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(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Champagne): Messieurs, on va
espérer que vous avez tous passé une bonne fin de semaine. La
commission élue permanente de la présidence du conseil et de la
constitution poursuit ses travaux, soit l'étude article par article du
projet de loi 19, Loi favorisant le développement scientifique et
technologique du Québec.
Les membres de la commission sont M. Baril (Arthabaska), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lachapelle (Dorion), M. Brouillet (Chauveau), M. Fortier
(Outremont), M. Dean (Prévost), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M.
French (Westmount), M. Paquette (Rosemont), M. Ryan (Argenteuil), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Charbonneau
(Verchères), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Dussault (Châteauguay),
M. Gratton (Gatineau), M. Perron (Duplessis), M. Rivest (Jean-Talon), M.
Saintonge (Laprairie).
Je rappelle aux membres de la commission qu'il y a trois articles en
suspens, soient les articles 12, 45 et 69. On nous dit qu'ils seront repris au
moment opportun.
Institution et organisation des fonds de soutien
à la recherche
J'appelle l'article 71. M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, cet article concerne la
durée du mandat des membres du conseil d'administration. C'est trois ans
avec une rotation, comme c'est l'habitude.
Mme Dougherty: Est-ce que nous avons adopté l'article
70?
Le Président (M. Champagne): L'article 70 a
été adopté.
Mme Dougherty: D'accord. La question était de trois ans,
cinq ans...
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: ...tous les problèmes d'un conseil
renouvelé et la notion d'avoir une certaine continuité des
membres surtout parce qu'on a un plan de trois ans, sujet à des
changements, j'imagine. C'est simplement pour le bon fonctionnement du
conseil.
M. Paquette: Oui. En fait, face à la durée du plan
d'activité d'un fonds, il n'y a pas de problème puisque chaque
fonds doit présenter un plan triennal, mais annuellement. Chaque
année, le fonds présente son plan d'activité pour les
trois années qui viennent. Par conséquent, la durée du
mandat des membres du conseil d'administration n'a aucune relation. Enfin, je
pense que c'est une question qu'il faut regarder en soi. Est-ce que trois ans,
c'est trop peu, trop?
Une autre question qui avait été soulevée,
vendredi, est la durée du mandat du président du conseil qui est
de cinq ans et on se demandait pourquoi cinq ans dans le cas du conseil et
pourquoi trois ans dans le cas des fonds ou de la fondation. La
différence, c'est qu'on a pensé que le conseil devait
peut-être se voir donner un peu plus de permanence vu que c'est un
organisme tout à fait en retrait du pouvoir exécutif, c'est un
organisme plus critique, plus indépendant nécessairement de par
son râle et qui administre aussi des fonds relativement
réduits.
Mme Dougherty: La durée du mandat pour la fondation
était de trois ans, n'est-ce pas?
M. Paquette: Oui, exactement.
Mme Dougherty: Alors, je crois que j'ai posé la question
à savoir pourquoi vous avez réduit, parce que, à l'heure
actuelle, le mandat du président - je ne sais pas si c'est la même
chose pour les autres membres -est de cinq ans.
M. Paquette: Oui. En fait, c'est pour les mêmes raisons que
celles que mentionnait le député de Nelligan. Cela permet plus
d'évaluation de la part de l'assemblée.
Mme Dougherty: D'accord. Est-ce que mon collègue de
Westmount...
M. French: Oui, voici...
Mme Dougherty: Un moment s'il vous plaît.
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. French: Oui, c'est ce que j'ai dit.
Le Président (M. Champagne): D'accord, cela va. Est-ce que
l'article 71 est adopté?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 72.
M. Paquette: Cet article concerne le renouvellement du mandat des
membres du conseil d'administration. C'est un article assez standard.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 72 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 73.
M. Paquette: L'article 73 pourvoit au remplacement d'une vacance
parmi les membres.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 73 est
adopté?
Mme Dougherty: C'est le même article que nous avons vu pour
la fondation.
M. Paquette: Pour la fondation et pour le conseil.
Mme Dougherty: Oui, adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 74.
M. Paquette: Cet article concerne les fonctions et la
rémunération du président et du directeur
général d'un fonds. Il précise que, sur décision du
gouvernement, la même personne peut cumuler les deux fonctions; je parle
du président et du directeur général.
M. Fortier: Sur les fonds, il peut diriger en même temps
quoi?
M. Paquette: On peut être à la fois président
et directeur général, sur décision du gouvernement. C'est
qu'on a des fonds de tailles inégales. Le Fonds FCAC gère 32 000
000 $, le FRSQ 23 000 000 $ et le fonds en agriculture, 3 000 000 $ seulement.
Dans le cas de l'agriculture, ce serait un peu forcer la note que d'avoir deux
personnes qui occupent le même poste.
Mme Dougherty: Le Fonds FCAC a un président et un
directeur général à l'heure actuelle. Le fonds de
recherche en santé cherche...
M. Paquette: Le fonds de santé, c'est un
président-directeur général.
Mme Dougherty: II a deux fonctions.
M. Paquette: Oui, il fait les deux fonctions, alors qu'au Fonds
FCAC les deux fonctions sont occupées par deux personnes
différentes.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 74 est
adopté?
M. Paquette: Adopté. Mme Dougherty:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 75.
M. Paquette: Cet article prévoit que les autres membres
d'un fonds ne sont pas rémunérés, mais qu'ils ont droit
à une allocation de présence et au remboursement des frais.
Mme Dougherty: Conseil et les autres.
M. Paquette: C'est la même chose que pour la fondation et
le conseil.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 76.
M. Paquette: Ici, on retrouve l'article standard qu'on a vu dans
d'autres chapitres du projet de loi concernant les conflits
d'intérêts. C'est une clause usuelle dans le cas des organismes
subventionnaires.
Mme Dougherty: Est-ce que cela existe dans le décret
concernant le Fonds FCAC à l'heure actuelle? Est-ce que c'est quelque
chose de nouveau?
M. Paquette: II faut dire qu'actuellement le Fonds FCAC est
créé par décret gouvernemental. C'est une corporation
privée à but non lucratif, mais très étroitement
liée au ministère de l'Éducation. Dans les lettres
patentes qui créent un organisme privé, habituellement, il n'y a
pas ce genre de clause qui devient nécessaire quand l'organisme devient
un mandataire public. C'est une clause qu'on introduit de plus en plus dans les
lois. On a adopté une clause semblable d'ailleurs pour la fondation.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Cette clause, d'ailleurs, on la retrouve dans
plusieurs conseils lorsqu'il s'agit de nominations à des conseils
d'administration de sociétés d'État, lorsque
des gens viennent du secteur privé. Je me demande dans quelle
mesure - je sais que c'est la clause typique - cela est bien approprié.
Bien sûr, il pourrait y avoir une situation où une personne
viendrait de l'industrie pharmaceutique; elle pourrait être
potentiellement en conflit d'intérêts. Dans les cas où les
gens viennent du milieu universitaire, ils ont toujours une certaine
"loyauté". Dans quelle mesure cette clause s'applique-t-elle? Il me
semblerait que la clause s'applique aux gens qui viendraient du secteur
privé plutôt que du secteur universitaire comme tel.
M. Paquette: Oui, mais vous pouvez également avoir des
personnes provenant du secteur universitaire qui ont des intérêts
dans une institution financière ou dans une institution
immobilière. Or, la fondation a la possibilité d'acquérir
des immeubles. Elle a également la possibilité de faire des...
(10 h 30)
Mme Dougherty: On parle du fonds aussi.
M. Paquette; Le fonds est susceptible de faire des transactions
financières. J'imagine mal dans quel cas cela pourrait arriver
également, mais c'est une mesure de sécurité.
M. Fortier: Ces gens vont décider de l'allocation des
fonds? Excusez-moi si je n'étais pas ici.
M. Paquette: Le fonds, par l'intermédiaire de
comité de pairs qui évaluent chacun des secteurs universitaires,
les divers projets de recherche qui leur sont soumis...
M. Fortier: Parce qu'on peut parler de conflit
d'intérêts dans la mesure où une dotation ou une subvention
irait à une université avec laquelle cette personne a
été en relations pendant de nombreuses années. C'est
à peu près impossible à éviter, dans une certaine
mesure.
M. Paquette: J'avoue ici qu'on ne pense pas tellement aux
conflits qui pourraient exister dans l'attribution des fonds de subventions
à des équipes de recherche, mais beaucoup plus aux transactions
financières que pourraient faire les fonds.
Mme Dougherty: Peut-être qu'on doit le rendre plus clair
parce que moi aussi j'ai l'impression, comme le député
d'Outremont, qu'il est pratiquement impossible d'éviter des conflits
d'intérêts parce que si on examine la composition actuelle du
Fonds FCAC, les membres viennent du même milieu qui va recevoir les
fonds, les montants.
M. Paquette: Un autre exemple est lié au fait que les
fonds subventionnaires peuvent, à l'occasion, donner des subventions
à des chercheurs autonomes qui ne sont pas rattachés à
aucune institution financière. Ces chercheurs pourraient être dans
une entreprise où l'un des membres du conseil d'administration a des
intérêts. C'est très exceptionnel. Je pense qu'il vaut
mieux quand même le prévoir. Ce n'est pas très contraignant
pour les personnes en question puisqu'on dit que tout membre du conseil
d'administration ayant un intérêt dans une telle entreprise doit,
sous peine de déchéance de sa charge, la révéler
par écrit et s'abstenir de participer à toute
délibération et à toute décision concernant cette
entreprise.
M. Fortier: C'est la norme.
M. Paquette: C'est une règle d'éthique
simplement.
M. Fortier: C'est la norme habituelle dans un conseil
d'administration.
M. Paquette: II n'y a pas vraiment de sanction majeure. On ne
demande pas, par exemple, aux membres du conseil d'administration de se
délester des intérêts qu'ils pourraient avoir dans une
entreprise. On demande simplement de les déclarer par écrit et de
s'abstenir de délibérer ou de participer à une
décision qui concerne cette entreprise.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount, est-ce que l'article 76 est adopté?
M. Fortier: Je pense que cela peut aller.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 77.
M. Paquette: Cet article concerne le lieu des séances d'un
fonds et le quorum du conseil d'administration. Maintenant, il va falloir
l'amender parce que chaque fonds a un conseil d'administration maximum de
quatorze membres et à la limite, un fonds pourrait n'avoir que neuf
membres et se retrouver avec un quorum de huit. Nous faisons la modification
suivante. C'est un amendement à l'article 77: L'article 77 est
modifié par le remplacement du deuxième alinéa par le
suivant: Le quorum aux séances du conseil d'administration d'un fonds
est celui déterminé par règlement de la régie
interne.
M. Fortier: Pourquoi ne pas mettre la majorité simple tout
simplement? On a eu le même problème dans d'autres projets de
loi.
C'est le fait qu'on peut en nommer quatorze, ou on peut en nommer dix ou
douze. En mettant la majorité simple, il me semble que cela doit
être décidé par la loi. En mettant la majorité
simple de ceux qui siègent...
M. Paquette: Je n'ai pas d'objection.
Mme Dougherty: La majorité simple des membres qui sont
à la réunion.
M. Fortier: Non, des membres. Mme Dougherty: Alors, c'est
huit.
M. Fortier: S'il y a dix membres, cela fait six. Si c'est
quatorze, cela fait huit.
M. Paquette: Je suis bien d'accord.
M. Fortier: C'est la moitié plus un et cela prévoit
tous les cas possibles.
Le Président (M. Champagne): Comment va se
présenter ce sous-amendement?
M. Paquette: On va le faire rédiger et on va suspendre
l'article pour l'instant.
M. Fortier: C'est cela.
Le Président (M. Champagne): D'accord, on reviendra
à l'article 77. J'appelle l'article 78.
M. Paquette: Cet article concerne une modalité quant
à la prise de décisions par le conseil d'administration, que nous
avons adoptée lors de l'étude des articles concernant la
fondation. Une décision signée par tous les membres du conseil
d'administration a la même valeur que si elle avait été
prise en séance ordinaire.
M. Fortier: Comme dans la Loi sur les compagnies. Il n'y a aucune
difficulté.
Le Président (M. Champagne): L'article 78 est
adopté? Adopté. J'appelle l'article 79.
M. Paquette: Cet article concerne la nomination et les conditions
de travail du personnel d'un fonds et, à ce sujet, le règlement
d'un fonds est approuvé par le gouvernement et publié à la
Gazette officielle.
M. Fortier: Excusez-moi, M. le Président, de revenir. Je
crois qu'au tout début du projet de loi lorsqu'on discutait...
Le Président (M. Champagne): D'accord, mais l'article 79
est adopté ou si vous voulez...
M. Fortier: Non...
Le Président (M. Champagne): D'accord, allez-y, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: ...tout simplement je veux avoir une
précision. Justement, à l'article 6, on disait que le personnel
du ministère est régi par la fonction publique. Ici, ce qu'on ne
dit pas directement mais indirectement, c'est qu'ils ne sont pas régis
par la fonction publique.
M. Paquette: Exactement et on trouvera, dans les dispositions
transitoires, des mesures concernant les membres de la fonction publique qui
travaillent actuellement pour l'un ou l'autre des fonds, de façon
à maintenir les conditions et les droits acquis.
M. Fortier: Quelle est la situation actuelle? Je crois qu'on en a
parlé l'autre jour.
M. Paquette: La situation actuelle est la suivante: il y a, par
exemple, au Fonds FCAC, trois anciens fonctionnaires du ministère de
l'Éducation et tous les autres ont été engagés par
la corporation.
M. Fortier: Au point de vue syndicalisation, quelle est la
situation présentement? Je sais qu'il y a une situation analogue au CRIQ
en particulier. Ils ne sont pas de la fonction publique, ils ne sont pas
syndiqués non plus. Est-ce que...
M. Paquette: Ils ne sont pas syndiqués actuellement, mais
ils sont libres de le faire, évidemment.
M. Fortier: Oui.
Mme Dougherty: Quel est le statut du personnel des autres fonds,
FRSQ et agriculture?
M. Paquette: Au FRSQ, il y a beaucoup moins de personnel, il y a
peut-être sept ou huit personnes. C'est le même statut que dans le
cas du Fonds FCAC, c'est-à-dire que certains sont d'anciens
fonctionnaires, d'autres ont été engagés depuis le
détachement du fonds du ministère des Affaires sociales et ont
été engagés directement par la corporation.
Mme Dougherty: D'accord.
Le Président (M. Champagne): L'article 79 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Fonctions et pouvoirs
Le Président (M- Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 80.
M. Paquette: Cet article définit les fonctions du fonds
Marie-Victorin, dont nous avons changé le nom; par conséquent, il
faut modifier l'article 80, premièrement, par le remplacement, dans
l'alinéa introductif, des mots "Marie-Victorin" par les mots "pour la
formation de chercheurs et l'aide à la recherche; deuxièmement,
par le remplacement, dans les première et deuxième lignes du
paragraphe 2, des mots "dans les cas prévus par les directives du
ministre de l'Éducation" par les mots "conformément au plan de
ses activités prévu à l'article 84".
M. Fortier: Le changement de nom, c'est pour quelle raison?
M. Paquette: II y a eu beaucoup de protestations des principaux
intéressés des milieux universitaires qui
préféraient un nom plus explicite décrivant la nature des
activités, une certaine personnalisation de la dénomination du
fonds.
M. Fortier: Merci.
M. Paquette: Vous allez retrouver plusieurs amendements de
concordance, chaque fois que cela se présente.
Quant à la deuxième partie de l'amendement que je
dépose, il démontre l'option que nous avons prise de
privilégier davantage les plans d'activité que les directives de
l'un ou l'autre ministre.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, dans le deuxième
alinéa, le ministre pourrait-il expliquer un peu ce que cela veut dire?
Je dois présumer que, lorsqu'il y a financement de chercheurs non
rattachés à un établissement d'enseignement
postsecondaire, on le fait à l'intérieur d'un cadre établi
par des directives?
M. Paquette: Actuellement, oui. Ce que nous proposons c'est que,
dorénavant, cela se fasse dans le cadre du plan des activités
préparé par le fonds. Ils auront à nous dire dans quel
contexte et dans quelles limites ces travaux peuvent être
subventionnés. Actuellement, il y a un programme bien défini; il
s'agit du programme d'aide aux chercheurs sans affiliation institutionnelle
reconnu au Fonds FCAC. Dans le plan d'activité, le fonds devra nous
dire, d'année en année, comment il compte faire évoluer
son aide financière et ce plan devrait être approuvé par le
gouvernement.
M. French: Ce qui me préoccupe, M. le Président,
c'est de savoir si c'est vrai que le fonds va proposer, dans son plan, au
gouvernement, la façon de procéder dans ce domaine. Il faudrait
subséquemment que le fonds, d'après le deuxième
paragraphe, se limite aux cas prévus par les directives du ministre de
l'Éducation, ce qui me semble quelque peu...
M. Paquette: Non, non, écoutez. M. le Président, je
pense qu'il faudrait d'abord se demander si on adopte l'amendement
M. French: Je m'excuse, M. le Président. Je ne me rendais
même pas compte qu'il y avait là un amendement. Je m'excuse.
Le Président (M. Champagne): Ah!
D'accord.
M. Paquette: L'amendement est justement de remplacer les mots
"dans les cas prévus par les directives du ministre de
l'Éducation" par les mots "conformément au plan de ses
activités prévu à l'article 84". D'accord?
Mme Dougherty: Donc, les chercheurs non rattachés font
partie de l'ensemble des plans au lieu d'être quelque chose
d'ajouté ou quelque chose d'exceptionnel.
M. Paquette: Exactement. À ce moment, 1 s'intéresse
aux chercheurs et à la recherche qui s'effectue dans les
établissements d'enseignement postsecondaire, et 2° dit que le
mandat du fonds ne se limite pas à ces chercheurs, mais qu'il peut
s'intéresser également aux chercheurs non rattachés
à un établissement d'enseignement postsecondaire.
Mme Dougherty: Est-ce que cela veut dire que le fonds pourrait
aider les chercheurs de Rimouski, par exemple, de qui vous avez reçu un
mémoire? Je vous en ai parlé l'autre jour; il y a un groupe de
chercheurs qui travaillent seuls...
M. Paquette: Ah oui! Mme Dougherty: Oui?
M. Paquette: C'est une association indépendante.
Mme Dougherty: Oui. Ils ont un vrai problème parce qu'ils
sont isolés. Donc, à l'avenir, le Fonds FCAC pourrait leur
être versé?
M. Paquette: C'est un exemple.
Mme Dougherty: C'est un exemple.
M. Paquette: II n'y a rien qui s'y oppose, sauf qu'il faudrait
regarder exactement la nature de l'association et les critères que le
Fonds FCAC s'est donnés.
Mme [Dougherty: Oui. Est-ce que l'article 80 n'est pas conforme
aux fonctions actuelles?
M. Paquette: Oui. Exactement.
Mme Dougherty: C'est mon impression, mais il n'y a pas de
changement de...
M. Paquette: Non. Voyez le troisièmement, c'est la
diffusion des connaissances dans tous les domaines de la recherche. Par
exemple, le Fonds FCAC accorde des subventions à des revues
scientifiques. Donc, diffusion des connaissances. Quatrièmement, ce sont
les bourses d'excellence aux étudiants de deuxième et
troisième cycle universitaire, aux recherches postdoctorales, etc. Cela
existe déjà également.
Mme Dougherty: Donc, sauf pour les fonds qui viennent de la
fondation, le Fonds FCAC va continuer comme toujours. Il n'y a vraiment pas de
changement dans leur fonctionnement...
M. Paquette: Dans les fonctions, non. Mme Dougherty:
...dans leur possibilité.
M. Paquette: Mme la députée, je pense qu'il est
important de préciser, à ce moment-ci, que notre objectif, dans
cette section du projet de loi, est tout simplement de donner une existence
légale, de consacrer l'autonomie des fonds sectoriels, de leur assurer
une permanence puisque maintenant le Conseil des ministres ne pourra changer
les dispositions qui les régissent sans revenir devant
l'Assemblée nationale et proposer des amendements à cette
loi.
C'est donc une consécration des orientations qui ont
été prises depuis la publication de la politique scientifique, un
projet collectif en 1980. C'est comme cela que nous le voyons et nous n'avons
pas cherché à modifier les organismes qui, à notre avis,
fonctionnent bien. Il peut y avoir des petits ajustements dans les
détails, mais, sur l'essentiel, cela correspond en gros à la
situation actuelle.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que les... Oui? M. le
député de Westmount. Bien oui, on est toujours sur les
amendements et ensuite l'article...
M. French: Ah! Si on est toujours sur les amendements, M. le
Président, je m'excuse.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Alors est-ce que
les amendements 1 et 2 sont adoptés.
M. Fortier: Bien moi, je dois dire, avant d'adopter le
deuxième amendement, que j'aurais voulu poser une question au ministre
à l'égard de l'article 84 parce qu'on se réfère
à l'article 84. (10 h 45)
Mme Dougherty: L'article 84 est un article clé.
M. Paquette: C'est un article clé.
M. Fortier: Alors, on dit "un fonds". Là ce n'est pas
défini quoique l'on vienne de faire allusion au Fonds de la recherche en
santé du Québec, au Fonds de la recherche en agriculture, en
pêcheries et en alimentation et au Fonds Marie-Victorin. On dit "un
fonds", j'espère que, juridiquement, c'est assez clair que l'on parle
des fonds dont on vient de parler, "...à la date que le ministre
responsable fixe, lui transmettre un plan de ses activités"; là,
le ministre responsable soumet la consultation et le plan d'approbation du
gouvernement.
Mme Dougherty: Tout cela est amendé. M. Fortier:
Oui?
M. Paquette: Alors, je vais déposer un amendement qui
supprime l'article 83.
Mme Dougherty: Est-ce qu'on peut attendre que l'article 84 soit
discuté parce que c'est l'article...?
M. Fortier: À moins que l'on discute de l'article 84
maintenant et que l'on revienne. La discussion va être plus logique, je
pense.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Alors, on peut
appeler l'article 84 avec l'amendement,
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais déposer un
amendement à l'article 84. D'abord, je vous souligne que l'article 83
est supprimé du projet de loi.
M. Brouillet: On pourrait peut-être passer à
l'article 83, puis le voter...
M. Paquette: Les deux vont ensemble, alors discutons de l'article
84, mais je vous souligne, en passant, que je proposerai un amendement pour
supprimer l'article 83.
M. Fortier: D'accord.
M. Paquette: L'article 84 est remplacé par le
suivant...
M. Fortier: C'est le texte que nous avons ici?
M. Paquette: Oui. "Un Fonds doit,
chaque année, à la date que le ministre responsable fixe,
lui transmettre un plan triennal de ses activités. Ce plan doit tenir
compte des directives que le ministre responsable peut, le cas
échéant, donner au Fonds sur ses objectifs et ses orientations.
Ces directives sont préparées par le ministre responsable en
collaboration avec le ministre de la Science et de la Technologie. "Le plan
indique séparément les montants prévus pour les
dépenses d'administration du fonds et les montants prévus pour
chacun de ces programmes d'aide financière. Le plan est
accompagné des prévisions budgétaires pour les deux
années subséquentes." "Le plan est soumis à l'approbation
du gouvernement sur la recommandation du ministre responsable du Fonds
préparée en collaboration avec le ministre de la Science et de la
Technologie. "Le plan est déposé à l'Assemblée
nationale dans les quinze jours de son approbation par le gouvernement si
l'Assemblée est en session ou, si elle ne siège pas, dans les
quinze jours de l'ouverture de la session suivante ou de la reprise des
travaux."
Mme Dougherty: Chaque année, on soumet un plan
triennal.
M. Paquette: C'est cela.
Mme Dougherty: Est-ce que cela veut dire que c'est au fonds
à mettre à jour son plan?
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: Chaque année, le gouvernement
l'approuve.
M. Paquette: C'est cela.
Mme Dougherty: Donc, on n'approuve pas le plan pour trois ans.
C'est complexe parce que, si le fonds développe un plan triennal sujet
aux changements qu'il veut, le gouvernement n'approuve pas le plan pour trois
ans?
M. Paquette: Oui, il approuve le plan pour trois ans, mais comme
le plan indique séparément les montants prévus pour les
dépenses de l'année qui vient et les prévisions
budgétaires pour les deux années subséquentes, le
gouvernement s'engage, jusqu'à un certain point, mais cela est
révisable l'année suivante.
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: Je dois dire que c'est la règle pour tous les
budgets. Très souvent, on présente au Conseil du trésor
une demande budgétaire qui implique des engagements financiers pour les
années subséquentes et, très souvent, on nous indique que
c'est accepté pour la première année et qu'on tient compte
des prévisions budgétaires pour les autres années, mais
qu'il faudra repasser au Conseil du trésor l'année suivante.
C'est une règle qu'on applique au ministère. Je ne vois pas
pourquoi on ne l'appliquerait pas au fonds également.
Mme Dougherty: Donc, l'approbation est pour une année.
M. Paquette: Oui. L'approbation ferme des crédits...
Mme Dougherty: La première année de...
M. Paquette: ...et les prévisons budgétaires
également sont approuvées, mais sous réserve du plan qui
arrivera l'année suivante»...
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: ...et de la décision qui pourrait être
prise à ce moment-là.
Mme Dougherty: Est-ce que le Fonds FCAC est assujetti, à
l'heure actuelle, à cette espèce d'horaire? Quel est le
système du Fonds FCAC maintenant?
M. Paquette: Actuellement, il n'y a d'autre système que
celui qui existe à la revue des programmes. C'est-à-dire que
c'est une subvention annuelle. Il n'y a pas de plan d'activité. C'est
une subvention annuelle qui est demandée par le fonds au ministre de
l'Éducation qui doit le prévoir dans ses budgets...
Mme Dougherty: C'est un plan quinquennal...
M. Paquette: ...et en discuter avec le Conseil du trésor.
C'est financé exactement de la même façon qu'un programme
d'un ministère. Il n'y a pas de mécanisme particulier.
M. Fortier: Maintenant, de quelle façon cela va-t-il
être financé?
M. Paquette: Ce sera financé sur la base d'un plan
triennal, à même les fonds d'un ministère quand
même.
M. Fortier: Pas grand changement de ce
côté-là.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: M. le ministre.
M. Paquette: Je voudrais simplement ajouter que ce serait
difficile d'engager les votes de l'Assemblée nationale pour trois
années. On peut les engager pour le budget en cours, mais laisser
à l'Assemblée nationale son point de contrôle pour
l'année suivante.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: M. le ministre, on dit, au premier paragraphe, que
ce sera un plan triennal d'activité déposé annuellement.
Au deuxième paragraphe, on termine en disant: "Le plan est
accompagné des prévisions budgétaires pour les deux
années subséquentes."
M. Paquette: Oui.
M. Brouillet: Est-ce que ce sont les deux années
subséquentes au plan triennal?
M. Paquette: Non.
M. Brouillet: Je trouve qu'il y a une ambiguïté dans
le texte. Je sais bien ce que vous voulez dire, mais le texte, à mon
sens, est un peu ambigu.
M. French: Oui, c'est un très bon point; c'est mal
rédigé.
M. Brouillet: Si on disait, au début du dernier
paragraphe: "Le plan indique séparément les montants
prévus pour les dépenses d'administration du Fonds et les
montants prévus pour chacun de ses programmes d'aide financière
pour l'année en cours." Là, on pourrait ajouter: "Le plan est
accompagné des prévisions budgétaires pour les deux
années subséquentes."
M. Paquette: M. le Président, le député de
Chauveau a sans doute raison. Il faudrait préciser la première
phrase du deuxième alinéa. Ce pourrait être à peu
près comme ceci: "Le plan indique séparément les montants
prévus pour les dépenses d'administration et les montants
prévus pour chacun de ses programmes d'aide financière pour
l'année en cours. Le plan est accompagné des prévisions
budgétaires pour les deux années subséquentes." Est-ce que
cela irait?
M. French: Ce n'est pas l'année en cours. C'est
l'année prochaine, l'année qui approche.
M. Paquette: Pour la première année. M. French:
La première année du plan, oui.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on pourrait avoir
l'amendement écrit, s'il vous plaît? M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: C'était sur l'article 84, mais sur un sujet
différent. Je m'excuse si je pose des questions qui ne sont pas
pertinentes. C'est que j'ai manqué deux journées. Je faisais
l'étude d'un autre projet de loi, jeudi et vendredi.
Ici, on laisse quand même au ministre un pouvoir de donner des
directives. On dit que ce plan doit tenir compte des directives que le ministre
responsable peut, le cas échéant, donner au fonds. J'essaierais
de voir de quelle façon cela peut avoir un impact pour un chercheur ou
pour un centre en particulier. Par exemple, dans le domaine de la santé,
si on prend le cas d'un institut de recherche dans le domaine du cancer, il est
sujet, j'imagine, à recevoir indirectement certaines directives, comme
l'article 84... C'est-à-dire que le ministre peut dire: Je mets l'accent
sur la gérontologie. Donc, le plan doit tenir compte qu'une des
priorités du ministère des Affaires sociales, dans ce cas-ci,
s'oriente vers la gérontologie.
M. Paquette: Oui, par exemple...
M. Fortier: Mais le type qui oeuvre dans le domaine de la
recherche sur le cancer, bien sûr, il fait sa recherche sur le cancer.
D'une part, il a créé des axes de développement. Il est en
concurrence avec d'autres centres de recherche sur le cancer. Dans quelle
mesure doit-il tenir compte de cela? Dans quelle mesure ceci pourrait-il le
priver de fonds et lui nuire s'il ne peut démontrer que sa recherche sur
le cancer peut s'orienter, dans une certaine mesure, vers les études sur
la gérontologie? Je pense bien que c'est le genre d'inquiétude
qu'ont les chercheurs qui, dans certains secteurs, comme le domaine de la
recherche sur le cancer en est un, où les gens font de très
bonnes recherches et s'inquiètent de ces grands objectifs, ces grands
paramètres qui pourront avoir un effet néfaste si les
administrateurs du fonds disaient: Le ministre nous a dit de mettre la
priorité sur la gérontologie; malheureusement, on ne peut
démontrer que la recherche que nous faisons sur le cancer s'oriente dans
cette direction et si une autre université ou un autre institut de
recherche fonde un centre de recherche qui s'ajuste à la
gérontologie d'une façon très explicite, à ce
moment-là, ils seront privilégiés lorsqu'ils recevront des
fonds. Ce sont les inquiétudes du milieu et c'est la raison pour
laquelle je demandais dans quelle mesure ces pouvoirs de directives pourraient
avoir un impact. De fait, ils en auront un indirectement.
M. Paquette: Je pense qu'il faut replacer cela dans son contexte.
L'inquiétude que peuvent avoir des équipes ou des centres de
recherche sera toujours présente, peu importe ce qu'on fait. Le
gouvernement pourrait toujours décider de couper ses fonds à la
recherche en deux. Il n'y a pas grand-chose qui va l'empêcher de le faire
sauf que les directeurs s'occuperont de lui à la prochaine
élection. D'autre part, même s'il n'y avait pas de directive par
le ministre responsable, le conseil d'administration d'un fonds pourrait
très bien, lui aussi, décider de prendre une telle
décision. Ce qu'on dit ici, c'est qu'il y aura une interaction entre le
conseil d'administration des fonds et le ministre, de même qu'une
approbation par le Conseil des ministres et un dépôt à
l'Assemblée nationale. Il y a donc de multiples étapes qui nous
donnent davantage de sécurité en ce sens qu'on pourrait toujours
penser que si un seul organisme se penchait sur la distribution des fonds mis
à sa disposition, il y aurait plus de risques qu'on oublie certains
facteurs importants alors que, là, divers mécanismes de
sécurité sont prévus.
Je vous signale que les directives ministérielles au fonds
constituent une modification importante par rapport à l'article 83 que
nous avons d'ailleurs supprimé. Nous avons bien balisé. C'est sur
les objectifs et les orientations. Le ministre des Affaires sociales pourrait
prendre votre exemple et dire: J'aimerais que, cette année, on fasse un
effort accrû du côté de la gérontologie. Il ne
pourrait pas dire: Vous allez supprimer tous les autres programmes, vous allez
supprimer tel ou tel programme et le remplacer par tel autre. On n'est plus
dans les objectifs et les orientations; il y a une espèce de dialogue
qui s'établit. Le conseil d'administration du fonds, conscient des
besoins du milieu, conscient de l'état des recherches dans chacune des
équipes de recherche qu'il subventionne, prépare son plan, tient
compte des orientations, des priorités ministérielles ou
gouvernementales en termes de politique scientifique générale
-puisqu'il y a une participation du ministre délégué
à la Science et à la Technologie à la préparation
des directives - et essaie de doser les deux aspects. Ensuite, il y a
approbation par le Conseil des ministres, ce qui veut dire qu'il y a quand
même beaucoup de gens qui vont pouvoir regarder ce qui se passe.
Cela me semble un mécanisme interactif intéressant qui ne
pourra pas enlever la crainte qu'une équipe de recherche peut avoir de
se faire couper ses fonds. Quand on est dépendant d'une source
financière, on peut toujours entretenir de telles craintes. Mais je
pense qu'on a mis des soupapes nécessaires et des points de
contrôle nécessaires pour éviter que cela ne se
produise.
M. Fortier: Si ce fonds ou le ministre en question,
indirectement, par l'entremise du fonds, finançait 95% de la recherche
dans un institut en particulier, j'imagine que les directives deviendraient
déterminantes. Dans la plupart des cas, selon ce que j'entends, il y a
un financement du secteur privé, un financement fédéral,
un financement provincial. Finalement...
M. Paquette: Des contrats de recherche des ministères, des
entreprises.
M. Fortier: ...les sources financières...
M. Paquette: Les sources sont multiples.
M. Fortier: Mais cela crée quand même une
ambiguïté dans le sens qu'on semble dire, dans une certaine mesure:
Le ministre des Affaires sociales va tenter d'influencer les orientations du
fonds comme s'il finançait en très grande partie la recherche.
Ces chercheurs-là doivent se soumettre à cette prérogative
du ministre et doivent tenter d'aller chercher des fonds ailleurs, au
gouvernement fédéral ou dans l'entreprise privée. Ils
peuvent être pris entre différentes orientations données
par différents milieux. Ils doivent tenter de se débrouiller
à l'intérieur de ces directives qui peuvent venir soit du secteur
privé, quoique le secteur privé aidera s'il trouve qu'il s'agit
d'un secteur qui mérite d'être encouragé...
M. Paquette: Je pense que cela sera beaucoup plus directif du
côté du secteur privé. Les gens vont dire: On donne tant
à la condition qu'il y ait tel genre de recherche.
Généralement, ce sont des contrats de recherche où
l'entreprise est intéressée aux résultats. Donc c'est de
la recherche appliquée, de la recherche orientée la plupart du
temps. (11 heures)
Ici, il ne faut pas oublier que c'est le ministre qui, à
même ses budgets, verse la presque totalité de la subvention au
fonds. Il y aura un apport d'appoint par la fondation dont on a parlé
vendredi. Donc, le ministre a aussi une responsabilité si on veut parler
d'imputabilité des ministres et du gouvernement. Je pense qu'il faut
qu'il y ait un tel mécanisme qui permet au minimum à un ministre
de faire savoir au fonds les objectifs et les orientations en échange
des crédits qu'il verse au fonds. Une fois que cela est fait, que le
plan est adopté par le gouvernement, le ministre n'intervient plus, ni
le gouvernement dans la répartition des fonds, conformément au
plan d'activité d'un fonds.
Mme Dougherty: Toute cette question, la question soulevée
par le député d'Outremont... Le problème est que - je l'ai
entendu des chercheurs, eux-mêmes - un des avantages des fonds
fédéraux c'est qu'il y a souvent un engagement envers les
chercheurs pour plus d'une année si la recherche va bien. Donc, la
subvention est renouvelable, mais, pour les fonds de la santé et le
Fonds FCAC, il y a un engagement pour une année uniquement.
M. Paquette: Oui, madame...
Mme Dougherty: Est-ce qu'on peut...
M. Paquette: C'est très important que vous le souligniez.
Je vous ai donné la règle générale tout à
l'heure, c'est-à-dire que les crédits ne vont être
approuvés que pour la première année. Comme on aura le
plan annuel pour les deux prochaines années, le fonds, sans avoir une
garantie définitive...
M. Fortier: Au moins un certain engagement du ministre
M. Paquette: ...un certain engagement... M. Fortier: Au
moins du ministre.
M. Paquette: Au moins du ministre. Cela peut être difficile
au Conseil du trésor à certaines occasions. Cependant, cela
n'empêcherait pas un fonds, dans son plan d'activité, de proposer
que, pour certains aspects, certains programmes d'aide financière, il y
ait un financement plus ferme. Il n'aura qu'à le proposer au
gouvernement. Si cela est approuvé par le gouvernement - pas
nécessairement pour toute la masse, mais pour un aspect bien particulier
du plan d'activité - cela pourrait se faire.
Une voix: Cela existe.
M. Paquette: Et cela existe, n'est-ce pas?
Mme Dougherty: Est-ce qu'on...
M. Paquette: Un instant, où cela existe-t-il?
Mme Dougherty: Est-ce que le ministre...
M. Fortier: M. le ministre, la question que ma collègue
pose est l'engagement possible de trois ans pour une équipe de
chercheurs exemplaires ou ayant fait ses preuves sur une période de
trois ans. Est-ce qu'on pourrait en discuter à l'article 85? J'imagine
que c'est là qu'on pourrait en discuter? "Un Fonds peut accorder, dans
le cadre de ses programmes... une aide financière au moyen de
subventions et bourses." Tout à l'heure on pourra en discuter à
savoir si on devrait préciser cette possibilité à laquelle
vous venez de faire allusion.
M. Paquette: Ce n'est pas exclu par la rédaction des
articles actuellement.
Mme Dougherty: Ce n'est pas exclu, non, mais je
préférerais que l'idée soit dans la loi.
M. Fortier: On y reviendra à l'article 85.
Mme Dougherty: Cela pourra donner un peu plus d'encouragement, de
stabilité, d'espoir aux équipes.
M. Paquette: On peut regarder, comme le suggère M. le
député d'Outremont, à l'article 85.
Ici, j'ai un sous-amendement à mon amendement à l'article
84...
Le Président (M. Champagne): ...qui se lit...
M. Paquette: À la suggestion du député de
Chauveau, il se lirait: Ajouter au début du deuxième
alinéa les mots suivants: "Pour la première année...
Le Président (M. Champagne): "Le plan indique...
M. Paquette: ...le plan indique séparément les
montants prévus etc. Ensuite le plan est accompagné des
prévisions budgétaires pour les années
subséquentes." Cela permet de bien préciser le sens de cet
alinéa.
Le Président (M. Champagne): Alors, est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Paquette: C'est un sous-amendement.
Le Président (M. Champagne): C'est un sous-amendement
à un amendement qui fait la suppression de...
Mme Dougherty: Est-ce que le député d'Argenteuil a
quelque chose à dire, parce qu'il n'était pas ici au
début?
M. Paquette: Est-ce qu'on peut adopter le sous-amendement? Ce
n'est qu'une précision.
Mme Dougherty: C'est l'amendement qu'on discute, monsieur.
M. Paquette: Le sous-amendement est adopté.
Le Président (M. Champagne): Le sous-amendement est
adopté. Alors, on revient à l'amendement de l'article 84.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. Ryan: On est toujours à l'article 84? Je m'excuse.
M. Paquette: Sur un amendement que j'ai déposé
à l'article 84.
M. Ryan: Oui, que vous avez déposé...
Le Président (M. Champagne): L'article 84. D'accord.
M. Ryan: J'aurais deux observations à ce sujet là.
M. le Président, je m'excuse, ce n'est pas que je veuille avoir l'air de
me donner de l'importance mais ce matin je suis pris. Il y a deux commissions
où je suis vitalement intéressé qui siègent
simultanément et je devrai faire la navette entre les deux. Il y a
seulement un de mes collègues à l'autre commission et je devrai y
consacrer la majeure partie de mon temps.
À l'article 84, j'aurais deux observations à vous
soumettre sur l'amendement qui a été proposé par le
ministre. Je pense que cet amendement améliore ce que nous avions dans
le texte initial. Par conséquent, il y a lieu de s'en réjouir.
Toutefois, le texte pourrait peut-être être encore
amélioré. De toute manière, j'aurais deux questions
à poser au ministre à ce sujet.
Lorsqu'on dit dans l'amendement que le plan doit tenir compte des
directives, que le ministre responsable peut, le cas échéant,
donner au fonds sur ses objectifs et ses orientations, je crois qu'on
procède dans un certain souci de symétrie par rapport à ce
qui avait été adopté concernant les directives que le
gouvernement peut donner à la fondation. Il me semble que c'est la
même expression qui a été retenue à ce
moment-là, hein?
M. Paquette: C'est aussi celle qui existe face aux
sociétés d'État. On retrouve ce terme de directives dans
plusieurs lois concernant les sociétés.
M. Ryan: Oui, évidemment. Maintenant, l'autre...
M. Paquette: ...qui offusquent certaines oreilles...
M. Ryan: Oui. D'autre part, dans le cas d'une fondation à
caractère général comme l'autre, il y a des choses qui
peuvent se comprendre mais lorsqu'on arrive au fonds particulier, je ne sais
pas si cette formulation est la meilleure? J'ai noté que dans un projet
antérieur qui avait été préparé - je ne sais
pas si c'est au Conseil exécutif ou au ministère de
l'Éducation - on avait une formulation qui m'apparaissait plus
judicieuse pour ce genre de souci que vous avez. Et je vais vous en faire
lecture. C'est un projet qui remonte à quelques mois, peut-être au
mois de mars ou même à l'année dernière. Avez-vous
le même projet que moi M. le ministre?
M. Paquette: Je ne sais pas moi. J'en ai un...
M. Ryan: Je ne veux pas vous en passer un autre, il y en a
tellement qui ont circulé...
M. Paquette: II y en a effectivement eu plusieurs.
M. Ryan: Je vais vous lire l'extrait que j'ai trouvé dans
ce projet-là qui m'apparaissait assez judicieux. Je cite: "Le ministre
peut donner des directives... - le texte que j'ai c'est la fondation mais cela
vise de toute évidence un fonds en particulier, je pense le Fonds FCAC -
...sur les secteurs de la recherche scientifique qu'il estime prioritaires pour
l'attribution de l'aide financière".
Il me semble que c'est clair et précis. Cela évite que le
ministre donne l'impression de mettre continuellement en question les objectifs
et les orientations générales du fonds. Cela veut dire qu'ils
présentent leur projet et il y un programme triennal qui est
présenté avec adaptation à chaque année qui suit et
là, le ministre dit: oui, c'est très bien maintenant, nous vous
indiquons que nous voudrions que la priorité soit accordée
à tel ou tel secteur.
C'est clair et net...
Une voix: Pas d'accord.
Le Président (M. Champagne): C'est trop clair.
M. Ryan: Je vais retirer mes observations.
Mme Dougherty: Non, ne pas discuter. Il faut être franc
ici. En ce qui concerne la fondation, ça va parce que c'est le but de la
fondation mais même pour la fondation, nous n'avons pas dit cela. Je
crois que c'est la crainte de tous que le ministre ait trop de pouvoirs de
diriger les fonds ici ou là. Nous allons éroder les pouvoirs
propres à la fondation parce que le fonds est en contact
avec la base. Les besoins et les priorités viennent de la base et
c'est à la fondation d'équilibrer le tout et d'avoir
naturellement ses propres priorités.
Concernant le ministre, c'est exactement ce que nous ne voulons pas.
Quand on parle des objectifs et des orientations, c'est vague, mais je
préfère que cela demeure vague afin de conserver le vrai pouvoir
de décision au fonds.
M. Paquette: Vous voulez dire "pouvoir d'initiative" au
fonds.
Mme Dougherty: Parce que les objectifs ou les orientations, je ne
sais pas exactement "what that means" mais ce ne sont pas des catégories
claires.
M. Paquette: Non.
Mme Dougherty: Mais j'imagine qu'il s'agit d'augmenter le fonds
pour les bourses au lieu de...
M. Paquette: Par exemple.
Mme Dougherty: Pardon?
M. Paquette: Par exemple, oui.
Mme Dougherty: ...grandes catégories de programmes du
Fonds FCAC...
M. Paquette: C'est cela.
Mme Dougherty: ...où on va favoriser les équipes
qui travaillent parce qu'on a un meilleur résultat quand on favorise une
équipe au lieu de chercheurs isolés ou quelque chose comme cela.
Est-ce que c'est cela qu'indique...
M. Paquette: C'est le genre de choses... Et la raison pour
laquelle ils sont préparés en collaboration avec le ministre de
la Science et de la Technologie, c'est qu'on ne voudrait pas qu'il y ait
d'abord plusieurs directives; une seule directive est donnée au fonds
sur ces objectifs et ces orientations et ce qu'on peut y retrouver, c'est
à la fois des priorités de nature sectorielle. Par exemple, le
ministre des Affaires sociales dit au FRSQ - il l'a fait l'année
dernière: J'aimerais qu'il y ait plus de subventions du
côté de la médecine préventive. Ce n'est pas le
genre de chose qu'un ministre de la Science et de la Technologie aurait
tendance à inscrire dans une directive, mais un ministre des Affaires
sociales peut et doit, à mon avis, donner ce genre d'orientation. Alors
que le ministre de la Science et de la Technologie aurait peut-être
tendance à dire: Pourriez-vous essayer de privilégier les cas
où il y a des projets de recherche tournés un peu vers
l'extérieur? Sans dire que cela va prendre toute la place, qu'on rompe
les cloisonnements entre les milieux de la recherche et les milieux des
entreprises, par exemple. Alors, voilà une orientation. Restera au fonds
à voir comment il peut, dans ses programmes, concrétiser ce genre
de chose et comment il propose de répartir les sommes qui lui sont
allouées. Et, après cela, quand cela reviendra, au moment de
l'adoption par le gouvernement, on regardera si cela fait notre affaire et si
nos orientations ont été bien inscrites dans le plan
d'activités.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voulais simplement expliquer l'esprit dans lequel je
faisais l'observation que j'ai faite tantôt. Il n'y a pas d'objection.
Entre nous, on cherche le bien général. Je pense qu'il n'y a pas
de conflit. Que le ministre puisse donner des directives au fonds concernant
ses objectifs, cela m'inquiète un peu. Cela m'inquiète parce que
les objectifs sont définis dans la loi, me semble-t-il. Ensuite, il peut
être question de priorités, il peut être question
d'application concrète, mais il me semble que les objectifs ne devraient
pas être soumis à des directives ministérielles. Pour les
orientations, j'ai moins d'objection dans le sens que le ministre a
indiqué tantôt... Supposons qu'un fonds comme le Fonds FCAC - et
là-dessus, je n'ai pas d'objection à être contredit,
même par mes collègues parce que je m'interroge tout haut
plutôt que d'affirmer... Oui, soyez bien à l'aise.
M. Fortier: Mme la députée le permet.
M. Ryan: J'ai gagné ma vie pendant 20 ans dans la
controverse. Supposons qu'un fonds comme le Fonds FCAC s'en irait, par exemple,
à peu près complètement dans le champ des sciences
humaines, qu'il négligerait les sciences naturelles...
M. Paquette: Oui.
M. Ryan: ... les véritables sciences comme disent ceux qui
sont dans ce secteur, à peu près complètement. À ce
moment-là, il me semble que je serais prêt à
reconnaître que le ministre, au moment de la présentation du
programme triennal dans sa version retouchée chaque année,
accompagnée évidemment des besoins budgétaires, dise: On
regrette, mais on ne peut pas continuer de financer une telle affaire; il faut
garder un équilibre, c'est très important que les sciences
naturelles aient une place d'honneur dans votre programme.
À l'inverse, si le fonds s'en allait complètement du
côté de la recherche dans les sciences pures et négligeait
totalement,
ou a peu près, les sciences humaines, je pense qu'il y aurait
lieu, même à une orientation ferme de la part de celui qui incarne
le gouvernement et qui, en l'occurrence, est le ministre responsable. C'est
pour cela que, dans la formulation, je ne me battrais pas pour l'autre, pas du
tout, mais le mot "objectif" me fait un peu peur, parce que les objectifs font
partie du statut du fonds. Je ne pense pas que cela doive donner lieu à
des indications de volonté de la part du gouvernement, tandis que les
orientations pratiques, les orientations envisagées d'une période
triennale à l'autre, je ne sais pas, je me pose la question. Je pense
qu'il y a quelque chose à chercher de ce côté-là.
(11 h 15)
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: L'argument selon lequel les objectifs sont des
statuts du fonds, à mon avis, tient mal. Si c'est dans les statuts du
fonds, c'est dans la loi. Le député d'Argenteuil confond
peut-être les fonctions d'un fonds qui définit son champ
d'activité et les objectifs. Si c'est dans la loi, le ministre ne peut
pas modifier. Quand on parle d'objectifs, il s'agit beaucoup plus des objectifs
à atteindre par le plan triennal en termes, je ne sais pas, du nombre de
chercheurs, du nombre d'équipes de recherche subventionnées dans
les différents secteurs ou encore...
M. French: Est-ce que vous définissez cela dans une
directive?
M. Paquette: Non.
M. French: J'espère que non.
M. Paquette: Non, mais...
M. French: C'est ce que vous venez de dire.
Mme Dougherty: Est-ce que c'est une directive? C'est cela le
problème. Quel est le...
M. Paquette: Si cela peut sécuriser les
députés, c'est le genre de formulation tout à fait
standard, nous a-t-on dit, au comité de législation. Quant aux
relations entre le gouvernement, un ministère et une
société d'État... Regardez la Loi sur le Centre de
recherche industrielle du Québec. On parle de directives sur les
objectifs et les orientations de la loi. La loi de la SDI, c'est la même
chose; la SGF. Cela ne change pas la finalité propre. Autrement dit, un
ministre ou un gouvernement ne peut pas changer la finalité propre d'un
organisme sans revenir devant l'Assemblée nationale. On ne peut pas
changer les statuts du fonds par une directive.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais juste faire une remarque que j'ai omis de
faire tantôt. Un fonds de soutien à la recherche, ce n'est pas de
même nature qu'un organisme comme Hydro-Québec ou la SGF, par
exemple. Hydro-Québec et la SGF sont des mandataires du gouvernement
pour l'exécution d'un certain nombre de fonctions dans des domaines qui
requièrent, de toute évidence, une surveillance constante du
gouvernement. Tandis qu'ici, on touche au domaine de la recherche scientifique
qui, par nature, doit conserver une grande mesure de liberté, une
distanciation réelle vis-à-vis des intrusions ou des
ingérences possibles du pouvoir.
Je ne pense pas qu'on puisse faire de la transposition pure et simple.
Je reconnais personnellement un certain rôle concernant les orientations.
Je ne sais pas si, au moins, je pense que la distinction entre ces organismes
s'impose et, dans ce cas-ci, il faut l'affirmer avec force.
M. Paquette: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec le député d'Argenteuil que la distinction entre les
deux types d'organismes s'impose. Je pense que le meilleur exemple, le meilleur
parallèle qu'on puisse donner est celui de la SDI par rapport à
un fonds subventionnel comme celui-ci. La SDI accorde des prêts, des
garanties financières et des subventions. En plus des directives du
ministre, il y a d'autres mécanismes qui font en sorte qu'au-delà
d'un certain montant... D'ailleurs, on retrouvera des dispositifs semblables au
niveau de l'agence. Vous allez voir qu'au niveau de l'agence on va plus loin
que les directives. Quand cela dépasse un certain montant de subvention,
il y a même plus de contrôle. C'est comme cela qu'on donne plus de
contrôle au gouvernement sur ce genre d'organismes. On dit: On va
regarder, même à la pièce, les subventions quand elles
dépassent un certain montant.
Ici, il n'est pas question de regarder les subventions à la
pièce, ce n'est pas possible. Il n'y a aucun autre article qui parle de
l'intervention du gouvernement sur les fonds. Il y a peut-être
incidemment un ou deux autres articles. Je veux dire qu'il n'y a pas d'autres
articles qui inventent des mécanismes qui permettraient au ministre ou
au gouvernement de regarder certaines des subventions à la
pièce.
Par conséquent, une fois le plan accepté, une fois les
crédits attribués au
fonds, il en dispose en toute liberté. Ce qui n'est pas le cas
totalement, en tout cas, d'un organisme comme la SDI, où certains
projets de subvention remontent jusqu'au ministre et même parfois devant
le gouvernement. Je pense que c'est comme cela qu'on assure la distinction
nécessaire -que souligne le député d'Argenteuil - entre
une société d'État, qui travaille dans le domaine
économique pour utiliser au mieux les fonds publics au
développement économique du Québec, donc, qui doit
être surveillée beaucoup plus étroitement, un fonds
subventionnaire, qui, lui, doit être laissé totalement libre de
répartir les fonds mis à sa disposition, une fois qu'ils sont mis
à sa disposition entre les équipes de recherche qui lui font des
demandes.
M. Ryan: C'est pour cela qu'il faut surveiller étroitement
la formulation lorsqu'il est question d'une intervention possible du ministre.
C'est que les formules qui peuvent avoir cours pour d'autres organismes - ce
sont les arguments que vous avez utilisés plus tôt - ne doivent
pas nécessairement être transposées littéralement
dans ce cas-ci. C'était là le but de notre intervention.
M. Paquette: Ce que je vous dis, c'est que même si la
formulation "objectifs et orientations" est la même, elle est très
peu contraignante dans l'un et l'autre cas. Voilà pourquoi, dans les
sociétés d'État, on ajoute d'autres dispositions pour que
certains projets ponctuels soient soumis à l'approbation du ministre
parce que ce n'est pas suffisant dans le cas des sociétés
d'État.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement
à l'article 84 est accepté? Adopté? Non?
Mme Dougherty: Une suggestion pour améliorer... Est-ce
que, à l'heure actuelle, le Fonds FCAC reçoit des directives du
ministre de l'Éducation? À l'article 2, on dit que la corporation
s'engage à respecter les directives du ministre de l'Éducation et
à utiliser toutes ses ressources financières. On ne parle pas des
objectifs ni des orientations. Ce ne sont que des directives.
M. Paquette: Ce qu'il y a, actuellement, dans le décret du
Fonds FCAC, est beaucoup plus contraignant que ce que nous avons ici.
Êtes-vous d'accord avec cela?
Mme Dougherty: Le modèle soulevé lors des auditions
était le modèle fédéral où il n'y a aucune
directive et cela fonctionne très bien. La vraie question est: Pourquoi
les directives? Parce que le ministre ou le gouvernement a l'obligation
d'approuver le plan d'action? Est-ce qu'il n'aura pas l'occasion de discuter
les orientations avec le fonds, d'une façon mutuelle et
régulière et de façon moins formelle qu'avec des
directives? Je vois mal la nécessité des directives.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Paquette: II est vrai que, au gouvernement
fédéral, dans la Loi créant les conseils subventionnaires,
on ne parle pas de directives. Cependant, à la lecture du récent
rapport du Conseil des universités, il n'y a peut-être pas de
directive, mais des orientations extrêmement précises sont
données aux conseils subventionnaires fédéraux et,
évidemment, tous les gens au niveau du conseil comprennent que si ces
volontés - pour ne pas appeler cela des directives - gouvernementales ne
sont pas respectées, les budgets risquent d'être perturbés.
En fait, ce que le Conseil national de recherches en sciences naturelles et en
génie, le CRSNG, à Ottawa, est en train de faire, c'est une vaste
réorientation de ses subventions vers la recherche appliquée,
vers les programmes de main-d'oeuvre scientifique. Cette réorientation
est assez draconienne et se fera sur cinq ans. Malheureusement, je n'ai pas les
chiffres ici. Donc, il n'y a pas de directives dans la loi, mais le
gouvernement fait sentir très concrètement dans quelles
directions il veut que les conseils subventionnaires orientent leurs
activités.
Nous avons pensé qu'il valait mieux avoir un mécanisme
plus transparent et, dans le fond, c'est une meilleure garantie face à
l'autonomie des fonds si on inscrit, dans une loi, comment cela doit se
passer.
M. Fortier: Dans ce cas, c'est de la manipulation. Je pense qu'on va se
rallier, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Cela veut dire que
l'amendement est adopté? Non?
M. French: Cela ne veut pas dire cela, cependant. Cela veut dire
qu'on a terminé avec cet aspect.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Quand l'article 86 a été discuté,
il s'agit des règlements...
Le Président (M. Champagne): Je n'ai pas compris. Vous
parlez de l'article 86? On est toujours à 84.
M. French: Je comprends cela, mais l'article 86 peut avoir un
lien avec l'article 84, si vous le permettez.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. French: Quand on a discuté 86, les intervenants ont
fait valoir leur préoccupation selon laquelle les exigences
étaient un peu trop poussées du côté gouvernemental.
Il y avait un espoir d'équilibrer, en quelque sorte, la
nécessité d'un contrôle gouvernemental adéquat avec
la rapidité et la flexibilité nécessaires pour faire
fonctionner un fonds. À cette fin, je crois que le ministre a quelque
peu allégé l'article 86. Mais ce que je voudrais lui
suggérer, c'est la possibilité d'intégrer ce qu'il reste
de l'article 86, après les amendements qu'il a proposés, à
l'article 84. Soit de donner au gouvernement le pouvoir de contrôle, des
barèmes et des limites de son aide financière, donc le
troisième paragraphe de l'article 86, en l'intégrant au plan
triennal, plutôt qu'en le séparant et, ainsi, permettant un laps
de temps raisonnable pour la discussion qui devrait se faire
légitimement entre le gouvernement et le fonds quant aux questions de
barèmes et d'aide financière. Si j'ai bien compris, dans
"barèmes et limites d'aide financière", il s'agit de choses ayant
trait, par exemple, au montant d'argent qu'on va donner aux étudiants de
maîtrise, aux étudiants de doctorat, le nombre de mois, la
plomberie, si vous voulez. Il s'agit essentiellement de la plomberie.
M. Paquette: Oui, mais une plomberie extrêmement
importante. D'accord?
M. French: Non, je ne veux pas sous-estimer, pas du tout.
J'accepte d'ailleurs que le gouvernement soit responsable de l'imposition d'une
certaine cohérence à ce sujet; ça, je l'accepte. Ce qui me
préoccupe, cependant, c'est un point du président du Fonds FCAC,
que je trouvais très important; celui-ci a mis en évidence les
retards qu'engendre inévitablement la nécessité de passer
par les rouages gouvernementaux dans ces domaines et le tort que cela cause aux
étudiants. Tous les députés qui ont rencontré des
étudiants ayant souffert de ce problème, cette année, sont
très sensibilisés à un tel argument.
Encore une fois, ma suggestion, c'est d'intégrer le
contrôle gouvernemental sur les barèmes et les limites de son aide
financière dans le plan triennal, assurant ainsi un processus un peu
plus flexible, un peu plus rapide.
M. Paquette: Voici, M. le Président, l'amendement que
j'apporte à l'article 86, en soustrayant de l'approbation
gouvernementale les alinéas 1 et 2, d'une part, on permet au Fonds FCAC,
sans approbation gouvernementale, de préparer ses brochures.
Évidemment, il devra y mettre la note "les barèmes financiers
sont sujets à révision", mais il peut toujours donner le
barème financier de l'année précédente. Donc,
techniquement, cela permet de préparer les brochures.
D'autre part, la suggestion que fait le député de
Westmount d'intégrer, en quelque sorte, le 3° à l'article 84,
de façon que l'approbation se fasse en même temps, je pense que
rien ne l'interdit dans le projet de loi actuel. C'est-à-dire que le
Fonds FCAC pourrait très bien - je pense qu'il aurait avantage à
le faire - présenter au gouvernement, à la fois son plan
d'activités et, en même temps, les barèmes d'aide
financière. Il y a cependant avantage à garder les deux
entités séparées, parce que cela peut prendre beaucoup
plus de temps pour approuver le plan d'activités que pour les
barèmes. À ce moment, si on reçoit les deux en même
temps, le gouvernement pourrait dire...
M. French: II pourrait être pris avec l'autre.
M. Paquette: ...j'approuve les barèmes, mais je vais
regarder un peu plus à fond le plan d'activités, parce qu'un plan
d'activités, c'est très complexe. Je pense que si on
intégrait cela à l'article 84, cela risquerait de retarder les
choses plutôt que de les accélérer. C'est-à-dire son
intégration au plan d'activités, si on disait: "Le plan des
activités doit contenir les barèmes d'aide financière.
M. French: M. le Président, le ministre a apporté
des arguments qui me semblent valables. Je ne peux pas m'empêcher de
m'inquiéter, mais je ne dispose pas de renseignements qui me
permettraient d'aller plus loin là-dedans, je veux juste dire au
ministre que j'espère qu'il se soucie autant que moi et - j'en suis
convaincu - tous les députés qui ont eu affaire avec les
étudiants en difficulté, ces dernières années,
surtout cette année, qu'il y a suffisamment de rapidité dans la
machine, parce que, ultimement, ce ne sont que ceux et celles qu'on essaie
d'aider avec ces plans qui en souffrent, par la suite, s'il y a un
problème. (11 h 30)
M. Paquette: Vous avez raison. Il est surprenant que, cette
année, il n'y ait eu aucune question à l'Assemblée
nationale sur ce sujet. Cependant, j'imagine qu'avec la transparence accrue
qu'apporte ce projet de loi au fonctionnement des fonds, les
députés de l'Assemblée nationale vont dorénavant
être beaucoup plus sensibles à ce genre de choses. J'imagine que
si le gouvernement attendait, jusqu'à huit mois, comme cela a
été le cas dans le passé, une occasion pour approuver les
barèmes d'aide financière, que cela traînait sur les tables
du ministère de l'Éducation ou ailleurs, les
députés de l'Assemblée nationale sont beaucoup plus
sensibles à cette question et pourront accélérer
les choses en faisant leur rôle normal de pression sur le pouvoir
exécutif de façon qu'on accorde toute l'attention requise
à ce genre de problèmes qui peuvent être effectivement
extrêmement embêtants pour les principaux intéressés,
c'est-à-dire les étudiants.
Mme Dougherty: Pour régler...
Le Président (M. Champagne): Nous sommes à 84?
Mme Dougherty: 84.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
Mme Dougherty: Pour régler la question des objectifs,
orientations et directives, j'aimerais proposer qu'on élimine trois
mots: "ses objectifs et". Donc, le ministre responsable peut, le cas
échéant, donner au fonds sur ses orientations, sauf...
M. Paquette: M. le Président, c'est parce que,
évidemment, il faut se mettre... Enfin, c'est un amendement en bonne et
due forme que vous voulez qu'on...
Mme Dougherty: Oui. M. Paquette: Oui. Ah!
Le Président (M. Champagne): Est-ce que vous voulez
déposer votre amendement, s'il vous plaît?
M. Paquette: Alors, M. le Président, pendant qu'on
écrit l'amendement, je pense qu'on peut...
Le Président (M. Champagne): Oui. En disposer ou en
discuter.
M. Paquette: En discuter puisque l'amendement est clair, je
pense.
J'hésite beaucoup à retirer le mot "objectifs" pour la
raison suivante: C'est qu'il faut s'entendre sur le sens des mots. Le mot
"objectifs" d'abord n'a peut-être pas le sens contraignant qu'y accorde
la députée de Jacques-Cartier. En fait, cela veut dire que nous
pourrions demander au fonds, par exemple, une année, d'augmenter de 50%
le nombre de bourses de doctorat. Cela n'est pas une orientation, c'est un
objectif. Les principaux intéressés vont avoir à regarder
comment ils intègrent cela dans leur plan d'activité et ils vont
nous demander des sous. Cela fait partie des règles normales du jeu.
Mais ce n'est pas une orientation, c'est un objectif. C'est la formule
consacrée "objectifs et orientations". Je pense qu'on a suffisamment
balisé la possibilité de directives ministérielles. C'est
vraiment rendu à un niveau macroscopique. On n'est pas dans le
détail des opérations d'un fonds ici et il me semble qu'indiquer
seulement "orientations", il ne faudrait pas qu'il soit
interprété comme interdisant à un ministre responsable
d'un fonds de poser des objectifs, de demander au fonds d'atteindre certains
objectifs en plus de respecter certaines orientations générales.
Chercher à atteindre l'excellence dans un domaine est un objectif, c'est
un souci d'orientation.
Mme Dougherty: Tout ce que je veux faire, c'est protéger
l'autonomie du fonds autant que possible.
M. Paquette: Un autre exemple d'un objectif. M. Cliche, le
président du Fonds FCAC, nous disait: Nous ne dépassons que 7% de
notre budget dans les frais de fonctionnement. C'est très bien. On
pourrait lui demander d'essayer de viser 5%. Bien, c'est un objectif, ce n'est
pas une orientation.
M. French: M. le Président, c'est le genre d'objectif qui
aurait dû être donné à certaines créatures du
Parlement, notamment dans le domaine électoral, il y a à peu
près cinq ans.
M. Fortier: M. le Président, je pense qu'il y a toujours
un malaise, quelle que soit la façon dont on l'écrit ce sera
assez difficile de s'en défaire complètement. Pour ma part... Je
ne sais pas si ma collègue insiste. Si elle insiste, on va en discuter
de façon formelle.
Le Président (M. Champagne): Voici. C'est que Mme la
députée de Jacques-Cartier propose que l'amendement à
l'article 84 soit modifié en enlevant à la quatrième ligne
du premier paragraphe les mots "ses objectifs et".
M. Paquette: Alors, c'est rejeté, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): C'est rejeté.
D'accord? On revient à l'amendement 84 tel que proposé par le
ministre. L'amendement à l'article 84 est-il adopté?
Mme Dougherty: Sur division. M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Champagne): Adopté sur division.
J'appelle l'article 80 avec l'amendement à 1 . Est-ce que l'amendement
est adopté?
M. Paquette: Changement de nom du Fonds Marie-Victorin.
D'accord?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Le 1° est adopté.
L'amendement à 2° est-il adopté?
M. Fortier: Adopté. Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Adopté. L'article 80
est-il adopté tel qu'amendé?
M. Fortier: Adopté. Mme Dougherty:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 81.
Mme Dougherty: Est-ce exactement la fonction du fonds à
l'heure actuelle?
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: II n'y a pas de changement?
M. Paquette: C'est inspiré du décret. Parce que
c'est le texte du décret, sauf erreur.
Mme Dougherty: Pourquoi a-t-on précisé pour le
Fonds FCAC quatre objectifs?
M. Paquette: C'est que le Fonds pour la formation de chercheurs
et d'aide à la recherche est un fonds beaucoup plus
général et dont les activités sont beaucoup plus
diversifiées. Je pense que c'est nécessaire qu'on ait un tel
fonds, qui est, en fait, le fonds principal du gouvernement. Le Fonds de
recherche en santé du Québec a un rôle beaucoup plus
spécialisé. Ce sera la même chose dans le cas du Fonds de
recherche en agriculture, en pêcheries et en alimentation.
Mme Dougherty: Mais est-ce que le Fonds de la recherche en
santé du Québec a la fonction de promouvoir l'aide
financière à la diffusion des connaissances, par exemple?
M. Paquette: Non. Mme Dougherty: Non?
M. Paquette: Non. Actuellement le Fonds de recherche en
santé du Québec subventionne, je pense, une vingtaine de centres
de recherche dans les centres hospitaliers. Attendez, on va vérifier le
décret.
Mme Dougherty: Actuellement, dans les deux fonds il y a des
chevauchements de fonctions dans le concret.
M. Paquette: On a vérifié dans le décret
pour répondre à votre question. Il n'y a effectivement pas de
programme d'aide à la diffusion de connaissances, de revues
scientifiques ou autres mécanismes actuellement dans le décret
créant le Fonds de recherche en santé du Québec.
Le Président (M. Champagne): Alors...
Mme Dougherty: J'ai une autre question. La situation des
chercheurs non rattachés, cela n'existe pas pour le Fonds de recherche
en santé du Québec...
M. Paquette: Non. À ce moment-là, c'est le
fonds...
Mme Dougherty: C'est simplement pour élargir leur champ
d'action si c'est nécessaire...
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: ...parce que c'est un peu plus étroit,
n'est-ce pas? Ils sont toujours rattachés par nature, n'est-ce pas?
M. Paquette: Évidemment, les chercheurs ne sont pas
toujours dans les universités dans le domaine de la santé.
Parfois ils peuvent être rattachés à un
hôpital...
Mme Dougherty: Dans les hôpitaux.
M. Paquette: ...ou à un institut. C'est le cas, par
exemple, de l'Institut de recherche clinique de Montréal qui est
subventionné par le Fonds de recherche en santé du Québec.
C'est un institut qui n'est pas comme tel intégré à
l'université mais qui est rattaché par un protocole d'entente
à l'Université de Montréal.
M. Fortier: De façon plus générale, le
ministre peut-il nous dire pour quelle raison on prévoit ces trois
fonds? J'imagine qu'il y a d'autres ministères qui ont des budgets de
dépenses.
M. Paquette: Oui.
M. Fortier: Le ministère de l'Énergie et des
Ressources en particulier. Quelle est la philosophie du ministre?
M. Paquette: D'abord, la philosophie a été de
procéder, de poursuivre la démarche évolutive des
dernières années, c'est-à-dire de ne pas bouleverser... On
aurait pu penser, par exemple, à fractionner le Fonds FCAC en sciences
naturelles-génie d'un côté et en sciences humaines de
l'autre. On a préféré ne pas chambarder les choses qui,
à notre avis, allaient bien. Donc, on ne fait que
confirmer l'existence de fonds existants.
D'autre part, il y a un article - c'est l'article 90 - qui permet
à un fonds de mettre en oeuvre les programmes d'aide financière
qui lui sont confiés par une autre loi ou avec l'autorisation du
gouvernement aux conditions que ce dernier détermine. Actuellement, le
Fonds FCAC, par exemple, administre pour le compte du ministère des
Transports, notamment, je pense - je crois qu'il l'a déjà fait
également dans le cas des Communications - un fonds
spécialisé destiné à des centres de recherche ou
à des facultés universitaires dans le domaine. Il les administre
aux conditions et suivant une entente qui est faite avec le ministère,
mais avec son même mécanisme, son infrastructure informatique, ses
comités d'évaluation des projets. Alors, c'est une tendance que
nous comptons encourager, sauf dans les cas où, par exemple, un
ministère serait prêt à mettre énormément de
fonds. À ce moment-là, on pourrait examiner avec lui la
possibilité de créer un quatrième fonds. Il y aurait un
amendement à la loi à ce moment-là.
M. French: Mais c'est aussi le mécanisme d'appui à
la recherche, n'est-ce pas?
M. Paquette: Oui.
M. French: Si on donne énormément d'argent en
contrats, on a des objectifs tout à fait différents.
M. Paquette: Oui. Évidemment, quand le Fonds FCAC
administre les fonds du ministère des Transports, c'est pour des
bourses. Il faut distinguer cela des contrats que le ministère des
Transports pourrait confier à un centre de recherche en particulier.
À ce moment-là, il ne passera pas par l'intermédiaire des
fonds subventionnés.
Le Président (M. Champagne): L'article 81 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. M. le
député de Westmount.
M. French: M. le Président, le commentaire que je voudrais
faire ici, si vous me le permettez, s'applique aux articles 80 et 81 et,
possiblement, à l'article 82. J'hésite un peu à le
formuler. Je suis inquiet que les fonctions ou les fonctions et pouvoirs, aux
articles 80 et 81, soient bons pour toutes les possibilités qu'à
l'avenir on pourrait nous présenter. Le ministre sera
étonné, pour une fois qu'on lui suggère d'ouvrir une porte
plutôt que d'en fermer une, mais je me demandais s'il y avait
possibilité - la structure des trois articles, je vous l'avoue, ne se
prête pas bien à cette idée - d'ajouter, disons à
l'article 80, un cinquième paragraphe qui permettrait au gouvernement de
demander au fonds, par la voie d'un arrêté en conseil ou par un
autre mécanisme, de remplir d'autres fonctions dans le domaine du
développement et de la recherche, pour les objectifs de main-d'oeuvre
hautement qualifiée, quelque chose du genre. Je pourrais donner des
exemples. Je ne sais pas si le ministre veut réagir. Je pourrais lui
dire ce que j'ai à l'esprit, mais il n'a pas nécessairement
à accepter mes propres préoccupations pour accepter l'amendement
ou la suggestion.
Je constate un problème dans les universités
québécoises et ce problème découle de la
syndicalisation des campus, des problèmes financiers de l'État,
d'une situation hautement concurrentielle dans les domaines qui nous
intéressent, soit le génie, la physique, la
micro-électronique, la gestion, l'administration. Dans tous ces
domaines, on assiste à une certaine érosion d'une main-d'oeuvre
québécoise dans le domaine des professeurs, des chercheurs. Le
pire, c'est que les chercheurs et ceux qui publient sont les plus mobiles sur
le marché du travail et ils reçoivent des offres. (11 h 45)
Je ne peux pas, évidemment, donner beaucoup d'exemples du
côté anglophone. La situation du côté anglophone est
très sérieuse, mais je laisse faire cela. Je tiens à
mentionner au ministre que seulement dans le secteur de l'enseignement des
finances aux Hautes études commerciales, on a perdu trois ou quatre
professeurs depuis trois ou quatre ans. Le problème est que ceux qui
restent, on peut bien dire que ce sont des professeurs de finance, mais le
professeur de finance de classe À et le professeur de finance de classe
B n'est pas nécessairement la même personne.
Le professeur de finance de classe A qui reçoit des offres de
l'extérieur du Québec publie et il est connu, alors que l'autre,
c'est un professeur qui a obtenu un doctorat quelque part et qui revient
tranquillement à une université quelconque, anglophone ou
francophone, peu importe, mais qui ne publie pas et qui n'est pas
nécessairement un actif pour les étudiants surtout de
deuxiième et de troisième cycle alors qu'il devrait l'être
et qu'il devrait être celui qui serait appelé à se rendre
aux États-Unis ou ailleurs au Canada.
C'est l'une de mes préoccupations. Je pense que cette
préoccupation deviendra très sérieuse pour le
Québec, surtout avec le vieillissement des professeurs.
Je me demande si les fonds ne devraient pas être appelés
à avoir des programmes spécifiquement réservés
à nos
meilleurs chercheurs. Je voua avoue que je tiens compte de la question
des salaires et des conditions de travail, parce que dans une situation de
syndicalisation comme celle qu'on connaît présentement au sein des
universités, cela crée des programmes extrêmement
sérieux. La question du mérite ne fonctionne plus sur le plan de
la rémunération dans les universités.
M. Paquette: M. le Président, il est certain que nous
sommes bien conscients de ce problème qui est au centre du
développement scientifique et technologique. Voilà pourquoi, dans
les pouvoirs du ministre, au début du projet de loi, on a indiqué
la nécessité d'élaborer une politique de main-d'oeuvre
scientifique. Je peux assurer le député que ce seront des travaux
prioritaires au cours de l'année qui vient. En tout cas, chez nous.
La conclusion sera peut-être de demander au fonds d'assumer ce
genre de mandat. Cependant, il faut bien comprendre la fonction des fonds ici
dans l'ensemble du système scientifique. Il s'agit d'assurer une base de
financement de la recherche relativement répartie en fonction de la
qualité des projets qui sont soumis. Et sans affirmer qu'il serait
contradictoire au fonds de faire des interventions aussi orientées et
aussi ponctuelles, on peut en douter. C'est une chose qu'il faut
assurément examiner. Je suis bien consentant à l'examiner au
cours de l'année qui vient. Si ce ne sont pas les fonds qui peuvent
assumer ce genre d'activités, il me semble que d'autres
mécanismes sont prévus ou devront être mis sur pied.
M. Fortier: J'hésiterais, à ce moment-ci, à
ajouter des pouvoirs à la loi dans ce secteur. C'est un sujet
très délicat. Le ministre a raison en disant que ça va
devenir l'une de ses priorités.
Je sais qu'il y a, entre autres à l'Université de
Montréal, une étude démographique sur le corps
professoral. Assez curieusement, on enseigne la démographie à
l'Université de Montréal. On n'a jamais appliqué la
démographie à son propre corps enseignant. L'étude est en
cours. Un rapport devrait être soumis au mois d'octobre ou à
l'assemblée universitaire. Ce rapport va débloquer des
discussions très franches à l'Université de
Montréal et je crois que les conclusions auxquelles les professeurs en
arriveront eux-mêmes pourraient dégager des recommandations dont
le ministre pourrait s'inspirer. Toutefois, il faudrait attendre ce cheminement
avant de statuer dans ces cas-là. Mais c'est certainement un
problème extrêmement grave.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: J'ai essayé d'expliquer au ministre une
possibilité qu'il n'est pas tenu d'accepter mais qui ne me semble pas
épuiser au moins la nécessité de réflexion s'il
devait y avoir un cinquième paragraphe à l'article 80 qui
permettrait au gouvernement d'accorder, par arrêté en conseil,
d'autres pouvoirs pour le Fonds Marie-Victorin.
M. Paquette: On peut le faire M. le Président. J'aimerais
tout de suite signaler au député de Westmount que l'article 90
permet ce genre de chose. On dit: "En plus d'exercer les fonctions
prévues à la présente section, un fonds..." Donc, cela
s'ajoute...
M. Fortier: Bon, c'est correct, cela va.
M. Paquette: "...mettre en oeuvre les programmes d'aide
financière qui lui sont confiés par une loi."
M. Fortier: C'est correct.
M. Paquette: "...ou avec l'autorisation du gouvernement à
condition que ce dernier détermine les programmes d'aide
financière qui lui sont confiés par un ministère - cela
inclut le nôtre - ou par un organisme public."
M. Fortier: D'accord.
Le Président (M. Champagne): Alors, on reviendra à
l'article 82, je l'appelle: article 82.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 83.
M. Paquette: II y a un amendement. L'article 83, je propose de le
supprimer, M. le Président, compte tenu des modifications qu'on a faites
à l'article 84.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 85.
M. Fortier: Est-ce qu'on a adopté l'article 84?
M. Paquette: Oui, on l'a adopté.
Le Président (M. Champagne): Cela a été
fait, il a été adopté tel qu'amendé.
Mme Dougherty: Sur division, oui. M. Fortier: Oui, merci,
c'est cela.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 85.
M. Paquette: Alors, cet article concerne les formes de l'aide
financière des fonds. Il autorise également un fonds à
utiliser les sommes qui lui sont versées par la fondation,
conformément aux conditions qui y sont attachées.
Le Président (M. Champagne): Nous en sommes aux
amendements de l'article 85. Est-ce qu'il y a des questions ou des observations
à faire?
M. Paquette: II y a un amendement à l'article 85.
L'article 85 est modifié, premièrement, par le remplacement, dans
la première et la deuxième ligne du premier alinéa des
mots: "ses programmes d'aide financière" par les mots: "son plan
d'activité approuvé par le gouvernement".
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Paquette: Deuxièmement...
Le Président (M. Champagne): Est-ce que le premier
amendement est adopté?
Mme Dougherty: Pas de problème.
M. Fortier: II y a une amélioration, adopté.
Le Président (M. Champagne): Premièrement est
adopté. Deuxièmement...
M. Paquette: Deuxièmement par le remplacement du
deuxième alinéa par le suivant: "Un fonds utilise les sommes qui
lui sont versées par la Fondation conformément aux conditions
prévues le cas échéant au plan de répartition de la
Fondation approuvé par le gouvernement."
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement est
adopté? L'amendement est adopté.
M. Paquette: Cela resserre beaucoup mieux...
Le Président (M. Champagne): D'accord. Est-ce que
l'article 85 tel qu'amendé est adopté?
M. Fortier: Adopté. Mme Dougherty:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 86.
M. Paquette: Cet article concerne les règlements d'un
fonds relatif à la forme et la teneur des demandes d'aide, des
modalités, les critères d'évaluation, ainsi que les
barèmes et les limites de l'aide financière. Et il y a un
amendement tel que je l'ai indiqué tout à l'heure.
Alors, l'article 86 est modifié par le remplacement du
deuxième alinéa par les suivants: "Un règlement
adopté en vertu du paragraphe 3 du premier alinéa est soumis
à l'approbation du gouvernement" et, autre alinéa: "Un
règlement adopté en vertu du présent article entre en
vigueur le 10e jour qui suit celui de sa publication à la Gazette
officielle du Québec ou à toute date ultérieure
qu'indique."
L'amendement a évidemment pour but d'exclure 1° et 2°
d'une approbation gouvernementale.
M. Fortier: Le dernier amendement, le règlement
adopté, quel est le sens de cet amendement?
M. Paquette: On reprend simplement ce qui reste de
l'alinéa qui est remplacé.
M. Fortier: Quand on dit un règlement adopté en
vertu du présent article, cela touche tout l'article 86.
M. Paquette: Cela va de soi.
Le Président (M. Champagne): L'amendement est
adopté.
M. Fortier: Oui, d'accord.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Est-ce que
l'article 86 est adopté tel qu'amendé?
Mme Dougherty: Est-ce que cela va impliquer d'autres
délais?
M. Paquette: On a discuté de cette question tout à
l'heure. Je ne le pense pas, pour la simple raison que j'imagine que le Fonds
FCAC va présenter ce règlement sur les barèmes et limites
de son aide financière en même temps que son plan
d'activité. Comme maintenant ce n'est plus uniquement une affaire
à l'intérieur d'un ministère, comme c'était le cas,
c'est devant le gouvernement, il y a des gens qui vont... Je pense que c'est
une amélioration.
Le Président (M. Champagne): L'article 86 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 87.
M. Fortier: Est-ce que je peux demander au ministre s'il a cru
qu'il serait préférable de dire: "Un fonds doit former" au lieu
de "peut former"? J'imagine qu'il y a certains fonds trop petits qui ne forment
pas de comité mais...
M. Paquette: Dans certains cas un fonds pourrait décider
de confier l'application d'un progamme au conseil d'administration
lui-même. C'est un pouvoir.
M. Fortier: C'est un pouvoir, on va lui laisser le pouvoir.
Le Président (M. Champagne): L'article 87 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 88.
M. Paquette: Un instant, s'il vous plaît.
Le Président (M. Champagne): Un instant. L'article 87
comprend des amendements.
M. Paquette: II y a un amendement à l'article 87.
L'article 87 est modifié par l'insertion dans la troisième ligne
du deuxième alinéa avant le mot "au" des mots "à une
allocation de présence et". Est-ce que ça va?
M. Fortier: Cela a été adopté.
M. Paquette: On permet aux membres des comités d'avoir une
allocation de présence et non seulement aux membres du conseil
d'administration.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le
député.
M. French: ...je n'en fais pas une cause mais je le regrette
hautement. Je pense que l'obligation de travailler dans l'évaluation de
ses pairs et de participer à ces comités est une obligation qui
découle des responsabilités de tous et chacun des chercheurs.
M. Paquette: Je pense qu'il est bon -cela rassurera le
député de Westmount - de lire la deuxième partie de
l'amendement qui se lit comme suit...
M. French: Je ne parle pas de cela.
M. Paquette: Non, vous allez voir: "Par l'addition, à la
fin, de l'alinéa suivant: Toutefois, les membres des comités
provenant des ministères et des organismes publics n'ont pas droit
à une allocation de présence."
M. French: Je comprends cela, M. le ministre. Vous m'avez mal
compris. C'est bon et j'apprécie cela. Je pense que c'est ce qu'on
aurait dû faire pour le président du fonds dans l'autre cas et ce
qu'on va faire d'ailleurs. Je regrette que les chercheurs membres des
comités d'évaluation se fassent payer. Je trouve cela... C'est un
autre pas dans la notion que chaque fois qu'on fait quelque chose
au-delà du minimum défini dans la convention collective,
même si on est payé 45 000 $ par année par l'État et
même si on mène... Ah! le conseiller du ministre est dissident. Je
regrette grandement qu'on soit obligé de payer les professeurs qui
remplissent ces fonctions.
M. Paquette: M. le Président, j'attire l'attention du
député de Westmount sur la deuxième partie de
l'amendement. On dit: "Les membres des comités provenant des
ministères et des organismes publics..." Cela inclut les professeurs.
Ils n'ont pas droit à l'allocation de présence. C'est simplement
pour permettre de payer des experts externes.
M. French: Je m'excuse mais...
M. Paquette: Par exemple, on fait un comité et on fait
venir des gens de l'Ontario et des États-Unis pour siéger
à un comité d'évaluation, on voudrait pouvoir leur donner
une allocation de présence mais pas aux professeurs ni aux
fonctionnaires.
M. Fortier: Excusez-moi mais j'ai manqué la discussion la
semaine dernière. Les mots "ministère" et "organisme public"
incluent les universités.
M. Paquette: Oui, cela inclut les universités.
M. Fortier: J'allais dire que je suis tout à fait d'accord
avec mon collègue de Westmount, mais on ne reviendra pas sur la
discussion.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement au
premièrement est adopté? Le deuxièmement est
adopté? Alors l'article 87 est adopté tel qu'amendé.
J'appelle l'article 88.
M. Paquette: Cet article concerne le pouvoir d'un fonds de
conclure une entente intergouvernementale ou internationale.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 88 est
adopté? J'appelle l'article 89. (12 heures)
M. Paquette: À l'article 89, il y a un amendement qui vise
à supprimer le deuxième alinéa. "Un fonds peut adopter un
règlement de régie interne. "Un tel règlement entre en
vigueur dès après son approbation par le gouvernement." On
enlève l'approbation gouvernementale.
M. Fortier: Le ministre a compris.
Le Président (M. Champagne): Alors, l'amendement de
l'article 89 est adopté.
M. Paquette: On comprend vite, on n'a pas besoin de cinq
mois.
Le Président (M. Champagne): L'article 89 est
adopté tel qu'amendé.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 90.
M. Paquette: Cet article autorise un fonds à gérer
des programmes d'aide prévus par d'autres lois à un autre
ministère que celui du ministre de tutelle ou à un organisme
public. C'est l'article que j'ai lu pour le député de Westmount
tout à l'heure et qui permet beaucoup de souplesse, une souplesse qui
est nécessaire.
Mme Dougherty: Merci.
M. Trench: M. le Président, cela me fait penser
qu'ultimement, le pouvoir directif sur les fonds n'est pas très
significatif puisqu'il implique inévitablement une augmentation de
deniers, de toute façon. Autrement dit, chaque fois qu'une enveloppe
budgétaire est donnée au fonds, veux, veux pas, le gouvernement a
toujours le pouvoir et le droit, pas nécessairement la
responsabilité, mais le pouvoir et le droit de donner au fonds les
barèmes, ou les balises, ou les objectifs qu'il veut que le fonds adopte
en utilisant les fonds publics.
M. Paquette: Oui. Je partage cette opinion. D'ailleurs, cela m'a
étonné qu'on s'énerve tant sur ce mot. Il faut dire qu'au
départ, dans le projet de loi, les directives n'étaient pas
balisées...
M. French: Oui.
M. Paquette: ...n'étaient pas mises en contexte du plan
d'activité.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 90 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 91.
M. Paquette: Cet article a pour objet de définir les
pouvoirs d'emprunt et de contrat d'un fonds ainsi que leur limite. Voyez
pourquoi on peut avoir besoin d'un article concernant les conflits
d'intérêts comme celui qu'on a adopté plus tôt. Par
contre, cet article a pour objet d'interdire à un fonds l'acquisition
d'un immeuble. Je pense que c'est une clause usuelle dans le cas d'un organisme
dont le fonctionnement est financé à même les fonds
publics.
M. Fortier: Le premier alinéa: "Un fonds ne peut, sans
l'autorisation du gouvernement: 1° contracter un emprunt qui porte
au-delà du montant déterminé par le gouvernement le total
de ses emprunts en cours non encore remboursés;" D'accord, il n'y a
aucune difficulté.
M. Paquette: Cela va?
Le Président (M. Champagne): L'article 91 est
adopté?
M. Paquette: Adopté.
Dispositions financières
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 92.
M. Paquette: Cet article a pour objet d'autoriser le gouvernement
à garantir un emprunt d'un fonds ou à lui avancer tout montant
nécessaire. C'est un article analogue à celui qui a
été approuvé pour la fondation.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, n'y a-t-il pas besoin d'un
article qui dit que le gouvernement verse une subvention annuelle de
fonctionnement au fonds?
M. Paquette: C'est l'article 162, dans les dispositions
transitoires, qui se lit comme suit: "Les sommes requises pour l'application de
la présente loi sont prises, pour l'exercice financier 1983-1984, sur le
fonds consolidé du revenu, dans la mesure que détermine le
gouvernement et, pour les exercices financiers subséquents, sur les
sommes accordées annuellement à cette fin par le Parlement."
M. French: Par le gouvernement.
M. Paquette: Par le Parlement.
M. French: Alors, cela va être amendé.
M. Paquette: Ah oui, par le gouvernement, c'est vrai.
M. French: Peut-être que le ministre pourrait nous
expliquer un peu ce que le deuxième paragraphe... Ce n'est pas
très clair dans quelles circonstances on avance des fonds à une
institution qui n'a de revenu venant ultimement du gouvernement, plus ou moins
directement.
M. Paquette: Enfin, cela peut être pour s'assurer que les
obligations financières d'un fonds puissent être
respectées, même s'il y a des délais dans les
mécanismes normaux. À ce moment-là, ce mécanisme
est beaucoup plus rapide, car le ministre des Finances fait une avance et se
rembourse, par la suite, lorsque vient le temps.
M. Fortier: C'est une bonne protection.
M. Paquette: Cela met de la souplesse dans les flux
financiers.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 92 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté. M. Paquette:
Adopté.
Documents, comptes et rapports
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 93.
M. Paquette: Cet article est une clause usuelle qui concerne la
délégation de signature d'un fonds. Il autorise également
l'usage d'un appareil automatique et d'un fac-similé.
Mme Dougherty: Adopté. M. Paquette:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 93 est
adopté. J'appelle l'article 94.
M. Paquette: "Un document ou une copie d'un document provenant du
ministère ou faisant partie de ses archives, signé ou
certifié conforme par une personne visée à l'article 15
est authentique." C'est aussi une clause usuelle.
M. Paquette: Adopté. Mme Dougherty:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): II est adopté.
J'appelle l'article 95.
M. Paquette: La date de la fin de l'exercice financier est
fixée au 31 mai.
M. Fortier: Est-ce que c'est la date qui existe
présentement?
M. Paquette: Oui, après consultation, on a convenu qu'il
était préférable d'ajuster la date de fin d'exercice
financier à la date de fin d'exercice des universités. Cela va
faciliter les choses.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 95 est
adopté? M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté.
J'appelle...
Mme Dougherty: Donc la fondation... Pour tout le monde, ce sera
le 31 mai, maintenant.
M. Paquette: Non. La fondation, c'est l'exercice financier du
gouvernement, le 31 mars. Elle ne fait pas affaires avec lesuniversités. Elle ne fait affaires qu'avec les fonds sectoriels.
M. Fortier: Dans les mesures transitoires, il va y avoir des
ajustements à faire. En tout cas, on verra plus loin. La date de fin
d'année va être modifiée.
Le Président (M. Champagne): L'article 95 est
adopté. J'appelle 96.
M. Paquette: Le rapport annuel d'un fonds, M. le
Président, se fait, au plus tard, le 30 septembre de chaque
année.
Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 96 est
adopté. J'appelle l'article 97.
M. Paquette: C'est le dépôt à
l'Assemblée nationale du rapport annuel. C'est classique cela aussi.
Mme Dougherty: Adopté..
Le Président (M. Champagne): L'article 97 est
adopté. J'appelle l'article 98.
M. Paquette: Cet article concerne la vérification des
livres et comptes d'un fonds.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 98 est
adopté. J'appelle l'article 99.
M. Paquette: M. le Président, si vous me le permettez, on
va revenir à l'article 77. On a l'amendement demandé par le
député d'Outremont concernant le quorum.
Le Président (M. Champagne): L'article 77 est
appelé.
M. Paquette: L'article 77 est modifié par le remplacement
du deuxième alinéa par le suivant: "Le quorum aux séances
du conseil d'administration est de plus de la moitié des membres du
conseil d'administration du Fonds." Cela va?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Voici, le sous-amendement est
adopté. Vous avez déjà un amendement sur la table. Cela
annule-t-il l'amendement?
M. Paquette: Je pense qu'on peut dire que j'ai retiré ma
proposition et que je la remplace par l'amendement que je viens de lire.
Le Président (M. Champagne): Alors, l'amendement qui a
été déposé concernant le quorum est
changé.
M. Paquette: II est retiré.
Le Président (M. Champagne): II est retiré.
M. Paquette: Je fais un nouvel amendement que je viens de
lire.
Le Président (M. Champagne): Et qui a été
adopté. Est-ce que l'article 77 tel qu'amendé est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 99.
Mme Dougherty: M. le ministre, mon collègue a
soulevé les articles en suspens. J'aimerais avoir votre engagement que
nous recevrons ces articles à temps pour les discuter.
M. Paquette: Certainement.
Mme Dougherty: Pas à la dernière minute.
M. Paquette: Je peux m'engager à ce qu'on les
dépose au début de la séance de cet après-midi.
Le Président (M. Champagne): II s'agirait des articles 12,
45 et 69.
M. French: Est-ce que nous avons adopté l'article 1?
L'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche
Remarques préliminaires M. Gilbert
Paquette
M. Paquette: Cela a été adopté. Nous
arrivons au chapitre concernant l'Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche. Je pense qu'il s'agit ici d'un
organisme nouveau, mais nécessaire pour compléter le dispositif
de soutien au processus de l'innovation. Lorsque nous avons entrepris la
préparation de ce projet de loi, notre préoccupation n'a pas
été de chambarder nécessairement le système ou de
créer de nouveaux organismes. Je pense que nous avons été
parcimonieux, à cet effet, puisque, dans le projet de loi, outre la
fondation, qui nous apparaît un mécanisme nécessaire pour
alimenter davantage les fonds, nous arrivons au chapitre qui, dans le fond, est
le seul qui crée un organisme nouveau ayant une ampleur relative.
Nous avons examiné les organismes existants. Tout d'abord, la
Société de développement industriel. Nous avons
été forcés de constater que la Société de
développement industriel du Québec, même si elle dispose de
programmes d'aide à la recherche-développement, auxquels
d'ailleurs nous avons contribué, puisque ces programmes ont
été adoptés à l'automne, programmes très
utiles qui semblent promis à beaucoup de succès, il y a eu
énormément de demandes jusqu'à maintenant, cela fonctionne
très bien, il n'y a pas de difficulté de ce côté, il
s'agit, quand même, de programmes qui se situent dans la perspective d'un
organisme de financement essentiellement, d'aide au financement des entreprises
comme la SDI. La SDI est un organisme où on se donne des programmes
d'aide sur différentes fonctions de l'entreprise pour aider au
marketing, à la gestion et, maintenant, il y en a pour la
recherche-développement. L'attitude générale de la SDI est
attentiste, ce n'est pas péjoratif de dire cela, je pense que c'est la
réalité. Elle attend essentiellement que des entreprises se
présentent et lui indiquent la nécessité d'une aide
financière pour l'une ou l'autre des fonctions de l'entreprise. C'est
donc un organisme qui, face à une entreprise, a un rôle
relativement ponctuel. Nous pensons que dans le processus d'innovation, qui
part de l'idée au brevet, au prototype jusqu'au produit ou au
procédé commercialisable, la SDI est un organisme fort utile pour
intervenir particulièrement dans les dernières phases du
processus lorsqu'un projet est déjà assumé par une
entreprise et que l'entreprise se présente à la SDI pour son
financement. De plus, la SDI jouit d'une expertise en termes
d'évaluation des entreprises qui pourra être utile à
l'Agence de valorisation industrielle.
La SDI, manifestement, n'est pas cet organisme catalyseur,
sélectif qui fonctionne projet par projet et qui est capable
d'accompagner un projet dans toutes les phases de son développement. Au
cours du développement d'un projet, elle pourra, comme d'autres
organismes financiers certains au fédéral, d'autres dans les
institutions financières privées - contribuer à la
réalisation de certains projets. Elle le fait
déjà, elle l'a fait et elle va continuer à le
faire.
D'autre part, nous avons regardé le rôle du Centre de
recherche industriel du Québec. Essentiellement, les activités du
CRIQ concernent la recherche-développement. En fait, on peut dire que le
CRIQ est le principal instrument de développement technologique du
gouvernement du Québec. La répartition du temps des
activités du CRIQ, actuellement, est approximativement la suivante: 72%
pour la recherche-développement en assistance technique aux petites
entreprises - donc, c'est son rôle premier, son rôle principal -
18% pour l'information technologique et 10% pour les activités
commerciales destinées à vendre les services du CRIQ.
Fait significatif, le Centre de recherche industrielle du Québec
avait, autrefois, dans son mandat, la mission de valoriser des inventions et
s'était doté d'un service d'aide aux inventeurs. Ce service a
été transformé en un service d'évaluation des
inventions, ce qui indique bien que le CRIQ, au cours des années, a
réussi à se centrer sur son rôle de développement
technologique.
Selon nous, le CRIQ n'est pas l'outil le plus apte pour relancer
l'activité de valorisation pour deux raisons principales. Dans de
nombreux cas, le CRIQ peut apparaître en conflit d'intérêts
aux yeux des intervenants, en ce sens que, puisqu'il passe 72% de ses
activités en recherche-développement au service de petites et
moyennes entreprises, il est dépositaire de certains secrets
industriels. Comment pourrait-on lui demander de développer, d'agir
comme promoteur, comme développeur de projets qui peuvent entrer en
concurrence avec certains de ses clients qu'il appuie en termes de travaux de
recherche-développement, dans le même secteur d'activité?
Cela peut se présenter.
Deuxièmement, on doit constater que, jusqu'ici,
l'évolution que j'ai mentionnée indique que le CRIQ, en fait,
même si, au début, avait une certaine préoccupation de
valorisation de la recherche, ne s'est pas manifesté après de
nombreuses années de fonctionnement. En fait, les raisons internes au
CRIQ découlent du fait qu'il a développé ses points forts,
l'évaluation technologique des inventions, la phase de
développement et de mise au point aux dépens de la
préoccupation proprement dite de valorisation qui, à notre avis,
repose sur l'animation, les contacts, l'organisation de projets de nature
commerciale qui nécessite la mobilisation, comme je l'ai dit
tantôt, aux phases ultérieures d'un organisme, par exemple, comme
la SDI ou d'autres organismes financiers et qui, aux phases initiales,
nécessite l'expertise d'un organisme comme le CRIQ qui devra
évaluer la rentabilité et la valeur technique d'un projet.
On a aussi mentionné le Centre d'innovation industrielle de
Montréal. Dans ce cas, je dois dire que, malgré la grande valeur
des travaux effectués au Centre d'innovation industrielle de
Montréal, cet organisme est un mandataire de l'École
polytechnique, les membres du conseil d'administration sont nommés par
l'École polytechnique. Il s'est donné un mandat extrêmement
diversifié qui va de l'évaluation des inventions jusqu'à
une contribution à la formation des étudiants de polytechnique.
C'est un mandat relativement intégré et, pour lui faire jouer le
rôle d'une agence de valorisation, il faudrait lui demander de se
détacher de l'École polytechnique. Je ne pense pas que les gens
qui sont là soient prêts à le faire. Évidemment, ils
peuvent toujours nous dire: Pourquoi mettez-vous l'argent dans AQVIR et ne nous
le donnez-vous pas? On pourrait faire des choses avec. Je ne doute pas qu'ils
pourraient faire des choses extrêmement valables avec les fonds
gouvernementaux. Il n'est pas exclu que l'AQVIR leur confie des contrats; je
dirais même que ce serait dans le cours normal des choses qu'un organisme
comme l'AQVIR confie des contrats au Centre d'innovation industrielle de
Montréal, ce qui leur donnerait un apport financier additionnel.
Cependant, peut-on demander à un organisme, mandataire de
polytechnique, de valoriser des brevets de l'Université Laval ou de
l'Université McGill? Peut-on lui demander également de jouer un
rôle de développeur industriel? Je ne pense pas. (12 h 30)
Compte tenu de cette évaluation des organismes existants les plus
reliés à un rôle de valorisation industrielle, force nous
est de constater qu'il y a, au Québec, trop d'inventions qui dorment sur
les tablettes. Actuellement, il faut savoir que beaucoup d'inventeurs se
présentent à la porte du Centre de recherche industrielle du
Québec. Avec son service d'évaluation des inventions, le CRIQ
distingue, en quelque sorte, le bon grain de l'ivraie. Il y a toujours des
farfelus qui se présentent dans nos bureaux de comtés; c'est
normal, mais il y a souvent des gens très sérieux qui se font
ballotter d'un endroit à l'autre parce qu'ils apportent une idée
nouvelle et que ceux qui les reçoivent sont incapables de
l'évaluer. Alors, le CRIQ joue un rôle indispensable de ce
côté et le Centre d'innovation industrielle de Montréal
joue également un rôle analogue.
En fait, le Centre d'innovation industrielle de Montréal est
beaucoup plus en conflit avec le CRIQ en termes de champ d'activité.
C'est d'ailleurs pourquoi il y a une entente entre les deux et les tâches
se sont partagées naturellement entre les deux organismes, mais une fois
que l'évaluation a été faite par le CRIQ, par exemple, ou,
dans certains cas, par le Centre d'innovation
industrielle de Montréal, la plupart du temps, les inventeurs se
disent: Voilà. On a l'estampe Approuvé, mon affaire a de
l'allure. Qu'est-ce que je fais maintenant?
Généralement, ces gens ne sont pas des hommes d'affaires
et, généralement, ils craignent de communiquer avec un homme
d'affaires qui va leur soutirer leur invention. Ils craignent d'en perdre les
bénéfices. Il y a tous ces phénomènes qui jouent.
Il y a actuellement, devant le CRIQ, 20, 25 projets qui ont été
évalués comme projets valables et que le CRIQ n'est pas capable
de financer. On en a déjà reçu un sans avoir à
notre disposition l'agence de valorisation industrielle. Deux ingénieurs
d'Ottawa ont présenté une invention qui a été
jugée valable par le CRIQ. Ils sont allés voir au gouvernement
fédéral, mais il n'y avait personne pour les aider. Ils sont
allés à la SDI; celle-ci ne pouvait financer ce genre de choses,
car l'entreprise n'existe pas encore. Alors, on a fait une demande ad hoc au
Conseil du trésor et on a dégagé des fonds qui vont leur
permettre de produire un prototype. Ils ont inventé un appareil dans le
domaine des télécommunications qui est plus efficace et qui
coûte trois fois moins cher que tout ce qu'il y a sur le marché.
On se dit: Voilà le genre de chose qu'il faut encourager. Alors ils sont
en train de lancer une petite entreprise dans la région de Hull gui a de
bonnes chances de succès. Evidemment, il y a un risque très
élevé dans ces cas. Il y a 20 ou 25 projets devant le CRIQ qui
attendent d'être valorisés et qui ne le seront peut-être
jamais. Il y en a un certain nombre dans beaucoup de ministères
québécois. On a des gens qui font de la recherche dans les
ministères qui lèvent des brevets qui sont évalués
comme intéressants, comme prometteurs, et qui ne seront peut-être
jamais valorisés parce que personne ne s'en occupe.
Alors, le rôle de l'Agence de valorisation industrielle de la
recherche n'est pas de remplacer le CRIQ ni de remplacer la SDI; c'est
d'accueillir les inventions nouvelles, de s'assurer qu'elles sont prometteuses
en regardant les tendances technologiques sur le plan international, faisant
appel, par exemple, à un organisme comme le CRIQ ou le Centre
d'innovation industrielle de Montréal. Une fois que le projet est
jugé intéressant, l'agence est très sélective; elle
choisit quelques chevaux possiblement gagnants et elle mise sur ces projets.
Elle les accompagne, elle les aide à détenir les brevets,
à aller chercher l'aide financière, à intéresser
des investisseurs ou des hommes d'affaires au projet ou à des
entreprises existantes qui peuvent possiblement accueillir un tel projet.
C'est donc un rôle catalyseur qui n'est pas joué
actuellement et l'évaluation qu'on a faite d'organismes similaires en
France et en
Angleterre notamment nous indique que ce genre d'organisme peut donner
des résultats intéressants. C'est un outil qui me semble
nécessaire, qui me semble au coeur des préoccupations du virage
technologique où on mentionne, notamment, le cloisonnement entre les
milieux de recherche, les inventeurs et les hommes d'affaires. Voilà un
organisme qui permettrait de mettre les gens ensemble en interrelation, de
façon que les bonnes idées deviennent de bons produits. C'est
l'objectif de ce chapitre du projet de loi.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, je pense bien que l'intention
poursuivie est de susciter un développement économique en
utilisant les idées ou les brevets non utilisés. Je pense bien
que, là-dessus, on peut faire l'unanimité pour dire que c'est le
but poursuivi par tous ceux qui s'occupent du développement
économique pour tenter de briser le déroulement infernal qui se
fait présentement dans bien des pays du monde et pas seulement au
Québec, où il y a des idées qui se perdent. Il y a des
gens qui ne sont pas assez entrepreneurs pour faire des choses.
Il y a des gens qui, depuis quelques années, ont fait des choses
au Québec de ce côté-là. Le CRIQ en est un; le
Centre d'innovation industrielle de Montréal a également fait
certaines choses de ce côté-là. Ce que j'aurais voulu que
le ministre nous donne, c'est une évaluation de ce qui s'est fait
davantage dans ces deux organismes, une évaluation plutôt
quantitative et introspective pour nous permettre de juger ce qu'il est
possible de faire, des efforts qui ont été faits dans le
passé et des résultats que cela a donné. Je sais que le
CRIQ, en particulier, a tenté d'informer davantage par un service
d'information adéquat, en utilisant les bureaux du MICT en
régions, et, par un réseau téléphonique, a
tenté de rejoindre la petite et la moyenne entreprise et les inciter
à s'intéresser davantage à la recherche et au
développement et les rendre plus sensibles au fait qu'ils ont besoin de
s'inspirer auprès de ceux qui ont des idées pour les transposer
dans leur propre industrie et, pour ce faire, pour être plus
concurrentiels.
Malheureusement, le ministre n'a pas déposé d'analyse. Il
m'a bien donné ces deux pages sur la loi organique sur la science et la
technologie, deux pages qui touchent le CRIQ, mais je n'ai pas trouvé
d'évaluation systématique des efforts qui ont été
faits et de ce qu'il est possible de faire. Parce que la question qui se
pose... Le ministre disait, avec raison: II y a des gens qui ont des
idées et il y a des gens qui vont aller au CRIQ se faire dire que leur
idée a du bon
sens. II disait qu'il peut produire dans le domaine des
télécommunications à un prix réduit. Je pense bien
que lorsqu'on dit cela, il faut faire attention. On peut dire que
l'évaluation nous permet de croire que, peut-être ce serait
possible de produire à meilleur coût. Je veux dire qu'il n'y a pas
beaucoup de certitude dans ce domaine-là. Il n'y a personne, je pense
bien, au ministère ou au CRIQ qui pourrait arriver à des
conclusions très certaines. Mais là où je suis d'accord
avec le ministre, c'est pour dire:. À un moment donné, cela va
prendre un catalyseur, cela va prendre quelqu'un qui va jouer le rôle
d'entrepreneur, d'homme d'affaires pour trouver les fonds, pousser
l'idée, travailler d'arrache-pied. D'ailleurs, quand on va en province
et que l'on rencontre des exemples de ceux qui ont travaillé, on
s'aperçoit, entre autres, lorsqu'on examine les difficultés ou
les succès - je ne sais pas quel est leur succès financier
présentement - de la table Oracle, qu'un ancien professeur de
philosophie a créée à un moment donné... Je connais
les gens qui l'ont appuyé, ce sont des amis à moi. Heureusement
qu'il avait une bonne idée et qu'il n'a pas craint de s'associer avec
des gens qui étaient des financiers, des gens qui connaissaient le
marketing. Présentement, je crois qu'ils sont en train de mettre sur
pied une boîte qui devrait réussir. Mais, là, c'est
l'alliance des idées avec des financiers, avec des entrepreneurs et avec
des promoteurs.
Je me pose une question fondamentale. Est-ce que cela va être
possible de créer une agence québécoise de valorisation
industrielle de recherche où, par définition, on va engager des
gens qui, après un certain temps, vont devenir "fonctionnaires"? Je
n'utilise pas cela dans un sens péjoratif. Mais ce n'est pas
nécessairement le genre de personnes qui, normalement, se font
embrigader pour permettre ces développements. (12 h 30)
J'ai rencontré celui qui a inventé la table Oracle et je
connais les gens qui l'aident dans son développement. J'aurais de la
difficulté à croire que ces gens accepteraient de venir à
salaire à l'Agence québécoise de valorisation industrielle
de la recherche. Je me pose une question. Je dis que la tentative de briser le
cercle infernal entre les gens qui ont des idées et les promoteurs est
louable.
Dernièrement, dans mon comté, une personne est venue me
voir et je suis allé voir son invention à son domicile. Ce
n'était pas farfelu. Il s'agissait d'une méthode facile pour
couler des pièces. Toutefois, il était très évident
que, pour en faire le marketing, il fallait trouver des gens qui oeuvrent dans
ce milieu. D'ailleurs, je crois que le ministère pourrait jouer un
rôle de ce côté-là, en essayant de mettre en contact
les gens qui ont des idées valables avec des promoteurs dans un secteur
donné. Mais cela ne me convainc pas nécessairement de la
nécessité d'avoir une Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche. Il y a des besoins de ce
côté-là. Il y a le besoin de mettre en contact des gens qui
ont des idées, de faire évaluer l'idée et de mettre les
gens en contact avec des promoteurs, des promoteurs qui, non seulement, vont
l'appuyer moralement, mais des promoteurs qui vont accepter de mettre leur
argent dans l'entreprise. Le ministre dit: Avec l'argent du public, on va miser
sur quelques chevaux. En fait, ce pourrait être une méthode trop
facile. Je veux dire que la personne qui aurait avantage à être
jugée par l'agence comme ayant un projet valable va
bénéficier d'une aide de l'État et peut-être qu'elle
ne connaîtra pas les difficultés de lancement d'un projet. Je
crois que ce sont des difficultés qu'un jeune industriel doit traverser
s'il veut réellement réussir.
Je me pose des questions et j'aimerais que le ministre nous
réponde. Il dit: Cela existe en France et en Angleterre. En fin de
semaine - c'est toujours les fins de semaine et à l'occasion de
cocktails qu'on rencontre les gens - j'étais dans Outremont et j'ai
rencontré des gens oeuvrant dans la recherche qui m'ont parlé du
projet de loi. J'ai rencontré des Français qui m'ont dit: Faites
attention pour ne pas copier tout ce que la France fait; vous savez, cela n'a
pas toujours bien réussi. J'aimerais que le ministre nous dise depuis
combien de temps cela existe en France et quels sont les résultats.
Est-ce que les résultats sont probants? Cela semble être une
rationalisation de l'esprit que c'est la direction dans laquelle on doit aller
et je sais qu'il n'y a pas de solution miracle dans ce secteur-là. Mais,
personnellement, j'ai des hésitations à croire que cela va donner
des résultats aussi faciles que le ministre le laisse croire.
J'hésiterais, pour ma part, à statuer présentement pour la
création d'une agence comme celle-là qui va définir des
règles bien précises, alors qu'on pourrait tenter de faire des
expériences avec le CRIQ et avec le CIIM. On pourrait voir ce qui peut
être fait. Le ministre peut peut-être me donner une
évaluation meilleure que celle que je peux avoir sur ce qui s'est fait
en France et donner les résultats probants. Il nous a donné un
ordre de grandeur. On investit, en France, des millions de dollars
là-dedans. Est-ce que, de fait, cela a donné des résultats
très explicites?
Il mentionnait, tout à l'heure, que le CIIM est affilié
à l'École polytechnique. Est-ce que le ministre peut nous dire
s'il a négocié avec eux? Ce que j'essaie de dire -c'est un sujet
sur lequel je m'étais penché, il y a une quinzaine
d'années - ce n'est pas facile de valoriser la recherche. Une chose
que j'ai apprise en regardant ce problème, c'est qu'il est
préférable de tenter de faire quelque chose dans ce secteur avec
ceux qui ont fait des efforts. Autrement dit, au moins eux se sont
penchés sur le problème et ils ont fait des essais. C'est par le
"trial and error" qu'on peut arriver à trouver des solutions.
À première vue, ce qui me fait hésiter beaucoup
devant la proposition du ministre, c'est qu'il semblerait qu'on n'a même
pas parlé à ces gens-là. Cela crée certainement une
réaction négative au départ de la part de ces
gens-là et de ma part également, en disant: Qu'est-ce qu'on est
en train de faire? On essaie de faire quelque chose de positif pour le
Québec et ceux qui, sans attendre aucune absolution de qui que ce soit
au gouvernement, ont décidé de faire quelque chose, je dirais,
dans un premier temps, que ces gens-là auraient dû au moins
être consultés et auraient dû nous dire ce qu'ils ont
fait, de quelle façon ils voient cela. C'est la raison pour laquelle, au
début de l'étude de ce projet de loi, on aurait voulu entendre
ces gens-là, les gens du CRIQ et les gens du CIIM. Ils auraient pu nous
dire dans quelle mesure leurs efforts ont donné de bons
résultats.
Je vais m'arrêter là pour le moment. Ce sont les
hésitations que j'ai, des hésitations parce que les gens
concernés n'ont pas été consultés, des
hésitations parce que je ne connais pas beaucoup les résultats
probants de l'expérience qui a été faite en France, des
hésitations sur la démarche même qui est difficile et qui
va demander de la part de ceux qui oeuvreront dans l'agence d'avoir des
qualités d'aménageur et de promoteur. Je me demande s'il sera
possible d'attirer ce genre de personnes-là dans cette agence. Somme
toute, c'est un processus extrêmement difficile. Si, dans le
passé, le CRIQ s'est intéressé à cela, il a fait
des efforts de ce côté-là et son effort d'information est
peut-être passif mais dans le fond c'est de dire aux gens:
écoutez, vous devriez faire de la recherche et de l'aménagement,
vous devriez faire de l'innovation. Nous sommes là pour vous informer,
nous sommes là pour évaluer ce que vous pouvez faire.
Ce que le ministre nous propose c'est d'aller une étape plus loin
et d'intervenir d'une façon très directe. Quand on regarde les
fonctions de l'agence, c'est de la prospection, c'est de promouvoir le projet
de valorisation. C'est une intervention de promoteur. Est-ce que l'État
peut jouer ce rôle-là? Je pose la question étant
donné que le ministre a dû réfléchir sur cette
question. Je lui demanderais de me fournir la réponse.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Gilbert Paquette (réplique)
M. Paquette: Tout d'abord, il n'est pas exact de dire que nous
n'avons pas parlé aux gens du Centre de recherche industrielle du
Québec et du Centre d'innovation industrielle de Montréal. Ce
sont des organismes que nous connaissons depuis longtemps.
Particulièrement avec le Centre de recherche industrielle du
Québec, il y a eu, au cours des deux dernières années, des
réunions régulières, mensuelles du Secrétariat de
la science et de la technologie avec la direction du CRIQ. C'est notamment avec
eux que nous avons préparé le projet de centre de diffusion des
technologies CAO FAO qui va bientôt se mettre en route. Par
conséquent, nous connaissons très bien cet organisme. Les
rapports annuels existent. J'ai donné - en résumé bien
sûr - la répartition des principales activités du CRIQ qui
permettent d'affirmer qu'actuellement le CRIQ ne fait pas de valorisaiton
industrielle de la recherche mais qu'il s'agit d'un agent extrêmement
dynamique au service du développement technologique des entreprises.
Nous nous sommes posé la question: est-ce qu'on ne pourrait pas
demander au CRIQ d'assumer un nouveau mandat qui a déjà
été le sien et qui, finalement, a été
délaissé avec les années parce qu'ils se sont
centrés sur leurs activités par un souci de cohérence, de
développement technologique des entreprises. Nous nous sommes
demandé si on ne pouvait pas leur confier de nouveau, avec des moyens
accrus, une nouvelle approche qu'on leur suggérerait, le mandat de faire
la valorisation industrielle de la recherche. Cela n'est pas possible parce
que, comme je l'expliquais tout à l'heure, on ne peut pas demander au
même organisme gouvernemental d'être partie à un projet de
valorisation industrielle dans un secteur et d'y investir certains fonds et de
jouer un rôle de catalyseur, non pas de promoteur mais de catalyseur
autour d'un projet, dans un secteur industriel donné, alors qu'à
côté le même organisme est dépositaire des secrets
industriels d'une entreprise qu'il aide à développer, par
exemple, sa chaîne de montage, son processus de production ou encore
à introduire une innovation dans sa production. Il y a là un
conflit d'intérêts qui risque d'être perçu par les
clients du CRIQ comme menaçant. C'est peut-être l'une des raisons
pour laquelle le Centre de recherche industrielle du Québec a
limité ses activités de valorisation à la recherche
à l'évaluation d'inventions et de l'information.
Quant au Centre d'innovation industrielle de Montréal, comme je
l'ai indiqué tout à l'heure, le statut de cet organisme et le
mandat extrêmement large qu'il occupe à sa face même, en
examinant les documents qui nous ont été soumis, fait en sorte
qu'il s'agit d'un organisme
extrêmement utile, mais qui, dans sa nature actuelle, ne peut pas
jouer le rôle que le député d'Outremont a très bien
identifié qui consiste à mettre en contact les gens qui ont les
idées avec ceux qui ont le "know how", en termes d'affaires, ou ceux qui
ont les investissements. Le député d'Outremont dit: On ne pourra
pas demander au personnel de l'agence d'agir comme promoteur. Il faut
s'entendre là-dessus. Nous, on ne voit pas non plus ces gens agir comme
gérants des entreprises. Et leur rôle est peut-être,
à cet égard, un peu différent des organismes à
l'étranger. Il est beaucoup plus pointu, identifié. Leur
rôle, c'est tout simplement d'identifier des projets prometteurs,
d'exercer leur jugement, de faire un choix, en se servant de l'expertise
d'organismes comme le CRIQ ou le CIA, de faire un choix et d'accompagner le
projet en y intéressant un promoteur, en y intéressant des
investisseurs.
Par exemple, l'article 115,4° dit: "de susciter la participation
financière des particuliers, des sociétés et des
corporations à ses activités de valorisation industrielle de la
recherche." Bien sûr, à l'occasion, une contribution
financière en termes de capital de risque - et Dieu sait que le capital
de risque est difficile à trouver au Québec actuellement; on n'a
pas vraiment trouvé de mécanismes pour mettre en valeur du
capital de risque au Québec. Dans certains cas, l'agence pourra investir
en espérant que, peut-être dans deux cas sur trois, les projets ne
donneront pas tout le rendement qu'on en avait espéré. Mais, dans
l'autre tiers, ce sera tellement rentable qu'on finira par équilibrer et
même peut-être par autofinancer cette agence.
La raison pour laquelle on donne ce pouvoir financier à l'agence,
c'est de lui permettre de fonctionner dans un contexte d'entreprise
privée. Si l'agence est intéressée financièrement,
elle va être beaucoup plus sélective dans le choix des projets,
elle va essayer de trouver les meilleurs promoteurs et les meilleures sources
de financement. Et cela peut être sécurisant pour un promoteur
privé de savoir que l'inventeur n'arrive pas seul avec la
découverte du siècle, mais qu'il arrive, après une
évaluation du CRIQ, accompagné de quelqu'un de l'agence de
valorisation qui est capable de lui garantir que déjà il y a eu
du travail de fait sur l'invention, que l'invention effectivement se
présente comme quelque chose de fort intéressant. Autrement dit,
il faut bien comprendre que l'agence n'aura pas le rôle de gérer
une entreprise qui prendra en charge des projets. Elle joue vraiment un
rôle de catalyseur.
Le député d'Outremont dit: II m'apparaît
évident que cela peut être un rôle important d'un
ministère de la Science et de la Technologie d'assumer ce genre de
chose. Là, on a fait l'option précisément de placer cette
responsabilité dans un organisme autonome pour lui laisser davantage de
liberté d'action, davantage d'autonomie. Autrement, nous aurions
dû faire faire ce travail par des fonctionnaires du ministère
alors qu'en ayant une agence autonome du ministère de la Science et de
la Technologie, nous pourrons avoir au conseil d'administration de l'agence des
gens qui connaissent l'entreprise, qui connaissent les affaires, d'autres qui
ont des compétences scientifiques. À l'intérieur du
personnel, nous aurons peut-être un peu plus de souplesse, de gens qui
connaissent l'entreprise, de gens qu'on pourra engager à contrat pendant
un certain temps. Je pense que c'est un bien meilleur mécanisme que de
demander au ministère, comme nous avons été obligés
de le faire depuis septembre dans le cas d'un ou de deux projets, de faire des
interventions ponctuelles où on va au Conseil du trésor et qu'au
mieux de notre connaissance, on essaie d'aider au démarrage d'une
idée pour que les gens puissent se fabriquer des prototypes et avoir des
chances de prendre le marché. (12 h 45)
J'ai ici - on va me sortir l'équivalent pour l'ANVAR - l'exemple
du National Research Development Corporation d'Angleterre qui existe depuis
1949 dont j'ai une liste des projets de développement de 1967 à
1974 à peu près. Il y a toutes sortes de choses, des
universités; d'autres qui viennent du secteur privé, d'autres de
certains individus qui ont inventé. Cela va de Aerosol Valve Convertible
Hood, Mecanisium, Silicate Polymer, il y en a dans les biosciences. Ce qui est
important de savoir c'est que l'agence s'autofinance maintenant. Cela veut donc
dire qu'au cours des années, elle a misé dans certains secteurs
qui n'ont pas fonctionné. Par contre, elle a misé dans d'autres
qui ont très bien fonctionné. Le principal projet qui les aide
à s'autofinancer c'est Cephalosporin. C'est un médicament qui a
tellement bien marché que les participations financières de
l'agence lui a permis des rentrées de fonds qui ont pu compenser pour
beaucoup d'autres projets qui ont moins fonctionné. Tous ces projets
étaient risqués au départ. Voilà l'exemple d'une
agence qui maintenant n'a plus à compter sur les fonds de l'État.
Évidemment pour le démarrage il y a eu des investissements.
L'agence s'autofinance.
Pour l'ANVAR on a toute une série de projets. L'ANVAR existe
depuis 1972. Cela fait onze ans. Il y a toutes sortes de projets qui sont
aidés dans la chimie, la métallurgie, les matériaux,
l'électronique, l'électrotechnique, le génie biologique,
médical, l'informatique, le génie civil, l'industrie agronomique
et alimentaire.
Discussion générale M. Fortier: Le ministre devrait
me
comprendre. Je ne sais pas car je n'ai pas vu ce rapport. Finalement
cela va être une agence pour donner des subventions. Dans un sens cela va
être un autre fonds de recherche.
M. Paquette: Non, M. le député, ce n'est pas
vraiment cela. C'est d'abord et avant tout, je pense que j'ai bien
insisté là-dessus depuis le début de ma discussion sur cet
article, un agent catalyseur qui apporte un capital de risque lorsqu'il s'agit
de développer un produit à l'aide d'une entreprise dont le
rôle principal est de mettre ensemble tous les organismes et les
personnes qui peuvent contribuer au succès d'un projet, à faire
passer l'invention au stade où elle peut être
commercialisée.
Un de ses rôles est l'aide financière. À mon avis ce
n'est pas le rôle le plus important. Nous avons cependant tenu à
ce qu'elle puisse donner une aide financière de façon à
l'intéresser elle-même et s'assurer qu'elle pèsera ses
choix dans un objectif d'en arriver, après un certain nombre
d'années, à une certaine forme d'autofinancement.
On aurait bien pu dire: elle n'aura pas de subvention à donner
cette agence et elle devra faire appel à la SDI ou à un autre
organisme. À ce moment-là cela aurait été lui
confier un rôle un peu détaché des choses en disant: si
cela ne fonctionne pas, tant pis c'est un autre organisme qui paiera les pots
cassés. En l'amenant à avoir une contribution financière
qui va être utile en soi, on l'assure d'un intéressement direct au
projet qu'elle décidera d'appuyer. L'appui sera d'abord technique, en
termes de trouver des investisseurs, des entreprises qui peuvent
s'intéresser au projet et il sera également financier.
M. Fortier: De quelle façon cela se fait-il
présentement? Vous avez dû faire une analyse de ce qui existe. Si
on prend l'exemple de la table Oracle dont je parlais tout à l'heure,
ces gens-là sont allés à la SDI, ils ont reçu une
aide. Quelle différence y aurait-il dans l'avenir?
M. Paquette: Cela leur a pris un an pour obtenir une aide de la
SDI. C'est un autre phénomène qui est très important.
C'est la rapidité de l'action d'une agence. Vous savez aussi bien que
moi, M. le député, que si une invention est découverte,
elle a une certaine avance sur la concurrence, elle permet une certaine avance
sur la concurrence. Si on attend un an, on risque de perdre l'avantage des
marchés.
Un autre exemple, c'est le projet Vidacom. On a mis à peu
près un an et demi, je pense, à dégager le financement
nécessaire. On est arrivé à un point critique où
cela risquait de tomber parce que l'un des partenaires s'est retiré et
là l'équipe des recherches se retrouvait le bec à l'eau.
On a versé une subvention ad hoc pour quatre mois pour payer les
salaires des employés. Cela leur a donné le temps de trouver un
autre partenaire. Maintenant, c'est parti. Mais encore six mois et il
était trop tard, parce qu'à ce moment-là, la concurrence
avait la chance de prendre le marché avant la compagnie en question. Le
temps de réaction est très important. Voilà pourquoi une
agence autonome du gouvernement nous apparaît indiquée, alors que
la SDI, elle, a une approche très normée, par programme. C'est un
banquier et cela prend du temps avant de retirer de l'argent de la SDI.
Mme Dougherty: Quel est le budget envisagé pour l'agence?
Je veux dire le budget de fonctionnement, le budget pour appuyer les
projets?
M. Paquette: À peu près 10 000 000 $ en rythme de
croisière. Enfin, on vise 10 000 000 $ pour 1984-1985. Là-dessus,
700 000 $ à 800 000 $, pensons-nous pour le moment, de frais de
fonctionnement et de salaires du personnel. Nous arrivons à cette
évaluation de deux façons différentes: d'une part, en
regardant l'ampleur des projets valorisés au Québec, d'autre
part, en examinant les expériences étrangères.
M. Fortier: En personnel ou en...
M. Paquette: Non. 10 000 000 $ de fonds à sa disposition,
dont plus de 90% pourraient être injectés dans des projets, le
reste servant à payer le personnel.
M. Fortier: Annuellement.
M. Paquette: Annuellement. Évidemment, pour l'année
en cours, ce sera une proportion de ce montant puisque l'agence pourrait
difficilement se mettre en marche avant les mois d'octobre ou novembre, si la
loi est adoptée rapidement.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 99? M. le député de Westmount.
M. French: Est-ce que le ministre a parlé des ressources
financières et humaines qui seraient allouées? Dans quelle
proportion? Je m'excuse j'étais avec mon leader parlementaire
jusqu'à la fin de la présentation du ministre.
M. Paquette: On voit à peu près 20, 25 personnes au
maximum, incluant le personnel de soutien, ce qui devrait représenter
moins de 10% des frais de l'agence, le reste étant distribué en
subventions.
M. French: Une enveloppe budgétaire d'une taille
approximative de...
M. Paquette: 700 000 $ à 800 000 $.
M. French: 700 000 $ à 800 000 $. Lorsque le ministre a
évoqué les parallèles européens, j'ai
été frappé par le fait que ces parallèles
fonctionnent sur une base de population de 50 000 000 ou 60 000 000. Le
ministre n'est pas sans savoir que les économies d'échelle dans
des domaines très spécialisés dont on parle sont
substantielles à ce moment-là. On peut se permettre des
équipes de recherche d'une masse critique importante alors que c'est
à peine le cas du Québec. D'ailleurs, je me permets de douter que
ce soit le cas du Canada. J'aimerais savoir ce que le ministre en pense de ce
problème parce qu'il n'est pas négligeable.
M. Paquette: Écoutez, allons voir par exemple, il y a
actuellement 350 employés en France. La population de la France est
à peu près dix fois plus élevée qu'ici, alors, vous
voyez la ratio. C'est pour cela qu'on arrive à 25, 30 personnes.
M. French: Le ministre n'a pas compris, je pense.
M. Paquette: D'accord. Vous parlez d'économies
d'échelle.
M. French: Je parlais d'économies d'échelle qu'on
peut effectuer en constituant des équipes de recherche d'une
qualité intéressante, pour atteindre une masse critique de
personnes qui sont vraiment talentueuses, etc.
M. Paquette: Bien sûr. C'est un problème
inhérent aux petites sociétés. Par contre, de telles
agences existent dans de petits pays. On sait qu'il y en a une en Finlande, par
exemple. La Finlande s'est donné une agence de valorisation industrielle
de la recherche. Il y a moins de projets d'impliqués. Il y a moins de
personnes. D'autre part, vous parlez d'équipes de recherche, l'agence
n'aura pas ses propres équipes, n'aura pas ses laboratoires.
M. French: J'ai bien saisi cela.
M. Paquette: On va se baser sur le CRIQ, sur l'université,
sur des expertises externes.
M. French: Je parle de la source des idées, M. le
ministre. Je parle du fait qu'une société de 60 000 000 produise
six fois plus de bonnes idées qu'une société de 10 000
000.
M. Paquette: En supposant que l'intelligence est
uniformément répandue sur la planète, effectivement.
M. French: Non, plus que dix fois. Ce que j'essaie d'expliquer au
ministre, c'est que, inhérent à la conception d'économies
d'échelle et la notion qu'on peut créer avec une
société complexe d'une certaine taille, il y a plus de centres de
recherche que proportionnellement à la population par rapport à
une population de 5 000 000 ou 6 000 000. Toute personne qui a
réfléchi sur les dynamiques de la recherche s'est rendu compte
que, sans une masse critique, il est très difficile pour le chercheur
isolé de percer, de faire du travail internationalement reconnu, de
faire du travail vraiment valable et à la fine pointe du progrès
des connaissances dans le domaine.
M. Paquette: Je me demande si le député dirait la
même chose de l'innovation industrielle. Je ne pense pas qu'on puisse
dire que l'innovation industrielle est proportionellement plus grande dans les
sociétés populeuses. Vous avez un petit pays de 8 000 000
d'habitants comme la Suède, qui émet sans doute un nombre de
brevets plus grand que la proportion de sa population. Enfin, si on regarde
l'activité scientifique et technologique considérable, je ne
pense pas que ce soit une loi de la nature. Par contre, il y a de grands pays
qui produisent très peu. Effectivement, au Canada on a un
problème à ce sujet; nos ingénieurs - j'ai
déjà vu des chiffres là-dessus - produisent moins de
brevets que dans certains autres pays. Je pense qu'on peut aussi valoriser des
idées qui viennent de l'extérieur à l'occasion.
M. Fortier: ...recherche militaire.
M. Paquette: Mais il ne faut pas partir avec cette idée
que, parce que nous ne sommes que 6 000 000, nous allons avoir,
proportionellement, moins d'innovations, je ne le pense pas.
M. French: Le point du ministre est valable. Ce n'est pas que je
veuille tomber dans le pessimisme total, c'est que j'essaie de voir si une
institution indépendante, avec le personnel qu'on peut prévoir -
je vous avoue que je suis très pessimiste sur ce plan - et avec la
diversité ou le manque de diversité de sources d'idées
qu'on connaît, dans un pays où on vit des ressources naturelles et
non pas d'industries secondaires, peut se justifier. C'est inquiétant de
voir un autre organisme qui aurait à s'articuler avec tous les autres
organismes déjà en place. Une des plus grandes plaintes qu'on
entend, lorsqu'on parle aux entrepreneurs, c'est le nombre d'agences
fédérales et provinciales qui s'impliquent dans le domaine et,
là, on
en ajoute une autre.
M. Paquette: Dans ce cas-ci, c'est, par sa nature même, une
agence qui ne vient pas se superposer aux programmes existants. C'est vrai, il
y a une centaine de programmes d'aide à l'entreprise aux deux paliers de
gouvernement et c'est devenu un fouillis indescriptible, les entreprises ont de
la difficulté à se retrouver. Mais ce n'est pas le cas de
l'agence; l'agence, encore une fois, n'a pas de programmes, n'a pas de normes
autres que les évaluations de nature technique et économique
qu'elle demande de faire à contrat ou qu'elle confie à un
organisme comme le Centre de recherche industrielle du Québec ou
à d'autres organismes d'évaluation technologique. De sorte que
l'ensemble des entrepreneurs au Québec n'auront pas affaire à
cette agence, cette agence va aller voir certains entrepreneurs pour leur
demander s'ils seraient intéressés à tel projet à
l'occasion. Ce n'est pas un mécanisme bureaucratique qui vient se
superposer à tout le reste. Le député de Westmount peut
bien être sceptique en disant: Qu'est-ce qu'on va pouvoir faire avec 25
personnes? En rythme de croisière - en 1984-1985 - si l'agence avait une
vingtaine de projets à suivre - on peut facilement arriver à ce
nombre, on en a déjà identifié plus que cela qui sont
intéressants - et qu'il n'y en avait qu'un seul qui fonctionnait, ce
serait déjà extraordinaire.
M. French: M. le Président, s'il y en avait un seul qui
fonctionnait, ce serait effectivement sensationnel.
M. Paquette: ...fonctionnait à fond. (13 heures)
M. French: Mon expérience dans ce domaine, c'est que la
plupart des agences dans le monde n'ont pas de projets qui fonctionnent
vraiment. L'agence canadienne dans le domaine n'a certainement jamais eu de
gagnants, à moins que ce soit très récent. La source...
Est-ce qu'il est 13 heures?
Le Président (M. Champagne): II est 13 heures, oui. Est-ce
que l'article 99 est adopté.
Des voix: Non.
Le Président (M. Champagne): La commission élue
permanente de la présidence du conseil et de la constitution ajourne ses
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise de la séance à 16 h 51)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de la présidence du conseil
de la constitution poursuit l'étude article par article du projet de loi
19, Loi favorisant le développement scientifique et technologique du
Québec.
Les membres de la commission sont: MM. Baril (Arthabaska), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Lachapelle (Dorion), Brouillet (Chau-veau), Fortier
(Outremont), Leduc (Fabre), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), French
(Westmount), Paquette (Rosemont), Ryan (Argen-teuil), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Charbonneau
(Verchères), Ciaccia (Mont-Royal), Dussault (Châteauguay), Gratton
(Gatineau), Perron (Duplessis), Rivest (Jean-Talon), Saintonge (Laprairie).
Nous en étions à l'article 99. Vous aviez des questions
à poser? Il est bien entendu que nous retenons en suspens les articles
12, 45 et 69.
Nous avions une discussion de fond sur l'article 99. Si vous n'avez pas
d'objection, on devrait peut-être poursuivre pour essayer de l'adopter et
revenir peut-être ensuite...
Mme Dougherty: J'ai mentionné que je n'aimais pas laisser
de côté ces trois articles et le ministre m'a répondu qu'il
aurait quelque chose à proposer cet après-midi. Je
préfère donc qu'on traite de ces trois articles avant d'avancer
dans nos discussions.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que M. le ministre est
d'accord?
Mme Dougherty: Est-ce que vous êtes prêt?
M. Paquette: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, on
est prêt à discuter de ces articles.
Article en suspens
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 12 qui
avait été laissé en suspens.
M. Paquette: Une question avait été soulevée
par le député de Nelligan qui n'est malheureusement pas
présent en ce moment. Il se demandait si nous avions besoin d'un tel
article.
Nous avons effectivement dû faire d'assez longues recherches sur
le plan juridique et il semble que nous ayons besoin de cet article. Le
gouvernement, s'il n'est pas autorisé par une loi, ne peut créer
par lettres patentes délivrées sous le grand sceau et ne peut
constituer des corporations dans le domaine de la science et de la technologie.
Or c'est la première loi au Québec en ce domaine. Par
conséquent, cet
article semble nécessaire.
Mme Dougherty: Donc, même si le gouvernement a un pouvoir
général, il faut le préciser dans chaque loi?
M. Paquette: Oui, il faut que l'objet dont doivent s'occuper les
corporations soit précisé. Alors, ici, ce sont des corporations
qui ont pour objet le développement de la recherche et de la
technologie.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions à poser à propos de l'article 12.
M. le député de Westmount.
M. French: M. le Président, le ministre me corrigera s'il
a déjà discuté de la question suivante. Pourrait-il nous
donner des exemples du genre de corporation qu'il veut être
habilité à créer?
M. Paquette: Celui qui nous vient à l'esprit est le Centre
de diffusion des technologies de production automatisée.
J'ai déjà annoncé - et le ministre des Finances l'a
déjà mentionné également dans le discours sur le
budget - que ce projet en était à un stade très
avancé. On peut prévoir qu'une telle corporation pourrait
être créée au mois d'août, par exemple.
Si nous n'avons pas cet article, cela signifie que nous devrons un peu
contorsionner la troisième partie de la Loi sur les compagnies. Et
plutôt que de créer une corporation par lettres patentes
délivrée sous le grand sceau, nous devrons créer une
corporation sans but lucratif et établir, dans sa charte, une
série de dispositions qui, normalement, n'apparaissent pas dans la
charte des organismes à but non lucratif.
Dès que l'on voudra constituer une telle corporation mandataire
du gouvernement, la seule voie - ce n'est pas une voie très
régulière - c'est la mise sur pied de corporations à but
non lucratif dans lesquelles on définit le lien d'attache avec le
gouvernement qui fournit les fonds. Dès qu'un organisme gère des
fonds qui soient un peu importants on trouve cela un petit peu embêtant
d'être obligé de recourir à la troisième partie de
la Loi sur les compagnies.
M. French: M. le Président, est-ce que j'ai compris que ce
seraient uniquement des corporations à but non lucratif qui seraient
créées?
M. Paquette: Ah oui! Ici... Attendez. Ce sont des corporations
qui ont pour objet le développement de la recherche et de la
technologie.
M. French: J'ai bien lu cela mais...
M. Paquette: Ce sont des corporations de statut public.
M. French: À but non lucratif. Après tout il y a
beaucoup de corporations publiques qui ne sont pas à but non
lucratif.
M. Paquette: Oui, effectivement. Écoutez, nous avons
l'intention d'utiliser cet article pour des corporations à but non
lucratif mais je ne pourrais vous dire si l'article exclut... Cela peut
être l'un ou l'autre.
M. French: M. le Président...
M. Paquette: Un autre exemple. On parle beaucoup d'un institut de
recherche dans le domaine des logiciels. Alors voilà une corporation
à but non lucratif, encore une fois.
M. French: Pourquoi ne spécifierait-on pas les mots
"à but non lucratif" dans l'article dans ce cas? C'est parce
qu'honnêtement je pense qu'on donne au gouvernement un chèque en
blanc et cela m'inquiète un peu. À la lecture du projet de loi,
sans avoir entendu le ministre, il y avait cet éventail effrayant
d'organismes, de directives, de bureaux, d'agents, etc. Le ministre a su
apaiser quelque peu ces préoccupations et ces craintes mais, encore une
fois, il me semble qu'on devrait dire ce qu'on veut dire. On devrait faire un
effort pour légiférer efficacement et précisément.
Si l'objectif est bel et bien de créer des corporations à but non
lucratif, disons-le.
M. Paquette: Évidemment, le problème ici est que si
on spécifiait que ce sont des corporations sans but lucratif cela
pourrait, à l'occasion, limiter le champ d'action des corporations mises
sur pied. Ce n'est pas nécessairement mauvais de créer une
corporation ayant certains buts lucratifs puisqu'elle pourrait
réinvestir dans la recherche et la technologie les sommes qu'elle
recueillerait ainsi.
M. French: Est-ce que le ministre est en train de me dire qu'il
faut avoir un statut à but lucratif pour permettre le
réinvestissement, ce dont je doute fort?
M. Paquette: Pas nécessairement. D'ailleurs le terme
"lucratif" ou "à but non lucratif" ne s'applique pas. Il s'agit de
corporations publiques ici. Alors, règle générale, cela ne
s'applique pas. Une corporation publique est une corporation publique et
là le gouvernement peut lui fixer des objectifs d'autofinancement, par
exemple, des objectifs ... ou considérer que c'est une corporation qu'il
doit subventionner d'année en année ou encore une corporation qui
est
censée faire des profits et les réinjecter.
M. le Président, peut-être que pour sécuriser le
député de Westmount qui a l'impression de nous donner un
blanc-seing on pourrait non seulement avoir un avis à la Gazette
officielle mais faire en sorte qu'il y aurait un dépôt à
l'Assemblée nationale ou quelque chose comme cela, un certain
contrôle de l'Assemblée.
M. French: Non, je vous avoue, M. le Président...
M. Paquette: Je ne suis jamais opposé à ce genre de
choses. Au contraire, c'est l'objectif de la loi de...
M. French: J'accepte cela, M. le Président, mais ce que je
veux vraiment c'est une explication claire du ministre sur la question du
statut, sur la question du genre d'objectifs dont il s'agit. Je vous avoue...
Je ne suis pas avocat et je ne prétends pas comprendre
nécessairement dans le contexte de cet article la différence
entre "but lucratif" et "sans but lucratif", mais je dois avouer que
l'explication du ministre ne me satisfait pas non plus. Il va constater que lui
et moi on nage un peu dans l'incertitude et il me semble que ce n'est pas la
façon de légiférer. (17 heures)
M. Paquette: Écoutez, ce qui arrive c'est que l'article,
en fait, est simple. Il s'agit de permettre au gouvernement de constituer des
corporations par lettres patentes délivrées sous le grand sceau,
donc des corporations de nature publique ayant pour objet le
développement de la recherche et de la technologie. Il est bien
difficile de prévoir à l'avance quels seront les besoins dans
deux ou trois ans. Je peux simplement dire au député que la
première occasion probablement que nous aurions d'utiliser cet article
serait la création d'un centre de diffusion des technologies et de
productions automatisées. Cela peut également servir à
mettre sur pied des centres de recherche appliquée à un moment
donné. C'est dans cette optique que nous introduisons cet article dans
le projet de loi.
M. French: Je voudrais demander au ministre si, juridiquement, la
distinction pour ce qui est d'une telle corporation à but lucratif et
sans but lucratif est une distinction qui s'applique.
M. Paquette: Ce n'est pas une société à
capital-actions. La distinction ne s'applique pas dans ce genre de corporation.
Cela permet simplement de donner, par lettres patentes, une personnalité
morale à l'organisme. Cela devient une personne morale, donc, qui a la
capacité contractuelle et la responsabilité civile.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, ce qui me chicote dans cet
article, que ce soit avec ou sans but lucratif, c'est ce pouvoir du
gouvernement de créer de nouvelles instances. Quant à moi, je
dirais que la réaction présentement avec la situation
financière du gouvernement serait d'être plutôt parcimonieux
dans la création de nouveaux organismes. Seulement cette semaine
à l'Assemblée nationale, on a créé cinq nouvelles
sociétés d'État, alors que beaucoup de gens parlent de
réduire l'intervention de l'État dans certains secteurs. La
première question que je me pose est la suivante: Pourquoi ne serait-il
pas possible de revenir à l'Assemblée nationale et si on le fait
comme cela, je pense bien qu'il faudrait aller dans la direction dont le
ministre parlait, c'est-à-dire de mettre un peu des balises ou des
entraves comme dans le cas de la Société générale
de financement. On dit que lorsqu'il y a la création d'une nouvelle
orientation, il faut qu'il y ait un décret. Le décret est
déposé à l'Assemblée nationale et là, il y a
un débat en commission parlementaire. Cela imposerait certaines
contraintes, pas seulement au ministre, mais au gouvernement dans le sens de
savoir, surtout pour les gens qui sont dans le secteur de la recherche... Je
pense qu'ils s'inquiètent un peu des intentions du gouvernement. Le but
du projet de loi est-il d'être interventionniste? Je crois que le
ministre nous a satisfait quelque peu avec plusieurs amendements qu'il a
apportés, mais cet article va dans le premier sens que nous avions
perçu et que les gens du milieu avaient perçu, à savoir
que le gouvernement avait de grandes ambitions d'intervention. Cet article va
dans ce sens. J'endosse un peu ce que mon collègue disait. C'est un peu
obtenir carte blanche. Y a-t-il moyen de la baliser davantage? Y a-t-il moyen
de dire que si le gouvernement ou si le ministre jugeait approprié de
créer un nouvel organisme, à ce moment-là ceci pourrait
être fait par décret et le décret serait discuté en
commission parlementaire? J'oserais penser...
M. Paquette: Je n'ai pas d'objection.
M. Fortier: ...que durant les dix prochaines années, il
n'y aura pas des centaines de cas comme ceux-là...
M. Paquette: Non, effectivement.
M. Fortier: ...et à ce moment-là, on pourrait
prévoir des balises qui permettraient surtout aux parlementaires - je
parle certainement pour eux - de faire valoir leur point de vue, mais
peut-être aussi pour les gens du milieu, que ce soit par
communications indirectes ou directes, de faire connaître au
ministre leur point de vue sur la possibilité de la création d'un
nouvel organisme avant qu'il soit effectivement créé. Quant
à moi, je serais plus rassuré si avant que le ministre aille de
l'avant ou s'il y avait une décision par décret, parce que
j'imagine que la décision de créer un nouvel organisme selon
l'article 12 va être prise par décret, si on dit: obligation de
déposer le décret à l'Assemblée nationale et
peut-être possiblement une commission parlementaire pour étudier
le mérite de la question, ce qui permettrait aux gens du milieu
d'être entendus. Cela me sembleraient des balises peut-être
meilleures que celles qui sont ici. Dans le moment, il n'y en a pas du
tout.
M. Paquette: M. le Président, cet article est
inspiré de la Loi sur l'Université du Québec, laquelle
autorise l'Université du Québec qui est une corporation, une
université publique, à créer justement des instituts de
recherche, par exemple. On a un article à peu près analogue.
C'est ce dont nous nous sommes inspirés. Cependant, je pense que la
suggestion du député d'Outremont est recevable. Nous avions, lors
d'une première version du projet de loi, préparé quelque
chose et je ne sais pas si cette formulation vous satisferait. On pourrait
ajouter à la fin de l'article 12 quelque chose comme: Le ministre
dépose à l'Assemblée nationale un décret
adopté en vertu du premier alinéa dans les 30 jours -enfin, c'est
un peu repris de la SGF - de son adoption si l'Assemblée est en session.
Si elle ne siège pas, dans les 30 jours de l'ouverture de la session
suivante. Le président de l'Assemblée convoque dans les 60 jours
à compter du dépôt du décret la commission
permanente de l'Assemblée pour en faire l'étude.
M. Fortier: Ce serait avant la création comme telle mais
ce serait suivant la création de créer.
M. Paquette: Oui, c'est cela.
M. French: Le geste qui créerait l'institution ou suivant
l'intention.
M. Fortier: Alors, à ce moment-là il
faudrait...
M. Paquette: C'est suivant le geste.
M. French: Oui, c'est cela. On parle de quelque chose que
l'exécutif a déjà. Je veux simplement savoir ce que c'est.
Je ne dis pas que je le rejette.
M. Paquette: Sauf que ce qui arrive à ce moment-là,
c'est que s'il y a une commission parlementaire avec des délais aussi
courts, le geste ne sera pas encore concrétisé. S'il y avait des
modifications, cela permettrait à l'exécutif de corriger son
décret.
M. Fortier: Oui, d'accord. Dans le cas de la SGF, je pense que
c'est un peu cela. C'est qu'elle permet une nouvelle orientation. Le
gouvernement décide, un peu de la façon qu'il a
décidé d'aller dans le secteur de la biotechnologie et là
l'exécutif avait pris une décision. La commission parlementaire
permet aux parlementaires d'intervenir et possiblement aux gens du milieu
également de faire valoir leur point de vue, du moins indirectement, pas
nécessairement par auditions.
Mme Dougherty: Mais dans le cas de la SGF et Bio-Mega etc., je
crois que l'action était déjà en marche, même avant
la commission parlementaire. Donc, c'était...
M. Paquette: C'est-à-dire que les fils étaient
attachés, mais l'entreprise n'était pas encore sur pied. Elle ne
fonctionnait pas encore. Entre le délai à partir de la
décision du Conseil des ministres jusqu'à la
concrétisation, cela prend toujours quelques semaines. Or, les
délais que nous avons dans la Loi sur la SGF, que l'on pourrait
reproduire ici à peu près de la même façon, sont de
30 jours et 60 jours. Alors ce n'est pas très long.
M. Fortier: Je pense que bien... Ma collège dit: Ce n'est
pas un "rubber stamp". Non, mais quand même le gouvernement doit
gouverner, j'imagine. Le gouvernement évalue une situation et dit: Nous
aimerions aller dans telle direction et vote un décret. Si le texte de
la loi dit qu'il y a une commission parlementaire, cela permet aux gens du
milieu d'intervenir et si le ministre n'avait pas fait toutes les consultations
nécessaires parce qu'il interviendrait dans un secteur donné et
qu'il y aurait campagne de presse, cela permet quand même au processus
démocratique de se faire même s'il y a une décision de
rendue. Personnellement, je pense que ce serait préférable
à cela. L'autre option, ce serait de dire qu'il y aura une commission
parlementaire pour décider si on va de l'avant, oui ou non. Alors,
à ce moment-là, on ne serait pas devant une décision, on
serait seulement devant une possibilité de décision.
M. Paquette: À ce moment-là c'est un peu
embêtant parce que vous avez l'exécutif qui est
contrôlé, non pas par l'Assemblée nationale mais par une de
ses commissions.
M. Fortier: Non, je serais d'accord, quoique je comprenne les
hésitations de ma collègue qui dit: II ne faudrait pas quand
même que l'on soit là uniquement pour approuver
après coup. Il reste que le processus démocratique jouerait si on
allait dans cette direction. Je ne sais pas s'il y a moyen de s'entendre
là-dessus.
Mme Dougherty: Si on ajoute une phrase comme celle que vous avez
proposée, est-ce qu'il faut changer la première phrase pour
constituer des corporations... "I do not know how to say it, subject to"
M. French: Sous réserve de. Mme Dougherty: Sous
réserve.
M. French: Sous réserve d'approbation, non? Sous
réserve d'étude.
Mme Dougherty: Le troisième paragraphe, ou le
quatrième, ou la phrase que vous allez ajouter. Cela évite de
donner carte blanche pour constituer une telle corporation. Vous
référez-vous dans la première phrase aux troisième
et quatrième alinéas?
M. Paquette: On irait beaucoup plus loin à ce
moment-là que la Loi sur la SGF, par exemple, dans la création de
ses filiales. Cela revient quasiment à dire qu'il va falloir qu'il y ait
une loi chaque fois. Si vous demandez que la décision n'ait effet
qu'après que l'Assemblée nationale s'est prononcée, cela
revient à dire qu'on va présenter une loi, ce qui est très
lourd comme mécanisme.
M. Fortier: Je ne sais pas si cela veut dire...
M. French: Ce n'est pas aussi lourd qu'une loi, M. le
ministre.
M. Paquette: Pardon?
M. French: Ce n'est pas aussi lourd qu'une loi. Cela n'a pas
à passer par toutes les étapes. Mais, effectivement, le
problème est le suivant: comment envisager un mécanisme au niveau
parlementaire plutôt qu'au niveau de la commission qui constituerait une
approbation ou une désapprobation? C'est cela le problème.
M. Paquette: C'est cela.
M. French: Peut-être que, dans la trame d'une
réforme parlementaire, ce serait plus clair. Peut-être que d'ici
à six mois, on serait capable de mieux dire comment cela pourrait se
faire, mais actuellement, c'est difficile d'envisager comment il faut le
faire.
M. Fortier: Quel texte le ministre... M. Paquette: Je ne
sais pas si les membres de la commission seraient d'accord avec ce texte. Je
vais le relire une dernière fois. Si cela fait l'accord, je le
présente tout de suite comme amendement, sinon je le fais retravailler
et on passe aux autres.
On ajouterait, à la fin de l'article, deux alinéas: "Le
ministre dépose à l'Assemblée nationale un décret
pris en vertu du premier alinéa dans les trente jours de sa prise, si
l'Assemblée est en session, ou, si elle ne siège pas, dans les
trente jours de l'ouverture de la session suivante ou de la reprise de ses
travaux."
Autre alinéa: "Le président de l'Assemblée
convoque, dans les soixante jours à compter du dépôt du
décret la commission permanente de l'Assemblée pour en faire
l'étude." Je ne sais pas si ce sera la commission de l'Assemblée
ou une commission parlementaire.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions à poser sur l'amendement proposé?
M. Fortier: Est-ce qu'on peut avoir des copies?
Le Président (M. Champagne): C'est cela que j'allais
demander. Est-ce qu'on pourrait avoir des copies?
M. Fortier: Cela nous permettrait peut-être de modifier
légèrement. Est-ce qu'il y aurait possibilité d'en avoir
deux ou trois copies? On peut passer à autre chose en attendant. On va y
songer un peu.
M. Paquette: Oui, on peut passer aux autres articles en
attendant.
Mme Dougherty: D'accord. On peut considérer cela comme
amendement et on peut le reprendre ce soir peut-être.
Le Président (M. Champagne): À moins que vous ne
voyez tout de suite...
Mme Dougherty: Nous aimerions en parler. D'accord, on peut passer
à d'autres amendements.
M. Paquette: Si vous voulez.
Le Président (M. Champagne): Alors, on laisse encore
l'article 12 en suspens. J'appelle l'article 45 qui est en suspens pour le
discuter tout de suite.
M. Paquette: À l'article 45, certains membres de la
commission avaient soulevé le fait qu'il fallait exclure des allocations
de présence et du remboursement des frais les présidents des
fonds et on avait même accepté un article qui le faisait, mais,
finalement, cela n'avait pas de sens, parce
que cela nous faisait dire que les présidents de fonds
n'étaient pas rémunérés. Or, on sait qu'ils peuvent
l'être par d'autres articles du projet de loi. Je dois dire aux membres
de la commission que la situation est fort différente d'un fonds
à l'autre. Le Fonds FCAC a un président qui n'est pas un
permanent. Il y a un directeur général qui, lui, est
rémunéré. Alors, est-ce qu'on doit exclure le
président du Fonds FCAC des allocations de présence et du
remboursement des frais raisonnables?
Des voix: Ah!
M. Paquette: On ne peut pas dire simplement "les
présidents des fonds sont exclus". Cela ne peut pas se faire. Ce qu'on
vous suggère, finalement, c'est l'amendement suivant: L'article 45 est
modifié par l'insertion, dans la deuxième ligne, après le
mot "dans", des mots...
Le Président (M. Champagne): Après le mot
"dans".
Une voix: Après le mot "droit"... M. Paquette:
Est-ce que cela va?
Le Président (M. Champagne): Est-ce que c'est "dans" ou
"droit"?
M. Paquette: Cela n'est pas bon.
Une voix: Ce n'est pas après le mot "dans"... Après
le mot "dans", c'est "dans les cas...
M. Paquette: Après le mot "dans", dans la deuxième
ligne, nous insérons les mots "les cas et dans". Cela donne ceci: "Ils
ont toutefois droit, dans les cas et dans la mesure prévus par
règlement du gouvernement..." Le reste suit. Autrement dit, on laisse
cela au règlement, parce que les cas sont trop divers. (17 h 15)
M. French: Oui, mais on le fait formellement.
M. Paquette: On le fait formellement. Est-ce que cela vous
va?
M. French: Cela va.
Le Président (M. Champagne): Cela irait?
Mme Dougherty: "Dans le cas et dans la mesure prévus
par..." Donc, tous ceux qui sont rémunérés d'une
façon permanente...
M. Paquette: C'est cela. Mme Dougherty: ...sont
exclus.
M. Paquette: Exactement. Mais, il faudra le dire dans le
règlement. On laisse cela à la réglementation parce que
les situations sont vraiment trop diversifiées.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement
à l'article 45 est adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Est-ce que
l'article 45, tel qu'amendé est adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 69.
M. Paquette: À l'article 69, M. le Président, un
député avait suggéré que l'on ajoute quelque chose
comme "nomination" après "consultation des milieux concernés". On
a essayé de trouver une expression juridique pour expliciter cela et
c'est un peu embêtant parce que, de quoi s'agit-il, quels sont les
milieux concernés? Il y a des cas, par exemple - je pense que c'est dans
la loi des cégeps ou la loi des services sociaux, je ne me souviens plus
laquelle - où lors de la nomination des membres du conseil
d'administration, on stipule que le ministre devra consulter un certain nombre
de groupes, mais il y a un mécanisme qui est précisé. Ici,
c'est assez difficile à faire parce qu'il y a trois fonds qui ont des
clientèles différentes. Quels sont les milieux concernés?
Jusqu'à quel niveau de détail doit-on aller? On ne pourrait pas
se retrouver... C'est déjà arrivé dans un cas où un
organisme a poursuivi le ministre en disant: Je suis concerné et je n'ai
pas été consulté. C'est un peu embêtant. Pardon?
M. French: Sans succès, j'imagine.
M. Paquette: Sans succès? Cela a pris un an,
paraît-il.
Mme Dougherty: La première question -je crois que c'est
moi qui ai soulevé cette question - était: Quelle est la
situation actuelle? Comment a-t-on choisi les membres du Fonds FCAC par
exemple? Est-ce qu'il y a eu une consultation...
M. Paquette: Oui. Bien sûr qu'il y a eu consultation.
Mme Dougherty: Quelle sorte de consultation? Qui a
décidé?
M. Paquette: Le ministre a informé les universités,
les centres de recherche lorsqu'est arrivé le moment de nommer des
membres au conseil d'administration de
FCAC. Il a reçu des suggestions de plusieurs groupes ou
institutions intéressés. Il en a fait le décompte et
finalement, a procédé à la nomination.
Mme Dougherty: D'accord. Si une consultation a déjà
lieu, pourquoi ne pas insérer ici une phrase très
générale, sans essayer de préciser les milieux
concernés: Chaque fonds est administré par un conseil
d'administration formé de 14 membres... Peut-être qu'il faudrait
changer la phrase, je ne sais pas. Et on peut dire...
M. Paquette: Après consultation, on est obligé de
dire...
Mme Dougherty: ...après consultation du milieu
concerné", une expression très générale de ce
genre. Et on peut laisser le ministre décider quels sont les milieux
concernés.
M. Ryan: Si vous le permettez, M. le ministre, j'aurais une
suggestion complémentaire: "après consultation des milieux
scientifiques et universitaires ou des organismes représentatifs des
milieux scientifiques et universitaires."
M. Paquette: On a pensé à cette formulation
également et c'est un peu embêtant parce que,
nécessairement, le ministre devra désigner des organismes
à qui il demande avis et ne pas désigner un organisme pourrait
être le signe que le ministre le considère comme non
représentatif. C'est un peu embêtant d'utiliser cette formulation.
Moi, je me dis que cela se fait naturellement, c'est dans
l'intérêt du ministre de le faire, sans cela ses nominations vont
être mal accueillies. Ce n'était pas souligné dans le
décret créant les fonds. Cela s'est fait quand même. Je
pense que c'est le bon sens qui nous indique qu'un ministre qui veut qu'un
organisme comme un fonds subventionnaire soit bien reçu dans le milieu,
il faut qu'il consulte ou qu'il tienne compte des propositions qu'on lui fait
dans les différents milieux. Mais quand vient le temps de cerner la
façon de l'écrire, on voit qu'il y a certaines
difficultés. J'aurais tendance à le laisser ainsi.
Mme Dougherty: II y a une autre façon d'aborder la
question. C'est de définir... Après quatorze membres, on peut
dire "représentatifs des milieux scientifiques et universitaires".
M. Paquette: Ou "représentatifs des milieux qu'ils
desservent", quelque chose comme cela.
Mme Dougherty: D'accord. Des milieux postsecondaires, des
milieux...
M. Ryan: II peut aller en chercher en dehors. Il peut aller en
chercher dans l'industrie, le commerce, la finance ou le travail.
Mme Dougherty: Mais le problème ici...
M. Paquette: Ce serait intéressant qu'au Fonds FCAC,
même si toutes les subventions s'en vont dans les milieux universitaires,
il y ait, par exemple, des gens provenant des entreprises.
M. Ryan: Que ce ne soit pas uniquement...
M. Paquette: Que ce ne soit pas un cénacle
d'autoadmiration.
Mme Dougherty: Le problème ici...
M. Fortier: D'ailleurs, le conseil d'administration, à ce
moment-là, sera en majorité de l'extérieur. C'est...
Mme Dougherty: ...est qu'on parle de chaque fonds. On parle de
tous les fonds en même temps. Pour les fonds FCAC et FCAR, c'est assez
simple de définir le milieu visé. C'est un milieu postsecondaire
scientifique, mais pour d'autres fonds, c'est le milieu de la santé.
Pour l'alimentation et l'agriculture, c'est un autre milieu. C'est pourquoi il
faut quelque chose de général, quatorze membres
représentatifs du milieu concerné ou...
M. Paquette: M. le Président, je tiens simplement à
souligner, même s'il est difficile pour moi de le faire, parce qu'on n'a
pas imité scrupuleusement ce qu'il y a dans la loi
fédérale - mais quand même, il est bon de le souligner -
que dans la loi fédérale, les conseils subventionnaires ont leurs
membres nommés par le gouvernement, point. Le gouvernement
fédéral comme nous, consulte.
Mme Dougherty: II n'y a aucune allusion au milieu
scientifique.
M. Paquette: J'ai la loi ici. Vous l'avez?
Mme Dougherty: Oui, je dois l'avoir quelque part.
M. Paquette: On peut vérifier très rapidement. Il
n'y a aucune allusion à ce sujet, mais de fait, le gouvernement
fédéral, comme le bon sens l'indique, consulte. C'est d'ailleurs
très difficile de trouver des gens compétents. Si on veut trouver
des gens compétents et aptes à remplir cette fonction, il vaut
mieux consulter, parce que ce n'est pas dans les bureaux à Québec
qu'on
va les trouver.
Le Président (M. Champagne): Y a-t-il encore des
questions? Avez-vous encore des questions à poser sur l'article 69 ou si
on pourrait passer à l'adoption?
Mme Dougherty: II n'y a pas d'autre question. C'est seulement une
protection.
M. Ryan: On ne peut pas demander honnêtement des membres
représentatifs. Ce serait trop limité. Si on avait mis la formule
"après consultation des milieux compétents", je pense que cela
aurait été une bonne chose, mais cela ne définit pas
grand-chose. Si on veut créer une obligation, il faut qu'on nomme les
milieux qu'il va consulter.
M. Paquette: Oui. Sinon, c'est trop flou sur le plan
juridique.
Mme Dougherty: Alors, "représentatifs... M. Paquette:
Quelqu'un dirait...
Mme Dougherty: Ce n'est pas la meilleure formule.
M. Paquette: ...que le fonds d'administration n'est pas...
M. Fortier: N'est pas juridiquement constitué
M. Paquette: ...parce que le ministre a oublié de
consulter tel organisme à tel endroit. Je trouve cela assez
dangereux.
M. Ryan: Vous avez trois fonds. Il ne faut pas l'oublier. Il y en
a trois. Cela fait beaucoup de milieux à consulter. Par exemple, pour le
fonds de recherche agricole, il va falloir consulter la Coopérative
fédérée et l'Union des producteurs agricoles, pas
seulement les milieux universitaires et scientifiques.
M. Paquette: Mais il ne faut pas que ce soient uniquement non
plus des milieux qui reçoivent les bénéfices du fonds. Il
est sain qu'aux conseils d'administration, il y ait des gens d'autres milieux
aussi. Mme la députée, je pense dans la loi
fédérale, on n'a pas mis de telle disposition, mais on le fait,
au Québec, depuis la création de ces fonds. On le fait
également tout simplement parce que c'est très difficile de
trouver des personnes compétentes à ces conseils
d'administration. Comme je le disais au député d'Outremont, ce
n'est pas dans les bureaux à Québec qu'on va les trouver. C'est
en allant consulter...
M. Ryan: II y a des contradictions, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Oui. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je fais référence à la loi
créant l'Institut québécois de la recherche sur la culture
que le ministre connaît sûrement. À l'article 5, c'est
écrit ceci: L'institut est formé de neuf membres nommés
par le gouvernement dont cinq après consultation des milieux
intéressés par les recherches sur les phénomènes
culturels. Ce qui ouvre une porte intéressante pour vos fonds. Si vous
aviez quatorze membres dont cinq nommés après consultation des
milieux intéressés...
M. Paquette: C'est cela.
M. Ryan: ... par les activités de chacun de ces fonds. Par
conséquent, on a trouvé une solution ici qui a semblé
bonne au cabinet au moment où le député de Rosemont n'en
faisait pas partie.
M. Paquette: II faut bien dire que la nature - si le
député me le permet - des deux organismes est évidemment
très différente de l'Institut québécois de
recherche sur la culture qui est un institut de recherche public qui n'est pas
un fonds subventionnaire. Indirectement ils peuvent commander des recherches
à contrat à l'occasion. Ce n'est pas un organisme
subventionnaire. On peut peut-être se permettre ce genre de
formulation.
D'autre part, je pense qu'on devrait en rester là. Cela va
devenir très compliqué à définir et cela peut
être risqué dans certains cas.
M. Fortier: Si j'étais au pouvoir, j'aimerais mieux ne pas
en avoir. Je pense que c'est mieux comme cela. Comme on sera au pouvoir
bientôt, ce sera correct.
M. Paquette: En voilà un qui est optimiste. C'est au
député de l'Opposition d'être optimiste de se dire si
j'étais au gouvernement est-ce que j'aimerais avoir ce genre
d'article.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on peut en
déduire que l'article 69...
M. Ryan: C'est contestable.
M. Paquette: On peut toujours rêver.
M. French: Ce n'est pas une question d'optimiste, M. le ministre,
c'est être réaliste.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 69 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté, sur division.
Le Président (M. Champagne): Adopté sur division.
J'appelle l'article 99.
M. Fortier: Est-ce qu'on peut revenir à l'article qui
était contesté tout à l'heure?
Le Président (M. Champagne): On avait
demandé...
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez trouvé une solution
pour l'article...
M. Fortier: J'ai quelque chose à proposer.
Le Président (M. Champagne): Non, revenons à
l'article 12.
M. Fortier: L'idée qu'on essayait de trouver ensemble, la
première idée d'une part lorsqu'il y avait une décision de
créer une nouvelle agence est d'avoir une commission parlementaire. Ma
collègue de Jacques-Cartier suggérait: si le décret disait
"nous allons créer"? Si de fait il y avait création par lettres
patentes d'une corporation, cela semble un peu odieux d'avoir une commission
parlementaire. Si l'idée est non seulement d'entendre les parlementaires
mais indirectement de faire état des représentations qui
viendraient du milieu, les gens pourraient trouver le processus
démocratique un peu lourd. C'est pour cela que j'essayais de trouver une
formulation ici.
Au lieu de la formulation proposée par le ministre mais qui dit
la même chose, ce qui présupposerait que la décision du
gouvernement se ferait en deux temps deux mouvements, je suggérerais un
premier décret définissant la décision du gouvernement de
créer une corporation et là, d'entendre les députés
en commission parlementaire. Cela pourrait se lire comme ceci: "Le
décret confirmant la décision du gouvernement de créer une
corporation prévue par le premier alinéa doit être
déposé par le ministre dans les 30 jours..." et on continue.
C'est la décision du gouvernement de créer une corporation qui
est discutée en commission parlementaire sans que la corporation comme
telle soit créée à ce moment-là.
M. Paquette: Voulez-vous me répéter votre
formulation? Je saisis mal la nuance.
M. Fortier: "Le décret confirmant la décision du
gouvernement de créer une corporation prévue par le premier
alinéa doit être déposé par le ministre dans les 30
jours de son adoption, si l'Assemblée nationale est en session, ou, si
elle ne siège pas, dans les 30 jours de l'ouverture de la session
suivante ou de la reprise des travaux. On continue.
Autrement dit à ce moment-là on est assuré dans une
très grande mesure que la corporation n'est pas créée mais
que la décision du gouvernement d'en créer une est prise. Je ne
sais pas si c'est une amélioration mais je la soumets en toute...
M. Paquette: Est-ce que les divers membres de l'Opposition
seraient d'accord avec cette formulation? On va vérifier.
M. Ryan: Oui.
Mme Dougherty: Cela améliorerait dans le sens que...
M. Fortier: Je dois admettre mon ignorance de la façon
dont le cabinet des ministres fonctionne. Je ne sais pas si c'est recevable.
Cela présupposerait que dans un premier temps il y a une décision
pour dire nous avons créé une corporation pour oeuvrer dans tel
et tel domaine. Ceci irait en commission parlementaire. Le gouvernement
attendrait de recevoir les commentaires avant de former la corporation comme
telle. (17 h 30)
Le Président (M. Champagne): Si je comprends bien, M. le
ministre, les amendements que vous avez proposés, on les retire, et on
prendrait l'amendement...
M. Fortier: Si on s'entend, la technique va être bien
facile.
Le Président (M. Champagne): Attendons peut-être la
rédaction et on en disposera après. Voici, on peut poursuivre
avec l'article 99. Nous avions entrepris, ce matin, l'article 99. J'attends le
droit de parole demandé. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
AQVIR Discussion générale
(suite)
Mme Dougherty: Nous avons reçu un télégramme
daté du 16 juin.
Malheureusement, je ne l'ai reçu que ce matin. J'aimerais le lire
parce que cela touche d'une façon importante notre discussion sur
l'existence de l'Agence québécoise de valorisation: "Notre
association, des directeurs de recherche industrielle du Québec, qui
représente plus de 90% de cette activité cruciale pour le
Québec et qui regroupe des représentants de toutes les
principales entreprises ainsi que le CRIQ, autre laboratoire du gouvernement et
universités, est gravement préoccupée par le chapitre 5 du
projet de loi 19 présenté par le ministre
délégué à la Science et à la Technologie.
À l'instar de la conférence des recteurs et des principaux du
Québec, l'ADRIQ soumet respectueusement à votre gouvernement
qu'au lieu de créer ladite Agence québécoise de
valorisation industrielle
de la recherche et ainsi créer une autre infrastructure, cette
valorisation pourrait facilement et efficacement être faite par le CRIQ
et le Centre d'innovation industrielle à Montréal qui ont une
entente de collaboration à ce sujet, qui ont déjà acquis
l'expérience en la matière et qui pourraient assumer ce
rôle si on leur donnait les ressources complémentaires qui
seraient sans doute beaucoup moindres que les dépenses d'un nouvel
organisme."
Je crois qu'un tel témoignage confirme peut-être les
questions sérieuses que nous nous posons sur l'existence même de
l'agence. C'est évident que si l'ADRIQ est pas mal représentative
du milieu concerné, si elle a des préoccupations graves sur la
création de cet organisme, je crois que c'est vraiment
prématuré de créer une telle agence. C'est évident
qu'il faut vraiment explorer un peu plus loin la sagesse de créer cette
agence parce que cela soulève encore la question que nous avons
soulevée au début de cette commission, l'opinion du CRIQ et de
CEM et des autres. Nous n'avons même pas mentionné tous les
organismes fédéraux qui travaillent dans ce domaine. Il y en a
plusieurs. Il y a probablement trop d'organismes. Je souligne encore notre
réserve sérieuse sur toute cette question de l'existence
même de l'agence.
M. Paquette: Bien sûr, nous connaissons cette association
du directeur de recherche industrielle du Québec qui participe
très activement au comité de recherche industrielle du Conseil de
la politique scientifique, bientôt le Conseil de la science et de la
technologie. Cependant, il est bon de mentionner que le président de cet
organisme est également le président du Centre d'innovation
industrielle de Montréal et, bien sûr, M. Roger Biais, qui a une
grande compétence dans le domaine, qui est très actif, qui fait
des choses extrêmement intéressantes, qui a fait avancer le
Québec beaucoup, évidemment, croit en son organisme et il a bien
raison. Le Centre d'innovation industrielle de Montréal est un organisme
qui rend de réels services à la société
québécoise. Mais je souligne respectueusement que la question
n'est pas là.
Il va de soi que nous nous sommes posé des questions: Est-ce que
nous avons besoin d'une agence distincte du CRIQ, distincte du Centre
d'innovation industrielle de Montréal? J'y ai répondu en partie
ce matin et je tiens également à dire que cette idée
était dans le paysage depuis au moins trois mois. J'ai eu l'occasion de
l'évoquer publiquement à plusieurs reprises lors de
conférences que j'ai eu à donner auprès de divers
organismes où je parlais des principes devant guider une telle agence.
J'ai posé moi-même la question de principe à plusieurs
reprises et il n'y a pas eu de réaction négative à cette
idée. Lors d'une réunion informelle du Conseil de la politique
scientifique, en décembre, où je déposais les grandes
articulations du projet de loi, nous en avons discuté, nous avons
parlé de cette question également. Il y avait des membres du
milieu industriel autour de la table et il n'y a pas eu de réaction
négative. C'est peut-être le fait que le projet de loi soit
déposé le 31 mai, les gens regardent les articulations du projet
de loi et disent: Cela aurait mérité une belle grande commission
parlementaire et cela nous aurait menés dans quatre ou cinq mois.
Je les comprends. Moi aussi j'aurais aimé pouvoir parler de ce
projet de loi beaucoup plus longtemps, mais entre l'intérêt que
peut présenter une telle commission parlementaire et l'urgence de
l'action, j'ai choisi l'urgence de l'action. En m'étant assuré
cependant au préalable qu'il n'y avait pas d'empiétement possible
entre cette agence et les deux organismes en question.
Inutile de vous dire que cette question a été longuement
débattue au Comité de développement économique et
également au Conseil du trésor dont c'est
précisément le rôle d'éviter que de nouveaux
organismes puissent se créer, alors que des organismes existants
pourraient jouer ce rôle.
Mme Dougherty: On mentionnait le Conseil de la politique
scientifique, avez-vous reçu du conseil récemment un avis sur le
projet? S'est-il réuni pour le discuter, compte tenu qu'il n'avait pas
donné un avis précis depuis le dépôt de la loi.
A-t-il dit quelque chose sur l'agence?
M. Paquette: Non, je n'ai pas eu d'avis écrit ou
téléphonique, donc je n'ai reçu aucun avis récent.
Cependant, lors de la discussion, en décembre dernier, lorsque nous
étions au début de l'élaboration de ce projet de loi, les
membres du conseil, particulièrement les membres provenant du milieu
industriel étaient très sensibles à la multiplicité
des programmes gouvernementaux qui existent et à la complexité.
Cependant, dans un avis du conseil sur le virage technologique, on mentionne la
nécessité de valoriser la recherche, on mentionne la
nécessité d'avoir un organisme qui puisse présenter du
capital de risque et, à cet effet, il est peut-être bon de
mentionner: Est-ce qu'il y a vraiment un besoin à satisfaire? Il y a par
exemple ce discours fort intéressant du Dr Stewart Smith,
président du Conseil des sciences du Canada - un bon libéral
à part cela, chef du Parti libéral de l'Ontario pendant un
certain nombre d'années - qui ferait frémir le Conseil du
patronat du Québec parce qu'il commence comme ceci: "Does Canada need a
science and technology policy? There are many folks who believe that policies
are bad
things. Our economic establishment seems to believe that the market and
its unfitted action upon society is in fact the best policy maker and the best
allocater of resources. It is my view however that Canada needs a policy of its
own to advance its own interests. If we depend on the free market by itself,
the overwhelming power of the United States of America will make it difficult
for Canadians to maintain economic independence and freedom of economic
action." Un peu plus loin le Dr Smith dit: "The need to develop risk and
venture capital. We find ourselves unable to get that Canadian money to
somewhat risky but modern Canadian businesses. People are conservative in the
way they are investing.
Je pense que cela soulève un point extrêmement important.
Je ne voudrais pas récupérer l'allocution du Dr Smith pour dire
qu'il appuie l'agence en question, il n'a sûrement pas eu l'occasion de
regarder de près ce projet. Cependant, je dois dire qu'on est sur
exactement la même longueur d'onde. Il n'y a pas d'organisme au
Québec et très peu au Canada - je me demande même s'il y en
a je pense qu'il n'y en a pas dans d'autres provinces canadiennes actuellement
-de la nature de l'agence de valorisation que nous voulons créer.
Pourtant tout le monde reconnaît qu'il y a un besoin de ce
côté. Le député d'Outremont disait: Pourquoi votre
ministère ne l'assume-t-il pas lui-même? Si on l'assumait
nous-mêmes on ferait autant double emploi - si double emploi il y a et je
pense qu'il n'y en a pas - avec le CRIQ et avec le CIIM.
Actuellement en Colombie britannique on étudie un certain nombre
de propositions. Je lis ici un extrait de Ottawa RND Report qui date de
février 1983 et qui dit ceci: "Other proposal under study - on parle
d'une étude en Colombie britannique - includes -notamment - setting up a
technological agency similar to Britain's National Research Development
Corporation." Dans le même rapport on constate - et c'est ce que je vous
disais ce matin - que NRDC en Grande-Bretagne a des revenus de 50 000 000 $ par
année, des redevances sur les licences, les brevets qu'elle a
levés, dont elle est propriétaire et également des revenus
d'entreprises mixtes ou d'entreprises conjointes dans lesquelles elle est
intervenue. Tout cela se passe sous un gouvernement conservateur, soit dit en
passant, et cette agence existe depuis 1947, je pense. Depuis 1948.
M. French: ...gouvernement travailliste. Établie sous un
gouvernement travailliste. Cela s'explique.
M. Paquette: Cela a probablement été mis sur pied
sous un gouvernement social-démocrate mais on constate que le gouver-
nement conservateur n'a pas aboli cette agence, qu'elle est très
rentable et qu'elle a développé énormément de
produits, à un point tel qu'une autre province songe aussi -une petite
province qui a trois fois moins de population que le Québec - à
mettre sur pied une agence semblable à celle qui existe en
Grande-Bretagne.
M. le Président, il n'est pas possible que le Centre d'innovation
industrielle de Montréal joue le rôle d'une telle agence. Est-ce
qu'on voit sérieusement un mandataire de l'école polytechnique de
Montréal qui en nomme tous les membres du conseil d'administration, qui
a un mandat très large qui inclut le développement technologique,
la formation des étudiants, l'information scientifique et technique et
aussi la valorisation de certains projets, être doté d'un capital
de risque de 10 000 000 $ par année et se mettre à faire le genre
de rôle catalyseur que nous proposons pour l'Agence de valorisation
industrielle de la recherche? Il faudrait modifier le mandat, la charte du
CIIM. Je ne vois pas d'autre façon de le faire. On ne peut demander
à un organisme de polytechnique de développer les brevets des
ministères, de développer des brevets de l'Université de
Montréal, de l'Université Laval et se voir confier par le
gouvernement du capital de risque - comme le dit le Dr Smith - dont nous avons
un urgent besoin au Canada dans des secteurs de technologie de pointe qui
apparaissent toujours nouveaux, risqués. Je ne pense pas qu'on puisse
demander cela au Centre d'innovation industrielle de Montréal. Cependant
on peut demander que l'agence établisse les protocoles d'entente avec
ces deux organismes, avec le CRIQ et le Centre d'innovation industrielle de
Montréal, de façon qu'en priorité, les évaluations
dont aura besoin l'agence sur le plan technologique puissent passer par contrat
à ces deux organismes qui le font très bien à l'heure
actuelle et qui pourront ainsi - je pense surtout au Centre d'innovation
industrielle de Montréal - par l'apport de contrats nouveaux dû
à l'action de cette agence, obtenir des fonds additionnels qu'il n'a pas
actuellement. Bien sûr qu'il faut qu'un ministre de la Science et de la
Technologie regarde toujours, avec un organisme comme celui-là, s'il n'y
a pas d'autres moyens d'aider à son développement. Ce
développement - je le soutiens encore une fois - ne vient pas en
compétition avec le rôle d'une agence de valorisation industrielle
de la recherche. Le Centre d'innovation industrielle n'est pas une agence de
valorisation industrielle et ne peut pas le devenir, à moins de le
détacher complètement de Polytechnique, de
récupérer les gens qui travaillent dans l'agence. Si jamais, ils
sont disposés à faire cela on pourrait examiner la chose. Cela
devient une
agence publique.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, j'ai dit et je redis qu'il y a un
certain travail à faire de ce côté-là. Le ministre
me faisait dire que le ministère devrait assumer ces
responsabilités-là. Je n'ai pas dit toutes ces
responsabilités, j'ai dit certaines responsabilités d'incitation
à développer l'innovation et tout cela. Ceci doit être
fait. Il s'agit d'un processus complexe pour lequel personne n'a trouvé
des solutions toutes faites. C'est bon de s'inspirer ailleurs. Il faut
regarder. Si on regarde ailleurs... D'ailleurs, je pense bien qu'à ce
sujet-là, l'Angleterre, depuis vingt ans ou vingt-cinq ans, n'a pas de
leçon à nous donner dans le domaine du développement
économique, loin de là. Maintenant, c'est comme beaucoup de
choses qui existent en Angleterre: une fois que cela est créé
avec des millions de dollars, à moins qu'il y ait un gouvernement qui
décide d'en faire la question numéro un de son programme
électoral, cela reste sur pied.
Ce qui me préoccupe, moi, c'est que... Le ministre, d'une part, a
personnalisé le télex qu'on a reçu en disant: Cela c'est
M. Biais. En tout cas, je ne vois pas M. Biais, là. Je vois M. Guy
Savard, secrétaire, président de l'ADRIQ, et eux se disent
inquiets.
En fait, lorsqu'on regarde ce que ces gens-là font. Ils ne font
pas tout ce que le ministre voudrait, mais ils font beaucoup de choses que le
ministre voudrait qui se fassent. Ces gens se disent inquiets de la
création d'une nouvelle agence.
Par ailleurs, étant préoccupé par le sujet, j'ai
tenté d'obtenir des informations; le ministre pourra me les confirmer.
Déjà, le ministre dit que ce n'est pas possible pour ces
organismes de travailler avec les universités. Alors, ce qu'on me dit,
dans le moment - le ministre nous l'a dit d'ailleurs la semaine dernière
- c'est qu'il existe présentement une entente écrite entre le
Centre d'innovation industrielle de Montréal et le CRIQ. C'est le
ministre qui nous a dit cela la semaine dernière.
M. Paquette: Elles sont exactement dans le même champ,
c'est normal qu'il fasse une entente...
M. Fortier: Par ailleurs, le CRIQ a négocié
plusieurs ententes de valorisation industrielle avec plusieurs
universités. D'après l'information que j'ai, il y a
déjà une entente avec l'INRS, il y a déjà une
entente plus spécifique avec l'Université du Québec
à Montréal, il y a une entente avec Polytechnique, il y a une
entente avec Laval et Sherbrooke. Le 6 juillet, ils vont signer une entente
avec McGill, et à l'automne, ils vont avoir une entente avec Concordia.
Je dois admettre que je ne comprends plus: le ministre nous dit que cela n'est
pas possible et de fait ces gens-là - CIIM entente avec le CRIQ, le CRIQ
entente avec les universités - sont en train de réaliser dans une
certaine mesure ce que le ministre voudrait faire avec une nouvelle agence. Ce
sont toutes des ententes de valorisation industrielle.
De deux choses l'une: ou bien c'est possible ou bien ce n'est pas
possible. Ces ententes prouvent que cela est possible et que les
universités ne semblent pas voir d'incongruité à ce que le
CRIQ, associé au CIIM, puisse négocier des ententes avec les
universités. Je ne sais pas si les universités s'en disent
satisfaites ou non. Autant que je sache... Peut-être qu'en commission
parlementaire vous avez entendu certaines de ces universités. Elles ont
peut-être exprimé des points de vue. Je n'ai pas eu la chance d'y
participer.
Mme Dougherty: II y avait très peu sur le...
M. Fortier: C'est là que j'ai des points d'interrogation.
Remarquez bien que je suis arrivé à la conclusion que l'agence ne
devrait pas être formée. J'en suis arrivé à une
étape de mon processus intellectuel où j'ai des points
d'interrogation. Ce qui me préoccupe, dans un secteur comme
celui-là, où le gouvernement et le ministère devraient
travailler en collaboration avec les directeurs industriels des companies, je
me dis que ce serait assez aberrant, alors qu'on parle de concertation... J'en
suis de la concertation, surtout dans le domaine de la recherche et du
développement. Il va falloir travailler en concertation avec l'industrie
et l'exemple japonais est là pour nous dire que lorsqu'il y a
concertation au plus haut niveau, entre la grande industrie ou l'industrie et
le gouvernement, c'est la meilleure façon de la réaliser.
Il faut bien se rendre compte que, comme toutes les choses qui se font
au Japon, cela se fait par consensus. Les gens font cela patiemment. Ils
prennent le temps de discuter des choses. Ils ne sont jamais bousculés
comme on l'est. Je n'ai jamais vécu l'expérience japonaise, mais
d'après tous les livres que j'ai lus sur le développement
économique japonais, j'ai constaté que les gens sont patients. Il
s'arrangent pour que même les plus petits subalternes d'une organisation
se satisfassent d'une décision à prendre et que ceci se fasse par
des tables rondes.
Quant à moi, compte tenu d'une part qu'on a de fortes
interrogations sur la possibilité d'utiliser ce qui existe
présentement, soit le CRIQ, soit le Centre
d'innovation industrielle de Montréal (CIIM), et même si le
ministre dit qu'il y aurait peut-être lieu de considérer le CIIM,
l'avantage qu'il y aurait serait d'utiliser des gens qui sont
déjà là... Il ne faut pas oublier non plus que le Centre
d'innovation industrielle de Montréal a obtenu des subventions de 1 000
000 $ du gouvernement fédéral. Pour quelle raison devrions-nous
mettre à terre quelque chose qui existe? Il faut peut-être le
modifier ou leur dire: écoutez, on va former une corporation
séparée pour cela, mais on pourrait partir de ce qu'ils ont
déjà. Cela permettrait d'une part d'aller chercher les fonds
fédéraux qui sont disponibles, de continuer ce qui a
été commencé et de demander à M. Biais en lui
disant: vous n'êtes plus professeur de Polytechnique. D'ailleurs, on me
dit qu'il est à temps plein dans cet organisme-là. Je vois donc
des avantages qu'il faudrait explorer, à partir de ce qui existe, par
exemple, à partir du CRIQ avec les ententes qui existent avec les
universités. Ils en ont d'ailleurs environ 6, 7 ou 8. Il faudrait partir
aussi de l'entente qui existe avec le CIIM qui reçoit des subventions
fédérales. Enfin, peut-être à partir de ce qui
existe, nous pourrions dire qu'il y a moyen de former l'agence dont on parle
mais on pourrait partir cela avec ce qui existe déjà. Pour cela,
il faudrait avoir le temps d'explorer plus à fond et, malheureusement,
avec la motion de clôture qui s'abat sur nous et avec la fin de la
session, dans deux jours d'ici, on n'aura pas le temps de le faire.
Je crois que ce serait proprement ridicule de condamner une action qui a
été faite à ce jour par le CRIQ. Il se peut que ce que
fait le CRIQ ne soit pas suffisant et ce que fait le CIIM est peut-être
trop vague et devrait être précisé davantage.
Je crois, M. le Président, que dans un petit pays - mon
collègue de Westmount y faisait précédemment allusion -
dans le domaine technologique, on n'a pas les moyens de disperser nos
énergies. On n'a pas le volume ni de la France ni de l'Angleterre et
quand on fait des proportions d'échelle, il faut être très
prudents. Moi-même, j'étais auparavant dans le domaine de
l'énergie. J'ai constaté que chaque fois qu'on va dans les
congrès, on rencontre toujours les mêmes gens et comme disait
Napoléon après une victoire célèbre: Ce sont
toujours les mêmes qui se font tuer... Avec le peu de ressources humaines
que nous avons au Québec, on ne peut pas se permettre d'écarter
des gens comme ça qui ont fait des choses. Il faut plutôt se poser
la question, à savoir: Est-ce qu'à partir de ce qui existe, on
peut améliorer? Est-ce qu'on peut améliorer avec le CIIM qui
existe déjà, avec le CRIQ qui et déjà en place?
Peut-être faudrait-il former une agence?
La proposition que j'aimerais faire au ministre, et je la fais parce que
j'ai oeuvré un petit peu dans ce secteur-là, pas tellement dans
la valorisation mais dans le domaine technologique; le ministre a
également une formation scientifique. Je crois donc qu'on doit faire
quelque chose, je crois qu'il n'y a pas d'avantage à se
précipiter s'il s'agit de réduire à néant les
efforts qui ont été faits par d'autres depuis quelques
années.
Ce que je propose au ministre, étant donné que d'une part
les universitaires ont eu l'occasion de se faire entendre et que même si
les universités continuent à nous dire qu'on devrait reporter
à l'automne... Il me semble que l'Opposition a joué son
rôle d'une façon - je peux le dire d'autant plus facilement que je
n'ai pas participé aux travaux des derniers jours - professionnelle et
qu'elle a aidé à valoriser le projet de loi comme tel. Alors,
compte tenu du fait que le ministre voulait que le ministère soit
créé, et que la commission parlementaire qui a entendu les
universitaires nous a permis d'avoir leur point de vue sur la partie
universitaire, je dois dire qu'en ce qui concerne la valorisation industrielle,
je me trouve très handicapé pour porter un jugement à ce
moment, et je ne voudrais pas que les initiatives réalisées dans
le passé soient complètement mises de côté.
Le ministre, selon moi, nous a prouvé qu'il était capable
d'être responsable. La proposition que j'aimerais lui faire, c'est de
scinder son projet de loi, d'enlever le chapitre V pour le moment, d'adopter le
reste du projet de loi et de faire en sorte que d'ici au mois de septembre on
entende les gens du secteur du développement industriel. Ceci nous
permettrait d'évaluer ce que nous dit le ministre et ce que nous n'avons
pas eu l'occasion de faire c'est-à-dire de rencontrer les gens que
l'ADRIQ, les gens qui font du développement industriel, ceux qui ont
fait affaires avec le CRIQ jusqu'à maintenant, le CRIQ, le CIIM et,
à partir de là, se former une idée. Je pense que si on
fait cela, nous de l'Opposition allons continuer à travailler dans un
état d'esprit très positif, dans l'esprit de chercher les
meilleures solutions possible.
Si, finalement, nous arrivons à la conclusion qu'il serait utile
de former une agence québécoise de valorisation mais qu'il y
aurait possibilité de faire cela avec ce qui existe présentement,
je crois que le Québec s'en trouverait beaucoup mieux. En faisant cette
proposition au ministre ce n'est pas pour lui nuire ou pour retarder l'adoption
du projet de loi, au contraire. Ce que je lui dis c'est qu'il y aurait
possibilité de suspendre le chapitre V, de continuer avec tous les
autres chapitres. De fait, le ministère serait créé. Il
pourra faire beaucoup de choses, il pourra s'occuper des quatre fonds et de la
fondation qui a été créée. Je pense que d'ici
à l'automne
le ministre aurait beaucoup de travail à faire et entre-temps, on
pourrait se faire une idée beaucoup plus précise des
responsabilités de l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche et des possibilités de collaboration de
façon plus articulée avec ce qui existe présentement. Je
pense que si le ministre était d'accord avec cette proposition, cela
nous permettrait d'avoir au mois de septembre un débat qui serait
beaucoup plus intelligent sur ce problème-là.
M. Raquette: M. le Président...
Le Président (M. Champagne): Je ne sais pas, M. le
député. C'est informel, d'accord cela ira. M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, j'attire l'attention du
député d'Outremont sur le dernier article du projet de loi qui
parle de l'entrée en vigueur des diverses sections. Il va de soi que les
différents chapitres de ce projet de loi n'entreront pas tous en vigueur
en même temps. Ceux qui pourront entrer en vigueur le plus rapidement
sont probablement ceux concernant le ministère et le conseil. Pour les
fonds subventionnaires, il faudra choisir le moment le plus propice pour
assurer une transition harmonieuse entre les fonds tels qu'ils existent et les
fonds tels qu'ils sont constitués par ce projet de loi.
En ce qui concerne l'agence, le député me demande de
renoncer au principal élément novateur de ce projet de loi, sur
la base qu'il faudrait établir des liens, établir une
concertation avec des organismes comme le Centre de recherche industrielle du
Québec et le Centre d'innovation industrielle de Montréal. Je
tiens tout d'abord à lui dire qu'au comité de
développement économique, nous étions tous d'accord pour
décider qu'il doit y avoir un protocole d'entente entre l'agence et le
Centre de recherche industrielle du Québec. D'ailleurs, dans le projet
de loi, on propose d'échanger deux représentants des organismes
de façon qu'ils coordonnent leurs actions. Cependant, il me semble que
les arguments que j'ai donnés face au fait que le CRIQ ne peut pas
assumer la mission de valorisation industrielle de la recherche sont probants.
On ne peut pas demander au CRIQ d'une part, de s'impliquer avec du capital de
risque, du capital public dans des projets de nature essentiellement
privée pour valoriser une invention dans un secteur alors que le
même organisme est en train de travailler avec une entreprise
concurrente, de lui offrir ses services de laboratoire pour l'aider à
effectuer son développement technologique. Ce n'est pas possible.
On s'est demandé si on ne devait pas demander au CRIQ d'assumer
une mission supplémentaire et on lui donnerait plus de personnel, un peu
plus d'argent pour faire de la valorisation industrielle de la recherche. Ce
n'est pas possible. D'autre part, le Centre d'innovation industrielle de
Montréal, j'ai indiqué à quel point nous trouvions cet
organisme intéressant. Si toutes les universités pouvaient se
donner des organismes comme celui-là, on avancerait beaucoup plus vite
dans la voie du virage technologique au Québec. C'est un organisme
novateur, pionnier qui joue un rôle intéressant. Cependant, on ne
peut pas lui demander non plus de jouer le rôle d'appuyer des projets
avec du capital de risque et de servir d'intermédiaire auprès de
tous les organismes qui peuvent contribuer à la réalisation d'un
projet. (18 heures)
J'aimerais revenir sur les ententes. D'abord, l'entente CRIQ et Centre
d'innovation industrielle de Montréal n'a pas pour but de promouvoir la
valorisation de la recherche, elle a pour but de répartir les dossiers
entre les deux organismes puisqu'ils jouent essentiellement des rôles
similaires. Autant le CRIQ que le CIIM font l'évaluation d'inventions,
autant le CRIQ et le CIIM offrent leurs services aux entreprises pour les aider
à introduire de nouvelles technologies ou à développer
parfois de nouveaux produits ou de nouveaux procédés. Ce n'est
pas une entente...
Le Président (M. Champagne): Excusez-moi, M. le ministre,
il me faudrait le consentement peut-être pour quelques minutes ou...
M. Paquette: Est-ce qu'on peut simplement continuer cinq minutes?
Je veux seulement terminer ma réponse, si les membres de la commission
sont d'accord.
Le Président (M. Champagne): Oui, s'il y a consentement,
cela va.
Mme Dougherty: Consentement pour cinq minutes.
M. Fortier: Pour cinq minutes.
Le Président (M. Champagne): Cela va pour cinq
minutes.
M. Paquette: Les membres de la commission sont d'accord. Alors,
cette entente n'est pas une entente visant la valorisation de la recherche,
elle ne vise que deux organismes qui étaient dans le même champ,
celui du développement technologique des entreprises, qui ont
créé une entente pour se répartir les dossiers et
s'assurer qu'il y a une bonne coordination.
Quant aux ententes du CRIQ avec les diverses universités, vous
allez constater que le CIIM n'a pas d'entente avec les autres
universités pour la bonne raison que c'est un organisme de
Polytechnique. Ce serait difficile pour lui de se mettre à faire des
ententes avec les autres universités. Mais le CRIQ a cherché
à faire des ententes. Il y a une seule entente, à notre
connaissance, en fonctionnement depuis cinq ans avec l'Université Laval
qui a permis au CRIQ de développer et d'utiliser ses ressources
techniques en collaboration avec l'Université Laval pour
développer jusqu'à maintenant trois produits: deux dans le
domaine des céréales et un projet de chronomètre. Il n'y a
pas eu de retombées industrielles à ce jour de cette entente.
C'est beaucoup plus une entente pour faire des recherches en commun, mais
peut-être qu'il y en aura des retombées technologiques. Encore
là, ce n'est pas le rôle d'une agence de la recherche qui
travaille à des projets et qui vise à faire intervenir divers
organismes, investisseurs et promoteurs qui peuvent mener un projet à
terme, au moment où le projet peut se tenir par lui-même.
Les autres ententes concernent beaucoup plus le travail central du CRIQ
qui est d'offrir des services de développement technologique aux petites
et aux moyennes entreprises. Le CRIQ a plusieurs laboratoires de bonne
qualité mais il ne couvre pas tout le spectre. Alors, les autres
ententes en négociation concernent surtout la façon dont le CRIQ
pourrait utiliser tel ou tel centre de recherche dans une université,
telle ou telle équipe, de façon à compléter
l'expertise dont il dispose déjà et s'assurer que cette expertise
soit la plus complète possible en présence des entreprises que le
CRIQ désire aider.
M. Fortier: D'après l'information que j'ai, ce sont des
ententes de valorisation industrielle. En tout cas, il faudrait vérifier
nos informations.
M. Paquette: Alors, et je termine là-dessus, M. le
Président, que le député d'Outremont affirme qu'il n'a pas
tous les renseignements en sa possession, je veux bien le croire, je veux bien
l'accepter. On pourrait très certainement organiser quelque chose en
septembre ou en octobre ou au mois d'août avant que l'agence ne soit
créée pour être bien sûr que les contours de l'agence
ne présentent pas d'aspérités - pour reprendre un terme
d'une éditorialiste - le moins d'aspérités possible, mais
je pense qu'à sa face même, il me semble que les arguments que
j'ai donnés sont suffisamment probants pour indiquer que ni le CRIQ et
ni le CIIM, même s'ils peuvent contribuer fortement à la
valorisation industrielle de la recherche, ne constituent des agences qui
peuvent développer des projets et encore moins des organismes qui
peuvent disposer un certain capital de risque d'appoint. Pour cette raison, je
soutiens qu'il faut créer cette agence. Je peux cependant
peut-être convenir, et on pourra en discuter avec les membres de
l'Opposition, que le temps qui nous a manqué pour entendre ces
organismes, ici, à cette commission, puisse être pris quelque
part. On pourrait peut-être s'entendre avec les leaders, avant que
l'agence ne soit mise sur pied, de façon à s'assurer qu'elle
s'insère harmonieusement dans le système scientifique et
technologique, tel qu'il existe actuellement au Québec.
M. Fortier: Le seul problème avec vos arguments c'est
qu'ils viennent de vous. Ce serait mieux s'ils venaient du milieu.
Le Président (M. Champagne): Alors, on continuera ce
soir.
La commission élue permanente de la présidence du conseil
et de la constitution suspend ses travaux jusqu'à ce soir, 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 06)
(Reprise de la séance à 20 h 15)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de la présidence du conseil
et de la constitution poursuit l'étude article par article du projet de
loi 19, Loi favorisant le développement scientifique et technologique du
Québec.
Quelqu'un veut-il la parole? Nous sommes rendus à l'article 99.
J'appelle l'article 99, comme on l'a fait cet après-midi.
Mme Dougherty: À la fin de cet après-midi, le
député d'Outremont a proposé une façon de
régler la question de l'agence. J'aimerais avoir la réaction du
ministre.
M. Paquette: M. le Président, j'ai donné cette
réaction à la fin de l'après-midi. En fait, j'ai
proposé au député d'Outremont de retarder la mise en
vigueur des articles du chapitre V, quitte à amender le dernier article
du projet de loi, donc l'entrée en vigueur après une commission
parlementaire qui pourrait avoir lieu au mois d'août ou en septembre. La
raison est la suivante. Le député d'Outremont a fait une
proposition. Je comprends très bien les motifs pour lesquels il l'a
faite. En fait, des représentations ont été faites et,
à mon avis, elles ne sont pas justifiées, mais le
député d'Outremont aimerait les entendre de vive voix, à
l'occasion d'une commission parlementaire. Ce n'est pas une chose à
laquelle je suis opposé. Ce à quoi j'étais opposé,
c'est qu'on retarde l'entrée en vigueur de ce chapitre à
l'automne,
possiblement encore dans une fin de session en décembre, ce qui
nous placerait exactement dans la même situation et avec une Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche qui
serait opérationnelle quelque part au printemps prochain, donc au
début de la prochaine année financière. Cela veut dire
qu'on se priverait d'un tel instrument et de la possibilité d'avoir un
tel instrument au moment du prochain budget supplémentaire, donc
d'injecter des fonds additionnels immédiatement à la valorisation
industrielle de la recherche.
Mon souci n'est pas d'empêcher les députés de
l'Opposition de s'informer sur le projet de loi. je peux simplement
déplorer qu'ils ne l'aient pas fait, parce que cette idée est
dans l'air depuis trois mois, et ils auraient eu normalement amplement le temps
de le faire. Mais, souvent, on a beaucoup de travaux divers qui nous retiennent
et qui retiennent les députés de l'Opposition. Ils ne l'ont pas
fait et ils me disent qu'ils aimeraient entendre les gens. Je n'ai pas
d'objection à cela. On pourrait, sans retarder la mise sur pied de
l'agence au printemps 1984, se donner la chance de la mettre sur pied à
l'automne en ayant une commission parlementaire au mois d'août et en
suspendant l'entrée en vigueur du chapitre V jusqu'après cette
commission parlementaire. S'il y a des choses probantes...
Ce qu'une telle commission parlementaire va donner comme
résultat, c'est beaucoup plus des mises en garde, des ajustements, des
processus de fonctionnement, des questions de l'ampleur du personnel, ce qu'ils
vont faire. On serait, d'ailleurs, beaucoup mieux placés pour y
répondre en août ou en septembre. Il me semble qu'une telle
approche irait dans le sens de l'article 12, c'est-à-dire la
préoccupation de garder un contrôle parlementaire sur la mise sur
pied d'un nouvel organisme comme celui-là, sans nécessairement
retarder l'action gouvernementale dans un secteur où il y a une certaine
urgence d'agir.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je crois qu'il y a deux
raisons fondamentales pour lesquelles on a de la difficulté à
concilier ce que propose le ministre. D'une part, le ministre nous a dit que
les idées étaient là depuis un certain temps. Il doit
admettre que lui-même et les spécialistes autour de lui ont eu
beaucoup plus de temps à jouer avec ces concepts et ces idées,
à confronter les différentes options qui étaient possibles
et qu'avant que le projet de loi soit déposé, il nous
était difficile de savoir exactement ce que le ministre allait proposer.
De toute façon, le milieu intéressé par cet aspect du
projet de loi réagit et de la même façon que le
gouvernement et le ministre ont cru bon entendre le milieu universitaire, je
crois qu'il serait nécessaire et utile d'entendre les gens qui
s'occupent de valorisation industrielle.
Quant aux délais, j'oserais croire qu'ils ne seraient pas aussi
significatifs que le laisse entendre le ministre, parce que rien ne
l'empêche de déposer un projet de loi demain matin qui serait
exactement le chapitre V. Le ministre peut faire cela demain ou
après-demain et de fait, le chapitre V serait au feuilleton
déjà et, serait l'un des premiers projets appelés lors de
la session d'automne, probablement au mois d'octobre. Ce faisant, on ne fera
pas injure au milieu; on ne fera pas injure, dans une certaine mesure, à
l'Opposition, d'adopter un projet de loi. Le ministre lui-même, avant le
souper disait: Oui, ce serait une bonne chose, dans une certaine mesure,
d'entendre ceux qui ne sont pas d'accord avec nous et qui semblent
interpréter différemment l'utilité de l'agence qui est
proposée par le ministre. Encore là, dans tout ce processus, il
faut se hâter.
Le ministre a insisté avec beaucoup de force, et je crois qu'il
faut l'en féliciter, pour hâter la formation de son
ministère. Je crois qu'il a une très grande partie de ce qu'il
espérait avoir pour aller chercher des fonds et j'imagine que, pour le
prochain budget, si ce chapitre V était déposé au
feuilleton ces jours-ci et qu'on avait une commission parlementaire au mois de
septembre, on saurait à la mi-octobre si on fait l'unanimité ou
non. Et à ce moment-là, les délais, somme toute, ne
seraient pas aussi importants. Au contraire, ils auraient permis au
gouvernement de consulter ceux qui sont préoccupés par cette
question, de s'assurer de faire une concertation qui est utile dans ce domaine.
Si on le faisait, je crois qu'on éviterait les commentaires qui sont
venus du milieu, que ce soit du milieu universitaire ou autre et qui ont
reproché au gouvernement d'aller trop rapidement.
Je sais que malgré les nombreux amendements qui ont
été faits par le ministre et qui touchaient surtout le milieu
universitaire, pour avoir rencontré des gens de mon comté samedi
soir, les gens ne sont pas tous au courant dans le détail des
amendements que le ministre a acceptés et ils s'insurgent encore. C'est
seulement pour dire jusqu'à quel point on peut créer un mauvais
climat, même en apportant par la suite des correctifs et je voudrais
éviter cette situation à leur ministre. Il me semble que les
délais ne seront pas aussi importants. On pourrait procéder avec
l'adoption du reste du projet de loi et, après une commission
parlementaire de deux jours, au mois de septembre ou au début d'octobre,
on pourra très facilement s'engager dans l'adoption du chapitre V
dès le rappel du Parlement à la
mi-octobre ou vers la fin d'octobre. C'est la proposition que je
fais.
Motion proposant le retrait du chapitre V
La proposition que fait le ministre de procéder maintenant, alors
que nous avons des hésitations, cela fait problème. Personne ne
gagnerait à ce que d'ici à minuit, nous ne trouvions pas le temps
d'étudier les autres articles du projet de loi et je ne crois pas que le
ministre gagnerait à nous imposer la clôture qui jetterait un
certain blâme sur la procédure qui aura été suivie,
alors que si le ministre accepte de collaborer avec nous, le projet de loi sera
adopté, moins le chapitre V. Ce faisant, au moins, il y aurait eu une
certaine collaboration de l'Opposition et une certaine unanimité sur les
amendements que le ministre a d'ailleurs eu la bonne grâce d'accepter
à bien des endroits. C'est la proposition que je fais. Il me semble que
ce serait dans le meilleur intérêt de tous et chacun.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Outremont, vous en faites une proposition ferme?
M. Fortier: Oui. Je fais motion pour que...
Le Président (M. Champagne): Est-ce que vous pourriez
rédiger votre motion, s'il vous plaît?
M. Fortier: Je ne sais pas, pour que la motion soit recevable, je
n'ai pas consulté les avocats nécessaires... Je fais motion pour
que le chapitre V au complet soit - on parle de suspension...
M. Ryan: Soit retranché du projet de loi.
M. Fortier: ...soit retranché du projet de loi.
M. Ryan: Jusqu'à la tenue d'une commission
parlementaire.
M. Fortier: Si la motion était acceptée, j'imagine
que les avocats utiliseront la méthode qu'il faut.
M. Paquette: M. le Président, si vous me le permettez
pendant que le député d'Outremont rédige sa motion,
j'aimerais simplement lui indiquer que si j'ai bien compris son intervention,
l'intervention des membres de la commission particulièrement le
comportement de l'ensemble des députés de cette commission tout
au long de nos travaux, le projet de loi recueillerait l'assentiment des deux
partis dans cette
Chambre au moment de la troisième lecture. M. Fortier:
Oui. M. Ryan: Absolument pas.
M. French: Le projet de loi actuel, en troisième lecture
en Chambre.
M. Fortier: Moins le chapitre V. M. French: Moins le
chapitre V.
M. Fortier: Modifié par les amendements.
M. Ryan: Ce n'est pas cela que j'ai compris.
M. Fortier: Je croyais que c'était implicite dans
l'article.
M. French: À ce moment-là, oui.
M. Fortier: Est-ce qu'on est d'accord?
M. French: Oui.
M. Paquette: M. le Président.
M. Fortier: La motion se lit comme ceci: Une motion pour que le
chapitre V au complet soit retranché du projet de loi jusqu'à la
tenue d'une commission parlementaire pour discuter des sujets touchés
par ce chapitre.
Le Président (M. Champagne): À quel moment?
M. Paquette: Cela va être déterminé par le
leader du gouvernement, M. le Président.
M. Fortier: Cela dépend du gouvernement. Le gouvernement
décidera.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais simplement vous
donner une réaction à cette proposition. Je trouve
évidemment dommage, tout en le comprenant, que l'Opposition n'ait pu se
préparer à étudier ce chapitre. D'autre part, je pense
qu'il est inexact de dire qu'il y a une opposition
généralisée à cet article du projet de loi. Il y a
d'ailleurs deux mémoires qui nous sont parvenus, en commission,
d'organismes tout aussi représentatifs que le Centre d'innovation
industrielle de Montréal; je pense à l'École de
technologie supérieure par exemple, qui nous a demandé de
procéder à la création d'une telle agence le plus
rapidement possible. Je pense également à une compagnie
privée, membre du Conseil de l'industrie électronique du
Québec, et cela m'étonnerait que les membres du conseil aient
une opinion très différente; en tout cas les quelques
consultations informelles que j'avais eues avant me laissent croire à
leur accord. Du côté également de personnes de
l'Association des manufacturiers canadiens, il y a généralement
une attitude favorable à cette agence.
Je pense que, encore une fois, on se trouve devant quelques personnes -
c'est leur droit tout à fait légitime - qui soulignent des
problèmes qui auraient pu être réglés simplement en
regardant les articles du projet de loi et en procédant, en essayant de
bonifier comme nous l'avons fait pour les autres chapitres.
Cependant, M. le Président, je tiens énormément
à ce que ce projet de loi fasse le plus possible l'unanimité. Je
tiens également à ce que l'on ne soit pas obligé de
l'adopter en donnant l'impression - ce qui serait faux parce qu'on a eu
amplement de temps de regarder les articles pertinents -que ce projet de loi a
été étudié à la vapeur. Je pense que pour
tous les chapitres que nous avons adoptés jusqu'à maintenant,
nous avons pris pleinement le temps de regarder tous et chacun des articles. Il
y a même certains articles sur lesquels on a passé au-delà
de deux heures, lorsque c'était un article clé, fondamental. Je
pense que les travaux ont procédé dans l'ordre jusqu'à
maintenant. Je ne peux pas dire, d'un autre côté, qu'il y a eu un
"filibuster" de l'Opposition sur ce projet de loi. Il me serait difficile de
recommander au leader du gouvernement d'imposer une motion de clôture sur
ce projet de loi.
Par conséquent, en ce qui me concerne nous allons accepter la
proposition du député d'Outremont. Cependant je lui demanderais
peut-être de la suspendre en ce sens qu'on voudrait avoir le temps de
regarder les dispositions transitoires de façon à vérifier
simplement si l'extraction d'un chapitre du projet de loi devrait être
accompagnée de l'extraction ou de la modification d'un ou deux autres
des articles?
M. Fortier: Est-ce qu'on pourrait au moins avoir un "gentleman
agreement" à savoir que c'est convenu de cette façon?
M. Paquette: Certainement.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: Je voudrais faire quelques commentaires au ministre
à la suite de son acceptation de principe de notre proposition. Le
premier c'est que, pour ma part au moins, je considère que les parties
de la loi que nous avons acceptées et que nous allons étudier ce
soir n'ont pas été forcées, n'ont pas été
étudiées à la vapeur. Je suis pleinement satisfait de
l'occasion que j'ai eue de faire valoir mon point de vue. Il n'y a aucune
question là-dessus. Je parle pour tous mes collègues.
Je pense également que le ministre pourrait se sentir un peu
déçu de la perte temporaire, si vous voulez, du chapitre V. Je
pense que c'est un mal pour un bien dans le sens que le débat qui va se
poursuivre là-dessus et la discussion publique ne vont que hausser
d'autant l'intérêt pour le projet, vont donner plus de profil,
parce qu'il était en quelque sorte enterré à
l'intérieur du projet de loi. Je ne veux pas en retarder l'étude
indûment, mais dans la planification du ministre pour la poursuite de ses
objectifs pour l'Agence québécoise de valorisation industrielle
de la recherche, je veux lui mentionner que, pour ma part, ce ne sont pas
uniquement les revendications de certaines personnes qu'on peut juger
intéressées dans tous les sens du mot qui me font hésiter
devant la proposition du ministre.
Également, j'ai appris dans ce domaine... Non je n'ai pas fini.
Je disais pas uniquement les revendications de certains groupes de personnes
qu'on peut caractériser comme intéressés dans la
proposition qui me fait hésiter devant le chapitre V. C'est
également le sentiment que j'ai que le ministre n'a pas un dossier aussi
étoffé qu'il pourrait l'être et qu'ainsi, on ressent un
peu, peut-être pas d'une façon verbale, le manque d'étoffe
du dossier. Je ne critique pas le ministre parce que je sais qu'il a
été très préoccupé. Pour ma part, je n'ai
pas eu les réponses que j'aimerais avoir sur le fonctionnement des
modèles étrangers qu'on a utilisés dans
l'élaboration de cette agence. J'ai également appris, dans ce
domaine, à me méfier des trucs, des solutions organisationnelles
au problème qui, souvent, dépasse largement le cas d'un organisme
en particulier. Devant un processus aussi complexe que l'innovation et la
commercialisation de la recherche, de l'extérieur, on peut imaginer
qu'une agence ou un organisme, un fonds ou un programme va régler le
problème. Chaque fois que je regarde ces projets de près, je
deviens plus sceptique et plus inquiet que cette multiplication de solutions
organisationnelles créent souvent un certain gaspillage et sèment
plus de confusion qu'autre chose. Je ne dis pas que je suis contre le principe
de l'organisme. Je dis que j'aimerais vraiment avoir l'occasion
d'étudier à fond avec le ministre de l'évidence sur les
modèles qu'il a adoptés. Évidemment, il va adopter les
meilleurs pour nous donner une meilleure idée de ce que c'est. Si on
pouvait avoir la documentation, l'évidence et l'articulation avec ses
modèles dans le milieu québécois, si on pouvait entendre
les experts tels Lacroix et Dulude qui ont fait la recherche pour le fonds FCAC
sur le RND et l'importance dans
l'économie canadienne et québécoise, je pense que
ce genre d'experts serait de nature à nous convaincre davantage.
Ce sont des commentaires que je fais pour aider le ministre à
comprendre un peu pourquoi j'hésite devant ce chapitre.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil avait demandé...
M. Fortier: Question de règlement.
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. Fortier: Je veux m'excuser parce que comme j'ai un
décès dans ma famille, je dois quitter. Je quitte maintenant et
je remercie le ministre de sa collaboration. Comme je ne reviens pas, je
reverrai certains de mes collègues outre-mer.
Le Président (M. Champagne): Voici, c'est que j'ai mis
votre motion un petit peu plus en français: Que le chapitre V au complet
soit retranché du projet de loi jusqu'à la tenue d'une commission
parlementaire pour discuter des sujets touchés par ce chapitre.
D'accord?
M. Fortier: Parfait, merci.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil, vous aviez demandé la parole.
M. Ryan: Oui, seulement un bref mot pour exprimer mon
appréciation de la conclusion qui a été prise par le
ministre au nom du gouvernement. Comme il l'a dit lui-même, il avait un
choix à faire entre recommander la guillotine et rechercher
l'approbation que je souhaite unanime des députés à
l'endroit de son projet de loi. Je pense qu'il a fait le bon choix dans les
circonstances. Cela permettra à ce nouveau ministère de
naître dans un climat bien différent de ce qu'eut
été le climat de frustration et d'aigreur engendré par une
motion de clôture à ce moment-ci. J'ai bien apprécié
le fait aussi que le ministre signale qu'il n'y a pas eu d'obstruction ou de
"filibuster" de la part de l'Opposition. Les procédures sont un peu plus
longues parfois, parce qu'on veut aller au fond des choses dans toute la mesure
du possible, mais je crois que c'est le meilleur climat dans lequel peuvent se
dérouler les travaux d'une commission parlementaire. L'expérience
enseigne que chaque fois qu'on procède dans cet esprit, on arrive
à de meilleurs résultats communautaires que quand on veut aller
trop vite ou que, du côté de l'Opposition, on cherche de petits
gains partisans qui finalement satisfont beaucoup plus leurs auteurs que le
grand public.
Dans le même esprit, je souhaite que la décision soit prise
le plus vite possible et qu'on puisse passer à l'étude du reste
du projet de loi.
Le Président (M. Champagne): Si je comprends bien...
Article en suspens
M. Paquette: M. le Président, on pourrait revenir à
l'article 12, pour ensuite procéder à partir du chapitre VI
jusqu'à la fin du projet de loi, pour enfin revenir à la motion
du député d'Outremont. On devra peut-être la modifier pour
faire des concordances, cela reste à voir. D'accord?
Le Président (M. Champagne): D'accord. J'appelle l'article
12.
M. Paquette: Je pense que je vais faire comme le
député de Westmount, je vais attendre encore.
M. French: Vous faites bien, M. le ministre.
M. Paquette: M. le Président, nous avons
préparé un amendement à l'article 12, qui a pour principal
effet d'insérer les deux paragraphes avant l'actuel dernier paragraphe,
c'est-à-dire "avant qu'un avis de la constitution d'une telle
corporation soit publié à la Gazette officielle." Je pense que
cela répond vraiment à l'esprit des discussions ici. L'amendement
que je propose est: "L'article 12 est modifié par l'insertion,
après le deuxième alinéa, plutôt qu'à la fin,
des alinéas suivants: "Le ministre dépose à
l'Assemblée nationale un décret autorisant la délivrance
de lettres patentes visées au premier alinéa, dans les 30 jours
de sa prise si l'Assemblée est en session ou, si elle ne siège
pas, dans les 30 jours de l'ouverture de la session suivante ou de la reprise
de ses travaux." Autre alinéa: "Le président de
l'Assemblée convoque dans les 60 jours, à compter du
dépôt du décret, la commission permanente de
l'Assemblée pour en faire étude". Je ne suis pas sûr si on
ne devrait pas dire: "une commission parlementaire pour en faire
étude."
Mme Dougherty: Ainsi, on ne sait pas quelle commission.
M. Paquette: Normalement, on va avoir une commission en science
et technologie, mais...
M. French: Elle n'existe pas encore. Il va y avoir toute une
commission...
M. Paquette: Elle n'existe pas encore, mais quand le
ministère va être créé, il va y avoir une commission
parlementaire.
M. French: Non, sauf que la réforme parlementaire, M. le
ministre, change totalement la structure.
M. Paquette: Oui, mais on a une commission parlementaire
conjointe avec deux autres ministres dans le projet du président. Alors,
de toute façon il y aura une commission parlementaire qui ne sera pas...
On sait que ce ne sera pas celle de l'Assemblée.
M. Ryan: On ne va pas faire la réforme ce soir.
Une voix: Pas dans cette commission-ci mais dans l'autre.
M. Ryan: Ah! Ah bon!
M. Paquette: Alors, M. le Président, je pense qu'il va
falloir laisser l'amendement tel quel. Contrairement aux scrupules que j'avais,
l'article 137 de notre règlement se lit comme suit: "La commission de
l'Assemblée nationale s'occupe de toute question que l'Assemblée
lui soumet ou qui n'a pas été confiée
spécifiquement à une autre commission."
Or, on est dans l'incapacité, ce soir, de confier
spécifiquement à une autre commission bien désignée
cette responsabilité. Donc cela ira à la commission de
l'Assemblée qui, elle, pourra la déférer à une
autre commission si elle existe. Je pense que cela va aller comme cela.
Donc je maintiens l'amendement tel quel, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Si vous voulez bien
résumer, est-ce que l'article 12 est modifié par l'insertion
après le deuxième alinéa? Cela demeure?
M. Paquette: Oui, les alinéas suivants.
Le Président (M. Champagne): Suivants. Les alinéas
suivants. Et vous avez ces deux alinéas.
M. Paquette: Oui. Voulez-vous que je les relise.
Le Président (M. Champagne): Non. Bien, enfin, ils sont
là.
M. Paquette: Cela va?
Le Président (M. Champagne): Ils sont dans le texte. Cela
va.
M. Paquette: Bon, très bien.
Le Président (M. Champagne): Alors est-ce que l'amendement
est adopté? L'amendement est adopté.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 12 tel
qu'amendé est adopté?
Mme Dougherty: Adopté. Sanctions
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 133 du
chapitre VI.
M. Paquette: M. le Président, cet article définit
ce qui constitue une infraction dans le cadre de l'obtention de l'allocation
d'une aide financière, les modalités de poursuite et le montant
maximum de l'amende qui est de 5000 $.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Est-ce quelque chose de nouveau? Est-ce qu'il y a
un précédent pour ces sanctions, dans d'autres lois ou...
M. Paquette: Cela existe déjà dans la Loi sur le
ministère de l'Éducation en ce qui concerne l'attribution de
prêts et bourses par le ministre. Généralement, dès
qu'il y a aide financière, il y a possibilité pour ceux qui
désirent cette aide financière de communiquer de faux
renseignements à l'organisme subventionnaire, notamment les fonds, mais
cela peut s'appliquer également au ministère de la Science et de
la Technologie. À ce moment, cet article a un but principal qui est la
dissuasion. C'est son principal effet parce que l'amende n'est pas très
élevée, il n'y a pas de peine de prison prévue. C'est un
article surtout dissuasif.
Mme Dougherty: Mais dans la Loi sur le ministère de
l'Éducation, est-ce que les amendes sont de même ampleur?
M. Paquette: Je m'excuse, M. le Président. Ce n'est pas
dans la Loi sur le ministère de l'Éducation mais dans la Loi sur
les prêts et bourses aux étudiants que l'on retrouve un article
tout à fait analogue, qui est appliqué par le ministre de
l'Éducation puisqu'il est responsable de l'application de la Loi sur les
prêts et bourses aux étudiants. Mais le montant est le même.
C'est relativement standard.
J'ai ici également un article de la Loi sur la SDI qui est
analogue.
M. Ryan: Seulement une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): Sur une question de
règlement.
M. Ryan: Je voudrais m'excuser auprès
de ma collègue, la députée de Jacques-Cartier et
auprès du ministre parce que je dois partir pour étudier le
pensum que nous a infligé le ministre de l'Éducation. Il nous a
demandé de faire notre home-work. Je voudrais remercier le ministre
d'abord de son excellente attitude pendant nos délibérations; je
veux remercier aussi ma collègue de Jacques-Cartier de son magnifique
travail ainsi que mon collègue de Westmount. J'aurais bien aimé
aller jusqu'au bout avec eux, mais c'est à cause de ce travail qu'il
faut que je fasse ce soir. (20 h 45)
M. Paquette: Je voudrais également remercier le
député d'Argenteuil de son excellente collaboration. Je pense
qu'il a beaucoup contribué aux travaux de notre commission.
Le Président (M. Champagne): Bonsoir et bonne
étude, M. le député d'Argenteuil.
M. Paquette: II y a seulement 600 articles.
Le Président (M. Champagne): Bonsoir.
M. Paquette: Cela va pour l'article 133, M. le
Président?
Le Président (M. Champagne): Est-ce que le...
Mme Dougherty: C'est simplement...
Le Président (M. Champagne): Oui?
Mme Dougherty: ...pour savoir si l'amende de 5000 $ est standard?
N'a-t-on jamais imposé des sanctions semblables? Est-ce plutôt une
mesure préventive? Pour les bourses...
M. Paquette: On a consulté la Direction des affaires
pénales au ministère de la Justice et on nous dit que l'article
n'a pas été ou a été très rarement
appliqué. C'est vraiment un article qui a un effet dissuasif. C'est un
article qui vise la prévention. D'ailleurs, l'amende est au maximum de
5000 $. Cela doit être interprété par les tribunaux par la
suite.
Mme Dougherty: Pour certaines bourses 3000 $ et 5000 $ sont en
cause, donc, c'est une sanction assez sévère.
M. Paquette: Effectivement, mais c'est au plus 5000 $. J'imagine
qu'un juge, dans ces cas, si cela devait arriver - c'est très
exceptionnel - jugerait la situation financière de la personne
impliquée.
Le Président (M. Champagne): L'article 133 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 134.
M. Paquette: C'est la même chose pour une corporation, cela
vise les administrateurs ou les représentants d'une corporation ayant
commis une infraction. Dans ce cas également, l'amende est au plus de
5000 $. Cela vise des personnes. Ce n'est pas la corporation qui paie l'amende,
mais l'administrateur ou le représentant de cette corporation qui avait
connaissance de l'infraction.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, je ne veux vraiment pas
retarder les travaux de la commission à ce stade-ci, mais il me semble
qu'à l'article 134, on inverse le fardeau de la preuve, à la
fin.
M. Paquette: Si c'est le cas, M. le Président, je vais
regarder très attentivement cet article.
M. French: À la fin, à la dernière partie de
la phrase.
M. Paquette: Avons-nous une nouvelle loi 111 sur les bras?
Si on lit bien l'article, M. le député de Westmount,
à la deuxième ligne, on dit: "Un administrateur ou un
représentant de cette corporation qui avait connaissance de
l'infraction." Il faut donc que la poursuite, c'est-à-dire l'avocat de
la couronne, établisse qu'il avait connaissance de l'infraction. Le cas
échéant, le fardeau de la preuve n'est pas inversé, mais
s'il est prouvé que l'accusé avait connaissance de l'infraction,
on suppose qu'il a acquiescé à la commission de cette infraction
et alors, c'est à lui à prouver le contraire. Ce n'est pas
véritablement une inversion du fardeau de la preuve.
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): L'article 134 est
adopté. J'appelle l'article 135.
M. Paquette: Cet article détermine par qui la poursuite
est intentée, donc, par le Procureur général ou toute
personne autorisée par lui.
Le Président (M. Champagne): L'article 135 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 136.
M. Paquette: Cet article ajoute une sanction administrative dans
le cas d'une personne reconnue coupable d'une infraction. Elle ne peut obtenir
une aide financière pendant la période de deux ans qui suit la
déclaration de culpabilité. On retrouve également cela
dans la Loi sur la SDI et dans la Loi sur les prêts et bourses aux
étudiants.
Mme Dougherty: C'est généreux.
M. Paquette: Pardon?
Mme Dougherty: C'est assez généreux.
M. Paquette: Oui. Pour quelqu'un qui est aux études ou qui
attend une subvention de recherche, cela peut être embêtant
d'être privé pendant deux ans d'aide financière.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Mme
Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 136 est
adopté. J'appelle l'article 137.
Dispositions transitoires et finales
M. Paquette: Nous abordons les dispositions transitoires et
finales. Cet article a pour but d'amender l'article 96 de la Loi sur
l'assurance-maladie. Vous allez me demander ce que cela vient faire dans la
loi. C'est dans la Loi sur l'assurance-maladie qu'on réfère au
Fonds de la recherche en santé du Québec comme étant une
corporation sans but lucratif constituée en vertu de la Loi sur les
compagnies, ce qui est le cas jusqu'à maintenant, mais ce qui ne sera
plus le cas avec l'adoption de cette loi. Il faut donc amender la Loi sur
l'assurance-maladie pour remplacer les mots "corporation sans but lucratif..."
par "institué par la Loi favorisant le développement scientifique
et technologique du Québec." C'est un amendement de concordance qui est
nécessaire.
Mme Dougherty: La loi actuelle parle de trois exemptions. J'ai la
loi actuelle ici.
M. Paquette: La Loi sur l'assurance-maladie?
Mme Dougherty: Oui. D'abord, il n'est domicilié au
Québec; deuxièmement, il n'a pas une connaissance d'usage de la
langue officielle du Québec...
M. French: Qu'est-ce que c'est? Avez-vous l'article 96 devant
vous?
M. Paquette: Je vais vous sortir cela.
Mme Dougherty: ...troisièmement, il ne poursuit pas dans
un organisme universitaire ou dans un établissement des travaux de
recherche portant sur une science de la santé. Revenons au
deuxièmement: "II n'a pas une connaissance d'usage de la langue
officielle du Québec;" est-ce que ce critère est encore en
vigueur? Selon l'article 137...
M. Paquette: Je vous avoue que cela m'étonne.
Évidemment, quand nous avons regardé la Loi sur
l'assurance-maladie, ce n'était pas l'objetif de modifier ce qui s'y
trouvait mais bien d'assurer la concordance. Je vous avoue que c'est la
première fois que je le constate. Tout ce qu'on change, c'est la
désignation de la corporation. Vous vous interrogez sur le
bien-fondé de l'article 96, deuxièmement, j'imagine. Cette loi a
déjà été approuvée par le Parlement et
j'imagine que c'est encore en vigueur. J'ai l'impression que c'est relativement
récent comme amendement.
M. French: Ce ne remonte sûrement pas avant 1976.
M. Paquette: Sûrement pas parce qu'il n'y avait pas de
langue officielle au Québec à ce moment-là.
M. French: J'aurais pu décrire la brique
différemment mais...
M. Paquette: Remarquez, M. le Président, qu'il s'agit
uniquement de bourses accordées dans le cadre la Loi sur
l'assurance-maladie, ce qui représente 10% du total. On me dit que cela
représente environ 4 500 000 $. Le Fonds de la recherche en santé
du Québec est alimenté, d'une part, à partir d'une
ristourne sur les cotisations versées à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Le reste est fourni, pour l'essentiel en
tout cas, à même les budgets du ministre des Affaires sociales
votés annuellement. La part qui vient de la Régie de
l'assurance-maladie, et donc qui est soumise à l'article 96 et
particulièrement à l'article 96, deuxièmement, c'est
à peu près 4 500 000 $ par année. Donc, ce n'est pas la
majeure partie des fonds mis à la disposition du FRSQ, loin de
là.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article
137...
M. Paquette: Je suggérerais à Mme la
députée d'assister assidûment à la commission
parlementaire que mon collègue, le ministre responsable de la loi 101,
tiendra cet automne.
M. French: C'est ce qu'elle va sans doute faire.
Mme Dougherty: Cela n'a rien à voir avec la loi 101, mais
cela m'étonne. Franchement, c'est la première fois que je vois
cela. Compte tenu que même la langue n'a rien à voir avec la
compétence d'un chercheur et compte tenu qu'on a besoin de chercheurs de
n'importe quelle langue, de chercheurs compétents ici au Québec,
c'est vraiment quelque chose que l'on doit considérer encore parce que
je suis certaine qu'il y en a plusieurs et je ne sais pas comment on examine ou
on décide quels sont les critères déterminant si quelqu'un
qui demande... (21 heures)
M. Paquette: M. le Président, il me serait
extrêmement difficile de modifier cette loi puisque je ne suis pas
responsable de son application. En fait, c'est le ministre des Affaires
sociales. L'interprétation n'est pas claire. On n'a pas droit à
une bourse de recherche dans le contexte de l'article 96 si les trois
conditions sont remplies ou si l'une ou l'autre des conditions est remplie.
Mme Dougherty: Compte tenu que le Fonds de la recherche en
santé du Québec est maintenant sous la direction, au moins
partielle, du ministre de la Science et de la Technologie, je crois que c'est
quelque chose de très intéressant à considérer pour
l'avenir. Je ne sais pas si ce critère est vraiment en vigueur. Il est
possible qu'on ignore ce critère. Mais pour le bien de la recherche en
santé, pour l'avenir, il est possible qu'on doive considérer
l'impact de ce critère. D'accord?
M. Paquette: Oui. Encore faudrait-il s'entendre sur
l'interprétation de l'article. Ce n'est pas clair s'il y a des "et"
entre premièrement, deuxièmement et troisièmement, ou s'il
y a des "ou".
Mme Dougherty: C'est comme l'article 1 du projet de loi. Il me
semble que...
M. Paquette: Maintenant il est clair. Dans notre projet de loi,
il est clair.
Mme Dougherty: Oui. Le projet de loi 19 est clair, mais il me
semble que, selon mon interprétation, il faut remplir les trois
critères pour recevoir l'aide.
M. Paquette: Pour ne pas recevoir la bourse.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Paquette: Le fait que quelqu'un ne soit pas domicilié
au Québec, on comprendra volontiers...
Mme Dougherty: Naturellement. C'est clair.
M. Paquette: ...qu'avec les fonds publics, on ne veut pas donner
des bourses à l'étranger.
Mme Dougherty: Le troisième, c'est clair, mais le
deuxième soulève des questions.
M. Paquette: M. le Président, même si le Fonds de la
recherche en santé du Québec est sous le chapeau du projet de loi
19, on peut difficilement obliger un bailleur de fonds du Fonds de la recherche
en santé du Québec de modifier ces critères sans qu'il
soit d'accord. C'est l'une des sources d'alimentation du FRSQ. Il y a le budget
du ministre et il y a environ 4 000 000 $ sur 22 000 000 $ relativement
à la Loi sur l'assurance-maladie qui est ici devant nous. Je pense que
c'est une question qu'on devrait poser au ministre responsable de l'application
de la loi. Je suis bien prêt à le faire, si vous voulez, et
obtenir des réponses claires, à savoir comment cela a
été interprété.
Mme Dougherty: II est possible qu'on ignore ce
critère.
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait s'informer?
Mme Dougherty: Sur le plan concret, je n'ai aucune
idée.
M. Paquette: Je peux m'engager auprès de Mme la
députée de Jacques-Cartier à prendre les informations
exactes auprès du responsable de cette loi, c'est-à-dire le
ministre des Affaires sociales qui devra obtenir l'information de la
Régie de l'assurance-maladie, évidemment.
Le Président (M. Champagne): L'article 137 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 138.
M. Paquette: Cet article détermine qu'un membre du Centre
de recherche industrielle du Québec est nommé sur la
recommandation du ministre de la Science et de la Technologie.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 139.
M. Paquette: Cet article concerne la participation du ministre de
la Science et de la Technologie à la préparation des directives
données au CRIQ. Ces directives existent
déjà dans la loi concernant le Centre de recherche
industrielle du Québec.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 139 est
adopté. J'appelle l'article 140.
M. Paquette: Cet article détermine que le ministre de la
Science et de la Technologie peut instituer des concours scientifiques,
responsabilité jusqu'ici assumée par le ministre des Affaires
culturelles. Il y a, bien sûr, accord du collègue concerné
pour que la cérémonie de remise des prix se déroule
conjointement et en même temps, ce qui, à mon avis, est beaucoup
plus intéressant puisque la science, jusqu'à un certain point,
est une partie importante de la culture. Précisément, l'un de nos
objectifs est de démarginaliser la science dans la culture
générale des citoyens.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 140 est
adopté. J'appelle l'article 141.
M. Paquette: L'article 141 est un article de concordance qui
poursuit le même but que l'article précédent. Là,
c'est l'article 2 que l'on modifie, alors qu'à l'article 140,
c'était l'article 1.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. L'article 141
est adopté. J'appelle l'article 142.
M. Paquette: C'est la même chose, mais c'est un amendement
de concordance à l'article 3 de la même Loi sur les concours
artistiques, littéraires et scientifiques du Québec.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 142 est
adopté. J'appelle l'article 143.
M. French: C'est important.
M. Paquette: Qu'est-ce que c'est que cela?
M. French: J'ai l'impression que le ministre se fait payer par la
voie de cette clause.
M. Paquette: En effet, M. le Président. Cet article ajoute
à la composition du Conseil exécutif un ministre de la Science et
de la Technologie, mais la remarque du député de Westmount n'est
pas exacte. Il faudra que le premier ministre nomme celui qui vous parle
à ce poste, ce qui n'est pas encore fait.
M. French: On a bon espoir, M. le ministre.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 143 est
adopté. J'appelle l'article 144.
M. Paquette: On fait du coq-à-l'âne. On revient
à l'article 4 de la Loi sur le ministère... Ah non! On revient
à l'article 4 de la Loi sur le ministère des Affaires culturelles
et non pas la Loi sur les concours, de façon à biffer le mot
"scientifiques" dans la liste des responsabilités de mon
collègue, le ministre des Affaires culturelles, dont les
responsabilités se trouvent ainsi considérablement
allégées.
Des voix: Ah! Ah!
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 144 est
adopté. J'appelle l'article 145.
M. Paquette: II y a un amendement à l'article 145.
D'abord, cet article a pour objet de corriger dans la Loi sur le
ministère des Affaires sociales la référence à la
Loi constitutive du Fonds de la recherche en santé du Québec
puisque cette loi n'est plus nécessaire et de supprimer l'alinéa
qui accordait au ministre des Affaires sociales le pouvoir de nommer le
président de la corporation sans but lucratif. Ce n'est pas parce que
nous ne voulons plus que le ministre des Affaires sociales nomme le
président du FRSQ, mais il n'a plus à le nommer en vertu de cette
loi. Il va le nommer en vertu de la présente loi. D'accord? Il y a un
amendement. L'amendement se lit comme suit: "L'article 145 est remplacé
par le suivant: 145. L'article 11.1 de la Loi sur le ministère des
Affaires sociales (L.R.Q., chapitre M-23) est modifié,
premièrement, par le remplacement dans les deuxième,
troisième et quatrième lignes des mots "corporation sans but
lucratif constituée par lettres patentes délivrée le 17
avril 1981 en vertu de la Loi sur les compagnies (L.R.Q., chapitre C-38), par
ce qui suit: "institué par la Loi favorisant le développement
scientifique et technologique du Québec" - suit la
référence au chapitre du projet de loi - et deuxièmement,
par la suppression du deuxième alinéa." Autrement dit, dans le
fond, tout ce qu'on fait, c'est qu'on met "premièrement", au
début du paragraphe qui est déjà là et on ajoute...
Ah oui! On met "premièrement" au début de la fin de la
deuxième ligne dans les deuxième,
troisième et quatrième lignes de façon que
l'article se lise exactement de la même façon, mais
également, on ajoute un deuxièmement qui permet de supprimer le
deuxième alinéa de l'article 11.1. Cela permet de faire quoi? Le
deuxième alinéa donnait l'autorité au ministre des
Affaires sociales de nommer le président et il n'en a plus besoin dans
cette loi. Il en a besoin dans la présente loi et c'est prévu.
D'accord?
M. French: L'amendement est adopté, M. le
Président. L'article est adopté.
M. Paquette: C'est vraiment de la concordance.
Le Président (M. Champagne):
L'amendement est adopté. Est-ce que l'article 145 est
adopté tel qu'amendé?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Oui. J'appelle l'article
146.
M. Paquette: L'article 146 concerne l'institution du
ministère de la Science et de la Technologie. On a prévu le
ministre et il faut prévoir le ministère dans l'article 1 de la
Loi sur les ministères.
Le Président (M. Champagne): L'article 146 est
adopté. J'appelle l'article 147.
M. Paquette: L'article 147 supprime le deuxième
alinéa de l'article 7 de la Loi sur les prêts et bourses aux
étudiants qui concernait les bourses d'excellence puisque cette
responsabilité est assumée par le FCAR créé par
cette loi.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 147 est
adopté. J'appelle l'article 148.
M. Paquette: Dans l'article 148, M. le Président, il faut
biffer le 22 . À l'article 148, il y a une nouvelle rédaction;
j'ai donc un amendement à déposer. C'est la même chose sauf
qu'on regroupe certains des paragraphes. Je lis l'amendement: "L'article 148
est remplacé par le suivant: L'article 55 de la Loi sur le régime
de retraite des fonctionnaires (L.R.Q., chapitre R-12) modifié par
l'article 96 du chapitre 51, l'article 220 du chapitre 52 et l'article 233 du
chapitre 63 des lois de 1982, est modifié par l'addition après le
paragraphe 15 des suivants: "16 le président du Conseil de la science et
de la technologie; "17° les présidents, les directeurs
généraux, les employés du Fonds de la recherche en
santé du Québec et du Fonds de recherche en agriculture, en
pêcheries et en alimentation; "18° le président et les
employés de la Fondation pour le développement de la science et
de la technologie". Alors, c'est "le président et les employés de
la fondation pour le développement de la science et de la technologie".
Et puisqu'on retire le chapitre 5, je dois retirer la fin de 18° pour
biffer les mots "et de l'agence québécoise de valorisation de la
recherche".
Mme Dougherty: On ne parle pas ici du fonds FCAR?
M. Paquette: Non, parce qu'il y a deux autres papillons qui
s'ajoutent au papillon...
M. French: Consolidons donc les papillons.
M. Paquette: On va suspendre quelques instants.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Pour l'article 148,
nous allons revenir.
Mme Dougherty: Et le FCAR, le FCAC...
M. Paquette: On n'en a pas besoin parce que c'est
déjà prévu. Le fonds FCAR a son propre système de
régime de retraite et, le président, le directeur
général ou les employés n'ont pas à être
soumis à l'article 148. C'est d'ailleurs une des demandes qui...
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: ...est dans le mémoire que le FCAC a
présenté à la commission parlementaire. C'est pour cela
qu'on les exclut ici.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on pourrait revenir
à l'article 148?
M. French: ...avant 149.
Le Président (M. Champagne): Oui, c'est cela. Si vous
n'avez pas d'objection, on va suspendre l'étude de l'article 148. Est-ce
que vous l'avez?
M. Paquette: J'ai l'article 148, M. le Président. Je vais
le relire tranquillement. L'article 148 est remplacé par le suivant:
"L'article 55 de la Loi sur le régime de retraite des fonctionnaires
(L.R.Q., chapitre R-12) modifiée par l'article 96 du chapitre 51,
l'article 220 du chapitre 52 et l'article 233 du chapitre 63 des lois de 1982,
est modifié par l'addition, après le paragraphe 15 des
suivants: "16° le président du Conseil de la
science et de la technologie; "17 les présidents, les directeurs
généraux, les employés du Fonds de la recherche en
santé du Québec et du Fonds de la recherche en agriculture, en
pêcheries et en alimentation; "18 le président et les
employés de la Fondation pour le développement de la science et
de la technologie. (21 h 15) "Le présent article a effet en ce qui a
trait au Fonds de la recherche en santé du Québec depuis le 10
décembre 1982. Il y a un petit effet rétroactif.
Le Président (M. Champagne): Voici l'article 19, est-ce
que vous sentez le besoin de le modifier dans l'article 148. Vous parlez du
Fonds Marie-Victorin.
M. Paquette: Ce n'est plus nécessaire puisque dans
l'amendement que je propose on ne parle plus de ce fonds ni sous son ancienne
ni sous sa nouvelle appellation.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement est
adopté. L'article 148 est adopté tel qu'amendé. J'appelle
l'article 149.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 149 est
adopté. Article 150.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. L'article
151.
M. Paquette: Cet article concerne l'annulation des lettres
patentes du Fonds de la recherche en santé du Québec. Il
détermine que le Fonds de la recherche en santé du Québec
institué par la présente loi, acquiert les biens, et les droits,
de cette corporation et en assume les obligations contractuels et autres de
l'ancien fonds.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 151 est
adopté. J'appelle l'article 152.
M. Paquette: L'article 152 a le même objectif mais pour le
Fonds FCAC. Cependant il y a un amendement de concordance pour modifier la
désignation du Fonds Marie-Victorin. Alors, je propose l'amendement
suivant: "L'article 152 est modifié par le remplacement dans la
première ligne...
Le Président (M. Champagne): Article 152.
M. Paquette: "L'article 152 est modifié pour le
remplacement dans la première ligne du deuxième alinéa des
mots Marie-Victorin par les mots formation de chercheurs et l'aide à la
recherche.
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Champagne):
L'amendement est adopté. L'article est adopté tel
qu'amendé.
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Article
153.
M. Paquette: À l'article 153, j'ai un amendement de
concordance du même genre. L'article 153 est modifié en
remplaçant dans la première ligne les mots "Marie-Victorin" par
les mots "pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche."
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article est adopté
tel qu'amendé.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 154.
M. Paquette: M. le Président, à l'article 154 il
s'agit des droits acquis des fonctionnaires qui sont actuellement
employés du Fonds Marie-Victorin et du Fonds de la recherche en
santé du Québec. Il en sera de même des articles 154
à 159. Il s'agit d'assurer la perpétuation des droits de ces
employés qui sont d'ex-fonctionnaires permanents.
L'article 154 est modifié, j'ai un amendement, par le
remplacement dans la première ligne du premier alinéa des mots
"Marie-Victorin" par les mots "pour la formation de chercheurs et d'aide
à la recherche".
M. French: Adopté.
M. Paquette: Deuxièmement, par le remplacement dans les
quatrième et cinquième lignes de l'article 154 de ce qui suit,
c'est-à-dire "(insérer ici la date de l'entrée en vigueur
du présent article)" par ce qui suit: "(inscrire ici la date de la prise
d'effet du présent article à l'égard du Fonds pour la
formation de chercheurs et l'aide à la recherche), ou avant le (inscrire
ici la date de la prise d'effet du présent article à
l'égard du Fonds de la recherche en santé du
Québec suivant le cas)." M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Les deux
amendements sont adoptés. Est-ce que l'article 154 est adopté tel
qu'amendé?
M. French: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
155.
M. Paquette: Cet article met un employé visé
à l'article 154 sur le même pied que tout autre fonctionnaire
permanent en ce qui concerne les concours de promotion pour un emploi dans le
fonction publique.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 156.
M. Paquette: II y a un amendement à l'article 156.
L'article 156 est modifié par le remplacement dans la sixième
ligne des mots "Marie-Victorin" par les mots "pour la formation de chercheurs
et l'aide à la recherche".
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne):
L'amendement est adopté. Est-ce que l'article est adopté
tel qu'amendé?
M. Paquette: II concerne les mutations des employés
visés à l'article 154.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article est
adopté tel qu'amendé?
Mme [Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 157.
M. Paquette: À l'article 157 il y a un amendement. Cet
article est modifié par le remplacement dans la sixième ligne des
mots "Marie-Victorin" par les mots "pour la formation de chercheurs et de
l'aide à la recherche".
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne):
L'amendement est adopté. Est-ce que l'article 157 est
adopté tel qu'amendé?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 158.
M. Paquette: Encore là, il y a un amendement de
concordance. Premièrement par le remplacement dans la première
ligne des mots "Marie-Victorin" par les mots "pour la formation de chercheurs
et de l'aide à la recherche".
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'amendement de
l'article 158 est adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté.
M. Paquette: Deuxièmement, par le remplacement dans la
cinquième ligne du premier alinéa de ce qui suit les mots
"(inscrire ici la date de l'entrée en vigueur de l'article 154)" par ce
qui suit "(inscrire ici la date de la prise d'effet du présent article
à l'égard du Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide
à la recherche)" ou "(inscrire ici la date de la prise d'effet du
présent article à l'égard du Fonds de la recherche en
santé du Québec, suivant le cas)". C'est le même genre
d'amendement que nous avons fait à l'article 154 et la raison, Mme la
députée de Jacques-Cartier, je vois votre regard perplexe, c'est
que les deux fonds ne seront pas nécessairement prêts à
fonctionner au même moment, que les dates d'entrée en vigueur des
deux fonds ne seront pas nécessairement les mêmes. C'est
simplement pour cela. De la tuyauterie.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Les amendements de l'article
158 sont adoptés. L'article 158 est-il adopté tel
qu'amendé? Adopté.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 159.
M. Paquette: L'article 159 protège le droit d'appel d'un
employé visé à l'article 154, c'est-à-dire un
ancien fonctionnaire permanent qui serait révoqué ou
destitué. Encore là, c'est de la protection des droits acquis des
fonctionnaires permanents. Il n'y a pas d'amendement ici. L'amendement que je
vais apporter tout de suite après a pour but d'ajouter, d'insérer
un nouvel article entre 159 et 160 qui va s'appeler 159.1.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 159 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): J'appelle
l'article 159.1.
M. Paquette: J'aimerais modifier le projet de loi par
l'insertion, après l'article 159, de l'article suivant: "159.1 Les
fonctionnaires du ministère de l'Éducation qui sont devenus le -
ici entre parenthèses: (insérer la date d'entrée en
vigueur du présent article) - des employés du Fonds pour la
formation de chercheurs et de l'aide à la recherche peuvent continuer de
participer au régime de retraite des fonctionnaires ou au régime
de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics
suivant le cas, sauf s'ils décident de cotiser au régime
supplémentaire de rentes du fonds."
Cet article concerne le Régime de retraite des fonctionnaires du
ministère de l'Éducation qui deviendront les employés du
Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche pour leur
permettre d'adhérer au fonds particulier dont nous a parlé le
président du Fonds FCAC dans son mémoire.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 159.1 est
adopté. J'appelle l'article 160.
M. Paquette: Cet article concerne la conclusion d'une entente
administrative entre le Fonds de recherche en agriculture, en pêcheries
et en alimentation et le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation. La raison est la suivante, c'est que dans le chapitre sur
les fonds de soutien, on a prévu directeur général,
secrétaire général, personnel, etc. En régime de
croisière normale, voilà qui nous apparaît
intéressant. Nous avons adopté ces articles d'un commun accord.
Cependant, lors du démarrage d'un nouveau fonds, il peut arriver que ce
fonds, au départ, n'ait pas d'aussi énormes sommes à sa
disposition. Dans le cas du Fonds de recherche en agriculture, en
pêcheries et en alimentation, on prévoit que la première
année cela va être entre 2 000 000 $ et 3 000 000 $ et on ne
voudrait pas bâtir de façon un peu artificielle du personnel. On
permet qu'il y ait une entente entre la corporation du fonds et le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
pour assumer les services administratifs nécessaires au fonctionnement
du fonds. Je vous ai promis un article analogue pour la fondation que je vais
vous présenter tout à l'heure.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 160 est
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 161.
M. Paquette: Avant l'article 161, M. le Président,
j'aimerais modifier le projet -c'est un amendement - par l'insertion
après l'article 160, de l'article suivant - je vais vous le donner
immédiatement, mais je vais le lire tout d'abord: "160.1 Le ministre de
la Science et de la Technologie est autorisé à conclure une
entente avec la Fondation pour le développement de la science et de la
technologie relativement au personnel, au soutien administratif et au besoin
d'équipements et en locaux de la fondation. "Le présent article
cessera d'avoir effet à la date qui sera fixée par le
gouvernement."
Le Président (M. Champagne): Le nouvel article est-il
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 160.1 est
adopté. J'appelle l'article 161.
M. Paquette: Cet article concerne la responsabilité du
ministre de la Science et de la Technologie dans l'application de cette loi,
sauf la section concernant les fonds sectoriels, lesquels, on le verra plus
loin, sont sous la responsabilité des divers ministres
impliqués.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'article 161 est
adopté. J'appelle l'article 162.
M. Paquette: Cet article a pour objet de pourvoir aux besoins
financiers pour l'application de la loi et il y a un amendement: "L'article 162
est modifié par le remplacement du mot "gouvernement", apparaissant dans
la dernière ligne, par le mot "Parlement". C'était une coquille
et nous la corrigeons.
Le Président (M. Champagne): L'amendement est-il
adopté?
Mme Dougherty: Oui, adopté.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 162 est
adopté tel qu'amendé.
M. Paquette: Adopté. Mme Dougherty:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 163.
M. Paquette: L'article 163 est une clause usuelle, M. le
Président.
Une voix: Adopté sur division! M. Paquette:
Adopté sur division!
M. French: C'est pour permettre les clauses comme l'article 96 de
la Loi sur l'assurance-maladie du Québec.
M. Paquette: Oui, c'est pour démystifier le "Canada Bill"
qui, on le voit très bien avec le projet de loi sur la police
secrète, au fédéral, ne protège aucunement les
citoyens québécois.
Le Président (M. Champagne): L'article 163 est-il
adopté?
Mme Dougherty: Sur division.
M. French: ...
Mme Dougherty: Souligné trois fois!
Le Président (M. Champagne): Adopté sur division.
L'article 164.
M. Paquette: M. le Président, l'article 164 concerne
l'entrée en vigueur de la loi et l'article est relativement...
Mme Dougherty: ...
M. Paquette: It is the "Canada Bill" that is disgusting.
Mme Dougherty: C'est l'attitude du gouvernement qui est
dégoûtante.
M. Paquette: L'article 164, qui est le dernier de ce projet de
loi apparaîtra peut-être un peu compliqué dans sa
rédaction, mais il permet l'entrée en vigueur des articles
communs aux trois fonds à des dates différentes.
C'est-à-dire que ces articles pourront entrer en vigueur pour le Fonds
de recherche en santé à une date et pour le Fonds de recherche en
agriculture en pêcheries et en alimentation à une autre date, sur
proclamation.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Champagne): L'amendement de l'article 164
est adopté.
M. Paquette: Je m'excuse, M. le Président, il y a un petit
amendement.
M. French: Adopté.
M. Paquette: À l'article 164, il y a un amendement que je
me dois de lire: "L'article 164 est modifié par l'insertion, dans la
première ligne du deuxième alinéa, après le nombre
"IV", des mots suivants: "et des articles 148 et 151 à 159".
Le Président (M. Champagne): L'amendement est
adopté. Adopté. L'article 164 est-il adopté tel
qu'amendé?
Mme Dougherty: Un instant, on parle de l'article 148, de
l'article 151...
Le Président (M. Champagne): On appelle l'article 148 qui
était en suspens.
Mme Dougherty: Un instant, je parle des trois articles
mentionnés ici.
M. Paquette: M. le Président, si vous me le permettez je
vais expliquer ces choses qui sont très simples, mais que nous avons mis
beaucoup de temps à préparer. On a une section II du chapitre IV
qui, pour fins d'économie de la loi, contient des articles communs aux
trois fonds sectoriels. Or, on voudrait permettre la possibilité, pour
ces trois fonds, que les articles qui les concernent n'entrent pas en vigueur
en même temps. En effet, le FCAC peut être prêt à
faire sa transition selon la nouvelle formule prévue dans la loi, alors
que ce sera un peu plus tard ou un peu plus tôt pour le Fonds de
recherche en agriculture. (21 h 30)
Nous prévoyons que dans l'article 164 original, avant
l'amendement, les dispositions de la section II du chapitre IV prendront effet
à l'égard de chacun des fonds institués par la
présente loi dans la mesure indiquée par ces proclamations. Alors
les articles de concordance qui se trouvent dans les dispositions transitoires
doivent suivre le même chemin. C'est pourquoi nous faisons l'amendement
pour ajouter, après le nombre 4, les mots suivants: "et des articles 148
et 151 à 159".
Mme Dougherty: Oui mais on ne sait pas...
M. Paquette: L'article 148, c'est le régime de
retraite.
Mme Dougherty: On ne sait pas aujourd'hui la date d'entrée
en vigueur des trois.
M. Paquette: Non, M. le Président.
Mme Dougherty: C'est inconnu pour fins...
M. Paquette: Jusqu'à un certain point. Il faut donner le
temps aux organismes concernés de préparer la transition pour
qu'elle se fasse sans trou juridique. Alors ils vont préparer cela et
à un moment donné ils vont nous dire: Nous sommes prêts le
15 septembre. Alors on va les proclamer et tout ce qui les concerne va entrer
en vigueur le 15 septembre. Un autre fonds peut très bien
nous dire: Nous, ce sera le 15 octobre.
Alors il faut prévoir cette possibilité. Cela donne plus
de souplesse et cela assure une transition en douceur puisqu'il s'agit
là d'organismes existants. Il ne s'agit pas d'organismes nouveaux que
l'on crée.
Le Président (M. Champagne): Alors cela va pour l'article
164. L'article 164 est adopté tel qu'amendé.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Est-ce qu'on
adopte aussi la table des matières qui est peut-être
considérée comme annexe. Est-ce que la table des matières
est adoptée?
Mme Dougherty: Sauf le chapitre V.
Le Président (M. Champagne): Oui, d'accord.
M. Paquette: Ah! Je pensais que vous l'aviez oublié.
Le Président (M. Champagne): Adopté, mais je vais
inscrire sauf... On va revenir à la motion, n'est-ce pas?
Motion proposant le retrait du chapitre V
(suite)
M. Paquette: Alors on revient à la motion, M. le
Président, concernant le chapitre V.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Paquette: On me dit que la meilleure façon... Parce
que, tel que formulé par le député d'Outremont, on
demandait simplement de suspendre le chapitre en attendant qu'il y ait une
commission parlementaire et on va trancher jusqu'à la tenue d'une
commission parlementaire; cela nous empêche de réintroduire un
nouveau projet de loi dans un jour ou deux concernant le chapitre V. Je pense
qu'il est utile que nous le fassions et que nous le présentions en
première lecture à cette Assemblée avant la fin de ses
travaux, de façon qu'on puisse tenir une commission parlementaire entre
la première et la deuxième lecture.
Alors je propose qu'on lise la motion du député
d'Outremont plutôt sous la forme suivante: "Le chapitre V est
supprimé."
Mme Dougherty: C'était notre intention, si à
l'avenir le gouvernement veut introduire un autre projet de loi...
M. Paquette: Ce sera fait dans deux jours.
Mme Dougherty: ...compte tenu des discussions de la commission
parlementaire, c'est à vous de l'introduire.
M. Paquette: C'est cela. Mme Dougherty: D'accord?
Le Président (M. Champagne): Alors on a... Un instant. La
proposition se lit... Excusez-moi.
M. Paquette: C'est une proposition d'amendement, M. le
Président, que je fais pour donner suite à la suggestion du
député d'Outremont et qui se lit comme suit: "Le projet de loi
est amendé en supprimant le chapitre V."
Le Président (M. Champagne): "Le projet de loi est
amendé en supprimant le chapitre V." Un instant. Est-ce que l'amendement
est adopté? Le chapitre V est supprimé.
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): Oui.
Mme Dougherty: Mais avant de voter, j'aimerais savoir s'il faut
adopter cet amendement à l'Assemblée nationale.
M. Paquette: C'est au moment de la prise en considération
du rapport de la commission, j'imagine, où on dira: La commission
parlementaire a adopté le projet de loi avec amendements, l'un des
amendements étant celui-là, bien sûr.
À ce moment, ce qu'on va adopter en troisième lecture,
c'est le projet de loi tel que nous l'avons modifié ensemble à
cette commission parlementaire.
M. Brouillet: Qui comprend la suppression.
M. Paquette: Et cela comprend évidemment la suppression du
chapitre V et également d'autres modifications que nous avons faites en
cours de route.
Mme Dougherty: Donc, cela fait partie de l'ensemble des
amendements que nous avons adoptés?
M. Paquette: C'est cela.
Mme Dougherty: II ne faut pas avoir un vote séparé.
Cela fait partie de l'ensemble.
M. Paquette: Exactement.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Madame,
ici, le chapitre V est supprimé et c'est adopté. Il n'est
pas question du chapitre V.
Mme Dougherty: Oui, mais...
Le Président (M. Champagne): La proposition principale va
se lire de quelle façon, si c'est un amendement? Le projet de loi est
adopté, sauf le chapitre...
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'il faut revenir
à la définition de ce qu'est un amendement. Un amendement
consiste à biffer des mots, à en ajouter ou à en
insérer dans un projet de loi. Ici, on supprime ou on biffe des mots qui
commencent par "chapitre V, Agence de valorisation industrielle de la
recherche" et qui se terminent par le dernier mot du dernier article de ce
chapitre. C'est l'amendement que nous faisons au projet de loi...
Le Président (M. Champagne): D'accord. Le projet de loi
est-il adopté?
M. Paquette: ...à moins que vous me disiez que vous voulez
revenir sur cette question.
Mme Dougherty: Non, non. C'est simplement pour être
certaine qu'on n'est pas obligé d'avoir un vote inconnu à
l'Assemblée nationale.
M. Paquette: Non, M. le Président, et cela devrait
permettre, sans problèmes à l'Opposition, d'adopter le rapport en
troisième lecture, de concert avec nous, puisque le chapitre V ne s'y
retrouvera plus. Il a été retiré pour étude
ultérieure dans le fond. Il n'est plus dans le projet de loi, mais pour
le réintroduire, il faudra déposer un nouveau projet de loi.
J'avise les membres de la commission que ce sera fait dans les plus brefs
délais.
M. French: J'espère que le ministre va supprimer le
cinquièmement dans les objectifs.
Le Président (M. Champagne): Le titre du projet de loi et
les sous-titres sont-ils adoptés?
M. Paquette: M. le Président, avant cela...
Le Président (M. Champagne): Un instant! Je veux...
M. Paquette: ...il reste un petit problème à un
article, si vous me permettez deux minutes.
Le Président (M. Champagne): Lequel?
M. Paquette: Un instant!
Exercices financiers des fonds
M. Paquette: M. le Président, il y a deux petits
amendements. J'aimerais qu'on revienne aux articles 95 et 96. Mme la
députée comprendra très bien de quoi il s'agit.
Le Président (M. Champagne): L'article 95.
M. Paquette: À l'article 95, on lit que l'exercice
financier de chaque fonds se termine le 31 mai de chaque année. Lorsque
nous avons discuté de cet article, j'ai mentionné aux
collègues de la commission parlementaire que cela avait pour but
d'ajuster les fonds à l'année financière des
universités. Cependant, dans le cas du FRSQ, on nous a souligné,
entre-temps, depuis que nous avons regardé cet article, que le Fonds de
recherche en santé travaille surtout avec les centres hospitaliers dont
l'année financière se termine le 31 mars. Nous maintiendrions
l'article 95 pour deux des fonds, mais nous ferions une modification pour
permettre que l'exercice financier du Fonds de recherche en santé du
Québec se termine le 31 mars de chaque année comme celui des
hôpitaux. Je propose un amendement, M. le Président, si on accepte
de rouvrir cet article.
Le Président (M. Champagne):
Acceptez-vous? Oui?
M. Paquette: L'article 95 est remplacé par le suivant:
"95. L'exercice financier du Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide
à la recherche et du Fonds de recherche en agriculture, en
pêcheries et en alimentation se termine le 31 mai de chaque
année." Deuxième alinéa: "L'exercice financier du Fonds de
la recherche en santé du Québec se termine le 31 mars de chaque
année." Cela amène un amendement de concordance à
l'article 96.
Le Président (M. Champagne):
L'amendement à l'article 95 est-il adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): II est remplacé par le
suivant... L'article est adopté tel qu'amendé. Cela va? J'appelle
l'article 96.
M. Paquette: L'article 96 est modifié par la suppression
du premier alinéa et son remplacement par les deux alinéas
suivants: "Le Fonds pour la formation de chercheurs et de l'aide à la
recherche et le Fonds de recherche en agriculture, en pêcheries et en
alimentation doivent remettre, à leur ministre responsable, au
plus tard le 30 septembre de chaque année, un rapport de leurs
activités pour l'exercice financier précédent."
Deuxième alinéa: "Le Fonds de la recherche en santé
du Québec doit remettre, à son ministre responsable, au plus tard
le 31 juillet de chaque année, un rapport de ses activités pour
l'exercice financier précédent."
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Alors voici...
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Champagne): Un instant, l'amendement
à l'article 96 est adopté.
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Cela va. Maintenant, est-ce
que vous avez autre chose, M. le ministre.
M. Paquette: Non, M. le Président, on peut adopter
l'article 96 et le titre du projet de loi.
Le Président (M. Champagne): Vous voulez dire l'article
96. Est-ce que l'article 96 tel qu'amendé est adopté?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Cela va. J'appelle tous les
titres. Adoptez-vous le titre du projet de loi et tous les sous-titres du
projet de loi?
M. Paquette: Adopté. Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Champagne): La table des matières
ainsi que les modifications de la table des matières sont
adoptées?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté, excepté
le chapitre V. Je vais demander la nouvelle numérotation et apporter
aussi en conséquence toutes les concordances nécessaires. Est-ce
adopté?
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Je ne pense pas qu'il y ait
autre chose. Je rappelle seulement que le député de Shefford doit
faire un rapport le plus vite possible à l'Assemblée
nationale.
M. Paquette: Dès qu'il reviendra du comté de
Saint-Jean.
Le Président (M. Champagne): La commission élue
permanente de la présidence du conseil et de la constitution ajourne ses
travaux sine die parce qu'elle a rempli le mandat qui lui était
confié, soit de faire l'étude article par article du projet de
loi numéro 19, la Loi favorisant le développement scientifique et
technologique du Québec. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 21 h 43)