(Onze heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Bonjour à tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare ouverte la séance
de la Commission des institutions.
La commission est réunie afin de procéder à des
auditions publiques dans la cadre des consultations particulières sur le projet
de loi n° 24, Loi modifiant la Loi sur le système correctionnel du Québec
afin d'y prévoir le pouvoir d'exiger qu'une personne contrevenante soit liée à
un dispositif permettant de savoir où elle se trouve.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Lévesque (Chapleau) est remplacé par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Barrette (La Pinière) est remplacé par
Mme Melançon (Verdun); M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques);
et Mme Hivon (Joliette) est remplacée par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Ce matin, nous allons débuter par les remarques
préliminaires puis nous entendrons L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e
étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale.
Remarques préliminaires
Nous en sommes maintenant, donc, aux remarques
préliminaires. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre de la Sécurité
publique pour 5 min 34 s. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. C'est les remarques préliminaires, si
je comprends bien? Bon, parfait. Je voulais être brève, de toute façon, mais,
avec cinq minutes, je n'aurai pas le choix, c'est encore mieux. Ça fait que je
vais commencer, bien sûr, par saluer tout le monde, tous ceux qui... C'est
correct si j'enlève mon masque ou on le garde?
Une voix : ...
Mme Guilbault :
O.K., parfait. Donc, c'est ça. Alors, bonjour, tout le monde. Bonjour à mes
collègues, bien sûr, mes collègues députés qui sont ici avec moi, aux collègues
de l'opposition. Bonjour, mesdames, qui êtes à l'écran, des maisons
d'hébergement de deuxième étape, à qui, d'ailleurs, je parle d'habitude dans le
cadre de notre dossier de coordination de tout ce qu'on fait pour... contre...
bien, c'est-à-dire pour la lutte contre la violence conjugale. Donc, merci
beaucoup, mesdames, d'être ici aujourd'hui. Je sais que c'est un dossier
important pour vous, ce qu'on est en train de faire, le bracelet
antirapprochement. Donc, un grand, grand, grand merci de venir nous parler...
bien, de venir, c'est-à-dire c'est virtuel, mais, quand même, de participer,
là, avec nous aujourd'hui.
Bonjour à toutes nos équipes qui nous
soutiennent, ces gens si importants autour de nous. M. le Président, bonjour à
vous, bien sûr, et bonjour aux gens qui m'accompagnent, de mon ministère, puis
je suis très fière de les avoir avec moi aujourd'hui, parce que ce sont des
femmes, en l'occurrence, là, mais, je veux dire, des femmes avec qui je
travaille de très près, et qui sont très importantes, et qui sont très
efficaces aussi, surtout.
Et ce projet de loi là, le projet de loi n° 24, pour lequel on est réunis aujourd'hui, c'est un
miniprojet de loi, là. Je pense, tout le monde a vu qu'il y a trois articles.
Il y en a quatre, mais il y en a un que c'est de l'intendance, donc il y en a
trois, en fait. Donc, ce ne sera pas une grosse pièce législative, mais il est
extrêmement important et symbolique pour l'implantation du bracelet
antirapprochement, qu'on veut faire sur deux ans au Québec, qui est une
première, je l'ai dit souvent, je le répète. Il y a seulement six pays dans le
monde qui l'utilisent. On sera la septième juridiction à l'utiliser. Ça nous
place à l'avant-garde de la lutte contre la violence qui est faite aux femmes,
en plus de tout ce qu'on fait d'autre, puis là, évidemment, les maisons
d'hébergement, ce qu'on fait pour les organismes, ce qu'on fait avec nos policiers, ce qu'on fait avec le judiciaire, ce
qu'on fait que le tribunal, le nouveau tribunal aussi que mon collègue de la Justice a mis en place, donc
tout ce qu'on fait par ailleurs, mais ça, ça va être vraiment très
important.
Et une des
particularités de ce projet-là... Puis là je vais me permettre de vanter un
petit peu mon ministère, parce que ce projet-là va mettre en lumière le travail
extrêmement important qui se fait par le personnel des services correctionnels
au Québec, la direction générale des services correctionnels, qui est pilotée
par ma sous-ministre adjointe ici, Line Fortin, et celle
des affaires policières, bien sûr, avec ma sous-ministre Catherine Beaudry ici,
sous-ministre associée, donc. Mais le personnel des services correctionnels,
c'est un domaine dont on parle peu. Ce sont des
gens qui font un travail méconnu, mais tellement important, parce que, je veux
dire, à partir du moment où il y a de la criminalité au Québec, il y a de la détention, et tout ça. Ça prend des
gens pour s'occuper de ça et ça prend des gens pour s'occuper aussi des victimes. Donc, ça prend des
gens, dans notre système correctionnel, qui font un travail très
important.
Et
ce sera l'occasion, ce projet de loi là, et par la suite l'implantation, la
gestion, la coordination, le déploiement de ces bracelets-là...
(Interruption)
Excusez, M. le Président, j'ai la voix fragile ce matin. Donc, ce sera une
occasion de mettre en relief la qualité et l'expertise de ces équipes-là de
Services correctionnels. Donc, moi, je suis très fière, et donc je les remercie
à nouveau, Mme Fortin, Mme Beaudry et les autres personnes qui
m'accompagnent, les gens des affaires juridiques. C'est grâce à eux si on a été
capables d'aller aussi rapidement dans ce projet-là, parce que c'est facile de
prendre plus de temps, des fois, au rythme où vont les choses. Ça prenait le
concours de tout le monde pour aller vite, puis pouvoir le faire, puis sauver
au plus vite des femmes grâce à ce bracelet-là.
Et c'est grâce à mes
équipes que j'ai pu le faire et, bien sûr, mon personnel de cabinet, mon directeur
adjoint Louis Breault ici, qui est de tous les combats avec moi depuis que je
suis ministre. Ça fait 10 ans, 11 ans qu'on travaille ensemble
maintenant, d'ailleurs. Donc, merci, Louis, d'être encore ici une fois avec
moi... d'être ici encore une fois avec moi. Bref, M. le Président... et mon
adjointe parlementaire, je veux quand même souligner aussi, qui a joué un rôle très important dans tout ce qu'on
fait sur la violence conjugale, qui a travaillé avec les maisons
d'hébergement, donc qui est aussi très importante dans ce dossier-là. Le député
de Rousseau et le député de Nicolet-Bécancour aussi, bien sûr.
Donc, je termine
là-dessus. Bons travaux à tous. Et, encore une fois, merci d'être tous ici
présents. Je sais que ça vous tient à coeur autant qu'à moi. Donc, j'espère
qu'on pourra cheminer rapidement et enfin installer ce premier bracelet au mois
de mai, si tout va bien.
• (11 h 30) •
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, Mme la ministre. M. le
député de Vimont, s'il vous plaît, pour 3 min 43 s
M. Jean Rousselle
M. Rousselle :
Merci, M. le Président. Bien, premièrement, bonjour, tout le monde. Bonjour,
Mme la ministre. Bonjour, les sous-ministres, et les ministères, et les
collègues, les collègues de l'opposition, ma recherchiste Isabelle, donc, qui
est très importante pour moi. Ils font un travail incroyable en arrière, mais,
«my God», qui font un travail, vraiment, puis merci aussi au secrétariat.
On ne peut pas être
contre, c'est impossible. Je veux dire, moindrement qu'on ajoute un outil pour
protéger la vie de quelqu'un, peu importe l'outil, tous les... ces outils-là
sont importants. Vous savez, puis d'ailleurs, merci, d'ailleurs à L'Alliance
des maisons d'hébergement d'avoir accepté notre invitation. Merci, parce qu'on
va avoir besoin de votre... le côté
éclairage, qu'est-ce qui se passe sur le terrain, là. Bien beau, nous autres,
on est des législateurs, mais on n'est pas sur le terrain comme vous
autres. Donc, vous autres, vous êtes vraiment sur le terrain. Puis, si... vous
autres, vous allez nous aider, justement, à voir où on s'en va ou si on s'en va
correctement.
Donc,
ces consultations particulières là sont vraiment importantes, et puis... et il
y a eu bien des recommandations qui s'est faites dans Rebâtir la confiance.
C'est un dossier que j'ai lu, puis d'ailleurs je vais avoir la chance d'avoir
avec moi ma collègue de Verdun, qui a participé, justement, à cette
écriture-là. Et je pense que... protéger la victime, je pense que c'est ça qui
est le plus important, le plus important, et c'est pour ça que nous autres, on
va s'organiser, parce que, tout de même, il faut dire que cet outil-là, c'est
la 84e recommandation du dossier Rebâtir la confiance. Donc, il y
en a 83 avant.
Donc, je pense que,
quand on regarde qu'est-ce qui se passe dans les autres pays, bien souvent,
c'est global. Donc, ce n'est pas juste le bracelet, c'est un ensemble, donc
c'est services correctionnels, mais c'est services policiers, la couverture
aussi au niveau téléphonique aussi, comment ça fonctionne. Il ne faut pas
oublier non plus les communautés autochtones qui... ils ont une autre... une
autre manière de faire chez eux. Puis d'ailleurs je pense qu'il faudrait les
consulter d'une manière plus particulière, parce que, chaque endroit où il y a
des autochtones, ça peut changer d'une place à l'autre, donc chaque communauté
a sa réalité. Même affaire pour nous autres, on a des réalités qui sont des
villes, des villages et on se promène un peu dans le Québec.
Donc, je peux... je
vous dirais que la première chose que moi... que je veux vraiment, c'est que ce
bracelet-là fonctionne. Je vais y aller surtout sur le côté... le côté
fonctionnel. Je ne veux pas que la femme ou la personne, parce que je
dis «une femme» parce que la majorité... on s'entend, la majorité, c'est
des femmes qui vont... qui vont avoir ce dispositif-là pour leur protection.
Mais je ne veux pas qu'il y ait un faux sentiment de sécurité, c'est là-dessus
qu'on va vraiment travailler pour éclaircir, avoir des réponses. Parce que
c'est... moi, c'est ça qui m'interpelle. Je veux vraiment que la personne qui
ait ce dispositif-là ait vraiment... qu'elle soit sûre dans sa tête qu'elle
soit sécure. Donc, il faut... il y a un accompagnement, un accompagnement,
justement, des regroupements, comme le vôtre, l'alliance d'hébergement, mais
aussi un accompagnement des policiers. Et vraiment il va falloir que ce soit...
que le village pourrait travailler ensemble
pour protéger, justement, ces victimes-là. Parce que ces victimes-là se sont
rendues là, bien, c'est à cause que, justement, elles ont eu un processus, un
processus qui n'a pas été facile de dénoncer, de s'en aller là, ce n'est pas
évident. Donc, quand elles sont rendues là, il faut vraiment que ça fonctionne.
Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup,
M. le député de Vimont. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, s'il vous
plaît.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le Président.
Bonjour, tout le monde, contente d'être là avec vous. Rappelez-moi mon temps.
Le Président (M.
Bachand) : ...moins qu'une minute, désolé,
ça va très vite.
Mme Massé : Bien, c'est ça, il me
semblait que je n'en avais pas beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, c'est ça.
Mme Massé : Bref, vous comprendrez
que les salutations vont rester courtes. Très heureuse d'être là pour le projet
de loi. Je pense qu'effectivement chaque femme qu'on peut sauver la vie, ça a
le mérite qu'on utilise tous les outils qui sont les nôtres. Dans notre coeur,
ce sera toujours important qu'idéalement c'est qu'on se rende à ce qu'il n'y
ait pas de violence faite aux femmes. Parce qu'on parle ici des gens du...
judiciarisés, et on le sait que c'est gros comme ça dans le bassin des femmes
qui sont victimes de violence conjugale. Donc, on va être là. On va essayer de
faire le meilleur projet de loi possible pour permettre de protéger ces
femmes-là.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, Mme la députée.
Mme la députée de Gaspé, s'il vous plaît, pour...
Mme Méganne Perry
Mélançon
Mme Perry Mélançon : Pour le même
temps?
Le Président (M.
Bachand) : Le même temps, exactement.
Mme Perry Mélançon : Merci, M. le
Président. Salutations à la ministre, ses équipes, les députés, les employés de
la fonction publique, les députés de l'opposition. C'est sûr que c'est une
lutte, je pense, qui nous réunit tous, hein, les parlementaires de l'Assemblée
nationale. Ça nous anime, on en a parlé abondamment parce que, malheureusement,
il y a un problème qui est de plus en plus grave au Québec, beaucoup de
féminicides, hausse de la violence
conjugale; c'est préoccupant. Donc, pour nous, bien, c'est sûr qu'avec les rapports
qu'il y a eu, les nombreuses recommandations, on espère que tout se
mette en place le plus rapidement possible. Donc, ça, c'est une avancée majeure. C'est également aussi en complément avec
le tribunal spécialisé qui... on a des collègues qui ont travaillé très
fort aussi sur ce projet de loi là, donc.
Et je vois
nos alliés dans la cause, aussi, qui sont devant nous, l'alliance maisons 2e
étape. Chaque fois qu'on pose une
action pour aider dans la lutte, bien, c'est sûr qu'ils sont aussi impliqués. C'est
une charge de plus aussi, donc il faut s'assurer que tout le monde ait
les ressources adéquates pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Alors, on va s'assurer que ce soit fait dans l'application de la mesure, que ce
soit fait correctement pour tout le monde. Merci.
Auditions
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, Mme la députée.
Donc, je souhaite la bienvenue à L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e
étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale. Alors, encore une
fois, bienvenue avec nous. C'est un grand privilège. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre présentation, après quoi nous allons
procéder à l'échange avec les membres de la commission. Donc, je vous invite à
vous présenter officiellement et à débuter votre exposé. Merci beaucoup.
L'Alliance des maisons
d'hébergement de 2e étape pour
femmes et enfants victimes de violence conjugale
Mme Fedida (Gaëlle) : Merci, M.
le Président. Bonjour, Mme la ministre, Mmes et MM. les députés. On vous
remercie de nous recevoir aujourd'hui à bref avis. Malheureusement, vous ne
disposerez de notre mémoire écrit que vers la fin de la semaine, mais on va
vous en présenter les principales recommandations.
Je suis Gaëlle Fedida, responsable des dossiers
politiques à l'Alliance, accompagnée de Maud Pontel, la coordonnatrice
générale. L'Alliance compte 34 maisons membres dont l'objectif principal
est la prévention de l'homicide conjugal.
Je vais commencer par vous livrer un témoignage
d'une femme qu'on a reçue dans une de nos maisons il y a quelque temps.
Une mère se fait
étrangler et battre à plusieurs reprises par son conjoint qui dit vouloir la
tuer. Après des mois d'enfer, madame porte plainte contre monsieur pour voies
de fait et menaces de mort. La plainte est retenue, et monsieur a
l'interdiction de se trouver dans un rayon de 200 mètres des lieux
d'occupation de madame. Il a également l'interdiction
d'être en contact avec madame et leur fille de deux ans de manière directe
ou indirecte. Monsieur se présente néanmoins au domicile de madame en la
menaçant de mort. Madame appelle la police et se réfugie dans un hébergement,
tandis que monsieur reste détenu avant d'être relâché avec de nouvelles
conditions.
Pendant ce temps, les
intervenantes de l'hébergement identifieront plus de 20 événements durant
lesquels monsieur a étranglé madame et l'a menacée de mort. Madame finit par
déménager dans un nouveau logement. Monsieur commence alors à suivre madame, ce
qui mènera à une détention de quatre jours pour monsieur, suite auxquels il
sera de nouveau accusé de bris de condition puis relâché. Après un troisième
bris de condition durant lequel monsieur suit madame de nouveau, monsieur
restera détenu jusqu'à son procès. Il est reconnu coupable de voies de fait et
menaces de mort, condamné à 30 jours de prison puis 60 jours
additionnels pour les bris de condition.
Quelques jours avant
sa remise en liberté, il nomme à des amis qu'il passera Noël en famille. Madame
continue de craindre pour sa vie, en informe la police, mais il ne s'agit pas
là d'un motif raisonnable pouvant mener à une accusation ou à une intervention
en vue d'une possible récidive.
La suite, vous la
connaissez, ce cas-là a été médiatisé. Il s'agit de cette femme qui a retrouvé
son ex-conjoint dans un garde-robe de son logement avant d'être sauvagement
agressée sexuellement puis battue alors que la petite fille était présente. La
vie de madame n'a tenu qu'à un miracle. Monsieur a décidé de se pendre devant
la famille plutôt que de l'emporter avec lui.
Donc, l'enjeu majeur
pour les victimes de violences conjugales est d'assurer leur sécurité et celle
de leurs enfants. Le bracelet antirapprochement est un outil important dans
l'arsenal prévu pour redonner confiance aux victimes et préserver concrètement
leur sécurité physique. En 2020, les maisons 2e étape ont hébergé
503 personnes en danger, femmes et enfants. 77 % des femmes sont
hébergées avec leurs enfants, 87 % d'entre eux sont âgés de moins de
12 ans. Le critère d'admissibilité en deuxième étape est la dangerosité du
conjoint.
Donc, les femmes
craignent pour leur sécurité et celle de leurs enfants. Plusieurs travaux
récents démontrent clairement la nécessité de porter une analyse spécifique
lorsque les familles sont dans une dynamique de violence conjugale où un
conjoint exerce un contrôle coercitif sur l'autre et les enfants. Lorsqu'on
parle de contrôle coercitif, on parle d'une dynamique de contrôle et de domination
à l'intérieur d'une relation où l'agresseur multiplie les agressions pour
asseoir une emprise totale sur sa victime, annihilant complètement sa liberté
d'être et d'agir.
Donc, dans ce
contexte-là, le bracelet antirapprochement est un élément pour prévenir la
récidive. Les professeurs Fortin et Guay, mandatés par le gouvernement pour une
analyse de faisabilité du bracelet, ont observé que 23 % des hommes
arrêtés par la police pour une infraction en contexte de violence conjugale
rencontreraient les critères d'éligibilité du bracelet. Un tiers des agressions
sont des récidives. Considérant que les services de police rapportent
annuellement 18 000 infractions en contexte de violence conjugale, si
on applique 23 %, ce sont plus de 4 000 agresseurs par année qui
sont susceptibles de porter ce dispositif. Les chercheurs ont établi une
échelle de prédiction qui a créé et permet... a été créée et permet de soutenir
le processus décisionnel d'attribution des BAR.
D'autres chercheurs,
à l'Université de Montréal, ont étudié le parcours criminel de 121 auteurs
de violences conjugales judiciarisés. M. Ouellet a découvert que les
hommes violents le sont aussi à l'extérieur du couple. La quasi-totalité des
délinquants rencontrés, 94 %, étaient actifs dans au moins deux sphères
d'activités criminelles au cours de leur vie. M. Ouellet propose d'évaluer
tous les délinquants réguliers en assumant qu'ils commettent aussi de la
violence conjugale. Les chances que ce soit élevé... que ce soit le cas soient
élevées, donc pourquoi ne pas profiter de
l'occasion qu'ils soient déjà dans le système pour les évaluer et les
identifier? Ces résultats suggèrent aussi qu'une intervention doit être
entreprise rapidement pour éviter l'effet aggravant lié à l'accumulation des
mois de violence.
• (11 h 40) •
Donc, L'Alliance
recommande que le bracelet soit d'office envisagé dans les cas de récidive et
dans les cas de situations provoquant une
cellule de crise en violences conjugales telles qu'elles viennent d'être
établies. Il va sans dire que les données recueillies par le dispositif
devront être disponibles pour que la victime puisse s'en prévaloir en preuve
devant la cour.
On rappelle, dans
notre mémoire, que... les recommandations des différentes instances
gouvernementales, et donc le besoin de
cohérence gouvernementale entre ces différentes recommandations, donc c'est Rebâtir
la confiance. Bien évidemment, ça a été évoqué. En Espagne,
on estime que le bracelet a prévenu 2 400 féminicides depuis
12 ans. Il s'agit aussi des travaux sur le p.l. n° 15,
sur la Loi de la protection de la jeunesse, ayant... et notre prétention, c'est
que la violence conjugale soit effectivement reconnue comme un motif de
compromission à part entière.
Et je veux surtout
attirer votre attention sur Agir ensemble pour sauver des vies, qui est
le premier rapport du coroner, en 2020, qui a analysé 10 événements de
meurtres en situation de violence conjugale. Huit sur 10 de ces événements sont
survenus après la séparation des conjoints, huit sur 10 des agresseurs étaient
connus des services de police, et quatre sur
10 des situations présentaient des bris de condition à la suite d'ordonnances
de cours en lien avec des infractions
commises dans un contexte de violence conjugale. Donc, pour mémoire,
rapidement, les recommandations du coroner sont à l'effet de la
formation, la détection, la collaboration et la mise en place rapide d'un plan
de sécurité et surtout la cohésion entre les différents services
d'intervention.
Donc, une fois que le
bracelet est établi, il y a plusieurs enjeux dans le déploiement efficace de ce
dispositif. Donc, d'abord, un enjeu géographique, et là je vous parle
directement de nos membres qui sont dans l'ensemble du territoire québécois, et
l'éventualité actuelle que ce réseau... que ce dispositif passe par les réseaux
cellulaires pose vraiment la question de la couverture en région des réseaux
cellulaires. Donc, il faudra vraiment que le dispositif puisse être applicable
sur l'ensemble du territoire. Et, à cet effet, L'Alliance demande qu'un projet
pilote puisse être déployé dans une telle région, par exemple comme sur la Côte-Nord
ou en Gaspésie.
Deuxièmement, le temps de réponse à l'alarme.
Les maisons sont inquiètes de l'efficacité si les services policiers ne sont
pas en mesure d'avoir un délai de réaction rapide. Il n'est pas rare,
actuellement, qu'un événement survienne en même temps
qu'un accident routier ou un incident. Les temps de réaction peuvent être... Un
incendie, pardon. Les temps de réaction
peuvent être très longs, et il est impossible pour certains postes de répondre
simultanément à plusieurs urgences. C'est le cas, par exemple, sur la Côte-Nord.
Il faut aussi que les périmètres de sécurité
soient réalistes. Comme on a vu dans le témoignage qu'on a donné,
l'interdiction était dans un périmètre de 200 mètres. Donc, c'est bien
clair que ces périmètres-là doivent être... doivent sensiblement augmenter. Il
faut aussi tenir compte de la capacité de se déplacer rapidement en automobile
de l'agresseur. Donc, c'est clair que, oui, ça pourra avoir des conséquences
sur le lieu de vie de l'agresseur, mais un conjoint violent qui se voit un
interdit... qui se voit imposer un interdit de rapprochement doit assumer de
devoir changer de quartier. C'est sa responsabilité à assumer.
On revient à nouveau sur la cohérence entre la
police et la justice. Les services policiers correctionnels seront clés dans le
dispositif. Un bris de condition doit avoir des conséquences. Le bracelet ne
sera pas plus efficace qu'une ordonnance 810 si la volonté et la capacité
légale de sanctionner le contrevenant restent absentes. Actuellement,
l'article 811, qui sanctionne un bris de condition du 810, n'est jamais
appliqué. Donc, ce ne sera pas mieux avec le bracelet si la police n'a pas les
moyens d'intervenir.
On a déjà parlé également de la cohérence avec
la Loi sur la protection de la jeunesse. Il faut également que les victimes
soient accompagnées dans le... lorsqu'elles portent ce dispositif. Les
Espagnols nous instruisent dans leur expérience qu'il faut avoir des services
parallèles pour assumer... assurer un accompagnement parce que ça fragilise les
victimes, au départ, de ne pas connaître ces dispositifs et puis de devoir s'en
saisir. Les maisons d'hébergement sont là, cruciales, puis je refais à nouveau un
lien avec Rebâtir la confiance, le tribunal spécialisé en violence
conjugale est prévu avec un service... un centre de services intégrés pour les
victimes. Et dernièrement, évidemment, les conjoints, les conjoints violents,
doivent... qui se feront imposer le port du bracelet devraient être
systématiquement référés aux services d'aide aux conjoints violents.
Le Président (M.
Bachand) : Excusez-moi. Je vous
demanderais de conclure, s'il vous plaît. Merci.
Mme Fedida (Gaëlle) : Oui,
j'achève. Rapidement, sur l'enjeu crucial de la formation des effectifs
policiers et des services correctionnels, qui est largement recommandée
également par le coroner, et plusieurs formations existent actuellement dans
les groupes de femmes, donc, le bracelet sauvera des vies, oui, s'il est
correctement... si l'outil technologique est correctement adéquat, mais il ne
sauvera pas toutes les vies, ce n'est qu'un instrument au travers de plusieurs.
Et, notamment, un individu dangereux pour autrui devrait purement et simplement
rester derrière les barreaux. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Nous allons
maintenant procéder à la période d'échange. Je me tourne vers la partie
ministérielle, Mme la ministre, pour une période de 15 min 20 s, s'il
vous plaît.
Mme Guilbault : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Merci à nouveau,
mesdames, pour cet exposé qui, je pense, en tout cas, a été bouleversant dès le
départ avec le témoignage que vous nous avez lu. Effectivement, on avait vu cette histoire-là, la fin de l'histoire
dans les médias, mais vous l'avez partie du début. Puis ça démontre bien,
là...
Moi, souvent, je parle du cycle infernal de la
violence conjugale. Je parle de la paix d'esprit, du sentiment de sécurité, du
contrôle sur leur propre vie qui sont tous cruellement dérobés aux femmes qui
sont victimes de violence conjugale par un homme qui, effectivement, entre,
sort de prison, des fois il n'y va pas toujours, puis... bon. Puis là on parle
des judiciarisés, là, effectivement, là, parce qu'il faut bien placer, M. le
Président, que, là, le bracelet, c'est pour une personne qui va être
judiciarisée. Donc, on ne parle même pas de tout ce bassin de femmes qui, pour
toutes sortes de raisons, ne veulent pas, ou
ne peuvent pas, ou n'osent pas porter plainte. Et ça, on travaille autrement
là-dessus... mais, bref, une fois qu'il est judiciarisé. Puis, c'est ça,
c'est infernal, infernal.
Et moi, j'ai parlé à plusieurs victimes, mais
jamais autant que vous, qui les côtoyez de près. Puis vous nous disiez, au début, 63 % des femmes qui
viennent dans vos milieux d'hébergement viennent avec leurs enfants, et
87 % de ces enfants-là ont moins de 12 ans. Ça fait que, tu sais,
imaginons-nous... Je n'ai pas de question comme telle, mais je veux revenir
là-dessus parce que, si jamais quelqu'un qui nous écoute n'était pas encore
conscient de tout l'effort et l'innovation dont il faut faire preuve dans la
manière de lutter contre ça, là, bien, les statistiques que vous nous donnez,
les enfants de moins de 12 ans qui sont exposés, réexposés, réexposés
continuellement à ce cycle infernal-là, en plus de la femme, c'est inhumain.
Donc...
Et ce
bracelet-là... Puis là je disais... moi, j'ai rencontré un certain nombre de
femmes, entre autres Mme Giroux,
qui a annoncé le bracelet avec moi, qui, elle, vit ça depuis 20 ans, des
agressions sexuelles, des viols devant ses propres fils, des choses, là,
qui tirent les larmes. Puis elle, elle vit ça depuis 20 ans. Puis elle est
habituée. Puis il va en prison puis il
ressort. Puis, la dernière fois que je lui ai parlé, il était à sa
17e condamnation, l'homme en question. Puis elle, elle m'a dit : Ça va finir seulement le jour où
soit il va me tuer ou je vais le tuer. Mon testament est prêt depuis
longtemps, mes enfants savent il est où.
Elle m'a dit ça. Ça fait que, tu sais, je vous dis ça comme ça, là, parce que
je trouve que c'est le moment ici de
se dire ces choses-là parce que, c'est ça, ces femmes-là sont vivantes, en
théorie, mais, à un moment donné, elles
sont presque mortes intérieurement. Puis cette femme-là me disait : Ce
bracelet-là, moi, je donnerais n'importe quoi pour pouvoir avoir ce bracelet-là. Puis j'ai l'impression, là, tu sais,
les 810, les bris, les conditions, tout ça, elle en a eu, puis ça ne marche pas. Elle déménage, il la retrouve.
Ça fait qu'elle dit : Moi, c'est le seul espoir qu'il me reste, ce
bracelet-là.
Donc, bref, est-ce que vous, vous pensez que...
Parce que c'est quand même invasif aussi. Tu sais, il faut le dire, ça géolocalise, là. Donc, ça peut être
intrusif pour la femme aussi : on sait toujours ce qu'elle fait, on sait
toujours où elle va. Mais, pour ce que vous en savez puis
pour côtoyer de près ces femmes-là, est-ce que vous pensez qu'une majorité de
ces femmes-là, dans la mesure où le conjoint est... l'homme est judiciarisé,
l'auteur de violence conjugale, vont être intéressées à le porter ou est-ce
qu'il y aurait des craintes ou un malaise?
Mme Fedida (Gaëlle) : Maud.
Mme Guilbault :
Et juste une sous-question. Excusez, je vais mettre ma sous-question en même
temps parce que je ne vais pas vous interrompre. Parce que j'ai déjà entendu
des gens dire... Nous, on dit toujours : Ça va prendre le consentement de
la victime. On n'imposera jamais un bracelet de géolocalisation à une victime
qui ne veut pas. Mais j'ai déjà entendu le point de vue inverse, de dire :
On devrait l'obliger dans certains cas pour le propre bien de la femme. Donc,
je mets ça ensemble. Moi, j'ai mon opinion là-dessus, mais vous, vous êtes des
expertes. Donc, je mets ces deux questions-là ensemble pour avoir votre point
de vue.
• (11 h 50) •
Mme Pontel (Maud) : Merci beaucoup,
Mme la ministre. Je répondrais tout de suite par rapport à votre dernier point,
sur le fait de possiblement imposer ce type de dispositif à des victimes. Les
femmes qui vivent de la violence conjugale ne vivent pas, elles survivent.
Elles ont été prises dans une dynamique de contrôle coercitif où chacun de
leurs mouvements était observé, minuté, contrôlé. Imposer un bouton panique,
c'est reproduire un cycle d'imposition, et ça ne permet pas à ces femmes de se
libérer du contrôle et de la violence. Donc, je pense que, dans le cadre d'un tel dispositif, il faut que ça fasse
partie des options de protection qui doivent être présentées aux femmes.
Certainement
que les femmes qui sont victimes de violence conjugale et qui doivent faire
face à des ex-conjoints multirécidivistes vont possiblement être
intéressées à entendre parler de ces options. Cependant, ce que l'on sait,
c'est que le dispositif peut effectivement, comme vous l'avez mentionné, être
très intrusif, et ça ne devrait pas être du
ressort de la victime que de gérer l'ensemble des alertes qui pourraient être,
comment dire... qui pourraient être faites.
Donc, ce que nous, on préconise, c'est
qu'effectivement, quand on parle de la collaboration des services
correctionnels, des services policiers, c'est que cela devrait... la charge
devrait leur être retournée pour la gestion des alertes. À savoir que, si un ex-conjoint se trouve dans un périmètre où
il ne doit pas se retrouver, il faut trouver des manières de pouvoir
prévenir madame sans que ça crée chez elle un sentiment d'angoisse, de stress.
Et ça, c'est très important.
Souvent, on va parler du bouton panique, hein?
Dans plusieurs établissements de la santé, on retrouve ces boutons panique où,
en fait, ce sont vraiment les usagers qui vont l'utiliser. On sait que, dans
les mesures de l'IVAC, ce sont aussi des options qui sont proposées aux victimes.
Et donc il faut trouver un entre-deux pour que les femmes aient le sentiment de
retrouver du pouvoir d'agir, qu'elles ont aussi le sentiment de contrôler la
situation, mais qu'au niveau de ce dispositif ça ne représente pas un stress
supplémentaire sur les moyens d'action qu'elles prennent pour se mettre en
sécurité, elles et leurs enfants.
Mme Guilbault : Est-ce que vous vouliez ajouter...
Mme Fedida (Gaëlle) : Ce que
j'aurais peut-être aimé ajouter, c'est que ce sont des femmes qui vivent en
état d'hypervigilance depuis déjà... depuis très longtemps. Donc, oui, c'est
sûr, on a entendu aussi le fait que ça pourrait générer encore de
l'hypervigilance, bon. Il faut effectivement trouver une façon que ce soit le
moins intrusif possible. Mais les femmes victimes de violence conjugale sont en
hypervigilance de toute façon. C'est devenu leur principal mode de survie,
justement. Alors, je mettrais vraiment un sérieux bémol, quand même, à cette
remarque. Et puis, encore une fois aussi, l'accompagnement des victimes va
servir, va être utile à pouvoir pacifier l'usage de ça. On va devoir être
partie prenante pour accompagner les victimes là-dedans.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, bien, effectivement, tout à fait. Puis vous avez parlé
du 810. Tu sais, le fameux 810, on en parle souvent, ça revient toujours sur le
sujet quand il est question de la violence conjugale. Parce que, même si on met
de l'argent... Tu sais, nous, on a mis beaucoup d'argent pour avoir des projets
spécialisés au sein de nos corps de police, d'avoir vraiment des ressources
dédiées en violence conjugale au sein de nos services de police, beaucoup pour
l'accompagnement des victimes, pendant la plainte, tu sais, c'est pénible... d'avoir
des procureurs dédiés aussi, symétriquement, là, pour qu'il y ait toujours la
même équipe autour d'une victime à travers son processus judiciaire. Puis
donc... Puis... Mais les 810, ce n'est pas réaliste de penser qu'avec
15 000 policiers au Québec on va pouvoir surveiller 24 heures
sur 24 tous les hommes qui ont un 810. Ça fait que le bracelet se propose de
venir pallier cette lacune-là, de surveillance humaine qui n'est pas possible,
là. Il n'y a aucun pays qui peut avoir assez d'agents de la paix pour que tous
les hommes violents soient surveillés 24/7. Ce n'est pas réaliste, là. Tu sais,
je veux dire, ce n'est pas unique au Québec. C'est pour ça que le bracelet peut
être un moyen technologique.
Donc, vous aussi, vous avez parlé du 810 dans
votre exposé. Vous devez sûrement entendre toutes sortes d'affaires. Vous avez
parlé aussi du 811, d'ailleurs. Vous devez sûrement en entendre de toutes
sortes sur le 810 qui n'est pas respecté, qui ne sert à rien, puis tout ça,
notamment dans l'exemple, ça fait que... Est-ce que vous considérez
effectivement que le bracelet peut devenir une alternative technologique
intéressante à la surveillance humaine pour les fameux 810, et donc renforcer
la portée puis l'utilité des 810?
Mme Fedida (Gaëlle) : Bien, c'est ce
qu'on souhaiterait, effectivement...
Mme Guilbault : ...parce
que, c'est ça, ce n'est pas au même... ce n'est pas à la même étape du
processus. Mais, tu sais, compléter, finalement, puis amener la fameuse paix
d'esprit.
Mme Pontel (Maud) : Exactement. Puis ça va
aussi beaucoup avec l'évaluation de la dangerosité. Donc, il y a tout un
processus d'évaluation à faire avec un ex-conjoint violent pour voir quel est
le risque de récidive. Si on considère que le risque de récidive est élevé, il
est certain qu'il faut prendre en considération la mise en place de
dispositifs, absolument.
Mme Guilbault : Oui. Puis c'est très intéressant, ce que vous dites. Puis je vais en
profiter pour insérer une...
Il me reste combien
de temps, M. le Président?
Le
Président (M. Bachand) : Cinq minutes.
Mme
Guilbault : Cinq minutes? Bon, bien,
je vais être brève parce que je vais laisser du temps à mon collègue de Nicolet-Bécancour. Mais ce que vous
dites... c'est ça, parce que, tu sais, le bracelet va pouvoir être
imposé aussi au stade de la remise en liberté, donc en attendant le procès,
même s'il n'a pas été condamné encore. Tu sais, dans l'histoire que vous
racontiez tout à l'heure, là, ils sont libérés, puis là ils font quatre jours,
puis ils reviennent, ça fait que c'est un stress permanent pour la victime.
Puis on a, nous, le
service d'évaluation du conjoint au stade de la mise en liberté provisoire. Ça
fait que je veux juste le rappeler pour le bénéfice de tout le monde parce que
ça, c'est super intéressant, encore une fois piloté par notre Direction
générale des services correctionnels, et, depuis décembre 2020, on l'a
graduellement élargi à toutes les régions du Québec, alors qu'avant ce n'était
pas disponible partout, en tout cas. Ça fait que... Puis on fait de la
formation pour que les gens y recourent de plus en plus. Puis, tout à l'heure,
je discutais avec ma sous-ministre, puis ça a augmenté de 700 %, vous me
disiez? 700 % plus d'utilisation du service d'évaluation du conjoint violent
au stade de la mise en liberté provisoire. Ça fait que ça, c'est énorme, là, tu
sais, 700 %. Puis ça va aller en s'améliorant, on l'espère bien, entre
autres dans des régions qui, peut-être des fois, sont plus... tu sais, les
régions dans le Nord ou, tu sais, des régions où des fois c'est plus difficile,
la desserte, parce qu'il y a une rareté de ressources.
Donc, je voulais
juste le mentionner, M. le Président. Je trouve que c'est bon pour les
collègues de savoir ça, parce que c'est en complément, parce que cette
évaluation-là est... a pour objectif d'éclairer le juge qui, lui, ensuite, va
décider : Est-ce que j'impose un bracelet ou non? Donc, ça peut être très,
très intéressant pour éclairer le juge qui va prendre les décisions.
Alors, mesdames, en
vous remerciant encore très sincèrement du fond du coeur pour tout ce que vous
faites, entre autres être venues aujourd'hui, mais pour tout ce que vous faites
en général. Je vais céder la parole à notre collègue de Nicolet-Bécancour.
Merci beaucoup.
Le
Président (M. Bachand) : ...Nicolet-Bécancour
pour quatre minutes, s'il vous plaît.
M. Martel : Merci.
Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour,
chers collègues. Deux questions. Une première question très candide, là. Dans
mon autre carrière, j'ai fait souvent affaire avec les centres de femmes, les
centres d'hébergement pour femmes violentées. C'est quoi la différence entre
les traditionnels qu'il peut y avoir, par exemple, chez nous et la deuxième étape?
Mme Fedida
(Gaëlle) : Les maisons d'aide et d'hébergement que le monde connaît en
général, ce sont des maisons qui font des... qui accueillent les femmes en
séjour d'urgence. Donc, ce sont des séjours qui peuvent aller jusqu'à trois
mois. La durée moyenne de ces séjours-là, c'est un mois, et ce sont des lieux
collectifs, chacune a sa chambre avec ses enfants, puis c'est un lieu
collectif. En deuxième étape, 8 % des femmes qui sortent des refuges
d'urgence ont encore besoin de sécurité accrue à cause de la dangerosité du
conjoint.
Donc, les
intervenantes de première étape font une évaluation de la dangerosité et, si
elle est vraiment trop importante, elles vont référer la femme et ses enfants
dans une deuxième étape. Là, ce sont des séjours d'un an dans des appartements
sécurisés avec service pour les femmes et pour les enfants et où c'est là
précisément qu'on est en prévention de l'homicide, parce que, là, la dame a
vraiment décidé de quitter le conjoint et de réorienter sa vie. Mais c'est là,
justement, on le sait, la violence postséparation, elle est... le risque
d'homicide est extrêmement plus élevé dans l'année qui suit la séparation parce
que l'homme violent a perdu son jouet. Concrètement, il perd le contrôle.
Donc, la deuxième
étape, c'est vraiment... ce sont des ressources où les femmes qui sont en
danger du fait de la dangerosité de leur conjoint vont pouvoir être réfugiées
pour une année.
M. Martel :
D'accord. Ma deuxième question, c'est... Moi, je suis venu au monde comme
un homme, très content de l'être, mais,
quand j'entends des récits comme vous avez mentionnés tantôt, là, c'est
difficile, c'est... je suis moins
fier, je suis moins fier d'être un homme quand j'entends des choses comme ça.
Je suis très content du projet de loi qu'on dépose, mais je vous parle
comme homme, pas comme député. Puis, au-delà de toute la législature qu'on peut
imposer, il y a un problème de société par
rapport à ça. Puis, toutes les fois... Puis, l'année passée, on a entendu
beaucoup d'homicides qu'il y a eu chez les femmes, puis, à chaque fois, c'est
comme si on recevait un couteau au coeur.
Moi, je vous
demanderais, si vous aviez un message, là, aux hommes : Qu'est-ce qu'on
peut faire? Au-delà de toute la législature qu'on peut adapter, si vous aviez un
message à adresser aux hommes pour qu'on s'aide, qu'on essaie de contribuer à
l'effort d'éviter ce genre de drame là, ce serait quoi, votre message?
Mme Pontel
(Maud) : Écoutez, merci beaucoup pour ce partage. Il y a eu une
campagne de sensibilisation qui s'intitulait Parle à tes chums, et je
pense que, quand on entend l'effet, l'impact que les féminicides de l'année
passée ont eu sur la population en général, qu'on soit un homme ou une femme,
c'est sûr que ça ne laisse indifférent personne. Et, quand on a conscience de
ce qu'est la violence conjugale, du cycle de la violence conjugale, des
techniques de contrôle et de manipulation et qu'on est capables de les observer
chez un frère, un cousin, un ami, un collègue de travail, c'est très important
de ne pas rester silencieux.
Et on ne peut pas rester témoin et ne pas agir.
On a le devoir de dénoncer. Et c'est important de pouvoir sensibiliser les gens
de l'entourage, d'expliquer que c'est des comportements qui sont inacceptables,
que, s'il y a des enjeux, il y a des
ressources pour supporter, accompagner des conjoints violents et qu'il est
nécessaire d'aller chercher de l'aide
avant que des situations atroces se produisent. Donc, je dirais, on a tous le
devoir de parler. On a tous le devoir de se sensibiliser les uns les
autres et surtout de ne pas rester silencieux.
• (12 heures) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Je me tourne
maintenant vers l'opposition officielle pour une période de 10 min
13 s. M. le député de Vimont, s'il vous plaît.
M. Rousselle : Merci. Merci,
mesdames, d'être là. Écoutez, je vais être bref parce que je veux laisser de la
place à ma collègue de Verdun. Écoutez, deux
questions rapides. Premièrement, vous avez raison, c'est une
responsabilité de la société au complet pour s'occuper, justement, concernant
la violence. Il n'y a aucune raison que l'on doit aller vers la violence. Donc,
je suis vraiment en accord avec vous, mais total. Il n'y a... Je pense qu'il
n'y a personne qui ne peut pas être en accord avec vous. La violence, ça n'a
pas sa place, mais pas pantoute.
Deux choses. Quand vous recevez,
malheureusement, les victimes, là, chez vous, pouvez-vous me dire, entre la
plainte et au moment qu'il passe à la cour... Parce qu'il y a toujours ce
problème-là. Lorsque l'on parle du bracelet antirapprochement, bien, il y a ce
problème-là, justement, entre la plainte... Parce que, déjà, la personne qui a
été violentée, déjà qu'elle décide de porter
plainte, qu'elle décide d'aller vous voir, déjà, elle a un cheminement. Donc,
il y a eu des années, bien souvent,
de violence là-dedans. Donc, j'aimerais ça, savoir qu'est-ce qui se passe.
Parce que, là, vous parlez beaucoup d'enfants là-dedans, donc le
déracinement itou. J'aimerais vous entendre là-dessus parce que, là, le
bracelet ne viendra pas régler ce problème-là.
Deuxième
chose aussi, c'est l'accompagnement. Vous avez parlé de l'accompagnement
tantôt. Effectivement, dans d'autres pays, il y a un policier... je vous
dirais plus des policières qui accompagnent justement la victime vraiment pour
qu'elle se sente épaulée, et, de l'autre côté, pour... chez nous, je pense
qu'on appelle ça des agents vérificateurs,
je pense, en tout cas, au niveau correctionnel. Donc, il y a les deux côtés.
Donc, la victime et la personne violente sont comme suivies, je vous
dirais, et, oui, effectivement, il faut que les deux se parlent, mais...
Vous, pensez-vous aussi que... Parce que, là,
ces personnes-là ont besoin de suivi psychologique. Il faut qu'ils soient
comme... Il faut qu'ils regagnent confiance en eux. Comprenez-vous? Donc,
est-ce qu'actuellement vous avez ça
actuellement? Est-ce que vous avez les sous pour le faire? Est-ce que vous avez
les sous pour accompagner toutes ces femmes-là? Parce qu'il y a aussi...
Il y a un côté monétaire là-dedans. Quand on a un contrôle, hein, on a le
contrôle total, malheureusement pour eux. Donc, dites-moi, j'aimerais ça, vous
entendre là-dessus. Merci.
Mme Fedida
(Gaëlle) : Bien, je vais prendre la deuxième question, Maud,
tu prendras l'autre. Sur la question de l'accompagnement, oui,
effectivement, dans les maisons d'hébergement, que ce soient les maisons
d'urgence ou les maisons de 2e étape, il y a tout à fait des services et puis
qui ont... dont les financements ont été largement bonifiés dans les deux
dernières années, on a vraiment pu constater un réel effort de rattrapage.
Il reste des enjeux quand même vraiment très
importants au niveau du manque de places, que ce soit en urgence ou en deuxième
étape. Puis ça, ce sont des travaux en cours actuellement avec la SHQ, avec le
ministère de la Santé. Je ne vous cache pas, d'ailleurs, qu'à cet égard on attend
des choses du prochain budget. On a vraiment pu identifier clairement les
endroits où il manque de places et les endroits où, même, les places... il y a
des endroits où il n'y a carrément pas de service du tout. Il y a encore des
régions, aujourd'hui, où il n'y a pas de service de deuxième étape, par
exemple, et il y a des endroits où les maisons d'urgence débordent
complètement.
Donc, je dirais que, pour ce qui existe
actuellement, donc pour ce qui est opéré actuellement, effectivement, on est
capable d'offrir des très bons services. Par contre, il manque des places, il
manque des maisons un peu partout. Donc, c'est là qu'on en est actuellement
avec le comité interministériel en violence conjugale, je dirais.
Mme Pontel (Maud) : Au niveau de
votre question, entre le moment où les femmes portent plainte et le passage à
la cour, déjà, je tiens à vous remercier, là, d'avoir précisé qu'effectivement,
pour beaucoup de victimes, il est très difficile de porter plainte. Souvent,
les femmes vont avoir le sentiment de ne pas être crues. Beaucoup de victimes
vont nous dire qu'elles ont l'impression d'être folles, parce que, parfois, la
violence n'est pas physique, la violence va être psychologique, verbale, des
menaces, etc., beaucoup de contrôle. Donc, les femmes vont avoir très peu de...
vont avoir le sentiment de ne pas avoir suffisamment de preuves pour pouvoir
démontrer la violence qu'elles vivent. C'est la raison aussi pour laquelle on
travaille beaucoup sur le contrôle coercitif et pour que les équipes des corps
policiers puissent être sensibilisées à cette réalité-là, pour qu'il y ait un
dépistage qui soit plus facile, et aussi qu'au niveau de la compréhension du
contexte dans lequel les femmes vivent... que les policiers soient plus sensibles
à ce contexte-là. Donc, effectivement, les femmes ont de la difficulté à porter
plainte.
Ce qui se passe, ce qu'on voit, c'est très
inégal d'une région à l'autre. Il y a eu beaucoup, je dirais, d'efforts qui ont
été mis pour accélérer les processus entre le moment où les femmes vont porter
plainte et le moment où il va y avoir un passage à la
cour. Malheureusement, on l'a vu pendant la COVID, parfois les délais étaient
irraisonnables. Et effectivement ça va faire
en sorte que les femmes vont vivre énormément de crainte et de, comment dire,
de peur, de stress et d'angoisse. Et
donc c'est la raison pour laquelle il est très important que les processus
soient accélérés pour garantir et... à la fois la sécurité des femmes
et, comme le disait la ministre tantôt, au niveau de la paix d'esprit. Donc,
savoir rapidement ce qui va se passer, ça va
permettre aux femmes de pouvoir se sentir plus rapidement en sécurité et de
pouvoir entamer des démarches pour réorganiser leur vie et, justement, vivre
sans violence et sans menace de violence.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée
de Verdun pour à peu près 4 min 30 s, s'il vous plaît.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. Mme Fedida, Mme Pontel, c'est un plaisir de vous retrouver. On a travaillé ensemble, notamment avec Rebâtir la
confiance, et aujourd'hui on se retrouve avec une des
recommandations, là, la recommandation 84 pour le port du bracelet. Je
vous entendais, tout à l'heure, dans le fond, mentionner que 500 bracelets,
selon vous, ce sera trop peu face au nombre d'hommes qui sont, dans le fond,
récidivistes, notamment. C'est bien ce que j'ai entendu?
Mme Fedida (Gaëlle) :
En
fait, on est revenues sur les chiffres qui ont été annoncés par les chercheurs.
Ils parlaient de 23 % des hommes qui étaient... qui répondaient aux
critères et à la grille d'analyse qu'ils ont fournis. Donc, avec
18 000 infractions en contexte conjugal, 23 %, ça nous en donne
plus de 4 000 par an.
Maintenant, comme on a dit, effectivement, ce n'est
pas toutes les... ça ne va pas être du mur-à-mur dans toutes les situations. Donc, l'estimation du ministère, là, de parler de
500 bracelets, on ne sait pas exactement comment ça a pu être
évalué. Ce ne sera probablement pas 4 000, parce que, comme on l'a dit, ça
ne conviendra pas à tout le monde, mais c'est l'envergure de ce que ça pourrait
être, effectivement.
Mme Melançon : Parfait.
Concernant... Parce que, dans le fond, on a un calendrier devant nous qui a été
annoncé, là, pour le déploiement. Et, un peu comme pour le tribunal spécialisé,
moi, j'ai un souci avec les projets pilotes, parce qu'une victime, selon là où
elle habite ou là où elle est victime, qu'elle ne reçoive pas le même
accompagnement, j'ai un souci. Et je crois que vous avez ce souci-là de votre
côté aussi, mais j'entends qu'un projet pilote
sur une région, par exemple, comme la Côte-Nord... Je l'ai habitée là, j'ai
habité pendant cinq ans sur la Côte-Nord, je peux vous dire que le réseau
cellulaire, c'est comme ça. Donc, d'avoir un projet pilote là où, justement, le
réseau cellulaire n'est pas super, ça, je pense que c'est convenable, mais un
déploiement plus rapide pourrait répondre probablement à des besoins partout
sur le territoire. Parce qu'il y a quand même cette préoccupation-là, là. De
savoir qu'une femme, qu'elle habite Montréal, ou Québec, ou l'Outaouais, mais
qu'elle n'ait pas accès à la même sécurité, je vais dire ça ainsi, ça devient
un peu inégalitaire ou injuste, non?
• (12 h 10) •
Mme Pontel (Maud) : Absolument. La
sécurité d'une femme ne peut pas dépendre de son code postal, et donc, quand on
parle, justement, des régions éloignées, quand on considère l'étendue du
territoire québécois, pour nous, il est impératif d'avoir ces projets pilotes
là dans des régions où, effectivement, la technologie est un enjeu, les
distances sont un enjeu. Parce que, si on est capable de venir en aide
rapidement à une femme qui craint pour sa vie et qui craint pour sa sécurité
dans des régions éloignées, là, on aura fait... je dirais qu'on aura fait des
gains, et ça va nous permettre de pouvoir étendre ces projets-là à des régions
urbaines, à des grandes villes. Et donc il faut... je pense qu'il faut vraiment
concevoir la mise en place de ces projets-là là où ça va être le plus difficile
à implanter. Il faut commencer par là.
Mme
Melançon : Ma petite
dernière question, parce qu'il me reste environ une minute, mesdames,
j'aimerais savoir combien de femmes, malheureusement, sont refusées en maison
de deuxième étape, actuellement dans vos maisons, par manque de places.
Mme Fedida
(Gaëlle) : Alors, les
dernières statistiques qu'on a datent d'avant la COVID, parce
qu'évidemment en COVID c'était... on va compter ça différemment, on a eu
beaucoup d'unités fermées pour faire des zones rouges, par exemple. Donc, avant
la COVID, on était à un taux de 75 % de refus des demandes admissibles à
Montréal et 37 % en région, dans les régions où il y a du service, parce
qu'encore une fois il y a plusieurs régions actuellement qui ne disposent pas
du service de deuxième étape.
Une petite remarque sur votre question
précédente. Nous, on n'est pas des expertes technologiques, là. Donc, on a
entendu parler que ce soit par des réseaux cellulaires, mais finalement on n'en
sait rien. Puis peut-être que... on s'est demandé si le ministère de la
Cybersécurité numérique de M. Caire était impliqué d'une façon ou d'une
autre, parce que des moyens technologiques, bien, nous, on ne sait pas si ça va
être ça, le meilleur, mais il y a certainement des experts et des spécialistes
dans l'appareil gouvernemental qui peuvent évaluer ces choses-là.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au deuxième groupe
d'opposition. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, pour
2 min 33 s.
Mme Massé : Merci. C'est un très bon
commentaire, que vous venez de faire, et je vous en remercie. Vous, vous êtes
les spécialistes de la protection des femmes, et non pas des technologies pour
les protéger.
En
deux minutes, j'irais, d'entrée de jeu, avec seulement deux questions. Une
première, c'est la question de l'évaluation du niveau de dangerosité. Par le
passé, on a vu des gaps vraiment différents entre ce que les femmes témoignaient de leur niveau de dangerosité
qu'elles vivaient, ressentaient, et comment nos institutions ne
reconnaissaient pas ça comme étant valide. Alors, est-ce que vous sentez que,
là, il y a quelque chose à prévoir pour nous assurer que les services
d'évaluation puissent répondre adéquatement?
Et l'autre, je vous
la pose tout de suite, comme ça vous aurez le reste du temps. Vous avez parlé,
plus tôt, de périmètre de sécurité réaliste pour, justement, assurer une paix
d'esprit des femmes. Pouvez-vous m'en dire un peu plus? J'aurais besoin de
mieux comprendre votre préoccupation.
Mme Pontel
(Maud) : Gaëlle, je peux commencer avec la première question?
Mme Fedida
(Gaëlle) : ...
Mme Pontel (Maud) :
Très bien. Donc, effectivement, comme vous l'avez souligné, par le passé, il y
avait vraiment un écart entre ce qu'éprouvaient les victimes, ce qu'elles
exprimaient en termes de craintes et la manière dont c'était reçu par les
autorités. Et là je vais me référer au rapport du coroner qui a été publié en
2020 à l'effet que, bien souvent, il y avait une tendance à minimiser. Donc,
sur les 10 situations qui avaient été évaluées, ce qu'on repérait, c'est
qu'il y avait une minimisation de la crainte de la victime ou encore de la
crainte de l'entourage à l'effet qu'il y ait un passage à l'acte. Donc, ce
qu'on se rend compte, c'est que, de minimiser ces craintes-là, ça va conduire à
des décisions erronées qui vont mettre la vie en danger de ces femmes et des
enfants. Et, dans les 10 situations qui ont été analysées, c'est
clairement le cas, parce que les personnes sont décédées.
Donc, pour nous, ce
qui est très important, c'est qu'au niveau de la reconnaissance de tous ces
facteurs de risque il y ait une formation qui soit uniforme au niveau des
différents intervenants, des corps policiers, des services correctionnels, que
ça commence dès Nicolet, dès l'école de police, au niveau de la formation. Et
donc ça fait partie aussi de nos recommandations générales, que cette
formation-là soit vraiment un volet de formation à l'école de police, par
rapport à la violence conjugale, la violence conjugale post-séparation,
l'identification des facteurs de risque, pour justement être capable de
développer et déployer des interventions qui font du sens et qui sauvent des
vies. Donc, effectivement, les différents rapports vont dans le sens... au
niveau des recommandations, vont dans le sens de la formation des différents
intervenants du secteur sociojudiciaire.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Mme Fedida,
rapidement, s'il vous plaît.
Mme Fedida
(Gaëlle) : Oui. Concernant le périmètre de sécurité réaliste, bien, le
problème, quand on voit le cas qu'on a présenté... Et puis ce n'est pas rare
d'avoir des périmètres de sécurité, c'est ça, de 200 mètres. Donc, entre
le moment où il y a un bris de condition puis que monsieur arrive dans le
périmètre des 200 mètres, ça va être quoi, la capacité de réaction réelle
avant qu'il marche les 200 mètres ou qu'il les fasse en voiture, en moto,
à cheval, n'importe quoi? C'est juste... Ça ne veut rien dire. Alors, on se
fait dire, sur ce genre de commentaire : Bien oui, mais il a quand même la
liberté d'établissement, le monsieur, alors ça voudrait dire qu'il doit
déménager. Mon Dieu! C'est terrible, il va devoir assumer les conséquences de
ses actes un petit peu, le monsieur. Là, pour moi, c'est nul et non avenu,
comme réflexion, en fait.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Mme la députée de Gaspé, pour 2 min 33 s, s'il vous plaît.
Mme Perry
Mélançon : Merci. Bien, il y a déjà plusieurs réponses qui ont été
données, là, durant la présentation d'autres collègues aussi. Donc, moi,
j'irais peut-être sur... parce qu'il y a un aspect, là, qui m'a quand même...
qui a retenu mon attention. C'est sûr qu'il ne faut pas que le bracelet
antirapprochement devienne la façon de surveiller puis qu'il n'y ait plus de
surveillance humaine. Je pense que vous l'avez quand même bien mentionné.
Qu'est-ce qu'on peut justement faire pour renforcer les équipes spécialisées?
Vous avez mentionné le modèle espagnol, justement, où il y a des jumelages.
Est-ce que vous seriez en faveur de ça? C'est quoi, votre opinion, là, par
rapport au jumelage avec des ressources policières?
Et, en deuxième lieu,
je vous ai entendues parler rapidement des autres formes de délinquance et je
n'ai pas tout à fait suivi le raisonnement. Si vous pouviez clarifier, là, de
quelle façon le bracelet pourrait les... ou la mesure pourrait leur être
soumise, là. J'ai peut-être manqué ce bout-là dans votre présentation quand
vous disiez : On prend comme... Un peu de façon naturelle, quelqu'un qui
est délinquant a un comportement violent aussi, donc il faudrait qu'eux aussi
soient... en tout cas, pris dans le calcul, là.
Mme Fedida
(Gaëlle) : C'est l'étude de l'Université de Montréal sur
121 conjoints violents judiciarisés. En fait,
le chercheur a analysé son passé, son histoire de violence, et pour se rendre
compte que, dans 94 % des cas, bien, les hommes qui faisaient, qui
posaient des actes de violence conjugale étaient aussi des hommes qui, par
ailleurs, dans d'autres sphères de leur vie, étaient violents. Et donc,
finalement, il dit : Au final, puisque, là, on les a sous la main quand ils
sont arrêtés pour autre chose, pourquoi est-ce qu'on n'en profite pas pour
faire l'analyse de dangerosité?
Mme Perry
Mélançon : O.K. Dans ce sens-là. Merci.
Mme Pontel
(Maud) : Et donc, par rapport à la question que vous aviez, là, je
dirais, sur l'encadrement des agresseurs,
c'est sûr que, quand on lit le rapport Rebâtir la confiance, il y a des
recommandations à cet effet, notamment une sur l'homologation des
groupes d'hommes, donc des groupes qui interviennent auprès de ces conjoints
violents. C'est sûr que le fardeau de l'encadrement et de la surveillance de
ces récidivistes ne peut pas revenir uniquement à ces groupes-là qui
travaillent davantage en prévention et qui font de l'intervention auprès de ces
agresseurs.
Cependant, ce qui est important, c'est qu'autant
on voit qu'il y a une multitude de services qui sont déployés pour les victimes
de violence conjugale... il faut aussi une multitude de services qui soient
déployés pour encadrer très strictement les
remises en liberté de ces agresseurs pour s'assurer qu'il y ait un suivi
strict, régulier et que ce ne soit pas juste un «check mark» que
monsieur a participé à un atelier. Non. On le sait, quand un conjoint, un
ex-conjoint veut tuer sa conjointe parce qu'il a le sentiment qu'elle sort de
son contrôle, il sera prêt à tout pour pouvoir exécuter ces gestes. Et donc
c'est très important qu'il y ait un suivi qui soit très strict et que ce
suivi-là soit opéré par une multitude d'acteurs, dont les services
correctionnels.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Écoutez, merci beaucoup, mesdames,
d'avoir été avec nous aujourd'hui, c'était un grand privilège. Alors, on se dit
à bientôt.
Et, sur ce, je suspends les travaux jusqu'à
15 heures cet après-midi. Merci. À bientôt.
(Suspension de la séance à 12 h 20)
(Reprise à 15 h 06)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi.
La Commission des institutions reprend ses
travaux. Nous poursuivons les auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières sur le projet de loi n° 24, Loi modifiant la
Loi sur le système correctionnel du Québec afin d'y prévoir le pouvoir d'exiger
qu'une personne contrevenante soit liée à un dispositif permettant de savoir où
elle se trouve.
Cet après-midi, nous entendrons le Syndicat des
agents de la paix en services correctionnels du Québec. Mais d'abord il me fait
plaisir d'accueillir les représentantes de Femmes autochtones du Québec. Alors,
bienvenue. Merci d'être avec nous cet après-midi. Je vous rappelle que vous
disposez 10 minutes de présentation, et par après nous aurons un échange
avec les membres. Donc, je vous invite à d'abord vous présenter et à débuter
votre exposé. Puis, encore une fois, merci d'être avec nous. La parole est à
vous.
Femmes autochtones du
Québec inc. (FAQ)
Mme Étienne (Marjolaine) : Bonjour.
«Kwe.» Mon nom, c'est Marjolaine Étienne, je suis présidente de Femmes
autochtones du Québec.
Mme Sirois-Gauthier (Stéfanie) : Bonjour,
Stéfanie Sirois-Gauthier, analyste juridique et politique chez les Femmes
autochtones du Québec.
Mme Étienne
(Marjolaine) : Je peux commencer? Merci. Bon, bien, bonjour,
«kwe», M. le Président. J'aimerais aussi
prendre le temps de saluer Mme Geneviève Guilbault, ministre de la
Sécurité publique, ses collègues ainsi que les représentantes et
représentants des oppositions. Merci d'offrir l'opportunité à Femmes
autochtones du Québec de s'exprimer sur les
enjeux préoccupants concernant la violence conjugale et familiale que les
femmes vivent au quotidien.
Je me présente, Marjolaine Étienne, présidente,
Femmes autochtones du Québec. Je suis accompagnée de Mme Stéfanie,
analyste juridique et politique.
Depuis 48 ans, Femmes autochtones du Québec
contribue et met ses efforts au rétablissement de l'équilibre entre les femmes
autochtones et les hommes, que ces derniers soient autochtones ou allochtones,
et ce, en donnant une forte voix aux besoins et priorités des femmes.
L'Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées dénonce que les femmes et les filles
autochtones subissent toutes les formes de violence de manière
disproportionnée. Les politiques coloniales
discriminatoires, patriarcales et d'assimilation ainsi que la mise en place des
pensionnats autochtones sont des exemples probants qui ont eu et ont
encore des impacts intergénérationnels. Nul besoin de vous mentionner à quel
point cela a été dévastateur et néfaste dans nos communautés et pour nos femmes
autochtones tout particulièrement.
À titre de présidente de Femmes autochtones du
Québec, j'entends poursuivre les mandats et les projets en cours. La promotion de non-violence est un cheval
de bataille pour Femmes autochtones du Québec depuis sa création. En ce sens, notre organisation salue le projet de
loi n° 24, Loi modifiant la Loi sur le système correctionnel au Québec
afin d'y prévoir le pouvoir d'exiger qu'une personne contrevenante soit liée à
un dispositif permettant de savoir où elle se trouve.
Les femmes et les filles autochtones méritent et
doivent être en sécurité face à ce fléau de la violence qui a créé un fardeau
supplémentaire pendant la pandémie. L'isolement, le confinement, les
responsabilités familiales des femmes autochtones, dans ce contexte, a augmenté
des propensions de cas de violence conjugale et familiale et de violence
sexuelle.
Le nombre de féminicides,
en 2021, est la preuve tangible que les femmes sont disproportionnellement
victimes de violence. Il est important que des mesures soient mises en place
pour adresser la problématique de manière
concrète. La mise en place de bracelets antirapprochement est une piste de
solution afin d'assurer une protection et une sécurité plus grande aux
femmes et aux filles autochtones.
Tel qu'il a été décrit dans le mémoire que FAQ a
déposé à la présente commission, notre organisation souhaite vous proposer des
recommandations qui concernent deux aspects bien précis, soit la question de la
géolocalisation ainsi que celle de la réalité des communautés autochtones.
Dans un
premier temps, nous vous recommandons de détailler davantage votre projet de
loi quant à l'utilisation du bracelet antirapprochement dans les
communautés autochtones et dans tous les autres milieux où il n'y a pas de
réseau cellulaire. Parfois, la connexion peut être soit absente ou encore
intermittente, permettant ainsi toute récidive de violence conjugale et
familiale, et ce, en tout temps. Il est important de porter une attention
particulière quant au fait qu'il y a certaines communautés autochtones qui
n'ont pas accès ou peu accès à certains services, notamment le réseau
cellulaire, c'est-à-dire le système de géolocalisation avec lequel fonctionne
le bracelet antirapprochement.
L'utilisation du bracelet dans les communautés
autochtones ne permet pas d'assurer une efficacité pour la sécurité aux femmes
et aux filles victimes de violence. FAQ est donc d'avis qu'il est possible, à
ce moment-ci, de se fier sur la géolocalisation sans qu'elle soit adaptée à la
réalité des communautés.
• (15 h 10) •
Dans un deuxième temps, FAQ recommande également
au gouvernement d'adapter l'utilisation du bracelet antirapprochement à la
réalité des communautés autochtones en ce qui a trait à la superficie de
terrain. Les enjeux de l'utilisation du bracelet en milieu urbain et dans les
communautés autochtones sont complètement différents. Dans les communautés, la
proximité entre les victimes et les personnes contrevenantes ne permet pas ce
genre de mesure. Tous les services se trouvent en plein coeur des
communautés : le bureau des gouvernances locales, le centre de santé, les
écoles, les garderies, les dépanneurs, les épiceries et les stations d'essence,
et j'en passe.
À titre d'exemple, la communauté des
Hurons-Wendats, à Wendake, a une superficie de 1,64 kilomètre carré.
Considérant que tous les services se situent tous très près, FAQ se demande
comment est-ce possible, pour une victime et une personne contrevenante qui
porte le bracelet antirapprochement, de ne pas se croiser par hasard dans la
communauté. Si l'objectif du projet de loi est d'assurer une meilleure sécurité
et une protection aux victimes de violence conjugale, donc les femmes et les
filles, la superficie de certaines communautés peut paraître trop petite pour
une distanciation appréciable.
Pour ces deux recommandations, nous vous
proposons que la mise en place des bracelets antirapprochements soit
culturellement adaptée pour une meilleure sécurité pour les femmes et les
filles autochtones. Il est primordial que les communautés elles-mêmes, les
organisations autochtones ainsi que les expertes et experts soient consultés en
amont afin de faire partie de la mise en
oeuvre et de suivi pour prendre en compte la réalité des différentes
communautés autochtones et du milieu urbain.
En terminant, il est important que la violence
conjugale et familiale soit vue dans son ensemble. En effet, le port du
bracelet aura sans doute des effets positifs, mais il demeure une solution
parmi tant d'autres. FAQ vous propose également que des mesures complémentaires
soient mises en place en parallèle au projet de loi. Nous croyons qu'il y a d'autres mesures à évaluer qui
pourraient aussi être bénéfiques, dont la réinsertion sociale et la
thérapie, l'intervention multidisciplinaire et la mise en place de formation
culturellement adaptée. Encore une fois, les acteurs autochtones concernés
doivent faire partie à part entière de leur mise en oeuvre. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la ministre,
s'il vous plaît, vous avez la parole.
Mme Guilbault : Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup,
mesdames, d'être ici. Est-ce que votre collègue voulait ajouter quelque chose?
Non? O.K. Parfait.
Le Président (M. Bachand) : Vous pouvez enlever vos masques, parce que, vu que vous
allez interagir avec les membres de la commission, alors donc, il n'y a pas de
problème, il n'y a pas de problème. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Moi non plus, je ne le savais pas ce matin. C'est très
évolutif, les règles du masque, donc... Alors, merci beaucoup, mesdames, en
plus de vous être déplacées en personne, c'est très, très apprécié. Puis c'est
surtout très pertinent puis très intéressant de vous entendre, parce
qu'effectivement vous avez une réalité particulière.
Et moi, depuis le début, bon, ça fait, grosso
modo, un an, là, que je suis dans le dossier de la violence conjugale... Puis
vous avez dit : Il faut que ça soit vu comme un outil parmi d'autres, une
mesure parmi d'autres. Puis effectivement le bracelet, on le vante beaucoup, ça
va nous placer à l'avant-garde, et tout ça, mais il faut le voir,
effectivement, comme une mesure parmi d'autres et non comme une panacée
miraculeuse, là, qui va régler le problème du jour au lendemain. Ça, je suis
parfaitement d'accord avec vous là-dessus, les femmes des maisons d'hébergement
aussi, donc tout le monde dit un peu la même chose. Mais il reste que moi, je
fonde beaucoup d'espoir sur ce bracelet-là.
Mais les points que
vous amenez sont tellement pertinents, et la question de la proximité, la
question... Tu sais, à un moment donné, tu ne peux pas... Puis j'ai... la
question qui m'est venue, c'est qu'en ce moment... On parlait du 810 ce matin.
Tu sais, souvent, il y a des 810, des interdictions de s'approcher de la
victime qui sont difficiles à faire respecter, notamment parce que c'est basé
sur une surveillance humaine, par des policiers, par des agents,
par, tu sais, des gens qui ne peuvent pas être 24/7 à surveiller tout le monde.
Puis ce bracelet-là se propose de venir un peu suppléer une forme de
surveillance qu'on n'est pas capable de faire partout en tout temps.
Mais en ce moment,
quand vous vivez... Parce que vous devez côtoyer des femmes, plusieurs femmes
qui sont victimes de violences conjugales. Quand, ces femmes-là, leur agresseur
reçoit une interdiction de s'approcher, comment est-ce que c'est administré, à
votre connaissance, comment est-ce que... Vous l'avez dit, c'est plus ou moins
réaliste, tout le monde va à la même épicerie, la garderie, la station-service,
c'est la même pour tout le monde. Donc, comment est-ce que les femmes vivent ça
en ce moment? Comment est-ce que vous vous débrouillez, j'ai envie de dire,
vous vous débrouillez pour faire respecter quelque chose qui est difficile à
respecter d'un point de vue physique, de distance physique dans la communauté?
Mme Étienne
(Marjolaine) : Sur votre question, je vous dirais que je pense que
l'exemple qu'on a pu citer à ce moment-ci, c'est l'exemple, effectivement, de
la communauté de Wendake où est-ce qu'on parle de superficie de terrain de
1,64 kilomètre carré. Et pour d'autres aussi, également, c'est le même
aspect, là, il y a tant de kilomètres carrés aussi. Mais il reste quand même
que, quand on vit dans une communauté, puis je vais vous faire référence,
effectivement, la mienne, parce qu'effectivement je viens de Mashteuiatsh,
c'est qu'on est appelés à se côtoyer partout. J'ai nommé, je pense, la série,
là, d'endroits publics où est-ce que les gens utilisent aussi les services et
que ça peut apporter effectivement un rapprochement, si on veut.
Et puis la question,
je vous l'ai posée, effectivement : Comment on va faire pour tenir en
compte tout ça pour éviter... qu'il n'y ait pas de rapprochement? Parce que,
si, effectivement, on a un bon réseau cellulaire dans nos communautés
autochtones puis que la victime et la personne contrevenante ne sont pas
tellement loin, bien, je peux vous dire que les interventions policières
peuvent se faire pratiquement en journée, assez, ça se pourrait. Je monte
effectivement un genre d'hypothèse, de scénario, qu'est-ce qui pourrait
arriver.
Ce pourquoi on
mentionne aussi, également, que c'est important de pouvoir consulter aussi,
également, les acteurs autochtones concernés. Bon, il y a la sécurité publique,
dans les communautés autochtones, bon, les conseils de bande, parce qu'effectivement il y a une gouvernance locale, aussi,
qui gère l'ensemble des services des communautés autochtones. Moi, je
pense, effectivement, dans cet aspect-là où est-ce que chaque communauté
autochtone du Québec sont en mesure de
pouvoir voir, effectivement, comment pourrait s'appliquer le bracelet
antirapprochement, bien, je pense
qu'il y aurait effectivement des réalités versus ça pour pouvoir effectivement
l'appliquer de façon... convenablement ou adéquatement, aussi.
Puis je pense que,
quand, par exemple, une femme croise quelqu'un où est-ce qu'il y a eu
effectivement une plainte de déposée, il y a eu un jugement, bien, tu sais, de
faire retourner la femme ou de faire... tu sais, ça va faire, comme, un peu, là... un peu bizarre, je dirais,
par rapport... au niveau de ça. Parce que je pense que ce qu'on veut
s'assurer, effectivement, c'est que les femmes et les filles soient en
meilleure sécurité. Et cet outil-là, je pense, est tout à fait, effectivement,
sécuritaire, mais il faut juste voir comment on va l'appliquer, comment on va
l'appliquer dans les milieux autochtones aussi, également, qui est complètement
différent. Sur Québec, je pense, l'espace est un petit peu plus grand. Dans les
communautés autochtones, bien, c'est plus petit et c'est restreint. Je pense
qu'on est capables de se voir, là,
quasiment, à un kilomètre puis de reconnaître la même personne, on se côtoie,
on se connaît. Donc, c'est ça.
Mais effectivement je
vous lance un signal, effectivement, sur cet aspect-là, parce que je trouve que
la géolocalisation de tout ça aussi fait en sorte que... tient compte de la
superficie de terrain aussi, également, puis que, si on fait intervenir des
services de sécurité publique en tout temps, bien là on va vous dire que le
bracelet est inefficace pour x raisons. Est-ce qu'on est mieux d'attendre de se
faire confirmer ça ou bien on est mieux d'agir en amont? Moi, je pense que c'est plus préférable d'agir en amont,
maintenant, pour voir... Il faut mentionner, effectivement, ce qu'on
vous apporte comme recommandation, bien, c'est celle-ci.
Mme
Guilbault : Puis l'idée d'un comité, parce
que je pense que ça avait été évoqué, là, un comité entre, par exemple, Femmes autochtones, ou les
chercheurs, ou d'autres partenaires représentatifs, nos services
correctionnels, le ministère de la Sécurité publique puis possiblement,
peut-être, ma collègue de la Condition féminine, mais l'idée d'un comité qui,
en permanence, pourrait, justement, faire des ajustements, voir comment ça se
passe, faire des ajustements, puis tout ça, est-ce que, pour vous, ce serait
une belle solution?
Mme Étienne
(Marjolaine) : Bien, ce serait une solution...
Mme
Guilbault : Pour pouvoir au moins
commencer, tu sais, puis ensuite évoluer.
Mme Étienne (Marjolaine) : Exactement,
ça serait une solution, une première solution, je pense, effectivement,
de mobiliser les acteurs clés. Je pense aussi notamment au niveau des services
parajudiciaires au niveau du Québec, qui, eux aussi, suivent les gens à leur
sortie du milieu incarcéral, qui offrent un soutien d'accompagnement. Je pense
que la venue du comité de suivi serait effectivement une solution pour pouvoir
discuter, échanger et apporter, effectivement, des éléments, aussi, d'autres
pistes, là, qui pourraient permettre, effectivement, de voir comment on
pourrait l'appliquer dans les communautés autochtones, oui.
Mme Guilbault : Parce que vous disiez... Voulez-vous parler, mademoiselle?
Oui?
Mme Sirois-Gauthier (Stéfanie) : Oui,
j'ajouterais peut-être quelque chose. On l'a mentionné dans le mémoire, mais pas dans le... pas dans ce que
Marjolaine a mentionné dans son allocution. En effet, il y a de la
consultation en amont,
qu'il faut qu'elle soit faite, comme vous faites présentement, comment ça va se
faire. Puis je sais qu'il y avait des comités qui avaient été faits,
aussi, gouvernementaux pour ça.
Mais c'est aussi... oui, les organisations, les
communautés veulent être consultées avant, mais elles veulent aussi être
consultées après, pendant, après, concernant le suivi, qu'est-ce qui se passe
avec ça, de quelle manière, quelles sont les retombées, toutes ces questions-là
qui méritent de... pas qui méritent d'avoir une explication, mais qui doivent
être... que ces personnes-là doivent être au courant par la suite.
Puis, pour répondre à votre question de tout à
l'heure, là, si je peux revenir un petit peu en arrière concernant le 810,
c'est que j'aimerais ça poser la problématique de... si la personne se rend à
dénoncer. En fait, là, dans les communautés... comme vous le savez, dans les
communautés autochtones, il y a un grand problème par rapport au fait que tout
le monde se connaît, ou peu importe, il va y avoir des problèmes quant à la
dénonciation. En plus, il y a une grande crainte par rapport aux services
publics, là, ça a été démontré dans la commission Viens. Donc, ça, c'est
l'étape numéro un, qui fait en sorte que...
Tout à l'heure, vous parliez d'intervention, que
c'est très normal que les services de police ne peuvent pas, malheureusement,
tout couvrir, faire de la supervision, de la surveillance en tout temps. C'est
très normal, on comprend ça. Mais c'est pour ça qu'on a aussi apporté l'enjeu
de l'intervention multidisciplinaire. Vous l'avez fait, notamment, dans quatre
prototypes au Québec, puis je pense que ça devrait être applicable partout pour
la violence conjugale, parce que ça apporte un plus grand sentiment de
confiance puis ça apporte des... ça peut enlever le fait qu'il y ait de la
surjudiciarisation des autochtones pour rien dans le système puis régler les
problèmes qui peuvent être reliés à des
problèmes mentaux ou encore à des problèmes de crises spontanées qui ne
méritent pas nécessairement une surjudiciarisation puis qui créent
beaucoup moins de problèmes en ce sens-là, là.
• (15 h 20) •
Mme Guilbault : Bien, vous avez devancé ma deuxième question, qui allait
exactement là-dessus. Parce que je sais que c'est un autre souci, la question
d'avoir des services publics culturellement sécurisants, entre autres, services
policiers. Puis nos corps de police sont évidemment impliqués, là, dans le
continuum de services autour des victimes de violence conjugale. Puis, parmi
toutes les choses, justement, qu'on a mises en place depuis un an, on a fait
beaucoup de projets avec nos corps de police, mais notamment avec nos corps de
police autochtone, que moi, j'essaie vraiment de rallier, là.
Puis là je sors momentanément pour quelques
secondes de mon sujet, mais la violence armée à Montréal, qui est une autre
problématique qui sévit dans le Grand Montréal... on les a associés à notre
stratégie policière. C'est la première fois que nos corps de police autochtone
font partie d'une stratégie globale nationale de prévention de la criminalité,
tu sais, des corps de police à part entière, avec des ressources dédiées, avec
de la formation, avec des expertises. Et on a dégagé de l'argent pour... qu'on
a attribué à l'association des directeurs de police autochtone, première nation
inuite, à M. Dulude, le directeur, pour avoir des espèces de ressources
partagées pour pouvoir mieux outiller nos
corps de police autochtone. Parce qu'on en a 22, ça fait beaucoup. Il y en a
des petits là-dedans, et tout ça.
Donc, alors, on fait ça, sachez-le, c'est, si
vous ne le saviez pas, pour essayer d'avoir encore un meilleur soutien aux victimes, une meilleure façon
d'intervenir. Et les quatre équipes mixtes, effectivement, je voulais en
venir là, dont une à Roberval, qui va... Roberval, Joliette, Chibougamau et
Maniwaki, une quatrième, donc, d'ailleurs, on l'a annoncé en Outaouais... bref, tout ça pour dire que ces équipes mixtes là
vont exactement dans le sens, aussi, des services culturellement
adaptés. Donc, j'avais une question : Est-ce que vous voyez ça d'un bon
oeil?
Vous y avez, en quelque sorte, répondu dans
votre dernière intervention, mais je vous ai entendu dire : L'implantation
du bracelet doit se faire d'une manière culturellement adaptée. Ça a été votre
phrase, qui englobe beaucoup de choses, finalement. Donc, outre la question de
la proximité géographique, la question de la couverture cellulaire qui est
inégale d'une communauté à l'autre et la question d'avoir des services
policiers adaptés où on arrive, par divers gestes, à réduire de plus en plus la
méfiance, qui est tout à fait compréhensible compte tenu ce qui s'est passé,
est-ce qu'il y a d'autres éléments qui, pour vous, font partie d'une
implantation culturellement adaptée?
Mme Étienne (Marjolaine) : Bien,
j'aimerais souligner aussi l'aspect de pouvoir offrir, de donner de la
formation aussi, également, là, au niveau... spécifique au niveau du juge. Je
pense, effectivement, c'est un élément important aussi, également. Puis je
pense, effectivement... J'étais au courant, effectivement, de ce qui se passait
à Montréal aussi. C'est quand même, là, quelque chose, aussi, qui... c'est une
belle initiative aussi, également.
Mais, au niveau de nos services, des services de
corps policiers dans les communautés, c'est également, effectivement, l'aspect,
là, où est-ce qu'ils devront, effectivement, d'être au courant. Parce que je
pense que le fait de mettre en place ça, d'avoir, à tout le moins, les
informations nécessaires pour pouvoir effectivement avoir... pour pouvoir, en matière d'intervention, et puis tout
le reste, c'est quelque chose, mais vous savez que, dans les communautés
autochtones, c'est qu'il y a une présence de gouvernance, aussi, locale.
Moi, je pense, effectivement, le fait de pouvoir
tenir un comité de travail, de réflexion sur le port du bracelet serait quelque
chose, effectivement, là, qui permettrait effectivement de voir l'ampleur ou de
rassembler les éléments essentiels qui a trait au niveau des réalités
autochtones, si, effectivement, on ça met en place dans nos milieux.
Donc, nous,
on apporte, effectivement, l'aspect de pouvoir mieux sécuriser les femmes et
les filles autochtones, mais on ne fera pas ça tout seuls, là. Tu sais,
on a besoin, effectivement, de d'autres acteurs qui sont aussi... qui vont être
aussi clés, je pense, des pièces maîtresses, à travers une table où est-ce
qu'on pourra identifier le mode de fonctionnement qui sera adapté à nous
culturellement.
Je pense que
l'expertise et la richesse de chaque organisation qui donne des services dans
les communautés, elle est présente, puis il faut effectivement, là... Je ne
prétends pas tout connaître, là. Je prétends effectivement que je veux assurer la sécurité des femmes et des filles
autochtones. Et les enquêtes sont faites, elles le démontrent bien au niveau de tout ça, c'est dénoncé. Mais il faut
avoir des partenaires là-dedans, puis les partenaires, je pense, sont
ciblés aussi, également : les organisations autochtones, les gouvernances
locales et les autres acteurs clés qui vont pouvoir permettre, effectivement,
d'avoir une meilleure sécurité pour les femmes dans les milieux... dans les
communautés, et urbains aussi, également.
Mme Sirois-Gauthier
(Stéfanie) : ...peut-être, par rapport à ça, qu'on parle de la
formation pour le juge, on parle de la formation aussi pour tous les intervenants
qui oeuvrent auprès de la clientèle autochtone. Si je prends l'exemple, un juge
qui impose le port d'un bracelet antirapprochement, mais qui n'a aucune idée de
c'est quoi, la réalité autochtone, parce qu'il n'a jamais baigné là-dedans, je
crois que ça mérite un peu de formation. Puis je crois que c'est la même chose
pour tous les intervenants aussi, police ou pas. Puis aussi la formation, c'est
important qu'elle soit donnée par des acteurs autochtones, créée par des
acteurs autochtones en coconstruction, en cocollaboration avec le gouvernement
et tout ce qui est instances gouvernementales, parce que, sinon, c'est sûr que
ça perd beaucoup de sa légitimité puis ça perd beaucoup de l'efficacité, aussi,
que ça a.
Puis un second aspect
qu'on avait... qu'on a aussi mentionné dans le mémoire, c'est la question de la
thérapie, qui pourrait aussi être incluse dans la question de l'adaptation
culturelle. Quand on parle de thérapie, c'est... dans beaucoup de cultures
autochtones, en effet, c'est que la thérapie, ce n'est pas nécessairement
apporter des sanctions, comme aller en
prison, ou faire des travaux communautaires, ou peu importe. C'est un processus
beaucoup plus interne, je dirais, beaucoup plus personnalisé, qui correspond à
la communauté au complet puis qui englobe la communauté au complet, qui a des
impacts beaucoup plus positifs à long terme. Ça ne guérit pas seulement un
individu, ça guérit une communauté au complet puis pour les générations futures
aussi. Donc, je pense que ça serait un autre aspect à intégrer dans le
culturellement adapté.
Mme Guilbault : Il me reste une... Bon, bien, simplement dire que
je vous ai bien entendues, ce sont toutes des bonnes suggestions. Puis
je pense que la manière de l'implanter pourra vraiment être... pas décidée,
mais discutée, puis tout ça, puis développée, là, avec le comité qu'on va
mettre en place. Parce qu'on a réellement ce souci-là, je vous le confirme.
Puis la formation qui va être nécessaire, évidemment, il va falloir qu'elle ait
une teinte particulière puis qu'elle soit culturellement adaptée pour les
communautés.
Mais, de façon
générale, c'est une première au Québec, donc il y aura effectivement beaucoup
de formation à faire, de toute façon, puis
de communication, puis de pratique, puis de rodage. Puis, tu sais, ça va être
imparfait au début, c'est sûr, mais
au moins on essaie quelque chose de nouveau puis on est toutes convaincues, je
pense, tous convaincus que ça va sauver des femmes, puis c'est
l'important. Merci beaucoup. Merci, mesdames, mon temps...
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le député de Vimont, s'il
vous plaît.
M. Rousselle :
Merci. Premièrement, merci d'être présentes, vraiment très apprécié. Je l'ai lu
complètement et puis j'ai appris beaucoup de choses à l'intérieur. Écoutez, on
parle du bracelet antirapprochement, vous savez que c'est la
84e recommandation d'un rapport Rebâtir la confiance. Donc, je vous
ai entendues, je vous ai entendues que chaque communauté a des réalités
différentes, donc, chaque communauté autochtone a des... Et je peux comprendre,
effectivement. Même, je vous dirais, entre Laval et Québec, il y a des
différences, donc j'imagine que c'est la même chose au niveau autochtone, là,
c'est des êtres humains, là.
Dites-moi, là, la
personne qui subit, justement, de la violence dans une communauté autochtone...
Je le sais que les villages sont petits. Bien souvent, tout dépendant le
village, on s'entend, les gens, comme vous l'avez dit tout à l'heure, ils se
connaissent tous. Et la femme qui va porter... en tout cas, je dis «une femme»
parce que la majorité du temps, ça va être une femme qui va avoir l'audace, qui
va avoir le courage de dénoncer. Est-ce que, dans une communauté, elles ont un
suivi ou un accompagnement qui peut se faire avec un psychologue, ou quelque
chose comme ça? Parce que ce n'est pas évident. Puis, encore une fois, comme
vous dites, elle va être vue dans le village, là,
tu sais. Ils vont le savoir qu'elle, elle a porté plainte ou quoi que ce soit,
là. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus. Parce que ça... j'essaie
de me mettre à la place de cette femme-là, ça ne doit pas être évident.
• (15 h 30) •
Mme Étienne
(Marjolaine) : Je vous dirais que, dans les communautés autochtones,
effectivement, il y a des communautés autochtones qui sont différentes. On a
des communautés autochtones qui vivent en forêt éloignée, c'est éloigné, dont
l'accès, la proximité au niveau des villes, municipalités, c'est... parfois, il
faut faire un bon nombre d'heures. Je parle de la nation attikamek aussi,
également, là, qui doivent aussi aller en municipalité pour faire l'épicerie, puis tout le reste, tandis que
Mashteuiatsh, c'est à cinq, 10 minutes, là, de villes avoisinantes, Saint-Prime,
Roberval, puis tout le reste. Là, je vous parle au niveau des différences de
l'environnement où est-ce que sont situées les communautés autochtones.
Maintenant, quand une
femme décide... une femme autochtone décide, effectivement, de poser le geste
d'aller dénoncer, tu sais, ça prend du temps, parfois, c'est long. Je vous
dirais aussi, également, c'est qu'il faut qu'elle réfléchisse à toutes... des
conséquences, des impacts qui sont liés, effectivement, si elle fait ce
geste-là de dénoncer. Puis on ne parle pas de soutien encore, là. Encore, ça,
c'est un deuxième temps, là. Ça demande... vous le dites, ça prend... il faut être audacieuse et courageuse pour passer à
aller dénoncer, parce qu'il y a les familles, les familles se connaissent, on a des amis. Et puis, quand tu
réalises, effectivement, que tu vas poser ce geste-là, c'est qu'il va y
avoir des coupures, des coupures familiales, des coupures entre amis, et puis
tout le reste. Là, les gens pensent... ou les femmes
peuvent penser, effectivement, que l'isolement embarque, et puis tout le reste,
et c'est le rejet, tu sais, le rejet.
Mais
je pense qu'effectivement, quand les femmes décident que c'est terminé et que
je dénonce, elles ont bien évalué et analysé toutes les conséquences et les
impacts de ce qui va arriver. Donc, c'est une... qui fait en sorte aussi
également qu'elle peut penser aussi à aller chercher des services, O.K.? Mais
je pense qu'effectivement que ce n'est pas toutes les communautés autochtones qui
ont tous les services en matière de soutien et d'accompagnement pour donner un
bon suivi auprès des femmes qui font la dénonciation, les services de
psychologie, les intervenantes sociales. Parce que, tu sais, tout s'enchaîne,
hein? Bon, si je vais là, je parle à l'intervenante sociale, peut-être que je vais perdre mes enfants, puis peut-être, puis
peut-être, puis là ça embarque. Ça fait que les scénarios sont là, sont
présents, mais il reste que, quand même, que
je vous dirais que ça prendrait, là, je dirais, encore... peut-être encore plus
de services pour répondre aux besoins des femmes dans les communautés.
D'autant
plus que la pandémie, elle a encore joué... un fardeau de plus chez les femmes,
hein, les responsabilités, le
confinement, l'isolement, tout est un... dans son ensemble. Mais il reste que,
quand même, qu'il va falloir s'y préparer
aussi également par rapport à l'après-pandémie. Ça, là, c'est quelque chose,
effectivement, que... Là, on commence à ouvrir, et puis je pense
qu'effectivement que, dans certaines communautés autochtones qui ont peut-être
le service, étant eux-mêmes aussi, peut-être, probablement... Là, j'amène juste
un scénario, une hypothèse : probablement que les intervenants et intervenantes sont aussi également épuisés, parce que
c'étaient des gens qui ont été en première ligne pendant toute la
pandémie. Donc, je pense que c'est à tenir en compte, ces impacts-là.
Et
puis je pense que le fait de pouvoir voir... effectivement, l'accès aux
services dans différentes communautés autochtones est à voir
encore : psychologues, garderies aussi, probablement, tout ce que la femme
ou les jeunes filles peut avoir besoin, effectivement, quand elle prend une
décision de quitter ou de poser le geste d'aller dénoncer.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Mme la députée de Verdun, il vous reste cinq minutes.
Mme Melançon :
Merci beaucoup, M. le Président.
«Kwe», Mme Étienne, Mme Gauthier... Mme Sirois-Gauthier.
C'est super intéressant. Puis la première chose que j'ai envie de vous dire,
c'est que je faisais partie du comité qui avons mis sur pied Rebâtir la
confiance avec les collègues de toutes les formations politiques, et, dans
le chapitre IV, il y a un chapitre vraiment dédié, dans le fond, à la
réalité autochtone, puis, pour être culturellement, justement, aussi acceptable et reçu dans la communauté, des choses
qui... Tu sais, souvent, on prend pour acquis : Bien oui, on va
appliquer ça puis on va appliquer ça partout sur le territoire, alors qu'il y a
une réalité autochtone qui est tout à fait différente.
Ma première question,
c'est : Avez-vous été consultés avant le dépôt du projet de loi qui nous a
été déposé? Est-ce que votre groupe a été consulté?
Mme Étienne (Marjolaine) : Oui.
Mais, en fait, je vous dirais aussi, également, oui, mais on a
effectivement mis des dossiers de côté pour pouvoir travailler rapidement
là-dessus parce qu'on trouvait, l'aspect de travailler sur ce dossier-là pour
assurer une meilleure sécurité des femmes et des jeunes filles autochtones,
c'est exactement... Je pense que le message que je pourrais lancer, dans les
perspectives, effectivement, qu'il y aura d'autres projets de loi, que ça
touche les femmes... où il faut se développer ce réflexe-là, de pouvoir
consulter en amont des associations autochtones ou les organisations
autochtones. Sur ce dossier-ci, projet de loi n° 24, quand on a eu,
effectivement, l'information de pouvoir
déposer un mémoire, on a tassé, là, je vous dirais, d'autres dossiers qui
étaient aussi prioritaires, mais on a trouvé, effectivement, cet
aspect-là, qu'il fallait le déposer pour permettre encore une plus grande
sécurité pour les femmes et les filles autochtones. Donc, là-dessus, c'est
certain que le mémoire, on vous l'a déposé, et puis on a travaillé sur des recommandations.
Et puis je vous
dirais, effectivement, que ces choses-là fait en sorte, pour vous, que vous
puissiez les utiliser, tout en prenant connaissance des particularités ou
peut-être des irrégularités qui concernent les communautés autochtones. Puis je
pense, effectivement, que l'aspect de pouvoir aller... venir nous chercher pour
parler davantage sur d'autres projets de loi puis vous apporter, effectivement,
une opinion ou des recommandations, moi, je pense, effectivement, c'est une
piste à développer et des réflexes à développer aussi, également, mais il reste
que, quand même... qu'avec l'équipe qui a
travaillé très fort dans le dépôt du rapport... du rapport de mémoire... Bien,
je pense que ça reflète effectivement ce qu'on dit depuis x temps, les
femmes autochtones et les filles autochtones sont doublement victimes. Elles sont dans leur propre milieu, elles
sont aussi dans la société québécoise. Ça fait que ça, pourquoi,
effectivement, on tenait... on tenait, là, ardemment de pouvoir être ici aujourd'hui
en personne pour vous parlez encore, effectivement, des impacts et des réalités
au niveau des femmes et des filles autochtones.
Donc, là-dessus, je
pense qu'avec une équipe aussi active, proactive, qui a une richesse et une
expertise dans le domaine des femmes autochtones, des dossiers et des enjeux,
bien, tout de suite, on s'est mis au travail et puis on a déposé ça. Il était
15 h 59, si je me rappelle bien. Donc, on s'est empressés de le
faire.
Mme
Melançon : Mme Étienne, juste pour être claire, là, vous êtes...
mais vous n'avez pas été consultés avant que la ministre ne dépose son projet
de loi. Ce que vous dites, dans le fond, c'est : La consultation, elle est
ici, parce que moi, j'ai bien lu, bien sûr,
votre mémoire, là, et la qualité du travail est... vraiment, c'est impeccable.
Moi, ce que je voulais surtout savoir, c'est si vous aviez été consultés
préalablement au dépôt du projet de loi de la ministre.
Mme
Sirois-Gauthier (Stéfanie) : Je dirais que, juste avant le dépôt, dans
les courts délais, non, mais je sais qu'il y
a des... qu'il y a une... certaines de mes collègues ont eu ces discussions-là
sur le bracelet antirapprochement dans certains comités gouvernementaux,
qui relèvent de quel ministère? Ce n'est pas mes dossiers, je n'étais pas
présente à ces rencontres, donc je ne pourrais pas répondre précisément, mais
je sais que c'est des discussions qui ont déjà été abordées dans des comités
gouvernementaux de travail.
Mme
Melançon : Moi, il y a deux choses... Merci beaucoup pour la
réponse. Il y a deux choses qui ont vraiment retenu mon attention, à la
page 6 notamment, lorsque vous dites que les cas de violence conjugale et
familiale ne se résument pas seulement à 500 victimes au Québec. Je pense
que sur le chiffre, sur les 500 bracelets, je pense qu'on va devoir voir
un peu plus large, là. C'est une de vos recommandations qui est dûment nommée.
Ce que je trouvais aussi intéressant, c'est sur le fait que le port du bracelet
antirapprochement ne soit pas uniquement dédié aux hommes qui ont des peines de
deux ans moins un jour, mais qu'il y a des discussions rapidement qui devraient
être faites avec le gouvernement fédéral. J'aimerais vous entendre un petit peu
là-dessus aussi, s'il vous plaît.
Mme Sirois-Gauthier (Stéfanie) : Bien,
je pourrais commencer en disant qu'on a déjà été consultés par le fédéral,
printemps, été, je dirais, passés, concernant le projet de loi n° 231 du
sénateur Boisvenu, concernant un projet très similaire. C'est très important,
je pense que le mémoire l'explique bien, mais la violence conjugale, quand elle
est dénoncée, ce n'est pas nécessairement le premier geste de violence conjugale,
il y a possiblement eu avant, pendant et après, comme les cas qui concernent ce
projet de loi ci. Je pense que ce serait pertinent, pour le bénéfice de tous, que ce soit... À mon sens, ça devrait
être implanté partout, mais du sens que je pense que ça serait pertinent
que ce ne soit pas seulement restreint à des sentences de deux ans moins un
jour seulement dans les prisons provinciales. Je pense qu'il y a des gestes par
rapport à des crimes sexuels, ou peu importe, qui se résument à de la violence
conjugale qui vont avoir des peines beaucoup plus grandes en termes de temps
que deux ans et moins un jour. Donc, je pense que... on comprend tout à fait
que vous n'avez pas de juridiction sur le fédéral en ce sens-là, mais je pense
que ce serait pertinent qu'il y ait de l'échange de bonnes pratiques pour qu'il
y ait de la sécurité pour encore plus de femmes autochtones à la grandeur du
Québec.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Pour deux minutes...
Le Président (M.
Bachand) :
Deux minutes quelques...
• (15 h 40) •
Mme Massé : ...quelques secondes.
Bonjour, merci d'être là. Je vais aller droit au but. Chaque communauté a une
autonomie dans sa gouvernance. Donc, chaque communauté peut décider de prendre
ou ne pas prendre cette loi-là. Chaque communauté n'a pas de corps policier.
Alors, je fais juste dire ça. Ma question, c'est : Comme femmes, là, que
c'est que vous avez besoin? Que c'est... que c'est qu'on peut faire pour aider?
Que c'est que... c'est quoi, la réalité à laquelle on peut contribuer?
Puis l'autre élément, c'est : on apprend,
dans le projet de loi, que c'est par le niveau... une analyse du niveau de
dangerosité des hommes violents que la commission va déterminer si, oui ou non,
il y aura un bracelet dans cette situation-là. On a déjà parlé ensemble de la
question du racisme systémique. Est-ce que vous n'avez pas peur, à un moment
donné, que vos hommes fassent aussi les frais de ce projet de loi là?
Mme Étienne (Marjolaine) : Je vous
dirais qu'effectivement dans les communautés autochtones il y a une gouvernance
qui leur est propre en matière d'autonomie, une partie d'autonomie aussi,
également, parce que, oui, effectivement, il y a des différences par rapport au
niveau de gouvernance locale autochtone et de municipalité. L'ensemble des
communautés autochtones, sous le bureau politique, les représentants élus
gèrent un ensemble de services : l'éducation, les services social, bon,
travaux publics, et puis tout le reste, qui est différent complètement au
niveau des travaux... des municipalités voisines. Bon, elle a... elle a une
charge de plus par rapport au niveau de responsabilité au niveau des services.
Maintenant, qu'est-ce qu'on aurait besoin? C'est
certain que la piste de pouvoir voir le port du bracelet, c'est une solution,
comme on disait tantôt, une piste de solution, mais ce n'est pas elle qui va
régler tout l'ensemble des problématiques de ce fléau-là qu'on connaît dans les
communautés autochtones et dans la société québécoise. Il faut tenir en compte, effectivement, comme on disait,
tout l'aspect de la réinsertion sociale, le soutien, l'accompagnement,
la réinsertion sociale. Il faut d'autant plus, effectivement aussi, porter une
sensibilisation en matière d'information. Ce n'est
pas... ce n'est pas... tu sais, c'est nouveau, hein, ça, le port de... de
porter l'anti... voyons, comment ça s'appelle? De porter
l'antirapprochement. Excusez.
Une voix : ...
Mme Étienne (Marjolaine) :
Exactement, le bracelet antirapprochement, bon, et voilà, c'est nouveau, c'est tout à fait nouveau. Et puis je pense
qu'effectivement... qu'il pourrait faire en sorte de pouvoir voir... vu qu'il y
en a 500, hein? Puis, au Québec, il est représenté de combien de
personnes, de femmes qui sont victimes, hein, de violence conjugale, familiale et même sexuelle, où des
contrevenants, effectivement, sont jugés et que, par la suite, il y a une
sanction et, après, il y a une sortie? C'est
là qu'il va falloir, je pense... effectivement, de pouvoir évaluer l'ensemble
des besoins en matière de ce
bracelet-là, du port... de porter ça dans les communautés autochtones. Parce
que, pour nous, je pense que,
si on veut faire en sorte que nos femmes
soient dans des milieux... en sécurité, bien, inévitablement, il faut
effectivement informer, il y a une démarche
d'information, il y a une démarche d'implication aussi, également, des
gouvernances aussi.
Je vous dirais que j'ai quand même...
Effectivement, le fait, là, de pouvoir avoir informé, ce matin, le chef
régional de ma présence ici pour parler, effectivement, du projet... du
projet L-24, et que ce projet L-24 là concerne aussi
les communautés autochtones qui sont représentées par la table des chefs, et
que nos recommandations sont celles-ci, c'est ce que je vous ai recommandé, et
puis qu'il serait intéressant, effectivement, comme je le disais au chef
régional, dans la venue de la prochaine réunion de l'Assemblée des premières
nations du Québec et du Labrador, qu'il y ait effectivement le dépôt du
mémoire.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
Mme Étienne (Marjolaine) : On va le
déposer de façon officielle.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Je dois céder
la parole à la députée de Gaspé. Merci.
Mme Perry Mélançon : Merci. Ça va
tellement vite. Merci d'être là, c'est tellement important d'avoir aussi en tête les réalités des autochtones pour ce
projet de loi là. Je ne suis pas en communauté, mais je viens d'un petit
milieu, puis je sais c'est quoi, là, de tomber sur son ex un peu partout dans
la région, mais, quand c'est un ex violent ou encore un conjoint actuel, bien,
il faut être en mesure d'avoir les bonnes... justement, les bonnes actions à
poser pour sécuriser les femmes. Et je comprends que vous souhaitez être
impliqués dans tout le processus avant, pendant, et qu'il y ait un suivi aussi,
que ce soit par des projets pilotes ou autres, comme on a entendu aujourd'hui.
Et vous avez parlé, c'est ça, de... On vient
d'aborder un peu aussi le sujet des liens de confiance entre les policiers, par
exemple, et les communautés. Donc, tout ça, c'est à prendre en compte. On
connaît... Il y a des équipes mixtes, par
exemple, à Val-d'Or, et tout ça. Est-ce que vous croyez que ça
devrait être des équipes un peu plus spécialisées, qu'il y ait un
travail qui est fait aussi avec le milieu communautaire, ou comment... comment
vous le visionnez, ça?
Mme
Étienne (Marjolaine) : Je
vous dirais, là-dessus, je pense qu'en priorité il serait préférable de travailler
en amont avec les services de sécurité publique en lien avec la gouvernance
locale. Si, effectivement, les intentions des communautés
autochtones est de réellement travailler en... avec la Sécurité publique du
Québec, bien, ce sera leur choix. Nous, on est ici, effectivement, pour
vous... pour vous recommander ce qui a trait au niveau de la géolocalisation,
les difficultés de réseau cellulaire, puis tout le reste.
Les impacts sont là, mais, en termes de modes de
mise en oeuvre de tout ça, ce qu'on peut vous dire c'est effectivement...
qu'avant de mettre en relation ou en réseau le corps policier autochtone et
Sécurité publique, bien, moi, je pense
qu'avant tout c'est de discuter avec les gouvernances autochtones des
différentes nations au niveau du Québec. Je pense que c'est là, effectivement, qu'on va voir par rapport à
joindre, effectivement, les deux, c'est oui ou c'est non. Moi, je ne suis pas en mesure de dire que, oui, on
va faire, je ne suis pas... mais je suis capable d'apporter, effectivement,
que j'ai besoin que les femmes soient en sécurité et que nos jeunes filles
soient aussi en sécurité dans leur milieu et dans le milieu de... urbain. C'est
ça, c'est ce que j'amène. Puis le fait, effectivement, de pouvoir tenir en
compte les besoins et les réalités des autochtones, bien là c'est une autre
facette où est-ce qu'il faut tenir compte et d'impliquer en amont les
communautés autochtones dans la mise en oeuvre avant, pendant et après.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Gaspé, il
reste un petit peu de temps, si vous voulez.
Mme Perry Mélançon : Bien, ma
deuxième question est un peu caduque, parce que je voulais vous entendre
peut-être sur d'autres recommandations du rapport Bâtir la confiance,
mais ça parlait justement, aussi, avec le bracelet antirapprochement, de la
possibilité d'avoir un... sur le cellulaire, un bouton panique qui serait
peut-être mieux adapté quand on est dans un périmètre très restreint. Est-ce
que ça, vous avez une opinion par rapport à ça ou ce serait à discuter,
justement, dans les comités élargis, là?
Mme Étienne (Marjolaine) : Bien,
moi, je pense...
Le Président (M.
Bachand) : Rapidement, s'il vous plaît.
Merci.
Mme Étienne (Marjolaine) : Désolée.
Merci. Je pense que tout est à discuter. Quand vous parlez de bouton panique,
moi, je pense... je faisais référence, tout de suite, aux aînés, des aînés qui
vivent, aussi, de la violence aussi. Je pense c'est peut-être une option aussi
à regarder, parce que les aînés n'ont pas tous, là, des cellulaires à ce
moment-ci, là. Les aînés n'ont pas d'Internet non plus, ils n'ont pas de... Tu
sais, ils arrivent... ils arrivent à suivre, là, à nous suivre, je dirais,
parce que nous, on est des habitués, en tout cas, en voie d'être habitués aussi
également, mais il reste que, quand même, il faut penser aussi à nos aînés qui
subissent aussi de la violence, peut-être pas conjugale, peut-être conjugale,
mais aussi d'autres formes de violence aussi. C'est pour ça que, quand je
disais : La violence doit être tenue en
compte de façon globale, bien, c'est pour faire, effectivement, une vision
d'ensemble là-dessus puis ne pas, effectivement, oublier personne.
Le Président (M.
Bachand) : Mme Étienne, Mme
Sirois-Gauthier, merci beaucoup d'avoir été avec nous, cet après-midi, c'était
un grand privilège.
Sur ce, je suspends les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 49)
(Reprise à 15 h 54)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux.
Il nous fait plaisir d'accueillir M. Mathieu
Lavoie, président national du Syndicat des agents de la paix en services
correctionnels du Québec. Alors, M. Lavoie, merci beaucoup d'être avec
nous cet après-midi. C'est très apprécié.
Alors, vous connaissez les règles, 10 minutes de présentation, et après ça
on a un échange avec les membres de la commission. Donc, immédiatement,
je vous cède la parole. Merci beaucoup.
Syndicat des agents de
la paix en services
correctionnels du Québec (SAPSCQ)
M. Lavoie (Mathieu) : Merci, M. le
Président. En fait, notre organisation voulait être entendue aujourd'hui sur le
projet de loi n° 24 puisqu'une grande part de ce projet de loi vient
toucher le travail de certains de nos membres, qui sont les agents des services
correctionnels vérificateurs et des agents de milieu ouvert, donc qui font le
suivi dans la communauté, qui font le suivi également des personnes incarcérées
avec sursis ou encore avec des conditions particulières. C'est sûr qu'on... ce
n'est pas un des mandats qui est connu de la population, là, des agents de
services correctionnels. Souvent, on nous identifie aux établissements de
détention, mais on a également ce mandat-là dans la population, un mandat qui,
dans les dernières années, a été légèrement mis de côté. Donc, c'est sûr qu'on
a des questions au niveau de l'opérationnalisation de tout ça, mais aussi au
niveau... quand on voit les modifications de la loi, on se questionne à savoir
pourquoi que certaines modifications n'ont pas été apportées, et qui
faciliteraient le travail dans ce cadre-là.
Quand on regarde la loi des services
correctionnels, il y a, exemple, à l'article 16... qui est encore non en
vigueur aujourd'hui, alors que cet article-là était quand même une pierre
angulaire, pour nous, du projet de loi... de la loi des services
correctionnels, qui était, en fait, le dossier unique et informatisé des
personnes incarcérées, qui n'est toujours pas réalisé aujourd'hui. Et, dans le
contexte d'un suivi dans la communauté, on voit que c'est essentiel, à cet
égard-là, que cet article de loi là et ce projet-là soient mis en vigueur. Ça,
c'est une chose qu'on se questionne à... que vous allez voir dans les autres
questionnements qu'on a, qui est en lien avec ça.
Également, on parle, dans la loi, il y a... à
l'article 18.1, ce qui n'est pas dans le projet de loi non plus, sur les
échanges de renseignements permis avec les corps policiers. On ne vient pas
mentionner de détail à cet égard-là, à savoir est-ce qu'on aura droit
d'échanger ces renseignements-là avec les policiers. Parce que, là, on parle de
conditions, exemple, de permission de sortie, que le service correctionnel
aurait exigé, comme condition, le port d'un bracelet antirapprochement. Il n'y
a rien, là, qui est mentionné à cet égard-là. Donc, ça aussi ça nous fait
questionner.
Dans la présentation ou dans la conférence de
presse suite à la présentation de ce projet de loi là par Mme la ministre, on
nous parle d'une centrale d'appels. Est-ce que ça va être les agents correctionnels?
Tu sais, quand on parle d'opérationnalisation, c'est des questionnements qu'on
a de la part des gens quand on arrive à discuter de fonctions qui pourraient
être attribuées dans des permissions de sortie qui seraient accordées par les
services correctionnels. Est-ce qu'il y a des effectifs de prévus, ou est-ce
qu'on devra faire avec ce qu'on a, alors qu'on est déjà en manque criant de
personnel depuis plusieurs années? Donc, ça, c'est tous des questionnements
qu'on a, qui nous préoccupent quand on vient modifier la Loi des services
correctionnels ou qu'on vient modifier et imposer des conditions additionnelles
à nos gens, chez nous, qui devront appliquer des règles.
Au-delà de ce constat-là, on se demande pourquoi
qu'on est... On parle des victimes. Bon, c'est sûr que les victimes seront
concernées. On parle de violence conjugale, qui est déjà prévue à la loi, mais
aucune modification n'est apportée par le projet de loi à l'article 175,
ce qui parle directement des victimes et des obligations des services
correctionnels à contacter les victimes, à consulter les victimes, à informer
les victimes. Donc, pour nous, une mesure
sur un bracelet antirapprochement devrait aussi être incluse à
l'article 175 pour nous donner ces obligations-là, aux Services
correctionnels.
Et, au-delà de ça, pour être clair, notre
organisation n'est pas contre ce qui est mis sur la table présentement, mais on
pense qu'il y a peut-être des oublis ou des zones grises qui nous amènera des
difficultés d'application, là. Et, tant qu'à modifier un projet de loi ou une
loi comme la Loi des services correctionnels, on croit que ça devrait être
davantage précis, davantage complet pour permettre une bonne application, parce
que, quand on regarde, on trouve que c'est un projet de loi qui est important,
on trouve que c'est une mesure qui est primordiale pour les services
correctionnels, pour la mission des services correctionnels et les mandats
qu'on a en tant qu'agent de services correctionnels, mais, clairement, on doit
les préciser pour nous donner aussi des outils de travail.
Je pense, c'est beaucoup le questionnement qu'on
avait, actuellement, comme organisation, quand on voit les modifications ou on
voit les modifications partielles, mais on croit qu'il y a des articles qui
devraient également... ou qui sont liés à ces modifications. Pour nous, ça fait
le tour des commentaires qu'on avait, là, à cet égard-là, là, sur le projet de
loi n° 24 actuel.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. Lavoie. Mme
la ministre, s'il vous plaît.
• (16 heures) •
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Et bonjour à vous,
M. Lavoie. Merci... merci d'être avec nous, puis je suis vraiment heureuse
que vous ayez décidé de participer aux consultations.
Faisons fi du contexte de négociation en ce
moment, là, qui, des fois, peut amener... Bon, tu sais, je veux dire, c'est
normal, là, il y a une négociation en cours. Même, j'étais au carnaval samedi
et j'ai vu la pancarte, et tout ça, avec le dessin de
moi. Puis, tu sais, je dois vous dire, moi, au-delà de ça, là, j'ai tellement
de respect... Puis je vous l'avais déjà dit, d'ailleurs, en personne. À un
moment donné, on s'était parlé au téléphone, puis je vous avais dit le respect
que j'ai pour le personnel des services correctionnels. Je l'ai dit dans les
remarques préliminaires.
Peut-être que vous n'avez pas écouté les
remarques préliminaires au tout début, là, parce que c'est normal, mais j'ai
dit qu'un des bénéfices de ce projet de loi là, évidemment, son propos, c'est
de pouvoir implanter le bracelet antirapprochement pour protéger les femmes
victimes de violence conjugale, mais le bénéfice collatéral de ce projet de loi
là et de tout ce qu'on fait avec le bracelet, c'est que ça va mettre en
lumière, ça met en lumière l'important travail du personnel des services
correctionnels au Québec, qui... Vous êtes 4 500, environ, dans les
services correctionnels, et c'est un travail qui est méconnu, dont on entend
rarement parler, sauf des fois, quand il y a des incidents dans les
établissements de détention, quand il y a des choses plus ou moins négatives
qui se passent. Mais vous faites un travail, au quotidien, qui, bien que
méconnu, est essentiel. Vous êtes des agents de la paix au même titre que des policiers ou d'autres agents de
la paix. Alors, moi, tout ce qui peut mettre en relief la qualité de
votre expertise puis l'importance de votre
travail, je trouve que c'est une bonne chose. Donc, je voulais le dire, je
voulais le dire devant vous.
J'aimerais que vous le disiez aussi à vos membres, s'ils ne nous écoutent pas
tous. Parce que sachez bien qu'en dépit de tout ce qui se dit et de tout
ce qui se passe vous avez toute ma reconnaissance pour le travail que vous
faites, de même, d'ailleurs, que nos équipes à la direction générale des
services correctionnels au ministère.
Et donc les points que vous soulevez sont très
pertinents, parce que, dans ce projet de loi là... Quand j'ai fait l'annonce du
bracelet, j'ai dit que c'était assorti d'une enveloppe de 41 millions, et
cet argent-là va, entre autres, servir à
embaucher 24 ressources dans les services correctionnels pour, justement, faire
tout le développement, la mise en oeuvre,
l'implantation du bracelet antirapprochement. Donc, donc, ça, c'est bon, ça
fait plus de gens. Évidemment, il y a une rareté de personnel dans votre... dans votre secteur, comme c'est le cas
dans plusieurs secteurs, vous le savez mieux que personne. Donc, ce seront des agents de probation qui, essentiellement,
vont être responsables pour la partie Services correctionnels.
Quand vous parliez, tout à l'heure, de la
modification de l'article 26, l'article 26 vient donner le pouvoir au
personnel des services correctionnels de
pouvoir, justement, imposer un bracelet, puis essentiellement ce seront des
agents de probation qui le feront. Et donc,
quand vous dites... Puis là, donc, vous dites... c'est ça, alors,
l'opérationnalisation, il y a peut-être un manque de clarté, et tout ça. Qui va
faire la centrale? Qui va faire quoi? Je veux simplement vous dire qu'en ce moment il y a un appel d'offres pour le
choix du fournisseur du bracelet. Donc, au moment où l'appel d'offres va se conclure, bien, évidemment, on va savoir qui
sera le fournisseur en question puis on va être capables de savoir qui
va faire quoi exactement puis mettre des noms, un peu, sur les postes
théoriques actuellement. Puis, parallèlement, on complète les protocoles, tu
sais, l'intervention conjointe, et tout ça, entre les services correctionnels,
les services policiers, et tout ça.
Mais donc, une fois que tout ça a été dit, puis
je pense que vous l'avez dit, mais moi, je trouve que ça met en relief la
qualité du travail des ASC, des agents de probation, de tout le personnel des
services correctionnels. Est-ce que vous, vous sentez, chez vos membres, qu'ils
sont stimulés par ce nouveau défi là, et qu'eux aussi voient une façon de
développer leur travail, d'ajouter, finalement, une espèce de corde à l'arc de
tout ce que vous faites déjà, et donc qu'ils sont heureux de cette nouvelle
tâche là, finalement?
Le Président (M.
Bachand) : M. Lavoie.
Mme Guilbault : Qui est avant-gardiste. Oui.
M. Lavoie (Mathieu) : Oui. Bien,
écoutez, à savoir si mes gens sont heureux... Je vous l'ai dit tantôt, bien, je
vous l'ai adressé pendant la commission, la problématique de recrutement,
actuellement, fait en sorte que, même si on m'amenait des nouvelles effectifs,
je n'aurais pas les gens pour asseoir... On a 400 postes vacants dans le
réseau correctionnel actuellement, mais c'est sûr que les gens qui appliquent
sur les postes de milieu ouvert, qui appliquent sur les postes d'agent, ASC vérificateur, ça les intéresse. C'est sûr
qu'il y a une réalité, dans ce cadre-là, où ces gens-là souvent, quand
ils sont en congé, bien, il n'y a pas d'autres agents qui les remplacent. Ce
n'est pas comme à l'intérieur des établissements. Donc, ce n'est pas,
24 heures sur 24, sept jours sur sept, que j'ai des effectifs dans ces cadres-là. Mais, clairement, oui, probablement, ça les stimulera, ceux qui appliquent sur ces postes-là, parce que
c'est des postes qui les intéressent, c'est des postes qui, souvent, sont
offerts par des gens qui ont quand même une certaine ancienneté et qui
appliquent sur ces fonctions-là, donc.
Puis ça va être de voir le projet en entier. Et
on comprendra que, tout dépendant s'ils ont les outils, s'ils ont le matériel,
selon quelles façons ça va être appliqué... Ça, c'est toujours dans
l'opérationnalisation ou dans la question de comment ça va se présenter par la
suite et que ça va être présenté aux gens. Mais, clairement, c'est une corde de
plus à l'arc, là, pour intervenir dans des contextes de gens qui sont soit au niveau
sursitaire, soit au niveau du suivi dans la communauté pour assurer la sécurité
de la population dans laquelle notre mandat est.
Mme Guilbault : Oui, puis... bien, c'est ça, je parlais du rôle accru tout
à l'heure. Vous avez invoqué un certain nombre d'articles de la Loi sur le
système correctionnel qui, pour vous, auraient avantage... ou qu'on pourrait
modifier du même coup, ou qu'on pourrait clarifier, ou qui ne sont pas déjà
pleinement... qui ne sont pas, comment dire,
exploités de manière optimale à l'heure actuelle, et tout ça. Ça fait que,
donc, c'est intéressant. Mais, simplement juste en réponse à ça, pour placer le fait que ce mini-projet de loi là
ne vise pas à modifier notre système correctionnel ou, tu sais, à revoir
un peu la loi ou le système dans son ensemble, c'est vraiment juste de venir
corriger ou, tu sais, préciser une petite chose qu'une
autre loi nous oblige à prévoir explicitement pour être capables d'imposer des
bracelets, ça fait que, donc... mais ce qui ne rend pas moins intéressante
l'idée de peut-être revoir certaines choses dans la Loi sur le système
correctionnel, éventuellement. Mais, pour ce qui est de ce projet de loi là,
c'est vraiment très, très circonscrit, puis
son objectif est très utilitaire, tu sais, de pouvoir imposer un bracelet sans
trop s'encombrer dans d'éventuelles
poursuites, ou plaidoyers, ou contraintes qui nous compliqueraient la vie. Ça
fait que, donc, là-dessus, est-ce que...
Parce que, tu sais, je l'ai dit tout à l'heure,
moi, je trouve que... Je le prends sous l'angle de vous êtes des professionnels compétents, et, le fait de
participer à un projet avant-gardiste pour le Québec, le septième sur la
planète, je trouve que ça vous met sur la mappe, là, sur la mappe, tu sais, si
vous me passez l'expression. On n'est pas supposé dire ça, on est dans le
p.l. n° 96, mais, tu sais, je trouve ça très intéressant, ce qui est
en train de se faire. Donc, vous m'avez
dit : Oui, les gens vont être stimulés, il y a des postes, et tout ça. Là,
on commence à Québec. Donc, c'est avec vos gens de l'Établissement de
détention de Québec, éventuellement, à un moment donné, probablement qu'on va
finir par installer des bracelets vu que le préprojet est ici.
Donc, est-ce que vous, vous en avez discuté
concrètement avec vos membres? Et, s'il y a des réticences... Vous m'avez
dit : Oui, ils vont être stimulés le moment venu. C'est sûr qu'il y a
encore des questions sans réponse. On est en
train d'élaborer tout ça, probablement que vous participez à certaines
réunions. Est-ce que, quand vous discutez avec vos membres, il y a des réticences, il y a des craintes? Est-ce que
vous sentez qu'il pourrait y avoir des embûches? Ou est-ce qu'il y a
autre chose, sur le plan très concret, de dire : Nous, on va confier ce
mandat-là à nos équipes correctionnelles? Moi, je le vois positivement, comme
je vous dis. On a mis l'argent qu'il faut, on va afficher les postes. Mais
est-ce que, vous, il y a autre chose que vous voudriez porter à ma connaissance
aujourd'hui là-dessus?
M. Lavoie
(Mathieu) : Bien, écoutez, c'est la première fois que j'ai des
discussions sur le projet de loi n° 24, là. Je n'ai pas eu encore
de rencontre, là, au niveau... avec le ministère à cet égard-là vraiment, là,
formellement sur le projet de loi, sur l'application, compte tenu que c'est
toujours un projet de loi. Notre comité paritaire ne s'est pas rencontré sur ce
sujet spécifique là. Vous l'avez placé d'entrée de jeu, compte tenu de la
réalité des négociations actuellement, le comité paritaire ne se rencontre
plus, donc c'est sûr qu'on n'a pas de discussions formelles sur ce sujet-là.
Mais, clairement, oui, j'aurai probablement des questions. Oui, on aura probablement
des suggestions à faire au comité paritaire pour s'assurer que le projet puisse
être fonctionnel.
Je pense qu'actuellement les questionnements ou
les embûches que je pourrais y voir sont plutôt théoriques, compte tenu qu'on
n'a pas l'opérationnalisation, compte tenu qu'on n'a pas encore la réalité de
l'application. Il faut comprendre que, dans
ce cadre-là, il va y avoir les corps policiers, il va y avoir... Une des
embûches que je peux y voir, par expérience, depuis le temps que je suis
au correctionnel, c'est la communication, des fois, qui peut être difficile
avec certains corps policiers et les services correctionnels. Le côté...
Tantôt, quand je parlais du dossier informatisé unique, on comprendra que les dossiers des personnes incarcérées,
généralement, se situent au niveau des établissements de détention, donc en milieu fermé. Le dossier
d'une personne qui serait en suivi dans la communauté, lui, se retrouve
en milieu ouvert. Donc, cet échange de
communication là... qui risque peut-être d'avoir des embûches. Puis c'est
vraiment, ça, très opérationnel. Et c'est pourquoi je soulignais, là, le
dossier unique de l'article 16, qui, je crois, serait une plus-value,
qu'il y ait un dossier unique des personnes incarcérées pour nous permettre
d'effectuer notre travail de façon, là, efficiente et maximale.
Mais, pour le
reste, c'est sûr que les embûches... Je pense qu'on parle ici d'un début d'un
projet pilote, là, dans une région.
La principale embûche que je verrais dans la région de Québec actuellement, c'est
ce que j'ai donné tantôt, c'est le
manque d'effectif flagrant, parce que j'ai vu, en gros, de mémoire, plus de
80 postes vacants à l'Établissement de détention de Québec
actuellement.
Mme Guilbault : Merci. Il me reste combien de temps?
Le Président (M.
Bachand) : Cinq minutes.
• (16 h 10) •
Mme Guilbault : O.K. Bon, bien, je veux laisser du temps à ma collègue, à
mon adjointe parlementaire. Donc, je pense que je vais m'arrêter là-dessus,
mais... Puis, tu sais, ce n'est pas de la flagornerie intéressée, là. Quand je
vous dis qu'on a beaucoup de reconnaissance pour votre travail, c'est vrai. Et,
moi, ça fait 15 ans que je suis dans ce ministère-là, puis je ne me
souviens pas de beaucoup de projets de loi ou de beaucoup de beaux projets
excitants comme ça où la vedette, c'étaient les services correctionnels.
Ça a l'air bizarre, comment je m'exprime, là,
mais, tu sais, on parle beaucoup des affaires policières dans ce ministère-là,
ou sinon des inondations, mais les services correctionnels, on n'en parle pas
assez de manière positive. Puis là on a un
projet qui est historique, là : l'implantation du bracelet
antirapprochement. Donc, j'espère que vous serez aussi excité que nous
et que... Bien, je suis certaine que ça va bien aller, là. Puis donc des
rencontres, il va en avoir, c'est sûr. On est en train d'installer tout ça. Et
donc un très, très grand merci à l'avance à tous vos membres, à vous, à toutes
nos équipes. Moi, je suis emballée puis je suis certaine que le bracelet va
être entre bonnes mains avec vous.
Le Président (M. Bachand) : Merci.
Mme députée de Lotbinière-Frontenac, il reste un peu plus de quatre minutes.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci. Bonjour, M. Lavoie. J'aimerais
savoir comment vous voyez l'implantation des bracelets antirapprochement,
comment aussi ça va vous aider dans votre travail. Donc, j'aimerais vous
entendre.
M. Lavoie
(Mathieu) : Bien, dans un contexte où on a assuré des suivis dans la
population, c'est sûr que ça aura, là, une
plus-value sur... de savoir si la personne respecte ses engagements, respecte
ses conditions. Principalement, quand on parle de personnes en
permission de sortie, bien, ça va, nous, avoir un impact puisqu'on a un agent
correctionnel vérificateur ou un agent de probation au niveau, là... les agents
de services correctionnels, qui suit la personne de façon, là... à chaque
minute ou à chaque heure de la journée. Donc, c'est sûr que ça va donner, à ce
moment-là, là, un outil additionnel pour s'assurer que la personne respecte ses
conditions.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Parfait. Puis comment vous voyez
l'implantation?
M. Lavoie (Mathieu) : Écoutez,
on n'a pas encore vu l'implantation puisque c'est, bon, très opérationnel, mais
ça va être dans les discussions. Nous, on le voit où ça devrait, à notre sens,
être confié aux agents de services correctionnels vérificateurs, donc qui ont
déjà l'expertise de faire des vérifications d'ordonnance de sursis ou de suivi
dans la communauté qui sont édictés par les tribunaux.
On a déjà des agents dans chaque région qui
effectuent ces tâches-là. Est-ce qu'on en a suffisamment? Je vous répondrais
non. En même temps, je suis un syndicaliste, donc c'est sûr que je vais dire...
je vais vous dire non. Mais on a nécessairement des manques d'effectif dans ces
services-là, mais on a ces agents-là qui sont là depuis plus de 15 ans,
qui font des tâches similaires, qui vont vérifier les gens à domicile, qui
s'assurent du respect de leurs conditions que les tribunaux ont édictées et qui
vont faire des manquements au moment où ils ne les auront pas respectées. Donc,
ils ont une expertise dans ce domaine-là.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Parfait. Je vais passer la...
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a d'autres
questions? M. le député de Nicolet-Bécancour, pour deux minutes.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci.
M. Martel : Bonjour,
M. Lavoie. Merci d'être là. Je veux réitérer un peu ce que la ministre a
dit à l'égard de votre... du respect qu'on a à l'égard de votre profession. J'ai
beaucoup d'amis qui sont encore là ou qui sont retraités, qui ont travaillé
dans le milieu carcéral, et j'ai beaucoup de respect pour ce que vous faites.
Concrètement, je me disais, évidemment, ce n'est pas tout, là, mais le métier
d'agent correctionnel en suivi des anciens détenus, ce n'est pas la partie de
votre travail qu'on connaît le plus. Moi, je l'apprends beaucoup par rapport à
ce projet de loi là. Puis je me disais... la question n'est pas plantée, là, je
me posais vraiment la question : Est-ce que c'est déjà arrivé où un agent
correctionnel suivait un détenu, et il est arrivé un drame, puis, en
débriefant, les gens, ils se disaient : Cristi... Tu sais, j'imagine
comment que les personnes peuvent se sentir, mais, en tout cas, j'imagine, j'essaie
de m'imaginer, mais ça doit être assez, assez terrible, puis ce n'est pas de
leur faute du tout, mais ils ne doivent pas être insensibles par rapport à ça. Ça fait que je me disais :
Avez-vous déjà eu ce genre de discussion là où vous vous disiez : S'il y
avait eu un bracelet, par exemple, on aurait peut-être sauvé une vie?
M. Lavoie (Mathieu) : Est-ce que
c'est déjà arrivé, des événements tragiques où des gens de chez nous suivaient?
Oui. Bien là, on ne parlait pas, à cette époque-là, du bracelet antirapprochement
nécessairement, là, mais je rappellerais, là, à la commission un triste
événement qu'il y a un dossier qui a amené un rapport sur le service correctionnel, qui était l'événement Livernoche,
Alexandre Livernoche au début des années 2000, ou le rapport Corbo,
par la suite, qui a amené différentes recommandations et la modification de la
loi des services correctionnels par la suite, la loi qui est maintenant
connue... qui est maintenant... là, qu'on va modifier avec le projet de loi
n° 24.
Donc, clairement, oui, ça affecte les agents
quand il arrive ces événements-là. Parce qu'on a tout un cheminement dans des
dossiers comme ça. On a les agents à l'intérieur de la détention qui font
l'évaluation des personnes incarcérées avant qu'il y ait une permission de
sortie ou avant qu'il y ait une libération conditionnelle et on a les agents
qui assurent le suivi par la suite ou qui assurent le suivi dans la communauté.
Donc, clairement, quand je disais, tout à l'heure, que c'est un outil
additionnel de... qui peut être pour les agents, mais également pour protéger
les victimes de certains crimes et, dans le cas actuel, de violence
conjugale...
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Vimont, s'il
vous plaît.
M. Rousselle : Merci, M. le Président.
Bonjour, M. Lavoie. J'espère que ça va bien. En tout cas, merci d'être
présent. Merci d'être présent dans un si court laps de temps, parce qu'on ne
vous a pas laissé beaucoup de temps, justement, à vous préparer, hein? C'est
comme tout juste une semaine, donc merci d'être là.
Écoutez, prime abord, j'écoutais, vous avez
400 postes de vacants. La ministre parlait, à un moment donné, de 27 aux
services correctionnels dans un... quand elle a parlé aux médias. Là, on est
rendu à 24. Donc là, ça, ça veut dire que les 24, ils vont être pris dans
les... dans ceux qui sont là actuellement en poste. Si je comprends bien, ça va
faire 424 postes vacants, si je comprends bien. C'est-tu ça?
M. Lavoie (Mathieu) : Si on parle
d'ajout de 24 agents correctionnels, en effet, ça l'ajouterait sur les
agents absents, donc augmenterait le temps supplémentaire pour combler ces
postes-là.
M. Rousselle : Bon,
dites-moi donc, pour former, justement, un agent correctionnel, ça prend
combien de temps? Puisque c'est... Je vois qu'on a mis l'argent et tout, là, et
les projets du bracelet antirapprochement approchent rapidement. Donc, ça prend
combien de temps pour former un agent correctionnel? Parce que, si on veut
combler les 24 ou les 27, là... vous pouvez compter ce qu'on avait dit, là.
M. Lavoie (Mathieu) : Si on parle de
la formation spécifique pour être agent de services correctionnels, donc une
fois qu'on a été recruté, qu'on a fait le cheminement, qu'on répond aux
exigences académiques, c'est neuf semaines à l'École nationale de police.
M. Rousselle : Et, pour être agent
probateur ou agent vérificateur, là, puisque vous avez servi deux termes,
est-ce qu'il y a une formation complémentaire pour devenir justement agent
probateur ou vérificateur?
M. Lavoie (Mathieu) : Au niveau des
agents vérificateurs ou des agents en milieu ouvert, là, sur le dossier, il va
avoir un jumelage, là, mais généralement il n'y a pas de formation identifiée à
cet égard-là. Il y a un examen spécifique pour un des deux postes, mais il
n'y a pas de... ça va être un jumelage à la... mais qu'il prenne fonction.
M. Rousselle : O.K. Donc, quelqu'un
qui a de l'expérience va comme former l'autre pour... Donc, il n'y a pas de
cours comme tel pour des agents de probation.
M. Lavoie (Mathieu) : Bien, au
niveau des agents de probation professionnels, ça, ce n'est pas nous qui les représentons. Mais, les agents vérificateurs, les
agents de services correctionnels en vérification, bien, en effet, il n'y
a pas de formation spécifique d'établie. C'est vraiment, là, au niveau du
jumelage. Oui, il va y avoir un accompagnement au départ pour comprendre le
fonctionnement quand la personne arrive sur la poste, mais il n'y a pas de
formation spécifique d'établie actuellement.
M. Rousselle : Dites-moi donc, avec
la venue, justement, du bracelet antirapprochement, ça ne serait pas intéressant d'avoir une formation complémentaire
pour ces gens-là, pour justement... Parce que, là, il y a une nouvelle
réalité qui s'en vient. Donc, vous en pensez quoi, d'une formation
complémentaire là-dessus?
M. Lavoie (Mathieu) : Bien,
clairement, si... au niveau des outils technologiques, au niveau des
applications de la loi, au niveau des applications de la loi des services
correctionnels également, il devra y avoir, là, une certaine formation. Puis
ça, je pense que ça va faire partie, probablement pour les agents
correctionnels qui seraient attitrés à ça, des discussions qu'on devra avoir
avec le ministère, nécessairement, au niveau du comité de formation nationale.
M. Rousselle : Vous avez dit
qu'actuellement... parce qu'actuellement, je pense, les lois ne le permettent
peut-être... il va sûrement avoir des... en tout cas, j'espère qu'il va avoir
des ajustements. Vous dites qu'il n'y a pas d'information qui se passe entre
policiers et entre agents correctionnels. C'est qu'est-ce que vous avez dit.
Vous en pensez... je veux dire, moi, je
pense, c'est hyperimportant, si on s'en va dans un... avec un bracelet
antirapprochement, que les policiers, en
principe, devraient s'occuper de la victime, s'occuper de la personne qui est
violentée, et on s'entend de l'autre côté, donc il faut qu'il y ait un
échange. Je pense que c'est important d'avoir un échange, c'est ça... Est-ce
que j'ai bien compris de ce que vous avez dit?
• (16 h 20) •
M. Lavoie (Mathieu) : Bien,
clairement, il va falloir qu'il y ait des façons d'échanger, parce qu'on
comprendra qu'il y a plusieurs corps policiers au Québec, donc, dans plusieurs
villes, il y a des corps policiers où est-ce qu'on a des établissements de
détention, on a également la Sûreté du Québec. Donc, il doit y avoir une
facilité d'échange entre les parties, considérant qu'il y a un contrevenant
dans le dossier qui est sous la charge des services correctionnels, dans
certains cadres de la loi ou dans certains cadres du projet de loi, et il y a
la victime qui est, elle, probablement prise en charge par les policiers. Donc,
il y a, à ce niveau-là, on le remarque, là, dans les dernières années, des
fois, des problématiques, à cet égard-là, de l'échange d'information, exemple,
ce n'est pas tous les agents correctionnels qui ont nécessairement accès au
CRPQ. Donc, il y a quand même des échanges, des fois, qui sont pris dans des
dédales administratifs, je dirais, ou encore qu'il faut faire affaire avec un
autre de nos collègues ou avec un autre de nos gestionnaires pour avoir accès à
certaines informations. Donc, ça peut devenir complexe dans un cadre comme le
projet de loi est présenté.
M. Rousselle : Dites-moi donc, vous
avez parlé un petit peu d'informatique, l'informatique que vous avez actuellement aux services correctionnels pour
avoir tous les échanges ou les informations que vous avez besoin. Est-ce
qu'ils sont adéquats pour vous aider justement à pouvoir échanger de
l'information entre les policiers puis pouvoir aussi suivre les gens qui vont
avoir des bracelets?
M. Lavoie (Mathieu) : Écoutez, le
système informatique des services correctionnels, actuellement, est à l'âge de
pierre, donc le système informatique de gestion des contrevenants date de la
fin des années 80, c'est le système DACOR.
Clairement, il doit... C'est pour ça qu'on n'a pas encore de dossier unique qui
est informatisé, parce qu'il y a... le nombre d'informations qu'on peut
inscrire est limité dans ce système-là. Donc, ça, clairement, il y a une
amélioration, il doit y avoir une évolution puisque l'échange d'information...
Juste pour vous donner un exemple, à la commission, la photo de la personne incarcérée
ne peut pas être incluse dans ce système-là parce que c'est un système
qui marche encore sur ce qu'on appelle un peu un système DOS, il n'y a pas
d'image dans ce système-là, c'est de l'écriture, et est limité, le nombre de
caractères, à peu près comme Twitter.
M. Rousselle :
Donc, vous êtes en train de me dire que, si vous allez donner de
l'information aux policiers, parce qu'on
parle toujours d'un échange, donc, à ce moment-là, vous seriez limité sur
l'information que vous donneriez sur le contrevenant.
M. Lavoie (Mathieu) :
Nos systèmes ne se parlent pas nécessairement, en effet.
M.
Rousselle : O.K. Dites-moi, vous avez... on a des centres
correctionnels partout en région, partout. Est-ce qu'il y a des secteurs qui
ont des problèmes, justement? Parce que vous savez comment il fonctionne, le
système de... au niveau du bracelet, hein,
donc on a besoin des ondes téléphoniques, on a besoin des ondes quelque part.
Est-ce qu'il y a des secteurs, dans le Québec, que les centres
correctionnels ont des problèmes à communiquer?
M. Lavoie
(Mathieu) : Bien, si on parle des ondes cellulaires, clairement, c'est
sûr, on a 17 établissements au Québec, on a des régions plus éloignées. On
parle de l'Abitibi, quand on parle la Côte-Nord, quand on parle de la Gaspésie,
oui, il y a des régions où est-ce que les ondes cellulaires sont plutôt faibles
parce qu'on a encore des agents vérificateurs qui doivent travailler, des fois,
avec des téléphones satellites pour s'assurer d'avoir une communication
permanente et pour s'assurer, s'ils ont besoin d'aide, pouvoir interpeller,
exemple, les corps policiers avec des téléphones
satellites puisque les ondes cellulaires ne passent pas. Ça a réduit dans les
dernières années, mais, oui, il y a encore des secteurs, principalement
la Côte-Nord, en Gaspésie et en Abitibi, qui sont problématiques.
M.
Rousselle : Donc, vous êtes en train... Puis dites-moi aussi, les
agents approbateurs ou vérificateurs, là, ils font leurs vérifications,
actuellement, avec les gens qui ont... on va appeler ça un congé, là, mais une
permission de sortie, et tout, est-ce qu'ils font ces vérifications-là par
téléphone, est-ce qu'ils les font par personne? Parce que sûrement qu'il doit y
avoir des conditions là-dedans. Est-ce qu'ils sont vérifiés par téléphone ou
par être humain, là, la personne se déplace?
M. Lavoie
(Mathieu) : Bien, actuellement, les agents vérificateurs ont le mandat
de vérifier les sursitaires, donc ceux qui ont une sentence dans la communauté.
Les permissions de sortie ne font pas partie de leur mandat ou ne leur sont pas
confiées, quoiqu'ils pourraient l'être, là, mais on n'a pas les effectifs
nécessairement pour suivre l'entièreté des gens. Il y a des vérifications
téléphoniques, il y a des vérifications en personne occasionnelles.
Par contre, comme je
disais tout à l'heure, il y a un manque d'effectif. C'est sûr que ces gens-là
ne sont pas remplacés quand ils sont en congé. Ils ont des congés horaires, il
n'y a pas nécessairement, dans toutes les régions, des gens qui les remplacent.
Donc, ce qui arrive, par expérience, c'est que les personnes incarcérées se
rendent compte assez rapidement des horaires des gens et des journées qu'ils
sont en congé.
M.
Rousselle : Dites-moi, ces agents-là, est-ce que c'est toujours les
mêmes agents qui vérifient les mêmes personnes
ou... je comprends qu'il va y avoir des congés puis il va y avoir des vacances,
là, ça, on s'entend, là, mais, en temps
ordinaire, est-ce que c'est toujours les mêmes personnes qui s'occupent de la
même personne qui est à contrôler?
M. Lavoie
(Mathieu) : Généralement, oui, parce que je vous dirais que, dans
plusieurs régions, ils sont un ou deux agents sur ces postes-là, donc il
n'y en a pas plus que ça, là, pour l'entièreté de la région. Donc, c'est clair
que c'est les mêmes personnes. Des fois, ça va être des employés temps partiel
quand les postes sont vacants ou absents, mais, quand ils sont en congé ou en
vacances, généralement, ils ne sont pas remplacés.
M.
Rousselle : Dites-moi, actuellement, la ministre parle que le projet
pilote ou préprojet, là, parce qu'on ne sait pas comment le nommer, là,
c'est... il y a deux appellations, mais, dites-moi, ça ne serait pas mieux
qu'on le place partout au Québec? Parce que vous avez parlé du manque de
personnel à Québec. Donc, qu'on fasse peut-être quatre, cinq régions en
même temps, donc, à ce moment-là, ça pourrait donner la chance à... ou aller
dans... c'est ça, d'avoir la chance, justement, d'avoir un moins... manque de
personnel, parce que, si on va tous à Québec, donc, on vient de mettre une charge
supplémentaire à Québec.
M. Lavoie
(Mathieu) : Bien, en fait, la problématique, que ça soit à Québec ou
ailleurs, vous ne pourriez pas me demander
d'identifier une région où qu'on n'a pas de problématique d'effectif. On en a
dans l'ensemble de la province, dans tous nos établissements. Donc, il
serait assez difficile de vous identifier un établissement qui pourrait prendre
en charge... Il y en a des moins pires que d'autres, mais il n'y a personne qui
peut lever la main en disant : Aïe! Moi, j'ai trop d'effectifs, puis
amenez-moi des projets. Donc, c'est la réalité qu'on vit depuis, là, plus de
deux ans.
M.
Rousselle : Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup,
Mme la députée de Gaspé, s'il vous plaît.
Mme
Perry Mélançon : Merci, M. le Président. Je vais y aller,
peut-être, d'une question plus large parce que je vois que mon collègue
a des connaissances assez... plus approfondies, là, du milieu correctionnel.
Donc, merci d'être là. Vous avez déjà fait
part d'enjeux assez techniques sur le projet de loi et de vos préoccupations.
Je voudrais juste peut-être vous entendre sur le plan d'intervention
correctionnel, les suivis que vous faites avec les contrevenants. Comment vous évaluez le risque de récidive sur la
violence conjugale, tout ça? Peut-être vous entendre sur l'efficacité du
bracelet électronique. Est-ce que c'est une bonne mesure, selon vous,
finalement, d'aller en ce sens-là?
M. Lavoie (Mathieu) : Bien, écoutez,
c'est difficile d'avoir une réalité, de dire... Quand on fait l'évaluation,
c'est sûr que tu vas avoir des grilles d'évaluation pour savoir si la personne
est à risque de récidive, mais il n'y a rien qui — comme c'est un être
humain qui est devant nous, qu'on analyse, qu'on évalue — peut
nous garantir...
Donc, le bracelet, pour nous, ce qu'on voit,
c'est que c'est un outil de travail additionnel. Est-ce que c'est un faux
sentiment de sécurité? C'est sûr qu'actuellement, ne connaissant pas
l'opérationnalisation, ne connaissant pas l'efficacité de tout ça et comment ça
va pouvoir s'opérationnaliser entre les corps policiers, les services
correctionnels, le suivi de tout ça, c'est difficile, est-ce que... de le
juger.
Par contre, on croit que, oui, ça peut être un
bon outil dans le contexte, justement, de prévenir des agressions, alors qu'il
y a une permission de sortie et qu'on n'accompagne pas la personne incarcérée
24 heures sur 24, là, à côté d'elle.
Donc, on ne peut pas s'assurer, là... mais ça va nous assurer d'un respect de
conditions si l'outil fonctionne bien.
Mme Perry Mélançon : Puis, juste
avant, on recevait Femmes autochtones du Québec, qui nous a parlé de leur
réalité, là, plus en fonction de la clientèle autochtone. Est-ce que vous avez
des formations par rapport à ça ou même en matière de violence conjugale?
Est-ce que vous êtes outillés ou est-ce que ça prendrait encore plus de
formation à ce niveau-là?
M. Lavoie (Mathieu) : Bien,
clairement, pour les agents qui s'occupent des dossiers, pour les agents qui
font les suivis. Probablement que oui, si on nous amène, là, un programme comme
ça, ça va prendre des formations au niveau
de la violence conjugale, au niveau de l'intervention auprès des personnes
incarcérées accusées de violence conjugale,
parce que c'est une réalité qui est particulière. C'est une réalité qui peut
être difficile à comprendre et à suivre.
Au niveau de la clientèle autochtone, également,
on a quelques établissements qui sont plus proches de la clientèle autochtone
parce qu'ils ont une population davantage... exemple, pour ce qui est d'Amos,
pour l'Abitibi, pour le Grand Nord. Est-ce qu'il y a des formations spécifiques
à cet égard-là qui devraient être mises en place? Bien, je pense que le comité de formation national devra s'y arrêter,
devra s'y pencher si on nous amène ce mandat-là.
Et, plus loin encore, le service correctionnel
devra regarder, peut-être, à aller chercher davantage d'enveloppes au niveau
des formations, puisque c'est souvent un enjeu : à chaque année, quelques
mois après le début de l'année financière, le report de formation par manque de
budget à cet égard-là.
Mme Perry Mélançon : Merci beaucoup.
• (16 h 30) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Sur ce,
M. Lavoie, merci beaucoup d'avoir été avec nous cet après-midi, c'est très,
très, très apprécié.
Sur ce, la commission ajourne ses travaux au
jeudi 17 février, à 12 h 10, pour poursuivre son mandat. Merci.
À demain.
(Fin de la séance à 16 h 31)