(Onze
heures vingt minutes)
Le
Président (M. Schneeberger) :
Alors, bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la Commission des institutions ouverte. Je
voudrais demander à tous ceux qui ont un téléphone cellulaire, peu importe, là,
le modèle, de le fermer.
La commission est
réunie aujourd'hui afin d'étudier les détails du projet de loi n° 51, Loi
visant notamment à rendre l'administration de la justice plus efficace et les
amendes aux mineurs plus dissuasives.
Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplaçants?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Fortin (Pontiac) remplace M. Ouellette (Chomedey) et
M. Hardy (Saint-François) remplace M. Tanguay (LaFontaine).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Schneeberger) :
Merci. Lors de notre séance d'hier, nous avions continué l'étude des articles
contenus dans le sujet n° 2.
Nous avons adopté les articles 10, 9, 15, 16, 17, 2 et 8. Nous avions
débuté l'étude de l'article 11. Je
vous rappelle que les études des articles contenus dans... le sujet n° 1
est toujours suspendu. Alors, je vous laisse, Mme la ministre, la parole.
Mme
Vallée : Merci, M. le Président. Bienvenue au sein de notre équipe. Hier, on était... nous en étions,
pardon, à l'article 11. Donc, nous avions des échanges sur toute la
question des demandes préliminaires. Je ne sais pas si les collègues ont des commentaires
additionnels.
M.
Bédard : Bien, on
était, c'est ça, effectivement, sur les demandes préliminaires et sur le fait qu'on
était dans une circonstance où déjà une
des parties, soit le défendeur, est forclos de plaider quoi que ce soit, donc
il est réputé, à ce moment-là, il n'y
a plus de preuve, et qu'on le privait du moyen de faire une demande
préliminaire, qui sont, bon, celles qu'on
a indiquées, un changement de district et d'autres éléments qui sont indiqués à
l'article, que je ne me souviens pas par coeur.
Et,
bon, ce qu'on nous a fait comme représentation, c'était que, finalement, ces
demandes préliminaires s'adressaient aussi
au poursuivant, parce que lui non plus ne pourra pas les utiliser à des fins,
donc, de regroupement, ou peu importe. Donc,
il devra procéder, évidemment, selon ce qui est prévu à l'article. On se retrouve
devant, à ce moment-là, un juge de paix fonctionnaire, c'est ça?
J'essaie toujours d'avoir la bonne appellation, c'est juge de paix
fonctionnaire.
Et
je représentais, à ce moment-là aussi, qu'il me semble qu'on devrait laisser la
possibilité au défendeur, au moins lui
laisser la possibilité de présenter une demande préliminaire, donc... Et
j'imagine que, s'il le faisait... Si on n'adopte pas l'article comme il est, s'il fait une demande préliminaire, donc, par exemple, de changement de district... Actuellement,
il peut le faire, donc le dossier ne se
retrouvera pas... Les changements de district ne se retrouvent pas devant le
juge de paix fonctionnaire mais bien devant le juge de paix magistrat...
ou devant le juge?
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme Vallée :
Actuellement, pour les dispositions prévues au code de... Les infractions qui
sont touchées par l'administration du Code de procédure pénale, normalement, effectivement, il existe les mesures préliminaires qui sont
présentées devant un juge de paix magistrat.
Par contre, lorsqu'il est question des procédures que
l'on appelle «no-contest», où le
défendeur est présumé ne pas contester, notamment les infractions qui
sont visées à la section II, paragraphe
quatre, bien, il n'y en a pas, de moyen préliminaire.
Donc, dans le fond, ce que l'on fait actuellement, c'est tout
simplement d'élargir cette règle quant aux demandes préliminaires à nos
nouvelles infractions qui seront traitées sous le régime du «no contest».
Parce qu'actuellement, par exemple, pour les stationnements, les billets de stationnement qui sont
administrés sous le régime actuel du
«no contest», il n'est pas possible pour un défendeur de formuler une demande
préliminaire, puisque le code prévoit déjà à 168.1 que les demandes
préliminaires ne sont pas possibles, ne peuvent être présentées pour ce type de
procédure là.
Alors,
ce que l'on fait, l'article vise simplement à l'élargir aux nouvelles
infractions, aux nouvelles dispositions traitées.
Ces moyens-là... Et cette disposition-là, elle existe. Ce n'est pas quelque chose qui est nouveau, qui est introduit par le projet de loi n° 51.
Et on fait... tout simplement l'élargir, parce que, dans le cadre... Dans le
fond, le cadre d'un «no contest»,
c'est qu'on présume qu'il n'y a pas de contestation. Il y a une présomption qui
entre en compte, en considération, que le défendeur ne conteste pas le
constat. Si on devait ouvrir à des demandes préliminaires, on viendrait... on
irait à l'encontre du principe même de ce
type de procédure là, parce qu'une demande préliminaire, normalement, sera
présentée ou sera formulée lorsqu'on a des représentations à faire.
Et
ces représentations-là, comme je le disais hier, sont toujours possibles parce
que le défendeur pourra, au moment de
la réception de son constat, indiquer qu'il conteste, et donc, par le fait
même, il pourra présenter une demande... un moyen préliminaire au juge
de paix magistrat qui sera saisi du dossier, puisqu'à partir du moment où on conteste,
on signifie notre intention de contester, le dossier est retourné dans le
processus habituel et sera référé à un juge de paix magistrat pour
adjudication.
M.
Bédard :
C'est ça, mais là on n'est pas dans ce cas-là, on est dans le cas d'une
personne qui a laissé passer des
délais. Là, on est de l'autre côté, on est dans le cas où on dit à une
personne... elle est forclos de plaider quoi que ce soit. Alors, c'est
sûr que, si elle conteste, elle peut prendre tous les moyens ordinaires de
contestation.
Non, parce que je regarde à quoi on assimile...
Là, actuellement, cette impossibilité de présenter les moyens préliminaires,
c'est pour les tickets de stationnement, et c'est pour quel autre type de...
pour toutes les infractions...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Il y a toute une
série...
M.
Bédard :
...incluant les codes de sécurité routière... toutes les infractions au Code de
sécurité routière?
Mme Vallée : ...qui sont
visées par la partie II, la section...
Une voix : ...
Mme Vallée : 218.2. Alors, attendez... Alors, 218.2 prévoit
les poursuites relatives aux infractions au Code de la sécurité routière qui sont visées par ce type de mesure là ou un règlement
relatif à la circulation ou au stationnement adopté par une municipalité lorsque les conditions suivantes sont réunies,
et là les conditions sont déterminées à 218.2.
M.
Bédard : Donc, l'ensemble
des infractions routières sont incluses dans l'article actuel. C'est ce que je
comprends? C'est le cas?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : C'est lorsqu'on
est spécifiquement dans le «no contest».
M.
Bédard : Exact, mais, je veux dire, dans le «no contest»,
dans le cas, bien, d'accusation, lorsqu'on porte des... lorsqu'on
attribue des sanctions pénales à des infractions routières où l'ensemble des
infractions sont incluses...
Mme Brière (Pascale) : Pascale
Brière, du ministère de la Justice.
Alors, ce
sont les infractions au Code de la
sécurité routière, donc les
infractions au Code de la sécurité
routière ou à un règlement relatif à la circulation ou stationnement
adopté par une municipalité.
M.
Bédard : Et là on l'étend, par le biais de cet article,
aux infractions constatées par... voilà, O.K., par photoradars.
C'est ça? C'est tout?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Comme on l'a mentionné, là, hier, il y a
les photoradars, il y a aussi les appareils qui nous permettent de détecter lorsqu'un péage n'a pas été perçu. Et il y a également
les systèmes photographiques qui permettent de déterminer si un
conducteur a brûlé un feu rouge, notamment, qui sont parfois installés sur
certains feux de circulation.
Alors, dans le fond, c'est cette preuve-là qui
est administrée par des moyens technologiques.
M.
Bédard :
...j'ai une résistance naturelle, moi, à priver les défendeurs de moyens, je
vous dirais, en général. Je comprends
qu'en termes logiques, évidemment, les infractions constatées par photoradar et
l'autre sont des infractions qui sont
de même nature que celles visées par l'article actuel. C'est ce que je
comprends. Donc, on va leur empêcher de présenter des moyens
préliminaires.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
• (11 h 30) •
Mme Vallée :
En fait, le juge... Il faut comprendre que le juge de paix fonctionnaire, là,
comme on le mentionnait hier, n'a pas
cette compétence-là d'entendre les moyens préliminaires. C'est un juge de paix
qui va traiter d'un dossier à sa face même sur une base très objective.
On ne prive
aucunement le citoyen de son droit de contester et de son droit à une défense
pleine et entière, puisque le citoyen,
il a quand même cette responsabilité-là aussi, en tant que citoyen, de donner
suite, à l'intérieur des délais prévus, aux constats d'infraction qui nous sont signifiés. Alors, il y a une
responsabilité. Et, dans le cas d'un citoyen qui serait empêché d'agir, là le code continue de
s'appliquer, et ce citoyen-là aura toujours la possibilité d'intervenir par le
biais notamment
d'une rétractation de jugement. Et, comme Me Grand nous l'expliquait hier,
c'est une procédure qui est somme toute assez simple, une procédure
qui... C'est un document, un formulaire qui peut être rempli par le citoyen,
grâce notamment à l'aide des gens qui
travaillent au greffe des palais de justice, et ce n'est pas un formulaire
très, très complexe, et par lequel le citoyen peut formuler, mais...
M.
Bédard :
Les moyens sont limités quand même, là. Le fait d'aller en rétractation de
jugement... Ce n'est pas parce que tu l'as oublié que tu as une
rétractation.
Mme Vallée :
Non, mais il faut comprendre... Il faut comprendre, actuellement, là,
actuellement, vous oubliez votre
constat, vous le laissez ou vous le jetez par mégarde dans le bac à recyclage,
comme nous le mentionnait notre collègue hier, il y a une conséquence à ça. Le dossier va quand même être... Vous
allez quand même vous retrouver ultimement avec un jugement qui sera rendu si vous n'avez pas... Parce que vous
êtes réputé contester, vous n'avez pas payé et vous allez avoir un
jugement rendu et des frais.
Alors, il y a
quand même... Les citoyens ont tout de même un délai, et puis il s'agit aussi
de notre responsabilité de donner
suite à l'intérieur des délais. Et les dispositions ne viennent pas priver...
parce que ce sont des dispositions qui ont
tout leur sens dans le contexte d'un régime de «no contest». C'est un régime,
c'est une façon, une procédure qui permet un traitement devant un juge de paix fonctionnaire, un traitement qui ne
comprend pas toutes les représentations devant le tribunal, justement, et le juge de paix fonctionnaire n'a pas cette
possibilité d'entendre des éléments, des arguments contradictoires et n'a pas à statuer sur les
faits. Le juge de paix fonctionnaire, son mandat, c'est de voir : le
dossier est complet, est-ce que le
dossier... est-ce que j'ai, dans le dossier, l'ensemble des documents que le
code prévoit? Oui. Est-ce que les
éléments... Est-ce que les documents sont conformes? Oui. Donc, c'est une
appréciation vraiment objective. Le juge
de paix fonctionnaire n'a pas cette possibilité d'appréciation subjective et de
déterminer et d'apprécier la preuve.
M.
Bédard :
Ça, je le comprends très bien, mais mon point, il n'est pas là. C'est sûr que
lui n'a pas d'appréciation à faire.
Il fait des constats, il fait un examen, comme on le disait hier, pour voir si
les éléments littéralement cléricaux sont au rendez-vous, si...
L'idée, c'est
qu'on rentre dans la logique qui est celle qu'évidemment on crée un régime particulier
pour ce type d'infraction, parce
qu'il y a un nombre important, parce qu'évidemment il y a une lourdeur sur le
système. Si on accordait les mêmes...
Si on ne faisait pas de renversement de fardeau ou, dans ce cas-ci, on ne
réputait pas quelqu'un d'avoir plaidé coupable...
pas d'avoir plaidé coupable, mais de ne pas contester, évidemment, il y a des
coûts administratifs liés à tout ça, et c'est une logique en soi qui se
défend au niveau administratif.
Du point de
vue du défendeur, c'est une logique qui n'a pas de valeur. C'est ça que je veux
vous dire. Moi, que demain matin le
système me condamne plus vite parce que j'ai eu un ticket puis qu'il me crée
des présomptions irréfragables, ce
n'est pas pour moi, ce système-là. Il est fait pour l'administration de la
justice. C'est ça que je veux bien imprégner,
là. L'idée, moi, ma pensée est plus pour le défendeur. La personne qui, puis ça
arrive dans la vie, se réveille un
bon matin puis effectivement elle a passé le délai, elle le sait, parce qu'elle
avait bien d'autres choses à faire que de s'occuper de son ticket et...
Bon, et là...
C'est qu'on
ajoute, parce qu'on dit : Comme c'est une logique de non-contestation sur
laquelle on accorde des présomptions
où on ne peut pas démontrer le contraire, bien, aussi ce qui s'ensuit, c'est
qu'on ne peut pas lui présenter de
moyen préliminaire. Puis là on ne peut pas dire : «Parce que c'est un juge
de paix fonctionnaire», parce que ça, c'est la logique du «no contest». La personne, elle, que ce soit un juge de paix
fonctionnaire ou un juge à la Cour suprême qui rend le jugement, pour
lui, ça ne fait pas vraiment de différence.
Mme Vallée :
C'est le même principe que le jugement par défaut qui est rendu devant le
greffier en matière civile. Un citoyen
se voit signifier, par exemple, une action sur compte, la laisse traîner sur le
bureau, n'y donne pas suite, ne comparaît
pas... Parce que, dans le fond, le plaidoyer qui est transmis, c'est
l'équivalent d'une comparution. Lorsqu'on retourne...
M.
Bédard : ...quand
ils sont sur défaut, là. L'huissier rentre chez vous...
Mme Vallée : Mais pas
nécessairement. Une signification peut se faire par... La signification peut se
faire également par courrier recommandé.
Prenons le dossier des Petites Créances, par exemple. Ce n'est pas
nécessairement une signification par huissier. Donc, on omet, par
exemple...
Et puis je
pense que le parallèle est intéressant avec le dossier des Petites Créances.
Dossier des Petites Créances, on
reçoit une signification d'une procédure par courrier recommandé. On va
chercher, on signe, la procédure est signifiée, la preuve de signification est déposée au greffe — le délai de comparution est même plus court,
hein? On parle de délais qui sont pas
mal plus courts que les 60 jours et que les 30 jours prévus — et on ne donne pas suite, parce qu'on a
d'autres choses à faire, parce qu'on
est pris, ou parce qu'on n'a pas envie, ou pour toutes sortes de bonnes ou de
moins bonnes raisons, on le laisse
traîner, mais, ultimement, le greffier pourra rendre un jugement par défaut, et
incluant les frais. C'est le même principe.
Dans le fond, ce que l'on prévoit ici, c'est une
concordance...
M.
Bédard :
En tout respect, la personne a la possibilité de contester jusqu'au dernier moment,
là. Elle se présente le matin, ou il
le fait, puis elle pourrait présenter des moyens, puis elle dit au juge :
Vous allez me suspendre de, je n'ai pas comparu. Finalement, jusqu'à la dernière
minute, il n'y a aucune présomption qui s'applique contre lui. C'est ça que
je veux vous dire. C'est que, dans ce
cas-ci... Moi, ce qui me rebute tout le temps, c'est l'idée que... Et, dans ce
cas-ci, la personne est réputée, donc aucune possibilité de faire une
preuve contraire. C'est ça que ça veut dire.
Mme Vallée :
C'est ça, le «no contest».
M.
Bédard : Et, dans le cas que vous mentionnez, dans les cas
de choses par défaut, jamais on ne va être réputé. Quand il y a un jugement, c'est un jugement, c'est
exécutoire, mais c'est exécutoire en tout état de cause, peu importe le moment puis peu importe la personne. Mais,
jusqu'au dernier moment, la personne a la possibilité de faire valoir chacun
de ses moyens. Et moi, j'en ai vu, des gens,
se présenter le jour. J'en ai fait, des actions sur compte, puis, à un moment
donné, le défendeur se réveille. Puis tu
penses avoir ton jugement par défaut. Finalement, woups! tu ne l'auras pas, ton
jugement par défaut, ce matin-là, puis il
n'y a personne qui a une présomption contre lui parce qu'il l'a oublié, là. Là,
à ce moment-là, il demande au tribunal, et là on repart.
Et
c'est pour ça... Moi, c'est l'idée de la présomption, qui nous semble normale,
mais, dans les faits, c'est quelque chose
d'exorbitant du droit. Et là on le fait parce que c'est des infractions qu'on
considère, somme toute, mineures, mais qui ont un impact quand même sur
la vie des gens, d'être condamnés à 300 $ ou 400 $ d'amende, ou
500 $, ou 600 $.
Mme Vallée : Mais actuellement quelqu'un qui ne donne pas suite à son
constat d'infraction, là, pour les mêmes raisons, va aussi voir son dossier déféré à un juge de paix magistrat.
Donc, l'objectif de permettre de traiter ces infractions-là par voie de cette procédure «no-contest», comme on
le fait dans d'autres types d'infractions, tu sais, à la base, c'est aussi
pour désengorger nos tribunaux et permettre
à ceux qui ont vraiment des représentations à faire, qui ont signifié, de
pouvoir les faire, ces représentations-là. Alors, c'est la base...
M.
Bédard : Je comprends. Mais, pour le défendeur qu'on parle,
là, lui, ce n'est pas son problème à lui, là. C'est ça que je veux dire.
L'engorgement des tribunaux, lui, ce n'est pas son problème, là.
• (11 h 40) •
Mme
Vallée : Bien, avec respect, moi, je vous dirais que le
défendeur auquel on fait référence, le défendeur qui est, à la limite, négligent, il a... Le défendeur
a aussi une responsabilité, et c'est de donner suite à l'intérieur des délais
prévus. Et, pour le défendeur qui est dans
l'incapacité de donner suite à l'intérieur des délais prévus, il y a d'autres
moyens qui sont prévus que ceux
prévus... que les moyens dilatoires. Parce que le défendeur qui est incapable
d'agir pour, par exemple, un cas d'hospitalisation, ce qui est possible, ce
défendeur-là n'aura aucun problème à présenter sa demande en
rétractation. Mais le défendeur qui est négligent et qui voudrait seulement
qu'étirer les choses, bien, désolée, mais, à travers
le «no contest», ce n'est pas possible, parce que l'objectif,
c'est de permettre de traiter les dossiers pour permettre de laisser sur les rôles les affaires contestées
qui méritent d'être traitées. On nous dit trop souvent : Ah! les tribunaux
sont engorgés, les tribunaux sont
engorgés. Bien, voici un moyen de traiter d'infractions très précises et tout
en respectant, dans le processus
procédural qui est mis en place, la possibilité pour le citoyen de se prévaloir d'une défense
pleine et entière.
Parce qu'on ne l'enlève pas du tout du processus. Tout
ce qui est prévu, c'est que le citoyen qui ne donne pas suite à son constat à l'intérieur du délai prévu va être
réputé ne pas contester le constat. Mais les délais sont là et permettent
toujours au citoyen simplement de déposer sa
contestation et par la suite de faire toutes les représentations qu'il voudra
bien faire, parce qu'il existe... En fait,
ce qu'on... On ne dit pas, par l'introduction du «no contest», qu'il n'y a pas
de défense à faire valoir lorsque tu reçois un constat d'infraction. Ce
n'est pas du tout ça, là.
M.
Bédard : Ça sonne logique avec vous. Là, je ne suis pas...
Ce n'est pas un... Je n'en fais pas une question de principe, là, mais, dans le cas des infractions en
général, de la sécurité routière, à part les tickets, je veux dire, de stationnement, effectivement, sur lequel on...
Disons, l'ensemble des infractions de sécurité routière, en général... pas en
général, là, de façon constante, tu as un
contact avec la police, disons, et là, bon, il y a un contact direct, il y a
une prise de conscience au moment où
ça arrive, en général, alors... que ce soit pour un excès de vitesse ou peu
importe. Donc, bien que ça ne soit
pas une signification, évidemment, par rapport à la procédure, pour le citoyen,
c'est une prise de conscience assez claire qu'il a enfreint la loi et
qu'il va y avoir des conséquences qui vont être attachées.
Dans
le cas d'un photoradar, il n'y en a pas, de ça. Pour ceux qui ont déjà eu...
c'est une... Je n'en ai jamais eu, je
vous avouerais. J'ai par contre quelqu'un au bureau qui l'a eu. Tu sais, tu
reçois une enveloppe avec le machin, donc... puis là tu dis : Bon,
j'étais où? C'était qui? C'était-u moi qui conduisais? La première chose que
tu...
Une voix :
...
M.
Bédard : Non, c'était... En plus, la personne, ce n'était
pas elle qui conduisait, mais, bon, il faut se rappeler, ce n'est pas clair. Mais donc tu n'as pas eu de
contact direct. Tu en as par le biais... où là tu dis : Bon, bien, le
système me dit que j'ai manqué à la
loi et... Puis là on lui dit : Bon, bien, pour les fins d'administration
de la justice, pour tout le monde, on
va te donner en plus des présomptions irréfragables, puis là, maintenant, en
plus, quand tu vas passer ces délais, quand tu vas être présumé avoir reçu la signification, là, en plus, tu vas
être forclos de plaider. C'est sûr que moi, j'aurais eu une résistance à le présenter, puis j'imagine que la
ministre a posé des questions aussi par rapport à ça. Parce que c'est à peu
près le seul contact qu'il a avec la
justice, c'est l'envoi d'une lettre par courrier recommandé, ce qui n'est pas
le cas pour l'ensemble des infractions au code de procédure... pas au
code de procédure, au Code de la sécurité routière.
Ce que je dis
à la ministre : Je me serais peut-être gardé une petite gêne dans ce
cas-ci, justement, si ce n'est que sur
les moyens préliminaires. Tu sais, moi, je suis plutôt mal à l'aise, mais je
comprends que, l'administration de la justice, on n'est pas là pour engorger les tribunaux,
effectivement, sur des éléments où les gens ne veulent pas contester. Mais,
dans ce cas-ci, moi, il y a une logique que
j'aurais pu garder, qui est celle de dire : Elle a un dernier moyen, c'est
une façon pour elle, ultimement, au
niveau dilatoire, là, ou de faire connaître autrement sa contestation, ou le
fait qu'il a passé le délai puis il
n'y a pas d'autre moyen. Parce que c'est rare que quelqu'un passe à l'hôpital
deux mois, là, à moins vraiment d'être mal pris. Il peut arriver bien
des circonstances.
Puis la rétractation du jugement, oui, c'est
ouvert à tous, mais en même temps c'est très circonscrit sur les moyens qu'on peut faire valoir. Simplement, j'ai
toujours cette préoccupation, moi, du pauvre citoyen qui est tout seul face à l'État puis qui ne connaît pas vraiment ça,
puis, à un moment donné, il se retrouve face à ça, puis il se sent démuni,
puis là on le prive du dernier moyen qu'il a. Vous pouvez me dire : Il n'y
aurait peut-être même pas pensé, au moyen préliminaire.
Tu sais, peut-être qu'il n'y aurait pas pensé, mais, moi, c'est toujours cette
logique qu'il faut... Tu sais, il y a toujours un débalancement des forces
quand quelqu'un se retrouve dans une accusation de ce type-là, qui n'est pas fondamental.
C'est ça que je voulais faire valoir.
Je comprends
que la ministre souhaite le conserver tel quel. Je n'en fais pas
une exception de principe, mais je
pense qu'on aurait... tu sais. Et là, pour lui, je vois que la ministre
va rester sur ses positions, mais ne nous enfermons pas dans cette logique où, à partir du moment où c'est
réputé, là, ça devient un dossier à traiter rapidement puis il ne faut pas
que ça coûte cher. Puis je comprends qu'il y a
des soucis. Tu sais, la justice, ça ne s'accommode pas de ça en général,
avant, là. Maintenant, on a des préoccupations. La justice a un coût, effectivement, puis il faut s'assurer que le défendeur, lui,
il ne sente pas que le système est contre lui, y incluant la personne qui
décide ultimement.
Voilà. Je ne
veux pas aller plus loin. J'aurais peut-être souhaité que cet article disparaisse. Je
comprends que la ministre y tient, donc je n'irai pas plus loin dans mes
représentations.
Le Président (M. Schneeberger) :
C'est beau. Je pense que M. le député de Borduas avait des questions.
M. Jolin-Barrette : Oui, davantage des points d'information. Le
défendeur qui reçoit le constat d'infraction à la maison et qui ne transmet pas de plaidoyer de
culpabilité ou de non-culpabilité mais qui envoie une demande au BIA, une demande de preuve, de complément de preuve,
comment ça va être traité par le DPCP? Est-ce qu'il va être assimilé à
contester son constat d'infraction?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Avec votre
permission, M. le Président, je demanderais à Me Grand de pouvoir répondre à la
question du collègue.
Le Président (M. Schneeberger) :
Consentement? Oui, avec plaisir.
Mme Grand (Sabrina) : Alors, pour
répondre à votre question, dès qu'une personne...
Le Président (M. Schneeberger) :
Identifiez-vous, s'il vous plaît, pour les...
Mme Grand
(Sabrina) : Pardon. Alors,
Sabrina Grand, procureure en chef adjointe au Bureau des affaires pénales
du Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Et donc, pour
répondre à votre question, dès qu'une personne se manifeste d'une
quelconque façon, nous, on va toujours considérer cette personne-là comme étant une
personne qui souhaite plaider non coupable. Donc, pour protéger les intérêts du défendeur, si on reçoit une
quelconque communication de sa part, on va toujours, toujours considérer... à moins qu'elle plaide coupable, évidemment, mais, si on a une demande
quelconque, une demande de détails, des obligations de preuve ou tout autre demande, nous, on va la
considérer comme non coupable. D'ailleurs, on va lui écrire à cet effet-là en lui disant : On a reçu une correspondance
de votre part et on a enregistré un plaidoyer de non-culpabilité. Donc là, la
personne comprend que c'est ce qu'on a fait
et qu'elle doit... si ce n'est pas son intention, elle doit se manifester à
nouveau à ce moment-là.
M. Jolin-Barrette : Donc, elle va
tomber automatiquement dans le régime général de l'alinéa 1°.
Mme Grand (Sabrina) : Dans le régime
général, tout à fait.
M. Jolin-Barrette : Parfait. Prenons
un deuxième cas de figure. La personne qui est dans le cadre du régime d'absence de contestation... Je ne sais pas
comment on va l'appeler en français, de «no contest», mais il faudrait trouver
un nom en français. Je sais que souvent c'est la demande du chef du premier
groupe d'opposition...
M.
Bédard : Bien, la
vôtre aussi.
M.
Jolin-Barrette :
Effectivement. Et donc prenons le cas où la personne se réveille après
35 jours, donc là elle est
réputée ne pas contester l'infraction, mais qu'elle... puis on est dans les
moyens préliminaires, mais qu'elle souhaiterait... elle constate que, sur le constat d'infraction il
y a eu une erreur matérielle, qu'elle souhaiterait faire modifier le constat
d'infraction pour le rendre conforme. Donc
là, à ce moment-là, ça ne serait pas possible pour cette personne-là de faire
modifier le constat
d'infraction pour l'erreur matérielle ou pour que la preuve... Je ne vous
dirais pas pour quelle raison un
citoyen souhaiterait rectifier le constat d'infraction, mais prenons le cas où
ça serait important pour cette personne-là, bien, à ce moment-là, il ne pourrait pas s'adresser... il ne pourrait
pas faire de demande préliminaire pour faire modifier le constat
d'infraction, parce qu'on lui enlève ces moyens-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Je vais céder la
parole à Me Grand.
Mme Grand
(Sabrina) : En fait, ça
dépend si le jugement a été rendu ou pas. Donc, si évidemment
le jugement n'a pas encore été rendu,
que ce soit par un juge de paix fonctionnaire ou un juge de paix magistrat, évidemment, on va prendre note de la
manifestation du défendeur et on va s'assurer que ce soit transmis à qui de
droit. Mais évidemment que, s'il
y a un jugement qui a été rendu, on
ne peut pas comme poursuivre, aller à l'encontre d'un jugement. Donc, dès
que le jugement a été rendu, que ce soit par un juge de paix fonctionnaire ou
un juge de paix magistrat, on ne va pas demander de modification au nom du
défendeur.
Par contre,
si le jugement n'a pas encore été rendu... Donc, dans votre exemple, ça fait
35 jours, mais le juge de paix
fonctionnaire ne s'est pas encore saisi du dossier, à ce moment-là, nous, ce que le BIA va faire, c'est qu'il va tenter de retirer le dossier, entre guillemets, donc de
récupérer le dossier avant que le juge de paix fonctionnaire se penche dessus,
pour pouvoir le ramener dans le régime régulier, puisqu'on comprend que le
défendeur a une requête à présenter.
• (11 h 50) •
M.
Jolin-Barrette : Je suis d'accord,
mais actuellement, avec ce qu'on propose, il n'y a
pas de recours. Dans le fond, le
citoyen va écrire une lettre au DPCP, va dire : Bien, je souhaiterais
qu'on modifie le constat d'infraction.
Mais ça ne veut pas dire que la lettre va se rendre à temps ou qu'elle va
être... dans le fond, le procureur va être saisi du dossier.
Je comprends ce que vous me dites, si jamais le jugement est rendu, c'est terminé. Mais, entre
le moment... on n'offre pas de
recours à l'individu, au citoyen.
On dit : Bien, écoute, après ton
30e jour, c'est terminé. Concrètement, il pourrait envoyer une lettre, mais ça ne veut pas dire qu'au niveau du DPCP on va faire la correction. Il
n'y a pas de garantie qui... il n'y a pas de possibilité de saisir les
tribunaux pour ça dans le régime qui est proposé.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Grand
(Sabrina) : Je ne suis pas sûre de saisir votre question, mais
évidemment que, dans l'exemple que vous
donnez, c'est le défendeur qui souhaite lui-même présenter une requête. Donc,
si nous, on comprend de sa manifestation
qu'il souhaite adresser une requête à la cour et qu'il n'y a pas encore de
jugement qui a été rendu, bien, ce
qu'on va faire, c'est qu'on va faire en sorte que le dossier ne prenne pas le
chemin, entre guillemets, du «no contest», mais plutôt le chemin régulier
et soit renvoyé devant le juge, mais ce n'est pas... Nous, on ne fera pas la
demande à la place du défendeur.
M.
Jolin-Barrette : Moi, ce que
je vous dis, c'est qu'actuellement, avec ce qui est proposé à 168.1, il ne pourrait
même pas le faire. Dans le fond, il ne pourrait pas présenter une requête aux
tribunaux parce qu'on lui soustrait les demandes préliminaires.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée :
Parce que, dans le cas de ce qui est... À 168.1, là, le défendeur a dépassé son
délai et donc le défendeur a dépassé
le délai qu'il avait pour signifier son intérêt... son intention de contester.
Le dossier a été référé à la procédure...
à l'instruction des poursuites qui ne... que le défendeur est réputé de ne pas
contester — alors,
je vais éviter d'utiliser
l'abréviation anglophone — et il... plutôt que par la voie habituelle, et, dans cette voie où
il est présumé ne pas contester,
bien, évidemment, le défendeur ne reçoit pas d'avis d'audition, ne reçoit pas
d'avis que le dossier va être traité à une
date x, au même titre que, dans un dossier par défaut, on ne reçoit pas
d'avis... le défendeur ne reçoit pas d'avis que, mardi prochain, à 11 h 15, le greffier va faire l'évaluation
de l'ensemble des dossiers par défaut qu'il a à traiter. C'est la même
chose.
M.
Jolin-Barrette : Mais, M. le
Président, je suis d'accord avec la ministre. Je comprends. Ce que je vous dis,
c'est que la personne qui se réveille après
35 jours puis constate qu'il y a une erreur sur le constat d'infraction,
qu'elle souhaite le faire corriger et
que, supposons, elle ne veut pas aller en rétractation de jugement, elle ne
pourrait même pas le faire corriger
parce qu'on lui enlève ce moyen préliminaire là. Dans l'éventualité où le
dossier n'aurait pas été... Dans l'éventualité
où le juge de paix fonctionnaire n'aurait pas été saisi du dossier, elle se
retrouve avec pas de recours, puis l'acte d'accusation pourrait ne pas
être exact.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : C'est la même
chose qu'on retrouve actuellement, parce que, comme je le mentionnais tout à l'heure à notre collègue de Chicoutimi, ce n'est
pas une nouvelle philosophie qui est introduite, là. On fait tout simplement
élargir la portée aux infractions qui sont
prévues par les cinémomètres. Alors, actuellement, là, c'est une procédure,
c'est... il
s'agit d'une disposition qui existe pour un certain nombre d'infractions.
Alors, on ne modifie pas, là, on ne vient pas... on n'arrive pas avec
une nouvelle philosophie.
M. Jolin-Barrette : Je comprends
tout à fait. On élargit.
Mme Vallée : On l'élargit,
exactement.
M.
Jolin-Barrette : Mais je
veux quand même le porter à votre attention, parce qu'un citoyen pourrait
vouloir que l'acte... le constat d'infraction représente réellement les
bonnes informations.
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme Vallée : Ce qu'on
m'indique, c'est qu'il y a actuellement... il existe un délai administratif
habituel de traitement des dossiers, ce qui est tout à fait normal. Alors, ce
n'est pas parce que nous sommes rendus au 31e jour qu'automatiquement le dossier... que la décision a été rendue. Et donc,
si cette manifestation-là intervient avant que le dossier n'ait été traité par le juge de paix
fonctionnaire, bien, à ce moment-là, l'intervention permet de sortir le dossier
du régime qui prévoit une présomption de
non-contestation et de le retourner à travers le processus habituel, qui est connu. Alors, il s'agit...
M. Jolin-Barrette : Et ça, c'est
fait systématiquement au niveau administratif?
Mme Vallée : Je demanderais à
Me Grand, peut-être, qui, au quotidien, travaille avec ces dossiers.
Mme Grand
(Sabrina) : Effectivement, dès qu'on reçoit une manifestation quelconque du défendeur, nous,
notre souci, c'est, entre guillemets,
de protéger ses droits dans la mesure du possible. Donc, s'il y a un
jugement... s'il n'y a pas de
jugement qui a été rendu, on va effectivement, systématiquement, aviser qui de droit, donc le
juge de paix fonctionnaire dans cet
exemple-là, pour s'assurer que le jugement ne soit pas rendu, si on comprend
que le défendeur avait quelque chose à... un point quelconque à faire valoir.
M. Jolin-Barrette : Les gens
s'adressent au DPCP par lettre.
Mme Grand
(Sabrina) : Oui, ou au
Bureau des infractions et amendes auquel vous faisiez référence tout à l'heure. Effectivement, là, à l'endos du constat d'infraction, il y a
toute une série d'informations qui sont indiquées, entre autres le fait que, si les gens veulent transmettre un plaidoyer de culpabilité
ou de non-culpabilité, ils doivent le transmettre au DPCP via le Bureau des infractions et amendes.
Donc, effectivement, c'est l'endroit
où les demandes de ce genre-là vont, la plupart du temps, aboutir.
Le
Président (M. Schneeberger) : M. le député de Borduas, ça va? Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 11? Ça va? Alors,
nous allons mettre aux voix l'article.
Alors, est-ce que l'article 11 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Schneeberger) : Dans le même bloc, il restait
l'article 14. Est-ce que nous poursuivons pour finir ce bloc-là
dans... Je vous laisse la parole, Mme la ministre.
Mme Vallée :
Oui. Alors, il s'agit ici d'un article de concordance. Alors, c'est une...
l'article prévoit de remplacer l'article 218.2.
C'est une modification qui est en lien avec la modification que nous avons
apportée à l'article 10 et prévoit notamment que... les conditions qui doivent être réunies pour que le
défendeur qui est en défaut de transmettre un plaidoyer ou la totalité
ou une partie du montant de l'amende soit réputé ne pas contester la poursuite.
Alors, vous
regardez le texte actuel de 218.2, et nous biffons du texte actuel, de 218.2,
les paragraphes 1°, 2°, 3°, parce qu'on les retrouve maintenant à
l'article 163 du code, alors... qui ont été modifiés à l'article 10.
Le Président (M. Schneeberger) :
Est-ce qu'il y a des interventions?
Mme Vallée : ...l'article 10, si vous
vous souvenez, on a établi les
conditions qui permettent de mettre
en place de nouveau... ce régime où
le défendeur est réputé ne pas contester. Donc, il faut d'abord
qu'il s'agisse d'une infraction qui
est visée à la section II du chapitre VI, qu'il y ait
eu une infraction constatée personnellement par un ou plusieurs
agents de la paix ou personnes
chargées de l'application de la loi, que le constat d'infraction soit signifié
au défendeur conformément à l'un des paragraphes de 157.2, donc conformément aux dispositions 20 à 24 du Code de procédure pénale,
et que le défendeur avait 18 ans
ou plus au moment de la perpétration. Alors, ce sont les conditions que l'on
retrouvait auparavant à l'article 218.2, et là on les abroge parce
qu'elles sont couvertes par un autre article.
Le Président (M. Schneeberger) :
Est-ce que ça va comme ça? Oui? Article adopté?
Des
voix : Adopté.
Le
Président (M. Schneeberger) : Alors, Mme la ministre, vous nous avez
signifié tout à l'heure que vous vouliez peut-être passer à
l'article 24.
Mme Vallée :
S'il vous plaît, oui.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, je vous laisse la parole.
• (12 heures) •
Mme Vallée :
Donc, l'article 24 n'a pas été lu. Alors, je vais en faire la lecture.
Donc,
article 24 : L'article 20 de la Loi concernant les partenariats
en matière d'infrastructures de transport (chapitre
P-9.001) est modifié par le remplacement, dans le premier alinéa, de «employés
d'un partenaire» par «personnes».
Alors,
l'objectif derrière cet amendement
vise à supprimer le pouvoir du ministre des Transports de désigner les personnes qui sont chargées de faire rapport
d'infractions relatives au péage imposé conformément à la Loi concernant
les partenariats en matière
d'infrastructures et de transport, la restriction relative au statut d'employé
du partenaire. Donc, il pourrait s'agir non seulement d'employés du
partenaire, mais il pourrait s'agir d'une personne qui est désignée.
Le
Président (M. Schneeberger) :
Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : ...M. le Président, je me demandais... Donc, on vise la personne,
mais ça pourrait constituer, dans le fond, une personne morale, donc que
ça serait donné en sous-traitance.
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme Vallée :
En fait, M. le Président, je pense qu'il est important de référer au règlement
qui concerne les infrastructures routières à péage. Alors, ce règlement
qui concerne... en fait, le titre complet du règlement, c'est Règlement concernant
les infrastructures routières à péage exploitées en vertu d'une
entente de partenariat public-privé, qui prévoit de façon spécifique, à son article 35, qu'«un employé du partenaire
désigné par le [ministère] des Transports à titre de personne chargée de l'application de la loi [...]
doit, au moment de sa désignation, satisfaire aux conditions suivantes...»
Alors, d'abord, c'est une personne majeure,
c'est une personne qui n'a pas, «au cours des 5 dernières années, été
[déclarée] coupable ou s'être avoué
coupable d'une infraction criminelle ayant un lien avec les activités qu'il
pourra exercer dans le cadre de cette
désignation, à moins qu'il n'ait obtenu un pardon; [et] — 3° — avoir
fait la déclaration sous serment prévue à l'annexe 1
devant une personne autorisée à recevoir le serment».
Le Président (M.
Schneeberger) : M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Donc, la personne...
Mme Vallée :
Alors, c'est une personne physique.
M.
Jolin-Barrette : O.K., c'est une personne physique.
Mme Vallée :
Ça doit être une personne physique.
M.
Jolin-Barrette : Mais on exclut, dans le fond, maintenant, le lien
d'emploi avec le partenaire.
Mme Vallée :
Exactement, exactement.
M.
Jolin-Barrette : Donc, ça pourrait être l'employé d'un sous-traitant?
Mme Vallée :
Techniquement, oui.
M.
Bédard : Mais
c'est quoi, le but? Parce que, là, si on fait ça, c'est... il y a
une raison, là, j'imagine. Quelqu'un
n'a pas pensé ça en se levant un matin.
Mme Vallée :
Mais il y a... il existe...
M.
Bédard :
Il y a une raison, j'imagine, réelle, factuelle.
Mme
Vallée : Oui, mais il
existe actuellement des sous-traitants qui travaillent pour les
compagnies, alors c'est pour
permettre à ces sous-traitants-là de... à ceux et celles qui travaillent pour
ces sous-traitants-là d'être désignés. Donc, évidemment, par exemple,
dans le pont de l'autoroute 25, actuellement on n'avait que deux personnes
qu'on pouvait désigner, parce que le
partenaire en soi, le partenaire n'avait que deux employés, il avait très, très
peu d'employés. Donc, ce n'était pas suffisant, mais le partenaire
peut...
M.
Bédard : Ah! O.K., O.K., O.K., il n'avait que deux employés.
Mme
Vallée : Oui, mais...
C'est ça. Parce que, parfois, le partenaire, il regroupe plusieurs
entreprises, et, à l'intérieur de ces entreprises-là, il
y a des gens, il y a
des individus qui pourraient être désignés. La loi ne le permet pas, parce que
la loi prévoit le lien direct avec le partenaire dans sa forme actuelle.
Alors, ça permet...
M.
Bédard :
Donc, il y a une demande des entreprises...
Mme
Vallée : Ça permet
d'aller... d'élargir le bassin de personnes pour aussi correspondre à la réalité.
Et, si on se fie au texte actuel, on
ne peut aller chercher... on ne peut désigner des employés de ces
partenaires-là, de ces entreprises qui
ont des liens avec le partenaire. Donc, le projet de loi vise à élargir, évidemment
toujours en maintenant les obligations prévues à l'article 35... Donc, on ne lésine
pas sur la question de la sécurité, sur l'obligation que cette
personne-là soit une personne
majeure. Dans le fond, c'est tout
simplement que cette personne-là,
plutôt qu'avoir un lien d'emploi avec le
partenaire, elle a un lien d'emploi avec une autre entreprise,
et c'est avec les entreprises qui sont... qui travaillent en collaboration
avec le partenaire privé.
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui, M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, dans le fond, je comprends qu'on s'éloigne un peu du
partenaire... puisque c'est un PPP, dans le fond, on s'éloigne un
peu du partenaire que le gouvernement du Québec a. Dans
le fond, dans le cadre du PPP,
il fait affaire avec son partenaire, puis antérieurement c'était, bien, les
personnes qui étaient à l'emploi du partenaire qui étaient chargées de
l'application de la loi pour la signature du constat d'infraction pour
l'attestation. Là, on se retrouve à
s'éloigner davantage, et le partenaire pourrait donner des contrats... bien, en
fait, pourrait donner des contrats,
c'est ça, de sous-traitance à d'autres entreprises qui... eux, leurs employés,
se verraient attribuer cette fonction-là. J'essaie juste de voir...
Parce que, pour l'État, c'est quand même autoriser une personne à attester
l'infraction ou la signature. Tout ça, c'est quand même important pour l'État.
Dans le fond, on s'éloigne un peu, là.
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : En fait, ce qui nous amène... Actuellement, cette
demande-là, elle est formulée par l'un des partenaires qui est un regroupement de plusieurs entreprises. Le
partenaire comme tel, désigné par le ministre, n'a que très peu d'employés, et donc son bassin lui
permettant de désigner des personnes, il est très mince. Et, par exemple, dans
un... Là, je ne veux pas nommer les
partenaires précisément, mais, dans une situation, on a... une de ces
entreprises-là, qui est responsable
des systèmes de péage électronique, n'est pas le partenaire comme tel. Il y a
l'entreprise qui est responsable des
systèmes électroniques. Elle, dans la forme actuelle du projet de loi, ne peut
pas désigner ses employés aux fins de la loi, alors que, là...
M.
Bédard : ...ce qu'il dit... c'est ce que je comprends,
effectivement, ça, c'est le problème de l'entreprise. Elle, elle dit : J'ai fait mes contrats, là, c'est
rendu tout petit, je n'ai plus d'employé. Mais là le constat, effectivement,
c'est que, là, il veut le donner à
quelqu'un d'autre. Donc, effectivement, on s'éloigne, parce que ce n'est pas
avec le partenaire maintenant qu'il va faire un acte qui n'est pas
bénin, là, pour les citoyens, ça va être quelqu'un à qui il va pouvoir sous-traiter cette responsabilité, tout simplement,
qui n'est pas un employé, qui n'est pas un de ses employés. Donc, on sort de la sphère du partenaire, c'est ce que je
comprends. Là, on va... À la limite, ça pourrait être moi, ça pourrait être
vous, ça pourrait être son voisin, ça pourrait être quelqu'un qui lui demande.
Mme
Vallée : Bien, en fait, actuellement, il y a déjà de la
sous-traitance pour les péages. Alors, l'entreprise, le partenaire fait la sous-traitance pour les
compagnies, pour le système d'information... les systèmes informatiques et pour
envoyer, par exemple, les demandes de
paiement. Mais ces entreprises-là n'ont pas... dans la forme actuelle de la
loi, ne peuvent désigner des employés
aux fins de la loi. Alors, c'est pour permettre d'élargir, justement, le bassin
à travers lequel on peut aller chercher des personnes désignées.
Puis on parle aussi
d'entreprises qui manipulent déjà, là, cette information-là. Alors, ils sont en
lien, ils sont en lien avec le partenaire, ils ont des ententes
signées avec le partenaire mais n'ont pas cette possibilité de désigner... ou
le partenaire n'a pas la possibilité de désigner les employés de ces
entreprises-là pour les fins de la loi.
Le Président (M.
Schneeberger) : M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : ...peut-être que la ministre pourrait nous
renseigner. Dans les appels d'offres, lorsqu'on construit un PPP, lorsque l'État décide d'aller en PPP, est-ce que, dans
le document d'appel d'offres, des conditions d'appel d'offres, c'est prévu, ce genre de chose, que ça
serait administré par le partenaire? Parce qu'on comprend que c'est une demande qui vient par la suite, là, dû à une
réalité sur le terrain. On a deux employés seulement chez le partenaire, mais
ce partenaire-là fait un choix nécessaire...
bien, en fait, fait un choix de ne pas embaucher davantage d'individus. Mais est-ce qu'au moment de la demande initiale, quand
il y a eu contrat, quand il y a eu soumission, l'exploitation faisait partie
des documents d'appel d'offres, lorsqu'on répond à l'appel d'offres?
Mme Vallée : On m'indique
que, oui, la sous-traitance était permise dans les ententes.
M. Jolin-Barrette : Non, mais la sous-traitance des activités, mais,
ce que je veux dire, au niveau de la responsabilité
pour l'attestation, est-ce que le partenaire s'engageait à ça dans l'appel
d'offres ou ce n'était pas prévu?
• (12 h 10) •
Mme Vallée :
La question...
M.
Bédard : Bien,
moi, j'aurais tendance à dire que oui dans l'appel d'offres, parce que c'est prévu dans la loi. Donc,
j'imagine, ça faisait partie des conditions de l'appel d'offres, ce n'est pas
par hasard.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, ce qu'on vient faire, en fait, on vient un peu
modifier les conditions du contrat sur lequel le gouvernement s'était
basé pour aller en appel d'offres.
Mme Vallée :
On ne vient pas changer les conditions du contrat.
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait, pour un partenaire, un partenaire qui soumissionne dans le cadre d'un appel d'offres, puis qui
dit : Je vais avoir à administrer la preuve, les constats d'infraction, et
qui... nécessairement ça va lui administrer
des coûts supplémentaires d'avoir des employés à sa charge plutôt que d'avoir
des sous-traitants. Il peut y avoir un
impact, là, pour les partenaires commerciaux. Aussi, supposons qu'il aurait
budgété, au moment de répondre à l'appel d'offres, les autres candidats au PPP qui auraient soumissionné, si
c'était une variable dans leurs prix pour soumissionner pour obtenir le contrat, puis qu'après coup on
vient dire : Bien, finalement, vous pouvez déléguer cette
responsabilité-là à quelqu'un
d'autre, là, en modifiant la loi, bien, peut-être qu'il y a un impact financier
aussi sur le coût du contrat, là. Je fais juste poser la question.
Mme
Vallée : Avec votre permission, M. le Président, je vais
demander de suspendre et de permettre à
quelqu'un du ministère des Transports de pouvoir venir répondre aux
questions très précises sur le contrat qui lie...
Le Président (M.
Schneeberger) : Donc, nous suspendons pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
12 h 12)
(Reprise à 12 h 14)
Le Président (M.
Schneeberger) : Alors, nous reprenons la séance. Je laisse la parole à
Mme la ministre.
Mme
Vallée : M. le Président, avec votre permission, nous allons effectuer une vérification pour qu'on puisse s'assurer...
On m'indique, là, qu'en principe ça ne devait pas... il ne devait pas avoir ce
niveau de détail là dans l'entente, mais j'ai demandé à ce qu'on puisse le
vérifier pour répondre de façon plus précise à la question du collègue de
Borduas. Alors, si vous permettez, on
pourrait... À moins que vous ayez d'autres questions, nous pourrions peut-être
suspendre l'article, passer à un autre article et vous revenir avec
la réponse. Parce que je comprends qu'il s'agit là d'une question importante pour le collègue, mais
je veux m'assurer d'avoir la meilleure réponse possible.
M.
Bédard : Peut-être une question pour ma compréhension. Est-ce qu'il y a d'autres exemples, à part les PPP, où on donne ce pouvoir-là à une personne désignée... bien, d'un partenaire,
à part municipal, vous allez me dire, là, mais... Est-ce
qu'il y a d'autres exemples, en toute matière?
Mme
Vallée : En fait, je
vais céder la parole à Me Brière, mais je crois qu'il s'agit seulement...
parce que nous sommes dans la question des péages,
et je crois...
M.
Bédard : Non, c'est ça que je me demandais, parce que c'est quand même un pouvoir de... Il y a
un constat... C'est ça. «Exercer les pouvoirs prévus aux
chapitres II et III de ce code», donc des pouvoirs aux chapitres II
et III, ça concerne quoi exactement?
Seulement pour bien comprendre. Je comprends que ce n'est pas moi qui a adopté la loi à l'époque, là, mais...
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui, Mme Brière.
Mme Brière
(Pascale) : Pascale Brière.
Ce que
vous voulez savoir, est-ce que
c'est : il y a d'autres cas où il y a
des personnes chargées de l'application de la loi qui ne sont pas des
agents de la paix?
M.
Bédard :
Exact.
Mme Brière
(Pascale) : O.K. C'est sûr qu'il en a beaucoup, des personnes qui
délivrent des constats qui...
M.
Bédard : Mais qui sont en dehors de l'appareil public, là,
tu sais. Parce que, déjà, c'est un cas qui me semble exceptionnel. Peut-être
que ce n'est pas le cas. C'est ça, je voulais comme le...
Mme
Vallée : Me Grand pourrait répondre.
Mme
Grand (Sabrina) : Effectivement, dans d'autres lois, dans d'autres domaines, il y a
aussi la possibilité, dans certains
cas, donc... Il y a des agents de la paix qui peuvent, effectivement... Il y a les agents de la paix qui peuvent, par
défaut, remplir des constats d'infraction ou des rapports d'infraction. Il y a
aussi des inspecteurs-enquêteurs qui sont à
l'emploi de ministères ou organismes. Mais il peut aussi y avoir
d'autres personnes qui peuvent être désignées à titre de personnes chargées de l'application de la loi.
On peut penser, entre autres... On parlait de la Loi sur les véhicules hors
route, je pense que c'est un cas, là, les
employés de certains regroupements qui font de la patrouille sur les sentiers, par exemple, là, pour des organismes privés, là, peuvent être
autorisés à remplir certains documents à des fins de poursuite éventuelle. Donc,
ce n'est pas le seul cas où on désigne des personnes qui ne sont pas liées directement
à l'appareil gouvernemental à titre d'agents de la paix, inspecteurs ou
enquêteurs, il y a d'autres cas.
Une voix :
...
Mme
Grand (Sabrina) : Oui, c'est
ça. C'est à ça que je pensais, là, les sentiers de motoneige, entre autres, là, et les clubs, là, de
VTT, et trucs du genre, là. Puis il
n'y a pas d'autres exemples qui me
viennent en tête, mais, dans les faits, en cherchant le moindrement, on
pourrait en trouver d'autres...
Mme Vallée :
...les pistes cyclables aussi.
Le Président (M.
Schneeberger) : Ça va comme ça, M. le député de Chicoutimi?
M.
Bédard :
Parfait.
Le Président (M.
Schneeberger) : Ça va?
M.
Bédard :
Oui.
Le Président (M.
Schneeberger) : Pas de question? Oui, député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, oui, une question également sur
l'article 20. Dans l'éventualité où le citoyen qui reçoit le constat d'infraction veut assigner
la personne qui a rédigé le constat, donc, dans ce cas-ci, ça serait,
supposons, l'employé du sous-traitant
ou la personne désignée, à ce
moment-là on va s'adresser au
procureur? Dans le fond, le lien, comment ça va se faire pour
assigner la personne chargée de rédiger le constat d'infraction?
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme Vallée :
Me Grand.
Mme
Grand (Sabrina) : Oui. En
vertu de l'article 63 du Code de procédure pénale, c'est prévu que le
défendeur pourrait toujours requérir du poursuivant qu'il assigne la
personne qui a rempli le constat ou le rapport d'infraction. Donc, le défendeur va s'adresser au poursuivant,
il va lui dire : Bien, moi, je ne me contente pas, dans ce cas-ci, par exemple, de la preuve documentaire, je veux que la personne qui a rédigé
le document soit présente.
M. Jolin-Barrette : Et ça ne causera pas de problème du fait que la personne désignée
maintenant va être plus loin dans le champ d'application?
Mme Grand
(Sabrina) : Non, je ne vois pas...
Mme
Vallée : Ça n'affecte rien de la contraignabilité de la
personne. Évidemment, ce sont les personnes qui sont désignées par le ministre, donc il y a quand
même... ces personnes-là, il y a quand même... L'information relative à ces
personnes-là, elle est là, elle existe. Il y
a quand même une vérification aussi qui est faite. Et donc les personnes ne
sont pas moins contraignables parce qu'elles sont... elles pourraient
être des employés d'un des partenaires.
Les
personnes désignées par le partenaire actuellement sont contraignables. Et,
comme lorsqu'il est question, par exemple,
d'inspecteurs ou de ceux et celles qui veillent à assurer ou... au respect des
règles dans les sentiers de motoneige et
qui dressent les constats, ces personnes-là sont aussi contraignables. Alors,
il n'en demeure pas... La contraignabilité de l'employé n'est pas
affectée du tout par l'article.
Le Président (M.
Schneeberger) : Député de Borduas, ça va?
M.
Jolin-Barrette : Ça va, merci.
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui? Alors, on suspend l'article 24?
Mme Vallée : Oui, s'il vous
plaît.
Le
Président (M. Schneeberger) : O.K. Alors, est-ce que... Je voulais
juste savoir, maintenant, si la ministre reprenait au niveau du bloc de la
procédure pénale, le point n° 3, qui concerne l'article 12.
Mme
Vallée : En fait, je
vous aurais demandé de nous permettre d'aller, comme je l'avais mentionné, à
l'article 27, puisque la
personne responsable du fond est ici déjà depuis quelques jours et est de Montréal.
Alors, on pourrait peut-être
permettre, dans une question d'efficacité...
Le Président (M.
Schneeberger) : Consentement? Oui?
Mme Vallée :
...permettre sa présence, comme ça...
M.
Bédard :
...elle était tannée de nous entendre?
Mme Vallée :
Non, je ne pense pas. Elle n'a pas manifesté d'impatience.
• (12 h 20) •
Le
Président (M. Schneeberger) :
Alors, consentement pour aller à l'article 27? Ça va? Oui? Mme la ministre, on vous écoute.
Des
voix : ...
Le Président (M.
Schneeberger) : C'est à vous la parole, Mme la ministre.
Mme Vallée :
Oui. Alors, je vais faire la lecture de l'article 27.
Donc : L'article 43
de la Loi sur le recours collectif (chapitre R-2.1) est modifié :
1°
par l'insertion, dans ce qui précède le paragraphe a et après «À l'égard
de l'aide qu'il attribue», de «pour assurer son fonctionnement»;
2°
par le remplacement, dans le paragraphe a, de «et celles qui ont été
prélevées conformément à l'article 42» par «et toute somme qu'il
reçoit en application de la présente loi, avec les intérêts».
Alors, M. le
Président, c'est un article qui vise à permettre au Fonds d'aide aux recours
collectifs de pouvoir assumer ses frais de fonctionnement, donc exclusivement les frais de fonctionnement du fonds
d'aide, à même les fonds que le fonds d'aide détient plutôt
qu'avec une subvention annuelle du ministère de la Justice.
Il y a également
une clarification qui est apportée à l'article
afin de préciser que le fonds peut utiliser,
pour verser de l'aide, ses revenus d'intérêt, de même que les sommes
qu'il récupère à la suite d'un recours qui a eu du succès.
Alors, simplement
pour l'exercice 2013-2014, pour les fins d'information des collègues, le
fonds détenait des sommes qui totalisaient 13 676 811 $, et la
subvention qui lui a été accordée par le ministère de la Justice pour son
fonctionnement était d'un montant de 416 000 $... de fonctionnement,
oui.
Le
Président (M. Schneeberger) : C'est beau? Oui. Alors, est-ce qu'il y a
des interventions concernant l'article 27? Le député de Chicoutimi.
M.
Bédard : Bien, j'imagine que c'est aussi pour des raisons,
évidemment, budgétaires que cette décision est prise. Donc, le budget de fonctionnement pour le fonds,
en général, c'est de 416 000 $ par année, c'est ce que je comprends.
C'est l'historique que vous avez?
Mme Vallée :
Je vais vous demander...
M.
Bédard :
Je m'adresse à vous parce qu'il semble que vous êtes la personne compétente...
Mme Vallée :
Pour le Fonds d'aide aux recours collectifs.
Le
Président (M. Schneeberger) : Oui. Je demanderais le consentement
pour... vous nommer, s'il vous plaît.
Mme Belogbi
(Frikia) : Frikia Belogbi, pour le Fonds d'aide aux recours
collectifs.
Oui,
pour répondre à votre question, en effet le budget de fonctionnement pour le
fonds d'aide est de 416 000 $, 416 800 $ exactement,
durant à peu près les trois dernières années.
M.
Bédard :
Est-ce que ça a déjà été plus important?
Mme
Belogbi (Frikia) : Oui, il a
déjà été plus important.
Évidemment, dans le cadre des mesures de restrictions budgétaires, le fonds a fait sa part, comme tous
les organismes publics, et on a dû, donc, procéder à des diminutions durant
les quatre, cinq dernières années.
M.
Bédard :
O.K. Et donc c'était combien auparavant, environ?
Mme
Belogbi (Frikia) : On est passés de 719 000 $ à 696 000 $,
et, après ça, ça a été 416 800 $ durant les trois dernières années.
M.
Bédard : O.K. Et là je comprends qu'évidemment c'était une
subvention qui vous était donnée par le ministère de la Justice comme
fonctionnement?
Mme Belogbi
(Frikia) : Absolument. C'est une subvention, donc, qui nous vient du ministère
de la Justice.
M.
Bédard :
Et l'article... le but, évidemment, c'est de ne plus avoir de subvention, donc
de ramener à zéro?
Mme
Belogbi (Frikia) : Oui. Dans
le passé, le gouvernement nous donnait, donc, une subvention
pour le budget du fonctionnement, mais également pour le budget de l'aide aux bénéficiaires, les
montants qu'on verse dans les recours collectifs.
Les dernières années, le fonds a très
bien travaillé, donc nous connaissons
des excédents, dont parlait Mme la
ministre tout à l'heure, 13 676 211 $. Donc, la subvention, qui
était 278 300 $, qui allait uniquement pour l'aide aux bénéficiaires a été annulée, et à juste titre,
étant donné qu'aujourd'hui on est capables de financer les recours collectifs
sans avoir besoin de financement ou, en tout
cas, de subventions de la part du gouvernement. Il nous reste donc le fameux
416 800 $, qui est uniquement
dédié au fonctionnement, et aujourd'hui on a besoin d'en avoir un peu plus,
évidemment.
M.
Bédard : O.K. Donc, vous me dites que vous avez accumulé une
somme, dans votre fonds, de 13 millions de dollars. O.K. Et, historiquement parlant, ces sommes n'allaient pas au
fonds consolidé. Donc, elles restaient dans vos coffres?
Mme Belogbi
(Frikia) : Non, jamais aucun montant n'a été prélevé sur ces
montants-là pour aller au fonds consolidé.
Le Président (M.
Schneeberger) : M. le député de Chicoutimi.
M.
Bédard :
O.K. Mais ce fonds de 13 millions, il est créé à partir de quoi?
Mme
Belogbi (Frikia) : Ces
revenus qu'on prélève en vertu de la loi, de l'article 42, justement,
qui est le sujet de l'ordre du jour aujourd'hui... En
vertu de l'article 42, la loi nous permet de prélever un certain pourcentage sur ce qu'on appelle les reliquats. Un reliquat, c'est des sommes... c'est un solde
qui reste une fois que le recours est exercé, une fois que les justiciables ont reçu leurs indemnités,
une fois que les procureurs ont reçu leurs honoraires, les déboursés, les avis
publics, en tout cas, tous les frais de
justice ont été payés, il se peut qu'il reste un montant, donc c'est ce qu'on
appelle un reliquat en vertu de 42 et
en vertu du Code de procédure civile, donc 1033 et 1034. Et, sur ce montant-là
qui subsiste en vertu de notre
règlement, on peut aller chercher un pourcentage, et c'est comme ça que le
fonds finance les recours collectifs. C'est ce montant-là dont on parle,
le 13 millions qui nous permet de financer les recours collectifs.
M.
Bédard : Et là vous me dites : On peut prélever un
pourcentage du reliquat. Ce pourcentage est établi à combien?
Mme Belogbi
(Frikia) : Ça dépend des montants. Je peux vous les donner si vous le
désirez.
M.
Bédard :
Mais peut-être me donner votre échelle, là, entre... C'est quoi, le
pourcentage?
Mme
Belogbi (Frikia) : Ça dépend. Alors, si c'est un reliquat en vertu de
ce qu'on appelle 1033 — 1033, c'est 1033 du Code
de procédure civile, excusez-moi — donc, en vertu de cet article-là, le
reliquat... Il y a deux formes de reliquat. Il y a le reliquat en vertu de 1033 du Code de procédure civile, comme
je le disais tantôt, c'est une fois que tout a été payé, les frais de justice, les indemnités
individuelles, le solde constitue un reliquat, et, si c'est ce cas-là, donc
c'est le premier cas de figure, s'il
est... je prends le premier et le dernier, s'il reste un montant, donc,
inférieur à 100 000 $, un reliquat inférieur à 100 000 $,
le fonds peut aller prélever 50 % de ce 100 000 $ là. Par
contre, s'il reste 500 000 $, le fonds peut aller prélever 90 % du reliquat. Je vous donne
une fourchette du maximum au minimum, parce qu'il y a aussi 70 % et
60 %.
Le Président (M.
Schneeberger) : M. le député de Chicoutimi.
M.
Bédard :
Non, mais...
Mme Belogbi
(Frikia) : Pardon...
M.
Bédard :
Donc, c'est ça. Et après ça?
Mme Belogbi
(Frikia) : Je peux continuer?
M.
Bédard :
Oui, oui, allez-y.
Mme
Belogbi (Frikia) : Donc, ça, c'est le premier cas de figure. Le
deuxième cas de figure, le deuxième reliquat, c'est en vertu de ce qu'on appelle 1034, donc c'est 1034 du Code de
procédure civile. Ce solde-là ou ce reliquat-là, c'est dans les situations où
aucune distribution n'a été faite aux citoyens, aux membres du groupe. C'est
exceptionnel, c'est arrivé... on prend un certain cas, des recours...
M.
Bédard : Parce que
les montants ne sont pas suffisants?
Mme
Belogbi (Frikia) : Non, ce
n'est pas une question de montants insuffisants, ça, c'est autre chose. Quand
la distribution... ce qu'on appelle une distribution impraticable ou trop
onéreuse, admettons...
M.
Bédard : O.K., les
montants sont trop petits par personne.
Mme Belogbi (Frikia) : Exactement,
c'est 0,03 $, si je prends le cas de...
M.
Bédard : Les cartes
de crédit, par exemple.
• (12 h 30) •
Mme
Belogbi (Frikia) : Non, ça, on est dans le premier cas de figure, les
gens veulent leur argent même si c'est 2 $ dans chaque compte.
Mais je
parle, par exemple, des recours qui ont été intentés contre les fabricants de
chocolat, qui ont été gagnés également,
chaque individu pouvait aller chercher 0,03 $ sur chaque tablette de
chocolat qu'il a achetée. On comprend que
c'est impraticable et trop onéreux, ne serait-ce que pour gérer ces 0,03 $
là, c'est impraticable. À ce moment-là, une fois que les frais de justice sont payés, donc les honoraires, les
déboursés, les avis, la gestion de tous ces montants-là a été faite, donc aucune distribution, on s'entend bien,
ça, c'est une autre sorte de reliquat qui va être distribué en vertu de 1034 du
Code de procédure civile. Et je vous donne,
donc, le maximum et le minimum. Le maximum du pourcentage est de 70 % si
le montant est inférieur à
100 000 $ et le pourcentage est de 30 % si le reliquat est
inférieur à 800 000 $. Donc, c'est...
M.
Bédard : 30 %?
Mme
Belogbi (Frikia) : 30 % s'il est supérieur à 800 000 $.
Et vous avez évidemment 60 %, 55 %, 40 %, il y a toute
une moyenne. Je vous donne le plus élevé puis le plus bas des pourcentages. Et
il y a...
M.
Bédard : Et le
reste va où?
Mme Belogbi (Frikia) : Pardon?
M.
Bédard : Le reste
va où?
Mme
Belogbi (Frikia) : Eh bien, on prend un pourcentage, et le pourcentage
restant va être généralement distribué à des oeuvres de charité, des
oeuvres caritatives, en effet.
M.
Bédard : ...décidé
par?
Mme
Belogbi (Frikia) : C'est le juge qui en décide. S'il n'y a pas de
transaction entre les parties, les parties ne s'entendent pas, le dossier va devant le juge, c'est le juge qui va
décider de A à Z — est-ce
que c'est un reliquat en vertu du 33
et du 34? — à qui
vont les montants qui subsistent après l'application de la loi et de... sur le
Fonds d'aide aux recours collectifs et le règlement.
Par contre,
si c'est les parties qui s'entendent, donc il y a un recours, elles s'entendent
pour conclure une transaction, à ce
moment-là elles vont d'ores et déjà prévoir à qui va aller le solde, donc, qui
reste de ce reliquat-là. Et c'est toujours sous l'approbation, évidemment, du tribunal. Les parties ne peuvent rien
faire. Le tribunal doit, dans tous les cas, homologuer la transaction.
Donc, c'est comme ça que ça fonctionne.
M.
Bédard : Et à
l'époque... Cette loi, elle date évidemment de longtemps. À l'époque, donc, on
n'avait pas considéré le fait que le trésor public puisse être bénéficiaire du
reliquat?
Mme
Belogbi (Frikia) : Pour l'instant, non. Au moment où on se parle, la
loi est celle-là. Donc, dans l'avenir, on va voir avec le nouveau Code
de procédure civile.
M.
Bédard :
Oui, c'est ça. Ça a été modifié quand? Est-ce que ça a été passé comme ça ou
c'est par la suite qu'on l'a modifiée?
Mme Belogbi (Frikia) : C'est à peu
près la même chose depuis 1978, je vous dirais.
M.
Bédard : Ah oui?
Depuis le début?
Mme
Belogbi (Frikia) : Il n'y a pas eu de... Il y a eu des petites
modifications mais pas en profondeur comme ça. Mais probablement qu'avec
le nouveau Code de procédure civile les choses vont évoluer autrement.
M.
Bédard :
Donc, ça date de 1978. Ça devait être une bonne loi à l'époque, j'en suis
convaincu. Et le fonds de 13 millions, il s'est accumulé pendant
toute cette période-là ou...
Mme Belogbi
(Frikia) : Durant 35 ans, durant les... tout le temps, depuis
l'existence du fonds.
M.
Bédard :
O.K. Puis vous, vous avez un conseil d'administration qui est formé de?
Mme
Belogbi (Frikia) : Trois administrateurs qui siègent une fois par mois
pendant deux jours, donc 24 fois par année, et qui vont décider des
demandes d'aide financière, évidemment.
M.
Bédard :
...mais ils proviennent d'où?
Mme Belogbi
(Frikia) : Ils proviennent... Pardon, je ne comprends pas la question.
M.
Bédard :
Dans le sens : les membres du conseil d'administration sont nommés par
qui?
Mme Belogbi
(Frikia) : Ah! par le gouvernement.
M.
Bédard :
O.K. Donc, est-ce qu'il y a des qualifications particulières ou... Non? La loi
ne prévoit pas, par exemple, que...
Mme Belogbi
(Frikia) : Non. Je n'ai absolument rien à ce sujet.
M.
Bédard :
N'importe qui peut... à moins d'avoir 18 ans, peut être sur le conseil
d'administration.
Mme Vallée :
On est un petit peu loin de l'article, mais...
M.
Bédard : Non. Bien, on est même plutôt près, je vous dirais,
parce que, là, on parle des montants qui vont être attribués. Donc, il
faut bien comprendre le fonctionnement.
Mme
Vallée : L'article 8 : «Le fonds est administré par
trois personnes dont un président, nommées pour au plus trois ans par le
gouvernement, après consultation du Barreau du Québec et de la Commission des
services juridiques.
«Le
gouvernement fixe, s'il y a lieu, le traitement, le traitement additionnel ou
les honoraires qui peuvent être versés à chacun des administrateurs
ainsi que leurs allocations ou indemnités.»
Article qui est
demeuré tel quel depuis l'adoption, l'excellente adoption de la loi en 1978.
M.
Bédard : Je pense qu'ils n'avaient pas prévu à l'époque
qu'ils allaient avoir 13 millions, je suis assez convaincu.
Mme
Belogbi (Frikia) : À l'époque, c'est une excellente loi, je dirais,
puis elle demeure excellente loi pour la simple raison qu'on est
sollicités par plusieurs pays. Ça n'existe pas ailleurs.
M.
Bédard :
On est un cas unique?
Mme Belogbi
(Frikia) : On est pas mal un cas unique, et c'est un fleuron,
croyez-moi. Et on a...
Mme Vallée :
...
Mme Belogbi
(Frikia) : Pardon? Absolument. Mme la ministre vient de me le
rappeler, on a eu la délégation française, que je revois d'ailleurs le
13 octobre, la semaine prochaine. On a eu des délégations de Hong Kong, de
la Belgique, d'Albanie, qui sont très
intéressées par notre fonctionnement pour la simple raison que, dans l'ère des
compressions budgétaires qu'on
connaît un peu partout dans le monde, même en Europe, passez-moi l'expression,
ça ne coûte rien au gouvernement, parce que l'argent qui rentre des
justiciables va sortir pour les justiciables.
Le
recours collectif, son but, d'ailleurs, c'est de permettre l'accès à la
justice, comme son nom l'indique. Sans cette
loi-là, et sans l'existence du fonds, et sans ce financement-là, beaucoup,
beaucoup de recours collectifs n'auraient pas...
M.
Bédard :
...
Mme Belogbi
(Frikia) : ... — absolument — n'auraient
pas eu lieu.
M.
Bédard : Évidemment, le projet de loi a pour effet de... Le
but, au départ, c'était que cet argent serve à permettre le financement de recours collectifs. C'est ce que
je comprends. Au départ, est-ce qu'on a créé un fonds avec un montant de
départ? J'imagine que oui, il y avait un fonds capitalisé...
Mme
Belogbi (Frikia) : Oui, oui, oui. Absolument. D'ailleurs, les années,
j'allais dire, qui n'étaient pas fastes, beaucoup d'argent venait du gouvernement, en effet, et c'est... Le but
d'aujourd'hui, d'ailleurs, c'est pour éviter l'application de l'article 44.
L'article 44, qu'est-ce qu'il nous dit, de notre loi? Il nous dit... et il
est très lié à 42... 44.1, c'est lié à 42, donc sous étude
aujourd'hui :
«Le gouvernement peut, aux conditions qu'il
détermine :
«a) s'engager
à combler les besoins de liquidités du fonds de manière à lui permettre
d'assurer, à échéance, le remboursement du capital et le paiement des
intérêts concernant un emprunt contracté par le fonds;
«b) garantir le paiement», etc.
Et alinéa
deux : «Les sommes requises aux fins du présent article sont prises sur le
fonds consolidé du revenu.»
Ce qu'on ne
fait plus depuis des années et ce qu'on veut éviter de faire aujourd'hui, ce
que le législateur veut éviter de
faire, justement, aujourd'hui. Et c'est la raison pour laquelle on est là et
c'est la raison pour laquelle on veut, pour pouvoir assurer notre
mandat, continuer du moins à l'assumer, aller prélever un certain montant pour
le fonctionnement.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée :
Et je pense qu'il est peut-être aussi bon de préciser et d'informer les
collègues que l'Ontario détient un
fonds qui est similaire à notre Fonds d'aide aux recours collectifs, puis les
frais de fonctionnement du fonds d'aide de l'Ontario sont aussi assumés
à même les sommes qu'il détient.
Donc, on
s'inspire aussi de ce qui se fait ailleurs, qui se fait en Ontario, notamment.
Je vois le sourire, le sourire taquin
de notre collègue de Chicoutimi. Mais, bref, tout simplement, c'est... bien, il
y a aussi une réalité. On a des surplus, une logique qui est là.
M.
Bédard :
C'est ça. Mais, quand ça va bien, c'est sûr... Mais, moi, c'est pour ça que je
regarde... Au départ, il a été capitalisé de combien, ce fonds-là?
Avez-vous le montant?
Mme Belogbi (Frikia) : Je peux vous
donner les chiffres. Juste une petite parenthèse, si vous le permettez. Aujourd'hui, on parle effectivement du
13 millions, mais il y a un seul dossier qui a rapporté beaucoup d'argent
pour le fonds, c'est un dossier qui
est assez connu, c'est le dossier sur l'avortement, qui a rapporté exactement
6,7 millions à l'époque. Donc, si on enlève le 6,7 millions de
l'époque, il ne restera pas gros montant dans ce fonds-là. Pourquoi? Parce
que...
M.
Bédard : C'est en
quelle année, le recours sur l'avortement?
Mme
Belogbi (Frikia) : La transaction a eu lieu en 2010, et, dans ce
recours là contre l'avortement, évidemment, les femmes — ça
concernait les femmes, bien sûr — n'ont pas jugé utile de réclamer des
indemnisations, et aucune réclamation n'a été faite.
M.
Bédard : Et qui
était poursuivi?
Mme Belogbi (Frikia) : C'était le
gouvernement, évidemment.
M.
Bédard : O.K. Belle
transaction.
Mme
Belogbi (Frikia) : Donc, c'était le plus gros, je vous dirais, montant
que le fonds n'a jamais eu. Mais il a déjà eu des reliquats de
8,17 $, oui, comme on a eu des reliquats de 800 000 $.
M.
Bédard : Parce
qu'en général j'imagine que tout est distribué, bien, aux plaignants, à ceux et
celles qui participent au recours.
Mme Belogbi (Frikia) : En général,
c'est assez bien fait pour que tout soit distribué, sauf si les personnes ne réclament pas ou sauf... comme on l'avait dit
tantôt, la distribution est onéreuse ou impraticable. À ce moment-là, on peut
bénéficier d'un certain bon reliquat.
M.
Bédard :
Donc, en 2010, il y a eu un ajout important qui a permis au fonds, donc...
C'est quand même une bonne
souscription, 6 millions. Mais là, à partir d'aujourd'hui, vous avez la
possibilité de prendre ce fonds pour votre fonctionnement, pour couvrir
l'ensemble de votre fonctionnement, un certain montant.
• (12 h 40) •
Mme
Belogbi (Frikia) : Oui, un certain montant pour pouvoir fonctionner.
Parce qu'on est un tout petit organisme. On est un tout petit organisme qui
comptait, depuis 35 ans, quatre personnes. C'est le plus petit organisme
qu'il n'y a pas au gouvernement. Donc, il y a une agente de secrétariat,
un technicien, le ou la secrétaire et un juriste.
Les quatre
dernières années, encore une fois, le fonds a voulu faire son devoir de
restriction budgétaire. Le poste de juriste n'a pas été comblé. Sauf
qu'aujourd'hui l'équipe commence un petit peu à s'essouffler. On a absolument
besoin, donc, d'engager une nouvelle
ressource pour pouvoir, donc, mener à
bien notre mandat, et cette ressource-là, évidemment, je peux
vous donner des chiffres si vous le désirez, l'augmentation... Les raisons pour
lesquelles on a besoin de cette ressource absolument, c'est l'augmentation du
nombre de recours collectifs, l'augmentation des demandes d'aide, la complexité des dossiers, et je peux en donner
encore, des motifs qui font qu'on a besoin d'aller prendre un certain montant
pour pouvoir ne serait-ce qu'arriver à mener à bien notre mandat.
M.
Bédard : O.K. Et
combien avez-vous projeté de prendre? Parce qu'il n'y a pas de balise. C'est ça
qui est... À la limite, ça pourrait être 100 % de votre fonctionnement?
Mme
Belogbi (Frikia) : Nous
avons demandé, donc, un montant, en
tout cas, pas très... Je n'ai pas, en tout cas, le montant exact, là, pour l'instant, mais on a besoin d'une ressource
absolument. Je ne peux pas vous le donner comme ça, le
chiffre.
M.
Bédard : O.K. Non,
non, c'est... La loi, évidemment, n'a pas de balise à partir du moment où on
met... ou pour son fonctionnement... Ça veut dire que, demain matin, le ministère de la Justice peut vous
dire que vous avez zéro, et débrouillez-vous. Autrement dit, la loi,
elle ne vous donne pas de limite de ce que vous pouvez prendre pour votre fonctionnement.
Mme
Belogbi (Frikia) : Mais, de toutes les façons, notre limite est faite
par le gouvernement. Nos budgets sont approuvés à chaque année. On ne
peut pas aller sans limite, là, notre budget est approuvé par le gouvernement.
Mme Vallée :
En fait, ce n'est pas... Ici, ce que l'on donne, ce n'est pas un chèque en
blanc, là, au fonds d'aide pour
dire : Dans la première année, on va épuiser le fonds. Au contraire, il y
a toujours... La gestion se fait toujours d'une façon rigoureuse, mais c'est
pour permettre d'avoir... d'aller chercher le financement à même les surplus
qui sont présents.
M.
Bédard :
Remarquez que je n'en ai pas contre la gestion, parce qu'à l'évidence,
effectivement, c'est un petit organisme.
Mme Vallée :
C'est un petit organisme qui travaille de façon extraordinaire et qui gère de
façon rigoureuse aussi ses finances.
M.
Bédard :
Oui. Mais l'idée, ce n'est pas là, l'idée, c'est qu'à partir de maintenant moi,
je peux vous demander de prendre
l'ensemble de votre fonctionnement à partir du fonds. Ça, je peux vous le
demander, le 100 %, parce que... Là, vous me dites : Vos frais
de fonctionnement sont autour de 416 000 $?
Mme Belogbi (Frikia) : Oui.
M.
Bédard :
Ils vont être un peu plus élevés quand vous allez engager, évidemment, votre
ressource. Donc, on parle plus de 500 000 $?
Mme Belogbi (Frikia) : Oui.
M.
Bédard :
Ça va être sûrement autour de ça. Parce que, là, vous avez... Donc, vous avez
13 millions. Les sommes que vous allez prélever pour votre fonctionnement
vont varier, puis là je n'ai pas de balise pour ça. C'est quand même une modification importante, vous
comprendrez. Et je comprends votre besoin, au contraire. L'idée, c'est que, là,
on change la philosophie par rapport à ce qui était au départ. C'est que
ces fonds-là servaient à quoi principalement auparavant, ce fonds de
13 millions? Bien, l'argent que vous aviez, il servait à financer les
recours?
Mme Belogbi (Frikia) : Oui,
absolument.
M.
Bédard : Donc,
ultimement, vous risquez d'avoir moins d'argent pour financer les recours?
Mme
Belogbi (Frikia) : De toutes les façons, les revenus dont on parlait
tantôt génèrent des intérêts, et nous avons l'intention, en tout cas,
d'utiliser ces intérêts-là pour le budget de fonctionnement.
M.
Bédard :
Il le fait comme une fondation, finalement. Les intérêts... Là, je regarde,
disons, ces temps-ci, vous n'auriez
pas beaucoup d'intérêt, là, mais disons 2 %, 3 %, avec un fonds
obligataire qui est... Même un fonds obligataire, ces temps-ci, ce n'est pas diable, là, donc...
C'est à partir de ces fonds-là que vous... Donc, vous ne souhaitez pas entamer
le capital?
Mme Belogbi (Frikia) : Pour
l'instant, on va toucher aux intérêts.
M.
Bédard : O.K. Mais avez-vous proposé qu'on regarde seulement
les intérêts, qu'on prenne seulement les intérêts?
Mme
Belogbi (Frikia) : Non, notre demande n'a pas été faite uniquement
pour les intérêts. Nous avons demandé à
ce que... pour, comme je le disais
tantôt, remplir notre mandat, qu'on puisse aller... Aujourd'hui, on ne peut plus fonctionner avec le 416 000 $, et ça
se comprend. Et, encore une fois, étant donné que nous avons des surplus, on a
demandé au gouvernement à ce qu'on puisse aller prélever des sommes pour
combler un petit peu notre déficit, donc, de fonctionnement et, encore une fois, pour éviter d'aller... d'utiliser l'article 44.1 et demander
au gouvernement d'augmenter notre subvention. Et notre subvention
viendrait évidemment des fonds consolidés du revenu.
M.
Bédard :
Exact, mais je pense que vous n'auriez pas de réponse favorable, c'est ce que
je comprends, de toute façon. Cette
demande a déjà été faite, et vous n'avez pas eu de réponse favorable. Donc, à
partir de là... Non, où j'ai une inquiétude,
je vous dirais, c'est qu'ultimement, évidemment, on va en arriver là, à ce
rythme-là, parce que, des règlements de 6 millions, vous n'en aurez
pas peut-être. Dans les 10 prochaines années, vous n'en aurez peut-être
pas, là.
Mme Belogbi
(Frikia) : C'est arrivé une fois dans 35 ans.
M.
Bédard :
Dans 35 ans, c'est ça.
Mme Belogbi
(Frikia) : On a des chèques de 2 $, de 8,16 $. Ça aussi, ça
arrive.
M.
Bédard :
Mon inquiétude est la suivante... Je crois, comme vous, que c'est un bon choix
qu'on a fait, effectivement, de permettre
les recours collectifs, qu'il y ait un accompagnement puis qu'il y ait une
forme de justice. Le problème que
j'ai est le suivant : c'est que, là, en vous donnant ce pouvoir-là sans
balise... Puis je ne vous dis pas que je n'ai pas confiance en vous, mais c'est sûr que, si le gouvernement
décide demain matin de fermer les valves, vous allez être capables de vivre pendant quelques années.
Mais, à ce rythme-là, c'est sûr qu'on va avoir un problème. C'est sûr que
les intérêts ne suffiront pas à faire fonctionner votre organisme au complet.
Ça, ça me semble évident.
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Mais par contre ce qui est prévu actuellement, c'est
de permettre aux fonds de puiser à même ses surplus, mais on n'enlève pas l'autre... on n'enlève pas la possibilité
aussi, éventuellement, d'un support, d'un soutien du ministère de la
Justice, là. Alors, c'est certain...
M.
Bédard :
...le ministère de la Justice peut aider qui il veut, là.
Mme
Vallée : Non, mais, en fait, l'objectif, c'est de permettre,
dans un contexte où on a des sommes quand même importantes qui sont dans un fonds, d'être utilisées pour les fins des
recours collectifs, là. Évidemment, l'utilisation vise le fonctionnement du fonds, l'utilisation de ces sommes-là
vise les activités régulières du fonds qui permettent la mise en place des... et qui permettent l'aide aux
recours collectifs. Donc, on utilise des fonds dédiés pour les fins de
l'activité très précise.
M.
Bédard : Bien, je vous avouerais que ça, je ne partage pas
votre opinion, effectivement. C'est pour l'administration, et la loi n'a pas été faite comme ça. D'ailleurs,
ce n'est pas pour rien qu'on la change, c'est que, justement, on voulait
qu'elle ne serve pas pour l'administration
mais qu'elle serve pour ceux qui font des recours collectifs. J'imagine que
c'était ça, l'esprit de la loi, puis je n'en doute pas, elle est assez
claire, effectivement.
Non,
l'idée, c'est que c'est évident que vous allez prendre votre fonctionnement,
l'ensemble de votre fonctionnement dans
ces fonds-là, puis, à court terme, on va finir par avoir un... Bien, ce
fonds-là va disparaître au rythme... Je vois «du fonctionnement», là, tu sais... Vous savez, l'équilibre budgétaire, on
est supposés l'avoir cette année. Donc là, on ne sera pas dans l'austérité dans les 10 prochaines
années, mais, à partir du moment où vous pouvez vous connecter sur un fonds
de 13 millions, on risque de vous
dire : Bon, bien, il y a plein de priorités au ministère... moi, c'est ça
qui m'inquiète, et là qu'on se retrouve où vous n'aurez plus de fonds à
un moment donné, puis ça va mettre en péril votre organisation.
C'est
comme une solution court terme. Moi, c'est drôle, je serais très ouvert à...
Pourquoi ne pas garder seulement les
intérêts? Parce que, 13 millions, les intérêts, au moins on n'entame pas
le capital, c'est le principe de la fondation, mais c'est surtout qu'on garde l'esprit que ces
sommes-là devraient plutôt servir à ceux et celles qui font des recours
collectifs. C'est ça, l'objectif. Comme on a eu une chance d'avoir un
6 millions de capital, moi, j'aimerais bien que cet esprit-là demeure, et il me semble... Avez-vous projeté, si
vous aviez seulement les intérêts, qu'est-ce que ça vous ferait comme...
• (12 h 50) •
Mme
Belogbi (Frikia) : En fait, le 13 millions, ce 13 millions
là n'est pas gelé, n'est pas immuable. Ça monte à 16, ça peut descendre à huit, à neuf, à 10. Il bouge, n'est-ce pas? On
parle de reliquats, on parle de prélèvements sur des sommes d'argent. Il ne faut pas oublier que ces fonds-là...
Évidemment, cette subvention-là, elle est bénéficiaire inversée, mais, si le recours réussit, elle est remboursée
au fonds d'aide, donc ne risque pas de le mettre à sec, ce fonds-là, là, le remboursement de l'aide inversé. Par contre, si le recours est perdu, là, non seulement le montant est perdu, mais, en plus, on doit payer les dépens, évidemment,
à l'autre partie. Donc, il ne faut pas le prendre...
M.
Bédard : Regardez,
c'est qu'actuellement quelqu'un qui a un recours collectif, il... Quand il gagne,
au-delà du reliquat, est-ce qu'il verse des frais au fonds?
Mme Belogbi
(Frikia) : C'est là le but, justement, pour éviter...
M.
Bédard :
Exact, mais vous comprendrez qu'avec ça maintenant on va le faire un peu par la
bande.
Mme Belogbi
(Frikia) : Pardon? Excusez.
M.
Bédard : Autrement
dit, si vous prenez ces sommes-là que
vous prenez à partir des reliquats et que vous les attribuez à votre fonctionnement, c'est comme si effectivement il y aura un montant qui serait
prélevé pour vos fonctionnements à
partir des recours que vous entamez, ce que vous n'avez jamais fait dans le
passé. Là, on le fait parce qu'on a un historique. S'il n'y avait pas
d'historique, on n'aurait pas ça, là.
Non,
je suis plutôt inquiet, moi, de voir qu'on... sans balise, qu'on fait ça, qu'on
assure l'ensemble du fonctionnement puis
qu'on ne préserve pas... Je comprends qu'il peut y avoir des règles budgétaires
qui s'appliquent cette année ou l'an prochain, mais là on est... Là, on
change la loi pour toujours, là. Je suis un peu étonné.
Le Président (M.
Schneeberger) : Je vais donner la parole à Mme la ministre.
Mme
Vallée : Il y a peut-être...
Il y a une information, par
contre, qui est quand même
importante. Les revenus de la
dernière année, du fonds, ont quand
même totalisé 2 642 445 $, alors c'est quand même non négligeable.
On parle... 2 642 445 $...
M.
Bédard :
Excusez, je n'ai pas compris. Il vient d'où, ce montant-là?
Mme Vallée :
Les revenus du fonds. Les revenus du fonds.
M.
Bédard :
O.K., les revenus du fonds.
Mme Vallée :
Donc, ces revenus sont présents.
Et
l'autre élément qu'il est important de porter à l'attention du collègue de
Chicoutimi, M. le Président, c'est qu'en vertu de l'article 16 de la Loi sur le fonds d'aide aux recours
collectifs, chaque année, le fonds doit transmettre au ministre, à la
ministre, son budget pour le prochain exercice financier, puis ce budget-là est
sans effet sans qu'il soit autorisé.
Donc, pour venir un
petit peu répondre à la préoccupation à l'effet que, peut-être, on irait à...
on viendrait peut-être à épuiser le fonds et
à détourner ou... pas détourner, mais à s'éloigner de sa mission, ce qui n'est
pas l'objectif, aucune, il y a quand
même ces balises-là qui sont prévues, c'est-à-dire que le fonds doit prévoir
son budget, doit faire une prévision
pour l'année suivante. Donc, advenant... si d'aventure on arrivait avec une
prévision budgétaire de 750 000 $ pour la prochaine année, il y a des chances que des lumières rouges
s'allument, de fortes chances que des lumières rouges s'allument et qu'on dise : Écoutez, là, ce
n'est pas l'historique, et on a des considérations... Parce que l'objectif,
évidemment, c'est de permettre que
les fonds soient versés pour les fins du... et pour permettre les recours
collectifs. Mais je pense que cette
donnée-là des revenus de 2 642 445 $ était quelque peu importante
à transmettre parce qu'on... j'avais omis de la faire.
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci. M. le député de Chicoutimi.
M.
Bédard : ...je ne doute pas de l'administration du fonds
puis que les besoins sont réels. Ce que je vois, c'est qu'au rythme... même à 416 000 $ ou à
500 000 $, puis que vous le preniez à partir de votre fonds, bien,
c'est sûr que vous allez entamer le
capital de façon importante. Et là, effectivement, on change la destination du
fonds, littéralement, là. Moi, c'est ça qui me chicote.
Là,
on a un problème budgétaire cette année. On me dit que, l'an prochain, on est à
l'équilibre. Mais là je change la philosophie, là, le but de tout ça,
c'est que cet argent serve ultimement à financer plus de recours. C'est ce que
je comprends. Puis, à la limite, vous avez trop d'argent, vous pouvez le
remettre au fonds consolidé, ça, il n'y a pas de problème, là. On peut dire
qu'il y a une année où vous allez en remettre ou pas, mais, quand on change
totalement la philosophie puis que... et là on fait dépendre de votre
administration du fonds, là, c'est drôle, ça me chicote.
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme Vallée :
Remettre au fonds consolidé ne garantit pas que les fonds remis aux fonds
consolidés vont retourner dans leur totalité à l'accès aux recours collectifs.
Alors, à partir du moment où on remet les fonds dans les fonds consolidés, on n'a pas ce même...
Et l'objectif ici est de s'assurer que les fonds qui sont
destinés aux recours collectifs puissent être utilisés pour ces fins-là.
M.
Bédard : La
réalité, c'est que l'organisme est
pris face à des choix budgétaires difficiles, ça, c'est la réalité. On y impose des choix — c'est ce que je vois — qui ont fait en sorte que son budget a diminué
d'à peu près 40 %, alors que les
besoins augmentent, et que, là, elle ne sait plus où prendre son argent. Ça,
c'est la réalité concrète. La réalité concrète, c'est qu'on a dit :
Bien, prenons-le à partir du fonds.
Alors,
moi, que quelqu'un me dise qu'on le prenne dans le fonds consolidé, qu'on le
prenne là, de toute façon c'est de
l'argent public, tout ça, mais c'est de l'argent qui sert à une destination qui
est bonne, qui est juste. Mais il y a une chose qui est sûre, c'est qu'elle n'était pas prévue à servir là. Donc,
tu sais, que l'organisme soit aux prises avec une situation budgétaire difficile sur un an puis qu'on me
dit : On va prélever pour une année pour permettre d'accomplir sa mission,
ça, je serais d'accord, mais là on ne fait pas ça.
Là,
ce qu'on fait dans la loi, sans balise, on dit : Maintenant, comme par
hasard, tu as un fonds, puis il va servir à ton fonctionnement puis,
ultimement, il va payer l'ensemble du fonctionnement. Donc, ça va être une
pression additionnelle sur l'organisme, et
cet argent-là ne servira pas à sa destination principale. C'était de financer
des recours, j'imagine. C'était ça, le but, au départ du fonds.
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Belogbi (Frikia) : Pardon.
Si vous le permettez, on reste, comme je vous l'ai dit, les trois dernières
années, à 416 800 $. Nous n'allons pas chercher des
millions de ce fonds-là, n'est-ce pas? Et, comme le disait Mme la ministre,
notre budget doit être absolument approuvé à chaque année en vertu de
l'article 16 de notre loi. Ça, c'est d'une part.
D'autre part,
vous avez sûrement entendu parler des recours collectifs contre le tabac,
n'est-ce pas, récemment, au mois de juillet, c'est très récent. Le fonds aurait
pu avoir un revenu de plus que 6 millions de dollars de ce dossier-là,
parce qu'on a financé les dossiers du tabac.
Donc, il n'y a aucun danger que le fonds se retrouve avec des fonds à zéro,
qu'il ne soit plus capable de remplir sa
mission qui est celle de financer les recours collectifs. Donc, je ne vois pas
l'inquiétude à ce niveau-là, parce
que, comme je vous l'ai dit, nous avons aussi des revenus... des
remboursements, donc, de subrogation lorsque les recours sont gagnés,
ont réussi.
M.
Bédard :
Oui, mais auparavant vous n'aviez pas à supporter ces frais-là. C'est que, là,
c'est assez particulier, c'est que
vous me projetez une situation dans l'avenir qui n'est pas arrivée dans le
passé. Dans le passé, effectivement, vous accumuliez, mais c'étaient des
fonds propres, qui vous appartenaient, qui n'étaient pas amputés à partir de
votre fonctionnement sur 35 ans, sinon vous n'auriez pas une cent actuellement.
Mme Vallée :
Le fonds a quand même des revenus, là. N'oublions pas, le fonds a des revenus
de... l'an dernier...
M.
Bédard :
Mais, à l'évidence, à 13 millions... mais, regardez, à 13 millions... Moi, je fais le calcul, là. En général,
bon, votre budget, dans les faits, il se
tenait plus autour de 700 000 $,
800 000 $, autour de 700 000 $ environ, en général, c'est ce que j'ai compris, 719 000 $,
puis là vous avez une coupure drastique à 419 000, qui vous empêche de
faire... de réaliser... d'embaucher
quelqu'un qui a une compétence nécessaire. Donc, si je projette ça, même si je
recule dans le temps, là, c'est sûr
que vous n'auriez pas 13 millions, là. Tu sais, si je reculais dans le
passé, je veux dire, à partir de maintenant, à partir de 1995 vous payez
votre fonctionnement à partir de ça, là, c'est sûr que vous auriez été en
demande au fonds consolidé. Vous n'auriez
pas 13 millions, vous auriez zéro dans votre compte en banque. C'est ça
que je veux vous dire.
Et là vous me
dites : Non, non, dans le futur, je vais être correcte. Moi, c'est drôle,
j'ai une crainte réelle, moi... C'est pour ça que, là, on règle un
problème qui est ponctuel... Vous avez un problème budgétaire actuellement, je
le comprends, puis il est normal, puis on
peut faire... il y a des choix qui se font, je suis assez bien placé pour vous
le dire. Le problème, c'est que vous
réglez un problème ponctuel avec une solution qui est un changement de
philosophie. Moi, je peux vous dire, là, j'ai une résistance qui est
très forte. Moi, c'est drôle, je n'aurais pas fait ça. J'aimerais mieux un prélèvement, par exemple, qu'on me le fasse sur
deux ou trois ans pour permettre d'embaucher, ça, j'aimerais mieux ça.
• (13 heures) •
Mme Vallée :
La modification législative ne change pas la philosophie de façon importante,
en ce sens que le budget du fonds demeure sous approbation et doit être
approuvé par le ministre. Tout le processus... En fait, ce qu'on permet, c'est de puiser... c'est d'utiliser les
surplus pour payer le fonds de fonctionnement.
Mais les autres, les autres modes, comme une intervention éventuelle et
d'autres modes de financement du fonds, sont toujours là. On ne vient...
Mais ce fonds
de 13 millions là, et on parlait de revenus qui sont anticipés aussi
dans d'autres dossiers, ce sont des
fonds qui sont dans les coffres de l'État, et qui pourraient être mis à contribution, actuellement qui dorment, et qui ne sont pas utilisés, et qui peuvent être utilisés
par le fonds. Et n'oublions pas que les revenus moyens du fonds... je vous
ai parlé des revenus de l'an dernier, mais
les revenus moyens du fonds, ça se situe entre 1,5 puis 1,8 million par
année. On a ça aussi, là. Il faut
considérer tout ça. Ce n'est pas comme si aujourd'hui on faisait une
ponction ad vitam aeternam dans un fonds qui ne sera jamais bonifié par
aucune forme de revenus.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci, Mme la ministre.
Alors, compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 13)
Le
Président (M. Schneeberger) :
Alors, bon après-midi à tous. Je vous demanderais de... Veuillez bien
fermer vos cellulaires et appareils électroniques.
Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 51, Loi
visant notamment à rendre l'administration de la justice plus efficace
et les amendes aux mineurs plus dissuasives.
Lors de la suspension des travaux ce matin, nous
avions suspendu l'étude de l'article 24 et avions consenti à entreprendre l'étude de l'article 27. Alors,
étant donné que le député de Chicoutimi avait pris pas mal de temps ce matin
là-dessus, je vais poursuivre avec le député de Borduas, qui avait des
questions, notamment. Député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui, merci, M. le Président. Dans un premier
temps, pour l'article 27, je comprends que, bon, en modifiant l'article, un peu comme le disait le
député de Chicoutimi, on vient utiliser le fonds général pour utiliser...
bien, en fait, pour les dépenses courantes. On disait tout à l'heure que, bon,
on utilise les reliquats et les réclamations liquidées dans le budget, et puis
c'est en fonction du montant annuel pour les gains au niveau des recours
collectifs. Sauf que,
quand on regarde l'état des résultats, supposons, en 2013 — ça varie vraiment d'année en année — en 2013 le réel, au niveau du reliquat, il y avait 380 000 $ et puis,
en 2014, 1 872 177 $. Donc on a des... C'est dans le dernier
rapport annuel, au niveau du reliquat.
Même chose au
niveau des intérêts. En 2013, il y avait 219 000 $ d'intérêts et
puis, en 2014, 178 441 $ d'intérêts. Tout à l'heure, vous nous disiez, M. le Président, les gens du fonds
nous disaient : Bon, on va fonctionner sur les intérêts, entre autres. Parce que ce qu'on comprend, c'est
que le gouvernement, maintenant, ne mettra plus d'argent à l'intérieur du fonds pour les dépenses de fonctionnement.
Mais, avec des revenus de 178 000 $ et puis, si jamais il y a des...
bien, je ne voudrais pas dire des
mauvaises années, mais supposons qu'il n'y a pas de recours collectifs qui sont
remportés sur lesquels le fonds
aurait financé, au bout de la ligne ce n'est pas une façon qui m'apparaît
pérenne de financer le fonds. Ultimement, il va y avoir des problèmes un
jour ou l'autre.
Et, où je
suis... j'éprouve certaines réserves aussi, tout à l'heure c'est que la
ministre nous disait, M. le Président, qu'au
niveau du fonds consolidé, bien, il y a toujours possibilité que le
gouvernement finance. Mais aussi j'ai retenu son argument de dire : Bien, écoutez, c'est mieux d'avoir un fonds
distinct, parce que, quand ça s'en va dans le fonds consolidé, on n'est pas convaincu que l'argent qui va dans le
fonds consolidé va être affecté à la mission. Par contre, le gouvernement,
avec la loi sur les victimes d'actes criminels, a haussé, lors d'un projet de
loi au printemps dernier, le montant de la contribution
obligatoire, donc, sur les constats d'infraction. Donc, la contribution
volontaire... Non, mais c'est deux choses distinctes, mais ce que je veux dire, c'est que cette augmentation de la
contribution volontaire, ça s'en va au fonds consolidé. Tout à l'heure, M. le Président, la ministre a
dit : Bien, ça ne veut pas nécessairement dire que, quand ça s'en va au
fonds consolidé, ça va être traité
pour ça. Donc, je veux juste qu'on s'assure, dans le cas du fonds, bien, que ça
soit distinct puis qu'on assure une façon pérenne de financer le fonds.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée :
M. le Président, premièrement, d'abord, là, pour un petit peu revenir sur la
question des victimes d'actes
criminels, je veux juste rappeler au collègue que l'indemnisation, l'IVAC,
l'Indemnisation des victimes d'actes criminels,
là, c'est 130 millions par année. Alors, de l'argent... Ce
130 millions par année, là, l'argent qui va dans le fonds consolidé
sert à assumer ça, en plus de servir... d'aider les CAVAC et les autres
organismes.
Mais là on
n'est pas là-dedans. Nous sommes dans une situation où nous avons un organisme
qui s'appelle le Fonds d'aide aux
recours collectifs, qui est un organisme, ne l'oublions pas, on a l'organisme,
et cet organisme-là, contrairement aux
autres organismes, n'est pas à même de se financer à même ses revenus. Donc, la
loi, dans sa forme actuelle, ne permet pas
à l'organisme qu'est le Fonds d'aide aux recours collectifs de puiser ses
revenus à même ses frais de fonctionnement, de financer ses activités. Alors, tout ce qu'on permet, c'est ça. On
permet de se financer et, oui, de puiser à même ses surplus.
Mais
regardons la réalité, là : en 2014-2015, on avait des revenus de
2 460 000 $, un petit peu plus; on avait, en 2013-2014, des revenus de
2 642 000 $, qui excluaient l'aide gouvernementale; en
2012-2013, des revenus de 1 604 945 $, qui excluaient l'aide gouvernementale. Donc, le
fonds a, en plus d'un surplus important d'un peu plus de 13 millions,
aussi, annuellement, des revenus. Alors, ce
n'est que normal que de permettre à un organisme comme le fonds d'aide de
se financer à même ses revenus.
• (15 h 20) •
Et c'est un
organisme qui génère des revenus. Ce n'est pas un organisme qui ne génère pas
de revenus, là, c'est un organisme
qui génère des revenus. Et on veut simplement permettre à cet organisme, qui
est générateur de revenus, d'assumer
ses frais de fonctionnement. Parce que l'organisme est capable de voler de ses
propres ailes à même les revenus qu'il
génère et à même les surplus qu'il a réussi à accumuler et qu'il accumule.
Donc, on a fait mention d'un certain nombre de recours qui avaient généré des revenus fort intéressants, des surplus
fort intéressants, on a fait état
d'autres recours.
Puis l'autre
élément qui est important, c'est que le fonds finance aussi des recours qui
sont solides, des recours qui sont
sérieux et qui ont un potentiel de générer aussi des revenus pour l'organisme.
Une fois que les frais d'avocats sont
payés, une fois que les expertises sont payées, mais il y a quand même
dans les recours, à l'intérieur des recours qui sont soutenus, des
revenus, des surplus qui sont retournés au fonds. Alors, tout ce...
Et je pense
que l'objectif de ce projet
de loi là, c'est de la saine gestion,
de la saine gestion des finances
publiques, c'est de permettre simplement à un organisme
générateur de revenus de pouvoir utiliser ces revenus-là pour se financer.
Ça n'empêche pas, d'aucune façon... Et ça
oblige aussi... ça maintient l'obligation pour l'organisme de faire autoriser son budget,
ça maintient... Toutes les obligations de gestion prévues à la loi demeurent. On fait
simplement une modification
pour permettre de venir répondre à une situation qui, juridiquement, ne
permettait pas à l'organisme générateur de revenus
de payer ses frais de fonctionnement à même ses revenus. C'est tout simple. Et on parle du
fonds, on parle du fonds, oui, mais
le fonds, à la base même, est un organisme,
un organisme qui est là et qui a comme objectif d'accompagner et d'aider
les recours collectifs.
Puis ce qu'on
propose de faire, c'est ce qui se fait... je comprends, mon collègue de
Chicoutimi nous faisait un sourire
taquin, mais c'est quand même ce qui se fait en Ontario, c'est quand même ce
qui se fait ailleurs, il y a de nombreux organismes financés par des fonds dédiés mais qui vont assurer leur
fonctionnement à même leurs revenus. En tout cas, je vous le présente... Pour moi, ça va de soi que
c'est une façon saine de gérer tout en considérant les balises bien précises
qui sont prévues à la loi qui crée cet
organisme-là. Alors, cet organisme-là ne pourrait pas du jour au lendemain
présenter un budget de frais de
fonctionnement qui pourrait mettre en péril, par exemple, son fonds, pourrait
mettre en péril sa mission. Ces budgets-là sont analysés avec rigueur et
sont préparés aussi avec rigueur par l'équipe du fonds.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais la question, M. le Président, c'est
davantage d'assurer de façon pérenne le financement du fonds. Donc, effectivement, il y a des revenus, mais ça
ne veut pas dire que, de façon constante, les revenus vont toujours être au rendez-vous, parce que,
lorsqu'il y a des déboursés, le montant au fonds va diminuer. Puis, on le
constate, uniquement par les intérêts, ce n'est pas suffisant. L'utilisation
des reliquats, ça varie d'année en année en fonction des...
Mme
Vallée : C'est un principe de base, et c'est la même chose pour
l'État, c'est la même chose pour le gouvernement.
On ne peut pas prévoir que nos revenus seront toujours les mêmes. On ne peut
pas non plus planifier des dépenses qui iraient au-delà de notre
capacité de payer et au-delà de nos revenus. Alors, le même principe que nous devons appliquer dans une saine gestion des
finances publiques, que nous appliquons dans nos budgets familiaux, bien,
s'applique au fonds, c'est-à-dire que le
fonds doit s'assurer de gérer tout ça avec rigueur, avec sérieux afin de
maintenir, d'une part, son objectif premier, qui est d'aider à soutenir
financièrement les recours collectifs.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, on est en accord avec la ministre au niveau de la
saine gestion, mais, avec égard, le
financement de l'État québécois et le financement du fonds ne semblent pas être
tout à fait la même chose, parce que
les revenus du gouvernement ou de l'État québécois, dans une certaine mesure,
peuvent être projetés, peuvent être prévisibles.
Dans ce cas-ci, dans le cas du fonds, qui tire ses revenus, entre autres, des
reliquats, bien, on ne sait pas ce que
les tribunaux vont décider. Puis, M. le Président, la ministre le sait très
bien, même avec le meilleur dossier en cour, ça peut arriver que vous ne gagniez pas. Donc, c'est juste au niveau du
financement du fonds de façon pérenne où on a une certaine inquiétude.
Je
comprends très bien ce que la ministre nous dit, que le fonds doit financer ses
activités à même ses revenus. Où je
me questionne, on le constate, on est en mesures de restrictions budgétaires,
et la part du financement que le ministère de la Justice va attribuer va être réduite, et on dit : Dans le
fonds, pour le budget de fonctionnement, on aurait besoin d'un budget de fonctionnement... au cours des dernières
années, on calculait 416 800 $. Avec les ressources supplémentaires,
le budget va être approuvé, mais, de façon durable, il va falloir
s'assurer que le fonds puisse être financé.
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Le fonds continue de se financer à même ses activités,
à même le financement des recours collectifs sérieux qui sont entrepris. Et évidemment le fonds évalue, avant même
d'entreprendre un recours... va évaluer l'apparence de droit, la
probabilité d'exercice du recours collectif. Donc, il y a une analyse.
Et,
quant au budget du fonds, je vous rappelle que ce n'est pas rien, là, ce que
prévoit l'article 16. Non seulement l'article 16 prévoit
l'obligation pour le conseil d'administration du fonds de soumettre leur budget
pour approbation avant toute chose, mais il
y a également une possibilité... le gouvernement, techniquement, peut démettre
un administrateur qui gère de
façon... qui ne gère pas adéquatement le fonds. Parce que l'article 16
prévoit même que le gouvernement peut démettre
un administrateur qui acquiesce à une dépense non prévue par le budget du
fonds, sauf à une dépense qui n'excède pas
les revenus du fonds non prévus au budget, mais il y a quand même... pour
s'assurer d'une gestion rigoureuse, il y a quand même une disposition
qui prévoit un contrôle par le gouvernement, il y a des dispositions qui
prévoient aussi l'encadrement du fonds.
Ce
qu'on propose n'est vraiment pas différent du fonctionnement d'un organisme, un
organisme qui génère des revenus.
Puis je vous ai fait état des revenus, là, mais... Et prenons... Par exemple,
en 2011-2012, les revenus étaient de 9 421 000 $. Il y a
des années où les revenus sont plus petits. 2012-2013, c'est des revenus de
1 604 000 $. Mais, en 2011-2012,
9 412 000 $, et on ne permettait pas au fonds de financer ses
frais de fonctionnement de 422 000 $ à même ces revenus-là. Ils ont des revenus de
9 millions, en 2010-2011 des revenus de 5 464 000 $, et on
n'a pas permis, l'aide gouvernementale, de financer les frais de
fonctionnement de 438 000 $.
Alors,
regardons les frais de fonctionnement en proportion des revenus. C'est certain
que c'est quand même un montant qui est marginal. Et les revenus du
fonds, depuis 10 ans, vraiment, sont largement supérieurs aux frais de fonctionnement. Donc, on n'aurait pas eu besoin de
piger dans les surplus accumulés, là. Parce que c'est ça, en fait, on va
piger dans les surplus accumulés lorsque les
revenus du fonds vont être inférieurs. Mais les revenus du fonds ont été quand
même substantiels au cours des
10 dernières années, et c'est ce qui nous amène à dire : Bien,
écoutez, il y a une possibilité pour
le fonds de financer ses frais de fonctionnement sans même aller puiser dans
ses surplus accumulés. Alors, ce n'est pas
tout à fait exact de dire aujourd'hui : On part avec un 12 ou un
13 millions qui va être amputé d'entre 400 000 $ et 500 000 $ à chaque année et qui ne sera
jamais renfloué. Ce n'est pas exact, là. On n'en est pas là. On a des revenus,
année après année, qui sont quand
même importants et qui nous amènent à constater qu'il est tout à fait possible
et tout à fait sain de considérer que ces revenus-là puissent permettre
en partie de financer les frais d'opération.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a
d'autres questions? M. le député de Borduas, ça va? Député de
Chicoutimi.
• (15 h 30) •
M.
Bédard : Écoutez, c'est sûr qu'on a un point de désaccord,
et, à un moment donné, il faut les constater, pour différentes raisons. C'est sûr que moi, je
n'accepte pas l'histoire de la saine gestion. On n'est pas dans la saine
gestion. La saine gestion, en tout
respect, c'est l'argent... comment est dépensé chaque dollar, que ce soit
1 $ ou 1 million. Et ça, le gouvernement
conserve la faculté de vérifier. Donc, ce n'est pas une question de saine
gestion. Là, on est... On change tout simplement la destination d'un
fonds qui a été créé. Voilà. Auparavant, il servait pour financer des recours,
maintenant il va financer pour le fonctionnement d'un organisme, qui est quand
même assez fondamental.
Puis il y a deux assertions sur
lesquelles je suis en désaccord. Des
organismes qui n'ont pas de revenus, il
y en a que le gouvernement finance par
rapport à sa mission, et ils n'ont pas
de revenus. Puis, dans ce cas-ci, qualifier de revenus ce qui est un prélèvement, pour moi, est quand même
douteux. Ce que je comprends, c'est qu'au niveau réglementaire on donne la
possibilité au fonds de prélever un reliquat qui est en pourcentage, qui
pourrait être plus, qui pourrait être moins.
Alors, évidemment, si on commence à prendre le fonds puis le mettre dans le
fonctionnement, c'est sûr qu'on va créer
une pression là-dessus à court, moyen, long terme, et ce n'était pas la
finalité du fonds quand il a été créé, c'est évident.
Alors,
on change les choses, et je ne suis pas sûr si on les change pour le mieux.
Pourquoi? Parce qu'on est face à une problématique à court terme où il y
a un choix budgétaire qui a été fait — puis moi, je n'ai pas à le
questionner aujourd'hui — mais qui impacte une organisation qui a un
rôle que tout le monde reconnaît ici puis que tout le monde appuie. Ça fait que c'est sûr que je suis prêt à
des compromis, mais, de là à changer le principe de la loi et de la destination
du fonds, moi, je pense qu'on n'en est pas là.
Donc,
moi, je peux... Là, j'ai des amendements de prêts, à la ministre. On peut
regarder différentes choses. On peut
regarder d'une façon temporaire. Parce que je comprends les besoins qui ont été
identifiés, ils sont réels, puis moi, je
veux que le fonds réalise sa mission correctement malgré les pressions
budgétaires qui sont les siennes,
mais qui sont réparties un peu
partout dans l'appareil public. Alors, allons-y pour une solution à court
terme, d'abord, sur une période x de trois ans, puis après ça on réévaluera. Ça, ça
peut être le premier scénario. Le deuxième — puis là
j'attends avant de l'évoquer parce
que j'y réfléchis — c'est
celui, possiblement, d'utiliser les fonds... les intérêts, peut-être, tout en
préservant le fonds pour ne pas, justement, créer cette pression-là
inutile.
Donc,
à ce moment-ci, M. le Président, je vais faire un petit amendement, pour ne pas qu'on nous manque de temps, là,
tout d'un coup, on ne sait jamais, il pourrait en manquer.
Le Président (M.
Schneeberger) : ...pas mal de... Le temps est pas mal passé sur cet article,
là, mais...
M.
Bédard : Oui.
Alors donc, à l'article 27 — c'est
un sous-amendement, évidemment — supprimer...
Donc, le premier amendement, ce serait tout simplement de supprimer le paragraphe 1°.
Là,
évidemment, c'est la solution un peu plus drastique, c'est celle de ne pas lui permettre de puiser
dans son fonds pour assurer son fonctionnement. Par contre, il peut continuer à dépenser les sommes, mais
pas pour son fonctionnement. Alors, vous comprendrez que cet article...
cet amendement a un effet contraire, mais le but, c'est
d'essayer de trouver, je vous dirais,
une zone de confort avec la ministre, qui est face à des obligations
budgétaires que je constate, mais sans modifier l'approche qu'on a développée dans les 30 dernières années,
35 dernières années sur le fonds, tout simplement. Puis, s'il y a des solutions... Si elle a d'autres
solutions ponctuelles à faire, moi, je n'ai pas de problème avec ça. Ça fait
que je vais distribuer les copies, M. le secrétaire.
Le
Président (M. Schneeberger) : Oui, bien, on va suspendre quelques
instants pour la réception de l'amendement.
(Suspension de la séance à
15 h 33)
(Reprise à 15 h 38)
Le
Président (M. Schneeberger) :
Nous reprenons la séance. Je laisse la parole à M. le député de Chicoutimi pour présenter son amendement.
M.
Bédard : Oui,
bien, l'amendement parle par lui-même, évidemment. J'en ai un autre aussi qui peut limiter dans le temps aussi, qui pourrait être ça, qui
pourrait limiter pour une certaine période lors de la mise en vigueur de la
loi, pour rencontrer... ça rencontrerait l'objectif qui nous a été
présenté par la responsable du fonds, soit celui d'être capable
d'embaucher des ressources compétentes à court terme pour réaliser sa mission,
mais en même temps ne pas aller à l'encontre
des principes puis de se retrouver face à une situation où, dans le temps,
ce qui va arriver, c'est qu'évidemment
le gouvernement va se désengager, il va dire : Maintenant,
vous avez une source de revenus, donc vous devez vous financer à partir
de votre source de revenus. Le but, ce n'était pas ça. Parce que ce n'est pas
des revenus à proprement dit, des prélèvements,
c'est des... Et j'ai bien demandé tantôt si c'étaient des revenus, si on
chargeait aux gens des montants ou on facturait,
comme tout avocat peut le faire, là. À ce moment-là, on génère des revenus. La
SAQ génère des revenus. Là, dans ce
cas-ci, on fait un prélèvement qui est, entre guillemets, arbitraire, qui n'est
pas mauvais, qui est bon — j'ai vu la grille qui m'a été présentée, qui est bien pensée — mais qui, si on arrive au résultat qu'on
propose là, va faire en sorte... qui va créer une pression sur le fonds,
moi, j'en suis convaincu, à moyen terme.
Alors,
vous savez, dans les... On a créé quelque chose de bien. À un moment donné, le
gouvernement est toujours face à des
choix. Si on dit : On a le choix de financer, je ne sais pas, un organisme
en santé ou bien financer un fonds d'aide pour les recours collectifs, dans la balance des inconvénients puis dans les choix
prioritaires, ça ne risque pas d'être en haut de la liste. Alors, moi,
je veux seulement préserver la mission à long terme, tout simplement.
Donc,
je propose à la ministre, peut-être... Je sais que maître... — et là j'oublie votre nom, pour faire exprès,
là...
• (15 h 40) •
Mme Vallée :
Me Belogbi.
M.
Bédard :
... — bon,
doit quitter. Dans les faits, j'ai pas mal obtenu les informations que nous
avions besoin. Là, on est plus dans l'ordre d'est-ce que c'est un bon
choix législatif de le faire ou non. Je proposerais à la ministre d'y réfléchir, de voir
comment on peut trouver une solution qui soit... qu'on atteigne son objectif,
qui est celui de diminuer la pression
financière, puis qu'on reconnaisse l'objectif, aussi, du fonds, qui est celui
d'être financé à la hauteur de sa mission.
Mon but, ce
n'est pas... On ne soulèvera pas des... Dans le contexte actuel, là, il n'y a
personne qui va marcher dans la rue
pour ça. Ça, je le comprends. D'ailleurs, les victimes sont difficilement
identifiables là-dedans. Puis, à part quelques
avocats, on aurait de la misère à avoir une vraie bonne manifestation, donc...
Mais je pense que c'est sain, et ça respecte
l'esprit de la loi de l'époque que de... soit de limiter pour un temps
l'application d'un prélèvement ou soit de limiter à ses intérêts.
Voilà, c'est ce que je propose à la ministre.
Peut-être, si elle le souhaite, de suspendre...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Non, non, on va
disposer. Je réitère que ce que nous présentons dans le projet de loi n'a pas d'aucune façon comme objet de venir modifier de quelconque
façon l'objet pour lequel a été créé le Fonds d'aide aux recours collectifs à l'époque. Le fonds a toujours
comme objectif de financer les recours collectifs suivant les dispositions
de la loi. Et nous croyons que la situation
qui prévaut permet au fonds de financer ses frais de fonctionnement à même le
reliquat qui est versé, sans pour autant porter atteinte, évidemment, à la
mission.
Les
dispositions qui permettent l'encadrement du budgétaire demeurent, ils sont là.
La rigueur... Et je sais que le collègue ne met pas en doute au niveau de la
saine gestion de ce fonds-là. On fait et on propose de faire ce qui se fait
ailleurs, tout simplement. Et les reliquats
n'étaient pas, à l'époque... Et, on comprend, dans les premières années du
fonds, de création du fonds, les
reliquats ne permettaient pas, à cette époque-là, de prévoir... ou de pourvoir
aux frais de fonctionnement. Il fallait permettre une capitalisation de
tout ça, il fallait permettre aussi au fonds de se créer une certaine notoriété, ce qu'il a réussi à faire avec
succès. Et cette notoriété-là et le sérieux des recours collectifs qui sont
financés permettent depuis bon nombre d'années d'assurer des reliquats
importants qui ont permis, ne l'oublions pas, d'accumuler un surplus de plus de
13 millions, qui, actuellement, est dans les coffres.
Donc, on
considère que de permettre... Et on n'interdit pas le soutien que peut apporter
le gouvernement au fonds, là, on ne
l'interdit pas, mais on permet au fonds, pour le moment, de financer ses frais
de fonctionnement. Donc, voici, et je pense que ça fait pas mal le tour
de ce qu'on a à dire. Mais je crois que c'est un amendement qui est tout à fait
justifié dans un contexte où on a un
organisme qui génère d'importants reliquats année après année et qui a
également su accumuler un surplus qui est non négligeable.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci, Mme la ministre. Je passerais
maintenant la parole au député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Oui, merci,
M. le Président. Mais en fait ce que je souhaite savoir : Si la situation
du fonds se détériorait — parce qu'on comprend, là, qu'il est en
bonne situation financière, 13 millions au cours des années, 1,8 million de reliquats, 178 000 $
d'intérêts l'an passé, 2014 — est-ce que le gouvernement s'engage à doter
le fonds et à maintenir une certaine
forme, à apporter des contributions spéciales? C'est prévu que le gouvernement
peut financer des activités, ça va le
demeurer, mais il ne faudrait pas, dans le fond, qu'il y ait certains recours
qui soient refusés pour des raisons financières. Et ce que je veux dire
par là... Dans le fond, j'aimerais ça avoir un engagement ferme du gouvernement pour dire : On va toujours
assurer que le fonds soit bien doté, et qu'il n'y aura pas de choix financier
qui va être effectué pour les
demandes de recours qui vont être présentées, puis que, toute personne qui
décide de présenter un recours
collectif et décide de présenter une demande d'aide, bien, le fonds ne sera pas
lié par une contrainte financière. Est-ce qu'on peut avoir cet
engagement-là du gouvernement?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Actuellement, M. le Président, ce
que nous avons, actuellement, ce n'est pas un désengagement de l'État. Ce n'est pas ça. Et les pouvoirs et les
obligations prévus à la loi demeurent. Alors, je pense que c'est quand même
assez clair. Maintenant, si l'État avait
voulu se désengager, il y a d'autres articles du projet de loi qui auraient fait
l'objet d'amendements. Tel n'est pas le cas.
Par contre,
je pense que, souvent, on entend... et on reproche de laisser dormir dans les
coffres de l'État des sommes, dans les
fonds, qui ne sont pas affectées à absolument rien. Alors là, on a la possibilité
d'affecter ces surplus-là au fonctionnement
et on a également ces reliquats année après année — «reliquats» ou «revenus», je comprends que
le député de Chicoutimi préfère qu'on
utilise le terme «reliquats», là — qui est le cas, mais on a quand même des
reliquats qui sont, d'une certaine
façon, les revenus du fonds, qui sont importants. Alors, c'est simplement, pour
le moment, de permettre à l'organisme...
Ceci étant
dit, l'objectif de l'organisme, que l'on connaît, demeure, et les dispositions
qui lient le ministre de la Justice — ou la ministre — au
fonds demeurent. Alors, c'est tout simple.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant l'amendement?
M.
Bédard :
Non, c'est sûr que je vais avoir tendance à... insister, pas insulter,
évidemment, à insister, pour la raison
qu'on est face à une situation qui est temporaire. Et, tu sais, j'entends
beaucoup de choses : L'État ne veut pas se désengager. Or, c'est faux, il se désengage, là. Il faut voir le budget
réduire de 40 %... Si ce n'est pas un désengagement, je me demande c'est quoi, là. Ce n'est sûrement pas, en tout
cas, un témoignage fort à l'effet que c'est une priorité ministérielle. Donc,
c'est un constat.
Puis moi, je
ne questionne pas ces choix-là. Il y a une chose qui est sûre, c'est que tout
le monde est d'accord avec la mission
du fonds et la mission de l'organisme. Et ce qu'on veut lui transférer, c'est
des problèmes qui sont vécus de façon
temporaire, parce que j'imagine que, quand on va arriver à l'équilibre
budgétaire, comme on a déjà eu de longues années dans le passé... Bien, on s'assure toujours d'une saine gestion,
mais on ne coupe pas dans les missions des organisations qu'on pense importantes. Donc, on est face à une
situation qui est temporaire dans le temps, et moi, je souhaite trouver
une solution qui est temporaire dans le temps.
Et je sais ce
qui va arriver : immanquablement ces budgets-là, ils vont disparaître,
littéralement. C'est sûr que l'État, ministre
de la Justice, va avoir des choix budgétaires, Conseil du trésor va lui envoyer
quelques pressions financières en courant
d'année puis il va lui dire : Il faut que tu atteignes tes cibles, puis
rapidement tout le monde va mettre le doigt là-dessus, là : Woups! Bien là, on a un 500 000 $ qui
traîne. Alors, ça, on va l'enlever et... parce que la mission va se financer
pareil.
Or, dans le
temps, ce qui va arriver, c'est qu'on va entamer le fonds de façon importante
en présumant qu'il va faire des revenus,
alors que ce n'est pas des revenus. Tu sais, c'est... les mots ont leur
importance. Ce n'est pas... On ne peut pas muter ce qui est un reliquat,
ce qui est un prélèvement arbitraire, par un règlement, comme étant un revenu. Moi, quand je facture un client, ça, c'est du
revenu. Il le sait avant, il le sait pendant puis il le sait après. Là, dans ce
cas-ci, on ne le sait pas, puis de
présumer de l'aboutissement d'une cause, bien malin qui pourrait... Quand tu es
rendu que, pour financer ta mission,
tu présumes que tu vas gagner, sinon tu risques d'avoir des problèmes de
financement, je pense que ce n'est pas ce qu'on veut. Ce n'est pas ce
qu'on veut pour l'organisation.
• (15 h 50) •
Et honnêtement, si on parle de saine gestion,
là, elle semble correspondre à des objectifs de saine gestion. Je regarde les pressions budgétaires
qu'elle a eues dans les dernières années, et on me dit que les recours
collectifs continuent. Je n'ai pas eu
de plaintes à mon bureau de comté, donc la mission semble continuer à se réaliser en termes de financement. Ça veut dire qu'ils sont capables, dans la pression
budgétaire qu'ils ont, de réaliser leur mission. Or, là, ils sont à un point,
à ce que j'ai compris, qui est plus
difficile, où ils manquent de ressources à l'interne pour accomplir cette
mission. Alors, il faut toujours
faire les bons choix. Et le temps a toute sa valeur. Moi, dans ce cas-ci, je ne
vois pas l'adéquation entre les
problèmes budgétaires vécus par l'organisation dans les circonstances qu'on
connaît puis la destination de la loi, qui visait à quoi? À faire en
sorte que ces sommes-là servent à financer des recours.
Je vous
dirais d'ailleurs que, si on avait... Et je suis convaincu qu'au niveau
financier — si j'ai
le temps, je le ferai ce soir ou en
fin de semaine — si on
avait appliqué dès le départ ou même dans les 15 dernières années cette
théorie à cette organisation, à ce
moment-ci elle n'aurait plus de fonds. Si, dans son budget, qui était autour de
700 000 $, elle avait utilisé
à chaque année le 700 000 $ pour son fonctionnement, bien, on aurait
eu un problème, à ce moment-ci le fonds n'existerait pas, et on courrait après... Soit on aurait augmenté les
prélèvements, peut-être... Parce que c'est ce qui risque d'arriver à un moment donné. Si les reliquats
qu'on obtient ne sont pas suffisants, alors ce qu'on va faire, c'est qu'on va
augmenter la portion qu'on va chercher.
Je trouve ça un peu malsain, je vous dirais.
Dans l'esprit qu'a été fait le recours... a été faite la loi, plutôt, ce n'était pas la destination. Puis d'autant plus que
le fonds en tant que tel a un montant qui est important principalement dû à un événement qui ne risque pas de se
reproduire à court terme et qui faisait en sorte, effectivement, que les
victimes ne souhaitaient pas se
manifester, j'imagine, et ça a fait en sorte qu'il y a eu un montant important.
Comme si quelqu'un dépensait des
revenus non récurrents dans des dépenses qui sont, elles, récurrentes. En
termes de saine gestion, ça, je ne recommanderai jamais ça à personne,
là. Puis ce n'est pas parce que j'ai été au Trésor pendant un an et demi, là,
j'ai appris ça dès ma tendre enfance, là. Si
tu prends un montant de capital puis tu l'attribues à des dépenses qui
reviennent sans que ta source de
financement se maintienne, bien, c'est évident que tu vas pogner un mur à un
moment donné. Alors, moi, je veux
éviter le mur, puis en même temps je veux trouver une solution à la réalité
vécue par l'organisation. Puis, avant
d'arriver à une solution aussi importante qui va mener à l'affaissement du
financement étatique de l'organisation, ça, je peux pas mal le prévoir
sans me tromper... À moins que...
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci, M. le député de Chicoutimi.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui?
M. Jolin-Barrette : Pas sur cet
amendement-là, M. le Président.
Mme Vallée : Non, pas sur
l'amendement.
Le Président (M. Schneeberger) :
Non? O.K. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, je vais le mettre...
M.
Bédard : Bien, je
vais continuer. Il me reste du temps?
Le Président (M. Schneeberger) :
Comment?
M.
Bédard : Il me
reste du temps?
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui.
M.
Bédard : O.K., parfait. Non, non, écoutez, vous savez, je
suis assez persévérant, c'est un peu ma marque de commerce. Et ça me rappelle le bon vieux temps,
d'ailleurs, de mon premier projet de loi, en 2003, comme porte-parole en justice, c'était, je me souviens bien, sur la
modification des tribunaux administratifs en plein mois de... et j'ai été le
premier à être appelé ici au mois d'août sur
un projet de loi qui n'intéressait pas grand monde, à part quelques experts
qui voulaient changer la composition des
tribunaux administratifs. Et j'ai tenu quand même un bon moment, une vingtaine
d'heures, puis finalement, bien, le projet de loi n'a pas été adopté.
Vous
comprendrez qu'aujourd'hui ce n'est pas mon but, parce qu'il y a des éléments
du projet de loi qui sont bons, qui
méritent d'être adoptés, il y en a d'autres que je pense qui doivent être
améliorés. Puis il ne faut jamais s'enfermer dans une logique où on a totalement raison. Il y a toujours une partie
de vérité de notre point de vue qui semble claire mais qui est peut-être
moins évidente quand on regarde cette problématique dans l'ensemble.
Peut-être que
la ministre peut réfléchir. En tout cas, moi, j'aurai à réfléchir dans les
prochaines heures à peut-être une
façon différente aussi de garantir un montant de base, c'est peut-être ça, pour
éviter la pression qu'il y aura sur ce fonds.
Peut-être que ça sera le prélèvement d'un montant pour une période, comme je
vous disais tantôt, qui serait limitée dans
le temps, ça ferait en sorte de permettre à l'organisation de continuer sans
faire en sorte qu'on utilise ce qui n'est pas des revenus comme étant
des revenus qu'on peut utiliser à toutes les fins.
Moi, ce que
je souhaite toujours, M. le Président, c'est qu'on légifère le mieux possible
dans le temps, parce qu'un jour je ne
serai plus ici, vous non plus, peut-être que vous serez là plus longtemps, je
vois que ça fait moins d'années que moi
que vous êtes élu, malgré que François Gendron pourrait peut-être témoigner
autre chose quant à la longévité... mais que ce type de loi là, qui peut paraître anodine dans le contexte qu'on
connaît, peut se retourner contre une organisation, mais surtout une mission qu'on s'est donnée puis
qu'on se vante, d'ailleurs... qu'est-ce qui assure d'avoir, justement, justice
pour des citoyens qui, autrement, n'auraient
pas de moyen de faire valoir leurs points de vue parce que soit les montants
sont trop bas ou soit il y a une
disproportion, souvent, des forces en présence. Donc, on est tous bien fiers,
on reçoit de la visite d'ailleurs...
Et moi, je veux bien voir le modèle ontarien, je veux bien le regarder, mais on
me dit qu'on a le meilleur modèle, donc c'est sûr que j'ai tendance à
m'y attacher, d'autant plus qu'il n'a pas créé de problèmes dans le temps.
Je ne sais
pas, s'il y avait eu un vrai problème de saine gestion, par exemple, je ne sais
pas, le fonds n'utiliserait pas les
sommes pour les fins auxquelles elles ont été... elles sont destinées, s'il les
utilisait à d'autres fins, là on serait face à un problème de saine gestion. Si l'organisation avait un personnel qui
est disproportionné par rapport à sa mission, là je vous dirais : On a un
vrai problème qui n'est pas lié à cet article-là, qui est plus lié à la réalité
que l'administration est déficiente.
On ne m'a pas représenté ça, puis je ne me souviens pas non plus d'avoir
entendu parler de cette problématique.
Donc, on est tout simplement face à quelque
chose de très simple : un gouvernement qui est face à une réalité budgétaire, qui répartit ses efforts un peu partout
et qui choisit parfois bien, parfois mal. Dans ce cas-ci, je vous dirais,
mal. En tout cas, il n'y a pas de... je n'ai
pas de preuve irréfragable qui me permette de conclure autre chose, M. le
Président.
Et ce n'est
pas simple. Tu sais, souvent, c'est un emploi, on veut simplement faire ça.
Dans ce cas-ci, ce n'est pas simple,
c'est qu'on change la destination d'un fonds. Alors, ça n'a rien de simple,
c'est plutôt fondamental dans l'utilisation du fonds. Si on l'a fait comme ça à l'époque, il y avait une raison
simple — sûrement
simple, elle — qui
était bien identifiée dans le cadre
du projet de loi. Et d'autant plus qu'à travers le temps ça fait des années que
ce fonds-là existe et que les surplus existent aussi.
Et je ne me
souviens pas, à l'époque où on était au gouvernement, que quelqu'un ait eu
l'idée d'aller utiliser ces fonds-là à d'autres fins. Je ne me souviens
pas. Il faudrait que je demande à mon collègue Bertrand St-Arnaud, que j'appréciais beaucoup, vous savez, un ministre de
la Justice avec qui j'avais des relations très étroites comme leader adjoint.
Il était aussi mon leader adjoint, tant au
gouvernement que dans l'opposition. Et je suis convaincu que Me St-Arnaud
m'en aurait parlé, parce qu'il m'est arrivé, effectivement, de lui demander
des petits efforts. Ça, ça m'est arrivé.
• (16 heures) •
On a eu des
discussions, souvent, bon, avec le Barreau du Québec pour trouver des
solutions. On a regardé quelle est la
meilleure façon de s'assurer de financer nos missions, mais en même temps de
respecter nos grands équilibres, et je vous
dirais que le ministre de la Justice était toujours très collaborateur, ainsi
que sa sous-ministre qui était en poste à ce moment-là. Et cette idée-là
ne m'avait été jamais proposée. Donc, c'est pour ça que j'ai une réticence qui
est comme naturelle, de me dire : Il y
a des bonnes idées puis... dans notre jargon on appelle ça, souvent, des
fausses bonnes idées. Moi, ça m'est
arrivé, ça. Souvent, ça arrive le soir, d'ailleurs, les fausses bonnes idées,
où tu es convaincu que ce que tu proposes
est bon. Tu te réveilles le lendemain matin, tu te dis : Hum! Finalement,
ce n'est pas nécessairement le bon choix. Bien, dans ce cas-ci, c'est possible. Alors, il y a un choix qui a été
proposé, moi, qui me semble ne pas correspondre à ce qu'on souhaite.
Donc, à une
solution court terme, moi, je souhaite... à une problématique court terme, je
souhaite une solution court terme,
mais, si le fond est trop élevé — ça peut arriver, effectivement
13 millions, c'est peut-être trop à gérer — on va
trouver une solution autre. Ça, moi, j'ai... Vous savez, on peut être ouverts à
toute possibilité. Ce que je souhaite, c'est que, moi, le gouvernement ne se serve pas de ça pour se
désengager, et je suis convaincu, convaincu que c'est ce qui va arriver.
Le monde me
dira que c'est de l'argent public, entre guillemets. C'est de l'argent, donc
l'argent n'a pas d'odeur, peu importe
d'où il provient. Or, cette mission-là est financée à même nos impôts. Là, on
dit : Ça sera à partir des reliquats. Vous voyez la logique un peu saugrenue? C'est qu'évidemment on va
chercher une partie du reliquat parce qu'on se dit : Elle sert à ceux et celles qui vont utiliser leurs
recours, ces recours-là, puis on ne charge pas... à moins qu'on me dise le
contraire, donc... Mais là on décide
autrement, on dit : Finalement, ça serait comme une forme, donc, de
revenus, d'honoraires indirects. À la limite, on est presque dans les
frais judiciaires qu'on se sert pour financer une mission globale sur des recours qui, dans les faits, sont souvent
difficilement prévisibles tant sur le résultat que sur la répartition,
évidemment, des sommes qui sont obtenues. C'est souvent de longs procès,
et bien malin celui qui peut, dans un...
Vous savez, si je vais voir mon
banquier et je lui dis... ma caisse populaire... Ma femme m'en voudrait si je
disais «banquier». Donc, si je vais
voir ma caisse et je lui disais : Mon cher ami, j'anticipe cette année de
gagner à la loto, ce qui fait que ça
va régler une partie de mes problèmes, je n'aurais pas une bonne écoute. Même
chose si je lui disais : J'ai un recours où je pense avoir des
bonnes chances de gagner, donc c'est ce qui fait que j'aimerais avoir plus
d'argent. Ce type d'argument est peu retenu
en matière budgétaire parce que, justement, il a un caractère imprévisible.
L'effet, sûrement, retors de tout cela, encore une fois ce serait de
créer une pression sur l'utilisation de ces fonds-là et des reliquats.
Comment
on distribue, comment on s'assure que ces reliquats vont être utilisés ou vont
être pris? Peut-être qu'un jour
quelqu'un va penser : Comme c'est des revenus — c'est pour ça que le terme «revenus» m'a
comme chicoté — bien,
à partir du moment où il y a un règlement, bien, on se prend un pourcentage
aussi parce qu'on a fourni un service. Ça pourrait
être ça aussi, puis là on se financerait à partir de nos, entre
guillemets, revenus. Ou peut-être même on pourrait dire que les gens doivent déposer un montant qui
va servir à financer le fonds parce qu'il doit payer ses frais de fonctionnement.
Donc, si vous voulez des bons services, bien, on peut facturer des montants
avant pour vous permettre...
Vous
voyez, cette logique-là, comment elle peut être douteuse, alors que l'objectif
de la loi qu'on s'est donné au départ,
c'est de faire en sorte que les recours soient ouverts, disponibles, et qu'on
fasse en sorte qu'ils soient utilisés, et qu'on rende justice. Parce que, dans les faits, le but de ces recours
collectifs, c'est que... Comme on le disait tantôt, c'est souvent l'impunité pour certaines grandes
compagnies par rapport à des événements qui peuvent paraître anecdotiques
en termes de montants mais qui, à grande échelle, sont révoltants pour les
contribuables et pour les consommateurs.
Donc,
la destination de la... la finalité de la loi plutôt, elle est bonne puis, on
l'a vu dans le temps, elle a évidemment pour effet, puis ça, j'en suis bien content, souvent d'accorder aux
victimes un dédommagement et, dans d'autres cas, comme on le voyait, de donner une leçon, une leçon,
parce que la justice, elle sert aussi à ça. Elle rend justice, donc elle dit à
ceux et celles qui ont utilisé des
moyens qui ne sont pas conformes à la loi : Bien, voici le prix à payer.
Malheureusement, on paie... On
dit que, peut-être un jour, on va tout payer, là, mais il y a des
choses... il y a des comportements pour lesquels il n'y a pas de sanction. Alors, la loi sur les
recours collectifs le permet, puis moi, je suis bien content de savoir que le
Québec, dans son modèle, a sûrement
un des meilleurs modèles, qui inspire d'autres. Donc, j'ai compris, nos amis
français qui s'inspirent... parfois,
on s'inspire d'eux, ils s'inspirent beaucoup de nous et d'autres législatures à
travers le monde. Donc, soyons fiers de ce qu'on a fait et maintenons ce
bel acquis que nous avons.
Et
ce qui est beau là-dedans, M. le Président, c'est qu'on peut en même temps,
imaginez-vous, maintenir cet objectif qui
est noble et qui est bon et en même temps rencontrer les objectifs que s'est
donnés la ministre, soit celui de rencontrer les objectifs budgétaires qu'elle a à court et moyen terme, j'imagine,
pour l'an prochain aussi, parce que déjà on est dans la préparation,
bon, de la finalité de l'année budgétaire. Tout le monde a leur petite
enveloppe surprise ou ils savent... Ils l'ont
eue, normalement, c'est au mois d'août, vers la fin du mois d'août : voici
ce qu'il nous reste à faire pour arriver, c'est... L'automne est le moment plus intense en ces matières. Mais
j'imagine aussi qu'on prévoit à long terme, parce que, si on ne fait pas ça, moi, je suis convaincu, M.
le Président, que la courbe... Si je suis la courbe de désengagement des
dernières années, là, en dedans de deux ans,
on arrive à zéro. Alors, on va passer d'un financement d'à peu près... à ce
que j'ai compris, autour de
700 000 $ à zéro puis on va dire : Non, non, non, on ne coupe
pas de services, vous avez ce fonds-là.
Le Président (M.
Schneeberger) : ...
M.
Bédard :
Une minute? Malheureusement.
Alors, je veux éviter
cela. Légiférons dans le temps. Assurons-nous de préserver cette mission puis
cette destination. La loi avait été bien
faite à l'époque. J'ai dit d'ailleurs pendant l'étude du projet de loi que
certains articles étaient bien
rédigés. Je l'ai relu, il est fort bien rédigé. Parce que des fois on lit des
vieux articles puis on a le goût de les refaire. Dans ce cas-ci, je n'ai pas le goût de retravailler dessus. Il
me semble que ça a été bien fait, bien rédigé. Il n'y a pas de termes
qui me questionnent.
Donc,
je dis à la ministre : Je lui offre la main tendue pour qu'on trouve une
solution pour faire en sorte de régler son petit problème budgétaire et
assurer le maintien de la réalité actuelle sur l'utilisation du fonds.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci, M. le député de Chicoutimi.
Alors, si je n'ai pas d'autre intervention, je vais mettre maintenant aux voix l'amendement tel que déposé par le
député de Chicoutimi. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
Rejeté.
Le
Président (M. Schneeberger) :
Rejeté. Alors, nous passons maintenant... l'article 27 sous sa forme originale.
Une voix :
Est-ce qu'on peut faire la mise aux voix?
Le Président (M.
Schneeberger) : Est-ce qu'on peut faire la mise aux... Député de Chicoutimi.
M.
Bédard :
...un autre amendement à présenter.
Des voix :
...
Le Président (M. Schneeberger) :
Mise aux voix de demandée pour l'article 27?
M.
Bédard : Bien, la
mise aux voix, non. Excusez-moi, j'ai encore du temps. Donc, la mise aux voix,
ça se fait...
Mme Vallée : Je pense que
vous aviez épuisé votre temps.
M.
Bédard : C'est
après trois séances environ. Excusez-moi, là...
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le député de Chicoutimi, on vous écoute.
M.
Bédard : Alors, l'amendement
est le suivant :
Insérer au paragraphe 1° de l'article 27 du
projet de loi, après les mots «ou pour assurer son fonctionnement», les
mots «pour une période de cinq ans à partir de la mise en vigueur du présent
article».
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci, monsieur. Est-ce que vous voulez
une suspension de quelques instants pour le dépôt de l'article?
Mme Vallée : Juste pour
pouvoir le lire, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui. Suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 9)
(Reprise à 16 h 19)
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, nous allons reprendre la séance et nous revenons sur le deuxième amendement
de l'article 27 déposé par le député de Chicoutimi. À vous la parole.
• (16 h 20) •
M.
Bédard : Oui, merci. Alors donc, lui, vous savez, ça
démontre... cet amendement démontre toute mon ouverture, M. le
Président. Donc, il a pour effet de limiter pour une période de cinq ans. Donc,
pour les frais de fonctionnement, au moins,
les effets vont être dans le temps, puis après ça on réavisera, on verra
effectivement s'il y a... si on est capables, dans le temps, avec les
prédictions que nous avons, de s'assurer d'un financement à long terme.
Parce que, les prédictions, je m'en méfie, M. le
Président. C'est comme les prédictions des économistes qui auraient pu, hein... Il y a une belle phrase,
c'est Warren Buffett qui disait que les prédictions, ça dit peu de
choses sur ce qui va arriver, mais beaucoup
sur la personne qui les dit. Alors, dans ce cas-ci, c'est sur qu'on va tenter
d'anticiper que tout va bien se
passer. Or, moi, j'ai l'impression du contraire. Peut-être que c'est moi qui
est pessimiste, mais il y a une chose
qui est sûre, c'est qu'on ne rouvrira pas la loi dans cinq ans si, par exemple,
mon scénario se produisait. Il va arriver autre chose, on va modifier le règlement. Ça fait que je veux éviter ça, et, comme ça, le
législateur sera appelé à prendre la bonne décision.
C'est sûr
que, pendant le court arrêt que j'ai eu, M. le Président, j'ai... D'ailleurs,
j'ai même une idée de recours à proposer.
J'étais sur The Economist, où on parlait justement des constructeurs,
les Dirty Secrets of the Car Industry. Je suis convaincu qu'il y
a matière à recours en cette matière. Malheureusement, je n'ai pas de ce
modèle, mais je suis convaincu qu'il y a des avocats actuellement qui doivent sûrement
regarder ça avec beaucoup d'attention. Et, à ma connaissance, je pense,
c'est le premier arrivé, le premier servi, peut-être, ou... Je connais
peu sur le fonctionnement... Je n'ai jamais intenté de recours
collectif, mais... Donc, il faut être quand même assez rapide sur la gâchette.
Mais, de là à vous proposer, M. le Président... Un recours, c'est une chose, mais d'anticiper des retombées, des
revenus pour le fonds, c'en est une
autre, parce que je suis convaincu que les personnes qui vont être appelées à
prendre ce recours puis à s'inscrire au recours collectif qui va
sûrement avoir lieu en auront juste assez pour compenser les pertes qu'ils ont
eues.
Donc, sur mon
amendement, ce qu'on souhaite, M. le Président, c'est baliser dans le temps, mais je pense que c'est toujours sage de le faire pour éviter de se retrouver dans
une situation où le problème n'existe plus,
mais lui, l'effet moins bon, l'effet
pernicieux se maintient pour une raison qui n'est plus justifiée. Vous savez,
le ministère de la Justice fait plein
de choix. À notre époque, je me souviens, le ministre Bertrand St-Arnaud avait
beaucoup plaidé et il avait fini par
gagner sur le réajustement des seuils au niveau de l'aide juridique. Et je peux
vous dire que, quand il avait un morceau...
Mme Vallée : ...
M.
Bédard : Ah! ça,
vous savez, ça, c'est le grand mystère de la vie, hein? Et, s'il fallait qu'une
obligation étatique — j'ai souvent entendu ça — une obligation réelle soit rencontrée parce
que, dans le temps, on a peur de ne pas... de manquer de moyens, M. le Président, ou que les crédits n'y
apparaissent pas... Dans les faits, la vie et gérer un budget, c'est des choix. Puis, à 72 milliards, il y a
quand même des moyens d'avoir certaines priorités, puis je pense que l'aide juridique
n'en était pas une mauvaise.
Je vous
avouerais qu'il a dû me convaincre. Parce que moi-même, j'ai pratiqué dans le
domaine, moins sur l'aide juridique...
D'ailleurs, je ne l'ai pas fait, mais je sais à quel point c'est important pour
les contribuables et ceux, évidemment, qui ne sont pas en moyen et que ces recours
étaient de moins en moins accessibles. Le seul parallèle que je pourrais faire
par rapport à la situation, c'est exactement ce que je veux pour les recours
collectifs. Je ne souhaiterais pas qu'une décision
qui n'est pas insensée, là, mais qui ne correspond pas à l'objectif qu'on s'est
donné au départ se retourne contre l'objectif principal de la mission
que s'est donnée le fonds, soit celui d'aider aux recours collectifs.
Souhaitons,
M. le Président, que le temps fasse son oeuvre et que nous puissions trouver
une façon de s'assurer que la
ministre n'ait pas à annoncer de mauvaises nouvelles au président du Conseil du
trésor, mais qu'en même temps elle
soit capable de maintenir cette mission à long terme. Et c'est pour ça que je
propose cet amendement. Il limite dans le temps, donc c'est peut-être la formule la plus simple, et c'est
étonnant, parce que c'est peut-être le compromis. Normalement, j'attends avant de faire des compromis. Ça, c'est
un compromis. C'est de dire : Je ne suis pas d'accord avec vous, je ne
suis pas d'accord avec la façon que vous faites...
Moi, j'aurais procédé autrement, M. le Président.
Je ne vous le cacherai pas, face à la même situation, j'aurais regardé d'autres avenues sachant qu'il y a des
fonds de disponibles et que tout le monde semble d'accord, y incluant le
conseil d'administration du fonds. Alors, à
partir du moment où le fonds est d'accord et tout le monde se dit d'accord,
bien, on peut discuter et voir de
quelle façon on arrive à un résultat où on rencontre nos objectifs budgétaires. Là, on n'est pas là.
Et
c'est sûr que, quand on parle, on a tendance à se convaincre, M. le Président. Ça m'est souvent arrivé, lorsque
j'ai plaidé comme leader parlementaire, à la fin on en est... Au début, on dit qu'on a peu de chances puis, à
la fin, on est outré de voir que le président
ne nous donne pas raison. Dans ce cas-ci, je suis convaincu que cette modification entraînera la fin du financement du fonctionnement du fonds, qui dépendra maintenant de ses... pas du
fonds, mais de l'organisation, évidemment, et qu'on considérera maintenant
le fonds comme étant la seule source de revenus possible pour financer la
mission.
Peut-être
qu'on peut me détromper, peut-être que... On peut même arriver à un pourcentage. Ça
pourrait être ça, M. le Président. On a pensé à ça, des amendements futurs, de
limiter à un pourcentage la partie qui peut servir, du fonds, pour financer la mission. Peut-être
que ça peut être ça? Peut-être que ça peut être aussi, M. le Président, de limiter à une partie des intérêts.
Je vous dirais, seulement en lisant l'article, il y a
plein de possibilités que donne cette disposition pour faire en sorte qu'on atteigne les objectifs
et qu'en même temps on ne travestit pas l'intention de départ du législateur.
Je vous dirais que mon imagination, en lisant l'article, s'active et je
suis convaincu que je vais pouvoir proposer des modifications pertinentes qui
vont faire en sorte que nous trouverons une solution.
Et
peut-être que c'est moi, M. le Président, qui va finalement
constater que j'avais tort. Ça peut arriver. Ça m'est arrivé rarement, mais ça m'est arrivé. Et je ne
l'envisage pas pour l'instant, M. le
Président, je vous dirais, et c'est
pour ça que j'avais proposé à la ministre
qu'elle suspende l'article. Et je vous avouerais que je ne suis pas à court de
moyens, et ça me rappelle vraiment mes premières législations, c'est
pour ça que j'ai...
Une voix :
...
M.
Bédard : Exact. Ah
non! Il faudrait d'ailleurs vous parler de mon ami Benoît Pelletier... où on
a fait la loi d'accès à l'information. Il était sûr que ça allait durer 10 heures,
ça avait duré 60 heures, dont 20 heures de filibuste intelligent, où
on discutait, et...
Mme Vallée :
...non, non, non, jamais.
• (16 h 30) •
M.
Bédard : Ah! pas
là, non, à l'époque. Et là je dois le reconnaître, mais, lui-même, à la fin, on
a trouvé un terrain d'entente, à la
fin de l'exercice, vous irez voir ses commentaires lors de l'adoption finale,
ça a été un beau moment, ce qui fait
qu'on est restés en très bons termes. Mais on a regardé ce projet de loi... Moi, j'ai toujours aimé légiférer, étonnamment, puis je ne l'ai pas fait beaucoup dans les dernières
années. Je l'ai fait un peu lorsqu'on était au gouvernement,
pour des raisons que vous connaissez, avec
principalement la loi n° 1. Mais, le reste du temps, même dans l'opposition, à la fin, je le faisais
moins. Donc, ça me rappelle le temps où je lisais mot à mot et que j'essayais
de voir s'il y avait, dans l'interprétation, des problématiques
dans l'utilisation des termes.
Dans
ce cas-ci, je vais vous avouer que les mots choisis... D'ailleurs,
c'est économe de mots, donc qui fait que c'est simple. Souvent, les procédures pénales comme le Code criminel, c'est très lourd, comme on a vu dans les autres dispositions. Dans ce cas-ci, on touche une loi où
on voit que le principe civiliste est appliqué, M. le Président. C'est des
principes qui sont énoncés, simples, clairs,
sans nuance. Et ce principe veut qu'il était simple que le fonds...
l'utilisation du fonds était limitée. Il ne souffrait d'aucune
ambiguïté, ce principe.
Donc,
ce n'est pas que je suis réfractaire au changement, M. le Président, le changement est souvent nécessaire, mais
encore faut-il y trouver les mots, les justifications et les impacts, de ces
changements, à court, moyen, long termes pour éviter le phénomène que je
vous parlais tantôt, de la fausse bonne idée. Si la personne responsable au
niveau de l'administration du ministère de la Justice y a trouvé là une possibilité de faire des économies,
peut-être, mais je ne veux pas que ça soit au prix du fonctionnement de l'organisation. Et, je regarde la présidente, ça ne sera peut-être pas dans son mandat, parce
que c'est quand même
long de passer à travers 13 millions, malgré qu'évidemment c'est changeant. Il y a des
mouvements de trésorerie importants, c'est ce que j'ai constaté, c'est ce qu'on
me disait. Il reste quand même que c'est
une somme appréciable, mais, quand on légifère, on légifère dans le temps et on
regarde toujours les impacts à long terme que peuvent avoir nos modifications, et, dans ce cas-ci, j'ai un
doute profond que cette modification va avoir un effet pernicieux,
d'autant plus que les sommes ne sont pas non plus astronomiques. Si on m'avait
dit que les frais de fonctionnement de l'organisation sont, je ne sais pas, de 2 ou 3 millions de dollars, qu'il y a eu,
je ne sais pas, dans les années, des événements qui auraient pu... où on aurait pu
soulever un doute quant à l'administration, bien, on aurait procédé
autrement dans tous les cas de figure. Puis j'imagine que le Vérificateur
général nous l'aurait dit.
Donc, on n'est pas là. On est face à
une organisation qui est en diminution de budget de façon importante. Puis
je n'accuse personne. C'est un constat qui
est froid, qui est... Les chiffres, ça, c'est l'avantage, ils sont têtus, c'est
une belle expression. C'est sûr que,
voir son financement diminuer de 42 % dans les dernières années, je ne
peux pas conclure qu'on réinvestit. En tout cas, au moins ça, ça, c'est
une assurance.
Mme Vallée :
C'est vous qui avez coupé le financement en plus, en 2012-2013. C'est ça, c'est
la réalité. Le financement a été coupé, dans
l'année financière 2012-2013, à 419 400 $. Alors, quand vous parliez
de choix... le député de Chicoutimi parlait des choix qui avaient été
faits en justice, ça a été un choix, et voilà.
Mais
je voulais juste, M. le Président... Je vais prendre la parole parce que je
voulais juste rassurer le collègue. Il
y a quelque chose que nous recevons, parlementaires, à tous les ans, qui est le
rapport annuel du fonds, qui nous permet de suivre année après année le solde des actifs financiers nets à la fin
de l'exercice. Donc, ça nous permet... C'est un outil qui nous
permettrait d'intervenir.
Parce
que, si nous devions aller de l'avant avec la proposition d'amendement qui est
présentée, ça nous amène au bout des
cinq ans à cette obligation de légiférer parce qu'on laisse un certain vide et
ça nous amène à un devoir de légiférer alors
qu'il est possible que le besoin ne soit pas présent. Par contre, à chaque
année, nous avons la possibilité de suivre l'évolution du fonds, et le
ministre, la ministre, a aussi cette obligation de suivre les prévisions
budgétaires. Donc, ce contrôle-là prévu aux
dispositions de la loi, prévu aux articles 16, aux articles 17 de la
loi, donne des outils afin de pouvoir agir en amont et éviter le
scénario apocalyptique qui nous est dressé aujourd'hui par le collègue de
l'opposition.
Comme
ça, à titre indicatif, on m'indiquait que, si nous prenions le solde du surplus
cumulé dans le Fonds d'aide aux recours collectifs, qui est évalué en
date d'aujourd'hui, et que nous prenions des dépenses supplémentaires à la hauteur de 500 000 $, on en aurait, sans
ajouter rien d'autre, on s'entend, sans rajouter aucun reliquat, on en aurait
au moins pour 22 ans et, si on devait ajouter à ces sommes-là les
sommes anticipées suite aux recours sur les cigarettes, sur les cigarettiers, c'est un 8 millions
additionnel. Donc, on ajouterait 16 années supplémentaires, mais tout ça,
évidemment, dans un scénario apocalyptique où on n'a aucun reliquat qui
entre au fonds.
Et
je comprends la préoccupation de ne pas détourner, de ne pas venir porter
atteinte aux objectifs qui étaient visés en 1978, et telle n'est pas notre vision, mais je pense qu'il est
important aussi de rappeler qu'à l'époque on n'avait pas ces surplus importants, on n'avait pas cet actif
qui, année après année, s'accumulait et donc qu'il est tout à fait normal
de considérer qu'un organisme comme le Fonds d'aide aux recours collectifs
puisse, à même ses revenus, assurer son fonctionnement. Et la loi ne prévoit
pas d'obligation pour le ministère de la Justice de subventionner mais prévoit
un accompagnement au fonds, qui est là, et qui est prévu de par la loi, et qui
demeure, mais... Et c'est la situation.
Mais, oui, nous sommes dans un mandat... nous
avons un mandat de redresser les finances publiques. Je pense
que ce que nous faisons actuellement et le choix... Et la proposition qui est sur la table aujourd'hui, c'est une proposition
qui a été demandée et entérinée par le conseil d'administration du fonds, d'une part, et c'est une proposition qui est juste compte tenu des sommes qui sont disponibles, et qui sont là,
et qui ne sont pas utilisées. Et donc je
pense qu'il est tout à fait opportun de le faire.
Maintenant,
est-ce qu'il est possible de réagir en amont? Tout à fait, puisque nous
aurons à toutes les années ce rapport annuel là qui est déposé et qui
prévoit bien clairement l'état financier dans lequel se situe le fonds. Donc,
ça permettrait d'agir, même,
avant même cinq ans. Si d'aventure devait survenir un
incident particulier, il y aurait... on pourrait voir la progression de
tout ça.
Donc,
ces outils-là permettent aux parlementaires, permettent au ministre d'intervenir et de
pouvoir réagir pour assurer que l'organisme qui est le Fonds d'aide aux recours
collectifs puisse maintenir sa mission et assurer sa mission, tout
simplement.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci, Mme la ministre. M. le député de
Chicoutimi, j'aurais... je vais passer la parole au député de Borduas,
étant donné que ça fait déjà un moment que...
M. Jolin-Barrette : Bien, M. le Président, je comprends les arguments, de part et d'autre,
de mes collègues, mais, sur le
dernier argument de la ministre, par rapport à la clause crépusculaire de cinq
ans qui est proposée par mon collègue, je comprends qu'annuellement on
révise, on reçoit le document, mais concrètement c'est à la discrétion du ministre
d'apporter les modifications requises.
Tandis qu'avec la proposition de mon collègue, avec la clause crépusculaire, ça
permet aux oppositions d'intervenir aussi
dans le cadre de l'étude d'un projet de loi. Donc, ce n'est pas tout à fait la
même chose.
Dans
le fond, la commission serait saisie éventuellement, au bout de cinq ans, là,
d'une nouvelle modification législative.
Donc, on pourrait s'exprimer, les oppositions. Bien entendu que nous souhaitons
ne plus être, dans l'opposition, dans
cinq ans, ça, c'est autre chose, mais il y a une différence entre les deux. Je
comprends que l'information est disponible, mais ça ne veut pas dire
qu'il va y avoir une action gouvernementale en ce sens-là.
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Bien, en fait, la disposition à l'amendement, tel
qu'il est prévu, ne prévoit pas de référence à la commission, là. On prévoit que le fonds pourrait,
pour une période de cinq ans, puiser à même ses surplus et peut assurer son fonctionnement à même ses revenus, mais pour
une période de cinq ans. Donc, après l'expiration de la période de cinq
ans, on n'a rien.
M.
Jolin-Barrette : On retourne au régime général de base qu'on a
actuellement. Donc, si jamais c'était l'intention
du gouvernement de poursuivre, bien là, il faudrait se rasseoir tous ensemble.
C'est une mesure de contrôle aussi de l'action gouvernementale dans ce
sens-là.
Mme Vallée : Le rapport
annuel est là, et c'est à ça que servent...
M.
Jolin-Barrette : Mais le
rapport annuel est là, c'est de l'information qui est disponible, sauf que, dans tous les cas... Le rapport annuel est disponible, on peut poser des questions
à l'Assemblée, mais ça ne veut pas dire qu'on va avoir
une prise sur l'action gouvernementale, c'est un peu malheureux dans notre
Parlement.
• (16 h 40) •
Mme Vallée : C'est justement à ça que servent nos rapports annuels, que servent les interventions du
Vérificateur général. C'est de
permettre de soulever... de dresser un portrait de la situation financière des
organismes aux parlementaires. Ce
n'est pas pour rien que ces rapports-là nous sont déposés à l'Assemblée
nationale, c'est pour permettre aux parlementaires d'être informés en
temps réel de la situation et de la santé financière des organismes.
Donc, il
serait tout à fait possible d'intervenir, il est tout à fait possible
d'intervenir lorsqu'un rapport annuel soulève un certain nombre de
questionnements, qu'il s'agisse des surplus, mais qu'il s'agisse d'autres
éléments qui y sont contenus. Puis je
pense que c'est tout à fait... c'est normal qu'un fonds, qu'un organisme soit
soutenu à même ses revenus. C'est tout
à fait normal, et d'aucune façon on ne vient modifier l'objectif et l'esprit de
la loi. L'objectif de la loi était de soutenir les recours collectifs.
Évidemment, là, je ne prétends pas connaître le père de cette loi autant que
notre collègue de Chicoutimi puisse le connaître, non, pas du tout...
M.
Bédard : ...
Mme Vallée :
Non, je ne voudrais pas, mais, ceci étant, je n'ai pas cette connaissance
personnelle privilégiée qu'a le député de Chicoutimi avec le père de la
loi.
Mais tout ça pour dire que je pense qu'à
l'origine on souhaitait assurer un meilleur accès à la justice. On permettait à David d'affronter Goliath et on
permet toujours à David d'affronter Goliath, ça demeure, et l'esprit est là,
mais David a un portefeuille légèrement mieux garni qu'il ne l'avait au moment
de la création du fonds.
Et c'est tout
simplement ça, c'est d'actualiser aussi en fonction d'une réalité qui est là.
Il y a des fonds qui sont là, et on
a, au cours des dernières années, oui, réduit l'aide au fonctionnement du fonds
pour des raisons budgétaires, oui. Et
je pense que c'est cette fluctuation-là... Peu importent les partis politiques
qui ont été au pouvoir, on voit au fil des ans une fluctuation de l'aide qui a été accordée en fonction des revenus du
fonds, en fonction des reliquats. Donc, ça démontre que... Et tout ça, bien, évidemment... Le fonds
est un petit peu à la merci de tout ça. Alors, ça permet au fonds d'avoir
une meilleure prévisibilité aussi en vue de préparer son budget et en vue de
s'organiser.
Mais tout ça
pour dire que la clause nous obligerait à revenir aussi, et rien n'indique que,
dans cinq ans, on n'aura pas aussi affaire à un fonds... à un surplus
important, parce que, selon les scénarios qui sont devant nous, on anticipe
des surplus importants.
Je comprends
que le collègue de Chicoutimi dit : On ne doit pas prévoir ou faire ses
prévisions financières à la lumière
des chances de succès d'un dossier, mais je vous dirais à la blague que bon
nombre d'entre nous qui avons pratiqué avons travaillé de cette
façon-là. Les revenus n'étaient pas toujours les mêmes en fonction du succès
des dossiers.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci, Mme la ministre.
M.
Bédard :
...donc, dans ce cas-ci, on est comme à pourcentage. Et moi, j'invite la
ministre à ne pas employer le terme
«revenus». Ce n'est pas des revenus. Ce n'est pas des revenus, c'est un
reliquat, et, pour moi, c'est fondamental, ça, parce que... Et moi, je
suis même inquiet pour la suite. Ce n'est pas...
Il y a deux
possibilités sur l'utilisation du fonds, mais il y a aussi sur le désengagement
à partir des fonds purement publics.
Je pense qu'il n'y a rien, dans le contexte actuel, qui peut nous justifier à
faire ces choix-là puis nous enfermer dans
une logique qui est celle où l'organisation, tout d'un coup, qui est face à des
compressions, n'a plus de compression. C'est
ce que je vois. Parce que je peux faire la projection de 500 000 $,
mais, dans les faits, le budget de fonctionnement était plus peut être
de 550 000 $, peut être de 600 000 $, et là tout va changer
en fonction du montant qu'on met.
Et ce que j'ai compris des représentations de la
directrice, c'est que le nombre d'utilisations... c'est ça, donc, l'utilisation
de ce fonds est en augmentant. Puis, ce que je vois des nouvelles,
effectivement ça peut arriver. Donc, il va y
avoir une pression à l'interne sur les ressources. Puis c'est correct, parce
qu'il ne faut surtout pas faire en sorte que les pressions financières diminuent, je vous dirais, le support, le
financement de recours aussi importants, puis qui répondent à un
objectif purement budgétaire.
Et ça devait
être ça, l'esprit, à l'époque, d'ailleurs, qui a guidé... Je vous avouerais que
je ne profiterai pas de la fin de
semaine pour demander l'intention du législateur, mais je suis convaincu qu'à
la lecture du texte c'est pas mal ça. Et ce texte-là, il ne souffre pas beaucoup d'ambiguïté, c'est ce que je disais
tantôt. Si on avait voulu que le fonds se finance dans son
fonctionnement, on l'aurait inscrit.
Alors là, on
modifie, donc on ne peut pas dire qu'on ne modifie pas, on sait qu'on modifie
au-delà des raisons. Là, ce que propose, je dis : Cinq ans. La
ministre dit : Vous avez les rapports annuels. O.K., mais moi, je suis
dans l'opposition, et mettons que c'est le
député de Borduas qui est de l'autre côté, il va faire face aux mêmes pressions
financières, puis mettons que c'est
la ministre qui est de l'autre côté, elle va dire : Bien, moi, je ne veux
plus le financer. Pensez-vous vraiment qu'elle va proposer un projet de loi qui
va être adopté et qui va aller à l'encontre de ce qu'on vient de faire? Bien
non. C'est sûr qu'on vient de figer ça dans le temps, là.
C'est
évident que l'inverse ne se fait pas dans notre beau Parlement. Vous essaierez,
M. le député, M. le Président, de déposer un projet de loi puis de le
mener à terme. J'en ai fait un à la dernière session, c'était le projet de loi
sur Nelson Mandela, la journée Nelson
Mandela. J'avouerais que c'est à peu près ce que le Parlement nous permet quand
on est dans l'opposition, une journée comme
ça, mais c'est rare qu'on fait adopter un corpus législatif réel de
modifications. Et c'est un peu un des
problèmes de notre Parlement, je pense. Souhaitons qu'un jour, s'il est
modifié... C'est bien d'avoir des
éléments liés à la tenue des membres et à leur façon de s'exprimer, mais moi, j'aimerais
bien que les législateurs aient un réel pouvoir. Je pense que ça ferait en
sorte que le rôle des députés serait réellement valorisé. Quand tu es capable,
dans le cadre d'un mandat de quatre ans
normal, de déposer un projet de loi puis de le faire adopter, pas rien que de
le déposer, puis faire une conférence de presse, puis après ça de
t'endormir avec, ça te sert comme oreiller.
Ça, je trouve ça
tellement désolant. Des gens qui ont travaillé, moi, j'en ai vu, très fort,
faire la conférence de presse, si ça tombe
une mauvaise journée où quelqu'un est décédé d'important, bien, il ne passe
pas, puis après ça tout ce qu'il lui
reste, c'est celui d'avoir déposé le projet de loi. C'est assez incroyable,
hein? Et c'est le fait que notre Parlement, malheureusement, a mêlé l'exécutif et le législatif. Ça fait en sorte
que les députés qui ne sont pas dans l'exécutif ont un pouvoir qui est plutôt bénin. Ceux qui ont le plus
de pouvoir, il faut le dire, c'est l'opposition, par rapport aux députés
qui sont ici, parce que nous, on a du temps.
La seule arme qu'on a réellement pour essayer de convaincre, comme on n'a pas la force du nombre, il nous reste le temps.
Imaginez-vous! Alors, ça fait en sorte qu'on doit l'utiliser à bon escient
en voyant des dispositions comme ça et
éviter de penser que, si on souhaite l'inverse dans cinq ans, bien, on va être
capables de présenter un projet de loi qui va avoir l'effet contraire.
Vous et moi, on sait que ça n'arrivera pas, en tout cas, pas à moins d'une grande réforme où on adopte au
Québec un régime présidentiel où, là, on aurait une véritable séparation
des pouvoirs, un président d'un côté, qui
nomme son exécutif, et une vraie législation, peut-être deux chambres, comme
aux États-Unis. Je trouve que c'est un bon système de contre-pouvoir, de
«check, balance», ce qu'on n'a pas ici.
Ceci
dit, je ne suis pas là pour vous réformer tout le système mais pour vous
expliquer que je sais très bien qu'à l'inverse
on aura un problème. J'ai beau lire le rapport, c'est évident que je ne serais
pas capable de modifier la loi. Et il y aura toujours dans notre beau
monde des pressions financières.
Alors,
on revient au choix. On n'en a pas, de problème, puis il y a une belle phrase
qui dit — ça, je
l'aime bien — tu
sais, on ne doit pas réparer ce qui n'est
pas brisé. Ça a été adopté en 1978, ça fonctionne bien. Ce qu'on a, dans les
trois ou quatre dernières années, on
a une pression financière, puis là on changerait parce que tout d'un coup on a
une pression financière. Moi, ça me... c'est sûr que j'ai une
résistance, là, normale, naturelle.
Là,
je me dis : Bon, il y a plein d'autres solutions possibles, puis là j'en
propose une. Le cinq ans, moi, ça me semblait le plus simple, parce que... En même temps, je donne raison à la
ministre, même si je ne suis pas d'accord, mais je lui dis : Si vous avez vraiment raison, bien, dans cinq ans
vous allez devoir présenter un même projet de loi. Et je pense que ça aura un bon effet. Ça ferait en sorte que le rôle,
au moins... les gens de la commission se reverraient, peut-être qu'un jour,
un moment donné, quelqu'un dirait :
Pourquoi on adopte cette disposition-là?, comme je viens de le faire, puis il
dirait : Ah! à l'époque, ils ont
fait ça, il y avait une clause crépusculaire, et maintenant on veut voir si,
effectivement... du côté de
l'opposition, est-ce que ce qu'on a projeté se réalise. Est-ce que les
projections de reliquats ont été rencontrées? Est-ce que les projections
de fonctionnement ont été rencontrées?
• (16 h 50) •
Parce que je veux
bien lire le rapport annuel ou aller en crédits, M. le Président. J'ai vu aux
derniers crédits, d'ailleurs, que mon
collègue avait questionné
la ministre. Vous comprendrez que ce n'est pas ce qui a
retenu l'attention, ça n'a pas fait
la première page, puis je n'ai pas senti qu'il y avait... il n'y a pas
eu de modification dans les budgets accordés, à travers les crédits, à l'organisation. Il y a eu un commentaire de mon collègue, qui a mentionné qu'il trouvait que cette coupure était importante, puis on lui a dit quelque chose comme que la réduction est prise à même le surplus accumulé, qu'on ne peut pas... qu'il n'y aura pas d'impact sur les services par le fonds d'aide. Or, je dois vous
avouer que c'est sûr que, quand il y a
moins de ressources, puis tu as une augmentation de la demande, je ne sais pas si on peut
qualifier ça d'impact, mais il va y
avoir un effet. Disons, c'est le bon terme que je vais prendre, ça va
avoir un effet, et, ce que je dois comprendre, dans le temps il va y en
avoir plus, de demandes.
Ça
fait que moi, je veux simplement m'assurer que, si on change quelque chose, c'est de la bonne façon puis qu'on ait le dernier mot, ou les législateurs,
sur ce qui nous revient, d'ailleurs. Le reste, administrer le budget, ça
appartient à l'Exécutif, ça appartient au ministre
pis au président du Conseil du trésor. Mais, pour ce qui est de la législation, ça, ça nous appartient,
puis, avant de laisser passer un morceau comme ça... je ne veux pas dire «un
petit» parce que ça reste important,
mais c'est sûr que, dans le corpus législatif qu'on a, ce n'est peut-être pas
la pierre angulaire, là, qui va faire en
sorte que tout le château va s'écrouler, là. On n'en est pas là. Où est-ce qu'on est, c'est dans quelque chose, moi, qui m'apparaît somme
toute pernicieux et qui peut avoir des effets à long terme qu'on ne souhaite
pas. Donc, je veux l'éviter, tout simplement.
Et
j'essaie de rendre service à la ministre, parce
qu'un jour elle n'occupera plus ce
poste. On passe dans le temps, il y
en a d'autres. Peut-être
qu'un jour elle va se dire : J'en ai vu, moi, de mes anciens collègues,
de dire : Eh que je n'aurais pas
dû faire ça! J'en ai vu, malheureusement : Eh que je n'aurais pas dû faire ça. On est dans
un environnement où on a... bon, on a de la pression, on a des impératifs puis, en même temps, on a toujours la balance des inconvénients, tu sais, entre
ne pas faire ou faire ce qui nous est demandé. Bon.
Alors, dans ce cas-ci, j'aide la ministre,
je lui dis... Je lui trouve une solution. Je suis quand même...
Effectivement, d'ailleurs,
c'est mon tempérament, être gentil. Je suis content, l'exercice en commission
me permet de le démontrer. Au salon
bleu, ça n'a pas toujours été clair, je l'avoue, mais, au salon... ici, en commission,
ça montre une autre facette. Si la ministre, d'ailleurs, avait assisté à
la rédaction du code d'éthique, à l'époque, c'était un beau moment.
Mme Vallée :
...
M.
Bédard : Oui, en
partie, c'est vrai. Bon, on a eu plusieurs... effectivement.
Mme Vallée : Je présidais, d'ailleurs.
M.
Bédard : Ah! c'est ça, effectivement, avec mon collègue
Jacques Dupuis, puis, à la fin, avec le leader actuel, je pense,
et avec Me Sormany, qui était... On était entre bonnes mains. Et je pense
qu'il n'y a pas un article qui n'a pas été modifié trois fois, qui a
fait en sorte qu'on a eu quelque chose qui rencontrait le consentement de tous.
Alors,
j'offre à la ministre encore une fois ma collaboration. Puis le but... J'ai
déjà, par mon amendement, je vous dirais,
reconnu que je n'ai pas raison sur le fond. Je lui donne raison sur le fond.
Par contre, je lui demande : Dans le temps, est-ce qu'elle a raison? Alors, je lui demande de prendre un pari, tout
simplement. Et je suis sûr que les gens qui sont ici seraient contents de savoir qu'on pourrait passer
à d'autres articles, et, celui-là, elle pourrait livrer ce qu'on lui est... ce
qu'elle souhaite faire et, j'imagine, aussi
ce qu'on lui a demandé, mais elle le fait de consentement évidemment, et, en
même temps, de protéger ce qui, dans les faits, était quelque chose de bien.
Puis ça nous donnera le temps de regarder ce qui
se fait en Ontario, mais, en même temps, j'ai toujours une méfiance, moi, de toujours copier ce qui se fait
ailleurs. Si on les interrogeait, ils auraient toujours... Peut-être, ils
viendraient puis ils pourraient nous
dire qu'il y a des effets pernicieux à cela parce que ça crée une pression sur
les revenus, alors... sur les
revenus! Eux, je ne sais pas si c'est des revenus. D'ailleurs, je ne sais pas
s'ils facturent les gens... s'ils facturent plutôt à même ce qui est... Là, il faut aller voir le
fonctionnement global. Des fois, c'est bien différent. Ça fait qu'avant de
faire une importation de ce qui se
passe ailleurs je nous invite tous à la prudence. Et nous avons un bon projet
de loi, intéressant, et c'est sûr que
je suis le premier ici à souhaiter que nous puissions passer à un autre
article, parce que celui-là est intéressant, mais ce n'est pas le plus
intéressant de l'ensemble du projet de loi, M. le Président.
Malheureusement, je crois que vous allez me dire
que mon temps est terminé.
Le Président (M. Schneeberger) :
Exactement. Vous avez tout compris. Alors, est-ce qu'il y avait d'autres
interventions au niveau de l'amendement? Ça va?
Alors, nous
allons passer au... mettre le deuxième amendement aux voix. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme Vallée : Rejeté.
Le Président (M. Schneeberger) :
Rejeté.
M.
Bédard : Pour.
Évidemment, vote par appel nominal.
Le Président (M. Schneeberger) :
Vote nominal, oui. Rejeté, oui. C'est bon? Rejeté?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui. O.K. On va nommer les noms, alors.
La Secrétaire : M. Bédard
(Chicoutimi)?
M.
Bédard : Pour.
La Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire : Mme Vallée
(Gatineau)?
Mme Vallée : Contre.
La Secrétaire : M. Boucher
(Ungava)?
M. Boucher : Contre.
La Secrétaire : M. Hardy
(Saint-François)?
M. Hardy : Contre.
La Secrétaire : M. Rousselle
(Vimont)?
M. Rousselle : Contre.
La Secrétaire :
M. Proulx (Jean-Talon)?
M. Proulx : Contre.
La Secrétaire : M. Bernier
(Montmorency)?
M. Bernier : Contre.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous allons maintenant... revenons maintenant
à l'article n° 27 dans sa forme initiale. Est-ce qu'il y avait d'autres...
M.
Bédard : Oui, un autre amendement, qui risque de
ressembler au dernier mais que la période va être différente.
Alors, à l'article 27 : Insérer au paragraphe 1°
de l'article 27 du projet de loi, après les mots «pour assurer son
fonctionnement», les mots «pour une période de trois ans à partir de la mise en
vigueur du présent article».
Le
Président (M. Schneeberger) : Alors, nous allons suspendre quelques
instants pour le dépôt de l'amendement.
(Suspension de la séance à 16 h 56)
(Reprise à 17 h 20)
Le
Président (M. Schneeberger) :
Alors, bonjour. Nous reprenons la séance. Nous en étions à un troisième dépôt
d'amendement sur l'article 27, déposé par le député de Chicoutimi. Alors, député
de Chicoutimi, à vous la parole.
M.
Bédard : Oui, merci. Je ne vous dirai pas que je suis
content de reparler, mais je dois le faire. Donc, ça me fait plaisir. Et
j'ai eu le temps de réfléchir à... parce qu'on me donnait l'exemple de l'Ontario.
Là, je veux le dire à la ministre, j'ai peut-être une solution pour elle. Elle disait :
Prenons l'exemple de l'Ontario. Je suis allé vérifier en Ontario, pas dans cette loi-là — là, je n'ai pas eu le temps, je vous avouerais — je suis allé vérifier leur situation
budgétaire et je crois que cette
année ils ont anticipé un déficit de 8,5 milliards de dollars. Alors, je
propose à la ministre : Comme on est... on est comme en Ontario, faisons
comme les Ontariens. Alors, je propose à la ministre de maintenir le
financement et peut-être de l'augmenter au niveau des besoins, puis on
fera un petit astérisque sur l'équilibre
budgétaire, et ça va me faire plaisir, et là on pourra dire : On fait comme
les Ontariens. Voyez, c'est une des solutions que j'ai proposées, mais c'est
peut-être la plus compliquée, je vous avouerais, parce qu'elle aurait trop de
gens à convaincre.
Or, l'amendement qui est déposé, qui peut être amendé, je vous avouerais, je ne suis
pas... Je suis ouvert à des sous-amendements. Vous savez à quel point je ne suis pas amoureux
de mes textes. Je suis conscient que, comme tout le monde, quand on les distribue, bien, ils peuvent être
améliorés. Mais je suis convaincu qu'on peut trouver une solution qui va permettre de rencontrer les objectifs
de tout le monde, puis, en
même temps, si je peux me permettre
de revaloriser un peu le rôle du Parlement ici, ce sera une petite
contribution, M. le Président, dans le cadre de ce projet de loi.
Ça m'est
arrivé, je vous dirais... D'ailleurs, je vais avoir d'autres amendements.
Il y en a un, entre autres, sur la mise en vigueur qui va... qu'on va regarder, et, à un moment donné aussi, il va
falloir se parler aussi des amendes, je vous dirais, sur lesquelles j'imagine que la ministre a réfléchi aussi,
pour trouver quelle est la meilleure façon de trouver... je vous dirais, d'en arriver à une solution qui
corresponde à notre historique puis en
même temps aux objectifs
qu'on se donne de s'assurer que tout le monde respecte la loi.
Dans ce
cas-ci, M. le Président, c'est beaucoup plus simple, parce que la ministre
souhaite un amendement à la loi, que je lui donne — c'est
ça, le pire, c'est rare que je casse aussi rapidement — mais
je lui donne en lui disant : Bien, il y
a une limite de temps. Je lui donne
une limite de temps et, bon, j'ai trois ans, ça peut être quatre, ça peut être cinq. Je lui ai offert cinq, malheureusement... Mais je suis ouvert à discuter, évidemment pas 10 ans, parce que
j'aimerais quand même que
les parlementaires aient un petit historique, là, et, en même temps, on verrait l'évolution d'une organisation qui est importante puis qui est un peu
mystérieuse pour un peu tout le monde, hein? C'est comme des organisations qui sont en marge, qu'on va
peu voir, puis, comme elles ont des budgets pas énormes, je vous dirais... je ne dirais pas «pas importants»,
parce que des centaines de milliers de dollars, pour tout
citoyen, ça reste des montants importants, mais qui sont souvent
méconnues, alors qu'elles ont une mission qui est très intéressante.
Tout ça pour
vous dire que ce serait une belle occasion, puis, en même temps, elle pourrait se vanter auprès de son leader qu'elle a trouvé une
solution, qui n'est pas ce qu'elle souhaitait, qui n'est pas ce que le comité
de législation lui avait
proposé, mais qui reste quand même quelque chose de, somme toute, correct dans
les circonstances et qui va s'assurer que l'organisation va être capable de fonctionner sans être tributaire de son financement
en totalité par le ministère
de la Justice.
Donc, à un
problème temporaire, trouvons une solution temporaire. Si on pense dans le
temps qu'au contraire, ce fonds, qui
existe, qui a été créé pour les raisons qu'on connaît et auquel on veut donner
une destination qui est différente, bien, si on voit dans le temps, effectivement,
dans cinq ans, on est rendu, je ne sais pas, moi, à 18, 20 millions, que, seulement
à partir des intérêts, on aurait quelque chose de bien, peut-être qu'on sera...
on sera peut-être ailleurs à ce moment-là. Mais moi, je ne peux pas anticiper ça. Puis
anticiper le mieux, c'est toujours le pire, hein? J'ai toujours
tendance à faire le contraire, M. le Président, moi, parce que gérer le mieux, là... Vous comprenez à quel point
c'est facile, ça, gérer le mieux? Quand tout ce que tu as prévu arrive puis même ce que tu as
anticipé de plus beau arrive, c'est-u facile, hein? Dans ma vie, ce qui m'est arrivé, c'est souvent le
contraire ou entre deux. Ça fait que j'ai tendance toujours... pas parce que je suis pessimiste, mais parce
que c'est plus facile de gérer quand tu anticipes le pire.
Puis, dans ce
cas-ci, c'est que ce qu'on propose n'est pas définitif. C'est la beauté. Des
fois, on doit comme trancher au
couteau : voici où est la justice. Tu sais, les juges sont obligés à ça.
Des fois, ils décident entre les deux. Dans ce cas-ci, ça serait comme
un jugement à la Salomon, où on donne raison à la ministre, mais pas tout le
temps, dans un temps déterminé, qui n'est quand même pas mauvais en soi. Et je
suis convaincu que ceux et celles qui ont d'autres choses à faire... Parce que, si on était tous
facturés à l'heure, c'est sûr que ça coûterait cher, hein, les heures qu'on
passe ici. Donc, on pourrait tous
vaquer à d'autres choses et adopter le reste du projet de loi avec... Évidemment, on va faire une étude attentive
et, je vous dirais, avec beaucoup de... dans les détails pour s'assurer que
l'intention du législateur, qui est ceux et celles qui sont autour de
cette table, soit rencontrée.
Donc, pourquoi
trois ans? La première raison n'est pas... je vous dirais, elle ne vous
surprendra pas, c'est parce qu'on a
rejeté cinq ans. Si on avait, M. le
Président, donné notre accord à cinq
ans, bien, c'est sûr qu'on n'en
serait pas là. Pourquoi trois ans?
Bien, je vous dirais que le trois ans, quand j'y pense, c'est peut-être un
petit peu problématique, parce qu'il
devrait correspondre presque de façon... ça dépend à quel moment le projet
de loi va être en vigueur, mais, de façon presque concomitante, avec l'élection. Maintenant, on est à date fixe,
donc on a la date exacte. Je pense que c'est autour du 12 octobre, la prochaine élection générale,
quelque chose comme ça, deuxième semaine d'octobre. En tout cas, peu
importe, là. Dans le calendrier, si on avait un calendrier à portée de la main,
on pourrait se le dire. Donc, trois ans.
Je vous avouerais que je préférais cinq ans.
Souvent d'ailleurs, le cinq ans, on l'emploie pour les révisions de certaines
lois : loi d'accès à l'information, justement cette réforme que j'ai eu la
chance de faire avec... d'écouter et d'entendre
avec monsieur... avec Benoît Pelletier... Et il y avait un légiste avec lui,
j'ai oublié son nom, un homme d'une mémoire extraordinaire. C'est une des lois les plus complexes en termes de...
par rapport aux dispositions, ce qu'elles visaient. Et, à la fin, on avait fait un exercice... Je vous raconte ça,
mais je veux en venir à l'article du trois ans. Dans la mise en vigueur, évidemment, je ne laissais aucune
marge de manoeuvre au ministre. Il ne pouvait pas suspendre l'application
des articles. Il y avait une date butoir
pour chaque article du projet de loi. Je pense qu'il y en avait pas loin de
200. Alors, à la fin, de mémoire, il
a pris l'article de mise en vigueur, seulement que les numéros d'article, il
était capable de nous dire, chacune
des dispositions, elle concernait quoi et pourquoi elle entrait en vigueur à ce
moment-là comme étant la date butoir. Et je m'étais toujours dit,
malheureusement, que j'allais garder ce nom-là en mémoire puis, quand j'allais
revenir au gouvernement, j'allais m'assurer qu'il soit dans mes équipes, parce
que je me disais : Quel légiste formidable! Et malheureusement le temps a
fait que j'ai duré un peu trop longtemps à l'opposition. Donc, quand je suis
arrivé au gouvernement, je n'ai pas retenu
son nom. Mais j'ai été entouré par contre, je dois le dire, de légistes d'une
très grande qualité. Donc, il ne m'a pas manqué.
• (17 h 30) •
Et, c'est
drôle, il l'avait fait sans que je lui demande, parce qu'il m'est arrivé,
imaginez-vous... Quand on dit que le Parlement doit être valorisé, quand
on a adopté le DPCP, ça, c'est un événement malheureux du Parlement, on avait déterminé qu'un monsieur en particulier allait
être DPCP, le premier. Je vous le dis, ça pourra vous servir pour la suite,
c'était le fonctionnaire qui était
sous-ministre à l'époque. Et le projet de loi a été adopté comme ça, avec
l'article qui disait : Pour la
première nomination, ça sera le sous-ministre. Bien, savez-vous ce qu'ils ont
fait lorsqu'ils ont mis en application le
projet de loi? Et le dernier article, c'était un article de mise en vigueur
normal, qui disait : La loi entre en vigueur par décret du gouvernement. Eh bien, ils ont mis en
vigueur l'ensemble de la loi. Ils ont isolé les termes spécifiques, dans cette
disposition, qui identifiaient le sous-ministre en question comme étant le
premier DPCP. Ça, je n'en suis pas revenu, M. le Président.
C'est
dommage parce que le ministre
de la Justice de l'époque, c'est quelqu'un
que j'estimais beaucoup, M. Marcoux. J'imagine — et
là, comme il n'est pas ici, je peux nommer son nom — on
a dû lui tordre un bras. Je ne lui ai jamais demandé, d'ailleurs, même... parce qu'on a toujours eu des bonnes relations ensemble.
Mais ça m'a donné deux leçons. La première, c'est que, même quand on donne... quand on adopte des articles ici, ce n'est pas final. Mais
le deuxième, c'est que... Dans les
faits, je n'avais qu'à moi à m'en prendre, parce que le texte permettait
effectivement cette exception, donc, de suspendre un bout de phrase de mise en vigueur. Et là, quand
tu es face à ça, ameuter les journalistes sur un DPCP, on sait à quel point... Ce n'est pas fondamental, le DPCP, c'est
seulement celui qui ordonne les mises en accusation. C'est quand même...
Et ça avait soulevé un intérêt, je vous
dirais, qui était... dans la presse judiciaire, mais de façon quasi
anecdotique. Donc, je me suis dit : Ça n'arrivera pas.
Alors, chaque
projet de loi que j'ai adopté par la suite et les mises en vigueur, il y avait
toujours une date butoir qui permet
de déterminer... peu importe que fait le gouvernement, il y aura une date
butoir de mise en vigueur de l'article. Donc, le gouvernement n'aura pas à suspendre l'application d'un texte
qu'on a voulu ou d'un bout de texte qu'on a voulu, chose que je pensais
illégale, mais le législateur peut... pas le législateur... l'Exécutif a des
pouvoirs à ce point qu'il peut suspendre des mots d'un projet de loi.
Donc, je vous le dis à titre de gouverne.
Ça n'ajoute
pas grand-chose à notre débat par contre, qui est celui de souhaiter que nous
limitions dans le temps l'application
de cet article. Pourquoi j'insiste autant? Parce que je pense que c'est la
bonne chose et... Il faut toujours être animé du doute de dire,
bon : Est-ce que ça pourrait être différent? Et c'est pour ça que je
cherche différentes façons d'amender le
projet de loi, mais je pense que la limite de temps reste encore la meilleure.
Il y aurait celui du pourcentage, j'en
ai parlé tantôt, qu'on a préparé, qui pourrait être celui de dire à
l'organisation : Vous ne pouvez pas financer plus que tant de
pourcentage de votre mission de. Ça pourrait être ça. Et ça, ça éviterait
l'effet que je vous dis, où 100 % du financement
de l'organisation dépendrait du fonds, ce que je ne souhaite pas, et c'est ce
qui va arriver. C'est ce qui risque d'arriver
et c'est... Bien, c'est ce qui va arriver, je pense, sans le moindre doute.
Donc, il ne doit pas être à la merci de ce que
génère le fonds à partir de poursuites qui ont obtenu un résultat positif et
d'un reliquat sur lequel on prend un pourcentage.
Je n'ai pas
questionné la grille, mais c'est sûr qu'on pourrait tous dire : Ça
pourrait être autre chose. Ça pourrait être
des pourcentages moyens. Si les fonds sont trop importants, bien, peut-être
que, justement, ce reliquat n'est peut-être pas le bon. Ça, je ne le sais pas, je ne suis pas allé jusque- là. Ce
n'est pas une question que je me suis posée, mais, à la limite, ça va peut-être être ça. Parce qu'au
départ ce n'était pas ça, la finalité, ce n'était pas de créer une fondation,
là, c'était de s'assurer qu'on
finance adéquatement la mission de l'organisation puis qu'on puisse soutenir
ceux et celles qui utilisent les
dispositions de la loi. Et, depuis ce temps-là, bien, on a fonctionné avec un
régime qui a donné des résultats qui
sont reconnus par tous ici, au Québec, et à travers le monde par les
praticiens. Je n'ai jamais vu personne me dire que notre système était
archaïque ou qu'il ne rencontrait pas les objectifs qu'on s'est fixés.
Par contre,
j'ai vu... Je me souviens, lors de l'adoption du Code de procédure civile, il y
a eu... qui s'est fait en plusieurs
étapes, là. À un moment donné, j'ai été porte-parole, il y a eu un rapport qui
a été déposé dans les années 2010, pour mener à son adoption en 2014, lorsqu'on était au gouvernement, mais
il y a eu beaucoup d'étapes... 2009, je pense, et il y avait des
modifications aux recours collectifs. Bon, il y avait certaines parties qui
trouvaient qu'il y avait des conséquences, pour eux, importantes, évidemment
plus du côté de ceux et celles qui se défendent.
Ceci dit,
personne ne remet en cause la finalité, c'est une bonne chose de permettre
cela. C'est une justice qui est accessible pour tous. Certains
reprochent que, bon, il y a... des avocats, souvent, vont être les grands
gagnants de ces procédures, mais c'est des
procédures souvent très complexes,
avec... Je n'en ai pas fait, mais je voyais... On avait eu, chez nous, la procédure qui concerne... bon, suite
au déluge, aux événements de 1996, et, je peux vous dire, bon, ça amène,
dans ce cas-ci... dans ce cas-là plutôt, il y avait
eu beaucoup de témoins experts... Même des témoins en tant
que tels, les retrouver, les faire
témoigner, ça amène beaucoup de travail, de la part des avocats, là-dedans.
Ce qui fait que c'est une spécialité
en soi, là. Il y a comme un... C'est un secteur de pratique qui
s'est développé pour des gens dans le
domaine. Puis je ne m'y risquerais
pas, moi qui étais plutôt avocat... je le suis toujours, mais avocat en
relations de travail, droit qui a
l'avantage d'être plutôt statique dans le temps, avec quelques modifications.
Mais le principe demeure, un congédiement reste un congédiement. Et
voilà.
Donc, ce que
je souhaite de la part de la ministre... C'est sûr que le temps s'écoule. Il
n'est que 17 h 35. J'aurais souhaité
un peu plus d'ouverture, mais... Il y avait une phrase qui disait — bien qu'étant pour un État laïque — que la grâce frappe on ne sait jamais quand, M. le Président. Donc, des fois, il
faut l'attendre. Alors, je suis condamné à attendre dans les prochaines
minutes, et j'espère ne pas être obligé d'utiliser la motion d'ajournement à un
moment donné pour permettre à la ministre
d'y réfléchir. Parce qu'on a d'autres dispositions qui sont intéressantes et
qui méritent aussi d'être étudiées.
Mais c'est sûr que, cette disposition, j'y tiens. Puis moi aussi, j'ai besoin
de temps pour y réfléchir, pour voir est-ce qu'il y a d'autres
solutions.
Et le
problème quand on s'embarque dans une procédure d'amendement, c'est que le
dialogue, comme vous voyez, est plus
difficile. La chance que j'ai, c'est que je n'ai pas beaucoup besoin
d'interventions pour m'inspirer, quand on est face à une disposition de
cette nature-là. En soi, là, je peux, de façon circulaire, là, mais assez
longtemps, en discuter. Puis, des fois, ça
nous éveille à des choses qu'on n'avait pas anticipées, M. le Président. Et
c'est un exercice que je n'avais pas fait depuis longtemps, mais qui est
au coeur...
Une voix : ...
• (17 h 40) •
M.
Bédard :
... — non,
non — mais qui
est au coeur de notre système, et qui n'a rien de dilatoire, et qui vise plutôt
à s'assurer qu'on légifère correctement, et
qu'on ne fasse pas d'erreur. Parce que c'est une disposition anodine dans un
projet de loi qui a un impact difficilement
mesurable dans le temps. Alors, dans les faits, notre réflexe, ça serait de
s'en détourner, puis : Il y a
des gens plus compétents que nous, législateurs, pour s'en occuper. Bien, moi,
je ne délègue pas ça. Comme on dit en
latin, là, delegatus non potest delegare. Alors, je ne déléguerai pas ce qui
m'a été délégué. Et, dans les faits,
c'est un droit qu'on m'a donné, puis c'est peut-être le droit le plus
important, c'est de légiférer sur mes concitoyens. C'est un droit ultime
dans notre société, ça. On ne sait pas à quel point ce droit-là est
fondamental.
Puis, quand,
des fois, je vois la Loi du ministère du Revenu, je me dis : Il y a des
législateurs qui l'ont abandonnée. Quand
on voit sa complexité, son incompréhension et le fardeau qui est sur les
pauvres contribuables... Je veux dire, à un moment donné, face à la complexité, on a délégué notre responsabilité.
Et, à chaque fois que j'ai un citoyen qui vient chez nous, puis avec...
que ce soit au niveau du système des présomptions, mais évidemment du fait que,
même quand tu contestes, tu as tort et
que... J'ai même vu, moi, un sous-ministre du Revenu venir me plaider en
commission, il demandait la
suspension d'un article qui semblait bénin, pas de cette nature-là, mais d'une
autre nature, qui était, M. le Président... Ah! c'est un article de la Loi d'accès à... non, Protecteur du citoyen,
là... Non! consommateur, voilà, protection du consommateur. Et, l'article, à sa lecture, ce n'était pas déchiffrable
pourquoi on suspendait l'application de cet article. On se met à chercher, c'est un paragraphe. Même le
ministre de la Justice, qui était M. Marcoux, n'avait aucune idée, fait
descendre le sous-ministre. Bien, il nous dit : C'est la loi sur... c'est
la disposition qui concerne le harcèlement. Tu sais, on avait une loi qui empêchait une société de
crédit de vous appeler plus qu'une fois. À partir du moment où vous lui disiez,
au téléphone, par lettre : Vous devez me poursuivre, cessez de me
harceler, ils n'avaient plus le droit de le faire, sous peine... Bien, le ministère du Revenu est
venu nous représenter que lui ne devait pas se voir appliquer cet article-là
parce que, lui, quand il continuait à
intercéder auprès des gens, c'était pour leur bien, parce qu'ils devaient de
l'argent, puis, comme il y avait beaucoup de pénalités, il fallait qu'il
leur permettre de continuer à harceler. C'est drôle, hein? Eh bien, on ne l'a pas adopté.
Vous comprendrez qu'après trois séances tout le monde a dit :
Bien, ça ne marche pas. Et, même du côté libéral...
Alors, ça vous démontre que, des fois,
dans les détails, il se cache des choses. Et, dans ce cas-ci, ce n'est pas un
détail. On est au coeur de la loi, on est au
coeur de ce qu'elle représente et on peut seulement anticiper sur le
futur qu'est-ce que ça va
avoir comme résultat. Et là-dessus ce que je demande à la ministre, c'est de
nous donner le temps, à nous, législateurs, de bien évaluer, dans trois ans dans ce cas-ci,
dans quatre ans peut-être, ou mieux dans cinq ans, l'impact de cette
disposition sur le fonds et sur les services donnés aux justiciables.
Le
Président (M. Schneeberger) :
Merci, M. le député de Chicoutimi. Est-ce
que j'ai d'autres interventions?
Mme
Vallée : En fait,
vous savez, M. le Président, je pense que ce qui est important ici, dans le projet de loi, c'est de permettre au fonds
d'aller chercher cette source de revenus là, qui est là parce que...
et d'éviter de recourir notamment
à l'article 43 et... surtout l'article 44, pardon, qui
permettrait au fonds de devoir contracter un emprunt pour pouvoir assumer
son fonctionnement, parce que le fonds dispose de ressources.
Puis
c'est aussi pour permettre d'éviter qu'à un certain moment donné, par des
directives, on commande et on demande
au fonds de venir couper notamment l'aide aux bénéficiaires. Ça, ça serait triste.
Ça s'est fait dans le passé sous un
autre gouvernement. Je
pense que, d'ailleurs,
c'est le député de Chicoutimi qui avait demandé ça à son collègue
qui était ministre de la Justice à l'époque, de venir toucher à... de
prendre 150 000 $ dans le fonds aux bénéficiaires...
Une voix :
...
Mme Vallée : Oui, du fonds. Oui, 150 000 $ qui n'allaient pas
aux bénéficiaires. Mais c'est une opération comptable tout à fait légitime.
Mais,
en fait, on tente d'y aller de façon transparente et tout simplement de
permettre au fonds de pouvoir utiliser des
ressources qui sont les siennes, qui sont là, et d'éviter de devoir emprunter,
et d'éviter les frais aussi qui se rattachent à ces emprunts-là... et réitérer que cette demande-là, elle nous a été
formulée par le conseil d'administration du fonds. Donc, ce n'est pas... là, c'est faux de m'imputer
cette — comment
le député de Chicoutimi le disait? — fausse bonne idée. C'est le conseil d'administration du fonds qui nous a
présenté cette piste de solution intéressante et qui nous l'a soumise et avec
laquelle on a travaillé. Puis je pense que c'est de façon transparente.
Puis
mon collègue nous disait, M. le Président, qu'on pouvait parler longtemps puis
qu'il était plein de créativité, puis
je... C'est la beauté de notre système parlementaire. Moi, je suis patiente. On
est tous les deux patients et on est tous les deux déterminés, alors je pense qu'on est condamnés à se côtoyer. Et
je n'ai pas... Je comprends, là, qu'on a d'autres articles, tout ça, mais sauf que, pour moi, c'est
un... Je pense que nous avons suffisamment de moyens et d'outils qui nous
permettent d'assurer une vigie sur la bonne santé financière du fonds, sur la
bonne administration du fonds, sur cette rigueur aussi à laquelle le fonds est
assujetti dans la façon dont il fait les choses.
Autre
petit truc que je souhaitais simplement porter à l'attention, M. le Président,
de notre collègue, c'est qu'il m'a un
petit peu remise à l'ordre en me disant : Il faut utiliser le terme
«reliquats» et ne pas utiliser le terme «revenus». Mais le terme
«reliquats» est inclus dans les revenus lorsqu'on regarde les états financiers,
ça fait que je ne suis pas tout à fait dans
le tort. Vous avez raison, parce que votre souci de la précision, il est
important, mais moi, je n'étais pas tout
à fait dans le tort lorsque je faisais référence à des revenus, parce
qu'effectivement les reliquats font partie des revenus du fonds. Petit
clin d'oeil comme ça, en passant.
Alors,
ceci étant... Puis, de réduire à trois ans — là, on passe de cinq ans, on tombe à trois
ans — je crois
que ça nous place dans une situation qui... ça place le fonds dans une
situation de vulnérabilité et qui pourrait mener, dans certaines circonstances, à recourir à d'autres sources de financement et
qui ne sont pas, peut-être, les plus envisageables... les plus
intéressantes.
Et
j'ai commencé... J'ai regardé un petit peu
aussi la façon dont le fonds ontarien... parce que ce n'est pas tout à fait... bon, le fonds ontarien était
géré. Au moment de sa création en 1992 — quand même — je
crois qu'ils se sont grandement inspirés de
ce que nous faisions et de cette loi qui est là. Mais, au début de sa création,
il y a eu une injection d'un montant
de 500 000 $ pour assurer le fonds, et par la suite à ça s'ajoutent
un pourcentage des revenus... un pourcentage des jugements, pardon, et un pourcentage de 10 %, qui est prévu à
la loi, et s'ajoutent également les frais, donc les dépens, auxquels sont assujettis les... Alors, bon, c'est
une autre forme de financement, bien que nous ayons un pourcentage et bien que nous ayons, je pense, démontré qu'il y
avait quand même des reliquats intéressants qui étaient attribués au fonds
au fil des années.
C'est
certain qu'au début on n'aurait pas... Au tout début de sa création, il n'était
pas vraiment envisageable, je crois,
de prévoir que le fonds puisse se financer à même ses reliquats. On mettait en
place un système, on avait... on espérait que ce système-là, comme je le mentionnais, puisse être utilisé et soit
un outil qui serait connu et utilisé par David contre Goliath. Mais, au
tout début, les sommes étaient... les reliquats qui étaient déposés étaient
vraiment d'un petit... La première année, je
pense qu'on parle de 72 $, là. C'était au tout début, dans les premiers
balbutiements du fonds. Mais, je pense
qu'on l'a démontré, ils ont été appelés, au fil des ans, au fil de la
complexité des dossiers aussi et de l'importance des dossiers, à
s'accroître de façon considérable.
Donc,
voilà, c'est mes petites observations. Je sais que ça mènera à d'autres
observations du collègue de Chicoutimi...
Le Président (M.
Schneeberger) : ...d'ajourner les travaux.
Mme Vallée :
Oui, je le sais. Je vous voyais aller. Ça va être... Mais c'est intéressant.
M.
Bédard : Ça me
rappelle mes contre-interrogatoires, ça, c'est pour ça.
Une
voix : ...M. le Président.
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui. M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui, merci. Écoutez, je comprends
l'argument des collègues. D'un côté, on dit : Bon, ça placerait le fonds
dans une situation de vulnérabilité. De l'autre côté, mon collègue invoque le
travail parlementaire. Dans ce cas-ci, je
dois dire que je suis assez d'accord avec mon collègue de Chicoutimi
pour avoir un contrôle parlementaire accru. Ce
qu'on a constaté, c'est que souvent, les gouvernements successifs, à
partir du moment où ils sont assis à la droite du président, bien, malheureusement, ce qui était
plaidé lorsqu'ils étaient assis à gauche, bien, ça devient autre chose. Donc,
la conception diffère. Puis on souhaite que, lorsqu'il va y avoir un
nouveau gouvernement, ça sera différent.
Ceci
étant dit, M. le Président, la ministre nous dit : On pourrait placer le fonds dans
un état de vulnérabilité. Bien, je ne
le crois pas, parce qu'on serait
obligés de se rasseoir ensemble pour réexaminer la disposition puis pour
reconnaître est-ce que, oui ou non, le fonds est en bonne situation
financière. Puis ça amène une mesure de contrôle.
Mais où j'en viens,
c'est que le fonds, à l'article 44, peut emprunter, mais, ceci étant dit,
c'est soumis à l'autorisation de la
ministre. Et nous aurons, M. le Président, et je vous l'annonce d'avance, un
amendement pour l'article 44, qui, je
crois, nous permettra de garantir que le fonds ne se retrouvera pas en
situation de vulnérabilité. Parce qu'actuellement on dit : Le ministère peut venir combler,
renflouer les coffres du fonds. Mais ça devrait être plutôt : Le ministère
doit, à partir du moment où le
ministre en titre autorise un emprunt pour garantir la pérennité du fonds...
Bien, le gouvernement devrait assumer fait et cause pour le fonds à
partir du moment où il va y avoir un emprunt.
Donc, ça pourrait
constituer un point d'entente entre les partis, ici, pour assurer la pérennité
du fonds et aussi l'engagement que le
gouvernement, je crois, par cette commission, prend d'assurer le financement,
le financement dédié du fonds, et
l'objectif pour lequel il a été créé, aussi. Mais je reviendrai avec mon
amendement suite à l'amendement du collègue de Chicoutimi.
Le
Président (M. Schneeberger) : Oui, vous avez fini? Alors, est-ce qu'il
y a d'autres interventions? Le député...
M.
Bédard :
Oui. Je déposerais un autre amendement.
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui? Le député de Chicoutimi.
Une voix :
...
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui. Mais il faut voter lui. Alors, on va passer à...
• (17 h 50) •
M.
Bédard :
Ah! c'est vrai, on a oublié de voter.
Le Président (M.
Schneeberger) : C'est ça.
M.
Bédard :
Bien, une chance qu'on a la secrétaire, hein?
Le Président (M.
Schneeberger) : Il faut passer au vote. Alors, nous allons passer maintenant
aux voix le troisième amendement déposé par le député de Chicoutimi. Est-ce que
l'amendement, tel que déposé, est adopté?
Une voix :
Pour.
Mme Vallée :
Rejeté.
Le Président (M.
Schneeberger) : Rejeté?
Une voix :
Il est rejeté.
Le
Président (M. Schneeberger) :
Rejeté? Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous revenons maintenant
sur l'article n° 27 tel que déposé initialement. Il reste quelques
minutes, est-ce qu'il y a d'autres...
M.
Bédard :
Oui, oui. Moi, je vais avoir un amendement.
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui? M. le député de Chicoutimi.
M.
Bédard : Je pense
qu'en général je vous invite à vous tourner vers votre gauche, vous allez avoir
plus de chances d'avoir le prochain.
Donc, effectivement, je vais déposer un amendement,
donc, qui... je vais vous le lire avant, on est en train de
l'écrire, mais qui reprend essentiellement... mais qui dit, finalement, que c'est pour une
période de six ans au lieu de trois.
Le Président (M.
Schneeberger) : Nous allons suspendre quelques instants pour le dépôt
de l'amendement.
(Suspension de la séance à 17 h 51)
(Reprise à 17 h 56)
Le
Président (M. Schneeberger) :
Alors, nous reprenons la séance pour quelques minutes. Alors, je donne la parole au député
de Chicoutimi pour son quatrième dépôt de... quatrième amendement sur l'article
27.
M.
Bédard :
Oui. Je n'avais pas beaucoup de temps, malheureusement, M. le Président.
Peut-être simplement dire... J'aurais pu déposer une motion
d'ajournement, mais, bon, peut-être vous dire deux choses. D'abord, un, sur le
150 000 $ que la ministre m'attribuait, honnêtement je n'ai pas de
souvenir. Puis il faut bien connaître Me Bertrand St-Arnaud, c'est un homme à qui il était difficile d'imposer quoi que ce
soit. Par contre, dans les discussions, il y a un élément... et ce
n'était pas sur le 150 000 $. Ça, c'était sur l'École du Barreau. Ça,
là j'ai agi, sur le financement de l'École
du Barreau et — elle en
parlera à sa sous-ministre — j'ai même eu l'occasion de rencontrer le
bâtonnier là-dessus, dans le cadre
des suivis budgétaires. Alors, ça, c'est la première chose. Quant au reste,
c'était quelqu'un qui déterminait... On
se voyait en début, lors des crédits, puis on se revoyait à la fin, sauf quand
il était en demande, comme sur la loi pour la modification des tarifs au
niveau de l'aide juridique.
Sur la
deuxième chose, la ministre dit : C'est le conseil d'administration qui
nous a demandé. Je veux lui dire : C'est normal. C'est normal qu'il vous le demande, vous coupez les
vivres. Alors, ils sont en mode solution, ils demandent la même chose. C'est comme si vous prenez
quelqu'un par le cou. En général, il va essayer de trouver une solution quand
il sent qu'il est pris. Alors, ce n'est pas
un argument qui va m'amener à changer... Oui, si on leur coupe les vivres, ils
vont dire : Bien là, nous, notre
mission, comment on la finance? Alors là, ils proposent ça. C'est à la ministre
à dire : Bien, oui, non, ou j'ai une petite réticence.
Quant à la
situation de vulnérabilité, par contre, du fonds, bien là, je dois dire à la
ministre que ce n'est pas la loi qui
est le problème, c'est les coupures budgétaires. Là, il faut comme... Puis là
on n'est pas dans le phénomène de la poule et l'oeuf, là. Ce qui est directement responsable, c'est qu'on dit à
l'organisation : Tu n'auras plus de revenus, là. Ça n'a rien à voir avec le fonds ou la loi. Donc, ça non
plus, ça ne peut pas me convaincre. Donc, ce n'est pas tout d'un coup le
problème de la loi, la loi existe depuis 35
ans. Et la ministre me disait — et je termine avec ça : Au dépôt, ça
n'a pas été envisagé... envisageable,
ce n'était pas envisageable. Je vais seulement lui dire que, pendant les 35
dernières années, ça n'a pas été envisagé. Alors, on a quand même un bon
historique, là, de 35 ans.
Donc là,
qu'est-ce qui reste? Il reste finalement... pas le Barreau, l'École du Barreau.
Ce qui reste, c'est l'amendement :
six ans, ce qui est quand même un délai plus que raisonnable. Je vous dirais
que, même, je trouve ça un peu long.
La raison principale, c'est que j'ai déjà proposé cinq ans. Donc,
malheureusement, on ne peut pas aller plus loin. Mais je pense que
d'avoir un délai de six ans permettrait au moins à cette commission d'avoir un
suivi correct de l'application de la loi et de déterminer si on doit maintenir
cette façon de faire.
Et moi, je
vais toujours résister à l'idée qu'une organisation doit générer ses propres
revenus. Ça, je vais toujours résister
à ça. Et je vous dirais : Je suis étonné que le Trésor permette ça. Je
suis étonné parce qu'il n'y a rien de pire que les fonds dédiés, où on
perd le contrôle. Et cet argent-là n'appartient pas au fonds, il n'appartient
pas à ceux qui l'administrent, il appartient
à des victimes qui n'ont pas réclamé. Alors, est-ce que c'est la meilleure
destination? Je ne le sais pas, mais
c'est discutable. Et de le considérer comme étant un élément qui appartient au
fonds... Le fonds n'est qu'un outil à qui on donne le droit de prélever,
principalement.
Donc, voilà
ma résistance. Elle est même renforcée. Souhaitons que nos travaux nous
permettent de trouver une solution
correcte pour nous tous, pour les membres de cette commission, pour le projet
de loi, pour les autres dispositions qu'il contient, pour la ministre.
Le Président (M. Schneeberger) :
...M. le député de Chicoutimi.
M.
Bédard : Merci.
Le
Président (M. Schneeberger) : Alors, compte tenu de l'heure, je lève
la séance, et la commission ajourne ses travaux jusqu'à demain. Je vous
souhaite une belle fin de soirée à tous.
(Fin de la séance à 18 heures)