Journal des débats (Hansard) of the Committee on Citizen Relations
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, February 1, 2022
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Vol. 46 N° 9
Clause-by-clause consideration of Bill 1, an Act to amend the Educational Childcare Act to improve access to the educational childcare services network and complete its development
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Intervenants par tranches d'heure
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D'Amours, Sylvie
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Lacombe, Mathieu
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Lacombe, Mathieu
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D'Amours, Sylvie
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Maccarone, Jennifer
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Hivon, Véronique
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D'Amours, Sylvie
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Lacombe, Mathieu
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Labrie, Christine
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Maccarone, Jennifer
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Hivon, Véronique
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D'Amours, Sylvie
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Maccarone, Jennifer
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Labrie, Christine
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Lacombe, Mathieu
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Lacombe, Mathieu
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Maccarone, Jennifer
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D'Amours, Sylvie
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Labrie, Christine
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Blais, Suzanne
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Bachand, André
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Thouin, Louis-Charles
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Dansereau, Suzanne
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Lachance, Stéphanie
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Hivon, Véronique
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D'Amours, Sylvie
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Labrie, Christine
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Maccarone, Jennifer
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Lacombe, Mathieu
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Hivon, Véronique
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D'Amours, Sylvie
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Lacombe, Mathieu
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Maccarone, Jennifer
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D'Amours, Sylvie
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Hivon, Véronique
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Lacombe, Mathieu
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Hivon, Véronique
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Lacombe, Mathieu
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D'Amours, Sylvie
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Labrie, Christine
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Maccarone, Jennifer
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D'Amours, Sylvie
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Lacombe, Mathieu
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Maccarone, Jennifer
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Hivon, Véronique
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D'Amours, Sylvie
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Lacombe, Mathieu
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Hivon, Véronique
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Labrie, Christine
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D'Amours, Sylvie
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Labrie, Christine
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Lacombe, Mathieu
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Maccarone, Jennifer
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Blais, Suzanne
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Bachand, André
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Thouin, Louis-Charles
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Dansereau, Suzanne
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Lachance, Stéphanie
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Hivon, Véronique
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Lacombe, Mathieu
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Labrie, Christine
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D'Amours, Sylvie
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Hivon, Véronique
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Maccarone, Jennifer
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Hivon, Véronique
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D'Amours, Sylvie
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Labrie, Christine
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Lacombe, Mathieu
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Blais, Suzanne
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Bachand, André
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Thouin, Louis-Charles
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Dansereau, Suzanne
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Lachance, Stéphanie
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Maccarone, Jennifer
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures cinquante-neuf minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : Votre
attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 1, Loi
modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance afin d'améliorer
l'accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à l'enfance et de
compléter son développement.
Je souligne que cette séance se déroulera
à la fois dans la salle Louis-Joseph-Papineau, où je me trouve, et dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Lévesque (Chapleau) est remplacé par M. Thouin
(Rousseau); Mme Picard (Soulanges) est remplacée par M. Bachand
(Richmond); M. Poulin (Beauce-Sud) est remplacé par M. Lefebvre
(Arthabaska); et M. Bérubé (Matane-Matapédia) est remplacé par Mme Hivon
(Joliette).
Mémoires déposés
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Avant de débuter, je dépose les mémoires reçus depuis la fin des
consultations particulières des groupes suivants : le Regroupement des
organismes de personnes handicapées de la région 03 et la Fédération des
chambres de commerce du Québec.
Remarques préliminaires
Nous débutons avec les remarques
préliminaires. M. le ministre de la Famille, vous disposez de 20 minutes.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, mais je serai beaucoup plus bref que ça. D'abord,
je veux vous saluer tous et toutes. Ça fait bien plaisir de vous revoir, donc,
particulièrement, bien sûr, la députée de Joliette, la députée de Sherbrooke et
la députée de Westmount—Saint-Louis. D'ailleurs, on se croirait revenu en début
de mandat, pratiquement, lorsqu'on a étudié le projet de loi du curateur, parce
que la députée de Westmount—Saint-Louis est revenue dans ses anciennes
fonctions. Donc, ça me fait, comme je le disais, bien plaisir de voir, d'entamer
ce projet de loi là.
• (10 heures) •
En même temps, on voit bien qu'on n'est
plus non plus au début du <mandat...
>
10 h (version révisée)
<
M. Lacombe :
...au
début du >mandat parce que le projet de loi que j'ai déposé témoigne de
tout le travail qui a été fait, notamment en collaboration avec les gens sur le
terrain, les gens de notre réseau.
Et d'ailleurs ce projet de loi là, il est
attendu avec impatience par les gens dans le réseau. On a consulté, vous vous
en rappellerez, le printemps dernier, consultations qui ont été larges, autant
au niveau des partenaires que des citoyens, et des citoyennes aussi, qui
avaient quelque chose à dire sur nos intentions, qui avaient des idées et des
suggestions également. Et, parce qu'on a écouté tout ce monde là, bien, on
arrive aujourd'hui avec cette étude détaillée et on vise, avec le projet de loi
n° 1, je vous le rappelle, à changer beaucoup de choses, notamment rapatrier la
gestion du guichet unique à l'intérieur du gouvernement, resserrer les critères
des politiques d'admission dans les services de garde éducatifs à l'enfance qui
sont subventionnés par le gouvernement, alléger le quotidien des responsables
de services de garde en milieu familial, ça, c'était bien important pour nous,
encore plus important, bien sûr, pour elles, et, par le fait même, harmoniser l'action
des bureaux coordonnateurs.
Une mesure à laquelle je tiens beaucoup,
et je pense que c'est partagé par les collègues, intégrer les personnes qui
offrent de la garde non reconnue à l'intérieur de notre réseau, donc, pour qu'ils
puissent toujours offrir ce service-là, mais qu'ils le fassent dorénavant avec
un permis, avec les mêmes standards de qualité et de sécurité que les
responsables de services de garde en milieu familial.
Prioriser l'accès aux enfants qui vivent
dans un contexte socioéconomique précaire. Donc, ça, dans les grands chantiers
pour les familles que j'ai déposés, ça relève de l'objectif de remettre les
enfants qui vivent dans ces contextes-là au coeur de la vie du réseau, au cœur
de nos priorités dans le réseau. Parce qu'on le sait, et je ne repartirai pas
là-dessus, mais, à travers les années, je pense que cet objectif-là, il s'est
perdu, Mme la Présidente, et qu'on doit y remédier. Parce qu'à la base, et j'entends
encore Mme Marois, dans les derniers jours, à l'occasion du 25e, souligner
à quel point c'était important, notamment pour aider les familles qui vivent
dans les contextes socioéconomiques précaires, bien, puisque cet objectif-là,
je pense, avec les années, a été perdu de vue, c'est important de le remettre
au centre de notre action.
Accélérer, bien sûr, le développement du
réseau. On a besoin d'aller plus vite. Ça, je pense que les collègues en face
sont d'accord avec moi quand je dis ça, même qu'ils souhaiteraient qu'on aille
encore plus vite que ce qu'on fait actuellement. Et moi, je partage cet
objectif-là. Par contre, pour y arriver, comme je le disais il y a déjà
plusieurs mois, il faut changer des éléments de la loi pour nous permettre d'y
arriver.
On souhaite élargir l'accès aux haltes-garderies
communautaires aussi. Quand on parle de garde atypique, les haltes-garderies, à
mon sens, font partie de la solution. Et actuellement les critères pour les
fréquenter sont très restrictifs. Et je pense qu'on gagnerait beaucoup en
adoptant ce projet de loi et en faisant en sorte que, maintenant, les parents
auraient davantage d'options quand vient le temps de choisir un type de garde
pour leur enfant.
Renforcer la santé et la sécurité dans le
réseau, bien sûr. Répondre aux besoins spécifiques des communautés autochtones,
ça, c'est important. D'ailleurs, ça a été très, très bien accueilli par les communautés
autochtones, qui y voient là, bien sûr, un geste d'ouverture, de respect. Et
loin de moi l'idée de leur mettre des mots dans la bouche, mais c'est ce qu'on
a compris de nos échanges avec elles, ces communautés. On veut vraiment changer
de paradigme et s'assurer qu'ils puissent offrir des services qui répondent
notamment à leurs besoins, bien sûr, mais qui respectent aussi leurs coutumes,
leur culture. Donc, c'est important, quand on dit qu'on va compléter le réseau,
on ne va pas seulement le compléter pour les gens qui habitent dans les grandes
villes ou qui habitent partout au Québec, hors des communautés, on va aussi le
compléter pour les gens qui habitent dans les communautés autochtones, donc pour
les Premières Nations.
Revoir le fonctionnement des comités
consultatifs sur l'offre, c'est un sujet dont on m'a beaucoup parlé, pour ne
pas dire énormément parlé, depuis que je suis arrivé en poste. Et je pense que
ça avait été rendu nécessaire par des erreurs qui ont été commises dans le
passé, par des situations où la ligne rouge a été franchie. Par contre, je
pense qu'on est maintenant rendu ailleurs et je pense que, comme ministère, le ministère
de la Famille a toutes les compétences requises pour être capable d'analyser
les projets et de faire des recommandations. Donc, ça nous permettra aussi de
gagner du temps.
Et finalement lever la limite du nombre d'installations
par permis de CPE pour desservir les plus petites communautés, donc, ça, c'est
important pour moi. On a beaucoup entendu ça, notamment dans l'Est du Québec,
où les gens nous ont dit : Bien, nous, là, on a besoin de plus de CPE,
mais pas nécessairement de gros CPE, mais on a une limite d'installations et <on...
M. Lacombe :
...nous,
là, on a besoin de plus de CPE, mais pas nécessairement de gros CPE, mais on a
une limite d'installation et >on aimerait que vous leviez cette
limite-là, et, bien honnêtement, je trouve que ça a beaucoup de sens. Donc, on
souhaite y accéder, et c'est pour ça que ça se retrouve dans le projet de loi
qu'on commence à étudier article par article aujourd'hui. Donc, vous voyez, la
liste de sujets, elle est importante.
En même temps, j'ai envie de dire que ce n'est
pas un projet de loi qui, à mon sens, doit faire polémique. Je pense que c'est
un projet de loi qui est rassembleur. Je pense que c'est un projet de loi qui
repose d'abord et avant tout sur la consultation qu'on a faite aussi avec les
gens du réseau. Donc, on n'arrive pas ici avec un projet de loi bulldozer où on
n'aurait consulté personne. C'est le fruit non seulement de ma propre
réflexion, comme ministre, depuis le début du mandat, mais aussi, je le disais
puis je vais le répéter, de consultations avec nos partenaires du terrain.
Donc, ce qui est là-dedans nous a, dans la plupart des cas, été demandé par des
gens du réseau. Donc, c'est la raison pour laquelle je pense qu'on aura tout
intérêt à collaborer ensemble. Et c'est pour l'adoption du projet de loi et c'est
vraiment l'état d'esprit dans lequel je suis aujourd'hui, au début de cette
étude-là.
Je le disais, on se retrouve un peu. On a
étudié le projet de loi du Curateur public ensemble. Je veux vous dire que moi,
j'ai la même ouverture et je suis bien ouvert aux commentaires parce que le
projet de loi, je suis certain qu'il n'est pas parfait. La preuve, c'est que j'aurai
déjà des amendements à déposer parce qu'au cours des consultations
particulières il y a des points très intéressants qui ont été soulevés par les
gens qui sont venus nous voir. Donc, même si on a consulté et même si on a une
bonne idée, évidemment, d'où on va, on peut encore améliorer le projet de loi.
Donc, on le fera à l'aide d'amendements que j'aurai l'occasion de déposer.
Donc, je vais m'arrêter ici en vous disant
qu'encore une fois je suis bien content de pouvoir commencer cette étude-là
avec vous. J'espère qu'on y arrivera ensemble rapidement parce que c'est
attendu par les gens du réseau. Et donc je m'arrête pour qu'on puisse garder un
maximum de temps, justement, pour l'étude, afin qu'on puisse la commencer le
plus rapidement possible. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle en matière de famille et députée de Westmount—Saint-Louis à nous
faire ses remarques préliminaires.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bon matin à vous. Bon matin, chers membres de la commission, à M.
le ministre et ainsi que son équipe. Un plaisir de travailler avec vous en ce
qui concerne l'étude détaillée du projet de loi n° 1. Bon matin aussi à
mes collègues. C'est un plaisir pour moi, comme le ministre l'a dit, de
retrouver mes fonctions en matière de la famille. C'est un dossier dans lequel
que je suis très passionnée. C'est un dossier que je pense qu'on va pouvoir
collaborer et travailler ensemble. C'est un dossier, dans le passé, où j'ai eu
beaucoup de plaisir à travailler en collaboration avec tous les élus de l'Assemblée
nationale.
Sauf que je dois constater, Mme la
Présidente, qu'il n'y a pas beaucoup de changements depuis mon départ. Ça fait
à peu près 18 mois depuis que mon collègue le député de Lafontaine avait
pris en main le dossier de la famille pour ma formation politique, et c'est
triste de le dire, mais la situation a quand même empiré depuis ce temps-là.
Quand j'ai quitté, il y avait 46 000 places d'enfants sur la liste d'attente
et, aux dernières nouvelles, il y a maintenant 51 000 places. Il y a
beaucoup de milieux familiaux qui ferment. Il y a des garderies privées qui
ferment. On a des CPE qui sont en rupture de services. C'est du jamais vu dans
l'histoire des CPE.
J'avais demandé avant mon départ, quand j'avais
le dossier de la famille, j'avais demandé au ministre de penser à donner une prime
COVID aux éducatrices. Ça aussi, ça ne s'est jamais... vu la lumière. Ce n'est
jamais trop tard, mais les éducatrices n'ont jamais vu ces primes. En février
2019, le ministre avait fait une annonce de 13 500 places qui étaient
pour ouvrir rapidement, subito presto, puis, en date du 31 décembre 2021,
il a livré seulement 4 086 places. Ça, c'est en trois ans. Ça fait
que ce n'est pas à vitesse grand V, Mme la Présidente, c'est 30 % de moins
de ce qui était promis.
• (10 h 10) •
Et on a beaucoup jasé de la maternelle
quatre ans. Les collègues vont s'en souvenir, on a entendu le ministre dire que
l'implémentation de la maternelle quatre ans, bien, ça va libérer des places.
Ça, ça va sauver le réseau de services de garde avec toutes les places dont
nous avons besoin de libérées, entre autres 50 000 places dans le
réseau des CPE, comme le gouvernement de la CAQ s'est promis en 2018. Mais
évidemment ce n'est pas le cas. Il y a encore de plus en plus d'espaces, comme
je l'ai mentionné tantôt, <qui...
Mme Maccarone :
...en
2018. Mais évidemment ce n'est pas le cas. Il y a encore de plus en plus
d'espaces, comme je l'ai mentionné tantôt, >qui sont manquants dans le
réseau.
Je veux souligner le travail de mon
collègue le député de LaFontaine, Mme la Présidente. Pendant 18 mois, il a
pris en charge le dossier de la famille. Il a fait ça avec coeur, il a fait ça
avec rigueur, il a fait ça avec beaucoup de passion. Il a parlé au nom des
familles qui vivent des véritables crises, Mme la Présidente, comme vous pouvez
imaginer.
Je sais que vous êtes grand-mère. Imaginez
si vos enfants ou les enfants de vos enfants, vos petits-enfants, n'ont pas de
place en service de garde. C'est très difficile sur la vie familiale. Ça
augmente le stress. Ça peut «appauvrisser» une famille, surtout les femmes qui
ne peuvent pas aller au travail, quelqu'un doit rester à la maison. On veut
avoir la parité aussi dans notre société, mais ça reste que c'est quand même
plutôt la charge de nos femmes dans notre société, qui m'amène à saluer le
travail de Ma Place au travail, un mouvement citoyen qui s'est formé pour
dénoncer cette situation. Je sais qu'ils travaillent très, très fort sur le
terrain non seulement pour amener de la visibilité à la cause, mais aussi pour
changer la situation. C'est important de jaser de ça et parce qu'on veut
changer. Je sais que tout le monde a la volonté de vouloir changer, et de créer
les places, et de s'assurer qu'il y a une place pour tout le monde.
Je salue aussi le travail de mon collègue
le député de LaFontaine parce qu'il a déposé son projet de loi n° 897, loi
modifiant la loi sur les services de garde éducatifs à l'enfant afin de
garantir le droit de recevoir des services de garde. Et pourquoi ce projet de
loi me semble très important, Mme la Présidente, qu'il a déposé ça lors de la
dernière session? C'est parce qu'on parle d'un accès universel. Un accès
universel, c'est ça qu'on souhaite. C'est ça qu'on veut pour notre société,
comme on a dans le réseau de l'éducation. Ce n'est pas vrai que, si votre
enfant est en deuxième année, troisième année, quatrième année, qu'on va vous
dire : Woups! Il n'y a pas de place pour vous, il faut garder votre enfant
à la maison. Peu importe c'est quoi, le besoin de votre enfant, on a une place
pour vous dans le réseau de l'éducation. Alors, on espère avoir le même réseau
dans le réseau des services de garde éducatifs. C'est ça qu'on veut pour nos
tout-petits. On ne veut pas que la porte soit claquée dans la face de nos
parents quand ils vont trouver une place, ils espèrent trouver une place.
Puis, dans le projet de loi, projet de loi
n° 1, c'est très évident, il y a seulement deux articles. On dit que c'est
un projet de loi léger, je comprends. Mais ce n'est vraiment pas un projet de
loi léger parce qu'il y a seulement deux articles. Quand on parle du poids en
ce qui concerne... Excusez-moi. Quand je parle du projet de loi de mon collègue,
il a seulement deux articles qu'on peut rajouter à l'intérieur du projet de loi
n° 1 pour s'assurer que chaque enfant de la province du Québec aura une
place, puis ça, c'est très important.
Je ne peux pas vous dire le nombre d'histoires
que j'ai entendues, Mme la Présidente, des familles qui m'ont contactée, c'est
crève-cœur : Mon enfant n'a toujours pas de place. Mon enfant a été
expulsé parce que mon enfant est handicapé, parce que mon enfant a des
difficultés ou il n'y a pas de place dans mon quartier. Il n'y a pas de place
subventionnée dans mon quartier. C'est très, très, très difficile. C'est comme
le droit à l'éducation. C'est très important.
Puis, dans le projet de loi, ça ne s'approche
même pas à un véritable droit. Ce n'est pas ça qu'on retrouve dans le projet de
loi n° 1. Ce serait un endroit où j'espère qu'on va pouvoir jaser, où on va
avoir beaucoup de débats, parce que ça nous tient vraiment à coeur, pour le Parti
libéral du Québec, de s'assurer qu'il y aura une place garantie pour tous les
enfants dans notre province dans le réseau des services de garde.
Le ministre a fait référence que ça fait deux
ans depuis qu'il avait parlé de déposer son projet de loi, puis là, évidemment,
on se retrouve en fin de mandat où on va étudier un projet de loi qu'évidemment
on aurait espéré... aurait été déposé ça fait longtemps parce qu'on veut faire
ça comme il faut. C'est vrai, c'est une réforme. C'est une réforme qui est très
importante. J'ai l'impression qu'on a très peu de temps de jaser d'un projet de
loi qu'on veut faire comme il faut. Alors, je pense, de dire qu'on va aller
peut-être à une grande vitesse, ce n'est pas la façon de travailler en ce qui
concerne un changement de réforme qui va avoir un impact majeur potentiellement
sur plusieurs familles. Alors, on espère qu'on va prendre le temps qu'il nous
faut pour faire les choses comme il faut. «We're going to take
the time to do it right.»
C'est vrai qu'il y
a des éléments qui sont intéressants dans le projet de loi, tels que la mention
de donner peut-être une priorité aux enfants qui se retrouvent en situation
précaire socioéconomique, que je salue. Je trouve que c'est une très bonne idée.
Alors, en <espérant...
Mme Maccarone :
...que
je salue. Je trouve que c'est une très bonne idée. Alors, en >espérant
qu'on va pouvoir l'élaborer, mais ça ne sera pas une surprise pour le ministre,
ma déception qu'il n'y a pas une mention pour les enfants handicapés dans le
projet de loi n° 1. Le mot «handicapé» n'apparaît pas
du tout. Puis je dis que ce n'est pas une surprise parce que, vous aussi vous
savez, Mme la Présidente, j'ai déposé un mandat d'initiative en ce qui concerne
l'accessibilité du réseau des services de garde pour les enfants handicapés
autistes. Ça fait partie d'un mandat que j'ai déposé le 10 mai. Ça fait
que ça fait neuf mois, 10 mois que j'ai déposé ceci. Pourquoi? Parce que,
même quand il y a des enfants qui développent des liens avec leur CISSS local,
avec le CLSC, qui reçoit des subventions, un 25 000 $ parce qu'ils
ont été chanceux d'avoir accès à la mesure exceptionnelle pour subventionner
les besoins de leur enfant dans leur service de garde éducatif dans leur
quartier, ça reste qu'ils sont toujours refusés de place. C'est une tristesse
profonde.
Alors, j'ai soulevé ceci aussi, mon mandat
d'initiative, que... comme j'ai dit, oui, ça a été refusé, mais j'ai aussi
soulevé ceci en crédits budgétaires l'année passée. Puis j'ai posé la question
à M. le ministre, qui m'a dit : Ça va être adressé dans le projet de loi
que je vais déposer. Alors, j'ai dit : O.K., je vais être patiente, ça
fait juste cinq mandats d'initiative que je dépose qui sont toujours refusés, alors
j'ai développé une patience, mais je m'attendais vraiment que ceci serait
réglé. Alors, c'est une déception pour moi. J'espère que, ça, c'est quelque
chose qui aura une ouverture de la part de... le ministre et ainsi que son
équipe, des amendements en ce qui concerne une éligibilité puis un accès pour
ces enfants et leurs familles. Puis, c'est clair, je vais amener des
propositions pour bonifier le projet de loi n° 1 en
ce qui concerne cette absence de droits.
Je sais que le ministre, aussi, a dit qu'il
voulait travailler ensemble, en collaboration. Je constate, moi aussi. Il a
parlé des amendements. Ce serait souhaitable si le ministre accepte de déposer
peut-être ses amendements d'avance, comme ça les collègues de l'opposition, on
va pouvoir les étudier pour accélérer le processus en étude détaillée ensemble.
Je pense que ça serait une façon dont nous pouvons collaborer. C'est la façon
que nous avons travaillé ensemble pour le projet de loi n° 18,
la réforme du Curateur public, puis ça a quand même bien été. Alors, en
espérant qu'on va pouvoir travailler de cette façon. Mon but, c'est de bonifier
ce projet de loi et de travailler en collaboration. Mais, comme j'ai dit, on
avait... le ministre avait quand même deux ans pour déposer son projet de loi,
alors en espérant que les oppositions, eux aussi, vont avoir le temps qu'il
nous faut pour travailler. C'est un processus qui est rigoureux, c'est un
projet de loi qui est très important, attendu, alors j'espère qu'il y aura
aussi de l'ouverture de la part de la banquette gouvernementale.
Le ministre a aussi mentionné les
modifications dans le projet de loi en ce qui concerne les communautés
autochtones. Je constate, oui, c'est un bon changement. Puis on a entendu, en
commission parlementaire, les auditions, que c'est bienvenu par ces
communautés. Mais je veux aussi souligner qu'il y a aussi un manque de places,
ils ont aussi soulevé qu'il y a un manque de places pour eux, alors c'est
quelque chose aussi dont nous devons s'attaquer, trouver des solutions.
Puis je reviens un peu dans ce que nous
avons entendu, lors des auditions parlementaires, en ce qui concerne le projet
de loi n° 1. J'espère aussi qu'on va prendre beaucoup
de considération en ce qui concerne la présentation que nous avons eue de la
Vérificatrice générale et le mémoire qu'elle avait déposé. Elle avait évoqué
aussi plusieurs bémols. Oui, je pense que le projet de loi rejoint les demandes
que la vérificatrice avait faites dans le passé afin qu'on adresse, à quelque
part, certaines de ces préoccupations, mais pas tout, comme l'accessibilité. C'est
quelque chose qu'elle avait soulevé. C'est qui qui va siéger sur les comités?
Ça, c'est très important en ce qui concerne les consultations sur le terrain, c'est
qui qui va avoir le droit.
• (10 h 20) •
Moi, j'ai des questions en ce qui concerne
c'est qui qui va avoir la voix finale, le pouvoir décisionnel. Par exemple, si
un enfant handicapé qui serait expulsé ou qu'on dit qu'il n'y a pas de place,
est-ce que ce dossier va se retrouver sur le bureau du ministre? Moi, je suis d'avis...
je pense que ça va être important, en espérant que ce dossier prend de l'ampleur.
La Fédération québécoise de l'autisme, eux
aussi, ils avaient fait des propositions que je trouve saines et justes en ce
qui concerne cette population d'enfants qui sont vulnérables, par exemple d'extensionner
le temps qu'ils vont pouvoir rester dans le réseau de services de garde
éducatifs au lieu qu'ils doivent quitter à cinq ans, mais la possibilité de
rester jusqu'à six ans, étant <donné...
Mme Maccarone :
...le
réseau de services de garde éducatifs, au lieu qu'ils doivent quitter à cinq
ans, mais la possibilité de rester jusqu'à six ans, étant >donné que...
maternelle, que ce soit maternelle quatre ans ou maternelle à cinq ans.
Ce n'est pas une obligation, c'est un choix des parents. C'est devenu notre
habitude d'envoyer nos enfants en maternelle. C'est une bonne chose, on veut
que nos enfants soient scolarisés, mais souvent la transition du réseau de
services de garde au réseau de l'éducation pour les enfants ayant des besoins
particuliers, ça peut être plutôt difficile. Et souvent ils ne sont pas prêts,
ils ne sont pas plus prêts pour la maternelle quatre ans qu'ils le sont
pour la maternelle à cinq ans. Alors, j'espère qu'on va avoir une
flexibilité. J'ai trouvé cette recommandation très intéressante en ce qui
concerne une transition pour ces enfants.
Puis de parler d'Agir tôt aussi, étant
donné qu'il y a tellement un manque d'espace dans le réseau, j'ai peur aussi. Parce
qu'on parle d'Agir tôt et de dire : C'est formidable, c'est une bonne idée,
tout le monde veut agir tôt pour venir aider les enfants qui se retrouvent en
situation de précarité, vulnérabilité, que ce soit dans leur situation
socioéconomique ou qu'il soit un enfant à besoins particuliers, handicap,
autiste ou autre, mais ça reste que, s'il n'y a pas de place dans le réseau, on
n'a pas de moyen d'agir tôt pour venir aider et de mettre ce programme en
vigueur.
Alors, on a entendu, depuis les deux
dernières années, beaucoup d'annonces. On ouvre des places, on ouvre des
places, on ouvre des places, mais ouvrir des places, si on n'a pas
d'éducatrices, on n'a pas d'enfants qui vont occuper ces places, ça fait que ça
fait que c'est des annonces, mais des annonces où on rouvre des places qui ne
sont pas comblées. Alors, la liste agrandit. Ça fait que j'espère que le
ministre, aussi, aura une ouverture de partager aussi son plan d'attaque pour
s'assurer que ces places vont être comblées, parce que, comme j'ai dit, depuis
mon retour à prendre en charge le dossier de la famille, ça a juste augmenté,
mais augmenté de façon exponentielle en ce qui concerne le nombre de places qui
sont souhaitées sur le terrain. Alors...
Puis là on parle du milieu familial, qui a
quand même aussi triplé en termes de nombre de places disponibles inoccupées.
C'est préoccupant. C'est préoccupant. Puis il faut vraiment faire quelque chose
à l'intérieur de ce projet de loi pour s'assurer que nous allons attaquer ce
problème, parce qu'il y a des enfants qui sont en attente, il y a des familles
qui sont en attente. Il y a des éducatrices qui disent que, tu sais, c'est à
eux aussi de changer ceci.
Juste cet été, depuis... Juste depuis cet
été, il y a 850 places de nouveau qui sont inoccupées. Alors, on ne voit
pas une amélioration, on voit une décroissance. Ça fait que ça, c'est quelque
chose que j'espère qu'on va pouvoir travailler là-dessus. C'est un échec puis
c'est un échec où malheureusement c'est les enfants... c'est les enfants qui
sont les récipiendaires de ceci, ainsi que leurs familles.
Alors, je me joins ma voix aux familles,
aux parents ainsi qu'aux éducatrices qui disent qu'il faut prendre en charge le
dossier pour changer les choses pour le mieux. Je suis solidaire avec eux. Je
partage leurs inquiétudes, et sache que nous sommes ici pour vouloir travailler
ensemble pour essayer de régler le problème en équipe. Et je me porte vraiment...
une ouverture, Mme la Présidente, de vouloir travailler en équipe et d'aider le
ministre dans ses travaux ainsi que de travailler en équipe avec mes collègues.
Ça fait que merci, Mme la Présidente. Au plaisir de débuter avec
l'article 1.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. J'invite maintenant la porte-parole du deuxième groupe
d'opposition... et porte-parole, oui, de la famille, pardon, et députée de
Sherbrooke à faire ses remarques préliminaires, s'il vous plaît.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Ça me fait aussi très, très plaisir de retrouver mes collègues sur
ce dossier-là. J'avais hâte qu'on étudie le projet de loi. Ça fait quand même
plusieurs années qu'on l'attend, ce projet de loi là. On l'espérait... On
l'espérait à l'automne 2020, je pense, puis on a fini par le recevoir
beaucoup plus tard que prévu.
Il y a des éléments intéressants dans le
projet de loi, mais j'ai quand même plusieurs préoccupations, notamment le fait
que le projet de loi ne reconnaît pas le droit à une place en service de garde
éducatif à l'enfance, pas au sens où les parents le souhaiteraient, du moins.
En ce moment, moi, ce que je constate, c'est que les familles s'attendent à ce
qu'on reconnaisse ce droit-là, prenaient même pour acquis que c'était déjà un
droit et sont choquées de constater que ce n'est pas le cas, malheureusement.
La notion de choix aussi est retirée du
projet de loi, alors que c'est très important pour les parents de pouvoir
confier leur enfant dans un milieu qu'ils ont choisi, qui correspond à leurs
valeurs et qui correspond à l'emplacement géographique souhaité, au tarif
souhaité. Donc, ça, c'est une notion qui va être très importante pour moi qu'on
réintroduise. Puis, en ce moment, c'est clair qu'on est assez loin d'avoir
cette capacité-là, de choisir un <milieu...
Mme Labrie :
...en
ce moment, c'est clair qu'on est assez loin d'avoir cette capacité-là, de
choisir un >milieu éducatif pour les enfants, au contraire.
J'ai également certaines craintes par
rapport au projet de loi, le fait qu'en ce moment il n'y a pas beaucoup de
balises pour s'assurer que la création de nouvelles places va se faire en CPE.
Il y a une ouverture très grande faite au développement de places au privé, et
ça m'inquiète parce que, pour moi, ce n'est pas adéquat d'offrir des services à
des enfants, qui sont des personnes vulnérables, dans des entreprises à but
lucratif. Comme ce ne l'est pas pour les aînés, ce ne l'est pas non plus pour
les enfants, pour moi, de miser sur ce type de réseau là pour offrir des
services. Donc, je veux m'assurer qu'on met en place toutes les balises
nécessaires pour que la création de places se fasse en CPE.
J'ai aussi une crainte par rapport à la
fermeture de milieux familiaux non reconnus. Moi, je la partage, la volonté du
ministre que les milieux familiaux soient tous régis par le ministère de la
Famille, mais je crains que ce ne soit pas possible, en ce moment, de rallier
toutes ces personnes-là pour qu'elles rejoignent le réseau. Je ne pense pas qu'on
a réuni les conditions pour éviter que ces personnes-là décident de fermer leur
milieu. Donc, je pense qu'il va falloir travailler encore pour mettre en place ces
conditions-là, s'assurer qu'on puisse avoir 100 % des milieux familiaux
qui sont régis, mais le faire d'une manière qui va éviter des fermetures. Ça, c'est
une crainte importante que j'ai en ce moment.
J'ai aussi des craintes pour la qualité
des services. Il va falloir qu'on parle du ratio bâtisse. Ça, c'est important
pour moi. On sait que ça s'est dégradé dans les dernières années, notamment en
raison des coupures qui ont eu lieu pendant plusieurs années consécutives. Il y
a une diminution inquiétante du ratio d'éducatrices qui sont formées. Je sais
qu'il y a des moyens qui sont pris pour améliorer ça, mais, pour s'assurer qu'on
améliore le plus possible la qualité des services puis qu'on n'offre pas juste
des services sécuritaires, mais aussi un environnement éducatif adéquat, il va
falloir parler du ratio.
Puis finalement moi, j'accueille
positivement le ministre quand il nous dit qu'il est très ouvert. J'ai un très
bon souvenir de l'étude du projet de loi sur le Curateur public. J'espère qu'il
va être ouvert pour vrai. J'entends qu'il y a déjà plusieurs amendements de
préparés. Je l'inviterais, comme ma collègue, à les déposer maintenant. Je
pense qu'on pourrait gagner beaucoup de temps. Je le sais, qu'il y a plusieurs
dispositions dans la loi qui vont aider le ministre à créer des places. J'ai
aussi hâte qu'on puisse créer pour vrai des places. Ça ne s'est pas beaucoup
fait depuis trois ans. Donc, moi, j'aimerais vraiment qu'il nous dépose les... du
moins, tous les amendements qui sont déjà prêts. Le plus vite il les dépose, le
plus vite on va pouvoir commencer à les étudier, puis on va... on risque de
gagner beaucoup de temps ensemble, là. Puis je pense qu'on partage tous la
volonté de créer des places, mais on veut le faire comme il le faut. Mais... Donc,
on veut prendre le temps nécessaire pour étudier le projet de loi. Mais, s'il
nous arrive toujours à la dernière minute avec des nouveaux amendements, ça va
être plus difficile. Donc, je l'invite à nous les montrer. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. J'invite maintenant la porte-parole du troisième groupe
d'opposition pour la famille et députée de Joliette à faire ses remarques
préliminaires. La parole est à vous.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, à mon tour de vous saluer tous et toutes, M. le ministre,
toute son équipe qui l'accompagne aujourd'hui, les collègues de la partie
ministérielle et mes collègues des oppositions, avec qui on est bien habitués
de travailler.
Donc, je pense qu'il y a quelque chose de
très clair qui nous unit aujourd'hui, c'est notre passion pour le dossier de la
famille, pour l'enjeu du développement de nos tout-petits, et de la
conciliation famille-travail, et de la place des femmes sur le marché du
travail, et des pères aussi, bien sûr, des parents du Québec. Donc, ce sont
trois grands piliers de la Loi sur les services de garde éducatifs, trois
grandes raisons pour lesquelles il faut se battre aujourd'hui, encore et
toujours, pour avoir un réseau solide, un réseau résilient, surtout un réseau
accessible à tous ceux et celles qui ont besoin d'une place pour leurs enfants,
ce qui n'est malheureusement pas du tout le cas à l'heure actuelle. Donc, oui,
ça fait des années que cette accessibilité-là se dégrade à cause de décisions
malheureuses qui ont été prises ou d'absence de décisions ou d'actions.
Donc, vous le savez, on l'a vu au cours
des derniers jours, on célèbre, ces jours-ci, le 25e anniversaire de la
politique familiale du Parti québécois, qui a mis sur pied le réseau de garde
éducatif à l'enfance, notamment avec les CPE, avec des places abordables,
subventionnées, de qualité. Donc, je pense que c'est le temps, en voyant les
effets vraiment délétères de ne pas s'occuper de cet enjeu-là fondamental pour
toutes les raisons que je viens d'énumérer, de vraiment prendre le taureau par
les cornes et de prendre l'occasion de ce projet de loi pour vraiment donner le
coup de barre qui s'impose.
• (10 h 30) •
Et, pour nous, c'est simple, il y a trois
grands principes qui doivent nous guider. C'est bien sûr l'accessibilité, donc
que toutes les places qui sont <requises soient...
>
10 h 30 (version révisée)
<27
Mme
Hivon :
...que toutes les places qui sont >requises
soient disponibles. L'universalité, donc que ce soit accessible à tarif réduit
pour tous ceux et celles qui ont besoin d'une place, qu'on n'ait pas deux,
trois puis quatre catégories avec des crédits d'impôt que l'on bonifie, qui
changent au fil du temps, qui ont des effets pervers parce qu'après les
propriétaires augmentent les tarifs, on pourra y revenir, bien sûr, donc
vraiment une universalité et la qualité. Donc, ce n'est pas vrai qu'on veut une
place de moindre qualité, tous les parents et tous les enfants, surtout, du
Québec méritent une place A1 de la plus grande qualité. Et on sait qu'étude
après étude la plus grande qualité ressort des centres de la petite enfance. Ce
n'est pas pour dire qu'il n'y a pas de qualité ailleurs, ce n'est pas pour dire
que dans les garderies privées, il n'y a jamais de qualité. C'est juste qu'au
global, quand on regarde tout ça, oui, pour toutes sortes de raisons, dont même
les propriétaires de garderies privées qui sont venus lors des auditions ont
parlé, il y a donc cette plus grande qualité, et ils l'expliquent notamment par
la difficulté de retenir et de recruter des éducatrices formées qui vont d'abord
et avant tout dans les CPE.
Bien sûr, le milieu familial a sa place. C'est
un milieu qui est porté par des femmes en très grande majorité, quelques
hommes, et on les salue, d'ailleurs. On a vu un reportage, en fin de semaine,
sur la place des hommes comme éducateurs en milieu de garde à la petite enfance.
Et donc ce sont beaucoup, beaucoup de femmes qui portent à bout de bras ce
réseau de milieu familial, mais il faut les soutenir mieux. Et pourquoi ce
réseau-là doit être maintenu? C'est parce qu'il répond à toutes sortes de
besoins dans des petits milieux, notamment, aussi pour des parents qui font des
choix, par exemple, que leur fratrie soit ensemble, ne soit pas... donc soit dans
le même groupe. Donc, il y a toutes sortes de raisons qui font en sorte que c'est
un milieu pour lequel il faut donner beaucoup d'attention.
Mais, compte tenu des grands principes qu'on
a, compte tenu des effets pervers qu'on a vus aussi de cette espèce de
développement tous azimuts qui s'est fait de garderies privées à but lucratif,
sans plan de match, sans harmonie, on voit aujourd'hui où ça nous mène. Ça nous
mène, et les propriétaires de garderies nous l'ont dit, à un paradoxe
incroyable. Alors qu'il y a tellement de parents qui cherchent une place, il y
a des milliers de places libres, notamment on pense à Montréal et dans la couronne,
dans ces garderies privées à but lucratif, parce que les parents n'arrivent pas
à payer ces places-là, et eux n'arrivent pas à offrir tout ce qu'ils devraient
offrir par faute de personnel, par faute d'être capable de recruter
adéquatement, et il y en a même plusieurs qui ferment.
Alors, je pense que ça doit nous amener à une
réflexion globale. Et le ministre ne sera pas surpris que je ramène cette idée
à laquelle on croit beaucoup, on pense qu'on est vraiment rendu à faire le
virage 100 % CPE, et là on a l'occasion de le faire. Le ministre le dit :
Il veut créer 37 000 places, bien, il faut se donner les moyens de
bien les créer, de donner le coup de barre pour que notre réseau, il soit
stable, il soit de qualité et qu'il réponde à tous les besoins qui sont
exprimés autant par les parents, on l'a vu beaucoup dans le mouvement Ma Place
au travail, que je salue, qu'aussi par les éducatrices, et les gens qui
oeuvrent dans ce milieu-là, et les experts de la petite enfance, qui nous
disent que c'est là qu'on voit la qualité, mais c'est aussi par la cohabitation
qu'on voit la difficulté d'en arriver à une offre solide, pérenne.
Et je donne l'exemple du crédit d'impôt.
Lors de la dernière mise à jour économique, le gouvernement a décidé d'augmenter
le crédit d'impôt en disant : Bien, on va réduire l'écart entre ceux qui
ont la chance d'avoir une place subventionnée ou une place en CPE et les autres
qui doivent se rabattre sur une place à 45 $, 50 $, 60 $, 70 $,
des fois 80 $ par jour, on va augmenter le crédit d'impôt. Bien, l'effet,
il a été immédiat, puis vous pouvez le demander aux parents sur le terrain, moi,
j'ai plein de témoignages, les tarifs ont augmenté de manière à peu près
corollaire. Ce qui fait que ce n'est pas dans les poches des parents que l'argent
va, parce que les propriétaires de garderies privées, ils nous l'ont dit, ils
ont de la difficulté à recruter, ils ont de la difficulté avec la pénurie de
main-d'œuvre que l'on sait qui est énorme. Le gouvernement veut recruter 18 000 éducatrices
dans les trois prochaines années, ce n'est pas rien. Donc, évidemment, ils s'en
ressentent, mais ils le disent qu'ils ont énormément de difficultés. Donc, qu'est-ce
qui se passe? Dès qu'il y a un petit peu d'air qui est donné, ils le reprennent
pour pouvoir, donc, hausser leurs tarifs. Je ne pense pas que c'est comme ça qu'on
va réussir à s'en sortir. Et là on a une occasion extraordinaire de donner ce
coup de barre là.
Puis malheureusement on a des inquiétudes
importantes parce que, plutôt que d'aller dans cette direction-là, le ministre
a même laissé tomber l'objectif qui avait toujours été là, pour la création de
nouvelles places en installation, d'en avoir au moins 85 % en CPE, en
disant qu'on allait créer les places, et vous vous rappellerez de cette phrase
du <premier ministre...
Mme Hivon :
...d'en
avoir au moins 85 % en CPE, en disant qu'on allait créer les places, et
vous vous rappellerez de cette phrase du >premier ministre, «au plus
sacrant», au premier qui va arriver. Et, selon les derniers chiffres qu'on a,
il y a d'ailleurs à peine plus de la moitié des places, autour de 55 %, 60 %
des places qui seraient créées en CPE par rapport à la balance qui seraient, en
ce moment dans les nouvelles places qui ont été annoncées, créées dans des
garderies privées. Donc, j'espère qu'on va avoir les chiffres à jour et j'espère
que ça a remonté pour la proportion des CPE. Mais ça n'a aucun sens, alors qu'il
y avait, même sous les libéraux, cette norme-là, et puis on sait que ce n'étaient
pas les plus grands amis des CPE et qu'ils avaient quand même un bon penchant,
pendant plusieurs années, pour les garderies privées, il y avait cette règle-là
du 85-15 pour les places subventionnées. Et là on est en train de s'en
éloigner. Et je ne pense pas que c'est un gage de qualité, et d'accessibilité,
et d'universalité si on est en train, là, de continuer à multiplier ces
différents milieux.
Le ministre va me dire : Bien, c'est
des places subventionnées. Oui, c'est peut-être des places subventionnées, on
espère, oui, un milieu 100 % subventionné, mais il faut donner le coup de
barre aussi pour 100 % CPE. On le sait, étude après étude, c'est là que
les parents veulent avoir une place en priorité, évidemment, en collaboration
avec le milieu familial.
Donc, c'est un plaidoyer que je fais au
ministre. Je pense qu'avec tout l'argent qui est investi dans les crédits d'impôt,
si on l'investissait pour créer les places en CPE et pour convertir les places
de garderies privées en places en CPE, ce serait vraiment la voie de l'avenir.
Et je pense que, 25 ans après avoir lancé le réseau, c'est le temps
vraiment de prendre ce virage 100 % CPE.
Et j'ai été frappée d'entendre les
regroupements de garderies privées nous dire à quel point eux-mêmes
souhaitaient la conversion des places. On nous a même dit qu'ils évaluaient à, à
peu près, 30 % de ceux qui seraient prêts demain matin à se convertir en
CPE. Et je pense que c'est tout à fait faisable. On a réfléchi à tout un plan
là-dessus. Oui, il y a certains investissements à faire, mais, si on rapatrie
le crédit d'impôt, qui représente énormément d'argent au Québec, bien, on
serait capable de faire ce virage-là en se donnant une période pour y arriver.
Et moi, j'espère que ce projet de loi là va aussi être une occasion de se
donner des objectifs et de se donner des échéanciers clairs pour arriver au
virage qui doit être fait et que l'on souhaite tous au Québec.
Il y a des éléments très positifs dans le
projet de loi, notamment la volonté de ramener dans le giron, donc, les
garderies en milieu familial non reconnues, donc les PNR, connues dans le
jargon. Je suis heureuse de ce changement de cap du gouvernement. Lorsqu'on
avait étudié le projet de loi n° 143 avec le ministre de la Famille, Luc Fortin,
à l'époque, il y avait une grande opposition de la Coalition avenir Québec pour
aller dans cette voie-là. Je suis heureuse, je sais que le ministre, ça fait
des années qu'il croit à cette nécessité-là de s'assurer de la plus grande
qualité possible. Encore une fois, il y en a beaucoup qui sont de bonne qualité,
mais vous allez convenir avec moi, Mme la Présidente, qu'à l'heure où on exige
des permis pour à peu près tout, pour avoir un chenil, pour pouvoir exploiter
toute activité, ce n'est pas normal qu'il n'y ait pas d'exigence de permis et
de réel encadrement pour pouvoir faire de la garde éducative d'enfants. Alors,
ça, c'est vraiment un changement de cap que l'on salue.
Même chose, on est heureux de voir qu'il y
a une volonté de prioriser l'intégration d'enfants qui proviennent de milieux
socioéconomiques précaires. Il va y avoir énormément de questions une fois le
principe établi, ceci dit, pour savoir comment on va y arriver, parce que le
diable va être dans les détails de savoir comment tout ça va s'articuler.
On aurait aimé, comme la députée de Westmount—Saint-Louis,
voir dans le projet de loi un engagement ferme pour l'intégration des enfants à
besoins particuliers. Le ministre le sait, on le sait tous, on a beaucoup de
témoignages, c'est un enjeu énorme. Et, avec la pénurie de places à l'heure
actuelle, c'est un enjeu qui est décuplé, parce que ces parents-là se
retrouvent plus souvent qu'autrement sur la touche, alors que ce sont parmi les
parents qui ont le plus besoin d'avoir des places au quotidien, autant pour que
leur enfant ait le meilleur départ possible qu'autant pour qu'ils puissent
avoir une véritable conciliation famille-travail dont ils ont bien besoin.
Donc, ça, on espère voir des avancées avec des amendements du ministre.
• (10 h 40) •
Et pour... Évidemment, il y a beaucoup d'autres,
beaucoup d'autres enjeux, mais, pour le guichet unique, on va aussi vouloir que
le fonctionnement soit bien clair parce qu'à la lumière du projet de loi il y a
beaucoup de zones d'ombre. Donc, si on fait le ménage, puis je pense que c'est
une bonne idée de vraiment clarifier tout ça, bien, il va falloir s'assurer que
le fonctionnement soit <limpide...
Mme Hivon :
...si on
fait le ménage, puis je pense que c'est une bonne idée de vraiment clarifier
tout ça, bien, il va falloir s'assurer que le fonctionnement soit >limpide
pour tous et toutes.
Et, vraiment, notre objectif, c'est que ce
projet de loi là nous amène à en ressortir satisfaits, qu'on va vraiment passer
de l'étape d'un enfant une place en théorie à un enfant une place dans la
pratique, et ça, ça veut dire, oui, de consacrer ce droit-là, à avoir une place,
dans la loi. Donc, je pense qu'il va falloir y donner toute notre attention. Et
le ministre et mes collègues peuvent être assurés que ma collaboration, elle
est acquise. L'objectif, c'est vraiment d'en ressortir avec le meilleur projet
de loi. On va tous avoir nos batailles à mener. Je suis convaincue que le
ministre va avoir de l'ouverture et de l'écoute. S'il est dans le même état d'esprit
que pour le projet de loi sur le Curateur public, je pense que ça va être de
bon augure.
Et donc je nous souhaite qu'on soit ouverts,
les uns les autres, pour vraiment le faire avancer le mieux possible, parce qu'il
y a beaucoup de gens qui nous écoutent, il y a beaucoup de gens, beaucoup de
parents, beaucoup de gens du milieu, d'éducatrices, de responsables de services
de garde en milieu familial et d'experts qui ont beaucoup d'attentes par
rapport à ce projet de loi là. Donc, j'espère qu'on va être à la hauteur de
leurs attentes. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres membres qui souhaitent faire des
remarques préliminaires? Donc, avant de débuter l'étude article par article,
est-ce qu'il y a une motion... est-ce qu'il y a des motions préliminaires?
Étude détaillée
Donc, je prends en considération l'article 1
du projet de loi. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Donc, juste pour confirmer, j'ai... je l'annonçais tantôt...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...un instant, M. le ministre. Je suis désolée, je ne vous avais pas vue. Mme
la députée.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je n'ai pas de motion préliminaire, mais avant qu'on passe à l'article 1,
j'ai quand même une intervention à faire. On a eu des demandes, notamment de l'AQCPE,
pour modifier le titre de la loi. Puis je ne parle pas du titre du projet de
loi, mais je parle du titre de la Loi sur les services de garde éducatifs à
l'enfance, pour retirer la mention «de garde», pour parler plutôt de services
éducatifs à l'enfance. J'ai posé la question, puis on m'a indiqué que, si on
veut faire ce changement-là, il faut le faire... il faut le faire à ce
moment-ci, puisque ce n'est pas le titre du projet de loi qu'on vient modifier,
c'est le titre de la loi actuelle. Donc, je fais l'intervention à ce moment-ci
pour qu'on en discute avec le ministre, de ce changement qui indiquerait quand
même un changement de paradigme intéressant en termes de valorisation de la
profession des éducatrices.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce que vous déposez...
Mme Labrie : Je peux déposer
un amendement. J'en ai un de prêt. Je ne sais pas si le ministre en avait un
lui-même par rapport à ça. Si on m'invite à déposer mon amendement, je vais le
faire. Je souhaiterais l'entendre d'abord.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vous invite à le faire, si vous avez un amendement... un amendement au
titre, je vous invite à le faire.
Mme Labrie : À ce moment-ci,
je vous demanderais de suspendre, le temps qu'on vous l'envoie.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. On suspend nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 44)
(Reprise à 10 h 54)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Donc, je vais demander à la députée de Sherbrooke
de lire son amendement, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je vais le lire puis je vais l'expliquer ensuite. Donc : Dans
le titre de la loi, retirer les mots «de garde».
Le titre de la loi se lirait donc ainsi :
Loi sur les services éducatifs à l'enfance.
Je pense que tout le monde a entendu
parler de l'enjeu dans les dernières années, les éducatrices sont tannées de se
faire appeler des gardiennes. Elles ne sont pas des gardiennes. Elles
appliquent un programme éducatif. Malheureusement, il y a encore beaucoup de
gens qui ont l'idée préconçue que ce sont des gardiennes. On a même entendu le
premier ministre lui-même dire «techniciennes de garde» pour parler de ces
femmes-là. Ça a été très insultant pour elles. Je pense que c'est un message
important à envoyer ici aujourd'hui que de changer le titre de la loi. C'est
sûr que c'est symbolique, ça n'a aucune implication financière, ça vient
simplement envoyer le message à tout le monde que, non, on ne parle pas de
services de garde, on parle de services éducatifs. C'est ça qui se passe dans
ces endroits-là, c'est de l'éducation à l'enfance. Je pense que c'est très,
très important pour reconnaître la nature du travail des personnes qui
travaillent dans les services éducatifs. Et c'est un message important à
envoyer, qui donnerait le ton, je pense, sur la réforme qui est en cours en ce
moment. Donc, j'invite le ministre à l'appuyer.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement déposé? M. le ministre.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Je ne suis pas surpris, là, parce que je m'attendais un peu à ça.
Puis je dois dire que je ne suis pas... Peut-être pour qu'on établisse bien les
bases de la discussion, là, je ne suis pas philosophiquement contre ça, je vous
avoue que, dans le meilleur des mondes, c'est quelque chose que j'aurais aussi <souhaité...
M. Lacombe :
...philosophiquement
contre ça, je vous avoue que dans le meilleur des mondes, c'est quelque chose
que j'aurais aussi >souhaité, quelque chose que j'ai envisagé, quelque
chose qu'on a regardé.
Par contre, à certains moments, on doit
aussi faire des choix puis faire la balance des inconvénients. Donc,
philosophiquement, moi, je suis d'accord que c'est intéressant. Par contre,
quand on regarde techniquement ce que ça engage comme travail et comme
modifications en termes de... oui, d'heures travaillées, mais aussi en termes
de cohérence de la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance avec la Loi
sur l'instruction publique, par exemple, le défi, il est assez gigantesque.
Pour vous donner une idée, dans la Loi sur
l'instruction publique et les règlements qui en découlent, on retrouve une
centaine de fois la mention de services éducatifs. Donc, comment est-ce qu'on
fait la distinction entre ce qui est scolaire et ce qui est offert dans notre
réseau, si on le nomme de la même façon? Donc là, il y a un premier défi.
On rajoute à ça que, dans notre propre loi
et dans nos règlements, évidemment, le mot «garde» est présent à de nombreuses
reprises. Si on regarde la partie de... cette partie-là du défi, c'est 102 fois
dans la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance qu'on utilise le
mot «garde». Si on parle des règlements qui découlent de la loi, 131, 131 occurrences.
Donc, ça veut dire réécrire la Loi, là, sur les services de garde éducatifs à l'enfance
pratiquement d'un bout à l'autre. Et ça veut par ailleurs, je le disais, ça
veut par ailleurs dire aussi que, dans la Loi sur l'instruction publique, bien là
il y a des incohérences, et ça amène juridiquement des défis qui sont
importants.
Donc, je le répète, sur le fond, je ne
suis pas opposé à ça pour le symbole que ça donne, mais, en même temps, je
pense qu'il faut aussi choisir nos batailles puis que la valorisation, moi, je
la vois très, très possible de d'autres façons, notamment ce qu'on a fait en
augmentant le salaire des éducatrices de façon importante. Parce que c'est vrai
que ce ne sont pas des gardiennes, et ce n'est pas comme ça qu'on les appelle
actuellement, ce sont des éducatrices.
Et moi, je pense que nos services de garde
éducatifs à l'enfance, le mot «éducatifs» est important. D'ailleurs, quand il n'est
pas mentionné, dès lors qu'on parle de nos services de garde éducatifs à l'enfance,
ou qu'il n'est pas écrit, je le souligne toujours. Et là, d'ailleurs, je le
vois, là, «Loi modifiant la Loi sur les services de garde», je vois ça au
tableau, là, puis là ça me fatigue depuis tantôt. C'est un mot parfois qui est
oublié. Moi, à chaque fois que je peux le faire, je demande qu'on le rajoute.
Donc là, j'imagine qu'on va le rajouter.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Westmount.
Mme Maccarone : Westmount—Saint-Louis.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Saint-Louis, Saint-Louis. Pardon.
Mme Maccarone : Oui, très
important, le Saint-Louis, oui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Oui, vous avez raison, tout à fait raison.
Mme Maccarone : Je trouve l'amendement
très intéressant, puis j'entends les propos de le ministre, puis je veux juste
partager avec lui parce que ça se peut qu'il n'est pas au courant, mais, quand
nous avons tous siégé au projet de loi n° 40, qui a été la réforme de la
gouvernance au sein de nos commissions scolaires... sont maintenant devenues
des centres de services scolaires, c'était quand même un changement assez
important, merci beaucoup! On a eu quand même des batailles là-dessus parce
que, pour les mêmes raisons que le ministre, il dit qu'il y a des inquiétudes,
il y a plusieurs places où ça va changer, il y a plusieurs lois qui sont
interpelées avec un tel changement, mais le ministre de l'Éducation a quand
même réussi à faire ce changement. Ça fait qu'au lieu d'avoir des commissions
scolaires à travers la province du Québec, nous avons maintenant des centres de
services scolaires, qui a engendré pas mal de changements, Mme la Présidente,
auprès de plusieurs lois, en plus de rajouter la complication que, dans le
réseau anglophone, il y a aussi encore des commissions scolaires.
Ça fait que je pense qu'on sait comment le
faire, ça prend une volonté de vouloir le faire, puis moi, je pense que c'est...
le moment est arrivé. On avait aussi préparé un amendement pour faire
exactement la même chose parce que c'est le temps de le faire, je pense, Mme la
Présidente. Comme ma collègue a mentionné, oui, c'est la valorisation, mais c'est
aussi... on est rendus à ce moment-là, c'est le temps de le faire.
J'entends que le ministre dit qu'il n'est
pas opposé, mais, quand on parle de pratico-pratique, ça peut être compliqué.
Moi, je veux juste partager qu'on sait que ça peut se faire, on l'a fait
ailleurs pour autre projet de loi pendant cette... pendant nos quatre ans dont
nous avons face à nous. Alors, c'est possible, c'est possible, puis je sais qu'on
pourra le faire si on aura une volonté de tout le monde autour de la table.
Ça fait que moi, j'appuie très fortement
ce changement non seulement parce que je pense que c'est le temps de changer
les mots, «words matter», au-delà de ça, ce n'est plus un réseau de services de
garde, c'est des services éducatifs. Le réseau a évolué, alors c'est temps que
nous, nous évoluons avec eux, et de changer les noms, ça va de main en main
avec ceci. Merci.
• (11 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. <Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Oui. Bien, à mon tour,
Mme la Présidente, d'appuyer cet
amendement
qui a
d'ailleurs été demandé, là, par
plusieurs groupes qui sont
venus nous voir,
je pense
notamment...
>
11 h (version révisée)
<15399
La
Présidente (Mme D'Amours) :
...>Mme la députée de
Joliette.
Mme Hivon : Oui, bien, à
mon tour, Mme la Présidente, d'appuyer cet amendement qui a, d'ailleurs, été
demandé, là, par plusieurs groupes qui sont venus nous voir. Je pense notamment
à Valorisons ma profession. Je pense à l'AQCPE. Je pense qu'il y a plusieurs
groupes qui appuient cette demande-là. Et je comprends ce que le ministre nous
dit, mais je veux lui amener une nuance. On parle vraiment de services
éducatifs à l'enfance, alors que, pour le reste du réseau de l'éducation, je ne
pense pas qu'il y a les mots accolés à l'enfance. C'est vraiment le critère
distinctif, là. On parle toujours, à l'heure actuelle, de services de garde
éducatifs à l'enfance, mais on voudrait faire la transition à services
éducatifs à l'enfance.
Donc, je pense qu'on est capables d'éviter
la confusion à laquelle il fait référence en voyant très bien qu'il y a une
distinction entre ce qui se fait, là, dans tout le réseau scolaire quand on
parle de services éducatifs versus services éducatifs à l'enfance. Et je pense
que c'est un message très, très important à envoyer, qu'on est passés d'une
logique de garderies et de gardiennes à vraiment une logique d'éducatrices, de
personnes formées, qualifiées, qui ont vraiment… pour les gens qui s'intéressent
un peu au curriculum, là, qui ont vraiment une formation extrêmement poussée en
petite enfance. Et, aussi, les services que l'on veut donner, l'accompagnement
que l'on veut donner, la stimulation, le programme éducatif que l'on veut
donner aux tout-petits, c'est vraiment ce qui a pris le dessus.
Et d'ailleurs, lorsqu'on a fait le projet
de loi n° 143, il y a quelques années, il y avait vraiment l'accent mis
sur le programme éducatif. Vous savez maintenant que les éducatrices doivent s'occuper
du dossier de l'enfant justement pour noter tout ce qui a trait avec les
progrès, l'évolution en lien avec le programme éducatif. On veut aller vers
quelque chose qui est très fort de ce point de vue là. Alors, je pense que ce
serait juste la logique, là, la plus simple et la plus grande cohérence, là, d'enlever
les mots «de garde» pour vraiment passer à «les services éducatifs à l'enfance».
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je
rajouterais à tous ces arguments… Mme la Présidente, M. le ministre va s'en
souvenir, avec le projet de loi n° 18, on a quand même fait beaucoup de
changements, même le titre du projet de loi, ce n'était pas, au début, «Curateur
public», parce qu'on pensait d'avoir un autre titre qui était très, très, très
long, une personne responsable des... directeur responsable des personnes en
situation de vulnérabilité, c'est ça qui était proposé, puis, dans le fond, on
a fait un...
Ça fait qu'on sait que c'est possible
parce que c'était voulu de la part du gouvernement de faire un changement qui
était très technique dans le titre en ce qui concerne la fonction du Curateur
public. Dans le fond, on a gardé ça tel quel, mais ça a engendré je ne sais pas
combien d'amendements, 67, 81, plusieurs, on le sait, parce que, souvent, c'était
juste le ministre et moi, face en face, pour jaser de ça, puis il y avait une
ouverture, dans le fond, de garder les choses telles quelles, mais, quand même,
il y avait aussi une volonté du gouvernement de vouloir changer le titre pour
être une réflexion de la réalité sur le terrain.
Alors, juste pour voir qu'il y a quand
même des précédents en ce qui concerne ce type d'amendement qui, je pense, est
très bien reçu sur le terrain, et aussi, comme j'ai dit, tout est possible, Mme
la Présidente, mais ça prend une volonté de dire : On va vouloir le faire.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Moi, j'entends bien la position philosophique du ministre, là.
Je ne la nie pas du tout, mais je pense qu'on a besoin de donner le temps quand
même pour que l'ensemble du Québec reconnaisse qu'il n'est pas question de
gardiennes ou de garde pour ces services-là. Je pense qu'on doit faire ça. Ce n'est
pas le nombre de modifications de concordance qui devrait nous freiner. Moi, je
suis disposée à adopter tous les amendements de concordance qui viendront avec
cette modification-là. Ça va me faire plaisir qu'on prenne ces quelques minutes-là
pour envoyer un message clair à tout le monde, pas juste aux éducatrices, mais
à tout le monde, de ce qui se passe réellement dans ces services-là et que ce
sont des services éducatifs. Nulle part dans la Loi sur l'instruction publique
il n'y a une mention des services éducatifs à l'enfance.
Donc, il n'y a aucune confusion possible.
Quand on parle de services éducatifs à l'enfance, c'est les services éducatifs
à l'enfance. Il y a des mentions de services éducatifs, mais jamais à l'enfance.
Ça, on ne retrouve pas ça dans la Loi sur l'instruction publique. On peut
parler d'à l'élève ou complémentaires, mais jamais «services éducatifs à l'enfance».
Ce n'est pas une mention qui existe dans la Loi sur l'instruction publique.
Donc, je pense que ça ne devrait pas nous freiner du tout. Si le ministre
craint que la notion d'enfant soit trop floue, on peut toujours inscrire
«services éducatifs à la petite enfance». Moi, j'ai <toute...
Mme Labrie :
...enfance.
Moi, j'ai >toute l'ouverture qu'il faudra pour qu'on trouve un
arrangement, mais je pense qu'il faut retirer la mention «de garde» du titre de
la loi. On est rendus là au Québec depuis longtemps, d'ailleurs. Ça fait très longtemps
que ce n'est pas ça, la réalité de ces milieux-là. Donc, c'est le temps de
mettre à jour la loi, là, puis on est ici pour ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'amendement de l'article 0.1 est... Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Juste pour
ajouter à la réflexion du ministre, là, quand on était ensemble pour le projet
de loi pour le Curateur public, là, c'était... on a modifié 57 règlements.
Là, cette fois-ci, c'est juste une loi, là, ce n'est pas beaucoup, ça fait
que...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Lacombe : ...intervenir.
Bien, encore une fois, là, c'est... Là, je trouve ça dommage qu'on... je suis
certain que les collègues vont dire la même chose, mais qu'on parte ça sur,
entre guillemets, un désaccord, là, ce matin. Mais, sur le fond, je veux juste
répéter, je ne suis pas contre le principe, mais, à un certain moment, il a
fallu faire des choix. J'ai dû faire des choix, parce qu'évidemment, quand on a
10 priorités, on n'a pas de priorité. Et, pour moi, la valorisation, ça
passe beaucoup par, notamment, l'augmentation de la rémunération des éducatrices,
qu'on a faite, ça passe par le programme éducatif, qu'on continue de bonifier,
ça passe par l'amélioration de la qualité, ça passe par des campagnes de
publicité aussi pour valoriser.
Donc, moi, je suis un grand défenseur de
ça, puis je serai toujours un allié des éducatrices pour valoriser la
profession, mais il reste que ça demande un travail de cohérence qui, jusqu'à
maintenant, n'a pas été fait avec la Loi sur l'instruction publique, notamment.
Donc, c'est les avis qu'on a, qui sont à l'effet que ça demanderait... Il y
aurait des zones de chevauchement qui demanderaient un travail qui est
important. Est-ce que ça veut dire qu'on met une croix là-dessus pour toujours?
Pas du tout, ce n'est pas une opposition de principe que j'émets ici, c'est plus
que le projet de loi qui nous occupe est important. Il faut avancer, il faut y
aller, je pense, rapidement parce que la priorité, c'est de créer des places le
plus vite possible… places de qualité le plus vite possible pour les parents. C'est
la raison pour laquelle on n'a pas intégré ça au projet de loi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Donc, moi, ce
que j'entends du ministre, c'est qu'ils l'ont considéré. Quand ils ont vu que
des groupes demandaient ça, ils y ont réfléchi puis ils se sont dit : Non,
on laisse délibérément la mention «de garde» parce qu'on trouve que c'est un
peu trop de trouble. Est-ce que c'est ça que j'ai compris? Parce que, dans le
fond, il dit qu'il a réfléchi à la...
M. Lacombe : Je l'ai
expliqué. Moi, je ne le dirais pas comme ça, là, mais je comprends que vous,
vous l'expliquiez comme ça. Moi, je ne le présenterais pas comme ça.
Mme Labrie : Mais vous l'avez
considéré. Vous n'êtes pas surpris de cette demande-là ce matin. Vous l'aviez
vu venir.
M. Lacombe : Bien, je vous le
dis moi-même, là. Donc, je ne ma cache pas, là.
Mme Labrie : Vous y avez
réfléchi puis vous avez dit non.
La Présidente (Mme D'Amours) : …la
parole à la députée. Après ça, on prendra les commentaires de M. le ministre. Mme
la députée, veuillez continuer, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Moi, c'est juste
que j'ai de la difficulté à comprendre l'argument parce que je ne vois pas quel
est l'impact négatif sur le gouvernement de faire ce choix-là. Il n'y a aucun
coût. Il n'y a aucun coût, c'est à coût complètement nul, là. C'est un
changement qui, pour le gouvernement, n'est qu'un changement symbolique, sur
papier, là, mais ça fait une différence monumentale pour les milliers de
personnes qui travaillent dans ce réseau-là, qui ne demandent que ça, d'avoir
cette reconnaissance symbolique. Ça a une valeur immense pour eux, pour elles.
C'est vraiment une valeur considérable. Le salaire, c'est important, puis il y
a eu des augmentations salariales importantes, mais la charge symbolique du mot
«garde», c'est important pour elles aussi, c'est vraiment significatif.
Je pense qu'on serait fous de se priver de
faire un changement qui est, somme toute, symbolique, là, qui ne représente
aucune dépense gouvernementale, pour aller envoyer un message limpide à tout le
monde que ce ne sont pas des gardiennes. Je ne comprends pas pourquoi on se
priverait de ça. Ça me semble éminemment simple. Il n'y a aucun endroit dans la
Loi sur l'instruction publique où on retrouve une mention de services éducatifs
à l'enfance. Cette mention n'existe pas dans la Loi sur l'instruction publique.
Donc, le problème technique que le ministre nous nomme, il n'existe pas. La
mention complète, elle n'est pas là, dans la Loi sur l'instruction publique.
Donc, je ne peux pas voir... À part de vouloir rester dans un paradigme de l'ancien
temps où on parlait de gardiennes puis de garderies, je ne comprends pas
pourquoi on est attachés à garder la mention «de garde» dans le titre <de
la loi...
Mme Labrie :
...titre
>de la loi.
• (11 h 10) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, je vais le
répéter, là, sur le principe, je ne suis pas contre, mais, à un moment donné, vous
êtes les premiers… les premières… vous êtes des collègues féminines, c'est ça,
vous êtes les premières à nous demander d'aller rapidement. Vous êtes les premières
à me dire encore ce matin : On ne va pas assez vite, il faut créer des
places plus rapidement. Et vous voulez qu'on soit proactifs, qu'on avance. Je
respecte l'avis de la députée de Sherbrooke qui nous dit : C'est facile à
faire, c'est juste un bout de papier, puis faisons ça, puis ce n'est pas de
trouble. Ce n'est pas un avis qui est partagé par les juristes de l'État, qui
nous disent que ça demande une refonte complète de la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance et que ça amène des enjeux de cohérence qui sont
importants. Qu'est-ce qu'on fait avec les enjeux de garde illégale? On ne dira
pas que les gens offrent des services éducatifs illégaux. Il y a certains cas
où on ne parle pas de garde éducative. Il y a certains cas où on parle de garde
tout simplement dans la loi.
Donc, on a besoin d'avoir une distinction.
Si on n'a pas ça, ça demande une refonte de la loi. C'est effectivement
beaucoup de travail. C'est un défi. Là, je vois la députée de Sherbrooke qui n'a
pas l'air convaincue, mais moi, je pense que les parents s'attendent à ce qu'on
avance. Les éducatrices s'attendent à ce qu'on valorise leur profession, puis
je pense qu'on l'a fait comme il n'y a pas beaucoup de gouvernements qui l'ont
fait au cours des dernières années, notamment en mettant beaucoup d'argent sur
la table pour améliorer leurs conditions de travail. Donc, ça, je pense que ça
parle bien plus que d'enlever le mot «garde» dans la loi. Maintenant, est-ce
que je fais une croix là-dessus pour l'avenir? Si j'ai la chance d'être à
nouveau ministre de la Famille dans les prochains mois ou dans l'avenir, non.
Moi, je pense qu'on pourra se poser cette question-là, mais là ça ne fait pas
partie du projet de loi que je présente pour des raisons qui ont été pesées et
soupesées.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Joliette.
Mme Hivon : D'abord, une
petite remarque préliminaire juste sur... parce que c'est un discours qu'on
entend souvent du gouvernement, là, il faut se dépêcher. On a déposé un projet
de loi, ça fait que, là, tout le monde l'attend, donc il faut aller vite, puis
tout ça. Je veux juste dire que ça fait des années qu'on l'attend. Ça fait des
années qu'on espère le développement de places. Et donc, quand on arrive à
étudier un projet de loi, moi, ce n'est pas les arguments qui m'ébranlent, de
dire : Là, il faut aller vite, vite, vite parce que tout le monde l'attend,
quand ça fait des années qu'on attend le projet de loi en lui-même.
Donc, je pense qu'il faut prendre le temps
qu'il faut lorsqu'on est rendus à faire le projet de loi. Je ne dis pas que le
ministre veut le botcher, en bon français, mais je pense juste que c'est
important de s'entendre ici qu'une fois qu'on a le projet de loi devant nous
puis qu'on ne refera pas cet exercice-là à chaque année, avec tout ce que ça
comporte d'amener un projet de loi, de le déposer, toutes les étapes du projet
de loi, donc, il faut saisir le moment pour bien faire le travail, et, si ça
veut dire un petit peu plus de temps en étude détaillée, je pense qu'il faut
faire ça. C'est notre devoir, c'est notre travail de faire les choses
correctement. Donc, je ne voudrais juste pas qu'on nous dise : Là, il faut
aller vite, vite, vite, puis là vous retardez le processus, quand il n'y a
aucun objectif de retarder pour retarder le processus. Assurément, on veut tout
ce que ça avance puis que ça marche bien, mais il faut bien faire les choses.
Puis là je pense que c'est vraiment un
débat important qui nous a été soulevé, qui est soulevé depuis des années, de
dire : Là, on est rendus à l'étape de ne plus parler de services de garde.
Et puis, moi, la proposition que je ferais au ministre, c'est : Changeons
le titre. Puis je comprends tout ce qu'il dit, mais ma collègue de Westmount—Saint-Louis
le disait très bien, là, quand on a fait la réforme des commissions scolaires
pour les centres de services scolaires, là, ça impliquait, là, toute la
papeterie, les nominations, les plaques, les... Je veux dire, c'était un
changement énorme. Là, il n'y a rien qui s'appelle, dans le langage, puis sur
les écriteaux, puis dans la... «services de garde éducatifs à l'enfance». Je
veux dire, c'est un nom qu'on a donné à la loi puis qui se retrouve dans la
loi, mais après on a les CPE, on a les garderies, on a les milieux familiaux.
Donc, moi, ce que je proposerais au
ministre, c'est qu'on s'entende pour changer le titre. Puis, quand on va être
dans le détail du projet de loi, à chaque élément, oui, peut-être... Ça ne veut
pas dire que, parce qu'on change le titre, le mot «garde» est proscrit quand on
dit que c'est de la garde illégale, parce qu'on se comprend que, là, c'est une
autre réalité. Il faudrait l'analyser à chaque élément, mais je ne pense pas
que ça veut dire que, là, on va complètement désorganiser la loi. Minimalement,
là, je lui demanderais de considérer ce changement de titre parce que c'est ce
qu'on a en pleine face tout le temps, c'est ce qui donne un peu l'impulsion,
parce que c'est le titre de la loi, et, si on veut passer à un autre état d'esprit,
bien, je pense que ce serait vraiment le signal à envoyer.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : On jase, là,
Mme la <Présidente…
Mme Maccarone :
...on jase, là, Mme la >Présidente. On a des arguments, là. Le ministre
a soulevé un argument où il a dit qu'il ne veut pas faire le changement parce
que sans... à cause des services de garde illégaux, mais ils ne font pas partie
de ce projet de loi, ils sont illégaux. Alors, je ne pense pas que c'est un
argument qui tient la route en ce qui concerne la raison pour ne pas aller vers
l'avant pour faire ce changement.
Je veux rajouter aussi quelques points que,
peut-être… va aider le ministre dans sa réflexion en ce qui concerne le propos
d'enlever le mot «garde». On est en pénurie de personnel, recrutement, 18 000 éducatrices
et éducateurs dont nous avons besoin, mais il y a un stigma derrière le mot
«garde», «garderie», puis, si on veut recruter encore plus davantage des hommes
à cette noble profession, et autres personnes à trouver un emploi au sein des
services éducatifs, bien, ça va être important aussi. C'est non seulement
valoriser le réseau actuel sur la place, mais aussi ça fonctionne pour le
recrutement, parce que, comme j'ai dit d'emblée, «words matter», puis ça change
aussi la donne. Si des gens voient «services éducatifs» en comparaison avec
«services éducatifs à la garde», «garderie», bien, peut-être, c'est un
empêchement.
Ça fait que c'est aussi une façon de
travailler le recrutement, parce que, c'est sûr, la perception sur le terrain
va changer et, c'est sûr, ça va peut-être être plus attrayant pour des gens,
des professionnels qui seront peut-être moins intéressés si on parle de
garderies. Alors, c'est peut-être quelque chose à prendre en considération.
Quand on dit que ce n'est pas possible, peut-être c'est une bonne raison de
dire : Oui, c'est possible.
Le ministre a aussi parlé… il a dit qu'il
y avait des avis. Alors, j'invite le ministre à déposer ces avis. Comme ça,
peut-être, tout le monde autour de la table, tous les parlementaires vont
pouvoir prendre en considération la lecture des avis qu'il a reçus en ce qui
concerne la recommandation que le ministre a eue des légistes de ne pas poursuivre
un tel changement, parce qu'il dit qu'il avait consulté. Et, à la limite, on
peut suspendre l'amendement, prendre en considération les avis et reprendre
après. Comme ça, tout le monde va réfléchir avec toutes les mêmes informations
que le ministre a eues.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres...
Oui, M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, d'abord, je
ne veux pas m'éterniser là-dessus, là, mais d'abord pour dire... Je veux juste
préciser parce que, là, je ne veux pas qu'on parle de ça comme... Je ne dis pas
nécessairement qu'on a des avis écrits, là. Ce que je vous dis, là… En tout
cas, je n'ai pas envie de jouer dans ce film-là. Ce que je vous dis, je vous ai
parlé de l'avis des juristes de l'État. Donc, ça, c'est une chose. Je ne suis
pas en train de vous dire qu'on a ou pas des avis. Je suis en train de dire qu'on
a eu cette discussion-là, et qu'il y avait des enjeux soulevés. On a la chance
d'avoir un représentant ici avec nous qui pourrait très bien répondre à vos
questions si vous le souhaitez, mais, moi, pour l'instant, comme je le
mentionnais, il n'est pas de mon intention de mettre ça...
Et je veux juste revenir sur ce que la
députée de Joliette disait tantôt. Je suis d'accord avec elle, là. Ce n'est pas
parce qu'on dépose un projet de loi que, vite, vite, vite, il faut l'adopter.
Ce n'était pas le sens de mon propos. Ce que je dis, c'est que, dans la
préparation du projet de loi, qui est déjà déposé depuis un bon moment, depuis
le mois d'octobre, il faut faire des choix, parce que, si on veut régler tous
les problèmes du monde dans un projet de loi, on ne le déposera jamais, le
projet de loi en question. Donc, à un moment donné, il faut faire des choix, et
il y a eu un choix de ma part qui a été fait, c'est-à-dire de me concentrer sur
des éléments qui, à mon sens, étaient plus urgents. Ça donne quand même un
projet de loi qui est costaud, sur lequel on a beaucoup travaillé, sur lequel
on a consulté et, bien, en fait, pour lequel on a tenu des consultations, ce
qui nous a menés à déposer ce qu'on a déposé.
Donc, maintenant que c'est déposé, oui,
effectivement, on peut prendre le temps d'en débattre de façon correcte, de le
faire correctement, mais il reste que moi, j'ai fait un choix, ça a été de ne
pas l'intégrer parce que ça aurait voulu dire plus de travail. Et, à un moment
donné, comme je le disais, il faut prioriser, parce que les parents attendent,
et moi, je voulais déposer ce projet de loi là le plus le plus rapidement
possible. Donc, très clairement, je veux vous indiquer qu'à ce moment-ci il n'est
pas dans mon intention d'intégrer ça au projet de loi même si,
philosophiquement, je ne suis pas fermé à cette idée-là pour l'avenir.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
• (11 h 20) •
Mme Labrie : Je veux juste
dire à quel point je trouve ça désolant que ce soit ça, l'argument du ministre,
tu sais, le fait que ça représente plus de travail, parce qu'ici, à l'Assemblée
nationale, dans le passé, puis je n'étais pas là à ce moment-là, mais il y a de
mes collègues qui y étaient, là, la loi n° 143, tu
sais, à ce moment-là, bon, les gens avaient jugé que ça valait la peine d'ajouter
un dossier éducatif de l'enfant, par exemple. Même si ça représentait
considérablement plus de travail, pour les éducatrices, de faire ça, on avait
jugé que ça valait la peine quand même. Bien là, moi, j'entends aujourd'hui un
ministre qui dit : Bien, ça, tu sais, c'est trop de travail pour mon
équipe, ça fait qu'on ne pourra pas le faire. Moi, je trouve ça désolant. Je
trouve juste ça désolant. Puis je pense que ça serait une reconnaissance de ce
qu'on leur demande, de jouer un rôle éducatif auprès des enfants. Dans le <passé...
Mme Labrie :
...dans
le >passé, on a pris des décisions ici, à l'Assemblée nationale, pour
ajouter à leurs responsabilités en tant que personnes qui sont responsables de
l'éducation de ces enfants-là. Je pense que ça serait juste cohérent de le
reconnaître formellement, puis c'est juste un symbole, là, mais c'est une
charge symbolique très importante.
Donc, moi, je vais arrêter ici mes
représentations. S'il y en a qui souhaitent le suspendre parce que le
ministre... parce qu'ils ont de l'espoir que le ministre change d'idée, bien
sûr, ça va me faire plaisir qu'on le suspende puis qu'on y revienne, mais je ne
sens pas d'ouverture là-dessus. Donc, pour ma part, je m'arrête ici.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Le ministre a
gentiment offert à nous d'entendre peut-être le légiste pour expliquer un peu
les arguments. Moi, je suis très ouverte à ça. Si l'offre est toujours là, j'aimerais
entendre l'avis, si c'est possible, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bien sûr. Est-ce que, monsieur, vous allez vous présenter, s'il vous plaît? Et
j'ai besoin du consentement pour que monsieur puisse prendre la parole. Est-ce
que j'ai le consentement?
Des voix : …
La Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, monsieur, présentez-vous, s'il vous plaît.
M. Lavigne (Marc) : Bonjour,
Marc Lavigne, de la Direction des affaires juridiques du ministère de la
Famille, du ministère des Relations internationales, et je représente le
ministère de la Justice.
Bon, le changement proposé est un
changement beaucoup plus que... c'est un changement profond de la loi. La loi
est basée sur la garde. La plupart des articles importants de la loi parlent de
la garde des enfants. De fait, même une des créatures qui est titulaire de
permis est une garderie. Le règlement est basé sur la garde des enfants, en
particulier le Règlement sur la contribution réduite, qui prévoit des heures de
garde des enfants. Même, dans le concept même de la cohérence de la loi, tout ça
est basé sur la garde. Changer ça pour amener un autre terme, qui pourrait être
«services éducatifs», ça sous-entend d'être capable d'adapter cette nouvelle
définition à ce que vise à peu près 90 % de la loi. Ça demande des
amendements beaucoup plus profonds que changer seulement un nom, c'est vraiment…
La base même de la loi, c'est sur la garde des enfants.
Et puis il y a une certaine logique qui
guide ce qui s'est fait dans la loi, et cette logique-là sous-entend aussi que
c'est comme notre logique. C'est-à-dire que, quand on parlait tantôt de la Loi
sur l'instruction publique, bon, il n'y a peut-être pas une occurrence
parfaite, mais ça va nous obliger à vérifier les occurrences non seulement dans
la Loi sur l'instruction publique, mais dans tout le corpus législatif, parce
que... pour vérifier jusqu'à quel point on est capables de spécifier, pour les
services dont on veut avoir juridiction, que, pour ces services-là, là, voilà
comment ce qu'on va inventer une nouvelle définition. Et ça m'étonnerait qu'on
puisse arriver avec une définition de services de… de services éducatifs sans
avoir à compléter avec quelque chose, ne serait-ce que pour distinguer, à l'intérieur
même de notre loi, certains paramètres qui y sont définis. Ce n'est pas un
changement facile, et sans parler aussi du reste du corpus législatif, parce qu'il
y a d'autres lois qui font référence à des garderies. Il y a d'autres lois qui
font référence à des services de garde. Il y a des crédits d'impôt. On peut
imaginer une foule de lois que je ne connais pas toutes, et ça va demander une
recherche, une adaptation et de maintenir une logique qui est la logique qui
est derrière la loi. C'est ce que j'ai à dire.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Oui, la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Évidemment, qu'est-ce
que je propose, c'est un changement de paradigme. Donc, j'entends bien que,
oui, c'est ça que je veux, c'est ça que je propose, c'est ça que d'autres
groupes nous ont proposé, de changer de paradigme, de changer... d'abandonner
complètement le paradigme dans lequel il était question de garde pour passer à
un paradigme dans lequel il est question de services éducatifs. C'est de ça
dont on parle. Moi, je pense qu'on doit le faire. Je vois bien que ça
représente du travail. Je pense qu'on doit faire ce travail. Ici, on ne le <fait
pas…
Mme Labrie :
...travail.
Ici, on ne le >fait pas.
Je souhaite, sincèrement, bonne chance au
ministre pour recruter les milliers de personnes que ça va prendre dans son
réseau, puis je lui souhaite pour vrai, sincèrement, bonne chance, parce que j'en
ai plein, des amis qui n'ont rien que ça, des enfants, en ce moment, puis qu'ils
en attendent une, place. Donc, je le souhaite pour vrai, bonne chance, mais je
pense que ça va être difficile si on reste dans un paradigme où on décide
consciemment de continuer de parler de garde pour ce qui se passe dans ces
milieux-là où on cherche désespérément à recruter en ce moment, parce que ça
n'a jamais été valorisé, la garde. Ce n'est pas aujourd'hui qu'on va réussir à
valoriser la garde. L'éducation est valorisée, malheureusement pas assez, là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Joliette, est-ce que vous aviez levé la main?
Mme Hivon : Bien, c'est un
peu dans le même sens, c'est-à-dire que je pense que peut-être qu'on ne s'entend
pas sur les objectifs qu'on veut atteindre avec le projet de loi. En partie, on
s'entend, mais je pense qu'il y a une volonté de la part de certaines
personnes, dont moi, dont mes collègues… En tout cas, je ne peux pas parler
pour tout le monde, mais ce que ma collègue de Sherbrooke venait de dire, c'est
de vraiment réfléchir sur l'impulsion qu'on veut donner puis l'avenir qu'on
veut vraiment donner, au-delà de l'idée de créer des places puis de faire des
changements au guichet unique, puis qui sont des choses importantes, là, tout
le monde convient de tout ça, mais je pense qu'il y a une volonté aussi d'aller
plus loin. Puis, moi, c'est dans cette volonté-là que s'inscrit, par exemple,
ma proposition de dire : L'avenir ne passe pas par le développement de
places en garderie.
Puis je pense que le nom en lui-même nous
fait résonner. J'entends très bien les explications du légiste qui, lui,
évidemment, se pose ses réflexions dans le cadre actuel où les orientations
politiques qui lui sont données, là, ça va de soi, donc, mais, justement, je
pense que ça doit nous amener à se dire : Bien, on est probablement rendus
à passer à l'étape de n'avoir que des services éducatifs, et donc d'avoir un plan
de conversion des garderies vers les CPE. On pourra en rediscuter, là. Je ne
veux pas, au moment du titre, faire tout de débat-là, mais ce que je veux dire,
c'est que, oui, c'est un changement plus profond qui est demandé, puis je pense
que c'est le moment de le faire. Pourquoi? Parce que le ministre lui-même dit :
Je vais créer 37 000 places. Donc, on n'a pas vu ça depuis le
lancement du réseau puis les années qui ont suivi le lancement du réseau, où on
le développait, on le développait.
Donc, c'est un moment charnière pour la
suite des choses. Si on se dit collectivement : On veut compléter le
réseau, garantir une place à tous les enfants, bien, c'est le temps de se dire :
On prend les bonnes orientations. Puis, selon moi, les bonnes orientations, c'est
des services éducatifs de qualité dans les meilleurs endroits pour donner ces
services-là. Donc, oui, ça veut dire un changement un peu plus profond que je
pense qu'on est tout à fait capables de faire ici, là, sans être en train de
dire qu'on va en avoir pour des mois et des mois, là. Je pense que c'est une
question de volonté puis qu'on est capables d'y arriver avec une période
transitoire. Donc, c'était juste pour souligner ça. C'est certain que ça veut
dire plus que juste changer un titre, mais je pense que c'est ça, la volonté
aussi qu'on devrait se donner.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup pour les précisions. Ça m'a amené à la réflexion de : quand
quelqu'un dépose un projet de loi, peu importe c'est qui, c'est courant qu'il
va y avoir des impacts sur d'autres lois, n'est-ce pas?
M. Lavigne (Marc) : Bien,
habituellement, ils sont prévus dans le projet de loi lui-même, ce qu'on
appelle des dispositions modificatives. Dans le cas qui nous intéresse ici, là,
on n'est pas là-dedans, là, on est très loin de cela, là.
Mme Maccarone : Dans le fond,
ça aurait pu être prévu. Je comprends que la charge de travail est très
importante. On parle de peut-être combien d'heures de travail si on avait un
estimé de faire ceci?
M. Lavigne (Marc) : Bien, je
pense qu'on se retrouverait devant une refonte complète de la loi et de ses
règlements.
Mme Maccarone : Bien, un peu
comme on a fait avec le projet de loi n° 40, un peu comme on a fait avec
le projet de loi n° 18, parce qu'il y avait 57 règlements et
plusieurs lois qui ont été modifiées juste à changer «commissions scolaires»
pour «centres de services scolaires».
M. Lavigne (Marc) : Mais est-ce
que ça a été fait par amendement ou ça a été fait dans le coeur même de la loi
qui refondait la loi?
Mme Maccarone : Dans la loi.
M. Lavigne (Marc) : Oui.
Alors, ici, on est par amendement. On n'est pas dans le coeur même de la loi
telle qu'elle a été formulée. C'est une grande distinction, je pense, qu'il
faut apporter. Et, deuxièmement, comme je vous le dis, c'est toute la structure
de la loi, c'est sa base même qui est chambardée.
• (11 h 30) •
Mme Maccarone : ...puis je
comprends que ça peut être complexe, sauf que je pense qu'on a les moyens de
trouver les bons termes. Je vous ai <entendu quand on a dit…
>
11 h 30 (version révisée)
<17911
Mme
Maccarone :
…je vous ai >entendu quand on a dit : Si
on parle d'heure de garde, mais on peut dire heures de service. Tu sais, même
le conseil québécois a changé leur nom pour conseil québécois pour services
éducatifs à l'enfance. Tu sais, je... Il y a vraiment une tendance, un
changement sur le terrain. J'ai aussi entendu le ministre dire que... tu sais,
c'est peut-être dans le futur, mais le moment est là. Ce n'est pas chaque fois
qu'on trouve des projets de loi ou qu'on change des traits de projets de loi. Ce
n'est pas un projet de loi-cadre, c'est un projet de loi fondamental qui va
avoir un gros changement, puis un gros impact sur le réseau. Ça fait que, si ce
n'est pas maintenant, ça va être quand? Tu sais, on peut s'attendre que ça va être
pas avant un autre 10 ans, 15 ans, 20 ans. Je pense qu'on a les
moyens de trouver les bons termes puis les bons mots pour les modifier, et,
oui, peut-être ça va se faire par amendement. Mais moi, j'entends souvent, on a
jasé de ça beaucoup, moi et M. le ministre, lors du projet de loi n° 18,
tout est possible avec le consentement. Alors je pense qu'on a des moyens de
trouver des solutions pour faire ceci, parce que c'est fondamental, parce qu'on
n'aura pas une autre opportunité ou occasion de le faire.
Ça fait que je ne sais pas si... puis le
ministre dit qu'il n'y avait pas un avis formel écrit qui a été déposé, alors
ça veut dire que c'est plutôt un choix.
M. Lacombe : Bien, moi, je l'ai
dit clairement, là.
Mme Maccarone : Puis là je
rejoins ma voix à ma collègue, de dire : C'est désolant, parce que c'est
le moment de le faire. Puis, moi, ce que j'ai connu de notre travail ensemble,
c'est : Tout est possible aussi. On a fait plein de changements pour le
curateur public. C'était vraiment une réforme importante. Ça fait que je pense
que c'est le moment de le faire, parce qu'on n'aura vraiment pas une autre
occasion de faire. Mais c'est vraiment un choix qu'on fait maintenant.
C'est complexe, tout à fait. Je comprends
qu'il y a une complexité, mais je pense qu'il y a aussi possibilité de le
faire. Ça fait qu'il faudra... même, comme on l'a déjà dit, on peut suspendre l'amendement
pendant que les légistes travaillent en arrière-plan sur des amendements à
retravailler au sein du projet de loi. On parle de plusieurs termes, mais on ne
parle pas de changements, nécessairement, une réforme totale. On ne dit pas que
c'est... on enlève le mot «garde», puis là tout le monde va tomber à terre. On
change «garde» pour «services», on change «garde» pour «éducatifs». Ça fait que
je pense qu'on a les moyens de trouver un juste milieu.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, moi, j'entends,
là, mais j'ai déjà fait les commentaires que je devais faire, ajoutez à ça ceux
de monsieur... de Me Lavigne. Je pense que notre position est assez claire,
mais je suis persuadé qu'on saura faire d'autres avancées ensemble sur d'autres
amendements.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions?
Mme Maccarone : Nous sommes
prêts à écrire tous les amendements, Mme la Présidente, s'il faut. Pour
partager le travail, on va scinder le travail en deux, M. le ministre. On est
prêts à prêter main forte. Vous avez... il y a trois collègues ici qui veulent
mettre la main à la pâte. C'est ça, mettre la main à la pâte, parce qu'on veut
travailler en collaboration, parce que c'est important. Pour vrai, on n'aura
pas une autre occasion de le faire. Ça fait que c'est vraiment prendre la main
tendue, M. le ministre. Travaillez avec nous pour faire ce changement, pour
valoriser le réseau. C'est le moment de le faire.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, je vais vous demander si l'amendement
à l'article 0.1 est adopté.
M. Lacombe : Bien, nous, on
est contre.
Une voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vote
par appel nominal? Alors, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Lacombe (Papineau)?
M. Lacombe : Contre.
Le Secrétaire
: Mme
Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Contre.
Le Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
M.
Bachand
: Contre.
Le Secrétaire
: Dans la
salle Lafontaine, M. Thouin (Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
Le Secrétaire
: Mme
Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
: Contre.
Le Secrétaire
: Mme
Lachance (Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
Le Secrétaire
: Mme
Maccarone (Westmount-Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire
: Mme
Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
: Pour.
Le Secrétaire
: Mme D'Amours
(Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, l'amendement est rejeté. Nous poursuivons nos travaux, et je prends en
considération l'article 1. Donc, M. le ministre.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Donc :
L'article 1 de la Loi sur les
services de garde éducatifs à l'enfance est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier
alinéa de «fournis par les prestataires de services de garde qui sont visés»
par «destinés aux enfants avant leur admission à l'école»;
2° par le remplacement du deuxième alinéa
par le suivant :
«Elle a également pour objet de favoriser
le développement harmonieux d'une offre de services de garde éducatifs à l'enfance
qui soit pérenne et qui tienne compte des besoins des parents afin de faciliter
la conciliation de leurs responsabilités parentales et professionnelles.»
Mais j'ai un amendement, Mme la
Présidente, comme je vous l'ai <indiqué un peu plus tôt. Est-ce que j'y
vais avec l'amendement...
M. Lacombe :
...conciliation
de leurs responsabilités parentales et professionnelles.»
Mais j'ai un amendement, Mme la
Présidente, comme je vous l'ai >indiqué un peu plus tôt. Est-ce que j'y
vais avec l'amendement?
Des voix : …
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce que tout le monde a reçu l'amendement? Donc, je vais déposer l'amendement
sur Greffier. Je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 36)
(Reprise à 11 h 40)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Alors, M. le ministre, si vous voulez bien faire la
lecture de votre amendement, s'il vous plaît.
M. Lacombe : Oui, donc,
remplacer le deuxième alinéa de l'article 1 de la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance proposée par le paragraphe 2° de l'article 1
du projet de loi par le suivant :
«Elle a également pour objet de favoriser
le développement harmonieux d'une offre de services de garde éducatifs à
l'enfance qui soit pérenne et qui tienne compte des besoins des parents afin de
faciliter la conciliation de leurs responsabilités parentales avec leurs
responsabilités professionnelles ou étudiantes, <ainsi que leur droit de
choisir le prestataire de service de garde...
M. Lacombe :
...le développement harmonieux d'une offre de services de garde éducatifs à l'enfance
qui soit pérenne et qui tienne compte des besoins des parents afin de faciliter
la conciliation de leurs responsabilités parentales avec leurs responsabilités
professionnelles ou étudiantes >ainsi que leur droit de choisir le
prestataire de services de garde.»
Donc, c'est un amendement qui introduit le
concept de conciliation des responsabilités parentales avec les responsabilités
étudiantes. Et c'est un amendement qui a aussi pour effet de maintenir, c'est
ce que je vous disais tantôt, de maintenir à l'article 1 de la Loi sur les
services de garde éducatifs à l'enfance l'énoncé du droit des parents de
choisir le prestataire de service de garde, comme il est formulé actuellement. Donc,
pendant les consultations particulières, on a bien entendu que, malgré que ce
droit-là restait dans la loi, mais qu'il était déplacé à d'autres articles, il
y a des intervenants qui souhaitaient qu'on le maintienne à l'article 1,
et on a trouvé que ça avait servi, effectivement, bien du bon sens. Donc, on le
réintroduit par le fait même.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Y a-t-il... Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, je
vais juste dire, je salue cet amendement. Probablement, on avait tous préparé
un amendement pour rectifier le tir pour ceci. Je pense que ça va être très
bien reçu sur le terrain. J'avais des inquiétudes profondes pour, entre autres,
les parents avec des enfants handicapés. Souvent, c'est dur de trouver une
place puis ça fait que ça prend une certaine flexibilité dans le réseau. Dans mon
comté de Westmount—Saint-Louis, parce que ça comprend le centre-ville de
Montréal, il y a plusieurs parents qui se déplacent, puis ils amènent leur
enfant à leur emploi. Ça fait que ce n'est pas le service éducatif de leur
quartier. Alors, il y avait beaucoup d'inquiétudes sur le terrain que cette
possibilité puis cette flexibilité auraient été enlevées. Ça fait que je trouve
que c'est un amendement qui est très favorable, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui, juste
pour faire remarquer au ministre que, si on veut donner la pleine portée à cet
amendement-là pour avoir le droit de choisir, puisqu'on parle vraiment de
droit, ça veut dire que, normalement, il y a assez de place dans le service, le
type de service que l'on veut pour pouvoir y avoir accès. Et donc je fais juste
ramener le fait que beaucoup, beaucoup de parents souhaitent avoir une place en
CPE. Et là, ici, on vient parler du droit de choisir le prestataire de service
de leur choix, là. Je ne sais pas si c'est comme ça que c'est dit, parce qu'il
y a «choix» puis «choisir», là, mais, en tout cas... Donc, je veux juste porter
à l'attention du ministre que, pour que ce droit-là soit réel et effectif, ça
veut dire qu'on va créer assez de places dans le réseau qui est le réseau
privilégié sondage après sondage, le numéro... le choix que souhaiteraient
beaucoup, beaucoup de parents, qui est le CPE. Donc, je voulais juste porter ça
à l'attention du ministre parce qu'à partir du moment où l'on parle du droit de
choisir, bien, ça veut dire que le choix, il est réel.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Mme Hivon : ...juste
parce que je pense qu'après il va falloir être conséquent dans le projet de
loi.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? Mme la députée de Sherbrooke?
Mme Labrie : Merci. Je
suis très, très contente que le ministre ramène la notion de choix. J'aimerais
ça qu'il nous explique ce que ça veut dire pour lui, le développement
harmonieux.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Lacombe : C'est une
excellente question. C'est ce qui a fait défaut dans le réseau, je dirais,
peut-être dans les... à une certaine époque, qui a fait que le développement,
plutôt que d'être harmonieux, s'est fait de façon désordonnée. Je pense que,
depuis déjà plusieurs années, pas depuis notre élection, mais ça s'est entamé
avant, je pense qu'il y a un revirement, là, il y a un réalignement du
développement harmonieux. Mais, pour nous, ça veut dire de ne pas mettre...
Vous savez, moi, je suis très d'accord avec le fait qu'habituellement la
concurrence, ça fait en sorte qu'on obtient de meilleurs services. Parce que,
quand on veut que les gens viennent chez nous, on se force pour offrir un
service qui est meilleur que chez le voisin. Donc, je pense qu'habituellement
dans les entreprises la concurrence fait... a son effet, qui est positif.
Par contre, dans les services de garde
éducatifs à l'enfance, le but n'est pas de permettre aux services de garde d'y
aller et de pouvoir s'installer partout, mais c'est aussi de s'assurer que le
développement est harmonieux, donc de ne pas permettre, par exemple, à des
garderies ou à des CPE de s'installer dans des quartiers où l'offre répond déjà
à la demande. Parce que qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là? Bien, on entraîne
du mouvement de personnel, on entraîne du mouvement chez les enfants, ça les
déstabilise, ce n'est pas bon pour leur stabilité, donc, évidemment. Donc, le
développement harmonieux, c'est de s'assurer qu'on développe aux bons endroits
et qu'on est capable de s'assurer que le réseau atteint un équilibre sans pour
autant leur permettre de se développer partout et que, finalement, on connaisse
ce qu'on a connu à <Montréal, par exemple, où, là, on a un surplus de
places, actuellement...
M. Lacombe :
...capable de s'assurer que le réseau atteint un équilibre sans pour autant
leur permettre de se développer partout et que, finalement, on connaisse ce qu'on
a connu à >Montréal, par exemple, où, là, on a un surplus de places
actuellement. Donc, on a plus de places que ça nous prendrait à Montréal, mais
on manque de places subventionnées dans bien des quartiers où, notamment, on en
aurait le plus besoin, où il y a le plus d'enfants défavorisés. Bon, ça, à mon
sens, ce n'est pas un développement qui est harmonieux. Il faut viser le
contraire.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, c'est
éclairant. Quand le ministre parle d'un équilibre, puis il fait notamment
mention de la question de la proportion de places qui sont subventionnées ou
pas, il se situe où, l'équilibre, pour lui, dans la proportion de places
subventionnées?
M. Lacombe : C'est une bonne
question. Historiquement, on a eu... et c'est intéressant, la discussion qu'a
apportée la députée de Joliette tantôt. Je ne veux pas lui mettre de mots dans
la bouche, mais j'ai compris qu'elle sous-entendait qu'on retirait quelque
chose dans nos façons de faire ou qu'on... c'est-à-dire, la cible de 85 %
en CPE, 15 % en garderies privées, qui était une règle non écrite, qui a
toujours été un objectif, qui a rarement été atteint, je veux dire, si on
sortait le résultat des appels de projets des 20 dernières années, ça a
été très, très rarement atteint. Mais je pense que c'est toujours du cas par
cas. Mais vous me posez la question sur la proportion de CPE qu'il devrait y
avoir dans le réseau comparativement au privé. Est-ce que c'est ça, la
question?
Mme Labrie : Bien, c'est
juste qu'il a dit que, pour lui, il y avait une notion d'atteindre l'équilibre.
«Harmonieux», ça voulait dire atteindre l'équilibre, mais encore? Il est où,
cet équilibre? Comment on mesure qu'on l'a atteint?
M. Lacombe : Bien, il faut
que chaque enfant ait une place. Ça, c'est clair.
Mme Labrie : O.K., mais,
quand il parlait de l'équilibre au niveau de l'offre de places selon les tarifs,
l'équilibre, il est où par rapport à ça? Parce que, si chaque enfant a une
place, ils peuvent avoir des places à 70 $ par jour. Est-ce qu'on a
atteint un équilibre?
M. Lacombe : Tout à fait.
Bien, je pense que, si l'esprit de ce développement harmonieux avait été
respecté, je dirais, dans les 20 dernières années, on n'en serait pas
arrivé à ce qu'on connaît actuellement à Montréal. Donc, c'est ça, pour moi, l'équilibre,
c'est ça, pour moi, un développement harmonieux, c'est de s'assurer que, quand
on développe, bien, on n'y va pas tout dans le privé non subventionné ou tout
dans le subventionné, c'est important d'avoir un certain équilibre. Nous, comme
gouvernement, on priorise puis on privilégie les places qui sont subventionnées
à 8,70 $. Par contre, il y a certains secteurs, notamment, je le disais,
du Québec, notamment à Montréal, où ça n'a pas été le cas, donc ça n'a pas été
harmonieux, et il n'y a pas d'équilibre.
Mme Labrie : Moi, je
reconnais que n'était pas harmonieux puis qu'il n'y avait pas d'équilibre
avant, mais je veux juste savoir comment le ministre va faire pour mesurer qu'il
a atteint un développement harmonieux. Donc, c'est quoi sa cible à lui? Est-ce
que c'est un certain pourcentage de places qui sont en CPE ou subventionnées,
par exemple? Je veux savoir. Je veux qu'on se donne les outils, de mesurer si
ça marche, là, de favoriser un développement harmonieux.
M. Lacombe : Le développement
harmonieux, si on prend ça, parce que, là, on peut partir puis, après ça, dire
que ça, et ci, et ça font partie d'un développement harmonieux, mais, à mon
sens, ce qui est là, et il faudrait voir, je ne sais pas l'intention du
législateur à ce moment-là, lorsque ça a été introduit dans la loi, mais, à mon
sens, la façon dont je l'interprète, c'est de nous assurer que lorsqu'on
développe des places, d'abord, il faut viser qu'il y a un équilibre et il faut
s'assurer qu'on le fasse partout au Québec, pas seulement en priorisant
certaines régions, et que, lorsqu'on le fait, bien, on s'assure qu'on n'y aille
pas, par exemple, tout dans le non subventionné, comme ça a été le cas à
Montréal, mais qu'on y arrive avec un développement qui est harmonieux, donc
qui répond aux besoins des parents, et qu'il n'y ait pas une situation, qu'il n'y
ait pas une région du Québec, par exemple, qui se retrouve... ou un quartier
qui se retrouve sciemment, parce que le gouvernement n'a pas agi, dans un
débalancement où des parents n'auraient pas accès à des places subventionnées
parce qu'il n'y en a pas eu de créées dans ce secteur-là.
Mme Labrie : Je vais essayer
d'être plus explicite avec ma question, parce que le ministre, tu sais, j'aimerais
ça qu'il me donne un chiffre.
M. Lacombe : Soyez plus
précise.
Mme Labrie : Bien oui, je
vais essayer d'être plus précise. À partir de quel pourcentage de places
subventionnées ou un CPE le ministre va-t-il considérer qu'il a réussi à
atteindre un développement harmonieux?
M. Lacombe : Bien, je pense
que ça ne se calcule pas comme ça. Je pense que... je veux dire, il n'y a pas
de notion de pourcentage qui est accolée à ça, parce qu'un développement
harmonieux, c'est plus qu'un pourcentage de places subventionnées. Mais vous
connaissez mon avis là dessus, là, je veux dire, si vous faites la revue de
presse, vous savez que moi, je suis entièrement pour un réseau qui, à terme,
sera subventionné dans son entièreté.
Mme Labrie : On vise un
réseau subventionné à 100 %.
M. Lacombe : Bien, je l'ai
déjà dit publiquement, donc ce n'est pas une nouvelle.
• (11 h 50) •
Mme Labrie : Est ce qu'on
peut inscrire dans la loi plus de détails, par exemple une phrase ou un paragraphe
supplémentaire qui viendrait expliquer quelle est, justement, l'intention du
ministre, ce qu'il entend par «développement harmonieux d'une offre de services
de garde», par exemple, pour nommer que l'offre doit correspondre à la demande
sur chaque territoire et nommer la question de l'équilibre dans <l'offre
de places subventionnées ou en CPE...
Mme Labrie :
...correspondre à la demande sur chaque territoire, et nommer la question de l'équilibre
dans >l'offre de places subventionnées ou en CPE?
M. Lacombe : C'est une
bonne question. Il faudrait voir si c'est l'endroit qui est approprié dans la
loi, parce qu'évidemment la loi comporte beaucoup d'articles. Il y a des
endroits où on parle plus explicitement du développement du réseau. Donc, il
faudrait voir si c'est à cet endroit-là que c'est le plus approprié. Pour ces
questions-là, qui sont davantage d'ordre juridique, je m'appuie évidemment
beaucoup sur le travail des légistes, qui sont des juristes de l'État. Donc, si
la députée de Sherbrooke souhaite qu'on le précise, on peut regarder ce qui est
possible. Mais, tu sais, ce que je veux dire, l'intention, elle est là, elle
est claire, un développement harmonieux, puis je pense que le meilleur exemple,
c'est pour éviter ce qu'on a connu à Montréal.
Mme Labrie : Mais je vais
être... je vais me permettre de dire, puisqu'il me le demande, le ministre, je
pense que, comme législateurs, on doit absolument inscrire ici ce qu'on entend
par «développement harmonieux», parce qu'il y a d'autres gouvernements avant,
par exemple, qui ont considéré que le développement harmonieux, c'était de
laisser des garderies privées ouvrir n'importe où, puis, eux autres, c'était
adéquat. Alors, vous...
M. Lacombe : Je ne sais
pas si c'était dans la loi à ce moment-là, c'est ça qu'il faudrait voir. On
pourrait vous revenir, peut-être.
Mme Labrie : Bien, moi,
je pense que l'intention du législateur, on doit l'écrire. On est ici en train
d'écrire cette loi-là. Donc, si on inscrit qu'on veut favoriser le
développement harmonieux, on doit écrire ce qu'on entend par là. C'est quoi une
offre de services qui va répondre aux besoins des parents, je pense qu'il faut
écrire ça. Parce que, sinon, il y a des gouvernements qui vont se succéder, et
qui ne vont pas avoir la même interprétation de ce que veut dire un
développement harmonieux, puis qu'ils pourraient développer le réseau de
manière complètement différente.
M. Lacombe : Mais ce que
je veux dire, là, je ne suis pas contre, là, mais ce que je veux dire, c'est
que le développement harmonieux est déjà dans la loi. Donc, ça a déjà été
introduit par un autre gouvernement dans la loi. Et là vous me posez une bonne
question. Il faudrait voir c'était à quel moment, et à ce moment-là, lorsque ça
a été introduit, là, j'imagine bien qu'il y a eu cet exercice qu'on est en
train de faire et que l'intention du législateur, à ce moment-là, est indiquée.
On le souhaite. Mais, si, maintenant, on fait des modifications à ça, ce n'était
pas mon objectif, vous voyez, il n'y a rien à cet effet là, moi, je pense que
ça parle de soi-même. Si, effectivement, on amène des modifications, là, bien
sûr que notre intention à nous sera là. Mais nous, on n'amenait pas de
modification à la notion de développement harmonieux. Donc, il faudrait voir. C'est
une bonne question. On pourrait essayer peut-être de fouiller dans les archives
pour voir à quel moment, puis peut-être y revenir plus tard, mais voir à quel
moment ça a été introduit, pour quelles raisons, puis le législateur, à ce
moment-là, avait quelle intention.
Mme Labrie : Parfait.
Bien, donc, moi, je comprends que c'est une notion qui est déjà dans la loi
depuis un moment, et puis on a vu ce que ça a donné concrètement. Donc, je
pense qu'on...
M. Lacombe : Mais on ne
sait pas à quel moment c'est intervenu.
Mme Labrie : Non, on ne
sait pas à quel moment, mais on a vu, là, bon, le résultat de la manière dont
le développement des places s'est fait dans le passé.
M. Lacombe : Si c'est dans
143 que ça a été introduit, ceci explique cela, parce que le développement
anarchique s'est fait sous les gouvernements précédents. 143 est venu, à mon
sens, régler. Ce n'était pas dans 143?
Mme Hivon : ...sous les
gouvernements précédents.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...un temps de pause pour la technique, pour la prise de son, s'il vous plaît.
Donc, prendre un certain temps, même si je vous ne nomme pas, mais de prendre
un temps pour que la technique puisse changer de micro. Je vous demande votre
collaboration, s'il vous plaît. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Donc,
simplement, je pense que mon message était clair, là. Pour prévenir qu'il y ait
un développement qui ne corresponde pas à notre intention aujourd'hui, je pense
qu'on doit rajouter une phrase ou deux, si nécessaire, pour indiquer clairement
le type de développement attendu, par exemple, en termes d'offre et de demande
sur les différents territoires. Moi, c'est les deux notions que le ministre m'a
nommées. Pour répondre à ma question, là, l'endroit où on développe des places
puis le tarif. Donc, je pense qu'on doit être plus clair là-dessus.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre, une intervention?
M. Lacombe : Bien, en
fait, je voudrais juste comprendre la proposition de la députée de Sherbrooke.
Est-ce qu'elle nous propose un amendement? Est-ce que...
Mme Labrie : Mais moi,
je peux te proposer un amendement, mais, si je le fais, je vais proposer ma
définition de ce qui serait un développement harmonieux. Ça se peut que ça ne
soit pas celle du ministre. Donc, je lui proposerais de nous soumettre la
sienne. Mais, s'il n'est pas prêt à le faire, on peut suspendre. Je vais
rédiger la mienne, mais ça se pourrait que ça ressemble à 100 % de
développement en CPE. Donc, j'ai compris que ce n'est pas ça que le ministre
voulait faire. Donc, si on veut l'adopter, cet amendement-là, je l'inviterais à
le rédiger lui-même.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Lacombe : Est-ce qu'on
peut suspendre? Je vais voir si on peut donner plus d'information à la députée
de Sherbrooke sur ce sujet-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien
sûr. Nous suspendons nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 55)
s
12 h (version révisée)
(Reprise à 12 h 06)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Après vérification, le terme «harmonieux» est présent dans la
loi depuis 2005, ce qui confirme mes craintes qu'il ne soit pas suffisant en
soi, là, pour s'assurer que le développement corresponde à ce qu'on souhaite.
Parce qu'on a vu que le développement des places s'est articulé de plusieurs manières
complètement différentes les unes des autres depuis 2005 et que ce n'était pas
toujours harmonieux, selon ma définition personnelle ni celle du ministre
actuel, je pense, puisqu'il l'a mentionné lui-même.
Moi, je pense que, tel quel, ce n'est pas
suffisant pour s'assurer qu'à long terme on ait le type de développement qu'on
veut. Le ministre semble rassuré qu'ailleurs dans la loi il y a des articles
qui vont venir le baliser. Je pense qu'on va s'assurer que ces articles-là
soient efficaces, ailleurs dans la loi, pour qu'on atteigne notre objectif.
Parce que, sans ces articles-là, moi, je crains que la simple formulation qu'on
a sous les yeux en ce moment ne nous permette pas d'assurer un développement
harmonieux. Et on va prendre toutes les dispositions, aux autres articles, là,
pour pouvoir sécuriser un développement équilibré.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Mme
la Présidente, je veux juste passer un commentaire sur ce que le ministre a dit
en ce qui concerne le développement anarchique, dans les années passées, et
aussi parler un peu du réseau privé.
Je comprends qu'on a une volonté de
vouloir développer dans le réseau subventionné, dans les CPE, puis c'est très
important, puis je constate. Mais il ne faut jamais oublier que, si on a un
réseau de CPE actuellement en place, qui a été mis en place par Mme Marois,
c'était fait parce qu'on a fait de la conversion du réseau privé qui existait.
C'est l'«inception» actuelle du réseau de centres de petite enfance. Alors, je ne
veux jamais oublier qu'ils ont quand même prêté main forte, ils ont un rôle à
jouer au sein de ceci.
J'ai l'impression qu'on est en train de
dire qu'on a adapté puis on a ouvert des garderies partout, pêle-mêle, anarchiques.
C'est le mot que le ministre a utilisé. Tu sais, je ne veux pas jouer ce jeu, Mme
la Présidente, mais, si on va attaquer les gouvernements précédents pour leur
façon de faire, c'était quand même sous le gouvernement libéral qu'il y avait
13 000 places qui ont été ouvertes, avec la comparaison, sur trois
ans, de 4 000 places. Alors, tu sais, c'est quand même une
comparaison à faire. Et autant de garderies qui ont été développées, qui sont
questionnables, parce que, question de l'emplacement, les gens ont... Dans leur
propre rapport, c'est écrit.
Aussi, je veux passer une mention que,
oui, tu sais, le réseau, tout ce que les... pour les familles, c'est très
important. Puis, oui, il y a les trois piliers, Mme la Présidente. Oui, les
services éducatifs, c'est le pilier numéro un. Mais c'était quand même sous un
gouvernement libéral qu'on a mis en place le Régime québécois de l'assurance
parentale, qui est très important et nécessaire. Les allocations familiales
pour tous, c'est un gouvernement libéral qui a fait une négociation avec le
fédéral. Puis c'est des programmes qui ont été bonifiés par le gouvernement
actuellement en place.
Alors, je veux juste m'assurer que ce n'est
pas comme ça que nous allons jouer. Moi, je veux travailler de bonne foi pour
le projet de loi, mais je ne veux plus entendre des mots comme «anarchist». Ce
n'est pas la façon que je veux travailler ensemble avec...
Une voix : ...
Mme Maccarone : Anarchiste.
Excusez-moi avec la prononciation, Mme la Présidente. Je veux m'assurer qu'on a
un bon dialogue puis un bon échange pour s'assurer qu'on peut travailler en
collaboration pour bonifier le projet de loi.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? M. le ministre.
M. Lacombe : Bien là... puis,
encore là, je ne veux pas qu'on se lance dans un grand débat, mais là, là, je
bats en retraite, là, devant la députée de Westmount—Saint-Louis qui semble
vouloir, là, tu sais, défendre l'héritage libéral en matière de services aux
familles. Moi, je n'ai jamais dit, je ne suis pas en train de dire que le Parti
libéral est un pas bon puis qu'il n'a jamais rien fait de correct, là. C'est
vrai que le Régime québécois d'assurance parentale, qui avait été proposé dans
le livre blanc de Pauline Marois, Lucien Bouchard par la suite, a été... je
comprends tout ça, là. Moi, j'ai seulement répondu à une question à l'effet qu'effectivement
à Montréal il y a eu un développement qui a été anarchique, là. Tu sais, je
veux dire, je ne veux pas qu'on...
• (12 h 10) •
Et les garderies privées elles-mêmes... Et
je ne suis pas en train d'attaquer les garderies privées. Aujourd'hui, les
garderies privées elles-mêmes, les garderies privées non subventionnées, elles-mêmes,
nous disent qu'à Montréal elles sont trop nombreuses parce que tout le monde a
pu avoir des permis. Parlons avec l'Association des garderies non
subventionnées en <installation...
M. Lacombe :
... garderies privées non subventionnées, elles-mêmes, nous disent qu'à
Montréal elles sont trop nombreuses parce que tout le monde a pu avoir des
permis. Parlons avec l'Association des garderies non subventionnées en >installation,
avec la coalition des garderies non subventionnées du Québec, ils vont tous
vous le dire, là, il y a trop de garderies à Montréal, elles veulent toutes
être subventionnées, ou à peu près, puis elles veulent qu'on réduise le nombre.
C'est parce que le développement, à Montréal principalement, n'a pas été
harmonieux. Puis ce n'est pas une insulte, là, quand je vous parle d'anarchique,
la.
Mme Maccarone :
Anarchie, là, c'est une insulte.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée, on va laisser M. le député... M. le ministre terminer.
M. Lacombe : «Se dit d'un
état de désordre et de trouble résultant de l'absence d'autorité politique; qui
échappe à toute direction ou organisation, qui n'obéit à aucune règle.» Moi, je
prendrais le premier, la première définition, donc, qui... «Se dit d'un état de
désordre et de trouble…» Il y a eu un désordre, là. Moi, je ne suis pas en
train de faire le procès du Parti libéral, là. J'ai répondu à une question.
Quand on me demande c'est quoi, un développement harmonieux, je dis : C'est
le contraire de ce qui s'est fait à Montréal. Là, si on veut nommer puis
commencer à parler de... Moi, je n'étais pas là-dedans, là, je n'attaque
personne, je réponds à des questions de l'opposition puis je vais le faire à
chaque fois qu'on va me poser la question, là.
Moi, je pense qu'on... effectivement, il
ne faut pas qu'on se lance dans une guerre, là. Le Parti libéral a fait plein
de belles choses pour les familles, là, c'est vrai. Mais il y a eu une période
où... et je n'ai même pas nommé le Parti libéral, là, mais il y a eu une
période à Montréal où le développement n'était pas harmonieux, où il était
anarchique. Là, je peux arrêter d'utiliser ce mot-là si vous souhaitez, là, moi,
je ne veux pas de chicane, là, mais il reste que le développement n'était pas
harmonieux. Je vais dire ça comme ça.
Et là je pense qu'on a l'opportunité, là,
entre autres avec ce projet de loi là, mais je l'ai dit, je pense qu'assez
rapidement... Puis d'ailleurs le Parti libéral a fait des bonnes choses, là,
avec le projet de loi n° 143. Moi, j'ai souvent dit : Luc Fortin,
Sébastien Proulx, je pense, ça a été de bons ministres de la Famille, là. Mais
là il y a des choses qu'il faut corriger, puis moi, je pense qu'on peut les
corriger ensemble.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : ...d'anarchiste
de savoir qu'il y a 18 000 places en milieu familial qui restent
vides. Mon Dieu! C'est anarchiste, Mme la Présidente, c'est du jamais vu puis c'est
en explosion. Je ne veux pas jouer ce jeu-là non plus, mais, oui, les mots sont
importants. Alors, tu sais, je demande de la prudence, Mme la Présidente, pour
s'assurer que le ton, ça reste cordial. On est passés de 8 000 places
à 26 000 places. Ce n'est pas le jeu que je veux jouer non plus, je
veux parler du projet de loi, mais, oui, en effet, je... «I take issue.» «Anarchie»,
ce n'est pas des mots parlementaires qu'on devrait avoir ici pour avoir des
débats. «Harmonieux», vas-y, c'est beau, on va avoir des échanges, mais pas
comme ça.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vous invite à la prudence, s'il vous plaît. Je pense que vous vous entendez
sur le terme, mais qu'il y a des gens qui l'interprètent peut-être
différemment. Ça fait que je vous invite à la prudence. Et, si on indique
encore ce mot-là, si on le dit encore, bien, il faudrait garder en tête de la
façon dont vous l'avez exprimé, M. le ministre. Oui, Mme la députée de
Joliette.
M. Lacombe : ...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Après la députée de Joliette, s'il vous plaît, M. le ministre.
Mme Hivon : ...des CPE a
été créé à partir de garderies communautaires sans but lucratif et d'agences de
services de garde à domicile. C'était juste pour être fidèle à l'histoire des
CPE.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le ministre.
M. Lacombe : Et je tiens
à dire, puisque les débats sont consignés, que c'est maintenant faux... ou, en
fait, je pense que je ne peux pas dire ça, c'est maintenant inexact de dire que
le nombre de places inoccupées en milieu familial gonfle à vue d'oeil et que c'est
incontrôlable. Parce que, grâce aux mesures qu'on a mises en place, pour la
première fois depuis bien des années, on a réussi à stabiliser la situation au
cours du dernier trimestre. Ce n'était pas arrivé depuis des années. Donc, nos
mesures ont un effet, et je suis certain qu'on arrivera avec d'autres mesures,
ensemble, qui vont continuer d'avoir des effets bénéfiques.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Oui, Mme la députée de Sherbrooke
Mme Labrie : Je suis
ravie d'entendre ce que je viens d'entendre. Mais est-ce que le ministre peut
nous donner des détails sur... Il parle de l'offre en milieu familial, donc le
nombre de permis non utilisés est en chute libre? C'est bien ce que j'ai
compris. Est-ce qu'il peut me donner des chiffres?
M. Lacombe : Oui, c'est ça...
La Présidente (Mme D'Amours) :
On est sur l'amendement. La discussion est sur l'amendement. Vous aurez le
loisir de poser la question, probablement, au salon bleu, ma chère députée de
Sherbrooke. Donc, je vous rappelle que nous sommes à l'amendement du ministre,
qui a été déposé pour l'article 1. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Si je n'ai pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement à l'article 1
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté. À la salle, de l'autre côté, est-ce que c'est adopté? Je n'entends pas
de... Je n'ai pas de son.
Une voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous revenons à l'article 1 tel qu'amendé. Est-ce que j'ai des
interventions? Mme la députée de <Westmount—Saint-Louis...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...n'entends pas de... Je n'ai pas de son.
Une voix :
Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous revenons à l'article 1, tel qu'amendé. Est-ce que j'ai des
interventions? Mme la députée de >Westmount—Saint-Louis
Mme Maccarone : ...Mme la
Présidente, ça va me prendre des précisions dans les commentaires pour lesquels
on fait le changement. Puis ça dit : «Le paragraphe 1° vient préciser que
la LSGEE vise désormais les services de garde éducatifs destinés aux enfants
avant leur admission à l'école.» Est-ce que le ministre peut expliquer ce
commentaire, cette précision?
M. Lacombe : Bien, c'est qu'on
se trouvait dans des situations où la Loi sur les services de garde éducatifs à
l'enfance était appliquée dans des milieux, disons, de garde pour les enfants d'âge
scolaire, dans des résidences à proximité d'écoles, par exemple. Donc, une dame
ou un homme — merci — <une dame ou un homme >qui,
par exemple, accueille des enfants chez lui, des enfants de 10 ans, de 11 ans,
par exemple, ou de huit, neuf ans à la maison pour l'heure du dîner, et les
enfants retournent ensuite à l'école, ces enfants-là étaient... ce service-là
était soumis à la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance, et,
bien, ça nous a été, à juste titre, souligné comme étant une incohérence qui
persistait avec les années. Parce qu'évidemment on n'avait pas les mêmes enjeux,
puis, à notre sens, un enfant de huit, neuf ans qui va dîner chez une voisine
de l'école, on n'a pas à l'encadrer de la même façon que le service qu'on donne
à un enfant de deux, trois, quatre, cinq ans dans un service de garde éducatif
à l'enfance. Donc, ça, c'est, je dirais, la principale raison pour laquelle on
fait... on propose cette modification-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Joliette.
Mme Maccarone : Ah! je n'avais
pas terminé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Pardon?
Mme Maccarone : Je n'avais
pas terminé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ah!
désolée. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : C'est juste
que je ne comprends pas quand on dit «admission à l'école». Quand on parle d'admission
de l'école, est-ce qu'on parle de préscolaire? Est-ce qu'on parle de maternelle
quatre ans? Est-ce qu'il y a un âge en particulier? C'est ça qui n'est pas
clair pour moi. Parce qu'il peut y avoir un impact assez majeur, surtout si on
parle de c'est quand les enfants doivent commencer l'école, parce que maternelles
quatre ans et cinq ans, ce n'est pas obligatoire. Alors, est-ce que ça, ça fait
partie de l'admission à l'école? Comment est-ce que ça figure à l'intérieur de
ceci? École à domicile, scolarisation à la maison, par exemple, ça fonctionne
de quelle façon? C'est ça qui n'est vraiment pas clair pour moi.
M. Lacombe : Je comprends.
Bien, si je peux amener la précision, c'est dès lors que l'enfant est inscrit
et fréquente l'école, là. Donc, si c'est la maternelle quatre ans, c'est la
maternelle quatre ans, si c'est la maternelle cinq ans, c'est la maternelle cinq
ans, qui ne sont effectivement pas obligatoires. Donc, si les enfants n'y vont
pas, évidemment, ils continuent et ils auront accès aux services de garde
éducatifs à l'enfance. Et la fréquentation scolaire devient obligatoire à
partir de la sixième année, c'est-à-dire dès la première année, mais la sixième
année de vie, là, grosso modo, si on résume. Et c'est à partir de ce moment-là
que la portée de notre loi s'arrête... s'arrêterait. Je vais le mettre au
conditionnel.
Mme Maccarone : La raison
pour cette question puis la précision, Mme la Présidente et M. le ministre, c'est
parce que vous avez entendu, dans mes remarques préliminaires, j'ai la
préoccupation en ce qui concerne les enfants à besoins particuliers. Je veux m'assurer
que, s'il y avait un amendement à apporter, puis je suis persuadée que le
ministre serait ouvert à ceci, est-ce que ça serait le moment de le déposer en
ce qui concerne une éligibilité pour les enfants handicapés de rester en
service de garde... excusez-moi, services éducatifs — c'est un
changement de culture, hein, Mme la Présidente, je dis encore «commissions
scolaires» — mais de services éducatifs?
• (12 h 20) •
Je veux juste m'assurer que celle-ci ne représente
pas un frein pour eux. Si jamais on veut faire le débat plus tard, si ce n'est
pas le moment, de s'assurer qu'on peut au moins avoir le débat qu'eux, si les
familles, les éducateurs et l'école... Parce que ça va prendre vraiment toute l'équipe
autour de cet enfant-là pour prendre la décision que c'est pour le bien-être de
cet enfant, bientôt élève... reste dans les services éducatifs avant de faire
le transfert. Je veux juste m'assurer que ceci, ça ne représente pas un frein.
Si ce n'est pas le moment, c'est correct. Vous me direz c'est quand, le moment
d'avoir ce débat, mais, si c'est le moment... Je ne veux pas manquer ma «shot»,
c'est juste ça, parce que c'est un enjeu qui est primordial et vraiment
important pour ces familles.
M. Lacombe : Est-ce qu'on
peut suspendre, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
M. Lacombe : Je voudrais
juste donner la bonne information à la députée.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 21)
(Reprise à 12 h 30)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, mais, compte tenu de l'heure, je vais suspendre les
travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 36)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Votre attention, s'il vous plaît! La Commission des relations avec les citoyens
reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 1, Loi modifiant la Loi <sur...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...la Loi >sur les services de garde éducatifs à l'enfance afin d'améliorer
l'accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à l'enfance et de
compléter son développement.
Je vous rappelle que cette séance se
déroulera à la fois dans la salle Joseph… Louis-Joseph-Papineau, où je me
trouve, et dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine. Je souhaite donc la
bienvenue aux collègues qui se trouvent dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Lors de la suspension de nos travaux, cet
avant-midi, nous étions rendus à l'étude de l'article 1 tel qu'amendé.
Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bien, peut-être juste pour revenir, là, si ma mémoire est bonne,
on était... on avait suspendu parce qu'on se demandait à quel moment ce serait
le plus opportun… La députée de Westmount—Saint-Louis nous demandait ça, à quel
moment ce serait plus opportun de parler du type de service ou de la
possibilité pour des enfants qui vivent avec un handicap d'obtenir des services.
À notre sens, à mon sens, ce serait peut-être plus judicieux à l'article 2,
qui est l'article juste après, où on place vraiment l'enfant au cœur de l'article
puis où on explique de quelle façon il peut recevoir les services, alors que l'article 1
est plus général. On avait la discussion sur autre chose tantôt, sur le
développement harmonieux. Encore une fois, c'est un article qui est plus
général. Mais, si la collègue a une proposition, moi, je suis ouvert à l'entendre.
Sinon, je pense qu'on pourrait avoir cette discussion-là de façon plus
efficace, j'oserais dire, à l'article 2.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. D'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je remercie
le ministre et son équipe pour... d'avoir fait de la recherche pendant qu'on
était en pause. Je suis toujours préoccupée, par contre. Je comprends… Puis,
oui, on a peut-être un projet d'amendement pour avoir un débat ici, en
commission, mais j'ai toujours des questions, parce que, si on dit que ça
précise que la loi vise désormais des services de garde destinés aux enfants
avant leur admission à l'école, est-ce que ça veut dire, potentiellement, dans
le futur, si jamais… Puis je ne dis pas que c'est le cas aujourd'hui, mettons,
dans quatre ans, c'est la volonté du gouvernement de dire que, maintenant, la
maternelle 5 ans va devenir obligatoire, et aussi ça se peut que la
maternelle 4 ans, ce serait obligatoire, parce que, maintenant, il y a eu
une «implementation» partout dans la province, ça fait que chaque école aura
une maternelle 4 ans, est-ce que ça, ça veut dire, maintenant, que ça
rouvre la possibilité à avoir cette obligation? Puis, si c'est le cas, bien là
on est en train de dire qu'un accès pour un enfant qui aimerait peut-être
rester dans les services éducatifs à l'enfance jusqu'à six ans, bien, il ne
serait plus éligible si ça reste tel quel.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
• (15 h 40) •
M. Lacombe : Je comprends la
question de la députée de Westmount—Saint-Louis, mais, en même temps, j'aurais
envie de répondre que, si tel était le cas, si un gouvernement, qui ne sera pas
le nôtre, décidait, dans un futur rapproché ou lointain, de décréter que la maternelle
5 ans ou la maternelle 4 ans devenait obligatoire, bien, ce ne serait
pas notre loi qui serait le problème. En fait, le problème partirait de cette
obligation-là, et, que les enfants aient accès ou pas à notre réseau, ils
seraient obligés de fréquenter la maternelle si un éventuel gouvernement
décidait ça. Donc, je pense que, si un gouvernement décide de faire ça un jour,
ce sera son droit, ce n'est pas notre intention à nous, bien, à ce moment-là,
peu importe ce que dit notre loi, les enfants vont être obligés, dans le cas
que présente la députée de Westmount—Saint-Louis, de fréquenter la maternelle 4
ou 5 ans. Donc, je pense que ça démontre, là, qu'on ne ferait que s'ajuster,
là, nous, à ce qu'un éventuel, encore une fois, gouvernement, là… parce que,
nous, ce n'est pas du tout notre intention.
Mme Maccarone : Encore une
fois, dans l'hypothèse… J'entends le ministre, mais, si, mettons, je dis :
Regarde, il y a beaucoup de places qui sont disponibles, ce serait une façon de
combler les places qui sont disponibles dans les services éducatifs à l'enfance,
parce que, là, on va dire : Bien, ces enfants-là, au lieu de dire qu'il n'y
a pas de place pour eux, on va les transférer dans le réseau scolaire, est-ce
que ça, aussi, ce serait une possibilité future? Parce que c'est comme si on
déplace d'une place à l'autre. C'était parmi les arguments quand on faisait le
débat sur le projet de loi n° 40. Entre autres, on disait : Est-ce
que c'est parce qu'on utilise le réseau de l'éducation pour combler le manque d'espace
dans le réseau de services de garde, à l'époque, parce qu'on disait :
Bien, au lieu de mettre les places dans les CPE, bien, on va mettre les places
dans le réseau de l'éducation. Ça fait que ça créé la même préoccupation que j'aurais
parce que, comme je dis, si on parle des enfants qui sont vulnérables… Puis la
maternelle 4 <ans…
Mme Maccarone :
...la maternelle 4 >ans a sa place. Nous, on n'a jamais dit que ce
n'était pas bon. On a juste dit : Au lieu de faire ça partout, on peut-tu
faire ça un peu sur mesure, où on a des besoins? Mais, regarde, c'est fait. La
loi est adoptée. On va vivre avec, mais est-ce qu'on ne devrait pas se
préoccuper un peu de ceci? Parce que ça reste que ce n'est pas adapté pour tout
le monde.
Je vous donne un autre exemple. Ça, c'est
une question que j'aurais pendant ma réflexion, quand on parle de ça, si,
mettons, je suis maman… Je vais donner l'exemple... mon… ma vie. Moi, là, quand
mon fils avait cinq ans, il n'était pas près d'embarquer dans le réseau
scolaire, mais il y avait une pause entre... puis il était à un CPE. On a tout
essayé, là, tu sais, on a tout essayé, le réseau, le milieu familial, privé
subventionné, privé, CPE. Puis là il a quitté le réseau des CPE parce qu'il n'y
a plus de place pour lui. Il avait cinq ans, mais il n'était pas prêt à
commencer l'école. Ça fait que moi, j'étais prise pendant un an… bien, prise, j'avais
mon enfant pendant un an puis j'ai dû trouver des moyens pour lui offrir des services
que je faisais chez moi, mais je ne l'ai pas inscrit à l'école. Puis ça, là, ça,
c'est tout un casse-tête parce que, là, tu te sens, comme parent… c'est un
échec : Écoute, est-ce que je suis en train de mettre mon enfant dans une
situation de vulnérabilité? Vous savez, vos enfants sont petits… Est-ce qu'il
va être le plus gros quand il va rentrer un an plus tard, tu sais, est-ce qu'il...
On est en train de le mettre dans une situation où ça va paraître qu'il est le
plus grand, le plus âgé, puis ce n'est pas ça qu'on veut. On ne veut pas
souligner qu'on a un enfant avec des besoins. On veut qu'il s'assimile dans la
classe.
Ça fait que c'est un réfléchissez-y-bien,
puis c'était une décision qui était hyperdifficile, mais on l'a faite, puis,
heureusement, c'était à son bénéfice, mais il a commencé dans la maternelle
quand il avait six ans. Mais, pendant cette époque-là, je n'avais pas d'aide,
tu sais, de cinq à six ans. Si, mettons, j'avais dit : Regarde, j'aurais
voulu, puis je veux, pour les parents, aujourd'hui, d'avoir la possibilité de…
regarde, j'ai quitté, mais là je veux changer mon idée, je veux retourner dans
le réseau des services de garde ou dans les services éducatifs parce que c'est
trop difficile, j'ai essayé quelque chose, mais je ne suis pas équipée… Puis moi,
j'avais de la chance. J'avais de la chance. J'avais le pouvoir de le faire. Je
paie toujours pour cette décision, mais c'était la meilleure chose à faire. Mais
ce n'est pas tout le monde qui sont dans une position… Puis ils n'ont même pas
ce choix.
Alors, est-ce qu'on devrait se préoccuper
de ça aussi ici? La préoccupation que j'ai, c'est que, quand ils vont
commencer, bien là ils ne pourront plus revenir parce qu'on met quand même des
limites, parce que tout est basé sur quand ils vont commencer à recevoir ces
services. Alors, je suis préoccupée. Je suis préoccupée puis je veux... Tu
sais, j'aimerais voir de la souplesse. Est-ce que ça veut dire qu'on rajoute un
alinéa pour adresser ceci? Est-ce qu'il y a une précision… Puis je suis prête à
faire aussi le débat dans l'article 2, mais, avant de poursuivre avec l'adoption
de cet article… C'est basé sur l'admission à l'école puis...
M. Lacombe : ...obligation de
fréquentation, là. Il y a une nuance, c'est-à-dire, la maternelle 4 ans et
5 ans ne sont pas obligatoires. Donc, si vos enfants n'y vont pas, ils
peuvent...
Mme Maccarone : Mais, si,
mettons, je décide de commencer l'école, puis là ce n'était pas le milieu qui
était la meilleure chose pour mon enfant…
M. Lacombe : Oui, vous pouvez
retourner à la garderie ou au CPE tant qu'il n'y a pas d'obligation de
fréquentation scolaire.
Mme Maccarone : Ah! mais ce n'est
pas ma lecture, de la façon que c'est écrit actuellement.
M. Lacombe : Bien, si l'enfant
n'est pas inscrit à l'école... Bien, dès lors... Évacuons tout de suite quelque
chose. Quand il y a l'obligation de fréquenter l'école, bien là, pour nous, c'est
ça, là, c'est une évidence que, de toute façon...
Une voix : …
M. Lacombe : Oui, je garde mon
masque. Dès qu'il y a l'obligation de fréquentation scolaire, pour nous, c'est
une évidence, le parent est… a une obligation de faire en sorte que son enfant
fréquente l'école. Donc, il n'y a plus de nécessité d'avoir accès aux services
de garde éducatifs à l'enfance. Par contre, si on parle d'un enfant qui a quatre ans,
qui a cinq ans, donc, les parents se demandent, maternelle 4 ans ou 5 ans,
c'est à leur choix. S'ils décident de les inscrire et que l'enfant fréquente… Évidemment,
il n'y a pas de dédoublement de services. Donc, l'enfant a déjà un service. On
ne l'offrira pas en service de garde éducatif.
Par contre, s'il n'y va pas, et là il y a
peut-être une nuance, à savoir si l'enfant commence l'année en maternelle et
souhaite ensuite revenir, par exemple, parce que les parents trouvent que ce n'est
pas approprié pour lui, il faudrait faire la... il faudrait vérifier si,
juridiquement, il y a une contrainte, mais moi, je vous le dis tout de suite, l'intention,
ce n'est pas ça. Je veux dire, le parent peut très bien changer d'idée, à mon
sens, puis décider de retourner en service de garde. C'est la beauté de la
chose, c'est qu'à l'avenir il y aura suffisamment de places pour tout le monde.
Donc là, ce ne sera pas encore le même casse-tête qu'on vit actuellement parce
que, là, si un parent change d'idée, bonne chance pour trouver une place parce
qu'il en manque, mais, dès lors qu'on aura suffisamment de places pour <tout...
M. Lacombe :
...pour >tout le monde, je ne pense pas qu'on aura ce problème-là.
Mme Maccarone : J'entends que
ce n'est pas l'intention, mais j'avoue que j'aimerais voir quelque chose à l'intérieur
de l'article… On a une proposition d'amendement. Ça fait que, Mme la Présidente,
avec votre permission, on vous l'enverrait, puis peut-être juste un 30 secondes
de pause jusqu'à tant que les gens… prendre conscience.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Oui, Mme la députée.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 51)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, si vous
voulez bien lire votre amendement, s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Un
amendement à l'article 1 : Le paragraphe 1° de l'article 1
du projet de loi est modifié... le remplacement de l'«admission à l'école» par «obligation
de fréquentation scolaire».
Alors, ça lira : «La présente loi a
pour objet de promouvoir la qualité des services de garde éducatifs destinés
aux enfants [par] obligation de fréquentation scolaire en vue d'assurer la
santé, la sécurité, le développement, la réussite éducative…»
Ça fait qu'en lien avec les arguments que
j'avais eus auparavant, avant le dépôt de cet amendement, Mme la Présidente, je
pense que ce serait une façon de rejoindre aussi les besoins… Ça donne la
flexibilité aux parents d'avoir un choix, de dire que, si, mettons, j'ai choisi
le réseau scolaire puis je réalise que ce n'était pas le bon réseau pour mon
enfant, ils n'ont pas les spécialistes, on a de la difficulté, mon enfant ne s'intègre
pas, mon enfant n'était pas prêt, les spécialistes ont dit que ce n'était
peut-être pas une bonne affaire, on a essayé quand même, mais là je veux
retourner dans le réseau de services éducatifs, bien, ça donnerait cette
possibilité. Au lieu de dire que… lié à l'admission à l'école, parce que, quand
l'admission à l'école est faite, bien, c'est fait, là, ceci, ça donnerait quand
même obligation de fréquentation scolaire.
Puis, on le sait, c'est à six ans, ça, c'est
l'obligation, parce que la maternelle n'est pas obligatoire. C'est un choix qu'on
fait, mais c'est un choix qu'on fait... C'est naturel d'envoyer nos enfants à
la maternelle à cinq ans, mais ça reste que c'est toujours un choix. Puis, pour
les parents avec des enfants handicapés ou ayant des besoins particuliers, c'est
une souplesse qui est vraiment nécessaire, parce qu'il y a plein de choses à
faire, il y a plein de choix à faire. Surtout quand on parle d'agir tôt, on a
vraiment besoin d'avoir cette flexibilité, puis je pense que de l'enchâsser
dans la loi, là, ça devient plus clair. Puis là les parents vont comprendre
aussi, sur le terrain, qu'on a la possibilité de faire plusieurs choses, puis j'ai
vraiment le choix de dire qu'est-ce qui est la meilleure chose pour mon enfant
puis j'ai aussi le droit de faire une erreur, parce que, quand ils sont petits,
il y a plein d'enfants qui sont aussi non verbal. On ne sait pas tout à fait
comment ça peut fonctionner. Alors, je pense que c'est juste d'avoir une telle
flexibilité.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas
d'autre intervention... M. le ministre, avez-vous une intervention sur l'amendement?
M. Lacombe : Oui, j'ai
une intervention, je veux juste dire... je demande à la députée de Westmount—Saint-Louis :
Est-ce que, donc, ça veut dire que, dans votre esprit, ce que vous souhaitez, c'est
que des enfants qui fréquentent la maternelle 4 ans et qui fréquentent la
maternelle 5 ans, donc, dont les parents n'ont pas changé d'idée, là, mais
qui fréquentent actuellement, puissent aussi avoir accès à une place
subventionnée par l'État? Donc, ils reçoivent un service en double, c'est-à-dire
une place à la maternelle et une place dans un CPE.
Mme Maccarone : Non, ce
n'est pas le but. Évidemment, on ne veut pas… Comme vous avez dit, justement,
auparavant, ce n'est pas une question d'avoir accès aux deux réseaux en même
temps, mais avoir la possibilité de dire que j'ai le choix entre l'un ou l'autre
ou bien, là, j'ai fait une erreur. On a tous droit à une erreur. Comme je dis, ça…
Souvent, quand ils sont petits, on ne sait pas si on prend la bonne décision. Ça
fait que c'est bien de savoir qu'on va pouvoir peut-être retourner sur nos pas
pour dire : Ah! non, non, ça, là, ça n'a pas fonctionné pour moi, j'ai
essayé pendant deux mois, je sais qu'il y a une place pour moi, qui m'attend
dans le service éducatif de mon quartier, est-ce que je peux retourner prendre
possession de cette place malgré que, regarde, je viens de faire l'admission à
l'école? Ça fait que, là, c'est une différence, au lieu de dire «l'admission à
l'école»… mais plutôt liée à l'âge, parce que, mettons, si on regarde dans la Loi
sur l'instruction publique, c'est ça qui est écrit, c'est ça, le libellé.
M. Lacombe : Bien, je
veux juste vous resouligner... Je ne sais pas si vous avez lu l'article 2
et ce qu'on propose, là, mais c'est exactement de ce type d'information là dont
on traite. Là, si on veut absolument faire une modification à l'article 1,
je veux juste vous souligner que peut-être que la façon dont vous le proposez,
c'est comme si vous dites : Bien là, il faut prévoir cette petite entrée
là, mais, pour y arriver, on ouvre la porte grande comme ça. Je ne suis pas
certain que c'est... Moi, je vous proposerais <peut-être une autre...
M. Lacombe :
...proposerais
>peut-être une autre alternative. Là, il faudrait vérifier, mais, plutôt
que de parler d'admission à l'école, on pourrait parler non pas d'obligation de
fréquentation scolaire, mais de fréquentation scolaire, donc, dès que l'enfant
fréquente la maternelle 4 ans ou la maternelle 5 ans. Évidemment, il
n'y a pas de dédoublement de services, mais, si le parent décide que l'enfant
ne fréquente plus, bien là il n'y a plus de fréquentation, donc, parce que
sinon la porte, elle est grande ouverte à ce qu'il y ait des dédoublements de
services.
Mme Maccarone : Je comprends,
peut-être, qu'on ne veut pas avoir la porte grandement ouverte, mais là c'est
parce que c'est fermé. Moi, ce que je demande, c'est d'avoir une ouverture.
M. Lacombe : Oui, c'est ce
que je propose, oui, plutôt que de parler d'obligation de fréquentation
scolaire, on pourrait… peut-être, là, je vais vérifier, mais on pourrait
peut-être parler de fréquentation scolaire, parce que l'obligation de
fréquentation scolaire arrive plus tard, tandis que la fréquentation scolaire,
elle peut arriver dès quatre ans, à la maternelle 4 ans, ou à cinq ans, à
la maternelle 5 ans, plus généralement. Ça fait que, là, je pense qu'on
atteindrait le but que vous vous êtes fixé sans pour autant ouvrir la porte à
des dédoublements de services.
Mme Maccarone : …ça arrime
bien avec la Loi sur l'instruction publique si on met le libellé de cette
façon? Je vois le légiste qui fait... Il n'est peut-être pas certain.
M. Lacombe : Bien, c'est pour
ça, mais, si vous trouvez que ça a du sens, je vais regarder avec mon équipe
pour voir la possibilité.
Mme Maccarone : Oui, il me
semble, oui, c'est intéressant. Je pense, le but, c'est d'avoir de la
souplesse. C'est ça qu'on veut. Ça fait que, si on peut trouver un moyen pour
donner cette souplesse aux parents, je pense que ce serait bienvenu.
M. Lacombe : Parfait.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement qui est proposé par la
députée de Westmount—Saint-Louis ou si la députée veut retirer son amendement?
Donc, j'ai besoin de...
Mme Maccarone : ...Mme la
Présidente, excusez-moi, pardon? Ah! bien, je vais retirer mon amendement, puis
on va… Oui, on va retirer l'amendement, mais on peut attendre le ministre. Je
ne sais pas si...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Donc, j'ai besoin du consentement pour le retrait de l'amendement de la députée
de Westmount—Saint-Louis. Est-ce que j'ai le consentement pour retirer l'amendement?
Des voix : …
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vais... Pardon? Oui, dans l'autre salle, effectivement. Dans l'autre
salle, est-ce que j'ai le consentement pour le retrait de l'amendement de la
députée de Westmount—Saint-Louis?
M. Lacombe : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vais...
Une voix : …
La Présidente (Mme D'Amours) :
Oui, je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
16 h (version révisée)
(Reprise à 16 h 22)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Nous avions terminé, tout à l'heure, avec l'amendement
qui avait été retiré, l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis.
Donc, nous revenons à l'article 1 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a des
interventions pour l'article 1 tel qu'amendé? Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Une question
générale. Tout à l'heure, le ministre, avant la pause du dîner, le ministre
nous a expliqué qu'on avait reformulé, en parlant d'enfants, «destinés aux
enfants avant leur admission à l'école» pour vraiment exclure les autres types
de services de garde qui sont davantage des services de garde, comme, par
exemple, sur l'heure du dîner, les services qu'on appelle communément les
services de dîneurs, où il y a des personnes qui reçoivent des enfants à
proximité de l'école pour venir dîner ou après l'école.
Et donc je veux juste savoir, quand le
ministre nous a dit, tout à l'heure, ça excluait désormais... la loi sortait de
son giron ce type de service là où on parle d'enfants d'âge scolaire, qu'est-ce
qui régit maintenant ce type de service là qui existe, c'est-à-dire des gens
qui reçoivent chez eux des enfants, plusieurs enfants à la fois, là, pour dîner
ou après l'école, d'âge scolaire.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, d'abord,
il faut dire que c'est très rare, parce que la presque totalité des écoles au
Québec ont des services de garde, même si ce n'est pas le cas dans toutes les
écoles, bien, en tout cas, selon les données qu'on a, qui ont été déposées par
le conseil supérieur, je pense, dans un document il y a deux ou trois ans. On
pourrait retrouver les chiffres, peut-être, là, mais, en tout cas, la grande
majorité, je vais dire ça, des écoles ont un service de garde, donc ça ne s'applique
pas véritablement à elles. Là où, effectivement, il y a ces situations-là qui
se produisent, c'est quand il n'y a pas service de garde à l'école, et là il y
a des gens autour de l'école qui peuvent s'arranger pour pouvoir offrir un
service.
Par contre, moi, je suis d'avis que,
lorsqu'on atteint un certain âge, et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui
vont consentir le fait qu'un enfant de quatre ans n'a pas besoin du même
encadrement qu'un enfant de neuf ans, par exemple, et que, lorsque notre enfant
a neuf ans et atteint un niveau de maturité qui est beaucoup plus important, et
on est capable de savoir si ça se passe bien ou si ça ne se passe pas bien
lorsqu'il est, par exemple, sur l'heure du dîner, avec une dame ou un homme qui
offre ce service-là à proximité de l'école...
Donc, effectivement, le choix qu'on a
fait, ce que je propose, c'est que, dorénavant, notre loi ne s'applique plus à
ces gens-là et que le parent exerce son jugement, à savoir est-ce que ce
service-là me convient ou pas. Bien sûr, ce serait toujours impossible pour les
gens qui offrent ces services-là de, par exemple, dire : Bien, moi, j'accueille
15 enfants à dîner à la maison, parce que, là, ça ne respecte pas, de toute
façon, les autres réglementations, là. On ne peut pas non plus faire n'importe
quoi.
Mais nous, on est d'avis que notre cadre
légal, notre cadre réglementaire est très mal adapté pour encadrer ces services-là.
Et souvent ce que ça faisait en sorte, c'est qu'on devait aller fermer des
services : évacuation... avis de non-conformité, évacuation ensuite, et là
les parents se retrouvaient démunis. Alors que moi, à chaque fois, je me disais :
Ça n'a aucun bon sens qu'on fasse ça, là. Je veux dire, les parents sont des
adultes, les enfants sont plus vieux, il y a trois, quatre enfants qui se
regroupent pour aller dîner chez une voisine, je pense qu'il y a quand même une
limite, à mon sens, à ce que l'État devrait surveiller.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée.
Mme
Hivon
: Moi,
j'ai vraiment été confrontée à cette réalité-là parce que, dans ma circonscription,
il y en avait plusieurs. Donc, dans des petits <milieux...
Mme Hivon :
Moi,
j'ai
vraiment été confrontée à cette réalité-là,
parce que dans
ma
circonscription
il y en avait
plusieurs. Donc, dans des
petits >milieux, il y a comme des traditions où il y a des personnes qui
font ça depuis des années puis il y a des parents qui préfèrent ça, par exemple,
que leurs enfants restent à l'école ou tout ça, donc. Et effectivement c'était
l'application de la loi, donc il y avait des enjeux.
Mais là, quand le ministre dit : On
ne pourra pas se retrouver avec 10 ou 15 enfants, en vertu de quoi? Parce
qu'avant... C'est-à-dire que ces situations-là existaient il y a quelques
années, et c'est pourquoi le ministère intervenait parfois, parce qu'il disait :
Là, vous ne respectez pas du tout les ratios. Et donc, en vertu de quoi le
ministre nous dit qu'il ne pourrait pas y avoir 10, ou 12, ou 15 enfants
pour dîner chez une personne qui a son conjoint qui est là aussi, puis ils
organisent les enfants d'âge scolaire ou après l'école, si... En fait, moi, de
ce que je comprends, c'est que, si ça sort du giron de cette loi-là, il n'y a
plus rien qui s'applique. Ou est-ce qu'il y a une autre législation qui s'applique
pour s'assurer de ça? Si oui, laquelle?
M. Lacombe : Bien, il y a... Bien,
d'abord, je veux juste réitérer le fait que je pense qu'on s'entend sur le fait
que c'était mal adapté, là, que c'est mal... c'est encore en vigueur, que c'est
mal adapté, c'est pour ça qu'on veut le changer. Et je dirais même que lorsqu'il
y avait un nombre raisonnable et conforme d'enfants sur place, souvent, lorsqu'on
était appelé à la suite d'une plainte, on se trouvait quand même à devoir
fermer le service parce qu'on avait des exigences envers eux qui n'étaient pas
du tout adaptées. Donc, même si le nombre d'enfants, par exemple, même si on
parlait seulement de deux ou trois enfants, le cadre légal réglementaire
n'était tellement pas adapté qu'on leur demandait, là... la mémoire me fait
défaut, mais d'avoir, je pense, là, une couchette, d'avoir un programme
éducatif. Écoutez, là, c'est des gens qui accueillent des enfants pour dîner,
des enfants d'âge scolaire. Ça fait que, même quand le nombre d'enfants était
correct, là, on avait des enjeux avec l'application de la loi, donc il fallait
faire fermer pratiquement tous les endroits où on allait lorsqu'on recevait une
plainte.
Maintenant, est-ce que ça veut dire que ça
n'arrivera pas? Bien là, non, là, ce n'est pas ce que je dis, là, parce qu'évidemment
tout le monde doit respecter la loi, mais il y en a qui ne la respectent pas.
Donc là, avant, effectivement, c'était le ministère de la Famille qui était
chargé de débarquer puis de faire fermer. Mais, je vous le dis, même s'il y
avait un nombre correct d'enfants, il fallait quand même faire fermer parce que
la loi, elle n'est pas adaptée, souvent. Et là il y a quand même d'autres lois
qui peuvent s'appliquer, je pense au code du bâtiment, je pense aux règlements
municipaux. Donc, c'est sûr que, si la personne accueille, je ne sais pas, 15 enfants,
mais ce n'est pas sécuritaire, là, donc, en matière... je ne voudrais pas vous
dire n'importe quoi, mais, par exemple, en matière de sécurité incendie, ça ne
passe pas la barre, donc, s'il y a une plainte, les autorités municipales
débarquent, moi, je pense que ça se solderait par une fermeture, de toute
façon.
Mme Hivon : Bien, Mme la
Présidente, je pense, c'est important qu'on vide cette question-là, là, parce
que c'est un changement important. Moi, je suis assez d'avis que ce n'était pas
adapté, mais je ne suis pas certaine que je suis confiante que c'est une bonne
idée de dire : Ça va être maintenant laissé aux bons soins des autres
lois, parce que le code du bâtiment, c'est une chose, mais d'avoir quelqu'un
qui est capable de superviser pour dîner 10 enfants... Donc, j'aimerais
juste ça qu'on me précise...
M. Lacombe : ...neuf étant le
maximum permis par le code du bâtiment.
Mme Hivon : D'avoir neuf
personnes?
M. Lacombe : Comme pour nos
milieux familiaux, c'est la raison... Souvent, les RSG nous disent :
Pourquoi est-ce que je ne peux pas accueillir plus que neuf enfants? C'est
une... c'est quelque chose qui dépasse le ministère de la Famille pour des
raisons de sécurité.
• (16 h 30) •
Mme Hivon : Donc, le plafond
de neuf, c'est le code du bâtiment qui prévoit ça, que, pour avoir une activité
chez soi... Je suis juste curieuse de connaître la règle, là, je ne la connais
pas.
M. Lacombe : Bien, je m'étais
fait sortir ça, là, je pourrais effectivement peut-être vous... on pourrait
vous le donner, là.
Mme Hivon : Je veux juste
expliquer pourquoi je pose ces questions-là. C'est parce que c'est des cas très
réels. Donc, si, soudainement, il y avait des milieux de garde de dîneurs, qu'on
appelle, avec 10, 12, 14 enfants, c'est quoi, les moyens pour ceux qui
estiment que ça n'a pas de sens ou ce n'est pas sécuritaire? Donc, comment on
encadre ça, là, puisqu'il n'y aura pas de permis, si je comprends bien, là? On
se sort de ce giron-là, donc le ministère de la Famille ne s'occupe plus de ça,
donc quelles sont les instances qui s'occupent de ça quand il y aurait un
accroc ou quelque chose qui n'a pas de sens en termes de sécurité? Parce que c'est
comme si on passait d'un extrême à l'autre. Du moins, c'est ma perception, là.
Là, c'étaient toutes les règles qui pouvaient s'appliquer, puis là on passerait
à aucune règle en termes de supervision ou de garde.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, en tout cas,
je pense qu'à la base l'idée, c'est que le réseau scolaire offre de plus en
plus ce <service-là, là, je pense que ça...
>
16 h 30 (version révisée)
<17927
M.
Lacombe :
...bien, en tout cas, je pense qu'à la base, l'idée,
c'est que le réseau scolaire offre de plus en plus ce >service-là, là. Je
pense que ça rendrait un... ça donnerait un bon coup de main aux parents.
Mais ensuite, je veux dire, dépassons nos
activités au ministère de la Famille, là. Il y a plusieurs autres domaines où
vous ne pouvez pas offrir des services commerciaux à 15 personnes en même
temps, par exemple, dans votre logis. Si vous le faites, bien là il y a une
plainte. La municipalité va débarquer, et là moi, je ne suis pas un expert de
ce domaine-là, ou le service de sécurité incendie va dire : Ce n'est pas
acceptable, vous ne pouvez pas faire ça, ça va prendre des issues de secours,
vous dépassez le nombre de gens permis pour ce type d'activité là. Et là il y a
des recours de cette façon-là.
Moi, je pense que... si on revient à la
base, est-ce que le ministère de la Famille... est-ce que le ministère de la
Famille doit, avec sa loi, encadrer ce type de service là? Moi, je pense que
non, parce que la clientèle sur qui on doit se concentrer, c'est les 0-5 ans,
donc les enfants d'âge préscolaire qui fréquentent nos installations ou nos
milieux familiaux. Quand on parle d'enfants qui ont neuf, 10, parfois 11, 12 ans
puis qui fréquentent le domicile d'une dame le midi pour être supervisés, il n'y
a rien d'éducatif là-dedans, on parle seulement de supervision, on parle de
garde vraiment au sens propre. Moi, je pense que le ministère de la Famille ne devrait
pas être impliqué là-dedans. Je pense que c'est d'abord et avant tout une
question de responsabilité du parent.
Mme Hivon : O.K. Mais, je
veux juste dire, c'est beau de dire neuf, 10 ans, là, ça commence à 5 ans,
ça fait qu'il y en a de cinq ans, six ans, sept ans. Il y en a des petits
aussi. Moi, tout ce que je demande, c'est... Je veux dire, si vous avez fait ce
choix-là — je ne suis pas sur l'opportunité de choix, je suis sur la
mécanique, maintenant, qui va s'appliquer — de sortir ça du giron de
votre loi, vous avez dû vous poser la question : Bien, O.K. c'est quoi maintenant,
le cadre réglementaire?
Donc là, moi, tout ce que je demande, c'est
qu'on me dise : Voici, c'est le code du bâtiment, c'est tels règlements
municipaux. Je veux dire, on va discuter encore, je pense, l'article 1 et
2, là. On peut le suspendre le temps... Juste me dire c'est quoi, le cadre,
pour savoir qui est-ce qui va venir un peu régir le fait qu'on ne peut pas
avoir plus que neuf enfants ou on ne peut pas... c'est ça.
M. Lacombe : Bien, je vous ai
répondu, là, je vous ai répondu généralement. Mais là, si vous voulez les
numéros d'articles, là, puis tout ça, là, évidemment, là, je n'ai pas ça sous
la main. Il faudrait vérifier.
Mme Hivon : Donc, la réponse
du ministre, c'est que c'est le code du bâtiment parce qu'on ne peut pas avoir
plus que neuf personnes dans une maison ou un logement. Et donc c'est ça qui
fait office de réglementation. Donc, si quelqu'un s'inquiétait parce qu'il a
commencé à un service de dîneurs, il y avait cinq enfants, puis deux semaines, trois semaines
après, ils sont rendus 12, le parent qui se pose la question, il ferait
référence à quoi, mettons, pour pouvoir faire une plainte? C'est ça qui m'intéresse.
M. Lacombe : Bien, au-delà de
neuf enfants, comme je vous dis, il y a des obligations, là. Donc, ça, c'est
à ça que vous faites référence, s'il y a un trop grand nombre d'enfants qui
sont présents, par exemple, sur place?
Mme Hivon : Oui. Bien, juste
connaître c'est quoi, le cadre pour ce type d'exploitation là. Parce que je
comprends que le ministre me dit : Ça... C'est très rare. Puis moi, je
pensais ça parce que je pensais que les parents, généralement, leur enfant restait
à l'école. J'ai découvert que c'était toute une réalité. Puis, quand il y a eu
une espèce de levée de boucliers, le ministre n'était pas en poste, là, c'était
le ministre Luc Fortin, mais on s'est rendu compte que ça existait un peu
partout au Québec et beaucoup dans les petits milieux. Donc, c'est pour ça que
je pose la question, là. Moi, j'en ai chez nous puis je sais qu'ils vont me
poser la question. Donc, je veux être capable de répondre adéquatement.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Lacombe : Bien oui, je
comprends, mais c'est vraiment une question de Régie du bâtiment du Québec.
Mais là j'essaie de trouver la réponse
très exacte à ce que la députée de Joliette nous demande, là : Qui,
exactement, débarque? Je vais... On va avoir ça dans un instant.
Mais, pendant que les gens font la...
Parce que, concrètement, ce que vous voulez savoir, là, c'est : vous, là,
vous habitez sur une rue, votre voisine accueille des enfants le midi, vous
voyez ça rentrer à la pelletée, là. Vous voyez 15 enfants, c'est le gros
party, vous trouvez que ce n'est pas sécuritaire. Vous dites : Eh! il y a
de quoi qui ne marche pas. Qui vous appelez? Puis quelle norme s'applique à ce
moment-là?
Mme Hivon : Exactement.
M. Lacombe : Qui débarque
pour faire l'inspection?
Mme Hivon : Exactement la
question.
M. Lacombe : Ça, on va vous
chercher ça.
Mme Hivon : Parfait.
M. Lacombe : Pendant qu'on
cherche, ce que je peux vous dire, c'est que, dès qu'il y a plus de neuf
enfants, effectivement, là, ça ne devient plus acceptable au sein de la Régie
du bâtiment du Québec parce que, là, il y a des... Et ça, c'est ce qu'on a
creusé, là. Il y a toute une série d'obligations supplémentaires qui s'appliquent.
Par exemple, vous devez avoir une
séparation, ils appellent ça «entre les suites», séparation du plancher situé
au-dessus du sous-sol, protection du sol par gicleurs, classification des <usages...
M. Lacombe :
...séparation du plancher situé au-dessus du sous-sol, protection du sol par
gicleurs, classification des >usages, séparation pour un corridor
commun, la distance de parcours aux... en tout cas, c'est des trucs techniques.
Et ça, c'est intéressant parce que ça me
fait faire un lien, puis il y a peut-être des gens qui nous écoutent, avec la
fameuse question des RSG, je le disais tantôt, qui nous disent : Mais,
quand j'ai une assistante, pourquoi est-ce que je ne peux pas accueillir 12 enfants?
J'ai de la place chez nous. Bien, c'est à cause de ça. Parce que, sinon, vous
pouvez être sûrs qu'on aurait ouvert les vannes, là, tu sais, on créerait plus
de places. Donc, il y a cet enjeu-là.
Est-ce qu'on a la réponse?
Mme Hivon : Mais moi, je
veux juste dire que ça ne me dérange pas qu'on suspende, qu'on continue à
débattre puis qu'on y revienne, là. Je ne veux pas retarder pour cet enjeu-là.
Je pense juste que c'était important d'avoir l'information.
M. Lacombe : Mais c'est
juste que je pense que c'était peut-être le dernier point de l'article 1.
À moins que... Je ne sais pas, là.
La Présidente (Mme D'Amours) :
J'avais une intervention qui m'était demandée, là, de la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, c'était
simplement pour renchérir sur ce qu'a dit ma collègue, là. Effectivement, il y
a certaines régions, dans les milieux un peu moins denses, où c'est très, très
commun, là, comme service. Puis, moi, ça m'a été rapporté souvent. Entre
autres, au Bas-Saint-Laurent, les familles ont été désoeuvrées quand elles n'ont
plus eu le droit d'avoir accès à ce service-là parce que ça fermait. Donc, ils
espéraient vraiment ce changement-là.
Mais j'ai de la misère à... Moi, je n'avais
jamais entendu parler ce dont le ministre nous parle, là, qu'au-delà de neuf enfants,
en fonction du code du bâtiment, il y aurait quelque chose là. Je serais
contente... J'aimerais ça, savoir c'est quoi, les paramètres, là. Est-ce que c'est...
Dans quel contexte qu'on ne peut pas avoir plus que neuf enfants dans un
bâtiment? C'est quand on demande une rémunération pour en prendre... pour que
les enfants soient là ou...
Moi, je vais vous dire, j'ai déjà eu plus
que neuf enfants dans ma maison pour une fête d'amis, là, ça, je suis sûre que
c'est arrivé plusieurs fois.
Ça fait que j'essaie de comprendre c'est quoi, les
paramètres exacts auxquels le ministre fait référence. Est-ce qu'il y a un
nombre d'heures par jour? Est-ce que c'est quand c'est en échange de
rémunération de services? Il me semble... Elles sont où, les balises par rapport
à ça, là? Je pense qu'on a besoin de savoir.
M. Lacombe : ...une loi
qui relève du ministre de la Famille, là. Je ne la connais pas par cœur. Mais,
encore une fois, si... Moi, je veux que ça fonctionne bien. Ça fait que, si
vous voulez cette information-là, on peut vous la trouver. Ça fait qu'on
pourrait suspendre, Mme la Présidente, si vous voulez.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je...
Mme Hivon : ...l'article
1?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vais suspendre...
Mme Hivon : Suspendre
tout court? O.K.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 38)
(Reprise à 16 h 43)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Donc, nous étions à l'article 1 tel qu'amendé.
Est-ce que j'ai eu... M. le ministre, est-ce que vous avez eu la réponse pour Mmes
les députées?
M. Lacombe : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Juste à titre de précision, là, quand on parle du... on fait
référence à neuf enfants et qu'au-delà de neuf enfants il y a des dispositions
qui changent, on parle du Code de construction, à l'article 1.0.4, pour
référence des collègues.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions sur l'article... Oui, Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Sur le
même sujet, je voudrais savoir si le ministre peut préciser si toutes les
installations temporaires qui sont... elles ont été ouvertes pour venir
répondre aux besoins. Est-ce qu'eux aussi sont assujettis au code du bâtiment? Parce
que... Est-ce que c'est des installations qui doivent respecter les mêmes
règles spécifiques parce qu'elles sont temporaires puis...
M. Lacombe : Tout à
fait. Tout à fait. Oui, oui. Puis on ne fait pas de compromis sur la santé et
la qualité. Parfois, c'est des aménagements qu'on doit faire sur nos normes à
nous, habituelles, qui sont, par exemple, la proximité des toilettes, mais on
parle de... on parle de trucs qui sont vraiment accessoires puis qui, dans la
balance des inconvénients, sont acceptables pour les parents. Moi, j'en ai
visité, là, puis c'est... je pense que tout le monde qui attend une place
serait très heureux que leurs enfants fréquentent ça, là. Ça, c'est de beaux
endroits qui sont sécuritaires. Donc, réponse courte, oui.
Mme Maccarone : Ça fait
qu'est-ce que c'est toutes les exigences ou est-ce qu'il y a un autre
regroupement des exigences? Comme, par exemple, le nombre de gicleurs, le
nombre d'inspecteurs, est-ce que...
M. Lacombe : Non, non.
Mais on ne peut pas soustraire à ça, nous, là. On ne peut pas soustraire à ces
normes-là qui sont, j'ai envie de dire, universelles, là. Mais, je veux dire,
nous, on doit s'y soumettre, là, comme tous... comme tous les autres.
Mme Maccarone : Ça fait
que, même s'ils sont assujettis à des règles du code du bâtiment, ça veut dire
que le ministère de la Famille fait quand même des inspections pour s'assurer
qu'il rejoint ces exigences.
M. Lacombe : Bien, quand
on parle de CPE, de garderies, de milieux familiaux, oui, tout à fait, il y a
des inspections.
Mme Maccarone : Et dans
le temporaire aussi?
M. Lacombe : Oui,
effectivement, là. On s'assure que les installations temporaires, avant qu'elles
soient ouvertes puis qu'elles bénéficient d'un financement de l'État, on s'assure
qu'elles respectent les normes de sécurité qui sont... qui sont édictées par le
ministère puis évidemment toutes les autres normes, là, qui s'appliquent à tout
le monde pour les bâtiments.
Mme Maccarone : Ça fait
que c'est qui qui fait cette vérification pour s'assurer qu'ils suivent les
règlements dans les installations temporaires?
M. Lacombe : Là, on s'éloigne
pas mal de <l'article...
Mme Maccarone :
...installations temporaires?
M. Lacombe :
Là,
on s'éloigne pas mal de >l'article. Là, on est rendus dans les
installations temporaires, là. Je ne sais pas trop...
Une voix : ...
M. Lacombe : Oui, c'est
ça, parce qu'on en parle dans le projet de loi aussi plus tard, là.
Mme Maccarone : Bien, c'est
parce qu'on est sur le neuf enfants et plus, là. C'est juste je voulais avoir
la clarté juste pour mieux comprendre c'est qui qui va faire cette vérification.
M. Lacombe : Oui. Bien,
tu sais, moi, je suis bien ouvert à répondre à vos questions, mais là c'est
parce que, là, on ouvre vraiment, comme ça, sur un sujet qui n'est pas lié, là.
Moi, j'attendrais pour discuter de ça dans... On va être obligés de le faire, de
toute façon, parce qu'on a un article qui traite des installations temporaires.
Mais, tu sais, on a les mêmes normes, là, pour toutes nos installations, là. On
ne nivelle pas par le bas. On fait preuve de flexibilité pour les installations
temporaires, mais pas au détriment, là, de réglementation comme le code.
La Présidente (Mme D'Amours) :
D'autres interventions? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci. Je
suis dans l'article auquel on nous a référé du Code de construction. Il est
question, dans cet article-là, d'une garderie qui n'héberge ou n'accepte pas
plus de neuf personnes. Moi, je ne fais pas le lien entre une garderie puis un
service de dîneurs où les enfants vont manger, là. Tu sais, je ne pense pas qu'ils
se sentiraient concernés par un alinéa comme ça, là. C'est sûr que ces gens-là
ne considèrent pas que c'est une garderie, là, le service qu'ils offrent. Ça
fait que je fais juste nommer que...
Moi, je pense que ces services doivent
pouvoir opérer, puis que c'était problématique que la loi telle que... en
vigueur en ce moment les empêche d'opérer, mais je ne pense pas que cet
article-là, auquel on nous réfère, constitue un encadrement pour ces
milieux-là. Je fais juste le nommer.
M. Lacombe : ...légalement
sont tenus à ça, donc...
Mme Labrie : Une
garderie?
M. Lacombe : Bien, au
sens de la Régie du bâtiment, ce qu'on me dit, c'est que la Régie du bâtiment,
dès lors qu'il y a des gens qui gardent des enfants, c'est une garderie. Donc
là, eux, ça... pour eux, ça, ça s'applique à ces endroits-là. Et là, après ça,
si les gens qui offrent ces services-là ne sont pas au courant, bien là... Moi,
je ne suis pas juriste, mais les juristes disent : Nul n'est censé ignorer
la loi. Donc là, c'est à eux aussi de savoir que, lorsqu'ils offrent un service
comme ça, ils doivent se conformer aux règlements qui sont en vigueur.
Mme Labrie : O.K. Et à
quel endroit, par exemple... Parce que même quelqu'un de bonne foi, là, qui va
voir ça puis qui lit toute la liste... parce que c'est quand même une longue
liste. Comment ils vont faire pour savoir qu'ils doivent se considérer comme
une garderie?
M. Lacombe : Bien, en
tout cas, là, on est dans l'hypothétique, mais, moi, comme... disons, comme moi
et vous, parce que je sais qu'on est deux citoyens aux pratiques exemplaires,
là, si on avait cette idée de se lancer dans ce type de service là, moi, je
pense que notre réflexe naturel, ce serait d'abord d'appeler notre municipalité
pour savoir si on a le droit de faire ça. Et je pense qu'à ce moment-là, bien,
la municipalité est en mesure de nous expliquer la marche à suivre puis de nous
donner... de nous donner les dispositions qui s'appliquent, de nous référer,
évidemment, j'imagine bien, aux articles qu'on devra respecter, à la
réglementation municipale d'abord et avant tout, là. Mais, dès qu'on accueille
plus de neuf enfants, il y a ces normes-là qui s'appliquent.
Donc, c'est la raison pour laquelle, dans
les milieux familiaux, on ne va pas à plus que neuf. Parce que, si on pouvait,
là, on le ferait quand il y a une assistante.
Mme Labrie : Mais vous
pourriez modifier le code du bâtiment, mais...
M. Lacombe : Bien, en
même temps, est-ce qu'on veut niveler la sécurité par le bas? C'est... Tu sais,
la régie nous dit : Pour des enjeux de sécurité, nous, on juge qu'à partir
de neuf enfants, lorsqu'il y en a plus de neuf, un dixième, bien là, pour des
questions de sécurité, pour que tout le monde soit en sécurité, il faut faire
des aménagements importants dans la résidence parce que ça devient comme du
commercial, dans un certain... ça devient beaucoup plus imposant.
Donc là, évidemment, nous, on ne nivellera
pas par le bas pour la question de la sécurité des enfants, mais, si on pouvait
le faire parce que ça respectait les normes de la... le code, on le ferait, là,
c'est sûr, mais on ne peut pas.
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Donc,
nul n'est censé ignorer la loi, mais ça ne fait quand même pas en sorte qu'on
ne voit jamais de campagnes d'information puis, je veux dire, quand on a fait
la réforme du Curateur public... Donc, moi, je fais juste vous dire que je
pense que ce ne serait pas une mauvaise idée, puisque c'est quand même un
changement, que vous avisiez juste les municipalités de ce changement-là. Parce
que moi, je dois vous dire, là, j'ai été dans une saga de ce type de dossier là
et je n'ai jamais, avec les municipalités concernées, entendu parler de l'application
du code du bâtiment ni des fonctionnaires du ministère de la Famille.
Probablement que, depuis, ça a été une révolution, puis tout a changé. Puis je
ne les blâme pas, parce que la loi s'appliquait, donc ils avaient juste à
appliquer la loi. Mais ce que je veux dire, c'est que, puisque la loi ne s'appliquera
plus puis que c'est seul le code du bâtiment, moi, je vous invite juste à
sensibiliser les municipalités à cette réalité-là, parce que je suis... je suis
loin d'être convaincue que les gens pensent qu'il y a des... il y a des
restrictions par rapport à <ça...
Mme Hivon :
...je
suis loin d'être convaincue que les gens pensent qu'il y a des... il y a des
restrictions par rapport à> ça.
M. Lacombe : ...ceci
dit, le curateur, ça, c'est à plus grande échelle. Là, je comprends que, vous,
dans votre circonscription, il y en avait peut-être plusieurs, mais, tu sais, à
l'échelle du Québec, j'avais les données, là, c'est très, très peu, là. Donc,
je suis assez d'accord avec vous qu'une campagne grand public...
Mme Hivon : Je ne suis
pas en train de parler d'un... non.
M. Lacombe : Vous ne l'avez
pas dit comme ça. C'est ça. Je pense que ce n'est pas nécessaire. Mais...
Mme
Hivon
: Je
dis juste d'aviser les unions municipales. Je pense que ce serait une bonne
chose.
M. Lacombe : Bien, je
trouve que c'est une bonne suggestion.
Mme Hivon : Merci de m'encourager.
M. Lacombe : C'est
déjà... Je viens de recevoir un message, ça a déjà été noté par les personnes
concernées au ministère.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 1 tel qu'amendé?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder aux voix de cet
article-là, n° 1, tel qu'amendé. Est-ce qu'il est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté. Dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, est-ce que l'article 1,
tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous passons maintenant... L'article 1, tel qu'amendé, est adopté.
Nous allons passer à l'article 2. M.
le ministre, l'article 2.
M. Lacombe : Et, Mme la
Présidente, à contrecœur, à mon corps défendant, je vais vous demander de
défendre... de suspendre parce qu'on est en... on est en train de terminer la
rédaction de l'amendement dont on a discuté un petit peu plus tôt.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Donc, je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 53)
(Reprise à 16 h 55)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Nous sommes maintenant rendus à l'article 2.
Donc, M. le ministre, si vous pouvez nous en faire la lecture, s'il vous plaît.
M. Lacombe : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, l'article 2 de cette loi est remplacé
par les suivants :
«2. Tout enfant a le droit de recevoir des
services de garde éducatifs personnalisés de qualité de la naissance jusqu'à
son admission à l'éducation préscolaire ou à l'enseignement primaire ou, à
défaut, jusqu'au premier jour du calendrier scolaire de l'année scolaire, au
sens de la Loi sur l'instruction publique (chapitre I-13.3), suivant celle où
il a atteint l'âge de 6 ans.
«Ce droit s'exerce en tenant compte de la
disponibilité, de l'organisation et des ressources des prestataires de services
de garde. Il s'exerce également dans le respect des règles prévues par la
présente loi relatives à l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance,
dont l'obligation pour ces prestataires de combler leur offre de services en
recourant exclusivement aux inscriptions portées au guichet unique d'accès aux
services de garde éducatifs à l'enfance, et des règles relatives aux
subventions, notamment celles portant sur la répartition des places dont les
services de garde sont subventionnés.
«La mise en œuvre de ce droit est
renforcée par l'obligation faite au <ministre...
M. Lacombe : ...
de
garde sont subventionnés.
«La mise en œuvre de ce droit est
renforcée par l'obligation faite au >ministre de prendre les moyens
visés à l'article 93.0.3 pour que l'offre de services de garde éducatifs à
l'enfance sur chaque territoire réponde à la demande de tels services.
«2.1. Les prestataires de services de
garde éducatifs à l'enfance qui concourent à l'atteinte des objectifs de la
présente loi sont les centres de la petite enfance, les garderies et les personnes
reconnues à titre de responsable d'un service de garde en milieu familial, avec
le soutien, dans le cas de ces dernières, des bureaux coordonnateurs de la
garde en milieu familial dont la loi permet l'agrément.
«2.2. Un prestataire de services de garde
visé par la présente loi ne peut recevoir que les seuls enfants visés au
premier alinéa de l'article 2.»
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Est-ce qu'il y a...
M. Lacombe : Et donc, et donc,
et donc je dois vous dire que cet article du projet de loi, pardon, Mme la
Présidente, propose de remplacer l'article 2 de la Loi sur les services de
garde éducatifs par les articles 2, 2.1 et 2.2. Il doit se lire avec l'article 3
du projet de loi, qui abroge l'article 4 de la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance, dont le contenu est repris en partie à l'article 2.
Voilà.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'aurais un
amendement, Mme la Présidente, qui est déjà déposé dans le Greffier pour les
collègues.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce que vous en avez pris connaissance, de l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis?
Donc, est-ce que vous pouvez en faire la lecture? C'est sur le Greffier. Donc,
si vous voulez en faire la lecture, s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Article 2.
Article 2 du projet de loi est modifié par la suppression du deuxième
alinéa de l'article 2 qu'il introduit.
Je m'explique, Mme la Présidente. Vous le
savez, je l'ai évoqué dans mes remarques préliminaires, mon collègue de LaFontaine
avait déposé un projet de loi, le 897, en ce qui concerne de garantir le droit
de recevoir des services de garde ou des services éducatifs. La façon que l'article
est écrit dans le projet de loi n° 1... Puis c'est vrai ce qu'elle dit, la
députée de Joliette, on a du stock dans cet article pour jaser. Je pense qu'on
a plein, plein, plein de questions entre nous, mais je ne voulais pas manquer
une opportunité, évidemment, de parler d'une accessibilité universelle.
Je pense, ce qui est bien dans le projet
de loi qui a été déposé par mon collègue le député de LaFontaine, qui a oeuvré
très fort et vraiment travaillé très fort, main en main avec beaucoup de
partenaires sur le terrain pour parler de cet accès universel... Puis
évidemment ça ne fait pas partie de l'article tel que c'est rédigé. Si on reste
avec le libellé, actuellement, ça veut dire que c'est toujours «si». Vous avez
un accès, oui, vous avez le droit, mais c'est toujours si nous avons de l'espace,
si nous avons la disponibilité des ressources. Si, si, si, c'est toujours lié à
des contraintes.
• (17 heures) •
Moi, ce que je propose puis ce qu'on
propose dans ma formation politique, puis, probablement, je suis persuadée que
les gens vont être d'accord avec ceci, c'est que tout le monde devrait avoir
accès à des réseaux de services éducatifs. Ça devrait être un droit. On l'a
déjà dit, on a donné l'exemple avec les réseaux scolaires, ce n'est pas parce
qu'on est en deuxième année, puis on cogne à la porte, puis qu'on dit :
Bien, il n'y a pas de place pour vous dans notre école, ça fait qu'il faut...
attendez après une place, il faut aller dans le privé, il faut aller quelque
part, ce n'est pas vrai, on va vous faire une place. C'est un droit. C'est l'article 1
de la Loi sur l'instruction publique. Ça fait que ce que je propose, c'est d'avoir
les mêmes droits écrits dans la loi. C'est une obligation de fournir une place,
c'est une obligation de donner une place, avoir un accès universel. J'ai déjà
partagé plein d'histoires des enfants, des familles avec un enfant handicapé ou
ayant des besoins particuliers qui ont été refusés à une place malgré le fait
qu'ils ont eu accès à des subventions, des mesures exceptionnelles, qui est
quand même... exige beaucoup de travail de la part du parent et le réseau, de
venir aider et accompagner cet enfant. Mais, malgré tout ça, souvent, ils sont
face à des portes fermées. C'est une tristesse pour ces familles.
On sait que c'est important d'agir tôt.
Nous savons qu'il y a des compétences dans les réseaux actuels. Puis plusieurs
personnes, quand ils sont venus témoigner, plusieurs experts, les éducatrices,
les gens sur le terrain, ils ont témoigné de cette tristesse aussi de dire :
Ils veulent, ils veulent, ils veulent, donnez-nous les moyens de le faire. Mais
la meilleure façon de le faire aussi, c'est de l'enchâsser dans la loi, que ça
devienne une exigence, une obligation de législateur de s'assurer qu'un accès
universel existe pour tous les enfants du Québec. Ça va être très important
pour s'assurer qu'il n'y aura plus de portes fermées pour les enfants à besoins
particuliers, pour s'assurer que tout le <monde...
>
17 h (version révisée)
<17911
Mme
Maccarone :
...pour s'assurer que tout le >monde peut
envoyer, si c'est leur choix d'envoyer leur enfant. L'obligation reste d'avoir
une place, l'obligation reste d'accepter un enfant, l'obligation n'est pas que
le parent décide absolument... tu n'as pas le choix, il faut que tu envoies ton
enfant. C'est ton choix de faire ceci, mais qu'on sait qu'il y aura une place,
comme on a dans le réseau scolaire. Ça fait que ce serait vraiment une chance
égale pour tous les enfants.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions sur l'amendement? M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, oui, Mme
la Présidente, je vais en faire un. Mais, sur cette question-là, on va
certainement être d'accord d'avoir un désaccord, comme le veut l'expression. Parce
qu'on a déjà discuté de ça de long et en large, les gens connaissent mon avis
sur cette question-là.
La comparaison avec le réseau de l'éducation,
elle ne tient pas la route. Le réseau de l'éducation, ce n'est pas le réseau
des services de garde éducatifs à l'enfance. Pourquoi est-ce qu'on veut faire
exactement ce qui se fait, alors que l'ADN de notre réseau est différent? Il ne
faut pas faire du mur-à-mur, il ne faut pas dire : Ce qui se fait
ailleurs, automatiquement, c'est ce que ça nous prend ici, dans notre réseau,
pour arriver au même objectif. Moi, je pense qu'il y a façon, il y a moyen d'arriver
à cet objectif que le droit des enfants d'avoir une place soit protégé, sans
pour autant dire : Il faut imiter le réseau de l'éducation. Le réseau de l'éducation,
c'est un réseau, je le répète, je persiste et je signe... c'est un réseau qui
est public, c'est un réseau qui est géré directement par l'État. Les services
de garde éducatifs à l'enfance ne le sont pas. Ce sont des OBNL, les CPE ou...
Ce sont des OBNL, les CPE, des entreprises, les garderies, ou des travailleuses
autonomes, les RSG. Donc, on ne peut pas, je le répète, calquer nos façons de
faire sur le réseau de l'éducation.
Moi, je pense qu'il y a une solution qui
respecte mieux l'ADN de notre réseau, et c'est celle que je propose dans le
projet de loi. Parce que, sinon, je reviens encore à cet exemple-là, qu'est-ce
qu'on fait... Et ça, personne n'y a répondu, personne n'a répondu à ça. Je me
rappelle, en consultations particulières, on me disait : Bien, je ne le
sais pas, je ne le sais pas. Vous trouverez une solution, mais nous, on ne le
sait pas. Puis je parlais à des gens qui connaissent le réseau, là. Qu'est-ce
qu'on fait si, par exemple, des entreprises décident de fermer, des
travailleuses autonomes décident de passer à autre chose? Qu'est-ce qu'on fait,
dans un secteur, là... dans le secteur de Saint-Louis, disons, qui est le
secteur le plus défavorisé de la circonscription de ma collègue ici, là, s'il y
a cinq milieux familiaux qui décident de fermer? Qu'est-ce qu'on fait pour
faire respecter ce droit-là d'avoir une place? On ne peut pas leur en donner
une demain matin, ces milieux familiaux là ferment.
Ce qu'ils nous disent, c'est : Le
gouvernement doit avoir une obligation identique à celle du réseau de l'éducation,
l'État doit garantir cette place-là. Mais là c'est offert par des travailleuses
autonomes. Qu'est-ce qu'on fait? Moi, je veux une réponse à ça, là. Qu'est-ce
qu'on fait si ces travailleuses autonomes là décident de fermer leurs portes?
On ne peut pas les forcer à... On ne peut pas les forcer. Et là je me rappelle,
à un moment, la députée de Sherbrooke m'avait dit : Bien, il faut les
inciter à rester là. D'accord, oui, c'est correct, là, on le fait, on a bonifié
leur salaire de 30 %, ça a été hyper bien accueilli. On commence à
stabiliser la situation. Mais qu'est-ce qu'on fait si ça arrive? Si on se
donne... nous, là, comme législateurs, on donne à l'État cette obligation-là,
alors qu'on est différents du réseau de l'éducation, qu'est-ce qu'on fait quand
il y aura des fermetures? Parce qu'il y en aura, là.
Moi, je pense que ce que ça prend, c'est
un article qui est puissant dans la loi, qui vient dire que le gouvernement
doit s'assurer... en fait, le gouvernement a une obligation de moyens, là, et
on doit s'assurer que, lorsqu'il y a un déficit de places dans un territoire,
de lancer un appel de projets pour combler ces places-là. Et ça, ça ne s'est
jamais fait, même en 1997. Donc, c'est un pas important qu'on franchit, parce
que le droit, il existe déjà, le droit, il est déjà dans la loi.
Le problème, ce n'est pas droit ou pas
droit. Le problème, ce sont les ressources, parce que les ressources n'ont
jamais été mises à la disposition du réseau pour qu'il puisse se compléter de
bord en bord. Et, nous, ce qu'on vient dire, c'est : On s'oblige à vous
les donner, ces ressources-là et ces places-là à développer. Donc, ce droit-là,
qui existe déjà dans la loi, bien, va prendre toute sa force et va vivre enfin,
une fois pour toutes, pour vrai, véritablement. Donc, cessons d'essayer de
faire comme dans le monde de l'éducation, alors que notre réseau, son ADN, c'est
d'être un réseau communautaire, donc géré par la communauté. Préservons ça. Et,
si on veut le préserver, bien, il faut accepter qu'on ne peut pas faire la même
chose que dans le réseau de l'éducation.
Donc, la solution qu'on propose, moi, je
pense qu'elle atteint le même objectif, elle respecte l'ADN de notre réseau, et
ça va nous éviter d'avoir à ouvrir des places supplémentaires dans des <CPE
qui...
M. Lacombe :
...
réseau de l'éducation.
Donc, la solution qu'on propose, moi,
je pense qu'elle atteint le même objectif, elle respecte l'ADN de notre réseau,
et ça va nous éviter d'avoir à ouvrir des places supplémentaires dans des >CPE
qui vont peut-être être vides ou... donc, gaspillage d'argent, ou qui vont se
remplir au détriment des milieux familiaux qui vont fermer, donc on va venir
fermer des milieux familiaux en faisant ça. Et moi, je ne pense pas que c'est
la meilleure utilisation des ressources de l'État. Je pense qu'il y a d'autres
moyens.
Et je vous amène même, là... Ça me
passionne, là, ce sujet-là, parce que moi, je ne peux pas croire... Puis là j'ai
hâte d'entendre la députée de Joliette là-dessus, parce que moi, quand j'en
parlais avec Mme Marois, j'avais un autre son de cloche, et j'ai hâte d'entendre,
là, ce que le PQ en pense, parce qu'il faut protéger ce modèle-là. Mais je vous
donne l'exemple de la loi sur la santé et services sociaux, article 5 :
«Toute personne a le droit de recevoir...» Tout le monde, ici, va convenir qu'au
Québec on a le droit de recevoir des services en santé. Bon, article 5 :
«Toute personne a le droit de recevoir des services de santé et des services
sociaux adéquats sur les plans à la fois scientifique, humain et social, avec
continuité et de façon personnalisée et sécuritaire.» Article 13 : «Le
droit aux services de santé et aux services sociaux et le droit de choisir le
professionnel et l'établissement prévus aux articles 5 et 6, s'exercent en
tenant compte des dispositions législatives et réglementaires relatives à
l'organisation et au fonctionnement de l'établissement ainsi que des ressources
humaines, matérielles et financières dont il dispose.»
Je veux dire, ce n'est pas... on n'est pas
en train de vous dire n'importe quoi, là. Ce qu'on vous dit, c'est que le
droit, là, comme le droit de recevoir des soins, là, qui est solide, on en a
tous convenu, là, il existe déjà dans notre loi. Il faut juste que les
ressources, dont il est aussi question dans notre loi, soient au rendez-vous.
Et ce que je propose, c'est de s'obliger, comme État, à mettre ces
ressources-là sur la table avec l'article 93.0.3.
Donc là, je ne peux pas être plus clair que
ça. On en a déjà beaucoup parlé. Moi, voici mon avis. Ça a été pesé, soupesé.
Je tiens à ce qu'on préserve le caractère communautaire de nos services de
garde éducatifs à l'enfance.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci.
Quelques points. C'est vrai, bon, c'est peut-être notre choix, tout à fait, c'est
notre choix de choisir l'hôpital, mais on n'a pas le choix que d'offrir des
services. C'est très important. Puis je comprends que c'est géré par OBNL, je
comprends ça, mais ils sont financés par des fonds publics, il y a quand même
une responsabilité à quelque part.
Je veux qu'on se mette dans les souliers
des parents qui font face à des portes fermées. Puis ça arrive aussi dans le
réseau de l'éducation, pour faire la comparaison, j'ai des témoignages à la
tonne. On sait qu'actuellement ce qui est chiffré, chiffré, puis ce n'est même
pas complet, il y a 1 500 élèves qui sont non scolarisés, qui sont
renvoyés à la maison faute de services. Mais ça reste que c'est leur droit, puis
ils ont quand même une loi derrière eux où ils peuvent faire recours.
Actuellement, ce n'est pas le cas.
Je comprends que c'est une réforme, je
comprends que ça va... Je n'ai pas une baguette magique puis je n'ai pas la
réponse magique. Je suis très pour une réforme, un changement de pratiques, de
revoir qu'est-ce qui a fonctionné dans le passé et qu'est-ce qui n'a pas
fonctionné, qu'est-ce qu'on peut faire pour s'améliorer. Puis je veux faire ça
d'une façon transpartisane, parce que c'est pour le bien-être de nos enfants,
puis je suis très contente qu'on va pouvoir jaser de ça.
Non, je n'ai pas toutes les réponses, mais
je veux que les parents ont des droits, quand même. Parce que, franchement,
quand on se fait dire : Non, il n'y a pas de place, ils ne savent pas quoi
faire. Ils viennent nous voir dans nos bureaux de comté, ils écrivent des
lettres, ils vont au Protecteur du citoyen, ils vont au CDPDJ, mais ça ne
rouvre pas plus de places. De savoir que c'est quand même mon droit, là, j'ai
quelque chose de substantiel, que je vais pouvoir dire : Je sais que c'est
mon droit, non seulement mon choix, mais c'est aussi mon droit. Ça se peut
que... je comprends, on est en plein milieu d'une transition puis, oui, on est
en pénurie de places, oui, on est en pénurie de personnel puis on a des gros
défis devant nous, puis il va falloir qu'on travaille là-dessus. Puis ce n'est
pas un reproche, c'est un fait.
• (17 h 10) •
Ça fait que qu'est-ce qu'on va faire pour
attaquer ça? Oui, mais que les parents ont des droits, ça, là, ça, c'est
fondamental, c'est important. Parce qu'au lieu de juste faire face à des portes
fermées pour dire : Bien là, je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas
quoi faire, je ne sais pas quoi faire, puis que quelqu'un dit : Bien, dans
le fond, c'est comme ça que ça fonctionne, il faut attendre, il n'y a pas de
place, malgré que vous avez reçu le 25 000, malgré que votre enfant est en
grand besoin, mais vous n'avez pas le droit, moi, ce que je veux changer, c'est
que... de dire que, peu importe la situation, peu importe ce qui est offert,
peu importe l'organisation et des ressources, c'est votre droit, c'est votre
droit. Mais, non, ce n'est pas ce qui est écrit. Ce qui est écrit, c'est
beaucoup de si, si, si. C'est ça, c'est toutes des contraintes.
M. Lacombe : ...sur la santé,
puis pourtant on convient tous qu'on a le droit, au Québec, de recevoir des
soins de santé, là.
Mme Maccarone : On a le
droit, oui, c'est ça puis c'est ça, exactement. Mais je peux choisir mon
hôpital, mais ils n'ont pas le choix que de me fournir des services. Moi, ce
que je pense, c'est qu'on va avoir plein de personnes qui vont faire face à des
portes fermées.
M. Lacombe : Mais lisez l'article 13 :
«…exercent en tenant compte des dispositions législatives et réglementaires
relatives à l'organisation et au fonctionnement de <l'établissement...
M. Lacombe :
...lisez
l'article 13 : «S'exercent en tenant compte des dispositions
législatives et réglementaires relatives à l'organisation et au fonctionnement
de >l'établissement ainsi que des ressources humaines, [des ressources]
matérielles [des ressources] financières dont il dispose.» Je veux dire...
Mme Maccarone : Mais ils sont
obligés de donner des soins.
M. Lacombe : Mais, nous, là,
c'est écrit, c'est le — on est où, là, un, deux, trois, quatre, cinq — c'est
le cinquième mot de cet article-là, «droit» : «Tout enfant a le droit de
recevoir des services…» Le droit, là, il existe déjà, mais c'est sûr qu'il est
encadré. Les limitations qu'on amène, qui sont sensiblement les mêmes, qui
ressemblent beaucoup à celles qui sont dans la loi sur la santé et les services
sociaux, c'est parce que ça se peut qu'il y ait des milieux familiaux, dans
votre circonscription, qui ferment puis ça se peut qu'on ait besoin de revirer
de bord puis qu'au jour 1 où l'enfant n'a pas de services ça se peut qu'on
ne soit pas capables de lui en donner un. C'est normal, puis, ça, il faut
accepter ça. C'est le prix, c'est le prix à payer pour conserver le caractère
communautaire, notamment, de nos CPE et la présence des travailleuses autonomes
que sont nos RSG.
Parce que, je vous pose la question, là,
puis je l'ai posée aux intervenants qui sont venus me voir, personne ne me
répond, qu'est-ce qu'on fait si l'État a l'obligation de fournir un service et
qu'il n'y a aucune nuance, obligation ferme, sans nuance, sans flexibilité, qu'est-ce
qu'on fait du moment où des milieux familiaux, chez vous, ferment leurs portes?
On ne peut pas les empêcher. Qu'est-ce qu'on fait?
Mme Maccarone : Même s'ils
ferment leurs portes, mon point, c'est qu'ils devront toujours à avoir le
droit. Ce n'est pas ça qui est écrit dans cet article. C'est toujours en tenant
compte de tous les critères. Dans le réseau de santé... Je comprends la
comparaison, mais, dans le réseau de santé, ils vont... doivent fournir le
service. Ce n'est pas la même chose. Ici, on dit que, s'il n'y a pas de
service, bien, il n'y a pas de service, ce n'est pas votre droit d'en avoir. C'est
de la façon dont c'est écrit. Puis c'est intéressant...
M. Lacombe : Bien là, on ne
le lit pas de la même façon, là. C'est écrit : «Tout enfant a le droit de
recevoir des services de garde…»
Mme Maccarone : C'est
intéressant. Puis je vous entends, là, c'est parce que moi aussi, j'étais ici
pour les commissions parlementaires, l'AQCPE ont dit qu'ils sont en accord, Ma Place
au travail est en accord, la CSN est d'accord, la Coalition des parents d'enfants
à besoins particuliers du Québec, plusieurs groupes sont en accord. Alors, parce
que c'est une nouvelle expression pour moi, on va mettre la main à la pâte, on
peut tous travailler ensemble, il me semble, pour trouver une solution.
Et, comme j'ai dit, je ne veux pas vous
mettre dans le coin, là, pour régler le problème de même. Je comprends, même
dans le réseau scolaire, il y a plein d'enfants qui ne sont pas scolarisés. Mais
au moins ils savent, comme parents et aussi les enfants, que c'est leur droit.
Ça fait qu'ils ont quelque chose d'ancré où ils peuvent dire : Oui, mais
moi, là, je peux lever ma main, je peux faire quelque chose pour tout... pour
dire : Vous avez le droit... C'est mon droit, il faut que vous me trouviez
une place quelque part ou, au moins, je peux avoir une intervention avec le
ministère. Au moins j'ai quelque chose qui indique que c'est fondamental, c'est
un droit.
Mais actuellement ce n'est pas ça qui est
écrit. Ici, c'est écrit : Oui, vous avez le droit, tout le monde a le
droit, mais sauf s'il y a de la place, sauf si on a les ressources, sauf si...
Il y a tous les critères. Je ne veux pas tout lire l'article, là, mais ce n'est
pas clair, pour eux, ce n'est pas un droit, ce n'est pas un accès universel, c'est
un accès seulement si on rejoint les critères.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Lacombe : Vous avez le
droit de recevoir des soins de santé. Est-ce qu'au Québec... Je veux juste qu'on
parte de la bonne base. Est-ce qu'au Québec vous êtes d'accord avec moi pour
dire que ce droit-là de recevoir des soins de santé, il est solide, là, c'est
une valeur québécoise, quelque chose dont on est fiers? Je ne dis pas que le
système de santé, évidemment, est parfait, là, ça, on va en convenir, mais c'est
quelque chose dont on est fiers. Il n'y a personne qui remet en question en
disant que ce n'est pas un vrai droit, là. C'est inscrit à la loi. Est-ce qu'on
convient de ça? Là, je vois les gens qui hochent de la tête. Bon, on convient
de ça.
Est-ce que vous pouvez vous présenter à l'hôpital
en disant... vous rentrez à l'hôpital, là, vous dites : Moi, là, depuis ce
matin, là, mon médecin me dit que je dois me faire remplacer la hanche, bien là
vous me remplacez ma hanche aujourd'hui, j'en ai besoin maintenant, mon médecin
me dit que j'en ai besoin maintenant? Évidemment, l'hôpital va vous dire :
Bien, d'accord, effectivement, vous avez le droit de vous faire remplacer la
hanche, on va vous remplacer la hanche, mais là on ne peut pas vous le faire
tout de suite, on va vous faire ça dans quatre semaines parce que, là, en ce
moment, ce n'est pas possible, l'organisation de nos ressources humaines,
financières, matérielles ne nous permet pas de le faire tout de suite, mais on
va vous le faire dans quatre semaines.
C'est la même chose, c'est la même chose
dans notre loi. On dit aux parents : Vous avez le droit d'avoir une place.
Vous vous inscrivez, vous venez de déménager, là, vous avez le droit d'avoir
une place, mais là comprenez que notre réseau a une particularité, là, donnez-nous
le temps, on va vous en fournir une.
Mme Maccarone : ...votre
exemple, excusez-moi, la différence, c'est qu'entre temps, oui, ils n'ont pas
de place pour changer, pour faire une chirurgie, parce que ma <hanche...
Mme Maccarone :
...votre
exemple, excusez-moi, la différence, c'est qu'entre temps, oui, ils n'ont pas
de place pour changer, pour faire une chirurgie, parce que ma >hanche a
besoin d'être remplacée, mais ils vont quand même fournir des soins. J'aurai
quand même accès à un médecin, une infirmière, des médicaments, je ne sais pas,
il y a quelqu'un qui va me piquer, entre-temps, avec un Synvisc, quelque chose
comme ça, pour protéger ma hanche jusqu'à tant que je peux être cédulée pour
avoir la chirurgie. J'ai quand même accès à des soins, «anyway». C'est ça.
M. Lacombe : Mais on n'a pas
besoin de changer...
Mme Maccarone : Ça fait qu'on
ne peut pas faire cette comparaison.
M. Lacombe : Bien là... Aïe! Là,
c'est intéressant, ce que vous dites. Ce que vous dites...
Mme Maccarone : Go! C'est intéressant.
J'aime ça.
M. Lacombe : Non, mais vous
dites...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...prenez le temps d'écouter puis ensuite répondre. C'est toujours pour la
technique, là, qui...
M. Lacombe : Ça reste une
discussion, là.
Mme Maccarone : Oui. Désolée,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...qui vous suit...
M. Lacombe : Difficilement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...avec grande assiduité, mais donnez-leur la chance, s'il vous plaît. M. le
ministre.
M. Lacombe : Toutes nos
sympathies à nos collègues qui sont au son. La loi sur la santé et les services
sociaux, je trouve, c'est le meilleur exemple. Vous voyez, là, comment elle est
faite, puis vous dites : Bien oui, mais, entre-temps, il y a quand même un
accompagnement, et tout ça, donc on n'a pas besoin de changer notre loi. C'est
ce que vous me dites, là, implicitement, on n'a pas besoin de changer notre loi
pour être capables d'offrir encore un meilleur service aux parents. On est
capables, comme dans le réseau de la santé, d'offrir des trucs qui peuvent être
temporaires. Le droit, là, d'avoir une place, il est déjà là, il est organisé
de la même façon. Notre Loi sur les services de garde, elle découle de la même
souche que la loi sur la santé et les services sociaux. Donc, on ne peut pas
dire que ce droit-là, il n'existe pas, c'est factuellement inexact. Il est là.
Le problème, ce n'est pas le droit, ce
sont les ressources. C'est que, là, en ce moment, l'État faillit à ce droit-là
qu'il a donné aux parents parce qu'on n'a pas les ressources suffisantes, puis
le réseau n'a pas été assez développé dans les dernières années. Je ne dis rien
de plus. Mais, dès qu'on aura créé suffisamment de places... Et là, nous, c'est
un geste fort, là, aucun gouvernement n'a fait ça avant, d'inscrire dans la loi
qu'on a une obligation de créer des places. Dès qu'on aura fait ça, les parents
n'auront plus à attendre des années à avoir une place. S'il y a des fermetures
de services... L'exemple que vous dites, en attendant de se faire remplacer la
hanche dans le réseau de la santé, oui, il y a de l'attente, mais on a un
accompagnement, bien, nous aussi, au ministère, on accompagne les parents qui
ont un problème avec des places. Quand, par exemple, il y a une garderie qui
ferme, on les accompagne, on les aide à se replacer, on le fait déjà. Ce
droit-là, il existe.
Moi, je pense qu'on doit plutôt se réjouir
de cette avancée-là. C'est la première fois qu'un gouvernement dit : On se
donne une obligation. Parce que ça ne coûte pas trop cher, la petite enfance, c'est
un investissement, on s'oblige dans la loi. Ça, ça n'existe dans presque aucune
loi, là, en tout cas, que je sache, là. Nous, on le fait en petite enfance,
parce qu'on vient mettre un cadenas, puis ce droit-là, on veut véritablement,
je veux véritablement qu'il existe pour vrai, qu'il soit protégé.
Mais je refuse de faire comme dans le
milieu de l'éducation, parce que ça voudrait dire, pour respecter notre
obligation, de créer toujours un peu plus de CPE ou de garderies dans chaque
quartier, puis on va faire fermer des milieux familiaux pour rien. Les milieux
familiaux sont là. Moi, je pense qu'il faut les laisser opérer. Il ne faut pas
créer des installations dans les quartiers où il y a suffisamment de places, au
cas où des RSG ferment, là. Parce que, la journée où elles vont fermer puis qu'on
a l'obligation que vous proposez, on est dans le trouble, on va se faire
poursuivre par le parent qui dit : Bien, moi, j'ai le droit d'avoir une
place, puis il n'y a aucune nuance, là, j'ai le droit d'avoir une place. Demain
matin, elle perd sa place, le gouvernement n'est pas capable de lui en donner
une, la semaine même, bureau d'avocats, on poursuit le gouvernement. Puis ils vont
avoir raison, parce qu'il n'y a aucune nuance dans la loi.
Là, ce qu'on dit, c'est... il y a quand
même quelques nuances, là, il y a quand même quelques nuances : Ça se peut
que vous soyez obligés d'attendre, comme dans le réseau de la santé, mais vous
avez un droit, puis on va s'arranger pour que vous le respectiez... pour qu'il
soit respecté.
• (17 h 20) •
Mme Maccarone : Moi, ce que j'entends,
c'est qu'on ne veut pas le faire, on ne veut pas enchâsser ça dans la loi parce
qu'on veut éviter des poursuites. Pas certaine. Puis, tu sais, quand même,
quand on dit que... oui, il y a une obligation, mais il n'y a pas une
obligation de résultat. Puis je constate, si on lit uniquement le premier
paragraphe, c'est ça que ça lit : Tout le monde devrait avoir accès. Mais,
dans le deuxième paragraphe, ce n'est pas ça qui est écrit, on donne quand même
une porte de sortie.
Pour revenir à la comparaison dans le
réseau de santé, la différence, c'est qu'il y a une obligation de fournir un
service. Ce n'est pas parce que je n'ai pas le service actuel que j'ai besoin
pour le moment, mais j'ai une obligation, ils ont une obligation de fournir un
service par la suite. Ce n'est pas le cas actuellement, ce n'est pas enchâssé
dans la loi, c'est seulement si les critères sont en place, c'est seulement si
«all the planets are aligned» puis tout est là, parce que...
M. Lacombe : ...sont presque
mot à mot identiques, là.
Mme Maccarone : Je ne parle
pas uniquement d'une fermeture d'une garderie, je parle aussi de, souvent, les
enfants qui sont oubliés parce qu'eux ils ont des besoins compliqués puis ils
font face à des portes fermées. Ces parents n'ont pas de droit de recours. C'est
ça que je veux changer. C'est très important pour eux. Oui, pour tous les
autres parents, évidemment, quand il y a un milieu <familial qui ferme...
Mme Maccarone :
...compliqués
puis ils font face à des portes fermées. Ces parents n'ont pas de droit de
recours. C'est ça que je veux changer. C'est très important pour eux. Oui, pour
tous les autres parents, évidemment, quand il y a un milieu >familial
qui ferme, on sait, on a 18 000 places disponibles non comblées, on
sait qu'on a un besoin, on sait qu'il faut ouvrir des places rapidement. On
comprend ça. Comme je vous dis, je ne pense pas qu'on... je n'exige pas qu'on
ait une baguette magique, mais je pense que ça devrait être un droit pour ces
parents de dire : C'est mon droit d'avoir accès.
Je comprends, peut-être, je n'ai pas une
place, comme j'ai dit, dans le réseau scolaire, il y en a plein qui ont le
droit à la scolarisation. C'est ça, l'article 1. Mais ça reste qu'il y en
a plusieurs qui n'ont pas accès à leur école. Mais, entre-temps, ils savent que
c'est leur droit, ça fait qu'il y a un mi-chemin qui est fait, il y a un
accompagnement qui est totalement différent. Mais, pour le moment, peut-être,
quand il y a eu une fermeture d'un CPE, ou quelque chose, mais ça reste que ce
n'est pas la même chose pour les parents qui se retrouvent seuls parce que
le... décide que, non, cet enfant-là, on n'a pas ce qu'il nous faut, on n'a pas
le nécessaire pour offrir le soin, on a fait tout ce qu'on pouvait. On comprend
que c'est notre obligation, mais je n'ai pas les ressources, je ne peux pas le
faire. Ça fait que moi, là, je me fie sur le paragraphe deux. Alors, je suis
désolé, monsieur, madame, mais votre enfant, il va falloir que vous alliez
cogner sur une autre porte. On fait quoi avec ces parents?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Lacombe : Faisons un pas
de recul, là. J'ai deux questions pour vous. La première, c'est : Qu'est-ce
qu'on fait avec cette volonté qu'on a et qu'on partage de laisser le libre
choix aux parents? Dans le milieu scolaire, on ne donne pas le choix aux
parents. Parce qu'à un moment donné il faut organiser les services. Puis là à l'impossible
nul n'est tenu. Dans le réseau scolaire, on dit aux parents : Vous êtes
dans votre quartier, voici où vous allez. Parce que, nous, là, comme État, vous
comprenez, il faut qu'on gère le développement du réseau scolaire. Qu'est-ce qu'on
fait...
Mme Maccarone : ...depuis le projet
de loi n° 40, les parents ont droit à avoir un projet plus large de
territoire. Ça fait qu'ils peuvent cogner aux portes. S'il y a une place...
M. Lacombe : Oui, bien, je le
connais aussi, là, mais c'est ça...
Mme Maccarone : Mais, s'il y
a une place, il faut qu'il accepte. C'est ça, le projet de loi n° 40.
M. Lacombe : Mais qu'est-ce
qu'on fait, nous, avec ce... C'est beaucoup plus répandu dans le réseau
scolaire, là. Qu'est-ce qu'on fait avec ce désir-là qu'on a de laisser les parents
choisir leur prestataire près de leur lieu de travail, sur la route, près de
leur lieu de résidence? Comment on fait pour protéger ça, si on y va avec votre
proposition?
Mme Maccarone : Pour moi, ça
peut être deux choses distinctes. Moi, je parle de leur droit d'avoir une
place, un accès universel.
M. Lacombe : Bien, il faut le
planifier, ce droit-là, là.
Mme Maccarone : Tout à fait,
tout à fait. Mais il faut quand même leur donner le droit. Il faut quand même
dire... Il faut oser espérer, rêver que les parents devront avoir un droit qui
protège eux et leur enfant, de dire : Votre enfant, là, c'est clair, c'est
certain, c'est un accès universel. Ça envoie un message très fort, au lieu de
dire : Bien là, j'ai peur que je vais avoir des poursuites. Ce n'est pas
ça, là.
On devrait dire qu'il y a une place pour
tout le monde. On travaille sur le réseau pour s'assurer qu'il y a une place.
Mais un accès universel, ça, là, ça, c'est un message fort. Ça, c'est
important. Ça dit que : Bienvenue à tout le monde, pas : Quand on a
une place, quand on a une ressource. Au moins, le réseau de l'éducation, ce
n'est pas parfait, il y a plein d'enfants qui sont non scolarisés, qui sont
face à des difficultés, mais ils savent que c'est leur droit, ça fait qu'ils
savent qu'ils ont un recours. Il y a quand même quelque chose, du concret, de
béton derrière ça. Mais ce n'est pas le cas, maintenant, ça fait qu'ils se
sentent délaissés.
Ça fait que je pense que d'ancrer quelque
chose, vraiment, dans la loi, qui dise que c'est votre... Voyons! Je comprends,
mais... Le paragraphe deux... Paragraphe un, oui : «Tout enfant a le droit
de recevoir des services [mais] ce droit s'exerce en tenant compte de la
disponibilité, de l'organisation [...] des ressources des prestataires de
services de garde.» Ça fait que ça, ça veut dire que, si je n'ai pas une
éducatrice spécialisée, si je n'ai pas... si je n'ai pas quelque chose adapté
dans mon milieu pour accueillir ton enfant, bien, c'est sûr, c'est un non, mais
je ne vous réfère pas nécessairement ailleurs. Votre enfant n'a pas le droit. C'est
que je ne veux pas, je ne peux pas puis je ne m'engage pas nécessairement à
trouver le moyen pour recevoir votre enfant non plus. Mais là, si c'est un
droit, c'est totalement différent, ce n'est pas la même chose.
Je m'excuse, je prends beaucoup de temps, Mme
la Présidente. Je ne vois pas les collègues, mais je vais peut-être...
M. Lacombe : Si je peux...
La Présidente (Mme D'Amours) : Un
instant. Vous prenez le temps que vous avez droit. Si vous... Il y a... Vos
collègues veulent intervenir, ça fait que, si vous me dites que vous voulez
revenir, il n'y a aucun problème. Je céderais la parole à vos collègues, mais
pour...
M. Lacombe : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
toujours. Mais, avant de céder la parole à la députée de Joliette, M. le
ministre, si vous voulez intervenir.
M. Lacombe : Je pense qu'il
faut être conséquent, là, par exemple. Puis on peut débattre, on peut débattre,
mais vous nous dites : La loi sur la santé, c'est correct, on vit bien
avec ça, le droit existe pour vrai, on est satisfait de ce droit-là. Et là vous
nous dites : Ce n'est pas écrit de la <même façon...
M. Lacombe :
...vous
nous dites : La loi sur la santé, c'est correct, on vit bien avec ça, le
droit existe pour vrai, on est satisfait de ce droit-là. Et là vous nous
dites : Ce n'est pas écrit de la >même façon dans la Loi sur les
services de garde, ce n'est pas pareil, vous mettez plein de limitations.
Bien, moi, je suis désolé, là, mais allez
la lire, là, parce que c'est la même affaire. Article 5 de la Loi sur les
services de santé et services sociaux : «Toute personne a le droit de
recevoir des services de santé et des services sociaux adéquats sur les plans à
la fois scientifique, humain et social, avec continuité et de façon
personnalisée et sécuritaire.» L'équivalent, dans notre loi : «Tout enfant
a le droit de recevoir des services de garde éducatifs [personnalités] de qualité
de la naissance jusqu'à son admission à l'éducation préscolaire ou à
l'enseignement primaire», etc. On est dans les mêmes eaux, là, on s'entend, c'est
pratiquement, là, la même affaire. Évidemment, on parle de santé, on parle de
services de garde, il y a des différences, mais l'esprit est le même.
L'article 13 de la loi sur la santé : «Le
droit aux services de santé et aux services sociaux et le droit de choisir le
professionnel — et le droit de choisir le professionnel [de] l'établissement — donc,
il y en a deux — prévus à 5 et 6, s'exercent en tenant compte des
dispositions législatives et réglementaires relatives à l'organisation — organisation — et
au fonctionnement — fonctionnement — de l'établissement
ainsi que des ressources humaines, matérielles et financières dont il dispose.»
Nous, qu'est ce qu'on dit : «Ce droit s'exerce en tenant compte de la
disponibilité, de l'organisation et des ressources des prestataires de services
de garde. Il s'exerce également dans le respect des règles prévues par la
présente...»
On est au même endroit, là. On énonce un
droit en santé, on énonce un droit en petite enfance. En santé, on dit :
Mais ce droit-là est quand même encadré par ceci, je viens de vous en faire la
liste. Et on dit, dans le même, même esprit, là, on pourrait juste changer des
mots, là, ou à peu près, on dit exactement la même chose dans notre réseau. Ça
fait que pourquoi est-ce qu'en santé on dit : Oui, oui, ce droit-là
existe, puis, quand ça arrive en petite enfance, on dit : Ah! non non, là,
on ne peut pas faire ça, vous ne pouvez pas limiter le droit? On le fait en
santé, c'est normal. Vous avez besoin de vous faire remplacer la hanche, on ne
peut pas faire ça demain matin, mais vous avez le droit, on va le faire, laissez-nous
le temps de nous organiser. C'est exactement la même affaire en petite enfance.
Ça fait que moi, je... Faites la
comparaison, là, sortez l'article, les deux, superposez ça, là, c'est le petit
frère puis la petite soeur, là, c'est presque pareil. Donc, tu sais, on ne peut
pas... vous ne pouvez pas nous dire qu'en santé ce droit-là existe puis qu'en
petite enfance il n'existe pas, il y a les mêmes limitations sur l'organisation
des ressources.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Joliette, voulez-vous intervenir?
Mme Hivon : J'ai juste une
question préliminaire. Quand le ministre dit : On ne peut pas parce qu'on
ne peut pas garantir s'il y a des fermetures de milieux familiaux, puis tout
ça, donc, on ne peut pas donner... faire exercer ce droit-là rapidement, c'est
quoi, pour lui, son échéancier, de dire : Éventuellement, le droit va
pouvoir s'exercer, mais pas nécessairement immédiatement? Donc, c'est quoi,
dans son esprit? C'est six mois? C'est un an? C'est un an et demi? Parce que
souvent, quand il accepte des nouveaux projets, entre le moment où il les
accepte et le moment où ils se concrétisent, il y a une longue période. Donc,
tantôt, quand il nous a dit : On ne peut pas, à cause de l'organisation
actuelle des services, garantir ce droit-là à une place, il faut se donner le
temps de se retourner de bord, s'il y a un milieu familial qui ferme, par
exemple, c'est quoi, pour lui, à peu près, l'échéancier qui serait applicable?
• (17 h 30) •
M. Lacombe : ...je ne peux
pas répondre à ça. Mais le fait est que, si, comme État, on se donne une
obligation et qu'on dépend d'entreprises... En éducation, on se donne ce
droit-là, mais on contrôle à 100 %. En santé, on se donne ce droit-là,
mais, vous avez vu, on limite. L'enjeu, dans notre réseau, c'est qu'on repose
sur des entreprises, des travailleurs autonomes puis des OBNL. Donc, du moment
où il n'y a aucune nuance, aucune limitation pour encadrer ça, bien, la journée
où est-ce qu'un parent perd sa place en milieu familial parce que la RSG décide
qu'elle est tannée puis qu'elle ferme ses portes, bien, le lendemain matin, le
parent peut poursuivre le gouvernement du Québec, parce que le gouvernement lui
dit : Tu as le droit, je te garantis le droit d'avoir une place, alors qu'on
ne contrôle pas les fermetures de RSG.
Donc, il faut se donner une latitude qui
nous permet de se revirer de bord. Et cette latitude-là, elle existe déjà dans
la loi, comme dans la loi sur la santé, c'est de dire : Bien, vous avez le
droit, mais là c'est sûr que ça s'exerce comme en santé, en tenant compte de
nos ressources, là, ça fait que vous allez en avoir une, place; donnez-nous le
temps de vous en donner une. Là, combien de temps, exactement, bien là c'est
comme en santé, là, tu sais.
Mme Hivon : Mais je pense que
c'est important que le ministre donne les réponses les plus claires possible,
parce qu'il y a des dizaines de milliers de parents, en ce moment, qui n'ont
pas de place puis qui se disent : Là, on a l'occasion de vraiment
clarifier les choses. Moi, je suis d'accord que le fait que le mot «droit»
apparaisse, c'est déjà quelque chose, mais après, quand le ministre dit :
Bien là, tout ça est <hypothétique, je ne peux pas dire combien de temps...
>
17 h 30 (version révisée)
<27
Mme
Hivon :
...ministre dit : Bien là, tout ça est >hypothétique,
je ne peux pas dire combien de temps ça prendrait, comment on accompagnerait
les parents qui n'ont pas de place, alors qu'il y a des parents, en ce moment,
que ça fait deux ans qu'ils n'ont pas de place, trois ans qu'ils n'ont pas de
place puis qui se disent : Oui, mais là que c'est qu'il y a là-dedans pour
moi si on me dit qu'il y a un droit, mais après, selon toute l'organisation et
les limites... Ça fait que je veux juste amener le ministre à réfléchir que... Je
ne pense pas que dit comme ça, interprété comme ça, ça va rassurer le terrain,
parce qu'il y aurait une hécatombe, il y aurait plein de fermetures, on ne sait
pas ce que l'avenir nous réserve, et les parents se retrouveraient gros Jean
comme devant à ne pas plus pouvoir exercer leur droit. Donc, c'est un peu un
droit qui peut rester factice. Je ne dis pas que c'est ça, l'intention du
ministre, je fais juste dire dans les effets d'application.
Je veux pousser le raisonnement plus loin.
Je veux juste qu'on ait la discussion, parce que c'est un enjeu vraiment
fondamental. Le ministre dit : Ce n'est pas comme dans le réseau de l'éducation,
on voit les distinctions. Moi, j'ai une suggestion pour lui. Je pense que, si
toutes les nouvelles places se développaient en CPE avec la cohabitation avec
le milieu familial puis que, tranquillement, on convertissait toutes les places
en garderies privées, on se simplifierait aussi grandement la vie pour gérer le
développement de notre réseau. Puis il y a plein d'autres raisons, on pourrait
y revenir, mais je fais juste lui soumettre ça en passant à nouveau. On
pourrait... Quand il y a des nouvelles écoles qui se construisent, là, on n'est
pas accotés, là, tout le temps, à une place près. On pourrait toujours se
donner une marge de manoeuvre.
Quand on décide que, dans une région
donnée, il faut qu'il y ait tant de places développées, bien, on pourrait se
dire : On se prévoit toujours une contingence pour avoir un quelque pour cent
de plus, pas qu'on les occupe à court terme, mais on se donne de l'espace. Quand
on donne un CPE, bien, on va s'assurer qu'il y aurait potentiellement de la
place pour x enfants de plus, si on devait y arriver, pour avoir un local
de plus, par exemple. Je pense que ce serait une bonne manière d'envisager les
choses pour ne pas être toujours accoté à dire : Woups! Il y a une
fermeture imprévue soit d'une garderie privée soit d'un milieu familial, puis
là on est accoté, puis là il faut partir la machine de : O.K., nos besoins
ne sont pas les mêmes, il faut...
Ça fait que je pense qu'il y en a, des
manières, puis l'AQCPE le disait aussi, je pense qu'il y en a, des manières de
prévoir avec un pourcentage de contingence quand on accepte des projets. Et ce
n'est pas ça qui va faire fermer d'autres milieux. Tout ce que ça va faire, c'est
que, s'il y a quelque chose qui survient, des fermetures qui surviennent, des
places en nombre important qui disparaissent, bien, on va savoir qu'on est
capable, qu'on a l'espace, qu'on a les places qui sont octroyées de plus pour
pouvoir répondre à ces besoins-là.
Ça fait que moi, je ne suis pas tant, là,
pour cette discussion préliminaire là sur le détail du libellé le meilleur,
mais je suis plus dans la réalité des choses. Pourquoi on exclut ça, que, quand
on donne des projets, on prévoit une contingence pour avoir justement de l'espace
au fil du temps s'il devait y avoir des fermetures?
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, tu sais,
je vais vous dire, là, si c'était possible, je serais le premier à le faire.
Pensez-vous que je n'ai pas demandé ça, là? C'est... Je ne veux tellement pas
qu'on répète les erreurs du passé que je veux m'assurer, là, je vous le dis
bien franchement, qu'il y ait le plus de verrous puis de cadenas possible dans
cette loi-là pour ne pas qu'il y ait un gouvernement, à l'avenir, qui vienne
nous dire que ça coûte trop cher développer le réseau.
Mais je tiens très fermement, et je vous
le dis honnêtement, là, à préserver ce réseau-là, là. Puis vous avez votre lot
de critiques à mon endroit, mais ce réseau-là, là, j'en suis à la tête depuis
trois ans et demi, là, maintenant, là, je le connais, là, je ne suis pas parfait,
là, mais je le connais bien, puis il y a énormément de défis avec ce que vous
proposez, des défis qu'on a regardés, dont on a pesé les pour, les contre.
Le réseau, là, oui, le gouvernement,
maintenant, se donne le pouvoir de construire, comme filet de sécurité, dans le
projet de loi, mais il reste que le réseau est développé par les gestionnaires.
En ce moment, là, c'est un bon exemple, ils en ont plein les bras. On ne peut
pas toujours leur dicter le rythme. Parfois, moi, je veux quelque chose, les
gestionnaires... Parfois les gestionnaires veulent quelque chose, puis là, oui,
des fois, c'est nous autres qui met les freins.
Mais vous comprenez ce que je veux dire? On
ne peut pas se donner une obligation et s'en remettre à des prestataires privés.
Vous dites : Bien, il faudrait peut-être avoir une contingence, c'est-à-dire,
vous voulez dire des places vacantes au cas où. Là, on fait quoi? On y va à 110 %
au cas où? Mais ces places-là, en même temps, moi, je vous prédis, là, ce qui
va arriver, là, il y a beaucoup de parents qui ont un milieu familial
actuellement qui se disent : Mais, s'il y avait une place en CPE, je la
prendrais. Ça fait que, là, qu'est-ce qu'on fait? On laisse des places vacantes
en CPE alors qu'il y a des parents qui disent : Bien, voyons, vous avez
des places disponibles? La vérité, c'est que ça va faire fermer des milieux
familiaux. Moi, je ne pense pas que c'est une bonne idée. Je pense que ces
services-là sont là, je pense qu'il faut les laisser <opérer...
M. Lacombe :
...faire
fermer des milieux familiaux. Moi, je ne pense pas que c'est une bonne idée. Je
pense que ces services-là sont là, je pense qu'il faut les laisser >opérer.
Mme Hivon : Bien, en même
temps, c'est vraiment un débat de fond qu'on a puis, je pense, c'est important
de l'avoir. En même temps, dans la loi, le ministre dit : Le parent a le
droit à la place de son choix. Puis là, en même temps, il nous dit : Mais
là, s'il y a un petit peu plus d'espace dans les CPE, il va y avoir moins de gens
dans les milieux familiaux. Bien, moi, je dis : Ce n'est pas ça, le but, mais,
à moyen terme, si c'est ça où il y a le plus d'intérêt... Puis, on le voit, il
y a toutes sortes de raisons qui font que les milieux familiaux ont des défis.
Ça dépend des milieux. Il y a des endroits où les gens demandent des places en
milieux familiaux puis il y a des endroits où ils demandent plus des places en
CPE. Mais à un moment donné il faut être conscient de ça aussi puis arriver
effectivement au bon équilibre. Puis, quand on parle d'un développement
harmonieux, là, bien, c'est ça. Puis, en ce moment, ce n'est pas ça, le
problème qu'on a. Il y a des milliers de places en milieu familial qui sont
vacantes puis qu'on n'est pas capable d'offrir faute d'éducatrices. Ça fait qu'on
n'est pas dans ce problème-là en ce moment.
Ça fait que j'ai juste envie de dire au
ministre : C'est quoi, l'enjeu de dire : On va s'en donner une, marge
de manœuvre? Pas pour dire : On vous les offre. L'idée, là, ce n'est pas
de les offrir demain matin, c'est de dire, justement : S'il y a des
problèmes qui surviennent, parce qu'il y en a, des fermetures supplémentaires,
on va l'avoir, la marge de manœuvre. Au même titre où, quand on construit une
école, on ne l'accote pas, là, sur les besoins, là, en 2022, on va avoir des
salles de plus, en va avoir des salles de classe potentielles s'il y a une
croissance démographique.
Donc, je comprends que le ministre dit :
C'est des partenaires qui développent. Je suis tout à fait d'accord. Mais c'est
le ministre qui donne les O.K. C'est le ministre qui dit O.K. pour tel projet.
Donc, il peut tout à fait dire : On va se prévoir une contingence, pas
pour la remplir demain matin, mais, justement, si on a un coup dur dans une
région, on va être capable de rebondir. C'est juste que, sinon, je me demande
vraiment comment ce droit-là va pouvoir s'exercer concrètement. Le ministre
nous dit : J'inscris un droit dans la loi, ensuite, évidemment, j'ai
toutes les nuances qui viennent en tenant compte de la disponibilité. Tu sais,
je comprends son parallèle avec la loi sur la santé, il est évident.
M. Lacombe : ...un bon
parallèle.
Mme Hivon : Non, mais il est
évident. Quand on lit ça, on se dit : O.K., il est allé s'inspirer de la loi
sur la santé. Mais je pense que le point de ma collègue de Westmount—Saint-Louis,
il est bon aussi.
M. Lacombe : Je ne l'ai pas
changé, c'était déjà dans la loi, je n'ai rien touché, tu sais...
Mme Hivon : Oui, oui, mais je
fais juste dire qu'on n'est pas face à la même réalité, parce qu'il y en a un,
c'est tout ou rien. En santé, ça va pouvoir être... On ne te laissera pas
crever dans ta souffrance, là, on va t'accompagner un minimum en attendant ta
chirurgie puis on va essayer... Si tu n'as pas de médecin, au moins, tu espères
pouvoir aller au sans rendez-vous. Là, en matière de services de garde
éducatifs, c'est vraiment tout ou rien.
M. Lacombe : Non, non, je ne
suis pas d'accord, parce que...
Mme Hivon : Bien, c'est ce
que je veux entendre. C'est quoi, les garanties que le ministre donne aux
parents qui nous écoutent?
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le Ministre, je trouve la discussion très, très intéressante. On passe par
un grand, grand détour pour arriver.
Mme Hivon : Moi, je ne pense
pas que c'est un détour, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Non, non, mais je pense qu'on passe par un grand détour pour arriver à l'amendement.
Donc, j'aimerais qu'on revienne à l'amendement proposé pour qu'on puisse
discuter. Parce que c'est très, très intéressant, mais j'ai l'impression qu'on
va avoir cette discussion-là aussi un peu plus tard avec l'autre amendement.
• (17 h 40) •
M. Lacombe : Bien, je vais y
aller rapidement, là. Le problème qu'on a dans notre réseau, ce n'est pas un
problème de droit, c'est un problème de ressources. Si on a suffisamment de
ressources, tous les parents vont avoir une place. Le droit, vous le dites, Mme
la députée de Joliette, il est déjà dans la loi. Si on a assez de ressources,
il n'y en aura plus, de problème. Là, on développe 37 000 places et
on met dans la loi, pour la première fois de l'histoire du réseau, un article
qui dit : Cher gouvernement, s'il y a des parents qui cherchent une place,
vous êtes obligé d'en créer. Ça fait qu'on se donne cette obligation-là. Moi, j'appelle
ça, là, l'étape du jardinage. Quand le réseau va être complété, là, on va
jardiner. On va faire, là, des aménagements à gauche, à droite, pour... aux
endroits où il manque quelques dizaines, peut-être quelques centaines de places
dans les pires cas, on va faire ce jardinage-là et, oui, on va les accompagner.
Vous dites : Bien, en santé, on les
accompagne, en petite enfance, c'est tout ou rien. Je ne suis pas d'accord.
Aujourd'hui, là, à l'heure où on se parle, quand il y a une garderie non subventionnée
qui ferme, par exemple, on ne laisse pas les parents sur le trottoir. Le
ministère est à pied d'oeuvre avec nos directions régionales pour essayer de
replacer ces parents-là avec les milieux familiaux, avec les CPE existants. On
fait notre gros possible pour éviter que les parents se retrouvent tout seuls.
Donc, cet accompagnement-là, on le fait déjà dans un contexte où il y a plus de
50 000 noms sur la liste d'attente. Donc, imaginez, quand nos 37 000
vont être complétées et que, là, le robinet ne se fermera plus jamais, qu'il va
toujours y avoir un aménagement, là, puis un entretien du réseau à chaque année
pour nous assurer qu'on n'ait plus jamais le choc qu'on a connu dans les
dernières années, il n'y en aura plus, d'attente interminable d'années. Puis
là, quand il y aura des fermetures, on va être capable d'accompagner les <parents...
M. Lacombe :
...d'attente
interminable d'années. Puis là, quand il y aura des fermetures, on va être
capable d'accompagner les >parents. Mais je vous prédis, là, que ça va
arriver qu'on ne soit pas capable d'en replacer le lendemain matin puis la
semaine d'après. Puis il y en a pour qui, comme dans le réseau de la santé
quand on veut se faire changer une hanche... que ça prenne un petit peu plus de
temps, parce qu'on ne peut pas faire de miracles. Puis nous-mêmes, là, on ne
peut pas... on ne prendra pas... on ne nationalisera pas ça puis on ne le fera
pas nous-mêmes de bord en bord. Puis on ne veut pas enlever le choix au parent
de choisir où il veut aller. Il n'y a pas d'obligation de fréquentation, donc
on ne peut pas prévoir de la même façon, il faut y aller avec le guichet unique.
La demande qu'on a, c'est beaucoup plus complexe.
Donc, moi, je pense que le problème, c'est
un problème de ressources. 37 000 places complétées, entretien
régulier du réseau, après, pour être sûr de ne jamais avoir un grand manque de
places, qu'on ait toujours le bon nombre de places. S'il y a des fermetures,
comme on le fait déjà actuellement, ce n'est pas un voeu pieux, on le fait déjà
dans un contexte de pénurie de places, on les aide à se replacer. Moi, je pense
que ça, là, comme en santé, ça va constituer un vrai droit. Il existe dans la
loi, ce droit-là, il faut juste se donner les ressources pour que ça arrive.
Puis là on ne peut pas être plus sérieux
que ça, là, je veux dire, même le PQ ne l'a pas fait. Probablement que, s'il
avait eu l'idée, il l'aurait fait, tu sais. Mais là moi, je trouve que c'est
une excellente initiative de mettre ça dans la loi puis de se donner cette
obligation-là. Il n'y en aura plus, de problème de ressources à l'avenir. Et, d'ici
quelques années, bien, ce droit-là va vivre pleinement. On va avoir protégé l'indépendance
des services de garde, leur caractère communautaire. On ne sera pas partis en
guerre avec les entreprises. On va avoir permis aux parents de continuer à
choisir leurs prestataires où ils veulent sur le territoire. On n'aura pas
instauré d'obligation de fréquentation. Tout le monde va avoir une place, puis,
quand il y aura des fermetures, on sera capable d'aiguiller le monde avec une
flexibilité, certains délais acceptables pour ne pas se faire poursuivre le
lendemain matin parce qu'il n'y a aucune nuance dans la loi.
Tu sais, je ne peux pas être plus clair
que ça, là, tu sais, c'est ça, l'objectif. Puis moi, je pense, là, après avoir
reviré ça de tous bords tous côtés, là, pendant des mois, puis vous avez trouvé
ça trop long, mais c'est parce que, tu sais, je pensais à tout ça, là, puis on
travaillait sur du concret, il y a... Moi, je ne vois pas de meilleure solution
dans la balance des inconvénients, même que je trouve que c'est une solution qui
n'a pas d'inconvénient à la fin.
Mme Hivon : Bien, je dirais
juste au ministre que l'inconvénient, c'est l'espèce de flottement puis l'absence
de garantie, dans le fond. Puis moi, je pense, je soumets ça, là, je ne m'improvise
pas l'experte qui a eu tous les avis des fonctionnaires autour de moi, mais j'aimerais
juste ça comprendre pourquoi c'est impensable de se donner un petit peu de
latitude puis de marge de manœuvre. Parce qu'exemple il y aurait... Parce que
le ministre, là, il veut garder des garderies privées. Moi, je ferais une
conversion, je ferais un mégaprogramme de conversion pour en discuter. Mais qu'importe
qu'on soit dans un mégaprogramme de conversion ou non, mettons, à court terme,
là, il y en aurait encore, des places en garderie privée, puis là il y aurait
vraiment un gros enjeu... Puis plusieurs garderies privées ferment à Montréal,
puis des milieux familiaux ferment. Bien, pourquoi on ne se donne pas les
moyens de se dire : On a une petite marge de manoeuvre pour accueillir...
Je pense que c'est juste ça que je veux comprendre, pourquoi c'est impensable,
ça, de se donner une marge de manoeuvre? Peut-être que le ministre... Tantôt,
il m'a dit : Bien, c'est parce que tout le monde viendrait combler les
places tout de suite. Moi, je dis : Elles ne sont pas offertes, ces places-là,
elles existent en cas d'urgence, de problème, justement, pour venir dépanner.
Donc, on est capable aujourd'hui, quand on
débat de tout ça, de dire aux parents : Aïe! Le ministre parle de verrous
puis d'éléments supplémentaires pour se contraindre. Je pense, c'est ça, l'objectif,
c'est que cette loi-là, elle contraigne le gouvernement, bien, les
gouvernements qui vont suivre, pour ne pas vivre toutes sortes de choses qui
pourraient être désagréables. Donc, je pense que c'est ça, l'intérêt. Puis
pourquoi cette option-là, c'est impossible? C'est sûr que c'est une question de
ressources, à un moment donné, c'est une question de dire : Bien, ça va
coûter un petit peu plus cher, ça, c'est sûr. Mais je rappelle au ministre qu'un
CPE complet coûte le même prix qu'une maternelle quatre ans, puis on n'a pas
lésiné pour les maternelles quatre ans. Donc...
M. Lacombe : ...pour les CPE non
plus, là.
Mme Hivon : Bien, on a hâte
de voir ça, là. Il y a plein de belles promesses, mais...
M. Lacombe : Mais l'argent
est là.
Mme Hivon : Oui, sur
plusieurs années. Donc, je veux juste savoir pourquoi on ne se donne pas cette
flexibilité-là, pourquoi c'est impossible de faire ça.
M. Lacombe : Tu sais,
honnêtement, là, par contre, je veux juste mentionner que l'argent est là, tu
sais, on n'a pas lésiné. On a dit combien ça coûte, on le fait. Puis c'est un
plan, là, qui frôle le 6 milliards de dollars sur les cinq prochaines
années. Ça fait que je pense que c'est très ambitieux. Puis je comprends, là,
les maternelles quatre ans, puis je sais que vous n'étiez pas d'accord avec ça,
mais, tu sais, je pense qu'on prouve hors de tout doute, là, qu'on met ce qu'il
faut aussi en petite enfance puis on se donne une obligation dans la loi.
Mais, pour revenir à nos moutons, ce n'est
pas que je suis contre, là, cette idée-là de se donner une marge de manoeuvre,
on se la donne déjà, cette marge de manoeuvre-là, parce qu'on développe à 105 %
maintenant. Avant, on était pas mal en <dessous...
M. Lacombe :
...
de
manoeuvre, on se la donne déjà cette marge de manoeuvre-là, parce qu'on
développe à 105 % maintenant. Avant, on était pas mal en >dessous.
Là, nous, là, moi, ce que j'ai dit, c'est : Allons-y à 105 %. Comme
ça, on se donne une marge de manoeuvre pour éviter, là, les... Quand on dit :
Non, non, tout le monde devrait avoir une place, on est à 100 %, ça n'arrive
jamais, il y a toujours une famille qui va dire : Bien, moi, je n'en ai
pas, de place. Puis là, tu sais, évidemment, ça donne... On veut que tout le
monde en trouve une. Ça fait que, oui, on est déjà dans une planification à 105 %.
Mais je reviens à ça, légalement parlant,
si on fait ce qui est proposé par la députée de Westmount—Saint-Louis, puis qui
a été proposé par le député de LaFontaine avant, le... il peut arriver toutes
sortes de choses, là. Mais, s'il n'y a pas de nuance, malgré toutes nos bonnes
intentions, vous êtes avocate de formation, vous-même, la loi dit ça, bien, on
se fait poursuivre. Il n'y a pas de nuance, le parent, il n'y a pas de doute
possible, le gouvernement vous dit : Vous avez le droit d'avoir une place,
s'engage à faire ça, il n'y a aucun astérisque, bien, ça se peut, là, qu'on se
fasse... Puis on ne peut pas s'exposer à ça alors que tout ça repose sur des
prestataires qui sont privés, des OBNL, des travailleuses autonomes puis des
entreprises.
Mais qu'est-ce qu'on peut faire, je le
répète, j'avais dit que je ne m'étendrais pas, mais c'est plus fort que moi, là,
je fais moi-même du temps, mais qu'est-ce qu'on fait en contrepartie, on
planifie ça à 105 %. On dit : Tous les enfants vont avoir une place,
on en fait 37 000 actuellement. On dit : Après ça, on va se forcer à
maintenir l'équilibre dans le réseau pour ne jamais subir les chocs qu'on a
vécus en termes de manque de place puis que, là, il y a un gros rattrapage à
faire.
Ça fait que, tu sais, ce droit-là, là,
quand vous dites : Bien, le parent, il n'a pas d'assurance, bien, je suis
désolé, mais il en a plus que jamais, là. Puis je le dis humblement, ça a l'air
vantard, puis je ne veux pas... mais il n'y a pas un gouvernement qui est allé
plus loin dans l'assurance qu'il donnait aux parents, même en 1997. Là, ce qu'on
dit, là, c'est qu'on va s'assurer, dans la loi, d'être obligé de maintenir l'équilibre.
Mme Hivon : Je veux juste
revenir à un petit point, parce que c'est toujours : même le Parti
québécois, même en 1997. On était dans deux univers, là, je veux juste qu'on s'entende
sur... O.K., merci. Ça fait qu'on partait le réseau, hein, puis je pense que c'est
assez incroyable, ce qui a été fait.
M. Lacombe : ...
Mme Hivon : Oui, c'est bon. J'ai
été très heureuse de lire ces entrevues-là, ça fait que je vais les ressortir,
s'il le faut, des fois, mais je veux juste qu'on s'entende qu'on n'est pas à la
même place, on ne pouvait pas, du jour au lendemain, partir de zéro à 100 %,
puis je pense qu'on...
M. Lacombe : ...pu le faire
en 2012, mais en tout cas.
Mme Hivon : On a été là un an
et demi, puis on en a fait pas mal. Donc, voilà, ça fait que c'est juste ça. J'entends
que le ministre dit 105 %. Moi, je pense qu'on devrait se donner une marge
de manoeuvre un peu plus importante.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Ça fait que, là,
on ne pourra pas discuter? Le ministre a fini de...
M. Lacombe : Bien là, je peux
me répéter, là, mais, là, j'ai l'impression d'avoir tout dit.
Mme Labrie : Bien, en tout
cas, je trouve le parallèle avec le réseau de la santé intéressant, parce qu'on
discute beaucoup de la capacité hospitalière ces temps-ci, puis on a vu à quel
point le Québec avait une capacité hospitalière beaucoup plus faible que d'autres
États, et c'est ça qui nous nuit dans l'offre de services actuellement. Donc,
on a beau avoir créé le droit, la réalité, c'est qu'on n'a pas une capacité
hospitalière qui nous permet de répondre à cet engagement de l'État là. C'est
de ça dont parle ma collègue quand elle dit : On devrait développer une
capacité de répondre à la demande plus grande que la demande parce qu'il peut
advenir des situations où on a besoin de plus de places. Ça fait que tant mieux
si c'est 105 %. Moi, je ne sais pas sur quelle base vous avez choisi 105 %
plutôt que tel autre pourcentage, j'imagine vous avez documenté la question
pour être certain que c'était une marge de manoeuvre suffisante.
J'ai trouvé ça intéressant d'entendre le
ministre, c'est un bel exposé, sur à quel point ça nous précarise, pour offrir
ces services-là, de miser sur le privé. C'est intéressant, parce qu'on va se le
dire, là, des CPE qui ferment, qui décident de fermer, là, moi, je n'ai pas vu
ça souvent. Les seules fois où j'ai entendu parler d'une situation comme celle-là,
c'est quand, par exemple, il y avait une hausse de loyer tellement importante
pour un CPE, puis la subvention ne suivait pas, donc là il y avait un risque de
fermeture. On a entendu parler de situations comme celles-là à Montréal, entre
autres, parce que les loyers commerciaux, ça augmente autant que les loyers
pour les logements. Donc, moi, j'ai entendu parler de situations comme
celles-là, mais on s'entend que c'est quand même... le gouvernement peut quand
même choisir d'éviter une telle fermeture, là. Je n'ai jamais vu une situation
où, par choix, sans qu'il y ait de circonstances comme celles-là, un CPE décide
de juste tirer la plug puis fermer l'organisme. Ça, je n'ai jamais vu ça.
• (17 h 50) •
M. Lacombe : Ça n'arrive pas.
Ça n'arrive pas.
Mme Labrie : Ça n'arrive pas,
bon, le ministre me le confirme. Ce qui risque de fermer, c'est deux choses, c'est
les milieux familiaux, je vais y revenir, puis les garderies privées.
M. Lacombe : Non
subventionnées.
Mme Labrie : Non
subventionnées. Bien, les subventionnées peuvent décider de fermer aussi si ça
leur adonne, là.
M. Lacombe : Dans les CPE, ça
n'arrive pas.
Mme Labrie : Ça n'arrive pas,
tant mieux. Moi, ce que ça me dit, c'est on devrait cesser complètement de
miser sur ce type de milieu là pour développer le réseau, puis on devrait viser
à les convertir tous le plus rapidement possible, parce que, sinon, on se
précarise. Donc, moi, je reviens sur les propos de ma collègue. C'est quelque
chose qu'on a demandé souvent aussi, là, qu'il y ait une conversion rapide. Là-dessus
le ministre nous a dit que... bien, en tout cas, moi, il m'a déjà dit qu'il ne
voulait pas <convertir...
Mme Labrie :
...
qu'il
y ait une conversion rapide.
Là-dessus le
ministre nous a dit
que... Bien,
en tout cas, moi, il m'a
déjà dit qu'il ne voulait
pas >convertir n'importe quel type de milieu, que c'était important d'assurer
la qualité. Puis je suis très d'accord avec ça. Je pense que la grosse
majorité, si ce n'est pas la quasi-totalité, des garderies privées en ce moment
répondent aux règles qu'on exige d'elles. J'espère que c'est exceptionnel qu'elles
n'y répondent pas. Donc, je m'attendrais à ce qu'on puisse quand même faire une
conversion massive de places puis s'assurer qu'on en fait des CPE. Ça, c'est la
meilleure manière de s'assurer qu'on est capable d'offrir le service puis de
répondre à la demande.
Parce que le ministre l'a dit lui-même,
là, puis il était très éloquent, là : Comme État, on ne peut pas respecter
ce droit-là. Puis lui, il nous dit qu'il l'inscrit, le droit, il est convaincu
de ça, mais il nous dit en même temps : Mais on ne peut pas le respecter
si on est à la merci d'entreprises privées qui ferment. Bon, réglons ça.
M. Lacombe : Bien, le privé,
j'inclus les CPE là-dedans, parce que c'est du privé, un OBNL.
Mme Labrie : Mais ils ne
ferment pas, le ministre vient de me confirmer que ça ne ferme pas, un CPE.
M. Lacombe : Les GS non plus.
Ce qui ferme, effectivement, vous avez raison, c'est les garderies non
subventionnées puis les milieux familiaux, qui sont pourtant subventionnés.
Mme Labrie : Les milieux
familiaux, c'est une deuxième chose. Moi, j'ai trouvé ça particulier, ce que le
ministre a répondu à ma collègue tantôt. On dirait qu'il met les freins sur le
développement de places en CPE pour préserver des places en milieu familial.
Moi, la situation de laquelle je suis au courant, là, à propos des milieux
familiaux en ce moment, c'est que bon nombre d'entre eux ont une liste d'attente,
là, tu sais, facilement plusieurs dizaines, si ce n'est pas une centaine de
noms de gens qui les appellent. Ils reçoivent des appels tous les jours pour
avoir une place en milieu familial, là. Ces gens-là ne sont pas au bord de la
fermeture. S'ils décident de fermer, ça leur appartient, mais ils ne ferment
pas parce qu'ils manquent de demandes. Ça, moi, ça, je n'ai pas vu ça.
L'autre chose, c'est, si les gens veulent
un autre type de milieu, s'ils sont dans un milieu familial puis ils veulent un
CPE, là, la loi prévoit le choix des parents. Le ministre l'a ramenée, cette
notion-là, c'était très important, il l'a ramenée. C'est une bonne chose, mais
ça veut dire qu'il faut répondre à cette demande-là. On ne va quand même pas se
limiter de répondre au choix des parents qui nous disent : Moi, c'est une
place en CPE que je veux, sous prétexte qu'il quitterait sa place dans un
milieu familial, sinon, on ne respecte pas le choix du parent. Si on veut
respecter pour vrai le choix du parent, il faut savoir combien de parents
veulent une place en CPE puis développer le nombre de places conséquent. Moi,
je ne veux surtout pas qu'on s'empêche de développer des places en CPE sous
prétexte qu'il ne faudrait pas faire fermer des milieux familiaux. Ceux qui
sont là, là, ils ne sont pas à risque de fermeture en ce moment, à part, là, si
la personne elle-même décide de le faire, mais c'est...
M. Lacombe : Il faut replacer
juste... Faisons une nuance, là. C'est vrai qu'actuellement, vous avez raison, là,
les milieux familiaux ont beaucoup de gens qui sont inscrits sur la liste d'attente,
parce qu'il manque 37 000 places. Mais disons, là, faisons un bond en
avant avec notre Grand chantier pour les familles, projetons-nous dans... Non,
mais je suis fier de ça, là, moi, c'est... Ça vous fatigue, là, mais moi, je
trouve que c'est un bond incroyable pour le réseau, là. Puis je suis sûr que
dans 10 ans, quand on va aller prendre un café, vous allez être d'accord.
Mais il reste que, si on fait un bond dans quatre ans, là, puis qu'on se dit :
Ça va bien sur le terrain, les gens ont bien répondu, le développement s'est
passé comme prévu, on arrive, on a fini ces 37 000 là en... tu sais, on a
continué à faire l'aménagement, puis, tu sais, de lancer des petits appels de
projets au besoin, puis tout ça, bien, quand on va arriver à un équilibre
partout, là, les milieux familiaux n'en auront plus, de liste d'attente, parce que
tout le monde va avoir une place. Il y en aura toujours une normale de
roulement, là, tu sais, d'enfants de deux, trois, quatre mois.
Moi, ce que je comprends, c'est que vous
nous dites : Même quand il y aura un équilibre partout au Québec,
accélérons le développement des CPE en bâtissant des CPE dans les quartiers où
la préférence des parents, c'est un CPE, puis faisons fermer les milieux
familiaux qui sont là, autour, parce qu'ils vont se vider puis ils vont remplir
le CPE.
Mme Labrie : Bien, moi, ce
que je dis, c'est : Soyons cohérents avec ce qui est inscrit dans la loi.
M. Lacombe : Oui, je
comprends, mais ça se traduit par l'exemple que je viens de vous donner. Mais
ça, je comprends, là, vous dites : La préférence du parent, c'est ça, ça
fait que construisons le CPE, même si les parents ont déjà une place
subventionnée autour, en milieu familial. Moi, je pense qu'il n'y a rien qui
presse. Bien non, je ne vais pas dire ça. Je pense que ce qui est le plus
pressant, c'est que tous les parents aient une place puis qu'on fasse de la
conversion dans le privé non subventionné en privé subventionné, parce que,
vous avez raison, c'est plus stable pour les enfants, pour les éducatrices, les
éducatrices sont mieux rémunérées, le programme éducatif est mieux, bien, en
fait, la qualité générale est mieux. Les GNS, c'est ce qu'elles souhaitent. Je
ne suis pas en train de dire que c'est des pas bonnes puis que c'est de leur
faute. Il manque de ressources. Elles-mêmes nous disent qu'elles veulent être
subventionnées. Moi, je pense que ça, c'est les priorités.
Puis, honnêtement, moi, je pense que tout
ça, avec le temps, va s'équilibrer, là. Tu sais, quand je regarde ça, là, je me
dis : Dans quatre, cinq ans, tout ça va être complété, puis il y aura de l'attrition
dans les milieux familiaux, puis là ce sera à nous, effectivement, de regarder,
bien, à ce moment-là, c'est quoi, le portrait, c'est quoi, la préférence des
parents. Les milieux familiaux qui sont là, là, est-ce qu'ils sont remplis de
parents qui sont contents que leur enfant aille là ou la préférence, c'est un
CPE? Puis à ce moment-là, bien, tu sais, le gouvernement qui sera là prendra sa
<décision...
M. Lacombe :
...aille
là ou la préférence, c'est un CPE? Puis
à ce moment-là, bien, tu sais,
le
gouvernement qui sera là prendra sa >décision. Est-ce qu'on
continue de développer des CPE pour répondre à la préférence des parents ou on
se dit : Bien là, c'est assez, tout le monde a sa place? Je ne sais pas
qui va être là, puis ça sera un choix qui lui appartiendra. Mais, je pense, la
priorité à court terme, là, c'est de construire les CPE et les garderies que ça
nous prend au plus sacrant, ça, c'est la commande que j'ai reçue, en respectant,
bien sûr, toutes les règles puis la qualité, en priorisant la qualité des
projets. Je ne sais pas si ça répond à votre question, mais…
Mme Labrie : Mais, moi, ce
que je me demande, c'est comment le ministre compte faire pour respecter le
choix des parents, comment il va s'informer du choix des parents pour être
certain de développer en cohérence avec ça.
M. Lacombe : Ça, c'était dans
l'article 1, là, il aurait fallu faire ce débat-là dans l'article 1.
Mme Labrie : Bien, on l'a
fait puis on...
La Présidente (Mme D'Amours) : S'il
vous plaît! Je vous rappelle, chers collègues, que nous sommes sur l'amendement
de la députée Westmount—Saint-Louis. Donc, continuons notre belle discussion
sur l'amendement.
Mme Labrie : Bien, pour moi,
le lien, il est vraiment explicite, là, on est sur la question de respecter le
droit des parents, puis le droit de choisir, donc c'est le droit de choisir,
là, c'est ça qu'on veut. C'est un peu pour ça que, tout à l'heure à l'article 1,
j'en ai parlé, de ça, au ministre, là. Je lui ai dit : Comment on va faire
pour s'assurer de ça? Est-ce qu'on devrait mettre les moyens qu'on va prendre
ici, les objectifs qu'on vise? Puis il m'a dit : Non, non, on va faire ça
ailleurs, on va le faire dans les autres articles. J'ai dit : O.K.
M. Lacombe : Oui. Moi, je
pense qu'avec le temps on va atteindre cet objectif-là. D'abord, il est dans la
loi, je le réintègre, donc je pense que je démontre que moi, je suis de bonne
foi là-dedans. Je pense qu'on a encore beaucoup de travail à faire. Puis je
pense que, dès le moment où tous les enfants auront une place, bien là,
effectivement, quel sera le portrait de la situation à ce moment-là? Est-ce qu'on
aura réussi? Moi, je pense que oui puis je le souhaite. Est-ce qu'on aura
réussi à régler la crise en milieu familial? Est-ce que la préférence des
parents va avoir évolué? Est-ce que les parents qui cherchent actuellement une
place en CPE vont migrer vers le CPE, laissant des places vacantes, dans les
milieux familiaux, qui vont être occupées par des gens qui vont être contents d'être
dans... Tu sais, ça, on ne peut pas le savoir. Je pense que, quand le
développement sera fini puis qu'on sera à la phase, là, de dire :
Maintenant, on fait de l'entretien dans le réseau, parce qu'on est obligé de le
faire, quand on adoptera le projet de loi, s'il est adopté, bien, moi, je pense
qu'à ce moment-là on se posera cette question-là. Mais moi, je suis ouvert.
Puis il y a une question de ressources aussi. Je pense qu'il faut aussi laisser
la latitude au gouvernement, à ce moment-là, de se poser la question : Est-ce
qu'on investit là, est-ce qu'on investit en santé, est-ce qu'on investit en
éducation? Moi, je pense qu'avec ce qu'on se donne on va faire un méchant bon
pas de géant, là.
Mme Labrie : Donc, le
ministre, lui, il est convaincu que... Parce qu'avec ce qu'on se donne, tu
sais, je vais... Ce qu'on se donne en ce moment, par exemple, là, je vais
parler du rythme de conversion qu'on connaît actuellement, je vais dire qu'il
est lent. Moi, je le trouve lent. C'est toujours, à ce jour, quoi, 3 500 places,
là, le projet de conversion du ministre, pas plus que ça. Est-ce qu'avec les
moyens qu'il se donne en ce moment, parce que c'est de ça dont il est question,
là, je reviens... On est sur l'amendement, là, l'amendement vise à enlever les
si, les si, là, concernant les moyens, là, pour respecter le droit des gens.
Les moyens, là, c'est ça, c'est convertir 3 500 places privées en ce
moment, alors que ces places-là, en ce moment, on le sait qu'elles sont
superprécaires. Ces garderies-là peuvent décider de fermer demain matin si ce n'est
pas assez rentable à leur goût. Ils en ont le droit, comme n'importe quel
entrepreneur.
Est-ce que le ministre, lui, il est
convaincu qu'avec les moyens qui sont pris actuellement, dont ça, là, le rythme
de conversion de places, on est capable de répondre au droit des parents avant
2024? C'est ça, le moment, l'échéance que le ministre a déjà nommée pour
répondre aux besoins de toutes les places?
M. Lacombe : Moi, je pense
que, là, pour vrai, je pense qu'on est vraiment rendus ailleurs, là, mais...
Mme Labrie : Bien, on est sur
la... l'organisation des ressources des prestataires de services de garde, ça
tient compte de la disponibilité. On veut laisser cette disposition-là, puis,
en même temps, par ailleurs, on sait que les moyens pris pour offrir des places
qui ne sont pas à risque de fermeture sont limités.
• (18 heures) •
M. Lacombe : Mais la
conversion, là, moi, encore une fois, je persiste et signe, on est le premier
gouvernement à faire ça. Tous les autres ont dit non, sauf en 1997, parce qu'il
y a eu de la conversion au départ, départ du réseau. D'ailleurs, c'est pour ça
qu'il y avait autant de places créées, parce que ce n'étaient pas toutes des
nouvelles places, c'étaient beaucoup de conversions. Ça fait que moi aussi, je
pourrais faire des additions comme ça, puis ça me donnerait des plus gros
chiffres, mais, bref, on est le premier gouvernement depuis ce temps-là à faire
de la conversion. Je veux dire, ça parle, quand même. On a bonifié le crédit d'impôt
de façon temporaire aussi parce qu'on souhaite que les parents, les garderies
non subventionnées puissent en bénéficier. Puis notre projet, ce n'est pas un
projet pilote au sens de la loi, mais, disons, c'est une première phase
expérimentale, je vais dire ça, de 3 500 places, va se terminer, là,
dans les prochaines semaines, et, à ce moment-là, on en fera le bilan.
Moi, je pense qu'il faut bien faire les
choses. Puis, oui, les parents attendent, oui, les parents trouvent ça long,
mais nous, on l'a posé, le geste. Puis, en attendant, on ne reste pas les bras
croisés, on a bonifié le crédit d'impôt d'un quart de milliards de dollars par
année; c'est énorme, là. Bon, tu sais, on ne peut pas se faire dire qu'on ne
fait rien, c'est énormément d'argent public pour une bonne cause. Ça fait que
le projet pilote va se terminer. On fera l'analyse. Puis je ne peux pas être
plus... On ne peut pas avoir un geste qui est plus engagé que ça, là, c'est
écrit noir sur blanc que, par la suite, on va continuer de faire le... Mais évidemment
on va se donner, à ce moment-là, quand le <projet pilote va...
>
18 h (version révisée)
<17927
M.
Lacombe :
...on ne peut pas avoir un geste qui est plus engagé
que ça, là. C'est écrit noir sur blanc que, par la suite, on va continuer de
faire le... Bien, évidemment, on va se donner... À ce moment-là, quand le >projet
pilote va se terminer, on va se donner un plan de match qui va être plus
précis, en fonction de ce qu'on va avoir comme conclusion. Puis on est en
train, en ce moment, de travailler avec les associations de garderies privées,
dans un comité, pour voir comment on peut faire ça de la meilleure façon. Puis,
pour le choix du parent, là, puis sa préférence, n'oublions pas qu'on veut
rapatrier aussi le guichet unique, et ça, ça va nous aider. On va pouvoir faire
des aménagements, des modifications, l'améliorer pour être capables de comprendre
encore plus les préférences des parents puis avoir toutes ces données-là
directement au gouvernement, sans avoir à passer par un OBNL.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Donc, le
ministre a l'intention d'utiliser le guichet unique pour documenter les
préférences des parents et développer le réseau à partir de ces préférences-là?
M. Lacombe : Je pense que c'est
tout à fait un objectif qui est présent à l'heure actuelle, oui.
Mme Labrie : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, deux
dernières questions. Une dernière question, c'est... Je voudrais savoir... La
députée a mentionné… S'il y avait un échéancier… Si, mettons, on parlait de...
à la fin, quand le réseau est complété, que ce paragraphe n'existe plus, est-ce
que ça, c'est une option? Mettons, on dit, dans cinq ans… après cinq ans, le
droit universel, un accès universel, c'est possible, puis là on n'aura plus le «si,
si, si»…
M. Lacombe : En fait, peut-être
que la députée de Joliette pourrait mieux le préciser, mais je ne pense pas que
c'est ce à quoi elle faisait référence. Moi, ce n'est pas comme ça que je l'ai
compris. Ce que… Ce à quoi... Ma compréhension, ce à quoi elle faisait
référence, c'est, quand un enfant perd sa place, si vous avez une obligation de
le replacer, combien de temps vous vous donnez pour le replacer. Est-ce que ça
vous prend deux semaines? Est-ce ça vous prend trois semaines? Est-ce que ça
vous prend un mois, deux mois? Je ne pense pas qu'elle parlait d'à partir de
combien de temps… d'aujourd'hui on se donne pour que ce plein droit là embarque
puis qu'il y ait tout le temps zéro délai avant d'obtenir une place, là.
Mme Maccarone : Elle parlait
de... La députée de Sherbrooke, elle avait dit : S'il y avait un
échéancier… Moi, ça amène la question : Si, mettons, on dit : Il y a
un échéancier de cinq ans pour compléter le réseau, vous avez dit que le temps
que c'est complété, quatre ans, ça fait qu'on peut-tu rêver puis penser… de
dire : Bien, après quatre ans, bien, cet alinéa dans l'article 2 ne
sera plus en vigueur?
M. Lacombe : Bien, non, au
même titre que la loi sur la santé a encore cet article-là, parce que, même
quand on aura suffisamment de places pour tout le monde, je reviens à ce que je
disais, ça n'empêche pas des fermetures inopinées puis ça n'empêche pas le fait
qu'on s'expose à des poursuites, alors qu'on aura besoin d'un certain délai,
parfois, pour replacer des enfants. Puis là c'est ce que ça dit, cet alinéa, c'est
que ça dit : Vous avez un droit, mais là... En d'autres mots, ça dit :
Vous avez un droit, mais, tu sais, laissez-nous le temps, là, de vous replacer.
Mais ce à quoi on peut rêver, c'est quand
les 37 000 places vont être complétées. Ça, c'est en date d'aujourd'hui.
Et, quand on aura cet aménagement-là en continu du réseau qui va être en cours,
bien, moi, je pense qu'on peut rêver à une situation où, quand les parents s'inscrivent
au guichet unique à la naissance de leur enfant ou pendant la grossesse, bien,
ça nous donne déjà plusieurs mois pour prévoir ça, puis qu'à la fin il n'y ait
pas vraiment d'attente pour les parents ou qu'il y en ait peut-être une, mais
seulement de quelques semaines, là, tu sais, dans le pire des cas.
Mme Maccarone : C'est juste
que, dans le grand chantier, c'est écrit, comme le ministre a dit, qu'en 2024‑2025,
bien, là, le réseau sera complet, voilà.
M. Lacombe : C'est-tu mon
grand chantier, ça, notre grand chantier…
Mme Maccarone : Ça fait que
ce serait...
M. Lacombe : Des fois, j'ai l'impression
que personne ne le lit.
Mme Maccarone : On étudie
tout, on étudie tout.
M. Lacombe : Mais là je vois
que vous l'avez annoté, puis il y a des post-it.
Mme Maccarone : C'est
important, c'est important. Ça fait que, si on dit, mettons, pourquoi pas… Pourquoi
pas que l'alinéa ne sera plus en vigueur, d'abord, en 2025? Parce que le
ministre est convaincu, il se pète les bretelles, c'est ça… C'est ça, il se
pète les bretelles pour dire que, tu sais, voici mon grand chantier, je vous le
confirme, 2024‑2025, le réseau sera complet. Bien, pourquoi pas, d'abord, en 2024‑2025,
bien, cet alinéa-là ne sera plus en vigueur, et ça veut dire qu'on pourra avoir
un accès universel?
M. Lacombe : Bien, j'ai déjà
répondu. Là, je me répète, j'ai déjà répondu, c'est parce que, s'il y a des
prestataires qui décident de fermer même un coup que le réseau est complété, il
faut les replacer, ces enfants-là. Si on n'est pas capables de les replacer le
lendemain matin, on se fait poursuivre.
Mme Maccarone : Ce n'est pas
du jardinage, ça?
M. Lacombe : Oui, tout à fait,
c'est ça, on sera capables de le faire en temps très court, mais ce que vous
proposez, c'est qu'il n'y a même pas de période de temps, c'est de dire :
Les parents <ont...
M. Lacombe :
...les
parents >ont le droit, puis, si, demain matin, ils n'ont pas de place,
ils peuvent poursuivre. Puis ils vont gagner, parce que vous avez cette
responsabilité-là… vous aviez cette responsabilité-là de leur garantir une
place. Nous, ce qu'on dit, c'est que ça peut arriver que des milieux ferment
puis ça peut arriver qu'il y en ait qui ne lèvent pas la main, puis qu'on soit
obligés, nous, de prendre la relève, comme État, parce qu'on veut se donner ce
droit-là, là, dans le projet de loi. Ça, ça va prendre un peu plus de temps qu'habituellement
parce qu'on arrive comme filet de sécurité, nous, après.
Donc, dans certains cas, les parents, c'est
sûr, là, ça va continuer d'arriver dans une moindre mesure qu'ils soient
obligés d'attendre un peu. Puis on ne peut pas s'exposer, comme État, à des
poursuites alors que ce n'est pas notre décision, puis c'est des entreprises,
des OBNL ou des travailleuses autonomes, qui décident de mettre fin à leurs
activités, mais on peut faire tout le reste, par exemple.
Mme Maccarone : Ça fait que c'est
quoi, le recours? Moi, les parents qui me contactent parce qu'ils sont en
larmes : Je n'ai pas de place, la porte est fermée, il n'y a aucune place
pour mon enfant, mon enfant a besoin de rentrer dans le réseau parce qu'il a
des besoins particuliers… Le gouvernement parle d'agir tôt. C'est quoi, le
recours pour ces parents? Malgré qu'ils ont eu accès à des mesures
exceptionnelles, les subventions, ils ont une entente, mais la porte est
toujours fermée, puis ils n'ont pas droit…
M. Lacombe : Parce qu'il
manque de places.
Mme Maccarone : Non, pas
parce qu'il manque de places, parce qu'il y a un refus. Ce n'est pas la même
chose. C'est quoi, le recours? Est-ce que ça va être enchâssé quelque part dans
la loi, de dire : Bien, ici, on rajoute-tu un amendement pour dire que ça,
là, il faut que ça soit approuvé par le ministre?
M. Lacombe : Bien là, ça, c'est
une bonne question, mais là je pense que ce serait un peu particulier qu'un
membre du conseil exécutif vous donne des conseils juridiques, alors qu'il n'est
pas avocat puis qu'il n'a pas le droit de le faire, sur comment poursuivre le
gouvernement du Québec. Ça fait que je vais me garder une petite gêne, mais...
Mme Maccarone : Ce n'est pas
ça, la question, c'est plus que c'est quoi, le recours pour ses parents? On
participe aussi… Le projet de loi n° 9, on parle des
recours, tu sais, pour les élèves. C'est quoi, les recours? Il y a des parents
qui vont se dire… Mais c'est quoi, le recours pour ces parents? Je n'ai pas
accès à un service…
M. Lacombe : Bien, je pense
qu'on va y arriver plus loin. Je pense qu'on va y arriver plus loin, là, aux
enfants qui ont des besoins particuliers. Je compte sur vous, je pense, pour qu'on
en parle. Ça me fera plaisir, mais là moi, honnêtement, j'ai vraiment fait le
tour, en plus qu'on en a parlé pendant des mois avant, là. Entre autres, au salon
bleu, dans les articles, je me suis bien expliqué. Je pense, j'ai fait le tour.
Mme Maccarone : C'est quel article,
en passant, que nous allons jaser de ce recours pour ces parents des enfants
avec des besoins particuliers?
M. Lacombe : Non, mais je
pense que vous vous allez... Vous m'avez déjà dit que c'était dans votre
intérêt.
Mme Maccarone : ...vous avez
dit qu'on va jaser de ça plus tard parce qu'il y avait un article qui...
M. Lacombe : Oui. Bien, moi,
je compte sur vous pour qu'on en parle plus tard parce que, je pense, c'est
dans votre intérêt.
Mme Maccarone : Ah! on va jaser
de ça tout le long de l'étude détaillée, c'est sûr, mais c'est une vraie
question parce que c'est des vraies situations. Un peu comme la députée de
Joliette, elle a parlé des neuf places puis le service de garde, mettons,
à midi, c'est des vraies situations. Moi, je fais face à des vraies situations.
Je reçois ces plaintes partout dans la province, malgré qu'il y aura...
M. Lacombe : …on aura des
propositions à vous faire. Je comprends que c'est un enjeu, là, les enfants qui
ont des besoins particuliers, parce que, là, on est dans une niche, là. On
parle d'enfants qui ont des besoins particuliers. On a regardé ça. Ça fait
partie du travail qu'on est en train de faire à la suite des consultations
particulières. Je pense qu'il y a des façons… Encore une fois, on a ce défi de
dire : Ce n'est pas l'État qui opère les services de garde même si on les
finance. Donc, on a des défis, mais on a aussi des moyens d'agir. Ça fait que,
vous allez voir, on aura des propositions pour vous.
Mme Maccarone : Parce que,
selon moi, c'est le moment de jaser de ça deux minutes. On a deux minutes… de
jaser de ça, c'est le moment de le faire, parce que c'est… Pour moi, c'est ça,
un accès universel. Comme j'avais mentionné d'emblée, c'est important que, les
parents, ils savent qu'il y a une loi derrière eux pour s'assurer qu'il y aura
une place pour leurs enfants malgré que peut-être ça va prendre du temps,
malgré que, peut-être, il faut travailler dans le réseau. C'est pour ça que je
pense que ce serait peut-être intéressant de dire que, quand le réseau sera
développé, bien là ça va être un accès universel. Les parents des enfants avec
des besoins particuliers ou tous les parents qui sont en attente d'une place se
lamentent de ça, mais ils trouvent des moyens. Ce n'est pas toujours des moyens
qu'on aime, ce n'est pas toujours des moyens qui sont faciles, mais ils
trouvent des moyens. Puis je suis persuadée que tout le monde sur le terrain
essaie aussi de trouver des moyens.
• (18 h 10) •
Alors, je vois mal pourquoi on ne pourra
pas dire qu'un accès universel, un droit sera enchâssé dans la loi. Puis,
écoute, la même chose… On fait le parallèle avec la loi sur la santé et
services sociaux. On fait le parallèle aussi avec la Loi sur l'instruction
publique. Ça reste que, malgré qu'il y a beaucoup d'élèves qui ne sont pas
scolarisés, le gouvernement a aussi fait le choix dans le passé… je ne sais pas
quelle année, je ne suis pas légiste, là, quand cette loi a été mise en vigueur,
mais ils se sont mis... exposés à peut-être des recours légals parce qu'ils ont
dit que c'est si important que ça qu'on devrait mettre ça comme une loi. Je
vous entends qu'on n'est peut-être pas prêts pour ça. Pourquoi pas dans cinq
ans? Pourquoi pas en 2024 ou <2025...
Mme Maccarone :
...2024 ou >2025? Ça envoie un message très fort sur le terrain qu'on
vous a entendu. Puis je pense que c'est important qu'on ait ce débat, c'est le
moment. Oui, c'est vrai, je veux parler des enfants à besoins particuliers à
travers le projet de loi, les collègues me connaissent, c'est un enjeu qui est
très important pour moi, mais pas juste pour eux, pour tous les enfants qui se
cherchent une place. C'est le moment de dire que vous devriez avoir un accès
universel, puis, oui, on peut mettre un échéancier. C'est peut-être une option.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je suis désolée, Mme la députée, votre temps étant écoulé. M. le ministre,
désirez-vous intervenir sur ça? Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement
de la députée de Westmount—Saint-Louis? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons passer aux voix cet amendement. Est-ce que cet...
Une voix : …
La Présidente (Mme D'Amours) :
Parfait. M. le secrétaire, on demande un vote par appel nominal, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire
: M. Lacombe
(Papineau)?
M. Lacombe : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
M.
Bachand
:
Contre.
Le Secrétaire
: Dans la
salle La Fontaine, M. Thouin (Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
Le Secrétaire
: Mme D'Amours
(Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 2.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 2? Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : J'aurais un
amendement à déposer, Mme la Présidente. Il est déjà prêt.
La Présidente (Mme D'Amours) :
L'amendement... pardon, un amendement à déposer. Est-ce que l'amendement est
déposé sur Greffier? Non.
Donc, nous allons suspendre les travaux
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 13)
(Reprise à 18 h 22)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Donc, Mme la députée de Sherbrooke, si vous voulez
bien lire votre amendement, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Avec plaisir, Mme
la Présidente. Donc, dans le troisième alinéa de l'article 2, introduit
par l'article 2 du projet de loi, ajouter le mot «subventionnés» après «garde
éducatifs à l'enfance».
L'alinéa se lira comme suit : «La
mise en œuvre de ce droit est renforcée par l'obligation faite au ministre de
prendre les moyens visés à l'article 93.0.3 pour que l'offre des services
de garde éducatifs à l'enfance subventionnés sur chaque territoire réponde à la
demande de tels services.»
C'est-à-dire que, si, par exemple, sur un
territoire donné, la demande de places subventionnées correspond à 97 % de
la demande ou 60 % de la demande, peu importe, le ministre a la
responsabilité de s'assurer que l'offre correspond à la demande de places
subventionnées. Ça fait que, s'il y a de la demande pour un certain nombre de
places subventionnées, il doit y répondre.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Lacombe : Ce qu'on propose
à 93.0.1.3, c'est que, dès qu'il y a un déséquilibre entre l'offre et la
demande, on lance un appel de projets pour des places subventionnées. Donc, c'est
déjà indiqué clairement que, lorsqu'il y aura un besoin de places, on va créer
ces places-là, qui seront des places subventionnées. Ce que la députée de
Sherbrooke nous propose avec cet amendement-là, c'est de dire : Bien là,
il faut que… il faut, par exemple, que, dès qu'on adopte ça sur l'ensemble du
territoire, les services de garde… Essentiellement, là, ce n'est pas dit comme
ça, mais on sous-entend que tous les services de garde devraient être
subventionnés parce que les parents, c'est ce qu'ils souhaitent, puis je
comprends ça. Évidemment, c'est ce que je vise aussi, sauf qu'on n'a pas le
même moyen d'y arriver. Moi, je pense que la nouvelle création de places doit
toujours se faire en subventionnées. C'est ce qu'on se donne comme obligation
là-dedans. Mais je pense que, pour les GNS, les garderies non subventionnées qui
existent déjà, ce qu'il faut, c'est non pas lancer un appel de projets pour
créer des nouveaux CPE ou des nouvelles garderies, mais c'est de convertir
celles qui existent déjà, et on a l'intention de le faire quand le projet
pilote va être terminé, mais là il est trop tôt pour se positionner là-dessus.
Mme Labrie : Bien sûr, Mme la
Présidente, l'article vise à ce que l'offre de places subventionnées réponde à
la demande. On peut tout à fait procéder par conversion pour s'assurer que ça y
réponde. Moi, je ne pense pas que ce qui est écrit à l'article 93.0.3 nous
permette de répondre à cette préoccupation-là que j'ai. Si le ministre est
convaincu que ça y répond déjà, alors, tant mieux, on peut juste l'inscrire une
deuxième fois puis mettre la ceinture et les bretelles, comme il l'a dit plus
tôt à propos d'un autre sujet, et puis le réinscrire à l'article 2, mais
moi, je pense que ce qui est écrit plus loin dans la loi ne répond pas à ma
demande. Donc, je voudrais qu'on l'inscrive ici pour s'assurer vraiment qu'on...
Puis, oui, je pense qu'il y a une très
forte majorité, si ce n'est pas la quasi-totalité, des parents qui s'attendent
à une place subventionnée. Il y a une iniquité importante de tarifs en ce
moment. Les gens ne comprennent pas pourquoi il y a une iniquité importante de
tarifs. Ils paient les mêmes taxes et impôts. Ils s'attendent à avoir accès à
des services à un coût subventionné. Donc, je pense qu'on doit viser ça. Ça
voudra dire, sur certains territoires, de faire de la conversion pour s'assurer
de répondre à ça, puis c'est précisément ce que vise l'amendement.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Lacombe : ...Mme la
Présidente, mais ça s'impliquerait de dire que, dès qu'on adopte ça, il faut
tout de suite commencer la conversion. Et moi, je vous dis qu'à l'heure où on
se parle, même si, à l'intérieur du grand chantier, l'orientation est claire,
là, puis qu'on s'est donné des balises, puis je l'ai déjà dit publiquement, donc,
il n'y a pas de cachette, on n'est pas prêts à aller là pour l'instant. Donc,
les nouvelles places, oui, subventionnées, quand il en manque dans un
territoire, on continue la conversion en parallèle, mais je ne pense pas que,
pour l'instant, on doit dire : Il faut absolument que tous les
territoires, là… qu'on se base exclusivement sur la préférence des parents tout
de suite, parce qu'on n'est pas prêts à faire ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
est-ce que vous avez terminé? Non? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je ne pense pas
qu'en ce moment le ministre a la capacité de savoir c'est quoi très exactement,
la demande de services des parents. Donc, moi, je ne pense pas que ça l'oblige
à, demain matin, répondre à cette demande-là. À ma connaissance, elle n'est pas
documentée <officiellement...
Mme Labrie :
...documentée >officiellement, là, la demande du type de service
souhaité par... à moins qu'elle le soit?
M. Lacombe : ...guichet
unique, ils peuvent inscrire leurs préférences, là, c'est-à-dire un service de
garde subventionné ou pas. Moi, je pense que, très rapidement, on aura au...
Bien, très rapidement, en tout cas, on va faire les travaux nécessaires, mais,
à terme, on aura toutes ces données-là, et qu'en ce moment je ne sais pas si c'est
une donnée qu'on... parce qu'on l'a aussi par sondages, là, qui sont faits dans
nos enquêtes sur le réseau, entre autres, par l'ISQ, mais je ne sais pas si c'est
des données qu'on pourrait extraire.
Mais l'effet de ce que propose la députée
de Sherbrooke, c'est de dire : Il faudrait se lancer dans une grande
entreprise de conversion tout de suite. Je vois la députée dire oui. J'ai le
même objectif à terme, mais on n'est pas prêts pour l'instant. Et moi, je ne
donnerai pas mon accord à convertir des garderies pour lesquelles on n'a pas
fini les travaux d'analyse, là. Je pense que ce ne serait pas judicieux. Il
faut s'assurer que ce qu'on convertit, d'abord, on en a besoin… bien, d'abord,
que le propriétaire veuille, là, deuxièmement, qu'on en a besoin, il ne faut
pas que ce soit dans une zone en surplus, puis, troisièmement, qu'elle soit de
qualité. Le projet pilote n'est pas fini. On n'a pas encore terminé nos
discussions avec les associations nationales. Il est trop tôt pour se donner
cette obligation-là. Est-ce que ça pourrait arriver un jour? Peut-être. Je
pense que ça serait une excellente nouvelle, mais là, définitivement, il est
trop tôt.
Mme Labrie : Mais je ne comprends
pas pourquoi le ministre a besoin de son projet pilote, parce que,
techniquement, il y a déjà des inspections qui ont lieu dans ces milieux-là. On
est déjà supposés savoir s'ils répondent ou pas aux critères de qualité. Donc,
en quoi le projet pilote du ministre, de conversion de places, là, pour
quelques milliers de places, en ce moment, est nécessaire pour savoir si les
autres milieux qui lèvent la main vigoureusement en disant : Je veux me
faire convertir aussi... On sait déjà s'ils respectent les normes de qualité ou
pas, non?
M. Lacombe : Bien, en partie,
mais pas en totalité. C'est à dire, il y a certains éléments qui sont
obligatoires, mais il n'y a rien dans la loi qui vous oblige à être meilleur
que le voisin. Donc, je m'explique. Il y a des éléments de santé et sécurité
qui doivent être respectés, bien sûr. Il y a des inspections en ce sens-là. Il
y a l'obligation d'avoir un programme éducatif, par exemple, bien sûr qu'on
vérifie ça. Mais ce qu'on fait, par exemple, avec la mesure d'évaluation de la
qualité… Il n'y a pas de sanctions, là, qui sont attribuables à ça. Il y a des
évaluations qui sont faites sur la relation entre le personnel éducateur et les
enfants, les parents, les interactions, la qualité du service qui est donné, et
ça, ce n'est pas inspecté, c'est évalué par une entreprise privée qu'on a
mandatée, avec un cadre scientifique qui a été élaboré avec des partenaires
universitaires, mais... et nous, on reçoit ces données-là.
D'ailleurs, dans un autre article, on en
traitera, parce que je pense que... En tout cas, je ne veux pas trop m'avancer,
mais je pense qu'il y a des modifications à faire à ce niveau-là pour être
encore plus proactifs, mais il faut s'assurer que, si on convertit cette
garderie-là et qu'on lui donne des places subventionnées, ce qui représente
beaucoup d'argent public à chaque année, bien, il y ait un niveau minimum de
qualité, là, qui soit atteint. Et, si on le faisait à grande échelle sans ces
critères-là, sans avoir fait le bilan de notre projet pilote, sans avoir fait
les négociations nécessaires avec les associations nationales de garderies,
moi, je pense qu'on se tromperait puis qu'on ferait éventuellement la première
page du Journal de Montréal — on salue nos amis journalistes — avec
raison, parce qu'on aurait fait des... on aurait converti des garderies qui n'ont
aucun bon sens.
Mme Labrie : Personne ne veut
qu'on convertisse des garderies qui n'ont aucun bon sens. Je pense qu'il en... bon,
on en a vu dans le passé, il en existe, mais il y en a peu, là. Moi, je pense
qu'on peut tout à fait établir un seuil de qualité que le ministre pourra
identifier lui-même puis dire que les garderies privées qui ont fait une
évaluation de qualité qui dépasse ce seuil-là et qui souhaitent être converties
puissent être sur une «fast track» pour se faire convertir. C'est au ministre
de déterminer quel est le seuil acceptable pour lui au niveau de l'évaluation
de la qualité, puis ensuite il y en a qui vont lever la main pour procéder très
rapidement puis qui ont déjà fait leurs preuves, là.
• (18 h 30) •
M. Lacombe : Moi, je pense qu'à
terme... Ce n'est pas une nouvelle, là, je pense qu'à terme on doit tendre vers
un réseau qui sera 100 % subventionné, où… en fait, je précise, où 100 %
des garderies qui voudront être subventionnées pourront l'être, puisqu'on ne
veut pas subventionner des gens de force, mais... puis on a posé des gestes en
ce sens-là. Donc, ce n'est pas des voeux pieux. Comme je le disais… premier
gouvernement depuis très, très.... depuis le début, en fait, à avoir accepté de
faire de la conversion, parce que je pense qu'on était rendus là. On a bonifié
le crédit d'impôt à hauteur d'un quart de milliard de dollars par année pour
les aider à traverser cette période de transition, mais là il faut prendre le
temps de bien faire les choses. Donc, moi, je ne suis pas prêt à adopter ça
aujourd'hui, là. On n'est pas prêts à ce que... On n'est pas prêts à gérer les
suites de ce que ça implique tout de suite. Je pense que, dans le futur, si on
se reparlait dans 10 ans, je pense que ça tomberait sous le sens <probablement...
>
18 h 30 (version révisée)
<
M. Lacombe :
...ça
tomberait sous le sens, >probablement, cet article-là, puis que ce sera
probablement ça qui existera de toute façon. Mais là il est trop tôt, à mon
sens.
Mme Labrie : Au sens des
parents qui paient en ce moment beaucoup plus cher que le tarif subventionné, c'est
en ce moment que ça fait sens, ce n'est pas dans 10 ans. C'est en ce
moment que des parents paient 4 000 $, 5 000 $, 6 000 $,
jusqu'à 7 000 $ de plus par année pour une place pour leur enfant,
qui est non subventionnée, alors qu'ils n'ont pas choisi ça, là. Ils ont juste
pris la seule place disponible, là, le ministre le sait très bien.
M. Lacombe : Moi, moi,
je suis d'accord avec ça, là. Mais je pense que c'est même vous puis quelques groupes
qui nous disaient que... En tout cas, je ne veux pas vous mettre de... mais en
consultations particulières, moi, je me suis fait dire : Vous n'auriez
même pas dû bonifier le crédit d'impôt. Je me rappelle...
Mme Labrie : Tout à
fait. Moi, j'ai dit qu'on aurait... Il faut que ce soit très, très temporaire
ou, en tout cas, le temps de procéder à la conversion. Mais la solution, ce n'est
pas le crédit d'impôt. Les parents l'ont dit, les garderies l'ont dit, ce
crédit d'impôt là, là, ça ne convient pas aux gens là. Ce qui est demandé, c'est
la conversion. C'est vrai que c'est ça que j'ai demandé, c'est aussi ce que les
parents ont demandé, c'est aussi ce que les garderies privées ont demandé. Puis
là les parents...
M. Lacombe : Je suis d'accord.
C'est pour ça que j'en ai même parlé avant vous, là. Tu sais, c'est moi le
premier qui en a parlé puis qui a posé des gestes.
Mme Labrie : ...Les
parents, ils ont reçu ce crédit d'impôt là puis ils ont reçu une hausse de
tarifs à peu près en même temps, dans les semaines qui ont suivi.
M. Lacombe : Donc, une
chance qu'on a augmenté le crédit.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Pour monsieur de la technique, chacun votre tour, s'il vous plaît. Donc, Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien. Donc,
moi, l'amendement que je propose, c'est pour répondre à l'iniquité importante
entre les parents en ce moment. C'est pour ça que je le propose. Si le ministre
pense que de l'écrire comme ça, ça l'engagerait dès l'adoption de la loi, parce
qu'on s'entend qu'il y a quand même une couple de semaines devant nous avant l'adoption
de la loi, on peut tout à fait mettre une disposition pour dire que ça
entrerait en vigueur à tel moment par exemple. Moi, je suis très ouverte à ça.
Mais je pense qu'il faut prévoir qu'à
terme, là, la façon dont le développement du réseau va se faire, c'est pour
répondre sur chacun des territoires à la demande de places subventionnées.
Après, que des gens ouvrent des garderies privées non subventionnées où ça leur
tente, ça leur appartient, c'est à eux d'évaluer s'il y a de la demande ou pas
pour ça dans ce territoire-là. Mais on a la responsabilité, je pense, là, comme
législateurs, de s'assurer que, sur chaque territoire, ce qu'on va développer,
ça répond à la demande de places subventionnées.
M. Lacombe : Je
comprends la proposition de la députée de Sherbrooke. Et je comprends aussi qu'elle
ne fait pas de distinction entre les garderies privées subventionnées et les
CPE. Donc, il n'y a pas de priorité, dans ce qu'elle nous propose, qui est
accordée aux CPE. C'est de dire : Peu importe si la place, elle est au
privé subventionné ou en CPE, l'important, c'est une place à 8,70 $.
Mme Labrie : Le ministre
sait que moi, je privilégierais les CPE puis que, quand je parle de conversion,
je privilégierais la conversion en CPE, mais la façon dont je l'écris ici,
effectivement, ça permettrait que ce soient des garderies privées
subventionnées. Ce n'est pas mon mode de développement préféré, mais je connais
le ministre puis je sais quelles sont ses limites, donc je le propose de cette
manière-là.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Bien,
en fait, je pense que le ministre pourrait tout à fait se commettre parce qu'il
le dit publiquement. Et je l'ai relu en fin de semaine, il l'a dit dans Le
Devoir, il me semble, dans son entrevue. Tellement que je suis allée
fouiller dans mes choses parce qu'il a dit : Moi, ce que je veux, c'est un
réseau 100 % subventionné. Mais on ne peut pas dire ça publiquement puis,
après, ne pas prendre les moyens d'y arriver quand on fait une réforme de sa
loi.
Donc, je suis tout à fait consciente qu'il
ne peut pas y arriver demain matin puis que tout se convertisse par magie, mais
je pense que la manière d'y arriver, c'est de le dire clairement dans la loi et
de mettre une clause transitoire pour dire que ça va entrer en vigueur, exemple,
dans trois ans. Ça donne une marge de manoeuvre. L'intention est claire, on
sait où on s'en va. Puis ensuite, quand le ministre, il dit ça, ce n'est pas
des mots en l'air.
Donc, moi, je puis lui donner le bénéfice
du doute, s'il nous dit ça. Sauf qu'il nous répète ça, mais il ne prend pas les
moyens pour y arriver. Donc, c'est normal qu'on va remettre en question l'intensité
de sa volonté parce que, dans la loi, le privé commercial non subventionné
reste totalement un joueur. Il n'y a rien qui change la donne par rapport à ça.
Puis son projet pilote, c'est 3 500 places,
alors qu'il en existe 66 000 places en garderies non subventionnées, ce
qui est vraiment épouvantable dans le développement du réseau, là, c'est... Je
pense qu'on va s'entendre là-dessus, là, c'est une erreur monstrueuse qui a été
faite. Puis là on est pris avec ça. Mais, justement, il faut donner le coup de
barre avec le projet de loi qu'on a là, parce que, si on ne le fait pas
maintenant, on repousse le problème. Et malheureusement, dans la hausse du
crédit d'impôt qui a été annoncée en novembre, il n'a pas été accolé, le mot «temporaire».
Et je l'avais dit au ministre. On était en pleine consultation, puis j'avais
dit : J'espère qu'au minimum ça va être clair que c'est temporaire, le
temps de vraiment convertir ce message qui est diffusé publiquement, en
réalité. Or, ce n'est pas ça. Dans la loi, on n'a pas un engagement ferme pour
s'en aller vers le 100 % subventionné. Puis en plus il n'y a pas eu de
discours sur le fait que la hausse du <crédit d'impôt elle était
temporaire...
Mme Hivon :
...publiquement, en réalité. Or, ce n'est pas ça. Dans la loi, on n'a pas un
engagement ferme pour s'en aller vers le 100 % subventionné. Puis, en
plus, il n'y a pas eu de discours sur le fait que la hausse du >crédit d'impôt,
elle était temporaire. Donc, ce que ça fait, c'est que ça cristallise au lieu
de mener vers une disparition puis une diminution des garderies privées non
subventionnées, ça cristallise leur place. Ça fait en sorte qu'on leur donne un
coup de pouce. Ça fait en sorte qu'elles augmentent leurs tarifs aux parents.
Donc, il n'y a pas plus d'argent dans les poches des parents. Vous en êtes très
conscient, de cet effet pervers là. Donc, moi, je me dis : Si le ministre,
il est sérieux dans son intention, bien, il faut que ça apparaisse dans la loi.
Donc, c'est vraiment le plaidoyer que je lui fais.
Puis on vient de faire la loi sur les
tribunaux spécialisés, on a pris plein d'engagements puis on a mis une clause
qui nous donne tant de temps avant, par exemple, que le tribunal spécialisé
soit déployé dans l'ensemble du Québec, qui permet donc d'essayer les projets
pilotes. On a tous mis de l'eau dans notre vin pour dire : O.K., peut-être
que ça ne peut pas être mis partout en place en même temps. Donc, je pense que
ce serait vraiment une marche à suivre intéressante de la part du ministre. Ça
concrétiserait le fait qu'il nous dit que son intention, c'est d'aller vers le
100 % subventionné, puis on ne pourrait plus remettre ça en cause parce
que ça serait inscrit noir sur blanc puis ça lui donnerait une période de temps
pour y arriver. Donc, moi, c'est la proposition que je fais au ministre.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le ministre.
M. Lacombe : Bien, j'entends
bien la proposition, mais je suis obligé de vous dire qu'aujourd'hui, à l'heure
où on se parle, il est trop tôt pour moi pour aller de l'avant avec un
amendement comme celui-là. Les choses peuvent changer rapidement. On a un
projet pilote qui est en cours, mais je vous dis qu'à l'heure où on se parle il
est trop tôt.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Mais alors,
je ne veux pas être plate, mais je pense que le ministre ne peut plus dire
publiquement que c'est son objectif, parce qu'il ne se donne pas d'échéancier,
il ne se donne pas de marche à suivre. Pour avoir un objectif de 100 %
places subventionnées, il y en a 66 000 en même temps, si on ne se donne
pas d'intentions aujourd'hui, je ne vois pas sur quelles bases le ministre peut
dire qu'il tend vers ça, là.
M. Lacombe : Bien, tu
sais, un instant, là! On a posé des gestes, là, des gestes qui sont concrets.
On a... on l'a fait. Il n'y a pas un gouvernement qui voulait le faire avant, on
l'a fait. On est en train de dire : On veut le faire correctement. On va
analyser ce que ça donne. C'est en en train de se terminer, là. Je veux dire,
on ne peut pas être plus clair que ça. Et j'ai énoncé ça non seulement
publiquement, mais j'ai aussi inscrit ça dans Le Grand chantier pour les
familles, qui est officiellement adopté par le Conseil des ministres du
gouvernement du Québec, là. Donc, je pense que ça témoigne d'une volonté.
Est-ce que, là, il faut absolument que ce soit inscrit tout de suite dans...
La députée de Joliette nous dit : Il
faut absolument mettre ça dans la loi tout de suite, parce que, sinon, vous n'êtes
pas crédible quand vous promettez ça. Moi, je sais que la députée de Joliette n'aime
pas ça quand je fais ça, mais je reviens aux balbutiements du réseau. L'objectif,
c'était de donner une place à chaque enfant, tout ça, mais ça n'a pas été écrit
dans la loi comme ça au départ, là. Il y avait un énoncé, dire : On veut
que chaque enfant ait une place. On va commencer. J'écoutais encore une
entrevue récemment où Mme Marois disait : Bien, à ce moment-là, les
besoins étaient évalués à tant d'enfants qui avaient besoin d'une place, donc
on crée ça. Ça n'a jamais été écrit dans la loi : On va donner tout le
temps des places suffisantes à chaque enfant puis... Ça n'a jamais été mis là.
Puis est-ce que quelqu'un remet en sérieux le doute de cette démarche-là? Non.
Tu sais, ça fait que moi, je fais un peu
le parallèle, là : Est-ce qu'on est obligé, aujourd'hui, de mettre ça dans
la loi, sinon on se fait dire qu'on n'est pas sérieux? Non, moi, je pense qu'on
peut voir ce que ça va donner, ce qu'on est en train de faire. On a mis de l'argent,
des centaines de millions, puis on va continuer sur ce chemin-là. On s'est
engagé non seulement moi, publiquement, mais le gouvernement s'est commis.
Donc, moi, je pense qu'on fait la bonne chose puis qu'au contraire on est
sérieux. On veut le faire de la bonne façon.
• (18 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bon, moi,
je pense effectivement que le ministre reconnaît que ça doit frôler presque
100 %, là, la proportion de parents, de familles qui demandent une place
subventionnée. Il l'a dit lui-même. Je ne lui mets pas des mots dans la bouche.
Il nous dit que son intention, c'est de développer un réseau 100 %
subventionné. Il l'a nommé à plusieurs reprises, par ailleurs. Là, il ne veut
pas l'écrire dans la loi. Je pense que ça fait en sorte que c'est de la fausse
représentation tout ce qu'il a dit par rapport à ça. Tu sais, à un moment
donné, il faut être conséquent, là. J'essaie de...
M. Lacombe : ...
Mme Labrie : Bien, je
vais juste terminer mon point, là. Je relis...
M. Lacombe : ...vous me
prêtez des intentions.
Mme Labrie : Bien,
effectivement, je... en fait, ce que je constate, c'est que l'intention
nommée...
M. Lacombe : Vous n'avez
pas le droit. Je veux dire, vous êtes... Non, mais vous êtes leader de votre
groupe parlementaire, là, vous... tu sais, vous me prêtez des intentions. Je
pense...
Mme Labrie : Je constate
que l'intention nommée publiquement par le ministre ne se matérialise pas dans
la loi. Je le constate, c'est un fait. Bon, là, en ce moment, il me dit qu'il
ne peut pas adopter mon amendement parce que ça le mettrait dans une position
où il ne peut pas répondre à ça, là, en ce moment, là, c'est trop vite, puis il
ne peut pas y répondre. Si on lit comme il faut, là, on parle... <on fait
référence, à cet alinéa-là, à l'article 93.0.3...
Mme Labrie :
...pas
adopter mon amendement parce que ça le mettrait dans une position où il ne peut
pas répondre à ça, là, en ce moment, là, c'est trop vite, puis il ne peut pas y
répondre. Si on lit comme il faut, là, on parle... >on fait référence, à
cet alinéa-là, à l'article 93.0.3. On va le relire tranquillement ensemble :
«La mise en œuvre de ce droit est renforcée par l'obligation faite au ministre
de prendre les moyens visés à l'article 93.0.3 pour que l'offre de services,
blablabla, corresponde à ceci, O.K.? 93.0.3, ce que ça dit, là, c'est : Quand
le ministre constate que la projection qu'il fait de l'offre de service sur un
territoire ne répond pas à la demande, il faut qu'il lance, dans les six mois
après ça, une invitation pour finir par y répondre conformément à ce que c'est,
la demande. Ce que ça veut dire, c'est que, même si la loi était adoptée demain
matin avec la proposition que je fais là, tout ce que ça fait, c'est que, si,
cette semaine, le ministre constate qu'il n'y a pas une adéquation parfaite
entre le nombre de places subventionnées demandées puis le nombre de places
subventionnées offertes, il a six mois pour lancer une invitation pour finir
par y répondre. C'est ça que ça dit. Bien, moi, c'est ça que je comprends, il
est écrit ça ici : «…lorsqu'à l'issue du processus[...], il constate que
la projection qu'il fait de l'offre de [...] services sur un territoire donné
ne répond pas à la demande, le ministre lance, dans les six mois de ce constat,
une invitation conformément à l'article 93.0.1.» Ça ne veut pas dire qu'il
est obligé d'y répondre le jour même. Ça veut dire qu'il est obligé de se
mettre en démarches pour finir par le faire.
M. Lacombe : La projection
inclut les places non subventionnées. Ça fait que, si vous les excluez, comme
vous le faites avec votre amendement, ça veut dire qu'on doit faire abstraction
de ces 66 000 places là dans le réseau, et donc demain matin, dans
les six mois, lancer un nouvel appel de projets pour créer, par exemple, 66 000 nouvelles
places ou, en tout cas, il faudrait faire le calcul, donc faire fermer ceux qui
existent là ou lancer tout de suite la conversion dans les six mois.
Mme Labrie : Ou convertir. Ça
peut être lancer un appel pour convertir.
M. Lacombe : Et moi, je dis :
On n'est pas prêts, là, à l'heure où on se parle, à faire ça.
Mme Labrie : Donc, le
ministre me dit qu'il n'est pas prêt, d'ici six mois, à lancer des appels de
projets pour convertir plusieurs dizaines de milliers de places. Parce qu'on ne
parle pas de cette semaine. Ça lui laisserait six mois pour lancer un appel de
projets.
M. Lacombe : Je pense que c'est
bien compréhensible, parce que le projet pilote n'est même pas fini à l'heure
où on se parle. Ça fait qu'on peut gérer à la petite semaine en se disant :
Bien oui, on est capable de faire ça, on checkera ça après, ou on peut se dire :
Non, non, c'est des centaines de millions de dollars d'argent public durement
gagné par les contribuables, ce n'est pas vrai qu'on va faire ça à la va-comme-je-te-pousse,
puis on va analyser les projets. Mais même avant ça, on va s'assurer d'avoir la
meilleure démarche pour y arriver.
Ça fait que moi, je vous dis, dans six
mois, lancer... en plus de ça, six mois, c'est quand, ça? C'est en pleines élections,
je ne sais pas trop, là, tu sais. Oubliez ça, là, ça ne marche pas, on ne peut
pas faire ça, on n'est pas prêts. On n'est pas prêts à faire ça. Si, là, j'avais
juste des visées électorales, puis tout ça, peut-être bien que je vous dirais :
Ah! bien oui, c'est une bonne idée. Mais, sur le fond, là, ce n'est pas une
bonne gestion de fonds publics. On n'est pas prêts à faire ça. Puis moi, je ne
vivrai pas avec la conversion de garderies qui n'auraient jamais dû être
converties juste pour accepter un amendement aujourd'hui, là, je ne peux pas
faire ça
Ce que je fais, par contre, c'est d'avoir
mis sur pied le premier programme de conversion depuis 25 ans dans le
réseau, à part au début, là, au début, début, c'est d'avoir bonifié de crédit d'impôt
d'un quart de milliard pour être capable de se rendre à notre engagement qu'on
a pris de poursuivre ça après le projet pilote quand on aura les bonnes bases
pour le faire. Mais là ce n'est pas vrai qu'aujourd'hui on va se commettre en
disant que, dans six mois, il faut tout convertir ça. On n'est pas prêts à
faire ça.
Mme Labrie : O.K., donc, je
veux juste confirmer que je ne modifie pas les propos du ministre, là. Est ce
que ma compréhension est exacte, que c'est impossible que, d'ici la fin du
présent mandat de la CAQ, il y ait davantage de conversions de places que les 3 500
déjà annoncées ni même un appel de projets pour convertir davantage de places?
C'est impossible qu'il y ait ça d'ici la fin du mandat, c'est ce que le
ministre nous dit en ce moment? Donc, tous les parents, en ce moment...
M. Lacombe : Non, ce n'est
pas ce que je vous dis. Vous m'avez dit : C'est impossible de lancer un
appel de projets pour convertir 66 000 places. Je vous ai dit :
Oui, c'est impossible. On ne fera pas ça. Moi, là, «over my dead body». On ne
fera pas ça. C'est une très mauvaise décision, si on faisait ça, parce que ça
veut dire le faire en n'ayant pas les bonnes données. Vous passez vos grandes
journées, avec raison, à dire : Il faut écouter les experts, il faut se
baser sur des recommandations. Là, vous nous dites : Non, non, allez-y,
allez-y, go, go go! Au diable la qualité! Au diable les normes! Pitchez-vous,
faites ça. Ce n'est pas la première fois que vous me dites ça. On n'est pas d'accord.
Moi, je pense qu'il faut laisser le temps
à ce projet-là de se terminer, en faire l'évaluation, continuer de travailler
avec la... puis la Coalition des garderies privées non subventionnées, avec qui
on n'est pas en train de travailler à l'heure où on se parle. Puis à la fin,
quand on aura les résultats de tout ça, on aura un plan de match. Mais, avant
ça, il n'en est pas question. Moi, je ne signerai jamais pour ça, parce que ce
n'est pas vrai qu'on va convertir des garderies. Les GNS eux-mêmes nous disent :
Attention, il faut faire attention, vous ne pouvez pas convertir n'importe
quoi, il faut être rigoureux, on va vous aider. Là, écoutez, écoutez-moi bien,
là, on ne se lancera pas <là-dedans tête baissée, les yeux fermés, là...
M. Lacombe :
...faire attention, vous ne pouvez pas convertir n'importe quoi, il faut être
rigoureux, on va vous aider. Là, écoutez, écoutez-moi bien, là, on ne se
lancera pas >là-dedans tête baissée, les yeux fermés, là. Oubliez ça, ça
n'arrivera pas. En tout cas, pas tant que je serai ministre.
Mme Labrie : O.K. Donc, juste
pour être claire, là, il n'y a personne ici, surtout pas moi, mais personne d'autre
autour de la table, qui a dit au diable la qualité, on converti n'importe quoi.
M. Lacombe : Si on fait ça
dans six mois, c'est ce qui arrive.
Mme Labrie : On a même nommé,
j'ai même nommé explicitement tantôt qu'on pourrait établir un seuil, que le
ministre pourrait choisir, d'évaluation de la qualité à partir duquel on
pourrait traiter les demandes pour se convertir, j'ai même nommé ça tout à l'heure.
Donc, il est vraiment question de convertir des places de qualité, là, c'est de
ça dont on parle.
M. Lacombe : En six mois, c'est
impossible.
Mme Labrie : Le ministre dit,
en ce moment, aux parents qui se plaignent, avec raison, je pense, depuis
plusieurs années qu'ils paient un tarif inéquitable dans une garderie privée,
il est en train de dire aux parents : Attendez-vous pas à ça, là, d'ici la
fin de notre mandat, il n'y aura pas de places de plus qui vont être
converties, on ne touchera pas à ça.
M. Lacombe : Bien, vous, là,
je vous demanderais : Qu'est-ce que vous allez faire? Parce qu'on connaît
le plan de match du Parti libéral, qui a présenté sa plateforme famille déjà
avant l'élection, je trouve ça intéressant puis je trouve que c'est une très
bonne idée, là, en tout cas. On connaît l'engagement du Parti québécois, qui,
lui, est à 100 % CPE. Moi, je laisse les gens juger. On peut être d'accord
ou pas d'accord, ça c'est... Mais moi, je ne connais pas votre engagement à
vous, là. Tu sais, d'ailleurs, on ne sait pas ce que vous voulez faire. Ça fait
que, tu sais, moi, je vous pose aussi la question, là, tu sais, si on joue à
visière levée : Quel est votre engagement? Moi, je vous dis le mien, je
connais celui du Parti libéral, celui du PQ. Le seul dont on ne connaît pas, c'est
celui de Québec solidaire.
M. Lacombe : Pourtant je
pense être assez claire. Nous, ce qu'on ferait, c'est de la conversion de
places de garderies privées en CPE, on inviterait tous ceux qui souhaitent le
faire à soumettre leur dossier puis on choisirait en fonction de la qualité.
Évidemment, j'ai nommé...
M. Lacombe : Mais là ce n'est
pas ce que vous proposez. Vous dites : Peu importe, CPE ou garderies. C'est
ça. En tout cas, moi, je trouve que ce n'est pas sérieux, là.
Mme Labrie : Ça, c'est une
proposition de compromis face à un gouvernement de la CAQ qui ne semble pas
vouloir miser sur le développement de CPE pour le développement du réseau. On
est dans une...
M. Lacombe : En tout cas, ce
n'est pas ce que les CPE trouvent depuis qu'on a été élu, mais ça, c'est un
autre débat. Mais moi, je vous dis, je ne suis pas d'accord avec vous. Je ne
suis pas en train de vous dire qu'on ne fera rien pour les garderies privées d'ici
la fin de leur mandat, je suis en train de vous dire, on sortira le verbatim,
vous m'avez dit que vous voulez qu'on lance dans les six mois un appel de
projets pour convertir l'ensemble du réseau, je vous dis : Ça n'arrivera
pas, oubliez ça.
Mme Labrie : C'est bel et
bien ce que j'avais compris.
M. Lacombe : Donc, on n'est
pas d'accord parce qu'on veut faire les choses de la bonne façon. Ça fait que,
là, si vous sortez ce clip-là, prenez-le au complet, parce qu'on est averti,
gardez le «timecode». Mais ce n'est pas vrai qu'on va faire ça à la va-comme-je-te-pousse.
Le projet pilote n'est pas fini. Les garderies privées elles-mêmes nous disent :
Il faut faire ça vite, mais, en même temps, il ne faut pas convertir n'importe
quoi, il faut faire ça, c'est des fonds publics, il faut faire ça de façon rigoureuse.
Comment on fait, là, avant même que le projet pilote soit terminé puis avant
même d'avoir fini le travail avec les associations nationales qui les
représentent, comment on fait pour arriver avec le meilleur programme pour être
capable de faire ça à grande échelle? On court-circuite tout ça, on dit au
diable le processus puis on en repart, là, avec quoi, là? Parce que, là, dans
six mois, go, là, il faut que, dans six mois, ça soit parti. Tu sais, la
démarche sur laquelle nous, on se base, elle est plus rigoureuse que ça...
faire des analyses de qualité avec la mesure d'évaluation de la qualité, là, on
a embauché une firme. Moi, je pense qu'il faut aller plus vite. On est en train
de poser des gestes pour ça, mais c'est rigoureux, là, ça ne se fait pas sur
une napkin, ça demande, là... c'est un cadre qui est universitaire, tu sais,
qui a été élaboré par des chercheurs. Il faut prendre le temps de bien faire
les choses, puis ce n'est pas vrai qu'on peut tout faire ça en six mois. Je
peux faire des avancées, mais on ne peut pas tout faire ça pour avant les
élections. Oubliez ça, ça ne peut pas arriver.
• (18 h 50) •
Mme Labrie : Bien, il y a
prendre le temps puis prendre le temps, là, Mme la Présidente, parce que ça
fait quand même trois ans qu'ils sont là, déjà. La question de l'iniquité de
tarifs, ils la connaissaient avant même de former le gouvernement, là. D'ailleurs,
ça fait partie des raisons pour lesquelles... je veux dire, ça l'aurait été
nommé, c'est dans les premiers mois de leur mandat qu'ils ont fait le retour au
tarif unique, si je ne me trompe pas. C'était quand même assez rapidement au
début du mandat de la CAQ. Dès ce moment-là, il y a eu une avalanche de
messages de parents qui nous pointaient du doigt qu'il y avait une iniquité
importante de tarifs que ça créait entre les parents qui avaient accès à une
place subventionnée puis les autres, qui n'avaient pas accès, pas par choix,
parce qu'ils ont choisi telle garderie privée qui leur plaisait davantage pour
toutes sortes de raisons, juste parce qu'ils ont pris celle qui leur adonnait,
des fois, au-delà de leur capacité de payer. Ça fait que ce n'est pas un
problème qui est émergeant, là, c'est un problème qui est connu depuis
longtemps.
Ça fait que moi, je comprends que le ministre
veut prendre son temps. J'ai l'impression qu'ils ont pris leur temps pas mal
avant de commencer à étudier la question, parce que c'est long. Ça fait que
moi, je fais juste être un peu stupéfaite qu'on se fasse dire aujourd'hui :
On n'avancera pas là-dessus d'ici la fin du mandat, on ne va pas le faire.
Bien...
M. Lacombe : ...je comprends
que vous faites de la politique en déformant mes propos, mais ce n'est pas ça
que j'ai dit.
Mme Labrie : Bien, j'essaie
de ne pas trop déformer les propos, mais le ministre nous dit : Il n'y en
aura pas, d'appel de projets pour plus de conversions avant la fin du mandat.
Moi, c'est ça que j'ai compris.
M. Lacombe : Je n'ai pas dit
ça non plus. Vous me demandez de faire 66 000 places dans les six
prochains mois, je vous ai dit : <Ça n'arrivera pas. Je me limite à
dire ça...
Mme Labrie :
...j'ai
compris.
M. Lacombe :
Je n'ai
pas dit ça non plus. Vous me demandez de faire 66 000 places dans les
six prochains mois, je vous ai dit : >Ça n'arrivera pas. Je me
limite à dire ça.
Mme Labrie : J'aimerais que
le ministre me retrouve le moment où j'ai demandé de faire
66 000 places avant la fin du mandat. On peut penser suspendre s'il
faut, mais je n'ai jamais dit ça.
M. Lacombe : Bon, on peut...
en tout cas, on est d'accord d'être en désaccord.
Mme Labrie : O.K..
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Pour rajouter
de l'huile sur le feu, mais je pense que c'est... je trouve l'amendement
intéressant. Puis j'entends les propos de la collègue, puis j'entends les
propos de M. le ministre, puis j'entends l'engagement de faire la conversion.
Mais, pour revenir sur la grande fierté du
ministre, dans son document, ce n'est pas écrit.
Une voix : …
Mme Maccarone :
Le Grand
chantier, merci beaucoup. Ce n'est pas écrit en noir et blanc dans Le Grand
chantier, cet engagement. Si on regarde la page 28, c'est écrit ce que
le ministre a dit, qu'«au terme de ces deux premières phases de conversion, qui
ont valeur de test, le ministère réalisera une évaluation qui lui fournira les
informations nécessaires pour planifier les étapes suivantes du processus de
conversion [de] places non subventionnées». Mais ce n'est pas un engagement de
dire que oui, c'est sûr, comme la collègue a dit, comme l'amendement est écrit,
que les places subventionnées, c'est ça qu'on veut faire, c'est ça l'engagement,
on veut faire de la conversion. Ça fait que ce n'est pas un engagement, mais je
comprends que c'était adopté par le conseil des ministres, mais ce n'est pas un
engagement de faire ceci. C'est dit qu'on va voir, on va voir. Puis j'entends
les préoccupations du ministre. On ne peut pas juste convertir n'importe quoi,
mais à moins qu'il y ait quelque chose que je ne comprends pas, les... tout le
réseau en entier sont assujettis aux mêmes lois, aux mêmes règlements, aux
mêmes critères. Alors, d'entendre les bémols, oui, on ne devrait pas juste convertir
n'importe quoi, mais, s'ils sont assujettis tous aux mêmes lois puis mêmes
règlements, mêmes critères, et on peut faire des évaluations, bien, pourquoi ne
pas prendre un engagement de faire ceci? Parce que ce n'est pas écrit en noir
et blanc dans Le Grand chantier.
M. Lacombe : Tu sais, je vais
rester prudent pour ne pas partir une chicane, là, mais vous m'ouvrez une porte
de grange, là. Il y a des permis qui ont été donnés à Montréal à des garderies
qui n'auraient jamais dû recevoir de permis. Une fois qu'elles ont leur permis
puis qu'elles respectent les critères minimaux qui sont édictés dans la loi, on
n'ira pas leur enlever leur permis, mais c'est des garderies qui, au niveau de
la qualité, n'offrent pas les meilleurs services. Et là j'entends votre
prochaine question, je vais vous laisser la poser, je ne volerai pas le punch,
mais il reste que la garderie respecte la loi, mais ce qu'on constate de plus
en plus, elle respecte la loi, mais ce qu'on constate de plus en plus dans les
évaluations qu'on fait, c'est qu'il y a des disparités dans la qualité parce qu'il
y a des établissements qui ont reçu des permis alors que, disons, les gens qui
les donnaient étaient peut être moins... il fallait que ça se fasse vite puis...
En tout cas, je vais arrêter là, là, mais, tu sais, surtout à Montréal.
Ça fait que l'idée, c'est de dire, dans un
secteur, je ne sais pas le vôtre, là, par coeur, mais, si un surplus de place...
parce qu'à Montréal, j'allais le dire tantôt, il y a trop de places, mais il n'y
a pas assez de places subventionnées. Ça fait que, si, dans votre secteur, il y
a trop de places, puis on dit : On fait de la conversion, laquelle on
convertit? Entre la garderie A ou la garderie B, ils sont face à face à une
intersection de votre circonscription, on a juste besoin d'une des deux. Je
vous le demande, là : Laquelle on convertit? Si c'est facile, là, on...
hein? Non, mais on ne convertira pas les deux si on n'a pas besoin des deux. Il
y a trop de places. Il y a des secteurs de Montréal où il y a trop de places.
Les garderies sont à moitié vides. Puis elles nous disent, là : Arrêtez,
vous pouvez plus en ouvrir. Puis là on n'en ouvre plus, nous, évidemment,
depuis longtemps, là, mais elles disent : Là, là, on a de la misère à
survivre, on n'a même pas assez de clientèle. Ça fait que laquelle on convertit
entre les deux, si on a juste besoin d'une? Je veux dire, tu sais, on ne fait
pas ça sur le coin d'une table, là. Moi, c'est ça que j'essaie de vous... C'est
ça que j'essaie vous dire.
Mme Maccarone : Le point est lié
à l'engagement puis je comprends le désir de vouloir l'enchâsser dans la loi,
parce que ce n'est pas un engagement qui est écrit en noir et blanc ailleurs. S'il
y a des garderies qui ne respectent pas les normes, on a des inspecteurs,
envoie les inspecteurs, ferme le service en question.
M. Lacombe : Non, mais elles
les respectent. Elles les respectent. Elles les respectent.
Mme Maccarone : Je pense qu'on
peut agir avec du gros bon sens, ce n'est pas de ça que je parle. Pour moi, c'est
une question d'engagement. Je trouve intéressant l'amendement parce qu'on n'a
pas un engagement formel écrit nulle part. On vous entend, puis... mais il n'y
a rien d'écrit nulle part pour dire que, oui, c'est ça qu'on veut faire, puis,
tu sais, on a <tous vu toutes les publicités, il y a les annonces...
Mme Maccarone :
... l'amendement,
parce qu'on n'a pas un engagement formel écrit, nulle part. On vous entend,
puis... mais il n'y a rien d'écrit nulle part pour dire que, oui, c'est ça qu'on
veut faire, puis, tu sais, on a >tous vu toutes les publicités, il y a
les annonces : S'il vous plaît, tu sais, prenez mon enfant. J'ai un enfant
presque à vendre parce que je cherche une place subventionnée, parce que je
suis à bout. Mais, comme je dis, je vous réfère à la page 28 du Grand
chantier. Ce n'est pas écrit que ça fait partie de la priorité, ce n'est
pas un engagement. Je comprends que ça a été adopté, mais ce n'est pas ça qui
est écrit. 28. Vous avez un document tout écrit. C'est ça.
M. Lacombe : Bien, ce qu'on
dit, c'est : «…réalisera une évaluation qui lui fournira les informations
nécessaires pour planifier les étapes suivantes du processus de conversion...»
Ça fait qu'on dit : Quand on va avoir les résultats, on va planifier la
suite. Je pense que ce qu'on dit, c'est qu'on va y aller, mais il faut qu'on
ait les résultats pour planifier. Bon, on fait quoi en vertu des résultats?
Mme Maccarone : Mais ce n'est
pas écrit en noir et blanc que... Le but... Ce n'est pas écrit en noir et blanc
que le but, c'est de faire la conversion. Ce n'est pas écrit en noir et blanc
que ce qu'on veut, c'est prioriser. Ça, ce qui est écrit, c'est qu'on va
évaluer mais pas nécessairement poursuivre. Ça fait que je comprends très bien
le désir d'avoir cet amendement, parce que, là, c'est vraiment noir et blanc, c'est
écrit, c'est ancré, c'est dans la loi.
M. Lacombe : Je comprends,
mais il est juste trop tôt, à l'heure où on se parle, pour inclure ça. Mais je
comprends l'objectif aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Je veux
juste compléter mon argumentaire. Je trouve que le ministre, il fait vraiment
le bon diagnostic, puis je suis vraiment contente de l'entendre, dans le sens
où lui-même reconnaît qu'il y a des problèmes de qualité et d'égalité dans la
qualité avec les garderies privées non subventionnées, tellement qu'il nous dit :
Je ne peux pas tout convertir, parce qu'il y en a dont la qualité doit
nécessairement être bien évaluée avant que je puisse m'engager, mais ça, là, il
faut prendre ça de l'autre bord puis se dire : Qu'est-ce que ça veut dire
en ce moment sur l'état de notre réseau? C'est un signal assez alarmant. Puis
je sais que le ministre, il le reconnaît, parce que ça ne s'est pas développé
comment ça aurait dû être développé si on avait été particulièrement épris de
qualité dans notre réseau. Mais on ne peut pas juste prendre l'affirmation
quand elle fait notre affaire pour dire : Bien là, il faut être prudent
puis il faut convertir ça de manière responsable, puis tout ça, mais ensuite ne
pas prendre l'engagement de le faire au final.
• (19 heures) •
Donc, moi, je pense que la voie de passage
qui refléterait l'endroit où on veut tous être, je pense, le ministre et nous,
c'est de dire : On va se donner du temps pour y arriver, mais on se le
donne, l'objectif d'y arriver, puis on l'écrit dans la loi. Et moi, je suis
prête à ce qu'on mette un délai. Nous, quand on l'a proposé, notre plan, là, on
s'est donné cinq ans. Je pense que c'est très responsable. Mais, pour commencer
à le faire, le travail, il faut se le donner, l'objectif, puis il faut se
donner l'échéancier. Puis pourquoi c'est le bon moment de faire ça? C'est parce
qu'on est à une croisée des chemins, puis là le ministre nous dit : J'ai
mon plan puis je veux développer les places, puis les garderies privées — on
n'entendait pas ça, là, il y a 10 ans — <les
garderies privées >viennent nous dire : On veut être converties, ça
ne marche pas, le modèle. Donc, il y a un momentum incroyable pour dire : C'est
là qu'on doit forcer le jeu puis qu'on doit se donner l'objectif d'y arriver, à
un réseau où la part belle ne sera pas faite aux garderies privées et, oui, où les
places vont être subventionnées, puis on n'ira pas à renchérir avec toujours
plus de crédits d'impôt, puis qui vont avoir des effets pervers, puis qui vont
faire en sorte que les garderies privées vont pouvoir continuer à survivre
parce qu'elles vont augmenter leurs tarifs, mais les parents vont continuer à
être victimes d'une iniquité. Donc, je le sais, que le ministre, il le sait,
ça.
Ça fait que je veux juste comprendre,
parce que juste la bonification du crédit d'impôt, c'est 200 millions. Je
pense que le crédit d'impôt, il pourra me le confirmer, là, mais, au complet, c'est
autour de 1 milliard, quelque chose comme ça, 800 millions, 1 milliard.
Je ne sais pas s'il peut nous donner le chiffre, mais, bref, imaginez si cet
argent-là, on l'investissait dans la qualité, on l'investissait en se disant :
On se le donne, le programme pour y arriver, à de la qualité égale partout. Ça,
c'est un legs extraordinaire. Puis je ne dis pas que le ministre, il ne veut
pas le faire, mais il ne se donne pas les moyens d'y arriver, alors qu'on est
dans une étape cruciale où le momentum est là, où ils sont venus nous demander
ça. Ce n'est pas des farces, eux-mêmes nous ont dit... On leur a demandé :
Pourquoi, dans les études, vous ne ressortez pas avec la même qualité? Parce qu'on
n'est pas capables de donner le même... les mêmes salaires, on n'est pas
capables d'attirer autant les éducatrices, puis, dans un contexte de pénurie, c'est
impossible d'y arriver. Puis par où passe la qualité? Évidemment par la
formation puis la <qualification...
>
19 h (version révisée)
<
Mme Hivon :
...le
même... les mêmes salaires, on n'est pas capable d'attirer autant les
éducatrices, puis dans un contexte de pénurie, c'est impossible d'y arriver.
Puis par où passe la qualité? Évidemment, par la formation puis la >qualification
des éducatrices.
Donc, il est là, le momentum. Ça fait que,
oui, je plaide fort pour le ministre. Puis, je veux dire, il peut prendre tout
notre plan, puis je vais être tellement heureuse, là. Puis on va passer à un
autre appel. Puis on va s'engager, puis je vais dire : Wow! C'est super,
le ministre, il n'a pas juste des intentions, il l'inscrit dans sa loi. Puis il
me semble que, si on se donne une période pour y arriver, c'est tout à fait
faisable. Ça permet les négociations, ça permet les évaluations, ça permet la
transition. Puis ce serait vraiment, là, une universalité, une accessibilité
puis une qualité uniformes.
Ça fait que je m'explique juste mal, si le
ministre fait les constats qu'il nous dit qu'il fait... Puis j'aimerais ça qu'il
me confirme le chiffre, là, de ce que ça représente, le crédit d'impôt... Qu'il
dise : Bien oui, on va le mettre, l'argent, à la bonne place, puis l'argent,
il ne sera pas mis à maintenir un service de qualité variable que lui-même
reconnaît, il va être mis pour développer un service de super qualité et en
plus accessible et subventionné où les parents feront les frais de garderies à
45 $, à 55 $, à 75 $, avec des fluctuations de crédits d'impôt.
Donc, le momentum, il est là. Ça fait que j'aimerais
ça que le ministre, il se dise : Crime! On va le faire, le coup de barre,
puis on va se donner une période. On peut le faire avec les articles
transitoires. On peut tout à fait le faire. Puis après on a le plan puis on
suit le plan. On les a, là. Ils nous l'ont dit noir... Ils nous l'ont dit dans
le micro qu'ils étaient ouverts à la conversion.
Donc, donnons-nous les moyens d'y arriver
puis de se dire : Aujourd'hui, c'est pas juste des vœux pieux, là, ça va
être inscrit noir sur blanc dans le projet de loi, puis on le prend. Parce que,
quand le ministre dit : On est parti puis on a fait de la conversion, oui,
mais nous, on n'a jamais fait de développement de garderies non subventionnées,
là. Il n'y en avait pas. Celles qui existaient... Il n'y avait pas de crédit d'impôt,
là. Ça fait que les quelques rares qui existaient, c'étaient comme des écoles
privées non subventionnées, là, qui ont la liberté d'exister mais qui chargent
des prix... Je veux dire, ce n'était pas quelque chose qui existait. C'est
arrivé après, parce qu'il y en a qui ont décidé de développer ça comme modèle,
puis ils ont donné des crédits d'impôt. Donc, à un moment donné, il faut se
dire : O.K., là, on vient à l'esprit vraiment du départ. Puis c'est un
réseau 100 % accessible, avec le même niveau de qualité puis 100 %
subventionné.
La Présidente (Mme D'Amours) :
D'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder aux voix. Donc, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : ....
La Présidente (Mme D'Amours) :
Pardon?
Une voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Rejeté?
Une voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) :
On demande le vote par appel nominal. Donc, M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
Le Secrétaire
: M. Lacombe
(Papineau)?
M. Lacombe : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
M.
Bachand
:
Contre.
Le Secrétaire
: Dans la
salle La Fontaine, M. Thouin (Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
Le Secrétaire
: Mme D'Amours
(Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 2.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 2? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'ai un
amendement à déposer, Mme la Présidente. Je ne sais pas si c'est déjà sur le
Greffier.
La Présidente (Mme D'Amours) :
C'est déjà sur le Greffier. Vous en avez tous pris connaissance? Donc, je vous
invite, Mme la députée, à lire votre amendement.
Mme Maccarone : Si vous
permettez, Mme la Présidente, mon ordinateur est en train de me dire que Pulse
Secure fait quelque chose. Ça fait que, si je peux avoir une copie de ça à
lire, il me fera plaisir de faire ceci. Mais malheureusement...
Une voix : ...
Mme Maccarone : Oh mon
Dieu! On peut-tu mettre ça plus gros? Wow! Merci. Article 2. Article 2
de la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance.
Insérer, à la fin du premier alinéa de l'article 2
de la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance, proposé par l'article 2
du projet de loi, la phrase suivante : «Un enfant qui cesse de fréquenter
l'école après y avoir été admis a également le droit de recevoir des services
de garde éducatifs jusqu'au premier jour du calendrier scolaire de l'année
scolaire <[suivante…] >suivant celle où il a atteint l'âge de 6
ans.»
Vous vous souvenez, Mme la Présidente, ça
fait partie du débat puis de la discussion que nous avons eus lors de l'article 1
où j'avais fait des interventions en ce qui concerne l'accessibilité entre les
deux réseaux pour les enfants ayant un besoin particulier, les enfants
autistes, les enfants handicapés, que souvent ils sont pris entre les deux
réseaux. Ça fait partie aussi des recommandations que nous avons entendues en <commission
parlementaire avec les auditions de la Fédération québécoise de l'autisme...
Mme Maccarone :
...les enfants ayant un besoin particulier, les enfants autistes, les enfants
handicapés, que souvent ils sont pris entre les deux réseaux. Ça fait partie
aussi des recommandations que nous avons entendues en >commission
parlementaire avec les auditions de la Fédération québécoise de l'autisme, qui
ont fait la recommandation qu'on devrait donner la possibilité aux enfants
ayant un besoin d'avoir le choix de rester dans le réseau de services
éducatifs, si c'est pour le bien être de leurs enfants, avant de faire la
transition dans le réseau scolaire.
Et aussi cet amendement que... je remercie
le ministre et son équipe de nous avoir aidés avec la rédaction, c'est toujours
bien d'être accompagnés par des légistes expérimentés. Ça donne aussi de la
flexibilité aux enfants puis à leur famille si jamais... on a tous le droit à l'erreur,
et souvent c'est des enfants qui ne peuvent pas s'exprimer, puis c'est tôt, on
ne sait pas toujours leurs besoins, puis on pense que ce serait la bonne
affaire de faire la transition du réseau de services éducatifs au réseau
scolaire, puis, dans plusieurs de cas, ce n'est pas la bonne affaire. Alors,
cet amendement donnerait la possibilité de la flexibilité à ces familles.
Ça ne ferme pas la porte. Ça veut dire qu'on
met l'enfant en premier, ça fait qu'on ferait le choix qui est le mieux pour
eux, tout dépendamment de leurs besoins, et aussi ça s'assure qu'il n'y aura
pas de dédoublement. Ça fait que ça ne veut pas dire qu'on aurait un accès au
réseau de services éducatifs, réseau de services de garde, ainsi que les
réseaux scolaires, je comprends très bien la volonté. Ce n'est pas ça qu'on
veut aussi partager avec les gens qui nous entendent, c'est vraiment de donner
un choix et de s'assurer le bien-être de l'enfant en question. Ça fait que je
suis très contente de pouvoir déposer cet amendement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement déposé? S'il n'y a
pas d'intervention, nous allons procéder aux voix de cet amendement. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté. Donc nous revenons à l'article 2 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a
des interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Question.
Puis là je sais déjà que le ministre va faire référence à la loi sur la santé
et services sociaux, mais, quand on revient au tout début de l'article 2,
on dit : «Tout enfant a le droit de recevoir des services de garde
éducatifs personnalisés de qualité de la naissance jusqu'à son admission à l'éducation
préscolaire...» Je sais que c'est copie conforme de la loi sur la santé et de
services sociaux, parce que c'est écrit de la même façon, merci de faire la
référence, ça m'a donné l'occasion d'aller lire la loi en question, mais c'est
totalement différent quand on fait la comparaison entre un réseau et l'autre.
Évidemment, nos besoins vont être vraiment différents, entre vous et moi, c'est
tout à fait normal.
Mais c'est quoi, votre lecture?
Pouvez-vous expliquer qu'est-ce que ça veut dire, «services de garde éducatifs
personnalisés» dans le réseau? Parce que ce n'est pas la même chose comme les
réseaux de santé et de services sociaux, là, on parle du réseau de services
éducatifs à la petite enfance. Alors qu'est ce que ça veut dire, «personnalisés»,
en ce qui concerne cet article?
• (19 h 10) •
M. Lacombe : Bien, d'abord,
là, ce n'est pas nous qui introduit ça, ce n'est pas moi qui l'a introduit, c'est
déjà prévu dans la loi, mais donc... c'est quelqu'un d'autre que moi, à une
autre époque, qui l'a ajouté. Mais je pense que ce qui est important, c'est que
les services qui sont offerts dans notre réseau le soient justement au cas par
cas pour chacun des enfants. Donc, il y a des portraits de l'enfant, notamment,
qui sont réalisés. Il y a des plans d'intervention pour les enfants qui en ont
besoin.
Donc, évidemment, l'idée, ce n'est pas de
mettre tout le monde dans le même panier, c'est aussi de comprendre qu'il y a
des enfants qui ont des besoins particuliers puis que c'est important qu'on s'attarde
à chacun des enfants. D'ailleurs, les étudiantes en éducation à l'enfance l'apprennent,
c'est un des fondements de leur travail, que chaque enfant est unique. Il y en
a six, un de ces fondements-là, c'est ça. Donc, c'est à la base des services qu'on
offre.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas...
Mme Hivon : ...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Allez-y, Mme la députée de...
Mme Hivon : Donc, on a fini
2, on passe à 2.1, c'est ça? Je veux juste savoir si on les fait...
La Présidente (Mme D'Amours) :
C'est tout ensemble, Mme la députée.
Mme Hivon : Oui. Parfait. O.K.
Donc, le ministre ne sera pas surpris, étant cohérente avec le plan que nous
avons déposé pour 100 % CPE, j'aurai un amendement au 2.1. Et je pense qu'on
serait capable d'adopter cet amendement et d'éventuellement mettre une clause
transitoire pour nous permettre d'arriver à cet objectif-là. Donc, je pense qu'on
va vous envoyer... ça s'en vient. Donc, l'amendement va vous être soumis dans
les prochaines secondes.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 19 h 11)
(Reprise à 19 h 14)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Mme la députée de Joliette, pour une minute.
Mme Hivon : Oui, je vais
juste avoir le temps de lire l'amendement. Donc, l'amendement à l'article 2
se lit comme suit :
L'article 2 du projet de loi est
modifié par la suppression des mots «, les garderies» après «enfance» de l'article 2.1
qu'il introduit.»
Donc, l'idée derrière cet amendement-là,
qui, évidemment, requerrait une clause de mise en vigueur pour se donner une
période de transition, donc, à la fin du projet de loi, que je pourrai
présenter si cet amendement-là est adopté, ça vise à vraiment indiquer que les
prestataires de services de garde éducatifs à l'enfance qui concourent à l'atteinte
des objectifs de la présente loi sont les centres de la petite enfance et les
personnes reconnues à titre de responsable des services de garde en milieu
familial, avec, bien sûr, le soutien des bureaux coordonnateurs. L'objectif, il
est clair, c'est donc de se fier sur ces deux types de prestataires de services
pour s'éloigner des garderies privées.
Mais je comprends que je pourrai y
revenir, compte tenu de l'heure, demain.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci infiniment. Donc, je vous remercie pour votre collaboration.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 19 h 15)