Journal des débats (Hansard) of the Committee on Institutions
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, November 9, 2021
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Vol. 46 N° 6
Clause-by-clause consideration of Bill 92, An Act to create a court specialized in sexual and domestic violence and respecting training of judges in these matters
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures quinze minutes)
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 92, Loi visant la
création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président : M. Martel (Nicolet-Bécancour) est…
Le Président (M. Benjamin) : …
des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 92, Loi visant la
création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président : M. Martel (Nicolet-Bécancour) est remplacé par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Rousselle (Vimont) est remplacé par Mme Melançon
(Verdun); et M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Labrie
(Sherbrooke).
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Lors de l'ajournement de nos travaux jeudi dernier, la députée de Verdun
a fait part, à la commission, de sa volonté de présenter un sous-amendement à l'amendement
du ministre à l'article. Mme la députée, je vous cède la parole.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. Alors, oui, tel qu'annoncé jeudi dernier, je voudrais déposer un sous-amendement
pour le paragraphe 6°. Est-ce que vous souhaitez que je lise l'amendement,
M. le Président?
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, comme on ne l'a pas encore reçu, donc, nous allons devoir suspendre afin
de nous le faire parvenir.
Nous suspendons les travaux.
(Suspension de la séance à 15 h 16)
(Reprise à 15 h 19)
Le Président (M. Benjamin) :
Nous allons reprendre nos travaux. Alors, nous reprenons nos travaux. L'amendement
est maintenant sur Greffier. Est-ce que, membres de la commission, est-ce que
vous souhaitez avoir du temps pour pouvoir lire l'amendement ou, du moins…
M. Jolin-Barrette : …à la
députée à lire son amendement.
Le Président (M. Benjamin) :
Allez-y, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. Alors, le ministre… Donc, le remplacement du sixième paragraphe du
deuxième aliéna par celui-ci :
«6° le ministre est responsable de
s'assurer que les ministères et organismes concernés offrent de la formation
continue, de base et spécialisée, sur les réalités relatives à la violence
sexuelle et à la violence conjugale aux personnes susceptibles d'intervenir au
tribunal spécialisé, notamment les avocats de la défense, les procureurs, les
greffiers, les enquêteurs, les policiers, le personnel de la cour, les
interprètes et les intervenants psychosociaux».
• (15 h 20) •
M. le Président, je dépose ce sous-amendement
à la suite d'une discussion que nous avons eue, à l'article 3, justement,
puisque le ministre, tout au long de ce projet de loi, nomme les juges, et là,
on a pu voir, dans les articles précédents, que nous étions, bien sûr, avec
«toute personne qui se porte candidate à la fonction de juge doit s'engager à
suivre, si elle est nommée, le programme de perfectionnement», donc on a nommé
les juges, on a nommé, bien entendu… et on n'a pas terminé, là, parce que ça va
se poursuivre aux articles suivants où on peut parler de juge… pardonnez-moi,
je ne suis pas dans mon bon cahier, je veux juste revenir derrière, si vous me
le permettez, mais on a différents juges donc de différentes cours et on les
nomme ici, dans le projet de loi. Dans l'article…
Mme Melançon : de juges…
pardonnez-moi, je ne suis pas dans mon bon cahier. Je vais juste revenir
derrière si vous me le permettez. Mais on a différents juges, donc, de
différentes cours et on les nomme ici, dans le projet de loi. Dans l'article 3,
ce que nous sommes en train d'identifier, c'est que le ministre va être
responsable, donc, d'offrir des formations en continu. Là, on est très, très
large, hein, «aux personnes susceptibles d'intervenir au tribunal spécialisé»,
nous, ce que nous demandons, et nous avions identifié, à l'intérieur du rapport
Rebâtir la confiance, justement, les groupes qui devront bien sûr recevoir une
formation adéquate pour pouvoir assurer le suivi avec les victimes. Vous savez,
M. le Président, on sort de la période de questions puis on vient de parler
justement d'une pénurie de main-d'oeuvre, on parle d'identifier actuellement
les gens qui vont pouvoir accompagner du mieux possible les victimes, parce que
c'est de victime dont il est question ici, donc, de pouvoir accompagner les
victimes dans le processus qui sera entamé, mais sans jamais les nommer, c'est
ce qu'on nous propose actuellement dans le projet de loi.
Pas plus tard qu'hier, M. le Président,
j'étais avec le Centre des femmes de Verdun, et ça m'a conforté, la rencontre
que j'ai eue hier avec elles parce qu'elles m'ont demandé justement de
continuer le travail que nous faisons actuellement sur le projet de loi
n° 92 en me mentionnant qu'on doit identifier qui sont les personnes qui
seront dûment formées pour accompagner les victimes. C'est important qu'on
puisse le faire parce que… Actuellement est-ce qu'on parle des avocats? Le
ministre nous a répondu la semaine dernière : Bien sûr, le Barreau est en
train de regarder, d'analyser. Bien, qu'on les nomme, qu'on nomme les choses,
qu'on nomme les personnes. Et, dans le projet de loi, actuellement, on est très
flous, on est très pointus quant au juge, mais très flous quant aux autres
personnes qui peuvent, bien sûr, suivre de la formation, suivre de la formation
continue, suivre de la spécialisation aussi, parce qu'on a fait la part des
choses entre une formation plus générale et une spécialisation. Alors, voilà
pourquoi j'amène ce sous-amendement à ce moment-ci.
De les nommer, c'est aussi de rendre responsable
ceux et celles qui vont accompagner, donc, les victimes à la cour. Et pour moi,
c'est important que ces personnes-là puissent savoir qu'elles sont dûment
identifiées pour suivre une…
Mme Melançon : …nommer, c'est
aussi de rendre responsable ceux et celles qui vont accompagner, donc, les
victimes à la cour. Et pour moi, c'est important que ces personnes-là puissent
savoir qu'elles sont dûment identifiées pour suivre une formation. Difficile
d'offrir une formation quand on ne sait pas à qui l'offrir. Et c'est le
ministre de la Justice qui sera responsable de cette partie-là, d'assurer
justement qu'on puisse offrir une formation continue de base et spécialisée.
Donc, je crois qu'à ce moment-ci on peut nommer ces groupes-là, nommer les
personnes qui seront donc là pour accompagner les victimes, mais plus encore
rendre ces gens-là directement… je vais le dire comme ça là, mais responsables
à savoir qu'ils vont devoir suivre une formation. Si, par exemple, je suis
greffier à la cour et qu'on ne me dit pas, en tout cas, ce n'est pas nommé
nulle part, là, que moi je vais devoir suivre une formation, difficile de
savoir : Ah, oui, je vais avoir une formation, il y en a été question. Tel
que c'est nommé, actuellement, dans le projet de loi, je trouve qu'on est loin,
malheureusement, d'identifier clairement. Je pense que pour le bien, bien sûr,
des victimes, on doit identifier qui sont ceux et celles qui sont susceptibles
d'intervenir au tribunal spécialisé, donc, avec les victimes. Et voilà, pour
moi, en tout cas, il me semble que c'est clair. Puis avec le «notamment», parce
que le ministre nous a servi, la semaine passée, la réponse, nous dire :
Bien, on ne va pas commencer ici à identifier, parce que dans dix ans peut-être
que ça ne sera plus le cas. Peut-être qu'il va y avoir de nouveaux
intervenants. Mais c'est pour ça qu'on utilise le «notamment.» Le choix des
mots, vous êtes mieux placé que quiconque, vous qui connaissez très bien la
belle langue française, d'utiliser un mot comme «notamment» à ce moment-ci nous
permet d'ouvrir une porte, nous permet d'additionner bien sûr des groupes qui
pourraient être susceptibles, donc, d'intervenir au tribunal spécialisé. Donc,
voilà, le but de ce sous-amendement. Je pense que c'est important, je le répète
ici, on avait nommé à l'intérieur du rapport Rebâtir la confiance des groupes.
Je crois que dans le projet de loi qui faisait fi de tous les autres groupes,
puis je tiens à vous dire, M. le Président, la semaine dernière, le ministre
nous a prêté des intentions très, très fortes à moi, la collègue de Sherbrooke
ainsi qu'à la députée de Joliette, en nous disant même que nous avions menti.
Moi, je veux juste vous dire : On a travaillé. On a travaillé pour Rebâtir
la confiance…
Mme Melançon : …Le ministre
nous a prêté des intentions très, très fortes à moi, la collègue de Sherbrooke
ainsi qu'à la députée de Joliette en nous disant même que nous avions menti.
Moi, je veux juste vous dire qu'on a travaillé. On a travaillé pour rebâtir la
confiance. On a travaillé sur ce rapport important. Et ce qui était dit avec
les membres experts, ce qui était dit avec bien sûr nos deux coprésidentes,
c'était qu'on était rendu à l'étape où il faut nommer les choses.
Et moi, ce que je souhaite, c'est qu'on
puisse ici nommer les choses comme il se doit. Parce que ce projet de loi là,
je veux juste vous rappeler, M. le Président, que ça fait 14 heures,
un peu plus de 14 heures qu'on l'étudie. On a fait avancer grâce notamment
à la banquette des oppositions avec un préambule, avec un nouvel article avec
des objectifs à l'intérieur. Parce qu'au départ, et je crois que c'est le
député de Saint-Jean qui nous a rappelé au tout départ, bonjour, M. le
député de Saint-Jean, que le ministre avait déposé en liasses ses amendements.
Je veux juste vous dire que s'il y a eu des amendements, c'est qu'il y avait du
travail qui n'avait, au départ, pas été fait. Le ministre a écouté, tant mieux,
il s'est… on a été capable de bonifier grâce au préambule, grâce aux objectifs
qu'on a été en mesure d'introduire.
Mais là, ce projet de loi là ne répond
plus uniquement, tel que le ministre de la Justice le voulait, à la formation
des juges. À cause des objectifs que nous nous sommes fixés à l'article 0.1,
je pense qu'on doit parler de la formation des groupes. Et j'ai vraiment
l'impression qu'en ne les nommant pas, on nommait justement de responsabiliser
certains groupes. Puis on a même posé des questions à un moment donné au
ministre, puis ce n'était pas clair, d'accord? Est-ce que les avocats de la
défense, eux… Bien, oui, mais…
Moi… on a besoin de savoir qui sont ceux
qui seront visés et dans le projet de loi. Actuellement, bien, ce n'est pas
identifié. Alors, je demande simplement qu'on puisse identifier ces groupes.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Verdun. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
…si le ministre a quelque chose à dire après cette plaidoirie éloquente de ma
collègue.
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre, est-ce que vous souhaitez intervenir à ce stade-ci?
• (15 h 30) •
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, M. le Président, on a eu la discussion la semaine passée
déjà puis j'ai déjà énoncé pourquoi je n'étais pas favorable à mettre le
«notamment» puis à nommer tous les acteurs. Parce que l'article, il est déjà
large et il couvre les différents intervenants présents et à venir aussi. Parce
que, dans le cadre des tribunaux, il risquera probablement d'avoir d'autre
personnel.
Et ce que je trouve particulier,
M. le Président, c'est qu'on vient redire : Dans le projet de loi,
ah, à la base, vous visiez les juges puis là, il y avait un manque…
15 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : …les
différents intervenants présents et à venir aussi, parce que, dans le cadre des
tribunaux, il risquera probablement d'avoir d'autre personnel.
Et ce que je trouve particulier, M. le
Président, c'est qu'on vient redire, dans le projet de loi : Ah! à la
base, vous visiez les juges, puis là il y avait un manque relativement aux
autres membres du personnel. Et ça, j'ai eu l'occasion de le dire, M. le
Président, les juges, il y a des considérations particulières en raison du
statut des juges, M. le Président, qui ne relève pas nécessairement de l'État,
alors… Bien, en fait, ils relèvent de l'État, mais il y a des considérations
particulières relativement à leur type de formation, qui est fait par le
conseil de ma magistrature, en fonction de la séparation des pouvoirs. Donc,
c'est pour ça qu'on est venu les viser directement. Mais pour le reste du
personnel, le gouvernement, l'État peut très bien le faire. Et là j'ai une responsabilité
sur moi, notamment l'article 6, on l'a modifié, suite à la suggestion de la
députée de Joliette… le paragraphe 6, pardon, le ministre est responsable de
s'assurer». Alors, on est venu modifier le tout.
Alors, je conçois le souhait de la députée
de Verdun. Cependant, je n'y donnerai pas suite, pour tous les éléments que j'ai
énoncés à la précédente séance, que je vais verser dans le cadre de cette
séance-ci également, M. le Président. Mais je peux la rassurer, l'ensemble des intervenants
qui sont susceptibles d'intervenir au tribunal se verront… on va s'assurer
qu'ils aient une formation.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Merci, M. le Président. Je pense que la collègue de Verdun a été très claire,
elle a bien exposé les raisons pour lesquelles, de ce côté-ci, ça nous apparaît
incontournable. Puis on ne fait pas une bataille sur ce point-là juste pour
faire une bataille sur ce point-là, là. C'est parce que quand on vient inscrire
dans la loi que les intervenants vont devoir avoir une formation, c'est quelque
chose qui est au coeur de la réalité du tribunal spécialisé.
Tellement au coeur de la réalité du
tribunal spécialisé d'avoir des gens formés, des acteurs formés, que le ministre
a plusieurs articles dans son projet de loi sur la formation des juges, qui ne
constituent évidemment qu'un des blocs des acteurs qui vont être interpellés
par le tribunal spécialisé. Alors, c'est très, très difficile à comprendre
pourquoi on ne nommerait pas, au moins à un endroit dans le projet de loi, qui
sont ces autres acteurs essentiels qui sont au coeur de l'institution qu'on est
en train de mettre en place, soit le tribunal spécialisé.
C'est d'autant plus incompréhensible que
le rapport Rebâtir la confiance, il parle en long et en large de chacun de ces
acteurs-là. Le rôle des procureurs, des avocats de la défense, des policiers,
on dit à quel point c'est au coeur des éléments qui doivent être améliorés pour
rebâtir la confiance. Donc, c'est comme si c'est le coeur de la réalité d'avoir
une division spécialisée, d'avoir un tribunal spécialisé, d'avoir des acteurs
qui soient spécialisés, formés, puis là le ministre nous dit : Non, mais
moi, ça, je ne peux pas écrire ça dans le projet de loi. Je peux l'écrire pour
les juges, mais les autres, là, on va juste mettre une…
Mme
Hivon
:
…c'est le coeur de la réalité d'avoir une division spécialisée, d'avoir un
tribunal spécialisé, d'avoir des acteurs qui soient spécialisés, formés, puis
là le ministre nous dit : Non, mais moi, ça, je ne peux pas écrire ça dans
le projet de loi. Je peux l'écrire pour les juges, mais les autres, là, on va
juste mettre une catégorie générale d'intervenants susceptibles d'intervenir au
tribunal spécialisé. Moi, je pense que quand on fait une loi, surtout quand
elle découle d'un rapport, de gros travaux avec des experts, où ces éléments-là
étaient au centre même de l'idée du tribunal spécialisé, il faut les nommer
dans la loi. Puis je comprends que le ministre dit : Oui, mais je ne
voudrais pas en échapper. Mais on fait ça tout le temps, dans des lois, mettre
des «notamment». Pourquoi? Parce que ça permet à la fois de faire une
énumération qui est éclairante pour le lecteur puis pour ceux et celles qui
vont devoir interpréter la loi, pour ceux et celles qui vont devoir mettre en
place le tribunal spécialisé puis pour ceux et celles qui vont faire le suivi
du rapport Rebâtir la confiance. Puis en même temps, on se protège, parce que,
oui, les choses peuvent ne pas être figées dans le temps, puis on met un
«notamment». On voit ça constamment. On voit ça dans plein de lois au Québec,
que le ministre, lui-même, a adopté quand il était dans l'opposition. Je veux
dire, c'est quelque chose qui n'est pas du tout inacceptable, au contraire ça
vient simplifier la rédaction.
Ça fait que c'est sûr que, moi, je trouve
que c'est une faille énorme de dire : On travaille sur le tribunal
spécialisé, mais on ne nomme même pas c'est qui, les acteurs qui sont au coeur
du tribunal spécialisé. Ils ne sont pas nommés là. Ils ne sont pas nommés
ailleurs, là, pour la question, donc, de la formation. Ils ne le sont pas, ils
ne le sont pas ailleurs. Ce n'est pas comme si le ministre pouvait dire :
Ah! bien, on va référer à tel endroit. Je vais faire un renvoi à tel endroit.
C'est évident, ça découle de ça. Non, on ne les nomme pas. Puis là il se donne
une responsabilité, puis on ne nomme toujours pas qui va être responsable de
recevoir une formation.
Alors, je trouve que c'est vraiment une
faille. Je trouve que c'est quelque chose qui va nuire à la compréhension.
C'est quelque chose qui ne va pas dans le sens de ce qui est recommandé dans le
rapport. C'est quelque chose qui va complexifier les choses sur le terrain parce
que… J'ai hâte de voir comment ça va se débattre ensuite partout pour
dire : Ah! mais ça, ça comprend-tu telle catégorie… telle catégorie
d'avocats, telle catégorie de policiers, telle catégorie d'intervenants
judiciaires, telle catégorie d'intervenants psychosociaux?
Donc, il me semble que la moindre des
choses, c'est de le mettre puis de le mettre général puis de dire : Oui,
c'est les avocats de la défense. C'est les procureurs. C'est les enquêteurs.
Donc, on le spécifie, ça donne une… Ça donne vraiment vie à ce que c'est, le
tribunal spécialisé.
Donc, je demanderais vraiment au ministre
de reconsidérer, parce que l'argument qu'il nous fait, c'est large. Puis si je
mets «notamment», je ne veux pas… Si je l'énumère, je ne veux pas le
restreindre. Bien, nous, on dit : On ne le retreint pas en mettant un
«notamment», on vient juste le préciser, l'expliciter puis montrer c'est quoi,
l'essence même du tribunal.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Joliette. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Je vais vous demander une courte suspension, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Nous suspendons…
Mme
Hivon
:
...je l'énumère, je ne veux pas le restreindre. Bien, nous, on dit : On ne
le retreint pas en mettant un «notamment», on vient juste le préciser,
l'expliciter puis montrer c'est quoi, l'essence même du tribunal.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Joliette. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Je vais vous demander une courte suspension, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Nous suspendons les travaux.
(Suspension de la séance à 15 h 36)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 7)
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. À l'ordre, s'il vous plaît. Donc, je
comprends qu'il y a une intervention au sujet du sous-amendement, donc, de la
députée de Verdun.
M. Jolin-Barrette : Alors, on
est prêts à l'adopter, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
est-ce que le sous-amendement à l'amendement amendé de l'article 3 est
adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Benjamin) :
Adopté. M. le ministre, allez-y.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, suite à une discussion avec les collègues hors micro, nous allons
convenir de suspendre l'article 3, l'amendement de l'article 3, pour
aller faire l'article sur les projets pilotes à l'article 11, le tout
étant convenu entre les collègues qu'il n'y aura pas d'autres sous-amendements
sur l'article 3, à l'exception du paragraphe 2° de l'alinéa 2 de
l'amendement de l'article 3 qui se lit ainsi : «Le ministre de la
Justice peut toutefois, par arrêté, déterminer les districts judiciaires dans
lesquels le tribunal est graduellement établi et, conséquemment, où la division
spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence peut siéger.» Donc,
les collègues des oppositions se réservent le droit de sous-amender cet
article-là, mais c'est le seul paragraphe que les collègues entendent amender,
et on a leur engagement là-dessus. C'est bien ça?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Donc,
pour le procès-verbal, on a entendu «tout à fait», M. le Président.
Mme
Hivon
: Hors
micro, il y a eu une seule petite nuance, à moins que le ministre nous sorte un
lapin de son chapeau, dans les prochaines heures, qui touche cet amendement.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, pour le procès-verbal aussi, je dois vous demander : Est-ce qu'il y
a consentement pour suspendre l'étude de l'amendement amendé présenté par le
ministre à l'article 3 ainsi que l'article 3?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Benjamin) :
Consentement. Est-ce qu'il y a... Je comprends aussi, le ministre nous a
annoncé l'intention d'entreprendre l'étude de l'article 11. Est-ce qu'il y
a consentement pour entreprendre l'étude de l'article 11?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Benjamin) :
Consentement...
Le Président (M. Benjamin) :
…suspendre l'étude de l'amendement amendé présenté par le ministre à l'article
3 ainsi que l'article 3?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Benjamin) : Consentement.
Est-ce qu'il y a… Je comprends aussi le ministre nous a annoncé l'intention
d'entreprendre l'étude de l'article 11. Est-ce qu'il y a consentement pour
entendre l'étude de l'article 11?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Juste
pour être clair, M. le Président, je ne sais pas comment faire apparaître un
lapin de mon chapeau. Alors…
Une voix : …
Le Président (M. Benjamin) :
…allez-y, la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : Ah!
j'apprends des choses, M. le Président, j'apprends des choses. Alors, avec
votre permission, M. le Président, je déposerais un amendement pour remplacer
l'article 11 qui résume les discussions que nous avons eues en lien avec les
consultations et en lien avec les commentaires des collègues par rapport aux
discussions que nous avons eues depuis le début de la commission. Alors, il… Et
je crois envoyer par le biais des airs… Et se retrouve-t-il sur Greffier?
Le Président (M. Benjamin) :
Ah! c'est une nouvelle version.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors donc nous allons devoir, M. le ministre, suspendre quelques instants, le
temps de vous confirmer la réception de la nouvelle version.
(Suspension de la séance à 16 h 10)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. L'article 11
a bel et bien été déposé sur Greffier. M. le ministre, donc, on vous donne la
parole.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président. Donc, le nouvel amendement, alors : Remplacer l'article 11
du projet de loi par le suivant:
«Le ministre de la Justice doit, par
règlement, mettre en oeuvre un projet pilote visant à établir un tribunal
spécialisé afin de réserver un cheminement particulier aux poursuites qui
impliquent un contexte de violence sexuelle ou de violence conjugale, et ce,
dès le contact d'une personne victime avec un service de police.
«Dans le cadre de ce projet pilote :
1° le ministre peut, par règlement,
établir, au sein de la chambre criminelle et pénale de la Cour du Québec, une
division appelée «Division spécialisée en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale» qui entend toute poursuite qui implique un contexte de
violence sexuelle ou de violence conjugale;
«2° le règlement prévu au paragraphe 1°
peut cependant déterminer quels types de poursuites sont entendues par cette
division spécialisée lesquels peuvent varier en fonction de toute distinction
jugée utile, notamment en fonction des districts judiciaires;
«3° le ministre peut, par arrêté,
déterminer les districts judiciaires dans lesquels la division spécialisée peut
siéger;
«4° le Directeur des poursuites
criminelles et pénales doit identifier, à la lumière des faits et des
circonstances d'un dossier, si l'infraction criminelle alléguée implique un
contexte de violence sexuelle ou de violence conjugale et, le cas échéant et
sous réserve du règlement prévu aux paragraphes 1° et 2°, soumettre le dossier
à la division spécialisée;
«5° le ministre offre aux personnes
victimes des services intégrés et adaptés à leurs besoins lesquels doivent...
M. Jolin-Barrette :
...Directeur des poursuites criminelles et pénales doit identifier à la lumière
des faits et des circonstances d'un dossier si l'infraction criminelle alléguée
implique un contexte de violence sexuelle ou de violence conjugale et, le cas
échéant, sous réserve du règlement prévu aux paragraphes 1° et 2°, soumettre le
dossier à la division spécialisée;
5° le ministre offre aux personnes
victimes des services intégrés et adaptés à leurs besoins, lesquels doivent
inclure des mesures d'accompagnement à l'aménagement des lieux physiques afin
qu'ils soient sécuritaires et sécurisants et la coordination des dossiers;
6° le ministre privilégie le traitement
par un même procureur de toutes les étapes d'une poursuite;
7° le ministre est responsable de
s'assurer que les ministères et organismes concernés offrent de la formation
continue de base et spécialisée sur les réalités relatives à la violence
sexuelle et à la violence conjugale aux personnes susceptibles d'intervenir au
tribunal spécialisé, notamment les avocats de la défense, les procureurs, les
greffiers, les enquêteurs, les policiers, le personnel de la cour, les
interprètes et les intervenants sociaux;
8° le ministre doit préparer l'établissement
du tribunal spécialisé permanent visé à l'article 83.0.1 de la Loi sur les
tribunaux judiciaires (Chapitre T-16).
Donc, essentiellement, M. le Président, la
distinction entre le projet d'amendement que j'avais soumis à mes collègues au
début de la commission... ce sont les modifications qu'on est venus insérer
suite à l'étude... aux travaux de l'étude détaillée. Donc, vous aurez noté, le paragraphe
8° répond à une demande de la députée de Sherbrooke que, durant les projets
pilotes, je dois préparer l'établissement du tribunal spécialisé permanent visé
à l'article 83.0.1. Donc, pendant les projets pilotes, je travaille sur le
permanent. Ensuite, on est venus ajouter également le...
On est venus ajouter également les
discussions qu'on a eues dans le premier alinéa, et ce, dès le contact d'une
personne victime avec un service de police, suite aux discussions que nous
avons eues, pour établir le cheminement à partir de quand est-ce que le
tribunal spécialisé débute. Ça fait que dans le projet pilote, c'est le miroir
du tribunal permanent, donc dès le contact d'une personne victime avec un
service de police. Ensuite, on est venus ajouter au paragraphe 5° également ce
qu'on a rajouté dans l'article 3, donc «l'aménagement des lieux physiques afin
qu'ils soient sécuritaires et sécurisants et la coordination des dossiers».
Ensuite, à 7°, on est venus modifier, en lien avec les discussions qu'on a eues
sur la formation, donc : «Le ministre est responsable de s'assurer que les
ministères et organismes concernés offrent de la formation continue de base et
spécialisée sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence
conjugale aux personnes susceptibles d'intervenir au tribunal spécialisé,
notamment les avocats de la défense, les procureurs, les greffiers, les
enquêteurs, les policiers, le personnel de la cour, les interprètes et les
intervenants psychosociaux.» Puis 8°, comme je l'ai dit. Alors, on est venus
répliquer les dispositions miroir du tribunal permanent aux projets pilotes.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Est-ce que j'ai... Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 11? Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je m'excuse,
là, ce ne sera pas long, je suis prise dans mes boucles d'oreille. Et voilà.
Là, M. le Président, juste pour m'assurer
de la bonne démarche encore une fois, parce qu'on est allés de différentes
façons, là, depuis le début de l'étude, alors, à ce moment-ci, pour l'article
11...
Mme Melançon : …je m'excuse,
là, ce ne sera pas long, je suis prise dans mes boucles d'oreilles. Et voilà.
Là, M. le Président, juste pour m'assurer
de la bonne démarche, encore une fois, parce qu'on est allé de différentes
façons, là, depuis le début de l'étude. Alors, à ce moment-ci, pour l'article
11, comment souhaitez-vous que nous puissions procéder? Est-ce qu'on y va par paragraphe,
est-ce qu'on y va par alinéa? Juste pour que ce soit clair.
M. Jolin-Barrette : C'est un amendement,
donc 20 minutes sur l'ensemble.
Mme Melançon : Total. Parfait.
Alors, on peut… j'imagine qu'on peut débuter, M. le Président, par là où on
veut. Parce que, dans le fond, ici, on est dans le coeur aussi des discussions
que nous avons eues avec les différents groupes lorsqu'on était… donc lorsque
les groupes sont venus se faire entendre. Et lorsqu'on parlait du projet pilote,
à ce moment-là, moi, je me rappelle, d'où l'importance du deuxième paragraphe
du deuxième alinéa de l'article 3, quand on a parlé du projet pilote avec les
groupes. Je pense que, dans la tête de certains, certains y voyaient une année
de projet pilote, d'autres disaient : bien, peut-être que ça prendra un
peu plus. On a entendu le ministre, lors de l'étude du présent projet de loi,
dire : Trois ans de projet pilote.
Moi, ce que j'ai envie, puis, à ce
moment-ci, on n'a pas… ce n'est pas arrêté dans le temps. Ma vraie première question,
c'est de savoir, un projet pilote, d'abord, moi, je veux savoir, dans la tête
du ministre, c'est combien de temps?
• (16 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Bien, un projet
pilote… dans le fond, l'horizon dans lequel on compte les faire, c'est dans un
délai de deux ans, maximum trois ans, donc, à partir de l'adoption de la loi.
L'idée de faire en sorte de permettre d'avoir… Dans le fond, on va intégrer les
poursuites actuelles qu'il y a à l'intérieur du tribunal spécialisé, mais on
veut aussi avoir l'expérience d'une personne victime qui débute son cheminement
avec le tribunal spécialisé, hein, puis qui mène à terme son expérience. Alors,
généralement, ça peut être un processus qui s'étend plus longtemps, mais c'est
un minimum de deux ans, donc, pour avoir une bonne expérience. Puis le regroupement
des CAVACS, également, nous suggérait d'avoir un deux ans, également. Mais,
pour moi, c'est un maximum de trois ans.
Mme Melançon : Et là on entend
le ministre y aller ainsi, mais il n'y a rien, actuellement, ici, qui stipule
deux ans, maximum trois ans. Je pense qu'on va devoir, à un moment donné,
nommer la volonté du ministre, sans quoi… Parce que je comprends, là, que c'est
par règlement que le ministre veut mettre en oeuvre ce projet pilote. C'est de
l'habilitation réglementaire dont il est question ici…
Mme Melançon : …nommer la
volonté du ministre sans quoi… parce que je comprends, là, que c'est par
règlement que le ministre veut mettre en oeuvre ce projet pilote. C'est de
l'habilitation réglementaire dont il est question ici. Et par règlement, c'est
qu'on risque peut-être d'avoir d'autres surprises, et ce ne pas ce que nous
souhaitons, bien entendu. Puis je le répète, lorsque les groupes sont venus
ici, M. le Président, pour se faire entendre, dans la tête de plusieurs, puis
je vous le dis, là, hier, j'étais avec le centre des femmes de Verdun où tout
le monde avait compris la même chose. Il y avait un projet pilote, puis le
lendemain du projet pilote, là, qui était d'une durée, je vais y aller, là,
d'une durée de deux ans, parce que c'est ce qu'on avait entendu en grande
fréquence auprès des groupes. Mais après deux ans, à deux ans et un jour,
ce qu'on voyait, c'est que c'était pour être déployé sur l'ensemble du
territoire et dans tous les districts judiciaires, alors que ce n'est pas tout
à fait ce qui est écrit. Je le ramène au troisième article, au deuxième
paragraphe, deuxième alinéa, où s'est dit que par arrêté, ça peut être
différent. Donc, bon, le fait que ce soit par règlement, ça me cause un… bien,
pas un souci, mais en même temps, je me pose certaines questions. Ce
règlement-là, le ministre prévoit le sortir à quel moment après le projet de
loi?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, il faut que le projet de loi soit adopté pour que je puisse faire le
règlement rapidement. Dans le fond, lorsque les projets pilotes vont être… vont
pouvoir démarrer avec tout le monde, à ce moment-là on va pouvoir établir le
règlement, puis établir le règlement pour faire en sorte que dans tel district,
tel district, tel district, on démarre le projet pilote. Dans le fond, ça prend
la concertation des organismes, des acteurs du milieu judiciaire également. Ça
fait que ce que ça va nous permettre de faire aussi, c'est de dire : Bon,
bien, supposons que le projet de loi était adopté la semaine prochaine, puis
que dans trois semaines, on est prêt à démarrer, on va pouvoir démarrer à un
endroit x dans ce district-là. Si après ça, en début janvier, dans l'autre
district, ils sont prêts, bien, on va pouvoir prendre le règlement pour l'autre
district. Donc, les projets pilotes, on va les faire comme ça. C'est pour ça
qu'on y va par règlement.
L'autre point à votre question à
savoir : Bien, ce n'est pas indiqué le délai. Moi, je vous dis : Tu
sais, c'est un délai minimum de deux ans parce que pour tester les
différentes étapes, il faut pouvoir avoir la rétroaction en lien avec les
différentes étapes avec un certain nombre de victimes aussi qui auront vécu
chacune des étapes dans les différents districts, maximum trois ans.
Mme Melançon : Là, j'ai plein
de questions qui me viennent en tête, puis le ministre pardonnera la
méconnaissance du système de justice, mais en deux ans, combien de
victimes…
M. Jolin-Barrette : …en lien
avec les différentes étapes, avec un certain nombre de victimes aussi qui
auront vécu chacune des étapes dans les différents districts, maximum trois
ans.
Mme Melançon : Là, il y a
plein de questions qui me viennent en tête, puis le ministre pardonnera ma
méconnaissance du système de justice, mais, en deux ans, combien de victimes pense-t-il
qu'il pourrait… justement, on pourrait voir, dans un district judiciaire, par
exemple?
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
dépend des districts judiciaires qui sont choisis, mais, tu sais, le délai, en
matière de violence sexuelle, c'est 444 jours, alors, 444 jours, c'est, au
moins, un an et demi, ça fait que ça, c'est le délai médian, ça fait que tu as
la moitié des dossiers qui sont en haut de ça, la moitié qui sont en bas aussi,
mais, tu sais, ceux qui se rendent à procès, bien, c'est plus long aussi. Mais l'objectif
également des projets pilotes, du fait que les dossiers vont être sortis du
rôle régulier, ça va faire en sorte également, puis c'est un des objectifs des projets
pilotes, de faire en sorte d'aller plus rapidement puis c'est ce qui est
demandé également en violence conjugale, violence sexuelle, puisque ce sont ces
dossiers-là qui vont être traités. L'idée, c'est de raccourcir beaucoup les
délais. Donc, le délai de deux ans, c'est raisonnable pour évaluer tout comme
il faut. Puis, comme je vous disais tantôt, on va vouloir également insérer les
dossiers qui sont actuellement en cour aussi. Donc, tu sais, supposons, la
personne a déjà été arrêtée, là, puis, je ne sais pas, là, ils sont rendus au
troisième pro 5w format, mais on va vouloir le migrer vers le tribunal
spécialisé.
Mme Melançon : M. le Président,
j'aimerais savoir, le ministre entend avoir combien de projets pilotes, du
moins, dans combien de districts judiciaires?
M. Jolin-Barrette : Bien, on
aura des discussions notamment avec la cour, la direction de la cour, mais,
nous, on envisage d'avoir environ, je vous dirais, tout dépendant, là, mais
entre cinq et 10. Donc, je vous rappelle qu'il y a 36 districts judiciaires,
donc ça signifie qu'il y a environ le tiers des districts, ce qui signifie, ce
qui signifie que, pendant que ça fonctionne, ça veut dire qu'on va être en
moyen de travailler sur l'ensemble du Québec en même temps, déjà, dans les 10
districts, supposons, il y a déjà du travail qui va avoir été fait, puis là il
va rester les 20 quelques autres à mettre en place durant ces deux années-là,
en fonction de l'expérience des différents districts.
Mme Melançon : Et dans les
districts qui seront retenus, la volonté du ministre, est-ce que c'est de
pouvoir, dans chacun des districts, parler et de violence conjugale et de violence
sexuelle ou pourrait-il choisir un district juste pour de la violence sexuelle
puis un autre district juste pour de la violence conjugale?
M. Jolin-Barrette : Mon objectif,
c'est que les deux soient dans chacun des districts, donc à la fois violence
sexuelle et à la fois violence conjugale…
Mme Melançon : …un district
juste pour de la violence sexuelle puis un autre district juste pour de la
violence conjugale?
M. Jolin-Barrette : Mon objectif,
c'est que les deux soient dans chacun des districts, donc à la fois violence
sexuelle et à la fois violence conjugale.
Mme Melançon : Je peux peut-être
laisser…
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Qu'est-ce que qui
va guider le choix du ministre pour les cinq à 10 districts visés par les projets
pilotes?
M. Jolin-Barrette : Bien,
plusieurs choses, des discussions, notamment avec la Cour du Québec pour qu'on
travaille en collaboration là-dessus, deuxièmement, dans l'inoubliable rapport
Grenier qui a été déposé, ce qu'on nous recommandait, c'est d'avoir différentes
tailles de palais de justice, d'avoir différents volumes de dossier, également
d'avoir des caractéristiques régionales particulières, dont notamment des
milieux urbains, des milieux ruraux, milieux autochtones aussi.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Mais, si ma collègue veut continuer, elle peut continuer. Je veux dire, si ma collègue
de Sherbrooke veut continuer, je voulais juste signifier que je voulais prendre
la parole après.
Le Président (M. Benjamin) :
D'accord. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Est-ce que c'est
possible d'inscrire, dans l'article, le nombre de districts où il y aura des projets
pilotes et la durée maximale prévue pour les projets pilotes?
M. Jolin-Barrette : Sur le
nombre de districts, la réponse, c'est non parce que ça dépend…
Mme Labrie : …un nombre
minimal, disons, est-ce qu'on peut inscrire un nombre minimal de districts où
il y aurait des projets pilotes et une durée maximale de roulement des projets
pilotes?
M. Jolin-Barrette : Sur la
durée, on peut le faire, ça, on peut le faire. Sur le nombre de projets pilotes,
ça, par contre, non, parce qu'il faut réussir à discuter avec les intervenants
du milieu, notamment. Ça fait que, dans le fond, ça prend de la concertation,
ça fait que je ne peux pas… Tu sais, notre objectif, c'est entre cinq et 10,
mais je ne peux pas vous coulez ça dans le béton. Tu sais, toute notre
intention, c'est d'y aller, mais…
Mme Labrie : On ne peut pas
écrire, par exemple : Dans un minimum de cinq districts judiciaires?
M. Jolin-Barrette : Notre
objectif, c'est entre cinq et 10.
• (16 h 30) •
Mme Labrie : Mais moi,
j'accueille cinq et 10 positivement. Je ne ferai pas une bataille pour qu'il y
ait un minimum plus élevé que cinq. J'entends que l'objectif, c'était jusqu'à
10. C'est une bonne nouvelle. J'espère que ça va être réalisable d'en faire 10
parce que ça viendrait presque être entre le quart et le tiers des districts.
Mais je pense que, si, de toute façon, c'est ça, l'objectif du ministre dans
ses discussions avec les autres partenaires, avec la Cour du Québec, ce serait
vraiment une bonne idée d'inscrire que le projet pilote va être implanté dans
un minimum de cinq districts judiciaires. Ça laisse quand même énormément
de marge de manoeuvre. Ça peut être cinq, six, sept, huit, neuf, 10, 15, mais
il y aura toujours ce minimum-là. C'est doute façon l'intention du ministre.
Ça…
16 h 30 (version non révisée)
Mme Labrie : ...objectif du ministre
dans ses discussions avec les autres partenaires, avec la Cour du Québec. Ce
serait vraiment une bonne idée d'inscrire que le projet pilote va être implanté
dans un minimum de cinq districts judiciaires. Ça laisse quand même énormément
de marge de manoeuvre. Ça peut être cinq, six, sept, huit, neuf, 10, 15, mais
il y aura toujours ce minimum-là. C'est de toute façon l'intention du ministre.
Ça rassurerait énormément de gens. Puis, au niveau du délai, donc le maximum de
trois ans dont le ministre parlait, il est prêt à l'inscrire dans l'article,
c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Pour un
délai de trois ans, je suis prêt à la mettre, un délai maximal de trois ans.
Mme Labrie : O.K. Bien, en
tout cas, j'imagine qu'on va faire comme on a fait pour d'autres articles,
qu'on va dire toutes les choses qu'on veut voir pour amender l'article. Moi,
c'est deux choses que je veux voir là. Je veux voir le minimum de cinq
districts. Je veux voir la durée maximale. Et je voudrais voir aussi les
modalités d'évaluation du déroulement des projets pilotes. J'aimerais qu'on
puisse voir, dans l'article du projet de loi, comment on va faire pour assurer
le suivi des projets pilotes, par exemple que soit formé un comité réunissant
les partenaires pour évaluer le déroulement des projets pilotes tout au long du
processus.
M. Jolin-Barrette : Oui. Sur
la question du suivi des projets pilotes, nous, MJQ, on va les suivre, comment
ça fonctionne, mais aussi, on va avoir recours à des gens qui vont pouvoir nous
dresser un portrait de savoir... qui vont être chargés de l'évaluer, dans le
fond, comment ça fonctionne, qu'est-ce qu'il y a à améliorer, c'est quoi, le
suivi rattaché à ça, là, qu'est-ce qu'il faut ajuster dans le cadre des
expériences qui sont vécues dans le cadre des projets pilotes.
Mme Labrie : Ce comité-là, est-ce
qu'il va y avoir des victimes? Est-ce qu'il va y avoir des groupes qui
représentent les victimes, qui offrent des services aux victimes?
M. Jolin-Barrette : Bien, ce
n'est pas... l'évaluation, ce n'est pas le... ce n'est pas un comité qui fait
l'évaluation, c'est des personnes qu'on va désigner pour recueillir, pour faire
ce travail-là. Mais il y aura une table de discussion, une table de suivi avec
les partenaires pour le suivi... dans le fond, pour le suivi du tribunal
spécialisé. Donc...
Mme Labrie : On peut
officiellement créer cette table de suivi dans le projet de loi en l'inscrivant
dans cet article-là sur les projets pilotes, d'ajouter une ligne qui dit que le
ministre crée une table de suivi réunissant les partenaires pour évaluer les
projets pilotes.
M. Jolin-Barrette : Bien, la
table, elle existe déjà. On l'a déjà créée avec les différents partenaires. Donc,
vous avez le groupe de travail qui poursuit ses travaux avec les différents intervenants
qui sont plus, je vous dirais, étatiques. Et on a créé également une table de
suivi avec les différents intervenants, les différents groupes, notamment les
fédérations d'hébergement, les... les CAVAC, les CALACS, donc avec tous les
partenaires. Donc, la table, elle est là, puis ils vont pouvoir nous donner
leurs commentaires en lien avec l'implantation.
Mme Labrie : Donc, puisqu'elle
existe, le ministre me le confirme, est-ce qu'on...
M. Jolin-Barrette : …et on a
créé également une table de suivi avec les différents intervenants, les
différents groupes, notamment les fédérations d'hébergement, les… les CAVAC,
les CALACS, donc avec tous les partenaires. Donc, la table, elle est là, puis
ils vont pouvoir nous donner leurs commentaires en lien avec l'implantation.
Mme Labrie : Donc, puisqu'elle
existe, le ministre me le confirme, est-ce qu'on peut inscrire dans la loi que
le ministre confie l'évaluation ou le suivi du déroulement des projets pilotes
à cette table-là?
M. Jolin-Barrette : Non,
parce que ce n'est pas eux qui vont évaluer. Dans le fond, c'est une table qui
est consultative, qui va permettre de donner leurs commentaires, mais ce n'est
pas une table d'évaluation. Dans le fond, on va pouvoir évaluer…
Mme Labrie : Est-ce qu'on peut
inscrire que le ministre confie à cette table de faire le suivi de
l'implantation des projets pilotes? Parce qu'il n'y a rien en ce moment qui le
dit. Moi, j'entends l'intention du ministre que des gens se penchent sur
l'implantation du projet pilote, mais je pense qu'on peut… qu'on devrait le
formaliser, dans l'article, ici, qui va s'en occuper, surtout que la table,
elle existe déjà.
M. Jolin-Barrette : Je vais
le prendre en délibéré.
Mme Labrie : J'aime ça quand
le ministre dit ça, parce qu'il a tellement démontré d'ouverture jusqu'à maintenant,
quand il a pris des choses en délibéré, il les a incluses dans le projet de loi.
Ça va pour l'instant. Je vais laisser…
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
M. Jolin-Barrette : …à
l'écoute, M. le Président, et que je réponds aux demandes des oppositions.
Mme Labrie : …à de nombreuses
reprises, y compris en point de presse jeudi. Le ministre démontre beaucoup
d'ouverture, et on l'apprécie pleinement.
M. Jolin-Barrette : Vous
devriez faire juste des points de presse qui disent ça.
Mme Labrie : Ça me fait
plaisir de le réitérer encore là.
M. Jolin-Barrette : Juste des
points de presse juste qui disent ça. Là-dessus, je serais prêt à suspendre la
commission juste pour ça.
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, nous poursuivons avec la ministre… la députée de Joliette, pardon.
Mme
Hivon
: Oui,
quand le ministre parle d'une période maximale de trois ans, justement, est-ce
que ça comprend la période d'évaluation, c'est-à-dire que ce n'est pas juste
qu'on déploie l'affaire, mais on a évalué les projets pilotes?
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
l'évaluation se fait en continu, des différents projets pilotes. Donc, c'est
sûr que, tu sais, si le projet pilote se termine à trois ans, bien,
l'évaluation, on va l'avoir, tu sais, en… Bien, l'évaluation est intégrée. Ça
fait que, tu sais, nous, notre objectif, là, c'est même de ne pas
nécessairement attendre le trois ans avant de démarrer les projets pilotes à la
grandeur. Ça fait que, tu sais…
Mme
Hivon
: …
M. Jolin-Barrette : Pardon?
Mme
Hivon
: Le
projet à la grandeur, c'est ça.
M. Jolin-Barrette : Pardon,
le projet permanent à la grandeur du Québec. Ça fait que l'idée, tu sais, c'est
d'avoir l'évaluation en continu.
Mme
Hivon
: O.K.
Donc, ce n'est pas un trois ans. Plus, vous comprenez qu'on ne se met pas à
déployer tout de suite après les projets pilotes parce qu'il faut évaluer…
M. Jolin-Barrette :
…tactile.
Mme
Hivon
:
…
M. Jolin-Barrette :
Pardon?
Mme
Hivon
:
Le projet à la grandeur, c'est ça.
M. Jolin-Barrette :
Pardon, le projet permanent à la grandeur du Québec. Ça fait que l'idée, tu
sais, c'est d'avoir l'évaluation en continu.
Mme
Hivon
:
O.K. Donc, ce n'est pas un trois ans. Plus, vous comprenez qu'on ne se met pas
à déployer tout de suite après les projets pilotes parce qu'il faut évaluer,
voir ce qui a marché et qui n'a pas marché. Au bout de trois ans, on va avoir
nos données, notre évaluation, l'expertise qui va avoir évalué va être déjà
entrée, donc on va être prêt à déployer.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, tu sais, l'objectif, ce n'est pas : les projets pilotes, puis là, on
s'assoit pendant deux ans, puis là, on regarde aller. Dans le fond, c'est au
fur et à mesure : il y a quelque chose qui ne marche pas, on l'ajuste. On
l'ajuste partout pour ne pas arriver, tu sais, dire : Il y a eu le projet
pilote pendant deux ans, puis là, bien oui, c'est vrai, ça, ça n'a pas marché,
ou telle autre chose, ça a marché, ou… Ce n'est pas comme… Puis c'est un
processus continu puis c'est un processus avec une rétroaction. Tu sais, dans
le fond, on documente ce qui fonctionne mais aussi on va ajuster des choses.
Supposons qu'il y a des éléments dans les projets pilotes qui sont mis en
oeuvre, qui ne fonctionnent pas, on n'attendra pas au bout de deux ans pour l'ajuster,
c'est ça, le but.
Mme
Hivon
:
…d'entendre ça. Donc, je pense, c'est vraiment la bonne manière de faire. Puis
je suis vraiment contente de voir ça. Ça fait que vous allez être toujours en
évolution pour que ce soit optimal comme implantation puis qu'on s'ajuste aux
écueils qu'on rencontre puis aux besoins auxquels on veut répondre.
M. Jolin-Barrette : …ça
va avec la proposition qu'on vous fait au paragraphe 8 : «Le ministre
doit préparer l'établissement du tribunal spécialisé permanent visé à
l'article 83.0.1 de la Loi sur les tribunaux judiciaires.» Donc, tout est
dans tout.
Mme
Hivon
:
C'est vraiment un bon ajout. Quelle bonification qui nous permet de voir que
tout est dans tout.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, c'était déjà dans mon intention. Mais mon objectif, c'est de
satisfaire mes collègues des oppositions, alors pour y arriver, M. le
Président, je suis prêt à tout.
Mme
Hivon
:
Et surtout d'avoir le meilleur projet de loi parce que…
M. Jolin-Barrette :
Bien, moi, je le trouve très, très bon, le projet de loi. Je comprends que,
parfois, on veut différentes choses.
Mme
Hivon
:
…Ça fait que ça, est-ce que, si le ministre est prêt à… Moi, j'aimerais ça que
ce soit spécifié, je fais juste le dire. Parce qu'il y a comme deux types de
projets pilotes dans la vie. Il y a ceux où on part, on regarde l'affaire aller
puis après, on évalue. Moi, j'aimerais ça, si le ministre a donc l'intention
d'inscrire la durée maximale des projets pilotes, que ça inscrive
spécifiquement «y compris l'évaluation en continu» ou comme il voudra l'écrire.
Ensuite de ça, le ministre parle vraiment,
dans l'article, d'un projet pilote. J'imagine qu'évidemment, un projet pilote,
c'est le vocable général mais qu'il va se déployer en plusieurs projets
pilotes. Donc, ce n'est pas nécessaire d'aller inscrire qu'il va se décliner en
plusieurs projets pilotes. Mais la collègue a fait la suggestion…
Mme
Hivon
:
…l'article, là, d'un projet pilote, j'imagine qu'évidemment un projet pilote,
c'est le vocable général, mais qu'il va se déployer en plusieurs projets
pilotes, donc ce n'est pas nécessaire d'aller inscrire qu'il va se décliner en plusieurs
projets pilotes. Mais la collègue a fait la suggestion, moi, je pense que ce
serait vraiment intéressant de le dire aussi, qu'il va y avoir… C'est parce
qu'en fait comment c'est écrit, c'est «dans le cadre de ce projet pilote». Le ministre
ne dit pas «dans le cadre des projets pilotes», donc, à la lecture même, ce
n'est pas clair.
M. Jolin-Barrette :
L'habilitation permet d'y aller de deux façons, puis on l'a volontairement
écrit de cette façon-là pour faire en sorte que, dans le fond, je pourrais
adopter un règlement général sur un projet pilote qui couvre les 10 districts,
supposons. Supposons que, sur les projets pilotes, on est tous prêts en même
temps, bien, on le met dans un puis on cadre ça.
L'autre élément, supposons que j'ai des
districts qui ne sont pas prêts en projets pilotes, ça me permet d'adopter,
supposons, 10 règlements différents pour faire en sorte de les partir un à la
suite de l'autre. Tu sais, dans le fond, ça donne cette flexibilité-là. La
façon que c'est libellé, ça me permet d'avoir les deux options.
Mme
Hivon
: …ce projet
pilote. Parce que c'est ça, je pensais l'inverse, je pensais que c'était écrit
«les projets pilotes», qu'il y aurait plus de flexibilité.
• (16 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Non,
bien, parce que, dans le fond, ça me permet d'avoir des règlements distincts.
L'habilitation législative me permet, dans le fond, supposons que j'avais un projet
pilote x, dans le fond, puis lui, il est prêt au mois de décembre, bien, lui,
je le pars, puis ça me permet, au mois de janvier, supposons, d'adopter un
autre règlement pour l'autre projet pilote.
Mme
Hivon
: J'ai
une autre question, mais, si c'est là-dessus, je peux laisser aller ma collègue.
Le Président (M. Benjamin) :
J'avais la députée de Verdun, dans un premier temps. Ensuite, Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. C'est indiqué, dans le fond, que le ministre… bien, qu'il va y avoir
des choix, là, qui seront faits, à savoir… c'est aux deuxième paragraphe,
troisième alinéa, «le ministre peut, par arrêté, déterminer les districts
judiciaires dans lesquels la division spécialisée peut siéger». Donc, ça, ce sera
donc par règlement. Moi, j'aimerais savoir comment est-ce qu'on va faire pour
choisir les districts judiciaires? Comment le ministre va-t-il déterminer dans
quels districts judiciaires il y aura ces projets pilotes?
M. Jolin-Barrette : Bien, plusieurs
éléments. On va s'asseoir, dans un premier temps, avec la direction de la Cour
du Québec, pour les différents districts. Ce qu'on souhaite, notamment, c'est
différentes tailles de palais de justice, différents volumes de dossiers, des caractéristiques
régionales. Donc, urbain, rural. Également, un avec présence de communauté
autochtone.
Mme Melançon : Alors, à ce
moment-ci, M. le Président, je ne sais pas si je peux faire une proposition au
ministre, mais je crois qu'on devrait peut-être retrouver certains des éléments
qui, bien sûr, seront dans le règlement. Mais, quand même…
M. Jolin-Barrette :
...également un avec présence de communautés autochtones.
Mme Melançon : Alors, à
ce moment-ci, M. le Président, je ne sais pas si je peux faire une proposition
au ministre, mais je crois qu'on devrait peut-être retrouver certains des
éléments qui, bien sûr, seront dans le règlement. Mais, quand même, de
mentionner ici, à l'intérieur du projet de loi directement, qu'il y aura, justement,
une volonté de la part du ministre... Parce que, là, pour le reste, à partir du
moment où on aura adopté l'article 11, on y va un peu à l'aveugle parce
que les règlements, M. le Président, vous savez, hein, lorsqu'on parle
d'habilitation réglementaire, c'est que nous, on ne revoit pas nécessairement
comme ça, en commission, chacun des règlements.
Moi, je pense que, si on était capables
d'aller un peu plus loin pour définir quelle est la volonté, justement, du ministre,
qu'on puisse avoir tant du rural que de l'urbain, et de savoir qu'on veut avoir
le nombre de dossiers. Puis comme ça, bien, ça va... Parce que, là, on est en
train de parler, je vais y aller avec le fond de ma pensée, là, on est en train
de parler du judiciaire, puis je ne voudrais pas qu'on puisse politiser le
judiciaire. Mais non, mais c'est très vrai. À ce moment-ci, on va déterminer par
règlement, puis ça, c'est le ministre qui le fera, dans quel district
judiciaire il va y avoir des tribunaux spécialisés. Moi, je pense que ça nous
prend quand même l'indication du côté du ministre de nous dire : Bien,
oui, on veut avoir et de l'urbain et du semi-urbain puis on veut avoir des
endroits où il va y avoir plus de dossiers. Moi, je veux savoir qu'est-ce qu'a
le ministre derrière la tête quant au choix des districts judiciaires. Parce
que c'est immense, quand même, qu'on puisse introduire ici... Puis on en parle
depuis le début, là, de la division des pouvoirs entre l'exécutif, le
législatif puis le juridique.
Mais là on s'en va quand même sur une voie
où c'est : «Le ministre peut, par arrêté — c'est ce qui est
indiqué, là, déterminer les districts judiciaires dans lesquels la division
spécialisée peut siéger.» Moi, j'ai besoin de connaître, dans le fond, qu'est-ce
qui va déterminer le choix de ces districts-là. Et tel que mentionné, là, au
deuxième paragraphe, troisième alinéa, on ne sait pas qu'est-ce qui va, dans le
fond, diriger le choix du ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, je vous l'ai déjà dit, c'est les critères qui sont prévus au
groupe de travail, qui ont été énoncés par le groupe de travail. Donc,
l'important dans le cadre des projets pilotes, c'est notamment les différents
districts, la taille, la grosseur, présence de communautés autochtones, disponibilité
du personnel...
M. Jolin-Barrette : …au groupe
de travail, qui ont été énoncés par le groupe de travail. Donc, l'important,
dans le cadre des projets pilotes, c'est notamment les différents districts, la
taille, la grosseur, présence de communautés autochtones, disponibilité du
personnel, que les gens soient formés, tu sais, il faut déjà développer tout
ça, puis il faut travailler aussi avec les organismes locaux aussi. Ça fait
qu'il y a certains endroits qui vont être prêts à partir beaucoup rapidement.
Ça fait qu'on va identifier ces différents districts-là. Mais je comprends
votre suggestion, mais dans le cadre de la Loi sur les tribunaux judiciaires,
ce n'est pas l'endroit pour indiquer tous les types de critères qui doivent
être rencontrés parce que ça prend une certaine flexibilité aussi pour faire en
sorte que ça se fasse aussi. Donc, comme je vous le dis, on va concerter tout
le monde pour les démarrer, puis pour le mettre en place.
Mme Melançon : Donc, M. le
Président, je comprends que des critères comme ceux-là… est-ce qu'on a d'autres
exemples de choix de districts judiciaires comme ça quand on veut faire des
projets pilotes ou ça reste tout simplement…? Dans le fond, là, ça sera le
choix du ministre, là.
M. Jolin-Barrette : Mais,
exemple, généralement, quand on fait les PAJSM, les programmes de justice en
santé mentale, généralement, c'est le milieu qui est prêt à les faire. Donc,
là, à ce moment-là, le MJQ donne suite à la demande, fournit les ressources,
tout ça. Là, on se retrouve dans une situation où il faut avoir une discussion notamment
avec la cour pour ça fonctionne, et faire en sorte aussi que dans certains
districts, on puisse l'implanter puis que les organismes soient disponibles,
puis qu'il y ait une concertation aussi.
Mme Melançon : Ça me mène à
une autre question, puis je vais y revenir parce que j'ai quelques petites
vérifications à faire. Concernant les projets pilotes, là, le ministre vient de
me dire, dans le fond, qu'il y a des endroits où les projets pilotes vont être
prêts avant d'autres, puis on le sait, puis on a entendu des groupes, là, qui
nous disaient : Bien, nous autres, on est déjà concertés, puis on est prêt
à partir dans notre région. Puis je pense que le ministre les connaît ces
régions-là qui veulent lever la main pour recevoir rapidement un projet pilote.
Prenons l'exemple où on a
cinq projets pilotes. Si mon cinquième projet pilote démarre à la fin de
l'année 2022, mon trois ans m'amène à la fin de 2025?
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est de la sanction de la loi. Donc, exemple, la loi est sanctionnée vendredi,
cette semaine, supposons, c'est une situation hypothétique et fictive,
supposons que c'est vendredi cette semaine, il n'en appartient qu'à vous,
vendredi, cette semaine, donc vendredi c'est quoi? C'est le 12 novembre.
Ça fait que 12 novembre 2024. Donc, voyez, moi, la pression que j'aie de
pouvoir organiser tout rapidement. Donc, le délai, c'est trois ans à
partir de la sanction.
Mme Melançon : Trois ans…
M. Jolin-Barrette :
…vendredi, c'est quoi, c'est le 12 novembre, ça fait que 12 novembre
2024.
Donc, voyez, moi, la pression que j'ai de
pouvoir organiser tout rapidement, donc le délai, c'est trois ans à partir de
la sanction.
Mme Melançon : …à partir
de la sanction, donc il y a des projets pilotes qui pourraient être d'une durée
beaucoup plus courte. Parce que si j'ai un projet pilote qui démarre… Parce que
vous l'avez vous-même, là : Il y a des projets pilotes qui vont pouvoir…
qui pourraient démarrer aux Fêtes. Puis il y en a d'autres qui ne seront pas nécessairement
prêts, mais qui vont démarrer peut-être en juin ou peut-être en septembre 2022.
C'est possible, ça.
M. Jolin-Barrette :
Donc, ça donne un minimum de deux ans.
Mme Melançon : Donc, ça
leur donne environ deux ans, en effet.
M. Jolin-Barrette :
Donc, comme je vous ai dit, tantôt, l'objectif, c'est que ça soit minimum deux
ans pour bien l'évaluer, pour bien, tu sais, voir toutes les différentes
étapes, ça fait que c'est ça, l'objectif. Mais, tu sais, du fait que ça rentre
en vigueur à la sanction de la loi, tu sais, supposons, un délai de trois ans…
Puis là je comprends que vous souhaitez avoir un délai écrit dans la loi.
Mme Melançon : …
M. Jolin-Barrette :
Donc, ça aussi, on le prend en délibéré. Donc, ça va permettre, un, de, nous,
nous mettre une pression - ce que vous souhaitez aussi, j'imagine - et que ça
procède rapidement, qu'on aille de l'avant.
Mme Melançon : Donc… Je
continue juste… Parce que je veux juste être sûre de bien, bien, bien
comprendre, là. Ça veut dire que si on a un minimum de deux ans, c'est ce qu'on
dit, là, pour voir…
M. Jolin-Barrette :
…c'est un minimum de deux ans pour voir les différentes étapes.
Mme Melançon : Donc, ça
veut dire qu'un projet pilote ne pourrait pas démarrer… Parce que si tu as le
cinquième, là, projet pilote, là on cherche, on cherche un district judiciaire,
là, puis qu'on arrive l'année prochaine à pareille date, puis que je ne l'ai
pas mon cinquième. Il ne pourra démarrer après l'année de sanction si on veut
atteindre le maximum de trois ans. C'est ce que je comprends?
M. Jolin-Barrette :
Votre enjeu, c'est, supposons, il n'était pas démarré vendredi le
12 novembre 2022…
Mme Melançon : Ou le 20
ou le 26…
M. Jolin-Barrette :
C'est ça.
Mme Melançon : …pour
l'année suivante. Oui, tout à fait.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mais, dans le fond, il y aurait un plus petit délai. Mais ce que je veux dire…
Il y aurait un plus petit délai associé à l'expérience pilote, mais si ça
fonctionne, il n'y a rien qui va nous empêcher de le permanentiser, là. Tu
sais, parce que l'objectif, c'est de permanentiser le tout. Tout est fait pour
aller rapidement, pour les mettre en place rapidement avec des pilotes
rapidement, mais qu'au bout de trois ans, on s'en va vers les projets
permanents.
Donc, vous avez déjà votre garantie que le
projet pilote, c'est trois ans max. Mais il n'y a rien qui empêche que dans la
dernière année, en 2024, si tout est prêt, puis on dit «O.K., on est prêts à
partir», c'est permanent.
• (16 h 50) •
Mme Melançon : Je vais
laisser…
Le Président (M. Benjamin) :
J'ai la députée de Sherbrooke, ensuite… suivie de la députée de Joliette.
Mme Labrie : Oui. Quand
ma collègue de Joliette a posé…
M. Jolin-Barrette : …mais il
n'y a rien qui empêche que, dans la dernière année, en 2024, si tout est prêt…
puis on dit : O.K., on est prêts à partir, c'est permanent.
Une voix : Je vais laisser…
Le Président (M. Benjamin) :
J'ai la députée de Sherbrooke, ensuite, suivie de la députée de Joliette.
Mme Labrie : Oui. Quand ma collègue
de Joliette a posé une question au ministre, ça m'a… la réponse du ministre m'a
amené une autre question. Dans le fond, le ministre veut se donner la possibilité
de démarrer les 10 projets pilotes séparément. Est-ce qu'il a l'intention
de tester différents modèles dans chacun des projets pilotes ou il veut tester
le même type de modèle dans l'ensemble des districts dans lesquels il va y
avoir des projets pilotes?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond… Et oui, c'est le même modèle. Tu sais, nous, on veut avoir… Sur
le fond, c'est le même modèle, VC, VS, violence sexuelle, violence conjugale.
Dans certains districts, il y a certaines particularités de… notamment,
relativement aux infractions criminelles qui y sont traitées, plus de type de
dossiers. Je donnais l'exemple, dans un certain district, il y a plus de cas
d'inceste. Ça fait que nécessairement les organismes qui vont collaborer, ils
vont avoir une particularité régionale associée à ça. Ça fait qu'on va, bien
sûr, qu'on va prendre la réalité terrain pour ajuster. Puis à la lumière de
l'expérience qu'il va y avoir, supposons, développée dans ce district-là,
supposons, sur cette infraction-là de cas d'inceste, on va pouvoir incorporer
dans le tribunal permanent ou, même en cours de route, de dire : Aïe! ça,
cette façon-là de fonctionner pour les personnes victimes, ça fonctionne bien,
on devrait l'étendre à la grandeur des projets pilotes, à la grandeur du Québec
aussi. Ça fait qu'est-ce que c'est un cadre imperméable? La réponse, c'est non.
Tu sais, dans le fond, c'est justement l'objectif du projet pilote de dire
quelles sont des pratiques qu'on peut incorporer qui vont bénéficier à la
grandeur, puis qu'est-ce qui ne fonctionne pas, puis qu'est-ce qu'on peut
ajuster aussi, c'est ça.
Mme Labrie : …si le ministre
choisit un des deux scénarios qui était de les démarrer plusieurs en même
temps, il va y avoir, ça ne sera pas nécessairement uniforme dans les projets
pilotes, il va y avoir une certaine forme de souplesse puis ils vont pouvoir
aussi prendre des cheminements différents selon l'évolution du projet pilote
qui est appliqué dans chacun des districts, qui vont pouvoir tester des choses
différentes dans chacune de leur côté.
M. Jolin-Barrette : Vous avez
tout à fait raison. Parce que dans chacun des districts, ce n'est pas le même
type de clientèle, ce n'est pas le même type fonctionnement, supposons, ce
n'est pas le même volume aussi. Ça fait que, tu sais… Puis c'est pour ça, les
grands districts, plus petits, composantes autochtones, ce n'est pas du
mur-à-mur. Donc, c'est la flexibilité que ça amène pour avoir les meilleures
pratiques.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Moi,
je pense que le ministre nous les nomme clairement, là, les critères. Vu qu'on
ne verra pas le règlement puis que c'est comme central au démarrage du projet
puis tout ça, il me semble que ce serait intéressant de voir les catégories,
c'est-à-dire les éléments, la taille, le volume, tu sais, la taille du
district, le volume, ce qui va le guider dans le choix d'un district, je pense
que ça le protège et ça protège…e
Mme
Hivon
: …au
démarrage du projet puis à tout ça, il me semble que ce serait intéressant de
voir les catégories, c'est-à-dire les éléments, la taille, le volume, tu sais,
la taille du district avec le volume, ce qui va le guider dans le choix d'un
district, je pense que ça le protège et ça protège tout le monde, parce que ça
se peut qu'il ait du monde puis pas mal de monde qui soit déçu de ne pas faire
partie des projets pilotes, et donc d'expliquer c'est quoi, le processus qui va
mener au choix des projets pilotes, premier élément. Je pense que ce serait un
plus de le voir dans la loi.
L'autre élément, c'est que le ministre, lui-même,
l'a dit qu'évidemment il ne fera pas ça tout seul, il va faire ça en
concertation avec la Cour du Québec. On se rappelle que Mme Corte et Mmes
Desrosiers ont soulevé ça de manière générale, dans le cadre de ce qu'on a
discuté à l'article 3, l'enjeu qu'elles voyaient comme potentiellement une
atteinte à l'indépendance institutionnelle du fait que le ministre choisissait
les districts, parce que, selon leur argument, ça pouvait amener à forcer la
cour, dans le fond, dans l'assignation des juges, puis là le ministre nous
explique : Bien, je ne suis pas en train de dire que c'est l'assignation
des juges parce que c'est juste des districts. Je ne veux pas qu'on fasse tout
le débat constitutionnel ici, je veux juste qu'on prenne acte que c'est un
argument qui nous a été soumis.
Puis pour essayer toujours de diminuer les
irritants, est-ce qu'on ne pourrait pas écrire noir sur blanc que «le ministre
va faire ça en concertation avec la Cour du Québec ou, minimalement, après
avoir consulté la Cour du Québec»? Donc, tout le monde, saurait que ce choix-là
des projets pilotes, des districts, ça va vraiment se faire de manière
concertée, ça fait que je pense qu'on s'enlève un double irritant, à la fois
sur l'indépendance institutionnelle et sur le fait que chacun pourrait
travailler en silo. On me dit que ça s'est déjà vu que ce soit écrit.
M. Jolin-Barrette : Mais je
vais faire un commentaire puis ensuite je vais répondre à la question. Je veux
être très, très clair, les parlementaires… le législateur à l'Assemblée
nationale a toute la légitimité d'organiser les tribunaux de la façon dont le
législateur le souhaite. C'est une compétence constitutionnelle de l'administration
de la justice qui est confiée au gouvernement du Québec à l'Assemblée nationale.
O.K. Il y a beaucoup de choses qui ont été dites, beaucoup de choses à tort et
à travers, beaucoup de choses, beaucoup de choses. J'ai peu fait de commentaires,
O.K., relativement à tout ça parce que, moi, je souhaite que, profondément, le tribunal
spécialisé voie le jour puis que ça fonctionne, ça fait que ça, c'est mon
souhait puis c'est mon désir, ça amène à trouver des voies de passage, des
voies de solution…
M. Jolin-Barrette : …j'ai peu
fait de commentaires, O.K., relativement à tout ça, parce que moi, je souhaite
profondément le tribunal spécialisé voie le jour et que ça fonctionne. Ça fait
que ça, c'est mon souhait puis c'est mon désir.
Ça amène à trouver des voies de passage,
des voies de solution. Alors, votre suggestion, je vais y penser, je vais la
prendre en délibéré, mais je tiens à réitérer fondamentalement que, dans notre démocratie,
ça prend un équilibre. Tous les gens ici, autour de la table, là, ils ont un
mandat électif des citoyens du Québec. Puis de la façon que ça fonctionne, dans
notre démocratie, c'est qu'il y a du monde élu qui font des lois. Il y en a
certains qui se retrouvent au pouvoir exécutif et qui tirent leur légitimité démocratique
de leur élection. On voulait juste ramener ça pour… toute chose étant égale, par
ailleurs, puis bien cerner le débat sur l'important travail que nous faisons,
actuellement.
Mais sur votre suggestion, donc, je
comprends que c'est après consultation, je vais y penser, puis je vais le
prendre en délibéré, puis je vais vous revenir.
Mme
Hivon
: J'ai
bien entendu les propos du ministre de manière générale. Ceci dit, le ministre
lui-même a dit, évidemment, qu'il s'assoirait avec la Cour du Québec, là, je
pense qu'on en est tous conscients, que, pour que le démarrage des projets
pilotes puisse se faire correctement, ça va prendre une concertation, puis dans
le choix des districts aussi. Puis le ministre le disait tantôt, par exemple,
avec le Page SM tout ça, souvent, c'est des initiatives qui viennent de
districts qui sont prêts, et donc de la cour soutenue par le ministère. Donc
là, on a un processus qui peut être différent.
M. Jolin-Barrette : …spécification
sur mes propos, ici, là. La consultation, ça peut être une bonne chose. Mais
quand vous consultez, ça doit être bilatéral, hein, les différentes
initiatives. Alors, vous avez bien beau mettre une obligation dans la loi, de
consultation, il faut que tous les partenaires soient conscients de
l'importance de travailler ensemble. Et lorsqu'il y a des travaux à faire dans
le système de justice, il faut que l'ensemble des partenaires se consultent,
réciproquement, d'une façon synallagmatique, comme on apprenait.
• (17 heures) •
Mme
Hivon
: Mais
j'entends bien tout ce que le ministre dit. Je pense que tout le monde veut que
ça marche, puis, je veux dire, dans le passé, j'amenais l'exemple des Page SM,
qui est un programme, donc, en santé mentale. C'est venu d'initiatives de la
cour. Donc, je veux dire, il y en a eu, des initiatives pour des… une justice
adaptée. Comme je le dis souvent, on l'adapte selon les caractéristiques de la
personne qui est accusée. Parce que souvent, on est…
17 h (version non révisée)
Mme
Hivon
:
…qui est un programme, donc, en santé mentale. C'est venu d'initiatives de la
cour. Donc, je veux dire, il y en a eu, des initiatives pour des… une justice
adaptée. Comme je le dis souvent, on l'adapte selon les caractéristiques de la
personne qui est accusée. Parce que souvent, on est à la limite de la réalité
judiciaire et la réalité, je dirais, psychosociale. Donc, on le voit en
itinérance, on le voit en toxicomanie puis on le voit en santé mentale. Alors,
moi, j'ai bon espoir qu'on peut voir ce même genre de synergies là émaner
évidemment pour le tribunal spécialisé. Ça fait que je pense que ce serait un
plus de parler de concertation ou de consultation. Je pense, concertation,
c'est encore mieux. Mais je vous laisse voir ce qu'il en est.
Et je pense même qu'on pourrait envisager
quelque chose qui dirait comme «Le ministre peut, par arrêté et de manière
concertée», je le dis juste pour dire ce que j'ai en tête, «déterminer, de
manière concertée, avec la Cour du Québec ou avec les autorités de la Cour du
Québec, déterminer les districts judiciaires dans lesquels la division
spécialisée peut siéger. Dans le choix des districts, il sera guidé par», tac,
tac, tac, donc la taille, le volume, la diversité des territoires. Ça fait que
je dis ça comme ça. Je pense qu'on pourrait inclure ça dans le 3°.
L'autre chose que je voulais savoir, c'est…
Je vais juste attendre. C'est parce que j'ai une question technique. Donc,
l'autre chose que je voulais savoir, c'est quand le ministre dit, mettons, cinq
à 10 projets pilotes dans cinq à 10 districts, est-ce que… Mettons
qu'il dit : Le district… est-ce que c'est palais de justice qu'il veut
dire ou c'est district judiciaire? Tu sais, palais de justice, c'est les
centres et points de service. Parce que, des fois, dans un district, ça peut
être différent. Ou c'est, dans son esprit, le district au complet, un palais de
justice?
M. Jolin-Barrette :
…judiciaire.
Mme
Hivon
:
C'est le district. Donc, est-ce que ça peut être… mettons qu'il y a plus qu'un
point de service dans le district.
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans le fond, ça pourrait s'appliquer dans plus qu'un palais dans le
district mais ça va être le même projet pilote.
Mme
Hivon
:
Ça serait un seul,
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon
:
C'est ça. Puis est-ce qu'automatiquement, s'il y a plus qu'un point de service
dans le district, tous embarqueraient dans le projet pilote? Ou ça peut être
une entité dans le district?
M. Jolin-Barrette : Non,
pas nécessairement, parce que ça dépend. Tu sais, des palais dans le district
judiciaire, est-ce que… Parce que ça demande, dans le fond, différentes
ressources associées. Ça fait que, tu sais, ce qu'on veut faire, c'est entre
cinq et 10 districts judiciaires comme projet pilote. Mais ça ne veut pas
dire que dans le district, tous les palais vont avoir cet outil-là. Puis dans
les faits, dans les faits, ça arrive bien souvent que s'il y a plusieurs
palais, il y a certains types de poursuites qui sont dirigés vers un palais
précis…
M. Jolin-Barrette : …ce qu'on
veut faire, c'est entre cinq et 10 districts judiciaires, comme projets pilotes,
mais ça ne veut pas dire que, dans le district, tous les palais vont avoir cet
outil-là. Puis, dans les faits, ça arrive bien souvent que, s'il y a plusieurs
palais, il y a certains types de poursuites qui sont dirigées vers un palais
précis. Tu sais, ce que je veux dire, ce n'est pas… Il y a des palais qui
roulent une journée par semaine, là, dans certains districts, puis il y a des
palais qui n'entendent rien pantoute… bien, qui entendent peu de choses. Tu
sais, le palais, il est là, mais ils entendent très, très peu de choses, notamment
pas de dossier en matière criminelle et pénale. Ça fait que, tu sais, ça ne
veut pas dire, parce que vous avez deux, trois palais dans un district…
Mme
Hivon
: Que
ça va être partout, puis que c'est le même volume, puis que c'est les mêmes
dossiers, on se comprend.
L'autre question, c'est la division ACCES.
Donc, on a une division ACCES, à la Cour du Québec, qui est déjà en train
d'être mise sur pied avec…
Le ministre fera ses commentaires,
j'expose mon point de vue. Donc, moi, je me fie à ce qui est écrit dans le
mémoire de la Cour du Québec. On nous parle d'une division ACCES, on met les
trois éléments qui la constituent, donc une concertation, une spécialisation,
bon, tout ça. Et cette division ACCES là, elle se déploie progressivement sur
l'ensemble du territoire. C'est ce qui est écrit dans le…
C'est parce que, là… pour les gens qui ne
voient pas, là, c'est parce que le ministre fait toutes sortes de signes. Donc,
il pourra exposer, là, les commentaires qu'il a à dire par rapport à ça. Mais
moi, je me fie… évidemment, on se fie à ce qu'on a dans le mémoire, donc, qui
est explicite, qui dit qu'une division ACCES est mise sur pied avec tels, tels,
tels éléments et qu'elle va se déployer progressivement sur l'ensemble du
territoire.
Donc, je veux juste savoir comment le
ministre voit la cohabitation des projets pilotes. J'imagine que les projets
pilotes, de toute façon, ils vont partir de ce qui est déjà embryonnaire dans
la division ACCES, là, parce qu'il y a beaucoup de choses qui se rejoignent
dans tout ça. Mais je voudrais juste qu'il nous explique comment tout ça va
cohabiter, projets pilotes, dans certains districts, avec un suivi, puis la
division ACCES, qui va se déployer.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, partout au Québec, à la grandeur du Québec, au bout des projets
pilotes, ça va être la division spécialisée en matière de violence sexuelle et
de violence conjugale. Ça, c'est clair, c'est ce que la loi va prévoir. Bon,
actuellement, la division ACCES, elle n'est pas déployée. Je vous réitère qu'on
a annoncé notre intention d'aller de l'avant avec un tribunal spécialisé il y a
fort, fort, fort longtemps, et la cour le sait il y a fort, fort, fort
longtemps aussi. Donc…
Mme
Hivon
:
Fort, fort, fort longtemps, il faut quand même… On a déposé le rapport en
décembre dernier, donc…
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais moi, je peux vous dire…
M. Jolin-Barrette : Je vous
réitère qu'on a annoncé notre intention d'aller de l'avant avec un tribunal
spécialisé il y a fort, fort, fort longtemps, et la cour le sait il y a fort,
fort, fort longtemps aussi. Donc…
Mme
Hivon
:
Fort, fort, fort longtemps, il faut quand même… on a déposé le rapport en
décembre dernier, donc…
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais moi je peux vous dire que j'avais l'impression que le rapport
du groupe de travail, parce que j'étais à l'écoute depuis quelques années, que
cette idée de tribunal spécialisé allait voir le jour probablement. Alors,
comme ministre, je n'ai pas attendu que le rapport soit déposé, déjà pour
sensibiliser les différents acteurs à dire : Peut-être devrions-nous regarder
ce modèle-là qui est notamment proposé, et qui a été véhiculé, vous l'avez bien
dit vous-même, par la députée de Joliette, il y a plus de deux, trois ans de
ça. C'est une idée intéressante, et j'ai toujours dit que c'était une idée
intéressante. Partant de là, comme ministre de la Justice, déjà il y a plus
d'un an, j'ai sensibilisé les différents acteurs à «peut-être devrions-nous
regarder la possibilité de mettre en place un tribunal spécialisé.» Il y a plus
d'un an de cela. Le rapport est arrivé en décembre, et dès que le rapport a été
déposé, j'ai constitué un groupe de travail pour la mise en oeuvre d'un
tribunal spécialisé. Alors, comme on dit, on ne dormait pas au gaz, là. La
volonté gouvernementale a toujours été que ça se fasse, puis que ça aille bien. Alors,
pour revenir à votre question, le 19 août, j'annonce mon intention de
déposer un projet de loi. Le 10, 11, 12 septembre, dans ces zones-là, je
dépose un projet de loi. On apprend par communiqué, le 28 septembre,
29 septembre, qu'il y a création d'une division axée à la Cour du québécois.
Globalement, là, c'est ça l'historique, là. Alors, moi, ce que je vous dis,
c'est qu'en réponse précisément à votre question, qu'est-ce qui arrive, là,
supposons que la cour continue de développer sa division, bien, la division,
là, en quoi elle consiste principalement, c'est d'avoir un rôle qui va être
sorti, hein, des autres causes, puis que les dossiers soient traités plus
rapidement. Ce qui est une bonne chose, et je le souligne. Ce qui est une bonne
chose. Alors, ça va très bien cohabiter. Le tribunal spécialisé, ce qu'il vient
faire, c'est de permettre de venir encadrer, enrober, donner les ressources
partout, puis d'ajuster. Mais sur le processus judiciaire comme tel, le fait
que la cour isole les rôles, le fait que les dossiers cheminent plus
rapidement, je ne peux qu'applaudir cette intention-là, et ça aurait dû être
fait, comme on dit, il y a fort, fort, fort longtemps, très longtemps, très,
très longtemps, très, très, très longtemps. Donc, je pense que tout le monde
comprend ce que je veux dire.
Mme
Hivon
: Et
ça ne répond pas… avec égard, ça ne répond pas à ma question sur la
cohabitation.
M. Jolin-Barrette : Bien oui,
ça répond… dans le fond, là…
Mme
Hivon
:
Parce qu'il y a trois… s'il va voir à la page 10, il y a trois éléments,
là.
M. Jolin-Barrette : Dans un
district, là, où le projet pilote va être là…
M. Jolin-Barrette : ...très,
très, très longtemps. Donc, je pense que tout le monde comprend ce que je veux
dire.
Mme
Hivon
:
...avec égard, ça ne répond pas à ma question sur la cohabitation. Parce qu'il
y a trois... s'il va voir à la page 10, il y a trois éléments, là.
M. Jolin-Barrette : Dans
un district, là, où le projet pilote va être là, ça va être la division
spécialisée. Si, dans un autre district, il n'y a pas de projet pilote, bien,
la cour pourra organiser ça comme elle veut. Le fait d'avoir un rôle qui est
dédié aux victimes d'agression sexuelle et conjugale, c'est une bonne chose
puis c'est important. Mais ça n'a pas nécessairement besoin d'avoir une
division, là, vous comprenez? Puis, si ça s'appelle Division accès, O.K., mais
ça va s'appeler Division spécialisée en matière de violence sexuelle et
conjugale après le projet pilote.
Mais je veux juste dire que l'organisation
comme telle, dans le fond, des tribunaux, c'est le législateur qui le fait.
Mais, dans le pratico-pratique, là, le fait, là, que ça soit isolé, là, je
donne un exemple, là, à Valleyfield, actuellement de la façon qu'ils
fonctionnent en violence conjugale, là, c'est que je pense que, les accusés,
c'est le mercredi ou, les victimes, c'est le mercredi, les accusés, c'est le
jeudi. Donc, il y a déjà des initiatives qui sont faites, là, pour les rôles
puis la façon de fonctionner. Alors, ça, c'est une bonne chose, puis ça doit
continuer, puis même j'encourage à ce que ça se fasse partout au Québec. Déjà,
là, et ça, ça relève du judiciaire, là, le fait que le rôle soit isolé puis que
les dossiers procèdent plus rapidement.
Puis juste revenir sur les commentaires
qui ont été faits. Rien dans le projet de loi n'affecte l'indépendance
judiciaire. Ce n'est pas le législateur, ce n'est pas l'exécutif qui vient
assigner l'horaire du juge, ce n'est pas le législatif, l'exécutif qui vient
dire : Tel juge s'assit à telle salle à tel endroit.
• (17 h 10) •
Mme
Hivon
:
Est-ce qu'il y a des précédents que des projets pilotes en matière judiciaire
ont émané du ministère et non pas de la cour, mettons?
M. Jolin-Barrette :
Bien, premièrement, il faudrait vérifier. Mais je vous dirais que, si ça ne
s'est jamais fait, c'est un probablement. Puis je suis bien heureux qu'on le
fasse puis que ça émane du ministère, puis du législateur, puis des collègues
des oppositions. Puis je pense que peut-être que trop longtemps il n'y a pas eu
assez, comment je pourrais dire, d'importance à accorder à l'administration de
la justice pour s'assurer que les citoyens soient satisfaits du système de
justice puis pour que ça fonctionne bien. Je pense que, vous savez, le système
de justice, là, tout le monde l'a dit, puis la collègue de Joliette aussi l'a
dit au fil des années que je l'ai côtoyée, on ne peut pas dire que le système
de justice, c'est l'endroit au monde où on est le plus techno, puis c'est le
plus modernisé, puis qui est arrivé au XXIe siècle, là. On dit souvent,
dans le réseau de la santé, il y avait des fax, je pense qu'il y avait encore
des télex dans le système de justice, là, des fois.
Mme
Hivon
:
...pas de données. C'est ce qui est assez fascinant.
M. Jolin-Barrette :
Bien, exactement...
M. Jolin-Barrette :
...d'arriver au XXIe siècle, là. On dit souvent : Dans le réseau de
la santé, il y avait des fax. Je pense qu'il y avait encore des télex dans le
système de justice, là, des fois.
Mme
Hivon
:
...pas de données. C'est ce qui est assez fascinant.
M. Jolin-Barrette : Bien, exactement.
Alors...
Mme
Hivon
: Mais
on ne fera pas ce débat-là ici, aujourd'hui, parce que...
M. Jolin-Barrette : Alors,
là-dessus, on s'entend.
Mme
Hivon
: Je
veux avancer.
M. Jolin-Barrette : Il y a beaucoup
d'améliorations à faire dans le système de justice. Je peux vous dire qu'on y
travaille fort. Puis ça, aujourd'hui, ce qu'on fait, ça, c'est une amélioration
puis un changement de culture dans le système de justice, puis je suis heureux
de le faire avec vous.
Mme
Hivon
:
...plus d'accord avec ça. On est sur la même longueur d'onde sur la nécessité
de cet avancement, que j'ai même qualifié... que nous avons qualifié de
minirévolution. Donc, voilà.
M. Jolin-Barrette : ...isoler
l'extrait et le partager sur mes réseaux sociaux.
Mme
Hivon
:
Tantôt, la collègue a parlé de la place des victimes dans l'évaluation, dans le
suivi. Donc, je veux juste bien comprendre. Le ministre nous a parlé de son
comité de suivi. Dans le comité de suivi, quelle est la place des victimes?
M. Jolin-Barrette : ...le
comité de suivi, on a invité les différents groupes de victimes à participer au
comité de suivi.
Mme
Hivon
:
...des CALACS, les CAVAC?
M. Jolin-Barrette : Les
CALACS, les CAVAC, les maisons d'hébergement.
Mme
Hivon
: O.K.
M. Jolin-Barrette : Le Barreau,
les associations d'avocats de défense aussi.
Mme
Hivon
:
Association de?
M. Jolin-Barrette : De
défense.
Mme
Hivon
: Oui,
O.K. O.K., moi, ça fait un bon premier tour, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Joliette. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. Bien, je vais le répéter, ici, puis depuis le début, j'ai un profond
malaise avec l'idée des projets pilotes, profond malaise, puis je trouve qu'on
n'en a pas beaucoup parlé depuis qu'on a repris. Le malaise vient du fait que
des victimes, qu'elles se situent à Verdun, par exemple, ou à Sherbrooke, ou à Joliette,
et selon le choix du ministre quant aux districts judiciaires, bien, il est
possible que les victimes n'aient pas le même accompagnement. Et ça, j'ai
vraiment un profond malaise avec le projet pilote, avec l'idée de projet
pilote, depuis le départ, à cause de ça. D'ailleurs, on avait eu cette
discussion-là avec les coprésidentes, avec les membres experts aussi, et c'est
pourquoi j'ai des questions, vraiment. Puis je suis contente que la députée de
Joliette l'ait soulevé tout à l'heure, là, parce que j'étais là, moi aussi, à
regarder le document...
Mme Melançon : …membres
experts aussi, et c'est pourquoi j'ai des questions vraiment. Puis je suis
contente que la députée de Joliette l'ait soulevé tout à l'heure, là, parce que
j'étais là, moi aussi, à regarder le document que nous avait envoyé, donc, le
conseil de la magistrature en lien avec le projet de loi 92, et dans la
division accès, je me posais la question : Est-ce que c'est une façon
justement de venir… Je ne veux pas dire pallier parce que ce n'est pas tout à
fait exa, mais est-ce que c'est une façon où on peut tout de même assurer une
forme d'accompagnement? Parce qu'entre ne pas avoir l'accompagnement de base –
je dirais ça comme ça – qui est proposé ou d'y aller avec le projet pilote,
moi, je pense qu'il faut vraiment s'assurer qu'il y ait une collaboration, un
travail conjoint. Aussi bien sûr pour déterminer si, par exemple, on fait le
choix de cinq projets pilotes dans cinq districts judiciaires, bien, est-ce
qu'on peut s'assurer que… Pendant les trois ans, est-ce qu'on peut avoir
division accès qui vient du moins pallier au manque qu'il y a actuellement dans
le système judiciaire? Ça, c'est une première question.
Et je pense que ça prend quelque chose
parce que… Puis je le dis, puis ça vient vraiment du fond de mon coeur, là, je
ne peux pas penser qu'il y ait quelqu'un, une victime qui, elle, va dire :
Honnêtement, là – puis je vais le dire de façon très crue, là, M. le Président,
là - tu sais, j'ai eu la badluck dans le mauvais district judiciaire. Ça ne
peut pas être ça. Ça ne peut pas être ça. Puis on en a entendu des histoires
d'horreur. On a rencontré des victimes aussi. Et le témoignage qu'elles nous
font, avec la difficulté qu'elles vivent actuellement, je ne pas penser que
selon le choix qu'il y aura été fait par le ministre d'un district ou d'un
autre, bien, tu te dis : Bien, honnêtement, là, j'ai été doublement
malchanceuse. De, un, j'ai vécu de la violence conjugale ou de la violence
sexuelle puis en plus je n'étais pas dans le bon district judiciaire quand ça
s'est passé. Ça, ça va très, très loin de ce que j'ai entendu, puis c'est
pourquoi, moi, personnellement j'avais un immense malaise avec les projets
pilotes. Ça, c'est dans un premier temps.
J'entendais le ministre tout à l'heure
parler avec la députée de Joliette puis nous dire : Bien, ça fait
longtemps, puis je savais qu'on était pour avoir le tribunal spécialisé à
l'intérieur de Rebâtir la confiance, à l'intérieur du rapport. Je veux juste
dire au ministre que nous autres, là…
Mme Melançon : …parler avec la députée
de Joliette puis nous dire : Bien, ça fait longtemps puis je savais qu'on
était pour avoir le tribunal spécialisé à l'intérieur de Rebâtir la confiance,
à l'intérieur du rapport. Je veux juste dire au ministre que nous autres, là, on
travaillait sur le rapport puis on était même surprises de voir le tribunal
spécialisé retenu par les experts. Donc, le ministre, je le trouve chanceux de
savoir que lui, il savait que ça faisait longtemps qu'on était pour y
travailler, là. On avait fait des propositions, mais on était loin d'être sûrs
que c'était pour être retenu à l'intérieur du rapport Rebâtir la confiance puis
je peux en témoigner, j'ai deux bonnes corroboratrices, là, à mes côtés. Parce
que la journée où ils nous ont dit : Oui, le tribunal spécialisé sera là,
d'abord, je me rappelle du commentaire de la députée de Joliette et de sa
grande joie, cette journée-là, de dire : O.K. Bien, je ne pensais pas que
c'était pour être là, puis ils sont allés loin, puis je suis heureuse du travail
qui a été fait. Ça, c'est dans un premier temps.
Quand le ministre parle de collaboration,
puis je l'entends, là, puis je le sais, là, qu'il y a une problématique avec
le… Je vais terminer, si vous me permettez, M. le Président. Il y a une
problématique avec le Conseil de la magistrature puis avec la juge en chef.
C'est pour ça que je voulais entendre la juge en chef. Parce qu'il nous
dit : Bien, voici comment ça s'est passé pour la division accès, moi, je
suis bien prête à entendre ce que le ministre nous dit, mais ce n'est pas tout
à fait ce qui est écrit à l'intérieur des écrits du Conseil de la magistrature,
ce n'est pas tout à fait les mêmes dates, ce n'est pas tout à fait comme ça que
ça semble s'être passé. Et, quand on veut parler de collaboration, honnêtement,
tu sais, on voit les flèches, là, qui sont dirigées depuis quand même le début
de l'étude du projet de loi, moi, je pense qu'il faut aplanir, actuellement…
• (17 h 20) •
Le Président (M. Benjamin) :
Il vous reste trois minutes, Mme la députée.
Mme Melançon : Merci. Je pense
qu'il faut aplanir justement les irritants, je pense qu'on est là vraiment pour
ça. Parce que non seulement j'ai un malaise avec les projets pilotes, je le
répète ici, qui vont être d'une durée de trois ans, puis après le
trois ans, ça se peut que le déploiement ne se fasse pas partout sur
l'entièreté du territoire, je le répète ici, puis là c'est aux victimes, là, à
qui je parle actuellement, là, mais en plus il y a cette possibilité-là de
contestation judiciaire, puis, quand on parle des districts judiciaires, bien,
clairement, la lecture du ministre puis celle de la juge en chef, ce n'est pas
la même lecture.
Ça fait que, moi, je pense que la…
Mme Melançon : ...c'est aux
victimes, là, à qui je parle actuellement, là, mais en plus il y a cette possibilité-là
de contestation judiciaire, puis, quand on parle des districts judiciaires,
bien, clairement, la lecture du ministre puis celle de la juge en chef, ce
n'est pas la même lecture.
Ça fait que, moi, je pense que la proposition
de la députée de Joliette de pouvoir inscrire ou... Parce qu'on marche sur la
ligne actuellement, là, puis je ne voudrais pas qu'on parte avec une
contestation, parce que, là, ce ne sera pas trois ans de projets pilotes plus
après ça le déploiement, on ne sait pas sur combien de temps après où il sera
exigé sur tout le territoire, puis, je veux juste vous dire, si on s'en va dans
une contestation, on va faire plus trois ans ou plus cinq ans, on va être rendu
à une décennie pour pouvoir mettre en place un tribunal spécialisé. J'ai vraiment
un malaise. Mais, moi, c'est sur la question de l'inéquité où j'ai un sérieux
problème avec le projet pilote, puis j'aimerais ça, entendre le ministre pouvoir
me dire comment est-ce qu'on peut régler ça, parce que ce n'est pas normal
qu'une victime, selon là où elle aura été agressée, bien, aura ou non un
accompagnement.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Là-dessus,
M. le Président, je tiens juste à rassurer la députée de Verdun, et surtout à
lui dire pourquoi est-ce qu'on fait notamment les projets pilotes puis pourquoi
on s'en va vers le tribunal spécialisé. Actuellement, ce n'est pas vrai que les
victimes ont le même traitement partout, hein? Il y a des choses qui
fonctionnent bien à certains endroits, il y a des bonnes pratiques qui doivent
être implantées partout. Notamment, l'objectif du projet pilote, c'est ça, et
le projet pilote va nous permettre justement d'avoir un meilleur
accompagnement, de regarder ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas puis de
pouvoir le standardiser à la grandeur du Québec. Ça, c'est ce qu'il est
important de dire. Et d'ailleurs, dans tous les districts maintenant, hein,
c'est moi qui ai annoncé au mois de mai la poursuite verticale en matière de
violence conjugale, ce n'était pas le cas. Ça fait qu'il y a plusieurs mesures
qui vont s'appliquer — violence sexuelle
également — partout, on est venus consolider ça. Ça ne se faisait pas
partout, donc on est venus ajouter les ressources pour le faire. Donc, déjà le
même procureur du début à la fin.
Alors, dans chacun des districts,
actuellement, il y a de l'offre d'accompagnement, de soutien par les différents
intervenants. Les projets pilotes vont venir permettre de circonscrire
qu'est-ce que sont les meilleures pratiques, comment est-ce qu'on le fait, puis
on va l'ouvrir partout. Mais il y a déjà des services aux personnes victimes
dans les différents palais de justice avec les différents organismes. Ça, il
faut le dire. Mais, déjà actuellement, il y a des distinctions en fonction du
panier de services qui est offert à travers le Québec, c'est déjà le cas, puis
on vient aplanir ça notamment avec des mesures paramétriques, notamment sur la
poursuite verticale. L'autre point qui est fort important, c'est au niveau de
l'IVAC. Avec l'IVAC, avec le projet de loi n° 84,
maintenant, les victimes sont vraiment mieux accompagnées en termes de services
sur l'ensemble du panier de services qui est offert.
Alors, je comprends la préoccupation de la
députée de Verdun. Elle souhaiterait, jour un, que ça soit déjà créé, le
tribunal spécialisé, puis que tous les services soient offerts en même temps.
Mais, déjà même à l'intérieur des tribunaux... les...
M. Jolin-Barrette : …sont
vraiment mieux accompagnées en termes de services sur l'ensemble du panier de
services qui est offert. Alors, je comprends la préoccupation de la députée de Verdun.
Elle souhaiterait, jour 1, que ça soit déjà créé, le tribunal spécialisé, puis
que tous les services soient offerts en même temps. Mais déjà, même à
l'intérieur des tribunaux… des projets pilotes, en fonction des différents
districts, on va venir ajuster. Donc, on les démarre avec une certaine forme,
mais il va y arriver, dans les projets pilotes, qu'il va y avoir de
l'amélioration à faire aussi, donc cette amélioration-là va se faire en
continu.
Puis ce qu'on va pouvoir faire dans les
districts autres, comme par exemple la poursuite verticale, on va le faire dès
le départ aussi. Mais il faut ajuster. Mais déjà, les victimes ont des
services, il faut le dire, ça.
Donc, je comprends la préoccupation. Puis,
tu sais, je l'ai expliqué abondamment dans l'article 3. Comme, je voudrais
bien partir demain matin tout, mais les victimes nous ont dit, les… victimes
aussi : Passez par projets pilotes, mais aussi, comme, assurez-vous que ça
fonctionne bien, cette formule, que ça soit la bonne formule qui soit
applicable.
Alors, je respecte ce que la députée de
Verdun nous énonce. Puis on a le même objectif. Mais il faut le dire aux
victimes, puis ça, c'est important, de le dire et de le réitérer :
N'importe quelle victime au Québec qui a besoin de soutien, qui a besoin
d'aide, il y a des intervenants dans le système de justice qui sont là pour
vous accompagner : le même procureur du début à la fin, les CAVAC dans
toutes les régions du Québec, qui sont présents, n'hésitez pas à les contacter,
à les consulter.
Et il faut le dire : Vous n'êtes pas
obligé de déposer une plainte, une plainte à la police pour avoir des services
à l'IVAC, ça ne prend pas de plainte à la police. Il y a un programme d'aide
financière d'urgence. Ensuite, vous pouvez avoir du soutien financier, du
soutien psychologique à l'IVAC sans avoir besoin d'avoir déposé votre plainte à
la police. Vous pourrez le faire au moment où vous serez prêt à le faire. Ça,
c'est important de le réitérer, comme message. Il y a des lignes, SOS Violence
conjugale, SOS violence sexuelle aussi qui sont là aussi.
Alors, je tiens à le dire, à le réitérer,
il y a des centaines de personnes qui travaillent dans le milieu de la justice,
qui sont là pour soutenir les victimes. Ça fait qu'il faut aussi, dans le
message qu'on véhicule, ramener un message de confiance et de dire qu'il y a
des gens qui sont là pour les accompagner. Je pense que c'est fondamental.
Le Président (M. Benjamin) :
Il vous reste 53 secondes.
Mme Melançon : Bien sûr.
Merci, M. le Président. Bien, je suis d'accord avec le ministre sur une
chose, c'est qu'il faut que les victimes puissent aller chercher les ressources
là où elles sont.
Cependant, quand on a parlé de ça avec les
groupes… quand j'entends le ministre dire : Bien, il y a plusieurs groupes
qui étaient tout à fait d'accord avec les projets pilotes, ils étaient… elles
étaient d'accord, parce que majoritairement, c'étaient des femmes, elles
étaient d'accord mais en pensant que le lendemain des projets pilotes, c'était
déployé partout au Québec. Je tiens aussi à le rappeler au ministre. Parce que
ça, on n'en avait jamais entendu parler, de la possibilité que ce ne soit pas
déployé partout le lendemain des projets pilotes. Et ça, je pense qu'il faut quand
même le rappeler. C'est pour ça qu'on est là, pour travailler à améliorer ce projet
de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : …combien de
temps il me reste, M….
Mme Melançon : …jamais entendu
parler de la possibilité que ce ne soit pas déployé partout le lendemain des projets
pilotes, et ça, je pense qu'il faut quand même le rappeler, c'est pour ça qu'on
est là, pour travailler à améliorer ce projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Combien de temps
il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Benjamin) :
Il vous reste environ… plus de 10 minutes.
Mme Labrie : Parfait. Je vous
remercie. Je vais profiter de l'intervention que le ministre vient de faire
pour lui poser une question, l'aide financière d'urgence, est-ce que c'est
déployé partout au Québec en ce moment? Parce qu'au moment de discuter du
projet de loi, le ministre voulait commencer par l'implanter à certains
endroits, ça devait être progressif.
M. Jolin-Barrette : …ce ne
sera pas bien long, je vais demander la réponse. Actuellement, c'est Laval,
Montérégie.
Mme Labrie : Donc, il y a deux
régions dans lesquelles il y a ça, bon. Ça m'amène à une nouvelle demande, là,
j'en ai formulé quelques-unes tout à l'heure pour bonifier cet article-là. Pour
moi, il va falloir rajouter un élément dans l'article, qui va être un délai
après la fin des projets pilotes. J'ai déjà demandé qu'on inscrive le délai
maximum pour les projets pilotes, mais je veux aussi qu'on inscrive le délai
maximum après la fin des projets pilotes à l'intérieur duquel les tribunaux
spécialisés doivent être implantés. Le ministre nous dira quel délai lui semble
raisonnable. Moi, je ne vais pas improviser une estimation de quel délai serait
le meilleur, mais je veux qu'il soit inscrit parce que, comme on le voit avec
l'IVAC, ça peut être très progressif. Ça fait quand même plusieurs mois qu'on a
adopté le projet de loi. À ce jour, il y a juste deux régions encore où il
y a l'aide financière d'urgence qui est accessible, alors que tout le monde
avait un sentiment, je pense que c'est le bon mot pour parler d'aide financière
d'urgence, que ça soit implanté. Le ministre a l'air de vouloir me répondre
tout de suite.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, c'est parce que l'enjeu avec l'IVAC, c'est enjeu aussi par rapport avec
les organismes qui sont sur le terrain. Donc, dans le fond, pour démarrer,
parce que vous savez comment fonctionne le Programme d'aide financière
d'urgence, dans le fond, c'est géré par SOS Violence conjugale avec les
organismes, donc l'hôtel, les transporteurs, le soutien aussi. Ça fait que le…
est prêt, là. Dans le fond, c'est parce que c'est la concertation avec tout le
monde quand on part ça, ça fait que ce n'est pas un délai qui est imputable à
l'administration publique, là, c'est juste ça que… Puis, tu sais, je ne dis pas
que c'est la faute de personne, mais ce qu'on… tu sais, comme, on peut…
• (17 h 30) •
Mme Labrie : Moi, je ne
sous-entends pas que ce délai-là, il est imputable au ministre, là, ce n'est
pas le but de mon intervention. Le but de mon intervention, c'est de dire au
ministre : Je veux que, dans cet article-là, on prévoit combien de temps
après la fin du délai maximum, pour les projets pilotes… combien de temps
maximum, on va avoir pour déployer les vrais tribunaux spécialisés partout. Je
veux voir ça dans l'article et c'est ça qui va nous sécuriser pour que le
ministre puisse boucler sn article 3 de tout à l'heure. Bien, moi, en tout cas,
personnellement, ça va me sécuriser de voir ça. Je trouve ça important parce
que je ne voudrais pas parce que je ne voudrais pas qu'au terme des projets
pilotes ça soit très long, voir trop long, et très inégal surtout,
l'implantation à l'échelle du Québec de tous les tribunaux spécialisés. Ça fait
que je comprends qu'il a déjà inscrit à quelques endroits que ça allait être
développé partout. C'est une certaine forme…
17 h 30 (version non révisée)
Mme Labrie : ...parce que
je ne voudrais pas qu'au terme des projets pilotes ça soit très long, voire
trop long, et très inégal surtout, l'implantation à l'échelle du Québec de tous
les tribunaux spécialisés. Ça fait que je comprends qu'il a déjà inscrit à
quelques endroits que ça allait être développé partout. C'est une certaine
forme de confirmation de son intention qu'il n'y aura aucun district judiciaire
dans lesquels il n'y en aura pas. Mais, après ça, sur l'enjeu des délais, il
faut le voir aussi dans le projet de loi.
Ça fait que j'aimerais ça que le ministre
nous dise, lui, combien de temps il pense que ça peut prendre. Puis je le sais
qu'il va avoir des choses à attacher un petit peu partout, là. Le ministre
vient de me dire qu'il y a des choses, ce n'est pas juste le ministère de la
Justice, c'est les partenaires aussi. Bien, ça va être la même pour les
tribunaux spécialisés, c'est sûr que ça ne sera pas juste le ministre de la
Justice qui va être responsable de délais qu'il pourrait y avoir. Tous les
partenaires vont devoir participer à ça, ça va prendre de la coordination, de
la concertation. Moi, je veux savoir combien de temps le ministre pense qu'on
va avoir besoin, après la fin des projets pilotes, pour pouvoir boucler ça
partout. Puis ce délai-là, j'aimerais ça qu'on l'inscrive dans le projet de
loi.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, on a déjà eu cette discussion-là tout à l'heure, là. Puis comme
je l'ai dit, je ne peux pas mettre un délai pour la grandeur du Québec. Dans le
fond, le paragraphe 8°, là, que je suis venu insérer, là, puis c'est la
discussion que j'ai eue avec la députée de Joliette tantôt, là, le
paragraphe 8° fait en sorte que, durant les projets pilotes, je travaille
à la mise en place de l'application. Moi, idéalement, dès la fin des projets
pilotes, on va être prêts à démarrer partout. Mais je ne peux pas vous garantir
que c'est partout. Donc, il est là, l'article... à l'article 3, le paragraphe 2°.
Mme Labrie : Mais est-ce
qu'on pourrait ajouter... Par exemple, là, le paragraphe 8° duquel le
ministre parle, ça dit : «Le ministre doit préparer l'établissement du
tribunal spécialisé permanent visé à
l'article — blabla — de la Loi sur les tribunaux
judiciaires.» Est-ce qu'on pourrait ajouter un bout de phrase qui dit :
«et ce, au plus tard — je donne un chiffre, là, mais ça sera le
chiffre du ministre — au plus tard, par exemple, deux ans après la
fin des projets pilotes»? Est-ce que c'est possible d'ajouter un petit bout de
phrase comme ça qui vient dire c'est quoi, le délai dont le ministre dispose
pour préparer l'établissement du tribunal spécialisé permanent? Ma proposition,
ce n'est pas sur le chiffre, là, c'est sur inscrire ce délai dans l'article.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais l'enjeu, là, c'est qu'on veut le déployer à l'ensemble du Québec. Mais
comme j'ai exposé, je pense, mercredi dernier, ça peut arriver que, dans
certains districts, on ne soit pas en mesure de faire violence sexuelle et
violence conjugale pour x, y raisons.
Mme Labrie : Bien sûr, je
l'ai entendu, là, le ministre, il l'a répété souvent. Mais c'est pour ça que je
veux qu'on prévoie un délai. Ça peut arriver, je comprends ça, mais il va
falloir les attacher, ces fils-là, pour le faire à un moment donné. Combien de
temps ça va prendre?
M. Jolin-Barrette : Je
veux juste vous donner un exemple. Ça peut arriver que, pour des organisations,
pour l'organisation judiciaire, ça peut arriver parfois que le tribunal ne
siège pas dans un district donné puis que c'est transféré parce qu'il arrive un
événement x, y, z.
Je donne un exemple. C'est déjà arrivé que
la cour refuse de siéger dans certains endroits...
M. Jolin-Barrette : ...ça peut
arriver parfois que le tribunal ne siège pas dans un district donné puis que
c'est transféré, parce qu'il arrive un événement x, y, z. Je donne un exemple :
c'est déjà arrivé que la cour refuse de siéger dans certains endroits. Ils
n'étaient pas satisfaits des locaux.
Mme Labrie : O.K. Bien, à ce
moment-là, on va veiller à aménager les locaux de manière adéquate. C'est déjà
inscrit à plusieurs endroits dans le projet de loi. C'est même inscrit dans cet
article-là. Qu'est-ce qui pourrait ne pas être réglé à l'intérieur d'un délai que
le ministre aura lui-même choisi pour qu'à la fin de ce délai-là, que le
ministre aura choisi, qu'on ne puisse pas le faire partout?
M. Jolin-Barrette : Je
comprends. Je ne peux pas prédire l'avenir, mais ce que je vous dis, c'est que
dans des circonstances comme ça... parce que la chambre criminelle et pénale
siège, O.K., mais il peut arriver que, supposons que, je ne le sais pas, les
gens du milieu, il y a des enjeux x, y, z que je ne peux pas prévoir, que ce
n'est pas possible en VC et que c'est possible en VS, bien, l'article, il est
là pour ça.
Mme Labrie : Mais ça veut dire
que le ministre, les endroits où c'est plus difficile ou qualifié d'impossible
par certaines personnes, le ministre va laisser comme ça, et donc ne va pas le
mener à terme?
M. Jolin-Barrette : Non.
Notre objectif, c'est de le mettre partout.
Mme Labrie : Dans combien de
temps après les projets pilotes?
M. Jolin-Barrette : Le plus
rapidement possible, mais il faut que tout soit prêt pour le mettre en place,
parce que ce que les groupes nous ont réitéré, là, c'est de dire : Il faut
que ça marche, hein? Puis c'est pour ça qu'ils disent de passer par projet
pilote. Après ça, il faut réussir à le mettre en place puis il faut que les
acteurs soient là aussi pour le mettre en place aussi, de la concertation.
Mme Labrie : Mais, si le
ministre nous dit : Le plus rapidement possible, on peut penser, puis
surtout qu'il va... là, il s'engage à préparer cet établissement-là, permanent,
pendant les projets pilotes, on peut penser que dans la majorité des districts
judiciaires, à la fin du projet pilote, ça va être relativement prêt, ou en
tout cas, dans les mois qui vont suivre, ça va être relativement prêt. Après,
il y aura des exceptions, le ministre nous a dit que ça allait sûrement
arriver, où les gens ne seront pas prêts tout de suite. Ça va prendre plus de
temps dans ces milieux-là. Moi, je veux quand même qu'on prévoie un délai
maximal pour ces milieux-là pour que ça soit implanté aussi. Moi, quand le
ministre refuse de prévoir un délai maximal, ce que ça me dit, c'est : Ah!
peut-être que dans les lieux où c'est trop difficile ou compliqué, il va laisser
faire. S'il n'a pas l'intention de laisser faire, qu'on prévoit un délai
maximal qu'il aura établi lui-même.
M. Jolin-Barrette : Mais je
donne un exemple, là : sur la cour itinérante, là, c'est une cour qui est
particulière en soi, puis il faut s'entendre avec les nations autochtones
aussi. Donc, il y a différentes modalités d'application. Donc, il faut, un,
qu'ils embarquent, hein, dans le projet. Puis il faut être aussi à leur
disposition pour le faire. Donc, il y a différentes modalités. Ça fait
qu'exemple, supposons que ça marche en violence conjugale, mais qu'il y a des
enjeux en violence sexuelle, puis qu'il faut adapter certaines choses, bien, ça
va nous permettre de le faire aussi.
Mme Labrie : Bien sûr, là,
moi, je ne suis pas du tout en train de demander au ministre de les implanter
partout toutes en même temps. Je reconnais qu'il va y avoir ces enjeux-là...
M. Jolin-Barrette : …pour le
faire. Donc, il y a différentes modalités. Ça fait qu'exemple, supposons que ça
marche en violence conjugale, mais qu'il y a des enjeux en violence sexuelle,
puis qu'il faut adapter certaines choses, bien, ça va nous permettre de le
faire aussi.
Mme Labrie : Bien sûr, là.
Moi, je ne suis pas du tout en train de demander au ministre de les implanter
partout toutes en même temps. Je reconnais qu'il va y avoir ces enjeux-là. Je
veux juste savoir combien de temps le ministre se donne pour avoir réglé tous
ces enjeux-là. S'il trouve que deux ans, c'est déraisonnable, tu sais,
qu'il dise combien de temps ça prend. Ça se peut que ça soit plus long que ça
dans certaines communautés, je peux tout à fait comprendre ça moi. Mais si
l'objectif, de toute façon, c'est de régler chacun de ces enjeux-là qui vont
ralentir le déploiement permanent, j'imagine que lui-même il en a un horizon en
tête quand même. Est-ce qu'il va laisser faire que ça pourrait prendre
10 ans à certains endroits? Puis qu'on change deux, trois fois de gouvernement
entretemps. Est-ce que… tu sais, bien, moi, c'est ça qui me questionne. Tu
sais, on le sait qu'il va y en avoir des endroits où ça va être plus compliqué,
puis que ça va prendre plus de concertation, puis ces négociations-là peuvent
être plus longues, notamment avec les communautés autochtones, puis il faut
prendre le temps de le faire correctement, mais si l'objectif c'est de le faire
partout, il faut prévoir combien de temps on se laisse, justement, pour
peaufiner ce travail-là dans les endroits où ça va être un peu plus compliqué.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends votre demande.
Mme Labrie : Est-ce que le
ministre le prend en délibéré?
M. Jolin-Barrette : Moi, ce
que je vous dis, c'est que dès la fin des projets pilotes que je souhaite que
ça soit en vigueur, puis je vais travailler en ce sens-là. C'est notamment
pourquoi j'ai mis l'article… le paragraphe 8.
Mme Labrie : Bon, bien, je
vais être super claire, là, sur ce que je veux voir comme ajout dans le paragraphe 8.
Je voudrais qu'à la fin, on précise le délai maximal que le ministre se donne
pour l'établissement permanent, là, des tribunaux spécialisés. Moi, je vais le
laisser juger de quel délai ça prend. Ça se peut que ça soit un certain nombre
d'années. Moi, je vais être à l'aise avec ça, mais je veux que ça soit écrit
dans le projet de loi le temps qu'il se donne.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, j'ai très bien compris la demande de la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, je suis
contente de savoir que je suis claire.
M. Jolin-Barrette : Comme on
dit, c'est clair comme de l'eau de roche.
Mme Labrie : C'est parfait.
J'ai hâte de lire le libellé.
M. Jolin-Barrette :
Cependant, c'est clair, mais comme je vous ai dit à de multiples reprises, il y
a certains éléments que je vais inscrire dans le projet de loi suite à vos
suggestions, mais il y en a d'autres que je ne retiendrai pas.
Mme Labrie : O.K., mais là
pour l'instant, moi, j'en ai donné quatre. Le nombre minimum de districts pour
les projets pilotes, le délai maximal pour les projets pilotes, d'écrire que le
suivi va être confié à la table de partenaires, puis le délai maximal après la
fin des projets pilotes. Ça, c'est mes demandes pour améliorer cet article-là.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: J'ai
juste une question d'information pour éclaire tout le monde avant qu'on
continue. Les cours itinérantes siègent dans quels districts?
M. Jolin-Barrette : C'est le
district d'Abitibi.
Mme
Hivon
: O.K.
Le ministre, tantôt, nous a dit : Ça ne veut pas dire que ça va être
nécessairement être tous les palais en même temps de tous les districts. Donc,
je veux juste lui dire que si jamais ça prenait plus de temps pour se
concerter, ce n'est pas une raison pour éliminer complètement un district comme
il peut se donner le pouvoir de le faire. Je veux juste qu'on se situe…
Mme
Hivon
: …nous
a dit : Ça ne veut pas dire que ça va nécessairement être tous les palais en
même temps, de tous les districts. Donc, je veux juste lui dire que, si jamais
ça prenait plus de temps pour se concerter, ce n'est pas une raison pour
éliminer complètement un district comme il peut se donner le pouvoir de le
faire. Je veux juste qu'on se situe bien là-dessus, là, parce que je ne
voudrais pas que… Je ne dis pas que c'est… Je ne prête pas d'intentions au ministre,
là, mais je ne voudrais pas qu'il utilise l'argument d'une situation spécifique
comme la cour itinérante, qui est extrêmement particulière. Puis d'ailleurs,
dans le rapport, il y a des chapitres puis il y a des enjeux particuliers, dont
l'idée d'un tribunal holistique puis… je veux dire, qui s'inspire du tribunal
spécialisé mais qui est plus aussi, là, pour qu'on enlève l'idée sur laquelle
je me bats depuis mercredi dernier et que, là, ma collègue amène aussi d'avoir
une assurance, dans le projet de loi, qu'il va se déployer partout au Québec,
le tribunal spécialisé. C'est ça qu'on recherche.
Donc, je pense aussi qu'on peut l'inscrire
dans la foulée du projet pilote en disant que, dans un délai x après les projets
pilotes, il va devoir se déployer partout. Que ce soit là, que ce soit en
faisant la bataille à l'article 3, ce n'est pas ça qui est l'essentiel,
l'essentiel, c'est qu'il y ait une garantie qu'il va se déployer partout, qu'on
ne pourra pas enlever des morceaux pour en faire un gruyère, donc.
• (17 h 40) •
Puis je veux juste… Puis, ceci dit, tu
sais, quand le ministre… C'est pour ça qu'on reste sur notre appétit puis on en
reparle encore, mais c'est comme si le ministre nous disait : Bien, il va
y avoir des choses qui vont faire que ça ne pourrait pas, mais, dans le fond,
il se donne, dans le projet de loi, partout, le pouvoir d'être responsable de
tout. Donc, c'est comme de dire : Il est responsable de tout, l'allocation
des ressources, d'aller chercher l'argent, de se concerter avec le monde, de
s'assurer que les formations sont faites, donc qu'est-ce qui pourrait lui
échapper? Et puis les services judiciaires relèvent de lui, ça fait que s'il y
a des gens qui disent que ce n'est pas sécuritaire de siéger ici, bien, ça
relève de lui de trouver un endroit sécuritaire pour siéger. Je veux dire, tout
le monde va comprendre que, si le plafond s'effondre, c'est une force majeure,
là, on ne parle pas d'une situation comme ça. Donc, c'est ça un peu qui fait en
sorte qu'on se dit : Le ministre, il est responsable de tout, donc
pourquoi ne pas être capable de prendre l'engagement dans le projet de loi?
Ça fait que le ministre va comprendre que
moi aussi, je trouve que ce serait une autre manière d'arriver à l'objectif de
s'assurer qu'il n'y a pas d'échappatoire. Puis on pourrait l'inscrire dans la
foulée des projets pilotes en disant x temps, exemple, deux ans après la fin,
le tribunal… le ministre y travaille et, dans un délai maximal de deux ans
suite à la fin des projets pilotes, le tribunal est déployé dans l'ensemble des
districts judiciaires.
Je veux revenir, tantôt, le ministre a dit
quelque chose puis ça me chicote, comme ça m'a chicotée la semaine dernière. Il
dit : En ce moment, il y a des différences dans l'offre de service, puis
ce n'est pas tout le monde qui a les mêmes services. Et je veux comprendre ce
qu'il veut dire par là.
M. Jolin-Barrette : Exemple,
à Montréal…
Mme
Hivon
: …puis
ça me chicote, comme ça m'a chichotée la semaine dernière. Il dit : En ce
moment, il y a des différences dans l'offre de service, puis ce n'est pas tout
le monde qui a les mêmes services. Et je veux comprendre ce qu'il veut dire par
là.
M. Jolin-Barrette : Exemple,
à Montréal, il y a Côté Cour. C'est un programme particulier. Ce n'est pas
présent dans tous les districts.
Mme
Hivon
: Mais
à part ça, là?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
y a des initiatives locales qui sont offertes, qui sont des bonnes initiatives,
qui doivent être étendues à la grandeur du Québec.
Mme
Hivon
:
Puis, donc, je veux dire, il est d'avis qu'il faut aller vers, justement, cette
uniformisation-là avec le tribunal spécialisé puis qu'il soit déployé partout.
Donc, il me semble que, d'autant plus, il devrait vraiment être rendu très,
très, très convaincu de ce qu'on lui plaide sur l'importance d'avoir une
garantie que ça va être déployé partout. Puis, s'il veut un délai, on met un
délai. Mais, au moins, on se donne les moyens d'y arriver. Donc, ça, c'était la
précision que je voulais, là.
Tu sais, c'est sûr, c'est comme le
programme en santé mentale, il n'est pas partout, c'est des initiatives, effectivement.
Mais je ne pense pas que c'est un argument pour venir nous dire, quand ma collègue
de Verdun plaide ce qui l'embête avec l'idée d'y aller par projet pilote, pour
dire : Oui, mais, en ce moment, tout n'est pas parfaitement uniforme, donc
on pourrait continuer à ne pas être parfaitement uniformes. Au contraire, je
pense qu'il faut saisir l'occasion du tribunal spécialisé pour se dire :
Dans ces matières-là, toutes les victimes, toutes les plaignantes vont avoir
droit aux mêmes services, à la même qualité de services.
Donc, j'invite le ministre à réfléchir à
la possibilité, effectivement, de le mettre à la fin du huitièmement.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je n'arrête pas de réfléchir. Je n'arrête pas de réfléchir.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Mme
Hivon
: Là,
ce qui est difficile, c'est comme l'autre fois, là, c'est parce qu'on ne sait
pas ce que le ministre va déposer.
M. Jolin-Barrette : Moi, je
vous dirais : Comme, finissez votre tournée, comme, sur tout ce que vous
voulez, parce qu'honnêtement, pour les fins d'efficacité des travaux de la commission,
moi, je trouve que, comme, comment on a fonctionné la dernière fois, vous
m'avez fait part de vos demandes, la députée de Sherbrooke a quatre demandes,
la députée de Verdun a fait des demandes, vous en avez fait aussi… Alors, moi,
j'aime mieux que vous me disiez : Simon, je veux tel point, tel point, tel
point, ce que vous avez commencé à faire, ça fait que, là, la merveilleuse
équipe de légistes qui est avec nous ici prennent des notes, puis on regarde ce
qu'il est possible de faire, ce qu'il n'est pas possible de faire, parce que ça
arrive, des fois, que ce n'est pas possible de faire certaines choses, hein?
Alors, moi, je vous dirais : Bien, est-ce que vous avez d'autres demandes,
questions, suggestions sur l'article des projets pilotes? J'ai bien noté le
délai de mise en vigueur, le délai maximal pour les projets pilotes…
M. Jolin-Barrette :
…Alors, moi, je vous dirais, bien, est-ce que vous avez d'autres demandes, questions,
suggestions sur l'article des projets pilotes. Puis j'ai bien noté le délai de
mise en vigueur, le délai maximal pour les projets pilotes, les autres éléments
que vous avez soulignés également.
Mme
Hivon
:
…
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Oui. Je vais les redire. Je voulais qu'on inclue dans les projets pilotes de
dire qu'il y a une période maximale, et que ça comprend la période
d'évaluation. Je veux qu'on parle de concertation avec la Cour du Québec dans
la détermination des choix des districts des projets pilotes et du nombre, les
critères qui vont mener à ces choix-là, le délai maximal d'implantation à la
grandeur du Québec à la suite des projets pilotes puis la… Bien, ça, je pense
que ça va. Le dernier, ça va. Puis j'appuie toutes les demandes de mes
collègues.
M. Jolin-Barrette :
Donc, on s'entend, il n'y a pas d'autre demande, donc on peut déposer
l'amendement puis adopter le prochain amendement puis terminer 11, terminer
l'article 11.
Mme
Hivon
:
Est-ce que le ministre suggère…
Mme Labrie :
…l'amendement tout de suite?
M. Jolin-Barrette :
Bien, il y a encore du travail à faire un petit peu, mais ce qu'on peut faire
en attendant, c'est suspendre 11 puis retourner à 4, bien, en attendant, le
temps que les équipes terminent de travailler.
Mme
Hivon
:
Moi, ça va.
Le Président (M. Benjamin) :
…consentement là-dessus? J'ai un consentement, oui. Alors, nous suspendons, à
ce moment-là, donc, l'amendement à l'article 11 et l'article 11,
voilà, et nous revenons à l'article 4.
M. Jolin-Barrette : …on
retourne à l'article 4, M. le Président…
Le Président (M. Benjamin) :
C'est bien ça.
M. Jolin-Barrette :
…avec votre permission?
Le Président (M. Benjamin) :
Bien sûr, allez-y.
M. Jolin-Barrette :
Donc, l'article 4, M. le Président : Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 87, du suivant :
«87.1 Toute personne qui se porte
candidate à la fonction de juge doit s'engager à suivre, si elle est nommée, le
programme de perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle
et à la violence conjugale établi par le Conseil de la magistrature.»
Commentaire : avec la modification
proposée par le présent article, les candidats à la fonction de juge de la Cour
du Québec devraient s'engager à suivre, s'ils sont nommés, le programme de
perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la
violence conjugale qui seraient établies par le Conseil de la magistrature.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 4? Mme la députée de
Joliette.
Mme
Hivon
:
Sur le type de formation, évidemment c'est le Conseil de la magistrature qui a
toute la marge de manoeuvre. Est-ce que le ministre a eu des échanges avec le
Conseil de la magistrature pour savoir si on s'enlignait vers une formation
générale puis une formation spécialisée. On se comprend, une formation générale
pour tous les juges et une formation plus spécialisée pour ceux qui vont siéger
à la division spécialisée.
M. Jolin-Barrette : En
fait…
Mme
Hivon
:
…le Conseil de la magistrature pour savoir si on s'enlignait vers une formation
générale puis une formation spécialisée. On se comprend, une formation générale
pour tous les juges et une formation plus spécialisée pour ceux qui vont siéger
à la division spécialisée.
M. Jolin-Barrette : En
fait, ça relève de l'indépendance de la magistrature, la formation. C'est le
Conseil de la magistrature qui est responsable de la formation de ses propres
juges. Ce que la Cour du Québec nous a manifesté à plusieurs reprises, c'était
à l'effet que les juges recevaient déjà de la formation et qu'ils étaient des
juges spécialisés. La Cour du Québec, la direction de la Cour du Québec
dit : Les juges sont spécialisés. Donc, ça, c'est le message et l'opinion
qui est véhiculée par la cour. Alors, je prends acte de ce message.
Cela étant, dans la proposition
législative qu'on a, on a inséré «également», et on le verra à
l'article 8, donc, à l'article 257. Donc, «l'article 257 de
cette loi», c'est la Loi sur les tribunaux judiciaires, «par l'ajout, à la fin
de l'alinéa suivant : Le conseil établit notamment un programme de
perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la
violence conjugale. À cette fin, il consulte les personnes et les organismes
qu'il estime appropriés en raison de leur expérience, de leur expertise et de
leur sensibilité ou de leur intérêt en ces matières.»
Donc, l'obligation qu'on vient créer dans
la loi pour le… quand on était à l'article 4, c'est le juge qui soumet sa
candidature, il va devoir s'engager à suivre cette formation-là. Ladite
formation, elle va être développée par le Conseil de la magistrature, mais on
indique… le législateur indique au Conseil de la magistrature : Pour
développer cette formation-là, vous devez consulter les groupes de personnes
qui ont une expertise en cette matière, donc, pour la développer. Donc, on ne
dit pas au Conseil de la magistrature quoi mettre dans la formation puis de la
façon dont elle est dispensée, ça relève de l'indépendance judiciaire.
Cependant, on envoie un message clair sur qui doit être consulté pour la
création de la formation.
Mme
Hivon
:
…on envoie ce message clair là?
M. Jolin-Barrette : À
l'article 8 du projet de loi.
Mme
Hivon
:
O.K. C'est ça.
Une voix : …
Mme
Hivon
:
…
M. Jolin-Barrette : Non.
Bien, parce qu'à 4, c'est l'obligation sur le juge qui lui… en fait, le
candidat à la fonction de juge qui, lui, s'engage à suivre cette formation-là.
Mais la formation, elle est détaillée à l'article 8.
Le Président (M. Benjamin) :
C'est bon, Mme la députée?
Mme
Hivon
:
…on en discutera à 8. C'est bon.
• (17 h 50) •
Le Président (M. Benjamin) :
Parfait. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, un
peu dans le même esprit que la collègue de Joliette, quand on regarde… puis là,
on peut parler de l'article 4, de l'article 5, de l'article 6 et
de l'article 7, dans le fond, puis on pourra y aller en étapes. Mais là,
on est ici, on est… «toute personne qui se porte candidate à la fonction de
juge doit s'engager à suivre». Là, on parle des juges : on va parler des
juges à la retraite, on va parler des juges de paix magistrats et des juges de
paix magistrats à la retraite. Là, on est superspécifique.
M. Jolin-Barrette : …des
fonctions judiciaires puis des fonctions spécifiques.
Mme Melançon : Oui. Je
vais juste terminer mon idée, si vous me permettez, M. le ministre. À ce
moment-ci, de la façon… Puis je me rappelle que le ministre m'a dit…
Mme Melançon : …super
spécifique.
M. Jolin-Barrette : …des
fonctions judiciaires puis des fonctions spécifiques.
Mme Melançon : Oui. Je vais
juste terminer mon idée, si vous me permettez, M. le ministre. À ce moment-ci,
de la façon… Puis je me rappelle, là, que le ministre m'a dit qu'au début de
l'étude article par article, dans le fond, que les juges s'engagent sur leur
honneur. C'étaient les mots du ministre à… donc s'engageaient à suivre… dans le
fond, c'était sur leur honneur, pour ceux qui veulent devenir juge.
M. Jolin-Barrette : Dans le fond,
c'est ça, ils ne sont pas juges encore.
Mme Melançon : C'est ça. Alors
là, on entre dans ceux qui sont juges, à cette partie-ci, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Article
4, c'est la personne qui se porte candidat. Donc, il n'est pas encore nommé
juge.
Mme Melançon : Vous avez
raison, M. le ministre. Tout à fait. À l'article 5…
M. Jolin-Barrette : Ça
m'arrive de temps en temps. Ça m'arrive
Mme Melançon : On le souligne,
quand ça vous arrive.
M. Jolin-Barrette : Je suis
heureux que la députée de Verdun le reconnaisse. Ça aussi, je vais mettre ça
sur mes réseaux sociaux.
Mme Melançon : Vous devriez tellement
écouter les points de presse, on le dit aussi, en point de presse, que,
parfois, vous démontrez de l'ouverture puis que, parfois, ça va tellement bien.
Puis parfois, bien, c'est plus compliqué, mais on doit aussi le dire quand ça
arrive. Donc là, à l'article 4, monsieur…
M. Jolin-Barrette :
Voyez-vous, M. le Président, là aussi, je vais reprendre l'extrait, mais pas le
dernier bout avec le dernier «parfois».
Mme Melançon : Voilà. Je vais
taire mon commentaire ici, parce qu'on est en train d'étudier quelque chose qui
est tellement sérieux. Mais à l'article, donc, 5, où on va être dans les juges
qui sont à la retraite puis, ensuite de ça, les candidats juges paix magistrats
puis, ensuite de ça, les juges paix magistrats à la retraite. Ce que je veux
dire, c'est que c'est hyper pointilleux. Ici, là, dans ces quatre articles, on
parle qu'ils doivent s'engager à suivre le programme de perfectionnement. Moi,
quand je lis ce qui nous a été déposé, puis, tout à l'heure, je voulais y faire
référence, puis le ministre me disait : Hum, c'est plus ou moins ça… moi,
quand je vais lire ce que nous a déposé, bien sûr, le Conseil de magistrature,
qui… je le rappelle, là, il n'est pas signé uniquement par la juge en chef, là,
il y a plusieurs honorables qui font partie du Conseil de la magistrature, ils
nous disent qu'ils ont déjà de la formation.
Moi, j'aimerais ça entendre le ministre, à
savoir est-ce que cette formation-là est adéquate, actuellement. Parce que, là,
si on veut qu'ils s'engagent à suivre une formation, on envoie un message
clair, comme dit le ministre, puis on le verra à l'article 8, là… mais est-ce
que… la formation que les juges reçoivent, actuellement, est-ce qu'elle est
adéquate, selon le ministre?
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, M. le Président, j'aimerais bien le savoir. Savez-vous pourquoi j'aimerais
bien le savoir? Parce qu'il n'y a pas de reddition rattachée à ça…
Mme Melançon : ...mais est-ce
que... la formation que les juges reçoivent actuellement, est-ce qu'elle est
adéquate, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette :
Bien, moi, M. le Président, j'aimerais bien le savoir. Savez-vous pourquoi
j'aimerais bien le savoir? Parce qu'il n'y a pas de reddition rattachée à ça.
Et là, dans le projet de loi, ce qu'on vient faire, c'est on vient mettre une
reddition. Alors, le législateur, les législateurs, ce qu'ils font aujourd'hui,
c'est qu'ils viennent dire à la magistrature : Ce sujet-là, il est très
important, il est très, très, très important, et c'est un signal qu'on envoie.
On dit : Écoutez, les juges suivent la formation, et c'est eux qui gèrent
leur propre formation.
Cela étant, en tout respect de
l'indépendance judiciaire, le législateur, quand même, exprime une
préoccupation sociétale à l'effet qu'on souhaite que les juges reçoivent une
formation en matière de violence sexuelle et de violence conjugale. Et, pour ce
faire, ils devront consulter, pour bâtir la formation, les différents groupes
qui ont une connaissance de ces enjeux-là et, suite à ça, devront indiquer à
l'Assemblée nationale le nombre de juges qui suivent cette formation et le contenu
de la formation. Alors, nous, dans la limite des pouvoirs qui me sont imposés
par la Loi constitutionnelle de 1867, j'agis à l'intérieur des pouvoirs qui me
sont conférés.
Mme Melançon : Ma
question est quand même la suivante : Actuellement, il n'y a rien qui nous
laisse croire que la formation des juges est efficace ou inefficace?
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, je vous dirais et je vous référerais au rapport Rebâtir la
confiance, qui était une des recommandations importantes, qui disait que
l'importance que la magistrature soit formée. Le législateur fédéral a fait le
même constat que le législateur question en imposant un projet de loi
également. Et la magistrature nous indique que les juges reçoivent de la
formation, ce qui est vrai. Le gouvernement du Québec consacre des sommes
importantes, 1,5 million de dollars, à la formation des juges. Et ce que
nous savons de la direction de la Cour du Québec, c'est que les juges sont
spécialisés.
Nous, ce que nous faisons aujourd'hui,
c'est que nous venons spécifier qu'il s'agit d'un enjeu important, la violence
sexuelle et la violence conjugale, et que nous souhaitons collectivement que
les magistrats également suivent des formations en lien avec ces deux réalités.
Mme Melançon : Et je ne
peux pas être plus d'accord avec le ministre à ce moment-ci. Moi, la question
que j'ai, parce que je le répète, le projet de loi que nous étudions
actuellement, qui a été transformé de façon plutôt magistrale par les
interventions des différentes oppositions...
Mme Melançon : …et je ne peux
pas être plus d'accord avec le ministre à ce moment-ci. Moi, la question que
j'aie… parce que, je le répète, le projet de loi que nous étudions actuellement,
qui a été transformé de façon plutôt magistrale par les interventions des
différentes oppositions, avec bien sûr la volonté du ministre à collaborer à
l'intérieur de cette transformation-là… mais je dois rappeler que le projet de
loi n° 92, au départ, ne visait que les juges, et ma question est donc la
suivante… puis je pose la question parce que je ne suis pas juriste comme le
ministre, mais quand même. À partir de moment où on demande une certaine
collaboration avec la Cour du Québec, moi, ce que j'ai envie de poser comme
question c'est : À partir du moment où on a voulu mettre ceci dans le
projet de loi, est-ce qu'il y a eu des échanges avec le Conseil de la
magistrature ou avec l'honorable Lucie Rondeau qui est la juge du Québec, à
savoir qu'est-ce qu'il y a actuellement dans la formation, qu'est-ce qu'on peut
améliorer? Est-ce qu'il y avait déjà eu des échanges préalables à ce qu'on a
actuellement sous les yeux, dans laquelle on demande aux juges qui se portent
candidats d'y aller justement avec un engagement à suivre la formation et
qu'est-ce qu'il y a dans la formation? Est-ce qu'il y avait eu des échanges
entre le ministre et la Cour du Québec?
• (18 heures) •
M. Jolin-Barrette : Je veux
juste être clair, M. le Président. On n'est pas en train de dire que les juges
de la Cour du Québec, les juges de paix magistrat ou les juges suppléants ne
sont pas compétents. Ils sont compétents et ils suivent des formations, ça,
c'est très clair, et ils entendent des centaines de dossiers par année,
notamment en matière de violence conjugale et de violence conjugale. On ne
remet aucunement en question la compétence de ces hommes et ces femmes qui ont
des responsabilités extrêmement importantes.
Ce que nous disons par le biais du projet
de loi, c'est que nous souhaitons que les membres de la magistrature soient
sensibilités, notamment sur le savoir-faire, sur le savoir-être, en matière de
violence conjugale et de violence sexuelle. Alors, il y a beaucoup de victimes
que j'ai rencontrées, qu'on a rencontré ici qui nous ont dit : Écoutez, il
y a beaucoup de mythes et de préjugés, de stéréotypes qui existent encore, d'où
l'objectif de l'article 8 du projet de loi que, lorsque la formation va être
développée, ça en tienne compte en fonction des gens qui ont une expertise dans
ce domaine-là. Mais pour vous dire le contenu des formations qui sont données
aux juges, bien, ça relève du Conseil de la magistrature, ça relève de
l'indépendance judiciaire. Nous, ici, on vient de parler de perfectionnement,
hum, de la formation, donc formation continue, on vient proposer ça à la
magistrature. Donc, la magistrature se gouvernera…
18 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...ça
relève du Conseil de la magistrature, ça relève de l'indépendance judiciaire.
Nous, ici, on vient de parler de perfectionnement, la formation, donc, formation
continue. On vient proposer ça à la magistrature. Donc, la magistrature se
gouvernera en conséquence, en fonction de ce que le législateur souhaite voir.
Ce qui est important de souligner, c'est que les juges sont souverains dans les
formations qu'ils reçoivent. Mais je vous réitère, à l'effet que le message de
la direction de la cour, c'est que les juges reçoivent déjà de la formation, et
qu'ils sont spécialisés.
Mme Melançon : La question, en
tout respect, c'était de savoir s'il y avait eu des échanges entre le ministre
de la Justice et la Cour du Québec pour savoir de quel programme,
actuellement... quels sont les programmes, actuellement, qu'ont les juges?
Est-ce que le ministre connaît le contenu des programmes qui sont offerts actuellement
aux juges?
M. Jolin-Barrette : La cour
indique notamment que, «puisqu'ils ont la responsabilité de presque la totalité
des dossiers en matière d'infraction à caractère sexuel ou de violence
conjugale, les juges de la Cour du Québec reçoivent la formation nécessaire
pour traiter les cas d'infraction à caractère sexuel ou de violence conjugale
dont ils sont quotidiennement saisis».
Mme Melançon : M. le
Président, je vais reposer ma question. Est-ce que le ministre a eu des
échanges avec la cour, avec la juge en chef, quant au contenu de ces formations
qu'elles reçoivent actuellement?
M. Jolin-Barrette : Je
comprends très bien la question de la députée de Verdun. Et le contenu des
discussions, échanges et conversations que j'ai de nature privément, je ne les
partage pas.
Mme Melançon : Moi, je ne veux
pas connaître le contenu. Je veux savoir s'il y a eu des échanges, oui ou non,
sur le sujet, tout simplement.
M. Jolin-Barrette : Ce qui
est fort important, c'est qu'on vient inscrire dans le projet de loi une
obligation pour le Conseil de la magistrature de développer un perfectionnement
pour les membres de la magistrature. Donc, je comprends que mes collègues sont
en accord avec la proposition que je fais, qui fait suite à la recommandation 162
du rapport Rebâtir la confiance.
Mme Melançon : Bien, on a
toujours dit, puis pour l'avoir travaillé et avec l'ancienne juge en chef, Me
Corte, et avec Julie Desrosiers, sur la formation, bien sûr, des juges, mais
pas uniquement des juges, aussi des policiers, des procureurs, des avocats, on
a toujours été d'accord à ce qu'il puisse y avoir une formation qui soit
offerte. Moi, ma question, c'était juste de savoir s'il y avait eu des échanges
là-dessus directement avec la juge en chef. Et aux réponses que j'ai obtenues,
je pense qu'on peut en déduire qu'il n'y a pas eu nécessairement d'échange
directement avec l'honorable Lucie...
Mme Melançon : ...offerte. Moi,
ma question, c'était juste de savoir s'il y avait eu des échanges là-dessus directement
avec la juge en chef, et, aux réponses que j'ai obtenues, je pense qu'on peut
en déduire qu'il n'y a pas eu nécessairement d'échanges directement avec
l'honorable Lucie Rondeau. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, il ne faudrait pas tirer des inférences et prêter des intentions. Il
faut juste faire très attention dans cette commission.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Donc, nous allons poursuivre avec la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
C'est quoi, le lien hiérarchique ou l'absence de lien hiérarchique entre le ministre,
le ministère et le Conseil de la magistrature?
M. Jolin-Barrette : Le
Conseil de la magistrature est un organisme qui est notamment chargé de la
formation des juges. Alors, il n'y a pas de lien hiérarchique entre le Conseil
de la magistrature et le ministère de la Justice. Le Conseil de la magistrature
est présidé par la juge en chef de la Cour du Québec, avec laquelle le juge en
chef associé et les juges en chef adjoints siègent, ainsi que la présidente du
Tribunal des droits de la personne, le président... le juge président d'une
cour municipale ainsi que deux avocats et, il me semble, deux citoyens désignés
par l'Office des professions, et, également, il y a certains juges également de
la Cour du Québec qui y siègent. Alors, il n'y a pas de lien hiérarchique entre
le ministère de la Justice, le ministre et le Conseil de la magistrature. C'est
pour ça que nous procédons par voie législative pour que le législateur, les
parlementaires indiquent que doit contenir le contenu d'une formation pour les
membres de la magistrature.
Mme
Hivon
: On
va en rediscuter quand on va être rendus aux articles 8 et 9. Mais je pense que
le ministre va comprendre facilement que, parmi les irritants, on vient, là,
attacher ça vraiment, vraiment serré pour les juges, on dit sur quoi le conseil
va devoir établir ses programmes de perfectionnement, on dit qu'il va devoir
rendre compte, mais, pour tous les autres organismes responsables de la
formation pour tous les autres, il n'y en a pas, il n'y a pas de disposition
miroir qui dit que le programme va devoir consulter pour être établi puis sur
quoi il va porter ni de reddition de comptes. Donc, moi, j'invite juste le
ministre, qui réfléchit constamment, à peut-être tout de suite réfléchir à
l'importance de penser aux autres organismes, que ce soit son ministère, que ce
soit le ministère de la Sécurité publique, que ce soit le DPCP, tous ceux qui
vont être mis à profit pour ça, qu'ils doivent avoir les mêmes obligations que
celles que le ministre donne au Conseil de la magistrature sans lien
hiérarchique.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, j'espère que la députée de Joliette est consciente qu'il y a une
distinction fondamentale entre les membres de la magistrature puis les gens...
Mme
Hivon
:
…que celle que le ministre donne au Conseil de la magistrature sans lien
hiérarchique.
M. Jolin-Barrette :
Bien, M. le Président, j'espère que la députée de Joliette est consciente
qu'il y a une distinction fondamentale entre les membres de la magistrature
puis les gens qui sont des employés de l'État, le lien hiérarchique associé à
cela. Parce que, de la façon dont est construit le projet de loi, on est dans
une sphère où on doit respecter la séparation des pouvoirs. Puis pour ce faire,
et vous l'aurez noté, ce qu'on dit, c'est que le candidat à la magistrature
doit s'engager à suivre cette formation-là. Alors, c'est un engagement sur
l'honneur.
Le juge en exercice, lui, on dit que le
Conseil de la magistrature doit rendre disponible une formation de
perfectionnement sur ces réalités-là. Il en revient au juge de suivre ou non
cette formation-là. Le juge suppléant, là, c'est un peu différent. S'il
souhaite continuer à siéger, il devra avoir suivi la formation, parce qu'il y a
un décret d'autorisation.
Dans le rapport qui est soumis à l'Assemblée
nationale : nombre de juges et la formation. On ne vient pas dire quels
juges l'ont suivie, quel autre juge ne l'a pas suivie. C'est fort différent en
raison de la séparation des pouvoirs. Ce n'est pas la même chose que les
employés de l'État qui, lorsque l'État dit : Vous suivez tel type de
formation, vous la suivez, il y a un lien hiérarchique. Alors qu'avec la
magistrature, il n'y a pas de lien hiérarchique, et c'est pour ça que c'est
écrit de cette façon-là. C'est pour ça que le fédéral l'a écrit de cette
façon-là aussi. Donc, le Conseil de la magistrature ont l'autonomie de
déterminer de quelle façon est dispensée la formation à leurs propres juges.
Puis il n'y a pas d'immixtion de la part de l'exécutif ou du législatif
là-dedans parce qu'il y a une séparation des pouvoirs. Parce que je respecte la
séparation des pouvoirs. Voyez-vous la distinction?
Donc, moi, je ne peux pas dire : Tel
juge va aller s'asseoir dans telle salle et va suivre tel contenu de telle
formation à telle heure. Ça, je ne peux pas dire ça, ça relève du Conseil de la
magistrature. Donc, c'est pour ça que c'est libellé de cette façon-là.
Mais là, je comprends qu'on me parle des
autres personnes qui vont intervenir au tribunal et je veux juste vous
illustrer un point sur la magistrature. On met ça en place mais il n'y a
personne qui va forcer qui que ce soit à suivre cette formation-là. Je ne peux
pas légalement le faire. Vous êtes consciente de ça.
Mme
Hivon
:
…
M. Jolin-Barrette : O.K.
Ça fait que là, on est sur la formation des juges, les candidats.
Mme
Hivon
:
Je comprends tout ça mais il y a quand même cinq articles du projet de loi là-dessus.
Ceintures, bretelles, reddition de comptes, rapports, formations : qui va
être consulté? On se comprend qu'on va loin pour un organisme avec lequel le
ministre n'a pas de lien hiérarchique. O.K. On parle des irritants parce qu'on
essaie de trouver des moyens…
Mme
Hivon
:
…cinq articles du projet de loi là-dessus, ceinture, bretelles, reddition de
compte, rapport, formation. Qui va être consulté? On se comprend qu'on va loin
pour un organisme avec lequel le ministre n'a pas de lien hiérarchique, O.K.?
On parle, là, des irritants parce qu'on essaie de trouver des moyens aussi
d'aplanir les irritants. À partir du moment où le ministre dit : Il y a
ça… Le Conseil de la magistrature est responsable, par exemple, puis je veux
savoir ce qu'il advient de ça. Je ne dis pas qu'il faut tout enlever ça. Je dis
juste que pourquoi… Je comprends son affaire qu'il dit : On a nos… Les
employés, ils ont un lien hiérarchique. Je veux bien, là, mais c'est tout aussi
important, je crois, de savoir les ministères et organismes, ils en ont
organisé combien. Il y en a combien qui en ont suivi? C'est une chose de dire
«ça va être obligatoire». C'est quoi après, la réalité, puis comment ça va se
traduire, puis ça va être quoi, le rythme pour savoir… avec lequel les
formations vont être données? Ça fait que tout ce que je dis au ministre, on
n'est pas là, là, là.
M. Jolin-Barrette :
Alors, traitons l'article 4.
Mme
Hivon
:
Mais je l'encourage fortement à réfléchir.
M. Jolin-Barrette : D'accord,
mais traitons l'article 4.
• (18 h 10) •
Le Président
(M. Benjamin) : Merci. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Merci, M. le Président. Bien, je vais prendre le ministre au mot parce que
lorsqu'il m'a répondu tantôt, il m'a ramenée à la recommandation 162 du
rapport Rebâtir la confiance. Alors, offrir aux juges siégeant au tribunal
spécialisé une formation spécifique et continue sur des – pardonnez-moi – sur
les problématiques d'agressions sexuelles et de violences conjugales portant
autant sur le droit et le savoir-faire que sur le savoir-être.
Moi, je pense,
en tout respect, qu'à ce moment-ci peut-être on pourrait ajouter à
l'article 4, donc, le programme de perfectionnement. Moi, je pense qu'on
doit dire «de formation spécifique et continue», parce que si on veut rester
dans l'esprit… Parce que le ministre m'a ramenée à l'esprit du rapport, peut-être
pourrions-nous simplement reprendre un libellé qui ressemble à la recommandation 162
du rapport dans laquelle on peut parler d'un programme de perfectionnement ou
un programme de formation spécifique et continue. Parce que c'est le mot
«continue», je crois, qui est aussi important à ce moment-ci et qui était dans
l'esprit du rapport Rebâtir la confiance.
M. Jolin-Barrette :
Je veux juste être très clair, O.K., la députée de Verdun m'a dit : Je
veux éviter toute possibilité de contestation. O.K. Ce à quoi, elle m'invite,
en lien avec ça, amène des risques supplémentaires sur la séparation des
pouvoirs.
Alors, je
comprends ce qu'elle veut dire, mais puisque la formation des juges relève de
l'indépendance judiciaire, je ne peux pas aller dans cette direction-là.
Mme Melançon :
Est-ce qu'on peut proposer? Est-ce qu'on peut proposer, dans le fond, la
magistrature? Parce que c'est ça qu'on est en train de faire, là, à ce
moment-ci, on est en train de proposer. Donc, dans le fond, ce que les
législateurs veulent, c'est de…
M. Jolin-Barrette :
…l'indépendance judiciaire, je ne peux pas aller dans cette direction-là.
Mme Melançon : Est-ce qu'on
peut proposer, dans le fond, la magistrature? Parce que c'est ça qu'on est en
train de faire, là, à ce moment-ci, on est en train de proposer. Donc, dans le
fond, ce que législateurs veulent, c'est de proposer, dans le fond, à la… à la
magistrature, dis-je, en tout cas, au conseil, d'offrir une formation, bien sûr,
spécifique et continue. C'est ça, l'esprit, puis c'est vous qui m'avec ramenée
à la recommandation 162, M. le ministre. Donc, moi, je me dis : Est-ce
qu'on peut quand même faire la proposition, sans l'exiger, mais dire :
Nous, là, ce qu'on veut, comme législateurs, c'est de s'assurer qu'un juge qui
est en poste va continuer à suivre une formation. Et nous le souhaitons,
qu'elle soit continue. Dans le fond, ce n'est pas sans l'exiger, parce que
c'est le ministre qui nous le dit : Moi, je peux envoyer des messages
auprès de la magistrature, mais je ne peux pas les obliger. Et est-ce que peut quand
même, parce que c'est ce qu'on est en train de faire, de toute façon, faire une
proposition que le programme, il soit spécifique et il continue?
M. Jolin-Barrette : Le terme
que nous utilisons, c'est perfectionnement. C'est large, ça relève du Conseil
de magistrature, en tout respect de leur indépendance judiciaire. Alors, il
revient à la cour de donner les formations qui lui semblent appropriées pour la
formation des juges. Alors, ça relève de l'indépendance judiciaire, la
formation. Alors, toute… en lien avec la formation des juges pourrait avoir des
conséquences. Alors, on s'est assuré de faire en sorte que le libellé que nous
avons permet de respecter l'indépendance judiciaire, la séparation des
pouvoirs. Donc, c'est un programme de perfectionnement. Les juges suivent déjà
de la formation, on leur dit : Il faut qu'un programme de perfectionnement
soit là, notamment sur les réalités de violence sexuelle et conjugale.
Donc, je comprends l'intention de la
députée de Verdun, je lui dis : Soyons prudents sur le type de libellé que
nous avons. Puis du perfectionnement, hein, l'argument de texte, ça veut pas
mal dire formation continue, ici. Perfectionner… honnêtement, est-ce que la
perfection existe? Je ne le sais pas, mais on peut tendre à la perfection.
Donc, perfectionnement, c'est travailler à aller vers la perfection. Alors,
j'imagine qu'on ne réussit pas ça d'un coup.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai…
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas entendu le commentaire de la députée de Sherbrooke parce qu'elle n'avait
pas la parole, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Je ne l'ai pas entendu non plus, M. le ministre, non. Alors, est-ce que j'ai
d'autres interventions? Mme la députée de…
Le Président (M. Benjamin) : …est-ce
que j'ai…
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas entendu le commentaire de la députée de Sherbrooke parce qu'elle n'avait
pas la parole, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Je ne l'ai pas entendu non plus, M. le ministre, non. Alors, est-ce que j'ai
d'autres interventions? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui, j'allais
dire… Ce que j'avais dit, c'était qu'avec le projet de loi non plus on n'avait
pas atteint la perfection du premier coup, mais on y travaille, travaille très
sérieusement.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
reçois le commentaire de la député de Sherbrooke avec ouverture et
bienveillance, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Est-ce
que j'ai d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons donc procéder à la mise aux voix? Est-ce que l'article est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Donc, après le 4, on poursuit maintenant avec l'article 5. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. L'article
5, M. le Président, c'est : L'article 93 de cette loi est modifié par
l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Pour être autorisé à exercer de telles
fonctions, un juge à la retraite doit avoir suivi le programme de
perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la
violence conjugale établi par le Conseil de la magistrature.»
Commentaire : Avec la modification
proposée par le présent article, les juges de la Cour du Québec à la retraite
ne pourraient être autorisés à exercer des fonctions judiciaires que s'ils ont
suivi le programme de perfectionnement sur les réalités relatives à la violence
sexuelle et à la violence conjugale qui serait établi par le Conseil de la
magistrature.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Ici,
on parle bien de tous les juges à la retraite, qu'importe la chambre où ils
vont siéger? Et j'aimerais que le ministre nous explique le raisonnement qui a
précédé sa volonté d'inscrire l'obligation de suivre… donc, avant qu'un juge à
la retraite puisse sièger, dans le fond. Donc là
M. Jolin-Barrette : …la Cour
du Québec, elle est sur les trois chambres, donc ça couvre les trois chambres.
Voyez-vous, tous les candidats à la magistrature devront s'engager sur
l'honneur à suivre cette formation-là dès le départ, peu importe la chambre sur
laquelle ils soumettent leur candidature. Au bout du processus, tous les juges
qui voudront continuer à siéger devront avoir suivi cette formation-là, s'ils
souhaitent continuer à exercer leurs fonctions, peu importe la chambre.
Mme
Hivon
: Le
moment… quand on dit «continuer», là, quand… Je veux dire, on parle des juges
qui sont en ce moment à la retraite? Je veux juste voir, là, en termes de
transition, qui ça implique.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, il y a une transition, là, je crois, de six mois, dans les dispositions
transitoires, là. Dans le fond, un juge qui est… Il faut savoir que, dans le
fond, lorsque vous êtes un juge suppléant, donc… À la Cour supérieure, à la Cour
d'appel, on parle de juge surnuméraire. Ici, au Québec, à la Cour du Québec,
c'est juge suppléant. Donc, vous prenez votre retraite, vous pouvez être
désigné comme juge suppléant. À ce moment-là, ça veut dire que vous êtes à la
retraite, mais que vous revenez à la journée, O.K.? Mais pour être autorisé à
siéger comme juge suppléant, ça prend un décret qui est présenté par le
ministre de la Justice pour pouvoir exercer vos fonctions. Généralement, on
prend un décret d'une année pour que le juge puisse continuer d'exercer ses
fonctions, et il est renouvelé annuellement.
Donc, exemple, un juge qui est en fonction
aujourd'hui, O.K., puis qui prendrait sa retraite en 2023, bien, si, en 2023,
il veut être désigné à titre de juge suppléant, avant d'autoriser le décret, il
va devoir avoir suivi la formation. Même chose pour le juge qui est
actuellement juge suppléant, O.K.? Celui qui est juge suppléant, là, ça se
termine… supposons, il a été nommé, puis ça se termine un an après son mandat,
le décret, ça m'arrive de reprendre des décrets pour des juges qui sont à la
retraite pour l'année suivante. À ce moment-là, ils devront avoir suivi la
formation.
Mme
Hivon
:
Donc, c'est toujours un an, quand le décret est pris?
M. Jolin-Barrette :
Généralement, c'est un an, effectivement.
• (18 h 20) •
Mme
Hivon
: O.K.
Ma seule préoccupation, c'est : Ces juges-là à la retraite, évidemment,
sont très importants dans le système, là. Le système est ainsi fait qu'il y a
beaucoup de juges à la retraite qui viennent donner du temps pour entendre des
causes. Est-ce qu'on risque d'avoir un impact sur la fluidité et donc la
célérité si, par exemple, les juges, avant de pouvoir transiter de régime, je
tombe à la retraite, je dois prendre ma formation… Ça va se faire de manière,
j'imagine, pas parallèle, parce qu'il faut que ça soit fait avant de pouvoir
continuer à siéger. Donc, est-ce qu'il y a des évaluations qui ont été faites
de ça? Parce que, souvent, les juges à la retraite, ils continuent plusieurs
années. Mais là, une fois que ça va être passé, avant d'avoir le renouvellement
du décret, il va falloir qu'ils montrent qu'ils ont suivi la formation, c'est
ça? O.K. Est-ce que ça a été… Il y a combien de juges à la retraite qui siègent
comme juges suppléants?
M. Jolin-Barrette :
Généralement, en moyenne, 70.
Mme
Hivon
: 70.
Sur combien de juges en tout?
M. Jolin-Barrette : Il y a…
Bien, en fait…
Mme
Hivon
:
...du décret, il va falloir qu'ils montrent qu'ils ont suivi la formation,
c'est ça? O.K. Est-ce que ça a été... Il y a combien de juges à la retraite qui
siègent comme juges suppléants?
M. Jolin-Barrette :
Généralement, en moyenne, 70.
Mme
Hivon
:
70 sur combien de juges en tout?
M. Jolin-Barrette : Il y
a... Bien, en fait, est-ce que c'est... 308, 308 postes de juge. Est-ce que
c'est en plus des juges à la retraite? On va vérifier.
Mme
Hivon
:
O.K. Ça fait que c'est quand même un... Moi, je ne suis vraiment pas contre, au
contre, là. Mais je veux juste voir l'impact dans le temps, là.
M. Jolin-Barrette : Mais
le Conseil de la magistrature va être en mesure de former.
Mme
Hivon
:
Bien, on espère que tout ça est fluide, et dans la concertation, et tout ça,
pour maximiser ces chances-là.
M. Jolin-Barrette : Il y
a un avantage indéniable à être juge suppléant aussi.
Mme
Hivon
:
Non, c'est sûr. Mais on imagine, s'il y a des délais dans les signatures des
décrets par le ministre pour autoriser des juges à continuer à siéger, ça ne
sera pas gagnant pour le système de justice.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Donc, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M.
le Président. Là, ici, on est plus directs, là, parce que, tout à l'heure,
comme on le mentionnait, c'était un engagement sur l'honneur pour ceux qui sont
candidats à devenir juges, alors que, là, ce sont les juges à la retraite dont
il est question et pour être autorisé à exercer une telle fonction. Est-ce que
le ministre a d'autres exemples qui exigent, donc, une autorisation comme
celle-là pour les ministres ou est-ce que c'est un nouveau concept qui est
intégré?
Le Président (M. Benjamin) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Excusez-moi, est-ce que vous pourriez répéter seulement la fin, s'il vous plaît?
Mme Melançon : Bien sûr.
Ce que je m'interrogeais, c'est que, tout à l'heure, on disait que, pour les
juges qui sont candidats, donc candidats à devenir juges, donc, c'était un
engagement sur l'honneur. Ici, on parle des juges à la retraite. Mais ici on
marque «pour être autorisé à exercer de telles fonctions». Est-ce qu'il y a
d'autres exigences comme ça qui sont inscrites pour pouvoir autoriser à qu'ils
puissent exercer des fonctions, les juges?
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est une décision discrétionnaire de la part du ministre.
Mme Melançon : O.K. Mais
est-ce qu'il y a d'autres exemples qui existent de discrétionnaires comme
celui-là?
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, la décision d'autoriser une personne qui a pris sa retraite à
titre de juge suppléant, c'est une décision qui est discrétionnaire, qui relève
du gouvernement. Est-ce que... Dans la Loi sur les tribunaux judiciaires, ce
n'est pas prévu qu'il y ait des conditions particulières de prévues associées à
ça. Donc, on en fait une condition.
Mme Melançon : Donc,
c'est une nouvelle condition et c'est un aspect qui est complètement nouveau
aussi...
M. Jolin-Barrette : …une
décision qui est discrétionnaire, qui relève du gouvernement. Est-ce que… dans
la Loi sur les tribunaux judiciaires, ce n'est pas prévu qu'il y ait des
conditions particulières de prévues associées à ça. Donc, on en fait une
condition.
Mme Melançon : Donc, c'est une
nouvelle condition. Et c'est un aspect qui est complètement nouveau aussi que
de mettre une condition à l'exercice d'une fonction de juge à la retraite
actuellement. Il n'y a pas d'autres exigences pour les juges à la retraite?
M. Jolin-Barrette : Bien oui,
il y a des exigences. Il y a des disponibilités budgétaires associées à ça. Le fait
que le gouvernement du Québec autorise, supposons, 70 juges annuellement
par année, c'est parce qu'il y a un choix également de l'État québécois de
consacrer les sommes nécessaires et requises à la rémunération puis au
traitement des juges supplémentaires. Le gouvernement du Québec pourrait
dire : Bien non, il n'y a pas de juges suppléants.
Donc, en complément à la question de la
députée de Joliette, il y a 308 juges à la Cour du Québec plus les
69 juges suppléants.
Mme Melançon : Et plus les 39 juges
de paix magistrats.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
eux, dans le fond, l'étendue de leur pouvoir n'est pas le même que ceux des
juges de la Cour du Québec. Ils n'ont pas la même juridiction que les juges de
la Cour du Québec.
Mme Melançon : Sauf qu'à
l'article 6 on va quand même en traiter.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est parce que, dans le fond, c'est une catégorie de juges distincts. Dans le
fond, un juge de la Cour du Québec a tous les pouvoirs d'un juge de paix
magistrat, mais un juge de paix magistrat n'a pas tous les pouvoirs d'une juge
de la Cour du Québec.
Mme Melançon : Tout à fait.
D'ailleurs, c'est pour ça, je me rappelle bien que… je pense que c'est ma
collègue de Joliette, là, qui avait posé la question dès le départ à savoir
pourquoi est-ce qu'on mettait les juges magistrats au tout départ dans le
projet de loi, là, qu'on avait commencé à étudier.
Quand on dit : Pour être autorisé à
exercer une telle fonction, un juge à la retraite doit avoir suivi le programme
de perfectionnement. Donc, le programme doit être fini, la formation doit être
faite. La durée d'un perfectionnement comme celui-là, c'est combien de temps?
M. Jolin-Barrette : En fait,
ça, c'est déterminé par le Conseil de la magistrature. Dans le fond, nous, on
dit : Ils doivent développer un programme de perfectionnement. Alors,
c'est la cour qui détermine la formation des juges incluant la durée, la
fréquence et le perfectionnement des juges.
Mme Melançon : Je vous
entends, mais est-ce qu'on a des exemples? Est-ce qu'on sait, grosso modo,
c'est combien de temps la durée d'un programme de perfectionnement?
M. Jolin-Barrette : Ça relève
de la discrétion de la cour.
Mme Melançon : Ça fait que là
on n'a pas idée, parce qu'un programme de perfectionnement, selon certains
programmes, ça peut être d'une journée ou d'un an. Moi, je veux juste savoir.
On n'a pas idée du tout, du tout à ce moment-ci.
M. Jolin-Barrette : Le
Conseil de la magistrature est souverain dans l'offre de formation qui est
offerte aux juges. Ça leur arrive d'avoir des ateliers, des colloques,
demi-journée, une journée, deux jours, quatre jours, mais comme…
Mme Melançon : ...savoir. On
n'a pas idée du tout, du tout à ce moment-ci.
M. Jolin-Barrette : Le
Conseil de la magistrature est souverain dans l'offre de formation qui est
offerte au juge. Ça leur arrive d'avoir des ateliers, des colloques,
demi-journée, une journée, deux jours, quatre jours. Mais, comme je vous le
dis, ça relève du Conseil de la magistrature. Alors, peut-être qu'il serait
approprié que le Conseil de la magistrature organise un colloque une fois par
année d'une ou plusieurs journées sur la nature de ces sujets, mais ce n'est
pas à moi à le dire. Ça relève de l'indépendance judiciaire.
Mme Melançon : M. le Président,
je veux juste rassurer le ministre, là, ce n'était pas... c'est loin d'être un
piège. Moi, je voulais juste savoir, tu sais... Parce que je ne connais pas ça.
Donc, je voulais juste savoir, dans le fond, un programme de
perfectionnement... parce que, pour avoir fait des programmes de
fonctionnement, pas nécessairement en violence sexuelle ou en violence conjugale,
mais parfois ça peut s'étendre sur une durée de quelques jours, quelques
semaines, quelques mois. Donc, je voulais juste avoir une idée, parce qu'à
partir du moment où ce sont des juges à la retraite, puis avec ce que le ministre
nous disait tout à l'heure, avec le six mois puis avec toutes les contraintes,
je voulais juste savoir : Dans le temps, est-ce qu'on va pouvoir, justement,
permettre qu'on puisse atterrir puis qu'on ne soit pas en déficit de juges
pour, justement, entendre les causes, qui pourraient nous permettre, si on a un
déficit de juges, de ne pas pouvoir déployer le tribunal spécialisé sur
l'ensemble du territoire, parce qu'on aura aussi exigé, pour autoriser un juge
à la retraite à venir siéger... Donc, c'était juste pour pouvoir m'assurer
qu'on n'était pas en train de créer un vide dans lequel on était pour
contredire notre volonté que l'on veut atteindre à l'article 3, deuxième paragraphe,
deuxième alinéa. Voilà.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article 5? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons donc procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article
5 est adopté?
Des voix : Adopté.
M. Jolin-Barrette : L'article
6, M. le Président : Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 162, du suivant :
«162.1. Toute personne qui se porte
candidate à la fonction de juge de paix magistrat doit s'engager à suivre, si
elle est nommée, le programme de perfectionnement sur les réalités relatives à
la violence sexuelle et à la violence conjugale établi par le Conseil de la
magistrature.»
Avec la modification proposée par le
présent article, les candidats à la fonction de juge de paix magistrat
devraient s'engager à suivre, s'ils sont nommés, le programme de perfectionnement
sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale
qui sera établi par le Conseil de la magistrature. Donc là, c'est le même
article, sauf pour les candidats à la fonction de juge de paix magistrat.
• (18 h 30) •
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je vais revenir
avec une question, puis là c'est vraiment… on puisse…
18 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : …la violence
sexuelle ou à la violence conjugale qui serait établi par le Conseil de la
magistrature. Donc là, c'est le même article, sauf pour les candidats à la
fonction de juge de paix magistrat.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de 3ver.
Mme Melançon : Je vais revenir
avec une question, puis là c'est vraiment pour qu'on puisse m'éclairer. Je sais
qu'on avait répondu, au début du présent… de l'étude du projet de loi, là. Le
juge de paix magistrat… parce que, tout à l'heure, on en parlait, là, justement,
un juge de paix magistrat va recevoir des causes en violence conjugale et violence
sexuelle?
M. Jolin-Barrette : En fait, au
tout début de la loi, on parlait des juges de cour municipale. Donc, les juges
de cour municipale, il y en a 80 quelques, il y a trois cours avec des juges
permanents, municipales. Donc, les autres, c'est des juges à la séance. Et je
pense qu'il y a une quinzaine de cours municipales qui traitent du droit criminel.
Les juges de paix magistrats, ils ont des
compétences concurrentes avec les juges de la Cour du Québec, donc, notamment,
ils vont entendre les infractions de nature. Bien, en fait, ils instruisent les
poursuites introduites en vertu de la partie 27 du Code criminel, relativement
aux infractions de lois fédérales autres que le Code criminel ou réglementant
certaines drogues et autres substances. Ils ont le pouvoir d'autoriser des
mandats. Donc, notamment, si vous allez faire un mandat d'arrestation puis que
c'est une infraction de nature sexuelle ou de violence conjugale, bien, nécessairement,
c'est connexe, c'est un petit peu plus… La victime n'est pas nécessairement
dans la salle, mais le dossier… peut traiter un dossier de violence sexuelle ou
conjugale aussi. Donc, c'est important d'avoir une sensibilité relativement à
ces dossiers-là.
Le Président (M. Benjamin) :
Ça va, Mme la députée de Verdun?
M. Jolin-Barrette : …mandat
d'arrestation ou mandat de perquisition.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Bien, précisément, pour l'éclairage collectif, est-ce qu'un juge de paix
magistrat peut entendre devant lui des victimes de violence sexuelle et
conjugale?
M. Jolin-Barrette : Exemple,
un procès en matière de violence sexuelle ou conjugale…
Mme
Hivon
: Ça,
non.
M. Jolin-Barrette : En
matière… supposons, par poursuite sommaire? Je vais faire la vérification.
Mme
Hivon
: Oui.
Parce que les échos qu'on a des praticiens, là, c'est que les juges de paix
magistrats, disons qu'on est vraiment dans un autre univers. Beaucoup trouvent
que d'exiger la formation pour tous les juges de paix magistrat, y compris ceux
à la retraite, c'est quand même une coche de plus par rapport au reste où ça se
justifie assez bien parce que ce que je reçois comme argument, c'est qu'ils
n'entendent pas de victimes pas de plaignant ou de parties comme telles qui
peuvent avoir été confrontées à ces réalités-là. Par exemple, le ministre nous
a bien expliqué que ce n'était pas juste les juges en chambre criminelle…
Mme
Hivon
:
…assez bien, parce que ce que je reçois comme argument, c'est qu'ils
n'entendent pas de victimes, ou de plaignants, ou de parties comme telles qui
peuvent avoir été confrontés à ces réalités-là. Par exemple, le ministre nous a
bien expliqué que ce n'était pas juste les juges en chambre criminelle parce
que ça se peut qu'en jeunesse, ça se peut aussi qu'en civil dans la cour du
droit de la famille, il y ait vraiment des répercussions puis que ce soit vraiment
important pour le juge d'être bien sensibilisé, formé à cet égard-là. Pour les
juges de paix magistrat, je pense que ça serait vraiment éclairant que le ministre
nous plaide pourquoi il y a ce lien de rattachement là possible, parce qu'on
semble nous rapporter que c'est beaucoup, tu sais, c'est beaucoup plus
technique, là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je vous dirais que je suis très, très à l'aise que tous les membres de la
magistrature au Québec soient assujettis à un programme de perfectionnement sur
les violences sexuelle et conjugale. Les gens… Les juges entendent toutes
sortes de dossiers, mais ça ne veut pas dire que, lorsque quelqu'un vient
témoigner, même si ce n'est pas une cause de violence conjugale ou de violence
sexuelle, c'est une infraction statutaire, c'est une infraction pénale, tout
ça, ça ne veut pas dire que la personne qui va venir témoigner un jour, on ne
devrait pas avoir une sensibilité par rapport à la réalité si c'est porté à
l'attention du juge.
L'autre point, ils autorisent des mandats
de perquisition, ils autorisent des mandats d'arrestation, notamment dans des
cas d'agression sexuelle et de violence conjugale, ça, le juge de paix
magistrat, en son bureau ou en salle de cour, a le pouvoir de faire ça aussi.
Alors, le fait que le juge sache lorsqu'il y a une dénonciation qui est faite
puis qui va venir délivrer un mandat d'arrestation, que c'est un dossier de
violence sexuelle supposons, violence sexuelle sur des mineurs, exploitation
sexuelle, agression sexuelle pour arrêter quelqu'un, peut-être que le juge,
lorsqu'il a le mandat, il posera des questions pour autoriser le mandat en lien
avec le fait qu'il a été sensibilisé à certaines réalités ou préoccupations.
Puis ça, je pense, lorsqu'on parlait, là,
du processus judiciaire, tout à l'heure, que ça doit être sous le couvert, le
fait que les gens soient davantage informés, davantage sensibilisés, c'est le
milieu judiciaire. Puis un juge de paix magistrat, ça siège en chambre
criminelle et pénale aussi, il va fréquenter des collègues aussi, la Cour du
Québec. Alors, le fait que tout le monde ait cette formation, il y en a qui
vont être davantage spécialisés, mais le fait qu'ils soient sensibilisés à
cette réalité-là, aux mythes et préjugés, le fait de recevoir davantage de
formation, ça m'apparaît quelque chose d'important dans notre société, où on
est rendus comme société.
Vous savez, le fait de pouvoir siéger, de
pouvoir prendre des décisions qui ont un impact sur la vie des gens. On parle
d'un très petit nombre de personnes, là, qui ont ce privilège et également
cette responsabilité fort importante. Comme juge de paix magistrat, comme juge
de la Cour du Québec, comme juge d'une cour municipale, vous êtes investi d'un
pouvoir qui est régalien, qui est délégué par l'État pour rendre justice.
Et dans cette considération-là, moi, il
m'apparaît fondamental que les gens qui ont cette responsabilité-là soient…
dans le cadre de notre société d'aujourd'hui, après tout ce qu'on a vécu, après
les avancées significatives, que l'État dise : Oui, c'est vraiment
important, et nous considérons que vous devez être sensibilisés à ces
réalités-là. Alors, c'est pour ça qu'on vise tous les juges.
M. Jolin-Barrette : …le fait
de pouvoir siéger, de pouvoir prendre des décisions qui ont un impact sur la
vie des gens. On parle d'un très petit nombre de personnes qui ont ce privilège
et également cette responsabilité fort importante. Comme juge de paix
magistrat, comme juge de la Cour du Québec, comme juge d'une cour municipale,
vous êtes investi d'un pouvoir qui est régalien, qui est délégué par l'État
pour rendre justice.
Et dans cette considération-là, moi, il
m'apparaît fondamental que les gens qui ont cette responsabilité-là soient…
dans le cadre de notre société d'aujourd'hui, après tout ce qu'on a vécu, après
les avancées significatives, que l'État dise : Oui, c'est vraiment
important, et nous considérons que vous devez être sensibilisés à ces
réalités-là. Alors, c'est pour ça qu'on vise tous les juges.
Mme
Hivon
:
…merci, M. le président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'article 6? S'il n'y a pas d'autre intervention, donc nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 6 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Nous passons maintenant à l'article 7.
M. Jolin-Barrette : L'article
7. L'article 165.1 de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Pour être autorisé à exercer de telles fonctions,
un juge de paix magistrat à la retraite doit avoir suivi le programme de
perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la
violence conjugale établi par le Conseil de la magistrature.»
Donc, avec la modification proposée par le
présent article, les juges de paix magistrat à la retraite ne pourraient être
autorisés à exercer des fonctions judiciaires que s'ils ont suivi le programme
de perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la
violence conjugale qui serait établi par le Conseil de la magistrature. Donc,
c'est le pendant des juges de la Cour du Québec qui sont à la retraite, les
juges de paix magistrat à la retraite devraient également suivre cette
formation.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Donc, juste pour qu'on se comprenne bien, tantôt, on l'a passé vite, là, quand
c'était les juges de la Cour du Québec à la retraite, mais ce que ça veut dire,
c'est que, concrètement, ceux qui vont avoir l'obligation, c'est les nouveaux
juges donc qui vont devoir, avant d'être nommés, s'engager sur l'honneur à
suivre la formation, puis les juges qui sont retraités, qui vont avoir
l'obligation de la suivre pour revenir siéger. Évidemment, tous les juges… Oui.
M. Jolin-Barrette : Juste une
spécification. Généralement, là, les juges retraités, là, ils ne prennent pas
leur retraite puis ils reviennent, là, généralement, ils prennent leur
retraite, mais ils continuent, là…
Mme
Hivon
: Oui,
c'est en continu, exact.
M. Jolin-Barrette : …ils
annoncent leur retraite comme un an d'avance quasiment puis ils disent :
Je vais prendre ma retraite, puis avant qu'ils prennent leur retraite, on
dit : Bien, on va adopter un décret pour qu'ils prolongent.
Mme
Hivon
:
C'est ça. Puis on peut donc s'imaginer que, pendant cette période-là, où ils
prévoient leur retraite et qu'ils prévoient continuer à siéger après comme
juges suppléants, ils vont faire le programme de perfectionnement, mais tous…
M. Jolin-Barrette : …avant
qu'ils prennent leur retraite, on dit : Bien, on va adopter un décret pour
qu'ils prolongent.
Mme
Hivon
:
C'est ça. Puis on peut donc s'imaginer que, pendant cette période-là, où ils
prévoient leur retraite et qu'ils prévoient continuer siéger après, comme juges
suppléants, ils vont faire le programme de perfectionnement, mais tous les
autres juges…
M. Jolin-Barrette : Il ne
faudrait pas, et j'exprime un souhait, il ne faudrait pas attendre d'être rendu
à la veille de la retraite pour se dire : Bon. Bien, je veux continuer à
travailler, ça fait que je vais suivre le programme, mais ça, ça relève de
l'indépendance judiciaire.
Mme
Hivon
:
Exact. Donc, je veux juste qu'ici on soit bien conscient que, pour tous ces
juges-là qui ne sont pas sur le point de prendre leur retraite puis qui veulent
revenir siéger ou qui ne sont pas un nouveau juge qui veut être nommé, il n'y a
pas d'obligation.
• (18 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Pour les
juges en exercice, ils sont invités à suivre la formation.
Mme
Hivon
: Mais
il n'y a rien, je veux dire, il n'y a rien dans la loi qui…
M. Jolin-Barrette : Je ne
peux pas obliger un juge en exercice à suivre une formation.
Mme
Hivon
:
C'est ça. Donc, si on se parle clairement, le ministre prend les possibilités
qu'il a, soit parce qu'il faut qu'il signe un décret pour autoriser un juge à
la retraite à revenir siéger ou soit parce qu'il a le pouvoir, évidemment, de
nommer un juge, de le faire. Mais juste pour que ce soit clair pour tout le
monde, les autres juges, il n'y a pas d'obligation parce que le ministre n'a
pas la capacité de l'obliger.
M. Jolin-Barrette : En vertu
de l'indépendance judiciaire…
Mme
Hivon
: Tout
à fait.
M. Jolin-Barrette : …puis en
vertu de la séparation des pouvoirs, la formation des juges relève du Conseil
de la magistrature.
Mme
Hivon
: Puis
pour la question, là, juste revenir brièvement sur la question que c'est une
nouvelle condition de nomination, ça veut dire que maintenant, dans les avis de
nomination de juge, ça va être inscrit que le candidat va devoir s'engager à
suivre… ça va être inscrit clairement, hein?
M. Jolin-Barrette : C'est
dans le cadre du formulaire prescrit par règlement. Donc, vous avez copié à la
fin du projet de loi qui va permettre… Dans le fond, à la fin : Je
m'engage, si je suis nommé à suivre le programme de perfectionnement sur les
réalités relatives à la violence sexuelle ou à la violence conjugale établi par
le Conseil de la magistrature.
Mme
Hivon
: Les
pages 31 et suivantes de notre cahier, là, donc ça va être inscrit là.
O.K., c'est beau, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article 7?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons donc procéder à la mise aux
voix. Est-ce que l'article 7 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Nous poursuivons. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : L'article
8 : L'article 257 de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, de
l'alinéa suivant :
«Le conseil établit notamment un programme
de perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la
violence conjugale. À cette fin, il consulte les personnes et les organismes
qu'il estime appropriés en raison de leur expérience, de leur expertise, de
leur sensibilité ou de leur intérêt en ces matières.»
Cet article prévoit que le Conseil de la
magistrature devrait établir un programme de perfectionnement sur les réalités
relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale.
Avant d'établir ce programme, le conseil
consulterait les personnes et les organismes…
M. Jolin-Barrette :
…cette fin, il consulte les personnes et les organismes qu'il estime appropriés
en raison de leur expérience, de leur expertise, de leur sensibilité ou de leur
intérêt en ces matières. Cet article prévoit que le Conseil de la magistrature
devrait établir un programme de perfectionnement sur les réalités relatives à
la violence sexuelle et à la violence conjugale. Avant d'établir ce programme,
le conseil consulterait les personnes et les organismes qu'il estimerait
appropriés. Tous les juges, même ceux déjà nommés, pourraient suivre ce
programme de perfectionnement.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai des interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci,
M. le Président. Dans le fond, ici, de la façon dont on le lit, c'est que
le conseil établit, notamment, un programme de perfectionnement sur les
réalités. Bien, peut-être qu'on l'écrit, mais ça revient un peu aux questions
que je posais tout à l'heure au ministre, peut-être : Est-ce que ce
programme de perfectionnement sur les réalités existe déjà? C'est possible.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, c'est possible qu'il y ait de la formation en lien avec les
violences sexuelles et les violences conjugales de la part de la Cour du
Québec, de la part du Conseil de la magistrature.
Mme Melançon : C'est pour
ça que je posais la question tout à l'heure, M. le Président, dans le
fond, à savoir est-ce que ça se peut que ça existe déjà. C'est pour ça que je
posais la question aussi à savoir est-ce qu'il y avait eu un échange entre le
Conseil de la magistrature et le ministre de la Justice pour savoir est-ce que
ça, ça existe déjà.
M. Jolin-Barrette :
Nous, on vient très clairement l'établir, qu'il doit y avoir un programme de
perfectionnement. Et que, et que, pour construire ce programme de
perfectionnement là, le Conseil de la magistrature consulte les personnes ou
les organismes qu'il estime appropriés en raison de leur expérience, de leur
expertise, de leur sensibilité et de leur intérêt en ces matières.
Mme Melançon : Donc, ma
question, M. le Président : Est-ce que c'est possible qu'il y ait
déjà un programme de perfectionnement comme ça avec consultation des personnes?
Est-ce que ça se peut que ça existe? C'est une question dont je n'ai pas la
réponse.
M. Jolin-Barrette :
C'est possible, c'est possible.
Mme Melançon : Mais… ou
justement la collaboration… Puis là, je vais bien sûr aller fouiller dans le
document qui nous a été déposé par le Conseil de la magistrature sur le sujet.
Pas que je sois contre l'idée, au contraire, parce que ça va exactement dans
l'esprit de ce que nous discutions à l'époque. Ma question, c'est juste de
savoir, si on introduit ici un article comme celui-là, est-ce que c'est pour
nous… est-ce que c'est pour qu'on se fasse plaisir entre nous? Ou si c'est
vraiment parce que là, le ministre, tout à l'heure, disait : Tu sais, je
ne peux pas, je ne peux pas aller plus loin, puis il nous invitait à la
prudence?
Puis depuis le début, moi, je dis :
On doit être prudent, il faut aplanir les irritants, je ne veux pas que ce
projet de loi là soit contesté par la Cour du Québec notamment. Mais à partir
du moment où on se dit tout ça puis qu'on…
Mme Melançon : …puis, depuis le
début, moi, je dis : On doit être prudent, il faut aplanir les irritants,
je ne veux pas que ce projet de loi là soit contesté par la Cour du Québec notamment,
mai à partir du moment où on se dit tout ça puis qu'on introduit cet article-là
sur lequel on ne peut pas dire qu'il va y avoir un programme de perfectionnement,
mais qu'en même temps on demande, en plus, qu'il y ait une consultation des
personnes et des organismes, mais ça se peut que ça existe, mais ça se peut que
ça n'existe pas, mais ça se peut aussi qu'on ne puisse pas l'exiger. Donc, je
trouve qu'on est dans… il y a beaucoup de non-dit ici, puis je sais, là, qu'on
est dans un terrain miné, dangereux, glissant, bref, on est dans l'ordre de ce
qui nous appartient peut-être ou peut-être pas. Donc, c'est pour ça que
je pose la question au ministre : Est-ce qu'à sa connaissance à lui, comme
ministre de la Justice, aujourd'hui, il y a un programme de perfectionnement
sur les réalités relatives aux violences sexuelles et à la violence conjugale?
Et est-ce que c'est possible que, de ces programmes-là qui sont offerts
actuellement, que ce soit en lien… en tout cas, qu'il y ait un lien déjà
préalable avec les organismes, est-ce que c'est une chose qui est possible?
M. Jolin-Barrette : C'est
quelque chose qui est possible et il y a une obligation déontologique d'être
membre de la magistrature, de maintenir et d'acquérir les connaissances et
l'aptitude nécessaire à l'exercice de leurs fonctions judiciaires. Donc, c'est
une responsabilité que le Code de déontologie de la magistrature impose aux
magistrats québécois et qui est exercée par le Conseil de la magistrature.
Alors, bien entendu, il y a beaucoup de juges qui siègent en matière
d'infraction sexuelle et conjugale et il y a déjà de la formation qui est
donnée. Ce que nous faisons aujourd'hui, c'est que nous envoyons un signal très
clair à l'effet que les réalités des violences sexuelles et conjugales doivent
être considérées par le Conseil de la magistrature dans le cadre du perfectionnement
qui est offert aux juges.
Même s'ils sont spécialisés, la société
indique clairement qu'en tout respect de l'indépendance judiciaire, il nous
apparaît important, dans le cadre de notre société d'aujourd'hui, comme le sont
les juges fédéraux, hein, d'ailleurs, ça, c'est important de le souligner, les
juges de la Cour supérieure, hein, qui n'entendent pratiquement pas de causes en
matière criminelle, parce que plus de 99 point quelque pour cent des dossiers,
en matière d'infraction de nature sexuelle et conjugale, se retrouvent à la
Cour du Québec. Tous les juges de la Cour supérieure sont assujettis à cette
formation. Tous les juges de la Cour d'appel sont assujettis à cette formation.
Tous les juges de la Cour fédérale sont…
M. Jolin-Barrette : …parce
que plus de 99 point quelque pour cent des dossiers en matière
d'infractions de nature sexuelle et conjugale se retrouvent à la Cour du
Québec. Tous les juges de la Cour supérieure sont assujettis à cette formation.
Tous les juges de la Cour d'appel sont assujettis à cette formation. Tous les
juges de la Cour fédérale sont assujettis à cette formation. Tous les juges de
la Cour d'appel fédérale sont assujettis à cette formation. Pourquoi? Parce
qu'autant le législateur fédéral que le législateur… du Québec considèrent…
Désolé, M. le Président, la langue m'a pratiquement fourchu. Alors, c'est pour
ça que le législateur québécois s'est assuré, dans le cadre du projet de loi,
d'envoyer un signal très clair sur quelles sont les attentes en termes de
formation. Et je le réitère, l'État québécois consacre 1,5 million de
dollars à la formation des juges.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
S'il n'y avait pas de séparation des pouvoirs, on ne serait pas en démocratie,
donc ce serait problématique. Mais comme discussion au point de vue l'esprit,
un petit détail comme ça. La raison pour laquelle on fait la discussion, ce
n'est pas parce qu'on est contre l'idée qu'il y ait de la formation, puis qu'on
puisse être précis, puis tout ça. Je pense que tout le monde souhaite ça. C'est
juste qu'on ne veut pas créer des irritants ou des risques. Puis d'ailleurs le
ministre, tantôt j'ai noté, il a dit quelque chose comme : Ça n'amène
pas de risque supplémentaire. Ce qui voulait comme laisser entendre qu'il y a
quand même des risques, mais que ça n'amènait pas des risques supplémentaires.
Donc, il faut faire attention, je pense, parce qu'on veut que ça marche, le
tribunal.
Donc, je me demande juste si pour aplanir
un peu… Moi, honnêtement, je ne vois pas l'article 8, ce qu'il vient
apporter par rapport à l'obligation qui est déjà faite aux autres articles, là,
dont on dit dès l'article 5 «un programme établi par le Conseil de la
magistrature. Donc, c'est…
M. Jolin-Barrette :
C'est parce que ça fait référence à ce programme. On dit ce programme-là,
qu'est-ce qu'il le contient? C'est l'article 8 qui le contient.
Mme
Hivon
:
Oui, mais ça ne le dit pas ce que ça contient. Tout ce que ça dit, c'est qu'il
doit consulter du monde, dans le fond.
• (18 h 50) •
M. Jolin-Barrette :
Bien, ce que ça dit, c'est que c'est un programme de perfectionnement sur les
réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale. Ça fait
que ça, c'est le premier point.
Ce à quoi ils doivent s'engager, ceux qui
ne sont pas encore nommés à la fonction de juge, ils doivent suivre ce
programme de perfectionnement là. Et l'assise de ça, il est à
l'article 257 de la Loi sur les tribunaux judiciaires. Après ça on
dit : Pour construire ce programme-là, le conseil est invité à consulter
telle, telle personne.
Mme
Hivon
:
Mais le ministre nous dit, lui, que de l'inscrire à l'article 93, puis de
dire… parce que c'est bien écrit, là : «…un juge à la retraite — à
l'article 5, par exemple — doit avoir suivi le programme de
perfectionnement…
M. Jolin-Barrette : …ce
programme-là, le conseil est invité à consulter telle, telle personne.
Mme
Hivon
: Mais
le ministre nous dit, lui, que de l'inscrire à l'article 93, puis de dire…
Parce que c'est bien écrit, là : «…un juge à la retraite — à
l'article 5, par exemple — doit avoir suivi le programme de
perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la
violence conjugale établi par le Conseil de la magistrature.» Donc, ça dit ce
que ça a à dire.
M. Jolin-Barrette : …c'est
parce que l'enjeu, là, c'est qu'on est dans une disposition spécifique, à 93,
puis votre disposition spécifique se rattache à la disposition générale qui est
à 257, pour dire… Parce que, si vous dites, là… Dans le fond, à 93,
c'est : L'obligation est sur la tête du juge de paix magistrat, supposons,
de suivre la formation, puis on dit : Vous devez suivre la formation… Vous
devez suivre le programme de perfectionnement qui est nommé… programme de
perfectionnement de la… «établi par le Conseil de la magistrature», mais ça ne
dit pas qu'il existe, ce programme-là. C'est comme un énoncé de fait. Dans le
fond, vous dites : Bien, vous allez devoir suivre ce programme-là. Mais le
programme en soi, il est où? Il est créé par l'article 257. Ça fait que votre
disposition spécifique, elle est là puis elle se raccroche à la disposition
générale.
Mme
Hivon
: Ça
fait que ce que le ministre nous dit, c'est que, parce qu'on l'a énoncé là, ce
n'est pas suffisant. Il faut vraiment donner…
M. Jolin-Barrette : Le
mandat.
Mme
Hivon
:
Inscrire clairement le mandat, donc la responsabilité.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme
Hivon
: O.K.
Pour répondre… bien, pour faire suite à la question de ma collègue de Verdun,
qui disait : Mais peut-être qu'il est déjà établi… Puis, effectivement, en
tout cas, si on lit le mémoire, il y a toute une page qui explique, là, tout ce
qui se fait en matière d'agressions sexuelles, de violence sexuelle et
conjugale, et tout ça. Donc, pour ne pas donner l'impression qu'il va devoir y
avoir l'établissement d'un programme, ça pourrait être hybride, on se comprend,
il peut y avoir déjà des choses qui se font, ça va peut-être… peut-être que le
programme de perfectionnement va être perfectionné, donc mis à jour, et tout
ça, peut-être qu'il va être créé en partie… «Le conseil établit», ça donne un
peu l'impression que c'est comme une nouvelle responsabilité. Si on disait, par
exemple, «Le conseil offre», je veux dire… O.K. Pourquoi, non?
M. Jolin-Barrette : Je vous
réfère au texte de l'article 257, original, là : «Le conseil établit des
programmes d'information, de formation et de perfectionnement des juges des
cours et des juges de paix magistrats relevant de l'autorité législative du
Québec et nommés par le gouvernement.» Ensuite, on vient ajouter : «Le
conseil établit notamment un programme de perfectionnement sur les réalités
relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale.»
Alors, ce qui est important, c'est que ça
soit pérein. Vous me l'avez dit à plusieurs reprises, notamment par rapport au
tribunal, mais nous, on veut s'assurer que ça demeure une question d'actualité.
Alors, ce programme de formation là devra être là à travers le temps, pas au
gré des saisons. Alors, on dit clairement, c'est un message qui est
envoyé : Vous devez établir un programme en matière de violence sexuelle
et conjugale.
Mme
Hivon
: Ça,
je suis d'accord. Je pense juste que d'offrir… Si tu es obligé d'offrir ou
d'établir, ton obligation est aussi ferme, là. Ça fait que c'était juste…
M. Jolin-Barrette : …à travers
le temps, pas au gré des saisons. Alors, on dit clairement, c'est un message
qui est envoyé : Vous devez établir un programme en matière de violence
sexuelle et conjugale.
Mme
Hivon
:
Hum-hum. Ça, je suis d'accord. Je pense juste que d'offrir, si tu es obligé
d'offrir ou d'établir, ton obligation est aussi ferme, là. Ça fait que c'était
juste… mais je comprends que l'alinéa d'avant parle d'établir. Ça fait que ça
me va pour garder le mot «établir». Puis la dernière question, c'est pourquoi
aller jusqu'à les prendre par la main? Parce qu'on sait la sensibilité qu'il y
a par rapport à ça, là, on a vu quelques pages à quelques endroits sur le
sujet. Pourquoi prendre la main du Conseil de la magistrature pour dire qu'il
faut qu'il consulte des personnes et des organismes comme si le Conseil de la
magistrature ne pensait pas faire ça? J'imagine que le maintenant comprend un
peu le message que ça envoie et l'irritant que ça peut créer.
M. Jolin-Barrette : Oui, et
je crois que dans notre société, il est nécessaire qu'un programme de
perfectionnement soit construit en consultant des gens qui travaillent auprès
des personnes victimes qui ont une expérience, qui ont une expertise, qui ont
un intérêt ou qui on une sensibilité particulière. Je crois que ça ne dit pas
qui doit être consulté, tel professeur, telle organisation, tel regroupement de
victimes, que ça soit les CAVAC, que ça soit quelqu'un qui a une sensibilité,
mais je pense que pour le législateur, c'est important de venir dire, lorsque
vous construisez cette formation-là, relativement au savoir-être, au
savoir-faire, par rapport aux mythes et préjugés, par rapport au contenu des
réalités qui sont vécues par les victimes de violences sexuelle et conjugale…
c'est important d'envoyer un signal clair que pour construire cette
formation-là, il doit y avoir une formation qui… un programme de
perfectionnement qui va amener une démarche vers une ouverture, une
consultation en lien avec des gens qui connaissent particulièrement les
différentes réalités.
Et par mes propos, je ne veux pas dire que
les membres de la magistrature ne comprennent pas ou ne connaissent pas cette
réalité-là, mais en termes de formation, pourquoi ne pas offrir un programme de
perfectionnement qui invite le Conseil de la magistrature… Et c'est développé
par le Conseil de la magistrature, il faut le dire, la formation, elle est
faite par le Conseil de la magistrature, mais qui va prendre des informations,
des renseignements de certaines personnes qui oeuvrent dans ce domaine-là. Ça
m'apparaît tout à fait pertinent de l'indiquer.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Donc, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Le ministre me
donne quasiment le goût de demander qu'on ajoute aux articles précédents, ces
spécifications-là, quand on parle de la formation.
M. Jolin-Barrette :
…distinction qui existe, et j'ai eu l'occasion de le donner, puisqu'il s'agit…
Le Président (M. Benjamin) :
...Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Le ministre me
donne quasiment le goût de demander qu'on ajoute aux articles précédents ces
spécifications-là quand on parle de la formation.
M. Jolin-Barrette : La
distinction qui existe, et j'ai eu l'occasion de le donner, puisqu'il s'agit de
fonctions particulières et que la formation relève uniquement du Conseil de la
magistrature, c'est un message, un signal qui est envoyé en tout respect de
l'indépendance judiciaire.
Mme Labrie : On pourrait
envoyer le même signal puis demander que le ministre fasse la même chose, là,
«qu'il consulte les personnes et les organismes qu'il estime appropriés en
raison de leur expérience, leur expertise, leur sensibilité ou leur intérêt en
ces matières». On pourrait ajouter ça quand il est question, au sixième paragraphe,
bon, de l'article 3, de la responsabilité du ministre d'assurer une
formation continue de base et spécialisée. On pourrait rajouter la même chose.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
je vais le prendre en délibéré, mais c'est déjà le cas puis c'est déjà ça qu'on
fait au ministère.
Mme Labrie : ...inscrire dans
la loi les choses. Si vous le faites déjà, tant mieux, ce sera plus facile pour
le gouvernement de s'y conformer, là. Il n'y a rien de plus réjouissant de
savoir que vous allez vous conformer facilement à ce qu'on demande.
M. Jolin-Barrette : Je le
prends en délibéré.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Justement,
c'était le prochain point que je voulais amener. Après que ma collègue de Sherbrooke
prenne la parole, je voulais revenir sur la demande que je faisais tout à
l'heure, la préoccupation que j'émettais qu'en fait, on ne parle... le ministre
nous a bien expliqué pourquoi il prévoit ça, puis les distinctions, puis...
mais pour la pérennité, pour la clarté, pour s'en assurer... Parce que, là, on
a la ceinture, les bretelles, on a tout, là, hein, pour le Conseil de la
magistrature, on va dans le détail. On dit qu'ils vont devoir consulter puis
quel... sur quel type d'expérience, puis tout ça. Pour le reste, pour tous nos
autres intervenants, on ne sait pas qui est responsable, on ne parle pas de
programme de perfectionnement, on ne dit pas qui va consulter.
M. Jolin-Barrette : Si je
peux me permettre, là, on est là, sur les juges, à 8. Tout ce débat-là, on peut
le refaire à 3 puis à 11.
Mme
Hivon
: Oui,
c'est juste que le ministre, tantôt... Moi, je veux bien qu'on le refasse à 3
et à 11, mais il nous a dit, à 3 : Vous savez, on va juste... Sauf que ça
pourrait être à 3. Moi, je veux juste que le ministre sache que...
M. Jolin-Barrette : Je le
sais. J'ai très bien saisi.
Le Président (M. Benjamin) :
...
Mme
Hivon
:
Merci. Il y a un enjeu de pérennité puis il y a un enjeu aussi de diminution
d'irritants pour monter qu'on ne met pas la ceinture et les bretelles et tout
ce qu'on peut trouver d'autres pour les juges, puis que, pour le reste, il n'y
a rien qui vient spécifier le programme de perfectionnement puis les
obligations de consultation puis tout ça.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Très bien
noté.
Le Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article 8?
• (19 heures) •
Mme
Hivon
: Moi,
je voudrais savoir... c'est parce que, là, on va adopter ça, qui va loin pour
le Conseil de la magistrature, mais on ne sait pas si on va avoir une
disposition miroir pour les autres. Moi, pour adopter ça, je voudrais qu'on me
dise qu'on va dire la même chose pour les autres....
19 h (version non révisée)
Le Président (M. Benjamin) :
...est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article 8?
Mme
Hivon
:
Moi, je voudrais savoir, c'est parce que, là, on va adopter ça qui va loin pour
le Conseil de la magistrature, mais on ne sait pas si on va avoir une
disposition miroir pour les autres. Moi, pour adopter ça, je voudrais qu'on me
dise qu'on va dire la même chose pour les autres.
M. Jolin-Barrette : Je
vais le prendre en délibéré.
Mme
Hivon
:
Donc, on va suspendre 8.
M. Jolin-Barrette : Non,
on va adopter 8...
Mme
Hivon
:
Bien, on ne peut pas marcher comme ça, là, à moins que le ministre dise que
c'est son intention.
M. Jolin-Barrette : Je
vais l'inscrire dans les projets pilotes.
Mme
Hivon
:
Oui? O.K. Parfait.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article 8?
Mme
Hivon
:
Je salue l'ouverture du ministre sur ce point.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Joliette. Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention
sur l'article 8, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 8 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Benjamin) :
Adopté. Merci. M. le ministre, poursuivons.
M. Jolin-Barrette : Article 9,
M. le Président...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui,
article 9 : Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article
259, du suivant :
«259.1. Au plus tard le 31 mars de
chaque année, le conseil remet au ministre de la Justice un rapport sur la mise
en oeuvre, au cours de l'année précédente, du programme de perfectionnement sur
les réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale.
«Ce rapport indique notamment, pour chaque
activité de perfectionnement :
«1° son titre, une description de son
contenu, sa durée et les dates où elle a été offerte;
«2° le nombre de juges et de juges de paix
magistrats qui y ont assisté.
«Le ministre dépose ce rapport devant
l'Assemblée nationale dans les 15 jours de sa réception ou, si elle ne
siège pas, dans les 15 jours de la reprise de ses travaux.».
Cet article prévoit que le Conseil de la
magistrature devrait préparer un rapport annuel sur la mise en œuvre du
programme de perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle
et à la violence conjugale. Ce rapport serait déposé à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci,
merci beaucoup, M. le Président. Bien, à ce moment-ci, l'article 9, moi,
je me rappelle du mémoire du Barreau qui nous disait... qui nous appelait à la
prudence, là. Puis, si je peux juste trouver, pardonnez-moi, je vais...
M. Jolin-Barrette :
C'est préférable que vous ne mettiez pas de transmission au ministre puis
directement à l'Assemblée nationale.
Mme Melançon :
Exactement. Parce que, selon le Barreau, cela pouvait compromettre
l'indépendance judiciaire. Depuis le début, donc, de l'actuel projet de loi, on
le sait, là, on marche parfois sur la ligne. Puis, à ce moment-ci, je voudrais
juste que le ministre puisse soit nous rassurer ou nous dire que dans aucun cas
on peut compromettre l'indépendance judiciaire en faisant l'exigence de déposer
un rapport au ministre qui déposera 15 jours, en tout cas, je pense que
c'était ça, là, 15 jours, dans les 15 jours suivants sa réception,
là, déposer le tout devant l'Assemblée nationale.
M. Jolin-Barrette : Je
tiens à rassurer la députée de Verdun, ça ne contrevient...
Mme Melançon : …déposer un
rapport au ministre, qu'il déposera 15 jours… en tout cas, je pense que c'était
ça, là, dans les 15 jours suivant sa réception, là, déposer le tout devant l'Assemblée
nationale.
M. Jolin-Barrette : Je tiens
à rassurer la députée de Verdun, ça ne contrevient pas du tout à l'indépendance
judiciaire, le fait de transmettre le rapport au ministre qui, lui, le dépose.
Mme Melançon : Alors,
j'aimerais juste savoir, M. le Président, comment est-ce que le ministre
interprète la réticence du Barreau à ce moment-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, le
Barreau a droit à son opinion, le Barreau n'a pas indiqué que ça ne respectait
pas la séparation des pouvoirs. Le Barreau a indiqué que ça pouvait constituer…
qu'il serait peut-être préférable de l'envoyer directement à l'Assemblée
nationale. Moi, ce que je dis, c'est que c'est préférable de l'envoyer au ministre
de la Justice, qui le dépose, comme les différents organismes qui relèvent du ministre
de la Justice.
Mme Melançon : Dans le fond,
ce que proposaient les gens du Barreau, c'était plutôt un rapport annuel sur la
formation dispensée aux juges sur ces enjeux puis que ce soit disponible directement
sur le site Internet, là, et non pas déposé. Moi, je fais juste soulever le questionnement,
à ce moment-ci, parce que, comme je le dis depuis le début, il y a des
irritants, puis je ne voudrais pas qu'on échappe parce qu'on n'a pas entendu ou
écouté. Puis là c'est le Barreau, quand même, là, qui nous faisait le
commentaire pour l'article 9, spécifiquement. Je demeure quand même inquiète. J'imagine
que le ministre a donc entre les mains des avis juridiques qui peuvent nous
conforter dans la décision d'introduire ici, à l'article 9, la modification
dans l'insertion après l'article 259.
M. Jolin-Barrette : Il n'y a
pas d'enjeu sur l'exercice de l'indépendance judiciaire du fait que le ministre
reçoit le rapport et le soumet à l'Assemblée nationale. Je crois qu'il est
important que le Conseil de la magistrature puisse informer la population
adéquatement et qu'au 31 décembre, annuellement, transmette au ministre de la
Justice et, qu'au plus tard 15 jours après le ministre de la Justice puisse le
déposer en Chambre à l'Assemblée nationale.
Mme Melançon : Je veux juste
savoir, il n'y a pas d'enjeu aux yeux du ministre ou il n'y a pas d'enjeu,
c'est l'information qu'on a du ministère de la Justice? C'est votre lecture,
comme ministre, là, de me dire qu'il n'y a pas d'enjeu, actuellement, ou si
c'est la lecture du ministère de la Justice et peut-être des avis que vous avez
entre les mains?
M. Jolin-Barrette : Alors,
j'ai des avis juridiques, je ne les dévoile pas, mais la position…
Mme Melançon : …c'est votre
lecture comme ministre de me dire qu'il n'y a pas d'enjeux actuellement ou si
c'est la lecture du ministère de la Justice et peut-être des avis que vous avez
entre les mains?
M. Jolin-Barrette : Alors,
j'ai des avis juridiques. Je ne les dévoile pas. Mais la position que j'exprime
en cette chambre, en cette commission est la position du gouvernement du Québec.
Donc, vous comprendrez que je suis en accord avec le texte de loi que j'ai
présenté. Et je le fais non pas en tant que Simon, mais en tant que ministre de
la Justice.
Mme Melançon : J'ai une autre
question, M. le Président. Dans le rapport, donc on va indiquer que pour chaque
activité de perfectionnement, puis je voulais juste vous dire, là, tout à
l'heure, je suis allée chercher, puis j'ai répondu à ma propre… parce que je
savais que j'avais lu à quelque part, là, la durée, dans le fond, des formations
pour les juges, puis c'était 10 jours, là, qui étaient consentis pour des
formations. Donc, je m'étais un peu… j'avais vu ça gros les perfectionnements,
dans el fond, en pensant que ça pouvait être sur des semaines ou…
M. Jolin-Barrette : Juste une
précision également. Je tiens à vous dire également que dans la loi fédérale,
le ministre de la Justice reçoit le rapport également.
Mme Melançon : Grand bien au
ministre de la Justice fédéral. Moi, je voulais surtout entendre le ministre de
la Justice provincial, là, ici, sur le sujet, parce que pour moi…
M. Jolin-Barrette : O.K.
Ministre de la Justice du Québec.
Mme Melançon : Tout à fait.
Pour moi, ce qui est un enjeu à ce moment-ci, puis je vous le dis, M. le
Président, tu sais, à partir du moment où le Barreau émet des inquiétudes, je
pense qu'on doit les entendre. Puis à partir du moment où je constate que le
ministre a des avis entre les mains qui lui disent l'inverse, c'est parce que
ça fait plusieurs fois, quand même, M. le Président, où on est sur la ligne,
puis il y en a des irritants, puis des fois le ministre dit : Bien non,
moi, je vous le dis qu'on peut aller là. Moi, je veux croire le ministre, là,
je veux toujours croire le ministre. Ça fait vraiment plaisir de lui faire
plaisir au quotidien, mais moi je veux m'assurer qu'il n'y aura pas de
contestations sur une possible lecture autre que celle du ministre de la
Justice du Québec. Et c'est pourquoi je voulais soulever avec ce que le Barreau
nous avait mentionné. Cela étant dit, à l'intérieur du rapport, là, on va nous
indiquer pour chaque activité de perfectionnement, le titre, la description du
contenu. Donc, moi, tantôt, j'entendais que tout ça, on ne les a pas actuellement,
là. On n'a pas actuellement quelles sont les activités, quelle est la
description du contenu. Ça, ça va être tout à fait nouveau. C'est ce que je
comprends que qu'est-ce qui est indiqué ici, parce que tantôt je posais la
question au ministre…
Mme Melançon : …tout ça, on ne
les a pas actuellement, là, on n'a pas actuellement quels sont les activités,
quelle est la description du contenu. Ça, ça va être tout à fait nouveau, c'est
ce que je comprends de ce qui est indiqué ici. Parce que, tantôt, je posais la question
au ministre : Est-ce que ça existe actuellement? C'est quoi, la formation?
Puis de dire : Bien, non, ça, c'est le Conseil de la magistrature. Ça, on
ne le sait pas. Est-ce que ça existe actuellement? Ça, on ne le sait pas. Mais
là ce que je comprends, c'est qu'on va intégrer ici, dans le rapport, quels
seront les activités de perfectionnement, la description de cette activité de
perfectionnement, la durée, bon, la date offerte, ce n'est pas si mal, là, puis
le nombre de juges et de juges de paix magistrat qui ont assisté. Mais ces informations-là,
à l'heure où on se parle, ça n'existe pas.
M. Jolin-Barrette : À l'heure
actuelle, ces informations-là ne sont pas rendues publiques.
Mme Melançon : Et donc si je
poursuis, M. le Président, tantôt, je posais la question au ministre, à
savoir : Mais est-ce que cette activité de perfectionnement-là, actuellement,
est-ce que ça existe? Puis le ministre me disait : Peut-être. Donc,
possible. À ce moment-ci, ce que je veux savoir, c'est son titre, une
description du contenu, ça, là, ça va être quelque chose qui est totalement
nouveau qu'on exige maintenant.
• (19 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme Melançon : C'est par
transparence. Et est-ce que… Pourquoi ce n'était pas demandé avant? Pourquoi on
ne l'avait pas?
M. Jolin-Barrette : Vous
voulez dire dans la loi?
Mme Melançon : Non, mais pas
dans la loi, mais c'est parce que, tantôt, je vous posais la question, M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, parce
qu'il n'y a pas d'obligation d'en rendre compte de la part du Conseil de la
magistrature.
Mme Melançon : Et là on arrive
avec une obligation.
M. Jolin-Barrette : Là, on a
une obligation de rendre compte.
Mme Melançon : D'accord.
M. Jolin-Barrette : Puis vous
noterez la responsabilité de rendre compte, elle est sur le titre de la
formation, le contenu, les dates puis le nombre de juges, c'est tout.
Mme Melançon : Ce n'est pas
nominal?
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas nominal. Alors, ça respecte le principe de l'indépendance judiciaire. Mais
les Québécois et les Québécoises consacrent 1,5 million de dollars à la
formation des juges aux Québec, alors je crois que sur un sujet aussi important,
c'est important que les parlementaires, la population du Québec sachent combien
de juges ont suivi le programme de perfectionnement.
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Je trouve ça
aussi important qu'on sache ce qui en est des formations puis qu'il y ait un
rapport. J'aimerais savoir si le ministre a de l'ouverture, il semble en avoir
beaucoup, j'espère qu'il en aura là-dessus aussi, à ce que lui-même dépose un
rapport sur les formations qui vont être développées pour tous les autres
intervenants dont on a fait mention jusqu'à maintenant.
M. Jolin-Barrette : Je vais
le prendre en délibéré.
Mme Labrie : Parfait. Parce
que j'ai déjà fait savoir au ministre qu'à mon sens c'est une lacune que dans
le projet de loi il n'y a pas de... il n'y a aucun article qui prévoit…
Mme Labrie : ...dépose un
rapport sur les formations qui vont être développées pour tous les autres
intervenants dont on a fait mention jusqu'à maintenant.
M. Jolin-Barrette : Je vais
le prendre en délibéré.
Mme Labrie : Parfait. Parce
que j'ai déjà fait savoir au ministre qu'à mon sens, c'est une lacune que dans
le projet de loi il n'y a pas de... il n'y a aucun article qui prévoit les
modalités de suivi, là, des tribunaux spécialisés. À mon sens, il faut qu'il y
ait aussi un engagement du ministre sur plusieurs choses, mais notamment que
lui-même dépose un rapport sur les formations offertes.
M. Jolin-Barrette : C'est
bien noté.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui.
Donc, à ce jour, là, je veux juste être bien claire... être sûre que j'ai bien
compris, le Conseil de la magistrature, il ne fait aucun rapport annuel, rien?
M. Jolin-Barrette : Le
Conseil de la magistrature fait un rapport annuel aux... Trois ans?
Une voix : Je pense que c'est
à tous les deux ans.
M. Jolin-Barrette : Pardon?
Une voix : Tous les deux ans,
en théorie.
M. Jolin-Barrette : Oui. Le
Conseil de la magistrature, en théorie, fait un rapport annuel aux deux ans, en
théorie.
Mme
Hivon
:
C'est quoi, la source de cette obligation-là, qui est appliquée en théorie?
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est ça, il n'y a pas d'assise légale.
Mme
Hivon
: Non.
O.K. Mais là, la complexité de la chose, c'est que le ministre nous dit :
Il n'y a pas de lien hiérarchique, mais il demande que le rapport lui soit
transmis, à lui. J'essaie de suivre la logique du raisonnement.
M. Jolin-Barrette : Bien,
notamment...
Mme
Hivon
: Il
n'y a aucun lien de rattachement. Là, je comprends que...
M. Jolin-Barrette : Bien, le
ministre de la Justice est responsable de l'administration de la justice.
Mme
Hivon
: Oui.
M. Jolin-Barrette : Donc, il
y a un lien de rattachement là.
Mme
Hivon
: Mais
à ce jour, on n'a jamais cru bon inscrire nulle part que le Conseil de la
magistrature devait faire un rapport de ses activités? C'est quelque chose qui
n'existe pas du tout?
M. Jolin-Barrette : C'est
peut-être une bonne suggestion.
Mme
Hivon
: Je
pose... Je ne veux pas d'argumentation pour l'instant, je veux de
l'information.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien,
ce n'était pas de l'argumentation, c'était une affirmation en lien avec votre
proposition.
Mme
Hivon
:
C'était une question. Donc...
M. Jolin-Barrette : Ah! Je
l'ai perçue comme une proposition.
Mme
Hivon
: Oui.
Mais je pense que c'est bien que tous les organismes rendent des comptes. La
question, c'est de savoir : Là, l'assise qui est créée, c'est pour
l'ensemble des activités de perfectionnement, ou si c'est pour le
perfectionnement sur les réalités des violences sexuelles et conjugales?
M. Jolin-Barrette : C'est le
perfectionnement sur les réalités des violences sexuelles et conjugales,
uniquement là-dessus.
Mme
Hivon
: O.K.
Le ministre nous dit que c'est superimportant de... que le Conseil de la
magistrature, à qui il donne 1,5 million, rende des comptes. Mais là, on
ne crée pas une obligation qu'il rende des comptes de manière générale, on le
crée juste sur ça. Je me demande pourquoi.
Et j'arrive à mon autre question de :
Pourquoi on ne retient pas... Je trouve que c'est une bonne suggestion du
Barreau de dire que le rapport est transmis directement à l'Assemblée
nationale. Il y a un élément d'indépendance...
Le Président (M. Benjamin) :
Écoutez...
M. Jolin-Barrette : C'est...
Le Barreau a dit : sur le site Web du Conseil de la magistrature.
Le Président (M. Benjamin) : Je
vous remercie pour votre collaboration.
Mme
Hivon
: Oui.
Mais...
Le Président (M. Benjamin) : Compte
tenu de l'heure, la commission reporte...
Mme
Hivon
: …une
bonne suggestion du Barreau de dire que le rapport est transmis directement à l'Assemblée
nationale, il y a un élément d'indépendance…
Le Président (M. Benjamin) :
Écoutez…
M. Jolin-Barrette : Le
Barreau a dit : Sur le site Web du Conseil de la magistrature.
Le Président (M. Benjamin) : Je
vous remercie pour votre collaboration. Compte tenu de l'heure, la commission
reporte ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 19 h 15)