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Commission parlementaire permanente de la
présidence du Conseil
Séance du 19 mai 1969
(Seize heures quarante-trois minutes)
M. BERTRAND (président de la commission parlementaire permanente
de la présidence du conseil): A l'ordre, messieurs! Nous reprenons nos
activités. M. Masse aurait une déclaration à faire.
M. MASSE: M. le Président, à ce stade-ci des travaux de la
commission permanente du conseil exécutif et en raison des
événements que l'on connaît et des déclarations de
certaines personnes, il m'apparaît capital de faire le point sur ce qui
semble et j'insiste sur le mot « semble » être
la pierre d'achoppement de toute cette négociation avec les enseignants,
c'est-à-dire la charge d'enseignement de nos maîtres.
Vous me permettrez aussi de vous faire part de quelques
réflexions et interrogations de façon à situer cette
question dans son vrai contexte.
Il importe de répéter que non seulement les offres du
gouvernement et des commissions scolaires ne freinent pas la réforme
scolaire, mais qu'elles sont de nature à créer un climat
favorable à la réalisation de nos objectifs en ce domaine. C'est
pourquoi il faut dénoncer ouvertement ceux qui utilisent à toutes
les sauces, pour galvaniser et rallier leurs troupes, des slogans du type
« Mort de la réforme » ou « Faillite du système
».
Ne nous leurrons pas! La grande difficulté à propos de la
charge de travail des enseignants se résume à une question
d'heures de travail et à rien d'autre.
Que comporte donc l'offre faite aux enseignants? Elle détermine
d'abord le nombre de professeurs que chaque commission scolaire devra
embaucher, compte tenu du nombre d'inscriptions d'élèves. Ce sont
les rapports maître-élèves qui définissent ce nombre
d'enseignants. Un maître pour 40 élèves à la
maternelle. Un maître pour 27 élèves à
l'élémentaire. Un maître pour 17 élèves au
secondaire. Un maître pour huit élèves et un maître
pour quinze élèves dans le secteur de l'enfance
inadaptée.
Le rapport Parent avait lui-même avancé certains de ces
rapports. L'offre du gouvernement et des commissions scolaires a même
substantiellement amélioré celui de l'élémentaire
en le portant de 1-29 à 1-27.
Cette détermination indirecte de la tâche des enseignants
constitue en même temps un contrôle administratif essentiel
à la bonne gestion des fonds public.
En second lieu, l'offre rend possible la combinaison de certains de ces
rapports pour permettre à des commissions scolaires et associations
d'enseignants d'effectuer, par exemple, un transfert du secondaire à
l'élémentaire, comme on le fait dans le secteur protestant, afin
de réaliser des objectifs particuliers.
Troisièmement, l'offre stipule qu'au niveau de chaque commission
scolaire il sera loisible, aux enseignants et aux administrateurs qui le
désirent, de décider conjointement, par la voie des
négociations à ce niveau, d'établir des règles plus
précises de répartition des enseignants entre les
différentes écoles, de fixer des minimums ou des maximums de
périodes d'enseignement, de nombre d'élèves par classe,
etc. Cette opération locale permettra aux intéressés de
tenir compte de situations ou habitudes particulières et d'effectuer
certaines expériences pédagogiques.
Quatrièmement, l'offre tient pour acquis que la présence
des maîtres à l'école va de soi et qu'elle ne peut faire
l'objet d'un troc à l'occasion de négociations, quand il y a des
conditions matérielles qui permettent cette présence, bien
entendu.
Cinquièmement, un mécanisme de rattrapage progressif a
été prévu par les commissions scolaires dont les rapports
maître-élèves sont inférieurs à ceux
proposés que ce soit en vertu d'une plus grande richesse ou d'une
convention collective locale ou sentence arbitrale y tenant lieu. Nous sommes
disposés à réaménager et à reformuler ce
processus de récupération.
Enfin, devant un consensus et afin d'éviter qu'un enseignant
puisse être l'objet d'un abus de la part de la commission scolaire ou de
ses confrères, le gouvernement et les commissions scolaires ont
accepté d'introduire une règle dite « d'abus » : au
secondaire un maximum de 22 heures et demie d'enseignement hebdomadaire avec
une certitude additionnelle d'une heure libre par jour.
Voilà ce que nous offrons aux corporations et syndicats
d'enseignants.
La difficulté, quelle est-elle et d'où vient-elle?
Tout d'abord nous sommes en face d'un refus ou rejet de la
négociation locale pour préciser la tâche de chaque
instituteur de même que les règles de répartition de cette
tache dans les écoles. Cependant, d'un même souffle, les
corporations et syndicats d'enseignants exigent que soient maintenus les
privilèges acquis dans le passé à ce même niveau et
qui rendent souvent impossible la réalisation des rapports
maître-élève s proposés.
De plus, il est demandé que soit défini, au niveau
provincial, le maximum de 24 périodes de 45 minutes, 18 heures par
semaine, pour ceux dont les maximums sont actuellement supérieurs
à ce nombre.
Ces charges maximales légères proviennent d'une part de
conventions collectives locales particulières et surtout de sentences
arbitrales qui ont réduit substantiellement et souvent sans tenir compte
des ressources du Québec, en argent et en normes, la charge de travail
des enseignants.
D'une façon générale, ces sentences, ces
conventions locales avaient pour but principal, non pas de créer des
conditions propices à la réforme, mais plutôt de
réduire les heures de travail des enseignants.
Il est clair et net que bon nombre de ces examens que l'on retrouve dans
ces conventions collectives ou sentences arbitrales rendent illusoires la
réalisation des rapports maître-élèves offerts et
situent à un niveau prohibitif et injustifié l'ampleur et le
coût de l'effectif enseignant au Québec.
Dès que la négociation devient difficile, j'entends
certaines personnes proclamer que la réforme scolaire est en cause. Je
ne peux oublier, cependant, que les leaders syndicaux nous ont maintes fois
rappelé qu'ils avaient pour seule mission de négocier les
conditions de travail pour les membres de leur association. Les
éléments principaux de cette réforme scolaire, je les
connais par les politiques et règlements du ministère de
l'Education qui ont fait suite au rapport Parent et qui servent de base
à la mise sur pied d'un système d'éducation adapté
aux réalités de l'ère industrielle et technologique. Pour
le ministère de l'Education, il ne fait aucun doute que le projet
d'entente que vous avez entre les mains est approprié à la
réalisation de ce système.
Je me demande qui, dans ce projet, empêche à
l'élémentaire ou au secondaire, selon le cas, le regroupement des
élèves selon l'âge et d'autres critères
établis par le personnel de l'école. Le progrès continue.
La promotion par matières, les programmes individuels, le
décloisonnement, le travail en équipe. La consultation des
maîtres n'est-elle pas assurée par le règlement no 1 du
ministère de l'Education? Comment peut-on, décemment, à la
fois parler de mort ou de faillite de la réforme scolaire et, en
même temps, accepter avec réticence, sinon refuser, la
présence des maîtres à l'école, de même que le
nombre de rencontres entre le personnel de l'école?
Voyons maintenant, à l'aide de comparaison avec l'Ontario et les
Etats-Unis deux sociétés qui, dans leur ensemble,
possèdent une expérience certaine du monde industriel et
technique si les offres faites à nos enseignants sont
appropriées à notre société et à ses moyens.
Le seul fait que notre situation puisse soutenir une comparaison avec les
ensembles ontariens et américains devraient suffir à provoquer
notre réflexion. Quelles que soient les méthodes
utilisées, rapport maître-élèves, charge
individuelle, jugement d'enseignement, la conclusion est toujours la
même. Les Québécois traitent bien leurs enseignants.
Premièrement, le rapport maître-élèves. Le
Québec, par rapport à l'Ontario et à l'ensemble des
Etat-unis, vient au dernier rang en termes de revenu personnel per capita ou
indice de richesses incontestablement très significatif.
Premièrement, le revenu personnel per capita en 1967 est de $2,069 au
Québec, en Ontario de $2,624 et aux Etats-Unis de $3,137 en dollars
américains.
Cependant, ce même Québec consent, avec le projet
d'entente, à offrir plus de maîtres à ses enfants que
l'Ontario et les Etats-Unis. Voyons le rapport
maître-élèves pour tous les niveaux. Le Québec offre
un maître pour 22.4 élèves, l'Ontario, à l'automne
1968, un maître pour 24 élèves et les Etats-Unis, à
l'automne 1968, un maître pour 23.3 élèves.
A moins de soutenir que l'enseignement est de piètre
qualité en Ontario et aux Etats-Unis, il faut se rendre à
l'évidence. Nous sommes conscients que le rapport
maître-élèves actuel est inférieur à celui
qui est proposé. Cependant, nous sommes aussi conscients du fait qu'une
minorité de commissions scolaires desservant une faible partie de la
clientèle scolaire explique en grande partie ce surplus de personnel que
ces commissions scolaires sont en général soit plutôt
riches, soit enfermées dans des charges maximales trop basses.
Je profite de l'occasion pour rappeler qu'aucun instituteur ne sera mis
à pied en raison de l'application des rapports
maître-élèves et que l'attitude du gouvernement et des
commissions scolaires signifie tout simplement qu'ils ne peuvent plus maintenir
le même rythme d'accroissement de leurs dépenses au titre de
l'effectif enseignant.
La charge individuelle. Une seconde méthode de comparaison
consiste à mesurer la tâche d'enseignement des individus. En
Ontario, par exemple, la majorité des enseignants du secondaire qui
enseignent selon un horaire qui ressemble au nôtre, 35 périodes de
47 minutes, ont une charge d'enseignement qui se situe entre 26 et 30
périodes d'enseignement par semaine. Quant à l'instituteur du
secondaire, à Chicago,
par exemple, en plus, bien entendu, d'être présent à
l'école 33.8 heures par semaine et d'effectuer du travail de
surveillance, il enseigne normalement 30 périodes de 40 minutes par
semaine, c'est-à-dire l'équivalent de 26.6 périodes de 45
minutes.
Troisièmement, des témoignages. Relatant leur
expérience d'enseignement au Québec, voici ce que rapportent des
instituteurs d'autres provinces: « We are amazed at the light load
». Tiré du bulletin Canadian Educational Education, citation de M.
Dale et Bob Anderson, janvier 1968, page 11 et 12.
Une autre citation de M. Douglas H. Devlin, même
référence: « Instead of teaching an early full time table,
as à did in Peterborough, à find myself with 21 periods and 14 to
plan and mark work ». Même référence, Madame Florence
Wilton; « My firm replies that teachers work much higher in B.C. »
Quant aux professeurs québécois qui ont enseigné dans
d'autres provinces, à la suite des échanges d'instituteurs
francophones et anglophones, ils trouvent d'une façon
générale qu'ils ont beaucoup plus de travail dans les provinces
anglaises, les anglophones par contre constatent qu'ils ont moins d'heures
d'enseignement ici et tout commentaire additionnel devient superflu.
D'autres postes de cette convention collective placent aussi nos
enseignants à l'avant-garde de leurs confrères canadiens. Au
chapitre de la consultation, où trouve-t-on ailleurs qu'ici des
mécanismes de consultation obligatoire et au niveau de l'école et
au niveau de la commission scolaire?
Au titre du perfectionnement, où trouve-t-on un système de
congé pour étude à temps plein aussi
généralisé et libéral? Quant aux traitements,
même s'ils sont déjà acceptés par les enseignants,
on ne peut s'empêcher de les trouver intéressants et de constater
qu'ils sont l'objet d'envie.
Qualité et productivité de l'enseignement. Nous croyons
sincèrement que les offres du gouvernement et des commissions scolaires
sont de nature à donner aux enfants québécois une
éducation de qualité et plus que conforme à nos moyens. Si
cette qualité est fonction du nombre de maîtres, nous avons cette
qualité. Cependant, nous ne croyons pas que celle-ci sera accrue par la
seule addition d'un nombre de maîtres ou par une réduction de la
charge de travail. La qualité de l'éducation, c'est une notion
très relative, mais elle est d'abord fonction de la qualité des
maîtres, de leur sens du devoir et non pas de l'accumulation pure et
simple de personnes trop souvent insuffisamment qualifiées. Elle est
aussi fonction d'une atmosphère calme et non pas agitée.
Voudrait-on plaider que l'addition d'un élève par professeur ou
l'addition d'une heure d'enseignement, ici et là, aurait pour effet de
diminuer cette qualité?
Le ministre de l'Education de l'Ontario, l'hiver dernier, croyait-il
diminuer la qualité de l'éducation lorsqu'il a demandé
l'addition d'un élève par classe. Il est à peu près
temps que tous ensemble nous nous interrogions sur la productivité de
notre système d'enseignement et sur le partage des
bénéfices, surtout à l'aube de l'introduction de
méthodes audiovisuelles; les salaires et les investissements en hommes
et en matériel consentis par les contribuables québécois
suffisent, à mon avis, à justifier une étude sur cette
question afin que, par exemple, le double emploi en hommes et en temps
supplémentaire ne s'étende pas dans ce secteur.
Qu'en coutera-t-il aux contribuables québécois en raison
de cette convention? Sur les bases des effectifs de septembre dernier, il a
été estimé que le gouvernement aurait à
débourser, au cours de la période couverte par la convention,
environ $215 millions en trois ans; plus de $160 millions en salaires, dont $41
millions si la rétroactivité était accordée pour
l'année scolaire 68/69, près de $36 millions en raison de la
diminution du rapport maître-élèves à
l'élémentaire et de l'exclusion des adjoints aux deux niveaux et
près de $20 millions en raison du transfert éventuel au budget
gouvernemental de certaines dépenses inadmissibles assumées
directement en taxes additionnelles par les contribuables des commissions
scolaires locales: suppléance, bénéfices marginaux.
Tout ceci doit s'ajouter aux sommes astronomiques déjà
consacrées cette année aux en-seigants, $400 millions en salaires
seulement, et aux autres postes de l'éducation en général,
$1 milliard en 69/70, afin de hausser encore la scolarité de la
population du Québec.
Nous traitons nos enseignants mieux que nos voisins et nous n'en sommes
pas fâchés.
Cependant, il ne faudrait pas exagérer et exaspérer la
population. Nous estimons que les enseignants ont reçu leur juste part
et que toute autre addition s'effectuerait au détriment d'autres
citoyens ou d'autres priorités.
Le président de la CEQ parviendrait-il à démontrer
que les sommes inscrites au budget de l'Etat pourraient être
affectées à meilleur escient, il n'en découlerait pas que
ces sommes devraient être canalisées vers les salaires ou les
conditions de travail des enseignants.
Ceux-ci sont rémunérés de façon
déjà convenable et leur charge de travail n'a vraiment rien
d'exagéré, nous l'avons vu. Si des sommes pouvaient être
économisées à certains postes du budget, l'Etat non
seulement serait justifié de le faire, mais il devrait les affecter, en
priorité, à des activités créatrices d'emploi
plutôt qu'à l'octroi de nouveaux avantages à des groupes
déjà très justement dotés. Il ne faudrait pas, pour
des motifs égoïstes de classe, ou qui débordent le cadre des
relations de travail, détruire cet effort fantastique consenti par une
population de travailleurs qui, elle, n'a pas bénéficié
des avantages de la scolarisation accessible a tous les enfants.
Parlons net. Négocier avec le gouvernement, c'est un geste
politique a-t-on dit la semaine dernière à l'occasion d'une
manifestation des enseignants. Admettons-le, mais il faut admettre en
même temps si la notion de politique a un sens, qu'en l'occurrence c'est
avec la collectivité tout entière qu'on négocie avec les
travailleurs de toutes catégories, avec les agriculteurs, avec les
pêcheurs, avec les syndiqués, avec les non-syndiqués, avec
tous les contribuables. Selon cette logique, on devrait admettre que la
négociation trouve ses limites, son cadre dans une perception commune du
bien public, non pas dans une perception tout entière axée sur
les intérêts d'un groupe particulier.
Dans le cas qui nous occupe, le groupe particulier reçoit de la
part de la collectivité un traitement plus que convenable. On peut, sur
d'autres plans, contester l'action de l'Etat. Qu'on le fasse selon des
mécanismes démocratiques appropriés! Le présent
gouvernement ne s'y opposera pas. Mais le présent gouvernement n'entend
pas faillir à son devoir d'interprète de l'intérêt
public. Je serais, pour ma part, très heureux qu'on ait compris que
négocier avec le gouvernement est un geste politique si l'on a compris
en même temps que ce geste est posé par l'une et l'autre des
parties dans sa véritable perspective, celle qui correspond aux
exigences du bien commun de l'ensemble de la collectivité du
Québec. Le terrain d'entente est là, il ne saurait y en avoir
d'autres. Le gouvernement, pour sa part, ne renoncera pas à se situer
sur ce terrain et il sait que les administrateurs des commissions scolaires
sont sur ce point solidaires avec lui.
M. LESAGE: M. le Président, je me suis cru, à un moment
donné, je vous l'avoue bien franchement, transporté à
quelques années en arrière lorsque, représentant du Canada
aux
Nations Unies, j'avais des longs discours de propagande russe
d'un côté, américaine de l'autre à entendre,
au lieu d'entendre des hommes raisonnables tenter de régler
raisonnablement une question.
Là, je suppose que nous allons avoir un autre discours de
propagande de l'autre côté. Mais, où, M. le
Président, pensez-vous que cela peut nous mener en vue d'un
règlement? A zéro. Comme je suis préoccupé d'un
règlement, que ce qui semble être, je suis d'accord avec le
ministre là-dessus, c'est un point où il n'a pas fait de
propagande: que la pierre d'achoppement, c'est la charge d'enseignement. Comme
il a dit de plus que le gouvernement et les commissions scolaires sont
disposés à accepter le principe d'une charge maximale de travail,
que c'était cela que nous étions à discuter lorsque nous
nous sommes quittés jeudi soir, je crois que nous avons demandé,
à ce moment-là, de nous donner des chiffres sur diverses
possibilités d'établissement de ce maximum. Il me semble que nous
pourrions faire oeuvre beaucoup plus utile en examinant ces chiffres. Mais,
j'ai une clarification à demander au ministre.
L'ai-je bien compris quand il a dit qu'il était disposé
à reconnaître un maximum de 22 heures et demie, c'était de
quoi?
M. MASSE: D'enseignement.
M. LESAGE: Alors, 22 heures et demie d'enseignement, cela veut dire,
multipliées par quatre: trente périodes de trois quarts d'heure.
Je ne le sais pas, mais 30 périodes de trois quarts d'heure, je trouve
cela une charge extrêmement lourde. Je n'ai pas de raison de douter de ce
que M. Laliberté a dit l'autre jour, que cela pouvait amener
jusqu'à 48 heures de travail par semaine; 48 heures de travail par
semaine, dans des conditions souvent difficiles. Ce n'est pas facile
d'être enseignant. Le ministre en sait quelque chose. C'est dur
d'enseigner toute la journée, c'est plus dur que de faire des discours,
et nous devrions le réaliser. Ce n'est pas de la propagande que je fais,
c'est la vérité que je dis. Il n'y en a pas de propagande, c'est
la vérité toute nue, il n'y a pas de démagogie non plus.
Trente périodes d'enseignement en Ile et en 12e année, je
considère que c'est trop et que le maximum devrait être
inférieur à cela.
On peut avoir un maximum passablement inférieur à 30
périodes sans que cela coûte très cher au gouvernement et
aux commissions scolaires. D'ailleurs, cela nous est apparu assez clairement
l'autre soir.
Nous avons l'impression que le ministre a été
choqué par certaines attitudes ou certaines déclarations
auxquelles il a attaché peut-être plus d'importance que j'en ai
attaché et qu'il est devenu réactionnaire. Il réagit et il
revient à des positions extrême d'où je croyais
sincèrement avoir réussi à le faire bouger.
Est-ce que les chiffres sont prêts? Combien cela
coûterait-il...
M, MASSE: M. le Président...
M. LESAGE: ... 25, 26 périodes d'un maximum de trois quarts
d'heure au secondaire? Cela coûterait combien? Est-ce que les chiffres
ont été faits?
M, MASSE: M. le Président, nous avons laissé au chef de
l'Opposition sa...
M, LESAGE: J'avais des questions à poser.
M. MASSE: .. réplique. Il est évident que nous avons
répondu, au début de cette commission, à certaines
attitudes qui ont été prises et qui nous semblaient dangereuses
pour la collectivité, à certaines déclarations qui ont
été faites avec plus ou moins le sens des responsabilités.
Nous avons également laissé au chef de l'Opposition sa petite
période de démagogie.
M. LESAGE: M. le Président, je crois que c'est absolument
contraire au règlement. D'ailleurs, je n'ai fait aucune
démagogie. J'ai simplement essayé de ramener le ministre sur
terre, à la réalité, un peu.
M. LE PRESIDENT: Pas de propagande.
M. LESAGE: Le ministre a fait de la propagande. Je dis qu'il n'a pas
d'affaire à faire de la propagande autour de cette table. Qu'il
s'attaque donc au problème précis qu'il nous faut régler
aujourd'hui: la charge maximale de travail de l'enseignant au secondaire et
combien cela coûterait, suivant diverses échelles. C'était
cela que nous devions faire aujourd'hui, et le ministre relance tout le
débat à partir d'une attitude qu'il prétend basée
sur une autre attitude prise en dehors de cette commission et de la
Chambre.
Mon Dieu, si on transporte constamment ici toutes les chicanes, si on
commence à se répondre et à se « rerépondre
», on n'aboutira à rien. Comme disent les Anglais; Down to brass
tacks, down to work! C'est cela qu'il faut faire.
Ce n'est pas surprenant que cela n'ait pas été
réglé depuis 22 mois si on a eu constamment des attitudes
où on faisait des discours de propagande, soit à la table soit en
dehors de la table. Quand on discute des chiffres, on peut discuter
raisonnablement sans faire de propagande. Discutons donc des chiffres, M. le
Président. Je voudrais bien avoir une réponse: Cela
coûterait combien de plus, 26 périodes au maximum, au secondaire?
C'étaient les questions que nous avions posées l'autre soir.
Evitons les chicanes qui peuvent recommencer d'un instant à l'autre, qui
ne nous mèneront à rien. Des chiffres!
M. MASSE: M. le Président, nous sommes parfaitement prêts
à discuter de chiffres, mais je pense qu'il fallait laisser passer cette
période politique du chef de l'Opposition...
M. LESAGE: C'est-à-dire qu'il fallait laisser échapper
votre vapeur!
M. MASSE: Je pense qu'il fallait absolument que le chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: II fallait que je mette le couvercle!
M. CHOQUETTE: Vous avez fait une déclaration comme si la
commission n'avait jamais siégé.
M. MASSE: Alors...
M. CHOQUETTE : C'est une déclaration totalement inutile et qui
n'ajoute rien au débat.
M. LESAGE: Qui nuit au débat...
M. CHOQUETTE: Et qui nuit.
M. LE PRESIDENT: C'est leur réponse.
M. LESAGE: C'est évident.
M. MASSE: Est-ce que vous voulez compléter votre
déclaration?
M. CHOQUETTE: Non.
M. LESAGE: Répondez à ma question.
M. CHOQUETTE: Je dis d'une façon lapidaire ce que je pense.
M. MASSE: Voilà, M. le Président, nous sommes prêts
maintenant cette période étant passée
à discuter des chiffres qui ont été avancés; le
sous-ministre de l'Education pour-
rait apporter certaines réponses aux questions qui ont
été posées concernant ces chiffres.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay.
M. TREMBLAY (sous-ministre): M. le Président, telle que la chose
avait été demandée par la commission parlementaire, nous
avons eu une rencontre, M. Laliberté et quelques-uns de ses
collègues, ainsi que quelques-uns de mes collègues et
moi-même pour tenter d'évaluer ce que pourraient
représenter certaines hypothèses qui avaient été
formulées l'autre jour.
Nous avons tous compris que ces hypothèses se situaient dans le
cadre de l'application du rapport 1/17 dans la perspective d'en encadrer les
modalités d'application en vue d'éviter, d'une part, certains
abus comme M. Masse vient d'y faire allusion en ce qui concerne les maximums de
périodes d'enseignement au niveau le plus élevé en
pensant, par exemple, à des maximums de 30, 29 ou 28 et d'éviter
également certaines situations qui constituent, à toutes fins
pratiques, par rapport aux autres, des privilèges, des maximums qui
seraient inférieurs à 20, 21 ou 22.
Je pense que c'est là un point important à rappeler, que
c'est dans le cadre des conséquences de l'application du rapport 1/17
que les analyses que nous avions à faire se situent. Je pense ne pas
fausser la pensée de personne ici en disant que, sur le principe de
l'application du rapport 1/17, sous réserve de certaines
modalités d'application, tout le monde était d'accord. Je crois
me souvenir que, à la fois M. Laliberté et vous-même, M.
Lesage, aviez fait allusion à cela.
M. LESAGE: En effet, c'était dans le cadre de l'application de
1/17 qu'il s'agissait de tenter d'établir, pas un maximum mais des
maximums.
M. TREMBLAY (sous-ministre): D'envisager diverses hypothèses.
M. LESAGE: Diverses hypothèses en vue d'établir deux
maximums.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est ça. En quelque sorte nous
sommes devant deux types de maximum.
M. LESAGE: Oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Un maximum que l'on retrouve dans certaines
conventions collectives et qui stipule que ce ne sera pas plus que 18, 19 ou 20
périodes d'ensei- gnement et, d'autre part, un type de maximum qui,
à l'autre extrême, pourrait représenter, au niveau de
l'application, certaines difficultés que l'on pourrait considérer
comme des abus, des « teaching loads » excessifs. Je pense que
c'est là l'esprit dans lequel nous avions à faire notre
travail.
M. LESAGE: D'accord. Pour ma part, c'est exactement comme ça que
je l'avais compris.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Alors, c'est dans cet esprit que nous avons
travaillé. Nous nous sommes rencontrés ce matin, M.
Laliberté et ses collègues ainsi que les miens et moi-même,
pour tenter de préciser les choses à cet égard.
Il faut rappeler à ce propos, je pense que M. Laliberté en
conviendra, que nous avons travaillé le mieux possible à faire
des chiffres sur lesquels nous serions d'accord, de façon que la
commission parlementaire ne se trouve pas devant des difficultés
purement techniques, mais qu'elle ait à se prononcer ou à
discuter des questions de principe. La chose n'a pas été facile
et je ne suis pas sûr que nous y ayons réussi parfaitement, parce
que les données d'où nous partons ne correspondent pas
nécessairement à des observations tout à fait identiques.
C'est pourquoi les chiffres que je vais mentionner ne sont donnés
qu'à titre provisoire, et M. Laliberté pourra peut-être les
contester. J'espère que non, mais je pense ne pas fausser sa
pensée en disant que l'esprit dans lequel nous avons travaillé,
c'est que nous avons voulu éviter à la commission parlementaire
ce qu'on appelle des « technicalités » de façon que
ce soient les principes et les orientations générales qui soient
d'abord considérés.
Dans cet esprit nous avons tenté d'aligner un certain nombre de
chiffres qui, par exemple, aboutissent en gros à ceci; les effectifs en
cause, en ce qui concerne une partie de notre tâche, les maximums qui
seraient inférieurs à 20 ou 21, c'est-à-dire les maximums
actuellement stipulés par certaines conventions qui disent 17
périodes au maximum, 18, 19, 20, 21, 22; les effectifs en cause sont
pour le maximum de 17, de 12 professeurs. Il y aurait 12 professeurs
affectés par un maximum de 17 ou moins. Pour un maximum de 18, il y en
aurait 246. Ce qui veut dire, compte tenu des douze premiers, 258. Je ne
donnerai que les chiffres correspondant à chaque classe, le nombre
cumulatif pouvant par la suite être additionné.
Donc, pour 17, 12; pour 18, 246; pour 19, 13; pour 20, 30. Je souligne
en pensant qu'une des intuitions qui avait surgi à la commission
l'autre
jour se vérifie; il y a une chute après 18, mais nous
allons voir qu'il y a une remontée assez rapide après 20. Donc,
19, 13; 20, 30; 21, 184; 22, 1805.
Si l'on transpose en effectifs d'enseignants ces équivalents de
maximums, on arrive au résultat suivant; Au maximum de 20 nous
partons de là parce que je pense bien qu'il n'est pas question de partir
de 19 correspondrait un effectif d'enseignants d'environ 27, à
partir du nombre de périodes dont il est question ici.
De 27 enseignants de moins, si le maximum est relevé à 20
pour le groupe 17, 18, 19. Au maximum...
M. LESAGE: ... c'est 12, 246 et 13?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Alors la méthode a été
celle-ci: Si le maximum a été porté à 20 au lieu de
17, il y a 12 enseignants qui feront trois périodes de plus par semaine.
Donc 36 périodes.
M. LESAGE: 246, 2 périodes.
M. TREMBLAY (sous-ministre): 2 périodes; 13, une. Additionnant
ces périodes et divisant par 20 ça fait l'équivalent de 27
enseignants.
M. LESAGE: 27, je comprends.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est là la méthode...
M. LESAGE: Evidemment, mais tout ça c'est théorique parce
que c'est un maximum qu'on établit. Cela ne veut pas dire que ce nombre
de périodes sera nécessairement, dans les faits, exigé de
chaque enseignant. Cela dépendra de l'arrangement à
l'intérieur... Parce que c'est important!
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je vous remercie de me mettre sur la piste
d'un point que nous avons discuté...
M. LESAGE: C'est un maximum.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est ça.
M. LESAGE: Cela ne veut pas dire que dans les faits ils seront toujours
au maximum.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Assurément. Nous avons justement
discuté ce point et c'est un point sur lequel il est très
difficile de faire une hypothèse qui soit défendable de toute
manière. Si j'ai bien compris votre ques- tion, c'est le point suivant:
du fait que le maximum soit à 17, il ne découle pas que tous les
enseignants font 17. Certains peuvent faire 16, d'autres 15, d'autres 14,
etc.
M. LESAGE: Cela dépend des circonstances. C'est d'ailleurs la
seule façon de procéder.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est ça. Pour simplifier les
calculs, nous avons supposé qu'ils feraient 17, il y a sûrement
une erreur par rapport à la moyenne réelle. Si le maximum est 17,
la moyenne est sûrement en dessous de 17. Mais, étant donné
que nous aurions fouillé indéfiniment...
M. LESAGE: Une fois que c'est posé, je crois que nous pouvons
procéder sur les maximums.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Nous en avons discuté et finalement
nous avons pensé qu'il n'y avait presque pas d'autres façons de
procéder...
M. LESAGE: C'est bien cela.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ... dans les délais disponibles.
Donc, le déplacement de 17, le déplacement vers 20
périodes donnerait l'équivalent de 27 enseignants. Le
déplacement vers 21 périodes donnerait l'équivalent de 87
enseignants et le déplacement vers 22 donnerait l'équivalent de
196 enseignants.
Je rappelle les chiffres mentionnés tantôt, un
déplacement vers 20 impliquerait près de 300 enseignants; un
déplacement vers 21, 184 de plus; et vers 22...
M. LESAGE: C'est beaucoup plus considérable.
M. TREMBLAY (sous-ministre): A l'autre extrême... Peut-être
pouvons-nous, à ce point-ci, suspendre ou répondre à des
questions s'il y a des points qui ne sont pas très clairs?
M. LESAGE: Si vous nous donniez l'autre extrême, et après
ça les chiffres pour les combinaisons.
M. TREMBLAY (sous-ministre): En ce qui concerne l'autre
extrémité de la courbe, si nous prenons comme hypothèse un
maximum de 28 périodes, ceci impliquerait, comme on l'a dit tout
à l'heure non, je pense ne pas l'avoir encore dit...
M. LESAGE: Pas encore.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je reprends la série que je n'ai pas
complétée tantôt. Il y a 148 enseignants qui sont
d'après les tableaux dont nous disposons à 29
périodes et plus.
M. LESAGE: Maximum 28, alors ça impliquerait?
M. TREMBLAY (sous-ministre): 148. M. LESAGE: 148.
M. TREMBLAY (sous-ministre): II y a 441 enseignants qui sont à 28
périodes. Cela veut dire près de 600 qui sont couverts par 28 et
29.
M. LESAGE: Quel est le deuxième chiffre?
M. TREMBLAY (sous-ministre): 148 ont 29 et plus; 441 ont 28, et 1932 ont
27 périodes.
M. LESAGE: Ont 27 périodes, 1932 enseignants.
M. TREMBLAY (sous-ministre): J'entends dans le sens suivant, ont 27
comme stipulation de maximum. De nouveau la remarque faite tout à
l'heure est à faire. Il faut dire qu'en moyenne ils sont en-dessous de
ce nombre.
Là-dessus, nous n'avions pas d'hypothèse de travail
absolument valable et peut-être M. Laliberté peut-il fournir des
chiffres? Nous en avons cherchés, chacun de notre côté,
pour établir les moyennes correspondant à de tels maximums. De
toute manière, appliquant le même principe que j'ai
appliqué tout à l'heure, considérons qu'ils sont tous au
maximum puisque je n'ai pas d'autres instruments pour l'instant...
M. LESAGE: C'est ça.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ... nous constatons qu'en ce qui concerne
le maximum de 28, il y aurait 148 enseignants qui se trouveraient
affectés par une période, ce qui donne l'équivalent de 5
enseignants, à temps plein, remplaçant les périodes en
question.
M. LESAGE: Oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Si le nombre est à 27, 3. ce
moment-là, il y a 441 enseignants qui modifient leur situation par une
période et 148 par deux périodes. Ce qui veut dire qu'il y aurait
27 enseignants environ qui se trouveraient affectés. L'équivalent
de 27 enseignants, peu importe.
M. LESAGE: Oui.
M. CHOQUETTE: Enfin 27 unités d'enseignants, peut-on dire?
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est ça. Une fois traduit en
enseignants à temps plein.
M. LESAGE: Mais, pas en plus?
M. TREMBLAY (sous-ministre): En plus, cette fois-ci.
M. HOUDE: Vous aurez besoin de plus de professeurs.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Oui, les deux cumulatifs. Si l'on pense
à un maximum de 26 et qu'on touche le groupe 27, à une
période, le groupe 28 à deux périodes, le groupe 29
à trois périodes, on aboutit à 125 enseignants ou à
l'équivalent de 125 enseignants comme...
M. LESAGE: Si c'est cumulatif, cela fait 157...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Apeuprès. Ce sont les deux
séries, je pense, qui encadrent les hypothèses formulées
la semaine dernière.
Maintenant, pour aboutir aux montants qui sont en cause, nous avons
convenu, encore une fois pour éviter les discussions techniques,
même si le chiffre n'est pas exact, très probablement, il est
assez valable qu'un enseignant à ce niveau des études ait une
rémunération de $7,500. Alors il suffit de multiplier les nombres
dont j'ai parlé par $7,500 pour avoir une idée des montants qui
sont en cause.
M. LESAGE: Ainsi par exemple vous me corrigerez, M. Tremblay, si
je fais un calcul inexact si le maximum inférieur je vais
appeler cela le maximum inférieur et le maximum supérieur, pour
que nous puissions bien nous comprendre, même si cette appellation n'est
pas juste, mais du moment que l'on puisse se comprendre alors, si le
maximum inférieur est 21, cela veut dire une diminution d'enseignants de
87.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est ça. M. LESAGE: Si le maximum
supérieur est
26, cela veut dire une augmentation de 157. Alors, 157 - 87 = 70. $7,500
par 70 = $525,000.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LESAGE: Je ne pense pas que le gouvernement fasse faillite.
M. LALIBERTE: Je fais grâce aux membres de la commission
parlementaire de réactions possibles aux propos de M. Masse. Nous sommes
entrés la semaine dernière, surtoutlader-nière
journée, je pense, de la commission parlementaire, dans un rythme de
croisière, pour employer une expression courante, qui ne nous amenait
pas vers de grandes déclarations, mais qui nous amenait, plutôt,
vers la recherche de solution éventuelle. Je passerai donc directement
à l'examen de certains chiffres.
Nous faisons distribuer actuellement un tableau de données
je m'excuse de la présentation du tableau, depuis plusieurs jours, nos
bureaux sont fermés, question de fêtes, et notre calligraphie
n'est pas toujours parfaite chiffrées qui sont assez
éloignées de celles présentées par le sous-ministre
Tremblay.
Voici d'abord, je ne conteste pas du tout...
M. LE PRESIDENT: Ce tableau-là, M. Laliberté, avait-il
été montré à ceux que vous avez rencontrés
ce matin?
M. LALIBERTE: J'en ai donné une copie à M. Tremblay tout
juste avant l'ouverture de cette commission.
M. LE PRESIDENT: Mais ce matin, vous ne l'aviez pas.
M. LALIBERTE: Nous ne l'avions pas ce matin. C'est pour cela qu'il est
fait d'ailleurs avec cette forme très inappropriée. Si nous
avions eu plus de temps devant nous, nous l'aurions présenté de
bien meilleure façon.
Ces données, M. le Président, sont issues de travaux faits
par nos représentants régionaux directement auprès de leur
unité syndicale locale. Disons tout de suite que je ne conteste pas du
tout la difficulté soulignée par le sous-ministre Tremblay, la
difficulté d'arriver à des chiffres suffisamment précis
pour qu'on se dise: La marge d'erreur est assez peu grande.
Pour bien avoir un portrait complet de la situation, il faudrait, comme
il a déjà été mentionné la semaine
dernière, avoir le « teaching load » réel de chacun
des enseignants de la province, ce que ni le ministère de l'Education ni
nous n'avons dans nos dossiers réciproques.
Ce que nous trouvons ici, cependant, dans les deux premières
colonnes, ce sont les maximums tels que nous les avons reproduits pour 39
commissions scolaires régionales ou commissions scolaires non
régionalisées, mais qui comportent du secondaire. Et je pourrais
ajouter à cela, si cela vous intéresse tout à l'heure
celui de la ville de Québec aussi, que nous avons eu après
l'impression de ce document. La deuxième colonne où il est
inscrit: Enseignement plus TR-TR veut dire d'autres travaux prévus
à l'horaire des étudiants, parce qu'il arrivait couramment dans
les conventions collectives que l'on prévoyait deux maximums, un pour
l'enseignement proprement dit et un pour l'enseignement plus les autres travaux
prévus à l'horaire. La troisième colonne est la moyenne
effective, c'est-à-dire là où se situe la masse des
enseignants comme période d'enseignement et de travail actuellement.
Si vous jetez un coup d'oeil sur cette troisième colonne, vous
serez tout de suite frappé du fait que les chiffres se déplacent
bien sûr entre 19 et 25, mais que dans la grande majorité des cas,
les chiffres sont autour de 21, 22 et 23. Il y a du 24, du 25 comme il y a du
20 et du 19. Mais, dans la grande majorité des cas, les gens sont autour
de 21, 22 et 23 en moyenne.
Nous avons essayé de vérifier ce matin et nous n'avons pas
réussi à le prouver, nous n'avons pas réussi à
trouver une constante. Nous avons essayé de vérifier ceci: quand
les maximums étaient bas, comme par exemple 18 périodes, nous
avions l'impression très nette qu'à ce moment-là la
moyenne devait être très rapprochée du maximum; quand le
maximum était à 18, les gens devaient être soit à 18
carrément ou soit à 17 point quelque chose, ce devait être
très près. Quand le maximum était élevé,
comme par exemple 27, la moyenne devait s'écarter passablement du
maximum.
Or, nous ne réussissons pas à trouver, dans ces
données-là, de constante qui nous permette de faire cette
affirmation.
Deuxièmement, nous avons également essayé de
trouver si la moyenne variait considérablement compte tenu des maximums.
Est-ce que, par exemple, quand j'avais un maximum de 19 périodes,
j'allais avoir une moyenne de 18 et quand j'aurais un maximum de 27, j'allais
avoir une moyenne de 26 ou de 25. Et les données que nous avons ne nous
permettent pas non plus de conclure à une constante de ce
côté-là.
Ce qui nous frappe le plus actuellement, c'est que la grande masse des
enseignants est carrément autour de 20, 21, 22, 23 et 24
pério-
des. Elle est là. Vous avez la dernière colonne qui
indique les nombres d'enseignants qui sont effectivement entre 20 et 24
périodes. Vous voyez tout de suite que c'est la très grande
majorité de ceux qui sont recensés sur cette feuille-ci.
Par ailleurs, nous avons regardé dans la réalité
combien il y avait d'enseignants qui enseignaient effectivement moins de 20
périodes. C'est l'avant-dernière colonne. Si vous faites
l'addition, cela vous en donne 778, sauf erreur, cela devrait donner 778.
Si vous faites l'addition de la dernière colonne, 15,420, sauf
erreur de calcul, encore là, éventuellement. Si vous prenez la
quatrième colonne de gauche ou la troisième
avant-dernière, c'est-à-dire là où c'est
marqué « plus de 24 », cela, c'est le nombre de
professeurs que nous avons pu recenser qui enseignaient plus de 24
périodes le total donne 678.
M. LESAGE: Vos calculs sont faits àpartir, non pas de conventions
ou maximums établis, mais de faits vécus.
M. LALIBERTE: Les deux premières colonnes, ce sont les maximums
inscrits dans la convention.
M. LESAGE: Les deux premières?
M. LALIBERTE: Les deux; enseignement et enseignement plus travaux.
M. LESAGE: Oui.
M. LALIBERTE: Et à compter de la troisième colonne,
moyenne, se sont les faits, actuellement...
M. LESAGE: Oui, bon.
M. LALIBERTE: ... tels que nous les avons recensés.
M. LESAGE: Alors que les chiffres de M. Tremblay...
M. LALIBERTE: Cela démontre simplement, au point de
départ, deux choses:
Premièrement, il est absolument inexact de croire que les gens
sont proches du maximum, automatiquement. Donc, lorsqu'on calcule comme il l'a
fait sans doute avec justesse, je ne mets pas en doute ses chiffres comme
tels...
M. TREMBLAY (sous-ministre): A partir de votre tableau de la semaine
dernière, n'est-ce pas?
M. LALIBERTE: Oui. Mais, ce que M. Tremblay a supposé, faute
d'avoir un mode de calcul plus précis je comprends son intention,
ce n'est pas une critique il a supposé que les enseignants
devaient être au maximum, c'est-à-dire qu'il les a tous
comptés au maximum. Or, ce tableau-ci nous démontre que les
enseignants ne sont pas au maximum. On peut presque dire que, peu importe le
maximum, ils sont plutôt entre 20 et 24, de toute façon.
M. LESAGE: Est-ce que ce n'est pas ce que M. Tremblay et moi avons dit
tantôt?
M. LALIBERTE: Oui, je pense...
M. LESAGE: Je pense que nous avons, lors de l'étude des chiffres
de M. Tremblay, bien spécifié qu'il s'agissait de chiffres
théoriques.
M. LALIBERTE: Je ne mets pas ça en...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Si vous me permettez, M. le
Président, dans la mesure même où un maximum ne
détermine pas les périodes effectives, comme vient de le dire M.
Laliberté, dans la mesure où un maximum de 28 donne, de facto,
des moyennes de 24, par exemple, je pense qu'on peut dire qu'un maximum n'est
pas quelque chose de dangereux.
M. LALIBERTE: Dans la mesure où il est tellement
élevé qu'il ne fait pas varier la situation réelle, bien
sûr, il n'est pas extrêmement dangereux. C'est cette marge de
sécurité que s'est donnée le gouvernement en proposant 30
périodes de 45 minutes.
M. CHOQUETTE: M. Laliberté...
M. LALIBERTE: Si vous me permettez, juste un petit bout de phrase. Dans
la mesure où le maximum, cependant, se rapproche de la
réalité, il devient plus déterminant. Quand nous le
situons, nous, à 24, il est beaucoup plus près de la
réalité que si, théoriquement, on le situait à 28,
29 ou 30 périodes.
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous ne trouvez pas que le maximum prévu
à des conventions collectives est un chiffre plus significatif que le
maximum effectivement accompli par les enseignants? Je veux dire que, pour les
fins de la discussion d'une nouvelle convention collective...
M. LALIBERTE: En toute honnêteté, M. Choquette, j'aurais
bien aimé pouvoir vous apporter un tableau qui aurait
démontré effectivement que beaucoup de gens étalent tout
proches du maximum de 26, 27 ou 28; cela aurait servi notre cause.
Mais les chiffres que nous avons recensés ne démontrent
pas ça. Je ne pourrais pas vous dire autre chose que ce que je peux
examiner à l'aide de ces chiffres-ci. Ces chiffres-ci nous indiquent
deux choses: Premièrement, les gens sont autour de 20 à 24,
disons. Deuxièmement, lorsqu'on veut mettre un maximum à 24,
ça ne coûte pas cher. C'est cela qu'indique ce tableau-là,
puisque qu'il y en a moins qui baisseraient à 24 dans notre tableau
qu'il y en aurait qui grimperaient à 20 dans notre tableau, si vous
l'examinez comme il le faut. 678 baisserait à 24, donc cela
coûterait de l'argent; 778 grimperait à 20, donc cela
économiserait de l'argent.
Ce tableau-là démontre au moins ça: notre
proposition de l'autre jour n'est pas une proposition qui va ruiner la
province.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, M. Tremblay voudrait vous poser
une question.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Ce n'est pas tout à fait une
question, disons que c'est une interprétation peut-être, ce que
les chiffres de M. Laliberté démontrent, je pense, du fait qu'il
y en a plus qui ont moins de 20 qu'il n'y en a qui ont plus que 24. C'est bien
le chiffre qu'il nous a donné. Cela démontre, il me semble, que
le maximum, lorsqu'il est bas, a plus d'effet réel que lorsqu'il est
élevé. Je ne sais pas si je me fais comprendre puisque, lorsque
le maximum est élevé, on tend à se situer nettement en
dessous du maximum et que, lorsqu'il est bas, on tend à se situer au
niveau du maximum; le maximum inférieur a plus d'effet sur la
réalité que le maximum supérieur; et c'est ce qui explique
qu'un plus grand nombre d'individus soient à moins de 20, qu'il n'y en a
qui soient à plus de 24.
D'autre part, la question à trancher, je pense et
là il faut peut-être situer le problème dans le contexte du
document qui est présenté dans la proposition patronale il
faut dire que la convention proposée implique que les maximums et les
minimums pourront être localement négociés. Par
conséquent, un maximum auquel il pourrait être fait
référence dans la convention provinciale visant d'abord à
corriger des abus, c'est-à-dire des situations extrêmes, un tel
maximum n'empêche absolument pas que d'autres maximums ou d'autres mini-
mums, comme la convention l'indique, puissent être convenus au niveau des
institutions et des organismes locaux. Ceci est en fin de compte
illustré, je pense, par le tableau que nous donne M. Laliberté et
qui reflète des résultats de négociations locales. Toute
la question est de savoir si certains extrêmes vers le bas comme vers le
haut seront encadrés et apparaîtront comme des modalités
d'application du rapport 1/17. C'est dans ce cadre-là, je pense, qu'il y
a lieu de tenter d'identifier ces extrêmes à l'intérieur
desquels pourrait fonctionner une négociation locale encadrée par
le rapport 1/17.
M. LALIBERTE: M. le Président, si vous me le permettez, je ne
voudrais pas que les membres de la commission partent sur une fausse piste. Je
pense que M. Tremblay tire une conclusion trop rapide.
C'est exact que, quand les maximums sont plus bas, ils ont plus d'effet
sur la réalité, je ne conteste pas cela. C'est d'ailleurs l'une
des raisons pour lesquelles nous ne voulons pas placer un maximum à 27,
mais nous voulons le placer à 24.
Deuxièmement, ce que M. Tremblay n'a pas souligné et qui
n'apparaît pas sur le tableau ici, c'est que ce n'est pas l'application
du 1/17. Puisque dans beaucoup d'endroits, vous allez retrouver avec ces
chiffres-là, si vous faites le calcul du rapport du 1/16 et du 1/15 et
même je pense du 1/14.8, alors le fait d'appliquer 1/17, cela ne nous
garantit pas que ces moyennes de 21, 22 et 23 vont être
respectées, parce que, si j'obtiens 22 en moyenne dans un endroit, alors
que j'applique un rapport 1/16, si je dois demain appliquer un rapport 1/17 il
y a bien des chances que je grimpe à 24. C'est pourquoi, tout en
plaçant un maximum qui est près de la réalité, ce
que nous savions quand nous avons parlé de 20 et de 24, nous voulons en
même temps faire en sorte que l'application du rapport 1/17, dans les cas
où ce n'est pas déjà 1/17, ne nous ferait monter
indûment. C'est pourquoi nous avons placé un maximum de 24
périodes. Parce que si je prends un endroit où j'ai un rapport de
1/14.8 et que cela me donne 22 périodes, quand j'aurais appliqué
1/17, je le répète, cela va sûrement dépasser 22
périodes en moyenne.
Alors, il ne faut pas croire qu'automatiquement ces moyennes-là
vont être respectées par l'application du 1/17. Si nous
étions certains de cela, nous n'aurions pas proposé d'encadrement
au rapport 1/17. Le rapport 1/17 aurait sans doute fait notre affaire à
ce moment-là. Si nous avons proposé des encadrements, c'est
justement parce qu'aujourd'hui nous ne sommes pas dans 1/17 pour
beaucoup d'endroits. C'est quand même une dimension, M. Tremblay, je
crois, qu'il ne faut pas oublier.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Dans cette perspective, je soulignerais, M.
le Président, que le calcul des coûts change totalement et que
tout changement dans la moyenne à laquelle vient de faire allusion M.
Laliberté affecterait, à ce moment-là, non plus les petits
groupes dont nous avons parlé jusqu'à maintenant, mais la masse
totale des enseignants.
Je serais bien d'accord qu'on analyse ces conséquences
financières.
M. LESAGE: Pourrais-je vous demander si, pour ce qui est du maximum
sépérieur, les chiffres sur lesquels nous nous basions tout
à l'heure, les chiffres théoriques, n'est-ce pas, nous amenaient
au total de 157 qui seraient affectés théoriquement?
Combien y a-t-il d'enseignants à 26 périodes?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Il yena 4,351.
M. LESAGE: II y en a 4,351.
Si le maximum supérieur était à 25 périodes,
théoriquement, alors, cela signifierait combien d'enseignants?
M. TREMBLAY (sous-ministre). Il y en aurait 6,500 environ...
M. LESAGE: Oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ...au total.
M. LESAGE: Oui, pour...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Dont 4,351 seraient touchés par une
période, 1,932 par 2 périodes...
M. LESAGE: C'est cela.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ... 441 par 3 périodes et 148 par 4
périodes. N'ayant pas fait les calculs, je ne peux pas vous astimer cela
à première vue mais...
M. LESAGE: Avez-vous converti, dans chaque cas, en unité
d'enseignants?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Si vous me donnez une minute, je vous ferai
la conversion.
M. LESAGE: Je vous en donne bien deux!
M. LALIBERTE: Compte tenu, toujours, que tout le monde n'est pas au
maximum.
M. LESAGE: Oui, mais cela va dans le calcul des coûts, M.
Laliberté, n'est-ce pas?
M. LALIBERTE: Oui, mais même quand je calcule les
coûts...
M. LESAGE: Oui, je comprends, vous avez l'inquiétude du rapport
1/17 qui ne sera plus observé.
M. LALIBERTE: Non. Même quand je calcule les coûts, M.
Lesage, je n'ai pas le droit de calculer tout le monde comme étant au
maximum alors qu'ici on voit que les gens sont loin d'être au
maximum.
M. LESAGE: Oui. D'ailleurs, je pense que nous avons fait ce point et
lorsque je fais mes calculs de coût, je fais des calculs de coût
maximum, et je sais bien qu'ils ne sont pas exacts parce que tout le monde
n'est pas au maximum. Je suis d'accord, M. Laliberté.
Mais le plus que cela pourrait coûter, si tout était
parfait, ce serait tant. Or, ce ne peut pas être parfait.
M. LALIBERTE: Alors, je vais vous en donner un chiffre tout de suite, M.
le chef de l'Opposition, qui est aussi possible: Le calcul du coût
minimum. Vous voulez avoir le maximum, je vais vous donner le minimum: C'est
zéro. Dans la mesure où ce que vous enlevez à des
professeurs, vous le donnez à d'autres, cela ne vous coûte pas
plus cher.
Si vous voulez parler d'un maximum en termes de millions,
considérez aussi un minimum à zéro, et le chiffre de la
réalité, il est quelque part entre ces deux-là, mais ces
deux extrêmes seront assez distants l'un de l'autre, ce sera difficile
à mesurer.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Pour répondre à votre
question, M. Lesage, la réduction à 25, c'est le point que vous
avez soulevé...
M. LESAGE: Oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est $3 millions plus ou moins quelques
centaines de dollars.
M. LESAGE: Le coût, mais le coût si tout est parfait. C'est
moins cher si tout n'est pas parfait.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Si tout est parfait dans quel sens?
M. LESAGE: Eh bien, si tout le monde est au maximum supérieur de
25.
M. TREMBLAY (sous-ministre): D'accord.
M. LESAGE: Si tout le monde est au maximum supérieur de 25.
M. TREMBLAY (sous-ministre): A ce moment-là, il y a deux
phénomènes dont il faut tenir compte et c'est là-dessus,
je pense, que M. Laliberté...
M. LESAGE: Sauf le petit nombre qui serait affecté par un maximum
inférieur de 20 ou de 21.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Là-dessus, il y a deux
interprétations différentes. Nous nous sommes heurtés
à ce problème ce matin. Lorsqu'un maximum existant, mettons de 27
ou 28 périodes, est ramené à 25, on peut faire une
première hypothèse à l'effet que tout le monde va baisser
d'une ou de deux périodes, c'est-à-dire que, dans le cadre de ce
maximum de 27, les enseignants qui avaient 23, on peut faire l'hypothèse
ou du moins se poser la question qu'eux aussi vont vouloir descendre.
M. LESAGE: Mais pourquoi? Ce serait contraire à la convention si
elle...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Pardon! Si le maximum fixe je
m'excuse de la répétition un maximum et qu'avec tel
maximum il y a une répartition mettons de 20 à 27...
M. LESAGE: Oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ... et que vous réduisez le maximum
à 25...
M. LESAGE: Oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ... pour l'ensemble du groupe, il y a une
partie seulement du groupe qui est avantagé par la baisse de 27 à
25.
M. LESAGE: C'est-à-dire qu'il y a une partie qui cesse
d'être plus désavantagée.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Cela peut se voir sous cet angle. Mais
là on a bien convenu...
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est un peu comme ça que je le vois.
Evidemment ça peut s'interpréter de diverses façons. Mais
tant que vous avez votre rapport fixe de 1/17, qui est le pivot de l'entente et
que tout ce que vous faites, c'est de donner des garanties quant au maximum, je
ne prévois pas l'effet. C'est peut-être un effet psychologique,
mais qui n'a aucune base juridique.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Pas de base juridique, mais justement les
bases psychologiques ne sont peut-être pas négligeables, par
exemple...
M. LESAGE: Mais oui, mais si vous avez la barrière de 1/17 et
celle des maximums, peu importe la réaction psychologique de certains
groupes.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Et votre conclusion à ce
moment-là...
M. LESAGE: S'il y a entente, il y a entente.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je comprends là. Vous
interprétez la chose comme ceci que, compte tenu du fait que le rapport
1/17 sert de cadre, nous...
M. LESAGE: Oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ... pouvons bouger le maximum en
préjugeant, parce que le cadre du 1/17 est maintenu, que le minimum ne
bougera pas ou pourra même bouger en sens contraire c'est-à-dire
s'élever.
M. LESAGE: Oui, bien sûr!
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est bien votre interprétation?
M. LESAGE: C'est comme ça que j'ai compris toute la discussion,
depuis que nous l'avons commencée l'autre soir. J'ai compris, moi, que
ce qu'il fallait donner aux enseignants à partir d'une base
déterminée, un rapport 1/17, c'était une garantie que des
groupes d'enseignants ne seraient pas défavorisés en ayant
à enseigner plus que tant de périodes et que ce serait un maximum
pour tous. Mais il n'y a pas de minimum. Les minimums se fixent par la
commission scolaire et le syndicat dans l'établissement du rapport
1/17.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Et si je comprends bien, dans la mesure
même, le
reste bougerait en conséquence. L'Interprétation me
paraît tout à fait valable.
M. LESAGE: C'est comme ça que je l'interprète. Si f ai
tort, M. Laliberté, dites-le moi.
M. LALIBERTE: M. le Président, il est bien clair que, dans
l'exemple théorique de 27 qui baisse à 25, un professeur ayant 23
peut être tenté, lui, de dire: Bien, moi je baisse à 21
parce que l'autre a baissé de 2.
M. LESAGE: Ah, oui!
M. LALIBERTE: Mais, vous remarquerez que, dans notre demande, nous
n'opposons qu'un encadrement, celui de maximum. Le minimum, ce n'est pas nous
qui le contrôlons.
M. LESAGE: C'est ça! J'ai assez bien compris, M.
Laliberté.
M. LALIBERTE: Vous avez compris que la chose est possible.
M. LESAGE: Bon!
M. LALIBERTE: I restera, à ce moment-là, aux
administrations de faire en sorte qu'elles se rapprochent du 1/17, compte tenu
du maximum qui est inscrit.
M. LESAGE: C'est comme ça que f ai vu le problème.
M. TREMBLAY: Interprété de cette façon, je pense
que la difficulté est très largement...
M. LESAGE: Est-ce que, sur cette base-là, en évaluant le
coût, 20, 25, à $3 millions... Quand le ministre des Finances,
l'autre jour, a dit qu'il était prêt à régler
« dret là » excusez-moi l'expression, M. Dozois
...
M. DOZOIS: Je comprends les termes.
M. LESAGE: « Dret là » pour $2 millions et demi
additionnels. Il me semble que...
M. DOZOIS: Mon offre valait pour le total.
M. LESAGE : Mais non, nous ne sommes pas à Paris en train de
discuter du Viet-Nam, on ne retire pas, on n'invoque pas des offres...
M. DOZOIS: Je n'ai pas entendu dire qu'ils avaient accepté.
M. CHOQUETTE: M. Dozois, quand il y a des offres sur la table, on ne
peut pas les retirer.
UNE VOIX: Non.
M. DOZOIS: Non, c'est ça qui fait les négociations
difficiles...
M. CHOQUETTE: Vous avez mis les $2 millions et demi sur la table,
l'autre soir...
M. DOZOIS: Non, non, j'ai dit..
M. CHOQUETTE: Cela est un départ.
M. DOZOIS: J'ai dit: Si on veut signer tout de suite, très
bien.
M. LESAGE: Bien oui, c'est ça...
M. DOZOIS: C'est ça qui reste toujours impossible, c'est qu'ils
fixent des planchers et qu'il faut toujours monter plus haut.
M. LESAGE: M. le Président, me le permettez-vous, je voudrais
attirer l'attention du ministre des Finances, N'oublions pas que ces $3
millions additionnels sont théoriques et si on s'en rapporte aux faits
parce qu'on sait que ce sont des maximums qui sont loin d'être
atteints par tout le monde, par tous ceux qui vont être
protégés eh bien, ça coûtera dans les faits
pas mal moins que $3 millions. Je serais prêt à gager $0.05 avec
le ministre des Finances.
M. LE PRESIDENT: Faites une plus grosse gageure!
M. LESAGE: Non, je ne suis pas riche! $0.05 avec le ministre des
Finances que ça ne coûtera même pas les $2 millions et demi
qu'il était prêt à mettre sur la table l'autre soir!
M. DOZOIS: Mais moi, j'ai dit $2 millions et demi pour tout
régler.
M. LESAGE: C'est ça aussi.
M. DOZOIS: Non, non, tout. Vous engagez-vous à ça qu'ils
vont signer?
M. LESAGE: Non, non. Je ne m'engagerai ni pour le gouvernement, ni pour
les enseignants. Tout ce que j'ai fait jusqu'à présent a
été de...
M. LE PRESIDENT: Je voudrais d'ailleurs
rappeler aux membres de la commission qu'on doit, et avec raison, poser
des questions. Mais nous ne sommes pas ici pour négocier.
M. LESAGE: Je ne négocie pas, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: C'est d'obtenir des explications des parties en cause.
Après quoi chacun se forme une opinion.
M. LESAGE: N'est-il pas normal qu'un membre de la commission fasse appel
aux parties...
M. LE PRESIDENT: Pour qu'elles négocient, oui.
M. LESAGE: ... et qu'il attire l'attention des parties sur des points
importants...
UNE VOIX: Vous l'avez fait.
M. LESAGE: ... qui sont sortis de la conversation? C'est tout ce que
j'ai fait.
M. LE PRESIDENT: Vous l'avez également fait l'autre jour.
M. LESAGE: Je vais continuer de le faire et ça peut être
utile. Enfin, je suis un optimiste et je ne me décourage pas facilement.
Cette affaire-là, il faut qu'elle se règle. Tachons de trouver
des points de règlement.
M. LE PRESIDENT: M. Lalibertê...
M. LESAGE: Or, je pense que nous sommes dans une bonne voie.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, à la lumière des
explications qui ont été fournies, est-ce que la
négociation peut reprendre entre les parties et aboutir cette fois,
à la signature d'une convention?
M. LALIBERTE: M. le Président, nous n'avons pas examiné
encore à la commission parlementaire les conditions de travail pour
l'élémentaire. On a simplement mentionné qu'il y avait
aussi à penser en termes de périodes maximales pour
l'élémentaire.
M. LESAGE: II y a des problèmes à
l'élémentaire.
M. LALIBERTE: Nous parlons du secondaire exclusivement depuis mardi
dernier. Il nous resterait également à faire l'examen de la
question de classification des brevets pour fins de
rémunération.
Il nous reste à revenir pour faire rapport devant le
comité, parce que cela n'a pas été fait comme rapport sur
le chapitre de la consultation et des négociations qui ont eu cours, il
y a maintenant une dizaine de jours, entre les deux parties. Il y a
également le chapitre des conditions de la sécurité
d'emploi et de la sécurité sociale enfin ce qu'on appelle
la sécurité sociale qui sont des secteurs qui n'ont pas
été abordés encore, devant la commission, ainsi que les
conditions particulières aux régions éloignées, aux
régions excentriques.
M. LESAGE: A l'élémentaire, moi, c'est ça qui me
frappe. Quant à la charge de travail, vous admettiez que le rapport
pourrait être de 1/27 et j'avais cru comprendre que cela ne
présentait pas grande difficulté à
l'élémentaire.
M. LALIBERTE: Ah! Au contraire.
M. LESAGE: Oui. Alors est-ce que vous avez des exemples de maximum de
charge de travail qui dépasse ce qui est raisonnable à
l'élémentaire? Je ne vois pas beaucoup, moi, à
l'élémentaire, comment un enseignant ou une enseignante de
deuxième année peut faire autre chose que d'être avec ses
élèves tout le temps qu'ils sont en classe. Cela, M.
Laliberté, il va falloir que vous utilisiez beaucoup de conviction.
M. LALIBERTE: M. Lesage, depuis le temps où vous êtes
allé à l'école en Ire et 2e années, il y a eu
certains changements à l'élémentaire. Je ne veux pas dire
que vous êtes vieux...
M. LESAGE: M. Laliberté, vous me permettrez peut-être de
vous dire qu'à cause de certaines circonstances, je suis peut-être
plus au courant de ce qui se passe à l'élémentaire que
vous ne l'êtes, pour autant que la charge des enseignantes est
concernée. Et vous savez très bien ce que je veux dire. Une
enseignante de 2e année doit être avec ses élèves,
un quart d'heure avant qu'ils n'arrivent en classe et puis rester
jusqu'après. Et puis, c'est normal que ce soit ainsi.
M. LALIBERTE: Si vous voulez me laisser compléter, M. le chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: Bien oui. mais vous m'avez
accusé de ne pas savoir ce qui se passe. Je le sais ce qui se
passe. Je le sais mieux que vous.
M. LALJBERTE: M. le chef de l'Opposition, j'aurais dû avoir un
large sourire en disant cela. Je m'excuse, si je n'ai pas le sourire facile. Ce
n'était pas du tout sous forme d'accusation. Vous avez une fille qui
enseigne effectivement à l'élémentaire. J'ai 40,000 filles
qui sont membres de la CEQ également.
M. LE PRESIDENT: Eh! vous êtes un gros père de famille!
Pratiquez-vous la politique du paternalisme?
M. LALIBERTE: Là, j'ai dit cette expression avec un large
sourire, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je ne l'ai pas vu, vous aviez la bouche devant le
micro.
M. LALIBERTE: La situation à l'élémentaire
cette récréation étant prise est à peu
près la suivante, ces dernières années. Là, je ne
fais vraiment plus de blagues.
Ces dernières années, il y a eu de nombreuses sentences
arbitrales qui ont donné la citation suivante: Un titulaire par groupe
d'étudiants, première, deuxième, troisième,
quatrième, jusqu'à la sixième et à la
septième année, plus, dans un grand nombre de cas, un
spécialiste par 12 titulaires. Ces spécialistes, étant
utilisés, règle générale, pour l'enseignement de la
langue seconde, pour l'enseignement de l'éducation physique
l'enseignement et la pratique là, parce que l'éducation physique
s'élargit pour l'enseignement des arts rythmiques, pour
l'enseignement des arts plastiques. Ce sont principalement les quatre secteurs
où il y a actuellement des spécialistes d'utilisés
à l'élémentaire.
Dans la mesure où il y a ces spécialistes à
l'élémentaire, il est bien clair que, pendant que les
spécialistes sont avec un groupe d'élèves, le ou la
titulaire n'est pas avec le même groupe d'élèves au sens
que le ou la titulaire ne donne pas lui de cours pendant le temps que le
professeur d'art rythmique est avec les enfants.
M. LESAGE: Mais ne faut-il pas qu'il reste quand même à
l'école?
M. LALIBERTE: Règle générale, il est à
l'école effectivement. Parce que ces spécialistes ne donnent
quand même pas des demi-journées complètes
présentement.
M. LESAGE: Mais non.
M. LALIBERTE: Deuxièmement, avec l'application du
règlement numéro 1, actuellement, bien sûr le
règlement numéro 1 ne fait que commencer à s'appliquer, il
est loin d'être répandu partout. Avec l'introduction de
l'éducation active à l'élémentaire, en particulier
à l'élémentaire, la formule se transforme et, au lieu de
donner des cours théoriques dans les différentes matières
au programme, les professeurs travaillent maintenant de plus en plus avec des
équipes d'enfants. Même le règlement numéro 1 nous
amènera à faire disparaître la notion de
classe-degré, c'est-à-dire d'élèves de
première, de deuxième, de troisième, de quatrième,
etc. Nous regrouperons les enfants selon l'âge: les enfants de six ans
ensemble, les enfants de sept ans ensemble, de huit ans ensemble, etc.,
jusqu'à la fin de l'élémentaire. Ce groupe x d'enfants,
disons de sept ans ensemble, ne sera pas composé d'étudiants ou
d'enfants ou d'élèves qui auront tous atteint exactement le
même degré de connaissance, parce que, et c'est heureux, avec
l'application du règlement numéro 1, il y a en même temps
l'introduction du progrès de l'enfant selon son rythme, selon ses
capacités. Il n'est plus question de doubleurs, par ailleurs, et c'est
diablement heureux aussi, l'enfant progressera selon un rythme qui lui est
propre.
Cela va donner des choses je mets de côté les
aspects plus techniques mais cela va donner par exemple des enfants qui
à l'occasion vont faire leur élémentaire en cinq ans,
d'autres, la grande majorité, qui vont le faire en six ans et un certain
nombre qui devront faire plus que six ans pour terminer leur cours
élémentaire.
Dans cette notion d'éducation active, dans cette notion de
travail en équipe, il n'est plus du tout question de donner de 8 h 30 le
matin à 4 heures de l'après-midi des cours théoriques aux
enfants.
Il est au contraire, cependant, question d'enseignement que l'on
qualifie d'un terme américain « The team teaching ». Le
« team teaching » étant un groupe de professeurs à la
disposition d'un groupe d'élèves.
Dans les notions de « team teaching », vous devez vous
répartir les élèves en noyaux les plus petits possibles,
compte tenu bien sûr des ressources, mais les plus petits possibles pour
faire de temps en temps un travail de récupération avec ses
élèves, à d'autres moments, pour les faire progresser dans
une matière donnée et faire passer du stade 1 au stade 2, par
exemple, pour travailler avec eux, aussi, sur des travaux personnels que font
les enfants, etc.
Dans cette notion de « team teaching » vous ne pouvez pas,
non plus, penser seulement en
termes d'un titulaire pour un groupe disons de 28, 30 ou 32
élèves.
M. LE PRESIDENT: M. Lallberté, pouvez-vous terminer dans une
minute. Nous ajournerons à huit heures ce soir.
M. LALIBERTE : D'accord. De toute façon, je ne faisais qu'une
petite allusion, pour l'instant, pour préparer le terrain et nous allons
quand même avec cette situation que je décris, parler justement
d'une équipe de professeurs à l'élémentaire, qui
dépassera l'équipe de titulaires habituelle.
M. LE PRESIDENT: Alors, à huit heures.
M. LESAGE: Sur cette question de titulaires, est-ce qu'au début,
pour les toutes premières années, étant donné que
psychologiquement l'instituteur ou l'institutrice fait la transition de la
mère, n'est-ce pas, l'enfant laisse la mère est-ce que l'affaire
du « team » au point de vue psychologique, cela ne présente
pas une barrière au début? Vous me répondrez à huit
heures.
M. LALIBERTE: Il yade longs débats de pédagogues
là-dessus.
M. LESAGE: Oui, en effet, je suis au courant.
M. LALIBERTE: Vous savez sans doute qu'en Angleterre on
expérimente le « team teaching » même à la
maternelle.
Reprise de la séance à 20 h 13
M. BERTRAND (président de la commission parlementaire permanente
de la présidence du conseil): A l'ordre, messieurs!
M. LESAGE: M. Lallberté, excusez-moi de revenir en
arrière, il y a des membres de la commission qui n'ont pas compris la
même chose que j'avais comprise ou que le sous-ministre avait comprise au
sujet du rapport 1/17 et de l'effet de l'établissement de deux maximums,
que ce soit 20 et 24 ou 21 et 25, peu importe.
J'avais compris que vous étiez prêt à accepter comme
base le rapport maître-élèves 1/17 mais qu'il fallait tout
de même, considérant ce que nous avons été convenus
d'appeler les droits acquis d'un coté pour le maximum inférieur
et considérant également qu'il peut y avoir des charges de
travail qui sont trop lourdes au secondaire, c'est le maximum supérieur.
Vous étiez prêt à accepter le rapport
maître-élèves 1/17 à la condition que ces garanties
soient données. J'ai ajouté qu'il est fort possible que
l'établissement de ces maximums ait dans la pratique l'effet, dans
certains cas, dans certaines régionales, dans certaines régions,
de ne pas permettre d'établir dès le départ un rapport qui
ne soit pas inférieur à 1/17. C'est bien cela, M. Tremblay? Ce
qui peut être, dans cer-tans cas, au départ, 16 1/2 ou 16 à
cause de l'application de cette correction des maximums individuels.
M. LALIBERTE: Dans notre conception à nous avec les deux crans
d'arrêt, appelons cela comme cela, que nous avons posés, il se
peut en effet que, dans certains cas, il ne soit pas possible d'appliquer 1/17
intégralement, à cause des crans d'arrêt. Par ailleurs,
dans d'autres cas, il sera sans doute possible d'atteindre 1/17 en faisant
bouger des minimums que nous ne protégeons pas dans la convention
collective. Nous ne protégeons pas les minimums dans la convention
collective. Nous ne souhaitons pas, bien sûr, que les minimums
augmentent, mais nous laissons la possibilité de ces types de transfert.
C'est pour cela qu'à un moment donné j'ai dit; Même quand
nous réduisons pour les 24, 25, 26, 27, si nous imaginons
théoriquement que les autres professeurs prennent à leur charge
ce qui a été réduit au sommet, cela pourrait même
théoriquement ne rien coûter du tout pour régler.
M. LESAGE: Je pense, M. Tremblay, que nous comprenons tous les trois la
même chose.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je le pense, en ajoutant peut-être la
précision suivante que ce sont les stipulations concernant le minimum
inférieur qui auront comme effet de changer peut-être un peu le
rapport 1/17..,
M. LESAGE: De baisser un peu le rapport 1/17 dans certains cas
exceptionnels.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est cela. Du fait des stipulations
concernant les minimums inférieurs, l'effet des minimums
supérieurs étant corrigé par les déplacements
des...
M. LESAGE: Des maximums.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Pardon! ... maximums supérieurs
étant corrigé par les déplacements de minimums dont
parlait M. La-liberté.
M. LALIBERTE: Je répète que nous comprenons bien...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Toujours dans le cas de 1/17, bien
sûr.
M. LALIBERTE: Nous comprenons bien dans notre proposition que la chose
demeure possible avec ce que nous proposons.
M. LESAGE: J'ai compris que vous n'aviez pas d'objection à
discuter sur cette base de 1/17 avec deux maximums sur lesquels il y aura lieu
de s'entendre.
M. LALIBERTE: C'est juste. Même, l'autre jour, je pense avoir
employé c'est mardi dernier, je crois l'expression «
Nous allons accepter 1/17 si vous mettez deux crans d'arrêt...
»
M. LESAGE: Bon.
M. LALIBERTE: ... que nous avons proposés à 20, dans un
cas, et à...
M. LESAGE: C'est exactement ce que j'avais compris et que certains de
mes collègues n'avaient pas compris, parce qu'ils me reprochaient de
vous avoir cru.
M. COURNOYER: M. le Président, je n'ai...
M. LESAGE: J'ai parlé des membres de la commission, M. Cournoyer,
je n'ai pas parlé de vous!
M. COURNOYER: Je comprends.
M. LESAGE: Je ne voudrais pas que vous me...
M. COURNOYER: Au sujet de vos confrères...
M. LESAGE: J'ai parlé des membres de la commission, M.
Cournoyer.
M. MASSE: Vous avez toutes sortes de confrères!
M. LE PRESIDENT: M. Cournoyer peut quand même dire ce qu'il a
à dire.
M. LESAGE: Oui, mais...
M. COURNOYER: Remarquez que je ne veux pas détruire, pas une
miette, ce qui vient de se produire, mais je veux savoir pour moi,
personnellement, qui me retrouverai peut-être à la table de
négociations un jour, si M. Laliberté comprend ce que je
comprends des remarques qui viennent d'être faites.
M. LESAGE: Vous amènerez M. Tremblay, il a compris, lui.
M. LE PRESIDENT: Allez-y, M. Cournoyer. M. COURNOYER: Cela va.
M. LE PRESIDENT: Non, non, allez-y. Comment le comprenez-vous?
M. COURNOYER: Je veux savoir, dans les cas où le maximum de 21
périodes d'enseignement est impossible à l'intérieur du
rapport 1/17, ce qui arrive au rapport 1/17?
M. LALIBERTE: Si le maximum de 21 périodes maximum est garanti
dans la convention collective, la garantie demeure, puisque c'est entre 20 et
24; le 21 ne bouge pas.
Si, dans la pratique, en appliquant ce maximum de 21 et même en
haussant les minimums cela devrait faire descendre à 1 pour 16.9 disons,
quelque chose du genre, cela voudrait dire que le résultat serait de 1
pour 16.9.
M. LESAGE: C'est ce que j'ai toujours compris. C'est pour ça que
je me suis exprimé comme je l'ai fait tantôt lorsque j'ai dit que
ce 1/17 ne serait pas nécessairement immuable. Il y aurait des cas
d'exception.
M. LE PRESIDENT: Cela va, M. Cournoyer? M. COURNOYER: Juste les cas
d'exception...
M. LESAGE: Evidemment, si c'était 1/17 formel, ça ne
coûterait pas un cent au ministre des Finances.
M. COURNOYER: Je l'ai déjà dit. M. LESAGE: Vous me l'avez
dit.
M. COURNOYER: Oui, je vous l'ai dit tantôt. Si c'était 1/17
formel partout, cela ne coûterait rien.
M. LESAGE: Cela ne coûterait pas un cent.
M. COURNOYER: On économiserait même de l'argent.
M. LESAGE: Evidemment, vous économiseriez de l'argent. Mais,
c'est 1/17 qui est le pivot, qui est la base.
M. COURNOYER: Est-ce que la base de la discussion entre le chef de
l'Opposition et M. Laliberté vise des cas réellement
exceptionnels et pénibles ou s'il s'agit des cas de conventions
collectives actuelles?
M. LESAGE: II s'agit des cas où le maximum inférieur
serait pas rejoint dans les faits et où le maximum supérieur ne
serait pas rejoint dans les faits. C'est surtout le maximum
inférieur.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je pense, si je comprends bien l'esprit de
tout cela, c'est que l'exemple donné d'un maximum de 21 périodes
qui pourraient avoir comme effet de modifier légèrement le
rapport 1/17, c.'est un 21 stipulé dans une convention existante.
M. LESAGE: Oui, c'est ça!
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est là, je pense, que se place le
« pourvu que » dont parlait M. Laliberté la semaine
dernière. Il a dit, en propres termes si je me souviens bien, que toutes
les conventions qui stipulaient un maximum donné verraient ce maximum
confirmé « pourvu que » ce maximum ne soit pas
inférieur à 20...
M. LESAGE: A 20, avait-il dit.
M. TREMBLAY (sous-ministre): ... et 21 dans la conversation qui vient
d'avoir lieu.
M. LESAGE: Oui. M. Laliberté a parlé du 20/24. J'ai
parlé d'une possibilité de 21/25. Cela est une chose pour la
négociation. Je n'ai pas envie de le négocier à cette
table.
M. LALIBERTE: J'ai l'impression qu'on se comprend bien.
M. LESAGE: Bon!
M. LALIBERTE : Je vais faire une dernière tentative pour
être bien sûr. Supposons que j'ai des conventions collectives qui
comportent des maximums de 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26 et 27. Tous
mes maximums entre 20 et 24 ne bougent pas. On les respecte. Les maximums en
bas de 20 grimpent à 20.
Les maximums, ou bien quand il n'y en avait pas du tout, qui donneraient
au-delà de 24, descendent à 24. Tous ceux qui sont entre 20 et 24
demeurent là où ils sont fixés.
M. LESAGE: Cela était votre proposition originale...
UNE VOIX: C'est ça.
M. LESAGE: Mais j'ai amené sur le tapis la possibilité de
deux autres chiffres qui sont 21 et 25, mais sur la même base
fondamentale...
M. LALIBERTE: Nous sommes prêts à discuter...
M. LESAGE: Cela relève de la discussion autour de la table des
négociations.
M. LALIBERTE: Nous sommes prêts à discuter les chiffres que
nous avons avancés, qui sont 20 et 24.
M. LESAGE: Oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Pour compléter le tableau, il a
été fait mention, à un moment donné, dans les deux
directions pour les deux catégories de maximums, d'étapes
possibles à l'intérieur de la période de convention.
M. LALIBERTE: Cela a été mentionné effectivement au
sein de la commission.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est ça.
M. LALIBERTE: De sorte que tous les éléments se trouvent
réunis, je pense, pour une discussion fructueuse autour d'une table des
négociations.
M. LE PRESIDENT: L'élémentaire, monsieur...
M. COURNOYER: Remarquez que je ne veux pas avoir l'air du gars qui a
retardé les négociations, M. le chef de l'Opposition et d'avoir
l'air d'un fou...
M. LESAGE: Je pouvais me poser des questions.
M. COURNOYER: Je comprends que vous vous posiez des questions, mais
est-ce que M. Laliberté admet le rapport 1/17, oui ou non?
M. LESAGE. Il l'a répété, il l'a dit mardi, il l'a
répété...
M. COURNOYER: Oui, mais j'aimerais qu'il me le répète!
M. LESAGE. Il admet 1/17...
M. MASSE: Laissez-le le dire par M. Laliberté.
M. LESAGE: Oui, mais il vient de le dire encore une fois: Sujet aux
corrections des deux maximums à l'intérieur... Laissez-le dire.
J'ai bien compris.
M. LALIBERTE: M. le Président, nous sommes prêts à
écrire dans un texte de convention collective la référence
directe à 1/17 avec les deux crans d'arrêt dont nous avons
parlé. Non seulement à le dire, mais à
l'écrire.
M. CHOQUETTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Oui, M. Choquette, député
d'Outremont?
M. CHOQUETTE: Tout à l'heure, M. Tremblay expliquait les
principes sur lesquels on semble s'être mis d'accord pour une
négociation. Je pense qu'il a fort bien fait, mais il y a juste une
petite précision que je voudrais avoir de lui et de M. Laliberté
si possible. Ai-je compris qu'à l'intérieur des deux crans de 21
et 25 ou 20 et 24, ceux qui sont susceptibles de varier pour se rendre vers le
cran supérieur de 24 ou 25 pour compenser ceux qui régresseraient
de 26 et 27 vers la norme de 25 ou 24?
M. LALIBERTE: M. Choquette, les minimums peuvent bouger, mais les
maximums inscrits dans la convention, qui seraient situés entre 20 et 24
pour prendre notre exemple ne bougeraient pas, mais les minimums
peuvent bouger. Prenons le cas où j'ai 22 de maximum, et que ma moyenne
est à 20, ils ne bougeront pas en termes d'un maximum de 22 mais, dans
la réalité, il est possible, administrativement, que les gens
passent d'une moyenne de 22 à 22.5 ou quelque chose du genre. Nous
protégeons un seul chiffre, le maximum.
M. CHOQUETTE: Mais le maximum de 24 ou de 25 ou le maximum inscrit dans
la convention actuelle?
M. LALIBERTE: Tous les maximums inscrits dans
l'énumération suivante: 20, 21, 22, 23, 24.
M. CHOQUETTE: Les maximums à l'intérieur des deux crans
extrêmes, tels que fixés dans les conventions collectives.
M. LALIBERTE: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Les deux crans d'arrêt plus les dispositions des
conventions collectives fixant les maximums pour la charge de travail.
M. LESAGE: Entre ces deux crans d'arrêt.
M. CHOQUETTE: Entre ces deux crans d'arrêt seulement.
M. LALIBERTE: Entre 20 et 24. M. MASSE: II y a sept crans
d'arrêt.
M. CHOQUETTE: Bien entre 20 et 24 et 21 et 25.
M. MASSE: Vous les intercalez.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je pense que le sens est clair compte tenu
du fait que 20 et 24, 21 et 25 ont servi de points de repères comme
exemple et pourraient être justement l'objet de précisions
ultérieures. Sur les principes, la mécanique, je pense que les
choses sont assez claires et qu'il y a compréhension
réciproque.
M. LE PRESIDENT: D'autres commentaires? L'élémentaire.
M. LESAGE: Retournons à la petite école. M. MASSE:
L'élémentaire.
M. HOUDE: Moi non plus je ne voudrais pas avoir l'air de retarder quoi
que ce soit. Mais, j'avoue qu'il y a une chose qui m'échappe. M.
Laliberté, en supposant que dans une régionale donnée, il
y a eu une convention locale ou régionale déjà
signée, où le maximum était de 22 périodes par
enseignant, si la convention provinciale établit entre 20 et 24, est-ce
que ceux qui avaient 22 vont consentir, pour rester dans la norme de 1/17,
à monter à 23 ou 24?
M. LALIBERTE: Si dans la convention collective X à laquelle vous
faites référence, il y a un maximum de 22 d'écrit dans le
texte, les gens ne devront pas dépasser 22.
M. LESAGE: C'est bien clair. C'est exactement ce que nous avons
compris.
M. CHOQUETTE: Mais si, en fait, ils pratiquent 20 ou 21, vous pourrez
les faire varier jusqu'au maximum prévu dans la convention.
M. LESAGE: C'est toujours ça que j'ai compris.
M. LALIBERTE: Les minimums et les moyennes sont entre les mains des
commissions scolaires, en fait.
M. LESAGE: Si vous remettez ceux qui ont un maximum, par exemple, entre
20 et 24, si vous remettez ceux qui ont 21, 22 et 23 à 24, il est clair
que cela ne coûtera jamais un cent. Mais, il y a des droits acquis, tout
de même. Si on met un cran d'arrêt à 20 ou à 21,
mettons 21, si vous voulez, c'est parce qu'on considère que les maximums
inférieurs ne sont pas réalistes. Dans la moyenne de 22 ou 23,
les maximums actuels de 22, 23 ou même 24, si on va jusqu'à 25,
à mon sens, devraient ê-tre respectés et c'est sur cette
base-là que j'ai compris qu'il y avait entente. Et c'est ce qu'a compris
M. Tremblay, le sous-ministre, j'en suis sûr, sur ce que M.
Laliberté disait.
M. TOURNOYER: En pratique...
M. LESAGE: J'aimerais mieux entendre M. Tremblay pour savoir si c'est
bien cela qu'il a compris.
M. DOZOIS: C'est lui qui va négocier.
M. LESAGE: Bien, un instant Je voudrais savoir ce que le sous-ministre a
compris.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Bien, moi, je pense avoir compris
exactement ce qui vient d'être dit, en y ajoutant comme
élément de discussion ultérieure qu'au cours de la
période de la convention, les maximums stipulés, dont on parle,
puissent être variables. Par exemple, une convention stipule 20, à
l'heure actuelle. Encore une fois, c'est simplement un exemple. Pour 69/70,
cette stipulation peut être entérinée. Pour 70/71, cela
peut devenir 21 ou 22, de façon qu'au terme de la période de
convention, l'ensemble des situations soit régularisé. Cela a
été la deuxième notion qui a été introduite,
celle d'étapes à parcourir durant la période de
négociations.
M. LESAGE: Oui, et d'ailleurs, c'est bien de cela que nous avons
discuté l'autre soir.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est cela.
M. LESAGE: C'est qu'il y aurait deux crans d'arrêt de
départ et, autour de la table de négociations, on
étudierait la possibilité de rétrécir le champ,
même au cours de la période d'application de la convention. Cela
est une affaire pour la table de négociations. Mais tout cela partant de
la base de 1/17 corrigée par deux crans d'arrêt.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est cela. C'est là le
principe.
M. LALIBERTE: Sur ce second point de M. Tremblay, de la même
façon que la partie patronale n'a pas dit ici qu'elle était
prête à accepter nos crans d'arrêt 20/24, mais qu'elle
était prête à en discuter, de la même façon,
nous sommes prêts à discuter des formules de
rétrécissement.
M. LESAGE: C'est cela.
M. LALIBERTE: Rétrécissement de la marge.
M. COURNOYER: Formule de rétrécissement de la marge.
M. LESAGE: Mais oui, c'est ce dont nous avons parlé l'autre
soir.
M. COURNOYER: J'ai finalement compris. M. CHOQUETTE: Mais, n'en abusez
pas. M. SAINT-GERMAIN: M. le Président. M. LE PRESIDENT: Oui, M.
Saint-Germain.
M. SAINT-GERMAIN: Cette relation d'un maître pour 17
élèves amène, en efait, si on oublie les
différentes sortes de cours, soit les cours théoriques ou les
cours pratiques, ou les disparités régionales... si nous faisons
l'hypothèse que tous les professeurs ont la même charge de
travail, qu'est-ce qu'elle amène comme périodes d'enseignement,
cette relation 1/17?
M. LE PRESIDENT: Selon les conventions.
M. SAINT-GERMAIN: Non. Vous avez un nombre d'élèves au
secondaire actuellement et un nombre de professeurs; si vous faites la relation
1/17, qu'est-ce qu'elle amène en fait comme charge aux professeurs.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Vous voulez dire, je pense, comme charge
moyenne.
M. SAINT-GERMAIN: Si vous voulez, oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Bon. Appelons « moyenne » la
charge normale, si vous voulez. Cette charge moyenne et là-dessus
nous pouvons discuter de dixièmes près va très
probablement se situer entre 22 et 23, en situation normale. Maintenant, dans
le contexte qui vient d'être décrit, la moyenne est une
résultante, elle n'est pas un principe.
M. LESAGE: Dans mon esprit, c'est très clair. Il s'agit de
l'habiller maintenant pour trouver des formules qui permettent un
règlement, à l'intérieur...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on a fini de poser des questions sur le
secondaire? Si oui, l'élémentaire.
M. LALIBERTE: M. le Président, avant le souper, j'ai
essayé en deux mots d'indiquer en quoi il était possible de
penser aussi en termes de charge maximum de travail pour des professeurs
à l'élémentaire ou encore de penser en termes d'un plus
grand nombre de professeurs qu'il y a de classes dans une école. J'ai
fait référence, avant le dîner, au fait qu'il était
devenu courant, non seulement dans les conventions collectives, mais
également dans les faits antérieurs aux conventions collectives,
d'avoir un certain nombre de spécialistes à
l'élémentaire qui venaient s'ajouter aux titulaires de classes
pour et je le donnais comme exemple l'enseignement de la langue
seconde cela vaut chez les protestants comme chez les catholiques, pour
l'anglais comme pour le fran- çais pour les arts rythmiques, pour
les arts plastiques, pour l'éducation physique et dans certains cas il y
en a d'autres aussi qui sont ajoutés. Mais ces quatre secteurs-là
sont les plus fréquents.
Les sentences arbitrales qui ont été rendues après
le bill 25... Vous vous rappellerez sans doute que le bill 25, qui stipulait
sur les salaires, ne stipulait pas sur les conditions de travail. Il disait:
D'ici telle période, vous allez avoir le droit de rouvrir vos
négociations avec votre employeur, la commission scolaire, pendant un
temps x je ne me rappelle plus de la période, c'était deux
mois, je pense vous allez essayer de vous entendre sur toutes les autres
questions qui ne sont pas décidées par le bill 25; si vous ne
vous entendez pas, vous pourrez soumettre la question à l'arbitrage.
Effectivement, il y a eu un fort grand nombre d'arbitrages si mes
chiffres sont exacts, il y a dû en avoir 125 dont la plupart, pas
tous, ont traité de conditions de travail.
Or, à l'élémentaire, les sentences arbitrales ont
régulièrement donné ce que vous trouvez dans une feuille
qu'on vient de vous distribuer et qui porte les deux titres:
Elémentaire, vers la gauche; décisions arbitrales du bill 25,
vers la droite. C'est la feuille d'en dessous, je crois.
Si vous regardez, il y a deux formules différentes qui ont
été utilisées. Prenez le cas de Lac-des-Aigles. Ce que la
sentence arbitrale donnait, c'étaient des spécialistes pour
enseigner l'anglais en 5e, 6e et 7e années, selon le programme,
c'est-à-dire qu'il y avait un spécialiste pour enseigner tout
l'anglais en 5e, 6e et 7e années. On donnait 30 minutes par semaine, de
1re à 7e année en musique, 60 minutes par semaine de Ire à
7e année en activités, tels les arts, etc., 60 minutes par
semaine de 1re à 7e année pour l'éducation physique. Cela,
c'étaient des spécialistes qui venaient s'ajouter aux titulaires
de classe réguliers. Prenez en bas maintenant de la même feuille,
un autre type de sentence qui a été donnée. Vers la fin
des sentences arbitrales, c'était ce dernier type qui était le
plus fréquent.
On disait: Vous avez autant de professeurs qu'il y a de classes,
première chose. Deuxièmement, à cela vous ajoutez un
spécialiste à tous les douze professeurs que vous avez. Supposons
que j'ai une école de 24 classes. J'ai 24 professeurs au départ.
Un par 12 professeurs, cela fait 2 spécialistes de plus. Donc, en
réalité, j'ai 26 professeurs pour donner l'enseignement à
24 groupes d'élèves. C'est
ce que cela revient à dire vers la fin de cette
feuille-là.
Alors, au cours de la négociation, nous avons effectivement
proposé c'est vers la fin de la médiation une
formule qui rejoignait celle-là. On leur disait: Autant de professeurs
qu'il y a de classes avec même un certain contrôle sur le nombre
d'élèves afin qu'il n'y ait pas de classe trop petite, s'il le
fallait, ni trop grosse non plus, plus un spécialiste par 12
professeurs.
Faisons l'évaluation de ça en termes de rapport. Un
spécialiste par douze professeurs, en termes de rapport, devrait nous
donner, si mes chiffres sont exacts, un rapport d'à peu près
1/26. En fait, c'est un peu moins que 1/26.
Nous avons également proposé une autre formule, mais qui,
dans le fond, visait à rejoindre la même chose. On a dit: A
l'élémentaire aussi nous allons déterminer des maximums de
périodes d'enseignement. On a proposé 23.5 périodes de 45
minutes ou l'équivalent. Quand Je dis 23.5 périodes de 45
minutes, cela pourrait bien être 30 et 50 de temps en temps. Donc, 23.5
périodes de 45 minutes pour les professeurs de 1re et 2e années,
et 28 périodes de 45 minutes pour les professeurs de 3e, 4e, 5e, 6e et
7e années, tant que la 7e sera à l'élémentaire.
Si je traduis cela en minutes, les 23.5 périodes de 45 minutes
donneraient 1,035 minutes sur un horaire, en 1re et 2e années, de 1,250
minutes.
M. LESAGE: En heures, 31 1/3 heures...
M. LALIBERTE: En heures? 19 1/2 heures, je pense, je ne le sais pas
trop.
M. LESAGE: Ah, non! 23.5 périodes de 45 minutes. Alors...
M. LALIBERTE: C'est 17 1/4 heures. Vous avez 1,035 divisé par 60.
Alors, en 1re et 2e année, cela aurait donné 1,035 minutes de
cours sur un horaire de 1,250 minutes; donc cela veut dire qu'il y aurait eu
d'autres enseignants spécialistes pour donner les 235 minutes qui
manquent dans l'horaire; 1,035 sur 1,250. Je voulais dire 215 minutes
plutôt.
D'autres spécialistes pour donner en 1re et 2e années les
215 minutes qui manquent à l'horaire. Les 28 périodes de 45
minutes donnant 1,260 minutes sur un horaire, en 3e, 4e, 5e, 6e et 7e, de 1,500
minutes, il y aurait eu des spécialistes pour donner les 240 minutes qui
manquent.
Cela aurait donné un rapport approximatif de 1 pour 25.
M. LESAGE: Toute votre base, M. Laliber-té, c'est que les
titulaires auraient 23 1/2 périodes de trois quarts d'heure, c'est bien
cela?
M. LALIBERTE: Pour les 1re et les 2e années.
M. LESAGE: Alors, cela voudrait dire 17 1/4 heures dans cinq jours?
M. LALIBERTE: Je pense que c'est cela, 17 1/4 heures.
M. LESAGE: Oui, cela donne exactement 17 1/4 heures pour cinq jours;
cela fait trois heures et quelque chose par jour.
M. LALIBERTE: Plus, M. le chef de l'Oppositon, le travail de
préparation et le travail de correction. Faites la comparaison avec le
secondaire.
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas la même chose à
l'élémentaire.
M. LALIBERTE: Pourquoi?
M. LESAGE: Ce n'est pas la même préparation, ce n'est pas
la même correction, cela prend moins de temps; il y a plus de choses que
les élèves font en classe devant l'enseignant ou
l'enseignante.
M. LALIBERTE : Vous êtes bien certain?
M. LESAGE: Oui, monsieur.
M. GARDNER: Ne vous fâchez pas.
M. LESAGE : Je ne me fâche pas du tout, il me demande si je suis
certain. J'en suis certain.
M. MASSE: Le chef de l'Opposition n'affirme jamais une chose sans qu'il
en soit certain.
M. LESAGE: Bien d'ailleurs, écoutez... M. LE PRESIDENT: C'est
élémentaire.
M. LESAGE: Je n'ai peut-être pas 40,000 jeunes filles...
M. MASSE: Vous en avez au moins une. M, LESAGE: Non, mais il n'y a pas
seule-
ment cela, c'est qu'au secondaire aussi... j'ai des gens autour de moi
qui sont bien renseignés, qui ont toujours été bien
renseignés. Il y a une distinction importante entre
l'élémentaire et le secondaire et surtout dans les plus basses
années. Les cours en 1re et 2e années, d'après ce que j'en
sais, ne se mesurent pas aux trois quarts d'heure. Pardon?
M. LALIBERTE: Là-dessus, je pense avoir dit tout à l'heure
que, quand nous proposons des périodes de 45 minutes, cela ne veut pas
dire que c'est intraduisible en d'autres périodes.
M. LESAGE: Bien, ce ne sont pas tellement des périodes, ce sont
des heures en classe.
M. LALIBERTE: Oui, mais quand on donne l'enseignement du
français, par exemple, on ne donne pas forcément toute une
matinée en français. A un moment donné, on cesse le cours
de français...
M. LESAGE : Bien oui, et puis on donne un cours d'arithmétique et
ensuite on fait du dessin au tableau...
M. LALIBERTE: ...oui, mais le professeur...
M. LESAGE: Et le professeur titulaire est avec les enfants, sauf quand
les spécialistes viennent pour enseigner un peu d'anglais ou encore que
les enfants vont à la culture physique ou encore lorsqu'ils apprennent
à manier le plastique. Il y a la catéchèse, il y a le
calcul mental, mais tout cela, c'est l'enseignant titulaire qui fait cela.
M. LALIBERTE: Mais, M. le Président, est-ce qu'on me permettra de
préciser? De l'extérieur, cela peut avoir l'air de ce que vous
décrivez, mais le professeur qui découpe son programme, il
découpe sa journée en périodes. Et ces périodes ne
sont pas toujours de 45 minutes, bien sûr; il y ena de 30 et de 25, et il
y en a de 50, c'est bien clair. Mais il découpe quand même son
enseignement en phases.
M. LESAGE: II le faut bien, parce qu'autrement il n'y aura pas
d'ordre.
M. LALIBERTE: C'est pour cela que la question de périodes, cela
n'est pas intraduisible sous des découpages ou autrement.
M. LESAGE: Mais l'enseignant le découpe comme il veut.
Vis-à-vis de ceux qui ont étudié le problème,
découpage ou non, dans le cas de la 1re ou de la 2e année, c'est
le nombre d'heures.
M. LALIBERTE: Mais, il ne le découpe justement pas comme il veut;
il ne le découpe justement plus comme il le veut, l'enseignant, à
l'élémentaire.
M. LESAGE: Pardon?
M. LALIBERTE: II ne le découpe justement pas, ni plus comme il
veut, l'enseignant, à l'élémentaire. Actuellement, il y a
des horaires établis dans les écoles.
M. LESAGE: Certainement.
M. LALIBERTE: II y a du travail de groupe. Avec l'établissement
du règlement numéro 1, chez les enfants qui auront tous huit ans
dans la même classe, il y en a qui seront en deuxième année
pour certaines matières, et d'autres qui seront en quatrième pour
certaines matières.
M. LESAGE: D'accord.
M. LALIBERTE: A l'intérieur d'un groupe de 25, 30 ou 35
élèves, vous avez régulièrement des sous-groupes,
à l'intérieur de votre classe, de 3, 8, 10, 12
élèves à la fois. Ce n'est pas du tout un cours
théorique comme on peut en donner un dans une université, par
exemple, le travail ne se fait pas comme cela. Il ne s'agit pas de
préparer dans un livre un certain nombre de pages et de dire aux
enfants: Aujourd'hui on fait l'exercice numéro 32. Il ne s'agit pas du
tout de travailler comme nous avons effectivement travaillé il y a
quelques années. Ce n'est pas du tout l'esprit du travail à
l'élémentaire actuellement. La notion même de « team
teaching » suppose en fait la disparition même de la notion de
classe pour parler d'un groupe X d'élèves qui est confié
à un groupe Y de professeurs. Et les regroupements
d'élèves peuvent fort bien être différents de jour
en jour, par exemple. Ce n'est pas du tout la notion traditionnelle.
M. LESAGE: Je comprends. Mais, vous m'avez dit vous-même que les
pédagogues ne s'entendent pas.
M. LALIBERTE: Oui, mais monsieur...
M. LESAGE: C'est à 6 heures que vous
m'avez dit cela, que les pédagogues ne s'entendent pas sur la
façon de faire accomplir la transition par l'enfant qui quitte sa
mère pour aller à l'école. C'est un point qui m'a toujours
frappé, parce que j'ai eu des enfants aussi.
M. LALIBERTE: Sans doute, mais il n'en reste pas moins, M. le chef de
l'Opposition que le ministère de l'Education, qui a émis le
règlement numéro 1, a stipulé tout ce que je viens de vous
décrire, et il a même... Ecoutez-moi une seconde, il a même,
en maternelle...
M. LESAGE: Je vous écoute, je vous écoute mon cher ami;
mais simplement, vous ne me ferez pas croire que le ministère de
l'Education ne tient pas compte de la nécessité...
M. LALIBERTE: Oui, mais il a mis les maternelles en place...
M. LESAGE: ... de la transition.
M. LALIBERTE: ... pour cela, la transition.
M. LESAGE: Oui, mais elle continue en première année, la
transition.
M. LALIBERTE: Oui, mais comment se fait-il que dans le règlement
numéro 1, M. le chef de l'Opposition...
M. LESAGE: En tout cas, vous ferez ce que vous voudrez, mais 17 heures
1/4 d'enseignement par semaine, en première, en deuxième
année et en troisième année, c'est tellement peu ce qui
arrive à l'heure actuelle.
M. LALIBERTE: Est-ce qu'on me permettre de continuer la description.
M. LESAGE: Continuez!
M. LALIBERTE: ... de la charge d'un enseignant?
M. LE PRESIDENT: Allez-y!
M. LESAGE: Allez-y. Je pensais que...
M. LALIBERTE: A vos 17 heures 1/4, vous ajoutez maintenant presque
quotidiennement des réunions de professeurs entre eux, pour faire le
« planning » entre autres choses; vous ajoutez
régulièrement plus d'une fois par semaine aussi des
réunions avec les directions d'école pour organiser la
réforme à l'élémentaire. Chaque semaine
également, vous avez aussi des réunions qui se font avec des
professeurs des autres écoles, pas toutes les semaines, mais
régulièrement, avec les groupes de parents, avec les ateliers
pédagogiques. Tout cela, ce ne sont pas simplement des réunions
pour entretenir les bonnes relations. Ce sont des réunions qui
effectivement préparent la réforme telle qu'elle est en train de
s'installer à l'élémentaire. Il n'y a rien de plus facile
que de continuer l'enseignement traditionnel. C'est extrêmement facile de
faire cela. Mais il est extrêmement exigeant de mettre en place tous les
éléments de la réforme scolaire à
l'élémentaire.
Contrairement à la pensée habituelle dans ce domaine, la
charge, actuellement, est plus lourde pour les professeurs de
l'élémentaire dans la réforme qu'elle ne l'est pour les
professeurs du secondaire. Il n'y a pas de commune mesure entre ce qui se fait
actuellement au secondaire en termes d'exigences pour les enseignants et ce que
l'on exige des professeurs de l'élémentaire, compte tenu de tous
les recyclages dans toutes les disciplines dans lesquelles il y a des
méthodes nouvelles. Et il y a une pléthore de méthodes
nouvelles dans la province de Québec. Il ne faut pas mettre cela de
côté.
M. LEVESQUE (Laurier): De toute façon, est-ce que je pourrais
simplement souligner une chose? C'est que je présume que le
ministère a dû établir lui-même on disait quoi
1,260 minutes pour les enfants de première et de deuxième
année, c'est cela?
M. LALIBERTE: C'est 1,250 minutes.
M. LEVESQUE (Laurier): Ou 1,250 minutes. Ce qui veut dire qu'il reste
à peu près 3 heures, si nous prenons vos 1,035 minutes. Peu
importent tous les détails sur lesquels on discute depuis quelques
minutes, il reste à peine 3 heures. Est-ce tout ce qu'il reste en
particulier pour les jeunes de première et de deuxième
années pour des choses comme l'éducation physique, qui
forcément demandent des spécialistes, les autres
activités, enfin l'initiation artistique ou des choses comme cela, c'est
tout ce qui leur reste?
M. LALIBERTE: Pas automatiquement.
M. LEVESQUE (Laurier): Eh bien, si vous avez 1,035 minutes
d'enseignement grosso modo enfin, je calcule à l'oeil,
évidemment, et il y a peut-être des nuances qui m'échappent
cela voudrait dire qu'il reste à peu près 3 heu-
res, 3 heures 1/4, dans la semaine; tel que leur horaire est
fabriqué en tout cas, si c'est bien 1,250 minutes. Je présume que
c'est la limite qu'on a calculé qu'ils pouvaient atteindre comme
présence à l'école des enfants de cet âge. C'est
tout ce qui leur reste au point de vue des spécialistes
éventuels, et en particulier pour un des domaines les plus urgents
à développer dans le Québec, l'éducation
physique?
M. LALIBERTE: Quand je dis « pas nécessairement »,
c'est parce qu'il peut y avoir, à un moment donné, une sorte de
transfert entre les professeurs titulaires et les professeurs
spécialistes. Il n'est pas exclu qu'un professeur titulaire de classe
donne une spécialité.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah bon, d'accord!
M. LALIBERTE: Evidemment, si moi, je pèse 300 livres, je n'irai
pas donner des cours d'éducation physique dans l'école. C'est
clair.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela n'a pas l'air d'être un danger que
vous courez!
M. LALIBERTE: Je dis moi, parce que j'ai parlé de mes 40,000
filles avant souper, et cela n'allait pas.
M. HOUDE: M. Laliberté, je pense que ce que M. Lévesque
voulait dire aussi, c'est que le nombre maximum d'heures de cours à
l'enfant, c'est à peu près 20 heures, 20 heures et demie?
M. LALIBERTE: C'est 1250 minutes d'après les horaires.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est cela, c'est le règlement.
M. LALIBERTE: En première et deuxième années.
M. HOUDE: S'il y a 3 heures consacrées à des
spécialités, il en reste, forcément, 17 pour le titulaire.
Ce n'est pas sa faute.
M. LEVESQUE (Laurier): Logiquement, on a l'impression que le titulaire,
à part les cas que vous pouvez évoquer, quand bien même on
voudrait lui dire: Travaille plus, peu importent les autres domaines dont vous
parlez, c'est à peu près la limite qu'il peut atteindre si on
veut vraiment garder du temps, entre autres pour les choses comme
l'éducation physique.
En tout cas, je me dis que si on néglige ça à cet
âge-là, on va le négliger pour le restant de ses
études.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque, M. Tremblay, le sous-ministre de
l'Education voudrait ajouter un mot.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est une simple question
d'éclaircissement que je voudrais poser à M. Laliberté. A
moins que la chose m'ait échappé dans la démonstration
qu'il faisait au tout début, je n'ai pas entendu le nombre
d'élèves par groupe qui était sous-jacent à sa
démonstration.
M. LALIBERTE: C'est parce que je n'ai pas eu le temps de finir.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Ah, bon! Je pense que c'est un point
clé.
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais avoir un éclaircissement de M.
Tremblay? Quel est le nombre d'heures que les enfants de première et de
deuxième années passent en classe durant une semaine normale de
cinq jours?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je pense que c'est 20 ou 21 heures. Mais,
de mémoire, je ne pourrais pas l'assurer.
M. LALIBERTE: C'est 20 heures 50 minutes selon les nouveaux
horaires.
UNE VOIX: C'est 20 heures 50 minutes.
M. LESAGE: C'est vingt heures cinquante minutes.
M. LALIBERTE: C'est ça!
M. SAINT-GERMAIN: Combien de jours par année?
UNE VOIX: C'est 186.
M. TREMBLAY (sous-ministre): C'est 180 et quelque chose.
M. LESAGE: Mais, est-ce que, dans les 20 heures et 50 minutes, la
récréation du matin et de l'après-midi est comprise?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je ne crois pas.
M. LESAGE: C'est 20 heures et 50 minutes...
M. TREMBLAY (sous-ministre): De présence en classe.
M. LESAGE: ... de présence en classe. Ils sont supposés
être au travail.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Selon le style de travail qui
caractérise la première et la deuxième année.
M. LESAGE: Oui, oui, clairement. Alors cela ne tient pas compte de la
récréation du matin.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Non.
M. LESAGE: Ni du temps avant le commencement du cours ni du temps
à la fin du cours.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Non.
M. LESAGE: C'est strictement en classe.
M. TREMBLAY (sous-ministre): En classe.
M. LALIBERTE: En relation directe avec les élèves à
l'intérieur de l'horaire.
M. LESAGE: Oui.
M. LALIBERTE: Maintenant, pour compléter, je disais 23
périodes et demie pour les première et deuxième
années, l'équivalent, en tout cas, de 23.5 périodes de 45
minutes. Et je disais 28 pour les 3, 4, 5, 6,7. Il ne faut pas prendre que
23.5, il faut aussi prendre 28 pour les autres années de
l'élémentaire. Tout ça pour un groupe
d'élèves de 30. Ce nombre dont je parle, c'est pour un groupe
d'élèves de 30.
Par ailleurs, nous...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Est-ce que je peux poser des questions
là-dessus? Parce que cela me paraît un point clef? Mais vous
n'avez pas fini.
M. LALIBERTE: J'aimerais autant que vous me permettiez de finir parce
que tout à l'heure je n'en ai pas eu le temps.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Très bienl
M. LALIBERTE: Cela va prendre 30 secondes. Par ailleurs, quand nous
avons proposé ça la première fois à la table de
négociations, on nous a dit: Oui, mais il n'est pas toujours pos- sible
d'avoir des groupes de 30. Parfois les circonstances étant ce qu'elles
sont, on ne peut pas avoir des groupes de 30. On est obligé d'en avoir
un peu moins que 30 ou bien on n'en a pas suffisamment pour faire deux classes
de 30. On est obligé d'avoir des classes plus élevées que
30. Alors on a proposé en même temps une variation que nous
considérons comme étant un élément de souplesse par
laquelle la période que je donnais tout à l'heure de 23.5
à 30 élèves pourrait être de 25.5 par semaine s'il
n'y avait que 26 élèves dans les classes ou 21.5 par semaine s'il
y avait 34 élèves dans les classes avec la variation entre ces
deux chiffres, si vous voulez.
De la même façon pour 3, 4, 5, 6, 7, 28 périodes
pour 30 élèves pourraient devenir 30 périodes s'il n'y
avait que 26 élèves dans les classes et deviendraient 26
périodes s'il y avait 34 élèves dans les classes.
Maintenant, ce n'est qu'une deuxième des propositions que nous
avons faites. Ce ne sont pas les seules que nous avons faites...
M. CHOQUETTE: Est-ce que c'est la première fois que vous faites
ces propositions-là? Est-ce que cela a été fait depuis
longtemps?
M. LALIBERTE: C'est une proposition faite en octobre dernier à la
conciliation. Cette pro-position-là, le mode de calcul des
spécialistes n'est plus selon une fraction 1 par 12, c'est la
différence de l'horaire.
Alors, ce que je viens de dire, c'est que nous avons proposé deux
choses à deux époques différentes. Soit un titulaire par
classe plus un spécialiste par 12 professeurs ou soit ce que je viens
d'expliquer. Nous avons fait aussi une troisième proposition à
l'élémentaire, à un moment donné, qui était
la suivante: Acceptation de la norme 1/27 comme base de calcul, plus 5% de
personnel supplémentaire, pour tenir compte des
spécialités ou d'autres formules nouvelles, le « team
teaching », etc. Ce qui donnait un rapport d'à peu près
1/25.7.
M. LESAGE: Cela coûte combien, M. Laliberté?
M. MASSE: Permettez-moi une question pour qu'on se retrouve bien et je
vais vous donner la feuille. Est-ce que c'est la proposition qui a
déjà été faite de 781,038 élèves? Ce
nombre multiplié par 5% donnerait 39,052 élèves? Cela
donnerait 39,052 élèves de plus...
M. LALIBERTE: Cela doit être ça.
M. MASSE: ... divisé par 27, ce qui égale 1,046
enseignants de plus à un taux moyen de $6,500, ce qui fait une
différence de $9,399,000, est-ce ça?
M. LALIBERTE: Si vous voulez calculer avec du salaire, si vous avez mis
le secondaire à $7,500, et que la moyenne est à $6,500
bien...
M. MASSE: Parlons-nous de $9 millions d'écart entre les deux
propositions?
M. LALIBERTE: Tout à l'heure quand on a calculé le
secondaire, M. le sous-ministre Tremblay a dit: Les gens du secondaire
étant plus qualifiés, peut-être plus
expérimentés, alors que la moyenne générale est
à $6,500, eux on les calcule à $7,500. Alors, à ce
moment-là, calculez, avec la même mesure, à $5,500 à
l'élémentaire, cela va vous donner quelque chose comme $8
millions.
M. MASSE: $8 millions.
M. LALIBERTE: Je n'ai pas terminé cependant. Si on veut me
permettre, quand ma démonstration sera terminée, je pourrai
répondre aux questions.
M. LE PRESIDENT: L'élémentaire.
M. LALIBERTE: Oui. Je vous ai également fait remettre une
feuille. Vous en avez deux attachées ensemble. Prenez celle du dessus.
Cela est la description de la situation actuelle. Nous n'avons pas pris les
1,300 commissions scolaires séparément. Nous avons fait les
calculs en regroupant théoriquement les commissions scolaires par
territoire de régionale. Autrement dit nos calculs sont basés
pour chacun des 55 territoires de régionales. Vous voyez tout de suite
à l'évidence même que la grande majorité des gens
dans la situation actuelle sont à 25 et 26 comme rapport. Regardez les
deux lignes du milieu. Elles sont de façon très nette plus
fréquentes avec le nombre d'élèves en-dessous. Le petit
chiffre en dessous du rapport est le nombre d'élèves. La moyenne
générale à la grandeur de la province c'est 1 par 25.7.
Quand nous composons, comme je viens de le donner en dernier, 1 par 27 comme
base de calcul plus 5% pour tenir compte des spécialités et du
personnel supplémentaire dont on a besoin dans le régime nouveau,
en fait en termes de rapport on vous proposait exactement ce qui existe, soit
un rapport de 1 par 25.7. De sorte qu'il est vrai que théo- riquement
c'est $8 millions et quelques dollars de plus que l'offre patronale, mais dans
la réalité ce n'est pas plus que ce qui existe.
M. LE PRESIDENT: Par année ça? Cela veut dire $24
millions?
M. LALIBERTE: Oui. Mais ce n'est pas plus que ce qui existe aujourd'hui.
C'est plus que l'offre patronale, mais ce n'est pas plus que la situation
d'aujourd'hui puisqu'elle est à 25.7.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le sous-ministre ou M. Masse doivent savoir
sûrement si c'est un fait que vous économisez $8 millions par vos
propositions ou si vous ne les économisez pas? Est-ce que ça
revient à ça. Il faudrait quand même qu'on le sache,
autrement ça ne servirait pas à grand-chose de faire semblant.
Normalement vous attendez-vous à économiser $8 millions
d'après l'application de votre proposition, grosso modo?
M. ANGERS: La situation actuelle est à 25.7. Je sais que je n'ai
pas de commentaire à faire...
M. LEVESQUE (Laurier): Donc c'est logique. Ce que M. Laliberté
dit, c'est exactement la même maudite affaire que ce qui existe
actuellement au point de vue des coûts globaux.
M. ANGERS: Sauf que la réalité, si c'est comme ça,
c'est pour deux motifs. Premièrement, les commissions scolaires qui ont
de l'argent: la première étape. La deuxième ce sont des
commissions scolaires qui, dans la plupart des cas, se sont vu imposer par une
décision arbitrale des conditions qui n'avaient absolument aucun lien
avec la richesse du milieu, de telle sorte qu'on est ou soit riche ou bien
incapable de les payer.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela revient à dire que c'est le
problème des commissions scolaires, mais ce n'est pas le problème
global.
M. ANGERS: C'est le problème de la communauté du
Québec. Ce n'est pas à moi à dire cela. Mais c'est leur
problème.
M. LEVESQUE (Laurier): Tel qu'il se répercute chez les
régionales plus pauvres.
M. ANGERS: C'est le problème du Québec. Ecoutez, aux
Etats-Unis, ils sont...
M. MASSE: M. le Président, permettez-moi de donner un peu de
lumière au sujet de ces rapports. Il ne faut pas oublier partant
du rapport Parent qui préconisait cette réforme de
l'enseignement, à l'élémentaire comme au secondaire, qui
préconisait du même souffle une norme de 1/29 que le
ministère de l'Education, à l'intérieur de ces normes pour
fin de calcul, préconisait 1/28; et à la négociation, la
proposition patronale est une norme de 1/27, et la demande en moyenne
reviendrait à 1/26. La différence entre 1/26 et 1/27 est un
coût annuel de $9 millions multipliés par trois ans, ce qui fait
$27 millions. Voyons maintenant quelle est la situation ailleurs.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela ne serait pas 3 fois 7: 21,
plutôt!
M. MASSE: La situation ailleurs, dans la ville d'Ottawa que le
député de Laurier connaît fort bien, la norme est 1 pour
28. A Toronto, la norme est de 1/30.4. A Vancouver, la norme est 1/32.1. A
Chicago, ce sont probablement des gens beaucoup moins riches que nous, elle est
de 1/32.5. A Détroit, elle est de 1/31.1. A Los Angeles, dans un autre
milieu défavorisé des Etats-Unis, elle est probablement de
1/33.1.
M. LEVESQUE (Laurier): Qu'est-ce que cela veut dire probablement?
M. MASSE : C'est exactement le nombre 33.1.
Maintenant la question des spécialistes que soulève le
député de Fabre, Je crois. Qu'est-ce qu'un spécialiste?
Est-ce que c'est un enseignant qui a des brevets ou des diplômes ou des
qualifications pédagogiques supérieures aux autres enseignants de
ce milieu, dans des domaines particuliers, ou bien, si ce sont des enseignants
de plus qu'on ajoute dans des domaines particuliers, sans qu'il ait pour autant
des qualifications supérieures? La marge, en termes d'argent, entre les
deux propositions, est de l'ordre de $9 millions, de 1,446 enseignants de plus,
selon les chiffres qui nous sont fournis par la partie syndicale. Et la marge
est également entre ce qui existe, ce qu'on propose et ce qu'on vit
ailleurs, dans d'autres domaines scolaires qui ont, à mon avis,
également autant d'intérêt à faire en sorte que
leurs enfants du niveau élémentaire soient aussi bien
éduqués que ceux du Québec. A moins que l'on prouve qu'ils
ne réussissent pas, je crois qu'il faudrait tenir compte,
également, de l'existence d'autres systèmes scolaires dans des
milieux qui, au point de vue de l'indice de richesse, se comparent très
avantageusement au Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): II y a une chose que je n'ai pas comprise du tout
à propos des spécialistes. Il me semble que la question n'est pas
du tout de savoir s'ils sont plus ou moins qualifiés que les autres,
c'est de savoir si ce genre de spécialité est requis par les
enfants.
M. MASSE: Alors cela devient donc une question d'ajouter des
maîtres.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais enfin un professeur d'éducation
physique, il ne s'agit pas de dire qu'il est meilleur ou moins bon qu'un
titulaire de classe régulière. Il s'agit seulement de savoir
s'ils ont besoin d'éducation physique. Si oui, est-ce qu'ils ont besoin
de spécialistes dans ce domaine-là? S'ils en ont besoin, il les
faut quelque part.
M. MASSE: Vous comprendrez que, pour fin de calcul pour nous, ce sont
des maîtres qu'on ajoute et qui brisent le rapport
maître-élèves.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Je pense que l'exposé que le ministre vient de
faire permet de mettre en lumière, pour le cas de
l'élémentaire comme c'était d'ailleurs le cas du
secondaire, le fait que le gouvernement cherche à accroître la
charge de travail des enseignants. Si on se rappelle bien, au cours des
discussions de la commission, il était ressorti que, dans le cas du
secondaire, le gouvernement cherchait à faire une économie par
l'accroissement de la charge de travail. Et dans le cas de
l'élémentaire c'est la même chose. Est-ce que le ministre
est en mesure de déclarer si ceci est exact ou inexact?
M. MASSE : Ce que le gouvernement tente, par la convention collective,
dans le secteur élémentaire comme dans d'autres domaines de la
convention collective, c'est de rétablir une situation par rapport
à notre capacité de payer et des autres domaines scolaires.
M. CHOQUETTE : Je ne fais pas le procès du gouvernement à
l'heure actuelle, je veux simplement préciser quel est...
M. MASSE: Le gouvernement ne s'est jamais caché que la convention
collective allait amener, dans certains cas, une augmentation de la tâche
de travail.
M. LESAGE: Mais, M. Choquette va plus
loin que cela. Je pense qu'il a raison de conclure que si nous prenons
la situation de fait actuelle.
M. MASSE: Dans 1/25.
M. LESAGE: C'est de 1 sur 25.7.
M. MASSE: Moyenne générale 1/25.7.
M. LESAGE: II est clair que, si vous ramenez les charges de travail pour
aller à 1/27, vous accroissez du même coup « potentiellement
» la charge de travail des enseignants. C'est clair comme de l'eau de
roche.
M. MASSE: Certainement, c'est très clair comme de l'eau de roche.
Et je dirai également, M. le chef de l'Opposition, si vous me
permettez...
M. LESAGE: Dans le cas du secondaire, parce que M. Choquette a
fait la comparaison entre le secondaire et l'élémentaire
on s'est entendu sur certains principes. On a admis l'accroissement potentiel
général de la charge de travail en acceptant, comme M.
Laliberté l'a fait le 1/17, mais, en établissant des crans
d'arrêt qui permettent de sauvegarder des droits acquis dans des normes
raisonnables. N'y a-t-il pas moyen d'essayer de trouver au secondaire,
cela ne coûte pastellement cher non pas...
M. MASSE: Par rapport au $200 millions qui existent
déjà.
M. LESAGE: Oui, par rapport. N'y aurait-il pas moyen de trouver une
formule qui, tout en permettant une rationalisation, une normalisation
peut-être progressive de protéger certains droits acquis? Si on
est à 1/25.7, il ne faudrait tout de même pas établir
obligatoirement le rapport à 1/27, alors que la population scolaire
à l'élémentaire, à cause de la diminution de la
natalité n'augmentera pas tellement. Est-ce qu'il n'y a pas moyen de
s'arranger de façon à ne pas avoir à diminuer le nombre
des martres, à ne pas prendre le risque de diminuer le nombre des
maîtres?
M. MASSE : Je tiens à spécifier de nouveau qu'il n'est
question à nulle part dans la convention collective de congédier
un seul maître.
M. LESAGE: Bien non, mais quand même. Mais si vous dites: On n'en
congédiera pas...
M. MASSE: C'est donc dire qu'on n'en congédiera pas.
M. LESAGE: Est-ce qu'il n'y a pas moyen d'être un peu plus
j'allais dire libéral généreux dans
l'établissement progressif des normes?
M. DOZOIS: Si vous me permettez juste cette remarque, je pense que
l'attitude des enseignants prouve qu'ils acceptent que la charge soit plus
forte puisqu'ils disent 1446 professeurs au lieu d'enseigner ce qu'ils
enseignent maintenant, deviendront des spécialistes. Alors, si on
enlève les 1446 professeurs de l'enseignement régulier pour en
faire des spécialistes, parce que c'est cela qu'on nous a dit tout
à l'heure, 1446.
M. LESAGE: Non.
M. DOZOIS: Oui, oui, on a dit que cela ne coûtera pas un cent de
plus.
M. CHOQUETTE: Je pense que le ministre des Finances se trompe, je n'ai
pas compris cela du tout.
M. DOZOIS: C'est ce qu'on a dit. On a dit: Cela ne coûtera pas un
cent.
M. CHOQUETTE: Demandez à M. Laliberté.
M. DOZOIS: Donc, il faut conclure qu'ils sont déjà
à l'emploi des commissions scolaires, les 1446, ce n'est pas un homme de
plus.
M. CHOQUETTE: Non, mais cela n'a pas été expliqué
comme cela à Montréal.
M. LESAGE : M. Laliberté pourrait clarifier ou M. Tremblay.
M. LALIBERTE: Le calcul du rapport provincial étant de 1/25.7 et
notre dernière proposition donnant aussi un rapport de 1/25.7, j'ai dit
qu'en fait ce que l'on proposait, c'était de maintenir le statu quo
actuel. C'est dans ce sens-là qu'il n'y a pas d'argent de plus à
mettre dans le système; ce ne sont pas des engagements additionnels
à toutes fins pratiques, le résultat étant le même
au bout de la course.
Je suis extrêmement surpris, nous nous battons depuis deux ans,
non pas pour améliorer nos conditions de travail, mais pour essayer de
maintenir ce que nous avions auparavant. Et nous avons une misère du
diable à justifier qu'il soit normal de maintenir ce que nous avions
auparavant.
M. CHOQUETTE: Quel que soit le jugement qu'on porte sur les positions
respectives de la
partie patronale et de la partie syndicale, je pense que ça
mérite d'être dit ce que vous venez de dire, M. Laliberté.
C'est qu'en somme les propositions gouvernementales aboutissent à un
accroissement de la charge de travail.
M. MASSE: Non.
M. CHOQUETTE: Cela n'a pas été tellement dit.
M. MASSE: Je l'ai dit à quelques reprises.
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas mis l'accent sur ça dans votre
exposé, au début de l'après-midi...
M. MASSE: Je l'ai dit et on l'a redit à maintes reprises.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay.
M. TREMBLAY (sous-ministre): M. le Président, si vous me
permettez, il me semble qu'à ce point-ci de la discussion, il faut tout
de même éviter certaines équivoques. M. Laliberté a
fait allusion à des situations existantes qu'il voudrait maintenir. Il
nous a donné un tableau, celui que vous avez sous les yeux, où
l'on voit que la situation dominante il l'a d'ailleurs souligné
est celle qui correspond à la demi-douzaine de commissions
scolaires qui sont présentées au bas de la page où il
décrit l'ensemble de la situation. Cette situation est la suivante: un
spécialiste par douze enseignants. Lorsque je lui ai demandé tout
à l'heure à quelle dimension par groupe, pour les 24 groupes dont
il nous avait parlé, il se référait, ce n'était pas
sans intentions; c'est que la dimension qu'on suppose pour chaque classe ou
chaque groupe est extrêmement importante.
Et voici la démonstration. Il nous a dit, en répondant
à ma question, qu'il supposait des groupes de 30. En supposant des
groupes de 30, en supposant 24 groupes, comme il l'a fait, combien de
spécialistes donnent le rapport 1/27? Il donne près de trois
spécialistes en plus des 24 professeurs. Par conséquent, par
rapport à cette situation acquise, non seulement le rapport 1/27 n'est
pas un changement à la baisse, mais c'est une amélioration. Les
chiffres sont là. Faites les calculs. Qu'au moins cette équivoque
soit dissipée? Certaines situations existantes les situations
dominantes comme il l'a souligné ne sont pas compromises, elles
sont améliorées.
M. LALIBERTE: M. le Président, c'est fort bien cette
démonstration-là, encore une fois sur le plan
théorique.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Ce n'est pas sur un plan théorique,
je prends les données que vous avez ici, je prends votre réponse.
Si votre réponse était théorique, tout le reste en
découle, bien sûr. Mais, inversons les choses, renonçons
à votre chiffre de 30 qui, soi-disant, est théorique. Les deux
spécialistes qui s'ajouteraient par douze enseignants dans votre groupe
de 24 donnent quel nombre moyen d'élèves? C'est la
réciproque du même calcul. Cela donnerait 29.2 en moyenne, ce qui
veut dire que certaines classes pourraient en avoir 30 et d'autres 28, ce qui
couvre déjà plusieurs des cas marginaux que vous avez voulu
couvrir par une autre proposition.
M. LALIBERTE: M. le Président, je continue à dire qu'il
n'est pas possible, dans la réalité, de retrouver toujours des
classes de 30 élèves. Quand je suis dans une région comme
le sud de Rivière-du-Loup, j'ai, bien sûr, de la 1re à la
7e année, une population limitée. A l'élémentaire,
c'est encore plus vrai qu'au secondaire.
Il n'y a pas de transport à l'élémentaire. Les
enfants ne viennent que dans un bassin extrêmement restreint, et vous
êtes obligés de prendre le nombre d'élèves qui
arrivent à l'école. Et s'il sont rendus en 3e année et
qu'il vous en manque pour compléter des classes de 4e, c'est bien
dommage vous ne les mettez pas en 4e, vous les mettez en 3e. Il peut fort bien
arriver qu'en 4e vous n'ayez que des groupes de 24, de 25 ou de 26
élèves. Si on pouvait nous garantir ce qui n'est pas
possible qu'on aurait toujours des classes de 30, j'admets avec M.
Tremblay qu'en l'occurence, on pourrait se donner des spécialistes.
Je comprends fort bien que, dans des grands milieux, Montréal,
Québec, peut-être même Sainte-Foy, ici, parce que la
population est plus vaste, parce que j'ai plusieurs classes de 1re, de 3e et de
3e, j'admets que, dans ces cas-là, il est bien possible, en effet, qu'en
appliquant la norme de 1/27, je puisse me donner un certain nombre de
spécialistes ou du personnel supplémentaire.
Mais ce n'est pas vrai partout dans la province, et c'est encore moins
vrai pour l'élémentaire que pour le secondaire. C'est pour cela
que nous ne raisonnons pas exclusivement en termes de 30 élèves.
Cela ne correspond pas à la réalité.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Continuons dans cette ligne de
raisonnement; du groupe ou
de l'école de 720 élèves que vous nous avez
donnés vous-même comme base de votre démonstration, vous
êtes en train de nous acheminer, au nom des milieux moins populeux, vers
une école moins considérable. Divisons par deux votre
école de 720 élèves, portons-là à 360
élèves. La situation acquise, il y aurait douze enseignants plus
un spécialiste. La démonstration que j'ai faite tout à
l'heure vous donne un spécialiste et demi. Nous sommes rendus à
une école de 360, il y a un bon nombre de petits milieux de couverts en
ce moment.
Deuxièmement, lisez la convention et le projet patronal. Il y a
des dispositions pour les petites écoles en bas de 200
élèves. On prévoit des nombres de professeurs plus
élevés que le rapport pour tenir compte de ces situations
particulières. Il nous reste quoi. Il nous reste, par rapport à
votre démonstration, entre 360 élèves et les 200 qui sont
déjà couverts par la proposition patronale et, àce
moment-là, toute la question est dans l'aménagement, des
regroupements qui sont tout à fait réalisables, et le seul pari
repose sur un certain nombre d'écoles qui se trouvent dans cette
marge.
M. LALIBERTE: Je regrette, M. Tremblay, je voudrais bien être
d'accord avec vous, mais c'est inexact. Prenons votre groupe de 360
élèves, prenons le groupe de 720 que vous avez divisé en
deux, cela fait 360...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Je prends vos groupes, remarquez bien.
M. LALIBERTE: Oui, prenons ce groupe-là, prenons même vos
360 élèves. Il ne faut pas oublier que vous n'avez pas 360
élèves indistinctement distribués dans l'école,
mais supposons qu'ils sont également répartis entre la 1re et la
7e année.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Si vous parlez du règlement
numéro 1, c'est de la 1re à la 6e année.
M, LALIBERTE: Disons 6e, si vous voulez, Divisez vos 360 par six...
M. TREMBLAY (sous-ministre): Six, cela fait 60 par degré.
M. LALIBERTE: Et la maternelle? A ce moment-là, cela donne
30.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Cela fait 60 par année
d'âge.
M. LALIBERTE: Oui, êtes-vous capable de m'assurer que vous allez
avoir exactement 60 élèves par année d'âge?
M. TREMBLAY (sous-ministre): Mais vous nous avez dit vous-même,
dans votre explication du règlement numéro 1, qu'il avait toute
la souplesse requise pour permettre des regroupements appropriés. Je me
permets de rappeler à ce propos que les horaires auxquels vous
référez. Vous expliquiez tout à l'heure au chef de
l'Opposition qu'il fallait découper en tranches apparemment relativement
rigides. Je me permets de vous rappeler que ce n'est pas selon l'esprit du
règlement 1. Le règlement ne fournit qu'un programme-cadre de
façon à laisser la liberté aux enseignants de
réaménager leur groupe de travail avec toute la souplesse voulue
selon la nature des enseignements et des activités qui ont lieu ou qui
doivent avoir lieu. Ce qui permet encore de compenser pour certaines
insuffisances des aménagements scolaires, lorsque par hasard les groupes
ont la dimension dont nous discutons, les 360.
M. LESAGE: M. Tremblay, il me reste quelque chose à l'esprit.
Vous dites que, dans la proposition patronale, vous tenez compte d'un
régime d'exception, dans une certaine mesure, pour ce qui est des
écoles primaires où il y a moins de 200 élèves. Je
tiens cela pour acquis.
Mais, je vois parfaitement, après l'exposé de M.
Laliberté, qu'il peut y avoir des écoles où il y a plus de
200 élèves et où la répartition des âges ou
de l'avancement soit telle qu'il devient très difficile d'avoir un
nombre que l'on peut considérer comme raisonnable d'élèves
dans une classe donnée. C'était cela, n'est-ce pas, qui
était votre argument, M. Laliberté?
M. LALIBERTE: Si je prends mon chiffre de 360, que je le divise par 7
je pourrai prendre d'autres exemples tout à l'heure, il ne faut
pas prendre seulement 6 ...
M. LESAGE: Oui.
M. LALIBERTE: II reste énormément d'écoles qui ont
de la 1re à la 7e année, c'est loin d'être passé au
secondaire...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. LALIBERTE : ... cela me donne 52 élèves en moyenne par,
disons, classe ou groupe d'âge. Mais même si c'était exact,
que ce soit toujours 52 en 1re, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e et 7e année, je
ne
ferai pas des classes de 52 élèves, j'imagine. J'en ferai
deux de 26 élèves. Eh bien, aussitôt que j'en fais deux de
26, je suis en bas du 27 et je n'ai plus un fichu spécialiste à
ma disposition. C'est ce que je veux dire. Même avec 360.
M. LESAGE: C'est ce que j'ai compris, M. Laliberté, et c'est un
peu, d'ailleurs, le même problème que celui que nous avions au
secondaire pour le rapport 1/17 alors qu'il a fallu donner certaines garanties.
Si je comprends bien, c'est que vous prévoyez. Vous voyez des situations
de fait que l'exception prévue dans l'offre patronale ne pourrait pas
couvrir et que, par conséquent, il faudrait un rapport 1/27 qui ne
comporterait pas, avec la garantie que vous suggérez à 5%, une
dépense additionnelle de $9 millions. Il faudrait tenter d'explorer
d'autres avenues de traitements spéciaux ou de traitement spécial
dans le cas de commissions scolaires où le nombre
d'élèves, même s'il est supérieur i 200, est
partagé de telle façon qu'il ne permet pas d'observer d'une
façon intégrale le rapport 1/27. C'est comme cela que je vois le
problème. Mais il me semble que l'imagination des hauts fonctionnaires
à commencer par le sous-ministre qui a fait preuve de beaucoup
d'imagination au secondaire et qui en a beaucoup d'ailleurs pourrait, de
concert avec les économistes et également avec le ministre
d'Etat, peut-être trouver une formule qui prévoirait ces cas
d'exception, ces cas plus difficiles.
M. LALIBERTE : M. le Président, sous toute réserve, je
pense qu'il y a moyen de raisonner un peu à l'élémentaire
comme on a raisonné au secondaire.
Je disais tout à l'heure que, dans les grands ensembles, il
était probablement plus facile, parce qu'on a une population plus vaste,
de se tenir pas mal à la proposition du 1/27. Plus les ensembles sont
petits, plus nous trouvons difficile de se tenir rigidement à 1/27. Ou
bien nous perdons les spécialistes, ou bien nous grossissons
démesurément les classes, dans certains cas.
Nous pouvons raisonner de la façon suivante, peut-être, je
dis bien sous toute réserve. Si on était capable de nous
garantir, avec la norme 1/27, deux, choses: premièrement, que nous les
aurions, les spécialistes, dans une proportion de 1 pour 12 titulaires
et, deuxièmement, que les classes ne dépasseraient pas 30
élèves.
M. LESAGE: II peut bien arriver qu'il y en ait 31 ou 32, 33. Ce n'est
pas une grosse différence à l'élémentaire.
M. LALIBERTE : Disons qu'il peut y avoir des situations, M. le chef de
l'Opposition, qui fassent que, bien sûr, si vous avez seulement 31
élèves en 4e année, celui-là vous ne le renverrez
pas chez lui.
M. LESAGE: Bien non. M. LALIBERTE: Je reconnais cela. M. LESAGE:
Même 32.
M. LALIBERTE: Même 32, je reconnais ça.
M. LESAGE: C'est ce que je voulais dire. On n'est pas pour créer
une classe spéciale pour deux élèves.
M. LALIBERTE: Moi non plus. Mais, s'il est exact dans la
démonstration du sous-ministre Tremblay, tout à l'heure, qu'avec
une norme de 1/27, si j'ai des classes de 30 avec une norme de 1/27, il me dit:
J'ai, à toutes les dix classes, en fait, un professeur de plus. Entre 30
et 27 j'en ai trois, trois élèves de moins si vous voulez. Alors
dix fois des groupes comme ça, ça me fait 30. J'ai donc le droit
de calculer un professeur de plus. Il nous disait ça dans sa
démonstration. Cela donnerait, à ce moment-là, un
professeur par 10. Si sa démonstration est exacte, il n'y a aucune
crainte à nous garantir un spécialiste par 12.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Une seule question. Au moins 12 comme
module.
M. LALIBERTE: Pardon.
M. TREMBLAY (sous-ministre): Au moins 12. Vous avez dit: Par 12. Disons
au moins 12 comme module.
M. LALIBERTE: Je ne veux pas dire...
M. TREMBLAY (sous-ministre): A 11 professeurs, qu'est-ce que vous
faites, autrement dit?
M. LALIBERTE: On parle d'un minimum de 12 ou d'un multiple de 12.
M. LESAGE: Mais s'il n'y en a pas 12?
M. LALIBERTE: S'il n'y a pas 12, il n'y a pas... A moins que la norme
1/27 le permette. Si elle le permet, on en aura...
M. CHOQUETTE: Pour ces cas-là, ce seraient des cas assez
exceptionnels.
M. LALIBERTE: C'est au niveau de la commission, bien sûr.
M. CHOQUETTE: II y a moyen de prévoir des clauses. Ce sont des
choses qui peuvent se régler à la table de
négociations.
M. DOZOIS: Pour ces cas exceptionnels, cela prend 3,000
maîtres.
M. MASSE: Là, présentement...
M. CHOQUETTE: Je réponds à l'interrogation de M. Tremblay
qui disait: Qu'est-ce qu'il advient des groupes de moins de 12? C'est ça
la question que vous avez posée.
M. LESAGE: S'il y a moins de 12 professeurs... Il y a des écoles
élémentaires de 300 élèves. Il y en a de 250.
UNE VOIX: C'est au niveau de la commission, ce n'est pas au niveau de
l'école.
M. LESAGE: Bien oui, je comprends, mais si ce n'est pas dans la
même école...
M. CHOQUETTE: Je ne pense pas que M. Lefebvre comprenne très
bien...
M. LESAGE. Il y a de toutes petites commissions scolaires, M.
Lefebvre.
M. MASSE: M. le Président, puisque nous sommes dans la question
des interrogations, je m'interroge, je ne suis pas le seul d'ailleurs.
J'aimerais que M. Laliberté nous apporte une réponse. Comment se
fait-il qu'il soit possible en Ontario et aux Etats-Unis de jouer dans des
moyennes de 1/30, 1/32 et 1/33 et que ce ne soit pas possible au
Québec?
M. LALIBERTE: C'est parce que, M. Masse, ils ont du personnel
supplémentaire qu'ils appellent « Audio-visual coordinators
».
M. MASSE: C'est le rapport total maître-élèves qu'on
nous donne ici.
M. LALIBERTE: Je regrette, mais d'après les données que
nous avons, nous, ces gens-là ne sont pas calculés dans votre
rapport en Ontario.
M. MASSE: Vous arrivez à combien?
M. LE PRESIDENT: Parlez-vous de l'Ontario, M. Laliberté?
M. LALIBERTE: J'ai fait référence à l'Ontario parce
qu'il fait référence à l'Ontario. Je n'ai pas la
donnée sous la main. On pourra vous donner les chiffres que nous
avons.
M. MASSE: Alors vous accepteriez qu'on arrive à la même
moyenne qu'en Ontario?
M. LALIBERTE: Non.
M. MASSE: Vous ne l'acceptez pas. Pourquoi?
M. LALIBERTE: S'il était bon que ces arbitres, depuis des
années, s'il était bon que ces commissaires, depuis des
années, nous aient donné les spécialistes que nous avons
déjà...
M. MASSE: C'est donc que nous avons de meilleurs commissaires et de
meilleurs arbitres qu'en Ontario? Est-ce que c'est la réponse?
M. LALIBERTE: C'est probable, M. Masse, parce qu'ici on fait de la
négociation et là-bas ils en font très peu.
M. MASSE: C'est parce qu'on a au Québec de meilleurs syndicats
qu'en Ontario.
M. LALIBERTE. Il est probable que la démonstration est mieux
faite ici.
M. MASSE: Les chefs négociateurs sont meilleurs au Québec
qu'en Ontario et aux Etats-Unis?
M. LALIBERTE: Ce n'est pas du tout ce que je dis.
M. MASSE: C'est ça qui nous coûte la différence.
M. LALIBERTE: Ce n'est pas du tout ce que je dis. Ce que je dis, c'est
que les démonstrations ont été faites depuis sept ou huit
ans dans la province de Québec. C'est curieux que ces commissaires les
aient acceptés, que ces six arbitres du bill 25 les aient
acceptés, qu'ils aient donné des spécialistes dans l'ordre
de 1 par 12 et qu'aujourd'hui on doive se défendre parce qu'on veut les
garder.
M. MASSE: Alors, au fond, aux Etats-Unis, pendant qu'ils sont en route
vers la lune, nous, nous avons le meilleur négociateur pour arriver
à de meilleurs rapports.
M. LALIBERTE: M. le Président, tout ce
que je peux dire, c'est que ce ne sont pas mes paroles.
M. MASSE: Cela ne répond donc pas à la question. Pour
quelle raison n'est-il pas possible d'avoir au Québec un système
d'enseignement aussi valable qu'aux Etats-Unis et en Ontario où
d'ailleurs, dans d'autres domaines, on nous vante les mérites de leur
société?
Il n'est pas possible ce système d'éducation aussi valable
qu'ailleurs tout en ayant le même rapport
maître-élèves?
M. LALIBERTE: M. Masse, pourriez-vous m'expliquer comment il se fait
qu'on amène les enfants, en Ontario, à la fin du secondaire
après 13 ans d'études et qu'au Québec nous sommes capables
de les y amener après 12 ans ou que nous allons les amener après
11 ans d'études bientôt?
M. MASSE: Vous êtes en train de conclure que nos enfants sont plus
intelligents que ceux de l'Ontario en plus!
M. LALIBERTE: Non, je conclus tout simplement que le système
administratif est différent. C'est tout ce que je conclus.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous avez mentionné tantôt Los
Angeles, Chicago, Détroit. Eh bien, ce sont des grands ensembles,
exclusivement des grands centres urbains de plusieurs millions d'habitants.
Cela rejoint entre autres la question des grands ensembles dont parlait M.
Laliberté. Deuxièmement je viens de lire comme n'importe
qui peut les lire des rapports sur l'éducation américaine
au niveau élémentaire, en particulier dans les villes qui ont des
ghetto noirs où il y a des pauvres et où les moyennes doivent
inclure en particulier des milliers d'écoles dégradées
pour lesquelles on a une misère à donner l'éducation
convenable à ces gens-là, parce qu'il y a une meilleure
éducation pour les banlieues riches contenues dans les mêmes
villes ou pour les quartiers bien en forme pendant que les autres sont
littéralement sous-équipés à tous points de vue. Ce
n'est pas pour rien qu'à New York, par exemple, pendant des mois, des
écoles ont été bloquées dans les quartiers comme
Stuyvesant et Harlem, parce que justement ces gens-là ont,
littéralement, l'éducation du pauvre en même temps que le
reste. Est-ce que les statistiques ne sont pas un peu fragiles à ce
point de vue-là?
M. MASSE: D'accord. Je vais vous en présenter un autre.
Peut-être pourriez-vous l'ac- cepter? pour l'ensemble du Québec,
à tous les niveaux, élémentaire, secondaire, le rapport
est d'un maître pour 22.4 élèves. En Ontario, y compris les
secteurs défavorisés, les secteurs éloignés, comme
il y en a dans le Québec, les secteurs populeux, comme il y en a dans le
Québec, le rapport est d'un maître pour 24 élèves.
Aux Etats-Unis, y compris les bourgs pourris, comme vous le disiez, plus les
grosses villes comme Los Angeles, le rapport est d'un maître pour 23.3
élèves. Pour quelle raison ne serait-il pas possible qu'au
Québec on n'arrive à un maître pour 24 élèves
ou un maître pour 23?
M. LEVESQUE (Laurier): Combien de commissions scolaires locales en
Ontario?
M. MASSE: Nous parlons du rapport maître-élèves et
non pas du rapport des commissions scolaires.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le regroupement en Ontario et, en
particulier, le fait qu'ils ont une dizaine de villes de 100,000 habitants et
plus ce que nous n'avons pas dans le Québec le
regroupement des institutions qui est beaucoup plus avancé qu'ici, les
structures qui ont été passablement plus modernisées
qu'ici, au point de vue municipal et scolaire, pendant qu'ici on traîne
depuis des années et qu'on accumule des rapports, depuis le rapport
Parent et d'autres, et qu'on ne fait rien. Cela ne peut-il pas expliquer?
M. MASSE: Non, parce que le rapport dont vous parlez a eu lieu
après le calcul que je vous ai donné. Le regroupement dont vous
parlez a eu lieu après les calculs du rapport que je vous ai
donné.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce sont des calculs récents que vous
donnez, j'imagine?
M. MASSE: Automne 1968.
M. LEVESQUE (Laurier): Tout ce que je viens de dire sur ce qui a
été fait en Ontario, que je ne peux pas détailler,
ça été fait avant ce rapport-là?
M. MASSE: L'annonce de ce rapport fait que les choses sont en cours,
donc, à l'automne 1968 ce n'était pas encore fait.
M. HOUDE: M. le Président, je vais répondre un peu
à ce qui a pu être fait. Dans d'autres pays et dans d'autres
provinces, le titulaire peut enseigner la musique et les arts plastiques,
l'anglais dans le cas des écoles françaises
et l'éducation physique. Or, ici, si on a enlevé ces
matières-là dans nos écoles normales, on ne peut pas
exiger que les titulaires puissent les enseigner par la suite. Prenez le
programme des écoles normales, ce n'est pas en sortant avec un
diplôme d'école normale, actuellement, ce n'est pas en sortant
avec un brevet A qu'on peut facilement enseigner des matières au
programme élémentaire comme les arts plastiques,
l'éducation physique et l'anglais. C est peut-être une des raisons
qui a forcé dans le passé et les enseignants et les commissions
scolaires à accepter presque obligatoirement des spécialistes,
peu importe leur diplôme, dans ces matières-là. C'est
peut-être une des différences avec d'autres provinces et d'autres
pays.
M. LAL1BERTE: II y a aussi des facteurs...
M. ANGERS: Je veux faire une précision pour M. Lévesque. A
Chicago, dans des quartiers blancs justement, l'enseignant du secondaire, qui
lui aussi est un blanc la plupart du temps, enseigne normalement, en charge
effective d'enseignement, 30 périodes de 40 minutes par semaine,
c'est-à-dire 26.6 périodes de 45 minutes comme
équivalence. De plus ce même gars qui, soit dit en passant est
couvert par un syndicat et a une convention collective, enseigne d'abord
il est présent à l'école 33.8 heures par semaine
et, en sus de ça il effectue du travail de surveillance. Cela, c'est
à Chicago, la commission scolaire de Chicago.
M. LALIBERTE: Les professeurs sont loin d'être satisfaits, M.
Angers. Vous lisez comme moi...
DES VOIX: Ah oui, ah oui!
M. ANGERS: En plus de ça en Ontario...
M. LE PRESIDENT: Vous répondrez tantôt M.
Laliberté.
M. ANGERS: A ce genre de réponse, moi, je suis obligé d'en
prendre une autre. Pendant ce temps, d'autres vont ailleurs et nous les
regardons aller. En Ontario, généralement, au secondaire, les
enseignants, c'est bien dommage, mais ils enseignent entre 26 et 30
périodes. C'est ça qu'ils font de l'enseignement. Nous, avec
1/17, quoi qu'il arrive, cela va tourner autour de 24. Et dans la discussion de
cet après-midi, nous parlions de protéger des cas de 17, 18, 19,
20, des choses qui ne se voient nulle part en Amérique du Nord, sauf
dans la province de Québec. Ceci, je le répète...
M. CHOQUETTE: Non, je pense que vous vous trompez...
M. ANGERS: ...Je suis hors d'ordre. Ceci, je le répète,
vient habituellement de deux choses, soit de sentences arbitrales, dans le cas
de l'élémentaire, d'arbitres qui ont compris que pour
régler un problème, il fallait ajouter des maîtres et
même, et là, c'est important même si on ne les
avait pas, parce que les spécialistes à
l'élémentaire, il y a moult commissions scolaires qui les
cherchent encore. Cela n'existe pas. Mais, pour régler un
problème, on a ajouté, on a décidé de baisser les
rapports maître-élèves. Et les autres cas, comme je le
disais tantôt, ce sont des commissions scolaires qui ont de l'argent et
qui ont décidé d'en mettre. Vous avez deux situations qui font
que, dans la province de Québec il y a probablement des facteurs
institutionnels auxquels réfère M. Laliberté, la
négociation collective, c'est clair bien, mon Dieu!... non
seulement nous nous comparons avec l'extérieur, mais nous sommes mieux
que l'extérieur.
M. MASSE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député d'Outremont a la parole.
M. CHOQUETTE : II est sûr que des comparaisons avec
l'extérieur ont certainement une valeur. Je ne veux pas dire que ces
comparaisons sont dénuées de toute valeur. Sûrement que
l'état de chose qui prévaut à l'heure actuelle, ici dans
la province de Québec, est encore plus important parce que c'est la
réalité. D'après les dernières propositions de M.
Laliberté, il accepte la norme de 1/27, mais avec les deux
rectifications ou les deux correctifs quant au nombre de spécialistes et
quant au nombre d'élèves dans chaque classe. Alors, je me demande
si on ne pourrait pas travailler sur cette dernière proposition de M.
Laliberté pour la mettre au point. Je sais que, tout à l'heure,
M. Tremblay a apporté des objections au correctif de 1
spécialiste par 12 titulaires parce qu'il a appporté le cas des
petites écoles. Mais, il me semble que ce problème n'est pas
insoluble et que si M. Tremblay et M. Laliberté veulent se pencher sur
une formule qui permettrait de traiter de ces cas des petites écoles,
bien, à ce moment-là, nous sommes sur la route d'un
règlement possible.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE : On a eu, à certains moments,
l'impression à cette commission que la marge qui séparait
les deux parties était de l'ordre de demi-millions et de $50,000, etc.
Je pense qu'il y a lieu également à ce moment-ci, de replacer la
marge globale dans sa réalité. Autrement, il est évident
que si cela n'avait été que des questions de grenailles, de
piastres et de cents, les questions auraient été
réglées, indépendamment des comparaisons que vous avez
soulignées ou l'importance que vous avez accordée aux
comparaisons qui sont également valables. La partie syndicale, la CEQ, a
présenté ce que l'on pourrait appeler la marge qui sépare
les deux parties vue par la partie syndicale, globalement, pour le
perfectionnement, pour vous donner des chiffres, la marge serait de $1,234,954.
Pour les congés syndicaux, $36,620. Pour les disparités
régionales, $2,803,550. Pour les conditions de travail, au secondaire,
$3,445,000 et à l'élémentaire, $9,399,000, pour un total
de $12,844,000. Ce qui fait un grand total de marge vue par la partie
syndicale, selon les chiffres fournis par eux, qui serait de $16,919,124.
Disons un montant total de $17 millions par année,
multiplié par trois ans de convention collective, ce qui fait une marge
non pas d'un demi-million, mais de $51 millions. Je pense que la partie
patronale a manifesté son ouverture d'esprit au sujet des études
ou de l'imagination à avancer, pour faire en sorte qu'on ait des crans
d'arrêt à des abus qui pourraient être causés par
l'application de la convention collective.
Egalement des crans d'arrêt que nous avons tenté d'apporter
afin de placer des crans d'arrêt à la capacité de payer des
contribuables québécois. Et là-dessus, puisque le secteur
de la Fonction publique négocie pour le compte de groupes, le
ministère de l'Education, pour les contenus, le ministère des
Finances, pour l'aspect monétaire, j'aimerais passer la parole au
ministre des Finances.
M. LE PRESIDENT: M. Dozois.
M. CHOQUETTE: J'aimerais poser des questions à M.
Laliberté, avantde suspendre. Est-ce que ce tableau que vous avez fait
distribuer, je sais qu'il doit être authentique...
M. COURNOYER: Ce n'est pas M. Laliberté qui l'a fait distribuer,
c'est nous.
M. CHOQUETTE: Ah, bon! Alors cela est un tableau qui émane du
gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Non, non, non, cela émane de la partie... Le
tableau qui a été distribué...
M. MASSE: C'est pour montrer que la marge n'est pas d'un demi-million,
mais de $51 millions.
M. CHOQUETTE: Mais ce tableau que le ministre d'Etat a commenté
et qui indiquerait...
M. MASSE: Je ne l'ai pas commenté. M. CHOQUETTE: ...
$16,919,124...
M. LE PRESIDENT: C'est un tableau, M. Laliberté, pour clarifier.
Ce tableau-là, l'avez-vous vu?
M. LALIBERTE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Vous l'avez déjà déposé
à la table patronale.
M. LALIBERTE: Ce n'est pas nous qui l'avons déposé
à la table patronale effectivement, ce sont des données qui ont
été déposées...
M. LE PRESIDENT: Par votre groupement.
M. LALIBERTE: Oui. Ce n'est pas nous qui les avons
déposées aussi, mais permettez-moi une seconde. Vous voyez en
haut, c'est marqué 13. Si c'est notre tableau, à moins qu'il ait
été relevé, ce qui est possible; en tout cas,
c'était la page 13 d'un document, mais il y avait une page 12 dans ce
rapport-là, aussi.
M. LE PRESIDENT: C'est marqué « En rapport avec les
dernières offres patronales ».
M. CHOQUETTE: Et en bas c'est « Evaluation par la corporation des
enseignants ».
M. LE PRESIDENT: Non, cela a été ajouté.
M. LALIBERTE: Notre titre à nous était « Evaluation
des dernières demandes syndicales en rapport avec les dernières
offres patronales ». Cela était à la fin de la
médiation.
Je reconnais ce tableau-là, mais il y avait un tableau 12 aussi,
si vous me permettez 30 secondes.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LALIBERTE. Il est vrai que la marge qui nous séparait à
la fin de la médiation était
de $16,919,000, mais c'était quand même encore $16,724,000
de moins que ce que coûte la réalité. C'est $16 millions de
plus que l'offre, mais c'est encore $16 millions de moins que la
réalité. C'est $34 millions de moins que la réalité
qu'on nous propose.
M. CHOQUETTE: M. Laliberté, voici la question que je voulais vous
poser quand j'ai soulevé la question de ce tableau-là sur lequel
le ministre avait fait des commentaires. Est-ce que ce tableau
représenterait les chiffres réels compte tenu de la proposition
que vous venez de faire ce soir?
M. LALIBERTE: Sûrement pas pour le secondaire.
M. CHOQUETTE: Non, je parle de l'élémentaire.
M. LALIBERTE: Quand je situais tout à l'heure, pour
l'élémentaire, notre proposition à un rapport de 25.7, les
$9 millions et quelque chose, auraient du sens avec un salaire moyen de $6,500.
A l'élémentaire, il est inférieur à cela. En tout
cas, ne nous chicanons pas là-dessus. Cela aurait du sens.
M. LE PRESIDENT: Mais ce sont des chiffres que vous aviez
indiqués.
M. LALIBERTE: C'est parce que, et pour l'élémentaire et
pour le secondaire, nous calculions toujours à $6,500. Comme le
sous-ministre Tremblay a calculé pour le secondaire, aujourd'hui,
à $7,500, avec la même justice, il faut calculer, à
l'élémentaire, en bas de $6,500. Cela veut dire $5,500 ou quelque
chose du genre. Alors, cela fait varier peut-être d'un million je
ne le sais pas le chiffre qui est là.
Mais les $3,445,000 du secondaire, avec la proposition que nous avons
discutée depuis mardi dernier, ce n'est plus exact. Il est même
fort probable que ce soit presque 0.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, si vous voulez, nous avons
interrompu M. Dozois, le ministre des Finances, au moment où il
commençait à parler, M. Dozois.
M. DOZOIS: M. le Premier ministre, messieurs les membres de la
commission.
UNE VOIX: Cela va être gravel
M. DOZOIS: Oui, cela va être grave, en effet. Nous avons devant
nous, n'est-ce pas, ce tableau de l'évaluation des dernières
demandes syndicales en rapport avec les dernières offres patronales.
M. Laliberté a fait une réserve quant aux $3,445,000. Tant
mieux si ce chiffre tombe à 0. Je dis tant mieux, non pas parce que je
ne veux pas que nous payions les professeurs ou les enseignants, mais parce que
nous sommes devant des chiffres qui prennent une allure astronomique.
C'est une évaluation faite par les syndicats et, tout en tenant
compte et en se gardant à la mémoire ce chiffre de $3,445,000,
nous avons une demande de $16,919,000 pour un an; ce qui voudrait dire
$50,700,000 pour la période de trois ans qui serait la durée du
contrat.
J'ai dit l'autre soir que l'offre patronale représente des
déboursés pour l'ensemble de l'éducation de $194 millions
et, en plus, il y aura un déboursé additionnel de $20 millions
par le gouvernement qui, avec la convention actuelle, est
déboursé par les commissions scolaires.
C'est nettement $194 millions de plus que ce qui est payé
actuellement et $214 millions que le gouvernement provincial devra
débourser. Je veux bien, M. le Président, que nous payions les
professeurs. Mais je pense que mon collègue, M. Masse, a
démontré, chiffres à l'appui, ce qu'il en coûterait
si nous avions un rapport comparable à celui de l'Ontario. On compare
souvent notre province avec l'Ontario. Je ne vois pas pourquoi nous ne
prendrions que les comparaisons qui nous sont favorables, et que nous mettrions
toujours de côté les comparaisons qui ne nous sont pas
favorables.
On l'a dit cet après-midi, M. Masse l'a dit dans son
énoncé; Le revenu personnel, au Québec, est $2,069, alors
qu'il est de $2,624 en Ontario. Je sais qu'il y a nombre de discussions qui se
font sur ces chiffres du revenu personnel pour montrer comment les
contribuables de l'Ontario sont plus avantagés que ceux du
Québec. Mais, si on accepte ces chiffres-là, je ne vois pas
pourquoi l'on n'accepterait passées statistiques qui démontrent
qu'il y a 24 élèves par maître en Ontario.
Si notre système d'éducation était basé sur
le même rapport, c'est-à-dire qu'au lieu d'avoir 22.4
élèves par professeur, nous en aurions, comme en Ontario, 24.0
cela veut dire que nous aurions $30 millions de moins à
débourser, $30 millions de plus dans les coffres de la province.
Je pense que je peux facilement concevoir ce qu'un gouvernement peut
faire dans le domaine économique, entre autres, avec une somme de
$30 millions qui serait un montant disponible annuellement.
Si nous comparions avec les Etats-Unis, malgré que le revenu
personnel soit considérablement plus élevé que celui que
nous retrouvons dans le Québec ou même en Ontario, notre
système d'éducation nous coûterait $18 millions de moins
qu'aux Etats-Unis, pour l'ensemble des Etats-Unis.
Je ne sais pas, M. le Président, peut-être que c'est
souhaitable d'avoir recours, pour éduquer nos enfants, à un
spécialiste pour douze enseignants ou prendre les 5% des traitements ou
du nombre d'élèves qu'il y a actuellement et le diviser par 27 de
façon à fournir 1,446 professeurs de plus que nous en avons dans
le moment pour enseigner les spécialités.
Je remarque, M. le Président, et remarquez que je ne suis pas
contre l'enseignement de l'anglais, de l'éducation physique, de la
musique ou des activités des arts. Je ne suis pas contre cet
enseignement dans nos écoles. Je pense que, jusqu'à
présent, dans nos écoles, on a enseigné ces disciplines,
on a enseigné ces choses, peut-être pas d'une façon
parfaite, mais on les a enseignées quand même. Est-ce que nous
devons tout corriger du jour au lendemain? Est-ce que nous devons du jour au
lendemain, M. le Président, mobiliser 1,446 professeurs pour enseigner
ces spécialités? Est-ce que nous avons les moyens de nous payer
cela? Je veux bien qu'éventuellement nous atteignions un système
d'éducation qui pourrait se comparer et dépasser tous les
systèmes d'éducation qui existent par le monde. Mais il faut
quand même être réaliste et il faut se dire que la masse
salariale de nos enseignants, qui est de $400 millions, augmenterait de $264
millions et je vais enlever les $20 millions qui sont déjà
payés par les commissions scolaires augmenterait de $244 millions
dans trois ans, c'est-à-dire de $80 millions par année. Je ne dis
pas que ce sont des augmentations de salaire de 20% mais ce sont des
augmentations de salaire et des conditions de travail qui représentent
des déboursés de 20% de plus annuellement.
Je trouve, M. le Président, et je suis fortement tenté
d'utiliser une expression qui a été employée par un ancien
journaliste. M. Filion, la semaine dernière, a dit que nous
étions des « quêteux à cheval ». Je me pose la
question après M. Filion à savoir si nous ne partons pas pour la
gloire. Il me semble que le gouvernement, à la table des
négociations, s'est montré généreux. Je ne regrette
rien. Je pense que les offres qui ont été faites, ont
été faites après que M. Masse eut soumis au conseil des
ministres les obligations financières qui en découleraient.
Nous les avons acceptées. Mais je dis et je demande au monde de
l'enseignement, je demande à mes collègues: Mettons de
côté, peut-être certaines ambitions que nous pourrions
avoir, certaines améliorations que nous aimerions faire dans notre
système d'éducation.
Mais pensons à l'avenir, pensons au Québec qui a besoin de
ses revenus non seulement pour l'éducation, mais dans le domaine social,
dans le domaine économique. Il me semble que les conditions que nous
offrons se comparant avec ce qui existe ailleurs. Il y aurait moyen de nous
entendre et peut-être cette convention n'est pas pour dix ans, il
n'y a que deux ans encore à courir il me semble que nous ne
pouvons pas corriger, si correction il y a à faire, tout d'un coup.
Acceptons donc cette proposition qui est faite par le gouvernement car, je l'ai
dit et je le répète, M. le Président, comme ministre des
Finances, je ne puis m'engager à aller plus loin que ce qu'il y a
à la table de négociations.
J'ai dit et je le répète, l'autre jour, beaucoup plus en
boutade qu'autrement, que si les syndicats voulaient signer pour $2 millions,
j'accepterais comme ministre des Finances. J'ai constaté depuis que l'on
a interprété cela comme une offre pour régler le cas du
secondaire au coût de $2 millions, mais qu'on continuait avec des
demandes couvrant toutes sortes d'autres choses qui seraient en suspens dans
cette négociation de convention collective.
Je répète de nouveau que, si ce ne sont que $2 millions
qui nous séparent, pas sur un article, mais sur l'ensemble de la
convention collective, je ne serai pas mesquin malgré que l'on me
prête souvent de la mesquinerie, comme ministre des Finances. Je tenterai
de mettre à la disposition du gouvernement cette somme additionnelle.
Mais certainement, comme ministre des Finances, j'estime qu'il est impossible
de faire davantage cette année, quitte à corriger d'autres
situations lorsque nous reprendrons la négociation à la fin de
cette convention collective.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté.
M. LALIBERTE: Très rapidement, M. le Président, j'aimerais
souligner au ministre des Finances, afin qu'il n'ait pas une mauvaise
interprétation de la réalité, que nous ne demandons pas
1,400 quelques professeurs de plus. Nous voulons simplement conserver les
professeurs qui sont déjà dans le système. Plus que
cela...
M. DOZOIS: Si vous me permettez, M. Lali-
berté, je comprends je ne veux pas vous interrompre
mais je pense que c'est une Interprétation que vous donnez.
Actuellement, ce sont 1,446 professeurs qui sont peut-être actuellement
à l'emploi des commissions scolaires, qui seraient affectés
à des nouvelles fonctions.
C'est-à-dire que si nous n'acceptons pas votre proposition, nous
pourrions, au cours des prochaines années, engager 1,446 professeurs de
moins. De là une économie appréciable.
M. LALIBERTE: II est bien clair que vous feriez une économie
appréciable. Mais ce que je tiens à souligner, c'est que nous ne
demandons pas à augmenter actuellement le personnel enseignant dans la
province. Tout compte fait, nous demandons simplement à maintenir ce qui
existe et s'il est vrai, comme je le crois, que le gouvernement, enfin que la
situation, disons financière au Québec n'est pas ce qu'il y a de
meilleur je le crois également nous ne sommes pas
prêts à ce que l'on cherche à faire sur notre dos une
économie de l'ordre de $34 millions par année. Déjà
nos dernières propositions à la fin de la médiation
réduisaient les coûts de $16,724,500. C'est une économie de
$50,173,500. Mais, c'était vraiment le plus que nous pouvions
réduire.
M. DOZOIS: M. le Président, juste une remarque de plus. J'estime
que, lorsque nous avons offert $194 millions de plus, ce n'est pas un transfert
de fonds. C'est $194 millions de plus et ces $194 millions tenaient compte
précisément de ces réductions dans le personnel des
enseignants.
Alors, ce qu'on veut nous faire débourser, c'est $194 millions
plus les $16 millions ou peut-être même les $34 millions dont parle
M. Laliberté.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, avec tous mes collègues,
nous avons depuis plusieurs séances écouté les
explications qui nous ont été apportées tant par la partie
syndicale que par la partie patronale.
Vous avez eu un mot dernièrement qui me vient sur les
lèvres, vous avez dit: « Notre écoeurement devant le
pourrissement de la situation ». Vous avez manifesté par ces mots.
Cette situation dure depuis 22 mois. Mes collègues, ici, ont
interrogé, des deux côtés. Tous l'ont fait dans un esprit,
je pense que nous pouvons le dire, globalement apartisan.
Lundi prochain, nous reviendrons devant ce comité à 4 h
30. Je me fais, je pense, le porte-parole du public québécois en
demandant aux deux parties de négocier même si cela est fa-
tiguant, même si la situation est pourrie, et de revenir ici lundi en
nous informant que le problème est réglé sur les points
principaux, ceux sur lesquels nous avons porté le plus d'attention et en
particulier, celui de la charge de travail, en tenant pour acquis, toutefois,
M. Laliberté, des deux côtés, que les propos que vient de
tenir le ministre des Finances sont ceux que nous devons maintenir comme
gouvernement.
Nous sommes encore optimistes et j'espère que lundi prochain nous
aurons de part et d'autre de meilleures nouvelles que celles que nous avons
eues cet après-midi. Alors, à lundi, 4 h 30.
M. LALIBERTE: M. le Président, il est bien clair que nous
reviendrons devant la commission lundi prochain, à 4 h 30, mais vous
nous proposez, en même temps, de reprendre les négociations entre
nous d'ici lundi. Nous ne refuserons pas de nous rasseoir et de rediscuter avec
la partie patronale. Nous voulons saisir toutes les possibilités qui
existent d'essayer de régler le différend qui nous sépare.
Mais, parlons net. Si la partie patronale a le carcan très précis
que vient de lui poser le ministre des Finances, tout de suite, à
l'avance, il ne pourra pas y avoir une entente. Si ce carcan est aussi
précis que cela, c'est, à toutes fins pratiques, inutile; sur les
gros morceaux, nous n'arriverons pas à nous rejoindre.
M. LE PRESIDENT: M. Laliberté, voulez-vous dire, par les propos
que vous venez de tenir, qu'à moins que ces $34 millions auxquels vous
faisiez allusion tantôt et que vous auriez diminués, à un
moment donné, à la somme de $16 millions non pas le
premier montant, puisque vous l'avez déjà tranché par la
moitié qu'à moins que ces $16 millions ne demeurent dans
le plateau de la balance, reprendre les négociations, c'est courir
encore à un échec? A moins que ce montant-là ne vous soit
garanti?
M. LALIBERTE: Non, M. le Président, ce ne sont pas les paroles
que j'ai utilisées, ni le sens que l'on peut donner aux paroles que j'ai
utilisées. Nous avons, je pense, fait une démonstration assez
nette qu'au niveau secondaire la position que nous avons tenue ne coûtera
pas du tout les $3,445,000 qui étaient inscrits à la fin de la
médiation. Cela ne peut sûrement pas être $16 millions,
compte tenu de ça. Mais, ça ne peut pas, non plus,
honnêtement, à l'élémentaire, n'être que $2
millions, y inclus toute la question du perfectionnement. Ce n'est pas
possible. A ce moment-là, nous nous chantons des histoires!
M. CHOQUETTE: M. le Président, je regrette quelque peu que la
séance actuelle se termine sur la note que l'on ressent.
Je pense qu'on a l'impression, par le discours que vient de faire le
ministre des Finances, que le gouvernement revient sur des positions qu'il a
ouvertes au cours des journées que nous avons tenues devant la
commission. Je pense que l'on devrait dissiper, du côté
gouvernemental, cette impression que jette sur l'assemblée le discours
du ministre des Finances. Quant à moi, je pense que le ministre des
Finances s'est exprimé peut-être en termes trop
catégoriques et que son intention n'était pas de revenir sur ce
à quoi s'était engagé le ministre d'Etat à la
Fonction publique. Au nom de l'Opposition, j'invite M. Laliberté
à passer par-dessus cette impression un peu pénible que je
ressens moi-même, après le discours du ministre des Finances, et
à se rendre vraiment à la table des négociations.
Là, j'espère que le gouvernement comme la partie syndicale vont
déployer tous les efforts nécessaires pour en arriver à un
règlememt honorable de ce conflit.
M. DOZOIS: Je veux seulement apporter ceci dans la discussion. J'ai dit
qu'il y a actuellement $194 millions d'offerts. On dit que c'est acquis. Si le
syndicat, à mon avis, a des choses auxquelles il tient absolument, bien
qu'il reste à l'intérieur de ces $194 millions... Qu'il coupe
autre chose auquel ils tiennent peut-être moins. Mais, c'est la situation
et, comme ministre des Finances, j'ai cette responsabilité de dire que
je ne peux pas aller beaucoup au-delà de cette somme.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE: Nous sommes prêts à négocier en tenant
compte dans notre esprit d'un certain nombre de données, entre autres
des données qui nous ont été fournies par le
ministère des Finances et également, une donnée brutale
qui est sur la table à l'effet que l'accroissement des dépenses
dans le domaine de l'éducation est de l'ordre de 15% à 16%. Et
que l'accroissement des revenus au Québec est de 8%. A
l'intérieur de toutes ces marges, nous sommes prêts à
imaginer des systèmes qui éviteraient des abus.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain.
M. SAINT-GERMAIN: Nous avons travaillé, cet après-midi, je
crois bien, d'une façon extrêmement constructive. Je trouve
regretable qu'à la fin de la soirée on en soit arrivé dans
des généralités. On discutait des problèmes de
niveau élémentaire. J'aurais pensé qu'on l'aurait
abordé avec un esprit assez ouvert et assez cons-tructif, cet
après-midi. Mais, on est allé dans des
généralités, ce sont des chiffres. Je ne blâme pas
le ministre des Finances de vouloir sauvegarder les intérêts
économiques de la population. C'est absolument important, tout le monde
sait que les taxes sont élevées. Mais de ce côté-ci
de la Chambre, nous n'avons absolument aucune garantie qu'il n'y aurait pas de
moyens de s'entendre sur ces chiffres-là si on ne tient pas
nécessairement ces chiffres pour acquis.
Nous avons vu, par exemple, au niveau du secondaire que cela ne
coûtait pas une fortune pour s'entendre et nous sommes arrivés, je
crois, à une base de discussion.
Je regrette infiniment, M. le Président, que nous n'ayons pas
maintenu tout le long de la soirée les discussions au même niveau,
au même palier. Je crois que cela aurait été beaucoup plus
constructif.
M. LE PRESIDENT: Alors, lundi 4 h 30.
(Fin de la séance: 22 h 5)