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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'industrie, du commerce et du tourisme
reprend ses travaux. Le mandat de cette commission est d'étudier les
crédits budgétaires du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme.
Les membres de cette commission sont: MM. Blais (Terrebonne), Biron
(Lotbinière), Ciaccia (Mont-Royal), Dubois (Huntingdon), Dussault
(Châteauguay), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Lavigne (Beauharnois),
Lincoln (Nelligan), Maciocia (Viger), Paré (Shefford), Payne
(Vachon).
Les intervenants sont: MM. Beaumier (Nicolet), Bisaillon (Sainte-Marie),
Champagne (Mille-Îles), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Fortier
(Outremont), Mailloux (Charlevoix), Rocheleau (Hull), Tremblay (Chambly).
Je vous rappelle qu'à la suite d'une entente entre les leaders
des deux partis à l'Assemblée nationale, il a été
convenu qu'un total de quinze heures serait accordé pour discuter des
crédits de ce ministère et que, jusqu'à maintenant, nous
avons épuisé huit heures 22 minutes de ce temps. En
conséquence, quand nous aurons débattu de ces crédits
pendant encore un peu plus de six heures trente minutes, nous devrons mettre
fin à nos travaux.
Sur ce, je donne la parole au député de Nelligan.
M. Biron: M. le Président, pour mes gens qui sont ici, on
a besoin d'à peu près combien de temps encore pour terminer ce
qui regarde l'industrie et le commerce avant d'entamer la section du
tourisme?
M. Lincoln: M. le Président, j'espère qu'on pourra
terminer à 12 h 30. Est-ce qu'on suspend à 12 h 30 ou à 13
heures?
Le Président (M. Blouin): À 12 h 30.
M. Lincoln: Tant mieux, parce que si je n'ai pas
complètement fini peut-être que je prendrai une demi-heure
après la reprise. Mon collègue du tourisme m'a demandé
environ trois heures. Il voudrait consacrer trois heures au tourisme.
M. Biron: D'accord, il sera ici seulement cet
après-midi.
M. Lincoln: II sera ici cet après-midi, en principe.
M. Biron: Cela veut dire que je peux libérer mes gens
préposés au tourisme, ce matin, pourvu qu'ils soient ici cet
après-midi.
M. Lincoln: Oui, oui, je pense qu'on peut les libérer ce
matin. C'est sûr qu'on va étudier l'industrie et le commerce ce
matin.
M. Biron: Merci.
Le Président (M. Blouin): Très bien, M. le
député de Nelligan, vous avez la parole.
Industrie et Commerce (suite)
Les heures d'affaires des établissements
commerciaux
M. Lincoln: M. le ministre, j'aurais voulu parler d'une question
qui touche beaucoup le milieu du commerce du détail. C'est une question
qui revient sur le tapis, celle des heures d'affaires. Dans son ensemble, cela
ne semble pas être une grosse question par rapport à l'argent ou
au budget; mais quand on voit toutes les implications que cela donne... On a
fait un relevé de tout cela et on pense que cela va être une
question qui sera un peu délicate parce qu'il y a tellement de
différentes approches des milieux concernés. D'après ce
qu'on peut voir, vous avez effectué un genre de consultation
auprès du milieu des affaires quant à la modification possible de
la Loi sur les heures d'affaires des établissements commerciaux.
D'après ce que je peux voir, on se situe par rapport à
quatre grandes lignes. D'abord, l'ouverture le dimanche: Est-ce que oui ou non
cela va se faire? L'ouverture les soirs de la semaine: Est-ce qu'on va
permettre une ouverture tous les soirs de la semaine, va-t-on laisser cela
comme c'est ou va-t-on prolonger les heures d'affaires jusqu'à 22 heures
les jeudis et les vendredis? Ce sont les trois possibilités qui semblent
se détacher des intervenants du milieu demandant différentes
requêtes. Après cela, il y aurait aussi la question des amendes
prévues par la loi. Est-ce qu'il devrait y avoir une révision des
amendes prévues par la loi? Maintenant, le maximum est de
1000 $.
Je voyais, dans la Presse du 25 février, que vous aviez
indiqué que vous espériez modifier la loi actuelle dès la
prochaine session s'il y a consensus au sein des groupes impliqués,
c'est-à-dire les commerçants, les consommateurs, les
employés. Il y a une consultation qui se fait par secteur impliquant
quelque chose comme 2500 entreprises, organisations patronales et
différents groupes. On a distribué, à votre
ministère, un document de consultation. Au moment de lancer cette
campagne, vos indications, enfin, ce que vous avez semblé laisser
savoir, c'est que, vous, vous ne croyez pas qu'il y a lieu de chambarder le
régime actuel des heures d'ouverture. Peut-être qu'il faudrait
faire des ajustements mais pas chambarder la loi d'une façon
draconienne.
La première chose que je voulais vous demander est ceci: II ne
semble pas que la consultation que vous effectuez en ce moment - le document de
consultation -touche les employés et les consommateurs. On dirait que
cela a été dirigé vers les commerçants
eux-mêmes, les groupes de commerçants, mais pas vers les
employés et les consommateurs qui vraiment sont, en un sens, deux des
trois secteurs les plus importants de la question. En fait, ce sont les
consommateurs qui vont être touchés d'une façon ou d'une
autre. Naturellement, cela affecte directement les employés. Je voudrais
vous demander pourquoi on n'a pas dirigé cette campagne de consultation
vers les employés et les consommateurs beaucoup plus qu'on ne l'a fait.
Est-ce que c'est maintenant possible de changer de bord et d'impliquer les
employés et les consommateurs?
M. Biron: C'est un point intéressant, M. le
député de Nelligan, que vous avez apporté parce que c'est
important pour l'évolution du commerce en soi. Comme première
démarche, nous avons fait des études comparatives de ce qui se
faisait au Québec, dans les autres provinces canadiennes et dans
certains États américains. Nous avons colligé toutes ces
études dans un document, le plus synthétique possible, que nous
avons fait circuler à la fois chez les gens du commerce et de
l'industrie et par des annonces dans les journaux à ceux et celles ou
aux groupes qui nous en faisaient la demande, en plus d'en faire parvenir aux
principales centrales syndicales ou aux représentants des
salariés syndiqués dans les grands groupements de commerce.
L'objectif, dans le fond, c'est de voir si notre loi est correcte, de savoir
quelles sont les améliorations qu'on peut y apporter et faire en sorte
que la loi soit respectée. La loi que nous avons présentement
date déjà de plusieurs années. Les amendes qui sont
imposées à ceux qui ne respectent pas la loi sont tellement
minimes que finalement vous pouvez fort bien ne pas respecter la loi tout
simplement, vous faire poursuivre, payer l'amende et continuer à vendre
quand même en dehors des heures d'affaires.
Notre approche n'en a pas été une où le
ministère avait une idée préconçue. Les seuls
paramètres qu'on a fixés, on a dit: Nous avons toute l'ouverture
nécessaire pour faire tous les changements qui seront
suggérés par la grande majorité des intervenants du
milieu. On ne s'est pas entêté en disant: Je garde ou j'ouvre.
Mais nous avons entrepris cette consultation avec beaucoup d'ouverture d'esprit
en disant que c'est fort possible qu'on puisse changer des heures le lundi
matin ou le mardi matin pour des heures le dimanche après-midi et ainsi
de suite. Donc, beaucoup d'ouverture de ce côté.
C'est vrai qu'il y a des problèmes d'ouverture le dimanche dans
certains commerces à l'heure actuelle. Des gens nous disent qu'il
faudrait ouvrir et d'autres nous disent qu'il ne faudrait pas ouvrir. La
même chose sur semaine: des gens nous disent qu'il faudrait prolonger des
heures et d'autres nous disent: Non, il faudrait changer certaines heures sur
semaine ou prolonger certaines heures.
Il y a aussi des populations qui sont dans la région de
l'Outaouais ou qui sont tout près de l'Ontario et qui nous disent en
particulier: S'il y a une loi qui s'applique au commerce à Ottawa, il ne
faudra pas que nous soyons brimées par cette loi. C'est-à-dire
que s'il y avait plus d'ouvertures à Ottawa, nous en voulons aussi.
Donc, cela prend une loi qui soit plus flexible et qui soit capable de
s'ajuster aux décisions des autres. La même chose vis-à-vis
des commerces qui sont plus près de la frontière
américaine. Il y a aussi un autre problème d'une dimension
différente, c'est pour la population juive qui nous dit: Nous, on
voudrait fermer le samedi et ouvrir le dimanche à cause de notre foi.
Or, déjà, cela nous met dans des situations un peu plus
compliquées.
On a entrepris cette consultation et on s'est dit: Une fois que la
consultation sera assez avancée, on pourra au moins voir une indication
chez nos principaux partenaires. On pourrait arrêter certaines solutions
et faire une dernière consultation sur des solutions bien
précises pour être certain que tout est bien attaché. On
avait l'espoir de pouvoir arriver à la fin de juin avec une loi sur les
heures d'affaires qui pourrait corriger les anciennes lois, à la fois la
loi fédérale et la loi québécoise, mais,
malheureusement, il semble qu'il n'y ait vraiment pas de consensus dans ce
milieu. Autant des gens veulent tout ouvrir, autant des gens veulent tout
fermer ou, à peu près, restreindre les
heures actuelles. On a des philosophies différentes chez les
petits commerçants, les moyens commerçants et les grands
commerçants. La même chose vis-à-vis des consommateurs. Les
consommateurs, au moins ceux et celles des associations de consommateurs qui
ont communiqué avec nous et qui ont fait venir notre document de
consultation nous ont répondu que, en règle
générale, ils aimeraient avoir beaucoup plus d'heures d'affaires.
Par contre, les employés nous disent: Nous voulons quand même
avoir des heures raisonnables de travail et autant que possible, ne pas
travailler le dimanche.
De plus, il y a certaines possibilités qu'on est en train
d'examiner sérieusement, des ouvertures qui existent à l'heure
actuelle, pour savoir s'il n'y aurait pas moyen d'ouvrir davantage comme pour
les épiceries et les dépanneurs de moins de trois
employés. Ils ne sont pas régis par la Loi sur les heures
d'affaires des établissements commerciaux. Les pharmacies ne sont pas
régies par la Loi sur les heures d'affaires des établissements
commerciaux. Les ventes d'automobiles ne sont pas régies par la Loi sur
les heures d'affaires des établissements commerciaux, même si les
marchands d'automobiles s'autodisciplinent eux-mêmes et ferment le
dimanche. Les restaurants ne sont pas régis par la Loi sur les heures
d'affaires des établissements commerciaux.
L'an dernier, nous avons fait une ouverture additionnelle pour les
librairies. C'est un peu curieux, parce qu'on avait le droit d'acheter des
livres dans un restaurant, dans une tabagie le dimanche, mais on n'avait pas le
droit d'acheter des livres dans une librairie le dimanche. On a un peu ouvert.
Donc, on permet que certains produits soient vendus, mais cela se complique un
peu, parce que les gens qui vont vendre une partie d'un produit ou une
série de produits, lorsqu'ils ont le deuxième produit en
même temps, ils peuvent aussi vendre l'autre produit parce qu'ils sont
catalogués comme tabagie. Des gens qui vendent des journaux ou du tabac
peuvent aussi vendre autre chose.
Ce n'est pas facile. Les différents intervenants nous demandent
des choses qui sont souvent complètement opposées. Il ne semble
pas, en tout cas, dans la direction où on va, qu'il y ait une
libéralisation complète des heures d'affaires, mais on essaiera
de viser certains secteurs, certains créneaux économiques. Si on
permet de vendre des livres, si on permet de vendre des journaux, il y a des
gens qui disent: Permettez aussi de vendre des disques ou de la musique. Il
s'agit maintenant de déterminer quels sont les produits qu'on permettra
de vendre et de peut-être élargir une peu cette zone de produits
ou ce créneau de produits.
Deuxièmement, c'est possible qu'il y ait des
élargissements à certaines heures sur semaine sans
nécessairement toucher aux heures du dimanche. C'est une des
possibilités. Les amendes seront certainement beaucoup plus
élevées pour que tout le monde respecte les lois.
Reste le problème de la population juive. M. le
député de Nelligan. Si vous voulez nous faire des suggestions
là-dessus, on l'appréciera. On est en contact avec ces gens et on
essaie de voir le plus clairement possible sans brimer leurs traditions et sans
créer non plus d'injustice à l'endroit de l'autre population; on
verra ce qu'on peut faire pour ces gens.
Il y a aussi une autre possibilité, c'est de faire un peu ce
qu'on fait dans certaines régions ou à certaines occasions en
décrétant des zones touristiques. Le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme peut, de par sa loi, demander ou faire une
recommandation au Conseil des ministres pour décréter - par
décret - une zone touristique pour une période donnée. Par
exemple, l'an dernier, la région de l'Outaouais est intervenue en
disant: Les magasins, à Ottawa, sont ouverts à partir du 1er
décembre jusqu'au 24 décembre à des heures à peu
près illimitées. Nous, pour ne pas nuire à nos commerces,
nous voudrions faire la même chose. C'est venu des municipalités
régionales, des municipalités et des associations de gens
d'affaires. Alors, on a décrété zone touristique la
région de l'Outaouais pour la période du 1er
décembre au 24 décembre. Cela a permis à ces gens
d'élargir leurs heures d'affaires pour une période bien
déterminée.
Il est possible qu'on agisse de cette façon; que pour une
période bien déterminée on essaie d'élargir les
heures d'affaires sans forcer les gens à le faire sur douze mois. Il y
aurait possibilité aussi de décréter que, pour une
période donnée avant Noël et une période
donnée avant Pâques, on élargisse les heures d'affaires
pendant quelques semaines.
On est en train de jongler avec toutes ces possibilités, mais il
n'y a aucune décision d'arrêtée au moment où on se
parle. On est très désireux de recevoir des suggestions ou des
recommandations de l'Opposition sur ce problème.
M. Lincoln: Je voudrais revenir spécifiquement à la
question des consommateurs. Vous avez parlé des associations de
consommateurs qui vous ont contacté pour obtenir le document de
consultation. Mais est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de faire
exactement le contraire à votre ministère ou au ministère
de la Protection du consommateur et de prendre des décisions tout
à fait positives pour essayer d'englober les consommateurs dans le
processus? Il me semble que la consultation touche d'abord les groupes
d'employeurs et les groupes de commerçants, mais pas assez
les employés, par exemple, et les consommateurs. Il me semble que
ce sont les groupes qui ont été laissés de
côté dans cette consultation. On ne sait pas ce que la plupart des
consommateurs pensent. J'aurais voulu ouvrir un peu la parenthèse et
vous demander si, par exemple, il y a des possibilités de voir à
ce que, avant un changement radical de la loi... Si on regarde par le biais des
associations de commerce: la Chambre de commerce du Québec, la
Fédération canadienne de l'entreprise, le Board of Trade, les
petits détaillants du Québec, etc., toutes les conclusions
semblent être différentes de la vôtre. Est-ce que, tout
d'abord, vous avez un échéancier? Il y a des gens qui font des
pressions continuelles. À un moment donné, il faudra se brancher,
de part et d'autre. Si, par exemple, sans faire un amendement définitif
à la loi, on pouvait faire un amendement qui permettrait de faire un
test, pas purement du point de vue touristique, mais du point de vue
commercial, ce serait une façon de vérifier quelque chose sur une
période de six mois ou d'un an.
Au numéro 2, il faudrait peut-être adopter la position de
certaines régions. Par exemple, en Colombie britannique, on fait des
référendums municipaux sur cette question. Les petites
municipalités font un référendum sur la question. Alors,
je ne vois pas pourquoi dans certaines régions où les gens le
voudraient... Par exemple, à Sainte-Adèle, si pour une raison ou
pour une autre, les gens décident que, pour six mois - c'est la grosse
saison pour eux ou cela peut être toute l'année - ils
préfèrent ouvrir, que la majorité des citoyens se
prononcent. Je ne vois pas pourquoi ils n'auraient pas, eux, des heures
d'affaires différentes. Après tout, si on part du principe qu'une
librairie peut ouvrir ses portes tous les jours, ou que les détaillants
d'automobiles peuvent ouvrir à différentes heures, je ne vois pas
pourquoi, si une ville donnée décidait, elle, de permettre
d'ouvrir à des heures différentes des autres -si c'est le voeu
des citoyens, peut-être qu'on pourrait faire cela de temps en temps par
référendum, je ne sais pas. En fait, cela se fait en Colombie
britannique d'après ce que nous avons pu établir - je ne vois pas
pourquoi ce ne serait pas une solution à être
envisagée.
Du côté des communautés ethniques, par exemple la
communauté juive qui a un problème religieux, est-ce qu'il y a eu
des représentations sur une large base de la part de la population
juive? Et même si vous avez eu des conclusions de la part de ces gens,
comment solutionnent-ils le problème des employés qui sont dans
une situation tout à fait différente? Par exemple, les
employés voudraient rester chez eux le dimanche et travailler le samedi.
Alors là, on est tout le temps dans une position tout à fait
contradictoire avec ces histoires. Alors, peut-être que là aussi,
dans des endroits à population majoritairement juive, comme
Côte-Saint-Luc qui est un exemple typique où habite la
majorité de la population juive de Montréal - il y a certains
endroits où il y a une grosse population juive - cela peut se faire par
référendum. Pourquoi ne ferait-on pas un référendum
à Côte-Saint-Luc où on aurait des heures d'affaires
différentes? On fermerait le samedi. Alors, les gens qui veulent aller
faire des emplettes le samedi iraient à côté. Mais, en
même temps, la population juive qui veut respecter son calendrier
religieux aurait un endroit où cela pourrait être
respecté.
M. Biron: Votre suggestion pour les municipalités ou les
communautés urbaines, c'était déjà comm,e cela
autrefois, il y a une dizaine ou une douzaine d'années, lorsque les
intervenants du milieu ont demandé que cela cesse pour avoir...
M. Lincoln: L'uniformité.
M. Biron: ...l'uniformité à travers tout le
Québec. Et c'est ce qui a fait en sorte qu'une ville comme Sainte-Foy
avait des heures d'affaires très longues alors qu'à
Québec, c'était plus fermé à l'époque.
Alors, cela a drainé à l'extérieur de Québec les
grands centres commerciaux. Il y a d'autres considérations aussi. Ce
qu'on a demandé, de la part des municipalités et des gens
d'affaires, c'est qu'on ait l'uniformité partout. Et je ne pense pas que
dans notre consultation - je n'ai pas les résultats exacts à ce
sujet - cela ferait un consensus - et loin de là, d'ailleurs - le fait
de laisser différents coins du Québec avec des heures d'affaires
différentes. (10 h 30)
À ce sujet, il y a une suggestion intéressante qui nous
est venue aussi d'un endroit, mais elle n'est à peu près pas
contrôlable. C'est d'avoir un horaire flexible, c'est-à-dire de
dire à un commerce: Vous avez le droit à tant d'heures par
semaine, 60 heures par semaine pour tous les commerces et l'horaire flexible,
c'est que vous avez le droit de mettre les 60 heures où vous voulez.
Pour contrôler tout cela, on aurait eu besoin d'une armée de
fonctionnaires, dans le fond. Finalement, cela aurait fait en sorte d'ouvrir ou
de libéraliser complètement les heures d'affaires. De ce
côté-là, on a laissé le soin aux
municipalités de décréter elles-mêmes les heures
d'affaires et on a laissé tomber l'horaire flexible en cours de
route.
Sur le problème de la communauté juive, il y a eu de
longues discussions avec les représentants de la communauté juive
par l'intermédiaire de mes fonctionnaires mais on n'en est pas venu
encore à une décision là-
dessus. Vous soulevez le problème des travailleurs et c'est
exact, ce n'est pas un dossier facile. Je peux vous dire à
première vue qu'il n'y aura pas de changements majeurs. Il y aura de
petits ajustements, une évolution dans un sens ou dans l'autre mais pas
de changements majeurs dans la loi sur les heures d'affaires, d'après ce
que je peux voir.
Vous nous faites une suggestion intéressante, celle de faire des
tests, d'ouvrir une période donnée et de faire certains tests
là-dessus, de laisser la loi un peu plus flexible pour nous permettre de
le faire, à la condition de garder une certaine uniformité
partout au Québec. Cette avenue pourrait être intéressante
à examiner.
M. Lincoln: D'après ce qu'on comprend, il y a des
informations qui sont venues selon lesquelles cela a été un
document distribué sur demande. Pourtant, dans les journaux, on voit
qu'il y a 2500 groupes qui sont touchés par ce formulaire. Quel a
été le processus de diffusion? Combien de documents avez-vous
envoyés? Avez-vous essayé de rejoindre, par exemple, les
consommateurs, les employés ou ont-ils été ignorés?
C'est cela que je voulais savoir. Est-ce que cela continue ou est-ce
stoppé?
M. Biron: Non. Ce qu'on a fait, d'abord, tout ceux et celles qui
nous avaient écrit sur les heures d'affaires au cours de la
dernière année, alors que cela s'est mis en ébullition un
peu plus, on leur a fait parvenir un document. Toutes les associations de
commerce intéressées, à notre point de vue, de près
ou de loin aux heures d'affaires, on leur a fait parvenir un document. Les
associations de consommateurs - il n'y en a pas tellement quand même,
elles sont assez structurées au Québec - les syndicats ouvriers,
on leur a fait parvenir des documents dans ce sens-là. Ensuite, par des
annonces dans les journaux, nous avons fait parvenir des documents sur demande
à ceux et celles qu'on aurait pu oublier et qui nous ont fait la demande
à la suite d'annonces parues dans les journaux.
M. Lincoln: Vous n'avez qu'un tirage de 2000 documents
d'après le budget, ce n'est pas grand-chose. Si vous ne pensez qu'aux
employés, d'après nos chiffres que j'ai vérifiés,
il y a quelque chose comme 350 000 employés de détail. Quand vous
pensez à 2000 documents, il me semble que c'est une goutte dans un verre
d'eau.
M. Biron: Oui, mais vous avez les syndicats ouvriers, les grandes
centrales qui représentent les employés de commerce de
détail; quand vous avez distribué 15 ou 20 documents, c'est
à peu près tout. Les associations de commerçants, les
associations patronales, lorsque vous avez distribué 50, 75 ou 100
documents, c'est à peu près le maximum. Les municipalités
urbaines...
On pourrait vous soumettre la liste de ceux et celles à qui on a
fait parvenir un document; ensuite, cela a été sur demande. Pour
tous ceux qui nous faisaient des demandes, on s'était dit: Si on a plus
de demandes, on fera imprimer une autre série de documents. On a
pensé que c'était la meilleure façon de procéder
que de communiquer avec ceux qui s'étaient montrés
intéressés au départ, avec ceux qui oeuvraient directement
dans ce secteur-là, autant du milieu des centrales syndicales que du
milieu des affaires, et avec les grandes associations de consommateurs. On
avait prévu 6000 demandes.
M. Lincoln: Si on peut passer au budget, j'aurais certaines
questions à poser sur les montants des divers programmes. J'aimerais
prendre le programme 1 et parler des chiffres eux-mêmes.
M. Biron: Vous voulez prendre le livre des crédits,
n'est-ce pas?
M. Lincoln: Oui, les programmes du budget et les
éléments, 1, 2, 3, etc. J'aurais quelques renseignements à
vous demander là-dessus.
M. Biron: D'accord.
Gestion interne et soutien
M. Lincoln: Si on prend le total du programme 1, vous avez trois
éléments qui le composent. Si on prend les traitements, la
diminution est de quelque chose comme 18,5%; est-ce dû aux compressions
budgétaires? C'est passé de 8 453 000 $ à 6 888 000 $.
Pourriez-vous me dire...
M. Biron: Quelle page avez-vous?
M. Lincoln: Je vais essayer de trouver la
référence. Ce sont les crédits du livre du budget. J'ai
pris le total. Vous pouvez suivre là-dedans. Il y a des
références qui peuvent être faites de deux façons.
Je voulais ne prendre que le total, c'est plus simple de suivre
là-dedans. On pourra peut-être voir les détails
après. Si on prend la catégorie des traitements, sous la
super-catégorie fonctionnement, on passe de 8 400 000 $ en 1982-1983
à 6 888 000 $.
M. Biron: D'accord.
M. Lincoln: Je voulais savoir si on parle de compressions
budgétaires, si on parle de transfert de personnel à un autre
ministère; est-ce l'OQCE, l'Office québécois du commerce
extérieur? D'où vient
exactement cette différence?
M. Biron: D'accord. L'essentiel, c'est... M. Lincoln:
L'OQCE.
M. Biron: ...l'Office québécois du commerce
extérieur, plus des compressions normales comme on en a eu dans tous les
autres ministères. L'indexation des traitements est négative.
M. Lincoln: Peut-être qu'on reviendra sur quelques
détails. Je pensais que c'était la raison et je voulais une
confirmation.
Passons aux communications. Il y a une majoration très
importante. Cela passe de 325 000 $ - 88% d'augmentation - à 610 700 $.
À quoi est due cette augmentation?
M. Biron: Je pourrais peut-être vous suggérer qu'on
prenne élément par élément.
M. Lincoln: Oui.
M. Biron: Là, on pourrait mieux vous expliquer.
M. Lincoln: Justement, on peut voir cela. Le gros, cela ressort
de l'élément 1, n'est-ce pas?
M. Biron: Exact.
M. Lincoln: L'élément 1 qui va de 180 000 $
à 594 000 $.
M. Biron: D'accord.
M. Lincoln: C'est presque trois fois plus - plus de trois fois -
300% d'augmentation. Est-ce qu'on pourrait situer cela et dire ce qui fait
cette différence presque extraordinaire?
M. Biron: Oui. Il y a deux choses. D'abord, le Bureau des grands
projets, qui n'existait pas autrefois, comporte une grande partie des frais de
communications, qui sont surtout des frais de voyage.
M. Lincoln: Des frais de?
M. Biron: Des frais de voyage.
M. Lincoln: ...voyage.
M. Biron: Des frais de déplacement. En plus, vous avez un
répertoire des produits de construction pour un montant de 400 000
$.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez me donner quelques
explications sur ces 400 000 $? On a une différence d'une année
à l'autre. Vous avez 414 000 $, n'est-ce pas?
M. Biron: Vous avez 300 000 $ juste pour le répertoire des
produits de construction, à la catégorie 3. Vous avez 80 000 $
additionnels pour le Bureau des grands projets. Si vous additionnez ces
montants, plus le montant de l'an dernier, il y a une petite indexation, mais
toute petite.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez me donner quelques
détails sur le répertoire des produits de construction, la
justification des 300 000 $? Où cela va-t-il aller? Qu'est-ce qu'on va
faire exactement avec cela? Où cela se dirige-t-il?
M. Biron: C'est à la suite du supermarché public
qu'on a tenu il y a un peu plus d'un an. Les gens nous avaient demandé
d'avoir un répertoire complet des produits de construction
fabriqués au Québec. Souvent, on blâme un peu les acheteurs
de ne pas acheter de produits québécois, mais il y a aussi une
partie des responsabilités qui incombent aux entrepreneurs, aux
entreprises, qui, souvent, n'ont pas de catalogue ou qui font mal ou pas assez
connaître leurs produits. Dans ce sens-là, tous les grands
acheteurs du domaine institutionnel, public et parapublic, et même du
domaine privé, nous ont dit: Si vous pouviez avoir un catalogue complet
de tous les produits de construction fabriqués au Québec, on
pourrait, dans tous les bureaux d'ingénieurs et d'architectes, et chez
tous les acheteurs, distribuer ce répertoire. C'est un répertoire
qui sera assez volumineux. Il est en préparation, mais il sera assez
volumineux et il va ressembler un peu au répertoire du CRIQ sur tous les
autres produits qui sont fabriqués au Québec. On alloue 300 000 $
pour la réalisation complète de ce répertoire,
l'impression et la distribution dans les bureaux d'architectes et
d'ingénieurs et chez les acheteurs.
M. Lincoln: Est-ce que les bureaux d'architectes et
d'ingénieurs et les gens de la construction vont participer - je le
suppose - au contenu ou si cela va venir en deuxième lieu, en grande
partie? Financièrement, qu'est-ce qui va arriver afin de mettre cela
à jour tout le temps? C'est un travail immense. Est-ce qu'on va
consacrer des budgets importants tous les ans? Une fois que c'est
commencé, il faut garder cela à jour, autrement cela ne vaut
rien.
M. Biron: D'accord. Il n'y a pas de participation
financière de la part des entreprises. C'est ni plus ni moins qu'un
annuaire téléphonique et on n'a pas voulu prendre d'annonces. Il
n'y a pas de participation financière. On fait la première
collecte de données partout au Québec à
partir de celles que nous avons déjà au CRIQ ou ailleurs.
On imprime le document et ce répertoire sera mis à jour comme le
répertoire des produits québécois qui est publié
par le CRIQ. Mais ce répertoire sera exclusivement consacré aux
produits de la construction.
M. Lincoln: Combien d'unités allez-vous publier? Est-ce
que vous avez une idée?
M. Biron: On me dit que c'est environ 100 000 exemplaires qu'on
prétend imprimer pour la première édition.
M. Lincoln: Est-ce qu'il va y avoir un paragraphe spécial
pour les industries de Lotbinière? (10 h 45)
M. Biron: Je m'excuse. On m'a transmis une mauvaise information.
C'est 10 000 exemplaires.
M. Lincoln: 10 000.
M. Biron: Oui, parce que ce sera 30 $ l'exemplaire en moyenne. Je
peux vous assurer qu'on n'oubliera pas les industries de Lotbinière. Si
vous en avez dans Nelligan qu'on est en train d'oublier, dites-le-moi.
M. Lincoln: D'accord. Dites-moi, sous la rubrique des services,
à l'élément 01, c'est la même chose encore. On vient
de 70 000 $ à 471 000 $; c'est une augmentation, en fait, du programme
total, de 263%.
M. Biron: D'accord. Le gros montant, c'est 300 000 $ qu'on
réserve au Bureau des grands projets surtout pour faire des
études autour de grands projets. Exemple, l'aluminerie; nous avons
engagé à contrat un spécialiste des alumineries, pour une
période bien définie, qui va nous faire une étude et nous
donner un rapport sur l'aluminerie. Exemple: pour le contrat des
frégates de la marine canadienne, on a engagé un
spécialiste, un officier de marine retraité qui prépare le
dossier pour le gouvernement du Québec afin qu'on puisse profiter au
maximum et vraiment connaître tous les produits, toutes les pièces
qui seront sur ces frégates, pour pouvoir identifier des entreprises
québécoises et leur dire: Présentez-vous très
rapidement parce qu'il y a telle chose, telle chose et telle chose qui s'en
viennent et vous autres, vous êtes capables de produire ces
pièces. Les 300 000 $ pour les grands projets, c'est surtout pour faire
des études bien spécifiques sur des grands projets qui s'en
viennent, pour connaître exactement le contenu - ou le plus près
possible - de ces grands projets, identifier le contenu et donner à des
entreprises québécoises l'occasion de se préparer en
conséquence.
M. Lincoln: Si je comprends bien, pour les grands projets, vous
avez 300 000 $ ici, à la catégorie des services. Il y a aussi 80
000 $ dont vous parlez aux communications. On parle de 380 000 $ ou 400 000 $.
D'accord?
M. Biron: C'est exact.
M. Lincoln: Personne ne va commencer à discuter si on est
pour la venue de grands projets. Ce serait contre la vertu. Nous, on s'associe
à toutes ces démarches. Ce dont on voudrait être certain...
Là, vous parlez des alumineries, des frégates, par exemple. Il y
a déjà toute une banque d'information, il y a toute une banque de
données là-dessus. Par exemple, sur la question des
frégates, le gouvernement fédéral, je suis sûr,
c'est lui qui fait les soumissions, c'est lui qui décide de bâtir
des frégates. Il doit avoir des informations immenses là-dessus.
Sur la question des alumineries, par exemple, les intervenants dans le dossier,
comme vous pensez, on va installer Péchiney... Sûrement qu'il y a
des recherches immenses qui ont été faites dedans avant Alumax,
Péchiney et les autres. Est-ce que nous ne sommes pas en train
réellement, en un certain sens, de prendre du travail qui devrait se
faire, qui est déjà fait peut-être par d'autres
intervenants, qui devrait se faire en grande partie par les intervenants? Vous
prenez la SGF même, qui est tellement impliquée dans la
construction de navires de guerre. C'est cela que j'ai envie de situer,
où on se place par rapport à votre ministère. Par exemple,
comparé au commerce extérieur, aux autres ministères qui
vont chercher de l'investissement, est-ce qu'on va dire maintenant, dans
l'industrie et le commerce, qu'on va renflouer cela et nommer les
priorités? Est-ce qu'on prend certains secteurs? Si on prend tous les
secteurs, on va essayer d'étudier la possibilité de grands
projets. Où est-ce qu'on s'en va?
M. Biron: On ne peut pas dédoubler ce qui se fait, ni dans
l'exemple de l'aluminerie ni dans celui des frégates. Exemple,
l'aluminerie, ce qu'on veut savoir, c'est le contenu de ce contrat,
c'est-à-dire SGF avec Péchiney, tous ces gens-là, et
même Reynolds; on travaille aussi là-dessus. C'est le contenu de
ces projets avant que cela ne commence à aller en soumissions publiques,
parce qu'il est alors trop tard. Souvent, nos entreprises n'ont jamais fait ce
genre de produits. Il faut identifier le contenu, trouver des entreprises et
leur dire: II y a quelque chose qui s'en vient dans ton domaine ou dans ta
sphère d'activité, prépare-toi en conséquence.
Le contractuel qu'on a retenu pour les
alumineries, c'est l'ancien directeur des achats d'Alcan qui
était à sa retraite. On l'a retenu sur une base contractuelle
pour nous dire d'avance quelles sont les pièces qui pourraient
être produites au Québec, pour maximiser les retombées
québécoises. La même chose vis-à-vis des
frégates. Le contractuel qu'on a retenu, c'est un ancien capitaine de
frégate, ou je ne sais pas quoi, qui a passé sa vie
là-dedans. Il est à la retraite maintenant. Il communique avec le
gouvernement fédéral et il se sert de tous les renseignements
qu'il y a au gouvernement fédéral pour nous dire: Dans la
frégate, il y a telle ou telle pièce d'équipement, telle
ou telle chose qui pourraient être produite au Québec. On va
essayer ensemble de trouver un ou des industriels et on va leur dire:
Préparez-vous en conséquence, cela s'en vient dans tant de
temps.
Dans le fond, on se sert des renseignements de base qu'il y a partout.
Ce n'est pas un gros bureau. C'est un contractuel, possiblement avec une
secrétaire, qui va disséquer cela en petits morceaux et
identifier les pièces qu'on peut produire au Québec. En fait, le
Bureau des grands projets ne fait pas de promotion pour de grands projets. Le
Bureau des grands projets essaie de tirer le maximum du projet qui se fait pour
donner des renseignements aux commissaires industriels, à nos
délégués régionaux pour trouver des entreprises
susceptibles de produire ces différentes pièces
d'équipement. On ne veut surtout pas dédoubler ce qui se fait
ailleurs.
M. Lincoln: Oui. Nous, en principe, comme on vous le dit, on ne
va pas aller prêcher contre la vertu. On est pour la relance
économique, c'est sûr, mais seulement... Et quand vous voyez cela,
vous pouvez aussi arguer que vous avez un budget de 250 000 000 $. On ne parle
pas de 380 000 $. Ce qui nous fait peur, c'est que vous commenciez par un petit
bureau de grands projets et, après, que vous ayez un grand bureau de
petits projets ou un grand bureau de grands projets, que cela aille en
augmentant. On fait du dédoublement, plus d'employés. C'est le
"Peter's principle". Nous, c'est une affaire d'exemple typique qu'on prend,
parce qu'on ne peut pas, naturellement, dans les quelques heures qu'on a,
passer tout cela. Il faut prendre les rubriques. En tout cas, on le prend en
note. L'année prochaine, on y reviendra. On posera des questions
là-dessus.
M. Biron: Je voudrais seulement vous donner un autre
exemple...
M. Lincoln: Oui.
M. Biron: ...pour vous montrer... Dans le fond, le F-18, on n'a
pas les retombées...
M. Lincoln: Ah! là, écoutez...
M. Biron: Non, je ne veux pas faire de politique.
M. Lincoln: D'accord.
M. Biron: Je ne veux pas faire de politique. Je veux simplement
vous expliquer les faits.
M. Lincoln: Parce qu'on manque de temps pour écouter
cela.
M. Biron: On n'a pas les retombées qu'on aurait dû
avoir pour toutes sortes de considérations. En particulier, vous savez
que c'est une décision fédérale.
M. Lincoln: Oui, d'accord. Je suis entièrement d'accord
avec vous.
M. Biron: Mais si on avait pu même avant, aussitôt
que le contrat était en train de se penser, avoir des données
plus précises et si nos chefs d'entreprise avaient été
informés avant, au lieu d'avoir 22%, on aurait peut-être eu 25%,
26% ou 28%. On n'aurait peut-être pas atteint 50%, mais au moins il y
aurait eu d'avance une connaissance du marché ou des possibilités
du marché pour nos chefs d'entreprises... C'est un peu pour corriger les
lacunes du passé et essayer, autant que possible, d'aider au maximum en
donnant des connaissances à nos chefs d'entreprises.
M. Lincoln: Mais au sein des services, par exemple, de la SDI,
etc., n'avez-vous pas déjà cette infrastructure pour les
différentes industries?
M. Biron: Non. La SDI analyse à partir de renseignements
ou de demandes qui nous viennent des chefs d'entreprises. Ce qu'on fait, dans
le fond, au Bureau des grands projets, c'est une espèce de marketing
pour les grands projets en cherchant dans le milieu des industriels. Une fois
que l'industriel sait qu'il peut produire tel genre de produit, là il va
faire sa demande à la SDI pour se moderniser, pour avoir des
équipements neufs et ainsi de suite.
M. Lincoln: De qui dépend ce Bureau des grands
projets?
M. Biron: D'un sous-ministre associé.
M. Lincoln: Est-ce que cela n'aurait pas été plus
logique que cela dépende de la SDI? Après tout, la SDI est la
Société de développement industriel. Vous allez me dire:
C'est plutôt axé sur le financement, mais n'est-ce pas un peu sa
vocation, le développement industriel? Ce n'est pas cela
même qu'elle fait?
M. Biron: Non. La vocation de la SDI est de recevoir les demandes
des chefs d'entreprises et, à partir de la demande du chef d'entreprise,
de l'aider à faire du développement - vous avez raison - mais le
Bureau des grands projets, c'est avant la demande du chef d'entreprise. C'est
pour susciter la demande.
M. Lincoln: Mais sans présumer, parce que je ne lui ai pas
parlé du tout - je ne connais pas la personne, en fait, je dois vous le
dire franchement - qu'est-ce que le président de la SDI pense de cela?
Pense-t-il que c'est préférable que ce soit un sous-ministre?
Est-ce que vous avez discuté de la question avec lui?
M. Biron: Vous pourrez le lui demander, mais je suis
persuadé qu'il vous dira exactement que la décision, en ayant un
sous-ministre et un petit comité qui s'occupe de cela, c'est beaucoup
mieux parce que cela n'entre pas dans ses attributions normales.
M. Lincoln: Je lui demanderai cela un de ces jours.
Sur la question des loyers, là aussi il y a une augmentation
très "conséquente" même au programme 1. Je parle ici du
total des trois éléments. On va de 91 000 $ à 143 000 $
et, en fait, on reverra cela ailleurs. Est-ce qu'on peut parler de la politique
des baux de votre service? Est-ce que c'est vrai, par exemple, ce qu'on entend
dire dans les milieux d'affaires, que vous ferez comme Air Canada, vous
chercherez une belle place et quitterez peut-être la Place Ville-Marie
pour chercher ailleurs?
M. Biron: Les locaux, c'est le ministère des Travaux
publics qui s'occupe de cela. Notre bail vient à échéance
d'ici à un an ou quelque chose comme cela. On a eu des offres de
beaucoup d'autres endroits et aussi des propriétaires de Place
Ville-Marie, mais ce n'est pas chacun des ministères qui prend des
décisions là-dessus, c'est le ministère des Travaux
publics qui s'occupe de fournir les locaux nécessaires. Donc, cela
n'apparaît pas dans nos budgets. Ce que vous voyez comme loyer, c'est
pour des appareils de traitement de texte. On a modernisé un peu, on a
pris le virage technologique aussi dans nos ministères et on a dû
moderniser nos équipements. Alors, c'est le loyer des équipements
qui nous servent, des appareils de reprographie ou des appareils dans ce
genre.
M. Lincoln: C'est 58% d'augmentation dans une année,
c'est...
M. Biron: C'est 50 000 $ dans une année pour tout le
ministère.
M. Lincoln: Cela est pour tout le ministère. Pour revenir
à nos moutons, notre information voulant que vous alliez chercher des
"skyscrapers" plus attrayants, c'est fondé. Alors, on dit: C'est le
ministère des Travaux publics. En fait...
M. Biron: "Plus attrayante", vous avez un grand mot dans le
fond.
M. Lincoln: Un peu plus cher, non? M. Biron: Non. M.
Lincoln: Non.
M. Biron: On cherche en fait à économiser autant
que possible. Je sais...
M. Lincoln: On verra cela; on suivra cela.
M. Biron: Mais la décision est prise par le
ministère des Travaux publics. Si vous me demandez ma suggestion
personnelle: Nous sommes depuis une quinzaine d'années à Place
Ville-Marie; s'il était possible que Place Ville-Marie soit la meilleure
dans les soumissions, j'aimerais mieux cela; mais d'un autre côté,
s'il y a meilleur marché ailleurs pour les mêmes services...
M. Lincoln: On touche au noeud de la question. Vous dites que
c'est une question purement financière et économique. Si ce n'est
pas moins cher, on reste là. C'est cela que...
M. Biron: Ce n'est pas juste une question purement
économique dans ce sens. C'est sûr que vous ne pouvez pas envoyer
le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme à l'autre
bout du monde.
M. Lincoln: D'accord, oui, oui, je comprends. Je suis tout
à fait d'accord avec vous.
M. Biron: Dans un périmètre...
M. Lincoln: Dans un... Selon des critères...
M. Biron: D'accord. Dans un périmètre donné,
au centre-ville de Montréal...
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Biron: ...on a besoin de tant de mille pieds carrés. On
essaiera... Dans le fond, notre objectif est d'essayer de trouver un endroit -
quitte à ce qu'il y en ait à Place Ville-Marie, tant mieux -
où on pourrait avoir ensemble à la fois les services
du ministère du Commerce extérieur, de la SDI, du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Lincoln: Pour mieux vous entendre.
M. Biron: Non, on s'entend très bien, mais pour le service
aux chefs d'entreprises. Autrement, on dit au chef d'entreprise: Tu iras
à tel endroit pour le MIC, tel endroit pour le ministère du
Commerce extérieur, tel autre endroit pour la SDI. Alors, dans le fond,
il serait beaucoup mieux que tout cela soit ensemble. Notre objectif, c'est
d'essayer de mettre cela ensemble, si c'est possible.
M. Lincoln: En tout cas, la question économique, selon les
critères de la ville, etc., d'un endroit qui sera représentatif
-nous sommes tous d'accord - sera la considération primordiale. Je vous
demande ceci: Chaque fois que nous parlons de cette question de loyer de
bâtiment qui engloutit des sommes fantastiques... J'ai parlé
à votre collègue du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation hier, au sujet de la fameuse bebelle de la
Gaspésie, sur la colline, le grand bâtiment bleu qui a
coûté des millions pendant qu'un autre bâtiment est
là qui aurait pu servir. Il m'a dit: Cela ne me concerne pas, cela
concerne le ministère des Travaux publics. Entendez-vous avec ces gens.
Nous ne sommes pas au ministère des Travaux publics malheureusement, il
faudra qu'on y arrive. Mais sûrement que vous avez un droit de regard
là-dessus. Vous dites: Écoutez, c'est moi qui habite ici. Est-ce
que vous avez un droit de regard là-dessus? Est-ce qu'on vous demande
votre avis, l'avis du ministère? Est-ce que l'opinion du
ministère joue beaucoup là-dedans? Est-ce qu'elle ne devrait pas
jouer beaucoup? (Il heures)
M. Biron: On a dit au ministère des Travaux publics,
après s'être entendu avec le Commerce extérieur et la SDI:
On a besoin de tant d'espace dans un périmètre donné au
centre-ville de Montréal. On voudrait autant que possible être
ensemble. Le ministère des Travaux publics est allé en
soumissions publiques là-dessus. Au moment où on se parle, je
n'ai pas d'autre réponse.
M. Lincoln: En tout cas, nous...
M. Biron: Je vous dis mon sentiment personnel.
M. Lincoln: Oui.
M. Biron: Si Place Ville-Marie était à peu
près au même prix que d'autres... parce qu'on est là depuis
quinze ans, il y a un certain achalandage.
M. Lincoln: Comme nous sommes une
Opposition vigilante, que nous suivons tous ces petits dossiers de
près - en fait, ce sont de grands dossiers puisque ça implique
beaucoup d'argent - peut-être n'avez-vous pas eu la même
information que nous, mais on nous dit que ça pourrait être
quelque chose de très cher. On va regarder cela l'année prochaine
pour voir si vraiment votre droit de regard est exercé avec beaucoup
d'insistance et de dynamisme. Je crois qu'il y a beaucoup d'argent dans ces
affaires-là. Si on met tout ensemble, ce sont de gros loyers, ce sont
des étages complets.
M. Biron: On va essayer d'avoir un certain standing; je pense que
c'est important quand on reçoit des investisseurs.
M. Lincoln: Oui, ah oui!
M. Biron: Je vous assure qu'on ne gaspillera pas d'argent.
M. Lincoln: On va noter votre assurance au journal des
Débats.
Le Président (M. Blouin): C'est déjà
noté, M. le député.
M. Lincoln: C'est déjà noté. Merci, M. le
Président. Ce sera noté pour la postérité. On y
reviendra.
M. Biron: D'ici quelques années, vous continuerez à
poser les questions.
M. Lincoln: Non, pas dans quelques années, l'année
prochaine. On va poser des questions pendant encore deux ans, jusqu'aux
prochaines élections ou avant. On va laisser cela de côté,
je vais passer au programme 2. Malheureusement, je suis en train de travailler
avec le total parce que je n'ai pas le temps d'entrer dans les détails.
Malheureusement, il faut que mon collègue vous astique pendant trois
heures; il me dit qu'il a de la matière.
M. Biron: Trois heures aujourd'hui, deux heures demain.
M. Lincoln: ...II va vous faire délaisser le tourisme pour
autre chose.
M. Biron: Demain, il y aura une question avec débat.
M. Lincoln: Je sais que le programme 2 concerne la SDI.
M. Biron: Là, on a terminé le programme 1. C'est
cela?
M. Lincoln: Oui. M. Biron: D'accord.
M. Lincoln: Je voudrais qu'on traite de différentes
questions plutôt typiques, parce qu'on ne peut entrer dans tous les
détails et on pourra adopter le tout en bloc.
M. Biron: D'accord.
Société de développement
industriel
M. Lincoln: On a parlé de la SDI assez longuement l'autre
jour, mais je voudrais revenir sur quelques chiffres et j'aimerais qu'on me
fournisse des explications, par exemple, à la catégorie 8,
équipement.
M. Biron: C'est l'achat d'un système informatisé
pour le traitement des dossiers.
M. Lincoln: Comment est-ce que ça se classe par rapport
à la SDI? Est-ce que ce sont tous les dossiers du système de
financement, l'analyse des dossiers? Comment est-ce que cela se situe? J'ai
posé quelques questions à des fonctionnaires qui veulent bien me
parler de temps à autre, comme Opposition, quand on peut passer dans les
coulisses, et un type m'a dit: Le système informatique, par exemple,
pour le programme APEX-F, c'est lent, il faut faire des ajustements, etc.
Comment est-ce que cela se situe dans ce nouveau système informatique?
On a eu une augmentation de 250 000 $ ou 262 000 $, en fait. Qu'est-ce que
c'est exactement? Qu'est-ce qu'on a fait qu'on ne faisait pas avant? Est-ce que
c'est le même système qui a été mis à jour?
Est-ce qu'on l'a acheté? Est-ce qu'on le loue? Pouvez-vous me
donner des renseignements?
M. Biron: Je ne peux pas vous répondre pour le programme
APEX. Dans le fond, cela relève de mon collègue et ce n'est pas
administré par la SDI.
M. Lincoln: ...demandé, oui, oui.
M. Biron: D'accord. Nous, ce qu'on veut informatiser,
c'est...
M. Lincoln: Excusez-moi, M. le ministre, excusez-moi! C'est cela
que j'ai bien envie de comprendre. L'OQCE, maintenant, le ministre du Commerce
extérieur, quand il a des programmes d'analyse, etc. - APEX, c'est un
programme si vous prenez SDI-exportation, par exemple, est-ce qu'elle
possède un système d'informatique central ou un système
informatique? Ce que je comprends, c'est que c'était un système
d'informatique central qui était sous l'égide de votre
ministère ou de la SDI. C'est cela que je voulais dire.
M. Biron: Ce qu'on veut faire maintenant, c'est informatiser les
programmes pour les entreprises qui existent depuis plusieurs années;
cela n'a pas été fait à la SDI. La SDI va contrôler
son système à elle pour les entreprises qui reçoivent de
l'aide de la SDI, tous les dossiers qui sont traités par la SDI, mais
pas les dossiers qui sont traités par le Commerce extérieur avec
son programme APEX ou d'autres dossiers qui seraient traités par le
MICT, quoique nous transférons tous nos programmes à la SDI.
À peu près tous les dossiers d'entreprises de chez nous sont
maintenant à la SDI.
M. Lincoln: C'est ce que je savais, c'était mon
information, à savoir que la SDI centralise toute l'analyse des dossiers
de financement dans son système informatique.
M. Biron: Exact.
M. Lincoln: Aussi n'est-il pas vrai que vous faites
également les programmes du Commerce extérieur? C'est ce que
j'avais compris.
M. Biron: On fait les programmes du Commerce extérieur,
sauf...
M. Lincoln: Non, mais sur votre système informatique.
M. Biron: Sauf le programme APEX. M. Lincoln: Sauf le
programme APEX.
M. Biron: Au fond, pour les programmes APEX, ce ne sont pas des
grosses sommes d'argent.
M. Lincoln: Non, non, je sais.
M. Biron: Elles peuvent être de 5000 $, 10 000 $, 50 000
$.
M. Lincoln: Pour APEX-F, c'est un montant de 50 000 $, oui.
M. Biron: Ce sont des petits montants, finalement, qui sont
administrés directement par le ministère du Commerce
extérieur.
M. Lincoln: Ah bon! Vous avez répondu à une des
questions qui m'intéressaient. Je vais pouvoir suivre cela plus tard.
Sur la question des prêts, catégorie 13, est-ce un nouveau poste
dans votre budget? Pouvez-vous m'expliquer le rapport qu'il y a entre la
catégorie des transferts et la catégorie des prêts,
placements et avances? Comment tout cela se situe-t-il? Pourquoi ce nouveau
poste?
M. Biron: Ce sont de nouveaux programmes qui seront en marche
cette année. À la page suivante, vous allez trouver...
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez me donner une
référence, s'il vous plaît, dans le programme 2?
M. Biron: Vous allez prendre le programme 2,
Société de développement industriel du Québec.
À la première page, vous avez les chiffres...
M. Lincoln: Oui.
M. Biron: Au verso de cette page, en bas, vous avez la
super-catégorie Prêts, placements et avances. Ce sont des nouveaux
programmes: Entreprises à technologie moderne et entreprises dynamiques,
2 000 000 $; activités de recherche et d'innovation, 3 460 000 $; aide
à l'exportation, crédits implantation de 6 550 000 $. On en avait
très peu de ces programmes, l'an dernier. Ce sont donc des nouveaux
programmes qui sont vraiment en marche cette année. On fait des
prêts sans intérêt pour une période de temps et,
ensuite, avec intérêt. Il est possible que ces prêts soient
non remboursables. Je vous donne un exemple concernant les activités de
recherche et d'innovation. Si une entreprise veut développer un nouveau
produit, on va lui avancer un prêt de quelque 100 000 $ pour
développer ce nouveau produit. Si elle a du succès sur le
marché, elle nous rembourse le prêt. Si elle n'a pas de
succès, elle rembourse une partie du prêt et nous effaçons
le reste du prêt.
M. Lincoln: Nous avons déjà parlé de cela
l'autre jour, mais...
M. Biron: D'accord. C'est là que vous recevez les
prêt et avances. Ce sont des programmes bien spécifiques
là-dessus, alors que les autres programmes de transfert sont des
subventions directes à l'entreprise qui ne reviennent pas au
gouvernement. Dans la super-catégorie prêts et avances, c'est
possible qu'une partie de ces prêts revienne au gouvernement.
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a des évaluations faites
là-dessus à l'avance? En fait, c'est un budget de 12 000 000 $,
n'est-ce pas?
M. Biron: Exact.
M. Lincoln: 12 000 000 $. Quand vous dites 12 000 000 $, ce que
je comprends, c'est un nouveau budget qu'on a ajouté à votre
ministère, n'est-ce pas?
M. Biron: Oui.
M. Lincoln: C'est un nouveau budget de 12 000 000 $. Est-ce qu'il
y a eu des évaluations de faites sur la tranche de 12 000 000 $? Ce
n'est pas un chiffre qu'on prend dans l'air, c'est un chiffre qui
représente une activité, c'est un chiffre qui représente
des évaluations d'activités par rapport à un certain
nombre d'entreprises, un certain nombre de projets. Est-ce que vous pourriez
nous dire combien de projets possibles sont touchés par ces 12 000 000
$? Qu'est-ce que vous évaluez que le gouvernement va donner comme
subvention par rapport à des prêts qui vont être
remboursés? Il y a sûrement des évaluations qui sont faites
avant de prendre 12 000 000 $ et de dire: On ajoute cela à notre
budget.
M. Biron: J'ai les renseignements concernant la SDI... On
pourrait demander les détails précis quant au nombre de
prêts, etc, mais cela vient d'un programme qu'on a déjà eu
au ministère et qui s'appelait PME-Innovation qui fonctionnait à
peu près dans ce sens, mais pour n'importe quel secteur
d'activité et qui a eu un succès certain, où on prenait le
risque avec des entreprises; mais jamais dans ces programmes, on ne prendra
100% de risques. On prend le risque lorsque l'entreprise aussi met du "pognon"
sur la table, lorsque l'entreprise aussi prend son risque.
Quant au nombre exact d'entreprises prévu dans le courant de
l'année, je pourrais demander le renseignement à la SDI et vous
le donner aussitôt que je l'aurai.
M. Lincoln: Mais de vos 12 000 000 $, il y a plus de 50% à
l'aide à l'exportation, crédits implantation, n'est-ce pas?
M. Biron: Exact.
M. Lincoln: Est-ce le programme de SDI-exportation dont nous
parlions l'autre jour? Tout cela sera géré par SDI-exportation?
C'est bien cela? C'est pour cette tranche?
M. Biron: Cette tranche est gérée par la SDI. Alors
si une entreprise veut s'implanter sur un marché étranger, elle
fait sa demande à la SDI. C'est la porte d'entrée unique, le
guichet unique. Nous transmettons immédiatement la demande au Commerce
extérieur qui, habituellement, dans l'espace de dix jours, nous donne la
réponse si oui ou non c'est recevable. En fait, c'est si c'est un pays
pour lequel c'est prioritaire pour nous, si le produit est prioritaire aussi et
si on a une chance de succès.
Aussitôt qu'on a la réponse du Commerce extérieur,
on peut continuer notre analyse; souvent même, on a un appel
téléphonique rapidement après une journée ou deux
et on peut continuer notre analyse. Si l'entreprise s'établit sur ce
marché, nous lui avançons 300 000 $; l'entreprise
dépense
aussi une partie de son argent. Alors c'est possible que le
marché ne soit pas bon, même si on a pensé, nous et
l'entreprise, que c'est bon. Alors l'entreprise nous en rembourse une partie et
nous en perdons une partie. Mais si l'entreprise réussit à
conquérir le nouveau marché, elle nous rembourse la
totalité du prêt. Nous ne perdons que l'intérêt
pendant une période donnée.
M. Lincoln: M. le ministre, c'est ce que j'ai toujours
pensé. On a eu des discussions là-dessus avec votre
collègue et on en a parlé lors de la seconde lecture du projet de
loi no 89. Je sais qu'à ce moment, vous m'avez dit que je faisais des
"memérages" mais enfin, quitte à ce que je fasse des
"memérages", encore une fois je vais vous dire ceci: On a 6 500 000 $
qui ont trait à l'exportation.
M. Biron: Vous avez bonne mémoire.
M. Lincoln: Oui j'ai très bonne mémoire. Alors 6
500 000 $ qui ont trait à l'exportation, c'est en fait un tiers du
budget total du Commerce extérieur qui est aujourd'hui porté
à 18 000 000 $, je pense, tous les crédits totaux du... Alors un
tiers relativement au budget total du Commerce extérieur, de 18 000 000
$, donne 6 500 000 $, qui sont gérés par la SDI et sur lequel le
Commerce extérieur a droit de regard. Si, par exemple, au cours de
l'année, parce que c'est un programme substantiel -on n'avait pas ce
genre de programme avant, d'une grande envergure par rapport au budget total du
Commerce extérieur - il y avait ce dont nous avons parlé durant
toute cette... Vous avez dit: Cela n'existe pas, il n'y a pas de
problème, on peut vous montrer un protocole d'entente. Est-ce qu'il y a
des chances que ce programme-là soit révisé à la
fin de son mandat pour être centralisé avec le Commerce
extérieur ou si c'est un programme qui restera au sein de votre
ministère coûte que coûte? (Il h 15)
M. Biron: Je ne sais pas trop ce qui peut arriver. Chose
certaine, cela ne sera pas coûte que coûte. Pour agir de
façon logique et efficace, nous avons des analystes financiers à
la SDI qui ne se prononcent pas sur le fond. Le fond relève du Commerce
extérieur. Il s'agit de savoir si oui ou non le marché, le pays,
le produit dans ce pays-là est bon et susceptible d'apporter un certain
succès. Une fois qu'ils nous ont dit que c'est une priorité pour
eux et que c'est recevable chez eux, nous ne faisons avec les analystes
financiers qu'analyser la structure financière de l'entreprise. C'est
possible que le produit soit bon, c'est possible que le marché soit bon
mais que l'entreprise soit littéralement en faillite, qu'elle n'ait pas
les reins assez solides pour supporter financièrement une aventure sur
le marché extérieur. Dans ce sens-là, on va dire qu'il ne
sert à rien de prêter 300 000 $ du gouvernement du Québec,
qu'on le perdrait. Dans le fond, à la SDI, tout ce que nous faisons,
c'est l'analyse financière avec des spécialistes dans le domaine.
Je juge que c'est de la saine administration pour le gouvernement du
Québec que de dire que chacun des ministères est maître
d'oeuvre de sa politique, mais que l'analyse financière est faite par
des spécialistes de l'analyse financière.
M. Lincoln: M. le ministre, la clé, c'est les budgets, la
responsabilité, l'imputabilité pour les budgets. C'est vous qui
êtes responsable de ce budget.
M. Biron: Non, écoutez...
M. Lincoln: Non, vraiment, je crois que c'est cela le point
important. Personnellement, c'est cela la grosse discussion. Est-ce qu'on en
avait besoin vraiment? On a créé un nouveau ministère pour
atteindre à plus d'efficacité mais, en fait, c'est vous qui avez
la responsabilité du budget tandis qu'un autre décide de la
politique de dépenses de ce budget. Il me semble qu'il y a là une
contradiction, que cela n'a pas de sens.
M. Biron: Les budgets sont inscrits ici parce que ce sont les
budgets de la Société de développement industriel du
Québec...
M. Lincoln: Oui, mais c'est votre société...
M. Biron: ...mais, lorsque la partie du budget à
l'exportation est négociée, c'est mon collègue du
ministère du Commerce extérieur qui la négocie. La seule
chose, c'est qu'on ne veut pas avoir de bureaucratie. Vous me faites penser un
peu à M. Bourassa....
M. Lincoln: C'est tout le contraire.
M. Biron: Je pense que vous allez voter pour M. Bourassa, lors de
la campagne à la direction. Vous aimez avoir de la bureaucratie.
M. Lincoln: Dans le Parti libéral, les votes sont secrets,
mais...
M. Biron: On a voulu que ce soit le plus simple possible pour le
chef d'entreprise et le plus efficace possible pour le gouvernement du
Québec, avec le moins de bureaucratie possible. Si on avait formé
à côté de la SDI une autre société qui aurait
pu s'appeler SDI-exportation, mais une
société indépendante, il aurait fallu un
président, un directeur général, une
réceptionniste, des secrétaires, et cela aurait
coûté cher à la population québécoise. Ce
qu'on a fait, au lieu de cela, on a dit: On a déjà l'organisme en
haut, on va garder cet organisme-là, on va lui donner un plus gros
budget, avec une analyse financière - parce qu'on a des gens
compétents à cet organisme - et c'est le ministre du Commerce
extérieur qui négocie ces budgets. Lorsqu'il a
négocié 6 550 000 $ avec le comité des priorités et
le Conseil des ministres, il a dit qu'il en avait assez pour l'année
dans le programme d'aide à l'exportation, crédits-implantation.
Cela fait partie des budgets de la SDI, mais c'est c'est administré
à même le fonds des décisions prises par mon
collègue, le ministre du Commerce extérieur. Tout ce que les
analyses de la SDI font, c'est de dire si oui ou non l'entreprise est capable
financièrement de supporter un prêt.
M. Lincoln: Sauf le respect dû à votre poste, j'ai
beaucoup de respect pour le poste du ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, vous avez un des principaux budgets du Québec, un des
principaux ministères du Québec, mais votre logique -excusez-moi
de vous dire cela - n'est pas une logique cartésienne. C'est une logique
à rebours. Vous dites que nous ferions du "bourassisme", de la
bureaucratie, mais je crois que c'est tout le contraire qui se produit. Tous
ces éléments étaient en place. Vous aviez le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, vous aviez la SDI, la SDI avait la
SDI-exportation. Il y avait l'Office québécois du commerce
extérieur, tout cela était en place. Ce qu'on a
créé en fait... Ce n'est pas nous qui créons la
bureaucratie, c'est vous qui créez un autre ministère. Un autre
ministère implique un autre ministre, des sous-ministres, une
bureaucratie. C'est cela ma logique à moi. Peut-être que, comme
vous le dites, je ne suis pas très bien les choses, mais ma logique me
dit que si on crée un ministère du Commerce extérieur, si
on dit que cela est essentiel, ou bien il est responsable des budgets de
l'exportation, du commerce extérieur, c'est cela l'essence même de
la chose, ou bien on dit que cela fonctionnait très bien avant...
Là, on dit deux choses: Vous êtes responsable du budget, c'est
vous qui répondrez à M. Ciaccia, qui est responsable pour
l'Opposition, mais, lorsque je poserai des questions à votre
collègue, M. Landry, sur les 6 550 000 $, une somme importante
comparée à son budget total, il me dira: Ce n'est pas moi, c'est
mon collègue du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme qui est responsable du budget. Vous aurez à me convaincre - on
n'a pas le temps là - parce que je trouve que c'est un non- sens.
M. Biron: Non. Le ministre responsable de négocier les
budgets à l'exportation, c'est le ministre du Commerce extérieur.
Si vous avez des chiffres avec la Société de développement
industriel du Québec et à l'intérieur du MIC, c'est que le
ministre du MIC est responsable de la SDI. Nous avons des budgets qui sont
à mon collègue, le ministre du Commerce extérieur. C'est
lui qui décide du bien-fondé des occasions. Tout ce qu'on fait
avec la SDI, on ne veut pas faire de bureaucratie, on ne veut pas faire une
deuxième structure de société d'État, tout ce qu'on
veut faire, c'est de faire l'analyse financière de l'entreprise. Le
budget lui-même aurait pu aussi bien passer au ministre du Commerce
extérieur et, lorsque les budgets auraient été
accpetés, il aurait simplement transféré ses budgets
à l'intérieur de la SDI. Cela revient au même.
Ce que je veux vous dire, c'est que c'est le ministre du Commerce
extérieur qui a négocié ce budget-là. C'est lui qui
l'a négocié, c'est son budget à lui. La seule chose, c'est
que c'est l'analyste financier de la SDI - pour ne pas avoir deux SDI
côte à côte - qui fait l'analyse de l'entreprise, tout comme
il aurait pu faire l'analyse d'un autre programme de la SDI.
M. Lincoln: Vous savez ce que cela me rappelle? Je vais
négocier un prêt de 100 000 000 $ ou de 100 000 $ pour bâtir
une maison. Je dis à ma collègue de Jacques-Cartier? J'ai
négocié le prêt, je serai responsable du prêt et
faites ce que vous voulez de ce prêt. Si vous faites une bêtise, je
paierai. Ce que je veux vous dire, M. le ministre... D'accord, c'est son
budget, c'est lui qui est allé chercher ces 6 550 000 $, mais on met
cela dans la SDI. Qu'arrive-t-il si votre collègue fait une erreur de
parcours, une erreur de jugement -cela arrive à tout le monde et souvent
à notre gouvernement péquiste, vous direz que cela est
arrivé à tous les gouvernements, mais cela n'arrive pas à
tout... Sur un dossier majeur, on parle de 6 550 000 $ -ce n'est pas lui qui
est responsable, c'est vous qui êtes responsable, parce que c'est votre
budget. Cela n'a pas de sens. Le président de la SDI est responsable
sans être responsable. Comment peut-il être responsable sans
être responsable, si c'est le ministère du Commerce
extérieur qui a ce budget de 6 550 000 $ sur 12 000 000 $, ce qui est un
petit compte fiduciaire pour lui?
M. Biron: II n'y a pas de problème à ce
niveau-là. C'est très clair. Le budget est négocié
par le ministre du Commerce extérieur. Tout ce qu'on fait, nous, c'est
l'analyse financière. Bien sûr, il arrive que
l'analyste financier fasse une erreur comme l'analyste du marché
au ministère du Commerce extérieur peut faire une erreur lui
aussi. C'est possible, c'est humain, comme on peut en faire n'importe où
dans tous les ministères ou les différents gouvernements. Dans ce
sens-là, je pense que ce qu'on a voulu faire, c'est le plus simple
possible pour le chef d'entreprise et pour le gouvernement du Québec,
sans être obligé, à côté de la SDI
régulière, avec les cinq, six ou sept autres programmes, de
créer un autre programme. On a simplement créé un autre
programme, on n'a pas créé une autre structure, et c'est facile
à administrer.
M. Lincoln: Excusez, M. le ministre, on va terminer sur une
petite divergence. On va "agree to disagree", parce que vous avez
créé une autre structure. Vous avez créé plus
qu'une autre société d'État, vous avez créé
un ministère. Vous avez créé un ministère.
Malheureusement, vous êtes responsable d'une politique qu'un autre
ministère pourrait avoir créée. Cela ne me semble pas
logique. Il me semble que quelqu'un tombera entre les deux chaises. C'est
peut-être trop tôt pour dire cela, mais on va suivre cela de
près parce que cela ne semble pas sensé. Le temps presse. On va
laisser cela sur un... On parle de 12 000 000 $. On parle de 6 500 000 $. On va
suivre cela de près, parce que c'est sûrement une initiative
pleine de conséquences politiques ou autres, vu qu'il y a beaucoup
d'argent là-dedans.
Aux prêts, placements et avances, on saute de 58 000 000 $
à 72 000 000 $. Je pense qu'on a parlé de cela l'autre jour, mais
je voudrais me rafraîchir la mémoire pour savoir ce que
c'était la différence sur le total. On parle de prêts, de
placements. Pardon, on parle de transfert, à la rubrique transfert, la
catégorie 10.
M. Biron: On passe de 61 000 000 $ à 72 000 000 $.
M. Lincoln: J'ai 58 000 000 $ à 72 000 000 $. Enfin,
disons 61 000 000 $. Avec 61 000 000 $, il s'agit d'une augmentation de
10%.
M. Biron: Vous avez aussi, à la page qui suit, les
détails de cela, pour obtenir vos 72 000 000 $. Il s'agit de
dépenses de transfert, regroupement d'entreprises, 3 218 000 $,
entreprises à technologie moderne et entreprises dynamiques, c'est le
gros montant, les gros investissements, 38 000 000 $, crédit
touristique, 1 800 000 $, aide au financement des entreprises, 12 000 000
$...
M. Lincoln: La grosse augmentation est là, l'aide au
financement des entreprises.
M. Biron: C'est le plan d'urgence qui s'appliquait l'an dernier
et cette année.
M. Lincoln: Ah oui! C'est le plan "fantaisie", où vous
avez renversé des décisions...
M. Biron: C'est le plan qui a... M. Lincoln: ...de votre
P.-D.G.
M. Biron: ...protégé jusqu'à maintenant 30
000 emplois. On aura bientôt 35 000 emplois protégés par le
gouvernement du Québec.
M. Lincoln: C'est le plan que nous avons vu l'autre jour?
M. Biron: M. le député, juste pour votre
information...
M. Lincoln: Ah bon! Cela vous a chicoté l'autre jour. Vous
êtes revenu avec autre chose pour corriger ce...
M. Biron: Juste pour votre information, le MEER du
fédéral - vous connaissez cela le gouvernement
fédéral - fait...
M. Lincoln: Non, je suis employé de l'Assemblée
nationale.
M. Biron: ...a publié dernièrement une étude
en disant que notre action au Québec n'avait pas été
correcte. Le MEER a dit: Voilà ce que nous ferons. Les sept
priorités du MEER l'an prochain, ce qu'il faudrait faire au
Québec, sont exactement les priorités qui ont été
décidées et mises en marche par le gouvernement du Québec.
Le MEER du fédéral dit qu'il faut faire la même chose; un
aspect en est le renforcement des PME en renforçant surtout leur base
financière, exactement PIL dans le plan qui avait été
proposé il y a déjà un an et demi. Je suis heureux dans le
fond. Il a fallu un an et demi à Ottawa pour comprendre le bon sens. Il
faut que vous reconnaissiez que le gouvernement du Québec est vraiment
l'instigateur de nouveaux programmes. Sa vision de la société est
juste, son étude et son analyse des problèmes sont correctes et
les décisions à prendre pour corriger la situation sont justes
aussi. Finalement, le gouvernement fédéral nous dit: Bravo,
Québec, vous ne vous trompez pas. Vous étiez corrects pendant que
nous ne l'étions pas. C'est excellent. Les 12 000 000 $, c'est ce
plan-là: Incitation aux exportations, que vous retrouvez encore et qui
appartient à mon collègue du Commerce extérieur, 12 000
000 $; industrie de l'électronique, 4 000 000 $ et entreprises du
secteur tertiaire moteur, 200 000 $.
M. Lincoln: D'accord. On ne parlera pas de vision de la
société, parce qu'on s'embarquerait dans des histoires
théoriques et philosophiques et on oublierait le budget. Je n'ai pas
envie d'oublier le budget. On n'est pas contre - et là vous vous trompez
-les programmes qui relanceront les PME et qui les aideront
financièrement. C'est contre le principe de l'application des
critères, c'est là qu'on diverge d'opinion. Tout ce qu'on vous a
dit qu'on ne trouvait pas valable, c'est que vous preniez une décision
quand vous avez une structure que vous considérez sûrement valable
- parce que vous l'avez vantée vous-même - vous avez la SDI, vous
avez un conseil d'administration, vous avez des spécialistes, vous avez
un P.-D.G. S'ils ne sont pas bons, qu'on les envoie ailleurs, mais s'ils sont
bons, s'ils prennent des décisions et que vous changez la
décision, surtout dans les circonstances dont on a discuté
où il s'agissait de cas où vous étiez impliqués
directement, on trouve cela inacceptable. Ce n'est pas logique, ou bien ils ont
raison ou bien ils n'ont pas raison, et s'ils ont raison, je crois qu'il faut
agir avec beaucoup de prudence quand c'est quelque chose... Dans mon cas, si
c'était dans le cas de Nelligan que je renversais... Venez faire cela
dans le comté de Nelligan, mais pas dans le comté de
Lotbinière. C'est cela qu'on vous disait.
M. Biron: Je suis en train de travailler pour amener un
investissement majeur dans Nelligan. Si vous n'êtes pas content, je vais
l'envoyer ailleurs, dans un autre comté.
M. Lincoln: Je me réjouirais, M. le ministre. Je me
réjouirais, si cela se faisait, je m'en réjouirais. Si cela
était fait selon tous les critères acceptables du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, je m'en
réjouirais.
M. Biron: Vous savez que je vous apprécie assez que je
travaillerai pour avoir une industrie, un investissement important dans votre
comté. (Il h 30)
M. Lincoln: On travaille tous dans la même direction. Si
Lotbinière était la meilleure place pour avoir cela, je
travaillerais très fort pour que ce soit là. Si la meilleure
place est dans le comté de Nelligan, soit. Si ce n'est pas la place la
plus propice, que cela aille ailleurs.
À l'aide au financement des entreprises, on va de 3 400 000 $
à 12 000 000 $. Quelle est la différence dans ce montant? C'est
encore une différence très, très conséquente. Je
crois qu'on a parlé de cela l'autre jour, mais j'ai envie de parler de
chiffres cette fois-ci. On parle d'une différence, entre 1982-1983 et
1983-1984, d'environ 8 500 000 $.
M. Biron: C'est exact. On paie l'intérêt deux fois
par année. Les entreprises qui sont en défaut, on attend qu'elles
soient en défaut pour payer. En 1982-1983, on a fait un paiement
d'intérêt à presque tout le monde, mais on n'a pas fait
deux paiements. On a payé durant les premiers mois la moitié du
budget. D'un autre côté, il y a beaucoup moins d'entreprises en
défaut qu'on l'avait prévu. C'est ce qui explique le faible
montant pour 1982-1983. En 1983-1984, on va payer l'intérêt de
tous ceux qu'on a acceptés l'an dernier, au moins deux paiements cette
année, plus un paiement pour les entreprises qu'on acceptera cette
année...
M. Lincoln: Non, mais...
M. Biron: ...plus le décalage, dans le fond, des
entreprises qui peuvent être en défaut dans le courant de
l'année et...
M. Lincoln: Plus les garanties.
M. Biron: ...pour lesquelles on a pris des engagements l'an
dernier. On estime que cette année, avec 12 000 000 $, on en a assez
pour remplir nos obligations.
M. Lincoln: Je l'espère. Dans ces 12 000 000 $, il y a pas
mal de choses. Combien de ces fonds iront pour renflouer les garanties
bancaires auxquelles on a dû faire appel, pour les entreprises qui ont
fait faillite?
M. Biron: Possiblement la moitié ou quelque chose comme
cela.
M. Lincoln: Cela ne vous choque pas un peu?
M. Biron: J'aimerais mieux ne pas en avoir du tout. Mais, comme
je vous l'ai dit la semaine dernière, pour ne pas en avoir du tout, il
aurait fallu ne prendre aucune décision.
M. Lincoln: Oui, d'accord, mais seulement...
M. Biron: Quand vous réalisez le nombre de
décisions qu'on a dû prendre, nous, en 1982-1983, qui est de 719
comparé à 561 pendant six ans de régime libéral,
vous constatez qu'on a pris beaucoup de décisions, qu'on a aidé
beaucoup d'entreprises.
M. Lincoln: Oui, mais parfois, bien malheureusement pour le
Québec. Maintenant, on a 12 000 000 $; à l'intérieur de
ces 12 000 000 $, vous avez environ 8 500 000 $ qui iront - vous avez dit
environ la moitié - pour les faillites, les garanties. Que ferez-vous
cette année pour serrer un peu la vis de la machine pour qu'il
n'y ait pas de malentendu entre vous et le conseil de la SDI, pour qu'on
n'ait pas cette possibilité qu'un gros montant comme celui-là
aille dans des entreprises qui, au départ, n'auraient pas du être
appuyées, parce qu'elles étaient des entreprises qui allaient
faillir?
M. Biron: On va continuer à prendre des décisions;
c'est notre marque de commerce. Je comprends que... Encore une fois, je vous
ramène à M. Bourassa. On ne prenait pas de décisions dans
ce temps. Quand tu ne prends pas de décisions, c'est sûr que tu ne
fais pas beaucoup d'erreurs, tu ne fais rien. Nous, notre marque de commerce
est de prendre des décisions, de travailler avec les entreprises,
d'aider les entreprises. Plus on va prendre de décisions, plus il va y
avoir de risques qu'il y ait 1% ou 2% d'erreurs quelque part en cours de route.
Ces erreurs sont là. Mais, d'un autre côté, si nous ne
décidons rien, on ne sauvera pas les emplois au Québec. J'aime
mieux sauver 35 000 emplois au Québec et perdre quelques millions de
dollars en cours de route. Cela ne coûte pas cher par emploi.
M. Lincoln: M. le ministre, d'abord, on ne fera pas le
relevé du gouvernement Bourassa. Si on veut faire un débat
là-dessus, je suppose que l'arène politique est là pour
cela. Vous dites que rien n'a été fait; en passant, la SDI
elle-même dont on discute est une création de ce gouvernement. Il
y a sûrement quelque chose qui a été fait. Par exemple,
vous vantez la Baie-James tous les jours. Il y a sûrement eu beaucoup de
choses qui ont été faites, mais il y a sûrement eu beaucoup
d'erreurs qui ont été faites, puisque M. Bourassa a
été défait aux élections. On concède donc
que s'il avait fait toutes sortes de belles choses tout le temps, il n'aurait
pas été défait aux élections. Mais, un jour, quand
vous serez défait aux élections, un jour très
bientôt, les gens diront que vous avez aussi fait beaucoup de
bêtises. Nous, notre rôle est de vous dire qu'il y a 6 000 000 $ de
l'argent des contribuables qui vont dans les entreprises en faillite. Tout ce
qu'on vous dit, c'est, pour l'année qui vient, de ne pas prendre de
décisions controversées, de ne pas prendre des décisions
qui amènent des conflits d'intérêts.
Je reviens une dernière fois - parce que ma collègue a
besoin d'un peu de temps pour parler du CRIQ - à l'incitation aux
exploitations. Là, il y a 12 100 000 $. Si vous ajoutez cela à
l'autre rubrique dont on avait discuté plus tôt, l'aide à
l'exploitation, les 6 500 000 $, on arrive à un budget total, pour
l'aide à l'exploitation, de 18 600 000 $. C'est presque
l'équivalent du budget total du ministère du Commerce
extérieur, c'est-à-dire que le budget réel du Commerce
extérieur, ce n'est pas 18 900 000 $ tel que c'est écrit dans le
livre du budget, - 18 900 000 $ plus 18 600 000 $ - mais c'est 37 000 000 $ son
budget.
M. Biron: Exact.
M. Lincoln: Exact. Eh bien là, on arrive à quelque
chose. Un budget de 37 000 000 $, mais pendant qu'il voyage, "sa job" est
formidable. Si jamais on arrive au pouvoir et qu'on me donne la chance d'avoir
"une petite job", je vais dire que c'est "la job" que je veux parce que je vais
pouvoir voyager à travers le monde, faire de beaux discours et pendant
ce temps-là, ce sera mon collègue, John Ciaccia, qui sera
responsable de mes erreurs possibles. Cela n'a pas de sens. Est-ce que vous
acceptez cela, M. le ministre, que son budget total soit de 18 900 000 $ et
qu'il soit responsable de l'OQCE seulement? Pendant ce temps-là, vous
avez le budget équivalent, vous êtes responsable pour
l'équivalent de son budget, mais vous restez toujours à
Québec et lui voyage. Cela n'a pas de sens.
M. Biron: Voulez-vous ne pas choisir votre ministère toute
de suite car cela va prendre du temps avant que vous arriviez au pouvoir?
M. Lincoln: Non, je faisais cela purement par sophisme car, de
toute façon, le ministère ne m'intéresse pas, mais pour en
arriver au pouvoir, cela va venir pour sûr.
M. Biron: M. le Président, je pense que le
député de Nelligan est excellent dans l'Opposition. On va le
garder longtemps car il est bon. Il y a une petite différence entre le
Parti libéral et le Parti québécois. C'est que nous, on
travaille en équipe. Cette équipe comprend beaucoup de monde,
beaucoup de monde. Mon collègue, le ministre du Commerce
extérieur, vient tout juste d'arriver. Il est parti pendant deux
semaines pour aider des exportateurs québécois à
conquérir de nouveaux marchés. C'est important pour ces gens
d'avoir avec eux un ministre...
M. Lincoln: D'accord.
M. Biron: ...un ministre qui est là et qui leur aide. On a
voulu faire en sorte que pour le chef d'entreprise, il ait de l'aide du
ministre lorsqu'il va sur des marchés étrangers. Ce n'est pas
compliqué avoir l'aide du ministre. Il communique directement avec le
ministre s'il peut avoir de l'aide ou il communique avec la SDI et tout de
suite nous, avec les programmes qui existent, de concert avec mon
collègue du Commerce extérieur, nous ne faisons que l'analyse
financière de ces programmes. Vous
devriez faire le tour du Québec et rencontrer des chefs
d'entreprises. Ils vont vous dire bravo pour la SDI, pour le Commerce
extérieur, pour le MIC. Cela fonctionne bien et il n'y a pas de
bureaucratie. N'essayez pas de changer quelque chose qui fonctionne bien.
Je pense que le système qu'on a institué est le meilleur
à l'heure actuelle. Il n'y a pas de bureaucratie là-dedans. Il y
a le moins de paperasse possible, à moins que vous ne vouliez de la
paperasse, de la bureaucratie et casser la tête de nos chefs
d'entreprise... Si c'est cela que vous voulez, bien préparez-vous, vous
allez être longtemps dans l'Opposition et vous ne serez pas capable d'une
façon ou d'une autre d'arriver à trop changer des choses. Dans
l'Opposition, on va vous garder là car vous n'êtes pas pire.
M. Lincoln: M. le ministre, je vous dis c'est la logique à
rebours. Vous dites: Ne changez pas les choses qui marchent bien. À
changer les choses, ce n'est pas nous qui ferons les ministères car on
est dans l'Opposition, nous sommes d'humbles députés de
l'Opposition. Ce n'est pas nous qui allons créer un nouvel appareil.
Vous nous dites: Ne changez pas les choses car elles vont bien. Si elles
allaient tellement bien comme elles l'étaient en novembre, pourquoi
a-t-on créé un nouveau ministère? C'est votre gouvernement
qui a délibérément changé les choses. Tout ce qu'on
dit, c'est qu'on est prêt à regarder toute la question d'un
nouveau ministère, on est prêt à évaluer sa
performance, on est prêt à évaluer si c'est un principe
valable. Tout ce qu'on vous dit, c'est que c'est un non-sens que vous ayez la
responsabilité budgétaire, la responsabilité
financière, comme ministre, pour un budget que vous n'administrez pas.
Cela ne semble pas avoir de sens.
Je vais vous poser une question. Est-ce que vous êtes prêt,
s'il y a une grosse décision à vos projets qui impliquerait des
fonds substantiels, importants, disons qu'on parle de 18 000 000 $, pour
lesquels vous agissez presque comme fiduciaire pour un autre ministre... Vous
dites que vous vous entendez bien, que vous êtes très bon, que
vous marchez en équipe, enfin je veux bien croire. En fait, ce n'est pas
le cas lorsqu'on voit le ministre de l'Environnement, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, les ministres qui ont
des divergences sur les pluies acides, qui ont des divergences sur la tordeuse
du bourgeon de l'épinette. J'ai lu aussi des articles au sujet des
petites divergences entre vous, M. Landry, M. Jacques-Yvan Morin, etc.
Peut-être que c'étaient des romances de journalistes.
Enfin, le fait est que si vous nous faites croire qu'il n'y a jamais de
divergence, à ce moment-là, je deviens tout à fait non
croyant. Je crois que dans tous les systèmes, même dans notre
parti, il y a toujours des divergences mais les gens se rendent à un
consensus. Il y aura un temps où vous aurez à prendre une
décision. Une décision sera prise par notre ministre sur quelque
chose qui, fondamentalement - vos fonctionnaires qui sont là, qui sont
des gens d'expérience vous disent: Cela n'a pas de sens. Disons, que
cela arrive. Un investissement de 2 000 000 $, de 3 000 000 $ du gouvernement
du Québec. Vous dites: Nous sommes responsables de ce budget. On vous
dit: Cela n'a pas de sens. Est-ce qu'à ce moment vous allez appliquer un
veto? Vous dites que tout ce que vous faites, vous faites l'analyse
financière. Si l'analyse financière est négative et qu'on
arrive à une espèce de "clash" d'opinion sur un gros montant,
qu'arrive-t-il? Est-ce que vous appliquez votre droit de veto? Est-ce que cela
ne crée pas des problèmes automatiquement qui pourraient
être résolus si le non-sens n'était pas là?
M. Biron: II n'y a pas de non-sens, M. le député de
Nelligan. Il y a un protocole d'entente que je vous ai remis la semaine
dernière qui explique très clairement le processus et la
procédure à suivre.
M. Lincoln: Oui.
M. Biron: La demande arrive à la Société de
développement industriel du Québec. Elle est acheminée
immédiatement au ministre du Commerce extérieur pour qu'il puisse
dire lui, si oui ou non, il veut accepter le projet dans le pays donné
pour le produit donné et aussitôt qu'on a la réponse,
l'analyse financière se fait. Même si le ministre du Commerce
extérieur a dit: oui, c'est un pays, les États-Unis avec un
produit, par exemple, une pièce d'automobile, qui est prioritaire pour
moi et je veux bien le vendre, mais si l'entreprise est littéralement en
faillite, c'est sûr qu'on n'investira pas l'argent du gouvernement dans
une entreprise en faillite. La connaissance de la structure financière
des entreprises, c'est la SDI qui l'a. La connaissance du marché
extérieur, c'est le Commerce extérieur qui l'a. Il n'y a aucun
problème. Cela va très bien. Chacun agit dans sa sphère de
juridiction. Nos analystes de la SDI sont disposés à analyser les
problèmes financiers des entreprises ou les structures
financières des entreprises et ils sont très compétents
pour le faire. N'essayez pas de trouver des problèmes où il n'y
en a pas. À mon point de vue, c'est le meilleur système possible
qu'on a voulu instituer.
J'agis de la même façon avec le MAPAQ. Je vais
subventionner des usines dans le domaine de l'agro-alimentaire, mais
jamais je ne vais subventionner une usine si le ministre du MAPAQ ne m'a
dit avant: Oui, cela entre dans mes priorités. Une fois que le ministre
du MAPAQ m'a dit que cela entre dans ses priorités, nous regardons la
structure financière de l'entreprise et après nous prenons une
décision.
M. Lincoln: M. le ministre, je comprends ce que vous essayez de
dire, mais vous ne m'avez pas convaincu du tout. Mon râle, c'est de faire
le travail selon ce que je conçois. Je peux vous dire, parlant de chefs
d'entreprises - j'en vois beaucoup, je parle avec plusieurs intervenants dans
ce milieu, j'ai beaucoup de contacts dans ce milieu -que plusieurs se demandent
justement comment tout cela va se terminer parce que ce n'est pas une situation
qui nous semble logique, de prime abord. D'accord. Peut-être que cela va
se prouver, mais là, on va à l'aventure. On va devant quelque
chose qu'on ne connaît pas déjà. On peut avoir tous les
tracas. On peut dire bon, on peut critiquer le fédéral etc. Mais
la bureaucratie est là, on a des ministères qui sont parfois
dédoublés, ils sont en train d'essayer de coordonner tout
cela.
L'Ontario a choisi de laisser cela dans un appareil central où il
a un bill, mais il n'y a pas de ministre du Commerce extérieur; on verra
les résultats et on les comparera. Le ministre du Commerce, de
l'Industrie et du Tourisme là-bas est responsable pour son budget total.
C'est cela que je voulais vous dire. Je pense qu'il y a des situations dans
cela qui vont créer des problèmes à l'avenir. Là on
parle, tout est très bien, rien n'est commencé. Vous commencez
seulement, le ministère vient d'être créé en
novembre. Je vous dis que nous, on prend toutes les réserves sur cela
parce que l'on croit que ce sera une situation qui créera toutes sortes
de problèmes parce que vous avez là un très gros budget,
équivalent au budget de l'autre ministère, dont vous êtes
responsable. Si j'étais vous, j'aurais posé plusieurs questions.
Je n'aurais pas voulu être responsable pour l'argent que les autres
dépensent. On choisit de ne pas être d'accord sur cela mais
vraiment, jusqu'à preuve du contraire, on pensera qu'il y a une
situation qui n'est pas normale, qui n'est pas logique.
Ma collègue veut vous poser des questions sur le CRIQ? On aurait
voulu -brièvement, parce que malheureusement le temps va nous manquer -
passer avant au programme no 3, et poser quelques questions sur les chiffres de
ce programme, parce que là aussi, il y a des augmentations qui sont
très importantes. C'est justement le CRIQ, au programme 4. Je vais poser
des questions sur les chiffres et après cela ma collègue pourra
vous poser des questions spécifiques sur le CRIQ. Je vais commencer par
vous poser des questions. (Il h 45)
Sur le programme no 3, je passe encore aux totaux plutôt qu'aux
programmes spécifiques, à cause du manque de temps. J'aurais
voulu arriver au total des chiffres. Si on peut rejoindre cela après,
dans les éléments, ce sera d'accord. Dans le total, je vois:
politiques et stratégies sectorielles. Ce sont toujours de très
beaux mots, politiques et stratégies sectorielles. Le ministère
des Communications, dirigé par M. Bertrand, a dû être
là pour décider tout cela. Dans les politiques et
stratégies sectorielles, on va de 28 000 000 $ à 39 000 000 $.
Une augmentation de 13,36,1%. Qu'est-ce que cela veut dire? Que fait-on avec la
différence de 10 000 000 $?
M. Biron: D'abord, il y a moins de salaires parce que des gens
qui faisaient l'analyse de programmes ont été
transférés à la SDI. Deuxièmement, les transferts
sont augmentés de 13 000 000 $. Cela est dû à 15 000 000 $
pour Pétromont, à 1 500 000 $ pour la concrétisation de
projets industriels, et sur les programmes de textile, de vêtement, de
bonneterie, de meuble, de chaussure et PME-Innovation, moins 5 000 000 $. Ce
sont des programmes qui s'achèvent, qui sont en phase terminale et pour
lesquels on a besoin de moins d'argent que les années
passées.
M. Lincoln: En phase terminale, c'est une expression
intéressante, M. le ministre. Est-ce que cela a été un
petit peu subconscient? C'était du subconscient, en phase terminale?
M. Biron: Non ce sont des programmes qui étaient au MIC
autrefois...
M. Lincoln: Des programmes cancéreux.
M. Biron: ...et qui étaient analysés par le MIC,
pour lesquels il y a des sommes d'argent à débourser au MIC. On
termine nos programmes. On ne veut pas changer cela dans nos livres, ce serait
compliqué pour rien et cela compliquerait le travail des chefs
d'entreprises. Tous les nouveaux programmes s'en vont immédiatement
à la SDI. Cela veut dire que des programmes administrés par le
ministère, on n'en a plus. On termine tout simplement les programmes qui
étaient déjà dans la machine ou les demandes qui
étaient déjà dans la machine.
M. Lincoln: Vous parlez de la rubrique no 10?
M. Biron: Je vous parle de la rubrique no 10, c'est exact.
M. Lincoln: Ce que je ne comprends
pas, dans la rubrique no 10, c'est qu'on l'ait doublée. Cela va
de 14 000 000 $ à 28 000 000 $.
M. Biron: C'est exact.
M. Lincoln: C'est là, justement, toute la
différence. Qu'est-ce que vous voulez dire, pour ces programmes à
phase terminale? Qu'arrive-t-il avec ces 14 000 000 $; puisqu'on est à
terminer le programme, pourquoi double-t-on le budget?
M. Biron: C'est cela que je viens de vous dire. Il y a
Pétromont, qui est 15 000 000 $.
M. Lincoln: Ah bon! c'est le déficit de
Pétromont.
M. Biron: Je viens de vous dire cela. Cela est dû à
deux décisions fédérales qui sont en train de faire fermer
une usine.
M. Lincoln: Oui, oui, c'est automatique. M. Biron: Si vous
voulez discuter...
M. Lincoln: Tout ce que je comprends, tout cela c'est le
fédéral. Si on est d'accord, tout ce que vous devez me
dire...
M. Biron: Bon, M. le député de Nelligan, si vous
voulez discuter de pétrochimie, on va en discuter, mais vous allez voir
que vous n'êtes pas sur un terrain solide...
M. Lincoln: Ah! excusez.
M. Biron: Vous devriez changer de terrain.
M. Lincoln: Je n'ai pas choisi aucun terrain de
pétrochimie. Tout ce que je vous ai dit, j'ai envie de savoir quelle est
la différence entre 14 000 000 $ et 28 000 000 $. Je pense qu'on a le
droit de savoir. Là, vous me dites: c'est Pétromont. Là,
vous dites: c'est le fédéral. Tenons pour acquis, pour les
projets d'aujourd'hui, que vous avez une dénonciation, on appelle cela
"blanket" en anglais - je ne sais pas comment dire cela - "blue ball"
fédéral. Là, on va admettre que tout cela, que tous les
maux du siècle, le cancer, la peste, la pestilence, tout cela est
fédéral. C'est d'accord, puisqu'on a admis cela, on pourra
discuter. Là, s'il y a 15 000 000 $ en plus, c'est
fédéral. Si M. Landry dépense de l'argent qui va vous
causer des problèmes, cela va être fédéral, on
comprend cela.
M. Biron: Non, non, on va prendre nos responsabilités, M.
le député. Mais la seule chose c'est qu'on a 15 000 000 $
additionnels pour Pétromont, vous voulez en savoir la raison et on vous
la donne.
M. Lincoln: Fédéral.
M. Biron: Exact.
M. Lincoln: D'accord.
M. Biron: Vous commencez à apprendre votre
leçon.
M. Lincoln: Oui, ah oui, j'écoute cela depuis deux
ans...
M. Biron: Vous êtes excellent.
M. Lincoln: ...tous les jours. Alors on apprend tous les mots du
siècle. S'il pleut au Québec, c'est la météorologie
fédérale. Alors oui on l'accepte. Je ne suis pas
député au Parlement fédéral, cela ne me tracasse
pas beaucoup, je suis député au Parlement du Québec. Alors
je vais demander ce qui arrive de 14 à 28. C'est Pétromont qui
fait la différence de 14 000 000 $ qui sont transférés
afin de terminer le programme. Ensuite, la SDI prend cela, c'est-à-dire
que l'année prochaine il y aura 0 dans ce programme.
M. Biron: Non, l'an prochain il y aura encore le programme de
Pétromont pour 10 000 000 $ parce que le programme de Pétromont
on s'est engagé à payer 25 000 000 $ et le gouvernement
fédéral paie 25 000 000 $.
M. Lincoln: Ah bon! Le gouvernement fédéral paie
quelque chose.
M. Biron: Chacun paie 15 000 000 $ la première
année et chacun paie 10 000 000 $ la deuxième année. Il va
y avoir aussi probablement concrétisation de grands projets industriels
pour faire faire des études. Il va probablement y avoir d'autres sommes
d'argent ou d'autres programmes à cet élément.
M. Lincoln: D'accord. Qu'est-il arrivé à
l'infrastructure d'accueil à l'industrie où on a diminué
de 25%?
M. Biron: Ce sont encore des ententes auxiliaires. Je crois que
je vous avais parlé la semaine dernière des parcs
industriels.
M. Lincoln: Ah oui!
M. Biron: On a eu un programme conjoint
fédéral-provincial pour une série de parcs industriels
dans tout le Québec. Maintenant que les parcs sont là on va au
moins attendre de remplir les espaces disponibles avant de créer
d'autres parcs.
Alors cette année, c'est ce qui explique les ententes auxiliaires
sous l'élément parc industriel de 12 000 000 $.
Il y aussi deux autres éléments qui font que cela baisse
un peu. La Société Inter-Port avait besoin d'argent l'an dernier
pour exproprier quelques terrains à Pointe-de-La-Martinière,
alors cette année on en a moins. Pour SPICAM, le parc industriel de
Mirabel, on a 700 000 $ de moins aussi. Par contre, il y a une augmentation
très appréciable au commissariat industriel...
M. Lincoln: Oui, pardon. M. Biron: ...pour 400 000 $.
M. Lincoln: Qu'arrive-t-il sous l'élément 4:
Services aux entreprises manufacturières et aux commerces? Je parle
encore du total, je ne parle pas que d'un élément
spécifique. Le total monte de 53%. Cela va de 6 200 000 $ à 9 600
000 $.
M. Biron: Ce sont deux nouveaux programmes qu'on a mis en marche
dans le courant de l'année: Gestion marketing pour aider nos PME de
moins de 200 employés qui n'avaient pas de stratégie de marketing
ou d'étude de marché ou même souvent n'avaient même
pas de catalogue. Alors on a le programme UNI-PME de 1 500 000 $,
c'est-à-dire qui prend les jeunes diplômés
d'universités ou de cégeps en administration ou en génie
pour travailler, encore une fois, pour une PME manufacturière de moins
de 200 employés. On a 2 100 000 $ pour cette année. C'est ce qui
explique l'augmentation à l'élément transfert de 3 600 000
$ pour ces deux programmes.
En passant, je dois vous annoncer que le programme Gestion marketing a
été un des programmes les plus populaires l'an dernier et que
cette année à peu près tous les budgets sont
déjà épuisés parce que les entreprises en ont
vraiment profité.
M. Lincoln: J'aurais voulu ouvrir une parenthèse. Il nous
reste à peu près 35 minutes. Ma collègue voudrait parler
du CRIQ. Je ne veux pas prendre tout le temps, alors, malheureusement, on avait
tout un programme et beaucoup de questions sur les PME, spécifiquement.
Si, par exemple, mon collègue, le député de Viger a fini
avec l'industrie, et qu'il lui reste une demi-heure, parce que je n'ai pas
envie de déranger vos fonctionnaires deux ou trois fois, je sais qu'on a
beaucoup de travail à faire pour rectifier toutes les petites affaires
que vous avez faites, serait-ce possible de reprendre cela plus tard s'il reste
du temps? S'il n'a pas le temps - il y a beaucoup de choses dans le tourisme -
serait-ce possible, sans déranger personne, qu'on reprenne même
des questions de...?
M. Biron: Si tout à l'heure, avant de quitter, vous me
disiez de quels points vous voudriez discuter vers la fin de
l'après-midi, je n'aurais pas besoin de garder tout mon monde. Je
garderais tout simplement une ou deux personnes et... En tout cas, vous me le
direz avant de quitter.
M. Lincoln: Écoutez, mon collègue me dit que M.
Maciocia aura peut-être besoin de deux heures seulement. Peut-être
que je pourrais revenir au début de l'après-midi finir mon bout
et ensuite il pourrait prendre...
M. Biron: D'accord.
M. Lincoln: Je m'arrangerai avec lui.
M. Biron: Quel élément vous reste-t-il
à...
M. Lincoln: On devait parler... Nous avons envie . de parler un
peu de toute la question des PME manufacturières, des programmes
UNI-PME, de la gestion-marketing, du financement public des PME.
M. Biron: D'accord.
M. Lincoln: C'est seulement pour poser quelques questions
là-dessus. Alors si je pouvais...
M. Biron: D'accord, dans ce sens, je veux seulement vous dire que
si vous voulez parler de financement public des PME, j'apprécie beaucoup
votre demande dans ce sens parce que c'est une des carences majeures des
entreprises québécoises. Bien sûr, on a annoncé un
programme dans le discours sur le budget, mais il faut que tout le monde
ensemble au Québec, les chefs d'entreprises, les banquiers et les
financiers, tout le monde des deux côtés de la Chambre, qu'on
mette toutes nos idées ensemble pour aider davantage les PME dans ce
secteur. Je pense qu'on peut avoir une bonne discussion sur un ton passablement
serein et élevé là-dessus.
Aide à l'industrie sidérurgique
M. Lincoln: Le ton est toujours serein, M. le ministre. Ce n'est
pas le ton qui ne sera pas serein, en tout cas de ce côté. Alors
sur les 44 000 000 $ à SIDBEC, comme dernière question sur le
programme 03, pourquoi est-ce qu'on a inscrit ce renflouement de déficit
de SIDBEC - les 44 000 000 $, c'est bien cela, n'est-ce pas? - dans le budget
de cette année. Pourquoi est-ce que cela n'apparaissait pas
l'année dernière? Quelle est la politique? Est-ce qu'il y a eu un
changement de politique là-dedans à l'élément Aide
à l'industrie sidérurgique,
au programme no 3?
M. Biron: D'accord. C'est un montant qui va devoir être
payé. En diminuant un petit peu chaque année, c'est le
financement de la dette accumulée de SIDBEC dans SIDBEC-Normines qui se
chiffre, au 31 mars 1983, à 200 000 000 $. Alors 200 000 000 $ de dettes
accumulées, avec les taux d'intérêt, c'est passablement
d'argent à payer pour SIDBEC et c'est dû à des
décisions - je ne reviendrai pas là-dessus encore une fois
-prises antérieurement. Alors on a pensé qu'on devait faire en
sorte que SIDBEC puisse au moins avoir une image qui se tienne un peu plus dans
ses négociations avec des partenaires et on a dit: Ce sont des
décisions qui ont été prises antérieurement pour
lesquelles SIDBEC a perdu de l'argent dans ses opérations
minières. On devrait capitaliser ces 200 000 000 $ et, sur une
période de dix ans, les rembourser par un budget régulier du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Cela fait partie
de cela.
M. Lincoln: Comment situez-vous cela par rapport au capital et
à l'intérêt? Est-ce que c'est tout
l'intérêt?
M. Biron: Les 44 000 000 $ comprennent l'intérêt et
le capital.
M. Lincoln: Combien...
M. Biron: Ce sont 200 000 000 $ remboursables à raison de
20 000 000 $ par année pendant dix ans, plus l'intérêt.
M. Lincoln: Alors il y a 20 000 000 $ de capital?
M. Biron: Et 24 000 000 $ d'intérêt pour cette
année. L'an prochain, l'intérêt va diminuer en proportion,
possiblement autour de 22 000 000 $ et après cela 20 000 000 $, 18 000
000 $.
M. Lincoln: Quand vous parlez de dix ans, vous assumez le statu
quo, quoi? Mais entre-temps, d'après ce que je comprends, vous cherchez
des solutions qui vont peut-être, espérons, corriger la chose?
M. Biron: Oui. Mais d'une façon ou d'une autre, peu
importe la solution qu'on va trouver, je ne pense pas qu'il y ait un partenaire
qui veuille assumer la dette de SIDBEC-Normines ou les déficits de
SIDBEC-Normines du passé. C'est pour cela qu'on a voulu nettoyer la
place pour nous permettre de négocier avec plus de facilité avec
des partenaires possibles.
M. Lincoln: Est-ce la politique du gouvernement maintenant,
à l'heure où on se parle, de financer les 45 000 000 $ avec le
budget du MIC, année par année? Qu'on arrive dans un état
de conjoncture économique défavorable où, par exemple, le
fonds consolidé ne pourrait pas... Est-ce que c'est changeable, est-ce
qu'il y a des politiques alternatives pour cela?
M. Biron: C'est l'entente qu'on a prise mais je ne crois pas
qu'on changera cette décision parce qu'elle consiste à assumer
une dette du passé et à nettoyer la place pour SIDBEC.
M. Lincoln: M. le ministre, je vais passer la parole à ma
collègue qui va vous parler du CRIQ. (12 heures)
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Jacques-Cartier.
CRIQ
Mme Dougherty: Merci. D'abord, une question
générale sur laquelle j'aimerais avoir des précisions.
Quant au programme du CRIQ et de ses objectifs, pourriez-vous clarifier pour
nous les objectifs précis du CRIQ? J'ai l'impression que le CRIQ fait
n'importe quoi pour tout le monde. Est-ce qu'il y a des priorités
précises? On parle de recherche, on parle du transfert des inventions,
on parle de la diffusion d'information sur l'évolution technique, enfin,
on parle de toutes sortes de choses, est-ce que vous pourriez préciser
s'il y a des priorités définies? Est-ce qu'il y a des secteurs
prioritaires? On parle de robotique. On parle d'informatique. Autrement dit,
pour qui sont ces services? De quelle sorte? Pourquoi?
M. Biron: D'abord, il faut reconnaître que le CRIQ a aussi
des revenus propres en plus des budgets statutaires du gouvernement du
Québec. L'an dernier, lorsque le CRIQ a déposé son plan
quinquennal, il prévoyait des revenus propres de 45 000 000 $ pour cinq
ans. C'est-à-dire que des entreprises font faire certains travaux au
CRIQ et paient pour les travaux. Pour les petites et moyennes entreprises, la
facture, par le CRIQ, est de 100% des coûts directs. Le CRIQ, à
même son budget, doit donc assumer une partie ou la totalité des
coûts indirects. Pour les entreprises de plus grande taille ou pour les
organismes du gouvernement du Québec ou pour les ministères, le
CRIQ exige 100% des coûts directs et 100% des coûts indirects. En
fait, on a une aide privilégiée pour les PME.
Lorsqu'une entreprise a un projet, on n'impose rien pour les
premières heures ou pour les premiers jours. Je pense qu'il s'agit de
voir avec l'entreprise si on peut lui donner un conseil. Dans ce
sens-là, il arrive souvent qu'on rende les services de
conseiller. Aussi, nous faisons beaucoup de diffusion d'information. On
a parlé un peu plus tôt aujourd'hui du répertoire des
produits québécois qui est conçu et distribué par
le CRIQ. Or, ce répertoire est très important pour ceux qui
prennent les décisions tels que les acheteurs des grandes firmes, les
ingénieurs, les architectes qui peuvent facilement, dans ce
répertoire maintenant, trouver les produits manufacturés au
Québec. Cela aussi coûte de l'argent au CRIQ. C'est le service un
peu plus général que nous rendons.
En plus de tout cela, il y a un budget, qui peut représenter
environ 1 500 000 $ à 2 000 000 $ par année, qui sert beaucoup
plus à la recherche fondamentale, à la recherche prioritaire,
mais qui est orientée vers certains créneaux industriels,
après discussion entre le ministre délégué à
la Science et à la Technologie et le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. Nous décidons quelles sont les priorités
de recherche et de développement pour demander au CRIQ de conserver une
partie de son budget annuel pour faire de la recherche fondamentale ou
prioritaire.
Mme Dougherty: Quelle est la partie du budget?
M. Biron: C'est un peu moins de 10%. Ce doit être environ
8% ou 9%, cette année, qui sont réservés pour cette
recherche selon des priorités définies.
Quant au reste, le CRIQ travaille sur des commandes précises
qu'il reçoit des chefs d'entreprises. On ne sait jamais dans quel
secteur d'activité un chef d'entreprise peut avoir une idée
lumineuse et ingénieuse pour, finalement, la faire débloquer.
J'ai visité le CRIQ, il y a à peu près un an, je me
souviens, et j'avais été émerveillé de constater
cela. Il y avait une entreprise qui avait trouvé l'idée et qui a
conçu d'ailleurs les premiers prototypes d'un rasoir jetable dont on se
sert dans les hôpitaux. Je ne savais pas que cela était
utilisé par centaines de milliers, sinon par millions. C'est incroyable
la quantité de rasoirs jetables. Il faut que tout soit empaqueté
d'une façon hygiénique. C'est une entreprise
québécoise qui a eu cette idée, qui a travaillé
là-dessus et qui a demandé au CRIQ de concevoir avec elle la
machine nécessaire pour la production. Finalement, aujourd'hui cette
entreprise est en train de conquérir non seulement le marché
canadien mais aussi une partie du marché américain parce qu'on a
réussi à développer cette machine au CRIQ avec
l'idée de l'entrepreneur québécois. Or, lorsqu'on dit
qu'il faut choisir certains créneaux d'activité, je me dis que
c'est assez difficile parce qu'on ne sait pas dans quel sens ou dans quel
créneau industriel le génie se dirige. Le CRIQ est là tout
simplement pour prendre le risque avec l'entreprise et développer
l'idée. Dans ce sens, l'orientation se fait par la recherche à la
suite d'une décision du ministre délégué à
la Science et à la Technologie et du ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, mais vis-à-vis du service aux entreprises le
CRIQ est autonome et peut juger des projets qui lui sont apportés; il
peut ou les accepter ou les rejeter, selon qu'il juge qu'ils ne sont pas
susceptibles d'aboutir rapidement.
Mme Dougherty: Donc vous avez des critères établis
pour juger. Est-ce qu'on voit chaque projet individuellement? J'ai l'impression
que le CRIQ va peut-être dans deux directions: d'abord la recherche dans
les secteurs de pointe ou qui aura un résultat à long terme
peut-être et des réponses aux problèmes ponctuels qui
viennent de n'importe qui. Vous avez mentionné le ministre
délégué à la Science et à la Technologie. Ce
n'est pas du tout clair pour moi la relation actuelle et future des deux
ministères parce que, le 29 janvier, le ministre
délégué à la Science et à la Technologie a
parlé de la création d'une agence de valorisation de la
recherche. En même temps, il a parlé de la
complémentarité du CRIQ. Plus tard, il y a de cela quelques
jours, le même ministre, M. Paquette, a parlé de la
création de deux, trois ou quatre - je ne sais pas combien -centres de
recherche. Dans cet article du Soleil, il vise une intégration de deux
centres de recherche industrielle: le CRIQ à Montréal et à
Québec, le Centre de micro-informatique de Sherbrooke, etc.
Pouvez-vous m'expliquer exactement la relation du CRIQ et les centres
proposés par le ministre délégué à la
Science et à la Technologie?
M. Biron: D'accord. Je crois que le ministre
délégué à la Science et à la Technologie
voulait parler dans cet article du Centre de fabrication assistée par
ordinateur CAO-FAO, qui lui est...
Mme Dougherty: CAO-FAO inventé en Ontario, je crois,
n'est-ce pas?
M. Biron: ...
Mme Dougherty: Dans le jargon, oui.
M. Biron: Oui, dans le fond, le centre va essayer de mettre en
relation le génie des chercheurs québécois qui sont dans
les universités pour la plupart vis-à-vis de la conception
assistée par ordinateur. Le centre est situé en plein centre pour
redistribuer éventuellement aux industriels québécois, par
fabrication assistée par ordinateur, ce qu'on pourra trouver de
conception. Ce centre met en relation, bien sûr, l'université
de
Sherbrooke, l'Université Laval, l'Université de
Montréal, tout ceux, en tout cas, qui font de la recherche dans ce sens
et de la conception.
Le centre CAO-FAO serait géré avec contrat par le CRIQ,
parce que le CRIQ a déjà de l'expérience et qu'il a
travaillé beaucoup sur la CAO-FAO depuis quelques années. Donc,
il y aurait un contrat de gestion qui serait passé entre l'entreprise de
CAO-FAO et le CRIQ pour gérer le quotidien du centre. En même
temps, on s'assurerait que les conceptions du centre et des universités
seraient transférées le plus rapidement possible aux entreprises.
Exemple: Marine Industrie, l'an dernier, a eu un contrat pour une cale
sèche pour Halifax. Au lieu de tout recommencer les plans à
partir de zéro, on s'est servi du CAO-FAO de Rolls Royce à
Montréal. On a économisé passablement d'argent. Alors, si
certaines entreprises privées en ont, on pourrait facilement mettre au
service de beaucoup d'autres entreprises de taille plus petite tout ce qu'on
peut concevoir dans les universités et dans le CRIQ, à condition
de passer par une espèce de guichet unique auquel ces entreprises
pourraient faire appel.
On est en train de développer, avec les industriels du
vêtement et du textile, des centres de productivité qui vont faire
appel au CAO-FAO. On ne commencera pas à inventer la roue avec ces
centres de productivité. Tout ce qu'on fera, c'est qu'on va se connecter
sur le CRIQ qui, lui, en retour, est connecté sur tous les autres
centres dans les universités et on pourra répondre très
rapidement aux industriels du vêtement ou du textile dans ce sens.
Mais il faut absolument conserver au ministre
délégué à la Science et de la Technologie un
pouvoir de directive et d'orientation. C'est essentiel, parce que lui,
étant en contact à la fois avec les milieux universitaires et les
milieux industriels, peut mieux coordonner les actions des différents
ministères. Dans, ce sens, je pense qu'il y a eu une entente qui est
finalisée pour la gestion du centre et pour les étapes à
franchir afin que le Québec profite au maximum de ces technologies
nouvelles de CAO-FAO.
Mme Dougherty: Je comprends mal. Est-ce que vous voulez dire
qu'il y a un aspect du CRIQ, que certaines activités du CRIQ resteront
comme telles sous votre ministère et qu'il y a un certain aspect, la
conception et la fabrication assistées par ordinateur, qui sera
transférée dans d'autres centres?
M. Biron: Non. Je veux dire que, pour les décisions
d'orientation - je pourrais vous le montrer sur un graphique - vous aurez, au
niveau supérieur de décision, un conseil d'administration ou un
centre décisionnel qui sera composé à la fois du
ministère de la Science et de la Technologie qui en assumera la
présidence, du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme pour assurer vraiment le transfert vers les entreprises et du
ministère de l'Éducation qui est responsable des
universités. À ce niveau, on s'entend sur...
Mme Dougherty: Cela devient de plus en plus compliqué.
M. Biron: Non. Je pense qu'il faut véritablement respecter
les juridictions de chacun, mais, en même temps, mettre une table de
concertation où on peut s'entendre véritablement sur les
transferts technologiques. Dans le fond, ce qui a manqué au
Québec, c'est qu'il y a des gens qui trouvaient beaucoup de choses, mais
ce n'était pas transféré dans les entreprises. On ne se
rendait pas là. On ne se rendait pas là, parce qu'il y avait des
espèces de barrières qui nous isolaient un peu entre les
différents secteurs d'activité dans la société,
autant dans le domaine de la recheche que le développement industriel.
On veut assurer qu'il y ait vraiment une coordination et que ce soit
transféré le plus rapidement possible.
Le centre de CAO-FAO prendra des décisions d'orientation, passera
un contrat avec le CRIQ pour ne pas doubler non plus les services du
gouvernement du Québec - je pense que cela coûte assez cher aux
citoyens québécois, on a le devoir de gérer le mieux
possible - qui, lui, va gérer le quotidien, le fonctionnement de chaque
jour: les lignes téléphoniques et tout cela. On ne veut pas non
plus réinventer la roue de ce côté. Les orientations
globales de conception, d'orientation et de fabrication seront données
par le ministère de la Science et de la Technologie de concert avec le
ministère de l'Éducation et le ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme. On va s'assurer de passer très rapidement le
message à chacun de nos secteurs d'activité. (12 h 15)
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce que je peux vous demander une
question sur ce même sujet? Vous avez 14 300 000 $ de budget dans le
CRIQ. Est-ce que le CRIQ va être transféré au
ministère de la Science et de la Technologie ou si l'organisme reste
avec vous?
M. Biron: Cela reste avec le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme.
M. Lincoln: Est-ce qu'on n'a pas une note... encore?
M. Biron; Non, parce que c'est très simple.
M. Lincoln: Même chose.
M. Biron: Le CRIQ est lié directement à
l'entreprise. C'est un centre de recherche industrielle, de
développement de produits et de machines pour produire. Il est en
relation directe avec les entreprises. Le CRIQ est au service des entreprises.
Je le dis souvent, c'est le centre de recherche des PME
québécoises. Or, il faut laisser le CRIQ très lié
à l'entreprise si l'on veut faire de l'argent, en tant que
Québécois et représentants de la collectivité. Il
faut aussi avoir une vision plus générale, plus globale du
développement technologique, de la science. Le ministère de la
Science et de la Technologie a cette vision globale. Il n'y a aucun
problème à ce niveau-là où l'on s'entend
très bien.
M. Lincoln: C'est formidable car c'est le palais de la bonne
entente.
M. Biron: Vous avez raison.
M. Lincoln: Alors là, ce sont deux types bien forts car
vous avez le ministre délégué à la Science et
à la Technologie qui a l'air très très sûr de son
affaire et vous avez l'autre ministre, celui du Commerce extérieur. Vous
êtes en train de jouer dans les plates-bandes où la bataille va
être dure peut-être avec des gros budgets que vous contrôlez
et dont vous êtes responsable. Ce n'est pas encore la même chose
qui se passe.
M. Biron: II n'y a pas de bataille dure.
M. Lincoln: Non, non, j'en suis sûr. Il y a des batailles
mais pas des batailles à l'intensité de la bataille des Plaines
d'Abraham. Je ne vous dis pas cela. Je vous dis des batailles de
priorité, de conception, d'en arriver à une décision
après avoir vu une chose dans une optique alors qu'un autre la voit dans
une autre optique. Pendant ce temps, vous contrôlez le budget et eux font
la planification. C'est un peu cela; sur la même question qui nous
arrive, nous devons tous penser la même chose.
M. Biron: La société n'est pas
compartimentée. La société, c'est toute sorte de monde. Il
faut toute sorte de monde pour faire un monde. Dans ce sens, l'avenir
appartient aux gens qui vont pouvoir se parler et s'entendre. Avoir des visions
différentes peut-être très pratiques mais savoir
s'arrêter de temps à autre pour se donner des orientations
globales et générales. Je pense que là-dessus nous avons
trouvé au gouvernement du Québec le modus vivendi pour en arriver
à une concertation des différents agents, des différents
ministères. Je pense donner le maximum aux citoyens
québécois.
Mme Dougherty: La société n'est pas
compartimentée. Le problème c'est que le gouvernement devient de
plus en plus compartimenté. C'est le problème. Ce que je vois ici
n'est pas du tout clair. Les responsabilités pour le CRIQ... Vous n'avez
pas répondu à cette proposition de la création d'une
agence de valorisation de la recherche. Est-ce qu'il n'y aurait pas de
dédoublement ici avec le CRIQ?
M. Biron: On a déjà des programmes à la fois
à la SOI et au CRIQ pour aider le développement, la valorisation
des trouvailles québécoises. Nos programmes à nous, et on
a voulu discipliner comme cela, sont assez bien normes.
J'ai des exemples en tête où il y a deux entreprises des
PME québécoises qu'on a aidées par le CRIQ jusqu'à
un certain degré, et qu'on a aidées par la SDI aussi. Plus que
cela on ne peut pas y aller. On considère qu'avec nos programmes de
développement, comme le CRIQ aussi on se met des plafonds, admettons 500
000 $, et rendu là, on ne peut pas aller plus loin. C'est en dehors de
nos responsabilités.
Il nous manque une agence de valorisation ou un fonds industriel -
appelons cela comme on le voudra - qui va intervenir dans ce sens, lorsqu'on
aura épuisé nos programmes, nos juridictions ou nos normes qu'on
soit capable de dire qu'il y a un produit qu'on devrait développer.
C'est toujours un risque. Nous, on se propose de faire appel à un autre
organisme, qui dépendrait du ministre délégué
à la Science et à la Technologie, en disant qu'on croit qu'on a
un bon produit, qu'on s'est rendu au bout de nos normes et que c'est trop
risqué pour nos programmes réguliers. Autrement, on devra courir
le risque pour tout le monde. Il nous faut quand même s'en tenir aux
normes jusqu'à un certain point. Cela prend une décision un peu
plus politique à ce niveau-là, si vous voulez, plus
élevée, avec une vision de l'avenir pour dire si on continue et
qu'on injecte encore 1 000 000 $ ou si on n'en injecte pas dans cette
entreprise donnée. En fait, le gouvernement fédéral a fait
la même chose.
M. Lincoln: Qui prend cette décision?
M. Biron: Je vais terminer, si vous permettez. On a un exemple
avec Consolidated Computors, à Ottawa. Le gouvernement
fédéral a commencé à investir quelques millions de
dollars, et cela a coûté bien cher, en fin de compte. Mais c'est
un risque qu'il a pris en cours de route en disant: Si je n'investis pas, on ne
trouvera rien. Quant à nous, il n'est pas de notre responsabilité
d'aller dans des endroits à trop grands risques, autant pour le CRIQ que
la SDI. On a l'obligation de faire un petit bout
de chemin plus risqué que l'entreprise toute seule, mais on ne
peut pas aller plus loin que le permet une certaine norme. Dans ce
sens-là, cela nous prend, d'un autre ministre...
Mme Dougherty: C'est le ministre délégué
à la Science et à la Technologie qui va courir le risque.
M. Biron: ...comme le ministre délégué
à la Science et à la Technologie, la participation ou
l'intervention d'une agence de valorisation ou d'un fonds industriel ou d'un
organisme quelconque lorsqu'on ne pourra pas intervenir avec les moyens
d'autres structures ou d'autres programmes.
M. Lincoln: Mais quant au principe même du risque, c'est
lui qui va le prendre parce que c'est lui qui va évaluer le risque.
M. Biron: D'accord.
M. Lincoln: Mais c'est vous qui allez le payer?
M. Biron: Non.
M. Lincoln: Mais puisque c'est dans votre budget.
Mme Dougherty: On aura un budget pour le centre de
valorisation.
M. Lincoln: Non, non. Je revenais au CRIQ, à son enveloppe
budgétaire.
M. Biron: Non. Je vais le payer dans mon budget, pas plus.
M. Lincoln: Bien oui. Vous allez payer le risque
évalué par quelqu'un d'autre.
M. Biron: Non.
Mme Dougherty: Le ministre délégué à
la Science et à la Technologie aura un budget pour cela. Mais il y a un
autre élément ici. Le Conseil national de la recherche a un
service technique pour diffuser les connaissances techniques et technologiques
au Canada. Je ne connais pas le nom exact de l'organisme à Ottawa, mais
dans un rapport récemment émis par les ingénieurs
canadiens, je crois qu'on y déplore le manque d'accessibilité ou
le manque d'usage de cet organisme qui a pour but de diffuser les connaissances
techniques et technologiques au Canada. Quelles sont les relations du CRIQ avec
le Conseil national de la recherche? Dans un certain sens, est-ce que le CRIQ,
surtout son service de diffusion d'information sur les nouvelles techniques et
technologies, produit un dédoublement avec ce service
fédéral du
Conseil national de la recherche?
M. Biron: II y a une excellente entente, à mon point de
vue et d'après les renseignements que j'ai, entre les deux organismes,
celui du Conseil national de la recherche scientifique et le CRIQ. D'ailleurs,
le CRIQ est en excellente relation aussi avec d'autres organismes des
gouvernements provinciaux. Même, on a eu la visite dernièrement
des gens du gouvernement de Terre-Neuve qui songent à établir un
centre de recherche industrielle. Ils veulent copier ce qui est fait au
Québec avec le CRIQ. D'autres provinces aussi font de même. Nous
ne voulons pas doubler ce qui se fait ailleurs. On essaie de tirer le maximum
de ce qui existe ailleurs et développer le reste pour le Québec.
Il n'est pas question pour nous de faire la même chose que le Centre
national de la recherche scientifique du gouvernement fédéral,
dans des domaines bien précis.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez une liaison étroite
avec le Centre national de la recherche ou est-ce que vous travaillez
séparément?
M. Biron: Non. Nous travaillons en liaison très
étroite puisqu'on a un permanent à temps plein à Ottawa.
En plus, on a une liaison télématique avec le Conseil national de
la recherche. Nous sommes en relation constante avec lui. Il y a des gens
d'Ottawa qui travaillent au CRIQ sur cela. Chez nos PME
québécoises, lorsqu'elles viennent nous voir et qu'elles peuvent
recevoir une aide financière du Conseil national de la recherche, on
essaie de toujours profiter au maximum de ce qui existe au gouvernement
fédéral.
Mme Dougherty: D'accord.
Il y a un groupe de chercheurs qui sont venus me voir hier et qui m'ont
envoyé un mémoire. Ce sont des chercheurs indépendants qui
travaillent seuls ou en groupes informels. Ils viennent de Rimouski
-apparemment des centaines de chercheurs ici au Québec travaillent seuls
et ne sont pas attachés à un organisme formel - et ils cherchent
un accès au bureau des brevets par exemple, ils cherchent un service de
consultation avec des experts de leur domaine. Si je comprends bien, ils ont
des relations avec l'Université de Rimouski et aussi avec le
cégep. Y a-t-il un cégep à Rimouski? Ils ont des
problèmes. Ils ont besoin d'aide pour bâtir les prototypes de
leurs inventions. Ils sont vraiment déçus, selon leur
mémoire ici où ils disent: Le CRIQ ne semble pas jouir d'une
popularité ou d'une crédibilité très forte
vis-à-vis l'aide à l'inventeur. Nous voulons souligner que l'aide
à l'inventeur que nous sommes actuellement
à structurer - ils se sont regroupés dans une association
pour essayer de créer les outils dont ils ont besoin - n'a pas le
même champ d'activité que le CRIQ et pourrait de beaucoup
augmenter les services du centre de recherche. Quel est le problème
là? Pourquoi le CRIQ n'est-il pas utile pour eux? Dans un extrait de
votre rapport de l'année passée, vous parlez de ce type d'aide
aux inventeurs indépendants. Est-ce que vous êtes prêt
à améliorer leur situation? Effectivement, ils sont en
chômage. Ils manquent de cette communication et de ces appuis dont ils
ont besoin.
M. Biron: D'accord, je suis prêt à regarder s'il y a
quelque chose qui accroche quelque part. Je peux vous dire tout de suite qu'il
y a peut-être d'abord une idée sur 100 qui est bonne, qu'on
réussit à produire économiquement. Développer un
produit inventé, c'est important mais c'est aussi un peu
compliqué. Ce n'est pas cela qui coûte le plus cher. Cela
coûte à peu près 2%. L'autre 98%, c'est de le produire et
de le mettre sur le marché. Souvent pour cette personne, parce qu'elle a
trouvé une idée, c'est la meilleure pour elle. Elle
prétend qu'il faut absolument lui avancer l'argent et aller au bout.
Souvent, ce sont des gens qui n'ont pas d'argent. Le CRIQ fait un petit bout,
essaie de tamiser le mieux possible et de voir parmi les différents
projets qui lui sont soumis, lequel est le meilleur ou quels sont ceux qui ont
des chances d'aller jusqu'au bout et deuxièmement, quels sont ceux pour
lesquels il y a un marché. Il y a des gens qui inventent des choses
mais, d'après les gens du CRIQ, il n'y a pas de marché, ou il n'y
aura pas de marché futur pour cela. Après cela, on a aussi un
programme à la SDI pour la production de prototypes. Mais encore une
fois, le programme de la SDI ne finance pas 100% du prototype. Il faut que le
chef d'entreprise fasse son bout. Comme vous l'aviez bien dit tout à
l'heure, la plupart du temps, ce sont des gens qui sont en chômage, qui
n'ont pas d'argent, qui n'ont rien et qui ont juste une idée. On essaie
de tamiser le mieux possible pour faire en sorte...
Mme Dougherty: Ils ont plus qu'une idée. Ils ont des
inventions qu'ils ont financées eux-mêmes...
M. Biron: D'accord. Je dis: ils ont une idée et la
pièce; souvent il y a au moins un premier prototype comme eux ont pu le
concevoir. Je dis que c'est plus qu'une idée. On dit souvent une
invention ou à peu près mais qui ne peut encore être
produite en grande série, qu'on n'est pas sûr de mettre en
marché. (12 h 30)
Le CRIQ essaie de faire le meilleur tamisage possible et après
cela, de donner une chance aux autres. La SDI a aussi un programme, mais je
m'engage à regarder avec les gens du CRIQ ce qu'on peut faire de plus
pour avoir, peut-être, un deuxième tamisage. Pour les inventions
qui passent à travers, qui peuvent se rendre, c'est correct mais les 99%
qu'on bloque, cela donne des gens qui se plaignent un peu. On verra
peut-être avec les gens du CRIQ ce qu'on peut faire pour regarder une
deuxième fois. Peut-être, y a-t-il encore de bonnes choses dans
les 99%.
Le Président (M. Blouin): Alors Mme la
députée de Jacques-Cartier, il est presque 12 h 30.
M. Dussault: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
de Châteauguay.
M. Dussault: Pour les fins de nos travaux, pour le reste de nos
travaux et surtout pour avoir une idée de l'heure où le personnel
devrait être là, cet après-midi, relativement au tourisme,
si j'ai bien compris les propos de M. le député de Nelligan, il
nous resterait au total à peu près trois heures de travail et il
identifiait que, dans ces trois heures de travail, il y aurait...
M. Lincoln: Combien nous reste-t-il de temps à partir de
maintenant?
Le Président (M. Blouin): En fait nous regardons, vous
voulez savoir le temps que nous avons épuisé jusqu'à
maintenant?
M. Lincoln: Oui. Combien en reste-t-il?
Le Président (M. Blouin): Lorsque nous nous sommes
réunis ce matin, nous avions épuisé huit heures et
vingt-deux minutes auxquelles il faut ajouter deux heures et vingt minutes, ce
qui fait un total de dix heures et quarante-deux minutes sur quinze heures.
M. Dussault: M. le Président, il faudrait peut-être
aussi rappeler que jeudi soir quand nous avons travaillé, le temps que
nous avons fait entre 22 heures et 24 heures était reconnu comme
équivalant au travail qui serait fait le vendredi matin.
Ce que je veux savoir, M. le Président, concerne ce que M. le
député de Nelligan évoquait lorsqu'il évaluait
à peu près à trois heures de travail ce que l'Opposition
avait estimé du travail qu'elle avait à faire avec nous et que,
dans ces trois heures, elle prendrait une heure pour des questions autres que
le tourisme et que M. le député de Viger prendrait deux heures
pour le tourisme.
Est-ce que cela voudrait dire que, cet
après-midi, le personnel pour le tourisme pourrait être
là vers 16 heures et que les travaux pourraient se terminer vers 18
heures, 18 h 30, avec ces trois heures que vous avez identifiées?
M. Lincoln: Oui. Je dois vous dire franchement que je ne
connaissais pas trop le total des heures. On n'avait pas tenu compte de cela.
On pensait qu'aujourd'hui, on allait garder trois heures pour le tourisme, dans
l'après-midi. Alors, si nous avons envie de poser des questions sur le
CRIQ encore -j'ai envie de parler de la PME - si on peut le faire dans une
heure, lui a besoin de deux heures. Alors si à 18 heures, on n'a pas
tout à fait fini, peut-être pourrait-on aller jusqu'à 18 h
30 et finir à ce moment-là.
M. Dussault: D'accord. Je pense que cela irait à tout le
monde.
M. Lincoln: Je pense que cela réglerait un petit peu... On
a envie de continuer sur le CRIQ. Il y a plusieurs questions à poser, on
aurait voulu parler des PME et ensuite passer au tourisme.
M. Dussault: On pourrait donc viser 18 heures, 18 h 30.
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
M. Dussault: Donc, tourisme autour...
M. Lincoln: Cela veut dire qu'on peut affirmer qu'on va faire
l'impossible pour éviter aux fonctionnaires de revenir à 20
heures. Pourvu que le ministre donne des réponses précises,
concises et véridiques, il n'y a pas de problème.
M. Dussault: Comme à son habitude.
Le Président (M. Blouin): Sur ce, nous ajournons nos
travaux jusqu'après la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise de la séance à 16 h 03)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'industrie, du commerce et du tourisme
reprend ses travaux. Je rappelle que son mandat est d'étudier les
crédits budgétaires du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme pour l'année financière 1983-1984.
Les membres de cette commission sont: M. Tremblay (Chambly), M. Biron
(Lotbinière), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Dubois (Huntingdon), M.
Dussault
(Châteauguay), Mme Harel (Maisonneuve), M. Lavigne (Beauharnois),
M. Lincoln (Nelligan), M. Maciocia (Viger), M. Paré (Shefford) et M.
Payne (Vachon).
Les intervenants sont: M. Beaumier (Nicolet), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Biais (Terrebonne), M. Champagne (Mille-Îles), Mme
Dougherty (Jacques-Cartier), M. Fortier (Outremont), M. Mailloux (Charlevoix)
et M. Rocheleau (Hull).
M. le ministre, avez-vous quelques commentaires?
M. Biron: J'ai un problème, c'est une contrainte de temps:
À 18 heures, je dois être au comité de législation
pour deux projets de loi, c'est dire qu'à 18 heures on devra ajourner
nos travaux.
M. Lincoln: D'accord. M. le ministre, je devais parler un peu de
cette enveloppe de temps parce que le député de Châteauguay
avait fait référence à cela. On s'était mis
d'accord sur certaines grandes lignes. Malheureusement, à cause du vote
en Chambre, etc., je réalise que j'étais moi aussi en retard de
quelques minutes, mais de toute façon, on n'aurait pas commencé
avant 16 heures à cause du vote en Chambre et tout. On avait
parlé de 15 heures, cet avant-midi, si vous vous souvenez, on croyait
qu'on commencerait plus tôt. Là, cela nous laisse pratiquement
quelque chose comme deux heures. Mon collègue responsable du tourisme
voulait avoir deux heures; il nous reste du temps. Serait-il possible, si on ne
peut pas continuer après 18 heures, ou bien de faire cela ce soir ou
peut-être de continuer à un autre moment si on n'avait pas fini
tout à fait? Ou insistez-vous pour que cela finisse pour de bon à
18 heures?
M. Biron: Je ne pourrai pas après 18 heures ce soir parce
que...
M. Lincoln: De toute façon?
M. Biron: De toute façon, je ne pourrai pas après
18 heures ce soir. J'étais déjà engagé...
M. Lincoln: Ah! bon!
M. Biron: ...puis en plus, on me sert le comité de
législation avec une paire de projets de loi. Voulez-vous, on va essayer
de faire notre possible jusqu'à 18 heures. Il restera une heure; on
verra si la semaine prochaine, il y a...
SDI et Madelipêche
M. Lincoln: II n'y a qu'une question que je voudrais vous poser
et qui ne fait pas suite à ce qu'on discutait cet avant-midi. Je pense
qu'en raison des événements qui se
sont passés en Chambre, c'est une question très importante
et très urgente qu'il faudra résoudre d'un côté ou
de l'autre.
Comme vous le savez, il y a eu un projet de loi déposé en
Chambre où on a demandé un consentement spécial pour la
question de Madelipêche. La SDI possède 49% de Madelipêche.
Selon mes informations, la semaine dernière, il y a eu une
réunion du conseil d'administration qui a alors été
renouvelé. Il y a maintenant quatre membres du conseil d'administration
qui sont des membres du conseil d'administration représentant la SDI. Il
y en quatre sur neuf maintenant. Il y a cinq membres qui représentent
Pêcheurs Unis du Québec qui sont actionnaires à 51%. Dans
le nouveau conseil d'administration, il y a quatre membres qui
représentent la Société de développement industriel
qui sont actionnaires à 49%. Alors là, on est dans une situation
très intéressante où le gouvernement du Québec
présente une loi pour mettre en tutelle un compagnie dont la SDI est
actionnaire à 49%. D'abord, la question que je vous pose et dont j'ai
discuté en dehors de la Chambre avec certains de vos collègues,
il y a eu des décisions qui ont été prises par le conseil
d'administration, incluant les représentants de la SDI: où se
place la SDI par rapport à ce projet de loi? Je peux vous dire
avant...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Nelligan, je crois que nous devrions être très prudents avant
d'aborder ce genre de sujet. D'abord parce que, comme vous l'avez dit, c'est un
sujet d'actualité et ensuite, parce que le projet de loi a
été déposé en Chambre aujourd'hui et qu'il y aura
des discussions à court terme à l'Assemblée nationale sur
ce même sujet. Comme déjà nous avons des contraintes de
temps très sévères, je me demande si nous ne devrions pas
revenir plus proprement au mandat de notre commission qui est d'étudier
les crédits budgétaires du ministère plutôt que de
nous lancer dans ce sujet qui risque de prendre beaucoup de temps et
d'énergie et qui, de toute façon, sera débattu à
l'Assemblée nationale ces jours-ci.
M. Lincoln: Écoutez, M. le Président, je peux vous
assurer que je n'ai pas envie de faire un débat là-dessus. Je
réalise que ce n'est pas la place, mais en même temps que c'est
une question assez importante, puisqu'il s'agit du droit de corporation. Il
s'agit d'une société dont la SDI, dont on discute dans
l'étude de ces crédits, est un gros actionnaire, un actionnaire
à 49%. Je pense que - si vous parlez à votre collègue des
Finances, je lui ai parlé tout à l'heure - tout le monde cherche
une espèce de compromis dans cette affaire; d'ici à mardi, on
essaiera peut-être d'éviter le projet de loi, soit la mise en
tutelle. Je voulais savoir du ministre quelle est son attitude par rapport
à la SDI et à ses actions dans cette société. Je
n'ai pas envie de commencer un débat sur la loi elle-même, ce
n'est pas du tout mon intention.
Le Président (M. Blouin): M. le député, si
votre question entraîne une très brève réponse et
que nous pouvons ensuite revenir au mandat clair de notre commission...
M. Lincoln: C'est l'idée.
Le Président (M. Blouin): ...je serai d'accord. Mais si,
de l'aveu même du ministre, cette réponse amène une longue
présentation et, ensuite, de nombreux arguments et toute une logique
autour de ce problème de Madelipêche, je ne pourrai pas recevoir
cette question.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Blouin): D'accord?
M. Biron: Je serai très bref. La SDI a toujours eu quatre
membres au conseil d'administration. Il y en a un qui a
démissionné dernièrement parce qu'il était aussi au
service de SOQUIA. Il ne pouvait pas être à SOQUIA et à
Madelipêche comme représentant de la SDI. Il a été
remplacé par un autre officiel de la SDI. Les trois autres membres du
conseil d'administration qui étaient déjà là, y
sont demeurés. Mais comme vous l'avez bien mentionné tout
à l'heure, la majorité des membres au conseil d'administration
sont des représentants des Pêcheurs Unis. Le problème de
Madelipêche n'est pas un problème de rentabilité; au
contraire, l'an dernier, Madelipêche a fait au-delà de 1 000 000 $
de profits. La seule chose est qu'en cours de route Madelipêche n'a pas
été payée pour 2 500 000 $ qui lui étaient dus par
Pêcheurs Unis qui est en même temps propriétaire à
51%. Même si les représentants de la SDI ont demandé le
paiement intégral des sommes d'argent dues par les Pêcheurs Unis,
les représentants de Pêcheurs Unis s'y sont opposés. Je
pense que vous avez vu juste en disant que c'est beaucoup plus une question de
pouvoir négocier pour relancer l'usine le plus rapidement possible, une
usine qui était rentable mais qui, à cause de la présence
à 51% comme actionnaire de Pêcheurs Unis qui a la majorité
au conseil d'administration et qui ne veut pas payer sa dette envers
Madelipêche, lui cause des préjudices sérieux.
M. Lincoln: D'accord. J'aurais une très brève
remarque. Non, je ne veux pas faire de discussion, tout ce que je demande au
ministre - je l'ai aussi demandé au ministre
des Finances qui m'a assuré que c'était la même
chose de son côté - est que nous essayons tous d'éviter le
précédent de la mise en tutelle d'une corporation: Si on peut
arriver à des solutions de compromis, je suis sûr qu'au nom de la
SDI, vous allez travailler là-dessus bien fort ce week-end.
M. Biron: Je peux vous l'assurer.
Le Président (M. Blouin): Est-ce que Mme la
députée de Jacques-Cartier...
M. Lincoln: Oui, je pense que ma collègue voudrait
continuer.
Le Président (M. Blouin): Oui, vous, aviez la parole et
vous la reprenez.
Centre de recherche industrielle (suite)
Mme Dougherty: Merci. Ce matin, nous avons essayé de
clarifier le rôle et le statut du CRIQ.
M. Lincoln: Le ministre n'aime pas parler du CRIQ, cela lui donne
des crampes.
Le Président (M. Blouin): Après cette interruption
rafraîchissante, Mme la députée, vous avez la parole.
Mme Dougherty: Nous avons essayé ce matin de clarifier le
rôle et le statut du CRIQ par rapport au Centre de diffusion des
technologies de production automatisée et de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche
proposée par M. Paquette.
J'aimerais savoir comment vous pouvez concilier les réponses que
nous avons reçues ce matin avec le document que j'ai en main ici. Le
document est intitulé: Avant-projet, projet de loi organique sur la
recherche scientifique et les développements technologiques du
Québec. Dans le chapitre 8, l'article 130 se lit comme suit: L'article
29 de la loi sur le Centre de recherche industrielle du Québec est
remplacé par l'article suivant: Le ministre délégué
à la Science et à la Technologie est chargé de
l'application de la présente loi et requiert l'avis du ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme dans l'exercice de cette fonction,
ainsi que des autres ministres concernés.
À l'article 131, l'article 26.1 de la loi modifiant la Loi sur le
Centre de recherche industrielle du Québec de 1982 est modifié
par la suppression du premier paragraphe et son remplacement par le suivant: Le
ministre délégué à la Science et à la
Technologie peut, dans le cadre des responsabilités et pouvoirs qui lui
sont confiés, donner des directives portant sur les objectifs et les
orientations du centre - on parle du CRIQ - dans l'exécution des
fonctions qui lui sont confiées par la loi et requiert l'avis du
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme dans l'exercice de ses
fonctions, ainsi que les autres ministres concernés.
Article 132. La Loi sur le Centre de recherche industrielle du
Québec est modifiée par l'addition de l'alinéa suivant: Le
président de l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche est membre d'office du Centre de recherche
industrielle du Québec.
La question est qu'il me semble qu'il y a quelque conflit entre les
réponses que nous avons reçues ce matin et le statut et les
responsabilités proposées par cette loi.
M. Biron: Vous avez un avant-projet de loi ou un des documents de
travail qui ont été écrits par des gens à
l'intérieur du ministère de la Science et de la Technologie.
À la lecture de ce document, vous l'avez cité comme un
avant-projet de loi, un avant-projet d'un projet de loi.
Ce que je vous ai dit ce matin, c'est la situation actuelle et c'est la
situation qui, aux informations que j'ai encore aujourd'hui, va demeurer. Il
est trop tôt, je pense bien, pour que je puisse dire tout ce qu'il y a
dans la loi organique du ministère de la Science et de la Technologie.
La loi n'a même pas passé toutes les étapes, elle est
encore dans certains comités ministériels et lorsqu'elle sera
définitivement acceptée au Conseil des ministres, elle sera
déposée par le ministre délégué à la
Science et à la Technologie. Vous pourrez prendre connaissance des
changements, des améliorations ou d'autres changements qui auraient pu
être apportés au projet ou à l'avant-projet que vous avez
là. Mais, ce que je vous ai dit ce matin, c'est que le Centre de
recherche industrielle relève du MIC et va continuer à relever du
MIC avec, bien sûr, une entente avec le ministre
délégué à la Science et à la Technologie
pour tout ce qui regarde la recherche fondamentale ou prioritaire. (16 h
15)
Mme Dougherty: Si cette loi est adoptée ici, la loi que
j'ai citée, ne croyez-vous pas que les lignes d'imputabilité
seront plus confuses que jamais?
M. Biron: II y a un "si". Alors, si vous voulez, on va essayer de
rester avec ce qui se passe, avec une connaissance des dossiers actuels, sans
essayer d'avoir toutes sortes d'hypothèses possibles. C'est l'une des
dix ou quinze différentes hypothèses qui ont été
soumises au ministre délégué à la Science et
à la Technologie dans ce document de travail. Et je ne voudrais pas
commenter chacun des documents de travail qui est fait par chacun des
fonctionnaires à l'intérieur des différents
ministères.
Mme Dougherty: Mais, il y a déjà toutes sortes
d'annonces dans les journaux qui confirment cela.
M. Biron: Je n'ai rien vu qui confirme ce que vous venez de lire
à propos du CRIQ.
M. Lincoln: M. le ministre, c'est beaucoup plus qu'un projet,
beaucoup plus qu'une hypothèse. Cela s'inscrit comme un avant-projet de
loi. C'est cela le titre de cette affaire.
M. Biron: M. le député de Nelligan, je dis qu'il
n'a pas été déposé et je dis qu'il y a
peut-être une dizaine ou une quinzaine de versions de ces
différentes copies, plus ou moins changées, qui ont
circulé. Alors, je ne veux pas commenter...
M. Lincoln: Non, non.
M. Biron: ...des documents de travail. À ce jour, à
mon point de vue, c'est un document de travail. C'est l'un des documents de
travail relatifs au ministère de la Science et de la Technologie. Alors,
je ne voudrais pas commenter chacun des documents de travail, parce qu'on va
dépenser pas mal d'énergie et de temps.
M. Lincoln: Le point fondamental, M. le ministre, c'est qu'on
parlait de toute la question du budget dont vous êtes responsable et sur
lequel un autre a un droit de regard également... En fait, il y a
beaucoup plus que cela parce que c'est lui qui fait la politique de la
dépense, qui évalue le risque, mais l'argent est sous votre
responsabilité, comme ministre. Alors, ce matin, nous avons posé
la question à savoir ce qui se passait. Vous dites que vous restez
définitivement en charge de ce dossier. Mais il y a plus que cela. Il y
a certainement un genre d'intention. Je ne sais pas si le ministre
délégué à la Science et à la Technologie a
quelque chose à l'esprit lui-même. Mais il y a sûrement plus
que cela. Il y a sûrement un genre de direction, d'intention de sa part
pour qu'il passe du temps à faire un projet de loi volumineux et dire:
Bon, moi je vais prendre en charge le CRIQ. Est-ce que vous pouvez nous dire
aujourd'hui - parce que je pense que c'est tout à fait légitime
de poser la question lors de l'étude des crédits - selon votre
hypothèse à vous, dans votre ministère à vous, si
vous comptez garder le CRIQ, cette année, fermement sous l'égide
du MIC? C'est cela qu'on demande. Si vous nous dites que c'est le cas...
M. Biron: M. le député de Nelligan, j'ai une boule
de cristal et j'essaie de lire le mieux possible la situation économique
à venir. Mais, je ne suis pas capable de lire dans les reins et les
coeurs de tous les fonctionnaires qui écrivent différents papiers
pour les différents ministères. Alors, je ne veux pas commenter
l'un des papiers qui ont été écrits...
M. Lincoln: Non, non, ce n'est pas cela que je vous ai
demandé.
M. Biron: Tout ce que je peux vous dire, c'est que le CRIQ,
aujourd'hui, relève du ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme. Selon les informations que j'ai, le CRIQ va continuer de relever
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Maintenant, si
vous voulez interroger le fonctionnaire qui a écrit ce
document-là...
M. Lincoln: Non, non, du tout, du tout, je veux vous interroger,
vous.
M. Biron: C'est cela; je vous ai répondu...
M. Lincoln: C'est cela l'idée.
M. Biron: Je pense que je vous ai répondu très
clairement...
M. Lincoln: Oui.
M. Biron: ...à ce sujet, à savoir comment cela va
fonctionner. Et, aux dernières nouvelles, ce sont les informations que
je peux vous transmettre.
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait savoir... Est-ce que vous
auriez pu préciser votre point de vue, vos intentions? Est-ce que vous,
comme ministre du MIC, est-ce que vous voyez le CRIQ bien plus sous
l'égide de votre ministère ou êtes-vous prêt à
considérer d'autres possibilités? C'est cela qu'on demande.
M. Biron: M. le député, je suis reconnu comme un
bonhomme réceptif aux idées neuves, à l'évolution
du monde.
Une voix: Ah, mon Dieu!
M. Biron: D'ailleurs, mon évolution politique est dans ce
sens: réceptif aux idées neuves et...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Lincoln: Où allez-vous être demain?
M. Rivest: Je pense que vous oubliez vos idées
anciennes?
M. Biron: Pour être très pratique...
M. Rivest: C'est inquiétant pour le gouvernement ce que
vous dites là? Allez-
vous devenir libéral bientôt? Non?
M. Biron: Ah! non! Jamaisl J'ai encore toute ma tête et
tout mon cerveau.
M. Rivest: Pourtant! Je connais des gens qui vous sont proches et
qui sont tellement sympathiques.
Une voix: II aurait peut-être dû, en 1981.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Jean-Talon, s'il vous plaît, un peu de sérieux.
M. Biron: Je pense qu'il faut regarder les services qu'on peut
rendre à l'entreprise. Bien sûr, avec les nouveautés
gouvernementales, parfois on se fait de grandes idées et de grands
programmes, mais une fois qu'on a fini d'écrire ces programmes il faut
dire quel est l'impact vis-à-vis telle ou telle entreprise. Est-ce que,
oui ou non, on aide l'entreprise et quel est le meilleur moyen d'aider
l'entreprise? Ma préoccupation personnelle est d'être au service
de l'entreprise le mieux possible. Je pense qu'on en est venu à une
excellente entente avec le ministère du Commerce extérieur, qui a
été formé à même une partie importante du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Pour moi, il
était essentiel d'avoir la présence d'un ministre en titre qui
pouvait aider les entreprises québécoises. On a essayé d'y
mettre le moins de bureaucratie possible et de faire en sorte que le ministre
du Commerce extérieur, lui, ait toute la latitude de faire son travail.
C'est la même chose en ce qui concerne le ministre
délégué à la Science et à la Technologie. Je
pense qu'on a besoin d'un porte-parole au Québec, d'un porte-drapeau
pour l'évolution de la science et de la technologie qui est, en fait, sa
principale et sa seule préoccupation.
Bien sûr, il faut lui trouver une place dans l'échiquier
politique et administratif du gouvernement mais, une fois qu'on a trouvé
cette place, les services à l'entreprise doivent être rendus par
un guichet unique. Ce guichet unique est le MICT à l'heure actuelle. Il
rend les services aux entreprises dans les régions et il est le
représentant de plusieurs ministères, en fait. Cependant, chaque
fois que cela relève de la juridiction d'un autre ministre, bien
sûr, avant de poser un geste, nous communiquons avec le ministère
concerné, que ce soit le MAPAQ, le Commerce extérieur, la Science
et la Technologie, l'Énergie et les Ressources ou d'autres
ministères. Nous sommes habitués à cela. Pour le chef
d'entreprise, la ligne à suivre est très simple. Il y a une porte
où aller frapper et, là, il peut recevoir la réponse
à la question qu'il a posée.
M. Lincoln: M. le ministre, ce n'est pas aussi simple que vous
l'avez dit, justement, parce que toute la question fondamentale que l'on
discute, est nouvelle. Vous dites que vous êtes habitué à
cela. Le ministère du Commerce extérieur a été
créé en novembre 1982 et il est devenu effectif peut-être
en janvier 1983. Le ministre délégué à la Science
et à la Technologie a débuté dans ses fonctions à
peu près en même temps. Cela date de seulement quelques mois et on
parle des crédits pour l'année 1983-1984, de 85 000 000 $ qui
vont être dépensés par le CRIQ sur une base de cinq ans. Le
CRIQ a un budget de 14 000 000 $, cette année. On a encore 18 000 000 $,
dont on a parlé ce matin, qui relèvent de l'exploitation et du
commerce extérieur au sein de votre ministère. Ce qui nous
chicote, là encore -c'est un autre exemple - c'est les budgets dont vous
êtes responsable et pour lesquels les décisions sont prises par
d'autres ministères pratiquement. On se pose la question de savoir si on
n'est pas en train de bâtir une espèce de panier de crabes
où il y aura toutes sortes de conflits de juridiction.
Vous dites que vous êtes habitué à cela. Mais on ne
peut pas être habitué à quelque chose qui n'existait pas
avant. C'est tout à fait nouveau.
M. Biron: Je vous répète, je l'ai dit une dizaine
de fois ce matin, qu'il n'y a aucun conflit de juridiction, à la
condition que chacun respecte sa juridiction: Cela fonctionne très bien
à l'intérieur de la SDI. Le CRIQ a son budget voté en
vertu de la loi. Chaque année, les budgets sont autorisés au
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme mais s'en vont
ensuite au CRIQ qui a son propre conseil d'administration, qui fait ses propres
affaires et qui reçoit ses propres revenus, en dehors des sommes
d'argent versées par le gouvernement du Québec. Là-dessus,
il n'y a aucun problème de juridiction.
M. Lincoln: En tout cas, écoutez! On n'a pas tellement de
temps pour continuer cela encore mais tout ce que je peux dire c'est:
heureusement que vous avez de belles épaules parce que je trouve que
vous êtes très courageux de prendre la responsabilité de
budgets dont d'autres évaluent les risques. Vous êtes responsable
des crédits budgétaires mais ce sont d'autres ministères
qui font l'évaluation des critères, des programmes et des
risques. Il me semble que d'une façon ou d'une autre, un jour, ils vont
faire fausse route et vous, vous aurez à répondre de quelque
chose dont vous n'aurez pas eu connaissance, quant aux normes, sur lequel vous
n'aurez pas eu la possibilité de dire votre mot. Cela n'a pas de
sens.
M. Biron: On a d'excellents protocoles
d'entente et chacun s'occupe de sa juridiction.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Jacques-Cartier.
M. Rivest: Vous vous battez constamment.
Mme Dougherty: Dans le plan quinquennal approuvé l'an
passé, je crois, la part des revenus autonomes pour la durée du
plan jusqu'à 1986 était évaluée à 35 000 000
$. Est-ce vrai? À quoi a-t-on estimé la part des revenus
autonomes?
M. Biron: Cette année, selon les derniers chiffres que
nous avons, on estime que ce sera 45 000 000 $ en revenus autonomes sur la
période de cinq ans.
Mme Dougherty: 45 000 000 $? M. Biron: C'est cela.
Mme Dougherty: Y avait-il un pourcentage dans le plan
quinquennal? Est-ce qu'on a envisagé une proportion de revenus autonomes
augmentant chaque année par rapport aux revenus du gouvernement?
M. Biron: Oui, en fait il y a une augmentation graduelle chaque
année depuis maintenant cinq ou six ans. On voit qu'il y a une
très forte augmentation des revenus autonomes chaque année. Cela
veut dire que de plus en plus les entreprises connaissent le CRIQ et le
reconnaissent comme un agent important et compétent de
développement économique. Ils font appel au CRIQ. Au
départ, lorsque le CRIQ lui-même fait sa propre recherche, son
propre développement, c'est sûr qu'il est obligé de faire
appel pour son budget à 100% au gouvernement du Québec. Mais au
fur et à mesure que nous recevons des clients, que nous travaillons
selon des commandes précises provenant de l'entreprise, c'est ce que je
disais ce matin, la petite ou la moyenne entreprise paie 100% des coûts
directs. Mais la grande entreprise et les organismes gouvernementaux paient
100% des coûts directs et 100% des coûts indirects. Ce qui fait que
les revenus autonomes augmentent, c'est le nombre de commandes que nous
recevons de l'entreprise.
Mme Dougherty: Avez-vous un bilan ou une espèce
d'évaluation des résultats des montants d'aide que vous avez
offerts aux entreprises? Quels sont les résultats? Est-ce que les
entreprises sont plus indépendantes, plus rentables, plus productives ou
moins rentables? Où est-ce qu'on va avec cette démarche? Est-ce
qu'on va verser de plus en plus d'argent pour les maintenir dépendantes
pour toujours du CRIQ pour la recherche et le développement? Ou est-ce
qu'elles deviennent de plus en plus autonomes et indépendantes à
cause de l'aide qu'elles reçoivent?
M. Biron: Les entreprises deviennent beaucoup plus autonomes
à cause de l'aide qu'elles reçoivent du CRIQ. Souvent la plupart
de ces entreprises n'ont à peu près jamais
développé de nouveaux produits un peu sophistiqués ou
brevetés ou n'ont jamais développé d'équipements de
production un petit peu modernes. Ces entreprises font appel au CRIQ justement
pour pouvoir franchir une étape importante dans le développement
technologique. On leur donne finalement le goût de faire du
développement technologique. Nous, bien sûr on en charge une
partie importante de nos frais à l'entreprise; l'entreprise est
obligée aussi d'en payer mais elle s'aperçoit que c'est un moyen
extraordinaire d'améliorer le taux de productivité. Or, pour la
plupart des entreprises qui sont passées par le CRIQ, on les a
aidées un peu mais l'aide fondamentale la plus importante qu'on leur ait
faite, c'est de leur donner le goût de faire du développement
technologique.
Mme Dougherty: Comment estimez-vous leur part par rapport aux
parts du CRIQ dans les contrats que vous offrez? Quels sont vos
critères? Est-ce qu'ils sont tout à fait objectifs ou est-ce que
ce sont des critères subjectifs selon la situation de chaque
entreprise?
M. Biron: Vous dites la part payée par l'entreprise pour
des travaux du CRIQ?
Mme Dougherty: Pour les services du CRIQ.
M. Biron: D'accord. D'abord, pour les premières
démarches, pendant quelques heures ou quelques jours, c'est gratuit.
Mme Dougherty: Vous avez expliqué cela.
M. Biron: Après cela, nous calculons le nombre d'heures
consacrées directement aux travaux que nous faisons, selon la commande
de l'entreprise. La plupart du temps, nous établissons pour l'entreprise
un budget pour réussir à remplir la commande qui est
laissée: soit développer un produit ou développer une
pièce d'équipement. En fonction du budget et si l'entreprise nous
dit: oui, vous pouvez y aller, on tient des comptes et très rarement on
va le faire à contrat, parce que c'est difficile de prévoir ce
que va coûter du développement, mais on essaie d'établir,
autant que possible pour l'entreprise, une échéance et un
calendrier, de même qu'un coût de fonctionnement et
nous demandons 100% des coûts directs. (16 h 30)
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce qu'on peut vous demander, par
exemple, du point de vue des revenus et des dépenses - l'année
dernière il y a eu un déficit - si après vos projections
d'exportation, cette année, vous aviez pensé laisser une marge de
profits de plus de 2 000 000 $. Est-ce que vous pouvez nous dire où vous
vous situez dans le bilan actuel par rapport aux prévisions
1982-1983?
M. Biron: Je n'ai malheureusement pas le bilan du CRIQ avec moi
aujourd'hui. J'aurais pu l'apporter mais je pourrais vous déposer le
dernier bilan.
M. Lincoln: Est-ce qu'un des fonctionnaires pourrait nous dire
si, par exemple, le bilan se situe - on avait parlé de revenus de plus
de 19 000 000 $ et des dépenses de 16 600 000 $ - si on est dans ce
champ de...?
M. Biron: Non. Je ne peux malheureusement pas vous donner des
chiffres exacts et je ne voudrais pas avancer des chiffres ici qui ne soient
pas des chiffres exacts. Alors je peux m'engager à avoir les
informations et à vous les déposer.
M. Lincoln: N'est-ce pas une indication tacite que les chiffres
ne sont pas aussi bons que prévus?
M. Biron: Non. Non, c'est tout simplement que je n'aime
pas...
M. Lincoln: Parce que j'aurais pu croire que s'ils étaient
tellement bons, on nous aurait dit: C'est encore mieux qu'on ne le pensait.
M. Biron: C'est que je n'aime pas avancer des chiffres lorsque je
n'ai pas les chiffres exacts.
M. Lincoln: Ah bon! Alors vous allez nous laisser savoir les
chiffres?
M. Biron: Oui.
M. Lincoln: Si on va jusqu'à 18 heures, M. le ministre, il
y a mon collègue qui veut intervenir. Comme il reste 1 h 30, on va le
laisser commencer. On voulait passer toute la question des PME, etc. Je ne sais
pas ce qu'on va décider ensuite, parce que si vous ne pouvez pas
être là ce soir, je ne sais pas si on pourra revenir et terminer
la semaine prochaine.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Nelligan, lorsque nous aurons terminé nos travaux à 18 heures, il
y aurait théoriquement une possibilité, selon l'entente qui est
intervenue entre les leaders, de presque deux heures additionnelles de
débat. Maintenant est-ce que vous avez l'intention, de part et d'autre,
de convoquer à nouveau, de demander que la commission soit
convoquée à nouveau à une date ultérieure ou si
vous désirez que nous...
M. Lincoln: Vous voyez, j'ai un petit problème. Comme vous
le savez, ce n'est pas mon dossier, je remplace quelqu'un. Alors il y avait
toute la question des PME qu'on voulait attaquer et j'aurais voulu consulter
mon collègue à ce sujet. Je ne sais si je pourrai le voir cet
après-midi. S'il me dit: On fera cela à une date
ultérieure ou il y aura une autre occasion d'en discuter avec le
ministre. Mais il y avait des choses qu'on voulait demander là-dessus,
qu'on voulait préciser. Je ne sais pas si c'est possible d'adopter le
budget, sous réserve de finir une autre fois, un autre jour, quand mon
collègue sera disponible ou quand le ministre sera disponible. Je ne
sais pas comment on peut faire cela. Vous devez connaître le
système sûrement mieux que moi.
M. Biron: J'ai comme l'impression que votre collègue est
pris jusqu'à la fin de juin à la commission parlementaire de
l'énergie et des ressources.
M. Lincoln: Vous l'espérez, n'est-ce pas? Pour le moment,
je vais passer cela à mon collègue de...
Le Président (M. Blouin): Vous savez que dans le mandat
qui nous a été confié, il y a deux secteurs à
étudier: Celui des industries secondaires et celui du tourisme. Est-ce
que je présume que les membres de la commission vont maintenant adopter
les quatre premiers programmes qui touchent les industries secondaires avant
que nous n'abordions le tourisme ou...?
M. Lincoln: Non, c'est ce que je vous dis. C'est là que
j'ai un problème. J'ai envie de passer la parole à mon
collègue pour le tourisme. C'est sûr qu'il a envie de poser des
questions sur le tourisme mais, comme vous savez, si on avait commencé
à 15 heures, on n'aurait pas eu de problème. On a commencé
en retard. Ce qui arrive, si on finit... On avait dit ce matin qu'on irait
peut-être jusqu'à 18 h 30 et on va terminer à 18 heures. Ce
qui arrive, c'est que déjà, si on avait siégé
jusqu'à 18 h 30, il nous aurait manqué du temps sur notre
enveloppe mais on était disposés à... On n'aura pas de
chance du tout de parler des PME. Je suis disposé à dire: On
accepte le budget des industries secondaires quitte à revoir les PME
plus tard, c'est tout et de passer la parole à mon collègue du
tourisme. Je ne sais pas si vous pouvez trouver une façon de
le faire.
Le Président (M. Blouin): Je vais y
réfléchir et nous pourrions y revenir dans quelques minutes.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viger.
Tourisme
M. Maciocia: Est-ce que le ministre a une déclaration, un
préambule à faire avant qu'on n'attaque les crédits...
M. Biron: Je crois que je vais vous permettre de poser les
questions que vous jugez pertinentes. Au cours de la discussion, vous aurez
toute l'information nécessaire.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viger, vous avez la parole.
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Je voudrais, comme
l'a dit tantôt le député de Nelligan, qu'il y ait une
entente entre ce côté-ci de la Chambre et l'autre
côté pour revenir ou pour prolonger jusqu'à 18 h 30
l'étude des crédits parce que je crois qu'on n'a pas assez de
temps: on a une heure et vingt minutes environ.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viger, je peux déjà vous indiquer qu'il a été
convenu que nous ne pouvions excéder 18 heures ce soir, pour deux
raisons: d'abord, parce que le ministre doit être absent, il doit aller
à une réunion du comité de législation et
deuxièmement, comme il n'y a pas consentement, nous ne pourrons pas
excéder 18 heures puisque l'ordre de la Chambre stipule que nous
terminons à 18 heures.
M. Maciocia: Y-a-t-il possibilité de reconvoquer...
Le Président (M. Blouin): C'est ce que je viens de dire au
député de Nelligan, nous réfléchissons à
cette hypothèse.
M. Biron: Je voudrais peut-être ajouter pour le
député de Viger que nous présenterons pour adoption, nous
l'espérons, avant la fin de juin le projet de loi sur le crédit
touristique. Cela permettra au député de Viger d'intervenir sur
ce sujet précis, s'il a des questions relatives au crédit
touristique qu'il veut retenir pour l'étude du projet de loi qui devrait
être déposé d'ici une semaine et qui est
étudié au comité de législation ce soir. Il
y aura probablement aussi un autre projet de loi, si on peut le faire
étudier par le comité de législation qui a passablement de
travail de ce temps-ci: il s'agit de la loi sur l'hôtellerie, pour
déréglementer tout ce qui existe concernant l'hôtellerie.
Nous espérons aussi le déposer avant la fin du mois de juin, ce
qui vous donnera aussi l'occasion de poser des questions sur l'inspection de
l'hôtellerie que nous voulons déréglementer. Quoi qu'il en
soit, vous aurez d'autres occasions, très prochainement, de discuter de
certains sujets plus spécifiques concernant le tourisme.
M. Maciocia: Je crois que le ministre s'était
engagé la semaine dernière, même s'il devait le faire trois
semaines avant, à déposer des documents de Statistique Canada sur
l'augmentation des touristes au Québec. Je croyais que le ministre les
avait déposés jeudi dernier, après ma question en Chambre
mais il m'a dit qu'il les déposerait au moment où on
étudierait les crédits du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. Est-ce que le ministre peut déposer ces
documents?
M. Biron: J'ai pris des photocopies du document qu'on appelle
"Voyages entre le Canada et les autres pays, octobre-décembre 1982",
publié par Statistique Canada. Les pages concernant les demandes
précises du député de Viger sont ici. Il me fait grand
plaisir de les déposer pour lui en remettre une copie. Je lui conseille
d'écrire au gouvernement fédéral et de demander le
catalogue 66-001 "quarterly" pour octobre-décembre 1982, il pourra en
avoir une copie.
M. Maciocia: Est-ce que le ministre, M. le
Président...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: ...pourrait nous confirmer ce que je lui ai
demandé en Chambre, soit qu'il y avait eu pour l'année 1982 au
Québec une augmentation de 2% des touristes en comparaison de moins 4%
à l'intérieur du Canada? Est-ce qu'il pourrait nous confirmer
cela par les statistiques qu'il vient de nous remettre.
M. Biron: Certainement, je pense que le député de
Viger lui-même aurait pu lire les statistiques et voir qu'il y a une
augmentation réelle au Québec comparativement à 1981-1982,
de 2,3% de plus, alors que l'Ontario pour la même période a une
diminution de 4% et pour la moyenne canadienne, une diminution de 3,5%. Cela,
c'est le nombre de touristes provenant des États-Unis, tandis...
M. Maciocia: Comme cela, je ne...
M. Biron: ...que pour le nombre de
touristes en provenance d'outre-mer entre 1981 et 1982, il y a une
légère diminution de 1,1% pour le Québec alors que pour
l'Ontario, il y a une diminution de Il,4%.
M. Maciocia: Comme cela, M. le ministre, je dois conclure, comme
je vous l'avais dit en Chambre, que vous avez royalement menti en Chambre
lorsque vous avez dit qu'il y avait 2% d'augmentation globale de touristes ici
au Québec, parce que je vous ai fait répéter la question
et vous avez répondu: Des touristes qui sont venus des États-Unis
et d'Europe, il y a eu une augmentation de 2%. Apparemment, c'est à ce
moment que je vous ai dit qu'il y avait deux Statistique Canada: un pour le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et un pour les gens
comme moi ou comme les autres citoyens du Québec. Parce que, sur les
mêmes statistiques que vous avez devant vous et que j'ai devant
moi...
M. Biron: M. le Président.
M. Maciocia: Si vous permettez, M. le Président, je vais
terminer...
M. Biron: M. le Président, je ne peux pas accepter que le
député de Viger dise que j'ai menti à la Chambre, lorsque
j'ai tout simplement pris les statistiques de Statistique Canada.
M. Maciocia: C'est cela.
M. Biron: Si vous voulez dire que Statistique Canada a menti,
dites-le...
M. Maciocia: Non, il faut que ce soit bien clair...
M. Biron: Voulez-vous tout simplement respecter le
règlement entre parlementaires. Tout ce que j'ai fait, j'ai pris des
statistiques de Statistique Canada et je les ai citées et cela finit
là.
M. Maciocia: Oui.
M. Biron: Lorsqu'il prend ou se sert des statistiques de
Statistique Canada, on ne peut certainement pas accuser un député
de mentir.
M. Maciocia: M. le Président, il ne faut pas
déformer les statistiques de Statistique Canada...
M. Biron: M. le Président, je demande que le
député de Viger retire ses paroles lorsqu'il m'a accusé
d'avoir menti à la Chambre, parce que j'ai cité les statistiques
de Statistique Canada. Je pense que le député de Viger devrait se
comporter en parlementaire.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viger, effectivement, ce que vous avez imputé au ministre est quand
même, je n'oserais pas dire qu'il s'agit d'une accusation, mais il s'agit
à tout le moins d'une allégation sérieuse. J'aimerais
qu'à défaut de pouvoir le démontrer très
clairement, vous évitiez d'employer ces termes et, pour faire en sorte
que notre débat puisse se poursuivre harmonieusement, que vous acceptiez
de retirer ces quelques paroles pour les reprendre d'une autre façon et
obtenir les éclaircissements que vous souhaitez.
M. Maciocia: M. le Président, je comprends votre
façon d'agir dans le sens que j'y suis allé avec des mots un peu
forts pour un parlementaire, mais je ne retire absolument pas mes mots: je vais
les confirmer tantôt parce que je vais faire sortir la réponse du
ministre à une question que je lui avais posée en Chambre, jeudi
dernier. La réponse était bien précise, après avoir
répondu à une autre question du député de
Terrebonne la semaine précédente...
Le Président (M. Blouin): Pourrions-nous nous entendre, M.
le député de Viger...
M. Maciocia: Alors, si on peut attendre quelques...
Le Président (M. Blouin): ...pour que les paroles que vous
avez prononcées...
M. Maciocia: On va les mettre entre parenthèses et
après on va les...
Le Président (M. Blouin): Mettons-les entre
parenthèses maintenant et si, après le débat, vous
considérez qu'effectivement vous aviez raison, vous pourrez à ce
moment-là les prononcer.
M. Maciocia: C'est cela.
Le Président (M. Blouin): Mais je considère
maintenant que vous suspendez ces accusations jusqu'à ce que vous ayez
complété cette discussion.
M. Maciocia: Parfait! on va les mettre entre parenthèses.
Je suis d'accord avec vous, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Maciocia: Mais je voudrais quand même revenir à
la lecture de Statistique Canada. Je crois que le ministre a une copie, puisque
c'est lui-même qui m'en a envoyé une copie et dans laquelle on
dit: Certaines catégories de voyageurs non-résidents entrant au
Canada, selon la province d'entrée. Est-ce bien cela? Des
voyageurs qui viennent des États-Unis par automobile, il y a eu
en 1981, 828 000 voyageurs qui sont entrés au Québec et en 1982,
847 000. En automobile. Voyageurs sans automobile, il y en a eu 625 000 en 1981
et 598 000 en 1982. Cela veut dire qu'il y a eu une augmentation de 2,3% de
voyageurs en automobiles et une diminuation de 4,3% de voyageurs sans
automobile, pour un total, en 1981, de 1 454 000 et 1 446 000 en 1982, pour une
diminution de 0,5%. Est-ce que ce sont les mêmes statistiques
jusqu'à maintenant, M. le ministre? (16 h 45)
Par après, on a les autres pays. En 1981, 373 000; en 1982, 368
000, pour une diminution de 1,4%. Total en 1981:
I 827 935. Total en 1982: 1 815 182, pour une diminution de 0,07%.
Est-ce que nous avons les mêmes statistiques?
M. Biron: Continuez donc vis-à-vis de l'Ontario,
voulez-vous que l'on compare les chiffres comme il faut?
M. Maciocia: Oui. Je n'ai pas nié que l'Ontario avait
connu une diminution de 4% et au total, c'est moins 3,8%. Mais vous avez
affirmé catégoriquement, à ce moment-là, qu'il y
avait eu une augmentation du tourisme au Québec de 2%. Cette affirmation
était complètement fausse. Est-ce que vous êtes prêt
à l'admettre actuellement oui ou non? Votre affirmation d'une
augmentation de 2% qui est même parue dans les journaux du Québec
disant qu'il y avait eu une augmentation de 2% au Québec par rapport
à une diminution de 4% en Ontario n'était pas véridique.
Est-ce que vous êtes prêt à l'admettre?
M. Biron: II y a eu une augmentation du tourisme au Québec
si on prend les touristes américains et les touristes d'outre-mer,
comparativement à une diminution importante en Ontario. Ce que j'ai
voulu vous faire comprendre, M. le député de Viger, c'est que la
performance du Québec est meilleure que celle de l'Ontario.
II faudra peut-être arrêter, de votre part, de vouloir
toujours rapetisser le Québec, détruire le Québec. Vous
êtes des fossoyeurs de l'industrie au Québec.
Voulez-vous comprendre une fois pour toutes que si vous preniez une
attitude positive au lieu de prendre une attitude négative, au lieu de
dire que le Québec n'est pas bon, au lieu de dire au monde de ne pas
venir au Québec... Y aurait-il moyen, pour une fois, que vous pensiez
aux pauvres gens du Québec, aux chômeurs, aux assistés
sociaux, aux travailleurs et que vous disiez, avec le gouvernement du
Québec et avec ceux qui ont confiance au Québec, qu'au
Québec, on est capable de faire mieux qu'en
Ontario. Levez-vous donc la tête en l'air une fois pour toutes.
Dites donc qu'au Québec on a eu une meilleure performance l'année
passée, admettez-le donc. Dites donc qu'en Ontario il y a eu une moins
bonne performance, admettez-le donc. Dites donc que c'est le "fun" de
travailler et de vivre au Québec. On peut attirer davantage
d'investisseurs et faire en sorte de faire travailler les gens. Arrêtez
donc d'être des fossoyeurs de l'économie et essayez de regarder en
avant, d'être positifs pour une fois au moins dans votre vie. C'est le
temps, alors qu'on se prépare à sortir de la crise
économique. N'y aurait-il pas moyen que le Parti libéral du
Québec arrête de rapetisser et de détruire le
Québec?
M. Maciocia: M. le Président, je veux...
M. Rivest: Rappelez-vous donc vos discours contre le Parti
québécois.
M. Maciocia: Je vous mentirais si je vous disais que je ne
m'attendais pas à cette réponse de la part du ministre. Chaque
fois qu'il se trouve dans l'embarras, chaque fois qu'il ne dit pas la
vérité, chaque fois qu'il se trouve dans une situation comme
celle-là, il s'en prend au peuple québécois, il s'en prend
aux pauvres Québécois, il s'en prend à tout le monde au
Québec, mais il ne s'en prend pas à lui-même ou au
gouvernement du Québec.
J'ai justement posé, M. le Président -quand je dis qu'on
mettais mes mots entre parenthèses - une question au ministre le 12 mai
1983. C'est à la page 1096 du journal des Débats que je lui
posais cette question. "Le 21 avril, à une question du
député de Terrebonne sur l'augmentation du tourisme au
Québec, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
répondait exactement ceci: "On a eu une augmentation de 2%, en 1982, ici
au Québec. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est au moins une augmentation,
alors que le reste du Canada a subi une diminution". Est-ce que le ministre est
encore prêt à confirmer ces mots après qu'on ait lu
ensemble Statistique Canada.
M. Biron: M. le Président, quand j'ai des chiffres devant
moi qui disent qu'il est entré 2,3% de plus d'Américains pour 24
heures en automobile au Québec, il me semble que ce sont des chiffres de
Statistique Canada. Il faudrait peut-être que le Parti libéral du
Québec se mette dans la tête qu'il y a des chiffres publiés
par Statistique Canada. Il faut s'en servir de temps en temps et il faut
grandir le Québec avec cela. Les mêmes chiffres, pour exactement
les mêmes Américains entrés en automobile pour un
séjour de plus de 24 heures, disent que c'est moins 4% pour l'Ontario.
Il me semble que c'est quelque
chose d'intéressant. Il faut le dire. Il faut le dire de plus en
plus et intéresser les hôteliers, les aubergistes, les
restaurateurs et tous ceux qui s'occupent de développement touristique.
Il faut dire qu'il y a des choses qui se font mieux au Québec.
Savez-vous pourquoi cela a augmenté au Québec? Certainement pas
à cause de l'attitude de l'Opposition car vous êtes les fossoyeurs
de l'économie, là-dessus.
M. Rivest: Allons donc!
M. Biron: Pourquoi cela a-t-il augmenté? Parce qu'il y a
un gouvernement du Québec qui a décidé de faire une
promotion touristique pour attirer le plus possible de monde. Surtout de la
faire sur les beautés du Québec et dire ce qu'il y a de mieux au
Québec. Lorsqu'on invite des Ontariens, des Américains à
venir ici, on leur dit surtout: Venez vivre la différence
québécoise, venez vivre en français avec nous. Cela va
être le "fun" et cela va être intéressant. Les gens nous
disent en réponse à cela: Nous voulons vivre non pas dans une
province anglophone, nous voulons voir quelque chose de différent et en
français, si c'est possible. On est prêt à payer encore
plus cher si c'est en français. Ce sont les résultats des
études que l'on a fait faire partout aux États-Unis. Il me semble
que c'est intéressant de voir que le gouvernement du Québec, avec
un budget touristique qui a augmenté d'une façon
considérable - cela a été la volonté du
gouvernement du Québec de le faire - a réussi à faire
travailler plus de monde au Québec dans le domaine touristique en 1982
comparativement à 1981. Pendant ce temps-là, l'Ontario a
diminué considérablement. Il me semble qu'il faut le dire, M. le
Président, il ne faut pas se gêner pour cela.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le Président, à cette question que
je lui posais encore le 12 mai, le ministre répondait et je cite
toujours le journal des Débats, à la page 1096: M. le
Président, je confirme les chiffres que nous avons obtenus de
Statistique Canada, une augmentation du nombre de touristes venant au
Québec des États-Unis et de l'Europe, comparativement à
l'an dernier, alors que l'Ontario avait subi une diminution.
Je le demande encore au ministre et je suis prêt à retirer
mes mots à la condition qu'il retire l'affirmation...
Le Président (M. Blouin): ...M. le député,
j'avais compris que vous les aviez mis entre parenthèses et que vous
n'étiez prêt à les répéter que si les
conclusions vous y amenaient.
M. Maciocia: Exactement, oui.
Le Président (M. Blouin): Bon, alors.
M. Maciocia: Je suis prêt à les tenir à
condition que le ministre se rende à l'évidence de ce qu'il avait
dit. Là, je devrais dire un mensonge ou "une vérité pas
véridique" quoi, à l'Assemblée nationale, en date du 21
avril 1983?
M. Biron: M. le Président. Je pense que le
député de Viger n'est pas de bonne foi. S'il était de
bonne foi, il reconnaîtrait que la performance du Québec l'an
dernier a été extraordinaire, compte tenu de la conjoncture
économique.
Le Président (M. Blouin): Je m'excuse mais le débat
qui s'engage, je crois, n'est pas tellement bien amorcé. Je vous signale
qu'il n'est pas permis par notre règlement selon l'article 99,9
d'imputer des motifs indignes à un député ou de refuser
d'accepter sa parole. Je crois qu'actuellement il y a un débat, une
discussion et que nous devrions de part et d'autre retenir nos conclusions
avant que cette discussion ne soit terminée. Je crois que nous n'irons
pas tellement loin en échangeant de part et d'autre des
évaluations qui sont probablement prématurées.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Mme la député de
Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce que vous me permettriez une question
complémentaire sur le même sujet puisqu'il s'agit des
allées et venues des visiteurs étrangers au Québec?
M. Maciocia: Au ministre.
Le Président (M. Blouin): Très bien, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, on fait état de la présence de
visiteurs étrangers qui ne séjournent pas à la suite d'un
voyage en automobile. Donc, ils viennent en avion, j'imagine, puisqu'il est peu
probable qu'ils viennent en automobile, sauf peut-être l'an prochain pour
les grands voiliers. J'aimerais savoir s'il y a eu des études, des
évaluations qui ont été faites sur les politiques, le
marketing du grand transporteur canadien qui s'appelle Air Canada et qui,
enfin, dessert les Québécois et qui incite beaucoup - enfin, on
peut le voir dans les journaux régulièrement - à sortir du
Québec parce qu'il y a des charter, en fait, un tas de voyages
nolisés qui sont offerts? Est-ce qu'il y a eu une évaluation sur
les effets ou l'impact qu'a ici au Québec... J'imagine que
l'impact est le même ailleurs. Je ne sais pas si l'étude
aurait pu être faite aussi en Ontario. Finalement, est-ce qu'on sait
l'impact que peut avoir l'investissement qui est fait dans le marketing pour
faire sortir les Québécois ou les Canadiens par Air Canada
comparativement à ce qui est en fait investi pour en faire entrer?
M. Biron: On a demandé, Mme la députée de
Maisonneuve, à la compagnie Air Canada, à l'occasion de la
dernière conférence des ministres du Tourisme, d'avoir des
chiffres précis là-dessus. On se plaint énormément
à ce sujet. Air Canada fait beaucoup de promotion pour amener les
touristes, les Québécois à l'extérieur et ne fait
à peu près pas de promotion à l'extérieur pour
amener des gens au Québec. Elle fait de la promotion, par exemple, en
Europe pour amener des Européens en Ontario. C'est payé avec nos
taxes, mais ce n'est pas mal car c'est Air Canada qui fait cela. Apparemment
que ce serait permis d'après l'Opposition.
Un jour j'ai écrit à Air Canada pour leur demander de nous
aider à faire de la promotion en Europe pour le Québec. Vous
savez quelle réponse j'ai eue d'Air Canada? Ils ont dit: Nous ne faisons
pas de promotion pour les régions que nous ne couvrons pas. Air Canada
ne couvre pas le Québec qui, pour Air Canada, est
considéré comme une région.
M. Rivest: Est-ce que vous pourriez déposer copie de la
correspondance? Là, je trouve que vous avez probablement
résumé un peu brièvement la réponse d'Air
Canada.
M. Biron: Vous allez avoir la lettre; c'est textuel, M. le
député de Jean-Talon. Vous allez avoir la lettre et vous allez
avoir honte d'appuyer la feuille d'érable d'Air Canada là-dessus.
La volonté d'Air Canada c'est de ne pas aider le Québec.
M. Rivest: Voyons donc, voyons donc! Des méchants loups
qui veulent manger les pauvres petites brebis. Voyons donc! ne nous faites donc
pas pleurnicher.
M. Biron: Probablement que les ordres doivent venir d'en-haut.
Dans ce sens, en particulier, Air Canada dépense beaucoup d'argent pour
sortir les Québécois du Québec mais ne dépense pas
d'argent pour amener d'autres gens au Québec. Là-dessus, il y
aurait peut-être une réflexion profonde à faire de votre
part, si vous voulez être Québécois ou si vous avez le
moindrement 1% d'âme de Québécois...
M. Rivest: Mon Dieu, mon Dieu...
M. Biron: ...pour faire travailler le monde ici au
Québec.
M. Rivest: ...que de vertu, que de vertu, M. le ministrel
M. Biron: C'est cela qui est notre préoccupation à
nous.
M. Rivest: Manichéen.
Mme Harel: M. le Président, puisqu'il y a eu un
échange de lettres, c'est donc que vous avez constaté un
problème. Peut-on savoir quelle est la part des investissements qui est
consacrée par Air Canada à la promotion pour déplacer
à l'extérieur des visiteurs, des voyageurs et quelle est la part
consacrée à la promotion pour les faire entrer?
M. Biron: Ce sont des chiffres qu'on a demandés par
l'intermédiaire du Tourisme pour pouvoir considérer exactement
quels sont ces chiffres. À première vue, d'après nous, il
y a une différence énorme. Nous n'avons pas encore reçu
une réponse à cela. C'est peut-être une
société secrète, Air Canada, là-dessus.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle
publicité fait le Québec en Europe? Quel montant est
octroyé en promotion touristique en Europe? Par qui est faite cette
promotion?
M. Biron: L'an dernier notre première priorité
comme marché cible à atteindre ce n'était pas le
marché européen d'abord. C'était surtout le marché
nord-américain et particulièrement le marché des
États-Unis: New York jusqu'à Chicago, à une journée
d'automobile du Québec. C'est là qu'on croyait surtout
qu'était, - il y a même un document qu'on a imprimé en
français et en anglais: "Porte d'entrée de l'Amérique du
Nord: Québec" - notre marché cible et c'est là surtout
qu'on voulait dépenser de l'argent. Pour nous c'est important de faire
venir en masse des régions des gens qui sont capables de venir en
automobile.
Le deuxième marché cible a été le
marché de l'Ontario parce que là aussi il y a du monde qui peut
venir au Québec en automobile. Il y en a passablement. Donc, cela a
été nos deux marchés cibles. Il y a aussi le marché
nord-américain au complet pour le ski d'hiver, à la fois jusque
dans l'Ouest canadien et dans le sud des États-Unis. (17 heures)
Vis-à-vis du marché européen, on n'a pas assez
d'argent pour couvrir tout ce marché parce qu'il y a plusieurs pays
là-bas,
plusieurs cultures, plusieurs langues. Notre façon de travailler
c'est avec des grosssites en voyages pour les encourager à faire la
promotion de voyages au Québec. Vis-à-vis de ces gens on a
dû dépenser en Europe, l'an dernier, en comptant la
publicité qu'on a faite avec eux pour atteindre un marché bien
spécifique de même que les impressions de documents de toutes
sortes, environ 320 000 $. Ce n'est peut-être pas beaucoup mais ce qu'on
a voulu faire c'est un travail plus professionnalisé qui vise non pas la
masse des citoyens européens mais les décideurs de voyages, ceux
qui peuvent organiser des voyages et dire aux gens: On va vous vendre un voyage
au Québec, au lieu de dire: On va vous vendre un voyage aux
États-Unis ou quelque part ailleurs dans le monde. Cela a
été un travail beaucoup plus spécialisé qui visait
des gens qui peuvent influencer la décision des autres.
M. Maciocia: Vous parlez de montants de 320 000 $, est-ce cela?
Est-ce le montant que le gouvernement a dépensé ou si c'est avec
la participation des grossistes?
M. Biron: C'est le montant que le gouvernement a
dépensé.
M. Maciocia: Que le gouvernement a dépensé.
M. Biron: Cette année on prévoit dépenser
à peu près le double sur les marchés européens mais
toujours en visant un marché bien spécifique, un marché
cible de ceux et celles qui peuvent prendre des décisions et influencer
les autres. Cela n'inclut pas les salaires des conseillers touristiques qui
sont en poste en Europe.
Conseillers en tourisme
M. Maciocia: Voilà. Je m'en venais justement à
cette question, M. le ministre. Là, étant donné qu'on se
trouve outre-mer, on ne se trouve pas à une journée d'auto.
Est-ce que le ministre peut nous dire combien de conseillers en tourisme il y a
dans les différents pays en Europe et plus spécifiquement
à l'intérieur des maisons du Québec à
l'étranger?
M. Biron: On en a deux en Europe et un au Japon. En plus, six aux
États-Unis.
M. Maciocia: Où en Europe?
M. Biron: À Paris et à Londres. Vous savez qu'au
Québec c'est toujours le français et l'anglais.
M. Maciocia: Cela on ne le sait pas. Ainsi vous en avez un
à Londres, un à Paris et un au Japon. Pourriez-vous me dire, M.
le ministre, les montants qui sont accordés dans ces maisons du
Québec pour faire de la promotion touristique?
M. Biron: La stratégie c'est d'avoir des gens et de
travailler sur les réseaux de distribution avec de la documentation
nécessaire, de voir les grossistes en voyages et de faire les foires de
tourisme en particulier en Allemagne, en France et en Angleterre, où les
grossistes prennent des décisions de bouquer, dans leur langage, 500
voyages, 100 voyages ou X voyages.
M. Maciocia: Mais comment cela, il n'y a pas de budget de
promotion attaché aux conseillers en tourisme dans les maisons du
Québec?
M. Biron: Non, il n'y a pas de budget comme tel attaché
à chaque conseiller, sauf son salaire et ses dépenses de voyage
pour être présent partout à des moments stratégiques
et dans des endroits stratégiques. Le conseiller en tourisme n'a pas un
budget spécifique dans sa main à dépenser.
M. Maciocia: Les conseillers en question est-ce que ce sont des
fonctionnaires qui viennent du Québec ou est-ce que ce sont des gens de
l'endroit?
M. Biron: Outre-mer, nous en avons deux du Québec et un
"local" à Tokyo. Aux États-Unis nous en avons cinq du
Québec et un "local".
M. Maciocia: Pouvez-vous nous expliquer pourquoi au Japon il y a
un conseiller en tourisme "local" et en Europe deux conseillers en tourisme qui
viennent du Québec? Est-ce qu'il y a une raison précise?
M. Biron: Essentiellement, sur une question de langue et de
culture, c'est difficile de trouver un Québécois qui parle
très bien et qui comprenne très bien ce qui se passe dans la
structure du Japon, alors que nos gens sont plus habitués en France et
en Angleterre.
M. Maciocia: Est-ce que c'est seulement une question de langue ou
si c'est aussi une question de connaître ce marché?
M. Biron: C'est ce que je vous dis aussi, c'est une question de
culture, donc de connaissance du marché du Japon, où la culture
est très différente de celle de la France, de l'Europe ou de
l'Angleterre.
M. Rivest: Est-ce M. Bergeron qui est au Japon?
M. Biron: M. Bergeron n'est pas le
conseiller en tourisme, c'est le délégué
général du Québec. Au Japon, comme en
Angleterre ou en France, nous avons un délégué
général qui est le patron de la boîte, mais en dessous de
lui il y a différents conseillers, soit économiques ou
touristiques.
M. Rivest: On connaît bien celui qui est en France.
M. Biron: Qui est-ce?
M. Rivest: C'est M. Michaud.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Jean-Talon, s'il vous plaît, revenons à la pertinence du
débat. M. le député de Viger.
M. Maciocia: Je vais quand même donner la parole au
député de Jean-Talon parce qu'il me fait signe qu'il doit quitter
dans dix ou quinze minutes. Alors, s'il a des questions à poser au
ministre, je reviendrai ensuite.
M. Rivest: Oui, juste une parenthèse.
Le Président (M. Blouin): Vous n'auriez pas dû dire
qu'il doit quitter dans dix ou quinze minutes; vous suggérez une longue
réponse au ministre.
M. Rivest: Non, non. Pas du tout. M. le ministre, je sais que
vous faites bien des cauchemars sur les méchancetés et les
très mauvaises intentions de l'Opposition en regard des
Québécois dont vous vous souciez tellement et...
M. Biron: Une mise au point. Je ne fais jamais de cauchemars.
M. Rivest: Non? Vous me donnez l'impression de vous
réveiller parfois la nuit pour penser au Parti libéral et comment
le Parti libéral peut être méchant.
M. Biron: Oh non! J'essaie d'être très
réaliste là-dessus.
M. Rivest: Je vous inviterais, de jour, cette fois à lire
peut-être seulement une petite phrase très simple qui date du 14
avril. Vous savez que le 14 avril le Parti libéral du Québec,
tout aussi soucieux - vous me permettrez, M. le ministre - de
l'intérêt du Québec, entre autres de la région de
Québec, a organisé un colloque de nature économique et
quand vous dites...
M. Biron: Pour fêter les deux ans de votre défaite
du 13 avril 1981? Non?
La région de Québec
M. Rivest: Non, c'était pour fêter les quatre ans de
mon élection comme député de Jean-Talon. Vous disiez
tantôt que le Parti libéral du Québec n'avait pas confiance
et essayait de diminuer les capacités ou les possibilités du
Québec. Lisons les textes, une petite phrase, dans le domaine du
tourisme pour la région de Québec. On dit, dans un document qui
émane du Parti libéral du Québec: "La mise en valeur du
potentiel touristique de la région de Québec est parmi les plus
élevées d'Amérique du Nord". Il y a tout un plaidoyer
là-dessus: Le potentiel historique, culturel et géographique de
la région de Québec. Il y a des suggestions qui ont
été formulées; il y a des experts -probablement les
mêmes que vous allez réunir au sommet économique de la
région de Québec - qui sont venus participer à l'action du
Parti libéral du Québec à cet égard, pensant
probablement que le Parti libéral du Québec avait
également à coeur les intérêts du Québec.
Vous ne partagez pas cet avis, mais il y a d'autres personnes qui le partagent.
C'étaient des gens de tous les horizons politiques, M. le ministre;
c'était d'ailleurs un congrès apolitique dont vous devriez vous
inspirer pour défendre vos crédits.
Je vous signale trois points particuliers pour la région de
Québec. Ma préoccupation - étant donné que vous
êtes de la région de Québec, vous la partagez sans doute -
c'est qu'en causant avec les gens, les autorités publiques et les gens
de l'industrie de l'hôtellerie, de la restauration, enfin, des gens qui
se préoccupent du développement du tourisme de la région
de Québec, on sent depuis un certain nombre d'années - ce n'est
pas du tout une question de gouvernement ou de parti - un certain malaise et un
certain flottement quant au leadership dans le domaine du tourisme. Qui donne?
Qui est le boss? Qui est le moteur? Qui fait démarrer le potentiel
touristique?
Je voudrais attirer votre attention là-dessus et avoir de brefs
commentaires, dans la mesure où je dois m'en aller, pour qu'au moins
vous ayez l'occasion d'exprimer une volonté gouvernementale très
claire sur un engagement de la part du gouvernement du Québec - je sais
qu'il y a d'autres régions dans le Québec, mais parlant de la
région de Québec - de rentabiliser au maximum le potentiel
extrêmement intéressant de la région de Québec.
Au niveau des structures d'organisation du développement du
tourisme, il y a une multiplicité d'intervenants du secteur public, le
gouvernement fédéral, le gouvernement provincial, la
communauté urbaine, la ville de Québec; après cela, vous
avez toutes les associations touristiques, etc. Comment cela s'articule-t-il?
Souvent on a l'impression que
chacun tire la couverte de son bord et qu'il n'y a pas un lieu, une
place où ces gens se parlent pour vendre quelque chose qui est quand
même assez formidable, soit le potentiel touristique de la région
de Québec. À travers cela, est-ce que cela existe? Est-ce que
vous avez l'intention de faire en sorte que cette chose existe, par les efforts
que vous faites? Je ne veux pas dire qu'il n'existe rien, mais il me semble y
avoir quelque chose d'assez dynamique et créateur à faire,
surtout dans le contexte économique actuel et dans l'avenir. Il y a eu
des projets, le gouvernement a posé des gestes ponctuels comme, par
exemple, l'investissement au niveau du Mont-Sainte-Anne qui peut être
extrêmement important. Je sais que le gouvernement du Québec est
associé aussi à la question des voiliers dont Mme la
députée de Maisonneuve a parlé tantôt, mais je
voudrais qu'on retrouve quelque part pour la région de Québec une
stratégie claire et déterminée sur la mise en valeur du
potentiel touristique et également qu'on se préoccupe de
certaines décisions gouvernementales. L'Opposition critique mais, que
voulez-vous? la taxe sur l'essence, son impact sur le tourisme nous
inquiète. Il me semble que c'est notre devoir de le signaler, et
également la taxe sur les chambres d'hôtel et sur les repas.
Maintenir la capacité concurrentielle de nos installations
d'hôtellerie et de restauration. La publicité qui est faite. Je
parle toujours un peu dans le contexte. Je sais qu'il va y avoir une loi sur le
crédit touristique, mais j'aimerais qu'on retrouve quelque part un plan
d'action, une stratégie cohérente où on va clarifier les
juridictions et où on va essayer dans toute la mesure du possible
d'éviter des chamaillages entre les investissements
fédéraux et les investissements provinciaux; peu importe si c'est
le gouvernement fédéral à certains égards ou le
provincial, c'est que d'abord l'investissement se fasse. Qu'on protège
les juridictions, je suis bien pour cela, mais, un peu comme M. Parizeau le
disait, il me semble qu'il y a moyen de baisser un peu la tonalité. Ce
n'est pas avec les touristes qu'on va régler les problèmes
constitutionnels.
En terminant, M. le ministre, si vous le permettez, je vous signale
trois... À notre colloque, notre atelier sur le tourisme a
été l'un des plus suivis et probablement des plus productifs; il
y avait 200 à 300 personnes. Sur la base du document que nous avions
préparé, nous voulons insister premièrement sur le
maintien et l'amélioration de la compétitivité ou du
caractère concurrentiel de nos services. Cela implique une étude
ou une surveillance, à tout le moins, de certains gestes
gouvernementaux, en particulier dans le domaine de la fiscalité.
Également le potentiel historique de la ville de Québec nous
semblait extrêmement important à mettre en valeur. Alors je
voudrais que vous puissiez au moins très brièvement rassurer les
intervenants de la région de Québec dans le domaine touristique
sur le fait que des efforts très sérieux sont faits actuellement.
Je ne doute pas que vous ayez ces intentions mais je voudrais que vous puissiez
aller au-delà des intentions et même prendre acte de ce qui se
fait de bien, parce que je suis convaincu que des choses se font bien. Qu'on
sente qu'il y a un leadership dans le domaine du tourisme, qu'il y a une
articulation et une intégration des efforts des uns et des autres pour
que cela marche. Vous avez eu avec le député de Viger un
débat de statistiques, les 2% et 4%; j'aime bien l'Ontario, comme vous
savez, et toutes les autres régions du Canada, mais je suis
profondément convaincu que dans le domaine touristique le potentiel du
Québec est beaucoup plus intéressant autant pour le marché
nord-américain que pour le marché européen. Ce n'est
vraiment pas assez 2%, on est capable de faire beaucoup mieux que cela avec ce
qu'on a à offrir, avec toute l'historicité qu'il y a
derrière cela, avec le dynamisme profond de l'ensemble du Québec
et d'une région comme celle de Québec.
M. Biron: M. le député de Jean-Talon,
j'apprécie les paroles que vous avez prononcées. Je vous
classifierais comme étant un peu plus nationaliste parmi les gens du
Parti libéral, plus de l'école de M. Bourassa.
M. Rivest: Je ne suis pas nationaliste du tout, je suis un
"fonctionnaliste".
M. Biron: Non?
M. Rivest: Je suis pour que les choses marchent.
M. Biron: Vous êtes un peu plus de l'école de M.
Bourassa, donc, un peu plus Québécois que Canadien...
M. Rivest: Non, de M. Trudeau.
M. Biron: Mais votre document sur la fierté et la
capacité de faire des choses, vous devriez...
M. Rivest: Excusez, M. le ministre, je suis resté à
l'époque de Cité libre.
M. Biron: ...à mon point de vue, en donner une copie
à votre collègue de Viger pour lui permettre au moins de lire et
de changer un peu son langage et peut-être à quelques-uns de vos
collègues.
M. Rivest: Ah, ah, ah, ah!
M. Biron: Une deuxième chose, notre
préoccupation de développement touristique pour le
Québec est basée sur deux pâles d'attraction: Québec
et Montréal. En fait, bien sûr, on aime envoyer des gens dans
Charlevoix, en Gaspésie ou ailleurs, mais c'est surtout à
Québec et Montréal qu'on les envoie. Si on attire des gens
d'ailleurs, on va les attirer avec des pôles très forts. (17 h
15)
Cela fait déjà deux ans qu'on axe notre publicité
sur Québec et Montréal et on est heureux de voir que le
ministère fédéral de l'Expansion industrielle
régionale, dans ses préoccupations et dans sa stratégie,
commence à mettre de l'avant dans un document dont on a obtenu copie, en
fin de semaine dernière, il dit que, pour l'exploitation du potentiel
touristique, il s'agit pour le fédéral, maintenant, d'aider
à développer surtout deux pôles que sont Québec et
Montréal en faisant la promotion du tourisme d'affaires auprès
des organisateurs de congrès. C'est exactement ce que le Québec
fait depuis quelques années. On est heureux de voir cela. Finalement,
pour une fois, l'action du fédéral copiera celle du
Québec. Je pense qu'on essaiera d'améliorer un peu les
retombées touristiques, pour une fois, au Québec. Donc,
Québec, pour nous, est un pôle d'attraction important.
Au début de votre intervention, vous avez parlé de
certains tiraillements chez différents intervenants à
l'intérieur de la communauté touristique. Là-dessus, vous
avez raison sur ce qui s'est passé il y a quelques années, depuis
déjà deux ans. On a essayé de travailler ardemment avec la
Communauté urbaine de Québec, avec la ville de Québec en
particulier, avec l'Association touristique régionale, les intervenants
privés, les hôteliers, les restaurateurs. Certaines séances
n'étaient pas tellement faciles. Mais j'ai participé
personnellement, mes gens et mon sous-ministre au Tourisme aussi, à
plusieurs autres séances. Je me souviens qu'on a dû convoquer
à plusieurs reprises les différents intervenants pour les
réunir autour d'une même table. Mais je suis heureux de vous
annoncer que, le 1er janvier prochain - tous les intervenants se sont mis
d'accord -l'Office du tourisme et congrès de Québec, une
structure unique, sera formé où tout le monde travaillera,
à la fois les gens de la CUQ, les gens de la ville de Québec, les
intervenants privés. L'ATR se refusionnera à l'intérieur
de tout cela. Le gouvernement y sera comme élément de
stimulation, mais nous voulons autant que possible laisser aux gens de la
région le soin de se prendre en main au point de vue
développement touristique.
M. Rivest: ...au même titre, les politiques du gouvernement
fédéral entreront là-dedans, normalement?
M. Biron: Oui, je pense que ce sera l'Office... Ce que nous
voulons, dans le fond, c'est qu'on mette en place un office par les gens du
milieu. Nous, nous allons les seconder. Mais tant mieux si les gens du milieu
peuvent se prendre en main et tant mieux s'ils peuvent avoir de l'argent qui va
nous revenir du gouvernement fédéral. On n'est pas contre
cela.
M. Rivest: Là-dessus, indépendamment des conflits
de juridiction qui sont importants et qui sont dans un autre domaine,
très souvent, entre autres, dans la région de Québec et
sans doute que c'est la même chose pour mon collègue de Viger qui
est plus familier avec la région de Montréal, quand arrive un
programme du gouvernement du Québec ou une initiative - il y en a, bien
sûr - et une initiative, après cela du gouvernement, le
gouvernement s'adresse directement aux gens dans le milieu. Vous faites
exactement la même chose. Les intervenants - ce sont les
témoignages que j'ai eus, non seulement dans le domaine touristique,
mais dans d'autres domaines -hésitent à s'avancer, parce qu'ils
disent: C'est intéressant, ce qu'ils nous proposent, autant au niveau
fédéral que provincial, mais quand les ministres vont s'en
mêler, cela deviendra un affaire politique et on risque de perdre cela.
Je voudrais que vous trouviez, dans le domaine touristique dans la
région de Québec, une façon calme, sereine et pratique de
faire en sorte que les gens puissent profiter des interventions des deux
paliers de gouvernement qui devront intervenir jusqu'à preuve du
contraire. C'est ma préoccupation, d'être beaucoup plus pratique
et fonctionnel dans...
M. Biron: Cela a été mon action depuis ma venue au
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, d'essayer
d'obtenir le maximum de sommes d'argent qui sont à Ottawa, qui sont
payées par les contribuables québécois et qui doivent nous
revenir. Exemple: 1534-1984. Enfin, on a un protocole d'entente avec la
corporation. C'est nous qui avons écrit le protocole d'entente. J'ai
rencontré le ministre Lapointe du gouvernement fédéral
à plusieurs reprises et je lui ai même suggéré de
prendre notre protocole d'entente. Je lui ai dit: Si tu veux changer quelque
chose, dis-le moi. Nous sommes prêts à changer notre protocole
pour faire en sorte qu'il y ait un protocole entre Québec et la
corporation et un autre protocole entre Ottawa et la corporation, sans
nécessairement que ce soient les deux gouvernements. Mais je pense
c'était la meilleure approche. Je dois vous dire que la corporation 1534
fonctionne assez bien avec les deux gouvernements. On sait qu'il y aura des
drapeaux rouges, mais on sait qu'il y aura à peu près autant de
drapeaux bleus. Je
pense que tous les gens de l'agglomération de Québec en
profiteront.
M. Rivest: II y a des gens qui vont se tenir en dessous des
drapeaux, c'est cela qui est le plus payant.
M. Biron: II y a des gens, dans le fond, qui veulent travailler
au développement économique et touristique du Québec. Ce
que j'ai fait l'an dernier aussi, on a contribué, avec le gouvernement
fédéral, au Centre municipal des congrès de Québec
avec 645 000 $. C'est une entente auxiliaire Canada-Québec qui a
contribué à faire cela. Finalement, on a transmis les sommes
d'argent à la ville de Québec qui est en train de les
investir.
Je voudrais reprendre une chose. Vous avez dit: Au Québec, on se
plaint des taxes et de tout cela. C'est sûr qu'il y a certaines taxes qui
sont plus élevées au Québec, d'autres sont beaucoup moins
élevées. Il faut le dire, il ne faut pas seulement dire ce qui
est le plus élevé.
M. Rivest: Dans le domaine touristique, elles sont pas mal
élevées.
M. Biron: Vous avez mentionné une taxe sur les chambres
d'hôtel. Il n'y a pas depuis longtemps...
M. Rivest: Excusez-moi, je me suis trompé.
M. Biron: ...de taxe sur les chambres d'hôtel. Depuis que
les libéraux ont quitté le pouvoir, les taxes sur les chambres
d'hôtel ont disparu. Il faut le dire. Il faut le dire aux gens. En
Ontario, c'est 5% ou 7%. En Nouvelle-Angleterre, c'est 5% partout. Il faut dire
cela aux gens. Il me semble que c'est quelque chose...
M. Rivest: Est-ce que, par exemple, pour les congrès - la
fiscalité est une dimension, ce n'est pas la seule - nos
établissements hôteliers sont concurrentiels dans le grand circuit
de l'Est, du Nord-Est américain?
M. Biron: Oui, le prix des chambres est concurrentiel. Mais c'est
sûr qu'on doit organiser des événements. En fait le
Carnaval de Québec est un événement qui dure pendant
quelques semaines, qui est encouragé par le gouvernement du
Québec. 1534 en est un autre. Il y aura des événements
comme ceux-là. Ce que nous voudrions avoir, c'est de plus en plus
d'événements. Les gens ne viennent pas juste pour voir.
Quelques-uns viendront pour voir, mais les gens viennent pour faire quelque
chose. Ils viendront pour faire du ski, ils viendront pour faire de la voile,
pour regarder les voiliers, pour participer à quelque chose, participer
au carnaval. Le gouvernement du Québec injecte 700 000 $ dans le
Festival d'été parce que les gens...
M. Rivest: Ce n'est pas assez.
M. Biron: ...viennent faire quelque chose. Il y a un effort
énorme à faire. Je peux vous assurer que nous allons continuer
à travailler avec les intervenants du milieu pour que tout le monde
puisse se parler, qu'on ait vraiment une voix unique, une structure unique au
lieu que tout le monde tire à gauche et à droite comme cela se
faisait malheureusement. Nous surveillons de près la qualité et
la concurrence dans la grande région de Québec. Je pense que cela
est beaucoup mieux. On déposera une loi sur l'hébergement pour
avoir un peu moins d'inspecteurs, un peu moins de normes, moins de
réglementation. On est assuré que la compétition dans
l'entreprise privée maintiendra quand même un certain niveau de
qualité. Tout le monde est d'accord qu'il y a tellement d'inspecteurs
que même s'il en passait un de moins de temps en temps, même s'il y
avait un petit peu moins de normes, de pieds carrés pour les
fenêtres ou de choses comme celle-là... Je pense qu'on pourra se
permettre d'en enlever un peu. On va en enlever passablement au cours de la
révision de la Loi sur l'hôtellerie. Tout cela pour rendre notre
produit touristique encore plus concurrentiel.
En plus, vous avez mentionné le Mont-Sainte-Anne tout à
l'heure. L'investissement de canons à neige nous permettra, à
nous du ministère, de faire une promotion en garantissant de la neige
à ceux qui veulent venir faire du ski. Cet hiver, cela n'a pas
été tellement bon, on a dépensé beaucoup d'argent
mais cela n'a pas rapporté dans la région de Québec ce que
cela aurait dû rapporter. Cela a été meilleur dans les
Laurentides...
M. Rivest: Vous n'avez pas pensé à dire que la
météo c'est la faute du fédéral? C'est de
juridiction fédérale.
M. Biron: C'est de juridiction fédérale, la
météo. Oui, c'est cela. Dans les Laurentides, cela a
été moins mauvais parce qu'on avait des canons à neige
dans les deux tiers des centres de ski. À Québec, il n'y en avait
pas assez. On fait un effort de ce côté-là. Finalement, on
peut vous assurer que la grande région de Québec est la
région touristique par excellence en Amérique du Nord. Il faut la
faire connaître de plus en plus. On a fait des efforts avec les Nordiques
de Québec l'hiver dernier, avec les Expos, l'été dernier,
pour faire connaître davantage ces grands pôles d'attraction.
M. Rivest: Je m'excuse parce que je dois partir. Je remercie le
ministre. Je vois qu'il y a certainement une volonté politique assez
claire. Ce qui me réjouit surtout, c'est qu'il va finalement y avoir, le
1er janvier -cela a été convenu avec les intervenants du milieu -
un lieu où il va pouvoir s'assumer en intégrant les efforts des
uns et des autres; il va y avoir véritablement une place, un leadership
dans le domaine du développement touristique. Cela a été
notre démarche au colloque que nous avons tenu au mois d'avril. Je pense
bien que le ministre peut compter sur l'Opposition et en particulier sur les
députés de la région de Québec pour appuyer ses
efforts parce que, comme le ministre est également de la région
de Québec - il sait que tous les gens qui sont de près ou de loin
près des activités touristiques ont vécu une
période que le ministre a mentionnée comme ayant
été extrêmement pénible. Finalement, tout le monde
cherchait à gauche et à droite à avoir ce lieu où
va se faire, se définir une véritable concertation, bien
au-delà d'un mot, pour mettre en valeur un potentiel assez exceptionnel
qui est celui de la région de Québec. Merci.
Seulement une dernière... J'aimerais, parce que vous avez
parlé d'Air Canada tantôt, que vous n'oubliiez pas de me
déposer les...
M. Biron: Vous avez trouvé cela?
M. Rivest: La petite phrase, je l'ai trouvée un peu
sèche.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Jean-Talon. M. le député de Viger.
Conseillers en tourisme (suite)
M. Maciocia: Si on revient, M. le Président, le ministre a
dit tantôt qu'aux États-Unis on avait six conseillers en tourisme,
cinq qui provenaient du Québec et un Américain. Est-ce qu'on
pourrait connaître, de la part du ministre quels sont les critères
d'évaluation pour l'engagement de ces personnes. Étant
donné qu'il a toujours la facilité de comparer le Québec
avec l'Ontario, est-ce que pour l'Ontario ce sont les mêmes
critères et est-ce que ce sont les mêmes gens qui partent de
l'Ontario pour aller dans les différents États aux
États-Unis? Est-ce que ce sont des Américains ou des Ontariens
qui vont faire la promotion du tourisme aux États-Unis?
M. Biron: On ne peut répondre pour le gouvernement de
l'Ontario, mais d'après mes conseillers, c'est aussi un mélange
un peu comme on fait, il y a des gens de l'Ontario et des gens du pays qui
représentent l'Ontario sur les marchés internationaux.
M. Maciocia: Mais le rapport est de cinq contre un. Est-ce que
vous considérez cela un mélange? Cinq fonctionnaires du
Québec qui vont à l'étranger faire de la promotion et un
seulement des États-Unis.
M. Biron: Je m'excuse, M. le député. À New
York, on a un conseiller et un démarcheur, alors que je vous avais dit
seulement un conseiller; donc le démarcheur, c'est habituellement un
Américain, c'est Mme Dickinson, et à Boston, une
Américaine, Mme Susanne Beisecker; à Atlanta, un M. Desaulniers,
un résident d'Atlanta et à Toronto, on a un conseiller et un
"local". En fait, nous avons quatre conseillers aux États-Unis et trois
démarcheurs. À Toronto, c'est 1-1 et en Europe, il y a deux
Québécois, tandis qu'à Tokyo, c'est un
démarcheur.
M. Maciocia: C'est précisément sur cela que je vous
avais posé une question à laquelle vous n'avez pas répondu
tantôt. Pourquoi la différence? Est-ce que c'est seulement une
question de langue en réalité qui fait qu'au Japon on a une
personne "locale" tandis qu'en Europe, on a deux fonctionnaires du
Québec pour faire la promotion touristique? Est-ce qu'il y a d'autres
raisons d'après vous?
M. Biron: Au Japon, on me dit que tous ceux qui font affaires
là-bas engagent à peu près exclusivement des Japonais;
l'Ontario fait la même chose. En Europe, l'Ontario fait la même
chose que nous et aux États-Unis à l'heure actuelle, nous, c'est
moitié, moitié, quatre contre trois; alors possiblement que
l'Ontario, selon ce qu'on sait aussi, c'est un mélange des deux.
M. Maciocia: Est-ce que vous avez fait une évaluation? Je
vous pose la question pour la simple raison que je crois, étant
donné que je connais un peu ce marché, que ce serait de beaucoup
préférable d'avoir des gens du pays qui font la promotion, des
gens qui connaissent vraiment le marché à l'intérieur du
pays en question. Cela pourrait être l'Allemagne, la Belgique, la
Hollande, vraiment des connaisseurs locaux qui connaissent le marché,
qui savent comment faire de la promotion touristique. Ils savent comment
attirer ces gens pour faire la promotion d'une destination comme le
Québec ou comme le Canada. C'est dans ce sens-là que je vous
posais cette question. Est-ce que vous avez envisagé, à
l'intérieur du ministère, de faire des changements ou je ne sais
quoi, enfin de faire une promotion un peu différente avec des gens
locaux? (17 h 30)
M. Biron: D'accord. Le responsable du marché outre-mer,
qui est ici au Québec, est un Allemand qui a vécu longtemps
là-bas et qui est venu au Québec. Il est maintenant
responsable du marché outre-mer. Donc, il connaît
très bien le marché là-bas. Le permanent, dont j'ai dit
qu'il était Québécois, est aussi venu d'Europe au
Québec et a été engagé par nous. Ensuite, il est
retourné en Europe comme permanent québécois à
titre de conseiller. Alors, lui aussi connaît le marché
européen. Enfin, on essaie de faire un mélange des deux autant
que possible parce qu'il est important de connaître le marché
québécois. Quant à votre point à savoir qu'il faut
connaître aussi les marchés locaux, particulièrement si on
fait un effort vis-à-vis des conseillers en tourisme et des grossistes
en voyages, je pense qu'il faut aussi connaître le genre de
réaction de ce monde-là.
Jusqu'à maintenant, on a essayé d'avoir un mélange
des deux pour avoir véritablement l'image exacte à la fois du
client et à la fois du service que nous allons rendre à ce client
qui arrive chez nous.
M. Maciocia: Vous dites, à un certain moment: Le
développement des marchés par le truchement des réseaux de
distribution. Quand on parle des réseaux de distribution, on parle des
grossistes en voyages, des agents de voyages, etc., en suscitant la mise sur
pied et la vente de voyages à forfait par la sollicitation de
congrès. La question que je pose est celle-ci: Comment est assuré
le développement des marchés par le truchement des réseaux
de distribution? De quelle façon?
M. Biron: M. le député de Viger, je vais demander
à M. Tremblay, qui est le directeur du marketing, de répondre
à votre question. Il y a beaucoup de technicité dans tout ce
qu'on fait.
M. Maciocia: D'accord, oui. Aucun problème.
La Présidente (Mme Harel): J'imagine que le journal des
Débats...
M. Biron: Oui, c'est enregistré sous mon nom.
La Présidente (Mme Harel): C'est cela, c'est
enregistré au nom du ministre.
M. Maciocia: C'est cela. Comme deuxième question - ainsi,
vous pourrez répondre aux deux en même temps j'aimerais savoir
d'où vient la coordination de ce développement. Enfin, si on peut
le savoir.
M. Biron: D'accord. Tout d'abord, je crois qu'il faut parler des
marchés. Je pense qu'il est essentiel de bien connaître quels sont
les attraits ou les besoins qu'ont ces gens-là, de façon que ce
soit présenté comme tel. Nos gens à l'étranger ont
essentiellement trois fonctions: une première, qui est de faire
connaître la destination. C'est donc en étant présent et en
distribuant de l'information. Ce sont notamment, si je pense au marché
européen, les brochures en français, en anglais et en allemand de
façon que les gens en aient une connaissance.
La deuxième fonction est de négocier avec des grossistes,
avec des agents de voyages. Il y a aussi une aide financière sur le
développement de dépliants et de brochures de forfaits parce que
c'est vraiment à ce niveau que le consommateur fait son achat. Les
agents de voyages qui travaillent avec ces grossistes sont invités,
à périodes assez régulières, à faire ce
qu'on appelle, nous, des "tournées de familiarisation" au Québec
de façon à bien connaître le produit et d'en
connaître les points forts de façon qu'ils puissent s'adresser aux
consommateurs par la suite.
La troisième fonction que nos gens ont à l'étranger
est d'inviter des prestataires de services québécois,
périodiquement, au cours de foires, au cours de séminaires ou au
cours de certaines missions commerciales, à se rendre à
l'étranger pour être en contact direct avec des acheteurs. Il y a
donc des grandes foires internationales mais il y a des foires que nous
organisons aussi.
C'est le rôle de développement de ce qu'on appelle la
partie "commercialisation". Si on remet cela - et on parlera des structures
parce que la deuxième partie de votre question touchait davantage les
structures - l'approche qu'on utilise est une approche intégrée
en marketing, à savoir qu'il y a un certain nombre de points
d'entrée. Il y a la publicité, bien sûr. Il y a
l'éditorial qu'on peut obtenir de journalistes qui sont venus et qui
écrivent, ce qui permet d'avoir une certaine crédibilité.
Il y a le réseau de distribution, dont on vient de parler, parce que
faire connaître le produit et le rendre incitatif, c'est important mais
s'il n'y a pas de réseau de distribution pour le vendre, ce serait peine
perdue. Un quatrième point qui est vraiment les renseignements,
l'accueil, l'ensemble des services qu'on offre aux touristes une fois qu'ils
sont rendus ici mais aussi la possibilité, notamment sur les
marchés américains et ontariens qui sont des marchés
primaires beaucoup plus près de ligne directe.
La publicité est orientée dans cette approche
intégrée. C'est là qu'on fait de la publicité. On
invite ici occasionnellement des journalistes que nous accueillons lors
d'événements internationaux; par ailleurs, directement nous les
invitons en vue de leur faire mieux connaître le produit
québécois de façon qu'ils écrivent un article
susceptible de familiariser les lecteurs et les consommateurs avec le
Québec.
La structure. Pour chacun des marchés il y a un coordonnateur
depuis le siège social à Montréal qui est en contact
continuel avec les personnes à l'étranger et qui est en contact
avec les prestataires de services, le secteur privé ici de façon
que toutes les occasions possibles soient mises de l'avant. Notre rôle
est vraiment de créer ou d'augmenter les occasions d'affaires pour le
secteur privé au Québec. On agit donc à la fois pour
projeter une image, une meilleure connaissance, et une publicité de
façon incitatrice et en même temps permettre aux prestataires
québécois d'être en contact avec les consommateurs.
M. Maciocia: La coordination, donc, est faite de Québec.
C'est cela.
M. Biron: Du Québec. Effectivement il y a des
coordonnateurs pour chacun des marchés et un coordonnateur notamment
pour des secteurs aussi spécialisés que les congrès.
M. Maciocia: Vous avez parlé tantôt de voyages et de
familiarisation des agences de voyages à l'étranger pour venir
visiter le Québec à un certain moment, et se familiariser avec la
situation ici au Québec, des attraits naturels, et les infrastructures
nécessaires pour attirer une certaine clientèle. Pouvez-nous dire
combien il y a eu de ces voyages l'année dernière, on parle de
l'Europe étant donné qu'on est actuellement sur ce sujet, on
poursuivra de cette façon? Combien y a-t-il eu de participants? Quelle a
été la réaction? Quel a été le succès
de cette initiative?
M. Biron: Vous n'êtes pas sans savoir que dans ce domaine
lorsque nous offrons ces services de tournées de familiarisation c'est
parce qu'on a déjà des garanties d'affaires. Il y a un terme qui
existe dans l'industrie qui s'appelle un "freebee" qui existe ailleurs mais
celui-là est particulièrement vrai, c'est le danger d'avoir des
gens qui viennent simplement faire un séjour au Québec alors cela
ne rapporte pas. C'est tout de même des choses que nous vérifions
de très près avec nos gens habituellement parce qu'on a
déjà des négociations avec les grossistes.
Pour répondre à votre question, l'an dernier il y a eu 128
tournées de familiarisation impliquant plus de 2890 employés
d'agences de voyages. Il y a aussi 212 séminaires et foires
spécialisés. Il y a eu l'accueil de 308 décideurs ou ce
qu'on appelle des "opinion influencer" qui sont venus à des
congrès, des voyages et des récompenses etc.
M. Maciocia: Vous avez dit tantôt que ces gens, qui sont
des gens d'agences de voyages en exercice, sont venus ici, au Québec,
parce qu'ils avaient déjà des pourparlers ou déjà
des engagements pris de la part des grossistes ou de ces agences de voyages qui
auraient une clientèle ici au Québec.
M. Biron: Oui.
M. Maciocia: Cela veut dire qu'avant que vous invitiez quelqu'un
vous l'invitez seulement si vraiment il y a un marché déjà
d'établi avec lui et qu'il y a une clientèle et que des gens
devraient arriver ici quelques semaines après ou quelques mois
après. C'est cela...
M. Biron: Si vous me le permettez je vais vous donner un exemple
tout à fait concret. Au sujet des États-Unis, notre marché
primaire...
M. Maciocia: On parlait de l'Europe.
M. Biron: Mais c'est le même principe, je voudrais vous
donner cet exemple parce qu'il touche non pas le nord des États-Unis,
qui est notre marché naturel, mais le sud des États-Unis que nous
tentons de pénétrer. De quelle façon cela se fait? C'est
d'abord un contact avec des grossistes qui, nécessairement, implique
aussi des transporteurs. Il y a le grossiste avec qui nous étions
déjà en contact en Floride. Je suis allé négocier,
en novembre, avec la compagnie Eastern Airlines et le grossiste des forfaits
ayant comme destination Québec et l'Ontario. Dans ce cas, Eastern
Airlines a fait un forfait, trois destinations québécoises, trois
destinations ontariennes. Nous, on a renégocié avec le grossiste
en plus de façon qu'il mette de l'avant encore davantage le forfait
québécois. À ce moment-là, les agences de voyages
faisant affaires avec ce grossiste sont des gens identifiés comme
étant les personnes les plus susceptibles d'avoir du succès parce
que, bien sûr, c'est une question d'argent tout cela, d'où
l'importance d'avoir l'assurance que le secteur privé y est parce qu'on
sait que cela fonctionnera. À partir de là, on a invité
des agents de différentes entreprises qui faisaient affaires avec ce
grossiste à venir mieux connaître le produit
québécois, de façon qu'ils puissent mieux conseiller le
consommateur. Cela se fait partout, peu importe le marché ou la
destination, selon le niveau de maturité où on est rendu. C'est
le genre de travail que nous faisons.
M. Maciocia: Est-ce qu'une évaluation a été
faite pour déterminer la rentabilité de cette approche
vis-à-vis de ces grossistes et de ces agences de voyages?
M. Biron: C'est très certainement rentable parce que,
d'une part, on a déjà une brochure; en d'autres termes, c'est
son
instrument de vente à lui. On a l'assurance qu'une fois le
consommateur en contact avec ce produit il y aussi un agent de voyages qui est
capable de le conseiller et de lui faire connaître les endroits
extraordinaires qu'il y a à Québec, à Montréal,
dans Charlevoix, dans la Gaspésie, dans les Laurentides ou dans
l'Estrie. Ce ne serait pas possible s'il avait simplement le dépliant et
s'il disait: C'est une destination québécoise, le coût est
de tant, voilà ce qui se passe. Il est en mesure de conseiller sur les
restaurants, les sites d'attraction. C'est nécessairement rentable et
c'est se créer un "goodwill" et un effet multiplicateur.
M. Maciocia: Étant donné que vous avez parlé
de brochure, je voudrais simplement faire une petite remarque. J'ai une
brochure qui est traduite en allemand devant moi. Je crois que c'est la
publicité que le gouvernement fait en Allemagne pour promouvoir le
Québec. Je m'aperçois qu'à l'intérieur de cette
brochure il n'y a même pas un mot sur le Canada. Je crois que,
spécialement dans les pays d'Europe, on connaît le Canada un peu
plus que le Québec. Il faut dire, à certains moments, que le
Québec est dans le Canada. En regardant cette brochure - à moins
que je ne me trompe - il n'y a aucune identification canadienne. Est-ce vrai?
Est-ce intentionnel? Quelle est la raison pour laquelle cette brochure...
M. Biron: Si vous permettez, il ne s'agit pas d'une traduction,
mais d'un texte original.
M. Maciocia: D'accord.
M. Biron: Je pense que cela est important. Encore là, on
est allé chercher une personne qui connaissait les critères de
choix et la culture avant de l'écrire. La porte d'entrée, qui est
le thème que nous utilisons face au marché européen, est
d'abord une analogie historique, parce que c'est finalement au Québec
qu'on va la revivre l'an prochain, en 1984, et c'est un positionnement
spécifique du Québec. C'est clair. La carte géographique
le situe par rapport à d'autres portes d'entrée avec lesquelles
on est en concurrence, c'est-à-dire New York qui est effectivement aux
États-Unis et Toronto qui est au Canada.
M. Maciocia: Parfait.
M. Biron: D'ailleurs, il y a une question qui m'a
été posée. Cela nous permet d'utiliser un thème qui
est vraiment "gateway". Il est clair et on le sait très bien. En Europe,
on travaille de concert avec l'ensemble du Canada. Ceci dit, cela nous permet
un positionnement différent. Ce qui est visé là-dedans,
c'est de dire que le positionnement du Québec est différent parce
que c'est une porte d'entrée, ce qui permettrait d'augmenter le nombre
de jours de séjour si on entrait ici, parce qu'on a aussi les
installations pour les recevoir. Il est bien clair que nous étions
malvenus, sinon à des références historiques... Dans le
contexte, il ne nous appartient pas de vendre l'ensemble du Canada. Ce sont des
initiatives que nous faisons avec le gouvernement fédéral et,
à ce moment-là, nous vendons l'ensemble des provinces. Chaque
province, autant l'Ontario que nous, dans son positionnement essaie de vendre
sa destination. C'est là que la compétition entre en jeu. Nous
travaillons ensemble à grossir la cote à l'étranger, mais
on essaie de se positionner pour amener les gens d'abord.
M. Maciocia: Je comprends très bien, mais vous n'allez pas
me faire croire - à moins que je ne l'aie pas vu - que l'Ontario fait la
même publicité que le Québec, sans s'identifier au Canada.
Vous n'allez pas me dire cela. Dans toutes les brochures que j'ai vues à
l'étranger, que ce soit en Europe, que ce soit au Japon, que ce soit
n'importe où, on voit l'Ontario et on voit tout de suite à
côté "Canada", parce que les gens à l'étranger - il
ne faut pas rêver en couleur -connaissent avant tout le Canada et
après les provinces, le Québec, l'Ontario, la Colombie
britannique.
Mme Harel: Ils connaissent Montréal.
M. Maciocia: Pardon?
Mme Harel: Ils connaissent Montréal.
M. Maciocia: Oui, mais je veux dire: Est-ce que cela n'est pas un
handicap? Je pose la question simplement à savoir si ce n'est pas un
handicap et une des raisons pour lesquelles on a moins de gens qui viennent
à cause de cette publicité qui est faite de cette
manière.
M. Biron: M. le député de Terrebonne voudrait vous
répondre.
M. Maciocia: J'aimerais avoir une réponse de la part du
ministre.
M. Biron: M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Vous demandez si le mot "Canada" est un handicap; je
suis persuadé que dans les forces politiques québécoises
actuellement le mot "Canada" est vraiment un handicap, M. le
député.
Une voix: Ne commencez pas la chicane.
M. Maciocia: Pourrais-je avoir une réponse de la part du
ministre vis-à-vis de cette situation? C'est voulu, ce n'est pas un
handicap? Est-ce qu'une étude a été faite, à savoir
que ce n'est pas un handicap à l'intérieur de la promotion qui
est faite à l'étranger?
M. Biron: Je crois que, dans la brochure, vous avez
différents bureaux de tourisme du Canada qui sont indiqués. J'ai
la brochure française - malheureusement je ne peux lire la brochure
allemande - mais s'y trouvent les principales adresses utiles, d'abord, bien
sûr, les centres d'accueil touristique permanents, ce qui existe au
Québec, à Paris, à Düsseldorf, à Bruxelles,
à Londres et les offices du tourisme du Canada. Dans la même page,
on donne les informations essentielles comme renseignements
généraux, passeports, visas et ce que vous avez à
faire.
M. Maciocia: Je comprends très bien qu'il y ait ces
informations. Je vous ai posé une question bien spécifique en
vous disant: Est-ce que ce n'est pas un handicap à l'étranger?
Quand je parle de l'étranger, je ne parle pas des États-Unis,
où on peut savoir plus facilement où est le Québec tandis
qu'en Europe, en Amérique latine, en Australie, ou n'importe où,
n'est-ce pas un handicap pour le Québec, en tant que promotion
touristique, de ne pas nous situer à l'intérieur du Canada? C'est
cette question que je vous posais.
M. Biron: J'ai lu dernièrement une brochure publicitaire
sur New York, puis on ne faisait pas la publicité des États-Unis.
C'était "I love New York" et on parlait seulement de New York.
M. Maciocia: Oui, je ne m'attendais pas à une telle
réponse de votre part, M. le ministre, parce que...
M. Biron: On comparera ensemble, si vous voulez, M. le
député de Viger, l'an prochain. Si nos statistiques
d'entrées touristiques continuent à augmenter comme elles l'ont
fait l'an dernier, on pourra comparer ensemble et là vous me direz:
C'est payant d'employer le mot "Québec", de faire la promotion du
Québec et d'être fier du Québec.
M. Maciocia: Je ne veux pas retourner sur la question dont on a
discuté tantôt au début. Comprenez-vous?
M. Biron: Laissons faire les statistiques et puis on comparera
ensemble, mais si les statistiques prouvent qu'employer le mot "Québec"
c'est vraiment rentable, j'espère que vous allez changer un peu votre
disque et qu'à l'avenir vous allez vanter les mérites du
Québec.
M. Maciocia: Sûrement, je le ferai avec plaisir, mais j'ai
su, et j'en suis pas mal convaincu, qu'à l'intérieur de votre
ministère - je ne sais pas si vous êtes vous-même au courant
- il y a un gros handicap. C'est pour cela que je vous ai posé la
question. Quand il y a des foires, que ce soit en Allemagne ou n'importe
où, le kiosque du Québec est complètement
séparé. Vous savez qu'en Allemagne, par exemple, le mot "Canada"
s'écrit avec un K et le Québec se borne à mettre un C
parce qu'en français c'est un C, ce n'est pas un K. À
l'étranger, est-on là pour faire de la promotion pour attirer des
gens ici au Québec, pour avoir des devises étrangères,
pour avoir de l'argent qui entre au Québec ou est-on là seulement
pour faire la promotion de la spécificité ou de
l'indépendance du Québec?
M. Biron: M. le député de Viger, nous étions
à la foire touristique de Berlin; avec l'Office du tourisme du Canada,
sous le grand drapeau rouge. Il y avait l'Ontario, l'Ouest canadien et, bien
sûr, le Québec aussi. Or, je peux vous assurer d'une chose, c'est
qu'on paie tellement cher de taxes au gouvernement fédéral qu'on
essaie d'en récupérer le maximum pour les
Québécois. Tant et aussi longtemps que je serai là, je
vais toujours essayer d'obtenir le maximum des taxes qu'on paie à
Ottawa. Il n'en revient pas assez à mon point de vue. Il y a trop de
taxes qui sont gardées à Ottawa pour envoyer ailleurs. On essaie
d'en retirer le maximum parce que créer des emplois au Québec, je
pense que c'est une priorité.
M. Maciocia: Je suis pleinement d'accord avec vous, mais il faut
avoir une certaine collaboration avec le gouvernement fédéral
pour avoir ces retombées. Je ne sais pas si c'est vrai, j'ai une
information. Est-ce que vous avez fermé un service que le Québec
avait à DUsseldorf?
M. Biron: Le marché s'affaissait. D'ailleurs, Air Canada
avait suspendu sa ligne de DUsseldorf à Montréal. Il faisait
DUsseldorf à Toronto. Il amenait les Allemands à Toronto au lieu
de les amener au Québec. Il y avait de moins en moins de marchés
possibles pour nous. On a suspendu nos activités là-bas, sauf
pour aller à des foires touristiques. Maintenant, on est en train de
chercher - parce que Air Canada a recommencé à effectuer sa ligne
de l'Allemage vers Montréal - un démarcheur. Il n'est pas
question d'envoyer quelqu'un du Québec là-bas pour le moment;
alors on est en train de chercher un démarcheur qui fera le travail pour
nous.
M. Maciocia: Cela fait combien de temps qu'elle a
été fermée à Düsseldorf?
M. Biron: Deux ans. Elle a été fermée il y a
deux ans et elle vient de rouvrir.
M. Maciocia: Est-ce que vous parlez de la ligne
aérienne...
M. Biron: La ligne aérienne.
M. Maciocia: ...de Montréal à Düsseldorf? Moi,
je parle du démarcheur à Düsseldorf.
M. Biron: Cela fait deux ans.
M. Maciocia: Cela fait deux ans. D'accord.
Tantôt, M. Tremblay disait qu'on faisait de la promotion, qu'on
cherchait des journalistes spécialisés dans le domaine du
tourisme et de la participation à des événements
spéciaux à caractère touristique dans le but d'obtenir,
dans les médias d'information, de la publicité. Est-ce qu'une
évaluation de cette publicité a été faite à
l'intérieur des médias? Est-ce bon qu'on ait eu de la promotion
de la part des journalistes qui sont venus au Québec pour
vérifier et participer à des événements
spéciaux?
M. Biron: On pourrait ramasser toutes les coupures de presse
qu'on a eues depuis quelques années. C'est énorme. M. Tremblay
m'informe qu'il y a certaines études de faites là-dessus et que
cela équivaudrait apparemment - les éditoriaux et les articles
qu'on a eus des journalistes - à des millions de dollars de
publicité gratuite pour le Québec.
M. Maciocia: Est-ce qu'elle en a été faite en
relation... Je ne voudrais...
M. Biron: On l'a faite...
M. Maciocia: ...que vous lanciez comme cela des millions de
dollars, parce que, pour arriver à des millions de dollars, cela prend
beaucoup d'éditoriaux et beaucoup d'articles.
M. Biron: ...
M. Maciocia: En même temps, étant donné que
vous répondez, j'aimerais aussi savoir quels ont été les
marchés cibles de ces journalistes, d'où ils viennent et combien
coûtait au gouvernement leur séjour au Québec, si c'est
possible.
M. Biron: Je vais prendre le temps de trouver la réponse.
Dans les deux cas, je n'ai pas de chiffres précis. La façon dont
on fait - cette étude, parce que c'est l'équivalent en
publicité gratuite pour nous - c'est que nous mesurons l'espace
utilisé pour un article sur le Québec par rapport au
médium qui est utilisé, soit une revue, soit un journal
quelconque. On a des évaluations continuelles là-dessus,
notamment par rapport à des événements spécifiques
ou lorsqu'on a fait des tournées. Les arrangements qui sont faits, c'est
l'équivalent d'un séjour, c'est souvent négocié
avec le secteur privé de façon qu'il ait certaines
gratuités, parce que, dans le fond, cela profite à l'ensemble de
l'industrie. Nous, nous assurons l'accueil et nos gens qui travaillent dans
l'industrie s'assurent que ces gens ont tous les services requis, voulus.
Étant donné que cela profite aussi à l'ensemble de
l'industrie, ce n'est vraiment pas le coût. Il ne s'agit pas d'amener
quelqu'un et de lui dérouler un tapis rouge avec l'argent des
contribuables. Ce n'est vraiment pas comme cela que cela fonctionne. C'est
sûr qu'il y a un coût, mais par rapport au coût dans des
revues à circulation importante ou dans des journaux importants, cela
nous permet de voir... L'an dernier, on a accueilli... Je vais aussi
répondre à votre question. Ce sont les marchés là
où on a l'intention d'être actif. Ce qui veut dire qu'on a fait
venir des journalistes français. On est en train d'ouvrir le
marché vers l'Italie. Bien sûr, il en est venu. L'automne dernier
est venue une équipe de télévision allemande, un certain
nombre d'Américains, selon les événements et selon nos
marchés, de façon qu'on agisse comme multiplicateur aux
États-Unis vraiment de l'Est à l'Ouest.
L'an dernier, on a accueilli 480 journalistes qui ont visité la
majorité de nos régions et, bien sûr, plus on
s'éloigne en espace, plus Québec et Montréal sont les
points d'intérêt, mais toujours en vertu de circuits de
façon que le touriste puisse bénéficier d'un séjour
encore plus complet et non seulement en ville mais autant que faire se peut
aussi dans la nature qui est extraordinaire au Québec.
Dans la publicité, on dit que les retombées sont,
d'après l'étude, de l'ordre de 4 500 000 $, à partir d'un
budget de 125 000 $. Cela nous a donc coûté 125 000 $ pour ces 480
journalistes. Avec l'évaluation espace qui est très scientifique,
plus la crédibilité qui vaut dans certains cas autant que la
publicité, c'est donc un rapport-coûts de 125 000 $ pour un
équivalent de 4 500 000 $.
Je voudrais ajouter, M. le député de Viger, que, tout
dernièrement, Margaret Atwood, l'une des critiques touristiques les plus
réputées aux États-Unis, le 13 mars 1983, dans le New York
Times Magazine, dans un articles intitulé "Joie de vivre of
Montréal" disait: "Even though the billboards are all in French, English
speakers are welcome almost anywhere."
Lorsqu'on lit de tels articles, cela nous fait réfléchir.
Les gens de l'Opposition officielle critiquent le fait français, mais si
les Américains nous disent que les "English speakers are welcome almost
anywhere", il me semble qu'on devrait dire aux gens que, même si tout est
expliqué en français, il y a quand même des gens ici
capables de bien les recevoir, de leur parler, de discuter avec eux. Un article
comme celui-là vaut très cher. Cela nous donne une
crédibilité. Dans ce sens, le gouvernement du Québec fait
un excellent travail. Le titre est en français, "Joie de vivre". Nous
faisons énormément de publicité aux États-Unis en
inscrivant des mots français dans un message en anglais.
M. Maciocia: Je ne voulais pas toucher à ce point de la
spécificité québécoise. Souvent, on entend le
ministre nous parler de cela et nous dire que le touriste viendra probablement
au Québec seulement et uniquement à cause de la
spécificité québécoise. On va revenir sur cet
aspect. Je suis d'accord avec le ministre que c'est peut-être l'un des
attraits, mais ce n'est pas le principal attrait pour ceux qui veulent venir
ici au Québec. Vous n'êtes pas sans savoir - j'espère que
vous êtes au courant de cela - que la loi 101 n'incite pas les touristes
américains à venir ici au Québec. Il y a des statistiques
vis-à-vis de cette situation, et vous le savez très bien.
J'espère que vous êtes conscient de cette situation.
Mme Harel: M. le Président, on peut différer
totalement de point de vue. Ce n'est peut-être pas un attrait pour les
Canadiens, les Torontois en particulier, mais, quand on voyage, cherche-t-on
à retrouver ailleurs la même chose que chez soi? J'imagine que
vous savez très bien, pour avoir fait ce métier, qu'il y a aussi
tout l'effet du dépaysement qui est recherché. Si tant est qu'on
voyage, c'est habituellement pour être un peu dépaysé. Cela
fait, malgré tout, partie je dirais même des handicaps positifs
que le Québec peut présenter à l'étranger,
particulièrement à nos voisins du Sud. C'est un handicap beaucoup
plus positif que négatif en ce qui concerne le tourisme.
M. Maciocia: Des faits...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viger et Mme la députée de Maisonneuve, il s'agit là d'un
sujet passionnant, j'en conviens. Cependant, l'ordre de la Chambre nous oblige
à terminer nos travaux à 18 heures. Ce sont les leaders
respectifs des deux partis qui auront à décider si nous devrions
nous réunir à nouveau. En conséquence, la commission va
ajourner...
M. Lincoln: Puis-je seulement poser une question au ministre
avant de terminer?
J'aurais dû vous demander la parole avant.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
de Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce possible d'avoir le
dépôt des études qui ont été faites sur la
SAQ depuis 1982, celles commandées par la SAQ elle-même ou le MICT
concernant le projet de loi qui sera déposé d'ici la fin de la
session pour qu'on puisse se préparer?
M. Biron: D'accord, je verrai. Je voudrais dire oui. En principe,
c'est oui, sauf s'il y a des données confidentielles en ce qui concerne
la SAQ.
M. Lincoln: Ah oui.
M. Biron: ...mais, en principe, c'est oui.
M. Lincoln: Mais ceux que vous pourrez nous faire parvenir...
M. Biron: D'accord. M. Lincoln: Merci.
Le Président (M. Blouin): Très bien, M. le
député de Viger, en conclusion, en rapide conclusion?
M. Maciocia: Est-ce que je pourrais demander au ministre de
s'informer auprès du leader du gouvernement s'il y a une
possibilité de revenir en commission durant une heure ou une heure et
demie, n'importe quel jour de la semaine prochaine ou d'une autre semaine pour
essayer de terminer au moins l'étude des crédits sur...
M. Biron: On va voir, M. le Président, demain matin. Le
député de Viger bénéficiera de deux longues heures
demain matin pour intervenir...
M. Maciocia: Deux heures et demie.
M. Biron: ...sur l'aspect touristique. Alors, au bout de ces deux
heures, on jugera si les questions sont épuisées.
Le Président (M. Blouin): Bien. Alors, je remercie tous
les membres...
M. Lincoln: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le
député?
M. Lincoln: Combien de temps, en principe, nous reste-t-il pour
les crédits?
Le Président (M. Blouin): En principe, il
resterait deux heures et un peu plus de quinze minutes, M. le
député.
M. Lincoln: Ah bon!
Le Président (M. Blouin): Sur ce, je remercie tous les
participants à cette commission ainsi que les collaborateurs. J'ajourne
les travaux de la commission de l'industrie, du commerce et du tourisme sine
die.
(Fin de la séance à 18 h 01)