(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Bonjour, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Accès à l'information des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif pour l'exercice financier 2022‑2023. Une enveloppe de
1 h 30 min a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Jeannotte (Labelle) est
remplacée par M. Caron (Portneuf); M. Lamothe (Ungava) est remplacé par M. Reid (Beauharnois); M. Lemieux
(Saint-Jean) est remplacé par M. Allaire (Maskinongé); M. Zanetti
(Jean-Lesage) est remplacé par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve); et Mme Hivon
(Joliette) est remplacée par M. Ouellet (René-Lévesque).
Accès à l'information
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Nous allons donc
procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit vers 13 heures.
Comme nous avons débuté en retard, sept minutes,
je comprends que le gouvernement consent à ce que ce temps soit réputé écoulé
sur son enveloppe de temps? Consentement.
Discussion générale
Alors, je cède maintenant la parole au député de
La Pinière pour 16 min 18 s. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, salutations aux collègues, à vous, M. le Président, aux
équipes, aux collègues des oppositions et au ministre. J'espère que le ministre
ne va pas être vexé que je le salue en dernier. Ça tombe bien. D'habitude, on
le salue en premier.
M. Caire : ...pas de grand-chose, M.
le député.
M. Barrette : C'est correct, moi non
plus. Alors, M. le Président, on va y aller... d'emblée, c'est une étude de
crédits. Alors, on va se servir au cahier de crédits. M. le Président, je vais
commencer sur une note humoristique. J'ai pensé commencer ma période de
questions, on va l'appeler comme ça, en demandant au ministre quel est son
budget de caviardage, mais, avec le cahier de crédits que l'on a aujourd'hui,
il y a tellement de pages blanches que, là, ça a dû faire des économies. Ce
n'est presque que des pages blanches dans le cahier. Alors, ça m'a beaucoup
étonné, surtout qu'à peu près à chaque page c'est : Ah! quelqu'un d'autre
vous donnera la réponse. Alors, on va essayer aujourd'hui d'avoir des réponses,
mais le budget de caviardage a-t-il augmenté ou y a-t-il une formation pour le
caviardage?
M. Caire : En fait, on est à évaluer
combien de kilomètres linéaires on peut faire avec un Sharpie.
M. Barrette : Ça va bien. Ça va
bien, parce que vous êtes rendu...
M.
Caire : Ce n'est
pas simple, là.
• (11 h 40) •
M. Barrette : Avez-vous fait
plusieurs fois le tour de la Terre? Ceci dit, M. le Président, j'invite le
ministre à aller à la page 103 de son cahier pour ma question particulière
P.20, qui est probablement, dans le cahier, le sujet le plus intéressant.
Alors, c'est la question, évidemment, sur le budget de la Commission d'accès à
l'information, et ce que l'on constate, et là, M. le Président, je vais le
mettre à la caméra, là, pour que les gens nous suivent, ils vont voir un
tableau au bas de la page où on voit des colonnes, et il y a toujours trois
colonnes, une grande, une moyenne, une petite, et la petite colonne est petite.
Elle est vraiment petite, et ce sont... c'est le «réel», et la grande colonne,
c'est le «demandé». En français et en clair, la Commission d'accès à
l'information a fait des demandes qui étaient assez, je dirais, précises, je
pense que c'est le bon mot, et ce ne sont pas des demandes qui ont été faites
au hasard, j'insiste.
Alors, le ministre sait très bien de quoi je
parle puisqu'ensemble le hasard fait que, dans cette législature-ci, on a eu à
travailler ensemble sur plusieurs projets qui touchaient à l'accès à
l'information et auxquels a participé la commission. Et
je sais, parce que le ministre l'a dit à plusieurs reprises, qu'il croit à la
fonction de... pas le commissaire, mais de la Commission d'accès à
l'information. Il y croit, et j'irais même jusqu'à dire qu'il la défend. Et
conséquemment, c'eût été naturel pour lui de s'assurer que les budgets demandés
par la commission, de par les multiples lois que le ministre a déposées et fait
passer... Et moi, je l'ai dit à de nombreuses reprises, là, les lois, ce n'est
pas le problème, c'est leur application. Vont-ils avoir les moyens de le faire?
Et, quand on regarde les pages... la question P.20, les pages 103 et 104, ils
ne pourront pas le faire.
Alors, je suis très étonné, très, très, très,
étonné de ce tableau-là. Et les commentaires évidemment qui viennent... Et ils
sont là, j'imagine, les gens de la Commission d'accès. Excusez-moi, madame,
j'aurais dû vous saluer, parce que, de ce côté-là, en général... pardonnez-moi,
parce que, là, c'est l'adversaire, et ici vous n'êtes pas une adversaire.
Alors, je suis désolé. Vous allez me pardonner, je l'espère. Alors là,
j'aimerais avoir un échange là-dessus, parce qu'ils ont raison, en ce qui me
concerne, et l'argent n'est pas au rendez-vous. Et les réponses que l'on a à
P.20, là, sont explicites. Ce n'est pas des estimations, c'est explicite. Alors
là, là, il va falloir qu'on m'explique, qu'on me fasse un dessin, là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Caire : Bien, écoutez, je vais
répondre au collègue, puis Me Poitras aura très certainement l'occasion, si
elle le désire, évidemment, de répondre, évidemment, au député de La Pinière.
Le député
fait mention d'entrée d'intervention des lois et des mesures qui ont été
adoptées. Je comprends, M. le Président, qu'ici ce sont les crédits
Accès à l'information et Protection des renseignements personnels. Il n'en
demeure pas moins qu'il y a un volet technologique, et le député y a fait
référence, donc je me permets d'aller dans cette direction-là, qui a aussi été
considéré dans d'autres projets de loi, notamment, évidemment, la création du
ministère de la Cybersécurité et du Numérique, dont l'objectif est de s'assurer
de la sécurité des systèmes d'information, qui vient s'amalgamer, je dirais, à
ce qu'on a fait aussi avec le p.l. n° 64, qui est maintenant la loi n° 25, et avec le travail que la Commission d'accès à
l'information a à faire et aura à faire, parce qu'effectivement, puis je l'ai
dit d'entrée de jeu, puis je l'ai dit
pendant l'étude du projet de loi n° 64, le travail de la Commission
d'accès à l'information va se transformer, va évoluer, va
probablement... Les responsabilités de la Commission d'accès à l'information
ont augmenté.
Une fois
qu'on a dit ça, ce qui a été fait par le ministère des Finances, il faut
comprendre, d'une part, qu'il y avait déjà eu des augmentations de
budgets qui avaient été consenties en 2019, si ma mémoire est exacte, d'un
600 000 $ annuel. Ce qui a été
octroyé par le ministère des Finances, puis je comprends la demande versus le
réel, ce qui est demandé versus ce qui est octroyé, c'est
1,5 million, ce qui nous fait une augmentation, cette année, de
2,1 millions. À ça s'ajoute l'octroi par le Conseil du trésor de 23 ETC.
Donc, il y a 23 ETC de plus, pour l'année 2022‑2023, qui sont accordés à la
Commission d'accès à l'information.
Maintenant, est-ce que ça comble les demandes
qui ont été faites par la Commission d'accès à l'information? La réponse à ça, c'est non. Maintenant, pourquoi?
Bien, premièrement, parce qu'il y a un contexte budgétaire. M. le
Président, là, je vous dirais que c'est à
peu près tous les organismes publics qui ont eu des demandes qui étaient à
cette hauteur-là et des frais
accordés qui étaient en deçà des attentes, d'une part. On connaît le contexte.
On connaît le contexte de pandémie. On connaît le contexte budgétaire.
Ça, c'est une explication.
L'autre explication, c'est que la capacité à
remplir la mission de protection des renseignements personnels va être
augmentée par les différentes instances dont ce sera la responsabilité. Et là
je reviens à ce que je disais, le ministère de la Cybersécurité... Si on parle
de protéger nos systèmes d'information, et donc les renseignements personnels,
de fuites éventuelles de données, bien, le ministère de la Cybersécurité a un
budget de 100 millions. Si vous regardez parallèlement
à ça, le budget sur cinq ans, si ma mémoire est exacte, là, c'est un
19 millions. La Commission d'accès à l'information, sur cinq ans,
voit son budget augmenter de 19 millions. Donc, les ressources... On
attribue des ressources qui sont quand même conséquentes, et, sur 2022‑2023,
c'est 23 ETC, puis 2023‑2024, c'est 35 ETC de plus qui vont être octroyés à la
Commission d'accès à l'information.
Il faut comprendre que l'entrée en vigueur de la
loi n° 25 va se faire aussi... Il y a une première
tranche au printemps... c'est-à-dire, à l'automne 2022. La majorité des articles
vont rentrer en vigueur en septembre 2023 et, au final, les derniers articles
vont rentrer en vigueur en 2024. Donc...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de La
Pinière, s'il vous plaît, allez-y.
M. Barrette : Ah! bon, merci. Merci.
Vous avez senti une pulsion de ma part de vouloir intervenir. M. le Président,
je pense que le ministre est en train d'inventer le caviardage verbal.
M. Caire : Appelez-moi Sharpie.
M. Barrette : Tu sais, la réponse
que j'ai à P.20, là, aux pages 103 et 104, c'est une réponse qui vient de la
Commission d'accès à l'information?
M.
Caire : Oui.
M. Barrette :
Bon, ça ne vient pas du ministre. Bon, eux autres, là... Me Poitras, je ne veux
pas que vous me répondiez maintenant. Vous pouvez me faire un signe de la tête.
Ça vient de chez vous, ça, là. Vous n'avez rien inventé, hein?
Vous avez parlé de la réalité. Alors, moi, la réalité, là, M. le Président, là,
là, je n'en peux plus, là, parce que, là, le ministre vient de faire référence,
comme contexte, là, pour expliquer ça, à la pandémie. Non, non, non, on ne
prendra pas ça comme excuse, là. Le ministre, là, a été un ministre très actif
en début de mandat, et tout le long du mandat dans certains projets de loi, et
des projets de loi qui ont des conséquences sur la Commission d'accès à
l'information.
Moi, je m'en
souviens, là, je l'ai dit des dizaines de fois, et, des dizaines de fois, le
ministre a acquiescé au principe que ça allait demander des ressources à la
Commission d'accès à l'information pour s'assurer que ce que le ministre met en
application législativement soit opérationnel, opérationnel pas simplement dans
sa loi, mais dans ce qui est connexe, à savoir le rôle, le pouvoir, la mission,
l'exigence, la nécessité d'avoir une commission d'accès à l'information qui a
les moyens d'agir. Alors, qu'on ne vienne pas me dire la pandémie, là, parce
que, si, d'un côté, on met en application les lois qu'on fait voter, ce qui est
le cas, le ministre le fait, puis qu'on ne donne pas les moyens, bien, voyons
donc, ce n'est pas la pandémie qui fait ça.
Autre élément, M. le
Président, le ministre nous a dit qu'il y a de l'argent qui s'est vient parce
qu'il y a de la cybersécurité. Moi, je regarde la question P.22, là, qui
est la page suivante, 105, où, de façon détaillée, la Commission d'accès à
l'information nous énumère ce qu'elle doit faire. O.K., c'est clair, là, c'est
des pages 8½ X 14, il y en a deux, il y en a beaucoup, il n'y a pas le mot
«cybersécurité» là-dedans, là. Qu'on ne vienne pas me dire qu'il y a de
l'argent dans la cybersécurité. Ça, c'est leur fonction et, eux autres, ils ne
demandent pas des ordinateurs. C'est écrit, à la page 103, ils ont un
besoin clair de personnel, premier tableau, ressources humaines, ressources
actuelles, 77, besoins supplémentaires, 79, besoin total, 156. Ce n'est pas des
ordinateurs, ce n'est pas des serveurs.
Comment, aujourd'hui,
dans la situation actuelle, puis je l'inclus, là, je veux bien l'inclure, la
cybersécurité, mais, avec toutes les lois qu'on a passées, avec tous les
besoins, puis je vais les qualifier légitimes, qu'a exprimés la Commission
d'accès à l'information, comment on peut arriver avec un plan de trois ans qui
est en dessous de façon significative, majeure? On arrive à peu près à
50 % de ce qu'ils demandent... de faire passer ça. Puis là on n'est pas
dans des sommes astronomiques, là. Si c'est vrai, là, que la protection des
renseignements personnels et ainsi de suite... si c'est vrai que ce rôle-là est
important, est vital, il est important et vital... J'ai-tu besoin de nommer une
banque, une coopérative, hein? Je suis fin, là, je ne nomme personne aujourd'hui.
En général, je nomme, mais ça a traumatisé le Québec, ça. Est-ce que, M. le
Président, il est acceptable, compte tenu des enjeux en cause, que la
Commission d'accès n'ait pas accès à ces budgets? Ça ne tient pas la route et
ça ne tient certainement pas la route de l'énergie que le ministre a mis
là-dedans, parce qu'il y a mis bien de l'énergie et il s'est exprimé avec
beaucoup d'emphase sur l'importance des sujets que je traite.
Alors, expliquez-moi
ça, là, et, s'il vous plaît, arrivez-moi pas avec des arguments comme la
pandémie. On n'est pas dans les... Ah oui!
puis, en passant, c'est tellement une belle journée pour poser cette
question-là, alors que mon collègue le député de Mont-Royal–Outremont,
aujourd'hui, a mis la lumière, suite aux crédits d'hier, que vous aviez dépensé
130 millions de dollars en publicité, hein, 130 millions, alors
que, per capita, là, c'est à peu près 10 fois moins ailleurs au Canada, puis là vous ne trouvez pas d'argent pour la
Commission d'accès à l'information à moyen, long terme. Écoutez, là,
est-ce que c'est sérieux?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
• (11 h 50) •
M. Caire : Bien
sûr que c'est sérieux. Et je vais m'inscrire en faux par rapport à une partie
de ce que mon collègue a dit, notamment que la pandémie n'explique rien. Ça, M.
le Président, j'ai beaucoup de difficulté à adhérer au fait qu'on puisse dire
qu'un gouvernement...
M. Barrette :
M. le Président, article 35.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
La Pinière, je vous écoute.
M. Barrette :
Oui, c'est parce qu'on me met des mots dans la bouche. Ce n'est pas ça que j'ai
dit. On ne peut pas se servir de la pandémie comme une espèce d'excuse.
M. Caire : Oui,
subtile nuance.
Le
Président (M. Bachand) : Allez-y, M. le
ministre.
M.
Caire :
Alors, on ne peut pas se servir de la pandémie pour expliquer qu'un
gouvernement qui a géré une pandémie puisse avoir des moyens financiers limités
qui vont prioritairement être orientés vers la pandémie, mais on ne peut pas
évoquer la pandémie pour dire qu'il faut orienter nos moyens financiers vers la
pandémie parce que ce qui est essentiel, c'est de sauver des vies. Ça, je pense
que tout le monde ici va être d'accord. Alors, oui, je pense que la pandémie
peut expliquer qu'il y a des orientations qui ont été prises par le
gouvernement avec des moyens financiers, et que c'était hautement prioritaire
de protéger notre population, et je suis convaincu que mon collègue est
d'accord avec ça. Ceci étant dit, ça n'explique pas tout.
M. Barrette :
Et le 130 millions, lui, il était-tu si essentiel que ça?
M. Caire : M. le Président,
j'ai écouté mon collègue avec beaucoup d'attention. Je m'attends à la même
chose de sa part.
Le Président (M. Bachand) : Oui,
vous avez la parole. Allez-y.
M. Caire :
Donc, ensuite, M. le Président, quand on dit : Ce n'est pas une
question de cybersécurité, bien, je suis désolé. Je suis désolé, mais, au XXIe
siècle, les fuites de données sont une question essentiellement de protection
de nos systèmes d'information. Je m'excuse, là, mais ce n'est pas des classeurs
à papier qui se font voler, là. Les hackeurs, là, ils ne rentrent pas dans des
soutes à voler des dossiers papier, là. Ce n'est pas ça qui se passe. Ce sont essentiellement des fuites qui sont dues à toutes
sortes de causes, erreurs humaines, mais aussi des pirates
informatiques. Ça se passe dans l'univers informatique. La fuite des données
chez Desjardins, là, c'est essentiellement une fuite informatique. Capital One,
c'est la même chose. C'est ce qui s'est passé au sein de nos propres
ministères, ce sont essentiellement... non, pas essentiellement, exclusivement
des fuites informatiques.
Le
Président (M. Bachand) : Juste parce que
le temps file rapidement... Le premier bloc achève. M. le député de La Pinière.
M. Barrette :
«Eh boy»! C'est facile de passer à côté de la question. Personne ne met en
doute la question de la cybersécurité, chacun sa fonction.
M. Caire :
C'est ce que vous venez de faire, M. le député.
M. Barrette :
Non, pas du tout. La fonction cybersécurité, je comprends que le ministre a
plusieurs titres, là, elle a un coût. La fonction de Commission d'accès à
l'information a un coût. Les deux peuvent collaborer, mais un ne vient pas
parasiter l'autre en termes budgétaires. Vous avez fait un choix que je ne
comprends pas, de ne pas financer adéquatement la fonction Commission d'accès à
l'information à la demande estimée rationnellement par eux-mêmes. Alors, qu'on
ne vienne pas passer par l'autre sujet pour justifier le non-financement
approprié de la Commission d'accès à l'information. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député
d'Hochelaga-Maisonneuve pour...
M. Caire :
Bien, M. le Président, peut-être juste une question de directive pour vous,
M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Oui.
M. Caire : C'est parce que, dans un bloc de 16 minutes,
moi, je... s'il en prend 14 minutes, puis moi, j'en ai deux...
Le
Président (M. Bachand) : Bien, c'est parce
que les directives ont été négociées avec les leaders, M. le ministre. Alors,
je cède la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Merci.
M. Leduc :
Merci, M. le Président. Bonjour,
M. le ministre. Vous vous êtes auto-identifié tantôt comme M. Sharpie.
Je ne peux pas m'empêcher de faire le petit trait d'humour, là. Après, le
shérif de La Peltrie, on a maintenant le Sharpie de La Peltrie. Blague à part,
allons-y directement sur la question de l'environnement.
Ça fait maintenant
cinq ans que la Loi sur la qualité de l'environnement a été réformée. Il y
avait, dans cette loi-là, une volonté d'améliorer aussi l'accès à
l'information. Il y a un article qui n'est toujours pas en vigueur dans la loi,
c'est l'article 118.5 qui établit un registre sur les autorisations
ministérielles. Il y a plusieurs groupes qui réclament depuis longtemps que ça
soit mis en place, ce registre-là, donc, des autorisations ministérielles.
Qu'en est-il ? Est-ce
qu'on peut espérer que ça se fasse bientôt?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Caire : Bien,
écoutez, sur la loi sur l'environnement, là, vous comprendrez que je ne suis
pas responsable ni de son application ni de sa modification. Donc, là-dessus,
malheureusement, là, M. le député, il faudrait poser la question au ministre
responsable, qui est le ministre de l'Environnement.
M. Leduc :
Mais moi, j'ai compris que votre ministère récupérerait quand même beaucoup
de responsabilités de plusieurs ministères à gauche et à droite dans
l'application de l'accès aux données.
M. Caire :
Bien, en fait, ce que le... Ma responsabilité au niveau de l'accès à
l'information et de la protection des renseignements personnels, c'est
évidemment la modification de la loi d'accès à l'information. Donc, je peux...
Je n'ai pas d'autorité à modifier la loi sur l'environnement même si...
M. Leduc :
Non, non, non, ce n'est pas ça, la question. La loi, elle est déjà
modifiée. C'est qu'il y a un article qui n'est pas en vigueur, qui vise à
rendre disponibles les autorisations ministérielles.
M. Caire :
Ça inclut... parce que l'application de la loi, c'est la responsabilité qui
est... qui est responsable de la loi, qui est responsable de sa mise en
application, de la même façon que moi, ma responsabilité, c'est de voir à l'application de la loi n° 25, donc,
m'assurer que les décrets qui doivent être pris sont pris, décrets
d'application, etc. Donc, à ce moment-là, c'est au ministre de l'Environnement,
qui doit, lui... en fait, qui a la responsabilité de voir à l'application de sa
loi quand bien même que des articles de sa loi auraient une connotation...
Je vais vous donner
un exemple, M. le député. Quand on a modifié la Loi sur la protection des
renseignements personnels, on a modifié d'autres lois, notamment la Loi sur le
ministère de la Santé et des Services sociaux, la Loi sur l'Agence du revenu.
On les a modifiées à travers la loi... le p.l. n° 64.
Maintenant, la mise en application de ces lois-là reste quand même une
responsabilité des collègues. Et donc la mise en application d'un article, si
cet article-là nécessite... Puis là, honnêtement, je m'en vais sur un terrain
glissant parce que je ne connais pas la loi ni l'article en question, là, n'étant pas le ministre responsable
de ça. S'il y a des gestes à faire par le ministre pour... c'est au ministre
à...
M. Leduc : Dans
ce cas-là, oui, bien, je vous invite peut-être à vous y intéresser, parce que
le fait de rendre publiques ces décisions-là en matière d'autorisation
ministérielle pourrait faciliter l'accès aux données, l'accès au débat public.
Je sais que c'est quelque chose que vous valorisez.
Sur un sujet connexe,
toujours sur l'enjeu de l'environnement, le ministère de l'Environnement et de
la Lutte aux changements climatiques connaît les quantités d'eau qui sont
prélevées par chaque entreprise d'embouteillage au Québec, mais on invoque parfois le secret industriel pour cacher, dans
le fond, aux Québécois puis aux Québécoises les quantités d'eau
prélevées. Est-ce que c'est quelque chose qui... avec lequel vous êtes
confortables? Est-ce que c'est quelque chose qui... Est-ce que vous pourriez
adhérer au fait qu'on devrait permettre la diffusion de ces données d'eau?
M. Caire : Écoutez,
avant de vous répondre, parce que c'est toujours très tentant d'avoir une
réponse à brûle-pourpoint... Ceci étant dit, mes expériences récentes en la
matière me conseillent de demander des avis à notre éclairée équipe responsable
de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels.
Mais ce que je peux vous dire, c'est que si...
Puis
il faut bien comprendre quelque chose, là, puis votre question là-dessus, elle
est intéressante, si l'information n'est pas rendue publique, il faut
comprendre que ce n'est pas le fait du ministre. Ce n'est pas le ministre qui
décide : Est-ce que vous rendez cette information-là publique ou vous ne
la rendez pas publique? Il y a des responsables d'accès à l'information dans
chaque organisation. Ces responsables d'accès à l'information là ont le mandat,
en vertu de la loi qui est en vigueur, de déterminer si l'accès peut être donné
ou non à une information. Si le responsable prend une décision et que le
demandeur n'est pas en accord avec la décision qui a été prise, il y a des
recours qui vont jusqu'au tribunal d'accès à
l'information que Me Poitras, avec... que la Commission d'accès à l'information
préside, évidemment, et qui a ultimement le pouvoir de décider si, oui
ou non, la décision était la bonne en vertu de l'interprétation de la loi.
M. Leduc : Bien
sûr, mais vous...
M. Caire : Donc,
ce n'est pas le ministre. Puis je vous dirais que je me garde une petite gêne
parce que ce n'est pas le ministre qui décide : Est-ce que c'est une bonne
chose, est-ce que c'est une mauvaise chose? Je veux dire, c'est une bonne chose
d'appliquer la loi. Ceci étant dit, dans une éventuelle réforme de l'accès à
l'information, c'est des questions qui seront intéressantes, et ce sera aux
parlementaires, à ce moment-là, à débattre comme on l'a fait avec la Loi sur la
protection des renseignements personnels.
M. Leduc : Mais
êtes-vous d'accord avec moi, M. le ministre, que vous avez quand même le mandat
de faciliter, d'élargir cet accès aux données là? Donc, dans ce cas
particulier, peut-être vous ne voulez pas vous prononcer aujourd'hui, mais d'emblée, vous, vous
dites : Quand même, je pense, il faut élargir le plus possible les données
au Québec.
M. Caire : C'est sûr que, quand le gouvernement du Québec a
adhéré au partenariat mondial pour les gouvernements ouverts, à
l'automne 2020, l'objectif de ça, c'était d'aller vers une plus grande
transparence. Je veux dire, la loi d'accès à l'information le dit, il faut
donner accès à l'information. Donc, le principe de base, puis auquel tout le
monde adhère, c'est que, sauf preuve du contraire, on devrait toujours rendre...
M. Leduc :
Bien sûr.
M.
Caire :
Et là-dessus, peut-être, j'en profite, M. le député, l'orientation qu'on est en
train de prendre... Puis, bon, bien, on verra ce qui arrivera cet automne, mais
l'orientation qu'on voudrait prendre, c'est vraiment d'aller vers une
information ouverte. Donc, une information, la prémisse de base dans ce qu'on
est en train de faire, c'est que l'information est une information qui doit
être publique, donc ouverte par défaut.
Donc, on est en train
de changer la mentalité, à savoir, c'est à l'organisme maintenant à faire la
démonstration que cette information-là ne peut pas être rendue publique parce
qu'il y aurait un préjudice, ce qui ne veut pas dire que l'information dont
vous parlez, M. le député, ne serait pas maintenue dans un état de secret,
parce que peut-être qu'on en arriverait à la conclusion que le préjudice est
plus grand que le bénéfice.
• (12 heures) •
M. Leduc : Je
comprends. Vous me permettrez, le temps étant précieux, de passer peut-être à
un sujet connexe. Vous venez de faire référence à la question, là, de la
gestion des décisions de la Commission de l'accès à l'information avec Me
Poitras, que je salue. Bonjour. On n'a pas trouvé, peut-être que c'est notre
erreur, dans vos dossiers qui nous ont été soumis, de statistiques par rapport à
la proportion des dossiers dans lesquels la décision originale du ministère
aurait été renversée par la commission. Est-ce que ces statistiques-là
existent?
M.
Caire : Me Poitras, je vais peut-être vous laisser répondre à ça.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a
un consentement pour autoriser Me Poitras?
M. Caire : Consentement.
Le
Président (M. Bachand) : Me Poitras, je
vous invite à prendre la parole et vous présenter officiellement, s'il vous
plaît.
Mme Poitras (Diane) : Bonjour, Diane Poitras, présidente de la Commission d'accès à l'information. On m'indique que non, on n'a
pas de statistiques sur...
M. Leduc :
Est-ce que ce serait des statistiques pertinentes à colliger, à nous
partager quand même?
Mme Poitras
(Diane) : Oui, on peut voir qu'est-ce
qu'on fait pour colliger, à l'avenir, ce genre de statistiques.
M. Leduc :
Parfait. Merci.
M. Caire : De
notre côté, M. le député, si je peux me permettre, c'est justement un chantier
qu'on a entrepris il y a quelques semaines, de voir ce que ça représentait,
toutes les demandes d'accès à l'information, donc, combien on traite de demandes d'accès à l'information, ça
sous-entend quoi, comme ressources humaines, ressources financières, gérer l'ensemble des demandes d'accès à
l'information, puis avoir peut-être un peu plus d'information sur le résultat
de ça.
M. Leduc :
Bien sûr, mais vous comprendrez que, pour les oppositions puis pour la
société en général, c'est intéressant d'aller voir quelle est la proportion qui
est refusée ou qui est renversée de la décision du gouvernement...
M. Caire :
Oui, mais ça, ça relève de la CAI. Je ne me mêlerai pas de ça, là.
M. Leduc :
...on pourrait y déceler là, peut-être, une volonté de restreindre l'accès
ou de l'ouvrir, au contraire. Donc, on attendra vos chiffres avec beaucoup
d'intérêt, Mme la commissaire.
On parlait, M. le
ministre, de la question... Bien, en fait, non, je vais rester avec vous,
madame... Me Poitras, plutôt, sur la
question de l'accès aux documents caviardés. On en parlait précédemment. Vous
avez, Mme la commissaire, parlé qu'il
fallait... qu'il y avait un trou dans la loi, un trou dans l'accès à
l'information, parfois, il manquait des documents, il manquait des éléments
de décision, dans les documents caviardés, qui étaient soulevés, qui étaient
soumis. Est-ce que vous pensez qu'il faut agir à ce sujet-là? Qu'est-ce qu'on
pourrait faire pour agir à ce sujet-là et modifier la situation par rapport aux
lourds caviardages qui font l'objet de plusieurs plaintes, notamment, de nos
collègues de la tribune parlementaire? En quelques secondes, vu que le temps
est court, bien sûr.
Mme Poitras
(Diane) : Bien, évidemment, comme on l'a
mentionné dans notre dernier rapport annuel, qui date déjà de six ans, mais qui
est toujours d'actualité, c'est une réforme du volet Accès à l'information qui
est nécessaire. Les restrictions sont
beaucoup trop nombreuses, peu spécifiques, et elles laissent une grande part de
discrétion qui ne permet pas de rendre des décisions uniquement dans l'intérêt
public, c'est-à-dire de caviarder uniquement quand c'est dans l'intérêt public. On a proposé... Ça va me faire plaisir de
vous envoyer le lien pour la partie pertinente. Il y a plusieurs propositions
qu'on y fait.
Et un autre aspect
important est de documenter le processus qui mène à une décision. C'est une
obligation, de documenter, dans certaines situations, les décisions
d'intérêt... est aussi une obligation qui existe, par exemple, qui a été
ajoutée dans la loi en Colombie-Britannique ou qui existe ailleurs dans le
monde, je pense, c'est Angleterre et Australie, si ma mémoire est bonne, qui
est susceptible de favoriser une meilleure transparence et de permettre à la
population de mieux comprendre les décisions ou les choix qui sont faits par
les autorités gouvernementales.
M. Leduc :
Donc, un prochain gouvernement devrait s'atteler à cette tâche de réformer
la loi.
Mme Poitras
(Diane) : La loi a 40 ans cette
année. Elle n'a jamais subi de modification.
M. Leduc :
Parfait. C'est bien noté. Merci beaucoup. Avec le temps qu'il me reste, M.
le Président, je reviendrai à vous, M. le ministre, peut-être, deux questions,
puis vous broderez alentour de ça. Le projet de loi n° 19, la La Loi sur
le renseignement de santé et de services sociaux modifiant diverses
dispositions législatives, visait, entre autres, à interdire la vente de
renseignements personnels à des intérêts privés. Il n'a pas été appelé,
au-delà, là, de l'adoption de principe. Ce n'est pas vous le leader, bien sûr,
mais vous avez une certaine porte d'entrée, je pense, avec M. le leader.
Pouvez-vous nous confirmer si ça va être traité?
M. Caire : Bien,
la loi n° 95, de toute façon, a spécifiquement
indiqué qu'on ne pouvait pas... le gouvernement ne pouvait pas vendre des
données. C'est dans la loi n° 95, cette
disposition-là.
M. Leduc : Mais concernant le
p.l. n° 19, est-ce qu'on va en voir la couleur avant
la fin de la législature?
M. Caire : Bien
là, M. le député, je pense que vous avez autant de contrôle que moi là-dessus,
à savoir comment ça se passe dans les commissions parlementaires, pour... puis
ce serait notre souhait le plus cher. Ce serait notre souhait le plus cher, M.
le député.
M. Leduc : Vous avez quand même
un peu plus de contrôle que moi là-dessus, mine de rien.
M. Caire : Moi?
M. Leduc : Oui, un peu plus que
moi, je suis convaincu.
M. Caire : À peine.
M. Leduc : Dernière question,
peut-être, M. le Président. On l'évoquait tantôt avec mon collègue de
La Pinière, vous avez évoqué, dans la loi... 64, pardon, la Loi
modernisant des dispositions législatives en matière de protection des
renseignements personnels, qui a été adoptée, là, en septembre 2021...
M. Caire : 2021, oui.
M. Leduc : Vous vous étiez
donné un an pour engager 118 nouvelles ressources, là. On arrive bientôt à
ce un an là, en septembre, dans quelques mois. On est rendus où, là, dans ces
118 nouvelles ressources? Est-ce qu'on a un chiffre à nous soumettre
aujourd'hui sur le nombre de personnes?
Le Président (M.
Bachand) : En 30 secondes, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Caire : Bien, comme j'ai dit, on
y va aussi avec la capacité budgétaire puis avec l'entrée en vigueur des
articles. Et donc ce qui va être de la responsabilité... Puis ce que j'essayais
d'expliquer aussi à mon collègue de La Pinière, c'est que l'objectif qui
est visé par le gouvernement dans d'autres dispositions, c'est de faire en
sorte qu'il n'y en ait plus, de fuites informatiques, et donc de diminuer cet
aspect-là de la charge de travail.
M. Leduc : Le chiffre? Pas de
chiffre à nous donner aujourd'hui?
M. Caire : Bien oui, c'est
23 ETC, là, qui sont accordés pour 2022‑2023.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de
La Pinière, s'il vous plaît.
M. Barrette : M. le Président,
écoutez, M. le Président, c'est la deuxième fois, dans cette séance, que le
ministre justifie ou utilise, comme justification, la capacité budgétaire.
Écoutez, c'est comme si là on s'en allait vers une nouvelle ère. On comprend
que vous avez hérité de surplus astronomiques, mais là on est dans les
restrictions budgétaires, restrictions qui vont toucher... Il y a un choix, là,
qui a été fait, là, de toucher l'accès à l'information. C'est un choix. Le
ministre, ça fait deux fois qu'il fait référence à ça à propos d'un financement
qui n'est pas à la hauteur de ce qui est demandé. M. le Président, s'il y a
consentement, j'aimerais poser une question à Me Poitras.
Le
Président (M. Bachand) : Oui, allez-y, Me Poitras... Bien, allez-y,
M. le député de La Pinière. Il y a consentement.
M. Barrette : Alors, M. le
Président, Me Poitras, rebonjour. Je vais vous poser une question simple.
J'espère que vous n'allez avoir aucune hésitation à me répondre. Des fois, ça
peut arriver, puis je le comprends. Mais dites-moi donc une chose, là, quand on regarde votre tableau, là, qui est sur cinq
ans et qui est essentiellement du sous-financement prévu sur cinq ans, à
une époque où on a mis des nouvelles lois, vous y avez participé positivement.
Moi, je vous remercie d'ailleurs parce que votre contribution a été très
significative. On l'a tout fait ensemble. Puis je l'ai dit, là, je l'ai dit
dans tous les projets de loi auxquels j'ai participé, 96, c'était encore pire.
On met des lois en place, mais on n'a pas les moyens.
Compte tenu de ce que vous nous indiquez à P-22,
là, qu'est-ce que vous estimez ne pas pouvoir faire à la hauteur appropriée
et/ou quelles seront les conséquences prévisibles de ce sous-financement-là?
Moi, quand je regarde ça, corrigez-moi si je me trompe, là, n'hésitez pas à
corriger, c'est pour ça qu'on est ici, compte tenu du fait qu'on est dans la
protection des renseignements personnels, dans l'accès à l'information, tout ce
continuum-là, si vous n'avez pas les moyens, en quelque part, il y a de ces
renseignements-là, il y a de l'accès à l'information qui va être en danger.
Qu'est-ce que... Ça vous expose à quoi?
Le Président (M.
Bachand) : Me Poitras.
Mme Poitras
(Diane) : Merci pour cette question. Essentiellement, trois
volets importants qui vous sont affectés, trois choses qu'on ne pourra
pas faire. Et, juste avant de les nommer, je veux juste souligner que la
protection des renseignements personnels, ça ne se limite pas à de la
cybersécurité, c'est aussi minimiser la collecte des informations, c'est aussi s'assurer de
leur utilisation correcte. Donc, on ne peut pas réduire la protection des
renseignements personnels à de la sécurité informatique. Première
précision.
Ce que ça va nous empêcher de faire, si je
regarde en catégorie, premièrement, il ne faut pas s'attendre à une baisse
significative de nos délais, qui sont déjà très élevés et qui sont dénoncés
depuis des années. Deuxièmement, c'est toutes les initiatives... toutes les
activités à l'initiative de la commission. Donc, c'est sûr qu'on a
l'obligation, tous les intrants, les plaintes que nous sont... les recours qui
nous sont faits, on n'a pas le choix, on va devoir traiter ces intrants que
j'appelle, mais tout ce qui est à l'initiative de la commission et que devrait
faire un organisme de surveillance,
c'est-à-dire de la surveillance proactive, aller dans un secteur d'activité,
aller voir si un projet gouvernemental d'envergure est bien aligné, est
conforme et respecte la loi, aller voir si les informations sont bien protégées
dans le secteur public, dans le secteur
privé. C'est aussi toutes les activités de prévention. En matière de protection
des renseignements personnels, c'est important d'agir en amont. C'est là
qu'elles sont rentables, les activités.
Alors, tout ce qui est notre volet promotion,
sensibilisation, faire des inspections préventives, aller voir comment se
déploie une nouvelle technologie, aller voir tel organisme qui envisage
d'utiliser la reconnaissance faciale, la biométrie, tous les projets de
transformation numérique, est-ce qu'ils sont faits dans le respect de la loi?
Alors, tout ce qui est... sans qu'il y ait une plainte, on ne peut pas limiter
nos activités de surveillance uniquement aux plaintes, surtout dans une époque
où l'opacité des pratiques, à l'ère numérique, quant à la gestion des documents,
on le sait, ce n'est pas toujours transparent. Le citoyen, il ne voit pas
qu'est-ce qu'on fait avec ses renseignements ou comment ils sont protégés. Il
faut que la commission puisse jouer un rôle proactif.
Et je pense que, plus que jamais, la situation
démontre que le budget de la commission doit être protégé de décisions
gouvernementales alors qu'elle est aussi chargée de le surveiller.
• (12 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de
La Pinière.
M. Barrette : Vous n'avez pas idée
à quel point je suis d'accord avec vous, parce que je me souviens avoir eu des
échanges, dans les différents projets de loi, à cet effet-là. En partant, vous
ne pouvez pas faire tout ce que vous voudriez faire, en partant, là, avant, là,
aujourd'hui. Ça fait qu'en partant, là, il y a... je vais dire le mot
«déficit», c'est un déficit. Ce n'est pas de votre faute, mais il est là. Et
là, si je vous comprends bien, on vient rajouter des nouvelles activités, puis
je vais aller plus loin, des nouveaux secteurs d'activité où, normalement, vous
devriez être impliqués. Puis là, essentiellement, si ça reste de même, vous ne
pourrez, là... Donc, il y a un danger pour la population, pour leurs
renseignements, là. Ça, c'est clair.
Je vais aller plus loin. Corrigez-moi si je me
trompe, il me semble que, dans les différents projets de loi, on a prévu, dans
plusieurs d'entre eux, des articles qui exigent qu'on vous consulte, hein? Et
ça, s'il y en a plus, c'est parce que ça va prendre plus de ressources. Est-ce
que je me trompe?
Mme Poitras (Diane) : Tout à fait. Effectivement, vous l'avez mentionné, il y
a... la réponse à la question, je pense, c'est P-22, où on fait la liste des
nouvelles responsabilités qui nous ont été confiées. Et vous avez raison de
dire qu'on était déjà en déficit. Et ce n'est pas que la commission qui le dit,
ce sont les représentants de groupes de consommateurs, les représentants de la
communauté juridique, incluant le Barreau, et les représentants des
entreprises. Et moi, je suis déçue, parce qu'on a écouté avec intérêt les
attentes qui ont été formulées par ces personnes et les parlementaires, lors de
l'étude du projet de loi n° 64 notamment, et, en toute honnêteté, je ne
vois pas comment la commission va être capable de répondre à ces attentes avec,
par exemple, pour cette année, 1,5 million.
M. Barrette : O.K. Donc, ce n'est
pas juste une question de délais, là, c'est répondre dans l'absolu tout court,
là. Je vous remercie de m'avoir corrigé. Vous ne vous en êtes pas rendue compte,
mais vous m'avez corrigé sur un point, 122, là, ce sont les nouvelles
fonctions. Ce n'est pas votre quotidien qui, lui, va être amplifié, ce sont des
fonctions additionnelles qui, à la lecture de ces fonctions-là, c'est clair que
ça demande des ressources, là.
Mme Poitras (Diane) : Est-ce que vous me permettez une courte précision?
M. Barrette : Bien, une longue,
même. Allez-y, gênez-vous pas.
Mme Poitras (Diane) : La liste qui est là, c'est seulement la loi n° 25,
donc la réforme en protection des renseignements personnels. Il y a quatre
autres lois qui ont été adoptées, dans la dernière année, qui confient des
nouvelles responsabilités à la commission.
M. Barrette : O.K. Et là je vais
vous paraphraser, parce que j'ai bien aimé votre expression, ces nouvelles
responsabilités là, à part la bureautique, ce n'est pas une question de
serveurs, là, puis ce n'est pas une question de cybersécurité, même si la
finalité est la cybersécurité. Vous, dans votre univers, là, qui êtes garante
de la protection de l'information, c'est l'accès à l'information... O.K., bon,
c'est votre job. Là, il y a vraiment, là... Ce qu'on vous propose,
essentiellement, c'est un gros talon d'Achille?
Mme
Poitras (Diane) : Oui. En fait, pour cette année, ça correspond, là,
pour ceux qui nous écoutent, peut-être qu'ils ne voient pas le tableau,
ça correspond à 11 %. Ce qu'on nous octroie comme ressources, c'est
11 % de nos besoins qui ont été identifiés, puis, pour les autres années,
ça correspond à peu près à 37 %.
M. Barrette : Écoutez,
je ne veux pas... Honnêtement, là, ça va peut-être surprendre, là, mais ma job
de ministre de la Santé était plus simple que la vôtre, parce que, là, vous,
là, vous allez être prise à décider de continuer ce que vous faisiez ou de fractionner votre performance en divers
secteurs d'activité, parce que vous ne serez pas capable de tout faire
correctement.
Mme Poitras (Diane) : Il va falloir agir en priorités. Et ça se peut que notre
capacité, par exemple, d'approuver des règles de gouvernance ou de donner des
avis pour certains projets ou de finaliser une enquête, ça va prendre plus de
temps, effectivement. Ce n'est pas ce qu'on souhaite.
M. Barrette : Ce n'est pas ce qu'on
souhaite de notre côté. Alors... Et vous, là, puis là je suis sûr vous allez me
répondre oui, le contraire me surprendrait, mais comme vous êtes des gens
prudents à la case départ, je ne pense pas que vous avez exagéré là-dedans, là.
Mme Poitras (Diane) : Non. Je peux vous assurer que les estimations qui ont été
faites ont été faites avec rigueur, et chaque fois qu'on le pouvait, on s'est
basé sur des données empiriques, là. On est dans des estimations, ce n'est pas
toujours possible. Mais pour vous donner un exemple concret, pour les
incidents... les déclarations d'incident de confidentialité, on a été voir dans
d'autres provinces et au fédéral, où une fois que les déclarations sont
devenues obligatoires et non seulement volontaires, quel est le pourcentage
d'augmentation qu'on a vu? On parle d'augmentation de 400 % à 600 %
dès la première année.
M. Barrette : Attends. Répétez-moi
ça. Là, je ne vous ai pas suivie, là.
Mme Poitras (Diane) : Les déclarations, vous savez, qu'en vertu de la loi n° 25...
M. Barrette : Oui, oui, les
incidents là, je comprends, là.
Mme Poitras (Diane) : ...ça va devenir obligatoire. Alors...
M. Barrette : Oui.Alors,
vous estimez qu'il va y en avoir, une augmentation de...
Mme
Poitras (Diane) : 400 % à 600 % dès la première année. À
600 %, dès la première année, c'est le pourcentage d'augmentation
qu'a vu, par exemple, l'Alberta, l'Ontario ou le fédéral, quand l'obligation de
déclarer les incidents de sécurité est devenue obligatoire.
M. Barrette : Et,eux, à votre
connaissance, vous devez vous parler d'une province à l'autre, eux, ils ont eu
un ajustement budgétaire. Vous ne le savez pas, là.
Mme Poitras (Diane) : ...je ne pourrais pas vous dire.
M. Barrette : Mais c'est quand
même spectaculaire.
Mme Poitras (Diane) : Oui.
M. Barrette : Moi, écoutez, je
suis assez surpris de ce chiffre-là. Quand est-ce qu'ils ont fait ça dans les
autres provinces?
Mme Poitras (Diane) : Oh boy! Le fédéral, je pense que ça date de deux ans.
L'Alberta, ça fait un peu plus longtemps, Ontario aussi, mais Alberta, Ontario,
je pense que c'est seulement dans le domaine de la santé.
M. Barrette : Wow! Alors, nous,
on a, là... parce que nous, c'est avec les lois qui ont été passées, 25 et
compagnie, là. Nous, c'est vaste. Ça fait que vous vous attendez à ce que ça
soit encore plus que ça.
Mme Poitras (Diane) : Nos estimations ont été faites sur la base du 600 %.
Alors donc, comme je vous dis, nos estimations, on les a faites de façon le
plus raisonnable possible. On est conscient des limites. On sait qu'on
administre des fonds publics, là. On a été... On a essayé d'être le plus
conservateur possible et on continue toujours d'essayer d'améliorer notre
performance et de faire plus avec moins.
M. Barrette : En tout cas,
c'est certainement plus qu'avec pas assez, là, ça, c'est clair. Le total, là,
que vous souhaitiez, compte tenu de votre estimé, je lis bien que c'est 12,4?
Mme Poitras (Diane) : Oui.
M. Barrette : Ça, c'était le
total, juste pour que je comprenne bien. C'est l'objectif récurrent que vous
recherchiez?
Mme Poitras
(Diane) : Oui.
M. Barrette : O.K. Puis que vous
aviez... Pour vous, vous étiez confortable à l'avoir sur plusieurs années?
Mme Poitras (Diane) : Oui, on l'avait ventilé. Après l'entrée en vigueur de la
loi n° 25...
M. Barrette : Le projet de loi,
là.
Mme Poitras (Diane) : ...on l'a ventilé sur trois ans, ce qu'on n'avait pas fait
à l'origine, parce qu'on ne savait pas que ça allait être ventilé. Donc, après,
on l'a ventilé sur trois ans.
M. Barrette : Écoutez, moi, ça
m'attriste beaucoup, parce qu'en quelque part, il y a quelqu'un qui va... c'est
quasiment vous mettre dans une position de bouc émissaire, parce que, si vous
n'avez pas le budget et puis que vous n'arrivez pas à faire ce que vous avez à
faire, là, à un moment donné, vous savez comment c'est, l'espace public.
Mme Poitras (Diane) : Oui.
M. Barrette : Moi, je le sais,
je suis un bouc émissaire professionnel. Alors, ça va être vous autres. Alors,
c'est... Non, c'est vrai. C'est vrai, à toutes les périodes de questions, c'est
tout moi.
Une voix : ...
M. Barrette : Quasiment, mais
c'est quand même triste. Y a-tu d'autres choses que je devrais... qu'on devrait
savoir? Là, vous avez votre enjeu budgétaire. Y a-tu d'autres enjeux, chez
vous, à part la loi comme telle, là?
Mme Poitras (Diane) : Je vous dirais que c'est pas mal l'essentiel de nos enjeux.
Puis, comme je disais, il faut... c'est aussi... On a parlé de l'entrée en
vigueur progressive de la loi, mais on a quand même des processus à réviser, de
la documentation à faire et à produire pour s'assurer de la conformité des
organisations aussi à produire avant l'entrée en vigueur, là. Donc, notre
capacité est assez limitée.
M. Barrette : Là,
je vais vous poser une question subjective, puis répondez-moi librement, là,
puis gênez-vous pas pour me dire que... Ça existe, ça, des fois, des
organisations qui ne sont pas si fiables que ça. Mais vous voyez sûrement les
classements que font des organisations comme le Centre for Law and Democracy.
Vous avez sûrement vu ça, là.
• (12 h 20) •
Mme Poitras (Diane) : Oui
M. Barrette : Nous autres...
bien, pour les gens qui nous écoutent, là, ils classent l'accès à l'information
par provinces et territoires. Dans le Canada, on est 13 provinces et
territoires, et le Québec se classe 11e. Pourquoi? Ce n'est certainement pas
parce que vous n'êtes pas bons, là, puis certainement pas parce que vous ne
voulez pas, là.
Mme Poitras (Diane) : Non. L'évaluation de ce classement là est faite en vertu de
la loi. Donc, c'est la loi. Et est-ce qu'elle prévoit, par exemple, une
autorité de contrôle indépendante? Ça, on coche oui. Avec des pouvoirs
d'ordonnance? On coche oui. C'est plus la loi... Essentiellement, ce sont les
restrictions, comme j'ai mentionné tout à l'heure, c'est ce volet-là qui
devrait être révisé. Et c'est dommage, parce que le Québec était vraiment à
l'avant-garde, était un des premiers à adopter une loi. Elle était vantée comme
un modèle, mais c'était il y a 40 ans. Alors, je pense qu'elle est due
pour être revue. Ce n'est plus à la hauteur de nos attentes en matière de
transparence.
M. Barrette : C'est un bon
point. Donc, ce classement-là, vous considérez qu'il est valide?
Mme Poitras (Diane) : Oui, oui, ils ont... C'est une grille. Oui, oui, oui, tout
à fait. Et, dans le monde, on est... on se
classe comme 76e à peu près, le classement mondial n'est pas meilleur. Je pense
qu'il y a juste six pays en Amérique du Nord, Centrale et Sud qui sont
moins... qui sont en deçà du Québec.
M. Barrette : O.K. Avez-vous
été surprise quand le ministre a dit tantôt qu'il voulait s'en aller, ou il
souhaitait, ou on s'en allait, je ne me rappelle plus quel était le verbe qu'il
a utilisé, là, le côté affirmatif, hein, qu'il a dit, qu'on s'en allait vers
une information ouverte? Moi, ça m'a marqué. Je l'ai pris en note, mais je n'ai
pas pris...
Mme Poitras (Diane) : ...je sais que... je pense que c'est positif, là, qu'on
ait...
M. Barrette : Oui, mais c'est parce
qu'on est loin de ça, là.
Mme Poitras (Diane) : Oui, je pense qu'on peut faire un effort en matière de
données ouvertes et de diffusion proactive, c'est-à-dire ne pas attendre une
demande d'accès pour diffuser de l'information d'intérêt public, mais ça ne
remplacera jamais la nécessaire modification et modernisation du volet Accès à
l'information de la loi.
M. Barrette : Madame,écoutez, je ne conteste pas ça, au contraire, parce que c'est assez
ironique de parler d'informations ouvertes lorsqu'on a des galons de caviardage
dans nos placards, pour les utiliser abondamment. Alors, j'ai trouvé ça
ironique, mais ça, ça ne vous met pas en cause. O.K.
Le Président (M.
Bachand) : ...M. le député.
M. Barrette : 30 secondes? Je
vais revenir au prochain bloc, mais je vais permettre au ministre de commencer
sa réflexion, parce que je vais lui demander une question bien simple :
Comment réagit-il aux commentaires de Me Poitras,
qui sont justes, tout simplement, objectifs et légitimes? Parce que là, en
matière d'accès à l'information et de protection des renseignements
personnels, c'est comme si on disait, dans le système de santé : O.K., on
va sous-financer les urgences, mais ça va être correct pour les CLSC.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député de
La Pinière. M. le député de René-Lévesque, s'il vous plaît.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, à mon tour de vous saluer, M. le ministre, entouré de votre
équipe. Me Poitras, merci d'être avec nous aujourd'hui.
Quelques questions dans mon court bloc, M. le
ministre. Données ouvertes versus l'accès à l'information, en 2018, l'énoncé d'orientations, qui date du
6 juillet, prévoyait trois choses : que les organismes publics soient
encouragés à diffuser proactivement les données ouvertes, toutes données
accessibles en vertu de la loi; que les organismes publics privilégient
l'utilisation de données ouvertes lors d'échanges de données publiques; et que
les organismes publics sont encouragés à diffuser des données de qualité.
Actuellement, il y a 1 236 jeux de données qui sont ouvertes. Combien
on peut avoir de jeux de données lorsque le tout sera complété, M. le ministre?
À quoi on peut s'attendre?
M. Caire : Bien, écoutez, je pense
que la statistique que j'avais, c'est que le gouvernement néo-zélandais était à
35 000 jeux de données, qui est un gouvernement... partenariat de gouvernement
ouvert. Peut-être, pour revenir sur la séquence, il faut comprendre qu'on
devait s'attaquer à la protection des renseignements personnels,
prioritairement. On l'a fait à travers une loi, dont mon collègue, d'ailleurs,
de La Pinière disait lui-même qu'on en aurait pour 10 ans avant
d'être capable de moderniser le régime. On l'a fait à l'intérieur du mandat.
Maintenant, on va aller vers l'accès à l'information. L'accès à l'information,
j'entends ce que Me Poitras dit puis je suis tout à fait d'accord, ceci étant
dit, là, qu'il faudra regarder quelles seront les modifications nécessaires.
Mais c'est évident que, si on va dans une orientation d'une donnée ouverte par
défaut, ça va avoir un impact sur la disponibilité de la donnée, ça va avoir un
impact sur les demandes d'accès à l'information. Alors, c'est tout ça qu'il
faut évaluer en priorité.
Maintenant, pour savoir combien de jeux de
données le gouvernement du Québec, lui, pourrait, avec une politique comme
celle-là, mettre à disposition, comme je vous dis, si on regarde des... puis là
on fait de la futurologie, là, mais, si on regarde des comparables, on serait
peut-être plus de l'ordre de ce que le gouvernement néo-zélandais fait que ce
que nous, on fait actuellement. Il faut comprendre que ce n'est pas... Il y a
une question culturelle là-dedans. Ce n'est pas... je dirais, ce n'est pas un
réflexe de nos ministères et organismes de rendre publique quelque information
que ce soit, là. Donc, comme, pour l'instant, cette dimension-là, elle se faisait
de façon volontaire, puis c'était laissé à chacun de décider s'il le faisait ou
non, qu'est-ce qu'il mettait en données ouvertes ou non, bien, ça donne le
résultat que vous mentionnez. Maintenant...
M. Ouellet : Si je prends votre
chiffre, on est comme à 3 % de l'objectif.
M. Caire : On peut aller beaucoup
plus loin. Mais de là à vous mettre à un chiffre, combien de jeux de données,
ça voudrait dire, là... je ne peux pas... je ne suis pas en mesure de faire ça.
M. Ouellet : ...à 35 000, il y
en a 1 236 aujourd'hui, donc...
Le Président (M.
Bachand) : Juste vous rappeler, j'ai de la
misère à entendre le député de René-Lévesque. Alors, s'il vous plaît, gardez...
M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Donc, onserait
à 3 %.
M. Caire : Comme je vous dis, M. le
député, sans aller sur des chiffres, parce que je n'ai pas l'estimation, là, je
vous donne un étalon de mesure avec un gouvernement d'une taille qui se
compare, là. Ça ne veut pas dire qu'on peut aller à ces niveaux-là. C'est-tu
moins? C'est-tu plus? Honnêtement, je ne le sais pas, mais c'est sûr que c'est
plus que 1 200, là, ça, c'est sûr et certain, là. Donc, il faut aller...
peut-être moins se fier au volontariat puis aller plus vers une politique formelle,
et c'est l'orientation qu'on souhaiterait prendre.
Ceci étant
dit, ça n'empêche pas effectivement qu'il faudrait regarder les impacts sur la
loi d'accès à l'information. Puis là-dessus, on collaborerait avec la
commission pour voir s'il y a des modifications législatives qui sont à
prévoir.
M. Ouellet : J'aimerais
peut-être démêler plusieurs choses qui ont été écrites dans les médias, pour
être certain qu'aujourd'hui on a une vision claire de ce qui s'en vient. Le
20 mars 2022, je vais citer un article de Radio-Canada : «Pas de refonte de la loi sur l'accès à l'information en
vue, selon le ministre...» de La Peltrie, puisque c'est votre nom qui est cité.
Donc, vous estimez plutôt qu'«une refonte de la loi sur l'accès à l'information
n'est pas nécessaire, contrairement à ce que réclamait la Fédération des
professionnels. Je pense qu'on a besoin de revamper l'accès à l'information
d'emblée, et c'est plus un changement de culture.»
Je
pense que ce n'était pas la position de Me Poitras plus tôt, qui avait demandé
des modifications à la loi. Donc, Me
Poitras nous indique qu'on devrait modifier la loi, vous nous dites que ce
n'est peut-être pas la chose à faire. Mais là je vous ai écouté tout à l'heure puis je regarde mes notes, c'est peut-être
la chose à faire, mais pas présentement, prochainement.
Puis là je vais
descendre, avec vous, certaines données qu'on a réussi à obtenir pour les
demandes d'accès à l'information, O.K. Si je prends le ministère de la Famille,
47 % des demandes ont dépassé le délai de 31 jours en date de 2020‑2021;
si je prends le ministère de la Santé et des Services sociaux, 66 %,
au-delà du délai de 31 jours et plus, pour la demande d'accès à
l'information — je
suis bon joueur — ministère
de la Justice, 2020‑2021, aucune, donc, on était dans les délais, 86 %
dans le 0-20 jours; ministère de la Sécurité publique, 76 % au-delà
du délai de 31 jours; ministère de l'Éducation, 55 %.
Donc, c'est-tu un
problème de loi? C'est-tu un problème de ressources? C'est-tu un problème de
moyens? Parce que j'essaie de comprendre pour les citoyens, les journalistes et
les gens veulent avoir accès à plus d'information, ça semble plus compliqué. Le
collègue de La Pinière faisait référence à du caviardage, selon des normes
qui sont édictées, pour dire : Cette information-là n'est pas à rendre
disponible. On a les délais qui explosent, je vous ai donné des exemples de
délais qui explosent. Elle nous dit qu'elle a besoin de moyens, vous nous
dites : Il faut changer la culture. Dites-moi, là, je veux avoir accès à
de l'information, le gouvernement doit rendre des comptes selon des dates, ça
ne marche pas. Qu'est-ce qu'il faut faire pour que ça marche?
• (12 h 30) •
M. Caire : Bien,
moi, je pense que la première chose à faire... Puis, compte tenu des
circonstances, vous comprendrez, là, qu'on ne peut pas se lancer dans une
refonte législative d'accès à l'information. Je veux dire, c'est la dernière
session de la législature. On connaît tous le contexte, donc on ne se
contentera pas d'histoires, là, on ne lancera pas législativement dans une
réforme d'accès à l'information.
Maintenant, qu'est-ce
qu'on peut faire à plus court terme, c'est d'aller dans la direction dont je
vous parlais. Vous me donnez les statistiques, combien de demandes sont hors
délai. La question que je poserais, M. le député, c'est combien de ces
demandes-là... On ne vous dérange pas, M. le député de La Pinière, j'espère?
M. Barrette :
...
M. Caire : D'accord,
enjeu technologique. Et donc, M. le Président, combien de ces demandes-là hors
délai n'auraient pas été hors délai, si ça avait été en données ouvertes? Parce
que comprenons-nous bien, si je vous donne accès à l'information, ça veut dire
que l'information peut être rendue publique. À ce moment-là, pourquoi ça prend
une demande d'accès à l'information pour rendre publique une information qui
peut être rendue publique? C'est dans cet
esprit-là qu'on... Et là, à partir de là, combien de demandes d'accès à
l'information n'auraient pas lieu, si ces données-là étaient mises à
disposition sans demande d'accès à l'information? Or, c'est tout ça qu'on est
en train de faire avec le secrétariat, voir on a combien de demandes d'accès à
l'information, combien de ces demandes d'accès à l'information là ont révélé
que l'information demandée était de notoriété publique.
Donc, on aurait pu
les rendre publiques sans qu'il y ait de demande d'accès à l'information. À ce
moment-là, ça veut dire quoi sur les délais? Ça veut dire quoi sur les
ressources qui sont allouées à ça, les ressources matérielles, ressources
financières, ressources humaines qui sont allouées à toute l'infrastructure qui
répond à ces demandes-là? C'est autant de
questions pour lesquelles on n'a pas de réponse. Tout à l'heure, Me Poitras,
puis je le comprends, là, on est dans
la même situation, vous disait : Mais je ne sais pas, moi, combien on a
renversé de décisions qui ont été prises par les responsables d'accès à l'information. Donc, c'est toute cette
information-là, c'est tout ce portrait-là qu'il faut faire pour voir... Mais l'accès à l'information, puis Me
Poitras le disait, puis elle a raison, ça fait 40 ans, on a adopté une
loi, parce qu'on voulait rendre accessible l'information, mais, depuis
ce temps-là, on ne s'est pas repenché sur cette question-là.
Alors, je pense qu'on
est rendus là. Je pense que l'Assemblée nationale est rendue là. Je pense que
le gouvernement, puis sans présumer de ce qui se passera cet automne, je pense
que le prochain gouvernement est rendu là. Mais il faut faire les choses, il
faut prendre les bonnes décisions puis il faut faire une refonte parce
qu'effectivement ça serait le fun qu'on n'en fasse pas une aux cinq ans. Donc,
la prochaine refonte devra répondre à des principes de transparence. Et quand
on a adhéré au partenariat mondial pour le gouvernement ouvert, bien, c'est
parce qu'on voulait s'inscrire dans cette philosophie-là, qui est nouvelle, de
dire : Rendons les données disponibles par défaut et mettons le fardeau de
la preuve sur les organismes de ne pas les rendre publiques par défaut. Et ça,
ça va changer complètement la dynamique à travers laquelle on va gérer l'accès
à l'information.
M. Ouellet :
Aidez-moi à comprendre pourquoi qu'il y a des ministères que c'est plus
compliqué. Santé et Services sociaux, je donnais référence tantôt, 66 %.
J'arrive à la Sécurité publique, 76 % hors délai. J'arrive, après ça,
ministère de l'Éducation, moins pire, 55 %. Puis je vous donne l'exemple
de la Justice, 0 %.
Je veux dire,
qu'est-ce qui explique qu'il y a une énorme différence? C'est-tu parce que le
ministère de la Justice, ils sont plus prompts à répondre parce qu'ils ont des
délais judiciaires, puis il y a des avocats? Tu sais, je me projette, là.
Sécurité publique, c'est plutôt «touchy», on a vu toute la situation avec
l'événement qui s'est présenté au Métropolis, les gens voulaient avoir accès à
un document, il n'existe pas, puis les avocats ont été obligés de se battre
puis se forcer, puis là, finalement, boum, le rapport apparaît. Vous comprenez
que, pour certaines personnes, pour des journalistes ou pour des citoyens,
c'est le concours... c'est le... voyons...
M. Caire :
C'est le parcours du combattant, tout à fait.
M. Ouellet :
Le parcours du combattant, merci de me corriger. Puis là je vois que, dans
certains ministères, ce n'est pas parfait, mais c'est quand même efficient,
puis j'arrive dans d'autres ministères où c'est catastrophique. Comment
expliquer ça? C'est-tu la gestion de l'équipe? C'est-tu... les demandes
arrivent trop en même temps puis le pipeline est trop plein? J'essaie juste de
comprendre.
M. Caire : Bien, M. le député, votre question, elle est
excellente. Le problème, c'est que je n'ai pas d'excellente réponse à
vous donner, justement parce que ce fin portrait là, on ne l'a pas, on est en
train de le faire. Ça n'a jamais été demandé. Là, c'est demandé, on est rendus
là, on va le demander.
Maintenant, je peux
quand même élaborer quelques hypothèses avec vous. D'abord, peut-être que notre
façon de faire date d'une autre époque sur l'accès à l'information. Peut-être
que notre façon de faire date d'une autre époque, peut-être qu'aussi le fait
qu'il y ait un responsable, mais que ces responsables-là sont dans chacun de
leurs organismes, donc, c'est une interprétation qu'ils font de la loi, puis
peut-être... Bon, pour avoir travaillé avec différents avocats, dans les
derniers mois, je peux vous dire qu'ils peuvent voir, dans un même article de
loi, 12 interprétations différentes. C'est pour ça que j'aime l'informatique,
moi... Mais non, je les taquine, ils sont vraiment excellents. Mais, ceci étant
dit, il arrive qu'il peut y avoir des interprétations, dire : Je...
Écoutez, c'est une
excellente question, ça prend une excellente réponse à votre question, mais il
est clair qu'on est rendu à une étape, comme gouvernement, comme organisation,
où il faut considérer l'accès à l'information à travers un autre prisme que
celui qu'on utilise depuis 40 ans. Ça, pour moi, c'est très clair.
Le
Président (M. Bachand) : ...M. le député.
M. Ouellet :
Lors de la dernière élection, M. le ministre, vous avez mis votre siège en
jeu pour le troisième lien. Êtes-vous game de le mettre en jeu pour une réforme
de loi à l'accès à l'information pour le prochain mandat?
M. Caire :
Bien non, et pour une raison fort simple, c'est que d'occuper des fonctions
ministérielles, c'est la seule prérogative du premier ministre. Alors là...
Puis je peux vous dire, des fois, c'est plus difficile de le convaincre lui que
de convaincre les électeurs de ma circonscription. Non, c'est une blague.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. le député de La Pinière.
M. Barrette :
...finalement, est-ce qu'il est encore en jeu?
M. Caire :
Mon siège?
M. Barrette :
Oui.
M. Caire :
Bien oui. Ça va très bien, d'ailleurs.
M. Barrette :
Ça sent la pépine sur le bord de la 20 ou... Vous allez la mettre où, la
pépine, sans trou?
M. Caire :
Non, mais on ne travaille plus avec des pépines,
à cette heure.
M. Barrette :
Ah non! Le trou va se faire tout seul.
M. Caire :
On est...
M. Barrette :
Oui, c'est sûr. C'est sûr, c'est Star Trek.
Des voix :
...
M. Caire :
On travaille avec des tunneliers. Merci. Des tunneliers. Des pépines,
voyons donc.
M. Barrette :
Alors,M. le Président, j'avais posé une question au ministre pour...
à dessein, pour qu'il puisse avoir le temps de se préparer. Alors, allez-y.
M. Caire :
Bien, d'abord, je tiens à dire que je suis d'accord sur le fait que la
protection des renseignements personnels, l'accès à l'information, ce n'est pas
une seule question qui relève de la cybersécurité. Ceci étant dit, au
XXIe siècle, je pense qu'il faut être conscient que ce n'est pas
exclusivement, mais c'est essentiellement ça. Et donc il faut aborder ces
questions-là de... C'est un peu comme l'accès à l'information. Ce qu'on faisait
il y a 40 ans, c'était bon il y a 40 ans. Aujourd'hui, il faut voir
les choses d'une façon différente, je pense.
C'est la raison pour laquelle l'Assemblée
nationale et les parlementaires ont modifié la composition, d'ailleurs, de la Commission
d'accès à l'information pour s'assurer qu'il y a maintenant une vice-présidence
qui va s'occuper des questions qui relèvent des
technologies de l'information. L'idée ne vient pas de moi, je dois le dire, là,
j'ai été inspiré de d'autres organisations à l'international qui ont fait ce
changement-là pour le plus grand bénéfice de l'organisation. Donc, il y a
effectivement encore toute la notion du consentement, du respect de la loi,
puis on comprend ça. Puis il y a tout le pouvoir de directive, qui a été
demandé et octroyé à la Commission d'accès à l'information, qui était une
excellente idée, parce que, justement, ça va permettre, surtout aux entreprises
privées... parce qu'au niveau du public je pense que, cette relation-là avec le
secrétariat, on a ce... Les conseils avec le secrétariat, nos organismes
publics peuvent en bénéficier, ce qui n'est pas nécessairement le cas des
organismes privés. Donc, d'avoir ces directives-là, ça va être essentiel pour
savoir ce que l'on doit faire pour se prémunir de tout recours ou de mauvaise
surprise par rapport à l'application de la loi.
Donc, il faut... puis je tiens à le mentionner,
là, il faut quand même souligner que... Oui, je comprends que les demandes
étaient d'une certaine hauteur, puis ce qui a été octroyé était d'un autre
ordre, mais c'est quand même, je répète, presque 20 millions sur cinq ans,
là, qu'on va donner de plus à la Commission d'accès à l'information, ce qui ne
veut pas dire que... Dans les années futures, compte tenu qu'il y aura mise en
application des articles de la loi, principalement en 2023, on pourra vérifier si
les hypothèses qui ont été soumises se vérifient ou non puis on pourra
effectivement ajuster les montants en conséquence. Mais quand même, là, tu
sais, je veux dire, sur deux ans, on parle de 58 ETC de plus à la
commission. Ce n'est quand même pas rien, là. Tantôt, on parlait de 108, puis
108 sur cinq ans, on va être à 58 sur deux ans. Ce n'est quand même pas si
pire.
Puis on parle de... comme je disais, c'est un 20
millions de plus par rapport aux 600 000 $ annuels sur cinq ans qui
avaient déjà été octroyés, là. Donc, comme, cette année, dans les crédits, on
voit 1,5, mais la vérité, c'est que c'est 2,1... Donc, c'est plus que
20 millions qui va être octroyé à la commission sur 20 ans. Donc, des
ressources, je pense que... Bon, ce n'est pas à la hauteur de ce que la
commission estime avoir besoin, j'en suis conscient, mais je pense que ces
ressources-là, elles sont quand même importantes. Ce n'est pas négligeable, les
efforts qui sont faits pour aider la commission à soutenir son mandat.
• (12 h 40) •
Autre chose, il faut comprendre que les actions
que le gouvernement pose visent à diminuer les risques de fuite et des
incidents de confidentialité. Et donc, conséquemment, s'il y a moins de fuites,
bien, nécessairement, il y a moins de divulgations à la commission. S'il y a
moins de fuites, il y a moins d'enquêtes conséquentes à ça. Donc, il y a un
volet où je suis d'accord, la commission, ses responsabilités ont augmenté,
c'est indéniable, mais il y a un autre volet où ce que le gouvernement vise à
faire, c'est de travailler en prévention, justement, pour qu'on n'ait pas ce
genre de désagrément là à gérer.
Puis sans compter que, bon, tout à l'heure, le
député disait : Oui, 100 millions en cybersécurité, là, ce n'est
pas... ça n'a pas rapport. Bien oui, parce qu'il y a des montants là-dedans...
Puis, notamment pour cette année, là, on est en discussion avec le ministère de
l'Économie et de l'Innovation, il y a des montants là-dedans, M. le Président,
qui visent, justement, à mettre en place un programme qui vont aider les
entreprises privées à se conformer à la loi n° 64, à mettre en place non
seulement, juridiquement, les éléments de reddition de comptes, et les éléments
de demandes de consentement, et les éléments qui sont en lien avec les
obligations et les responsabilités sur la collecte, mais aussi sur la
conservation, la gestion du cycle de vie, la destruction, etc.
Donc, il y a des sommes additionnelles qui ne
sont pas nécessairement dévolues à la commission, mais qui vont être dévolues à
d'autres organisations qui vont aider les entreprises à se conformer aux
directives que la commission va émettre dans les prochaines semaines, les
prochains mois. Et, à travers ça, bien, il y a des organisations, il y a des
bureaux, des cabinets d'avocats, il y a des entreprises dans l'écosystème qui
vont avoir les mandats d'aider ces entreprises-là à se conformer. Puis, au
niveau de nos organismes publics, bien, évidemment, il y a des budgets qui sont
inhérents à nos organismes publics pour s'assurer de travailler puis de se
conformer aux directives que la commission nous fera connaître, en plus des
directives qui émanent directement du gouvernement.
Donc, tout cet écosystème-là travaille à mettre
en place des éléments qui vont faire en sorte que ce qu'on veut, c'est ne pas
gérer des incidents de confidentialité, ne pas gérer des fuites de données et
s'assurer que tout le monde sait ce qu'il a à faire pour se conformer, pour s'y
conformer. Parce que je vous dirais qu'il y a une chose, dans la loi n° 25,
qui est d'une efficacité redoutable, M. le député, à laquelle vous avez
participé, c'est les sanctions. Et ça, plus que n'importe quoi d'autre, j'en
entends parler, moi, sur le terrain. Les entreprises privées, même nos
organismes publics nous disent : Oui, là, on veut savoir. Ils ont les oreilles
grandes ouvertes puis ils n'ont pas envie de rire avec l'application de la loi,
parce qu'ils savent que maintenant, et ça, je sais que c'était une demande de
la Commission d'accès à l'information, la commission a des dents à cause des
sanctions qui sont prévues par la loi.
Donc, il y a aussi un effet dissuasif qui est
très fort et qui va faire en sorte, je le pense, en tout cas, de ce que
j'entends sur le terrain à travers l'écosystème, que nos organismes publics,
mais nos entreprises privées ont plutôt envie de se conformer et d'être très,
très rigoureux dans le respect de la loi et de leurs responsabilités,
responsabilités qui visent, encore une fois, à avoir une utilisation saine des
renseignements personnels qui sont collectés.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de La
Pinière, s'il vous plaît, allez-y.
M. Barrette : J'ai envie de
dire : bel effort, bel effort.
M. Caire : Pas plus que ça?
M. Barrette : Très bel effort.
M. Caire : Merci.
M. Barrette : Je
vais aller à Me Poitras, M. le Président. Je peux y aller, je n'ai pas besoin
de... Merci. Me Poitras, vous êtes une personne travaillante et
rigoureuse. Vous entendez le ministre, là. Moi, je lis votre document, là, puis
je pense, puis j'aimerais ça que vous me le confirmiez, que, quand vous avez
produit ce document-là, vous avez pris en considération le passé récent, que le
gouvernement... O.K., on a prévu mettre tant d'argent, tant de ci, tant de ça.
Vous avez pris ça en considération pour arriver à votre conclusion qui est
votre document.
Mme Poitras (Diane) : Le rôle de la Commission d'accès à l'information, c'est de
surveiller.
M. Barrette : Non, non, je
m'excuse, je me suis mal exprimé. Sur le plan budgétaire, le ministre, là, il
vient de faire un long laïus sur le fait que, oui, mais on fait un gros effort,
parce qu'on avait déjà prévu tant d'argent, tant de ressources, et ainsi de
suite. Vous l'avez pris en compte, ça?
Mme Poitras (Diane) : Ce que j'allais dire avec... notre rôle, c'est de
surveiller. Je ne peux pas... Le rôle de la commission, c'est d'aller
voir : Est-ce que c'est vrai qu'on a mis tout ça en place? Et, pour
arriver, par exemple, à une sanction, il faut aller surveiller, il faut aller
détecter, il faut aller voir s'il y a conformité de la loi ou non, et ça prend
des ressources pour faire ça. Alors, oui, nous, ce qu'on a considéré, c'est
quelles ressources sont nécessaires pour nous permettre d'assumer l'ensemble
des activités pour réaliser nos mandats.
M. Barrette : Je me suis encore
mal exprimé, et puis c'est de ma faute, ce n'est pas de votre faute. Le
ministre, quand il raconte ce qu'il vient de raconter, là, c'est comme s'il
disait : Oui, oui, mais eux autres, ils nous demandent ça, mais on leur en
a déjà donné, hein? On leur a déjà donné ce qu'ils demandent. Là, moi, ce que
j'ai dit, dans les dernières cinq minutes, là, c'est dedans ça. Moi, je me dis
que probablement, peut-être que ce que le ministre dit, vous l'avez pris en
compte puis que ça, c'est par-dessus tout ce que le ministre dit.
Mme Poitras (Diane) : Oui, oui, tout à fait, on l'a considéré. Puis ce
600 000 $ là récurrent était pour un volet très spécifique au niveau
des autorisations de recherche, et la capacité de la commission de changer avec
le rôle de l'ISQ, là, puis de changer pour approuver les règles de gouvernance
de l'ISQ, puis aller surveiller la... comment les données sont utilisées à des
fins de recherche dans le respect de la loi.
M. Barrette : Alors donc, ça,
c'est vraiment par-dessus ce que le ministre vient d'énumérer, que j'ai
qualifié d'un très bel effort. Ça ne veut
pas dire que le résultat est bon. Il n'aura pas de médaille là-dessus. Vous,
oui, parce que vous répondez très
précisément à la question, et je... on l'apprécie tous ici, Me Poitras, et
c'est à ça que ça sert, les crédits.
Donc, il y a vraiment un problème. Moi, j'ai
senti... peut-être que je me trompe, là, je ne veux pas que vous me
répondiez... en fait, répondez-moi pas, là, mais, si j'avais été dans vos
souliers, j'aurais été un peu mal à l'aise quand le ministre a dit : C'est
d'abord et avant tout de la cybersécurité. Oui, mais je comprends, là, mais la
Commission d'accès à l'information, elle a dit... elle l'a dit, le dit, le
dira, quand c'est rendu dans la boîte qui est l'ordinateur, correct, c'est la
cybersécurité, mais, avant de se rendre là, il y a des règles. Puis, après ça,
il y a de la vérification puis il y a de la prévention. C'est avant la boîte.
On s'entend sur la cybersécurité, ce n'est pas ça, la question.
Et la cybersécurité, c'est probablement des
centaines, sinon des milliards de dollars. Si on inclut les serveurs, là, on
est dans les milliards de dollars, et c'est ça qui est choquant. Ce qui est
choquant, c'est que, dans ce grand tableau là de données personnelles, qui
inclue des entrepôts de données à milliards de dollars sur plusieurs années et
ainsi de suite, ah, bien là, c'est-tu plate, la pandémie nous empêche de
dépenser 12,4 millions sur cinq ans. C'est on ne peut plus étonnant et
certainement énormément décevant.
Comment qu'on peut expliquer ça? Comment peut-on
expliquer ça? Le ministre s'était engagé avec énergie, de façon fondée, à réformer les choses, à... Il y a eu des projets de
loi pour... en termes de gestion de la donnée, de passer des contrats
sans appel d'offres, en dehors de la pandémie, avant la pandémie. Puis c'est
des centaines et des milliards de dollars,
là, sur une période de cinq ans, là, puis on zigonne sur 12,4 millions.
Là, je... le «zigonne», là, c'est pour le montant d'argent, là, ce n'est
pas pour la fonction. Moi, ça dépasse l'entendement. Comment le ministre peut
m'expliquer ça, là? Dans la piscine de l'information, là, 12,4 millions,
là, c'est définitivement une goutte dans cet océan-là, là.
M. Caire : Oui, bien, peut-être
qu'il faudrait expliquer ça aux contribuables qui font leur rapport d'impôt,
présentement, que 12 millions, c'est des pinottes, là. On a peut-être un...
M. Barrette : Est-ce que le ministre
est en train de dire : La protection de l'information, c'est secondaire?
M. Caire : ...on a un désaccord
là-dessus. Non, pas du tout. Non, non, pas du tout. Bien, en fait, ce n'est
tellement pas secondaire que, sous l'impulsion de notre gouvernement, et
contrairement à ce que le député de La Pinière a pu dire, ça n'a pas été une
réforme qui a pris 10 ans à faire. Et je vous signale que son collègue de
LaFontaine nous suggérait de scinder le projet de loi en trois, parce qu'il
trouvait ça trop costaud, puis on l'a fait adopter à l'unanimité en trois ans.
Ça fait que venir me dire que je prends ça à la légère, M. le Président, là,
c'est contraire à ce qu'on a livré comme gouvernement, un des régimes les plus
sévères au monde et très clairement le régime le plus sévère en Amérique, très
clairement, très clairement. Donc, non, je ne pense pas qu'on prenne ça à la
légère. Puis on n'a certainement pas fait adopter ce
projet de loi là pour, après ça, ne pas déployer les moyens qu'il faut pour que
la loi soit respectée. Ça, ce n'est pas... je veux dire, on... ce n'est même
pas proche.
Ceci étant dit, ce que j'essayais d'expliquer à
mon collègue de La Pinière, c'est que je suis tout à fait d'accord avec Me
Poitras que les responsabilités de la commission ont été augmentées. L'idée
n'est pas de nier ça, pas du tout. Ce que je dis, c'est qu'on donne, en plus de
ce qui a déjà été octroyé, 20 millions de plus, là, 19,5 pour être précis.
Il y a 58 ETC, sur deux ans, qui sont octroyés de plus à la commission. Donc,
de dire qu'on ne veut pas que la commission remplisse
ses responsabilités, encore là, ce n'est pas... ça ne reflète pas ce qu'on est
en train de faire. Et, en plus, je viens de dire, que, si d'aventure, on en arrive à la conclusion claire que ce que
nous, on fait, n'a pas l'impact souhaité, bien, écoutez, on sera, à ce
moment-là, en discussion, comme on l'est annuellement, avec la Commission
d'accès à l'information pour voir quels sont les résultats, quels sont les
résultats puis quelles sont les solutions. On discutera des solutions.
Ceci étant dit, dire que 20 millions sur
cinq ans, ce n'est pas un montant conséquent, là, je suis désolé, mais j'ai un désaccord avec le député de La Pinière.
C'est beaucoup d'argent, 20 millions, et c'est beaucoup d'ETC, là. Il y
a beaucoup de... M. le Président, on a 305 organismes publics, là. Je vous
garantis qu'il y en a plusieurs qui salivent, présentement, en regardant ça
puis en disant : Moi aussi, j'en prendrais, 58 ETC de plus, parce qu'eux
autres ils s'en font... ils se font
dire : Non, c'est zéro, là, zéro ETC de plus, là. Puis ce n'est pas parce
que leur mission n'a pas augmenté ou que leur responsabilité n'a pas
augmenté.
Donc, est-ce que c'est suffisant? Bien, nous, on
pense que oui. Puis peut-être qu'avec la mise en application des articles, avec
ce qui aura été fait comme travail de terrain pour aider nos organismes publics
à se conformer, pour aider nos entreprises, nos entreprises qui nous le
demandent... Les entreprises nous le demandent, M. le Président, ils sont en demande à travers les associations, les
différentes associations : Venez nous aider, on veut se conformer à la
loi.
• (12 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre. Il reste
30 quelques secondes pour le député de La Pinière.
M. Barrette : Ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce,
en 2018, a déposé un projet de loi qui visait à revoir cette loi-là. Pourquoi
ça n'a jamais été étudié, repris? On a jusqu'au 15 mai.
M. Caire : Là, je m'excuse...
M. Barrette : En 2018, ma
collègue...
M. Caire : Oui, oui, mais oui, je me
souviens, qui avait été déposé au mois de juin, si ma mémoire est exacte.
M. Barrette : Mois de mai. Pourquoi
ce n'est pas repris? On a jusqu'au 15 mai, là, on pourrait déposer ça, là.
M. Caire : Pourquoi ce n'est pas...
parce que... Ah! bien, parce que je viens de le dire, là, si on veut faire une
refonte de l'accès à l'information, on va le faire, mais sur la... Puis je vous
signale que le...
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre. Je dois
céder la parole au représentant du parti ministériel. M. le député de Chapleau,
s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le Président. Également, j'en profite
pour saluer le ministre, les collègues de la banquette gouvernementale,
également le député de La Pinière.
J'aimerais peut-être ramener, M. le Président,
le ministre à des souvenirs très positifs. D'ailleurs, on a eu l'occasion de
partager des moments, là, lors du travail sur le projet de loi n° 64 qui a
été adopté en septembre 2021. D'ailleurs, le ministre m'avait accordé, là, sa
confiance pour que je puisse travailler sur un volet du projet de loi,
notamment concernant les partis politiques. Puis ça avait été un travail, il
faut le dire, M. le Président, de longue haleine et transpartisan. Et
effectivement il n'y avait pas une pierre qui n'avait pas été retournée dans
cette étude du projet de loi. Maintenant, on est rendus à la loi n° 25,
puis c'est vraiment un grand accomplissement, là. Comme vous le savez, M. le
Président, la protection des renseignements personnels n'avait pas été
modernisée, et depuis de nombreuses, nombreuses années, M. le Président, puis
le travail qui a été abattu est vraiment spectaculaire.
Donc, durant ce mandat-ci, notre gouvernement
puis le... par l'impulsion du ministre, a réussi, durant le mandat, à
actualiser une loi qui était désuète et la mettre non seulement au goût du
jour, mais surtout à la fine pointe de tout ce qui a été fait en Amérique du Nord,
et en s'inspirant de plusieurs, plusieurs bonnes pratiques en Amérique du Nord,
mais aussi à travers le monde, quand on parle, notamment, d'obligations pour
les entreprises. On se souviendra qu'on a
bonifié les informations transmises aux citoyens lors de la collecte de leurs
renseignements personnels. On a demandé de détruire ou de rendre
anonymes les renseignements personnels, dans certaines circonstances, d'obtenir
au préalable le consentement de la personne pour utiliser ses renseignements
personnels à des fins de prospection, là, commerciale. Il y a également des
obligations qui vont permettre aux citoyens de bénéficier, là... d'être avisés,
lors d'un incident de confidentialité concernant leurs renseignements
personnels, lorsque cet incident présente un risque qu'un préjudice sérieux
soit causé, évidemment, d'un droit à l'effacement et au déréférencement. On
avait eu une longue... de longues discussions à cet effet, justement, sur ces
droits-là, M. le ministre, je m'en souviens très bien, lors des études
détaillées... également, de consentement demandé en termes simples et clairs.
C'est une petite
révolution, on peut le dire, honnêtement, qu'on a menée, que vous avez menée,
M. le Président, par votre entremise, le
ministre. À cela, on l'a vu, lors du plus récent budget, c'est près de
20 millions, sur les prochaines cinq années,
qui sont ajoutés aux 3 millions supplémentaires du budget 2020‑2021
qui sont octroyés également à la Commission d'accès à l'information.
Puis j'aimerais
peut-être poser une question au ministre, M. le Président, là. Est-il satisfait
où on est rendus en protection des renseignements personnels? Et où il voit la
suite des choses, là, à ce niveau-là?
M. Caire :
Bien oui, effectivement, c'est
difficile... D'ailleurs, j'en profite, M. le Président, pour saluer le
travail qui a été fait par le collègue de
Chapleau, parce qu'un des trois volets de la loi qu'on nous avait suggéré de
scinder a été assumé par le député de Chapleau sur le... la loi sur la...
la Loi électorale, là, sur les partis politiques. Et ça a été fait de main de
maître, parce qu'effectivement ce volet-là aussi a été voté à l'unanimité par
les membres de l'Assemblée.
Est-ce que je suis
satisfait? Oui, absolument, parce que, je vais vous dire, M. le député, quand
j'ai pris mes fonctions, j'ai eu l'occasion,
notamment, de discuter avec des représentants du gouvernement français, des
représentants de la CNIL, qui est la
commission d'accès à l'information de la France, et où on nous disait, justement,
comment maintenant, avec le Règlement général de protection des données
européen, l'Europe était en avance sur nous au niveau de la protection des
renseignements personnels, de façon exponentielle.
Puis moi, j'ai eu
l'occasion de le dire en commission parlementaire... tu sais, on a tous cette
expérience où on va magasiner, puis moi, je prends toujours l'exemple de la
paire de jeans, là. Tu vas t'acheter une paire de jeans, puis on te demande ton
nom, ton prénom, ton numéro de téléphone, ton adresse de courriel. Tu
dis : Moi, je veux juste acheter des jeans, là, dis-moi combien ça coûte,
puis c'est tout.
Alors,
comment on est rendus, dans nos habitudes de consommation... ou les fameux...
les cookies, là, les témoins navigation, je pense, qu'ils appellent ça
en français, où on vous dit : Ah! mais là, pour ton plus grand bénéfice,
on va regarder où tu vas surfer, ce que tu... comme ça, ça va nous permettre de
te donner de la publicité ciblée. Bien oui, c'est sûr que tu fais ça pour mon
plus grand bénéfice, là, c'est certain. Merci beaucoup, tu es trop gentil.
Alors, on était rendus dans des habitudes où l'information personnelle, les
habitudes de navigation, et tout ça, c'était pratiquement la propriété d'autres
personnes que l'individu lui-même. Puis ça, ça n'a aucun bon sens, aucun,
aucun, aucun bon sens. Je pense que les parlementaires ont été unanimes
là-dessus.
Et oui,
effectivement, je pense que la loi, le p.l. n° 64, maintenant la loi n° 25,
va faire du Québec l'État en Amérique du Nord où on prend la protection des
renseignements personnels le plus au sérieux. Ça a ébranlé les colonnes du
temple. Puis je l'ai dit tantôt à mon collègue de La Pinière, il y a beaucoup
d'entreprises, notamment du fait des sanctions... Parce que je vous dirais
qu'adopter ces articles-là sur la protection des renseignements personnels,
c'était déjà un pas en avant très important, mais ce qui rend ça vraiment
applicable, concret, c'est le fait que, si vous ne vous conformez pas à ça...
Écoutez, quand vous dites à une entreprise : Là, je peux aller à 2 %
de ton chiffre d'affaires mondial, 10 millions de pénalités, ou 4 %
de ton chiffre d'affaires, 25 millions, le plus haut des deux... Bien,
regardez ce qui s'est passé, je pense, c'est avec Amazon, ou Google, ou
Microsoft, je ne souviens pas, un des GAFAM en Europe, là, c'est
250 millions ou 150 millions, en tout cas, je ne sais pas, c'est un
chiffre astronomique d'euros de pénalités, parce qu'il ne se conformait pas à
la... au règlement général sur la collecte, la façon de collecter les données.
Donc, aujourd'hui, on
a donné, notamment à la CAI, avec ces sanctions-là, parce qu'évidemment c'est
la CAI qui, éventuellement, imposera les sanctions... on a donné, je dirais, un
pouvoir de persuasion phénoménal, et au point où je vous dirais qu'avant, mais
même après l'adoption de la loi, là les entreprises se disent : Aïe!
Comment on se conforme à ça?, puis là aidez-nous, le gouvernement, parce que,
je veux dire, on était là, puis là vous nous demandez de changer radicalement
notre culture, vous nous demandez de changer radicalement nos façons de faire,
vous nous amenez dans un autre univers, là. On a besoin d'aide, là.
Puis effectivement,
je veux les rassurer, on va les aider. On va les aider, on va travailler en collaboration,
évidemment dans le respect des directives que la Commission d'accès à
l'information va adopter ou va nous... va rendre publiques. Puis on va les
aider, mais cet élément-là extrêmement dissuasif fait en sorte, à mon avis, que
les entreprises, de façon, je dirais, naturelle, si je peux m'exprimer ainsi,
vont se conformer à la loi et vont changer leurs pratiques de façon radicale.
Et donc on va faire du Québec l'État en Amérique où le respect de la protection
des renseignements personnels va être le plus sévère.
Adoption des crédits
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Le temps alloué à l'étude du volet Accès à l'information des crédits
budgétaires du portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le
programme 6, intitulé Réformes des institutions démocratiques, Accès à
l'information et Laïcité... est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix :
...
Le
Président (M. Bachand) : Par vote nominal?
M. Caire :
Tu dis «adopté», puis tout est beau.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la secrétaire, s'il vous
plaît, par vote nominal.
La Secrétaire : Pour,
contre, abstention, M. Caron (Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
La Secrétaire : M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M. Martel : Pour.
La Secrétaire : M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire : M. Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
La Secrétaire : Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : ...
La Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M. Reid : ...
La Secrétaire : M. Barrette (La
Pinière)?
M. Barrette : Contre.
• (13 heures) •
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, les crédits
sont adoptés.
Documents déposés
Cela dit, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures, où
elle va entreprendre l'étude des crédits budgétaires du volet Relations
canadiennes et Francophonie canadienne du portefeuille Conseil exécutif. Merci.
Bon lunch.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise à 15 heures)
Le
Président (M. Bachand) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi. La Commission des
institutions reprend ses travaux.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Relations canadiennes et Francophonie canadienne des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2022‑2023. Une enveloppe d'une heure a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Lachance (Bellechasse) est remplacée par Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice); M. Lamothe
(Ungava), par M. Reid
(Beauharnois); M. Lemieux
(Saint-Jean), par M. Tremblay (Dubuc); M. Lévesque (Chapleau), par M. Allaire
(Maskinongé); et M. Rousselle (Vimont), par M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee).
Relations canadiennes
et Francophonie canadienne
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Nous allons
procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ huit à
16 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de
ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit vers
16 heures.
Discussion générale
Alors, il me fait
plaisir de céder la parole au député de D'Arcy-McGee pour un premier bloc de
15 min 58 s. M. le député, s'il vous plaît.
M. Birnbaum :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, Mme la ministre. Mes salutations
aux membres des autres formations de l'opposition, de l'équipe du cabinet de la
ministre ainsi que de... pardon, du Conseil exécutif. Et merci pour cette
opportunité qui se fait, j'oserais dire, souvent à l'abri des manchettes, et
malheureusement, en quelque part, parce que je crois qu'on va échanger sur deux
dossiers, dans un premier temps... si on réfléchissait comme il faut, sont,
oui, névralgiques pour le Québec, de façon indirecte des fois, mais
névralgiques pour le Québec et surtout, dans le cas de la francophonie, d'une
source de devoir solennel, à la fois heureuse aussi, mais important; dossiers
qui me touchent, je me permets de le dire, en tant que Québécois d'expression
anglaise. J'ai eu, dans mes vies antérieures et ma vie actuelle, l'opportunité
de travailler de très près avec les communautés francophones et acadiennes du
Canada, et c'est avec empathie, affection et intérêt que je me permets de dire
que j'ai toujours abordé ces dossiers.
Donc, il me semble important d'en parler et d'être
toujours en objectif de résultat, c'est, en quelque part, le but de
nos discussions ici, et j'oserais
dire, de façon réaliste, qui touche aux autres dossiers, M. le
Président, c'est-à-dire de toujours être conséquent. Et ce que j'entends par ça, il y a toujours des valeurs, des
intérêts, des obligations à équilibrer, et c'est là où j'aimerais commencer.
Je pense, à titre d'exemple, à l'immigration. Et je parle à la ministre avec
ses deux chapeaux aujourd'hui, parce qu'on
parle des Affaires intergouvernementales canadiennes aussi, l'Immigration est
là. Ce que j'entends par ça, quand je parle de... pas d'une ambivalence,
mais des valeurs, des objectifs qui ne sont pas toujours à 100 %
complémentaires, et je m'explique, et j'aimerais avoir, sur deux aspects de
questions, des clarifications de la ministre.
Quand je parle de
l'immigration francophone, évidemment, le Québec a tout son intérêt. On est
devant la pénurie de main-d'oeuvre. On a la préoccupation de continuer à se
rayonner en français. Donc, il y a des questions qui se posent là-dessus. D'un
côté, j'ai en tête, en quelque part, les longs délais en tout ce qui a trait à
accueillir ces immigrants en français, les postes vacants en contexte de
pénurie de main-d'oeuvre, les délais qui se comparent de façon très négative
aux délais des autres provinces du Québec. Dans les autres provinces, les délais
pour avoir le certificat et faire bouger le dossier sont de l'ordre de six
mois. Quand on parle de la résidence permanente, les besoins ici, on parle des
délais jusqu'à 27 mois.
Alors là, j'aurais
deux questions pour la ministre à ce sujet, comme je dis, sur les deux pôles,
parce qu'il y a peut-être une espèce d'ambivalence. Dans un premier temps, et
je parle à la ministre responsable des Affaires intergouvernementales, est-ce
qu'elle peut nous expliquer si elle a eu des discussions concrètes avec son
collègue le ministre de l'Immigration, avec le Conseil des ministres pour faire
en sorte que ces délais pour assurer une immigration francophone au Québec,
devant cette pénurie de main-d'oeuvre, s'améliorent? Les délais sur le
terre-à-terre sont énormes. Là, c'est une première question, et j'aurai une
autre sur l'autre côté de cette médaille, si vous voulez.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre,
s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui.
Écoutez, vous avez raison, puis on croit fermement que la capacité
d'immigration du Québec doit être respectée en fonction de... sa capacité,
pardon, d'intégration et en fonction de l'avenir du Québec francophone. Je
pense que c'est important de le mentionner. Quand on établit notre capacité
d'intégration, quand on parle de notre capacité d'accueil, naturellement, c'est
toujours en tenant compte de cette capacité d'intégration qui se veut une
intégration francophone.
Oui, effectivement,
il y a beaucoup de discussions qui se font sur la meilleure façon de le faire.
Si je ne m'abuse, mon collègue de l'Immigration a annoncé quelque chose, il y a
quelques jours, par rapport à cet enjeu-là. On pourra... vous pourrez,
naturellement, en discuter avec lui avec plaisir, mais, pour ce qui est des
discussions que nous avons avec le fédéral, c'est plus à ce niveau-là,
naturellement, que je suis impliquée.
Bon, vous parlez des
délais en matière... Bon, quand on... Vous le savez très bien, on demande de
rapatrier plus de pouvoirs en matière d'immigration, surtout avec la
réunification familiale. Présentement, comme vous le savez, on a la capacité de faire une sélection des gens
qu'on veut avoir avec le certificat de sélection du Québec, le fameux
CSQ. Mais présentement, les délais, là, auxquels vous faites référence, ce sont
des délais d'Immigration Canada. Et oui, on a, naturellement, des conversations
avec eux pour dénoncer à quel point c'est inadmissible, la longueur de temps.
Mon collègue aussi,
qui est à la fois ministre de l'Immigration et ministre du Travail, a dit, il y
a quelques jours et à quelques reprises, que l'immigration fait très
certainement partie de la solution. Ce n'est pas la solution unique à la
pénurie de main-d'oeuvre, parce qu'on a ces enjeux, nous, d'intégration, on a
ces enjeux-là d'être capable aussi de mieux régionaliser. Je n'ai pas tous les
leviers, là, à discuter, vous pourrez en discuter avec le ministre de
l'Immigration, les leviers en main, mais il
y a cet enjeu de mieux régionaliser et surtout de mieux intégrer. Mais oui, il y a, effectivement, des conversations,
des discussions avec nos homologues du fédéral sur... surtout mon collègue de
l'Immigration avec son homologue fédéral en Immigration, sur le fait que ça n'a
pas de bon sens, là, les délais, présentement. Et il semblerait que les délais
pour le Québec soient plus élevés, d'ailleurs, qu'ailleurs au Canada, là.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
M. le Président, petite question de précision très courte, alors j'espère
une réponse courte aussi. Est-ce qu'on est déjà en train de dire que six mois
dans le reste du pays et 27 mois ici, au Québec, c'est la faute du
fédéral? Et, si oui, est-ce qu'on peut avoir une précision là-dessus?
Mme LeBel : Bien,
absolument, puis je pense qu'on l'a déjà dit, là, que là où il y a des délais,
présentement... Nous, on les a émis, nos certificats de sélection, au Québec,
nos sélections sont faites. Le travail que le Québec pouvait faire en matière de... en cette matière-là est
fait. Et oui, les enjeux, présentement, de délais en immigration, se
retrouvent au fédéral, ce qui ne rend pas ça plus acceptable, comprenez-moi
bien. Alors, on a des discussions avec eux pour leur faire comprendre à quel
point ça n'a pas de bon sens. Ils doivent régler ça.
Et ça fait partie un peu aussi de toute la
volonté que nous avons, au Québec, de rapatrier beaucoup plus de pouvoirs en matière d'immigration. C'est pour
aussi répondre à ces enjeux-là. Mais, au moment où on se parle,
effectivement, le délai auquel vous faites
référence, bien, nous, au Québec, nos certificats sont émis, puis c'est dans...
dans beaucoup de cas, c'est des gens
qui sont déjà présents sur le territoire, si je ne me trompe pas. Je n'ai pas
les chiffres exacts, là, parce que je ne suis pas ministre de
l'Immigration, mais c'est la compréhension que j'en ai, là.
M. Birnbaum : En même temps, si j'ai
bien compris, l'embouteillage a, en quelque part, ses origines le Québec.
Évidemment, ils sont filés à Ottawa. Est-ce que je ne m'abuse?
Mme LeBel : Mais nous, notre
sélection est faite, là, et les dossiers sont soumis. Alors, je veux dire, on
peut bien prétendre que l'embouteillage est le fait du Québec, mais, au moment
où on se parle, dans le processus, le travail du Québec est fait, là.
M. Birnbaum : Bon, maintenant, comme
je dis, il y a un autre côté du médaille, et je trouve ça très important, dans
le dossier de la francophonie canadienne. On se donne la tâche d'aller, au-delà
des voeux, et des principes, et de la vision, à l'action. C'est une réalité. Et
j'aurai eu des discussions avec l'ACFO, avec la société acadienne, c'est une réalité que les sources de renflouement de nos
voisins, voisines francophones, à travers le pays, sont limitées. Et il faut
des gestes concrets et réels qui les assureraient, en quelque part, d'une
proportion de l'immigration francophone qui arriverait au Canada.
Y a-t-il le moindre de geste ou de constat
public qu'il va faire... qu'il aurait fait, le gouvernement de la CAQ, pour
appuyer les efforts de nos confrères acadiens et francophones dans le reste du
pays pour avoir leur part de l'immigration francophone?
• (15 h 10) •
Mme
LeBel : Oui. Est-ce
que vous... Je veux juste être sûre
de bien comprendre votre question, parce qu'il y a beaucoup de choses.
Vous parlez de l'immigration francophone dans le reste du Canada, qui a
nécessairement un effet démographique, là, sur la démographie des communautés
francophones. C'est ça?
M.
Birnbaum : Justement, c'est là où je veux qu'on soit
conséquent. Je comprends que, dans un premier temps...
Mme LeBel : Non, je veux savoir,
c'est de ce sujet-là que vous...
M. Birnbaum : Voilà. Exact.
Mme LeBel : Je veux juste être sûre
de bien comprendre.
M. Birnbaum : C'est là où je suis.
Mme LeBel : Absolument, on est
conséquent. Ce sujet de discussion là a lieu, d'ailleurs, dans les derniers... conférences fédérales-provinciales en matière de
francophonie canadienne. La dernière qu'on a eue, à la table, il y avait
Mme Joly, à l'époque. On en a eu, bon, quelques-unes, dans
l'intermédiaire, mais qui n'étaient pas en présence, là, parce que... à cause de la pandémie. Mais oui, la question
de l'immigration, de l'impact de l'immigration anglophone, massivement,
dans les autres communautés, dans les autres provinces, et sur le fait que ça...
bien, que leur nombre absolu ne diminue pas nécessairement, naturellement, leur
nombre... leur poids relatif est nécessairement affecté, oui.
Et on appuie, autour de la table, le Québec
appuie, autour de la table, à la table ministérielle... il y a le partage de
notre expertise qui se fait aussi, en matière d'immigration, pour
l'intégration. Naturellement, c'est plus complexe pour nos communautés
francophones hors Québec, parce qu'elles sont minoritaires, elles n'ont pas
toutes la même taille. Mais oui, cet enjeu-là est porté principalement... je
vous dirais qu'il a été porté à la table des... à la conférence
fédérale-provinciale. Et, à cette table-là, le Québec a nécessairement appuyé...
Le Nouveau-Brunswick aussi, qui est bilingue, dans son statut officiel, a aussi
fait beaucoup de commentaires à cet effet-là. Oui, cette réalité-là... Et
d'ailleurs on donne, à titre d'exemple, souvent, dans ces conversations-là, que
le Québec a un enjeu d'immigration, un enjeu d'intégration francophone. Donc,
imaginez une communauté francophone, quel est l'impact sur elle, alors qu'elle
n'a pas du tout la même réalité terrain, si vous me permettez l'expression, que
le Québec. Donc, oui, on est porteur de ce message-là et on appuie ce
message-là, naturellement, dans les forums où on peut le faire, là.
M. Birnbaum : Dans la politique
sur la francophonie ainsi que le plan d'action et la plateforme en 2016 de la
CAQ, on parle d'une plateforme soi-disant nationaliste et de l'idée de réclamer
la mainmise sur la politique culturelle, une idée louable et très intéressante,
mais c'est dans les détails et les gestes que ça se manifesterait. Dans un
premier temps, en réponse aux questions, aux demandes de renseignements sur la
question, dans les échanges sur les crédits, il n'y a eu aucune rencontre de
démarche ou même de correspondance avec les autorités fédérales en lien avec le
rapatriement des pouvoirs en culture. Alors, de quoi on
parle? Et à quoi on peut signaler qui est plus que juste des mots? Est-ce qu'on
parle de rapatrier Radio-Canada, notre part de l'Office national du film? C'est
quoi, au juste? Et comment on peut expliquer cette idée, ce concept qui a l'air
de rester lettre morte, en quelque part?
Mme LeBel : Bien, je ne vous
cacherai pas que deux choses se sont produites dans le contexte de la pandémie.
Les relations canadiennes, et je vous dirais même que les relations
interprovinciales sont devenues plus centrales que jamais. Donc, on a eu
beaucoup de discussions avec le fédéral dans les derniers deux ans. Je pourrais
vous faire la nomenclature de toutes les rencontres qu'il y a eu, mais beaucoup
de ces discussions-là se sont portées avec le fédéral, et on recommence à
remettre de l'avant les priorités dont vous parlez. On a toujours gardé les
transferts en santé, les questions
d'immigration en premier lieu. D'ailleurs, c'était ce que le premier ministre a
dit dans ses annonces, quand on a interpelé
le gouvernement fédéral lors des dernières élections. Mais la culture n'a pas
fait partie des discussions de premier plan dans les deux dernières
années. Santé, immigration, contrôle des frontières, commerce interprovincial,
ça faisait partie aussi des discussions, le corridor sécurisé qui passe à
travers le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard pour se rendre aux Îles-de-la-Madeleine,
donc beaucoup de choses ont été... des mesures aussi pour être capable... de
compensation, donc il y a eu beaucoup de choses se sont passées.
Mais vous avez raison, au plan de la culture
comme telle, ça n'a pas été dans les discussions de premier plan, mais on
recommence présentement. J'ai eu dernièrement une rencontre avec mon collègue
le ministre LeBlanc. Ce sujet-là n'en faisait pas partie, mais je recommence à
mettre sur la table tous ces sujets-là qui n'ont pas été au centre des
conversations pendant les deux dernières années.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Si j'ai compris, j'ai une minute qui reste dans ce bloc-ci. Autre
concept intéressant, mais qui a l'air éphémère dans le plan d'action, on parle
d'améliorer la découvrabilité du contenu francophone, surtout sur les
plateformes numériques éphémères mais réelles. Je me permets une petite
parenthèse, ce n'est pas éphémère, quand on parle de la protection de la langue
française au Québec. Et là-dessus les gestes et les réponses du gouvernement
restent pas mal éphémères aussi. Est-ce qu'on peut au moins, dans les secondes
qui restent, me dire de quoi on parle et quels vecteurs d'activité risquent de
suivre cette idée d'améliorer la découvrabilité du contenu francophone sur les
plateformes numériques?
Le Président (M.
Bachand) : 30 secondes, Mme la
ministre.
Mme LeBel : Bien, c'est offrir
des résidences de création francophone ailleurs au Canada — j'essaie
de vous donner une réponse rapide, là, moins élaborée, là — pour
des Québécois, des séjours dans des milieux culturels d'accueil, mais il y a beaucoup de choses, là. Vous parliez des
plateformes électroniques. Je pense que ça va être important de
travailler avec tout... On travaille avec la FCFA, avec la SNA, avec l'ACFAS,
avec beaucoup d'organismes, il y a 8 millions sur trois ans, la SODEC
également. Ça fait partie, donc... et le ministère de la Culture également.
Donc, ça va faire partie des enjeux, mais on a peu de temps pour répondre.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de
Jean-Lesage, pour 7 min 59 s, s'il vous plaît.
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Très brièvement, bon, je pourrais poser des questions, un peu comme
je l'ai fait hier, sur les institutions
démocratiques, sur votre bilan en termes de relations canadiennes, est-ce que
le Québec a eu plus de pouvoirs, tout
ça, mais je n'ai pas assez de temps. Ça fait que je vais juste résumer, essayer
de faire un peu le bilan, là, c'est
qu'il ne s'est rien passé. C'est probablement, ce mandat caquiste là, d'un point de vue de l'histoire du nationalisme québécois, le plus gros pétard
mouillé que je n'ai jamais vu, moins d'ambition que le libéral Robert Bourassa
à l'époque du lac Meech, loin, loin, loin derrière, là, en termes de niveau
d'ambition. Je ne sais pas, ça me rend triste.
Il y a une affaire qui est liée aux relations
qu'on a avec le Canada, parce que ça vient de là, et c'est le mode de scrutin.
Hier, on a eu des discussions là-dessus, puis vous avez dit que vous n'aviez
jamais promis que... la ministre a dit qu'elle n'avait jamais promis... que la
Coalition avenir Québec n'avait jamais promis qu'il y aurait une réforme de
mode de scrutin qui serait mise en place avant le prochain scrutin. Puis ça a
été... Je veux dire, c'est... On a lu les journaux, tout le monde, puis on l'a
vu, là, que ce n'est pas vrai, ils ont mis plein de citations : Regardez,
là, il l'a dit, là, lui... elle, elle l'a dit, là, celui-là, il l'a dit. Ça
fait que ça a été dit.
Je voulais voir si on pourrait comme, au moins,
finir ça en beauté puis que... voir si la ministre pourrait juste nous
dire : Est-ce qu'elle reconnaît que ça a été un engagement de la Coalition
avenir Québec qu'il y ait une réforme du mode de scrutin effective pour les
prochaines élections ou la 43e législature? Est-ce qu'elle pourrait
reconnaître ça?
Mme LeBel : Bien, je trouve ça,
honnêtement, très agréable que vous me donniez cette opportunité-là de remettre un peu les pendules à l'heure. Il y a eu
un échange quand même assez... où, à un moment donné, on était peut-être
moins disciplinés qu'on devrait l'être, avec
mon collègue de Matane. Et effectivement il y a eu un engagement,
effectivement, de la CAQ. Non seulement il y a eu un engagement, l'engagement
premier, principal, était de déposer un projet de loi dans l'année, mais on a
aussi l'engagement d'aller jusqu'au bout. Et moi, jusqu'au mois de décembre
dernier, je faisais cheminer ce projet-là et j'étais déterminée à le mener à
terme. La décision qui a été prise en décembre, j'ai eu l'occasion de l'expliquer hier. Mais,
oui, il y a eu un engagement, et on a expliqué les raisons pour lesquelles...
On peut être d'accord ou pas d'accord avec ces raisons-là,
naturellement, tout ça se débat avec beaucoup de respect, sans problème, mais quand on a... Moi, jusqu'à l'annonce, au mois de
décembre dernier, je travaillais... d'ailleurs, on a eu quelques
échanges, à quelques reprises, cher
collègue, suite aux consultations. Je travaillais de façon sincère et ouverte
sur la finalité, c'est-à-dire l'adoption du mode de scrutin pour, par la
suite, naturellement, tenir le référendum qui en faisait partie.
Donc, je ne renie pas cet engagement-là. C'est
vrai que, dans l'échange avec mon collègue de Matane, hier, j'ai été
peut-être... j'ai peut-être fait un raccourci, mais je ne renie pas cet
engagement-là, parce que, quand on m'a présenté le dossier, ça a été une de mes
discussions de dire : Bien, si je le fais, c'est pour le faire, et on a
fait beaucoup. Il y a eu un contexte qui s'est présenté. Est-ce que je trouve
que ce contexte-là est heureux? Non. Mais est-ce que je suis... Est-ce que je comprends et est-ce que j'accepte les raisons?
Oui, je comprends pourquoi on y a mis fin. Je faisais... j'ai fait
partie de la décision, donc, et je suis tout à fait d'accord avec la raison
pour laquelle, en décembre, on y a mis fin. Mais, si vous voulez que je
reconnaisse l'engagement, je le reconnais.
On est allés... On a fait beaucoup de travail,
donc, et je pense que... j'ai même eu l'occasion de le dire hier, ça a été
moins repris, que je n'aurais pas mis toute cette énergie-là, que je n'aurais
pas fait une année avec mes équipes à trouver une solution qui, quant à moi,
cherchait le consensus. Donc, ce n'était pas la solution idéale, mais j'ai
toujours parlé, vous vous souvenez, dans les consultations, d'un projet de loi
qui se voulait équilibré entre la représentativité régionale, faire bouger
l'aiguille de la proportionnalité, et je peux vous assurer, cher collègue de
Jean-Lesage — j'ai
retenu — que
je n'aurais pas mis toute cette énergie-là avec mes équipes à faire une
consultation... Et je me souviens même bien d'avoir dit hier, à part cette
phrase-là, qui est la seule qui a été retenue, parce que j'ai quand même
complété mon propos, je me souviens bien d'avoir dit hier qu'on n'aurait pas
mis toutes ces énergies-là... Et je ne suis pas dans l'habitude, moi, de faire
semblant de faire cheminer des dossiers, et ce dossier-là est compris dans ça.
• (15 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de
Jean-Lesage, s'il vous plaît.
M. Zanetti : Merci. Dans
l'échange qu'on a eu hier au sujet des institutions démocratiques, c'est très
lié à la question des relations canadiennes, là, essentiellement, je
demandais : Est-ce qu'on est dans des meilleures institutions
démocratiques qu'avant? La démocratie québécoise a-t-elle avancé? Puis
essentiellement... bon, on ne reprendra pas la discussion, mais moi, ce que
j'ai compris de ça, c'est qu'essentiellement, bien, il n'y a pas grand-chose
qui a été fait pour améliorer la démocratie québécoise parce que vous la
trouviez pas pire. Puis j'ai...
Mme LeBel : ...
M. Zanetti : Non, non, mais je
résume, là.
Mme LeBel : Non,
mais c'est parce que c'est ce genre de résumé là qui fait qu'à un moment donné
il faut rectifier.
M. Zanetti : Non, non, mais, si
on réécoute l'extrait, c'est quand même un résumé fidèle.
Mme LeBel : Bien, non.
M. Zanetti : O.K., bien, vous
le referez. Mais ce que je veux dire, c'est que... Est-ce que, du point de vue
des relations canadiennes, on pourrait expliquer le fait que, finalement, on
n'est pas allés chercher de nouveaux pouvoirs, là, pour le Québec parce que la
ministre qui en est responsable trouve que, finalement, le Québec en a assez?
Le Québec, il est-tu correct comme ça, ou bien il faudrait qu'il aille chercher
plus, ou bien il a assez d'espace, puis on est dans une démocratie, puis le
peuple québécois a des leviers, puis il est capable d'aller obtenir des
affaires, même s'il n'en obtient quasiment jamais? Alors, je voudrais voir,
est-ce qu'on est correct ou il y a du chemin à faire? Puis, si oui, quel
chemin? Parce que, je veux dire, si vous trouviez qu'il y en a à faire, vous en
auriez fait un petit peu, j'imagine.
Mme LeBel : Oui. Bien, écoutez,
je vais essayer d'être le plus clair possible, comme ça votre résumé va pouvoir
être le plus fidèle possible à ma réponse. Puis je ne reviendrai pas sur ce que
j'ai dit hier, j'ai dit... j'ai été très claire en disant que je trouvais que
notre démocratie se portait très bien et qu'il ne fallait pas prétendre qu'elle
ne se portait pas bien, ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas toujours
ouvrir cet espace démocratique le plus possible. Alors, je referme la
parenthèse. De faire un constat n'est pas de dire qu'on se contente de peu. On
n'a pas peu au Québec. On a quand même une démocratie qui est en santé, mais ce
qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas toujours travailler constamment pour la
maintenir et l'améliorer.
Ceci étant dit, non, je n'ai pas renoncé à aller
chercher des pouvoirs. L'ensemble de mon mandat, de mes actions, de mes
positions, de mes conversations avec le fédéral part peut-être d'un point de
vue différent du vôtre sur où on devrait se rendre. Et c'est correct d'avoir
des points de vue divergents. Pour nous, on pense qu'on est capable de faire...
d'avoir des gains, de faire respecter notre autonomie, d'avoir un Québec
autonome, capable de s'occuper de ses compétences et d'aller en chercher même
plus dans des domaines qui nous concernent sans nécessairement aller à la
séparation et à la souveraineté. Et c'est là, je pense, qu'on...
philosophiquement, où on a des points de vue différents, et c'est correct
d'avoir des points de vue différents.
Alors, moi, dans les
dernières années, on a conclu des ententes avec le fédéral, relativement au
marché du travail, qui sont majeures. On a eu la... Pendant la pandémie, il y a
eu les accords sur la relance sécuritaire, on a eu beaucoup
d'accords asymétriques sur les garderies, et c'est là qu'on va chercher toute
notre autonomie, faire respecter les compétences du Québec. Et souvent le
Québec est un peu, je ne dirais pas dernier, mais pas le premier à signer des
ententes avec le Canada, justement parce que, nous, on s'assure que dans les
ententes que l'on signe, quitte à attendre plus longtemps, des fois, puis
c'est... des fois, il y a la pression d'aller chercher l'argent, puis vous le
savez, on l'a tous, dans nos comtés, mais il faut faire comprendre aux gens
qu'on a le droit à cette part d'argent du fédéral là, mais il ne faut pas aller
la chercher à n'importe quel prix et surtout pas au prix de notre autonomie et
de nos compétences.
Donc, on n'a pas
renoncé à aller chercher des pouvoirs, on revendique toujours. Mon collègue...
d'ailleurs, c'est mon collègue en
Immigration qui est chargé parce que les... il faut comprendre que les
ministres sectoriels ont le...
Le
Président (M. Bachand) : En terminant, Mme
la ministre.
Mme LeBel :
...le devant du flambeau. Et moi, je suis en support, en collaboration. Je parle
à mon collègue LeBlanc de plusieurs enjeux. Mais, non, on n'a pas renoncé à
aller chercher des pouvoirs...
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, désolé de vous
interrompre. Le temps...
Mme LeBel :
...mais, dans l'intervalle, on fait respecter nos compétences.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, Mme la
ministre. Désolé, le temps va tellement rapidement. M. le député de D'Arcy-McGee,
s'il vous plaît.
M. Birnbaum :
Oui, ça passe vite, hein ?
Bon, merci, M. le Président. Bon, j'aimerais me... utiliser le temps qu'il me
reste pour parler des affaires intergouvernementales canadiennes. Dans un
premier temps, ce n'est pas une surprise que la vision, et c'est un grand mot,
avec tout respect, dans le cas de la CAQ, la vision de notre pays est
différente que notre vision, où, de façon fière, on veut faire rayonner le
Québec dans le reste du pays et, évidemment, tirer tous les avantages de cette
fédération pour chacun des citoyennes et citoyens du Québec.
Bon, j'aurai...
j'espère qu'on partage ce deuxième objectif. Je n'ai pas grand optimisme sur le
premier. Mais sur l'objectif de nous assurer que chaque Québécoise et Québécois
et chaque industrie, chaque expertise du Québec est exploitée de la façon
optimale au sein de notre pays, je suis dans le carré de sable assez clair de
la ministre devant moi. On est aussi devant une année où l'opportunité
d'exploiter ce lien aurait été, j'espère, accentuée par le fait que notre
premier ministre actuel est président... et a été président du Conseil de la
fédération.
Dans cette
optique-là, c'est intéressant de voir que, bon, l'Alberta, à titre d'exemple,
multiplie les ententes de libéralisation de commerce avec ses voisins. Le
Québec, en quelque part, est en neutre en tout ce qui a trait au développement
des marchés. C'est un constat pas que je fais, c'est l'Institut économique de
Montréal, qui a une certaine crédibilité,
qui suggère que le Québec arrive au dernier rang pour son ouverture à la
libéralisation du commerce entre provinces.
Bon, je ne suis pas
en train de faire flotter le drapeau canadien, que je serais fier de faire, je
suis en train de demander qu'est-ce que notre gouvernement laisse sur la table,
qu'est-ce qu'il fait pour ne pas laisser sur la table les opportunités
d'exploiter notre économie en conjoncture difficile dans l'optique d'améliorer
la situation pour nous tous. C'est assez silence radio, de ma lecture et, comme
je dis, de lecture de quelques experts dans le domaine.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre,
s'il vous plaît.
Mme LeBel : Écoutez,
je ne suis pas d'accord avec vous qu'on est les derniers. Il y a effectivement
des domaines où on est très soucieux. Puis je trouve ça quand même assez
intéressant, parce que j'ai, avec votre collègue de Mont-Royal—Outremont, une conversation sur le p.l. n° 12,
sur l'achat québécois et sur les accords de libéralisation du marché, d'être
capable d'ouvrir les marges de manoeuvre. D'ailleurs, j'ai même la conversation
inverse avec Québec solidaire sur le fait qu'on devrait avoir... favoriser plus
l'économie québécoise.
Donc, il y a toute
une question d'équilibre, cher collègue, là-dedans, et je ne pense pas que le
Québec est bon dernier. Au contraire, on est signataire du dernier accord
canadien. C'est vrai qu'on est très soucieux quand on parle d'Hydro-Québec, de
la Société des alcools, de protéger certains de nos monopoles. D'autres
provinces sont soucieuses sur d'autres aspects. Mon collègue à l'Économie
travaille aussi avec ses partenaires des autres provinces à... parce que c'est
eux qui sont responsables des accords, comme vous le savez, de libéralisation
du marché, c'est le ministère de l'Économie. Et donc il faut trouver, surtout
avec ce qu'on vient de traverser, avec cette pandémie, où il y a un juste
équilibre entre l'accès de nos entreprises au marché canadien et
vice versa, naturellement, parce que c'est un échange, et la sécurisation
de certaines de nos chaînes d'approvisionnement... Donc, oui, il y a... on est
soucieux de ça. Je ne pense pas qu'on est dernier. On veut profiter de ce
marché-là.
Quand on parle de
l'expertise du Québec, on pousse beaucoup, présentement, l'économie
francophone, la francophonie économique. J'ai eu l'occasion d'aller à Toronto
pour parler de l'échange économique francophone pour favoriser le fait que nos
entreprises... D'ailleurs, on a mis sur place le prix Québec-Ontario pour
favoriser nos entreprises francophones à aller faire des affaires au
Nouveau-Brunswick, aller faire des affaires dans les Maritimes, en Ontario, en
français. Et de voir aussi que des entreprises avec la chambre de commerce, je
n'ai pas les bons acronymes, mais la chambre de commerce à Toronto, qui a une
section francophone, de voir aussi... de voir à ce que leurs entreprises aient
un meilleur accueil, un meilleur accès à venir faire des affaires au Québec.
Donc, on est très soucieux
de cet échange économique là, de ce partage d'expertise là, partage d'expertise
aussi à plusieurs niveaux, en français, dans la politique de la francophonie
canadienne, notre politique qu'on vient de mettre, le partage d'expertise en éducation, en culture également. Ça a été
beaucoup demandé, dans les garderies, dans les CPE.
• (15 h 30) •
Donc, oui, on est très soucieux de ces
échanges-là, à plusieurs niveaux, mais il y a aussi, vous devez comprendre, il
y a un équilibre à atteindre entre le fait qu'on... d'un côté, on nous demande
d'avoir plus d'achats québécois, ce qui est une bonne chose, et ce qu'on veut
faire dans le projet de loi n° 12. C'est d'exploiter les marges de manoeuvre et, de l'autre côté, d'avoir ces
accords de libéralisation là du marché. Mais on est partie à ces accords-là.
On a un accord Ontario-Québec également. Donc, on est partie à ces accords-là.
Donc, on n'est pas bon dernier, on n'est pas en queue de peloton puis on n'est
pas fermé, là, au marché canadien.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Merci. M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. J'aimerais inviter la ministre de me signaler quelque indicateur de gestion ou évaluation du résultat en tout ce qui a
trait à le commerce rétabli, accentué dans un secteur ou un autre. Est-ce
qu'elle peut me donner la moindre mesure? Je la rappelle que je ne suis pas en
train de parler de la francophonie actuellement.
Je suis en train de parler de l'économie du Québec, qui est, en quelque part,
aveugle. Je ne fais pas abstraction de toutes nos responsabilités de
gérer nos entreprises en français, et tout ça. Je parle de l'économie et le
bénéfice que devrait en tirer le Québec en tant que partenaire dans la
fédération canadienne.
Est-ce que la ministre peut m'identifier un
indicateur de gestion, un critère d'évaluation qui démontre une accélération,
une amélioration, une réalisation en tout ce qui a trait à l'échange
interprovincial?
Mme LeBel : Oui. Bien, je n'ai pas
tous les indicateurs parce qu'ils appartiennent au ministère de l'Économie avec
Investissement Québec. Vous savez que les bureaux du Québec, à travers le
Canada, participent à cette politique et cette promotion-là des échanges pour augmenter,
là, nos... Et oui, les bureaux du Québec au Canada ont dépassé les cibles économiques
qui avaient été fixées par Investissement Québec avec plus de 35 millions
de ventes fermes, là. C'est-tu dans la dernière année?
Une voix : Oui.
Mme LeBel : C'est dans la dernière
année. Je voulais juste être sûre. Donc, oui, et on a des cibles qui avaient
été fixées avec le ministère de l'Économie, en partenariat avec le secrétariat
des relations canadiennes, à travers les bureaux du Québec au Canada, dont le
bureau de Toronto, à titre d'exemple. Et on a même dépassé les cibles qui nous
avaient été fixées par le ministère de l'Économie et Investissement Québec, là,
pour plus de 35 millions de ventes. Mais ce sont, moi, les indicateurs que
j'ai au niveau du secrétariat, vous comprendrez. Le ministère de l'Économie a
beaucoup plus de données à fournir, le cas échéant.
M. Birnbaum : Est-ce qu'on peut
au moins décortiquer ce chiffre un tout petit peu? Est-ce qu'on peut me
signaler un secteur ou un autre où il y a un «breakdown» quelconque?
Mme LeBel : Maintenant,
non, mais je pourrais vous revenir avec une ventilation de ce 35 millions,
mais je n'ai pas ça devant moi aujourd'hui, mais ça existe.
Le
Président (M. Bachand) :
Mme la ministre, juste pour être sûr, donc vous vous engagez à
fournir l'information à la commission, puis on va la partager?
Mme LeBel : Bien oui, je peux
le faire à travers la commission.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Bon, c'est sûr qu'un des volets qui touchent à cette activité et
l'exploitation optimale de cette activité, c'est d'enlever des barrières, des
barrières qui ont l'air assez souvent absurdes, et surtout pour nos producteurs
sur le terrain qui se disent : Mon produit est formidable, comment ça se
fait que... Et, une autre fois, on constate du progrès davantage dans les
autres provinces du Canada et territoires. Est-ce qu'on peut savoir s'il y
avait le moindre progrès? Je vous donne quatre exemples.
Les fromages québécois non pasteurisés qui ne
peuvent toujours pas être exportés à l'extérieur de la province, ça se parlait beaucoup, c'est un marché où on
s'illustre. Les normes provinciales sur les catégories du sirop d'érable,
bon, est-ce que c'est un marché qu'on veut
exploiter à son maximum? Évidemment, les normes sur les aliments biologiques,
un secteur croissant, qui ne sont pas
uniformes et qui limitent l'accès à certains marchés, les camionneurs qui
doivent changer leur train de pneus avant de traverser plusieurs
frontières provinciales pour respecter différentes normes, ce genre de chose,
si j'ai bien compris, une autre fois, il n'y a rien dans les réponses aux
questions posées au secrétariat qui indiquent un plan, une feuille de route sur
cette question de réglage des obstacles à la mobilité de main-d'oeuvre et les exemples que je donne, l'accès aux marchés. Est-ce
qu'on peut me donner quelques exemples du progrès à ce sujet-là?
Mme LeBel :
Bien, malheureusement, je ne pourrais pas vous donner d'exemples concrets
dans tous ces secteurs-là. Ce ne sont pas des secteurs qui relèvent du
secrétariat comme tel. Je peux vous dire qu'entre autres dans l'harmonisation des normes, là, pour que le camionnage
lourd... que vous venez de mentionner, je sais qu'il y a eu une entente
importante l'an passé avec le fédéral là-dessus. D'ailleurs, c'est mon collègue
au MTQ qui pourrait vous en parler plus précisément. Quand on parle des
produits tels que vous mentionnez, je pense, vous avez parlé du fromage et du
sirop d'érable entre autres, naturellement, c'est mon collègue au MEI qui est
chargé de ces discussions-là avec les différentes provinces, entre provinces et
pour le Canada.
Alors, non, je n'ai
pas de donnée, moi, à vous fournir, mais je sais qu'il y a des négociations et
des discussions en cours, mais je ne suis pas impliquée dans ces discussions-là
à ce stade-ci.
M. Birnbaum :
Je change de sujet, Bay du Nord. Je crois qu'on se donne la fierté un petit
peu moins évidente, des fois, au sein de ce gouvernement actuel, mais d'être
vigilants sur le plan environnemental, développement durable, et de protéger
nos atouts en tout ce qui a trait aux ressources énergiques, et tout ça...
énergétiques. En tout ce qui a trait à la Bay du Nord, bon, on peut peut-être
identifier une petite manchette ici ou là.
Comment on explique,
dans un dossier, premièrement, sur le plan environnemental, qui pose des
risques pour notre territoire québécois... deuxièmement, l'exploitation qui
risque d'avoir des impacts sur nos propres atouts en tout ce qui a trait au
développement durable sur le plan d'énergie. Est-ce qu'on peut me corriger si
je me trompe? Quels sont les gestes, et est-ce que je peux comprendre quelles
auraient été les réponses, que le Québec a entamés pour protéger nos intérêts
envers cette décision du gouvernement fédéral en ce qui a trait à Bay du Nord?
Mme LeBel : Je
serais portée à vous renverser la question. En quoi les intérêts du Québec sont
menacés dans Bay du Nord, qui est à Terre-Neuve? Donc, s'il y a des enjeux à
discuter, c'est avec M. Guilbeault au fédéral. Il n'y a aucun... À ma
connaissance, et à moins que je me trompe, je vais me garder une marge de
manoeuvre, il n'y a aucun lien avec le Québec avec Bay du Nord, là, et
peut-être que vous pouvez me détromper et me préciser particulièrement en quoi
les intérêts du Québec sont menacés et quels intérêts du Québec sont menacés.
M. Birnbaum :
Dans un premier temps, et je ne suis pas un expert dans le sujet, mais on
parle des fuites possibles, des choses qui
risquent de toucher l'intégrité de notre territoire, sans que je n'invente
rien. Est-ce qu'il n'y a aucune préoccupation... Et, comme je dis, vous
êtes dans un ministère très transversal. Alors, je me permets des questions où
il y a des collègues qui sont plus impliqués davantage.
Mme LeBel : Bien,
je ne suis pas transversale au point de m'occuper des intérêts de Terre-Neuve.
Donc...
M. Birnbaum :
Non, non, non, mais je parle de notre territoire.
Mme LeBel :
Bien là, on est dans une plateforme de forage en plein milieu de l'Atlantique.
Honnêtement, là, si vous avez des indicateurs et des indications que notre
territoire est menacé, les intérêts du Québec sont menacés, je vais vous inviter à venir m'en parler parce que je
vais réagir avec... et on va faire ce qu'il y a à faire. Mais, à ce stade-ci,
là, Bay du Nord, précisément Bay du Nord, c'est une décision fédérale qui n'a
aucun impact sur les intérêts du Québec, là. Et je me garde un bémol parce que
je n'ai pas la science infuse, mais moi, ce que j'en sais, dans la capacité des
fonctions que j'occupe, Bay du Nord, on n'est pas du tout interpelés dans ce
dossier-là, on n'a pas été interpelés puis on n'a pas à l'être non plus.
M. Birnbaum :
...Horizon ne vous dit rien et...
Mme LeBel :
Bien, pas à ce stade-ci.
M. Birnbaum :
La côte littorale du Mexique et l'intégrité de notre littoral en Gaspésie et
ailleurs, il n'y a aucun risque qui touche...
Mme LeBel :
Bien là, pour l'instant, il n'y a pas d'indicateur que ça peut menacer cette
intégrité.
M. Birnbaum :
...à nos intérêts interprovinciaux?
Mme LeBel :
À ma connaissance, non. Si je me trompe, on fera les... je m'avouerai dans
l'erreur, mais, à ma connaissance, là, Bay du Nord n'a pas d'impact sur le
territoire et les intérêts du Québec au moment où est-ce qu'on se parle avec
les informations que j'ai, les données que nous avons.
M. Birnbaum :
Merci. Dans le petit temps qu'il me reste, bon, une question assez large...
Mme LeBel :
...d'exploitation du genre, vous le savez, là.
M. Birnbaum :
Oui, je le sais.
Mme LeBel :
Donc, dans ce sens-là, ces intérêts-là sont protégés, mais il n'y a pas
d'impact pour Bay du Nord.
M.
Birnbaum : Oui. À l'aune des sujets que nous aurions abordés jusqu'à
date, il me semble qu'on parle des champs d'intérêt pas mal substantiels qui
touchent, en quelque part, notre avenir. À l'aune de tout ça, comment on
explique une diminution nette des budgets de près de 4 % dans les deux
dossiers qui nous touchent? Est-ce que le tout baigne dans l'huile? Il n'y a
pas un intérêt d'exploiter comme il faut ces sujets-là?
Mme LeBel :
Il n'y a pas de...
M. Birnbaum :
Je me trompe? Il n'y a pas de diminution.
Mme LeBel :
Bien, il n'y a pas de diminution du budget du SQRC. Il y a quelques postes qui
ont... où on a vu une diminution, entre autres...
M. Birnbaum :
Le budget de dépenses de 2022‑2023 de ce programme s'établit à
14,1 millions, soit une baisse de 1,1 million comparativement aux
dépenses probables en 2021‑2022. Est-ce qu'on peut comprendre pourquoi?
Mme LeBel :
Oui, mais il faut tenir compte du budget de 2 millions qui a été accordé à
la politique aussi en Francophonie canadienne et ce que... oui, et lors du
dépôt du budget... et la diminution des crédits, là, ce sont des sommes qui
étaient attribuées au Sommet de la Francophonie de façon ponctuelle pour une
année, qui ont fait qu'on a eu une augmentation de budget, mais il n'y a aucun
des programmes du SQRC qui est touché ou qui subit une diminution. Au net, vous
avez raison, quand on regarde les feuilles, mais la variation s'explique par
des sommes qui ont été... des loyers, là, 700 millions, entre autres, de
centralisation des loyers qui ont été centralisés au MCE...
700 000 $, pardon, j'ai dit 700 millions, ça ne va pas bien.
M. Birnbaum :
J'ai été au sommet. Est-ce qu'il n'y avait aucun engagement qui entamerait des
dépenses, un powwow, c'est fini, et on peut dire : Zéro dépense
conséquente?
• (15 h 40) •
Mme LeBel :
Non. Je parle des sommes pour l'organisation du sommet, donc, qui étaient
prévues. Il y avait 500 000 $ pour le Sommet de la Francophonie qui
est non récurrent et il y a 700 000 $ qui provient, là, de... la soustraction qui provient de la centralisation des
loyers au MCE par la SQI. Donc, nos loyers qu'on assumait avant dans notre budget sont assumés maintenant au central,
donc, ce qui explique la variation, mais, dans les faits, aucun
programme du SQRC n'a subi de baisse. Au contraire, dans la Politique de la
Francophonie canadienne, on a un investissement de 8 millions sur trois
ans, donc 2 millions cette année, trois l'année prochaine, 3 millions
l'année suivante.
Donc, vous avez
raison, quand on regarde de façon très brute, 15,2, 14,1, le livre des crédits,
vous avez raison, mais cette variation s'explique par le 700 millions de
loyer qui va encore se payer, mais dans un... à travers... 700 000 $,
je dis 700 millions depuis tantôt, je le sais, je m'excuse,
700 000 $, et je ne ferai plus de «m»... mais je ne ferai plus de «m»
ou je vais mettre un... mais la variation s'explique comme ça.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette, pour
7 min 59 s.
Mme LeBel :
Alors, lire 700 000 $.
Mme Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour à la ministre et toute son
équipe. L'année dernière, on avait un auditoire vraiment prisé lors de
nos crédits. Il y a Michel David qui avait pondu une chronique intitulée Les
limbes caquistes, et donc qui disait que «la députée de Joliette — ça,
c'est moi — s'est
étonnée, cette semaine, de retrouver encore sur le site du Secrétariat du
Québec aux relations canadiennes le document que le gouvernement Couillard
avait rendu public en juin 2017 sous le titre Québécois, notre façon d'être
Canadiens.» Alors, si j'étais surprise l'année dernière, imaginez-vous
comment je me suis surprise cette année d'aller faire la vérification et de
toujours trouver que c'est la politique constitutionnelle du gouvernement
libéral. J'imagine que ça réjouit mon collègue de D'Arcy-McGee de voir la
pérennité de leur politique. Moi, ça me réjouit un peu moins. Donc, l'année
dernière, le ministre nous avait dit qu'elle n'avait pas vraiment de plan pour
revoir ça. Et donc je dois comprendre que, jusqu'à la fin de son mandat, elle
n'aura pas adopté de nouvelle politique constitutionnelle et la politique va
avoir été celle du gouvernement précédent.
Mme LeBel : Je
ne suis pas surprise de votre question. Je m'y attendais. On s'entend que vous
alliez ramener ça. Et je vais vous dire que ce qu'on a fait dans les deux
dernières années, pour moi, c'est une politique d'action et non pas une politique de rédaction. Donc, les grands
objectifs de la politique caquiste sont trois grands objectifs :
naturellement, le respect des compétences et des priorités, naturellement, de
toujours aller chercher notre juste part des fonds fédéraux et d'avoir
l'utilisation et la flexibilité dans l'usage de ces fonds fédéraux là, puis on
parle d'asymétrie.
On
a conclu beaucoup d'ententes dans la dernière année. Je l'ai dit, il y a eu...
on a eu... Les relations canadiennes, honnêtement,
dans mes deux dernières années de mandat, ont été encore plus au coeur des
actions gouvernementales que jamais,
ne serait-ce que par la gestion de la pandémie, par le contrôle des frontières,
par les transferts en matière de relance sécuritaire. Et je vous dirais
que les efforts de renouvellement de politiques se sont faits sur la politique
en matière de... l'intervention du Québec en matière de francophonie
canadienne.
D'ailleurs, on a présenté
cette nouvelle politique là et on a plutôt mis les efforts sur le
renouvellement de cette politique-là, qui, quant à moi, en avait grand besoin,
parce qu'on peut... Dans les relations intergouvernementales, on peut agir au
lieu d'écrire, et, en francophonie, je pense qu'il est important de revoir nos
relations.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, Mme la
ministre. Vous avez... rapidement, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Merci. Bien, je
comprends bien. On veut agir. Le problème, c'est que vous aviez fait un autre document à vous qui était, évidemment, vous
l'attendiez, celui-là aussi, c'est mon classique à chaque année, Un
nouveau projet pour les nationalistes du Québec, et vous l'aviez écrit,
vous l'aviez déposé, puis vous êtes arrivés en poste, puis il n'y a absolument
rien de ça qui se concrétise. On regarde toute la liste de ce qui avait été
prévu dans les colonnes 2 et 3, il n'y a absolument rien.
Donc, c'est certain que je pense que le bilan
autonomiste est absent. En fait, c'est très bien, ce que le gouvernement actuel
fait, il fait la même chose que le gouvernement libéral faisait. Ils essaient
d'avoir des ententes administratives sur toutes sortes de choses, d'aller
chercher un peu d'argent, mais il n'y a absolument eu aucun changement de fond
pour un gouvernement, pourtant, qui se disait autonomiste avec un programme
autonomiste.
Donc, je veux juste la prendre au mot parce
qu'elle dit : Un de nos trois objectifs, c'est d'obtenir notre juste part. Or, pourtant, lors du dernier budget
fédéral, la ministre elle-même a tweeté : «Nos demandes sont pourtant
claires : plus de transferts en santé. Une autre occasion manquée.» Et le
ministre des Finances allait dans le même sens. Donc, on a entendu sa ministre,
ce matin, de l'Habitation nous dire qu'elle reconnaissait finalement la crise.
Certains dans l'opposition ont dit que c'était un miracle. Est-ce qu'elle mise
sur un miracle pour obtenir les transferts ou elle va agir et vraiment agir
fortement avec des actions pour que, finalement, on les ait, ces milliards-là?
Mme LeBel : Écoutez, on n'est pas...
C'est effectivement une occasion manquée du gouvernement fédéral de répondre à
une demande qui est conjointe des 10 premiers ministres des 10 provinces et des
trois territoires. C'est une demande qui est portée par tous les premiers
ministres, d'ailleurs, qui est portée à la table des premiers ministres, puis
je pense que c'est fort important de le dire. Puis on n'abandonne pas le
morceau là-dessus, là. On pense... Il est important que le fédéral fasse sa
juste part en matière de transferts en santé, surtout avec ce qu'on a vécu,
surtout avec le vieillissement de la population. Les efforts des provinces en
matière de santé ont constamment... d'investissements en santé ont constamment
augmenté dans les dernières années, alors que les efforts du fédéral, la juste
part du fédéral a constamment diminué.
Donc, ça fait partie effectivement de nos
objectifs, d'obtenir notre juste part des fonds fédéraux, surtout sans condition, avec une flexibilité d'utilisation,
parce que, là, on nous propose des fonds ciblés, ce qui n'a pas de sens pour
nous.
Mme Hivon : Moi, je veux savoir les
actions, parce que, sur le fait qu'on soit indignés, on l'est toutes les deux, mais, à part d'attendre un miracle puis de dire qu'on
est indignés, on aimerait ça savoir s'il y a des actions qui sont
posées. C'est quoi, le plan de match?
Mme LeBel : On va obtenir une
rencontre des premiers ministres sur le sujet. Je peux vous dire que j'ai
assisté, dans mes fonctions, à presque toutes... je ne dirais pas toutes, mais
presque toutes les conférences de la COF qui sont entre les premiers ministres provinciaux, les conférences fédérales, les
appels téléphoniques entre les premiers ministres provinciaux et Justin
Trudeau, le premier ministre fédéral, j'ai... quand M. Legault était le
président. Maintenant que c'est M. Horgan, de la Colombie-Britannique, qui est
président... et la pression, elle est mise par tous les premiers ministres.
D'avoir réussi... D'ailleurs, c'est l'oeuvre de notre premier ministre d'avoir
réussi à rallier tous les premiers ministres sur cet enjeu-là. Pour moi, ce
sont des actions extrêmement concrètes.
Mme Hivon : C'est bien intéressant
de rallier tout le monde, mais, si ça ne donne pas de résultat, je dirais :
Rallions-nous, les Québécois, puis essayons d'aller chercher notre argent par
nous-mêmes, parce qu'honnêtement il n'y a pas beaucoup de résultats.
D'ailleurs, notre auditoire prisé finissait sa chronique en disant :
«Après la réforme du mode de scrutin, on dirait bien que la ministre a aussi
reçu le mandat d'expédier le projet autonomiste de la CAQ dans les limbes.» Je
dois dire qu'encore une fois, aujourd'hui, c'est le sentiment aussi que j'ai.
Peut-être
qu'elle va m'encourager un peu avec mon dernier sujet, qui est ce qu'on
abordait ce matin au salon bleu entre
notre chef parlementaire et le premier ministre, la question de la consultation
sur la révision des seuils d'immigration. Donc, on sait que le gouvernement fédéral a annoncé son intention d'augmenter
massivement les nouveaux... le seuil des nouveaux arrivants
d'immigration et on sait que, dans notre fameuse entente, donc, Gagnon-Tremblay—McDougall,
on a, là, aux articles 5 et 7, des obligations claires que l'avis du Québec
doit être sollicité et pris en considération.
Donc, ma question : Est-ce que nous avons
été sollicités? Est-ce que nous avons donné notre avis? Et comment se fait-il,
dans ce cas-ci, le cas échéant, qu'on n'est pas du tout entendus et qu'on nous
demanderait trois fois plus d'intégration d'immigration que le seuil prévu?
Le Président (M.
Bachand) : ...secondes, Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui, bien, je vais
répondre que ce n'est pas parce que le fédéral annonce des cibles d'immigration
records que nous, on n'a pas le contrôle de notre immigration. On va respecter
nos cibles. Ça n'aura pas... Ça n'affectera pas les
cibles qu'on s'est mises en place. Il faut comprendre que d'être consultés...
On n'a pas de droit de veto. On a émis haut et fort notre refus d'augmenter nos
seuils d'immigration. Alors, que le Canada désire aller... par trois fois, je
pense, ses seuils d'immigration n'aura... n'affectera pas... Le premier
ministre l'a dit ce matin, nous, on a nos propres seuils, et on va les
respecter, et il n'y aura pas d'influence.
Mme
Hivon : Est-ce que vous avez envoyé une lettre pour le
dire et est-ce que vous pourriez déposer cette lettre-là?
Mme LeBel : À ma connaissance... Je
sais que mon collègue en immigration en a parlé avec sa collègue en immigration,
mais, à ma connaissance, je ne sais pas s'il y a de lettre.
Mme Hivon : Je vous encourage à
poser des gestes clairs puisqu'ils n'ont pas l'air de nous considérer.
Mme LeBel : Mais ça a été dit haut
et fort, là, sur toutes les tribunes.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Merci. Je me
tourne maintenant vers la partie ministérielle, M. le député de Maskinongé,
pour 9 min 35 s.
M. Allaire : Merci, M. le Président.
Salutations, chers collègues. Mme la ministre, salutations également à vous,
naturellement, mais aussi à vos deux équipes, votre équipe de cabinet et votre
équipe ministérielle. Ce n'est pas les mêmes qu'hier, naturellement.
Je suis content d'intervenir après les collègues
parce que c'est comme frappant à quel point que c'est comme des extrêmes qui nous ont été présentés. Rt je
pense que la ministre l'a bien dit, c'est l'équilibre aussi qu'il faut
chercher, puis on est un gouvernement d'équilibre, je pense. En même temps, les
questions que je vais poser à la ministre, je pense,
vont contrebalancer les propos du député de Jean-Lesage qui... Honnêtement,
c'était pratiquement comme une pièce de théâtre, là. C'est comme si tout
allait mal puis qu'on n'avait jamais rien fait. Tu sais, on dirait que c'est
souvent comme ça avec les oppositions, malheureusement, mais, tu sais, je pense
qu'on va clairement démontrer, là, avec les questions que je vais poser à la
ministre... au contraire, on a posé des gestes concrets, puis il y a des
résultats aussi concrets qui ont eu lieu depuis le début de notre mandat.
Mme la ministre, on le dit souvent, la CAQ, un
gouvernement de la CAQ, c'est un gouvernement qui assume son nationalisme. On
se tient aussi debout, on se tient debout, on se tient fort devant le
gouvernement fédéral, je pense, mais on le fait dans un esprit de collaboration
qui reflète bien votre personnalité, je trouve, puis je pense que l'ensemble
des collègues ici, alentour de la table, peuvent en témoigner quand ils
travaillent avec vous en commission. On a fait des gains. On en a fait, des
gains, depuis 2018. Je pense que c'est une belle occasion de le dire puis je
vous cède la parole là-dessus. J'ai envie de vous entendre sur les gains qu'on
a faits depuis 2018.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui, bien, vous avez
tout à fait raison, on n'a pas la même façon de voir les choses. Je pense qu'on
a annoncé haut et fort que nous, c'était le nationalisme et l'autonomisme, et
on allait défendre la capacité du Québec de s'occuper de son monde dans ses
propres compétences haut et fort, d'aller chercher notre juste part des fonds
fédéraux, mais pas juste notre juste part, mais aussi avec le moins... avec une
flexibilité d'action le plus possible, et c'est ce qu'on a fait dans les
dernières années.
J'ai eu l'occasion de dire, je ne me souviens
plus à quel endroit, bien, peut-être même ici tantôt, que quelquefois c'est au
prix d'avoir... d'attendre avant d'avoir notre juste part. On a réussi à
conclure, entre autres, l'entente sur le logement, l'entente nationale sur le
logement, qui datait déjà... sous le gouvernement précédent, quand on est
arrivés, et on est allés la chercher en s'assurant de faire respecter nos
compétences en matière d'habitation. On a fait un gain énorme dans les domaines
de l'apprentissage des gardes d'enfants. Il faut être fier du fait que le
programme fédéral pour lequel on a obtenu notre 6 milliards sans lien,
sans condition, était même basé sur l'exemple québécois, mais je pense qu'on a
aussi tenu notre bout là-dedans parce qu'il y a eu beaucoup de pression, pour
le fédéral, de nous donner également des conditions. On a tenu notre bout puis
on a réussi à garder notre 6 milliards sans condition. Et le fédéral a
d'ailleurs reconnu notre compétence explicitement, là, notre compétence du
Québec dans ce domaine-là. Pour moi, c'est un gain qui a été fait.
Je peux vous parler de l'accord Canada-Québec
pour les refuges pour les femmes. C'est beaucoup plus concret. Puis je ne suis
pas d'accord avec mes collègues quand on dit qu'on ne fait que des ententes
administratives. Je m'excuse, là, mais ces
ententes-là ont des effets concrets sur les Québécois, sur les citoyens du
Québec. Quand on parle du transfert de fonds additionnels de
44 millions pour les organismes d'aide aux victimes de violence sexuelle
et de violence conjugale, c'est concret, ça. Ce n'est pas de l'administration
et ce n'est pas juste des ententes administratives. Il y a des résultats puis
il y a des retombées pour les Québécois à la clé de ça dans le respect de nos
compétences.
Quand on parle aussi des deux ententes de
contribution entre le Québec et le Canada pour... Je vais... Bon, ça s'appelle
Fonds pour la large bande universelle. En bon français, c'est Internet haute
vitesse, là. On s'entend, on était prêts,
nous, au Québec. On est allés de l'avant puis on était prêts à assumer... Je
vous rappellerai, parce que j'ai eu l'occasion de faire des crédits
supplémentaires de 900 millions sur ce sujet-là avec le Conseil du trésor,
et, malgré qu'on était prêts à payer parce qu'on... et que c'était une
compétence fédérale, on s'est tenus debout puis on a réussi à aller chercher
460 millions pour les Québécois dans ce dossier-là. Je pense que c'est
important de le mentionner.
Puis
moi, je suis très contente, puis, je vais le dire, je n'étais pas aux...
j'étais aux Relations canadiennes, pardon,
je n'étais pas au Trésor à l'époque, j'étais à la Justice. Peut-être que mes
collègues avocats vont mieux l'apprécier que d'autres, mais c'est
important, ce qu'on est allés chercher comme voix plus prépondérante dans la nomination du juge à la Cour suprême pour les
sièges qui sont occupés par le Québec. Ça, c'est important. Ça a peut-être
moins d'impact direct pour les citoyens, mais pour moi, là, quand on parle de
la voix du Québec, où on a trois sièges réservés, que la voix du Québec soit
entendue, respectée dans ce domaine-là... puis on l'a eu dans la dernière
nomination. On l'a fait, et les choix du Québec ont été pris en compte très
sérieusement dans la nomination qui a été faite pour le dernier siège du Québec
qui a été nommé.
Puis, pour moi, ce
sont des gains importants en matière de retombées pour les Québécois. C'est
juste quelques exemples, là. Il y en a d'autres qui ont peut-être... à plus ou
moins grande échelle, mais je vous nomme celles qui sont peut-être les plus
parlantes, là.
M. Allaire : Merci,
Mme la ministre. Je pense, ça vient bien contrebalancer les propos de tantôt.
Ça démontre à quel point qu'il y en a eu, des actions, puis il y en a eu, des
gains. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des enjeux, par contre. Tantôt, on les a nommés, la députée de
Joliette les a nommés. Je donne l'occasion peut-être de revenir là-dessus.
On a parlé d'immigration, on a parlé des
seuils, on a parlé des transferts en santé. Mme la ministre, c'est quoi,
votre vision à moyen terme, là? C'est quoi... Tu sais, vous en avez
parlé un peu, des actions, là, mais vos objectifs par rapport à ces deux
sujets-là en particulier...
Mme LeBel : Bien,
écoutez, il y a des enjeux. Oui, il y a des enjeux. Ce n'est pas parfait. Et là
où, philosophiquement, je pense qu'on diverge de, à tout le moins, deux
membres... deux groupes de l'opposition, c'est que moi, je ne suis pas
convaincue que, par la souveraineté, on va régler ces enjeux-là puis je ne suis
pas convaincue que, par la souveraineté, on obtiendrait notre juste part en
transferts de santé. Je pense que, par la souveraineté, on aurait
économiquement beaucoup de difficultés. Alors, pour moi, ce n'est pas une
réponse, ce qui ne fait pas... On ne nie pas les enjeux, mais, pour moi, ce
n'est pas une réponse aux enjeux que l'on vit. Vous avez parlé... Bon, on a
parlé d'immigration, d'aller chercher plus de pouvoirs, de faire respecter nos
seuils d'immigration, et c'est ce qu'on va faire. Notre capacité d'intégration est à 50 millions. C'est bien
50 millions... 50 000 encore. Tu sais, je ne sais pas pourquoi
il y a...
Une voix : ...
Mme LeBel : Non,
et puis, anecdote, j'ai déjà annoncé, en Colombie-Britannique,
500 millions, alors que c'était 500 000 également. Donc, je veux
juste vous demander de lire, pour fins d'enregistrement, «mille» dans mon
chiffre «million» à chaque fois. Il y a comme un «glitch» dans ma tête
aujourd'hui, là, je m'en excuse. Mais nos seuils d'immigration vont être
respectés malgré l'annonce du gouvernement fédéral, donc, et on continue de
travailler, parce que ce n'est pas parce qu'on veut... Et il y a présentement
des conversations entre mes collègues du fédéral et nous sur... et on a
interpelé sur les retards en immigration. Ce n'est pas parce que je veux
remettre le singe sur le dos du fédéral, mais c'est pour ça qu'on veut aller
chercher plus de pouvoirs, parce que notre travail a été fait au niveau du CSQ,
et on veut que ces retards-là soient adressés, et on veut qu'on traite en
priorité les demandes du Québec, justement, pour pouvoir accueillir ces
gens-là, mais dans l'optique de notre capacité d'immigration. Puis, dans mon
envolée sur les millions, milliers de dollars, j'ai perdu votre autre... Vous
avez parlé de deux...
M. Allaire :
Transferts en santé.
Mme LeBel : Transferts
en santé, parfait. Également, les transferts en santé, j'ai eu l'occasion d'en
parler, c'est fort important. Le fédéral nous dit : Oui, mais on a mis
beaucoup d'argent, mais ce sont des fonds non récurrents. Le premier ministre
l'a dit : Comment voulez-vous qu'on engage du monde avec des fonds qui
durent deux ans ou trois ans? Après ça, il faut continuer à les payer, ces
infirmières-là. Quand on donne des services aux Québécois, on en met en place,
on crée un... on ne crée pas un besoin, on comble un besoin qui ne s'éteint pas
au bout de trois ans ou cinq ans. Et, quand le fédéral nous donne des fonds
dans des catégories particulières, je vais parler, entre autres, des CHSLD puis
le soin au... on est très d'accord pour mettre des fonds là, mais on en met
déjà beaucoup. Peut-être que nous, nos
fonds, on en a besoin un peu plus ailleurs également. On a besoin d'en mettre
là également, mais on doit garder le plein contrôle de... parce qu'on
est ceux qui connaissent notre réalité sur le territoire.
Alors, oui, on va
continuer à faire valoir notre autonomie. C'est même à la table des premiers
ministres, au niveau des premiers ministres, et on en entend parler, je vous le
dis, à chaque fois qu'il y a une rencontre, presque à chaque semaine. Ça s'est
un peu espacé, et il y a une rencontre de prévue, justement, cet été avec les
premiers ministres de toutes les provinces, de la COF, où on va encore pousser
cet enjeu-là.
M. Allaire : Merci,
Mme la ministre.
Le
Président (M. Bachand) : Il vous reste
50 secondes. Un dernier commentaire?
M. Allaire :
Non, ça va.
Mme LeBel : Bien, je vais peut-être
prendre le temps, si vous voulez, peut-être, pour remercier toutes les équipes
qui travaillent toujours très fort, remercier mes collègues de l'opposition
d'avoir participé à cet exercice-là. Ils ont... Ils font
valoir leur point de vue, et c'est l'objet de la discussion, et moi, je
respecte ça, mais je veux vraiment remercier les équipes, parce que tout le
monde travaille très fort pour... et il y a beaucoup plus de travail derrière
que l'heure pour laquelle on a été avec vous. Alors, je vais voler ce 50 là
pour faire... 50 secondes pour faire mes remerciements à tout le monde.
Adoption des crédits
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Donc, le temps
alloué à l'étude du volet Relations canadiennes et francophonie canadienne des
crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le programme 3, intitulé Relations
canadiennes, est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Sur division. Merci.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 16 h 45, où elle va entreprendre l'étude
des crédits budgétaires du volet Relations avec les Québécois d'expression
anglaise du portefeuille Conseil exécutif. Merci, à tantôt.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
(Reprise à 16 h 45)
Le Président (M.
Bachand) : Alors, la Commission des
institutions reprend ses travaux.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Relations avec les Québécois d'expression anglaise des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif pour l'année... l'exercice financier, pardon, 2022‑2023.
Une enveloppe de 1 h 45 min a été allouée pour l'étude de ces
crédits.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Alors, Mme Jeannotte (Labelle) est remplacée par M. Poulin (Beauce-Sud); M. Lamothe (Ungava) est
remplacé par M. Reid (Beauharnois); M. Lévesque (Chapleau) est
remplacé par M. Skeete (Sainte-Rose); M. Rousselle (Vimont) est
remplacé par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); M. Zanetti (Jean-Lesage) est
remplacé par Mme Ghazal (Mercier) et Mme Hivon (Joliette) est remplacée
par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Relations avec les
Québécois d'expression anglaise
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Donc, comme
vous le savez, nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs
de 14 à 19 minutes environ, incluant les questions et les réponses. La
mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps que leur est allouée,
soit vers 18 h 30.
Discussion générale
Il me fait plaisir maintenant de céder la parole
au député de D'Arcy-McGee. M. le député, s'il vous plaît, pour une période de
17 min 4 s.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Mes salutations à M. le premier ministre, son équipe de MCE, de son
cabinet, à mes collègues les députés des autres formations de l'opposition et
les équipes qui vous entourent. Je trouve, c'est une opportunité d'une
importance primordiale pour le Québec, pour la communauté dont j'ai la fierté
d'être membre et pour nos discussions collectives qui vont suivre.
Je me permets de noter, dans un premier temps,
notre reconnaissance de l'intention du gouvernement de faire adopter notre
amendement sur les trois cours additionnels du français aux cégeps anglophones,
du français et pas en français. Oui, j'espère et je crois, des deux côtés de la
Chambre, nous allons reconnaître que nous avons nos rôles légitimes politiques
d'efforts musclés. Nous avons aussi un devoir qui passe de l'avant et qui,
nécessairement, à chaque jour, va faire le devant, c'est-à-dire le bien-être,
le succès de nos concitoyennes et concitoyens. Dans ce cas-là, nous risquons
d'être devant une solution qui va assurer en quelque part le bien-être, le
succès ainsi qu'un cheminement accompagné et particulier pour nos jeunes
Québécois de langue anglaise au cégep en tout ce qui a trait à leur
responsabilité partagée par la communauté et par tout le monde qui partagent le
Québec avec nous de se perfectionner de façon continue en
français. Alors, je tenais à noter que je trouve qu'on est devant un
développement prometteur en tout ce qui a trait à ces trois cours.
Le premier ministre va me permettre, j'espère,
en quelque part, d'établir quelques paramètres pour qu'on se comprenne, dans un
premier temps, la communauté dont on va parler cet après-midi et la vision du
gouvernement en ce qui a trait à la place, les préoccupations, l'avenir de
cette communauté de plus que 1 million d'âmes, c'est-à-dire les
communautés québécoises d'expression anglaise.
Dans un premier temps, j'inviterais le premier
ministre à nous expliquer comment cette communauté aurait bénéficié de sa
décision de ne pas poursuivre un modèle du gouvernement antérieur, de nommer un
ministre pour ce dossier-là et d'avoir
assumé ces tâches lui-même. Est-ce qu'il peut m'identifier... nous identifier
une ou deux réalisations qui découlent de cette décision de donner la
responsabilité à l'ultime élu, c'est-à-dire le premier ministre du Québec?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le premier ministre.
• (16 h 50) •
M. Legault : Oui. Bien, M. le
Président, moi aussi, je veux saluer les collègues, autant du côté ministériel
que du côté des oppositions, puis les équipes aussi qui sont du secrétariat et
qui sont de mon cabinet.
Bien, écoutez, d'abord, si je commence par
regarder les résultats chiffrés, bien, on se rend compte que le Secrétariat aux relations avec les Québécois
d'expression anglaise, en 2018‑2019, donc dernières années... bien, on peut
regarder même en 2017‑2018, le budget était de 1,9 million. En 2018‑2019,
le budget est passé à 3 millions, dernière année libérale. Puis cette
année et l'année dernière, le budget excède 12 millions. Donc, il y a eu
effectivement une augmentation importante, là, le budget a été multiplié par
quatre.
Et, bien là, je pourrais regarder tous les
montants qui ont été envoyés, entre autres à toutes sortes d'organismes, là,
Youth for Youth, Bishop's, Collective Community Services, etc., puis mon
adjoint parlementaire, le député de Sainte-Rose, a fait le tour des régions du
Québec, le tour des organismes depuis trois ans et demi, puis on a réussi, je
pense, à établir une bonne communication. Il y a eu une étape difficile avec la
pandémie, où on a, encore là, augmenté de façon importante les budgets pour
aider les organismes qui aidaient les citoyens d'expression anglaise. Donc, il
y a eu, je pense, là... On a multiplié par quatre le budget, donc on a
multiplié par quatre l'aide, essentiellement, qui a été donnée aux organismes
qui représentent les citoyens d'expression anglaise.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. En parlant des paramètres, on va convenir sur l'importance de savoir
de qui on parle. Le premier ministre va reconnaître, et pas pour une seule fois
dans son mandat, l'anxiété, la colère, l'insécurité et la tristesse, en quelque
part, qui s'exprime de façon assez marquante à travers le Québec dans les
communautés de langue anglaise dont on parle.
Une des sources de cette anxiété, c'est une
sortie suite à l'intervention à l'Assemblée nationale par le premier ministre,
où il a dévié, pas juste d'un constat, d'une façon de faire entamée par les
huit premiers ministres du Québec antérieurs... Moi, j'ai eu le plaisir, dans
mes jobs antérieures, à coordonner et à participer dans les réunions avec René
Lévesque, avec Lucien Bouchard, avec Bernard Landry, avec Jacques Parizeau,
avec Pierre Marc Johnson, avec Jean Charest, Robert Bourassa, pour ne pas...
participer au gouvernement de Philippe Couillard. Pour chacun de ces premiers
ministres, y compris un mentor, si je peux, du premier ministre Lucien
Bouchard, il n'y avait aucunement, mais aucunement un critère que le premier
ministre a insisté de mettre de l'avant à plus qu'une reprise, c'est la notion
d'un anglophone historique. Invité à préciser, le premier ministre, avec son
don typique de clarté, insistait qu'afin d'identifier les Québécois
d'expression anglaise pour accès aux services, c'est un concept important... À
la question : J'entends quoi quand je parle des Québécois de langue
anglaise historique?, c'est des ayants droit.
Comme je tiens à préciser, afin de protéger les
services de disponibles pour les Québécois d'expression anglaise, ces huit
premiers ministres n'ont jamais fait une telle distinction. Le premier ministre
l'a faite. Je lui rappelle... et ayants droit, qu'on complète la définition,
c'est les gens qui ont accès à l'école anglaise.
Est-ce qu'on peut se comprendre que plusieurs
experts, y compris, j'ose espérer... je ne veux pas avancer trop, mais, j'ose espérer, les grands experts au sein du
secrétariat vont convenir qu'il y a peut-être 300 000,
500 000 Québécois d'expression anglaise qui ne sont pas ayants droit?
Je me permettrai... avant que le premier
ministre suggère ce que son ministre responsable de la Langue suggère chaque
fois que j'ouvre ma bouche sur ces questions, je ne suis pas en train de parler
des gens légitimement dirigés vers les écoles françaises qui sont nouvellement
arrivants, qui ne parlent ni anglais ni français. C'est le noeud de la Charte
de la langue française. Je ne parle pas de ces gens-là, je parle des gens
d'une... je vais vous donner quelques petits
exemples, des gens très établis au Québec et depuis longue date et ceux de
l'Angleterre, de New York, de l'Australie, des Indes, peut-être. Voilà
une catégorie de non-ayants droit qui s'expriment en anglais, qui font leurs
efforts énormes pour maîtriser le français. Bien, voilà une autre catégorie.
Il y a, parmi cette liste-là... En bonne foi,
j'espère qu'on va, de façon humaine toujours, essayer de continuer nos efforts légitimes de franciser le monde. Là,
je parle aussi de plusieurs milliers de personnes issues de quelques-unes
de nos communautés traditionnelles qui ont
tellement contribué au Québec, d'origine grecque, d'origine italienne,
d'origine de l'Inde, d'origine de Pakistan,
qui utilisent l'anglais en même temps qu'ils essaient de maîtriser le français
depuis longue date.
Je
tiens à ajouter un autre élément, juste avant d'entendre le premier ministre
sur cette question d'une importance primordiale, la définition, qu'on se
comprennne, de l'Office québécois de la langue française. Qui est un
anglophone? Quelqu'un qui a l'habitude et
l'expertise de s'exprimer en anglais. Est-ce que le premier ministre peut
rassurer la communauté de langue anglaise qu'il ne
va pas faire abstraction de ces 500 000 personnes, peut-être, en
termes de donner accès aux services? Et je parle des services essentiels. Ou
est-ce qu'on va comprendre que dorénavant, malgré la tradition de René
Lévesque, de Lucien Bouchard et autres, il y aurait que certains Québécois
d'expression anglaise qui vont avoir accès aux services dans leur langue?
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault :
Bien, M. le Président, d'abord, je pense qu'il faut être prudent quand on
définit «services essentiels». C'est certain que, dans une urgence, on est
toujours prêt à accommoder les personnes. Mais revenons à la loi 101,
revenons à ce qui avait été déposé par René Lévesque, par Camille Laurin. Au
début, les personnes qui avaient le droit d'aller à l'école en anglais, ce sont
les personnes dont les parents avaient été à l'école en anglais. Puis on a
étendu ça aussi à ceux qui restent dans le reste du Canada et qui sont allés à
l'école en anglais. Mais quelqu'un qui vient des États-Unis, qui immigre au
Québec, bien, il doit envoyer ses enfants à l'école en français. Ça, ce n'est
pas la CAQ qui a changé ça, c'était comme ça avec le Parti québécois, c'était
comme ça avec le Parti libéral. Puis je peux comprendre, là, on voit deux
nouveaux partis politiques qui se créent, puis il y a des gens qui se
disent : Bon, il y a 9 % de la population qu'on appelle les ayants
droit, là, ceux qui ont le droit d'envoyer leurs enfants à l'école en anglais.
Et, à chaque année, il y a 50 000 nouveaux arrivants et, parmi
ceux-là, bien, il y en a qui parlent anglais, il y en a qui parlent français,
il y en a qui parlent espagnol. Et les nouveaux arrivants, selon la définition
qui existe depuis le temps de René Lévesque puis de Camille Laurin, ces gens-là
n'ont pas le droit d'aller à l'école en anglais.
Je comprends qu'il y
a des anglophones qui disent : Bon, le Québec est dans un pays bilingue,
puis on devrait avoir le choix, et puis on a des écoles qui se vident du côté
anglophone. Donc, pourquoi on ne permettrait pas, par exemple, à un Américain
qui arrive au Québec de pouvoir aller à l'école en anglais? Bien, ce que je
dirais, c'est : C'est important pour la survie du français. C'est
important parce que le français sera toujours vulnérable en Amérique du Nord.
Quand on regarde aussi la démographie, bien, le poids des
50 000 immigrants qui arrivent à chaque année, s'ils choisissent l'anglais, ça devient une question de temps
avant que le Québec, à commencer par Montréal, ne parle plus français.
Donc, c'est important
que la loi 101 continue d'être appliquée puis que les nouveaux arrivants,
bien, envoient leurs enfants à l'école française. Puis c'est important de
reconnaître, puis j'espère que le député de D'Arcy-McGee est d'accord avec ça,
qu'il y a une seule langue officielle au Québec, puis c'est le français.
M. Birnbaum :
...M. le premier ministre, je viens de passer quelque 200 heures en
commission où le ministre responsable pour la Langue française m'a donné des
cours magistraux complètement non nécessaires sur la Charte de la langue
française, que le premier ministre comprend bien, je ne remets aucunement en
question.
Est-ce que je peux
comprendre, donc, que différemment, en contraste avec Lucien Bouchard, Jacques
Parizeau, Bernard Landry, dorénavant, ce premier ministre va dire à quelques
300 000 à 500 000 Québécois d'expression anglaise, pas
nouvellement arrivés d'ailleurs, que leur accès aux services essentiels, et je
parle surtout des services de santé et services sociaux, va être restreint de
façon jamais vue au Québec?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre.
• (17 heures) •
M. Legault :
Bien, écoutez, j'ai eu la chance de travailler et avec Lucien Bouchard et
avec Bernard Landry puis je peux vous assurer que les deux étaient d'accord
avec la loi 101, c'est-à-dire qu'un nouvel arrivant, qu'il soit arrivé il
y a deux ans, ou il y a 10 ans, ou il y a 20 ans, si la clause
grand-père ne s'applique pas, c'est-à-dire que les parents n'ont pas étudié en
anglais au Québec ou au Canada, bien, ils n'ont pas le droit d'envoyer leurs
enfants à l'école en anglais. Puis ça,
c'était vrai avec Bernard Landry, c'était vrai avec Lucien Bouchard puis c'est
vrai avec moi.
M. Birnbaum :
...temps précieux en démantelant l'épouvantail mis de l'avant, à chaque
reprise, par le premier ministre de tous les Québécois que la communauté
d'expression anglaise, en quelque part, n'a aucunement évolué avec le Québec,
qu'elle est en train, à chaque minute, de mettre en question la Charte de la
langue française. Ma question n'a aucunement, mais aucunement à faire
là-dessus. Ses réponses m'invitent à quelques autres questions.
Est-ce que je peux
inviter le premier ministre... et je n'ai eu que silence radio quand j'ai posé
la même question au ministre responsable de la promotion de la langue... est-ce
que le premier ministre peut nous parler de comment il voit le rôle, légitime
et nécessaire, de la communauté d'expression anglaise dans le rayonnement de
notre langue commune au Québec, s'il a un mot à dire sur sa façon de l'avoir
fait à travers les dernières deux générations, mais surtout en dedans de son
mandat comme premier ministre?
Le
Président (M. Bachand) : ...ministre.
M. Legault : Bien,
M. le Président, je pense que mon rôle, comme premier ministre, c'est d'être le
premier ministre de tous les Québécois, de rassembler les Québécois. Que ce
soient des francophones, des anglophones, des allophones, c'est de rassembler
tous les Québécois. Maintenant, s'il y a des Québécois qui se voient comme
étant des Québécois d'expression anglaise, c'est un choix qui est individuel.
Mais quand on regarde les droits, entre autres, à l'école, bien, c'est important,
là, pour la survie du français, que les nouveaux arrivants, ceux qui n'ont pas
de clause grand-père, envoient leurs enfants à l'école en français.
Mais moi, je suis prêt à reconnaître que les
anglophones ont eu un rôle très important dans l'histoire du Québec, ont
participé de façon importante, entre autres, à son développement économique, à
tout ce qu'on a comme musées, comme endroits, là, qui
font qu'il y a des anglophones qui aiment mieux vivre à Montréal qu'à Toronto.
Bien, ça, ça va rester. Mais pour protéger le français, seule langue officielle
au Québec, bien, c'est important de se donner des lois pour que les nouveaux
qui arrivent, bien, s'intègrent à la communauté francophone. C'est une question
de survie.
Le Président (M. Bachand) : M. le député.
M. Birnbaum : Justement, un objectif
que j'ai dit, à maintes reprises, que notre formation partage, et a été... et
reste à la recherche de mesures concrètes et réelles, qui vont s'adresser comme
il faut à cette vision-là.
Une autre question où je n'ai eu que silence
radio, que j'invite le premier ministre à adresser, et j'ai en tête une mesure
spécifique qui va nuire aux entreprises du Québec, qui va nuire à notre
épanouissement collectif, un geste pour limiter, malgré nos efforts, sans
arrêt, d'avoir un amendement là-dessus, la possibilité, pour des gens qui
arrivent en séjour temporaire, souvent, des chefs de file qui vont investir,
souvent, des experts en intelligence artificielle, souvent, les profs invités
pour bâtir des nouveaux départements, au Québec, en séjour temporaire, avec pas
la moindre prétention de rester au Québec, mais qui choisissent ici, au lieu
d'aller... d'accepter des offres partout au monde, parce qu'ils veulent nous
aider à s'épanouir, mais ils n'ont aucunement l'intention de faire acquérir le
français par leurs enfants, ils vont se trouver ailleurs...
Le gouvernement a refusé nos amendements, ce qui
m'amène à ma question dont la réponse, une autre fois, a été silence radio du
ministre responsable : Est-ce que votre gouvernement peut imaginer le
moindre geste modeste qui, oui, va encourager la communauté d'expression
anglaise à se renflouer, à s'épanouir? Et je regarde le premier ministre dans
les yeux. Oui, un geste comme celle-là qui, modestement, aurait un impact
minimal sur le rayonnement de notre langue française. Y aurait-il...
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, merci. Le temps
est écoulé.
M. Birnbaum : ...y aurait-il jamais
le moindre geste recevable dans ce contexte-là?
Le Président (M.
Bachand) : Alors donc, je cède la parole à
la députée de Mercier, merci, pour 14 min 18 s.
Mme
Ghazal : Très bien, merci beaucoup, M. le Président.
Bonjour, M. le premier ministre. Bonjour, salutations à mes collègues
membres de la commission, et bonjour à tout le monde. Écoutez, c'est la
première fois que j'ai un échange avec le premier ministre. J'en suis très,
très heureuse aujourd'hui.
Québec solidaire, on l'a dit, on va voter pour
le projet de loi n° 96. Si le projet de loi n° 96 allait à l'encontre
le moindrement contre les droits de la minorité historique anglophone, on
aurait été les premiers à le dénoncer, mais ce n'est pas le cas. Le projet de
loi n° 96, selon notre lecture, ne diminue pas les droits de la minorité
anglophone. Je pense, notamment, à la santé. Par exemple, le projet de loi n° 96 permet même à des immigrants qui veulent parler en
anglais, dans le système de santé, de pouvoir le faire. Le projet de loi n° 96 n'empêche pas les immigrants de parler français... de
parler anglais dans le système de santé. Certains groupes m'ont contacté par
rapport à cette question, parce qu'ils n'arrivaient pas à trouver de réponse,
ni de la part du ministre de la Langue française ni de la part du ministre de
la Santé, donc, pour être rassurés sur cette question-là.
Donc, j'aimerais profiter de l'opportunité que
j'ai, aujourd'hui, d'avoir le premier ministre. Est-ce qu'il peut rassurer les
personnes qui sont inquiètes, les personnes de la minorité anglophone qui sont
inquiètes par rapport à leurs droits? Ou est-ce que... Peut-être qu'on ne le
fait pas assez, peut-être que les ministres du gouvernement... ou le premier
ministre ne le fait pas assez, parce qu'il est inquiet qu'on le taxe, par
exemple, de ne pas être assez nationaliste, s'il défend... s'il reconnaît que
le projet de loi n° 96 n'est pas assez dur envers les
minorités?
Le Président (M.
Bachand) : ...le premier ministre.
M. Legault : Bien, merci, M. le
Président. Moi aussi, je suis content d'échanger avec la députée de Mercier pour, peut-être, la première fois. D'abord, je
suis content qu'elle nous dise que, un, elle va voter pour le projet de loi
n° 96, que deux, selon elle, ça ne va pas contre les
droits des minorités historiques anglophones. Puis ça me ferait plaisir
aussi... ça me fait plaisir de lui confirmer que, si on parle des services en
santé, ce n'est pas dans la loi n° 101 ou dans la loi
n° 96, c'est dans la loi sur la santé, et donc que
les services urgents vont continuer d'être donnés en anglais, si c'est demandé.
Donc, il n'y a aucun changement dans les services qui sont donnés en santé.
Mme Ghazal : ...par exemple?
M. Legault : Il n'y a aucun
changement, aucun changement.
Mme Ghazal : Très bien. Bien, merci
beaucoup. J'espère que les gens qui nous écoutent vont être rassurés.
Je voudrais aller sur un autre sujet aussi,
c'est la clause dérogatoire ou la disposition de dérogation en français. M. le
premier ministre, vous parlez beaucoup de la défense des droits de la nation
québécoise, même si, maintenant, il faut le
reconnaître... Je sais que le ministre de la Langue française n'aime pas quand
je le dis, mais c'est la vérité, la CAQ est fédéraliste, donc les gens
qui composent la CAQ, dont le premier ministre est rendu maintenant un
fédéraliste. À Québec solidaire aussi, c'est important pour nous de protéger
les droits collectifs, notamment les droits sociaux, pour réduire
les inégalités économiques, dont on parle très, très peu au Québec, comme si ça
n'existait plus. On n'est pas uniquement des gens qui viennent d'ailleurs, avec
des identités différentes. Il y a aussi des différences de classe, des
différences économiques.
Mais on vous entend très peu, M. le premier
ministre, défendre la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.
Quand vous en parlez, de cette charte-là, c'est pour restreindre les droits qui
y sont inscrits, en utilisant la disposition de dérogation à tout bout de
champ. M. le premier ministre, j'ai une question pour vous : Est-ce que
vous aimez la Charte des droits et libertés de la personne du Québec? Et, si
oui, pourquoi vous ne la défendez jamais?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
• (17 h 10) •
M. Legault : Oui. Bien, merci, M. le
Président. Puis c'est une très bonne question, parce qu'on pourrait parler des
signes religieux, on pourrait parler du français. D'abord, c'est important de
rappeler que, dans la Constitution canadienne, c'est prévu qu'il y ait une
clause dérogatoire quand, pour protéger certains droits collectifs, on en
vienne à ne pas vraiment respecter tous les droits individuels. Donc, il faut
avoir un équilibre, et c'est important, à un moment donné, quand on se dit
défenseur des droits individuels, que ça ne se fasse pas au détriment de
protéger le français, de protéger des valeurs comme la laïcité. Je sais que
Québec Solidaire a de la misère avec ça. Québec solidaire veut protéger les
droits individuels à tout prix, entre autres, est contre l'interdiction des
signes religieux pour les personnes en autorité, ce qui va beaucoup moins loin
que ce qu'on vit, par exemple, en France. Et nous, on pense que c'est important
aussi de le faire pour le français.
Donc, pour protéger le français, ça veut dire
qu'il y a une minorité anglophone qui n'aurait peut-être pas accès à certains
postes, s'ils ne parlent pas français. Et, dans ce sens-là, bien, je sais que
Québec solidaire met juste l'emphase sur les droits individuels, mais je pense
que c'est important de ne pas oublier la défense de la nation québécoise. La
nation québécoise est en minorité en Amérique du Nord, le français sera
toujours vulnérable. C'est important de défendre notre langue, c'est important
de défendre aussi nos valeurs, comme la laïcité, et c'est important d'utiliser
la clause dérogatoire, qui est incluse dans la Constitution canadienne, pour
être capables d'y arriver.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Je voulais entendre le
ministre me dire comment est-ce que lui défend les droits, la charte des droits
de la personne aussi, pas uniquement les droits collectifs. Je l'ai dit, nous
sommes pour les droits collectifs, la protection de la langue française, la
laïcité, selon la définition de Québec solidaire. Ça fait partie de nos valeurs
aussi, qui sont importantes pour le Québec, mais les droits individuels
existent. Ce qu'il faut, ce n'est pas, à tout crin, les droits collectifs, à
tout crin, les droits de la personne, mais un équilibre.
Mais je ne l'entends jamais, jamais, jamais
défendre les droits de la personne, la Charte des droits et libertés de la
personne. Vous savez, moi, je suis née dans des pays où ce n'est pas respecté,
ces droits-là. Il y a des gens, si, par exemple, ils enseignent la science, et
non pas la religion, dans un cours, ils peuvent se faire arrêter. Donc, leurs
droits, les droits de la personne ne sont pas respectés. Nous devons y tenir
comme à la prunelle de nos yeux dans une société démocratique. Or, je n'entends
jamais le premier ministre défendre avec autant d'ardeur les droits et libertés
de la personne du Québec. C'est la charte du Québec. On a été les premiers, on
devrait être fiers de ça, et je ne l'entends jamais être fier de ça.
M.
Legault : Bien, moi, je suis fier, effectivement, qu'au
Québec on est une société de droit et, dans la grande, grande, grande
majorité des cas, on défend les droits individuels. Prenez l'égalité entre les
hommes puis les femmes. Je pense qu'on est
une des sociétés les plus égalitaires. Je pense aussi que, quand on parle de
racisme, ce n'est pas toléré au Québec.
Par contre, pour défendre le français, on a
besoin d'utiliser — c'est
exceptionnel — la
clause dérogatoire et on l'utilise. On souhaite aussi, puis la majorité des
Québécois souhaitent aussi que les personnes qui sont en autorité montrent une neutralité, une laïcité, puis ne
puissent pas porter de signes religieux, s'ils sont en autorité, puis, pour
faire ça, on a besoin d'utiliser la clause dérogatoire. C'est exceptionnel,
mais le reste du temps, dans la vie courante, bien, au Québec, on est une
société qui protège les droits individuels continuellement.
Mme
Ghazal : Donc, est-ce que le premier ministre peut me
dire... est-ce que les droits et libertés de la personne du Québec font
partie des valeurs québécoises?
M. Legault : Bien, absolument.
Absolument, puis on peut être fiers, effectivement, de cette charte des droits
et libertés puis de la façon dont notre société protège... Je pense, entre
autres, à l'égalité hommes-femmes. La députée de Mercier faisait référence à
des pays où, peut-être, on respecte moins l'égalité entre les hommes puis les
femmes. Donc, ici, au Québec, là, les droits des femmes, des gais, des
minorités, selon la couleur de leur... on est une société qui est un modèle.
Mme Ghazal : Bien, je suis contente
de vous entendre dire... C'est la première fois que j'entends le premier
ministre parler des droits et libertés de la personne puis dire que c'est une
bonne chose. Puis ça ne va pas à l'encontre des droits de la nation québécoise.
M. Legault : Ça peut arriver.
Mme Ghazal : Parce
qu'à entendre le premier ministre, on a toujours l'impression que c'est soit
un, soit l'autre. Tu es soit avec un, soit avec l'autre. Moi, je veux les deux.
M.
Legault : ...moi, ce que je pense, c'est que, parfois, ça
vient en opposition. Puis je vous donne deux exemples. La loi n° 21... Nous, on pense, puis les Québécois pensent, que,
par exemple, un policier ou une policière ne devrait pas porter de signes
religieux. C'est comme ça en France. Nous, c'est ce qu'on souhaite au Québec
et, dans ce cas-là, bien, on fait primer les droits collectifs. Le français,
c'est la même chose. Quelqu'un qui arrive au Québec ne peut pas choisir
d'envoyer ses enfants à l'école publique en anglais, parce qu'on a fait le
choix collectif, en Amérique du Nord, de protéger le français.
Donc, ça arrive dans... Pour l'instant, là, j'en
vois deux, exceptions, la loi n° 21 puis la loi 101,
où on utilise l'exception pour protéger des droits collectifs. Mais, le reste
du temps, on protège des droits individuels.
Mme Ghazal : Avec votre respect, je
veux juste corriger quelque chose. La disposition de dérogation est utilisée
sur le projet de loi n° 96, mais le fait que... Par exemple, moi, quand je
suis arrivée, je ne parlais pas le français, je suis allée dans l'école... une
école francophone, parce que mes parents ont été obligés de m'envoyer là, parce
qu'on n'est pas des ayants droit. Il n'y avait pas de clause de... de
disposition de dérogation qui était utilisée à l'époque de Camille Laurin, pour
la loi 101, donc c'était possible de le faire.
M. Legault : Oui, mais la loi 101 de
Camille Laurin a été contestée, charcutée, a été amoindrie sur son effet,
justement, parce qu'on n'avait pas utilisé la clause dérogatoire. C'est pour ça
qu'on pense que, dans la loi n° 96, c'est important
de l'utiliser. À partir du moment où on se met tous les deux d'accord que, par
exemple, les enfants des nouveaux arrivants doivent aller à l'école en
français, bien, pourquoi ne pas utiliser la clause dérogatoire? On a le droit, c'est dans la Constitution canadienne.
Mme Ghazal : J'ai peu de temps, je
voulais juste demander, rapidement... puis, après ça, j'ai une autre question
importante : Est-ce que la loi 101 est un échec au Québec?
M. Legault : Bien, je pense qu'on
est chanceux d'avoir eu la loi 101, mais il faut aller plus loin. On voit
actuellement, quand on regarde la langue parlée à la maison, quand on regarde
l'évolution du nombre de personnes qui parlent français, quand on regarde la
langue dans les commerces à Montréal, je pense qu'il y a du travail à faire. Il
faut en faire plus. Il est temps qu'on la mette à jour, la loi 101.
Mme Ghazal : ...échec, ou il y a
quand même eu des bonnes choses?
M. Legault : Bien, il y a eu des
bons côtés.
Mme Ghazal : Est-ce que c'est un
échec? Est-ce que c'est un échec?
M. Legault : Il y a eu des bons
côtés. Il y a eu des bons côtés, mais ce n'est pas suffisant. C'est pour ça que
je suis content d'entendre que Québec solidaire va accepter de renforcer tout
ça en votant pour la loi n° 96.
Mme Ghazal : On a vu, dans les
derniers jours, émerger de nouveaux partis inquiets pour les droits des
minorités : Mouvement Québec, le Parti canadien du Québec. La langue, la
laïcité, ce sont des sujets sensibles dans notre société. C'est important d'en
parler, parce que ça fait partie des valeurs québécoises. Je suis d'accord avec
ça, mais ce qui est encore beaucoup plus important, M. le premier ministre,
c'est la façon dont on en parle.
Il y a des gens... Puis moi, je fais beaucoup
cet effort-là de parler de la laïcité, de parler de la protection de la langue
française, de parler de nos droits collectifs de façon inclusive, en faisant en
sorte que tout le monde se sente inclus dans la discussion. Puis il y a une
autre façon d'en parler, qui, moi, m'inquiète et qui divise les Québécois.
Malheureusement, j'ai souvent entendu le premier ministre, qui est mon premier
ministre — on
n'en a pas deux, hein, on en a juste un, peu importe notre formation politique — en
parler de façon qui divise, et ça me fait vraiment de la peine de dire ça. On
se rappellera de : C'est comme ça qu'on vit au Québec. Et on se rappellera
de : Les immigrants à moins de 56 000 $, bien, ça augmente mon
problème. Camille Laurin avait fait beaucoup d'efforts pour rassembler les
Québécois en 1977. Un des principes du livre blanc, qui se base... sur lequel
se base la Charte de la langue française, c'était, et je cite, ça a été écrit
en 1977, le respect des minorités, de leurs langues et de leurs cultures.
M. le premier ministre, mon premier ministre...
comme je le dis, il n'y en a pas deux, il y en a juste un, il est devant moi...
comment est-ce que vous voyez votre rôle de premier ministre pour rassembler
tous les Québécois autour de la langue française, notre langue commune, y
compris la minorité anglophone?
Le Président (M.
Bachand) : Il reste
1 min 20 s, M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, écoutez, je
connais des personnes qui viennent de pays où ils n'avaient pas le choix, entre
autres, les femmes, de porter certains signes religieux, puis ils sont contents
de vivre au Québec. Et ce que je ne comprends pas, c'est que Québec solidaire
pense que c'est... que ça n'arrive jamais que les droits collectifs sont en
désaccord avec les droits individuels. Puis le plus bel exemple, c'est la
loi n° 21.
Donc,
quand on parle de la façon, moi, je pense que, si on veut rassembler les
Québécois puis éviter des dérapages à la Trump ou à la Le Pen, il faut trouver
un équilibre. Puis je pense que notre gouvernement a réussi à trouver un
équilibre, entre autres, avec la loi n° 21. Puis
je trouve ça malheureux que Québec solidaire, au nom des droits individuels,
refuse de reconnaître les droits collectifs de la nation québécoise.
Le
Président (M. Bachand) : 30 secondes.
Mme Ghazal : Oui.
Quand je demande au premier ministre de parler, de façon rassembleuse, de la
langue française, il ne répond pas sur la langue française et il parle des
femmes voilées. C'est de ça qu'il parle. Et ma mère porte le voile. Je suis
vraiment très triste.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre, rapidement.
M. Legault : ...votre
mère a le droit de porter un voile. Les femmes, au Québec, ont le droit de
porter un voile dans la rue. Mais si elles sont en position d'autorité, elles
n'ont pas le droit, au Québec, de porter un signe religieux, parce qu'elles
sont en autorité. Et ça, ça fait partie, effectivement, des valeurs
québécoises, la laïcité.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup,
M. le premier ministre. M. le député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
• (17 h 20) •
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. J'aimerais parler du collège Dawson, Dawson
College. Le premier ministre va se rappeler que, suite au travail de notre
gouvernement et de l'analyse de son gouvernement, pas seulement c'est un projet
inclus sur son PQI, il y avait une loi spéciale qui identifiait Dawson et son
projet d'agrandissement comme tout à fait, pas juste recevable, nécessaire. Son
propre ministre de la Santé, probablement pas autorisé par le premier ministre,
a reconnu que, bon, ce projet a été pour aussi instaurer une clinique de santé,
dirigée par les étudiants finissants, qui aurait vraiment aidé à notre pénurie
et nos manques de services en santé. Malgré tout ça, et de façon claire et transparente, le premier ministre a
ordonné l'annulation de ce projet, et pour la raison claire et nette qu'il y
avait des besoins plus criants dans le secteur francophone.
Là, vous allez comprendre
la réaction de ce collège-là et de sa population, tellement bien intégrée dans
le fabric... le tissu du Québec, vous allez comprendre l'inquiétude de
l'Université de McGill, Bishop's, l'Hôpital général juif, le CUSM, peut-être la
commission scolaire Central Québec. Est-ce que le premier ministre est en train
de formaliser, et est-ce qu'il peut nous donner une réponse claire là-dessus, que
maintenant, en tout ce qui a trait à l'analyse,
les paramètres de son gouvernement, il y a un critère linguistique qui va
s'imposer sur les autres critères objectifs en tout ce qui a trait aux
besoins des Québécois de toutes origines?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre.
M. Legault :
Oui. M. le Président, je pense que c'est important de remettre tout ça dans
le contexte. On a, au Québec, puis je sais que le député de D'Arcy-McGee
n'aime pas ça quand je... quand on dit ça, 9 % d'anglophones au
Québec, des anglophones dont les parents sont allés à l'école en anglais au
Canada. Il y en a 9 %, O.K.? Les autres, ce sont des nouveaux arrivants,
qui avaient... devaient envoyer leurs enfants à l'école en français. Quand on
regarde les cégeps au Québec, il y a 17 % des places qui sont dans des
cégeps anglophones, alors que les anglophones représentent 9 % de la
population, donc presque le double. Là, on se retrouve dans une situation où il
manque énormément de place dans les cégeps, en particulier dans les cégeps
francophones. Donc, c'est une question de priorité.
Actuellement,
on ne peut pas tout agrandir, partout. Donc, on dit : Étant donné que
déjà, les cégeps anglophones représentent 17 % des places de
l'ensemble des cégeps, on va se concentrer sur le 83 % de cégeps
francophones pour les agrandir. C'est ce
qu'on a dit. Par contre, on a dit : À Dawson, on est prêts à regarder pour
louer des espaces, donc regarder des ajustements. Mais actuellement, je
ne pense pas qu'il n'y ait personne qui puisse dire : Bien, on est
injustes envers les anglophones. On a déjà 17 % des places, dans les
cégeps, qui sont anglophones. Écoutez, donc, effectivement, on priorise, parce
que c'est important, encore une fois, de protéger le français, les cégeps
francophones.
M. Birnbaum :
Alors là, M. le premier ministre, vous êtes en train de confirmer que les
hauts fonctionnaires vont dorénavant avoir
une autre directive en tout ce qui a trait au financement des projets du PQI,
des dépenses. Il y aurait dorénavant un critère linguistique qui va
faire partie de l'évaluation avant qu'on ajoute une unité chirurgicale à l'Hôpital général juif, aux dépens de
Charles-Le Moyne ou... Est-ce que le premier ministre est en train de dire
qu'il y a un nouveau critère dorénavant, qu'il a activé dans le cas de
Dawson, qui va s'imposer dans les décisions des dépenses capitales de son
gouvernement?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre.
M. Legault :
Ça ne s'applique pas dans le réseau de la santé. On a vu des projets
annoncés à McGill. Actuellement, effectivement, il y a un débat, au Québec, à
savoir : Est-ce qu'on devrait étendre la loi 101 aux cégeps? Bon, il
y a des solutions intermédiaires, où on ajoute trois cours de français. Donc,
on essaie quand même de pousser vers étendre les incitatifs à apprendre le
français, parce qu'on voit qu'au Québec, malheureusement, le français a moins
de place qu'il en avait il y a 10 ans, il y a 20 ans, puis ça nous
inquiète. Ça nous inquiète.
Et donc c'est pour ça
qu'on a fait le compromis de dire... Bon, le Parti québécois dit : Nous,
on fermerait la moitié des cégeps anglophones puis on permettrait seulement aux
9 % d'anglophones d'aller aux cégeps anglophones. Puis, bon, il y a le
Parti libéral qui dit : Bien, 17 % des places... pourquoi pas
20 %, 30 %, 40 %, 50 % des places des cégeps, au Québec, ne
seraient pas en anglais? Nous, on a proposé une solution qui est équilibrée,
raisonnable, où on dit : On gèle à 17 %. C'est ce qu'on propose.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Birnbaum : Parlons des
cégeps et ces chiffres. Est-ce que le premier ministre comprend, en quelque
part, la réaction mitigée, pour utiliser un mot de la communauté d'expression
anglaise... d'apprendre que dorénavant, dorénavant, il y a zéro croissance de
possible, d'ici la perpétuité, au sein des cégeps de langue anglaise? Le
chiffre absolu est gelé au chiffre de l'année précédente. En plus, la
proportion des étudiants qui vont se perfectionner en français — ça
a été le cas avant cet amendement — au
sein des établissements québécois... Le premier ministre, il défend la notion... devant quelque 25 000 étudiants
de... supplémentaires anticipés dans les prochains 10 ans, il défend le fait
que dorénavant, pas un seul étudiant ne va s'ajouter au réseau de cégeps de
langue anglaise.
Le Président (M.
Bachand) : ...premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le Président,
je répète ce que je viens de dire, c'est important, on a, au Québec, 9 %
de la population qui est anglophone, on a 17 % des places, dans les
cégeps, qui sont dans des cégeps anglophones. Moi, j'aurais le goût de
savoir : Le député de D'Arcy-McGee est prêt à aller jusqu'à quoi?
20 % pour les anglophones? 30 % pour les anglophones? 50 % pour
les anglophones? Jusqu'où est prêt à aller le député de D'Arcy-McGee?
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Birnbaum : M. le Président,
j'imagine que le premier ministre va être d'accord avec une observation que le
député de Sainte-Rose a contribué lors du début de l'étude détaillée du projet
de loi n° 96, et je le cite : «We looked, and we
looked, and we looked for where it was that the English community was impacted,
and there was no indication of that», en parlant du projet de loi
n° 96. Le premier ministre se donne la tâche de lire les manchettes et de
parler au monde, ici et là. Est-ce qu'il peut, honnêtement, défendre cette
observation, qui est démantelée par des manchettes de chaque jour, et de chaque
contact que j'ai de notre communauté de langue anglaise, dans toute sa diversité?
Lui non plus, il ne comprend pas la moindre possibilité qu'il y ait des mesures
incluses dans le projet de loi n° 96, qui risquent de ne pas faire
l'affaire d'une communauté de langue anglaise raisonnable et prête à évoluer au
Québec d'aujourd'hui.
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le Président,
au Québec, on a 9 %, je le répète, là, puis je sais que le député de
D'Arcy-McGee n'aime pas ça entendre ça, 9 % des citoyens qui sont des
anglophones, dont les parents sont allés à l'école en anglais au Canada. Ces
9 % là ne perdent aucun droit. Ils vont pouvoir, autant qu'ils veulent,
aller au cégep en anglais. Ce que défend le Parti libéral actuellement, c'est
les nouveaux arrivants. Il voudrait qu'il y en ait plus qui étudient en anglais. Mais là on a un différend de ce côté-là.
Mais, du côté des anglophones, ils vont avoir toutes les places, puis
même, c'est prévu, dans la loi n° 96, de commencer par eux, toutes les
places qu'ils veulent dans les cégeps anglophones.
• (17 h 30) •
M.
Birnbaum : ...si ça existait. Le premier ministre, c'est
qu'il parle, une autre fois, d'une invention, c'est-à-dire une formation
rétrograde, qui ne reconnaît aucunement le Québec d'aujourd'hui, qui est de la
foutaise.
Est-ce qu'on peut passer aux réalités? On va
parler un petit peu de ce 9 %, si le premier ministre veut bien. J'espère
qu'il est sensible au fait qu'un bon pourcentage de cette population... et il y
a un parallèle avec des francophones hors Québec là-dessus... qui habitent en
région, en bonne foi, qui... avec des résultats, des fois, mitigés, mais assez
impressionnants, se débrouillent en français, sur la Basse-Côte-Nord, en
Estrie, en Gaspésie, en Mauricie, à Québec, et ces communautés essaient de sauvegarder,
oui, leur identité. Je ne sais pas combien de fois des gens m'ont dit :
Ah! vous parlez l'anglais? Il y a une identité québécoise anglophone, en même
temps, mais, plus que ça, ces communautés cherchent à survivre.
J'aimerais lui
parler de Bonne-Espérance, un des villages de la Basse-Côte-Nord, population, à
peu près 700 personnes de langue anglaise, qui se débrouillent de façon
formidable. Je me souviens d'un exemple, pendant que je travaillais de près
avec eux. Il y avait un opticien qui était en mesure de visiter ces villages,
une fois par année, ces villages de langue anglaise. Il fallait céduler des
rendez-vous de 9 heures le matin, toute la nuit, jusqu'à 6 heures le
matin, le lendemain, parce que cette communauté, que ce soit Harrington
Harbour, La Tabatière, Blanc-Sablon, n'est souvent pas accessible à cause de la
brume l'été, les vols annulés, aucun chemin qui les rattache, et l'hiver, bon,
les tempêtes. Des fois, en motoneige, on peut s'y rendre.
J'aimerais
donner un exemple qui touche l'aspect de langue anglaise de la communauté de
Bonne-Espérance. La clinique... malgré les correspondances dont le
député de Sainte-Rose — s'il
veut écouter, peut-être a une petite réponse — a été mis en copie conforme à
plusieurs reprises, la seule clinique dans les environs de 60 kilomètres, Blanc-Sablon, était la plus proche, a été fermée
pour des mois, et des mois, et des mois. Aucun service à l'extérieur des
heures de bureau, fermée la fin de semaine. Déjà, une personne en soins
palliatifs a été invitée de se rendre à Blanc-Sablon, malgré
le fait qu'il fallait nettoyer ses poumons pour qu'il puisse continuer à
survivre. Comme je dis, la fermeture de cette clinique, le député de
Sainte-Rose était en copie conforme à plusieurs, plusieurs, plusieurs courriels
à ce sujet.
Voilà un exemple. Il y a une clinique que je
viens de visiter, de santé mentale, en Estrie, qui accompagne des gens en
Estrie qui ont des problèmes de santé mentale, troubles de personnalité et tout
ça. Cette clinique... ce regroupement communautaire m'a fait constater que,
malgré des plans d'accès aux services, tel qu'exigé, à notre grand honneur
collectif, dans la Loi sur la santé et les services sociaux, malgré les plans
d'accès, il n'y avait aucun service d'accueil à Sherbrooke pour cette personne
quand elle a appelé à l'hôpital, ce qui veut dire aucun service. Est-ce qu'on
peut se comprendre? Une autre fois, on n'est pas en train de parler de la
langue, on est en train de parler de l'accès aux services de santé et services
sociaux.
Est-ce que le premier ministre peut justifier
ces genres de cas et avec référence à une structure mise en place avec fierté
par ses huit prédécesseurs, c'est-à-dire un régime d'accès aux services de
santé et services sociaux en anglais,
chapeauté par un comité, qui a été congédié par son ministre, et dont les
recommandations pour le renouvellement de ces plans a été même pas
examiné?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président, j'ai
fait beaucoup la tournée des régions au Québec. Il m'est arrivé régulièrement,
dans les régions éloignées, de voir des jeunes, francophones et anglophones, ne
pas, malheureusement, avoir accès aux programmes qu'ils voulaient, entre autres
dans les cégeps francophones ou anglophones. C'est une réalité puis, à un
moment donné, à cause du nombre, ça devient un vrai problème.
Mais ce que ne nous dit pas le Parti libéral
puis le député de D'Arcy-McGee, c'est jusqu'où veut-il aller, jusqu'où le parti
libéral veut aller. Au Québec, 9 % des citoyens sont anglophones, et le
Parti libéral n'est pas content de voir qu'il y a seulement, selon le Parti
libéral, 17 % des places qui sont dans les cégeps anglophones. Puis on
n'est pas capable de savoir jusqu'où veut aller le Parti libéral. Jusqu'à
20 %, 30 %, 50 %? À combien veulent-ils augmenter le nombre de
places dans les cégeps anglophones? Bien, évidemment, le député de D'Arcy-McGee
fait tout pour ne pas répondre à cette question-là.
Mais ce qu'on sait, c'est qu'ils veulent plus,
plus, plus, toujours plus de places dans les cégeps anglophones, puis déjà on a
17 % des places.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Si le premier ministre
le juge bien, et je doute fort, on peut prendre une bière pour parler de mes
croyances là-dessus. Jusqu'où est-ce qu'on peut commencer, M. le premier
ministre, à parler de ces 750 résidents de ce village en Basse-Côte-Nord?
C'était ça, ma question. Est-ce qu'on peut parler de ce monsieur en trouble de
personnalités multiples qui n'a pas accès à la santé parce qu'il faut que ça
soit dans sa langue et que le service d'accueil à Sherbrooke, dans une région
où il y a une population assez importante de Québécois de langue anglaise,
n'est aucunement capable de répondre à ses besoins dans une situation de crise?
Jusqu'où... Est-ce qu'on peut commencer là, M. le premier ministre, dans votre
réponse?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M.
Legault : M. le Président, on dirait que le député de
D'Arcy-McGee est le seul à avoir visité la Basse-Côte-Nord. Je suis allé sur la Basse-Côte-Nord puis je peux
vous dire qu'il y a aussi des francophones qui ont de la difficulté à avoir
certains services, certains programmes, entre autres dans les cégeps. Donc, ce
qu'il nous raconte aujourd'hui, on est d'accord avec ça, mais ça s'applique
autant aux francophones qu'aux anglophones. Mais la question qu'il fait exprès
pour ne pas répondre... C'est 17 %. Il veut augmenter ça à quoi,
20 %, 25 %, 50 %? À combien il veut augmenter le pourcentage de
places dans les cégeps anglophones? Il refuse de le dire.
M.
Birnbaum : Je fais exprès de ne pas répondre au leader de
deuxième opposition. J'ai le premier ministre du Québec devant moi. Est-ce qu'on peut avoir des réponses à nos questions?
Il me semble que c'est ça, le but de cet exercice.
Est-ce qu'on peut peut-être... il ne me reste
pas grand temps dans ce... deux minutes, merci, M. le Président, parler d'un
dossier qui perdure de longue date. Je ne vous cache pas que les gouvernements
précédents n'ont pas une fiche si impressionnante que ça là-dessus, mais
j'aimerais savoir si, peut-être, avec l'aide de son équipe, il peut me donner
la moindre réponse, c'est-à-dire la représentation au sein de notre fonction
publique, et y compris l'éducation et la
santé... on parle de quoi? Quelque 500 emplois très importants,
névralgiques pour le Québec, où ça ne bouge aucunement. Deux choses.
Premièrement, peut-être, il y a un petit chiffre, là, en quelque part, mais,
deuxième chose, est-ce que le premier ministre, avec moi, est d'accord que
c'est souhaitable d'avoir de représenté dans les instances qui planifient, qui
décident, qui représentent notre Québec, une diversité qui reflète les réalités
de notre population actuelle?
Le Président (M.
Bachand) : Une minute, M. le premier
ministre.
M. Legault : Bien, M. le Président,
là, je suis content, parce qu'enfin on est d'accord tous les deux, là. Puis je
pense qu'avec le télétravail, ça va être possible, parce que, bon,
actuellement... avant le télétravail, les emplois au gouvernement du Québec étaient beaucoup à Québec. Effectivement, il y a
seulement 1 % des employés du gouvernement du
Québec qui sont des anglophones. On aimerait ça augmenter ça à 9 %, donc,
la représentation des anglophones, mais le problème qu'on a, c'est que les
anglophones n'appliquent pas.
Là, avec le télétravail, ce que la présidente du
Conseil du trésor est en train de faire pour régionaliser les postes, bien... mais ça va être possible d'avoir des
anglophones qui appliquent sur les postes. Donc, c'est souhaitable. On a
changé, là, je ne sais pas si le député D'Arcy-McGee s'en est rendu compte,
mais il y a 10 ans, il y a 20 ans, on manquait d'emplois.
Aujourd'hui, on manque d'employés. Donc, les employés anglophones, qui parlent
français, évidemment, sont bienvenus au gouvernement du Québec.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de
Matane-Matapédia, pour 14 min 14 s.
M. Bérubé : Merci, M. le Président.
M. le premier ministre... Je veux saluer toutes les personnes présentes dans
cette salle. On va parler du projet de loi n° 96, et j'ai des questions au
premier ministre sur ses intentions. On a appris, en décembre dernier, par
Radio-Canada et ensuite dans La Presse, en février dernier, qu'il y
avait des débats animés au caucus de la CAQ sur ces questions. Il y a un camp
dit nationaliste puis il y a un camp fédéraliste. Et, quand je regarde comment
s'est passé le projet de loi, on sait lequel des deux a gagné.
Alors, j'ai une question pour le premier
ministre. Le cégep en français, il est contre, comme le Parti libéral du Québec
et comme Québec solidaire. Nous, on a une position qui est différente et qui
s'appuie sur des gens qui connaissent ça un peu. Le grand sociologue Guy Rocher
est venu nous dire : C'est ça qu'il faut faire. Marc Termote est venu nous dire ça, les démographes, les
mathématiciens, les gens qui ont étudié ça. Ce n'est pas la maison la plus
populaire, mais c'est la plus nécessaire, quoique, dans un sondage récent, il y
a une majorité qui est en faveur de la mesure.
Le premier ministre décide de ne pas aller de
l'avant. C'est son choix. Mais ma première question : Est-ce qu'il
considère toujours que c'est une mesure extrémiste?
• (17 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le Président,
ce serait tentant de faire des blagues sur le caucus du Parti québécois, mais
je ne ferai pas de blague. Bon, le député de Matane, je viens de l'entendre
dire, là, qu'on a la même position que le Parti libéral. Bien, il vient de
manquer une bonne game, comme on dit, là, un bon échange, là. Ce n'est pas ce
que j'ai compris du député de D'Arcy-McGee, qu'il était d'accord avec nous sur
le projet de loi n° 96, là. Ce qu'on fait, et puis l'essentiel du
différend qu'on a entre le Parti québécois puis la CAQ, c'est effectivement sur
les cégeps. Je le disais tantôt, au Québec, 9 % des citoyens sont
anglophones, mais il y a 17 % des places qui sont dans des cégeps
anglophones. Ce que propose le Parti québécois, c'est de réduire le nombre de
places à 9 %, donc de fermer la moitié des cégeps anglophones.
Une voix : ...
M.
Legault : Non, mais c'est ce
que propose... Ce que dit le Parti québécois, c'est, par exemple, un
francophone n'aurait pas le droit d'aller au cégep en anglais. C'est ça que dit
le Parti québécois. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on gèle le nombre de places à
17 %...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Legault : ...je pense que
c'est un beau compromis.
M. Bérubé : Je lui ai demandé
de répéter s'il trouvait que c'est toujours extrémiste. Il a refusé de le faire.
Ça sera noté pour les fins de la commission. Alors, est-ce que Guy Rocher est
un extrémiste parce qu'il propose ça? Je ne pense pas que le premier ministre,
là, peut se payer ce genre d'intervention là aujourd'hui.
Ceci étant dit, je vais donner le cas de Dawson.
Combien il y a d'allophones qui vont à Dawson, des étudiants, des élèves qui sont passés par le primaire, avec
la loi 101, par le secondaire? Puis au cégep, il n'y a pas de règle. Il y
a 41,6 % des étudiants, étudiantes de Dawson qui sont des allophones. Il y
en a plus que les ayants droit avec les anglophones.
Alors, nous, on accepte de financer la socialisation en anglais d'élèves qui
sont passés par notre primaire et notre
secondaire, c'est un choix qu'on peut faire. Nous, on trouve que ça n'a pas de
sens. On est d'accord avec Guy Rocher là-dessus et on pense que c'est
une erreur.
Et j'aurais aimé que le premier ministre se
range aux arguments de son propre ministre responsable de la langue qui, lui,
est en faveur de la mesure. Malheureusement, ils ont tranché différemment. Je
pense que c'est une erreur. Parce que, si le premier ministre évoque 9 %,
pourquoi on donnerait plus que la communauté? Moi, je considère que la
communauté anglophone, c'est la minorité la mieux traitée au Canada. Je ne sais
pas s'il est d'accord avec ça. Moi, je le dis ici puis je peux dire à
l'extérieur. Qu'est-ce qu'il en pense?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault :
Bon, M. le Président, je répète, là, puis j'ai vu tantôt que je le...
j'allais dire le chef du Parti québécois, mais c'est le député de Matane,
n'avait pas l'air d'accord quand j'ai dit que le Parti québécois voulait fermer
la moitié des cégeps anglophones. Donc, je voudrais quand même essayer de
comprendre. Parce que moi, ce que j'ai compris, c'est qu'il voulait limiter aux 9 %
d'anglophones les places dans les cégeps anglophones. Donc, étant donné
qu'on a 17 % de places, il voudrait
couper de moitié les cégeps anglophones. Moi, j'aimerais qu'il me corrige, si
ce n'est pas le cas.
Maintenant, un nouvel
arrivant est obligé d'envoyer ses enfants tout le primaire, tout secondaire en
français. Puis là le Parti québécois dit : Oui, mais s'il y avait un deux,
trois ans de plus au cégep, ça changerait la réalité du français au Québec.
Nous, ce n'est pas ce qu'on pense. Nous, on pense que c'est l'immigration qui
fait la différence. Et ce qui est important, c'est de récupérer tous les
pouvoirs pour faire la sélection des immigrants, incluant le regroupement
familial, puis d'être plus exigeant sur la connaissance du français. C'est là
qu'il y a du travail à faire, pas d'ajouter deux ou trois ans au cégep.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.M.
le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé :
Sur la question de l'immigration, ça tombe mal parce que, s'il veut faire
le débat, il ne demande pas la connaissance du français à l'entrée puis il en
rentre plus que sous les libéraux. Mais ça, je veux en parler avec son collègue
qui s'occupe de l'immigration.
Une autre clause du
projet de loi n° 85, c'est sur les municipalités
bilingues. Est-ce que le premier ministre trouve normal que la coquette
municipalité d'Otterburn Park, dans le comté de son ministre responsable de la
Langue, compte 5,6 % d'anglophones, mais va demeurer une municipalité
anglophone?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre.
M. Legault :
Bon, d'abord, M. le Président, je note que le Parti Québécois a quand même
changé de position parce que Pauline Marois ne proposait pas d'étendre la
loi 101 aux cégeps.
Maintenant, pour ce
qui est des municipalités, je pense qu'il y a comme un consensus à l'Assemblée
nationale qu'il faut donner plus d'autonomie aux municipalités. Or, ce qu'on
dit, nous, c'est que les municipalités qui veulent le statut bilingue, bien,
ils vont devoir le voter. Puis je pense que les municipalités, les conseillers,
le maire, la mairesse représentent leur population. Puis je pense que c'est
bien de leur donner de l'autonomie, puis de ne pas jouer au grand frère, puis
de tout décider à Québec.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député.
M. Bérubé :
Guy Rocher a changé de position, puis nous, on a évolué dans notre
position. C'est possible de changer de position. Le premier ministre en est la
plus belle incarnation en politique depuis 20 ans. Alors, si on veut faire
le débat, on peut le faire.
Ceci étant dit, sur
Dawson... Ah! là, c'est intéressant parce que les libéraux, dans leurs
priorités, il y avait Dawson puis Royal Victoria. Et la CAQ, c'était tellement
prioritaire que, dans leur plan de relance économique, dans le projet de loi n° 61 puis n° 66, ça nous prenait
absolument ça. Aucun autre projet des collèges francophones du Québec, mais ils
avaient Dawson.
J'ai juste besoin
d'une précision. Le ministre de la Santé a dit en anglais, il ne l'a pas dit en
français : Je suis encore ouvert pour faire que ça se poursuive. Il
devrait-tu espérer ou c'est terminé, ça, le financement de la prolongation de
ce cégep de 11 000 places, qui est le plus gros au Québec? Est-ce
qu'il fait bien d'espérer ou c'est un dossier clos?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre.
M. Legault : ...qu'actuellement, avec 17 % des places dans
les cégeps anglophones, il n'est pas question d'agrandir.
M. Bérubé : ...à
qui j'ai posé la question hier, le ministre responsable de la Langue, donc, le
ministre de la Santé, on va lui transmettre la transcription.
Royal Victoria, ah,
ça, par exemple, McGill était prêt à payer 700 millions de dollars,
mais le gouvernement a dit : Non, non, on vous le donne puis on rajoute
475 millions de dollars pour des travaux plus une dote d'à peu près
40 millions. On dépasse le milliard de dollars. J'aimerais ça savoir, puis
il y a le secrétaire général du gouvernement du Québec qui est juste à sa
droite, c'est quoi, la contribution du gouvernement du Québec dans ce projet
là, qui est un cadeau royal, c'est le cas de le dire, de plus de
1 milliard de dollars en plein centre-ville de Montréal. Je ne sais pas
quel nationalisme que c'est, ça, mais il n'y a pas une université francophone
qui a ça. À moins qu'il me dise qu'il va donner la même somme à l'UQAM, à l'Université
de Montréal, à l'ETS, mais ça, là, il n'est pas différent des libéraux
là-dessus. Et là c'est moi qui lui dis : Essayez de me contredire
là-dessus.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre.
M. Legault : Bien, M. le Président, je sais que le député de
Matane connaît beaucoup de monde. Donc, nous, on n'a pas vu aucun projet
pour Royal Victoria, là, où ils étaient prêts à mettre des centaines de
millions de dollars. Donc, actuellement, McGill était prêt à investir, et, je
pense, c'est un site patrimonial puis il y a un espace qui est important. Et de
participer avec la communauté anglophone à donner les services de santé, comme
c'est prévu dans la loi de la santé, bien, moi, je pense que c'est normal qu'on
accepte. Puis moi, ce qu'on m'a dit, c'est que c'était le seul projet.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Bérubé : ...parce
que j'ai un rapport que je vais déposer. Financer notre assimilation au
centre-ville de Montréal, ce n'est pas du nationalisme, ça. Le gouvernement
précédent a demandé à un groupe d'experts sur l'avenir des bâtiments
préhospitaliers excédentaires de Montréal, 31 mars 2014, il y a sûrement
quelqu'un qui va prendre des notes, qu'est-ce qu'on devait faire avec ça.
Recommandation n° 7 : «Le groupe recommande au
gouvernement du Québec que la cession de l'ensemble immobilier de l'Hôpital
Royal Victoria de l'Université McGill se réalise dans le cadre d'un acte
d'emphytéose d'une durée de 99 ans et liant l'établissement et le
gouvernement.» Espace public, c'est ça que ça... On aurait dû prendre le temps,
réfléchir, questionner. On fait un don à McGill de 1 milliard de dollars.
C'est quoi, le chèque pour l'UQAM? C'est quoi, le chèque pour l'Université de
Montréal? C'est quoi, le chèque pour les autres institutions? Bon, peut-être
que le député de Sainte-Rose a la réponse, mais moi, je ne l'ai pas.
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Le député de Matane
parle d'un bail emphytéotique. Avec qui? Parce que, là, la communauté
anglophone puis McGill sont prêts à investir dans le projet.
M. Bérubé : Bien, voyons, on vous l'a
dit, c'est 1 milliard, 700 millions déjà.
M. Legault : Oui, mais il n'y a
personne qui est prêt à prendre la responsabilité du site de Royal Victoria du
côté des francophones.
M. Bérubé : Selon la même logique en
fonction de laquelle il faut prioriser, prioriser les cégeps francophones au
plan collégial, j'invite le premier ministre à prendre son temps puis à faire
le tour des institutions universitaires en disant : Écoutez, seriez-vous
prêts à utiliser ce terrain-là avec les mêmes conditions, le don de
1 milliard de dollars? Je pense qu'ils vont dire oui. Je connais assez
bien les recteurs, comme le premier ministre, pour dire, je pense qu'ils
l'évalueraient. Donnez-leur du temps puis on va être capable de le rapatrier
dans le giron francophone.
Si Montréal est une grande ville francophone,
puis le savoir, c'est l'avenir puis c'est là que va se jouer le prestige d'une ville, je pense qu'il fait une
erreur non seulement en accordant ce cadeau à McGill, mais en le priorisant
en plus dans un projet de loi qui était le 66. Ça, là, ça me dépasse au plus
haut point. J'ai beaucoup de difficulté à croire que le gouvernement, avec la
posture qu'il veut se donner, a fait ce choix-là. Ça donne l'impression que,
quand ça compte pour vrai, que ça soit dans une loi sur la langue ou que ça
soit dans les investissements, je ne le retrouve pas, moi, le nationalisme qu'il évoque. Je ne vois pas ce qui
est nationaliste là-dedans. C'est comme... on a comme bradé trop
rapidement, selon moi. Puis je ne suis pas le seul, il y a beaucoup de gens
impliqués là-dedans. Un joyau, trop tard, vous l'aurez donné. Vous aurez marqué
l'histoire en donnant 1 milliard de cadeau à McGill. Ce n'était pas une
bonne chose à faire.
• (17 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Oui.Bien, M. le
Président, là, le député de Matane dit : Moi, je suis certain qu'il y
aurait quelqu'un du côté des francophones,
du CHUM, qui aurait accepté le même deal. Bien, je m'excuse, la réponse, c'est
non.
M. Bérubé : O.K. Tout à l'heure, la
députée de Mercier disait : C'est important d'unir les gens, puis elle a
raison. Mais je veux quand même la rassurer d'une certaine façon en lui disant
que, dès l'arrivée de la Coalition avenir Québec, le premier ministre a déployé
des efforts singuliers pour rassurer la communauté anglophone. Ils ont
dit : Voici maintenant une alternative fédéraliste pour les anglophones.
Vous pouvez vous fier à ça, il n'y aura pas de référendum. On est des fédéralistes
comme vous. Ça n'a jamais été répété en français, mais... Et ça existe, j'en ai
cinq, citations ici, comme ça. Alors, je pense que les anglophones peuvent être
rassurés, ils peuvent voter pour la CAQ sans problème. Puis le projet de loi,
c'est service minimum. Selon nous, ce n'est pas très engageant. Alors, je
voulais la rassurer là-dessus parce que je l'ai entendu puis je voulais
contribuer à l'échange.
Le Président (M.
Bachand) : ...premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le Président,
tantôt, j'ai entendu la députée de Québec solidaire dire qu'elle va voter, que
Québec solidaire va voter pour le projet de loi n° 96. On ne sait toujours
pas si le député de Matane puis le Parti québécois vont voter pour, contre,
bien au contraire, peut-être, abstention. On ne le sait pas. Ce que...
M.
Bérubé : ...
M. Legault : Oui? Bien, on a hâte de
vous entendre. Allez-vous voter pour ou contre le projet de loi n° 96?
M. Bérubé : On verra.
Le Président (M.
Bachand) : Il vous reste une minute, M. le
député.
M. Bérubé : ...intéressant parce que
le ministre responsable de la Langue, la semaine passée, il essayait de sortir
du trouble le Parti libéral, qui s'était lui-même placé dans le trouble avec
des motions. Et là il vient me voir puis il me dit :
Là, il faudrait que tu m'appuies parce que, si j'ai l'air d'aider les libéraux,
ce n'est pas bon, puis là, tu sais, moi, mon positionnement nationaliste, puis
tout ça. Ça fait qu'il attendait de voir si on allait voter pour, puis quand il
a vu que, courageusement, Québec solidaire et nous, on n'allait pas embarquer
dans cette affaire-là, il a choké puis là il a renié sa parole auprès des...
C'est vrai, ça, le député est témoin de ça.
Alors là, ils veulent savoir si on va encore
embarquer. La réponse, c'est : Organisez-vous avec les libéraux en matière
de langue. Nous, ce n'est pas ça qui est important. Nous, là, c'est
l'immigration francophone, c'est le cégep en français, c'est de poser des
gestes forts. Ce n'est pas un projet de loi costaud que j'ai devant moi, c'est
molo. C'est à ça que ça ressemble. Alors, c'est... je réfléchis à ce qu'on va
faire avec, mais il sera le premier informé, en même temps que la Chambre.
Le Président (M.
Bachand) : 15 secondes pour un
commentaire.
M. Legault : Bien, écoutez, trois
cours de français ou en français, quelle est la position du Parti québécois? On
verra, on ne le sait pas, peut-être, on s'abstient. Pas fort.
Le Président (M.
Bachand) : ...de D'Arcy-McGee, s'il vous
plaît. Vous avez la parole, M. le député.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. J'aimerais parler de la
clause dérogatoire, un outil... parce que j'anticipe déjà les réponses
du premier ministre, un outil légitime, utilisé à plusieurs reprises à travers
le Canada, au Québec, pour instaurer les commissions scolaires linguistiques,
un outil, mais que les législateurs de toutes couleurs voyaient et continuent
de voir comme recours légitime, mais de dernier recours. La CAQ a l'air de
décider que c'est une arme de première frappe.
C'est drôle, c'est le Québécois d'expression
anglaise qui le dit, mais j'espère et j'ose croire qu'il y a plein, plein de Québécois francophones, y compris plein
d'experts juridiques, qui ont des questions et ce n'est pas une question
qui appartient aux anglophones du Québec, qui ont une préoccupation avec l'idée
que la CAQ a jugé nécessaire, sans la moindre transparence ou de précision,
imposer la clause dérogatoire sur chacun des articles du projet de loi
n° 96.
Est-ce que le premier ministre peut nous
expliquer si, dans une société libre et démocratique, il n'y en a pas plein,
plein, plein d'actions qui devraient être adoptées et proposées en transparence
et avec le courage et la confiance de permettre un autre pilier de notre
société à s'impliquer, c'est-à-dire les tribunaux? Beaucoup de gens... et ce
n'est pas une question libérale anglophone, beaucoup de gens se posent la
question : Comment ça se fait que ce gouvernement a jugé nécessaire
d'imposer, de façon préalable, la clause dérogatoire qui écarte nos chartes
québécoises ainsi que canadiennes à la discussion sur la totalité du projet de
loi n° 96?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le Président,
la clause dérogatoire est dans la Constitution canadienne. Elle n'est pas là
pour rien, elle est là pour être utilisée de façon très exceptionnelle. Les
droits individuels sont en désaccord avec les droits collectifs ou le
contraire. Et Robert Bourassa, du Parti libéral du Québec, a utilisé la clause
dérogatoire pour l'affichage. Bon, il a payé le prix. Il s'est créé un parti
anglophone, Alliance Québec, que le député de D'Arcy-McGee connaît très bien.
Donc, on peut comprendre... Actuellement, vous avez entendu comme moi, deux
nouveaux partis qui viennent d'être créés.
Donc, comprenez-vous pourquoi le Parti libéral du Québec va voter contre le
projet de loi n° 96 et l'utilisation de la clause dérogatoire?
M. le Président, c'est une question de défendre
la nation québécoise, quand c'est nécessaire, de façon exceptionnelle. On l'a
fait pour la loi n° 21 pour défendre la laïcité, pour
interdire aux personnes en autorité de porter un signe religieux, on a utilisé
la clause dérogatoire. Le Parti libéral est contre, même si la majorité
francophone appuie la loi n° 21. Maintenant, on
discute du français, protéger le français, qui sera toujours vulnérable en
Amérique du Nord. On veut utiliser la clause dérogatoire parce qu'effectivement
il y a un désaccord entre la protection des droits collectifs puis des droits
individuels. Bien, le Parti libéral est en train de faire le choix de nier les
droits collectifs, de nier l'importance pour la nation québécoise de protéger
le français parce qu'ils ont peur que les deux nouveaux partis anglophones qui
veulent un Québec bilingue viennent voler des votes au Parti libéral du Québec.
C'est ça, la situation triste qu'on a devant nous.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : M. le Président,
fascinant. Si la diversion était sport olympique, le premier ministre aurait un
torticolis parce que les médailles d'or qui pendraient de son cou seraient
nombreuses. Voyons donc! Voyons donc! Est-ce qu'on peut avoir une réponse à la
question ciblée? Dans un premier temps, est-ce que le Parti libéral, à quelque
moment donné, a dit : Oh! la protection, le rayonnement du français, il
n'y a rien à faire là-dessus, il n'y a aucune mesure de nécessaire? Je n'ai
jamais entendu ça. Est-ce que le Parti libéral du Québec a écarté la légitimité
de la clause dérogatoire? Aucunement. Est-ce que le premier ministre peut me
dire peut-être sa vision de la place du rayonnement du français au Québec? Elle
est tellement moins optimiste que la mienne. Est-ce qu'il peut expliquer? Il a
utilisé le mot «exceptionnel». C'est exceptionnel qu'une juridiction en
Amérique du Nord qui a à sauvegarder sa langue commune... il n'y a pas d'outils
non exceptionnels, musclés et raisonnables qui seraient adoptables facilement sans
avoir recours de façon défensive, divisive, de a à z, à la clause dérogatoire.
Voilà ma question.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre.
M. Legault : Bien, je serais très
curieux de savoir si le député de D'Arcy-McGee était d'accord avec Robert
Bourassa quand il a utilisé la clause dérogatoire pour le français langue
d'affichage au Québec. Je serais très curieux de savoir ça.
• (18 heures) •
M. Birnbaum : Est-ce que je peux
savoir si, du jugement de l'équipe autour du premier ministre, dans son propre
esprit, à l'article... j'ai oublié le chiffre, l'article dont je ne suis pas
nécessairement d'accord, mais ce n'est pas important, sur l'idée que les
municipalités auraient à reconfirmer leur statut bilingue. Est-ce que, de son
avis, la clause nonobstant est nécessaire, on ne peut pas permettre la
transparence à un pilier de notre société, les tribunaux, d'avoir son mot à
dire là-dessus? Est-ce que le premier ministre me dirait que l'idée — une
autre fois, pas d'accord nécessairement — de ne pas permettre le
renouvellement des séjours temporaires a besoin des pouvoirs exceptionnels,
être à l'abri des cours, avant d'être adoptée? Est-ce qu'il peut me dire que le
fait que, maintenant, les sociétés vont être obligées de produire tous leurs
procès-verbaux dans les deux langues... Est-ce qu'il prétend... Est-ce que
c'est par lâcheté? C'est par quoi? Est-ce qu'il prétend que...
Une voix : ...
M. Birnbaum : Bien, j'ai des
questions. Comment ça se fait que la clause dérogatoire est imposée avant le
fait... et à travers les quelque 200 articles du projet de loi n° 96?
Le Président (M.
Bachand) : Attention au choix des mots. M.
le premier ministre.
M. Legault : Oui. Le député de
D'Arcy-McGee est en train de nous dire qu'il est d'accord avec le projet de loi
n° 96, avec les mesures du projet de loi n° 96, mais il n'est pas
d'accord avec l'utilisation de la clause dérogatoire. S'il est d'accord dur le
fond, c'est quoi son problème, à ce moment-là? Parce que moi, ce que je
comprends, là, c'est que le Parti libéral utilise le prétexte de la clause
dérogatoire pour voter contre le projet de loi n° 96
pour éviter ce qui est arrivé à Robert Bourassa, c'est-à-dire la création de
partis anglophones qui veulent un Québec bilingue, qui feraient perdre des votes dans l'ouest de l'île, entre
autres, de Montréal au Parti libéral du Québec. Mais là est-ce que... Moi,
j'aimerais ça qu'il le dise clairement, là. Est-ce que le député de
D'Arcy-McGee... qu'il est d'accord avec toutes les mesures du projet de loi
n° 96? Que la seule chose qu'il n'aime pas, c'est l'utilisation de la
clause dérogatoire? Bien, voyons donc!
M. Birnbaum : ...contrairement
au premier ministre, dans un premier temps, le tout n'est pas un calcul
électoral. On est en train de parler de certains principes assez primordiaux,
dont le premier ministre, de tous les Québécois, a l'obligation de sauvegarder.
La règle de droit, bon, pas une petite chose, l'idée que nos lois, quand pas
complètement nécessaires, ne soient pas à l'abri de l'examen légitime et normal
de nos tribunaux... Si le premier ministre veut tester nos intentions, bon, il
y a du temps pour faire des amendements et, bon, il peut proposer de cibler,
pour que le Québec est au courant, des articles de son projet de loi qui
nécessitent la protection tout à fait possiblement légitime de la clause
nonobstant. Alors, il a cette possibilité à sa disposition, s'il le veut bien.
Mais de prétendre que, par calcul électoral ou à
cause de, comment il s'appelle, Balarama Holness, on se dirige chaque matin... Voyons donc! Nous sommes en train
de parler d'une communauté... Ah oui! bien, le député de Sainte-Rose a
ses théories là-dessus, bon. On parle des principes d'une importance capitale.
Je suis en train de parler depuis une heure, sans réponse sérieuse et
compatissante, sur le sort et la place de quelque 800 000 Québécois
d'expression anglaise. Alors, la chose électorale, une autre fois... Si le
premier ministre veut bien, on peut en parler en dehors des quelques minutes
qu'il me reste.
En parlant du député de Sainte-Rose,
premièrement, épaulé par un secrétariat... et je tiens à souligner qu'il fait
un travail formidable et colossal dans les circonstances pas faciles. Je tiens
à souligner leurs efforts ainsi que plusieurs des initiatives qui auront été
mises en place avec l'épaulement de ce secrétariat, qu'on était fiers de mettre
en place dans le gouvernement antérieur.
Le député de Sainte-Rose, au nom du premier
ministre, a fait des visites un petit peu partout et a fait quelques constats,
il avait quelques petites entrevues sur CGD, etc. Est-ce qu'on peut comprendre
c'est quoi, la prochaine étape? Y aurait-il
un plan d'action qui va découler de ce plan d'action? Y aurait-il des actions
pour pallier pas juste des difficultés objectives
et des problèmes devant nous, mais cette inquiétude... In my book, you don't yell at a problem, you recognize it. I've stated a fact, which even a «député» should
understand, which is that there are hundreds of thousands of our fellow
Quebeckers who are worried, who feel excluded, who feel misunderstood, who feel
willfully neglected by the Premier of all Quebeckers, who's in front of me. Can
we understand if there's a plan, if there are some conclusions that will come
out of the observations that, I presume, le député de Sainte-Rose aurait
constaté lors de sa tournée?
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Alors donc, tout le monde
est d'accord pour que le député de Sainte-Rose prenne la parole? M. le
député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci. Combien de
temps que j'ai, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Ah! c'est le temps global, M.
le député.
M. Skeete : Combien
de temps qu'il reste? Je veux juste être sûr de ne pas empiéter trop sur le
temps du collège parce que...
Le Président (M.
Bachand) : 17 minutes au bloc du
parti...
M. Skeete : Donc,
je vais y aller rapidement. Vous savez, le collègue a raison quand il constate
que la population d'expression anglaise est inquiète. Difficile de ne
pas être inquiet quand les leaders de la communauté, incluant le Parti libéral
en général, font des allusions assez controversées sur les intentions du
gouvernement par rapport à divers projets de
loi. Depuis notre élection, avec le projet de loi n° 9, le projet de loi
n° 40, le projet de loi n° 21, le projet de loi n° 96...
que la cheffe de l'opposition appelle des partis radicaux, mais elle a la même
position que ces groupes-là par rapport à
divers projets de loi. Alors, après trois ans d'une trame de fond où est-ce
qu'on nous dit que le gouvernement est drastique, est dangereux, il est
vrai que certains dans la communauté d'expression anglaise sont inquiets. Et je
m'époumone souvent et beaucoup pour essayer de leur faire comprendre les
intentions du gouvernement sur divers projets de loi. Et la réalité est que,
dans le projet de loi n° 96, entre autres, tous les
gens avec qui je suis allé à l'école, avec qui j'ai grandi, mes amis, nos amis
communs ne sont pas impactés par ce projet de loi là. Alors, c'est difficile,
mais nous voilà.
Le
Président (M. Bachand) : On va redonner la parole au député de D'Arcy-McGee.
M. le député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
M. Birnbaum : M. le Président,
I don't know whether to laugh or cry.
There are apparently 800,000
naive downtrodden English-speaking Quebeckers who are swallowing poisoned pills that we, Liberals, are offering
them. What claptrap. Perhaps I can go back to asking le premier ministre du
Québec quelques questions dans le temps qu'il me reste.
Je veux répéter une
question dont je n'ai pas de réponse. Est-ce que le premier ministre est en
mesure de me décrire deux choses : sa lecture de la contribution de la communauté
d'expression anglaise dans l'épanouissement et l'avenir du Québec? Et, deuxième question, et peut-être il trouve qu'il
aurait répondu, moi, je trouve que non : y aurait-il, dans l'esprit
de son gouvernement, dans le temps qu'il reste, jamais une mesure qui risque
d'être le moindrement palliative et
nécessaire pour l'épanouissement de la communauté de langue anglaise, qui va
aborder et peut-être considérer et adopter par son gouvernement,
malgré... je le regarde dans les yeux, je ne me cache pas, en conséquence...
malgré la possibilité qu'il y aurait un modeste, très modeste effet sur le
Québec francophone? On partage ce territoire avec nos concitoyens et
concitoyennes francophones. Est-ce que je peux avoir une réponse à ces deux
questions-là?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Merci, M. le
Président. Bien, écoutez, comme le sait le député de D'Arcy-McGee, j'arrive du
monde des affaires, donc j'ai beaucoup travaillé avec la communauté
d'expression anglaise de Montréal, du Québec en général. Il y a des excellents
entrepreneurs, il y a des familles qui ont développé des entreprises qui sont
des fleurons aujourd'hui. J'ai été aussi trois ans ministre deml'Éducation, je
suis allé à l'étranger, j'étais fier de parler de McGill parce que McGill a une
réputation dans le monde entier comme étant une des meilleures universités au
monde. Donc, les réalisations de la communauté d'expression anglaise sont
énormes. Ça a fait partie, dès le début, de notre société, du développement qui
s'est fait dans tous les domaines.
M. le Président, il y a des groupes qui
financent des musées à Montréal, des groupes d'expression anglaise, des musées
incroyables. Entre autres, je pense à la communauté juive. Je l'ai souvent dit,
je rêve d'avoir les taux de diplomation des écoles juives du Québec. C'est
extraordinaire, la valorisation de l'éducation, ce sont des modèles, les
membres de la communauté juive. Donc, il y a effectivement des membres... Il y
a des Italiens, il y a des Grecs, il y a des
gens qui sont de la communauté d'expression anglaise, comme on dit, qui sont là
depuis le début, qui ne déménageraient pas demain matin pour aller vivre
à Toronto, qui apprécient d'ailleurs le fait qu'à Montréal il y a comme ce
qu'on appelle la «fun city». Il y a des festivals, il y a un côté latin, il y a
un côté festif, et ces gens-là ne déménageraient pas demain matin. Puis la
plupart, puis j'en connais quand même beaucoup, des anglophones, vivent bien
avec la loi 101, vivent bien avec le fait qu'il y a une seule langue
officielle au Québec, qui est le français.
Malheureusement, il y a une petite minorité qui
rêve à ce que les nouveaux arrivants puissent aller à l'école en anglais, que
le Québec soit bilingue et ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre que
le français sera toujours vulnérable en Amérique du Nord. Quelqu'un qui arrive
au Québec, bien, il voit Internet, il voit... Il va aller faire un petit voyage à Toronto, à New York, il y a un
attrait vers l'anglais qui est normal. Donc, il faut faire des efforts. Puis
même René Lévesque le disait à l'époque, c'est presque frustrant de dire :
Bien, les nouveaux arrivants, là, ce n'est pas nécessairement par amour du français, c'est parce que la loi les oblige.
Bien, écoutez, c'est le prix à payer pour la survie de la langue
française. Je vous laisse les dernières minutes.
• (18 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : Il vous reste un peu plus
qu'une minute, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Malgré les prétentions du premier ministre, notre formation va voter
contre ce projet de loi avec une fierté qui défend un Québec moderne, un Québec
qui doit prendre ses responsabilités au très sérieux en tout ce qui a trait au
rayonnement et la protection de la langue française, de façon non divisive,
inclusive qui ferait avancer notre Québec dans sa langue commune, malgré les
défis énormes devant nous, on en convient. On va voter
non, pas de façon défensive, pas pour des petites raisons minables,
électorales, que le premier ministre ose mentionner, par principe, par
préoccupation, avec la confiance qu'il y a une façon de faire autrement, sans
diviser les Québécois d'origines différentes, sans diviser les immigrants
contre les Québécois francophones de souche, sans diviser les Québécois
francophones de souche entre eux, de façon positive pour faire avancer notre
Québec de façon dont on peut tous être fiers. Alors, ça va être avec la tête
haute que notre formation va voter non, pas pour des raisons qu'on va continuer
à entendre du premier ministre du Québec.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. De retour
maintenant vers le député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci, M. le
Président. Mais là c'est clair, le Parti libéral a fait son choix. Ils
choisissent de voter contre le projet de loi n° 96,
donc ils ne reconnaissent pas la faiblesse du français dans un territoire
d'Amérique du Nord rempli avec 350 millions d'anglophones. C'est clair. Je
vois qu'il y a des journalistes dans la tribune qui en prennent note. Parce que je vous avoue, des fois, j'ai de l'empathie
pour mes collègues de l'opposition, parce qu'il y a des gens qui me
croisent, M. le Président, dans la rue puis ils me disent : Tu sais,
Christopher... on m'appelle Chistopher dans la rue, pas ici, ils disent :
Christopher, ta job n'est pas facile. Puis c'est vrai, des fois, ma job n'est
pas facile. Mais quand que je me promène dans Sainte-Rose, M. le Président, les
citoyens me regardent puis ils disent qu'ils sont fiers de leur gouvernement.
Après tout ça, je représente fièrement les citoyens de Sainte-Rose. Je ne sais
pas comment font mes collègues pour se promener dans leur circonscription, où
est-ce que j'entends le feedback de la communauté des fois, puis ce n'est pas
toujours en lien avec ce qu'on a entend du leadership de ce parti-là. Alors,
moi, je vis bien sachant que je représente les citoyens de Sainte-Rose dûment
et correctement.
Le collègue l'autre bord de la banquette, M. le
Président, nous a parlé de la clause nonobstant, puis il disait que, tu sais,
ça n'a pas d'allure d'afficher la clause nonobstant partout dans le projet de
loi, puis ça, après qu'on a eu les leçons, suite au passage de la loi 101,
que, si on n'agit pas de manière défensive pour protéger nos lois, pour
protéger notre nation, bien, les juges nommés par le gouvernement fédéral vont
venir nous enlever nos droits collectifs. Alors, nous, on a eu la sagesse
d'agir en amont pour être sûrs qu'on lance un signal, parce que les trois piliers...
puis c'est des piliers, vous avez raison M. le... cher collègue, on lance un
message au juridique, on leur dit : Cette loi-là, là, touchez-la pas. Et
ça, c'est un signal important, puis on l'a vu dans la décision du projet de loi
n° 40. Dans la décision du projet de loi n° 40, les juges ont évoqué que, écoutez, on est limités
dans la façon qu'on peut regarder certaines clauses parce que le gouvernement
nous a lancé un message et on est commis par ce message.
Alors, moi, je pense qu'il n'est pas inopportun
de mettre une clause dérogatoire en amont. Au contraire, je pense que ça lance
un signal, on communique avec l'autre pilier, et je pense que cette
communication-là, elle est importante dans une démocratie. Puis ça, ça me
ramène à ce que vous avez dit, M. le premier ministre, tantôt, quand vous
parliez du... le fait qu'ironiquement certaines personnes vont taxer le
gouvernement de faire quelque chose qui n'est pas constitutionnel en utilisant
une clause dans la Constitution. Moi, ça me fait... ça m'étourdit. Mais je vais
vous dire que cette constitution-là que les gens évoquent et disent
souvent : Mais là, c'est le document d'importance, singulier, c'est vrai,
mais jamais les provinces n'auraient accepté s'il n'y avait pas la clause
nonobstant. En fait, plusieurs premiers ministres de l'époque ont dit :
S'il n'y a pas cette clause-là, justement, pour s'en servir dans le cadre des droits collectifs, bien, ce n'est pas vrai
qu'on embarque dans ce projet-là. Alors, par compromis, il a été inséré et
il est là, et les gouvernements peuvent s'en servir à leur gré, comme la
démocratie nous impose ou nous permet de le faire.
Je regarde ici le débat. Le collègue évoque
qu'il y a 800 000 Québécois
d'expression anglaise qui sont laissés pour compte par ce gouvernement. Puis
moi, je ne suis pas d'accord. Je ne suis pas d'accord du tout. Moi, je
considère que les attentes étaient très bas pour ce gouvernement en matière de
relations avec les Québécois d'expression anglaise et je considère qu'on a
excédé toutes les attentes à divers niveaux.
Commençons par le financement. Le premier
ministre l'a évoqué tantôt, quand il parlait notamment de l'augmentation du
budget qu'on a donné au secrétariat. Puis il est vrai que le secrétariat et le
projet de l'ancien gouvernement, à l'aube de
son règne, et par réaction, peut-être, il voyait venir ce qui arrive
aujourd'hui avec les deux autres nouveaux partis, là, qui tentent de
s'imposer dans l'échiquier politique, ils ont vu que, oui, il va falloir faire
quelque chose, là, avec la communauté anglaise parce qu'ils risquent de voter
CAQ puis ils risquent d'aller ailleurs. Bien, ça fait que, là, on se retrouve
avec un secrétariat qui est financé à 2 millions. Tu sais, il y a du
personnel, il y a un programme qui est là puis qui va bien, puis il y a un
personnel, je dois le dire, qui a été choisi avec rigueur.
Mais nous, on arrive puis on dit : On va
financer davantage ce secrétariat-là parce qu'il y a des vrais besoins, puis
les Québécois d'expression anglaise sont des Québécois à part entière. C'est la
raison pour laquelle on a investi des
millions dans le développement communautaire, pas dans le développement
montréalais, parce qu'il y a comme une perception ambiante que les
anglophones, ça réside juste à Montréal, M. le Président. En fait, il y a
20 % des Québécois d'expression anglaise qui vivent en région, et c'est
souvent eux qui ont le plus de difficultés dans la société québécoise. Et, lors
de ma consultation, j'ai rencontré plus de 150 personnes représentant plus
de 130 groupes communautaires, et ils m'ont tous dit la même chose, le
constat était le même : Nous, on ne veut pas que nos enfants quittent le
Québec, parce que la division
péquisto-libérale qui a régné au Québec pendant 50 ans a fait fuir le
capital, a fait fuir les immigrants, a fait fuir les anglophones. Nous,
on n'est pas dans cette logique-là. Nous, on est dans la logique d'aider les
vraies personnes sur le terrain pour qu'ils puissent s'épanouir dans un Québec
qui est passé à autre chose.
Et dans ce sens-là, on
a investi des sommes importantes pour aider les communautés à apprendre le
français, à dynamiser et vitaliser leur communauté. Et, dans le projet de loi
n° 96 de mon collègue, on vient ajouter un nouveau droit pour ces
Québécois d'expression anglaise, le droit d'apprendre le français. Parce qu'on
francise les immigrants, on francise les francophones dans le réseau
francophone, mais les anglophones, une fois qu'ils sortent de l'école, bien là, si tu as travaillé dans une PME avec 10 employés
puis tu as parlé anglais pendant 10 ans, tu te retrouves sur le chômage
puis là, tout à coup, tu as perdu tes acquis, tu es coincé dans un cycle de
pauvreté. Puis ça, on le voyait, entre autres, en région. Et on est arrivés
puis on a décidé, dans le projet de loi n° 96, de créer ce nouveau droit
là pour les Québécois d'expression anglaise. Comme ça, ils vont avoir accès à
la langue de la nation pour qu'ils puissent s'épanouir complètement, et ça,
c'est une bonne chose, dès que la loi va être passée, parce que c'est non seulement
important pour s'intégrer dans la société québécoise, mais c'est la chose
qu'ils demandaient. L'argument libéral-PQ d'antérieur nous dirait que les
anglophones n'aiment pas ça, le français. C'est faux, puis je pense que le
collègue serait d'accord. C'est faux. Les Québécois d'expression anglaise qui
sont au Québec aujourd'hui sont francophiles. Ils demandent juste l'opportunité
de l'améliorer, et c'est cette opportunité-là qu'on leur donne dans le projet
de loi n° 96, et c'est la chose qu'ils demandent le plus.
• (18 h 20) •
Et une fois qu'on
rouvre cette parenthèse-là, bien là, tout devient possible, parce qu'après ça
on peut commencer à agir sur le faible taux d'emploi dans la fonction publique
du Québec. Parce que la première chose qu'on va nous demander, quand on va
embaucher quelqu'un, c'est une communication écrite ou une entrevue. Et, si on
ne réussit pas à passer cette étape-là, on
ne sera pas en mesure d'intégrer la fonction publique. Puis, après ça, ça
rouvre d'autres portes. Ça rouvre des portes pour l'emploi, pour avancer
sa carrière, pour peut-être suivre des cours à l'université et au cégep. C'est la raison pour laquelle, encore
une fois, que, dans le projet de loi n° 96, on vient rajouter du français,
pas parce qu'on veut imposer le français, parce qu'on veut diviser. Ça, c'est
un narratif, une trame de fond que le Québec a déjà joué durant les
50 dernières années.
Nous, notre trame de
fond, c'est de dire que, pour bien vivre au Québec, M. le Président, pour bien
s'épanouir, il faut maîtriser le français. C'est aussi simple que ça, et nous,
on donne les outils à la communauté d'expression anglaise pour le faire. Mais
au-delà de ça, il y a des enjeux de vitalité communautaire. Le collègue tantôt
parlait de Blanc-Sablon, une place que j'ai visitée également lors de ma
tournée, et on a parlé avec ces gens-là. Mais une des premières choses qu'on a
faites, c'est... on a investi 400 000 $ pour un incubateur économique.
Puis là ils prennent des fruits nordiques puis ils les transforment dans des
produits cosmétiques. Bien, ça, c'est une initiative du secrétariat, du
gouvernement du Québec et d'Investissement Québec, parce que les communautés en
région ont le droit de développer leur économie. Les communautés anglophones
ont le droit d'innover, eux aussi, et ils ont le droit à avoir leur part du
gâteau. Mais au-delà d'être là, c'est de reconnaître l'importance de leur
contribution. Et encore une fois, parlant de Blanc-Sablon, c'est la raison pour
laquelle, dans le PQI de mon collègue le ministre des Transports, on agrandit
la 138. On ne se rend pas tout à fait à
Blanc-Sablon pour le moment, mais c'est dans les plans d'y aller, parce qu'il
faut casser cet isolement-là. J'ai
des citoyens que je représente, dans mon rôle avec les Québécois d'expression
anglaise, à Blanc-Sablon, qui ont plus d'affinités pour Terre-Neuve,
parce qu'ils sont plus près, qu'ils ont avec le Québec. Il faut briser ça. Ça
prend 25 heures de faire le tour pour descendre jusqu'à Sept-Îles. Il faut
arrêter ça, c'est des Québécois, et on y travaille.
Donc, on a investi
des millions. On a presque quintuplé le budget du secrétariat, tout en
investissant dans les communautés, puis pas juste à Montréal. On a
52 projets nationaux ou d'initiatives de financement représentant 4,9 millions de
dollars, puis on est partout : le Bas-Saint-Laurent,
Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Estrie. Oui, à Montréal, oui, à Laval, mais en
Montérégie, à Chaudière-Appalaches. Partout où est-ce que vous pouvez imaginer,
il y a des petites poches de Québécois d'expression anglaise qui veulent
protéger leurs communautés, et nous, on leur donne les moyens de le faire. Et
c'est la raison pour laquelle 44 % de nos initiatives vont financer
directement la vitalité des communautés et aussi les mesures économiques et
d'employabilité.
Et ça, ça m'amène à
ma question, M. le premier ministre. La question que j'ai pour vous, c'est...
vous avez souvent évoqué, puis surtout lors de la campagne électorale en
2018... Vous avez parlé beaucoup aux Québécois d'expression anglaise pour leur
dire : Bien, coudon, arrêtons de parler des Québécois d'expression
anglaise comme si c'est comme une sous-catégorie de gens. C'est des Québécois à
part entière. Eux aussi, ils veulent des emplois de qualité. Comment vous voyez
la contribution des Québécois d'expression anglaise par rapport à leur capacité
d'inclure leur contribution dans l'économie du Québec?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui,
bien, effectivement... D'abord, je suis très fier, mon adjoint parlementaire,
hein, qui vient de faire un beau résumé des efforts qui sont faits par notre
gouvernement pour aider les Québécois d'expression anglaise. Mais, au point de
vue économique, le grand défi qu'on a actuellement, c'est de trouver des
employés, et, entre autres, pour le gouvernement du Québec, dans les différents
ministères, dans les différentes sociétés d'État. Puis, s'il y a un bon côté à
la pandémie, c'est qu'on a développé le télétravail, qui nous permet... qui
permet, par exemple, à des Québécois d'expression anglaise de l'Outaouais, de
l'Estrie d'appliquer sur des postes au gouvernement du Québec. Et on a besoin d'eux autres. Il y a une pénurie d'employés. Il
manque d'employés. Donc, tout le monde est bienvenu, dans toutes les
régions du Québec.
Puis
évidemment, quand on regarde Blanc-Sablon, quand on regarde... J'étais, il y a
quelques jours, en Gaspésie, il y a une communauté d'expression anglaise
en Gaspésie, il y a un taux de chômage qui est élevé en Gaspésie. Ça adonne
bien, on a plein d'emplois qu'on n'arrive pas à combler. Donc, il y a
effectivement une possibilité de tous travailler ensemble, incluant au
gouvernement du Québec. Moi, il n'y a rien que j'aimerais mieux que d'augmenter
le pourcentage de Québécois d'expression anglaise au gouvernement du Québec. Ce
n'est pas normal... puis ce n'est pas nouveau, là, ce n'est pas depuis que la
CAQ est au pouvoir qu'on est dans cette situation-là. Ça fait des dizaines
d'années qu'il y a très peu, là, moins de 1 % de la fonction publique
québécoise qui est d'origine, là, d'expression anglaise. Donc, il y a une
opportunité de se rapprocher.
Puis effectivement, mon
rôle, c'est de rassembler les Québécois, tout en défendant le français, qui
sera toujours dans une situation vulnérable
pour les raisons que vient de dire le collègue de Sainte-Rose. Donc, il y a
effectivement du travail à faire pour rassembler les Québécois puis ne
pas voir ça comme un moins, le français au Québec, voir ça comme un plus.
Quand je regarde les villes, les grandes villes
aux États-Unis, ils essaient de se distinguer, ils essaient de trouver quelque
chose qui les différencie des autres villes. Bien, nous, on n'a pas besoin de
faire ça. Il y a le français, il y a la culture québécoise, il y a le côté
latin qui fait que Montréal, c'est différent de Boston, de Chicago, de New
York, des grandes villes américaines. Donc, il y a une opportunité en or de
développer le Québec avec les Québécois d'expression anglaise, mais arrêtons de
diviser en disant : Nous, on est contre les efforts qui sont faits pour
protéger le français. On en a besoin. Camille Laurin, René Lévesque a eu
raison. Robert Bourassa a eu raison d'utiliser la clause dérogatoire. Il y aura toujours des efforts à faire au Québec pour
protéger le français. Ça ne vient pas en contradiction avec le respect
des Québécois d'expression anglaise. Moi, je souhaiterais effectivement que les
francophones apprennent l'anglais, que les anglophones apprennent le français,
qu'on vive ensemble, mais, en même temps, pour protéger le français, bien, il
faut que le français soit la langue de travail, il faut qu'elle soit la langue
d'éducation, d'intégration des nouveaux arrivants. Donc, il faut effectivement
être capables de faire les deux : rassembler les Québécois, défendre,
promouvoir le français, mais le faire tous ensemble.
Puis moi, je connais plein de Québécois
d'expression anglaise qui n'ont aucun problème avec la loi 101. Ça fait
longtemps qu'ils ont accepté le principe qu'il y a une seule langue officielle,
que les nouveaux arrivants doivent être intégrés à la communauté francophone,
puis qui sont d'accord aussi avec les valeurs de laïcité puis l'interdiction
des signes religieux. Donc, il y a en a. Ce n'est pas juste les francophones
qui sont d'accord avec l'interdiction de signes religieux. Il y a aussi des
anglophones, des Québécois d'expression anglaise qui disent : Moi, là, je
veux vivre dans un État laïque puis je veux qu'un policier, ou un juge, ou un
enseignant qui est avec un enfant, qu'il ne mêle pas la religion à ça, que ça
soit laïque. Puis ce n'est pas une question de francophones, anglophones.
Regardez ce qui se passe dans des pays comme l'Allemagne, même au Royaume-Uni.
Il y a des efforts à faire pour travailler
ensemble, oui, défendre le français, mais rassembler autour de valeurs communes, qui ne sont pas seulement communes aux
francophones, mais qui sont beaucoup communes aux anglophones, puis en
particulier ceux qui sont ici depuis longtemps, au Québec, puis qui ont vu aller
la religion catholique, la religion protestante puis la laïcisation des réseaux
de la santé puis de l'éducation.
Donc, travaillons ensemble, soyons rassembleurs
tout en défendant puis en faisant la promotion du français. C'est possible de
faire les deux et c'est ce qu'on essaie de faire avec mon cher collègue, mon
adjoint parlementaire, le superdéputé de Sainte-Rose.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Adoption des crédits
Le temps alloué à l'étude du volet Relations
avec les Québécois d'expression anglaise des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le programme 7, intitulé
Relations avec les Québécois d'expression anglaise, est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté, sur division. Merci.
Documents déposés
Cela dit, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mardi 3 mai 2022 à 15 h 30, où elle
va entreprendre l'étude des crédits
budgétaires du volet Justice du portefeuille du même nom. Merci beaucoup. Bonne
soirée.
(Fin de la séance à 18 h 29)