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Commission permanente de la justice
Etude des projets de loi privés nos 104 et
110
Séance du mercredi 26 juin 1974
(Dix heures quatre minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs! La commission de la justice étudiera, ce matin,
deux projets de loi privés. Pour la séance de ce matin, M. Blank
(Saint-Louis) remplace M. Bienvenue (Crémazie), M. Caron (Verdun)
remplace M. Boutin (Johnson) et M. Bédard (Chicoutimi) remplace M. Morin
(Sauvé).
J'aimerais suggérer le nom de M. Pagé comme rapporteur de
la commission. Est-ce que cette suggestion est agréée?
M. CHOQUETTE: II va rapporter fidèlement les débats.
M. BURNS: Vous êtes en train de vous faire une réputation
de porte-panier.
M. CHOQUETTE: Au surplus, il est bilingue. M. BURNS: II est bilingue? M.
CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Ah bon! Le ministre de la Justice se souvient du débat
du projet de loi 8.
Projet de loi no 104
LE PRESIDENT (M. Picard): Projet de loi 104, Loi concernant la
succession de Frank Carrel. J'ai ici comme porte-parole le procureur de la
requérante, Me Charles Stein, c.r. Je demanderais aux gens qui vont
participer aux débats de s'identifier pour les fins du journal des
Débats. Je cède maintenant la parole au ministre de la Justice,
s'il a des commentaires.
M. BURNS: Est-ce que Me Stein voudrait identifier les personnes qui
l'accompagnent, s'il lui plaît?
M. STEIN: Robert Falardeau, du Trust Royal, qui est l'exécutrice
testamentaire et fiduciaire du testament de M. Carrel. Maintenant, si vous
voulez, juste quelque mots d'explication, M. le Président.
M. CHOQUETTE: On en veut beaucoup pas mal.
M. STEIN: Pardon?
M. CHOQUETTE: On veut pas mal d'explications, Me Stein.
M. STEIN: Ah! Oui? M. CHOQUETTE: Oui.
M. STEIN: Notre proposition a tout simplement pour but d'élargir
le champ des candidatures et de faciliter le choix des candidats aux bourses
d'études que le testament de feu Frank Carrel charge la compagnie Trust
Royal, dans sa qualité d'exécutrice et de fiduciaire de sa
succession, de créer à même le revenu net de sa succession
et d'attribuer à des résidents ou à des étudiants
de la province de Québec. Alors, notre proposition est de supprimer les
distinctions créées par le testament, distinctions religieuses,
ethniques et autres, régionales entre autres, parce que les candidats
doivent être choisis, par exemple, soit dans la ville de Québec ou
de la division du Golfe du défunt conseil législatif, dont
faisait partie M. Carrel, pour s'en tenir tout simplement au domicile
québécois. J'ai résumé là le...
M. CHOQUETTE: M. Stein, il faut donner quelques explications, je pense,
aux collègues qui sont ici autour de la table. Ce M. Frank Carrel a
laissé un testament en vertu duquel, à la suite du
décès de sa soeur et de sa femme, certains montants d'argent sont
remis dans un "endowment fund", si je me rappelle bien les termes, enfin dans
un fonds de dotation devant servir à payer des bourses d'études
pour des jeunes protestants, d'une part, et pour des jeunes catholiques,
d'autre part, les jeunes protestants devant être
présumément choisis par l'université Queen's de Kingston
et les jeunes catholiques devant présumément être choisis
par l'université Laval.
Là, je me pose deux questions. D'abord, madame veuve Frank Carrel
n'est pas décédée; elle vit toujours, n'est-ce pas?
M. STEIN: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Par conséquent, il me semble que ce bill arrive
d'une façon prématurée, parce que la succession n'est pas
encore ouverte. Le fonds de dotation n'est pas encore créé,
étant donné que ce fonds n'aura lieu qu'à la suite de son
décès. Donc, je dis: II me semble que vous êtes un peu en
avant de votre époque. Deuxième chose, il y avait quand
même, dans le testament de Frank Carrel, des dispositions qui faisaient
la part, suivant l'optique du testateur, entre catholiques et protestants et
qui, à part ça, attribuaient ces bourses à des jeunes gens
de la ville de Québec ou de la région du golfe, une autre
distinction qu'on a supprimée dans l'article 1 qu'on nous propose.
Je vous dis franchement, M. Stein, que je trouve que nous sommes en
train de refaire le testament du de cujus, alors que la nécessité
de refaire ce testament n'a pas été démontrée. Je
ne vois rien, moi, vous ne nous avez apporté aucun argument qui
démontre que le testament
de Frank Carrel ne peut pas fonctionner tel que lui l'avait
prévu. De toute façon, je pense que, pour apprécier cette
situation, il faudra attendre le décès de madame veuve Frank
Carrel.
Je trouve aussi qu'implicitement, dans l'article 1 que vous nous
proposez, vous laissez le choix des titulaires de bourses entièrement
à l'université Queen's, qui est une université en dehors
des limites de la province de Québec, alors que dans le testament du de
cujus, l'université Laval avait au moins un mot à dire.
Cela, je ne peux pas l'admettre. Je vous dis franchement qu'à
moins que vous soyez capable de surmonter ces arguments, moi, je ne peux pas
accepter ce projet de loi.
M. BURNS : M. le Président, je partage entièrement les
vues du ministre de la Justice là-dessus. S'il fallait refaire le
testament de Frank Carrel, je pense que je l'aurais fajt de bien d'autres
façons. Entre autres, au lieu d'envoyer les étudiants à
l'université Queen's, je les aurais peut-être envoyés, moi,
à l'université Laval, à l'Université de
Montréal ou même à McGill. Peu importe, ce n'est pas notre
rôle, en tant que législateurs, de refaire le testament, à
moins qu'on nous prouve qu'il est inapplicable, qu'il est inutilisable dans sa
forme actuelle' et que ce fonds de dotation soit vraiment un fonds à
fonds perdu, si vous me passez l'expression.
Jusqu'à maintenant, en tout cas, c'est là-dessus que je
partage l'avis du ministre de la Justice. Personnellement, à moins que
Me Stein soit en mesure de nous éclairer là-dessus, je ne serai
pas d'accord pour adopter un projet de loi comme celui-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'ailleurs, il y a l'argument aussi du ministre
de la Justice sur l'aspect prématuré de la présentation de
ce projet de loi étant donné que la veuve est encore en vie. Il
me semble qu'il y aurait des explications que vous pourriez nous donner au
moins sur cet aspect au départ, et ensuite nous dire s'il y a des
raisons spéciales, à l'heure actuelle, qui vous poussent à
présenter ce projet de loi alors que Mme Carrel est encore vivante.
M. STEIN: Mme Carrel a 88 ans; alors, elle peut mourir n'importe quand.
Si on attend son décès, Dieu sait combien de temps ça
prendra pour obtenir la loi qu'il nous faudrait pour modifier les termes du
testament, si on devait obtenir la modification. C'est pourquoi nous nous
présentons aujourd'hui, n'attendant pas qu'elle soit morte.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous dites: La loi qu'il nous faudrait. Il
faudrait penser aussi à la loi qu'il lui faudrait, à elle aussi,
parce qu'elle a quand même des droits.
M. STEIN: Elle a consenti, elle n'est pas intéressée.
Ecoutez, voici la situation.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon.
M. STEIN: M. Carrel a légué le revenu seulement à
sa femme, c'est-à-dire les deux tiers à sa femme et un tiers
à sa soeur. Sa soeur est morte et il reste sa femme qui, depuis le
décès de la soeur du testateur, reçoit tout le revenu de
la succession. Elle le reçoit du Trust Royal qui est l'exécuteur
fiduciaire parce qu'il a légué le tout au Trust Royal qu'il a
chargé de payer le revenu dans les proportions que je viens de dire
à sa femme et à sa soeur.
Aujourd'hui, la seule qui reçoive le revenu de la succession,
c'est Mme Carrel, la veuve qui a 88 ans.
M. Burns dit qu'il aurait fait le testament autrement, c'est entendu,
mais chacun fait son testament comme il veut. Mais je devrais peut-être
lire la clause en question, ou la traduction de la clause parce qu'elle
était en anglais? "A l'université Queen's, Kingston, le reste et
le reliquat de ma succession qu'elle devra ajouter à son fonds de
dotation et dont elle devra consacrer 90 p.c. du revenu annuel net aux frais
des études à cette université de garçons
protestants de la cité et du comté de Québec et de la
division du Golfe du Conseil législatif de Québec, dans leurs
limites actuelles, au choix du principal de cette institution,
c'est-à-dire l'université Queen's, et dont elle devra consacrer
les autres 10 p.c. du revenu annuel net aux frais des études à
cette université de garçons catholiques romains (Irlandais ou
Canadiens français aussi également que possible), choisis par le
recteur de l'université Laval, Québec".
Le choix auquel participait ou que devrait faire le recteur de
l'Université Laval c'était simplement pour les catholiques,
ça se comprenait; on a dit: On ne laissera pas ça à
l'université Queen's, on va essayer de trouver quelqu'un, un catholique
en vue. Alors, on a choisi le recteur de Laval pour le choix des bourses
constituées à même les 10 p.c. du revenu net. Nous
suggérons d'élargir le champ. D'abord, au point de vue pratique
qu'est-ce qu'un catholique et qu'est-ce qu'un protestant? Deux candidats se
présentent et il y en a un qui est refusé parce qu'on
prétend qu'il n'est pas catholique ou qu'il n'est pas protestant. Il
conteste et dit: Mon ami qui l'a eue il m'a dit qu'il ne croyait ni à
Dieu ni à diable. Qu'est-ce que vous allez faire? Il n'y a pas seulement
une question de principe, il y a des gens qui n'en veulent pas de distinction
ethnique ou religieuse ou autre, mais il y a une difficulté pratique
d'application aussi.
M. BLANK: M. Stein est-ce qu'il n'est pas vrai aussi que, depuis 1940,
il y a une grosse réduction des protestants dans la ville de
Québec, dans le district territorial qu'on décrit ici?
M. STEIN: Oui.
M. CHOQUETTE: On pourrait envisager l'autre solution, c'est qu'on limite
l'octroi des
bourses à la région de Québec et du Golfe, tel que
prévu par le testateur. Si on voulait suivre la pensée du
testateur, au moins dans une certaine mesure, et s'incliner devant sa
volonté, comme c'est toujours le devoir du législateur, on
pourrait dire: Les bourses ne seront pas données pour le territoire
général du Québec mais seront limitées à la
ville de Québec et la région du Golfe, tel qu'il l'a
prévu.
Au fond, vous nous demandez de refaire un testament, et c'est toujours
délicat. Si nous ne maintenons pas la volonté du testateur et si
nous intervenons législativement dans les testaments, ça peut
mener l'Assemblée nationale et en particulier la commission de la
justice à toutes sortes de décisions qui constituent une reprise,
en somme, des volontés initiales du testateur.
Pour ma part, je dois vous dire que, pour que nous entrions sur ce
terrain, cela prend des motifs extrêmement sérieux,
extrêmement graves, et qu'on constate, d'une façon claire et
évidente, que le testateur n'aurait jamais fait son testament dans la
forme qu'il lui a donnée, compte tenu de l'évolution des
circonstances qui se sont produites par la suite et que, par conséquent,
le testament devient complètement inapplicable et inopérant.
C'est dans ces conditions que le législateur peut intervenir et
refaire le testament. C'est pour cela que je ne suis pas persuadé qu'il
y a assez d'arguments pour nous permettre d'intervenir dans le testament.
Autrement, tous les héritiers pourront toujours venir plaider à
la barre, ici, que si le testateur vivait, il n'aurait probablement pas fait
son testament comme ça. Là, nous, on va être, en somme,
toujours des "monday morning quarter-backs", comme on dit, c'est-à-dire
qu'à 25 ans de distance, ou 50 ans de distance, ou 75 ans de distance,
on va refaire des testaments qui ont été conçus,
peut-être erronnément à l'origine, mais que nous devons
quand même respecter comme principe.
Je trouve qu'il faut toujours faire attention quand le
législateur décide d'intervenir dans la volonté clairement
exprimée d'un testateur.
M. STEIN: Mais dans ce cas-ci, M. le Président, il n'y a pas
d'intérêts privés vraiment en cause. C'est un legs, si vous
voulez, d'intérêt public qu'il a voulu faire, c'est
évident. Il s'agit purement et simplement de bourses d'étude et
de la façon de les attribuer, de choisir les candidats, c'est tout.
Alors, l'intention est bien louable. Mais on dit : On va élargir cela
à toute la province de Québec et on ajoute un domicile, et que le
domicile québécois existe depuis un an, et qu'on le maintienne
pendant toute la durée des bourses. Il me semble que c'est très
louable et dans l'intérêt du public québécois.
M. CHOQUETTE : Peut-être que c'est vu comme ça. D'un
certain point de vue, on peut considérer que c'est dans
l'intérêt public. Mais ici, nous sommes en droit privé
parce qu'il s'agit du testament de M. Frank Carrel. Et quelle est
l'autorité du législateur d'intervenir et de dire: La
volonté exprimée du testateur, nous la changeons, nous la
modifions, nous nous substituons aux droits très particuliers,
très privés du testateur de tester d'une certaine façon au
nom de ce qu'est notre conception de l'intérêt public?
Quelle est notre autorité pour faire ça?
(M. BEDARD (Chicoutimi): Si votre amendement était simpelement
dans le sens de ne plus faire de distinction entre catholiques et protestants,
je pense qu'on pourrait dire que, si M. Carrel vivait maintenant, ce ne serait
peut-être pas si mal l'interpréter que de croire qu'il aurait pu
changer d'idée là-dessus. Mais vous changez plus que cela.
M. BLANK: II y a une distinction entre les garçons et les filles.
Il ajoute les filles. Dans le testament, ce sont les garçons seulement.
Maintenant, il inclut les femmes.
M. STEIN: Le testament dit garçons deux fois, "garçons
protestants" et "garçons catholiques romains."
M. BLANK: Vous donnez une chance aux jeunes filles aussi.
M. CHOQUETTE: Mais, en fait; vous refaites complètement le
testament du testateur sur ce point.
M. STEIN: M. le Président, si on enlève à quelqu'un
qui est vivant sa propriété dans l'intérêt public,
je pense bien qu'il n'y a pas grand mal, dans un cas comme celui-ci, à
changer les dispositions du testateur, mort en 1940, quand il s'agit, encore
une fois, tout simplement d'un legs pour fins d'enseignement, pour fins
culturelles, pour fins éducatives.
M. BURNS: L'argument de Me Stein, le dernier en tout cas, me touche. Le
fait que le legs ne soit pas à caractère particulier, mais soit
beaucoup plus à caractère quasi public, si on peut dire, c'est
peut-être la raison que je cherchais pour accepter d'intervenir dans un
testament. Je pense qu'à ce moment-là le législateur se
doit, possiblement, d'accepter le point de vue des fiduciaires actuellement
représentés par Me Stein, étant donné qu'il s'agit
pour nous, dans le fond, d'élargir la possibilité que M. Carrel a
lui-même mise dans son testament pour des fins publiques.
A titre de législateurs, on ne peut pas rester insensibles au
caractère public de cette disposition du legs. Moi, je pense que le
dernier argument de Me Stein me convaincrait d'accepter, quitte à le
limiter pour les étudiants et les étudiantes de la région
de Québec et de la région du Golfe, si c'est le désir du
ministre,
mais je pense que cela nous permet d'intervenir, étant
donné le caractère public du legs.
M. CHOQUETTE: C'est parce que je crois que la division du Golfe
représentait quelque chose, au point de vue sentimental, pour M. Carrel,
dans ce sens qu'il avait été conseiller législatif,
probablement, pour cette division.
M. STEIN: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Qu'est-ce que c'est, la division?
M. STEIN: Ce sont les districts électoraux de Gaspé, des
Iles-de-la-Madeleine, de Bonaventure, de Rimouski, de Matane et de
Matapédia.
Cela n'a pas été changé jusqu'à sa mort.
M. BURNS: M. le ministre, je pense qu'on devrait en tout cas je
vous en fais la suggestion accepter le projet de loi 104 avec la
restriction, comme vous le mentionnez, pour la région de Québec
et la région du Golfe.
M. BLANK: ... protestants dans ce bout-là.
M. BURNS: Peu importe que ce soient des protestants ou pas, on
enlève la distinction. Le député de Saint-Louis devrait
être content, on donne une possibilité aux juifs de pouvoir
embarquer alors qu'ils ne l'avaient pas.
M. CHOQUETTE: Mais, M. Stein, vous ne nous avez pas
démontré cependant pourquoi ces changements sont
nécessaires.
M. STEIN: L'université Queen's et "l'exécutrice et
fiduciaire" trouvent cela désirable dans l'intérêt public,
je ne peux en dire plus. Il n'y a évidemment aucun intérêt
personnel, cela va de soi, c'est pour distribuer aux étudiants.
M. CHOQUETTE: Mais, M. Stein, si c'est le cas, puisque vous me dites
qu'il n'y a plus suffisamment de protestants c'est cela? pourquoi
faut-il changer cela?
M. STEIN: II y a deux raisons. Je vous ai dit que c'est parce que les
critères, les distinctions religieuses, ethniques et autres sont
discutables, et il y a bien des gens qui n'en veulent pas. Deuxièmement,
il est très difficile de les appliquer.
M. CHOQUETTE: Dites-moi pourquoi les dispositions testamentaires de M.
Carrel ne peuvent pas fonctionner.
M. STEIN: Comment pouvez-vous me dire si tel étudiant est
catholique ou protestant? Combien de gens aujourd'hui qui ont été
baptisés ne vont pas à l'église. Est-ce que ce sont des
catholiques? Est-ce que ce sont des protestants?
M. DESJARDINS: Comment faisiez-vous la distinction...
M. STEIN: Dites-le-moi. Alors, la bourse doit être annulée,
la demande d'un candidat qui a essuyé l'insuccès...
M. DESJARDINS: En 1940, comment le testateur faisait-il la distinction,
lui, entre catholiques et protestants?
M. STEIN: II a fait comme bien d'autres. Il y a bien des gens qui ont
établi des distinctions de ce genre, mais il n'a pas posé de
critères. Il a dit catholiques et protestants, c'est tout ce qu'il a
dit.
M. DESJARDINS: Oui mais cela existe encore, aujourd'hui, des catholiques
et des protestants.
M. STEIN: Cela existe. Comment? C'est ce que je vous demande.
Dites-le-moi, vous. Vous connaissez comme moi une foule de gens qui ont
été baptisés et qui ne vont pas à l'église.
Est-ce que ce sont des catholiques ou des protestants?
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas la fréquentation de l'église
qui rend catholique ou protestant.
M. DESJARDINS: Ce sont des catholiques quand même.
M. STEIN: Alors, qu'est-ce que c'est?
M. BURNS: ... ministre, de ne plus suivre cela. Ce que je trouve de
censé dans le projet de loi, c'est qu'il se rend compte...
M. CHOQUETTE: Je voudrais que M. Stein nous dise pourquoi ça ne
peut pas fonctionner ces dispositions testamentaires. Que ce soit dans
l'intérêt privé ou public, il demeure quand même que
la volonté du testateur doit être respectée, à moins
qu'on puisse nous dire que ça ne peut pas fonctionner. Comment cela ne
peut-il pas fonctionner?
M. STEIN: Je vous dis, premièrement, qu'on trouve ça
désirable, même si ça fonctionnait à la perfection,
même s'il n'y avait aucune difficulté.
M. CHOQUETTE: Là, vous venez, M. Stein, de...
M. STEIN: Non, je l'ai dit d'abord, je l'ai dit deux fois.
M. CHOQUETTE: .. vous saborder.
M. STEIN: Non, non. Premièrement, je dis que c'est dans
l'intérêt public...
M. CHOQUETTE C'est argumentaire.
M. STEIN: ... d'élargir le champ de candidatures et de
l'attribution des bourses.
M. CHOQUETTE: Et depuis quand est-ce dans l'intérêt public
que le législateur refasse les testaments faits par les testateurs? Au
contraire, c'est contraire à l'intérêt public qu'on le
fasse en général. Et puis, je vais vous dire quelque chose: des
distinctions religieuses, nationales, ethniques, etc. qui ont un
caractère philanthropique dans les testaments, ce n'est pas contraire
à l'ordre public. Ce n'est pas contraire à l'ordre public. On a
le droit de privilégier tel groupe religieux ou tel groupe national dans
un testament, à l'occasion d'une donation. Ceci est accepté et
ça n'a jamais été considéré comme une
infraction on me passera le terme à une conception non
discriminatoire sur le plan juridique de la société.
M. STEIN: On ne prétend pas qu'il est nul, M. le
Président. Si on prétendait cela, on s'adresserait aux tribunaux.
On dit tout simplement que c'est désirable d'élargir le
champ.
M. CHOQUETTE: Alors, la désirabilité, d'après vous,
c'est un argument qui vaut dans ce cas-ci.
M. STEIN: On trouve que c'est dans l'intérêt public.
M. CHOQUETTE: Ah! bien non, écoutez, là je ne marche pas.
Ne pensez-vous pas que le testateur a le droit de voir sa volonté
respectée? Il me semble que vous faites fi de M. Carrell qui a
testé et qui l'a gagné, cet argent-là.
M. STEIN: Oui, mais c'est là-dessus que je dis que les
précédents sont très nombreux et j'ai cité, sans
nommer personne et il y en a un que je connais très bien
une personne à qui on a enlevé sa propriété. Il
était bien vivant, celui-là, il n'était pas mort depuis 35
ans.
M. CHOQUETTE: Bien oui mais, M. Stein, vous savez très bien qu'on
a le droit d'exproprier des gens et de les indemniser quand c'est au nom de
l'intérêt public.
M. STEIN: Sauf que dans...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas la même chose.
M. STEIN: ... ce cas-là, on ne l'a pas exproprié; on l'a
forcé, le couteau sur la gorge, à accepter ce que l'autre...
M. CHOQUETTE: Dans quel cas?
M. STEIN: Le cas du monsieur à Montréal.
M. BURNS: Place Dupuis.
M. STEIN: Place Dupuis.
M. BURNS: M. Thériault, je pense, ou Ter-reault.
M. CHOQUETTE: II a vendu?
M. BURNS: II a vendu, M. le Président, c'est-à-dire on
a...
M. CHOQUETTE: Bien oui, il a vendu.
M. BURNS:-... discuté du problème ici et on a dit aux
parties: Entendez-vous donc, sans ça on va vous passer un projet de
loi.
M. CHOQUETTE: Et il est revenu la semaine après et il a dit: J'ai
vendu.
M. BURNS: Bien oui, mais...
M. STEIN: n n'avait pas le choix.
M. BURNS: ... dans ces circonstances...
M. CHOQUETTE: Jamais personne n'a dit ça.
M. BURNS: C'est ce que monsieur a compris, je suis convaincu. En tout
cas, j'étais présent à cette commission parlementaire, on
espérait que ça se règle, ça s'est
réglé mais...
M. CHOQUETTE: M. Stein, si vous avez eu cette impression, vous avez eu
une mauvaise impression de la commission.
M. BEDARD (Chicoutimi): L'attribution comme telle, selon les
critères religieux, peut quand même amener des injustices. Disons
que vous avez trois bourses â distribuer, que vous avez dix candidats
catholiques et trois protestants, que par hasard c'est un exemple
les dix catholiques sont beaucoup plus préparés ou encore
seraient plus éligibles que les trois protestants. Si on applique
intégralement l'ancien testament, on n'a pas le choix, il faut
nécessairement donner les trois bourses aux trois protestants,
même s'ils n'ont pas les qualifications requises, si vous voulez utiliser
les fonds. Dans ce sens, ça peut rejoindre l'intérêt
public.
M . DESJARDINS: M. le Président, dans ce sens-là, je pense
que le testateur a pu y penser lorsqu'il a rédigé son testament.
Il a pu penser que de telles difficultés surgiraient dès le
lendemain de son décès.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, je crois...
M. DESJARDINS: II a pu penser aussi que ça éliminait les
personnes athées ou d'autres qui ne pratiquent pas, et là vous
voulez changer des choses qu'il pouvait prévoir lui-même et qu'il
a peut-être prévues à ce moment-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): En toute honnêteté, face à
l'intention du testateur, je crois que les critères religieux avaient
une importance en 1940 qu'ils n'ont pas à l'heure actuelle et qui ne se
posent pas de la même manière en tout cas. Remarquez, je ne dirais
pas que je suis convaincu, mais je serais porté à croire que, si
le même testateur faisait maintenant son testament, peut-être qu'il
apporterait beaucoup moins de distinctions concernant l'aspect religieux. C'est
dans ce sens que je me dis qu'il faut évoluer avec le temps, comme on
peut prévoir que le testateur aurait évolué aussi avec le
temps sur cet aspect. Je crois qu'on peut présumer que les
critères religieux n'étant pas aussi empiriques maintenant, en
tout cas au niveau de la...
M. DESJARDINS: Si ces critères religieux existent encore dans le
moment parce qu'ils existent encore le testament tel que
rédigé peut opérer. Est-ce qu'il peut opérer
d'après vous? Puisque ces critères religieux existent encore
aujourd'hui, est-ce que le testament peut opérer tel que
rédigé?
M. BEDARD (Chicoutimi): Selon ce que nous dit M. Stein, ça peut
amener des complications, parce qu'à l'heure actuelle c'est quand
même difficile, comme il l'a dit lui-même, de distinguer
protestant, catholique, etc.
M. DESJARDINS: Non, non, il dit que ce serait désirable. Il ne
dit pas que ça ne peut pas opérer.
M. STEIN: Deux raisons; premièrement, c'est dans
l'intérêt public; deuxièmement, il y a la difficulté
énorme d'application. Il y a deux raisons.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, il faut l'interpréter comme...
M. BLANK: M. le Président, il y a une question très
pratique: Combien de bourses pour l'année pensez-vous qu'on peut donner
avec les revenus de ce...
M. STEIN: Le revenu de la succession est d'environ un peu plus de
$100,000; c'est $103,000.
M. BLANK: Cela veut dire une vingtaine de bourses.
M. STEIN: Ce sera à la discrétion évidemment de
l'Université Queen's. Elle créera les bourses.
M. BLANK: Oui, mais on peut dire que ça coûte à peu
près $5,000 environ pour envoyer un enfant à l'université
pour une année. Cela veut dire une vingtaine de bourses. Est-ce qu'on
peut trouver 18 protestants dans ce, 16 protestants et 4 catholiques dans cette
division qui sont prêts à aller à Queen's?
M. STEIN: Incidemment, M. le Président...
M. BLANK: Cela va être difficile. Je vais vous dire franchement
que ça va être difficile de trouver 16 protestants dans ce
territoire qui veulent aller à l'université Queen's. C'est le
côté pratique. Moi, j'ai une fille qui fréquente
l'université Queen's et je sais combien d'enfants sont de Québec
et de quelle partie de Québec. Ce serait très difficile de
trouver 16 protestants dans ce territoire.
M. STEIN : II faut dire qu'il y a beaucoup de gens de la province de
Québec et de langue française à l'université
Queen's incidemment. Et la veuve du testateur consent et le recteur de
l'université Laval a consenti également, pas de difficulté
de ce côté.
M. BURNS: Moi, M. le Président, je suis touché par les
arguments qu'on nous apporte, et je voterais en faveur. J'espère que le
ministre de la Justice va diminuer sa rigueur dans l'appréciation de
cette volonté inviolable du testateur.
M. CHOQUETTE: Bien oui, c'est parce que ça va ouvrir...
M. BURNS: C'est vrai, je suis d'accord...
M. CHOQUETTE: ... ça ouvre des portes à toutes sortes de
demandes pour réviser les volontés du testateur. Des arguments
subséquents...
M. BURNS: Je serais beaucoup plus rigoureux et beaucoup plus rigide si
la disposition n'avait pas le caractère public qu'elle a. Je pense que
c'est uniquement là-dessus, moi, que je me fonde pour appuyer le projet
de loi 104 proposé par Me Stein et ses clients, avec l'amendement que
suggérait le ministre de la Justice tout à l'heure.
M. BEDARD (Chicoutimi): Que ça demeure limité.
M. BURNS: Et ça demeure limité au point de vue
régional. Je pense que c'est désirable. Tout cela maintient le
désir du testateur.
M. CHOQUETTE: Moi, je maintiendrais aussi l'accord du recteur de
l'université Laval, c'est-à-dire que j'essaierais de m'en tenir
le plus possible à l'intérieur de ce que le testateur a
prévu. Que les candidats soient choisis par le recteur de
l'université Queen's et le recteur de l'université Laval et que
les candidats viennent de la région de Québec et du Golfe.
M. STEIN: Quelle partie des bourses, M. le ministre? Je veux dire: Dans
quel secteur de l'attribution des bourses le recteur de Laval aura-t-il voix au
chapitre? Dans le moment, il a voix au chapitre dans 5 p.c, à peu
près.
M. CHOQUETTE: Ce serait concurrent.
M. STEIN: Pour toutes les bourses?
M. CHOQUETTE: Bien oui, parce que...
M. STEIN: Là, vous changez vraiment les...
M. CHOQUETTE: Ah! Là, je change la volonté du
testateur.
M. STEIN: Moi, je ne m'oppose pas, mais je vous fais remarquer
c'est votre propre point de vue que vous la changez
considérablement.
M. CHOQUETTE: Bien, j'essaie de trouver une distinction.
M. STEIN: Je n'ai pas d'objection, on peut essayer cela.
UNE VOIX: 50-50.
M. DESJARDINS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Louis-Hébert.
M. DESJARDINS: ... j'aurais une question à poser à Me
Stein à la suite d'une remarque de M. Blank, tout à l'heure. Cela
représente de 18 à 20 bourses par année. Est-ce que dans
la région parce que c'est une région limitée au
testament vous croyez pouvoir trouver suffisamment de candidats pour
donner ces bourses chaque année?
M. STEIN: Moi, j'en doute. C'est une des raisons justement pour
lesquelles on veut élargir le champ.
M. DESJARDINS: C'est l'argument qui m'a le plus frappé
jusqu'à maintenant et qui m'amène à devenir maintenant
faborable au bill, avec certaines restrictions mentionnées par le
ministre de la Justice. C'est là que je ne rejoins pas l'Opposition
quand elle dit l'Opposition officielle, j'entends qu'il faudrait
maintenir la délimitation régionale. Au contraire, c'est
justement ce qu'il faudrait peut-être commencer par éliminer. En
effet, la volonté du testateur est faussée, à ce
moment-là, puisque nous n'avons plus suffisamment de candidats. S'il
vivait aujourd'hui, il dirait : II n'y a plus suffisamment de candidats dans
cette région-là; donc, j'élargis mon testament à la
grandeur de la province et j'élimine le critère religieux. Je
pense qu'à ce moment-là on peut intervenir. Je maintiendrais
peut-être, comme le disait le ministre de la Justice, la décision
du recteur de l'université Queen's et peut-être celle de
l'université Laval, mais avec réserve parce que je n'ai pas lu le
texte du codicille.
M. STEIN: Comme je vous le dis, dans le moment, c'est 5 p.c.
M. DESJARDINS: Ah bon!
M. STEIN: C'est la moitié de 10 p.c. pour les catholiques.
M. DESJARDINS: Alors, laissez-le comme ça.
M. CHOQUETTE: Moi, je pense que nous pouvons prendre en
considération certains arguments qui ont été
avancés. La difficulté, je pense bien, est de trouver
suffisamment d'étudiants qui pourraient bénéficier de ces
bourses-là dans la ville de Québec et la région du Golfe.
Je crois que, d'après ce que vous nous dites et d'après ce qui se
dégage de la discussion, il serait, en pratique, probablement difficile
de toruver une vingtaine d'étudiants par année qui pourraient
bénéficier de ces bourses-là.
M. BLANK: Cela me fait penser que c'est plus que vingt. J'ai
pensé à combien je paie pour ma fille et c'est moins de $3,000
pour les frais de scolarité et la pension, c'est même moins de
$2,500. Cela veut dire qu'on aurait une trentaine de bourses et jamais vous ne
trouverez une trentaine d'étudiants. Je le dis en farce: Après le
bill 22, vous ne trouverez pas de francophones qui parlent assez l'anglais pour
aller à Queen's.
M. BURNS: Ce sera peut-être le contraire, vous ne trouverez
peut-être pas suffisamment de francophones.
M. CHOQUETTE: Le député de Saint-Louis est habituellement
beaucoup plus brillant que ce matin.
M. STEIN: M. le Président, est-ce qu'on ne pourrait pas, comme
compromis, donner la préférence, si vous voulez, aux gens des
régions mentionnées?
M. CHOQUETTE: Ce serait un hommage qu'on rendrait à la
volonté du testateur. Mais ceci étant dit, si on peut nous
démontrer qu'en pratique je prends ça comme une conclusion
de la commission il est impossible de trouver au moins vingt
étudiants dans la ville de Québec et dans la région du
Golfe pour bénéficier de ces bourses, que, par conséquent,
on est devant le problème pratique de bourses disponibles et qu'il est
dans l'intérêt public de voir à ce qu'elles soient
distribuées, je serai d'accord sur ce point pour l'étendre au
Québec en général.
Deuxième chose: le choix des boursiers. Je crois qu'il faut
respecter, dans la mesure du possible, la volonté du testateur. Et
là, je dis que le choix devrait se faire pour 90 p.c. par le recteur de
Queen's et pour 10 p.c. par le recteur de Laval, pour respecter la
volonté du testateur, dans la mesure où cela est possible. Ils
pourront se concerter ensemble sur le plan pratique pour s'entendre sur les
méthodes, mais, en fait, je pense qu'à ce point de vue il faut
respecter la volonté du testateur.
Troisièmement, je note qu'au fond nous précédons
quelque peu les événements, mais ce n'est peut-être pas si
grave puisque cette loi s'appliquerait à compter du décès
de la veuve du testateur et qu'il est sûr qu'elle va
décéder un jour. Par conséquent, ce n'est pas un accroc
tellement considérable.
Dans ces conditions, je serais favorable... Et nous élargissons
évidemment, nous supprimons les distinctions religieuses...
M. BLANK: De sexe.
M. CHOQUETTE: ... et au point de vue du sexe, parce que sur ce point
nous considérons que le testateur aurait possiblement eu une attitude
différente, compte tenu que les filles sont dans les universités
maintenant autant que les garçons.
M. DESJARDINS: M. le Président, en ajoutant la
préférence peut-être à la région de
Québec et du Golfe.
M. CHOQUETTE: Oui, en donnant une préférence aux
étudiants originaires de ces régions.
M. DES JARDINS: D'accord.
M. CHOQUETTE: Dans ces conditions, je pense bien que la commission se
rallierait.
M. BURNS: D'accord, M. le Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous ne croyez pas que le testateur a
décidé que 90 p.c. seraient choisis par le recteur de
l'université Queen's et 10 p.c. par le recteur de l'université
Laval pour des motifs religieux, parce qu'on s'aperçoit que ce
pourcentage, cet élément de choix 90 p.c. 10 p.c, si on fait la
projection, est vraiment concordant avec les 90 p.c. -10 p.c. des subventions
accordées tant aux protestants qu'aux catholiques?
M. CHOQUETTE: Peut-être pour des motifs linguistiques aussi, parce
que vous savez qu'autrefois les motifs religieux recouvraient les motifs
linguistiques.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui.
M. CHOQUETTE: Et c'est pour ça qu'à cause de
l'évolution des choses, je me demande s'il ne vaut pas mieux retenir les
90 p.c.-10 p.c. sur lesquels les doyens s'entendront pour les ajuster pour le
mieux.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'on pourrait présenter un
amendement?
M. STEIN: M. le Président, est-ce que nous reviendrons à
une autre séance avec le nouveau texte?
M. CHOQUETTE: Si on pouvait faire les modifications tout de suite,
peut-être, M. Stein, que cela pourrait prendre dix ou quinze minutes;
vous pourriez revenir et on accepterait vos amendements.
M. STEIN: Je pourrai m'entendre avec le greffier en loi.
M. CHOQUETTE: Oui, avec M. D'Amours. M. BLANK: ... pour l'autre
bill.
M. CHOQUETTE: L'autre bill est un peu plus simple, peut-être.
A moins qu'on suspende et puis...
M. BURNS: C'est qu'à onze heures, M. le ministre, les
Institutions financières doivent nous pousser dans le dos.
M. CHOQUETTE: Mais qu'on revienne après le ministère des
Institutions financières, mettons à midi moins quart.
M. BURNS: Je n'ai pas d'objection.
M. CHOQUETTE: On revient à midi moins quart et vous avez vos
amendements de prêts. On les accepte tout de suite, cela éviterait
de revenir pour une autre séance.
M. STEIN: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, l'étude du projet de loi no 104
est suspendue.
M. CHOQUETTE: C'est parce qu'on a le Barreau qui vient ici à onze
heures.
M. BURNS: Le Barreau est à onze heures, oui.
M. CHOQUETTE: Cela peut peut-être prendre... On peut dire onze
heures et demi ou midi moins quart.
LE PRESIDENT (M. Picard): Suspension jusque vers onze heures
quarante-cinq minutes, aujourd'hui.
Projet de loi no 110
LE PRESIDENT (M. Picard): Nous allons prendre maintenant le projet de
loi 110, Loi concernant la fabrique de la paroisse de Saint-Patrice,
Montréal. On m'indique ici que le procureur de la requérante est
Me Michael E. Hickson. Est-ce que Me Hickson est ici?
M. HICKSON: Oui, M. le Président. Mais c'est Me Michael Cuddihy
qui représente la paroisse.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord.
M. HICKSON: Michael G. Cuddihy, de Montréal.
M. BURNS: M. le Président, j'ai juste une objection de forme
à faire au début. Je comprends que la paroisse Saint Patrick est
dans Saint-Louis, mais vous auriez dû prendre un authentique Irlandais
comme moi pour parrainer votre bill ! Cela m'aurait fait plaisir de le
faire.
M. CUDDIHY: M. le Président...
M. BURNS: De toute façon, cela ne me rend pas antipathique
à votre projet de loi.
M. BLANK: Je suis un Irlandais de Tel-Aviv.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que le député de
Saint-Louis pourrait nous donner le but de ce projet de loi...
UNE VOIX: Si vous voulez.
LE PRESIDENT (M. Picard): ... en tant que parrain du projet de loi?
M. BLANK: Bien, je pense que je vais laisser cela à M. Cuddihy,
qui vous le dira plus en détail.
M. CUDDIHY: J'ai avec moi le curé de Saint Patrick, le
père Mathew Dubé.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, le projet de loi que vous étudiez ce matin vise à
adapter la constitution de cette paroisse aux exigences de la communauté
pour laquelle elle a été créée. A l'origine, Saint
Patrick était une succursale de la paroisse de Notre-Dame de
Montréal, avec Saint-Jacques, d'ailleurs. En 1843, l'oeuvre de fabrique
de Notre-Dame a acheté le terrain à Dorchester et Saint-Alexandre
à Montréal, où est située l'église actuelle,
pour y permettre la construction de cette église, terminée en
1847.
Le terrain fut vendu à la fabrique de Saint Patrick, à
cette époque, mais l'hypothèque n'a pas été
payée avant 1903. C'est donc par décret du 12 juin 1903 que
l'archevêque de Montréal a défini les limites du territoire
de Saint Patrick pour fins d'érection civile de cette paroisse, le tout
selon la loi alors en vigueur.
Dans ce décret, on peut lire ces mots: "La paroisse de
Saint-Patrice, Montréal, comprendra, mais seulement pour les catholiques
parlant de la langue anglaise, tout le territoire de la paroisse actuelle de
Notre-Dame, etc." Gazette officielle du Québec, 1903, page 1179.
Saint-Patrice est donc intimement liée à Notre-Dame. Les
deux paroisses jouent le même rôle auprès des
communautés pour lesquelles elles ont été
consituées. La transformation et le développement urbain qui se
poursuivent dans le centre de la ville de Montréal leur occasionnent les
mêmes problèmes.
Pour Saint-Patrice, l'effet de ces événements est plus
récent. En 1956, Notre-Dame a eu recours au législateur pour
corriger cette situation. Comme vous le savez, les résidences sont de
plus en plus rares au centre de Montréal, mais il y a beaucoup
d'édifices à bureaux sur le territoire.
C'est maintenant le tour de Saint-Patrice de se présenter au
législateur. Depuis 1956, la Loi de la fabrique a été
modifiée, ce qui permet de présenter devant la commission un
projet de loi moins élaboré.
L'article 1 prévoit que l'exercice des pouvoirs, droits et
privilèges de la fabrique soient exercés par un conseil de
fabrique.
M. CHOQUETTE: Me Cuddihy, permettez-moi de vous interrompre. Vous savez,
nous comprenons un peu ce dont il s'agit. C'est que la paroisse de
Saint-Patrice, à l'heure actuelle, ne peut pas trouver suffisamment de
paroissiens dans le territoire qui lui a été attribué
originairement.
M. CUDDIHY: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Alors, il s'agirait de faire le même processus en
faveur de Saint-Patrice que celui qui a été fait en faveur de la
paroisse Notre-Dame, qui s'est trouvée dans la même situation il y
a quelques années.
M. CUDDIHY: C'est cela. En 1956, oui.
M. CHOQUETTE: Moi, je vous dirais que je suis plutôt sympathique
à votre demande. Je connais l'église Saint-Patrice. Je sais
où elle est située. Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui
travaillent dans le bas de la ville qui fréquentent l'église.
Donc, en principe, il n'y a pas d'objection.
Le seul point qui me fait tiquer un peu, c'est, à l'article 4,
les mots "et parler habituellement la même langue que les marguilliers et
paroissiens actuels". Je comprends que là, vous voulez avoir une
église qui soit plutôt à destination anglophone, alors que
Notre-Dame est plutôt à destination francophone, peut-on dire.
Mais, dans la loi de Notre-Dame, il n'y a pas de disposition linguistique. Vous
savez, dans le climat du bill 22 et des discussions linguistiques, je me
demande si c'est réellement utile et même nécessaire, pour
les fins de votre cause, d'avoir des dispositions au point de vue
linguistique.
Les marguilliers et paroissiens pourront recruter, dans l'île de
Montréal, des gens qui seront surtout des gens de langue anglaise, ce
à quoi, je pense bien, nous n'avons aucune espèce d'objection,
quelles que soient nos allégeances ici, à cette commission. Nous
concevons parfaitement bien que les gens ont le droit de se grouper sur une
base linguistique et surtout de
s'occuper des questions religieuses en tenant compte qu'il peut y avoir
quand même un caractère linguistique, mais je n'aimerais pas, pour
ma part, inclure ceci dans une loi à ce moment-ci.
C'est la raison pour laquelle je vous suggérerais que le
paragraphe 4 s'arrête à "Montréal".
M. CUDDIHY: D'accord, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: Oui. Vous seriez d'accord sur cette suggestion?
M. CUDDIHY: Mais la pratique voudrait que cela puisse se continuer.
M. CHOQUETTE En pratique, vous ferez ce que vous voudrez.
M. CUDDIHY: C'est cela. Je n'ai pas d'objection à cela.
M. CHOQUETTE: C'est comme un club de golf, n'est-ce pas?
M. BURNS: M. le curé, je pense, n'est pas d'accord
là-dessus.
M. CHOQUETTE: Non, mais je veux dire au point de vue...
M. BURNS: Je partage l'avis du ministre de la Justice là-dessus,
et je suis content d'entendre Me Cuddihy nous dire qu'il n'a pas d'objection
à ce qu'on enlève les derniers mots de l'article 4. Cependant, M.
le Président, sur l'ensemble du projet, je comprends...
M. CHOQUETTE: Je crois que vous avez des modifications à
apporter?
M. CUDDIHY: J'ai d'autres modifications.
M. BURNS: Nous allons attendre les modifications, alors.
M. CUDDIHY: Vous enlevez des mots, mais cela est contrôlé
par l'évêque de toute façon. Alors, nous ne voyons pas de
problème à enlever la mention de la langue; l'évêque
contrôle cela par le droit canonique. Mais justement, en parlant de
l'évêque...
M. CHOQUETTE: Quel évêque?
M. CUDDIHY: L'archevêque de Montréal.
M. CHOQUETTE: Ah bon! Alors, laissons Mgr Grégoire s'occuper de
cela.
M. CUDDIHY: C'est justement, en parlant de l'évêque, qu'il
y a une modification à apporter à l'article 5. Nous faisons une
exception à l'article 5 pour les règlements qui sont
prévus à l'article 19. J'ai un texte ici, peut-être que je
devrais vous...
M. CHOQUETTE: Pourriez-vous passer des textes pour que les membres de la
commission puissent en prendre connaissance, M. Cuddihy?
Si le président le suggère, oui, nous pouvons faire
ça.
LE PRESIDENT (M. Picard): Messieurs, nous allons commencer par l'article
1. Est-ce que cet article est adopté?
M. BURNS: Adopté, l'article 1, mais je pourrais, peut-être,
M. le Président, avant de l'approuver, faire la remarque
générale que je voulais faire tout à l'heure. Il semble,
Me Cuddihy, M. le curé, que, dans le fond, vous ayez des
problèmes pratiques à remplir les cadres de vos marguilliers, si
je comprends bien le sens de votre loi.
M. CUDDIHY: C'est bien cela.
M. BURNS: Je conçois que c'est un argument de force qui peut vous
donner une ouverture pour amender la Loi concernant la fabrique de la paroisse
de Saint-Patrice, mais, d'autre part, je ne sais pas si, à un moment
donné, il ne faudrait pas prendre l'approche suivante, face aux mesures
que vous demandez. La nomination par le conseil de la fabrique des marguilliers
au fur et à mesure, je me demande si ça ne devrait pas être
une mesure supplétive seulement, en ce sens que le droit fabricien
normal devrait s'appliquer, à mon avis, c'est-à-dire qu'autant
que faire se peut les marguilliers soient élus selon le code des
fabriques et que si jamais, après avoir utilisé les dispositions
normales du droit fabricien, on ne puisse pas remplir les cadres, on donne ces
pouvoirs supplétifs au conseil de la fabrique. C'est l'approche que
j'aurais là-dessus. Pourquoi ne pas tenter de voir à
l'application de la loi comme elle existe actuellement et si jamais, pour les
raisons, bien fondées je pense, qui nous sont amenées, on
s'aperçoit qu'on ne peut pas trouver six marguilliers par les voies
normales de la législation, qu'on donne ce pouvoir supplétif au
conseil de la fabrique sortant de combler les cadres nécessaires. C'est
tout simplement ma suggestion.
M. CHOQUETTE: Je ne saisis pas votre pensée.
M. BURNS: Voici. L'argument de la fabrique est de dire: Nous ne pouvons
pas avoir de marguilliers à cause de la situation particulière
dans laquelle la paroisse de Saint-Patrice de Montréal se trouve,
c'est-à-dire d'avoir une population flottante, dans le fond, qui n'est
pas attachée à sa fabrique, comme la paroisse de
Saint-Barthélémy ou la paroisse de la Nativité, ou je ne
sais pas quoi, où les gens vivent autour du clocher. C'est un argument,
je pense qui est fort, qui est valable.
Mais, partant de cet argument, on saute automatiquement au fait de
donner des pouvoirs spéciaux au conseil de fabrique, n'est-ce pas? C'est
ça qu'on fait par le projet de loi 110.
M. CHOQUETTE: Par quel article?
M. BURNS: Par l'article 2 et l'article 3. Si je comprends bien le projet
de loi, c'est le conseil de fabrique qui va nommer, dans le fond, les
marguilliers, bon.
M. CHOQUETTE: Au lieu d'avoir une élection.
M. BURNS: Au lieu d'avoir une élection, comme ça se fait
en vertu du droit des fabriques, bon.
M. CUDDIHY: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Mais pourquoi, M. Cud-dihy, voulez-vous aller
jusqu'à ce point d'empêcher les marguilliers d'être
élus par un processus démocratique, même si on étend
votre "membership" à toute l'île de Montréal?
M. CUDDIHY: Parce qu'on a toujours du mal à réunir des
paroissiens en nombre suffisant pour élire les marguilliers. Cela a lieu
depuis plusieurs années, ça.
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous suivez un régime qui est similaire
à celui de Notre-Dame?
M. CUDDIHY: Pas mal, oui.
M. CHOQUETTE Etes-vous sûr de ça?
M. CUDDIHY: Oui, ils ont moins de marguilliers mais ils ont un conseil
aussi, ils ont quatre membres au lieu de six.
M. CHOQUETTE: Mais je veux dire l'élection des marguilliers de
Notre-Dame, comment se fait-elle?
M. CUDDIHY: Ils sont nommés...
M. CHOQUETTE: Ils sont nommes par un conseil de fabrique au lieu
d'être élus?
M. CUDDIHY: C'est ça, oui.
M. CHOQUETTE: Mais actuellement, est-ce que vous avez eu des
élections de vos marguilliers?
M. CUDDIHY: A Noël, non. On a appelé, on a eu une
assemblée, on a demandé une assemblée, mais la loi
prévoit que l'évêque les nomme si, dans les deux mois,
l'élection n'a pas eu lieu. Alors, on a...
M. CHOQUETTE: Si on laissait ça tel quel?
M. CUDDIHY: Maison...
M. CHOQUETTE: L'évêque les nommera?
M. CUDDIHY: On serait toujours obligé de recourir à
l'évêque à toutes les années et passer par le
processus. Mais il y a un autre pendant à ça.
M. CHOQUETTE: Oui mais là n'oubliez pas qu'on va vous donner plus
de chances d'avoir plus de membres dans votre paroisse, parce que vous pourrez
aller chercher des éminents citoyens irlandais d'Outremont et de
Mont-Royal qui vont pouvoir venir apporter leur concours à
l'église Saint-Patrice.
M. BURNS: Frank Hanley se cherche un job absolument.
M. CHOQUETTE: Vous ne le pouvez pas, à l'heure actuelle.
M. BURNS: Nommez-le quelque part, on va les rendre malades.
M. BEDARD (Chicoutimi): A l'heure actuelle, vous avez combien de
marguilliers?
M. CUDDIHY: On en a six.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous en avez six?
M. CHOQUETTE: Je vous suggérerais de solliciter l'honorable
Tetley qui est ici présent, même si...
M. TETLEY: Je suis Anglo-catholique dans le sens pur du terme.
M. BEDARD (Chicoutimi): Les six que vous avez présentement,
est-ce qu'ils ont été nommés par l'archevêque?
M. CUDDIHY: L'archevêque a nommé les mêmes, oui je
crois, oui, au mois de janvier.
M. BEDARD (Chicoutimi): En êtes-vous sûr?
M. CUDDIHY: Je pense, oui, temporairement, en attendant ce projet de
loi.
M. CHOQUETTE: Est-ce que, M. Cuddihy, vous pensez qu'en fait il serait
difficile, avec un "membership" élargi de paroissiens, de tenir des
élections pour élire des marguilliers?
M. DUBE: Oui.
M. CUDDIHY Le dimanche, ça se fait d'habitude le dimanche, selon
la loi.
M. CHOQUETTE: Je veux dire impossible. Quand je dis difficile, je veux
dire impossible.
M. CUDDIHY: Je pense, presque.
M. CHOQUETTE: Mais est-ce qu'on ne doit pas vous donner...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous dites... M. CHOQUETTE: ... la chance
d'essayer? M. BURNS: C'est ça.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous êtes capable d'en nommer six, il
n'y a rien qui empêche que le dimanche vous proposiez ces six...
M. CHOQUETTE: A part cela...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... à l'assemblée; s'il y en a
d'autres qui veulent se présenter, ils se présenteront. Mais, au
moins...
M. CUDDIHY: Nous allions proposer aussi un pendant à cette
question de nomination. Nous allions enlever la possibilité de taxer les
gens, et ça c'est une modification que nous voudrions apporter aussi
pour combler cette question.
C'est le nouvel article 6 que nous proposons, et c'est comme ça
que Notre-Dame a résolu la situation. Ils ont dit: L'évêque
nomme ou la fabrique nomme le conseil pour administrer, mais ce conseil ne
pourra pas taxer ceux qui sont dans le territoire de la paroisse. Ce seraient
des étrangers qui viendraient taxer les gens et la paroisse est
suffisamment flexible, les gens viennent assez souvent, paient bien le
clergé et les dépenses sont toujours bien payées. Alors il
n'y a pas de problème.
M. CHOQUETTE: Actuellement, quels sont les gens qui fréquentent
l'église Saint-Patrice surtout?
M. CUDDIHY: Surtout, c'est une paroisse de jour.
M. CHOQUETTE: De jour. M. CUDDIHY: Des gens d'affaires. M. CHOQUETTE:
Ils vont le midi. M. CUDDIHY: Oui, c'est ça.
M. CHOQUETTE: A la messe, comme à Notre-Dame.
M. CUDDIHY: Oui, oui, c'est ça. Et c'est dans ce sens qu'on
choisirait les gens qui sont là qui viennent le midi.
M. CHOQUETTE: Et qui n'ont pas de pouvoir de taxation.
M. CUDDIHY: Et nous proposons à l'article 6 de ne pas leur donner
de pouvoir de taxation.
M. CHOQUETTE: Le député de Maisonneuve a exprimé
quelques réserves. Malgré tout je crois qu'on peut suivre un peu
l'exemple de Notre-Dame où il s'est avéré utile que les
marguilliers soient nommés par un conseil de fabrique.
M. BURNS: M. le ministre, je ne suis pas opposé à ce qu'on
leur donne le pouvoir de nommer des marguilliers, mais ce que je suggère
c'est qu'on leur donne de façon supplétive, c'est-à-dire
qu'actuellement il puisse y avoir élection selon le mode prévu au
code des fabriques. Si jamais par cette méthode on n'est pas capable de
remplir les cadres, je ne le savais pas, mais il y avait même la
possibilité de les remplir par l'archevêque de Montréal. En
tout cas...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'était soumis à
l'archevêque.
M. BURNS: Ils vont s'apercevoir qu'il n'y a pas de candidature.
J'imagine que c'est à cause de l'absence de candidature à un
moment donné que vous vous en être rendu compte.
M. CUDDIHY: Oui c'est ça. Et de paroissiens et de marguilliers,
bien sûr.
M. BEDARD (Chicoutimi): Les six que vous avez présentement,
est-ce qu'ils demeurent dans les limites?
M. CUDDIHY: Dans le territoire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans le territoire?
M. CUDDIHY: Mais le fait de créer un conseil pour remplacer la
fabrique, il y aurait une alternance; nous voulons éviter les
difficultés administratives de plus en plus s'il y avait moyen, en
créant un conseil. On le crée puis ça dure, ça
continue.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, mais ce n'est pas une grande
difficulté administrative qu'après en avoir choisi six vous ayez
disons la nécessité de les soumettre à l'approbation de
l'archevêque. Cela ne doit pas être une difficulté
administrative.
M. CUDDIHY: Non, nous devons attendre deux mois selon la loi pour
que...
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela prend deux mois.
M. CUDDIHY: Ce seraient les marguilliers qui seraient nommés.
M. CHOQUETTE: Oui, attendez une minute. Le conseil de la fabrique qui
nommerait les marguilliers, qui est-ce?
M. CUDDIHY: Ce seraient les six marguilliers choisis, mais dans le mois
de décembre pour le mois de janvier.
M. CHOQUETTE: Oui, mais regardez l'article. Qui va nommer les
marguilliers?
M. CUDDIHY: Le conseil de la fabrique.
M. CHOQUETTE: II se perpétue, en somme?
M. CUDDIHY: Oui. Oui.
M. CHOQUETTE: II se perpétue ad infinitum. Maintenant
l'archevêque de Montréal, est-ce qu'il n'aime pas mieux
désigner les membres à défaut d'une élection?
M. CUDDIHY: On me dit...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si on adopte ça, il peut arriver qu'un
francophone ou n'importe qui puisse vouloir être marguillier, quitte
à passer par une élection si nécessaire et qu'à ce
moment-là, il ne puisse même pas l'être. S'il n'est pas
accepté par les six, s'il ne semble pas valable aux yeux des six, il n'a
aucun processus démocratique pour se faire élire.
M. CUDDIHY: Normalement, voyez-vous, par le droit canon, la paroisse n'a
été créée que pour les catholiques de langue
anglaise par l'évêque. Il a toujours ce pouvoir, mais on y a
recours de moins en moins, maintenant.
M. CHOQUETTE: Qui sont vos marguilliers actuels?
M. CUDDIHY: Ce sont tous des catholiques irlandais.
M. CHOQUETTE: Oui, mais qui sont-ils? Nommez-m'en.
M. CUDDIHY: Mme Hurley...
M. DUBE: Mr Reggie Court, Dr Delmonte, Joe Gilsenan, Mrs Hurley.
M. CUDDIHY: II y a une autre femme qui vient de se remarier et le
père oublie son nom. Ce sont les six, plus le curé, bien
sûr. Mme MacDougall.
M. CHOQUETTE: Bon. Moi, je suis d'accord sur la proposition qui nous est
faite. Je pense que nous sommes un peu dans la même situation que
l'église Notre-Dame et, pour ma part, je serais prêt à
donner suite à votre demande.
M. CUDDIHY: Tel que modifié?
M. CHOQUETTE: Avec les amendements, évidemment, où il n'y
a pas de pouvoir de taxation.
M. CUDDIHY: C'est cela. Avec le nouvel article 6, oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 2, adopté?
M. BURNS: M. le Président, sur l'ensemble du problème,
j'aimerais manifester notre division, si vous voulez. Le député
de Chicoutimi et moi-même ne sommes pas d'accord sur l'approche. Nous
aurions préféré, comme je le disais tout à l'heure,
qu'on donne ces pouvoirs-là de façon supplétive,
uniquement. Maintenant, c'est le voeu du ministre de l'accepter; alors, on
manifeste notre division.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté sur division. Article 2,
adopté sur division. Article 3?
M. CHOQUETTE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté sur division. Article 4?
M. CHOQUETTE: Adopté avec modification.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, quel est l'amendement à
l'article 4?
M. CHOQUETTE: L'amendement est de rayer les mots "et parler
habituellement la même langue que les marguilliers et paroissiens
actuels".
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 4, adopté tel
qu'amendé.
Article 5? Il y a un papillon, ici, sur l'article 5. Est-ce que tous les
membres de la commission en ont une copie?
M. CHOQUETTE: A l'article 5, je trouve que le quorum est trop bas pour
les assemblées de marguilliers. Vous avez mis un quorum de deux, alors
que vous avez un conseil de six.
M. CUDDIHY: Oui.
M. CHOQUETTE: Sept avec le curé. Moi, je crois que votre quorum
devrait être au moins de trois.
M. CUDDIHY: D'accord, nous l'acceptons.
M. CHOQUETTE: De trois marguilliers et du clerc.
M. BEDARD (Chicoutimi): Et du curé.
M. CHOQUETTE: Alors, ça fait trois plus le curé.
M. CUDDIHY: Accepté tel que modifié. Cela nous va
très bien, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: "Du clerc exerçant à l'occasion la fonction
du curé de cette paroisse". Qu'est-ce que ça veut dire?
M. CUDDIHY: C'est le pasteur.
M. CHOQUETTE: Le pasteur ou quoi? son représentant?
M. CUDDIHY: Le curé ou, parfois, on nomme un vicaire apostolique,
quelque chose comme ça, un vicaire coadjuteur, c'est son nom.
M. CHOQUETTE: D'accord, très bien.
M. CUDDIHY: L'article 6, c'est une nouvelle affaire.
M. CHOQUETTE: Alors, selon l'article 6, "les paroissiens ne sont
assujettis à aucune taxe, cotisation ou impôt
décrété par la fabrique ou pour elle, et les biens
immobiliers de ses paroissiens ne sont affectés d'aucune charge,
privilège ou hypothèque découlant des obligations ou
activités de la fabrique."
Je suis bien d'accord sur cet article.
M. LEGER: Vous voulez dire par là qu'il n'y a aucune dette et que
vous êtes...
M. CHOQUETTE: Non, c'est que...
M. CUDDIHY: Nous ne voulons pas que les membres qui viennent d'en dehors
du territoire puissent taxer les gens qui demeurent dans le territoire. Nous
voulons éviter les frictions avec d'autres paroisses existant
déjà.
M. CHOQUETTE: Alors, est-ce que l'article 6 est adopté,
Messieurs?
LE PRESIDENT (M. Picard): Un instant, l'article 5, avant. Le nouvel
article 5 est adopté.
M. CUDDIHY: Tel que modifié.
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est un nouvel article.
Le nouvel article 6 est adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Au point de vue du gouvernement, on accepte
parce qu'on a accepté les articles 2 et 3 sur lesquels on a
marqué notre dissension. Maintenant, notre dissension continue sur ce
point, en toute logique.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 6... M. CHOQUETTE: Sur l'article
6?
M. BEDARD (Chicoutimi): Parce que nous n'acceptons pas qu'ils
soient...
M. CHOQUETTE: Non, non, je vous demande si vous êtes contre
l'article 6.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme tel, on n'est pas...
M. CHOQUETTE: Vous voulez qu'on donne le pouvoir de taxer?
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, comme tel, on n'est pas contre,
sûrement pas.
M. CHOQUETTE: De toute façon, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le nouvel article 6, adopté.
L'article 6 du projet de loi devient l'article 7.
M. CUDDIHY: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que cet article est adopté?
Adopté.
Au nom des membres de la commission, il me fait plaisir de remercier Me
Cuddihy des renseignements qu'il nous a donnés en rapport avec ce projet
de loi.
M. CUDDIHY: Nous vous remercions, M. le Président, M. le
ministre. Nous remercions aussi celui qui nous a proposé...
M. CHOQUETTE: Un instant, s'il vous plaît, M. Cuddihy, si vous me
le permettez.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, Messieurs. La commission ajourne sine
die.
M. CHOQUETTE: Non, la commission suspend jusqu'à midi moins le
quart pour entendre les amendements au bill de la succession de Frank
Carrel.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
jusqu'à onze heures quarante-cinq.
(Suspension de la séance à 11 h 8)
Reprise de la séance à 12 h 12
Projet de loi no 104 (suite)
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs! La commission de la justice reprend maintenant
l'étude du projet de loi 104, Loi concernant la succession de Frank
Carrel.
M. CHOQUETTE : Je pense que le député de
Trois-Rivières n'était pas ici lors des discussions. Il est si
silencieux ce matin, ce n'est pas son habitude. Il est fatigué, ah! bon.
Ah!
LE PRESIDENT (M. Picard): Voici les amendements proposés. Dans la
quatrième ligne du troisième alinéa du préambule,
remplacer le mot "survivant" par le mot "survivante".
M. STEIN: C'est l'avant-dernière ligne de la première
page.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Dans le quatrième
alinéa, toujours du préambule, remplacer le quatrième
alinéa par "qu'il est opportun que les critères imposés
par le testament pour l'octroi des bourses soient modifiés".
Adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est le sens de ce qu'il demandait.
M. STEIN: C'est rendu nécessaire par l'amendement apporté
aux dispositifs du projet.
LE PRESIDENT (M. Heard): Adopté. Article 1, retrancher dans les
deux premières lignes les mots "et le dernier alinéa". Est-ce que
cet amendement est adopté? Adopté. Et dans les treizième
et quatorzième lignes, remplacer les mots "qu'elle pourra choisir
seule", et le reste de l'article par ce qui suit: "choisis sans égard
aux critères religieux, ethniques, de sexe et géographiques
imposés par le testament, mais qui devront, depuis au moins un an lors
de leur demande de bourse et jusqu'à l'expiration de leur bourse,
être domiciliés au Québec, de préférence dans
le comté de Québec ou dans les districts électoraux de
Gaspé, des Iles-de-la-Madeleine, de Bonaventure, de Rimouski, de Matane
et de Matapédia, tels que constitués le 30 juillet 1940.
L'attribution d'un dixième des bourses doit être faite par le
recteur de l'université Laval".
Cet amendement est-il adopté?
M. CHOQUETTE: Un instant, juste une petite question.
M. BEDARD (Chicoutimi): On a changé l'esprit un peu.
M. CHOQUETTE: Si vous le permettez, dans le comté de
Québec, M. Stein, qu'est-ce que ça veut dire ça, le
comté de Québec?
M. STEIN: Après beaucoup d'hésitations, j'avais
suggéré de substituer, par exemple, district judiciaire de
Québec à comté, mais j'ai pensé que nous
étions mieux de nous en tenir aux termes utilisés dans le
testament qui sont "comté de Québec".
M. CHOQUETTE: Mais est-ce qu'il y a un comté de
Québec?
M. STEIN: Oui, il y a la municipalité de comté.
M. BLANK: En 1960, il y avait un comté de Québec.
M. STEIN: C'est la municipalité... M. BLANK: Jean-Jacques
Bédard.
M. CHOQUETTE: Oui, mais c'est dépassé actuellement.
M. BLANK: En 1940.
M. STEIN: II y a encore une municipalité de comté, je
pense.
M. CHOQUETTE: Non.
M. STEIN: Non?
M. CHOQUETTE: Moi, je crois qu'il faut que vous disiez dans la ville de
Québec ou dans la ville de Québec et ses environs.
M. BLANK: La Communauté urbaine de Québec.
M. CHOQUETTE II ne faudrait quand même pas supporter ça,
parce que je pense bien que, dans l'esprit du testateur, il voulait que ce soit
les gens de Québec; c'est ça je pense bien? Si on se reporte
à 1940, le comté de Québec, c'était quoi? Cela
devait comprendre toute la ville de Québec?
UNE VOIX Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais faire remarquer aux membres de la
commission que, dans le texte original, on parlait de la cité et du
comté de Québec. Maintenant, on ne parle plus de la
cité.
M. STEIN: Cela pouvait fort bien être la municipalité de
comté, parce que la loi, à ce moment-là
déjà, parlait de district électoral.
M. CHOQUETTE: Bon, alors on va mettre "dans la ville de Québec et
les environs". Je pense que ça rencontre ce que le testateur
voulait.
M. BLANK: Pourquoi pas la communauté urbaine de
Québec?
M. CHOQUETTE: D'ailleurs, on dit que ce n'est qu'une
préférence. Qu'est-ce que ça fait? Mettons "dans la ville
de Québec et les environs" ou dans...
LE PRESIDENT (M. Picard): Ce serait "dans la ville de
Québec"?
M. CHOQUETTE: Oui, dans la ville de Québec ou les environs. C'est
ça?
M. BEDARD (Chicoutimi): Moi, ça ne me fait rien.
M. CHOQUETTE: J'aurais une remarque à faire... Ou dans les
districts électoraux de Gaspé, Iles-de-la-Madeleine, Bonaventure,
Rimouski, Matane, Matapédia, ça va, tels que constitués le
30 juin 1940.
M. STEIN: Cela, c'est la date du décès. Il y a eu un
changement; pas longtemps après, justement, on a constitué
Gaspé-Sud et Gaspé-Nord.
M. BACON: Les amendements, vous ne seriez pas mieux de les adopter en
1974 plutôt que de les laisser en 1940?
M. CHOQUETTE: C'est parce qu'il s'agit de décrire un territoire
tel qu'il existait, alors on se réfère à la carte telle
qu'elle existait en 1940.
M. BEDARD (Chicoutimi): On pourrait peut-être garder la
première version.
M. CHOQUETTE: Pardon?
M. BEDARD (Chicoutimi): On pourrait peut-être garder la
première version, le comté de Québec existait en 1940.
M. SYLVAIN: Cela peut créer de la confusion.
M. BEDARD (Chicoutimi): Et ils remonteront aux délimitations
territoriales que représentait le comté de Québec,
à ce moment-là.
M. SYLVAIN: M. le ministre, si vous permettez, pour éviter la
confusion. Tel que constitué le 30 juillet 1940, si on se rapporte aux
autres comtés, sur la description en 1940, ou serait mieux de laisser le
comté de Québec.
M. CHOQUETTE: Là, je cherche, dans le testament, ce qui est dit.
A quel article est-ce, M. Stein, le comté de Québec? Ah oui, "in
the City and county of Quebec".
M. STEIN: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Bon, je crois qu'il faudrait dire dans la cité et
le comté de Québec. Je pense qu'on pourrait continuer: Et dans la
division Golfe du conseil législatif de Québec tels qu'ils
existaient à la date du décès. C'est cela?
M. STEIN: On est mieux de mettre la date, à ce moment-là,
le 30 juillet 1940.
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Enlever les mots "le comté de
Québec" pour dire...
M. CHOQUETTE: Dans la cité.
M. STEIN: Est-ce qu'on va dire la ville, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Picard): Pardon? M. STEIN: Aujourd'hui, c'est la
ville.
M. CHOQUETTE: On est aussi bien de suivre le même texte.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... quant aux limites territoriales du
testateur, je pense qu'il faudrait reproduire textuellement, quitte à
faire l'interprétation par après.
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. BLANK: De la cité, du comté de Québec et de la
division du Golfe... ville de Québec.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si vous voulez prendre cela en
note.
M. BLANK: De préférence... M. CHOQUETTE: Dans...
M. BLANK: Non, non, de préférence... Après le mot
"préférence".
M. CHOQUETTE: "De préférence", vous l'avez, "dans la
cité ou le comté de Québec...
DES VOIX: Et.
M. CHOQUETTE: Et H n'est pas obligé d'être
domicilié...
UNE VOIX: C'est large.
LE PRESIDENT (M. Picard): Dans le texte original on dit: Et.
M. CHOQUETTE: Dans la cité ou le comté de Québec,
ou dans la division du Golfe du
Conseil législatif de Québec, suivant leurs limites telles
qu'existantes le 30 juillet 1940. L'attribution d'un dizième des bourses
doit être faite par le recteur de l'université Laval.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quant à cet amendement, il faut tenir
compte de l'esprit dans lequel on a discuté tout à l'heure et
respecter le testament. Au début, on dit: Le reste de l'article sera
remplacé par ce qui suit: Choisis sans égard aux critères
religieux, ethniques, de sexes et géographiques. Je crois qu'on doit
enlever géographiques. On a clairement dit qu'on voulait que les...
M. CHOQUETTE: Je crois que le député a tout à fait
raison.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... intentions du testateur devraient être
respectées de ce côté. Peut-être là, en
continuant: Imposés par le testament, mais qui devront depuis au moins
un an, lors de leur demande de bourse et jusqu'à l'expiration de leur
bourse, être domiciliés au Québec. Puis au lieu de: de
préférence, peut-être que l'esprit du législateur
serait mieux respecté par: si possible. Parce que l'effort doit
être fait, ce n'est pas une question de...
M. CHOQUETTE: C'est la même chose, de
préférence.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien c'est...
M. CHOQUETTE: De préférence, c'est parce qu'ils nous ont
expliqué qu'ils ne pourraient pas donner 20 à 30 bourses dans ces
régions-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est justement...
M. CHOQUETTE: Ils vont commencer par ceux-là...
M. BEDARD (Chicoutimi): Remarquez que je sais que ça peut
être de la phraséologie, mais ce sur quoi on s'est basé
M. le ministre a accepté en fait ce changement c'est
lorsque les tenants du projet de loi lui ont expliqué
l'impossibilité d'attribuer les bourses dans un territoire donné.
Il ne faut pas enlever la nécessité de faire tout ce qui est
possible, plus que de la préférence. L'intention du testateur
c'est que ça demeurerait encore ça, à savoir la
possibilité de les donner dans ce secteur et non pas seulement la
préférence.
M. BLANK: Remarquez que M. Stein a essayé de mettre des...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne crois pas que ce soit majeur comme
changement, mais il me semble que ça respecterait peut-être plus
un peu.
LE PRESIDENT (M. Picard): ...la cité de
Québec suivant et le comté de la division du Golfe?
M. CHOQUETTE: Dans la cité de Québec ou le district de
Québec, ou dans les districts électoraux ou dans les districts de
Golfe, ou dans la division de Golfe...
UNE VOIX: Du Golfe.
M. CHOQUETTE: ... du Golfe, oui, du Conseil législatif. Ah, vous
n'écriviez pas quand je l'ai dicté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'on pourrait avoir la lecture?
LE PRESIDENT (M. Picard): Si vous me le permettez, je vais relire le
paragraphe b) de l'article 2. D'abord, vous êtes consentants pour rayer
les mots "et géographiques".
UNE VOIX: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord?
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ensuite, on dit: Etre domicilié au
Québec, de préférence dans la cité...
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon. M. le Président, est-ce que le
ministre de la Justice accepterait qu'au lieu de "de préférence",
on mette "si possible"?
M. CHOQUETTE: Le député de Saint-Louis et
vice-président de la Chambre, qui est un grand expert en
législation et en rédaction, me dit que ce n'est pas une
très bonne langue législative.
M. BEDARD (Chicoutimi): Remarquez que je n'en suis pas sur les
expressions, j'en suis surtout sur le respect des intentions du testateur. Je
pense qu'il indiquait très clairement pas seulement une
-préférence mais que, autrement dit, les efforts soient faits
pour les attribuer dans une circonscription donnée.
M. CHOQUETTE: Au lieu de "de préférence", on va mettre
"autant que possible".
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord, si vous croyez que c'est plus
français.
M. STEIN: M. le Président, il faudrait...
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, le texte serait comme ceci: "Etre
domicilié au Québec, autant que possible dans la cité ou
le comté de Québec ou dans la division du Golfe du Conseil
législatif de Québec suivant leurs limites telles qu'existantes
le 30 juillet 1940." et la dernière phrase "L'attribution
d'un dixième des
bourses doit être faite par le recteur de l'Université
Laval."
M. STEIN: M. le Président, il faudrait remplacer la virgule par
"et" avant "de sexe", vu le retranchement des mots "et
géographiques".
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord. De façon que cela se
lise...
M. BEDARD (Chicoutimi): Remarquez, M. le Président, que si on
avait voulu...
LE PRESIDENT (M. Picard): ... choisis sans égard...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous me le permettez, M. le Président.
Remarquez que, si on avait voulu s'en tenir seulement à la
phraséologie, comme le ministre s'y est attardé à mon
amendement...
M. CHOQUETTE: Non mais...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous me permettrez de finir.
M. CHOQUETTE: ... je tiens à attirer l'attention du
député de Chicoutimi. Le gouvernement multiplie les efforts et
fait tout ce qu'il peut pour avoir une langue législative
française d'une pureté très prononcée.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je suis très heureux d'entendre dire
cela.
M. CHOQUETTE: Je sais que ces choses ne préoccupent pas le Parti
québécois!
M. BEDARD (Chicoutimi): Je suis très heureux d'entendre dire cela
de la part du ministre. Justement, dans cet esprit de pureté de la
langue, je le référerais à la Charte des droits de
l'homme. On ne s'exprime pas comme on s'exprime au début du paragraphe,
lorsqu'on dit: "choisis sans égard aux critères religieux,
ethniques et de sexe". Vous savez fort bien que, dans la Charte des droits de
l'homme, c'est "sans égard aux critères de religion, de sexe et
de langue". Si on voulait être pointilleux, même pas aux
critères...
C'est le ministre qui a commencé à être
pointilleux.
M. CHOQUETTE: "Choisis sans égard à des critères
religieux, ethniques et de sexe".
M. BACON: C'est un terrain glissant.
M. CHOQUETTE: II faudra consulter le député de
Trois-Rivières.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pourquoi ne pas prendre la phraséologie
de la Charte des droits de l'homme?
M. BLANK: Dans son testament, M. Carrel a parlé de la religion,
des groupes ethniques il parle des Irlandais et des Canadiens
français et il parlait de sexe en parlant des garçons. Il
n'a pas parlé de la langue du tout.
M. BEDARD (Chicoutimi): Critères ethniques.
M. BLANK: II n'a pas parlé de la langue du tout.
M. BEDARD (Chicoutimi): On n'en est pas là-dessus. On en est sur
l'aspect pointilleux du ministre de la Justice qui tient c'est normal
à ce que la langue soit la plus pure possible. A ce
moment-là, on pourrait mettre: Choisis sans égard...
M. CHOQUETTE: Aux critères religieux, ethniques et de sexe. Vous
l'avez.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous prenez la Charte des droits de l'homme,
c'est sans égard...
M. CHOQUETTE: Quelle Charte des droits de l'homme?
M. BEDARD (Chicoutimi): La Charte des droits de l'homme du Canada. Vous
l'avez, ici: Sans égard à la religion, à la langue ou au
sexe. C'est comme cela.
M. CHOQUETTE: II n'est pas question de langue, ce sont les
critères ethniques.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends, mais écoutez, on ne fera
pas une guerre qui n'en finira plus.
M. CHOQUETTE: Le mieux est l'ennemi du bien. Alors, c'est "sans
égard à des critères religieux, ethniques et de sexe",
imposés par le testament.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est seulement la majorité qui vous fait
décider cela.
M. BLANK: Choisis sans égard aux critères imposés
par le testament.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non. Ce n'est pas sans égard, d'une
façon générale, aux critères imposés par le
testament, parce qu'on tient à tenir compte des critères
géographiques...
M. CHOQUETTE: Les critères géographiques.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... qu'il a imposés.
M. BLANK: On le mentionne. M. CHOQUETTE: Non, non.
Je crois qu'à tout prendre on fait mieux de dire: "choisis sans
égard à des critères religieux, ethniques et de sexe."
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): C'était simple- ment pour vous dire que
quand on veut s'embarquer dans la phraséologie on va loin.
LE PRESIDENT (M. Heard): Article 1, adopté tel qu'amendé.
Article 2, adopté. Le bill no 104 est adopté tel
qu'amendé. Merci, messieurs.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)