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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente de la justice reprend ses
travaux pour poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère de la Justice pour l'année financière 1983-1984
en ce mercredi 18 mai 1983.
Les membres de la commission sont: MM. Bédard (Chicoutimi),
Brouillet (Chauveau), Charbonneau (Verchères), Dauphin (Marquette), Mme
Juneau (Johnson), M. Kehoe (Chapleau), Mme Lachapelle (Dorion), MM.
Lafrenière (Ungava), Leduc (Saint-Laurent), Martel (Richelieu)
remplacé par Boucher (Rivière-du-Loup), Marx (D'Arcy McGee).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Blank
(Saint-Louis), Dupré (Saint-Hyacinthe), Dussault (Châteauguay),
Fallu (Groulx), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Marquis (Matapédia),
Paradis (Brome-Missisquoi), Saintonge (Laprairie).
Nous avons déjà sept heures et vingt-trois minutes
d'écoulées à cette commission sur un total de douze
heures. Il nous reste à peine quatre heures et trente minutes. Nous
devons étudier 17 programmes et il n'y en a que trois d'adoptés.
Y aurait-il des changements, M. le député de D'Arcy McGee,
à la liste?
M. Marx: Je pense qu'il nous reste plus de quatre heures et
trente minutes. Je pense qu'il nous reste environ six heures parce que c'est
une commission de douze heures.
Le Président (M. Champagne): Si on pense avoir fait une
erreur, mademoiselle corrigera. Est-ce qu'on peut espérer finir cet
après-midi, si les questions et les réponses sont courtes?
M. Bédard: On aura à évaluer la situation au
début de nos travaux cet après-midi.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Nous en
étions au programme 4, élément 1. M. le
député de D'Arcy McGee avait des questions à poser, entre
autres, à Mme Fournier. M. le député.
Protection des droits et libertés de la
personne
M. Marx: Hier, on a arrêté nos travaux quand vous
avez répondu en ce qui concerne les services où il y a vraiment
un manque de ressources ou de personnel. Si ma mémoire est
fidèle, au service des enquêtes c'est vraiment très lent,
comme au service de l'accueil, des communications. C'est moins sérieux
au service de la recherche, ainsi de suite. La recherche peut
représenter 150 000 000 $ et il n'y en aura pas assez si on
décide d'examiner toutes les chartes du monde.
J'aimerais savoir quelle est la répartition du budget entre ces
services. Sur le budget d'environ 3 000 000 $ pour l'an dernier, combien
était attribué aux services d'accueil, au service des
enquêtes? Est-ce que cela est dans le rapport annuel?
M. Bédard: Pour les montants de notre budget qui sont
très directement reliés aux traitements, aux salaires
payés aux employés, la plus forte proportion de ce budget est
effectivement allouée actuellement aux enquêtes et à
l'accueil, c'est-à-dire à la réception des plaintes. Si on
prend le bloc qui fait problème en termes de délai de traitement
des plaintes.
M. Marx: Donc, on peut prendre le nombre d'employés...
Disons que s'il y a 20 personnes sur 80 qui sont au service des enquêtes,
c'est-à-dire que les enquêtes...
M. Bédard: Je peux ajouter là-dessus que nous avons
depuis quelques années ajouté des postes occasionnels puisque
nous n'avions pas de postes permanents à ouvrir. Nous avons
ajouté des postes occasionnels et nous avons pris le budget pour payer
ces postes occasionnels à l'enquête et à l'accueil dans les
budgets qui auraient été alloués au fonctionnement comme
tel.
M. Marx: Est-ce que la commission a étudié la
possibilité, par exemple, de réduire les services de la recherche
et de l'éducation pour mettre plus de ressources au service des
enquêtes?
M. Bédard: L'étude qui a été
entreprise depuis environ un an et demi vise précisément à
rationaliser le mieux possible les ressources de la commission. Nous
faisons
l'analyse à la fois de rationalisation de l'utilisation des
ressources de la commission et en fonction des besoins les plus pressants et
l'analyse des besoins de ressources dans la situation actuelle et par rapport
aux nouveaux mandats qui sont donnés par la charte. L'étude qui
est en train de se faire est sur le point de se terminer comme on vous le
disait, hier.
M. Marx: Je pense que vous admettrez que ce que la commission
fait au Québec est un peu différent de ce que les commissions
font ailleurs. C'est-à-dire que la commission québécoise
s'est donné - c'est plutôt l'Assemblée nationale qui a
donné le mandat à la commission - ou a interprété
son mandat comme couvrant tout. Si on commence avec le préambule, on
peut faire enquête, on peut faire de la recherche, on peut faire des
interventions sur la place publique, sur presque tout. On peut faire des
enquêtes sur l'éducation, parce qu'il y a un article qui touche
l'éducation, sur la dignité de la personne et ainsi de suite.
C'est-à-dire que la commission s'est donné comme mandat de faire
des interventions sur n'importe quoi, étant donné que tout est
couvert par la charte. Si ce n'est pas couvert par les articles 1 à 9,
c'est couvert par le préambule. Par exemple, la commission a fait une
enquête à Parthenais. Je ne suis pas contre cela, le ministre non
plus, le sous-ministre non plus, le sous-ministre associé non plus. Il y
a 33 centres de détention; la commission pourrait envoyer quelqu'un
faire une enquête dans chacun et on peut envoyer des gens faire des
enquêtes dans les hôpitaux, pour les handicapés mentaux. Il
n'y a pas de... C'est-à-dire que si la commission veut faire des
enquêtes, des recherches et ainsi de suite, 5 000 000 $ ne seront
vraiment pas assez pour satisfaire l'appétit des commissaires.
C'est cela le problème. Je trouve que l'un des problèmes
à la commission, c'est qu'on a défini un mandat qui est trop
large. Je vois plus que la commission ne met pas la totalité de ses
ressources, mais la plupart, sur la discrimination c'est-à-dire en ce
qui concerne les articles 10 à 20. Oui, oui, si vous voulez.
M. Bédard: Eh bien! Il faut lire le mandat qui est
donné à la commission par la charte elle-même. Il faut lire
ce mandat aux articles 66 et 67. Nous avons le mandat, comme commission, de
promouvoir l'ensemble des principes et des valeurs qui sont contenues dans la
charte. Je pense que c'est très clair. Cela pourrait prendre, comme vous
dites, une armée de travailleurs et de travailleuses pour faire cela.
Cependant, les articles sont quand même spécifiés et nous
choisissons nos interventions en fonction des besoins et des urgences que nous
pouvons déterminer. Mais l'article suivant, l'article 67, est aussi
très spécifique. On nous dit que nous devons faire des
enquêtes, recevoir des plaintes; on nous dit que nous devons mettre sur
pied un programme d'éducation; que nous devons... Ce n'est pas un choix
de notre part, de mettre sur pied un programme d'information. Nous devons faire
la recherche sur la législation et la recherche sur les situations de
droits et libertés. Alors avec tout cela, il s'agit de devoirs et des
responsabilités qui reviennent à la commission. Nous avons, de
toute façon, mis plus de poids sur la question des enquêtes
puisqu'il y a là une question d'urgence individuelle, de personnes qui
se placent devant nous.
M. Marx: Peut-être puis-je formuler par une phrase la
critique de la commission que j'entends dans beaucoup de milieux. Il faut que
la commission fasse plus de travail de droit et moins de travail de sciences
sociales, de sciences politiques, etc. Ce n'est pas une critique que je fais
à la commission, c'est une critique qu'on entend dans tous les milieux,
même parfois à l'Assemblée nationale.
Supposons qu'on prenne l'article 67, "recevoir les plaintes et faire
enquête" il n'y a pas de choix ici. Même si cela prend trois ans
pour faire enquête, il faut le faire, b) "établir un programme -
je lis l'ancien parce que le nouvel article n'est pas en vigueur -d'information
et d'éducation destiné à faire comprendre et accepter
l'objet, les dispositions de la présente charte." Etablir un programme
d'information et d'éducation, cela peut être une brochure, des
centaines, cela peut être des programmes dans les écoles, cela
peut être des posters. On peut dépenser 100 $ ou 100 000 $ ou 100
000 000 $. C'est toute la ligne: "Diriger, encourager les recherches et
publications sur les libertés et droits fondamentaux." Diriger et
encourager, c'est encore de 100 000 $ à 100 000 000 $. "Procéder
à l'analyse des lois du Québec antérieures à la
présente charte." Il n'y a pas de choix. Cela n'a jamais vraiment
été fait parce que la commission n'avait pas les ressources pour
le faire. Je pense que les ressources n'étaient pas suffisantes pour le
mandat qu'on avait donné à la commission. Je dis très vite
que c'est un gouvernement libéral qui a donné ce mandat à
la commission et pas assez de ressources. "Recevoir les suggestions,
coopérer..."
En lisant cela, je trouve que recevoir les plaintes et faire
enquête doit recevoir une certaine priorité. Je pense qu'il faut
mettre plus de ressources sur cette question, parce que c'est dans ce dossier
aussi que la population voit le visage de la commission. Il y a beaucoup de
plaintes en ce qui concerne les délais devant la commission, en ce qui
concerne les procédures, des plaintes fondées,
des plaintes non fondées. Je ne sais pas comment le ministre voit
le problème.
M. Bédard: Pas seulement en fonction du fait qu'on est
dans une période économique qui fait que les ressources sont
limitées dans tous les domaines, je ne veux pas dire qu'on... Je crois
qu'on doit trouver le moyen de concilier la préoccupation de la plus
grande protection possible des droits et libertés avec l'obligation
aussi d'essayer d'identifier le mieux possible les secteurs où la
priorité d'action doit être concentrée. Je pense que,
consciente de ces réalités, c'est ce à quoi s'applique Mme
la présidente de la Commission des droits de la personne en fonction
d'un mémoire à présenter au Conseil du trésor que
nous avons évoqué.
Je voudrais ajouter une chose. Bien que l'intervention curative soit
absolument essentielle, nous pensons qu'il est tout à fait illusoire
d'essayer de combattre la discrimination et de promouvoir les droits
fondamentaux si on ne procède qu'à partir de sanctions. Il est
absolument essentiel d'avoir une approche d'information et d'éducation
et je peux vous dire que les commissions des droits des autres provinces nous
envient d'avoir mis sur pied un système qui nous permette de faire de
l'éducation. En Ontario, ils ont quand même une branche qui
s'occupe très spécifiquement d'éducation aussi et qui
prend beaucoup de ressources. (10 h 30)
M. Marx: L'Ontario a un budget beaucoup moindre que le budget
qu'on va avoir au Québec.
M. Bédard: ...de postes, en effet, en ce moment. Ils ont
107 employés, je crois.
M. Marx: De combien est le budget total en Ontario? 3 000 000
$?
M. Bédard: Je ne sais pas.
M. Marx: Ici ce sera 5 000 000 $. En ce qui concerne
l'éducation, je ne pense pas que ce soit une chasse gardée de la
Commission des droits de la personne. Je pense que le ministre de
l'Éducation a un mot à dire aussi en ce qui concerne les manuels
dans les écoles. Je sais que la commission a travaillé avec le
ministère, comment dirais-je? pour "désexer", si je puis dire,
les manuels d'instruction, etc. C'est-à-dire qu'il n'appartient pas
seulement à la commission de faire l'éducation. C'est tout le
monde. Disons qu'en ce qui concerne les causes que la commission a
portées devant les tribunaux quel est le score des réussites et
des échecs?
M. Bédard: Nous avons 102 dossiers devant les tribunaux.
Nous avons eu environ 80 jugements, quelque chose de ce genre.
L'évaluation rapide, sans entrer dans le détail, est
à peu près 50-50.
M. Marx: 50-50. Chaque avocat va dire: Vous avez 50-50 de chance
de gagner. Oui, je m'excuse.
M. Bédard: Un certain nombre des difficultés que
nous avons eues devant les tribunaux ont concerné la question de la
grossesse et des antécédents judiciaires. Nous avons
interprété et nous continuons de penser que la grossesse est
incluse dans l'interdiction de discrimination sur la base du sexe; nous avions
interprété les antécédents judiciaires comme
compris dans la condition sociale et nous continuons à penser que c'est
inclus théoriquement. Cependant, nous avons eu plusieurs
difficultés devant les tribunaux avec cela. C'est pour cela que
finalement nous avions demandé d'apporter un amendement à la
charte que nous avions suggéré interprétatif. Il n'est pas
interprétatif, mais les deux amendements sont apportés à
la charte. Ces difficultés, on ne les aura plus devant les
tribunaux.
Je pense qu'avec l'amendement à la charte on vient de
régler ce secteur de discussion judiciaire.
M. Marx: Oui, mais il va y avoir d'autres problèmes. L'an
dernier, j'ai posé la question que je pose aujourd'hui en ce qui
concerne les délais, les priorités de la commission, et on
m'avait dit: On va améliorer la situation des délais. Est-ce que
c'est amélioré depuis un an? Est-ce que les délais sont
moins courts maintenant?
M. Bédard: C'est-à-dire qu'ils sont moins
longs.
M. Marx: Ils sont moins longs. Ils sont tombés de quoi
à quoi?
M. Bédard: Cela allait jusqu'à deux ans,
l'année dernière, et là on est rendu à une
année.
M. Marx: Est-ce que la commission trouve que parfois on met trop
de ressources dans un cas particulier? Il y a eu des cas célèbres
devant la commission, qui a fait enquête pendant des mois ou pendant des
années. À la fin, on a dit: Voilà, il n'y a pas de cause.
Je pense à des causes universitaires, par exemple, des enquêtes
qui ont duré vraiment et, à la fin d'une enquête assez
longue, on trouve qu'il n'y avait pas d'élément de
discrimination.
M. Bédard: C'est-à-dire qu'il y a des cas qui sont
plus compliqués que d'autres et il faut prendre le soin d'aller jusqu'au
fond des choses.
M. Marx: Parce qu'au début il faut faire un tri des cas
où on va faire enquête et des cas où on ne va pas faire
enquête. Tout le monde peut déposer une plainte à la
commission sur n'importe quoi. La commission a le pouvoir de faire une
enquête. Il est facile de déposer une plainte, mais il est
difficile parfois de recueillir la preuve nécessaire pour aller devant
les tribunaux, le cas échéant. Personnellement -peut-être
que je parle pour d'autres personnes - je verrais mieux que la commission mette
plus de ressources et plus d'énergie en ce qui concerne la
discrimination visée aux articles 10 à 20 et moins de ressources
dans d'autres domaines. Dans d'autres domaines, c'est, comme je l'ai dit,
"open-handed", et comme le ministre l'a dit, avec des ressources
limitées, cela va bloquer quelque part. Il faut définir les
priorités, mais pour moi, c'est une priorité quand quelqu'un
dépose une plainte. C'est une priorité quand un détenu
à Parthenais dépose une plainte, quoique c'est très
important de faire une enquête à Parthenais sans qu'il y ait
plainte, mais il est plus important de faire enquête quand il y a
plainte. C'est ainsi que je le vois. Je ne suis pas convaincu que la commission
ait toujours mis ses priorités sur les plaintes en vertu des articles 10
à 20. Si la commission veut faire quelque chose en ce qui concerne le
harcèlement, ce serait sûrement nécessaire de mettre
beaucoup d'efforts concernant les plaintes qui vont venir à la suite de
l'adoption de cet article, parce que vous savez bien que les plaintes risquent
de doubler à la commission. Je vois que le ministre est d'accord avec
moi sur ce point.
Le Président (M. Champagne): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Bédard: Je pense que tout le monde est conscient
qu'étant donné la complexité que représente le
domaine de la protection des droits et libertés, on peut difficilement
juger de l'efficacité du jugement ou de la rigueur de la commission en
fonction des résultats obtenus en termes de jugements gagnés ou
de jugements perdus.
M. Marx: Non, non, mais...
M. Bédard: Dans bien des cas, ce sont des...
M. Marx: ...si on perd trop de causes, cela signifie qu'on a
porté de mauvaises causes devant les cours.
M. Bédard: Non, je comprends le sens des
représentations.
M. Marx: Je pense qu'un avocat qui ne gagne jamais...
Une voix: Ce sont peut-être de mauvais jugements.
M. Marx: Je n'ai pas voulu... J'ai posé une question
d'intérêt général. Je n'ai pas tiré de
conclusions.
M. Bédard: J'exprimais cela en n'ayant pas l'impression
d'être en contradiction avec ce que dit le député de D'Arcy
McGee. Je pense que même Mme la présidente, par ses
réponses, nous laisse entendre qu'effectivement...
M. Marx: Parce que je pense que le ministre a une certaine
responsabilité et certaines obligations en ce qui concerne les
politiques, en général, des organismes qui sont sous son
contrôle, soit administratif ou politique et ainsi de suite.
D'après moi, ce serait plus important pour la commission de prendre une
approche - entre guillemets -"plus légaliste" - et je dis bien "entre
guillemets" que de donner priorité aux plaintes en vertu des articles 10
à 20 qu'à d'autres choses. Comme je l'ai dit en ce qui concerne
Parthenais, il est plus important de traiter des plaintes que de faire des
enquêtes "at large". Je suis tout à fait d'accord avec ce que la
commission a fait et je pense que le rapport était valable. Il a
circulé beaucoup et il était important de l'avoir, mais il y a
des priorités et maintenant, je vois qu'on est au bout de la ligne avec
l'argent, parce que ce n'est pas illimité.
M. Bédard: Tous les membres de la commission sont heureux
d'apprendre que les délais ont été diminués de 50%.
Comme l'a dit le député de D'Arcy McGee, il s'agit à ce
moment de traiter le cas de ceux ou de celles qui jugent bon de se plaindre
devant la commission. Il est évident qu'il doit y avoir une
priorité d'accordée à ceux qui, au moment où on se
parle, peuvent subir une discrimination. Je pense que c'est ce qui se fait.
À partir du moment où ces délais seront de moins en moins
longs, cela pourra peut-être permettre de dégager plus de temps
pour d'autres secteurs, entre autres, la recherche, tel que l'a
mentionné Mme la présidente.
Le Président (M. Champagne): Alors, merci beaucoup, Mme
Fournier, de votre présence à cette commission parlementaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce qu'il y a une raison pour
laquelle on n'a pas le dernier rapport de 1980-1981?
M. Bédard: Les extraits ont été
déposés, pour 1981-1982.
M. Leduc (Saint-Laurent): II est sorti. Il va être
déposé bientôt?
M. Bédard: Voilà.
M. Marx: 1981-1982?
M. Bédard: C'est cela, 1981-1982.
Le Président (M. Champagne): Merci encore une fois,
Madame, pour votre participation.
Est-ce que le programme no 4, avec les deux éléments qui
le composent, est adopté?
M. le ministre, est-ce qu'il est adopté?
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Adopté.
J'appelle le programme 5: Aide aux justiciables.
M. le ministre.
Aide aux justiciables
M. Bédard: M. le Président, nous avons avec nous M.
le président de la commission de l'aide juridique. Je lui demanderais de
s'avancer.
Me Yves Lafontaine.
Le Président (M. Champagne): M. Lafontaine.
M. Bédard: En termes de commentaires on est en mesure de
constater que le budget de la Commission des services juridiques passe de 50
820 200 $ à 52 228 000 $, soit une augmentation de 1 407 800 $, qui
s'explique surtout par l'augmentation du nombre de dossiers à traiter et
par la modification déjà apportée à la tarification
en matière criminelle. Le budget des honoraires de la pratique
privée est établi sur la base des dépenses probables des
honoraires sans tenir compte des engagements non liquidés à la
fin de l'année financière.
Le Président (M. Champagne): Y a-t-il des questions?
M. Bédard: Peut-être une remarque. On sait que l'an
passé il y avait eu adoption d'une loi qui effectivement aurait pu
permettre la mise en place d'un système de frais de traitement de
dossiers par certains tickets modérateurs. Je l'avais mentionné
à ce moment que nous étions dans une période de
négociations et que si le résultat de ces négociations
était satisfaisant nous en tiendrions compte. Les négociations se
sont terminé et je suis en mesure de dire qu'il n'y aura pas
nécessité d'imposer des frais de traitement de dossier aux
justiciables qui auraient recours aux services de l'aide juridique. J'en suis
très heureux. Il n'y aura donc pas de ticket modérateur.
(10 h 45)
M. Marx: J'aimerais féliciter le ministre pour avoir
retardé l'imposition d'un ticket modérateur. Je sais qu'il y a eu
beaucoup de pressions faites au ministre et comme il est très sensible
aux voeux de la population...
M. Bédard: M. le Président, la deuxième
partie de ce que vient de dire le député de D'Arcy McGee est
vraie, je suis très sensible aux besoins de la population, surtout quand
on parle de cette clientèle qui a recours aux services de l'aide
juridique. Maintenant, je n'ai reculé d'aucune façon. Si la chose
avait été nécessaire, c'est avec beaucoup de peine que
j'aurais donné suite au projet de loi. Je fondais beaucoup d'espoir sur
l'avenir, c'est un signe caractéristique de ma nature, d'ailleurs.
M. Marx: Oui, je dirais plutôt que le ministre a
avancé dans la bonne direction. N'est-il pas vrai que le ministre a subi
beaucoup de pressions pour imposer un ticket modérateur? J'ai vu des
articles dans les journaux, j'ai moi-même reçu une centaine de
télégrammes. On avait même des pressions de la part
d'avocats de la Commission des services juridiques et d'autres.
M. Bédard: Je vais vous dire que...
M. Marx: Si je parle de certaines pressions, j'espère que
le ministre les a senties un peu aussi.
M. Bédard: Oui, sûrement qu'il y a eu beaucoup de
pressions, nous avons été en mesure de le constater.
C'était très compréhensible, encore une fois, quand on se
réfère à la clientèle qui était
visée. Avant même qu'il y ait une seule pression, j'étais
en mesure de constater jusqu'à quel point une telle décision
pouvait être difficile à appliquer, ce n'était pas de
gaieté de coeur. Avant même qu'il y ait quelque pression que ce
soit sur le fond même de la question, j'étais conscient que la
décision était très difficile à prendre. C'est pour
cela que je l'ai prise, ça s'est traduit dans un projet de loi.
En même temps, je suis très heureux de voir que la suite
des événements nous permet de ne pas donner suite à cette
décision. En conséquence, il n'y a pas de ticket
modérateur d'imposé. Je pense que le président de la
commission en est bien heureux parce qu'il est, comme avocat de l'aide
juridique, parmi ceux qui avaient fait des remarques et exerçaient
à bon droit des pressions.
M. Marx: J'aimerais souligner aussi que le collègue du
ministre de la Justice, le
ministre des Affaires sociales, n'a pas non plus imposé de ticket
modérateur et il n'a pas eu plus d'argent d'Ottawa. Il a refusé
d'imposer un ticket modérateur.
M. Bédard: Ce sont deux problèmes
différents, quand même.
M. Marx: Cela démontre une certaine politique du
gouvernement de refuser l'imposition d'un tel ticket modérateur.
M. Bédard: On ne fera pas une longue discussion, mais ce
sont deux problèmes différents.
M. Marx: Oui. Votre entente avec le gouvernement
fédéral pour avoir plus d'argent, il s'agit de combien d'argent?
Est-ce que l'entente est conclue?
M. Bédard: Oui, l'entente est conclue.
M. Marx: Attendons qu'elle soit publique.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Marx: Nous aurions besoin de cinq minutes de discussion.
M. Bédard: Non, mais...
M. Marx: Peut-être que le ministre pourrait déposer
l'entente et je vais la lire moi-même.
M. Bédard: Franchement! La récupération se
situe autour de 12 000 000 $. L'entente a été conclue à la
suite de la mise en application d'un règlement.
M. Marx: Je vais poser ma question plus simplement, je vais y
aller pas à pas. En 1981-1982, quelle était la contribution
fédérale? En 1982-1983, quelle est-elle? En 1983-1984, que sera
la contribution que le gouvernement du Québec va recevoir du
gouvernement fédéral?
M. Bédard: M. le Président, la Commission des
services juridiques...
Le Président (M. Champagne): Me
Lafontaine, s'il vous plaît!
M. Bédard: Présentement il y a deux accords de
partage en matière d'aide juridique. Il y a un accord en matière
criminelle qui existait en 1981-1982 et qui était basé sur un per
capita qui était d'environ 1 $, soit 6 500 000 $ à peu
près qu'on récupérait en matière criminelle. Les
négociations sont presque terminées au niveau de la
récupération au civil et c'est avec le Régime d'assistance
publique du Canada.
M. Marx: Quelle était la subvention pour 1982-1983?
M. Bédard: Au criminel c'était environ 6 000 000 $
à 7 000 000 $. Je ne veux induire personne en erreur.
M. Marx: En 1981-1982 vous avez dit que c'était 6 500 000
$ et en 1982-1983 c'était à peu près la même
chose...
M. Bédard: C'est cela. Un régime d'indexation est
prévu à l'accord.
M. Marx: ...disons 7 000 000 $. M. Bédard: À
peu près, oui.
M. Marx: Et maintenant, pour 1983-1984... Avez-vous reçu
une subvention pour les causes civiles en 1982-1983?
M. Bédard: Non.
M. Marx: Parfait. Pour 1983-1984, ce sera à peu
près quoi? 7 000 000 $ à 8 000 000 $ pour le criminel?
M. Bédard: II faut dire qu'au civil l'accord prend effet
à compter du 1er janvier 1983. Donc, il y a trois mois de l'année
financière 1982-1983 qui sont prévus là. Il y aura bien
entendu 1983-1984. Il y a aussi une possibilité de
rétroactivité au niveau du civil. Nous sommes en train de
négocier cette possibilité.
M. Marx: C'est-à-dire que cette négociation n'est
pas terminée.
M. Bédard: II y en a une partie terminée pour le
futur, par exemple. C'est-à-dire qu'à partir de janvier 1983 il
n'y a pas de problèmes sur cette partie-là, il y a eu un accord
de principe donné par le fédéral.
M. Marx: Au criminel ce sera combien? À peu près 7
000 000 $?
M. Bédard: Je ne peux pas vous le dire, celui-là
est en renégociation depuis un an et demi.
M. Marx: On va mettre entre 7 000 000 $ et 8 000 000 $.
M. Bédard: À peu près.
M. Marx: Au civil, ce sera combien?
M. Bédard: La projection qu'on a faite de janvier 1983
à janvier 1984 est d'environ
15 000 000 $ de récupération. M. Marx:
Additionnelle.
M. Bédard: Cela dépend à quoi vous
voulez...
M. Marx: Additionnelle par rapport à l'année
précédente.
M. Bédard: II n'y avait rien pour l'année
précédente.
M. Marx: Il n'y avait rien. 15 000 000 $.
M. Bédard: Au moment de l'adoption de la loi, était
acquise dans la négociation seulement la tranche qui pouvait s'attacher
aux assistés sociaux en matière civile, ce qui
représentait environ 5 000 000 $ à 6 000 000 $.
M. Marx: Donc, cela...
M. Bédard: Mais la négociation a fait que cela a
été étendu à l'ensemble de la clientèle de
l'aide juridique et non seulement aux assistés sociaux.
M. Marx: Bon! Donc, je vois en 1982-1983 que le budget
était de 51 000 000 $ à peu près.
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Vous avez eu une subvention fédérale de 7
000 000 $ pour le criminel.
M. Bédard: C'est exact.
M. Marx: En 1983-1984 le budget serait de l'ordre de 52 000 000 $
et vous aurez des subventions de 8 000 000 $ pour le criminel et 15 000 000 $
pour le civil, donc 23 000 000 $. Cela coûtera donc moins au gouvernement
du Québec pour les services juridiques. C'est cela?
M. Bédard: Je vous fais remarquer que la subvention ne
vient pas à l'aide juridique. Elle va au fonds consolidé du
Québec.
M. Marx: C'est cela, mais il en coûtera moins au
Québec, environ 15 000 000 $. Quels sont les barèmes pour
recevoir l'aide juridique et est-ce que ces barèmes étaient
indexés? Disons que l'on fait des économies sur le dos des
pauvres. C'est bon pour un gouvernement social-démocrate.
M. Bédard: Je m'excuse. Au contraire, on oblige le
fédéral à répondre à ses obligations, c'est
bien différent.
M. Marx: Je n'ai pas voulu accuser le ministre d'être
social-démocrate...
M. Bédard: Si vous ne voulez rien dire, dites-le nous
effectivement.
M. Marx: ...mais le gouvernement en général.
Expliquez-moi, M. le ministre, pourquoi vous n'avez pas indexé les
barèmes, et depuis combien d'années?
M. Bédard: Deux ans maintenant.
M. Marx: Deux ans. Quel était le seuil de pauvreté
il y a deux ans et quel est-il aujourd'hui? N'est-il pas vrai que c'est
vraiment couper l'aide juridique d'une certaine couche de la
société?
M. Bédard: On l'a dit quand on a fait le débat
à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas de gaieté de coeur
qu'un gouvernement a pris certaines décisions. Il était pris avec
une certaine situation financière qui faisait que pour tous les budgets,
nous avions des échéances de restrictions à respecter.
C'est tout.
M. Marx: Pas sur le dos des pauvres, par exemple. Cela revient
à cela.
M. Bédard: Je m'excuse, mais il y a ici au Québec,
en ce qui concerne l'aide juridique, le système le plus
généreux au Canada. Vous pouvez charrier.
M. Marx: ...recevoir plus d'argent du fédéral et de
ne pas utiliser cet argent pour aider les gens qui ont besoin de l'aide
juridique. C'est ce qui arrive. Vous avez 15 000 000 $ de plus et vous avez
enlevé l'aide juridique pour les gens qui en ont le plus besoin.
M. Bédard: On a fait les négociations
serrées pour faire en sorte que le fédéral paie sa part.
Il aurait toujours dû le faire concernant l'aide juridique. Ce qui veut
dire que le Québec...
M. Marx: Que le fédéral paie en vertu de quoi?
M. Bédard: ...par rapport au passé, s'imposait
presque une double charge. Maintenant, tant mieux, le fédéral
répond à ses obligations.
M. Marx: Où est l'obligation pour le fédéral
de payer pour le civil?
M. Bédard: Je continue de dire que nous avons - le
député de D'Arcy McGee le sait - le système d'aide
juridique parmi les plus généreux au Canada.
M. Marx: Ne me donnez pas vos
slogans.
M. Bédard: Ce ne sont pas des slogans, ce sont des
réalités!
M. Marx: Où est l'obligation pour le fédéral
de payer pour l'aide juridique en matière civile? Il n'y en a pas. C'est
comme l'éducation. Il n'y a pas d'obligation pour le
fédéral de payer.
M. Bédard: C'est un règlement du Régime
d'assistance publique du Canada.
M. Marx: II n'y a pas d'obligation constitutionnelle. Si le
fédéral veut donner une subvention, il peut le faire. Il n'y a
pas d'obligation en vertu de la constitution pour le fédéral.
M. Bédard: Je vais demander au président de l'aide
juridique de répondre. À ce moment, on va prendre la
précaution pour que la réponse soit interprétée, si
elle était donnée par moi, comme étant une réponse
politique. Je vais demander au président de l'aide juridique de dire
exactement ce qui en est.
M. Marx: Peut-être que ce sera politique maintenant, mais
non partisan.
Le Président (M. Champagne): Me
Lafontaine, vous avez la parole.
M. Bédard: Cela ne sera pas politique, j'espère. Ce
qui arrive, c'est que le Régime d'assistance publique du Canada est
censé couvrir l'ensemble des dépenses en matière dite
sociale. Ce qui est arrivé, c'est qu'il y a eu un amendement qui a
été adopté au Régime d'assistance publique du
Canada qui dit que l'aide juridique en matière civile est un besoin
social. À partir de ce moment, il devient donc partageable à 50%
en vertu du Régime d'assistance publique du Canada. C'est un
règlement qui a été adopté pour clarifier ce
régime.
M. Marx: Supposons que le fédéral décide -
s'il y a une obligation du gouvernement fédéral - de s'occuper de
l'aide juridique au Québec, est-ce que vous admettez que le
fédéral ait compétence sur l'aide juridique au
Québec?
M. Bédard: Non. C'est qu'il y a un droit des
Québécois d'avoir un retour des taxes qu'ils paient à
Ottawa.
M. Marx: Si le fédéral décide de contribuer
à l'aide juridique au Québec comme dans d'autres provinces, de la
même manière qu'il accorde des subventions en matière
d'éducation, mais ce n'est pas un champ de compétence du
fédéral, il y a une différence. Quand même, on va
passer à un autre...
M. Bédard: Seulement dans votre esprit.
M. Marx: Oui, mais il y a une différence et si vous
voulez, je vais vous expliquer.
Une voix: Allez-y.
M. Marx: II y a deux ans, c'est-à-dire en 1981, quel
était le barème pour une famille de quatre personnes, deux
adultes et deux enfants pour avoir l'aide juridique?
M. Bédard: Un couple avec deux dépendants,
c'était 230 $ brut par semaine.
M. Marx: 130 $ brut en... M. Bédard: 230 $.
M. Marx: 230 $, c'est cela. En 1982, c'était combien?
M. Bédard: Même chose.
M. Marx: En 1983, ce serait quoi?
M. Bédard: C'est la même chose.
M. Marx: Nous avons une inflation d'au moins 10%. Le
barème reste le même. Le gouvernement du Québec
reçoit plus d'argent du fédéral et qui profite de cela? Le
ministre des Finances du Québec. Cela arrive à cela. Le
barème reste le même d'une année à l'autre. De 1981
à 1983, cela n'a pas changé. Il y a un taux d'inflation d'au
moins 10%. Le gouvernement du Québec va recevoir 15 000 000 $ du
fédéral pour aider les pauvres en matière judiciaire et
qu'est-ce qui arrive? On empoche l'argent. (Il heures)
M. Bédard: Ce que vous ne comprenez pas, c'est que s'il
n'y avait pas eu justement des résultats tels que nous évoquons
concernant les négociations il y aurait eu nécessité
d'imposer un frais de traitement de dossier, le ticket modérateur, ce
que nous ne faisons pas.
M. Marx: C'est-à-dire 30% de votre budget, plus 40% de
votre budget viendront du fédéral. Une augmentation de 15 000 000
$, c'est-à-dire 30%. Un pourcentage de 30% viendra du
fédéral en augmentation cette année. Avez-vous l'intention
de prélever un ticket modérateur des 15 000 000 $? Cela n'a pas
de bon sens.
M. Bédard: Le député essaie de voir
seulement une partie du portrait et oublie, puisque l'on parle de l'ensemble du
gouvernement d'une autre partie du portrait
qui est la réalité à l'heure actuelle, qu'au niveau
de l'aide sociale les dépenses du Québec ont augmenté
considérablement, on le sait, à cause de l'augmentation du nombre
de bénéficiaires. En fin de compte, il le sait, on a eu
d'ailleurs ce débat, chaque ministère était dans
l'obligation quand même de faire son effort concernant une certaine
rationalisation des dépenses. C'est clair que chaque secteur
d'activités a été touché et on a essayé de
faire en sorte que le secteur de l'aide juridique soit le moins touché
possible. C'est tout.
M. Marx: Lors des discussions sur la loi no 71 quand vous avez
parlé d'un ticket modérateur, je me souviens le sous-ministre a
parlé d'un ticket qui rapporterait environ 1 000 000 $, 2 000 000 $.
Est-ce que j'ai raison, M. le ministre? On a parlé de 1 000 000 $
à peu près?
M. Bédard: 3 000 000 $.
M. Marx: 3 000 000 $. Bon. Maintenant vous allez recevoir 15 000
000 $ du fédéral dont 12 000 000 $ de plus que prévu
à l'époque de la loi no 71. Ces 12 000 000 $, vous les
encaisserez parce que vous n'augmentez pas les barèmes pour les
récipiendaires de l'aide juridique. Je trouve que vraiment c'est voler
de l'argent dans les poches des pauvres par le biais de subventions
fédérales. J'ai des chiffres.
M. Bédard: C'est de la démagogie pure et simple. Je
vais dire, si le député emploie ce langage, il devra l'employer
pour tous les gouvernements du Canada parce qu'à ce qu'on me dit toutes
les provinces ont diminué les crédits alloués à
l'aide juridique, toutes les provinces.
M. Marx: Cela ne m'impressionne pas ce qu'on fait ailleurs. Je
suis ici, je ne suis pas à Terre-Neuve.
M. Bédard: Sauf le Québec. Toutes les autres
provinces ont diminué le budget total alloué à l'aide
juridique sauf le Québec où nous avons une augmentation.
M. Marx: Bon.
M. Bédard: Par les négociations nous avons
obligé le fédéral à faire face à ses
responsabilités. Je tiens à dire encore une fois au
député de D'Arcy McGee que le système d'aide juridique du
Québec est le système d'aide juridique le plus
généreux au Canada. Vous pouvez passer n'importe quelle sorte de
remarques démagogiques.
M. Marx: Le six. Vous parlez comme... quand vous dites que c'est
le meilleur dans le monde.
M. Bédard: Je n'ai jamais dit que c'est le meilleur dans
le monde.
M. Marx: Vous venez de dire que c'est l'aide juridique la
meilleure au Québec, mais donnez-moi quel programme que vous avez ici
qui n'est pas le meilleur au Canada, d'après vous?
M. Bédard: Je n'ai pas dit que je ne serais pas heureux
qu'il y en ait plus.
M. Marx: Tous les meilleurs. Voilà le sous-ministre en
titre a dit cela.
Ce que le ministre a révélé aujourd'hui, c'est un
vrai scandale en ce qui concerne les services juridiques. Il a plus d'argent,
le gouvernement encaisse l'argent au détriment des gens qui ont besoin
de l'aide juridique. On n'a pas augmenté les barèmes. Il y a une
inflation de 10% par année. Le gouvernement du Québec va
dépenser 30% de moins cette année que l'an dernier pour l'aide
juridique. C'est ce qui arrive.
M. Bédard: ...c'est le contraire.
M. Marx: Le budget de cette année, c'est prévu,
c'est 52 000 000 $. L'an dernier, c'était 51 000 000 $, quoique cette
année, le gouvernement va recevoir 15 000 000 $ de plus du gouvernement
fédéral, qui ne seront pas dépensés pour l'aide
juridique, mais empochés par le ministre des Finances. Ce sont les
faits.
M. Bédard: Au contraire. Vous devriez plutôt dire
que le vrai scandale, c'est que jusqu'à maintenant le Québec
s'imposait le double fardeau, alors qu'à la suite de
négociations, enfin! le gouvernement fédéral en vient
à faire une contribution qu'il aurait dû faire depuis le
début. C'est cela, la vraie version. Et si nous avons eu les 15 000 000
$, tant mieux! parce que cela va nous empêcher de faire d'autres coupures
que nous aurions été obligés de faire. En plus, cela nous
permet de ne pas imposer le ticket modérateur, ce dont je suis
très heureux. C'est cela, le vrai discours, et ce n'est pas un discours
politique.
M. Marx: Pour ne pas imposer de ticket modérateur, vous
avez besoin de 3 000 000 $. Vous avez 15 000 000 $!
M. Bédard: II y d'autres... M. Marx: II y a
d'autres...
M. Bédard: Si on ne les avait pas, à ce
moment-là, il y a d'autres services qu'il nous faudrait malheureusement
couper. C'est cela, la réalité des choses.
Le Président (M. Champagne): Je retiens tout le temps le
droit de parole du député de Saint-Laurent, du
député de Chapleau et du député de Chauveau. Si le
député de D'Arcy McGee a fini avec ses questions...
M. Bédard: M. le Président, M. le sous-ministre
Daniel Jacoby voudrait ajouter une remarque.
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le sous-ministre.
M. Bédard: Je voudrais simplement ajouter un
élément. Il y a des prévisions qui ont été
faites, il y a deux ans, à savoir que le budget de l'aide juridique, si
elle était appelée à se développer comme
prévu, aurait pu atteindre quelque chose comme 80 000 000 $ en 1985.
Cette subvention qui était due au Québec par le gouvernement
fédéral va permettre de faire évoluer l'aide juridique
sans faire de compressions additionnelles ou sans faire de coupures -comme
l'ont fait toutes les provinces cette année - qui vont dans certains cas
jusqu'à 40% des budgets. Conséquemment, le régime du
Québec continue à être le meilleur. Ce programme continue
à être le meilleur.
M. Marx: Je ne suis pas convaincu par le sous-ministre...
M. Bédard: Proportionnellement aux besoins, à nos
moyens.
M. Marx: ...parce que si je parle de cette année, n'est-il
pas vrai que vous aurez 15 000 000 $ de plus que ce que vous avez eu l'an
dernier du gouvernement fédéral?
M. Bédard: Mais si vous...
M. Marx: Vous n'allez pas augmenter les barèmes. On peut
dire que c'est le meilleur. Je ne sais pas ce que cela veut dire, sauf si vous
me déposez une étude comparative de tous les systèmes
d'aide juridique au Canada. On va étudier cela. On va voir. Cela ne
m'intéresse pas de savoir où on a le meilleur. Je veux que ce
soit au Québec qu'on aide le plus possible ceux qui ont besoin de l'aide
juridique et cette année on est en train, de façon
détournée, de prendre un virage vers le Moyen Âge. C'est ce
qu'on fait.
M. Bédard: M. le Président, le député
de D'Arcy McGee, manifestement, se permet des jugements globaux à partir
de certaines informations qu'il prétend ne pas avoir. Nous disons que
c'est le plus généreux. Il nous dit: Fournissez-moi des chiffres.
Je ferais remarquer au député de D'Arcy McGee que j'ai
déposé, l'an dernier, toutes les données qui nous
permettent de constater que le système d'aide juridique du Québec
est le plus généreux. La réalité est encore plus
vraie maintenant puisque dans toutes les autres provinces, au moment où
on se parle - on vous l'a dit tout à l'heure - les budgets de l'aide
juridique ont été réduits, et jusqu'à 40% dans
certaines provinces, alors qu'au Québec nous assistons à une
augmentation. Les conclusions qu'il y a à tirer, c'est qu'enfin le
gouvernement fédéral a assumé ses responsabilités.
Les montants additionnels que nous avons nous permettent de ne pas
procéder à d'autres coupures qui auraient été
draconiennes, à l'image de ce que ce qui s'est fait dans d'autres
provinces. C'est encore plus vrai au moment où je vous parle que ce ne
l'était il y a un an, lorsque je vous ai fait part des données
des autres provinces. Nous demeurons - c'est encore plus vrai maintenant - le
système d'aide juridique le plus généreux. De là
à dire que...
M. Marx: Oui, mais si le ministre...
M. Bédard: Une seconde! Une seconde! Laissez-moi
terminer.
M. Marx: ...est sérieux dans son intervention,
qu'il...
M. Bédard: De là à dire qu'il n'y a pas de
possibilité d'amélioration et qu'il n'y aurait pas de
désir d'amélioration, c'est autre chose, mais dans ce domaine
comme dans tous les autres domaines, que ce soit l'aide sociale, le domaine de
la santé et tout cela, il y a quand même, pour le gouvernement,
des impératifs de faire face à la situation avec les moyens
financiers qu'il a.
M. Marx: Bon!
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Saint-Laurent, à vous la parole.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela m'inquiète beaucoup. On
dit: Voici 15 000 000 $, le ticket modérateur devait rapporter 3 000 000
$ et on a une compensation de 15 000 000 $, donc ça prend 15 000 000 $
pour ne pas avoir de ticket modérateur. Si vous aviez reçu 10 000
000 $, est-ce que vous l'auriez appliqué? Quel est le barème? Je
pense que ce qu'il faut faire, c'est changer la loi, amender la loi et enlever
le ticket modérateur, sans quoi ce sera une mesure arbitraire tous les
ans. Quel sera le plancher pour ne pas appliquer le ticket modérateur?
Cette année, on a dit: Cela devait rapporter 3 000 000 $, mais avec 15
000 0000 $, on est satisfait. Donc, on n'impose pas de ticket
modérateur. Si vous aviez reçu
10 000 000 $, est-ce que vous l'auriez imposé?
M. Bédard: Si on n'avait pas reçu les 15 000 000 $,
il nous aurait fallu faire d'autres coupures draconiennes, probablement
à l'image de ce qui s'est fait dans d'autres provinces où on a eu
des coupures jusqu'à 40% des sommes accordées à l'aide
juridique. Nous ne faisons pas cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Auriez-vous imposé un ticket
modérateur?
M. Bédard: Sous la même lancée, si nous
n'avions pas eu 15 000 000 $, si nous avions eu seulement 10 000 000 $,
peut-être aurait-il fallu penser à procéder à
d'autres coupures rigoureuses, ce que nous ne faisons pas.
M. Leduc (Saint-Laurent): Seriez-vous prêt à amender
la loi pour enlever l'article qui prévoyait le ticket modérateur?
Sans cela, ce sera une mesure arbitraire tous les ans, on dit que ça
s'en va dans un fonds consolidé. Ce n'est pas appliqué à
ce budget.
M. Bédard: II y a la disposition dans la loi, mais avant
qu'un ticket modérateur puisse être en vigueur, le
député sait qu'il serait nécessaire d'avoir une
réglementation à cet effet, donc une discussion sur la
réglementation. Il faudrait que ce soit justifié. Étant
donné le résultat des négociations, je ne crois pas que ce
soit justifié. C'est pour cela qu'il n'y en a pas. De plus, je ne crois
pas qu'il soit justifié -j'en suis très heureux - de
procéder à d'autres coupures radicales comme ça s'est fait
dans d'autres provinces. C'est tout. Le calcul est facile à faire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Chaque année, on aura
l'épée de Damoclès, on ne sait pas si ce sera
appliqué ou non, selon les négociations. Avez-vous prévu
des négociations pour l'an prochain? Est-ce qu'il y a un terme? En fait,
ce sont des négociations année après année avec le
fédéral.
M. Bédard: Enfin, à partir du moment où on
en arrive à une entente, c'est automatique chaque année, sauf si
le fédéral change les règles demain matin et décide
de ne plus contribuer à l'aide juridique. Le cas échéant,
c'est clair que ça nous posera un problème majeur. Encore une
fois, ça fait longtemps que cette contribution aurait dû
être faite par le fédéral.
Le Président (M. Champagne): II n'y a pas d'autre
question? M. le député de Chapleau.
M. Kehoe: M. le Président, le système que nous
avons ici dans la province de Québec, est le libre choix. Les personnes
qui ont besoin de l'aide juridique ont le choix des salariés ou des
personnes de pratique privée. C'est le fondement même de notre
système dans la province de Québec. Un article a paru dans la
Presse au mois de janvier de cette année à savoir que les
dirigeants de l'aide juridique favorisent la solution qui consiste à
limiter le libre choix d'un avocat. Plus loin, on dit: La Commission des
services juridiques propose donc d'abolir le libre choix, du moins pour les
causes de la défense, le coût étant plus
élevé. Son président, Yves Lafontaine, disait: Les
principes d'accessibilité au plus grand nombre et celui de la
gratuité passent avant celui du libre choix.
La question que je me pose est la suivante. Y a-t-il une politique ou
une étude faite actuellement par laquelle vous proposez de changer le
système que vous avez? Il y a une contradiction flagrante entre les
propos du président, M. Yves Lafontaine, et le système que nous
connaissons actuellement. Le ministre a-t-il étudié la
possibilité de changer cela, d'avoir seulement des salariés ou
seulement, comme en Ontario, des avocats de pratique privée? D'un
côté, vous avez une proposition du président qui dit que le
libre choix devra être aboli et, d'un autre côté, vous dites
le contraire. Qui a raison, quel système allez-vous continuer d'avoir?
(Il h 15)
M. Bédard: Je pense que c'est sain en démocratie et
c'est usuel que des personnes ne partagent pas toujours le même point de
vue sur tous les sujets. C'est un sujet sur lequel - c'est clair jusqu'à
maintenant -l'opinion du président de la commission n'est pas la
même que celle du ministre, c'est tout. En ce qui me regarde, je crois
que la liberté de choix de l'avocat est un des principes - je l'ai dit
lorsque nous avons eu le débat - de base du système d'aide
juridique et, même si cela devait représenter certains coûts
additionnels, je crois que ce principe du libre choix doit être maintenu.
Je dois honnêtement vous le dire et je pense qu'on peut le dire en toute
déférence pour ceux qui partagent des opinions contraires, tant
que je serai là ce sera la politique qui sera suivie.
M. Kehoe: Est-ce que des études ont été
faites pour comparer un système à l'autre pour conclure...
M. Bédard: II y a eu certaines études qui ont
été faites.
M. Kehoe: Si je peux m'adresser au président
lui-même juste sur cette question.
M. Bédard: Permettez? Je sais, d'autre
part, que les résultats de cette étude ont
été contestés au niveau des conclusions par les avocats de
la pratique privée. À ce que je sache, il semble qu'il y aurait
un contre-rapport à cette étude.
M. Kehoe: M. Lafontaine, quand vous avez prôné le
système de favoriser la limitation du libre choix, sont-ce uniquement
des facteurs économiques qui ont motivé votre position?
M. Bédard: II faut peut-être se placer dans le
contexte au moment où cela a été fait. À ce
moment-là, on parlait de modifier la Loi sur l'aide juridique justement
pour arriver à dépenser moins d'argent dans le système.
C'était une opinion que j'émettais comme président que,
s'il y avait des choix à faire, la commission privilégiait
certains choix plutôt que d'autres mais la décision politique ne
nous appartenait pas, on était bien conscient de cela aussi. On faisait
des représentations mais la décision a quand même
été prise par l'Assemblée nationale et on respecte cela
bien entendu.
M. Kehoe: M. le ministre, sur un autre sujet. L'année
dernière je vous ai posé plusieurs questions sur le paiement des
honoraires des avocats de pratique privée. Au mois de mai vous avez dit
que vous y verriez pour les factures des avocats de pratique privée qui
étaient en retard de 45 jours et plus, qu'il y aurait un budget - je ne
sais pas si c'est spécial - pour mettre cela à jour. Je note dans
la Voix de l'Est que le 3 août 1982 un avocat a poursuivi l'aide
juridique pour ses honoraires. Je voudrais savoir quelle est la situation
actuellement concernant le paiement des factures des avocats de pratique
privée. Est-ce encore plus de 45 jours, 60 jours, deux mois ou trois
mois? Quelle est la situation actuelle?
M. Bédard: Tel que je m'y étais engagé, je
suis en mesure de vous dire que le problème est réglé, au
moment où on se parle, concernant les délais de paiement des
factures. Le président de la commission pourrait peut-être ajouter
des précisions sur les délais exacts.
Ce qui est arrivé c'est qu'on a fait devancer la subvention;
plutôt que d'avoir un douzième de tranche, le gouvernement a
consenti à nous avancer une tranche plus substantielle dès le
début de l'année financière pour permettre de combler un
retard qui avait été accumulé à ce
moment-là.
Je peux dire qu'aujourd'hui le délai de 45 jours est à peu
près respecté. Il y a toujours des causes qui prendront plus de
temps parce que c'est plus compliqué et il faut aussi tenir compte du
fait qu'on reçoit 1000 factures par semaine. Ce n'est pas comme un
compte de pharmacie, il faut l'évaluer. On peut dire qu'on respecte en
général au moins le délai de 45 jours.
M. Kehoe: Avez-vous reçu d'autres actions?
M. Bédard: Nous recevons des actions à peu
près à tous les jours des avocats.
M. Kehoe: Pour le paiement des honoraires.
M. Bédard: Pour le paiement des honoraires.
M. Kehoe: Même si vous dites que dans l'ensemble,
généralement cela ne dépasse pas 45 jours, malgré
cela vous avez des actions à tous les jours. Pourquoi? Quelle en est la
raison?
M. Bédard: Ce n'est pas pour des délais de
paiement. C'est surtout pour des contestations quant aux tarifs, des
arbitrages, des choses semblables.
M. Kehoe: La plupart des actions, ce n'est pas pour les
délais de paiement.
M. Bédard: Non, nous n'avons plus d'actions pour
délais depuis un bon bout de temps.
M. Kehoe: Dernière chose, M. le ministre. En ce qui
concerne l'implication de l'aide juridique dans le dossier de la MIUF,
globalement, dans toute la province, je note dans le rapport annuel à
différents endroits qu'il y a une implication de différents
bureaux d'aide juridique, à différents endroits dans ce dossier.
Généralement, est-ce que l'aide juridique a pris la politique de
financer une action type dans toute la province ou quelle implication
allez-vous faire? Est-ce que cela demande des bureaux? Est-ce que cela va
prendre des avocats dans chaque district? Quelle implication ont-ils dans ce
dossier? Généralement, quelle est la situation?
M. Bédard: Ce qui est arrivé, en pratique, c'est
que dans des districts éloignés des grands centres, il y a des
clients qu'on a dû accepter dans le dossier de la MIUF parce qu'il n'y a
pas d'avocats de pratique privée qui voulaient les représenter.
Ce qu'on a fait, c'est qu'en pratique on n'a pas décidé de
plaider chacun de ces recours - cela reviendrait trop cher surtout pour les
expertises - mais on a associé un de nos avocats avec l'Office de
protection du consommateur qui a pris charge de ce dossier. L'office engage des
procureurs de pratique privée, à ma connaissance. On a un
input - si vous me permettez l'expression -quant à la recherche
juridique qu'on a déjà faite dans ces dossiers et qu'on a mise
à la disposition de l'office. En même temps, on se trouve à
donner de l'information dans chacune des régions sur ce qui se passe
dans ce dossier. On n'a pas le contrôle de ce dossier.
On a simplement ramassé quelques clients individuels quand les
avocats de pratique privée ne voulaient pas s'en occuper.
M. Kehoe: Cela veut dire pour les avocats salariés de
l'aide juridique dans toute la province, que si la personne qui va au bureau
est admissible, vous allez prendre ces actions, mais il y a une cause type qui
va passer pour déterminer la responsabilité que ce soit des
gouvernements, que ce soit des manufacturiers, que ce soit qui de droit. Y
a-t-il une cause type qui est en marche actuellement soit par des avocats de
l'aide juridique ou de pratique privée, qui de droit? Vous avez
décrit l'implication plus ou moins... Où en est rendu ce dossier,
grosso modo? Est-ce préparé pour aller devant les tribunaux, ou
est-ce en préparation? Les expertises des ingénieurs et toutes
les expertises qui ont été faites, est-ce que cela va être
payé par l'État?
M. Bédard: Le gouvernement a accepté de financer
cinq causes types.
M. Kehoe: L'implication de l'aide juridique?
M. Bédard: Maintenant, je le dis toujours sous la
réserve que le gouvernement du Québec ne reconnaît aucune
responsabilité. Je pense qu'il est nécessaire de toujours le
mentionner.
M. Kehoe: En ce qui concerne l'implication de l'aide juridique
dans ce dossier dans toute la province, je vois en faisant la lecture du
rapport annuel, que dans plusieurs bureaux éloignés, il y a des
actions qui sont prises par l'aide juridique. Toutes ces actions, si je
comprends bien, vont attendre le résultat de la cause type. C'est
cela?
M. Bédard: Si vous me permettez d'expliquer quand
même un peu plus. Nous avons représenté des clients quand
personne ne voulait s'en occuper. Il y avait une question de prescription
là-dedans. Il fallait prendre l'action. Cela pressait. Nous avons donc
pris action. Mais notre implication dans le dossier s'est limitée
à prêter quelqu'un à l'Office de protection du consommateur
qui a pris en charge, disons, les cinq dossiers types qui sont financés
par l'État.
J'ajouterais que c'est de concert avec le juge en chef de la Cour
supérieure qui a décidé de fixer un certain nombre de
causes types qui procéderont au début du terme de septembre 1983.
Maintenant, M. le Président, si vous me le permettez. Est-ce que vous
avez terminé là-dessus?
M. Kehoe: Est-ce que je peux juste compléter sur cette
affaire? Les dossiers qui sont ouverts dans toute la province par l'aide
juridique, est-ce qu'à ce moment vous allez continuer de vous en
occuper? Qu'allez-vous faire? Il y a un dossier qui va progresser, si je
comprends bien, tel que vous l'avez dit. Il y a une action qui procédera
et les autres sont en suspens compte tenu du résultat?
M. Bédard: Les jugements sont rendus sur ces causes
types.
M. Kehoe: L'aide juridique est impliquée dans toute la
province dans des autres dossiers. Des actions qui ont été
prises, cela va être en entente.
M. Bédard: Par la force des choses. Comme toutes les
autres. La politique établie par le juge en chef de procéder dans
cinq causes types est une procédure pour en arriver à des
conclusions le plus rapidement possible. Il est clair que ces jugements auront
des influences ensuite sur toutes les autres causes qui sont pendantes au
moment où on se parle.
Le Président (M. Champagne): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: J'aimerais poser une question au président.
J'aimerais m'excuser auprès de celui-ci s'il a mal
interprété mes mots politiques antérieurs parce que je
n'ai sûrement pas voulu parler de la politique comme on l'entend à
l'Assemblée nationale, mais plutôt de la politique en
matière d'aide juridique. Je sais que le président a une
philosophie en ce qui concerne l'aide juridique et une politique d'ensemble de
ce que devrait être l'aide juridique au Québec. Ceci dit,
j'espère que le président m'excusera.
J'aimerais poser des questions en ce qui concerne les associations
communautaires. Est-ce que la commission fournit beaucoup d'aide aux
associations communautaires, aux associations à but non lucratif,
etc?
Le Président (M. Champagne): J'inviterais M.
Lafontaine.
M. Bédard: On pourrait peut-être commencer par notre
dernier rapport annuel d'environ 50 pages où l'on énumère
les collaborations auxquelles on a participé avec différents
groupes de la société.
M. Marx: Plus cette année que l'an dernier?
M. Bédard: Cela dépend des besoins. Ce qu'on est
surtout, c'est une ressource technique professionnelle auprès de groupes
qui sont à s'organiser ou qui ont besoin de chartes ou de
réglementations. On profite de l'occasion dans notre association avec
ces groupes ordinairement pour donner aussi de l'information juridique.
M. Marx: Est-ce qu'il y a plus de participation des citoyens dans
les corporations de l'aide juridique? On a parlé de cela l'an dernier.
Je pense que j'ai lu dans un de vos bulletins ou dans le journal des
Débats qu'il a très peu de participation des citoyens dans les
conseils d'administration, si je me souviens bien. Est-ce que cela
s'améliore ou est-ce qu'il y a peu de participation? Est-ce que la
commission a fait un effort pour attirer des gens à participer dans ces
conseils d'administration? Quelle est la politique de la commission dans cette
matière?
M. Bédard: Je pense que c'est défini dans la loi.
Les corporations régionales sont formées de douze membres dont le
tiers doivent être des avocats ou des notaires ou des professeurs de
faculté de droit. Le reste des membres doit être choisi dans la
société en général, la société
régionale à ce moment parce qu'ils ont une corporation
régionale formée de douze membres. Vous faites le total
d'à peu près 150 personnes.
M. Marx: Les centres communautaires juridiques sont
administrés par un conseil d'administration, dont au moins un tiers des
membres doivent être choisis parmi la communauté qui dessert le
centre, la population locale. Est-ce que la commission a pris des initiatives
pour impliquer la population dans tout le processus, de l'aide juridique? Par
exemple, on peut parler aussi des cliniques. Est-ce que la commission favorise
l'établissement des cliniques d'aide juridique? Vous savez qu'il y en
avait quelques-unes il y a quelques années, maintenant il y a deux
cliniques.
M. Bédard: II y a deux cliniques présentement.
M. Marx: Pardon!
M. Bédard: II y a deux cliniques présentement. (Il
h 30)
M. Marx: Autrefois, il y en avait davantage, il y en avait
cinq.
M. Bédard: Non, ce serait remonter loin dans le temps et
il faudrait que j'explique ce qui est survenu dans chacun des cas. Ce que je
peux dire, c'est que la commission attend qu'il y ait des demandes
d'incorporation qui lui soient transmises par les corporations
régionales. Alors, cela fait cinq ou six ans qu'on n'a eu aucune
demande; je peux vous dire cela en pratique. Il n'y a pas de politique d'en
créer ou de ne pas en créer, il y a un mécanisme
prévu dans la loi voulant qu'il faut qu'il y ait une demande et que la
demande soit acheminée pour en évaluer le pour et le contre.
M. Marx: II n'y a pas d'encouragement...
M. Bédard: Oui, mais cela devient une question
philosophique savoir de quelle façon on voit les systèmes. Il ne
faut pas oublier qu'il y a un apport de 250 000 citoyens
défavorisés qui passent dans nos bureaux par année. Quant
à moi, je ne pense pas qu'on soit éloigné de cette
réalité de la pauvreté juridique de ces gens; qu'il y ait
des conseils d'administration formés de citoyens, c'est normal aussi.
Mais on ne va pas au-devant en ce sens d'essayer de susciter des besoins dans
le milieu pour qu'ils demandent un bureau d'aide juridique. Il y en a
déjà 145 dans tout le réseau. L'implication des avocats du
réseau fait que j'ai l'impression que le service est rendu.
M. Marx: Est-ce que le nombre de refus d'accorder l'aide
juridique a beaucoup augmenté depuis un an ou deux? J'imagine que les
gens qui avaient un revenu de 230 $, il y a deux ans, et qui ont eu des
augmentations normales depuis un ou deux ans, se pensent encore admissibles
à l'aide juridique, mais quand ils arrivent au bureau, on leur dit: Non,
vous n'avez pas droit à l'aide juridique parce que votre revenu a
augmenté. Est-ce qu'il y a plus de refus?
M. Bédard: M. le Président, on a exactement le
même pourcentage de refus que l'année dernière et
l'année précédente. Assez curieusement, c'est 12,5% qui
est le taux de refus encore cette année. Je crois que l'explication
vient du fait que l'aide juridique était déjà bien
implantée et déjà bien présente publiquement, au
Québec. Ce n'est pas le fait qu'une crise soit arrivée qui les a
dirigés davantage vers les bureaux. Maintenant, il y a aussi un autre
fait qui m'a été souligné par certains directeurs
généraux. Il semble qu'en période de crise, les
créanciers ne poursuivent plus leur débiteur parce qu'ils sont
aussi débiteurs et que, dans le fond, il y a une espèce de
resserrement social qui fait que les gens laissent passer la vague. Ils ne
veulent pas entreprendre de procédures; possiblement, c'est une des
explications qui est avancée.
M. Marx: Est-ce que la commission a
des statistiques sur les refus dans le sens que si quelqu'un se
présente on le refuse à cause d'un revenu trop
élevé, au-dessus du barème?
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Et depuis quelques années, cela n'a pas
augmenté, c'est constant, 5%.
M. Bédard: 12,5% M. Marx: Ah! 12,5%.
Le Président (M. Champagne): Alors, s'il n'y a pas
d'autres questions...
M. Bédard: S'il n'y a pas d'autres questions concernant le
programme d'aide juridique, avant de terminer, j'aurais une communication
importante qui illustre bien les propos que j'ai tenus tantôt concernant
les difficultés qu'il y avait dans les autres provinces en ce qui a
trait au budget d'aide juridique. Dans le journal National qui est le
journal...
M. Marx: ...du barreau canadien.
M. Bédard: ...du barreau canadien, en ce qui a trait
à l'aide juridique, dans un article écrit par M. Ken Ross, il
fait les remarques suivantes:
Une voix: Est-ce que c'est en anglais?
M. Bédard: Non, en français. Vous n'aurez pas la
primeur de...
M. Marx: On veut tester le bilinguisme du ministre.
M. Bédard: J'en réserve pour dans peu de temps. Il
disait ceci: Les temps sont difficiles pour les services d'aide juridique
à travers tout le Canada. Bien que la situation ne soit pas la
même dans toutes les provinces, peu sont épargnées. Le
principal problème est la demande sans cesse croissante de services
subventionnés en raison de la crise économique. Alors que les
provinces disposent de moins de fonds en raison de cette même crise,
actuellement, la province la plus touchée est sans doute la Colombie
britannique, à la suite de la décision du gouvernement de ne pas
accorder à l'aide juridique une subvention attendue de 2 400 000 $ pour
le budget de 1983-1984, alors que son déficit, à la fin du
présent exercice, sera d'environ 900 000 $. La conséquence est le
licenciement de personnel - ce sont des choses auxquelles on n'assiste pas ici
- et une interruption temporaire des services d'aide juridique pour les
questions criminelles et familiales.
Dans les autres provinces la situation, sans être aussi critique
est malgré tout préoccupante. En Nouvelle-Écosse les
services ont diminué de 30%. Au Nouveau-Brunswick la situation est
stable pour l'instant. Par contre, en Ontario, la situation sans être
dramatique, pourrait le devenir, car la demande s'accroît et il semble
actuellement que 10 000 000 $ seront nécessaires en plus du budget de 50
000 000 $ pour boucler l'année financière, somme que le
ministère du Procureur général de l'Ontario fournira. Ce
qui veut dire que la conclusion de toute notre discussion, c'est qu'en ce qui a
trait à l'aide juridique par rapport à la situation d'autres
provinces où il y a eu des coupures importantes, le Québec a
été épargné.
M. Marx: Le ministre n'a pas donné d'exemple des provinces
qui dépensent moins de leur budget, de leur fonds consolidé parce
que le Québec, en tant que gouvernement...
M. Bédard: II ne veut rien comprendre.
M. Marx: ...dépensera 14 000 000 $ ou 15 000 000 $ de
moins cette année que l'an dernier. C'est cela la question. Il n'a pas
donné d'exemple de province qui aurait coupé...
De toute façon cela me surprend qu'un gouvernement qui se veut
social-démocrate compare avec des gouvernements conservateurs de droite,
de la Colombie britannique...
M. Bédard: On se compare en mieux
précisément à cause de la nature peut-être du
gouvernement qui est en place présentement...
M. Marx: Prochain programme.
M. Bédard: ... puisque nous gardons le système le
plus généreux. Nous n'avons pas effectué des coupures de
services, de personnel, etc., ce qui a été le cas dans d'autres
provinces. Si le député de D'Arcy McGee ne veut vraiment pas
comprendre...
M. Marx: Je vous félicite de "squeezer" les pauvres.
M. Bédard: Les autres provinces ont eu le même
partage et pourtant elles ont baissé leur budget à l'aide
juridique.
M. Marx: Je vous félicite, M. le ministre.
M. Bédard: Je vous remercie d'avoir compris.
M. Marx: Merci.
Le Président (M. Champagne): Merci d'être venu
à cette commission
parlementaire, Me Lafontaine.
Le programme 5 avec les trois éléments qui le composent
est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle le
programme 6...
M. Marx: Avant qu'on ne commence le programme 6 j'aurais une
question à poser au ministre concernant une remarque qu'il a faite hier.
Il a dit que quelqu'un qui reçoit un jugement en langue française
pourrait, sur demande, avoir une traduction anglaise. Le journaliste a appris
cela, il m'a demandé de quoi il s'agit et j'aimerais savoir à qui
il faut s'adresser. J'imagine que c'est un service sans frais, etc.
M. Bédard: Pour obtenir une copie, il est bien entendu
qu'on n'en obtient pas dans tous les cas, c'est sur demande. Chacune des
demandes doit être filtrée parce qu'il y a des cas qui ne sont
peut-être pas tout à fait essentiels. Par exemple, les cas
d'adoption sont acceptés automatiquement. Dans les autres cas, on
s'adresse au protonotaire qui voit à acheminer la demande au
ministère des Communications.
M. Marx: Cela veut dire qu'à Montréal il faut
écrire au protonotaire...
M. Bédard: II faut donner les raisons pour lesquelles on
veut avoir une traduction.
M. Marx: À qui doit-on écrire à
Montréal?
M. Bédard: M. Jacques Dufour.
M. Marx: Me Jacques Dufour. Palais de justice de
Montréal?
M. Bédard: Palais de justice de Montréal, 1, est,
rue Notre-Dame.
M. Marx: On explique les raisons pour lesquelles on veut avoir
une version anglaise.
M. Bisaillon: Pas sur l'enveloppe.
M. Marx: Non. Supposons que quelqu'un aimerait comprendre le
contenu du jugement. Cela arrive que les gens aiment savoir pourquoi ils sont
condamnés ou pourquoi ils ont gagné, mais je me demande si c'est
essentiel ou si ce n'est pas essentiel. C'est la question que les gens me
posent.
M. Bédard: Les avocats se font un plaisir d'expliquer
à leurs clients le contenu du jugement. C'est dans des cas quand
même un peu exceptionnels où des personnes doivent déposer
un jugement à l'étranger, par exemple.
M. Marx: Parce que nous recevons des appels des gens...
M. Bédard: II y a aussi des jugements rendus en
anglais.
M. Marx: Oui, oui.
M. Bédard: II y a des Français qui nous demandent
la traduction.
M. Marx: Nous avons eu des demandes - moi et d'autres
députés - et quelques appels téléphoniques pour
savoir où il est possible d'avoir une traduction de jugement et on
demande: Pourquoi? L'avocat ne m'a pas expliqué cela. Je ne veux pas
retourner voir mon avocat, et ainsi de suite. Il y a une foule de raisons. Le
sous-ministre associé a dit que c'est sur demande quand c'est essentiel.
En matière d'adoption, c'est plus ou moins automatique. Il faut
s'adresser au protonotaire.
M. Bédard: Ce n'est pas "plus ou moins". C'est
automatique.
M. Marx: Oui, d'accord. N'y a-t-il pas d'autres critères
ou si cela va varier d'un cas à l'autre?
M. Bédard: Cela va varier d'un cas à l'autre. Vous
comprenez qu'il n'y a pas d'obligations de traduire un jugement dans une autre
langue. C'est la seule discrétion qu'on exerce.
M. Marx: Le ministère a-t-il envoyé une directive
quelconque aux protonotaires ou quoi?
M. Bédard: II n'y a pas de directive précise sur ce
sujet.
M. Marx: Donc, les protonotaires vont...
M. Bédard: Non. Ils savent qu'ils peuvent
référer le jugement au ministère des Communications, mais
il n'y a pas de directive disant: Dans tel cas, tel cas ou tel cas, vous devez
vous y référer ou ne pas vous y référer. On leur
dit qu'ils doivent juger...
M. Marx: C'est l'arbitraire absolu. M. Bédard:
C'est la discrétion.
M. Marx: Les critères sont dans la tête de tous les
protonotaires et, pour un député, ce n'est pas facile de
définir à quelqu'un ce qui est essentiel.
M. Bédard: On va le définir avec le
temps.
M. Marx: N'est-il pas possible pour le ministère de
préparer une directive quelconque ou des critères quelconques
pour humaniser la justice, pour ne pas avoir l'arbitraire?
M. Bédard: Vous parlez toujours de
déréglementation. On n'est quand même pas pour mettre au
point toute une réglementation...
M. Marx: Une directive, ce n'est pas un règlement.
M. Bédard: Mais non, des critères, etc., et tout
cela. J'aime beaucoup mieux...
M. Marx: J'espère que le ministre connaît la
différence entre une directive et un règlement.
M. Bédard: ...qu'on s'en remette au jugement
éclairé des protonotaires qui sont à même de faire
la part des choses et, s'il y a des cas où, manifestement, le
protonotaire peut ne pas tenir compte des circonstances, il y a toujours la
possibilité de s'adresser au ministère.
M. Marx: II faut qu'il y ait des critères. Il faut qu'on
puisse se baser sur quelque chose. Je ne peux pas dire à quelqu'un: Si
c'est essentiel, vous aurez une traduction. Qu'est-ce qui est essentiel? Je ne
le sais pas. C'est chaque protonotaire qui décide ce qui est essentiel.
Je pense qu'il faut avoir des critères quelque part. Sinon, c'est
l'arbitraire et ce n'est pas humaniser la justice.
M. Bédard: On ne commencera pas à faire des
réglementations pour des cas très peu nombreux où...
M. Marx: Non, je ne demande pas des règlements. Une
directive, ce n'est pas un règlement. Le ministre connaît la
différence entre une directive et un règlement. S'il ne veut pas
émettre une directive, qu'il trouve une autre façon pour qu'on
sache de quoi...
M. Bédard: II y a une information, l'information la plus
adéquate possible, qui est faite au niveau de chacun des
protonotaires.
M. Marx: Supposons que quelqu'un... M. Bédard:
Jusqu'à maintenant...
M. Marx: D'accord. Supposons que quelqu'un reçoit un
jugement...
M. Bédard: ...cela n'a pas posé de
problèmes.
M. Marx: Oui. J'ai eu le problème à l'inverse
aussi, des gens qui ont reçu un jugement en anglais et qui ont voulu
avoir des traductions en français. Qu'est-ce qu'on fait?
M. Bédard: La même chose.
M. Marx: La traduction française, c'est la même
chose et ce sont les mêmes critères.
M. Bédard: C'est cela.
M. Marx: Essentiel ou non, c'est le protonotaire qui
décide.
M. Bisaillon: Même jugement.
M. Marx: Même jugement, comme le député de
Sainte-Marie l'a sagement fait remarquer. Franchement...
M. Bédard: Quand il y a des motifs...
M. Marx: ...c'est très insatisfaisant de dire: II y a un
service disponible, mais on ne peut pas vous dire pour qui, quand et
pourquoi.
M. Bédard: Vous changez rapidement d'opinion. Hier, vous
étiez très satisfait. Aujourd'hui, vous en demandez plus. Je vais
prendre cela en considération. Que voulez-vous faire? (Il h
45)
M. Marx: J'étais satisfait, hier, avant de demander au
ministre de préciser.
M. Bédard: Vous étiez satisfait avant de vous faire
une idée.
Mme Lavoie-Roux: Ne vous chicanez pas.
M. Bédard: On ne se chicane jamais.
M. Marx: Cela termine la réponse du ministre. Pas de
directive, l'arbitraire, etc.
M. Bédard: Je prends note que, dans un premier temps,
hier, le député de D'Arcy McGee était satisfait.
Aujourd'hui, il fait certaines remarques qui semblent aller un peu vers une
certaine forme d'insatisfaction.
M. Marx: J'étais satisfait du principe.
M. Bédard: Je vais prendre le tout en considération
ayant beaucoup de respect pour l'opinion et les remarques du
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Question d'être juste, M. le
ministre.
M. Bédard: Une chose est certaine, c'est qu'il n'y aura
pas de réglementation.
M. Marx: Je suis encore satisfait du principe, c'est la mise en
oeuvre du principe qui me laisse sur mon appétit. Je ne demande pas des
règlements. Je demande des directives, je demande des critères
tout à fait normaux et le ministre...
M. Bédard: Non, je vais prendre le tout en
considération.
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: Soyons conscients qu'il s'agit de cas
marginaux.
M. Marx: Juste une dernière question au sous-ministre
associé qui a dit que les demandes sont acheminées au
ministère des Communications. Une question d'intérêt
général, qui fait ces traductions? Est-ce que ce sont des
juristes ou des traducteurs?
M. Bédard: Ce sont des traducteurs officiels.
M. Marx: ...qui font la traduction de textes juridiques
normalement.
M. Bédard: Oui, oui. M. Marx: D'accord.
M. Bédard: Ce sont les mêmes traducteurs normalement
quand les jugements sont rendus en anglais qui font la traduction en
français.
M. Blank: Ne croyez-vous pas que si on fait cela pour des
adoptions automatiquement, la raison, c'est parce que les enfants ont
peut-être voyagé dans d'autres pays, etc. Pourquoi ne fait-on pas
la même chose pour des divorces irrévocables? Des jugements finaux
de divorce? On fait cela sur une autre formule à la cour de justice
à Montréal. On peut utiliser des formules qui sont
déjà imprimées et remplir seulement les dates. J'ai
déjà eu des cas où des gens se sont mariés à
New York et on leur donne un jugement irrévocable de divorce en
français et ils ne comprennent pas.
M. Bédard: C'est une situation qui est...
M. Blank: Pour la même raison qu'on doit donner..
M. Bédard: C'est une situation récente. Pour la
première fois, on en parle au sujet des crédits. Le
député de Saint-Louis a toujours des suggestions
intéressantes qui méritent d'être
étudiées.
M. Blank: Merci, voulez-vous qu'on change de place?
M. Bédard: Je vous aime bien tous les deux.
M. Marx: II voulait dire changer de place avec vous.
M. Bédard: Je sais très bien que vous aimeriez
prendre ma place. C'est normal. Cela dit en souriant, M. Président.
Le Président (M. Champagne): Peut-on aborder le programme
no 6? Si on veut avancer, M. le ministre aussi, je sais bien qu'on peut
continuer...
M. Bédard: Je n'ai pas l'impression de retarder quoi que
ce soit. Si je peux vous dire quelque chose.
Le Président (M. Champagne): Je respecte votre jugement
à ce sujet. Alors allez-y et ensuite je retiens le droit de parole du
député de ...
M. Bédard: Je voulais justement faire avancer. J'ai cru
comprendre que le député de Sainte-Marie n'avait pas de question
à poser sur ce programme.
Le Président (M. Champagne): Sur six. M. Bédard:
Sur six, bon, d'accord.
Le Président (M. Champagne): Le programme 6, d'accord.
J'appelle le no 6: Administration. Est-ce que le ministre aurait...
M. Bédard: On peut procéder à l'adoption
jusqu'à 5.
Le Président (M. Champagne): Cela a été
fait. Il y a une quinzaine de minutes. Le programme no 5 a été
adopté. C'est pourquoi le programme no 6 a été
appelé. M. le ministre.
M. Bédard: Avant de passer au programme no 6, hier, il y
avait certaines questions qui avaient été posées. On avait
demandé certains éclaircissements en ce qui a trait au Tribunal
du travail. J'avais indiqué que nous donnerions certains
éléments de réponse pour éclaircir la situation. Je
demanderais au sous-ministre d'apporter des commentaires sur ce sujet.
Le Président (M. Champagne): M. le sous-ministre.
M. Bédard: Je m'appelle Daniel Jacoby. Quant aux
requêtes en accréditation qui sont présentées
d'abord au commissaire du travail, les délais moyens sont de quatre
à six mois. Quant aux appels des décisions du commissaire du
travail devant le Tribunal du travail, les délais moyens sont de trois
mois. Quant aux procès en matière pénale, les
délais moyens sont de six mois. Quant aux appels sur la Loi sur la
qualification professionnelle et sur la Loi sur la fonction publique, les
délais sont de deux mois. Finalement, quant aux appels de
syndiqué sur le refus ou la négligence du syndicat de le
représenter, les délais moyens sont de six à douze
mois.
M. Marx: Avez-vous des statistiques pour toute la province?
M. Bédard: C'est pour toute la province.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on doit comprendre qu'il y a des
délais qui s'ajoutent? Prenons par exemple le cas de
l'accréditation; vous nous avez donné le délai qui
s'applique au commissaire-enquêteur mais il arrive que des dossiers
d'accréditation remontent au tribunal et, à ce moment-là,
les délais s'ajoutent. Alors, est-ce que le délai que vous nous
avez donné comprend les dossiers...
M. Bédard: Au niveau du commissaire du travail c'est de
quatre à six mois, au niveau de l'appel devant le tribunal du travail,
c'est trois mois.
M. Bisaillon: Donc, c'est trois mois qui s'ajoutent.
M. Bédard: Oui, c'est trois mois qui s'ajoutent aux quatre
à six mois.
M. Marx: Cela c'est la moyenne pour la province.
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Hier ma question était assez spécifique.
C'était pour Québec. J'ai dit à Québec, pas au
Québec.
M. Bédard: J'ai ici les statistiques pour l'ensemble de la
province.
M. Marx: Mais avez-vous des statistiques pour la ville de...
M. Bédard: Écoutez, les moyennes sont bâties
à partir des extrêmes, conséquemment cela devrait
correspondre à peu près à cela.
M. Marx: Je pense que les délais sont beaucoup plus courts
à Montréal qu'à Québec et, dans le district
judiciaire de Québec, on m'a dit qu'ils sont assez...
M. Bédard: S'il y a une différence par rapport aux
moyennes que nous venons d'exprimer en ce qui a trait au district de
Québec par rapport à Montréal, on apportera des
explications additionnelles.
M. Marx: Cet après-midi, si c'est possible avant la fin de
la commission.
M. Bédard: II est exact que les délais sont un peu
plus longs à Québec qu'à Montréal. J'ai eu
l'occasion de rencontrer, dernièrement, le président du tribunal,
M. le juge Geoffroy, et nous avons pris entente pour essayer d'améliorer
l'efficience du tribunal à Québec. Il va y avoir,
éventuellement, la nomination d'un juge et on est en train d'examiner
l'opportunité d'ajouter un deuxième juge à
Québec.
M. Marx: Alors, cela répond pour l'avenir...
M. Bédard: Oui.
M. Marx: ...mais, pour le présent, quels sont les
délais? Parce que le ministre nous fait souvent des promesses pour
l'avenir qui ne sont, malheureusement, pas toujours réalisées.
Donc, j'aimerais savoir quels sont les délais aujourd'hui, si c'est
possible, à Québec?
M. Bédard: Mme la Présidente, je pense que quand on
parle des délais, il est évident que tous les désirs, non
pas toutes les promesses, mais tous les désirs ne sont pas toujours
réalisés. En ce qui a trait aux délais, d'une façon
générale - d'ailleurs nous avons eu une très courte
discussion à l'étude de ces crédits - l'Opposition savait
très bien qu'au niveau de l'ensemble du Québec, soit par des lois
ou encore par des actions administratives, nous avons contribué à
faire en sorte que les délais aient diminué d'une façon
significative. Nous allons essayer de poursuivre le même objectif au
cours de l'année qui vient.
Administration
La Présidente (Mme Lachapelle): Maintenant, MM. les
membres de la commission, est-ce qu'on procède à l'étude
du programme 6 comprenant 5 éléments? Alors la parole est
à M. Bisaillon, député de Sainte-Marie.
M. Bédard: Est-ce qu'il y a des remarques
particulières?
M. Bisaillon: Est-ce que vous nous présentez le
programme?
La Présidente (Mme Lachapelle): Est-ce que vous avez des
remarques particulières, M. le ministre?
M. Bédard: Non, je n'ai pas de remarques
particulières, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lachapelle):
Parfait.
M. Bisaillon: Mme la Présidente, j'ai deux brèves
questions à poser au ministre et particulièrement au
sous-ministre de la Justice. Dans l'élément 1, bureau du
sous-ministre et secrétariat du ministère, personnel: 18
réguliers et 34 occasionnels. Je voudrais qu'on m'explique le pourquoi
de ce nombre important d'occasionnels par rapport au personnel régulier.
En fait, c'est un ratio pratiquement d'un pour deux. Qu'est-ce qui justifie
dans les circonstances l'engagement d'occasionnels au bureau du sous-ministre?
Parce que là on ne parle pas d'un service qui va être temporaire,
il me semble que le bureau du sous-ministre est quelque chose qui est
permanent. Alors, comment peut-on justifier l'engagement d'occasionnels
à ce titre? De quel type d'occasionnels s'agit-il? Est-ce que des
occasionnels sont là à contrat, pour une période de cinq
mois, de six mois? Est-ce que des contractuels sont là pour plus de six
mois, c'est-à-dire un an, deux ans, trois ans? Qu'est-ce qui en est de
ce type de personnel occasionnel? Cela serait ma première question.
Ma deuxième question concerne une activité du
sous-ministre qui lui est, à ce qu'on nous dit, particulièrement
chère et qui est le colloque des établissements de
détention. On sait que cette année le sous-ministre a
organisé un colloque des établissements de détention et
que ce colloque avait été décrié par un certain
groupe de professionnels en particulier. Le sous-ministre nous annonce un autre
colloque pour l'an prochain. Je voudrais savoir, compte tenu du contexte des
restrictions budgétaires, si ce ne sont pas des dépenses qui
pourraient être sinon éliminées, au moins encadrées
davantage qu'elles n'ont pu l'être dans le passé.
La Présidente (Mme Lachapelle): M. le sous-ministre.
M. Bédard: Sur la première question, je ne peux
vous donner les détails, mais je peux vous répondre que les
postes d'occasionnels que nous avons ici proviennent d'une banque
d'occasionnels qui est dans mon budget, mais qui sont affectés à
d'autres programmes du ministère. Ainsi, l'année dernière,
on a prêté trois postes d'occasionnels à la Commission des
droits de la personne. Chaque fois que, dans un programme quelconque, il y a du
dépannage à faire, on passe le poste d'occasionnel.
Sur mes effectifs propres, il y a une ou deux personnes de soutien
occasionnelles.
M. Bisaillon: Comment expliquez-vous que ces 34 occasionnels sur
l'ensemble des occasionnels du ministère - parce que j'ai
remarqué que sur l'ensemble du personnel du ministère il y a plus
de 34 occasionnels -soient affectés au budget du sous-ministre
particulièrement? Est-ce que c'est parce que ces occasionnels
fonctionnent uniquement au plan administratif?
M. Bédard: C'est au plan administratif parce que
là-dedans, il y en a aussi une partie qui est affectée, par
exemple, à la Direction des communications. Depuis qu'on a mis sur pied
la revue Justice, on a été obligé de faire appel à
des occasionnels. Ces postes sont affectés à la Direction des
communications. Alors, à toutes fins utiles, quand on parle de mon
bureau, cela comprend les services administratifs, cela comprend les directions
qui relèvent directement de moi, comme la Direction des communications
et cela comprend aussi les postes qu'on affecte dans certaines directions, dans
certains programmes en vue d'un certain dépannage.
M. Bisaillon: À partir du moment où vous
m'expliquez qu'il s'agit de personnel qui est réparti dans
différents services et que c'est pour exercer des fonctions de
dépannage, vous ne pensez pas que, compte tenu des compressions qu'on
doit normalement faire sur les effectifs de la fonction publique de
façon large et, en particulier, au ministère de la Justice
où il y a un nombre important de fonctionnaires, environ 12 000 ou 12
300...
M. Bédard: Au-delà de 13 000, avec les
occasionnels.
M. Bisaillon: Avec les occasionnels. M. Bédard:
Oui.
M. Bisaillon: Ne pensez-vous pas que pour ce genre de travail qui
est du travail de dépannage, on pourrait prendre du personnel permanent,
mais sous-utilisé ou mal utilisé? Est-ce qu'on ne pourrait pas
gérer davantage le personnel permanent avant de faire appel à des
occasionnels sur une base quasi permanente, puisque vous les affectez à
des tâches administratives finalement ou de soutien?
M. Bédard: Je dirais que pour ce qui est des compressions
de personnel, le ministère de la Justice fait son devoir. Nous remettons
annuellement les postes qui sont exigés ou requis par le Conseil du
trésor.
Dans tous les ministères, il y a toujours des banques
d'occasionnels qui permettent de dépanner certains services, par
exemple, à des périodes de pointe ou encore lorsque certains
services n'ont pas les effectifs suffisants pour remplir leur mandat. Il se
peut que, par exemple, d'une année à l'autre, un service se voit
ajouter un nouveau mandat et que nous n'obtenions pas de postes de la part du
Conseil du trésor parce que cela peut représenter un ou deux
postes. On nous demande d'absorber cela à même nos effectifs.
Conséquemment, ces banques servent essentiellement à cela. La
rationalisation du travail du côté des postes réguliers,
des employés permanents, se fait continuellement. Les compressions
budgétaires qui nous amènent à retourner au trésor,
selon les années, de 2% à 4% des effectifs, obligent
nécessairement l'ensemble de l'administration au ministère et
l'ensemble des gestionnaires à repenser leur méthode de travail
et leur processus. Alors, personnellement, je ne pense pas qu'il y ait un
problème du fait que nous ayons des postes d'occasionnels.
M. Bisaillon: M. le Président, je ne voudrais pas donner
l'impression que je cherche des poux, c'est juste parce que -vous le savez fort
bien, Mme la Présidente -il y a une commission spéciale qui s'est
penchée sur le problème de la fonction publique. J'essaie de
vérifier, dans chacun des ministères, les efforts qui sont faits
dans ce sens. Or, comme cette commission en particulier avait conclu qu'il
fallait en arriver à une diminution du taux d'encadrement et du taux de
professionnels, comme cette commission avait conclu aussi qu'on devait le plus
possible utiliser au maximum les ressources humaines déjà
disponibles, je trouve étrange quand même que ces postes soient
des postes occasionnels. (12 heures)
Je voudrais que vous me répondiez en m'indiquant de quel type
d'occasionnels il s'agit. Autrement dit, normalement, dans la
définition, un occasionnel est quelqu'un qu'on engage pour
répondre à un mandat précis situé dans le temps, en
remplacement de quelqu'un qui est déjà en permanence, mais qui
est absent de son travail pour toutes sortes de raisons. Je dois comprendre
qu'il s'agit d'une bande de contractuels beaucoup plus que d'occasionnels. Je
dois comprendre, à la suite de vos réponses, qu'il s'agit
davantage aussi de personnes polyvalentes puisque vous pourriez les utiliser
à toutes sortes de besoins non prévus au début d'une
année. Il me semble que... Autrement dit, ce que je veux dire, c'est que
vous pourriez avoir une banque de disponibilités à
l'intérieur du ministère sans que ce soit nécessairement
du personnel occasionnel.
La Présidente (Mme Lachapelle): M. le sous-ministre.
M. Bédard: Je voudrais faire une précision.
D'abord, quant aux compressions de personnel occasionnel, depuis trois ans, le
ministère de la Justice a coupé ses postes d'occasionnels
d'environ 20% à 25%. Deuxièmement, je pense qu'il y a un
malentendu. Ce sont des postes d'occasionnels et non pas des personnes sur des
postes. Pour couvrir une période de pointe, lorsqu'on a besoin d'un
occasionnel, par exemple, on attribue ou on affecte le poste à une
direction. Le type de personnel qui est engagé à même ces
postes pour une période de six mois et, dans certains cas particuliers,
pour des périodes plus longues ou pour des projets spécifiques,
est généralement du personnel professionnel. Il y a aussi du
personnel de soutien, parce que dans un gros ministère comme le
nôtre, il faut comprendre qu'avec les nombreuses activités que
nous avons et toutes les missions que nous avons, il arrive ici et là
dans le système et dans les 600 points de service que nous ayons besoin
de personnel additionnel pour une période très courte qui peut
être de trois ou six mois et pour des projets spécifiques, de
l'ordre d'un an.
M. Bisaillon: Mme la Présidente, je pense que j'ai fort
bien compris les explications que le sous-ministre m'a données. Je tiens
quand même à faire la remarque qui s'applique non seulement au
ministère de la Justice, mais à l'ensemble des ministères.
Je trouve que c'est une procédure du Conseil du trésor qui est
abusive et qui n'encourage pas une utilisation maximale et une meilleure
utilisation des ressources humaines déjà existantes dans la
fonction publique, déjà à l'emploi de façon
permanente. Évidemment, il s'agit de postes. Il ne s'agit pas de noms.
Vous avez fait cette précision. Ce sont des postes qui sont là.
Ces postes pourraient être, théoriquement - même
théoriquement au début de l'année -affectés
à chacun des ministères par du personnel en surplus ou en
disponibilité et on arriverait de cette façon à une
meilleure utilisation de nos ressources humaines dans l'ensemble de fonction
publique. Je ne vise pas particulièrement ni le bureau du sous-ministre,
ni le ministère de la Justice, mais l'ensemble, je pense, du
fonctionnement de notre fonction publique.
La Présidente (Mme Lachapelle): Merci. Y a-t-il d'autres
questions sur...
M. Bisaillon: II y a avait une deuxième question que
j'avais posée au sous-ministre sur son bébé
chéri.
M. Bédard: La deuxième question, le
congrès des services correctionnels qui a eu lieu il y a quelque
temps. Effectivement, il y a eu un congrès des services correctionnels.
Les services correctionnels représentent ...
M. Bisaillon: Ce que j'ai appelé le colloque des
établissements de détention?
M. Bédard: C'est cela, mais qui regroupe trois directions
à l'intérieur de cette direction générale, soit la
détention elle-même, c'est-à-dire l'ensemble du personnel
qu'on retrouve dans les 33 établissements de détention;
également la direction de la participation communautaire et la direction
de la probation.
C'est la première fois depuis que la direction
générale est créée que se tient un congrès
de ce genre. On peut s'interroger sur l'opportunité de ce genre de
congrès. Dans mon esprit, ces congrès sont strictement des outils
de gestion et de travail. Dans le cas particulier des services correctionnels
ou de la détention-probation, nous avions affaire, même s'il
s'agissait d'une direction générale, à trois
unités, la participation communautaire, la probation et la
détention qui, pour des raisons historiques, ne se parlaient pas et ne
réalisaient pas que les actions de chacun avaient des effets sur les
actions des autres à l'intérieur de ces mêmes services. Et
c'est après en avoir discuté au conseil de direction du
ministère que nous avons pris la décision de faire un pas en vue
d'améliorer l'efficience et l'efficacité de tout le réseau
des services correctionnels. Le thème du colloque était justement
axé sur la concertation entre les différents intervenants, ce qui
a permis à environ 250 personnes, soit des surveillants
d'établissement, des directeurs d'établissement, des agents de
probation, des gens de la participation communautaire et des ressources
sociales, d'essayer de trouver des solutions pour mieux coordonner leur action
afin de rendre un meilleur service à la population.
Le chiffre de 49 999 $ peut paraître astronomique mais, en fait,
par personne, cela a coûté à peu près 200 $. Je
considère, comme administrateur, qu'il s'agit d'un véritable
investissement qui se traduira par une meilleure efficacité, une
meilleure efficience.
Si j'ai annoncé qu'il y en aurait un autre l'année
prochaine, c'est pour permettre pendant toute l'année à ces
intervenants de réfléchir sur les problèmes qui se sont
posés pendant deux jours et d'arriver avec des solutions, toujours dans
l'objectif que je proposais tout à l'heure.
C'est pour moi un investissement, c'est un outil de gestion, c'est un
outil de travail. Ce n'est pas un "party", contrairement à ce que
certaines personnes ont pu dire. Quand vous parlez du Syndicat des
professionnels, ce sont eux-mêmes, les professionnels, qui
réclamaient un congrès des services correctionnels depuis
plusieurs années et qui, pour les raisons qu'on connaît, ont
décrié ce congrès et l'ont fait tourner en farce et ainsi
de suite. Personnellement, je trouve cela un peu démesuré.
M. Bisaillon: Mme la Présidente, j'ai déjà
pris connaissance d'un programme de formation qui existe au ministère de
la Justice, qui s'adresse à l'ensemble du personnel d'encadrement et qui
est assez remarquable en termes de développement des ressources humaines
et d'application d'un certain nombre de nouvelles orientations à
l'intérieur du ministère. Quant à moi, je fais une
distinction entre ce genre d'activités mises sur pied par le
ministère de la Justice et ce type de colloque dont vous venez de nous
parler. C'est fort louable en soi, mais si l'objectif est de faire en sorte que
les gens de différents secteurs se parlent, il me semble qu'il serait
peut-être préférable de leur servir un déjeuner
communautaire plutôt que de leur faire servir le déjeuner aux
chambres, et le bar ouvert pourrait fort bien s'organiser aux frais des
personnes qui y participent.
Autrement dit, je comprends que ce ne sont pas des coûts
extraordinaires et exorbitants, mais dans les périodes qu'on vit, il me
semble que la plus petite dépense qui ne paraît pas
justifiée ou justifiable est perçue comme quelque chose
d'énorme et d'exorbitant, même si en soi ou dans un contexte
différent cela ne le serait pas.
Si le sous-ministre a l'intention d'organiser à nouveau son
colloque, il me semble qu'on devrait, au ministère de la Justice, faire
attention et faire en sorte que des dépenses qui peuvent paraître
exagérées à certains dans le contexte actuel soient
éliminées. Les objectifs seraient quand même atteints.
M. Bédard: Mme la Présidente, je prendrai un soin
particulier l'an prochain pour éviter qu'il y ait des dépenses
qualifiées de superflues. Vous parliez d'un bar ouvert et de
déjeuners aux chambres, je n'ai pas d'information à ce sujet. Si
des gens ont reçu leur déjeuner aux chambres c'est parce qu'ils
ont placé une pancarte la nuit sur la porte de la chambre et se sont
fait livrer leur déjeuner à la chambre. Il n'y a pas autre
chose...
M. Bisaillon: Ce n'était pas organisé, cela ne
faisait pas partie de l'organisation?
M. Bédard: Non pas du tout, et il n'y avait pas de bar
ouvert.
M. Bisaillon: Donc, les renseignements qu'on a eus dans ce sens
dans les journaux,
par exemple, étaient faux?
M. Bédard: Le communiqué qui est paru de la part du
Syndicat des professionnels était nettement excessif et déformait
quelque peu la réalité.
Je voudrais ajouter quelques remarques sur le sujet évoqué
par le député de Sainte-Marie. Je pense que celui-ci conviendra
qu'il y a eu un charriage inqualifiable en ce qui a trait à
l'interprétation ou à la nécessité de la tenue de
ce colloque. On est même allé jusqu'à dire que
c'était pour fêter l'arrivée de M. Robert Diamant, qui est
avec nous comme sous-ministre adjoint à la détention et à
la probation. Ce qui était complètement faux puisque la
décision d'une telle rencontre a été prise en mai 1982
alors que M. Diamant a été nommé en septembre 1982. Je
pense que cela donne un éclairage suffisant pour montrer jusqu'à
quel point, étant donné le contexte de négociations
où on était, il y en a certains qui se sont plu à charrier
des choses qui n'avaient absolument aucun fondement sur la
nécessité d'un tel - nous avons eu l'occasion d'en discuter -
colloque. Je pense que cela ne fait aucun doute. Cela aurait dû
probablement se faire avant parce que j'ai toujours pensé qu'en ce qui a
trait à l'administration de la justice, il faudrait toujours garder
présent à l'esprit la complémentarité des actions
des uns par rapport aux autres, quel que soit le secteur où on oeuvre
à l'intérieur du ministère de la Justice. D'où la
nécessité de provoquer les occasions pour qu'il y ait des
rencontres, qu'il y ait des échanges, qu'il y ait vraiment une
communication humaine, un contact qui oblige ceux qui travaillent dans un
secteur à affronter leur manière de voir l'administration de la
justice avec d'autres personnes qui travaillent dans d'autres secteurs. Nous
l'avons fait pour d'autres catégories de professionnels au niveau du
ministère de la Justice, ce qui a donné des résultats
très importants. J'ai été à même de constater
que, malheureusement, il y avait un phénomène de cloisonnement
beaucoup trop étanche entre les personnes qui oeuvraient, par exemple,
dans le secteur - puisqu'on parle de détention - de la détention
par rapport à ceux qui sont dans le secteur de la probation ou dans le
secteur communautaire. Pour moi, tout cela fait un tout. Il faut fournir les
occasions pour que les gens sentent très bien que, quelle que soit la
place où ils oeuvrent, il doit y avoir cette
complémentarité des actions les uns avec les autres.
M. Bisaillon: J'aurais peut-être un dernier commentaire,
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Lachapelle): M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ...au regard du dernier sujet. Je pense que mes
objectifs sont atteints. Cela aura permis au sous-ministre de corriger un
certain nombre de faussetés qui circulaient. Cela aura permis au
ministre de donner des orientations publiques à ce genre de colloque.
Cela m'aura permis, quant à moi, de souligner, encore une fois, que dans
le contexte particulier dans lequel on est chaque action, de quelque
ministère que ce soit, doit tenir compte du contexte, justement, qu'on a
traversé et faire en sorte que les choses s'organisent en conservant les
objectifs poursuivis, s'organisent au meilleur coût possible et dans le
cadre de quelque chose de normal et d'habituel.
M. Bédard: Sur ce point nous sommes tout à fait
d'accord avec le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Vous remarquerez, Mme la Présidente, que ce
n'est pas la première fois que le ministre est d'accord avec moi.
La Présidente (Mme Lachapelle): Je vous remercie. Est-ce
qu'il y a d'autres questions sur le programme no 6?
M. Marx: C'est peut-être la première fois sur la
place publique.
La Présidente (Mme Lachapelle): M. le député
de D'Arcy McGee, est-ce que vous avez une question sur le programme no 6?
M. Marx: Est-ce que c'est le temps de parler de la réforme
des lois? Non, c'est dans un autre programme. Pour le moment je n'ai pas de
question.
La Présidente (Mme Lachapelle): Alors, est-ce qu'on est
prêt à adopter le programme no 6? Est-ce que le programme no 6 est
adopté?
M. Marx: Oui.
Enregistrement officiel
La Présidente (Mme Lachapelle):
Adopté. J'appelle l'étude du programme no 7. M. le
ministre, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Marx: L'enregistrement officiel... (12 h 15)
M. Bédard: Le responsable de ce programme est Me Germain
Halle qui est avec nous.
M. Marx: On connaît le dossier. Il n'est pas
nécessaire de nous l'expliquer.
M. Bédard: II est associé à l'administration
et registraire. Je ne sais pas
s'il est nécessaire de faire des remarques.
M. Marx: Non, non, ce n'est pas nécessaire de nous
expliquer. On se souvient de l'an dernier.
M. Bédard: Si nous le faisons, je pense qu'il est utile de
dire ou de répéter que la tradition a changé, fort
heureusement. Maintenant, il y a la possibilité pour l'Opposition de
formuler des questions et des demandes de renseignements avant même
l'ouverture de la discussion des crédits. Nous fournissons à ce
moment les renseignements qui sont demandés, ce qui a été
fait dans le cas présent.
La Présidente (Mme Lachappelle): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Est-ce que le ministre a renoncé à fermer
certains bureaux d'enregistrement qu'il avait l'intention de fermer il y a un
an ou 18 mois?
M. Bédard: Je n'ai pas annoncé de
dépôt de projet de loi à ce sujet, il me semble que cela
parle par soi-même.
M. Marx: Donc, le ministre a évolué avec le
dossier. Il ne fermera pas, au moins au cours de cette session, des bureaux
d'enregistrement.
M. Bédard: Non. On continue à faire des
démarches dans certains districts quand il y a possibilité
d'entente sans que cela soulève un tollé de protestations. Alors,
nous pouvons procéder.
Une voix: Est-ce que vous en avez fermé cette
année?
M. Bédard: Vous serez à même de constater que
dans le prochain omnibus, il y aura...
M. Marx: La fermeture de certains...
M. Bédard: ...la fermeture d'un bureau d'enregistrement ou
son transfert, c'est-à-dire...
M. Marx: Quel bureau?
M. Bédard: ...son déménagement. Toutes les
discussions ayant été faites, chaque partie...
M. Marx: Quel bureau?
M. Bédard: Vous le verrez dans l'omnibus.
M. Marx: C'est-à-dire que toute la population est d'accord
pour que ce bureau soit fermé?
M. Bédard: Vous le saurez en même temps que tout le
monde.
Une voix: Pardon?
M. Marx: La population est d'accord pour que ce bureau soit
fermé?
M. Bédard: II y aura la discussion quant au
déménagement, vous le verrez alors.
M. Marx: J'aimerais avertir la population parce que le ministre
déposera le projet de loi à la dernière minute pour qu'il
n'y ait pas de discussion.
M. Bédard: Je sais que je ne peux pas compter sur
l'évaluation rationnelle qui doit être faite dans certains cas, ce
à quoi se prête difficilement le député de D'Arcy
McGee. Je l'ai vu avec la décision que nous voulons mettre en branle en
ce qui a trait à la ville de LaSalle.
M. Marx: C'est difficile d'être moins rationnel que le
ministre, mais de toute façon...
M. Bédard: Le député essaie de tenir
toujours deux discours, mais toujours orientés seulement en fonction de
la perception de la population et très rarement en fonction de la
rationalisation de certaines dépenses qui sont nécessaires dans
certains cas.
M. Marx: Est-ce que le ministre a terminé son monologue?
Bon, on continue.
M. Bédard: Ce n'est pas mon monologue, je réponds
à vos "innocenteries".
La Présidente (Mme Lachappelle): Je m'excuse. À
l'ordre, s'il vous plaît! II y a d'autres personnes qui ont
demandé la parole, alors je pense que cela revient à M....
M. Blank: Sur le même sujet, avant d'aller sur les autres.
Est-ce que le ministre a dit qu'il éliminera des bureaux
d'enregistrement sans faire une consultation de la population ou des
professionnels dans...
M. Bédard: Non, non. J'ai dit qu'il n'y avait pas projet
de loi qui était prévu. Il faut un projet de loi pour...
M. Blank: Mais même avant un projet de loi...
M. Bédard: ...fermer des bureaux d'enregistrement. Or, il
n'y en a pas de prévu. Donc, je pense que ceci illustre très bien
la position que j'ai prise.
M. Blank: Cela veut dire que pour le moment il n'y a pas de
fermeture de bureaux d'enregistrement. Est-ce que c'est cela que le ministre a
dit?
M. Bédard: Pour le moment, nous procédons d'une
façon ponctuelle. Lorsque, après discussion avec tous les agents
intéressés, il semble acquis, sans soulever de tollé de
protestations, que tout le monde s'entend sur la nécessité de
procéder à un changement, alors nous le faisons.
M. Blank: Oui, mais est-ce que vous faites une consultation sur
les lieux avant?
M. Bédard: Toujours? M. Blank: Toujours.
La Présidente (Mme Lachappelle): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Bédard: C'est un peu comme le problème des
prisons. Il y a deux problèmes. Quand on en ferme une, il y a...
M. Blank: Ce n'est pas la même chose.
M. Bédard: ...un tollé de protestations; quand on
en ouvre une, il y a un tollé de protestations. Le bureau
d'enregistrement...
La Présidente (Mme Lachappelle): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Bédard: II faut le comprendre.
M. Leduc (Saint-Laurent): L'an dernier, il avait
été question de...
M. Bédard: Je ne dis pas que je ne comprends pas les gens
qui sont concernés lorsqu'il s'agit de la fermeture d'un bureau
d'enregistrement. Maintenant, je n'ai pas changé d'idée sur le
fait que, dans certains cas, il serait vraiment indiqué, rationnellement
parlant, de procéder à des changements.
La Présidente (Mme Lachapelle): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): L'an dernier, il avait
été question de fermer une vingtaine de bureaux d'enregistrement,
de regrouper et de voter une loi pour le regroupement. Comme vous l'avez
mentionné tantôt, n'en est-il plus question? Bien sûr, pour
regrouper, il fallait voter une loi, mais pour fermer un bureau
d'enregistrement, faut-il nécessairement voter une loi?
M. Bédard: Oui. Cela va même plus loin que cela.
Pour déménager un bureau d'enregistrement, il faut, à ce
moment-là, y aller par une loi...
M. Leduc (Saint-Laurent): Donc, il n'est pas question de...
M. Bédard: ...ce qui complique - vous le comprendrez -
énormément les choses.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...de regroupement, d'une loi pour un
regroupement et il n'est pas question, non plus, d'une loi pour fermer ou
déménager un bureau d'enregistrement actuellement?
M. Bédard: II est seulement question de continuer nos
efforts de rationalisation dans ce domaine en continuant nos consultations.
Lorsque, dans certains cas, on peut en arriver à des consensus, à
ce moment-là, il est clair qu'on fera la loi appropriée.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais vous obtenez le consensus de qui?
Qui doit donner le consentement à cela?
M. Bédard: Les notaires et les avocats
concernés...
M. Leduc (Saint-Laurent): Les organismes.
M. Bédard: ...en fait, la population à qui les
services sont dispensés, le conseil municipal, les évaluateurs et
les arpenteurs.
M. Leduc (Saint-Laurent): Y a-t-il une étude...
M. Bédard: II arrive que cela peut faire
l'unanimité, mais je viens de vous énumérer
différentes clientèles où vous concevez facilement, que
l'unanimité n'est quand même pas facile à obtenir. Quand,
en plus, la politique se met de la partie et que, dans certains cas il semble
évident qu'il devrait y avoir fermeture, mais qu'on soulève un
tollé organisé par l'Opposition, des dépôts de
pétitions, en fait, tout ce qu'il faut en termes souvent bien plus
démagogiques que rationnels pour essayer d'ameuter la population
plutôt que de la renseigner, on en fait des symboles, à ce
moment-là, j'ai été à même de constater que
l'effort de rationalisation devenait beaucoup plus difficile.
M. Leduc (Saint-Laurent): Donc, il n'y aura pas de projet de loi
déposé d'ici la fin du mois?
M. Bédard: Sûrement pas.
M. Marx: Pour la fermeture d'une...
M. Bédard: II y aura, dans le projet de loi omnibus, une
disposition concernant le
déménagement d'un bureau d'enregistrement à
l'intérieur de la même division. Je ne pense pas que cela...
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais vous continuez quand même
d'étudier la possibilité d'un regroupement.
M. Bédard: Je pense qu'il y a obligation de continuer,
surtout en période de restrictions budgétaires, mais même
si ce n'était pas en période de restrictions budgétaires,
ne serait-ce que pour faire l'effort de rationalisation des dépenses qui
peut s'imposer dans certains cas. Il y a aussi la venue d'une nouvelle
entité juridique, c'est-à-dire les MRC. Je pense que c'est un
autre élément dont on doit tenir compte dans l'analyse plus
approfondie des changements à apporter.
M. Leduc (Saint-Laurent): Selon vous, il devrait y avoir la
fermeture de bureaux d'enregistrement?
M. Bédard: Assurément. Il devrait y en avoir, ne
serait-ce qu'à cause du volume -on est à même de le
constater - plus ou moins existant. Dans un effort de rationalisation, j'ai
fait adopter certains amendements, comme vous le savez qui, sur le plan du
personnel, permettent, entre autres, à un directeur de bureau de pouvoir
l'être pour différents bureaux afin d'en arriver à une
utilisation plus complète des ressources humaines.
M. Leduc (Saint-Laurent): Avez-vous envisagé ou
étudié la modification du mode d'enregistrement, le
système Torrens, le système actuel? Est-ce que ce sont des
préoccupations?
M. Bédard: C'est assurément à l'étude
dans le cadre de la réforme du Code civil.
M. Marx: Une étude à quel stade?
M. Bédard: M. le député sait que c'est un
élément important quand on parle de la réforme du Code
civil, surtout au chapitre 1. En temps et lieu...
M. Marx: Le ministre va-t-il entreprendre de mettre le
système à jour, c'est-à-dire d'avoir un système
moderne, parce que, maintenant, on fonctionne comme on fonctionnait au XVIIIe
siècle? Je pense qu'il y a des choses à faire. Il n'y avait pas
d'ordinateurs à cette époque. Maintenant, on en a. On a des
méthodes de travail qui sont...
M. Bédard: Je suis, de façon certaine, avec la
réforme du Code civil, en position de faire ce que d'autres
gouvernements n'ont pas fait depuis des années et...
M. Marx: C'est cela, parce qu'on va adopter...
M. Bédard: ...il est évident, lorsqu'on parle de
tout le système d'enregistrement, à l'occasion de la
réforme du Code civil, que nos efforts tendent à en arriver
à la mise en place d'un système beaucoup plus moderne et
répondant beaucoup mieux aux besoins.
M. Marx: C'est cela, parce qu'avec un système moderne, il
serait possible de faire des économies et d'avoir un service
peut-être un peu plus rapide.
M. Bédard: Ce sont des considérations qui sont
évaluées.
M. Marx: Bon!
M. Leduc (Saint-Laurent): Où en êtes-vous
actuellement dans la modernisation ou l'informatisation? Je pense que seuls
Montréal et Laval ont un système informatisé.
M. Bédard: Actuellement, il y a Montréal et Laval
et on est sur le point d'informatiser Longueuil et Québec. On a un plan
de développement pour l'ensemble des bureaux d'enregistrement
échelonné sur une période de cinq ans.
M. Leduc (Saint-Laurent): De façon qu'ils soient tous
informatisés?
M. Bédard: Là où le volume le justifie.
Évidemment, il faut toujours établir le rapport
coûts-bénéfices et, dans certains cas, dans certains
bureaux d'enregistrement qu'on ne ferme pas et qui traitent 1200 dossiers par
année, on ne va certainement pas installer l'informatique pour 1200
dossiers par année, comme à Ham-Sud.
Au ministère de la Justice, tant au niveau des greffes que des
bureaux, on n'a pas attendu le virage technologique pour s'engager
résolument dans ce virage. Le virage est amorcé au
ministère de la Justice. D'ailleurs, j'ai été à
même de vous énumérer, dans mes remarques
préliminaires, tous les districts, les bureaux et les greffes qui, au
moment où on se parle, bénéficient de l'informatique.
M. Marx: Pas de chicane-Le Président (M. Champagne):
II n'y a pas d'autres questions? Peut-on penser que le programme no 7 et
les deux éléments qui le composent sont adoptés?
M. Leduc (Saint-Laurent): Adopté.
Contrôle des permis d'alcool
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle le
programme no 8.
M. Marx: Contrôle des permis. On va en prendre un coup.
M. Bédard: Prendre un verre de bière, mon
minou.
Une voix: C'est l'heure de l'apéritif.
M. Bisaillon: Je voudrais profiter de cette occasion ou de cette
relâche pour souligner un phénomène intéressant, et
vous l'aurez sûrement remarqué; quand le ministre de la Justice
répond à des questions et qu'il est légèrement
excédé, il branle une jambe. Quand il commence à
contourner les questions, il branle les deux. J'invite les
députés de l'Opposition à remarquer ce
phénomène très instructif pour les députés
qui ont à poser des questions.
M. Bédard: J'étais... M. Marx: Ah! Ah!
M. Bédard: Quand je ne les bouge pas, c'est dangereux, et
j'avoue que je m'attendais à plus d'imagination en termes de remarques
de la part du député de Sainte-Marie et de l'Opposition,
puisqu'on a retrouvé ce genre d'analyse...
Le Président (M. Champagne): M. le ministre...
M. Bisaillon: On va le "ckecker".
M. Bédard: Ce genre d'analyse est sans fondement.
Le Président (M. Champagne):
Messieurs, un peu plus d'ordre, s'il vous plaît:
M. Bédard: ...faite par d'autres personnes.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, avez-vous des
remarques préliminaires au sujet du programme no 8, à moins qu'il
soit... Il n'y a pas de...
M. Marx: On a beaucoup de questions à
l'élément 8.
Le Président (M. Champagne): Beaucoup de questions?
D'accord. (12 h 30)
M. Bédard: La régie, comme on le sait, a pour
fonction de délivrer, de renouveler, de suspendre et de révoquer
les permis d'alcool et d'en contrôler l'exploitation. Le budget de la
Régie des permis d'alcool est de 3 215 800 $ pour l'exercice 1983-1984,
soit 2 753 400 $ pour les traitements et 462 400 $ au chapitre des autres
dépenses. L'effectif est de 117 employés permanents et de quatre
employés occasionnels. Les crédits prévus à ce
programme pour le fonctionnement de la Régie des permis d'alcool
s'établissent à 3 215 800 $, comparativement au budget de 5 107
600 $ pour l'année 1982-1983, soit une baisse de 1 891 800 $,
c'est-à-dire 37%. Nous serons en mesure de vous l'expliquer.
M. Marx: Oui, expliquez.
M. Bédard: Cette diminution résulte de la
rationalisation du mode de fonctionnement et plus particulièrement du
transfert des fonctions d'enquêtes et d'inspections à la
Sûreté du Québec. Elle prend en charge - ce qui aurait
peut-être dû être fait depuis longtemps par d'autres
gouvernements - ses responsabilités par un enrichissement des
tâches des agents de la Sûreté du Québec. Cette
mesure permet une réduction de 50 postes.
Au cours de l'année 1982, M. le président de la
régie que nous avons avec nous ce matin, Me Ghislain-K. Laflamme, a
procédé à une évaluation de son mode de
fonctionnement en vue d'augmenter l'efficacité et l'efficience du
personnel de la régie. Il m'a fait part des résultats de son
évaluation dans un document intitulé Orientation,
développement et rationalisation des activités à la
Régie des permis d'alcool du Québec. Le président faisait
état de diverses mesures en vue d'augmenter la productivité du
personnel.
Au chapitre des projets de développement, nous avons des
propositions à savoir d'avoir recours à l'informatique concernant
le traitement des dossiers et à la bureautique concernant
l'automatisation d'actes administratifs actuellement faits par des
employés. De plus, la bureautique sera utilisée pour des fins de
l'enregistrement et du contrôle opérationnel. C'est l'essentiel
des remarques que j'ai à faire.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions. Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a maintenant
quelques années, la Loi sur la Régie des permis d'alcool avait
été modifiée pour inclure des dispositions plus
sévères à l'endroit des clubs, des cabarets - ou je ne
sais pas au juste comment on les appelle -qui utiliseraient des mineures,
particulièrement où il y avait une exploitation des mineures
comme danseuses nues. J'aimerais savoir d'abord, d'une part, quelle est la
pénalité qui est prévue dans le cas des délits; et,
deuxièmement, combien de
cas ont été portés à l'attention du
ministère, à la suite de l'adoption de cette loi? Combien de
suspensions de permis?
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le ministre.
M. Bédard: Mme la députée de L'Acadie
évoque une préoccupation que nous avions tant du point de vue
gouvernemental que du point de vue de l'Opposition...
Mme Lavoie-Roux: Oui, sauf qu'elle avait été
apportée par l'Opposition, il faut bien dire, mais cela ne fait
rien...
M. Bédard: ...à l'effet d'essayer d'avoir des
dispositions...
Mme Lavoie-Roux: ...vous avez accueilli notre demande, c'est
parfait.
M. Bédard: Enfin, c'est votre manière de voir les
choses.
Mme Lavoie-Roux: C'est que vous avez voulu faire de la petite
histoire, alors je rétablis les faits, M. le Président.
M. Bédard: Est-ce que cela vous va? Mme Lavoie-Roux:
Oui, oui, cela va. M. Bédard: Le point est fait, oui?
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui avez fait de la petite histoire.
Allez-y.
M. Bédard: Non, non.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que la question
s'adresse à M. le ministre ou à...?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. On attend la
réponse.
Le Président (M. Champagne): Ah!
D'accord. Allez, M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, cela créait un
précédent, c'était mon adjoint parlementaire qui m'avait
fait adopter cette...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, exactement.
M. Bédard: ...loi.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Bédard: M. Gérald Godin, maintenant ministre,
comme on le sait.
C'était une primeur. Face à cette préoccupation, il
y a eu effectivement l'amendement auquel faisait référence Mme la
députée de L'Acadie. Je suis en mesure de dire que la
Sûreté du Québec démontre une surveillance
continuelle pour essayer de contrer cette situation qui est en
régression au moment où on se parle, fort heureusement.
Maintenant, quant à la régie proprement dite, il y a aussi des
actions qui ont été prises d'une façon plus
particulière. Je demanderais à M. le président de la
régie de nous en faire part.
Effectivement, le problème des mineurs est une
préoccupation chez nous et c'est aussi un phénomène qui
est en régression. Il y a deux aspects à cette question. Il y a
celui de l'emploi, l'engagement de mineurs par des établissements pour
présenter des spectacles ou pour servir, tout simplement. Il y a la
fréquentation de ces établissements par les mineurs. L'engagement
d'un mineur dans ces établissements est, à toutes fins utiles, en
train de disparaître parce que la surveillance qui est faite à
l'égard de ces établissements est relativement grande et en plus,
les bénéfices que les propriétaires peuvent en tirer sont
infimes parce que la sanction que la loi nous oblige à imposer est la
suspension du permis pour une période plus ou moins longue. Dans la loi,
on n'a pas la discrétion de ne pas intervenir, on a l'obligation de
suspendre le permis ou si les délits sont vraiment nombreux, d'aller
jusqu'à la révocation pure et simple du permis. J'ai
siégé, personnellement, dans quelques cas qui ont
été portés à notre connaissance et j'ai pu me
rendre compte que la plupart du temps quand cela se faisait, cela se faisait
non pas dans un système voulu par les détenteurs de permis mais
plutôt à leur insu dans le sens que c'était des personnes
mineures qui avaient des papiers contrefaits et qui essayaient de se faire
engager comme personnes majeures, comme danseuses nues. Dans la région
de Québec il y a eu, entre autres, un couple célèbre de
jeunes filles qui a fait plusieurs établissements avant que la
Sûreté du Québec réussisse à monter une cause
contre ces personnes et contre ces établissements. Les
établissements ont vu quand même leur permis suspendu,
précisément parce que la régie n'a pas de
discrétion. Dans d'autres cas où des détenteurs de permis
ont, effectivement, engagé des personnes mineures, je pense à un
cas dans la région de Montréal, cela a été
porté à notre connaissance après condamnation aussi des
personnes concernées et le permis a été
révoqué.
Mme Lavoie-Roux: Combien de cas de révocation de
permis?
M. Bédard: Je n'ai pas de statistiques.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministère a des
statistiques là-dessus.
M. Bédard: C'est-à-dire que je n'ai pas
compilé les statistiques pour l'année en cours à ce sujet
parce que les causes de convocation tombent sous un vocable
général. On n'a pas de statistiques soit sur les personnes
mineures, soit sur la vente des boissons non étiquetées ou tout
cela, c'est sous le même vocable.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il n'y aurait pas
intérêt, M. le Président, à ce que le
ministère tienne des statistiques précises là-dessus en ce
qui touche les mineurs? Je pense que faire tomber cela dans le cas
général des liqueurs étiquetées ou non
étiquetées me semble deux problèmes tout à fait
différents. D'ailleurs, l'inquiétude de la commission qui avait
étudié l'amendement à la loi, avait été de
ne pas traiter cela comme un incident marginal. Je suis un peu
étonnée d'entendre me faire redire que c'était à
leur insu les fois où ils ont été trouvés
coupables. C'est toujours ce que les tenanciers, dans le passé, avaient
évoqué comme prétexte que, évidemment, ils ne
connaissaient pas l'âge de la personne. Je trouve que c'est une excuse
faible quand...
M. Bédard: Je parle, justement, qu'avec la disposition qui
est très contraignante, c'est normal qu'il en soit ainsi. Il y a
probablement des précautions qui sont prises par les détenteurs
de permis et qui n'étaient pas...
Mme Lavoie-Roux: Pas d'après...
M. Bédard: Un peu plus d'investigation de la part des
détenteurs de permis et c'est très important.
Mme Lavoie-Roux: D'après la réponse qui nous a
été donnée, on faisait allusion... Ma question concernait
les cas qui étaient venus à l'attention de la régie depuis
l'amendement à la loi. Alors là, on ne parle pas du passé,
on parle du présent. C'est ce qui m'inquiète de voir qu'on pourra
utiliser encore le même prétexte que, évidemment, les
tenanciers étaient plus ou moins coupables parce que souvent cela
était fait à leur insu.
M. Bédard: Non, mais là il ne faudrait pas...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, c'est la réponse. On
pourrait vérifier au journal des Débats. C'est la réponse
qui m'a été donnée.
M. Bédard: Oui, mais je pense bien que M. le
président, enfin, n'a pas voulu passer l'éponge en employant la
phraséologie qu'il a employée concernant ces détenteurs de
permis. Au contraire. À ce moment-là, il y a des
procédures qui sont inscrites devant la cour quand il y a condamnation
par un juge. Je pense qu'il y a l'évaluation du cas sous tous ses
angles.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, moi, je peux simplement me
référer à la réponse que j'ai eue.
M. Bédard: Oui. M. le Président, si vous me
permettez, je voudrais...
Mme Lavoie-Roux: L'autre chose... Oui. M. Bédard:
Sur ce point... Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bédard: ...il me fait signe qu'il voudrait ajouter
quelque chose.
Je voudrais ajouter une précision. Ce n'est pas une affirmation
que je fais. Je le fais en connaissance personnelle pour avoir
siégé sur des cas où la preuve nous a été
apportée, à la suite de condamnations devant les tribunaux de la
jeunesse, que les mineures en question - évidemment, que je ne veux pas
nommer - avaient effectivement induit en erreur les propriétaires
d'établissements. Cela a même fait l'objet d'un article de
journal. C'était à la demande de leur mère que leur
frère avait falsifié leur certificat de naissance pour obtenir un
emploi dans ces établissements comme danseuses nues.
Mme Lavoie-Roux: L'autre remarque qui m'a un peu
étonnée est celle où j'avais l'impression que dans les cas
d'engagements de mineures, il ne s'agissait pas de suspension comme
pénalité mais de révocation de permis. Vous avez
laissé entendre qu'il y a eu des deux. En réponse, je voudrais
savoir pourquoi.
M. Bédard: Comme la loi nous oblige soit à
suspendre, soit à révoquer, en vertu du dernier paragraphe de
l'article 86, lorsque la culpabilité du détenteur de permis, et
surtout son concours à cet engagement, est prouvée, on va
à la révocation du permis. Mais lorsqu'il s'agit de cas
semblables où le détenteur du permis se trouve à avoir
plus ou moins été lui aussi victime de cette manigance, la
pénalité qu'on lui impose est évidemment moindre. À
ce moment-là, c'est une suspension de permis. Mais, même
là, comme le mentionnait le ministre, cela l'oblige à prendre des
précautions parce que, même s'il n'est pas responsable de
l'engagement ou du trafic des documents, c'est lui qui est
pénalisé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président,
j'aimerais demander précisément au ministre s'il peut me
dire si, dans le cas d'utilisation de mineurs, c'est une révocation qui
est prévue comme pénalité ou une suspension. Moi, j'avais
bien l'impression que, selon les débats qui avaient été
faits ici, on avait conclu à la nécessité d'une
révocation, parce que les suspensions, eh bienl cela passait aussi
longtemps qu'on ne se faisait pas rattraper six mois ou deux ans après.
J'aimerais connaître le texte final. Est-ce que les deux sont possibles
dans le cas de l'utilisation de mineurs pour des spectacles?
M. Bédard: Je pense que l'article auquel s'est
référé le président de la régie est
très clair. Il se lit comme suit: "La régie doit révoquer
ou suspendre - elle doit - un permis, si un détenteur de permis de
brasserie, de taverne ou de bar a été reconnu coupable - il faut
qu'il ait été reconnu coupable, naturellement - d'une infraction
pour avoir employé un mineur ou lui avoir permis de présenter un
spectacle ou d'y participer dans une pièce ou sur une terrasse de son
établissement où des boissons alcooliques peuvent être
vendues."
Je pense que l'article parle par lui-même. Je me rappelle que,
même si je n'y étais pas en fait, j'ai été
informé des discussions qu'il y avait eues à ce moment-là,
au cours de l'étude du projet de loi qui a été
adopté à l'unanimité, je crois, en ce sens que
l'Opposition aurait peut-être voulu qu'il y ait révocation du
permis sans même qu'il y ait déclaration de culpabilité, ce
à quoi nous n'étions pas d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas sans déclaration de
culpabilité...
M. Bédard: Oui, oui. Dans un premier temps - je m'excuse -
mais nous avons la transcription des débats, oui.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait les relire.
M. Bédard: Oui, si vous voulez rétablir les faits,
vous me permettrez de les rétablir aussi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. D'accord.
M. Bédard: Bon! Alors, c'était la suggestion de
l'Opposition. On vient de rétablir les faits. C'était à la
suggestion de l'Opposition mais le gouvernement y avait apporté
certaines nuances par rapport à la proposition de l'Opposition.
Maintenant, je peux dire à Mme la députée de L'Acadie
aussi qu'il y a eu une action qui s'est intensifiée, à bon droit,
de la part de la Sûreté du Québec, de la part des policiers
municipaux. Cela est pour beaucoup dans la régression du
phénomène qui était désirée par tous les
membres de l'Assemblée nationale et par la société en
général. (12 h 45)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais tout de
même réitérer ma demande. Y aurait-il possibilité
d'avoir des statistiques dans le cas de l'emploi de mineurs, d'une part, et,
d'autre part, de l'emploi de mineurs pour spectacles, parce que ce sont deux
choses différentes, le nombre de cas où les décisions ont
été rendues là où il y a eu culpabilité, le
nombre de cas où cela a été une suspension et le nombre de
cas où cela a été la révocation des permis? Je ne
vous les demande pas pour cet après-midi, mais j'aimerais bien les
avoir.
M. Bédard: Je vous remercie de ne pas me l'exiger dans les
minutes qui viennent, avec votre sens du réalisme. Effectivement, je
pense qu'il y aurait avantage à faire la recherche nécessaire
auprès de la régie en ce qui a trait aux suspensions ou
révocations et nous ferons également le même travail de
recherche au ministère de la Justice, si nous pouvons en arriver
à vous donner certaines statistiques plus précises.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Sur un problème similaire, soit celui des
danseuses nues dans les brasseries, les tavernes et certains endroits, M. le
Président, vous avez fait une déclaration au mois de janvier, je
crois, dans le journal La Presse. Vous avez dit à ce moment: La
régie ne doit pas se faire moralisatrice mais le président
sympathise avec les communautés envahies par ce genre de spectacles. La
nature même du permis sera gelée, et non plus seulement le permis
lui-même, de sorte que le milieu pourra se faire entendre de nouveau au
moment où le détenteur de permis décidera, par exemple, de
transformer une boîte à chansons en boîte de danseuses nues.
Dans le cadre de la loi actuelle, il peut le faire du moment qu'il
détient un permis de salle de spectacles.
Ma question s'adresse au ministre lui-même: Est-ce qu'il entend
donner suite à cette suggestion? Le problème est assez
sérieux dans mon comté spécifiquement. La ville de
Gatineau est connue dans les journaux comme la capitale de l'Ouest du
Québec des danseuses nues.
Une voix: Est-ce que cela se subventionne?
M. Kehoe: Malheureusement, le problème est assez
sérieux et il n'est certainement pas restreint au comté chez
nous. Qu'est-ce que le gouvernement prétend faire pour tenter de
régler ce sérieux problème dans toute la province?
M. Bédard: Effectivement, c'est un problème
sérieux. Nous ne devons pas attendre que la régie devienne une
sorte de censeur. Il y a une réflexion qui se continue sur ce sujet.
Peut-être qu'on pourrait venir à trouver la solution dans la
possibilité de porter des limitations dans la tenue des spectacles.
M. Kehoe: Où est en rendu le dossier? Est-ce qu'il y a
quelque chose de concret qui a été fait jusqu'à maintenant
par le ministère? Est-ce que ce sont encore des études? Est-ce
que ce sont seulement des voeux pieux et que rien ne se fait? Avez-vous
reçu des représentations de différents organismes, surtout
des femmes? Je sais que chez nous, dans la ville de Gatineau, il y a un
comité de femmes qui s'est formé justement contre la
pornographie. Ces femmes sont extrêmement actives et je suis sûr
que vous avez reçu d'elles et d'autres organismes des
représentations similaires dans toute la province.
M. Bédard: Oui, oui.
M. Kehoe: Tout ce que le ministre peut répondre
aujourd'hui, c'est qu'il y a peut-être un problème et des
solutions possibles. Qu'est-ce que vous avez fait concrètement? Y
aura-t-il un changement à la loi qui sera proposé dans un
échéancier assez court et assez immédiat?
M. Bédard: II ne faut tout de même pas revenir en
arrière en mettant l'alcool et la moralité dans le même
plat. J'ai reçu des représentations de la part de plusieurs
organismes, entre autres les AFEAS. Nous leur avons répondu dans le sens
que nous essaierions de trouver une solution. Je suis obligé de vous
dire qu'au moment où l'on se parle je ne l'ai pas trouvée. Que
voulez-vous que je vous dise!
M. Kehoe: Quand avez-vous reçu les représentations?
Est-ce hier? Il me semble que le problème existe depuis toujours.
M. Bédard: Nous avons reçu ces
représentations assez récemment.
M. Blank: Avez-vous reçu les représentations des
comités des hommes contre des établissements qui
présentaient des hommes nus? On doit aussi protéger nos droits.
Mais, effectivement, M. le ministre...
M. Bédard: Je ne sais pas si on peut dire que la
société évolue, mais c'est évident que les
problèmes se multiplient.
M. Blank: C'est le problème de mon comté. Dans le
sien, ce sont les femmes et chez nous, ce sont les hommes.
M. Bédard: Alors, je n'ai pas toujours des solutions ipso
facto à tous les problèmes.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Seulement pour conclure; M. le ministre, si je
comprends bien votre réponse, c'est en ce sens que vous venez juste
d'être saisi du problème. Des représentations...
M. Bédard: Je ne viens pas juste d'être saisi de
cela, on me dit que c'est assez récent.
M. Kehoe: L'année prochaine, à ce temps-ci, on va
poser la même question et cela sera la même réponse. On
tente de trouver une solution...
M. Bédard: Non. Vous essayez d'en faire une solution comme
si elle était très simple.
M. Kehoe: Ce n'est pas très simple.
M. Bédard: Je vous ai dit de ne pas mêler
moralité et alcool. Peut-être en avez-vous une à
suggérer? J'ai l'impression que vous n'en trouverez pas une très
simple.
M. Kehoe: Votre président a suggéré dans sa
conférence de presse, au mois de janvier, de geler le genre de permis
à ce moment.
M. Bédard: On n'est pas resté insensible à
cette représentation. On travaille là-dessus présentement.
Alors, peut-être qu'aux crédits l'année prochaine, le
problème sera réglé.
Mme Lavoie-Roux: On travaille lentement.
M. Kehoe: II pourra être réglé d'ici les
prochains crédits. Est-ce un engagement que vous prenez?
M. Bédard: Entre vous et moi, pour ceux qui nous accusent
de travailler lentement, je ne sais pas à quelle vitesse travaillaient
les autres gouvernements. Ceux qui sont en face devraient avoir un peu de
retenue...
M. Kehoe: Ce sont tous des jeunes ici.
M. Bédard: ...parce que le problème de la
moralité et des spectacles, cela n'a pas commencé avec
l'avènement au pouvoir du Parti québécois en 1976. C'est
un phénomène
qui existe depuis...
M. Kehoe: II va sans dire, mais cela a empiré.
Des voix: Ah!
M. Bédard: C'est ce que vous dites, mais c'est un
phénomène qui existe depuis longtemps...
M. Blank: Celui de mon comté, je ne suis pas certain.
Mme Lavoie-Roux: Pour cela, vous avez raison.
M. Bédard: À ce que je sache, les gouvernements
n'ont pas trouvé des solutions miracles. On travaille à la
solution qui a été proposée par la régie.
M. Kehoe: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de réponse,
à toutes fins utiles.
M. Bédard: II y a une réponse.
M. Kehoe: Vous allez étudier encore pour une autre
année.
M. Bédard: Je vous l'ai dit, qu'on travaillait à
cette solution. Si vous me demandez si tous les problèmes sont
réglés, au niveau de l'exploitation des permis d'alcool: non,
tous les problèmes ne sont pas réglés. J'ai l'impression
que dans dix ans, lorsque vous allez poser la question à un autre
ministre de la Justice, il sera obligé de vous dire que tous les
problèmes ne sont pas encore réglés.
M. Kehoe: II va sans dire. Cela ne veut rien dire. Vous parlez
pour ne rien dire, à toutes fins utiles.
M. Bédard: Vous parlez pour ne rien dire. Vous accusez
pour rien.
M. Kehoe: Bien, voyons donc.
M. Bédard: Parce qu'on a procédé depuis
qu'on est là à une réforme, on est allé aux choses
les plus importantes, ce que n'avait fait aucun gouvernement. On a
procédé à une réforme en profondeur de la Loi sur
les permis d'alcool. Nous y sommes allés de certaines dispositions qui
ont été évoquées par Mme Lavoie-Roux et qui ont
pour but d'apporter des solutions à des problèmes qui existaient,
entre autres, des spectacles des danseuses nues mineures dans des
établissements. On n'avait pas la prétention d'avoir
réglé tous les problèmes. Il y en a d'autres.
M. Kehoe: J'aimerais avoir sous le nez la réponse que vous
avez donnée à des questions similaires l'année
passée. Je peux vous assurer, M. le ministre, que c'est quasiment
identique. Je vous assure que l'année prochaine, cela sera probablement
la même chose, si vous êtes encore là.
M. Bédard: Sur cette question, on verra. Une chose qui est
sûre, j'y ai été plus longtemps que vous y avez
été ou que vous...
M. Kehoe: Espérons qu'on va avoir une action.
M. Bédard: ...n'y serez jamais. De plus, comme je vous
l'ai dit, il y a déjà une réforme en profondeur de la Loi
sur les permis d'alcool qui a été faite par le présent
gouvernement et qui aurait pu être faite par d'autres gouvernements bien
avant parce que certains phénomènes existaient
déjà.
M. Kehoe: On ne parle pas d'autres gouvernements pour le moment,
on parle d'un problème particulier qui relève de votre
compétence.
M. Bédard: II y a d'autres problèmes...
Mme Lavoie-Roux: Cela fait sept ans que vous êtes
là!
M. Kehoe: Au mois de novembre, cela fera sept ans que vous
êtes là...
M. Bédard: Bien oui, puis on a...
M. Kehoe: Le problème existait avant et existe depuis et
il n'y a rien de fait.
M. Bédard: Oui, il y a des gouvernements qui
étaient là bien avant cela et...
M. Kehoe: Oui, mais on ne parle pas de ces gouvernements, on
n'est plus là. Malheureusement...
M. Bédard: ...après cela avec...
M. Kehoe: ...vous êtes là et il faut que...
M. Bédard: C'est cela, vous êtes des innocents
maintenant, n'est-ce pas?
M. Kehoe: ...vous régliez le problème.
M. Bédard: Vous n'avez jamais existé. Ce qu'on est
capable de comprendre...
M. Kehoe: Enfin, let's go, next.
M. Bédard: ...c'est qu'il y a eu déjà, parce
qu'on était sensibilisé, une réforme en profondeur de la
Loi sur les permis d'alcool.
II reste d'autres problèmes, entre autres, celui soulevé
par le député. On essaiera d'y apporter une solution le plus
rapidement possible.
M. Blank: N'oubliez pas que ce sont des gens de l'Opposition qui
ont créé cette régie. C'est nous, les libéraux, qui
en 1961-1962 avons créé ce système des permis sans
l'ancien système de tolérance des paiements, etc.
M. Bédard: C'est très bien. C'était
en...
M. Blank: C'est nous qui avons changé toutes les moeurs
concernant l'alcool et qui avons apporté des changements
après.
M. Bédard: C'était en...
M. Blank: Mais qu'avez-vous fait? Vous avez mis des virgules ici
et des points là.
M. Bédard: Non, je m'excuse, vous savez très
bien...
M. Blank: Le grand changement a été fait en 1962
par le gouvernement libéral, sous Jean Lesage. Ne l'oubliez pas.
Une voix: Vous ne vous rappelez pas cela.
Le Président (M. Champagne): Monsieur...
M. Bédard: Vous n'inventez rien en disant cela.
C'était en 1962, cela fait exactement 21 ans. Toutefois, la
première réforme en profondeur de la loi a été
faite par nous il y a environ un an ou deux.
M. Blank: II n'y avait pas de loi avant.
M. Bédard: II reste des problèmes à
solutionner.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que le
député de Chapleau a d'autres questions?
M. Kehoe: Non, pas pour le moment.
Le Président (M. Champagne): Je reconnais la
députée de Johnson.
Mme Juneau: M. le Président... Ce n'est pas tout à
fait cela. On sait que les permis des tenanciers de brasserie ne permettent pas
l'ouverture de leur commerce le dimanche. Il a été porté
à mon attention, par des tenanciers de chez moi, dans le comté de
Johnson, qu'une réglementation pourrait leur permettre d'ouvrir le
dimanche. Je voudrais savoir, M. le ministre, si cela a été
porté à votre attention et si vous avez l'idée de
réagir là-dessus?
M. Bédard: Effectivement, il y a environ un mois, j'ai eu
l'occasion de rencontrer des représentants de restaurant. J'ai aussi eu
des représentations de la part de l'Association des brasseries.
Mme Juneau: Est-ce que...
M. Bédard: II n'y a pas de décision de prise au
moment où on se parle.
Mme Juneau: Le dossier est donc à l'étude?
M. Bédard: Certainement. Mme Juneau: Je vous
remercie.
M. Bédard: Cela fait un mois que nous avons eu des
représentations.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Bédard: Dans ce problème, l'Association des
brasseries est opposée à cela. Tout le monde n'est pas sur la
même longueur d'onde.
M. Kehoe: Est-ce que le président de la régie a
fait une recommandation sur ce dossier?
M. Bédard: En fait, j'ai effectivement eu l'occasion de
faire un commentaire public là-dessus, parce qu'on m'a demandé
les raisons pour lesquelles la régie était contre l'ouverture des
brasseries le dimanche. Ma réponse a été que la
régie n'avait pas d'objection à l'ouverture des brasseries le
dimanche, d'autant plus que l'Association des restaurateurs était
favorable à l'ouverture des brasseries le dimanche, mais à la
condition que la loi soit modifiée de façon à leur
octroyer, en contrepartie, un privilège.
Lorsque M. le ministre a mentionné tout à l'heure que la
question n'était pas complètement claire, c'est qu'il y a des
intérêts divergents sur ce sujet et, lorsqu'on modifie un aspect
de l'opération de ce genre de commerce, on risque de créer des
réactions en chaîne. Donc, en ce qui concerne l'ouverture des
brasseries, l'Association des restaurateurs se dit d'accord pour donner cela
à l'Association des brasseries, mais à la condition que la loi
soit changée pour leur permettre certaines choses qui sont
réservées aux brasseries. C'est de fil en aiguille.
M. Blank: Au lieu de donner le droit aux femmes d'entrer dans les
tavernes, on a créé des brasseries. Maintenant, cela a l'air que
cette affaire a évolué. Pourquoi
n'élimine-t-on pas les brasseries et ne met-on pas la
bière en fût dans tous les restaurants? Cela ferait l'affaire. Les
tavernes, cela fait partie de l'histoire. Les petits clubs d'hommes
privés ou semi-privés comme les tavernes, cela n'existe plus
tellement. Il n'en reste pas beaucoup. Je ne sais pas, combien de tavernes
reste-t-il vraiment dans la province?
M. Bédard: II en reste environ 500.
M. Blank: 500 tavernes dans toute la province, ce n'est pas
tellement. Il y en avait des milliers autrefois.
M. Bédard: C'est un nombre quand même assez
important.
M. Blank: Maintenant, pour donner une chance aux femmes d'entrer
pour boire une bière en fût, on a créé des
brasseries. Maintenant, je pense qu'on n'a plus besoin de plus. On peut avoir
de la bière en fût partout dans les restaurants. Cela fait plaisir
à tout le monde.
Le Président (M. Champagne): Le député de
D'Arcy McGee m'a demandé le droit de parole? M. le député
de...
M. Bédard: En ce qui concerne le dossier de l'ouverture
des brasseries le dimanche, ce qui vient également s'ajouter pour la
complication de la situation, c'est que l'Association des brasseries
elle-même est contre.
M. Blank: C'est cela. M. Bédard: Je le sais...
M. Blank: C'est un privilège qui était
accordé... On avait des moeurs différentes dans ce temps. Cela a
changé, on a évolué maintenant. Je pense que nous sommes
le seul pays au monde où on offre de la bière en fût
exclusivement à tel ou tel endroit et pas partout.
Le Président (M. Champagne): Cela me prendrait le
consentement pour pouvoir continuer. Est-ce que nous siégeons à
15 heures?
M. Marx: On pourrait continuer jusqu'à 13 h 30 tel que
cela a été convenu.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Champagne): Nous continuons
jusqu'à 13 h 30. M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: En ce qui concerne le problème des permis de
spectacle de danseuses nues qui a été soulevé par le
député de Chapleau, est-ce que le ministre a pensé
à d'autres moyens de contrôler les établissements qui ont
des danseuses nues, autres que par le biais de la loi sur le contrôle des
permis d'alcool? (13 heures)
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee sait
que dans ce cas-là, c'est le Code criminel qui s'applique. Je l'ai dit
tout à l'heure, il y a une action spéciale de surveillance,
d'enquête ...
M. Marx: ...pas le Code criminel.
M. Bédard: ...qui se fait pas les différents corps
policiers...
M. Marx: II y a toutes sortes de façons...
M. Bédard: ...de telle façon que - bien oui, mais
vous posez une question, laissez-nous répondre - le
phénomène est en régression au moment où l'on se
parle. Nous allons accentuer le...
M. Marx: Ce n'est pas du droit criminel parce que cela peut
être par le...
M. Bédard: Les spectacles, c'est le droit criminel, je
m'excuse.
M. Marx: Mais non. Mais, si c'est le droit criminel, comment
pouvez-vous légiférer?
M. Bédard: C'est là, le problème.
M. Marx: Vous avez légiféré. On a dit...
M. Bédard: Non, au niveau des permis. M. Marx:
C'est cela.
M. Bédard: Vous venez de me poser une question: À
part la législation, est-ce qu'il y a d'autres moyens? Je vous ai dit
à ce moment-là qu'il y a l'attention particulière que
doivent continuellement mettre la Sûreté du Québec, les
différents corps policiers, pour faire en sorte qu'il y ait une
surveillance adéquate qui puisse permettre que, même si cela
régresse au moment où l'on se parle, ce
phénomène-là aille en régressant encore
jusqu'à sa disparition totale.
M. Marx: Je ne crois pas. Je n'ai pas dit: par la
législation. De toute façon, il y a des aspects
différents. Il y a l'aspect criminel. Il y a l'aspect
propriété. Il y a l'aspect permis. Il y a toutes sortes
d'aspects. Il y a des aspects en vertu desquels l'Assemblée nationale
pourrait
légiférer, c'est-à-dire: Est-ce que le ministre a
pensé à d'autres méthodes, à donner une
délégation aux autorités locales pour qu'elles
contrôlent ces phénomènes?
Par exemple, il y a les règlements de zonage mais, dans le cas
qui était soulevé par le député de Chapleau, c'est
impossible de procéder par règlement de zonage parce que les
brasseries sont déjà en place et on ne peut pas adopter un
règlement rétroactif.
Une voix: Les droits acquis.
M. Marx: C'est cela, les droits acquis. On ne peut pas adopter un
règlement rétroactif à cause des droits acquis. Est-ce que
le ministre a pensé à d'autres façons de donner
l'autorité aux autorités locales?
M. Bédard: La régie a tous les moyens en main pour
agir au niveau de l'autorisation des spectacles. Je pense que M. le
président pourrait ajouter à ce que je vous dis.
En fait, au niveau des danseuses nues dans un débit de boisson,
pour pouvoir donner un spectacle de cette nature, cela prend une autorisation
de la régie. La demande d'autorisation est publiée dans les
journaux de l'endroit où l'établissement va être
exploité. Les gens qui considèrent que cela peut déranger
leur tranquillité publique peuvent s'opposer à cette demande
d'autorisation et, à chaque fois que les autorisations sont
contestées par les autorités municipales ou par des groupes de
citoyens représentatifs, la régie refuse purement et simplement
l'autorisation, si bien qu'il n'y a pas de spectacle de danseuses nues dans ces
endroits-là.
Le dilemme qu'on a soulevé tout à l'heure, c'est que
lorsque quelqu'un demande un permis de spectacle, l'autorisation qu'on donne
lui permet de donner des spectacles de danseuses, même s'il nous demande
de présenter seulement des chanteurs. Le problème que nous
aimerions voir solutionné par voie de législation, c'est de
pouvoir ne donner l'autorisation que sur ce qui est demandé. Donc, si un
individu vient nous voir et nous dit: Je veux présenter des chanteurs,
je veux présenter des musiciens, qu'on puisse donner une autorisation de
spectacles de musiciens seulement. Maintenant, notre autorisation est
générale. Alors, dans les cas où des groupes de pression
viennent nous faire des représentations contre les danseuses nues, pour
éviter qu'on donne l'autorisation de danseuses nues, on refuse
l'autorisation tout simplement, si bien que le type ne peut même pas
présenter de chanteurs.
M. Marx: II n'y a pas une nouvelle autorisation chaque
année avec le renouvellement de permis?
M. Bédard: C'est une nouvelle autorisation, mais, si elle
n'est pas contestée et s'il n'y a pas de plainte, elle est
renouvelée.
M. Marx: À Gatineau, est-ce que ces autorisations sont
contestées chaque année?
M. Bédard: Ces autorisations ont été
contestées au moment où - du moins, il y a plusieurs
établissements... Certaines n'ont pas été
contestées. C'est pour cela qu'il y a des autorisations qui ont
été données. D'autres demandes ont été
contestées et on a refusé les autorisations.
M. Kehoe: Mais ceux qui ont déjà leur permis, c'est
très difficile de le leur enlever, de ne pas le renouveler, même
s'il y a une contestation. Je pense qu'à Gatineau il y en a onze qui
avaient des permis pour des spectacles. À l'échéance des
permis pour l'année courante, lorsque arrive la période de
renouvellement, est-ce que, à ce moment-là, la régie peut
refuser le renouvellement disant que la paix publique en sera
affectée?
M. Bédard: Oui. Même en cours d'utilisation,
aussitôt qu'on a des plaintes, à savoir que la tranquillité
publique est atteinte par l'exploitation d'un établissement, on peut
suspendre le permis et on peut le révoquer.
M. Kehoe: Cela n'arrive pas souvent. Est-ce que cela s'est
déjà fait?
M. Bédard: Cela se fait relativement fréquemment,
oui.
M. Kehoe: Dans la ville de Gatineau spécifiquement,
êtes-vous au courant si cela s'est déjà fait?
M. Bédard: De mémoire...
M. Kehoe: Je ne le pense pas.
M. Bédard: ...je ne peux pas vous le dire, mais il y a une
chose que les gens ignorent généralement, et c'était
l'objet de la déclaration que j'ai faite aux journaux. Les gens ne
connaissent pas suffisamment leur droit de protester contre les
établissements qui les dérangent. Et, souvent, ils vont se
plaindre à toutes sortes d'instances alors qu'ils pourraient venir chez
nous et dire: Cet établissement-là dérange notre
tranquillité. Sauf qu'on procède comme un tribunal, on ne retire
pas l'autorisation sans avoir donné au détenteur l'occasion de se
faire entendre. Et, là, des gens disent: Oui, on est prêt à
protester, mais on n'est pas prêt à venir le dire devant un
tribunal, parce que le détenteur du permis va nous reconnaître, va
nous en vouloir, etc. Mais, comme on procède comme un tribunal, on
ne
retire pas des permis ou des autorisations sans donner au
détenteur l'occasion de se faire entendre et sans lui permettre de
prendre connaissance des plaintes dont il est l'objet. Cela diminue le nombre
de plaignants, c'est sûr.
M. Leduc (Saint-Laurent): De qui est composé le
tribunal?
M. Bédard: Le tribunal est composé de neuf
régisseurs, dont huit sont avocats.
M. Leduc (Saint-Laurent): Et le neuvième?
M. Bédard: C'est un administrateur. Une voix: Et le
notaire?
M. Bédard: Le notaire est devenu avocat entre-temps. Et la
régie est itinérante. Elle siège à travers tout le
Québec. On va à Hull, entre autres, au moins une fois par mois.
Voilà.
M. Kehoe: La proposition...
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous permettez, je voudrais savoir
s'il y a un appel.
M. Bédard: II n'y a pas d'appel.
M. Leduc (Saint-Laurent): II n'y a pas d'appel.
M. Bédard: La décision de la régie est sans
appel, sauf qu'après trois mois quelqu'un qui s'est fait refuser un
permis peut reformuler une demande de permis. Et il peut se le faire refuser
à nouveau; les opposants peuvent s'opposer à nouveau. La raison
pour laquelle on demandait l'amendement dont il est fait état dans le
journal, c'était pour pouvoir donner, à quelqu'un qui demande
l'autorisation de faire des spectacles et de ne présenter que des
musiciens, une autorisation limitée à "musiciens". Donc, il ne
pourrait présenter autre chose sans être obligé de revenir,
tandis que maintenant l'autorisation est générale.
M. Kehoe: L'amendement que vous proposez semble être assez
simple et assez facile. Ce que je demande au ministre, c'est la raison du
retard pour faire ce changement qui s'impose. Il va sans dire que cela ne
règle pas tout le problème pour autant, mais cela va simplifier
et clarifier la situation de beaucoup. Le ministre a-t-il des raisons pour ne
pas procéder à un amendement à cette partie de la loi?
Sans doute qu'il va y avoir un autre bill omnibus avant la fin de la session,
au mois de juin. Il y en a toujours un à la dernière minute comme
cela. Peut-être que vous pourriez inclure cette
prévision-là.
M. Bédard: II ne faut pas essayer de montrer qu'il y a des
retards indus lorsqu'il n'y en a pas. La régie m'a fait part de cette
suggestion au mois d'avril. Il reste quand même que, pour chacun des
amendements, l'analyse se fait sur l'opportunité, ce qui veut dire que,
à partir d'une recommandation ou d'une suggestion qui nous est faite par
la régie, si, au cours de la présente année, des
amendements en conséquence sont faits, je pense que ce sont des
délais raisonnables quand même.
Le Président (M. Champagne): Alors, s'il n'y a pas
d'autres questions...
M. Marx: Oui, il y a d'autres questions.
Le Président (M. Champagne): Enfin, il y a d'autres
programmes aussi. Est-ce que les autres programmes ne sont pas importants, ou
quoi?
M. Bédard: Cela les regarde. Non, non, M. le
Président.
M. Marx: II y a d'autres...
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Marx: On va procéder.
Le Président (M. Champagne): Non, non, je ne veux pas vous
brimer dans votre droit de parole.
M. Bédard: Nous pensons, après discussion...
M. Marx: Si on arrive à la douzième heure et qu'on
n'a plus le temps, on va les adopter de toute façon en deux minutes.
Le Président (M. Champagne): Enfin, je vous fais
simplement remarquer qu'il reste encore neuf programmes, et si vous pensez...
Je ne sais pas.
M. Marx: II y a des programmes qu'on va adopter en cinq minutes,
en bloc.
M. Bédard: M. le Président, nous continuons nos
travaux jusqu'à 13 h 30. L'Opposition connaît les sujets auxquels
elle veut accorder plus d'importance qu'à d'autres; je pense que
l'initiative appartient à l'Opposition, sachant très bien, en fin
de compte, qu'il faudra adopter l'ensemble des programmes.
M. Marx: Ou demander des heures supplémentaires pour
continuer l'étude des
crédits.
Le Président (M. Champagne): Cela va.
M. Marx: Au programme 8, la députée de L'Acadie a
posé un certain nombre de questions en ce qui concerne les jeunes. Quand
une plainte est déposée, qui dépose normalement cette
plainte? Est-ce que c'est par le biais des inspecteurs de la régie?
M. Bédard: L'article 85 est l'article qui nous donne
juridiction et qui dit que la régie peut, de sa propre initiative,
s'enquérir de la façon dont un établissement est
exploité. Cela peut être le détenteur du permis, ça
peut être le Procureur général, une corporation municipale
ou tout autre intéressé.
M. Marx: En général, qui dépose ces
plaintes? Jusqu'à maintenant, c'était qui?
M. Bédard: En général, les plaintes nous
proviennent de la Sûreté du Québec et du Service de police
de la Communauté urbaine de Montréal.
M. Marx: C'est-à-dire qu'à Montréal, c'est
le Service de police de la CUM et à l'extérieur de
Montréal, c'est la Sûreté du Québec. Le ministre a
dit qu'on a aboli le service d'enquête et d'inspection à la
régie et qu'on a transféré les fonctions de ce service
à la Sûreté du Québec. Qu'est-ce que les inspecteurs
ont fait depuis des années? À quel genre d'inspection peut-on
s'attendre maintenant que la Sûreté du Québec fera les
mêmes inspections?
M. Bédard: Effectivement, le dossier a été
discuté en profondeur non seulement avec la Sûreté du
Québec, mais également avec le président de la
régie. Il n'y a aucune inquiétude sur le fait de savoir si les
inspections seront faites avec autant d'efficacité. Je pense que c'est
une mesure très importante qui permet de réaliser des
économies d'importance par l'enrichissement du rôle de la
Sûreté du Québec.
M. Marx: II y avait à peu près 50 inspecteurs, il
me semble. J'imagine que ces inspecteurs ont fait un certain nombre
d'inspections par jour, par semaine, par mois, par année. Peut-on avoir
une idée du nombre d'inspections que chacun de ces inspecteurs a faites
par année?
M. Bédard: II y avait un certain déboublement des
visites au niveau des détenteurs de permis puisque la section alcool et
moralité de la Sûreté du Québec dans
l'exécution de son travail avait à visiter ces
établissements, sauf que la situation jusqu'à maintenant faisait
qu'il y avait d'autres visites spécifiques en ce qui a trait à
l'inspection faite par des inspecteurs de la régie. Après
analyse, il est très clair qu'il y a possibilité que le
même policier fasse le travail qui était fait auparavant et par la
Sûreté du Québec et par un inspecteur de la régie.
(13 h 15)
M. Marx: Oui, c'est cela, mais la Sûreté du
Québec fera ses inspections à Montréal aussi. La
Surêté du Québec n'a jamais fait d'inspections à
Montréal, c'étaient plutôt les policiers de la CUM.
M. Bédard: Je peux clarifier la situation de la
façon suivante: La régie avait 50 inspecteurs qui,
traditionnellement, faisaient des inspections avant l'émission des
permis...
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: ...pour aller voir si un établissement,
qui nous était donné comme ayant 50 pieds sur 75 pieds, avait
bien 50 pieds sur 75 ou si un épicier, qui, dans sa demande, disait
avoir 3000 $ d'inventaire, avait bien 3000 $ d'inventaire.
Le contrôle réel de l'exploitation était fait par
les corps de police, la Sûreté du Québec et la SPCUM, parce
qu'ils ont des groupes qui travaillent 24 heures par jour, sept jours par
semaine, alors que nos inspecteurs travaillaient simplement entre 9 heures et 5
heures de Québec et de Montréal. Il y en avait 20 à
Québec et 30 à Montréal qui devaient couvrir toute la
province. Ils ne réussissaient jamais à faire une couverture de
contrôle efficace.
Comme, avec la simplification apportée à la loi, il est
devenu moins nécessaire d'envoyer un inspecteur pour vérifier les
inventaires avant, pour vérifier si les plans sont corrects,
l'utilité réelle de nos inspecteurs pour faire du contrôle
a été remise en question parce qu'on s'est rendu compte que
c'était vraiment la Sûreté du Québec,
présente 24 heures par jour et sept jours par semaine, qui faisait la
réelle besogne et que les convocations qu'on avait pour les mineurs ou
pour les infractions aux règlements provenaient toujours de la
Sûreté du Québec ou des policiers de la communauté
urbaine. Si bien que, quand nos inspecteurs faisaient des inspections de
contrôle, ils marchaient dans les traces de la Sûreté du
Québec.
La Sûreté du Québec a un poste à
Montréal qui s'appelle Montréal-Métro, qui intervient
déjà dans le secteur, si bien qu'au mois d'avril, lorsqu'on a
transféré ces responsabilités à la
Sûreté du Québec, elle était opérationnelle.
Cela s'est poursuivi sans problème et sans difficulté parce qu'il
y avait déjà beaucoup de chevauchement. Nos inspecteurs ont
simplement cessé de faire
ces choses-là.
M. Marx: Vos inspecteurs faisaient les inspections avant l'octroi
d'un permis et quel genre d'autres inspections?
M. Bédard: Ils faisaient aussi des inspections
après l'émission d'un permis mais c'étaient des
inspections de contrôle comme celles que la Sûreté du
Québec faisait.
M. Marx: Ils faisaient la même chose... M.
Bédard: Ils faisaient la même chose.
M. Marx: ...c'est-à-dire que la Sûreté du
Québec fait des inspections partout à Montréal et les
inspecteurs de votre régie dédoublaient simplement ce
travail.
M. Bédard: Ils le faisaient à un mauvais moment.
Ils faisaient leurs inspections le jour.
M. Marx: Et la Sûreté du Québec les fait
durant la soirée.
M. Bédard: Le soir. Dans les bars, les clubs, etc.; c'est
vraiment le soir et les fins de semaine qu'il se passe quelque chose.
M. Marx: Depuis combien de temps fait-on des inspections doubles?
Depuis quelques années ou...
M. Bédard: Je ne me souviens plus depuis combien de temps
la Sûreté du Québec est autorisée à faire
cela. Elle y est autorisée en vertu de l'article 125 de la Loi sur les
infractions en matière de boissons alcooliques.
Pour comprendre pourquoi cela s'est poursuivi, je dois dire que nos
inspecteurs mettaient l'accent sur une visite avant l'émission du permis
et la Sûreté du Québec sur des visites de contrôle
après l'émission des permis. Comme on a simplifié les
procédures d'émission de permis, comme on fait plus confiance au
requérant, parce qu'on lui a donné des formulaires plus simples,
parce qu'on lui demande moins de documents, parce que, lorsqu'on lui demande le
plan, on lui demande qu'il soit approuvé par le ministère du
Travail et qu'on ne veut pas contrôler le ministère du Travail,
parce qu'à un moment donné qui contrôlera le
contrôleur, il y a des dédoublements.
M. Marx: Oui. Vous ne savez pas depuis combien
d'années.
M. Bédard: Ce n'était pas un dédoublement
complet...
M. Marx: Ce n'était pas un dédoublement
complet.
M. Bédard: ...mais il y avait possibilité de faire
un effort de rationalisation qui se traduit par un enrichissement de la
tâche des policiers de la Sûreté du Québec.
M. Marx: Est-ce que cela prendrait plus...
M. Bédard: En plus de représenter une
économie appréciable, je crois, en ce qui a trait aux
détenteurs de permis, que cela en viendra à créer une
situation moins tatillonne que celle qui existait auparavant. Ce n'est pas un
blâme aux inspecteurs qui existaient auparavant, sauf que les
détenteurs de permis étaient toujours aux prises avec des doubles
visites; alors, aussi bien, à partir d'une visite, faire toutes les
vérifications nécessaires aux fins de porter un jugement de
valeur.
M. Marx: Oui, d'accord. Dans la Communauté urbaine de
Montréal, il y a des services d'inspection concernant la
salubrité des restaurants, des débits de boisson, etc. N'a-t-on
jamais pensé déléguer à ces inspecteurs la
tâche de faire des inspections des plans et des inventaires,
c'est-à-dire de remplir une autre formule quand ils font des inspections
pour la Communauté urbaine de Montréal? J'essaie de voir s'il
serait possible de demander aux inspecteurs, qui font déjà de
l'inspection pour un organisme quelconque, de remplir une autre formule
exigée par un autre organisme. Ce serait une façon de
rationaliser le travail des inspecteurs. En gros, je pense qu'on fait trop
d'inspections au Québec. Je ne suis pas contre le fait qu'on abolisse le
service d'inspection pourvu qu'on ne mette pas les gens à la porte et
qu'on leur trouve du travail dans la région immédiate.
Dans le service d'inspection de la régie, il y a des gens qui
sont là depuis trente ans, depuis 1946. Autrefois, bien sûr, ils
étaient sur le "payroll" de Duplessis et ils ne se présentaient
pas au travail, le chèque arrivait à la maison, mais
depuis...
M. Bédard: Ils étaient sur le "payroll" de Lesage
aussi.
M. Marx: ...l'arrivée des libéraux au pouvoir, cela
a changé. Le ministre en conviendra aussi. Le cas d'un certain nombre de
ces inspecteurs sera pénible si on les met à la porte ou si on
les force d'aller travailler au nord de Québec ou je ne sais où.
Est-ce qu'on a pris des mesures pour s'assurer qu'on va leur trouver le
même genre de travail, sans "démotion"? Ce n'est pas leur
faute...
M. Bédard: Je pense qu'il ne faudrait pas être
presque injuste envers le travail et le sérieux de la plupart de ceux
qui oeuvrent
dans ce domaine. Qu'il y ait une possibilité de rationalisation,
tant mieux. Quand on peut diminuer le nombre d'inspections tout en atteignant
les buts visés, les objectifs poursuivis par ces inspections, c'est tant
mieux. Il n'y a pas d'inquiétude à y avoir en ce qui regarde les
emplois puisque toutes ces personnes avaient la sécurité
d'emploi; il y aura donc une réutilisation la plus
adéquate...
M. Marx: Mais les inspecteurs à qui j'ai parlé sont
inquiets.
M. Bédard: Oui, mais laissez-moi terminer, Seigneur! II y
aura une réutilisation de ces disponibilités et probablement que
cela se traduira même par un enrichissement de carrière ou, tout
au moins, un enrichissement de la valeur des tâches accomplies
auparavant.
M. Marx: J'ai parlé à un certain nombre
d'inspecteurs qui n'ont pas eu d'enrichissement de tâche, mais des
"dé motions". Peut-être que le président est au courant du
sort de son ancien personnel.
M. Bédard: II y a effectivement 50 personnes qui
étaient classées, dans le corps 278, inspecteurs-enquêteurs
en permis d'alcool. Le seul endroit où ces gens pouvaient travailler
dans tout le gouvernement, c'était à la Régie des permis
d'alcool parce que personne ne pouvait les utiliser. C'est comme cela qu'il y a
des gens qui sont inspecteurs-enquêteurs en permis d'alcool depuis leur
entrée au gouvernement. Il y a le cas de l'un d'eux qui est entré
en service en 1946 et qui n'a fait que cela toute sa vie. Il a tenté de
faire des approches dans d'autres ministères, mais les règlements
de classification ne lui permettaient pas de changer de corps d'emploi.
Maintenant, avec la mise en disponibilité, cela fait disparaître
le corps des inspecteurs-enquêteurs et on leur a fait subir des examens
d'agents d'aide sociale. Entre autres, sur 26 qui se sont
présentés, il y en a 16 qui ont réussi l'examen dans la
région de Montréal et, dans la région de Québec,
sur 10 qui se sont présentés, il y en a 5 qui ont
déjà réussi l'examen. Ce qui veut dire que, dans
l'immédiat, il y en a qui sont déjà en train d'être
appelés pour faire autre chose. Donc, pour eux, c'est une relance de
carrière.
Au moment où j'ai pris mes chiffres hier, sur les 50 personnes,
il y en avait déjà 14 qui n'étaient plus
inspecteurs-enquêteurs en permis d'alcool. Il y en a 3 qui étaient
admissibles à la retraite; ils l'ont prise. Il y en a 2 qui sont
allés travailler à la Régie de l'assurance automobile
comme agents d'indemnisation. Il y en a 3 autres qui sont devenus techniciens
en administration. Il y en a 5 ou 6, parce qu'ils ont réussi ces
examens-là il y a quelques jours, qui commencent à être
appelés. On prévoit qu'au milieu de l'automne la majorité
de ces gens-là vont être reclassés dans une carrière
plus...
M. Marx: Est-ce qu'on a donné à ces personnes la
possibilité de se recycler par le biais de cours, par le biais d'une
formation quelconque ou si on a simplement dit à ces personnes:
Voilà, il y a des postes, il y a des examens; essayez et on va voir?
M. Bédard: Non. Notre bureau du personnel a pris ces
personnes en charge pour faire une expérience pilote de relocalisation
d'employés cloisonnés et on leur cherche - on ne leur dit pas:
Cherchez-vous des postes - des postes compatibles avec leur formation. On les a
rencontrés chacun, individuellement, pour savoir quels étaient
leurs expériences, leurs goûts, leurs aspirations et on cherche
dans tous les ministères et autres organismes quelque chose de
compatible.
M. Marx: Est-ce qu'on leur donne la possibilité de suivre
des cours pour se recycler?
M. Bédard: On leur donne...
M. Marx: Aux frais du gouvernement.
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Oui. C'est-à-dire qu'il y a d'anciens inspecteurs
qui, maintenant, suivent des cours à temps plein pour se recycler.
M. Bédard: Pas encore, parce qu'ils nous ont
mentionné comme aspiration immédiate de leur trouver des postes
compatibles, comme ceux d'agents d'aide sociale ou d'agents d'indemnisation
dans d'autres secteurs. Ils voudraient quelque chose qui soit connexe à
leur expérience.
M. Marx: S'ils ne trouvent pas un autre...
M. Bédard: À ce moment-là, on leur donnera
des cours qu'ils choisiront en fonction de l'orientation qu'ils veulent
prendre.
M. Marx: C'est-à-dire que quelqu'un qui ne veut pas
être agent....
M. Bédard: D'aide sociale.
M. Marx: ...d'aide sociale peut bien refuser un tel travail et
dire: J'aimerais suivre un cours pour faire tel métier, le cas
échéant.
M. Bédard: On va l'aider à suivre ce
cours-là. M. le Président, je m'aperçois que les remarques
que je faisais, à savoir que cela s'en irait normalement vers des
tâches plus valorisantes, sont exactes.
M. Marx: J'ai parlé à un certain nombre
d'inspecteurs...
M. Bédard: On met tous les ménagements...
M. Marx: ...qui étaient très malheureux.
J'espère qu'on va prendre les mesures nécessaires et donner
l'exemple d'un bon gouvernement vis-à-vis de ses employés. Il
faut donner l'exemple si on veut que ce soit suivi ailleurs, surtout dans le
secteur privé.
Le Président (M. Champagne): II est 13 h 30.
M. Bédard: Je pense qu'on est en mesure de constater que
toutes les mesures sont prises pour essayer de faire...
M. Marx: C'est à voir. C'est un dossier à
suivre.
M. Bédard: ...l'ensemble de l'opération le plus
humainement possible.
Le Président (M. Champagne): II est 13 h 30. La commission
parlementaire de la justice suspend ses travaux sine die.
M. Bédard: Un instant! Le programme 8 est-il
adopté?
M. Marx: Oui, adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Le programme 8 est
adopté. La commission permanente de la justice suspend ses travaux sine
die. On se revoit après la période des questions.
(Suspension de la séance à 13 h 29)
(Reprise de la séance à 16 h 25)
La Présidente (Mme Lachapelle): À l'ordre, s'il
vous plaît! Les membres de la commission sont M. Bédard
(Chicoutimi), M. Brouillet (Chauveau), M. Charbonneau (Verchères), M.
Dauphin (Marquette), Mme Juneau (Johnson), M. Kehoe (Chapleau), Mme Lachapelle
(Dorion), M. Lafrenière (Ungava), M. Leduc (Saint-Laurent), M. Marx
(D'Arcy McGee). Les intervenants à cette commission sont M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Blank (Saint-Louis), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M.
Dussault (Châteauguay), M. Fallu (Groulx),
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Marquis (Matapédia), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Saintonge (Laprairie).
Le Président (M. Champagne): Merci. Nous avons
adopté, ce matin, le programme no 8. J'appelle le programme no 9. M. le
ministre, les commentaires préliminaires.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants
M. Bédard: II y aurait des commentaires
généraux sur l'ensemble des éléments de ce
programme. Disons que les crédits requis pour l'ensemble du programme no
9 concernant la garde des détenus et la réinsertion sociale des
délinquants sont estimés, tel qu'on le sait, à 93 575 900
$ pour l'exercice 1983-1984, ce qui représente, par rapport au budget
1982-1983, une diminution de près de 3%, soit environ 2 658 500 $. Cette
réduction des crédits requis pour l'exercice 1983-1984 se
localise aux traitements. Les principaux faits justifiant cette diminution se
résument ainsi: Diminution de la masse salariale à la suite de la
mise en application des nouvelles conditions de travail, 687 000 $. Compression
des effectifs, 1 796 000 $. Réduction du nombre d'heures payées
en temps supplémentaire, 663 000 $. Diminution des crédits requis
pour défrayer le coût des primes à payer à la suite
des compressions d'effectifs et d'une évaluation plus précise des
besoins budgétaires, 188 000 $. Concernant les autres postes
budgétaires, nous constatons une augmentation nette de 675 700 $, soit
moins de 4% par rapport à l'exercice précédent.
Au niveau de la détention, le budget pour l'exercice 1983-1984
totalise 3 138 600 $ de moins que le budget 1982-1983. Il y a une diminution au
chapitre des traitements, de 2 729 000 $, résultant toujours des
nouvelles conditions de travail, résultant aussi de la diminution des
heures rémunérées en temps supplémentaire.
L'élément no 2, je pense que cela vaut peut-être la peine
de le mentionner, sera de 7 571 600 $ comparativement à 6 619 600 $ pour
l'exercice antérieur, d'où une augmentation de 952 000 $, soit
une augmentation de 14% au niveau de la participation communautaire. Cette
addition de crédits s'explique par une utilisation accrue des ressources
communautaires comme solution à l'incarcération et par
l'implantation du programme des travaux compensatoires comme solution à
l'emprisonnement pour non-paiement d'amende.
Ces modifications ont comme principal objet la déjudiciarisation
des comportements de nuisance publique et la création de programmes de
travaux compensatoires. Pour
donner suite à ces modifications, il nous faut accroître le
nombre de places d'hébergement, créer une banque de ressources
communautaires participant à la réalisation du programme des
travaux compensatoires ainsi que mettre en place des mécanismes en
mesure d'assurer une collaboration efficace des services policiers avec les
ressources d'hébergement et l'utilisation adéquate de ces
dernières. Ensuite, il y a le budget prévu pour la surveillance
des personnes qui sont en probation ou encore sous libération
conditionnelle. C'est sensiblement le même budget sauf une diminution de
446 600 $ qui est encore une fois due aux nouvelles conditions de travail. (16
h 30)
Je ne veux quand même pas reprendre les remarques que j'ai faites
lors du discours d'ouverture, mais, si on essaie de résumer en deux
minutes les principales réalisations au niveau de ce programme, il y a
eu la mise à contribution des ressources communautaires...
M. Marx: On connaît tout cela. Vous avez déjà
fait état de ces programmes dans votre discours préliminaire.
Répéter... C'est qu'on va discuter de ces programmes.
M. Bédard: D'accord. Je n'ai pas d'objection.
M. Marx: Oui. Lors de ma dernière visite à
Bordeaux, les détenus m'ont dit qu'ils ont l'impression que le
gouvernement fait des économies sur la nourriture et que c'est
peut-être à cause de cela que le budget va diminuer un peu.
En ce qui concerne la loi 67, quand on a discuté du
non-emprisonnement pour les amendes impayées, j'ai remarqué
à ce moment-là que la plupart des amendes impayées sont
reliées aux infractions routières. Par exemple, à
Montréal, la ville va recueillir environ 25 000 000 $ par année
des règlements municipaux en ce qui concerne le stationnement ou
d'autres infractions routières; 95% de ces amendes sont payées
tout de suite par les Montréalais et c'est 5% qui causent des
problèmes. Mais, à l'époque, j'ai suggéré au
ministre de ne pas renouveler le permis de conduire ou la plaque
d'immatriculation des personnes qui ne paient par leurs amendes. C'est une
façon facile de contrôler ces cas au lieu d'entreprendre des
poursuites au civil ou d'autres poursuites. Le ministre a-t-il
étudié cette possibilité?
M. Bédard: M. le Président, avant même que le
député de D'Arcy McGee nous souligne cette solution, nous y
avions pensé puisque, dans un mémoire que nous avions
acheminé au Conseil des ministres, j'avais indiqué que cette
solution se retrouvait parmi les solutions possibles. Après discussion,
cette disposition n'a pas été retenue, principalement à
cause du fait qu'il y avait des difficultés dans la mise en application,
en raison d'ajustements informatiques qui devaient être faits à la
Régie de l'assurance automobile. C'est pour cette raison que nous
n'avions pas...
M. Marx: II y a des problèmes à régler
là-bas maintenant?
M. Bédard: ...retenu cette suggestion que j'avais faite
sans pour autant l'oublier. Comme on le sait, avant d'y aller d'autres mesures
ou d'autres dispositions d'incitation au paiement des amendes, il y a
peut-être lieu de regarder attentivement les résultats que donne
la loi 67, qui sont quand même assez remarquables. Depuis le 1er janvier,
avec l'application de...
M. Marx: On a lu les journaux. On a vu votre déclaration
à ce sujet.
M. Bédard: Oui, mais on dirait que...
Vous m'arrêtez toutes les fois que je veux annoncer une bonne
nouvelle ou un bon résultat. Laissez-moi...
M. Marx: Non, mais je ne veux pas...
M. Bédard: Je vous donne l'explication. Je vous la
donne.
M. Marx: J'aimerais avoir des réponses à mes
questions, pas sur les...
M. Bédard: Je vous la donne l'explication. Je viens de
vous dire qu'avant même que vous en parliez on avait étudié
cette question. La meilleure preuve en est qu'elle faisait partie des
suggestions que j'avais faites au Conseil des ministres dans un mémoire
en conséquence - cela en est, des réponses - et que cette
suggestion n'a pas été retenue simplement pour des raisons
d'informatique qui n'étaient pas à point à la Régie
de l'assurance automobile. Nous n'avons pas mis nécessairement cette
idée de côté. Cela fait partie de la réponse. Au
moment où on se parle, avant d'y aller d'autres dispositions
d'incitation à payer les amendes, je pense qu'il est bon, raisonnable et
normal d'évaluer les retombées de la loi 67. Alors, les
retombées sont en ce sens que, depuis son application, le 1er janvier,
on assiste à une moyenne de paiement des amendes, à
Québec, de l'ordre de 96%...
M. Marx: Est-ce que c'était avant...
M. Bédard: C'est une augmentation par rapport à 50%
des amendes qui étaient payées avant que la loi 67...
M. Marx: Pour quelles infractions et devant quelle cour?
M. Bédard: - Est-ce que je peux terminer ma phrase? -
...par rapport à 50% des amendes qui étaient payées
auparavant; donc, un effet très positif de l'application de la loi 67
sous l'angle du paiement des amendes, en plus de tout l'effet positif
concernant l'humanisation de la justice pour mettre fin à une situation
qui amenait des gens à être emprisonnés, faute de paiement
d'amende. Alors, voilà la réponse.
M. Marx: C'est cela. L'Opposition a fait une suggestion sur ce
sujet en janvier 1982 concernant la loi 67.
M. Bédard: C'est complètement faux. On a
annoncé...
M. Marx: Comment cela, complètement faux? En janvier 1982,
nous avons fait une suggestion dans ce sens.
M. Bédard: Je demanderai au député...
M. Marx: Même si vous criez haut, cela ne nous
impressionnera pas ici.
M. Bédard: Je veux bien donner tout le crédit...
Avez-vous terminé?
M. Marx: Non, je n'ai pas terminé, j'ai une autre question
pour vous.
M. Bédard: Non, non, mais sur ce point.
Le Président (M. Champagne): Un instant! M. le
député de D'Arcy McGee, le ministre donnait sa réponse et
je pense que vous ne devriez pas l'interrompre pendant qu'il parle.
M. Marx: Je n'ai pas posé de question, à quoi
est-ce qu'il répond?
M. Bédard: Vous dites que c'est à la suggestion de
l'Opposition, c'est faux.
M. Marx: Je n'ai pas dit à la suggestion, j'ai dit que
l'Opposition a fait cette suggestion en janvier 1982.
M. Bédard: Oui, mais sauf...
M. Marx: Est-ce que c'est faux ou vrai?
M. Bédard: Non, ce que vous laissez entendre...
M. Marx: Je ne laisse rien entendre, vous interprétez mes
mots.
M. Bédard: ...c'est d'essayer de prendre le mérite
de cette loi alors que...
M. Marx: Non, mais le ministre a tout le mérite pour
tout.
M. Bédard: Ce n'est pas là-dessus, c'est que la
vérité a ses droits.
M. Marx: II est plus brillant que...
M. Bédard: Vous lirez les crédits de 1981 et vous
verrez que, dès les crédits de 1981, j'annonçais
effectivement...
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: ...l'essentiel des grandes lignes de la
législation qui est contenue dans la loi 67. Cela est la
vérité.
M. Marx: Vous lirez le livre blanc de M. Choquette de 1971; vous
verrez que tout ce que vous avez proposé depuis 1976 est dans ce livre
blanc. Ha!l ha!
M. Bédard: Au contraire; vous le savez très bien,
à part cela.
M. Marx: Y compris la réforme de la Loi sur les coroners.
Ma question, en ce qui concerne... Mais, je n'ai pas posé de question,
comment voulez-vous répondre?
Le Président (M. Champagne): Enfin, c'est peut-être
une question de privilège.
M. Marx: II n'y a pas de question de privilège en
commission.
Le Président (M. Champagne): De toute façon, il
voulait peut-être rectifier certains dires.
M. Bédard: M. le Président, je ne veux pas une
question de privilège pourvu que je rétablisse la
vérité pour une fois. On en a assez de voir le
député de D'Arcy McGee essayer de s'attribuer des mérites
qu'il n'a pas; quand il en a certains, il me fait plaisir de le
reconnaître.
M. Marx: On perd du temps. Il n'y a pas d'autres choses,
donc...
Le Président (M. Champagne): M. le député,
une question, s'il vous plaît.
M. Marx: C'est cela. Premièrement, en ce qui concerne les
chiffres que vous avez avancés, cela ne nous mène nulle part
parce que vous n'avez pas expliqué devant quelle cour et quelles
infractions. Est-ce que ce sont seulement des infractions en vertu des lois
provinciales ou en vertu des règlements municipaux? Dans quelle ville?
Et tout cela. Vous ferez une déclaration en temps et lieu
- j'imagine - sur cette question.
Maintenant, j'aimerais poser une question sur l'informatique. Vous avez
dit que c'était impossible il y a un an ou six mois. Est-ce que c'est
possible aujourd'hui et avez-vous vérifié?
M. Bêdard: Ce n'est pas impossible. La relation est
continue avec la Régie de l'assurance-automobile, sauf que ce que
j'essaie de vous dire, c'est qu'avant d'y aller d'autres moyens d'incitation
à ce que les amendes soient payées, encore est-il opportun de
voir les retombées de la loi 67. Si les retombées de la loi 67,
au cours de la présente année, nous amènent à
conclure que, à 94% et à 95%, les amendes sont payées en
comparaison de 50%, ce qui était le cas auparavant, alors, il y aura
lieu de juger de l'opportunité d'ajouter d'autres mesures. Autrement
dit, si les mesures déjà existantes donnent les résultats
escomptés, on n'ajoutera pas d'autres éléments à la
loi 67 juste pour le plaisir d'en ajouter. L'idée que vous avez
évoquée n'est pas mauvaise.
M. Marx: II y a un coût-bénéfice aussi. Les
gens paient peut-être, mais le coût est plus élevé
quand on procède comme on le fait plutôt que de procéder au
non-renouvellement de permis. De toute façon, j'ai parlé à
la présidente de la Régie de l'assurance automobile et elle a dit
en commission parlementaire qu'il n'y aurait aucun problème pour
instaurer un tel système. Il n'y a pas de problème
d'informatique. Je ne sais pas s'il y en avait il y a six mois, mais
aujourd'hui il n'y en a pas.
M. Bédard: Oui, mais on a répondu. Voulez-vous
passer à une autre question? Ce n'est pas tout à fait exact.
Concernant les objections, à l'époque, elles venaient justement
de la Régie de l'assurance automobile du Québec.
Deuxièmement, concernant les coûts, je ne sais pas si le
député de D'Arcy McGee a une étude en main sur
l'évaluation de ce que pourraient être les coûts, si on
employait le système de retenue des plaques faute de paiement d'amendes
par rapport à celui qui est présentement en vigueur. Je suis loin
d'être sûr que les coûts peuvent être aussi avantageux
que le député de D'Arcy McGee le laisse entendre.
M. Marx: Je n'ai pas d'étude prête, mais, si le
ministre veut que je lui en soumette une, je suis tout à fait prêt
à le faire, il n'y a aucun problème.
M. Bédard: Non, je ne veux pas que le député
de D'Arcy McGee me fasse une étude, mais je lui demanderais de ne pas
faire d'affirmation quand il n'a absolument aucun élément pour
faire des avancés.
M. Marx: Dans les juridictions où on a adopté et
mis en vigueur une loi semblable à la loi 67...
M. Bédard: Dans quelles juridictions? M. Marx: En
Californie, par exemple.
M. Bédard: Parce qu'au Canada nous sommes à
l'avant-garde.
M. Marx: Je pense qu'au Manitoba on a une loi semblable. De toute
façon, là où on a mis en vigueur une telle loi, un des
éléments était de ne pas renouveler les plaques ou les
permis de conduire, parce que ce sont des mesures qui s'appliquent par
elles-mêmes. Cela peut être intéressant pour le ministre de
faire faire une étude sur cette question.
M. Bédard: Non, mais faisons des nuances. J'ai
parlé de l'évaluation des coûts de ce qui existe
présentement avec la loi 67 par rapport à un autre
mécanisme dont on parle et que j'avais d'ailleurs évoqué
avant que le député n'attire notre attention en 1982. Cela
n'arrive pas de soi comme ça. Il y a tout un besoin d'informatique de
pointe pour, en fin de compte, que tous les renseignements nécessaires
soient disponibles au moment de l'émission de la plaque, avec tout ce
que ça peut comporter.
M. Marx: En commission parlementaire, la présidente a dit
qu'il n'y aurait aucun problème. Je vais aller chercher la
transcription, le cas échéant; elle a dit qu'il n'y aurait aucun
problème. Si cela ne pose pas de problème en Californie ou au
Manitoba, je pense qu'au Québec nous sommes aussi bien installés
que là-bas.
M. Bédard: Mme la présidente, avec toute la
déférence que je lui dois, ne pouvait certainement pas être
en mesure de dire qu'il n'y avait pas de problème au moment où on
a proposé la mesure parce qu'elle n'a pas été mise en
application justement à cause des remarques faites par la Régie
de l'assurance automobile.
M. Marx: Vous pourrez lire la transcription et vous allez voir ce
qu'elle a dit. En ce qui concerne les chiffres que vous avez avancés,
est-ce que la loi 67 est en vigueur devant toutes les cours municipales?
M. Bédard: Non, comme vous le savez. Le
député connaît très bien la réponse, il a
fait une déclaration, à savoir qu'il déplorait que nous ne
puissions appliquer la loi à toutes les cours municipales, que ça
représentait deux justices. Nous avons été
très sensibles à ses éminentes remarques et nous
savons très bien que la loi 67... On ne peut pas s'attendre que toutes
les municipalités soient d'accord, il y a quand même l'autonomie
municipale qui existe aussi.
M. Marx: Cela existe pour Baie-Comeau et Hauterive aussi.
M. Bédard: Une secondel Vous parlez des problèmes
de justice ici, d'accord?
M. Marx: Cela, c'est une injustice, d'accord. (16 h 45)
M. Bédard: C'est bien difficile de donner des
réponses. Vous le voyez, M. le Président. Comme nous l'avons dit,
pour ne pas retarder indûment une aussi bonne mesure, puisqu'on en voit
les résultats maintenant, on ne pouvait pas s'attendre d'avoir des
ententes avec l'ensemble des municipalités du Québec.
Alors, nous avons fait adopter la loi qui s'applique à tout ce
qui relève de la juridiction du droit pénal
québécois. Cependant, nous essayons - je l'ai dit, nous allons
essayer - de faire en sorte de conclure des ententes avec les
municipalités. Nous avons déjà eu, d'ailleurs, des
discussions avec l'Union des municipalités. Au moment où je vous
parle, il n'y a pas encore de conclusion d'entente.
M. Marx: Premièrement, le ministre a fait une erreur.
J'imagine que ce n'était pas volontaire. Il a dit que la loi s'applique
à l'ensemble du droit pénal québécois. Mais cela,
c'est seulement lorsque c'est devant une cour provinciale. Si c'est devant une
cour municipale, cela ne s'applique pas.
M. Bédard: II me semble que cela va de soi. Je viens juste
d'expliquer auparavant...
M. Marx: Non, cela ne va pas de soi.
M. Bédard: ...que cela ne s'applique pas aux cours
municipales. Est-ce qu'il faut que je dise, dans un deuxième
temps...
M. Marx: Pour être plus précis.
M. Bédard: ...que ce sont toutes les offenses
pénales du point de vue de la juridiction québécoise, sauf
les cours municipales? Il me semble que j'ai fait la remarque avant. Quand
même!
M. Marx: Donc, les chiffres que vous avez avancés... Vous
avez dit qu'autrefois, 50% des amendes étaient payées et que
maintenant, c'est autour de 80%.
M. Bédard: À Québec.
M. Marx: Dans la ville de Québec?
M. Bédard: J'ai dit 96%. Et je pense que le
député de D'Arcy McGee ne me demandera sûrement pas une
comptabilité -cela fait seulement quelques mois que la loi est en
vigueur - de tout ce qui s'est passé district par district sauf que, au
bout d'une année d'application, il sera non seulement opportun mais
nécessaire de procéder à l'analyse des résultats de
cette année-là, pour pouvoir se faire une meilleure idée
des corrections à apporter, s'il y a lieu.
M. Marx: Le ministre a fait une déclaration. Est-ce qu'il
pourrait déposer les chiffres qui sont à la base de sa
déclaration, déposer le rapport qui est à la base de sa
déclaration, pour que l'Opposition puisse prendre connaissance de ces
statistiques et les utiliser pour faire avancer le dossier, le cas
échéant? C'est tout ce qu'on demande, parce que les statistiques
telles que données par le ministre ne veulent rien dire. C'est tellement
imprécis. On ne sait pas de quoi il s'agit, de quel district judiciaire,
de quelles infractions, devant quelle cour. C'est tout mêlé.
M. Bédard: Ah oui! c'est tout mêlé. Mais, il
n'y a pas grand chose qui n'est pas mêlé quand le
député de D'Arcy McGee s'en mêle. Ce que je viens de vous
dire, c'est que, quelles que soient les indications qu'on puisse avoir
concernant un district en particulier, je ne crois pas qu'on puisse parler
d'analyse sérieuse de tous les résultats, sans qu'il y a ait au
moins une année d'application et à ce moment-là, on sera
vraiment en mesure de faire l'évaluation. Lors de la prochaine
étude des crédits, il y aura sûrement la
nécessité de produire l'ensemble des statistiques pour qu'on soit
à même, ensemble, d'évaluer les résultats et de voir
s'il n'y aurait pas d'autres mesures à ajouter, dont celle qui a
été évoquée par le député de D'Arcy
McGee pour améliorer le système, si les résultats ne sont
pas satisfaisants. Maintenant, concernant les cours municipales auxquelles cela
ne s'applique pas - c'est exact au moment où on se parle - il reste
quand même qu'en fin de compte, notre loi, par son application, se trouve
à avoir une influence même sur ceux qui sont touchés par
une décision rendue par une cour municipale, puisque lorsque ces
personnes sont condamnées à une amende ou, à
défaut, à tant de jours de prison, et qu'elles se
présentent aux portes de l'institution, nous leur offrons - nous avons
le droit de le faire - la possibilité d'accepter de faire des travaux
compensatoires pour payer leur amende si, manifestement, elles n'ont pas les
moyens de la payer. Ceci veut
dire que, même si techniquement cela ne s'applique pas aux cours
municipales, il reste qu'on est capable d'atteindre, heureusement, une bonne
clientèle de personnes qui peuvent être condamnées en vertu
de décisions de cours municipales.
M. Marx: Oui, mais des gens m'ont déjà
téléphoné pour demander si cela s'appliquait à la
cour municipale. J'ai dit non, mais, si les policiers vous emmènent en
prison, ce sera possible de demander de faire des travaux compensatoires. Ils
n'étaient pas très heureux de cette suggestion et ils n'ont pas
voulu courir la chance de se retrouver à la porte de la prison avant
d'avoir ce choix.
M. Bédard: Le dossier a des chances d'avancer...
M. Marx: J'aimerais passer à autre chose aussi. On
connaît la loi.
M. Bédard: Si cela termine ce sujet, je peux dire au
député de D'Arcy McGee qu'on a raison d'espérer des
ententes avec les municipalités parce qu'à Québec on est
déjà en négociations et les chances d'une entente sont
très sérieuses. À Montréal, cela peut être un
peu plus long parce qu'on sait que la mise en place du mécanisme
représente des coûts et on ne peut quand même pas les
imposer à la municipalité dans le temps de le dire sans essayer
de s'entendre au préalable. Pour le gouvernement du Québec, cela
n'a pas coûté grand-chose parce que nous avons
procédé à l'application de cette loi 67 à
même les ressources déjà existantes.
M. Marx: Sur les statistiques...
Le Président (M. Champagne): Le député de
Sainte-Marie a une question sur le même sujet. Est-ce que vous
acceptez?
M. Marx: Oui.
M. Bisaillon: Pour une précision sur la réponse du
ministre. Est-ce que vous avez, au ministère de la Justice, des
évaluations de ce qu'économiseraient les municipalités si
le gouvernement utilisait le biais de la loi 67 pour les infractions
municipales et est-ce que ces sommes seraient suffisamment importantes - il me
semble qu'elles seraient importantes - pour que cela soit offert comme un
service du ministère de la Justice, de sorte que le gouvernement
pourrait autofinancer une partie du programme?
M. Bédard: Au moment où on se parle...
M. Bisaillon: II n'y en a pas.
M. Bédard: ...nous n'avons pas de telles études,
mais il est évident qu'après une année d'application,
quand on saura très précisément quels effets cela a eus
sur le système dont on a très directement la juridiction...
M. Bisaillon: Mais ce que vous saurez dans un an, ce sera au
niveau provincial.
M. Bédard: Oui, mais à ce moment-là on sera
en mesure d'évaluer peut-être un peu plus...
M. Bisaillon: Le coût pour vous autres.
M. Bédard: ...pour mieux faire ressortir aux
municipalités, si tel est le cas...
M. Bisaillon: Les avantages.
M. Bédard: ...les avantages que cela pourrait
représenter si elles acceptaient les ententes.
M. Bisaillon: Ces études que vous ferez supposent que vous
pourrez calculer la différence que représentent les gains
occasionnés aux municipalités...
M. Bédard: D'un tel système.
M. Bisaillon: ...et, éventuellement, peut-être fixer
des coûts aux municipalités ou des frais exigés par le
ministère. Est-ce dans les possibilités?
M. Bédard: Je ne veux pas présumer des
résultats, mais une chose est sûre, c'est dans les
possibilités et je dirais qu'une telle étude est une
nécessité. Au cours de l'année qui vient, on sera en
mesure de tirer les conclusions.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je pense que les municipalités feront une plus
grande économie si on instaure le système de non-renouvellement
de permis, mais cela est à étudier.
Je voudrais que le ministre réponde à ma question par oui
ou par non. Est-ce que je peux avoir une copie du document sur lequel le
ministre s'est basé pour faire cette déclaration, à savoir
que le système marche bien? Puis-je avoir ces statistiques? Je sais que
ce n'est pas complet, mais...
M. Bédard: Ce sont des résultats
préliminaires qui nous sont donnés par les agents. C'est un
relevé très préliminaire des percepteurs d'amendes, que me
dit le sous-ministre. Quand on aura quelque chose de plus...
M. Marx: Mais puis-je avoir une copie
de ce document?
M. Bédard: Mais non. Quand on aura une étude
sérieuse des retombées...
M. Marx: Je veux ce document. Puis-je l'avoir, oui ou non?
M. Bédard: Aucun document ne m'a été remis.
Ce sont des remarques que nous avons eues de la part des services judiciaires
sur des effets...
M. Marx: Cela commence à être, comme on dit,
très "lousse" comme statistiques.
M. Bédard: J'ai pris la peine de vous dire tantôt
que, même si cela avait l'air encourageant dans un district, je ne tirais
pas de conclusion définitive parce que pour être sérieux il
faut attendre une année d'application pour ensuite être en mesure
de dire: Voilà les résultats de cette loi. Si on n'en est pas
satisfait, voilà ce qu'il serait opportun d'ajouter comme dispositions.
Il me semble avoir été clair là-dessus.
M. Marx: Le ministre a fait la manchette avec une
déclaration qui était plus ou moins...
M. Bédard: Le ministre n'a pas fait la manchette avec
cette déclaration. Si vous vous référez à l'article
dont on parle concernant la région de Québec, vous serez en
mesure de constater que ce n'est pas le ministre de la Justice qui a fait cette
déclaration, ce sont des gens qui sont au service de la perception, des
fonctionnaires, qui ont donné ces éléments de nouvelle.
Tant mieux si c'est positif...
M. Marx: Qui connaissent... Oui, bon, je ne veux pas...
M. Bédard: Mais ce n'est pas le ministre qui a fait la
déclaration.
M. Marx: Non? Boni Parfait! Le ministre n'était, ni de
loin ni de près...
M. Bédard: Non. Je peux vous rassurer de ce
côté-là.
M. Marx: Ah oui! C'est sûr.
M. Bédard: Mais quand ce sont des bonnes nouvelles, j'en
suis bien heureux.
M. Marx: Nous en sommes au programme 9. Quant aux prisons,
j'imagine que...
M. Bédard: ...tout va bien.
M. Marx: ...parce que le ministre... Tout va bien parce que le
ministre ne visite pas ces institutions. Les détenus à Bordeaux
aimeraient vous voir. Je suis prêt à aller avec vous pour vous
présenter à certains qui ont des revendications à faire
valoir.
M. Bédard: J'écoute le député de
D'Arcy McGee qui a accouché d'un rapport...
M. Marx: Non, non, mais...
M. Bédard: ...à partir de sources en grande partie
provenant de renseignements du ministère de la Justice, d'études
faites au ministère de la Justice - je l'ai dit l'an passé - on
vous a même fourni toutes les statistiques. Je dois vous dire que ce
n'est pas à partir de la visite des institutions - ce qui n'est pas
à déplorer - mais...
M. Marx: Je n'ai pas posé de question... M.
Bédard: Non, mais vous dites...
M. Marx: Pourquoi votre intervention à ce moment-ci?
M. Bédard: ...que le ministre de la Justice devrait
visiter ces institutions plus souvent.
M. Marx: Justement.
M. Bédard: Je vous dis que je ne blâme pas ceux qui
font la visite des institutions, ils ont peut-être beaucoup plus de temps
libre que moi, qui aimerais bien faire une visite à tous les jours, mais
je pense qu'il n'est pas nécessaire de faire des visites pour savoir
quels sont les problèmes. La meilleure preuve en est qu'on n'a pas eu
besoin de faire des visites dans les prisons pour constater qu'il y a un
problème de surpopulation, donc, nécessité de mettre en
branle des programmes optionnels dans les prisons, ce que nous avons fait avec
les travaux dits de restitution, les travaux communautaires, le travail
rémunéré, les travaux compensatoires...
M. Marx: Je n'ai pas posé de question.
M. Bédard: Non, mais ce sont différentes
possibilités à la prison.
M. Marx: Boni J'aimerais seulement rétablir les faits en
ce qui concerne les études...
M. Bédard: Maintenant, il y a le sous-ministre...
M. Marx: ...de l'Opposition. On attache toujours une
bibliographie de nos sources et une liste des promesses qui n'étaient
pas
remplies par le ministre. Maintenant...
M. Bédard: Quant à la visite des prisons, le
sous-ministre - je ne suis quand même pas seul - et plusieurs
fonctionnaires ont l'occasion, comme vous le savez, de faire la
tournée...
M. Marx: Mais les détenus aimeraient plutôt voir le
ministre que le sous-ministre.
M. Bédard: ...des institutions. Bien, il y a plusieurs
réseaux de partout qui voudraient me voir. Je pense que c'est une bonne
nouvelle à part cela. Quand personne ne veut nous voir, c'est
peut-être mauvais.
M. Marx: Les détenus à Bordeaux aimeraient vous
féliciter.
M. Bédard: Je ne dirais pas que c'est le cas pour
vous.
M. Marx: Ils veulent vous féliciter pour les conditions
dans l'aile C. Ils sont très heureux. Ils vivent très bien.
M. Bédard: On le sait...
M. Marx: Ils ont tout ce dont ils ont besoin. J'imagine que le
ministre...
M. Bédard: Quand le député parle de cette
aile...
M. Marx: C'est comme un hôtel.
M. Bédard: ...il sait qu'il parle de l'aile où les
problèmes sont à peu près les plus aigus concernant
l'ensemble du réseau de détention. Effectivement, nous le savons.
C'est pourquoi, quand je parle d'un plan global pour l'île de
Montréal avec la fermeture de Parthenais, le réaménagement
de Bordeaux, l'ouverture dans la ville de LaSalle, sans qu'il y ait
augmentation de places mais amélioration de toutes les conditions, je
pense que j'ai une solution globale.
M. Marx: Mais j'aimerais savoir quelle est la philosophie du
ministre en ce qui concerne le système carcéral au Québec?
Comment voit-il tout cela? À part ses slogans, et ses belles phrases,
comment voit-il le système carcéral? Est-ce qu'il a une
philosophie en ce qui concerne notre système correctionnel?
M. Bédard: M. le Président, quelqu'un qui n'est pas
capable de déceler la philosophie de base que j'ai concernant l'ensemble
du système correctionnel, c'est quelqu'un qui veut certainement fermer
les yeux. J'avoue que je n'ai pas écrit de livre vert, rouge, bleu ou
blanc et que ce n'est pas mon habitude. Je ne commencerai pas non plus à
en prendre l'habitude. Je ne blâme pas ceux qui en font car c'est
à chacun sa méthode d'agir. Je préfère les gestes
concrets. En ce qui me concerne, j'ai toujours dit - et c'est une conviction
profonde - que la prison n'était pas un moyen de réhabilitation,
au contraire. Donc, qu'il fallait mettre au point toutes les mesures possibles
pour éviter la prison à ceux qui ne constituent pas un danger,
qui sont carrément orientés vers la réinsertion sociale.
J'ai posé des gestes en conséquence. Certains gestes ont
été posés lorsque le député de D'Arcy McGee
n'était pas là. Je ne lui ferai pas le reproche de ne pas le
savoir. Entre autres, dès notre arrivée au ministère, nous
avons fait adopter une loi concernant le travail rémunéré
en prison qui a donné des résultats assez remarquables.
Au moment où je vous parle, cette année, cela donne le
résultat que des détenus ont gagné au-delà de 2 000
000 $. Cela a touché environ 1500 détenus. (17 heures)
M. Marx: Dans quelles prisons?
M. Bédard: Permettez-moi de terminer. Vous voulez ma
philosophie? Ne m'interrompez pas pour essayer de la diluer. Je vais vous
répondre une fois pour toutes.
M. Marx: Ce n'est pas une philosophie de me donner des petits
détails sur les buanderies dans les prisons.
M. Bédard: Non, ce n'est pas une philosophie? Ceux qui
liront le journal des Débats décideront si c'est une philosophie.
Si ce n'est pas une philosophie, ce sont des résultats.
M. Marx: Je n'ai pas demandé des résultats, je peux
les avoir dans les statistiques.
M. Bédard: J'aime mieux donner des résultats
qu'énoncer une philosophie en l'air, des rapports qui ne veulent rien
dire.
M. Marx: Oui, mais...
M. Bédard: Travail rémunéré,
résultat: 2 000 000 $ ont été gagnés par les
détenus, ce qui les aide au niveau de la réinsertion lorsqu'ils
ont à retourner dans leur milieu parce qu'ils ne retournent pas les
poches vides. Ils n'ont pas comme seul choix de retourner dans le milieu qui
les a souvent amenés en prison.
M. Marx: C'est tellement faux, c'est incroyable!
M. Bédard: Cela a touché pas moins de 1500
détenus. C'est la première loi
d'envergure qu'on a adoptée. Ensuite, il y a tous les programmes
que nous avons mis au point: programme dit de restitution, programme de travaux
communautaires, programme de travaux compensatoires, avec la loi 67. Au niveau
de la construction des institutions, nous nous orientons - on n'a pas besoin
d'écrire un livre blanc, vert ou de toutes les couleurs pour cela, nous
le disons et nous l'avons déjà dit à plusieurs reprises,
le député de D'Arcy McGee a même assisté à
certaines réunions où je l'ai mentionné à
l'université - vers la construction d'établissements à
sécurité périphérique avec une nouvelle philosophie
carcérale.
Autrement dit, on va cesser d'évaluer la valeur des prisons,
l'efficacité des prisons je parle des bâtiments - à partir
de l'épaisseur des murs. Au contraire, l'aspect de la
sécurité sera assuré par ce qu'il est convenu d'appeler la
sécurité périphérique; pour ceux qui ne le savent
pas, ce sont essentiellement...
M. Marx: Des murs moins épais.
M. Bédard: ...des clôtures. Ce ne sont pas des murs
mais des clôtures - je pourrai donner plus de détails au
député de D'Arcy McGee - qui seront installées autour des
institutions - d'ailleurs, cela existe ailleurs -et qui représentent
suffisamment de sécurité par rapport à des évasions
possibles.
Au niveau de la construction de l'institution, de la bâtisse
elle-même, on aura des constructions de bâtisses avec beaucoup
moins de sécurité, à des coûts beaucoup moindres,
avec beaucoup moins de barrières qui séparent les détenus
des gardiens. Il y aura donc une possibilité de contacts
fréquents, journaliers, réguliers qui vont contribuer à
créer, j'en suis convaincu, un milieu beaucoup plus humain à
l'intérieur de nos institutions de détention, un milieu
carcéral qui offrira des éléments d'aide à la
réinsertion sociale au lieu de contribuer à frustrer ou à
braquer l'individu momentanément en prison contre la
société, les gardiens, etc. Cela demandera aussi pas mal plus de
souplesse et de compréhension des gardiens par rapport aux
détenus.
À partir de ce moment-là, nous aurons et des programmes
adéquats d'alternative à la prison et une ambiance acceptable,
humainement parlant, à l'intérieur même de nos
institutions. Au bout de la ligne, ce sont toutes des mesures qui vont dans le
sens de ma conviction profonde que la prison est le dernier des recours, n'est,
en aucune façon, en ce qui me regarde, un moyen de
réhabilitation. Et, tout ce qu'on peut faire pour l'éviter, tout
en étant respectueux des décisions des tribunaux, constitue des
éléments valables pour une société, non seulement
au niveau des coûts économiques, mais au niveau des coûts
sociaux que représentent les gens qui sont gardés trop longtemps
dans les prisons et qui ne peuvent plus, par la suite, parce qu'ils sont
révoltés, réintégrer rapidement leur milieu social
et devenir des citoyens actifs, positifs pour la société.
M. Marx: Je suis très content que le ministre soit pour la
réhabilitation. Je trouve que c'est formidable. J'aimerais savoir, parce
que le ministre...
M. Bédard: À quelle heure avez-vous dit cela?
Des voix: Ah!
M. Marx: C'est formidable. Le ministre, en visitant ses prisons,
on pense que, de temps en temps, il a fait un virage vers le Moyen
Âge.
M. Bédard: Pas besoin de visiter les prisons pour avoir
une philosophie.
M. Marx: Maintenant, ses paroles ont plus d'espoir. Vous
êtes pour la réhabilitation...
M. Bédard: M. le député de D'Arcy McGee, pas
besoin de visiter les prisons.
M. Marx: Mais laissez-moi terminer.
M. Bédard: Je veux simplement vous rappeler une chose.
J'ai pratiqué le droit criminel durant dix ans.
M. Marx: Mais pas à l'intérieur des prisons.
M. Bédard: Alors, je suis allé visiter des
institutions de détention...
M. Marx: À Chicoutimi.
M. Bédard: ...autrement que vous avez pu le faire
jusqu'à maintenant et que vous le ferez pour le reste de vos jours.
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: Je sais exactement ce qui se passe
là-dedans.
M. Marx: Ce n'est pas ma question. Ma question est la suivante.
Étant donné que le ministre est pour la réhabilitation et
pour le travail rémunéré, j'aimerais savoir quels sont les
programmes de réhabilitation au centre de détention de
Sherbrooke, quel est le travail rémunéré,
également, à la prison qui se trouve à
Trois-Rivières.
M. Bédard: Je ne suis peut-être pas en mesure de
vous dire, dans le temps de le
dire, quels sont tous les programmes en action dans chacune...
M. Marx: Je comprends pourquoi, parce qu'il n'y a rien.
M. Bédard: ...des institutions. M. Marx: Je
comprends.
M. Bédard: Vous avez beau dire ce que vous voudrez.
M. Marx: II n'y a rien.
M. Bédard: Je vous ai donné, tout à l'heure,
simplement au chapitre des travaux rémunérés, les
résultats, à savoir 2 000 000 $...
M. Marx: Est-ce que vous êtes ici avec vos fonctionnaires
pour répondre aux questions ou dire ce que vous voulez dire sur
n'importe quoi et n'importe quand? J'ai une question précise. Je veux
avoir une réponse précise. C'est si simple.
M. Bédard: Je ne vous ai pas dit n'importe quoi
jusqu'à maintenant.
M. Marx: Presque.
M. Bédard: Vous me demandez quelque chose concernant
Sherbrooke.
M. Marx: Sherbrooke.
M. Bédard: Effectivement, il se peut qu'il y ait des
problèmes dans certaines institutions.
M. Marx: Quel est le travail rémunéré
disponible à Sherbrooke et quels sont les programmes de
réhabilitation?
M. Bédard: Nous avons des problèmes à
l'institution de Sherbrooke, effectivement, qui est une vieille institution,
mais au-delà du côté vieillot de l'institution...
M. Marx: Je vais répondre pour le ministre, s'il le veut
bien.
M. Bédard: Une seconde. Je vais essayer...
Le Président (M. Champagne): Un instant! M. le
député de D'Arcy McGee, vous avez posé quelques questions
très précises. Laissez le ministre répondre à ces
questions-là, s'il vous plaît!
M. Bédard: M. le Président, puisqu'on va sur
l'ensemble de la philosophie, j'ai dit ce que j'avais à dire.
Maintenant, je demanderais peut-être, sur des cas précis, à
mon sous-ministre...
Je suis Robert Diamant.
Le Président (M. Champagne): Cela me fait plaisir.
M. Bédard: Dans le cas de Sherbrooke et
Trois-Rivières, effectivement, il y a des problèmes, et il y en a
aussi ailleurs. Le programme de travaux rémunérés a
commencé à s'étendre depuis trois ans, depuis 1979-1980.
Dans la mesure où on n'a pas les espaces requis pour organiser
les ateliers pour que les travaux rémunérés se fassent
dans la prison, il y a aussi d'autres possibilités que nous utilisons;
par exemple, le programme d'absence temporaire qui permet aux détenus
d'aller occuper un emploi à l'extérieur de la prison et de
revenir le soir. Il y a aussi, bien sûr, d'autres programmes qu'on
appelle les programmes prélibératoires qui sont constitués
à la fois de programmes de travail et de programmes d'activités
avec des organismes à l'extérieur. Dans la mesure où,
justement, il est impossible physiquement d'organiser le travail
rémunéré à l'intérieur des murs, il faut
trouver des solutions.
M. Marx: Je ne vois pas comment cela répond à ma
question, M. le Président. J'ai demandé quels sont les programmes
de réhabilitation à Sherbrooke et à Trois-Rivières
et quels sont les travaux rémunérés qui sont disponibles.
À cela, on m'a répondu qu'on a des problèmes. Je ne sais
pas si cela veut dire qu'on a trop de places pour les gens qui veulent
travailler ou qu'on a un excès de travail et pas assez de
détenus. Je ne sais pas ce que cela veut dire avoir des
problèmes.
M. Bédard: Celui qui fera la lecture de nos débats
sera en mesure de constater que le sous-ministre ne vous a pas seulement dit
qu'il y avait des problèmes. Vous avez demandé quels sont les
programmes de réinsertion sociale...
M. Marx: À Sherbrooke et à
Trois-Rivières.
M. Bédard: ...à Sherbrooke. J'ai compris la
même chose que vous - j'espère - de la part du sous-ministre.
M. Marx: Mais, c'est quoi?
M. Bédard: II y a tout le programme d'absence temporaire
qui permet à des gens d'aller travailler - pas de les garder en
institution - à l'extérieur, gagner, se réinsérer
dans leur milieu et, ensuite, revenir à l'institution le soir. C'est un
programme qui est de nature à aider la réinsertion sociale.
M. Marx: C'est parfait.
M. Bédard: II y a aussi d'autres programmes
prélibératoires dont a fait état le sous-ministre à
la détention, M. Diamant. Ce qu'il vous dit - c'est comme cela que je
l'ai compris - c'est que, concernant les travaux
rémunérés, il est clair qu'il y a certaines institutions,
parce que trop vieillottes, parce qu'on n'a pas l'espace nécessaire, qui
ne se prêtent pas au programme de travaux rémunérés.
C'est pour cela qu'avec une nouvelle conception de la construction de nos
prisons... Je pense à la ville de LaSalle, entre autres, où on
aura absolument tout l'espace requis tant au niveau des bâtiments qu'en
termes de terrain pour mettre au point des programmes de travaux
rémunérés. Je pense à un autre endroit aussi,
à Trois-Rivières, mais il y a des décisions qui ne sont
pas prises.
M. Marx: Ce n'est pas cela, ma question.
M. Bédard: On vous l'a dit, il y a un problème au
niveau des travaux rémunérés. Ne tirez pas la conclusion
qu'il ne se fait rien concernant d'autres programmes de réinsertion
sociale. C'est le contraire que vous a dit le sous-ministre.
M. Marx: Le ministre peut-il me fournir, avec une liste des
détenus des centres de détention, les principaux, le nombre de
détenus qui sont en absence temporaire, qui font du travail
rémunéré, et ainsi de suite, toutes ces statistiques? Ce
ne serait alors pas nécessaire d'essayer de tirer une réponse
après 20 minutes de questions.
M. Bédard: On pourrait essayer de vous fournir toutes ces
statistiques.
M. Marx: Si vous voulez, c'est à vous de décider.
Sur les absences temporaires, je pense que c'est une excellente
idée...
M. Bédard: II n'écoute même pas la
réponse.
M. Marx: Je me demande pourquoi cela est nécessaire pour
les absences temporaires que le détenu retourne en prison. Je
m'explique. Le détenu à Bordeaux qui a une absence temporaire de
jour pour aller travailler, il va se lever à 6 heures, il va quitter la
prison à 7 heures et va retourner à 23 heures, le soir. Vous avez
déjà dit que garder quelqu'un en prison coûte 27 000 $ et
quelqu'un dans un centre d'hébergement, cela ne coûte que 12 000
$. Pourquoi ne loge-ton pas ces détenus dans un centre
d'hébergement comme le YMCA au centre-ville? Si, comme le sous-ministre
me l'a signalé, on le fait, est-il vrai que le programme du YMCA, qui
fonctionne très bien, où il y a 80 détenus, serait
coupé cette année à 68? Ce n'est pas vrai?
M. Bédard: II va être augmenté.
M. Marx: II va augmenter à combien?
M. Bédard: Je ne peux pas vous donner de chiffres exacts,
dans la mesure où le YMCA sera intéressé justement
à augmenter parce qu'il faut considérer sa propre capacité
de recevoir les détenus.
M. Marx: Est-ce que le ministre serait prêt à faire
une entente avec le YMCA pour qu'on loge ces détenus dans un autre
bâtiment au centre-ville? Je pense qu'il y a eu des pourparlers en ce
sens. Le YMCA était intéressé à acheter un autre
bâtiment pour faire un autre centre d'hébergement parce que la
valeur d'avoir un tel centre dans le YMCA, c'est que les gens doivent avoir un
certain comportement, ils doivent respecter un certain comportement parce
qu'ils mangent dans la cafétéria avec tout le monde, ils se
trouvent avec le monde ordinaire et vraiment cela change la personne.
M. Bédard: Sur ce point, je peux dire au
député de D'Arcy McGee que nous sommes extrêmement ouverts
à toutes les possibilités d'entente avec cette institution. Cela
va dans le sens de notre philosophie carcérale.
M. Marx: Pourquoi ne pas, par exemple, établir d'autres
centres d'hébergement à Montréal? Il y a beaucoup de
groupes qui seraient très intéressés à travailler
dans ce sens. Le ministre sait que 82%, autour de 80%, des détenus dans
les prisons québécoises sont là pour des sentences de
moins de 90 jours. On ne peut pas faire la réhabilitation dans une
prison en 30 jours, en 33 jours ou en 15 jours.
M. Bédard: Avant que le député de D'Arcy
McGee ne porte un jugement dans le sens qu'il ne se fait rien de ce
côté, je vais lui donner des statistiques là-dessus. Je
peux lui en donner concernant l'évolution des services en
hébergement communautaire. (17 h 15)
M. Marx: Oui.
M. Bédard: Je constate qu'avant 1976 ce n'était pas
très à la mode. Il n'y avait pas d'efforts de faits dans ce sens
pas plus que dans le sens des alternatives à la prison d'une
façon générale. Il n'y a peut-être pas eu de livres
blancs ou de livres verts depuis que nous sommes là, mais il y a des
changements qui sont arrivés sans livre blanc, entre autres, concernant
l'évolution
des services en hébergement communautaire. À la direction
de la participation communautaire - je vous donne exactement ce qu'on me
communique - en matière d'hébergement communautaire, nous
remarquons depuis 1979 une augmentation moyenne annnuelle d'utilisation des
ressources de l'ordre de 61% et une augmentation du nombre de jours de
séjour de l'ordre de 300%. Pour répondre à...
M. Marx: Qu'est-ce que cela veut dire en chiffres absolus?
M. Bédard: Je vais vous donner tout cela.
M. Marx: Pourrez-vous en faire faire une photocopie pour moi, M.
le ministre?
M. Bédard: Pour répondre à cette demande,
les ressources d'hébergement, centres résidentiels, foyers
d'hébergement, foyers d'accueil sous contrat avec le ministère...
Ces contrats sont passés de 9 à 34, soit une augmentation de
près de 200% sur trois ans. Cela donne le résultat suivant: en
1979-1980, nombre de centres, 12; jours de séjour, 23 575, ce qui
représentait même à ce moment-là un taux
d'augmentation de 59,6%; en 1982-1983, le nombre de centres est passé de
12 à 34, le nombre de jours de séjour est passé de 23 575
à 99 084, ce qui représente pour 1982-1983, par rapport à
1979, un taux d'augmentation de 300%.
M. Marx: Bon! Je connais ces chiffres, parce que je lis aussi les
rapports annuels publiés par le ministère.
M. Bédard: Pourquoi me les demandez-vous, alors?
Des voix: Ah! Ah!
M. Marx: Parce que le ministre est en train de les lire. J'ai
voulu faire plaisir au ministre pour qu'il lise des extraits de ses rapports
annuels.
M. Bédard: Non, mais cela prouve que je pourrais vous
donner bien des chiffres...
M. Marx: ...mais je ne vous ai pas demandé ces
chiffres...
M. Bédard: ...sur des choses ou les statistiques que vous
me demandez...
M. Marx: Non, non, mais...
M. Bédard: ...mais il faudrait que je lise des volumes
complets qui sont déjà à la connaissance de ceux qui
s'intéressent à la question.
M. Marx: Oui, mais je ne vous ai pas demandé ces
pourcentages et ces chiffres. Je vous ai demandé pourquoi on
n'élargit pas, pourquoi on n'étend pas ces programmes. Par
exemple, à Bordeaux...
M. Bédard: Mais c'est ce qu'on fait. On élargit,
là.
M. Marx: Oui, mais c'est tellement lent.
M. Bédard: Franchement!
M. Marx: Par exemple, à Bordeaux...
M. Bédard: Les gens seront en mesure de constater une
augmentation de 300%.
M. Marx: Oui, oui. À Bordeaux, actuellement, il y a
environ 150 détenus qui ont une absence temporaire. Environ 150?
M. Bédard: Oui, c'est possible.
M. Marx: 150 détenus à Bordeaux ont une absence
temporaire, c'est-à-dire tout un secteur de la prison. Pourquoi ne pas
vider le secteur de ces gens, les mettre dans un centre d'hébergement et
mettre les gens qui sont à Parthenais dans ce secteur à Bordeaux?
Pourquoi avoir...
M. Bédard: Si vous n'êtes pas capable de comprendre
que c'est la tendance, sauf que cela ne peut pas se faire du jour au lendemain,
je ne peux pas vous donner plus d'explications qu'il y en a. La meilleure
preuve, c'est que depuis 1979 - c'est cela, l'application de notre
philosophie...
M. Marx: Ce n'est pas cela, la question.
M. Bédard: ...on a constaté une forte augmentation
du taux d'admission; de 16 619 qu'il était en 1979, il est passé
à 21 620, en 1981, et à 24 973 en 1982, ce qui constitue une
augmentation de 50%. Malgré cette augmentation de 50% de la
clientèle, nous n'avons pas augmenté le nombre de places dans nos
institutions de détention et nous n'avons pas l'intention, quels que
soient les réaménagements que nous fassions, d'augmenter le
nombre de places. Donc, il faudra, à ce moment-là, qu'on ait
trouvé des alternatives à l'emprisonnement. Il me semble que
la...
M. Marx: Oui, mais les chiffres...
M. Bédard: Et la preuve est que nous en avons
trouvé, puisque, malgré l'augmentation, on n'a pas
été obligé d'augmenter le nombre de places.
M. Marx: Oui, mais...
M. Bédard: II me semble que la preuve est tellement
claire...
M. Marx: ...le ministre est-il au courant que, par exemple,
à Bordeaux, il y a place pour environ 820 détenus?
M. Bédard: 850.
M. Marx: Boni 850. On va "squeezer" tout le monde, 850.
M. Bédard: Et, en "squeezant", 900.
M. Marx: En "squeezant", 900. Voilà, le sous-ministre
donne les chiffres.
Est-ce que le ministre est au courant qu'il y a 1500 détenus qui
sont inscrits à Bordeaux mais qu'il y en a seulement 900 qui sont
à l'intérieur? Cela veut dire...
M. Bédard: Branchez-vous là, voulez-vous me faire
un reproche parce que tous les gens ne sont pas gardés à
l'intérieur? C'est cela que je suis en train de vous dire. Il y a 1500
admissions et on a trouvé des alternatives à la prison pour les
garder dehors. Quand cela fait votre affaire, vous me dites: Envoyez-les
dehors; quand cela fait votre affaire, vous me dites: Sacrez-les en dedans,
gardez-les en dedans. Quand je viens pour construire une prison, vous dites:
Cela n'a pas de bon sens. Quand je ne les héberge pas tous, vous me
dites: Pourquoi n'en construisez-vous pas? À un moment donné!
M. Marx: Le ministre a fait une blague. M. Bédard:
Ce n'est pas une blague.
M. Marx: La blague ne veut rien dire parce que le ministre n'a
pas trouvé des mesures alternatives pour les gens qui ne sont pas en
prison. C'est-à-dire, on donne des "chips" à tout le monde.
M. Bédard: Mais comment cela, des "chips"?
M. Marx: Un "chip", savez-vous ce que c'est? C'est un
congé.
M. Bédard: Mais les programmes d'absence temporaire, c'est
prévu en vertu... Ce n'est pas quelque chose qui vient comme cela.
M. Marx: Un "chip", c'est un congé humanitaire
indéterminé donné par le directeur de la prison.
M. Bédard: Non, non. Contrairement à ce que vous
dites, ce n'est pas du discrétionnaire autant que vous essayez de le
faire croire. Au contraire, quand on parle d'absence temporaire, c'est un
programme en bonne et due forme qui est régi par des règles, des
lois et des règlements. Il y a une loi pour cela. Il y a des
règlements qui sont en place et on n'agit pas sur ce sujet au hasard,
à la discrétion pure et simple, comme vous essayez de le faire
croire; voyons donc!
M. Marx: Je pense que cela serait mieux pour le ministre de
vérifier avec le sous-ministre avant de répondre à
certaines questions.
M. Bédard: Écoutez, la meilleure
vérification là...
M. Marx: Un "chip", à Bordeaux, c'est un congé
humanitaire indéterminé, c'est ce que les détenus
appellent comme cela. C'est-à-dire, quelqu'un arrive à la porte
à Bordeaux, il n'y a pas de place pour lui, on va lui donner un "chip",
ou il y a des gens qui sont à l'intérieur, il n'y a pas assez de
place, on veut faire entrer d'autres gens, on donne des "chips" à ceux
qui sont à l'intérieur. Ce ne sont pas des programmes de
réhabilition, ce ne sont pas des programmes d'absence temporaire, c'est
une autre méthode de...
M. Bédard: Vous avez dit à un moment donné
que c'était un bon programme puisqu'il y avait un taux de
réussite de 96%.
M. Marx: Non, non, j'ai dit...
M. Bédard: Je trouve cela normal, en ce qui concerne une
institution, qu'à un moment donné le directeur annonce, non
seulement sur une question discrétionnaire mais à partir de lois
et de règlements... Il y a une base juridique pour qu'un directeur de
prison puisse appliquer ce programme d'absence temporaire, puisse faire les
évaluations nécessaires et voir jusqu'à quel point une
personne peut être tout simplement retournée dans son milieu,
qu'elle soit en fin de sentence, elle peut être remplacée par une
autre qui doit entrer, peu importe. Comme vous le dites, ce sont des programmes
de type humanitaire. Il n'y a personne qui a quelque chose contre cela. On
essaie de tout concilier cela, humanisme, humanisation de la justice et en
même temps de satisfaire à des jugements qui sont rendus par des
juges, donc par la société. Il faut essayer de nuancer toutes ces
notions pour en arriver à un système qui prévoit des
alternatives à l'emprisonnement et qui en même temps ne donne pas
le feu vert d'une façon systématique à tous ceux qui
sont condamnés.
M. Marx: Pour les 150 détenus à
Bordeaux qui ont droit à une absence temporaire. Il ne faut pas
tout mêler, les gens qui ont des "chips", les gens qui ont des absences
temporaires, les gens qui sont en probation. Le ministre mêle tout et
après cela, on ne sait pas ce que ses chiffres veulent dire.
M. Bédard: En tout cas, je fais confiance à ceux
qui liront le journal des Débats pour savoir qui mêle.
M. Marx: J'ai commencé avec les 150 détenus
à Bordeaux qui ont droit à une absence temporaire,
c'est-à-dire que le matin à 7 heures, ils quittent pour aller
travailler et reviennent à 23 heures.
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Pourquoi est-ce que le ministre...
M. Bédard: ...les oblige à revenir coucher?
M. Marx: ...n'établit pas un centre d'hébergement
pour ces détenus, au lieu de les laisser à Bordeaux où
cela coûte deux fois plus cher? C'est cela, ma question.
M. Bédard: Écoutez, je m'évertue à
vous faire comprendre que, concernant les centres d'hébergement, il y a
eu une augmentation de 300%. Je ne peux pas tout faire dans le temps de le
dire.
M. Marx: Combien de...
M. Bédard: Je viens de vous donner tous les chiffres qui
montrent qu'au sujet des centres d'hébergement, des centres
communautaires, il y a eu une augmentation considérable, relativement
à ces programmes. Je ne vous ai jamais dit que tout était
réglé.
M. Marx: Ce n'est pas vrai ce que vous dites.
M. Bédard: C'est facile de voir qu'il y a un accent non
seulement particulier, mais très prioritaire qui est mis sur ce genre de
programme. D'un autre côté, quant à ceux dont vous parlez,
qu'on les envoie travailler durant le jour à l'extérieur pour
qu'ils aient la possibilité d'être rémunérés
et qu'on leur demande de revenir coucher à la prison, c'est une
manière d'essayer de concilier deux choses: d'une part, la
réinsertion sociale et d'autre part, la satisfaction d'un jugement qui a
quand même été rendu par un juge qui représente la
société. Alors...
M. Marx: Mais en 1983...
M. Bédard: Cela coûte beaucoup moins cher et cela
aide la réinsertion.
M. Marx: ...combien y a-t-il de places dans les centres
d'hébergement à Montréal?
M. Bédard: Dans toute la province... M. Marx: Non,
à Montréal.
M. Bédard: À Montréal, exactement, je ne les
ai pas ici.
Je l'ai ici: 285 places pour tout le Québec.
M. Marx: 285 pour tout le Québec? M. Bédard:
C'est cela. M. Marx: Et en 1982?
M. Bédard: En 1982? Je vous ai donné tout à
l'heure le nombre de jours qui montre l'augmentation. En 1982-1983, le nombre
de jours de séjour...
M. Marx: Je ne veux pas le nombre de jours de séjour, je
veux le nombre de places. Avez-vous cela? Ce n'est pas la même chose.
M. Bédard: On va vous le donner même si vous ne le
voulez pas. Cela permet à ceux qui veulent vraiment voir ce qui en est.
En 1982-1983: 99 084 jours de séjour, en 1981-1982, 64 608. Pour le
nombre de centres, je peux peut-être vous donner une indication. En
1982-1983, on a le nombre de places que je vous ai mentionné dans les
centres d'hébergement.
M. Marx: Oui?
M. Bédard: Pour les centres d'hébergement, on
prévoit un ajout d'une centaine de places au cours de 1983-1984.
M. Marx: Avez-vous le nombre de places à Montréal
pour 1982-1983?
M. Bédard: Non.
M. Marx: Non, vous ne l'avez pas. Avez-vous le nombre de places
qu'on avait au Québec en 1981-1982 et en 1980-1981?
M. Bédard: J'ai fait la liste de tout et si on peut...
M. Marx: Non, mais en 1981-1982, combien de places aviez-vous au
Québec?
M. Bédard: 1982-1983.
M. Marx: Pour 1982-1983, il a dit 285 places au Québec.
Combien en 1981-1982?
M. Bédard: On essaiera de vous les fournir si on ne les a
pas sous la main, mais ce que je suis en mesure...
M. Marx: C'est cela, oui.
M. Bédard: ...de vous dire, c'est qu'en 1983-1984, on
prévoit une augmentation de 100 places.
M. Marx: Non, non, je ne veux pas cela, M. le ministre.
M. Bédard: Vous ne voulez pas les bonnes nouvelles.
M. Marx: Je veux les places pour 1981-1982. Le ministre a
seulement les chiffres qu'il veut fournir. Les chiffres qu'on lui demande, il
ne les a jamais.
M. Bédard: Vous savez bien que je n'ai pas de
réticence. On vous donne toute l'information que vous voulez avoir au
ministère...
M. Marx: Oui, vous êtes très
généreux.
M. Bédard: ...pour écrire vos rapports. Cela nous
fait plaisir.
M. Marx: Ah oui!
M. Bédard: Quant au nombre de centres, on est passé
de 20 à 34.
M. Marx: Pardon?
M. Bédard: En un an, le nombre de centres est passé
de 20 à 34.
M. Marx: Ce n'est pas cela la question, ce sont les places.
M. Bédard: Là, en tout cas, cela donne une bonne
indication.
M. Marx: Cela ne me donne rien.
M. Bédard: De 20 à 34, il devrait y avoir
normalement une augmentation du nombre de places parce qu'on n'a pas
fermé de centre.
M. Marx: Vous faites un bon show en commission parlementaire,
mais allez sur le terrain voir ce qui se passe.
M. Bédard: Vous ne m'impressionnerez pas avec votre
idée d'aller sur le terrain.
M. Marx: Allez visiter.
M. Bédard: Pendant que vous allez sur le terrain, je
trouve les solutions. D'accord?
M. Marx: Les solutions pour les rapports du ministère.
M. Bédard: Je n'ai pas le temps de me promener. Si je ne
faisais que me promener, je n'aurais pas le temps de trouver les solutions.
Alors, normalement, en 1981-1982, ce seraient 160 places environ et en
1982-1983, 282 places.
M. Marx: Et en 1980-1981?
M. Bédard: On va passer à 100 places de plus en
1983-1984.
M. Marx: Non, non, mais... D'accord.
M. Bédard: Vous voulez encore une année avant?
À peu près 110 places en 1980-1981.
Le Président (M. Champagne): Le député de
D'Arcy McGee a fini sa période de questions.
M. le député de Sainte-Marie. (17 h 30)
M. Bisaillon: J'ai quelques brèves questions, M. le
Président, sur Bordeaux. On sait qu'à la suite d'une
émeute, il y a eu des travaux qui ont dû être entrepris et
que ce contrat de réfection a été accordé sans
soumissions, comme le prévoit la loi dans les cas d'urgence. J'aimerais
savoir à quelle compagnie ce contrat a été accordé,
pour combien d'argent et si les travaux sont terminés. S'ils sont
terminés, est-ce qu'on a clôturé les travaux pour le
même montant pour lequel ils avaient été accordés
initialement? Est-ce qu'on prévoit des sommes d'argent additionnelles
cette année pour la prison de Bordeaux en termes de réfection et
de réaménagement.
M. Bédard: Je vais prendre en note la série de
questions, parce que cet aspect concerne surtout le ministère des
Travaux publics qui serait en mesure de vous fournir toutes ces données.
Nous ferons le nécessaire, après avoir noté les questions
du député de Sainte-Marie, pour avoir les chiffres exacts...
M. Bisaillon: Que je recevrai à quel moment, M. le
ministre?
M. Bédard: ...que vous recevrez rapidement.
M. Bisaillon: Rapidement, cela veut dire quoi?
M. Bédard: Dès que nous les...
M. Bisaillon: Deux ou trois semaines?
M. Bédard: Dès que nous les aurons. M.
Bisaillon: Deux ou trois ans, quoi!
M. Bédard: On échange en riant, M. le
Président, mais...
Vous aurez ces chiffres la semaine prochaine, cela va?
M. Bisaillon: D'accord. Ma deuxième question concerne
les... D'abord, je rappellerai au ministre que, dans la première
série de questions que j'avais posée, il y a encore une question
à laquelle il ne m'a pas répondu. Cela concernait le paiement des
informateurs. J'avais posé cette question dans la première
série de questions. Je voulais savoir où étaient prises
les sommes d'argent qui servent au paiement des informateurs? Est-ce qu'il est
exact qu'il y a un arrêté en conseil qui permet au ministre de la
Justice de dégager ces sommes des crédits votés et que ces
sommes échappent aux montants qui sont votés ici, en commission
parlementaire?
M. Bédard: Ce n'est pas dans ce programme. On aura la
Sûreté du Québec tout l'heure...
M. Bisaillon: Je ne sais pas si cela va avec la
Sûreté du Québec. Je vous avais demandé cela dans la
première série de questions.
M. Bédard: Effectivement, il y a un budget qui est
prévu pour ce qu'on appelle les dépenses secrètes. Ce
budget est décrété par un arrêté en
conseil.
M. Bisaillon: Où ce montant apparaît-il dans les
crédits? Il apparaît au niveau de l'Exécutif?
M. Bédard: Comme c'est un budget relativement secret, il
ne semble pas apparaître dans les catégories spéciales.
M. Bisaillon: Je suppose bien que, connaissant le ministre, il ne
me répondra pas non plus si je lui demande l'importance de ces sommes
d'argent?
M. Bédard: C'est évident que je ne vous
répondrai pas par un chiffre, effectivement, parce que...
M. Bisaillon: Est-ce que le ministre peut me dire si ce sont des
sommes qui sont en augmentant?
M. Bédard: Ce sont des sommes qui augmentent sensiblement,
mais qui sont minimes dans l'ensemble.
M. Bisaillon: Par rapport au budget du ministère ou...
M. Bédard: C'est minime par rapport au budget même
du programme dans lequel elles sont.
M. Bisaillon: Dans quel programme sont-elles?
M. Bédard: Elles sont dans le programme de la
Sûreté du Québec.
M. Bisaillon: Le budget total... Bon, on y arrivera tantôt,
on y reviendra.
M. Bédard: On y arrivera bientôt. M. Marx:
...
M. Bédard: Pour ce qui est des informateurs, j'ai
déjà eu l'occasion de faire le point. Je pense que le
député de D'Arcy McGee sait très bien que, au niveau
de...
M. Bisaillon: Est-ce que vous me parlez à moi ou au
député de D'Arcy McGee?
M. Bédard: Le député de Sainte-Marie sait
très bien que, concernant le travail qui doit être fait pour
réprimer la criminalité, il est d'importance primordiale qu'il y
ait des informateurs. C'est une réalité qui existe partout.
M. Bisaillon: Ma question était seulement
mathématique et ne visait pas à faire un débat sur lequel
le ministre et moi ne serons probablement pas d'accord. Cela ne visait
qu'à avoir les données mathématiques. J'y reviendrai au
budget de la Sûreté du Québec.
Concernant la Commission québécoise des libérations
conditionnelles, il semble que, de plus en plus, les prisonniers, les
détenus utilisent le congé d'absence temporaire plutôt que
d'adresser une demande de libération conditionnelle. Est-ce qu'on peut
nous indiquer l'importance de cette diminution en termes de demandes de
libération conditionnelle et si, effectivement, les détenus
privilégient la méthode du congé d'absence temporaire
plutôt que la demande formelle de libération conditionnelle?
Est-ce qu'on remet en cause l'existence même de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles?
M. Bédard: Tout simplement une remarque quand vous parliez
de dépenses secrètes. Je voudrais simplement dire qu'un tel
budget de dépenses secrètes existe. Ce n'est pas une innovation
au Québec, cela existe partout dans les grands corps policiers
constitués. Maintenant, on pourra continuer la discussion quand viendra
le programme de la Sûreté du Québec.
M. Bisaillon: Le programme 15.
M. Bédard: Votre question permet de saluer la venue
à la table de M. le président de la Commission des
libérations conditionnelles, M. Gauthier. Je pense qu'il sera en mesure
de répondre à votre question.
Le Président (M. Champagne): Alors, M. Gauthier.
M. Bédard: Voici: C'est évident que la
surpopulation nous affecte autant que les institutions. Si vous regardez le
rapport annuel, vous allez voir que le nombre de personnes en libération
conditionnelle augmente graduellement.
M. Bisaillon: Augmente?
M. Bédard: Augmente tout le temps. Il y a deux ans, on se
tenait à 600 par jour en libération conditionnelle et aujourd'hui
nous nous tenons dans les 800 par jour continuellement.
Pour répondre plus spécifiquement à votre question,
je peux vous dire que la grande majorité des détenus
préfèrent la libération conditionnelle. Il faut comprendre
ceci...
M. Bisaillon: Au congé d'absence temporaire.
M. Bédard: Oui, mais il faut comprendre que nous avons
juridiction strictement sur des sentences de six mois et plus. Toutes les
sentences de six mois et moins relèvent des absences temporaires de par
la loi. En fait, justement pour...
M. Bisaillon: Alors, l'absence, pour bien vous comprendre,
temporaire ne peut pas s'appliquer à un détenu qui a reçu
une sentence, qui s'est fait imposer une sentence de six mois et plus. Le seul
mécanisme qui est à sa disposition, c'est le mécanisme de
la libération conditionnelle.
M. Bédard: Voici: ils peuvent, naturellement,
bénéficier d'absence temporaire. Ce qui se produit actuellement,
c'est qu'avec le problème de la surpopulation vous avez plusieurs
personnes qui sont mises en absence temporaire très tôt. Si vous
regardez encore le rapport annuel, vous allez vous apercevoir que de l'exercice
1980-1981 à 1981-1982, et même cette année, les
désistements ont augmenté de 60%. Lorsqu'on parle de
désistement, c'est une personne qui nous dit qu'elle n'est pas
intéressée à une libération conditionnelle et nous
ne l'envoyons même pas. Vous remarquerez à ce moment que ce sont
surtout des gens qui touchent une sentence de six mois. Si vous connaissez le
système de la démission, vous savez qu'un détenu, qui a
une sentence de six mois, purge de fait quatre mois parce qu'il peut
bénéficier de deux mois.
M. Bisaillon: Le tiers.
M. Bédard: Nous voyons le détenu au bout de deux
mois. Il lui reste deux mois. Si, au bout de trois mois, on lui permet d'avoir
des absences temporaires sur semaine, souvent, il va dire qu'il n'y est pas
intéressé. C'est dans ce sens que les absences temporaires vont
nous affecter. Cela va nous affecter strictement pour les petites
sentences.
M. Bisaillon: Rapidement, M. le ministre, juste un commentaire et
cela ne déprécie pas du tout le travail qui peut être fait
par la Commission des libérations conditionnelles. Je trouve que, compte
tenu du fait qu'on explore de plus en plus des mécanismes nouveaux,
différents, il me semble qu'on devrait aussi se requestionner sur
l'orientation actuelle et l'utilisation actuelle de la Commission des
libérations conditionnelles. Cela devrait être normal que ce soit
intégré dans le cadre d'une révision des programmes quitte
à utiliser les ressources qui sont à la Commission des
libérations conditionnelles à l'application des autres programmes
qui de plus en plus se développent. C'était juste une remarque et
cela ne déprécie pas du tout le travail qui peut être fait
au niveau de la commission.
M. Bédard: Je pense que c'est une remarque très
positive et très constructive du député de Sainte-Marie,
M. le Président.
M. Bisaillon: J'aurais une dernière question.
M. Bédard: Je pense que c'est une remarque très
positive...
M. Bisaillon: Merci, M. le ministre.
M. Bédard: ...et très constructive, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: À quelle heure, avez-vous dit cela? Ma
dernière question concerne les probations. On sait qu'il y a souvent des
rapports présententiels qui sont demandés et qui sont
habituellement donnés ou exécutés par des agents de
probation, sauf dans les cas où les juges demandent des examens
psychologiques ou psychiatriques, auxquels cas le juge désigne
lui-même le spécialiste qui devra procéder à
l'examen psychologique ou psychiatrique. Est-ce qu'il n'y aurait pas, au
ministère de la Justice même ou à l'intérieur
d'autres ministères, des compétences déjà à
l'emploi du gouvernement qui pourraient effectuer ces travaux plutôt que
de laisser la
désignation libre au juge, qui peut prendre un spécialiste
qui est souvent plus coûteux que le professionnel connaissant sa
profession ou son métier aussi bien que quelqu'un de l'extérieur
et qu'on pourrait utiliser à meilleur coût?
M. Bédard: II y a quand même un certain degré
de spécialisation. On me fait remarquer - cela me semble évident
- que lorsqu'un juge demande un examen psychiatrique, il faut
nécessairement...
M. Bisaillon: ...un psychiatre.
M. Bédard: ...avoir recours à un psychiatre.
M. Bisaillon: Mais est-ce qu'on est obligé
nécessairement d'aller le chercher à l'extérieur de la
fonction publique et est-ce qu'on ne pourrait pas en trouver un, soit au
ministère de la Justice, soit au ministère des Affaires sociales,
soit dans d'autres ministères, qui pourrait être habilité
à faire le travail à un coût inférieur puisque
déjà on le paie à même les effectifs de la fonction
publique? En laissant la décision au juge d'identifier, de nommer ou de
désigner le spécialiste, forcément il ne désignera
pas un fonctionnaire, un professionnel, il désignera un
spécialiste externe.
M. Bédard: Ce n'est sûrement pas une
impossibilité, mais je ne suis pas en mesure de vous dire que les
ressources humaines foisonnent de ce côté.
M. Bisaillon: C'est aussi une façon de réduire les
coûts de fonctionnement.
M. Bédard: J'ai très bien compris le raisonnement
du député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Est-ce que je dois comprendre que dans deux ou
trois semaines vous aurez réexaminé la question?
M. Bédard: Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de
réexaminer la question, mais je suis sur la même longueur d'onde
que le député de Sainte-Marie. C'est évident que, quand on
peut, à même nos ressources humaines qui sont déjà
employées et qui sont déjà payées, valoriser leur
travail...
M. Bisaillon: Sauf que le ministre soit d'accord avec moi
n'ajoutera rien puisque...
M. Bédard: ...leurs occupations, faire les
réajustements d'occupation, tant mieux!
M. Bisaillon: Mais le fait qu'on soit d'accord tous les deux
n'ajoutera rien et ne réglera rien au problème puisqu'on laisse
le juge désigner lui-même le spécialiste. Il faudrait qu'on
intervienne à ce niveau pour qu'on soit sûrement sur la même
longueur d'onde.
M. Bédard: Tout à l'heure, on parlait d'un
psychiatre. Il est difficile de faire en sorte que... Cela ne changerait pas
grand-chose non plus si nous avions demain la possibilité d'en indiquer
un à la place du juge parce que nous n'en avons pas de...
Il n'y a pas de psychiatre qui travaille pour le ministère de la
Justice.
M. Bisaillon: Je ne parlais pas seulement du ministère de
la Justice, mais de l'appareil de la fonction publique. Cela
dépasse...
M. Bédard: Quand le juge demande une expertise
psychiatrique, nous faisons appel à un psychiatre qui travaille
habituellement dans une institution du ministère des Affaires sociales.
Il est rémunéré au tarif habituel ou selon son mode de
rémunération habituel. Vous savez qu'il y en a plusieurs types:
à salaire horaire ou à vacation, etc.
M. Bisaillon: Celui qui est à salaire est...
M. Bédard: Effectivement, nous assumons les coûts,
mais les ressources sont désignées par les institutions du
ministère des Affaires sociales.
M. Bisaillon: Cela va pour ce programme.
M. Bédard: Maintenant là-dessus, il y a
peut-être certaines réserves qui pourraient être de nature
à être soulevées par la défense qui pourrait voir
d'un oeil soupçonneux, pas très rassurant, le fait que les
experts soient des... autrement dit, que ces personnes-ressources soient en
même temps des employés du ministère. Il y a
déjà le procureur...
M. Bisaillon: Cela va.
Le Président (M. Champagne): Voici, pour l'information des
membres de la commission. Nous avons discuté durant dix heures et
quarante-cinq minutes. Cela veut dire qu'il reste une heure et quinze minutes
pour compléter les douze heures. Il nous reste huit programmes.
Maintenant, il y a des gens autour de la table qui veulent savoir si vous
continuez après 18 heures pour terminer à 19 heures ou si
simplement...
M. Bédard: Nous avons convenu de terminer à 18 h
30, à moins que mon collègue... (17 h 45)
M. Marx: On va essayer, si on pouvait,
ce serait bon.
M. Bédard: J'ai des obligations moi aussi.
Le Président (M. Champagne): On avait pris une entente
tacite...
M. Marx: De continuer après 18 heures.
Le Président (M. Champagne): Oui, et on a dit qu'on
finirait vers 18 h 30.
M. Marx: Je ne peux pas dire que j'aurai terminé à
18 h 30, je vais essayer de terminer à 18 h 30.
M. Bédard: Non, mais si c'est cinq minutes de
différence, on aura la souplesse nécessaire, mais terminer autour
de 18 h 30, est-ce que ça va?
M. Marx: Je vais essayer, mais si c'est nécessaire, on
pourra terminer quelques minutes plus tard ou revenir demain.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee est
toujours très collaborateur et très drôle.
M. Marx: Comme toujours.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Mme la
députée de Johnson, oui...
Mme Juneau: M. le Président, j'avais d'autres engagements,
je vais être obligée de quitter à 18 heures.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Bédard: D'accord, nous le comprenons.
M. Marx: D'accord, s'il y a un vote, nous le prendrons demain,
c'est tout.
Mme Juneau: C'est ça, M. le député.
Le Président (M. Champagne): On s'entend pour 18 h 30.
M. Marx: On s'entend, oui.
Le Président (M. Champagne): Au programme 9, est-ce qu'on
pourrait demander... Est-ce que le programme 9, avec ses
éléments, est adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Marx:
Adopté.
Services juridiques du gouvernement
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle le
programme 10, Services juridiques du gouvernement. M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Programme
Il.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Affaires législatives.
Le programme 10 est adopté avec les éléments qui le
composent.
M. Bédard: Je ne trouve pas nos amis très gentils
parce que sur ce programme...
On va tirer la conclusion que tout va bien dans la
législation.
Affaires législatives
Le Président (M. Champagne): Le programme II est
appelé, Affaires législatives.
M. Marx: Adopté.
M. Bédard: Cela va bien dans le domaine des poursuites
pénales.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, je
soulignerai que nous sommes rendus au programme Il et qu'on a entendu qu'il
était adopté.
M. Bisaillon: Oui, oui, il est adopté. Le
Président (M. Champagne): Cela va?
M. Bédard: Tout va bien dans les affaires
législatives?
Le Président (M. Champagne): Oui, oui.
M. Bisaillon: Tout va mal, M. le ministre, mais on ne changera
rien.
M. Bédard: Je ne trouve pas très sérieux de
la part de l'Opposition de dire que tout va mal et de ne pas poser de question.
Il faut se brancher à un moment donné.
M. Marx: M. le Président, pour l'information de la
commission, j'aimerais dire que j'ai demandé au ministre s'il
consentirait qu'on fasse l'étude de certains programmes, comme les
programmes 14 et 15, quitte à revenir sur les programmes 10 et Il, et le
ministre a refusé. Donc, on n'a pas d'autre choix que d'adopter ces
programmes sans en discuter parce qu'on veut poser quelques questions
concernant les programmes 14 et 15. C'est pourquoi on les adopte.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Champagne): Alors...
M. Bédard: Je m'excuse, M. le Président, soyons
clairs. Je connais suffisamment le député de D'Arcy McGee et je
ne veux pas qu'il emploie l'argument que nous n'avons pas voulu collaborer, ce
qui lui a enlevé la possibilité de poser des questions sur les
programmes que nous venons d'adopter, que nous pouvons déclarer non
adoptés. Je suis prêt à consentir pour que nous passions au
programme 14, et s'il veut poser des questions sur les autres programmes...
Choisissez vos programmes, décidez, il n'y a pas de problème.
M. Marx: On veut passer aux programmes 14 et 15.
Le Président (M. Champagne): J'ai bien entendu que le
programme Il et les éléments qui le composent est
adopté.
M. Bisaillon: Oui, le programme 12 aussi.
Le Président (M. Champagne): Cela va. J'appelle le
programme...
M. Bédard: Est-ce que le programme 12 est
adopté?
M. Marx: J'aimerais passer tout de suite au programme 14, quitte
à revenir au programme 12, le cas échéant.
M. Bédard: Avez-vous des questions au moment où on
se parle?
M. Marx: J'ai des questions aux programmes 14 et 15, et si je
pose des questions aux programmes 10, Il, 12 et 13, nous n'aurons pas assez de
temps pour les programmes 14 et 15. Si je termine avec les programmes 14 et 15,
j'aurai le temps de revenir, voilà.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Sainte-Marie, voulez-vous intervenir sur la procédure?
M. Bisaillon: Je trouvais que ça allait bien, M. le
Président. Si le ministre ne nous avait pas asticotés un peu,
nous serions déjà rendus au programme 14, les deux autres
auraient été adoptés et probablement que le ministre
aurait eu le temps de me donner la réponse qu'il me promet depuis hier
sur le programme 13.
M. Bédard: M. le Président, je ne peux pas faire
autrement que de manifester ma satisfaction de voir que sur des programmes
aussi importants, il ne semble pas y avoir de question, donc pas de
problème majeur.
Le Président (M. Champagne): Si je comprends bien, il y a
un consensus pour aller au programme 14.
M. Marx: Au programme 14.
Normalisation et surveillance de l'exercice des
fonctions de police
Le Président (M. Champagne): J'appelle le programme 14,
Normalisation et surveillance de l'exercice des fonctions de police. M. le
ministre.
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire que le ministre... On
connaît le programme, on a déjà lu les notes.
Le Président (M. Champagne): La parole est au ministre,
s'il veut bien en disposer, ensuite...
M. Bédard: Pour donner la chance à mon
collègue de l'Opposition, le député de D'Arcy McGee, de
pouvoir poser toutes ses questions, je me priverai de remarques
préliminaires pour lui permettre d'entrer dans le vif des sujets.
M. Marx: Le ministre nous a déjà fourni des
documents.
En ce qui concerne le programme 14, j'ai une question sur la Commission
de police.
M. Bédard: M. le Président, le président de
la Commission de police du Québec, M. le juge Gosselin, est ici
présent.
M. Marx: En 1980, le gouvernement adoptait un décret no
3684-80 en ce qui concerne une enquête sur le crime organisé dans
l'industrie du vêtement. J'ai bien dit que cela avait été
adopté le 26 novembre 1980. La commission était censée
déposer un rapport vers le 31 décembre 1981. Cela n'a pas
été fait. Le mandat de la commission a été
prolongé jusqu'au 31 décembre 1982 et, une deuxième fois,
jusqu'au 31 décembre 1983. J'aimerais savoir si on va finalement avoir
un rapport et si oui, en quelle année et à quel mois?
M. Bédard: II y a quelques semaines au plus, j'ai eu
l'occasion d'en discuter non seulement avec le président de la
Commission de police, mais également avec ceux qui ont une
responsabilité dans l'enquête proprement dite. Il semble
évident que l'ensemble des travaux de leur mandat, pourront être
complétés pour le 31 décembre de la présente
année. S'il y a eu des délais, ce n'est pas un mauvais signe. Je
ne pense pas que c'est ce qu'a voulu laisser entendre le député
de D'Arcy McGee.
M. Marx: Pour qui?
M. Bédard: C'est que l'enquête est menée
d'une façon très approfondie et les commissaires ont fait valoir
des arguments qui militaient amplement dans le sens d'une prolongation des
délais pour leur permettre de couvrir tous les angles de cette
enquête.
M. Marx: Quelles étaient les raisons du prolongement de ce
mandat?
M. Bédard: Quand une enquête policière
commence, on ne sait jamais quand elle va se terminer. En cours de route, une
commission d'enquête peut faire des découvertes qui justifient
amplement une prolongation des délais pour terminer leur travail, ce qui
a été le cas. Je pense que le député de D'Arcy
McGee comprendra que je ne peux - puisqu'il s'agit d'une enquête
policière - entrer dans le détail des raisons.
M. Marx: Et le ministre ne peut pas s'engager à promettre
que le rapport sera prêt au 31 décembre 1983 parce qu'on peut
avoir d'autres raisons pour continuer l'enquête après le 1er
janvier 1984?
M. Bédard: S'il devait y avoir prolongation du
délai, c'est qu'il y aura des raisons péremptoires qui me seront
présentées et qui justifieraient des délais additionnels.
Je pense bien que le député de d'Arcy McGee, à partir du
moment où il y a matière à enquête, n'est pas en
train de me recommander de mettre fin à ces travaux, quelles que soient
les circonstances. Le président de la commission me souligne qu'un
élément a pu compter parmi les raisons de la
nécessité d'augmenter les délais, entre autres la maladie
du commissaire en chef, M. le juge Guy Tremblay. Je ne veux pas
m'étendre sur le sujet.
M. Marx: Ma question était bien technique...
M. Bédard: J'ai rencontré M. le juge Guy Tremblay,
également M. le président de la commission, M. le juge Gosselin
et normalement ces travaux seraient définitivement terminés au 31
décembre 1983.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Est-ce que le programme 14 est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. Vous avez le
choix. M. le député de D'Arcy McGee, est-ce que vous aimeriez un
programme?
M. Marx: Non.
Le Président (M. Champagne): J'appelle le programme
15.
M. Bédard: Je comprends que c'était la seule
question au programme 14?
M. Marx: C'est la seule question.
Sûreté du Québec
Le Président (M. Champagne): Merci, M. Gosselin. J'appelle
le programme 15, Sûreté du Québec.
M. le ministre.
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire de faire des remarques
préliminaires, on les a déjà lues.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre a la parole.
S'il veut faire des remarques, il pourra les faire.
M. Bédard: Permettez! Si j'écoute toutes les
suggestions du député de D'Arcy McGee, je ne dirais pas un mot et
il parlerait durant douze heures.
M. Marx: Avec vous, ce serait impossible.
M. Bédard: J'espère que je ne permettrais pas une
telle chose.
M. Marx: Comptez les minutes pour voir qui a parlé le plus
dans cette commission.
M. Bédard: M. le Président, je ne crois pas qu'il
soit nécessaire de... J'ai effectivement produit l'essentiel des
commentaires que je serais appelé à faire au début de
l'étude de ce programme. Nous avons fourni le tout à
l'Opposition.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions maintenant?
M. Bisaillon: Je m'excuse, j'avais posé une question
tantôt et on m'avait dit qu'on me répondrait quand nous serions
rendus à ce programme-là.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'ai déjà posé ma question.
Est-ce qu'il y a une réponse? Vous n'avez pas de réponse?
Le Président (M. Champagne): Pourriez-vous la
répéter, s'il vous plaît?
M. Bisaillon: Je parlais tantôt des
sommes qui étaient affectées par arrêtés en
conseil au paiement des informateurs. Le sous-ministre m'a répondu que
c'était à l'intérieur du budget de la Sûreté
du Québec. Je veux demander à quel élément du
programme de la Sûreté du Québec on retrouve ces sommes et
si elles sont administrées uniquement par la Sûreté du
Québec.
M. Bédard: Tout d'abord, elles ne sont pas
administrées uniquement par la Sûreté du Québec. Le
tout est sujet à la supervision du sous-ministre en titre de la
Justice.
M. Bisaillon: Chaque fois qu'il doit y avoir une dépense,
cela prend l'autorisation préalable du sous-ministre de la Justice.
Est-ce cela?
M. Bédard: II y a quand même une
délégation qui est faite, mais le sous-ministre de la
Justice...
M. Bisaillon: Cela revient au même.
M. Bédard: Cela ne revient pas au même. Le
sous-ministre de la Justice est toujours appelé à autoriser
très spécifiquement le paiement. Donc, il y a une supervision, ce
qui est normal d'ailleurs, de la part du sous-ministre en titre.
M. Bisaillon: Je ne mets pas en doute la normalité...
M. Bédard: Pour le reste de votre question, le directeur
de la Sûreté du Québec peut répondre. Il s'agit de
M. Beaudoin, directeur général de la Sûreté du
Québec.
Vous demandiez où cela était situé dans le budget.
C'est globalement dans les frais d'enquêtes, mais à chaque
année le montant prévu pour ces fins est extrait et un CT pour le
Conseil du trésor, signé par le ministre et le sous-ministre, est
envoyé au Conseil du trésor pour être analysé et
nous revient avec les autorisations.
M. Bisaillon: À l'intérieur du programme
enquêtes policières.
M. Bédard: C'est cela.
M. Bisaillon: Sans me dire le montant impliqué,
pourriez-vous m'indiquer la progression de ces sommes d'une année
à l'autre en termes de pourcentage?
M. Bédard: Je peux vous dire qu'en ordre de grandeur ce
n'est pas important, ce n'est pas selon l'inflation. (18 heures)
M. Bisaillon: C'est moins important que l'inflation.
M. Bédard: C'est beaucoup moins important que
l'inflation.
M. Bisaillon: Donc, cela augmente moins de 10% par
année?
M. Bédard: Oui, parce qu'on sait que l'inflation est
conditionnée par les salaires et que ce ne sont pas des salaires.
M. Bisaillon: Si, par exemple, c'est 2 000 000 $...
M. Bédard: Est-ce que vous pourriez répéter?
M. le Président, je fais appel à...
M. Bisaillon: Un député a le droit de s'essayer, M.
le ministre.
M. Bédard: Surtout que vous le faites avec le sourire. Je
pense que tous les renseignements qui pouvaient être donnés dans
le sens de l'intérêt public l'ont été.
M. Bisaillon: Je vais passer la parole au député de
D'Arcy McGee.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
D'Arcy McGee, est-ce que vous avez des questions?
M. Marx: Oui. Est-ce que le ministre a déposé le
rapport en ce qui concerne - je ne sais pas comment le dire - le "tapage" des
lignes téléphoniques? On tape les lignes
téléphoniques.
M. Bédard: L'écoute électronique.
M. Marx: C'est l'écoute électronique des lignes
téléphoniques. Est-ce que le ministre a déposé son
rapport à titre de Procureur général?
M. Bédard: II n'a pas encore été
déposé au moment où on se parle. Je le fais à la
suite de l'obligation qui m'est faite. Je voudrais bien qu'il soit clair, pour
ceux qui lisent le journal des Débats, pour qu'ils n'aient pas
l'impression, quand on parle d'écoute électronique, que c'est le
genre de choses qui se font d'une façon libre et sans aucune balise. Je
voudrais qu'il soit clair que ce sont des cas très précis
où cela prend l'autorisation d'un juge et qu'il y a
énormément de précautions qui sont prises avant d'utiliser
ce moyen.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que ce sont les mêmes
règles pour le fédéral?
M. Bédard: Quant au Code criminel, ce sont pratiquement
les mêmes balises. Pour ce qui est de la "sécurité
nationale", avec tout ce que cela peut comporter, selon qu'on définit la
notion, de même que pour ce qui
est des drogues, la situation est différente.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous voulez dire que ctla prend
l'autorisation d'un juge.
M. Marx: Oui, oui, cela prend l'autorisation d'un juge.
M. Dédard: Certainement.
M. Marx: Je pense que, lorsque le ministre fait son rapport, il
n'y a pas de noms de personnes sur le rapport. D'accord?
M. Bédard: Non. Je suis franchement renversé par la
question du député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Non, ce n'était pas une question, c'était
une...
M. Bédard: II n'y a évidemment pas de noms, pas de
numéros de téléphone...
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: ...mais seulement le nombre de fois où
on a procédé à l'écoute électronique...
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: ...et, chaque fois, encore une fois je le
mentionne, ceci implique qu'il y a eu autorisation de la part d'un juge.
M. Marx: D'accord. Bon. Depuis le 1er janvier, disons, depuis que
le ministre est en fonction, est-ce qu'on n'a jamais fait de l'écoute
électronique sur les appareils téléphoniques des
députés à l'Assemblée nationale, soit à
l'Assemblée nationale, soit à l'extérieur de
l'Assemblée nationale?
M. Bédard: Jamais!
M. Marx: On n'a jamais fait...
M. Bédard: II y a une directive très précise
à savoir que, si un corps policier devait procéder à
l'écoute électronique à l'endroit d'un
député, le ministre de la Justice doit être
préalablement informé et je dois autoriser...
M. Marx: Même si c'est fait par la Gendarmerie royale du
Canada?
M. Bédard: Non. Justement, vous touchez un point. Vous ne
me direz pas que c'est moi qui l'ai soulevé, mais aussi surprenant que
cela puisse paraître, les autorités des corps policiers
fédéraux peuvent procéder à l'écoute
électronique de députés sans que le Procureur
général du Québec en soit informé.
M. Marx: Oui, mais je pense que les corps de police
fédéraux vont aviser le président de l'Assemblée
nationale. Je pense qu'il y a une entente quelque part.
M. Bédard: Si cela concerne le Code criminel, ils passent
par nous, mais si c'est pour d'autres raisons, comme pour la
sécurité d'État ou quoi que ce soit d'autres, qu'on
procède à l'écoute électronique à l'endroit
d'un député, il n'y a pas d'obligation faite aux autorités
fédérales d'en informer le ministre de la Justice.
M. Marx: Donc, cela n'a pas été fait non plus en
vertu du Code criminel, parce que vous n'avez pas eu de demande.
M. Bédard: Pardon?
M. Marx: On n'a pas fait d'écoute électronique en
vertu du Code criminel.
M. Bédard: Concernant le Québec, il n'y a pas eu
d'écoute électronique. Aucune autorisation n'a été
donnée en ce sens, ce qui aurait été nécessaire de
ma part. Concernant le fédéral, en ce qui regarde le criminel,
c'est le même procédé pour les autorités
fédérales que pour les forces policières au Québec.
C'est le même processus. Pour ce qui est de l'écoute
électronique qui aurait pu être faite ou non pour la
sécurité d'État, je ne suis pas en mesure de vous dire
qu'il n'y a pas eu d'écoute électronique des
députés, mais je suis en mesure de vous dire qu'aucune
demande...
M. Bisaillon: Pour les protéger.
M. Bédard: ...que je n'ai eu aucune information du
fédéral indiquant qu'on ait procédé à une
telle écoute mais, encore une fois, ils ne sont pas tenus de nous le
dire. C'est une situation surprenante.
M. Marx: Durant la crise récente autour de la loi 111,
est-ce qu'on a fait de l'écoute électronique des
téléphones des chefs syndicaux?
M. Bédard: En aucune façon, voyons doncï Ce
n'est même pas venu à l'idée...
M. Bisaillon: On les a assez vus à la
télévision, ce n'était pas nécessaire de les
écouter au téléphone.
M. Bédard: ...de quelque membre du gouvernement que ce
soit.
M. Marx: Bon.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on pourrait avoir une idée de
l'ordre de grandeur...
M. Bédard: ...des procédés qui existaient
avant nous. Une chose est sûre, l'écoute électronique des
chefs syndicaux...
M. Bisaillon: II y a des procédures qui transpirent. Vous
vous en venez comme lui.
M. Bédard: Non, ces procédés ne transpirent
pas chez nous...
M. Bisaillon: Vous vous en venez "picosseux" un peu, M. le
ministre.
M. Bédard: ...en ce qui a trait à l'écoute
des chefs syndicaux.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Marie, vous aviez une intervention à faire.
M. Bédard: C'est un sujet important, quand même.
M. Bisaillon: Je voudrais avoir du ministre une idée de
l'ordre de grandeur du nombre de cas pour lesquels on procède à
de l'écoute électronique. Encore là, y a-t-il une
augmentation d'une année à l'autre et quelles sont les sommes
d'argent que cela implique? Autrement dit, quels sont les coûts de
l'écoute électronique? Ce doit être budgétisé
quelque part. Il doit y avoir des budgets pour cela. C'est ce qu'on
étudie, les budgets, il faut savoir un peu où on dépense
cet argent.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: De mémoire, il y a autour de 200 cas par
année, en tout cas, depuis 1974, 1975. Ce nombre est
demeuré...
M. Bisaillon: ...à peu près constant.
M. Bédard: ...à peu près constant. On ne
peut pas parler d'augmentation.
M. Bisaillon: II n'y a pas de progression, il n'y a pas de
tendance soit à la baisse ou à la hausse.
M. Bédard: Non, au contraire, c'est une tendance à
une certaine stabilité.
M. Bisaillon: Quelles sont les sommes d'argent impliquées
dans l'écoute électronique?
M. Bédard: Au niveau de l'écoute
électronique elle-même, ce ne peut être des montants
très importants...
M. Bisaillon: II y a du temps. Cela doit prendre du temps.
M. Bédard: ...en ce qui a trait au matériel et aux
quelques personnes qui peuvent être nécessaires lorsqu'on
procède à de telles écoutes.
M. Bisaillon: Mais ça doit être
budgétisé, on doit avoir un montant d'argent qui paraît
quelque part quant à l'utilisation des ressources humaines ou
matérielles affectées à cet élément.
M. Bédard: Je ne suis pas en mesure de vous donner un
chiffre précis. Si on tient compte de l'équipement qui peut
être assez dispendieux, des lignes téléphoniques et de la
rémunération des préposés aux tables
d'écoute, cela peut représenter, disons, moins de 1 000 000 $ par
année.
M. Bisaillon: Vous me dites cela à peu près.
M. Bédard: C'est un ordre de grandeur.
M. Bisaillon: ...cela veut dire que ce n'est pas
budgétisé dans un compte à part. Autrement dit, le
personnel qui est affecté à ce genre de travail n'est pas
comptabilisé dans un programme spécial ou dans un type
d'activité spéciale.
M. Bédard: L'écoute électronique se fait
dans le cadre des enquêtes. Encore une fois, ces écoutes
électroniques sont autorisées par des juges lorsqu'il y a
vraiment des motifs très importants. Il n'y a pas de...
M. Bisaillon: Non, mais, M. le ministre, je voudrais être
bien compris.
M. Bédard: Laissez-moi terminer.
M. Bisaillon: Je ne mets pas en doute la procédure. Je ne
mets pas en doute...
M. Bédard: J'essaie de vous répondre.
M. Bisaillon: Non, vous semblez vouloir dire que je mets en doute
la procédure. Du tout.
M. Bédard: Non.
M. Bisaillon: Je n'essaie pas de dire que c'est dangereux, que ce
n'est pas correct ou que la précédure est mal faite. J'essaie
simplement de savoir combien cela coûte.
M. Bédard: Oui, mais ce n'est pas dangereux que je le
dise.
M. Bisaillon: C'est l'étude des crédits.
M. Bédard: Ce n'est quand même pas dangereux que je
le dise aussi, que je répète que...
M. Bisaillon: Non, bien sûr. Répétez-le
encore, mais donnez-moi des chiffres aussi.
M. Bédard: ...ce n'est ordonné que sous
l'autorisation d'un juge. Il n'y a rien de mal là-dedans.
M. Bisaillon: Je ne voudrais pas que le ministre perde son
sourire à la toute fin de la commission parlementaire. Je veux avoir des
chiffres. Ce n'est pas compliqué.
M. Bédard: Au contraire, je suis toujours de bonne humeur
quand c'est le député de Sainte-Marie qui parle. M. Beaudoin
pourrait peut-être préciser concernant les structures de la
Sûreté du Québec. Cela se retrouve au service de
renseignements.
Dans le rapport d'activités que le ministre a
déposé aujourd'hui, à la page 21, on parle du service des
renseignements scientifiques. Ce n'est pas occulte. C'est situé dans une
unité bien reconnue à la Sûreté du Québec.
Cela s'appelle les renseignements scientifiques. Il y a du personnel
assigné là, aux installations, au suivi, au contrôle, et il
y a également un officier qui est chargé d'étudier chaque
cas, de voir le procureur de la couronne qui est désigné à
cette fin, de présenter des ordonnances au juge. C'est à la page
21. Dans chaque district de la Sûreté du Québec - c'est
selon les régions économiques - vous y verrez là le nombre
de projets qui ont été mandés, de même que les
résultats que cela a pu donner.
Maintenant, je voudrais vous faire remarquer que c'est uniquement pour
la Sûreté du Québec. Cela n'inclut pas les villes de
Québec et de Montréal - qui en font de façon autonome -
Laval et Hull. Je crois, à ma connaissance, que ce sont les seuls corps
policiers qui sont dûment accrédités par le Procureur
général pour faire de l'écoute.
M. Bisaillon: M. Beaudoin, on va le lire. S'il a
été déposé aujourd'hui, on comprendra qu'on ne
l'ait pas encore lu. Comme vous l'avez, à la page 21, et que cela fait
donc l'objet d'un programme spécial ou d'une mention spéciale que
vous m'avez nommée, quel montant total apparaît, pour les fins du
journal des Débats?
M. Bédard: C'est un peu ce que le ministre vous a dit tout
à l'heure, tout près de 1 000 000 $.
M. Bisaillon: Tout près de 1 000 000 $. M.
Bédard: Oui, c'est cela.
M. Bisaillon: Même si le nombre de cas est constant,
j'imagine que, compte tenu des frais qui augmentent d'une année à
l'autre, ces sommes d'argent augmentent aussi.
M. Bédard: Effectivement.
M. Bisaillon: Quelle est l'augmentation environ par rapport
à l'an dernier?
M. Bédard: C'est le rythme d'augmentation des budgets de
la Sûreté du Québec, environ 12%, parce que la majeure
partie de cela, 80%...
M. Bisaillon: Les salaires.
M. Bédard: ...représente les salaires. Le reste,
c'est de l'équipement sophistiqué. C'est de l'équipement
qui n'est pas de l'équipement de série; c'est très cher.
Il y a de l'équipement qui est très cher qu'on doit aller
chercher aux États-Unis. Cela aussi a augmenté.
M. Bisaillon: Cela va, M. le Président.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que vous pourriez nous indiquer
dans quel cas d'infraction vous vous servez de l'écoute
électronique? Je présume que vous devez avoir des directives.
M. Bédard: Effectivement, il y a une directive. D'abord,
la première directive, c'est le Code criminel qui spécifie une
série d'infractions ou d'actes criminels pour lesquels un juge peut
autoriser l'écoute électronique. On a, à
l'intérieur de l'organisation, une directive interne dont une partie
concerne une directive particulière du ministre, à savoir que
tous les cas qui pourraient concerner un député, un juge, un
membre de l'Assemblée nationale, doivent être portés
à la connaissance du Procureur général. Ensuite, on couvre
les diverses infractions au Code criminel. Maintenant, le Code criminel dit
ceci: "Quand tous les moyens usuels d'enquête ont été
utilisés." À ce moment-là, cela suppose que, quand on
demande un projet d'écoute électronique, on a vu des
témoins, on a fait des perquisitions et il faut préparer une
ordonnance explicitant toutes les étapes qui ont été
accomplies par les policiers. Il faut être capable de convaincre,
d'abord, l'avocat de la couronne qui est chargé de nous faire la demande
et, deuxièmement, se présenter devant le juge avec lui et
pouvoir, avec preuves à l'appui, démontrer toutes les
étapes qu'on a faites, que c'est l'ultime recours, que les fins
habituelles d'enquête ont été utilisées, n'ont pas
produit les résultats escomptés et pourquoi on pense que cela
peut donner quelque chose. C'est à peu près...
(18 h 15)
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que cela peut s'appliquer dans
le cas d'évasion fiscale?
M. Bédard: Ce n'est pas spécifié au Code
criminel. On touche à un statut soit fédéral ou
provincial.
M. Leduc (Saint-Laurent): Au fédéral, cela peut
s'appliquer, quoi?
M. Bédard: Non, je ne crois pas. Au fédéral,
je sais que c'est clair dans le mandat de la sécurité nationale
et aussi dans la loi sur les stupéfiants, drogues et narcotiques.
M. Leduc (Saint-Laurent): II n'y a pas d'évasion
fiscale.
M. Bédard: Non.
M. Marx: À votre connaissance, M. le directeur, est-ce
qu'il y a beaucoup d'écoute illégale au Québec? C'est une
question assez difficile, mais j'en ai déjà parlé aux
membres des cabinets des ministres qui hésitent à dire certaines
choses au téléphone.
M. Bédard: Pas à la justice, en tout cas.
M. Marx: Je n'ai pas mentionné si c'était au
fédéral ou au provincial. Il y a des gens qui hésitent
à dire certaines choses au téléphone parce qu'ils pensent
qu'il y a beaucoup d'écoute électronique illégale ici et
partout. Je ne veux pas dire par les corps de police. Je veux dire par des
personnes inconnues.
M. Bédard: Au moment où je vous parle, depuis 1974
on a trouvé deux cas sur lesquels on a enquêté. On a
trouvé des dispositifs qui n'étaient pas les nôtres ni ceux
d'autres corps policiers qu'on connaît. On a fait des enquêtes sur
tout cela. On a eu des convictions morales, mais pas assez pour faire la preuve
hors de tout doute devant le tribunal. C'est possible, c'est sûr. Par
contre, comme vous le disiez tout à l'heure, les cabinets et tout
cela... On s'imagine parfois que l'écoute électronique, c'est
facile à faire. C'est sûr que c'est facile à faire,
brancher le téléphone, mais filtrer l'information et
écouter... Finalement, je vais vous donner un ordre de grandeur. Tout ce
qu'on enregistre dans des causes légales que l'on monte, près de
90% du matériel est inutilisable. Ce sont des conversations - je ne
voudrais pas être traité d'antiféministe - de femmes qui se
passent des recettes et qui parlent des enfants, et tout cela. On a des gens
qui sont assis là à la journée, qui écoutent cela
et qui font le filtrage. À peine 10% peuvent être utilisés
pour les fins spécifiques dont on requiert un mandat.
M. Marx: II n'y a pas de machines pour faire des enregistrements
sans que les gens soient à côté.
M. Bédard: II y a eu une évolution
là-dedans. Avant, il fallait toujours laisser l'appareil en marche.
Maintenant, il y a de nouveaux appareils qui font que quand vous
téléphonez, vous décrochez et l'appareil se met en
marche.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce qu'il peut y avoir des corps de
police qui poussent l'initiative un peu plus loin, qui peuvent peut-être
faire de l'écoute illégale? Est-ce que c'est possible?
M. Bédard: C'est difficile à dire. Je sais que chez
nous, à la Sûreté du Québec, on a des normes
très sévères. Ce n'est pas la même direction que
celle qui a fait la demande. C'est voulu comme ceci, que le requérant
n'est pas celui qui donne le service pour les fins de protection dont on se
préoccupe. Je pense que maintenant on est rendu avec des corps policiers
assez professionnels. Je ne croirais pas que les corps policiers que je vous ai
nommés tout à l'heure soient des corps policiers, à mon
avis, crédibles. Maintenant, vous avez des illégalités qui
sont toujours possibles.
M. Leduc (Saint-Laurent): Avez-vous eu connaissance de cas?
M. Bédard: D'illégalités?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui.
M. Bédard: Non. Les deux tout à l'heure, ce
n'étaient pas des corps policiers. Vous savez, il y a des agences
privées.
M. Marx: Des illégalités, c'est cela.
M. Bédard: C'est sûr que ce n'est pas à
l'abri. C'est très facile. Cela paraît complexe, mais c'est
extrêmement facile.
M. Marx: C'est extrêmement facile à faire et souvent
difficile à détecter.
M. Bédard: Effectivement.
M. Marx: C'est difficile à détecter parce qu'on a
détecté seulement deux cas. Cela ne veut pas dire qu'il y a peu
de cas qui se produisent.
M. Bédard: On ne peut pas se prononcer sur les cas qu'on
ne connaît pas.
M. Marx: Non, c'est sûr, sauf que le ministre le fait de
temps à autre. Cela ne doit pas empêcher le ministre de
s'exprimer.
M. Bédard: Cela ne m'a jamais tellement
inquiété, moi.
M. Marx: Non, mais... Parce que... Bon!
Le Président (M. Desbiens): D'autres questions sur le
programme 15?
M. Marx: Oui.
M. Beaudoin: Je dois vous dire qu'on a un service - le même
service - qui s'occupe de faire du balayage; on le fait à la demande de
certains députés et de certains ministres. Ce service de la
Sûreté du Québec a pour but d'aider et d'assurer la
meilleure sécurité possible. C'est disponible pour tous ceux qui
veulent en faire la demande.
M. Marx: Mais le directeur a confirmé ce que j'ai dit au
début, qu'il y avait des gens dans certains cabinets qui avaient peur de
parler au téléphone et qui demandaient un balayage.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 15 est-il
adopté?
M. Marx: Non, non, mais je pense que...
M. Bédard: Au sujet de l'écoute
électronique, il y a une perception populaire qui n'est pas
nécessairement collée à la réalité.
M. Marx: II ne faut pas ajouter quoi que ce soit, M. le ministre.
Les réponses étaient bien claires.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 15 est-il
adopté?
M. Marx: Oui, adopté.
Protection civile
Le Président (M. Desbiens): Le programme 15 est
adopté. J'appelle le programme 16. Le programme 16 est-il
adopté?
M. Bisaillon: Je laisse tomber.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Je voudrais profiter de l'occasion, à ce
programme, de mentionner la présence du nouveau directeur
général de la Protection civile en la personne de M. Michel
Lambert qui est avec nous.
M. Marx: Je peux poser...
M. Bédard: II était auparavant directeur
général adjoint à la Sûreté du
Québec.
M. Marx: Ah bon! J'aurais peut-être une ou deux questions
sur le programme 16.
M. Bédard: Avez-vous terminé avec la
Sûreté du Québec? Comme on a terminé avec la
sûreté, j'espère que les membres de la commission lui
permettent de distribuer aux membres non seulement le rapport
d'activité...
Le Président (M. Desbiens): Distribution...
M. Bédard: ...mais des dépliants qui illustrent le
genre d'actions préventives que la Sûreté du Québec
peut être appelée à faire.
Le Président (M. Desbiens): Y a-t-il des questions sur le
programme 16: Protection civile? Oui, M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Oui, j'ai une couple de questions assez précises.
En vertu de la Loi sur la protection des personnes et des biens en cas de
sinistre, je pense que le ministre peut déclarer l'état
d'urgence. Le ministre a-t-il déjà déclaré
l'état d'urgence au Québec depuis l'adoption de la loi?
M. Bédard: Non. M. Marx: Jamais? M.
Bédard: Non.
M. Marx: Dans la loi, on prévoit aussi que des élus
municipaux peuvent déclarer l'état d'urgence, mais ces articles
ne sont pas encore en vigueur. Le ministre a-t-il l'intention de mettre en
vigueur ces articles qui prévoient que les élus municipaux
peuvent déclarer l'état d'urgence.
M. Bédard: Les plans d'urgence ne sont pas encore
terminés. Il y a beaucoup de démarches qui se font entre la
Protection civile et les différentes municipalités. Il y a une
sensibilisation des maires à la nécessité de
préparer, sans dramatiser les choses, des plans d'évacuation ou
des plans d'action en cas d'état d'urgence, mais il n'y a pas -c'est le
cas de le dire - d'urgence, en aucune façon, à proclamer ces
articles et je ne prévois pas...
M. Marx: Oui. La loi a été adoptée en 1979
avec ces articles. Pourquoi a-t-on adopté une loi avec ces articles si
on n'avait...
M. Bédard: Non, non, nous l'avions dit.
M. Marx: ...l'intention de les mettre en vigueur?
M. Bédard: Ce n'est pas si simple que cela. Vous pouvez
raisonner aussi simplement que cela, mais vous n'étiez pas là au
moment où on l'a adoptée.
M. Marx: J'étais au Québec.
M. Bédard: J'avais mentionné à ce moment
qu'avant que ces articles soient en vigueur, qui donnent quand même des
pouvoirs énormes - momentanément, il va sans dire - à des
maires de municipalité, il y avait lieu de faire toute la
sensibilisation nécessaire auprès des municipalités,
d'essayer d'en arriver à la confection de plans d'urgence d'une
façon cohérente et coordonnée. Il faut y mettre le temps.
Même au moment de l'adoption de la loi nous savions très bien que
c'était le genre d'articles qui ne pouvaient pas être mis en
application dans un court délai, loin de là. Ce n'était
pas une raison pour ne pas les adopter puisque la loi elle-même faisait
partie d'un ensemble.
M. Marx: Le moins qu'on peut dire c'est que ce n'était pas
un "rush" pour les adopter en 1979.
M. Bédard: Cela n'a pas été un "rush".
M. Marx: En ce qui concerne la Protection civile, est-ce qu'il y
a beaucoup de bénévoles qui sont impliqués dans ses
programmes? Dans mon comté il y a un très bon programme.
M. Bédard: Je vais laisser la parole à notre
nouveau directeur général, M. Lambert.
Vous pouvez être assuré que c'est sûrement un mot qui
est doux à mon oreille et qui peut faire plaisir à beaucoup de
gens; le bénévolat est aussi, bien sûr, dans notre mandat.
Au moment où l'on se parle, on a 17 000 personnes qui apparaissent dans
les listes. Je ne voudrais pas non plus être pris au pied de la lettre
parce que les 17 000, je ne pourrais pas vous confirmer maintenant qu'elles
sont toutes actives mais elles apparaissent dans des plans de mesures d'urgence
à différents niveaux gouvernementaux: municipal et
provincial.
On a aussi parmi ces bénévoles des groupes qui sont
actifs. Il y en a qui sont identifiés comme étant actifs, qui
participent activement à des mesures d'urgence; des groupes de
sauveteurs de différents types; des groupes qui sont mobiles; d'autres
ne sont pas tellement mobiles en ce qui a trait à une corporation
municipale et ne sortent pas du territoire comme tel; à d'autres
endroits dans certaines régions ils sont beaucoup plus mobiles. En
restructurant le bureau de la Protection civile, il y a intérêt
pour nous d'organiser le bénévolat qui n'est pas suffisamment
structuré actuellement, en tout cas à mon sens. Ce n'est pas tout
d'embarquer du bénévolat dans des systèmes, il faut que
les systèmes fonctionnent, il faut que l'on crée des programmes
non seulement d'activités mais aussi des programmes de formation pour
ces gens et maintenir cette formation. Lorsqu'on parle de groupes de
sauveteurs, il ne faudrait tout de même pas qu'on s'embarque avec des
groupes de bénévoles qui se prétendent sauveteurs et qui
n'ont pas les notions ou qui ne sont pas gardés à la fine pointe
des notions, d'abord de premiers soins, etc. C'est dans notre programme
d'avenir. Je peux difficilement parler pour le passé puisque j'y suis
seulement là depuis le mois de septembre dernier. Dès que notre
plan d'organisation supérieure sera accepté, on va sûrement
mettre en marche une foule de programmes parmi lesquels vous allez retrouver
des programmes de bénévolat, de formation et d'activités
également.
M. Marx: Dans une des villes de mon comté, dans la ville
de Côte-Saint-Luc il y a un excellent programme de protection civile mais
on manque un peu d'argent.
M. Bisaillon: Un autre cas de comté.
M. Marx: C'est la première question que j'aie jamais
posée en commission parlementaire en ce qui concerne mon comté.
À qui doivent-ils s'adresser pour avoir une subvention, le cas
échéant?
M. Bédard: Si le ministre ou M. le président me
permet de répondre.
M. Marx: Est-ce qu'il y a des subventions qui sont
accordées?
M. Bédard: Cela va répondre à votre
question. Plutôt que de parler en termes de subventions,
foncièrement ce dont vous avez besoin et ce dont la
société a besoin, ce sont des équipes de
bénévoles. Si c'est ce que l'on recherche, il y a tout à
fait lieu de penser peut-être à d'autres moyens que des
subventions. D'abord, si la Protection civile vous assurait que les
équipes de bénévoles que vous avez chez vous comme
ailleurs en province sont formées et structurées avec des
programmes d'activités, c'est, je suppose, votre grand souhait. Or, la
Protection civile peut s'engager à faire cela sans toutefois
nécessairement penser à donner des subventions. Si l'on donne des
subventions, c'est clair dans mon esprit que les gens vont utiliser ces
montants un peu comme bon leur semble même si l'on met des règles
du jeu.
M. Marx: ...un équipement... (18 h 30)
M. Bédard: II n'y aurait peut-être pas la même
uniformité. Peut-être que votre sécurité ne serait
pas aussi bien assurée que si elle était formée par un
groupe comme le Bureau de la protection civile.
M. Marx: Mais si vous donniez de l'équipement, ce serait
autant apprécié que les subventions d'argent.
M. Bisaillon: Si le ministre de la Justice épaulait,
appuyait et précipitait l'adoption du projet de loi no 195 sur le
service civil volontaire, cela serait déjà de la main-d'oeuvre
disponible au bureau de la Protection civile.
M. Bédard: ...spécifiquement sur le projet de loi
no 195, j'ai toujours exprimé non seulement ma sympathie mais ma
tendance vers l'instauration d'un service civil communautaire volontaire.
M. Marx: Sera-t-il déféré à une
commission pour étude ce projet de loi no 195?
Le Président (M. Desbiens): Au programme 16 des
crédits, M. le député.
M. Marx: Oui, mais cela touche le même sujet. Est-ce que le
projet de loi no 195 sera envoyé en commission?
M. Bédard: On pourrait peut-être faire une
commission parlementaire sur les crédits du député de
Taillon.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
l'Ungava.
M. Lafrenière: On avait convenu qu'on finirait à 18
h 30. On est à 18 h 35 et si on continue, on va finir à 19
heures. Je vous avertis qu'à 18 h 45 je quitte, j'ai autre chose
à faire.
Le Président (M. Desbiens): Y a-t-il une entente pour 18 h
30?
M. Marx: Non, non, mais on a encore quelques minutes.
Le Président (M. Desbiens): Oui, d'accord.
M. Marx: Programme 16, adopté.
Indemnisation des victimes d'actes criminels
Le Président (M. Desbiens): Le programme est
adopté. Programme 17.
M. Marx: Programme 17.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 17 est
adopté?
M. Marx: Non.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Le programme 17 concerne l'indemnisation des victimes
d'actes criminels. Le ministre a-t-il l'intention de modifier cette loi qui
touche les victimes d'actes criminels? L'Opposition a fait la suggestion qu'on
modifie cette loi pour que les criminels ne puissent pas profiter de leurs
écrits, le cas échéant, et ainsi de suite. Il y a des lois
dans certains États américains. Je sais qu'il y a des pourparlers
entre les ministres de la Justice fédéral et provinciaux, mais
étant donné que c'est de la compétence du Québec,
je n'ai pas pensé que cela serait nécessaire de faire des
ententes avec qui que ce soit. On a la compétence de procéder
nous-mêmes dans ce dossier.
M. Bédard: M. le Président, il n'y a pas de
décision d'amendement de prise. C'est quand même un sujet
où entre en ligne de compte ce que vient de dire le député
de D'Arcy McGee, mais également tout le problème de la
liberté d'expression.
M. Marx: Cela ne touche pas la liberté d'expression. Cela
ne touche pas le droit pour quelqu'un d'écrire un livre.
M. Bédard: Mais si vous me laissiez terminer...
M. Marx: C'est le profit du travail qui est touché.
M. Bédard: Indirectement, si vous voulez. Cela touche
également l'économie de notre droit civil.
M. Marx: Directement.
M. Bédard: II n'y a pas de décision d'amendement de
prise dans ce sens.
M. Marx: Oui, mais j'aimerais corriger les faits, les
réétablir plutôt. C'est-à-dire que cela ne touche
pas la liberté d'expression. Tout le monde a le droit d'écrire et
de publier ce qu'il veut, mais ce seraient les profits d'un tel produit qui
seraient mis dans un fonds spécial pour que les victimes puissent
réclamer l'argent le cas échéant, c'est-à-dire
qu'il y a...
M. Bédard: Concernant la liberté d'expression, ce
sont des nuances que fait le député de D'Arcy McGee auxquelles je
ne
souscris pas nécessairement parce que la liberté
d'expression, c'est quand même un tout. Que des gens écrivent et
qu'en fin de compte, ils aient le droit à ce que peut rapporter leurs
écrits, on ne peut pas dissocier cela aussi facilement de l'ensemble de
la notion de liberté d'expression.
M. Marx: Le ministre est vite devenu un défenseur de la
liberté d'expression. J'espère qu'on peut encore être en
désaccord avec le député de D'Arcy McGee sans avoir
l'air...
M. Bédard: Disons que je suis plus nuancé...
M. Marx: Sur quoi votre opinion est-elle fondée?
M. Bédard: ...d'un athée. C'est un tout. M.
Marx: Mais c'est...
M. Bédard: Si on arrivait auprès des
écrivains et qu'on leur disait: Écrivez, mais on vous avertit
que, demain matin, vous n'aurez pas le droit d'utiliser tous les
bénéfices que cela donnera comme vous le voulez. J'ai
l'impression que ces choses se tiennent. Parce que c'est quelqu'un qui est en
prison, on voudrait changer ces règles et ne pas voir la relation entre
le travail et le produit du travail.
M. Marx: Tout ce qu'on fait...
M. Bédard: Je ne dis pas, très honnêtement,
avec tout le respect que j'ai pour votre analyse, qu'il n'y aura pas lieu,
à un moment donné, de légiférer là-dessus,
mais pas à partir de l'analyse que vous faites par laquelle vous
distinguez complètement, quand il s'agit de la liberté
d'expression, le travail d'une personne par rapport au produit qu'elle peut en
retirer. Il me semble que, si on veut parler sérieusement de
liberté d'expression, c'est quelque chose qui est lié. Le produit
et le travail sont liés.
M. Marx: Je vois maintenant que le ministre ne comprend pas
comment ces lois fonctionnent aux États-Unis, ces lois qu'on appelle des
"Son of Sam Laws".
M. Bédard: Je sais très bien que c'est un concept
américain...
M. Marx: Laissez-moi terminer, M. le ministre.
M. Bédard: D'accord, terminez.
M. Marx: Tout ce qu'on fait, c'est que l'argent qui est
gagné est mis dans une fiducie pour que les victimes puissent poursuivre
devant les tribunaux de droit civil, c'est-à-dire qu'on modifie la
prescription, c'est tout ce qu'on fait. L'argent n'est pas confisqué.
Les victimes doivent poursuivre au civil. L'avantage de cela est que le
gouvernement doit, en vertu de la loi, payer une indemnité aux victimes
des actes criminels. Mais pourquoi ne pas avoir la possibilité de
réclamer cette indemnité des profits futurs qu'un criminel
pourrait faire? Supposons qu'un criminel qui a 10 000 000 $ dans un compte de
banque va tuer quelqu'un, l'organisme qui applique ce programme a la
possibilité...
M. Bédard: Je sais ce que vous voulez dire. Je sais
très bien ce qui se passe aux États-Unis et comment sont
appliquées ces sommes. Ce n'est pas parce que vous...
M. Marx: Mais comment pouvez-vous dire que cela empiète
sur la liberté d'expression?
M. Bédard: Ce que je veux vous dire...
M. Marx: II y a toute la jurisprudence qui dit que ce n'est pas
le cas. Le ministre n'est pas d'accord avec toute cette jurisprudence.
M. Bédard: La jurisprudence n'est pas si certaine que
cela.
M. Marx: Mais c'est clair aux États-Unis, à la
cour...
M. Bédard: Encore une fois, j'espère qu'on a le
droit de différer d'opinion avec le député de D'Arcy
McGee. J'espère qu'on en a encore le droit.
M. Marx: Mais est-ce que...
M. Bédard: Je crois qu'il y a une relation, quand on parle
de la liberté d'expression et de la liberté d'opinion, à
faire, où que soit l'individu, quel que soit le travail qu'il fasse,
entre ce qu'on appelle le travail d'un individu et le produit de ce travail.
Même si vous tentiez de me convaincre...
Lorsque je dis cela, je ne veux pas dire que je suis insensible à
l'idée qu'il pourrait peut-être y avoir des aménagements
législatifs pour aller dans le sens de ce que vous dites, mais pas
à partir d'un raisonnement que je ne partage pas, en ce sens que cela ne
représente aucune atteinte à la liberté d'expression. Je
le dis encore une fois, ce n'est pas parce qu'on parle d'un criminel ou d'un
autre individu qu'on doit cesser de faire l'analyse de la liberté
d'expression dans son ensemble où, je pense, il y a une relation entre
le travail et le produit du travail.
M. Marx: Tout ce qu'on fait dans de
telles lois, c'est de prolonger la prescription. Est-ce que le ministre
comprend ce que veut dire "prolonger la prescription"?
M. Bédard: Ce sont des droits qui existent pour des
individus. La prescription est un droit qui existe pour tout le monde.
M. Marx: Mais ce n'est pas liberté d'expression, la
prescription?
M. Bédard: Mais on ne balance pas ces choses dans le temps
de le dire.
M. Marx: Est-ce que le ministre a fait une étude...
M. Bédard: Vous qui parlez tant de réhabilitation
et qui nous dites de traiter tous les gens qui sont en prison sur un pied
d'égalité.
M. Marx: Vous mêlez tout. C'est inutile de vous parler,
parce que vous ne comprenez rien, finalement.
M. Bédard: II ne faut pas trop changer son discours non
plus.
M. Marx: Est-ce que vous avez une idée de ces projets de
loi? Qu'est-ce que vous discuterez avec votre homologue au
fédéral sur cette question? Est-ce que vous direz: Je suis contre
ces lois, les "Son of Sam", parce que je suis pour la liberté
d'expression et contre ces lois?
M. Bédard: Je m'excuse, vous venez vous-même de le
dire, j'ai la juridiction de ce côté.
M. Marx: Oui, mais vous avez...
M. Bédard: À ce moment, je prendrai mes
décisions.
M. Marx: Est-ce que vous ou quelqu'un de votre ministère a
assisté à des discussions avec d'autres ministres de la Justice
ou leurs fonctionnaires sur cette question?
M. Bédard: II y a eu de la correspondance du Solliciteur
général...
M. Marx: Mais votre position c'est quoi? Cela va à
l'encontre de la liberté d'expression?
M. Bédard: Acceptez donc de discuter du fond des choses.
Pour ce qui est d'un projet de loi, je vous ai dit qu'il n'y a pas de
décision de prise. Pour ce qui est de la motivation qui peut amener le
gouvernement à aller dans un sens plutôt que dans l'autre, je peux
bien différer sur le fondement de l'argumentation...
M. Marx: Est-ce...
M. Bédard: ...ce qui ne veut pas dire que je suis
insensible à la direction qui pourrait être prise.
M. Marx: Mais est-ce que votre objection...
M. Bédard: Cela ne se fait pas si simplement que le dit le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Si j'ai bien compris, le ministre a dit qu'il a des
hésitations en ce qui concerne de telles lois à cause de la
liberté d'expression. Je vais envoyer au ministre une copie du petit
document qui a été préparé par l'Opposition sur
cette question. Peut-être qu'après lecture il va changer son
idée.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection à ce que vous
m'envoyiez un document.
M. Marx: Je peux assurer le ministre que cela ne touche pas la
liberté d'expression. Il y a beaucoup de jurisprudence, beaucoup de
doctrine sur ce point, c'est-à-dire qu'il s'agit seulement d'une
question de prolonger la prescription en ce qui concerne les actions civiles
des victimes. C'est une façon de faire payer au criminel les
indemnités aux victimes au lieu que ce soit le gouvernement qui paye ces
indemnités. Je ne vois pas pourquoi le ministre serait contre une telle
amélioration dans la loi actuelle qui est déjà
adoptée par une quinzaine d'États américains.
M. Bédard: Je ne vous ai pas dit que j'étais
contre. Je vous ai dit que je ne partageais pas la base de votre argumentation.
Je ne vous ai pas dit que j'étais insensible à cette situation
que vous évoquez.
M. Marx: Vous êtes d'accord?
M. Bédard: Quelle direction finale prendra le gouvernement
dans cette matière, on verra.
M. Marx: Est-ce que vous êtes pour ces lois ou si vous
êtes contre? Est-ce que vous avez fait une étude ou si vous n'en
avez pas fait? Dois-je vous poser ces questions ...
M. Bédard: ...cela a été soulevé...
S'il fallait que je légifère à chaque fois qu'on
soulève...
M. Marx: ...ou les poser à votre attaché politique
ou à un de vos fonctionnaires?
M. Bédard: Cela a été soulevé il y a
quelques mois, ce sujet. Ce n'est pas la toute première priorité
et je ne suis quand même pas pour légiférer dans le mois
qui suit toute discussion publique. Franchement.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 17 est
adopté?
M. Marx: C'est adopté malgré que le ministre...
M. Bédard: ...si c'était si urgent que cela il y en
a d'autres qui auraient procédé.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 17 étant
adopté...
M. Marx: ...n'a pas compris l'objet de mes questions.
Contentieux criminel
Le Président (M. Desbiens): J'appelle le programme 12.
M. Bisaillon: Le programme 12 a été adopté,
M. le Président. Je pense qu'on est rendu à 13.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 12 est
adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Coordination des activités de la
sécurité publique
Le Président (M. Desbiens): Le programme 12 est
adopté. On passe au programme 13.
M. Bisaillon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 13 est
adopté, M. le député de Sainte-Marie?
M. Bisaillon: M. le Président, au niveau du programme 13,
j'avais déjà posé une question.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Marie, vous avez la parole sur le programme 13.
M. Bisaillon: Merci, M. le Président. Au moment où
je suis intervenu, je pense, sur le programme 2, j'avais posé une
question concernant le centre de recherche et on m'a dit que les
réponses viendraient au programme 13. Comme on y est rendu, M. le
Président, je voudrais savoir ce que c'est exactement le mandat de la
Direction de la recherche et du développement.
Le Président (M. Desbiens): Oui.
M. Bisaillon: Je ne sais pas si c'est le ministre qui
répond ou si c'est...
M. Bédard: M. le Président, nous avons avec nous le
sous-ministre associé, Me Pierre Verdon.
Pour donner d'abord une idée de ce que cela peut
représenter en termes d'effectifs, il y a exactement quatre personnes
qui travaillent dans cette boîte. Le mandat principal de ce service
touche la compilation de statistiques sur l'état de la
criminalité et l'efficacité de l'action policière. Pour le
faire on administre le programme du Centre canadien de la statistique juridique
qui est le programme de déclaration uniforme de criminalité.
Les statistiques que l'on sort annuellement sur la criminalité
sont compilées par chez nous. C'est l'essentiel du mandat de cette
Direction de la recherche et du développement.
M. Bisaillon: Dans les documents des crédits on voit qu'au
niveau de la recherche et de la programmation il y a 17 personnes permanentes,
trois occasionnelles, ce qui donne un total de 20 personnes.
M. Bédard: Vous avez parlé tantôt de
recherche et développement. Dans l'ensemble du bureau, c'est un bureau
dont le mandat...
Le Président (M. Desbiens): ...à l'ordre, s'il vous
plaît! Pour laisser la chance au député d'obtenir les
réponses à ses questions. (18 h 45)
M. Bédard: C'est une unité qui vise à
permettre au Procureur général de s'acquitter de certaines des
responsabilités qui lui sont dévolues selon la loi du
ministère de la Justice, d'une part, l'administration des lois relatives
à la police. Prenez, par exemple, toute la gestion des dossiers et des
dispenses des corps de police, tout cela est géré par cette
boîte. Un autre des mandats de la boîte, c'est de favoriser la
coordination des activités policières. Ensuite,
l'élaboration de politiques et de programmes de sécurité
publique et, plus particulièrement, de prévention de la
criminalité. Alors, il y a les programmes de prévention qui sont
développés par le ministère de la Justice le sont
centralement par cette unité. On se fait le promoteur auprès des
services de police de l'implantation de ces programmes.
M. Bisaillon: Maintenant, il y avait un
budget de près de 1 700 000 $ d'affecté uniquement
à la Direction de la recherche, c'est-à-dire à la
recherche et à la programmation.
M. Bédard: Tout cela...
M. Bisaillon: Cela ne peut pas être seulement sur le
salaire.
M. Bédard: Non. Tout ce dont je viens de vous parler,
c'est effectivement du salaire globalement. Il y a également un budget
de transfert assez limité. Il y a, par exemple, deux corps de police au
Québec qui sont subventionnés partiellement par...
M. Bisaillon: Matagami et...
M. Bédard: Matagami et Schefferville. Alors, c'est
calculé dans ce budget.
M. Bisaillon: Maintenant sur la sécurité interne,
qu'est-ce qu'on doit comprendre par l'élément
"sécurité interne"?
M. Bédard: Le service de sécurité interne,
c'est la boîte qui a la responsabilité d'assurer le service de
gardes du corps et des chauffeurs des ministres et des personnalités
gouvernementales.
M. Bisaillon: Est-ce qu'ils ont réglé une
convention collective?
M. Bédard: Ils ont obtenu une accréditation. On est
en négociations à l'heure actuelle.
M. Bisaillon: Le projet de loi no 111 ne s'applique pas à
eux, non?
Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme...
M. Bédard: On espère que la négociation ne
durera pas trop longtemps et qu'on trouvera le moyen d'en arriver à une
entente.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme no 13
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Les crédits
budgétaires du ministère de la Justice pour 1983-1984 sont
adoptés avec tous leurs programmes et éléments.
Adopté.
M. Bédard: M. le Président, je voudrais
remercier...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: ...l'Opposition de sa collaboration au cours de
l'étude de ces crédits, de même que la participation assez
assidue du député de Sainte-Marie aux travaux de cette commission
et remercier aussi, sans doute au nom de tous les membres de la commission,
tous les hauts fonctionnaires, présidents et présidente de la
commission, le personnel de soutien etc. qui ont trouvé le moyen de se
dégager de leurs activités pour répondre le plus
correctement possible aux questions de l'Opposition.
M. Marx: Je me joins aux paroles du ministre.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente de la Justice ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 48)