Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente de la justice
Etude des crédits du ministère de la
Justice
Séance du mardi 9 avril 1974
(Dix heures dix minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
Programme 11, élément 1: Réinsertion sociale des
probationnaires.
Réinsertion sociale des
délinquants
M. BURNS: M. le Président, au programme 11 où on parle de
réinsertion sociale des délinquants, j'aimerais que le ministre
nous parle des nouvelles techniques de réinsertion sociale. Je veux
juste, brièvement, faire le tour de la question. Au cours de la
dernière décennie, plusieurs commissions d'enquête ou
groupes de travail, tant américains que canadiens ou
québécois, en particulier le ministre se souviendra
évidemment de l'équipe de travail Kat-zenbach aux
Etats-Unis la commission Prévost au Québec, ont
recommandé que soient intensifiées les mesures de
réhabilitation qui se situent entre l'incarcération et la
libération, comme les "half-way houses". Plus près de nous, en
septembre dernier, une étude dirigée par M. Outerbridge, du
département de criminologie de l'université d'Ottawa, proposait
la mise sur pied le plus rapidement possible, de centres communautaires pour
remplacer les centres de détention et les prisons.
Au cours de l'année dernière, plusieurs professionnels de
la réhabilitation ont déclaré qu'il était
impossible de réhabiliter les détenus à l'intérieur
de nos institutions pénitentiaires actuelles. Or, bien souvent, la prise
en charge des anciens détenus se fait par le biais d'institutions
charitables qui, bien souvent, ne disposent pas d'un matériel mais d'un
budget restreint. Est-ce que, devant ces quelques remarques, le ministre peut
nous dire s'il entend, de son côté et dans la limite de sa
juridiction, mettre sur pied un programme d'intensification de ces mesures?
D'autre part, est-ce qu'il existe des statistiques ou des prévisions
budgétaires concernant de tels programmes?
M. CHOQUETTE: Oui, M. le Président. Le ministère de la
Justice collabore avec trois organismes sociaux qui s'occupent de la
réinsertion sociale des détenus: la John Howard Society, le
Service de réadaptation sociale et le Service d'orientation et de
réhabilitation sociale. Ce sont des organismes qui se sont donné
comme vocation de prendre en charge des détenus, alors que ceux-ci
sortent de prison, de façon à leur trouver des emplois, à
leur trouver des endroits où habiter, en fait leur faciliter la
transition, mais en plus de cela, le ministère a signé des
ententes avec certaines maisons de la nature des "half-way houses" auxquelles
le député a fait allusion, la maison Saint-Laurent, à
Montréal, et la maison Gomin ici, à Québec.
D'autre part, par notre service de participation communautaire, nous
suscitons des initiatives de citoyens qui ont pour but de procurer du travail
ou de l'hébergement, ou les deux, à d'anciens détenus.
Voici quelques exemples, les Ateliers du gentilhomme remboureur ici, à
Québec; à Hull, nous avons également les Ateliers
Dominique qui sont une initiative des citoyens, mais avec lesquels le
ministère de la Justice collabore; à Chicoutimi également,
une initiative a été prise dans ce sens qui permet de procurer du
travail non seulement aux anciens détenus, mais même aux
détenus actuels dans la prison de cette région.
Depuis quelques années, nous avons insisté de plus en plus
sur la participation communautaire parce que nous nous sommes rendu compte
qu'il était impossible pour le ministère de tout faire dans ce
domaine-là et d'avoir une espèce de monopole sur la
réinsertion sociale. Il faut compter sur la collaboration d'organismes
sociaux ou charitables extérieurs. D'autant plus qu'en sensibilisant le
public et les citoyens en général au fait que le détenu,
parce qu'il a purgé une peine de prison, ne doit pas être une
espèce de paria dans la société, nous avons conscience de
faire en sorte que de plus en plus les employeurs, dans tous les milieux,
acceptent d'embaucher des personnes qui sont sorties de prison et qui sont
suffisamment encadrées de façon à éviter tout
risque pour les entreprises ou pour les travailleurs dans ces entreprises. Je
peux dire, je pense bien, qu'il y a un net progrès au point de vue de
l'esprit général qui prévaut. On est beaucoup moins
réticent à donner des emplois aux anciens détenus.
Je me rallie donc au principe que le député de Maisonneuve
énonçait tout à l'heure.
Le ministère s'intéresse à tout projet qui lui est
présenté dans ce sens et il y en a une foule qui sont le
résultat de l'initiative de différentes personnes. Dans chaque
cas, nous analysons le sérieux des initiatives qui nous sont
proposées. Il arrive, par exemple, que d'anciens détenus nous
proposent des programmes pour venir en aide à leur...
M. BURNS: Est-ce que c'est tout récemment qu'ils proposaient un
programme à un ancien détenu? Il y a eu beaucoup de
publicité autour de ça?
M. CHOQUETTE: Roger Cordeau, le jeune Cordeau, a pris aussi certaines
initiatives dans ce domaine. Nous insistons, par exemple, quand ces initiatives
naissent de la part d'anciens détenus que ça n'ouvre pas la porte
à des abus ou à des "rackets" parfois. C'est la raison pour
laquelle nous insistons pour qu'en général il y ait un conseil
d'administration composé d'hommes sérieux et nous insistons pour
que le programme qu'on nous propose de subvention-
ner, d'une façon ou d'une autre, donne des garanties de
sérieux et évite des abus.
M. BURNS: Justement au niveau des subventions à ces organismes
privés, je ne sais pas si je lis mal le programme 11, mais je ne vois
pas de programme de subventions à l'intérieur de ce programme
particulier.
M. CHOQUETTE: Les subventions et l'accréditation de ces
organismes sont l'objet de consultations entre le ministère de la
Justice et le ministère des Affaires soiales. Les subventions sont
plutôt versées par le ministère des Affaires sociales.
M. BURNS: On verrait probablement le programme de subventions
lui-même au budget du ministère des Affaires sociales?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS : Mon collègue de Chicoutimi va sans doute poser de
très pertinentes questions au ministre des Affaires sociales à ce
sujet.
M. BEDARD (Chicoutimi): On fera l'inventaire de ces sommes.
M. BURNS: Je disais que le député de Chicoutimi va sans
doute poser des questions très pertinentes au ministre des Affaires
sociales à ce sujet.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté?
M. BURNS: Non, juste quelques petites questions encore, M. le
Président, la suivante concernant le Service de placement
Saint-Vincent.
Le directeur du Service de placement Saint-Vincent, un organisme
privé s'occupant de la réinsertion sociale des anciens
détenus, s'est vu refuser en février dernier l'accès aux
différentes institutions pénitentiaires sous prétexte
qu'il était lui-même un ancien détenu. Selon nos
renseignements, M. Cordeau, nous parlions de lui tantôt, le directeur de
ce service de placement oeuvrait dans ce domaine et pénétrait
dans les différentes institutions depuis deux ans. Est-ce que le
ministre a été saisi du problème d'une part et, si oui,
comment l'a-t-il réglé?
M. CHOQUETTE: Je connais bien M. Cordeau, qui est venu me rendre visite
à plusieurs reprises à mon bureau à Montréal. C'est
un jeune homme plein d'enthousiasme et je ne dis pas que son initiative est
sans valeur. Je crois qu'il est sincère et animé d'un
désir de rendre service. Il a eu, à certaines occasions, la
permission de visiter des détenus dans les institutions. Lorsqu'il a
voulu se faire accréditer par le ministère de la Justice comme un
organisme communautaire s'occupant des détenus et des anciens
détenus, je l'ai mis en rapport avec le Dr
Gauthier et avec notre service de probation, de façon que l'on
étudie ses initiatives à fond. Je lui ai recommandé de
faire en sorte que son conseil d'administration soit composé de gens qui
offrent toutes les garanties de sérieux et de respectabilité. Il
m'a nommé quelques personnes qu'il connaissait; certains étaient
des juges, d'autres étaient des hommes d'affaires, en fait, des gens
auxquels on pouvait faire confiance. Le ministère est en train
d'étudier son programme et va lui faire des recommandations pour
structurer et organiser son service d'aide aux détenus et anciens
détenus pour que celui-ci ne tombe pas, en somme, dans des erreurs qui
pourraient faire reculer la cause de la réinsertion sociale, parce que
l'on comprendra que si nous devions accréditer des organismes qui, par
la suite, se révélaient des échecs peut-être
même des foyers de criminalité, parce que l'on aurait réuni
dans un milieu donné d'anciens détenus qui se livreraient
à d'autres actes criminels on risquerait alors de détruire
toute la philosophie et tout programme futur de réinsertion sociale. Les
recommandations que nous allons faire à M. Cordeau sont en fait des
recommandations de prudence, mais sans vouloir l'arrêter dans ses
initiatives.
M. BURNS: Est-ce qu'on a révisé la décision de
l'empêcher de pénétrer au sein des institutions?
M. CHOQUETTE: Non. Le compte rendu que vous avez relaté et qui a
paru dans Montréal-Matin, si je me rappelle bien...
M. BURNS: C'est cela, le lundi 7 février.
M. CHOQUETTE: ... est inexact. Quand cet article a paru, M. Cordeau est
venu me voir une semaine ou, infin, dix jours après, et je lui ai dit:
Montre-moi donc la lettre que tu as reçue du service de probation. Il me
montra la lettre et je lui ai dit : La lettre ne dit pas ce que tu dis dans
l'article. J'ai dit: La lettre dit que ton programme est à
l'étude et que, pour le moment, on ne peut te donner un accord ou un
acquiescement et on ne peut pas t'accréditer. J'ai dit: Pourquoi fais-tu
marquer dans le journal que tu as essuyé un refus?
M. BURNS: II n'avait pas un refus de son programme, mais un refus de
pénétrer dans les institutions pénitentiaires.
M. CHOQUETTE: C'est que, avant...
M. BURNS: Si je comprends bien sa motivation, il prend des contrats avec
des détenus alors qu'ils sont encore en dedans en prévision de
leur éventuelle libération et, dans ce sens, il y a
déjà des bases jetées quand il les rencontre à
l'intérieur...
M. CHOQUETTE: Oui, mais avant...
M. BURNS: Selon nos informations, cela fait déjà une
couple d'années qu'il a accès aux institutions.
M. CHOQUETTE: II avait précédemment été
admis pour certains cas dans les prisons. Il n'avait pas un accès
général aux prisons. La décision dont il se plaignait dans
cet article, en fait, ce n'était pas une décision finale du tout,
c'était simplement le temps de nous laisser penser et examiner son
programme. Il l'a reconnu lui-même. Il a dit: C'est vrai, la lettre dit
bien cela. J'ai dit: Je vais parler aux fonctionnaires à Québec
qui ont la responsabilité de cela et je vais voir avec eux
jusqu'à quel point ils peuvent te donner des conseils pour organiser ton
affaire d'une façon convenable.
M. BURNS: Mais, actuellement, ce n'est pas encore
réglé.
M. CHOQUETTE: Actuellement, me dit-on, il a la permission de visiter
lorsqu'il en fait la demande pour des cas particuliers.
M. BEDARD (Chicoutimi): A ce moment-là, il peut communiquer avec
des détenus ou...
M. CHOQUETTE: Mais son organisme, me dit-on, n'est pas encore
accrédité par le ministère des Affaires sociales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand on lui permet de visiter des prisons,
est-ce qu'on lui permet également de communiquer avec les
détenus?
M. CHOQUETTE: C'est évident, c'est l'objet de la visite. Ce n'est
pas un détenu en particulier.
M. BEDARD (Chicoutimi): Au niveau de la réinsertion sociale, on
pense beaucoup à la réinsertion sociale de ceux qui sont
condamnés, est-ce que le ministère s'est déjà
penché sur ceux qui étaient accusés, devaient passer une
période de temps très importante à l'intérieur
d'une prison et que, après un an...
J'aurais des exemples, si le ministre en veut. Il s'avère que les
détenus en question, les prévenus c'est-à-dire,
n'étaient coupables d'aucune façon.
M. CHOQUETTE: Vous voulez dire qu'ils auraient été
acquittés après leur procès?
M. BEDARD (Chicoutimi): Non seulement, plus qu'acquittés,
où il y a eu un nolle prosequi, par exemple.
M. CHOQUETTE: Bien, écoutez...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous me le permettez, je peux vous donner
peut-être deux cas dont je me suis occupé, deux cas de meurtres.
Dans un des cas, il y a eu procès. Le prévenu a été
acquitté et, effectivement, on a trouvé les meurtriers plus tard.
Les gens ont été condamnés. Il a été
très clairement établi que le client que nous défendions
n'était pas coupable, mais cependant il avait dû passer
au-delà d'un an en prison.
Un autre cas un cas de meurtre également où
le prévenu a été détenu durant un an et, lors du
procès, la couronne a été obligée de
procéder par nolle prosequi parce qu'à l'intérieur
même du procès, on a arrêté celui qui, effectivement,
était coupable. Je dis toujours légalement parlant. Ce n'est pas
tant de ceux qui ont été condamnés que je voudrais
apporter le cas, mais personnellement, ce sont deux cas que j'ai vécu
où deux personnes, durant plus d'un an, ont été
confinées dans des prisons et n'étaient même pas
mêlées à ce dont elles étaient accusées.
M. CHOQUETTE: Ecoutez...
M. BEDARD (Chicoutimi): La réinsertion sociale de ces gens, parce
que cela touche drôlement le domaine de la justice... Est-ce que vous
pensez que le ministère de la Justice devrait se pencher ou s'est
penché sur des cas de cette nature?
M. CHOQUETTE: Je dois dire que non, pas à l'heure actuelle. Je ne
dis pas que le problème que vous soulevez ne mérite pas
d'être examiné. Je pense qu'on a dû traiter, dans le
passé, ces cas comme... En fait, vu leur acquittement ou vu que des
nolle prosequi avaient pu être logés dans leur procès, on
les a considérées comme des personnes qui ne faisaient pas partie
d'une catégorie particulière par rapport aux détenus et
qui n'étaient pas comprises parmi les détenus. Maintenant, je ne
dis pas que, d'un autre côté, ces cas n'ont pas
mérité et n'ont pas fait l'objet d'aide sociale ou d'aide
d'organismes sociaux.
Je serais bien de l'avis du député de Chicoutimi que ces
cas mériteraient de l'aide, de l'assistance financière même
dans le cas d'acquittement.
D'ailleurs, il est possible que nous envisagions, à un certain
moment, d'indemniser les personnes lorsqu'il peut y avoir eu, non pas un
acquittement, mais une erreur judiciaire en vertu de la Loi de l'indemnisation
des victimes d'actes criminels. Cela ne serait pas tout à fait la
même chose pour le cas dont parle le député de
Chicoutimi.
Mais, nous pouvons, sans aucun doute, analyser le problème de
ceux qui peuvent avoir été prévenus pendant un certain
temps, c'est-à-dire en attendant leur procès, et qui, par la
suite, avaient été acquittés et relâchés
après un nolle prosequi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je suis d'accord avec le ministre parce qu'on ne
pourrait pas
établir une réglementation ou des lois ayant pour but
d'indemniser toute personne qui a été acquittée. C'est
évident. Mais, dans des cas, où d'une façon très
claire, la preuve est faite que ces personnes n'étaient
mêlées, absolument d'aucune manière, aux actes
reprochés, il me semble qu'une action gouvernementale serait
nécessaire parce que cela serait tout simplement juste. Dans les deux
cas que je vous ai mentionnés, ces personnes n'ont absolument rien
reçu en termes d'aide, une fois sorties. Elles ont tout simplement
été obligées de faire elles-mêmes les efforts de
réinsertion dans la société. Même quand on emploie
le nolle prosequi ou d'autres procédures du genre, on sait que, dans
l'esprit de la société, souvent ces personnes ayant
été mêlées publicitairement, les faits ayant
été rendus publics, acquittées ou non, demeurent tout au
moins dans l'esprit de cette société, mêlées aux
actes reprochés.
Et je pense qu'il serait urgent, non seulement pour ceux qui sont pris
dans de telles situations, mais également pour le bénéfice
de la justice aussi, parce que de telles choses ne peuvent faire autrement
qu'amener un discrédit indirect sur la justice.
M. CHOQUETTE: II faut peut-être comprendre aussi que, du
côté de ceux qui peuvent avoir bénéficié d'un
acquittement ou d'un nolle prosequi, il peut y avoir une réticence de
leur part à être traités comme anciens détenus,
parce qu'ils peuvent dire: Moi, j'ai été "clairé" par la
cour ou par les autorités. En fait, je n'accepte pas d'être
traité ou qu'on m'applique des mesures, même bienveillantes, qu'on
applique à des anciens détenus, parce que je ne suis pas
coupable. De leur côté, il peut y avoir une réaction, en
disant : Je ne veux pas avoir affaire de près ou de loin à qui
que ce soit. Tandis que celui qui a été condamné, qui a
purgé sa peine, il peut se dire: J'ai payé ma dette à la
société, comme on dit. Maintenant, la société peut
faire quelque chose pour me réinsérer socialement. Vous savez, il
va falloir tenir compte de ce facteur psychologique qui peut jouer.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand le ministre parle de la réticence
de certains, qui ont été placés dans cette situation,
à vouloir réclamer j'imagine à qui il veut faire
allusion dans le sens que ce serait comme accepter le système qui
les a arrêtés que de vouloir réclamer. Je sais que j'ai eu
des cas comme cela, concernant la crise d'octobre, par exemple. Cela s'est
présenté à maintes reprises, mais je crois que cette
situation ne se présente pas concernant les autres prévenus comme
dans les cas que j'ai mentionnés.
M. CHOQUETTE: Je ne situais pas cette réticence de leur part au
niveau idéologique ou politique, mais plus au niveau personnel de celui
qui se dit: J'ai été acquitté, mais je n'ai pas d'affaire
à me faire traiter ou qu'on vienne même me prêter les
égards qu'on donne à un ancien détenu, parce que je suis
acquitté. Enfin, je ne dis pas que l'intervention du
député de Chicoutimi n'est pas à point, je vais demander
au Dr Gauthier d'étudier le cas, pour voir ce que nous pouvons faire
pour des situations particulières soulevées par le
député.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce qui veut dire que, si j'amenais d'une
façon très précise l'élaboration des deux cas,
entre autres, dont je vous ai parlé, on pourrait compter au moins sur
une oreille attentive...
M. CHOQUETTE: Sans doute.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... concernant une indemnisation.
M. BURNS: Mon dernier point à ce sujet, M. le Président.
J'aimerais parler au ministre d'une initiative que je trouve, en tout cas,
assez intéressante, qui a été annoncée
récemment par les autorités d'Orsainville. Il s'agit de nouvelles
mesures visant à préparer les détenus à leur
élargissement en les filmant lors de certains exercices de
réinsertion sociale, c'est-à-dire que, si on prend un exemple
pratique selon l'article qui annonçait cela dans le journal A
Propos, le 8 janvier dernier on donnerait l'occasion à un
prisonnier d'agir comme s'il se présentait chez un nouvel employeur.
Evidemment, tout est en bidon, organisé d'avance. On le filmerait
pendant qu'il poserait des gestes que, normalement, il serait appelé
à poser quand il sortira, quand il sera élargi. Par la suite,
à l'aide de ce film, on s'assoirait avec le détenu et quelques
conseillers pour examiner ce qu'il a bien fait, ce qu'il a mal fait. C'est un
exemple qui pourrait être fait.
Je trouve l'initiative assez intéressante, assez nouvelle aussi,
dans le but de donner une certaine confiance au détenu quand,
éventuellement, il sera placé dans une telle situation, soit
celle que je viens de décrire ou toute autre semblable. Semble-t-il,
toujours selon l'article du mois de janvier auquel je me réfère,
le matériel audio-visuel coûterait environ $2,500 pour en arriver
à ces fins.
Est-ce que dans l'un ou l'autre des programmes, dans le programme 11 en
particulier, il y a des sommes prévues pour cela? Est-ce qu'on va mettre
ce système en vigueur ou si ce n'était qu'à l'état
de projet à long terme?
M. CHOQUETTE: II y a eu une expérience dans le sens
indiqué par le député de Maisonneuve et nous entendons
généraliser l'expérience au cours de l'année.
M. BURNS: Est-ce que le matériel nécessaire à cela
est en possession des autorités d'Orsainville?
M. CHOQUETTE: Nous nous sommes servis
du matériel qui sert pour la formation du personnel, mais nous
entendons acquérir du matériel additionnel au cours de
l'année pour ces fins.
M. BURNS: Alors, ces sommes sont déjà prévues
à votre budget, j'imagine.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Qu'est-ce que cela représente comme
expectative de dépense?
M. CHOQUETTE: $2,500.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté?
M. BURNS: Simplement une question encore au niveau des chiffres. Dans la
catégorie 4, Services, de ce programme 11, on note une augmentation
substentielle. L'année dernière, cette catégorie
prévoyait une somme de $190,000, cette année on prévoit
à cette catégorie $1,090,100. Je me demandais si c'était
une faute de frappe. Parce qu'on passe de $190,000 à $1 million.
M. CHOQUETTE: Vous vous référez à... M. BURNS:
Catégorie 4 du programme 11.
M. CHOQUETTE: Catégorie 4, services, alors qu'on avait $190,000
prévus en 1973/74. Là, on a $1,090,000. C'est cela?
M. BURNS: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Ce sont les honoraires pour des expertises
médicales qui, autrefois, étaient acquittées à
même le budget du ministère des Affaires sociales et dont nous
assumons maintenant la responsabilité.
M. BURNS: Quel genre d'expertises médicales?
M. CHOQUETTE: Expertises psychiatriques. Autrefois, nous faisions
nous-mêmes nos propres expertises psychiatriques, mais nous allons passer
un contrat avec l'Institut Pinel qui est une institution qui dépend du
ministère des Affaires sociales et passer un contrat avec son personnel
médical pour qu'eux fassent, pour notre compte, les expertises
psychiatriques qui peuvent être requises.
M. BURNS: Vous n'avez pas recours à des psychiatres de
l'extérieur du ministère. Ce sont des gens qui sont à
l'emploi du ministère des Affaires sociales ou si ce sont des
contractuels extérieurs?
M. CHOQUETTE: Nous passons un contrat avec Pinel, qui comprend les
expertises plus les frais de séjour de ceux qui sont temporairement
placés à Pinel pour les fins d'examens psychiatriques et les
autres dépenses incidentes au séjour de nos prisonniers ou de nos
prévenus à l'institut Pinel. Parce qu'autrefois nous avions une
aile psychiatrique à Bordeaux où nous avions en moyenne 50
à 100 personnes qui étaient sous observation psychiatrique
à l'occasion des "special issues" qui peuvent être
déclarés dans un procès criminel, c'est-à-dire
cette procédure par laquelle on soulève la compétence
mentale d'un prisonnier à subir son procès. En moyenne, on avait
50 à 100 personnes dans cette aile psychiatrique à Bordeaux, mais
il a été décidé de fermer l'aile psychiatrique et
d'envoyer les accusés pour lesquels un "special issue" a
été demandé à l'Institut Pinel. Il nous faut
financer l'Institut Pinel au point de vue des examens psychiatriques proprement
dits par le personnel médical et il faudra probablement payer les
expertises suivant les tarifs de la pratique et il faudra aussi payer à
l'Institut Pinel ou compenser l'Institut Pinel pour les frais de séjour
de ceux qui sont notre responsabilité.
M. BURNS: Si je comprends bien, ça ne vise pas que des expertises
relativement à des détenus, mais ça peut aussi viser des
expertises relativement à des prévenus en attente de leur
procès.
M. CHOQUETTE: Plus souvent, c'est le cas. Malgré que s'il
s'avérait qu'on avait un prisonnier qui ait été
condamné et qui soit incarcéré dans nos prisons, et
qu'à cause des développements, il faille lui faire subir des
examens psychiatriques, ça pourrait être compris dans ça,
mais en général il s'agit plutôt des gens qui sont
prévenus, qui attendent leur procès, mais soit que la couronne,
soit que la défense soulève la question de la capacité
mentale de l'accusé de subir un procès.
M. BURNS: Ce qui m'étonne, c'est que cela apparaisse au programme
11, cette catégorie.
M. CHOQUETTE: On l'a mis sous la réinsertion sociale.
M. BURNS: En tout cas, remarquez que je ne veux pas faire de
chinoiseries avec cela.
M. CHOQUETTE: En fait, c'est qu'on a mis dans ce programme tout ce qui
concerne les dépenses qu'on a en cours pour des expertises
médicales ou des rémunérations des travailleurs sociaux ou
des équipes multidisciplinaires qui sont dans les prisons et qui
préparent les programmes de réinsertion sociale.
M. BURNS: La raison pour laquelle je soulevais ça, c'est que le
prévenu qui est mis en accusation et au sujet duquel on soulève
sa capacité de subir son procès et qu'on lui fait subir une
expertise médicale pour savoir s'il est
apte à subir son procès, je ne pense pas que ce soit
vraiment de la réinsertion sociale des délinquants. En somme, je
vais dire clairement ce que je pense, je ne voudrais pas que le ministre vienne
nous dire : On a augmenté notre budget de réinsertion sociale de
$1 million cette année...
M. CHOQUETTE: On l'a beaucoup augmenté.
M. BURNS: Oui, je sais, mais ce n'est pas... C'est sûr que, si on
regarde votre budget total de l'année passée, il était de
$3,396,600, alors que maintenant il est de $3,973,000. Une catégorie a
sensiblement augmenté et c'est une catégorie qui, à toutes
fins pratiques, ne vise à peu près pas la réinsertion
sociale. C'est dans ce sens que je soulève la question.
M. CHOQUETTE : Au point de vue comptable, il faut souligner qu'à
la catégorie transfert, en 1973/74, vous trouviez $970,000, tandis que
cette année vous ne trouvez que $30,000. Cela s'équilibre d'une
certaine façon.
M. BURNS: C'est cela qui arrive. Mais quand même, je ne voudrais
pas qu'on...
M. CHOQUETTE: Au point de vue de la réinsertion sociale, il
faudrait quand même dire que puisqu'on est à la réinsertion
sociale des délinquants ou des probationnaires, le personnel de notre
service de probation est beaucoup plus nombreux à l'heure actuelle qu'il
ne l'était il y a trois ou quatre ans. Il y a trois ou quatre ans, nous
n'avions qu'une trentaine d'agents de probation à travers tout le
Québec, tandis qu'aujourd'hui nous en avons plus de 125 qui sont
répartis dans toutes les régions du Québec. Je ne dis pas
que cette croissance s'est produite entre l'année 1973/74 et 1974/75,
cela a été graduel.
M. BURNS: II y a même eu une diminution, si vous regardez aux deux
programmes 10 et 11, au point de vue du nombre de personnes. Au programme 10,
l'année dernière, on avait 2,177 postes autorisés, alors
que cette année il y en a 2,152. Donc, une diminution à cet
endroit de 25.
M. CHOQUETTE: Cela comprend les gardiens de prison.
M. BURNS: Non, mais je prends les deux groupes ensemble. Au niveau du
programme 11, réinsertion sociale, il y a une augmentation de 5. Au
total, si vous prenez ces deux programmes, il y a une diminution de 20.
M. CHOQUETTE: Quand même, il ne faut pas comparer les gardiens de
prison à des agents de probation, ce n'est pas du tout la même
chose.
M. BURNS: Je suis d'accord là-dessus.
M. CHOQUETTE: Par la réduction des prisons, on a réussi
à baisser un peu le personnel des gardiens de prison. Par contre, au
point de vue des besoins, dans le domaine de la probation, je ne dis pas que
nos besoins sont entièrement comblés à l'heure actuelle,
mais l'accroissement du personnel au cours des dernières années
était quand même assez considérable.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a un besoin de soins psychiatriques
à l'Institut Pinel, en gros, seulement cela, qu'est-ce que cela
représente en termes de dépenses?
M. CHOQUETTE: Vous voulez dire le fait d'avoir éliminé
l'aile psychiatrique de Bordeaux et d'avoir confié ce...
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans un premier temps, vous dites que vous
êtes obligé de subventionner, ou encore, naturellement de
débourser certaines sommes à l'Institut Pinel face aux services
qu'il rend; ce montant pourrait être de quel ordre? Est-ce que vous
déboursez directement à l'Institut Pinel?
M. CHOQUETTE: Environ $750,000.
M. BURNS: En fait, c'est une pure et simple opération comptable.
Normalement, c'est quelque chose qui aurait paru comme une charge au
ministère des Affaires sociales et elle apparaît comme une
dépense dans votre ministère, alors que cela va être une
décharge au ministère des Affaires sociales.
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'une évaluation a
été faite de ce que pouvait coûter l'ancien système,
si on peut employer l'expression, d'incarcération à Bordeaux?
Est-ce qu'il y a une estimation de ce que cela pouvait coûter par rapport
à ce que cela représente de dépenses avec l'Institut
Pinel?
M. CHOQUETTE: On me dit qu'au point de vue du coût, cela revient
à peu près à la même chose. Les frais que l'on
encourait l'année dernière pour les fins de l'aile psychiatrique
de Bordeaux s'élevaient à environ $970,000. Au lieu de payer ces
$970,000, ce qui est la réduction que l'on constate au programme 11-2,
une réduction, évidemment, au chapitre des transferts, mais un
accroissement des dépenses au chapitre des services.
Je pense bien qu'il est évident que l'on pourra assurer un
meilleur service en utilisant Pinel que de donner nous-mêmes les services
au point de vue psychiatrique à l'aile psychiatrique de Bordeaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que, avec ce nouveau programme, cela vous
place dans l'obligation de requérir les services d'un plus grand nombre
de psychiatres en dehors des cadres mêmes de...
M. CHOQUETTE: Non, nous allons utiliser les psychiatres qui travaillent
à l'intérieur de Pinel...
M. BEDARD (Chicoutimi): Tous les hommes...
M. CHOQUETTE: ... qui, pour la plupart, je pense, sont des psychiatres
à temps partiel, qui ne sont pas engagés exclusivement par
l'Institut Pinel.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sur les $750,000, est-ce que vous pouvez nous
dire quelle est la partie qui va, d'une façon spéciale, au
paiement d'honoraires de psychiatres et celle qui est versée pour les
frais de séjour et autres dépenses?
M. CHOQUETTE: Pour les frais de séjour et autres
dépenses.
On me dit que c'est environ $200,000 d'expertises et la
différence serait des frais de séjour.
Il faut payer également les honoraires de comparution des
témoins experts devant la cour, parce que, une fois qu'ils ont fait
l'expertise psychiatrique, il faut qu'ils comparaissent devant le juge pour
donner leur conclusion.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand vous avez parlé des travailleurs
sociaux dont le nombre avait augmenté, est-ce que vous y incorporez ceux
qui, par exemple, ont comme fonction de faire les enquêtes
présententielles et qui sont au service de la cour?
M. CHOQUETTE: Ce sont les agents de probation qui font ce travail.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela.
M. CHOQUETTE: Ce sont les 124 agents de probation qui sont
répartis un peu partout au Québec.
Nous en avons à Amos; à Arthabaska; à Baie-Comeau;
à Chicoutimi, trois; à Drummondville; à Hull, neuf;
à Mont-Laurier; Montmagny; Québec, 18; Rimouski, 3;
Rivière-du-Loup, 1; Rouyn-Noranda, 1; Saguenay, 1;
Saint-Joseph-de-Beauce, 1; Sherbrooke, 4; Val-d'Or, 1; Trois-Rivières,
3; Joliette, 3; Montréal, 47; Saint-Hyacinthe, 2; Saint-Jean, 1;
Saint-Jérôme, 9; Sorel, 1; et Valleyfield, 2; pour un total de
124.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a un entraînement
spécial ou des cours spéciaux qui sont donnés en fait
à ces agents de probation pour l'exercice de leur travail?
M. CHOQUETTE: Ce sont tous des diplômés en criminologie,
selon nous, des travailleurs sociaux professionnels.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté?
M. BURNS: Relativement à ces modifications depuis l'année
passée, je note à la catégorie 6, loyers, une diminution
assez importante de $22,807 et, par contre, je note une augmentation aux
fournitures, à la catégorie V, de $10,000 à $39,300.
M. CHOQUETTE: Le montant de $22,800 prévu en 1973/74 a
été inscrit par erreur à cette catégorie. Celui-ci
aurait dû apparaître à la catégorie 7,
fournitures.
M. BURNS: C'est ce qui explique...
M. CHOQUETTE: Les changements dans les deux catégories.
M. BURNS: ... les changements, c'est-à-dire une diminution dans
une catégorie et une augmentation dans l'autre. C'est cela. Que sont ces
fournitures en général?
M. CHOQUETTE: Ces fournitures, en particulier, sous la catégorie
7, c'est la papeterie.
M. BURNS: Le programme 11 est adopté en ce qui me concerne.
Excusez-moi.
M. CHOQUETTE: Je ne voudrais pas que ce soient des formules de
Paragon.
M. BURNS: Je ne suis pas certain. Est-ce que le ministre est en mesure
de nous assurer que Paragon n'émet pas de ces contrats?
M. CHOQUETTE : Je ne le crois pas.
M. BURNS: Je vois le Dr Gauthier qui dit: Je ne pense pas. Mais je vois
dans ses yeux; J'espère que non.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a une question que je voudrais poser. Sur
le programme 11, pour en revenir seulement aux officiers de probation, je
trouve qu'à un moment donné, ils prennent une place très
large concernant la justice dans le sens suivant: C'est qu'ils peuvent
influencer, ils sont en mesure d'influencer grandement la sentence. Je sais
bien que ce n'est pas dans l'esprit du ministère de la Justice d'en
faire simplement des rapporteurs officiels, mais vraiment des gens qui
s'insèrent dans votre programme de réinsertion sociale, est-ce
qu'il y a un mécanisme de contrôle ou une surveillance tout
à fait structurée concernant le travail de ces agents de
probation?
M. CHOQUETTE: Nous avons des responsables régionaux des
différents services de proba-
tion et, par conséquent, il y a un certain contrôle par
leurs supérieurs.
Deuxièmement, il y a des rencontres organisées entre les
officiers de probation où ils peuvent approfondir certaines questions
relatives à leur travail, en particulier sur la question des rapports
présententiels qui vont devant les juges et dont les juges peuvent tenir
compte à l'occasion des sentences qu'ils ont à rendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'ailleurs, c'est là qu'est l'importance
de leur rôle, parce que je crois que les juges en tiennent beaucoup
compte quand le travail se fait d'une façon efficace.
M. CHOQUETTE: Je suis content d'entendre le député de
Chicoutimi dire cela parce qu'en fait, le juge va être plus
éclairé pour rendre une sentence éclairée s'il a le
contexte général et non pas seulement les faits qui peuvent
être prouvés à l'occasion d'une cause en particulier.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je crois que c'est une tierce personne, en
dehors de ce que peut être la couronne, avec ses représentations
et la défense qui a son optique de voir les choses.
C'est sûr que c'est un élément d'objectivité
qui est très important dont tiennent compte la plupart des juges avant
de donner une sentence.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté? Programme 12: Aide juridique
et financière.
Aide juridique et financière
M. BURNS: Au programme 12, je ne sais pas si c'est le fait qu'on a
parlé de Paragon qui m'a inspiré, j'aimerais demander au
ministre, concernant le centre communautaire juridique de Montréal,
comment on en est venu à louer le dixième étage de la
place Dupuis.
M. CHOQUETTE: On en est venu à le louer, premièrement,
pour...
M. BURNS: M. Carrière, qui vous a rendu service dans une
élection complémentaire à Sept-Iles, entre autres, avait
dit que, si les méchants péquistes prenaient le pouvoir,
évidemment il n'ouvrirait pas de magasin Dupuis dans ce coin.
Effectivement, cela fait déjà trois ans de cela et il n'y a pas
de magasin Dupuis encore et, à ce que je sache, il n'y a pas eu de
méchant péquiste d'élu à Sept-Iles.
M. SAMSON: II a encore peur!
M. BURNS: II a encore peur. Il est possible...
M. CHOQUETTE: Non. Autrefois, le bureau de l'assistance judiciaire de
Montréal était situé dans un édifice très
vétuste, dans la côte de la Place d'armes, édifice que le
député de Maison- neuve connaît et qui, vraiment,
n'était plus apte à servir pour les fins de l'aide juridique. La
Commission des services juridiques et le centre communautaire de
Montréal ont dû prévoir de se déplacer et de trouver
de nouveaux locaux plus convenables, de façon à partir le centre
communautaire juridique de Montréal, non pas comme le pire des bureaux
d'avocats de la ville, mais comme un bureau tout à fait convenable,
même s'il est à la disposition des économiquement
défavorisés. Ils ont cherché, d'abord, au point de vue
géographique, un endroit qui leur convenait. Ils ont
considéré que la Place Dupuis était très
avantageuse à ce point de vue parce qu'elle est au carrefour du
métro Demontigny, je crois...
M. BURNS: Maisonneuve et Berri.
M. CHOQUETTE: Maisonneuve et Berri. D'autre part, le loyer qui
était demandé par les propriétaires de la Place Dupuis
était plutôt raisonnable, parce que je crois qu'on demandait un
loyer de $5 le pied carré, si je me rappelle bien, ou $5.50...
M. BURNS : C'est une des questions que je veux poser au minsitre. Est-ce
qu'il a les chiffres précis?
M. CHOQUETTE : Précisément, je peux vous dire que c'est
environ $5 le pied carré qui est le coût de location à cet
endroit. Par conséquent, pour le bas de la ville à
Montréal, c'était quand même un loyer très
raisonnable et c'est la Commission des Services juridiques, avec le concours du
centre communautaire, qui a pris cette décision que j'ai trouvée
assez heureuse.
M. BURNS: Est-ce qu'il n'était pas question... D'abord, sur le
coût, avant qu'on quitte cela, le coût au pied carré. Le
ministre dit environ $5 le pied carré, est-ce que c'est encore vrai
cette année ou si c'était vrai quand le bail a été
signé?
M. CHOQUETTE: Je crois qu'ils ont signé un bail à long
terme et il y a peut-être quelques clauses d'échelle mobile
là-dedans, comme cela peut se produire dans des baux à long
terme, mais je ne crois pas qu'il y ait eu de modification sensible. Je crois
que c'était un bail pour dix ans, si je me rappelle bien, cinq ou dix
ans.
M. BURNS: Toujours sur les locaux du centre et de la commission, est-ce
qu'il n'a pas été question à un moment donné ou
est-ce qu'on n'a pas envisagé de leur trouver de la place à
l'intérieur de la Place de la justice?
M. CHOQUETTE : Ils ne voulaient pas parce qu'étant donné
le rôle de défenseurs qu'ils jouent souvent dans les causes
criminelles, ils ne voulaient pas être identifiés aux services
ordinaires du ministère de la Justice et, en particu-
lier, à la poursuite, et, pour l'accueil de la clientèle,
soit criminelle ou autre, ils préféraient garder certaines
distances par rapport au ministère.
M. BURNS : C'est une bonne raison. Je me demandais si on l'avait
envisagée.
M. CHOQUETTE : En plus de cela, nous n'avons pas d'espace au palais de
justice, parce que nous avons le ministère du Revenu qu'on voudrait bien
mettre dehors.
M. BURNS : Si vous m'aviez dit qu'il n'y avait pas de place, je vous
aurais dit: Qu'attendez-vous pour mettre le ministère du Revenu
dehors?
M. CHOQUETTE: Nous attendons, en fait, la construction, je crois, de la
Place Desjardins. Il est prévu que le ministère du Revenu doit
déménager aussitôt que la place sera construite, au moins
en partie, et la date du déménagement prévue pour le
ministère du Revenu, c'est 1975.
M. BURNS : Surtout que, s'il y a un ministère qui n'est pas
sympathique, c'est bien celui-là.
M. CHOQUETTE: II n'est pas sympathique à M. Nixon, en tout
cas.
M. BURNS: Toujours relativement à l'aide juridique, on a appris
assez récemment, c'est-à-dire en juin 1973, que le gouvernement
onta-rien, qui a lui aussi un système d'aide juridique, envisageait de
hausser le plafond d'admissibilité à l'aide juridique pour les
bénéficiaires, à aller jusqu'à $12,000. Je ne sais
pas si le ministre a entendu parler de cela.
M. CHOQUETTE: $12,000 de revenus...? M. BURNS: Oui.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas entendu parler de cela et je dirais que cela
dépasse entièrement nos propres moyens.
M. BURNS: Non. c'était juste à titre d'introduction. Je
réfère le ministre à une nouvelle qui paraissait dans la
Presse le 12 juin 1973. Je lis tout simplement le premier paragraphe: "Le
gouvernement ontarien pourra faire en sorte que les citoyens de cette province
gagnant jusqu'à $12,000 par année soient admissibles à un
programme d'aide juridique financé au moyen de l'intérêt
des comptes en fiducie des avocats". C'était un projet. Je ne sais pas
où cela en est rendu en Ontario mais, de notre côté, on se
rend compte que les normes d'admissibilité établies actuellement
sont et vont rapidement devenir périmées eu égard à
l'augmentation constante du coût de la vie. Est-ce que le
ministère s'est penché sur ce problème? Quelqu'un, dans le
fond, pourrait facilement gagner $85 cette année avec le même
pouvoir d'achat que quelqu'un qui en gagnait $75 l'année
dernière. Est-ce que le ministère a, par exemple, envisagé
d'indexer au coût de la vie les normes d'admissibilité pour les
bénéficiaires de l'aide juridique?
M. CHOQUETTE: On ne l'a pas envisagé actuellement, parce que nous
terminons au mois de juin notre première année d'activité
dans le domaine de l'aide juridique. Deuxièmement, notre système
d'aide juridique au Québec est plus compréhensif que celui de
l'Ontario dans ce sens que nous couvrons plus de types de litiges que le
système ontarien. Il faut quand même tenir compte que le revenu
per capita au Québec est quand même de 20 p.c. inférieur
à celui de l'Ontario. Par conséquent, le rendement de nos
impôts est en proportion moins considérable qu'en Ontario.
En troisième lieu, si le député me permet de
compléter ma réponse, notre système, à l'heure
actuelle, couvre quand même 2,000,000 de Québécois, ce qui
est une partie importante de la population.
Je voudrais ajouter, puisque le député m'en donne
l'occasion à ce moment-ci, que je conçois pour les classes
moyennes, que les services juridiques soient un fardeau important lorsqu'elles
ont des problèmes à débattre devant les tribunaux.
Je me demande pourquoi le Barreau du Québec, qui est une certaine
partie de la profession, qui regarde... Vous savez, le service, le
système d'aide juridique que nous avons mis en place, nous l'avons fait
avec quelques appréhensions, au moins à certains points de vue,
parce qu'on considère chez certains que l'aide juridique pourrait
être une entorse sérieuse à la pratique privée du
droit. Je me demande pourquoi les autorités du Barreau ne
s'intéressent pas à un système d'assurance pour services
juridiques comme cela se fait dans certains milieux américains. Je me
demande aussi pourquoi les syndicats ouvriers, puisqu'ils doivent avoir une
action qui déborde purement et simplement le rôle de
revendicateurs, ne formeraient pas des systèmes d'assurance pour les
classes moyennes et qui pourraient défrayer les services juridiques. A
ce moment, le coût de ces services serait réparti sur des groupes
importants de la population.
Je crois qu'il y a là un rôle à remplir pour les
services juridiques destinés aux classes moyennes, et le plus tôt
on s'intéressera à tenter d'instaurer des systèmes
volontaires d'assurance pour services juridiques, le plus tôt on aura une
population bien desservie au point de vue des services.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais pour être honnête envers le
Barreau, je pense que sa réticence vis-à-vis de l'aide juridique
ne se situait pas tellement au niveau de l'aspect financier que cela pouvait
représenter.
C'était surtout au niveau des dangers que cela pouvait
représenter concernant les normes, quant à la liberté de
choix de l'avocat par le client.
M. CHOQUETTE: Oui, je ne voulais pas faire une critique du Barreau, mais
je voulais dire qu'au lieu de se concentrer peut-être sur ces aspects, il
y aurait peut-être lieu sur un plan positif d'étudier des plans
d'assurance.
M. BURNS: Pourquoi ne serait-ce pas l'Etat qui prendrait en charge un
tel plan d'assurance?
M. CHOQUETTE: L'Etat, je m'y intéresse. J'ai l'intention de
mettre quelque chose sur pied, peut-être en suggérant au Barreau
d'y collaborer. C'est une idée que je trouve valable et qui pourrait
sûrement maintenir adéquatement la pratique du droit et rendre des
services aux citoyens, surtout à ceux des classes moyennes.
M. BURNS: II y a un avantage quand je demande pourquoi ne
serait-ce pas l'Etat car c'est déjà un champ qui n'est pas
occupé par des entreprises à caractère privé, de
sorte que vous n'auriez probablement pas à faire face à tous les
tiraillements que vous rencontreriez le jour où le gouvernement
déciderait d'étatiser l'assurance-automobile où il y a des
intérêts déjà en place. D'autre part, comme le champ
n'est pas occupé et qu'on se dit que l'Etat pourrait peut-être
mettre sur pied ce système d'assurance services juridiques, il n'y a pas
de doute qu'au point de vue du coût cela aurait une importance, puisque
l'Etat fonctionnerait, évidemment, sans but lucratif dans ce domaine. Il
s'agirait tout simplement d'assurer le coût de l'administration du
programme, etc. Je pense que la suggestion du ministre a beaucoup de valeur
quant à l'instauration d'un système d'assurance dans ce domaine
pour les classes moyennes. Je lui retourne la balle en disant que cela vaudrait
peut-être la peine aussi que cela soit l'Etat qui y pense.
M. CHOQUETTE: J'y pense, c'est la raison pour laquelle je le mentionne
ce matin. Il me semble que les avocats, surtout dans leurs groupements
professionnels, auraient tout intérêt à étudier le
genre de formule qui pourrait s'appliquer, quitte à nous proposer
l'adoption d'un système comme celui-là, quitte à demander
notre appui sur le plan administratif. Je crois qu'à ce
moment-là, on aurait des classes moyennes mieux servies sur le plan
juridique, et sans que cela ait des répercussions graves sur le plan
individuel. Parce que, comme vous le dites, vous le laissez entendre par votre
intervention, quelqu'un qui gagne $12,000 par année, et qui a un
procès coûteux à soutenir, ce fait pourrait
représenter des difficultés financières pendant longtemps.
Tandis que s'il y avait un système d'assurance, le coût de ces
procès serait réparti sur l'ensemble. Les avocats garderaient
toute leur liberté d'accepter ou de refuser ces causes. Il pourrait y
avoir certains tarifs d'édictés pour ces causes avec,
évidemment, le concours de la profession. Je crois que c'est une
idée qu'il va falloir explorer.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, en ce sens, il
y a déjà eu des pourparlers avec le Barreau?
M. CHOQUETTE: Non, pas encore.
M. SAMSON: Pas encore. Est-ce que vous avez...
M. CHOQUETTE: Actuellement, les pourparlers avec le Barreau portent sur
la négociation des tarifs de l'aide juridique.
M. SAMSON: Est-ce que vous avez au ministère un comité
chargé d'étudier ce sujet, en particulier?
M. CHOQUETTE: Non, nous n'avons pas de comité encore sur ce
sujet.
M. SAMSON: Est-ce que cela ne serait pas une bonne idée que le
ministre en...
M. CHOQUETTE: Je crois que cela serait une bonne idée. Je lis
qu'aux Etats-Unis ces systèmes tendent à se répandre. Je
crois que le temps est arrivé de se mettre à l'étude de
ces questions.
M. SAMSON: M. le Président, je suis évidemment favorable
partiellement à ce que le ministre a suggéré tantôt.
Je dis partiellement parce que j'aimerais bien voir un tel système
fonctionner plutôt dans le sens que l'a suggéré le
ministre, que dans le sens que l'a suggéré le
député de Maisonneuve.
M. BURNS: Cela, je m'y attendais.
M. SAMSON: Je sais que le député de Maisonneuve s'y
attendait et j'apporte les raisons pour lesquelles j'aimerais mieux la voir
fonctionner de cette façon-là. Nous avons déjà, en
pratique, un système d'assurance étatisé qui s'appelle
l'assurance-maladie et ce n'est pas un succès. Je vous assure que cela
apporte des problèmes à beaucoup de monde et le coût
comparatif avec un autre système d'assurance privé est
très discutable, de sorte que j'ai l'impression que nous aurions
probablement avantage à envisager un tel système et qu'il
vienne...
M. BURNS: Est-ce que le député de Rouyn-Noranda a des
chiffres sur ce qu'il avance à savoir qu'une assurance des compagnies
privées revient moins cher qu'un système d'assurance du
gouvernement?
M. SAMSON: Non. Je n'ai pas de chiffres à vous donner mais je
peux vous dire qu'au niveau d'un individu...
M. BURNS: Non, sauf que vous faites un avancé.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est une affirmation gratuite.
M. SAMSON: Un instant. Au niveau des individus, on sait combien cela
nous coûte! Au niveau des individus, on est en mesure de vous dire
je pense qu'on a fait un débat assez long là dessus il y a trois
ans qu'il y avait des individus qui, à l'intérieur de
l'assurance-groupe précédemment à l'assurance-maladie,
étaient déjà couverts et très bien couverts. Or,
cela coûtait moins cher que cela coûte présentement avec
cette différence que chacun avait quand même la liberté
d'être assuré ou de pas l'être, de payer ou de ne pas payer,
ce qui, dans un système étatique, évidemment, est
différent. Cela vous amène à payer malgré vous, que
vous le vouliez ou non. Cela amène toute cette philosophie de la
contrainte.
M. BEDARD (Chicoutimi): Avec cette différence aussi que ceux qui
n'avaient pas la possibilité de payer crevaient tout simplement.
M. SAMSON: Cela devient une taxe. Avec cette différence je
regrette si je suis désagréable au député de
Maisonneuve, mais je ne partage pas son opinion qu'avant cette
étatisation de la médecine j'appellerais cela comme cela
nous étions tous en mesure de pouvoir considérer... c'est
drôle à dire, mais il était plus facile pour les individus
d'obtenir des services avant cela que ce ne l'est maintenant. Je n'ai pas
besoin de vous donner de chiffres pour cela. On n'a qu'à s'ouvrir les
yeux pour voir que, dans toutes les salles d'attente des hôpitaux, dans
toutes les salles d'attente de médecins, si on est malade
présentement, il faut pratiquement l'être sur rendez-vous, il faut
être malade à date fixe, sinon, on risque de graves
problèmes.
M. CHOQUETTE: Par contre, il faut admettre que le niveau de la
santé publique, je pense bien, a...
M. BURNS: Bien sûr.
M. SAMSON: C'est un autre domaine, d'accord. Mais je pense, M. le
Président, que même si c'est un autre domaine, il ne faut pas
hésiter à s'ouvrir les yeux de ce côté-là
avant d'entreprendre ou d'entrevoir un système semblable dans le domaine
de la justice. C'est cela que je voudrais souligner au ministre. Il faut
être prudent de ce côté. Est-ce que le ministre est en
mesure de nous dire combien de bénéficiaires se sont
prévalus de l'aide juridique en 1973?
M. CHOQUETTE: Nous avons eu environ 80,000 dossiers d'ouverts dans la
première année d'activité.
M. SAMSON: Vous prévoyez parce qu'on a une augmentation
assez substentielle du budget une croissance...
M. CHOQUETTE: Nous prévoyons un budget, pour l'année
prochaine, de $15 millions environ. Le budget réellement encouru pour la
première année va se situer à environ $11 millions ou $12
millions.
M. SAMSON: Pour la première année?
M. CHOQUETTE: Nos prévisions pour la première année
n'étaient pas justes. Il y a eu aussi des erreurs au point de vue de
l'appréciation de ce que nous devions recevoir des contributions
fédérales. En fait, la contribution fédérale, nous
y comptions jusqu'à concurrence de $3 millions. Il semble qu'on ne
pourra en bénéficier que jusqu'à concurrence de $1 million
parce que la contribution fédérale s'applique
nécessairement à des matières criminelles. Je voudrais
rouvrir de nouveau la question avec le ministre de la Justice
fédéral pour faire en sorte qu'on bénéficie
pleinement des montants qui avaient été prévus par les
autorités fédérales, qui étaient de $0.50 per
capita dans chaque province canadienne. Ceci donnait $3 millions pour le
Québec qui a une population d'environ six millions d'habitants.
M. SAMSON: Ce n'est pas ce qui est respecté.
M. CHOQUETTE: Le fédéral a respecté son entente
parce qu'en fait les fonds sont disponibles pour les fins de la défense
des causes criminelles.
M. SAMSON: Jusqu'à concurrence de cette somme, c'est disponible
mais pour des fins spécifiques?
M. CHOQUETTE: C'est cela, exactement.
M. SAMSON: Cela veut dire qu'il n'est pas arrivé que vous ayez
autant de causes que prévu de ce côté-là.
M. CHOQUETTE: De ce côté-là, c'est-à-dire du
côté criminel.
M. SAMSON: Quel est, en général, le genre de cause qui est
le plus souvent confié à l'aide juridique?
M. CHOQUETTE: Principalement, des causes matrimoniales et
également des causes criminelles, diverses autres, de jeunes
délinquants.
M. BURNS: Mais les deux gros blocs restent quand même des causes
mari et femme...
M. SAMSON: Matrimoniales et criminelles. M. BURNS: ... et des questions
criminelles. M. CHOQUETTE: Exact.
M. BURNS: Pendant qu'on est sur ce point, les causes criminelles
confiées à l'aide juridique, le ministre se souviendra quand j'ai
commenté le projet de Loi de l'aide juridique en deuxième
lecture, j'avais lancé à tout hasard, comme suggestion, qu'en
matière criminelle on devait installer un système de "public
defender" qui à toutes fins pratiques rendrait admissible n'importe qui
en matière criminelle, évidemment, selon un certain nombre de
règles. Si vous avez un récidiviste qui est devant les tribunaux
pour la 18e fois dans la même année, c'est fort possible qu'il
devrait en être exclu s'il a les moyens de payer un avocat. Mais est-ce
que le ministre est revenu là-dessus, à savoir qu'en juridiction
criminelle, en matière criminelle, tout le monde devrait pouvoir
bénéficier de l'aide juridique, peu importe son niveau de
revenu?
M. CHOQUETTE: Actuellement, on a des causes de fraude devant les
tribunaux pour des gens qui peuvent avoir commis des fraudes pour des montants
importants, je donne cet exemple. Je ne vois pas pourquoi, alors qu'on a des
gens qui sont parfaitement capables de se défendre, on irait leur donner
l'aide juridique.
M. BURNS: Vous donnez le cas exceptionnel, à l'extrême de
l'inverse, mais le problème en matière criminelle, c'est le
pauvre diable et on revient au gars qui gagne $12,000 par année, par
exemple, qui, à l'occasion de la période des fêtes a pris
un coup de trop ou une histoire comme ça, il est obligé de
réserver les services d'un avocat pour au moins aller tenter de sauver
son permis, comme on en parlait l'autre jour. Pour lui, ça coûte
quelque chose, ça déséquilibre son budget. Si ça
déséquilibre celui qui fait $12,000, imaginez-vous ce que
ça fait à celui qui gagne $10,000, $9,000 et qui n'est pas
admissible. Dans ce sens, je donne le cas de l'ivresse au volant ou de
facultés affaiblies ou de l'ivressomètre, tous les actes
criminels, les infractions qui sont relatives à ça, mais il y a
bien d'autres cas aussi. Vous avez le fameux cas de recel, quelqu'un qui est
accusé de recel, qui a acheté par ignorance un objet qui a
été volé, sauf qu'avec la doctrine de la possession
récente, très souvent, il va être obligé de se
défendre et sérieusement, même risquer d'être
condamné. Il est fort possible que cette personne qui a acheté
quelque chose, soi-disant parce que c'était une aubaine, se retrouve,
d'une part, à perdre le bien qu'elle a acheté et, d'autre part,
à débourser des sommes énormes pour se faire
défendre. On sait combien de temps un procès pour recel, s'il est
défendu jusqu'à la fin, implique d'honoraires d'avocat parce que,
très souvent, ce sont des procès longs, la preuve est
compliquée, etc. D y a d'autres exemples qu'on pourrait donner comme
ceux-là.
M. CHOQUETTE: Nous devons quand même oeuvrer à
l'intérieur de certaines contraintes budgétaires. Le gouvernement
doit quand même tenir compte de l'ensemble de ses programmes sociaux,
économiques, etc., dans les fonds qu'il peut allouer pour les fins de
l'aide juridique. Actuellement, nous avons obtenu pour la deuxième
année d'activité du système, un montant de $15 millions,
ce qui est quand même un programme appréciable. De là, nous
devons nous poser la question, comment pouvons-nous dépenser, comment
devons-nous dépenser ces ressources? C'est à ce moment-là
que s'introduit la notion de couverture en rapport avec les revenus. On a
jugé, compte tenu des montants disponibles, qu'on ne pouvait assurer
qu'une couverture se limitant suivant certains revenus établis.
Actuellement, je ne vois pas comment on pourrait assurer une couverture
générale, compte tenu des revenus.
M. BURNS: Est-ce que cela ne devrait pas être une priorité,
malgré le budget, pour un gouvernement social-démocrate comme le
vôtre? Cela ne devrait pas être une des priorités?
M. CHOQUETTE: On a beaucoup de priorités, mais elles sont toutes
un peu contradictoires quand on arrive au niveau des dépenses, parce
qu'il s'agit d'équilibrer certaines priorités par rapport
à d'autres et, si on doit couper d'autres programmes utiles pour venir
ajouter des montants d'argent dans le domaine de l'aide juridique, les autres
programmes vont en souffrir.
A part cela, vous m'avez parlé du programme du "public defender"
en matière criminelle. On a adopté quand même le principe
du libre choix et on applique ce principe autant dans le domaine civil que dans
le domaine criminel.
M. SAMSON: Est-ce qu'il y a eu des causes de refusées parce qu'il
y a eu des contraintes budgétaires?
M. CHOQUETTE: Pour une personne qui fait la demande d'aide juridique,
s'il est démontré que cette personne a un revenu qui est plus
élevé que les normes fixées pour l'obtention de l'aide
juridique, compte tenu de son état civil, si elle a des enfants, etc.,
il est évident qu'à ce moment-là l'aide juridique ne
prendra pas la cause et là, cela ira...
M.SAMSON: D'accord, mais ce n'est pas tout à fait comme cela que
je veux poser ma question. Est-ce que, à l'intérieur des normes
que vous avez fixées, vous avez eu à refuser des gens parce que
vous avez eu des contraintes budgétaires?
M. CHOQUETTE: Non.
M. SAMSON: Cela veut dire qu'avec le budget que vous aviez prévu,
vous avez réussi à satisfaire aux demandes à
l'intérieur de vos normes et que vous prévoyez continuer dans ce
sens?
M. CHOQUETTE: Oui. Nous n'avons refusé aucun cas admissible pour
des raisons de manque d'argent, parce que l'on aurait eu trop de causes et
qu'à un moment donné, en fait, les caisses auraient
été vides.
M.SAMSON: Si cela arrivait, par exemple, que vous ayez un surplus de
demandes qui seraient des demandes admissibles et que cela n'entre pas à
l'intérieur de vos budgets, je dois comprendre que vous avez
prévu une autre source, soit par budget supplémentaire...
M. CHOQUETTE: On devrait faire appel à un budget
supplémentaire ou faire des virements de fonds en faveur de l'aide
juridique, enfin prendre les expédients qui sont en
général à la disposition des gouvernements.
M. BURNS: Pendant que l'on est sur ce problème de coûts, le
juge Sauvé, qui est le président de la commission, en novembre
dernier, au cours d'une conférence, nous disait, en tout cas,
énonçait que, selon lui, il y avait exagération de la part
de certains avocats de pratique privée dans leurs réclamations,
ce qui, disait-il, forcerait peut-être le gouvernement à repenser
le système parce que, dans le fond, les coûts prévus
étaient toujours largement dépassés à un point tel
que c'est encore le juge Sauvé qui parle le budget actuel
est en train de dépasser, sinon, dépassait le budget de l'Ontario
dans cette matière. Est-ce que le ministre est du même avis que le
juge Robert Sauvé? Est-ce qu'il a entrepris de repenser le
système? Est-ce que cela fait partie de ses négociations avec les
avocats, actuellement, celles auxquelles il se référait
tantôt?
M. CHOQUETTE : Actuellement, je pense qu'il est un peu trop tôt
pour porter un jugement définitif sur les coûts du système
d'aide juridique parce que, en fait, cela ne fait pas assez longtemps qu'il
existe.
Il y a des coûts, évidemment, qui semblent
exagérés à l'occasion de certaines causes, mais, c'est
comme dans tout nouveau système, à un moment donné, il y
en a qui forcent un peu la note et là, il faut bâtir des
systèmes de contrôle, une meilleure tarification pour
éviter des abus et actuellement, l'aide juridique qui était
donnée par les avocats de la pratique privée, en vertu d'un
règlement provisoire que nous avons adopté au mois de juin,
l'année dernière, cette aide juridique, dispensée par les
avocats de la pratique privée, est en train de faire l'objet de
négociation avec le Barreau pour limiter les excès là
où on a pu en constater depuis un an environ. Cela est un moyen de
contrôle.
Deuxièmement, le Barreau m'a dit qu'il ne voulait pas avoir
d'abus et que, s'il y avait des abus qui se constataient, il serait prêt
à intervenir auprès des avocats qui pourraient
exagérer.
M. BURNS: Est-ce qu'à l'aide des quelque 80,000
bénéficiaires dont on sait qu'ils ont recours à l'aide
juridique et à l'aide du coût également du programme,
durant cette période, on est en mesure d'avoir des statistiques
approximatives du coût par cause soumise à des avocats de l'aide
juridique, c'est-à-dire combien coûte en moyenne une cause? Est-ce
que le ministre aurait des chiffres là-dessus?
M. CHOQUETTE: Je n'en ai pas avec moi, au moment où je vous
parle. Il faudrait regarder le montant total de la dépense sur une
période d'une année par rapport au nombre de dossiers qui sont
entrés dans le système et faire tout simplement une moyenne. On
pourrait faire une moyenne pour les dépenses encourues par les centres
communautaires juridiques et pour le coût des causes confiées aux
avocats de la pratique privée. C'est sûrement une opération
qui va se faire incessamment, en fin d'année, aussitôt qu'on aura
terminé notre première année d'aide juridique,
c'est-à-dire à la fin de mai.
M. BURNS: On pourrait savoir, à ce moment-là, savoir
combien une cause...
M. CHOQUETTE: Coûte...
M. BURNS: ... coûte en moyenne, lorsqu'elle est soumise à
un avocat permanent de l'aide juridique et, d'autre part, combien une cause
coûte en moyenne lorsqu'elle est soumise à un avocat de la
pratique privée.
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. BURNS: J'espère qu'on pourra faire cette distinction pour
qu'on puisse voir encore une fois combien l'entreprise privée, si
chère au coeur du député de Rouyn-Noranda, coûte par
rapport à une entreprise administrée par l'Etat.
M. SAMSON: On pourrait peut-être en même temps faire aussi
la distinction des résultats.
M. BURNS: Ah oui! à Montréal, en tout cas, je ne connais
pas les autres districts judiciaires, je vous dis qu'il ne serait pas
gênant de comparer les résultats obtenus par les avocats
permanents de l'aide juridique.
M. CHOQUETTE: Je dois dire que notre personnel d'avocats permanents de
l'aide juridique est un personnel de très bon calibre.
M. BURNS: Très bon calibre, très compétent,
très engagé, très décidé à rendre des
services aux citoyens.-
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas un personnel bureaucratique.
M. BURNS: Exactement. C'est ce qu'on aurait pu craindre et ce que
certains disaient. Je me souviens que, lorsqu'on a étudié la Loi
de l'aide juridique en commission parlementaire et qu'on a reçu des
mémoires, il y a un tas de gens qui, à tort ou à raison,
prétendaient que les services seraient moins bien rendus par des avocats
du genre fonctionnaire, si vous le voulez, à temps plein pour l'aide
juridique. En tout cas, quant au district judiciaire que je connais,
c'est-à-dire celui de Montréal, il n'en est strictement rien. Au
contraire, tous ceux qui ont recours à l'aide juridique et qui
reçoivent l'assistance d'un avocat permanent en sont
généralement satisfaits. Je n'ai pas entendu de critique pour ma
part, et si on regarde les résultats, on voit cela dans les journaux,
quand on voit le nom de Me Robert Forest, qui est là et qu'on voit le
résultat de la cause, on se rend compte que quelqu'un s'est battu
quelque part. Ce n'est pas parce que cette personne est salariée qu'elle
défend moins bien le justiciable.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre irait jusqu'à dire
que les avocats au niveau de l'aide juridique sont plus sensibilisés au
point de vue social que ceux de la pratique privée?
M. CHOQUETTE : Je pense que je pourrais aller jusque-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous pourriez aller jusque-là.
M. CHOQUETTE: Cela ne dénie pas les qualités des avocats
de la pratique privée, mais il est sûr et certain que ceux qui se
sont engagés dans les centres communautaires juridiques, au moins pour
une large partie d'entre eux, l'ont fait avec un certain idéal
social.
M. BURNS: Avez-vous une autre question sur cela?
M. BEDARD (Chicoutimi): J'en avais... Vous avez parlé tout
à l'heure...
M. CHOQUETTE: Ce qui ne veut pas dire que les avocats de la pratique
privée n'assument pas pleinement leurs responsabilités lorsqu'on
leur confie des causes. Je ne voudrais pas faire de comparaisons qui pourraient
être péjoratives pour les avocats de la pratique privée.
Par contre, l'optique d'un avocat de la pratique privée est un peu
différente de celle d'un avocat qui est au service d'un centre
communautaire juridique.
M. BURNS: A part cela, il est concevable qu'un avocat de la pratique
privée soit un peu moins enthousiaste à défendre une cause
où déjà une tarification est prévue. Ce serait
très humain de concevoir une réaction comme celle-là.
M. CHOQUETTE: Je n'irais pas jusqu'à ce point.
M. BURNS: Non.
M. CHOQUETTE: J'ai l'impression que les avocats de la pratique
privée qui acceptent les causes d'aide juridique essaient de donner le
maximum de leurs capacités, de leurs possibilités à
l'occasion de la défense de ces causes. Je ne voudrais dénigrer
d'aucune façon les avocats de la pratique privée. Maintenant, un
avocat qui oeuvre constamment dans le domaine du droit des pauvres acquiert
évidemment une expertise qu'un avocat de la pratique privée n'a
peut-être pas toujours. ... Une série de problèmes...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... l'application de votre système et les
coûts que cela implique peuvent peut-être permettre de se rendre
compte aussi qu'avant l'application du programme d'aide juridique, il y avait
plusieurs avocats qui, selon leur clientèle, pouvaient être
appelés à jouer un rôle social...
M. CHOQUETTE: C'est exact.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... au niveau de la baisse de leurs honoraires
envers de nombreux clients...
M. CHOQUETTE: Les avocats n'ont pas attendu l'aide juridique pour rendre
des services gratuits. Il ne faudrait quand même pas...
M. BEDARD (Chicoutimi): II me semble...
M. CHOQUETTE: ... s'imaginer que le Barreau était insensible, je
parle des avocats en général.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez dit que vous étiez
présentement en négociation concernant les tarifs.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut nous dire s'il
prévoit un dénouement prochain?
M. CHOQUETTE: Je l'espère.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que c'est plus précis que
cela?
M. CHOQUETTE: Les négociations sont très avancées
et nous avons tenu plusieurs séances de négociations. Je suis
optimiste.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous trouvez les avocats, ceux que
vous avez eu à rencontrer, raisonnables par rapport à leur
rétribution?
M. CHOQUETTE: Ils défendent leurs intérêts.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'ils les défendent... J'imagine
que c'est normal. Vous n'y avez pas d'objection de ce côté.
M. CHOQUETTE: C'est inscrit dans la nature humaine.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce que je voudrais savoir, M. le ministre, ils
les défendent raisonnablement?
M. CHOQUETTE: Je ne voudrais pas faire de commentaires autres que ceux
que j'ai faits, parce qu'on est en pleine période de négociations
et, si je disais des choses, cela pourrait influer sur le cours de ces
négociations.
M. BURNS: Est-ce que le ministre négocie avec la
Fédération des avocats et avec le Barreau?
M. CHOQUETTE: On négocie avec les deux, mais les
négociations, jusqu'à ce jour, se sont plutôt
déroulées avec le Barreau, parce que la Fédération
ne s'est pas présentée...
M. BURNS: La Fédération ne s'est pas
présentée?
M. CHOQUETTE: On lui a envoyé toute la documentation qu'on a
remise au Barreau au fur et à mesure des négociations avec le
Barreau, mais la Fédération n'a pas sollicité de rencontre
avec nos négociateurs.
M. BEDARD (Chicoutimi): Elle ne vous a pas fait parvenir son point de
vue?
M. CHOQUETTE: Elle a envoyé des projets généraux,
mais cela n'a pas eu de suite.
M. SAMSON: Est-ce que vous avez sollicité une rencontre avec la
fédération?
M. CHOQUETTE: Oui, on l'a invitée à la première
séance. Moi, j'aurais aimé négocier avec un front commun.
On connaît ma propension pour les fronts communs. Ils n'ont pas voulu
former de front commun. Je ne peux pas les former en front commun de force.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant les appréhensions qu'avait le
Barreau lors de l'application de la Loi d'aide juridique, vis-à-vis de
la liberté de choix de l'avocat, est-ce que l'application de votre
système vous a permis de voir jusqu'à quel point ces
appréhensions pouvaient être fondées?
M. CHOQUETTE: Non. L'application du système ne m'a pas convaincu
du tout que les appréhensions du Barreau quant à l'application
des règles du libre choix étaient bien fondées. Il demeure
très pointilleux sur la question.
Indemnisation des victimes d'actes criminels
M. BURNS: Le dernier point que j'aunerais souligner dans ce programme,
M. le ministre, est relativement à la loi d'indemnisation des victimes
d'actes criminels.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Comme tout le monde le sait, cette loi est actuellement
administrée, quant aux barèmes, quant à
l'évaluation des dossiers, par la Commission des accidents du travail.
Comme tout le monde le sait, la Commission des accidents du travail fait
l'objet de nombreuses critiques, même dans son champ propre, dans sa
façon d'évaluer les réclamations des gens qui sont
victimes d'un accident de travail.
Je me demande si devant cela il n'est pas question, à un certain
moment, dans l'esprit du ministre, d'accorder à la Loi de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels un organisme autonome qui serait
autre chose que la Commission des accidents du travail pour faire les
évaluations. Tant et aussi longtemps que le ministre du Travail va
garder les deux pieds dans la même bottine quant à la Commission
des accidents du travail, je me demande si on n'a pas intérêt
à confier cette jeune loi, qui s'appelle la loi de l'indemnisation des
victimes d'actes criminels, à un organisme autonome qui serait
peut-être plus moderne, qui aurait une approche peut-être plus
actuelle au problème des victimes d'actes criminels que cet organisme
sclérosé qui s'appelle la Commission des accidents du
travail.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas voulu, quand on a institué la Loi de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels, créer un autre organisme
gouvernemental. Je trouve qu'on a passablement d'organismes gouvernementaux et,
quand on peut éviter d'en créer, je le fais avec plaisir. Cet
effort devrait sourire au député de Rouyn-Noranda.
Lorsqu'on peut utiliser des organismes existants, je crois qu'il est
préférable d'y faire appel. Je dois dire aussi que la Commission
des accidents du travail s'est lancée avec beaucoup de
sincérité et d'enthousiasme dans l'administration de la Loi de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels. Elle a accepté ce mandat
qui lui a été donné par le législateur, sans aucune
réticence et, d'après ce que je vois, elle me semble avoir fait
un bon travail jusqu'à maintenant.
Nous avons, évidemment, placé auprès de la
Commission des accidents du travail un ou
plusieurs conseillers juridiques et un personnel du ministère de
la Justice pour traiter ces causes en particulier et pour s'occuper de cette
partie des responsabilités de la commission.
Je vais juger à l'expérience quelles sont les
réalisations de ce service et de la commission avant de prendre une
décision sur le sujet. Le budget de l'indemnisation des victimes d'actes
criminels n'est pas tellement élevé. Je crois que cela nous a
coûté environ $600,000 cette année. Nous prévoyons
$1 million pour l'année prochaine.
Est-ce que ceci nécessiterait ou justifierait la création
d'un autre organisme avec tous les services que cela peut requérir? Cela
alourdirait considérablement le budget pour ces fins et cela ne
semblerait pas très très économique, au moins, à
l'heure actuelle.
M. BURNS: En somme, c'est le nombre de cas que vous trouvez insuffisant
pour créer une nouvelle commission autonome.
M. CHOQUETTE: C'est ce que je veux dire.
M. BURNS: Le ministre est au courant je ne pourrai pas vous les
nommer qu'il y a six autres provinces canadiennes qui ont des organismes
autonomes.
M. CHOQUETTE: Oui. Il y a des provinces qui ont des organismes autonomes
et il y a des provinces qui ont suivi notre modèle. Par exemple, la
Colombie-Britannique a le même système que le Québec. Il y
a peut-être d'autres provinces qui l'ont aussi. Mais, pour le moment, je
n'envisage pas de changement.
M. SAMSON: Si je comprends bien, vous n'avez pas eu trop de plaintes de
la part de bénéficiaires...
M. CHOQUETTE: J'en ai eu qui me sont même parvenues par des
députés indiquant que certains cas n'avaient pas
été trouvés justifiés au point de vue de
l'indemnisation. C'est le sort de tout organisme qui a à trancher des
litiges. Les gens ne sont pas toujours satisfaits.
M. SAMSON: D'accord, mais si je comprends bien, vous avez eu quelques
plaintes. Lorsque vous recevez ces plaintes, est-ce que le ministère se
penche sur chacune d'elles pour voir si dans l'application de cette loi
par...
M. CHOQUETTE: Le ministère de la Justice prend très
souvent position sur les demandes de réclamation qui sont faites
auprès de la Commission des accidents du travail. Nos conseillers
juridiques attachés à cette commission, pour les fins de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels, expriment à la
Commission des accidents du travail le point de vue du ministère de la
Justice, dans tous les cas, me dit-on.
M. SAMSON: Dans tous les cas. Autrement dit, dans tous les cas, le
ministère de la Justice a quand même son mot à dire quant
au règlement de chacun de ces cas qui lui sont soumis.
En fait, si je comprends bien, la Commission des accidents de travail ne
fait qu'administrer.
M. CHOQUETTE: Mais, elle peut ne pas suivre l'avis du
ministère.
M. SAMSON: Elle peut ne pas suivre l'avis du ministère.
M. CHOQUETTE: Le ministère est comme un plaideur, en fait, si on
veut, devant la commission. Le ministère soumet ce que lui pense
être l'interprétation de la loi en rapport avec ce qu'elle a ou ce
qui pourrait être l'indemnité. Mais la commission est parfaitement
libre de poursuivre...
M. SAMSON: Est-ce que vous avez des cas qui vous ont été
soumis où il est arrivé que la commission n'aurait pas suivi
l'avis du ministère?
M. CHOQUETTE: II y a un conseiller juridique qui est attaché
à la commission pour ces fins. Il étudie chaque cas à son
mérite. Après avoir formulé ses recommandations, il les
envoie au contentieux civil du ministère. S'il y a désaccord
entre le contentieux civil du ministère et l'opinion initiale de M.
Gagné, on peut lui suggérer de rajuster son avis en fonction de
l'opinion du ministère. Il n'y a jamais eu, en fait, de désaccord
entre le conseiller juridique attaché à la Commission des
accidents du travail et le ministère de la Justice. Enfin, il n'y a
jamais eu de désaccord qui ait persisté.
M. SAMSON: Ah Bon!
M. BURNS: Adopté, M. le Président, le programme 12.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 13: Enregistrement officiel.
Institut généalogique Drouin
M. BURNS: Je pense que c'est ici, M. le Président, qu'on doit
parler de l'Institut généalogique Drouin. J'imagine que le
ministre s'y attendait. Je ne dois pas le prendre par surprise
là-dessus.
M. CHOQUETTE: J'ai hâte.
M. BURNS: Pardon?
M. CHOQUETTE: J'ai hâte.
M. BURNS: Vous avez hâte. J'ai hâte de voir le fond de cette
histoire. D'abord, on se souvient que toute cette histoire a pris une forme
publicitaire assez importante, surtout par
les articles de M. Felteau dans la Presse qui semble suivre ce dossier
de façon intensive, également par les remarques qui ont
été faites par le président de la Société
généalogique, je pense. Je n'ai pas...
M. CHOQUETTE: C'est la Société des
généalogistes.
M. BURNS: ... des généalogistes du Québec, ou
quelque chose du genre. Ce que beaucoup de gens se posent comme question
là-dedans, c'est comment c'en est arrivé à cette
situation. Où en est-ce rendu aussi? Je me souviens d'avoir posé
une question au ministre en Chambre, il y a quelques semaines. Le ministre a
confirmé que le "contrat", n'existait pas ou il n'y avait pas d'entente
définitive. Par contre, je me souviens d'avoir lu un communiqué
du ministre à la suite des premiers articles de M. Felteau, qui disait
que c'était absolument faux ce que M. Felteau a publié sous le
titre... Je me rappelle que le premier titre du 14 février était:
"Québec achète $500,000 de microfilms gratuits".
Ce que M. Felteau soulevait dans cet article, c'était pourquoi
payer $500,000 à la Société généalogique
Drouin, alors que la Société des Mormons qui, pour des raisons
religieuses, les Mormons de l'Etat de l'Utah, avait besoin de microfilmer les
registres de l'état civil du Québec, et offrait de le faire
gratuitement, c'est-à-dire de le faire pous ses fins d'abord, mais de
remettre au ministère de la Justice ou à l'organisme
concerné l'original du microfilm. C'est un peu cela qui m'a fait me
poser des questions, quand j'ai entendu le ministre répondre il
me corrigera si je l'ai mal compris que d'une part, M. Felteau n'avait
pas de raison de parler de $500,000, il s'agissait beaucoup plus de $40,000 par
année pendant dix ans, mais avec intérêts. Selon les
calculs que M. Felteau a faits dans un article ultérieur, cela arrivait
à peu près à $50,000 avec les intérêts.
Autre point qui m'a fait me poser des questions, c'est que je vois aux
comptes publics une somme de $40,000 qui est attribuée au
ministère des Affaires culturelles avec la note qui dit que c'est une
somme qui a été transférée du ministère de
la Justice aux Affaires culturelles, du moins, aux engagements financiers,
c'était la note qu'on voyait sous ce montant de $40,000. D'une part,
j'entends également le ministre des Affaires culturelles nous dire
quelque chose d'assez étonnant, c'est que ces $40,000 apparaissent
à son ministère comme ayant été payés mais
ils n'ont pas été payés. Où en sommes-nous rendus
avec cette histoire? Particulièrement, où se trouve l'entente
originale, celle qui aurait été conclue aux environs des
années 1940 par M. Léopold Desilets sous l'autorité de M.
Wilfrid Girouard? C'est, semble-t-il, le document qui a accordé à
l'Institut généalogique Drouin l'exclusivité ou le droit
exclusif de fouiller à volonté dans les registres de
l'état civil.
M. CHOQUETTE: Je ne sais pas s'il s'agit d'un droit exclusif.
M. BURNS: En tout cas, il y avait quand même un
élément de privilège dans cela.
M. CHOQUETTE: Oui, oui.
M. BURNS: Je me souviens qu'on m'a raconté, au palais de justice
de Montréal, qu'il y avait des gardiens, dans le temps du vieux palais
de justice, qui se demandaient au début, parce qu'ils n'en avaient pas
été avisés, ce que faisaient MM. X, Y ou Z qui
travaillaient de nuit dans les registres et qui prenaient tous ces
renseignements et, après enquête, on s'apercevait qu'il s'agissait
d'un représentant de l'Institut généalogique Drouin. Il y
a quand même un élément de privilège. Il n'y a pas
beaucoup de gens à qui on va permettre d'aller consulter de nuit
des...
M. CHOQUETTE: "Nocturnement".
M. BURNS: "nocturnement", des registres d'état civil.
Moi-même et n'importe lequel des membres du Barreau qui sommes autour de
la table ici, malgré que nous soyions députés, n'aurions
sûrement pas ce privilège. Ce que j'aimerais, c'est le ministre
fasse le point sur cette situation, qu'il nous éclaire.
M. CHOQUETTE: Je vais prendre les interrogations du député
de Maisonneuve sur ce problème-là. Actuellement, il n'y a aucun
contrat qui a été passé avec l'Institut
généalogique Drouin en vue d'acheter sa collection de microfilms
pour le prix de $400,000 payables à raison de $40,000 par année
à 5 p.c. d'intérêt. Par conséquent, le gouvernement
n'est pas engagé, à l'heure actuelle, dans l'achat de cette
collection.
Deuxièmement, quoi qu'il en soit de cette mention aux comptes
publics des $40,000 aux crédits du ministère des Affaires
culturelles, quant à un versement d'une somme à l'Institut
généalogique Drouin, comme l'a expliqué le ministre des
Affaires culturelles, cette somme, effectivement, n'a pas été
payée ou déboursée par le gouvernement. Il est vrai
qu'à ce moment-là le ministère des Affaires culturelles
prévoyait, d'après ce que j'ai su, acheter cette collection de
microfilms pour un prix qui était, je pense bien, de l'ordre de
$400,000. Je ne sais pas, Mais en fait, le ministère des Affaires
culturelles n'a pas donné suite à son projet pour certaines
raisons administratives que je ne connais pas parce que je ne sais pas
exactement ce qui s'est produit au ministère des Affaires culturelles.
Quant à la permission qui fut donnée à l'Institut
généalogique Drouin de microfilmer les registres d'état
civil, il semble que, vers les années 1939, 1940, le procureur
général de l'époque ait donné une permission
écrite à l'Institut généalogique de procéder
au
microfilmage, mais, malgré nos recherces, nous sommes absolument
incapables de retracer cette autorisation écrite. Tout ce que nous
pouvons retracer, ce sont des allusions dans de la correspondance
subséquente à cette permission qui a été
donnée à l'Institut généalogique Drouin. De plus,
on m'a présenté un certain nombre de lettres
d'évêques qui avaient, pour leur part, donné une
autorisation à l'Institut généalogique Drouin de
microfilmer des registres d'état civil parce que, comme le sait le
député de Maisonneuve, les registres d'état civil sont
conservés à la fois dans les palais de justice et dans les
presbytères où les cérémonies de baptême, de
mariage ou de décès ont lieu.
Ceci pour rectifier quelques affirmations qui ont été
faites. Maintenant, les Mormons...
M. BURNS: Je m'excuse, M. le ministre, concernant ce document que vous
ne retrouvez pas, cette permission originale, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
de demander à l'Institut généalogique de vous en fournir
une copie?
M. CHOQUETTE: Oui, nous l'avons demandé mais apparemment, il ne
l'a même pas en sa possession et il est incapable de nous produire cette
lettré.
M. BURNS: J'aurais cru qu'un institut comme celui-là, qui
conserve de vieux documents, conserverait celui-là.
M. CHOQUETTE: Quoi qu'il en soit de cette lettre, elle n'a pas une si
grande importance que ça dans le débat actuel sur le contrat.
M. BURNS: Au contraire, je pense que oui, parce que c'est le document
d'origine qui nous explique la venue remarquez qu'on ne vous critiquera
pas pour des gestes qui ont été posés par vos
prédécesseurs de 1940 de l'Institut
généalogique Drouin dans cette affaire.
M. CHOQUETTE: Oui, mais on peut facilement faire des conjectures sur le
contenu de cette lettre. Pour moi, d'après ce que je peux déduire
de la corresponsance subséquente et des actes, des agissements
subséquents de l'Institut généalogique, c'est que, muni de
cette autorisation du procureur général du temps, muni des
autorisations des évêques, ses représentants sont
passés avec leurs appareils à microfilmer un peu partout et ont
microfilmé toutes les archives de l'état civil
québécois depuis les origines de la colonie. Quand la question de
l'achat de la collection Drouin a surgi, des experts ont analysé le
contenu de la collection Drouin. Il y avait toutes les archives de
l'état civil québécois. Il y a des archives
françaises également qui datent d'avant l'arrivée des
colons ici en Nouvelle-France. Il y a des archives en Ontario, au
Nouveau-Brunswick, aux Etats-Unis qui intéressent les familles
canadiennes-françaises qui ont émigré un peu partout dans
ces provinces ou ces pays.
Il y a donc eu de la part de l'Institut généalogique une
certaine offre de négocier un prix en plus de l'achat de cette
collection. D'autre part, les Mormons s'intéressaient à
microfilmer les archives de l'état civil québécois
seulement jusqu'à l'année 1925, alors que la collection Drouin
continuait jusqu'aux années 1940 et même aux années
subséquentes. La matière a été confiée
à des experts en démographie et en toutes sortes de droit, je
crois, de l'Université de Montréal, qui ont donné un
rapport au ministère de la Justice, recommandant l'achat de la
collection Drouin pour un prix, ont-ils dit, d'environ $500,000. Des
négociations ont eu lieu entre des fonctionnaires du ministère de
la Justice, négociations auxquelles je n'ai été
mêlé ni de près ni de loin. D'ailleurs, je vois que dans
les articles de la Presse et dans les articles de M. Felteau, on fait
état de l'intervention de M. Lesage, l'ancien premier ministre, dans ces
négociations. Je dois vous dire que, personnellement, je n'ai jamais
rencontré M. Lesage et que je n'ai jamais discuté avec lui de la
négociation de ces archives. De toute façon, il y a eu des
fonctionnaires qui...
M. BURNS: Est-ce qu'il y a de vos fonctionnaires qui ont
rencontré M. Lesage?
M. CHOQUETTE: Probablement, oui. Je ne nie pas ça, ils ont
dû faire des appels téléphoniques ou il y a eu des
négociations directes avec M. Gabriel Drouin, qui est le
propriétaire de l'institut.
M. BURNS: Mais vous-même, comme ministre, avez dû être
informé que certains de vos fonctionnaires ont, sinon
négocié, du moins discuté avec M. Lesage pour le compte de
M. Drouin.
M. CHOQUETTE: J'ai été informé que M. Lesage
était avocat au dossier. Mais, en fait, que ce soit M. Lesage ou M. X ou
M. Y, ça n'influe d'aucune espèce de façon sur
l'opportunité...
M. BURNS: Cela peut peut-être influer d'une certaine façon,
dans le fond. Parce qu'il ne faut pas oublier, là, le ministre me
corrigera si j'ai tort, que M. Lesage était conseiller du gouvernement
lors de la Loi des biens culturels et on s'approche pas mal des biens culturels
quand on parle des registres de l'état civil.
M. CHOQUETTE: Un instant, je pense que le député de
Maisonneuve est en train de faire une salade avec ça.
Ce ne sont pas les ingrédients qu'il faut mettre dans le plat.
J'ai beaucoup de considération pour M. Lesage, je ne le nie pas, mais ce
n'est pas parce que j'ai de la considération pour lui que ceci va
influer de quelque façon sur les décisions que j'ai à
prendre, ou que j'aurais à prendre, si la question de la signature du
contrat devait surgir. Ce n'est pas parce que M. Lesage serait avocat au
dossier que cela influe-
rait de quelque façon sur le point de vue du
ministère.
M. Lesage a un mandat d'avocat à remplir à l'égard
d'un certain client. Il peut le remplir de la meilleure façon qu'il
l'entend, mais en fait, ce n'est qu'un avocat parmi d'autres qui
représente à cette occasion un client en particulier.
M. BURNS: Remarquez qu'il ressort un petit peu des autres, comme
avocat.
M. CHOQUETTE: Même s'il ressort des autres, est-ce une raison pour
lui nier le droit de pratiquer le droit et d'exercer sa profession? Je ne le
crois pas. D'ailleurs, il arrive fréquemment, au niveau gouvernemental,
que des avocats nous représentent dans certaines causes parce qu'on leur
confie des mandats comme avocats; mais par contre, à d'autres occasions,
ils peuvent représenter des clients qui ont des intérêts
contraires au gouvernement ou, en fait, différents du gouvernement. Cela
n'a jamais été considéré, dans la pratique du
droit, comme un conflit d'intérêts. Je voulais clarifier cela
parce que, quand même, il ne faudrait pas voir, derrière le mandat
que M. Lesage a dans cette affaire, plus qu'un simple mandat d'avocat
vis-à-vis d'un client.
Quoiqu'il en soit, les experts qui nous ont fait des recommandations et
qui étaient, enfin, dignes de foi, nous ont dit: La collection Drouin
est beaucoup plus complète que la collection que pourraient nous donner
les Mormons, même gratuitement.
Il y a des trous actuellement dans les registres d'états-civils
québécois. Entre autres, il y a un certain nombre de palais de
justice et de presbytères qui ont brûlé et il serait
difficile de reconstituer les registres. Il y a de la documentation que nous ne
pourrions pas nous procurer parce qu'elle est en pays étranger. Les
experts ayant analysé le pour et le contre nous ont fait cette
recommandation de $400,000.
Le gouvernement, comme je l'ai dit tout à l'heure, n'est pas
engagé à l'acheter. Pour être absolument assuré que
les gestes que pourrait poser le gouvernement dans l'avenir en rapport avec
l'achat de cette collection soient exclusivement posés dans
l'intérêt public, j'ai demandé à M. René
Langevin, le directeur général de l'enregistrement au
ministère, d'étudier toute la négociation qui a eu lieu
précédemment avec l'Institut généalogique Drouin,
d'étudier l'offre des Mormons, ainsi que le rapport des experts qui nous
a été produit et qui se trouve au dossier, puis de me faire un
rapport plus complet sur toute cette situation.
Pour le moment, je puis dire au député de Maisonneuve que
toute cette question est à l'étude au ministère, toute
cette question n'est pas résolue, la question demeure entière. Le
député peut être absolument rassuré que jamais le
ministère de la Justice ne posera des gestes qui soient contraires
à l'intérêt public.
M. BURNS: Si la permission originale ou le document original, venant du
gouvernement du Québec vers les années quarante, n'est pas
retracé, est-ce que vous-même ou vos représentants ont
discuté avec M. Drouin? Parce qu'il doit l'avoir vu ou, s'il ne l'a pas
vu, son père doit l'avoir vu, en tout cas, il doit au moins
connaître la teneur de ce document. La raison pour laquelle j'insiste sur
ce document, c'est que, selon certaines indications je ne sais pas si
elles sont vraies ou fausses cette permission aurait comporté
l'obligation pour l'Institut Drouin de remettre au gouvernement l'original du
microfilm une fois que l'Institut s'en serait servi. Cela peut avoir une
drôle d'importance sur des négociations futures.
Je ne vois pas pourquoi, par exemple, une entreprise privée se
verrait privilégiée, d'une part, en ayant libre accès
à tous ces documents qui sont des documents à caractère
public et que, une fois que, pour ses fins personnelles, pour ses fins
profitables, elle a utilisé cela, je ne verrais pas comment
décemment des administrateurs publics iraient payer une entreprise
privée pour avoir une source d'information absolument extraordinaire
à même un bien public.
M. CHOQUETTE: Le député a tout à fait raison. Si
l'accord, donné originellement par le procureur général de
l'époque, faisait une obligation à l'Institut
généalogique Drouin de nous donner les duplicata de tout...
M. BURNS: Ce qui serait logique, d'ailleurs.
M. CHOQUETTE: ... ce qui aurait dû être fait, à mon
sens, dans le temps, parce que je trouve qu'en considération justement
de cette permission donnée à l'Institut
généalogique Drouin, le moins qu'on aurait pu exiger, c'est
d'avoir des duplicata gratuitement. Par conséquent, je suis pleinement
d'accord avec le député que, si cette condition n'existe pas,
elle aurait dû y être à cette époque. Mais ceci est
une chose qui s'est passée il y a 30 ans ou 35 ans. C'est assez
difficile de revenir en arrière. Mais ce que je comprends, c'est que
l'institut n'avait accepté, comme obligation, de fournir au gouvernement
que les microfilms des registres d'état civil qui manquaient,
c'est-à-dire qui ne sont pas disponibles actuellement. C'était
seulement à cela que se limitait l'obligation de l'Institut
généalogique Drouin. On peut dire que c'était une
erreur.
M. BURNS: Comment peut-on dire cela, M. le ministre, si on n'a pas la
permission originale.
M. CHOQUETTE: Oui, mais c'est par la correspondance subséquente
qu'on peut déduire que cette condition existait dans l'acquiescement
donné originairement. Je n'ai pas le document à l'heure
actuelle.
J'ai demandé à M. Langevin de voir M. Gabriel Drouin et de
faire tous les efforts nécessaires pour retracer ce document. Je vous
dis les faits suivant notre analyse actuelle de la
situation du dossier. C'est comme cela que le problème se
présente.
M. BURNS: En admettant que le contrat n'ait pas lieu entre l'institut et
le gouvernement, est-ce que le ministère serait prêt à
accorder le droit subsidiaire, si on peut l'appeler ainsi, à la
Société des Mormons et, au moins s'enrichir gratuitement de ces
documents publics?
M. CHOQUETTE : II n'y a pas eu de décision prise au niveau
gouvernemental à ce sujet. Je pense que c'est une matière que je
soumettrai au conseil des ministres pour une décision gouvernementale,
parce qu'il y a une légère implication religieuse
là-dedans, mais, en fait, je préférerais avoir l'avis de
mes collègues avant de procéder. Ce n'est pas une décision
que je prendrais personnellement. Je veux dire que je trouve que cela a
certaines implications de portée générale.
M. BURNS: Quand vous dites une implication religieuse, que voulez-vous
dire?
M. CHOQUETTE: Je veux dire, en fait, quel est l'intérêt des
Mormons à microfilmer nos registres d'état civil? C'est parce
qu'il semble, suivant la religion des Mormons, que le fait d'avoir, dans leurs
archives à South Lake City, les microfilms des registres de
baptêmes des citoyens, permet au jour de la rédemption ou enfin un
jour que je ne connais pas précisément...
M. BURNS: II n'y a pas de date précise...
M. CHOQUETTE: Le gouvernement n'a pas arrêté de date encore
de récupérer tous ces gens comme ayant été
baptisés dans la religion mormone et, par conséquent, de
s'assurer un siège honorable au paradis. Cela a quelques implications
religieuses. C'est la raison pour laquelle, s'il s'agissait de donner une
permission aux Mormons, à ce moment-là, le gouvernement devrait
prendre la décision.
M. BURNS: Oui, mais le gouvernement n'a pas à juger de la valeur
de ces croyances religieuses. Tout ce qu'il a comme problème je
pense que le ministre va en convenir avec moi est un problème de
fait, c'est un problème de piastres et de cents aussi dans le fond,
c'est un problème d'administration publique. Je veux dire que les
Mormons croient en cela et que le ministre ne partage pas cette religion
moi non plus d'ailleurs je ne suis pas moi non plus de la religion
mormone à mon avis, c'est absolument non pertinent à la
question, c'est...
M. CHOQUETTE: C'est une dimension quand même de la question. Le
député de Maisonneuve peut parfaitement penser ce qu'il pense. Il
est libre, sans aucun doute, d'avoir cet avis, mais il est évident que
la majorité des gens n'ont pas la foi mormone. Est-ce que nous ne devons
pas tenir compte de cet aspect du problème? Sans que je le tranche
aujourd'hui...
M. BURNS: Le ministre se souviendra ou, s'il ne s'en souvient pas, je le
lui rappelle, que la Conférence des évêques s'était
prononcée favorablement en 1970 à cet égard. Ils tenaient
un peu le raisonnement que je vous ai répété tantôt
à l'effet que, peu importe leur croyance... A part cela, même du
côté chrétien, ce serait dans une parfaite
atmosphère d'oecuménisme, M. le ministre, que cela se fasse, que
la communauté majoritairement chrétienne au Québec
assiste, donne de l'assitance à une autre communauté religieuse.
Moi, je verrais cela tout à fait dans l'esprit des années qu'on
vit, des années oecuméniques que nous vivons.
M. CHOQUETTE: Pensez-vous que le député de Maisonneuve va
appliquer son oecuménisme au débat en matière linguistique
que nous allons avoir ici à l'Assemblée nationale?
Je vois beaucoup de déclarations, mais je ne veux pas
déplacer le débat. Je fais seulement une parenthèse. Je
vois beaucoup de déclarations qui paraissent dans les journaux.
J'espère -qu'on aura un peu d'oecuménisme quand arrivera le temps
de ce débat.
M. BURNS: Je vous dis d'avance qu'il y aura oecuménisme à
ce moment-là. Oecuménisme raisonnable, cependant.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous ne pensez pas que...
M. CHOQUETTE: Il faudrait savoir où on situe
l'oecuménisme...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous ne pensez pas que c'est un faux argument.
Dans le fond, pour être sérieux sur la question de la
réticence concernant la religion des Mormons dont vous nous parlez parce
que j'imagine que, si le ministre avait son nom dans les registres des Mormons,
il n'a pas l'impression que cela va influencer son avenir d'avocat.
M. CHOQUETTE: Personnellement, cela ne me fatigue pas trop. Je veux
dire: II ne faut quand même...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est un faux argument.
M. CHOQUETTE: II ne faut pas se situer au niveau individuel. Il faut
quand même penser à la collectivité. Pour le moment, je ne
donne pas d'opinion sur cela.
M. BURNS: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, également, pendant
qu'on y est, de penser très sérieusement à j'irais
même jusqu'à dire forcer l'Institut
généalogique Drouin de remet-
tre au gouvernement un double de ses dossiers microfilmés? Je le
dis très sérieusement. Il s'agit là d'un bien public. Je
trouve que c'est amoral, c'est immoral que l'Etat, qui est chargé de
l'intérêt général des citoyens, que l'Etat paie pour
l'obtention d'un bien public comme celui-là, alors qu'il l'a
confié vu dans le sens de la permanence de l'Etat c'est
l'Etat qui l'a confié en 1940 et c'est le même Etat auquel je
parle aujourd'hui. Je trouve que c'est immoral que vous en arriviez à
payer pour l'utilisation d'un bien public qui a, préalablement, fait
l'objet d'une utilisation privée.
M. CHOQUETTE: Voici...
M. BURNS: Est-ce que ce problème a été
discuté au ministère?
M. CHOQUETTE: L'intervention du député est très
intéressante. S'il me demandait mon opinion personnelle, je lui dirais
ceci: Si on se situe sur le plan juridique, il s'agit de savoir ce que
l'Institut généalogique Drouin peut exiger comme compensation
financière, comme s'il s'agissait d'un autre bien que le gouvernement
voulait acquérir. Si le gouvernement voulait acquérir cela,
combien devrait-il payer pour procéder à une expropriation de la
collection Drouin? Par conséquent, sur le plan juridique
laissez-moi terminer ma réponse je crois qu'il faut se poser le
problème en termes de droits de propriété, qui se trouvent
inscrits au code civil.
Sur le plan, cependant, de l'éthique, je pense que l'Institut
généalogique Drouin, ayant bénéficié de
l'usage des registres publics d'état civil et en ayant fait un usage
très lucratif au point de vue de ses activités commerciales,
devrait offrir gratuitement un duplicata de cette collection au
gouvernement.
M. BURNS: Dans la première partie de sa réponse, le
ministre dit: Je me demande ou on se demande au ministère combien payer
pour exproprier ces biens. Je lui retourne la question. Pourquoi payer pour
exproprier ces biens?
M. CHOQUETTE: Parce qu'en vertu du code civil on ne peut pas exproprier
quelqu'un sans compensation financière.
M. BURNS: Alors, si on continue un petit peu le problème dans
cette veine, et prenant l'opinion que le ministre vient de nous émettre,
le ministre et je partage entièrement ses vues là-dessus
sur le plan éthique, dit que l'Institut Drouin devrait remettre
un duplicata de sa collection au gouvernement...
M. CHOQUETTE: Pour autant qu'on paie seulement le coût du
film.
M. BURNS: Le coût du film. Bon. Même là, cela fait
longtemps que le film est payé avec ce que l'Institut a fait.
M. CHOQUETTE: Non. Mais soyons de bon compte!
M. BURNS: Mais est-ce que le gouvernement n'envisagerait même pas
peut-être s'il le faut, si le côté éthique
n'existe pas du côté de l'Institut Drouin de forcer cette
éthique par voie de législation à un certain moment?
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas envisagé cette solution à
l'heure actuelle. Je sais qu'on peut se poser la question sous le rapport de
l'application de la Loi sur les biens culturels mais il s'agit là de
savoir jusqu'à quel point cette loi peut jouer.
M. BURNS: Je suis convaincu, M. le ministre, qu'il n'y a pas un citoyen
au Québec qui reprocherait au gouvernement du Québec
d'exproprier, sans remboursement, la collection Drouin ou au moins un duplicata
de la collection Drouin. Je suis convaincu que les gens comprendraient et je
suis de ceux qui croient que pour un bien public comme celui-là
c'est quand même le patrimoine québécois, du moins une des
formes du patrimoine québécois qu'une compagnie
privée utilise à des fins commerciales à un certain
moment, le gouvernement du Québec, dans l'intérêt de
l'ensemble des citoyens, doit décider de ne pas être l'objet de
chantage, parce que cela serait du chantage à ce moment.
M. CHOQUETTE: II y a toujours le principe de l'expropriation sans
compensation. Vous savez que c'est un...
M. BURNS: Vous ne faites que reprendre les biens de l'ensemble de la
population. C'est seulement ce que vous faites.
M. DESJARDINS: Que fait-on du respect des contrats? Si un contrat...
M. BURNS: Quel contrat?
M. DESJARDINS: S'il y a eu un contrat dont on peut déduire les
termes, par une correspondance, et qui crée une présomption de
fait juridique et que l'Institut Drouin s'en serve, que faites-vous du respect
des contrats vis-à-vis des Québécois et les...
M. BURNS: Montrez-moi un contrat et je vais vous dire: D'accord, nous
allons le respecter. Mais nous n'en avons pas de contrat.
M. DESJARDINS: Lorsque le contrat est perdu, on peut en faire la preuve
par d'autres moyens légaux et les moyens légaux sont la
correspondance échangée et la preuve testimoniale. Alors, si
l'Institut Drouin en fait la preuve, que faites-vous du respect du contrat
à ce moment?
M. BURNS: II y a peut-être un dédommage-
ment nominal à donner, mais je vous dis que c'est vraiment
très nominal à ce moment, à mon avis.
M. DESJARDINS: C'est dangereux pour autrui de brimer un contrat qui
pourrait peut-être être prouvé.
M. BURNS: Si on l'avait le contrat, je dirais: D'accord, on va se
pencher dessus, on va l'examiner, on va l'analyser. Vous êtes avocat,
vous savez ce que cela coûte.
M. DESJARDINS: Oui. Un contrat qui est perdu, on peut le prouver
autrement.
M. BURNS: Je pense que c'est principalement cette petite clause qui fait
peut-être qu'il y a du monde qui a eu intérêt à
perdre le document à un certain moment. On peut se le dire
ouvertement.
Je trouve cela quand même étonnant qu'un institut comme
l'Institut généalogique je le faisais un peu à la
blague tantôt, mais je suis sérieux quand je le dis qui, de
soi, a cette espèce de déformation professionnelle que de garder
de vieilles choses. Pensons-y. Je veux dire...
M. DESJARDINS: Prenez Block qui fait des rapports d'impôt, il a
oublié de faire le sien l'an dernier et il a payé l'amende.
M. BURNS: Oui, les cordonniers sont mal chaussés. Qu'est-ce que
vous voulez?
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme dit le député de
Maisonneuve, c'est quand même curieux que, simultanément, les deux
parties perdent...
M. DESJARDINS: Pas simultanément.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... pas simultanément. En tout cas, on a
trop nié, d'une part, les deux contractants...
M. DESJARDINS: Est-ce que les deux, au même moment, n'ont pas ce
contrat?
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon.
M. DESJARDINS: Mais quand ils l'ont perdu, personne ne l'a su.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous jouez sur les mots. Quand même,
à partir d'un contrat de base important comme celui-là, que les
deux parties l'aient perdu, c'est quand même curieux. Il y aurait
peut-être une suggestion. Est-ce que le ministère a pensé
à la solution suivante: premièrement, d'exiger je pense
qu'il y a droit tous les documents que l'Institut Drouin a en main et
est supposé fournir au gouvernement; ensuite, utiliser les documents que
le gouvernement a en main présentement et en assumer le microfilmage.
Peut-être que cela pourrait coûter pas mal moins que $400,000.
M. CHOQUETTE: C'est cela qui a été étudié
par les experts que nous avons engagés pour savoir combien cela nous
coûterait. C'est à la suite de leur étude qui recommandait
qu'on l'achète pour $500,000. C'est cela qui est en train d'être
revu à l'heure actuelle. En fait, on réexamine le dossier sous
tous ses aspects et le rapport des experts.
M. BEDARD (Chicoutimi): Qu'est-ce qui est en train d'être revu,
l'évaluation qu'en avaient fait les experts?
M. CHOQUETTE: Justement.
M. BURNS: D'où vient, M. le ministre, le chiffre de $400,000?
M. CHOQUETTE: II est surgi de la négociation. A un moment
donné, c'est un chiffre qui a été...
M. BURNS: On peut le déduire des comptes publics. Vous savez, on
parle dans les comptes publics d'un montant de $40,000 qui, je prends la parole
du ministre des Affaires culturelles, n'a pas été versé.
On parle de somme ou solde à payer de $360,000 dans les comptes publics.
Je n'ai pas la copie devant moi, mais je l'avais l'autre jour quand j'ai
posé la question au ministre. On en arrive à ce chiffre de
$400,000. C'était plus qu'une erreur d'insération dans les
comptes publics d'un document qui n'a pas été payé.
D'ailleurs, ce qui m'étonne aussi, c'est qu'on ait un chiffre de $40,000
dans les comptes publics marqué payé, et qu'on n'ait pas de
pièces justificatives. A ce moment-là, je suggérerais
très fortement au vérificateur général de voir
comment on fait les insertions dans les comptes publics.
M. CHOQUETTE: Je suggère...
M. BURNS: D'habitude, quand on a un chiffre qui apparaît aux
comptes publics, il y a une pièce justificative quelque part. Il y a au
moins une note, il y a au moins un chèque.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, cela ne sert à rien de discuter des
$40,000 parce qu'ils n'ont pas été payés. Je vous dis, si
vous voulez en avoir le coeur net, que c'est aux crédits du ministre des
Affaires culturelles de clarifier le fameux versement de $40,000 qui
apparaît aux comptes publics. Je pense bien qu'on peut prendre la parole
du ministre des Affaires culturelles qui a affirmé qu'il n'y avait
aucune somme qui avait été déboursée,
effectivement.
M. SAMSON: M. le Président, comment le ministre explique-t-il
qu'en novembre 1973,
sous la rubrique justice, à divers, acquisitions de
microphotographie des actes de l'état civil du Québec, de
l'Institut généalogique Drouin à Montréal, le
montant de l'engagement est $400,000. Imputation budgétaire 1973/74,
$40,000. L'année suivante, $360,000.
Il y a une note: "Le présent engagement remplace une demande
présentée par le ministère des Affaires culturelles et
transmis à la commission des engagements financiers dans les cahiers du
mois de mars 1973".
M. CHOQUETTE: Justement. Ce que vous venez de lire prouve justement que
le montant de $40,000 n'a pas été versé par les Affaires
culturelles.
M. SAMSON: Mais il est apparu aux engagements financiers.
M. CHOQUETTE: C'est parce qu'il y a eu une autorisation mais on n'y a
pas donné suite.
M. SAMSON: On n'a pas donné suite à cela?
M. CHOQUETTE: Mais non. C'est pour cela que je vous dis qu'il n'y a pas
de contrat de signé.
M. SAMSON: Vous n'avez pas l'intention d'en signer, si je comprends
bien.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas l'intention de signer un contrat qui ne serait
pas dans l'intérêt du gouvernement. Alors, il n'est pas
signé et il va rester non signé tant que je ne serai pas
satisfait et que ce n'est pas dans l'intérêt public de
procéder.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre a l'intention de donner suite à
une demande de dépôt de documents qui a été faite le
27 février 1974, apparaissant au feuilleton, demandant que soient
déposés la correspondance et les autres documents
échangés entre la Société
généalogique des Mormons de Salt Lake City, le ministère
de la Justice, l'Assemblée épiscopale des évêques et
l'Institut généalogique Drouin concernant la reproduction des
registres d'état civil?
M. CHOQUETTE: Quand on aura suffisamment fait le tour de la question au
ministère et qu'on aura examiné tous les aspects, je jugerai,
à ce moment-là, suivant la décision du gouvernement, si
c'est négatif, ce que cela donne et si c'est positif, je
déposerai tous les documents.
Si le gouvernement décide de s'engager dans ce contrat, je
déposerai tous les documents sans exception. Si on décide que ce
n'est pas une bonne transaction, je ne vois pas ce que cela donne de
déposer des documents.
M. SAMSON: Cela pourrait peut-être donner quelque chose pour le
profit des membres de l'Assemblée nationale qui ont à discuter de
ce sujet, même si vous n'avez pas décidé de les acheter. Je
vois qu'aujourd'hui le ministre a l'oreille attentive à certaines
suggestions.
M. CHOQUETTE: J'expliquerai pourquoi on prendra la décision.
M. SAMSON: D'accord, mais même si vous ne la prenez pas, est-ce
que le ministre ne considère pas que le dépôt de ces
documents pourrait être utile aux membres de l'Assemblée nationale
pour en arriver même à d'autres genres de suggestions à
faire au ministre?
M. CHOQUETTE: Je verrai à ce moment-là mais, comme je vous
le dis, si on décidait de procéder, je déposerai
intégralement toute la documentation.
M. BURNS: Est-ce que le ministre, sur ce point-là, est prêt
à s'engager devant la commission à ce que le contrat ne soit pas
signé sans que l'Assemblée nationale soit avisée?
M. CHOQUETTE: Pensez-vous que je vais aller signer un contrat, alors que
je vous dis que je suis en train d'examiner le problème, sans vous dire:
Après nalayse du dossier dans son ensemble, on a décidé
de... Vous comprenez ce que je veux dire?
M. BURNS: Non. On ne se comprends pas, M. le ministre. Je sais que vous
êtes à l'étude de ce problème, que vos
fonctionnaires examinent l'à-propos de signer un tel contrat ou de
prendre un tel engagement. Mais est-ce que le ministre lui-même est
prêt à prendre l'engagement de voir à ce que le contrat ne
soit pas signé sans que l'Assemblée nationale en soit
avisée antérieurement?
M. CHOQUETTE: C'est la moindre chose que je puisse faire que d'aviser
l'Assemblée nationale, avant de procéder avec ce contrat, des
décisions, de l'opinion et du jugement que je me suis formé sur
la situation. C'est la moindre des choses que je puisse faire. Je ne peux pas
m'engager comme si je négociais avec vous et comme si vous aviez le
droit d'être avertis d'avance et que vous aviez le droit d'être
consultés sur toutes les questions gouvernementales. Ce serait quand
même un précédent un peu nouveau que l'Exécutif du
gouvernement...
M. BURNS: On vous éviterait des erreurs parfois.
M. CHOQUETTE: Non. Je vous dis cependant que je vous ferai part de mon
opinion sur ce dossier quand les études seront complétées
au ministère et que, dans l'intervalle, on peut être assuré
qu'il n'y aura pas de signature de contrat.
M. BURNS: En somme, ce que je veux dire,
M. le ministre, c'est que le caractère public que ce dossier a
pris depuis quelque temps ne vous oblige pas, mais vous indique sûrement
qu'il ne faudrait pas que ce problème tombe aux oubliettes et qu'un
contrat soit signé en douce sans que personne en entende parler.
M. CHOQUETTE: Je pense qu'on va en entendre parler s'il y a un contrat
qui se signe.
M. BURNS: Sauf que c'est un contrat qui a quand même un
caractère privé pour un bout de temps, en tout cas.
M. CHOQUETTE: Mais, je ne suis pas imprudent à ce
point-là!
M. SAMSON: Certain, parce qu'on vous "watch".
M. CHOQUETTE: Pardon?
M. SAMSON: Sur le plan éthique.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 13, adopté?
Coût du mariage civil
M. BURNS: J'ai un dernier point là-dessus et c'est relatif au
coût du mariage civil. Comme tout le monde le sait, se marier civilement,
c'est rendu que ça coûte plus cher que de se marier
religieusement. Ce ne sont pas des blagues, mais c'est ça. Les mariages
civils, actuellement, si mes informations sont bonnes, coûtent $75
lorsque le mariage a lieu en semaine et $100 lorsque le mariage a lieu en fin
de semaine.
M. CHOQUETTE: C'est vrai.
M. BURNS: Par contre, les mariages religieux, actuellement, ça
varie selon les paroisses. Ils commencent à $5 et ça monte, je
veux dire selon la grosseur du pot de fleurs à côté de
l'autel, selon les banderoles le long des murs, mais il y a des mariages qui
peuvent se faire religieusement pour la modique somme de $5. J'ai entendu
parler de cas, que je n'ai pas touchés directement, mais on m'a
rapporté certains cas où des gens, par conviction personnelle,
auraient été portés à se marier civilement, mais,
devant le coût que représentait un tel mariage, comparé au
mariage religieux, ils avaient tendance à se marier religieusement. Je
ne sais pas si on est rendu dans un système de concurrence entre les
communautés religieuses au sens large du mot et le ministère de
la Justice, mais est-ce qu'il n'y a pas lieu de réviser les tarifs
actuels des mariages civils? Je sais que, dans plusieurs provinces, autres que
le Québec, on peut se marier civilement pour à peu près
$25.
Est-ce que le ministre a envisagé de réduire ou pense
réduire les tarifs pour les mariages civils? Quand quelqu'un se marie,
cela ne veut pas dire nécessairement qu'il a bien de l'argent dans ses
poches. On sait que c'est habituellement le contraire. Quand il se marie, il ne
lui en reste plus beaucoup dans ses poches.
Puisque c'est maintenant un acte que le Québec a
sanctionné de façon civile, si vous voulez, est-ce qu'il n'y a
pas lieu de permettre une plus grande facilité d'accéder au
mariage civil en diminuant les tarifs?
M. CHOQUETTE: Ecoutez, je vais regarder le problème avec mes
fonctionnaires et nous allons voir ce que nous pouvons faire pour la
réduction des tarifs.
Nous avons du temps supplémentaire à payer à nos
employés, n'est-ce pas, surtout quand les mariages ont lieu le samedi,
ce qui explique que se marier en fin de semaine coûte plus cher que se
marier la semaine, mais je vais examiner le problème avec les
fonctionnaires pour voir si l'on ne peut pas baisser les tarifs.
M. BURNS: Parce que, vous savez, ces tarifs reviennent cher à
l'heure.
M. CHOQUETTE: Parce qu'il y en a qui se marient souvent.
M. BURNS: Pour quelqu'un qui se marie souvent surtout, mais il revient
cher à l'heure quand on sait qu'un mariage civil je n'ai pas fait
de minutage quand j'ai assisté à des mariages civils ne
dure sûrement pas plus qu'une dizaine de minutes, la
cérémonie elle-même. On lit quelques extraits du code
civil.
M. CHOQUETTE: Oui, mais on entoure cela d'un certain faste.
UNE VOIX: C'est le tarif syndical!
M. BURNS: De toute façon, le ministre m'assure que ce n'est pas
un problème qu'il va oublier. Il va envisager la possibilité
même de diminuer le tarif pour le rendre un peu plus accessible à
tout le monde.
M. CHOQUETTE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté?
M. BURNS: Adopté, pour le programme 13.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 13. Le programme 14.
M. BURNS: Avant de se lancer dans le programme 14, M. le
Président, est-ce que l'on ne suspendrait pas les travaux étant
donné que l'on arrive à 12 h 30?
LE PRESIDENT (M. Brisson): N'était-il pas question d'aller
jusqu'à une heure?
M. BURNS: Etait-il question d'aller jusqu'à une heure?
M. DESJARDINS: On est ici pour accommoder le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: C'est parce que j'avais pris un rendez-vous pour 12 h 30.
Je pense que les autres programmes peuvent...
M. CHOQUETTE: Est-ce que l'on peut compter que, en se réunissant
à quatre heures, on aurait terminé à six heures en faisant
les efforts requis?
M. BURNS: Je pense que oui. Je pense que c'est raisonnable de penser
cela. Il est même raisonnable de penser que cela va se terminer bien
avant six heures, à moins que... Je parle pour moi, je ne parle pas pour
les autres.
M. CHOQUETTE: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission suspend ses travaux
jusqu'à quatre heures.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
Reprise de la séance 16 h 44
M. BRISSON (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
Le programme 13, avant la reprise, a été adopté en
entier? Le programme 13, c'est l'enregistrement officiel. Le programme 13,
adopté. Le programme 14: Contrôle des jeux de hasard et des
courses. Questions.
M. BURNS: Oui, M. le Président. Vous ne nous laissez pas respirer
parfois, vous!
LE PRESIDENT (M. Brisson): C'est ce qui fait l'efficacité du
gouvernement.
Jeux de hasard et courses
M. BURNS: Oui. Au programme 14: Contrôle des jeux de hasard et des
courses; évidemment, le ministre nous a parlé, au début,
de son point de vue et de ses connaissances techniques en matière de
casinos et tout cela. Je ne reviendrai pas sur ce sujet.
J'aimerais lui parler brièvement du problème cela va
peut-être lui sembler drôle de l'amélioration de la
race chevaline, eu égard non, il n'y a pas de blague...
M. CHOQUETTE: Je prends cela très au sérieux.
M. BURNS: ... à Loto-Perfecta et à tout ce que cela
comporte. Il y a une partie des profits qui est réalisée
grâce au programme de Loto-Perfecta qui est redistribuée pour
l'amélioration de la race chevaline. Ce n'est peut-être pas votre
ministère qui s'en occupe. C'est cela que je veux savoir.
M..CHOQUETTE: Non, c'est le ministère des Finances.
M. BURNS: C'est le ministère des Finances qui s'occupe de cette
partie.
M. CHOQUETTE: Oui, parce que la Société des loteries et
des courses, la Loto-Perfecta comment l'appelle-t-on la
Loto-Québec...
M. BURNS: Loto-Québec et la Loto-Perfecta qui est un des
aspects...
M. CHOQUETTE: L'organisation des loteries, parmi lesquelles se trouve la
loterie Loto-Perfecta, est un organisme qui dépend du ministère
des Finances et non du ministère de la Justice.
M. BURNS: On reposera la question plus tard. Remarquez qu'il y a des
juridictions qui sont tellement concurrentes, à un moment donné,
qu'on se demande si ce n'est pas un des volets de votre ministère,
lorsqu'on arrive au
programme du contrôle des jeux de hasard et des courses. En tout
cas!
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous n'assumez pas la surveillance des loteries
et des courses, par exemple?
M. CHOQUETTE: Nous avons la surveillance des loteries qui sont
autorisées par la Loi de la Régie des loteries et des courses.
Nous avons également une compétence en matière de
surveillance de courses.
Cette compétence ne s'est d'ailleurs pas encore exercée
parce que la Régie des loteries et des courses est en train de faire un
règlement qui sera soumis aux différents secteurs de cette
industrie, les propriétaires de chevaux, les hommes à chevaux,
les propriétaires de pistes de course. Une fois que ce règlement
aura fait l'objet de consultations, il sera présenté au
gouvernement pour être adopté.
M. BURNS: Est-ce que sous ce programme, ce serait l'endroit pour poser
la question: Comment les permis, entre autres, de bingo, par exemple, sont
accordés? Est-ce que c'est par l'entremise de cet organisme...
M. CHOQUETTE: Exactement cela. Ceux qui sont autorisés à
diriger les bingos et à en être les organisateurs reçoivent
des permis...
M. BURNS: II y a d'abord les paroisses qui sont les plus grandes
consommatrices de permis de bingo. A part cela, il y a d'autres organismes
à but charitable. Quels sont les critères de distribution de
permis de bingo? Est-ce qu'il y a déjà des critères
d'établis ou si cela se fait à l'oeil, tout simplement, ou par
oreille?
M. CHOQUETTE: Je crois que la régie est assez large quand les
associations demandent l'émission de permis. Ils sont émis sur
demande. Ce que la Régie cherche à faire, par exemple, c'est
contrôler l'honnêteté des jeux de hasard autorisés.
Elle émet les permis aux organisateurs de ces jeux. Elle a des
inspecteurs qui vont vérifier si l'organisation n'est pas
truquée, de façon que le public ne soit pas fraudé.
M. BURNS: Toujours dans le cadre des associations à but
charitable...
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. BURNS: ... philantropique, etc.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Oui, je vous en prie.
M. SAMSON: ... sur le même sujet, je peux savoir du ministre s'il
y a eu amélioration quant aux renseignements à donner à la
population sur ce sujet en particulier? Je fais référence au fait
que, par exemple, certaines associations paroissiales, qui, comme vous le
savez, ne sont pas toujours au courant de tout le rouage administratif,
à un certain moment... Comme c'était l'usage lors de fêtes
paroissiales, il y avait presque toujours un bingo le dimanche
après-midi, certains se sont fait prendre par cela quand la régie
a exigé qu'il y ait émission de permis. On s'est rendu compte,
à un certain moment, qu'il y avait un manque d'information et
peut-être même plus, c'est que des gens qui voulaient obtenir un
permis soit pour un bingo ou une vente de billets au profit des paroisses ne
savaient pas où s'adresser.
M. CHOQUETTE: Je peux vous dire qu'ils ont l'air de connaître
notre adresse par le nombre de demandes que nous recevons. Au début, la
Régie des loteries et des courses avait un personnel assez peu nombreux,
un personnel...
M. SAMSON: Je suis convaincu que vous avez plusieurs demandes. Les gens
qui, dans les régions éloignées, s'adressaient, par
exemple, au poste de police...
M. CHOQUETTE: Ah oui!
M. SAMSON: II n'y a quand même pas des bureaux de la Régie
des loteries et des courses dans toutes les régions.
M. CHOQUETTE: Non.
M. SAMSON: Je sais qu'au début il n'était pas facile pour
eux d'avoir des renseignements et il n'y avait même pas de formule
disponible. Cela a créé certains problèmes. J'aimerais
savoir si cela a été amélioré, de telle sorte qu
'au moins dans les régions éloignées, au poste de police
provinciale, on puisse donner certains renseignements.
M. CHOQUETTE: On a au moins mis en dépôt dans tous les
palais de justice des formules qui permettent de faire la demande.
M. SAMSON: Ah! C'est au palais de justice.
M. CHOQUETTE: Oui. On me dit aussi que la Régie des loteries et
des courses vient de publier un dépliant explicatif qui sera mis en
circulation à travers le Québec...
M. SAMSON: ... et qui va donner les adresses des...
M. CHOQUETTE: ... les détails sur la procédure...
M. SAMSON: ... palais de justice.
M. CHOQUETTE: ... comment s'adresser, dans quel cas on peut
l'obtenir.
M. SAMSON: Vous le direz probablement dans ce dépliant. Il y a
peut-être un élément d'importance. Ce sont les
délais requis pour obtenir un permis qui, je pense, devraient être
connus à l'avance parce que l'on trouve encore, en pratique, certaines
associations qui se ramassent à la dernière minute...
M. CHOQUETTE: En effet. Cela arrive fréquemment.
M. SAMSON: ... et évidemment, ce ne sont pas des gens qui ont
l'intention de frauder qui que ce soit. Ce sont des gens qui, de bonne foi,
veulent aider une paroisse même une église et de telles choses. Et
ils se retrouvent avec des problèmes administratifs. Cela n'est pas
toujours intéressant pour eux.
M. CHOQUETTE: C'est vrai.
M. SAMSON: Alors, vous allez faire un effort dans ce sens, si je
comprends bien, pour...
M. CHOQUETTE: Oui. Je pense que le député a raison
d'indiquer que la fonction de la Régie des loteries et des courses n'a
peut être pas été suffisamment expliquée et qu'elle
est un peu modeste dans sa publicité. Je crois que l'observation du
député est bien fondée.
M. SAMSON: Est-ce que la même procédure est entreprise au
niveau et là, ce n'est pas le même sujet; peut-être
me permettrez-vous, M. le Président, une petite parenthèse, cela
ne sera pas tellement long est-ce que le même processus est
utilisé dans l'émission des permis de banquets de la
Société des alcools et les permis pour servir, par exemple...
M. CHOQUETTE: Vous avez changé de programme.
M. SAMSON: Oui, j'ai changé de programme. J'ai d'ailleurs
demandé au président de le faire. Cela n'est pas pour
embêter qui que ce soit. C'est parce que j'ai l'impression que cela peut
se faire par le même canal d'informations.
M. CHOQUETTE: Pour les permis de banquet, je dois dire qu'il y a eu un
flottement dans la politique de la Commission de contrôle des permis
d'alcool. Il y a eu une époque qui n'est pas si lointaine où les
permis de banquet pour vendre ou pour servir étaient donnés d'une
façon assez généreuse aux différentes associations
qui faisaient des demandes.
Récemment, à cause de certains changements à
l'intérieur de la Commission de contrôle, ou suite à
certains changements à la Commission de contrôle, on s'est mis
à rationner l'émission des permis de banquet. Je dois dire que je
ne suis pas d'accord sur cette politique de rationnement. Je l'ai dit au
président de la commission. J'ai confiance de ramener la com- mission,
enfin, comment pourrais-je dire, à une honnête moyenne dans
l'émission des permis. Je ne dis pas qu'on ne devrait pas faire
attention à émettre des permis en trop grand nombre à
certains individus qui bâtissent des associations pseudo-charitables ou
sociales.
M. SAMSON: Oui, pour...
M. CHOQUETTE : Et sous couvert au Québec de la Loi des
profits.
M. SAMSON: D'accord.
M. CHOQUETTE: Je ne dis pas qu'on ne devrait pas surveiller cela, mais
quand on a des associations sociales bona fide, je crois qu'on devrait avoir
une attitude plus ouverte que celle qu'on a démontrée
récemment, et que le but de la Commission de contrôle des permis
d'alcool n'est pas d'imposer la tempérance dans le Québec,
malgré ce que certains peuvent penser. Alors, si les gens veulent
consommer et vendre, je trouve qu'il devrait y avoir passablement de latitude
à l'intérieur des...
M. SAMSON: Si je comprends bien, M. le ministre, votre philosophie
à ce point de vue rejoint celle de la Régie des loteries qui,
selon ce que vous avez dit tantôt, n'a pas pour but de tenter de
modérer qui que ce soit, mais de voir surtout à ce qu'il y ait
une bonne surveillance pour que cela se fasse sans qu'il y ait de fraude contre
qui que ce soit. C'est la même philosophie que vous appliquez quant
à l'émission des permis de banquet.
M. CHOQUETTE: Oui, je crois.
M. SAMSON: A ce moment-là, on peut dire, on peut compter que vous
faites aussi des efforts pour que les associations dans les régions
soient mieux renseignées par un dépôt de formulaires et des
gens qui peuvent donner des renseignements.
M. CHOQUETTE: Certainement. J'aimerais, vu qu'on parlait de permis de
banquet pour vente des boissons alcooliques, que la Commission de
contrôle arrête une politique définitive qui soit
raisonnable. Je comprends qu'on peut vouloir protéger l'hôtellerie
et les hôteliers légitimes, mais c'est le député qui
m'a amené dans l'étude.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Si vous me permettez, s'il n'y a pas d'autre
question au programme 14, la Société des alcools, c'est le
programme suivant.
M. SAMSON: Je m'excuse, M. le Président, c'est d'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 14 est adopté. Non?
M. BURNS: Non.
M. SAMSON: Allons-y pour le programme 14.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. Custeau annonçait son intention,
dernièrement en septembre, je pense de créer une
nouvelle loterie axée sur les événements sportifs. Est-ce
que le ministre peut nous dire où en est le projet
présentement?
M. CHOQUETTE: M. Custeau est le président de la
Loto-Québec, qui est l'organisme qui dépend du ministère
des Finances. Il faut comprendre. Le député de Chicoutimi me
permettra de lui faire la différence entre la Régie des loteries
et des courses et la Société Loto-Québec. La
Société Loto-Québec est une société qui
administre des loteries tandis que la Régie des loteries et des courses
est une régie qui réglemente la tenue de loteries. Ce n'est pas
la même chose.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je sais que ce n'est pas la même chose
mais il reste que, pour l'établissement d'une loto-sport, même si
c'est M. Custeau qui s'en occupe, il aura à communiquer avec le
ministère. On sait qu'à l'heure actuelle, puisqu'il est question
de l'établissement d'une telle loterie, les paris sur le résultat
des courses sportives sont prohibés légalement parlant.
Evidemment, à ce moment-là, M. Custeau ne peut pas faire
autrement c'est peut-être une manière de voir si vraiment
le projet commence à être élaboré que de
communiquer avec le ministre de la Justice pour demander un amendement, par
exemple, aux lois fédérales dans un cas comme
celui-là.
M. CHOQUETTE: Je ne suis pas sûr de ce que le député
avance.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'en suis convaincu.
M. CHOQUETTE: C'est son opinion personnelle.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non. C'était simplement pour vous dire
que j'étais au courant même si les intentions du ministre
étaient bien de vouloir me renseigner.
M. CHOQUETTE: Pour ma part, je n'ai pas été
consulté sur la légalité d'une loterie basée sur
des événements sportifs.
M. BEDARD (Chicoutimi): A l'heure actuelle, c'est prohibé, c'est
clair.
M. CHOQUETTE: Je ne dirais pas que c'est prohibé, mais je n'ai
pas été consulté là-dessus.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant le projet de loto-sport avancé
par M. Custeau, s'il y a des implications légales, je suppose que le
ministère n'a pas été consulté de quelque
manière que ce soit...
M. CHOQUETTE: Pas encore, à ma connaissance. Normalement, s'il
était question de tenir un tel système de loterie, je
présume qu'on demanderait une opinion juridique au ministère de
la Justice pour savoir si c'est conforme au code criminel.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ce que je présumais, c'est pour
cela que je posais la question au ministre.
M. CHOQUETTE: On n'a pas été appelé à donner
d'opinion sur le sujet, à ma connaissance.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 14. Adopté. Une seconde
question?
M. BURNS: Non. Je voulais poser une autre question au ministre. Selon la
réponse qu'il vient de donner à mon collègue de
Chicoutimi, je comprends que les concessions de Loto-Québec ne
relèvent pas de son ministère, mais plutôt du
ministère des Finances à qui on devrait poser cette question,
n'est-ce pas?
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. BURNS: Pas d'autre question quant à moi, à moins que le
député de Rouyn-Noranda ait quelque chose.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 14. Adopté. Programme 15:
Contrôle des permis d'alcool.
Permis d'alcool
M. BURNS: M. le Président, au programme 15, j'aurais seulement
une question. J'ai compris, d'après les remarques du ministre au
début de la discussion de ses crédits, qu'il considérait
comme une priorité des amendements à la Loi des alcools à
cause de tout ce qu 'on a discuté au début. Je vous fais
grâce de revenir sur les détails, la raison étant les
délais d'étude, actuellement, qui sont causés
partiellement par la loi et aussi par le manque de personnel, sans expliciter
davantage.
J'aimerais toucher brièvement un problème que le
député de Rouyn-Noranda avait abordé brièvement
tantôt, soit celui des permis à caractère temporaire, ce
qu'on appelle des permis de banquet. Encore une fois, sachant que la Commission
de contrôle des permis d'alcool est un organisme quasi judiciaire, je
sais bien que le ministre n'ira pas dire au juge Trahan, au juge Moskovitch,
à M. Myer Swinski ou à tous les autres commissaires qui sont
à
la Commission de contrôle ce qu'ils doivent penser dans tel et tel
cas.
M. CHOQUETTE: Je peux leur faire des observations d'ordre
général.
M. BEDARD (Chicoutimi): Faire des pressions.
M. BURNS: C'est ça. Vous pouvez intervenir au point de vue de la
politique de la Commis sion de contrôle, c'est dans ce sens que je
parlais.
M. CHOQUETTE: Les demandeurs de permis ne semblent pas recevoir une
réponse dans les délais raisonnables.
M. BURNS: II y a un problème qui m'a "chicoté" pendant un
certain temps et, c'est drôle à dire, ce sont les permis de
banquet qui sont accordés à certaines organisations politiques,
et qui ne le sont pas à d'autres organisations politiques dans certains
cas. Je ne veux pas faire de cas particulier, mais dans le simple comté
de Maisonneuve je suis sûr que cela s'est présenté
à de nombreuses reprises et peut-être à l'inverse dans
d'autres comtés à deux semaines d'intervalle,
l'association locale du Parti québécois demande un permis de
banquet pour une danse ou pour recevoir les personnes qui ont travaillé
pendant les élections, etc.
On leur refuse ce permis. Cela devient d'une complication absolument
extraordinaire. On est obligé de passer par toutes sortes de
détours. Un permis pour recevoir des gens est pas mal différent,
en ce sens que l'on ne peut pas vendre de la boisson, à ce
moment-là, c'est un permis de service tout simplement.
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. BURNS: A une ou deux semaines d'avis. Je ne fais aucune accusation,
je pense que j'ai assez de respect pour le juge Trahan et ses collègues,
ce n'est pas du tout dans ce sens, c'est au niveau de la cohérence de
l'émission de ces permis. Une ou deux semaines plus tard, l'Association
libérale du même comté de Maisonneuve fait une organisation
du même genre, absolument du même genre. De façon
très louable, elle reçoit les personnes qui ont travaillé
probablement d'une façon bénévole dans bien des cas lors
des élections et là, il y a un permis de boisson et toute
l'histoire, il y a permis de vente. Ce que je dis est possiblement vrai
à l'inverse, dans d'autres comtés. C'est possible que dans
d'autres comtés ce soit l'association du Parti québécois
qui a eu le permis de vente et que l'association libérale ou
l'association de l'Union Nationale n'ait eu qu'un permis de servir. Ce que je
trouve, à ce niveau et dès que l'on arrive au niveau des
organisations politiques, c'est que cela devient, si vous me passez
l'expression, très "touchy", en ce sens qu'il y a peut-être des
groupes qui vont dire: On est l'objet de discrimination.
Est-ce qu'il y a une politique d'établie quant à
l'émission de ce genre de permis de banquet ou de permis temporaire, ce
que l'on appelle le permis qui accompagne habituellement une soirée
dansante ou quelque chose comme cela? Il semble y avoir, en tout cas, une
totale incohérence dans la façon d'émettre ces permis. Je
ne sais pas si c'est parce que l'on s'adresse dans un cas à telle
personne et, dans tel autre cas, à telle autre personne que les
décisions sont différentes, je ne le sais pas. Je l'ignore et
c'est pour cela que je pose la question au ministre.
M. BEDARD (Chicoutimi): On le demande en bon français.
M. CHOQUETTE: II y a environ un an, je pense que la commission avait
émis une directive ou enfin s'était fixé une ligne de
conduite voulant que des permis de vente soient donnés aux associations
politiques.
Peu de temps avant l'élection, la commission est revenue sur
cette politique et a décidé de restreindre les permis de banquet,
non pas les banquets pour servir, mais les banquets pour vendre, et nous sommes
de nouveau intervenus auprès de la commission. Nous avons attiré
son attention sur le fait qu'il nous semblait légitime que les
associations politiques, qui se financent un peu de cette façon,
pouvaient continuer et devaient continuer de recevoir des permis pour servir et
pour vendre. La commission a de nouveau changé son fusil d'épaule
et s'est mise à émettre des permis aux associations
politiques.
J'admets qu'il y a eu incohérence dans le temps parce
qu'il y a eu des changements dans la politique il me semble,
vis-à-vis d'autres associations à caractère social. C'est
qu'à un moment donné on était assez large au point de vue
de l'émission de ces permis, et à un autre moment on appliquait
une politique de fermer le robinet, si on peut dire. Je crois que la commission
a voulu, d'une certaine façon, protéger l'industrie
hôtelière pour la raison que ces permis auraient été
une concurrence indue à l'industrie hôtelière. Je ne pense
pas que l'émission de ces permis en nombre raisonnable,
entendons-nous, je ne dis pas tous les soirs de la semaine soit une
concurrence à l'industrie hôtelière, parce que les gens qui
se réunissent dans ces associations, soit à caractère
politique, soit à caractère social, soit pour des organisations
de loisirs, ne sont pas nécessairement des gens qui vont aller boire
dans les hôtels. J'ai dit cela au juge Trahan récemment en lui
demandant de réexaminer le problème et d'en arriver à une
politique plus cohérente et plus ouverte que les dernières
manifestations que j'ai eues d'une politique un peu étroite.
M. BURNS: Juste pour informer le ministre, justement, dans ce domaine
et je ne le dis pas
méchamment à l'égard de ces associations les
véritables concurrents des associations hôtelières, des
groupes de cabarets, des tenanciers d'auberges, etc., sont les associations de
loisirs, parce qu'elles le font sur une base permanente, c'est-à-dire
que vous avez les loisirs de Saint-je-ne-ne-sais-pas-trop-qui qui se
réunissent régulièrement trois ou quatre fois par
année. Or, il arrive que ce sont justement eux qui n'ont aucun
problème pour obtenir un permis. Sauf peut-être dans un cas,
à ma connaissance, depuis quatre ou cinq ans, je n'ai jamais entendu
parler d'une association de loisirs qui faisait une danse du samedi soir pour
regarnir ses coffres et qui avait un problème pour obtenir un permis de
banquet, alors que les associations politiques, de façon encore une fois
incohérente, si on examine tous les cas, de temps en temps se voyaient
opposer un refus, de temps en temps se voyaient accorder sans difficulté
le permis. Ce ne sont justement pas ces groupes qui sont les concurrents du
milieu hôtelier. Ces gens sont des gens qui se réunissent à
des occasions bien précises, par exemple à l'occasion d'un
congrès local. Quand je soulève le problème, je le
soulève surtout au niveau local, au niveau des associations de
comté. Ce sont elles qui, véritablement, que ce soit, je suis
prêt à l'admettre, tant du côté libéral, que
du côté créditiste, que du côté unioniste, que
du côté du Parti québécois, n'ont pas les fonds en
main, dans le fond.
Ce n'est pas la caisse centrale du parti qui, elle, d'une façon
ou de l'autre, se finance beaucoup mieux.
M. CHOQUETTE: II y a même des associations...
M. BURNS: L'association locale a des moyens très restreints de se
financer et, entre autres, ces banquets sont des moyens. Lorsque vous invitez
des militants de partis politiques à venir à une danse, si vous
êtes obligés d'exiger un prix d'entrée qui est tellement
élevé pour tenir compte du permis de service, c'est-à-dire
là où on donne la boisson, où on invite des gens, dans le
fond, il n'y a personne qui est assez dupe pour se dire qu'on va fonctionner
avec un permis de servir de la boisson et qu'on va la donner, tout simplement.
A ce moment-là, on va tout simplement monter le prix d'entrée.
C'est tout simplement chasser les gens. C'est leur rendre difficile
l'accès à la réunion. Tandis que si vous mettez un prix
nominal ou que vous ne mettez aucun prix d'entrée, à ce
moment-là, il y a possibilité de vendre de la boisson une fois le
banquet commencé, vous avez une possibilité de financement.
M. CHOQUETTE: Le député fait des observations tout
à fait pertinentes et sur lesquelles je ne peux faire autrement
qu'être d'accord, excepté que je dirais que le problème a
eu ses répercussions dans le domaine d'associations à
caractère social, comme par exemple, récemment, on me disait que
les scouts avaient eu toutes les misères du monde à obtenir
l'émission d'un permis, alors que le permis sollicité
était pour faire faire un peu d'argent pour aider le groupe de scouts.
Tout à l'heure, quelqu'un me parlait d'un groupe d'Italiens qui avaient
eu quelque difficulté à obtenir un permis de vente. C'est un
problème un peu général, et moi, je trouve que, à
condition que tout cela se fasse dans certaines limites décentes, au
point de vue du nombre de permis, je ne vois pas pourquoi la commission
refuserait l'émission de ces permis.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a un autre problème concernant
l'émission des permis. J'ai eu l'occasion d'avoir des cas dans ce sens,
à savoir qu'il y a un retard inacceptable, et quelquefois même
très injuste, qui cause de graves préjudices à des
personnes qui achètent une épicerie ou encore un commerce de ce
genre ou vivant de la vente des alcools. Il y a un retard, j'imagine qu'il doit
être explicable, du point de vue administratif, mais il y a un retard
à la délivrance de ces permis qui fait que ces gens subissent de
très graves inconvénients et souvent, ce sont de petites gens qui
achètent de petits commerces licenciés. Entre autres, on nous a
laissé entendre je pense que cela a déjà
été évoqué en Chambre et M. le ministre avait
parlé de s'en occuper qu'avant, tous les permis de la
Régie des alcools pouvaient être émis par Québec,
ici, alors que maintenant, tous les permis doivent être
délivrés par Montréal. Ce qui veut dire que toutes les
demandes, j'imagine, sont acheminées vers Montréal. Entre autres,
j'ai deux exemples de contribuables qui ont acheté, depuis
déjà au moins cinq mois, une épicerie. Même s'ils
ont déboursé de l'argent, ils ne peuvent pas en retirer quelque
bénéfice que ce soit parce que le transfert de permis ne se fait
pas.
Ce qu'on nous a dit en communiquant avec la Société des
alcools, c'était que justement les permis étaient
délivrés par Montréal. A ce moment, ils ne pouvaient,
à toute demande de permis... Il fallait au moins que les gens attendent
quatre ou cinq mois. Dans les cas, par exemple, où j'étais
concerné, quelqu'un qui écrivait au mois de février, on
lui répondait qu'au moment où elle recevait sa lettre, la
commission n'en était rendue qu'à l'étude des dossiers du
mois de septembre.
En fait, cela crée une situation qui amène quelque chose
de très injuste. Par la suite, on nous demande, comme procédure,
de faire au commissaire en appel, je crois, une demande
d'accélération du dossier, ce qui oblige la personne
concernée à rédiger les motifs de sa demande, de
l'accompagner d'un affidavit et un paquet de... je ne dirais pas de
difficultés parce que la vraie difficulté est le retard. Mais il
me semble quand même que sous cet aspect il y a vraiment quelque chose
d'urgent à faire pour corriger cette situation.
M. CHOQUETTE: Le député a raison et c'est pourquoi je
prévois déposer un projet de loi aussitôt après
l'ajournement des travaux pour remédier à un certain nombre de
difficultés que nous avons rencontrées récemment et qui
ont en tramé des délais indus dans l'émission des permis
d'alcool. Entre autres, parmi les dispositions que nous prévoyons, il y
aura des rôles particuliers, des rôles spéciaux, surtout
pour les cas qu'on appelle communément de transfert. Nous augmenterons
le nombre de commissaires. Nous avons déjà envoyé du
personnel additionnel du ministère à la Commission de
contrôle des permis d'alcool pour leur donner un coup de main et pour
aider à débloquer l'engorgement actuel et on me disait que les
délais avaient tendance à se réduire ce temps-ci et que,
d'ici quelques mois, on pouvait entrevoir des délais normaux.
Mais le député peut être sûr que nous sommes
très sensibilisés au problème et que, si la situation
actuelle s'est produite, c'est dû à un certain concours de
facteurs dont, par exemple, à un certain moment, nous avons perdu des
analystes de dossiers, ceux qui ont pour fonction d'examiner toutes les
pièces qui se trouvent dans chaque dossier. A d'autres moments, nous
avons eu des commissaires malades, ce qui n'a pas contribué à
accélérer les procédures et, enfin, il y a eu
différents autres facteurs qui sont tous venus jouer en même temps
et qui ont fait qu'on a abouti avec une situation où les délais
sont excessifs à l'heure actuelle.
M. BEDARD (Chicoutimi): Très heureux d'apprendre cela.
M. CHOQUETTE: Alors, le député peut être sûr
que cela sera un des premiers projets de loi qu'il aura à examiner
à son retour de vacances.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vacances il y a.
M. CHOQUETTE: Bien, pour ce qui est de vacances, oui.
LE PRESIDENT (M.Brisson): Le député de Rouyn-Noranda.
M. BEDARD (Chicoutimi): Parlementaires.
M.SAMSON: Dans le même ordre d'idées, nous sommes
très heureux de voir que le ministre va nous revenir avec un projet de
loi qui nous permettra peut-être d'étudier des propositions visant
à améliorer tout le système. J'aimerais peut-être
à ce moment-ci sinon faire des suggestions au ministre, du moins amener
peut-être certains sujets dans le débat qui seront probablement
pris en considération; ils le sont peut-être déjà,
d'ailleurs.
En ce qui concerne l'émission des permis de banquet ou pour
servir, je pense qu'il serait extrêmement valable que la Régie en
arrive à fixer certaines politiques connues pour que les gens sachent
qui peut demander quoi.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. SAMSON: ... et qui peut l'obtenir. Nous avons cette impression. Je
parle, M. le Président, en fonction de dossiers que j'ai
déjà eus l'occasion de voir et, dans certains cas, j'ai
même été obligé de faire appel au ministère
de la Justice, comme le ministre le sait. Je pense que tout cela ne se fait pas
de mauvaise foi de la part de qui que ce soit, mais dans le fond, si une
politique était énoncée, sachant à quoi les gens
ont droit, nous n'aurions pas l'impression que les demandes de permis font face
à l'arbitraire. Nous n'aurions pas cette impression. Je ne veux pas dire
que c'est de l'arbitraire, mais je pense qu'il y a au moins plusieurs personnes
qui ont cette impression.
Il y a aussi cet autre fait qui arrive souvent. Des associations sans
but lucratif font des demandes, si on se base sur des comparaisons de ce qui a
déjà été émis dans d'autres secteurs pour
des associations semblables car c'est à peu près la seule
base de comparaison qu'on peut avoir, puisqu'on ne connaît pas une
politique fixe il arrive que dans certains cas, même après
une demande d'un mois, à la toute dernière minute, l'association
reçoive une réponse de la régie demandant d'autres
explications. Ce qui fait que, physiquement, ce n'est pas possible à
l'association en question de retourner les formules pour obtenir son permis
dans le délai nécessité.
C'est sûrement un point qui pourrait être
amélioré, soit en permettant d'éliminer ces délais,
délais qui emmerdent tout le monde pour rien. Il y a aussi un autre
point qui nous est soumis de temps à autre, il s'agit de celui de la
vente d'un commerce déjà établi, soit un hôtel,
où lorsque le permis est demandé par le nouveau
propriétaire. La régie, après inspection des locaux, a de
ces exigences qui nous apparaissent, dans certins cas, exagérées,
c'est-à-dire des exigences de rénovation de l'hôtel en
question, etc. Quand on pense que sur une base de logique, le commerce
fonctionnait déjà avec un permis, ce n'est pas seulement en
changeant le nom du propriétaire que cela le rend un lieu insalubre,
quoi! Dans certains cas qui ont été portés à notre
attention, on a eu de telles exigences que le nouvel acquéreur
n'était plus du tout intéressé à compléter
l'achat en faisant ces nouvelles rénovations, parce que cela
coûtait plus cher que la valeur de l'hôtel même. C'est
arrivé. J'aimerais que le ministre prenne cela en considération
pour que dans la loi où nous sommes amenés, on ait quelque chose
de prévu aussi. Quand il s'agit d'un changement de propriétaire,
mais que le commerce est déjà existant parfois le commerce
est là depuis 30 ou 35 ans et qu'il donne du service, je sais
qu'il y a peut-être une question d'éthique, ou la régie
veut peut-être en arriver à améliorer
l'industrie touristique, mais il faut quand même comprendre que,
dans certains cas, cela peut tout simplement la tuer.
Je pense que cela mérite d'être regardé d'une
façon sérieuse. Il y a aussi une autre question cela se
produit dans ma région peut-être plus que dans d'autres
régions où nous avons des paroisses non organisées en
municipalités sur ce territoire où il n'y a pas tellement
longtemps encore la vente des boissons était prohibée. Je fais
référence au comté de Témiscamingue, au
comté de Rouyn-Noranda, dans plusieurs paroisses où il y avait
prohibition. Quand cela a été levé, il y a eu des demandes
de la part d'épiciers existants. Les demandes ont été
considérées. Dans certaines paroisses, il y a un permis
d'accordé, dans d'autres il y en a trois, dans des paroisses semblables,
et on retrouve en pratique qu'à un moment donné il y a des
demandes de faites et on reçoit comme réponse qu'il y en a
déjà un d'accordé, que c'est déjà assez pour
la paroisse, alors que, dans une paroisse semblable, il y en a trois.
Evidemment, il y a peut-être de bonnes raisons pour qu'il y en ait trois
dans certaines paroisses et une seulement dans l'autre. C'est peut-être
qu'à un certain moment, comme vous le disiez tantôt, la
régie a été plus large dans ses vues et qu'à un
autre moment il y a eu un resserrement et que les autres demandes sont
arrivées à ce moment-là. C'est bien possible que ce soit
comme cela. Mais il y a quand même cette philosophie que nous retrouvons
de limiter les permis en fonction du marché présumé. Parce
qu'il n'y a pas, généralement, d'analyses de marché qui se
font. Alors, en fonction du marché présumé, il y a une
limitation des permis.
Je pense que cela mériterait d'être étudié au
moins. Je n'en fais pas une proposition catégorique au ministre. Je
pense qu'on doit étudier cela en toute objectivité. Mais, dans le
commerce de l'épicerie, où un épicier ne vend pas
seulement de la bière, où il vend autre chose, s'il a
déjà un commerce, je ne vois pas pourquoi on refuserait à
cet épicier plutôt qu'à un autre qui a le même
commerce, le droit de vendre de la bière dans son épicerie. On a
l'impression que ceux qui sont arrivés les premiers ont
été les plus chanceux et que l'autre qui arrive avec une autre
épicerie du même genre est moins chanceux et n'a pas ce
privilège de vendre de la bière. Pourquoi cela devrait-il
être perçu comme un privilège de vendre de la bière?
Ce n'est pas pire que de vendre d'autres aliments en épicerie. C'est un
commerce et je pense qu'il y a cette importance de la liberté de
commerce et de la reconnaissance du droit des citoyens à l'initiative
aussi. Un commerce est comme autre chose, cela se bâtit. Si un
épicier a un permis de vente de bière, mais qu'il ne donne pas de
service dans son commerce de l'épicerie, donne un mauvais service, les
gens sont quand même obligés d'aller là parce qu'il est
peut-être le seul dans la paroisse à avoir un permis de vente de
bière alors que son voisin peut donner un très bon service
d'épicerie mais ne peut pas donner ce service. Je pense que cela risque
d'être une contrainte pour la clientèle. C'est pourquoi je serais
bien heureux d'avoir une discussion objective sur ce sujet-là.
M. CHOQUETTE: Le point est très intéressant.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'aurais quelques questions à poser
à M. le ministre concernant la mise à jour, il y a quelque temps
c'est quand même assez récent d'une fraude au niveau
de la Société des alcools. Peut-être simplement pour
rappeler cela au souvenir de M. le ministre, c'étaient des
employés de la Société des alcools qui semblaient... C'est
peut-être du oui-dire ou autrement, mais il semble que depuis une dizaine
d'années que cette pratique existait, à savoir le remplacement de
la boisson...
M. CHOQUETTE: Ils mettaient de l'eau dans le vin.
M. BEDARD (Chitoutimi): ... de vraie boisson par de l'eau dans les
bouteilles.
M. SAMSON: C'est le Christ qui nous a montré ça.
M. DESJARDINS: C'est l'inverse.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ensuite, on refermait les bouteilles, quitte
à assurer à la clientèle, en fait, un service
réduit ou encore à encourager l'abstinence, la tempérance.
Je sais qu'il y a déjà des accusations de portées,
très peu par exemple.
M. CHOQUETTE: On me dit qu'il y a eu des accusations de
portées.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a vraiment eu une enquête
globale qui a été faite concernant cette pratique qui semblait
avoir été adoptée par un plus grand nombre
d'employés qu'on peut le penser, parce que les informations
étaient à l'effet qu'il semblait que la politique du
ministère était d'arrêter seulement ceux qui,
effectivement, au moment de la découverte de la fraude, se trouvaient en
possession de bouteilles de boisson, de telle façon qu'à ce
moment-là, la preuve était beaucoup plus facile?
M. CHOQUETTE: On m'informe qu'il y a eu une enquête par la
Société des alcools elle-même parce que cela s'est produit
dans ses entrepôts et on me dit aussi que cette question fait l'objet
d'une enquête par la Sûreté du Québec. Des
accusations ont été portées, je ne peux pas en dire plus
au député.
M. BEDARD (Chicoutimi): Peut-être à cause
du sub judice concernant les personnes contre qui les plaintes ont
été portées, mais est-ce que le ministre peut nous
indiquer si, selon les connaissances qu'il a de cette enquête, plusieurs
autres plaintes doivent être portées?
M. CHOQUETTE: Je l'ignore à l'heure actuelle, je n'ai pas les
renseignements devant moi, je ne peux pas dire au député s'il y a
d'autres accusations qui doivent résulter de cette enquête,
à part celles qui ont déjà été
portées.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a eu une estimation sommaire,
j'imagine, dans les circonstances, des pertes qu'aurait pu subir à ce
moment-là, je ne dirai pas la Société des alcools parce
qu'elle s'en tire quand même correctement...
M. CHOQUETTE: Le député me prend au dépourvu.
Franchement, je ne peux pas répondre sur la dimension de la fraude qui
aurait été perpétrée aux dépens du public.
Je n'ai pas le dossier devant moi et, par conséquent, je ne voudrais pas
donner de réponse approximative alors que je n'ai pas les
renseignements.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre a poussé plus loin ses demandes
d'information, même si ce n'est pas une enquête, à savoir
combien d'onces ce liquide, une fois réduit à la
société et rendu dans certains établissements
d'hôtellerie, a été encore réduit?
M. CHOQUETTE: Je laisse ça à l'imagination du
député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Vous ne vous êtes pas rendu là, mais
imaginez-vous que le client, au bout de la ligne...
M. DESJARDINS: M. le Président, de ce que j'ai lu dans les
différents rapports, dans les journaux, il n'y a pas eu de fraude
à l'endroit du public parce que, selon une déclaration du
ministre des Finances, l'alcool reçu, disons, est à 50 p.c,
lorsqu'il est acheté en baril, et le taux accepté par la
Société des alcools est de 40 p.c. il me semble que c'est
à peu près ça de telle sorte que ceux qui
plaçaient de l'eau dans l'alcool le réduisaient à 48 p.c.
environ, mais la Société le réduisait quand même de
48 p.c. à 40 p.c. dans ses laboratoires, de telle sorte que le public
n'était pas fraudé.
A ce moment-là, c'est la société qui
l'était, parce que le public recevait quand même 40 p.c. dans les
bouteilles. C'est ce que j'ai compris de l'explication du ministre des
Finances.
M. BEDARD (Chicoutimi): Disons que l'on n'a pas les mêmes
renseignements parce que toute boisson qui subit deux réductions,
à ce moment-là...
M. DESJARDINS: La société établit des normes de
base.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 15 est adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Que ce soit le public ou la
Société des alcools, il reste quand même que c'est toujours
le public d'une certaine façon.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je croyais que c'était un dialogue
entre lui et moi.
M. BURNS: Mon collègue de Crémazie et moi, de
l'Opposition, sommes satisfaits, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 16: Conciliation entre
locataires et propriétaires.
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté. Le programme 17: Contentieux
général du gouvernement.
Contentieux général du
gouvernement
M. BURNS: J'ai seulement une question là-dessus, M. le
Président.
UNE VOIX: Je pense qu'il demande s'il peut avoir une "job".
M. BURNS: On m'en a offert des meilleures que celle-là.
M. le Président, dans le contentieux général du
gouvernement, il semble qu'à certaines occasions ce n'est pas une
critique d'ordre général, c'est pour cela que je le dis bien
les avocats délégués par le ministère dans
les problèmes contentieux, selon les spécialités, aient
été jugés eu égard à la
spécialisation à laquelle ils avaient à faire face du
côté de la pratique privée, du côté, si vous
voulez, du représentant de l'autre partie contre le gouvernement, et ne
semblaient pas vraiment à la hauteur de la situation. Je donne, par
exemple, des cas spécifiques comme en matière d'expropriation,
où la personne qui se bat contre une demande d'expropriation, contre les
modalités de l'expropriation, retient habituellement les services
d'avocats hautement spécialisés. Personnellement, en tout cas,
ayant pratiqué durant 13 ans, je n'ai jamais eu l'occasion de toucher de
près, sinon en Chambre, par la voie de la Loi de l'expropriation
elle-même, au domaine de l'expropriation. Je pense que n'importe quel
avocat de pratique privée va admettre le fait que si l'on prend le cas
de l'expropriation, on a affaire à un domaine où les avocats qui
y pratiquent sont hautement spécialisés, de sorte
que je me demande si, à l'intérieur du ministère ou
à l'intérieur du contentieux général du
gouvernement, à l'intérieur des choix que l'on exerce, même
si l'on va à l'extérieur pour représenter les
intérêts du gouvernement, on a ce souci de tenir compte de la
haute spécialisation dans certains domaines, comme dans le domaine de
l'expropriation que je citais.
Je pourrais citer un autre cas qui n'est plus vrai aujourd'hui, au
moment où l'on se parle, parce que, généralement,
lorsqu'il y a des cas de relations de travail, on s'adresse maintenant à
des gens qui s'y connaissent pour représenter les intérêts
du gouvernement, depuis quelques années. Or, je me souviens du temps
où moi, j'oeuvrais de l'autre côté, c'est-à-dire du
côté syndical, mais n'ayant pas les mêmes
intérêts évidemment que le gouvernement, où j'avais
à faire face, dans le fond, à des avocats qui semblaient
absolument ne pas s'y connaître dans le domaine des relations de
travail.
Il y a une vieille expression anglaise qui rend bien le sentiment qui
m'habitait à ce moment-là.
Je me sentais "like taking candy from a child". Heureusement, dans le
domaine des relations de travail, cela a changé, c'est-à-dire que
le genre d'avocats que ce soit en pratique privée ou même
de l'intérieur du gouvernement qu'on utilise pour
représenter le gouvernement à ce niveau, sont des gens qui sont
plus spécialisés, qui connaissent le milieu, etc. Mais je me
demande si on a tenu compte, à l'intérieur du contentieux
général du gouvernement, de cette tendance à la
spécialisation de plus en plus grande. Est-ce que, à ce
moment-là, on envoie, dans des causes particulières, lorsqu'une
spécialisation est nécessitée ou est nécessaire,
les avocats qui sont des spécialistes du domaine? Je reviens à
mon exemple du début, c'est-à-dire celui de l'expropriation.
M. CHOQUETTE: On me dit que, dans le choix de nos avocats pour
représenter le gouvernement devant les tribunaux, nous tenons compte de
la spécialisation des avocats. Mais il y a environ trois semaines, me
dit-on, il y a eu des plaintes formulées à l'égard de
certains de nos procureurs dans des causes d'expropriation. Le sous-ministre
associé aux affaires civiles a demandé au directeur du
contentieux civil, Me Lise Lemieux, de dresser une liste des avocats qui
avaient reçu ou recevaient des causes d'expropriation et de faire une
appréciation de leur travail de façon à assurer une
meilleure sélection, ou enfin, une sélection adéquate pour
le choix de la défense du gouvernement dans ce genre de causes.
Le problème a déjà été porté
à notre attention. Nous nous efforçons de remédier
à la situation s'il semble qu'il y ait eu effectivement des choix
d'avocats qui n'avaient pas la compétence requise dans ce domaine.
M. BURNS: Je suis satisfait de voir que le ministre est conscient du
problème, que ses adjoints sont très conscients du
problème et que, effectivement on fait quelque chose pour cela. Parce
que je trouve particulièrement important que les dossiers du
gouvernement, qui passent par le contentieux général du
ministère de la Justice, soient traités avec la plus haute
compétence possible. C'est évident que le gouvernement n'a pas
nécessairement intérêt à brimer les justiciables qui
s'adressent à lui, mais, au moins à faire valoir
honnêtement et de façon compétente des droits du
gouvernement.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. BURNS : En tout cas, c'est le point que je voulais souligner, le
seul, d'ailleurs, au programme 17. Si mes collègues ont d'autres
questions, qu'ils les posent. En ce qui me concerne, le programme 17 serait
adopté, ce qui adopterait, je pense, les crédits du
ministère de la Justice.
M. CHOQUETTE: Vous m'aviez demandé des renseignements, cependant
je ne voudrais pas éterniser l'étude des crédits de cette
commission. Vous m'avez demandé des renseignements sur les installations
dans les palais de justice et, en particulier, au palais de justice de
Montréal pour l'équipement servant à l'enregistrement
mécanique des dépositions et des procès.
Voici les chiffres que j'aurais à vous livrer.
En 1972/73, l'achat d'équipement et l'installation de filerie
pour ces équipements s'est élevé à la somme de
$387,000. Ces frais ont été payés par le ministère
des Travaux publics. Ils comprennent $115,000 pour l'achat d'enregistreuses de
marque Philips et de marque Ampex. Ils comprennent également la somme de
$272,000 pour l'installation des consoles, filerie et tout cela, qui a
été effectuée par la compagnie Vitex.
En 1973/74, les frais encourus, tant par le ministère de la
Justice que par le ministère des Travaux publics, se sont
élevés à $120,000 et ont été encourus pour
l'achat de 42 machines à enregistrer Ampex, ainsi que pour l'achat de
bobines d'enregistrement, les montants étant de $60,000 dans chaque cas,
formant un total de $120,000. L'entretien de ces appareils est assuré
par le ministère des Communications et le coût en est de $20,000
par année.
Pour ce qui est des installations au palais de justice de
Saint-Jérôme, celles-ci ont été effectuées
dans l'année financière 1969/70. Le coût total a
été d'environ $85,000, suivant les renseignements que l'on nous
donne.
M. BURNS: A Saint-Jérôme, c'est en 1969/70?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Et le coût total?
M. CHOQUETTE: A été de $85,000.
M. BURNS: $85,000, bon!
M. CHOQUETTE: Je dois dire que pour 1974/75, nous avons des
prévisions quand même quant aux installations. Il y a
l'installation de machines, la filerie de 40 salles d'audiences, l'installation
de...
M. BURNS: Est-ce que c'est pour tout le Québec ou seulement pour
le district de Montréal?
M. CHOQUETTE: C'est pour Montréal seulement.
M. BURNS: D'accord.
M. CHOQUETTE: II y a l'installation des circuits, la filerie, les
cabinets des écouteurs, les honoraires pour services professionnels,
achat de machines à transcription et de télex, achat de bobines
et fournitures de fonctionnement pour un total de $385,000.
M. BURNS: Vous n'avez pas de salaires de prévus dans ces
chiffres?
M. CHOQUETTE: Non. Ce n'est que pour l'équipement et les
installations électriques. Je dois dire que ces choses sont
données à la suite d'appel d'offres.
M. BURNS: Oui, d'accord. J'imagine. Je l'espère, en tout cas,
pour ces montants.
M. CHOQUETTE: Je tiens à l'ajouter.
M. BURNS: D'accord. D'ailleurs, ce n'était pas sous cet angle que
je posais la question. Est-ce que ces coûts ont été
prévus quant à leur amortissement sur une période
d'années, c'est-à-dire ces dépenses, à un moment ou
à un autre, devront avoir un caractère permanent...
M. CHOQUETTE: Oui, c'est cela.
M. BURNS: ... dans ce sens qu'une machine a une durabilité de X
années, mais eu égard à la durabilité ou à
l'usure possible et normale à laquelle on est en droit de s'attendre de
ces machines, de ces équipements, est-ce qu'on a évalué
l'amortissement?
M. CHOQUETTE: Le gouvernement n'amortit pas ses capitaux. Il n'est pas
comme l'entreprise privée. Mais si le député me demande
quelle est la durée probable de l'équipement mis en place, je
pense que je pourrais lui dire que c'est pour 20 à 25 ans.
M. BURNS: Tant que cela? M. CHOQUETTE: Oui. M. BURNS: Tant que cela.
M. CHOQUETTE: Ce sont des machines qui sont fixées
à...
M. BURNS: Parce que, sauf erreur, on estime habituellement la
durée moyenne de ces machines à dix ans. Alors, vous seriez
vraiment chanceux... Sauf erreur, il me semble, en tout cas. Je n'ai pas
d'autorité à citer là-dessus, mais selon certains
renseignements que j'ai déjà reçus, non pas à
propos de ces cas particuliers mais des machines semi-électroniques,
comme ces machines le sont, habituellement, on en est satisfait quand la
durée est de dix ans.
M. CHOQUETTE: Enfin, je ne peux pas donner un chiffre précis
quant à la durée, mais ce sont des installations permanentes. Je
veux dire que cela n'est pas fait pour deux ou trois ans seulement.
M. BURNS: Evidemment, la filerie elle-même, je suis d'accord avec
le ministre, peut avoir une durée beaucoup plus longue, mais je parle
des machines qui, à un moment donné, commencent, à cause
de l'usure, à demander tellement d'entretien qu'on peut peut-être
penser à les renouveler. C'est dans le cas des machines
elles-mêmes que je parle de dix ans.
M. CHOQUETTE: Pour les machines...
UNE VOIX: M. le Président, il y a un vote en haut.
M. BURNS: Ils vont nous attendre. C'est à 5 h 45.
M. CHOQUETTE : Je ne peux pas dire au député
précisément quelle sera la durée estimée des
machines. On sait que cela dépend un peu de la mode. En fait, il y a des
évolutions techniques dans ce domaine qui peuvent déranger un peu
les prévisions qu'on pourrait faire à ce moment-ci.
M. BURNS: Je remercie beaucoup le ministre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 17 est-il adopté?
M. CHOQUETTE: Oui, M. le Président, en terminant l'étude
des crédits du ministère de la Justice, je tiens tout d'abord
à vous remercier, M. le Président, de votre façon tout
à fait impartiale de diriger les débats et à remercier
tous nos collègues des deux côtés de la table et de tous
les partis auxquels ils appartiennent, que ces partis soient officiellement
reconnus ou non reconnus...
M. SAMSON: ... prendre le débat de...
M. CHOQUETTE: ... pour leur façon très objective
d'étudier ces problèmes et pour l'intérêt en fait,
qu'ils ont manifesté au fonctionnement du ministère de la
Justice. Les députés peuvent être sûrs que leurs
interventions, leurs suggestions, leurs critiques ont été
notées et
que, de notre part, du côté du ministère de la
Justice, nous allons en tirer tout le parti possible de façon à
assurer une meilleure administration de la justice.
M. BURNS: M. le Président, au nom de l'Opposition, je veux
également vous remercier pour votre travail effacé, mais efficace
depuis le début des séances de cette commission. Je veux
particulièrement remercier le ministre pour l'espèce d'attitude
ouverte qu'il a adoptée tout au long de l'étude de ses
crédits, qui ont peut-être été longs, mais qui n'ont
pas été exagérément longs, eu égard à
l'importance de son ministère, eu égard également à
cet éventail de domaines auxquels touche son ministère.
Je dois dire personnellement, et je le dis sans aucune réserve,
que c'est probablement parmi les crédits les plus intéressants
que j'ai eu l'occasion de discuter depuis que je siège à
l'Assemblée nationale en 1970.
Je veux simplement, en terminant, après avoir dit au ministre
jusqu'à quel point j'avais apprécié son ouverture d'esprit
et son approche aux crédits, lui dire que, même si son
ministère n'est pas obligé de déposer un rapport annuel
il n'y a aucune dispositon législative qui l'y force je
lui fais la recommandation, pour les années à venir,
peut-être de discuter avec ses fonctionnaires de la possibilité de
déposer un rapport de son ministère, avant les crédits si
possible, ce qui, peut-être, aurait comme effet de diminuer le nombre de
questions que nous avons à lui poser. Je pense que, si je ne me trompe
pas, le dernier rapport de son ministère remonte à 1970 ou 1971.
Le rapport du ministère pourrait peut-être nous donner des
informations qui nous éviteraient de poser un certain nombre de
questions au niveau des crédits, qui réduiraient la durée
qu'on a accordée à l'étude de ces prévisions
budgétaires.
C'est une suggestion que je fais dans un but uniquement constructif.
Remarquez que, si le ministre ne veut pas le faire, j'ai tellement
trouvé l'étude des crédits intéressante cette
année que je n'ai pas d'objection à ce que cela dure longtemps.
Par contre, il y a des gens que cela fatigue. Exemple: Mon bon ami, le
député de Crémazie, le ministre de l'Immigration, qui a
hâte de commencer l'étude de ses crédits et qui attendait
qu'on finisse pour qu'on commence les siens.
M. BIENVENUE: Non. Je suis venu ici pour rendre hommage au ministre de
la Justice qui est le meilleur que nous ayons eu depuis la
Confédération.
M. BURNS: Vous savez, il y a un proverbe qui dit: Trop fort ne casse
pas, mais parfois, quand c'est trop fort, cela craque en "mosus".
M. le ministre, ce sont les quelques remarques que j'avais à
faire.
M. CHOQUETTE: Je crois à la sincérité du
député de Crémazie.
M. BURNS: M. le ministre, encore une fois, je vous remercie et soyez
certain que, pour l'année à venir, on ne sera pas toujours tendre
à votre égard. On ne l'a pas été dans le
passé, on n'a pas l'intention de changer notre attitude
là-dessus. Mais on a l'intention, d'autre part, lorsque vous ferez des
bons coups comme vous en avez faits, comme, par exemple, l'aide juridique, on
vous a félicité, la Loi des petites créances, etc., et que
vous adopterez une certaine attitude, en dehors des périodes de crise,
qui vous est caractéristique et qui nous est tout à fait
sympathique, on a l'intention de vous appuyer dans tous vos efforts
là-dessus et c'est au nom de l'Opposition officielle que je vous le dis,
M. le Président.
M. SAMSON: M. le Président, au nom des partis
défavorisés, je voudrais également remercier le ministre
qui a eu l'amabilité de répondre, de façon, je pense,
assez objective, à toutes les questions posées et qui a
donné à peu près toutes les informations qu'il lui est
possible de donner dans les circonstances.
Quant à moi, c'est la première année que j'ai
l'occasion d'assister aux débats sur l'étude des crédits
du ministère de la Justice. Comme vous le savez, par les années
passées, c'est mon ex-collègue de Portneuf qui le faisait.
Cependant, c'est une expérience que je trouve enrichissante. J'ai
été grandement intéressé par l'étude des
crédits du ministère de la Justice. J'aurai peut-être
l'occasion de dire la même chose à d'autres commissions
parlementaires, M. le Président, parce que j'aurai aussi l'occasion de
couvrir, compte tenu de la situation qui existe présentement, certaines
commissions parlementaires que je n'ai pas eu l'occasion de couvrir parce que
ce sont d'autres de mes collègues qui le faisaient dans le
passé.
Merci infiniment pour la façon dont on nous a répondu. Je
suis persuadé que tout le monde en a tiré un certain profit.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 49)