Journal des débats (Hansard) of the Committee on Institutions
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Friday, June 2, 2023
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Vol. 47 N° 37
Clause-by-clause consideration of Bill 26, an Act to amend the Courts of Justice Act to, in particular, give effect to the agreement between the chief judge of the Court of Québec and the Minister of Justice
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde. À l'ordre,
s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 26, Loi modifiant la Loi sur les
tribunaux judiciaires afin notamment de donner suite à l'Entente entre le juge
en chef de la Cour du Québec et le ministre de la Justice.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel) est remplacée par M. Sainte-Croix
(Gaspé); M. Zanetti (Jean-Lesage), par M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne).
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Donc, nous sommes aux remarques
préliminaires. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Jolin-Barrette : Bonjour,
M. le Président. J'ai eu l'occasion de faire des remarques préliminaires hier,
puis on est prêts à étudier le projet de loi, court projet de loi, quatre
articles, puis je suis ouvert à entendre mes collègues.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député d'Acadie,
s'il vous plaît.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Donc, nous avons déposé un
amendement, M. le Président, et... puis, si on peut le voir sur...
Le Président (M.
Bachand) :On est aux...
M.
Morin :Pardon? On est aux remarques préliminaires?
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député d'Acadie. Après
ça, on va aller à l'étude détaillée.
M.
Morin :O.K. Je pensais qu'on les avait déjà faites. On continue
les remarques préliminaires, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
M. Jolin-Barrette : ...préliminaires
d'hier aujourd'hui.
• (11 h 50) •
M.
Morin :Oui, c'est ça, d'hier, parce qu'en fait c'est les mêmes,
là, on a travaillé, puis il y a des enjeux, voilà.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Mais je dois quand
même y aller... Alors donc...
M.
Morin :Non, non, mais je vous comprends. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait, merci. M. le député de
Saint-Henri—Sainte-Anne, pour les remarques préliminaires.
M. Cliche-Rivard : Non, je n'aurai
pas de remarques préliminaires. On aura une motion préliminaire, mais pas de
remarques, non.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Mme la députée de
Vaudreuil, pour les remarques préliminaires.
Mme Nichols : Même chose, M.
le Président, les mêmes remarques préliminaires qu'hier. Ça fait que...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Nous sommes aux
motions préliminaires. Y a-t-il des motions préliminaires? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. On fait motion pour :
«Qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure, la Commission des institutions, avant d'entreprendre l'étude
détaillée en vertu du projet de loi n° 26, Loi modifiant la Loi sur les
tribunaux judiciaires afin notamment de donner suite à l'Entente entre la juge
en chef de la Cour du Québec et le ministre de la Justice, qu'elle tienne des
consultations particulières; et
«Qu'à cette fin, elle entende le groupe
suivant : le Conseil de la magistrature.»
Le Président (M.
Bachand) :Alors donc, est-ce qu'on a...
On n'a pas encore reçu la motion préliminaire...
M. Morin : ça ne devrait
être pas très...
Le Président
(M. Bachand) :Ça ne devrait pas être
tellement long. On va attendre. Ça va? Alors donc, intervention, M. le député
de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Oui,
bien sûr. Alors, on a entendu beaucoup de choses, mais il demeure encore
beaucoup de questions. Et je pense que le conseil devrait avoir le droit nous
présenter leurs arguments au bénéfice de la commission. Ce sont les principaux
impactés par le changement de la loi. Bien sûr, on a lu ce qu'ils nous ont
transmis, mais on n'a pas eu le bénéfice des échanges, et des questions, et des
demandes de précisions. La partie surtout sur le financement n'entre pas en
vigueur avant plusieurs mois. On a du temps devant nous, on a du temps la
semaine prochaine. Donc, je ne vois pas pourquoi on ne prendrait pas le temps
de les entendre.
Le conseil demande à être entendu. À cette
fin, on sollicitera le consentement de déposer une lettre dudit conseil qui
nous transmettait ou nous a informait de sa disponibilité hier, qui aurait
voulu être entendu. Ce matin, on voit aussi dans La Presse un article à l'effet
que ma formation politique et l'opposition officielle avaient demandé la
présence du conseil. Alors, d'autant plus que mes collègues ou potentiellement
la partie gouvernementale va modifier ou suggère de modifier certaines des
dispositions. Il aurait été encore plus intéressant d'entendre le conseil sur
ces nouvelles informations. Alors, considérant qu'ils sont au centre de la discussion,
je pense que la moindre des choses, ç'aurait été qu'on les entende.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Rapidement,
M. le Président, on va voter contre cette motion préliminaire là.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : On
va voter contre la motion préliminaire. Je comprends que le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne aurait souhaité les inviter. On est dans une situation
où l'ensemble des mémoires sont communiqués aux membres de la commission.
D'ailleurs, je pense que le mémoire du Conseil de la magistrature est fort
éloquent sur sa position. C'est clair comme de l'eau de roche qu'ils sont
contre cette proposition-là de modifier. Alors, c'est détaillé. Il y a un
communiqué de presse. Il y a un mémoire à l'intention des membres de la
commission parlementaire de neuf pages. Il y a des lettres jointes également,
donc, une vingtaine de pages de documentation. On sait très bien où loge le
conseil. Il y a eu des sorties médiatiques de la part du conseil aussi. Ils se
sont exprimés largement sur leur position. Tout le monde connaît leur position
ici. Alors, c'est très clair pour nous.
L'autre élément aussi, on a eu des
consultations. L'ensemble des formations politiques se sont entendues sur une
liste de groupes. Votre leader, votre formation politique, a donné son
consentement également. Alors, comme on fait les choses à l'habitude, on s'est
entendu sur une liste de groupes. Et pour cette raison, nous ne consentirons
pas à votre motion. Mais je comprends que votre désir aura été de les entendre.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Autres
interventions sur la motion? M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci. Merci,
M. le Président. Alors, écoutez, c'est un projet de loi qui va entraîner un
changement important dans la façon dont le Conseil de la magistrature est
financé. Je l'ai dit à plusieurs reprises, on n'est pas évidemment contre la
reddition de comptes, pas contre l'imputabilité. Ça, c'est très, très clair.
Cependant, dans le continuum législatif, on vient... le Parlement vient
d'adopter une loi qui va donner des pouvoirs à la Vérificatrice générale
d'aller évaluer, faire un audit des comptes du conseil. Et le conseil est
maintenant soumis à la Loi sur l'accès à l'information. Donc, il y a des
experts, hier, qui nous ont dit, notamment le Barreau, si mon souvenir est bon,
que c'était un pas évidemment dans la bonne direction, mais on n'aura pas le
bénéfice de voir en action ce que ça va donner parce qu'il y a ce projet de loi
qui est déposé et qui va déjà plus loin.
Moi, je vous dirais, quand à la position
en tout cas de certains juges ou de certaines conférences de juges, je
nuancerais. Je nuancerais des propos. Dans une lettre qui a été envoyée à M. le
ministre de la Justice, on dit : «Les conférences des juges, et je cite,
sont particulièrement préoccupées des effets qu'auront la mise en vigueur des
dispositions des articles 2 et 3.»
Donc, quand on a une modification aussi
importante et qu'il y a des groupes qui soulèvent des préoccupations, le
Conseil de la magistrature en a également soulevé, je pense qu'il est important
comme législateurs de les... de les entendre et de voir... et d'entrer dans un
dialogue...
M.
Morin :...pour voir s'il n'y aurait pas, justement, des voies
qui pourraient être ouvertes, s'il n'y aurait pas des ponts qui pourraient être
construits, bâtis pour faire en sorte qu'on arrive finalement à un résultat qui
est négocié pour le bénéfice de tout le monde.
Donc, c'est la raison pour laquelle, M. le
Président, j'appuie la motion de mon collègue le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne. Ce projet de loi là, une fois terminé, parce qu'il
sera terminé, évidemment, je l'évoquais hier, avec la majorité gouvernementale,
éventuellement il va être adopté, mais il ne rentrera pas en vigueur
immédiatement. Donc, je pense que ça nous laisse du temps pour être capable de
bien cerner et d'écouter, en fait, très important, l'écoute, d'écouter des
groupes qui sont directement visés par les modifications et qui vont faire en
sorte qu'ils pourraient nous éclairer sur l'impact. Et ça, je pense que c'est
particulièrement important. Donc, c'est la raison, M. le Président, pour
laquelle je vais appuyer la motion de mon confrère, de mon collègue.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui. Merci, M.
le Président. Je suis aussi d'accord. En fait, je ne pourrais même pas être
d'accord avec la motion de mon collègue puisque le Conseil de la magistrature
était sur la liste que j'ai... que j'ai transmise au ministre pour les groupes
qu'on voulait entendre dans le cadre de ce projet de loi là, dans la liste de
groupes. D'ailleurs, il y a eu des désistements étant donné, là, la courte
période pour laquelle... la courte période qu'on leur donnait pour venir se
présenter ici, au projet de loi n° 26, il y a eu des désistements, il y
avait de la place. Et d'ailleurs le Conseil de la magistrature avait même
manifesté être disponible en tout temps, une grande... il y avait une grande
flexibilité dans leur horaire. Puis on fait aussi les rencontres par
visioconférence. Donc, je pense qu'on est capable d'accommoder tout le monde.
On le sait, ils sont principalement
concernés par le projet de loi n° 26. Puis je le dis, M. le Président, je
pense que ça peut même être une façon de trouver un terrain d'entente avec le
Conseil de la magistrature. Je pense que, justement, ça peut même faire baisser
la tension qu'on a... bien, je dis «qu'on», je m'exclus, peut-être la tension
que le ministre de la Justice a avec la conseil... du Conseil de la
magistrature, que ça peut faire baisser la température, parce qu'on fait des
propositions, on essaie de trouver une voie de passage. Comme, par exemple, je
vais donner l'exemple d'hier, là, il y a un M. Taillon qui proposait même de
couper la poire en deux en mettant la déontologie à l'extérieur. Donc, bien, on
aurait pu prendre le pouls du Conseil de la magistrature, là, à cet effet-là.
En fait, peut-être qu'ils ont... je suis certaine, convaincue que le Conseil de
la magistrature a, entre autres, écouté, là, les différentes interventions
hier, les consultations.
C'est quand même majeur, tu sais, on parle
que le Conseil ne sera plus financé à même les fonds consolidés du revenu mais
plutôt par des crédits votés. La position, on la connaît, oui, mais les voies
de passage, on les connaît... on les connaît plus ou moins. Puis je suis
certaine qu'il y a de la flexibilité de part et d'autre, soit du côté... du côté
du ministre mais aussi du côté du Conseil de la magistrature. Alors, vous
comprendrez, M. le Président, que moi, je suis en faveur d'entendre le Conseil
de la magistrature ici, au projet de loi n° 26.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Juste vous rappeler que
c'est une seule intervention par membre et qu'il n'y a pas de droit de
réplique. Alors, est-ce qu'il y aurait d'autres membres de la Commission qui
désireraient prendre la parole? S'il n'y a pas d'autre intervention... Oui, Mme
la députée de Laval-des-Rapides, ça va? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que la motion est adoptée?
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Vote par appel nominal. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire
: Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Contre.
La Secrétaire
:Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Morin
(Acadie)?
M.
Morin :
Pour.
La Secrétaire
: Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
• (12 heures) •
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, la motion est
rejetée. Y a-t-il d'autres motions? S'il n'y a pas d'autre motion, je suis prêt
à prendre en considération l'article 1 du projet de loi. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le présent. L'article 85 de la Loi sur les tribunaux judiciaires est
modifié par le remplacement de «319» par «333».
Commentaires : L'article 85 de
la loi sur le traitement judiciaire est modifié afin d'augmenter à 333 le
nombre de juges composant la Cour du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'article 1? M. le député d'Acadie, s'il vous plaît.
M.
Morin :Merci, merci, M. le Président. Alors, je comprends,
évidemment, qu'en montant le nombre de 319 à 333, c'est l'ajout, évidemment, de
14 postes de juges. Et...
12 h (version non révisée)
M.
Morin :...cet article est conforme à l'entente entre la juge en
chef de la Cour du Québec et le ministre de la Justice, puisque l'article 1 de
l'entente indique que le ministre ajoutera 14 postes de juges aux effectifs
actuels de la Cour du Québec, chambre criminelle et pénale, et verra la
nomination des juges additionnels. Alors, dans ce cas-ci, c'est tout à fait
conforme à l'entente, donc je n'ai pas d'autre commentaire, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'article 1? M. le député de Saint-Henri-Saint-Anne, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Oui.
Alors, belle entente et belles dispositions. Je salue, je salue l'entente que
le ministre a pu signer. C'est une bonne nouvelle, et, quand on peut lancer des
fleurs, on le fait. Alors, on est très heureux que cette mésentente soit donc
derrière nous.
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : Bien,
quand on fait une entente, des fois, c'est parce qu'il y a eu une mésentente
avant. Mais je ne vais pas m'attarder là-dessus puisqu'il faut. Je me demande
quand même si le ministre peut nous expliquer pourquoi 14, d'où ça sort, 14,
comment ça a été calculé, pourquoi pas 15, pourquoi pas 20, pourquoi pas 25.
Alors, d'où vient cette négociation? D'où vient cette décision?
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, juste avant de répondre à la question du député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, je comprends que, s'il y a eu une entente entre le
ministre de la Justice fédérale puis le Conseil canadien de la magistrature, ça
veut dire qu'il y avait mésentente auparavant, selon sa réflexion.
M. Cliche-Rivard : Bien, j'ai
un droit de réplique à ça? C'est une question qu'il me renvoie.
Le Président (M.
Bachand) :Bien oui. Oui, oui, on est
rendu à l'étude détaillée. Oui.
M. Cliche-Rivard : Ah!
Fantastique! Bien, écoutez, si le ministre veut soumettre au public qu'il n'y
avait pas mésentente entre lui et le Conseil de la magistrature ou avec lui et
la juge Rondeau, libre à lui de le faire. Je pense que tout le monde a tiré ses
propres conclusions dans les faits d'actualité sur sa relation avec la
magistrature. Je vais lui laisser ça, là-dessus.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, comme commentaire, M. le Président, je vous dirais qu'en ma qualité de
ministre de la Justice, M. le Président, je prends des décisions dans l'intérêt
du système de justice et dans l'intérêt collectif. Mon rôle, ma job, comme
ministre de la Justice, c'est de faire en sorte de penser aux citoyens qui
sont... qui vont à la cour, aux citoyens qui ont affaire avec les greffes, aux
citoyens qui se retrouvent devant le tribunal. On les appelle les justiciables.
De penser, particulièrement en matière criminelle et pénale, aux victimes, aux
victimes qui ont été, supposons, agressées sexuellement. Et qu'on leur dit :
Écoutez, nous, on va moins siéger à la cour, donc ça va allonger les délais...
puis une femme qui a été agressée sexuellement, qui aurait dû témoigner dans
les six mois, finalement, on va la prolonger d'une couple de mois, de quatre,
cinq, six mois supplémentaires. Moi, là, ça, je n'accepte pas ça. Alors, comme
ministre de la Justice, lorsqu'il y a des décisions unilatérales qui sont
prises qui défavorisent les justiciables et les victimes, je vais toujours...
et le gouvernement va toujours s'ériger contre ça.
Cela étant, on est arrivé à un accord, et
les 14 juges visent à faire en sorte de pouvoir combler les besoins, notamment
de donner des ressources supplémentaires dans le système de justice, et j'en ai
toujours été, de donner des ressources supplémentaires. Cependant, ça vient
avec des indicateurs de performance, d'efficacité, c'est ça le plus important
dans l'entente, pour réussir, en matière de justice criminelle et pénale, à
réduire les délais et arrêter d'avoir un inventaire.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de
Saint-Henri-Saint-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Alors, moi je vous ai... j'ai commencé en saluant votre entente, M. le ministre.
Alors, ne me dites pas ou n'inférez pas que je ne suis pas pour les meilleures
ressources dans le système de la justice ou la défense des intérêts des
justiciables ou des victimes, je suis tout à fait avec vous et je vous appuie
là-dedans. Je posais une question.
M. Jolin-Barrette : Ah! M. le
Président, juste pour être clair, mon commentaire ne visait aucunement le
député de Saint-Henro-Saint-Anne.
M. Cliche-Rivard : Fantastique!
M. Jolin-Barrette : Je sais
qu'il a à cœur la justice.
M. Cliche-Rivard : C'est
bien. Alors, que ce soit noté. Bien dit.
M. Jolin-Barrette : Au
procès-verbal.
M. Cliche-Rivard : Au
procès-verbal, oui. Alors, je posais quand même la question à savoir pourquoi
on est arrivé à 14 juges. C'était dans quel esprit? Où est-ce que les
négociations... Comment on rationalise, là? Comment on s'explique 14 juges? C'est
ma question.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, vous aurez noté que nous avons une entente, mais que, préalablement à ça,
en vue du processus de facilitation, nous nous sommes engagés à la
confidentialité avec la juge en chef de la Cour du Québec. Alors, je ne peux
pas commenter les discussions que nous avons eues dans le cadre de ces
discussions-là, de la facilitation.
Cependant, je constate que c'est à la
satisfaction des deux parties. La Cour du Québec, vous le savez très bien, à l'époque,
demandait 41 juges. Elle a conclu l'entente à 14 juges, mais l'élément le plus
important, c'est que les deux parties, on constate qu'il y a des gains d'efficacité,
il y a des cibles de performance à atteindre, et les deux parties, autant le
ministère de la Justice et la Cour du Québec, s'y engagent.
M. Cliche-Rivard : Et je
salue les cibles de performance. Je pense...
M. Cliche-Rivard : ...un
super bon indicateur, puis ça va nous permettre justement de voir qu'est-ce qui
fonctionne, et je le souhaite, hein, que ça va fonctionner.
Est-ce qu'on n'aurait pas pu faire les
deux? Je pose la question là bien ouvertement. Est-ce qu'on n'aurait pas pu et
fixer des indicateurs et accorder les 41 juges qui étaient réclamés?
Est-ce que ce n'était pas possible de faire les deux? Tout en me disant que je
salue tout à fait la mise en place d'indicateurs de performance.
M. Jolin-Barrette : Mais...
on en est arrivés à une entente, 14 juges, les juges siègent davantage que
la décision unilatérale qui avait été prise, on passe de 181 jours avec des
cibles de performance. C'est ça, l'entente.
M. Cliche-Rivard : Mais on
n'aurait pas pu faire les deux?
M. Jolin-Barrette : Mais
faire les deux?
M. Cliche-Rivard : Avoir
41 juges et mettre des cibles de performance? C'est une question. Je sais
que vous avez une entente puis je respecte l'entente.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mais vous savez, dans le fond, il faut toujours faire des choix. On est
présentement en tentative de règlement, notamment de donner davantage de
ressources aux greffiers, aux adjoints à la magistrature. Alors, c'est un tout,
là.
M. Cliche-Rivard : Merci.
4bac Merci pour votre intervention sur
l'article un. S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 1
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. Et j'ai vu M. le
député de l'Acadie, vous avez la parole.
M.
Morin :Merci. Merci, M. le Président. Donc, suite à
l'article 1, il y a un amendement que j'aimerais déposer avant que nous
puissions nous attarder à l'étude des articles 2 et 3. Est-ce qu'on
peut...
Le Président (M.
Bachand) :Quelques secondes.
M.
Morin :Très bien. Je vous remercie.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Alors, permettez-moi, M. le Président, d'abord de
lire l'amendement : Insérer, après l'article 1 du projet de loi, le
suivant :
1.1. L'article 90 de la Loi sur les
tribunaux judiciaires est modifié par :
1° l'insertion, dans le premier alinéa,
après les mots «le gouvernement» des mots «sur recommandation du comité
consultatif»; et
2° l'insertion, après le premier alinéa,
de l'alinéa suivant :
«Le comité consultatif est composé de
juges de la Cour supérieure — là, il y a une faute qu'il faudra
corrige — de la Cour du Québec, de la Cour d'appel ainsi que du juge
en chef sortant de la Cour du Québec, et a pour mission de solliciter les
candidatures, de tenir des entrevues et de recommander deux candidats.»
C'est ta plus récente version?
• (12 h 10) •
Une voix : ...
M.
Morin :Parfait. Et en dessous, il y a un article à ajouter.
Est-ce que je peux continuer la lecture? Non. C'est parfait.
Donc, pourquoi cet amendement, M. le
Président, bien, c'est parce que, quand j'ai lu le titre du projet de loi
n° 26, j'y ai vu évidemment et je me suis attardé au «notamment» et et
quand j'ai lu les quelques articles, bien, j'ai vu que le projet de loi ne
tenait pas compte, ou ne mettait pas en vigueur, ou ne transposait pas dans la
législation uniquement l'entente avec la juge en chef... qui est intervenue
entre le juge en chef et M. le ministre de la Justice, mais visait également à
faire en sorte que les crédits, donc le budget du Conseil de la magistrature,
puissent être votés par... par le Parlement.
M. le ministre nous l'a expliqué, il
s'agit évidemment de reddition de compte, de transparence, et et ça m'a inspiré
et je me suis dit : Bien, tant qu'à parler de transparence, pourquoi ne
pas améliorer le processus et donc faire en sorte que, dans la Loi sur les
tribunaux judiciaires, il y ait maintenant un comité qui soit formé pour
éventuellement proposer des candidats ou candidates pour la nomination du juge
en chef de la Cour du Québec. Ce qui, évidemment, va aider le ministre dans son
travail. Ce n'est pas... L'amendement, si je le propose aujourd'hui, c'est
parce que ce n'est pas un cas hypothétique. Nous savons que le mandat de la
juge en chef actuelle va venir à échéance dans quelques mois. Donc, le gouvernement
et le ministre auront à se pencher sur la nomination, et je trouvais évidemment
qu'il s'agissait d'un moment opportun pour rajouter et tenter de bonifier la
législation. Le gouvernement et le ministre, je le sais, en est, nous invitent
toujours, les oppositions, à améliorer les lois. Et évidemment, je sais qu'il y
a une ouverture, et on nous dit que comme législateurs, notre travail est de
bonifier des textes législatifs. Alors, je pense que cet amendement à la loi un
permettrait évidemment une amélioration des lois et permettrait, et ça, on en a
parlé hier, M. le Président, c'est fort...
M. Morin : ...Intéressant
de mettre en place un système qui pourrait dépolitiser davantage les rapports
entre le judiciaire et les pouvoirs, donc le législatif et l'exécutif. Dans ce
cas-ci, on parle beaucoup plus de l'exécutif que du législatif, évidemment.
Ça repose, entre autres, sur l'état du
droit et sur la jurisprudence. On a cité hier l'arrêt de la
Colombie-Britannique contre le procureur général en 2020, une décision de la
Cour suprême du Canada. Bon, ça portait plus spécifiquement sur la sécurité
financière, mais la Cour, quand même, d'une façon plus générale, dit que les
rapports entre le judiciaire et les deux autres pouvoirs de l'État soient
dépolitisés. Et je pense que cet amendement va exactement dans le sens de la
jurisprudence.
Permettez-moi également de citer un arrêt
important de la Cour d'appel fédérale dans l'affaire Girouard, un juge qui
était juge à la Cour supérieure et le procureur général du Canada et le
Procureur général du Québec, où la Cour rappelle, et je cite... et fait aussi
une revue de la jurisprudence sur l'importance de l'indépendance judiciaire, et
indique, signale les garanties objectives qu'exige l'indépendance judiciaire.
Évidemment, on parle de sécurité financière, d'indépendance administrative, et,
ça, c'est dans le but de donner confiance au public dans l'administration de la
justice et d'assurer la primauté du droit ainsi que la séparation des pouvoirs.
La primauté du droit est une assise dans notre société démocratique, elle est
excessivement importante et elle fait en sorte, et la Cour suprême nous le
rappelait dans l'arrêt... Contre Campbell en faisant référence à l'arrêt
Roncalli contre Duplessis qu'au Québec, au Canada, nul n'est au-dessus de la
loi, que ce soit du premier ministre à n'importe quel autre citoyen. S'il y a
une infraction de commise, bien, évidemment, il y aura... L'État, le
poursuivant, la police pourra faire une enquête. Donc, volet fondamentalement
très important et que je tenais à soumettre et à partager.
L'arrêt Valente, et on en a parlé, un
autre arrêt de la Cour suprême, disait également qu'il faut s'attendre à ce que
des efforts soient déployés en vue d'affirmer les conditions d'indépendance
judiciaire, et, ça, ça doit viser, évidemment, un idéal. D'ailleurs, le
professeur Taillon en parlait hier quand il a témoigné devant cette commission.
Et on parle aussi de la perception de l'indépendance judiciaire,
éventuellement, donc l'importance, évidemment, d'agir d'une façon neutre.
Ça m'apparaît particulièrement important
parce que c'est un mécanisme, s'il est adopté, qui va faire appel, bien sûr, à
la transparence, qui va éviter des querelles et qui rappelle que la nomination
des juges est un devoir et non pas un privilège. D'ailleurs, d'ailleurs, il y a
des journalistes qui écrivaient dans différents journaux, notamment La Presse,
à ce sujet il n'y a pas si longtemps. Donc, on rappelait que c'est au
gouvernement que revient Le devoir de décider qui seront les magistrats et qui
jugeront notamment de la commission de crimes au Québec et auront le pouvoir de
priver un individu de sa liberté le cas échéant.
Donc, ce n'est pas un privilège pour un
ministre de la Justice et un procureur général, M. le Président, de nommer des
juges, mais c'est un devoir. Et donc, dans le but d'aider le ministre, quand il
aura à remplir ce devoir excessivement exigeant... Pardon?
M. Jolin-Barrette : ...
M. Morin : Oui, c'est un
article paru dans La presse.
M. Jolin-Barrette : Ah!
mais est-ce que c'est un journaliste qui a signé ça? Je ne crois pas.
M. Morin : Photo, Hugo
Sébastien Aubert, Archives de La Presse.
M. Jolin-Barrette : Non,
je pense, c'est la photo, ça. Mais ce n'est pas une lettre ouverte, ça?
Le Président (M.
Bachand) :Juste une personne à la fois.
M. Jolin-Barrette : qui
est le journaliste?
M. Morin : C'est un
texte du professeur Valois, je pense.
M. Jolin-Barrette : Ah!
O.K. ce n'est pas des journalistes. Parce que le collègue, l'estimé collègue de
l'Acadie disait : Les journalistes ont écrit un texte dans La Presse, or
c'est une lettre d'opinion.
M. Morin : Non, c'est...
celui-ci est de Mme Valois, sauf que...
M. Jolin-Barrette : Mais
vous convenez avec moi que c'est une lettre d'opinion, une lettre ouverte dans
La Presse?
M. Morin : Ça, cet
article-là, Oui, M. le Président, mais il y a des journalistes qui ont écrit à
de multiples reprises récemment sur les récentes nominations à la
magistrature...
M.
Morin :...du ministre de la Justice, mais ça, ici, j'en
conviens, c'est une lettre du professeur Valois. Donc, ceci étant, il n'en
demeure pas moins que c'est un devoir et non un privilège. Et on a entendu la
professeure Valois, hier, dans le cadre des travaux de cette commission.
Donc, je reviens à mon propos, et c'est
d'autant plus important que cet élément-là va arriver. Je l'ai mentionné hier,
M. le Président, il a fallu une entente et un conciliateur-médiateur, pour en
arriver finalement, une entente signée entre le juge... la juge en chef et le
ministre de la Justice. La professeure Valois, hier, nous disait, et là,
évidemment, c'est son opinion, et j'ai pris quelques notes, donc je vais la
citer. Elle nous disait, et puis ça faisait référence aussi à l'importance de
la confiance et de la perception que la Cour suprême a soulignée dans
Valente : «Le mal est déjà fait. La confiance entre le politique et la
Cour du Québec est brisée. La politisation est déjà arrivée», selon le
professeur Valois.
Et évidemment, j'ai écrit moi-même son
témoignage, tout est enregistré, là. On pourra toujours vérifier, le cas
échéant, si ce sont exactement les mots qu'elle a prononcés, mais ça correspond
beaucoup, entre autres, à une opinion qu'elle a émise hier en fin de journée.
Donc, raison de plus, s'il y a un problème de confiance, si la confiance est
brisée, raison de plus pour trouver des mécanismes qui vont faire en sorte
qu'on va être capable de redonner la confiance aux citoyens et aux citoyennes
dans le cadre de la nomination à un poste qui est aussi important que la ou le
juge en chef de la Cour du Québec.
Donc, je pense que cet amendement-là
redonnerait la confiance puisqu'effectivement la confiance a été mise à mal. On
l'a vu, dans les journaux, les récentes nominations de M. le ministre de la
Justice ont fait couler beaucoup d'encre. Je pense notamment à l'annulation de
concours à Sept-Îles et à d'autres. Donc, on a ici une mécanique qui ne fera
pas en sorte que ça ne va pas prendre beaucoup plus de temps. Quand vous
regardez les personnes qui seraient appelées à siéger, ces gens-là sont déjà
tous nommés. Donc, il ne s'agit pas d'aller chercher d'autres personnes qui
pourraient, par exemple... ou engager des frais additionnels pour l'État. Mais
ça ferait en sorte que le ministre, après ça, pourrait avoir des noms de
candidat qu'il pourra, évidemment, expliquer au premier ministre et à ses
collègues du Conseil des ministres, et faire en sorte que la personne, après
celle qui sera nommée, pourra exercer évidemment ses fonctions.
Alors, ça m'apparaît, finalement... enfin,
on verra, mais ça m'apparaît, pour moi, en tout cas, une bonification, et
accroître la transparence en ce qui a trait à la sélection éventuelle d'un juge
ou d'une juge en chef de la Cour du Québec, puisque le mandat de la juge en
chef actuel arrive à échéance bientôt. Je vous remercie, M. le Président.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Bachand) :Merci. Interventions sur l'amendement du député de
l'Acadie? Oui, M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Bien,
écoutez, je trouve ça intéressant, je pense que l'explication, elle est
formulée. J'entends mon collègue sur les récentes manchettes dans les dernières
semaines, donc je ne vais pas m'étendre plus sur le sujet, mais je trouve la
proposition très intéressante.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur...
Mme Nichols : Oui, merci, M.
le Président...
Le Président (M.
Bachand) :...
Mme Nichols : Merci. Donc,
j'adhère aux propos de mon collègue. Je trouve ça, je trouve très ça très
intéressant, puis je trouve que c'est peut-être le bon moment pour introduire
ce genre de modification là pour les motifs... pour les mêmes motifs
qu'invoqués par le député.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
l'amendement? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, simplement, je constate... je crois que mes estimés collègues avaient
dit : Écoutez, il ne faut pas inclure d'autres choses dans le projet de
loi que l'augmentation du nombre de juges. Alors, vous-même, vous êtes en train
de faire ce que vous êtes en train de me dire de ne pas faire. Alors, je
comprends, je comprends la démarche du collègue...
M. Jolin-Barrette : ...l'Acadie,
il souhaiterait que ce soit de cette façon-là. Cependant, la prérogative de
nommer le prochain juge en chef appartient au gouvernement du Québec et ça va
demeurer ainsi. Donc, je comprends l'objectif, je comprends la part qu'il
souhaiterait que ça soit davantage prévu, les modalités avec des membres de la
magistrature, notamment de tribunaux fédéraux, de nomination... Ce sont des tribunaux
québécois, mais de nomination fédérale. J'apprécie et je comprends sa démarche.
Cependant, nous n'irons pas de l'avant.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Très brièvement, en fait, dans la démarche, il
n'est pas du tout question de faire en sorte que ce ne soit pas le gouvernement
du Québec qui nomme, là. Ce n'est pas... ce n'est pas ce que dit l'amendement.
Le gouvernement du Québec, en fait, le Conseil des ministres va nommer, mais
c'est dans la procédure, finalement, pour aider le ministre et aider,
finalement, à la transparence. Et j'aimerais également souligner, au tout
début, quand nous avons eu l'entente et qu'on pensait que ce projet de loi
allait être déposé, rappelez-vous, M. le ministre nous disait qu'il souhaitait
une procédure un, deux ou trois. Je me souviens de ses paroles. Mais
évidemment, moi, je m'attendais qu'il y ait deux articles, l'article 1,
l'article 4. Mais, quand j'ai vu le ministre s'inspirer et indiquer «notamment»,
bien, vous comprendrez que... puis d'ajouter des choses, bien, moi aussi, ça
m'a finalement inspiré beaucoup, comme je le disais, et j'ai donc utilisé
«notamment» pour aider la population québécoise. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
l'amendement du député de l'Acadie? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'amendement est adopté? Appel
nominal? Mme la secrétaire, s'il vous plaît. Merci.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M.
Morin :Pour.
La Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Contre.
La Secrétaire : Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire : Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Alors, on continuerait, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : L'article 2 :
L'article 281.2 de cette loi est modifié par la suppression du deuxième
alinéa.
Commentaire : L'article 241.2 de
la Loi sur les tribunaux judiciaires est modifié par concordance avec la
modification proposée à l'article 282 de cette même loi par l'article
suivant du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'article 2? M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Merci. Merci, M. le Président. Donc, est-ce que...
Alors, c'est... ça, c'est mon amendement.
Le Président (M.
Bachand) :On va l'enlever.
M.
Morin :Ça, c'est mon amendement. Donc, je voulais juste...
M. Jolin-Barrette : Essentiellement,
le texte, pour les fins de pédagogie, là, on...
M.
Morin :Oui, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : ...dans
le fond, le texte va uniquement être, le nouveau texte de 281.2 va être :
«Le président du conseil soumet chaque année au conseil les prévisions
budgétaires du conseil pour l'exercice financier suivant. Il en transmet une
copie au ministre à la Justice.» Donc ça, c'était le libellé de l'alinéa 1
actuel, ça demeure intact. Ce qu'on fait, c'est qu'on supprime le deuxième
alinéa : «Le président du conseil doit également soumettre au conseil des
prévisions budgétaires supplémentaires lorsqu'en cours d'exercice les dépenses
du conseil excèdent les prévisions. Il en transmet une copie au ministre.»
Donc, désormais, puisque les crédits
deviennent des crédits votés, dans le fond, le président du Conseil du trésor
va soumettre ses prévisions budgétaires au conseil, en transmet une copie au
ministre de la justice, c'est lui qui l'établit, mais les crédits vont être
votés. Dans le fond, c'est le corollaire de l'article suivant, de
l'article 3. Donc, peut-être, je vous invite à faire le débat sur
l'article 3, parce que la question c'est, dans le fond : puisque ça
devient des crédits votés à l'Assemblée, les crédits supplémentaires se
retrouvent en crédits votés.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Bien, M.
le ministre apporte un bon point. Je suggérerais qu'on suspende, de
consentement, l'article 2. On irait à l'article 3 et on reviendra à
l'article 2.
M. Jolin-Barrette : Moi, je
n'ai pas d'enjeu si ça convient aux collègues.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce que... Consentement?
Alors, consentement pour suspendre l'article 2. Donc, on irait à
l'article 3. M le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 282 de cette loi et modifié par le remplacement de «à même le
fonds consolidé du revenu» par «sur les crédits votés annuellement à cette fin
par l'Assemblée nationale».
Commentaire : L'article 282 de
la Loi sur les tribunaux judiciaires est modifié pour prévoir que les activités
du Conseil de la magistrature sont financées à même des crédits votés
annuellement par l'Assemblée nationale et non plus par des sommes prises à même
le fonds consolidé du revenu.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Oui, bien
sûr. Alors, écoutez, dans le contexte, là, évidemment, toute chose a son
contexte, dans l'objet de ce que j'ai appelé moi-même des tensions entre le
Conseil de la magistrature et le ministre, on venait d'avoir une entente et une
entente qui ne semble pas avoir duré alors que ça aurait été souhaitable. En
effet, le.
M. Cliche-Rivard : ...il
semble que les dispositions actuelles que j'appellerai, disons, litigieuses
avec le Conseil de la magistrature auraient pu être évitées. On en parlait
hier, il y a une lettre que je cosignais dans Le Devoir avec une douzaine de
professeurs en droit et juristes qui suggérait plutôt qu'on enterre la hache de
guerre plutôt que de relancer un conflit. Et il me semble qu'il va dans notre
devoir de trouver une potentielle voie de passage. Hier, la Pre Valois nous
indiquait que les dispositions actuelles ouvraient certainement la porte à des
attaques constitutionnelles, ce qui laisse présager que l'histoire n'est pas
terminée.
Évidemment, je souligne et j'appuie le
ministre dans son impératif de reddition de compte, je pense que c'est la
moindre des, disons, des choses et c'est très, très important qu'on inverse ça.
Je me range, moi, par contre, aussi du côté du ministre en ce qui a trait au
rôle complémentaire que pourraient jouer les crédits avec celui de la Vérificatrice
générale. Par contre, compte tenu l'urgence, là, qui semble actuellement
d'adopter le projet de loi, j'ai de la misère à comprendre pourquoi ces
dispositions-là ou ces procédures complémentaires là n'étaient pas aussi dans
le p.l. 8, si c'était si urgent, là. Force est de constater qu'il y a
quelques mois, le ministre trouvait la modification qu'il apportait avec le
p.l. 8 suffisante. Les modifications étaient suffisantes alors que là on semble
comprendre que ce n'est pas le cas.
Alors, de notre côté, il n'y a pas de
problème à passer aux crédits votés. Qu'on puisse examiner les dépenses, je
pense que c'est très normal et très important, mais je suis inquiet et je
demeurai inquiet s'il n'y a pas de mécanisme nécessaire pour assurer complètement
le financement du mandat du Conseil de la magistrature.
Je demande donc au ministre, avec les
oppositions, si je peux me permettre, de trouver une voie de passage, un
équilibre entre les deux considérations, entre ces deux considérations.
Je note quand même que le ministre s'est
engagé devant nous, devant la commission, à ne pas limiter le budget du Conseil
de la magistrature. Par contre, M. le ministre ne sera pas éternellement le
ministre de la Justice. Peut-être sera-t-il premier ministre un jour? Je ne
sais pas. Peut-être aura-t-il une autre fonction? Je ne sais pas, mais il ne
sera pas inamovible.
• (12 h 30) •
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, juste... là-dessus. Certainement, nous ne sommes pas inamovibles,
ça, c'est sûr, et c'est ça la force aussi de la démocratie parce que nous
sommes redevables devant la population. Et la sagesse du Parlement, il ne faut
jamais oublier qu'en démocratie, la nature est la base de tous les pouvoirs,
des trois pouvoirs, tire sa source dans la sagesse de la population, il ne faut
jamais oublier ça, la légitimité démocratique. Et c'est pour ça, et je fais
juste un point sur l'amendement qui a été déposé par le député de l'Acadie,
c'est fondamental, la population vote pour ses élus, ses représentants. Ses
élus font les lois, ses élus gouvernent à l'exécutif, mais c'est... appartient
également aux élus de nommer le pouvoir judiciaire, il ne faut jamais perdre de
vue cela aussi. À partir du moment où il y a une nomination, l'indépendance
s'applique, mais il y a des applications extensives de l'indépendance
judiciaire, ça, c'est une autre chose, mais, juste pour compléter, j'espère que
le député de Saint-Henri Sainte-Anne ne me souhaite pas un remaniement
ministériel, M. le Président, j'espère qu'il souhaite continuer de travailler
avec moi.
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
Rien de moins. Je disais juste...
M. Jolin-Barrette : Pour
combien de temps?
M. Cliche-Rivard : Ah, pour
très longtemps. On verra où l'avenir vous-même, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je vais
le dire au premier ministre que vous m'appuyez dans mes fonctions.
M. Cliche-Rivard : Vous
pourrez dire à votre premier ministre ce que vous voulez dire. Je ne m'engage
pas sur ces paroles.
M. Jolin-Barrette : Je suis
un peu déçu.
M. Cliche-Rivard : D'accord.
Cela dit, il y aura quelqu'un un jour qui vous succédera dans ce poste, je
pense que ça, vous pouvez en convenir, là, vous ne serez pas éternellement
ministre de la Justice, et donc c'est dans ce scénario où je pose des
questions. Je pense au dernier recours judiciaire, notamment, que le conseil a
entrepris ou dans lequel il est intervenu, sans fonds ou sans financement
complet, je me demande comment le conseil aurait pu aller de l'avant avec ces
recours. Et ces recours-là, dont certains leur ont donné gain de cause. Alors,
comment est-ce que le conseil aurait pu le financer dans un scénario où ce
financement-là n'aurait pas été assuré? Ça, ça m'inquiète. Et par exemple, on a
soumis l'exemple, et c'est un exemple du ministère de la Justice au fédéral,
qui présente ça en modification de budget au Trésor fédéral, et nous, on irait
encore plus loin. De notre avis, si la réelle intention est une reddition de
comptes du conseil devant les parlementaires, alors le plus possible qu'on y
exclurait l'exécutif, je pense que ce serait adéquat. Alors, on va vous
soumettre une proposition...
12 h 30 (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...amendement,
je pense que vous l'avez déjà. Je vais le... je vais le lire. Alors, je ne sais
pas si je peux vous donner trois secondes pour le mettre en ligne.
Le Président (M.
Bachand) :...on va le mettre
immédiatement. Quelques instants, ça va être sur les écrans, merci.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Alors, l'article 3 du projet de loi est modifié :
1° par le remplacement de «à même le fonds
consolidé du revenu» par «prises à même le fonds consolidé du revenu»;
2° par le remplacement de «sur les crédits
votés annuellement à cette fin par l'Assemblée nationale» par «déterminées par
le Conseil et soumises à la présidente du Conseil du trésor qui les inscrit à
son budget de dépense sans modification».
Et donc lecture telle que modifiée :
«Les sommes requises pour l'application de la présente partie sont déterminées
par le Conseil et soumises à la présidente du Conseil du trésor qui les inscrit
à son budget de dépense sans modification.» Ce serait notre suggestion, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Donc, interventions sur
l'amendement du député de Saint-Henri-Sainte-Anne, s'il vous plaît? M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je comprends ce qui est souhaité par le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne. Cependant, avec notre proposition qui se retrouve dans
le projet de loi, on a les garanties aussi. La mécanique que nous avons
actuellement... Puis le député, je le sais sensible aussi à la saine gestion
des fonds publics. Il n'y a aucun organisme, dans l'État, qui bénéficie d'un
accès direct au fonds consolidé. Et souvent, dans certains intervenants qui
sont venus hier, on a beaucoup entendu le fait de dire : Ah! ça viole l'indépendance
judiciaire, ça ne peut pas fonctionner. Or, vous aurez noté que le Conseil de
la justice administrative, c'est des crédits votés, ça ne pose pas de problème.
Vous noterez que la Cour du Québec, c'est des crédits votés, ça ne pose pas de
problème.
Et l'argument du député de Sainte-Anne, c'est
comment : Est-ce que, supposons, le Conseil de la magistrature ferait pour
ester en justice? Or, la Cour du Québec, ce sont des crédits votés et se
retrouvent dans les mêmes litiges. Alors, ils n'ont pas de problème. Cour
supérieure, crédits votés; cour d'appel, crédits votés. Alors, il n'y a pas d'enjeu,
mais, par contre, et je ramène aux objectifs démocratiques de notre système
démocratique, il est tout à fait normal que ce soient les élus de l'Assemblée
nationale qui entérinent le budget, comme ça se fait partout. Alors, pour cette
raison-là, on ne donnera pas suite à l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : La logique
de l'amendement ne vient certainement pas enlever le crédit voté, on reste dans
le crédit voté parce qu'on vote, finalement, le budget de dépenses, là. Donc,
ma question n'est pas de rester sur le fonds consolidé. On vient effectivement
accepter une partie de votre modification, mais on s'assure que le budget de
financement soit assuré sans modification, donc qu'il soit directement présenté
au législatif sans passer par l'exécutif.
Moi, je comprends ce que vous dites dans
certains scénarios où les cours, les juges ont financé certains recours. Je ne
suis pas certain... En fait, je prends ma position que je ne pense pas qu'il
doit appartenir aux juges de la constante charge de toujours financer des
recours judiciaires ou constitutionnels quand ils sont dans l'exercice direct de
leurs compétences et de leur mandat conféré par la loi, conféré par la loi
constitutionnelle notamment. Donc, je comprends le parallèle avec les autres
cours.
Cela dit, à mon avis, et c'est ce que j'essaie
de chercher... puis s'il y a une meilleure solution, une meilleure formulation,
je suis très ouvert, mais je cherche un équilibre, je vois qu'il y a deux
façons de penser claires, là, il y a certains groupes qui sont venus nous dire,
en effet, qu'il n'y avait aucun problème, d'autres sont venus nous dire le
contraire. Est-ce qu'il n'y a pas façon de couper la poire en deux, de trouver
une solution qui permettrait au Conseil de la magistrature d'assurer, outre
seulement qu'une promesse de bonnes intentions, son financement eu égard à sa
mission qui est définie par la loi?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Vous
êtes... vous êtes d'accord avec moi que personne n'est au-dessus des lois?
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait.
M. Jolin-Barrette : Que les
lois doivent s'appliquer à tout le monde de la même façon?
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
M. Jolin-Barrette : Que,
lorsqu'on est un administrateur public, on doit gérer les sommes en respect des
règles qui s'appliquent à l'administration de l'État à l'État?
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
M. Jolin-Barrette : Vous êtes
d'accord avec ça? Le Conseil de la magistrature ne doit pas échapper à la saine
gestion des fonds publics, vous êtes d'accord avec ça?
M. Cliche-Rivard : C'est pour
ça qu'il y a la vérificatrice générale.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'était
une bonne proposition, hein, dans le cadre du projet de loi n° 8.
M. Cliche-Rivard : C'est une
très bonne proposition, je vous le souligne, là, dans mon préambule.
M. Jolin-Barrette : Et des
redditions de comptes. Alors... Et ceux qui sont chargés du contrôle des
dépenses, ce sont les parlementaires avec...
M. Jolin-Barrette : ...proposition,
là. Puis, dans un premier temps, le Conseil de la magistrature relève... est un
organisme, je ne dirais pas relève, est un organisme lié au ministère de la
Justice. C'est son ministère d'appartenance, je vous dirais, et ça doit
demeurer ainsi. D'autant plus que dans la mécanique budgétaire, le Conseil du
trésor, ce ne sont pas eux qui... Non, en termes de prévisions budgétaires,
c'est le ministre des Finances qui le fait, mais le Conseil du trésor, ce sont
eux qui accordent les crédits rattachés à cela.
Et, à votre question, notamment, tout à
l'heure, dans le fond, bien, écoutez, c'est la députée de Vaudreuil qui a
souligné en étude de crédits un dépassement de coûts de 30 %. Et par
ailleurs les prévisions budgétaires, elles sont transmises uniquement en fin
d'année, donc il n'y avait pas de possibilité, au moment du dépôt du projet de
loi no 8, de savoir qu'il y avait des dépassements de coûts de cette nature.
Alors, la saine gestion des fonds publics
est importante. Moi, je crois que le meilleur contrôle pour ça, c'est celui des
parlementaires élus de l'Assemblée nationale. Et il n'y a pas d'enjeu
relativement au fonds, écoutez, en plus, il y a un rapport annuel, une
transmission. On amène de la transparence au conseil. Ça ne pose pas problème
pour la Cour du Québec. Ça ne pose pas problème pour la Cour supérieure, ni
pour la Cour d'appel, ni pour le Conseil de la justice administrative, ni pour
les autres organismes de l'État, ni pour les tribunaux administratifs.
J'apprécie votre suggestion. Cependant, on ne donnera pas suite, mais je suis
ouvert à entendre d'autres suggestions.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de
Saint-Henri-Saint-Anne.
M. Cliche-Rivard : Le
scénario où, par exemple, l'année prochaine, M. le ministre...
Des voix : ...
M. Cliche-Rivard : ...petite
seconde quand même. Le scénario où le conseil demanderait 4,5 millions, par
exemple, et que c'est possible, vous jugez que ce serait trop, c'est une
possibilité?
M. Jolin-Barrette : Ça relève
des parlementaires.
M. Cliche-Rivard : Mais vous,
là, vous êtes parlementaire, vous êtes la majorité gouvernementale, vous votez
donc majoritairement à l'Assemblée des crédits. On les vote aussi, mais on
n'est pas la majorité, on est d'accord. Et que, là, vous décidez que non. Il y
a des crédits qui sont demandés, là, les budgets qui sont demandés sont
supérieurs à ce que vous voulez leur accorder. À la limite, même, sur les 4,5
millions demandés ou les 4 millions demandés, vous en accordez 2, par exemple,
comment, dans ce scénario-là, le Conseil de la magistrature va pouvoir assurer
sa capacité de financer ce recours judiciaire? Dans ce scénario-là.
M. Jolin-Barrette : À ma
connaissance, si on traite d'indépendance judiciaire, c'est d'autant plus
important, l'indépendance judiciaire, sur les fonctions, là, qui sont sur le
cœur même de l'action, celle des tribunaux judiciaires. Si vous comparez les
deux, là, la Cour du Québec, la Cour supérieure, la Cour d'appel, et ce sont
des crédits votés, et ça ne pose pas de problème.
M. Cliche-Rivard : Les
crédits votés, ce n'est pas le problème.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
non, mais, je veux dire, la mécanique, elle s'applique, actuellement, puis il
n'y a jamais eu de problème avec la Cour du Québec, la Cour supérieure, la Cour
d'appel. Donc, il n'y a pas de problématique avec les tribunaux judiciaires,
pourquoi il y aurait une problématique avec le Conseil de la magistrature? Je
vous pose la question. Il n'y a pas d'enjeu à ce niveau-là.
M. Cliche-Rivard : Et, vous
savez, vous ouvrez la très belle porte où c'est exactement la question que
j'aurais aimé poser au Conseil de la magistrature. On en aurait tous et toutes
énormément bénéficié dans notre analyse. Et, s'ils nous écoutent, je lance
l'appel, parce qu'il restera une autre journée d'étude détaillée, si la juge en
chef ne peut pas participer aux auditions, probablement peut-elle envoyer un
mémoire supplémentaire, et j'aimerais vraiment entendre, puis très sincèrement
et fondamentalement, là, entendre l'explication et la justification, à son
avis, à l'avis du Conseil de la magistrature, pourquoi c'est possible pour la
Cour supérieure et la Cour d'appel mais que ce ne serait pas possible pour le
Conseil de la magistrature. C'est une vraie préoccupation.
• (12 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Oui. M.
le Président, si vous demandez à tous les organismes de l'État, tout le monde
aimerait être branché sur le fonds consolidé puis pouvoir dépenser sans
compter.
M. Cliche-Rivard : Mais on ne
vous parle pas du fonds consolidé, là.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais moi je vous parle de ça.
M. Cliche-Rivard : Bien, pas
moi.
M. Jolin-Barrette : Je vous
parle de ça parce que, oui, la nature de l'objection du Conseil de la magistrature,
c'est ça, ils disent que ça porte atteinte à l'indépendance judiciaire. Or,
tous les autres organismes de l'État, incluant les tribunaux judiciaires, ne
sont pas branchés sur le 220 sur le fonds consolidé, puis ça fonctionne très
bien. Alors, le raisonnement associé à ça, je pense que vous le connaissez très
bien.
Cela étant, le député de
Saint-Henri-Saint-Anne a dit : il reste une autre journée d'étude
détaillée, je vous dirais, avec le consentement des collègues, si vous voulez,
dans un souci de pouvoir avancer le projet de loi, je vous demanderais le
consentement d'excéder 13 heures, comme ça on pourrait vider la question
aujourd'hui pour pour faire en sorte de pouvoir adopter, terminer l'étude
détaillée pour traiter vos amendements. Puis, comme ça, on se donnerait le
temps de le faire aujourd'hui.
M. Cliche-Rivard : Moi, je
vais devoir demander une suspension sur ça...
Le Président (M.
Bachand) :...une suspension sur...
M. Cliche-Rivard : Pour
discuter avec mon équipe, je ne sais pas s'ils sont disponibles, ils ont des
engagements, je ne prends pas la décision à moi tout seul.
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est vous le député.
M. Cliche-Rivard : Oui, oui,
mais je veux dire, les parlementaires ont des équipes, vous le savez autant que
moi.
Le Président (M.
Bachand) :Écoutez, on est... on continue
de toute façon. Alors, si vous êtes d'accord, on ne suspendra pas, on va
continuer la discussion, puis on reviendra sur la demande de consentement du
ministre.
M. Cliche-Rivard : C'est une
bonne proposition.
Le Président (M.
Bachand) :Après vérification... Ça va.
J'aurais le député d'Acadie, s'il vous plaît, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci. Merci,
M. le Président. Écoutez, je salue les efforts du député de
Saint-Henri–Sainte-Anne. Sauf que, quand je regarde l'amendement, en fait, bon,
ça soulève chez moi des questions. En lien avec ce que je disais précédemment,
si on veut dépolitiser les rapports entre le judiciaire et notamment
l'exécutif, bien, à ce moment-là, la meilleure... la meilleure façon de le
faire, ce serait de mettre un intermédiaire, donc de faire en sorte, par
exemple, comme au fédéral, ou un modèle un peu hybride comme en
Colombie-Britannique. Il y aurait donc un intermédiaire entre le Conseil de la
magistrature et l'exécutif, que ce soit le Conseil du trésor ou le ministre de
la Justice, pour qu'on s'assure que l'indépendance du Conseil de la
magistrature va être respectée. Et pourquoi... Et pourquoi c'est important de
respecter l'indépendance du Conseil de la magistrature? Bien, c'est parce
qu'ils sont, entre autres, responsables de la déontologie judiciaire. Et ça,
bien, il faut que l'État leur garantisse une indépendance. Ça fait partie des composantes
de l'indépendance judiciaire.
Là, avec cette méthode-là, il n'y aurait
aucun... il n'y aurait aucun intermédiaire. Et évidemment, avec un gouvernement
qui est aussi majoritaire... C'est sûr qu'on a fait l'exercice des crédits,
c'est certain, M. le Président, sauf qu'il n'y a pas beaucoup de crédits que
l'opposition a été capable d'arrêter, disons-le, disons-le honnêtement,
disons-le franchement. Donc... et puis j'aimerais... M. le ministre
disait : Bon, écoutez, il faudrait que ce soit le ministère de la Justice
parce que le Conseil de la magistrature est lié au ministère de la Justice, en
fait, lié, il n'est pas dépendant. C'est sûr qu'à un moment donné, quand le
conseil a besoin d'argent, il doit s'adresser au Parlement, à quelque part, mais
il y a d'autres modèles, c'est ce que je disais, où il y a un intermédiaire. Et
je pense que ça ferait en sorte qu'on assurerait cette étanchéité, cette
dépolitisation, tout en permettant qu'une partie des crédits soit votée. Et là,
je me répète, mais je ne suis absolument pas contre le principe qu'il y ait des
crédits qui soient votés. D'ailleurs, ça se fait dans d'autres juridictions. On
l'a vu, on en a parlé hier, ça se fait au fédéral. Donc ça, il n'y a pas de
problème.
Ce qui est particulier ici, cependant,
quand on parle de l'indépendance du conseil, notamment pour les fins de la
déontologie, c'est que c'est aussi un principe constitutionnel. Donc, c'est
pour ça que c'est différent des autres ministères. Quand M. le ministre
disait : Les autres ministères aimeraient ça être directement sur le fond
consolidé, oui, c'est évident, là, mais il y a quand même une obligation de
rendre compte. Il y a quand même une obligation de respecter des programmes
avec des enveloppes budgétaires. Et ça, c'est la façon dont le gouvernement
fonctionne. D'autant que, quand on a travaillé le projet de loi huit, on permet
maintenant à la vérificatrice générale de faire un audit. Donc, au niveau de la
reddition de comptes, il y a quand même un mécanisme de l'État. Puis la vérificatrice
générale est totalement indépendante, donc, pour aller voir s'il y a des choses
qui ne sont pas correctes. Puis, s'il y en a, bien, elle fera un rapport. Donc,
moi, en fait, ce que je trouve, bon, intéressant, c'est la volonté du député de
vouloir améliorer, mais personnellement, un intermédiaire, comme des experts
nous l'ont dit hier, par exemple, ou une experte, le Pr Valois, notamment,
entre le conseil et l'État, je pense, garantirait davantage l'indépendance au
niveau, notamment, de la déontologie judiciaire. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
l'amendement du député de Saint-Henri–Sainte-Anne? Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui, bien,
peut-être une courte intervention, M. le Président. Bien, je comprends
évidemment où veut aller le collègue avec son amendement. Puis je pense que les
consultations qu'on a eues hier viennent justement, là, justifier le dépôt de
cet amendement-là. Moi, ma préoccupation est la même que celle mentionnée un
peu plus tôt, c'est au niveau de la dépolitisation, en fait, puis j'ai un
groupe hier qui m'a remis en tête, là, les avocats de la défense...
Mme Nichols : ...il y
avait une position qui était clairement autre que celle du ministre et on a
bien senti que, hein, ce n'était pas... que le ministre n'était pas favorable à
leur position, ou du moins il avait vraiment... il avait avalé.
M. Jolin-Barrette : ...une
réserve.
Mme Nichols : Bien,
grande réserve, là. Non, une réticence.
M. Jolin-Barrette : Non,
une réserve. Des réserves.
Mme Nichols : Non, non,
non, c'était pas mal plus qu'une réserve, là, M. le ministre, là, mais... Et
puis... Puis le réflexe c'est de penser tout de suite à l'ingérence politique
qu'il pourrait y avoir si on arrive avec... Bien oui. Oui. Veut, veut pas. Puis
c'est ce qu'on mentionne, c'est ce que tout le monde mentionne, là, tu sais. On
ne veut pas que le Conseil de la magistrature ait... La reddition de comptes,
ça, je pense que c'est clair, là, tout le monde est d'accord pour ça. Le projet
de loi no 8, tout le monde est d'accord. Tout le monde dit que le projet
de loi no 8, c'est une bonne chose. Tout le monde aurait voulu attendre de
voir le projet de loi no 8, comment ça va se passer. Puis moi, je suis
d'avis que c'était peut-être même prématuré, là, qu'on vienne comme ça de
dire : Bon, bien là, c'est des crédits, crédits votés puis qu'on fasse
cette transition-là aussi rapidement.
Je comprends par exemple qu'on est un
gouvernement, mais que vous êtes un gouvernement majoritaire puis que ça va
finir par passer quand même, mais là ce qu'on fait, c'est qu'on cherche une
voie de passage pour que le Conseil de la magistrature soit... Tu sais, on
essaie d'entrevoir les scénarios. Puis oui, le Conseil de la magistrature
aurait pu nous aider à trouver cette... cette voie-là, même si je sens encore
une réserve comme vous dites. Mais oui, ça... Oui, ça aurait pu nous aider. Ça
aurait pu nous aider de ce côté-là parce que l'inquiétude, c'est que le Conseil
de la magistrature présente ses budgets puis qu'on dise : Bien, non. Non,
ce n'est pas justifié. Ou qu'on vienne réduire le montant de leur budget. C'est
ça. C'est ça, je pense, la grande inquiétude.
Moi, j'ai une question, M. le ministre. C'est
parce que quand on met... C'est juste l'introduction Conseil du trésor, là.
Moi, c'est là où je ne suis pas certaine. Je ne suis pas certaine que c'est la
bonne chose que ça soit soumis à la présidente du Conseil du trésor. Est-ce
que... Bien, j'ai compris, là, dans votre intervention que ça relevait du
ministère de la Justice? Donc, ça relevait de vous. Mais la présidente du
Conseil du trésor, si elle n'a pas de justification, elle va faire quoi avec
ça?
M. Jolin-Barrette : Qu'est
ce que vous voulez dire précisément?
Mme Nichols : Bien,
c'est-à-dire qu'il y a un... Parce qu'on dit que les sommes requises pour
l'application de la présente partie sont déterminées par le conseil et soumises
à la présidente du Conseil du trésor. Donc, ça ne passerait pas par vous. Ça se
rendrait directement le Conseil du trésor.
M. Jolin-Barrette : Ce
que je comprends de l'amendement, c'est qu'on veut soustraire le ministre de la
Justice qui est... le ministère qui est associé, supposons, au Conseil de la
magistrature. C'est le souhait, mais ce n'est pas ce qui est désiré du côté de
la partie gouvernementale parce que, dans tous les cas, le processus budgétaire
est encadré. Et donc ultimement ça va être les parlementaires qui vont... qui
vont voter. Puis il faut juste faire attention. Avec le fédéral, c'est très
différent d'ici aussi. Ça fait que... C'est différent.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Autres
interventions sur l'amendement du député de Saint-Henri-Sainte-Anne? S'il n'y a
pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté.
M. Cliche-Rivard : ...un
vote par appel nominal.
Le Président
(M. Bachand) :Un vote par appel
nominal. Merci beaucoup. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention.
M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Contre.
La Secrétaire
: Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix :
Contre.
La Secrétaire
:Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Abstention.
La Secrétaire
: Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président
(M. Bachand) :Abstention. Donc,
l'amendement est rejeté. Donc, on revient à l'article 3. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...est-ce
qu'on peut suspendre 30 secondes, M. le Président?
Le Président
(M. Bachand) :Alors, on va suspendre
quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 12 h 52)
Le Président (M.
Bachand) :Donc, avant de débuter, pour le
temps qu'il nous reste, il y avait une demande d'un consentement du ministre
pour prolonger au-delà de 13 heures. Est-ce qu'il y a un consentement?
Des voix : Il n'y a pas de
consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Il n'y a pas de consentement.
Donc, on continue. On est sur l'article... à l'article 3. Interventions à
l'article 3? Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui. J'aimerais
déposer un amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
Mme Nichols : Je pense que
la... c'est déjà reçu.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, on va le mettre à l'écran
dans les temps qui s'en viennent.
Mme Nichols : Je vais
attendre l'écran, parce que mon ordinateur a...
Le Président (M.
Bachand) :Juste pour la suite des choses,
on va suspendre un petit moment, merci beaucoup, juste pour être sûrs.
(Suspension de la séance à 12 h 53)
(Reprise à 12 h 55)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Mme la députée de Vaudreuil, pour votre
amendement, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui. Merci, M.
le Président. Voulez-vous que je lise le texte proposé?
Le Président (M.
Bachand) :Oui. L'amendement, le texte
proposé, c'est à votre loisir, mais l'important, c'est l'article, oui.
Mme Nichols : Parfait. Vous
voulez que je lise tout l'article 3 ou juste la partie...
Une voix : Oui.
Mme Nichols : Oui? Bon,
parfait. L'article 3 du projet de loi est remplacé par le suivant :
3.2. L'article 282 de cette loi est
modifié :
1° par le remplacement de «à même les
fonds consolidés du revenu» par «sur les crédits votés annuellement à cette fin
par l'Assemblée nationale»;
2° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Malgré le premier alinéa, si le solde des
crédits votés aux fins de l'application des sections III et IV du
chapitre III de la présente partie est insuffisant, les sommes
additionnelles requises pour ces fins sont prises à même le fonds consolidé du
revenu. Le conseil détaille l'utilisation de ces sommes additionnelles dans le
rapport prévu à l'article 281.4.»
Le Président (M.
Bachand) :Je ne sais pas si vous voulez
lire le commentaire qui va avec, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui, parfait.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
Mme Nichols : Oui. Bien, en fait,
c'est que ça...
Mme Nichols : ...vient
modifier l'article 3 du projet de loi pour prévoir la possibilité pour que
le Conseil de la magistrature continue de financer à même le fonds consolidé du
revenu les examens et les enquêtes menées à la suite d'une plainte. Il prévoit
également que le conseil doive détailler dans son rapport annuel l'utilisation
des sommes additionnelles puisées dans le fonds consolidé du revenu.
Donc, explications... Je voyais déjà une
réaction, là, mais je...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, oui.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, ce que je comprends de l'amendement de la collègue de Vaudreuil, c'est
qu'elle dit, dans le fond : Ça demeure des crédits votés, sauf que,
lorsqu'on est en matière de déontologie pour les sections trois et quatre du
chapitre trois, si jamais les crédits votés ne sont pas suffisants, ça, c'est,
je pense, les enquêtes du Conseil de la magistrature, la déontologie... si
jamais, en cours d'année, supposons, il manquait de sommes pour la déontologie,
le Conseil de la magistrature pourrait aller requérir directement les sommes
sur le fonds consolidé pour assurer la conduite de la mission déontologique du
conseil.
Mme Nichols : C'est
exactement... Le ministre comprend très bien l'amendement déposé. Et cet
amendement-là vient évidemment, là, suite aux représentations faites hier puis
aux questions qu'on a posées. D'ailleurs, je pense, c'était le professeur
Taillon, quand je lui ai posé la question si la partie déontologie... si on ne
pouvait pas ventiler les missions du Conseil de la magistrature, dont la
mission déontologique, si ce n'était pas une possibilité, là, de le retirer du
fonds... du... en fait, de le ventiler, là, dans les crédits votés, et, à ce
qu'on disait, ça pourrait être une bonne façon de couper la poire en deux. Bon,
je ne suis pas sûre que la poire est coupée en deux, mais c'était une des
avenues... une des avenues possibles. Alors, je le soumets au ministre. Bien
sûr, j'aurais aimé avoir la position du Conseil de la magistrature sur cette...
M. Jolin-Barrette : Mais je
comprends de votre piste de solution également que vous référez, dans le fond,
un peu au jugement de la cour d'appel de 2000 qui disait : Bon, bien, en
matière... et où est-ce qu'il rattachait un peu le critère d'indépendance
judiciaire aux fonctions déontologiques. Lorsque le conseil est en matière de
déontologie, là, à ce moment-là, il y a un caractère plus... comment... plus
proche de l'indépendance judiciaire, un peu comme ça a été le cas dans le cadre
du projet de loi n° 8, où on a fait en sorte que, pour l'accès à
l'information, dans le fond, les fonctions déontologiques du conseil ne sont
pas soumises à la Loi sur l'accès à l'information. C'est un peu le comparable
que vous voulez faire basé sur le précédent qu'on a fait dans le projet de loi
n° 8 puis basé sur le jugement de la Cour d'appel qui venait distinguer,
dans le cadre des fonctions du conseil, les fonctions déontologiques qui ont un
caractère particulier. C'est un peu ça que vous voulez faire?
Mme Nichols : C'est un peu ça
que je veux faire. Puis je pense que Martine Valois nous en a parlé aussi hier,
de cet arrêt de février 2000, il y en a d'autres aussi, là, qui nous en ont
parlé. Mais oui, c'est dans ce sens-là, c'est dans ce sens-là qu'est déposé cet
amendement-là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je trouve, c'est raisonnable ce que vous proposez. Peut-être entendre
les collègues là-dessus.
Le Président (M.
Bachand) :Il reste très, très, très peu
de temps. M. le député de l'Acadie, peut-être, pour un premier commentaire.
M. Morin : Oui, en fait,
brièvement, je trouve que c'est un apport important et c'est définitivement un
pas dans la bonne... dans la bonne direction, parce qu'au fond, et c'est un peu
ce que je dis depuis le début, M. le Président, moi, ce que je veux m'assurer,
c'est que, quand on... qu'on ne touche pas au financement qui pourrait avoir un
impact sur l'indépendance du conseil. Pour le reste, si c'est des crédits
votés, je n'ai pas de problème avec ça. Et là on... en fait, on s'éloigne de ce
qui est prévu dans l'actuel projet de loi pour mettre, finalement, des balises
supplémentaires. Et ça, je pense que c'est intéressant. Maintenant, il faudrait
juste être capable d'évaluer plus à fond l'impact de cet amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, cela
dit, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi 6 juin,
à 10 h, où elle va poursuivre son mandat. Merci. Bon week-end.
(Fin de la séance à 13 heures)