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(Onze heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, mesdames
et messieurs! La commission permanente de la présidence du conseil
entreprend ses travaux en vue d'étudier les crédits qui
relèvent de la Condition féminine.
Les membres de la commission sont: MM. de Bellefeuille (Deux-Montagnes),
Brassard (Lac-Saint-Jean), Mmes Harel (Maisonneuve), Lavoie-Roux (L'Acadie), M.
Charbonneau (Verchères), Mme Marois (La Peltrie), M. Marx (D'Arcy
McGee), Mme Lachapelle (Dorion), MM. Ryan (Argenteuil), Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), Baril (Arthabaska).
Les intervenants de la commission sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie),
Brouillet (Chauveau), Ciaccia (Mont-Royal), Dussault (Châteauguay),
Gratton (Gatineau), Perron (Duplessis), Rivest (Jean-Talon), Saintonge
(Laprairie).
Je demanderais que l'on désigne un rapporteur de la
commission.
Mme Lavoie-Roux: Franchement, il n'y en a même pas.
M. Marx: Moi, je propose Mme Lavoie-Roux.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mettez donc cela, cela va leur faire penser
en haut... Herbert Marx.
Mme Marois: Pourquoi ne serait-ce pas Mme Lavoie-Roux qui serait
rapporteur de la commission? Est-ce possible selon nos règlements?
Mme Lavoie-Roux: C'est le seul choix que l'on a. Allez-y, M. le
Président. Ce n'est pas parce que je veux l'avoir, mais j'espère
que cela les fera réfléchir en haut.
Mme Marois: Oui, je suis d'accord.
Le Président (M. Paré): Le rapporteur de la
présente commission est Mme Lavoie-Roux, députée de
L'Acadie. Les débats sont maintenant ouverts et la parole est à
vous, Mme la ministre.
Crédits de la Condition féminine
Mme Marois: Merci. M. le Président, madame et M. le
député ou plutôt MM. les députés.
Mme Lavoie-Roux: II y en a deux, je m'excuse, on a le
président.
Exposés préliminaires Mme Pauline
Marois
Mme Marois: Au départ, je vous présenterai les
personnes qui m'accompagnent: Mme Claire Bonenfant qui est la présidente
du Conseil du statut de la femme, Mme Stella Guy qui est la présidente
de l'Office des services de garde et Mme Diane Wilhelmy qui est la nouvelle
sous-ministre responsable du dossier de la condition féminine.
On s'était entendu pour que la présentation soit assez
brève de telle sorte qu'on ait le plus de temps possible pour des
échanges et des discussions entre nous. Je pense que c'est ce qui reste
important. Je vais tenter de tracer à très larges traits ce qui
s'est passé pendant l'année et on pourra, par
l'intermédiaire de questions et de réponses, pousser plus loin
s'il y a lieu.
Je pense que l'on en conviendra, l'année que l'on vient de
traverser a été particulièrement difficile et à
bien des égards. D'abord, la situation économique a causé
beaucoup de problèmes; elle a eu un impact sur tous les dossiers et a
perturbé, je dirais, l'ensemble de la société si on pense
particulièrement au taux de chômage que nous vivons. Il est
certain que, dans un contexte comme celui-là, le dossier des conditions
de vie des femmes a été particulièrement difficile
à cause de la vulnérabilité des femmes et de leur
situation dans l'ensemble de la société. Cependant, je dirais
que, malgré les embûches et malgré un rythme certainement
pas aussi accéléré qu'on pourrait le souhaiter, le
gouvernement a posé un certain nombre de gestes et on pourra parler
encore une fois cette année, je pense, d'un certain nombre d'acquis pour
les femmes.
Nous ne sommes pas dans une période de grands
développements; il faut le répéter ici, comme on l'a fait
dans d'autres commissions. J'aimerais, cependant, dire que toutes les
réalisations qui se sont faites ont été rendues possibles
grâce à l'acharnement de toutes les intervenantes gouvernementales
en matière de condition féminine, en commençant par le
Secrétariat de la
Condition féminine qui a été dirigé pendant
une partie de cette année par Mme Tourigny qui, on le sait, nous a
quittés pour devenir sous-ministre adjointe à la Justice. Je
pense que c'est une autre alliée dans l'appareil gouvernemental et
à un poste, quand même, intéressant dans un
ministère qui en avait besoin, à mon point de vue, même si
ce ministère a particulièrement collaboré avec nous. Mme
Wilhelmy la remplace. Elle a de grands défis à rencontrer et je
pense qu'elle le sait. Beaucoup.
Il ne faut pas oublier le réseau de répondantes dans les
différents ministères et particulièrement le réseau
des affaires sociales et de l'éducation. On a, je dirais, assis un peu
plus ce réseau où les intervenantes sont un petit peu plus
sensibilisées à la question de la condition des femmes.
Évidemment, il y a toutes les alliées qui occupent des postes
clés au sein du gouvernement - il y a, quand même, de nouvelles
sous-ministres - et ce sont, là encore, des femmes qui pourront
sûrement faire avancer le dossier dans leur sphère respective.
Enfin, il convient de souligner le travail du Conseil du statut de la femme,
avec qui nous travaillons en collaboration très étroite.
Même si parfois il reste des divergences, je pense que ce sont de saines
divergences et qu'elles sont nécessaires. Je suis contente qu'on puisse,
comme gouvernement, vivre ce type de divergences. C'est sûrement le signe
que le conseil conserve son autonomie et moi, j'y tiens
particulièrement.
Il faudrait aussi souligner la conscience de plus en plus grande qu'ont
les femmes de leur situation et, pour un plus grand nombre de femmes, la
sensibilité qu'elles ont au dossier de leurs conditions de vie.
J'avouerai que cela me rend parfois la vie un peu difficile, mais cela reste
encourageant. Cela manifeste le dynamisme des femmes. Sans ce dynamisme, il est
évident que le dossier ne pourrait pas avancer. Et cela aussi, j'en suis
très consciente. Il y a quelque temps, on disait: Le mouvement des
femmes n'a-t-il pas ralenti? Je pense que, dans les derniers mois, on a
constaté qu'il n'avait pas ralenti, au contraire, qu'il vivait
peut-être une reprise.
Maintenant, j'aimerais, avant d'aborder les réalisations
très concrètes, m'arrêter quelques minutes sur les
modifications au comité ministériel de la Condition
féminine. Le comité ministériel était
composé, auparavant, de trois ministres d'État, plus la ministre
de la Fonction publique; on avait le ministre du Développement
économique, le ministre du Développement culturel et la ministre
de la Fonction publique. Avec le remaniement ministériel, j'ai
formé un nouveau comité ministériel qui est maintenant
formé de ministres sectoriels. À certains égards, je
trouve que cela va mieux pour traiter les dossiers, à mon point de vue.
Il y a l'Education, les Affaires sociales, la Justice, Communautés
culturelles et Immigration, Loisirs, Fonction publique, Main-d'Oeuvre et
Sécurité du revenu. D'autre part, le mandat du comité
ministériel a été élargi et je pense que ce
changement est positif. Le mandat initial du premier comité était
la coordination des gestes gouvernementaux. Nous y avons fait ajouter la notion
de développement des dossiers.
Alors, je vais tracer un bilan très bref de tout ce qui s'est
passé au gouvernement, au conseil et à l'office. Il est
évident que cela ne sera pas exhaustif - ce n'est pas possible dans le
temps qui nous est imparti -mais je pense que cela fera, quand même, un
tour des dossiers les plus importants. Je vais essayer de procéder par
grands secteurs. D'abord, dans la recherche de l'équité et de
l'égalité, on a eu des amendements à la Charte des droits
et libertés de la personne. Je pense que je n'ai pas besoin de faire
état très concrètement de tous ces
éléments-là, qu'on parle de la grossesse, du
harcèlement -dont le harcèlement sexuel - des programmes
d'accès à l'égalité qui sont rendus possibles, de
l'élimination de la discrimination dans les avantages sociaux.
Ces amendements sont faits; on sait que, cependant, ils ne seront rendus
possibles que lorsque la réglementation sera acceptée; cette
réglementation devra être soumise à la consultation pour la
fin de l'été. On comprend que c'est assez complexe, qu'il y a
bien des barrières à franchir et des mentalités à
changer. Il y aura donc suite de cette consultation, tel que prévu
d'ailleurs, à la charte. Ces règlements vont être soumis
à la commission parlementaire élue des députés
membres de l'Assemblée nationale. J'espère bien qu'avec la
collaboration que l'on a habituellement on pourra arriver à faire
adopter ce projet de réglementation pour le début de
l'année 1984, de telle sorte que cela soit en vigueur.
Au niveau de l'Éducation, toujours dans la désexisation
des manuels scolaires, on en a beaucoup parlé, mais je pense qu'il faut
faire le point. L'année dernière, on a parlé de la
préparation de la grille; maintenant, on a des résultats
concrets, enfin! Il y a eu de nouveaux manuels qui ont été soumis
- 270 -venant de différentes maisons d'édition, et je puis vous
dire que 35% d'entre eux ont été refusés pour les niveaux
primaire et secondaire dans une perspective de révision de certains
éléments de ces manuels scolaires en vue d'en éliminer le
sexisme.
Donc, on a des résultats très concrets et cela
m'apparaît important. Maintenant, nous prévoyons étendre
cette grille d'analyse à tout le matériel pédagogique;
évidemment, à ce moment-là, il faudra la remanier un peu,
car elle a été faite pour les manuels scolaires. Il y a eu
différentes actions
entreprises auprès des maîtres pour désexiser les
pratiques éducatives. Au niveau de l'orientation, nous sommes à
renouveler -c'est presque terminé maintenant - le jeu Vire-Vie qui
s'adressera autant aux garçons qu'aux filles. On fera sûrement une
campagne à cet égard dans les différentes écoles
pour faire en sorte qu'il soit davantage utilisé au moment des
périodes le permettant.
Les fameuses suites à la commission Jean, je m'en
préoccupe beaucoup. Le ministre de l'Éducation, aussi, y est
très sensible. Nous avons eu beaucoup de groupes de travail à ce
jour. Il y a eu un comité ministériel de formé avec le
ministre de l'Éducation, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et moi-même. Nous devrions
présenter très prochainement une politique
opérationnalisant certaines recommandations du rapport.
Il y a eu la mise au point définitive du projet pareille, pas
pareils grâce à la collaboration des ministères de
l'Éducation, des Affaires sociales, des Affaires culturelles et, bien
sûr, du Conseil du statut de la femme. Il y a eu la production d'un audio
visuel et d'un certain nombre d'autres instruments dans une perspective de
désexisation. La présidente du conseil pourra y répondre
tout à l'heure. Il y a eu un jeu, un disque, je crois, un livre dont la
vente officielle pourra commencer à l'automne, la distribution, au mois
de novembre.
Au niveau du travail, je n'insisterai jamais assez pour dire que la
situation est particulièrement difficile pour les femmes parce qu'elles
sont plus vulnérables; même si les taux de chômage semblent
nous mettre à égalité dans les statistiques officielles,
dans les faits, il y a un chômage caché très important chez
les femmes. Cela fait que, si on avait véritablement un portrait exact
du chômage, on verrait que les femmes, encore là, vivent des taux
de chômage plus élevés que les hommes.
Il y a, à l'étude, actuellement, les amendements au Code
du travail. Dans une première étape, on tente de simplifier
l'accès à la syndicalisation et un certain nombre de
modalités d'application du code; ce sera un gain, à mon point de
vue, pour les femmes. La prolongation du congé de maternité qu'on
étudiera, par la même occasion, devrait, j'imagine, être
adoptée d'ici à la fin de juin, ce qui est encore un gain pour
les femmes. (11 h 45)
Au niveau de la création d'emplois, on en a beaucoup parlé
en ne sexisant pas cette création d'emplois et moi, j'ai tenu à
le faire parce que cela me préoccupait. D'abord, dans les programmes de
retour sur le marché du travail, je puis vous dire que 51% de la
clientèle touchée a été des femmes, ce qui est plus
élevé, de 7 ou 8 points, que leur taux d'activité sur le
marché du travail. Leur taux d'activité est autour de 42%, au
Québec du moins, et 51% des programmes de retour sur le marché du
travail leur sont adressés. Dans l'ensemble des programmes de
création d'emplois, on a touché 46% de femmes. Là encore,
c'est plus haut que le taux d'activité que les femmes vivent. Cela s'est
révélé plus vrai encore au niveau du bon d'emploi
où la proportion majoritairement a été composée de
jeunes femmes parce que l'on sait que les bons d'emploi s'adressent davantage
aux jeunes.
Quant aux régimes de rentes, nous avons un projet de loi, nous y
travaillons actuellement, je n'y reviendrai pas: la rente au conjoint
survivant, la clause de remariage, la retraite à 60 ans, même si
elle touchera peut-être moins de femmes, il reste qu'elle est une
amélioration subtantielle en ce qui concerne la situation des personnes
au travail qui veulent quitter plus tôt que prévu leur emploi.
Je voudrais que ce soit très clair, je tiens à rendre
hommage à ma collègue de la Fonction publique qui a une
détermination de tous les instants pour faire avancer le dossier et sur
laquelle je peux compter. Heureusement que je peux compter sur elle, parfois.
À la fonction publique, il y a une augmentation constante dans les
postes de cadres: nous sommes passées, en termes de nominations, de 9,1%
en 1981-1982 à Il,8% en 1982-1983. Si on considère que, dans
certains concours pour les cadres supérieurs, les femmes constituaient
10% des personnes se présentant certaines années, qu'on arrive
à Il,8% de nominations, c'est donc plus que le nombre de femmes qui se
présentent même aux concours; la proportion est plus
importante.
Enfin, les amendements à la charte vont permettre d'implanter
chez nous, de façon obligatoire, ce qui est quand même nettement
intéressant, des programmes d'accès à
l'égalité. Et si on est plus prêt à la fonction
publique, c'est parce qu'il y a eu, auparavant, ces programmes
d'égalité des chances. Si ce n'était pas le cas, on ne
pourrait pas y aller aussi rapidement dès le mois de janvier.
Enfin, pour le classement moquette -cette fameuse discussion qu'on a
depuis des années concernant le classement du personnel de
secrétariat - une solution est sur le point d'être
acceptée. Elle devrait offrir une perspective de carrière et un
enrichissement de tâches aux employés de secrétariat. D'ici
à la fin juin, on devrait arriver avec cette solution très
précise. D'ailleurs, elle est déjà sur mon bureau. Je sais
qu'elle doit être étudiée par le Conseil du trésor
très bientôt.
Au niveau de la violence, nous avons maintenant 45 maisons
d'hébergement qui sont aidées. Il y a eu une augmentation
subtantielle depuis deux ans du budget de
subvention des organismes bénévoles, qui est passé
de 1 370 500 $ en 1981-1982 à 2 799 830 $ en 1982-1983. Les subventions
ont été aussi augmentées en ce qui a trait à l'aide
apportée aux victimes d'agression sexuelle. Toujours dans le cadre de
ces agressions sexuelles, il y a un protocole qui est maintenant établi
pour faciliter et uniformiser les procédures d'intervention
auprès des personnes qui vivent ces difficultés, ceci
grâce, entre autres, à l'action du Conseil du statut de la femme
qui a été présent à toutes les étapes. Ce
protocole sera diffusé en septembre prochain auprès de tous les
intervenants: que l'on pense aux policiers, aux médecins ou aux
intervenants sociaux. Le projet pilote d'accueil au Lac-Saint-Jean - vous vous
en souvenez, sans doute, on en avait parlé quelques fois - d'assistance
aux femmes et de liaison avec les policiers est une réussite, à
notre point de vue. Nous sommes à finir une certaine évaluation
et à voir comment on pourrait l'étendre à d'autres
régions du Québec. Il y a, d'ailleurs, depuis deux ans,
actuellement à Montréal, une femme enquêteur, ce qui est
aussi un indice de changement de mentalités.
Enfin, il y a la Loi sur le cinéma où on a réussi
à faire ajouter cette notion de violence sexuelle comme critère
de classement des films. Je sais que ce n'est pas nécessairement
satisfaisant pour l'ensemble des femmes ayant fait des représentations.
Je sais qu'il n'y aurait pas, sans doute, unanimité entre nos partis
même sur la position que j'ai défendue à l'Assemblée
nationale à ce sujet, et qui n'a pas été retenue par le
ministre des Affaires culturelles.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez voté pour le projet de loi.
Mme Marois: II est vrai que j'ai voté pour le projet de
loi, mais j'ai quand même marqué assez clairement ma dissidence
sur certains points.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Mme Marois: Et c'était quand même un peu
spécial, que cela puisse se faire de la part d'un ministre.
J'aimerais aborder maintenant le Conseil du statut de la femme. Vous
avez dans vos dossiers un sommaire des activités du conseil que j'ai
déposé ce matin -évidemment, vous ne pouviez pas l'avoir
avant - un bilan, le rapport du conseil pour 1981-1982. J'aimerais souligner,
particulièrement, le travail important du conseil fait auprès des
femmes et ce, par l'intermédiaire de ces deux services: Action-Femmes et
Consult-Action. Consult-Action est maintenant complètement
régionalisé et permet d'atteindre toutes les femmes du
Québec. Il y a des responsables dans chaque région du
Québec. Évidemment, Action-Femmes continue de répondre
à la demande quotidienne des femmes et de façon, peut-être
plus individuelle à ce moment-là. La Gazette des femmes, je
pourrais y revenir s'il y avait des questions. Je sais que la
députée de L'Acadie avait fait des commentaires à quelques
reprises sur la gazette. Je dois vous dire qu'à la suite d'un sondage
maison on a constaté que l'instrument était très
apprécié par les femmes. Je pourrai y revenir s'il y avait des
questions.
L'autre volet du conseil est, évidemment, celui d'être
conseil à mon endroit et à l'endroit du gouvernement, par mon
intermédiaire. Les avis fournis sont très précieux,
même si parfois ils sont durs, comme je le disais au départ et
qu'on ne peut de façon réaliste mettre en application tout ce qui
est proposé; ce serait l'idéal, mais nous n'y sommes pas; c'est
pour cela qu'il y a un ministre à la Condition féminine.
Le service de recherche du conseil a permis la production de documents
très utiles et a développé une expertise dans plusieurs
domaines de la condition de vie des femmes, sur laquelle je m'appuie
régulièrement pour bâtir moi-même mes dossiers ou
pour que le secrétariat puisse bâtir les siens. Les principaux
dossiers du conseil en termes de réalisations très
concrètes: pareille, pas pareils, j'en ai parlé un peu; le prix
Eméritas-Déméritas qui a des effets très concrets
sur la publicité. Nous avons attaqué de front le dossier des
adolescentes, qui est une population de femmes très
négligées dans notre société. Nous avons des
études en cours: Qui sont-elles? Que veulent-elles? Comment
vivent-elles? Beaucoup de publications pour les futurs époux, les futurs
parents, les futurs travailleurs et travailleuses. Ce qui est
intéressant c'est qu'au lieu d'utiliser les mécanismes habituels
de diffusion de cette documentation et qu'elle risque de rester sur les
tablettes, on a fait des ententes avec les hôpitaux, par exemple, pour
les futurs parents. Au moment où ils reçoivent le dossier de
l'hôpital avec toute la paperasse, la documentation sur la façon
de prendre soin de l'enfant, il y a aussi des dossiers qui concernent les
parents, leur rôle respectif, les devoirs et les pouvoirs, si l'on veut.
De la même façon, pour les futurs époux, on a
procédé par les curés dans les paroisses au moment des
cours de préparation au mariage. Cela semble très
apprécié.
Enfin, le conseil abordera à l'automne, par
l'intermédiaire d'un forum sur les questions économiques, ce
fameux dossier de la vie économique des femmes dans une perspective
peut-être nouvelle - la présidente
pourra répondre à vos questions, si il y a lieu - qui est
vraiment une implication plus importante dans les décisions
économiques d'un pays et d'une société.
Cela suivra, en passant, le dixième anniversaire du Conseil du
statut de la femme et, faut-il le dire aussi, la fin du mandat de la
présidente actuelle du conseil. J'espère qu'à ce
moment-là on aura la chance de faire le bilan le plus positif possible
puisque son passage au conseil reste, à mon point de vue, et est encore
très positif.
Enfin, dernier volet de ce qui relève de ma
responsabilité: l'Office des services de garde à l'enfance.
Alors, je tente de passer rapidement: l'office est responsable de 24 077 places
de garde en garderies, de 1182 places de garde en milieu familial. C'est un
accroissement de places relativement modeste: en 1982-1983, nous avons
créé 782 places en garderies sans but lucratif,
subventionnées, 817 places en garderies à but lucratif et 308 en
milieu familial. Le budget, pour sa part, est passé de 30 593 000 $
à 38 845 000$ et, tel que le mouvement avait été
lancé l'an dernier, l'office a choisi de poursuivre son travail et de
consacrer une partie importante de son budget à des mesures de
consolidation des services existants comme je m'étais engagée
à le faire auprès des services de garde à travers le
Québec parce qu'il m'apparaissait qu'il n'était pas très
utile de développer des places si on ne réussissait pas à
maintenir celles qu'on avait, à tout le moins, en bon état.
Je pense qu'effectivement, sans les nouvelles mesures budgétaires
qu'ont été la subvention au logement, l'augmentation de la
subvention directe de 3 $ à 3,50 $, la subvention place au poupon, les
garderies risquaient de vivre des difficultés importantes et je puis
même affirmer que toutes n'auraient pas survécu. Le réseau
s'organise lentement, il gagne en robustesse et en vigueur, je dirais, d'une
année à l'autre. C'est tant mieux pour les enfants, pour les
femmes et pour les hommes du Québec.
L'office a aussi élaboré, tel que la loi le prescrit, un
plan sur cinq ans de consolidation et de développement des services de
garde. Ce plan a été soumis à l'ensemble des intervenants
et intervenantes: garderies, regroupements, associations. La présidente
de l'office s'est rendue dans toutes les régions pour recueillir les
commentaires des personnes intervenantes sur le plan proposé. Dans
chacune de ces régions, les rencontres ont regroupé un nombre
important de participants. Le plan de consolidation reste un outil de
première importance à l'étape actuelle, car on doit
maintenant tenir compte, quand même, des 24 000 places et ce, pour
éviter un développement anarchique à l'avenir.
L'office a également, cette année, amorcé un
travail sur deux dossiers prioritaires: l'établissement d'une politique
de logement et la révision complète du système actuel de
financement des services de garde. Cette révision du système
devrait être présentée comme projet de travail,
probablement à la fin de l'automne, n'est-ce-pas, Mme la
présidente. Cela nous permettra à ce moment-là de
rationaliser l'approche que l'on a dans l'aide financière aux
garderies.
Enfin, on parle beaucoup ces temps-ci après de nombreuses
étapes de travail tant avec les garderies qu'avec les membres de
l'office, l'office a présenté un projet de réglementation
des services de garde en garderie. L'office a recueilli les commentaires
suscités et vient de terminer l'analyse de ces commentaires. On compte
faire adopter la réglementation d'ici à la fin de juin si tout se
passe comme prévu.
Voilà, brossé à très larges traits et en n'y
allant pas de façon très subtile pour l'instant, compte tenu du
temps, ce qui s'est passé dans le dossier de la condition de vie des
femmes. J'aimerais terminer en disant que la volonté d'arriver à
changer un peu les règles du jeu reste toujours présente en vue
d'améliorer la situation de l'ensemble des femmes du Québec. Je
pense qu'en améliorant la situation de l'ensemble des femmes du
Québec on améliorera la situation des personnes vivant au
Québec: hommes, femmes, enfants. Je vous remercie, M. le
Président. Je vais recevoir, maintenant, soit les commentaires ou les
questions des députés membres de la commission.
Le Président (M. Paré): Merci, Mme la ministre. La
parole est maintenant à Mme la députée de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais, d'abord, saluer les personnes qui
accompagnent Mme la ministre, avec qui on a souvent l'occasion, peut-être
pas suffisamment, mais quand même, de discuter. Je veux noter,
immédiatement, qu'il y a eu un progrès par rapport à l'an
dernier parce que maintenant il a des choses qui me parviennent, alors qu'elles
ne me parvenaient pas l'an dernier.
Je voudrais revenir aux remarques de Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine.
Évidemment, je ne peux pas l'en blâmer, elle fait de son mieux
pour couvrir le gouvernement, pour couvrir l'inertie du gouvernement. Elle nous
a fait une révision des programmes ou, enfin, des publications, qu'il
s'agisse, dans le domaine de l'Éducation, de Vire-Vie, pareille, pas
pareils, etc., du concours de Déméritas, citron ou orange.
Mme Marois: Eméritas ou Déméritas, c'est
cela.
Mme Lavoie-Roux: C'étaient des choses qu'elle nous a dites
l'an dernier. C'était fort intéressant de les entendre de
nouveau, mais il n'y a rien de nouveau là-dedans et que cela continue,
c'est probablement bon.
M. le Président, je ne veux pas prendre trop de temps, car on a
si peu de temps et on a beaucoup de questions à poser. J'ai un
collègue qui aimerait ajouter quelques notes et aussi je pense au
député des Deux-Montagnes, qui a toujours été un
fidèle de cette commission.
Mme Marois: C'est très juste, Mme la
députée.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je tiens à le souligner.
D'ailleurs, notre commission s'est un peu repeuplée depuis cinq
minutes.
D'abord, j'aimerais lui demander, si elle peut prendre note de mes
questions: Qu'en est-il du bilan de l'évolution des femmes à
l'intérieur de la fonction publique qui devait être rendu public
en 1983? Il y avait eu un échéancier, il y avait eu passablement
de documentation là-dessus. On se souviendra, sans doute, de
l'Égalité en emploi pour les femmes dans la fonction publique qui
remonte à 1980. (12 heures)
Qu'il y ait quelques personnes en plus, je pense qu'il faut s'en
réjouir. Il faudrait peut-être noter aussi que, quand on regarde
l'évolution des entrées en fonction de la catégorie et du
sexe de 1977 à 1982, on sent maintenant une baisse chez les femmes qui
sont entrées à la fonction publique à comparer aux hommes,
très minime, vous me direz, mais de 44,7%, on est passé à
44,5% de 1981 à 1982; chez les hommes, c'est l'inverse: il y a une
augmentation de 0,2 de 1%.
Ce qui est le plus inquiétant, c'est de voir - moi, je n'ai pas
d'autres rapports - le dernier rapport qui a été rendu public,
celui de 1981-1982. Quand vous regardez, par exemple, l'évolution des
effectifs réguliers de personnel hors cadre et cadres supérieurs
selon le ministère et l'organisme et selon le sexe, de 1977 à
1982, vous remarquez - je ne peux pas les nommer tous - une progression
extrêmement lente et il y a, ensuite, des absences qui sont vraiment
inexplicables. Aux Affaires intergouvernementales, d'une femme et demie, on est
passé à une femme et trois, on est allé de 1,5% à
1,3%. Évidemment, ce n'est pas de bon augure, à voir le ministre
qui est là, que cela va augmenter rapidement. On se souvient de son
passage à l'Éducation.
Mme Marois: Je sais que la députée de L'Acadie
garde certains souvenirs à l'égard de l'Éducation.
Mme Lavoie-Roux: Aux Affaires sociales, quoique là il peut
y avoir un facteur qui l'explique, on passe de Il,6% en 1980-1981 à 8%
en 1981-1982. À l'Éducation, on passe de 2,7% en 1980-1981
à 2,6% en 1981-1982. Si je relève ces ministères - je mets
à part les Affaires intergouvernementales parce que cela m'avait
amusée de le voir - les Affaires sociales et l'Éducation, qui ont
quand même beaucoup à faire avec la condition des femmes et si on
regarde cette diminution dans les cadres supérieurs et le personnel hors
cadre, je pense que l'on peut se poser des questions.
On note même qu'à la Fonction publique, en 1977, le
personnel cadre, hors cadre et cadres supérieurs, était de 1%
chez les femmes. Il était de 3% en 1978-1979, ce qui était 4,7%;
il est maintenant de 2% en 1981-1982, ce qui est de 2,3%, là aussi une
diminution. À l'Environnement, vous avez aussi une diminution, mais
l'Environnement n'était pas un modèle au départ. Quand
vous regardez certaines commissions en 1981-1982, il n'y a encore aucune femme
à la Commission des normes du travail. Écoutez, celle-ci
était censée surtout protéger les femmes, pas surtout,
mais elle devait affecter particulièrement les femmes.
Mme Marois: Comment ces normes les affectent.
Mme Lavoie-Roux: À la Commission de surveillance de la
langue française, il n'y a pas de femmes, mais je voyais qu'à la
Régie de la langue française, par exemple, ou à l'Office
de la langue française, alors qu'il y avait trois femmes en 1977,
maintenant il n'y en a plus. Je n'ai pas le temps de faire le tour, mais
j'inviterais la ministre à regarder ceci de près; c'est
très inquiétant comme résultat si l'on tient compte de
tous les efforts et de tous les discours. Là-dessus, je ne blâme
pas la ministre elle-même. Cela veut dire que l'évolution
est extrêmement lente et si l'on n'est pas vigilant, c'est même un
recul que l'on devra constater, peut-être pas là en chiffres
absolus, mais, je l'ai donné, pour l'ensemble de la fonction publique,
c'est moins. Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'on sait fort bien que
les grandes décisions, les orientations se prennent au niveau des cadres
et des hors cadre et même s'il y a augmentation chez les
professionnelles, traditionnellement les professionnelles ont toujours
été plus nombreuses parce qu'elles rendent des services
précis à un ministre ou à un corps donné, dans le
sens symbolique du terme.
Mme Marois: Nous le savons.
Mme Lavoie-Roux: Je veux simplement
noter ceci également en ce qui a trait au travail à temps
partiel. Là, je suis certaine que vos recherchistes ont pris
connaissance de tous ces articles. Il y a, particulièrement,
l'étude de Mme David sur ce sujet qui nous indique fort bien - ce sont
des statistiques pour le Canada - que 75% des emplois à temps partiel
sont détenus par des femmes. Si au Québec on regardait la hausse
du temps partiel - je ne l'ai pas pour le Québec
séparément dans cette étude - avec les coupures et les
modifications qui ont eu lieu particulièrement dans le domaine des
affaires sociales, je ne serais pas du tout étonnée que le nombre
de femmes travaillant à temps partiel non pas par choix - il y en a qui
travaillent par choix, je n'en disconviens pas - ait probablement
également augmenté. Je vous repose la même question que
l'an dernier: Qu'en est-il de la fameuse réglementation qui devait
être produite au sujet des travailleurs à temps partiel? Cela
toucherait à la fois les hommes et les femmes. On en parle! À un
moment donné, je ne sais pas si la ministre est découragée
de repasser les mêmes dossiers, mais, moi, je suis un peu
découragée de lui répéter les mêmes choses,
parce que c'est encore un peu au point mort.
On aura peut-être l'occasion de reprendre ces questions à
tour de rôle, au fur et à mesure qu'on avancera. Je remercie, elle
est fort intéressante... Je ne me souviens pas quelle remarque j'avais
faite sur la Gazette des femmes l'an dernier; alors, j'y vais à tout
hasard, je me mets le cou sur le billot.
Mme Marois: Oui. Voulez-vous que je vous la rappelle?
Mme Lavoie-Roux: Laissez-moi le dire, puis après vous
aurez la vérité; en tout cas, puisqu'on m'a fait la remarque,
c'est peut-être que cela avait été une remarque
négative. De toute façon, je dois dire que j'ai trouvé
que, cette année, il y avait des reportages et des articles qui
étaient intéressants. D'une certaine façon, je fais
toujours beaucoup de compliments à la revue Carrefour des Affaires
sociales qui est une bonne revue à mon point de vue. J'ai trouvé
que cette année il y avait des articles dont, évidemment,
celui-ci; j'aurais pu faire l'étude des crédits, seulement avec
celui-là sans toucher à d'autres.
Mme Marois: Oui, il était très bien.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que tous les problèmes y sont
touchés, que ce soit le problème des travailleuses à temps
partiel, que ce soit le problème du chômage ou celui de ce qui
s'est produit dans différents ministères. L'an dernier, je vous
signalais -je vais y revenir plus loin - les statistiques touchant la
santé des femmes. On a l'impression qu'on piétine. Pourtant, vous
nous parlez des feuillets publicitaires ou des brochures qui sont maintenant
envoyés dans les différents hôpitaux, etc., mais cela ne
semble pas produire encore de résultats concrets. Ce serait,
évidemment, peut-être difficile de faire une étude pour
bien mesurer l'influence de ces choses-là. Je pense que cela indique
qu'il faut investir beaucoup au niveau de l'école, non seulement sur la
question de la "désexisation", mais sur les problèmes des femmes
et cela va pour la population en général, non seulement pour les
femmes, mais davantage pour les femmes. C'est encore incroyable - j'avais
relevé les statistiques pour la Régie de l'assurance-maladie du
Québec - mais on est toujours du simple au double dans les soins
psychiatriques, dans les interventions chirurgicales majeures - mineures,
l'écart est moins grand - et la consommation de médicaments.
Enfin partout, le modèle, si je puis dire, le pattern semble rester le
même ou à peu près, ce qui est assez
décourageant.
Je sais que la ministre fait bien son possible, mais je voudrais lui
faire quelques petits reproches aussi. Il est vrai qu'elle essaie de se tenir
debout, elle a beaucoup de courage. J'ai pu le constater au début de la
commission quand j'ai vu qu'on se retrouvait toutes les deux seules ici. Nous
nous sommes dit: Dans le fond, nous sommes peut-être dans le
désert.
M. Marx: Trois.
Mme Lavoie-Roux: Tu es arrivé un peu en retard.
M. Marx: Avant le président.
Mme Lavoie-Roux: Mais, quand même, avant le
président.
Mme Marois: II faut, quand même, le noter.
M. Marx: On ne peut pas commencer sans le président.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, j'ai constaté que nos
collègues nous avaient rejoints. Je prends la question de la maison des
naissances. Il y a des contradictions dans ce que le ministre des Affaires
sociales nous dit. Je cite: Ne comptez pas qu'on va sortir cela des centres
hospitaliers. Il avait une occasion unique de le faire à
Sainte-Jeanne-d'Arc où il y avait déjà un noyau et
où il y avait déjà l'implication des gens: Vous aviez un
petit centre hospitalier et on est passé à côté en
faisant valoir que les grands hôpitaux universitaires aussi
étaient sensibles. Il est vrai que les grands hôpitaux
universitaires donnent d'excellents soins, mais ce que les femmes
recherchaient, elles ne le retrouveront pas dans des hôpitaux
surspécialisés. Autant, je pense, il est important qu'on ait des
soins spécialisés lorsqu'ils sont requis, autant il est important
de ne pas surspécialiser ce qui n'aurait pas besoin de l'être. En
ce sens, malheureusement, je dois dire que la ministre
déléguée a été faible parce qu'elle a
laissé passer.
Dans le même sens, je trouve que, du côté de la
pornographie, elle a peut-être eu une attitude de bravoure à
l'Assemblée nationale, mais on aurait souhaité que cela aille un
peu plus loin.
Vous savez, parfois, on badine: on parle contre et on vote pour, on
parle pour et on vote contre. Puisque vous aviez pris la peine de vous
dissocier de vos collègues à cet endroit-là, j'ai
été fort étonnée par la suite que vous n'ayez pas
poussé plus loin votre détermination.
Dans le même sens, concernant son attitude à la
dernière rencontre fédérale-provinciale dont elle est
revenue ce matin ou hier soir, je crois qu'elle va encore se laisser dicter son
attitude par les diktats - c'est le cas de le dire - du cabinet qui lui
dit...
Mme Marois: Je m'excuse, à l'égard des femmes
battues!
Mme Lavoie-Roux: Votre attitude à l'égard des
femmes battues. C'est un problème pas simplement au Québec, mais
général où, je pense, on n'a pas trop de l'ensemble des
femmes pour poursuivre l'éducation. Si le Québec est en avance,
tant mieux. Je ne pense pas que cela le fera reculer. Je ne pense pas qu'il
faille regarder les autres d'une façon condescendante, ceux qui ne sont
pas rendus au même point que nous. Ce sont des échanges. Il y a
peut-être d'autres domaines où des provinces sont en avance sur
nous; par exemple, sur le marché du travail, les femmes des autres
provinces sont allées travailler bien avant celles du Québec.
Enfin, il y a des raisons culturelles et historiques.
Dans des choses comme cela, à l'Assemblée nationale, j'ai
essayé de transmettre un message de solidarité à l'endroit
des problèmes des femmes, mais j'entends notre ministre
déléguée à la Condition féminine, qui est
probablement encarcanée dans les contraintes du cabinet, dire: On va
voir ce qu'on va décider au plan constitutionnel et, ensuite, on
décidera si on s'engage dans cette lutte.
À cet égard, je voudrais rappeler à la ministre qui
nous disait qu'on a augmenté les budgets, que cette année les
budgets sont augmentés strictement de 6,5% pour les maisons de femmes
battues, parce que je viens de le voir à l'étude des
crédits des
Affaires sociales. Et après avoir fait cela, ce qui est
strictement l'inflation - le ministre des Finances prévoit 6%
d'inflation - on vient de donner les directives que l'on sait. J'ai
été fort étonnée hier d'entendre le ministre des
Affaires sociales nous répondre: On n'oblige pas les maisons de femmes
à faire payer les femmes qu'elles hébergent. Mais le
résultat est, avec cette directive pour que le per diem que l'on donne
présentement à ces maisons ne dépasse pas les 3 $ et
quelques sous, alors que la moyenne qui était accordée, sauf pour
les régions de l'Abitibi, du Lac-Saint-Jean, les trois ou quatre
régions qui étaient à l'extérieur, était de
12 $, que la seule façon dont les maisons pourront survivre sera d'aller
chercher la différence dans l'allocation d'aide sociale des femmes. Il
est donc exact de dire qu'elles pourront se retrouver avec 90 $ pour pouvoir se
réinsérer sur le plan social. Vous savez, ce que l'on donne d'une
main, il ne faudrait pas l'enlever de l'autre. Je serais peut-être un peu
plus prudente, si j'étais Mme la ministre, avant de trop parler des
maisons de femmes battues et de leurs problèmes. Il faudrait
peut-être aussi faire une différence entre les femmes battues et
les femmes en difficulté.
Hier, lorsque le ministre des Affaires sociales s'est levé, il a
semblé avoir le haut du pavé sur mon collège de D'Arcy
McGee, en disant: Ce n'est pas 300, mais 600 places qu'on a. Vous avez
peut-être les chiffres exacts, mais, lorsqu'on parle de 600 places, c'est
pour l'ensemble des femmes en difficultés. Il peut s'agir de femmes
itinérantes, d'ex-patientes psychiatriques, cela peut être une
foule de problèmes. Mais, lorsqu'on parle des femmes battues, je pense
qu'il s'agit d'environ 300 places.
Mme Marois: Oui. Je vais vous donner la ventilation.
Mme Lavoie-Roux: Bon, alors! (12 h 15)
M. Marx: Le ministre des Affaires sociales l'a fait consciemment
pour ne pas avoir à répondre à la question.
Mme Marois: Je vous donnerai la ventilation parce que nous
l'avons effectivement par le type de centre.
Mme Lavoie-Roux: Je reviendrai sur le reste à l'occasion
de questions. Il y a un article fort intéressant - si nous en avions le
temps, je le lirais pour le journal des Débats - d'Hélène
Lévesque qui collabore, je pense, à La Gazette des femmes
à certaines occasions.
Mme Marois: Je pense qu'elle est pigiste à la Gazette,
n'est-ce pas, Mme Bonenfant?
Mme Lavoie-Roux: L'article est intitulé Pauline Marois
connaît-elle le pouvoir? Ce qui est fort amusant, c'est qu'elle raconte
comment le premier ministre, cet homme bizarre, a réussi à
écarter la ministre de la Condition féminine du comité des
priorités. Ce qui est relaté dans cet article, c'est exactement
ce qui m'avait été raconté. Je ne connais pas
personnellement Mme Lévesque; alors, il doit y avoir un bon fond de
vérité.
Je lirai simplement cette partie de l'article: "Les quatre
démissionnaires. Il faudrait que la structure débloque, c'est ce
que les quatre démissionnaires du cabinet de Mme Marois disent". Je vais
le lire au complet parce que je n'aime pas lire seulement ce qui fait mon
affaire: "Elles, Micheline Demers, Michelle Bussières, Danielle Thibault
et "Jean" Garon...
Mme Marois: Jean Garon, ce n'est pas le même.
Mme Lavoie-Roux: C'est un homme. Il s'appelle Jean lui aussi.
M. de Bellefeuille: C'est un homme, mais ce n'est pas le
député de Lévis. C'est un ancien journaliste. Un homme
distingué, d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: "...ont voulu partir en douce sans attirer
l'attention sur leurs gestes pour ne pas nuire au dossier pour éviter
que les médias ne prennent prétexte de leur démission pour
donner dans le sensa-tionnalisme, pour éviter qu'on ne titre bisbille
à la Condition féminine alors que, pour elles, le problème
ne se situe pas là."
Et moi, je soupçonne fort bien qu'il n'y a pas eu de bisbille
à la Condition féminine lorsque ces personnes ont
démissionné, cela ne m'a jamais traversé l'esprit, mais
elles sont parties extrêmement déçues, pour ne pas dire
désespérées parce que c'est un grand terme. "Nous sommes
arrivées au cabinet Marois pleines d'espoir de faire progresser des
choses. Nous n'arrivons pas à un véritable constat
d'échec. Il y a eu des acquis: la réforme du Code civil, les
amendements à la Charte des droits et libertés et puis, dans tous
les ministères, il y a un formidable réseau informel, mais bien
solide de répondantes, de collaboratrices qui travaillent pour
l'avancement de la condition féminine, des gens compétents et
enthousiastes, prêts à pousser dans le dos des ministres
réticents." Ils doivent être essouflés à la fin du
mois; cela, c'est de mon cru et non dans la citation. "Mais pour que nous
aboutissions à des résultats plus probants, il faudrait que la
structure débloque, coopère, que les groupes de femmes continuent
de pousser le gouvernement à agir et que le tout soit sous-tendu par une
authentique volonté politique. Il y a encore quelque chose à
faire pour les femmes dans la structure gouvernementale, mais cela ne se fera
que si les femmes revendiquent. Ce que les démissionnaires remettent en
cause, c'est davantage le blocage structurel de la machine gouvernementale et
l'inertie de nombreux groupes de femmes."
J'arrête ici parce qu'elles reconnaissent qu'il y a des choses qui
ont été faites. Moi, je suis prête à
reconnaître qu'il y a eu des modifications. J'espère qu'il y a eu
des modifications depuis sept ans. Il faut quand même qu'il y en ait eu;
autrement, ce serait désespérant. Je pense que cela résume
bien le problème: il y a des blocages dans les structures
gouvernementales. Je pense que simplement les chiffres que j'ai donnés
sur l'évolution à l'intérieur de la fonction publique de
la place que les femmes y ont indiquent que - et on l'avait dit l'an dernier -
les femmes ne sont plus une priorité. Évidemment, il y a des gens
qui continuent de harceler le gouvernement, de le harceler dans le bon sens.
Cela a toujours été électoraliste, l'intérêt
pour les femmes, mais cela tend à le redevenir davantage. On veut bien
mesurer ses gestes surtout quand les ressources sont minimes et c'est
peut-être à ce moment-là que la pression des femmes est
encore plus importante qu'elle ne l'était au début des
années soixante-dix.
M. le Président je m'arrête ici et je reviendrai sur
d'autres points plus tard.
M. Herbert Marx
M. Marx: J'ai seulement une remarque préliminaire à
faire parce que je dois assister à une autre commission. Mme la
députée de L'Acadie a bien dit que la ministre de la Condition
féminine essaie de couvrir le gouvernement, mais je trouve que,
même si elle essaie bien, c'est impossible surtout dans certains
dossiers, notamment le dossier de la justice.
Elle a parlé de la Charte des droits et libertés. Des
modifications ont été faites et je pense qu'elles sont bonnes,
mais elles ne sont pas encore en vigueur. Le projet de loi a été
adopté en décembre 1982. Elle a dit que les règlements
seront en vigueur probablement à la fin de cette année.
Voilà, nous attendons donc depuis un an.
Mme Marois: Il faut espérer.
M. Marx: En ce qui concerne l'article qui traite du
harcèlement des femmes, vous devez savoir qu'en Ontario environ 75% des
causes portées devant la commission des droits de la personne sont des
cas de harcèlement et ici, à la Commission des droits de la
personne, nous n'avons pas suffisamment de ressources pour traiter un
tel nombre de causes qui peuvent être soumises à la
Commission des droits de la personne prochainement.
Pour ce qui est de la "désexisation" des manuels scolaires,
j'étais bien surpris aujourd'hui d'apprendre que ce projet n'est pas
terminé puisqu'il avait débuté en 1975.
Mme Marois: Je n'ai pas dit cela. Vous m'avez mal
interprétée. Je vais vous redonner la statistique. Ce n'est pas
terminé effectivement. Tous les instruments sont maintenant en place et
sont opérationnels. Ce que je dis, c'est que tous les nouveaux volumes
qui sont soumis au ministère de l'Éducation pour entrer ensuite
dans les réseaux passent à travers la grille et, parmi les 270
volumes qui ont été soumis, 35%, grâce aux instruments, ont
été rejetés, renvoyés donc à
l'éditeur pour corrections.
M. Marx: J'ai déjà fait partie du comité qui
a traité de cette question en 1976, je crois.
Mme Lavoie-Roux: Le Conseil du statut de la femme l'a produit en
1975, le premier rapport sur la "désexisation" des manuels
scolaires.
M. Marx: C'est la Commission des droits de la personne qui a
établi une grille avec le Conseil du statut de la femme.
Mme Marois: Le ministère de l'Éducation et le
Conseil du statut de la femme y ont aussi participé.
M. Marx: Je suis heureux d'apprendre tout cela.
La ministre déléguée à la Condition
féminine est allée à Ottawa l'autre jour.
Mme Marois: Hier, même.
M. Marx: Hier même, bon. Elle a réclamé plus
de pouvoirs d'Ottawa. C'est la chanson de ce gouvernement: C'est la faute
d'Ottawa. Le problème dans son dossier, c'est que le gouvernement
n'utilise pas les pouvoirs qu'on a maintenant. Il y a un manque de politique
sur les femmes battues au Québec. Il n'existe pas de politique
cohérente, par exemple, au ministère de la Justice.
À la suite du rapport que l'Opposition a produit en ce qui
concerne les femmes battues et la justice, le ministre de la Justice rappelle,
dans le Soleil du 2 juin 1983, "diverses mesures prises par son
ministère, comme la tenue de onze colloques régionaux sur la
question, des cours de formation à l'Institut de police de Nicolet et la
sensabilisation des procureurs de la couronne à la question". Je trouve
qu'on est loin d'être très progressistes dans ce dossier au
Québec par rapport à ce qui a été fait ailleurs en
Amérique du Nord. Je pourrais vous donner d'autres exemples. Le ministre
de la Justice ne fait que publier des brochures et tenir des colloques. Nous
avons besoin d'action et pas seulement de paperasse.
Je ne veux pas parler des États-Unis, il y a bien des mesures qui
sont prises à cet endroit. En matière de justice, prenons comme
exemple la ville de London, en Ontario. Cette ville a tout un programme en ce
qui concerne les femmes battues. Face à la justice, il y a toute une
collaboration entre les procureurs de la couronne, la police, les juges et
ainsi de suite. Dans la province du Manitoba, ils ont aussi tout un programme.
Ils ont une ligne téléphonique pour toute la province. Ils
établissent présentement des maisons de transition et
d'hébergement pour les femmes dans les milieux urbains, ce qui manque au
Québec
Mme Lavoie-Roux: Les milieux ruraux.
M. Marx: Dans les milieux ruraux, je m'excuse. Ils ont un
programme de collaboration entre les procureurs de la couronne, la police et
les juges, surtout pour prévoir que les hommes qui sont accusés
de battre leur femme seront poursuivis et que la femme ne soit pas
nécessairement obligée de faire la plainte elle-même. On
sait les difficultés qu'elle a à se protéger contre les
menaces de son agresseur. Souvent, les femmes retirent les plaintes pour cette
raison. Le programme est bien établi.
Ici, on n'a absolument rien. On n'a pas de politique établie au
ministère de la Justice. Ce qui m'inquiète vraiment, c'est qu'on
demande plus de pouvoirs à Ottawa, mais on n'utilise pas les pouvoirs
que nous avons ici. La situation des femmes battues ne relève pas de la
compétence du gouvernement fédéral, mais bien de la
compétence du gouvernement provincial. C'est à nous de faire
quelque chose. Nous n'avons pas à nous faire dire quoi faire ou à
attendre d'avoir une conférence; nous pouvons prendre les devants. Le
problème, c'est que, dans plusieurs de ces dossiers, on n'a pas
bougé depuis sept ans. Le ministre de la Justice, surtout, n'a pas
bougé depuis sept ans et, maintenant, nous sommes vraiment en retard et
des choses intéressantes se font ailleurs et non au Québec.
Autrefois, surtout en matière de justice, c'était le
Québec qui prenait les devants. C'est tellement simple à
régler, ce problème. Ce n'est pas une question d'argent, c'est
plutôt une question de volonté politique; il s'agit
d'élaborer une politique cohérente. Il manque de leadership dans
ce dossier et dans d'autres dossiers. J'espère que la ministre
déléguée à la Condition féminine essaiera
d'influencer le plus possible
le ministre de la Justice qui est son voisin à l'Assemblée
nationale.
Mme Marois: Vous auriez dû venir avec moi à la
conférence fédérale-provinciale pour constater qu'on parle
très largement d'expériences dans d'autres provinces, mais ce
sont des expériences très très limitées et,
souvent, faites dans des villes ou des milieux très très
précis. Je pourrai y revenir, de toute façon.
M. Marx: Dans la province du Manitoba, c'est à
l'échelle provinciale et je pourrais vous donner beaucoup d'autres
exemples aux États-Unis. Si certaines provinces n'ont pas pris les
devants, cela n'est pas une excuse pour nous de ne rien faire. C'est à
nous d'être en avance sur toutes les provinces.
Mme Marois: Sur cela, je suis d'accord avec vous et je pourrai
vous démontrer qu'il y a effectivement des choses que nous faisons et ce
n'est pas seulement sur papier ou ce ne sont pas que des paroles verbales,
comme disent certains de mes collègues; j'ai déjà entendu
cette expression. C'est bien beau d'avoir des plans - je pense au Manitoba,
c'est très intéressant, je les ai écoutés et j'ai
ouvert bien grandes mes oreilles; nous avons aussi
récupéré leur documentation - mais il en reste que c'est
sur papier.
Mme Lavoie-Roux: C'est intéressant de travailler avec les
autres.
M. Marx: J'ai déjà incorporé leurs propos
dans mon rapport sur les femmes battues, il y a quelques jours.
Mme Lavoie-Roux: Cela va vous inciter à retourner
travailler avec elles.
Mme Marois: Avec certaines d'entre elles, sûrement.
M. de Bellefeuille: À la conférence
internationale.
Mme Marois: J'espère, M. le député de
Deux-Montagnes.
Mme Lavoie-Roux: À la conférence internationale,
c'est extrêmement intéressant, mais, au plan culturel, les
problèmes sont tellement - cela ne nous empêche pas d'être
actives à l'égard de la violence à l'endroit des femmes
sur le plan international -différents qu'on pourrait risquer de se
perdre. Si vous allez au Mali ou en Afrique, je vous assure que c'est quelque
chose.
Mme Marois: Je m'excuse, je n'ai pas compris les dernières
remarques.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a rien à voir avec notre dossier.
Le député de Deux-Montagnes et moi échangeons sur un autre
sujet.
Mme Marois: Sur un autre sujet. Alors, j'imagine que vous pourrez
continuer ce débat en dehors de cette commission si cela ne concerne pas
la commission.
M. Marx: Le député de Deux-Montagnes est l'adjoint
parlementaire du ministre des Affaires intergouvernementales. Donc, il apporte
toujours l'aspect intergouvernemental et international.
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'est peut-être un espoir pour les
Affaires intergouvernementales. Il n'était pas là quand j'ai
sorti mes chiffres.
Le Président (M. Paré): C'est à vous, Mme la
ministre.
Réplique de la ministre
Mme Marois: Merci, M. le Président, il y a quand
même un certain nombre de commentaires qui m'apparaissent très
intéressants et pertinents. Je vais tenter de les reprendre parce qu'il
y a des choses qu'il faut corriger, je pense.
Je reviendrai sur la volonté politique; je pense qu'elle continue
d'être là. Lorsqu'on s'attaque à des structures, quelles
qu'elles soient, que ce soit notre gouvernement ou d'autres gouvernements, qui,
depuis des décennies et même plus, se sont habituées
à l'immobilisme en ce qui a trait au dossier des femmes, pour faire en
sorte qu'elles se modifient, se transforment et évoluent, il est
évident que ce n'est pas en l'espace d'un an ou deux qu'on peut y
arriver. Si j'ai insisté, au début de mon intervention, pour dire
comment le réseau des répondantes s'étoffait et devenait
beaucoup plus important et beaucoup plus présent encore, c'est,
justement, pour me donner les moyens de faire bouger ces structures parce qu'il
est vrai qu'elles sont lourdes. L'article que vous citiez de La vie en rose est
juste aussi. C'est très lourd, cela prend du temps. On n'est pas
convainu, on veut se faire convaincre, on veut avoir des études, on veut
avoir ceci, cela. (12 h 30)
Je reste convaincue, cependant, que plus il y aura de femmes dans ces
réseaux, plus il y aura de personnes responsables conscientes de ce
dossier, plus les changements vont se faire rapidement. C'est ce à quoi,
d'ailleurs, je travaille avec beaucoup d'acharnement. Je pense que la
députée l'a reconnu, et c'est vrai aussi pour l'ensemble des
femmes impliquées dans ces réseaux.
Je vais reprendre une à une les interventions de la
députée de L'Acadie, de même que du député de
D'Arcy McGee, même si celui-ci a dû nous quitter, malheureusement,
pour aller suivre une autre commission. D'abord, vous parliez du rapport que
doit fournir le comité de surveillance à la ministre de la
Fonction publique à la suite du programme sur l'égalité
des chances. Ce rapport est prêt, nous l'avons vu. Il reste que c'est la
ministre de la Fonction publique qui doit le rendre public; elle devrait le
faire très bientôt.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on l'aura avant la fin de juin?
Mme Marois: Je crois que oui, je ne vois pas d'embûche pour
l'instant à ce qu'il soit présenté avant la fin de juin.
D'accord?
Vous faisiez état de statistiques -évidemment, je
comprends que ce sont les dernières nouvelles officielles que vous ayez;
vous ne pouviez pas donc procéder autrement - sur les nominations ou sur
l'entrée des femmes dans la fonction publique à des postes de
cadres supérieurs. Ce sont des statistiques sur 1980-1981 par rapport
à 1981-1982. Bon! Je peux peut-être vous présenter une
synthèse ici - c'est tiré d'informations que je suis allée
chercher à la Fonction publique pour préparer cette commission -
des promotions, du recrutement total de femmes nommées, du total de
postes comblés et du pourcentage de femmes nommées à des
postes de cadres supérieurs. De 1981-1982 à 1982-1983, nous
sommes passées, en termes de nominations, de 9,1% à Il,8%. C'est
ce que j'avais déjà donné dans la présentation
initiale.
Evidemment, il se pose un problème et on ne peut le nier: il n'y
a plus beaucoup de recrutement, et cela restait une façon importante de
permettre à des femmes d'entrer dans la fonction publique. Nous
procédons donc plus par promotion d'un poste à un autre et
à ce niveau il reste que les efforts apportés donnent quand
même des résultats.
Mme Lavoie-Roux: Combien de femmes de plus?
Mme Marois: Les femmes-cadres dans la fonction publique sont
passées de 145 à 190. D'accord? Cela fait une hausse de 4,5%
à 5,65% sur la population totale.
Mme Lavoie-Roux: Dans l'ensemble de la fonction publique? Les
femmes-cadres?
Mme Marois: Oui, les femmes-cadres. Je tiens bien à le
préciser. Ce que je vous donnais tout à l'heure, ce sont les
nominations de femmes à des postes de cadres supérieurs. Donc les
nominations augmentent, évidemment, et la population tend à
augmenter. Évidemment, de 1,15%, c'est tout petit. Compte tenu qu'on
devrait faire des pas, à ce rythme-là, en l'an 2000, les femmes
arriveront à être la moitié des cadres dans la fonction
publique.
Mme Lavoie-Roux: Même plus tard que cela.
Mme Marois: Plus tard que cela, effectivement; cela fait 2020
à peu près, je dois vous le dire, pour être juste et
honnête. Il faut accélérer ce processus. On ne peut pas y
arriver autrement qu'en implantant ce programme d'accès à
l'égalité. C'est évident. Ce pourquoi on l'a, d'ailleurs,
fait inscrire à la charte des droits comme modification, c'est,
évidemment, pour le mettre en oeuvre et non pas pour se reposer sur nos
lauriers.
Entre le 1er avril 1982 et ce jusqu'au 31 mars 1983, comme nominations
de personnes de sexe féminin à des postes comblés par le
Conseil des ministres, nous avons maintenant neuf sous-ministres, en titre et
adjointes, une représentante du Québec à l'étranger
- quand même pas dans une délégation de moindre importance;
c'est celle de Boston, qui est une délégation importante - une
dirigeante d'organisme, mais c'est moi qui l'ai nommée; alors, je vais
m'en vanter un peu, c'est Mme Guy. Nous avons aussi nommé à des
conseils d'administration, comme membres à temps complet, 22 femmes.
Mme Lavoie-Roux: Elle a remplacé une femme.
Mme Marois: Elle a remplacé une femme, cependant.
Mme Lavoie-Roux: Et l'autre a eu un emploi temporaire.
Mme Marois: Mais elle est restée, quand même,
conseiller-cadre de niveau supérieur si l'on pense à
l'ex-présidente de l'office. Et nous avons nommé comme membres
à temps partiel à des conseils d'administration d'offices ou
d'organismes 80 femmes.
Je n'ai malheureusement pas... C'est très dommage parce que
j'essaie, chaque fois de le faire, mais c'est un travail de moine... Je ne le
sais pas. Comment on dirait cela au cabinet une moine?
M. de Bellefeuille: Une moniale.
Mme Marois: Merci, M. le député des Deux-Montagnes.
Vous avez bien raison... de faire le relevé de ces cas. Ce que je fais,
cependant, c'est qu'à chaque Conseil des ministres où il y a des
nominations je surveille si on nomme des femmes d'abord.
Évidemment, chacun de mes collègues est très
heureux de me souligner qu'on nomme des femmes; je les en félicite et
les remercie. Je vérifie, cependant, par la même occasion, s'ils
n'en profitent pas pour remplacer les femmes par des hommes. Depuis les sept ou
huit derniers mois, je dois vous dire que, si une femme quittait, on la
remplaçait par une femme et à chaque Conseil des ministres le
bilan était positif. Il a été négatif à
quelques reprises. Alors, je suis d'une vigilance et d'une exigence à
cet égard-là de tous les instants. D'ailleurs, il est, quand
même, intéressant de souligner, si on prend la nouvelle Commission
d'accès à l'information, que deux femmes sont membres sur trois.
Il y a vraiment un effort de la part de mes collègues à cet
égard. J'espère arriver éventuellement à un bilan
qui rendrait compte des modifications qu'il y a parfois dans les structures. Je
pense que l'on fait des pas, et des pas importants.
On a parlé du temps partiel. J'aimerais y revenir un peu. Le
temps partiel, je pense que tout le monde l'a dit, augmente effectivement pour
les femmes en particulier et non pas parce qu'elles le font par choix mais
parce qu'elles n'ont pas eu le choix: elles veulent être sur le
marché du travail: elles veulent avoir un peu de revenus pour diminuer
leur pauvreté et, comme il n'y a pas de postes à temps plein,
elles choisissent des postes à temps partiel. Je pense que l'on ne s'en
cachera pas personne. Le Conseil du statut de la femme a fait une recherche
très éloquente à cet égard qui a prouvé tout
ça.
Cela étant dit, c'est une priorité du comité
ministériel de la Condition féminine, donc, acceptée par
les collègues membres du comité, de modifier la Loi sur les
normes du travail pour faire en sorte que les personnes qui travaillent
à temps partiel soient mieux couvertes par l'ensemble des avantages
sociaux qu'elles ne le sont maintenant. Et sur ça, il y a une
volonté très claire de ma part et de la part du ministre
responsable de la loi, qui est toujours le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu.
En ce qui a trait à la Fonction publique, actuellement il y a
toujours un travail qui se fait en vue d'élaborer une politique de
gestion du travail effectué à temps partiel dans les
ministères et organismes, ceci en visant l'uniformité dans le
traitement d'un ministère à l'autre, parce qu'il existe, le temps
partiel. Maintenant, il faut faire très attention aux statistiques qu'on
a dans la fonction publique: des personnes occasionnelles sont
considérées à temps partiel alors qu'elles peuvent
être occasionnelles à temps plein pendant six mois, sept mois, si
l'on veut. Si, donc, elles oeuvraient dans la fonction publique toute
l'année, elles seraient considérées comme des personnes
à temps plein. Alors, ce sont des personnes occasionnelles dont on parle
dans les bilans.
Mme Lavoie-Roux: II y a combien de femmes occasionnelles par
rapport aux hommes occasionnels?
Mme Marois: Je n'ai pas la statistique devant moi, on la
trouverait sans doute devant...
Mme Lavoie-Roux: Cela serait peut-être une chose dont vous
devriez vous inquiéter.
Mme Marois: II y a 318 employés dans la fonction publique
qui sont considérés comme travaillant à temps partiel dont
218 femmes. Il y a 46 professionnelles et 168 employées de bureau, pas
de cadres. Évidemment, il n'y a aucun cadre. Alors, il y a un travail
qui se fait actuellement pour passer une réglementation. Parce que moi,
je vais vous le dire, j'ai été un peu une empêcheuse de
tourner en rond dans ce dossier-là. Je le dis très clairement,
mes collègues le sentent parfois et cela les ennuie beaucoup. Une
empêcheuse de tourner en rond parce que je leur ai dit: Je ne veux pas
qu'on implante du temps partiel si on n'est pas capable d'accrocher au temps
partiel les mêmes conditions de travail, les mêmes avantages
sociaux qu'on accroche au temps plein. Je pense, entre autres, dans la fonction
publique à la sécurité d'emploi. Qu'elle s'acquière
au rythme du temps travaillé, je suis d'accord, car cela est
équitable; mais qu'elle s'acquière aussi.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait trois ans que vous nous dites
ça, Mme la ministre, cela fait six ans qu'on nous le dit du
côté du gouvernement.
Mme Marois: Ce dont il faut que vous soyez consciente, c'est
qu'il ne s'est pas développé de temps partiel dans la fonction
publique; on joue toujours dans les mêmes chiffres de 240 personnes.
Mme Lavoie-Roux: Le parapublic, cela vous regarde et vous savez
ce qui s'est passé dans les hôpitaux.
Mme Marois: Dans le parapublic, vous avez raison, ça nous
regarde aussi. Il reste qu'il y a eu un certain nombre de correctifs qui ont
amélioré la situation des personnes à temps partiel dans
la fonction publique en termes de garantie d'emploi sur les postes et sur les
possibilités d'accès aux postes à temps plein.
C'était pour moi un sine qua non. Donc, il y a quand même des
choses qui se sont faites réellement dans le parapublic et, dans la
fonction publique, quand on le fera, on le fera correctement. C'est ce à
quoi travaille la ministre de la Fonction publique.
Quand vous parlez de la santé des femmes, j'ai presque le
goût de vous dire: Je n'ai rien à vous dire, si on veut, si ce
n'est ces études que l'on possède, ces statistiques et ces
données qu'on a et si ce n'est qu'il y a une responsable du bureau de la
condition féminine au ministère des Affaires sociales et des
répondantes dans les réseaux. Vous savez que c'est une
préoccupation de plusieurs intervenantes dans les réseaux de la
santé et des affaires sociales. Je pense à des femmes en
psychiatrie, entre autres, qui ont fait un travail de sensibilisation
énorme, que l'on tente d'appuyer dans ce travail de sensibilisation. Je
pense même aux travailleuses sociales que j'ai eu l'occasion de
rencontrer à quelques reprises et qui, aussi, sont très
engagées dans une réflexion, une sensibilisation et une
intervention aussi qui changent, des modes d'intervention qui se modifient. Il
y a l'ordre des faits, il y a l'ordre des mentalités. Et s'attaquer
à une mentalité, ce n'est pas un travail de quelques mois ou de
quelques années. Nous établissons le plus de collaboration
possible avec le ministère des Affaires sociales à cet
égard; et le ministre des Affaires sociales s'y est prêté,
d'ailleurs. J'ai dit: II faut absolument que l'on tente de débloquer
pendant l'année une façon d'aborder cette question-là qui
soit un tant soit peu efficace.
Les statistiques que vous m'avez citées - c'est évident,
je les vois tous les jours -m'horripilent autant que vous et me font mal
autant, à savoir que l'on fait plus d'interventions chirurgicales
importantes chez les femmes, que les soins psychiatriques sont plus importants
vis-à-vis des femmes, qu'il y a surconsommation de médicaments.
Le conseil a fait une réflexion très intéressante à
cet égard; le ministère des Affaires sociales a tenté de
faire une promotion, de la publicité sur ces questions.
Je pense que c'est une approche plus globale qu'il faut avoir et
j'espère qu'au cours de l'année on arrivera à
dégager des lignes d'action plus précises et plus
concrètes.
Mme Lavoie-Roux: Je vous poserai la question l'an prochain.
Mme Marais: J'espère que l'an prochain je pourrai
être plus positive que ce matin.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous donner une petit avertissement.
J'ai posé le même problème, si vous me permettez de vous
interrompre, au ministre des Affaires sociales et je dois vous dire que sa
conviction n'est pas très grande parce qu'il m'a expliqué tout
ça avec le même raisonnement que les gens font depuis toujours:
que les femmes, évidemment, comme elles ont des enfants et accouchent
plus souvent que les hommes...
Mme Marois: Cela, évidemment.
Mme Lavoie-Roux: ...sont exposées, à un certain
âge de leur vie, ce qui est exact aussi. On est encore à se
réfugier derrière ça quand on arrive à des
statistiques aussi importantes ou à des différences, à des
écarts aussi considérables que ceux que l'on a vus. Or cela ne
peut pas être expliqué uniquement ainsi. C'est dans ce
sens-là que je vous dis que vous avez encore du travail de persuasion
à faire auprès du ministre des Affaires sociales.
Mme Marois: Je pense qu'il faudrait aussi le faire auprès
du ministère de l'Éducation, car c'est une question de
socialisation.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je vous ai dit: II faut investir
énormément dans les écoles à ce niveau-là
parce qu'on ne changera pas. On va se reposer les mêmes questions dans
vingt ans. Je n'y serai plus, par exemple, mais on va se reposer les
mêmes questions.
M. de Bellefeuille: Ce n'est pas sûr.
Mme Lavoie-Roux: Dans vingt ans, ohl
Mme Marois: Ce n'est pas sûr qu'on n'y sera plus ou qu'on
ne se posera pas les mêmes questions?
M. de Bellefeuille: Ce n'est pas sûr qu'on n'y sera
plus.
Mme Marois: J'espère qu'on ne se posera plus les
mêmes questions, que cela soit nous ou d'autres personnes qui y seront.
Je dis, cependant, à la défense de mon collègue, le
ministre des Affaires sociales, qu'il a fait un certain bout de chemin dans sa
réflexion à cet égard-là par des discussions qu'on
a eues, entre autres au comité ministériel.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce le cas aussi du ministre de
l'Éducation et de l'ex-ministre de l'Éducation?
Mme Marois: Le ministre de l'Éducation actuel est
très sensibilisé à cette question.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que j'ai pris soin de faire la
différence.
Mme Marois: L'autre, je dois vous dire que je n'ai jamais
vérifié avec lui; alors, je dois donc le faire
honnêtement.
Les maisons de naissance, cela a été accepté comme
une priorité du comité ministériel. Vous avez vu que se
développe un peu partout sur le territoire - on avait, d'ailleurs, un
article cette semaine - ce
premier concept, d'abord, de chambres de naissance, qui est,
évidemment, très réducteur par rapport à toute
cette notion de maisons de naissance. Bon! Alors, on s'entend. Ma perspective
est, cependant, de faire en sorte qu'au minimum on s'assure que région
par région il y ait ces chambres de naissance. C'est déjà
un premier pas de fait. S'il y a chambres de naissance, c'est qu'il y a eu dans
les centres hospitaliers concernés une évolution du corps
médical qui y oeuvre. Là aussi, on sait que les barrières
ne sont pas facilement franchissables et voir que, dans différents
centres hospitaliers à travers différentes régions du
Québec, ces chambres commencent à poindre, à être
possibles, c'est un pas dans la bonne direction. (12 h 45)
Dans le cas de l'implantation de maisons de naissance, cela a
été retenu comme idée de projet pilote par le
comité ministériel. Où le fera-t-on? Comment le fera-t-on?
Un des défis que j'aimerais pouvoir relever avec les groupes de femmes
répondrait peut-être à ce que vous soulevez. Cela ne sera
pas possible de le faire dans les centres superspécialisés.
J'aimerais qu'on arrive à le faire à la satisfaction et en
réponse aux demandes des femmes qui ont raison, à mon point de
vue, dans leurs demandes, qu'on le fassse avec la collaboration de ces centres.
Si on pénétrait les mentalités et qu'on arrivait à
changer les règles du jeu dans ces centres, l'impact serait
énorme. Il faut en convenir ensemble.
Dans ce dossier, on continue à travailler avec les groupes en
région, un peu partout, et à travailler avec les responsables du
dossier au ministère des Affaires sociales. Je pense que le bilan
devient positif; on ne perd pas d'une année à l'autre, il y a des
gains. Je suis d'accord que l'événement Sainte-Jeanne-d'Arc n'est
pas le plus heureux. J'avais discuté avec le ministre des Affaires
sociales dans une perspective d'une meilleure rationalisation des services et
des soins sur le territoire de Montréal. Dans cette perspective,
malgré des discussions parfois qui ont été assez
difficiles, je pense que cela relevait de sa responsabilité. J'ai
respecté le choix qu'il a fait, cependant, en m'assurant qu'il allait
m'appuyer dans toutes les demandes qu'on allait faire: chambres de naissance et
maisons de naissance.
Mme Lavoie-Roux: Quand on parle des naissances, il ne faut pas
exagérer la portée des chambres de naissance.
Mme Marois: Je suis d'accord avec vous.
Mme Lavoie-Roux: II ne faut pas s'imaginer que c'est la
même réponse.
Mme Marois: Non, je suis d'accord avec vous. J'ai vécu,
d'ailleurs, l'expérience de trois choses différentes. J'ai
vécu l'expérience d'un accouchement dans un hôpital,
très, très traditionnelle comme approche; j'ai vécu
l'expérience d'un accouchement dans une chambre de naissance et dans ma
chambre, à moi, la dernière fois, parce que je n'ai pas eu le
temps. Ce n'est pas un exemple à donner; je ne voudrais pas que ce soit
cité comme cela. L'approche traditionnelle que l'on vit dans les
hôpitaux où tout l'appareillage est là où on
accouche dans une salle de chirurgie, presque, versus la chambre de naissance,
je vais vous dire que cela est fort différent comme contexte et comme
approche. Le personnel des centres hospitaliers, parce qu'il accepte cette
notion de chambre de naissance, a déjà changé sa
mentalité. Ils sont moins rapides sur l'intervention chirurgicale, si
l'on veut, et tout le reste.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas interrompre Mme la ministre,
mais cela fait 25 minutes que vous me répondez et c'est fort
intéressant.
Mme Marois: Mais comme vous aviez des questions très
intéressantes, j'ai tenté d'y répondre...
Mme Lavoie-Roux: Vous allez être obligée de les
faire un petit peu plus brèves, car j'en ai d'autres.
Mme Marois: D'accord. Je dois vraiment quitter. On ne doit pas
dépasser 13 heures, parce qu'on l'avait prévu. J'ai un sommet de
la région de Québec où je me bats pour que les femmes
participent justement; alors, je ne voudrais pas manquer mon coup.
Maintenant, j'aimerais m'arrêter à l'évolution de la
situation des maisons d'hébergement pour les femmes en
difficulté. J'ai un tas de paperasse et de statistiques. Je ne sais pas
comment vous arrivez à faire une hausse de seulement 5% des budgets qui
leur sont accordés. Le budget des organismes
bénévoles...
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai dit 6,5% d'abord, la première
des choses. C'est bien ce que j'ai dit?
Mme Marois: C'est vrai. C'est 6,5% que vous m'avez dit, je suis
d'accord avec vous.
Mme Lavoie-Roux: Je vais retrouver ma feuille des crédits,
si je peux la retrouver dans toute ma paperasse.
Mme Marois: Car, voyez-vous, moi ici, j'ai de 1981-1982, 1 370
500 $ à 1982-1983, 2 799 830 $, ce qui fait une augmentation de plus de
100% et, en 1983-1984, une
augmentation à 3 500 000 $, ce qui fait une augmentation de 25%.
Là, j'ai un peu de difficulté à vous suivre.
Mme Lavoîe-Roux: Je regrette, mais c'est absolument ce qui
a été approuvé dans le livre des crédits.
Écoutez, je pense que vous pouvez prendre ma parole là-dessus.
Comme je ne voulais pas...
Mme Marois: Je vous crois.
Mme Lavoie-Roux: ...apporter tout le livre des crédits,
j'ai enlevé la feuille, car j'ai dit: Si je mets cela juste sur une
petite note, on va dire: C'est une petite note qu'elle a pêchée
où? Là, je ne retrouve pas la feuille; je ne suis guère
plus avancée.
Mme Marois: C'est vraiment des informations que je suis
allée quérir moi-même.
Mme Lavoie-Roux: C'est que l'ensemble des organismes
bénévoles reçoit une augmentation plus considérable
que 6,5% mais cela va surtout - je pense que c'est une augmentation
considérable - du côté des maisons de jeunes, 7% et quelque
pour les autres organismes bénévoles et 6,5% pour les maisons
d'hébergement.
Mme Marois: C'est peut-être sur la notion que chacune des
maisons verrait son budget augmenter de 6,5%, mais le budget total faisant en
sorte que de nouvelles maisons s'ajoutent, lui, écoutez...
Mme Lavoie-Roux: Vous l'apporterez en Chambre, la semaine
prochaine.
Mme Marois: Je vais juste vous donner quelque chose qui va vous
guider. Dans le livre des crédits de 1982-1983, on ne tient
peut-être pas compte du budget supplémentaire. N'oubliez pas qu'en
cours d'année un budget a été ajouté ou on n'a pas
doublé, mais presque, le budget alloué aux maisons pour femmes en
difficulté.
Mme Lavoie-Roux: Mais là, on parle de l'augmentation de
1982-1983 par rapport à 1983-1984, c'est 6,5%. Ce qui a
été dépensé en 1982-1983, il est
dépensé. Je pense que je l'ai. Non, je ne l'ai pas.
Mme Marois: Vous réviserez vos données; moi, je
vous donne les miennes. Nous avons 2 700 900 $ à 3 500 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai. J'ai 2 838 000 $ à 3 000 024 $
avec une augmentation de 6,5% qui m'a été confirmée. Tout
cela, c'est dans le livre des crédits détaillés de la
Direction générale budget et contrôles financiers du
ministère des Affaires sociales.
Mme Marois: Alors, il est possible que ce soit les budgets
réalloués par le comité des priorités parce que le
comité des priorités s'est repenché sur un certain nombre
de budgets. Moi, j'ai ici 3 500 000 $, ce qui ferait, à ce
moment-là, une augmentation par rapport à 1982-1983 pour les
chiffres que j'ai. On va tenter de concilier nos chiffres si ça vous
embête.
Mme Lavoie-Roux: C'est ceux qu'on a adoptés, en tout
cas.
Mme Marois: D'accord. D'autre part, sur le nombre de
places...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas tellement sur l'augmentation que
j'en ai, c'est sur l'obligation que l'on vient de faire. C'est bien plus sur ce
point-là.
Mme Marois: D'accord, on va prendre ça. Le
député de D'Arcy McGee parlait de 300 places en
hébergement; nous avons ici une capacité d'hébergement de
659 places.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, ce n'est pas ça. Les
femmes battues et les femmes en difficulté, ce n'est pas la même
chose.
Mme Marois: Je suis d'accord et là, je pourrais vous la
donner parce qu'on a fait cette ventilation.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela qu'on veut. Dans le cas de l'autre,
le ministre nous l'a dit en Chambre.
Mme Marois: Tu ne l'as pas, Diane, dans les documents qu'on avait
hier.
Bon, maintenant, qu'est-ce qui arrive en ce qui a trait à la
nouvelle politique administrative à l'endroit des maisons pour femmes en
difficulté? Premièrement, les budgets de base, tels
qu'adoptés aux crédits, restent ceux que l'on a adoptés.
On s'entendra sur les chiffres éventuellement, mais ça reste
ça. Cela ne change pas: les maisons peuvent continuer de compter sur ces
budgets-là.
Par décision administrative, d'une part, toutes les femmes qui
seront hébergées dans ces maisons pourront avoir accès,
qu'elles soient hébergées pour trois jours, quatre jours ou
quinze jours, à un mois d'aide sociale sur la base d'une personne inapte
au travail, qu'elles aient moins de 30 ans ou plus de 30 ans. Cela, je pense
qu'il faut s'entendre maintenant, ça n'existait pas avant. J'ai eu
beaucoup de représentations des maisons qui m'ont dit: Écoutez,
les femmes arrivent ici, mais complètement démunies. Leur mari
peut gagner 50 000 $ par année, sauf qu'il les bat de toute
façon
et ne s'en occupe pas. Elles arrivent sans aucune ressource. Ces femmes,
donc, auront un mois d'aide sociale. On s'entend? Ceci donne à peu
près un per diem de 13 $ et quelque chose. Cela va? Les maisons
d'hébergement pourront demander - pourront, je dis bien - jusqu'à
un maximum de 10 $ de contribution des personnes - cela va? - à leur
hébergement.
Mme Lavoie-Roux: Pas plus que cela?
Mme Marois: Les maisons pourront aussi demander 5 $. Les maisons
pourront aussi demander 4 $ et la différence entre 10 $ et 13 $ et
quelque, 13,90 $, sera comblée, de toute façon, par le
ministère. Les femmes pourront donc conserver les 90 $, mais les
maisons, elles, ne les perdront pas. Cela va?
Avant, c'était très disparate dans tout le Québec;
vous avez raison, certaines régions n'étaient pas du tout
touchées. Elles n'avaient aucunement accès ni aux 10 $, ni aux 3
$, ni aux 2 $, ni au 1 $. Elles n'avaient rien. Dans les maisons où
elles avaient ce type de per diem, elles étaient en plus traitées
de façon disparate, c'est-à-dire que certaines maisons pouvaient
avoir un per diem de 3 $, d'autres pouvaient avoir 13,90 $.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai posé une question très
précise, pouvez-vous me répondre? Je m'excuse, mais on va prendre
encore une demi-heure pour répondre à cela. Ce que je vous ai
dit, c'est que dans quatorze maisons - non, je n'ai pas parlé de
quatorze maisons - dans X maisons, on recevait du CSS un per diem moyen de 12
$. On m'a estimé à 12 $ le per diem moyen. Et maintenant ce per
diem ne pourra plus être que de 3 $ ou 3,02 $, si vous voulez.
Mme Marois; Assuré et garanti.
Mme Lavoie-Roux: Assuré, 3 $. Mais à ce moment, la
différence entre les 3 $ et les 12 $, elles devront aller la chercher
chez les femmes. Quand on dit: Elles pourront ou elles ne pourront pas, mais,
si elles ne reçoivent plus 12 $ d'une main, il faudra bien qu'elles
aillent le chercher ailleurs. À ce moment, vos femmes ne se retrouveront
qu'avec 90 $. C'est cela.
Mme Marois: Mais les femmes auparavant n'avaient rien,
madame.
Mme Lavoie-Roux: II y avait trois régions où les
femmes n'avaient rien.
Mme Marois: Non. Je ne parle pas des centres; je parle des femmes
qui utilisaient les centres. Elles n'avaient même pas les 90 $, sauf
celles qui recevaient déjà de l'aide sociale.
Mme Lavoie-Roux: Elles l'avaient, celles-là, mais vous le
leur enlevez.
Mme Marois: Non, on ne le leur enlève pas.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, puisque la maison sera obligée
de prendre ce montant pour combler la différence.
Mme Marois: Celles-là conservent leurs 90 $. D'accord.
Celles qui ne les recevaient pas les ont et, toutes proportions gardées,
elles sont plus nombreuses celles qui ne recevaient pas l'aide sociale que
celles qui l'avaient. Donc, l'aide directe aux femmes est plus importante. Vous
parliez de peut-être quatorze maisons. Si je prends les chiffres de
1982-1983, nous parlons de trente-huit maisons, ce qui veut dire que ce
n'était pas la majorité qui était couverte par ce per
diem, ce qui créait des inéquités d'une maison à
l'autre parce que la moyenne était ce que vous mentionnez de 12 $.
Mme Lavoie-Roux: Et je suis d'accord avec vous. Prenons, par
exemple, 200 femmes comme chiffre hypothétique. Admettons qu'il y en
avait 100 qui recevaient quelque chose et que les 100 autres ne recevaient
rien.
Mme Marois: Partons d'une hypothèse comme celle-là,
ce sera plus simple.
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête à admettre votre
moitié, si vous le voulez. Mais, pour en donner aux unes - et là,
je ne suis pas certaine qu'on tombe dans la proportion de 50-50 - vous allez en
retirer à d'autres. C'est ce que vous faites.
Mme Marois: II est vrai que nous en retirons à certaines,
mais toutes seront traitées sur le même pied et la plupart y
seront gagnantes. Elles ne peuvent pas ne pas l'être puisqu'elles
n'avaient rien. Elles n'avaient aucun accès à l'aide sociale, et
dans une proportion importante.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je suis bien d'accord qu'on veuille donner
des ressources à des personnes qui n'ont absolument rien pour se
réintégrer dans la société, parfaitement d'accord.
Cependant, pour y arriver, qu'on n'aille pas en enlever à celles qui
reçoivent le minimum pour se réintégrer à la vie
sociale.
Mme Marois: Mais ce minimum, comme je vous le dis - il est
évident que c'est un minimum - il reste qu'il peut être entre 0 $
et 10 $. Certaines maisons qui ne l'avaient jamais fait, par exemple, et qui
n'avaient jamais eu accès à ce per diem, probablement qu'avec 3 $
ou 4 $ elles seront très
contentes. Ce montant les aidera à décomprimer un peu leur
budget, si on veut. À mon point de vue, les femmes dans l'ensemble y
gagnent avec cette nouvelle approche.
Mme Lavoie-Roux: C'est le point de vue que vous défendez,
mais il reste que c'est surtout à Montréal, parce que les
difficultés et les coûts d'intégration sont plus importants
que dans les régions rurales, que les femmes seront le plus
pénalisées parce que c'était à Montréal
qu'il y avait cette allocation de 12 $ en particulier. L'Estrie l'avait,
Québec l'avait et ailleurs aussi.
Mme Marois: Je voudrais seulement ajouter une dernière
chose. Il est évident qu'il faudrait augmenter les ressources qu'on
verse là, mais je trouve que, dans un premier temps, dans une
première étape, c'est à tout le moins rendre le
système plus équitable alors qu'il ne l'était pas,
à mon point de vue. Le système était très injuste
envers certaines maisons et certaines femmes. Plus de femmes ont donc
accès à des ressources minimales qu'elles n'en avaient par le
passé et, à mon point de vue, au total c'est mieux. Cela,
nonobstant ce qu'on pourrait en dire.
Mme Lavoie-Roux: Le coût de fonctionnement est plus
élevé dans une grande ville comme Montréal pour une maison
d'hébergement qu'il ne l'est, par exemple, à la ville de La
Baie.
Mme Marois: Oui, il peut être plus élevé dans
certains cas, mais n'oubliez pas qu'il y a tous les problèmes de
communication, de transport qui existent dans certains milieux ruraux ou
éloignés et la capacité d'intégration, je ne suis
pas certaine qu'elle est nécessairement plus facile en milieu rural.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais pour trouver de nouveaux logements,
etc., c'est plus dispendieux. (13 heures)
Le Président (M. Paré): Je voudrais maintenant
rappeler aux membres de la commission qu'il ne reste qu'une minute et le
député de Deux-Montagnes avait demandé la parole.
M. de Bellefeuille: Oui, M. le Président, j'ai
demandé la parole pour intervenir dans les considérations
générales. Je me rends compte que mes trois pages de notes seront
du papier noirci, rien de plus. Je le regrette beaucoup et je déplore le
fait que les leaders parlementaires ou les représentants des deux partis
se soient mis d'accord pour n'accorder à la Condition féminine
que deux heures. Je voulais parler, dans les considérations
générales, de la question de savoir si, oui ou non, la condition
féminine est toujours perçue comme une priorité. Je crois
que le fait qu'on ne lui accorde que deux heures en commission parlementaire
répond à la question d'une façon assez pénible. Je
vais jeter mon papier noirci.
Mme Marois: Ne le jetez surtout pas, M. le député;
vous devriez, à tout le moins, me le remettre et peut-être le
remettre à Mme la députée de L'Acadie.
M. de Bellefeuille: Non, vous avez raison, je ne le jetterai pas,
mais je vais peut-être intervenir en Chambre sur cette question.
Mme Marois: Ce sera une autre manière de faire valoir
votre point de vue.
Le Président (M. Paré): Je voudrais rappeler aux
membres de la commission qu'il est maintenant une heure.
Discussion générale
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
prendre cinq minutes? Il y a un problème aigu qui est celui des
garderies et je pense qu'on ne peut pas le laisser passer sans au moins poser
des questions à la ministre. Je serai très brève.
Mme Marois: Je suis d'accord pour qu'on prenne cinq minutes, mais
on ne peut vraiment pas les dépasser.
Le Président (M. Paré): II y a consentement, sauf
que la députée de Maisonneuve avait demandé aussi la
parole. On a cinq minutes pour l'intervention de la députée de
Maisonneuve et la question de la députée de L'Acadie et la
réponse. La parole est à Mme la député de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président cela va peut-être me
permettre de vous énumérer les sujets sur lesquels j'aurais
aimé qu'on parle. Je me rends fort bien compte qu'une fois
l'énumération faite cela va se terminer là, mais cela
portait sur l'accréditation multipatronale et je pense que la
présidente du Conseil du statut de la femme, Mme Bonenfant, aurait
certainement souhaité qu'on puisse en parler. Cela portait
également sur le projet de livre blanc sur la fiscalité que le
ministre des Finances nous annonce pour l'automne prochain et je pense que
c'est d'une importance extrême puisque cela n'arrive pas à toutes
les décennies. Un livre blanc sur la fiscalité, c'est
certainement une occasion pour les Québécoises de faire valoir
leur point de vue. Finalement, j'aurais beaucoup aimé que l'on parle de
la SODICC et des investissements qu'elle serait prête à
faire dans TVEC bien connu pour sa -comment dirais-je - programmation
prioritaire dans la pornographie.
Mme Marois: J'ai un engagement formel du ministre des Affaires
culturelles qu'aucun investissement de la SODICC ne se fera dans TVEC à
moins qu'ils ne modifient leur programmation et ceci est inscrit maintenant aux
débats de notre commission.
Mme Harel: De quelle commission s'agît-il?
Mme Marois: De notre commission ici puisqu'à partir du
moment où je l'énonce officiellement, c'est consigné et
public. Le ministre des Affaires culturelles s'est engagé à mon
endroit à ce que la SODICC ne verse aucune subvention, n'apporte aucune
aide à TVEC à moins qu'ils ne modifient leur programmation.
Mme Harel: Oui, il faudrait voir peut-être, si on aborde
cette question, si ces garanties concernent une modification de la
programmation dans le sens des films autorisés par l'actuel Bureau de
surveillance du cinéma. Si tel est le cas, à ce que je sache,
l'actuel Bureau de surveillance du cinéma autorise des films qui
pourraient permettre à TVEC d'avoir exclusivement une programmation de
films pornographiques. Ce n'est pas une garantie en ce qui me concerne. Qu'il y
ait des films pornographiques et la distribution... Personnellement, je mise
plus sur l'éducation qu'on peut faire dans les écoles et sur
l'accès à une information sexuelle qui n'existe pas encore que
sur une réglementation stricte, mais je pense qu'aucuns fonds publics ne
devraient être investis dans une entreprise qui a une programmation
pornographique.
Mme Marois: Je suis d'accord avec vous, Mme la
députée. Vingt secondes, Mme la député de
L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: II y a la réglementation qui est sur le
point d'être adoptée. Il y a eu des représentations
importantes qui ont été faites par différents groupes. Il
y en a trois en particulier. Un groupe dit que c'est un minimum; je pense
particulièrement au regroupement de la région C. Un autre groupe,
qui est le regroupement des garderies en général - je m'excuse si
je n'y mets pas toutes les nuances - dit: Écoutez, on n'a pas les moyens
de faire cela. Et il y a le groupe des garderies non subventionnées
à but lucratif qui dit: Vous mettez notre vie en péril. Nous
savons et nous l'avons vu - vous avez donné des statistiques - qu'il y a
X places en garderies à but non lucratif. Leurs représentations
sont que ce serait extrêmement difficile pour elles de survivre de cette
façon-là. Mes questions précises sont celles-ci et
vraiment je coupe.
Première question: est-ce que le gouvernement croit que les
garderies à but lucratif doivent rester? Deuxième question, si on
veut qu'elles appliquent des normes, que je ne conteste pas - peut-être
que, dans certains détails, il faudrait que je les révise, mais,
d'une façon générale, je ne conteste pas - est-ce que l'on
va adopter un programme semblable à celui de l'Ontario où on les
subventionnera comme en Ontario, puisque l'on s'appuie sur les normes de
l'Ontario pour vendre celles du Québec -vendre, c'est une mauvaise
expression - pour mettre en vigueur celles du Québec? Est-ce que le
gouvernement pense, au moins, accorder un per diem ou à les
subventionner, parce que, si on ne le fait pas, elles disparaîtront?
À quel moment ces normes vont-elles être appliquées? Ma
quatrième question touche - peut-être que Mme Guy en a
été pressentie - la publicité qui se fait
présentement avec des noms de garderies, alors qu'on oblige toutes les
garderies à être soumises aux normes de l'office des garderies.
Que l'on fasse une publicité comme: La garderie, c'est votre amie etc.,
on pourrait éviter de mettre les noms des garderies elles-mêmes,
en laissant de côté toutes les garderies qui peuvent exister et
qui ne sont pas condamnées par l'office des garderies, parce que cela se
fait aux frais des contribuables. Alors, c'était cela très
brièvement, car on n'a pas le temps.
Mme Marois: Très brièvement, d'abord, je pense que
vous avez eu, comme tous les députés d'ailleurs, une analyse
très serrée des représentations qui ont été
faites, entre autres par les garderies à but lucratif, qui permet de
reprendre certaines de leurs affirmations. D'accord. Je pense que cela vient
corriger certaines des affirmations qu'elles avaient faites. J'ai, d'ailleurs,
à mon bureau un autre document qui venait de leur part pour permettre de
corriger certaines choses.
Aussi, je pense qu'il y a des choses qu'elles avaient dites et qui
n'étaient pas justes. Écoutez, est-ce qu'on veut ou non des
garderies à but lucratif? D'abord, je vais vous répondre par la
loi elle-même: la loi permet l'émission de permis à des
garderies à but lucratif. Alors, cette décision reste, pour
l'instant, la même, ce qui n'empêche pas qu'elle puisse être
remise en question. Pour l'instant, la loi est là et elle le permet.
D'accord, il n'y a pas de décision visant à ne pas le
permettre.
Deuxième question, est-ce qu'on les subventionnera? Ce n'est pas
mon intention, actuellement, de prévoir une subvention à court
terme. Cela va? Je puis vous dire que
certaines demandes de permis ont été
présentées à l'office par des garderies à but
lucratif et là, Mme Guy pourrait peut-être ajouter à cela.
On demande maintenant à toutes les garderies de se conformer aux normes
que l'on prévoit implanter, autrement, pourquoi mettrait-on sur pied de
nouvelles garderies sans tenir compte des normes qu'on est sur le point
d'accepter? Dans une demande, entre autres, d'une garderie à but
lucratif, on nous dit: On est capable, tout à fait, de respecter vos
normes. C'est évident qu'elles ne font pas de sous avec ça, on
s'entend.
Mme Lavoie-Roux: Cela dépend dans quel milieu elles sont,
aussi; vous savez, quand vous en mettez...
Mme Marois: On s'entend qu'elles ne font pas de sous avec cela,
mais elles sont capables...
Mme Lavoie-Roux: Dans Notre-Dame-de-Grâce et dans Outremont
aussi, elles demandent aux parents en conséquence.
Mme Marois: Elles sont incapables de vivre sans, dans ces
cas-là, demander aux parents des coûts épouvantables. Mon
enfant est dans une garderie sans but lucratif et je paie 14 $ par jour,
actuellement.
À quel moment, compte-t-on les appliquer? Je dois vous dire que
l'échéancier que j'ai prévu est que, d'ici à la fin
de juin, ces règlements seront adoptés par le Conseil des
ministres. Ils pourront donc entrer en vigueur, je pense, trente jours
après la publication. Pour un règlement, entre autres, il y a un
an avant sa mise en application: c'est l'aménagment des locaux. Cela
va?
Publicité pour les garderies. Nous avons eu une discussion
intéressante, Mme Guy et moi. Nous n'avons pas pu arrêter la
publicité déjà engagée. Cependant, il est
prévu une deuxième phase qui devrait se faire à la fin de
l'été, avant que les enfants entrent à la garderie,
où j'ai demandé à l'office qu'on enlève les noms,
tout simplement, des garderies qui étaient identifiées dans les
régions. À partir du moment où on les reconnaît dans
la loi, je pense que les représentations des groupes étaient
justes. Ce n'est pas une campagne de sensibilisation qui se fait à
l'heure actuelle; c'est une opération qu'on a appelée
opération de redressement. On a identifié trois régions
où il y avait des taux de fréquentation plus bas que la moyenne
provinciale dans des garderies à but lucratif en raison de certains
problèmes régionaux etc. Et, à l'intérieur de
l'opération que nous appelons, nous, de redressement, il y a une partie
de la publicité qui se fait pour les garderies qu'on appelle SBL. La loi
dit elle-même qu'on privilégie les SBL, le contrôle des
parents, etc. C'est pour une augmentation du taux de fréquentation des
SBL. À la radio, on ne donne pas les noms des garderies; c'est seulement
dans les écrits des journaux locaux qu'on met l'adresse de toutes les
SBL. Pour ce qui est du bottin, concernant le répertoire de toutes les
garderies, on dit au gens: Pour avoir le nom de toutes les garderies de votre
région, on vous donne le répertoire et les buts lucratifs ont
toujours été dans notre répertoire provincial, au complet,
et elles y sont. Les buts lucratifs ont accès à toute cette
publicité. De la même façon, elles ont les mêmes
"posters" qu'elles peuvent afficher où elles veulent, à leur
centre commercial du coin, etc. C'est uniquement au niveau du journal local
pour les SBL.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vous ferai remarquer
- je ne voudrais pas prendre 40 secondes - qu'on a commencé un quart
d'heure en retard et ce n'est sûrement pas la faute de l'Opposition.
Mme Marois: Ni la faute de la ministre.
Le Président (M. Paré): C'est ma faute, je le
reconnais, sauf que je dois vous dire, Mme la députée de
L'Acadie, qu'on aura certainement repris les quinze minutes. La parole est
à vous.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que la ministre a l'intention, dans le
cas des garderies à but lucratif qui ont fait des
représentations, comme elles existent et qu'elles rendent des services,
qu'il y ait un moratoire quant à l'application des nouvelles normes? Si
elles existent, j'imagine qu'elles sont, quand même, surveillées
au moment où on se parle, qu'il y a une surveillance quelconque qui
s'exerce. Est-ce que la ministre a l'intention d'exercer un moratoire? Ma
deuxième question, car je n'en aurai plus d'autres: qu'est-ce que vous
avez l'intention de faire quant aux subventions pour la garde en milieu
familial? Il y a eu beaucoup de représentations qui ont
été faites parce que vos normes sont différentes.
Mme Marois: Elles sont différentes, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: C'est tout. Ce sont mes deux questions.
Mme Marois: C'est une des hypothèses envisagées que
le moratoire, je puis vous le dire à ce moment-ci. C'est une des choses
que je vais, entre autres, discuter avec mes collègues. C'est une des
hypothèses. En ce qui a trait à la garde en milieu familial, mon
intention est de corriger cette situation dans le cours de l'année -
habituellement, c'est lorsqu'on revient en budget
supplémentaire qu'on peut le faire - parce que leurs
représentations sont tout à fait justes et équitables.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a juste un dernier
conseil que je donnerais à la ministre: c'est que...
Mme Marois: Et de très bonne grâce.
Mme Lavoie-Roux: ...il y a des lois qui ont été
adoptées. Je pense en particulier à la loi sur la perception des
pensions alimentaires. Je pense à la réforme du Code civil en ce
qui a trait à la résidence. Je pense aux normes minimales du
travail. Ce sont les trois qui me viennent à l'esprit. Un des efforts de
la ministre déléguée et du gouvernement, ce serait
peut-être que ces lois-là deviennent opérationnelles
vraiment et qu'elles soient appliquées, que ce ne soit pas au hasard de
la bonne volonté des gens ou des circonstances que ces lois-là se
trouvent appliquées. Parce qu'on peut bien en adopter d'autres lois,
mais, si celles qu'on a sont mal appliquées... Elles venaient corriger,
ces lois-là, des choses importantes. Alors, c'est peut-être une
partie de programme pour Mme la ministre, pour la prochaine année.
Mme Marois: D'accord et je pourrai, s'il est possible de le
faire, lui donner des bilans de cela avant l'étude des crédits de
l'année prochaine. Je vais faire une recommandation et je veux qu'elle
soit notée à la commission, c'est que, l'année prochaine,
on puisse nous donner une période plus longue pour l'étude de nos
crédits que l'on ne l'a fait cette année et l'année
dernière, parce qu'on a dû aussi l'année dernière
étirer le temps pour arriver à passer à travers tous nos
dossiers et on n'a même pas réussi à le faire dans un temps
convenable. Merci, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Je pourrais même suggérer un ordre
de grandeur, mais au cas où ce ne serait pas moi, je ne m'engagerai pas
pour un autre; il reste que j'appuie l'esprit de la demande de la ministre.
Mme Marois: Merci, Mme la députée.
Le Président (M. Paré): Est-ce que le programme 6,
éléments 1, 2, 3, est adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Paré): Est-ce que le programme 7,
éléments 1 et 2, est adopté? Donc, je considère
qu'il est adopté. Je demanderais à la députée de
L'Acadie de faire rapport à l'Assemblée nationale dans les plus
brefs délais et, cela étant dit, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 15)
(Reprise de la séance à 20 h 10)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de la présidence du conseil
et de la constitution se réunit pour étudier les programmes nos 4
et 5 des crédits budgétaires du Conseil exécutif pour
l'année 1983-1984.
Les membres de la commission sont M. Baril (Arthabaska), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean) remplacé par M. Marquis (Matapédia), M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Lazure (Bertrand) remplacé par M. Perron
(Duplessis), M. Lévesque (Taillon) remplacé par M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Mme Marois (La Peltrie)
remplacée par Mme Juneau (Johnson), M. Marx (D'Arcy McGee)
remplacé par M. Rocheleau (Hull), M. Paquette (Rosemont) remplacé
par Mme Lachapelle (Dorion), M. Ryan (Argenteuil) remplacé par Mme Bacon
(Chomedey), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) remplacé par M. Caron
(Verdun).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brouillet
(Chauveau), M. Charbonneau (Verchères), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de
Beliefeuille (Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Gratton
(Gatineau), M. Rivest (Jean-Talon), M. Saintonge (Laprairie).
Je vous demanderais de désigner un rapporteur, s'il vous
plaît.
M. Gendron: Je propose, M. le Président, que le
député de Matapédia soit le rapporteur de cette
commission.
M. Rocheleau: Nous n'avons absolument aucune objection.
Le Président (M. Champagne): D'accord, le
député de Matapédia sera le rapporteur.
Nous avons trois heures de discussion pour faire l'étude des
crédits. Vous avez deux programmes. Est-ce que vous avez une
procédure de fonctionnement à suggérer?
M. Gendron: M. le Président, je pense que l'Opposition va
être d'accord. Nous allons fonctionner comme il est coutume dans ce genre
de commission. J'aurai une courte présentation à faire en dehors
de l'aspect spécifique des crédits. Dès que la
présentation sera faite, je m'attends à une réaction de la
part de l'Opposition et ensuite on pourrait peut-être partager le temps
disponible entre les éléments de programme.
Le Président (M. Champagne): Cela irait, M. le
député de Hull?
M. Rocheleau: Disons, M. le Président, que nous allons
sûrement être intéressés par les programmes, mais
nous avons plusieurs
questions qui touchent, entre autres, l'aménagement du territoire
et les responsabilités du ministre en ce qui concerne le projet
Archipel, l'OPDQ...
M. Gendron: Comme il est régulier de le faire, profitez de
la période des crédits pour questionner parce que souvent on
prend cinq minutes pour les crédits et le reste du temps, c'est pour
apprécier les principales interventions à l'intérieur du
ministère.
Crédits de l'Aménagement
Le Président (M. Champagne): D'accord, on s'entend sur un
genre de procédure assez élastique.
M. le ministre, vous avez la parole pour vos remarques
préliminaires.
Exposés préliminaires M. François
Gendron
M. Gendron: D'accord. Comme il est coutume également de
profiter de l'occasion pour présenter les personnes qui m'accompagnent,
je voudrais vous dire, comme j'ai des responsabilités à plusieurs
chapeaux, qu'il y a des gens ici ce soir de l'Office de planification et de
développement du Québec, M. Gagnon, entre autres, qui est
directeur général de l'office, ainsi que les collaborateurs qui
l'accompagnent. Il y a des gens du secrétariat Archipel: M. Rompre qui
dirige le secrétariat Archipel. Il y a également des gens du
secrétariat à l'aménagement et à la
décentralisation: M. André Trudeau qui fait office de
sous-ministre à mon cabinet, c'est-à-dire au secrétariat
de l'aménagement et les personnes qui l'accompagnent, ainsi que des
membres de mon cabinet.
M. le Président, chers collègues, je voudrais simplement,
comme c'est la coutume, faire quelques remarques préliminaires avant
l'analyse des crédits proprement dite. Cet exposé d'ordre
général rappellera brièvement quelques-unes des
activités ayant marqué le précédent exercice et
traitera de certains projets envisagés pour l'exercice en cours.
Le ministère que je dirige se compose en fait de trois
structures, à savoir le Secrétariat à l'aménagement
et à la décentralisation, l'OPDQ et le Secrétariat
Archipel. Tout en ayant chacun son propre champ d'intervention, ces organismes
sont souvent appelés à travailler en
complémentarité, à la suite notamment du mandat qui m'a
été confié le 9 septembre 1982. On se souviendra tous
qu'à cette occasion, le ministre d'État à
l'Aménagement est devenu le ministre délégué
à l'Aménagement et au Développement régional.
Au-delà de la simple transformation des titres, de ministre
d'État à ministre délégué, cette nouvelle
désignation venait pour la première fois, à ma
connaissance, officialiser la volonté de confier à un membre du
cabinet la responsabilité particulière du développement
régional avec toutes les responsabilités que cela comporte.
C'était la première fois au gouvernement du Québec qu'on
désignait une responsabilité ministérielle
spécifique eu égard à la problématique du
développement des régions du Québec.
Jusqu'à un certain point, l'année qui vient de
s'écouler a été consacrée pour une large part
à la préparation de politiques et de documents de
réflexion à l'égard des principaux dossiers dont j'ai la
responsabilité. Et les principaux dossiers sont le développement
des régions, la décentralisation et l'aménagement du
territoire. La prochaine année devrait mettre davantage l'accent sur la
consultation, la concertation et l'implication des différents
intervenants dans ces mêmes secteurs que je viens
d'énumérer.
Si on regarde rapidement secteur par secteur, au niveau de
l'aménagement, les 94 MRC qui ont été mises en place
durant l'année 1982-1983 ont vu plusieurs d'entre elles amorcer leur
schéma d'aménagement. Présentement, plus de 60 MRC ont
adopté une résolution à cet égard et pratiquement
le même nombre ont déjà adopté un règlement
de contrôle intérimaire.
À titre de ministre désigné en vertu de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme - je suis convaincu qu'on va revenir
là-dessus; j'inviterais mon ami, le député de Hull,
à être attentif parce qu'il a eu l'occasion à plusieurs
reprises de me questionner là-dessus - j'ai la responsabilité de
la préparation des documents et des avis sur les orientations et les
projets du gouvernement en matière d'aménagement.
Un groupe de coordination et de synthèse a été mis
sur pied à mon secrétariat à cette fin pour effectivement
voir à la préparation et à l'élaboration des avis
qu'on expédie aux MRC. Le ministre responsable de la loi 125 sur
l'aménagement du territoire est toujours le ministre des Affaires
municipales. J'ai l'appellation, dans la loi, de ministre désigné
avec des responsabilités spécifiques, nommément à
des articles précis: Il, 16 et ainsi de suite.
Au cours des dernières années, les efforts se sont
concentrés sur la préparation d'un document portant sur les
orientations générales du gouvernement pour l'ensemble du
territoire du Québec. On a également transmis à la MRC des
Îles-de-la-Madeleine l'avis de l'article 16 - qui signifie que cette MRC
est plus avancée que d'autres MRC -après que celle-ci eut
adopté, bien sûr, la première démarche
préliminaire en vertu de l'article Il.
Trois autres MRC viennent de recevoir ou recevront sous peu des
documents gouvernementaux sur les orientations et les projets
préliminaires du gouvernement en vertu de l'article Il. Il s'agit de la
MRC de la Matapédia, de la MRC de Francheville et de la MRC de
Charlevoix. D'ici à la fin du mois de juin, on prévoit que sept
ou huit autres recevraient un tel document.
Il y a également la MRC de Laval qui a adopté sa
proposition de schéma révisé vers la fin d'avril 1982.
Nous sommes actuellement à compléter l'avis de l'article 16 qui
devrait lui être transmis d'ici à la fin de juin.
L'adoption des règlements de contrôle intérimaire
par les MRC a conduit le groupe de coordination et de synthèse à
faire l'analyse de ces règlements et à recueillir les avis des
différents ministères. Cet examen visait à faire
connaître aux MRC les commentaires des ministères et organismes
sur ces règlements avant qu'ils n'entrent en vigueur. D'autre part nous
avons révisé, à la suite du sommet de Montréal, les
éléments de l'option préférable
d'aménagement de la région métropolitaine afin d'en
préciser certains aspects. Nous avons collaboré avec les
autorités du port de Montréal pour en faciliter l'expansion et
l'aménagement sur l'île de Montréal.
En matière d'aménagement, la prochaine année
devrait être marquée par la préparation et la transmission
aux MRC des documents d'orientation et projets prévus à l'article
Il de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme pour la plupart des MRC.
Pour que ces documents soient utiles aux MRC dans l'élaboration de leur
schéma, nous avons demandé à chacun des 15
ministères et organismes les plus impliqués par
l'aménagement du territoire de définir eux-mêmes leurs
orientations et projets sur le territoire de chacune des MRC. Cette
démarche nouvelle est assez exigeante pour elles. Néanmoins, la
phase de démarrage et d'organisation au sein des ministères et
organismes de l'État québécois étant pratiquement
complétée, il est vraisemblable de croire que nous pourrons
atteindre d'ici peu un rythme de croisière dans la transmission de ces
documents aux MRC.
Pour l'heure, mises à part la dizaine de MRC qui recevront d'ici
à la fin de juin le document de l'article Il, on envisage de transmettre
un pareil document à une douzaine d'autres MRC avant la fin de
l'été. Quant à celles qui ont déjà
adopté leur résolution d'entreprendre le schéma, elles
devraient recevoir le document du gouvernement au cours des premiers mois de
l'automne.
En plus, il y a la publication prochaine d'un document intitulé:
"Aménager l'avenir" -j'ai eu l'occasion d'en parler à
l'Assemblée nationale hier soir, lors de mon exposé sur les
modifications à la loi 125, à l'article 12 - qui traitera des
orientations générales du gouvernement, des ministères et
des organismes publics en matière d'aménagement. C'est un
document qui veut contribuer à essayer de donner dans un seul et
même dossier l'ensemble des grandes orientations générales
du gouvernement du Québec en matière d'aménagement et bien
sûr de ses organismes, ministères et également quelques
sociétés d'État.
Enfin, nous travaillons présentement à étudier
diverses mesures qui pourraient être adoptées pour sensibiliser le
plus grand nombre possible d'individus aux questions d'aménagement,
parce que c'est une nouvelle notion. Dans ce sens-là, à partir du
moment où un des objectifs de la loi 125 est de mettre de plus en plus
de citoyens dans le coup, il est important, je pense, de ne pas négliger
les occasions d'informer davantage la population du Québec.
Un autre dossier qui est sous ma responsabilité, c'est celui de
la décentralisation. En ce qui concerne la décentralisation, les
efforts ont visé à raffermir les travaux déjà
amorcés, et ce dans deux directions. D'une part, l'analyse de mesures de
décentralisation et de déconcentration administrative
susceptibles d'appuyer le développement des régions. D'autre
part, la préparation de dossiers en vue de la table de concertation que
le gouvernement entend tenir avec le monde municipal.
Quant à certaines fonctions susceptibles d'être
décentralisées - je dis bien "suceptibles d'être
décentralisées" et non "décentralisées" - notre
secrétariat a amorcé, en collaboration avec le ministère
des Transports et le ministère des Affaires municipales, des
expériences pilotes de décentralisation de la voirie tertiaire,
c'est-à-dire la petite voirie, celle qui est habituellement non
numérotée. Déjà deux expériences sont sur le
point de démarrer puisqu'on a terminé les protocoles avec les MRC
concernées. Ce sont celles de la Matapédia et de
Bécancourt. Il est possible qu'il y ait quelques autres MRC qui
s'ajouteront pour avoir peut-être un modèle de quatre ou cinq MRC
qui testeraient cette opération de la voirie
décentralisée.
L'objectif poursuivi par ces expériences est tout simplement de
mieux cerner les difficultés que peut présenter un tel transfert
et de dégager les correctifs à apporter pour le faciliter
éventuellement. Il ne s'agit pas pour le moment de
décentralisation proprement dite, mais plutôt d'une étude
de faisabilité d'une telle décentralisation sous l'animation d'un
groupe de travail conjoint, à savoir gouvernement du
Québec-MRC.
Par ailleurs, la table de concertation sur la décentralisation
prévue pour cet
automne va permettre tant au gouvernement qu'au monde municipal de
confronter leurs points de vue à cet égard et de faire le point
sur les formes et les modalités que pourrait revêtir la
décentralisation dans l'avenir. En vue de préparer cette table
j'aurai le plaisir de présider un comité d'orientation auquel
siégeront, outre mon collègue des Affaires municipales, des
représentants des deux unions concernées, à savoir l'Union
des municipalités du Québec et l'UMRCQ. Ce comité
présentement en voie de formation pourrait se réunir avant la fin
de juin pour commencer les travaux au cours de l'été.
Un autre dossier qui a occupé passablement notre action au cours
de l'exercice en cours, c'est le dossier sur une réflexion sur le
développement des régions. J'ai eu l'occasion de mentionner
tantôt que, pour la première fois, le gouvernement du
Québec avait décidé de nommer un répondant
ministériel pour conduire une réflexion sur le
développement régional et également pour être
l'interlocuteur qui sera plus préoccupé par la dimension des
régions du Québec. On a appelé celui qui vous parle le
ministre d'État délégué à
l'Aménagement et au Développement régional pour
effectivement s'acquitter de cette mission.
Au cours de 1982-1983, le Secrétariat à
l'aménagement et à la décentralisation, en collaboration
avec l'OPDQ, a collaboré étroitement à la
préparation d'un document de réflexion sur le
développement des régions. Ce document de consultation
présente un nouveau cadre d'action en matière de
développement régional, axé sur une plus grande
reconnaissance des dynamismes locaux et régionaux et sur un
réajustement de la relation gouvernement-régions dans le sens
d'une plus grande concertation, mais également dans le sens de cette
nécessité d'avoir peut-être des mécanismes de
concertation un peu plus permanents que strictement ponctuels, reliés
à des besoins exprimés lors des sommets régionaux ou lors
d'une période plus difficile comme celle dont on vient à peine de
sortir. J'aurai l'occasion d'ici à quelques jours de rendre public ce
document de réflexion sur le développement des régions.
Cette opération marquera le lancement de la consultation que j'entends
tenir sur les propositions et hypothèses que contient le document. Tous
les intervenants régionaux seront invités à faire
connaître leur point de vue et je me propose de rencontrer au
début de l'automne prochain, lors d'une tournée de chacune des
régions du Québec, tous ceux qui voudront bien entre-temps
déposer un mémoire sur ce document de réflexion dans la
perspective de bonifier davantage la consultation à l'automne. J'aurai
l'occasion lors de cette consultation de m'exprimer davantage sur les
prétentions ou les points de vue que le gouvernement du Québec
peut avoir par rapport à une articulation différente du
développement régional et en même temps réagir aux
commentaires qui me seront parvenus. Cela me permettra de bonifier doublement
cette consultation. Ce n'est qu'à la suite de cette consultation et
selon l'accueil qui sera réservé aux diverses propositions, aux
divers éléments de réflexion qu'on retrouvera dans ce
document qui sera rendu public prochainement, que des mesures plus
concrètes serviront à relancer le développement des
régions sur de nouvelles bases.
Je voudrais dire quelques mots aussi sur les activités de
l'Office de planification et de développement du Québec qui est
passablement actif dans plusieurs secteurs d'intervention, toujours
relié par contre aux préoccupations qui sont miennes, que ce soit
l'aménagement, le développement régional de même que
sur ses interventions pour soutenir toutes sortes d'initiatives dans tout le
Québec qui nous apparaissent pertinentes, particulièrement
lorsqu'il s'agit de dossiers à caractère plus intersectoriel que
spécifiquement sectoriel. L'OPDQ a toujours été
présent dans toutes les régions du Québec, a toujours
été associé de très près au dynamisme des
régions du Québec et, dans ce sens, il est sûrement un
instrument privilégié pour soutenir les activités qu'un
ministre responsable du développement régional veut implanter ou
suivre sur l'ensemble du territoire.
L'OPDQ dispose également d'un fonds qui s'appelle le Fonds de
développement régional, et souvent l'OPDQ est surtout connu pour
effectivement soutenir différents projets à l'intérieur de
cette enveloppe qui s'appelle le FDR. C'est un fonds qui est consacré
entièrement aux initiatives régionales et qui, en 1982-1983, a
permis d'injecter un montant de 22 800 000 $ dans plus d'une centaine de
projets de développement mis de l'avant dans les différentes
régions du Québec. Cette année, le FDR disposera d'une
enveloppe de plus de 20 000 000 $ pour continuer à encourager et
soutenir des initiatives issues du milieu et qui ne peuvent souvent être
financées dans le cadre des programmes réguliers des divers
ministères, pour toutes sortes de raisons.
Un autre volet qui - je vais être très court - est
géré à l'OPDQ est la question des ententes
Canada-Québec. L'an dernier, 114 600 000 $ étaient
dépensés par les ministères maîtres d'oeuvre dans le
cadre des ententes Canada-Québec. Or, la plupart des ententes
sectorielles négociées avec le gouvernement canadien depuis
l'entente-cadre de 1974 prennent fin cette année. Notre gouvernement a
donc déposé auprès du gouvernement fédéral
une liste de projets de développement prioritaires pour le
Québec. Si Ottawa les accepte, un montant de
125 000 000 $ pourra être injecté dans l'économie du
Québec par le biais des ententes Canada-Québec.
L'OPDQ gère également un programme que tout le monde
connaît et que surtout les députés connaissent parce qu'il
rend de fiers services à des initiatives régionales. C'est le
programme PECEC, le programme expérimental de création d'emplois
communautaires. Je n'ai pas l'intention d'élaborer là-dessus ici
parce que M. Marois, qui est le ministre responsable de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, a sûrement eu l'occasion de traiter
du programme PECEC. Si je voulais simplement le mentionner, c'est que c'est
grâce à la bonne collaboration des officiers de l'OPDQ, autant au
bureau central que dans toutes les régions du Québec, que nous
pouvons faire fonctionner ce programme qui est adapté aux
réalités régionales et qui a cette souplesse
administrative de pouvoir, pour une bonne partie, être géré
directement en région pour des montants jusqu'à 75 000 $. La
plupart des régions sont heureuses de cette initiative. Le programme
PECEC, quand on a eu à en faire une évaluation très
détaillée, est probablement un des programmes les plus
performants que le gouvernement du Québec ait créés.
Il y a également un autre volet à l'OPDQ qui s'appelle le
volet aide à la consultation. En plus de la subvention de base aux CRD,
qui a atteint en 1982-1983 une somme de près de 2 000 000 $, une formule
originale qu'on a appelée le Fonds d'initiative à la
concertation, le FIC, a permis à l'office de verser un montant de 375
000 $ aux CRD. Une somme de 451 619 $ a été recueillie dans le
milieu par les CRD, entièrement responsables de l'administration de ce
fonds; ce fonds étant ce que j'appelle le FIC, le Fonds d'initiative
à la concertation. Ce programme est reconduit tel quel pour
l'année en cours parce qu'on avait rencontré l'Association des
CRD, qui s'appelle l'ACRDQ, et on avait discuté d'un protocole sur deux
ans.
Un autre chapitre important à l'intérieur des
responsabilités de l'OPDQ est ce qu'on appelle les sommets
régionaux. Le gouvernement a toujours privilégié la
concertation, spécialement par la mise sur pied de sommets nationaux et
sectoriels. Aussi, la naissance de ce phénomène dans les milieux
régionaux ne me surprend pas. Je veux souligner ici le travail d'appui
de l'OPDQ aux sommets régionaux de la Mauricie-Bois-Francs-Drummond;
à celui de Québec qui est en préparation et qui aura lieu
à l'automne; à celui du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui est
également en préparation. Il y en a d'autres peut-être
à caractère moins régionaux; il y en aura un dans le
comté de Rivière-du-Loup, il y en a eu un dans le comté de
Rimouski, il y en a un en préparation dans la région de
Lanaudière, je crois. Actuellement, il y a la région de l'Estrie
qui nous a fait une demande pour la soutenir dans la préparation d'un
sommet régional.
Enfin, notons que, pour la Côte-Nord, le travail de l'OPDQ est
aussi particulier parce qu'il y a un dossier spécifique qui s'appelle la
mission de la Basse-Côte-Nord. Également, l'OPDQ a
contribué énormément, en 1982, tout autant dans la
préparation que dans le suivi de la commission parlementaire sur
Schefferville, à laquelle j'avais l'occasion non seulement de
participer, mais d'être le répondant ministériel pour le
gouvernement du Québec. (20 h 30)
Enfin, le dernier dossier sous ma responsabilité, où on a
également un appendice plus ou moins autonome, s'appelle le
Secrétariat Archipel à Montréal. Au cours de
l'année 1982-1983, l'étude de faisabilité du projet
Archipel a franchi des étapes importantes. Elle a donné lieu
à une consultation auprès de 48 municipalités et de 39
groupes spécialisés de la région métropolitaine.
Une table de concertation, réunissant cinq ministres, les
représentants de municipalités et de différents groupes
d'intérêts et de corps intermédiaires, s'est tenue en juin
1982 pour discuter des objectifs à atteindre, des grandes orientations
du projet Archipel et, également, avoir l'occasion de faire le point
avec tous ces intervenants.
Parallèlement, l'ensemble du programme d'études techniques
a suivi son cours, parce que plusieurs études techniques sont
menées par des ministères sectoriels. Une exception toutefois.
Les études concernant le volet hydroélectrique. En effet, des
études de conception additionnelles et de validation d'une nouvelle
technique d'exploitation de centrale sans couvert de glace ont du être
entreprises afin de vérifier la faisabilité technique de
variantes hydroélectriques sensiblement moins coûteuses que celles
qu'on avait retenues jusqu'au mois de juin dernier.
La réalisation de ces études complémentaires devant
s'étendre sur une période 18 mois, Hydro-Québec a
demandé un report d'échéancier jusqu'à l'automne
1984 pour prendre une décision finale. En conséquence, le
programme de concertation-consultation, prévu en 1983, a dû
être reporté de quelques mois. Par ailleurs, un programme
d'information et d'échanges techniques, avec tous les ministères
et organismes fédéraux en cause ou susceptibles d'être en
cause dans le projet Archipel, a été entrepris. Un comité
ad hoc a été mis sur pied pour assurer un minimum de coordination
avec les principaux intervenants fédéraux, que ce soit Transport
Canada, Environnement Canada, la Voie maritime du
Saint-Laurent, le port de Montréal, Parcs Canada, Travaux publics
Canada, Pêches et Océans et Affaires indiennes; tous ces gens ont
été mis dans le coup au comité ad hoc pour, comme je le
mentionne, assurer un minimum de coordination. De plus, un protocole d'entente
a été négocié pour assurer l'échange
d'information et de connaissances techniques entre les deux paliers de
gouvernement.
La première partie de l'année budgétaire 1983-1984
sera prioritairement consacrée à la poursuite des études
techniques nécessaires et, plus particulièrement, aux
études concernant le volet hydroélectrique. C'est
également durant cette période que l'étude d'impacts sur
l'environnement sera amorcée. À l'automne 1983, j'ai l'intention
de déposer au Conseil des ministres un rapport d'avancement des travaux
aussi complet que possible. Ce rapport comprendra une présentation de
l'ensemble des variantes du projet à soumettre à l'étude
d'impacts détaillée, une évaluation des impacts majeurs et
une évaluation économique préliminaire de ces
variantes.
Durant la deuxième partie de 1984, l'étude de
faisabilité consistera à optimiser les différentes
composantes du projet, à tenir une deuxième table de concertation
et à préparer les rapports de faisabilité et d'impacts. Ce
n'est qu'à l'automne 1984, normalement, qu'une décision finale
serait transmise au Conseil des ministres pour que le Conseil des ministres
puisse évaluer quelle sera la décision à être prise
concernant la faisabilité du projet.
En conclusion, M. le Président, je voudrais remercier tout le
personnel des différents organismes, dont j'ai la responsabilité,
c'est-à-dire le Secrétariat à l'aménagement et
à la décentralisation, l'OPDQ de même que le
Secrétariat Archipel, pour la bonne volonté et l'esprit
d'initiative dont il a fait preuve au cours de l'année qui vient de se
terminer. Je suis convaincu que, si j'ai pu compter sur sa collaboration tout
au cours de l'année 1982-1983, il en sera de même pour l'exercice
budgétaire en cours. Effectivement, je pense que c'est une petite
équipe, dans l'ensemble, que je dirige, mais, souvent, à
l'intérieur d'une petite équipe, on réussit à
atteindre des degrés de performance qui méritent d'être
soulignés. Dans ce sens, je pense que je peux être très
fier de l'équipe de travail que j'ai, que ce soit à l'OPDQ, au
Secrétariat Archipel ou au Secrétariat à
l'aménagement et à la décentralisation.
C'étaient les quelques considérations dont je voulais
faire part autant aux collègues qu'aux membres de l'Opposition de cette
commission, tout en étant conscient que c'est sommaire, que c'est assez
rapide, mais je suis à la disposition des membres de cette commission
pour approfondir davantage les volets, les secteurs d'activités qui
pourraient être d'intérêt plus général.
Merci.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Hull, des remarques préliminaires ou des questions?
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je remercie le
ministre de nous avoir présenté tantôt son équipe,
sa brochette de gens fort compétents dans l'aménagement du
territoire et dans les organismes auxquels s'est référé le
ministre. J'aurais aimé vous présenter, moi aussi, mon personnel.
Malheureusement, la seule personne, Louise, vient de quitter, mais elle
reviendra dans quelques instants. On n'est pas choyé, vous le
remarquerez, par nos budgets de recherche.
M. Caron: Nos fonds ne sont pas les mêmes, non.
M. Rocheleau: Avant d'entamer la discussion sur
différentes questions, j'aimerais faire un tour d'horizon non pas
immédiatement sur les programmes, mais sur ce qui semble nous
préoccuper le plus. Il est bien évident qu'à
l'Assemblée nationale, durant la période des questions,
malheureusement, le ministre interpellé a toujours le dernier mot; c'est
évident qu'on peut difficilement revenir dans un laps de temps de
quelques secondes pour reprendre les questions que nous souhaiterions poser,
surtout quand on démontre autant de facilité à escamoter
une réponse qui peut paraître assez difficile ou peut-être
trop facile. Malheureusement, on n'a pas l'information qu'on souhaiterait
avoir.
Les principaux sujets dont nous aimerions traiter ce soir sont, entre
autres, une préoccupation de l'Opposition officielle qui persiste, celle
de l'application de la loi 125. Je pense qu'il est important de faire un tour
d'horizon de certaines questions que nous avons déjà
posées à l'Assemblée nationale. J'aurai l'occasion d'y
revenir. Il est toujours facile pour le ministre de dire que l'Opposition ne
comprend pas; on va tenter de lui démontrer, ce soir, ce que nous ne
comprenons pas.
Nous aimerions aussi traiter du projet Archipel qui nous
préoccupe énormément depuis 1979; nous avons suivi ce
dossier, nous connaissons les sommes qui ont été investies dans
ce projet jusqu'à ce jour, tel que le ministre nous en a fait part la
semaine dernière, mais nous avons plusieurs questions à poser de
ce côté. Nous aimerions aussi discuter de l'Office de
planification et de développement du Québec, tenant compte du
fait que, l'an passé, certaines déclarations
ont été faites par le ministre concernant l'OPDQ.
Je comprends que nous n'avons que quelques heures pour obtenir les
réponses souhaitées afin de travailler d'une façon
constructive à l'Assemblée nationale, dans le cadre de nos
débats - sous forme de questions ou de recommandations, d'analyses plus
approfondies - afin de nous permettre de faire notre travail le plus
adéquatement possible.
J'en viens à certaines questions, M. le ministre, que nous vous
avons posées à l'Assemblée nationale. Vous avez une
facilité pour vous dérober aux réponses que nous aimerions
obtenir; nous reprendrons donc les questions plus à fond. Je vais vous
rappeler une question et vous essaierez de me l'expliquer, si vous voulez
bien.
M. Caron: C'est probablement en vivant avec les autres qu'il a
appris cela.
M. Rocheleau: Oui, c'est une maladie...
M. Caron: Probablement qu'il n'était pas comme cela avant
de siéger au Conseil des ministres. Mais, en vivant avec les autres, il
a appris à patiner.
M. Rocheleau: Effectivement, le ministre
délégué à l'Aménagement vient d'une
région éloignée.
M. Caron: Au moment où je l'ai connu, il n'était
pas ministre et ce n'était pas son style. Il a changé un peu.
M. Gendron: Je viens d'une région où c'est un sport
très important.
M. Rocheleau: C'est une région éloignée
qu'on est en train de gâter... pas de gâter comme de gaspiller.
M. Gendron: Vous auriez sûrement moins de problèmes
à avoir de bonnes réponses si vos questions étaient
claires et précises. Vous n'auriez pas de problème.
M. Rocheleau: Nos questions étaient précises, mais
les réponses étaient ambiguës. J'ai posé une question
au ministre, le 24 novembre dernier. D'une façon particulière,
l'aménagement du territoire, et surtout les petits monstres que vous
voulez créer, c'est-à-dire les municipalités
régionales de comté, nous préoccupent beaucoup. Sans pour
autant critiquer les communautés urbaines ou régionales,
auxquelles on a apporté certains correctifs au cours des
dernières années, après sept ans d'intervention, on est
sur le point d'apporter certains correctifs à la communauté
régionale de l'Outaouais. Les communautés urbaines ou
régionales, si on regarde les MRC, c'est en diminuant, c'est plus petit,
plus compact, pour un plus grand territoire et c'est peut-être plus
manoeuvrable pour les ministres qui ont à se préoccuper de leur
développement.
J'avais posé une question à savoir si le ministre pouvait
établir bien distinctement ses responsabilités et celles de son
collègue dans le dossier de l'aménagement, comme cela est
prévu à l'article 267 de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. On savait, on a précisé, à ce moment, qu'on
avait découvert que les articles Il et 16, 27, 29, 149 à 165
étaient sous votre responsabilité. On avait fait cette
découverte.
M. Gendron: C'est déjà un acquis.
Municipalités régionales de
comté
M. Rocheleau: C'est déjà quelque chose. Votre
réponse, M. le ministre, je vais la relire, elle commence par trois
petits points - hésitation, j'imagine - "Pour ce qui est du gouvernement
du Québec, c'est très clair que les responsabilités en ce
qui concerne l'aménagement du territoire, tel que défini dans une
loi... - là, il y a trois petits points.
M. Gendron: Les trois petits points, c'est dans votre texte?
M. Rocheleau: Oui, mais c'étaient des moments
d'hésitation, on compare cela à des petits points "... qui
s'appelle la loi 125, sont miennes". Vous les faites vôtres. Les
responsabilités du ministre délégué à
l'Aménagement sont en rapport avec les articles Il et 16; il entre en
action quand les MRC, après avoir reçu leurs lettres patentes, se
mettent au travail sur l'élaboration de leur schéma
d'aménagement. À compter de cela, c'est bien compris. J'aimerais
que vous me le clarifiiez parce qu'il semble y avoir du chevauchement entre
vous et votre collègue, c'est-à-dire le ministre des Affaires
municipales qui, à nos yeux - on ne veut pas vous abaisser, ni vous
ignorer; on aimerait vous considérer à la hauteur de vos
responsabilités - de notre côté, on se rend compte que le
ministre des Affaires municipales, qui était ministre de
l'Aménagement, semble avoir déménagé son bureau
avec lui. Il a peut-être laissé les chaises, mais il a
emporté tout le reste. Je m'explique. Une fois les municipalités
régionales de comté créées en vertu de la loi 125
au cours des dernières années, tout particulièrement, et
à la suite du contrôle intérimaire, en attendant la
préparation de leur schéma d'aménagement, si je comprends
bien, c'est à ce stade que votre responsabilité commence. Est-ce
que c'est une fois leur schéma approuvé ou si c'est à
compter de maintenant, alors que le contrôle intérimaire est
approuvé dans la majeure
partie des municipalités régionales de comté?
J'aimerais que vous répondiez à cela, premièrement.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Gendron: D'accord, très précisément, je
ne reprendrai pas les commentaires généraux. Je pense
effectivement que, lorsque vous avez posé la question, j'y ai
répondu adéquatement. J'ai eu l'occasion de revenir sur
l'énumération de mes responsabilités, pendant quelques
minutes, lors de la présentation. Si on veut effectivement donner les
précisions que l'Opposition souhaite, je n'ai aucune objection.
Lorsque j'ai mentionné la référence que vous faites
selon laquelle j'entre en action après que les MRC ont reçu leurs
lettres patentes et que les questions de découpage, du mode de
présentation, ont été réglées, c'est
sûr qu'il y a des phases antérieures au schéma
d'aménagement et vous le savez très bien. J'ai dit très
spécifiquement tantôt que la responsabilité du ministre
délégué à l'Aménagement, l'appellation de
ministre désigné dans la loi, dans un premier temps, puisqu'il y
a une phase intermédiaire, avant de se mettre tout de suite au travail
sur les schémas d'aménagement qui s'appellent exactement comme
vous l'avez mentionné, l'adoption d'une résolution concernant les
règlements de contrôle intérimaire, il est important pour
nous d'être associés de très près, dès cette
première manoeuvre. (20 h 45)
Je peux vous dire qu'il n'y a aucun règlement de contrôle
intérimaire adopté par les MRC du Québec qui n'ait pas
été analysé chez nous, au Secrétariat à
l'aménagement et à la décentralisation, pour regarder si
ces règlements de contrôle intérimaire sont conformes
à l'esprit de la loi 125 et si ces règlements répondent
aux objectifs visés par la loi 125. À la suite de l'analyse du
règlement de contrôle intérimaire, nous faisons ce qui est
sous notre responsabilité: nous transmettons des avis, des commentaires
et des considérations au ministre des Affaires municipales parce qu'il
est très clair, dans la loi 125, que toute la question du suivi
concernant la gestion même du règlement, de contrôle
intérimaire, est une responsabilité qui incombe au ministre des
Affaires municipales. Après l'adoption du règlement de
contrôle intérimaire, les regards de conformité, etc., nous
menons en même temps, et cette responsabilité n'est pas
partagée, mais elle est exclusive à celui qui vous parle, la
préparation de ce qu'on appelle les avis qui doivent être
expédiés aux MRC dans la perspective où elles commencent
à réfléchir sur le grand cadre d'intervention qu'elles
vont définir en vue d'élaborer leur schéma
d'aménagement.
Ces informations, M. le député de Hull, il faut les
colliger, c'est-à-dire les cueillir dans l'ensemble des
ministères et organismes de l'appareil de l'État. Il faut leur
donner un certain agencement. Il faut que ces informations soient les plus
pertinentes possible par rapport à ce qui nous apparaît être
nécessaire d'être connu par les MRC afin qu'elles puissent
élaborer leur travail. C'est un travail de coordination. C'est un
travail assez compliqué parce qu'il faut s'assurer d'obtenir la
collaboration de tous les ministères sectoriels et il faut être
très exigeant envers chacun des ministères sectoriels pour qu'ils
puissent se donner les avis les plus significatifs et les plus pertinents
possible et avoir la conviction que les informations transmises sont utiles,
pertinentes et permettront aux MRC de progresser avant la seconde phase qui,
elle, est plus obligatoire et plus balisée dans la loi en termes de
délai. Je veux parler de l'article 16 qui est plus liant pour le
gouvernement du Québec parce que le type d'information transmise, par
exemple aux Îles-de-la-Madeleine... Après avoir, dans un premier
temps, transmis les informations en vertu de l'article Il, on a transmis,
quelques mois plus tard, les orientations gouvernementales qui lient le
gouvernement pour les cinq prochaines années. À la suite de votre
première question posée à la Chambre, c'est, en gros, ce
que j'avais essayé de donner comme réponse pendant une minute ou
deux.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Disons que le travail normal du ministre des
Affaires municipales, comme vous venez de le mentionner, se limite à la
création des MRC et au découpage. Est-ce que le ministre
délégué à l'Aménagement du territoire est
consulté sur, premièrement, la création d'une MRC et,
d'autre part, est-il consulté sur le découpage s'il est
contesté par une partie du territoire, par l'ensemble du territoire ou
par l'ensemble des préfets, c'est-à-dire des maires qui
siègent à une municipalité régionale de
comté? Vous avez mentionné, il y a quelques instants, que vous
donniez avis ou considération; est-ce que vous faites aussi des
recommandations, lorsqu'une MRC a été délimitée
dans son territoire si, d'une part, elle conteste sa délimitation ou son
appartenance; est-ce que vous êtes consulté sur ce plan? Est-ce
que vous faites des recommandations?
M. Gendron: Nous parlons de choses qui se sont passées il
y a un an et demi et vous n'êtes pas sans savoir qu'il y avait un
comité d'orientation composé de celui qui vous
parle, du ministre des Affaires municipales et de porte-parole des deux
unions. Habituellement, c'étaient les deux présidents des unions
qui siégeaient à ce comité d'orientation qui analysaient
le rapport qui nous parvenait des comités de consultation sur le
territoire. Il n'y a aucune MRC qui n'a pas été
délimitée en termes de territoire et également en termes
de représentation sans qu'il y ait eu énormément de
consultations sur le territoire. Dans la plupart des cas -on l'a dit encore
hier lors du débat sur le projet de loi no 12 - 95% des territoires des
MRC de même que le mode de représentation ont été
complétés à la suite des avis de ces comités de
consultation sur le territoire québécois et ratifiés par
le comité d'orientation en présence des deux ministres que j'ai
mentionnés tantôt et des présidents des deux unions. Je
veux vous dire, ainsi qu'aux collègues - je l'ai dit à deux ou
trois reprises et cela est très clair dans le projet de loi no 125 - que
c'est le ministre des Affaires municipales qui a la responsabilité de la
loi et que, pour ces deux premières étapes - appelons cela la
délimitation du territoire, le découpage et le mode de
représentation - j'ai pris comme attitude de laisser entièrement
cette responsabilité entre les mains du ministre des Affaires
municipales.
Il est clair qu'il est arrivé dans certains cas que j'ai
transmis, par lettre ou autrement, mon point de vue par rapport à des
représentations que j'ai reçues comme membre du gouvernement, y
étant relié dans le projet de loi no 125 à cause des
responsabilités qui sont miennes. Il y a des préfets de MRC, il y
a des conseils de MRC, avant qu'ils reçoivent leurs lettres patentes,
qui m'ont fait des représentations en disant: On pense que le
découpage n'est pas tout à fait satisfaisant et il devrait avoir
telle facture plutôt que telle facture. J'ai fait des
représentations en leur disant presque toujours que, de toute
façon, la décision dans une perspective où on ne pouvait
pas s'entendre, soit qu'on ne pouvait pas s'entendre à la suite du
rapport du comité de consultation ou qu'on ne pouvait pas s'entendre
lors des séances de travail du comité d'orientation en
présence du président des deux unions - je n'ai toujours eu
qu'une seule attitude - appartenait au ministre des Affaires municipales qui
avait le dernier recours et que c'est lui qui tranchait les territoires et le
mode de représentation. Je n'ai pas changé de ligne de
pensée tout au cours des mois durant lesquels a duré cette
opération.
M. Rocheleau: Maintenant, M. le ministre, si on s'en tient
à vos responsabilités et à celles qui semblent être
dévolues au ministre des Affaires municipales, on a pris connaissance
dernièrement des commentaires émis par le ministre des Affaires
municipales - il les a confirmés à l'Assemblée nationale -
selon lesquels il n'était pas question de modifier les
délimitations de territoire dans le contexte actuel, qu'on allait
attendre que les municipalités régionales de comté aient
préparé leur schéma d'aménagement, quitte à
reconsidérer, dans trois ou quatre ans. Dans trois ou quatre ans, cela
ne sera peut-être plus votre responsabilité parce que vous risquez
de ne plus être là. Mais, indépendamment de ce
facteur-là, je pense qu'il faut prendre en considération le fait
que les municipalités régionales de comté qui devront se
doter d'un schéma d'aménagement, en tenant compte de l'ensemble
de leur territoire, de l'ensemble des équipements, des secteurs
industriels et autres, devront compléter leur schéma
d'aménagement alors que le ministre des Affaires municipales mentionne
qu'à ce moment-là, il serait prêt à
reconsidérer le découpage. Si cela ne fait plus trop trop, on le
considérera.
Est-ce que vous partagez l'opinion du ministre des Affaires municipales
dans cet énoncé, en tenant compte du fait qu'il va vous remettre
le bébé un jour et que vous, si vous êtes encore là,
allez devoir reconsidérer le découpage dans certains cas? Je vous
donne des exemples. On va tenter de s'approprier un coin du Québec qu'on
connaît peut-être un peu plus qu'un autre coin, on pourrait aller
vers la Beauce, on pourrait aller dans d'autres secteurs, mais on va s'en tenir
à l'Outaouais. Le ministre des Affaires municipales, le ministre
délégué à l'Aménagement et le
député de Hull et les comtés environnants à couleur
assez voyante sont représentés dans ce coin-là à
l'exception de la périphérie où les gens n'ont pas encore
compris, mais cela viendra.
Dans ce secteur, M. le ministre, on a pu prendre connaissance au cours
des derniers mois de fortes représentations qui ont été
faites auprès du ministre des Affaires municipales. On me dit que les
mêmes représentations ont été faites auprès
du ministre délégué à l'Aménagement
concernant plus particulièrement - prenons-en une - la
municipalité de la Vallée-de-la-Gatineau. Vous m'avez dit,
à la suite d'une question à l'Assemblée nationale
où je tentais de vous rendre complice de votre collègue... Et je
pense encore la même chose, vous êtes dans le coup. Vous ne laissez
pas transpirer vos inquiétudes pour le moment ou peut-être votre
désaveu, mais cela viendra. Chaque chose en son temps. Est-ce que le
ministre réalise que, dans l'Outaouais québécois, si
uniquement les députés de l'Opposition avaient fait des
représentations, on pourrait attribuer cela à une question
partisane, une option politique par rapport à une autre option ou
différentes
orientations? Mais on a pu constater que le CRD de l'Outaouais a fait
des représentations importantes, qu'il s'est opposé formellement
au découpage de l'ensemble du territoire de l'Outaouais
québécois comprenant la Vallée-de-l'Or, Pontiac, Labelle,
Gatineau et même Papineau. À la suite de ces nombreuses
interventions, à la suite d'un consensus initial sur un découpage
proposé et acceptable pour l'ensemble, les consultations se sont
traduites en imposition. J'ai tenté, encore une fois hier, lors de
l'étude des crédits des Affaires municipales, de convaincre votre
collègue, le ministre des Affaires municipales, et, malheureusement, il
persistait dans son entêtement à ne pas reconnaître son
erreur. Ce que je lui disais, je tiens à vous le répéter:
S'il veut se pendre, on pourrait l'aider. Il fait tellement bien actuellement
qu'on y assistera tout simplement. On n'est même pas obligé de lui
fournir le câble, je pense qu'il l'a trouvé. De toute
façon, c'est une région importante. Même le
président de l'Association du Parti québécois du
comté de Gatineau a démissionné dernièrement - ce
n'est pas l'un des nôtres, c'est l'un des vôtres - parce qu'il
n'acceptait pas du tout le découpage tel qu'il avait été
fait et qu'il ne se sentait plus les moyens de continuer à se battre
pour obtenir gain de cause.
Est-ce que vous trouvez cela normal? Une partie du lac des Trente et un
Milles était à l'intérieur du comté de Labelle dans
le temps et, dans la réorientation des MRC, parce qu'on n'a pas
situé les MRC tenant compte des mêmes délimitations par
rapport aux anciens conseils de comté, tout cela a été
chambardé. Est-ce que vous considérez que la position que prend
actuellement le ministre des Affaires municipales est justifiée par
rapport à toutes les recommandations qui lui ont été
faites? Je ne voudrais pas pour autant divulguer des noms de personnes qui sont
très près de votre parti et que je ne voudrais pas mettre dans le
pétrin, parce que, premièrement, elles ne sont pas ici pour se
défendre et que je n'ai pas l'intention d'engager un débat. Je
tente uniquement de faire comprendre qu'il y a des problèmes tout
à fait particuliers. Ce n'est pas dans trois ans ou dans quatre ans
qu'on va pouvoir les régler, sachant, M. le ministre, et vous le savez,
que, si on passe les trois prochaines années à s'obstiner sur la
délimitation du territoire, on va oublier les objectifs pour lesquels
les MRC ont été créées. Et, dans ce contexte, vous
qui êtes quand même très près - et même la
Vallée-de-l'Or a dépouillé une partie de Pontiac, le
comté de Labelle s'est approprié une partie du parc de la
Vérendrye au nord - on s'est posé une question. Je sais que vous
vous devez de protéger votre collègue; cela, je ne le conteste
pas. Ce sur quoi je veux vous amener, c'est à être son complice
parce que, de toute façon, vos réponses vont vous rendre
complice. Je n'ai pas besoin de vous faire de dessin. (21 heures)
M. Gendron: Est-ce que vous pensez que je vais en donner
là-dessus?
M. Rocheleau: Je vais voir ce que vous allez me dire
tantôt. Je vais vous amener à cela, mais je tiens à vous le
dire, car ce n'est pas une trappe. Vous allez devoir donner raison totalement
à votre collègue ou vous allez devoir me dire que vous allez
faire de nouvelles recommandations. Ce sera à vous de choisir
tantôt.
On se souvient de la route Maniwaki-Témiscamingue pour laquelle
votre ancienne copine du coin, Mme Ouellette, s'est battue pour que cela
débouche à Maniwaki plutôt qu'à Mont-Laurier. On se
souvient, à ce moment-là, que cela brassait dans votre cage, mais
nous, étant du bas, on était davantage intéressé
à voir déboucher cela à Maniwaki. Elle a eu gain de cause
et c'est un des rares gains qu'elle a faits. Mais elle a quand même eu
gain de cause. Par contre, aujourd'hui, on sent que le ministre des Affaires
municipales a un sentiment de vengeance contre l'Outaouais
québécois. En s'appropriant une partie de ce territoire qui
comprend les forêts, les pourvoyeurs - parce que les pourvoyeurs
actuellement utilisent en grande partie les Trente et un Milles - les seules
voies d'accès sont à l'intérieur du comté de
Gatineau. Il n'y a aucune voie d'accès en provenance du comté de
Labelle. Tout ceci fait que personne ne semble être heureux.
On a dit que, si une espèce de consensus se dégageait, on
serait prêt à reconsidérer la chose. Il y a eu un nouveau
consensus au niveau régional; le nouveau préfet de la
Vallée-de-la-Gatineau, M. Réjean Lafrenière, maire de
Lac-Saint-Marie, est allé rencontrer les différents conseils
municipaux de la MRC de Labelle; il a failli tout faire basculer, n'eût
été d'un comité mis sur pied par le ministre des Affaires
municipales pour renverser la vapeur une seconde fois. Il a été
renversé par 12 à 9, je crois. C'est une question de renverser un
ou deux votes.
Il y a deux semaines, le conseil régional de développement
de l'Outaouais québécois a décidé de nouveau de
tenter l'impossible pour faire comprendre au gouvernement que c'était
une erreur. J'aimerais que vous examiniez cela avec moi et que vous compreniez
notre position, la position du CRDO, la position de l'association
péquiste du comté de Gatineau, la position du président de
l'association péquiste du comté de Gatineau qui a
été obligé, malheureusement, de démissionner et de
ne pas procéder à la campagne de financement. C'est
peut-être une des raisons
qui a fait que vous n'avez pas tout à fait atteint votre
objectif, même si, dans les dernières semaines, il y a eu du
tordage de bras, mais on reviendra là-dessus.
M. Gendron: À ce sujet, ne vous cassez pas la tête,
car les résultats vont sortir. On n'aura pas mis trois mois à
amasser 2 000 000 $ et on aura atteint notre objectif.
M. Rocheleau: Vous savez on n'est pas au pouvoir et on n'a
peut-être pas les mêmes possibilités.
M. Gendron: On n'a pas les mêmes amis.
M. Rocheleau: On n'a pas un président de campagne ministre
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui distribue des subventions et qui
récolte des crédits, des crédits qui s'appliquent
effectivement à une souscription involontaire, mais, de toute
façon...
M. Gendron: Nous, on n'a pas 700 000 $ dans notre caisse.
M. Rocheleau: Vous savez que les contributions supérieures
à 100 $, M. le ministre, sont inscrites dans le petit livre du
président des élections.
M. Gendron: On remarque que les grosses contributions viennent
beaucoup plus de votre côté que du nôtre.
M. Rocheleau: Cela va peut-être revenir beaucoup plus quand
la reprise va se faire et quand on sera au pouvoir.
M. Gendron: Ce sera dans quinze ans.
M. Rocheleau: Vous savez, nous, nous favorisons
l'économie. J'aimerais vous entendre parler un peu de cela. Vous me
semblez un peu plus compréhensif et on va voir si, d'ici à la fin
de la soirée, vous l'êtes. Vous semblez comprendre davantage les
problèmes qui peuvent exister. C'est vrai que vous résidez dans
l'Outaouais québécois, dans l'Abitibi. C'est vrai que le ministre
des Affaires municipales réside dans Outremont et il va dans son
comté de temps à autre, mais, aujourd'hui, il est tellement plus
familier avec une grande ville qu'il oublie les battements de coeur de son
peuple de Labelle.
M. Gendron: Je suis bien prêt à dire quelques mots
là-dessus. D'abord, je ne vis pas dans l'Outaouais
québécois. De ce temps-ci, je ne voudrais pas vivre dans
l'Outaouais québécois. Quand on connaît la
représentation qu'ils ont à l'Assemblée nationale, je me
sens très inquiet. Je vis en Abitibi-Témiscamingue et je suis
fier d'être un Abitibien, mais c'est exact qu'effectivement je connais
cette région. Avant de toucher par un seul commentaire l'essentiel de
votre diatribe, il y a lieu de revenir peut-être sur un aspect: avant de
nous remplacer, cela va vous prendre un chef, cela va vous prendre un programme
et quelques idées et cela n'est pas pour demain. On verra cela en temps
et lieu.
Sur ce que vous touchez, oui je pense que c'est exact, M. le
député de Hull, que l'Outaouais est peut-être une des
régions où le découpage s'est fait avec plus de
difficulté qu'ailleurs. C'est peut-être parce que ces gens ont la
représentation que j'ai qualifiée tantôt. C'est
peut-être également parce que vous avez contribué pour
beaucoup vous-même, M. le député de Hull, à
entretenir ce doute pendant des mois. Vous avez possiblement
empêché ces gens de passer à autre chose, à leur
mission première de s'attarder sur l'élaboration d'un
schéma d'aménagement.
J'ai eu plusieurs représentations de citoyens et de citoyennes,
d'organismes de toute nature, dans la région de l'Outaouais. J'ai eu
l'occasion d'échanger avec mon collègue à plusieurs
reprises de ce sujet. Comme vous l'avez mentionné vous-même,
certains de nos militants les plus actifs, sur lesquels on compte beaucoup,
nous ont fait part de certains points de vue qu'ils ont. Je suis fier de cela
parce que cela veut dire s'occuper de la question régionale, avoir de
l'intérêt pour son milieu et faire valoir des
représentations qu'ils croyaient utiles que nous ayons au gouvernement
avant de prendre des décisions.
Mais je vous ai également dit d'une façon très
claire - il y aura peut-être des points de suspension dans votre cahier
parce que c'est vous qui les faites - la réponse était claire:
c'est le ministre des Affaires municipales qui a la responsabilité
ultime de statuer sur les territoires.
Deuxièmement, je vous ai dit qu'il y avait un comité
d'orientation où siégeaient les porte-parole des deux unions. Je
n'ai pas apporté avec moi les procès-verbaux de ces
réunions, mais je peux vous dire que, y compris sur le découpage
de l'ensemble du territoire de la région de l'Outaouais, les
porte-parole des deux unions - tant l'Union des municipalités du
Québec que l'ancienne Union des conseils de comté - n'avaient
peut-être pas autant de représentations et de revendications
à faire que vous semblez vouloir en faire à nouveau, même
si cette question a été très longuement débattue
à plusieurs reprises. Eux-mêmes convenaient que, quel que soit
celui qui aurait eu cette responsabilité, il aurait été
énormément difficile d'en arriver à des consensus
où tout le monde, son père, sa mère, toutes les
familles, de même que les députés de l'Opposition
qui sont rarement satisfaits quoi qu'il se fasse, auraient dégagé
un consensus tellement complet qu'après quelques mois, nous aurions eu
des découpages tellement harmonieux que nous n'en aurions jamais entendu
parler par la suite. Je vis la même chose dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Il y a effectivement une MRC qui, après
que le comité de consultation eut produit son rapport, a fait d'autres
démarches, compte tenu de certaines tractations qui ont libre cours dans
des cas comme ceux-là. Si on regarde un cas particulier, je me rappelle
que la municipalité de Cadillac nous a fait des représentations
comme ce n'est pas possible pour être incluse dans la MRC de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue pour autant qu'on lui donne une certaine
partie de territoire additionnel. Après qu'elle eut obtenu ce territoire
additionnel, la même municipalité nous a dit, huit mois plus tard:
Après moult considérations, il nous apparaît que nous avons
plus d'affinités avec la MRC de la Vallée-de-l'Or qu'avec celles
pour lesquelles nous avons fait toutes sortes de représentations,
auxquelles on a donné suite, M. le député de Hull. Je sais
que votre question était dans ce sens. Si vous me posez ce soir la
question: Est-ce que celui qui vous parle va accepter de considérer
à nouveau des choses comme celles que je viens de vous raconter? la
réponse va être claire: Non. Non, pour une raison très
simple. Les débats ont eu lieu. On ne peut pas constamment être
comme votre formation politique dans le passé, on ne peut pas
constamment vivre dans le passé, faire réapparaître
l'ancien premier ministre après six ans de recyclage et toujours
fonctionner avec les mêmes idées. De temps en temps, il faut
regarder vers l'avenir. Vous avez parlé du document Aménager
l'avenir. Il faut se tourner vers l'avenir et il faut fonctionner.
Je crois que le territoire de l'Outaouais a été
découpé... Oui - et je suis très sérieux - il est
possible que, si cela avait été sous ma responsabilité,
possiblement, j'aurais peut-être eu d'autres points de vue, d'autres
orientations, comme n'importe quel autre de mes collègues. Quand il y a
des responsabilités qui sont assumées d'une façon
sectorielle par un ministre, membre du gouvernement, il y une façon de
composer avec les responsabilités qu'il a. Sauf que j'ai au moins la
conviction, par exemple, que M. Léonard, ministre des Affaires
municipales, a mis énormément de temps à statuer de
façon définitive sur les territoires de la région de
l'Outaouais. Cela me donne au moins la conviction certaine qu'il a
essayé effectivement d'en arriver a de meilleurs consensus. Dans
quelques MRC de votre région, cela n'a pas été possible
d'améliorer ces consensus. Aujourd'hui, on ne peut dire en 1983,
même s'il y a des choses qui ont été tranchées
depuis six, sept, huit mois, dans certains cas cela fait même un an,
qu'on va tout remettre cela en question en ignorant les conséquences que
cela pourrait avoir dans l'ensemble du territoire québécois.
Je peux vous donner des cas. Encore la semaine dernière, il y a
une autre région qui m'a fait des représentations en disant: On
s'est mis à travailler ensemble et on pense qu'on aurait peut-être
plus d'affinités si vous enleviez tel morceau que vous avez mis dans
telle MRC et si vous le transplantiez dans telle autre MRC. Je dis que, si on
avait ce comportement de rouvrir toute cette question pour l'Outaouais - je
veux bien croire que vous revendiquez un statut particulier pour votre
région, M. le député de Hull - ce serait très
dangereux pour l'ensemble du Québec. Je pense que ce n'est pas comme
cela qu'un gouvernement doit fonctionner.
Si aujourd'hui, par exemple - je termine là-dessus - je n'avais
pas cette conviction que tout a été mis en oeuvre pour essayer
effectivement de dégager les meilleurs consensus possible, je vous
dirais que vous avez raison, le débat n'a pas eu lieu. Mais ce n'est pas
le cas et vous le savez très bien puisque vous-même l'avez
entretenu pendant des mois et des mois et c'est ce que vous continuez de faire.
Or le débat a eu lieu et il me semble que, dans ces conditions, il faut
faire un bout non pas vers le passé, mais vers l'avenir. On est tous des
humains. À la lumière de l'évolution des choses, non pas
sur les mêmes discours, non pas sur la même argumentation, mais
à la lumière de l'évolution de considérations qui
auraient pu être omises lors de cette consultation, je n'ai pas
l'impression qu'on est bétonné à tout jamais, que ces
territoires sont formellement fermés et qu'en aucune façon il n'y
aurait de possibilité de regarder autre chose. Je dis bien à la
lumière de nouveaux éléments, à la lumière
de considérations certaines qui auraient été omises lors
de tout ce débat. Ce sont à peu près les
considérations que j'ai à faire.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je veux simplement
apporter peut-être certains éclaircissements à certaines
attaques du ministre délégué à
l'Aménagement, c'est-à-dire qu'on n'a pas de chef et...
M. Gendron: II n'y avait pas d'attaque là-dedans.
M. Rocheleau: ...qu'on n'a pas d'idées. Je veux simplement
noter, pour le bénéfice du ministre, qui constate sûrement
que son gouvernement est en chute libre à un taux de popularité
d'environ 19% alors que vous
avez un chef pas mal éméché de votre
côté, que, si on n'a pas de chef et malgré tout 43%,
imaginez-vous, M. le ministre, si on avait un chef combien il vous en
resterait.
M. Gendron: C'est seulement ce que les citoyens attendent pour
que votre taux de popularité baisse. Quand on n'a personne qui dirige la
barque, c'est facile de dire qu'on pourrait lui confier ces
responsabilités. Ce n'est identifié à personne.
M. Rocheleau: La prochaine fois, évitez un autre
"renérendum" et vous allez peut-être remonter votre
popularité. Vous avez aussi mentionné la question des
idées. C'est vrai que j'ai déposé un document qui comporte
un statut particulier pour l'Outaouais québécois. Le
précédent qui a pu être créé, M. le ministre,
a été créé par votre gouvernement avec la taxe sur
l'essence.
Vous avez constaté qu'il était mieux de créer le
précédent et de réduire dans les villes
frontalières le prix de l'essence parce que, plutôt que de perdre
50 000 000 $ par année de retour en taxe de vente, vous n'en perdiez que
Il 000 000 $, ce qui fait un gain d'à peu près 39 000 000 $. Mais
quand on ouvre une porte, on examine aussi d'autres problèmes qui sont
créés et qui sont plus particulièrement
créés par le gouvernement actuel. Que voulez-vous que je vous
dise? J'aimerais bien prendre mes responsabilités, mais, quand on fera
des gaffes comme vous en faites actuellement, on essaiera peut-être de
les corriger plus rapidement. (21 h 15)
Quand on parle de statut particulier, ce sont des idées que nous
retrouvons là-dedans et je vous en ferai parvenir une copie tout
à fait gratuitement. Ce n'est pas un livre qui se vend sur le
marché à 10 $, 12 $; ce n'est pas un livre qui préconise
la désobéissance, mais plutôt qui contient des
idées. Je vous en ferai parvenir une copie et il me fera bien plaisir de
recevoir vos commentaires. Nous avons à traiter de sujets très
sérieux.
Vous mentionnez, entre autres - et c'est peut-être un compliment -
qu'à cause de mes interventions, il n'y a pas d'entente, mais il y a
encore des mélanges, etc. Si j'ai pu convaincre ou si vous m'attribuez
ce phénomène d'avoir convaincu non seulement les maires de
l'ensemble des municipalités qui contestent, mais le CRDO, le
président de l'association péquiste du comté de Gatineau,
cela commence à me faire peur d'être aussi convaincu et aussi
convaincant.
M. Gendron: Cela va vous donner des idées pour la
chefferie.
M. Rocheleau: Si l'on n'a pas un statut particulier, on y songera
peut-être sérieusement.
Je vous avoue, par contre, en tenant compte de toutes ces demandes, que
tout le monde cherche, indépendamment de l'option politique ou des
orientations, le mieux-être de nos collectivités. On a d'abord
été élu, dans chacun de nos patelins, pour venir
revendiquer certaines améliorations auprès des autorités
à Québec. Je soucris à cela parce que je suis près
du peuple, à la base, je suis dans ses racines mêmes et je prends
les revendications de ma région, je viens les revendiquer et je crois
que c'est mon rôle de le faire.
D'autres sont autrement, comme l'ex-députée - cela
commence ainsi - de Hull; plutôt que d'être députée
de Hull à Québec, elle était députée de
Québec à Hull. Vous savez ce qui arrive dans un cas semblable;
c'est un avertissement, c'est ce qui va vous arriver bientôt. De toute
façon, lorsque vous serez décidé, lorsque vous voudrez
présenter votre spectacle, nous sommes prêts.
Chef ou pas chef, on a un excellent bonhomme actuellement et on ne se
plaint pas. On est lié ensemble tout comme une boule de gomme et, ne
vous en faites pas, on vous attend de pied ferme. N'importe quel temps, que ce
soit demain matin... Je sais que vous faites des élections
complémentaires actuellement, forcément, à cause de
plusieurs situations qui vous arrivent. On est à découvrir la
transparence de votre gouvernement et de vos collègues, mais, quand
même, plutôt que de les faire une à une à tous les
trois mois, donnez donc le grand coup et parlez-nous d'indépendance,
parlez-nous de n'importe quoi. Vous verrez qu'on se reverra par la suite.
M. Gendron: Votre performance est bonne dans les élections
partielles; les élections générales, on s'en occupe.
M. Rocheleau: On pourrait peut-être vous demander
d'arrêter les élections générales et de faire
seulement des partielles, on vous aurait à la longue.
M. le ministre, dans le même ordre d'idées, j'ai
trouvé un petit document relativement intéressant. Vous l'avez
lu. Il est même très intéressant. Je regrette un peu la
disparition ou la mise sur la tablette d'un organisme comme le Conseil de
planification et de développement du Québec; je ne sais pas si le
fait de présenter un rapport semblable est la cause qui a
entraîné sa mise sur la tablette. Je regardais, entre autres, le
quotidien Le Soleil du jeudi 24 février 1983: "Le Québec fait
fausse route avec les MRC, selon le Conseil de planification et de
développement du Québec." C'était son dernier rapport. Il
était précédé d'une déclaration de M.
Lévesque qui démentait le Conseil de planification et de
développement du Québec. C'était fort, l'affaire!
Quand on ne parle plus comme on veut entendre, on ferme la porte.
Quand je lis ce petit rapport... Le président, M. Léonard
Roy, est un bonhomme assez exceptionnel, relativement compétent et avec
de bonnes idées. C'est un gars qui en a des idées. Si on n'en a
pas, on peut aller puiser ailleurs.
Dans ce rapport, il y a des gars comme Claude Benjamin, président
du Conseil supérieur de l'éducation; il est excellent. Il vous a
aidés dans votre conflit avec vos "grèvettes" et vos lois 70, 105
et 111. Sur votre loi 111, il vous a tapés dessus un peu, pas assez pour
perdre sa "job", mais quand même.
Je regarde tous les représentants là-dedans qui viennent
des CRD, région de Québec, Conseil des gens d'affaires - cela a
une affinité assez près de votre gouvernement - CRD des Cantons
de l'Est; CRD de la Naudière; CRD du Québec, ville de
Québec, Union des producteurs agricoles, CRD des Laurentides, CRD
Mauricie-Boisfrancs, CRD de la Côte-Nord, Conseil du patronat du
Québec - je sais que vous n'en tenez pas compte trop trop, mais tout de
même c'est un groupe important...
M. Gendron: Cela fait une couple d'années qu'il ne nous
magane pas, qu'il nous aime.
M. Rocheleau: C'est-à-dire que vous lisez ce que vous
voulez lire. CRD du Saguenay-Lac-Saint-Jean et Confédération des
syndicats nationaux, qui sont des gens pas mal proches de vous. Vous foutez
cela sur la tablette parce que vous n'aimez pas ce qu'ils vous disent.
J'aimerais que vous commentiez la position du Conseil de planification et de
développement du Québec; elle est intéressante, elle
comporte une appréhension et je pense qu'elle a raison d'être
remise en question. Le Conseil de planification et de développement du
Québec constate qu'après avoir constitué la MRC comme une
instance administrative, responsable de l'aménagement du territoire, le
gouvernement du Québec semble vouloir lui attribuer un statut de
gouvernement régional. Cette orientation diffère des
recommandations du conseil en 1978; le conseil ne souscrit pas à cette
orientation gouvernementale qui vise à faire un gouvernement
régional de la MRC. C'est là une orientation qui ne lui
apparaît fondée ni sur les besoins ni sur les aspirations de la
collectivité locale, mais plutôt de tenir de positions
technocratiques relevant davantage de données théoriques.
Le conseil ne considère pas la décentralisation comme une
panacée. Certaines activités gagnent à être
centralisées, d'autres à être déconcentrées
ou régionalisées. La décentralisation est valable si elle
facilite la participation des citoyens aux mécanismes de
développement de leur collectivité locale et régionale,
l'amélioration des relations de l'État avec ses partenaires et
l'augmentation de l'efficacité de l'appareil administratif. Ces
recommandations...
M. Gendron: Ainsi que je vous l'avais dit, M. le
député, j'avais eu l'occasion de le lire; vous n'êtes pas
obligé de me le relire. Alors, qu'est-ce qu'il y a?
M. Rocheleau: Vous avez peut-être eu l'occasion, vous
avez... On constate à la commission sur le saccage de la Baie-James
qu'il y a de vos collègues qui ont des pertes de mémoire
épouvantables.
M. Gendron: Très bien.
M. Rocheleau: La mémoire est une faculté qui
oublie, alors j'aime mieux le citer à nouveau.
M. Gendron: C'est moins pire à notre âge.
M. Rocheleau: Cela dépend de ce que vous faites. Alors,
les recommandations vers et avec les gouvernements locaux. Le conseil
recommande que la décentralisation se fasse vers et avec les
gouvernements locaux selon ce que ces derniers seraient prêts à
assumer comme nouvelles responsabilités. Le conseil recommande, par
conséquent, que les gouvernements locaux aient accès à de
nouvelles ressources fiscales autonomes pour faire face aux nouvelles
responsabilités.
J'aimerais peut-être que vous me commentiez cela parce que vous
allez sûrement être d'accord avec moi. En premier, je ne veux pas
vous le faire dire, les gens qui siégeaient à ce conseil sont
quand même des gens intéressants, capables. Même s'il y en a
certains à qui on connaît certaines affinités avec le
gouvernement actuel, cela ne leur enlève pas leurs idées, leurs
compétences et toutes sortes de qualités; on a des défauts
et des qualités. Ces gens ont fait ces recommandations qui ne semblent
pas avoir été retenues comme recommandations et vous semblez
prendre une route qui est totalement à l'opposé de ces
recommandations. J'aimerais vous entendre sur ce sujet.
M. Gendron: Si vous le permettez, M. le Président,
toujours pour rester sur le fond des choses, quant à moi, jamais, je ne
connais personne du gouvernement qui a discrédité les gens du
CPDQ, puisque la plupart, pour ne pas dire tous les gens du Conseil de
planification et de développement du Québec, ce sont des gens qui
ont été nommés par le gouvernement actuel. Alors, on ne
peut pas discréditer les gens que nous
nommons nous-mêmes. Oui, je connais personnellement tous les gens
qui siègent au CPDQ, que ce soit M. Léonard Roy que je connais
personnellement ou encore Mme Gobeil, Mme Murphy et d'autres. Effectivement, le
CPDQ, le Conseil de planification et de développement du Québec
est un organisme consultatif.
À deux ou trois reprises dans votre question, vous avez dit:
J'aimerais vous entendre commenter leur avis. Je trouve que leur avis est
pertinent. Celui dont vous venez de parler, sur la décentralisation, est
tout à fait pertinent. Un pourcentage de 99,9% de ce que j'ai lu et de
ce que vous m'avez relu est en tout point conforme aux objectifs qu'on
poursuit. Donnons des exemples concrets. Ces gens, ils semblent vouloir
s'orienter vers... Vous avez dit que la décentralisation, selon l'avis
du CPDQ, devrait atterrir davantage au palier local qu'au palier de la MRC. Si
vous voulez relever des déclarations que j'ai eu l'occasion de faire,
puisque je suis responsable au nom du gouvernement du dossier de la
décentralisation, j'ai toujours dit à peu près la
même chose, pour ne pas dire fondamentalement la même chose.
J'ai mentionné que la décentralisation ne pourrait pas,
quand on se décidera de la faire... Mais vous nous reprochez, depuis un
an et demi, des mesures de décentralisation qu'on n'a pas faites. Je ne
vous comprends pas toujours et cela fait déjà plusieurs fois que
j'entends l'Opposition sur ce sujet: Arrêtez donc de décentraliser
la machine gouvernementale au palier de la MRC. Cela fait plusieurs fois que je
vous demande de me donner des exemples de véritable
décentralisation, puisque, dans leur avis, eux, ils ont eu la sagesse de
dire: On parle de décentralisation quand on implique réellement
les élus régionaux ou les élus locaux dans des pouvoirs
additionnels qu'eux-mêmes sont habilités à recevoir et
à exercer.
Concrètement, M. le député de Hull, je dis, par
exemple: Oui, quand on fera de la décentralisation, le lieu
d'atterrissage, le lieu privilégié d'atterrissage va être
assurément les municipalités du Québec. Mais il y a
certaines responsabilités gouvernementales qui mériteraient
d'être analysées, d'être décentralisées au
palier de la MRC et on a déjà donné des exemples. Il n'y a
pas de cachette. Notre réflexion nous porte à envisager de
décentraliser, non pas de déconcentrer, de décentraliser
la voirie tertiaire. Là, je m'excuse. On peut bien se gargariser.
Même si le CPDQ me donnait un avis que le gros de la
décentralisation doit retomber au palier des localités, je ne
peux pas être d'accord quand je parle de voirie tertiaire. C'est
clair.
Dans la gestion des équipements collectifs de loisir, je pense
être assez bien placé pour en parler parce que vous avez affaire
à quelqu'un qui, dans son comté, après avoir pris la
relève d'un porte-parole de votre formation libérale qui, pendant
trois ans, avait été passablement, je ne sais trop où,
parce qu'on n'a pas vu grand-chose lors de son passage... J'ai dû faire
des efforts comme ce n'est pas possible pour doter le comté
d'Abitibi-Ouest de certains équipements communautaires. En passant, ce
sont sept ou huit arénas qui ont poussé quelque part dans le
comté d'Abitibi-Ouest. Sauf qu'avec 54 municipalités, M. le
député de Hull, je ne peux pas en faire pousser dans toutes les
municipalités que j'ai. C'est impossible d'avoir 54 arénas parce
que j'ai 54 municipalités. On appelle cela des équipements
communautaires.
M. Rocheleau: Vous en avez combien? M. Gendron: Pardon? M.
Rocheleau: D' arénas?
M. Gendron: Ah! J'en ai eu ma part. Je ne veux pas faire de
jaloux, parce que j'ai également des collègues autour de la
table. Pour ne pas avoir de problème, parce qu'on veut passer une nuit
tranquille après la veillée...
M. Rocheleau: Mais environ combien?
M. Gendron: Je vous l'ai dit. Je n'avais rien en 1976.
Actuellement, dans le comté, je pense que c'est huit au total.
M. Rocheleau: Cela patine!
M. Gendron: Cela patine! Je vous ai dit que c'était notre
sport national. Si on est sérieux, je pense que c'est un
équipement fondamental dans une petite communauté, pour autant
qu'elles soient regroupées, pour autant que cinq ou six petites
municipalités décident de se mettre ensemble pour se doter d'un
équipement communautaire. Chez nous, les arénas ne servent pas
uniquement pour les soupers-bénéfices du Parti libéral. Ce
sont des milieux de vie. Ce sont des endroits où les gens se rencontrent
pour toutes sortes d'activités. On a un taux d'occupation très
élevé et ainsi on acquiert facilement une rentabilité. (21
h 30)
Mais là n'était pas mon propos. Mon propos était
que l'avis du CPDQ, pour ma part et pour les responsabilités qui me
concernent sur la décentralisation, je trouve qu'il y a beaucoup de
pertinence dans son avis. Je peux vous assurer, ainsi que mes collègues
- je l'ai déjà dit à mes collègues, membres du
gouvernement - que, lorsqu'on approfondira davantage notre réflexion sur
la décentralisation et également sur les échanges qu'on
veut avoir avec les porte-
parole des deux unions... Ils me mentionnent plusieurs choses qui
rejoignent fondamentalement les orientations du gouvernement et mes
orientations personnelles. J'aimerais beaucoup plus, au lieu de faire de longs
discours, qu'on me donne concrètement des applications qui vont à
l'encontre de l'esprit de la recommandation du CPDQ. Vous allez voir que les
écarts sont beaucoup plus minces que ceux que vous n'imaginez.
M. Rocheleau: Dans votre préambule, tantôt, vous
avez mentionné que la prochaine année en serait une de
consultation plutôt que de décentralisation.
M. Gendron: ...beaucoup plus sur le développement des
régions. Je suis très sérieux car il y a une nuance
à faire. Dans ma présentation, j'ai vraiment insisté pour
dire que, dans l'année en cours, jusqu'à la fin de 1983, le gros
de la consultation portera sur un document qui s'appelle: Développement
des régions du Québec. Pour ce qui est de la
décentralisation, je n'ai jamais dit que, pour l'année en cours,
il y aurait beaucoup d'activités, si ce n'est d'avoir
précisé la réflexion sur la décentralisation avec
les deux unions, puisque c'est un engagement du dernier congrès, tant du
MCQ que de l'UCCQ. D'accord? L'accent sera mis sur le développement des
régions; le développement des régions est beaucoup plus
une problématique pour déterminer les bases sur lesquelles doit
s'asseoir une politique de développement régional, des
instruments de mise en oeuvre, une articulation des régions, une
révision du découpage et possiblement, ajoutés à
cela, quelques outils mieux articulés pour que les régionaux
puissent avoir un peu plus de possibilités réelles d'être
dans le coup en termes de développement global du Québec.
J'appelle cela le développement régional.
Développement régional
M. Rocheleau: On pourra toujours relire le préambule dans
l'énoncé que le ministre a fait au début. On pourra faire
les raccordements qui s'imposent. Par contre, je tiens à souligner que,
le 9 avril dernier, le ministre des Affaires municipales avait convoqué
à Québec, au Concorde, les préfets de comté.
J'avais pensé être invité, étant donné que je
suis responsable de l'aménagement du territoire et du
développement régional pour l'Opposition. Je pensais qu'on
n'avait rien à cacher et qu'on allait laisser l'Opposition jouer son
rôle. Si j'avais pu y assister, cela m'aurait peut-être
évité de faire des commentaires après, que j'ai dû
faire parce que je n'étais pas là.
Le 9 avril, même si j'ai parcouru environ 200 milles pour m'y
rendre, un samedi matin - et j'y suis retourné dans l'après-midi,
une belle fin de semaine ensoleillée, chose rare dans les temps qui
courent - je n'ai pas été accepté à cette
réunion car ma présence semblait gêner le ministre. En tout
cas, ce sont les commentaires que son attaché politique m'a faits
très gentiment. Les portes se sont refermées, on a parlé
des municipalités régionales de comté, on a
écouté les doléances des quelque 80 préfets de
comté; je pense qu'ils étaient tous là. Le ministre des
Affaires municipales, dans la lettre qu'il a fait parvenir à ces
mêmes préfets de comté, parlait justement d'explorer ou
d'examiner la décentralisation qui pourrait se faire dans les
municipalités régionales de comté au cours des trois
prochaines années. Je me suis mal expliqué votre absence parce
que, ayant fait appel au ministre des Affaires municipales pour entrer et ayant
subi un refus, je me suis dit: Si le ministre délégué
à l'Aménagement est ici, je pourrai au moins revenir plus tard et
lui en parler. Lui va peut-être dire oui, il semble tellement
réceptif. Mais il n'était pas là. Je me suis dit: Comment
se fait-il qu'on fasse venir tous les présidents de MRC, puisque c'est
une responsabilité qui chevauche? À un moment donné,
quelqu'un va prendre le paquet et va continuer. Quand on parle de
décentralisation, cela devient votre boulot. Mais le ministre
délégué à l'Aménagement n'est pas là.
Moi non plus, je n'y étais pas, mais pour vous, c'était plus
important parce que vous êtes le responsable.
M. Gendron: J'en conviens.
M. Rocheleau: On a parlé de décentralisation et
quelques semaines avant, quelques mois avant, vos collègues de
l'Assemblée nationale, à certaines occasions, faisaient de
petites annonces, de la publicité gratuite.
M. Gendron: Un message publicitaire.
M. Rocheleau: C'est cela. Entre autres, on a assisté
à une commission parlementaire sur le problème du taxi. On
voulait transporter ce problème-là vers les municipalités
régionales de comté. On peut le lire dans le petit document...
Vous m'excuserez de ne pas avoir apporté tous les documents, on n'a pas
les moyens, des chariots, des brouettes ou des camions pour nous apporter tout
cela ici. On a eu cette commission parlementaire où le ministre des
Transports soulignait la possibilité de leur foutre cela dans les
bras.
À un autre moment, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, le nouveau ministre fraîchement arrivé des banquettes
arrières, nous a dit qu'il fallait peut-être penser à
remettre la protection de
l'habitat aux municipalités régionales de comté. Un
autre qui arrive avec autre chose. Le ministre de l'Éducation est
"poigne" avec ses affaires d'autobus scolaires. On va foutre cela aux
municipalités régionales de comté. Un après l'autre
comme cela, cela nous arrive et on commence à penser
décentralisation, on commence à penser projet pilote, on commence
à penser à faire des tests.
On se dit que la loi 125 a été mise en place pour
permettre aux municipalités régionales de comté de se
doter, premièrement, d'un schéma d'aménagement. Elles ont
une période de temps définie, un maximum de trois ans pour
produire leur schéma. Elles n'ont pas encore produit leur schéma
qu'on veut leur foutre toutes sortes de choses dans les bras. Je trouve
rusé de la part du ou des ministres de tenter des projets pilotes dans
des endroits où on semble le plus énergique, le plus dynamique.
Une fois le projet pilote accepté, on redonne cela à l'ensemble
des municipalités régionales de comté.
Tantôt, vous avez dit qu'au cours de la prochaine année,
vous feriez une consultation sur la décentralisation, sur le
développement des régions - je reverrai cela à tête
reposée, lecture de chevet et je trouverai ce que je veux...
M. Gendron: À travailler fort comme vous le faites, cela
peut prendre quelques années avant que vous puissiez travailler à
tête reposée.
M. Rocheleau: Ne vous inquiétez pas, elle est souvent
reposée, beaucoup plus que la vôtre, à certains moments. Je
reprendrai tout cela, parce qu'en se parlant on dit des choses et même si
vous êtes robotisés, programmés, comme votre ministre
délégué à la Science et à la Technologie,
certaines choses sortent du programme un peu et on vient à bout de les
trouver. Ne vous en faites pas, on vous reprendra dans le détour.
J'aimerais vous entendre là-dessus parce qu'elles ont un
schéma à faire. Ne pensez-vous pas qu'on devrait leur foutre la
paix un peu pour les laisser s'asseoir un peu parce qu'on constate - c'est une
constatation qu'on fait - que les préfets de comté sont nerveux?
Ils ont tous les maires après eux, il y a toutes sortes de choses, ils
n'ont pas encore appris à vivre ensemble, ils n'ont pas encore appris
à s'acclimater, à se comprendre, à se connaître et
là, on semble les bousculer. Ne pensez-vous pas qu'on devrait attendre
qu'elles aient leur schéma? Vous savez, on a adopté un
schéma d'aménagement, un projet pilote. La Communauté
régionale de l'Outaouais, en 1978, avait adopté le premier
schéma au Québec d'une grande région. On n'a pas encore
aujourd'hui, en 1983, appris à décortiquer tout cela. Il y en a
qui veulent des changements d'équipements, que le cégep soit
construit à un endroit et l'autre ville veut l'avoir, la ville de
Gatineau voudrait que l'Université du Québec soit construite
là plutôt qu'à Hull. J'aimerais savoir si vous êtes
conscient que des municipalités, c'est un peu comme des petits pays.
Chacun a son petit château fort, chacun a sa petite structure, chacun a
ses petites frontières et il faut effectivement apprendre à vivre
régionalement. Cela m'inquiète énormément dans le
processus que vous entreprenez parce que je pense que vous allez
forcément les mêler si vous exigez trop de choses à la
fois, comme quand on parle de décentralisation. J'aimerais vous entendre
parce que vous êtes au courant que vos collègues font des
énoncés comme cela à petites pelletées et...
M. Gendron: Oui, oui.
M. Rocheleau: ...leur passent cela dans la gorge tranquillement,
et poussent cela un peu jusqu'à ce que cela descende.
Décentralisation
M. Gendron: Rapidement, je suis au courant que mes
collègues ont suggéré à quelques occasions des
choses qui pourraient être assumées effectivement par les MRC,
parce que chez nous la réflexion est permise et elle se fait. Alors, je
ne vois pas en quoi je serais "reprocheur", si vous me passez l'expression,
auprès de mes collègues qui, eux aussi, à
l'intérieur de leurs ministères sectoriels, sont amenés
à envisager certaines réformes qui pourraient cadrer avec
l'arrivée d'une nouvelle structure qui s'appelle la municipalité
régionale de comté, qui n'est pas là pour quelques mois ou
quelques semaines, mais qui est là possiblement pour demeurer avec les
ajustements qui sont requis. Sauf qu'il faut quand même s'en tenir
à ceux qui ont la responsabilité des MRC. Premièrement, le
ministre des Affaires municipales et moi-même avons
répété à moult reprises qu'il ne se ferait aucune
décentralisation réelle tant qu'on n'aurait pas tenu le colloque
sur la décentralisation avec les deux unions. Deuxièmement, je
dis qu'il n'est pas question de faire de la décentralisation si le
décentralisé ne veut pas la prendre. On n'est quand même
pas dingo à ce point-là. Et j'ai mentionné que, si
c'était l'un des objectifs du gouvernement du Québec de croire
qu'il y a certaines matières, certains programmes, certains dossiers qui
pourraient contribuer davantage à l'édification d'un
Québec plus fort s'il était décentralisé, c'est
dans la perspective que celui qui reçoit les morceaux de
décentralisation a le désir de la prendre, a la capacité
de l'exercer et ainsi apporter une
meilleure contribution au développement du Québec en
étant plus près des citoyens, en étant plus près
des réalités des milieux. Et c'est dans ce sens-là qu'on
s'oriente, c'est dans ce sens-là qu'on travaille.
Me faire rappeler comme on le fait -cela ne change pas, c'est toujours
le même discours - que, dans un document de mon collègue des
Transports, il est mentionné que cela pourrait être examiné
afin de voir si la MRC peut avoir un certain rôle concernant la gestion
du taxi... Dans les régions du Québec, il faut envisager des
mesures pour bonifier ou rentabiliser davantage cette industrie. Que cela se
passe autrement que ce qui existe actuellement, compte tenu que c'est une
industrie de moins en moins présente dans les petites
communautés. Vous allez peut-être dire que c'est moins
nécessaire, vous avez raison. Mais cela ne nous empêche pas, je
pense, d'avoir cette obligation de regarder comment cela pourrait être
fait, en se disant toujours, en fin de compte, qu'il n'est pas question de
poser des gestes tant que les unions, qui sont les porte-parole officiels du
monde municipal, n'auront pas donné un certain assentiment quant
à ce qu'ils veulent avoir comme décentralisation.
Qu'ils soient inquiets à certains moments, vous avez raison. Je
l'ai dit tantôt: Vous contribuez tellement à les rendre inquiets
en répandant toutes sortes de sornettes inexactes. Quand les gens
entendent toujours le même 45 tours qui se répète, à
un moment donné, il y a une certaine clientèle qui vient à
bout d'enregistrer cela. Et, même si c'est inconvenant, ils se laissent
ébranler en disant: Est-ce que c'est vrai que c'est demain matin qu'on
sera pris avec une décentralisation qu'on ne veut pas assumer? Non, ce
n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai que les MRC ou les localités du
Québec hériteront d'une décentralisation véritable
tant qu'on n'aura pas fait l'ensemble de nos devoirs, tant qu'on n'aura pas
donné suite aux engagements qui ont été pris, M. le
député de Hull. Et l'engagement qui a été pris,
c'est de tenir à la fin de l'été, au début de
l'automne, une table de concertation avec le monde municipal et on regardera
cela. C'est tellement vrai qu'eux-mêmes nous ont demandé:
Voulez-vous nous laisser tranquilles pendant un an, on fera notre
tournée sur la décentralisation? L'Union des municipalités
du Québec a fait toutes les régions du Québec pour
vérifier avec le monde municipal: si jamais il y avait une
décentralisation, qu'est-ce qu'on voudrait comme mesures de
décentralisation? Qu'est-ce qu'on est prêt à assumer?
Quelles seront les exigences qu'on posera au gouvernement du Québec
avant véritablement d'accepter que la décentralisation soit
faite? (21 h 45)
C'est tellement vrai qu'on a la même attitude que... Je donnais
l'exemple de la voirie tertiaire. On n'a pas dit: Demain matin, on
décentralise la voirie tertiaire. On a dit: Est-ce que cela vous
intéresserait de vérifier s'il y aurait effectivement certains
avantages à ce que la voirie tertiaire soit gérée d'une
façon plus près des besoins réels de nos commettants
contribuables? Cela ne devait pas être si fou que cela parce que j'ai
reçu bien plus de demandes pour essayer de tester l'hypothèse que
je vais être capable d'en donner. En termes clairs, on va faire quatre ou
cinq expériences. Il y a une quinzaine de MRC qui ont dit: Nous, on
aimerait essayer cette expérience. On aimerait cela que tu nous
choisisses comme MRC pour faire l'expérience de la
décentralisation en voirie tertiaire. Si, de temps en temps, vous
permettiez effectivement à ces gens d'entendre ce qu'ils disent au lieu
de chercher à leur faire dire ce que vous prétendez être la
vérité, souvent les modèles seraient différents. Il
y a un paquet de gens de la MRC qui me disent: Ils sont fatigants, ces membres
de l'Opposition; quand est-ce qu'ils vont arrêter de parler à
notre place?
M. Rocheleau: Cela s'en vient.
M. Gendron: Je dis souvent cela à ces gens-là. Dans
le dossier de la décentralisation, M. le député de Hull,
on va y aller graduellement, on va y aller dans la mesure de la volonté
des gens qu'on veut toucher par la décentralisation.
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre -par ce qu'il vient de
mentionner, on semble être l'obstacle, on semble être ceux qui
alimentent les perturbations que l'on vit actuellement dans le monde municipal
-allait aussi loin que de défendre aux préfets, aux
présidents de MRC ou aux maires des municipalités de communiquer
avec l'Opposition, de communiquer leurs inquiétudes, leurs
appréhensions face...
M. Gendron: Pas du tout, vous pouvez avoir les contacts que vous
voulez avec eux. Quand ils reviennent nous voir, ils nous disent toujours: Je
me suis rendu compte que ce n'était pas l'interlocuteur valable. Il n'y
a pas de problème. Vous pouvez continuer à les rencontrer parce
que nous...
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre considère que l'Union
des municipalités, que l'Union...
M. Gendron: ...quand ils allaient vous voir... Non, l'Union des
municipalités est un interlocuteur valable, on compose avec elle.
Régulièrement, on a des rencontres. La semaine prochaine, je vais
voir les présidents des deux unions. Je les ai vus il y a une
couple de semaines et j'ai d'excellentes relations avec le monde
municipal.
M. Rocheleau: Ils vous ont dit qu'ils n'avaient pas en nous un
interlocuteur valable?
M. Gendron: De temps en temps, quand ils ont à faire des
applications personnelles au niveau de certains porte-parole de
l'Opposition.
M. Rocheleau: De temps en temps...
M. Gendron: Ils se hâtent de revenir nous parler des
véritables dossiers. Ils veulent que cela avance, que cela progresse et
qu'on ne répète pas toujours les mêmes choses.
M. Rocheleau: Pourtant, je dois dire au ministre
délégué à l'Aménagement que, grâce
à l'Opposition, l'Union des municipalités régionales de
comté et l'Union des municipalités ont été
informées qu'il y avait un projet de loi qui s'appelait la loi 12 pour
soustraire le gouvernement du contrôle intérimaire dans les
prochains équipements ou les infrastructures.
M. Gendron: Ils nous ont dit que, pour cela, ils vous
remerciaient beaucoup.
M. Rocheleau: N'eût été de l'Opposition, ils
n'auraient jamais su qu'une loi se préparait à l'Assemblée
nationale si on n'avait pas osé en parler.
M. Gendron: Nous vous remercions également.
M. Rocheleau: Vous savez, c'est à peine la semaine
dernière. Il ne faut pas trop fouiller notre mémoire. Je me
rappelle aussi du dernier congrès de l'Union des municipalités,
qui a eu lieu il y a à peine quelques semaines, où on vous a fait
des recommandations importantes. On en a une pleine brique, on pourrait vous
questionner tous les jours. Par contre, sachant les réponses qui nous
viennent habituellement à l'Assemblée nationale, où vous
tentez de vous sauver partout sans pouvoir pour autant répondre, parce
que vous aimez mieux que personne ne sache où vous vous en allez...
Je vous avoue que l'Union des municipalités et l'Union des
municipalités régionales de comté sont très
inquiètes parce qu'on vient nous voir et on nous le dit. Je ne voudrais
pas qu'on les matraque ou qu'on les prive de certains petits goûters
occasionnels parce qu'on apprend des choses. Il ne faut pas envoyer les hommes
de bras du ministre pour leur tordre les méninges et leur dire: N'allez
plus parler avec l'Opposition. Ils viennent et notre porte est ouverte. Que
voulez-vous qu'on fasse? Elle est ouverte à tout le monde. Là, on
reçoit beaucoup de vos anciens commettants.
M. Gendron: Vous avez besoin de courants d'air; cela
rafraîchit les idées de laisser les portes ouvertes.
M. Rocheleau: Les courants d'air, on s'en crée aussi, ne
vous en faites pas.
M. Gendron: Oui.
M. Rocheleau: Oui. À l'Union des municipalités du
Québec, encore au dernier congrès, on a parlé de
décentralisation et non pas de décentralisation sans
fiscalité additionnelle. Une des dernières questions que je vais
poser au ministre sur ce sujet, parce qu'on en a d'autres à traiter,
c'est que le ministre des Affaires municipales, "ratoureux" comme je le
connais, depuis quelque temps, lance des fleurs aux municipalités en
leur disant qu'au cours de l'année dernière, les
municipalités, globalement, ont accusé un surplus
budgétaire de l'ordre de 180 000 000 $. C'est beaucoup mieux que ce que
le gouvernement a fait avec son déficit de 3 000 000 000 $. Le ministre
des Affaires municipales passe son temps à dire: Les
municipalités gèrent bien leurs affaires grâce à la
loi sur la fiscalité, la loi 57. Par contre, le réseau des
affaires sociales et le réseau de l'éducation n'ont pas atteint
encore 100% des compensations de taxes même avec la loi sur la
fiscalité. Selon les commentaires qu'on a entendus du ministre des
Finances, dans le temps, et du ministre des Affaires municipales du temps, le
député de Crémazie, on allait atteindre les 100% dans les
années qui viennent et c'était pressé de régler
cela. On comprenait, par contre, parce que j'ai fait partie du comité
Québec-municipalités dans le temps, que c'était un
morceau, des placements de fonds importants, et on parlait de quelques millions
pour atteindre les 100% et des réseaux scolaires et de
l'éducation.
Ce que je crains aujourd'hui, par l'attitude du ministre des Affaires
municipales qui voit ces municipalités en excellente santé - et
je me demande s'il n'en est pas quelque peu jaloux - c'est que le montant
éventuel pour atteindre les 100% de compensations de taxes du
réseau scolaire et des affaires sociales ne soit pas affecté
à la décentralisation. C'est-à-dire qu'on va vous donner
les montants où on n'a pas atteint les 100% de compensations de taxes,
tenant compte de certaines responsabilités que vous allez prendre
à compter d'aujourd'hui. J'aimerais simplement que le ministre me dise
si c'est l'orientation que vous allez prendre dans la prochaine ou les
prochaines années. Je prends un exemple. Si la ville de Hull, demain
matin, recevait
100% du réseau des affaires sociales et de l'éducation,
nous aurions 1 800 000 $ par année de plus. Avec un tel montant de plus,
la ville de Hull aurait deux choix: donner plus d'équipement à
ses citoyens ou réduire sensiblement son taux de taxe. J'aimerais
connaître la position du ministre sur ce sujet. Je me demande s'il n'y a
pas une petite trappe dans cela, parce qu'on est rendu en 1983-1984 et on nous
a dit cela le 9 décembre 1979, si je ne fais pas erreur, peut-être
le 10, mais je crois que c'est le 9. On nous a dit: On va atteindre les 100%
dans les cinq prochaines années. Cela fait quatre ans, le budget, et
cela n'a pas bougé tellement. Je crois qu'on est passé de 40%
à 50% dans un des réseaux et cela comporte environ 20 000 000 $.
J'aimerais connaître votre position sur ce sujet.
M. Gendron: Ma position est très claire. D'abord, je ne
suis pas le ministre des Affaires municipales, mais on est membre de la
même équipe. Ces choses se discutent au Conseil des ministres. On
a pris des engagements, quand on a fait la fiscalité municipale. En
passant, quand la réforme fiscale a été approuvée,
95% à 96% des municipalités du Québec étaient
gagnantes. C'est tellement vrai que, pour celles qui étaient perdantes,
on avait instauré un mécanisme temporaire qui s'appelait: la
politique du transfert minimum sur trois ans, en leur disant qu'après
l'extinction de la politique du transfert minimum, normalement, un
comité Québec-fiscalité devait réfléchir sur
un mécanisme plus permanent qui aurait corrigé cette perte de
revenus pour à peu près 5% des municipalités du
Québec. Donc, la réforme fiscale, la loi 57, a avantagé
95% des municipalités du Québec.
Votre question est simple. Vous voulez savoir si on se servirait
d'engagements qu'on a pris et qu'on ne réaliserait pas pour
dégager une masse salariale et se servir de cette masse salariale pour
payer les coûts de la décentralisation. Je dis qu'il n'a jamais
été question de cela, à quelque niveau que ce soit; j'ai
l'occasion d'être au Conseil du trésor, au Comité des
priorités et au Conseil des ministres et je n'ai jamais entendu quelque
collègue que ce soit avoir un discours comme celui que vous venez de
prononcer.
Alors, les engagements ont été pris, à savoir qu'on
essaierait de se rendre à une contribution de 100% au niveau des
"en-lieu" de taxes pour ce qui est des réseaux des affaires sociales, de
l'éducation et des télécommunications. Je pense que c'est
dans ce sens que le gouvernement du Québec va continuer à prendre
ses engagements. Pour ce qui est de la décentralisation, on a
également dit - c'est normal que les élus municipaux soient
exigeants là-dessus - que, s'ils assument des responsabilités
additionnelles, par définition, il me semble qu'il va falloir
accompagner cette décentralisation de la fiscalité requise.
Je ne discute pas à ce moment-ci de la forme que prendront ces
modifications à la fiscalité, mais je peux assurer le monde
municipal, je pense que le monde municipal a ces garanties - que des
responsabilités additionnelles doivent s'assumer avec une
fiscalité différente de celle qu'il connaît. Or, je ne peux
relier, comme vous l'avez fait dans votre préambule tantôt, le
fait de décentraliser ou pas et celui de ne pas assumer les engagements
qu'on a pris concernant la fiscalité. Il n'y a pas de lien.
Office de planification et de
développement du Québec
M. Rocheleau: Je suis heureux de l'apprendre. J'espère
qu'on ne le vivra pas et que ce ne sera pas une condition préalable
à des transferts futurs pour atteindre les 100%, parce que cela
n'était pas l'objectif premier visé par la loi 57.
M. le ministre, j'aimerais peut-être toucher un autre sujet. J'ai
mis quelque chose sur ma feuille tantôt concernant les engagements
financiers, entre autres... C'est celle d'en dessous. Le vent n'a pas eu le
temps de prendre dedans parce qu'elle n'est pas tellement épaisse. On y
reviendra quelque peu tantôt parce que c'est peut-être moins
important que certaines questions qu'on a à vous poser sur l'Office de
planification et de développement du Québec. Vous prenez
l'habitude et nous constatons que vous faites des énoncés de
temps en temps. On y reviendra tantôt, sur un autre sujet. Vous dites que
vous avez été mandaté... Entre autres, l'an dernier, vous
nous avez dit, lors de l'étude des crédits... Le ministre nous
disait qu'un mandat lui avait été donné de revoir, dans un
délai maximal d'un an, le rôle, les fonctions, les mandats, les
budgets et les effectifs de l'OPDQ. Cela a fait un an la semaine
dernière. Avez-vous le rapport?
M. Gendron: Je n'ai pas le rapport ici. Le seul rapport que
j'aie, c'est un rapport d'excellence des services que l'OPDQ rend au ministre
qui vous parle.
M. Rocheleau: Ce n'est pas ce que je vous demande.
M. Gendron: Non, je le sais. On va arriver à ce que vous
demandez. Tantôt, vous avez fait toutes sortes de considérations
concernant l'absence de moyens pour apporter vos documents et tout cela.
Pourtant, ce n'était pas l'objet de la commission parlementaire.
M. Rocheleau: On en a assez.
M. Gendron: Pourtant, ce n'était pas tellement exact.
Rappelez-vous, lorsqu'il a été question de monter huit
dictionnaires au bureau du député de Louis-Hébert, que
vous avez trouvé le chariot pour monter les huit dictionnaires. Il n'y a
pas eu de problème.
M. Rocheleau: M. le Président... M. Gendron:
Même...
M. Rocheleau: M. le Président, je ne veux pas vous confier
trop de dossiers, je veux avoir des réponses. Quand vous aurez rempli
votre mandat concernant les dossiers où on vous demande des
réponses, on vous en apportera d'autres.
M. Gendron: Parfait.
M. Rocheleau: Je faisais cela chez nous, dans l'Outaouais
québécois, avec la ministre péquiste qui avait
été élue en 1981. Pas 1981, c'est moi. En 1976. Je lui
apportais quelques dossiers à la fois pour qu'elle ne se mêle pas.
Je lui en ai apporté trois dans quatre ans. Je n'ai pas voulu la
"mélanger" et elle ne les a pas réglés. J'espère
que vous... On a attaqué ce soir l'aménagement...
M. Gendron: Faites le tour. (22 heures)
M. Rocheleau: II est malheureux que l'heure passe aussi
rapidement. Là, on touche à l'OPDQ. L'an passé, vous avez
dit que, dans un an, vous alliez avoir un rapport sur les fonctions, les
mandats, les budgets, les effectifs de l'OPDQ. Cela fait un an et une semaine.
J'aimerais qu'en vertu de la loi 65 sur l'information, on puisse avoir les
données pour voir si cela va réellement bien.
M. Gendron: Vous venez d'ajouter que j'étais censé
vous remettre un rapport sur les mandats, sur les effectifs. On a tout cela. Si
vous voulez savoir combien il y a d'employés à l'OPDQ, je vais
vous le dire. Vous me poserez une question précise là-dessus.
Cela ne sera pas long, on pourra y revenir. Quant au mandat, l'OPDQ a à
peu près le même mandat, si ce n'est que, entre-temps - j'en avais
parlé l'année dernière lors de l'étude des
crédits - lorsque M. Landry a été nommé ministre
délégué au Développement économique, il a eu
besoin, à un moment donné, d'une structure support, comme
président du Comité ministériel de développement
économique, pour son secrétariat au développement
économique. On a pensé que tout le groupe de ce qu'on appelait la
planification économique, statistiques, recherche, etc., pourrait
être mieux placé s'il était sous la responsabilité
du secrétariat au développement économique.
Le seul changement fondamental dans la structure de l'Office de
planification et de développement du Québec, est que j'ai perdu
deux petits groupes à l'OPDQ, dont un groupe responsable des mandats
spéciaux. Il y a eu le colloque sur le Saint-Laurent et l'équipe
qui y a travaillé a été transférée
directement dans le budget de l'Exécutif. Le groupe planification, qui
existait à l'OPDQ, a été transféré au
secrétariat au développement économique. Quant au reste de
l'OPDQ, il a gardé exactement la même structure avec une Direction
générale du développement régional, avec un groupe
sur la gestion du Fonds de développement régional, avec une
équipe de consultation -je vous l'ai dit tantôt - qui s'occupe du
contrôle et du suivi des dossiers des CRD, des CRDQ, etc. Il y a
également la structure régionale, que vous êtes
censé connaître. Dans chaque région du Québec, il
existe un délégué régional de l'OPDQ avec une
petite équipe - petite mais efficace -très efficace parce que la
plupart des ministères sectoriels sont très heureux de compter
sur la collaboration des équipes de soutien en région que
l'Office de planification et de développement du Québec met
à la disposition des besoins des citoyens, particulièrement pour
gérer le Fonds de développement régional qui a une
implication dans les régions du Québec et également pour
gérer le programme de création d'emplois communautaires qui,
comme je l'ai mentionné dans mon préambule, rend de fiers
services comme outil de développement dans les régions du
Québec. Le programme PECEC est géré en région pour
une bonne partie et ici, au comité directeur, à la direction
générale de l'OPDQ, pour ce qui est des montants de 75 000 $ et
plus.
Il y a également une direction des ententes à l'OPDQ. La
direction des ententes est demeurée ce qu'elle était
l'année dernière. Elle continue à s'occuper de la gestion
des ententes auxiliaires. Également, comme il arrive fréquemment,
à l'intérieur des ententes, que nous devions nous pencher sur des
modifications, l'OPDQ assure le suivi des modifications qui sont
apportées aux ententes sectorielles et également à toute
l'approche qui doit être constamment en révision et flexible par
rapport à l'évolution des dossiers quant aux ententes.
Il y a également les mandats spécifiques, comme dans
certains dossiers -j'en ai mentionné tantôt - où on a
collaboré sur l'option préférable d'aménagement.
L'OPDQ contribue à plusieurs dossiers d'une façon ad hoc, par
exemple à la commission parlementaire de Schefferville. L'OPDQ est une
structure souple, efficace, qui permet de prêter de temps en temps des
attentions particulières à des dossiers qui méritent des
analyses et un traitement plus intersectoriel. C'est le rôle de l'OPDQ de
faire cette intersectorisation.
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre pourrait nous faire
parvenir, si c'est possible... En somme, cette affaire-là doit
être écrite quelque part. Si vous avez eu des renseignements, si
vous avez revu le dossier et même... À un moment donné,
vous avez dit que cela justifiait la décision du Conseil exécutif
sur la nécessité d'une révision qui soit plus
adaptée à la réalité d'aujourd'hui, puisque cela
faisait quand même longtemps que cela existait. Si vous aviez à
nous transmettre certains rapports qui concernent les modifications internes
qu'on a faites, les déplacements de personnes, s'il y a eu des
déplacements, ou s'il y a moins d'employés effectifs qu'il y en
avait et où sont affectés les employés actuels, il serait
intéressant pour nous de...
M. Gendron: Oui, en remarque additionnelle, M. le
député, c'est toujours possible puisque vous savez comment, vous
connaissez autant que moi les règles de l'étude des
crédits budgétaires et l'Opposition a le droit d'avoir une
série de renseignements qui sont du domaine public, d'une part. D'autre
part, les questions en Chambre demeurent toujours possibles. On
prétextait tantôt que c'est important d'avoir plus de temps pour
fouiller les questions; je ne suis pas celui qui, en Chambre, est le plus
visé par les questions de l'Opposition. C'est votre droit le plus
strict...
M. Rocheleau: M. le ministre, je ne vous comprend pas.
M. Gendron: ...si vous n'avez pas d'intérêt de ce
côté. Les questions au feuilleton demeurent toujours possibles.
Nous n'avons rien à cacher. Effectivement, je suis tout à fait
d'accord avec vous pour vous transmettre toute information pertinente. J'ajoute
juste un élément, M. le député de Hull, car je l'ai
oublié tantôt: effectivement, dans le document dont je vous ai
parlé tantôt, à partir du moment où ce document
porte sur l'ensemble de l'orientation que je souhaite que le Québec se
donne pour une meilleure implication des régions du Québec, je
vais parler des régions, je vais parler de redécoupage, je vais
parler d'instruments de mise en oeuvre, d'outils de soutien et également
de la structure centrale qui est l'Office de planification et de
développement du Québec. Il y aura bien sûr, dans ce
document de réflexion, des indications sur les quelques ajustements
qu'il est important d'apporter à la structure centrale qui s'appellera
dorénavant l'Office de développement du Québec,
possiblement, puisque la partie planification n'est plus à l'OPDQ mais
se retrouve davantage au Comité de développement
économique. Dès que le document sera rendu public, ces
informations seront, bien sûr, du domaine public. À ce
moment-là, je ne vois pas pourquoi l'Opposition ne pourrait pas
être saisie de l'ensemble des renseignements qui
l'intéressent.
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y aura
un échéancier déterminé pour rendre public ce
document dont vous parlez?
M. Gendron: Ce document sera rendu public prochainement, dans les
jours qui viennent.
M. Rocheleau: Dans les jours qui viennent.
M. Gendron: Oui. Une seconde, on m'apporte une correction. Les
effectifs de la planification seraient rendus aux Finances. Je n'ai rien contre
cela, mais je sais qu'ils ont déjà été - c'est
juste qu'on veut être très précis - au Comité de
développement économique un certain temps. Les
responsabilités ministérielles étant changées, le
nouveau président du Comité de développement
économique, le député de L'Assomption, M. Parizeau,
ministre des Finances, a décidé de transmettre cela aux Finances.
C'est son problème, cela ne me dérange pas.
M. Rocheleau: Vous avez une facilité de charrier les
problèmes...
M. Gendron: Ce n'est pas un problème. S'il a amené
l'équipe chez lui, c'est pour trouver des solutions aux problèmes
que lui posent les Finances.
M. Rocheleau: En tout cas, on peut s'attendre à avoir cela
dans les prochains jours.
M. Gendron: Oui.
M. Rocheleau: Disons que nous serons patients comme l'habitude le
veut.
M. Gendron: Cela pourra vous distraire de votre statut
particulier dans la région de Hull si on vous nourrit d'autres
renseignements, et cela pourra être plus nourrissant pour le
Québec.
M. Rocheleau: On fera un échange de documents, si vous
voulez.
M. Gendron: Pas de problème.
M. Rocheleau: Vous m'avez blessé un peu tantôt, je
tiens à vous le souligner.
M. Gendron: Je m'en excuse. S'il y a quelqu'un que je ne veux pas
blesser, c'est le député de Hull.
M. Rocheleau: C'est beaucoup mieux. Vous semblez me reprocher de
ne pas vous poser suffisamment de questions. Il va falloir, M. le ministre, que
vous vous fassiez une idée. Si je vous pose des questions, c'est pour
avoir des réponses. On pourrait peut-être vous achaler davantage,
mais, tantôt, vous m'avez reproché d'aller un peu partout, de
"mélanger" le monde, de partir des chicanes, etc. Vous me reprochez cela
et vous me reprochez de ne pas vous poser suffisamment de questions. Si vous en
voulez une par jour, si vous voulez que je vous attise comme il faut, tenez-moi
au courant!
M. Gendron: Oui, je vous le dis, une par jour au minimum.
M. Rocheleau: Oui? Je peux vous tenir à la "pine", si vous
voulez. Mais remarquez une chose: je veux avoir des réponses en
Chambre.
M. Gendron: Oui, posez des questions, vous allez avoir des
réponses.
M. Rocheleau: Mais ne partez pas tout croche, avec de grands
détours pour remplir vos deux minutes, jusqu'à ce que le
président vous dise que votre réponse est trop longue.
M. Gendron: Vous m'avez toujours dit que ce n'était pas
moi, votre problème. Posez-moi des questions.
M. Rocheleau: Non, j'en ai un autre que vous. Je ne veux pas
pratiquer sur vous tout de suite, je vous prendrai en temps et lieu. Je vais me
débarrasser du ministre des Affaires municipales, premièrement.
On s'est débarrassé du ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, le député de Saguenay, et il y aura une
élection bientôt. Il y en a un de tombé; le prochain, c'est
le ministre des Affaires municipales, on est en train de le faire tomber
tranquillement. Il s'aide tout seul, d'ailleurs, on n'a pas besoin d'y toucher.
Vous, ce sera en temps et lieu. Quand on ira faire la grande région de
l'Abitibi...
M. Gendron: Vous êtes les bienvenus.
M. Rocheleau: ...on s'occupera de vous en temps et lieu.
M. Gendron: En passant, vous vous êtes essayé pas
mal fort à l'élection du 13 avril 1981. Je recevais cela par
grosse batterie, des "blitz" de 13 ou 14 candidats qui venaient faire un grand
coup.
Mme Bacon: On travaille fort, on est de grands travailleurs.
M. Gendron: Cela a beaucoup changé parce qu'on vous
reproche de ne pas être trop vaillant dans les journaux, des grands
bouts.
M. Rocheleau: Ne vous inquiétez pas. Mme Bacon:
C'est mal interprété.
M. Gendron: C'est cela, ce doit être la presse.
Mme Bacon: C'est une mauvaise couverture.
M. Gendron: C'est la presse qui est dans les patates.
M. Rocheleau: Non, mais, écoutez, on a le plus grand
respect pour la presse. On est respectueux de la presse écrite,
parlée, télévisée. Nous le sommes beaucoup plus que
votre patron parce que le patron du Parti québécois et du
gouvernement n'aime pas que la presse parle contre lui. C'est ce qu'il leur a
dit cet après-midi et nous pourrons lire cela dans les nouvelles demain:
MM. Roger Lemelin, Landry. Il a tombé sur la tête de plusieurs,
mais nous sommes indifférents parce que nous savons que c'est de
l'information, que le journaliste fait son travail et qu'on accepte le travail
qu'il fait. On ne les appelle pas après leurs publications pour les
semoncer.
M. Gendron: Est-ce possible, M. le...
Le Président (M. Champagne): Je veux souligner aux membres
de la commission, excusez-moi, qu'il reste une heure pour compléter les
trois heures. Je ne sais pas si ce ne serait pas le moment de passer au
programme 4.
M. Rocheleau: On fait tous les programmes, on les examine et, de
toute façon, M. le Président, vous allez comprendre qu'il nous
sera difficile... Je pense que vous ne nous avez pas rappelés à
l'ordre trop souvent... On a été respectueux de la
présidence.
Le Président (M. Champagne): Non, pour autant qu'on puisse
adopter ces crédits.
M. Rocheleau: Ce sera adopté d'une façon ou d'une
autre parce que ce n'est pas nous qui avons le gros bout du bâton pour le
moment. Mais ne vous inquiétez pas, M. le Président, quand vous
en aurez assez, quand l'heure sonnera, vous nous le direz tout simplement et on
vous fera cela dans l'espace de quelques secondes. En attendant, on a des
questions importantes à poser.
L'OPDQ a des fonds particuliers pour certains développements,
certains organismes,
certains équipements dans les municipalités. Cette
situation m'oblige à vous poser une question, M. le ministre, parce que
j'avais déjà entendu dire qu'on devait aménager dans
l'Outaouais une salle de spectacles. On avait réservé des fonds
de 1 000 000 $ pour cette fameuse salle de spectacles. Je ne sais pas si le
montant 1 000 000 $ fait des petits depuis ce temps, mais j'aimerais savoir
s'il est encore là.
M. Gendron: Oui. Les sommes disponibles sont toujours là,
sauf qu'on commence à être inquiets sur leur utilisation future
parce que cela ne vient pas vite dans cette région. Cela prend beaucoup
de temps à faire la concertation, et je le répète,
possiblement parce qu'il y a des problèmes de représentation
à certains égards.
M. Rocheleau: On ne s'en est pas mêlé trop trop
jusqu'à maintenant.
M. Gendron: Vous allez vous en occuper et cela va se
régler.
M. Rocheleau: Si vous voulez que je m'en occupe...
M. Gendron: Si vous tombez dans ce dossier, dans une couple de
semaines, cela va se régler.
M. Rocheleau: ...je vais le régler. Donnez-moi le
mandat.
M. Gendron: Alors, très précisément, M. le
député de Hull, nous disposons, au Fonds de développement
régional, d'une somme de 500 000 $ qui est prévue pour
l'aménagement de la salle de spectacles régionale au cégep
de Hull.
M. Rocheleau: II y a combien, M. le Président?
M. Gendron: 500 000 $.
M. Rocheleau: II y a un montant de 500 000 $ de parti?
M. Gendron: Je vous dis qu'au crédit du FDR, on a une
somme prévue de 500 000 $. C'est ce que je vous dis.
Ce dossier relève principalement du ministère des Affaires
culturelles. Vous êtes au courant que la ville d'Aylmer, sur le
territoire de laquelle est situé le cégep de Hull, n'a pas encore
accepté d'assumer la gestion de cet équipement. Vous devriez
être au courant de cela.
M. Rocheleau: Ce n'est pas mon frère...
M. Gendron: Non, mais j'espère que vous débordez de
temps en temps de vos relations intimistes avec votre mère et que vous
vous occupez de la grande région de l'Outaouais. C'est cela que vous
avez dit. Vous avez remplacé... Je n'ai pas continué ma phrase,
il me semble que vous avez dit toute à l'heure que vous aviez
remplacé certaines personnes. Je parle de l'ancien parrain de la
région de Hull, M. Oswald Parent.
Mme Bacon: Et la marraine aussi.
M. Rocheleau: J'ai effectivement remplacé MM. Caron,
Aimé Guertin, j'ai remplacé MM. Parent, Taché et tout
dernièrement j'ai remplacé Mme Ouellette.
M. Gendron: Vous êtes donc souvent de passage pour
remplacer tout ce monde.
M. Rocheleau: Non, mais vous savez, avec les années, on
remplace des gens.
M. Gendron: Le ministère des Affaires culturelles, dans ce
dossier, entend lancer un ultimatum assez sévère à la
ville d'Aylmer. Est-ce qu'elle va effectivement nous donner une réponse
définitive, à savoir si elle accepte d'assurer la gestion de cet
équipement? Sinon, quant à nous, puisque ce qui nous
intéresse est d'offrir les équipements requis dans certaines
régions du Québec, on va essayer d'envisager d'autres solutions
afin que vous puissiez bénéficier de certaines sommes pour
soutenir ce qui apparaissait dans le temps pour l'Office de planification et de
développement du Québec, et encore aujourd'hui pour celui qui
vous parle, comme étant un équipement requis.
De toute façon, j'ai un peu d'expérience dans les salles
de spectacles, vous m'avez accusé l'an passé ou il y a deux ans
de subtiliser les fonds prévus à Hull pour construire la salle
qui est en construction à Amos et qui va très bien. Nous autres,
chez nous, on se "mouve" les bottes et les gens sont bien
représentés.
M. Rocheleau: Est-ce cela qui est arrivé?
M. Gendron: C'est en construction, je vais inaugurer cela dans
environ deux semaines, une magnifique salle de spectacles à Amos. (22 h
15)
M. Rocheleau: N'est-il pas vrai qu'il y aurait 300 000 $ qui
seraient allés ailleurs dans votre comté?
M. Gendron: Possiblement, si ces gens-là étaient
prêts à relever le défi, à se mettre au travail,
à construire la salle de spectacles - c'est le cas - et à la
réaliser. Cela ne veut pas dire que les sommes prévues pour la
salle de spectacles de Hull
ne sont pas encore disponibles. Cela veut simplement dire, M. le
député de Hull, que, lorsqu'il y a un projet qui reste à
l'intérieur de nos programmations pendant un an, deux ans, trois ans,
à un moment donné, on a le goût de le transférer
à des projets plus prêts, plus aptes à être
réalisés dans une période plus courte. C'est le cas de la
salle de spectacles à Amos. De toute façon, au moment même
où on avait retenu des fonds pour la salle de spectacles à Hull,
l'OPDQ avait également retenu des fonds pour la salle de spectacles
à Amos. Il ne faut pas voir un transfert de fonds entre ces deux
dossiers.
M. Rocheleau: Une dernière question là-dessus. L'an
passé, il y avait des prévisions budgétaires de 1 000 000
$. Où sont allés les 500 000 $?
M. Gendron: Je l'ai dit. Ils sont sûrement allés sur
d'autres projets plus prêts à être réalisés,
mais cela ne donne rien de conserver une somme de 1 000 000 $ pendant trois
revues de programmes si on n'est pas en mesure de verser cette somme au
ministère client qui est demandeur. Dans le cas dont on discute, le
ministère maître d'oeuvre est le ministère des Affaires
culturelles. J'avais un objectif - et en passant, c'est peut-être bon de
vous donner cette information - pour l'exercice qu'on vient de terminer le 31
mars. Cela sera probablement la première fois que l'OPDQ réussit
à dépenser, au cours de l'année budgétaire, la
presque totalité des crédits prévus et c'est comme cela
qu'il faut fonctionner quand on veut effectivement s'assurer que les sommes
pour lesquelles on est allé se battre en revue de programmes servent
à du développement réel dans les régions du
Québec. J'ai fini mon année budgétaire le 31 mars 1983
avec presque pas de crédits périmés. C'est le même
objectif que je poursuivrai cette année. Si on me donne 20 000 000 $, je
vais essayer de dépenser les 20 000 000 $ lors de l'exercice
budgétaire parce que je ne veux pas, avec le peu d'argent que je peux
avoir - parce que, pour le Fonds de développement régional, je
souhaite toujours avoir des sommes plus substantielles - périmer 4 000
000 $ ou 5 000 000 $ chaque année.
M. Rocheleau: C'est probablement la dernière question que
je posais sur l'Office de planification et de développement du
Québec. J'attends vos rapports et nous serons en mesure de commenter par
la suite. Je ne veux pas me porter à la défense de la
municipalité d'Aylmer qui étudie, examine et prend
peut-être beaucoup de temps à se décider à dire oui
ou non, mais il y aussi la considération - vous devez sûrement en
tenir compte - que construire une salle de spectacles, c'est une chose, mais
l'administrer, c'est autre chose, et prévoir les fonds pour la soutenir,
c'est encore autre chose.
Projet Archipel
J'aimerais passer, dans une autre optique, au projet Archipel. Cette
affaire-là commence à me fatiguer pas mal. Cela
m'inquiète. Pas souvent, cela ne m'empêche pas de dormir encore,
mais cela m'inquiète. Il n'y a pas tellement longtemps, le 24 mai, je
posais une question au ministre responsable du projet Archipel et il
m'informait que les dépenses étaient rendues à environ 18
000 000 $. Ce qui m'inquiète un peu plus, c'est que... Et je vais vous
lire ce petit bout-là où le premier ministre, M. René
Lévesque, avait déclaré, en décembre 1982 dans
cette Chambre: "On est censé avoir un rapport sur l'état complet
des études des travaux entrepris d'ici quelques jours." Je me
réfère au journal des Débats du 15 décembre 1982
alors qu'il avait dit cela. Pour sa part, le ministre
délégué - il n'a pas pris beaucoup de temps pour s'en
mêler - a ajouté, et je cite: "Dès la semaine prochaine,
possiblement que mes collègues du Conseil des ministres pourront
examiner les recommandations que je vais leur faire." Cela est au mois de
décembre 1982. On est maintenant au mois de juin 1983. Le ministre, un
peu plus loin, nous dit qu'on va avoir cela en octobre, à l'automne
1983. C'est peut-être un autre rapport, je ne le sais pas, mais le
rapport qui était censé être produit dans les quelques
jours suivant le 15 décembre 1982, est-ce qu'on peut l'avoir?
M. Gendron: D'accord, vous avez bien lu, je l'ai aussi devant
moi: le 24 mai 1983. Vous avez cité exactement le journal des
Débats.
M. Rocheleau: Je ne peux pas me tromper là, n'est-ce
pas?
M. Gendron: C'est rare que vous êtes exact comme cela.
M. Rocheleau: Bon.
M. Gendron: Alors, je repars effectivement du journal des
Débats. La question, c'était: "Le ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional avait ajouté: Dès la semaine
prochaine - cela veut dire la semaine qui suivait le 15 décembre 1982 -
mes collègues du Conseil des ministres pourront examiner les
recommandations que je leur ferai concernant l'état complet des
études des travaux entrepris." J'ai ici copie du mémoire. Alors,
j'étais sûrement correct en disant cela puisque la copie du
mémoire au Conseil des
ministres est datée du 8 décembre 1982. Donc, quand je
disais: dès la semaine prochaine, après le 15 décembre,
c'est que le mémoire était déjà envoyé au
Conseil des ministres. Je l'ai envoyé le 8 décembre, mais, comme
je sais qu'il n'y a pas seulement un dossier au Conseil des ministres, il
arrive qu'entre l'envoi d'un mémoire au Conseil des ministres et le
moment où on le discute, il y a un décalage de quelques
semaines.
Le mémoire du 8 décembre, effectivement, a
été examiné par mes collègues du Conseil des
ministres à la séance du 26 janvier 1983. Que disait ce
mémoire? Exactement ce que je vous avais dit en Chambre, M. Rocheleau,
que je ferais des recommandations à mes collègues
ministériels. Je n'ai pas d'objection aujourd'hui à vous faire
état des recommandations que je faisais. Je ne sais pas si cela vous
intéresse.
M. Rocheleau: Cela m'intéressait peut-être...
M. Gendron: C'est un mémoire au Conseil des ministres.
M. Rocheleau: ...s'il était possible d'en avoir une
copie.
M. Gendron: Non, c'est un mémoire au Conseil des ministres
et...
M. Rocheleau: Ah! on n'est pas encore rendus là, nous
autres.
M. Gendron: Oui, c'est cela, et cela peut prendre du temps.
Alors, il ne faudrait pas commencer tout de suite le processus.
M. Rocheleau: Mais est-ce que, si vous êtes en mesure de me
lire les principales recommandations, vous ne seriez pas en mesure de m'envoyer
copie du mémoire?
M. Gendron: Non, pas le mémoire. Je suis en mesure de vous
lire les recommandations. Puisque, de toute façon, elles se sont
actualisées à partir du début de l'année 1983
jusqu'à ce jour, elles font partie du domaine public et, dans ce
sens-là, je n'ai aucune espèce d'objection puisque, de toute
façon, quelques-uns de vos collègues "senteux" sont venus
lors...
M. Rocheleau: Mes collègues quoi? M. Gendron:
"Senteux".
M. Rocheleau: Ah! Je pensais qu'ils sentaient.
M. Gendron: C'était bien d'ailleurs. Ils sont venus
s'informer effectivement des suites données à la table de
concertation avec cinq collègues ministres. Après avoir tenu
cette concertation où le comité ministériel Archipel et
tous les intervenants avaient dégagé un certain consensus, j'ai
rédigé ces recommandations pour informer le Conseil des ministres
de l'évolution de ce dossier.
En résumé, voici ce que je disais: "Que la poursuite de
l'étude de faisabilité du projet Archipel portant sur les quatre
domaines d'intervention que constituent la production hydroélectrique,
la régulation des eaux, l'aménagement des rives et
l'amélioration de la qualité des eaux de l'archipel soit
confirmée." J'ai toujours parlé d'un projet polyvalent
intégré en quatre volets. Je viens de vous rappeler les quatre
volets.
Deuxièmement: "Que la structure institutionnelle en place, pour
la réalisation de l'étude de faisabilité, telle que
prévue par la décision du Conseil des ministres, soit maintenue."
J'avais apporté des modifications à la structure
institutionnelle: le secrétariat, le comité technique
d'harmonisation, le comité ministériel Archipel. "Que
l'échéancier de réalisation de l'étude de
faisabilité soit prolongé jusqu'à l'automne 1984 de
façon à permettre au ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche de même qu'à Hydro-Québec de faire la
finalisation des études requises pour être capable de porter un
meilleur jugement d'opportunité sur le caractère de
faisabilité ou pas." "Qu'un mandat soit confié au comité
ministériel Archipel de soumettre au Conseil des ministres, à
l'automne 1983..." Et là, on arrive à la deuxième partie
de votre question, à savoir si on parlait du même rapport quand
j'ai répondu dernièrement en Chambre: Oui, à l'automne
1983, il est prévu que je fasse un second rapport d'évolution de
l'ensemble de la poursuite du dossier sur le projet Archipel, et ainsi de
suite. Peut-être une autre information, parce que je l'ai dit dans ma
présentation: "Que soit reportés les programmes de communication,
de consultation et de concertation qu'on avait établis dans le premier
échéancier de travail."
M. Rocheleau: M. le ministre, je ne sais pas si... Vous
préparez sûrement de longue main votre départ parce que je
pense que vous êtes quand même conscient du fait que vos beaux
jours sont pratiquement terminés. Vous votez des lois dans le but de
vous permettre éventuellement de sentir partout, d'avoir les rapports,
les documents, les dossiers en vertu de la loi 65 que vous avez adoptée
dernièrement sur l'information, sur la documentation, sur les rapports.
Je comprends que toute la réglementation n'est peut-être pas
complétée, mais l'objectif de
la loi 65 est de permettre l'information, de permettre à la
population de pouvoir prendre connaissance des différents rapports, des
différents dossiers, à moins que ce ne soit de la régie
interne, de la fabrication, une forme de marketing préélectoral.
Chaque fois qu'il y a une élection, vous nous foutez un paquet de
promesses de toutes sortes qui totalisent des milliards. En passant, cela ne
prend plus. Si vous tenez compte de la politique du leader et ministre des
Communications, je tiens à vous dire que nous souhaiterions avoir les
rapports ou les documents.
M. Gendron: II n'y a aucun problème, M. le
député de Hull. Tous ces rapports-là sont publics. Il y a
une adresse et il serait peut-être bon que vous en preniez note. On ne
vous a pas souvent vu là, mais vous avez le droit de venir en ville de
temps en temps; à 3450 Saint-Urbain, il y a le secrétariat
d'Archipel. Il y a un paquet de gens qui passent là et surtout ceux qui
sont vraiment intéressés au projet, non pas ceux qui veulent
faire de la politicaillerie sur le dossier.
M. Rocheleau: Ah oui!
M. Gendron: Des gens vraiment intéressés au
projet.
Une voix: Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre?
M. Rocheleau: M. le ministre...
M. Gendron: Ils viennent souvent prendre des informations. Tout
est public et on a un paquet de dossiers. Je vous fais une illustration des
minutes de la table de concertation des 3 et 4 juin 1982. Tous les gens que
vous fréquentez et qui font partie du monde municipal ont eu ces
informations. De toute façon, ces documents sont du domaine public et
vous avez raison. Pour être très sérieux, je ne pense pas
qu'on puisse ce soir, parce qu'il y a une loi sur l'accès à
l'information, envoyer copie à l'Opposition des mémoires du
Conseil des ministres. Le mémoire que je vais faire à l'automne
sur l'état de la question au Conseil des ministres, possiblement que,
encore une fois, je m'excuse d'avance, vous n'en aurez pas de copie, à
moins que vous n'utilisiez les moyens que avez à l'intérieur de
la machine, car vous en avez quelques-uns pour de temps en temps sortir
certains documents ministériels. C'est peut-être de bonne guerre.
Les documents d'information publique, vous allez les avoir et il n'y a aucun
problème.
M. Rocheleau: En somme, on a de la difficulté parce que
vous savez que le premier ministre dernièrement a sommé les
fonctionnaires de faire bien attention à cela, sous peine de
congédiement. Cela fait partie de votre transparence, malheureusement,
ou de votre non-transparence. On y reviendra. Je tiens à avoir les
documents parce que nous constatons... Et ma collègue
députée de Chomedey a sûrement des questions très
intéressantes et très pertinentes sur le projet Archipel...
M. Gendron: Je suis convaincu qu'elle aura des questions
pertinentes et intéressantes.
M. Rocheleau: Oui, oui.
M. Gendron: C'est pour cela que j'ai hâte que vous lui
passiez la parole.
M. Rocheleau: Vous êtes inquiet?
M. Gendron: Non, c'est pour vous donner une chance de
répit.
M. Rocheleau: Vous êtes fatigué?
M. Gendron: Je suis reposé et c'est reposant, travailler
avec vous, M. le député de Hull. On fait cela dans la joie, la
gaieté et il n'y a pas de problème.
M. Rocheleau: Bon.
Mme Bacon: On n'est pas "poigne" par en dedans.
M. Gendron: C'est cela.
M. Rocheleau: Cela a été agréable.
M. Gendron: Tout à fait. Je me plains que ce soit
seulement trois heures. Être certain que ce serait toujours vous qui
seriez l'intervenant, je souhaiterais avoir six heures de crédits avec
vous.
M. Rocheleau: L'an prochain, on pourrait peut-être
s'organiser pour cela?
M. Gendron: On demandera cela, six heures de crédits.
M. Rocheleau: M. le Président, c'est terminé. La
seule chose, je voulais compléter en disant que nous étions
réellement inquiets du côté de l'Opposition, tenant compte
que personne ne le veut, votre projet Archipel, personne à part le
gouvernement qui continue à gaspiller l'argent, qui continue à
mousser son projet, qui continue à faire son patronage dans l'embauche
de son personnel. Dans les crédits du mois d'avril, on voit des
engagements jusqu'à avril 1984. J'ai hâte, et ma collègue
aussi, que vous arriviez et vous nous disiez si c'est bon ou pas. Si ce
n'est
pas bon, arrêtez de gaspiller l'argent du public! Cela n'a pas de
maudit bon sens de vous voir faire! Là-dessus, je clos. Ma charmante
collègue va vous entretenir quelques instants.
M. Gendron: M. le Président, je suis très heureux
d'entendre le mot de clôture par le député de Hull, mais,
sur les quelques mots qu'il a dits avant, je voudrais quand même
reprendre deux choses. (22 h 30)
Quand le député de Hull dit qu'il n'y a personne, sauf le
gouvernement, qui est intéressé à réaliser ce
projet, encore là il manque d'information; on va essayer de lui en
donner. Je ne suis pas sûr que cela va changer son attitude, mais,
à la table de concertation de juin 1982, c'est plutôt l'inverse.
On a rencontré à peu près 28 bassins de milieux, de
population intéressés et concernés et il y en a trois ou
quatre qui avaient des craintes, et avec raison, les mêmes d'ailleurs que
celles que nous avons, et c'est pourquoi nous continuons à raffermir nos
études. Si on avait réponse à tout, M. le
député de Hull, on ne serait pas en train d'étudier, on
serait en train de faire le projet. On n'est pas en train de faire le projet
parce que, effectivement, c'est un projet d'envergure, c'est un très
grand projet. C'est un projet important pour les citoyens et citoyennes de la
ville de Montréal qui vivent dans un bassin hydrologique, pour lesquels
les anciens gouvernements, et particulièrement le vôtre, n'ont pas
trop eu de soucis, particulièrement pour ce qui est de la qualité
de l'eau, de l'assainissement des berges... Je ne passe pas à
côté de la "track", c'est cela la problématique de
l'île de Montréal. On vit dans un bassin absolument extraordinaire
et on veut en maximiser le potentiel et l'utilisation. Pour cela, parce que
c'est un projet d'envergure, important, il faut avoir une attitude responsable
et s'assurer que, si on décide d'aller dans ce projet, nous sommes
capables de le réaliser. Il a un rapport
coût-bénéfices avantageux pour les citoyens et citoyennes
du Québec, les contribuables, et c'est dans ce sens qu'on est en train
de fouiller davantage, pour s'assurer que c'est faisable ou non.
De toute façon, M. le député de Hull, actuellement,
on mettrait fin demain matin au projet, contrairement à votre
prétention farfelue, que la plupart des sommes d'argent qui auraient
été dépensées seraient totalement et
complètement utiles pour de longues années, pour les
ministères sectoriels concernés, que ce soit le MLCP, qui se
devait de toute façon de mener des études biotiques, biologiques,
aquatiques, appelez cela comme vous voulez... Même chose pour le
ministère de l'Environnement, qui nous dit: Oui, nous nous devions de
toute façon de conduire ces études, de les rafraîchir. Et
je termine là-dessus avec cette phrase: C'est aussi valable pour
Hydro-Québec puisqu'elle nous a dit, quand on a retenu
éventuellement une variante sans couvert de glace, au fil de l'eau, qui
est une nouvelle technologie de production hydroélectrique, elle a dit:
Oh! Petit problème. On n'a jamais eu d'étude vraiment
spécialisée sur le comportement des glaces dans ce type de
turbine et, avant d'aller plus loin, il faut faire une analyse exhaustive pour
voir comment les glaces se comporteraient.
Cela signifie donc qu'à la limite, même si on devait
abandonner le projet pour toutes sortes de raisons, nous aurions fouillé
des choses qui demeureraient intéressantes pour la collectivité
québécoise parce que ces études serviront, effectivement,
ultérieurement.
Le Président (M. Champagne): Mme la députée
de Chomedey, à vous la parole.
Mme Bacon: Merci, M. le Président. J'aimerais ramener le
ministre à l'annonce du projet Archipel en 1979, au moment où il
y a vraiment eu un tollé de protestations contre l'idée de
détruire l'un des plus beaux sites du Québec, et je parle des
Rapides de Lachine.
Le ministre délégué à l'Aménagement,
l'an dernier... Je vais le citer, je vais le ramener à ses
déclarations précédentes. Il nous déclarait: "La
question qu'on pose: Est-ce qu'on peut envisager le projet Archipel à ce
moment-ci sans, d'aucune façon, faire quoi que ce soit aux Rapides de
Lachine?" Il disait non à cette question. "Mais pourquoi nous continuons
le projet Archipel? Justement parce que, compte tenu de ce que j'appellerais
l'évolution - c'est toujours le ministre qui parle - technologique de
plusieurs aspects, on est en mesure à ce moment-ci de prétendre
que nous pourrions effectivement sauvegarder la valeur de la qualité
biologique des Rapides de Lachine, sa valeur esthétique, sa valeur
historique, sa valeur biologique. Cela n'apparaît pas sérieux
aujourd'hui de dire: D'aucune façon, on veut que vous touchiez aux
Rapides de Lachine en sachant qu'on ne veut pas parler du projet de
régulation des eaux, d'amélioration de la qualité de l'eau
et du contrôle d'étiage et des inondations sans qu'il fasse une
intervention à cette place."
Je le ramène au journal des Débats du 15 juin 1982. Le
ministre l'admettait donc lui-même, on protégera les Rapides de
Lachine, mais jusqu'à la limite où on pourra créer,
évidemment, de l'énergie. Pour ce qui est de la protection
intégrale du milieu, il ne faut pas y penser. Il faut peut-être
rappeler au ministre que les contestations n'allaient pas seulement contre le
projet hydroélectrique sur les Rapides de Lachine,
mais également contre tout ouvrage susceptible de détruire
les rapides. L'étude du ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche allait vraiment dans le sens d'une protection globale des
rapides.
Je vais citer le MLCP qui disait: Faire déclarer en loi tous les
Rapides de Lachine au titre d'arrondissement naturel, qu'aucun barrage
hydroélectrique ni aucun type de barrage de courant ne puisse y
être construit ou implanté, que les Rapides de Lachine soient
laissés à leur état naturel sans qu'on y effectue aucune
canalisation, ni travaux implantés artificiels ou autres de
régularisation, ni creusage, ni remblayage, ni travaux avec explosifs,
etc. Cela vient du MLCP.
J'aimerais ramener le ministre à une certaine
réalité, quand MM. Bourbeau et Duhaime disaient que le projet
Archipel n'était pas rentable: Avec ou sans barrage, le projet Archipel
n'est pas rentable, c'est la presse qui nous citait M. le ministre Duhaime. Ma
première question au ministre serait: Par rapport aux propos que vous
avez tenus, est-ce que cela veut dire qu'on pourrait compter sur vous pour
protéger globalement les Rapides de Lachine?
M. Gendron: Votre question est précise, Mme la
députée de Chomedey. Je trouvais qu'effectivement vous me citiez
bien, parce que je me rappelle à 100% - non, ce n'est pas cela que j'ai
dit - ce que j'avais dit. J'ai la même volonté politique. Je
prendrais aujourd'hui le même engagement, en ce qui me concerne.
Là, ce n'est pas une position gouvernementale, mais, en ce qui me
concerne, comme ministre responsable de ce dossier, si je n'ai pas la
conviction quand nous aurons terminé l'ensemble des analyses, des
études qui sont requises pour porter un jugement d'opportunité,
mais non pas uniquement sur des considérations subjectives ou sur une
analyse non intégrée... Je fais juste un aparté pour vous
dire que, lorsque M. Bourbeau nous dit que ce projet, strictement dans sa
dimension hydroélectrique, n'est pas rentable, je le sais, on le sait,
on l'a dit et je l'ai répété moi-même. Quand bien
même on me redirait cela cette année, je ne blâme pas M.
Bourbeau, j'ai le même point de vue que lui. Mais c'est justement ce que
vous oubliez, je n'ai jamais dit que c'était un projet
hydroélectrique. C'est un projet polyvalent intégré
où il y a quatre facettes et il faut optimiser les quatre facettes et
voir globalement, à la fin de l'ensemble de l'opération, dans un
rapport coût-bénéfices si, dans toute l'opération,
il y a moyen d'y trouver ce qu'on appelle un rapport
coût-bénéfices avantageux.
Pour ce qui est des Rapides de Lachine, j'ai mentionné que tout
serait mis en oeuvre et c'est un engagement - j'avais cela tantôt - qui a
été pris par tous les partenaires lors de la table de
concertation des 3 et 4 juin que, si nous n'étions pas capables de
maintenir la valeur, au sens large du terme, la valeur biologique des Rapides
de Lachine, leur dimension esthétique, leur dimension en ce qui a trait
à l'oxygène qui se développe par rapport à une
certaine vie d'espèces aquatiques, d'espèces fauniques, la
recommandation qui serait faite par celui qui vous parle et possiblement
appuyée par mes collègues du comité ministériel
Archipel parce que le même ministre que vous citiez tantôt
siège au comité ministériel Archipel, le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche... Il participe aux échanges
et à nos réunions. Je n'ai jamais entendu dire de la part du
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ce que vous venez de me
relater. Que ce soit une position interne de fonctionnaires, c'est leur
droit.
Mme Bacon: Je voudrais rappeler au ministre, s'il veut le relire,
que c'est un extrait des Salmonidés des eaux de la plaine de
Montréal en 1980, page 59.
M. Gendron: Oui, oui. Je faisais juste rappeler à la
députée de Chomedey que ce n'était pas une position que
j'avais entendue du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui
siège au comité ministériel Archipel. Ce n'est que cela
que je vous disais. Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas un...
Mme Bacon: Est-ce que le ministre me dit que le ministre du MLCP
ne tient pas compte de ce que fait son ministère?
M. Gendron: Pas du tout. Je viens de vous dire qu'il y avait
unanimité et ces collègues étaient présents lors de
la table de concertation. Unanimité sur quoi? Unanimité sur la
nécessité d'avoir cette même exigence qu'il n'est pas
question de faire une intervention majeure dans les Rapides de Lachine qui
aurait comme conséquence de détruire les habitats fauniques qui
s'y trouvent, de détruire la qualité, effectivement, qu'ils
représentent pour les populations riveraines de Lachine, de Verdun et de
LaSalle, de même que pour toute la population de l'île de
Montréal. Dans toutes les représentations qui nous ont
été faites, vous avez raison, Mme la députée, de
dire que l'insistance a toujours été marquée plus
fondamentalement sur la question des Rapides de Lachine que sur tout autre
morceau. Comme on n'est pas débranché de cette même
réalité que les citoyens et les citoyennes du Québec
vivent, nous devons avoir la même préoccupation. Ce que je dis
aujourd'hui et ce que je reprends comme engagement, c'est que, quand on aura
terminé l'ensemble de ce qui est requis,
parce qu'on me dit qu'il y a des possibilités de faire certains
travaux au niveau des Rapides de Lachine sans altérer toutes les
considérations que je ne veux pas évoquer à nouveau - je
l'ai fait tantôt - et qui sont la qualité de la vie, l'aspect
esthétique, l'aspect biologique, l'aspect historique... Il y a un peu de
"trip" autour de cela, mais c'est bon d'en garder dans une
société.
Mme Bacon: II y en a qui entretiennent les "trips" aussi. Est-ce
que cela veut dire que le ministre s'engage à protéger
globalement les Rapides de Lachine?
M. Gendron: Je ne peux pas vous dire cela aujourd'hui, Mme la
députée de Chomedey. J'ai dit l'an dernier que je ne peux pas
m'engager à protéger globalement les Rapides de Lachine parce que
je trouve que cela ne ferait pas sérieux au moment même où
on est en train de poursuivre des études avec la prétention de
certaines personnes, de certains collègues sectoriels, qu'il se peut que
nous en arrivions à faire des interventions aux Rapides de Lachine sans
modifier les quatre ou cinq aspects vitaux des Rapides de Lachine, pour
lesquels on a tout autant de souci que vous, Mme la députée.
Mme Bacon: Est-ce que cela veut dire, M. le ministre, que les
municipalités qui ont fait des pressions, et je vais en
énumérer: Verdun, LaSalle, Lachine, les Mohawks de Caughnawaga,
le conseil de Lafond, l'Association des biologistes, le docteur Armand
Frappier, pour qui on a tous beaucoup de respect, de l'Institut Frappier,
différentes notoriétés dans les domaines biologique,
zoologique, écologique et autres, les études qui ont
été faites par les ministères du gouvernement, est-ce que
cela veut dire que tous ces gens ne font pas sérieux?
M. Gendron: Pas du tout, madame. C'est gens font tellement
sérieux qu'ils exigent de nous d'être très sérieux
dans l'évolution de ce dossier. Ils font tellement sérieux qu'ils
nous ont fait un paquet de mises en garde. Ils nous ont effectivement avertis
de plusieurs choses auxquelles ils tiennent, pour lesquelles nous trouvons
qu'il est logique d'avoir énormément de souci et d'attention, que
ce soit le Conseil de la faune, les gens de Verdun, les gens de LaSalle, les
gens de Lachine ou les communautés qui se sont manifestées en
nous disant: Nous, on veut, effectivement, vous avertir qu'on va être
exigeants par rapport à certains biens que nous voulons conserver, qui
représentent pour nous une valeur inestimable, et là, ils nous
parlaient des Rapides de Lachine. Ces gens nous ont mis un peu à
l'affût de cette très dure réalité qu'un dossier
d'envergure comme celui-là, il faut le mener avec
énormément de parcimonie, d'attention, de délicatesse et
de respect pour la nature. On ne peut pas avoir le souci de faire un projet
polyvalent intégré qui va redonner un peu plus
d'élément naturel aux citoyens et citoyennes de la ville de
Montréal et se comporter comme des gens qui n'ont aucun respect pour le
petit peu qui reste. Il reste tellement peu de ces valeurs importantes par
rapport à ce qui s'en vient dans le monde: tout ce qui s'appelle de
l'eau de qualité, des territoires non inondés, une plus-value au
nautisme, une plus-value aux sports aquatiques, qu'il faut non seulement
pouvoir regarder les rapides, mais de temps en temps avoir quelque occasion de
jouer dedans. Si ce ne sont pas les rapides, que cela soit au moins l'eau de
l'archipel de Montréal, ce qu'on ne peut pas faire actuellement pour
toutes sortes de raisons: négligence du passé, raisons
historiques et de contexte. C'est dans ce contexte que nous travaillons.
Mme Bacon: Est-ce que le Devoir du 27 janvier 1982 citait bien le
ministre quand il disait que le projet Archipel doit préserver les
Rapides de Lachine même si cela change les plans
d'Hydro-Québec?
M. Gendron: Je m'excuse, j'ai eu une courte distraction. Reprenez
juste...
Mme Bacon: Le Devoir de janvier 1982 citait, en gros titre: Le
projet Archipel doit préserver les Rapides de Lachine même si cela
change les plans d'Hydro-Québec: Gendron. Est-ce que vous êtes
prêt à faire cela? Vous êtes prêt à aller
jusque-là?
M. Gendron: Je ne suis pas prêt à faire cela, je
suis prêt à vous dire que cela est fait, parce que...
Mme Bacon: Dans votre mémoire?
M. Gendron: Pas dans le mémoire, c'est fait aussi dans le
mémoire, mais c'est fait dans la réalité des choses.
Mme Bacon: Vous allez nous en dire un peu plus?
M. Gendron: Je vais tout vous dire. C'est bien plus important que
dans le mémoire. Ce qui est important, Mme la députée de
Chomedey, c'est de s'assurer qu'effectivement, à partir du moment
où c'est un projet polyvalent intégré, d'exiger
qu'Hydro-Québec ait un comportement différent de celui qu'elle a
eu jusqu'à maintenant dans les interventions qu'elle a faites dans les
milieux d'abord non habités et dans des dossiers où on n'avait
qu'une seule commande à lui transmettre: Y a-t-il moyen
de produire de l'hydroélectricité à Manie, à
LG 2, LG 3 et à tous ces endroits que je connais? (22 h 45)
Ce n'est pas là le dossier qu'on a confié à
Hydro-Québec: Est-ce qu'il est possible pour toi de t'associer au projet
Archipel dans sa dimension hydroélectrique en étant consciente
qu'on a trois autres objectifs auxquels on tient beaucoup, qui s'appellent
régulation des eaux, amélioration de la qualité de l'eau
et aménagement des rives pour éviter cette perte de valeur qu'ont
les territoires inondés. C'est tellement fait qu'Hydro-Québec a
dû modifier la rétention des variantes; c'est le langage que ces
gens avaient utilisé. Hydro-Québec avait retenu une série
de variantes potentielles: une longue, une courte, un grand canal, un petit
canal. On a analysé ces variantes en profondeur et on a dit: C'est beau,
votre affaire, parce que cela permet de produire 800 ou 1200 mégawatts,
mais, pour les autres objectifs que nous avions, avec une variante avec un long
canal qui va exiger un déplacement d'environ 100 000 tonnes de
déplacements de remblais, de reconversions, on a dit: C'est bien de
valeur, c'est beau pour vous autres, vous ferez cela à LG 2, LG 3, mais
pas au projet Archipel. Ils sont obligés de travailler sur d'autres
variantes puisqu'ils nous disent qu'ils peuvent arriver avec un modèle
de production hydroélectrique qui n'aurait pas pour conséquence
d'altérer considérablement le milieu biophysique et le milieu
naturel. C'est pourquoi on est toujours au travail. Le jour où on aura
une variante qui respecte nos objectifs par rapport à ce que je vous ai
mentionné tantôt, il me semble qu'on sera prêt à
faire une recommandation définitive.
Actuellement, le type de centrale qui est retenu, auquel on travaille,
autant en modèle réduit qu'en raffermissement - je vous parlais
tantôt de l'expérience sur le comportement des glaces - c'est une
centrale qui est beaucoup plus petite. On est passé de 800 ou 900
mégawatts à 415 mégawatts. On n'a plus de canaux de fuite
ou de canaux de dérivation qui s'étirent sur des dix, douze,
quinze kilomètres. On ne travaille plus avec de telles variantes. C'est
dans ce sens-là qu'il faut quand même garder un petit peu de
rétention sur les dossiers par rapport à l'information publique
parce que c'est un dossier qui est en évolution. On n'a rien à
cacher. On ne peut pas à chaque demi-heure ou è chaque semaine
qu'il y a une évolution importante reliée aux objectifs qu'on
poursuit, la communiquer en disant: Dans quinze jours, on espère arriver
à quelque chose de mieux. Nous avons des objectifs. Le projet est connu
du public et on veut que les objectifs intégrés, globaux
demeurent, pour améliorer l'ensemble de l'archipel.
Mme Bacon: Je vais aller vers la rentabilité du projet, M.
le Président. Il y a une question qui me chicote un peu quand j'entends
le ministre faire ses grands exposés. Comment se fait-il que le premier
ministre, l'automne dernier, mentionnait comme projet de relance
économique le projet Archipel pour la fin de novembre? Sur quoi se
basait-il à ce moment-là pour nous annoncer cela à grand
renfort de publicité, si ce n'était pas prêt?
M. Gendron: Quand?
Mme Bacon: À l'automne 1982, il l'annonçait pour la
fin du mois de novembre.
M. Gendron: Non, à ma connaissance...
Mme Bacon: Comme projet... Oui, oui, oui. Comme projet de relance
économique.
M. Gendron: À ma connaissance...
Mme Bacon: Cela n'était pas prêt, cela
n'était que de la publicité gratuite qu'on faisait.
M. Gendron: Non, c'était de la publicité
réelle. À ma connaissance, M. Lévesque parlait
effectivement de ce beau et grand projet que j'espère qu'on pourra
réaliser, mais avec...
Mme Bacon: C'était loin d'être prêt.
M. Gendron: ...les conditions qu'on a exposées
tantôt. À ma connaissance - je l'ai dit dans ma
présentation et on n'avait pas la chance d'avoir votre présence
au moment où je l'ai dit, au tout début -
l'échéancier de base dans ce dossier-là a toujours
été prévu pour une décision ministérielle en
1984.
Mme Bacon: C'est ce qui m'avait fait sursauter moi-même
quand j'ai posé la question au premier ministre, alors qu'il
l'annonçait pour la fin du mois de novembre.
M. Gendron: Oui, mais là, écoutez...
Mme Bacon: Parce que l'échéancier n'était
pas la même chose.
M. Gendron: Vous vous parlerez tous les deux; votre
collègue et ami, néanmoins, le député de Hull
disait tantôt qu'il était tanné de voir toutes les
dépenses de fous qu'on faisait dans ce projet-là. S'il avait
raison, au moins les dépenses qu'on fait ont une certaine
productivité par rapport à ce qu'on pourrait appeler des
éléments de relance.
Mme Bacon: II ne faut pas charrier quand même. Il ne faut
pas charrier!
M. Gendron: Non, non, je ne charrie pas du tout, d'autant plus
que la plupart de ces travaux seraient requis de toute façon par rapport
aux études du MLCP, par rapport aux études que mène le
ministère de l'Environnement. On ne peut pas voir comment le
gouvernement du Québec disposerait des territoires des berges
améliorées qui ne seraient plus inondées sans fouiller un
peu cette question-là auprès des intermédiaires
municipaux.
Mme Bacon: Si le ministre arrête de parler, il me laissera
le temps de continuer parce qu'il ne reste qu'un quart d'heure et j'aimerais
lui demander d'être aussi concis dans ses réponses que je le suis
dans mes questions.
M. Gendron: Je vous le promets.
Mme Bacon: Je reviens à la rentabilité du projet et
on regardera ce que le premier ministre nous a dit l'automne dernier. L'an
dernier - je reviens encore à la table de concertation - le
président d'Hydro-Québec -on a des coupures de journaux à
l'appui -nous déclarait que le projet hydroélectrique sur les
Rapides de Lachine n'était pas rentable. Le ministre de l'Énergie
et des Ressources nous dit en Chambre qu'il en coûterait plus cher pour
produire un kilowatt aux Rapides de Lachine par rapport à un kilowatt
à la Baie-James, deux fois plus cher. Si je me rappelle ce qu'il a
mentionné, c'est 3000 $ par rapport à 1500 $. Il y a eu
évidemment des modifications depuis ce temps-là au plan de
l'aménagement de la centrale hydroélectrique, la phase avec le
projet qui était le plus court. Est-ce que le ministre peut nous dire
où en sont vraiment rendues les études quant à la
rentabilité, au débit utilisé - on a parlé de 90-10
ou de 80-20, mais, quelquefois, on entend d'autres chiffres - à la
faisabilité du projet, aux coûts du projet?
M. Gendron: Oui, je vais essayer d'être très bref et
très précis. Comme je vous l'ai dit, le projet n'est pas rendu
à terme pour une décision finale. Mais si je vous disais, Mme la
députée, que, au moment où on se parle, entre tout ce qui
s'est dit par rapport à la rentabilité, c'est une
réduction de 59% des coûts depuis l'an dernier? Alors, l'an
dernier, si les coûts estimés pour le projet global - je ne m'en
souviens pas, un instant - étaient autour de 3 000 000 000 $ pour
l'ensemble du projet Archipel, c'est 59% de moins cette année. Alors, on
me dit que cela fait 1 200 000 000 $ à peu près.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous dire quel pourcentage
de débit utilisé et considère comme acceptable? Est-ce que
c'est précis à ce point-là? Est-ce qu'il peut nous le dire
en ce moment?
M. Gendron: À ce moment-ci, je peux vous dire certaines
choses. Je peux vous dire qu'on a donné ce qu'on appelle une fourchette,
comme il est normal de le faire.
Mme Bacon: Oui.
M. Gendron: Bon, à l'intérieur de la fourchette, on
a posé des exigences, mais elles sont accolées à certains
types de variantes, à certains types de travaux requis par rapport
à la variante qui va être requise et à la décision
finale du volume de mégawatts qu'on va pouvoir produire. Actuellement,
la fourchette est de 60-40.
Mme Bacon: Par rapport au 90-10 ou au 80-20?
M. Gendron: Ce 90-10 n'est plus dans le décor...
Mme Bacon: Non, pas du tout.
M. Gendron: Dès l'an passé, j'ai dit que 90-10, il
n'en était pas question.
Mme Bacon: D'accord. Ce serait plus réaliste de dire
60-40?
M. Gendron: Oui.
Mme Bacon: Quand on parle d'acceptable, d'une part, pour la
protection de ce qui va rester des Rapides de Lachine et, d'autre part, pour la
rentabilité du projet hydroélectrique, c'est 60-40 qui serait le
plus réaliste?
M. Gendron: Oui.
Mme Bacon: Qui serait plus actuel?
M. Gendron: C'est cela.
Mme Bacon: Ce serait plus précis de dire plus actuel? Cela
peut changer?
M. Gendron: Non, c'est vraiment plus précis de dire plus
actuel que réaliste. Le réalisme de la chose, on l'aura à
la toute fin.
Mme Bacon: C'est toujours actuel. M. Gendron: C'est
cela.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous assurer de rendre
publiques toutes les études? Je sais que les mémoires au Conseil
des ministres, il les garde pour lui, mais il y a des rapports au fur et
à mesure qui seront terminés. C'est quand même des millions
et des millions de dollars qui sont
des millions du public en général, qui doit payer la note
en fin de compte. Ce n'est quand même pas le ministre qui le fait. Est-ce
que tout cela va être publié?
M. Gendron: Toutes les études qu'on a menées pour
raffermir nos hypothèses, de quelque nature qu'elles soient, autant pour
la dimension hydroélectrique que pour les autres dimensions, les quatre
volets du projet, ce sont des études publiques, disponibles au
secrétariat d'Archipel et cela sera comme cela à l'avenir.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre nous dit que, normalement, ce
serait à l'automne 1983 qu'il aura le rapport final, à moins
qu'on recommence, qu'on fasse d'autres variantes?
M. Gendron: Non. Aujourd'hui... Mme Bacon: Oui.
M. Gendron: ...dans ma présentation et dans les quelques
questions qui ont été posées par votre collègue,
j'ai eu l'occasion de dire qu'à l'automne 1983, ce serait plus un
rapport d'étapes qu'un rapport final. On a toujours travaillé sur
un échéancier 1984 pour avoir ce qu'on appelle un rapport de
faisabilité le plus global possible, le plus vérifié
possible. Là, on aura eu le temps de vérifier toutes nos
hypothèses, d'avoir un meilleur degré de précision quant
à nos chiffres, quant au ratio coût-bénéfices.
À ce moment-ci, je peux vous dire tout de suite qu'on ne peut avoir tout
cela en 1983. D'ailleurs, Hydro-Québec a dit: L'étude que nous
faisons sur le comportement des glaces prendra deux hivers. Elle ne peut en
faire une l'été. Elle a besoin de deux hivers et elle a eu un
premier hiver. Je regrette, mais c'est cela. Le MLCP dit: Toutes les
études -et je vous fais grâce de la terminologie précise
appropriée - ne seront pas terminées avant le début de
l'année 1984. Et j'en ai besoin pour les mêmes motifs que les
vôtres, madame: assurer une meilleure protection de la vie faunique,
aquatique, etc.
Mme Bacon: Est-ce que le ministère de l'Environnement vous
dit la même chose?
M. Gendron: Possiblement.
Mme Bacon: II n'a pas l'air très présent?
M. Gendron: Non, l'Environnement - ce n'est pas à cela que
je réponds non -l'Environnement nous dit la même chose pour ce qui
le concerne, sauf que l'Environnement est un peu plus avancé dans les
types d'études qu'il devait conduire par rapport aux études du
MLCP. Mais l'Environnement a effectivement conduit plusieurs études, et
nous les avons.
Mme Bacon: Vous les avez en main?
M. Gendron: Je n'ai pas...
Mme Bacon: II y en a d'autres à venir?
M. Gendron: Un instant. Oui, il y en a d'autres à
venir.
M. Rocheleau: II va y en avoir une tonne à venir.
M. Gendron: Non, il n'y en aura pas une tonne à venir. On
avait identifié un certain nombre d'études requises. Le
ministère de l'Environnement en a livré un certain nombre. Je
n'ai pas ici le détail, mais il reste quelques études que le
ministère de l'Environnement prétend être requises, qui ne
sont pas livrées au moment où je vous parle.
Mme Bacon: Je ramènerais le ministre à la
période de questions du 24 mai dernier, quand il nous disait que le
coût était rendu à 18 000 000 $ de dépensés
dans le projet, comparativement au montant de 14 000 000 $ qui avait
été prévu pour cette phase. C'est quand même une
forte augmentation et il reste encore des études à venir,
à terminer. Combien prévoyez-vous, comme coût, pour ces
études? Est-ce que vous avez des prévisions qui peuvent
s'avérer assez exactes, sans avoir des différences de 4 000 000 $
à chaque fois?
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Gendron: Un instant. Là, M. le député de
Hull, vous pourriez mettre quelques points de suspension dans vos rapports pour
l'an prochain, non pas parce qu'il y aurait une hésitation du ministre,
mais parce que vous me posez une question précise et que vous voulez
avoir le chiffre précis. Vous allez vous rappeler cela dans votre
rapport de l'an prochain?
M. Rocheleau: Sans commentaire.
M. Gendron: Sans commentaire, je vous remercie. Le chiffre que
j'ai aujourd'hui pour l'ensemble des études, quand le projet sera
terminé, va constituer à peu près une dépense de 16
000 000 $ à 18 000 000 $. Toutes les études que nous aurons
menées depuis le début de ce projet jusqu'à la fin.
Mme Bacon: Vous nous dites que vous êtes rendu à 18
000 000 $ de dépensés maintenant par rapport à 14 000 000
$ de prévues.
M. Gendron: Non, regardez la précision qui est importante,
c'est que les 18 000 000 $ de dépensés actuellement, cela ne
comprend pas uniquement des études. Il y a là-dedans des
salaires, des frais de secrétariat.
Mme Bacon: On va y revenir.
M. Gendron: II y a le budget d'Hydro-Québec et tout cela.
Alors, pour corriger ce que j'ai dit tantôt - c'est moi-même qui ai
fait l'erreur en disant que les 18 000 000 $, c'était pour les
études - jusqu'à aujourd'hui, on a globalement 18 000 000 $ de
dépensés pour l'ensemble de l'opération Archipel.
Mme Bacon: Quand vous allez avoir terminé, ce sera
combien?
M. Gendron: Quand on aura terminé...
Mme Bacon: Vous devez avoir prévu cela.
M. Gendron: Oui. De toute façon, à chaque
année, dans la revue de programmes, il y a des sommes qui sont
prévues. Si je regarde, par exemple, ce qui est prévu en
1983-1984, au total en 1983-1984, il est prévu une dépense de 3
090 000 $ pour les études et le secrétariat, excluant
HydroQuébec. Hydro-Québec à elle seule pour le
modèle réduit, pour tester la variante et tout cela,
prévoit en 1983 une dépense de 9 300 000 $.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut quand même nous
décortiquer cela, ces 18 000 000 $? Combien pour le secrétariat
Archipel? Combien pour les études des différents
ministères? Combien pour l'étude d'Hydro-Québec? Combien
pour le reste?
M. Gendron: Oui. Ce ne sera pas long et je peux essayer de vous
décortiquer cela simplement. Les études du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche depuis le début à
aujourd'hui, incluant les dépenses prévues dans l'exercice
budgétaire en cours 1983-1984, sont de 3 191 000 $.
Le MENVIQ, ministère de l'Environnement, 1 900 000 $. Le MAM, 1
400 000 $. Toujours depuis le début. D'accord? Le MER, le
ministère de l'Énergie et des Ressources, 100 000 $.
M. Rocheleau: Incluant 1983-1984? M. Gendron:
Toujours.
M. Rocheleau: C'est un "party", celui-là, quoi?
M. Gendron: Depuis le début jusqu'à
aujourd'hui.
Mme Bacon: Deux salaires.
M. Gendron: Ce doit être cela. À ce prix-là,
on devait sûrement avoir invité des gens qui étaient
habitués aux "partys" dispendieux de votre côté.
Secrétariat, 5 600 000 $.
Mme Bacon: C'est quoi là?
M. Gendron: Je vais vous expliquer cela. On est dans les chiffres
et il ne faut pas mêler les colonnes.
Mme Bacon: Ne prenez pas tout le temps, j'ai encore d'autres
questions, M. le ministre.
M. Gendron: Oui, je ne suis pas pressé.
Secrétariat, 5 600 000 $.
Mme Bacon: 5 600 000 $ pour le secrétariat.
M. Gendron: Au total.
Mme Bacon: Euh! euh! j'espère.
M. Gendron: Toujours depuis le début. Hydro-Québec,
en 1979, il y a eu la préfaisabilité, 1981, 1982, 1983 incluant
l'exercice budgétaire en cours, au total, 17 000 000 $.
Mme Bacon: II n'y a pas de "et le reste"?
M. Gendron: Pardon?
Mme Bacon: II n'y a pas de "et le reste"?
M. Gendron: II n'y a pas d'etc.
Mme Bacon: Parfait. Est-ce que le ministre peut nous dire en ce
moment combien de personnes travaillent au secrétariat d'Archipel
à temps complet et à temps partiel? (23 heures)
M. Gendron: Oui, je peux vous dire tout cela. Il y a 40 personnes
actuellement qui travaillent au secrétariat; il y en a 34
occasionnelles, c'est-à-dire des employés ayant le statut
d'occasionel. Vous connaissez la différence, ils travaillent à
temps plein, mais ils ont un statut d'occasionnel. Il y a sept employés
permanents et il y a six contractuels.
Mme Bacon: Combien est-ce que cela représente en
traitements?
M. Gendron: Les traitements? 1 176 000 $ pour 1982-1983.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous fournir la liste des
personnes qui sont à l'emploi du secrétariat d'Archipel?
M. Gendron: Oui, c'est du domaine public.
Mme Bacon: Vous pouvez nous la déposer?
M. Gendron: Oui. Je ne sais pas si j'ai la pièce à
déposer, mais j'ai cela dans mes papiers. Oui.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on va l'avoir?
M. Gendron: Non, non. Vous l'avez déjà. C'est
seulement pour vérifier vos chiffres, je le sais, on est
habitués.
M. Rocheleau: On veut comparer.
M. Gendron: C'est cela. Écoutez, vous n'êtes pas
obligé de le dire, on le savait que c'était pour comparer. Voici,
M. le Président, pour fins de dépôt aux membres de cette
commission. Justement, vous l'aviez dans votre cahier.
Mme Bacon: Je m'excuse auprès du ministre, je n'ai pas le
cahier.
M. Gendron: Non, mais je veux dire que, selon les
règlements du leader par rapport à l'étude des
crédits, on est obligé de vous fournir un certain nombre
d'informations.
Mme Bacon: Cela avait dû être demandé
auparavant.
M. Rocheleau: Très limitées.
M. Gendron: Très limitées... C'est le
règlement de la Chambre, M. le Président.
Mme Bacon: Ce n'est pas tout le monde qui le voit de la
même façon, M. le ministre.
M. Gendron: En tout cas.
Mme Bacon: Peut-être qu'ils n'ont pas tous votre
générosité.
M. Gendron: Ah! peut-être.
Mme Bacon: Vous êtes plus généreux que les
autres.
M. Gendron: J'ai expliqué cela au député de
Hull. C'est qu'étant...
Mme Bacon: Ou pas assez, quoi!
M. Gendron: Non. C'est qu'étant moins vieux, on a pris
moins de mauvaises habitudes, de mauvais plis. Dans ce sens...
M. Rocheleau: Mais vous les avez prises vite, les mauvaises
habitudes.
M. Gendron: Ah! c'est peut-être le signe que le nombre des
années n'attend pas... Je ne sais quoi.
Mme Bacon: J'aurais une dernière question parce qu'il est
23 heures.
M. Gendron: Oui.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous garantir que ce
fameux projet Archipel sera prêt avant deux ans ou s'il le garde comme
une bonne carte dans sa manche pour la prochaine élection?
M. Gendron: Si le...
Mme Bacon: II peut y avoir une autre Baie-James?
M. Gendron: Si le projet est faisable, je peux vous assurer que
c'est une mosus de bonne carte parce que c'est un beau projet. Ce n'est pas que
c'est une bonne carte, c'est que c'est un beau projet et que nous avons eu la
délicatesse, la prévoyance de le fouiller complètement. Il
pourrait être intéressant pour l'ensemble des citoyens et
citoyennes du Québec parce que c'est un projet d'envergure, c'est un
projet, comme je vous l'ai dit, polyvalent, qui pourrait permettre
effectivement que le Québec puisse réussir dans un domaine
où l'expertise n'est pas complètement faite.
J'ai dit tantôt que l'échéancier prévu pour
terminer l'ensemble des données dont on a besoin pour prendre une
décision finale, au moment où je vous parle, Mme la
députée, au moment où je vous parle, c'est 1984.
Entre-temps, il n'est pas dit que certaines évaluations ne seront pas
faites, qui pourront nous amener à des conclusions que je ne peux livrer
aujourd'hui.
Mme Bacon: Automne 1984?
M. Gendron: Non, un instant. Je dis que c'est un dossier qui est
en évolution. Il y a un comité ministériel qui le suit, il
y a un ministre responsable qui, de temps en temps, va faire rapport au Conseil
des ministres et si, à l'automne 1983, par exemple, le Conseil des
ministres avait l'information que nous n'avons pas l'assurance qu'effectivement
en 1984 - parce que je n'ai pas envie de jouer avec les
échéanciers d'année en année - on sera
obligé...
Mme Bacon: ...de plusieurs années quand même.
M. Gendron: Pas depuis que j'ai la responsabilité du
dossier et qu'on a décidé de vraiment fouiller l'ensemble des
éléments qui demeurent pertinents pour qu'une réponse
adéquate soit fournie sur un projet d'envergure comme cela. On pourrait
faire sortir un des premiers rapports qui avait été donné
par le secrétariat Archipel et on verrait qu'on avait prévu
effectivement que ce serait en 1984 qu'on pourrait donner une réponse
définitive.
Si, entre-temps, il y a des éléments en termes
d'informations qui m'arrivent, qui exigent en termes de responsabilité
de l'utilisation des fonds publics de ne pas poursuivre le projet pour des
raisons qu'on expliquerait et qu'on serait en mesure d'expliquer, soyez
assurée que c'est le genre de recommandation qu'en conscience je ferai
à qui de droit.
Mme Bacon: Je suis fort étonnée d'entendre le
ministre insister sur le fait que son échéancier est de 1984, si
je me ramène à ce que le premier ministre disait pour novembre
1982. J'étais aussi étonnée à ce moment de
l'annonce du premier ministre qui se servait de ce projet Archipel comme
relance économique très importante.
M. Gendron: Oui, et je...
Mme Bacon: C'est deux ans quand même. Il voulait l'annoncer
en novembre et il n'a jamais fait son annonce en novembre.
M. Gendron: Non. À ma connaissance, et on n'a pas
les...
Mme Bacon: J'enverrai des copies au ministre.
M. Gendron: Oui, j'aimerais voir cela. À ma connaissance,
ce que le premier ministre a mentionné, c'est qu'effectivement... Et
cela confirme mon rapport. Je vous l'ai dit, je l'ai posté le 8
décembre 1982 et il avait parlé de novembre. Il y a un mois de
différence. Il a sûrement beaucoup plus dit qu'à la
lumière des informations...
Mme Bacon: Une annonce importante.
M. Gendron: C'est cela. À la lumière des
renseignements additionnels que je transmettrais au Conseil des ministres, il
se pourrait qu'on soit en mesure effectivement de donner des meilleures
garanties sur la faisabilité ou pas du projet Archipel.
Mme Bacon: C'est une phase importante, ce n'est pas un rapport
d'étapes, M. le ministre. C'est une annonce, quand le rapport est
terminé. À moins qu'on ne l'annonce plusieurs fois.
M. Gendron: Bien oui, mais...
Mme Bacon: L'ancien ministre de l'Environnement faisait cela. On
peut faire la même chose dans d'autres ministères.
M. Gendron: De toute façon, rappelez-vous comment on a
annoncé effectivement la Baie-James. Peut-être bien que cela va
vous rappeler certains souvenirs. Entre le moment où on a annoncé
le projet et le moment où effectivement on a entrepris sa mise à
exécution, il y a eu un certain décalage. Le pire, dans votre
cas, est que ce n'était même pas le projet annoncé qui a
été fait.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre veut dire qu'il nous prend en
exemple?
M. Gendron: Non, non. À ne pas faire. Surtout, à ne
pas faire. Vous avez vu ce qui vous est arrivé.
Mme Bacon: Bien! Il y a d'autres circonstances qui peuvent vous
amener à subir le même sort, M. le ministre.
M. Gendron: Oui, oui. Moi, je ne le souhaite pas, mais c'est
certain.
Mme Bacon: Cela va vous arriver. La même chose va vous
arriver.
Le Président (M. Champagne): II nous reste cinq
minutes.
M. Gendron: Ah! C'est réglé. M. le
député de Hull l'a dit.
Le Président (M. Champagne): Non, non, mais enfin...
M. Gendron: II a dit qu'il avait des questions à poser,
mais quant aux crédits...
Le Président (M. Champagne): Non, non, mais on pourrait
peut-être les adopter. Les programmes 4 et 5 avec les
éléments qui les composent sont-ils adoptés?
M. Rocheleau: Je voudrais simplement ajouter, M. le
Président, si vous le permettez, qu'on a passé beaucoup plus de
temps à interroger le ministre sur certains aspects qui nous
intéressaient d'une façon plus particulière. En ce qui
concerne les crédits comme tels, vous allez devoir comprendre que, avec
le peu d'information, avec le peu de chiffres que l'on a, nous aurions eu
beaucoup plus de temps pour accorder une attention tout à fait
particulière à chacun des éléments ou aux deux
éléments que nous traitons...
En général, nous allons examiner les réponses que
nous a données le ministre à chacune des questions que nous avons
posées,
sur les principales responsabilités, en tenant compte de
l'aménagement et de l'urbanisme, des municipalités
régionales de comté, en tenant compte du rapport sur l'OPDQ, que
nous attendons, et du projet Archipel.
Pour ce qui est des crédits, M. le Président,
effectivement, ils sont adoptés sur division, étant donné
que nous constatons qu'avec un budget de 24 000 000 000 $, le gouvernement
aurait dû réexaminer en profondeur tout l'éventail de
chacun de ses services, de chacun de ses ministères. Cela prendrait, ce
soir, une étude beaucoup plus poussée, si on tenait compte du
fonctionnement de personnel, des déplacements de personnel, des
modifications ou des diminutions de personnel et je pense qu'on pourrait passer
ici encore trois heures.
Le ministre a suggéré tantôt que, pour l'an
prochain, on pourrait avoir six heures de débat, s'il est encore
là...
M. Gendron: À condition que ce soit vous.
M. Rocheleau: On ne sait jamais. Vous serez peut-être de
l'autre côté de la table. De toute façon, on pourra
examiner cela ensemble et si cela commande plus de temps, nous le demanderons.
Pour ce qui est de l'adoption, nous les adoptons sur division, de notre
côté.
Le Président (M. Champagne): Sur division. Alors, si je
comprends bien, les programmes 4 et 5 et les éléments qui les
composent sont adoptés sur division.
M. Rocheleau: C'est cela. Je ne sais pas, mais il faudrait
préciser que la division vient de notre côté, au cas
où...
Le Président (M. Champagne): Est-ce tout?
M. Gendron: Pour conclure, M. le Président, vous me
permettrez uniquement de remercier mes collègues et les gens de
l'Opposition, mais surtout l'équipe de soutien responsable des trois
chapeaux où j'ai des responsabilités. Je voudrais remercier les
gens de l'Office de planification et de développement du Québec,
les gens du Secrétariat à l'aménagement et à la
décentralisation, les gens du secrétariat au projet Archipel, de
même que le personnel politique de mon cabinet, pour avoir quand
même mis beaucoup de temps dans la préparation des renseignements
qu'il nous paraît effectivement normal de transmettre à
l'Opposition, afin que ces gens puissent voir l'évolution des
responsabilités ministérielles, à partir du moment
où, dans chacun des cas, il s'agit toujours d'utilisation de fonds
publics. Je pense qu'il était requis que nous prenions quelques heures
pour regarder ce qui se fait dans les secteurs dont j'ai la
responsabilité.
En conclusion, je dis tout simplement que je suis convaincu que la
prochaine année sera une année importante pour les
responsabilités qui sont miennes, parce que le document de
réflexion, qui sera produit prochainement, qui sera rendu public,
permettra effectivement d'aller consulter tous les citoyens qui résident
dans toutes les régions du Québec pour essayer - c'est l'objectif
que je vise - que non seulement il y ait un ministre à Québec qui
soit responsable du développement régional, mais que
concrètement les régions du Québec puissent mieux et
davantage se retrouver dans l'action gouvernementale. Merci.
Le Président (M. Champagne): Auriez-vous d'autres
questions?
M. Rocheleau: Je tiens à remercier tous ceux qui ont
accompagné le ministre et qui, à l'occasion, ont fourni les
informations que nous souhaitions. Nous aurions préféré
avoir plus d'informations sur d'autres sujets. On aura l'occasion de les
demander si le besoin s'en fait sentir. Par contre, je tiens simplement
à préciser que le ministre, au cours des discussions, nous a
mentionné le fait qu'il pourrait nous faire parvenir certains rapports
que nous avons demandés. J'espère qu'on en tiendra compte et que
nous pourrons les obtenir dans un délai assez bref.
Le Président (M. Champagne): Merci. Sur ce, la commission
élue permanente de la présidence du conseil et de la constitution
ajourne ses travaux sine die, parce qu'elle a rempli le mandat qui lui
était confié.
(Fin de la séance à 23 h Il)