(Quinze heures dix-huit minutes)
Le
Président (M. Benjamin) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît!
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 92, Loi visant la création d'un
tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale et
portant sur la formation des juges en ces matières.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme D'Amours (Mirabel) est remplacée par M. Thouin
(Rousseau); Mme Lavallée (Repentigny) est remplacée par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Rousselle (Vimont) est remplacé par
Mme Melançon (Verdun); et M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par
Mme Labrie (Sherbrooke).
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Je vous rappelle que l'étude de l'article 3 et l'amendement amendé
qui est proposé par le ministre, ainsi que l'article 11 et l'amendement
proposé par le ministre sont suspendus. Lors de l'ajournement de nos travaux
hier, nous en étions à l'étude de l'article 9. Je cède donc la parole à la
députée de Joliette, qui avait la parole à ce moment-là. Oui, allez-y, M. le
ministre.
Étude détaillée (suite)
M. Jolin-Barrette : Si je peux
vous suggérer qu'on suspende l'article 9, parce que j'ai déposé à mes
collègues une proposition d'amendement à l'article 1, parce qu'hier les
équipes travaillaient, et là on est prêts. Alors, si les collègues souhaitent
qu'on suspende 9, qui était sur les juges, à moins que les collègues soient
prêts à adopter 9, je retournerais, sinon, à l'article 11, qui est le
projet pilote, pour faire en sorte de pouvoir boucler la boucle, M. le
Président, 11, 3, ou on termine la formation des juges avec 9. Mais, dans le
fond, j'ai intégré les commentaires des collègues à l'article 11 puis je
pourrais l'expliquer aussi.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, dans un premier temps, est-ce que j'ai le consentement pour une
suspension de l'article 9? Allez-y, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, en tout
respect, comme on vient de nous le déposer, moi, je voudrais juste prendre quelques
secondes pour le lire puis pour voir là où on en était rendus, juste pour ne
pas tout mêler.
M. Jolin-Barrette : L'objectif,
justement, c'est ça, puisque je vous le dépose, dans le fond, j'en ferais la
lecture, puis ça permettrait d'avoir le temps d'en discuter puis que vous
puissiez l'analyser en même temps avec mes explications.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, est-ce que j'ai le consentement pour une suspension de l'article 9?
M. Jolin-Barrette : ...Mme la
députée Verdun, plus tard.
Mme Melançon : Moi, je ne vois
pas de problème, là.
Le Président (M. Benjamin) : Consentement?
Mme Melançon : Je consens.
Le Président (M. Benjamin) : D'accord.
Est-ce que... Ça me prend aussi un consentement. Donc, M. le ministre vient de
suggérer que nous retournions à l'article 11. Est-ce que j'ai le
consentement pour revenir à l'article 11? Consentement. Parfait.
M. Jolin-Barrette : Avec votre
permission, M. le Président, je retirerais l'amendement que j'ai déposé à l'article 11 préalablement pour pouvoir déposer le nouvel amendement qui intègre les
commentaires de mes collègues.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
est-ce que j'ai le consentement pour le retrait de cet amendement?
Consentement. Allez-y, M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Alors, M. le Président, le nouvel
amendement : Remplacer l'article 11 du projet de loi par le
suivant... Dans les copies que j'ai distribuées, M. le Président, les
modifications sont indiquées en rouge pour faciliter la lecture des collègues.
Donc, remplacer l'article 11 du projet de
loi par le suivant :
«11. Le ministre de la Justice doit, par
règlement, mettre en oeuvre, dans au moins cinq districts judiciaires, un
projet pilote visant à établir un tribunal spécialisé afin de réserver un
cheminement particulier aux poursuites qui impliquent un contexte de violence
sexuelle ou de violence conjugale, et ce, dès le contact d'une personne victime
avec un service de police.
«Dans le cadre de ce projet pilote, qui doit
faire l'objet d'une évaluation continue :
«1° le ministre peut, par règlement, établir, au
sein de la chambre criminelle et pénale de la Cour du Québec, une division
appelée "Division spécialisée en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale" qui entend toute poursuite qui implique un contexte de
violence sexuelle ou de violence conjugale;
«2° le règlement prévu au paragraphe 1°
peut cependant déterminer quels types de poursuites sont entendues par cette division spécialisée lesquels peuvent
varier en fonction de toute distinction jugée utile, notamment en
fonction des districts judiciaires;
«3° le ministre peut, par arrêté et après avoir
consulté les partenaires du milieu judiciaire qu'il estime appropriés, déterminer les districts judiciaires
dans lesquels la division spécialisée peut siéger; la détermination des
districts tient compte de la
représentativité territoriale et populationnelle, des installations physiques
et du volume de poursuites;
«4° le
Directeur des poursuites criminelles et pénales doit identifier, à la lumière
des faits et des circonstances d'un
dossier, si l'infraction criminelle alléguée implique un contexte de violence
sexuelle ou de violence conjugale et, le cas échéant et sous réserve du
règlement prévu aux paragraphes 1° et 2°, soumettre le dossier à la division
spécialisée;
«5° le ministre offre aux personnes victimes des
services intégrés et adaptés à leurs besoins lesquels doivent inclure des
mesures d'accompagnement, l'aménagement des lieux physiques afin qu'ils soient
sécuritaires et sécurisants et la coordination des dossiers;
«6° le ministre privilégie le traitement par un
même procureur de toutes les étapes d'une poursuite;
«7° le ministre est responsable de s'assurer que
les ministères et organismes concernés offrent de la formation continue, de
base et spécialisée, sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la
violence conjugale aux personnes
susceptibles d'intervenir au tribunal spécialisé, notamment aux avocats de la
défense, aux procureurs, aux greffiers,
aux enquêteurs, aux policiers, au personnel de la cour, aux interprètes et aux
intervenants psychosociaux; aux fins de l'offre de cette formation, les
ministères et organismes consultent les personnes et les organismes qu'ils
estiment appropriés en raison de leur expérience, de leur expertise [et] de
leur sensibilité ou de leur intérêt en ces matières;
«8° le ministre doit préparer l'établissement du
tribunal spécialisé permanent visé à l'article 83.0.1 de la Loi sur les
tribunaux judiciaires.
«Tout projet pilote mis en oeuvre en vertu du
présent article se termine au plus tard le (indiquer ici la date qui suit de
trois ans celle de la sanction de la présente loi).»
Donc, quelques explications, M. le Président, en
lien avec l'amendement que j'ai déposé. Donc, les collègues m'ont demandé
d'avoir un nombre minimal de districts dans lesquels on allait implanter les projets
pilotes. Donc, hier, je vous ai dit qu'on évaluait entre cinq et 10. Donc, vous
avez à l'alinéa un... On indique... On a ajouté : «Dans au moins cinq
districts judiciaires». Donc, premier élément qu'on vient remplir.
Deuxièmement, les collègues m'ont demandé que
les projets pilotes soient évalués en continu. Donc, au deuxième alinéa, on
l'indique : «Dans le cadre de ce projet pilote, qui doit faire l'objet
d'une évaluation continue.» Donc, tout va être ajusté en continu, puis on va
faire en sorte de suivre le dossier. Donc, comme on a discuté hier, ce n'est
pas : On fait un projet pilote puis on a un rapport à la fin. Non, on le
fait au fur et à mesure puis on ajuste ce qui fonctionne, on enlève ce qui ne
fonctionne pas. Donc, c'est une évaluation continue.
Ensuite, deuxième alinéa, troisième
paragraphe : «Le ministre peut, par arrêté et après avoir consulté les
partenaires du milieu judiciaire qu'il estime appropriés, déterminer les
districts judiciaires dans lesquels la division spécialisée peut siéger; la
détermination des districts tient compte de la représentativité territoriale et
populationnelle, des installations physiques et du volume de poursuites.» La
députée de Joliette m'avait demandé qu'on consulte les partenaires judiciaires, notamment la Cour du Québec. Donc, le fait de
l'inscrire ainsi, ça inclut les différents partenaires judiciaires qui
sont... qui en font partie. Donc, ce n'est pas juste la cour qu'on va
consulter. On va consulter les autres partenaires, incluant, supposons, le MSP,
en lien avec les constables spéciaux qui doivent être disponibles, dans le
fond, tout le monde du milieu de la justice.
Ensuite, dans le même paragraphe, troisième
paragraphe, la détermination des districts. Ça, c'est les critères que je vous avais énoncés, où est-ce qu'on va
mettre en place... comment je vais faire le choix des districts pour implanter
les projets
pilotes, donc, la représentativité territoriale, ruralité, urbanité,
populationnelle, grosse municipalité, petite... bien, en fait, petit district, gros district, les
installations physiques, le volume de poursuites, également, qui va être pris
en considération.
Le directeur,
4°, ça ne change pas, 5° non plus — bien, ça ne change pas dans cet
amendement-là — 6° non
plus, 7°...
Bon, 7°, il y a de la concordance, parce que ça,
c'était l'amendement de la députée de Verdun. Au lieu que ça soit «les»,
légistiquement, on me dit que c'est mieux de mettre «aux». Donc, on va avoir un
amendement miroir au 3 justement pour ajuster cela. Autre point, à 7°, la
députée de Joliette nous disait hier : Écoutez, pour les juges, on nous
dit qu'ils doivent consulter pour faire la formation, il y a certains critères
à respecter pour bâtir la formation. Donc, on a incorporé les mêmes critères
qui sont là pour le Conseil de la magistrature pour consulter : «...qu'ils
estiment appropriés en raison de leur expérience, de leur expertise, de leur
sensibilité [...] leur intérêt en ces matières.» Donc, on vient mettre les
mêmes obligations pour les ministères et les organismes lorsqu'ils bâtissent la
formation.
Également,
à 8°, le délai pour les projets pilotes, on en a discuté abondamment hier avec
la députée de Verdun. Donc, ici, vous l'avez, donc, à partir du moment
où la loi sera sanctionnée, il y a un délai maximal de trois ans pour la durée
des projets pilotes.
Donc, globalement, les équipes ont travaillé
très fort pour répondre aux commentaires des collègues. Alors, vous voyez notre
grande ouverture. Alors, ce que j'ai mis, c'est ce que je pouvais mettre, comme
je vous le dis. Alors, on a travaillé très proactivement là-dessus, et je tiens
à remercier les équipes pour leur contribution.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le Président.
Il y a quand même un beau travail qui a été fait. Je reconnais plusieurs
réponses aux demandes qu'on a faites. Par contre, j'ai quand même encore
quelques questions et quelques demandes qui ne sont pas comblées.
La question du suivi, il y a un ajout qui fait
mention d'évaluation continue. Par contre, on ne dit nulle part qui fait
l'évaluation continue de ça. Il avait été discuté hier que ce serait la table
de partenaires qui s'en occupait. J'aimerais ça comprendre pourquoi le ministre
ne vient pas l'inscrire dans la loi, parce que cette évaluation continue là,
elle flotte un peu dans le vide en ce moment dans le projet de loi. On ne sait
pas qui va s'en occuper. Pour moi, c'est important d'aller l'inscrire.
Quand le ministre a expliqué le troisième
paragraphe, il a donné des détails sur ce que ça voulait dire pour lui, la
représentativité territoriale et populationnelle. Il n'a pas nommé les
communautés autochtones en expliquant ça. Donc, je me demande : Est-ce
qu'on est mieux de l'ajouter, de l'inscrire dans le troisième paragraphe? Parce
que ça avait été discuté hier, puis je le sais, que le ministre, c'est ça, son
intention. Donc, moi, je pense qu'on devrait peut-être le nommer explicitement.
Ça, c'est une question que j'ai.
Puis, troisième chose, le délai maximal après
les projets pilotes ne se retrouve pas dans l'amendement que le ministre nous
propose en ce moment.
Le Président (M. Benjamin) : M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Donc, le
commentaire sur 3°, la représentativité populationnelle, ça inclut les
communautés autochtones. Donc, dans le cadre de la représentativité, ça en fait
partie, c'est indiqué. Dans le fond, ça en fait partie. Nous, notre souhait,
c'est d'avoir au moins un projet pilote qui va se développer avec les
communautés autochtones, mais ça en fait partie.
Lorsqu'on parle de représentativité populationnelle, c'est inclus à l'intérieur
de ça.
Pour votre autre question, sur le délai de mise
en vigueur du tribunal permanent, je vous reviens avec ce que j'ai dit hier. Dans le fond, pour moi, c'est dans les
meilleurs délais, mais je n'ai pas de date à indiquer clairement que
c'est dans les... un délai. Moi, mon
objectif, c'est, dès la fin des projets pilotes, qu'on puisse être en mesure de
démarrer partout en même temps, mais
on a eu abondamment ce débat-là. Je ne souhaite pas indiquer de date ferme dans
le projet de loi.
Mme
Labrie : Bien, moi, je
l'entends, là, l'objectif du ministre, puis je le partage aussi. Moi, je ne lui
demande pas nécessairement une date. Je lui demande un délai maximal. En fait,
je pense que c'est raisonnable. On en met un pour les projets pilotes. Je pense
que c'est raisonnable d'en demander un pour la suite. Juste pour mémoire,
j'avais même ouvert la porte à ce que le ministre détermine lui-même c'est
quoi, son délai qu'il considère raisonnable, là. Je ne veux pas imposer un
délai au ministre. Je veux simplement qu'on mentionne dans le projet de loi le
délai que le ministre jugera adéquat. Ça fait que je pense que c'est très
raisonnable de ma part de demander ça, là. Je ne suis même pas en train de
mettre de la pression pour un délai en particulier.
M.
Jolin-Barrette : Moi, je
vais vous dire, là... Puis, honnêtement, mon souhait... Puis, à 8°, au paragraphe
8°, on le dit, qu'on va travailler dans... durant les projets pilotes pour le
mettre à la grandeur du Québec. Moi, maintenant, je vous l'ai dit hier, je ne
contrôle pas le futur et tout l'avenir qui existe relativement aux
impondérables.
Alors, il faut avoir la flexibilité, puis ça
revient au paragraphe 2° de l'article 3, sur lequel, j'imagine, la députée
de Joliette va faire un amendement tout à l'heure. Il faut avoir une certaine flexibilité.
Alors, mon souhait, c'est de le mettre en place le plus rapidement possible,
dans les meilleurs délais, dès la fin du projet pilote, mais je ne souhaite pas
indiquer de délai. Et, si j'indiquerais un délai, supposons, je dirais, dans
les six ans, supposons, bien là vous me diriez : Ah! c'est ça, le ministre,
il veut prendre neuf ans pour le faire, le projet pilote... le projet
permanent. Vous comprenez?
Alors, moi, mon souhait, c'est, dès la fin des projets
pilotes, qu'on puisse l'étendre à la grandeur du Québec. Mais je ne vais pas m'emmurer dans un délai avec
lequel vous auriez le loisir de dire : Bien, on sait bien, le ministre,
il ne veut pas vraiment le faire, il va prendre son temps, puis tout ça. Moi,
je vous dis : Dans les meilleurs délais. Puis, en plus, je me mets des
obligations à 8° pour le faire.
Mme Labrie : Le ministre présume de
ce qu'on... Il présume de nos intentions puis de ce qu'on ferait avec une proposition
de délai, là. Moi, ce n'est pas ce que j'ai dit. Je pense que, quand le
ministre refuse d'inscrire un délai, il ouvre la porte au doute pour les
victimes. Je pense que ça va venir insécuriser beaucoup les victimes de voir que le ministre n'est pas prêt à prendre un
engagement, même pas sur plusieurs années, de les mettre en oeuvre,
finalement, les tribunaux spécialisés.
• (15 h 30) •
M.
Jolin-Barrette : Aujourd'hui, là, 10 novembre, 15 h 29,
je prends l'engagement solennel de mettre en place des tribunaux spécialisés
permanents à la grandeur du Québec. J'ai modifié mon projet de loi pour ça. Ce
n'est pas exactement ce que la députée de Sherbrooke veut précisément, mais je
prends l'engagement formel de le faire. Puis
il y a suffisamment, dans le projet de loi, de contraintes qui invitent le
ministre de la Justice à le faire à plusieurs endroits. Alors, je vous
donne ma parole.
Mme Labrie : Puis sur la question de
l'évaluation continue, qu'on ne sait pas nulle part qui va s'en occuper, de
cette évaluation-là?
M. Jolin-Barrette : Sur la question
d'évaluation continue, dans le fond, nous, ce qu'on souhaite faire, c'est avoir
une évaluation notamment externe qui va pouvoir suivre, tout ça, puis, en même
temps, on a mis en place une table de suivi avec les différents partenaires.
Mais, dans la table de suivi, si jamais on rajoute des gens au fur et à mesure,
tu sais, je ne veux pas que ça soit une table qui ne va pas avoir de
flexibilité, notamment. Donc, les différents partenaires sont là,
mais on n'a pas besoin de l'indiquer dans la loi, là.
Mme Labrie : Il y a moyen d'indiquer
en faisant référence à la table sans faire la nomenclature de qui va faire
partie de la table. Comme ça, ça laisserait la souplesse au ministre, mais ça
viendrait au moins dire à qui incombe la responsabilité de ce suivi-là puis ça
vient formaliser l'existence de cette table-là pour la permanentiser.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais ce
n'est pas la table qui fait le suivi, là, par contre, là. La table, c'est une
table de consultations. Ce n'est pas la table qui a la responsabilité de faire
le suivi, la responsabilité appartient au MJQ puis, dans le fond, aux avis externes
pour évaluer... aux avis indépendants qu'on va avoir. Mais le fonctionnement de
l'administration de la justice, ça relève du ministère de la Justice. Donc,
c'est un comité... c'est une table de suivi et de consultations pour avoir un
lieu d'échange pour dire comment ça se passe, qu'est-ce qui fonctionne,
qu'est-ce qui ne fonctionne pas avec les différents organismes, avec les
différents partenaires.
Mme Labrie : Bon, là, est-ce qu'on
peut inscrire que l'évaluation continue, elle est sous la responsabilité du
ministère de la Justice en collaboration avec les partenaires?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
parce que moi, ce que... comment je pourrais dire, il y a l'opérationnalité de
la chose qui relève du MJQ. Alors, la table est là pour qu'on puisse la
consulter, pour que ça soit un forum de discussion, mais ce n'est pas elle qui
est décisionnelle.
Mme Labrie : ...M. le ministre m'a
dit : C'est sous la responsabilité du ministère de la Justice. Ça fait que
là j'ai dit : Est-ce qu'on peut inscrire que l'évaluation continue est
sous la responsabilité du ministère de la Justice, exactement comme le ministre
m'a dit, en collaboration avec les partenaires? Moi, je fais juste répéter ce
que le ministre m'a dit que ce serait, la responsabilité de l'évaluation
continue.
M. Jolin-Barrette : Mais, dans un
souci d'ouverture, là, on pourrait peut-être venir indiquer, sans déterminer
qui est sur la table, là, mais on pourrait mettre, genre : Une table de
consultation est présente et consultée, en lien avec les projets pilotes. Ça,
ça serait quelque chose que je pourrais faire.
Mme Labrie : Donc, ça serait inscrit
que c'est le ministère de la Justice en consultation avec la table?
M. Jolin-Barrette : Non, on n'a pas
besoin de dire que c'est le ministre de la Justice que c'est lui parce que
c'est, d'office, c'est le ministère de la Justice qui a l'administration de la
justice. Ça fait qu'on ne vient pas le spécifier. Mais par contre ce qu'on
pourrait mettre, c'est : une table de consultation est créée afin de
consulter les partenaires en lien avec les projets pilotes. Ça, je pourrais
faire ça.
Mme Labrie : Parfait. Bon,
bien, j'aimerais ça voir cet ajout. Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Mme la députée Verdun.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. Bon, bien, à mon tour de remercier les équipes du ministre pour le
travail, parce qu'on voit qu'il y a plusieurs choses, donc, qui sont atterries
à l'intérieur de l'article 11.
J'ai une question qui me saute aux yeux à ce
moment-ci, là. Puis, peut-être, on avait posé la question au ministre, je me
rappelle, la semaine dernière, puis que je ne vois pas apparaître, puis qui...
Je ne le sais pas, je pense que ce serait le moment, peut-être, où on peut
ajouter... Je me rappelle qu'on avait parlé du tribunal... bien, de la chambre
de la jeunesse. Vous vous rappelez, si un accusé, il fait partie de la chambre
jeunesse, bien, est mineur, dans le fond, va aller devant la chambre de la
jeunesse, puis on n'en a jamais reparlé à l'intérieur du projet de loi. Et je
pense qu'on doit d'abord stipuler qu'une victime mineure, accusée, présumée
accusée mineure, donc chambre de la jeunesse, il va y avoir le parapluie, bien
sûr, du tribunal spécialisé. Mais ça, on ne l'a jamais nommé à l'intérieur du
projet de loi. J'aimerais savoir pourquoi. Puis je vais quand même laisser le
ministre répondre, là, je ne veux pas répondre à sa place.
Et
je crois qu'à l'intérieur des projets pilotes on va devoir aussi identifier la
chambre jeunesse clairement. Parce que, si ça ne fonctionne pas avec des
présumés agresseurs ou des victimes aussi mineures, je pense qu'on va devoir...
en tout cas, l'identifier, le tester, je vais le dire comme ça, là, parce que
l'évaluation doit aussi se faire dans une chambre jeunesse, donc on n'est pas
nécessairement dans le même tribunal. Et je pense que c'est le moment où on
peut peut-être ajouter quelque chose, bien sûr, pour les victimes, pour
l'accompagnement des victimes, peu importe l'âge et/ou de l'accusé et/ou de la
victime.
M. Jolin-Barrette :
Là-dessus, dans le fond, ce qu'on va faire, c'est : administrativement, on
va appliquer le même processus quand ça va être ce type d'infractions là qui
vont être traitées à la chambre de la jeunesse. Dans le fond, le tribunal, il est créé à la Cour du Québec, chambre criminelle
et pénale, mais les mêmes mesures d'application vont être appliquées
administrativement, dans le fond. Puis c'est là, entre autres, le rôle du
coordonnateur judiciaire qui va pouvoir faire le pont avec tout ça. Donc,
l'objectif, c'est d'offrir les mêmes services à la personne victime, qu'elle
soit en chambre de la jeunesse ou en Cour du Québec, chambre... bien, division
spécialisée.
Mme
Melançon : Parce que, dans le fond, on va avoir la chambre jeunesse et
la division spécialisée, mais la division spécialisée vient quand même
chapeauter la chambre jeunesse, grosso modo? C'est ce que je comprends.
M.
Jolin-Barrette : Bien, dans le fond, c'est ça, mais... dans le fond,
la division spécialisée et à la chambre criminelle et pénale, O.K.? Là, par
l'effet de la loi, les mineurs, lorsqu'ils sont accusés, c'est la Loi sur...
c'est-tu sur les jeunes contrevenants ou la justice pénale, pour les
adolescents? Je ne me souviens plus du terme exact de la loi, mais cette
loi-là, elle est traitée à la chambre de la jeunesse. Ça fait que qu'est-ce
qu'on va faire, les mesures qui sont à la
division spécialisée en chambre criminelle et pénale, dans la division, elles
vont être amenées, administrativement... quand on va avoir des dossiers à la chambre jeunesse, on va mettre les
mesures administratives là pour accompagner les personnes victimes.
Parce que, dans le fond, pourquoi ça se retrouve à cette chambre-là, c'est
parce que l'accusé, il est mineur. Mais, par contre, ça arrive que des accusés
mineurs se retrouvent à la chambre... à la division spécialisée en matière de violence
sexuelle et de violence conjugale.
Puis on va faire la
même chose lorsqu'il y aura des dossiers à la Cour supérieure. Parce que, exemple...
je donne un exemple, agression sexuelle
avec lésions, O.K., qui est punissable par 14 ans... pas avec
lésions, mais agression sexuelle armée, supposons, O.K., puis que
l'accusé opte pour un procès... bien, supposons qu'il est poursuivi par acte
criminel, supposons, puis il opte pour un procès devant jurés, bien, ce qu'on
va faire, c'est que... Dans le fond, ça représente très, très peu de nombre de
dossiers, là, mais ce qu'on va faire, en lien avec le coordonnateur aussi, on
va s'assurer d'offrir à la personne victime qui se retrouverait à avoir un... à
être témoin, à être la personne plaignante à la Cour supérieure, on va amener
l'infrastructure du tribunal spécialisé pour l'accompagner à la Cour
supérieure. Vous comprenez ce que je veux dire?
Mme
Melançon : Oui, oui. Bien sûr. Bien sûr. J'essaie juste de voir
comment est-ce qu'on peut quand même envoyer le signal. Parce que, bien, je ne
vous cacherai pas, là, j'ai eu certains échanges avec certaines personnes, puis
ce n'est pas clair, dans la tête des gens, si, justement, l'application va se
faire ainsi. Puis on a tellement nommé, puis
je pensais vraiment... tu sais, on a tellement nommé, bien sûr, les juges
magistrats, bon, je pense que, si on pouvait, minimalement, envoyer un
signal pour, justement, la chambre jeunesse, je pense que ce serait vraiment
intéressant, parce que ce n'est pas la lecture de certaines personnes, là, qui
ont suivi nos travaux.
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais... Puis Pascal, il avait raison quand qu'il me faisait penser à ça,
là, vous l'avez déjà dans le projet de loi. Parce que tu sais, dans le fond...
Puis c'est en lien avec la députée de Sherbrooke, sa proposition, du fait que
le tribunal... Tu sais, dans le continuum de services qu'on offre, là, ça
commence à partir du moment où... à la police, dès les premiers contacts avec
le service de police. Ça fait que ça commence là, mais ce n'est pas... Tu sais, la victime, elle, peu
importe que ça aille à la chambre de la jeunesse ou que ça aille à la Cour
supérieure, supposons, en raison de l'option qui est faite ou de la nature de
l'accusé, cet accompagnement-là, il va tomber sous le coup du tribunal, en général. C'est sûr que dans la track, là, que
vous avez, au départ, là, la victime est là. 99 % des dossiers, au
service de police, la victime, elle arrive ici, le service de police, le
tribunal avec un petit t, supposons, là, O.K., qui couvre tout le continuum de
services, dans le fond, ici, ça débute ici. Ça fait qu'elle va avoir tous les
services offerts pour 99,8 % des dossiers, supposons, ça reste sur la même
ligne, puis ici vous allez avoir la division spécialisée, à l'intérieur de la
chambre criminelle et pénale, à la Cour du Québec.
Ça fait que là il y a
des rôles dédiés, puis tout ça, par la cour, puis, ensuite, bon, le processus
continue pour elle. Pour lorsque vous avez un accusé qui est mineur, la seule
distinction, c'est qu'ici, au lieu d'être à la division, il va s'en aller à la chambre de la jeunesse, mais,
pour la victime, les coordonnateurs, l'accompagnement demeure le même,
là, tu sais, les services demeurent les mêmes, même chose que si ça s'en va à
la Cour supérieure en raison du choix d'options. Puis même l'illustration de
ça, là, c'est qu'un accusé, là, dans le fond, il peut décider : Ah! bien,
moi, je veux mon procès devant jurés, si c'est passible de cinq ans et plus
d'emprisonnement. Mais, au cours du processus, il peut réopter pour s'en
retourner devant un juge seul, devant la Cour du Québec.
Ça fait que, tu sais,
ce n'est pas la victime qui est prise là-dedans, là. Tu sais, nous, on va
l'accompagner sur tout le continuum de services. C'est sûr qu'on vient créer la
division à la Cour du Québec parce que c'est eux autres qui touchent
99,7 %, 97,8 %, 99,9 % des dossiers, là.
Mme Melançon :
Ma question va aller juste un peu plus loin, moi, c'est sur les lieux
sécuritaires. On n'est pas dans le palais de justice nécessairement. Est-ce
qu'on va avoir l'effet miroir pour...
M. Jolin-Barrette : C'est dans
le même palais de justice, là.
Mme Melançon : Ah! d'accord.
M. Jolin-Barrette : Il y a une
exception.
Mme Melançon : Oui, c'est ça.
M. Jolin-Barrette : Montréal.
Montréal, c'est sur Bellechasse, la Chambre de la jeunesse, mais il y a déjà,
sur Bellechasse, des mesures qui sont en place. Tu sais, la chambre de la
jeunesse, en soi, c'est particulier, ils ont une clientèle particulière, ils
sont déjà habitués, il y a déjà du bon travail qui est fait, mais tout va
améliorer, mais, dans tous les autres palais de justice du Québec...
Mme Melançon : ...attendez. Si je
peux me permettre, M. le Président. Tu sais, tout va s'améliorer, O.K., mais est-ce qu'on peut aller au même rythme en
disant : Bien, justement, tout va s'améliorer? Mais est-ce qu'on...
Parce que, pour moi, là, puis je m'en allais vraiment avec l'exemple de
Montréal, le ministre m'a un peu devancée, mais je pense qu'on a besoin,
justement, d'une assurance supplémentaire, puis on n'en fait pas mention, on
n'en fait pas mention à l'intérieur de ça pour, bien sûr, les lieux publics.
Moi, je ne ferais que faire l'ajout pour démontrer,
puis je reviens, puis je suis un peu tannante avec ça, mais, du côté de la
culture, on est en train de changer une culture avec ce projet de loi
n° 92. C'est une nouvelle façon de faire, c'est une nouvelle vision. Puis,
pour moi, là, le parapluie tribunal spécialisé doit véritablement desservir
toutes les victimes, peu importe l'âge, peu importe le lieu, je le répète. Puis
je vous le redis, là, j'avais de la misère avec les projets pilotes. On a vu
que le ministre n'était pas ouvert à y aller autrement qu'avec les projets
pilotes, donc on a été... en tout cas, je vais parler pour moi, là, mais j'ai
été ouverte, j'ai tenté d'ouvrir mon esprit le plus possible, mais là ce n'est
pas vrai... puis là ça vient de la bouche même du ministre, là, qui dit :
Bien, on va être en amélioration. Non, non, on doit s'assurer que, pour les
victimes mineures, où il y a, bien sûr, accusé mineur, qu'on puisse les
desservir. Je ne sais pas s'il y a une façon où on peut l'imbriquer, à ce
moment-ci, dans le projet de loi.
Le Président (M. Benjamin) : M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : On va travailler
sur quelque chose.
Mme Melançon : D'accord.
M. Jolin-Barrette : Je sais où la
députée de Verdun veut aller. Juste faire un énoncé, là, pour la rassurer, dans
un premier temps. C'est très clair que toute personne victime de violence
sexuelle ou de violence conjugale, peu
importe l'accusé, ses choix d'options, elle recevra le même service :
division spécialisée, chambre de la jeunesse, Cour supérieure. Ça, je le dis, tout ça, puis
l'objectif du tribunal, c'est ça. Moi, je vous dis : Ça va se faire, on a
les coordonnateurs judiciaires, tout ça, tous les mêmes services vont
être accompagnés. On va regarder de quelle façon... Parce que, tu sais, je ne veux pas cibler particulièrement la
Cour supérieure, la chambre de la jeunesse, pour ne pas mélanger tout le
monde, là, mais on va essayer de travailler
sur un libellé qui nous permettrait juste de rajouter pour dire que ça
s'applique à toutes les instances qui
traitent ce genre de dossier là, ou quelque
chose comme ça, donc une disposition générale, mais le message, il est clair, là : nous, on va
accompagner tout le monde, peu importe l'endroit où la victime se retrouve.
Pour ce qui est des lieux des palais de justice,
là, vous avez raison. À Montréal, la chambre de la jeunesse est dans un bâtiment séparé parce qu'il y a un volume particulier de ça, mais le ministre de la Justice va
adapter les salles, puis tout ça, ce qui doit être fait. Déjà, il y a des
choses qui sont bien faites à la chambre de la jeunesse à Montréal, parce qu'ils
ont un palais particulier puis ils peuvent faire les modalités, mais, dans tous
les palais du Québec, la chambre de la jeunesse se retrouve dans le même palais
de justice, même chose pour la Cour supérieure aussi. Ça fait que, tu sais, les
salles aussi, en fonction...
Puis c'est pour ça qu'on a besoin de la collaboration
de la magistrature notamment, aussi, c'est que, exemple, là, quand vous allez
avoir un dossier, là, Cour supérieure, supposons, avec une victime d'agression
sexuelle, là, bien entendu, ça se passe aux assises, aux assises, ça veut dire,
parce qu'il y a un jury, bien, c'est sûr, ça va demander la flexibilité à la
cour, notamment, pour accommoder les mesures du tribunal aussi. Ça fait que
c'est pour ça que, quand je vous dis : On coordonne tout, tout ça, ça
permet de le mettre en place. Ça fait qu'on va travailler sur quelque chose
pour répondre à votre demande.
Mme Melançon : J'ai une
autre... puis je laisserai les collègues, là, je reviendrai par la suite.
Lorsqu'on parle, justement, de projets
pilotes, moi, je veux juste m'assurer aussi... puis là je comprends, de la
façon dont c'est inscrit, moi, j'étais plutôt en droite ligne avec la
députée de Sherbrooke, où on aurait peut-être dû indiquer «autochtones», là,
«communautés autochtones» pour nous assurer qu'on ne l'échappe pas. Puis là je
comprends que le ministre dit : «populationnel»,
ça inclut... Et moi, je ne suis pas certaine que «populationnel», ça va inclure
«chambre de la jeunesse».
Puis je pense qu'on doit
aussi faire des mesures, de l'évaluation continue, à savoir comment ça s'est
passé lorsqu'il y a des... lorsqu'on a eu des cas en chambre de la jeunesse,
pour pouvoir, justement, mesurer le tout. J'ai quand même un petit... j'ai une
petite demande, là, pour qu'on puisse quand même aller fouiller dans la chambre
de la jeunesse. Parce que je le sais que c'est dans le même palais de justice,
là, on se redit les mêmes choses, mais, pour moi, d'aller mesurer, quand la
victime et quand l'agresseur, tu sais, sont mineurs, moi, je veux savoir
comment ça s'est passé, parce que, quand on
va arriver, justement, à l'application, au déploiement partout sur le
territoire du Québec, on va devoir s'assurer, justement, que cette
clientèle-là a été bien desservie puis qu'on puisse mesurer, justement, l'offre
de services qui aura été faite.
M. Jolin-Barrette : Ça fait
déjà partie de l'évaluation continue parce que, exemple, là, dans un district
donné, là, quand le tribunal va être présent, en termes de projets pilotes, là,
bien, le tribunal spécialisé, il est présent dans ce district-là. Ça fait qu'il
va ramasser tous les dossiers de ce district-là, ça fait que c'est déjà inclus.
Tu sais, dans le fond, là, supposons que vous avez une victime... un accusé qui
est mineur, O.K., qui se ramasse à la chambre de la jeunesse pour ce type
d'infraction-là, puis il est dans le district où il y a le tribunal spécialisé,
le tribunal avec un petit t, là, dans le projet pilote, c'est déjà... c'est
couvert. Parce que, dans le fond, l'offre de service va être là. C'est la
victime. Tu sais, dans le fond, le tribunal suit la victime.
Mme Melançon : Je comprends. Est-ce
qu'on est capables, à ce moment-là, de dire que, dans l'évaluation continue on pourra faire... parce que moi, ce que
j'ai peur, c'est qu'on introduise tout puis qu'on ne fasse pas de
distinction entre, justement, le Tribunal de la jeunesse puis le tribunal. Moi,
j'aimerais juste ça savoir... puis qu'on puisse mesurer, j'ai eu tant de cas avec la chambre de la jeunesse, puis voici
comment ça s'est passé, pour que dans l'évaluation continue, là, on le
prenne en mesure.
M. Jolin-Barrette : Le fait là, ça
va être pris en mesure parce que ce sont des dossiers qui sont traités.
Exemple, là, dans un district, là, ça va nous arriver probablement dans le
cadre d'un projet... dans un projet pilote, que peut-être dans certains
districts il va y avoir zéro cas à la chambre de la jeunesse puis à la Cour
supérieure. Cour supérieure, fort probablement ça risque d'être zéro, puis que,
dans l'autre district à côté, il va y avoir des dossiers qui vont avoir été à
la fois à la division spécialisée, à la fois à la chambre de la jeunesse, à la
fois à la Cour supérieure. Mais l'évaluation continue du tribunal en tient
compte, de tout ça, là. C'est l'évaluation continue sur la totalité, donc on
n'a pas besoin de spécifier chambre jeunesse, Cour supérieure, division
spécialisée, là.
• (15 h 50) •
Mme Melançon : ...donc, vous êtes en
train de me dire, dans le fond, que l'évaluation continue, on va... mais c'est
parce que ce qui est important, là, puis c'est important, là, parce qu'on va
vouloir mesurer est-ce que les objectifs... pas les objectifs, je n'aime pas ça,
est-ce qu'on va catégoriser, par exemple... Je vais donner un exemple,
là : autochtones, mineurs. Est-ce qu'on va être capables de mesurer, puis
là je vois le ministre qui hoche de la tête en disant oui, mais il n'y a pas
d'endroit où, pour nous, on est capables quand même de savoir, parce que ça va
être tellement important après les trois ans de projets pilotes de savoir que
l'évaluation aura été faite sur les bonnes bases. Moi, je n'ai pas envie qu'on
me dise : Bien, finalement oui, ça devait être ça, puis finalement, bien,
là, on n'a pas été capables d'aller mesurer. Je ne le sais pas, la grille
d'évaluation, là, je ne sais pas à quoi elle peut ressembler, on n'en a pas
discuté. Est-ce qu'on peut avoir une idée de comment on fait cette grille d'évaluation
là?
M. Jolin-Barrette : Bien, sur votre question,
là, en lien, là, avec est-ce que ça va être pris en compte, oui, ça va être
pris en compte. Parce que le DPCP, là, lui, relativement au dossier, là, il
vient, on l'a vu, il vient catégoriser les dossiers, là, ça fait qu'il va y
avoir l'âge de l'accusé là-dedans. Donc, le suivi qui va être fait par rapport
à tout ça, là, sur le parapluie, là, ça va tout être couvert. Puis, dans le
fond, l'analyse, là, de l'évaluation continue, ça comprend tout. Dans un
district, le projet pilote, le tribunal est là. Ça fait que tous les dossiers
qui touchent violence sexuelle, violence conjugale vont être absorbés par ça
puis vont faire l'objet de la violation... pas de la violation, de la...
Mme Melançon : Je vais laisser.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
Mme... Oui, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Mais c'est ça.
Puis, dans le fond, les bases de l'évaluation, on va les travailler avec les
partenaires, là.
Le Président (M. Benjamin) : C'est
bon? Merci, M. le ministre. D'autres interventions? J'ai la Mme la députée de Joliette
suivie de Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Hivon : Merci, M.
le Président. Juste sur la question que le ministre vient d'évoquer, là, il a
parlé que l'évaluation continue concernerait l'ensemble des instances. Est-ce
que j'ai bien entendu?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon : O.K. Qu'est-ce
qu'il veut dire par là?
M.
Jolin-Barrette : Bien, parce que, dans le fond, là, quand, là, vous
allez être dans un district, là, le tribunal spécialisé est là en termes de
projet pilote, O.K.? Ça fait que toutes les victimes de violence sexuelle ou de
violence conjugale vont être accompagnées
dans le processus, mais, si jamais l'accusé est mineur puis ça se ramasse à la
chambre de la jeunesse ou l'accusé opte pour un procès devant jury, ce qui est
très, très, très rare, là, bien, la victime va être accompagnée, tout ça, ça
fait qu'elle va rentrer dans tribunal spécialisé puis ça va faire partie des
cas qui vont être évalués. Donc, la rétroaction va être là pour l'ensemble des
victimes en lien avec le projet pilote dans le district donné. Tu sais, dans le
fond, ce que l'on regarde, c'est le dossier avec l'infraction criminelle
rattachée. Ce n'est pas, tu sais, ce n'est pas...
Mme
Hivon : ...ce
n'est pas à la division, elle ne sera pas à la division.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme
Hivon : Mais vous
allez regarder le reste qui entoure la philosophie d'accompagnement puis tout
ça. Mais, évidemment, elle ne... sa cause ne sera pas entendue par la division.
On peut penser qu'elle va être dans un milieu,
pour cet élément-là du procès, avec moins de spécialisation parce qu'on n'est
pas dans la division, quoiqu'il
y a un accompagnement spécialisé puis spécifique. Parce que ça serait
intéressant. C'est sûr qu'il y a tellement de variables, là, si tu es en
jeunesse. Il y a d'autres variables aussi, là, donc tu ne peux pas isoler ça.
Mais j'allais dire que ça serait intéressant
quand même de voir l'appréciation de la victime du processus puis de comparer.
Mais je comprends qu'il y a beaucoup d'autres variables, ça fait que ce
n'est pas facile à isoler.
Mais ça m'amenait sur une question. Là, on parle
puis on... Moi aussi, là, je remercie le ministre d'avoir donné suite à plusieurs de nos demandes qui, je
pense, là, améliorent vraiment l'amendement puis la disposition. Mais il y a quelque chose qui me frappe. C'est
qu'évidemment, les projets pilotes, puis là, le ministre l'a inscrit noir sur
blanc, là, vont faire l'objet d'une
évaluation continue. Moi, je parlais d'évaluation intégrée dans le projet, là.
C'est la même chose, ça va se faire
en temps contemporain du déploiement du projet pilote. Mais la concomitance...
je veux dire, l'évaluation du tribunal
spécialisé lui-même... mettons, par rapport aux objectifs qu'on a clairement
établis dans notre premier article. Évidemment,
quand on va, j'imagine, mesurer puis évaluer le projet pilote en continu, on va
regarder un peu comment il répond aux objectifs qu'on s'est fixés puis
qui sont maintenant dans le projet de loi. Donc, ça, c'est bien, mais est-ce qu'il y a un mécanisme? Est-ce que le ministre a
en tête un mécanisme continu ou un mécanisme, je dirais, périodique
d'évaluation du tribunal spécialisé au-delà des projets pilotes? Parce que
lui-même nous dit : Il va y avoir les projets pilotes, on va s'ajuster au
fur et à mesure, puis, quand on va déployer, on va déployer avec tout ce qu'on
a vu de mieux dans le cadre des projets pilotes, puis qu'on a amélioré. Mais,
ensuite, parce qu'on voit dans les exemples étrangers
qu'il y a des mécanismes d'évaluation justement pour mesurer l'atteinte des
objectifs, est-ce que le ministre a pensé
qu'il y aura un mécanisme comme celui-là? Par exemple, cinq ans après,
rendre compte à l'Assemblée
nationale. Je veux dire, ce type de
mécanisme là, que l'on voit de plus en plus dans des lois, mais là, je dirais,
encore plus, parce qu'on met sur pied pas juste une nouvelle loi mais
vraiment une nouvelle instance, est-ce que le ministre a quelque chose en tête
par rapport à ça dans le temps, là, dans la durée? Parce qu'on peut s'imaginer
aussi que le tribunal spécialisé, le ministre nous l'a répété souvent, il ne
sera pas figé. On va vouloir améliorer toujours les pratiques. Puis lui-même
voulait le «notamment» dans l'énumération des intervenants en disant :
Bien, peut-être qu'on va venir ajouter des services, peaufiner des choses. Ça
fait que de ce point de vue là, est-ce qu'il va y avoir une évaluation, en
fait, en continu? Là, je sais qu'on est dans l'article sur les projets pilotes,
mais on peut en reparler à 3, là, mais...
M. Jolin-Barrette : Bien, moi, j'en
parlerais à 3, là. C'est sûr qu'à partir du moment où il va être créé, le
tribunal, là, dans le fond, le ministère de la Justice est toujours...
travaille toujours avec les partenaires pour améliorer le processus, là, mais,
dans le fond, on fait les projets pilotes pour bien construire le tribunal
spécialisé, puis un coup qu'il est permanent, il est permanent, mais il n'est
pas, comment on dit ça, il n'est pas figé, il n'est pas immobile. Donc, comme
les autres chambres actuellement, à la chambre criminelle et pénale, à la
chambre de la jeunesse, puis à la chambre civile, il y a de l'évolution, il y a
du travail en continu qui est fait également.
Mme
Hivon : Je
comprends. J'invite juste le ministre à commencer à réfléchir, une petite partie
dans son esprit, que peut-être qu'à la fin on va vouloir avoir un article qu'on
appelle un peu d'évaluation ou de reddition de comptes après une période x, là,
qu'on voit souvent. Donc, je pense que ce serait vraiment opportun. Bref, ça
fait que ça, ça m'a amené ça avec l'évaluation, là. Troisième... le 3°...
M. Jolin-Barrette : On a dit qu'au
ministère de la Justice, on a une direction sur l'évaluation et sur
l'amélioration continue.
Mme
Hivon : C'est
formidable, ça va être encore plus simple pour eux de faire la reddition de
comptes, si vous avez une direction à l'Assemblée nationale, pour vraiment être
transparent. Avec toutes les énergies qui ont été mises dans tout ça, là, je
pense que tout le monde va être fier, à l'Assemblée, de voir les résultats que
ça donne.
M. Jolin-Barrette : Bien, vous
pourrez me poser des questions.
Mme
Hivon : Hein?
M.
Jolin-Barrette : Vous pourrez me poser des questions.
Mme
Hivon : On vous
invitera sur la base de votre rapport à une séance ou à un mandat d'initiative,
mais il va falloir avoir le rapport.
M. Jolin-Barrette : Bien, ça me fera
plaisir de venir vous voir pour faire reddition de comptes devant vous ici. En
plus, je vais être avec Me Grenier. Bien, s'il veut rester, s'il veut rester,
parce que, là, il travaille fort.
Mme
Hivon : C'est
parce que, c'est ça, je ne le sais pas... on ne sait pas c'est quand, parce
qu'on a pas de délai, là, puis on va y
revenir, puis on ne sait pas non plus dans combien de gouvernements. Tu sais,
ça pourrait arriver, je sais que ce
n'est pas présent dans l'esprit du ministre, mais en démocratie, des
changements de gouvernement, ça arrive, des changements de ministre
aussi. Donc, c'est des choses qui arrivent, puis c'est pour ça qu'on veut le
plus possible mettre les éléments clairement dans le projet de loi.
M. Jolin-Barrette : Je comprends,
mais je peux rassurer la députée de Joliette, et c'est très, très sain que ça
change de temps en temps. Après 15 ans, c'est vrai que ça fait du bien.
• (16 heures) •
Mme
Hivon : Bon, donc,
le 3°, moi, j'insiste vraiment pour qu'on mentionne la Cour du Québec. Je veux
juste expliquer mon point de vue : «Le ministre peut, par arrêté, et après
avoir consulté les partenaires du milieu judiciaire qu'il estime appropriés...»
Ça fait que, là-dedans, il n'y a aucune garantie que la Cour du Québec est
consultée. Je trouve que... je vais le dire comme je pense, je ne pense pas que
c'est l'intention du ministre, mais je trouve qu'il y a comme un... comme c'est
écrit là, il y a comme un petit manque de déférence. Comme si la Cour du Québec
est un partenaire comme les autres, puis, si on estime approprié de la
consulter, on va la consulter. Alors que je
pense que, pour établir les districts judiciaires, là, puis le ministre
lui-même l'a dit, elle est vraiment incontournable, là. Donc, ça
nécessite une concertation.
Ensuite, je
comprends qu'on a le DPCP puis les constables spéciaux, mais on se comprend
qu'on n'est peut-être pas au même niveau pour le choix des districts
judiciaires. Puis les services judiciaires puis le DPCP sont capables de
fournir beaucoup de données au ministre, là, parce qu'ils relèvent de lui,
ultimement.
M. Jolin-Barrette : Je comprends,
là, la proposition de la députée de Joliette, mais j'ai fait un grand pas en avant,
puis honnêtement, déférence pour déférence, je crois que ça convient, le
libellé qu'on a.
Mme
Hivon : Parce
qu'il n'y a même pas d'obligation : «Qu'il estime appropriés.» Le ministre
pourrait décider qu'il n'estime pas ça approprié. Puis, dans le contexte
actuel, je ne pense pas qu'on peut se permettre d'envoyer ce message-là que ça
pourrait ne pas être approprié. Donc, moi, je dirais simplement : Après
consulté la Cour du Québec et les partenaires du milieu judiciaire jugés
appropriés. Mais, je veux dire, la Cour du Québec est incontournable là-dedans,
là, le ministre lui-même il l'a dit, ça fait que...
M. Jolin-Barrette : Inquiétez-vous
pas, M. le Président, je vais la consulter. Je le dis dans le micro.
Mme
Hivon : Ce n'est
pas ça qui est écrit.
M. Jolin-Barrette : Bien oui :
«Les partenaires du milieu judiciaire qu'il estime appropriés». Je considère
approprié de consulter la Cour du Québec, je vais la consulter.
Mme
Hivon : Puis, en
tout cas, ce que le ministre semble évacuer de sa réflexion, c'est que, quand
il nous donne son opinion, son engagement, mais qu'il ne l'écrit pas, il n'y a
pas de pérennité. Lui, là, il ne serait plus le ministre, dans six mois, l'engagement on ne l'aurait plus, là. Il y
aurait un changement de gouvernement, l'engagement, on ne l'aurait plus.
Ça fait que ça ne marche pas comme ça, malheureusement, M. le Président, on ne
fait pas des lois sur la base de ce qu'un ministre nous dit au micro. On fait
des lois pour qu'elles demeurent, là, à travers le temps.
M. Jolin-Barrette : Ça m'attriste
beaucoup, M. le ministre, j'espère que la députée de Joliette ne me souhaite
pas du mal.
Mme
Hivon : Je ne
souhaite pas du mal au ministre, je fais juste parler de la réalité
démocratique des choses. Donc, moi, c'est sûr que, ça, je pense que c'est
important de spécifier ça.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
Et j'ai la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Bien, j'ai une
question, autre question, mais moi, j'avais le même commentaire. Il y a
plusieurs tribunaux qui pourraient... qui seraient évidemment... On peut amener
une cause qui a été décidée à un palier inférieur, la Cour du Québec, ça peut
aller à la Cour supérieure, aussi. Donc, soit la magistrature ou les tribunaux
sont un palier, au-delà d'un partenaire. Ils jouent un rôle de jugement puis
ils doivent comprendre, bon, et être consultés dans ce projet pilote.
Bon,
j'avais le même commentaire, je trouvais que c'était... Quand on parle de
partenaire, on ne pense pas... le premier réflexe, c'est peut-être plus les organismes
communautaires, etc., comme partenaires. La magistrature, c'est plus qu'un
partenaire, là, ils jouent un rôle de premier plan dans l'administration de la
justice. Je vois ça comme un palier qu'il faut nommer, en tout cas. Ça, c'est
une question... un commentaire, mais j'en ai une autre.
M.
Jolin-Barrette : On va juste spécifier. Là, je comprends ce que la
députée de Notre-Dame-de-Grâce nous dit. L'administration de la justice relève
du gouvernement du Québec. Première affaire. Deuxièmement, la Cour du Québec,
c'est un partenaire, hein, comme les autres partenaires. Moi, là, dans le
système de justice, là, tout le monde a son rôle à jouer, tout le monde, tout
le monde, tout le monde. Puis moi, je ne commence pas hiérarchiser les
partenaires, parce que l'huissier-audiencier est important, le greffier est
indépendant... est important, le constable ou la constable est importante, le
monde du personnel des greffes sont importants, les intervenants psychosociaux
sont importants, les intervenants du CAVAC sont importants, les procureurs sont
importants, les avocats de la défense aussi, les juges aussi, chaque personne,
c'est grâce à chacune des personnes du système de justice qu'on va pouvoir
faire réussir ce tribunal-là, cette division-là.
Mais, écoutez, l'objectif,
là, de la députée de Joliette, c'était de dire que je consulte la Cour du Québec.
Ce qu'on peut faire, c'est de retirer cette partie-là, puis on va mettre :
«Après avoir consulté la Cour du Québec». Si c'est ça que ça prend, là, pour
avancer, là, on va mettre : «Après consultation». Je n'ai pas...
Mme Weil :
Il y a aussi la Cour supérieure qui peut, de temps en temps, écouter, justement,
des causes qui viennent de la chambre jeunesse.
M.
Jolin-Barrette : Je comprends, là, mais là, à un moment donné, dans...
Mme Weil :
Pourquoi pas un mot plus général, comme «la magistrature» ou «les tribunaux»?
Parce qu'il y a plusieurs tribunaux qui peuvent être impliqués, hein?
M.
Jolin-Barrette : Bien, c'est parce que le mot général, il est là,
hein, le mot général, il est là : «Après avoir consulté les partenaires du
milieu judiciaire». S'il y a quelqu'un ici qui pense que les tribunaux, ce
n'est pas des partenaires du milieu judiciaire, là, je vous le dis, ça les
comprend. Alors, moi, je pense que le libellé, il est correct, là. Mais là, à
un moment donné, ça dit ce que ça dit, là. Comme... Je comprends qu'on est, là,
dans le détail, détail, mais les partenaires du milieu judiciaire, ça inclut
les cours, ça inclut la direction de la Cour du Québec, tu sais? Ça fait que
moi, je suis bien à l'aise avec le libellé, là. Mais là on va arrêter de
tourner, là. Je suis en mode solution, là, mais, comme... allons-y, là.
Le Président (M.
Benjamin) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil :
J'avais une autre question, parce que je ne sais pas le temps...
Le Président (M.
Benjamin) : Allez-y, Mme la députée.
Mme Weil :
Je vais attendre que le ministre soit libre. J'avais une question concernant
ces projets pilotes. La chambre de la jeunesse, c'est très spécifique, c'est
comme s'il y aurait un projet pilote ou une subdivision. Parce que, souvent,
c'est des cas... donc, une fugueuse, par exemple, j'avais évoqué ça, c'est
souvent le cas d'une fugueuse. Le proxénète, ça peut être un jeune adulte, mais
c'est souvent un adulte, la plupart du temps. Et souvent c'est même la
direction de la protection de la jeunesse qui est devant le juge, parce qu'ils
n'ont pas réussi à bien protéger, bon, la victime. Il y a toutes sortes de cas
qu'on peut lire. Donc, il y a plusieurs acteurs qui sont différents, un peu,
des acteurs qu'on voie dans tout ce qui concerne la violence conjugale. C'est
juste... je n'ai pas de solution, évidemment, je n'ai pas de réflexion, mais
c'est d'entendre le ministre, voir comment on fait la part des choses. Parce
que c'est vraiment des réalités quand même assez différentes.
Et l'exploitation
sexuelle des mineurs est un domaine extrêmement complexe qui touche la traite
des personnes, aussi. Souvent, on est dans, carrément, la traite, des jeunes
qui sont envoyés un peu partout au Canada, problèmes de coordination entre la
police et les policiers de tous ces systèmes. Alors, j'essaie de... Il n'y aura
pas nécessairement des leçons qu'on pourrait apprendre, dans un cas, qui
seraient applicables à l'autre, il y aura des spécificités. C'est surtout ça et
c'est juste de voir comment le ministre entrevoit ce que j'appelle... c'est
comme une autre... ce n'est pas un autre projet pilote, mais c'est un projet
pilote à l'intérieur d'un projet pilote.
Et tous ces
partenaires, ceux qui sont déjà là, actifs, ils vont le voir tout de suite, les
différences entre un cas de violence conjugale et exploitation sexuelle de
mineurs. Et tout ça est important, c'est tous des victimes, mais avec des
profils très différents. La police, c'est peut-être les plus grands experts
actuellement, c'est beaucoup la police. Il n'y en a pas assez. Je regarde notre
président, qui a siégé sur la commission, aussi, on a beaucoup parlé de ça, il
y a des divisions, surtout à Montréal, qui ont développé une expertise. Pour
l'instant, les connaissances ne sont pas très, très profondes. C'est des
particularités, hein, spécifiques.
Alors, je voulais
juste soulever cette question. Je ne sais pas si le ministre a une réaction
pour voir comment ça pourrait être organisé pour tenir compte de ces
spécificités.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Là-dessus, je suis très heureux que ma suggestion de mettre sur pied la commission
spéciale sur l'exploitation des mineurs ait été acceptée par les groupes
parlementaires. Puis d'ailleurs ça a été un bon rapport qui a été produit avec
tous les collègues membres de cette commission.
Bon, sur ce point-là précisément, les dossiers
en matière d'exploitation sexuelle, ça constitue de la violence sexuelle, c'est
différent d'une agression sexuelle, comment je pourrais dire, traditionnelle,
si on veut dire. Mais, dans le fond, ça va s'en aller à la division
spécialisée, également. Dans le fond, le critère de pourquoi ça s'en va à la
chambre de la jeunesse, c'est si jamais vous aviez un accusé qui est mineur.
Donc, la forte majorité, pratiquement la totalité des dossiers vont se ramasser
à la division spécialisée. Donc, votre inquiétude par rapport à ça, ça va faire
l'objet... ça va être dans l'évaluation.
Parce que, dans le fond, les différents profils vont tous passer à travers
l'évaluation.
• (16 h 10) •
Mme Weil :
Par exemple, l'accompagnement, hein, parce que ça, c'est un élément important,
l'accompagnement de la victime.
M. Jolin-Barrette : Pour la
question de l'accompagnement, puis je l'ai dit, dans les différents projets
pilotes, en fonction du type de réalité qui est vécue, en fonction des
différentes régions, il y aura des ajustements. Ce n'est pas mur à mur, dans le
fond. En fonction des problématiques, des réalités, des types d'infractions
sexuelles, l'objectif de l'accompagnement, c'est que ce soit un accompagnement
centré sur les besoins de la victime. Puis on l'a mis dans le projet de loi, les besoins particuliers. Ça
fait qu'une personne qui est exploitée sexuellement, elle n'a pas les
mêmes besoins particuliers qu'une personne
qui est en matière de victime de violence conjugale. Donc, on vient déjà y
répondre dans le texte du projet de loi.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Là, je voudrais
juste revenir. Est-ce que le ministre, finalement, faisait une proposition pour
introduire la Cour du Québec au septième alinéa ou... Qu'est-ce qu'on faisait?
Parce que ce n'était pas clair, là, il a fait une proposition, mais là je ne
sais plus où on s'en va.
M. Jolin-Barrette : Là, juste
pour qu'on revienne, là, est-ce que vous êtes sur votre demande à vous ou vous
êtes sur la demande de vos collègues? Parce qu'il y a beaucoup de demandes, là.
Mme Melançon : Non, mais c'est
le ministre qui a dit : Bien, ça va être simple, on va enlever le reste
puis on va avoir marqué : «Après avoir consulté la Cour du Québec». Ce
sont vos mots, c'est vous qui l'avez, là. Je veux juste savoir où on s'en va.
M. Jolin-Barrette : Oui. Moi,
là, ce que je vous dis, c'est que je trouve ça préférable de laisser «après
consultation des différents partenaires», O.K.? Ça, c'est ma position, parce
que ça couvre plus large, là, puis ça permet de consulter tout le monde. Si
vous me dites : Simon, nous autres, là, il faut que ce soit écrit noir sur
blanc, «Cour du Québec», là, je vais écrire «Cour du Québec», sauf que je ne
trouve pas que c'est la bonne formulation. Moi, je trouve que la formulation
avec... tel que c'est rédigé actuellement, c'est préférable.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : Je vais le
revérifier. Moi, j'ai une question pour le ministre. Puis là je sais qu'on en
parle au 3°, mais je vais vouloir qu'on y revienne quand
même puis je pense qu'ici ça va être à-propos, aussi. Vous savez, quand on a...
on en avait parlé rapidement, puis le ministre m'avait dit : Ah! c'est
vrai. Quand on parle du début, bien sûr, quand les gens vont aller au poste de
police pour ou prendre l'information ou porter plainte, là, c'est ce qu'on a...
avec la députée de Sherbrooke, là, ce qu'on a amélioré dans le projet de loi,
bien, au DPCP, là, il y a des cas... il y a des femmes qui vont encore une fois
se faire dire : Bien, on ne retiendra pas la plainte pour... il y a plein
de raisons. Mais elles vont pouvoir continuer à obtenir de l'accompagnement
quand même, même si elles ne vont pas devant le tribunal, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : De l'IVAC.
Mme
Melançon : De l'IVAC, notamment. Mais on continue, donc, dans le
processus du parapluie du tribunal spécialisé?
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Melançon : On est sorti
complètement, à ce moment-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
parce que, dans le fond, l'objectif du tribunal spécialisé, c'est le processus
judiciaire. Si la plainte n'est pas retenue, vous n'êtes pas dans le cadre d'un
processus judiciaire. Vous allez avoir des mesures de soutien qui sont là, par
le biais de l'IVAC, notamment, ou par le biais des CAVAC, ça, ça va, mais ce
n'est pas dans le cadre du processus judiciaire.
Mme Melançon :
O.K. Moi, dans le fond, là, ce que je veux qu'on puisse vérifier... Puis j'en
ai parlé à quelques reprises, là, La parfaite victime, le film, puis on
a vu une femme qui est allée au tribunal, le DPCP lui annonce qu'on ne
retiendra pas la plainte qu'elle fait. Moi, je pense que, dans l'examen qu'on
va devoir faire, puis là dans l'évaluation continue qui sera faite, je pense
qu'on va devoir aussi prendre la mesure du nombre de plaintes qui seront... En
tout cas, vous comprenez où est-ce que je veux m'en aller, là?
M. Jolin-Barrette : Oui, je
comprends, mais, par contre, là, on ne va pas là, dans le cadre du projet de
loi. Parce que ça, l'évaluation que vous faites, là, c'est du DPCP, puis ça,
c'est au DPCP à sortir les chiffres par rapport, annuellement, au nombre de
plaintes, puis là ils sont en train de mettre en place des outils statistiques
pour faire le suivi de ça puis savoir combien de plaintes ne sont pas
autorisées. Mais ça ne rentre pas dans l'accompagnement des victimes dans le
tribunal spécialisé. Ça, c'est une autre affaire, c'est le DPCP, c'est le
poursuivant, puis il a un rôle quasi judiciaire, là. Ça fait que, là, ce n'est
pas dans le projet de loi, là.
Mme Melançon : Mais parce que c'est
le DPCP, même, qui nous en avait parlé lors des consultations, là,
particulières.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais c'est
sur sa tête, là, ce n'est pas dans le cadre du tribunal.
Mme Melançon : O.K. Mais, donc, on
ne va pas nécessairement aller mesurer?
M.
Jolin-Barrette : Non, ce
n'est pas le rôle du tribunal de mesurer. C'est le DPCP qui est responsable de
ça.
Mme Melançon : Je pense qu'on va
devoir envoyer quand même un signal, puis là peut-être que ce sera sous le
chapeau du ministre, là, qu'on pourra le faire. Mais je pense que ça va être intéressant
de mesurer à partir du moment où le tribunal spécialisé, quand on va commencer,
là, pour savoir... Puis on le sait puis on l'a dit, ici, là, ce n'est pas pour
avoir plus de causes où il y aura de la culpabilité, là, ce n'était pas ça non
plus que visait le projet de loi, là, ça, on s'en est parlé déjà, aussi. Mais,
pour moi, c'est quand même de mesurer : est-ce que les femmes qui ont posé
le geste... il y en a combien, au final, qui se sont fait dire non. Parce qu'on
est en plein dans le dossier, quand même, de la violence conjugale et/ou de la violence
sexuelle.
M. Jolin-Barrette : Ça, je
comprends. Ça, c'est au DPCP à rendre ces informations-là publiques par le
biais de son rapport annuel, par le biais des crédits, par... Ça, c'est autre
chose. Ça, c'est sa fonction poursuivant.
Mme Melançon : O.K. Mais est-ce que
ça apparaît, actuellement?
M. Jolin-Barrette : Non, actuellement,
ça n'apparaît pas parce qu'il n'y avait pas les outils statistiques pour le
faire. Puis là l'autre élément, Me Michel nous a dit, relativement à une des recommandations
du rapport Rebâtir la confiance, il disait... Dans Rebâtir, bien,
tu sais, quand une plainte est rejetée, elle devrait être réexaminée par un
procureur. Me Michel est venu dire : Bien, écoutez, ce n'est peut-être pas
la meilleure option, un dossier pourrait être coanalysé,
à la place, avant d'être autorisé. Ça, il nous a dit ça, aussi. Ça fait
qu'honnêtement le DPCP, depuis qu'il est en poste, a fait des
changements significatifs au sein du Directeur des poursuites criminelles et
pénales, puis ça bouge, au DPCP, puis ils changent leurs pratiques, ils
améliorent leurs pratiques. Alors, je tiens à souligner leur travail.
Mme Melançon : ...partie centrale de
Rebâtir la confiance, parce qu'il y a des femmes qui disaient,
bien : Nous autres, on est allées, on
est allées dans le processus puis, rapidement, on s'est cogné le nez sur la porte. Puis
après ça, bien, l'accompagnement, je dois quand même... Parce que, dans le
fond, ce qu'elles ont crié, les femmes, là, avec le #moiaussi, là,
c'était : Il faut nous croire, tu sais, croyez-nous. Puis il y a plein de
causes, malheureusement, qui n'ont pas été entendues, pour plein de raisons, et
je pense que, pour éviter à ce que les femmes se retrouvent dans une vague de
#moiaussi, sur les réseaux sociaux, à dénoncer, je pense qu'il va falloir qu'on
le mesure. Puis je voulais juste voir avec le ministre, là, où est-ce qu'on en
est là-dessus. Loin de moi de vouloir...
M. Jolin-Barrette : Bien, si on
revient, là, à l'article 11, là...
Mme Melançon : Pardon?
M. Jolin-Barrette : Si on
revient à l'article 11, là, vous, là, sur votre proposition, là... M. le
Président, ce que la députée de Verdun souhaitait, là, tantôt, là, c'était sur le fait
que l'ensemble des tribunaux soient visés relativement au
parcours. Ça, on est en train de travailler sur quelque chose.
Mme Melançon : Oui. Parfait.
M. Jolin-Barrette : Exemple, au
paragraphe 5°, là, on pourrait venir insérer quelque chose comme, à la fin, là,
tu sais : «Le ministre offre aux personnes victimes des services intégrés
et adaptés à leurs besoins [dans] lesquels doivent inclure des mesures
d'accompagnement, l'aménagement des lieux physiques afin qu'ils soient
sécuritaires et sécurisants et la coordination des
dossiers», et ce, quelle que soit la chambre de la Cour du Québec ou de la Cour
supérieure où une éventuelle poursuite est entendue. Ça irait?
Mme Melançon : Ça rejoint mes
attentes.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Le Président (M. Benjamin) :
Parfait. Merci.
M. Jolin-Barrette : Donc, ce
que je vous propose, M. le Président, si la députée de Verdun est d'accord, je
vais lui soumettre le sous-amendement qu'elle pourra déposer.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, j'ai la députée de Joliette...
M. Jolin-Barrette : ...Verdun,
je voulais dire.
Le Président (M. Benjamin) :
Non, vous avez dit «Verdun».
M. Jolin-Barrette : J'ai dit
«Verdun»? Excusez, je suis fatigué.
Mme Melançon : Oui, oui, vous
étiez juste.
Le Président (M. Benjamin) :
Allez-y, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui,
bien, pour revenir à la question de nommer la Cour du Québec, moi, j'ai un
projet de sous-amendement, si ça peut simplifier les choses.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors...
M. Jolin-Barrette : Allons-y.
Le Président (M. Benjamin) :
Donc, nous allons suspendre, donc, le temps que Mme la députée de Joliette nous
fasse parvenir son sous-amendement.
(Suspension de la séance à 16 h 20)
(Reprise à 16 h 26)
Le Président (M. Benjamin) : Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Donc, nous avons reçu le sous-amendement,
donc, de la députée de Verdun. Mme la députée de Verdun, voulez-vous bien nous
présenter votre sous-amendement?
Mme Melançon : Oui. Merci. Merci
beaucoup aux équipes du ministre. Alors, à l'article 11, ajouter...
Ajouter, à la fin du paragraphe 5° du deuxième alinéa de l'article 11 du
projet de loi, «, et ce, quelle que soit la chambre de la Cour du Québec ou de
la Cour supérieure où une éventuelle poursuite est entendue».
Le Président (M. Benjamin) : Est-ce
que j'ai des interventions autour de ce sous-amendement? S'il n'y a pas...
Est-ce que j'ai des interventions? Non? S'il n'y a pas d'autre... Attendez.
C'est bon? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise
aux voix. Est-ce que le sous-amendement à l'amendement de l'article 11 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Benjamin) : Adopté,
merci. Nous allons suspendre nos travaux, le temps de recevoir l'autre
sous-amendement. Nous suspendons.
(Suspension de la séance à 16 h 27)
(Reprise à 16 h 29)
Le Président (M. Benjamin) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Donc, nous avons bel et
bien reçu le sous-amendement de la députée de Joliette à l'amendement de
l'article 11. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Oui. Alors, le sous-amendement que je dépose se lit
ainsi, à l'article 11 : Ajouter, après les mots «après avoir
consulté», les mots «la Cour du Québec» et... excusez-moi, «la Cour du Québec
et» — c'est
ce qu'il faut ajouter — dans
le troisième paragraphe de l'alinéa 2 de l'amendement remplaçant
l'article 11.
Et ajouter, avant le
mot «partenaires», le mot «autres», dans le troisième paragraphe de
l'alinéa 2 de l'amendement remplaçant l'article 11.
Ce qui se lirait donc
ainsi :
«3° le ministre
peut, par arrêté et après avoir consulté la Cour du Québec et les autres
partenaires du milieu judiciaire qu'il estime appropriés, déterminer les
districts judiciaires dans lesquels la division spécialisée peut siéger; la
détermination des districts tient compte...» Blablabla.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci, Mme la députée de Joliette. Est-ce que nous avons
des interventions?
• (16 h 30) •
Mme
Hivon :
Nous, c'est ce qu'on propose pour... l'objectif étant de bien faire ressortir
que la Cour du Québec doit absolument être consultée, qu'elle n'est pas un
partenaire qu'on peut juger approprié de consulter, parce que sa consultation,
elle est incontournable. Donc, c'est pour bien faire ressortir ça.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Mme
Hivon :
Mais, si le ministre préfère... parce que, tantôt, il semblait dire qu'il
pourrait mettre juste la Cour du Québec puis enlever les autres partenaires.
Ça, c'est à lui de voir, là, puisque plusieurs de ces partenaires relèvent de
lui, là, les services judiciaires, le DPCP, ou de sa collègue de la Sécurité
publique. Mais on était partis de son nouveau libellé pour l'inscrire comme ça.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Oui, juste l'amendement, là : Ajouter, après les
mots «après avoir consulté», les mots «la Cour du Québec et»...
Mme
Hivon :
C'est juste parce que, sinon, ça faisait : «La Cour du Québec et les
partenaires du milieu judiciaire», comme si la cour n'était pas un partenaire.
Donc, on a ajouté «autres» pour dire : «La Cour du Québec et les autres
partenaires du milieu judiciaire qu'il estime appropriés.»
M.
Jolin-Barrette : Avant «partenaires», «autres». Bien, juste là, votre
premier paragraphe dans votre amendement : Ajouter, après les mots «après
avoir consulté», là, on met «la Cour du Québec et» dans le troisième paragraphe
de l'alinéa deux de l'amendement remplaçant l'article 11. Ça fait que
ça, c'est le troisième paragraphe. O.K., ça, c'est beau. Votre deuxième alinéa,
c'est : Ajouter, avant le mot «partenaires», le mot «autres». Mais
pourquoi vous ne l'avez pas écrit en mettant après le «et», le «autres»?
Pourquoi vous avez fait deux alinéas distincts?
Mme
Hivon :
C'est parce qu'il y a un «les» avant.
M.
Jolin-Barrette : Il y a un quoi?
Mme
Hivon :
Il y a un «les» avant.
M.
Jolin-Barrette : Ah! O.K. On me dit que c'est correct.
Mme
Hivon :
O.K., le test de la légiste est passé.
M.
Jolin-Barrette : Non, mais ce n'est pas... Il y a plusieurs questions.
Il y a plusieurs questions.
Mme
Hivon :
Il y a plusieurs questions de la part du ministre?
M.
Jolin-Barrette : Non, du test de la légiste. Ça prend 60 %, au
moins, minimum, là. C'est une question sur l'ensemble.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci.
Mme
Hivon :
Vous pourriez m'encourager un peu dans mes...
M.
Jolin-Barrette : Ce n'est pas des diplômes à rabais, mais je sais que
vous êtes pour la persévérance scolaire. Alors, je vous encourage. O.K., on
peut voter.
Le Président (M.
Benjamin) : Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Mme
Hivon : Le ministre
peut aussi mettre de côté les petites remarques comme ça, mais c'est correct.
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, si on ne peut pas se taquiner ici...
Une voix :
...
M.
Jolin-Barrette : Bien, tout à fait, tout à fait, tout à fait.
Le Président (M.
Benjamin) : Alors, comme j'ai... Comme il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons donc procéder à la mise aux voix. Est-ce que le sous-amendement
à l'article 11 tel que déposé par la députée de Joliette est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Benjamin) : Adopté. Merci. Donc, nous revenons, à ce moment-là, à
l'amendement de l'article 11... à l'amendement adopté de
l'article 11, voilà. M. le ministre, est-ce que vous avez des
interventions?
M.
Jolin-Barrette : Bien là, je pense qu'on est prêts à voter.
Mme
Hivon :
Bon, moi, j'ai une question aussi.
Le Président (M.
Benjamin) : Allez-y, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Oui. Je sais que ma collègue va vouloir intervenir, je me doute sur quoi, puis
je risque de vouloir intervenir aussi là-dessus, mais, avant, j'avais juste une
question. Dans le 3° aussi, là, quand le ministre dit : «La détermination
des districts tient compte de la représentativité territoriale et
populationnelle...», tout ce qu'il veut dire
par là, c'est d'avoir une espèce d'équité sur le territoire, plus petit
territoire, plus grand territoire, région éloignée, région
métropolitaine, tout ça est compris là-dedans, on se comprend?
M.
Jolin-Barrette : Tout ça est compris là-dedans. L'idée, ce n'est pas
d'avoir le même type de district dans tous les projets pilotes, c'est d'avoir
une diversité.
Mme
Hivon :
Oui, c'est beau.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci, Mme la députée de Joliette. Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie :
Oui, bien, moi, j'avais senti de l'ouverture de la part du ministre pour la
question de la table de partenaires, là. On dirait qu'il a l'air d'avoir oublié
ça parce qu'il nous invite à voter sur l'article, mais, tout à l'heure, il avait beaucoup d'ouverture sur cette
question-là. Est-ce qu'il veut que, moi-même, je prépare un amendement
ou il a l'intention d'en préparer un?
M.
Jolin-Barrette : Bien, on va préparer un sous-amendement qu'on peut
vous soumettre, mais c'est quelque chose sur la table de consultation, c'est
général, comme je vous ai exposé tantôt.
Mme Labrie :
On pourra en discuter. Donc, on va l'attendre avec plaisir.
M. Jolin-Barrette :
D'accord. Ça s'en vient.
Le Président (M.
Benjamin) : Est-ce que c'est beau, Mme la députée de Sherbrooke?
Mme Labrie :
Bien, en attendant qu'on travaille sur cette rédaction-là, ma collègue a raison
de dire que j'ai autre chose dont je veux parler. Le délai maximal, le ministre
l'a... Oui?
M.
Jolin-Barrette : Je vous reviens. Bon, pour la table, là, aux fins de
l'évaluation prévue au deuxième alinéa...
Donc, dans le cadre de ce projet pilote qui doit faire l'objet d'une évaluation
continue, aux fins de l'évaluation prévue au deuxième alinéa, le
ministre constitue une table de consultation dont il nomme les membres.
Mme
Labrie : O.K.
Est-ce qu'on peut inclure que des organismes représentant les victimes font
obligatoirement partie de cette table?
M.
Jolin-Barrette : Je vous le dis, ils en font déjà partie. Ils en font déjà
partie.
Mme Labrie :
C'est pour ça que ça ne devrait pas être difficile à ajouter puisque c'est déjà
le cas.
M. Jolin-Barrette :
Moi, je pense que le libellé est adéquat.
Mme Labrie :
Bien, moi, je suis toujours dans un esprit de sécuriser le plus possible les
victimes qui vont lire ça.
M. Jolin-Barrette : Je comprends,
mais là je l'ai déjà créée, la table, sans même avoir d'obligation légale, puis
les groupes de victimes sont dessus.
Mme Labrie : O.K. Bien, on aurait
voulu plus, mais on va prendre ce que le ministre est capable de donner.
M. Jolin-Barrette : Je comprends,
mais là, hein...
Mme Labrie : Parfait. On va revenir
sur le délai maintenant, parce que le ministre le sait, là, il y a d'autres
choses qui accrochaient plus tôt dans le projet de loi, qu'on a suspendu en se
disant : On va essayer de l'intégrer au projet pilote pour peut-être
pouvoir régler... C'est quoi, c'est l'article 3, de mémoire, sur lequel ça
bloquait? 2? On bloquait à ce moment-là
parce qu'on avait besoin d'une sécurité sur le délai après les projets pilotes,
puis le ministre nous disait :
Bon, on va regarder, on va essayer d'intégrer ça aux projets pilotes. Puis là
on ne l'a pas intégré aux projets pilotes.
Ça fait que,
si ce n'est pas dans l'article 11 qu'on intègre quelque chose par
rapport à ça, il faut que le ministre comprenne que nous, on va revenir
avec ça, là, soit l'article 2 soit quelque par ailleurs dans le projet de
loi, mais il va falloir que ça soit inscrit quelque part, là. C'est une
bataille qu'on va... que moi, je vais mener, en tout cas, là. Je pense que je ne serai pas la seule parce que j'ai
des collègues qui se sont exprimés là-dessus aussi, ça fait que... Est-ce
que la raison pour laquelle le ministre ne
veut pas l'inscrire ici, c'est parce que, dans le fond, ce n'est pas le
meilleur endroit?
M. Jolin-Barrette : Est-ce que
vous avez d'autres sujets? Parce que je poursuis ma réflexion.
Mme Labrie : J'apprécie
vraiment que le ministre poursuive sa réflexion, parce que, jusqu'à maintenant,
chaque fois qu'il a réfléchi, ça a donné des résultats très intéressants pour
les victimes, et on a fait des ajouts vraiment pertinents dans le projet de loi,
qui est considérablement différent de ce qui nous avait été soumis au départ,
et considérablement meilleur. Donc, c'est une très bonne idée de continuer d'y
réfléchir. Moi, c'est une demande...
M. Jolin-Barrette : Avez-vous
un autre sujet pour que je puisse réfléchir?
Mme Labrie : Moi, c'est une
demande importante pour moi. Donc, j'attends ça, j'attends la formulation sur
la table des partenaires.
M. Jolin-Barrette : Ah! mon
souhait, M. le Président, c'est de répondre aux souhaits des collègues,
notamment, le plus possible. Puis je pense que je démontre depuis le début que
c'est un tribunal qui est important. Je fais preuve de flexibilité et de
pragmatisme pour réussir à rallier tous mes collègues.
Mme Labrie : Je pense qu'on le
reconnaît depuis le début. Donc, j'ai très hâte de voir le libellé du ministre.
M. Jolin-Barrette : Et, moi, le
communiqué qui le soulignera.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, le prochain intervenant...
Mme Labrie : Ça va me faire
plaisir de faire ça.
M. Jolin-Barrette : Si je peux
avoir un point de presse et un communiqué.
Mme Labrie : Bien, le
communiqué, il a plus de chances.
M. Jolin-Barrette : Bien non...
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, s'il vous plaît...
Mme Labrie : Le communiqué a
plus de chances, peut-être les réseaux sociaux...
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, prochaine intervention, nous avons d'autres interventions, collègues.
Donc, alors, il y a la députée de Joliette suivie de la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Hivon : Moi,
je veux vraiment renchérir. Le ministre sait où je loge là-dessus. On en a
débattu abondamment, donc, de l'importance de voir qu'il n'y a pas
d'échappatoire sur le fait que le tribunal va se déployer dans l'ensemble des
districts judiciaires du Québec. Donc, s'il prend l'engagement et que ça se
traduit par un délai maximal, évidemment, qu'il n'est pas aux calendes
grecques, on se comprend, c'est une manière que l'on peut régler, autant ici ou
dans l'article 3, la question, avec un délai qui va être raisonnable après
la fin des projets pilotes, qui lui donne un petit peu de flexibilité, mais qui
nous permet, dans la loi, d'avoir la garantie que je recherche depuis mercredi dernier, qu'il n'y a pas d'échappatoire et qu'on va
avoir le tribunal spécialisé dans l'ensemble des districts judiciaires. Ça fait
que moi, je vous le dis, là, que...
M. Jolin-Barrette : Je
comprends. J'ai très, très bien compris les désirs et les souhaits de mes
collègues. Puis ce n'est pas une question
d'échappatoire, c'est une question d'être en mesure de faire les choses
adéquatement, mais, comme je suis en train de réfléchir, je nous invite
à passer à un sujet suivant, s'il y en a d'autres, pour l'article 11.
Le
Président (M. Benjamin) :
Alors, j'ai d'autres interventions, dont celle de Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
• (16 h 40) •
Mme Weil : Oui, c'était... Bon, ça touche un peu la question,
mais c'est un autre angle, volume de poursuites. Donc, est-ce que, dans
«volume de poursuites», le sens du mot et l'intention du législateur, c'est
dans le sens que, s'il y a un volume important, ou minimal, ou etc., ça fait en
sorte que, dans ce volume, statistiquement, il y a toujours un certain nombre
qui touche à la violence sexuelle ou la violence conjugale. C'est un peu ça, la
réflexion?
M. Jolin-Barrette : Deux
choses, là. Quand on dit «volume de poursuites», là, c'est... Dans le fond,
dans tous les districts où on va mettre le projet pilote, il va y avoir les
deux. Il va y avoir violence sexuelle, violence conjugale. On veut avoir... Dans
le fond, les districts... parce qu'il y a des districts, exemple, les gros
districts populationnels... parce qu'il y a des gros districts en termes de
superficie, il y a des gros districts en termes de population, mais qui sont
plus petits en termes de territoire, si je peux dire.
Alors, on veut avoir un peu de tout aussi, parce
qu'on veut... Exemple, dans les petits districts où il y a, supposons, moins de
poursuites, on veut avoir des exemples aussi de l'expérience dans ces
districts-là aussi pour pouvoir, lorsqu'on va le mettre à la grandeur du Québec,
avoir cette expérience-là pour savoir comment ça se gère dans les plus petits, parce
que c'est une organisation en soi aussi. C'est sûr que, dans un gros, gros
district, c'est plus facile d'avoir des ressources, tout ça, mais comment est-ce
qu'on s'organise dans les plus petits districts? Donc, on va vivre cette
expérience-là aussi. Donc, on ne veut pas avoir tout le même type de districts.
Donc, parmi les critères qu'on va choisir, il y a ça aussi qui les différencie.
Mme Weil : ...pourrait... Excusez-moi, M. le Président, avec votre permission... On peut imaginer, évidemment, dans les gros centres, bon, c'est Montréal,
Québec, Laval... Quand on parle d'exploitation sexuelle, hein, c'est
beaucoup ça, des mineurs, c'est ce qu'on a
appris dans la commission. Donc, on pourrait... Et, violence conjugale, ça
peut-être partout. Je pense que c'est ce qu'on voit dans les journaux,
les féminicides, la violence, c'est partout, et c'est partout au Canada,
c'est partout dans le monde. Et donc le projet pilote va... Donc, le projet pilote va tenir compte de ces variations pour avoir, peut-être, je ne
le sais pas, les spécialistes qu'il faut avoir, qui vont accompagner, etc.
C'est quoi, l'impact? C'est quoi, les
conséquences de volume... C'est quoi, le lien entre volume et nature, je
dirais, en rajoutant cette question de nature, parce que je verrais tout
ce qui est violence conjugale... Honnêtement, comme les collègues l'ont dit,
là, c'est partout, ça peut frapper n'importe où.
Pour ce qui est des proxénètes et tout ce
domaine de violence, exploitation sexuelle, c'est vraiment un marché, et c'est
les grands centres, beaucoup, c'est à travers le Canada, etc. Donc, il y a une
variation... Est-ce qu'il va y avoir une variation des projets pilotes
dépendant de la nature de ce qu'on retrouve dans ces régions-là ou... Comment
vous allez faire ça? Parce que vous allez avoir besoin de spécialistes
différents, dépendant du volume de ces types de crimes.
Le Président (M. Benjamin) : M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, ce qu'il
faut dire, là, c'est qu'il y a beaucoup d'infractions de nature sexuelle et
d'infractions de nature conjugale, hein, qui peuvent avoir des différentes
combinaisons, tout ça. L'exploitation sexuelle en fait partie. Il y a déjà une
stratégie qui est en place, notamment, pour contrer la violence...
l'exploitation sexuelle dans le dernier budget. C'est la vice-première ministre
qui en est responsable, et aussi les différents organismes sont financés...
associés à ça.
Alors, dans les districts, supposons, là, qu'on
va être sur le permanent, là, exemple, à Laval, bien, où il y a un plus grand
volume de jeunes femmes... bien, en fait, de femmes victimes... bien, des
mineures, bien, l'exploitation sexuelle des
mineures, c'est une réalité, mais il y a de l'exploitation sexuelle aussi des
majeures, là, parce que, souvent, ça se transforme en traite puis, en
tout cas, tout le kit, là, alors, c'est sûr que, dans des districts comme,
exemple, Laval, il y a déjà des organismes, donc, bien entendu, ils vont être
intégrés, incorporés en fonction de c'est quoi, le besoin particulier de la
victime, parce que le besoin particulier de la victime, bien entendu qu'on va
vouloir faire en sorte que... (Interruption) Pardon. Cette victime-là qui a été
victime d'un pimp, là, puis qu'elle a, tu sais, été déménagée à Niagara, dans l'Ouest,
elle est revenue, tu sais, comme... tout ça, ce n'est pas la même affaire qu'un
dossier de violence conjugale. Donc, bien
entendu, on va travailler avec les organismes dans le cadre du tribunal. On va
l'adapter. Je vous donnais le cas la semaine passée... Il y a certains
districts où il y a beaucoup de cas d'inceste. Donc là, ce n'est pas la même...
tout à fait la même approche qu'on doit avoir avec les intervenants
spécialisés.
Donc, les besoins
particuliers, c'est ça qui est au coeur de la démarche d'accompagnement de la
victime, parce que, tu sais, vous n'avez pas une victime qui a le même vécu,
qui a le même bagage puis qui a subi les mêmes trucs, là. Des fois, c'est le
même chef d'accusation, mais son histoire de vie, ce n'est pas pantoute la même
affaire, là. Tu sais, il y a autant de victimes que
d'êtres humains différents. Ça fait que c'est sûr que, dans l'approche qu'on
veut, c'est la même chose qu'on voulait avec l'IVAC quand on l'a fait, ça prend
une approche adaptée à la réalité de la victime. Tu sais, c'est ça, le coeur,
entre autres, de la transformation, pour dire : Quand vous êtes une
victime, vous vous adressez... on répond à vos besoins à vous, vos besoins
particuliers. Ça amène cette collaboration-là avec les différents partenaires.
Comme on dit, ce n'est pas «one size fit all.»
Mme Weil :
«Fits».
M.
Jolin-Barrette : «Fits» comme «Fitz»...
Mme Weil :
«Gibbon»?
M.
Jolin-Barrette : C'est ça.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres
interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme
Melançon : Oui, merci. Je
tiens à faire du pouce sur les collègues de Sherbrooke, de Joliette concernant justement le déploiement, là, et le
côté permanent, donc, du tribunal spécialisé, parce que, dès qu'on a
ouvert sur l'article 3, je me rappelle, j'ai posé des questions au
ministre, puis, bon, au départ, il me disait qu'il ne pouvait pas marquer de
date. On n'était pas capables. Puis là, finalement, c'était graduellement...
Puis là on y allait à pas de souris. Là, je dénote une certaine ouverture, là, du
côté du ministre.
Pour moi, ce qui est
important... Puis, je le dis puis je ne voudrais pas qu'on plaisante quelques
secondes, là, je pense vraiment aux victimes qui attendent avec beaucoup,
beaucoup d'attention, bien sûr, le projet pilote, mais aussi le côté permanent
de ce tribunal-là qui va pouvoir voir le jour. Moi, je continue à croire qu'il
y a un petit côté où il y a iniquité si on
n'est pas capables de déployer rapidement partout sur le territoire...
Le «partout sur le territoire» demeure
excessivement important. Et puis je sais que le ministre nous dit
souvent : Bien oui, mais, actuellement, il y a
la poursuite verticale, puis on est
capables de... On a avancé déjà, mais, pour le tribunal spécialisé, pour
l'ensemble, l'ensemble, des victimes partout sur le territoire, il faut
rapidement qu'on puisse voir, après le projet de loi, combien de temps on se
donne pour qu'il y ait ce déploiement.
Puis je reposerais
quand même la question au ministre : Est-ce que c'est par manque
d'effectifs... Il y avait quelque chose de
pas clair lorsqu'on a fait l'article 3, puis moi, je l'ai encore, là, dans
la tête, où j'ai entendu le ministre dire :
Bien, ça se peut qu'il nous manque des ressources, là, ça se peut. Puis je me
rappelle qu'on a aussi eu l'échange avec le ministre, à savoir, bien, ce
n'est pas le ministre de la Justice qui est capable de donner les sommes
nécessaires pour les différents groupes. Je pense aux groupes communautaires,
notamment, ce n'est pas le ministre de la Justice qui a les mains dans l'argent
pour pouvoir s'assurer qu'il y a les ressources nécessaires pour accompagner
les victimes.
Et, je vous le dis,
là, M. le Président, j'y vais de façon très transparente, l'impression que nous
avons eue, c'est vraiment que le ministre disait : Bien, je voudrais, là,
que ça soit déployé, là, mais on le sait, qu'on va manquer... Je ne sais pas si
c'est des procureurs, je ne sais pas si c'est les avocats, je ne sais pas si ce
sont les ressources financières, mais je sentais une retenue complète lorsqu'on
en a discuté la semaine dernière.
Moi, je veux juste
qu'on puisse s'éclaircir sur ce point-là parce que, si on est pour mettre une
date pour mettre une date, puis en disant : Bien là, ce ne sera plus
grave, moi, ça me trouble un peu. Je veux vraiment qu'on puisse mettre une date pour dire : Bien non,
nous, on veut avoir... on veut rendre ce tribunal permanent très
rapidement après les projets pilotes, après
qu'on ait eu le temps... Bien sûr, l'évaluation, là, on a eu la certitude du
ministre, puis c'est écrit, maintenant, que l'évaluation sera en
continu, mais, moi, ce que j'ai besoin d'entendre de la bouche du ministre,
c'est pourquoi est-ce qu'au départ on ne pouvait pas y aller avec une date puis
qu'aujourd'hui on voit de l'ouverture?
• (16 h 50) •
M.
Jolin-Barrette : Bien, premièrement, il y a toujours de l'ouverture,
toujours. Ça, je vous en prends à témoin, M. le Président, toujours de
l'ouverture. Vous ne pouvez pas dire que je n'ai pas été ouvert avec tous les
amendements que j'ai acceptés de la part des oppositions. Honnêtement, c'est
plus que des accommodements raisonnables, M. le Président, plus que ça.
Bon, on est en train
de travailler sur une solution. Moi, mon objectif, je vous l'ai toujours dit,
c'est de faire en sorte que ce soit déployé le plus rapidement possible, puis
je vous ai exposé, quand on a fait le débat à 3, au paragraphe 2°, pourquoi est-ce
qu'il peut arriver que, dans certains districts, ils ne soient pas prêts, pour
x, y raison, à le démarrer. Alors, je ne referai pas toutes les explications
que j'ai déjà données, mais je vous entends bien.
Alors, je veux juste
savoir est-ce qu'il y a autre chose, sur l'article 11, là, parce que
j'aimerais bien qu'on puisse comme terminer l'article 11, mais je veux
juste voir, là, qu'il n'y a pas d'autres choses... Là, j'ai entendu tout votre
point sur le fait du délai, là. On y travaille, mais juste voir... Il y a-tu
d'autres choses, là, parce que j'aimerais bien... La table de... Elle est-tu
prête, la table? Bon, il y a la table. La table aussi, c'est en train... Il y
a-tu d'autres choses, là, parce que j'aimerais bien qu'on ferme tout ça, là.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
députée de Verdun,
j'aimerais vous rappeler qu'il vous reste trois minutes.
Mme Melançon : Non, mais je voudrais
juste avoir la réponse, par exemple. Je comprends que le ministre, là, dit...
mais moi, j'aimerais juste avoir la réponse...
M.
Jolin-Barrette : Je viens...
Mme Melançon : ...à savoir est-ce
que c'est une question de ressources financières. Je veux juste entendre le ministre,
à savoir est-ce que c'est une question de ressources financières.
M. Jolin-Barrette : Non, ce n'est
pas une question de ressources financières.
Mme Melançon : Merci.
M. Jolin-Barrette : Je ne peux pas
être plus clair que ça.
Le Président (M. Benjamin) : Merci. Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Puis, si
ouverture il y avait, jusqu'à concrétisation d'inscrire dans la loi que ça va
se déployer partout dans un délai maximal qui, évidemment, ne serait pas aux
calendes grecques, sur quoi nous nous battons depuis la semaine dernière, donc,
peut-être que, finalement, on va se faire entendre, est-ce que le ministre
envisage de mettre ça davantage à l'article dont nous débattons, en ce moment,
sur les projets pilotes ou plutôt à l'article 3, dont nous avons débattu abondamment?
M. Jolin-Barrette : Bien,
premièrement, M. le Président, je tiens à rassurer que j'entends toujours mes collègues
des oppositions, et ce n'est pas parce que je ne donne pas suite à toutes leurs
demandes que je ne les entends pas. Ça, c'est le principe de base, là, comme
dirait Bernard Landry : audi alteram partem. J'envisagerais de le mettre
aux projets pilotes, mais, comme je vous l'ai dit, ça prend une certaine
flexibilité. Et moi, et je ne peux pas être plus clair que ça, mon souhait,
c'est de le mettre en vigueur le plus rapidement possible, dans les meilleurs délais. Alors, ma question, est-ce qu'à part la
table de consultation, qu'on est en train de terminer la rédaction, il y a-tu
d'autres choses?
Mme
Hivon : Il y a cet
élément-là, fondamental.
M.
Jolin-Barrette : Il y a cet
élément-là, mais, on s'entend, là, on débat de ces deux éléments-là, le sous-amendement de la députée de Sherbrooke,
l'autre amendement que je vais vous proposer, mais, après ça, on a terminé sur
le 11?
Mme
Hivon : Selon la
teneur de l'amendement.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais on
comprend qu'on circonscrit...
Mme
Hivon : Il n'y a
pas d'autres nouveaux éléments en ce qui me concerne.
M. Jolin-Barrette : O.K, je vais
reposer ma question : Il n'y aura pas d'autres discussions en lien avec
l'article 11?
Mme
Hivon : Outre les
éléments qui vont être dans l'éventuel amendement à l'article 11, sur les
deux sujets qui sont encore en litige.
M. Jolin-Barrette : D'accord. Est-ce
que vous avez reçu, M. le Président, le sous-amendement relativement à la table
de consultation? Est-ce que c'est ce que vous tenez, M. le Président, dans vos
mains?
Le Président (M. Benjamin) : Exactement,
donc, oui, je pense que nous l'avions reçu. Donc, c'est sur Greffier? Non?
Donc... Non, on l'a reçu? O.K., il est sur Greffier.
M. Jolin-Barrette : ...M. le
Président. Il est sur Greffier. Alors, M. le Président, il faut rafraîchir
notre page, M. le Président, pour le voir. Et donc ça sera un sous-amendement
de la part de la députée de Sherbrooke.
Le
Président (M. Benjamin) : La députée
de Sherbrooke. Alors, vous l'avez, Mme la députée de Sherbrooke?
Mme Labrie : Pas encore, juste un
instant.
M. Jolin-Barrette : Donc, si vous
voulez, je peux en faire la lecture, c'est le deuxième sur Greffier.
Le Président (M. Benjamin) : Non. Malheureusement,
M. le ministre, c'est elle qui doit faire la lecture.
M. Jolin-Barrette : Je me conforme
aux règles, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Et je
vous remercie pour votre diligence et votre grande gentillesse.
Mme Labrie :
Je l'ai, là, je peux le lire.
Le Président (M. Benjamin) : Vous
l'avez, Mme la députée? Allez-y.
Mme Labrie : Oui. Donc, ajouter, à
la fin de l'article 11 du projet de loi, l'alinéa suivant :
«Aux fins de l'évaluation prévue au deuxième
alinéa, le ministre constitue une table de consultation dont il nomme les
membres.»
Le Président (M. Benjamin) : Il y
aura une correction de forme qui sera apportée, Mme la députée de Sherbrooke.
Alors... sera rajouté à la fin de l'amendement de l'article 11...
Mme Labrie : Oui, bien sûr.
Le Président (M. Benjamin) : Voilà,
ça convient?
Mme Labrie : Bien sûr, oui.
Le Président (M. Benjamin) :
Parfait.
Mme
Labrie : C'est certain qu'on
aurait aimé que ce soit plus explicite. Bien, en tout cas, moi personnellement,
j'aurais aimé que ce soit plus explicite
que, parmi les membres, il y aura des représentants des victimes. Je l'ai dit au micro. Le ministre m'a assuré que c'était déjà le
cas et que ça continuerait d'être le cas. Donc, on va assurément s'en
souvenir, mais c'est un amendement qui répond quand même à notre préoccupation.
Je remercie le ministre, d'ailleurs.
Le
Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai des
interventions au sujet de l'amendement... du sous-amendement apporté par
Mme la députée de Sherbrooke? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, c'est surtout
qu'on n'a pas accès, là, actuellement, ni mon recherchiste ni moi-même... On a
un problème. Est-ce que je peux vous demander de suspendre quelques instants?
Merci.
Le Président (M. Benjamin) : Ah!
d'accord. Bien, écoutez, à ce moment-là, nous allons devoir suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 16 h 57)
(Reprise à 17 h 12)
Le Président (M. Benjamin) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Donc, au moment de
la suspension, nous en étions au débat ou à la discussion sur le sous-amendement
de la députée de Sherbrooke.
M. Jolin-Barrette : Même, je pense
qu'on était prêts à voter, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Je
pense qu'il y avait un problème d'ordinateur. Et donc il n'y a pas d'intervention,
donc, sur le sous-amendement de la députée de Sherbrooke? Alors, s'il n'y a pas
d'intervention...
Mme
Hivon : Oui, une
petite.
Le Président (M. Benjamin) : Ah!
allez-y, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Vu que, là, on est vraiment sur le sujet, est-ce
que le ministre peut juste nous dire... j'ai compris qu'il
ne voulait pas les inscrire dans la loi, mais nous dire qui sont les
partenaires de sa table, l'ensemble des groupes?
M. Jolin-Barrette : Actuellement,
parmi les partenaires de la table, il y a, bon, la bâtonnière, bien, le Barreau
du Québec, la présidente des maisons d'alliance de 2e étape, les RQCALACS, les
fédérations des maisons d'hébergement, le regroupement des maisons d'hébergement,
les CAVAC, l'association des avocats de la défense, Me Grenier.
Mme
Hivon : Les RQ...
Les CALACS sont là, le RQCALACS est là, hein? C'est beau.
M. Jolin-Barrette : Les RQCALACS...
Mme
Hivon : Pas juste
CAVAC. CAVAC, CALACS. C'est beau.
M.
Jolin-Barrette : Les deux. Les deux.
Mme
Hivon : Merci.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le sous-amendement
de Mme la députée de Sherbrooke? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que le sous-amendement à l'amendement
de l'article 11...
Mme Melançon : J'ai juste une
question, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : D'accord.
Allez-y.
Mme Melançon : Puis c'est ma
collègue qui vient de me faire simplement réaliser. Est-ce que la Cour du
Québec est membre aussi?
M. Jolin-Barrette : Non, la Cour du
Québec, elle est membre du groupe de travail.
Mme Melançon : Ah! pas de la table.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Benjamin) : Je vous
en prie, Mme la députée. S'il n'y a pas d'autre intervention... Ah! Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Donc, la
distinction, c'est : table de consultation qui a un mandat spécifique, et
les partenaires, plus en général, quand on a parlé des partenaires, c'est autre
chose. Est-ce qu'on spécifie le mandat de chacune de ces instances?
M. Jolin-Barrette : Non. Le groupe
de travail, c'est le groupe de travail qui inclut...
Mme Weil : Bien, table, c'est
ça?
M.
Jolin-Barrette : Non, non. La
table, c'est une table avec les organismes, notamment. O.K.? Alors là, la
table de consultation, c'est les organismes. Le groupe de travail continue son
travail pour l'implantation du tribunal spécialisé.
Mme Weil : Quand on parle des
partenaires...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais deux
choses. Ceux qui sont plus, là, étatiques, là, MSP, MJQ, services judiciaires,
DPCP, Aide juridique, Cour du Québec, ils sont sur le groupe de travail. O.K.?
C'est le groupe que j'ai formé en janvier l'année passée. Là, ici, pour le
suivi, c'est les organismes qui sont là, donc la table de consultation.
Mme Weil : Mais, quand on...
Écoutez, je ne me rappelle plus quel article. On parlait de... Quand on a parlé
de la Cour du Québec, on ne parlait pas de partenaires?
M. Jolin-Barrette : Oui, les
partenaires, mais ça, c'est pour l'implantation des endroits où on va mettre
les projets pilotes.
Mme Weil : On utilise
différentes expressions dépendant du mandat.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais c'est
parce que c'est différent. Dans le fond, l'endroit où on met les projets
pilotes, ça, c'est après consultation des partenaires. Ça, c'est l'évaluation,
le suivi. On vient consulter les organismes.
Mme Weil : Ça va.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que le sous-amendement
à l'amendement de l'article est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Benjamin) : Adopté.
Merci. Donc, nous allons donc revenir au sous-amendement adopté.
M.
Jolin-Barrette : Oui, le sous-amendement, il est adopté. Là, on
revient à l'amendement de l'article 11, et je crois que le député de Chapleau
voudrait sous-amender l'article 11, l'amendement de l'article 11.
Le Président (M. Benjamin) : Je
comprends aussi, mais... Je comprends aussi que le sous-amendement du député de
Chapleau est sur Greffier. Parfait. Alors, si vous voulez bien nous donner
lecture, M. le député de Chapleau, de votre sous-amendement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci, M.
le Président. Effectivement, le ministre lit dans mes pensées, j'ai un
sous-amendement à l'article 11. Donc :
Ajouter, à la fin du paragraphe 8° du deuxième
alinéa de l'article 11 du projet de loi — ça se lit comme suit — «et
favoriser cet établissement à compter de l'année qui suit la fin des projets
pilotes». Voilà.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
Alors, est-ce qu'il y a des interventions, des commentaires ou des
interventions autour de ce sous-amendement? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Mais, jusqu'à
maintenant, quand le ministre prenait le temps de réfléchir, il donnait des
résultats plus intéressants au terme de sa réflexion. Là, je ne suis pas
certaine du tout de voir l'ajout que nous procure cet amendement. Est-ce que le
ministre peut nous l'expliquer? Parce que je ne vois pas la bonification de cet
ajout.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Alors,
la bonification, elle est dans l'article 8. Attendez. Il est versé dans
Amendements en cours sur Greffier?
Mme Labrie : Moi, je l'ai trouvé
dans Amendements à venir.
M. Jolin-Barrette : Vous l'avez
trouvé dans...
Mme Labrie : Amendements et motions
à venir. Bien là, il a peut-être changé de place depuis.
M. Jolin-Barrette : Amendements
quoi?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Amendements à
venir. Alors : Ajouter, à la fin du paragraphe 8° du deuxième alinéa de
l'article 11 du projet de loi, «et favoriser cet établissement à compter
de l'année qui suit la fin des projets pilotes». Donc, concrètement, à 8, là,
ça va se lire ainsi :
«Le ministre doit préparer l'établissement du
tribunal spécialisé permanent visé à l'article 83.0.1 de la Loi sur les tribunaux judiciaires.» Ça, c'était déjà
là. Bien, en fait, c'est un amendement qu'on a rajouté. Ça fait que,
pendant les trois ans, là... Puis là on vient rajouter «et favoriser cet établissement
à compter de l'année qui suit la fin des projets pilotes». Donc, ça signifie
que, dès la fin de l'année, partout au Québec...
Parce qu'on se souvient que l'article... Ça,
c'est l'article 11, des projets pilotes. On se souvient qu'à l'article 3
on dit : Le tribunal doit être là partout au Québec. Alors là, on se met
une obligation de favoriser, à compter de l'année qui
suit, la fin des projets pilotes. Donc, c'est un engagement. Moi, je vous ai toujours
dit que, dès le départ, je voulais que, dès la fin des projets pilotes, ça soit
là. Alors, moi, je dis : Dans l'année, je m'engage à déployer le projet
pilote... Pas le projet pilote, le programme permanent, le tribunal permanent.
Mme Labrie : Sauf que ça ne
répond pas à la demande parce que, ça, c'est quelque chose que le ministre avait déjà dit, puis c'est... La source de notre inquiétude,
en tout cas, la mienne, n'était pas là. L'inquiétude était plus : Combien de temps ça va prendre avant qu'il
soit partout? Parce que, moi, depuis le début... puis je l'ai nommé, là, je
pense bien l'avoir nommé plusieurs fois, que je suis convaincue que, dans la majorité
des districts, ça va se déployer rapidement après la fin des projets pilotes.
Mais le ministre nous a dit : À quelques endroits isolés, il pourrait y
avoir des retards. Puis c'est pour ça qu'il veut se protéger puis ne pas dire
que ça va être tout de suite après.
Mais là, avec l'amendement qu'il nous propose,
bien, que son collègue de Chapleau nous propose, ça ne vient pas du tout
sécuriser, là, notre inquiétude que, finalement, à certains endroits, ça soit beaucoup
trop long avant qu'il soit implanté. Nous, ce qu'on voulait, là, puis je
pensais avoir été claire, c'était qu'il y ait une échéance, ça peut être en termes d'années, pour que les derniers
districts dans lesquels c'est un petit
peu plus compliqué, ce soit aussi
implanté.
L'amendement, il est intéressant, ce n'est certainement
pas un recul, c'est bien d'inclure ça, mais ça ne répond pas à la préoccupation
qu'on avait de mettre clairement une échéance pour que les derniers endroits où
c'est un peu plus compliqué, ça soit aussi implanté. Puis c'est pour sécuriser
les victimes que ça va se passer, là, dans un horizon raisonnable, là, pour
lequel il y a une date, il y a une échéance établie. C'est ça qu'il faut
mettre, là. Parce que, «favoriser», ça nous parle de ce qui va être facile, là,
finalement, mais ça ne nous parle pas de l'échéance que le ministre se donne
pour là où ça va être difficile.
• (17 h 20) •
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui. J'ai compris, tout à l'heure, la demande puis les discussions qu'on a
eues. Je fais un pas en direction des oppositions dans la mesure où je peux le
faire. Donc, je tente un point de rencontre. Je sais que ce n'est pas pleinement
satisfaisant entre ce qui est souhaité, mais, au-delà... Parce qu'on m'a dit tout
à l'heure : Bien, M. le ministre, vous le dites, vous le dites, mais il
n'y a rien d'écrit. Moi, ce que je peux écrire... je peux écrire ce libellé-là relativement
à l'engagement que je prends.
Alors, vous avez plusieurs galets dans le projet
de loi, là, qui viennent faire en sorte que, un, on dit, à l'article 3, le
permanent, le tribunal permanent, c'est à la grandeur du Québec. On l'a dit. Je
vous ai dit que je voulais le mettre dans tous les districts judiciaires. Puis
là ensuite, à 8°, des projets pilotes, donc l'article 11, paragraphe 8°,
on vient dire : Le ministre, pendant les projets pilotes, il travaille à
la mise en place de façon permanente puis, en plus, il favorise son établissement
à compter de l'année qui suit les projets pilotes. Donc, ça indique clairement
que c'est dans l'année qui suit. O.K.?
Je comprends ce que vous dites, là. Vous dites,
là : Nous, ça nous prend une date butoir, il faut que tout soit installé
là. Moi, ce que je vous dis, c'est que je ne peux pas aller législativement là,
comme vous le souhaitez, dans la loi. Mon objectif, c'est de l'atteindre. Mais
je ne peux pas avoir un mur, là, après un an, parce que, sinon, qu'est-ce
que qui va arriver, là, si jamais, pour x, y raisons... Puis je vous l'ai
expliqué à de nombreuses reprises.
L'autre point qui est important avec le projet
de loi, c'est qu'on a mis, dans la loi, minimum cinq districts. Je le dis,
que mon intention, c'est entre cinq et 10, pas mal plus proche de 10 que de
cinq. Il y a 36 districts judiciaires. Ça fait qu'en partant, à
l'intérieur du deux ans, on va en avoir démarré à peu près le tiers.
Ça fait que, tu sais, je suis vraiment de bonne
foi puis je vais le plus loin que je peux aller, là. Je comprends que ce n'est
pas pleinement satisfaisant, en termes de sécurité juridique, comme vous le
vouliez, mais je ne peux pas mieux exprimer ma volonté que là, dans les
paramètres sur lesquels je peux écrire.
Mme Labrie : ll n'y aucun précédent
législatif dans lequel il y a une date butoir qui a été mise dans un projet de
loi pour obliger un ministre à faire quelque chose à l'intérieur d'un délai
précis. Il n'y en a pas. Ce n'est jamais arrivé. C'est-tu ça que le ministre me
dit? C'est parce qu'il dit qu'il ne peut pas l'écrire dans la loi. Qu'est-ce
qui l'empêche de l'écrire, exactement?
M. Jolin-Barrette : Généralement, ce
qui va être écrit, c'est dans x temps ou...
Bien, c'est parce que, souvent, là, il n'y a pas
de projet pilote avant aussi. Ça fait que, tu sais, là on est dans une
situation où c'est complètement nouveau. Normalement, il y a un projet... La
réalité, là, c'est que, normalement, là, il y a un projet pilote puis que la
disposition habilitante, elle n'est pas déjà là. Là, nous, parce que j'y crois,
j'ai voulu mettre à la fois le projet pilote puis à la fois le permanent qui
est là, les outils législatifs. Donc, dès le moment... Puis je m'y engage à
travailler, pendant le projet pilote, à travailler. Déjà, 10, là, sur le tiers,
là, c'est non négligeable, là. Bien, 10 sur 36, c'est presque le tiers.
Mme Labrie : En tout cas, le
ministre dit que c'est un pas vers nous qu'il fait. Moi, je trouve que c'est un
pas sur place, là, dans le sens où, ça, il nous l'avait déjà dit, tu sais. Puis
là...
M. Jolin-Barrette : Bien là,
non, non, non, ce n'est pas un pas sur place. Vous avez un amendement qui dit
que dans l'année... favorise l'établissement dans l'année.
Mme Labrie : Mais c'est déjà ça
que le ministre avait dit, puis on avait déjà reconnu qu'on lui faisait
confiance là-dessus. Mais l'inquiétude, c'était plus pour les cas spécifiques
où ça va être plus compliqué.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends. Vous m'avez aussi dit que, genre, c'est mieux quand c'est écrit.
Mme Labrie : Oui.
M. Jolin-Barrette : Ça fait
que, là, je l'écris. J'écris mes intentions. J'ai pris l'engagement formel de
le déployer. Mais, comme je vous ai dit, quand on a eu le débat à 3,
paragraphe deux, dans le fond, il peut arriver, dans certaines
circonstances, qu'il y ait des circonstances particulières.
Mme Labrie : ...dont je parle.
C'est exactement de ça dont je parle. Dans ces circonstances particulières là,
ça va arriver. Mais il faut quand même dire combien de temps on se donne pour
les régler. Puis c'est juste ça que je voudrais qu'on puisse faire.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends. Moi, je vous dis que, dans l'année, l'obligation, elle est là.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Mme la députée de Verdun, suivi
de Mme la députée de Joliette.
Mme Melançon : Bien, moi, c'est
avec le mot «à compter», je pense, que j'ai de la diffulté. Parce que les
projets de loi... «et favoriser cet établissement», donc là, cet établissement,
on parle bel et bien du côté permanent, hein, des tribunaux.
M. Jolin-Barrette :
On peut mettre «dans» au lieu de «à compter».
Mme Melançon : C'est parce que
c'est «au plus tard»... Dans le fond, c'est «au plus tard» qu'on veut avoir.
Parce que de la façon dont c'est rédigé actuellement, là, c'est comme si on
commençait à rendre le tout permanent, dans certains, à compter de l'année qui
suit, alors que ce n'est pas ça qu'on cherche. Nous, ce qu'on cherche, là,
c'est qu'au plus tard, au plus tard, là, tout sera rendu permanent à...
M. Jolin-Barrette : Oui, je
comprends. Ce qu'on peut mettre, c'est «et favoriser cet établissement dans
l'année qui suit la fin des projets pilotes».
Mme Melançon : Pouvez-vous
juste me le répéter? Pardonnez-moi.
M. Jolin-Barrette : Au lieu de
«à compter de», on enlève, on peut mettre «dans». Je comprends ce que vous
voulez dire, là : «et favoriser cet établissement dans l'année qui suit la
fin des projets pilotes». Au lieu que ça soit «à compter», on dit «dans
l'année».
Mme Melançon : ...début, là, ça
devient une finalité. Et c'est ce qu'on cherche. Donc, tel que rédigé, vous
comprenez que c'est le départ, ce que vous nous avez proposé. Donc, «et
favoriser cet établissement dans l'année qui suit la fin des projets pilotes»,
là on vient de se donner une vraie... là on vient de se... on commence à se
donner une date, là. Ça veut dire qu'après le trois ans, l'année qui suit le
trois ans, là, tout va être rendu permanent partout sur le territoire. C'est ce
que je comprends?
M. Jolin-Barrette : Oui. C'est
mon souhait, c'est ce que je veux, c'est ce que je vous dis.
Mme Melançon : Mais vous
comprenez que, tel que rédigé, là, ce n'était plus ça.
M. Jolin-Barrette : Non, non, mais
c'est pour ça...
Mme Melançon : Oui, oui. Tout à fait.
M. Jolin-Barrette : Vous avez un bon
point. Vous avez un bon point, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien sûr. Merci.
M. Jolin-Barrette : Je vais le dire
en conférence de presse.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Melançon : Vous allez en avoir,
des points à dire pour nous.
Le Président (M. Benjamin) : Merci, Mme
la députée de Verdun. J'ai Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : On va lui
fournir un petit aide-mémoire pour le point de presse. C'est bon.
Moi, je pense qu'il y a deux... Hein?
M. Jolin-Barrette : En format légal.
Mme
Hivon : Si ça vous
rend plus confortable, il n'y a pas de problème.
Moi, je pense qu'il y a deux enjeux, là. C'est
le terme «favoriser». Donc, on se comprend, que, «favoriser», ce n'est pas un engagement.
Ce n'est pas «déployer», ce n'est pas «établir», c'est «favoriser». Donc, ce
n'est pas un engagement. La précision de ma collègue... Je pense qu'il faudrait
clarifier... Pour que ce soit clair, donc, moi, je pense qu'il faudrait avoir
«et s'engage», ou «et met en place», ou «établit». «Établit», ce serait
parfait.
Puis l'autre chose, c'est... Tout va dépendre du
verbe qu'on va avoir au lieu de «favoriser», là, qui va permettre d'être plus
clair sur le fait que c'est un engagement, mais l'autre enjeu, c'est qu'on ne
parle pas... ce n'est pas parce que le ministre établit un tribunal spécialisé — il
l'a déjà écrit, là, à l'amendement à 3 — que ça garantit qu'il se
déploie partout, dans tous les districts judiciaires. Donc, c'est la même
chose, il nous manque ça encore, là. Il nous manque, «dans tous les districts
judiciaires» ou «dans l'ensemble du territoire».
M.
Jolin-Barrette : Non. Juste là-dessus, là... C'est parce que, là, on
va d'un endroit à l'autre, là. Mais, rappelez-vous, à 3, c'est partout au Québec.
C'est déjà là, là. C'est parce que, là, on est à 11, parce que l'obligation de
travailler dessus pendant les projets pilotes, il est à 8°, au paragraphe 8° de
l'article 11 qui est dans la section projets pilotes. Ça fait qu'on
dit : Le ministre, il n'est pas assis sur ses deux mains pendant les deux
années du projet pilote, là, il est au travail avec les gens du MJQ, avec les partenaires.
Ça fait que, pendant les projets pilotes, pendant les deux ans, il a l'obligation
de travailler là-dessus, à développer ça. Dans l'année qui suit les projets
pilotes, il fait l'établissement du projet permanent,
puis là, ça, ça vous renvoie à 3, le permanent, qui est partout au Québec. Ça
fait qu'il faut lire en conjonction 3, alinéa 1 du...
Une voix :
...
M.
Jolin-Barrette : Non, parce qu'on l'a mis en haut. On l'a mis à 3, en
haut, mais...
Une voix :
...
• (17 h 30) •
M. Jolin-Barrette : C'est ça, dans 83.0.1, on le met partout au Québec, ça fait que les
deux viennent se rattacher.
Mme
Hivon :
Bien, c'est sûr que l'enjeu... Je réfléchis, là, à ce que le ministre dit.
M.
Jolin-Barrette : Mais vous voyez le lien, là?
Mme
Hivon :
Oui, je vois qu'à 3 on dit : Il l'établit partout au Québec. Là, il dit
qu'il y travaille puis qu'il favorise son établissement dans l'année qui suit
la fin des projets pilotes. O.K. C'est sûr que je pense que le ministre
comprend que «favoriser», ce n'est pas un mot qui nous... — pardon?
Une voix :
...
Mme
Hivon : ... — qui
nous satisfait. Je pense qu'il comprend très bien la nuance, là, ça
fait que je pense qu'on est capables
de trouver un meilleur verbe qui va vraiment dire qu'il
y a un engagement du ministre. Puis après, bien, si...
M.
Jolin-Barrette : Oui. Mais comme...
Mme
Hivon :
...s'il y a l'enjeu de «partout»... C'est sûr que, moi, j'aurais aimé ça,
voir... Parce que j'ai encore mon problème, que je pense qu'on peut régler ici,
là, du troisième alinéa de l'article 3, mais qui dit clairement qu'il y a
des districts judiciaires qui peuvent être exclus. Donc, c'est sûr que
j'aimerais ça, voir l'établissement dans tous les districts judiciaires. Le ministre
me dit : Vu qu'on parle le même langage puis que j'ai dit que c'était
partout au Québec, il n'y a pas d'enjeu, ça veut dire que c'est partout au Québec
ici avec mon amendement. C'est ce que je comprends de son propos.
M. Jolin-Barrette : C'est partout au Québec, parce
qu'on parle de «permanent». Le
«permanent» se retrouve à 3. À 3, c'est : le ministre établit
partout au Québec.
Mme
Hivon :
Ça fait qu'il faut trouver un verbe pour renforcer le «favoriser», parce que
«favoriser», je veux bien, le ministre peut nous dire : Ah! j'ai favorisé,
j'ai favorisé, j'ai vraiment...
M. Jolin-Barrette : «Favoriser», c'est prendre les outils, prendre les mesures pour l'établissement du tribunal.
Mme
Hivon : Mais
c'est... Tu sais, nous, on veut... Le ministre le sait, ce qu'on veut, là, c'est un engagement,
c'est une garantie qu'il va se déployer partout. Si le ministre dit : Je
vais mettre l'engagement, mais je vais demander dans les deux ans, moi, j'aime
mieux ça. Donc, on a un engagement qu'on ne va laisser tomber personne au Québec,
il n'y aura pas deux classes de victimes. On a une date limite puis on sait
qu'à cette date limite là, ce n'est pas juste une
obligation de moyens, de dire : Je vais essayer, je
vais travailler fort, je vais déployer des mesures, c'est : Je m'y
engage, tout va être en place, puis, oui, ça va
être déployé partout. Donc, moi, je lui fais cette contre-proposition-là :
il s'engage, puis on se donne une année de plus. Tu sais, je ne peux pas
croire... Si le ministre nous dit... Si le ministre nous dit : Je vais
pouvoir le faire, là, presque partout, ça va être vraiment, vraiment, vraiment
exceptionnel dans l'année qui suit que je ne pourrais pas y arriver, bien, je
ne peux pas croire que de lui donner une année de plus, ce qui nous met quand
même à cinq ans de maintenant, ça ne fait pas en sorte qu'il peut l'avoir
partout, là. Tu sais, on lui donne une année de plus pour régler les petits
enjeux qu'il pourrait y avoir dans certains districts.
M.
Jolin-Barrette : Je comprends très bien. Moi, ce que je vous dis, c'est
que ça me prend une certaine flexibilité. Mon intention, c'est de le mettre à
la grandeur du Québec, on vient l'indiquer par voie législative très
clairement. Je comprends, là, que ce que vous souhaitez, c'est un mur, là, un
mur de sûreté juridique. Je comprends ça. Mais l'absolu, là, dans l'univers, ça
n'existe pas non plus. Alors, ça prend une certaine flexibilité. Moi, je pense
que j'ai démontré toute ma bonne foi. On implante un tribunal spécialisé, on le
fait par projet de loi, on vient mettre toutes les garanties, les galets, tout
ça, pour faire en sorte que ça se fasse. Mais pour les raisons que je vous ai
exposées à 3, paragraphe 2°, on revient à ça.
Le Président (M.
Benjamin) : Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, en tout
respect, on est partis au départ, dans nos discussions, d'un projet de loi qui
devait être deux ans puis on pensait que le lendemain des deux ans c'était mis
partout sur le territoire. Là, on est rendus à trois ans
de... projets pilotes, pardonnez-moi, plus une année. Là, on est rendus à
quatre ans. On a doublé, là. On est partis de deux ans à quatre ans.
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
c'est exactement ça que je vous disais tout à l'heure, que vous alliez faire,
puis vous faites exactement ça. Vous êtes en train de dire : Vous allez
l'implanter dans je ne sais pas combien de temps puis tout ça. Comme... Moi, je
vous dis : Je ne peux pas être plus transparent là-dessus. Je vous l'ai
dit, dans les lois, dans les mécanismes, M. le Président, on se retrouve...
Une voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : Oui.
Tout à fait.
Mme Melançon : ...que j'étais en
train de faire.
Le Président (M. Benjamin) : On va
se rappeler, en fait, les consignes pour favoriser la circulation de la parole. Donc, le ministre a toujours une réplique
de cinq minutes après chaque intervention. Donc, on va prendre le temps,
on va vous laisser terminer. M. le ministre,
vous aurez cinq minutes pour intervenir. Allez-y, Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Moi, ce que je suis
simplement en train de dire au ministre, puis là, je pense qu'il y a de l'eau
dans notre vin, là, vraiment, mais dans le fond, là, où on est rendus, c'est
sur le quatre ans. Moi, je suis capable de vivre avec, puis je suis même d'accord
avec la députée de Joliette. S'il faut même qu'on prolonge un petit peu plus,
mais pour se donner un vrai moment, où on va dire : Ça suffit, là... Là,
les projets pilotes, un moment donné ils ont le dos large, là. C'est comme la
pandémie, ça. À un moment donné, il faut que ça arrête, là. Donc, moi, je pense
très honnêtement qu'il faut changer le verbe «favoriser». Moi, je pense :
«Et établir dans l'année qui suit la fin des projets pilotes.» Tu sais, il faut
que ce soit quelque chose de suffisamment fort, parce que sinon, là, on revient
exactement ce à quoi le ministre nous a faits comme proposition, deuxième paragraphe,
deuxième alinéa, quand on parle de... «le tribunal est graduellement établi».
Tu sais, on est autant dans le flou qu'à l'article 3, deuxième paragraphe,
deuxième alinéa.
Moi, je pense qu'on doit pouvoir sortir... puis
là, honnêtement, celui-là, on le savait qu'à un moment donné, il y avait le
noeud, puis on est dedans, là. Mais «favoriser cet établissement à compter de
l'année qui suit», je vous le dis, là, on est rendus à quatre ans, alors que
quand on a commencé, puis quand on a, même, fait les consultations particulières, M. le Président, là, les groupes qui sont venus nous entendre,
là, ils pensaient que c'était pour être deux ans, puis c'était fini,
puis, après ça, on était rendus permanents avec le tribunal. Là, on donne la
latitude, là, on double, au ministre, en disant : O.K. besoin de quatre
ans? Il veut avoir de la flexibilité? On double le temps. Donc, de la
flexibilité, je pense qu'il y en a, puis je ne peux pas croire qu'après trois
ans de projets pilotes, on ait encore des districts
judiciaires qui vont nous dire : Bien, on n'est pas prêts. On lui donne
encore un an. Je pense qu'on peut y arriver. Je pense qu'on est capables
d'arriver à quelque chose. Je vais voir ce que le ministre a comme ouverture,
mais, honnêtement, sinon, on est exactement dans l'article n° 3
qui nous cause problème.
Le Président (M. Benjamin) : Merci. M.
le ministre, vous souhaitez intervenir?
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
je l'ai dit à de multiples reprises durant les travaux de la commission, mon intention, c'est de mettre rapidement en vigueur
le tribunal spécialisé à la grandeur du Québec. Ce que les collègues
des oppositions disent, et elles comprennent très bien,
la certitude absolue n'existe pas dans tous les districts judiciaires,
dans toutes les catégories de poursuite.
Alors, ça prend une certaine flexibilité, parce
que l'important, c'est d'avoir un tribunal spécialisé qui fonctionne pour les
victimes. Puis je l'ai dit, puis j'ai donné des exemples, là, mon souhait,
c'est que ça soit partout, à la grandeur du Québec, le plus rapidement
possible. Mais il faut faire en sorte d'avoir tous les outils pour le faire, et
ça, ça signifie que je ne veux pas empêcher de démarrer dans un district donné
les deux volets, parce qu'il y a un des volets qui n'est pas prêt. Ça demande
de la concertation, de la coordination, tout ça.
Alors, moi, je le dis, là, «favoriser dans
l'année qui suit», là, puis on va travailler dès jour 1, là, là, là, avec
les projets pilotes, là, pour mettre ça à la grandeur du Québec, M. le
Président. Alors, honnêtement, là, on fait des grands pas en avant pour
rejoindre les oppositions, pour les sécuriser le plus possible, mais je ne peux
pas, M. le Président, donner cette garantie-là qui est immuable, M. le
Président. Puis il faut que les oppositions aussi le comprennent. Puis honnêtement
je sais qu'elles le comprennent. Là, à un moment donné, M. le Président, je
fais tout ce que je peux faire, là.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
Donc, j'ai la députée de Joliette.
• (17 h 40) •
Mme
Hivon : Juste sur
la question quand le ministre, il ramène l'argument : Moi, je pense qu'on est proche... Je veux dire, je pense qu'on va s'entendre, donc continuons à travailler, là, puis on va trouver la
bonne piste d'atterrissage. Mais, quand le ministre nous dit : Il
pourrait y avoir des différences parce que peut-être pas tous les types de
causes, peut-être une différence entre violence sexuelle et conjugale, le ministre,
il a déjà cette latitude-là à l'article 3, il a un alinéa spécifique là-dessus, l'alinéa 2°. L'alinéa 2°, il
dit : «Le ministre de la Justice...» Ce n'est pas le 2°, c'est le
1° : «...peut, par règlement, déterminer les types
de poursuites entendues par la division spécialisée». Je vais juste... Ça fait
que je suis en train de dire que le ministre, il a déjà la latitude. Quand il
nous ramène la question des types de poursuites puis les différences
potentielles entre sexuelle et conjugale, dans son amendement à l'article 3,
le 1°, il dit spécifiquement ça. Ce n'est pas là-dessus qu'on a fait la grosse
bataille, c'est sur le 2°. Donc, il l'a déjà, la flexibilité, à 1° de faire ces
distinctions-là. Alors, ça, si c'est ça, je pense qu'il l'a déjà, la latitude.
Là, ce qu'on veut lui dire, c'est qu'on veut avoir une assurance, une garantie
que ça va se déployer sur l'ensemble du territoire avant un délai x.
Puis, quand il
dit : Voilà... Je pense que la collègue de Verdun exprimait clairement
d'où on partait en termes de... Dans notre,
esprit, là, juste pour le ministre comprenne, je dirais que les compromis puis
les avancées sont de part et d'autre, là. Nous, on n'était pas favorable
au projet pilote, on avait une grosse réticence par rapport au projet pilote.
Là, finalement, il y a des projets pilotes. On pensait que les projets pilotes,
ils seraient deux ans. Les projets pilotes vont être trois ans. Puis,
au bout des projets pilotes, on pensait que ça se déploierait partout, puis le
ministre dit : Non, j'ai besoin de temps, au cas, exceptionnellement,
qu'il y ait des enjeux particuliers. Il dit qu'on comprend. Moi, honnêtement, M. le Président, je l'ai retourné
beaucoup. Je ne comprends pas, à partir du moment où tu as les
ressources, où tous les partenaires sont engagés puis que tu t'es donné trois
ans de projets pilotes, je ne le comprends pas. Mais le ministre nous plaide
ça. Je me dis : On va avancer, on va tenir une année. Là, il dit :
Oui, mais là une année, mais je ne peux pas garantir. Là, on fait un pas de
plus, on dit : O.K., bien, pour avoir la garantie, on va lui donner une
année supplémentaire pour régler, là, peut-être les petits endroits, les petits
problèmes qui resteraient. Puis là il nous dit : Oui, mais là les
collègues vont aller dire publiquement... On ne dira rien publiquement, que
c'est dramatique. C'est nous qui offrons
cette piste-là. On n'ira pas dire que ça n'avait donc bien pas d'allure, ce
qu'on a proposé au ministre, là. Quand même, on va être cohérents avec
nous-mêmes.
Donc, si on s'entend
sur ça puis qu'on peut avoir cette voie de passage là d'une année de plus, mais
en ayant une garantie, avec un verbe qui
traduit ça, comme «assurer», je pense que ce serait beaucoup plus affirmé que
«favoriser». Donc, «garanti», «assuré»... «garantir», «assurer», c'est ce qu'on
cherche.
Puis je répète que,
si le ministre nous dit qu'avec une année de plus il va le déployer à peu près
partout, bien, s'il a une autre année de plus pour travailler juste sur les
endroits où ça peut être plus compliqué... Puis on se comprend que c'est toujours
les districts judiciaires, donc ce n'est pas chaque point de service qui
n'offre même pas le service, là. Donc, je pense que ce serait vraiment une bonne
piste d'atterrissage.
Le Président
(M. Benjamin) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Voulez-vous suspendre, M. le Président?
Le Président
(M. Benjamin) : D'accord, nous allons suspendre nos travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 44)
(Reprise à 17 h 55)
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Au
moment de la suspension, nous en étions au débat sur l'amendement... le sous-amendement
du député de Chapleau. Donc, la parole revient au ministre. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : O.K., M. le Président, il y a beaucoup de travail qui
est fait de ce côté-ci pour trouver une voie de passage avec les oppositions.
Je leur ai expliqué les différentes modalités associées à ça, par rapport à
leurs garanties. Alors, je trouve une voie de passage. Mais, comme on dit,
c'est la dernière offre sur la table puis c'est la seule et unique, et je
n'irai pas plus loin que ça parce que c'est la limite, limite, limite que je
peux aller. Puis ce n'est pas, M. le Président, comme une fausse mise en garde,
là, hein? Ce n'est pas comme quand...
Une voix :
...
M.
Jolin-Barrette : Je vous dirais, ce n'est pas comme... c'est le
dernier épisode de Passe-Partout qu'on regarde, puis, finalement, je
cède pour un autre épisode de Passe-Partout. Vous comprenez?
Donc,
ajouter, à la fin du paragraphe 8° du deuxième alinéa de l'article 11, puis
là on retirerait le sous-amendement
du député de Chapleau pour mettre, puis là on a repris vos termes : «et,
sauf dans le cas d'une situation particulière, il s'engage à ce que cet
établissement soit réalisé partout au Québec dans les deux ans qui suivent la
fin [des projets pilotes]». Alors, on reprend votre deux ans, donc le terme
général, c'est : «Il s'engage à ce que cet établissement soit réalisé
partout au Québec dans les deux ans qui suivent la fin [des projets pilotes]»
Le Président (M.
Benjamin) : Bon, alors...
M.
Jolin-Barrette : Et sauf, dans le fond... L'article se lirait
ainsi : 8°, là, ça serait : «Le ministre doit préparer
l'établissement du tribunal spécialisé permanent visé à l'article 83.0.1
de la Loi sur les tribunaux judiciaires, et, sauf dans une situation
particulière, il s'engage à ce que cet établissement soit réalisé partout au
Québec dans les deux ans qui suivent la fin [des projets pilotes].»
Le Président (M.
Benjamin) : Alors, vous comprenez que nous sommes encore au stade des
échanges...
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le Président (M. Benjamin) :
...puisqu'il n'y a pas encore de démarche... aucune demande qui a été faite de
consentement pour retirer le sous-amendement.
M. Jolin-Barrette : C'est ça, on est
encore sur le temps du sous-amendement.
Le Président (M. Benjamin) : D'accord.
Parfait. Excellent. Alors, j'ai la députée de Sherbrooke, suivi de la députée
de Verdun.
Mme Labrie : Bon. Je n'ai pas
10 ans de législation dans le corps non plus, là, mais ça me semble
particulier le mot «s'engage» dans un projet de loi, c'est-tu habituel? Je
regarde les juristes qui sont derrière nous. Le mot «s'engage», dans un projet
de loi, moi, ça me semble particulier.
M. Jolin-Barrette : C'est un engagement
de mettre en place qui repose sur la tête du ministre.
Mme
Labrie : Oui, mais les engagements,
tu sais, on prend des engagements dans l'espace public, en politique, mais,
dans un projet de loi, je ne sais pas.
M. Jolin-Barrette : Non, non, c'est
balisé puis c'est très clair, il s'engage à ce que cet établissement soit
réalisé, donc la responsabilité m'incombe, je m'engage à ce que ça soit réalisé
dans les deux ans qui suivent la fin. C'est une forme d'obligation, là, un
engagement, là. Alors, vous vouliez une obligation, c'est une obligation.
Mme
Labrie : Pourquoi pas «s'assure» juste qu'on m'explique, peut-être
quelqu'un de l'équipe peut m'expliquer?
M. Jolin-Barrette : C'est encore...
on peut mettre «s'assure», mais c'est moins fort que «s'engage».
Mme Labrie : C'est moins fort que
«s'engage». O.K.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : Simplement, c'est
particulier, juste le premier... «et»...
M. Jolin-Barrette : ...sauf dans le
cas d'une situation particulière...
Mme Melançon : Est-ce qu'on pourrait
dire «exceptionnelle»...
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Melançon : ...parce que ce n'est
pas particulier, il faut que ça devienne une exception.
M. Jolin-Barrette : Non, là, je vous
dis, c'est une situation qui est particulière, vous avez vous-même utilisé ce
vocable-là tout à l'heure, «sauf dans le cas d'une situation particulière».
• (18 heures) •
Mme Melançon : Je fais juste poser
une question, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je comprends,
mais, tu sais...
Mme Melançon : Demeurez souriant, ça
vous va bien.
M. Jolin-Barrette : Je demeure
souriant et je bois ma camomille, M. le Président.
Mme Melançon : Je pense que je
vais payer une autre camomille au ministre, parce qu'honnêtement c'est juste
que «particulier», c'est moins... Il faut que ça devienne une exception. Il ne
faut pas que ça devienne : Bien là, il y a une particularité, puis là,
bien, il y a une petite particularité, puis là il y a une petite particularité.
C'est juste pour voir si on est capables d'aller jusque-là. Moi, là, avec
«exceptionnel», là, j'achète.
M. Jolin-Barrette : C'est clair
que c'est une exception, O.K.? C'est dans le vocabulaire, donc,
l'obligation : «Il s'engage à ce que cet établissement soit réalisé
partout au Québec dans les deux ans qui suivent la fin [des projets pilotes.]»
L'engagement, il est là.
Mme Melançon : Ce n'est pas
clair que c'est une exception.
M. Jolin-Barrette : Bien, on peut le mettre à la fin. On peut
mettre : «Le ministre doit préparer l'établissement du tribunal spécialisé visé à l'article 83.0.1
de la Loi sur les tribunaux judiciaires. Il s'engage à ce que cet
établissement soit réalisé partout au Québec dans les deux ans qui suivent la
fin des projets pilotes, sauf dans le cas d'une situation particulière.»
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Non,
«situation particulière».
Mme Melançon : Mais est-ce que
c'est les légistes qui disent qu'on ne peut pas marquer «exceptionnelle» ou si
c'est le ministre?
M. Jolin-Barrette : C'est le
ministre, après consultation des légistes.
M. Benjamin : Mme la
députée de Joliette.
Mme Hivon : Je
pense qu'on n'est pas loin, M. le Président, mais la seule chose, c'est le
«particulière», je pense, c'est juste ça qui accroche, dans le fond. Ce que le
ministre nous dit, c'est que je ne peux pas le prévoir. Tu sais, c'est ça qu'il
nous dit. Donc, moi, je dirais «imprévisible et exceptionnelle», genre, tu
sais, quelque chose comme ça qui fait qu'on le sait que ce n'est pas parce que
c'est particulier, de tout temps, pour toujours, cet endroit-là, au Québec. Ce
n'est pas ça que le ministre nous dit, tu sais. Il ne nous a pas dit, par
exemple, là : C'est parce qu'à Sept-Îles,
à cause de telle, telle, telle condition, on ne pourra pas y arriver. Donc, on
aurait, par exemple, exclu Sept-Îles. C'est
quelque chose qu'il nous dit : Je ne peux pas le prévoir, mais,
exceptionnellement, là... Moi, tu sais, j'aurais mis «sauf force majeure», mettons. Là, je sais que le
ministre, il ne dira pas oui, «sauf force majeure» puis... mais c'est ça
que j'aurais mis parce que je pense que ça dit ce que ça devrait être, là,
«sauf force majeure». Je pense que, là, on est vraiment proches.
«Exceptionnelle» ou «particulière», là, je veux dire, c'est juste que ça dit
que c'est une exception.
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
M. le Président, je l'ai dit, c'est un engagement. Je l'ai dit, je l'ai
pris sur moi que j'allais le faire. Je viens
répondre aux préoccupations des collègues. Il y a une obligation :
S'engage à ce que l'établissement soit réalisé partout au Québec dans
les deux ans qui suivent la fin des projets pilotes, sauf dans une situation
particulière. Vous avez l'engagement. Le principe général est là, c'est établi.
Là, M. le Président, comme je vous le dis, c'est le plus loin... Comme je suis
honnête avec vous, comme... Ça ne bougera pas. Puis, en plus, dans les mots que
vous avez utilisés tantôt, vous avez dit : Sauf dans une situation
particulière. Je vous le dis, là, comme...
Une voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Non, mais
on peut argumenter plein de fois, c'est... offre finale, c'est ça. Je viens me
lier les mains, pieds et poings liés,
là, je saute à l'eau, d'accord? C'est ce que je fais, là, avec ça. Comme vous
êtes partie d'une obligation de
moyens, une obligation de résultat, là, comme... c'est ça, là, final. Donc, je
vous le dis, c'est ça, mon offre.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
députée de Joliette, ça va? Vous souhaitez intervenir?
Mme
Hivon : Non, je
voulais juste dire au ministre qu'en fait... C'est juste pour clarifier les
propos, là, qu'on rebondissait sur ce qu'il nous disait quand on disait ça. Ce
n'est pas nous qui plaidons les situations particulières. Depuis mercredi
dernier, on dit qu'il faut se donner les moyens de réaliser tout ça partout au Québec.
Donc, c'est qu'on reprenait, quand on expliquait, les mots que le ministre nous
dit.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : Moi, j'aimerais juste
connaître la définition, pour le ministre, d'une situation particulière.
Le Président (M. Benjamin) : M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Une situation
particulière, c'est une situation qui a des composantes particulières, qui fait en sorte que... qui ne permet pas de
rencontrer la règle générale. Donc, ça signifie que, dans certaines circonstances
particulières, comme je vous l'ai énoncé à plusieurs reprises, si jamais il y
avait des enjeux particuliers dans une région particulière, supposons, qui ne
permettaient pas de faire en sorte que le tribunal spécialisé soit pleinement
développé et opérationnel, ça fait en sorte que c'est une situation
particulière par rapport à la population, par rapport au lieu, par rapport à un événement. Honnêtement, là, c'est un
engagement ferme. Vous vouliez avoir un engagement ferme. Vous avez un
engagement ferme dans la loi.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Je trouve qu'on avance quand même considérablement, là. Je
suis assez optimiste qu'on va arriver à quelque chose. Est-ce que l'obstruction
ou le manque de motivation de certains acteurs ou d'un acteur en particulier
sur le terrain serait considéré par le ministre comme une circonstance
particulière?
M.
Jolin-Barrette : Non. Le mandat, là, la responsabilité, là, elle est
sur ma tête, hein? Puis, quand je prends un dossier, je veux que ça avance,
hein, contre vents et marées. Puis il y a bien du monde qui aimerait ça qu'on
se couche face à leur lobby, puis on se tient debout sur différents dossiers
également en matière de justice. Je peux vous garantir qu'il y a bien du monde
qui n'aurait pas voulu avoir un tribunal spécialisé au Québec. Il y en a pas
mal, de monde, beaucoup. On a eu certains témoignages.
Mme Labrie :
C'est justement pour ça que je pose cette question-là, parce que je ne voudrais
pas que ça soit utilisé comme un prétexte pour dire : Bien, écoutez, dans
tel district, il y a des tellement grosses réticences sur le terrain que c'est
pour cette raison-là qu'on n'a pas réussi à le déployer. C'est exactement ça
que je veux éviter.
M.
Jolin-Barrette : La réponse à cette question-là, c'est non.
Mme Labrie :
O.K., merci.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Je comprends les propos du ministre. Moi aussi, je pense qu'on est proches.
Donc, je comprends des propos du ministre que c'est une situation qui ne peut
pas, en ce moment, nous décrire ou... Il n'a pas d'exemple à nous donner. Donc,
ce n'est pas quelque chose qu'il prévoit déjà. Donc, dans cette optique-là, est-ce
qu'on pourrait dire «particulière et imprévisible»? Il ne veut pas
«exceptionnelle», mais on se comprend qu'à l'heure où on le fait elle est
imprévisible. C'est ça qui fait la nature de l'exception qu'on va mettre de
l'avant. Donc, c'est plus fort que juste «particulière», c'est qu'on n'est pas
capables de prévoir, et donc ça donne, je trouve, plus d'assises d'avoir une
exception si c'est parce que c'est impossible à prévoir.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : «Imprévisible», M. le Président, ça ne fonctionne pas. On va avoir un
débat sur qu'est-ce qui est
imprévisible puis l'imprévisibilité. «Situation particulière», c'est une
situation particulière. Honnêtement, M. le Président, là, là, comme...
on tourne en rond. Je vous l'ai dit, on est dans une situation où je m'engage.
Puis là, tantôt, on me disait : Bien, «favoriser», ce n'est pas assez
fort. Là, on le dit, on s'engage à le faire partout au Québec dans les deux
ans. Honnêtement, comme je vous le dis, c'est le max. Je n'irai pas plus loin.
Je ne sais pas comment vous le dire, c'est le libellé que je peux avoir avec l'ensemble
de l'État québécois. Ça fait que ne pensez pas que je ne travaille pas, là,
hein, mais là, je vous le dis, la corde, elle finit là.
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la députée de Verdun.
• (18 h 10) •
Mme Melançon : Est-ce
qu'on est capables de définir, dans
ce cas-là, dans le règlement, la situation
particulière ou les situations particulières? Parce qu'il y aura un règlement
pour pouvoir... parce que je comprends qu'on ne veut pas le mettre dans la loi.
J'entends le ministre, là, mais est-ce qu'on peut définir cette situation
particulière là dans les règlements qui vont devoir naître de ce projet de loi
là pour, justement, venir encadrer? Pour moi, là, c'est juste qu'une situation
particulière, là, il peut y en avoir partout sur le territoire. Il peut y en
avoir partout. Ce n'est pas une exception. Nous, ce qu'on veut, là, c'est qu'il
y en ait partout.
Puis je comprends
qu'il peut y avoir des exceptions, là. Je veux juste dire au ministre, là, qui
dit qu'il travaille bien fort : Nous autres,
aussi, on travaille bien fort. Puis j'entends le ministre dire : Bien,
n'allez pas plus loin, là, ça va être
ça, c'est ça qui est ça. Bien, ce n'est pas ça, de la législation. Moi,
j'essaie de trouver la voie de passage actuellement pour démontrer que
ce sera l'exception, et l'exception... Quand on parle d'une situation
particulière, là, à Montréal, il peut y avoir une situation particulière, puis
il peut y en avoir sur la Côte-Nord, puis il peut y en avoir en Estrie. Des
situations particulières, là, ça vient à chaque jour, des exceptions, non.
Alors, c'est pourquoi
moi, j'essaie de trouver la voie de passage. Puis, je vous le dis, là, M. le
ministre, là, vraiment, là, de tout coeur, on y est, puis qu'on n'essaie pas de
dire qu'on tourne en rond. Moi, je ne suis pas en train de tourner en rond.
Puis, les deux dernières années, là, de ma vie, là, qu'on... sur lesquelles on
a travaillé, là, je ne considère pas que j'ai tourné en rond, loin de là. Moi,
ce que je veux dire au ministre, c'est qu'une situation particulière, pour moi, je trouve qu'on est encore dans le flou mou.
Puis je reviens à l'article 3, là, deuxième paragraphe, deuxième alinéa, le «graduellement», je trouve
qu'il nous manque vraiment la pierre d'assise, puis on y est, là. On y
est, mais, honnêtement, comme ça, là, une situation particulière, c'est parce
que, si on n'est pas capables de me le définir, bien, c'est sûr que c'est
difficile pour moi d'aller dans ce sens-là.
Le Président
(M. Benjamin) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, on fait justement de la législation. La législation, ça doit être
clair, ça doit être également objectif. Et la députée de Verdun nous a dit à de
multiples reprises qu'il fallait que le projet de loi soit solide juridiquement. Ce que je propose,
hein, en application des normes, notamment, légistiques... Il y a une obligation qui n'est pas une obligation de moyens. «Il s'engage à ce que cet établissement soit réalisé partout au Québec dans les
deux ans qui suivent la fin des projets pilotes — c'est
le principe général — sauf
dans le cas d'une situation
particulière.» Honnêtement, M. le Président, j'ai fait tous les commentaires
que j'avais à faire. Je vous l'ai dit, comme... C'est le maximum que je peux
aller. Alors, j'ai été honnête avec vous. Je ne ferai plus d'autres commentaires
sur ce point-là.
Le Président (M. Benjamin) : Est-ce
que j'ai d'autres interventions? Sinon... Alors, oui, allez-y, Mme la députée
de Verdun.
Mme Melançon : Bien, tout à l'heure,
le ministre, quand je lui ai fait la proposition pour le règlement, d'aller
l'introduire à l'intérieur du règlement, il ne m'a pas répondu. Je pense que ça
peut être une avenue intéressante que de l'avoir de défini à l'intérieur du règlement
s'il ne veut pas l'introduire directement dans la loi, mais, à ça, je n'ai pas
eu de réponse, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Le règlement, il
est là pour faire en sorte de venir déterminer la construction des projets
pilotes. Il n'est pas là pour prévoir des exceptions.
Mme Melançon : ...pas des
particulières.
M. Jolin-Barrette : Il n'est pas là
pour prévoir des situations particulières. Mais je veux juste vous réitérer, là, le principe de base, c'est : On s'engage
à le mettre en place dans les deux ans. Vous l'avez, là, l'obligation, là. Vous l'avez, elle est là, l'obligation. Elle est là. Honnêtement,
elle est là. Alors, moi, j'ai dit tout ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Benjamin) : Merci, M.
le ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Moi, je
pense qu'on avance vraiment. Ça fait que je demande juste, tu sais, qu'on garde
tous notre patience parce qu'on veut tous s'entendre. Si on s'entend ici, en
plus, on ne fera pas de débat à l'alinéa... au paragraphe 3°, de notre amendement
à 3°. On va y arriver. Donc, ça fait que, je pense, ça vaut la peine de vraiment...
Si on peut s'éviter aussi de refaire le débat... Moi, je le dis, là, j'ai fait
un gros débat. On tourne autour des mêmes principes,
des mêmes engagements. Donc, si on est capables de le régler ici, on va
s'éviter de revenir aussi sur l'amendement à 3°. C'est vrai qu'en ayant
un engagement on avance, mais c'est toujours... Tu sais, c'est toujours du
donnant donnant. On a fait l'engagement. On lui avait dit : Si on va vers
l'engagement, on est prêts à donner une année de plus. Là, on a gardé l'année
de plus. Il y a un engagement, mais il y a une petite exception, mais qui n'est
pas une exception, qui est un «sauf une situation particulière».
Ça fait qu'on se comprend que, oui, il y a un
pas en avant, mais il y a un petit pas en arrière en même temps. Ça fait que,
nous aussi, on met beaucoup d'eau dans notre vin, là. Ça fait que moi, je le
salue, qu'on ne soit plus au stade du moyen puis qu'on soit au stade de
l'obligation de résultat avec le nouveau libellé. C'est juste que le ministre,
il doit comprendre aussi qu'en mettant le «sauf», bien, il faut que l'exception
soit la plus précise possible, parce que ça peut être un autre moyen d'échapper
à l'engagement, là. Ça fait qu'on se comprend tous. Puis nous, on a ajouté un an,
là. Tu sais, on pourrait dire : O.K., bien, on va enlever l'année
supplémentaire, alors, parce que le ministre il s'engage, mais, sur les
situations particulières, il ne s'engage pas. Ça fait que, dans le fond,
pourquoi il a besoin de l'année supplémentaire? On pourrait jouer ce jeu-là
aussi longtemps, là.
Ça fait que moi, je pense... Moi, je le dis au
ministre, là, ma voie de passage qui ferait qu'il ne m'entendrait même pas,
quand on va revenir à l'article 3, c'est qu'il ajoute «une situation
particulière qui ne peut être prévue», parce que je trouve que ça referme...
Tantôt, j'ai dit «imprévisible». Il n'a pas aimé ça, il a dit : Ce n'est
pas archiclair. Mais, «qui ne peut être prévue», là, je pense, c'est clair. On
l'écrit aujourd'hui puis on sait que ça ne peut pas être prévu, mais que
peut-être qu'il va arriver quelque chose qu'on ne peut pas prévoir puis qui va
faire en sorte que ça va être impossible. Puis je trouve qu'on aurait aimé
mieux «exceptionnelle». Il aime mieux «particulière». Bon, «particulière qui ne
peut être prévue», ça fait qu'aujourd'hui ça dit ce que ça a à dire. On n'est
pas capables de voir ça serait quoi, parce que le ministre n'est pas capable de
nous en donner, des exemples. Il dit juste : Je veux ça au cas qu'il
y ait quelque chose d'absolument exceptionnel que je ne peux pas prévoir. Ça
fait qu'il me semble que ça dirait juste ce que ça a à dire.
Le Président (M. Benjamin) : Merci, Mme
la députée. M. le ministre, est-ce que vous souhaitez intervenir? Non? Est-ce
que j'ai d'autres interventions? Si je n'ai pas d'autre intervention, il faudra
nous dire comment on dispose du sous-amendement que nous avons devant nous. Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Bien, tout à
l'heure, le ministre nous a proposé que le député de Chapleau retire son sous-amendement
actuel puis qu'il pourrait procéder au dépôt d'un nouveau, là. Donc...
Le
Président (M. Benjamin) :
Parfait. Je comprends que le député de Chapleau souhaite retirer son sous-amendement?
M.
Lévesque (Chapleau) : Je
serais à l'aise à le retirer, M. le
Président, si, évidemment, on est à l'aise, par la suite,
pour pouvoir adopter le sous-amendement qui est proposé par le ministre. Je pourrais le
déposer à ce moment-là.
Le Président (M. Benjamin) : On ne
peut pas le lier à une condition. En fait, la seule chose qu'on peut faire,
c'est demander le consentement si vous souhaitez retirer votre sous-amendement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
consentement.
Le
Président (M. Benjamin) :
Donc, est-ce que j'ai le consentement pour retirer le sous-amendement présenté par le député de Chapleau? Consentement.
Parfait.
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
je crois que le député de Chapleau va redéposer un sous-amendement.
Le Président (M. Benjamin) : Ah! M.
le député de Chapleau, allez-y.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, à ce
moment-là, donc, j'aurais un autre sous-amendement, là, à proposer. D'ailleurs, je pense, le ministre nous en a
abondamment entretenus sur la question. Donc, le sous-amendement à
l'article 11 se lirait comme suit : Ajouter... Oui?
Le Président (M. Benjamin) : ...M.
le député de Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : Il est sur
Greffier?
Le Président (M. Benjamin) : On me confirme
que le sous-amendement est sur Greffier.
M. Lévesque (Chapleau) : Dans la
section «à venir»?
Le Président (M. Benjamin) :
Allez-y, oui.
M. Lévesque (Chapleau) : «En cours»?
Merci beaucoup. J'ai lu sur vos lèvres, Mme la secrétaire. Merci.
Ajouter, à la fin du paragraphe 8° du deuxième
alinéa de l'article 11 du projet de loi, «et, sauf dans le cas d'une
situation particulière, il s'engage à ce que cet établissement soit réalisé
partout au Québec dans les deux ans qui suivent la fin du projet pilote».
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Donc, est-ce qu'il y a des commentaires, des questions, des
interventions sur le sous-amendement présenté par le député de Chapleau? Mme la
députée de Joliette.
Mme
Hivon : Oui, bien,
maintenant qu'il est officiellement, formellement déposé, je veux juste
réitérer que je pense qu'on avance. Je salue, de mon côté, qu'il y a maintenant
une obligation d'un résultat et non pas juste de moyens. C'est ce que l'on
cherchait. Ceci dit, je pense qu'on peut faire mieux pour l'exception, ce qui
devrait être une exception, mais qui est libellé plus largement qu'une
exception très exceptionnelle.
Alors, je nous inviterais juste à faire cet
ultime effort. J'ai fait des propositions. Je peux en faire d'autres. Puis je veux juste aussi dire au ministre que,
nous, dans l'optique d'ajouter un an, c'était pour ne plus avoir
d'exceptions. Ça fait que, là, on a ajouté
un an pour éviter les exceptions. Le ministre garde le un an puis il parle de
«situation particulière» et non pas «exceptionnelle et imprévisible».
Donc, je pense qu'il y a encore un petit peu de travail à faire, mais je sens
qu'on va y arriver.
• (18 h 20) •
Le
Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres interventions? M. le
ministre, est-ce que vous souhaitez intervenir? Non? D'accord. D'autres... Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Oui, effectivement, c'est un gain important, je pense, pour
les victimes, là, qu'il y ait une obligation de résultat ici. Bon, je
suis d'accord avec ma collègue. J'aurais aimé mieux qu'on parle de situation
exceptionnelle au lieu de particulière, mais je pense que, quand même, ce qu'on
a là répond, là, en bonne partie aux préoccupations que moi, j'avais. Et je pense aussi que... sincèrement, là, que le
ministre se donne un très bel outil en écrivant ça dans son projet de
loi, puis je pense que ça va l'aider à les implanter, les tribunaux
spécialisés, parce que tout le monde qui est concerné va savoir qu'il y a une
échéance, et ça, ça va rendre certainement plus efficaces toutes les interventions
du ministre pour développer les tribunaux spécialisés. Donc, moi, je pense que
c'est un ajout important qu'on doit faire. Moi, je l'aimerais encore mieux si
on parlait de situation exceptionnelle, mais c'est intéressant, ce qu'on a là.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Sherbrooke. Est-ce que j'ai d'autres interventions? Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, j'irai dans le
même sens, là. Je pense que c'est la situation particulière qui est difficile, actuellement,
à définir, puis à saisir, puis qui ne démontre pas que ça peut être une
exception. C'est là où j'en ai et j'en ai encore. Le mot
n'a pas changé. Donc, j'imagine que le ministre comprend que je suis pas mal au
même endroit que ce qu'on visait. Je note
une certaine amélioration, mais, tout
de même, c'est «situation
particulière» que je trouve trop large, très large, et qui ne donne pas
l'assurance que nous recherchons depuis une semaine.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Est-ce que
c'est un terme... C'est une question vraiment plus de légistique, là, «situation
particulière», comme une exception dans le corpus législatif, est-ce que c'est
une expression qu'on retrouve souvent? Parce
que ça pourrait nous donner une idée
de comment ça peut être interprété, là, très restrictivement ou
relativement largement. Donc, c'est une question
que j'ai probablement plus pour l'équipe du ministre
que le ministre lui-même, là.
Le Président (M. Benjamin) : À ce
moment-là, M. le ministre...
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
le fait que ce soit dans une situation particulière, M. le Président... Et, je
l'ai exposé à de multiples reprises, l'obligation, elle est là. Elle est là, et
il peut y arriver des circonstances particulières. Le principe général, il est
là. Le tribunal sera établi. Vous l'avez, là, l'obligation. Ça ne peut pas être
plus clair que ça. Alors, tout ce qu'on
fait, là, puis je l'ai exposé à de multiples reprises, c'est le maximum que je
peux aller. Donc, honnêtement, ce n'est pas le premier projet de loi qu'on fait
ensemble, là, puis, comme... Je fais plein de compromis. Je vous le dis, c'est
la limite où je peux aller.
Mme
Hivon : ...je pose
une question qui... Je ne suis pas sur la limite du ministre. Je pense que
c'est une question légitime. Le ministre comprend où on a une réserve. Je
demande d'être convaincue que le terme «situation particulière» peut faire le
travail, être vraiment interprété comme «situation exceptionnelle» même si ce
n'est pas ça que ça dit. Donc, je demande juste si on a, quelque part dans le
corpus législatif, cette expression-là qui serait un précédent puis nous
permettrait de dire : O.K., bien, on est rassurés, c'est vraiment dans le
sens d'une situation exceptionnelle, non prévisible. Mais moi, je le répète...
Puis, une situation particulière, je veux dire,
elle pourrait déjà exister et être particulière. Il n'y a rien qui dit qu'elle
va arriver en cours de route. Ça fait que d'où ma question, puis je trouve que
c'est une question légitime, là, M. le
Président, de juste dire : Est-ce que
quelqu'un peut nous dire si c'est une expression, «situation
particulière», qu'on retrouve, qui est d'usage commun dans la législation,
puis, voici, on a une preuve que c'est ça, la bonne expression, ça veut dire
«exceptionnelle», on rassure les collègues puis on avance? C'est ça, le coeur
du débat en ce moment, là.
Le
Président (M. Benjamin) : On
doit... M. le ministre... Donc, on doit s'en tenir, Mme la députée de Joliette, à la réponse du
ministre.
M. Jolin-Barrette : ...dans le
corpus également. Alors, oui, on peut rassurer la députée de Joliette. Et, s'il
y a des circonstances particulières, s'il y a des situations particulières,
notamment, elles seront découvertes dans le cadre du projet pilote, notamment. Alors, le principe de base, c'est qu'on
établit le tribunal spécialisé. Il est écrit noir sur blanc.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : M. le Président, je
suis en train de faire des recherches actuellement avec l'aide de Karl Filion,
de l'aile parlementaire libérale. On a trouvé certains endroits, là, où, dans
des lois, c'est clairement indiqué : «Le ministre peut, s'il considère que
des circonstances exceptionnelles le justifient...» On revient à quelques endroits... J'ai un autre... une loi resserrant
l'encadrement des services de garde éducatifs, là, où c'est indiqué :
«Toutefois, en raison de situations exceptionnelles, le ministre peut...» Je
pense que... du côté des juristes, là, je ne sais pas si on peut le regarder,
mais ce n'est pas quelque chose qui est loufoque, là. C'est quelque chose qui
existe déjà dans la législation et qui vient justement démontrer un caractère
exceptionnel.
Honnêtement, moi, c'est surtout que, lorsqu'on
fait... Lorsqu'on regarde une situation particulière, là, de quelqu'un, de quelque
chose, c'est des concours de circonstances, puis là ça devient beaucoup plus
vaste, beaucoup plus simple, beaucoup plus... Là, je peux vous citer les lois
modifiant... Écoutez, la Loi sur l'aide financière aux études : «Le
ministre peut, s'il considère que des circonstances exceptionnelles le
justifient, faire remise de la totalité ou de la partie d'une somme due.» Je
pense que ce mot-là est utilisé, des situations exceptionnelles, qui démontre,
donc, l'exception.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
députée de Joliette, vous souhaitez encore intervenir?
Mme
Hivon :
...entendre la réponse.
Le Président (M. Benjamin) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
Mme
Hivon :
Je veux juste comprendre, là. Donc là, le ministre ne répondra plus à nos
questions, ce qui... Si on veut
continuer à discuter, on va devoir présenter des sous-amendements, tout ça.
C'est comme ça qu'on va avancer?
Le
Président (M. Benjamin) : Comme nous sommes dans le cadre d'un débat
sur un sous-amendement, vous comprendrez que vous ne pourrez pas sous-amender
le sous-amendement. Donc... Mais par contre vous avez encore du temps si vous
souhaitez intervenir, si vous avez encore des interventions, des commentaires à
faire. Il ne vous reste pas beaucoup de temps, donc, compte tenu de l'heure,
mais vous avez encore du temps.
Mme
Hivon :
Bien, moi, je pense que c'est plus... Je pense que, quand on parle ici, ce
n'est pas pour rien qu'on est dans un Parlement, là, c'est parce que c'est
comme ça qu'on avance. Puis je pense que ce serait correct et courtois de nous
expliquer ces situations particulières. C'est un terme dans le corpus législatif.
Puis il me semble que ça aiderait juste le ministre de nous rassurer puis de
dire : «Situation particulière», telle que présente dans d'autres
endroits, dans d'autres lois, ça veut dire une exception, une circonstance
exceptionnelle, puis c'est pour ça que c'est l'expression qu'on retient malgré
le fait que les oppositions disent que c'est un terme qui leur semble trop
large. Donc, j'essaie juste de comprendre pourquoi le ministre ne peut pas nous
dire ça. Il nous a dit : C'est le terme que je peux utiliser, mais il ne
nous donne pas d'exemple de rationnel sur le pourquoi.
• (18 h 30) •
Le Président (M.
Benjamin) : Je vous remercie pour votre collaboration.
Compte tenu de
l'heure, la commission...
M.
Jolin-Barrette : ...M. le Président?
Le Président (M.
Benjamin) : 18 h 45? Ah! je pensais que c'était
18 h 30. Ah! bien, écoutez, on a encore du temps. Moi, j'avais
18 h 30, en tout cas.
M.
Jolin-Barrette : ...18 h 45.
Le Président (M.
Benjamin) : 18 h 45, nous dit Mme la secrétaire. Ah! Bien,
il reste encore une quinzaine de minutes.
Des voix :
...
Le Président (M.
Benjamin) : 18 h 45. Là, on vient de nous confirmer, ici,
c'est 18 h 45. Alors, donc, encore une quinzaine de minutes de
débats.
Donc, merci, Mme la
députée de Joliette, pour votre intervention. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le sous-amendement du député de Chapleau? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons alors procéder à la mise aux voix. Est-ce
que...
M. Jolin-Barrette :
...par appel nominal, M. le Président.
Le Président (M.
Benjamin) : Un vote par appel nominal a été demandé, donc, pour le
sous-amendement du député de Chapleau. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Pour.
La Secrétaire :
M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M.
Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Pour.
La Secrétaire :
Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme
Lachance : Pour.
La Secrétaire :
M. Thouin (Rousseau)?
M. Thouin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Martel (Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel : Pour.
La Secrétaire :
M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Melançon (Verdun)?
Mme
Melançon : Contre.
La Secrétaire :
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
Le Président (M.
Benjamin) : Abstention. C'est adopté, bien sûr, évidemment.
M.
Jolin-Barrette : ...on est prêts à adopter l'article 11,
l'amendement de l'article 11.
Le Président (M.
Benjamin) : Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement de
l'article 11? Il n'y a pas d'intervention, donc...
M.
Jolin-Barrette : ...M. le Président, vous avez dit : Il n'y a pas
d'autre intervention.
Le Président (M.
Benjamin) : Donc, s'il n'y a pas d'intervention... Pardon?
Mme
Hivon :
Moi, j'ai dit que je voulais déposer un sous-amendement.
Le Président (M.
Benjamin) : Ah! Mme la députée de Joliette souhaite déposer un
sous-amendement.
Mme
Hivon :
Sauf que...
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, je comprends que nous avions une entente relativement au fait
que, suite à la discussion en lien avec
l'article 8, j'ai fait ce que je pouvais faire. Puis on avait convenu de
fermer l'article 11 après les amendements qu'on présentait. C'est
ce qu'on a convenu tout à l'heure.
Mme
Hivon :
M. le Président, on avait convenu que le ministre nous revenait sur deux sujets
et que, pour le reste, tout était fermé et
qu'on allait débattre de ces deux sujets là, dont le sujet de la garantie.
Donc, débattons. On n'a pas dit :
On va adopter l'amendement du ministre, qu'importe ce qu'il nous dépose. Ce
qu'on a dit, c'est que, le reste, on ne le débat pas. Il y a deux sujets
qui restent en suspens, dont celui-là. Le ministre nous a déposé son
amendement, puis là on a débattu. On vient de voter un sous-amendement. Puis on
n'a pas... on ne s'est pas liés en disant : Qu'importe ce qu'il y a dans
l'amendement ou dans le sous-amendement du ministre, on va l'adopter, là.
M. Jolin-Barrette :
...pas ce qui importe dans le sous-amendement. On a déposé deux
sous-amendements, on a eu une longue
discussion relativement à tout ça. Honnêtement, vous voulez faire des
sous-amendements à répétition? D'accord. Vous voulez le faire; moi, je
ne trouve pas que ça respecte l'esprit de sur quoi on s'est entendus tout à
l'heure. Sur la proposition de la députée de Sherbrooke, on a fait la table de
consultation, on l'a faite. Je comprends que ce n'était pas 100 % à sa
satisfaction, mais on a travaillé le plus possible dans sa direction. On a
essayé de faire la même chose relativement
au sous-amendement. Mais on avait eu une entente relativement... on faisait le
débat là-dessus. Et là je comprends que vous allez faire d'autres
sous-amendements.
Mme Hivon :
...que ce soit clair, parce que je ne veux pas qu'on me mette des mots dans la
bouche, là, on n'avait pas d'entente pour dire : Qu'importe ce que le
ministre dépose par rapport à ce sujet-là, on va l'accepter, puis ça va être
fini, là. Ce n'est pas ça.
M. Jolin-Barrette :
Vous ne l'avez pas accepté, effectivement, vous vous êtes abstenue relativement
à ça. La députée de Sherbrooke dit que c'est une avancée. Honnêtement, j'ai été
dans votre direction, mais, à un moment donné, on se retrouve dans une
situation où on tente le plus possible de vous rejoindre. Je vous ai expliqué
les motifs, les raisons pour lesquelles... ça. Là, vous dites : Bien, moi,
vu que je ne suis pas d'accord, bien, on va continuer. C'est votre position,
c'est correct.
Le Président
(M. Benjamin) : Et collègues membres de la commission, est-ce
que... de deux choses, l'une, est-ce que
vous souhaitez que nous suspendions un instant pour discuter ou nous procédons
au dépôt du sous-amendement de la députée de Joliette? Donc...
M. Jolin-Barrette :
...je ne suis pas d'accord pour suspendre.
Mme Hivon :
...
Le Président
(M. Benjamin) : Pardon, Mme la députée de Joliette?
Mme Hivon :
Moi, je n'ai pas d'enjeu à suspendre pour discuter, si ça peut rendre les
choses plus efficaces. Je pense que l'idée ici, là, ce n'est pas de faire du
temps, c'est d'aller au bout d'une démarche qui, selon moi, est fondamentale,
puis c'est ça, l'objectif. Ce n'est pas de faire du temps.
Puis je ne veux pas
que le ministre sous-entende qu'on est en train d'être dans un bris d'entente.
Parce que je me souviens très bien que le
ministre a dit : On s'entend que c'est tel sujet et tel sujet, que je
ramène des amendements sur ces
enjeux-là. Puis on a dit : Oui, ça va être juste ces sujets-là, puis on va
faire le débat là-dessus. On se comprend que, si on nous soumet un
amendement avec lequel on n'est pas d'accord, on va pouvoir dire que ce n'est
pas un amendement avec lequel on est d'accord puis soumettre une autre
proposition. Ça va de soi. On s'est entendus sur des sujets, pas sur : on
va accepter l'amendement.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, je ne suis pas d'accord avec cette interprétation-là, parce
qu'on en a débattu. On a débattu avant,
durant, sur l'amendement. Ensuite, on en a débattu sur les deux sous-amendements. Il y a eu un vote.
On l'a fait. Alors, à ce moment-là, on a déjà traité le sujet. On l'a traité,
le sujet.
Là, on est dans une situation
où on a terminé 11. La députée de Joliette n'est pas d'accord avec le libellé
du sous-amendement, je le conçois. Elle m'a demandé d'avoir des
garanties; il y a des garanties dans le sous-amendement. Il y en a. Le principe
général, il est là. C'est plus fort qu'une obligation de moyens, il y a
l'obligation de résultat de le mettre. Là, sur la modalité de la situation
particulière, elle n'est pas d'accord. Je le conçois, et je respecte sa
position, et je l'ai très, très bien compris, là, comme on dit, c'est «crystal
clear», c'est clair comme de l'eau de roche.
Je ne suis pas
d'accord, vous comprenez, mais j'ai fait le maximum pour aller la retrouver
dans sa direction, pour faire en sorte
d'avoir un libellé qui m'attache les mains, les pieds aussi. À un moment donné,
je lui demande de la raisonnabilité
relativement à ça, comme vous... Et
le principe, il est là, là, je ne peux pas être plus clair, là, je
m'adresse aux victimes, là, dans la loi,
c'est indiqué que je dois, dans les deux ans de la fin des projets pilotes, développer le tribunal permanent
partout au Québec, sauf dans des cas de circonstances, de situations
particulières. Alors, le principe, il
est là.
Ma volonté, c'est de
le faire à la grandeur du Québec, partout. Je ne peux pas être plus clair, je
l'ai dit avant. J'ai modifié le libellé parce que vous vouliez une obligation
formelle d'engagement, qui n'est pas une obligation de moyen, je l'ai fait puis
je vous ai exposé tout ça depuis ces nombreuses heures là. Puis, moi, il
m'apparaît que le fond de notre entente, c'était d'en débattre. On en a
débattu. Le libellé, il est là, il a été adopté. Alors, moi, je pense qu'on
pourrait fermer l'article 11.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Je pense que... je veux dire, on va convenir qu'il n'y avait aucun engagement
de dire que c'était l'amendement du ministre
ou rien, là. Je veux dire, on se comprend, là. Le ministre peut bien
dire : J'amène mon amendement, on le vote, merci, bonsoir, puis
après on passe à d'autres choses. Moi, j'ai reconnu les avancées, on les
reconnaît toutes et tous, les avancées. Mais j'ai exposé clairement que, dans
un esprit de compromis... j'ai amené l'idée du deux ans. Là, le ministre,
en disant : O.K., si on a un engagement ferme... Moi, je suis à l'aise
qu'on rajoute une année à ce que le ministre nous proposait, il disait
favoriser puis il se donnait un an. J'ai dit : Si on est pour avoir
un engagement, je suis prête à ajouter un an.
Sauf que, là, le ministre,
il amène l'engagement mais avec une échappatoire de situation particulière. On
lui a dit : «Situation
exceptionnelle», c'est ça qui correspond à la réalité. J'ai fait une autre proposition, j'ai dit : «Particulière et imprévisible» ou «particulière,
qui ne peut être prévue», puis on garde le reste. On garde les deux ans, je ne
retirerai pas cet assouplissement-là que j'ai proposé. Ça fait que je trouve
qu'on avance.
Là, le ministre
dit... Puis, je veux dire, le ministre, je le reconnais, qu'il a avancé, là,
puis je pense que nous aussi, on a avancé. Puis je ne lui referai pas toute la
nomenclature : pas de projet pilote, des projets pilotes, deux ans, finalement
trois ans, puis finalement encore une année. Puis là, finalement,
on lui dit : Deux années, mais, en contrepartie, on veut un engagement
ou, minimalement, si on garde l'échappatoire, on la met archiserrée,
«exceptionnelle» ou «particulière et imprévisible», là. Ça fait qu'on en a
fait, des propositions.
Alors, c'est juste ça. Moi, je veux aller au
bout de cette logique-là qui m'apparaît vraiment logique. Puis j'ai demandé des
exemples de situations particulières, dans la loi, qui pourraient me rassurer,
puis là je n'en ai pas eu. Peut-être qu'elles existent,
que le ministre ne les a pas sous la main. J'ai essayé aussi de montrer cette
ouverture-là, en disant : Si on peut me convaincre que «situation
particulière», ça existe à plein d'endroits dans le corpus législatif québécois,
je vais regarder ça attentivement. Je ne l'ai pas eu. Ça fait que moi, je veux
juste... C'est l'esprit de la démarche, c'est de pouvoir simplement aller au
bout de cette démarche-là avec un amendement.
• (18 h 40) •
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Donc, je comprends... Est-ce que vous souhaitez toujours
déposer un sous-amendement?
Mme Hivon : Je
vous demanderais de suspendre dans cette fin-là.
Le Président (M. Benjamin) :
Donc, nous allons suspendre. Donc...
M. Jolin-Barrette : Je veux
juste qu'on s'entendre, là. Est-ce que c'est parce que la députée de Joliette
veut qu'on vote contre son amendement qu'elle veut déposer le sous-amendement?
Dans le sens, là... C'est parce que, soyons efficaces, là. Je comprends que
vous voulez rajouter un terme, là, qui, j'imagine, sera «imprévisible»?
Mme Hivon : Ou,
si le ministre me dit qu'il aime mieux un autre terme qui aurait plus de
chances de le faire bouger, comme «qui ne peut être prévu».
M. Jolin-Barrette : Non, moi,
ce que je vous dis, c'est que je ne bougerai pas, puis, dans le fond... Parce
qu'on a vraiment bougé, puis on a retourné les pierres, puis tout ça, puis on a
mis l'obligation de résultat, comme on l'a mis, là, c'est là. Alors, je
souhaite juste prévenir sur l'efficacité des travaux, comme je vous le dis.
Mme Hivon : Mais,
je veux dire, c'est la prérogative des députés de pouvoir déposer un amendement
pour aller au bout d'une démarche.
M. Jolin-Barrette : C'est la
prérogative des députés, effectivement...
Mme
Hivon : Voilà.
M. Jolin-Barrette : ...et je la
respecte. Ce que je vous indique, cependant, c'est que, depuis les deux
dernières semaines, comme... j'ai fait beaucoup de... j'ai cheminé beaucoup — cheminé — pour
aller vous retrouver, et, comme ça m'apparaît tout à fait raisonnable, ce qu'on
a proposé, et, surtout, ça va au-delà de ce que je souhaitais, mais j'ai
travaillé dans votre direction en me liant pour les victimes, alors, à un...
Mme
Hivon : ...
M. Jolin-Barrette : Bien, oui, mais,
à un moment donné, il y a des situations où c'est ça, la réalité. Puis, comme
on dit, il faut prendre ses gains à la table. C'est ça que je dis.
Mme
Hivon : Donc, je
demanderais juste qu'on suspende pour que je puisse envoyer l'amendement.
M. Benjamin : Je comprends, effectivement,
et j'accepte votre demande, Mme la députée, sauf que, compte tenu de l'heure,
on n'aura pas le temps de pouvoir traiter le tout. Donc, si vous permettez,
donc, on pourra... on peut peut-être arrêter nos travaux aujourd'hui et on
reprendra sine die, évidemment, et avec votre sous-amendement.
Mme
Hivon : Ça va.
M. Benjamin : Alors, compte tenu de
l'heure, chers collègues, merci pour votre collaboration, donc, nous suspendons
nos travaux, sine die.
(Fin de la séance à 18 h 44)