherches est télégraphiée. Parce que l'un
des objectifs du programme est de "promouvoir le modèle québécois défini
par la Loi sur la laïcité de l'État".
«Autre
perle : dans les critères d'évaluation des demandes, on précise que le
projet devra générer des "retombées positives pour le gouvernement
du Québec et le secrétariat".
«Le
programme est géré par le Secrétariat
à la réforme des institutions démocratiques, à l'accès à l'information
et à la laïcité.»
Est-ce que Mme la
ministre considère que cette initiative-là s'insère bien dans cette idée
d'accomplir la mission des universités sans contrainte doctrinale, idéologique
ou morale?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, Mme la
Présidente, oui, je me souviens de cette situation, puis effectivement on a
modifié le libellé. Je n'ai pas le libellé exact, là, à la mémoire, mais il a
été modifié.
M. Leduc : Donc,
visiblement, la première mouture était un petit peu trop télégraphiée
peut-être, comme le disait le journaliste.
Mme McCann : Je ne peux pas présumer
de ce qui s'est passé, Mme la Présidente, mais je sais que le libellé a été
modifié.
M. Leduc : Donc, on peut
s'attendre à ne pas revoir ce genre d'exercice là dans le futur?
Mme McCann : Écoutez, je ne
peux pas présumer non plus, je dois dire, je veux être prudente. Mais,
effectivement, je comprends le sens de la question de mon collègue, hein,
l'esprit, hein, du projet de loi, là, qu'on est en train de travailler
ensemble, et je comprends sa question. Donc, dans le cadre du projet de loi,
c'est sûr qu'il y a des principes à appliquer.
M. Leduc : Parce qu'il faudrait
peut-être donner l'exemple, n'est-ce pas? On parle souvent d'exemplarité, du
rôle des élus, du rôle de l'État du Québec, ce serait important qu'on garde
l'exemple. Bon, je comprends que ce n'est pas... vous ne voulez peut-être pas
vous prononcer, mais on peut peut-être s'entendre que c'est souhaitable que ça
ne se reproduise pas, peut-être.
Mme McCann : Bien, c'est sûr, Mme la
Présidente, que, si la loi est adoptée, c'est clair que ça va venir influencer
beaucoup de choses, parce qu'on met ça dans un projet de loi, on met ça dans
une loi, potentiellement, là, si elle est adoptée. Alors, c'est sûr qu'il va y
avoir une influence de cette loi à travers l'ensemble, là, de notre
environnement. Donc, c'est ce que je peux répondre à mon collègue, et j'en suis
très heureuse, d'ailleurs.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Leduc : C'est beau. Merci.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup. Donc, est-ce que... Oui, Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme
David : Oui, bien, le collègue est très, très habile et a
une bonne mémoire ou des très bons recherchistes. C'est vrai que ça
avait été extrêmement frappant, le libellé. Et ce qu'il faut comprendre de ce
considérant-là, c'est que ça inclut la
recherche. Parce qu'on l'a mis, la recherche-création, j'ai même souligné
l'importance de la recherche, puis accomplir leur mission sans
contrainte doctrinale ou...
Effectivement, ce n'est pas une bonne idée
d'orienter soit des chaires de recherche ou une subvention en disant : Je
veux que tu trouves ça, puis prouve-moi que ma loi est... mon concept est bon,
etc. C'est dit plus subtilement, souvent, ou, en tout cas, l'attribution de la
subvention peut être donnée à un groupe dont on sait déjà où il se loge, idéologiquement. Alors, ça peut
être... Alors là, c'est... je pense, c'était extrêmement, effectivement,
malhabile, la façon dont ça a été fait.
Mais je remercie le collègue d'Hochelaga d'avoir
soulevé que la recherche fait partie de l'enseignement et de la mission
universitaire. Alors, si la recherche fait partie, bien, particulièrement quand
c'est l'État, on a des fonds de recherche qui, déjà, ciblent de plus en plus.
Puis on a vu des grands enjeux à l'Université Laval autour de... il faut qu'il
soit... il ne faut pas qu'il soit blanc, privilégié, etc., mais il ne faut pas
qu'il soit un homme non plus. Bon, on est dans ces grands débats-là, là,
d'équité, diversité, inclusion, qui partent d'une bonne intention mais qui peuvent
aller dans des choses beaucoup plus complexes. Et là je ne sais pas si ça part
d'une bonne intention, je ne sais pas si ça
part... Mais c'est clair que c'est orienté. Alors, je pense qu'il est tombé sur
un exemple, tout à fait, de choses qu'on essaie d'éviter
particulièrement. Quand on fait de la recherche, c'est de se faire dire :
Je te donne de l'argent, mais je veux que tu me dises... je veux... je vais
t'écrire la conclusion, autrement dit, puis toi, mets-moi des données entre les
deux, là, fais de la recherche, mais je vais t'écrire les conclusions, sinon tu
n'as pas l'argent qui... Alors, ça, ça n'a pas de bon sens, et c'est pour ça
que je dis que ce considérant-là est si important.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Oui. Alors, Mme la
Présidente, à la lumière d'informations que je viens de recevoir, je dois
modifier ma réponse à mon collègue, parce qu'effectivement il y a eu des débats
par rapport à cette situation. Mais, effectivement, au bout du compte, le
libellé n'a pas été modifié, n'a pas été modifié.
Mais ce que je veux dire, aujourd'hui, c'est
que, si cette loi est adoptée avec l'ensemble des éléments dont on a parlé
aujourd'hui et la semaine dernière, il y aura une influence par rapport à des
dossiers tels que celui qu'a soulevé mon collègue.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui.
En quelques mots, bien, merci pour la précision, Mme la ministre. Moi, je
ferais juste en rajouter une couche en
disant que ça... je ne pense pas que ça va empêcher, malheureusement,
peut-être, d'autres situations de se reproduire,
que ça soit avec votre gouvernement ou un autre gouvernement. La vie étant ce
qu'elle est puis l'État étant ce qu'il est aussi, tellement tentaculaire.
Cependant, la
contradiction sera d'autant plus forte pour les prochaines personnes qui seront
au pouvoir de jouer des deux côtés de la médaille, c'est-à-dire de
renforcer la liberté académique avec la loi mais de commencer à vouloir
télégraphier des résultats de recherche. C'est toujours... C'est d'autant plus
désolant que, dans le rapport Cloutier, il y avait une section là-dessus où on
demandait aux professeurs, aux chercheurs : Qu'est-ce qui vous... Qu'est-ce
qui limite votre liberté académique? Moi, ça m'avait marqué. Il y avait un
petit peu le privé, bien sûr, mais il y avait beaucoup les fonds
subventionnaires du gouvernement du Québec, en particulier. Et c'est là qu'ils
sentaient que la liberté académique était quand même fortement restreinte par
les thèmes à la mode qui sont souvent mis de l'avant beaucoup plus par les
fonds subventionnaires du gouvernement.
Alors, merci pour la
réponse. Puis moi, j'en appelle évidemment à une plus grande cohérence de
l'ensemble de la machine étatique, mais ça
sera les prochaines personnes au pouvoir qui auront à vivre d'éventuelles
contradictions si l'événement se reproduit. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Oui, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David :
Bien oui, je tiens à remercier la ministre pour sa dernière affirmation, qui
est assez lourde de sens, je dirais,
c'est-à-dire qu'avec cette loi-ci... probablement qu'un affichage de... qui ne
venait pas de son ministère. D'ailleurs, si je ne m'abuse, ça venait
d'un autre ministère et ça venait d'un autre ministre. Mais, à un moment donné... puis je l'ai vécu, moi aussi, d'une
certaine façon, quand on... dans... Ce n'est pas la ministre de
l'Enseignement supérieur qui peut décider de tout, mais là elle a une loi qui
va décider à sa place, là, qu'elle soit elle ou une autre après. Mais c'est
vrai que les ministères peuvent attribuer des subventions puis dire : En
agriculture... que ça soit en laïcité, que ça soit en... ah, je l'ai vu en Environnement
et Développement durable, de l'argent pour faire de la recherche. Mais, comme
dit le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, si cette loi avait existé en octobre,
disons, 2021, bien, ce libellé n'aurait pas pu être fait de la même façon.
Alors, il faut
qu'entre ministères ils soient conscient qu'il faut respecter la loi aussi et
pas seulement les citoyens qui sont tenus de respecter la loi, ou les
universités dans ce cas-ci. L'article 6 le dit : Tu es tenu de
respecter les lois. Et moi, je trouve que, là-dessus, ça prend encore plus de
sens, cet exemple-là, face à une réalité que les gens connaissent peu, mais qui
est la réalité souvent interministérielle où il se passe une initiative, où on
n'est pas toujours consultés, même si c'est plus dans notre champ... bon, c'est
compliqué, tout ça. Mais ça va beaucoup plus loin, parce que, là, ce n'était
pas un ministère, ce n'était pas le responsable de la recherche, qui est le
ministre de l'Économie, qui a les fonds de recherche, là, du...
• (11 heures) •
Le député fait
référence à la recherche orientée, et ça, on le déplore depuis des années et
des années. Mais c'est plus subtil, là, c'est des... On va valoriser la
recherche intersectorielle — moi,
ça, j'ai toujours valorisé, ça, oui c'est correct — peut-être, dans les
domaines du suicide à l'adolescence, bon, mais on ne dit pas... du suicide à
l'adolescence en fonction de la diversité de genre, bon, parce qu'on sait qu'il
peut y avoir des enjeux de jeunes filles, ou de jeunes garçons, ou de diversité
de genre et d'orientation sexuelle qui rendent... qui génèrent beaucoup plus de
détresse, ça, on le sait, mais on ne dit pas : Bien là, tu vas devoir me
dire et me confirmer que ci, et ça, et ça. Mais c'est sûr qu'il y a des
chouchous. Le député, collègue a parlé de thèmes à la mode. Il y a des enjeux
sociaux plus présents certaines décennies, moins présentes d'autres décennies.
On ne sait pas, en 2030, quels seront les nouveaux enjeux sociaux. Ça,
c'est vrai que ça fait un peu orienter, mais ça n'a rien à voir avec les
enjeux... ça n'a rien à voir, en fait, c'est encore plus précis, plus poussé
d'avoir des libellés qui nous disent à peu près ce qu'on veut trouver.
Et ça, on remercie le
collègue et la ministre de dire, avec cette loi-là, il va falloir être beaucoup
plus prudents, prudents, à travers les ministères et d'autres organismes
subventionnaires, de dire : Bien là, on a peut-être... ça va peut-être un
peu loin. On trouve les solutions et les résultats avant même d'avoir fait la
recherche. Laissons ça aux chercheurs et laissons-les exercer, sans contrainte
doctrinale, idéologique ou morale, la recherche sur laquelle, oui, ils peuvent
obtenir un contrat. Mais il faut que le contracteur... je n'aime pas ce mot-là,
ça fait construction pas mal, mais puisse accepter de vivre avec les
conclusions, avec les conclusions des universitaires qui font ça. Et, même à la
recherche au collégial, là, je ne l'oublie pas, en toute connaissance de cause,
avec les outils scientifiques, il faut que ça soit rigoureux, mais avec les
outils scientifiques dont ils disposent.
C'est le danger,
entre plein de guillemets, auquel s'expose celui qui donne l'argent,
c'est-à-dire, peut-être, ça ne fera pas mon affaire. Mais c'est comme ça que la
science avance. Ça ne fait peut-être pas mon affaire de savoir : Il faut
que je prenne telle pilule jusqu'à la fin de mes jours parce que j'ai telle
maladie, mais la science a prouvé que c'était la seule façon de ne pas empirer
ta situation. Bon, bien, tu dois vivre avec les conséquences de la science, qui
doivent toujours être reconfrontées, c'est vrai.
Mais j'apprécie
beaucoup l'intervention de la collègue, mais j'apprécie aussi la réponse de la
ministre qui dit : Il y aura un après, un avant et un après cette loi-là.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. D'autres interventions? Donc, je vais procéder à la
mise aux voix du préambule. Est-ce que le préambule... Oui, Mme la ministre.
Mme McCann :
Par appel nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Par appel nominal. Merci. M. le secrétaire, pour le vote
du préambule tel qu'amendé.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme McCann (Sanguinet)?
Mme McCann : Pour.
Le Secrétaire :
M. Chassin (Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Pour.
Le Secrétaire : Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire : M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Pour.
Le Secrétaire : Mme Proulx
(Côte-du-Sud)?
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Pour.
Le Secrétaire : Mme David
(Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Pour.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire : Mme D'Amours
(Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, c'est adopté.
Maintenant, nous passons à l'étude du titre du
projet de loi. Est-ce qu'il y a des interventions? Je suis prête à mettre aux
voix le titre du projet de loi. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté. Je propose que la commission recommande la... renumérotation, pardon,
du projet de loi amendé. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté. Je propose que la commission adopte une motion d'ajustement des
références. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Remarques finales
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
sommes maintenant rendus aux remarques finales, et je vais céder la parole au
député d'Hochelaga-Maisonneuve pour une durée de 20 minutes.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. D'emblée, je voudrais m'excuser, je devrai quitter à la fin de mes
remarques, j'ai une autre rencontre à laquelle je suis déjà un retard, mais,
bref, je vous écouterai tantôt en différé. Mme
la Présidente, merci, ça s'est déroulé plutôt rondement, comme on l'avait
prévu, hein, ce n'était pas un immense projet de loi en nombre
d'articles.
Je veux souligner
l'ouverture de la ministre. On avait proposé de travailler avec le dépôt des
amendements en ouverture. Elle l'a fait. On avait proposé de se parler avant et
de se détailler. Elle l'a fait. Elle nous a convoqués, là, la semaine précédant
l'étude détaillée. Donc, moi, j'apprécie cette façon-là de fonctionner. Ça aura
été notre seul projet de loi ensemble et ça aura été agréable.
Sur le fond, maintenant, on avait grosso modo
quatre demandes, la première, c'était ramener la définition plus complète de la
liberté académique de l'UNESCO. On pensait que ça allait devoir régler, par la
force des choses, l'enjeu du devoir de
loyauté, là, qui avait été soulevé par notamment le Pr Lampron et d'autres
intervenants. Là-dessus, on se considère satisfaits de l'amendement de
la ministre.
L'autre, c'était de modifier substantiellement
le fameux, là, conseil, comité en charge de recevoir les plaintes. On est plutôt satisfaits aussi du
travail qui a été fait, plus de place pour les étudiants, étudiantes, bon,
clarifier que ce n'est pas eux qui se substituent à l'employeur, bien sûr. Il
reste le droit du travail, qui est un univers en soi, qui n'est pas attaqué par
cette nouvelle instance. Donc, là-dessus aussi, feu vert, pour nous, à cet
amendement-là.
Troisième, ça se complique un peu, là, la
question de l'article 6, on souhaitait l'abolir complètement, le retirer
complètement. La ministre l'a remanié. Bon, c'est mieux que rien, c'est un
compromis. Donc, lumière jaune, peut-être, pour l'article 6 ici.
Finalement, on aurait vraiment souhaité, en
dernière instance, là, de rajouter une clause très, très claire sur le fait que
les universités doivent prendre fait et cause, comme ça existe dans d'autres
lois, notamment dans le milieu municipal. Alors, je pense que c'est nos...
pendant une de mes absences, là, ma collègue du Parti libéral qui l'a fait. Ça
a été refusé. Donc, là-dessus, c'est une déception, bien sûr.
Alors, on est en train de jongler, là, qu'est-ce
qu'on va faire, vote pour, abstention, etc., là, deux lumières vertes, une
lumière jaune, une lumière rouge, quelle couleur ça donne à la fin de
l'équation. On va voir. Ma fille fait beaucoup de mélanges de couleurs, ces
temps-ci, quand elle peinture. Ça donne souvent du brun, ça fait que je ne sais
pas trop si on vote pour ou contre avec la couleur brune, on verra.
Mais tout ça pour dire que ça a été une étude
détaillée appréciée, agréable. Je remercie mon collègue Émile pour son appui
tout au long de ce travail. Et merci pour tout. Merci pour votre service
public, Mme la ministre. Je sais que c'est la fin du mandat pour vous, pour ma
collègue aussi de l'opposition. Merci à vous deux pour votre service public.
C'est très apprécié. On n'est pas d'accord sur tout, bien sûr, mais il faut
toujours saluer le temps, l'énergie et le sérieux qu'on met dans ce travail-là.
Alors, merci à vous deux. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Marguerite-Bourgeoys
pour une période de 20 minutes.
Mme Hélène David
Mme David : Oui, je ne prendrai
pas les 20 minutes, inquiétez-vous pas, même si, des fois, j'aurais le
goût, mais je ne le ferai pas. Parce que, oui, c'est un projet de loi qui
clôt... qui est la dernière mesure législative à laquelle, moi, je participe,
la ministre aussi, probablement, à moins qu'elle nous apporte un petit dernier
de dernière minute, mais je ne pense pas, je pense que le menu législatif est
tellement imposant que... En tout cas, celui-ci aura été, comme je dis, une
pièce législative de grande importance à laquelle, je dirais, on a tous
participé, puis tous et toutes, y compris la partie ministérielle et les
juristes. Et on sait quelle sorte de discussions nocturnes ça peut donner dans
le bureau d'une ministre avec sous-ministres, juristes, cabinet, etc., pour
dire : On va-tu là, on va-tu là, on fait-tu ci, on fait-tu ça? Je pense
qu'il y a eu un travail très sérieux, très rigoureux, avec des gens qui... des
validations, même, auprès de gens de la communauté universitaire, je pense, ça
été très apprécié.
Alors, c'est un chant du cygne pour moi, pour la
ministre probablement aussi, mais d'un lien avec tous ces fonctionnaires...
mais je n'aime pas appeler ça comme ça, c'est des serviteurs de l'enseignement
supérieur, vraiment, qui sont là, qui sont derrière, des juristes qui sont des
fois affectés à l'Enseignement supérieur, même s'ils relèvent maintenant — ça
n'a pas changé, j'imagine — du
ministère de la Justice, mais ils sont comme prêtés à l'Enseignement
supérieur, et ils le font avec beaucoup, beaucoup d'engagement. Et puis,
évidemment, les... la sous-ministre, que j'ai eu l'occasion de connaître depuis
quand même un bon bout de temps. Nos destins se sont croisés dans toutes sortes
de choses. Ça ne nous rajeunit pas, mais vous avez quand même de très belles
années encore devant vous.
• (11 h 10) •
Mais j'ai eu tellement l'occasion, de
l'intérieur, moi-même, comme fonctionnaire, et, après, de l'extérieur, bien,
dans un rôle d'élue, de voir à quel point c'est important, la haute fonction
publique, et la fonction publique en général.
C'est extrêmement important. Je me rappelle d'appels faits la fin de semaine à
des directeurs de l'enseignement collégial, directeurs de l'enseignement
universitaire qui... cette personne-là appelle le professionnel responsable en
dessous, puis tout ce monde-là se mobilise un samedi, un dimanche. J'avais un
sous-ministre, à l'époque, qui m'avait tenue de 9 heures le matin à
5 heures de l'après-midi en conférence téléphonique au téléphone, et
j'avais des enfants qui n'étaient pas très vieux à l'époque, et il fallait
régler un problème, puis la ministre de l'époque, qui voulait que ça se règle,
puis il fallait que ça se règle, bien, tout le monde était là. Et puis ils ne
sont pas allés chez Costco ce jour-là puis ils ont fait garder... je ne sais
pas comment ils ont fait garder leurs enfants, je ne me souviens même plus
comment j'ai réussi à faire ça. Je me vois encore assise exactement dans la
pièce où j'étais de 9 heures le matin à 5 heures
l'après-midi. Il n'y avait pas de Zoom, à l'époque, là, c'était en 2009, alors
au téléphone. Mais c'est ça, la fonction publique aussi. Puis on est
portés tellement souvent à dire : Bien non, c'est des fonctionnaires puis,
tu sais, ils ne travaillent pas beaucoup. C'est faux, c'est totalement faux. Ce
sont des gens d'un engagement indéfectible, puis on n'a pas idée de tout ce qu'ils font avec les
clientèles. Ils appellent les universités, ils appellent les collèges, ils
connaissent leurs clientèles. Et une sous-ministre, bien, ça travaille, ça
travaille 60 heures-semaine minimum, puis il faut que ça soit jointe en tout
temps, et puis il faut... parce qu'on ne sait pas quand le problème va surgir.
J'ai le plus grand respect pour la fonction
publique et j'ai le plus grand respect pour les élus aussi, puis là je suis
passée par là, puis être ministre, puis être députée, puis c'est un engagement
énorme. Et d'avoir fait un projet de loi comme ça, in extremis, je dirais,
parce que, là, le menu législatif... et le temps passe et passe, à travers une
pandémie, à travers la gestion totalement inédite de l'enseignement à distance,
de la détresse étudiante, de la détresse enseignante, à travers tout le Québec,
mais... Je l'ai vécu, à mon niveau à moi, d'être députée, mais, même comme
porte-parole de l'enseignement supérieur, c'était... on la voyait bien, on
voyait bien les enjeux. Et donc, chapeau, quand même, pour avoir tenu le fort.
Parce que je n'imagine même pas le nombre d'heures qui a dû être consacré à
gérer tout ça, puis, après ça, à reprendre le flambeau de choses qui avaient
été comme laissées en plan, et puis dire : Là, ah! on va revenir à la liberté académique. Puis c'est arrivé, je
pense, à travers tout ce magma d'insécurité mondiale par rapport à une
pandémie qui nous a tout bouffé notre énergie.
Alors, ce projet de loi là est important, je
pense qu'on a réussi. Oui, il n'y a pas... tout n'a pas été obtenu, le fait et
cause en lien avec la question du Code civil, l'article... je pense, c'est
14.65 ou je ne sais plus trop, c'est complexe, c'est d'une complexité énorme.
Et est-ce que c'est protégé par le droit civil? Est-ce que, oui, les gens vont
être aussi protégés que si on avait mis l'amendement? Je ne suis pas juriste,
je ne suis pas sûre. Puis je ne suis pas sûre que tous les juristes ont la même
opinion. La preuve, c'est qu'il y en a, des juristes, des professeurs de droit
qui sont totalement contre l'idée que c'est protégé par les articles du Code
civil.
Alors, moi, je ne suis pas juriste, je ne peux
pas jurer que c'est dans un cas comme dans l'autre. Peut-être, en toute
sécurité, je l'aurais mis. Il y a eu quand même des événements comme l'affaire
Maillé, qui ont secoué beaucoup, beaucoup, là. Il y a toute la question des
poursuites-bâillons. Alors, c'est un monde juridique complexe, on ne veut
jamais qu'une étudiante ou qu'un professeur soit pris là-dedans, ça donne des
situations épouvantables. Et on espère que les universités seront toujours au
rendez-vous rapidement pour défendre leurs étudiants, leurs professeurs,
évidemment, comme on dit, quand toute la rigueur scientifique est au
rendez-vous, parce que ça, c'est important aussi, quand même.
Alors, il y a des choses, peut-être, qu'on
aurait pu ajouter, mais il y a eu, si on voit le verre aux trois quarts plein,
je dirais, ou à 80 % plein, il y a quand même eu des changements majeurs.
On en avait parlé avant. J'avais fait tout
un bloc à l'étude des crédits là-dessus. J'espérais que la ministre entende non
pas seulement nous, nos revendications, mais nos revendications, c'était
d'essayer de réfléchir avec les consultations qui avaient eu lieu, avec les
mémoires, qui ne disent pas tous la même
chose. C'est sûr qu'il y en a qui tirent beaucoup la couverte d'un bord, de
l'autre et de l'autre.
Je reviens à mes trois piliers, là, la cogestion
aurait été beaucoup voulue par la partie syndicale, la FQPPU, etc., d'aller
plus loin dans cette cogestion. Je dirais là qu'on tirait peut-être d'un côté
qui n'est pas nouveau, qui existe depuis très longtemps dans les universités.
Les étudiants voulaient être sûrs d'être très bien représentés puis qu'on
entende leur voix quand ils sentent qu'ils sont... On a le droit de discuter,
autrement dit, on a le droit aussi de confronter le professeur, bon, il faut
entendre ça aussi. Puis il faut entendre, évidemment, les dirigeants
d'université qui, ultimement, sont imputables, sont responsables, et ils
doivent agir, et qui ont dit : Attention, attention, on a notre autonomie,
puis préservez-la à tout prix.
Alors, à tout prix, je pense que la ministre a
fait un équilibre, oui, à un certain prix, mais en même temps, parce que... Et
peut-être que mes collègues vont dire que je suis trop imprégnée de ma vie
politique ou du ministère de l'Enseignement supérieur, mais des fois, les
universités plaident très, très fort pour une autonomie où la reddition de
comptes n'est pas nécessairement si présente, même s'ils vont dire que la loi n° 95 oblige. Oui, mais la loi n° 95,
là, on n'a même pas le temps de l'étudier en
commission parlementaire. Les rapports triennaux des universités, bon,
ce n'est pas là que ça se passe vraiment, la surveillance, des fois, parce que
je pense, des fois, il doit y avoir surveillance et implication d'un ou d'une
ministre de l'Enseignement supérieur. Mais, moi, je trouve ça correct de faire
une politique sur la liberté académique. Et je sais qu'il y a plusieurs recteurs
qui auraient dit : On n'en veut juste pas, de loi, point à la ligne.
Le compromis est là, le compromis est qu'il y a
une exigence de politique, mais on ne dit pas dans le détail quoi faire. Et
surtout la ministre ne s'ingère pas pour dire : Non, là, il manque telle
chose, rajoutez telle chose. Ça, effectivement, dans l'article 6, ça
allait trop loin, il a été modifié, il est raisonnable, il est raisonnable.
L'article 4 aussi a été modifié, il est raisonnable, on ne parle plus d'un
conseil, on parle d'un comité. Ça, c'étaient des irritants, je dirais, plutôt
mineurs, mais sur le fond, c'est raisonnable aussi.
Moi aussi, il n'y en aurait pas eu, de loi sur
les violences à caractère sexuel, si j'avais écouté bien du monde qui
disaient : Pourquoi vous vous mêlez de ça? On gère ça, nous, dans les
universités. Oui, mais là, ils sont obligés d'en prendre un réel... de réelles
actions dans des temps définis avec des... Ce n'est pas la même chose, là, ça,
c'est comme du... J'ai abordé un enjeu qui
est dans la vie sociale, de ce que peut être une communauté universitaire, ce
n'est pas la même chose que la mission d'une université, et là on parle de
liberté académique. Donc, ça ne peut pas être du copier-coller, ces deux
lois-là, là, ça, c'est vrai. Mais les universités, des fois, ont peut-être
besoin de dire : Bien, écoutez, on va vous demander au moins d'avoir une
politique, au moins d'en rendre compte de façon... On a enlevé les sanctions,
on a enlevé des choses qui sont peut-être plus... qui étaient peut-être plus
irritantes.
Mais je pense, encore
une fois, que c'est un verre à 80 % bien rempli, qu'il manque des choses.
C'est ça, la vie politique aussi, c'est ça, d'être à la fois à l'opposition
puis de dire : Non, ça... La ministre peut dire : Ça va trop loin, ça ne va pas assez loin. Est-ce que moi,
j'aurais fait le même projet de loi? Je ne le sais pas. Mais je pense que
la mouture finale, finale, je dis bien, on est passé d'inacceptable par tous
les corps de la communauté universitaire à quelque chose
de beaucoup plus acceptable. Et pour ça, je pense que c'est important de
dire : On n'a pas une loi qui vient brimer la liberté académique, on a une
loi qui vient la protéger et qui vient, oui, redire des choses importantes sur
la mission des universités, sur les corps constituants des universités. On
vient de voir, avec le préambule, qu'on ne veut justement pas aller vers le
doctrinaire et l'autoritarisme.
Moi, je pense que
c'est quand même une avancée importante pour le Québec, je vais le dire comme
ça. Et j'espère que la Coalition avenir Québec et ce gouvernement, mais qui va
être dissout bientôt... enfin, je ne veux pas me tromper dans mon vocabulaire,
là, mais, en tout cas, on va être en élection, et il y aura une élection, et
j'espère que, quel que soit le parti et le gouvernement au pouvoir, il y aura
toujours, toujours ce souci, un, cet intérêt pour les universités, qui n'a pas
toujours été également présent, disons-le comme ça, puis des fois il y a des
sous-ministres qui trouvaient qu'ils
n'étaient pas assez entendus au forum des sous-ministres, là, parce qu'il y a
d'autres sous-ministres plus... tu
sais, c'est la finance, puis c'est l'économie, puis c'est... bon, mais c'est
important, l'enseignement supérieur, c'est vraiment l'avenir de notre
société, alors, j'espère qu'il y aura toujours des partis au pouvoir qui auront
à coeur cette liberté académique et qu'on n'oubliera pas ça. Puis la meilleure
façon de ne pas oublier, c'est d'avoir une loi. Ça, ça ne s'oublie pas.
• (11 h 20) •
Évidemment, nous, on
va continuer à plaider, même en prise en considération, qu'il y ait un compte
rendu aux cinq ans, qu'il y ait un rapport aux cinq ans soumis à l'Assemblée
nationale pour qu'on n'oublie pas. C'est un devoir non seulement de mémoire,
mais d'actualisation, de dire comment vit-elle, cette loi-là. Comment est-elle
appliquée? Est-ce qu'on est en dérive par rapport à cette loi-là? Est-ce qu'on
en a oublié des grands pans? Je pense que les universités, là-dessus, devraient
avoir un devoir de rendre compte spécifiquement de cette loi-là pour pouvoir
dire : C'est très important. Et on ne sait pas où on sera dans cinq ans.
J'ai parlé des grands dangers qui menacent la planète au niveau de la
démocratie. Bien, cette loi-là, dans cinq ans, où en sera la planète et où en
seront... Quel que soit le gouvernement au pouvoir, les universités devront
pouvoir dire : On respecte la loi, mais voici où c'est rendu, voici le
chemin à parcourir et, qui sait, apporter des amendements, apporter par
règlement des ajustements, ça se peut.
Alors, on va vous revenir avec ça dans la prise en considération, mais je
pense, ça serait extrêmement prévoyant et sage que de pouvoir avoir un
rapport à tous les cinq ans comme on a dans plein d'autres projets de loi.
Alors, ce sont mes
derniers commentaires sur cette loi-là et sur l'importance du milieu
universitaire, mais j'ajouterais collégial, et de ce ministère de
l'Enseignement supérieur qui a trouvé une certaine autonomie. Il est bardassé,
des fois, il est avec l'Éducation, d'autres fois, il ressort, il rentre, mais
on tient le cap, on tient le fort.
Et puis je remercie
encore tous les collègues députés. Je remercie mon collègue qui a tenu avec
deux députés différents le fort et qui a été justement un phare lui-même dans
l'étude de ce projet de loi là. Là aussi, on ne le dit pas assez à quel point
il y a de la compétence dans ceux qui nous accompagnent et que si on ne les
avait pas, là, on ne serait pas grand-chose,
nous, les élus. Qu'on soit ministre ou qu'on soit député, on a besoin de cette
aide extrêmement compétente et précieuse. Alors, merci beaucoup. Merci,
Mme la ministre. Merci, tous les collègues. On achève, on s'en va bientôt dans
une autre vie qui s'appelle une campagne électorale.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a des interventions
du côté gouvernemental? S'il n'y a pas
d'intervention, je vais finalement terminer avec Mme la ministre pour votre
remarque finale.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
Merci, Mme la Présidente. Alors, moi aussi, là, j'aimerais remercier
plusieurs personnes, là. J'aimerais remercier la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
mon adjointe parlementaire, le député de Saint-Jérôme aussi, le député de Richelieu,
la députée de Côte-du-Sud et le député de Beauce-Sud, qui sont ici aujourd'hui.
Je veux remercier aussi ma collègue, là, la députée de Marguerite-Bourgeoys, ce
projet de loi lui tenait vraiment à coeur, le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
la députée de Gaspé également. Et j'aimerais remercier particulièrement ma
conseillère politique, Isabelle Desrochers-Galipeau, qui m'a accompagnée tout
le long de ces travaux, et elle a fait ça de main de maître. Je veux remercier
aussi les équipes du ministère de l'Enseignement supérieur, les juristes, hein,
qui ont travaillé très fort, qui m'ont bien conseillée.
Je veux remercier
également Alexandre Cloutier et les commissaires pour leur apport rigoureux et
très pertinent tout le long des travaux, non seulement au niveau de la
commission elle-même, et toutes les personnes de la communauté universitaire
qui ont participé, hein, par des mémoires ou par des débats à cet exercice qui
va faire école, je pense, ce projet de loi, s'il est adopté.
Je vous remercie
aussi, Mme la Présidente, pour la belle façon dont vous avez mené les travaux,
je vous remercie beaucoup, dans un climat de collaboration. Merci à vous.
Alors, je veux aussi
vous dire que ça a été un travail d'équilibriste, hein, qu'on a entrepris tous
ensemble. On est arrivés à bon port. Alors, on est tous d'accord que les
universités doivent être des lieux de débat. La censure, elle n'a pas sa place
et elle n'y aura jamais sa place, je l'espère. Les universités doivent être des
lieux propices à l'apprentissage, à la discussion pour qu'on puisse offrir une formation
de qualité aux étudiantes et aux étudiants et les voir développer un esprit
critique fort et un jugement éclairé.
Le travail qu'on a
fait ensemble et les amendements au projet de loi qu'on a déposés et adoptés
ensemble ont bonifié le projet de loi tout en maintenant et même en renforçant
l'atteinte de notre objectif, évidemment, protéger la liberté académique
universitaire.
On a repris la définition
de la liberté académique telle qu'elle a été proposée par la commission
Cloutier, on a ajouté les discussions dans les activités reliées au droit à la
liberté académique universitaire, et on a inclus le terme «censure
institutionnelle» pour préciser le concept de contrainte doctrinale,
idéologique et morale.
Toujours en cohérence avec le rapport de la
commission Cloutier, on a remplacé les conseils par des comités représentatifs
de la communauté de l'établissement, en incluant notamment les étudiants, le
personnel, la direction, et on a retiré l'obligation que la politique détermine
des sanctions. Des amendements sont aussi venus clarifier le fait que les étudiants pourront aussi, eux-mêmes,
porter plainte auprès des comités sur la liberté académique. Ça, c'est
très important de le souligner. Enfin, pour nous assurer que la loi soit
convenablement appliquée, on a modifié l'article 6.
Alors, Mme la Présidente, je considère que c'est
un beau travail de construction d'un projet de loi que nous avons fait
ensemble. Et je pense aussi que, si elle est adoptée, ce sera une loi du Québec
dont plusieurs juridictions à l'international pourraient s'inspirer, Mme la
Présidente. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. À mon tour, si vous me le permettez, de prendre quelques secondes
pour remercier tous les collègues qui ont participé à la commission. Ce fut un
agréable moment pour moi. C'est très, très cordial comme travail, donc je vous
en remercie. Et j'aimerais aussi remercier l'équipe du secrétariat qui sont là
pour nous faciliter la tâche. Vous, vous avez vos adjoints, et moi, j'ai mon
secrétaire. Donc, je veux le remercier et remercier toute l'équipe, et
remercier aussi les pages qui nous supportent, qui nous secondent aussi dans
tous nos petits besoins. Donc, cela dit, je vous remercie de votre collaboration.
La commission ayant accompli ses... son mandat,
pardon, ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 11 h 28)