(Onze heures dix-huit minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à des
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet
de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des services
de garde éducatifs à l'enfance et de compléter son développement.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Polo
(Laval-des-Rapides) est remplacé par M. Tanguay (LaFontaine);
Mme Perry Mélançon (Gaspé) est remplacée par Mme Hivon (Joliette).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Ce matin, nous entendrons les groupes suivants : l'Association
québécoise des milieux familiaux éducatifs privés et le Vérificateur général du
Québec.
Je souhaite maintenant la bienvenue à
Mme Forget Bélec. Je vous rappelle, Mme Bélec, que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Après quoi, nous procéderons à une période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à vous.
Association québécoise des milieux familiaux éducatifs
privés (AQMFEP)
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, Mme, MM. les députés, bonjour. Je me
présente, mon nom est Sophy Forget Bélec. Je suis la présidente l'Association
québécoise des milieux familiaux éducatifs privés.
Le projet de loi n° 1 vise à améliorer
l'accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à l'enfance et à en
compléter le développement. Depuis la création du ministère de la Famille, en
1997, plusieurs changements ont eu lieu, ce qui, au fil des années, a mené au
réseau que nous connaissons actuellement, ce réseau qui, aujourd'hui, est grand
et complexe.
Le présent projet de loi vise à ce que tous les
enfants du Québec puissent obtenir une place dans un milieu de garde, une belle
avancée lorsque l'on regarde l'état actuel de la pénurie de places. Le projet
de loi n° 1 rappelle amèrement le
projet de loi n° 143. Celui-ci, lors de son dépôt, prenait les mêmes
moyens pour régir les PNR : un bureau coordonnateur. À l'époque,
l'AQMFEP n'existait pas, pas sous la forme d'un organisme national tel que
c'est le cas aujourd'hui. Impossible pour nous, à ce moment, d'estimer si
l'analyse d'impact réglementaire qui avait été déposée le 14 novembre 2017
était réelle.
Dans ce document, nous apprenions que les
chiffres disponibles ne permettaient pas de connaître l'impact réel qu'aurait
cette loi. Les chiffres inscrits dans ce document sont évidemment approximatifs
puisque le ministère, en 2017, n'avait
aucune idée où étaient ces milieux. Dans ce document, nous apprenons, à la
page 14, qu'il y aurait environ
55 000 enfants dans les milieux de garde non reconnus. Il y était
d'ailleurs écrit ceci : 10 % des PNR ne voudront pas devenir
RSG. Nous comprenons donc que 90 % des PNR, en 2017, voudraient d'un
bureau coordonnateur. Le ministère était convaincu, à ce moment, que les autres
allaient rejoindre le réseau des services de garde reconnu et subventionné.
• (11 h 20) •
Mais cette situation ne s'est pas produite. Des
centaines d'éducatrices non reconnues ont fermé leurs portes à cause de la
réglementation qui ne leur permettait plus d'être remplacées ou assistées. Ces
impacts étaient prévisibles, mais surtout incalculables. Nous ne pouvions dire
combien de femmes fermaient leur milieu de garde sans les connaître. Impossible
de savoir où elles étaient et encore moins quelle décision elles prendraient.
Aujourd'hui, l'AQMFEP a réussi à rejoindre des
centaines d'entre elles. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons créé
l'association. Il fallait mettre en place un organisme qui serait en mesure de
connaître les positions de ces femmes et les
faire entendre auprès des ministères du Québec. Lors du dépôt du projet de loi n° 1, nous avons demandé aux femmes de ces
milieux de se prononcer sur leur avenir suite au fait qu'elles devront désormais,
d'ici quatre ans, offrir des services de
garde reconnus par un bureau coordonnateur. Les résultats sont
catastrophiques. 86 % d'entre elles mentionnent qu'elles fermeront leur
milieu dans le cadre du projet de loi n° 1. Nous
pouvons lire que 66 % des PNR
deviendront des RSG suite aux incitatifs financiers annoncés dans les dernières
semaines. Le ministère n'a donc pas compris que, si c'était une question
d'argent, ces femmes seraient reconnues et subventionnées. Avec le contexte actuel de pénurie de places et de fermeture des
milieux familiaux tous confondus, chaque place compte. Nous contribuons
abondamment à l'offre des services de garde au Québec.
Nous sommes d'avis que le ministère assure un
certain contrôle des milieux de garde. Personne ne peut être contre la vertu de
la santé et la sécurité des enfants. Par contre, il est alarmant de savoir que
des centaines de bons milieux fermeront pour un entêtement administratif. Ils
refusent la subordination d'un bureau coordonnateur, mais offrent ce service
essentiel à un grand nombre de familles québécoises tout en respectant la Loi
sur les services de garde. Un simple enjeu administratif mettra des familles
sans ressources, sans soutien, et ce, avant le quatre ans de transition
annoncé. À quoi bon continuer si elles savent que, d'ici quatre ans, elles
devront se réorienter?
Il est grand temps de travailler tous ensemble,
car nous avons le même objectif. Le ministère doit assurer la pérennité de son
réseau en gardant la plus grande majorité des éducatrices en poste. Pour ce
faire, nous recommandons que le ministre implante un permis pour la garde en
milieu familial non subventionné, que ce permis soit émis directement par le
ministère de la Famille aux éducatrices et que celles-ci aient la possibilité
de poursuivre leur travail et ainsi éviter l'hécatombe des fermetures sans en
calculer l'impact. Ce permis permettrait de connaître où sont ces milieux, d'en
connaître les éducatrices et ainsi reconnaître qu'ils existent bel et bien. La
garde dite non reconnue disparaîtrait, et le ministère serait en mesure
d'intervenir auprès d'elles.
Si nous regardons le réseau des services de
garde éducatifs à l'enfance depuis sa création, nous sommes forcés de constater
que l'exode des éducatrices était prévisible. Nous sommes conscients que nous
avons un travail rigoureux à faire, mais il faut faire vite, le temps presse.
Jamais le réseau n'a connu de moments aussi angoissants qu'actuellement. Bien
que le réseau en entier et ceux qui gravitent autour de ce réseau tentent de
sauver les meubles, nous devons nous rendre à l'évidence que le travail
administratif est si lourd pour nos éducatrices que la passion pour la
petite-enfance devient, quant à elle, secondaire. Les charges de travail sont
de plus en plus lourdes, et le statut de travailleur autonome, de moins en
moins présent.
Les allègements réglementaires dans le projet n° 1 ne changent en rien la charge de travail quotidienne
qu'exercent nos éducatrices. Les éducatrices actuellement non reconnues sortent
à 54 % du réseau des services de garde. Ces femmes ont pris la décision de
se tourner vers la garde non reconnue parce qu'elles n'en pouvaient plus
d'exercer pleinement leurs fonctions auprès des enfants. Nous leur avons
demandé clairement les raisons qui mèneront à fermer leurs portes plutôt que de
se tourner vers la garde reconnue par un BC. La lecture des témoignages fut
bouleversante. Plusieurs éducatrices refusent de retourner vers les BC parce
qu'elles ont vécu des événements qui ont mené à des formes d'angoisse au quotidien.
Les BC sont la raison de leur sortie du réseau. Elles se sont tournées vers le
réseau non reconnu pour ne plus vivre avec cette angoisse et l'impression
d'être constamment surveillées par un organisme qui devrait être là pour les
supporter.
Lors du dépôt du projet de loi n° 124, en
2005, les CPE se sont vus privés de leur mandat de coordonnateur de la garde en milieu familial. Nous sommes passés
de 884 CPE à 161 bureaux coordonnateurs. En 2021, nous faisons
la même demande. Si le ministère n'est pas
en mesure d'offrir la reconnaissance par lui-même, qu'il se dote d'un
système autre que les BC pour le faire.
Déjà, à l'époque, l'AEMFQ demandait au gouvernement
du Québec de ne pas passer par un tiers. Les problématiques encourues, encore aujourd'hui,
existaient déjà face à l'ancêtre des BC, des CPE.
Nous n'inventons pas une nouvelle problématique.
Le réseau en milieu familial a toujours eu ce sentiment d'infériorité vis-à-vis
la subordination mise en place par le MFA. Il ne s'agit pas d'un nouvel enjeu.
Nous demandons au ministre la même chose,
que ces femmes travailleuses autonomes conservent leur statut de
travailleuses autonome et que le ministère fasse lui-même son travail de
reconnaissance auprès des milieux familiaux.
Nous croyons pertinent que le gouvernement du
Québec enraie la problématique de la subordination en mandatant un tiers non
titulaire de permis à la vérification des milieux familiaux et que cette entité
soit administrée par le ministère de la Famille. Des coûts seront bien
évidemment à prévoir, mais le coût sur la société et les familles du Québec de
voir disparaître des milliers de places qui gravitent autour de son réseau
seront catastrophiques pour la pérennité du réseau et l'économie.
Nous sommes conscientes que le statu quo est
impossible. Nous sommes d'avis que le ministère a un travail à faire pour
encadrer les milieux de garde du Québec. Des milliers de parents ne peuvent
actuellement retourner travailler faute de place, il serait dramatique que des
milliers d'autres parents s'ajoutent au 37 000 déjà en attente.
Nous saluons que le ministre de la Famille
prenne l'initiative de rapatrier le guichet 0-5 ans vers le gouvernement
et que celui-ci soit géré par les autorités compétentes. Et surtout il faut se
rappeler que le modèle a amené le déclin du réseau actuel et que le conserver
n'est pas un gage pour l'avenir. Travaillons ensemble dans ce dossier et
reprenons les rênes qui ont été délaissées aux BC. Pardon.
Lorsque les parents visitent des milieux
familiaux, ils regardent plusieurs aspects : l'état des lieux, les outils
mis en place, le coût, etc., mais ils choisissent avant tout l'humain derrière
le service, l'éducatrice devant eux. Ils ne demanderont pas si un bureau
coordonnateur a donné une contravention dans les six derniers mois parce
que le parc d'un poupon n'était pas identifié, par exemple.
Nous avons vu, depuis 2017, des parents préférer
choisir des milieux de garde illégaux à défaut de ne pas avoir de service de
garde du tout. Choisir de faire manger son enfant en allant le porter dans un
milieu médiocre ou ne pas pouvoir aller travailler et avoir un enfant qui ne
mange pas? C'est malheureux, mais les milliers de fermetures nous mènent à ce
type de réalité chez les familles québécoises, un grand pas derrière lorsque
l'on regarde les raisons de la création du réseau.
Le présent projet de loi, qui vise d'offrir une
place à tous les tout-petits du Québec, pourrait déclencher l'inverse si nous
ne prenons pas le temps de nous assurer que les femmes non reconnues deviennent
régies par le ministère de la Famille sans bureau coordonnateur,
du moins sans la subordination d'un détenteur de permis. Il s'agit du plus
grand chantier annoncé depuis la création du réseau, et nous croyons fermement
qu'il ne faut pas avoir la prétention de faire plus mais avoir l'idéologie de
faire mieux.
Dans le projet de loi présent, nous voulons
également rappeler et mettre en lumière au ministre que l'article 2 des
lois et services de garde éducatifs sera modifié. Cette modification ne
permettra plus aux éducatrices en milieu familial d'accueillir des enfants
d'âge scolaire. Des centaines de milieux de garde non reconnus offrent ce type
de service les matin, midi et soir, sans compter que les parents choisissent ce
type de milieu pour leurs enfants l'été plutôt
que d'obtenir les services d'un camp de jour. Ces enfants, pour la plupart, ont
fréquenté le même service de garde de leur naissance jusqu'à l'âge de
12 ans. Ces services comblent un besoin que la garde en milieu familial
reconnue actuellement ne peut combler. Des parents du réseau de la santé ayant
des horaires atypiques se tournent également vers ce type de service étant
donné leurs horaires sur rotation. Il s'agit d'un besoin bien particulier que
le réseau ne peut se permettre de perdre.
En conclusion, nous sommes d'avis que le
chantier actuel a raison d'être et que nous devons une fois pour toutes régler
la quiétude sociale de nos éducatrices. Celles-ci sont prêtes à collaborer avec
le ministère de la Famille. Elles sont pour la sécurité des tout petits du Québec.
Elles croient que leur contribution au réseau doit être acceptée. Elles sont
déterminées à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que le ministre
entende leur voix. Reconnues par le MFA, oui, par un bureau coordonnateur, non.
C'est tout.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour
16 min 30 s.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour, Mme Forget Bélec. C'est un plaisir de vous revoir.
On a déjà eu l'occasion de travailler ensemble sur certains éléments et on aura
aussi l'occasion de continuer le travail parce qu'évidemment on souhaite
bénéficier de votre connaissance du terrain, notamment dans tout le travail
qu'on aura à faire, et vous avez d'ailleurs déjà reçu cette invitation à
travailler avec nous pour, notamment, les allègements
réglementaires et aussi dans le cadre du comité de travail qu'on aura avec les
bureaux coordonnateurs, les RSG
aussi, pour arriver vraiment à la meilleure solution possible. Donc, je voulais
saluer votre collaboration là-dessus.
Peut-être quelques points rapidement. Bien,
d'abord, vous l'avez effleuré, je voulais peut-être évacuer un sujet rapidement, le rapatriement de La
Place 0-5, du guichet unique, donc d'inscription des enfants vers le
gouvernement. Vous êtes favorable à ça. Vous êtes d'accord avec cette idée-là.
Mme Forget Bélec (Sophy) : Oui,
exactement, M. le ministre.
M. Lacombe : Pour quelle
raison?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Parce que, présentement, c'est géré par un organisme privé. Donc, le ministre
n'a pas nécessairement accès aux données qui sont présentes sur ce guichet, et,
pour nous, c'est incroyable que le ministère n'est pas en mesure de faire
lui-même son travail.
• (11 h 30) •
M. Lacombe : D'accord. Une
question de principe aussi peut-être, vous... évidemment, vous représentez des personnes, vous parlez au nom de gens qui offrent
de la garde actuellement qui est non reconnue et qui, donc, par
définition, est non subventionnée aussi. On sait que la pression actuellement
pour offrir des places subventionnées elle est très grande. Majoritairement,
c'est ce que les parents souhaitent, une place à 8,50 $. Qu'est-ce qui
pousse vos membres à vouloir tout de même offrir ces places-là, qui sont non
subventionnées, plutôt que de répondre à ce souhait que les parents ont d'avoir
une place à contribution réduite?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Actuellement, je vous dirais que le bureau coordonnateur est vraiment le gros du problème, et ensuite la syndicalisation par
bureau coordonnateur. Lorsqu'il y a subvention, il y a syndicalisation,
et les femmes la refusent d'emblée. Donc, c'est vraiment la plus grosse partie
du problème, et le bureau coordonnateur et la syndicalisation.
M. Lacombe : Puis, sur les bureaux
coordonnateurs, j'aimerais peut-être que vous élaboriez un peu votre position,
parce que je comprends que, dans votre esprit, là, on sent vraiment que vous
n'avez aucun désir, là, de collaborer, je vous le dis bien franchement, là, on
sent très bien ça, que vous n'avez pas envie de collaborer avec les bureaux
coordonnateurs, et on comprend — je vous laisserai peut-être donner plus
de détails — que
vous avez vos raisons. En même temps, ce qu'on propose aussi, c'est de se
donner des outils pour intervenir auprès des bureaux coordonnateurs puis venir
normaliser certaines pratiques, venir en changer certaines, s'assurer qu'il y
ait aussi une certaine forme d'uniformité à travers le réseau, à travers les
161 bureaux coordonnateurs.
Est-ce que, d'abord, vous pourriez nous dire
quels sont les enjeux principaux que vous vivez avec les bureaux coordonnateurs
puis ensuite, en complément, nous dire... Est-ce que ce qu'on propose, donc,
les pouvoirs qu'on se donne auprès des bureaux coordonnateurs, ne vient pas
répondre à ces appréhensions-là que vous avez?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Oui. Les
lois et règlements sont interprétés selon les bureaux coordonnateurs. Donc, vous n'aurez pas la même réglementation à
Montréal qu'à Trois-Rivières. C'est une grande, grande problématique. Hier, j'entendais le
CQCPE qui disait qu'il y avait de la désinformation au sujet de leurs bureaux
coordonnateurs. Écoutez, c'est les femmes qui vivent ces situations-là
qui nous contactent puis qui nous disent : Je veux sortir du réseau. Ces
femmes-là, si on prend l'article de... règlement, assurer la santé et la
sécurité des enfants, c'est interprété à toutes les sauces dans les bureaux
coordonnateurs, que ce soit un pommier qui perd des pommes, où il y a une
contravention, que ce soit...
Il y a des exceptions. C'est certain qu'il y a
des bons bureaux coordonnateurs, je ne le cacherai pas. Par contre, ils ne sont
pas tous uniformes au niveau de la qualité et ils n'ont pas le rôle de soutien
aux RSG. C'est plutôt l'inverse qu'elles se sentent. Donc, ça, c'est vraiment
la plus grosse problématique, M. le ministre, c'est qu'il y a des éducatrices qui se sentent inférieures aux bureaux
coordonnateurs, contrairement à l'inverse, où le bureau coordonnateur
devrait appartenir aux RSG. Donc, ça, c'est vraiment le plus gros du problème.
Nous avons également des bureaux coordonnateurs qui répandent des informations vraiment
différentes d'un endroit à l'autre. J'ai fait le test moi-même et j'ai eu
161 réponses différentes à la même question. Donc, c'est vraiment... Que
le ministre se donne des outils pour pouvoir intervenir, c'est une chose, mais
il faut les mettre en place et les appliquer, et, selon nous, si le ministère
n'a pas la main sur les bureaux coordonnateurs, ça va être impossible à faire.
Donc, tu sais, c'est vraiment la même problématique qu'il y a 25 ans.
M.
Lacombe : Mme la Présidente,
peut-être que je laisserais ma collègue
de Bellechasse poser une question aussi.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Mme la
députée de Bellechasse, à vous la parole.
Mme
Lachance : Merci, Mme la Présidente. D'abord, permettez-moi de vous remercier d'être là,
Mme Sophy Forget Bélec, contente de pouvoir discuter avec vous. Puis je
voudrais un peu reprendre à partir... parce que je sens aussi beaucoup vos
appréhensions face aux bureaux coordonnateurs, et, dans un même esprit, je me
questionne, parce que, bon, là, vous avez
parlé de la disparité entre les bureaux coordonnateurs à votre question
éloquente 161 fois posée, 161 réponses différentes. Mais qu'est-ce
qui pourrait faire en sorte que le ministère, en étant le mandataire, si on
veut, de votre... Si on répondait à votre demande, comment ça pourrait être
différent? Parce que le ministère pourrait aussi occasionner ce genre de
frictions qu'on sent, non?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Je ne
pense pas que...
Mme Lachance : Pourquoi ce serait
différent avec le ministère directement, en passant directement par le
ministère?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Parce que
le ministère aurait des instructions claires envers ses employés, ce qui n'est
pas actuellement le cas sur les bureaux coordonnateurs. On a 161 OSBL qui
gèrent de façon différente leur organisme et qui ensuite découlent vers les
RSG. Le ministère, en étant partie prenante de la réglementation, le fait
appliquer à la lettre. Nous, on le vit déjà en garde non reconnue. Lorsque le
ministère se déplace chez une PNR, elles vivent toutes la même visite. Il n'y a
pas de différence de Montréal à Trois-Rivières, les informations sont les mêmes
et les visites se passent de la même façon.
Mme Lachance : Quand je regarde un
petit peu plus loin dans votre mémoire, à la page 8, vous faites mention
que, si le ministère n'était pas en mesure d'offrir la reconnaissance par
lui-même, qu'il se dote d'un système autre que les bureaux coordonnateurs.
Quand on parle d'un système, on parle de quoi? D'une entité distincte qui
serait autre que les bureaux coordonnateurs. Mais l'enjeu n'est pas le même?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Bien, en
fait, en ayant une entité distincte, le ministère aurait l'emprise sur cette
entité-là, un peu comme les centres de services en éducation. Le centre de
services à Montréal va avoir la même réglementation que le centre de services à
Trois-Rivières. Donc, nous, c'est ce qu'on demande au ministère, c'est
d'avoir... s'il ne veut pas utiliser les bureaux coordonnateurs, qu'on utilise
une entité qui lui appartient et qui gérera ces visites-là.
Mme Lachance : Et, si on voulait
travailler avec les bureaux coordonnateurs, comment ça devrait se faire pour
que ce soit acceptable?
Mme Forget Bélec (Sophy) : C'est une
très bonne question. Les bureaux coordonnateurs actuellement ont mauvaise
presse, et il n'en tient qu'à eux d'avoir eu cette presse-là, parce que les
éducatrices ne sont pas sorties du réseau
pour rien et elles ne se retrouvent pas en garde non reconnue pour rien. Donc,
nous, ce qu'on croit, c'est que... Oui, je parlais dans... j'entendais hier la favorisation... de faire une
belle campagne. C'est le système en entier qui doit être revu. Lorsqu'un bureau coordonnateur arrive chez
une dame et qu'il gère à sa manière parce que, cette journée-là, c'est comme ça que ça se passe, c'est aberrant, et les
éducatrices n'ont aucune confiance aux bureaux coordonnateurs. Donc, c'est
vraiment... Si on utilise les bureaux coordonnateurs, je ne peux pas vous garantir
que les femmes vont se faire reconnaître.
Mme Lachance : Écoutez, j'entends le
ministre, je pense qu'il veut poursuivre. Alors, je lui laisse la parole.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le ministre, à vous la parole.
M. Lacombe : Oui. Je ne sais pas
trop s'il faut s'adresser à vous ou si on peut directement aller dans le sujet.
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien,
en fait, je vais juste vous dire, c'est juste pour la technique, pour les
caméras...
M. Lacombe : Oui, je comprends bien,
je comprends bien.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...pour donner le temps aux techniciens de donner le bon micro et la bonne
caméra pour l'interlocuteur. Ça fait que, donc, voilà.
M. Lacombe : Je me tournerai vers
vous. Aucun, aucun souci, Mme la Présidente. Bien, en...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Une voix : Mais je vous entendais, M.
le ministre.
M. Lacombe : Mais... Oui, mais, en
fait, c'est parce que cette question-là, elle est importante, là, elle est très
importante. Statuons tout de suite sur quelque chose. À mon sens, c'est clair,
et là corrigez-moi, là, parce que, là, on le dit publiquement, mais, à mon
sens, c'est clair que vous êtes en faveur de l'intégration des gens qui offrent
de la garde non reconnue dans le réseau des
services de garde éducatifs à l'enfance. Donc, sur le principe, vous êtes
d'accord.
Mme Forget Bélec (Sophy) : Oui. La recommandation 1,
M. le ministre, vous demande de reconnaître ces femmes-là sans bureau
coordonnateur par le ministère de la Famille.
M. Lacombe : Bien, je suis très,
très, très heureux de vous entendre dire ça, parce que vous faites ma journée,
là. C'est important, ce que vous dites, parce que, bon, vous connaissez mon
avis sur cette question-là, je pense qu'il y a un très, très large consensus au
Québec et je trouve ça... c'est tout à votre honneur, là, que vous ayez aussi cet
intérêt-là de joindre le réseau.
Je comprends par ailleurs que la façon dont on
va le faire, c'est ce qui vous préoccupe, parce que vous ne souhaitez pas avoir
affaire aux bureaux coordonnateurs, étant donné la relation passée qui, selon
ce que vous nous dites, n'a pas toujours été facile. C'est ce que je comprends?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Oui, effectivement,
M. le ministre.
M. Lacombe : En même temps, et c'est
là que je dis que c'est important de se poser la question, la bonne foi se présume.
Et on a une opportunité, en ce moment, de repartir sur de nouvelles bases,
parce que je fais le même constat que vous, dans certains cas il y a des
éléments qui ne fonctionnent pas avec les bureaux coordonnateurs. Et, je le dis en tout respect, ils font au quotidien
un travail qui est très, très exigeant, mais eux-mêmes, je pense,
constatent qu'ils peuvent s'améliorer et ils ont cette volonté-là de
s'améliorer. On travaille avec eux pour y arriver et on va se donner des outils
également pour y arriver. Donc, pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas présumer
de leur bonne foi et se dire que... plutôt que de se doter d'un autre type de services
de garde, de mettre sur pied une autre structure avec des règles différentes,
qu'on puisse utiliser ce véhicule-là, qui sera modifié, qui sera amélioré, les
bureaux coordonnateurs, pour être capable de peut-être moins jouer à la police
avec vous? Eux-mêmes disent : Il faut sortir de ce rôle-là de contrôleurs puis, en l'exerçant toujours, miser
davantage sur l'accompagnement puis la qualité. Est-ce qu'on ne pourrait
pas présumer de leur bonne foi?
Mme Forget Bélec (Sophy) : On
pourrait présumer de leur bonne foi, mais les 16 dernières années ont
enlevé la confiance aux RSG qui ont quitté le réseau, et c'est vraiment là où
je demande au gouvernement et à vous, M. le ministre... C'est que ces femmes-là
ne veulent pas réintégrer le réseau qu'elles ont quitté. Lorsque l'on claque la
porte à un employeur, c'est très, très rare qu'on va y retourner sous prétexte
qu'il a changé d'attitude. On va retourner s'il a changé de vocation, si
l'employeur n'est plus le même. Donc, moi, ce que je vous propose, c'est qu'on
réintègre le réseau, oui, mais d'une façon différente si on ne veut pas perdre
ces milieux de qualité là.
• (11 h 40) •
M. Lacombe : Mais, en
même temps, il y a
des gens qui changent, là, tu sais, il
y a des structures qui
changent, là. Je suis sûr que vous connaissez des couples, hein, qui se sont
séparés, qui sont revenus ensemble. Et ça ne finit pas toujours bien, mais
parfois ça finit bien, là, puis les gens sont capables de se donner une
deuxième chance quand ils ont véritablement changé. Est-ce que... encore une
fois, si on travaille ensemble... Parce que la clé, je pense, elle est là,
c'est le travail de collaboration. Si on travaille ensemble, comme on est en
train de le faire... Parce qu'on a mis en place des comités où vous allez avoir
une place, je me suis assuré de ça, parce que, si on veut régler le problème,
il faut s'assurer que les gens qui ont vécu le problème viennent nous dire
exactement comment on peut y arriver. Mais, si on travaille ensemble à faire
ça, puis à se donner les bons outils, puis à faire les bonnes modifications,
celles qu'on doit faire dans les bureaux coordonnateurs, est-ce qu'on n'est pas
capables d'y arriver? Parce que...
Je vous donne un autre
exemple. Vous dites : Il y en a 161. Il faut absolument que ça soit le
ministère... 161 bureaux coordonnateurs. Donc, il faut que ce soit le
ministère, parce que, là, ce n'est pas appliqué partout pareil. Mais, en même
temps, des installations, par exemple, de garde au Québec, on en a 3 500,
et la loi, elle est appliquée partout pareil, les inspecteurs du ministère...
Tu sais, vous comprenez ce que je veux dire? Ce n'est pas en soi un frein à ce
qu'il puisse y avoir une uniformité, là, le nombre de bureaux coordonnateurs,
tout va dépendre de ce qu'on va leur demander.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Bien, en fait, c'est plutôt là où moi, je suis inquiète. Qu'est-ce que vous
allez leur demander? Parce que, dans le présent projet de loi, tout ce qu'on
voit, c'est des sanctions et des démarches administratives où vous allez avoir
un peu plus de contrôle, mais le conseil d'administration va encore fonctionner
de la même manière. J'ai des femmes qui ont quitté le réseau il y a cinq, six,
10 ans et qui ne veulent pas... elles n'ont pas déménagé et elles ont peur
de retourner dans leur bureau coordonnateur. On parle de femmes qui ont
vraiment des angoisses diagnostiquées par des médecins suite à leur sortie du
réseau. Donc, ces femmes-là, là, pour les convaincre de retourner vers un BC,
là, je ne sais pas quels pieds et les mains vous allez devoir faire. Donc, on
va perdre de la qualité et de l'expertise parce qu'on refuse de retourner vers
ces conseils d'administration là.
M. Lacombe : Mais, si on se
base sur des faits... Là, je comprends qu'il y a quelque chose d'émotif
là-dedans, là, on n'aime pas les bureaux coordonnateurs, on ne veut pas faire
affaire avec eux parce qu'on a de la rancoeur puis de l'amertume, des critiques
à leur égard. C'est un peu ce que je comprends. Là, que ce soit justifié ou
pas, je ne vais pas juger de ça, mais je constate, là, qu'il y a comme ce
sentiment-là. Mais, si on se base sur des faits, je vous avoue que j'ai de la difficulté
à voir comment un inspecteur du ministère de la Famille pourrait être plus
objectif dans son travail, s'il travaille avec une grille objective, qu'une
agente, par exemple, d'un bureau coordonnateur qui travaillerait aussi avec une
grille objective qui serait élaborée, par exemple, en collaboration avec le ministère
qui pourrait — et
je ne dis pas que ce sera le cas, on travaillera ensemble — mais
qui pourrait, par exemple, là, c'est une possibilité, être prescrite par le ministère.
Donc, j'essaie de voir, autrement que la façon
dont on a... les appeler puis autrement de qui est en haut de son chèque de
paie, il reste que... Si c'est la même grille à la fin et si c'est une personne
de la région qui débarque, quelle est la différence?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Le ministère
de la Famille a un droit de regard sur son employé, ce que vous n'avez pas actuellement
envers les employés des bureaux coordonnateurs. Donc, que l'agente pédagogique,
ou l'agente de soutien, ou l'agente de conformité ne fasse pas bien son travail
en ce moment au bureau coordonnateur, M. le ministre, vous n'êtes pas informé
de ça, donc, et c'est vraiment là la différence. Lorsqu'un inspecteur du ministère
de la Famille se déplace chez nos éducatrices, le ministère, s'il a une
plainte, elle est faite directement à celui-ci, tandis que, si j'ai une plainte
au bureau coordonnateur, généralement, les éducatrices ne feront pas de... ne
déposeront pas de plainte contre leur bureau coordonnateur, qui reviendra dans
trois mois, contrairement au vérificateur du ministère de la Famille.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vais céder la parole maintenant à la députée de Bellechasse pour une
minute.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Ce que vous venez de dire me parle beaucoup, dans le sens où vous
identifiez une problématique avec les bureaux coordonnateurs qui est très
éloquente. Néanmoins, quand on vous lit un petit peu plus loin, vous parlez
aussi de la charge quotidienne des éducatrices, et là peut-être qu'il y a un
rôle de collaboration, parce que vous l'avez nommé précédemment dans votre
exposé, que le bureau coordonnateur devrait
être là pour vous soutenir. Est-ce que ça, c'est possible? Est-ce que vous
voyez ça comme une action possible, ce rôle de soutien là, si on parle,
évidemment, avec M. le ministre, d'une organisation qui s'y prête?
Mme Forget Bélec (Sophy) : O.K. Dans
le travail administratif — excusez-moi,
c'est à la page 8 — je
ne parle pas de travail de soutien des bureaux coordonnateurs, je dis que la
charge administrative des règlements et des lois, actuellement, elle est trop
lourde. Je vous ai donné également l'exemple du parc des poupons, avec...
numéroté... En milieu familial, on a la même réglementation qu'en CPE lorsqu'on
est reconnu. Et, bien évidemment, si on n'a qu'un seul poupon, d'écrire son nom
dessus, c'est...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. C'est tout le temps que nous avions, désolée. Nous allons passer
maintenant la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis. La parole est à vous,
madame.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Forget Bélec, un plaisir d'échanger avec
vous aujourd'hui. Combien de membres avez-vous dans l'AQMFEP?
Mme Forget Bélec (Sophy) : 618.
Mme Maccarone : 618. O.K. Je
veux mieux comprendre. Selon vous, parmi, là, vos 618 membres... Parce
qu'on a jasé un peu de l'analyse d'impact réglementaire qui a été déposée, puis
je fais référence à la page, encore, 51. Selon vous, est-ce
que l'estimation est fiable quand on dit qu'il y a 8 687 PNR, et de
ça, avec l'implémentation du projet de loi n° 1, il y aura
2 954 PNR qui vont quitter le réseau? Parce que vous, vous représentez
618 membres, alors c'est peut-être un... même pas 10 %, là.
Mme Forget Bélec (Sophy) : On
ne peut pas... Je ne peux pas vous répondre, parce que le ministère ne...
(Panne de son)
Mme Maccarone : J'ai
l'impression que je ne suis pas chanceuse, Mme la Présidente. Chaque fois que
j'ai des échanges, quelque chose arrive.
Une voix : Parce que vous êtes
électrique, Mme la députée.
Mme Maccarone : Merci. Je
prends le compliment.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 46)
(Reprise à 11 h 57)
La Présidente (Mme D'Amours) :
...travaux. Donc, je vais céder la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je vais juste répéter un peu l'angle dont on discutait avant
la rupture de communication, ce qu'on... Je voulais avoir votre avis en ce qui
concerne les constats de l'analyse d'impact réglementaire, parce que vous
représentez à peu près 8 % des PNR sur le réseau. Alors, ce que je veux
mieux comprendre, c'est, selon vous... À l'intérieur de l'analyse de l'impact réglementaire,
on dit qu'il y a... avoir à peu près un tiers des PNR qui quitteront le réseau,
qui représente quand même 17 000 enfants. Ça fait que vous, vous ne
pouvez pas nous dire si cette estimation est fiable. Mais qu'est-ce que vous
pouvez nous dire puis qu'on peut faire pour
éviter d'aggraver le problème de pénurie de places dans l'effet que l'impact réglementaire, c'est un fait, puis il y aura vraiment un tiers des PNR qui
vont quitter le réseau?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Honnêtement, moi, je ne crois pas au... un tiers seulement. Lorsqu'on sonde à
plus grande échelle chez les membres de l'AQMFEP et qu'on atteint 1 000, 1 500 personnes,
on atteint le chiffre de 85,7 % de fermetures par un bureau coordonnateur
si le projet de loi passe actuellement. Donc, lorsque les femmes sur le terrain
nous... discutent avec nous, elles n'ont vraiment rien contre des lois, des règlements
logiques, là, on sait qu'il y a des allègements
réglementaires qui s'en viennent. De suivre la santé et la
sécurité des enfants, que le ministère se déplace chez elles, ce n'est vraiment pas... le bât qui blesse n'est pas
là. Le bât qui blesse, c'est vraiment la coordination qui... on va utiliser pour
faire ces vérifications-là où le bât blesse. Donc, si on disait demain matin
que le ministère de la Famille ouvre un nouvel outil qu'il gère entièrement
lui-même, probablement que les femmes donneraient bonne foi au ministère et seraient reconnues, peut-être,
subventionnées ou non, là. Donc, nous, c'est vraiment là où le bât
blesse.
En 2017, lors de la réglementation, l'analyse
d'impact réglementaire, on estimait à 90 % de reconnaissance, et, si on
regarde les chiffres, les fermetures en garde reconnue ont découlé, on parle
d'exode vers la garde non reconnue. Donc, on ne peut pas vraiment se fier,
parce qu'on ne connaît pas ces femmes-là. Lorsque je dis qu'on ne les connaît
pas, bien, évidemment, je n'inclus pas les membres de l'AQMFEP parce que nous,
on les connaît, on connaît leurs demandes, on connaît leurs revendications.
• (12 heures) •
Mme
Maccarone : O.K. Je
veux être transparente avec vous, je veux juste vous poser une question
directement. Tu sais, je sais que ce n'est
pas facile. Quand on parle de la réputation, des fois, dans le réseau des PNR,
tu sais, il y a une raison pour laquelle on veut avoir une
réglementation, qu'on veut avoir un suivi, parce qu'on veut s'assurer de la sécurité de nos enfants, on veut avoir un réseau
de qualité. Je pense que c'est le but
de ce projet de loi. Alors, qu'est-ce que vous pouvez nous dire comme
recommandation suite à l'adoption éventuelle, potentielle de ce projet de loi
puis un impact dans le réseau? Qu'est-ce qu'on peut faire pour assurer la
qualité dans les PNR? Parce que c'est ça, le bémol, je pense, à quelque part,
les gens ont des craintes.
J'ai lu votre mémoire, puis, comme... je
comprends ce que vous dites en ce qui concerne : on peut faire une trace
entre les PNR puis Revenu Québec, par exemple, parce que les gens paient des
impôts. Mais on va dire les vraies choses,
ce n'est pas tout le monde, ce n'est pas tout le monde, c'est difficile à
gérer. Alors, selon vous, qu'est-ce qu'on peut faire pour assurer la
qualité dans le réseau? Parce qu'on parle quand même de nos enfants puis on
veut les protéger, puis je pense que, vous aussi, c'est ça que vous voulez
aussi pour votre réseau.
Mme Forget Bélec (Sophy) : Oui, effectivement,
je ne défends pas la garde illégale ou la garde médiocre. Actuellement, j'ai
des éducatrices qui mettent déjà en place un programme éducatif, qui font des
dossiers de l'enfant. Pas parce qu'elles sortent du
réseau de garde reconnu qu'elles ne deviennent pas bonnes. Donc, ces
éducatrices-là ont continué de travailler de la même façon. Donc, ici, c'est
pour éviter un bureau coordonnateur, donc pas que les éducatrices aient une
problématique à faire cette réglementation au niveau de la qualité, également
pour que le ministère soit au courant de la qualité qu'elles offrent et du
programme éducatif qu'elles mettent en place.
Par contre, je comprends que c'est un gros
travail pour le ministère de la Famille, et c'est la raison pour laquelle on
demande une autre entité, parce que c'est impossible pour le ministère d'avoir
des agents pédagogiques pour le territoire au complet qu'est le Québec. Donc,
c'est vraiment une problématique qu'on comprend. Mais, bien évidemment, la
santé, la sécurité et la qualité de nos milieux, pour moi, c'est primordial.
Mme Maccarone : Je vous entends. Je
veux être réaliste aussi, pratico-pratique. Sur le terrain, nous vivons une
pénurie de main-d'oeuvre très importante dans la province, puis, tu sais, dans
le fond, d'avoir des inspecteurs, je pense qu'il faut aussi penser à comment ça
va se réaliser sur le terrain. On peut bien dire qu'on veut avoir tellement
d'inspecteurs, on veut changer le modèle, mais je présume que vous êtes d'avis
qu'il faut trouver quand même un mi-chemin. Là, on parle de peut-être une
transition de 48 mois. Que pensez-vous de cette transition? Est-ce que...
Parce qu'on a entendu des groupes qui ont dit que ce n'est pas assez long, ou
c'est assez long, ou ce n'est pas assez long, ou c'est trop long. Ça va créer quand
même des difficultés dans le réseau. Selon vous, pratico-pratique, sur le
terrain, est-ce que la transition est bonne? Est-ce que le temps pour faire la
transition, ça va fonctionner? Parce que, comme je dis, moi, j'ai quand même
des craintes en ce qui concerne les visites d'inspecteurs. Puis je rajoute à ma
question, Mme Forget Bélec. C'est... Aussi, si, mettons, vous dites...
Bien, regarde... répondre... la question, puis là je vais renchérir sur votre
réponse.
Mme Forget Bélec (Sophy) : O.K.
Donc, je réponds à votre question. Donc, je comprends que ça prend les inspecteurs, là. Je m'excuse, j'ai perdu le fil un
petit peu. Je comprends également qu'on est en pénurie de main-d'oeuvre puis que ça va être difficile à mettre en place, je le comprends
parfaitement. Par
contre, on n'est pas en moyens, au
Québec actuellement, de perdre ces places-là, donc, et c'est vraiment de
trouver un consensus pour qu'on arrive à s'entendre.
Pour ce qui est du quatre ans, donc pour
répondre à votre question pour le quatre ans, je crois pertinemment que les
fermetures ont déjà commencé. Lors du dépôt du projet de loi, les éducatrices
espéraient ne pas avoir de bureaux coordonnateurs, et les... il y a déjà des
milieux de garde qui ont déjà commencé. Je ne crois pas que les femmes attendent
quatre ans. Même si on leur disait : dans 36 mois ou dans deux ans, celles
qui vont avoir à fermer vont fermer leurs portes, et, étant donné la pénurie
actuelle d'emplois... de travailleurs partout au Québec, elles n'auront pas de difficulté
à se réorienter, et c'est bien là la problématique, c'est que c'est les parents
actuels qui vont vivre cette crise-là, et non dans quatre ans, lorsque ce sera
en cours.
Mme Maccarone : Ça fait que... Puis
vous, vous pensez que, selon vos 618 membres, elles seront à l'aise d'être
soumises à des visites du ministère, comme c'est le cas actuellement dans le
milieu des régies accréditées par les bureaux coordinateurs?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Les
éducatrices que je représente ne veulent pas d'un bureau coordonnateur, mais
elles sont prêtes à se... Je n'aime pas le mot «soumettre». Elles sont prêtes à
respecter des règles du ministère de la Famille et à être régies par celui-ci.
Mme Maccarone : O.K. Ça fait que, dans
le fond, on est à l'aise d'être assujetti à des visites d'inspecteurs. Est-ce
que vous êtes aussi à l'aise avec des sanctions pénales? Parce que ça aussi,
c'est une question qui se fait poser. Parce que, dans l'éventualité qu'on ait quand
même des réseaux qui ne respectent pas les critères, qui ne respectent pas les
normes, est-ce que vous êtes aussi à l'aise que ce serait quand même un pouvoir
du ministre de s'assurer de la qualité dans le réseau?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Oui, exactement.
L'article 6.2 des règlements des services de garde éducatifs à l'enfance, les
éducatrices, qu'elles soient PNR ou qu'elles soient reconnues, sont toutes les
deux incluses dans cet article de loi là, donc elles ont déjà des sanctions
possibles. On a vu des cas dans les médias dernièrement où le ministère
n'a pas pu intervenir, et, pour moi, c'est aberrant. Donc, j'espère que le ministère
aura un levier supplémentaire pour pouvoir faire fermer ces milieux-là. Jamais
on n'a été contre les sanctions pour les femmes qui utilisaient la force, ou
peu importe, avec les enfants que... elles ne fassent pas leur travail pour les
bonnes raisons.
Mme
Maccarone : Savez-vous que,
dans... parmi vos membres... Comme j'ai dit, je sais que c'est quand même une petite portion des PNR, mais
avez-vous quand même des statistiques en ce qui concerne le nombre d'enfants
ayant des besoins particuliers ou handicapés qui fréquentent votre réseau?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Non, on
n'a pas de statistiques. Par contre, je peux vous dire qu'on est un petit peu
pris dans la même situation que les installations privées, donc on se tourne
vers les CIUSSS, les CSSS, etc.
Mme Maccarone : Ça fait que
vous, vous aimerez aussi, lors d'une transition dans le réseau, d'avoir accès
aux subventions pour s'assurer que ces enfants peuvent aussi avoir... puis être
des bénéficiaires des services, puis de s'assurer leur potentiel lors de
l'éventuelle transition du réseau de services de garde jusqu'au réseau
scolaire?
Mme Forget Bélec (Sophy) : En fait, nos éducatrices ne veulent pas être
subventionnées, donc j'imagine qu'elles voudraient que ce soient les parents qui aient accès aux ressources
financières pour que leurs enfants aient les services actuels.
Mme Maccarone :
O.K. Parce que j'avoue... Peut-être que vous n'êtes pas au courant, mais
j'avais déposé un mandat d'initiative en ce qui concerne l'exclusion des
enfants ayant des besoins particuliers et handicapés, puis je pense que tout le
réseau devrait mettre la main dans la pâte pour s'assurer la réussite de ces
enfants puis l'inclusion de ces enfants, ça va être très important. Merci
beaucoup pour votre intervention avec nous aujourd'hui.
Mme Forget Bélec
(Sophy) : Merci à vous.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, merci beaucoup. Maintenant, je vais céder la parole
à la députée de Sherbrooke pour 2 min 45 s.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Merci, Mme Forget Bélec, pour votre
présentation. J'ai une question pour vous. J'ai bien entendu qu'il y a une
volonté de ne pas intégrer un bureau coordonnateur, mais j'aimerais comprendre mieux la volonté de ne pas
être subventionné. Parce que vous nous dites dans le fond que vous
voulez un permis du ministère, je comprends bien, mais pourquoi, pas de subventions?
Mme Forget
Bélec (Sophy) : Oui. Par exemple — merci,
Mme la députée de Sherbrooke — si on allait vers un réseau
reconnu d'éducatrices non... avec un permis du ministère de la Famille — on
fait, on met une image — les
éducatrices n'auraient pas accès à la
subvention. Mais, si elles voulaient la subvention, elles ont l'obligation
syndicale, et c'est vraiment là où le bât
blesse avec la subvention, les éducatrices n'en veulent pas, elles ne veulent
pas avoir l'obligation syndicale. Et, si jamais elles ont l'obligation
syndicale, elles veulent décider, choisir avec qui elles peuvent être syndiquées, et c'est vraiment... Là où ça se
corse, c'est que les éducatrices, lorsqu'elles sont avec un bureau
coordonnateur... Le bureau coordonnateur a
voté à plus de 50 %, la majorité, un syndicat : FIPEQ. Les
éducatrices n'auront pas le choix d'être avec la FIPEQ, donc elles
n'auront pas le choix individuel du syndicat qu'elles choisissent lorsqu'elles
sont subventionnées, ça va vraiment par
territoire. Et c'est vraiment la problématique, là, des femmes qui ont été
reconnues subventionnées qui sortent du réseau : on a
les bureaux coordonnateurs et la syndicalisation qui vient avec la subvention.
Mme Labrie :
Donc, l'irritant, ce n'est pas nécessairement d'avoir un revenu qui va être
balisé avec les modalités de la subvention, c'est vraiment l'obligation
syndicale, l'irritant?
Mme Forget
Bélec (Sophy) : Oui, exactement. Certaines femmes préfèrent choisir
leur salaire, mais ce n'est pas vraiment l'entièreté, c'est vraiment
l'obligation syndicale qui vient avec.
Mme Labrie :
Est-ce que vous pensez qu'il y a une façon de contourner cet enjeu-là pour
s'assurer que les milieux qui sont reconnus
soient subventionnés? Parce que c'est quand
même ça, le besoin qui est exprimé
par les parents.
Mme Forget Bélec
(Sophy) : J'ai fait la demande au ministre dans les trois dernières
années de défaire cette loi-là, qui a passé devant un juge, et d'offrir la
syndicalisation obligatoire ou non, donc que les femmes soient syndiquées si
elles le veulent ou pas, malgré la subvention.
Mme Labrie :
O.K. Donc, c'est la seule piste de solution que vous voyez là-dessus? O.K. Puis
est-ce que, si on incluait dans le projet de loi des modalités pour rendre
publics, par exemple, les résultats des évaluations de qualité, les rendre
accessibles aux parents, est-ce que vous auriez de l'ouverture à ça?
Mme Forget Bélec
(Sophy) : En 2017, on proposait que les parents évaluent leur service
de garde et l'envoient au ministère, donc on ne peut pas être contre ça.
Mme Labrie :
Parfait. Je vous remercie.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup.
Mme Forget Bélec
(Sophy) : Merci à vous.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Donc, je vous remercie pour votre contribution,
Mme Forget Bélec, et nous suspendons nos travaux quelques instants pour
accueillir nos prochains témoins.
(Suspension de la séance à
12 h 10)
(Reprise à 12 h 14)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue au Vérificateur
général du Québec, Mme Christine Roy, Janique Lambert, Émilie Peter. Donc,
chères invitées, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après
quoi nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre exposé.
La parole est à vous.
Vérificateur général
Mme Roy (Christine) : Merci.
Mme la Présidente, Mme la vice-présidente, M. le ministre de la
Famille, Mmes et MM. les membres de la commission, en tant que
sous-vérificatrice générale, je vous remercie d'offrir au Vérificateur général
du Québec la chance d'exprimer ses commentaires et de répondre à vos questions
sur le projet de loi n° 1. Pour l'occasion, Mme Janique Lambert,
Commissaire au développement durable, et Mme Émilie Peter, conseillère en
pratiques d'audit de performance, m'accompagnent. Nos commentaires sont basés
sur les travaux que nous avons effectués dans le passé, notamment sur notre
rapport sur l'accessibilité aux services de garde éducatifs à l'enfance déposé
en 2020.
D'entrée de jeu, nous constatons que le projet
de loi comporte des propositions importantes qui visent à répondre à des
recommandations que nous avons formulées dans ce rapport. Toutefois, nous
désirons attirer votre attention sur certains aspects qui comportent des
risques quant à l'atteinte des grands objectifs de la loi au chapitre de la
qualité des services de garde, de l'égalité des chances des enfants et d'une offre
de services qui tienne compte des besoins des parents. J'ai regroupé ces
aspects en trois volets.
Au chapitre de l'accessibilité, notre rapport
faisait état de nombreuses lacunes en lien avec l'encadrement des services de
garde. Or, bien que nous tenions à souligner que cet encadrement ne doit pas
surcharger démesurément les services de garde ou les activités du ministère, il
doit toutefois permettre de résoudre les problématiques que nous avons constatées, soit notamment la
sous-représentativité des enfants issus de familles à faible revenu dans les
centres de la petite enfance de Laval et de
Montréal, les taux de placement plus faibles des enfants ayant des besoins
particuliers ou dont les parents souhaitent
un horaire de garde atypique, le cumul des critères d'admission pouvant réduire
l'accessibilité à certains services de garde
et l'absence d'encadrement des politiques d'admission des services de garde par
le ministère.
Le projet de loi prévoit notamment que les
conditions et les modalités entourant l'inscription d'un enfant au guichet
unique, l'appariement d'un enfant avec un prestataire de services de garde
ainsi que les critères et les priorités d'admission des enfants seront fixés
par règlement. Il prévoit également que la politique d'admission de certains services
de garde devra répondre à des exigences réglementaires. Ces dispositions, dans
la mesure où elles seront mises en place adéquatement, représentent une grande
avancée. Toutefois, le contenu du ou des règlements qui définira les exigences
sera déterminant pour assurer l'égalité des chances des enfants d'accéder à des
services qui répondent à leurs besoins et à ceux de leurs parents. Or, ce
contenu n'est pas soumis à la présente consultation, par conséquent nous ne
pouvons pas valider si ces modalités permettront d'atteindre l'objectif
souhaité.
Voici également six éléments qui pourraient
nuire à l'atteinte des objectifs de la loi.
Premièrement, le nouvel encadrement visant
l'utilisation du guichet unique est tributaire de l'obligation légale par les prestataires des services de garde
qui y sont soumis de combler toutes leurs places par le biais de ce
guichet. Or, lors de notre dernier audit, nous avons relevé qu'entre septembre
2018 et novembre 2019 environ 30 000 enfants avaient obtenu une place
sans être inscrits au guichet. Comme nous le recommandions dans notre rapport,
il sera donc important que le ministère s'assure que les services de garde
recourent exclusivement aux inscriptions portées au guichet unique pour combler
leurs places.
Deuxièment, un prestataire de services de garde
qui sera soumis par règlement à des critères et à des priorités d'admission
spécifiques pourra, s'il le désire, refuser d'accueillir un enfant qui lui est
référé, et ce, aux seules conditions d'en
aviser l'administrateur du guichet et de son parent et d'indiquer par écrit aux
parents les motifs justifiant son refus. Tout en ne voulant pas alourdir
excessivement les processus, nous croyons que ce droit de refus comporte tout
de même le risque de contrecarrer les autres dispositions visant à encadrer
l'attribution des places disponibles.
Troisièmement, puisque les politiques
d'admission des services de garde devront conditionner l'appariement des
enfants avec ces services, il sera nécessaire de s'assurer que ces politiques
seront conformes aux exigences qui seront fixées par règlement pour les milieux
qui y sont assujettis.
Quatrièmement, nous avions soulevé dans notre
rapport que le ministère n'obtenait aucune information sur les expulsions
d'enfants et n'exerçait aucun contrôle à cet égard, sauf sur la base de
plaintes. Dans un contexte où le ministère encadrera la priorisation des
enfants pour l'accès à certains milieux de garde, nous croyons qu'il sera plus
que jamais nécessaire qu'il soit informé des expulsions afin de s'assurer que
ce mécanisme n'est pas utilisé de manière abusive.
Cinquièmement,
selon le projet de loi, les enfants qui vivent dans des contextes de précarité
socioéconomique seront priorisés dans les politiques d'admission de certains
prestataires de garde. Or, il sera non seulement nécessaire d'obtenir
l'information permettant d'identifier les enfants qui vivent dans de tels
contextes, mais il faudra également s'assurer que cette information est fiable,
par souci d'équité.
Sixièmement,
il n'y a aucune mention dans le projet de loi des autres enfants vulnérables,
notamment ceux ayant des besoins particuliers. D'autres mesures ou
dispositions seront donc nécessaires afin d'obtenir une meilleure représentation de ces enfants dans les services de
garde reconnus. De plus, il y a actuellement des protocoles d'entente
entre le réseau de la santé et certains
services de garde afin de faciliter l'accès à des enfants vulnérables, par
exemple ceux qui présentent un handicap ou qui sont exposés à une
situation de violence. Nous nous questionnons sur le mécanisme qui permettra
d'assurer une place à ces enfants lors de l'élaboration des nouvelles modalités
réglementaires.
En ce qui concerne la création de places, nos
travaux d'audit nous ont amenés à constater des retards importants dans la
création de places en service de garde ainsi que des lacunes dans les données
utilisées par le ministère pour déterminer les besoins
des familles. Certains articles du projet de loi visent, selon le ministère, à
accélérer la création de places. Nous ne pouvons qu'accueillir favorablement
cette volonté d'efficience. Cependant, en
l'absence notamment du rôle systématique des comités consultatifs pour l'octroi
des places, il sera plus que jamais nécessaire que le choix des projets
soit effectué sur la base d'une analyse rigoureuse et de critères objectifs. Il
faut éviter que le processus d'attribution des places fasse en sorte que des
projets dont la qualité est jugée insatisfaisante soient retenus, comme nous
l'avons constaté lors d'un audit réalisé en 2011.
• (12 h 20) •
L'analyse des besoins devra être tout aussi
rigoureuse. Il faut s'assurer, comme nous le recommandions dans notre dernier
rapport, que la stratégie de déploiement du réseau sera revue afin de permettre
à l'offre de services de répondre aux besoins des familles dans toutes les
régions. Ainsi, au-delà du projet de loi, la façon dont la loi et ses
règlements seront appliqués sera tout aussi importante.
Par ailleurs, le droit des enfants de choisir le
prestataire de services de garde, actuellement mentionné à l'article 1 de
la loi, n'apparaît plus dans le projet de loi. Or, nous avons constaté, lors de
notre audit, que les parents de
9 000 enfants qui fréquentaient un service de garde non subventionné
étaient en attente d'une place subventionnée. Je m'interroge donc sur
l'impact de cette modification quant à la possibilité pour un enfant de
fréquenter un service de garde tout en restant sur la liste d'attente du
guichet afin d'accéder éventuellement à un service qui répondrait davantage à
ses besoins ou à ceux de ses parents.
Finalement, la qualité des services se trouve au
coeur même de la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance. Je vais
donc également m'attarder sur quatre éléments relevés à ce sujet.
Premièrement, les nouvelles dispositions qui
limitent la prestation de services de garde dans les milieux familiaux non
reconnus pourraient faire en sorte qu'une grande partie d'entre eux intègrent
le réseau des services de garde reconnus. Il s'agit d'un pas vers un accès à
des services plus encadrés. Toutefois, pour que la mesure soit efficace, elle devra aller de pair avec une
surveillance adéquate et régulière de ces milieux par les bureaux
coordinateurs. Or, cette surveillance, la création
de nouvelles places ainsi que la mise en place d'installations temporaires
pourraient poser des défis de main-d'oeuvre en accentuant le niveau de
surveillance requis dans l'ensemble du réseau.
Deuxièmement, l'uniformisation des pratiques des
bureaux coordonnateurs répond à un constat que nous avons formulé en 2011 afin
de s'assurer de l'amélioration de leurs pratiques. Il faudra toutefois que les
instructions qui leur seront fournies permettent d'atteindre l'objectif.
Troisièmement, je m'interroge sur la proposition
de retirer les articles 6.1 et 6.2 de la loi actuelle, qui énoncent les
conditions de base à respecter pour les milieux non reconnus qui, sous
certaines conditions, pourront continuer d'exister, comme l'obligation d'aviser
les parents que le service n'est pas assujetti à la surveillance d'un bureau
coordonnateur, celle de détenir un certificat de secourisme et une attestation
d'absence d'empêchement ou encore l'interdiction d'appliquer des mesures
dégradantes ou abusives.
Enfin, quatrièmement, au-delà de ce projet de
loi, un enjeu demeure, l'embauche d'éducatrices et d'éducateurs qualifiés en
nombre suffisant pour pouvoir suffire à la demande. Dans notre rapport, nous
avons soulevé le fait que l'exigence réglementaire quant au ratio de personnes
qualifiées n'était pas toujours respectée, particulièrement dans les garderies
non subventionnées. Pourtant, selon le ministère, l'un des facteurs qui
contribuent à assurer la qualité des services est l'embauche de personnel
qualifié. Il sera donc important que la réglementation concernant les
modifications proposées au sujet de la qualification des personnes travaillant
dans le réseau soit élaborée sur la base d'une analyse rigoureuse permettant le
maintien de cette qualité.
En
conclusion, nous accueillons favorablement la volonté du gouvernement de
répondre aux recommandations que nous avons formulées en 2020 avec ce
projet de loi. Toutefois, de nombreuses modalités doivent être fixées par
règlement. Ainsi, nous invitons le gouvernement à faire preuve de la plus
grande prudence lorsque viendra le temps d'élaborer ses règlements pour
s'assurer d'atteindre les objectifs de la loi sur les services éducatifs à
l'enfance tout en permettant que la nouvelle réglementation soit mise en place
dans un délai raisonnable. Il sera également tout aussi essentiel de veiller à
ce que les processus et les contrôles pour assurer une application adéquate de
la loi et de ses règlements soient mis en place et exercés en temps opportun,
et ce, sans alourdir indûment les processus. Je vous remercie de votre
attention, et c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour à vous trois. C'est un plaisir de pouvoir échanger avec
vous, d'autant plus que vos remarques, bien sûr, et tout le travail que vous
avez fait dans les dernières années ont été précieux dans l'élaboration de tout
ce qu'on a mis sur pied, puis vous pouvez être certaines, toutes les trois et l'ensemble,
là, de l'équipe de la Protectrice du citoyen, que, pour nous, c'était... en
fait, le Vérificateur général, pardon, que, pour nous, c'était vraiment une
priorité de venir régler certains des éléments, là, ou, en fait, la plupart des
éléments que vous avez montrés du doigt.
Peut-être d'abord je
commencerais par vous parler du processus, parce que c'est clair qu'actuellement
le processus, il est lourd. Vous avez vu notre volonté de se détacher des
comités consultatifs sur l'offre, les CCO sur le terrain, qui, bien honnêtement,
venaient de façon importante alourdir le processus. On se rappelle que ces
comités-là ont été mis en place à la suite de pratiques, là, qui, évidemment,
étaient illégales à l'époque, donc pour qu'il y ait un bras de distance, là, entre le politique et l'attribution des places. Est-ce que...
Et d'ailleurs, là, le rapport, effectivement, de l'automne 2011 auquel vous avez fait
référence est assez éloquent à ce sujet-là. Vous disiez : «Le processus d'attribution des 18 000 nouvelles
places à contribution réduite instauré par le ministère en 2008 n'a pas permis
d'accorder des places à des projets de qualité comme il l'a défini.» Un
peu plus loin, vous disiez : «Une grande place a donc été laissée à la
subjectivité», et, honnêtement, le pourcentage, là, des projets qui passaient
le test était assez alarmant, là. Donc, vous avez bien établi ça avec beaucoup
de justesse.
Mais la question que
je me pose... Évidemment, les temps ont changé, là, on n'est plus à cette
époque-là, on a le désir d'aller plus rapidement pour bien servir les parents
et les tout-petits. Je comprends votre préoccupation à l'effet que les critères
sur lesquels on doit se baser doivent être clairs, doivent être précis, doivent
être transparents. Mais, au-delà de dire ça, est-ce que vous avez peut-être des
éléments plus précis à nous identifier sur lesquels on devrait vraiment se
baser? Parce que ce qu'on veut, c'est que ça se fasse de la façon la plus
transparente possible, qu'il n'y ait pas d'ingérence politique indue, mais, en
même temps, on veut que le ministère de la Famille fasse le travail qu'il doit
faire, qu'il est capable de faire sans avoir recours, là, à des comités
consultatifs sur le terrain qui viennent alourdir souvent le processus. Donc,
est-ce que vous avez des points plus précis que vous aimeriez nous souligner
sur lesquels on doit être vigilants?
Mme Roy (Christine) :
Bien, en fait, ce qu'on se rend compte, même...
M. Lacombe :
On vous entend bien.
Mme Roy
(Christine) : Vous m'entendez bien? O.K., c'est bien. En fait, là, ce
qu'on se rend compte même aujourd'hui, parfois, c'est que, des fois, les
critères, quand ils sont élaborés dans une grille, ne sont pas suffisamment
détaillés, peuvent être flous. Donc, on peut se rendre compte que deux équipes
qui vont examiner un paquet de dossiers, comme on dit, bien, ne feront peut-être
pas la même recommandation que l'équipe d'à côté qui aurait eu des dossiers
semblables. Donc, il faut que les grilles soient suffisamment précises pour
assurer, dans le fond, une évaluation objective qui soit la même, dans le fond,
que ce soit une personne qui la fasse ou la personne d'à côté.
Deuxièmement, ce
qu'on constate encore aujourd'hui souvent dans des dossiers, c'est que la
décision d'octroyer soit une subvention, par exemple... On vient de déposer un
rapport ce matin, d'ailleurs. Dans le fond, mettons
que c'est un octroi de subvention, bien, est-ce
que c'est le meilleur projet à
prioriser? Souvent, la documentation dans les dossiers, quand on vient
faire nos audits, n'est pas suffisante, n'est pas là pour nous permettre de
conclure que, oui, en fait, le ministère en question a pris la bonne décision.
Ça fait que ce que je
vous dirais, c'est vraiment de vous assurer d'avoir des grilles qui sont
claires, qui ne sont pas sujettes à interprétation, de faire de la formation pour que tout
le monde comprenne les grilles
adéquatement. Premièrement, il faut s'assurer d'avoir les bons critères dans
les grilles aussi pour atteindre l'objectif, qu'est-ce qu'il est important
d'avoir pour s'assurer que le projet soit de qualité, mais aussi de bien
documenter tout ça, d'avoir les pièces qui permettent de répondre à ça si on
vient vérifier les dossiers puis qu'on dit : Bien, pourquoi ce projet-là a
été choisi plutôt qu'un autre? Donc, c'est ce que je vous dirais.
M.
Lacombe : Lorsque... Bien,
c'est intéressant. Lorsque les
projets... Lorsque la recommandation, favorable ou défavorable, au sujet
des projets qui étaient soumis venait du terrain... C'est encore le cas, là. La
loi... Le projet de loi, il n'est pas adopté, mais, étant donné que ça vient du
terrain, il y a, dans les comités consultatifs, des gens qui représentent les services de garde. Donc, il y a
des intérêts qui sont là, qui sont des intérêts corporatifs, là, c'est-à-dire,
il y a des représentants des CPE, des garderies privées, et ce qu'on nous dit
parfois, c'est que, bon, il peut y avoir du corporatisme et que ça peut, dans
certains cas, nuire au processus.
Est-ce que vous
pensez que, dans un nouveau modèle où c'est le ministère qui fait l'évaluation
des projets uniquement, il faudrait se distancer de cette pratique-là ou, au
contraire, selon vous, il faudrait peut-être avoir quand même des gens qui représentent les services de
garde? Parce que je vous avoue bien franchement, à mon sens, j'y vois
d'une certaine façon un conflit d'intérêts. Mais je me demandais quel était
votre avis là-dessus.
• (12 h 30) •
Mme Roy
(Christine) : En fait, on ne l'a pas regardé sous cet angle-là parce
que d'avoir l'opinion des milieux, ça peut effectivement avoir un certain angle
sur cet aspect-là, mais ça peut aussi permettre de bien comprendre les besoins. Ça fait que ça vous appartient, ce choix-là.
Nous, tout ce qu'on veut dire, c'est : Il faut qu'il y ait à tout
le moins un mécanisme pour encadrer le choix des projets. Donc, si ces choix-là
sont faits par le ministère, bien, le ministère va devoir se mettre en place un
mécanisme sérieux pour montrer pourquoi il a choisi un projet plutôt qu'un
autre. Et c'est ça, vraiment, qui est important pour nous, de s'assurer que,
dans le fond, les meilleurs projets sont vraiment, réellement choisis puis que
ça suit un processus rigoureux. Et actuellement ce qu'on voit, c'est que ce
processus-là repose actuellement sur une analyse d'une équipe, elle ne repose
pas sur la perception d'une seule personne, là, il y a plus qu'une personne,
et, bon, ils regardent les projets, ils font des recommandations.
Donc... Et, si, là,
la recommandation n'est pas reconnue, bien, on s'attend aussi à ce qu'il y ait
une justification qui soit mise au dossier pour justifier ces choix-là. Mais...
M. Lacombe : Je comprends bien, d'accord. Je vais laisser... Est-ce que
vous vouliez compléter ou vous êtes correcte?
Mme Roy
(Christine) : Non, ça va.
M. Lacombe : O.K., super. Je vais
laisser ma collègue vous poser une question puis je vais revenir après, s'il
nous reste du temps.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M.
le ministre. Je cède maintenant
la parole à la députée de Bellechasse.
Mme
Lachance : Merci, Mme la Présidente. Merci, M. le ministre. Bonjour,
mesdames, merci d'être là. Je voudrais revenir un petit peu dans votre mémoire
ou, en fait, dans ce que vous avez mentionné au volet 3, la qualité des
services. Vous mentionnez qu'une des dispositions... vous êtes favorables à une
disposition, celle qui permet d'intégrer... celle qui permet aux services en
milieux familiaux non reconnus d'intégrer le réseau des services de garde
reconnus. Je veux vous entendre sur ce sujet-là et je veux aussi aller un petit
peu plus loin, parce que vous dites : «Toutefois, pour que la mesure soit
efficace, elle devra aller de pair avec une surveillance adéquate et régulière
de ces milieux par les bureaux coordonnateurs.» Donc, je sais que vous êtes...
vous avez déjà bien étudié la question et j'aimerais vous entendre sur ce
point-là, s'il vous plaît.
Mme Roy
(Christine) : Bien, dans le fond, notre propos vient du fait que la
loi veut assurer une qualité de services, un encadrement en termes de sécurité,
en termes de développement de l'enfant. Donc, nous, on voit quand même d'un bon
oeil que des milieux qui sont non reconnus, donc moins assujettis à certaines
réglementations venant de la loi, puissent intégrer le réseau de milieux
familiaux reconnus. Donc, dans ce contexte-là, c'est pour ça qu'on dit qu'on
est favorables à ce qu'il y ait un meilleur encadrement pour les enfants.
Par contre, ces
personnes-là, dans le fond, vont devoir, hein, changer un peu leurs façons de
faire ou se soumettre à une réglementation pour laquelle elles n'étaient pas
habituées. Donc, je m'attends quand même à ce que les bureaux coordonnateurs
aient un rôle de surveiller si ça se passe bien puis, à la limite, si les gens
ont besoin d'accompagnement, qu'un
accompagnement soit offert à ces milieux-là pour faire la transition et arriver
au but escompté, là, à la fin, le but qu'on recherche, là, d'avoir un
meilleur encadrement de ces milieux-là au bénéfice de l'enfant.
Mme
Lachance : Donc, vous voyez le rôle du bureau coordonnateur
favorablement, mais, qui plus est, vous pensez que le bureau coordonnateur
pourrait aussi avoir un rôle de soutien ou devrait?
Mme Roy
(Christine) : Bien, je ne sais pas si c'est le bureau coordonnateur
qui doit faire le soutien ou c'est d'autres ressources qui devront mettre...
être mises en place. Ça fait qu'ici on parlait vraiment d'un rôle de
surveillance. Mais probablement que, lorsqu'il va faire son rôle de
surveillance, il peut détecter que le milieu a besoin de soutien, et là ça... il faudra voir quel acteur est le mieux
placé pour offrir ce soutien-là, mais c'est possible que certaines
personnes aient besoin de soutien pour être... y arriver, dans le fond, là.
Donc, je n'ai pas d'exemple précis à vous donner ce matin, mais je peux
présumer que c'est quand même un changement important pour ces milieux-là.
Mme
Lachance : Avez-vous... Voulez-vous reprendre la parole, M. le
ministre?
M. Lacombe :
Bien, après vous.
Mme
Lachance : Bien, je la reprendrai peut-être. Je vois que vous avez...
M. Lacombe :
O.K. Bien, est-ce que...
Mme
Lachance : Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je vais maintenant céder la parole au ministre.
M. Lacombe :
J'aimerais rapidement... Parce que ça me préoccupe quand même, là. Vous nous
dites, dans ce que vous nous avez présenté, que vous vous interrogez sur la
proposition de retirer les articles 6.1 et 6.2 de la loi actuelle. Donc, on comprend que c'est les
conditions de base qui étaient... qui étaient donc... voyons, le mot
m'échappe, là, mais qui étaient demandées, là, qui étaient... auxquelles
devaient se soumettre —
bon, disons ça comme ça —
les personnes qui offrent de la garde non
reconnue. Mais, du moment où on leur dit que, sur une période de quatre
années, elles doivent intégrer le réseau, ce type de garde là n'existera plus.
Mais vous dites : On devrait quand même garder ça pour les exceptions qui
vont demeurer, parce qu'on va quand même tolérer certains cas d'exception. Je
vous avoue que je suis un peu étonné, préoccupé, puis j'aimerais peut-être voir
le fond de votre pensée là-dessus, parce que
l'intention derrière ce qu'on propose, c'est de permettre, par exemple, à notre
voisine de garder nos deux enfants. Par exemple, si, je ne sais pas, une journée, le service de garde est fermé,
par exemple en milieu familial et que, bon, nous, on ne peut pas prendre
congé, on envoie les deux enfants se faire garder pour la journée chez la
voisine, il y a un échange d'argent, il y a une rémunération. Évidemment, on ne
veut pas que cette personne-là soit tenue d'avoir un certificat de secourisme,
une absence d'empêchement, etc., on souhaite s'en remettre, là, au bon jugement
des parents qui vont décider s'ils confient
leurs enfants pour la journée à la voisine. En même temps, on ne souhaite pas
que ça produise un modèle où c'est un
emploi, là, où la personne reçoit des enfants de familles différentes chaque
jour et qu'elle vit de ça.
Donc, on a été assez
prudents dans la façon dont on a présenté ça. Le fond de votre pensée
là-dessus? Est-ce que c'est peut-être une erreur, là, d'interprétation, on
s'est mal compris, ou vous souhaitez vraiment garder ça, même pour la voisine?
Mme Roy (Christine) : Bien,
premièrement, c'était une protection en attendant que les services non reconnus soient complètement intégrés. La deuxième
chose, c'est qu'il y a quand même la permission pour deux enfants. Donc, on pourrait confier les enfants, par exemple deux enfants
d'une même famille, à un service de garde qui a déjà ses propres enfants aussi
à s'occuper, puis qui n'en veut pas plus que ça, et qu'on ne connaît pas du
tout en contexte de pénurie. Donc, on disait... C'était plus un questionnement
qu'on avait à se dire : Est-ce que ça vaut vraiment la peine d'enlever ces
articles-là, qui sont quand même des éléments assez de base, là, étant donné...
Premièrement, juste d'aviser les parents que ce n'est pas assujetti à la
surveillance d'un bureau coordonnateur, parce que... Est-ce que c'est tout le
monde dans la population qui est bien informé de tout ça?
Donc, c'est dans ce contexte-là qu'on se
demandait : Bien, est-ce que vraiment toutes les exceptions... Parce qu'on
comprend qu'ici on ne vise pas des cas ad hoc où on a besoin que quelqu'un nous
dépanne, mais des cas où on envoie vraiment
certains enfants dans des milieux de garde. Est-ce que ce n'est pas pertinent
de garder ces éléments-là? Donc,
c'est vraiment un questionnement qu'on soulevait, à savoir la raison, dans le
fond, du retrait de ces deux articles-là.
M. Lacombe : Je comprends. Bon, on
tiendra compte de vos commentaires. Mais, je vous rassure, là, l'idée, c'est
simplement de se garder une porte de sortie pour ne pas non plus venir, là,
faire de la microgestion dans le quotidien des parents, leur laisser quand même
une certaine porte de sortie avec de la flexibilité, mais tout en contrôlant la
qualité. Donc, je comprends votre préoccupation, puis on en tiendra compte.
Est-ce qu'il nous reste du temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Trois minutes.
M. Lacombe : Trois minutes. Je
pense que la députée de Bellechasse voulait intervenir.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Bellechasse.
Mme
Lachance : Merci, Mme la Présidente. Dans un autre ordre d'idées, je
vous ai lues, et vous mentionnez, en ce
qui a trait à la liste d'attente, que c'est important que la liste d'attente
fasse foi du rang des enfants pour avoir accès au service de garde, mais
vous émettez aussi un questionnement quant à la possibilité d'un enfant de
demeurer sur la liste d'attente. Pouvez-vous développer puis m'expliquer un
petit peu en quoi... comment vous voyez ça, comment ça peut s'articuler, selon
vous?
Mme Roy (Christine) : Bien, en fait,
c'est... ce que vous me parlez, dans le fond, c'est qu'on a vu qu'à
l'article 1... que le droit de choisir des parents était enlevé. Donc, ça
nous a questionnées à savoir : Est-ce que ça veut dire que, dans le fond,
ce choix-là n'est plus possible? Parce qu'on retrouve un article, un peu plus
loin, qui dit que le parent peut refuser une place, mais on n'a pas retrouvé
d'article qui pouvait mentionner que le parent peut choisir. Et, nous, ce qu'on
a vu lors de notre audit, c'est qu'il y avait quand même plusieurs parents qui
souhaitaient, malgré qu'ils avaient déjà un milieu de garde, pouvoir changer de
milieu, si c'était possible, souvent pour des milieux subventionnés, parce que,
pour certains, ça fait quand même une différence financière dans leur
quotidien, et on voyait aussi, là, qu'il y avait des enfants qui étaient...
dont les parents étaient sur l'aide sociale, et qui étaient dans les milieux
non subventionnés, puis qui, à ce moment-là, n'étaient pas en mesure d'avoir
l'aide du ministère, qui, elle, est octroyée seulement quand le milieu est
subventionné. Donc, ce qu'on voyait, c'est qu'il y avait certains besoins à
avoir... des parents à avoir le choix de demeurer sur le guichet, et on avait
l'impression, là, de... que peut-être, là, ce retrait-là pouvait rétrécir ce
pouvoir-là pour les parents.
Mme Lachance : Je... Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, merci. M. le ministre.
M. Lacombe : Il me reste quelques
secondes, j'imagine.
La Présidente (Mme D'Amours) :
54 secondes.
M. Lacombe : C'est ça. Bien, peut-être
juste parce que la précision, elle est importante, et je l'ai faite aussi à un
autre groupe, loin de nous, très, très loin de nous l'idée de vouloir puis
d'avoir l'intention de venir retirer ce choix-là des parents, ce droit-là de
choisir. Je vous dirais que c'est peut-être une erreur d'interprétation. Je
l'ai dit à un autre groupe, là, si on doit faire un amendement pour que ce soit
plus clair, on le fera. Mais l'idée derrière ça, c'était de le retirer, effectivement,
de l'article 1, parce qu'évidemment, bon, on s'est penchés sur la loi puis
sur la logique aussi qui découle de tout ça, et, à notre sens, c'était peut-être
plus logique d'amener ce droit-là puis de le détailler peut-être plus
précisément à 59.4, 59.11.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
M. Lacombe : Donc, on est bien
conscients de ça. Mais ce n'est pas l'intention.
• (12 h 40) •
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Un plaisir d'échanger
avec vous, mesdames, aujourd'hui, surtout que j'ai pu assister à votre
intervention aux commissions de la CAP en septembre. Alors, je suis bien
contente de lire vos notes puis vos recommandations.
Et j'ai été aussi
contente d'entendre l'échange que vous avez eu avec le ministre en ce qui
concerne l'octroi des projets, de prioriser des bons projets, et de vous
entendre dire aussi que, quand même, c'est quelque chose qui perdure, parce que
je sais que, depuis les trois dernières années, c'est quand même 32 % des
projets qui ont été octroyés par le gouvernement caquiste qui ont été évalués à
«moyen», «faible», et même certains n'avaient aucune évaluation. J'ai quand
même une grille que les gens peuvent trouver sur le site Web du ministère,
plusieurs projets qui sont évalués «faible», «faible», «faible». Si vous
voulez, Mme la Présidente, on peut même déposer le document. Mais il
y en a vraiment plusieurs qui ont une identification de «faible», «moyen» ou,
comme j'ai dit, pas évalués. Alors, vous avez parlé de... Ça va être
important, parce qu'on voit que, comme je dis, dernièrement, c'est quand même
un problème à régler. Puis on parle aussi de 9 000 places, hein, ça
fait que c'est quand même très important.
Vous parlez d'une
grille qui ne devrait pas être sujette à l'interprétation puis que ça doit être
bien documenté. Est-ce que ça, c'est quelque chose dont vous pouvez contribuer
à l'élaboration de... le développement de cette grille, puis c'est qui qui devrait la mettre ensemble? Parce que, je pense, ce
qui est important, c'est de voir aussi une certaine neutralité, c'est ça qui est souhaité. Alors,
comment faire ceci d'une façon... pour le bien-être du public? Puis est-ce
qu'on devrait, mettons, là, faire une mise à
jour à chaque trois mois, à chaque six mois? Que devons-nous faire pour
s'assurer qu'il y a quand même une transparence pour les parents qui veulent
aussi voir si leur installation rejoint les critères?
Mme Roy
(Christine) : En fait, le rôle du Vérificateur général ne peut pas
être de faire la grille, parce qu'on peut se devoir de l'auditer dans un second
temps, donc on s'auditerait soi-même. Donc, ça, ça nous est interdit, là, avec
nos normes professionnelles, de préparer quelque chose qu'on pourrait devoir
auditer par la suite.
Mais je vous dirais
que l'important pour le ministère, c'est de faire une grille qui peut perdurer
dans le temps puis, oui, de l'ajuster s'il y a des nouveaux événements. S'il y
a des... on se rend compte que, finalement, ça n'a pas atteint les objectifs
avec ces critères-là, il faudra effectivement les revoir en cours de route.
Mais c'est vraiment de s'assurer que la grille comporte les éléments essentiels
pour assurer une qualité et aussi qu'elle est bien claire et bien comprise des
personnes qui vont l'utiliser pour s'assurer que, lorsqu'elle est complétée
puis qu'on justifie un projet, ça soit fait correctement. Et ça, bien, c'est
quelque chose qu'après, dans un audit, nous, on peut aller voir. Donc, c'est un
peu comme ça, là, qu'on intervient.
Mme Maccarone :
Merci pour la précision. Évidemment, j'ai été contente de voir les
recommandations en ce qui concerne les enfants ayant un besoin particulier et
handicapés, parce que j'ai aussi lu le document qui a été produit puis je pense
qu'on est tous d'avis que ça va être important de trouver un accès. Mais, pour
moi, je rêve d'avoir un accès universel pour ces enfants qui sont souvent
exclus, hein, parce que, sur la page 6 de votre témoignage, vous dites que
«le droit de refus comporte tout de même un risque de contrecarrer les autres
dispositions visant à l'encadrer, l'attribution des places disponibles.»
Actuellement, c'est un seuil de 15 % dans les CPE pour l'accès des enfants
ayant des besoins particuliers. Pensez-vous que ça, c'est quelque chose que
nous devons revoir? Que pouvons-nous faire? Parce que je comprends qu'il y a
aussi des choses qui vont se faire par règlement. Mais, à l'intérieur de cette
loi, avez-vous des recommandations en ce qui concerne l'accès pour ces enfants,
souvent, qui sont vulnérables, puis leurs familles sont vulnérables aussi,
puis, souvent, il y a une expulsion?
Je continue pendant
que vous pensez à votre réponse, parce qu'aussi vous parlez qu'on n'a aucune information
en ce qui concerne la tabulation de combien d'enfants, on a zéro, zéro donnée
pour établir combien d'enfants n'ont pas accès à ce réseau ou qui sont exclus.
Alors, que pouvons-nous faire pour s'assurer qu'on a un accès universel puis
aussi qu'on ne fait pas de discrimination envers ces enfants puis leur famille?
Mme Roy
(Christine) : En fait, c'est sûr qu'autant pour le droit de refus que
le droit d'expulsion, nous, on a présumé que, si c'était là, c'est que, probablement,
et dans certains cas plus particuliers, ça peut devoir arriver dans la vie
normale. Par contre, notre crainte, c'est que ça soit utilisé à des fins non
adéquates. Donc, à notre avis, ça prend...
Si le droit de refus, par exemple, n'est pas encadré par certains critères, ça, c'est...
il y a une possibilité, mais...
Parce que nous, on n'est jamais là pour donner le moyen. Mais, si ce n'est pas
ça, ça peut être une surveillance de... Il y en a-tu beaucoup, des refus? Est-ce
qu'il semble y avoir des gens qui utilisent ça à outrance? Est-ce que ça va faire... ça fait en sorte qu'on n'atteint pas les
objectifs et que les enfants qu'on voulait prioriser, finalement, ce n'est
pas eux qui se retrouvent sur les places? Donc, ça prend à tout le moins une
reddition de comptes qui soit examinée par le ministère pour s'assurer que ces
cas-là ne créent pas, là, d'effets, là, qui ne sont pas désirables, là, dans le
cadre de la loi, là, puis de protéger nos enfants, puis de donner une égalité
des chances à des enfants qui ont peut-être un petit peu plus de difficulté à
se trouver des places.
Puis c'est sûr que,
là, on voit que, dans le projet de loi, les enfants avec... en précarité
socioéconomique vont être priorisés. Donc, ça, on verra de quelle façon dans le
règlement, mais on a vu, là, qu'il n'y avait pas nécessairement de mention à
cet effet-là pour les autres enfants vulnérables. Donc, on avait un petit
questionnement là-dessus : Est-ce que c'est peut-être dans les modalités
qu'on va les voir apparaître? Mais, à tout le moins, il faut s'assurer que leur représentation redevienne à un
niveau semblable à l'ensemble des autres enfants. C'est un peu, là, ce qui nous préoccupe puis c'est un peu la même chose
aussi pour les protocoles... les enfants sous protocole d'entente, là.
Mme Maccarone : Je partage la préoccupation.
Je ne peux pas vous dire le nombre de parents qui me contactent personnellement parce que leur enfant n'a pas eu droit à l'accès
dans le réseau de services de garde
éducatifs, peu importe le réseau, peu importe si c'est
CPE ou ailleurs, faute d'une ouverture, peut-être, ou parce qu'il y a des
critères qui sont en place puis il y a quand même des règlements qui donnent la
permission aux installations d'avoir un droit de refus, même quand la
famille... puis ils sont allés pour trouver aussi des partenariats avec les
services de santé et services sociaux. C'est désolant. Ça fait que... Est-ce
que vous serez d'avis que ce serait bien, peut-être bien vu de votre part si le gouvernement procède avec
un mandat d'initiative, par exemple, pour étudier et chiffrer le nombre
d'enfants qui n'ont pas accès ou le nombre d'enfants qui fréquentent
actuellement le réseau? On a posé la question à plusieurs reprises auprès des
gens qui sont venus témoigner, personne ne sait combien d'enfants fréquentent
le réseau, qui ont un besoin particulier ou un handicap. Alors, selon vous,
est-ce que ça, c'est quelque chose que nous devons faire pour avoir un meilleur
portrait pour venir aider ces enfants?
Mme Roy (Christine) : Bien,
dans le fond, c'est sûr que, lorsqu'on veut s'assurer de régler une situation,
c'est toujours important d'avoir une image juste de la situation. Donc, c'est
certain qu'en tant que comptables, souvent, c'est la première chose qu'on fait,
de s'assurer d'avoir les données pour poser le bon diagnostic. Ça fait qu'on ne peut pas être contre se donner les moyens
d'avoir l'information nécessaire pour prendre les bonnes décisions, là.
Ça revient ensuite à se poser la question : Quelle information est
nécessaire? Quelle est la bonne information pour ne pas alourdir puis aller
chercher toutes sortes d'informations, mais à chercher la bonne information?
Mme Maccarone : Puis est-ce que
ça devrait être, selon vous, le ministère qui gère les expulsions ou les refus
d'accès? Parce que, présentement, on sait qu'il n'y a personne à part de leur
réseau qui peut dire oui ou non. Mais est-ce que ça, ça devrait être quelque
chose qui est surveillé par le ministère en place?
• (12 h 50) •
Mme Roy
(Christine) : Bien, le
ministère, à ma compréhension, il est responsable de s'assurer que
l'application de la loi. Donc, je pense qu'il souhaite que les objectifs de la
loi soient atteints. Donc, ça peut être quelque chose de haut niveau, là, qui
peut être fait au niveau du ministère, donc c'est une surveillance de haut
niveau, puis on est rendu là. Mais ce qu'on disait dans notre rapport, c'est
qu'effectivement, là, le ministère aurait pu... à obtenir un petit peu plus de
redditions de comptes pour les expulsions. Donc, ça, on réitère ce besoin-là et
on pense qu'une reddition de comptes aussi sur les droits de refus pourrait
être importante.
Mme Maccarone :
J'aimerais vous entendre, avec le peu de temps qu'il me reste, en ce qui
concerne le personnel qualifié...
vous faites mention dans votre exposé. J'aimerais avoir votre avis, parce que
la question de ratio... éducatrices qualifiées, je pense qu'elle en est
une qui est très importante. C'est... Le ratio qui est supposé d'être en place,
c'est deux tiers, alors deux sur trois devront être des éducatrices qualifiées,
et... non qualifiée. Mais le ministre a abaissé ça à un tiers, qu'on a cru être une mesure temporaire, mais le ministre
lui-même a dit qu'il n'y a rien de plus permanent que ce qui est temporaire.
Alors, ce que j'aimerais savoir : Selon vous, est-ce que ça ne va pas continuer
à baisser la qualité de services dans le réseau? Puis devons-nous peut-être
revoir aussi ce ratio?
Mme Roy (Christine) : En fait, nous,
on n'a pas fait de travaux pour des... pour voir c'est quoi, le ratio idéal
puis qu'est-ce qu'on veut atteindre aussi en termes de qualité, là. Donc, je ne
suis pas vraiment en mesure de répondre à votre question. Ce que je vous
dirais, c'est que c'est certain que, si on prend des décisions, elles doivent être basées sur quelque chose de concret.
Donc, si on bouge un ratio, bien, on imagine qu'il y a une analyse de faite.
Oui?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Désolée, madame, c'est tout le temps que nous avions. Je dois donner la parole maintenant
à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. La première question que je veux vous poser, c'est sur l'obligation
de recourir exclusivement aux inscriptions qui sont sur le guichet unique.
C'était déjà une obligation dans la loi, là, vous nous dites qu'il va falloir
s'assurer que ce soit vraiment fait. Est-ce que vous pensez qu'on va devoir
prévoir des pénalités, par exemple, en cas de non-respect de cette obligation-là?
Mme Roy (Christine) : Je crois que,
dans le projet de loi, c'est déjà prévu, là, si je ne m'abuse. Mais, dans le
fond, c'est... il faut effectivement trouver un mécanisme. Le moyen appartient
au gouvernement, il peut y avoir plusieurs moyens. Mais ce qui est important,
c'est que les gens adhèrent au guichet, parce que tout ce qui est proposé dans
le projet de loi n° 1 en termes d'appariement, en termes de prioriser des
enfants qui ont certaines difficultés, bien, ça ne fonctionne que si la
personne est dans le guichet. Donc, il faut amener les gens à entrer dans le
guichet. Bien, lorsqu'on a fait notre audit, il y en avait encore beaucoup qui
n'y étaient pas. Je comprends que c'était une implantation progressive, mais là
il va falloir réitérer, là, parce que la loi, c'est une chose, mais après il
faut s'assurer qu'elle soit appliquée sur le terrain pour atteindre les
objectifs escomptés.
Mme Labrie : O.K.
Mme Roy (Christine) : Donc, c'est un
des moyens que le gouvernement peut se donner.
Mme Labrie : Un des objectifs qu'on
partage, c'est de faciliter l'accès aux places en CPE, notamment des enfants en
milieu défavorisé, des places subventionnées, en tout cas. Il y a un groupe qui
est venu ici qui nous a recommandé
d'étendre la gratuité de l'accès aux services au-delà des familles prestataires
d'aide sociale, par exemple en ciblant un seuil de revenu familial en
dessous duquel ce serait gratuit. Comment vous accueillez cette proposition-là?
Mme Roy (Christine) : Bien, pour
nous, ça, c'est vraiment une décision politique de modalité fiscale, de
tarification pour laquelle le Vérificateur général ne se prononce pas, hein,
parce que la... dans le fond, ça, on finance ça versus d'autres choses. On
en... laisse ça au législateur. Ce qu'on voit, par contre, ce que je pourrais
vous dire, c'est que c'est certain que les enfants qui ont des besoins plus
particuliers ou les gens qui sont sur l'aide sociale, bien, écoutez, on voit
quand même que ça a un effet pour eux de ne pas avoir accès à des milieux
subventionnés, là. Donc, c'est sûr que la tarification selon le revenu, comme
on le voit dans notre rapport, bien, elle arrive à différents scénarios selon
le revenu familial, puis, dans certains cas, certains... pour certains, c'est
plus facile que d'autres. Mais ça demeure un choix, là.
Mme
Labrie : Parce que vous
aviez quand même nommé dans... vous aviez quand même
remarqué qu'il y avait une sous-représentation des enfants issus de
milieux défavorisés, là, dans le réseau subventionné.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Mme Roy (Christine) : Tout à fait,
là, tout à fait.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme Roy, je suis désolée encore une fois, gardienne du temps.
Je dois,
avant de céder la parole à la députée de Joliette, avoir le consentement des
membres de cette commission pour poursuivre au-delà de l'heure prévue.
Est-ce que j'ai votre consentement? Merci. Donc, je cède maintenant la parole à
la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Oui.
Bonjour, merci beaucoup pour votre présentation. Je voudrais poursuivre sur la
question de la qualité. Donc, c'est le dernier aspect que vous abordez. Vous
n'avez pas eu le temps de terminer sur la question de la formation des
éducatrices, le ratio, donc je vous laisserais le temps de terminer là-dessus.
L'autre question sur laquelle je veux vous amener, c'est... Traditionnellement,
il y avait au moins 85 % de nouvelles places en installation qui devaient
être développées en CPE. Est-ce que vous pensez que c'est une règle qui devrait
être conservée, là, en termes de qualité? Puis, dernier élément, à la
page 9, vous l'abordez brièvement, c'est la question des comités
consultatifs. Est-ce que vous avez un point de vue, à savoir si on devrait les garder
dans l'état où ils étaient à l'heure actuelle ou si on les centralise
davantage, comme le propose le ministre?
Mme Roy (Christine) : Donc, pour les
personnes qualifiées, dans le fond, ce qu'on dit, c'est qu'on s'était donné
de... ratios, puis les ratios n'étaient pas respectés, O.K.? Donc, ce qu'on
dit, c'est que, là, il va y avoir des embauches à faire, sûrement. S'il y a des
nouvelles places de créées, il va y avoir des besoins additionnels, puis là il
ne faut pas que ça s'accentue. C'est important de respecter les ratios qui sont
décidés, puisque c'est un des éléments qui contribuent à la qualité des services
de garde. Est-ce que le ratio doit être plus haut, plus bas? On n'a pas fait
d'étude pour voir l'impact d'une diminution. J'imagine que, si on propose une diminution
du ratio, c'est basé sur des analyses rigoureuses qui marquent... qui vont
aller démontrer que ça va permettre quand même d'atteindre les objectifs
de l'objet de la loi, qui est à l'article 1, donc de s'assurer de la
sécurité et de la qualité des services, etc. Mais nous, on n'a pas
regardé ça spécifiquement. Mais ce qu'on se dit, c'est qu'il faut que le gouvernement
décide c'est quoi, le ratio qui permet
d'atteindre ces objectifs-là, et ensuite de s'assurer qu'il est respecté,
et ça, c'est très important, là, parce que, si on a déterminé un ratio,
il faut qu'on le voie sur le terrain, ce ratio-là.
Mme
Hivon : O.K. Mes
deux autres éléments, c'étaient la cible du 85 % de nouvelles places en
installation en CPE puis les changements pour les comités consultatifs.
Mme Roy (Christine) : Bien, pour le
85 %, ça non plus, on n'a pas regardé la base de ça puis est-ce que ça
devrait être remis, parce que, nous, dans le fond, ce qui nous intéresse quand
on regarde ça, c'est de s'assurer que, peu importe le milieu dans lequel
l'enfant va se retrouver, il va avoir un milieu de services de garde de
qualité. Donc, il faut que les actions soient prises pour que tous les milieux
offrent ce milieu de qualité là. Là, ce qu'on avait vu dans les garderies non
subventionnées, c'était là où il y avait le moins d'éducatrices qualifiées.
Bien, ça, ça nous préoccupait. Donc, il faut amener les milieux à offrir un
milieu de qualité suffisant à tous égards, mais le choix de la structure,
est-ce que ça devrait être plus de CPE ou moins, je ne suis pas en mesure de
vous répondre, là. On avait vu une étude,
là, qui a été citée dans notre partie sur le développement durable, mais, suite
à ça, on n'a pas fait nécessairement plus de travaux, là, nous, de notre
côté, pour l'ensemble des milieux de garde puis les comparer entre eux, puis je
pense que ça devient un choix de qu'est-ce que vous voulez vous doter comme
réseau.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
infiniment. C'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie pour
votre contribution à nos travaux, Mmes Peter, Roy et Lambert.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise
à 15 h 03)
La Présidente (Mme
D'Amours) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux. Nous poursuivons les auditions publiques
dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance
afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance et de compléter son développement.
Cet
après-midi, nous entendrons la Fédération de la santé et des services sociaux conjointement avec la Confédération des syndicats
nationaux, la Fédération québécoise de l'autisme, Valorisons ma profession et Ma
Place au travail.
Je souhaite donc la
bienvenue à Mme Longchamps et Mme Lelièvre. Je vous rappelle, mesdames, que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons
à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
vous présenter et à procéder à votre exposé. À vous la parole.
Fédération de la santé et des
services sociaux de la CSN (FSSS-CSN)
Mme Lelièvre
(Katia) : Merci beaucoup. Je me présente : je m'appelle Katia
Lelièvre, je suis la troisième vice-présidente à la CSN et je suis accompagnée
par Lucie Longchamps, qui est vice-présidente à la Fédération de la santé et
des services sociaux. La CSN est une centrale syndicale composée de près de 1 500 syndicats
qui regroupent 320 000 travailleuses et travailleurs, alors que la
Fédération de la santé et des services sociaux est la Fédération de la CSN qui représente les travailleuses des CPE et des
responsables en service de garde. Elle regroupe plus de
10 000 travailleuses syndiquées dans les CPE et environ
3 000 responsables de service de garde en milieu familial.
J'aimerais tout
d'abord souligner la présence à l'extérieur ce matin des travailleuses en CPE
syndiquées à la CSN, qui étaient en grève et qui sont encore en grève, qui ont
manifesté devant l'Assemblée nationale, et j'aimerais insister sur le fait
qu'il n'y aura aucun développement du réseau des CPE et des RSG qui pourra être
fait sans elles. Nous voulons aussi
souligner le travail du ministère de la Famille, qui a présenté dans son projet
de loi plusieurs éléments intéressants
avec lesquels nous sommes d'accord. Mais, comme le temps nous manque, nous
allons, dans la présentation, nous concentrer sur ce qui nous apparaît
manquant ou à améliorer.
Le gouvernement
reconnaît qu'il manque au moins 37 000 places en service de garde
éducatif à l'enfance pour répondre aux
besoins des enfants et des parents. Ce déficit est énorme et constitue une
crise sociale et économique. Lorsqu'il n'y a pas de place pour leur
enfant, les parents sont... souvent, bien souvent la mère, doivent retarder
leur retour sur le marché du travail. Ça fait reculer l'égalité des chances
pour les femmes sur le marché de l'emploi et ça prive le Québec de
travailleuses en pleine pénurie de main-d'oeuvre. Des milliers d'enfants n'ont
pas accès à des services, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur leur
parcours scolaire.
Par ce projet de loi,
le ministère de la Famille démontre sa volonté de développer un grand nombre de
nouvelles places, ce que nous saluons, mais il faut se demander si toutes les
places à développer sont équivalentes ou s'il faut accorder une priorité à un
modèle de services pour en assurer la qualité. Nous croyons que toutes les
places ne sont pas équivalentes. Plusieurs études ont démontré que les CPE sont
un gage de qualité pour le développement des
enfants. La comparaison entre les services offerts en CPE et ceux dans les
garderies subventionnées ou non subventionnées avantage toujours les
CPE. Pour les services de garde en milieu familial, la comparaison entre les
milieux reconnus et non reconnus est simple : seules les RSG reconnues ont
des exigences de qualité à rencontrer et reçoivent
des visites de vérification de conformité à l'improviste. Cette qualité du
modèle CPE-RSG est reconnue aussi par les
parents, car ils disent préférer obtenir une place pour leur enfant en CPE ou
en milieu familial lorsqu'ils sont sondés.
Le deuxième article
du projet de loi reconnaît le droit de l'enfant à recevoir un service de
qualité de sa naissance à son admission à l'école. Mais le gouvernement se
garde une porte ouverte en spécifiant que ce droit s'exerce en tenant compte de
la disponibilité de l'organisation et des ressources des prestataires de services
de garde. Nous aurions souhaité que le droit des enfants à avoir un service de
garde éducatif à l'enfance de qualité soit reconnu sans condition, comme dans
le système scolaire.
Pour compléter le
déploiement du réseau des services de garde éducatifs à l'enfance, le projet de
loi propose de donner plus de pouvoirs au ministre pour déterminer les besoins
des communautés et participer au financement et à la planification des projets.
Pour assurer la qualité des services, nous souhaitons que le ministre ne puisse
financer et participer qu'au développement des CPE.
Il ne suffit pas de
développer de nouvelles places, il faut aussi pérenniser celles qui existent.
Plusieurs de nos membres constatent de grandes difficultés à maintenir des
finances viables pour les petits établissements et dans les régions plus
éloignées des grands centres. La CSN suggère un financement plancher pour
permettre aux plus petites communautés de développer des modèles qui répondent
à leurs besoins. Les établissements dans les grands centres comme Montréal ont
de la difficulté à acheter ou même à louer des locaux à cause de la flambée des
prix de l'immobilier. Un ajustement du financement des locaux devra être effectué.
On
a perdu un temps précieux, et l'État, par le ministère de l'Éducation, a
engagé des sommes importantes pour ouvrir
des maternelles quatre ans. Force est de constater aujourd'hui que le développement de ces classes n'a pas libéré beaucoup de
places et a coûté très cher aux contribuables, avec des coûts de fonctionnement
plus onéreux qu'en service de garde.
Les services promis
ne sont pas non plus au rendez-vous. Depuis des années, les gouvernements ont
posé des gestes qui ont fragilisé le réseau des CPE et du milieu familial au
profit des garderies à but lucratif. Le fait de hausser le crédit d'impôt
remboursable pour des frais de garde d'enfant favorisera encore une fois le
modèle privé et lucratif, ce que nous déplorons.
Nous
souhaitons que le gouvernement profite de la mise en place de son grand
chantier et du transfert fédéral de
6 milliards de dollars pour faire un choix clair et stratégique pour le
modèle de service de garde éducatif à l'enfance garant de qualité et ainsi assurer le développement du plein potentiel des enfants, les CPE et les gardes en milieu
familial.
• (15 h 10) •
Mme Longchamps
(Lucie) : Je poursuivrais. Puis, peu importe le temps alloué, vous le
savez, la Fédération de la santé de la CSN, on est toujours disponibles pour
poursuivre nos échanges, répondre à vos questions, même si le temps de la commission
ne nous le permet pas aujourd'hui. Puis moi, je vais tenter de vous éclairer
sur quelques segments du mémoire que l'on a déposé, je pense que ce sera peut-être
plus clair, puis, comme je suis une femme qui provient du terrain, peut-être
que j'aurai quelques exemples qui pourront nourrir mon propos.
Donc, la facilité à
l'accès, qui est un sujet important. On salue l'arrêt de la modulation des
tarifs. Quoiqu'on a entendu des associations
ou des regroupements qui en nomment le contraire, nous, on est fort heureux que
la modulation des tarifs ait cessé. C'était une injustice qui était
faite pour le réseau des services de garde à contribution réduite.
Le premier moyen puis
l'accès est, bien entendu, le guichet. On a toujours été un peu frileux à sa
mise en place. Là, on ne... voit qu'il y a
eu quelques erreurs, quelques ratés. On est quand même contents que le
gouvernement reprenne le guichet unique. On ne dit pas que c'est une mauvaise
chose, mais il devra être plus convivial. Les parents devront comprendre un peu
plus comment... comment... comment ça se comporte, ce fameux guichet là, parce
que, là, ils ont l'impression que, quand ils s'y inscrivent, ils regardent une
liste, puis ça, ça va être leur rang. Ce n'est pas tout à fait comme ça que ça se
passe dans la vraie vie. Donc, il y a beaucoup de parents qui sont mécontents inutilement
parce que ce n'est pas clair. Dans ce guichet-là, on comprend que vous voulez
mettre certains repères puis certains critères, on peut comprendre. Par contre,
on va vous inviter à conserver la fratrie et le droit aux travailleuses en CPE
à prioriser dans le CPE où elles travaillent et à ne pas se... parce qu'on
aurait un double problème si elles ne peuvent pas y amener leurs propres
enfants.
Bien entendu, les
enfants doivent demeurer toujours le coeur de nos choix. Donc, on est en... on
trouve également qu'au Québec, hormis le projet de loi n° 1, on devrait se
doter d'une politique facilitant la conciliation travail-famille, parce qu'en
services éducatifs c'est complexe quand tu ne connais pas ton horaire à cinq
jours dans... à l'avance et quand tu peux être n'importe quand appelé à faire
du temps supplémentaire.
Puis ça m'amène à
vous parler de la garde atypique. On peut comprendre que certains parents
peuvent en demander. Moi, personnellement, les endroits où j'ai vu, ça n'avait
pas de grand succès, parce qu'on peut difficilement
aller porter un enfant de nuit dans un milieu qui n'est pas le sien. Ça fait
qu'on ne croit pas que ce soit la... que ce devrait être un
développement très grand, la garde atypique. On pense plutôt qu'on devrait
opter, au Québec, pour une politique facilitant la conciliation travail-famille
puis aider les employeurs à y accéder.
La qualité des
services. Comme vous l'a dit ma collègue Mme Lelièvre, nous, on va prioriser la
conversion en CPE puis en milieux familiaux régis. On se réjouit de l'annonce
pour les PNR. Quatre ans, c'est par contre un peu long pour que ces femmes-là y
aient accès, et ce qu'elles nous mettent de l'avant, l'annonce de possibles
fermetures... Moi, ce que j'en vois sur le
terrain, c'est que je pense qu'elles devront s'adapter, mais c'est peu
probable, parce que d'un autre souffle elles nomment qu'elles font tout
ce qu'il faut autant que si elles étaient régies. Donc, moi, je pense qu'en
moins de temps que quatre ans, elles pourraient facilement accéder à...
s'affilier à un bureau coordonnateur.
Un coup que je vous
ai dit ça... Mais les frais de service de garde ne devraient pas être un frein
pour les parents du Québec, tous les enfants devraient avoir accès à un service
de qualité à contribution réduite. On croit tous à l'égalité des chances, je pense que tout le monde est, ici... croit à
ça, et on y croit avec conviction. Depuis longtemps, le réseau des
services de garde au Québec devrait être au même échelon que ce qui se passe en
milieu scolaire, donc accès gratuit ou à peu près, parce qu'on comprend que...
les services de garde scolaires, il y a quand même le repas. Mais tous les
enfants du Québec devraient y avoir accès, devraient avoir accès à un service
de garde de qualité. On devrait les
converser en CPE et en milieux familiaux régis et subventionnés et on devrait
s'assurer que la formation est au
rendez-vous. Là, on a connu avec la pandémie le 1-3, on reviendra après un
certain délai, quand les mesures sanitaires seront levées, à 2-3. Nous,
on souhaite un 3-3. On comprend que, présentement, c'est complexe avec la
pénurie de main-d'oeuvre, mais l'objectif, pour la Fédération de la santé et la
CSN, demeure le même, toutes les éducatrices en service de garde au Québec
devraient être formées, comme tous les enseignants dans les milieux scolaires
devraient avoir le bac à l'enseignement. On voit qu'il y a des pratiques
contraires, et tout le monde s'en désole. On devrait s'en désoler tout autant
pour les services de garde éducatifs.
Une fois cela dit,
bien entendu, ça prendra la valorisation, parce qu'il y a des petits bouts qui
nous manquent. On comprend qu'il y a une volonté, mais on devra être encore
plus audacieux, plus... pousser plus fort. Je ne vous donnerais pas d'idées,
parce que, là, je n'en aurais pas à brûle-pourpoint comme ça, mais je pense
qu'on va devoir pousser un peu plus fort pour revaloriser notre réseau, puis
vous comprenez que je vais vous faire un petit crochet avec la négociation,
parce qu'un milieu bien payé, un milieu bien formé, c'est un milieu mieux
valorisé.
Puis il est grand
temps que les CPE aient le financement auquel — ...
La Présidente (Mme
D'Amours) : En terminant, madame, il vous reste cinq secondes.
Mme Longchamps
(Lucie) : ...ah! mon Dieu — financement auquel vous avez
droit. Arrêtez le 80 % de places présence. Puis j'aurai plaisir probablement
à répondre à vos questions. Voilà.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup.
Mme Longchamps (Lucie) : Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour
16 min 30 s
M. Lacombe : Bonjour à vous
deux... plaisir d'échanger avec vous. Mme Longchamps, ça faisait un petit
moment qu'on s'était... qu'on n'avait pas eu l'occasion de discuter ensemble.
On a eu de bonnes discussions dans les dernières années, ça a toujours été
productif, donc je suis sûr que ce le sera encore une fois. J'y vais en rafale
parce qu'il y a quand même quelques points que je voulais... dont je voulais
discuter avec vous.
Vous dites qu'à l'article 2 vous auriez
souhaité que le droit des enfants d'avoir une place soit reconnu sans
condition. Je vous avoue, j'ai la même préoccupation, j'ai le même souhait sur
le fond. Par contre, on se bute au fait que, contrairement au réseau scolaire,
notre réseau n'est pas géré par l'État. Notamment, on a, bon, les CPE, qui sont
gérés par les communautés, on a des
entreprises aussi, mais on a un pan du réseau qui est beaucoup plus fragile, et
vous êtes bien placée pour le savoir parce que vous-même, vous avez exercé ce
métier-là, on a beaucoup de responsables de service de garde en milieu
familial.
Donc, la question que je vous pose, c'est :
À votre sens, là, quand vous regardez ça... Parce que, nous, ce qu'on propose,
c'est de dire : On se donne une obligation de moyens, comme gouvernement,
si le projet de loi était adopté, de
toujours développer. Ça, c'est historique, là, on n'a jamais fait ça, aucun
gouvernement ne l'a fait. Nous, on se dit...
on s'oblige à développer lorsqu'il y a un manque de places dans un territoire.
Mais, si on consacre le droit de la même façon qu'on le fait... Moi, je
pense que la façon qu'on propose, c'est une façon qui est adaptée à notre
réseau pour respecter son autonomie. Mais,
si on veut le faire de la même façon que dans le réseau de l'éducation, qui est
différent, est-ce que ça ne viendrait pas, à votre sens, compromettre
l'existence des RSG, par exemple? Parce que qu'est-ce qu'on fait s'il y a une
poignée de RSG qui décident d'arrêter d'offrir leurs services, que les enfants
se retrouvent sans place? Comment le gouvernement fait pour garantir à ce
moment-là une place à ces enfants-là?
Mme Longchamps (Lucie) : Écoutez,
elle est complexe, votre question. Par contre, je pense qu'on devra s'attarder
puis peut-être faire des travaux à l'extérieur de la commission aujourd'hui,
parce que je comprends que j'ai manqué un peu de temps pour vous parler de tout
ce dont j'aurais voulu.
M. Lacombe : Mais on peut prendre du
temps pour ça, parce que, là, je sens que ça va être un sujet important dans le
cadre de l'étude de ce projet de loi là.
Mme Longchamps (Lucie) : On va en
prendre, assurément. Je ne vois pas les RSG en péril, mais je pense qu'on doit
faire en sorte que l'enfant... Tous les parents du Québec ne devraient pas
avoir à se demander après neuf mois de grossesse puis le congé parental :
Quand est-ce que j'aurai accès aux services de garde? Ça devrait être un choix,
comme... Quand on va inscrire son enfant, à l'aube de ses cinq ans, à l'école,
est-ce qu'on se demande : Est-ce qu'il a une place dans ma... Non, tu y
vas, tu l'inscris, puis il a une classe. Ça devrait être le même processus, et
les choix devraient être pour le parent autant en milieu familial régi
subventionné qu'en centre de la petite enfance, parce que, pour nous, c'est ces
deux modèles-là. La qualité y est, les études l'ont démontré, puis, pour nous,
il n'est pas vrai, bien que je sais que certaines associations... tu sais, ils
disent qu'il y a la qualité dans les services de garde privés, ce n'est pas ce
que les études démontrent.
Moi, je ne vois pas pourquoi ça mettrait en
péril le modèle des responsables de service de garde. Il faudra, bien entendu,
qu'il y ait un arrimage, il faudra qu'il y ait des discussions. Mais je ne vois
pas pourquoi ça mettrait en péril ce réseau-là si tout... Le parent,
présentement, a toujours le choix.
M. Lacombe : Oui. Mais moi, je suis
d'accord avec vous sur l'objectif, je vous le dis, là, sans détour, je suis
d'accord avec l'objectif. C'est ce à quoi on veut s'obliger comme gouvernement,
offrir une place à chaque enfant, et, lorsqu'il y a un territoire qui devient
en déficit, on s'oblige — il
n'y a pas beaucoup de ministères qui ont ça, là — à développer et on
aura les moyens nécessaires pour le faire.
Mais je vous repose la question : Qu'est-ce
qu'on fait pour assurer le droit que vous proposez, que le Parti libéral aussi
propose, avec lequel je suis d'accord, disons, sur le fond? Mais, dans la
réalité, là, ça voudrait dire qu'il faut que ce soit le gouvernement qui opère
le réseau. Ça veut dire qu'il faut assurer suffisamment de places en
installation pour que, lorsqu'il y a des RSG qui ferment, les parents puissent
se retourner vers une installation. Donc, vous comprenez ce que ça veut dire,
ça veut dire ouvrir des CPE dans des communautés où il y a déjà pourtant des
RSG qui sont là qui offrent des places en quantité suffisante. Est-ce qu'il n'y
a pas là un risque? Et, sinon, qu'est-ce qu'on
fait, lorsqu'il y a des RSG qui ferment, pour respecter le droit que vous
proposez des enfants d'avoir une place?
Mme Longchamps (Lucie) : Bien,
je vous dirai que les RSG cesseront de fermer quand les relations, entre autres,
avec les bureaux coordonnateurs seront plus harmonieuses, ce que, quand même,
votre projet de loi propose, parce qu'elles ont quitté en masse par le manque
de rémunération puis par des difficultés relationnelles avec les bureaux
coordonnateurs. Là, on comprend que, dans ce projet de loi là, vous nous
apportez l'harmonisation des pratiques, vous
nous apportez que les bureaux coordonnateurs retrouvent leur fonction
originelle, qui devrait être d'être un
soutien et non un but presque punitif auquel... Les dernières années, les
bureaux coordonnateurs étaient vus comme, entre guillemets, comme des policiers de la réglementation. On comprend qu'on veut leur donner leurs lettres de noblesse,
on comprend qu'on veut les ramener à ce qu'ils étaient auparavant, et, quand ce
sera comme ça, les RSG vont cesser de quitter. Elles quittent parce que c'est
invivable, elles quittent parce qu'elles n'étaient pas bien rémunérées.
M. Lacombe :
Je comprends.
Mme Longchamps (Lucie) : Là, on a eu
des conditions qui vont faire en sorte qu'elles fermeront moins rapidement,
puis les relations avec les bureaux coordonnateurs devraient être aidantes.
M. Lacombe : Donc, on va se
donner les outils, et d'ailleurs je pense que vous êtes bien, bien heureuses,
là, de la conclusion de la dernière entente collective avec les RSG où on offre
30 % de bonification de la subvention. Donc, ça, je pense que ça va aider.
Effectivement, on va aussi travailler pour améliorer le quotidien avec les
bureaux coordonnateurs. Mais, si le gouvernement se donne une obligation
légale, vous comprenez qu'on ne peut pas juste se fier sur une impression qu'on
pense que les RSG vont être là, on doit prendre les moyens légaux pour
s'assurer que le droit des parents va être
respecté, le droit des enfants va être respecté si on met ça tel quel dans la
loi de la même façon qu'on le fait en
éducation. Notre réseau, il n'est pas pareil comme celui de l'éducation, il est
géré par la communauté, par des OBNL, par des entreprises ou des
services qui sont offerts par ailleurs par des travailleuses autonomes.
Donc, je répète ma question : Si, pour
plein de bonnes raisons qui leur appartiennent, il y a des RSG qui décident de
fermer leurs portes, avec ce que vous proposez, comment on vient assurer ce
droit-là que vous proposez?
Mme Longchamps (Lucie) : En
toute transparence...
• (15 h 20) •
M. Lacombe : Parce que moi, je
suis embêté, là.
Mme Longchamps (Lucie) : Je le
suis tout autant, M. Lacombe. Moi, ce que je vous dis, c'est que les
enfants ont le droit, au Québec... Puis je comprends qu'on ne réglera pas tous,
ici en quelques minutes, les problèmes qu'on a sur la tête depuis plus de
20 ans. Mais, moi, ce que je veux vous dire, c'est que tous les enfants
ont le droit à une place à contribution
réduite. Donc, transformons les services de garde, présentement, en centres de
la petite enfance, en milieux familiaux régis, amenons les PNR dans le
réseau — ça,
enfin, enfin, on y a accès — abolissons
la ligne... Parce que ça, c'est quelque chose... c'est un élément qui est hors
sujet, mais que je voulais vous placer : la ligne fixe de téléphone, vous
ne l'avez pas mise...
M. Lacombe : On va l'enlever.
Mme Longchamps
(Lucie) : Bon, là, vous devez enlever ça. C'est obsolète, cette
histoire-là. Ça, ça offusque les RSG.
Puis, si vous croyez que c'est pour les fermer, bien, on va s'asseoir puis on
va travailler là-dessus, M. Lacombe.
M. Lacombe : Oui, mais je reviens...
Mme Longchamps (Lucie) : Mais je
pense que tous les enfants, au Québec, ont droit à une place.
M. Lacombe : Et là je sais que je
suis insistant, là, mais c'est parce que c'est important, vous mettez ça, là,
dans votre mémoire, puis le Parti libéral propose ça aussi, et ça va faire
l'objet de discussions importantes. Puis la loi,
le projet de loi, il faut l'adopter. En tout cas,
je veux qu'on l'adopte, puis je pense que c'est partagé, une fois qu'on
y aura amené des améliorations. Donc là, on se penche là-dessus en ce moment.
Moi, ce que je propose avec cette obligation de
moyens de créer des places, je pense que c'est la façon, à l'image de notre
réseau, qui est différent de l'éducation, c'est notre façon à nous d'assurer ce
droit-là, de le concrétiser. Je vous dirais que l'AQCPE est pas mal dans le
même état d'esprit. Ils nous demandent, bon, de préciser certaines choses, mais elle est pas mal dans cet
état d'esprit là. Parce que moi, je ne veux pas que ça soit le gouvernement
qui gère ça, je veux que ça continue d'être géré par la communauté, les CPE.
Mais, si on a une obligation... Et je veux qu'il y ait des RSG qui continuent
d'exister. Mais, si on se donne cette obligation légale là, pareille comme en éducation, même si ce n'est pas le même réseau,
parce que, bon, on se dit : Bien, on va faire pareil comme en
éducation, ce serait mal adapté puis ça nous obligerait à prendre des moyens
qui feraient fermer des RSG ou, si on ne fait rien, à se mettre à risque, parce
que comment on va assurer ce droit-là?
Donc, je vais revirer ma question : Est-ce
que vous pensez que ce qu'on propose, ça peut effectivement... on peut convenir
que c'est la façon, dans notre réseau, d'assurer le droit des enfants d'avoir
une place en respectant l'autonomie des services de garde sur le terrain?
Mme Longchamps (Lucie) : Puis, de
mon côté, je vais essayer de vous le formuler autrement. Pour nous, se donner
les moyens, il manquait une force. Ce que l'on veut, c'est que ça soit un peu
plus fort puis qu'on soit assuré qu'il y aura suffisamment de places pour tout
le monde, puis je vous ai donné le milieu de garde scolaire en exemple. Je ne
vous ai pas dit de transformer tous les CPE puis les RSG en milieux de garde
scolaire, mais je vous ai donné l'exemple du parent qui, à l'aube des cinq ans
de son propre enfant, n'avait pas à se questionner, puis c'est ce que je
souhaitais pour les services de garde au Québec.
M. Lacombe :
Mais donc l'article où on dit : on s'oblige, comme gouvernement, c'est du
jamais vu, là, on s'oblige, même le Parti québécois, là, n'avait pas eu cette
idée-là. Mais nous, on se dit : On va s'obliger, comme État, là, à
développer des places lorsqu'il en manquera, on a cette obligation légale là.
Et ça, ça va nous permettre d'avoir une obligation de moyens qui va garantir une place, à terme, à
chaque enfant. Oui, bien sûr, parfois, il va y avoir un délai d'attente,
là, parce qu'il faut mettre les choses en branle. Mais c'est le meilleur
compromis qu'on a pour faire vivre le droit des enfants d'avoir une place dans
notre réseau, parce que notre réseau, il est différent de celui de l'éducation.
Vous n'êtes pas d'accord avec ça?
Mme Longchamps
(Lucie) : Oui, il est différent. Mais, moi, ce que je veux m'assurer,
c'est que votre moyen soit suffisamment fort et franc pour que tous les parents
du Québec cessent de s'inquiéter : Aurai-je une place à contribution
réduite ou pas?
M. Lacombe :
Bien, s'obliger à développer, est-ce que c'est assez fort pour vous dans la
loi? S'obliger, dans la loi, à développer des places lorsqu'il en manque,
c'est... qu'est-ce qui pourrait être plus fort que ça?
Mme Longchamps
(Lucie) : Je ne le sais pas, M. Lacombe. Dites-moi-le.
M. Lacombe :
O.K. Donc, je comprends que vous n'avez pas une meilleure idée que la mienne.
Non, mais je la dis en tout respect, parce que...
Mme Longchamps
(Lucie) : Là, vous me faites... tentez de me faire dire des affaires.
C'est filmé, ce que vous dites, là.
M. Lacombe :
Non, non, mais je suis d'accord sur l'objectif de fond. Mais, vous voyez, je
trouve que c'est assez éloquent, parce que vous-même qui êtes dans le réseau,
là, puis qui y réfléchissez, vous avez de la difficulté à concevoir comment on
pourrait arriver avec une meilleure... Puis je ne le fais pas pour vous mettre
dans l'embarras, là, je le fais parce que ça va être un point crucial de ce projet
de loi là et je sais, là, que mon collègue d'en face va...
Mme Longchamps
(Lucie) : Il attend, là.
M. Lacombe :
...va me suivre avec ça, puis c'est correct, parce que moi aussi, je veux qu'on
aille au bout de la question. Mais je veux m'assurer que, s'il y a des bonnes
idées, il faut qu'on les prenne en considération. Mais là je comprends que,
pour vous, l'idée, c'est d'avoir un signal fort...
Mme Longchamps
(Lucie) : Oui.
M.
Lacombe : ...qu'on va faire
ce qu'il faut. Moi, je pense que ce signal-là, c'est de s'obliger pour la
première fois de l'histoire du réseau à
développer des places quand il en manque. Le gouvernement aurait une obligation légale.
Mme Longchamps
(Lucie) : Et c'est peut-être moi qui n'ai pas utilisé les bons mots.
Mais ce que je veux, c'est que le moyen soit fort, soit franc, soit clair et
que tous les parents du Québec aient, d'ici les prochaines années... puis qu'on
ne se mette pas un échéancier dans 10 ans, puis que tous les parents du Québec
aient droit à une place à contribution réduite à 8,50 $.
M. Lacombe :
Bon, bien, je pense qu'on est d'accord, là, je pense qu'on est d'accord. À
contribution...
Mme Longchamps
(Lucie) : À contribution réduite...
M. Lacombe :
À contribution réduite. Bon, O.K.
Mme Longchamps
(Lucie) : ...à contribution réduite.
M. Lacombe :
D'accord. Bien, on est d'accord sur... en tout cas, je pense, sur le mécanisme,
là. Mais il faut juste bien réaliser, c'est ça, que, si on veut copier
l'éducation, il y a des risques, là, parce que, moi... ce que nos juristes nous
disent, là, c'est qu'il n'y a aucune façon de s'en sortir, sinon que de prévoir
assez de places en installation, et même là ce n'est pas 100 % solide,
mais assez de places en installation pour tous les enfants du Québec. Mais vous
savez ce que ça veut dire, là. Quand on ouvre un CPE dans un quartier qui est
desservi par des RSG, même si on a suffisamment de places, les RSG ferment
toutes, là, donc, ou à peu près. Et nous, on pense que c'est du gaspillage, là.
Ce n'est pas ce qu'on souhaite.
Mme Longchamps
(Lucie) : Et, si vous mettez les moyens en place, vous faites les
bonnes choses au bon endroit de façon claire, les RSG vont cesser de fermer. Si
vous donnez le financement auquel les CPE ont droit, comme, entre autres, celui
de Fermont, qui vit de grandes difficultés présentement...
M. Lacombe :
Oui. Oui.
Mme Longchamps
(Lucie) : ...la direction cessera de donner sa démission, les conseils
d'administration resteront en place. Il faut aussi que, dans la politique, on
ait le souci des régions éloignées. Il y a des toutes petites installations qui peinent à survivre quand elles ont un
30 places, quelque chose comme ça. En bas du 60 places, c'est
excessivement difficile pour un CPE de vivre. Donc, il y a beaucoup d'éléments,
vous allez les trouver à travers le mémoire.
M. Lacombe :
Super. Il nous reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Il vous reste quatre minutes.
M. Lacombe :
Il nous reste quatre minutes. Juste avant de peut-être laisser de la... L'offre
qui est... On ne négociera pas, évidemment, là, ici les détails, mais...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vais vous l'interdire, M. le ministre.
M. Lacombe :
Vous allez me l'interdire? Ah oui, hein? Bon, bien, je ne parlerai pas de
négos.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Ça ne fait pas partie de nos travaux aujourd'hui.
M.
Lacombe : Bien, c'est parce qu'en même temps je voulais parler de
valorisation. Tu sais, vous avez dit tantôt : Ça prend des idées pour valoriser la profession,
vous dites que vous n'en avez pas. Là, moi, j'aurais aimé ça en entendre...
Mme Longchamps
(Lucie) : O.K.
M. Lacombe :
...mais vous avez aussi parlé de négociations. Là, vous m'arrêterez si on... si
vous trouvez que je vais trop loin, sans savoir où je m'en vais.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je vous arrête tout de suite, monsieur, sans savoir où
vous allez. Je vous connais, M. le ministre. Revenez au projet de loi, s'il
vous plaît.
M. Lacombe :
O.K. D'accord.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Puis j'invite aussi Mme Longchamps à... Elle nous a dit, tout
à l'heure, là, qu'elle pouvait... parce qu'elle manquerait de temps, qu'elle
pouvait nous proposer des choses. Alors, j'invite Mme Longchamps, si jamais
elle a des idées sur les questions que M. le ministre vous a posées, de nous
les déposer à la commission, puis on pourra faire suite de vos idées, de vos
commentaires supplémentaires, après nos travaux avec vous aujourd'hui, parce
que le temps est compté. Alors, M. le ministre.
M. Lacombe :
Mais là je me suis... Ça fait que je vais écouter Mme la présidente, je ne
poserai pas de questions là-dessus. Mais
j'aurais eu plein d'autres questions, mais là je vais laisser... je vais
peut-être laisser du temps à ma collègue...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait.
M. Lacombe :
...puis je reviendrai s'il en reste.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le ministre. Alors, je donne la parole à la
députée de... voyons, je ne le dirai pas...
Une voix :
Bellechasse.
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...Bellechasse, voilà. Merci.
Mme
Lachance : Vous me donnez combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Il vous reste 2 min 45 s
Mme
Lachance : Excellent. Alors, je vais essayer de faire vite. D'abord,
vous avez mentionné quelque chose qui m'a fait réagir, et je me dois de vous le
dire, vous avez dit : Les CPE de 30 places peinent à survivre. Mais,
vous savez, vous avez aussi dit qu'il fallait s'occuper de l'ensemble des
régions, des régions éloignées. Quand on vient dans une petite... d'une
circonscription où il y a des petits milieux, des CPE de 30 places, ça en
prend pour s'occuper de nos enfants. Mais je ferme la parenthèse.
Vous avez dit
aussi : Arrêtez le 80 % de places présence. Donc là, je pense que
vous vouliez en discuter. Ce que je comprends, c'est que vous demandez plus de
flexibilité au niveau des règles de financement pour permettre, dans le fond, de recevoir des enfants à temps
partiel ou, en fait, dans une garde atypique. Je veux vous entendre sur
ça.
Mme Longchamps
(Lucie) : On ne dit pas qu'un 30 places, ce n'est pas une bonne idée
dans une petite communauté, bien au contraire. Ce que l'on dit, c'est qu'il n'y
a pas de financement plancher. Donc, présentement, ils peinent à survivre,
comment est organisé le financement. Ça, c'est un grand problème.
Puis il y a
le pourcentage de 80 % de taux de présence. Ça a fait en sorte que, quand
ça a été mis en place, il y a plein de directions, pour de bonnes ou de
moins bonnes raisons... ont mis en place des façons de faire, entre autres pour les ratios qui ne sont pas respectés, parce
qu'ils font un ratio bâtisse. Donc, ils ne comptent pas : Est-ce que
c'est une éducatrice, cinq, une éducatrice,
huit ou une éducatrice, 10? Puis il n'y a rien dans la loi présentement qui est
assez fort pour empêcher le ratio bâtisse. Puis on peut comprendre que
les directions se sont vues avec du financement coupé. Donc, ils avaient de la misère à survivre. Ce qu'ils font, c'est qu'ils
comptent le ratio bâtisse, puis ils comptent même la directrice qui est
dans le bureau. Donc, il y a des éducatrices qui se retrouvent, pour des
périodes dans la journée, avec 10 enfants, avec 12 enfants.
Au début, c'étaient des pratiques de toutes
petites; maintenant, c'est des pratiques beaucoup plus longues, on se retrouve
avec de l'autopause. De l'autopause, c'est : Tu vas à ta pause, je
surveille ton groupe. Donc, je vais en avoir 12, je vais en avoir 16. Ça, c'est
des façons qui ont été mises en place par manque de financement.
Donc, on ne dit pas qu'il... Ce que l'on vous
dit, c'est que les petits CPE devraient être pris en considération avec un
financement plus adéquat, ceux en région éloignée également, parce qu'on en a
besoin partout, on en a besoin dans les régions du Grand Nord, on en a... Nous,
on n'est pas contre les tout-petits. Ce qu'on vous dit, c'est que le financement,
il n'est pas adapté présentement.
• (15 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
30 secondes.
Mme Lachance : Écoutez, je vous
remercie. M. le ministre, avez-vous une autre question?
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre. Vas-y.
M. Lacombe : Bien, je peux peut-être
prendre la balle au bond. Merci, Stéphanie. Mais, sur les petites
installations, c'est clair, je partage l'avis de ma collègue, on doit aller...
et le vôtre aussi, je pense, là, on doit aller vers ça. Mais c'est vrai qu'il y
a des enjeux financiers, et d'ailleurs c'est dans le grand chantier. On veut
permettre ça parce qu'il faut desservir les plus petites communautés, ça fait
toute la différence. Donc, on est tous d'accord.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole au député
de LaFontaine.
M. Tanguay : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Pour 11 minutes, je crois, hein?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Exact.
M. Tanguay : Oui. Bien, à mon
tour de vous saluer. Merci beaucoup, Mme Longchamps, Mme Lelièvre, d'être avec nous. J'aimerais rebondir sur le point
du 80 %. Donc, si je comprends bien, la règle fait en sorte qu'un
enfant qui a une place dans un CPE ne peut pas être absent pour plus de
20 %. Lorsqu'il est absent pour plus de 20 %, peu importe la raison,
ça peut être des vacances, ça peut être avec les parents, ça peut être une
maladie, il y a un risque ou c'est automatique, l'enfant va perdre... les parents
vont perdre la place pour l'enfant?
Mme Longchamps (Lucie) : Bien, il y
a des contrats qui doivent être respectés, mais le 80 %, c'est un
pourcentage auquel le CPE doit... S'il ne répond pas à cette règle-là, son
financement est diminué. Donc, le CPE doit tout faire pour avoir le 80 %.
Puis, en plus de ça, il y a eu beaucoup de coupures, vous le savez, sous votre
propre gouvernement, il y a eu énormément de coupures dans le réseau, qui fait
en sorte qu'avec le 80 % il y a eu toute une manoeuvre de faite pour respecter le nouveau financement. Donc, c'est
pour ça que je vous parle de ratio bâtisse puis je vous parle de manque aux enfants à besoins
particuliers, parce que ça, je n'avais pas eu le temps d'en parler à M.
Lacombe puis j'aurais tellement de choses à vous dire que le temps qui nous est
alloué est vraiment très court. Mais tout ce financement-là nous aiderait à
aider ces enfants-là, à faire en sorte que les éducatrices soient plus
heureuses. Parce qu'au Québec est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut que les
travailleurs ne soient pas heureux dans ce qu'ils font? Je ne crois pas. Mais,
pour ça, il faut mettre les conditions gagnantes, et le financement, ça en fait
partie.
M. Tanguay : Et donc, en
assouplissant cette règle du 80 % là aussi, ça rejoindrait votre objectif
d'offrir davantage de services pour celles et ceux qui ont, les pères et mères,
des horaires atypiques aussi?
Mme Longchamps (Lucie) : Oui, parce
que, présentement, les parents qui ont des enfants quatre jours ou des enfants très
malades... Et je ne vous dis pas que personne ne les écarte, mais je vous dis
que ça va être un défi supplémentaire pour le centre de la petite enfance parce
qu'il va devoir toujours jouer avec son pourcentage d'autoprésence.
M. Tanguay : O.K. Vous avez
dit un petit peu plus tôt que vous auriez aimé avoir beaucoup de temps pour...
d'autre temps. Allez-y, je vous en prie. Vous aviez d'autres sujets que vous
vouliez aborder?
Mme
Longchamps (Lucie) : Bien, je voulais beaucoup vous parler des
responsables de service de garde puis de
l'allègement des relations avec les bureaux coordonnateurs. Puis, tu sais, j'ai
entendu des associations précédentes, j'ai fait mes devoirs un peu ce
matin puis hier, tard en fin de journée, pour écouter des collègues d'autres
lieux. Je ne crois pas que mettre l'obligation, entre autres, d'une conseillère
pédagogique ou de l'agente — maintenant
conseil pédagogique, qu'ils nomment — aille de façon obligatoire... parce qu'on
veut que le contrat ou le permis, l'accréditation soit de plus courte
durée, y aille plus souvent. Je ne crois pas que ça devrait être mis en place.
Je crois que, pour
rétablir les liens avec les responsables des services de garde, on doit en
premier se doter de manières harmonieuses, on doit se doter de meilleures
relations, on doit rétablir les ponts qui ont été... Sans dire «rompus», il y
manque beaucoup, beaucoup de pavés sur ces ponts-là, donc on doit rétablir les
liens. Quand ce sera fait avec les responsables, on verra à une obligation ultérieure.
Mais...
M. Tanguay :
Et là vous m'emmenez justement, puis je vais vous en prier de continuer, à la
page 11 de votre mémoire, justement, je voulais savoir... relations très
difficiles entre les bureaux coordonnateurs, justement, ils réagissent à...
Vous êtes très terrain. Qu'est-ce qui se passe? Depuis longtemps? Qu'est-ce qui
se passe?
Mme
Longchamps (Lucie) : Il se... Écoutez, depuis qu'il y a eu les
changements réglementaires, 2015, 2014, qu'il y a eu beaucoup de changements réglementaires — le temps passe si vite, j'oublie un peu
l'année — la
vocation des bureaux coordonnateurs est
devenue beaucoup plus corrective qu'accompagnatrice. Donc, les bureaux
coordonnateurs se sont vus dans l'obligation
de mettre beaucoup de règles, de se faire beaucoup de suivis, puis on s'est mis
à avoir plein, plein, plein de codes à respecter dans nos milieux
familiaux, ce qui fait en sorte que ça a brisé les relations, parce que, chaque
fois que l'agente à la conformité allait chez la responsable des services de
garde, c'était pour lui émettre une contravention. Ça n'avait pas de sens,
cette façon de faire là.
Il y a des bureaux
coordonnateurs qui ont abusé sur des documents à demander, sur des façons de
faire excédentaires. Il a fallu intervenir à maintes et maintes reprises. Je
suis personnellement intervenue à plusieurs reprises avec M. Lacombe où on
en a fait, mais les pouvoirs du ministre ne sont pas suffisants pour faire en
sorte que — puis
là, dans le projet de loi, ça semble vouloir l'être — pour
que ces bureaux coordonnateurs là ne fassent pas que se faire dire : Tu
devrais faire ceci ou tu devrais agir comme cela. Un coup qu'on leur a dit, ils
gardent pleins pouvoirs pour poursuivre dans la mauvaise lignée. Bien, les
responsables des services de garde — moi, j'en ai connu
plusieurs — se
sont dit : Bien, moi, ça suffit, et elles sont parties au privé. Elles ne
sont pas toutes parties parce que ça ne faisait pas leur affaire, il y en a qui
sont parties parce qu'elles ne voulaient pas les relations avec les bureaux
coordonnateurs. Et c'est pour ça, entre autres, qu'on nous dit que les PNR sont
si inquiètes à réintégrer le réseau, c'est parce que les... ce qu'elles en
connaissent, ce n'est pas positif. Ce qu'elles en connaissent, c'est : Tu
vas avoir des contraventions, on va aller chez toi toutes les semaines, on va
faire ceci, on va faire cela, puis les filles nous disaient : Il y a-tu
quelqu'un qui veut adhérer à ça?
M.
Tanguay : Il y avait des cas où il y avait des constats
d'infraction qui étaient déraisonnables à leur face même?
Mme Longchamps
(Lucie) : Oui. Oui.
M. Tanguay :
O.K.
Mme Longchamps
(Lucie) : J'ai vu des endroits où on abusait des choses, j'ai vu des
endroits où on mettait beaucoup trop de pression sur la femme et on n'était pas
en accompagnement. On devrait être en accompagnement et non en... toujours
vouloir mettre le punitif, on devrait être plus en accompagnement.
M. Tanguay :
Puis je ne veux pas être, en tant que légiste, là, inutilement pointilleux. Ça
serait dans la loi ou dans le règlement, ça, cette révision-là?
Mme Longchamps
(Lucie) : Bien, je pense que, là, il y a des choses dans le projet de
loi pour que les bureaux coordonnateurs, les pratiques soient plus
harmonieuses, j'ai lu des choses pour des pratiques un peu plus... un peu plus...
je ne trouve pas le bon mot, sans vous dire «pareilles», que ce soit similaire
dans toutes les régions. Mais je pense que, quelque part, le gouvernement et le
ministre manquent un peu de force pour que ces bureaux coordonnateurs là, sans dire
«retrouvent le bon chemin», qu'on puisse, quand on leur dit quelque chose, y voir un peu qu'il y aurait
intérêt à respecter le droit des responsables de service de garde. Présentement, c'est excessivement difficile.
M. Tanguay :
J'ai résisté à la tentation de vous poser la question : Pouvez-vous étayer
sur le fait que le ministre manque de force?, mais je vais me réserver le...
Mme Longchamps
(Lucie) : Bien, ce n'est pas directement M. Lacombe que je
disais, mais le...
M.
Tanguay : Je le sais. Puis vous savez bien que, moi non plus,
ce n'était pas personnel, vous me connaissez.
Mme Longchamps
(Lucie) : O.K. Ça, dans votre cas, je ne le sais pas, M. Tanguay,
là, mais le pouvoir...
M. Tanguay : Vous me
connaissez bien.
Mme Longchamps
(Lucie) : Puis vous allez voir que moi, même si on est en commission,
je vais demeurer transparente et je demeure toujours la même personne.
M. Tanguay : Oui, oui, oui!
Mme Longchamps (Lucie) : Je pense
qu'on manque un peu de pouvoirs avec les bureaux coordonnateurs, et certains
bureaux coordonnateurs ont fait un peu du... de l'abus de pouvoir, je vais le
nommer comme ça...
M. Tanguay : O.K. Le point
est fait, le point. O.K.
Mme Longchamps (Lucie) : ...ils ont
fait un peu d'abus de pouvoir. Je vais vous dire, aujourd'hui je suis un peu
plus nerveuse qu'à mon accoutumée, donc je ne trouve peut-être pas les bons
mots.
M. Tanguay : Non, non,
mais...
Mme Longchamps (Lucie) : Peut-être
que c'est la manif de ce matin, là, qui m'a bien, bien, bien...
M. Tanguay : C'est bon.
Mme Longchamps (Lucie) : ...qui m'a
bien, bien augmenté le niveau d'énergie.
M. Tanguay : C'est bon.
Mme Longchamps (Lucie) : Habituellement,
je suis un peu plus volubile. Là, je ne trouve pas toujours les bons mots.
M. Tanguay : Non, non, mais
je pense qu'on vous touche... on trouve très volubile et très... vous faites
vos points. Mais c'est très bien, c'est très bien fait.
Justement, là-dessus, milieux familiaux non
régis, là, les non régis, on vient de parler... Il y avait deux écueils ce
matin, quand ils sont passés. L'Association québécoise des milieux familiaux
éducatifs privés parlait, bon, de la relation avec les bureaux coordonnateurs,
également du défi d'être syndiqué également. Je ne sais pas si vous avez
quelque chose à répondre à ça.
Mme Longchamps (Lucie) : Bien, ça,
je pense que ça fait aussi partie des craintes, comme elles ont crainte du
bureau coordonnateur. Tu sais, je pense que la syndicalisation, au Québec, pour
les responsables de service de garde, ça a été un choix qu'elles ont dû faire
et que j'ai fait, parce que moi, j'ai amené mon propre groupe à se syndiquer à
la CSN. C'est un... On n'avait pas le choix, c'était ça ou on s'en allait toute
la gang. Il fallait établir un choix, il fallait établir une voie avec le
gouvernement, il fallait établir des ponts beaucoup plus clairs. Donc, ça, la
syndicalisation... Puis je peux comprendre qu'on y est pour ou qu'on y est
contre, puis moi, je ne suis pas là pour faire le débat de la... On devrait
tous, tous se syndiquer? Vous comprendrez que moi, si je le suis, je pense que
oui, mais je... ça, je peux comprendre ça, mais je ne comprends pas leur
crainte à s'affilier à un bureau coordonnateur. Bien entendu, c'est parce que
ce qu'elles entendent... Mais, quand il y aura l'harmonisation, quand il y aura
de meilleures relations, ce n'est pas ça qui va faire en sorte qu'elles seront
moins autonomes dans leurs milieux de garde ou qu'elles seront plus
malheureuses de recevoir les enfants le matin. Bien au contraire, quand elles
auront besoin, et j'espère, on aura mis en place des agentes conseil parce
qu'on les aura payées correctement et qu'elles seront là au rendez-vous pour répondre
à leurs besoins.
• (15 h 40) •
M. Tanguay : Merci beaucoup.
J'aimerais revenir sur ce qu'a dit un peu plus tôt Mme Lelièvre. Vous avez
dit, je vous cite, là le défi de pérenniser les places qui existent, les places
existantes. Vous faisiez référence à quelle réalité? Au fait qu'il serait bien
de faire de la conversion des privés non subventionnés en CPE ou vous parliez
de pérenniser les places existantes aussi dans les autres types de service de
garde?
Mme Lelièvre (Katia) : Bien, en
fait, nous, on préconise de façon évidente, là, les CPE puis les RSG, mais on
pense qu'on doit aussi s'assurer de sécuriser ces places-là. Et il y a
plusieurs défis, là, Lucie en a énoncé beaucoup, mais il faut s'assurer que ces
places-là demeurent. Et tantôt le ministre a parlé des RSG aussi, sur les
difficultés qu'ils ont rencontrées, là, puis la peur du ministre de l'exode des
RSG, là, du réseau et... Bon, bien, évidemment, on croit qu'il faut s'assurer
que cet exode-là ne se poursuit plus, et les solutions qu'on a apportées sont
dans cet effet-là, là.
M. Tanguay : Et là-dessus
je fais du pouce sur ce que disait un peu le ministre, puis là il essayait de
construire avec vous, là, une garantie d'assurance qu'un RSG ne fermerait pas
si d'aventure la loi disait que c'était un droit. Mais, dans le contexte
actuel, il en ferme à toutes les semaines, puis je comprends, dans le contexte
actuel où vous êtes en grève, mais, dans un contexte où — puis,
excusez-moi, je veux vous laisser du temps — où les conditions de travail
salariales... et que le réseau serait justement valorisé, et celles et ceux qui
en sont au coeur, les éducatrices et intervenantes, c'est
clair que, là, l'écueil du ministre, qui en ferme à toutes les semaines, bien,
il serait moins présent, surtout si on s'en va vers une conversion puis, dans
certains cas, CPE également. On aurait l'occasion d'avoir le débat. Mais je
veux vous laisser du temps, madame.
Mme Longchamps
(Lucie) : O.K. Pour les RSG...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Oui, Mme Longchamps, en une minute.
Mme Longchamps
(Lucie) : Pour les RSG, l'exode est moins grand parce que, finalement,
on a fait des investissements, heureusement, malheureusement pour la
négociation, par exemple. On aurait aimé que ce soit dans la négo. Je vais être
prudente de ce que je vais dire, Mme la Présidente. L'exode est un peu moins
grand. On va souhaiter que le projet de loi soit assez fort et assez franc pour
que ce qui va être mis en place dans les relations avec les bureaux coordonnateurs,
entre autres l'élimination du téléphone et plusieurs autres aspects, fera en
sorte que ces femmes-là vont rester, parce
que c'est une profession qui a tout à être mieux reconnue, moi l'ayant faite
pendant 25 ans.
M. Tanguay :
Bien, peut-être les secondes qu'il me reste, question ballon de plage pour vous
que je vous lance : Le 6 milliards, là, on le met-tu entièrement dans
le réseau ou c'est trop?
Mme Longchamps
(Lucie) : Qu'est-ce qu'on dit? On le met, on le met... autant qu'on en
a besoin. Si on a besoin du 6 milliards, on met le 6 milliards,
Katia, hein?
Mme Lelièvre
(Katia) : Bien, on est à la même place, là. Tu sais, je veux dire,
évidemment, il faut que ce réseau-là soit correctement financé si on veut être
en mesure d'avoir des places de qualité pour l'ensemble des enfants du Québec.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci.
M. Tanguay :
Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup. Maintenant, je vais céder la parole à la
députée de Sherbrooke pour 2 min 45 s
Mme Labrie :
Merci. Dans votre mémoire, vous nous faites la recommandation que, quand il y a
un manque d'offre dans une région, le développement de places ne soit fait
qu'en CPE, donc vous proposez, dans le fond, une cible de 100 % de développement
de places en CPE. Est-ce que vous pensez qu'on devrait l'inscrire dans la loi?
Mme Lelièvre
(Katia) : C'est une bonne question. Je croirais que oui, mais
également les milieux familiaux régis, parce qu'on doit toujours trouver
l'équilibre entre l'un et l'autre. On ne doit pas nuire à l'un ou à l'autre,
comme ça s'est passé au cours des dernières années, entre autres avec la
modulation de tarifs puis l'explosion des garderies privées non subventionnées,
puis surtout pour les petits lieux, parce que vous remarquerez que les grosses
garderies privées, où elles se sont établies? Dans les grandes villes. Pourquoi
dans les grandes villes? Parce que c'est là que les parents ont le plus de
financement dans leurs poches. Dans les petits lieux souvent, malheureusement,
en région plus rurale, ce sont des parents qui, au quotidien, qui gagnent un
salaire tout à fait modeste et qui ne pourraient pas se payer ça. C'est pour ça
que les grosses garderies se sont mises dans les grandes villes.
Donc, oui, on doit respecter,
mais toujours en gardant l'équilibre.
17 889 Mme Labrie : Ça fait
bien le pont pour ma prochaine question. Vous avez une de vos recommandations aussi qui parle des crédits d'impôt, vous proposez
une diminution progressive. C'est le contraire que le gouvernement
s'apprête à annoncer demain, si on a bien compris leur intention. Qu'est-ce que
vous pensez de ça? C'est quoi, les risques, à vos yeux?
Mme Lelièvre
(Katia) : Moi, je crois que ça devrait être en équilibre. On veut
ouvrir 37 000 places,
on se dit : On a un barème de tant de temps avec un échéancier clair. Dans
la même période de temps, on devrait baisser le crédit d'impôt pour qu'à la
fin, quand chaque enfant au Québec aura sa place, le crédit d'impôt n'existera
plus parce qu'on aura tout converti nos places en places à contribution
réduite. Ça, c'est dans le meilleur des mondes, et, dans le meilleur, meilleur
des mondes, toutes ces places-là sont entièrement gratuites, entre autres pour
les enfants qui viennent de régions avec une précarité économique.
17 889 Mme Labrie : Je pense
qu'on a une vision du meilleur des mondes qui se ressemble, mais, en
attendant... Alors là, vous proposez de geler le crédit d'impôt. J'aspire à la
même chose que vous, là, juste pour être claire. Mais il y a une inéquité entre
les parents en ce moment.
Mme Longchamps
(Lucie) : Oui.
Mme Labrie :
Est-ce que vous pensez que, minimalement, dans l'objectif de réduire cette
inéquité-là avec le crédit d'impôt en ce moment, que ça devrait absolument être
temporaire, là, ce qui va être proposé comme crédit d'impôt, il faudrait que ce
soit...
Mme Lelièvre (Katia) : Absolument.
On ne peut pas être contre le fait que le parent qui paie 50 $ doive avoir
accès à un crédit d'impôt qui va faire en sorte qu'il n'y aura plus cette
inéquité-là et cette injustice-là, presque, pour les parents qui se voient
contraints de prendre une place. Mais on devra soumettre un plan plus clair
pour que le crédit d'impôt baisse à mesure que nos places augmentent et qu'à un
moment donné il n'y en ait plus, de crédit d'impôt. Ça n'a pas lieu d'être, le
crédit d'impôt, on ne devrait pas... Et, vous le savez, dans les milieux
familiaux non régis, le crédit d'impôt, pour certains parents, est le gage de
qualité, mais ce n'est pas vrai.
15 399 La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci, merci beaucoup. Je cède maintenant
la parole à la députée de Joliette, toujours pour 2 min 45 s
Mme
Hivon : Oui, merci
beaucoup. Toujours intéressant de vous entendre avec cette passion qui vous anime,
pour dire le moins. J'allais aller dans le même sens. En fait, je pense qu'on
se rejoint sur beaucoup de choses. Nous, on pense que c'est vraiment le temps
de donner le coup de barre, de dire : Tout ce qui se développe pour la
suite, c'est du 100 % CPE, et on doit convertir, parce que ça ne marche
juste pas, le système. Puis on le voit parce qu'on s'attend demain à ce qu'il y
ait une augmentation du crédit d'impôt plutôt que de donner le coup de barre.
Moi, je veux
juste savoir, en ce moment, le ministre a un appel de projets en continu. La
règle du 85 % en CPE, pour ce
qui est installations, là, versus 15 % maximum en garderie privée ne tient
pas, ce n'est pas dans l'univers. Pour vous, c'est quoi, les impacts
possibles de ça? C'est-à-dire que, traditionnellement, il y a toujours au moins
85 % des nouvelles places qui doivent
aller en CPE. Là, en ce moment, on comprend qu'avec la nouvelle annonce de fin
septembre sur les appels de projets en
continu, ça ne tient plus la route, donc. D'ailleurs, on l'a vu dans les
annonces qui ont été faites. Moi, dans ma région, 50 % des places
sont en privé, par exemple. C'est quoi, l'impact de ça que ça peut avoir?
Mme Longchamps (Lucie) : Bien,
ça peut avoir que ce 15 % là, on va... on ne finira jamais par le rebalancer
avec le crédit d'impôt. Moi, je pense que tout ce qui doit se développer à
partir de demain matin devrait être entièrement en CPE puis en milieux
familiaux régis et subventionnés. Ça n'a plus sa raison d'être de faire du
développement en garderie privée, si c'est bien votre question, Mme Hivon.
Mme Hivon : Puis
comment on y arrive? Parce qu'évidemment on entend toujours les gens
dire : Oui, mais là c'est compliqué, puis là les CPE, des fois, c'est plus
long. Puis donc comment on y arrive? Je pense qu'on veut tous la qualité. Donc,
comment on y arrive, à ça? Est-ce que c'est vraiment une quête impossible ou
vous pensez que c'est tout à fait possible d'y arriver, de développer
100 % en CPE?
Mme Longchamps (Lucie) : Moi,
je pense que c'est tout à fait possible. Je sais que les critères puis les
volontés du ministre étaient de diminuer les critères de 17 critères à
neuf critères. Je pense que c'est tout à fait possible.
Je pense qu'en enlevant le financement 80 %, je pense qu'en financement...
adéquatement, en aidant les centres de la petite enfance puis en aidant
aussi ces directions-là à mettre en place peut-être une deuxième installation,
peut-être une troisième installation... Puis on a quand même des
recommandations dans le mémoire sur comment moduler ça, puis, entre autres,
pour les conseils d'administration, parce qu'on ne veut pas non plus se
ramasser avec des mégastructures. Moi, je pense que c'est tout à fait possible.
Mme Hivon :
O.K. Puis je veux vous amener sur la question des ratios, parce que, vous
l'avez bien souligné, c'est une autre
grosse inquiétude qu'on a... On espère qu'avec des négociations
fructueuses — on salue
d'ailleurs les éducatrices qui sont
en moyens de pression — que les choses vont pouvoir aller dans le bon sens enfin. Mais il
y a une diminution du ratio réglementaire que le ministre a mise de
l'avant du deux sur trois à un sur trois. C'est quoi, l'impact de ça?
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suis vraiment désolée, le temps nous est...
Mme Hivon : Ça
aurait été vraiment intéressant de vous entendre, mais merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ça
aurait vraiment été intéressant...
Mme Longchamps (Lucie) : Ai-je
le temps d'y répondre?
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien
non, pas du tout parce qu'on a d'autres témoins qui vont venir à la commission.
Alors, désolée. Mais vous pourriez peut-être répondre par écrit à la commission
sur la question de Mme Hivon, puis on pourra partager ça avec nos membres.
Donc, à moi de vous remercier pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
d'accueillir les prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 48)
(Reprise à 15 h 53)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je souhaite la bienvenue à M. Bédard et
Mme Plourde. Chers invités, je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procédons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à vous.
Fédération québécoise de l'autisme (FQA)
M. Bédard
(Tommy) : Donc, bonjour. Je
suis Tommy Bédard. Je suis le président de la Fédération québécoise de l'autisme.
Mme Plourde (Lili) : Lili Plourde.
Je suis directrice générale.
M. Bédard (Tommy) : Donc, si vous me
permettez, je débute. Donc, M. le ministre, Mme la Présidente et MM. et Mmes
les députés, bonjour.
Présente depuis 45 ans, la Fédération
québécoise de l'autisme, FQA, est un regroupement provincial de 75 organismes
qui ont en commun les intérêts de la personne autiste et ceux de sa famille et
de ses proches. 16 de ces organisations sont des associations en autisme présentes
dans chacune des régions du Québec. Les autres organismes sont des membres
associés à la fédération et proviennent de différents réseaux :
communautaire, scolaire, santé, services sociaux et privés.
La mission de la fédération est de mobiliser
tous les acteurs concernés afin de promouvoir le bien-être des personnes,
sensibiliser et informer la population sur le trouble du spectre de l'autisme,
TSA, ainsi que sur la situation des familles
et contribuer au développement des connaissances et à leur diffusion. Cette
mission se traduit, entre autres, de la façon suivante : promotion
et défense des droits, information et formation, vie associative.
C'est à titre de représentants de l'ensemble des
personnes autistes et de leurs familles que nous déposons nos commentaires dans
le cadre de la consultation particulière sur le projet de loi n° 1. La
Fédération québécoise de l'autisme se
réjouit de l'intérêt du gouvernement du Québec d'améliorer la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance.
Mme Plourde (Lili) : Aujourd'hui,
notre présentation va porter principalement sur un élément : que la loi
permette une véritable inclusion des enfants autistes ou en situation de
handicap dans les services de garde éducatifs québécois, car nous sommes très
préoccupés de la situation actuelle. Présentement, faute de places dans les
milieux adaptés, par manque de connaissances
et de formation par l'ensemble des services adaptés à leurs besoins, des
enfants autistes se voient refuser une place dans un service de garde ou sont
rapidement expulsés en raison principalement de leur comportement. Il est
nécessaire de permettre à tous les enfants autistes ou en situation de handicap
au Québec d'avoir une place en service de garde, peu importent leurs besoins.
Les enfants
autistes seront souvent écartés des groupes réguliers à l'école, fréquenteront
des services de loisirs ségrégués et, à l'âge adulte, fréquenteront des
centres de jour spécialisés. Il est donc d'autant plus important de leur donner
l'opportunité de fréquenter un milieu accueillant avec d'autres enfants de leur
âge dans lequel ils pourront faire des apprentissages avant leur entrée à
l'école. Ainsi, on peut diminuer la discrimination systématique dont ils seront
souvent victimes bien souvent à l'école. Depuis le premier plan d'action en
autisme, en 2003, plusieurs actions ont été posées, de meilleures méthodes
éducatives ont vu le jour, les services scolaires se développent tant au
primaire qu'au secondaire. Il serait dommage de ne pas permettre aux enfants de
s'épanouir dès la petite enfance.
M. Bédard (Tommy) : Donc, la
discrimination des milieux. Il existe encore beaucoup de préjugés envers
l'autisme, et, dès le départ, les intervenants de tous les milieux sautent
rapidement à la conclusion que les besoins de l'enfant dépasseront leurs
capacités d'accueil et d'intervention. La Vérificatrice générale du Québec,
dans son rapport produit en 2020, souligne
que les enfants dont les parents ont signalé un diagnostic au moment de
l'inscription à La Place 0-5 ans ont eu plus de difficulté à obtenir
une place en service de garde que les enfants n'ayant pas de besoins particuliers. C'est clairement de la
discrimination basée sur le handicap. Il est important de ne pas
discriminer les enfants, peu importe le diagnostic, dans les politiques
d'admission des services de garde. La loi donne le même droit à tous les
enfants. La façon de sélectionner les enfants actuellement est donc une
atteinte aux droits des enfants en situation de handicap.
Nous nous permettons de citer la Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse dans sa lettre adressée à la
présidente de la Commission des relations avec les citoyens :
«Compte tenu de l'objectif principal du projet
de loi n° 1, qui est d'améliorer l'accessibilité au réseau des services de
garde à l'enfance pour tous les enfants québécois, et considérant les obstacles
qui se posent de façon persistante quant à l'accès en pleine égalité à ces services
pour les enfants en situation de handicap, la commission invite le législateur et le gouvernement à porter une attention particulière à ces enfants
et s'assurer que les mesures
nécessaires soient prises afin de leur permettre d'accéder sans discrimination aux services de garde
éducatifs à l'enfance.
«Dans cette perspective, le projet de loi
n° 1 mène notamment à s'attarder plus longuement aux obstacles qui se
posent dans l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance, notamment pour
les enfants en situation de pauvreté, les enfants en situation de handicap et
les enfants autochtones.
«Selon les plus récentes
données rendues disponibles par le ministère de la Famille, on peut estimer qu'environ 58 %
des enfants qui vivent avec une ou des incapacités ne fréquenteraient aucun
service de garde à l'enfance à l'heure actuelle.»
À l'article 59.4, il est indiqué que «le
guichet unique est un outil de référence et d'appariement servant à assurer une
offre de services de garde éducatifs à l'enfance répondant aux besoins des
parents et favorisant l'égalité des chances des enfants, tout en respectant les
critères d'admission et le rang attribué à un enfant en application du présent
chapitre». Dans la réalité, plusieurs raisons sont bonnes pour refuser un
enfant, la principale étant que les besoins de l'enfant dépassent les capacités
du service de garde éducatif. Le manque de services empêche les enfants de
fréquenter un milieu, ce qui représente une discrimination.
Aux pages 7 et 9 du Guide pour faciliter
l'action concertée en matière d'intégration des enfants handicapés dans les
services de garde du Québec en 2001, il est indiqué que «le personnel de
certains services de garde ne voit aucun avantage et s'estime même pénalisé
lorsque des enfants handicapés sont admis dans ces services (surcharge de
travail, épuisement professionnel, manque de soutien extérieur, allocations
insuffisantes, charges financières, etc.)» Or, l'intégration d'un enfant
handicapé nécessite des adaptations appropriées de même que l'accueil et
l'ouverture du personnel de garde.
• (16 heures) •
Mme Plourde (Lili) : Nulle part
dans le projet de loi nous n'avons pu lire comment les enfants en situation de
handicap peuvent être soutenus en milieu de garde. Il est important de préciser
davantage ce qu'est un service éducatif personnalisé de qualité en s'assurant
que tous les enfants soient sur le même pied d'égalité. Trop souvent, les
services de garde énoncent l'argument du manque de ressources financières et
humaines pour répondre aux besoins des enfants autistes. Il est important de
financer les services de garde éducatifs afin qu'ils aient le personnel
nécessaire pour encadrer les enfants avec des besoins particuliers et qu'ils
puissent surtout offrir la formation en lien avec l'autisme afin de mieux
accompagner les enfants dans leur développement. Peu importe l'âge de leur
enfant ou le service offert, les parents dénoncent souvent le manque de formation
et de connaissances du personnel face à l'autisme. Lorsque le personnel est bien
formé, qu'il utilise les bonnes méthodes d'intervention, qu'il est présent avec un ratio suffisant, il n'y a pas de raison de
ne pas inclure un enfant dans un groupe. Il faut, par contre,
qu'il y ait une véritable volonté d'inclure les enfants et de les
considérer sur le même pied que les autres, avec les mêmes droits.
M. Bédard (Tommy) : Prioriser les
besoins socioéconomiques et socioaffectifs. Plusieurs enfants en situation de
handicap sont expulsés en raison de leurs besoins. Cette situation crée une
surcharge pour les parents et aussi un sentiment d'abandon. Elle implique aussi
une expérience négative d'attachement chez l'enfant, ce qui peut avoir des
répercussions importantes sur son développement socioaffectif. Les parents
quittent parfois leur emploi, ne trouvant pas de milieu de garde souhaitant
accueillir leurs enfants qui demandent des interventions adaptées et davantage
de temps dans les routines.
Le projet de loi prévoit de prioriser les
enfants qui vivent dans les contextes de précarité socioéconomique. Nous
applaudissons cette mesure, considérant que les familles d'enfants autistes se
retrouvent souvent dans cette situation en raison de multiples facteurs. Les
parents ayant un enfant à besoins particuliers doivent souvent recourir aux ressources
d'aide privées, compte tenu des épisodes de services de réadaptation de la part
du RSS. Le risque d'appauvrissement est donc, une fois de plus, présent au sein
des familles. Mais nous croyons aussi qu'il faut prendre en considération la
précarité socioaffective dans les critères de priorisation. Selon les études,
les parents d'enfants autistes, tous handicaps confondus, vivent les plus
grandes détresses psychologiques. Il est donc important de les soutenir tout au
long du cheminement de leur enfant, peu importe son âge et ses besoins. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, vous avez la parole pour 16 min 30 s.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. C'est un plaisir d'avoir l'occasion d'échanger
avec vous sur ce sujet, qui est à la fois important et délicat aussi, parce
que, bon, on est bien loin d'un enjeu où les solutions sont simples. Mais je
dis souvent : Ce n'est pas parce que c'est difficile qu'il ne faut pas
régler le problème. Au contraire, là, quand c'est plus difficile, c'est là
qu'il faut le faire, parce que, sinon, ça ne se fera pas. Donc, je suis bien d'accord
avec vous qu'on doit avoir une attention particulière à tout l'enjeu des
enfants qui vivent avec l'autisme et qui doivent aussi pouvoir fréquenter nos services
de garde éducatifs à l'enfance.
Peut-être, d'entrée de jeu, je dirais, le projet
de loi est un véhicule pour mettre en oeuvre certaines dispositions de notre
Grand chantier pour les familles, et donc, vous savez, il y a 45 mesures
là-dedans et il y en a 18 qui nécessitent l'adoption du projet de loi pour être
mises en oeuvre. Mais ce que je veux dire, c'est qu'au-delà du projet de loi où, par exemple, on va parler des enfants qui vivent dans des
situations de précarité socioéconomique — ça, on a besoin du
projet de loi pour y arriver — dans le cas des enfants, disons, qui ont
des besoins particuliers, c'est peut-être moins clair qu'on a besoin du projet
de loi n° 1 en tant que tel pour y arriver.
Je souligne, et je sais que ça ne règle pas tous
les problèmes, loin de là, mais je souligne, par exemple, lorsqu'on est
arrivés, lorsqu'un j'ai pris les commandes du ministère de la Famille, par
exemple, on a augmenté de façon importante, 70 % à ce moment-là, la mesure
exceptionnelle de soutien, que vous devez bien connaître, dans les CPE, les
garderies subventionnées, qui vise à accompagner les enfants, et
particulièrement pour les tout-petits qui vivent avec l'autisme. Là, c'est un
bon exemple. Ce sont des enfants qui nécessitent souvent un accompagnement
très, très personnalisé, parfois du un pour un. Donc, dans ce cas-ci, par
exemple, on n'a pas besoin de changement législatif pour
arriver à ça. Même chose pour l'allocation pour l'intégration des enfants
handicapés, l'AIEH. Mais, en même temps, on comprend qu'il y a des enjeux et...
entre autres, dans l'utilisation, la façon dont ces subventions-là sont
utilisées, et on s'est engagés à revoir ça et en faire quelque chose de plus
efficace.
Donc, je veux
peut-être vous rassurer, là, tout de suite pour vous dire : Les enfants
qui ont des besoins particuliers ne sont pas les grands oubliés du projet de
loi. Si vous avez des suggestions à inclure, c'est ça, dans le projet de loi,
bien sûr, on en prend connaissance. Mais je voulais quand même vous donner
l'intention.
Vous avez des
propositions qui sont intéressantes. Parlez-nous peut-être un peu plus de
l'importance, pour vous... Je vais avoir peut-être deux, trois questions, là.
Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu plus longuement de
l'importance, à votre sens, de permettre aux enfants de rester — vous
nous proposez ça — une
année de plus dans les services de garde éducatifs à l'enfance? Pourquoi est-ce
que c'est... J'ai lu, là, votre explication, mais il n'y a rien comme une
explication de vive voix. Pourquoi c'est important pour vous?
Mme Plourde
(Lili) : C'est important. Souvent, les enfants autistes vont
développer leur maturité un petit peu plus tard, ça va être plus long, faire
des apprentissages. Donc, le fait de pouvoir rester plus longtemps en service
de garde, on va pouvoir faire... tu sais. Puis la socialisation est très
difficile chez les jeunes enfants, ça va arriver plus tard. Ça fait que de leur
permettre une année de plus en service de garde, ça va amener plus de maturité
puis plus d'apprentissages qui vont être faits, là, pour l'entrée à l'école. Ça
se fait dans... Il y a plusieurs régions que c'est parce qu'il y a... Les
régions sont différentes. Il y a des régions que ça se fait très, très
facilement, il y a des régions que c'est plus difficile. Parce que ça se fait
déjà, de demander une dérogation, mais... Puis il y a des enfants qui n'en
auront jamais besoin. Mais c'est ça, c'est d'aller chercher plus d'acquis, plus
de maturité avant l'entrée à l'école, là, qui sont des éléments importants.
M. Lacombe :
Donc, pour vous, ça ferait la différence?
M. Bédard
(Tommy) : Mais, si je peux ajouter...
M. Lacombe :
Oui, oui, allez-y.
M. Bédard
(Tommy) : Oui. Si je peux ajouter, on le voit sur le terrain. Moi,
étant donné qu'outre être président je suis directeur d'un organisme, donc je
vois régulièrement des familles. La période charnière du quatre, cinq ans,
c'est là que l'enfant change vraiment de façon marquée, et l'année
supplémentaire permet à l'enfant de se stabiliser, de prendre conscience de son
environnement. Et, justement, la période supplémentaire d'une année permet justement
à l'enfant de faire son intégration à l'école de bonne façon, en ayant la
maturité.
M.
Lacombe : Mais donc,
concrètement, là, j'essaie vraiment... comment vous voyez ça? Parce qu'évidemment
le cheminement scolaire est déjà établi, là. À la fin de la fréquentation d'un service
de garde, l'enfant entre à la maternelle, ensuite, la première année, bon, ainsi
de suite. Comment vous voyez ça? L'enfant, à votre sens, c'est plus profitable
pour lui qu'il soit une année de plus dans le service de garde avant d'intégrer
l'école, qui est un plus gros milieu? J'essaie de voir un peu, là, le bénéfice
pour les enfants.
M. Bédard
(Tommy) : Simplement, on parle en français, c'est bien entendu, les
changements, si on voit présentement, l'enfant va partir du CPE, se retrouver
en maternelle quatre ans, donc on parle d'une transition, pour se retrouver
ensuite à la maternelle régulière. Donc, si on peut appeler ça ainsi, trois
transitions, c'est extrêmement difficile pour un enfant. Donc, on parle d'année
supplémentaire qui pourrait ajouter à la maturité de l'enfant, éviter les transitions, donc en prolongeant un milieu qui
est familier, qui est structurant pour lui. C'est plus facile, disons-le
ainsi.
Mme
Plourde (Lili) : Puis aussi
ça pourrait permettre aux enfants... Bien, l'ICI, là, l'intervention
comportementale intensive, souvent, les enfants, on va avoir le diagnostic un
petit peu plus tard, donc vont avoir moins longtemps du ICI — l'ICI,
c'est dans le milieu de garde — n'auront pas nécessairement accès à
plusieurs mois d'ICI. Pour ceux qui en ont
besoin, les garder une année de plus en service de garde pourrait leur
permettre d'avoir accès plus longtemps à ces méthodes éducatives,
méthodes d'intervention éducative, là, pour ceux qui en ont besoin, bien
entendu.
M. Lacombe :
Oui, oui, d'accord. Je vous pose une question peut-être sur ce qu'on propose
puis j'essaie de voir comment vous analysez ça. Est-ce que vous pensez que ça
pourrait avoir un effet bénéfique, l'idée qu'on met de l'avant, donc de
demander aux CPE, bien, d'avoir une liste d'attente, là, où le parent pourrait
connaître le rang, par exemple, de l'enfant, de s'assurer que les CPE, les
garderies subventionnées respectent ce rang-là et que ceux-ci doivent justifier
par écrit le refus, par exemple, d'un enfant? Donc, on comprend que ce serait
gênant, pour un CPE, de dire : Bien, on n'accepte pas l'enfant parce qu'il
est autiste. Est-ce que vous pensez que ça, ça peut quand même avoir un effet
bénéfique? Est-ce que vous pensez que ça va être positif?
M. Bédard
(Tommy) : Je vais y aller, je vais y aller.
Mme Plourde
(Lili) : Vas-y.
M. Bédard
(Tommy) : Je le vois de façon positive. C'est sûr qu'un CPE devant...
qui doit écrire qu'on refuse votre enfant doit avoir des raisons vraiment
béton, si on peut dire ainsi. Donc, présenter par écrit en disant : Votre
enfant est autiste, on ne peut pas le prendre, on n'est pas outillés, ça paraît
mal. Donc, les gens vont peut-être... les CPE vont peut-être plus se forcer
pour essayer de comprendre ou peut-être essayer de s'outiller. Parce qu'encore
là, je le vois sur le terrain, les parents se font dire régulièrement et de
façon bien simple : On ne peut pas prendre votre enfant, on n'est pas
outillés, on ne connaît pas l'autisme, donc on ne peut pas le prendre ou vont
le prendre en disant, un mois ou deux mois
après : Ça ne fonctionne pas, on n'est pas outillés. Votre enfant, ça ne
fonctionne pas, donc ils vont
expulser l'enfant. Donc, c'est sûr qu'au départ, si on exprime de façon écrite
le pourquoi du refus, le parent est en mesure de dire : Bon, O.K., vraiment,
ce n'est pas une discrimination, c'est vraiment parce qu'il y a une raison
autre. Mais, je vous dirais, habituellement, c'est une incompréhension puis une mauvaise information ou formation
du personnel.
• (16 h 10) •
M. Lacombe : Je comprends bien,
merci. Je vais laisser du temps à une collègue, la députée de Bellechasse, mais
je reviendrai s'il nous reste du temps après.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Bellechasse.
Mme
Lachance : Merci, Mme la Présidente. Dans la continuité de ce que mon collègue le ministre
disait il y a quelques instants, vous parliez des milieux de garde qui
se disaient ne pas être outillés à certains égards. Bien, dans cette
optique-là, quel serait... comment la formation initiale des éducateurs
pourrait être bonifiée pour, justement, être en mesure, selon vous, de répondre
à ces besoins très spécifiques là?
Mme Plourde (Lili) : Je vous dirais
que ça va ressembler beaucoup à ce qu'on propose aussi comme formation à
l'école. Une formation de base, ce n'est pas suffisant, naturellement, pour
travailler avec des enfants autistes qui ont
des besoins. C'est que l'autisme vient encore avec beaucoup
de préjugés. Puis, on le dit souvent, ceux qui sont victimes de plus
grands préjugés, c'est les enfants autistes sans déficience intellectuelle, qui
sont capables de suivre une consigne, qui
vont suivre l'école... le cheminement scolaire sans problème, mais qui restent
autistes et que, si ce n'est pas expliqué comme il faut, si les
consignes ne sont pas bien données, si les gens ne les approchent pas comme des
personnes autistes, vont se comporter comme une personne autiste et risquent de
se désorganiser, et c'est là que les
troubles de comportement vont apparaître. Puis c'est le cas aussi chez les
tout-petits. Ce n'est pas un pattern qui se développe juste rendu à
l'école, là, c'est des choses qui existent quand ils sont jeunes.
Donc, c'est vraiment de faire une bonne
évaluation des enfants avant leur entrée dans les milieux de garde, comment ils
fonctionnent, c'est quoi qu'ils ont besoin comme services, puis ensuite de
comprendre la spécificité de l'autisme, de comprendre qu'est-ce qui est
derrière les comportements, de ne pas inventer des troubles d'opposition à des
enfants qui n'ont pas de trouble d'opposition, qui sont autistes. C'est un peu
ça, là, c'est de faire la différence entre les symptômes associés autour de
l'autisme, là... de ne pas les prendre pour d'autres choses. Ça fait que c'est
beaucoup ça qu'il faut prendre en considération, là, dans la formation. Ce
n'est pas des petits délinquants non plus. Tu sais, c'est tout ça, là, qu'il
faut faire attention, de ne pas mélanger les diagnostics.
Mme Lachance : Vous avez
mentionné, donc, dans la formation, que — Mme la Présidente, il me
reste quelques minutes? — dans
la formation, d'un peu s'apparenter à la formation des enseignants. Ça m'amène
à vous poser la question, puis là je ne sais pas si ce que je vous dis est
valable ou pas, n'hésitez pas à me le dire : Est-ce que ce serait valable,
à ce moment-là, deux années de maternelle quatre ans, plutôt qu'une
prolongation dans un CPE?
Mme Plourde (Lili) : En fait,
l'affaire, c'est l'ICI. Les parents veulent beaucoup... Puis M. Bédard
pourra confirmer. Tu sais, on a vanté beaucoup l'ICI au Québec comme façon
d'aider les enfants à communiquer, hein, la pyramide. Si tu es capable de dire
«j'ai faim», «j'ai soif», «je veux aller me coucher», c'est beaucoup plus
facile de faire des apprentissages. Donc, les parents se sont fait beaucoup
vendre l'ICI, veulent du ICI pour leur enfant, pour donner une base de
communication à leur enfant. Quand on diagnostique à quatre ans, tu sais, il ne
te reste pas beaucoup de temps de CPE pour faire du ICI, puis rares sont les
régions qui donnent le 20 heures qu'il est conseillé de donner par
semaine. Ça fait que c'est une des raisons pour laquelle les parents, des fois,
aimeraient mieux avoir plus longtemps du CPE, pour avoir plus longtemps du ICI.
Comme on disait tout à l'heure, ce n'est pas... ça ne fonctionne pas avec tous
les enfants. Ça fait que, pour certains enfants, deux ans de maternelle quatre
ans pourraient aussi être intéressants. Encore là, on parle d'évaluer les
capacités de l'enfant, puis pas juste à son entrée en milieu de garde, là,
d'évaluer ses pics de développement, là, avec le temps.
Mme Lachance : Sincèrement,
c'est très enrichissant de discuter avec vous, j'apprécie beaucoup. M. le
ministre, est-ce que vous avez... Oui?
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre, je vous cède la parole. Il vous reste quatre minutes.
M. Lacombe : Bien, je vais
peut-être y aller avec une question, puis, si la députée de Bellechasse veut
revenir, elle pourra me faire signe. En fait, j'ai envie de vous poser une
question plus générale, mais, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, les cas, je
dirais, où j'ai eu les dossiers les plus délicats sur mon bureau, c'est
lorsqu'un CPE, par exemple, en vient à expulser un enfant
autiste. À chaque fois que ça arrive, là, je suis un peu bouleversé parce que
je me dis : Bien, d'abord, comment ce tout-petit-là doit se sentir? Parce
que, tu sais, bon, souvent, ils sont assez vieux pour comprendre ce qui se
passe puis ils sont plus intelligents, ils comprennent bien des choses, là.
Quand on a des tout-petits, on le réalise, tu sais. Je me mets à la place des
parents. Je me dis : Quel sentiment de rejet épouvantable aussi pour les
parents, en plus de tout le casse-tête logistique, là, que ça cause, là, c'est
déjà un défi supplémentaire, puis je suis très, très conscient de ça. Donc,
c'est toujours un peu...
Puis je me mets aussi, je vous dirais, à la
place — je
suis certain que vous comprenez ça — de la direction du CPE puis
de l'éducatrice qui disent, là : Écoutez, nous, là, on a beaucoup de
difficulté à gérer ça, un tout-petit de cet âge-là qui vit, par exemple, avec
l'autisme et qui a des comportements, là, parfois, qu'on a beaucoup de
difficulté à gérer dans un groupe où l'éducatrice, c'est ça, doit quand même
s'occuper aussi des autres enfants. Tu sais, de façon plus large, là, comment
vous voyez leur intégration? Est-ce qu'à chaque fois il faut que ce soit du un
par un? Parce que vous parlez, bien sûr, d'une formation, mais il reste un
moment où il y a des cas particuliers qui seront peut-être plus problématiques
au niveau du comportement. Donc, c'est quoi, la solution, si ce n'est pas,
évidemment, de les expulser? Ce n'est pas ce qu'on souhaite, mais quelle est la
solution quand il y a des enjeux de sécurité, notamment? C'est les cas que je
déteste le plus. Je vous le dis, là, ça me brise le coeur à chaque fois.
Mme Plourde
(Lili) : C'est vraiment de
l'investissement en ressources
humaines. Les organismes
communautaires qui font des services de répit vont vous le dire, qu'est-ce qui
fonctionne en autisme, c'est le taux d'encadrement quand on a des enfants avec
des grands besoins pour qui c'est plus difficile de gérer leur environnement.
Puis il faut faire une analyse
d'environnement aussi. J'ai une anecdote qui n'a pas rapport avec les CPE, mais
un enfant de 12 ans qui n'a jamais mordu de sa vie puis qui se met
à mordre, cherchez pourquoi il se met à mordre. Il ne commence pas à mordre
pour le fun. Il y a quelque chose dans son environnement qui ne fonctionne pas.
Ça fait que c'est un peu la même chose en service de garde. Qu'est-ce qui ne
fonctionne pas? Mais, pour l'identifier, puis surtout quand ils sont tout
petits, c'est beaucoup les ressources humaines dans un contexte où on sait que
c'est de plus en plus difficile, là, mais ça reste que les ressources humaines,
d'offrir un ratio d'encadrement plus élevé permet un meilleur accueil.
Puis, tu sais, un enfant autiste, on l'a dit, ça
catche vite, hein? Ça fait que, tout comme à l'école, ce n'est pas long que,
quand ça fait deux, trois fois que tu te fais expulser de l'école, tu trouves
les bonnes façons de te faire expulser de l'école, parce que toi, tu aimes
mieux ça, comme enfant, de t'en aller chez vous, là. C'est la même affaire quand ils sont petits. Tu sais, il ne faut
pas leur donner l'habitude de penser que, s'ils ont tel comportement,
ils vont avoir ce qui est, pour eux, une récompense, mais pas pour leurs parents
puis pas pour le reste de leur cheminement.
M. Lacombe : Je comprends bien.
Il ne doit plus me rester de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) :
45 secondes.
M. Lacombe : 45 secondes.
Bien, je conclus en disant que je salue votre travail, là, je pense que le
message que vous portez, il est important. Puis je veux juste peut-être
préciser, dans les quelques secondes qu'il nous reste... Donc, j'en comprends que vous ne souhaitez pas
nécessairement que ce soit inscrit dans la loi qu'il y ait une
priorisation des enfants à besoins
particuliers, mais que vous souhaitez qu'il y ait davantage de moyens qui
soient accordés pour qu'on puisse
s'occuper des enfants sans qu'il y ait de discrimination dans leur admission.
Est-ce que c'est ça? Je comprends...
M. Bédard (Tommy) : Tout à
fait.
M. Lacombe : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Maintenant, je vais céder la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis
pour une durée de 11 minutes.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Plourde, bonjour, M. Bédard. Un plaisir
d'échanger avec vous aujourd'hui sur un sujet qui, vous le savez tous,
m'interpelle personnellement. Alors, j'ai lu votre mémoire. Merci beaucoup,
parce que je pense que, d'emblée, il faut que les gens qui nous écoutent
sachent que le travail que vous mettiez a toujours été au rendez-vous pour
répondre aux besoins des enfants handicapés et autistes. C'est une tâche qui
est très lourde, alors merci beaucoup de votre témoignage et votre présentation
aussi, de nous équiper avec des documents.
Je veux commencer... J'ai trouvé très
intéressant, sur votre page 6, que vous dites : «Nulle part, dans le projet
de loi n° 1, peut-on lire comment les enfants en situation
de handicap peuvent être soutenus.» J'ai trouvé ça très intéressant,
parce que, comme... vous le savez comme moi, nulle part, dans le projet de loi
n° 1, le mot «handicap» n'apparaît, qui est une tristesse, surtout que,
quand... vous le savez aussi, parce qu'on a déjà eu l'échange en ce qui
concerne les crédits budgétaires, le ministre a dit que, quand il aura terminé
sa consultation, il était pour régler le cas des expulsions et le manque d'accessibilité
des enfants autistes, handicapés dans le réseau des services de garde. Alors,
c'est clair, pour moi, c'est une déception que ça n'apparaisse pas à
l'intérieur du projet de loi. Alors, en espérant qu'on va pouvoir le bonifier
ensemble avec vos belles recommandations.
Je veux retourner sur le sujet que vous venez
d'avoir avec le ministre en ce qui concerne... puis ainsi que les collègues, par rapport à l'année supplémentaire
dans le réseau des services de garde. Je veux juste amener des
clarifications pour que les gens qui nous écoutent
comprennent que maternelle quatre ans et cinq ans, ce n'est pas obligatoire.
Les parents ont l'option d'envoyer leurs enfants en maternelle quatre ans ou
cinq ans. Alors, je trouve votre idée quand même très intéressante, parce que,
comme vous dites, M. Bédard, la stabilité est très importante pour ces
élèves, et je suis persuadée que le gouvernement peut être convaincu que c'est
une bonne idée, étant donné que le programme Agir
tôt, le but, c'est de venir aider les enfants, surtout dans le réseau de
services de garde, mais, s'ils ne sont pas dans le réseau de services de garde, bien, qu'est-ce que
nous allons faire pour aider ces enfants? Ça fait que, s'ils sont là une
année supplémentaire, je vois ça vraiment d'un très bon oeil. Alors, merci
beaucoup pour cette belle recommandation.
• (16 h 20) •
Je veux revenir un peu sur, évidemment, les
mandats d'initiative que j'ai déposés, que vous êtes au courant, j'en ai déposé
plusieurs, la transition de l'âge mineur à l'âge majeur par les personnes
autistes, le manque de scolarité, il y a
l'expulsion du réseau scolaire des enfants autistes et handicapés, que j'ai
même déposé deux fois, parce que nous savons vraiment que c'est un grave
problème, puis vous avez donné votre appui. Puis, malheureusement, encore une
fois, le gouvernement a voté contre ces mandats d'initiative.
Mais il y a le mandat d'initiative qui nous
concerne aussi particulièrement dans cette commission, c'est celui pour
l'accessibilité au réseau de services de garde. Puis, vous l'avez mentionné,
puis je pense que plusieurs gens l'ont mentionné, l'expulsion des enfants, en
particulier autistes, de réseau de services de garde, c'est quelque chose qui
me préoccupe. Je sais que c'est une préoccupation que nous partageons. Vous
avez quand même parlé un peu des solutions que nous pouvons aborder ensemble,
puis j'ai entendu le ministre qui a dit, tu sais : Soyez rassurés que, tu
sais, le but, c'est d'avoir une meilleure accessibilité pour ces enfants. Je dois
être honnête, là, je ne suis pas rassurée tant que ce n'est pas enchâssé dans
une loi, tant que ce n'est pas écrit quelque part qu'on ne peut plus expulser
ces enfants faute de leurs besoins. Mon collègue a déposé un projet de loi
demandant l'accessibilité universelle. Nous le savons, dans le réseau scolaire,
ces enfants ont quand même leur place, puis c'est un droit, c'est l'article
n° 1 de la Loi sur l'instruction publique.
Alors, vous parlez des services adaptés. Que
pensez-vous que nous pouvons faire dans notre réseau de services de garde
éducatifs, peu importe les réseaux, pour venir aider? Mme Plourde, vous
avez parlé un peu du réseau communautaire, on a parlé un peu de formation.
Mais, mettons, on rêve ensemble, que pouvons-nous faire pour s'assurer que ces
enfants ont accès puis qu'ils ne seront plus expulsés du réseau?
Mme Plourde (Lili) : Bien,
c'est beaucoup... on en a parlé beaucoup, il y a encore une grosse population
au Québec qui a des préjugés envers les enfants autistes, peu importe leur âge.
Puis je vais utiliser un mot que je vais mettre entre parenthèses, là, il faut
arrêter de démoniser les enfants autistes, il faut arrêter de leur mettre tous
les défauts. Combien de parents qui nous appellent en disant : Mais ils
m'ont dit que c'était la faute de mon enfant? Non, ce n'est pas la faute de ton
enfant. Tu as un enfant autiste. Au départ, c'est un enfant. Ensuite, on lui a
donné un diagnostic d'autisme. Lui, il va faire ce qu'il peut avec les moyens
qu'il a.
Comment on outille les enfants, rendu là?
Comment on outille les enfants pour être capables de fonctionner en milieu de
garde? Bien, c'est le rôle des éducateurs d'outiller les enfants pour
fonctionner dans un groupe. Ça passe par de la formation, par des meilleures
connaissances, par l'ouverture d'esprit. C'est la base. On le voit dans les écoles. Une direction d'école qui croit en
l'inclusion scolaire, ça va se passer beaucoup mieux pour l'ensemble des
enfants autistes ou HDAA. C'est la même chose en milieu de garde. Croyons en
l'inclusion des enfants différents en milieu de garde, qui ont leur place avec
des amis de leur âge, faire les mêmes apprentissages que les autres, de façon
différente, oui. Puis ça se peut que, des fois, ils ne soient pas capables de
fonctionner en grand groupe. Même si on est
supposé les socialiser, des fois, ils vont avoir besoin de petites pauses. Peut-on
adapter l'environnement physique? Peut-on prévoir des... Tu sais, c'est vraiment
de... quand qu'on parle d'adaptation, c'est ça, mais l'adaptation vient avec
une meilleure connaissance de c'est quoi, l'autisme.
Puis, oui, on le dit, l'autisme, ils ont des
problèmes de communication, des problèmes de socialisation, mais ils ne
fonctionnent pas tous pareils malgré tout. Ça fait qu'on ne peut pas appliquer
un moule unique pour tous les enfants autistes. Ça demande de la flexibilité,
puis ça demande de l'ouverture.
M. Bédard (Tommy) : Ça demande aussi
l'évaluation, de bien évaluer l'enfant avant même l'inscription. Donc, il
y a les partenaires, ils sont
alentour, il y a le communautaire, il y a le réseau de la santé,
tous ceux qui tournent alentour de l'enfant. S'il y a une bonne évaluation
et qu'on comprend bien les particularités de l'enfant, on peut vraiment cibler
ceci puis vraiment mieux aménager l'environnement pour l'enfant. Ça facilite, justement,
l'espace de l'enfant, l'enfant est heureux.
Les éducateurs et les gens qui gravitent alentour de l'enfant savent maintenant
comment faire, parce qu'on sait... C'est un peu comme un mode d'emploi. Donc,
s'il y a une bonne évaluation, si c'est bien présenté, c'est gagnant.
Mme
Maccarone : ...on a entendu le Vérificateur général, ce matin, qui ont
soulevé les mêmes préoccupations que
vous en ce qui concerne... Bien, un, ce n'est pas chiffré, hein? Il n'y a
personne qui sait combien d'enfants autistes ou combien d'enfants
handicapés fréquentent le réseau des services de garde. Alors, ça, c'est
quelque chose... un chiffre qui m'apparaît très important. Mais ils ont aussi
soulevé les difficultés que... puis le problème du contrôle dans le réseau en
ce qui concerne les expulsions, puis ils demandent au ministère de régler ceci
puis de venir corriger cette lacune. Alors,
selon vous, est-ce que les C.A., mettons, si on parle des CPE, devront avoir le
droit d'expulser ces enfants ou est-ce que le ministre devrait donner le
droit et une approbation s'il y a une demande d'un C.A. de dire : Regarde,
on ne peut plus accueillir cet enfant?
Puis
je constate qu'on peut avoir des enfants ayant des besoins qui sont très
vastes, mais moi, je suis persuadée... Parce
que je vis dans un monde inclusif puis je pense que nos enfants vont hériter ce
monde-là, puis, quand ils vont
quitter le réseau de garde ou le réseau scolaire, on va être pris avec ces
enfants-là. Alors, est-ce qu'ils devront avoir ce pouvoir ou est-ce que
ça, c'est quelque chose qui devrait résider sur le bureau du ministre pour
prendre une décision finale? Je sais que je
suis très passionnée. Vous me connaissez, là, évidemment, c'est une cause qui
m'interpelle.
Mme Plourde
(Lili) : De base, je vais poser la même question que je pose souvent
quand des enfants se font expulser de l'école : Qu'est-ce qui a été mis en
place? Qu'est-ce qui a été mis en place, au service de garde, pour accommoder
les besoins de l'enfant? Qu'est-ce qui a été fait? Puis, souvent, la réponse,
là, ce n'est pas ce qu'il fallait. Donc, à partir de là... Puis les membres du
conseil d'administration n'étant pas nécessairement sur le terrain, eux, est-ce
qu'ils ont toutes les connaissances nécessaires pour dire : Oui, c'est
vrai, vous avez raison, vous avez tout fait
ce qui était en votre possible pour garder cet enfant-là, vous pouvez
l'expulser? Non. Non, parce que ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai
qu'il y a tant d'affaires que ça qui ont été essayées en milieu de garde. Ça
fait qu'avant de dire : Oui, on expulse cet enfant-là, faisons le tour de
ce qu'on a essayé puis de ce qu'il faudrait essayer avant de faire ça.
Mme
Maccarone : Ça me surprend, votre point de vue en ce qui concerne le
guichet unique, qui est cherché, que vous ne dites pas qu'on devrait prioriser
les enfants. La raison que je questionne ceci, c'est parce que, là, vous venez
de faire un exposé, Mme Plourde, pour dire que, dans le réseau scolaire,
tu sais, on a quand même des droits, puis,
oui, c'est article 1 de la Loi sur l'instruction publique, malgré qu'on trouve
des trous pour expulser quand même nos enfants. Alors, pourquoi ne pas
prioriser nos enfants puis de dire que c'est un droit, que ça fait partie d'un
article dans un projet de loi pour dire : On ne peut plus expulser ces
enfants, ils ont le droit d'avoir un accès?
Mme Plourde
(Lili) : Bien, vu comme ça, oui, je pense qu'ils ont le droit d'avoir
un accès. Puis je pense que d'invoquer les accommodements déraisonnables pour
refuser, bien, de prendre un enfant dans un service de garde, ça ne devrait pas
avoir le droit d'exister. Si on l'entend comme ça, là, un enfant, ça a le
droit, comme n'importe quel enfant... tous
les enfants ont le droit d'aller en service de garde. Donc, sur la base d'un
diagnostic... Parce que le service de garde va refuser l'enfant sur la
base d'un diagnostic sans avoir fait d'évaluation puis sans savoir c'est quoi,
son profil, puis il est-tu capable de l'accueillir.
Ça fait que, si on...
Entendu comme ça, non, je suis d'accord avec vous, ça ne peut pas être un motif
d'exclusion d'un CPE, d'un service de garde. À ce moment-là, que le CPE
démontre qu'il n'a pas les ressources nécessaires. Mais qu'est-ce qu'on fait
après ça? L'enfant a le droit d'aller en garderie, puis c'est un droit. Tu
sais, il a le droit d'aller en garderie. Ça fait que, si un service de garde
n'a pas les ressources nécessaires pour accueillir les enfants, bien, comment
on fait pour donner les ressources nécessaires à tous les services de garde
pour être capables d'accueillir les enfants avec des besoins particuliers?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup. Nous allons maintenant céder la parole à
la députée de Sherbrooke pour 2 min 45 s.
• (16 h 30) •
Mme Labrie :
Merci. On a discuté quand même beaucoup des enfants qui ont déjà un diagnostic d'autisme,
mais, pour parler souvent avec des éducatrices, elles me mentionnent beaucoup
que, bon, les enfants n'ont pas toujours un diagnostic d'autisme, même si ça va
s'avérer plus tard, quand ils sont en services éducatifs à la petite enfance.
Des fois, bon, ils sont sur une liste d'attente puis ils n'ont pas encore vécu
le processus de diagnostic, qu'ils soient... c'est un peu trop tôt pour être
rendu là, mais il y a quand même des enjeux qui sont vécus. Puis ce qu'elles me
disaient, c'est que, quand il y en a un, diagnostic... bon, il n'y a jamais
suffisamment de services par rapport aux besoins, mais il y en a quand même
quelques-uns. Par contre, quand il n'y a pas de diagnostic, il n'y a
pratiquement rien, là, qui est là pour les soutenir comme éducatrices. Est-ce
que vous pensez qu'on devrait systématiser, là, la présence d'éducatrices
spécialisées dans les CPE, dans les installations?
Mme Plourde
(Lili) : Bien, j'aurais tendance à dire oui, parce que, tu sais, il y
a tous les retards de développement, mais...
J'ai complètement oublié mon idée. J'étais partie sur un bel élan puis je l'ai
complètement perdue.
M. Bédard
(Tommy) : Je peux continuer, j'ai quand même...
Mme Plourde
(Lili) : Vas-y.
M. Bédard
(Tommy) : Ce n'est pas seulement que bénéfique pour les enfants
autistes, c'est bénéfique pour tous les enfants qui ont un retard de
développement, d'adaptation, et tout, et tout. Quand on parle d'un enfant qui
n'a pas un diagnostic ou qui est en attente, qui a le diagnostic provisoire, ou
peu importe le nom qu'on peut lui donner, qui
vient du programme Agir tôt, donc, l'enfant avec un diagnostic provisoire a déjà une
offre de services potentielle. Mais, encore une fois, le communautaire
est là pour essayer d'outiller les familles et de les accompagner. Mais qu'il y
ait une personne qui soit outillée, que son emploi soit en intervention ou
comme éducatrice spécialisée, c'est gagnant pour tout le monde, parce que, tu
sais, nos enfants... L'enfant normal, maintenant, existe-t-il? Je ne crois pas.
Nos enfants sont tous magiques, ils ont tous un petit quelque chose.
Mme Plourde
(Lili) : Si on vivait dans le meilleur des mondes, on ne donnerait pas
des services sur la base d'un diagnostic mais sur la base d'évaluation des
besoins. Ça fait que, oui, effectivement que ce serait une bonne idée pour tout
le monde.
Mme Labrie : Puis est-ce qu'à votre
avis il y a suffisamment de places, au protocole, réservées avec les CISSS, les
CIUSSS pour faire de la place à ces enfants-là dans le réseau?
M. Bédard (Tommy) : Moi, je dis non.
Mme Plourde (Lili) : Non.
M. Bédard
(Tommy) : Pour l'avoir vécu
moi-même, je suis papa d'un enfant autiste, donc, j'ai été chanceux, j'ai eu accès à une place protocolaire, car
c'était vraiment extrêmement compliqué, là. On parle de voilà plusieurs
années. Mais c'est très, très... il y a très peu d'enfants, du moins, dans ma
région, qui bénéficient de cette place protocolaire.
Mme Labrie : Je vous remercie.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de Joliette pour
2 min 45 s aussi.
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mais, puisque
je sais que c'est un sujet qui passionne et... ma collègue de Westmount—Saint-Louis,
qu'elle n'avait pas terminé son intervention, je vais lui céder mes minutes.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...besoin du consentement. Est-ce que tout le monde consent? Merci. Je souhaite
vous réentendre, Mme la députée. Donc, allez-y.
Mme Maccarone : Merci, et merci à ma
collègue la députée de Joliette, c'est grandement apprécié. Quand on avait terminé notre échange, on parlait des
ressources. Moi, je veux juste vous sensibiliser... Puis je le sais encore... je répète, parce qu'on avait déjà
jasé de ça, mais ça reste qu'il y a quand
même au-dessus de 1 million de dollars qui n'ont pas été
octroyés, lors du dernier budget, en ce qui concerne les enfants ayant des
besoins particuliers dans le réseau des services de garde. Alors, juste pour vous rassurer, il y a de l'argent
qui n'a pas été donné, alors... mais ça, ce n'est pas rassurant, ça, mais il est rassurant de savoir
qu'apparemment il y avait de l'argent qui a été budgété, mais pas
octroyé.
Alors, quand vous parlez de ressources, je
présume que vous parlez de ressources humaines, parce que... Je sais, comme
vous, j'ai entendu des cas, des familles qui sont venues me voir pour
dire : Bien, voilà, j'ai eu mon 25 000 $ du CISSS, tu sais, du gouvernement,
j'ai mon partenariat, mais ça reste que mon enfant n'a toujours pas eu une
place dans le réseau de services de garde. Alors, selon vous, quand on parle de
ressources, où est-ce qu'on peut trouver ces ressources pour venir prêter
main-forte? Parce que c'est sûr qu'on veut avoir une expérience positive non
seulement pour les enfants, mais aussi pour les familles. Alors, quels
partenariats devrons-nous privilégier pour s'assurer que les enfants
réussissent bien leur temps dans le réseau de services de garde?
M. Bédard (Tommy) : Mon Dieu! Est-ce
qu'on vit encore dans un monde idéal? Bien entendu, on parle de l'éducation
spécialisée. Présentement, les formations, oui, sont axées un peu sur
l'autisme, mais les gens qui en sortent, les diplômés sont les personnes toutes
désignées pour offrir ce soutien, peu importe l'endroit, là. On parle de CPE.
C'est les personnes les mieux placées. Qu'on aille les choisir dans un CISSS,
un CIUSSS ou peu importe, l'important, je vous dirais, c'est que le service de
ces professionnels soit offert aux enfants. Pas seulement qu'aux enfants, là.
On parle vraiment... c'est d'outiller, d'accompagner les éducatrices en service
de garde et d'accompagner l'ensemble des gens qui gravitent autour de l'enfant.
Mme Maccarone : O.K. Deux dernières
questions pour vous...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
10 secondes, madame...
Mme Maccarone : Bon, bien, juste...
Le comité consultatif, peut-être, oui ou non, vous souhaitez avoir une place
autour de la table, des parents qui représentent les enfants handicapés
autistes? Oui? Puis combien de plaintes recevez-vous par année par rapport à
l'exclusion du réseau de services de garde?
La Présidente (Mme D'Amours) : J'ai
besoin juste d'un chiffre, parce qu'on doit terminer la session avec vous.
Donc, est-ce que vous avez juste un chiffre pour Mme la députée?
Mme Plourde (Lili) : Je n'ai pas de
chiffre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Pas
de chiffre.
M. Bédard (Tommy) : En Abitibi, 20.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Si vous avez une liste de chiffres avant que notre
commission soit terminée, vous pouvez
toujours la déposer à la commission, puis on pourra faire... distribuer vos
chiffres à nos membres de la commission. Alors, je vous remercie pour la
contribution de vos travaux.
Et je suspends les travaux quelques instants
afin d'accueillir nos prochains témoins. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 41)
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue à
Mme Dechamplain et Mme O'Farrell. Je vous rappelle, chères invitées,
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, et, après quoi, nous
procéderons à la période d'échange entre les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à
vous.
Valorisons ma profession
Mme Dechamplain (Émilie) : Merci
pour la présentation et bonjour, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre et
MM., Mmes les députés. Au nom de tous les éducateurs et éducatrices, nous vous
remercions de nous entendre aujourd'hui et de permettre aux différentes organisations
et acteurs du réseau de pouvoir se prononcer sur le nouveau projet de loi.
Cela, pour nous, démontre une belle volonté de faire ce qu'il y a de mieux pour
l'avenir du réseau ainsi qu'une volonté de faire de cette cause l'affaire de
tous en y impliquant les personnes concernées.
Pour ceux qui ne nous connaissent pas,
Valorisons ma profession est un mouvement d'initiative citoyenne créé par des
éducatrices pour la valorisation des éducateurs et éducatrices à l'enfance le
22 mars 2021. Nous sommes un mouvement n'ayant aucune affiliation
politique ou syndicale. Les instigatrices de ce mouvement sont Élizabeth
O'Farrell, qui est à mes côtés, Mariève Péloquin, qui nous accompagne, et
moi-même, Émilie Dechamplain. Nous représentons plus de 8 700 membres
sur un groupe Facebook privé, provenant de différents milieux du réseau, et
nous désirons mettre en lumière l'importance du travail des éducateurs et
éducatrices à l'enfance.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous présenter
nos impressions, contenues dans notre mémoire, sur le projet de loi n° 1 pour les services de garde éducatifs à l'enfance. Nous
tenons à préciser que nous n'avons aucune expérience professionnelle dans la
rédaction de mémoires et que nous sommes éducatrices, donc nous avons utilisé
notre champ d'expertise pour le composer du mieux de nos connaissances. Il
tient compte de la vision terrain de certains aspects du présent projet de loi.
Toutes les interventions du mouvement, dont celles inscrites sur ces lignes,
ont toujours pour objectifs de défendre la qualité de nos services éducatifs à
l'enfance et de placer les besoins des enfants en priorité. Nous avons consulté
les éducatrices en centres de la petite enfance ainsi qu'en milieu familial
pour recueillir leurs impressions suite à la lecture du nouveau projet de loi.
Plusieurs points ont été bien reçus de leur part, et ils sont mentionnés dans
notre mémoire.
Pour débuter, à l'article 127, nous lisons
que le nombre de places maximums pour un CPE sera maintenant de 100 par
installation, alors qu'il était auparavant de 80. On nous a assurées que le
ratio d'enfant versus personnel éducateur ne serait pas changé pour autant. La
problématique que nous vivons en ce moment, c'est que les ratios dans les
groupes ne semblent pas être dans l'obligation d'être respectés. En effet, le personnel
éducateur vit actuellement avec le phénomène de l'«overbooking» ou, en
français, le ratio bâtisse. Ce concept consiste à mettre des enfants
supplémentaires dans un ou des groupes dans l'installation pour pallier aux
absents qu'il pourrait y avoir à l'intérieur de la bâtisse, le tout pour
s'assurer d'atteindre le taux de fréquentation des enfants demandé, soit
80 %.
Le problème avec ça est que l'éducateur ou
l'éducatrice sélectionnée pour avoir un enfant de plus dans son groupe se
retrouvera souvent, au courant de l'année, avec un enfant en surplus de son
ratio, ce qui engendre une tâche de travail supplémentaire et une baisse de
qualité dans le temps et dans les services qu'il ou elle donne aux tout-petits.
Nous aimerions, dans le fond, que cette pratique ne soit pas permise.
Considérant les ratios déjà élevés, avec le jeune âge de notre clientèle et les
besoins de celle-ci, il serait important que le nombre d'enfants par groupe qui a été établi soit respecté obligatoirement.
Soit dit en passant, on demande une présence plus assidue aux tout-petits
dans leur milieu qu'aux enfants d'âge scolaire à l'école.
Ensuite, à l'article 2, nous pouvons y
lire : «Tout enfant a le droit de recevoir des services de garde éducatifs
personnalisés de qualité...» Nous sommes entièrement d'accord avec ce point.
Notre questionnement ici est : Aurions-nous le soutien, les subventions et
le temps nécessaire afin d'offrir à tous les enfants un service éducatif
personnalisé de qualité? Et quel serait le ratio gagnant pour une inclusion
réussie? Comme le mentionne le programme éducatif Accueillir la petite enfance,
l'enfant apprend dans l'action, par l'exploration, l'interaction,
l'observation, l'imitation et l'écoute. Sa pensée se structure à partir de ce
qu'il ressent, voit, entend, touche, sent et goûte.
Si, dans un groupe, la majorité des enfants éprouvent des difficultés,
qu'arrivera-t-il aux Emma, Mattéo, Xavier et Léa-Maude de ce monde qui représentent la norme dans ces comportements
typiques? Ces enfants apportent une normalité au quotidien, faisant en
sorte que ceux ayant des difficultés quelconques se nourrissent par l'exemple
aux côtés de leurs pairs ne présentant pas de difficulté de développement.
Nous pensons à un exemple que nous pouvons vivre
au quotidien. Prenons un groupe de huit enfants dont l'un d'entre eux parle une
autre langue que le français. Lors de son arrivée dans le groupe, l'enfant
n'est ni en mesure de comprendre ni en mesure de s'exprimer en français. Il lui
suffit parfois de quelques semaines seulement d'exposition
à cette nouvelle langue, par son éducatrice ou éducateur et ses pairs, pour que
l'enfant soit en mesure de comprendre et de s'exprimer en français. Selon nous,
pour qu'une inclusion soit réussie, l'enfant doit avoir accès à plusieurs modèles
afin de pouvoir prendre exemple sur eux.
Le personnel éducateur éprouve actuellement des
difficultés à diviser son temps entre l'enfant ayant des besoins particuliers
et les autres enfants du groupe. Il doit adapter ses interventions pour
favoriser l'inclusion. En tant que professionnels de la petite enfance, notre
but est d'offrir un service éducatif de qualité qui saura offrir des conditions
favorables au développement global et harmonieux de tous les enfants. Nous
misons sur une éducation inclusive, qui cible tous les enfants qui fréquentent
notre milieu, en tenant compte des différences de chacun. Cette vision permet
aux enfants de prendre leur place au sein de la collectivité, tout en
développant leur participation citoyenne, leur autonomie et leur
autodétermination. En valorisant la différence sous toutes ses formes, nous
contribuons à faire la promotion du respect de l'autre dans sa totalité,
l'égalité dans la différence, la solidarité et la coopération. L'éducation
inclusive va dans le même sens que les valeurs qui se rattachent à la
démocratie. En les privilégiant, elle nous permet le plein développement de
notre communauté éducative inclusive.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
...dans l'analyse d'impact réglementaire, au point 1.8, lorsqu'il est mentionné
qu'il faudra prioriser les enfants présentant des besoins particuliers et ceux
vivant dans des contextes de précarité socioéconomiques, en plus des places
protocoles utilisées actuellement par les CLSC, DPJ, nous ne pouvons
qu'applaudir. C'est une excellente chose qu'il y ait une priorisation de ces
enfants, qui ont un grand besoin d'avoir accès à un milieu éducatif de qualité.
Cela nous ramène à l'essence de départ du réseau. Nous croyons fermement à
l'égalité des chances.
Nous avons toutefois des inquiétudes concernant
la tâche de travail, déjà grande, du personnel éducateur. Présentement, il y a
déjà beaucoup d'enfants à besoins particuliers dans nos groupes. Présentement,
il y a des besoins particuliers ne voulant pas automatiquement dire diagnostic.
Le personnel éducateur n'a présentement aucune ou pratiquement pas d'aide pour
arriver à gérer leurs groupes à grands défis. La qualité des interventions
éducatives en est assurément affectée.
Nous pensons qu'il faudrait mettre en place un
plan d'action qui vient avec l'accueil d'un enfant priorisé. Un mode de
subvention vient automatiquement avec l'enfant, une sorte de ressource
automatique, qu'on ne soit pas obligé d'en faire la demande. Un enfant priorisé
ou à besoins particuliers, décelés après son accueil dans son milieu, égale des
ressources financières pour défrayer les coûts des besoins ciblés. Donc, il
faudrait déterminer quel enfant aura le droit à ce plan et de quelle façon nous
devons nous y prendre.
Ce qu'on aimerait pour l'avenir, c'est que
chaque installation devrait avoir un poste budgétaire couvrant le salaire d'un
technicien en éducation spécialisée en lien avec le nombre d'enfants permis, et
ce, sans tenir compte de l'allocation remise actuellement pour les enfants à
besoins particuliers. Par exemple, une installation qui accueille
80 enfants, on devrait compter deux éducatrices spécialisées. Elles
seraient toujours dans la bâtisse pour répondre aux besoins des enfants et du
personnel éducateur. Par le fait même, ce serait un support supplémentaire au
personnel éducateur, qui offrirait à l'enfant toutes les chances de se
développer à son plein potentiel. La charge de travail du personnel éducateur
serait peut-être un peu plus réaliste.
Ayant moi-même, auparavant, travaillé comme éducatrice
spécialisée auprès des jeunes de 0-5 ans ayant un diagnostic, je
travaillais en un pour un, sans avoir un groupe à charge. Je suis à même de
constater, étant éducatrice à l'enfance aujourd'hui, à quel point il y a une
lourdeur de tâche supplémentaire qui repose sur les épaules des éducateurs et
éducatrices. En plus de s'occuper d'enfants ayant des difficultés, il ou elle
doit composer avec la réalité et les besoins de son groupe. Aussi, une chose
qui revient souvent dans les échanges chez les éducateurs et éducatrices, c'est
la soustraction du mot «garde» dans l'appellation «services de garde éducatifs
à l'enfance». Ce que nous aimerions voir en priorité dans le projet de loi,
c'est que le réseau soit là pour les enfants auxquels nous offrons des services
éducatifs en vue de favoriser leur développement harmonieux.
Nous savons que nous avons parfois l'air de nous
attarder à des mots, mais, vous savez, ce sont des mots qui auraient un impact important
sur la reconnaissance de notre profession. En effet, 95 % du personnel
éducateur, selon un sondage maison de Valorisons ma profession, souhaitent l'abolition
du mot «garde» et mentionner «services éducatifs à l'enfance». L'appellation
«responsable en services éducatifs» serait aussi à privilégier. Cela vous
démontre où nous voyons l'orientation du réseau, comme étant un service d'éducation
à la petite enfance plutôt qu'un service de garde d'enfants, puisque nous ne
sommes pas des gardiennes.
En conclusion, le mouvement Valorisons ma profession
espère que ce mémoire présenté aux consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 1 en ce 24 novembre 2021 vous
donnera le pouls réaliste du personnel éducateur du réseau. Merci.
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer
la période d'échange, et, M. le ministre, je vous cède la parole pour un temps
de 16 min 30 s.
M. Lacombe : Merci beaucoup. Merci, Mme
la Présidente. Bien, d'abord, je vous salue, je vais commencer par vous saluer,
Élizabeth et Émilie. On a déjà eu l'occasion de se rencontrer, pas dans le même
contexte, je n'étais pas particulièrement habillé de la même façon, j'avais les
bras un peu plus chargés. On s'est croisés de façon improvisée à l'ascenseur,
mais on avait ensuite pris un café au bureau, et j'avais trouvé ça très, très intéressant.
Et je ne le dis pas, là, pour me vanter
d'avoir fait ça, mais je dis ça parce
que ça avait été intéressant d'avoir cette discussion-là. Parce
que vous amenez, je trouve, un point de vue qui est intéressant, parce
que, vous le dites, vous n'êtes pas
affiliées à un syndicat, vous n'avez pas une couleur politique.
En tout cas, moi, je sens que vous ne faites vraiment pas de politique, là, tu
sais, dans vos interventions, et vous apportez souvent des solutions très, très
constructives. Donc, je voulais vous saluer. Mariève, aussi, qui est à
l'arrière, considérez-vous saluée.
D'ailleurs, parlant de vos propositions, je veux
souligner quand même... Vous savez, quand on fait de la politique, là, je l'ai
appris, là, assez rapidement, il faut se faire une bonne carapace parce qu'on
se fait toujours lancer des roches. Mais évidemment il y a aussi beaucoup de
belles propositions. Mais je veux vraiment souligner le ton très positif de
votre mémoire, positif dans le sens où, bon, vous n'êtes pas juste en train de
dire que ce qu'on propose c'est la huitième merveille du monde, mais c'est très
positif, tu sais, tout ça est amené positivement. Donc, je voulais vous
remercier pour ça.
Il y a des éléments sur lesquels, évidemment,
j'ai des questions, peut-être que ma collègue en aura aussi, Stéphanie, qui est
la députée de Bellechasse, qui est adjointe parlementaire avec moi, donc elle
pourra vous en poser. Mais il y a évidemment
des éléments dont vous avez parlé dont je suis très, très au courant. Il y a
des éléments, peut-être, que vous
n'avez pas abordés et que je trouvais intéressants, entre autres, la présence
du personnel, donc des éducatrices, par
exemple, au conseil d'administration. Actuellement, ce qui est prévu, c'est
qu'il y a, au plus... donc là je ne me rappelle pas de la formulation
exacte, là, mais on dit : Il peut y avoir, par exemple, jusqu'à deux
sièges qui sont réservés. Il n'y a pas
d'obligation ou de sièges réservés, là, justement. Vous, vous dites : Il
faut qu'on ait ces places-là qui nous reviennent
sur les conseils d'administration des CPE. Pourquoi, d'abord? Qu'est-ce que ça
pourrait changer, à votre avis?
Mme Dechamplain (Émilie) : En
fait, ce qu'on constate, c'est que chaque CPE ou chaque direction en fait sa
propre interprétation. Ça fait que, tu sais, il y a des endroits où, vraiment,
l'éducatrice va avoir sa place comme elle se doit, dans le fond, là, mais il y
a d'autres CPE où l'éducatrice est là, elle n'a pas le droit de parler ou... Tu
sais, il faudrait qu'on vous envoie... On avait plein de témoignages, là, qu'on
avait pris, en tout cas, sur notre groupe, là. Mais c'est que, tu sais, on se
rend compte que, dans nos milieux de travail en ce moment, on n'a pas de moyens
de se représenter. Tu sais, disons que moi, j'ai une demande à faire, bien là
moi, je vais la présenter à ma direction, puis là, bien, c'est elle qui l'amène
au C.A. Même s'il y a un membre qui est là, bien, il n'aura pas vraiment de
rôle à jouer là-dedans. Puis ça, ça dépend vraiment, là, des installations.
Comme je vous le dis, là, il y a des... C'est pour ça qu'on voudrait qu'il y
ait des règles qui soient plus claires, parce que ça fait qu'il y a des
disparités, vraiment, là. Tu sais, il y a des milieux... On a vu...
M. Lacombe : ...syndiquées, donc
vous n'avez pas de syndicat qui peut faire cette représentation-là.
Mme Dechamplain (Émilie) : Oui,
mais, syndiquées ou non, moi, je pense qu'on devrait avoir le droit de parole
dans notre milieu de travail puis être capable de défendre un peu nos
positions. Puis, tu sais, on a vu des mots, «climat de terreur», dans nos... Tu
sais, il y a vraiment des milieux où ça ne va pas, là, à l'interne. Ça fait que
c'est un peu ça, on voulait peut-être qu'on clarifie le rôle de l'éducatrice au
sein du C.A. ou du membre du personnel éducateur pour qu'ils aient... tu sais,
ils aient quand même un pouvoir, là, dans le conseil d'administration.
M. Lacombe : Mais...Parce que c'est
ça... Bien, c'est intéressant, là, je lisais le passage qui porte là-dessus, et
ce n'était pas exactement clair pour moi si vous demandez qu'il y ait une
obligation que deux sièges soient réservés.
Donc, ces deux sièges-là, c'est pour des éducateurs, des éducatrices ou des
membres du personnel, personne d'autre.
Donc, plutôt que de dire, bien, «il peut y avoir jusqu'à», est-ce que vous
demandez concrètement, là, qu'il y en ait deux de réservés?
Mme Dechamplain (Émilie) : Oui.
C'est au niveau du rôle aussi. Parce que, là, la plupart des CPE, là, il y a
une éducatrice ou un éducateur sur le conseil d'administration. Mais c'est son
rôle. Il y a des endroits où elle va être un bibelot, elle va être là puis elle
ne parlera pas, elle n'aura pas le droit de donner son opinion. Quand ça
concerne des demandes d'une ou l'autre de ses collègues ou de toutes ses collègues,
bien, il faut qu'elle sorte. Ça fait qu'elle n'est pas en mesure d'apporter ses
points ni de les défendre. Ça fait que c'est plus au niveau du rôle et de la
présence, bien entendu, mais...
M. Lacombe : Je comprends. C'est
certain qu'il y a des enjeux là, évidemment, de relations de travail, donc
quand il y a des cas de ressources humaines. Évidemment, je pense qu'il y a des
cas sur lesquels il faudrait se pencher si, d'aventure, on allait là. Mais je
comprends qu'au minimum, s'il y avait une obligation, ce serait déjà, pour
vous, une avancée. Donc...
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Une
forme de valorisation de notre travail.
M. Lacombe : Oui, c'est ça.
Mme Dechamplain (Émilie) :
...peut-être de nommer pour quelles raisons l'éducateur ou l'éducatrice doit
être exclu, c'est quoi les raisons valables pourquoi l'éducateur ou
l'éducatrice est exclu du conseil d'administration. Disons, je ne sais pas,
moi, ça concerne vraiment une collègue, une plainte qu'il y a eu, bien là c'est
normal, on ne veut pas savoir ça, là. Ou, tu sais, on avait eu l'exemple du...
bien, disons que mon conjoint, il fait faire des soumissions, puis là, bien, ça
me donne comme un parti pris pour lui. Bien là, je serais exclue, disons.
M. Lacombe :
Des conflits d'intérêts.
Mme Dechamplain (Émilie) : Oui, un conflit
d'intérêts, merci.
M. Lacombe : C'est ça. On fait ça au
Conseil des ministres aussi, je comprends bien ça. O.K. Excellent. Donc, ça,
c'est noté. J'avais une note de vous parler du 80 %, de l'«overbooking»
aussi, du ratio bâtisse, j'ai aimé la francisation du terme. Peut-être... Mais
là ce que vous avez dit tantôt m'a quand même un peu fait sursauter, ça fait
que je veux peut-être juste le préciser. Il n'y a pas d'obligation, là, quand
même, pour les enfants, de fréquenter... individuellement, je parle, là, il n'y
a pas d'obligation, pour les enfants, de fréquenter... Parce que, tu sais,
quand on dit : Il faut que l'enfant
soit présent, il faut que son assiduité soit encore plus prononcée qu'à
l'école, ce qui a été amené par le passé, puis je pense qu'il y avait,
tu sais, quelque chose de logique derrière ça, c'est un ratio de présence qui
est global, c'est-à-dire, il faut
que, dans l'installation, il y
ait au moins un taux de
fréquentation, tu sais, un taux de présence qui est de 80 % ou
plus, parce que... Et l'enfant, là, lui, il peut s'absenter autant qu'il veut,
mais l'idée aussi derrière ça, c'est de s'assurer que les CPE signent des
ententes de services qui représentent vraiment le besoin des parents.
Parce qu'on comprend tous que, pour un CPE qui
n'a aucune contrainte, c'est bien plus facile de signer une entente cinq jours
avec un parent qui dit : Bien, moi, j'ai juste besoin de trois, mais,
O.K., oui, je vais prendre cinq, au cas où. Vous comprenez, il y a des enfants
qui attendent, et tout ça, donc c'est sûr qu'il faut bien gérer ça. Puis ça fait en sorte qu'actuellement quand il y a des
enfants qui ne vont... Bien, vous le savez, là, en fait, tu sais, quand il y
a un enfant qui ne se présente pas, la direction a une liste, aussi, d'enfants
de travailleurs autonomes, par exemple, qui peuvent peut-être venir pour la
journée, puis ça fait le plaisir des parents.
Donc, je
voulais, peut-être pas pour vous, mais au bénéfice des gens qui nous écoutent,
là, je voulais peut-être juste
préciser ça. Mais ça changerait vraiment quelque chose pour vous, ce ratio? Je
vois Mariève, en arrière, qui dit oui.
Mme Dechamplain (Émilie) : Bien
oui. Bien, moi, je peux en témoigner, là. Cette année, j'ai neuf enfants dans
mon groupe, puis, oui, ça fait une différence quand ils sont tous les neuf là
puis ça bouge. Tu sais, ils ont tous leurs
particularités, ils ont tous... Ça fait une différence, vraiment. Déjà que
huit, tu sais, c'est beaucoup, là. Des fois, on... Il n'y a pas
nécessairement de diagnostic, mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas des
besoins, ces enfants-là, qui peuvent être particuliers, ou des difficultés, ou
quelque chose. Ça fait que, quand tu en rajoutes un en plus, bien là... Tu
sais, je veux dire, le ratio, il a été établi, on se dit : Ce n'est pas
pour rien, c'est parce qu'il faut qu'il soit respecté.
Tu sais, on comprend, là, qu'il manque de places
en ce moment puis que, là, il y a des enfants qui les occupent moins, et tout.
Mais, tu sais, le fait qu'il y a un taux de fréquentation, ça met de la
pression aussi sur les directions, à dire : Bien là, tu sais, on ne les
oblige pas, les enfants, à venir, mais, tu sais, si vous avez une place, là, il
faudrait... tu sais, il faudrait être là, sinon, on va réduire votre contrat,
puis tout ça. Ça fait que, là, c'est ça qui fait... Tu sais, moi, j'ai des
parents, des fois, qui justifient de garder leur enfant chez eux. Je ne
comprends pas, là. Tu sais, tu es en congé, tu as droit de passer du temps avec
ton enfant, là. Ce n'est pas parce que tu as une place que...
M. Lacombe : Donc, il y a des
directions qui mettent de la pression, vous dites.
Mme Dechamplain (Émilie) : Oui,
mais, tu sais...
M. Lacombe : Il faut trouver un
équilibre, peut-être, parce qu'en même temps...
Mme Dechamplain (Émilie) :
Bien, c'est ça.
M. Lacombe : ...il faut bien
gérer les fonds publics aussi, c'est-à-dire, il faut s'assurer que les ententes
de services... Parce que, je le dis souvent, c'est un joyau qu'on a entre les
mains, qui nous coûte 2,8 milliards de dollars par année, donc il faut aussi
s'assurer qu'on en fait profiter le plus de monde possible. Mais je comprends
votre point puis je pense qu'il faut peut-être trouver le point d'équilibre,
qui n'est peut-être pas totalement atteint, mais je pense que ce n'est pas
impossible.
Mme Dechamplain (Émilie) : Tu
sais, il y en a beaucoup qui jouent sur le contrat, là. Tu sais, comme, nous,
je sais que notre D.G., elle fait ça, là, elle... Ah! tu sais, tu viens moins,
voudrais-tu qu'on réduise ton contrat, voudrais-tu que... Sauf que, disons que,
moi, cette année, ça adonne que c'est moi qui ai un enfant en surplus, elle,
elle ne peut pas le savoir que je vais avoir des absents ou que je n'en aurai
pas. Ça fait que je me ramasse finalement à neuf. Puis cet enfant-là, on ne
peut pas le voyager d'un groupe à l'autre, là, ça n'a pas de bon sens.
M. Lacombe : Bien non, ce n'est pas
bon pour lui.
Mme Dechamplain (Émilie) : Tu sais,
ça prend de la stabilité.
M. Lacombe : Tout à fait.
Mme Dechamplain (Émilie) : Ça fait
que c'est ça qui fait que...
• (17 heures) •
M. Lacombe :
D'accord. Bien, ça, en tout cas, c'est une revendication syndicale aussi, ça
fait que je suis bien au courant de ça.
Mme Dechamplain (Émilie) : Bon, bon.
M. Lacombe : Vous voyez, vous avez
des intérêts convergents quand même : le bien-être des tout-petits.
Mme Dechamplain (Émilie) : Bien oui,
bien oui, bien oui!
M. Lacombe : C'est noté. Puis je
vais laisser... je vais revenir après la députée de Bellechasse.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, mesdames, merci d'être là. Un groupe récent, hein,
22 mars 2021, 8 700 éducateurs. Je vais vous poser une question,
et peut-être que vous n'aurez pas fait la distinction, mais est-ce que vous
connaissez la proportion de vos membres qui oeuvrent en CPE versus en milieu
familial?
Mme
O'Farrell (Élizabeth) : Oui.
Bien, je vous dirais, c'est peut-être le trois quarts, à peu près, des
éducateurs qui sont en CPE puis le un quart
dans les milieux familiaux, là, tous confondus, là, subventionnés ou non
subventionnés.
Mme Dechamplain (Émilie) : Oui, mais
il y a les installations privées aussi, là.
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Oui, les
installations privées aussi, oui.
Mme Dechamplain (Émilie) : Bien, il
y a une majorité en CPE, là.
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Une
majorité, oui.
Mme Lachance : Une majorité en CPE,
mais il y a quand même un bon nombre...
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Oui, il
y a un bon nombre de milieux familiaux, là.
Mme Lachance : D'accord. Ça m'amène
à vous poser la question, parce que, dans... à la page 4, au point 4,
justement, vous parlez d'apporter une meilleure uniformité au niveau des
bureaux coordonnateurs et vous soulevez à quel point c'est important. Et
j'aimerais vous entendre un petit peu sur ce rôle-là et comment ça peut faire
une différence, l'uniformité des bureaux coordonnateurs.
Mme Dechamplain (Émilie) : Bien, dans
le fond, nous, c'est sûr qu'on a eu une source qui nous a aidées avec ça, parce
qu'on connaît moins ce champ-là, là, mais...
Mme Lachance : Vous comprenez ma
question précédente?
Mme Dechamplain (Émilie) : Oui. Mais
ce qu'elle nous expliquait, c'est que, par le passé, tu sais, des fois, il y
avait des bureaux coordonnateurs qui étaient beaucoup exigeants ou, des fois,
qui étaient, tu sais... qui avaient plus comme de conflits dans... en tout cas,
c'est ce que j'ai compris, hein, c'est ça qu'elle disait, puis des fois ça
pouvait faire en sorte qu'il y en a qui disaient : Eh! moi, j'aimerais ça,
m'ouvrir un milieu familial, mais je connais... j'ai entendu parler, tu sais,
du bureau coordonnateur, puis ça ne me tente pas, là, d'aller là ou... Ça fait
que c'est un peu ça qu'elle nous disait, là, que ça avait fait fermer des
milieux à certains endroits puis que ça avait empêché d'en ouvrir à certains
aussi.
Mme Lachance : O.K. Donc, on voit
l'importance, même si ce n'est pas, là, l'ensemble de vos membres, puis c'est
par personne interposée.
Je voudrais revenir aussi sur le conseil
d'administration, parce que, lorsque vous avez parlé avec mon collègue, vous
parliez de deux membres. Précédemment, c'était au plus deux membres qui font
partie du personnel. Je ne le sais pas d'office, il y a combien de membres sur
le conseil d'administration, total.
Une voix : C'est sept parents.
Mme Dechamplain (Émilie) : C'est
sept.
Mme
Lachance : C'est sept. Donc,
deux membres, ça veut dire cinq qui émaneraient d'un autre milieu. Est-ce
que c'est au moins deux membres ou est-ce
qu'un membre serait suffisant au niveau du C.A. et au plus deux membres?
Comprenez-vous la distinction?
Mme Dechamplain
(Émilie) : Bien, moi... Tu sais, ça pourrait être un. C'est sûr que,
quand tu es deux, on dirait que c'est peut-être plus facile, des fois,
d'apporter des points, de se sentir appuyé que quand tu es tout seul, puis là il faut que tu parles, puis que, là, tu
sais, des fois, tu peux être gêné ou pas à l'aise, là. Ça fait que c'est peut-être
plus dans cette optique-là, oui.
Mme Lachance : Dans cette
optique-là. O.K. Écoutez, M. le ministre, avez-vous...
M. Lacombe : Oui.
Mme Lachance : Oui?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Donc, je vais céder la parole...
Mme Lachance : Merci, monsieur...
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vais céder la parole au ministre.
M. Lacombe : Il nous reste deux,
trois minutes?
La Présidente (Mme D'Amours) :
3 min 30 s
M. Lacombe : D'accord. J'aurais
tellement de... J'aurais évidemment tellement de questions à vous dire. Mais
peut-être si j'y vais de façon plus générale pour... bien, pas... générale,
mais pas tant que ça, là, parce que, dans votre mémoire, vous parlez...
D'ailleurs, tantôt, vous disiez : Oui, mais là on n'est pas des
professionnelles. Moi, je trouvais ça très
bien, là, votre mémoire, là, ça va droit au but, puis, tu sais, nous, on en
reçoit plein, là. Ça fait qu'il y avait beaucoup d'idées en peu de mots.
C'est parfait.
Vous parlez de groupes à grands défis. J'ai
l'impression que c'est assez général, là, comme formulation, mais qu'est-ce que
vous voulez dire quand vous parlez de groupes à grands défis?
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Bien, en
fait, on se fait souvent dire que 0-5 ans, on ne pose pas de diagnostic,
ce qui est comprenable, parce que l'enfant se développe. On ne connaît pas tout
à fait l'enfant non plus. Mais il reste que ces enfants-là ont des besoins.
Comme je le nommais tantôt, moi, je suis éducatrice spécialisée, j'ai fait ma
technique puis j'ai travaillé avec des enfants qui avaient des besoins
particuliers un pour un, puis on voyait vraiment l'évolution de l'enfant quand on travaillait en un pour un. Mais là, ce
qui arrive, c'est qu'on a un groupe de huit enfants. Donc, on a des fois
des enfants qui demandent du un pour un, ils ont des besoins, puis on s'en rend
compte aussi. Des fois, on commence l'année avec un groupe qu'on commence à
connaître, et, de plus... plus que l'année avance, plus qu'on se rend compte
qu'il y a des enfants qui ont des besoins. Donc, la bureaucratie fait en sorte
que, des fois, c'est long, il y a les diagnostics qui arrivent souvent à
l'école. Nous, ce qu'on veut, c'est avoir un soutien pour les éducatrices, que
ça soit... peu importe... en fait, quand c'est nous qui sonnons la cloche,
qu'on ait de l'aide, que ça soit une éducatrice spécialisée, que ça soit des
rencontres avec des spécialistes qui soient à même l'installation.
M. Lacombe : ...de soutien.
D'accord. Ça fait combien de temps que vous êtes dans le réseau?
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Ça fait
sept ans.
M. Lacombe : Sept ans. Les deux?
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Oui. On
est d'ailleurs...
Mme Dechamplain (Émilie) : Bien, on
travaille ensemble.
Mme O'Farrell (Élizabeth) : ...dans
le même CPE.
M. Lacombe : Puis avez-vous... Je
vais terminer là-dessus. C'est une question très, très générale, mais est-ce
que vous avez l'impression quand même qu'on s'en va vers le mieux? Est-ce que
vous êtes encouragées par ce qu'on met sur la table, même si ce n'est pas parfait?
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Oui.
J'ai l'impression que notre voix est de plus en plus entendue puis je crois
que... En fait, tous les éducateurs, éducatrices avec qui on parle ont cette
impression-là. Puis je crois que c'est vraiment tout le monde ensemble... C'est
en se parlant, en écoutant nos besoins qu'on va arriver à un réseau... services
éducatifs de qualité avec nos tout-petits.
M. Lacombe :
Bien, je prends les dernières secondes parce que ça m'a fait sourire. Vous
dites : «Le réseau de la petite enfance du Québec a été porté à bout de
bras en grande majorité par des femmes, il serait grandement temps
que nous ayons l'aide pour le porter et le supporter. On le doit à nos enfants,
à nos familles d'ici et à notre belle société.» C'est le mot d'introduction que
vous avez, je suis bien d'accord avec vous. Merci.
Mme O'Farrell
(Élizabeth) : Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je vais céder maintenant
la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis pour une période de
11 minutes.
Mme
Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, mesdames. Un plaisir de
vous avoir avec nous aujourd'hui. Vous le savez comme moi, je vais adresser
l'éléphant dans la pièce, il y a eu quand même un vote de grève illimitée qui
vient d'être annoncé. Comment... sentez-vous face à cette nouvelle?
Mme O'Farrell
(Élizabeth) : Bien...
Mme Dechamplain
(Émilie) : Oui. C'est parce que c'est délicat pour nous de nous
prononcer là-dessus, mais... C'est vraiment délicat.
Mme O'Farrell
(Élizabeth) : C'est sûr qu'on a hâte à une entente. Les éducateurs,
les éducatrices sont fatigués, oui, avec la dernière année COVID, mais c'était
déjà un épuisement qu'on ressentait avant. On peut parler... Personnellement,
on perd des éducatrices, dans nos CPE, qui sont formées, qualifiées, qui ont
une expertise, qui sont... qui ont l'amour
des enfants, elles ont l'amour des tout-petits, des 0-5 ans, mais, par
épuisement, décident d'aller travailler
ailleurs, où la charge de travail physique et mentale est beaucoup
moins exigeante. Mais elles ne quittent pas parce qu'elles n'aiment pas
leur travail, c'est ce qu'on entend beaucoup, elles quittent parce qu'elles
sont épuisées. Donc, on a hâte qu'il y ait
une entente qui se... soit faite entre tous, puisque les éducatrices, les
éducateurs n'arrêteront pas de quitter si ce n'est pas réglé dans les
jours qui suivent. Les éducateurs et les éducatrices vont continuer à déserter
le réseau, puis c'est... La plupart des personnes avec qui on parle, ce sont
des personnes qui ont des dizaines d'années d'expérience qui quittent. Ce ne sont pas des
personnes qui arrivent, mais c'est des personnes qui sont formées, qualifiées.
Donc, elles quittent, et d'autres personnes
rentrent, pas nécessairement formées, qualifiées. Donc, nous, on doit
pallier... nous qui sommes déjà dans le réseau, on doit pallier, aider nos
collègues, puisqu'on ne veut pas les perdre, on veut qu'elles restent dans le
réseau, mais on n'a pas nécessairement toutes les ressources ou l'énergie,
puisqu'on est déjà nous-mêmes fatiguées.
Donc, oui, pour
répondre à votre question, on le souhaite très grandement, qu'on s'entende sur
des choses qui vont aider le réseau des tout-petits et la profession.
Mme
Maccarone : Parlez-nous un peu des conditions de travail. Donc, vous
venez de faire un bel exposé de la réalité sur le terrain. Mais c'est quoi, le
pratico-pratique, mettons, dans une de vos classes? Ça a l'air de quoi, avec...
peut-être... Vous avez dit neuf enfants à un moment donné. Mais peinturez-nous
un portrait de qu'est-ce que ça a l'air. Moi, mes enfants sont grands
maintenant, ils ont 18 et 20, ça fait qu'ils ne fréquentent plus le réseau des
services de garde. Mais expliquez-nous un peu pour que les gens comprennent
c'est quoi, votre réalité.
• (17 h 10) •
Mme Dechamplain
(Émilie) : Bien, ça bouge beaucoup
entre... de premier abord. Bien, c'est sûr qu'il y a les changements de
couches, il y a tout ce qui est d'hygiène, on s'occupe d'enfants qui n'ont pas
d'hygiène personnelle, bon, le lavage des
mains, la collation, le dîner, et tout ça, toutes les routines d'hygiène. Le
dodo, faire dormir huit à neuf enfants. Il y a des parents qui ont de la
misère à en endormir un. Nous, on en endort huit. Il faut faire des activités
éducatives, au moins minimum une par jour, il faut faire des activités pendant
les transitions, il faut toujours qu'on les tienne occupés. Il faut qu'on fasse
des interventions beaucoup aussi. Ça, c'est... Ça, je pense, c'est comme le
gros morceau, là, qu'on peut dire, hein, puis on en fait encore plus ces
temps-ci parce que, là, on a des collègues qui s'en vont, qui sont remplacés
par des personnes qui n'ont pas de formation. Donc là, nous, on pallie pour
eux, puis là, bien, nous aussi, on est fatiguées. C'est comme un peu une roue
qui tourne. Mais c'est un peu ça, là, c'est : interventions, activités. On
est toujours à la course. Moi, je suis toujours à la course. Et là tu fais une
activité, ah! j'ai... Tu sais, il faut que je fasse un changement de couche.
Bon, O.K., là, tu te relèves. Ce ne sera pas long! Les ciseaux... Ah non!
C'est... Mais c'est vraiment une belle profession. Je l'aime, ma profession,
sinon je ne serais pas ici, là. Mais c'est exigeant, c'est vraiment exigeant.
Mme Maccarone :
Chapeau!
Mme O'Farrell
(Élizabeth) : Il y a aussi l'observation qu'on fait avec ces
enfants-là.
Mme Dechamplain
(Émilie) : Oui.
Mme O'Farrell
(Élizabeth) : Il faut observer pour remplir le programme éducatif de
nos tout-petits. Donc, comme Émilie l'a dit, c'est constamment... On dit
souvent qu'on a souvent un déficit de l'attention, les éducatrices et les
éducateurs, parce que ça n'arrête pas, mais...
Mme Dechamplain (Émilie) : Peut-être
la classe d'enfants.
Mme O'Farrell
(Élizabeth) : Oui, c'est ça, puis c'est des 0-5 ans. Donc, on se
dit... C'est qu'on est la deuxième famille. Les parents le nomment souvent,
qu'on est la deuxième maman, le deuxième papa. Mais on a tellement un bon lien de confiance avec les
parents et les enfants, on les voit évoluer. C'est beau de les voir, les tout-petits,
évoluer, mais on aimerait leur offrir tous les besoins qu'ils ont dans une
journée, mais, malheureusement...
Mme Maccarone : Ça m'amène une
réflexion quand vous dites que vous faites partie d'une famille, l'extension de
la famille. Si je suis ici aujourd'hui, c'est à quelque part à cause d'un CPE,
mais un réseau de services de garde, parce que mes enfants, quand ils étaient
petits, ils ont des besoins particuliers, j'ai fréquenté plusieurs milieux pour
trouver la place magique où mes enfants n'étaient plus expulsés, puis il y
avait une place pour eux sans diagnostic, hein, puis c'étaient vraiment les
éducatrices qui m'ont épaulée, qui m'ont dit : Non, non, il y a quelque
chose. Mais on n'est pas des professionnelles, mais on aimerait que vous
consultiez, on aimerait avoir quelqu'un qui vient faire une consultation dans
le milieu de garde pour voir comment ça va, il va nous aider. Puis ça, ça... Ça
fait que merci beaucoup, premièrement.
Puis ça, ça
m'amène une réflexion. Dans votre mémoire, vous parlez des ratios puis comment
c'est important. Que pensez-vous, mettons... Parce que, dans le réseau
scolaire actuellement, il y a une pondération qui change si, dans la classe,
vous avez un enfant avec des besoins particuliers, comme, par exemple, un
enfant autiste compte pour trois enfants dans une classe, alors ça va diminuer
le ratio. Vous ne l'avez pas évoqué ici quand vous parlez de ratio. Pourquoi?
Puis, si... Est-ce que c'est une idée qui vous intéresse?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui. En fait, c'est ça, on aimerait vraiment comme... créer un comité, qu'on pourrait se pencher là-dessus. C'est quoi, le
ratio gagnant avec des enfants qu'on... Parce
qu'on le vit, là. Les 0-5 ans,
on n'a pas souvent les diagnostics parce que, bon, l'enfant est tout jeune, on
le comprend très bien. Mais il reste que les enfants ont des besoins. Les éducatrices
ont besoin, donc, d'évaluer, soit en comité, comment on pourrait mettre un
ratio gagnant enfant avec des besoins particuliers, peu importe le besoin que
l'enfant a, versus l'éducatrice, parce que, c'est ça, ça se fait dans les écoles, puis on
pense que nous, on est le début de l'éducation, on est... Donc, c'est
ça, on croit que ça devrait être quelque chose qu'on devrait regarder.
Mme Dechamplain
(Émilie) : Pourquoi
c'est compliqué, c'est qu'ils n'ont pas beaucoup de diagnostics à
cet âge-là, tu sais. Je crois que c'est là le... C'est difficile de mettre... Parce
que, tu sais, à l'école ils appellent ça une cote, je pense.
Mme Maccarone : C'est un code.
Mais, si je peux vous rassurer, même dans le réseau scolaire, il y a le code 99. C'est un enfant qui n'a pas nécessairement un diagnostic, mais en attente de. Alors, je pense qu'on a peut-être quelque
chose qu'on pourrait voir ensemble pour aider la charge. Moi, je rêve d'avoir
un monde inclusif, des réseaux de services de garde qui incluent comme... Je
pense qu'on partage cette vision.
Ça fait que... Parlez-moi un peu de formation. Parce
que, là, on a plusieurs groupes qui parlent, tu sais, je pense que tout le
monde a une bonne volonté de vouloir accueillir les enfants ayant des besoins
particuliers dans le réseau de services de garde, mais... Qu'avez-vous besoin comme formation? Plusieurs gens font des
recommandations, mais vous, vous êtes sur le
terrain. Qu'est-ce que vous avez besoin, vous, pour venir aider ces
enfants, puis leur aider dans leur intégration, puis s'assurer que c'est
une intégration puis une charge de travail qui est saine, qui va être une
réussite pour toutes les parties prenantes?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Bien, en fait, la formation vient... C'est une formation qui devrait être à
toutes les années, qui devrait... L'éducatrice sonne une cloche, aimerait
avoir... Bon, mettons, elle nomme à sa direction que, bon, cet enfant, elle a
observé : Voici les observations que j'ai faites avec cet enfant.
J'aimerais avoir des formations, les outils, une professionnelle qui vient...
comme on le nommait dans notre mémoire, qu'il y ait déjà des professionnelles,
des éducatrices spécialisées, des psychoéducatrices, des travailleuses sociales
qui sont déjà dans le milieu, qu'on puisse avoir accès à eux en tout temps,
qu'on se fasse des rencontres multidisciplinaires, qu'on échange vraiment sur
comment intervenir, parce que nous, en tant qu'éducatrices, on est tellement...
un peu comme les parents, on est tellement avec les enfants que, des fois, on
vient qu'on est trop dedans, donc on ne sait pas, on ne sait plus comment
intervenir adéquatement, puis, on le sait, les 0-5 ans, c'est là que tout
se joue pour le futur. Donc, oui, des formations, oui, des rencontres avec les
équipes, puis ça, c'est quelque chose qu'on n'a pas d'emblée. Il y a certaines
installations qui ont accès... et des milieux familiaux aussi qui ont accès à
une conseillère pédagogique, qui ont
accès... Des fois, il y a des gens qui viennent dans leurs milieux, en milieux
familiaux, mais ce n'est pas uniforme, encore là. Puis il y a certaines
installations qui ont des éducatrices spécialisées, mais, en ce moment, elles
sont sur le plancher, donc elles ne peuvent pas aller donner un coup de main
dans le groupe où... que l'éducatrice sonne la cloche pour dire : J'ai
besoin.
Mme Dechamplain (Émilie) :
J'aimerais ça ajouter quelque chose. Je pense que, peu importe la formation qu'on a, disons, tu as une formation d'éducatrice
spécialisée, ça reste que, dans ton groupe, bien, tu as un enfant à
besoins particuliers, tu en as sept autres. Je pense qu'il est là, le problème,
tu sais, dans le sens qu'on veut, là, mais... Tu sais, on parlait justement
avec Marie-Ève, tu sais, elle avait comme des défis dans son groupe. Bien,
toute l'énergie qu'elle met, elle va vraiment... elle est excellente, elle va
trouver des trucs pour aider cet enfant-là à s'inclure dans le groupe, et tout,
mais c'est que, pendant ce temps-là, les autres enfants n'ont pas la même
qualité de service. C'est ça, notre point, aussi. C'est
pour ça que, même si on a une formation, exemple, qui nous permet d'intervenir
avec cet enfant-là, ça reste qu'on en a d'autres, puis une éducatrice
spécialisée est, la plupart du temps, en 1-3 avec l'enfant en besoins
particuliers. Ça fait que c'est là que ça nous prend de l'aide.
Mme Maccarone : D'où l'importance de
parler encore une fois des ratios, qui vont vraiment aider à... la lourdeur de
cette tâche, puis aussi de réussir à intégrer les enfants. Puis je présume que
vous serez aussi d'accord qu'il faut changer les ratios de main-d'oeuvre
qualifiée, non qualifiée, qui est quand même à la baisse faute de... le COVID, puis c'est la pandémie. Ce serait le temps
de revoir ça, parce que vous dites qu'au moment qu'il y a quelqu'un qui
est qualifié qui quitte, mais là ça, c'est toujours rempli par quelqu'un qui
est non qualifié, puis ça amène une charge de travail pour vous.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Supplémentaire, oui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. C'est tout le temps que nous avions avec Mme la députée.
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Merci
beaucoup.
Mme Maccarone : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Sherbrooke pour
2 min 45 s
Mme Labrie : Merci. D'abord, sur le
ratio bâtisse, effectivement, ce n'est pas juste une revendication syndicale,
ça va être une revendication politique aussi, je confirme au ministre qu'on va
en reparler.
Il y a quelque chose qu'on a déjà discuté
ensemble, puis j'aimerais ça vous l'entendre le renommer ici. Quand vous
exprimez que vous avez besoin qu'il y ait des ressources professionnelles qui
viennent vous aider, par exemple quand vous voyez qu'il y a un enfant de votre
groupe, là, il a quelque chose, là, il aurait peut-être des besoins en
orthophonie, ou en psychoéducation, ou quoi que ce soit, vous nous exprimez
votre besoin. Mais est-ce que vous pouvez nous expliquer ici c'est quoi qui se
passe en ce moment quand vous, là, vous allez voir, par exemple, votre directrice de CPE pour
lui dire : Là, j'ai identifié que le petit Jacob, là, il a quelque chose,
puis j'aurais besoin d'aide? Est-ce que ça marche, le programme Agir tôt? Est-ce
que les services se déploient? C'est quoi qui se passe quand vous sonnez la
cloche en ce moment?
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Bien, ça
dépend vraiment. Encore là, ce n'est pas uniforme partout, ça dépend vraiment
des milieux puis... bien, c'est ça. Nous, on sonne la cloche, on dit : On
a besoin d'aide. Ensuite de ça, des fois,
c'est avec le parent, en concert avec le parent. Souvent, c'est l'éducatrice
qui communique avec le parent, soi-disant que, bon, on a remarqué — une
rencontre avec le parent — que
votre enfant a un besoin x. Donc, le parent, la plupart du temps, va
voir un professionnel ou... Mais, comme on connaît le réseau, c'est souvent
très long avant de rencontrer, même au
privé, de rencontrer un professionnel. Donc, nous, on reste dans l'attente d'un
professionnel qui vient nous donner des
pistes d'intervention. Puis, bien, ça nous est arrivé souvent qu'à l'âge de
deux, trois ans, on détecte déjà quelque
chose qui se passe avec cet enfant-là puis, rendu à l'école, bien, on apprend
qu'il y a le diagnostic qui a été posé. Donc...
Mme Labrie : Mais, en ce moment,
donc, ça peut prendre des années, même quand vous sonnez la cloche. Ça dépend
du parent, premièrement, s'il essaie d'aller chercher des services...
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Oui,
c'est ça.
Mme Labrie : ...puis ensuite s'il en
obtient, puis dans combien de temps, sinon il n'y a rien qui se passe.
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Oui.
Oui.
Mme Dechamplain (Émilie) : ...peu
importe la façon dont on l'amène, avec toute notre délicatesse, notre
professionnalisme, c'est difficile pour les parents d'entendre que leur enfant
a des difficultés, puis on comprend ça, sauf que, nous, bien, ça dépend d'eux
autres, dans le fond, l'aide qu'on va avoir, puis ça dépend aussi du système
qui est en arrière, qui fait que c'est long. Moi, j'ai un enfant, exemple, qui
est en attente pour l'orthophonie. Même au privé, là, il y avait comme un an
d'attente, là, au privé. Ça fait que ça ne débloque pas. Du moment que le
parent, il accepte : O.K., bon, là, il faudrait que... oui, effectivement,
il faudrait que j'aille voir, bien là il y a encore des délais. Ça fait que,
là, pendant ce temps-là, nous, bien, on n'en a pas, d'aide. Mais l'enfant, il a
quand même son besoin, là, mais il n'en a pas, d'aide, parce qu'il n'a pas de
diagnostic. Ça fait que c'est un peu pour ça qu'on parlait d'aide malgré qu'il
n'a pas de diagnostic, il faudrait que l'aide soit là.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Je vais céder la parole à la députée de Joliette pour
2 min 45 s
• (17 h 20) •
Mme
Hivon :
Oui, merci beaucoup. C'est toujours très enrichissant d'avoir votre perspective
très concrète puis, moi, je veux le
souligner, très axée sur le développement de l'enfant puis la qualité des
services. Ça fait que c'est tout à votre honneur.
Je veux poursuivre sur la même veine. Dans le
concret, là, c'est sûr que vous nous dites : On voudrait avoir les éducatrices spécialisées. On a le défi qu'il n'y a pas nécessairement diagnostic, mais vous, vous êtes avec les
enfants au quotidien, vous voyez les défis, vous voyez comment les
comportements sont. Est-ce que ce que vous voulez, c'est vraiment plus du un à un ou vous nous dites : On veut comme
une équipe volante qui peut venir nous aider sporadiquement, selon les
besoins, à géométrie variable, mais qu'on ait de la flexibilité, ou vous nous
dites vraiment : C'est mieux de viser le un sur un?
Ça fait que
je sais que vous avez un peu la double expertise, là, puis peut-être que vous
me dites évidemment : Ça dépend
des cas. Mais mettons qu'on monte, là, un nouveau programme pour venir soutenir
correctement les éducatrices avec les enfants à besoins particuliers,
comment on le monte, si on veut la Cadillac du programme?
Mme
O'Farrell (Élizabeth) : La Cadillac? La Cadillac serait qu'on aurait
vraiment une équipe constamment. Comme on a expliqué dans notre mémoire,
en fait, on donne un ratio. Mettons, le CPE, l'installation a 80 enfants,
on a deux éducatrices spécialisées qui viennent avec le CPE. On construit une
nouvelle installation, c'est compris dans l'installation. Puis on fait des
rencontres, bon, on voit que l'enfant a des besoins, on fait des rencontres, et
tout, on met ça en application, mais qu'on
ait accès à faire des rencontres, d'autres rencontres, et qu'on ait accès à ce
que... Je ne sais pas, j'ai besoin d'avoir un outil avec cet enfant-là.
Bien, on va voir l'éducatrice spécialisée, et elle nous amène l'outil, elle
nous montre comment le faire, elle nous...
Mme
Hivon : Elle vous
forme.
Mme O'Farrell (Élizabeth) : ...elle
le met en application, et tout.
Donc, oui, une équipe volante qu'on aurait accès
tout le temps. Puis on parle d'éducatrice spécialisée, mais travailleur social,
psychoéducateur aussi, parce que les enfants vivent toutes sortes d'événements
dans leur petite enfance. Il y a des enfants qui vivent des deuils, il y a des
enfants... Donc, nous, on veut avoir accès à donner le meilleur de nous-mêmes
pour ces enfants-là pour qu'ils puissent évoluer puis que, quand ils vivent
cette situation-là, bien, qu'on soit
capables de les accompagner, mais d'accompagner aussi les parents dans ces...
des situations comme ça.
Donc, nous, la Cadillac serait vraiment d'avoir
des professionnels dans toutes les installations, parce que le délai est
beaucoup trop long, parce qu'on comprend qu'il faut qu'il y ait un diagnostic
pour qu'il y ait de l'aide, mais ça ne devrait pas, à la petite enfance
0-5 ans... on ne devrait pas avoir nécessairement un diagnostic pour
donner un service aux enfants.
Mme
Hivon : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
infiniment. Merci beaucoup de votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
d'accueillir les prochains témoins. Merci à vous.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
(Reprise à 17 h 32)
La Présidente
(Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je souhaite la bienvenue aux représentants de
Ma Place au travail. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, après quoi, nous procéderons à la période d'échange avec les membres
de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre
exposé. La parole est à vous.
Ma Place au travail
Mme Claveau (Carolann) : Merci, Mme
la Présidente. Je me nomme Carolann Claveau, je suis mère de deux filles, Anaé,
trois ans, et Laurelle, 9 mois et demi. J'ai dû mettre fin à mon contrat
de travail parce que, bien que mon aînée fréquente un CPE, elle n'a qu'une
place à temps partiel, et je cherche toujours pour mon bébé. Avec ma collègue, Mme Maude Caron, maman de Louis et enceinte d'un
deuxième petit garçon, je représente aujourd'hui
le mouvement Ma Place au travail afin de faire entendre la voix des milliers de
parents qui souhaitent avoir accès à des services
de garde abordables et de qualité.
Nous sommes toutes deux ici parce que nous nous mobilisons depuis huit
mois pour faire prévaloir le droit des enfants à recevoir des services de garde
éducatifs personnalisés et de qualité.
En lisant le projet de loi n° 1, nous avons
eu l'impression que M. le ministre de la Famille était à l'écoute des recommandations
que nous avions exprimées, notamment quant à la réforme du guichet unique, au développement
de places et à la volonté de rendre les services de garde éducatifs à l'enfance
plus sécuritaires. Aujourd'hui, nous remercions M. le ministre de nous offrir
cette tribune qui nous confirme sa volonté de considérer les parents comme des collaborateurs
dans cette réforme. Dans cet esprit, nous soumettons aujourd'hui six
recommandations en vue d'améliorer la loi de façon à
compléter notre réseau de garde en misant sur des services de qualité, à la
hauteur de ce que les parents et les enfants du Québec méritent. Nous les
présenterons à tour de rôle.
Mme Caron
(Maude) : Mme la Présidente, avant de commencer, j'aimerais mentionner
que les recommandations que nous ferons aujourd'hui concerneront
principalement les parents, mais nous tenons à préciser que nous appuyons
pleinement les recommandations des éducatrices et des travailleuses et
travailleurs en CPE. Nous sommes derrière elles à 100 % et nous espérons
que les négociations se solderont par une reconnaissance et une valorisation à
la hauteur de leur profession, et ce, éminemment, comme l'avenir même du réseau
en dépend.
La première recommandation que nous présenterons
à M. le ministre de la Famille concerne l'article 2 du projet de loi. Nous
croyons que l'accès aux services de garde devrait désormais être considéré
comme un droit universel qui serait non conditionnel aux ressources
disponibles. Nous croyons que le droit aux services de garde devrait être de la
même teneur que le droit à la scolarisation pour permettre que tous les enfants
partent de la même ligne de départ. La nouvelle obligation que le projet de loi
n° 1 impose au ministre est insuffisante parce qu'elle ne garantit pas
l'accès imminent à une place abordable et de qualité pour chaque parent qui en
a besoin ni aux ressources dont les enfants à besoins particuliers devraient
bénéficier. Elle ne garantit pas non plus que les moyens seront mis en place
pour que la main-d'oeuvre soit au rendez-vous.
Mme la Présidente, notre seconde recommandation
concerne l'article 11.2 du projet de loi n° 1. Le présent projet de
loi oblige désormais le ministre de la Famille à prendre les moyens pour que
l'offre de services de garde éducatifs réponde à la demande. Le ministre sera
tenu de déterminer les besoins des territoires en effectuant un processus
d'évaluation. Par contre, rien n'est dit sur la fréquence à laquelle
l'évaluation doit être faite ni sur l'étendue
du territoire qu'elle doit couvrir. Il est primordial que cette évaluation soit
obligatoirement conduite annuellement, et ce, pour tous les territoires
du Québec, afin d'assurer réellement l'offre continue qui est promise par le
projet de loi.
Mme la Présidente, notre troisième
recommandation concerne la qualité des places développées. Les services de
garde doivent offrir un environnement stimulant et sécuritaire, qui favorise le
développement harmonieux des enfants. C'est pourquoi nous tenons à réaffirmer
que ce que les parents veulent surtout, ce sont des places en CPE. Depuis
25 ans, les CPE ont bâti une excellente réputation auprès des parents de
notre génération. Les recherches à ce sujet sont unanimes, et leurs conclusions
sont claires, la qualité des services y est objectivement supérieure. Il est
essentiel que le projet de loi réponde aux recommandations des experts et à la
volonté des utilisateurs-payeurs que nous
sommes. Nous recommandons donc à M. le ministre de la Famille de prioriser les
projets des centres de la petite enfance pour qu'ils représentent, au
minimum, 85 % du développement de places subventionnées en installation.
De nombreuses études démontrent que les
garderies privées, subventionnées ou non, font six fois plus souvent l'objet de
plaintes de la part de leurs utilisateurs. Selon les données du ministère de la
Famille, ces plaintes concernent majoritairement la santé et la sécurité des
enfants. En tant que parents, nous sommes inquiets face à ces constats. Nous
recommandons donc au ministre d'instaurer des incitatifs pour que les garderies
privées qui le souhaitent puissent se convertir en CPE. Comme nous sommes
conscientes que ce choix ne sera pas celui de tous, nous proposons aussi des
avenues servant à contrer l'inégalité de la qualité de services entre les
différents types d'installation. Nous souhaitons que les garderies privées
soient inspectées de manière systématique et régulière, selon des standards
élevés. Nous voulons aussi que l'échelle salariale dans les garderies
subventionnées soit la même que celle du ministère afin d'assurer une stabilité
de services.
Vous savez, Mme la Présidente, les premières
années de la vie d'un enfant sont cruciales pour son développement. Assurer un
service de qualité à tous les enfants est aussi un moyen de garantir l'égalité
des chances de toutes les Québécoises et de tous les Québécois. Aujourd'hui, ce
que les parents veulent, ce sont des places de qualité et abordables, et ces
places se trouvent principalement dans les CPE.
Mme la Présidente, je cède désormais la parole à
ma collègue Mme Carolann Claveau, qui poursuivra avec la suite de nos
recommandations.
Mme Claveau (Carolann) : Mme la
Présidente, notre quatrième recommandation concerne l'accès des enfants et des
parents les plus vulnérables aux services de garde éducatifs. Nous recommandons
au gouvernement d'autoriser les familles
demandeuses d'asile et les étudiants internationaux non titulaires d'un
certificat d'acceptation du Québec à
avoir accès aux services de garde pour favoriser leur intégration et celle de
leurs enfants. De plus, il est, pour nous, nécessaire de délaisser le concept de contexte de précarité
socioéconomique pour favoriser celui, plutôt, de vulnérabilité. Ce concept inclut davantage, selon nous, les
différentes situations qui peuvent menacer les chances de réussite des
enfants. Suivant cette approche, nous
recommandons également au ministère de la Famille que le critère de
priorisation s'applique non seulement aux CPE, mais aussi aux garderies
privées subventionnées afin de miser sur l'égalité des chances dans le processus des attributions des places. Nous
recommandons aussi l'ajout de trois critères spécifiques qui
permettraient d'impliquer les organismes publics et communautaires dans le
choix des clientèles prioritaires visées.
Mme la Présidente, notre cinquième
recommandation concerne l'article 93 du projet de loi n° 1, qui
attribue de nouveaux pouvoirs au ministre de la Famille. Les parents voient
d'un bon oeil ces nouveaux pouvoirs, mais nous avons quelques inquiétudes quant
à leur mise en place. Pour que ce pouvoir soit mieux encadré, nous proposons de
préciser certains termes pour définir ce qu'on entend par «les demandeurs les plus
aptes» et l'ajout de critères, dont celui de proximité entre l'ancienne et la
nouvelle installation en cas de fermeture.
• (17 h 40) •
Mme la Présidente, notre sixième et dernière
recommandation concerne les mesures à mettre en place en attendant que le
réseau soit complété. Des dizaines de milliers de parents vivent de la détresse
depuis déjà plusieurs mois et ils ne peuvent pas se
permettre d'attendre encore plus longtemps avant de pousser, eux aussi, un
soupir de soulagement. La pénurie de places en services de garde force
plusieurs parents à rester à la maison, surtout ceux qui ont un enfant de
18 mois ou moins, parce que ces places sont encore plus rares que les
autres. Nous proposons donc au gouvernement de soutenir financièrement ces familles,
qui attendent parfois plusieurs mois sans aucun revenu, en ajoutant une clause
qui permet d'allonger le Régime québécois d'assurance parentale, et ce, dès
maintenant.
Mme la Présidente, nous recevons aujourd'hui le
projet de loi n° 1 comme la prémisse du dénouement positif de ces temps de revendications. Nous tenons à
remercier M. le ministre de la Famille de nous avoir conviées à partager
nos travaux. Au Québec, on a la chance
d'avoir créé un modèle original de services de garde qui plaît aux enfants et
aux parents. Les CPE ont la faveur de tous parce qu'ils offrent des places de
qualité abordables et adaptées aux besoins de chaque communauté locale.
En travaillant de concert avec le ministère de
la Famille, on souhaite compléter une fois pour toutes le modèle québécois des services de garde. Une
réforme qui répond aux besoins réels des enfants et des parents du
Québec pourra marquer définitivement l'histoire des politiques familiales
québécoises. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci à vous. Merci pour votre exposé.
Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux, c'est un plaisir de vous rencontrer. Évidemment,
vous étiez incontournables, là. Je sais qu'à un certain moment vous avez douté
de notre volonté de vous inviter, mais, dans mon esprit, c'était très clair que
vous deviez être là pour... parce que, bon, votre mouvement, je dois le dire,
là, s'est imposé de par la force de la voix des parents qui étaient sur le
terrain. Puis j'ai eu l'occasion de le dire, mais là je le dis publiquement
devant les collègues, devant vous aussi, donc je vais le répéter, moi, j'ai de
l'admiration pour ce que vous avez fait parce que je pense que, dès le moment
où les gens se mobilisent sur le terrain pour faire changer les choses, il en
ressort toujours quelque chose de positif. Puis, parfois, nous, les élus, ça
nous met un peu dans les coins, ça nous force à aller plus vite, mais je pense
qu'à la fin c'est toujours, toujours positif, cette mobilisation, une
mobilisation comme celle que vous avez eue, d'autant plus que vous défendez des
intérêts qui sont les intérêts des familles du Québec. Donc, je veux quand même
vous lever mon chapeau à ce sujet-là.
Vous dire aussi que je suis particulièrement
heureux de vous entendre optimistes et confiantes en l'avenir, là. J'ai lu, dans votre mémoire, que vous dites que, bien, c'est un grand pas dans la
bonne direction. Je viens de vous entendre, en conclusion, dire qu'on
peut enfin espérer regarder vers l'avenir — là, vous n'avez pas dit ça exactement,
là, mais c'est à peu près ce que vous vouliez dire, là — avec
confiance, et tout. Je vous avoue que je suis heureux d'entendre ça, parce que
c'est sûr que, dans les derniers mois, disons, on a eu quelques échanges
corsés.
Mais, en même temps, quand je regardais... je
faisais l'exercice, parce que vous veniez ici, puis, évidemment, on a bien pris
soin de lire le mémoire que vous avez produit, mais j'allais dire, dans les
demandes que vous avez répertoriées, bon, il y avait des demandes qui venaient
de plusieurs associations. Vous avez fait le travail de tout mettre ça ensemble, d'en amener certaines, aussi, de votre propre initiative.
On en comptabilisait 26, et, là-dessus, il
y en a tout de même 17 auxquelles on a déjà répondu à l'heure où on
se parle, donc je trouvais que c'était particulièrement intéressant. Donc, ça démontre qu'effectivement, là, il
y a beaucoup d'éléments que vous
aviez soulignés sur lesquels on travaillait déjà parce que, bon, sinon, évidemment,
ça ne pourrait pas déjà être en vigueur ou déjà en chantier. Mais je voulais quand
même souligner ça.
Je vais revenir sur quelques points, peut-être
pour faire des précisions puis vous demander aussi, peut-être, d'aller un peu
plus loin dans votre pensée au bénéfice de tout le monde puis de nos travaux.
Donc, par quoi est-ce que je pourrais bien commencer? Je vais commencer par la recommandation
n° 2. Peut-être plus une précision, là, pour les gens
qui nous écoutent. Vous dites : «On doit évaluer annuellement les besoins
de services de garde éducatifs à l'enfance.» Peut-être un mot pour vous dire
qu'actuellement on le fait deux fois par année. Donc, on est encore plus, je
dirais, précis, même si on souhaite toujours être plus précis, mais, actuellement,
on le fait deux fois par année. Et il y a une question d'interprétation, peut-être,
là, mais, tu sais, quand vous dites «pour tous les territoires», donc vous
souhaitez, évidemment, qu'on évalue ça pour tous les territoires, et là c'est vraiment
une question d'interprétation, mais bien sûr que ça se fait pour l'ensemble du territoire
québécois, partout. Par contre, la façon dont c'est formulé, c'est qu'évidemment
les territoires que nous, on détermine, c'est leur grosseur, si vous voulez.
Quelle unité de mesure? Est-ce qu'on parle de 161 bureaux coordonnateurs? Est-ce
qu'on parle de plus petites unités? Plus on y va dans le détail, évidemment,
plus c'est précis. D'ailleurs, on a fait un gros travail de raffiner ces
données-là. Mais, je veux vous rassurer, bien sûr qu'on regarde l'ensemble des
données partout au Québec, sur l'ensemble du territoire québécois. Donc, je
voulais tout de même vous le préciser. Donc, rassurez-vous, ça, évidemment, ce
sera fait.
Sur la recommandation n° 1,
évidemment, je vais vous questionner sur le droit d'avoir une place, mais je
vais commencer, parce que vous... avec peut-être une sous-question. Vous avez
dit : On doit s'obliger... ou, en tout cas, je ne veux pas vous mettre des
mots dans la bouche, mais vous avez dit : On doit s'obliger à avoir la main-d'oeuvre
nécessaire ou on doit... Est-ce que je comprends que vous voudriez qu'on mette,
dans la loi, une disposition au sujet de la main-d'oeuvre? Peut-être que j'ai
mal compris aussi, là, mais je voulais voir avec vous. Est-ce que vous pouvez peut-être
préciser votre pensée?
Mme Claveau (Carolann) : Bien,
en fait, je vais répondre à la question. Juste préciser ce qu'on entendait par
le droit. Bien, c'est sûr que, pour nous, c'est d'une importance capitale que
chaque enfant ait accès à un service de garde éducatif de qualité. Puis, pour ce qui
est de la question de la main-d'oeuvre... Je ne sais pas, Maude, est-ce
que tu l'as peut-être, la réponse? Je sais
qu'on l'a écrit dans le mémoire. Ça m'échappe. Est-ce que tu as l'information concernant...
Mme Caron (Maude) : Bien, écoutez,
M. Lacombe, c'est simplement que, dans le fond, nous, là, on trouve que ça
devrait être un droit à la base parce que ça garantirait la volonté du ministère
de la Famille, du Conseil du trésor d'offrir des conditions de travail qui sont
excellentes aux éducatrices pour s'assurer qu'il y ait une continuité des
services. Dans la mesure où c'est fait de cette façon-là, que c'est une
obligation du ministre, c'est vraiment plus sur l'offre de places, c'est...
Donc, on n'assure pas les services aux enfants, on n'assure pas la
main-d'oeuvre, puis c'est ça qui nous
inquiète, nous, dans cette façon de le formuler. Puis aussi, tu sais, on a vu
que, par rapport, par exemple, aux maternelles quatre ans, le ministre
de l'Éducation... c'est un droit pour tous, puis quand le ministre... à partir
du moment où le ministre de l'Éducation allait le mettre en vigueur. Donc, on
se demande pourquoi ce n'est pas fait dans le cas des enfants de 0-5 ans,
considérant le fait que c'est le moment le plus important de leur développement.
M. Lacombe : Je comprends. Je
comprends le questionnement. Je vous avoue, là, moi, je me suis aussi posé, évidemment,
ces questions-là parce que... Bien, je vais juste terminer sur la main-d'oeuvre
en vous disant... et ce n'est pas clair, là, pour moi, mais, si vous avez
peut-être des précisions. N'utilisons pas nos précieuses minutes actuellement,
parce que peut-être qu'on pourra y revenir, mais ça m'intéresse parce que vous
l'avez quand même dit tantôt, là, qu'il faudrait prendre des dispositions pour
s'assurer d'avoir la main-d'oeuvre. Est-ce que c'est juste de bonifier les
salaires, et tout ça? Ça, on est en train de le faire. Mais, si vous voulez
quelque chose de plus que ça, je serais intéressé de savoir ce que vous
proposez.
Sur le droit d'avoir une place, écoutez, j'ai
discuté de ça aussi tantôt avec un autre groupe. C'est une de vos
recommandations, c'est la première. Et moi, je vous avoue que j'ai un enjeu
avec la façon dont vous le proposez puis je veux qu'on en discute pour qu'on
puisse aller au bout de cette idée-là. Sur le fond, je suis d'accord avec vous.
Sur l'objectif, donc, je suis d'accord avec vous, il faut s'assurer que chaque
enfant puisse avoir une place dans un service de garde éducatif à l'enfance au
Québec. C'est la raison pour laquelle on propose... je propose, dans le projet
de loi, un article qui vient obliger le gouvernement, pour la première fois, ça
ne s'est jamais fait, on vient se donner une obligation de développer des
places lorsqu'il en manque. Donc, ça, ça va servir à ce qu'il n'y ait pas un
gouvernement, après nous, qui vienne dire : Bien, ça coûte trop cher, il
faut équilibrer le budget, puis on coupe dans le développement des places.
Donc, c'est une garantie qu'on se donne les moyens de créer ces places-là.
La raison pour laquelle on ne fait pas la même
chose que dans le réseau de l'éducation et que ce n'est pas notre proposition,
c'est parce que notre réseau, ce n'est pas le réseau de l'éducation. Il n'est
pas opéré par l'État. C'est un réseau qui est, à la base, géré par la
communauté. Si on pense aux CPE, il y a des entreprises, les garderies, il y a
des travailleuses autonomes, aussi, que sont les responsables des services de
garde en milieu familial. Donc, comment on fait pour assurer ce droit-là si ce
n'est pas le gouvernement, comme en éducation, qui offre le service? Qu'est-ce qu'on fait concrètement dans vos
régions, dans vos municipalités, si on a trois, quatre, cinq, six
responsables de service de garde en milieu
familial qui décident de fermer leurs portes le même mois, que ces enfants-là
se retrouvent sans service? Le gouvernement a une obligation légale
d'offrir le service aux enfants. Qu'est-ce qu'on fait si ça arrive?
Mme Claveau
(Carolann) : Tout d'abord, je veux prendre le temps de mentionner
qu'on est vraiment heureuses d'entendre qu'il y a une volonté sincère de
la part du ministère de la Famille de compléter le réseau, puis, justement,
l'obligation qui est ajoutée dans la loi d'ajouter des places, de créer des
places, va en ce sens-là, puis ça, on s'en réjouit, bien sûr. Mais on pense
vraiment qu'il faut faire attention, parce que ce n'est vraiment pas la même
chose, une obligation de créer des places puis inscrire officiellement l'accès
aux services de garde éducatifs comme un droit universel pour chaque enfant. La
façon dont ça va s'articuler, la façon dont ça va être mis en place, ça ne
relève pas de la compétence des parents. Par contre, une chose est sûre, c'est
que nous, on pense que ce droit-là ne devrait pas être dépendant de la
disponibilité des ressources ou quelque autre considération plus administrative
ou territoriale.
Comme on l'a mentionné, il y a plusieurs études
qui démontrent que le développement de l'enfant, sous toutes ses facettes, est
vraiment crucial, surtout en zéro et cinq ans, puis on pense honnêtement que la
question ne devrait pas se poser, là. Quand le parent est prêt à franchir
l'étape de l'intégration de son enfant à un service de garde éducatif, il devrait pouvoir le faire, puis son
enfant... chaque enfant devrait pouvoir se développer à son plein
potentiel.
• (17 h 50) •
M. Lacombe : Bien, je suis
d'accord avec vous, encore une fois, sur le fond, sauf qu'on a une
responsabilité, comme gouvernement, comme État, de s'assurer que, lorsqu'on
prévoit un droit pour les parents, ce droit-là puisse être respecté, parce que,
si on offre un droit et qu'on n'a pas de moyen de le faire respecter, vous
comprenez bien que ça ne sert à rien, qu'on s'expose à des poursuites. Donc,
sincèrement, on a cet objectif-là, et c'est la raison pour laquelle on se donne
une obligation de moyens qui, selon nous, dans notre réseau... Parce que notre
réseau a sa propre personnalité qui est différente de celle du réseau de
l'éducation, qui est opéré, lui, par le gouvernement. Bien, à mon sens, ce
qu'on propose, c'est effectivement un droit pour les enfants, c'est un droit à
notre image dans notre réseau, qui respecte
les particularités de notre réseau. Sinon... Puis je comprends que ce n'est pas
de... Vous dites : Ce n'est pas vraiment
dans notre champ de compétence, là, d'avoir les moyens, puis je ne veux pas
vous mettre dans l'embarras, encore
une fois, je respecte ça puis je comprends ce que vous me dites, mais vous nous
faites cette proposition-là.
Donc, moi, la question que je vous pose,
c'est : Est-ce qu'il n'y a pas une zone de compromis où on peut être
d'accord sur l'objectif et que, pour protéger le fait que notre réseau est géré
par la communauté et qu'on souhaite qu'il le demeure, pour protéger aussi le
rôle des RSG, qui sont des travailleuses autonomes, protéger leur autonomie, bien, le compromis à
faire, c'est de se donner cette obligation, moyen-là, mais de garder le réseau
comme on le connaît? Est-ce que ça, c'est un compromis qui est
acceptable?
Mme Caron (Maude) : Est-ce que je
peux me permettre? Merci. En fait, je voulais juste simplement revenir sur les
moyens que vous vous donnez, en tant que ministre, de, justement, parvenir à
répondre à la demande. Vous dites que c'est
à chaque six mois, mais moi, je me demandais : Est-ce que c'est inscrit
à même la loi? Parce que nous, on ne l'a pas vu, cet élément-là. Puis je
me dis : En ce moment, vous le faites parce que, tu sais, vous êtes... tu
sais, vous travaillez bien, mais ça ne veut pas dire que, tu sais, dans
cinq ans, ce sera encore vous, le ministre de la Famille.
M. Lacombe : Je comprends, oui.
Mme Caron (Maude) : Donc, nous, on
pense que... Par exemple, là, en ce moment... tu sais, la loi, en ce moment,
elle date presque de 2005, donc ça risque d'être la même loi dans 20 ans.
Alors, on pense que ça devrait être inscrit.
M. Lacombe : Vous aimeriez qu'on
l'inscrive. Vous aimeriez que ce soit écrit.
Mme Caron (Maude) : Oui, exactement,
la fréquence.
M. Lacombe : Bien, je comprends,
oui.
Mme Caron (Maude) : Et aussi, quand
vous dites : Tous les territoires... je m'excuse de vous interrompre,
j'ai eu peur de manquer mon point. Aussi, quand vous dites : Tous les
territoires sont observés, nous, on aimerait vraiment que ce soit fait avec le
comité consultatif, parce que c'est eux qui sont capables vraiment de
déterminer les besoins de leur propre territoire. Donc, tu sais, si c'est fait
de façon statistique, un peu comme ça, on a regardé... C'est important de
savoir ce que les comités consultatifs en pensent.
M. Lacombe : Je comprends, oui.
Bien, c'est l'objectif des comités, les CCR, là, qu'on souhaite mettre en
place, effectivement. Mais moi, je vais revenir avec ma question, parce que je
vais me faire talonner, là, par les oppositions qui sont devant moi en ce
moment, sur le droit parce que vous le proposez. Donc, si vous le proposez, je
veux avoir cette discussion-là avec vous puis aller jusqu'au bout de l'idée.
Moi, ce que je vous dis, c'est que je suis d'accord avec l'objectif de
s'assurer que le gouvernement ait une obligation, là. Par contre, cette
obligation-là, à mon sens, il faut que ce
soit une obligation de moyens. Donc, il faut s'obliger à créer des places pour
qu'il y en ait suffisamment pour les enfants, mais il faut aussi
accepter que, parfois, il y aura une période de flottement, le temps qu'on
prépare cette place-là pour les enfants.
Mais on se donne une obligation d'y arriver puis d'avoir une bonne
prévisibilité. Est-ce que ce n'est pas là un compromis qui est
acceptable pour protéger l'autonomie de notre réseau? Parce que, sinon, pour
que le gouvernement garantisse ça, il faut nationaliser le réseau, s'assurer
qu'il y ait suffisamment de places en installation pour tout le monde sans
compter sur le milieu familial, vous comprenez? Le gouvernement, ce que vous
proposez, c'est... il a une responsabilité légale envers ces parents-là de leur
donner une place. Donc, est-ce que ce n'est pas un compromis qui est acceptable
pour vous?
Mme Claveau (Carolann) : Je pense
que c'est un pas dans la bonne direction. On était contentes de le lire, à la
lecture du projet de loi n° 1. Par contre, on pense vraiment
que c'est important de l'inscrire comme un droit de l'enfant, comme ça a été
fait... je comprends que ce n'est pas le même réseau, mais ça a été quand même
ajouté à la loi n° 5 en ce qui concerne les maternelles
quatre ans. On se dit que c'est sûrement possible de l'inscrire aussi dans ce
cas-ci, tout en respectant les particularités du réseau d'éducation à la petite
enfance.
Vous avez mentionné, M. le ministre, un peu plus
tôt, le fait que c'était bien différent, c'était particulier parce que c'était géré par les communautés.
Oui, on est bien d'accord, mais je ne pense pas que... Bien, l'un
n'empêche pas l'autre, en fait. Maude, tu pourras peut-être ajouter, mais, personnellement,
je ne pense pas qu'il faut sous-estimer les communautés non plus dans tout ça.
M. Lacombe : Mais on a un cas
concret, là. Parlons-en, puisque c'est important, là, puis je suis sincère, je
veux vraiment qu'on arrive avec la meilleure solution. Si le gouvernement a
cette obligation légale là et que, dans une ville, il y a des travailleuses
autonomes, que sont nos RSG, qui décident de cesser leurs activités, comment on
fait respecter ce droit-là que nous, comme gouvernement, on a garanti aux
parents, alors que le service, là, il ne repose pas entre nos mains? Comment on
fait?
Mme Caron (Maude) : Bien, écoutez,
M. le ministre, vous pouvez faire exactement comme le ministre de l'Éducation a
fait, c'est-à-dire... On ne vous demande pas de le faire tout de suite, on vous
ne dit pas : Demain, on veut que l'éducation à l'enfance soit un droit
pour tous. Ce qu'on dit, c'est qu'on aimerait ça que ce soit inscrit à même la
loi pour que, par la suite, lorsque vous considérez que vous avez les
ressources nécessaires, lorsque vous considérez que vous avez rempli votre
mandat, que vous avez créé les 37 000 places, que vous avez amélioré
les conditions des éducatrices, que, là, ça en devienne un. C'est ça, notre
but, c'est qu'on ne veut pas avoir à se battre comme ça pendant 20 ans.
M. Lacombe :
Non, je comprends bien.
Mme Caron (Maude) : On est en
contact avec des dames qui se battent depuis les années 70 pour ce
droit-là à l'éducation à la petite enfance.
M. Lacombe : Je comprends, oui.
Mme Caron (Maude) : On pense que,
dans la société de nos jours, où tout le monde... où toutes les femmes ont
droit à leur place sur le marché du travail, bien, ça devrait être aussi un
droit d'avoir une place pour l'enfant.
M. Lacombe : Bien, je suis d'accord
avec vous sur le fond, soyez-en assurée. Par contre, on a aussi des obligations
légales quand on se donne un droit, et moi, je souhaite avoir un équilibre
entre un réseau qui continue d'être géré par la communauté, nos CPE, des
travailleuses autonomes aussi, nos RSG. Et je veux le souligner encore une
fois, même la journée où on aura suffisamment de places pour tous les enfants,
si on a des RSG qui ferment, le gouvernement doit être capable d'assurer, si on
se donne cette obligation-là, de donner une place à chaque enfant, et ce n'est
pas possible avec le réseau qu'on a. Par contre, on peut se donner une
obligation de moyens pour la première fois de l'histoire du réseau, et c'est ce
qu'on va faire dans ce projet de loi là. Mais j'ai bien pris connaissance de
votre mémoire, puis on s'en inspirera pour la suite des choses, bien sûr, puis
les oppositions aussi l'ont lu.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Mme Caron (Maude) : On
voulait...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
Mme Caron (Maude) : On voulait
vraiment vous remercier... je m'excuse, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
correct.
Mme Caron (Maude) : ...de notre
présence. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
M. Lacombe : Ça me fait
plaisir.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
je cède maintenant la parole au député de LaFontaine.
M. Tanguay : Merci, Mme
la Présidente. À mon tour de vous saluer, Mme Caron, Mme Claveau,
bonjour. Heureux de vous retrouver, Mme Claveau. De mémoire, le
26 mai dernier, je pense, vous étiez accompagnée, évidemment, de votre tout-petit, avec votre mari également, au parc de
la Francophonie. On avait été faire un pique-nique ensemble. Ça participait, depuis mars 2021, de ce
magnifique... d'un autre événement initié par ce magnifique mouvement
qui est Ma Place au travail. Je me rappelle, moi, dès le 19 mars 2021...
Puis je salue et je remercie celle qui m'a aiguillé
sur les tout débuts du mouvement. C'est Florence Thivierge, qui est derrière
moi, là, avec laquelle je travaille, que vous connaissez bien également,
qui m'avait dit : Écoute, Marc, il faut absolument les rencontrer. Puis là
je dis : Qui on va rencontrer? Elle
dit : Elle s'appelle Myriam Lapointe-Gagnon. Alors, le
vendredi 19 mars, 11 heures, je me rappellerai toujours,
on a eu un premier contact. Et je tiens à vous féliciter pour ce magnifique
mouvement. Vous le dites vous-même, au niveau des adhérents, 8 550 membres,
13 500 abonnés, c'est remarquable.
Avec le peu de temps qui m'est imparti,
j'aimerais rebondir sur le débat que le ministre... et les échanges que le
ministre a pour dire : Écoutez, on ne peut pas faire en sorte qu'il y ait
un droit. Mais il dit toujours que le projet de loi qu'on a déposé au Parti
libéral du Québec, le projet de loi n° 897, il dit : Il y a
essentiellement un article. Mais il oublie
de dire une chose : Il y a deux articles. Et le deuxième n'est pas moins
essentiel : cinq ans. Je comprends le ministre que, dans un état de crise du réseau des services
de garde aujourd'hui, un droit à un service de garde, c'est impossible.
Mais, quand on se dit : On prend le 6 milliards, on y va sur
cinq ans, on va faire en sorte de véritablement valoriser la profession
des éducatrices, des intervenantes, on va développer le réseau, on va axer ça
sur les CPE — nous,
on prône 85 % de CPE — ça
peut être possible. Et de le faire sur cinq ans, ça devrait être notre
objectif, notre ambition. Et ça, comme vous l'avez bien dit, ça se fait dans le
domaine scolaire et c'est tout à fait réalisable. Alors, j'aimerais peut-être
vous donner l'occasion, peut-être, de clore sur cet aspect-là.
Nous, je vous informe... Puis, Mme la
Présidente, je vais donner une petite pièce d'information. Mme la Présidente,
nous, on va déposer un amendement à l'article 2. On va dire : On va
conserver le début, lorsque vous dites que c'est un droit, puis dans le
deuxième alinéa, on va enlever : «Ce droit s'exerce en tenant compte de»,
excuse, excuse, excuse. Il y a trois types d'excuses pour ne pas donner le
service.
Mais, sur
cinq ans, collectivement, je pense qu'on pourrait avoir cette ambition
raisonnable là. J'aimerais vous entendre, là, peut-être pour clore cet
aspect-là, parce que vous en faites votre première recommandation.
• (18 heures) •
Mme
Claveau (Carolann) : Merci beaucoup, M. Tanguay, c'est un plaisir pour
moi aussi de vous recroiser aujourd'hui dans ces circonstances-ci. Effectivement,
comme on l'a mentionné, ma collègue Maude et moi, on trouve vraiment que
c'est... C'est pour ça que c'est notre première recommandation aussi, puis on
en a parlé depuis les tout débuts du mouvement, parce que, quand la pénurie a
frappé, on a vraiment été abasourdies par l'ampleur de l'impact que le manque
de places pouvait avoir non seulement sur les enfants, mais sur les parents,
sur les familles élargies, sur les
employeurs, sur... en fait, une onde de choc sur plusieurs sphères de la société québécoise, pas seulement sur les familles puis leur bulle familiale. Donc,
pour ces raisons-là aussi, on trouve que c'est, définitivement, une bonne idée
d'inscrire le droit universel d'accès aux services de garde éducatifs à
l'enfance au projet de loi n° 1.
C'est sûr que, comme
je le mentionnais plus tôt, dans l'articulation de tout ça, dans la mise en
place de tout ça, on ne peut pas se prononcer, nous, comme parents, à savoir,
bien, on va faire ça comme ça, puis ça va se passer de telle façon. Par contre,
on va être là, évidemment, pour donner des idées ou pour s'impliquer quand ça
va être nécessaire, comme on le fait pour
nos enfants quand ils ont une place en garderie, les plus vieux quand ils sont
à l'école. Les parents voudront bien s'impliquer. Puis ce qu'on demande,
ce n'est pas nécessairement que ce soit tout de suite.
M. le ministre de la
Famille mentionnait tout à l'heure la possibilité qu'il y ait des poursuites en
cas de fermeture. Évidemment, on pense que c'est possible de mettre en place
des mécanismes qui permettraient que ce droit puisse être exercé en tenant
compte des imprévus, évidemment. Puis, comme vous le mentionniez dans votre
introduction, c'est certain que... on pense que c'est réalisable, on ne croit
pas que c'est du domaine de la fantaisie de penser
que ce serait possible de rendre le droit universel concret pour nos enfants,
surtout si la volonté est là pour créer autant de places, pour compléter le réseau, pour améliorer les
conditions des travailleurs en CPE, des travailleuses en CPE.
Je ne sais pas si,
Maude, tu veux ajouter.
M. Tanguay :
Oui, je vous en prie, Mme Caron.
Mme Caron
(Maude) : Simplement ajouter que, nous aussi, c'était notre
recommandation d'enlever les alinéas suivants. On trouve que c'est... en fait,
ça s'articule très bien dans l'article de loi, le premier alinéa. C'est tout ce
qu'on a de besoin, nous, dans notre cas. Donc, voilà.
M. Tanguay :
Tout à fait, tout à fait. Alors, on va déposer l'amendement. Qui sait,
peut-être que le ministre va voir la lumière, surtout que, peut-être, là, il
réalise que, ah! en cinq ans, on peut le faire. Aujourd'hui dans le réseau de
services de garde, dans la crise qu'on connaît, non, du jour au lendemain, ce
serait impossible. Ça, je lui donne. Mais, sur cinq ans, je pense qu'on peut
avoir cette ambition-là, qui est tout à fait raisonnable.
J'aimerais vous poser
une question au-delà, là... Puis on aura le temps, je vais prendre quelque
temps, là, pour poser des questions beaucoup plus précises. Mais vous avez été
un mouvement qui avez apporté la voix des parents
qui vivent — puis
ça, ça a toujours été l'élément dont on a fait écho à l'Assemblée nationale — stress
financier et détresse psychologique. Quel est l'état de la situation?
Aujourd'hui, on sait que la liste d'attente, c'est toujours 51 000. On a
vu ce qui est arrivé, les C.V. de bébés, les annonces sur Kijiji pour acheter
une place, la publicité dans les hebdos avec la photo du bébé. Qu'en est-il de
votre rétroaction que vous avez sur les parents aujourd'hui? J'imagine, là,
c'est toujours un écueil majeur, un nuage énorme au-dessus de la tête des
parents. Puis, quand les parents sont affectés, le développement des
tout-petits l'est aussi.
Mme Claveau
(Carolann) : Oui, merci pour la question. C'est effectivement une
réalité qui a toujours cours. Ça fait plusieurs mois. Au début du mouvement, il
y avait déjà de la détresse. Ça fait maintenant huit mois, comme on le
mentionnait, puis évidemment, bon, le réseau n'est pas complété, il ne va pas
se compléter comme ça, du jour au lendemain, on en est conscients. Mais,
pendant ce temps-là, les parents qui n'ont pas de place pour leurs enfants
vivent un casse-tête incroyable, beaucoup de détresse, puis on considère vraiment
qu'il y a urgence d'agir de ce côté-là. Parce que, nous, à tous les jours, sans
entrer dans les chiffres, je ne les ai pas comme ça sur le bout des doigts,
mais on reçoit à tous les jours des témoignages de parents ou de membres de la
famille qui nous partagent leur réalité, que ce soit un événement du jour qui
est rendu... qui a pris des ampleurs beaucoup plus complexes parce que,
justement, le bébé n'a pas de place en garderie. Puis il y a aussi des gens qui
demandent de l'aide. Alors... Tu sais, les grands-parents des enfants, pour
prendre la relève, mais ces grands-parents ont aussi, peut-être, un travail
encore. Ou est-ce qu'ils ont des problèmes de santé qui font que c'est plus
difficile? Il y a beaucoup de conséquences sur l'environnement de l'enfant,
comme vous le dites, mais aussi élargi. C'est pour ça que nous, on avait une
recommandation en ce sens-là dans le mémoire pour, en fait, qu'il y ait de
l'aide.
On ne comprend pas,
en fait, qu'il n'y ait pas d'aide encore à ce jour pour toutes ces familles-là
qui se retrouvent... Il y en a beaucoup, là, on disait 51 000. Comment ça
se fait qu'il n'y a pas encore d'aide pour ces parents-là qui sont toujours en
attente d'une place pour leur bébé? Le coussin financier s'effrite. Parfois, il
n'y en a pas du tout. Il y a plusieurs familles qui n'ont pas de réseau non
plus, qui n'ont pas de parent proche à qui demander de l'aide. Il y a aussi des
populations encore plus vulnérables qui peuvent encore moins compter sur un
réseau pour les dépanner, pour les aider dans tout ça. Il est temps qu'on pense
à eux, ces parents-là.
On est contents de
voir que le réseau sera probablement complété bientôt. Ça avantage beaucoup les
familles qui vont avoir des enfants dans les prochaines années. Par contre, les
parents qui ont déjà des enfants, surtout les poupons, ils ont besoin aussi
d'être soutenus, là, surtout financièrement, comme vous le mentionniez, mais
aussi dans les autres sphères de leur quotidien.
M. Tanguay : Mme Caron, si
vous voulez ajouter. J'aurai une autre question après.
Mme
Caron (Maude) : Bien, en
fait, je pense que Carolann a tout dit. En fait, c'est horrible, les
témoignages qu'on reçoit, puis il faut une aide financière. Cette aide
financière là, elle aurait dû venir en mars passé, là. Puis, en ce moment, il y
a eu beaucoup, beaucoup d'aide fédérale qui a été offerte, par exemple le RQAP
à 500 $. On a reçu aussi un montant si on avait moins de
120 000 $. On a reçu des montants cette année, mais tout ça est
terminé. Mais les familles sont encore dans l'embarras, ça fait qu'il faut les
aider. Là, on parle de 37 000 places à être créées, bien, ça veut
dire que c'est 37 000 familles, en ce moment, qui n'ont pas cette
aide financière là, là.
M. Tanguay : Tout à fait.
Vous faites également un plaidoyer pour que le développement se fasse très,
très majoritairement en CPE. Vous dites donc et vous suggérez donc au
gouvernement d'avoir des incitatifs pour faire une conversion de certaines garderies en CPE. Et puis je dois vous dire
qu'on a eu des témoignages de propriétaires de garderies qui
disent : Bien, nous, on serait prêts à être... à racheter pour qu'on
puisse faire un CPE. Évidemment, selon des
balises, pour que le payeur de taxes puisse en avoir, évidemment, pour son
argent. Mais ça, c'est un plaidoyer pour les CPE, pour le développement
des nouvelles places puis, même, pour de la conversion aussi, là, c'est
important pour vous.
La Présidente (Mme D'Amours) : En 30
secondes.
Mme Caron (Maude) : Oui, absolument.
Effectivement, on considère qu'il y a beaucoup de garderies privées qui
auraient préféré être un CPE, puis ils n'en ont pas eu l'occasion parce qu'à
cette époque-là il n'y avait pas d'appel de projets. Et puis tout ce qu'elles
souhaitent, en fait... leur but, ce n'est pas... ils n'ont pas d'objectif
pécunier nécessairement, ils veulent un milieu de vie avec... qui a des
ressources, puis ces ressources-là se retrouvent majoritairement en CPE. Donc,
on sait que c'est là où la qualité est, on sait que c'est là où il y a le moins
de bris de service, que les conditions des éducatrices sont les meilleures. Donc, nous, c'est vraiment notre objectif, c'est...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je suis désolée.
Mme Caron (Maude) : Je m'excuse, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Maintenant, je cède la parole à la députée de Sherbrooke pour une
période de 2 min 45 s.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Moi, je pense que vous avez raison qu'on pourrait tout à fait
prévoir le droit à une place en service éducatif subventionné dans le projet de
loi, on pourrait faire comme le ministre de l'Éducation l'a fait puis juste
laisser le gouvernement décider le moment de l'entrée en vigueur de cet
article-là dans la loi. Et puis on peut même faire ça en laissant la gestion du
réseau à la communauté. Il suffit de développer assez de places, puis, de toute
façon, c'est ça qu'il faut faire si on veut respecter le choix des parents. En
ce moment, les parents n'ont pas nécessairement le choix, puis, si on veut
respecter leur choix, il faut développer suffisamment de places pour qu'il y
ait des places disponibles dans différents milieux.
Je veux vous amener sur la question de la
qualité parce que vous en parlez vraiment beaucoup dans votre mémoire. Il y a
l'AQCPE qui a proposé de rendre disponibles les résultats des évaluations de qualité
pour que les parents puissent les consulter, ils ont proposé de faire ça pour
tous les types de milieux éducatifs. Qu'est-ce que vous en pensez, de cette
suggestion-là?
Mme Caron (Maude) : Bien, pour ma
part, je pense que les parents, c'est sûr... En fait, là, je pense que les
parents, ce serait une insulte à leur intelligence de juste penser qu'on veut
une place subventionnée à tout prix puis que ça ne nous dérange pas, la
qualité. La qualité, c'est sûr que c'est extrêmement important. Maintenant, il
faudrait qu'on détermine en groupe qu'est-ce qu'on pense de cette proposition-là.
On ne l'avait jamais entendue.
Mme
Labrie : Mais, en fait,
juste me dire peut-être : Vous sentez-vous équipés en ce moment, comme
parents, pour connaître la qualité d'un milieu?
• (18 h 10) •
Mme Caron (Maude) : Ah! non, absolument
pas, absolument pas. Donc, ça, c'est vraiment manquant en ce moment. Il y a beaucoup,
beaucoup de parents qui nous écrivent, qui nous disent : Ah! je suis allée
visiter un milieu, je ne suis pas certaine si c'est un milieu de qualité, on ne
voit pas de jouets traîner. Tu sais, il faudrait obligatoirement outiller les
parents pour qu'on ait... pour qu'on sache, lorsqu'on visite un milieu... qu'on
ait des outils, en fait, pour savoir si notre milieu est de qualité. Oui, c'est
vraiment important, effectivement. Maintenant, la façon dont ça va s'articuler,
encore une fois, on ne sait pas, mais, oui, effectivement, la qualité, pour
nous, c'est une des... c'est vraiment ce qui est au noeud du problème, là, en
ce moment, là.
Mme Labrie : Puis vous nous
confirmez que vous ne vous sentez pas outillées comme parents, en ce moment,
quand vous devez faire un choix quand on vous offre une place.
Mme Caron (Maude) :
Non. Puis c'est sûr qu'en ce moment il y a très peu de parents qui peuvent
faire des choix, en fait. On prend les... Tu sais, c'est comme une espèce de
loterie en ce moment, tu sais, on visite des milieux puis
on est extrêmement heureux lorsqu'on trouve une place pour notre enfant, mais, effectivement,
on n'est pas outillé pour déterminer la qualité, là.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup. Nous sommes prêts à entendre maintenant la
députée de Joliette, toujours pour 2 min 45 s.
Mme
Hivon :
Bonjour à vous deux. Merci pour votre mémoire et votre implication pour tous
les parents sans place du Québec. Donc, si je vous ai bien comprises, oui, vous
avez vraiment un grand plaidoyer pour la qualité, qu'on partage, bien évidemment.
Vous faites un plaidoyer pour le développement des places en CPE, qu'on partage
aussi. Je veux savoir, vous dites : Un minimum de 85 %, là, qui était
la règle qui s'appliquait jusqu'à tout récemment. Est-ce que vous souhaitez
qu'un maximum de places soit développé en CPE? Est-ce que vous êtes aussi pour
la conversion d'un maximum de places en CPE? Je suis curieuse de savoir ce que
vos parents, les parents de votre groupe disent par rapport à leurs
préférences.
Mme Caron
(Maude) : Bien, en fait, je pense que c'est unanime. En fait, tous les
parents.... Tu sais, en fait, dès qu'on fait des enfants, on a cette idée-là un
peu... un peu...
Mme Hivon :
Romantique.
Mme Caron
(Maude) : ...oui, c'est ça, de croire que, dès qu'on va avoir un
enfant, on va pouvoir l'inscrire à un CPE puis, très vite, on se fait démolir
notre rêve, on se fait dire que ça va prendre trois ans, quatre ans, et ça,
c'est si on se fait appeler. Donc, je pense que les parents, effectivement,
voient vraiment les CPE comme l'Eldorado des milieux de garde. Puis, tu sais,
ce n'est pas seulement une espèce de chimère, là, c'est vraiment... c'est
prouvé par des études, ça a été prouvé, en fait, par de maintes études que
c'était là qu'on trouvait la meilleure qualité. Donc, c'est sûr que, pour les
parents, c'est ce qu'on préconise.
Est-ce que tu voulais
rajouter quelque chose?
Mme Claveau
(Carolann) : Je voulais juste rajouter qu'on n'est pas... Excusez-moi.
Merci pour la question.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Allez-y, oui.
Mme Claveau
(Carolann) : On n'est pas contre l'idée de la conversion, non plus, de
garderies privées en subventionnées, tant que ce soit... justement, que la
qualité soit assurée par des critères, par des évaluations ou... qui permettraient,
justement, aux parents de faire un choix éclairé, que ce soit un CPE ou un
autre type de ressource de milieu éducatif. Et, bien sûr, on pense que la
complétion du réseau puis l'offre de places de qualité et abordables, qui
répondent aux besoins des enfants, passent par les CPE d'abord.
Mme Hivon :
Juste pour être claire...
Mme Caron
(Maude) : Les CPE et les milieux familiaux.
Mme Claveau
(Carolann) : Et les milieux familiaux, oui, c'est...
Mme Caron
(Maude) : Et aussi par la conversion de garderies non subventionnées
en CPE aussi. On veut d'abord ça. Mais on sait que, dans un objectif 85 %-15 %,
il va y avoir aussi des garderies subventionnées, donc on espère que ces
garderies-là vont avoir des critères très stricts de... très, très stricts d'évaluation...
Mme Hivon :
De qualité.
Mme Caron
(Maude) : ...de qualité, puis qu'ils vont avoir la même échelle
salariale que le ministère.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci infiniment, Mme Caron, Mme Claveau. Je
vous remercie pour votre contribution à nos travaux. Donc, on vous dit un au
revoir. Merci.
Avant d'ajourner la
séance, je vous soumets deux motions portant sur l'organisation des
travaux de la commission. La prorogation de la première session de la
42e législature a mis fin à tous les ordres et à tous les mandats qui
avaient été adoptés par la commission, donc, en conséquence, je propose, afin
de créer le comité directeur de la commission, la motion suivante :
«Que
la Commission [de l'administration
publique], conformément à l'article 4 des règles de fonctionnement,
constitue un comité directeur composé [du président].»
Une voix :
...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Ah! oui, c'est vrai. Je lis le document, minutieusement.
Mon secrétaire me rapporte... Commission de l'administration publique, ce n'est
pas la nôtre. Donc, c'est Commission des relations avec les citoyens. Donc, je
reprends ma motion.
Motion
proposant de constituer un comité directeur
«Que la Commission
des relations avec les citoyens, conformément à l'article 4 des [règlements] de
fonctionnement, constitue un comité directeur composé [du président, des
vice-présidents] ainsi que du secrétaire.»
Mise aux voix
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Motion proposant que les repas
pris à l'occasion des réunions
du comité directeur et des séances de travail soient
payés à même le budget de la commission
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
comme la commission se réunira parfois à l'heure des repas en séance de travail ou également à l'occasion des
réunions de son comité directeur, je vous propose la motion
suivante :
«Que les repas pris à l'occasion des réunions du
comité directeur et des séances de travail soient payés à même le budget de la
commission.»
Mise aux voix
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission
ajourne ses travaux au jeudi 25 novembre 2021, après les
affaires courantes, où elle poursuivra son mandat. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 18 h 17)