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(Neuf heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Dauphin): Si vous me le permettez,
mesdames et messieurs, le quorum étant constaté, je tiens tout
d'abord à nous excuser pour le retard puisque nous n'avions pas notre
personne-ressource en matière d'enregistrement de nos travaux, qui vient
d'arriver. Alors, je déclare donc la séance de la commission des
institutions ouverte, qui a pour mandat, ce matin, de procéder à
la vérification des engagements financiers contenus dans les listes des
mois de janvier 1991 à décembre 1991 inclusivement, relevant de
la compétence du ministre de la Sécurité publique.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements quant aux
membres de la commission?
Le Secrétaire: Aucun.
Le Président (M. Dauphin): Aucun remplacement. Alors,
notre séance devait débuter à 9 heures pour se terminer
à 12 h 30.
J'aimerais tout d'abord souhaiter la bienvenue au ministre de la
Sécurité publique ainsi qu'aux personnes qui l'accompagnent. Je
suis persuadé qu'il va pouvoir nous les présenter avant de
débuter cet échange. Bienvenue également aux membres de la
commission. Je crois comprendre qu'il y a eu entente pour qu'il y ait une
période d'échanges d'environ 40 à 45 minutes au
début pour ensuite procéder, à l'unité, aux
engagements précis qui sont devant nous.
M. le ministre de la Sécurité publique, bienvenue.
Peut-être quelques mots préliminaires.
Même chose pour M. le député d'Ungava. En- , suite,
on procédera à la période d'échanges entre vous
deux. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
retrouver la commission pour cette reddition de comptes périodique. Je
voudrais vous présenter tout d'abord les personnes qui m'accompagnent
à la table. À ma gauche, M. Jean-Marc Boily, qui est
sous-ministre de la Sécurité publique depuis le 18 novembre;
à la gauche de M. Boily, M. Michel Noël-de-Tilly, sous-ministre
associé, en charge de l'administration et de la planification
financière; à ma droite, M. Robert Lavigne, directeur
général de la Sûreté du Québec et, en
arrière, de nombreux collaborateurs et collaboratrices dont plusieurs
pourront vous être présentés plus tard dans les discussions
selon les questions ou, peut-être même oserais-je anticiper, les
critiques qui pourraient nous être adressées.
Je n'ai pas de commentaires particuliers à vous soumettre
à ce moment-ci, étant donné que nous avons peu de temps
pour une besogne quand même considérable. Je voudrais me borner
à signaler que dans l'ensemble, les engagements dont nous allons rendre
compte cette année sont nombreux parce qu'ils embrassent une
période d'une année. Vous verrez qu'un grand nombre de ces
engagements portent sur des sujets reliés directement à la crise
amérindienne. En particulier, l'année 1991 a vu le
déploiement du programme d'aide aux victimes de la crise
amérindienne mis en oeuvre par le gouvernement à l'occasion de
cette crise. D'autres déboursés consistent en des achats de
services ou de fournitures impliquant principalement les services
correctionnels dont le responsable principal, qui est sous-ministre
associé, M. Carrier, est ici, juste en arrière de moi, et la
Sûreté du Québec.
Je pense qu'avec ces points-là, on fait le tour des principaux
sujets abordés dans les engagements financiers. Comme je n'ai pas
l'intention de vous faire de discours à ce moment-ci, je suis à
votre disposition, à celle de l'Opposition et des députés
pour toutes les questions qu'on voudra soulever.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Maintenant, je suis prêt à reconnaître M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. D'abord, ça me
fait plaisir, moi aussi, de me retrouver devant cette commission parlementaire
pour avoir l'opportunité de discuter des engagements financiers du
ministère de la Sécurité publique et, en tant que membre
de la commission, de souhaiter la bienvenue au ministre et à tout son
personnel. Je constate, avec l'ampleur du déplacement que l'on a ce
matin pour participer à la commission, que les enjeux sont importants et
je suis convaincu qu'avec toutes les, personnes-ressources présentes, on
aura réponse à toutes nos questions.
M. le Président, je voudrais peut-être faire une petite
parenthèse pour vous signaler que dans la mesure où,
déjà, le temps de la commission est très limité,
c'est-à-dire trois heures et demie pour tous les engagements de 1991,
finalement, et dû au fait qu'on vient de perdre à peu près
un quart d'heure pour des raisons qui sont tout à fait externes aux
membres de la commission - il n'y a personne de nous qui est
responsable de ça - est-ce qu'il serait possible de
récupérer le temps sur la fin, après 12 h 30, quitte
à dépasser de quelques minutes, au besoin, si on n'a pas fini un
sujet ou l'autre?
Le Président (M. Dauphin): Moi, je n'y vois aucune
objection. M. le ministre, est-ce que vous allez être disposé
à rester quelques minutes de plus après 12 h 30, si
nécessaire?
M. Ryan: N'étant pas membre de la commission, je ne me
prononce pas, sinon pour vous dire que je suis à votre service toute la
matinée.
Le Président (M. Dauphin): Les membres sont d'accord?
Alors, c'est réglé.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Donc, comme M. le
ministre l'a souligné en début d'allocution, tout à
l'heure, il y a énormément d'engagements financiers qui sont
reliés à la crise autochtone. On n'a qu'à regarder tout de
suite en partant, dans le premier mois de 1991, en janvier 1991, contrats
négociés de la page 8 à la page 15. Ce sont des
engagements qui sont liés à la crise autochtone et c'est la
même chose tout au long des engagements financiers.
Alors, effectivement, on aimerait pouvoir procéder, dans ce
cas-là comme dans d'autres cas, par un questionnement
général, et je crois qu'on s'est entendu avec le ministre
là-dessus tout à l'heure. Alors, si vous permettez, on pourrait
déjà passer au vif du sujet et, plutôt que de se perdre en
longs discours, y aller plutôt de l'utilisation du temps que l'on a en
questionnement sur un certain nombre de sujets et, après ça,
disons, débouler dans les engagements financiers d'une façon
assez rapide, bien qu'il y en ait quelques-uns sur lesquels nous aurons des
questionnements plus particuliers.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Discussion
générale Crise amérindienne
M. Claveau: Alors, si vous permettez, M. le Président, je
commencerais donc en abordant le sujet de la crise autochtone, la crise d'Oka
comme on l'a appelée d'une façon commune depuis presque deux ans
déjà. J'aimerais savoir où on en est rendu avec toute la
question des indemnités. Dans les documents d'engagements financiers
qu'on a sur la table, il y a beaucoup d'argent qui a été
versé pour des compensations. On a aussi, par contre, des gens qui nous
font des représentations à l'effet que les montants qui avaient
été entendus entre eux et le ministère ne sont toujours
pas versés. Il y a des mécontents, c'est évident. Enfin,
c'est difficile de faire plaisir à tout le monde dans un cas semblable,
on en convient, mais afin d'éclaircir au maximum la situation,
j'aimerais savoir où on en est sur l'ensemble des compensations et des
indemnités qui sont versées suite à la crise d'Oka.
M. Ryan: De manière générale, et M.
Noël-de-Tilly me corrigera si je m'égarais dans certains chiffres,
le nombre total de réclamations reçues dans le cadre du Programme
d'aide aux victimes de la crise amérindienne s'établit, en date
du 3 février, à 32 998; nombre de réclamations
acceptées: 30 365, acceptées pas toujours pour le plein montant
qui était réclamé, mais qui ont été
acceptées quand même; nombre de réclamations
refusées: 2384; nombre de réclamations traitées: 32 749,
c'est-à-dire 99,25 %; et nombre de réclamations en attente de
traitement. 249; le total des demandes de paiement effectuées depuis le
début du conflit: 30 494.
M. Claveau: Qui sont réglées
définitivement.
M. Ryan: Oui. Ça veut dire que ce programme-là est
en voie de terminaison. Du côté des entreprises, nous sommes
très avancés également. Nous avons été
appelés à traiter, en tout, à peu près 986 dossiers
dont 810 dossiers d'entreprises, 148 dossiers d'entreprises agricoles et 28
dossiers de municipalités. De ce total, la très grande
majorité a fait l'objet d'un règlement dès le stade du
premier examen. Là où il y avait contestation, nous avions
institué une procédure d'appel. Un comité de
révision avait été formé, lequel est maintenant
très avancé dans son travail, lequel a vu plus de 90 % des
dossiers dont il devait être saisi. Il lui reste à peu près
une quinzaine de dossiers à compléter, si j'ai bien compris
Alors, par conséquent, ce processus a pratiquement suivi son cours. Il
est en voie de terminaison, et je crois que dans l'ensemble,
l'expérience a été très réussie. On
rencontre toujours des cas d'individus qui ne sont pas complètement
satisfaits ou d'entreprises qui sont à demi-satisfaites ou
mécontentes en raison de la décision qui a été
prise, mais il faut bien que les décisions soient prises en fonction des
critères définis dans les décrets pertinents. Ça a
été fait avec le maximum de compréhension. Je tiens
à souligner qu'il s'est fait un travail très propre et de plus en
plus efficace à mesure que nous avancions.
M. Claveau: Ça représente combien, en argent, la
somme de toutes ces compensations-là?
M. Ryan: En tout, ça va représenter une trentaine
de millions. On vous donnera un chiffre plus précis tantôt. Le
total des demandes de paiements effectués à date, 28 740 000
$.
M. Claveau: Les paiements effectués. M. Ryan:
Oui.
M. Claveau: Là, on parle des 30 994 cas qui sont
réglés...
M. Ryan: Exactement.
M. Claveau:... plus les Cas d'entreprises. Est-ce que c'est
compris là-dedans?
M. Ryan: C'est compris là-dedans.
M. Claveau: C'est compris là-dedans. O. K. Donc, on en a
pour 28 000 000 $?
M. Ryan: Oui.
M. Claveau: Bon. Les cas qui ne sont pas réglés,
est-ce que c'est des cas qui sont litigieux? Est-ce parce qu'on n'arrive pas
à s'entendre avec les individus ou si ce n'est pas évident que
c'est vraiment lié à la crise?
M. Ryan: II y a deux sortes de cas. Du côté des
individus - peut-être que M. Noël-de-Tilly pourra dire exactement
où on en est, tantôt - il n'y a pas beaucoup de cas, à ma
connaissance, qui restent à régler. Il y en a toujours un ou deux
qui surgissent chaque semaine, qui ont traîné dans le décor
pour une raison ou l'autre, mais il n'y en a pas beaucoup. Du côté
des entreprises, en tout, sur près de 1000 entreprises ou organismes qui
avaient présenté des demandes, il y en a 200 qui ont
demandé une révision. Sur les 200, 178 ont été
traitées à ce jour.
M. Claveau: Est-ce que vous avez...
M. Ryan: II y a ce cas-là, ceux qui ont demandé une
révision. Maintenant, il y a un certain nombre de cas, que j'appellerais
résiduels, auxquels il faudra apporter une attention spéciale
à la fin du processus. Je donne des exemples. Il y avait des entreprises
importantes qui étaient situées juste en dehors du
périmètre défini par le décret. Je vais vous donner
un exemple. Vous êtes allé faire une visite - peut-être un
peu rapide mais quand même - à Châteauguay.
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Ryan: Vous avez remarqué qu'il y a un garage Ford qui
n'est pas très loin du périmètre. Il y a une
épicerie Métro. Il y a un restaurant bien connu dans toute la
vallée de la Châteauguay, c'est le restaurant Rustik. Alors, eux,
ont subi des dommages, des pertes de revenus considérables en raison de
la crise, mais étaient situés en dehors du
périmètre et, par conséquent, n'étaient admissibles
qu'à des pertes. Il y a un plafond de 25 000 $ qui a été
établi dans le décret. Alors, ça, ce sont des cas que nous
allons examiner à la fin, et je jugerai s'il y a lieu de soumettre une
recommandation particuliè- re au Conseil exécutif à propos
de ces cas. Je ne sais pas combien il y en a. Il n'y en aura pas plus de 10 ou
12, je pense bien.
M. Claveau: On me dit, dans le cas d'une entreprise en
particulier, qu'il y avait une entente de règlement pour 95 000 $, que
cette entreprise-là est actuellement en faillite, que l'ancienne
propriétaire aurait reçu, à date, 5000 $, mais quant aux
90 000 $ restants, elle n'entend pas parler de personne.
M. Ryan: Ce cas-là, je pense... Est-ce que c'est un salon
de coiffure, ça?
M. Claveau: C'est probable, oui.
M. Ryan: Oui. Je pense qu'il a fait l'objet de nombreux examens,
de nombreuses révisions, et une réponse finale a
été donnée à la personne en question il y a
déjà plusieurs mois. Je ne serais pas surpris qu'elle soit rendue
quelque part comme chez l'ombudsman, et c'est son droit, mais en ce qui nous
touche, nous autres, le dossier a été examiné sous toutes
les coutures et a donné lieu à une décision, puis à
une décision de révision qui apportait un léger
ajustement, mais c'est de l'ordre de grandeur dont a parlé le
député d'Ungava. (9 h 30)
M. Claveau: C'est-à-dire que dans ce cas-là, dans
votre...
M. Ryan: II n'y a pas de retard là-dedans. Tout a
été traité proprement. La décision est,
malheureusement, insatisfaisante pour la personne en question, mais je vous
assure que ça a été regardé de très
près, y compris par mon cabinet.
M. Claveau: Mais est-ce que le règlement était de
5000 $ ou de 95 000 $ dans ce cas-là?
M. Ryan: Je ne me souviens pas du montant de la
réclamation, mais le règlement est plutôt de l'ordre de
grandeur dont vous avez parlé.
M. Claveau: De 5000 $.
M. Ryan: Autour de ça. Le montant exact, je ne l'ai pas.
Juste une minute! Ici, la réclamation était de l'ordre que vous
avez mentionné parce que la personne incluait, dans sa
réclamation, la perte de sa résidence qu'elle avait mise en
garantie pour le financement de son commerce. Mais là, il faut bien
décider jusqu'où on va aller dans ces choses-là. Ce
n'était pas notre responsabilité d'aller chercher jusqu'à
la deuxième et troisième générations de
conséquences. Alors, la décision a été prise le
plus loyalement possible.
Modification des effectifs policiers au poste de
Candiac
M. Claveau: On ne s'éternisera pas là-dessus quand
même. Donc, on vous remercie pour les informations concernant ce
dossier-là, et je pense qu'en même temps, on vient de
régler un bon nombre d'engagements financiers et des compensations de 36
000 $, 50 000 $, 70 000 $, 49 000 $. Enfin, il y en a toute une
série.
En ce qui concerne, maintenant, l'activité policière
autour d'Oka et Kahnawake, tout le monde a su que la Sûreté du
Québec avait augmenté ses effectifs au poste de Candiac et qu'on
s'attendait ou, enfin, on doit sûrement s'attendre à quelque chose
puisqu'on augmente les effectifs et que, supposément, on améliore
la couverture policière dans le secteur. Alors, pour-riez-vous nous
expliquer brièvement les raisons qui font que l'on doive intensifier la
couverture policière à partir du poste de Candiac?
M. Ryan: Regardez, je vais vous résumer brièvement
les grandes lignes des changements qui ont été envisagés.
M. Lavigne pourra compléter et aussi corriger au besoin. Depuis la crise
amérindienne, nous avions décidé, le 15 octobre 1990,
d'instituer une patrouille plus intensive sur les routes qui traversent la
réserve, les trois routes: 132, 138, 207. Cette patrouille a
été instituée en collaboration avec la Gendarmerie royale
du Canada. Les deux corps participent ensemble à l'activité de
surveillance sur les routes.
En ce qui touche la Sûreté du Québec, il s'agissait
d'un dispositif temporaire. Le service a été assuré
à l'aide d'arrangements qui permettaient de faire venir de
différentes régions du Québec des policiers qui
étaient en affectation spéciale pendant une période
limitée, qui se relayaient périodiquement et dont le travail
était souvent rémunéré en temps
supplémentaire, parce que la direction de la Sûreté avait
décidé qu'on n'affectait pas en permanence des effectifs sans
qu'on sache de quelle nature étaient les problèmes auxquels on
ferait face. Alors, comme la situation perdure et qu'on ne voit pas de
possibilité immédiate d'un règlement définitif, il
a été décidé de modifier la stratégie de
déploiement dans la région et d'augmenter les effectifs
réguliers qui seront en service dans le secteur, d'augmenter
également les effectifs disponibles à l'unité d'urgence de
la grande région de Montréal, qui est située à
Saint-Hubert, de manière qu'en cas de situation sérieuse pouvant
surgir, on ait ce qu'il faut pour réagir rapidement et, que pendant les
temps réguliers, on ait également ce qu'il faut pour
réagir avec un dispositif qui coûtera moins cher que celui que
nous avions. Alors, ce nouveau dispositif doit être implanté au
cours des prochains mois, à la faveur du prochain exercice
budgétaire.
M. Claveau: Mais tout ça représente
énormément de frais, finalement, ce qui veut dire que, dans
l'esprit de la population, en tout cas, il y a des informations quelque part
que le ministère détient ou que certaines personnes
détiennent à l'effet que ça vaut la peine de faire cette
opération-là, sinon on n'engagerait pas tous ces frais-là.
Est-ce que la situation est vraiment aussi dangereuse, finalement, que le
laisse croire ce mouvement de troupes, si j'ose utiliser l'expression, dans le
secteur, au-delà du fait que l'on dit qu'on veut améliorer sa
couverture, la sécurité du citoyen, etc.?
M. Ryan: Je pense que c'est peut-être important de rappeler
l'ordre de grandeur dont nous parlons quand nous évoquons le
déploiement de ressources policières dans le secteur de
Kahnawake. L'ordre de grandeur en ce qui nous touche, c'était autour,
pour la dernière année, d'à peu près 7 000 000 $.
On vous a donné les chiffres la dernière fois. On pourra les
redonner un petit peu plus tard. Pour l'ensemble des activités en
secteur autochtone, c'est au-delà de 20 000 000 $, mais pour le secteur
de Kahnawake en particulier, M. Lavigne pourra le préciser tantôt,
c'est de l'ordre de grandeur dont je viens de vous parler.
Si nous maintenons un déploiement plus grand qu'ailleurs, c'est
évidemment parce qu'il y a un problème particulier. Le
problème, tous les automobilistes qui circulent sur les routes... Tous
les 6 000 000 plutôt que... Attendez un peu. C'est ça. Tous les
automobilistes qui circulent dans ce secteur-là le connaissent
très bien. C'est le danger d'inconvénients au moment le plus
imprévu, les embarras qu'on peut rencontrer sur la route à cause
des agissements, je ne dis pas de toute la communauté
amérindienne de Kahnawake, mais de certains individus qui sont
plutôt «unruly» comme on dit, qui ne respectent pas les
règles du jeu et qui s'érigent en maître des règles
du jeu, comme c'est arrivé à diverses reprises et comme ça
peut arriver encore. Alors, il y a besoin d'un dispositif plus grand.
En même temps que nous assurons ce déploiement de
ressources, nous avons poursuivi pendant les derniers mois des entretiens avec
les dirigeants du conseil de bande de façon à mettre au point une
entente qui aurait permis de diminuer l'intensité du déploiement
policier en retour de garanties que nous aurions d'un maintien de l'ordre plus
efficace de l'autre côté. Comme vous le savez, nous étions
venus à un cheveu d'une entente à la mi-décembre. Les
négociations ont achoppé à la dernière minute
autour d'un point en particulier. Nous avions insisté pendant toute la
période de négociation qui a précédé le 15
décembre pour que, lorsqu'on en arriverait à signer une entente,
le conseil de bande voie à assurer le retrait des guérites qui
bloquent l'entrée normale et libre du village de Kahnawake. Ce
n'était pas écrit dans l'entente.
mais ça faisait partie, ça, du «moral
compact», de l'entente morale, qui est tout aussi importante à mes
yeux que l'écrit qu'il peut y avoir.
De notre côté à nous, nous avions indiqué que
si les choses marchaient bien de ce côté-là, nous
étions prêts à assurer immédiatement une
réduction sensible des effectifs policiers. C'est sur cette
base-là que nous voulions construire la réalisation de l'entente
écrite qui aurait été signée entre les deux
parties. Mais, à la dernière minute, le conseil de bande m'a
laissé savoir qu'il n'était pas capable de livrer les cinq
guérites. On a commencé à parler de la possibilité
de deux ou trois guérites et, franchement, je ne voulais pas qu'on
commence à discuter une ou deux guérites. Là, ça
devenait une question de principe fondamental. Ce que nous voulions restaurer,
ce n'était pas une ou deux guérites, c'était le principe
absolument fondamental de la libre circulation des personnes et des
véhicules dans ce secteur-là comme partout ailleurs au
Québec. Mais les conversations continuent depuis ce temps. Il y a des
entretiens. Encore la semaine dernière, on a eu le Sommet sur la
justice, à Québec. Il y avait des représentants du conseil
de bande avec qui j'ai causé. Les liens sont maintenus, mais en
attendant, nous conservons un déploiement policier dont je
préfère ne pas indiquer le volume, ici. Ça ne donne rien
parce que ce sont des opérations quotidiennes sur lesquelles nous
n'avons pas à rendre de comptes tous les jours, évidemment. Mais
nous ajustons les effectifs au besoin de la situation, comme ils sont
estimés par la direction de la Sûreté du Québec.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Claveau: Mais il reste quand même, M. le
Président, qu'il y a une situation un peu paradoxale qu'on ne peut pas
faire autrement que de déplorer dans la mesure où on a des
budgets supplémentaires, donc, pour améliorer la couverture de
police à Oka-Kahnawake. Éventuellement, ça peut se
justifier, mais cet argent-là, on le prend quelque part. En
contrepartie, par exemple, on enlève la patrouille de nuit à
Trois-Pistoles, on ferme les postes de la Sûreté du Québec,
enfin, les deux «shifts» de nuit sur la Côte-Nord. On est
rendu qu'on doit couper partout. Quand, par exemple, on a une MRC comme la MRC
des Basques dans le Bas-du-Fleuve, qui est couverte essentiellement par la
Sûreté du Québec, qui se retrouve sans couverture de nuit
parce qu'on n'a pas d'argent à lui donner et qu'on lui dit, en sourdine:
Bien, écoutez, on aurait peut-être de l'argent, mais là, il
faut mettre 50 000 $ de plus par jour à Oka, pour la couverture
là-bas. Donc, vous allez devoir vous en passer. Il semble y avoir un
problème.
On est en train de siphonner l'argent ailleurs, au Québec, de
diminuer les services dans les régions du Québec pour trouver des
fonds pour Oka et Kahnawake. Moi, je veux bien qu'il y ait un problème
particulier, là-bas, mais si vraiment il y a un problème
particulier et que le ministre n'est pas capable, malgré toute sa
puissance, de faire enlever les guérites qui, en contrepartie, sont
branchées par Hydro-Québec tout en ne sachant pas si c'est
légal ou non... D'ailleurs, il faudrait savoir si ça continue
d'être branché, si Hydro facture ces guérites-là, si
ça va faire partie des quelque 300 000 000 $ d'augmentation de tarif
qu'elle va aller chercher chez les consommateurs pour l'année qui
vient.
Quand on regarde tout ça, finalement, on n'a pas à se
demander pourquoi la population du Québec commence à en avoir
assez. Vous vous promenez sur la Côte-Nord. Il n'y a même plus de
patrouille de nuit. Entre 2 heures et 7 heures du matin, il n'y a plus de
patrouille de nuit nulle part sur la Côte-Nord. À toutes les fois
qu'il y^ a un appel qui est passé, qu'il vienne de Sept-îles ou de
Blanc-Sablon, la seule place où ça répond, c'est à
Baie-Comeau. On est rendu avec à peine 140 effectifs pour couvrir 1000
milles de côte sur toute la Côte-Nord, enfin, tout le
réseau, là-bas, jusqu'à Schefferville et on n'a pas
d'argent pour augmenter ça. Qu'est-ce qu'on fait, là? On trouve
50 000 $ par jour pour intensifier la couverture policière à Oka
et Kahnawake, et le ministre nous dit: C'est bien de valeur, mais moi, les
guérites, je ne suis pas capable de les faire enlever. C'est sûr
que c'est bien difficile à faire enlever quand Hydro-Québec s'en
va les chauffer à l'électricité. J'aimerais savoir quelle
est la logique qu'il y a en-dessous de tout ça et savoir aussi
jusqu'à quand Hydro-Québec va être autorisée
à connecter ces guérites-là, finalement, et à leur
fournir le chauffage électrique.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, la question relative à
Hydro-Québec, vous l'adresserez à la ministre de l'Energie et des
Ressources. C'est là que cette question-là doit être
adressée, pas ici. Moi, je n'ai pas de réponse à cette
question-là. En ce qui touche les coûts, je voudrais simplement
vous inviter à ajuster votre lentille. Quand vous parlez de 50 000 $ par
jour - je faisais un calcul rapide en vous écoutant - ça,
ça fait 19 000 000 $ par année. Ce n'est pas ça, le
coût. Le coût, c'est 6 000 000 $ à Kahnawake pour la
dernière année et, à Oka, c'est un coût
estimé de 2 000 000 $. Alors, si vous comptez rapidement, là,
ça va faire plus quelque chose autour de 16 000 $ à 18 000 $ par
jour que 50 000 $ par jour.
C'est évident que le gouvernement porte un jugement
d'opportunité. Il se dit: il y a un problème plus aigu,
là. Je pense que nous l'avons tous vu. Il suffit d'avoir vécu les
événements des deux dernières années pour en
être conscient. Nous veillons à diminuer graduellement le
déploiement de manière à ramener la situation,
de ce côté, à un niveau normal dans les meilleurs
délais. Ce ne sera pas complètement normal pour l'avenir
prévisible, peut-être même pour quelques années, mais
ramener ça le plus proche possible d'un niveau normal. Vous me demandez
pourquoi on ne peut pas agir plus vite. Je l'ai expliqué à
maintes reprises, a d'innombrables reprises, et la position n'a pas
changé. (9 h 45)
Je voyais que votre chef a des solutions rapides à ces
problèmes-là. Je lisais le compte rendu d'une interview qu'il a
donnée, hier. Je pense que je vais aller le consulter pour mieux savoir
ce que je ne devrais pas faire. Lui, c'est bien simple, c'est tous des petits
problèmes. Ça, on s'occupera de ça quand on aura le temps.
Il y a de plus gros problèmes à s'occuper, la promotion de
l'indépendance et tout ça. Le reste, qu'ils prennent leur trou,
ils viendront nous voir plus tard. Je me rappelais les conseils qu'il nous
avait donnés pendant la crise amérindienne que vous n'avez jamais
eu le courage de réprouver. Il disait: Moi, je serais rentré
dedans. Sur le pont, je serais rentré dedans. Nous autres, ça n'a
jamais été notre politique. Notre politique a été
de contenir...
M. Claveau:...
M. Ryan: Pardon? C'est ça qu'il avait dit. Notre
politique, c'est une politique de «containment». C'est une
politique qui a des grands antécédents, même
internationaux, dont on n'a pas à rougir. On a dit: II y a un foyer de
difficultés très sérieux là, on ne peut pas
l'étouffer de front, le supprimer par l'épée. On va le
contenir et on va essayer par la négociation, par une politique de
respect dans la fermeté d'amener cette situation vers la normalisation,
et c'est ça que nous travaillons fondamentalement. Je vois qu'à
côté de vous il y a le député de Bertrand qui a une
longue expérience internationale et je pense qu'il va comprendre ce
langage-là très bien. Je crois que nous nous orientons vers des
solutions convenables. Je pense que tout le monde conviendra que la tension a
diminué considérablement au cours des derniers mois. Je ne crie
pas à la victoire, mais la tension a diminué
considérablement. C'est davantage sous contrôle que ça ne
l'était. Je vais vous conter un petit Incident qui est arrivé
récemment avec la permission de M. Lavigne, que je lui demanderai
après vous l'avoir dit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Récemment, il est arrivé un incident
très préoccupant dans le village. Il y a une chicane qui
s'était érigée entre des membres de la communauté,
des traditlonnalfstes et d'autres, et on menaçait d'en venir aux coups.
Il y avait une situation qui équivalait beaucoup à une prise
d'otage. Là, les Peacekeepers étaient embarrassés.
C'était une situation grave à laquelle ils n'étaient pas,
apparemment, habitués. Ils ont téléphoné à
la Sûreté du Québec pour avoir de l'aide, et le premier
mouvement des responsables aurait peut-être été de se
rendre sur les lieux. C'était une occasion formidable. Moi-même,
j'aurais été tenté de dire: Bien là. ça me
donne l'occasion de passer les guérites, je vais les passer volontiers.
Mais eux autres, qui ont plus d'expérience que nous de ces choses, ils
se sont consultés. D'abord, le poste de Delson a
téléphoné au quartier général pour parler
avec les responsables des services compétents en matière de
situation d'urgence et là, ils leur ont dit: Avant d'aller là,
faites-les donc venir au poste de Delson pour leur expliquer comment on doit
procéder dans une situation comme celle-là. Et là, ils ont
discuté ensemble, ils leur ont donné des conseils. Les
Peacekeepers sont retournés et ils ont fait leur travail eux autres
mêmes. Ils ont résolu la situation sans aucune effusion de sang.
Après ça, il fallait cueillir certains responsables de cette
situation-là. La collaboration de la Sûreté du
Québec était de nouveau acquise et il y en a qui ont
été acheminés vers leur destination logique, qui
était la rue Parthenais. Alors ça, c'est une situation que je
peux calculer, que je peux présenter comme...
M. Claveau: Pourquoi qu'il faudrait s'extasier devant ces
questions?
M. Ryan: Non. C'est parce que c'est bon d'illustrer ça par
des faits concrets. Ce n'est pas aussi méchant qu'on peut le penser, et
les rapports entre la Sûreté et les Peacekeepers ne sont pas du
tout des rapports d'opposition et de lutte continuelle. Il y a plus de
collaboration, tout compte fait, que d'autres choses. Et notre but, nous
autres, c'est de normaliser cette situation, de faire en sorte que les
Peacekeepers, qui ne sont pas reconnus actuellement par le gouvernement du
Québec, qui ne répondent pas à toutes les exigences de la
loi en matière d'as-sermentation, par exemple, soient amenés
à une situation normale. Moi, je reste confiant que nous allons obtenir
des résultats. Je ne peux pas fixer d'échéance de temps,
mais c'est pour ça que nous avons vu à prévoir un
déploiement régulier permanent et on le prendra quand ça
va venir, mais on ne l'Imposera pas par la force. La force, on va laisser
ça à votre chef.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Claveau: M. le Président, je ne vois pas pourquoi il
faudrait s'extasier devant une démarche qui fait partie du normal. On
est rendus tellement en arrière dans toute l'affaire que lorsqu'on
arrive à une situation qui est à peu près normale, on
trouve que c'est phénoménal, c'est extraordinaire.
Écoutez, ce genre de collaboration dont le ministre vient de
faire état, on le voit, par exemple, continuellement dans les 21
réserves au Québec qui relèvent de la police
amérindienne qui est administrée à partir de Pointe-Bleue,
qui est sur 21 réserves. Quand vous allez voir les gens de
Sept-îles, ils vous disent: II n'y a pas de problème. La police
amérindienne de Maliote-nam s'arrange avec la police de Sept-îles
et avec la Sûreté du Québec. Il y a d'excellentes
collaborations. C'est la même chose partout, partout où il y a la
police amérindienne. La police amérindienne crie, à toutes
fins pratiques, est un pendant de la Sûreté du Québec
administrée à travers la Convention de la Baie James. Il n'y a
pas trop de problèmes en soi, même si ce n'est pas toujours
l'harmonie totale. Ça fait partie du fonctionnement normal et le
ministre s'extasie devant cette situation-là comme si c'était une
réussite, même une première mondiale. Voyons donc! Ce qui
nous interesse, nous, c'est pourquoi on en est rendu là? Comment
ça se fait qu'on en est rendu à considérer la normale
comme étant un phénomène unique au monde? C'est ça,
là. On est loin dans le processus. Comment se fait-il qu'on en soit
rendu là? Qu'est-ce qui fait en sorte que le ministre ne puisse pas
bouger plus que ça? Moi, si je me permettais, par exemple, à
partir de la rive sud, à partir de Longueuil ou du comté de
Bertrand, pour me replacer par rapport à mon collègue qui est
avec nous, actuellement, dont le ministre a souligné, tout à
l'heure, la connaissance internationale, si je me promenais du comté de
Bertrand, sur la rive sud de Montréal, et que je me mettais à
tirer de la .3006 ou du 9 mm en direction de l'île de Montréal, je
ne sais pas si je le ferais bien longtemps avant que quelqu'un ne vienne
m'intercepter? Je ne sais pas, si je m'amusais à taper avec des haches
et des manches de pelle sur des chars de la Sûreté du
Québec, moi, dans mon coin de pays, en haut, dans le bout de
Chibougamau, si on me tolérerait bien longtemps? C'est ça que
j'essaie de comprendre par rapport à l'ensemble de la population du
Québec.
Comment se fait-il que ça ne bouge pas là-dedans?
Où en sont les négociations à ce niveau-là,
au-delà des guérites? Le ministre a accusé le
fédéral ou, du moins, il n'a pas été très
doux envers le fédéral au moment de son échec de
négociations l'automne dernier. Où en est le rôle du
fédéral, là-dedans? Comment se fait-il qu'on coupe les
services de nuit, par exemple, à d'honorables citoyens du
Bas-Saint-Laurent, qu'on leur enlève la seule patrouille de nuit qu'ils
ont dans le secteur sous prétexte qu'on n'a pas d'argent, à la
Sûreté du Québec, pour la maintenir et qu'en même
temps on annonce qu'on va intensifier la patrouille, qu'on a de l'argent
disponible, autant qu'on en veut pour intensifier la patrouille du
côté d'Oka et de Kahnawake? C'est quoi le problème
là-dedans? Comment se fait-il qu'on soit rendu là? C'est
là, le question- nement. C'est mon questionnement et c'est le
questionnement d'une grande partie de la population du Québec qui
voudrait bien comprendre pourquoi. Quand on est rendu, disons, à sept ou
huit crimes de nuit importants dans le secteur de Trois-Pistoles depuis qu'on a
enlevé la couverture de nuit de la Sûreté du Québec
au 1er janvier 1992, comment se fait-il que ça ne compte pas, ça?
Comment se fait-il qu'on ne se préoccupe pas de ça? C'est parce
que les gens, là-bas, n'ont pas tapé avec des manches de pelle
sur les chars de police? S'il faut qu'ils le fassent pour avoir un service de
nuit, on va leur suggérer de le faire. Où en sont les
négociations, véritablement?
Je ne parle pas des émanations spirituelles du ministre qui a
rêvé que la situation idéale était arrivée
parce qu'il y a eu une collaboration dans le cadre d'un film presque western la
semaine dernière. Je parle de ce qui préoccupe l'ensemble de la
population du Québec. Pourquoi ça coûte ça? Comment
se fait-il qu'Hydro connecte des guérites qui sont supposées
être démolies par une entente avec le ministre? Comment se fait-il
qu'on ajoute des services dans ce secteur-là alors qu'on en
enlève ailleurs, au Québec, sous prétexte qu'on n'a pas
d'argent et qu'on coupe dans tous les domaines, dans tous les
ministères?
Quel est le rôle du fédéral dans tout ça? On
nous parle de collaboration avec la GRC. Oui, mais sur le terrain, même
si le ministre prétend qu'on passe rapidement, à l'occasion, il
reste qu'on est aussi capable d'y aller. Sur le terrain, ce n'est pas
nécessairement l'harmonie entre la Sûreté du Québec
et la GRC dans le cadre d'interventions. On sait aussi un peu ce qui se passe.
Où en est-on et quand allons-nous finir de payer pour ça, pour
avoir probablement l'argent nécessaire pour couvrir nos bons citoyens
qui demandent un service de nuit quelque part sur la Côte-Nord ou dans le
Bas-Saint-Laurent?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je ne peux pas discuter sur deux
fronts en même temps. Les cas qui sont soulevés par le
député d'Ungava concernant d'autres parties du territoire, je
suis prêt à en discuter. M. Lavigne est avec nous. On pourra en
discuter tantôt mais là, on discute des Amérindiens. Je
pense qu'on est mieux de rester sur ce sujet-là, et le genre de
comparaison facile que fait le député est assez proche de la
démagogie, à mon point de vue. Ça fait que je vais m'en
tenir à la question amérindienne, pour l'instant.
Il a soulevé beaucoup de points dans son intervention. Il a
parlé du Conseil de la police amérindienne qui dessert à
peu près 25 communautés amérindiennes à travers le
Québec. C'est un organisme qui est financé entièrement par
le gouvernement fédéral, à ce jour, qui
posait certains problèmes, pour nous, en ce qui touche les normes
de formation, etc. Mais récemment, il y avait des difficultés qui
se posaient avec le Conseil de la police amérindienne, parce que nous
n'étions pas disposés à renouveler l'assermentation des
agents qui travaillent sous l'autorité du Conseil de la police
amérindienne. Le député le sait peut-être. Il me
demande: Où est-ce qu'on en est? Je vais le lui dire avec plaisir. Il
sait peut-être qu'il y a eu une rencontre à mon bureau, à
Québec, il y a une couple de mois avec le Conseil de la police
amérindienne et nous avons, dans l'espace de quelques semaines,
réglé ce problème-là. Si vous demandez aux
porte-parole du Conseil de la police amérindienne, ils vont vous dire
qu'ils sont très heureux du règlement qui a été
apporté là-dedans. Maintenant, nous allons discuter d'autres
problèmes avec eux. Un adjoint de mon cabinet, M. Jeff Kelley, est en
train de faire la visite des communautés qui sont desservies par le
Conseil de la police amérindienne pour qu'on voit où ça en
est. De ce point de vue là, on a déjà une situation qui
est beaucoup meilleure.
On pariait des Cris tantôt. Il y a des problèmes chez les
Cris - il y a des problèmes. C'est vrai, ce qu'a dit le
député d'Ungava, que depuis une quinzaine d'années, les
services de police dispensés dans les communautés cries l'ont
été sous le parrainage de la Sûreté du
Québec, même si, dans chaque communauté, le ou les
policiers en service sont embauchés par le conseil de bande. J'ai fait
une visite fa semaine dernière à Nemaska. J'ai rencontré
les chefs des communautés cries de toute la région. Nous avons
discuté des problèmes concrets qui se posent là: le nombre
de policiers, la formation de ces policiers, le rapport avec le conseil de
bande, les conditions de rémunération, les avantages sociaux
auxquels ils ont accès, etc. Encore là, nous avons fait des pas
considérables. Puis on est loin de certaines rumeurs ou légendes
qu'on peut entendre, mais il faut aller voir les gens chez eux et travailler
avec eux pour en venir... Prochainement, j'irai également faire une
visite chez les Inuit pour qu'on renforce les dispositifs policiers dans le
meilleur sens du terme de ce côté-là.
Le député s'interrogeait au sujet d'Ottawa. Il est vrai
qu'en décembre dernier, j'ai critiqué le gouvernement
fédéral et je l'ai fait de nouveau en janvier parce que la
politique du gouvernement fédéral, jusqu'à ce jour,
consistait à fournir aux conseils de bande des communautés
autochtones ce que j'appellerais un financement consolidé, un
financement en bloc. On dit, par exemple: Vos besoins en éducation, en
aide sociale, en services sociaux, etc., sont de tant. On vous donne un
chèque, et vous arrangez votre affaire, vous rendez certains comptes,
ça finit là. La police était comprise là-dedans.
Moi, je me suis aperçu que, du côté de Kahnawake, les
Peacekeepers sont financés entièrement par le gouvernement
fédéral, même s'ils ne répondent pas aux normes de
Québec. Ça n'a pas de bon sens. Il fallait qu'il y ait une
harmonisation de ce côté-là. Heureusement que c'est
commencé. J'apprenais ces temps derniers qu'à compter du 1er
avril, la responsabilité des services policiers dans les
communautés amérindiennes sera transférée du
ministère des Affaires indiennes au Solliciteur général,
lequel est mon homologue en matière de relations
fédérales-provinciales. Moi, quand je transige avec Ottawa pour
les choses de police, je transige avec le Solliciteur général du
Canada, M. Lewis. Alors là, on va être sur le même pied pour
traiter de ces questions. On va avoir plus de chance de trouver des
dénominateurs communs.
C'est évident qu'aussi longtemps que nous avions la situation que
j'ai invoquée, quand le conseil de bande n'est pas content de ses
rapports avec le ministre québécois, il se retourne de l'autre
côté et il dit: On va essayer de négocier avec l'autre
côté. Aussi longtemps que l'autre côté tend la main
et dit: Très bien, on va faire la division, à ce
moment-là, c'est très difficile d'avancer. Là, on est en
train d'harmoniser les flûtes, mais ça ne se fait pas du jour au
lendemain. Alors, c'est ça qui est la situation, et à son point
le plus récent. Je suis loin d'être en admiration béate
devant cette situation-là. Je ne voudrais pas qu'on pense ça deux
minutes. Mais je pense que nous avons contribué à des
développements qui permettent de constater d'ores et déjà
certaines stabilisations. Je pense que nous allons le faire encore davantage au
cours des mois à venir et, de là, découlera cette
normalisation des rapports qui est l'objectif de la politique gouvernementale
en matière de police. Moi, je veux qu'on ait, sur la réserve de
Kahnawake, sur les autres réserves, une qualité de protection
policière qui réponde aux meilleures normes du gouvernement et
qui sort en même temps assurée sous la responsabilité de la
communauté concernée, comme c'est le cas dans la partie blanche
de la province de Québec. (10 heures)
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Bertrand.
Participation des municipalités au financement
du déploiement additionnel de policiers
M. Beaulne: Oui. Une question M. le ministre. Lorsque vous avez
parlé, tout à l'heure, de coûts approximatifs du service de
maintien ou d'application de cette politique de «containment» dans
le cas des réserves indiennes, de quelle façon ces coûts se
reflètent au niveau des allocations qui ont été faites aux
municipalités qui n'ont pas de corps policier, qui utilisaient les
services de la Sûreté du Québec et qui se sont vu
transférer une facture, suite aux nouvelles politiques que vous avez
adoptées comme ministre
des Affaires municipales. Est-ce que les coûts afférents
à ces opérations ont été calculés ou ont
été impliqués dans l'allocation qui est faite aux
municipalités pour ceux qui n'ont pas de service?
M. Ryan: Non. Les coûts... D'abord, dans ce secteur dont
nous parlons, toutes les municipalités ont un service de police
organisé municipal. Par conséquent, il n'y avait pas
d'affectation de coûts qui était faite en leur direction. Je peux
prendre le cas d'Oka, qui est peut-être un exemple plus pertinent en
relation avec la question que vous avez soulevée. À Oka, il y a
deux municipalités immédiatement concernées: le village et
la paroisse. Là, il y a un déploiement additionnel qui est fait
de ce côté-là. Nous avons ouvert récemment une aire
de service sur le territoire même de la paroisse d'Oka. Alors, ça,
les coûts sont assumés par la Sûreté du
Québec. Ces deux municipalités sont facturées pour le
service de police parce qu'elles n'ont pas de corps de police. Elles sont
facturées suivant les normes générales du gouvernement qui
ont été utilisées pour la confection de la loi 145. Elles
vont recevoir leur facture au mois de mars comme les autres.
M. Beaulne: Et dans l'allocation, que ce soit pour ces
villes-là ou les autres villes à travers la province - moi, j'en
ai une dans mon propre comté, Saint-Amable - est-ce que ces coûts
font partie d'une espèce de coût général
d'opérations de la Sûreté du Québec ou si vous avez
une comptabilisation particulière pour ces coûts-là?
M. Ryan: Non. Les coûts avaient été
établis en prévision de la loi 145 à partir d'une
étude qui avait été faite à la Sûreté
du Québec sur tous les actes faits dans chaque région par les
policiers qui oeuvrent dans ces régions-là et des coûts
avaient été estimés. On s'est dit, à un moment
donné: Le coût du service qui est fourni aux municipalités
est de tant. On a pris un pourcentage de ça, et c'est ça qui est
inscrit dans la loi 145. C'est un pourcentage seulement des coûts qui
avaient été estimés il y a déjà une couple
d'années, je pense.
M. Beaulne: Disons que si je vous comprends bien, ce que vous
êtes en train de nous dire, c'est qu'admettant que pour une raison encore
imprévue aujourd'hui les coûts de ces opérations
spéciales de la Sûreté du Québec augmentent, les
municipalités qui ne se constitueraient pas de corps de police et qui
continueraient d'utiliser ceux de la Sûreté du Québec ne
verraient pas leur charge augmenter du fait que les coûts
d'opérations spéciales augmentent. C'est ça?
M. Ryan: Non. Regardez, la contribution des municipalités
est définie dans la loi 145. Une municipalité qui a moins de 3000
habitants, c'est 0,10 $ des 100 $ d'évaluation. L'autre facteur n'a rien
à faire avec ça. Ça prendrait une décision de
l'Assemblée nationale pour changer le barème. Ça a
été inscrit comme ça, je vais vous dire pourquoi, dans la
loi 145, c'est parce qu'on se disait: II y aura une augmention naturelle qui
interviendra avec l'augmentation de l'évaluation de la richesse
foncière uniformisée. C'est pour ça qu'on l'a inscrit dans
la loi, pour que les municipalités puissent disposer d'une certaine
garantie au point de vue stabilité.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Sauf que, tout en
comprenant très bien ce que le ministre vient d'expliquer quant au
financement des municipalités, on se retrouve devant de drôles
d'aberrations aussi. C'est qu'un village avec un policier, même s'il y a
un poste de la Sûreté du Québec dans son propre village, ne
paie pas pour les services policiers alors que l'autre à
côté, qui n'a pas de policiers, lui, va payer même s'il
passe juste une patrouille par semaine. On embarquera là-dedans à
un autre moment donné si vous voulez bien, là, on va s'en sortir.
Sauf que dans la question de la crise d'Oka, là où
l'entourloupette est extraordinaire quand même de la part du ministre -
il faut quasiment lui reconnaître des habiletés d'homme de cirque
- c'est qu'en transportant ou en augmentant ses effectifs permanents dans le
secteur là-bas, dans le fond, ça devient des opérations
courantes et tout ce qui était du temps supplémentaire, du
déplacement d'effectifs d'autres postes pour couvrir une situation
spéciale dans le secteur d'Oka-Kahnawake, et qui, donc, devait se
comptabiliser comme faisant partie de la crise autochtone, à partir de
maintenant ça devient des opérations courantes dans le cadre d'un
poste de la Sûreté à quelque part dans le décor
là-bas, qu'il soit à Candiac ou ailleurs. Et, à ce
moment-là, ces opérations courantes sont comptabilisées
comme toutes les autres opérations courantes au Québec, et on n'a
plus de postes qui sont directement liés à des dépenses de
surplus d'effectifs à cause de la crise d'Oka-Kahnawake. Et d'ici un an,
ou deux, ou trois, ça sera passé dans les us et coutumes au
Québec, et on comprendra que c'est normal qu'on ait plus de policiers
dans ce secteur-là qu'ailleurs dans le cadre des opérations
courantes de la Sûreté du Québec. Dans le cadre de ces
opérations courantes, par contre, il faudra, en contrepartie, que les
municipalités paient pour les services policiers des opérations
courantes de la Sûreté du Québec. On vient de clore le
débat en ce qui concerne les augmentations d'effectifs et, enfin, les
frais supplémentaires qui sont reliés à ce coin-là.
C'est là que la population se fait prendre parce que dans le fond, en
bout de
piste, c'est toute la population du Québec, qui paie à
0,10 $ les 100 $ d'évaluation ou autrement pour des services de la
Sûreté du Québec, qui va avoir à payer pour ce
service supplémentaire dans le secteur de Oka-Kahnawake dans ie cadre
d'opérations normales de la Sûreté du Québec,
puisqu'on aura gonflé les postes de la Sûreté en
conséquence pour en faire des opérations normales. Là, il
y a une pirouette de cirque pour laquelle il faut presque applaudir le
ministre, finalement, d'être capable de retomber sur ses pieds avec des
entourioupettes semblables. Tout le monde se fait prendre dans cette
démarche-là. Durant ce temps-là, bien, comme je le disais
tout à l'heure, on ferme des postes de nuit ailleurs, au Québec,
parce qu'on n'a pas d'argent.
M. Ryan: Si vous voulez, on va replacer les choses dans leur
perspective, M. le Président. Tout d'abord, même si ces
opérations tendent à être incluses dans les
opérations régulières, le coûts encourus pour le
service de protection policière à Kahnawake, à Oka et
également à Akwesasne vont continuer d'être
comptabilisés distinctement de manière que nous puissions en
rendre compte en tout temps. Ça, c'est un point que je voudrais
établir clairement.
Deuxièmement, je voudrais rappeler ceci à propos de ce qui
est demandé aux municipalités qui n'ont pas de corps de police,
en vertu de la loi 145. Quand nous avons fait les calculs, nous nous
étions appuyés, comme je l'ai dit, sur des études de
coûts et d'opération qui avaient été faites à
la Sûreté du Québec, et la base, j'avais mentionné
1990, tantôt, mais c'était plutôt l'année 1988-1989.
Sur la base de cette étude qui reposait sur à peu près
chaque geste fait par des policiers dans toutes les régions, dans tous
les postes régionaux du Québec, on avait établi que le
coût estimatif des services de base rendus par la Sûreté aux
municipalités dépourvues de corps de police devait être de
l'ordre de 250 000 000 $ en 1990-1991, le coût ajusté. La
contribution qui est demandée aux municipalités, à
l'ensemble des municipalités, en vertu de la loi 145, si mes souvenirs
sont bons, c'est autour de 79 000 000 $. C'est pour ça qu'on avait dit
que c'était à peu près 30 % du coût réel.
C'est pour ça qu'on ne peut pas venir insinuer, ici, qu'avec cette
contribution-là, on financerait les dépenses additionnelles qui
sont encourues du côte des communautés autochtones. Ce serait
complètement déformer le langage des chiffres. O.K.?
M. Claveau: Oui. M. Ryan: Merci.
Formation des policiers
M. Claveau: De toute façon, on pourrait en discuter encore
longtemps. D'ailleurs, il y a aussi d'autres sujets sur lesquels il faudrait
revenir là- dedans. Tantôt, on a effleuré rapidement la
formation de la police autochtone qui, dans le cas de la police de
Pointe-Bleue, le cours de techniques policières se fait avec le
cégep d'Alma. Alors, à partir du moment où le cours est
bon pour l'un, il devrait être bon pour l'autre, d'autant plus que le
directeur de la police amérindienne de Pointe-Bleue est un ancien de
l'Institut de police de Nicolet qui, normalement, s'il était bon
à l'Institut de police, est probablement bon aussi à la police
amérindienne. En tout cas, il faudrait quand même s'entendre
là-dessus, et j'aimerais qu'on ait l'occasion, peut-être un peu
plus tard, de discuter du rôle, de l'importance que l'on doit donner au
cours de technique policière et aux politiques d'embauché de
conventionnels qui, malgré l'entente de janvier dernier, ne permettent
pas d'éliminer le goulot qu'on a, actuellement, parce qu'on est à
engager ou on est à prendre en technique policière à
Nicolet, à l'Institut de police, des gens qui sortent du cours de mars
1990. On est deux ans en retard, à toutes fins pratiques, dans les
promotions et, malgré l'entente qui vient d'être faite, si elle
est respectée, on ne s'en sort pas. Il n'y a pas encore assez de
demandes. Dans la promotion de mars 1992 qui commencera très
prochainement à l'Institut de police, il y a 50 % de conventionnels.
Sous prétexte que l'entente n'était pas signée à ce
moment-là, la nouvelle entente, alors, on en a profité pour
rentrer tout ce qu'on pouvait de conventionnels avant de signer une nouvelle
entente, ce qui...
En tout cas, à mon avis, je pense qu'il y a quelque chose
là qui devrait être vu dans la mesure où ça
coûte quand même à peu près 13 800 $ pour former un
cégépien en techniques policières et, après
ça, on le met sur le carreau pendant un certain nombre d'années
en attendant qu'il y ait peut-être quelqu'un qui lui donne une chance. En
contrepartie, les corps de police et, en particulier, la Sûreté du
Québec recrutent parmi des conventionnels, c'est-à-dire des gens
à qui on fait finir souvent un secondaire V très rapide ou, s'ils
ont leur secondaire V, on les envoit à l'Institut pour aller faire une
technique, enfin quatre mois à peu près de formation de
cégep accélérée et Institut de police, et on sort
de là avec la qualification nécessaire pour travailler. Mais on a
des gens, des jeunes qui sont formés en techniques policières
à travers un réseau public d'éducation, reconnu par le
ministère et par tout le monde, et ceux-là on ne les engage
pas.
Est-ce que vous pourriez, M. le ministre, s'il vous plaît, prendre
30 secondes pour m'expliquer pourquoi on laisse faire ce genre de choses?
Au-delà du fait que, normalement, des conventionnels, c'était
pour engager des gens avec des spécialités précises, avec
des expériences importantes, des gens qui viennent de communautés
culturelles différentes, etc., mais
ça ne justifie pas le fait qu'actuellement à l'Institut de
police on a 50 % de conventionnels et qu'on engage des conventionnels qui ont
18, 19 et 20 ans comme il y en a à l'Institut de police où il y
en avait l'automne dernier pour le moins qui arrivaient, qui étaient
engagés comme conventionnels à 18, 19 ans. Ça ne leur
donne pas une grosse expérience acquise pour le passé, et
j'imagine qu'un jeune qui sort de techniques policières au cégep
à 20, 21 ans, même s'il n'a pas d'expérience, est
sûrement aussi intéressant pour la police que de prendre un
conventionnel de 19 ans.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Là, je crois comprendre qu'on a terminé
sur les Amérindiens.
M. Claveau: Oui. On va sortir de la question
amérindienne.
M. Ryan: Très bien. On passe à l'Institut de
police. Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, M. le
ministre...
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Dauphin): ...juste avant que vous
répondiez, pour la bonne marche de nos travaux, c'est que nous nous
étions entendus pour environ 45 minutes d'échange
général. Les 45 minutes sont épuisées. Alors, je
veux juste bien comprendre. Est-ce qu'on continue dans du
général? À moins que vous m'assuriez qu'on...
M. Claveau: On peut faire encore un peu de...
Le Président (M. Dauphin): ...vérifie...
M. Claveau: ...général si vous permettez, sans
s'éterniser. C'est qu'on a quelques sujets comme ça. Disons
qu'à moins que les réponses ne soient vraiment pas
satisfaisantes, je n'aurai pas d'autres questions sur ça, sur les
techniques policières, et on a d'autres sujets qu'on aimerait passer
rapidement, effectivement.
Le Président (M. Dauphin): Mais on s'entend qu'on va
vérifier les engagements au complet.
M. Claveau: Les engagements vont être
vérifiés...
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
M. Claveau: ...en fin d'exercice quoi qu'il arrive, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Alors, nous
revenons avec les étudiants. M. le ministre.
M. Ryan: Oui. Je voudrais simplement énoncer une
orientation générale et ensuite j'aimerais que M. Bouchard, le
directeur de l'Institut de police de Québec, qui est ici ce matin,
fournisse des précisions sur les admissions à l'Institut de
police. On a la chance de l'avoir. Ensuite, j'aimerais que M. Lavigne nous dise
quelle est la politique de la SQ en matière d'embauché.
J'ajouterai un mot pour les corps municipaux ensuite. Je pense que ça va
répondre aux deux volets de la question qui a été
soulevée. Est-ce que ça va, ça?
M. Claveau: Oui.
M. Ryan: D'abord, je voudrais dire une chose. La politique de
base du gouvernement en matière de développement des corps
policiers, c'est qu'on doit viser à embaucher, pour des fonctions
policières normales, des personnes qui ont reçu une formation
satisfaisante, et la formation qui est jugée
préférentielle, c'est celle qui est donnée dans les cours
de techniques policières des cégeps, complétée par
le stage à l'Institut de police de Nicolet. Ça, c'est
l'orientation de base. Maintenant, dans la pratique, il arrive, pour toutes
sortes de raisons et eu égard à toutes sortes de circonstances,
que des personnes aient acquis au cours des années une connaissance ou
une expérience en matière policière qui est loin
d'être négligeable et qui n'ont pas eu le privilège d'aller
siéger pendant une période donnée dans un cégep. Et
il arrive que les corps policiers, jugeant que des personnes ont une formation
équivalente, demandent qu'elles soient admises à l'Institut de
police de Nicolet pour la formation plus immédiate, les préparant
très prochainement à l'exercice du métier, et
procèdent ensuite à leur embauche.
Moi, je crois que c'est sain. J'ai connu des gens qui avaient fait des
cours d'avocat et qui trouvaient qu'ils n'étaient pas à leur
place dans cette profession-là, qui voulaient devenir policiers et qui
se sont inscrits dans un corps policier municipal ou qui ont fait acte de
candidature à la Sûreté du Québec. Est-ce qu'on va
demander qu'ils aillent suivre le cours de techniques policières du
cégep pendant deux ans et demi, trois ans? Bien, je pense qu'il faut
avoir les pieds à terre un petit peu dans la vie. Le corporatisme, c'est
bien beau, mais je pense qu'on s'aperçoit que ça coûte
très cher et, à part ça, que ça prive des gens de
droits auxquels ils devraient avoir accès eux autres aussi. Ça
fait qu'il y a une certaine marge qui est laissée pour ce que vous
appelez des conventionnels, un terme un petit peu péjoratif que,
personnellement, je n'affectionne pas outre mesure. (10 h 15)
M. Claveau: C'est le terme reconnu.
M. Ryan: C'est le terme reconnu, mais on n'est pas obligés
de l'employer à cause de ça. On a encore le choix de nos mots. On
n'est pas rendus là. On reste dans un régime
démocratique.
M. Claveau: Appelons des vaches des vaches.
M. Ryan: C'est ça. Alors, moi, je trouve que c'est
très bien que la porte soit laissée ouverte et je connais de
nombreux cas de personnes qui sont d'excellents policiers, mais qui n'ont pas
reçu leur diplôme de technique policière du cégep
Ahuntsic ou d'ailleurs. Ce n'est pas la fin du monde, ça, mais la voie
préférentielle, c'est l'autre.
Maintenant, ceci étant dit, j'aimerais peut-être demander,
avec votre permission, évidemment, à M. Bouchard, pour commencer,
de dire où on en est au point de vue des politiques d'admission à
l'Institut de police et comment va fonctionner le nouvel arrangement que nous
avons mis au point avec le Conseil du trésor, il y a quelques mois, pour
assurer que le surplus de diplômes qui sortent des cégeps aient
accès à ce stage pratique sans lequel ils n'auraient pas
accès a la fonction de policier. Ça, nous avons
énormément Insisté pour que soient recréées,
avec le ministère de l'Enseignement supérieur, les conditions qui
vont permettre de régler ce problème-là. M. Bouchard
pourra nous dire où on en est et, ensuite, je pense que ça va
être intéressant qu'on demande à M. Lavigne où ils
en sont au point de vue des politiques d'embauché à la SQ, en
tenant compte des deux catégories dont nous avons parlé.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Alors, M.
Bouchard, juste pour les fins du Journal des débats,
pourriez-vous indiquer votre qualité également?
M. Bouchard (Gilles): Gilles Bouchard, directeur
général de l'Institut de police du Québec à
Nicolet. Le programme gouvernemental d'admission à l'Institut de police
comprend, bien entendu, les diplômés en techniques
policières. Ils complètent leur dernière session à
l'Institut. C'est un stage de pratique, en simulation. On a signé un
protocole, en 1988, pour trois ans - il a débuté en 1989 et s'est
terminé au début de 1991 - où on a reçu 77 % de
cégépiens et 22 % de conventionnels. On s'apprête à
signer, très prochainement, avec le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, le ministère de la
Sécurité publique et l'Institut, un deuxième protocole qui
va permettre de résorber le nombre d'étudiants
cégépiens qui sont en attente, actuellement. Ils sont au nombre
d'environ 400. Alors, on croit que d'ici deux ans, tous les
cégépiens qui ont terminé leurs études dans les
collèges pourront être admis à l'Institut de police.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. Lavigne.
M. Lavigne (Robert): Oui. On a parlé d'un terme que M.
Ryan n'aime pas, les conventionnels à la Sûreté, mais je
cherchais un autre terme en attendant. Étant donné que je suis un
simple policier, je ne l'ai pas trouvé. Notre politique, à la
Sûreté, c'est d'embaucher 75 % de cégépiens, et on
se garde une marge de 25 % pour les conventionnels. Il y a certaines raisons
à ça. Une des raisons principales, c'est le nombre de candidats
disponibles. Quand la CUM et les grands corps policiers embauchent, on a de la
difficulté à combler le nombre d'effectifs total avec les
candidats disponibles. Ça, c'est en plus des remarques que M. Ryan a
faites tantôt. Deuxièmement, il y a très peu de jeunes
qu'on embauche comme conventionnels. Généralement, c'est des gens
qui ont une expérience sur le marché du travail et, comme la
Sûreté est en mutation, actuellement, vous savez qu'on n'a pas
embauché de 1980 à 1987. Alors, on a un écart d'âge.
Si on peut pallier un petit peu à l'intérieur de nos postes en
embauchant des personnes qui ont déjà un peu d'expérience,
on atténue l'écart d'âge. Au lieu d'avoir juste des gars de
20 ans et des gars pas mal plus vieux, on peut atténuer un peu
l'écart d'âge.
La troisième raison pour laquelle on embauche des conventionnels,
c'est qu'on a tenté de favoriser - et vous allez en voir des
résultats cette année parce que, actuellement, je crois qu'il y
en a 270 qui sont dans le processus d'embauché - les communautés
ethniques, les minorités dans l'ensemble. On n'était pas
tellement attrayants parce qu'on rayonne sur l'ensemble du territoire, mais on
a mis de l'avant toutes sortes de politiques pour tenter d'amener à la
Sûreté des gens des différentes communautés. Il y en
a 270, si ma mémoire est bonne, qui sont dans le processus actuellement.
Alors, on ne voulait pas, en limitant aux cégeps, parce que les
communautés, des fois, ont d'autres formations que le cégep, mais
n'ont pas nécessairement le cégep en techniques
policières, et c'est les différentes raisons pour lesquelles on a
gardé 25 % de conventionnels. On a changé la politique
d'embauché, il me semble que c'est vers la fin de l'année ou au
début de cette année, au début de 1992, parce qu'on
constatait qu'il y avait maintenant sur le marché assez de
cégépiens pour être capable... On pense être capable
de combler notre besoin d'effectifs.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M le
député d'Ungava.
Coûts du Biodôme
M. Claveau: On va changer de sujet si vous me permettez, bien
qu'on pourrait revenir là-dessus. Entre autres, comment ça se
fait qu'on
est à 50-50 au moment où on se parie? Mais oublions
ça pour tout de suite. On n'a pas beaucoup de temps et on a beaucoup de
sujets à traiter. J'aimerais vous poser au moins une question sur ce qui
se passe actuellement au «Biodrôme». Au Biodôme,
pardon. Anciennement le Vélodrome. Il y a des allégations
à l'effet qu'il y aurait eu... Enfin, il y a des dépassements de
coûts qui sont importants, ça, on le sait, ce n'est pas des
allégations. Mais, enfin, qu'il y aurait eu peut-être certaines
malversions au moment de l'octroi des contrats qui ont amené ces
dépassements-là. Est-ce que la Sûreté du
Québec enquête actuellement là-dessus? Et qu'est-ce que le
ministre de la Sécurité publique a l'intention de faire pour
s'assurer que son ministère va faire toute la lumière sur cet
épineux dossier?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Je vous dirai, moi, que comme ministre de la
Sécurité publique, je n'ai été saisi d'aucune
plainte concernant des choses qui seraient survenues au Biodôme et je ne
suis au courant d'aucune enquête policière qui serait en cours
actuellement. Je verrai à m'Informer au cours de la journée pour
voir si des choses auraient pu entrer dans les dossiers ces derniers jours,
mais en ce qui me touche, moi, je n'ai été saisi d'aucune plainte
de ce côté. Oui. M. Lavigne m'offre de le faire vérifier de
son côté. Je pense que ça serait
apprécié.
M. Claveau: Oui.
M. Ryan: J'ai une collaboration continuelle de la
Sûreté du Québec, vous le remarquez. Je suis content de le
souligner au passage.
M. Claveau: C'est bien ça. Une collaboration
télévisuelle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je tiens à le souligner, M. le Président,
parce qu'on n'a pas la chance de le dire souvent. J'apprécie au plus
haut point le travail qu'accomplit la Sûreté du Québec
à travers tout le territoire du Québec, et je crois que les
rapports de la Sûreté avec l'autorité politique se
déroulent dans un climat de collaboration empressée, loyale, qui
permet une reddition de comptes plus transparente évidemment et, en
général, beaucoup plus prochaine. Les choses ne traînent
pas. On peut avoir les... En matière policière, c'est très
important qu'on soit renseigné vite, qu'on sache exactement ce qui en
est et, de ce côté, les choses se font. C'est toujours des
questions de minutes. Je l'apprécie au plus haut point. Une chose que
j'ai remarqué encore à l'occasion de visites récentes dans
différentes parties du territoire, c'est que le travail de la
Sûreté du Québec est apprécié au plus haut
point par la population, par les autorités municipales en
général, par la population également.
Je voudrais ajouter un dernier point, si vous me permettez, parce que le
député a fait allusion à des réductions de services
qui seraient intervenues dans différents points du territoire. Je ne
sais pas s'il veut l'aborder plus tard, je peux attendre, mais c'est parce que
j'aurais voulu demander à M. Lavigne de nous indiquer qu'est-ce qui est
arrivé comme ajustement d'effectifs dans chacune des régions du
Québec.
M. Claveau: J'ai laissé, tout à l'heure, toute
l'opportunité possible au ministre et à M. Lavigne
éventuellement de reprendre ça, de me relever la balle
là-dessus parce que, effectivement, je l'ai dit à quelques
reprises, mais ce n'est pas arrivé à ce moment-là.
Maintenant, on va peut-être y revenir plus tard. J'admets que le ministre
est un expert dans les tactiques de diversion et je constate que c'est...
Finalement, il faut bien avoir des spécialités quelque part.
Toujours est-il que ce n'était pas le but de ma question et ce
n'était pas là l'essence de la réponse que j'aurais voulu
avoir concernant le Biodôme. Est-ce que le ministre attend d'avoir des
plaintes avant de faire quelque chose ou bien si, de son propre chef, il a
l'intention de demander une enquête à la section des crimes
économiques ou ailleurs concernant les activités, tout ce qui est
lié au Biodôme, au dépassement de coûts que l'on
enregistre actuellement et à l'octroi des contrats?
M. Ryan: Je vais vous dire une chose. Je pense que le ministre de
la Sécurité publique a des pouvoirs en matière
d'enquête. Il peut instituer une enquête sur toutes sortes de
sujets qui sont reliés à la sécurité publique.
Évidemment, la Sûreté du Québec peut le faire
également, de sa propre initiative ou à la demande du ministre,
mais c'est un pouvoir dont nous usons avec beaucoup de modération parce
que, moi, je ne conçois pas du tout le rôle du ministre de la
Sécurité publique en celui d'un personnage qui, parce qu'il
aurait lu Le Devoir ou La Presse, ce matin, partirait tout de
suite en guerre. Je sais comment on fait les articles de journaux. J'en ai fait
longtemps moi-même. Des fois, ça demande des vérifications
plus poussées avant qu'on passe au stade de l'enquête
policière, parce qu'on n'institue pas une enquête policière
impunément. Il en résulte une certaine marque pour des personnes
qui, souvent, ne l'ont aucunement mérité. Ça fait qu'il
faut y aller avec prudence et discernement. Concernant ce dossier, je n'en suis
pas au point où j'envisagerais la possibilité qu'a
évoquée le député d'Ungava. Je garde l'oeil et
l'esprit ouverts, évidemment, et dans la mesure où je pourrais
être saisi d'éléments qui justifieraient l'institution
d'une enquête, mon de-
voir me commanderait de la faire, mais je n'en suis pas là pour
l'instant et je n'ai pas reçu de représentations non plus de la
Sûreté du Québec à cet effet.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
Gestion des vidéopokers au
Québec
M. Claveau: J'écoute le ministre, M. le Président.
Je l'écoutais, tout à l'heure, dans le cas d'Oka et maintenant
dans ce cas-là. J'imagine qu'avant longtemps, on va avoir un projet de
loi pour modifier le nom du ministère pour que ça devienne le
ministère de la prudence et de la sécurité publique, parce
qu'il semble être très prudent dans toutes ses approches.
Remarquez que ce n'est pas... Enfin, ce n'est pas négatif d'être
prudent, mais, à l'occasion, il faut savoir aussi avancer quand c'est le
temps, surtout quand on s'occupe de sécurité publique.
Je vais changer de sujet, si vous me le permettez, pour parler
maintenant d'un sujet où, sûrement, la collaboration entre le
ministère de la Sécurité publique et la
Sûreté du Québec devra être à son plus fort,
c'est-à-dire les vidéopokers. Il y a toutes sortes d'opinions,
actuellement, dans le décor concernant les vidéopokers. Il y a
une proposition qui vient du ministre du Revenu à l'effet que les
vidéopokers pourraient être légalisés. Si je ne
m'abuse, il me semble que la position est la suivante, à savoir que les
vidéopokers devraient être légalisés entre les mains
de l'entreprise privée, mais que le gouvernement percevrait quelque
chose comme 30 % ou le tiers des revenus, un truc semblable, ce qui semblerait
être la position du ministre du Revenu, position qui n'a toujours pas
été entérinée, d'ailleurs, par son gouvernement.
J'aimerais connaître la position du ministre de la Sécurité
publique ainsi que de la direction de la Sûreté du Québec
concernant la gestion et la légalisation des vidéopokers en
territoire québécois.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. (10 h 30)
M. Ryan: M. le Président, comme l'a souligné le
député d'Ungava, la responsabilité, en matière de
vidéopoker, relève du ministre du Revenu à son titre de
ministre responsable de la Régie des loteries et courses.
Loto-Québec relève du ministre des Finances. Le ministre de la
Sécurité publique, lui, est concerné sous les aspects de
ces questions qui concernent la sécurité publique. Alors, un
premier élément. Il a été question, depuis une
couple d'années, de la création d'un casino ou de plusieurs
casinos. C'est une question qui a été évoquée par
le ministre du Tourisme, lequel est également intéressé au
premier point dans ces questions. Cette question est encore à
l'étude au gouvernement et le cabinet a formé un comité
inter- ministériel qui est chargé de l'étude des casinos.
C'est un comité qui a été formé sous
l'autorité du Conseil exécutif et dont la présidence est
assumée par un haut fonctionnaire. C'est un groupe de travail interne
qui doit faire rapport au cabinet. Ainsi que le disait un de mes
collègues ce matin, dans une entrevue dont on m'a donné un
résumé tantôt, ces questions ne sont pas encore venues
explicitement à l'ordre du jour du Conseil exécutif. Moi, de mon
côté, j'étudie les aspects sécurité publique
de ces questions, autant casino que vidéopoker. J'ai tenu un certain
nombre de rencontres avec les autorités policières à ce
sujet, et avec les ministères concernés, de manière que
les ministères concernés, s'ils veulent prendre des initiatives,
soient bien saisis des implications de leur projet sous l'angle de la
sécurité publique et de manière, aussi, que, dans
l'éventualité où le gouvernement approuverait tel ou tel
projet soumis par un ministre, les organismes chargés de la
sécurité publique soient en mesure de réagir et d'assurer
que la sécurité publique sera maintenue.
Voilà où nous en sommes pour l'instant. Les travaux se
poursuivent. En ce qui touche les vidéopokers, une situation difficile
existe actuellement par suite d'un jugement rendu par la Cour suprême il
y a deux ou trois mois. La Cour suprême a maintenu un jugement qui avait
été porté par la Cour municipale de Montréal
déclarant illégal un appareil dans lequel il y avait des
dispositifs contraires aux exigences définies dans le Code criminel.
Maintenant, les gens vont se demander qu'est-ce qui arrive depuis ce
temps-là? Si les appareils sont illégaux, est-ce qu'ils seront
saisis? Qu'est-ce qu'on va faire? Tout d'abord, la Régie a
décidé de ne plus émettre de permis pour ces
appareils-là. Là, je vous donne ce renseignement, mais la
décision relevait évidemment de la Régie, du ministre du
Revenu, de ne plus émettre de permis. Il y avait des permis qui
étaient émis - je pense que c'est des permis qui étaient
émis pour une période d'un an, en général - alors
là, il fallait décider: est-ce qu'on va aller saisir tout
ça ou si on va attendre l'expiration des permis et les
récupérer l'un après l'autre? La Régie,
jusqu'à maintenant, a suivi la deuxième voie.
Il y a un problème qui se pose également. Si les forces
policières devaient procéder à la saisie de tous les
appareils, dans l'état actuel des choses, de la réglementation et
des directives, il faudrait qu'elles soient en mesure de faire une preuve sur
chaque appareil et ça, c'est très compliqué. À ce
moment-là, on risquerait de défaire, si on procédait trop
vite, l'objectif même qui serait poursuivi. Là, mon
collègue, le ministre du Revenu, étudie de son côté
les ajustements nécessaires. Les forces policières sont
également en état de veille, mais il n'est pas question de
procéder à une opération globale qui embrasserait tout
dans l'espace d'une semaine. Mais d'autres précisions seront
apportées en temps et lieu.
En ce qui concerne l'avenir, vous avez lu des choses dans les journaux
ces derniers temps. Moi, je ne suis pas saisi de ces choses-là pour
l'instant et, par conséquent, je me dis que c'est de l'honnête
spéculation journalistique.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: La réponse du ministre en embrasse large. La
question était beaucoup plus simple que ça. C'était de
savoir son opinion, à lui, et l'opinion de la Sûreté du
Québec s'il y a eu discussion à savoir ce que la
Sûreté du Québec pense de ça. Est-ce que la police
de la CUM s'est prononcée aussi là-dessus parce que,
éventuellement, c'est là où il y en aura le plus, sur le
territoire de la CUM, d'une part. D'autre part, s'il y a eu comité
interministériel pour discuter de la chose, est-ce que le ministre de la
Sécurité publique a été invité sur ce
comité interministériel? Et s'il y était, j'imagine qu'il
ne s'est pas contenté d'écouter, il a dû avoir son opinion.
Est-ce qu'il serait possible de connaître cette opinion?
M. Ryan: Comme je l'ai dit tantôt, j'ai requis et obtenu,
à plusieurs reprises, l'avis des principales autorités
policières du Québec sur le sujet; la Sûreté du
Québec, au premier chef, évidemment, mais également les
chefs des forces policières les plus importantes, que j'ai réunis
spécialement pour discuter de ces choses. La dernière fois,
ça remonte au 21 janvier; ce n'est pas tellement loin.
À propos de vidéopoker, les forces policières sont
très prudentes et conseillent la prudence au gouvernement. Je m'excuse
de revenir sur ce terme très important en matière de
sécurité publique.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Donc, est-ce qu'on doit lire entre les lignes que la
proposition du ministre...
M. Ryan: En matière de casino, elles ont également
fait valoir les éléments dont on devra tenir compte parce que ce
n'est pas une entreprise dénuée de tout risque ou de toute
implication au point de vue de la sécurité publique non plus, et
les autorités gouvernementales ont été informées de
ces indications qui m'ont été fournies par les corps
policiers.
M. Claveau: Quand le ministre parle de prudence, est-ce que l'on
doit entendre que la proposition du ministre du Revenu ne fait pas
unanimité, autant au niveau du cabinet que de la part des
différents corps policiers?
M. Ryan: Oui, là, je ne peux pas vous donner d'opinion
là-dessus parce que, lorsqu'une chose est en traitement à
l'intérieur du gouvernement, il serait très mal indiqué
qu'un ministre aille se prononcer en public quand la discussion se poursuit
à l'intérieur. Je ne voudrais pas violer une règle
élémentaire de solidarité ministérielle sur ce
point. Par conséquent, je n'implique même pas dans ma
réponse que le cabinet serait saisi d'un projet de la part du ministre
du Revenu.
M. Claveau: Le cabinet ne serait pas saisi d'un projet qui est
déjà connu dans l'opinion publique. Ce serait quand même
assez curieux.
M. Ryan: Je n'implique même pas cela. Je ne le nie point,
mais je ne voudrais pas que vous pensiez que j'aurais reconnu aujourd'hui que
nous sommes saisis d'un projet du ministre du Revenu.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a eu des rapports écrits?
M. Ryan: II y a une différence entre un projet et des
idées. Je pense que le député va convenir de ça.
Des idées, c'est difficile à saisir.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a des demandes de rapports, enfin des
opinions écrites qui ont été faites par les corps
policiers concernés?
M. Ryan: Oui, il y a déjà un bon bout de temps que
la Sûreté du Québec a mis au point un avis à la fois
sur les vidéopokers et un autre sur le projet de casino
également. La Sûreté a fait son travail de ce
côté-là il y a déjà plusieurs mois, mais
ça ne veut pas dire que c'est un travail qui est définitif
à tout point de vue. Elle a participé également aux
rencontres dont j'ai parlé et il y a des points de vue qui s'affinent,
évidemment, à la faveur de la discussion. Mais j'ai reçu
des avis élaborés de la part de la Sûreté sur chacun
des deux sujets.
M. Claveau: J'imagine qu'il serait illusoire de vous demander de
rendre publics ces avis-là.
M. Ryan: Vous comprenez très bien. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Ryan: Je m'aperçois que le virus de la prudence fait
son chemin.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: La ligne directrice semblait ténue.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y aurait d'autres commentaires? Oui, M. le député
d'Ungava.
Lignes directrices dans les communications avec la
direction de la Sûreté du Québec
M. Claveau: Oui, un autre sujet aussi, qui intéresse
particulièrement un certain nombre de gens, c'est le procès
d'Antonio Flamand. On peut voir, dans un article de La Presse du 1er
février 1992, que les lignes directrices, enfin, que les orientations
sont plutôt floues, sont ténues, entre les différentes
parties de ce dossier-là. Est-ce que le ministre pourrait nous dire ce
qui fait que les positions sont aussi floues que ça?
M. Ryan: Si c'est un article de presse, vous ne serez pas surpris
qu'il dise ça à propos du gouvernement.
M. Claveau: Pardon?
M. Ryan: Si c'est un article de presse qui vous inspire, vous ne
serez pas surpris qu'il ait de telles observations à propos du
gouvernement. C'est le rôle de la presse d'être critique, avec les
risques que ça comporte.
M. Claveau: Oui, mais écoutez, on prend des choses qui ont
été rapportées très précisément.
«L'avocat, M. Guy Bertrand - je vais le lire - a encore
déposé des communications écrites les 5 et 6
février 1990, où André Trudeau...»
M. Ryan: C'est quel avocat? C'est Guy Bertrand?
M. Claveau: Oui, c'est Guy Bertrand. Ce n'est quand même
pas le dernier venu comme avocat au Québec.
M. Ryan: Ce n'est pas toujours le premier non plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: On peut avoir différentes façons
d'interpréter son action, mais... Probablement parce que le fait de
gagner ses causes fait de l'ombrage au ministre. Donc, «...où M.
André Trudeau, sous-ministre en titre au MENVIQ, réclame une
enquête policière de son vis-à-vis, Jacques Beaudoin, de la
Sécurité publique. M. Beaudoin relevait du ministre Sam Elkas qui
n'était pas informé de ces initiatives.»
Bien, c'est quoi le rôle de tout ce beau monde là-dedans,
là? Je vais continuer à lire l'autre paragraphe, qui est
important, et peut-être que le ministre va mieux comprendre ma question.
«Puis des communications au sujet de M. Flamand, entre John McKenna,
sous-ministre aux Transports, et Robert Lavigne, directeur de la
Sûreté. Le supérieur direct de Lavigne, Jacques Beaudoin,
prisait peu ces contacts, nuisibles selon lui, à la transparence et
à l'établissement d'une chaîne de commandement unique.
"J'étais pas informé sur ce que McKenna passait comme ça
à M. Lavigne!" ».
On espère que vous allez comprendre ce que c'est, ça.
Ça, c'est des choses qui se sont dites au procès. J'essaie de
comprendre ce qu'est la ligne directrice là-dedans. Comment ça se
fait que... Qu'est-ce qui se passe dans ce procès-là? C'est
simple, la question. Comment ça se fait qu'il n'y a personne qui voit
clair là-dedans, qu'il y a des commandes qui se passent de l'un à
l'autre? Le sous-ministre aux Transports passe des commandes, sembJe-t-il,
à la direction de la Sûreté du Québec sans que le
sous-ministre de la Sécurité publique soit au courant. C'est
quoi, l'idée?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: II y a deux choses. D'abord, ce sont des choses,
ça, qui se sont déroulées avant que, moi, je ne sois en
charge du ministère. Deuxièmement, ce sont des choses qui sont
directement l'objet d'un procès qui est en cours actuellement. Je ne
pense pas que vous allez me demander de commencer à commenter ces
choses-là. Si vous me demandez des questions générales,
quels doivent être les rapports d'un chef de cabinet avec son ministre ou
avec les collaborateurs du ministère, ça, je peux vous
répondre en tout temps, mais je ne voudrais pas que ça soit par
lien direct avec la cause que vous venez d'évoquer parce que cette cause
est présentement devant les tribunaux. C'est une cause extrêmement
complexe, sur laquelle je ne voudrais jeter aucune confusion.
M. Claveau: O.K. Disons qu'on va y aller autrement. Est-ce qu'il
est normal, est-ce qu'il est monnaie courante que le sous-ministre des
Transports, le sous-ministre des Approvisionnements et Services, le
sous-ministre de l'Éducation, le sous-ministre des Affaires culturelles,
etc., puissent passer des commandes directement au directeur de la
Sûreté du Québec sans passer par le sous-ministre de la
Sécurité publique ni, évidemment, par les instances
décisionnelles du ministère de la Sécurité
publique? Est-ce que c'est là un cheminement, un fonctionnement normal
en ce qui concerne les commandes à passer à la
Sûreté du Québec?
M. Ryan: Regardez, il y a toujours une chose dans
l'administration. Il y a des rapports personnels qui s'établissent. Il
peut arriver que le sous-ministre de la Justice soit allé souper, hier
soir, à l'occasion du Sommet sur la justice, à côté
du sous-ministre de l'Éducation et, à un moment donné, ils
se reparlent le lendemain et ils en viennent à parler d'une chose qui ne
relève pas directement de la procédure formelle dont vous avez
parlé. Moi, ça, ça ne me fatigue pas du tout. Ça ne
m'empêche pas de dormir, du tout. Mais, en général, lorsque
quelqu'un d'un
autre ministère veut communiquer avec quelqu'un du
ministère de la Sécurité publique, il va passer, s'il est
fonctionnaire, par le sous-ministre. Ou, des fois, il y a des divisions qui
sont appelées à communiquer entre elles, des directions, de
ministère à ministère; ça, les liens sont
établis et ça se fait tout seul.
En ce qui touche les directeurs de cabinets et les agents politiques,
les attachés politiques, en général, leurs contacts se
font de cabinet à cabinet.. Disons que, moi, mon cabinet politique va
communiquer avec le cabinet politique de mes collègues pour des choses
qui regardent les autres ministères, mais en ce qui touche les
ministères dont j'ai la responsabilité, mon directeur de cabinet
et mon directeur adjoint de cabinet ont une très grande latitude pour
communiquer, dans les ministères dont j'ai la responsabilité,
avec les personnes avec qui ils doivent communiquer. Des fois, j'ai vu des
sous-ministres qui disaient: Vous me demanderez la permission; vous ne parlerez
à personne d'autre sans passer par moi. Je trouve ça un petit peu
«couvent», je trouve ça un peu fort. Je le dis pour M. Boily
qui est un petit peu nouveau dans sa fonction.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: En général, j'avertis mes collaborateurs
de ne rien faire dont le sous-ministre ne soit au courant de manière
qu'il n'y ait pas de malentendus, et tout. Je pense que, de ce
côté-là, il n'y a pas de problème, en
général. C'est évident que si un attaché politique
se mêle d'aller donner des directives à un directeur de service ou
à un chef de secteur, que le sous-ministre en prenne ombrage, il aura
raison. Il aura raison parce qu'ils doivent faire ça en collaboration.
Si M. le sous-ministre veut préciser, je n'ai pas d'objection. C'est
pour ça que... Ce n'est pas si compliqué que ça en a
l'air.
Une voix: Heureusement.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, M. le
député d'Ungava, je sais qu'au début il y a eu une entente
pour s'entretenir de la crise amérindienne, de vidéopocker...
M. Claveau: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Là, on s'en va pas mal
loin. Je ne le sais pas. J'ai été assez souple, comme
président, jusqu'à maintenant, mais là, ça
ressemble plutôt à une période de questions de trois
heures...
M. Claveau: O.K.
(10 h 45)
Le Président (M. Dauphin): ...comme on voit à
l'Assemblée nationale. Je ne le sais pas. M. le ministre, soyez bien
à l'aise de répondre aux questions, mais il y a quand même
la règle de la pertinence des engagements financiers. À moins
que...
M. Claveau: Bien, les engagements financiers, ça
conditionne un peu tout le fonctionnement du ministère, ou le
fonctionnement du ministère conditionne les engagements financiers.
Le Président (M. Dauphin): Ce n'est pas l'étude des
crédits. Je ne veux pas être trop rigide, là, mais je vous
signale qu'on est quand même très, très souple.
M. Claveau: Oui, j'en conviens, M. le Président. Vous avez
été d'une souplesse...
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...et d'une prudence exceptionnelles.
Des voix: Ha, ha, ha!
Variations du prix des voitures de la
Sûreté du Québec
M. Claveau: Bien, si vous me le permettez, on peut
peut-être passer à une couple de questions concernant des
politiques globales, qui nous permettraient d'évacuer rapidement un
certain nombre d'engagements financiers. Par exemple, la question des
véhicules automobiles, l'achat de véhicules automobiles au niveau
du ministère, de la Sûreté du Québec, et je ne sais
trop. Il y en a, il y en a, il y en a. C'est incroyable. Souvent, c'est toutes
des petites commandes; deux voitures, trois voitures, cinq voitures. Il y a des
variations de prix assez imposantes aussi, assez impressionnantes.
Au début, je pensais que c'était pour faciliter l'achat
régional, comme on le voit, par exemple, dans certains
ministères. Énergie et Ressources, et tout ça, ils vont
passer deux ou trois commandes de véhicules et il va y avoir des
soumissions régionales qui vont être faites. Mais, là, ce
n'est pas ça parce qu'on passe tout le temps par Chrysler Canada
Itée, Pointe-Claire; Chrysler Canada Itée, Pointe-Claire; General
Motors Canada Itée, Oshawa, Ontario; Chrysler Canada Itée,
Pointe-Claire; Chrysler Canada Itée, Pointe-Claire; Chrysler Canada
Itée, Pointe-Claire; Chrysler Canada Itée, Pointe-Claire... On
passe tout le temps par la compagnie mère et non pas par le
concessionnaire régional ou local. il n'y a aucune commande qui vient
d'un concessionnaire local et les variations de prix sont énormes;
souvent, même, pour les mêmes spécifications sur les
véhicules et, la plupart du temps, à partir de petites commandes
de deux ou trois véhicules. À tous les mois, ça revient:
deux, trois, quatre, un, deux... Excepté que, tout à
coup, hop! on arrive dans un engagement - pour ne pas le citer, en mai
1991 - où, là, on a une première commande de 26
véhicules qui sont faits à Hyundai. Tiens! C'est nouveau,
ça. Encore là, ce n'est pas pour faciliter ou pour donner une
chance à un concessionnaire en particulier ou dans une région
donnée, c'est Hyundai Auto Canada inc., Boucherville, Québec.
C'est dans le comté de Bertrand. C'est à partir de la maison
mère ou du centre administratif de Hyundai Canada.
Là, on a une première commande de 26 véhicules pour
340 000 $, c'est-à-dire très exactement 13 095,92 $ du
véhicule. Tout de suite après, dans les jours qui suivent,
exactement les mêmes véhicules, avec les mêmes
spécifications techniques, DGA-S-2310-00247, exactement la même
spécification, pour 80 véhicules, cette fois-là, à
Hyundai, la même compagnie, la même adresse. Mais, là, pour
80 véhicules, on paie 13 852,64 $ du véhicule contre 13 095,92 $
qu'on avait payés quelques jours avant pour 26 véhicules
commandés à la même compagnie et avec les mêmes
spécifications. C'est un peu spécial, vous en conviendrez. C'est
exactement le même DGA, la même spécification d'achat:
DGA-S-2310-00247. Sans aucune différence de spécification dans
les deux cas, les mêmes véhicules commandés à
quelques jours d'intervalle, dans un cas, 26 véhicules et, dans l'autre
cas, 80. Ça fait 106 véhicules commandés à Hyundai.
Moi, des Hyundai, je n'en ai pas vu beaucoup patrouiller jusqu'à date
sur les routes du Québec. Ça fait déjà au moins
presque un an qu'ils sont en service. Dans le premier cas, on en achète
26. On les paie 13 095,92 $ du véhicule et, dans le deuxième cas,
on en achète 80, supposeraient une économie d'échelle.
Bien non! C'est le contraire, 13 852,64 $ du véhicule. Expliquez-moi
ça, M. le ministre, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Volontiers. Je vais demander à M. Carrier,
tantôt, en ce qui regarde les services correctionnels, parce qu'ils ont
beaucoup de véhicules pour le transport des prisonniers, etc. Il aura
peut-être des choses à nous dire. M. Lavigne, évidemment,
est concerné au plus haut point. À la Sûreté du
Québec, en tout, vous avez au moins 1700 véhicules, M. Lavigne?
Alors, ils vont vous donner les explications tantôt, mais avant qu'ils ne
le fassent, je voudrais fournir certaines précisions quant au champ
d'intervention de la commission, ici.
Dans la plupart des cas, vous constaterez que ces achats sont faits par
le ministère des Approvisionnements et Services. On a eu de nombreux cas
en commission parlementaire, ces dernières années. Dans ces
cas-là, si vous voulez avoir des précisions sur le choix de tel
ou tel fournisseur, ça, ça relève du ministère des
Approvisionnements et Services et ça doit être soulevé lors
des crédits du ministère des Approvisionnements et Services,
quant à la manière dont a procédé ce
ministère.
En ce qui touche les besoins auxquels on a voulu répondre par ces
achats, évidemment, les responsables de services qui m'accompagnent sont
parfaitement capables de répondre, mais je ne voudrais pas que vous
pensiez que je m'attribue, le moins du monde, la prétention de rendre
des comptes au nom du ministre des Approvisionnements et Services, qui est
parfaitement capable de le faire lui-même.
Cette réserve étant inscrite, j'aimerais que M. Lavigne
nous fournisse des précisions sur les engagements traitant de
véhicules qui ont été acquis pour les services de la
Sûreté du Québec, et que M. Carrier en fasse autant pour
des véhicules qui ont pu être acquis pour l'usage des services
correctionnels.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. M.
Claveau: C'est à qui les Hyundai? Le Président (M.
Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: Les Hyundai sont à nous. Je vais
peut-être débuter la réponse avec cette... Vous avez
abordé ce sujet-là, des deux commandes, 80 et 26. Les 80 voitures
Hyundai, c'était des six; et les 26 voitures Hyundai, qui étaient
un petit peu moins chères, c'était des quatre. Maintenant,
peut-être, comme règle de départ, c'est que toutes les
négociations sur les voitures sont faites par le ministère des
Approvisionnements et Services. Si on regarde la flotte de la
Sûreté, il y a 1721 véhicules pour l'année qu'on
regarde; elle est augmentée de quelques-uns, mais dans ce
temps-là, c'était 1721. Et on change annuellement environ, grosso
modo, le tiers de la flotte. Pour l'an passé, c'a été 536
véhicules qui ont été changés.
Il faut reconnaître deux sortes de véhicules. Des
véhicules qui répondent aux normes, pour lesquels des normes
peuvent être établies, et d'autres véhicules qui sont hors
normes. Comme hors normes, on peut parler des fourgonnettes pour les
maîtres de chiens, par exemple; c'est des véhicules hors normes.
Mais les autres véhicules normes, les véhicules de patrouille,
c'est des «police packs» qui répondent aux normes. Les
normes sont établies vers l'automne, avec Approvisionnements et Services
et avec la disponibilité des voitures, parce qu'on regarde sur le
marché, aussi, les fabricants, ce qu'ils vont avoir comme
disponibilité. Les nonnes sont faites et la quantité de voitures
est demandée au ministère des Approvisionnements et Services qui,
lui, après ça, a la responsabilité de faire les
négociations et de fournir les voitures en question.
Alors, vous allez voir, de temps à autre, un certain nombre de
véhicules; c'est parce que
c'est des véhicules qui répondent à certaines
normes et les autres, ce sont des véhicules genre
pénétration. Par exemple, dans chaque ERM de ta province - les
ERM, disons, les équipes régionales de moralité, drogue ou
moralité - on ne veut pas nécessairement avoir des
véhicules identiques. On va acheter, on va demander des véhicules
de différentes sortes, de différentes, couleurs, etc., pour
qu'ils soient le moins possible identifiés. C'est ça. C'est pour
ça qu'on volt, j'imagine, plusieurs commandes. Mais le total, nous,
quand on transmet les C.T. pour achats, c'est toujours, par exemple, pour 526
véhicules ou 536 véhicules qui se répartissent selon
certaines règles, mais on ne négocie pas avec les fabricants ou
avec les vendeurs.
M. Claveau: Alors, vous autres, vous passez une commande par
année, si je comprends bien, pour à peu près le tiers de
votre flotte. Vous dites: Cette année, il nous faut 560 véhicules
neufs pour maintenir notre flotte et, à partir de là, c'est le
ministère des Approvisionnements et Services qui s'occupe du reste?
M. Lavigne: C'est ça. Grosso modo, on peut prendre la
réponse à peu près comme ça. Il y a certaines
exceptions. S'il y a - je ne sais pas, moi - plusieurs accidents, bris de
véhicules, il y a des choses qui surviennent durant l'année, qui
sont complètement hors de notre contrôle et imprévisibles,
là, ça se peut qu'on soit obligé d'acheter un certain
nombre de véhicules durant l'année, mais c'est rare. Ce sont les
exceptions qu'on fait durant l'année.
M. Claveau: Quand je regarde, j'imagine que vous avez quand
même un certain nombre de spécifications et que vous êtes
habitués. Normalement, on sait que les voitures de police, c'est du GM,
du Ford et du Chrysler et de certains modèles qu'à peu
près tout le monde connaît. Bien qu'aujourd'hui on commence
peut-être à être un peu plus avant-gardiste sur les
modèles depuis quelques années,, mais il a été un
temps où c'était vraiment à peu près tout le temps
le même modèle partout.
Comment ça se fait que... Bon! Écoutez, moi, j'ai un
problème, là. C'est qu'on est là pour vérifier les
engagements financiers. Ce n'est pas la première fois que je
dénonce ce problème-là. Je l'ai dénoncé avec
Energie et Ressources, avec les Mines, avec la Forêt, avec à peu
près tout le monde, et on a encore le même problème
aujourd'hui. Le ministre vous en a parlé tantôt. Ce qu'il nous
intéresse de savoir, c'est pourquoi, entre autres, ça a
été acheté, ça. À quel prix? Comment
ça se fait?
Le ministre dit: Ah! Bien, nous autres, on n'a rien à voir avec
les soumissions. À ce moment-là, qu'il fasse venir son
collègue des Approvisionnements et Services. Qu'est-ce que vous voulez
qu'on fasse? C'est pour ça, d'ail- leurs, qu'on est obligé de
passer par un questionnement général pour arriver dans certains
dossiers plutôt que d'aller dans les engagements financiers comme tels,
parce que, quand on arrive dans les engagements financiers précis, on
n'a jamais de réponse.
Moi, j'aimerais savoir, par exemple, comment ça se fait
qu'à la Sûreté du Québec on n'a jamais
demandé Toyota. Bon! Enfin il n'y a à peu près personne
d'autre que GM, Chrysler et Ford. Et, tout à coup, on achète 106
Hyundai comme ça, pouf! avec deux appels d'offres, semble-t-il. Il y en
a un autre qui avait été adressé à GM, mais GM n'a
pas répondu. Puis, exactement dans le même mois, on est
allé voir Chrysler à cinq ou six reprises. On est allé
voir General Motors au moins à deux reprises dans le même mois,
trois ici, et là, tout à coup, on passe une grosse commande
à Hyundai de 106 véhicules dans deux C.T. différents,
finalement, ou deux engagements différents.
Mais, quand on regarde les demandes à soumissionner, là,
c'est des soumissions sur invitation. Dans le cas des 80 véhicules
Hyundai, on en avait invité deux: GM et Hyundai. Comme s'il y avait rien
que ces deux-là. Dans le cas des 26 véhicules qu'on avait
achetés avant, on en avait fait aussi deux: GM et Hyundai. Mais,
là, avant ça, on avait l'achat de deux voitures neuves. On a
demandé trois soumissionnaires: Chrysler, GM, et j'imagine que le
troisième, ça devait être Ford. En tout cas, il n'y a pas
de spécification sur le troisième. On a reçu deux
soumissions. Il y en a eu trois demandées, on en a reçu deux:
Chrysler et GM. Comment ça se fait que Hyundai n'a pas été
contacté à ce moment-là, ou Toyota, Mazda, Nissan ou
enfin, tous les autres qui sont dans le décor?
Juste avant ça, à l'engagement 5, là, on a
passé une autre commande pour cinq voitures, cette fois-là. On a
demandé encore trois soumissionnaires. Il y a eu deux réponses:
GM et Chrysler. Là, c'est GM qui l'a eu. Et ça se passe la balle
comme ça pour 2, 3; 3, 4; 4, 5 voitures. Quand on prend cinq, c'est
très rare. Ah! Neuf, ici, tiens. À l'engagement 4, on a
commandé neuf voitures à Chrysler Canada. Trois soumissions
demandées, toujours sur invitation, entendons-nous bien. GM et Chrysler
ont répondu. On ne nous dit pas qui était le troisième,
là. En tout cas, il semble qu'il n'était pas
intéressé. Là, c'était pour neuf voitures. Et, tout
d'un coup, on en achète 80 d'une claque et on fait rien qu'inviter GM et
Hyundai, cette fois-là. On a éliminé Chrysler, Ford, tous
les autres. C'était Hyundai et GM.
Et, comme par hasard, GM n'a même pas soumissionné; il
n'était pas intéressé pour 80 voitures. Allez donc! Quand
on a vu les états financiers de GM hier, à la
télévision, avec les coupures de postes qu'ils ont actuellement,
j'imagine qu'ils devaient être très intéressés
à vendre 80 voitures. Comment ça se fait qu'ils
n'ont même pas soumissionné, semble-t-il, pour vendre 80
voitures d'une claque et 26 une deuxième fois? Ça ne les
intéressait pas? Vous n'avez pas vu leurs états financiers hier,
à la télévision, avec les coupures de postes qu'ils
annoncent partout à travers l'Amérique du Nord. Je ne peux pas
croire que, quand il y a 100, 106 voitures, 126 voitures en tout, à
vendre du jour au lendemain, ça ne les intéressait pas. Ils n'ont
même pas soumissionné, semble-t-il. Allez donc m'expliquer
ça, vous autres. À quoi ça sert, des Hyundai, dans le
service de police? Des 4 pour patrouiller à 120, 130 sur la route, de
temps en temps, pour pogner un gars qui va vite, avec un 4, ça va mal.
À quoi ça sert?
Et les politiques d'achat, il faudrait les questionner un jour.
M. Ryan: Le député peut s'écouter
parler,
M. le Président, c'est son droit. Mais, nous autres, nous
l'écoutons parce que c'est notre devoir.
Des voix: Ha, ha, ha!
(11 heures)
M. Ryan: Mais il soulève la question de la pertinence,
encore une fois; je vous ai dit tantôt que ces questions-là
s'adressent au ministre des Approvisionnements et Services. Ça a
déjà été tranché en commission parlementaire
et si le député nous avait adressé une demande avant la
commission pour obtenir que le ministre vienne ici, parce qu'il avait des
questions à demander, je le lui aurais demandé. Je ne sais pas ce
qu'il m'aurait répondu, mais je me serais fait volontiers le messager.
Mais il n'y a pas eu de telle demande, et je pense qu'étant donné
le partage des tâches qui a été établi, encore une
fois, la réponse à ces questions relève, de toute
évidence, de la politique d'achat du gouvernement. Et cette politique
est sous la responsabilité du ministre des Approvisionnements et
Services, non du ministre de la Sécurité publique.
Le Président (M. Dauphin): Pour le bénéfice
des membres de la commission, j'ai une décision, ici, de la commission
de l'Assemblée nationale - le député est sûrement au
courant - qui date du 5 février 1988 et qui n'a jamais
été, en fait, modifiée dans sa substance. C'est que le
ministre sectoriel répond à la question avec l'aide, si
nécessaire, des fonctionnaires de son ministère. Si le ministre
n'est pas en mesure de répondre à la question concernant le
Service des achats du gouvernement, il prendra avis de ladite question, et ce,
conformément aux dispositions de l'article 26 des règles de
fonctionnement concernant la vérification des engagements financiers. Il
demandera alors aux fonctionnaires compétents de lui préparer une
réponse qu'il transmettra par la suite au secrétaire de la
commission concernée pour, évidemment, distribution aux membres
de la commission. Alors, ce n'est pas la première fois que ça se
produit.
M. Claveau: Oui. Mais je vous annonce, M. le Président,
qu'on a fini de faire rire de nous autres en commission, surtout dans les
engagements financiers. Il y a une dépense qui est là, une
soumission. GM, n'était pas intéressée à
soumissionner pour 80 véhicules, selon les spécifications
DGA-S-2310-00247. Je ne pouvais pas croire ça, moi, quand j'ai vu ses
états financiers, hier, les problèmes qu'ils vivent actuellement
pour passer au travers, qu'ils ont de la misère et ils sont
obligés de clairer plein de monde à travers le Canada et les
États-Unis. Vous ne me ferez pas accroire que ça ne les
intéresse pas. Il y a quelque chose en arrière de ça. Je
vous annonce donc qu'on va aller plus loin et que je vais l'avoir, la
réponse. Je monterai jusqu'à la Cour suprême s'il le faut,
mais je vais savoir pourquoi GM n'était pas intéressée
à soumissionner là-dessus et à quoi ça sert, des
Hyundai à la Sûreté du Québec. Ça, il me
semble que je peux avoir une réponse là-dessus. Et pourquoi il y
a rien que Hyundai qui pouvait remplir cette commande-là? On n'a
même pas invité à soumissionner Ford, ni Chrysler, ni
personne d'autre alors que c'est toutes des choses sur invitation. Pour 80
véhicules une fois, pour 26 une deuxième fois. Comment ça
se fait qu'on n'a invité personne d'autre que Hyundai, que GM? Et
comment ça se fait que GM n'était pas intéressée?
Ils ont trop d'argent dans leur coffre, d'après ce que je peux voir. Je
ne le sais pas. Et à quoi ça sert? Pourquoi des Hyundai à
la Sûreté du Québec? Où est-ce qu'elles sont, ces
voitures-là?
Le Président (M. Dauphin): M le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai bien indiqué
tantôt qu'en ce qui touche les besoins auxquels devaient répondre
les achats mentionnés dans les engagements financiers, nous sommes tout
à fait disposés à répondre et, dans cet esprit,
j'aimerais beaucoup, avec votre permission, que M. Lavigne soit invité
à dire à quoi servent les véhicules Hyundai qui sont
à l'usage de la Sûreté du Québec. Je pense qu'il
peut nous le dire très bien et il n'y a pas de cachette
là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): Permission accordée. M.
Lavigne.
M. Lavigne: Oui. Bon, à quoi ils servent.
Premièrement, je vais répéter une partie, juste pour
expliquer. Nous, on tente de diversifier les véhicules non
marqués. Les Hyundai, ce sont tous des véhicules non
marqués. Il n'y en a pas pour la patrouille. Ce sont tous des
véhicules non marqués, des véhicules banalisés,
qu'on appelle. Ils sont tous distribués dans des unités
spécialisées et quelques-uns au niveau de postes de la
Sûreté, sauf qu'ils servent aux enquêteurs. C'est
à ça qu'ils servent. Je fais juste répéter
que, nous, dans la politique d'achat gouvernementale, on ne peut pas acheter
directement. On établit des normes avec le ministère des
Approvisionnements et Services et, après ça, pourquoi un n'a pas
soumissionné, ça, je ne peux pas le dire, je ne le sais pas. Je
n'ai pas le contrôle là-dessus.
M. Claveau: Je comprends bien que vous n'avez pas le
contrôle là-dessus, M. le directeur de la Sûreté,
mais il y a des gens qui devraient être là pour répondre
à ce genre de questions-là, et le ministre en est. Le ministre,
il a versé 1 106 000 $ une fois et il a versé 340 441,92 $ une
autre fois pour des Hyundai. Alors, si ça ne l'intéresse pas de
savoir pourquoi ils ont acheté des Hyundai plus que d'autre chose, je me
demande ce qu'il fait là. Il paie, lui, là. Il ne pose pas de
questions, il paie et il est bien prudent. Surtout, il faut qu'il soit prudent.
Bon.
Comment ça se fait, M. Lavigne... Je vous reprends par rapport
à des informations que vous nous avez données tout à
l'heure. Vous avez dit qu'il vous fallait une flotte de véhicules les
plus diversifiés possible et difficilement identifiables, etc., et j'en
suis. Je pense que c'est normal. Comment ça se fait que, dans le cas de
ces voitures banalisées, on achète tout le même
modèle, tout d'une claque? Peut-être qu'elles ne sont pas de la
même couleur, mais, en tout cas, on sait que les fantômes de la
Sûreté, c'est des Hyundai, des Sonata ou autres. Comment ça
se fait qu'on n'ait pas passé des petites commandes comme on a fait dans
les autres cas: trois voitures, cinq voitures, deux voitures, neuf, une fois,
des fois rien que quatre? Là, on en achète 80 d'une claque.
Comment ça se fait que Chrysler n'était pas capable de fournir
des petits 4? Il me semble qu'ils en ont, chez Chrysler, chez Ford ou chez
Toyota, des petits 4 banalisés, pas trop confortables. Il n'y a pas rien
que Hyundai, là. Il y en aurait ailleurs. Comment ça se fait
qu'on ne les a pas invités à soumissionner? Comment ça se
fait qu'on a passé une commande de 80, toutes des voitures faites
pareilles? J'imagine que c'est pas mal tout le même modèle,
là. Peut-être qu'elles n'ont pas la même couleur.
M. Lavigne: Remarquez bien que, quand je reçois les 80,
des fois, j'ai certaines réactions comme vous en avez ce matin parce que
je n'aime pas non plus avoir 80 voitures identiques quand c'est des non
marquées, sauf qu'il faut comprendre qu'il y a des politiques d'achat au
gouvernement. Les 80, ce que je fais, à ce moment-là, c'est que
je les distribue à la grandeur de la province pour tenter de les noyer
dans d'autres sortes, parce que des véhicules non marqués, on en
a environ 700 ou 750. Donc, il y en a 80 qui sont des Hyundai. Bien, c'est
ça. Je tente de les faire circuler à travers la province pour
qu'ils soient le moins identifiés possible, mais c'est évident
que si on avait plus de latitude pour aller vers toutes sortes de marques, ils
seraient encore plus banalisés.
M. Claveau: Vous, vous seriez d'accord pour dire que ça
aurait pu être des petits 4 GM,
Chrysler, Ford ou Toyota? Ça aurait fait aussi bien que des
petits 4 Hyundai.
M. Lavigne: Nous, ce qu'on fait là-dedans, c'est qu'on
établit nos besoins avec le ministère des Approvisionnements et
Services et, lui, fait l'achat. Donc, quand on les reçoit, bien, on agit
au mieux avec ce qu'on a.
M. Claveau: Est-ce que ces véhicules-là sont
utilisés uniquement à des fins de service ou s'ils peuvent
être pris par les agents pour aller chez eux? Enfin, c'est des
véhicules banalisés 24 heures par jour.
M. Lavigne: Les véhicules ne sont jamais octroyés
à des personnes. Ils sont octroyés à des unités. Il
y a 330 unités à la Sûreté et les véhicules
sont octroyés à des unités.
M. Claveau: Alors, ils passent tous la nuit au poste? Quand ils
ne sont pas de service, ils sont au poste?
M. Lavigne: Généralement, ça devrait
être ça. Je ne peux pas dire que jamais un agent ne peut le
prendre pour aller chez lui, parce qu'il y a pas mal d'agents à la
Sûreté, mais ce serait contre les directives.
M. Claveau: Je vous remercie pour vos réponses, mais je
peux vous garantir une chose,
M. le Président, quitte à aller à la Cour
suprême, je vais savoir pourquoi il y avait rien que
Hyundai qui pouvait vendre des petits 4 à la Sûreté
du Québec.
Le Président (M. Dauphin): Comme je vous en ai fait part
tantôt, il y a eu des décisions dans le passé. Le ministre
peut prendre avis et vous envoyer une réponse par écrit.
M. Claveau: Oui, oui, sauf que quand on est là pour faire
des engagements financiers, on n'est pas là pour faire rire de nous
autres. Et quand on veut poser une question sur pourquoi il y a juste une
compagnie qui a soumissionné pour 126 véhicules - 80 plus 26 - au
moins 106 dans ce cas-là, c'est assez surprenant, vous en conviendrez,
quand toutes les autres commandes, durant l'année, c'est des petites
commandes de deux ou trois, trois ou quatre, cinq, six, une, deux... Là,
tout à coup, il y a une commande de 80 et une commande de 26, et il y a
rien qu'un fournisseur d'intéressé. On connaît la situation
de l'automobile en Amérique du Nord, et vous ne me ferez pas accroire,
moi, que de vendre 100 chars de plus, ça ne pouvait pas les
intéresser.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Claveau: Ça fait qu'on va prendre tous les moyens qu'il
faut pour le savoir et vous allez en entendre parler, je vous en passe un
papier, M. le Président. J'aurais peut-être autre chose aussi, un
peu dans le même style, un autre engagement qui m'a surpris et je
voudrais surtout avoir le temps d'en discuter. Qu'est-ce qui fait en sorte
que...
Le Président (M. Dauphin): Je m'excuse. Pourriez-vous
donner la référence, pour les membres, pour qu'on puisse suivre
avec vous?
M. Claveau: Janvier 1991, l'engagement 5.
Le Président (M. Dauphin): Janvier 1991, l'engagement
5.
Coûts de l'entraînement d'agents de la
Sûreté du Québec
M. Claveau: Sûreté du Québec. C'est un des
nombreux cas de factures payées au club Nautilus pour
l'entraînement et le conditionnement physique des agents de la
Sûreté du Québec. J'aimerais savoir, en fait, quelle est la
politique? Qu'est-ce qui sous-tend ça? Est-ce que ça fait partie
des conventions de travail? Je ne sais pas. Est-ce que c'est absolument
nécessaire? Est-ce qu'il n'y a pas, à l'intérieur de la
Sûreté même, des salles de conditionnement qui pourraient
faire l'affaire? Est-ce que ça coûte moins cher d'envoyer ces
gens-là chez Nautilus? Je sais qu'il y a eu des soumissions, là.
J'aimerais savoir.
M. Ryan: Regardez, on va vous donner toutes les précisions
nécessaires sur ce dossier où les décisions ont
été prises par la Sûreté du Québec. Je pense
que M. Lavigne va vous fournir toutes les précisions que vous
souhaitez.
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: Les engagements, il y en a deux durant l'année
- je vous donne ça de mémoire - qui concernent le conditionnement
physique. C'est pour les unités d'urgence seulement. Les unités
d'urgence sont situées à Montréal et à
Québec et nous, on a une norme, à l'intérieur de la
Sûreté, où les membres de l'unité d'urgence doivent
réussir, chaque année, des tests au niveau physique, que l'on
exige, sinon on les change d'unité. Donc, étant donné
qu'on veut avoir des gens en forme, spécifiquement dans les
unités d'urgence de Montréal et de Québec, on leur donne
l'opportunité de s'entraîner.
L'entraînement ne se fait pas pendant le temps de travail, mais se
fait en dehors du temps de travail. Il peut se faire, à l'occasion,
pendant le temps de travail, mais pas néces- sairement pendant le temps
de travail. Les endroits, bien, dans nos postes, on n'a pas d'endroit. On a eu
des constructions, déjà, où il y avait des gymnases
à l'intérieur des quartiers généraux ou des postes,
mais ces gymnases ont tous été modifiés dû au manque
d'espace. Et la plupart ne répondaient pas aux normes de santé et
de sécurité au travail au niveau entraînement. Donc, il n'y
a plus de gymnase dans la majorité des postes. Peut-être qu'il
peut en rester un, de mémoire, je ne me rappelle pas, sauf qu'à
Montréal et à Québec, il n'y en a pas et, pour
entraîner les unités d'urgence, on demande des contrats de
différentes choses. Et c'est Nautilus qui les a eus les deux fois.
M. Claveau: Ça va. Je vous remercie. De toute
façon, j'imagine que c'est payé, les soumissions qui sont
demandées, au nombre d'heures ou au nombre de personnes qui
participent?
M. Lavigne: C'est des normes pour un certain nombre d'heures par
semaine. Ce qui favorise Nautilus plus que d'autres compagnies, c'est les
heures que l'on exige. On y va souvent tard le soir. Étant donné
que les autres ne l'offrent pas, souvent, elles sont exclues à cause de
certaines normes de même parce qu'on veut avoir un certain nombre
d'heures d'ouverture pour que les gens puissent y aller en n'importe quel
temps.
M. Claveau: Ça, c'est juste les unités
spéciales?
M. Lavigne: C'est juste les unités d'urgence.
M. Claveau: Vous avez combien d'effectifs sur les unités
d'urgence, dans l'ensemble de la Sûreté?
M. Lavigne: Je vais vous donner un chiffre approximatif; c'est
environ, disons, 125 à Montréal et 100 à Québec,
110 à Québec.
M. Claveau: Puis eux autres couvrent tout l'Est du Québec,
par exemple, à partir de Québec.
M. Lavigne: Oui.
M. Claveau: On parle des plongeurs, toutes ces
affaires-là...
M. Lavigne: Oui.
M. Claveau: ...tous les gens qui vont sur des cas
particuliers.
M. Lavigne: II y a une partie de l'unité d'urgence, qui
sont des spécialistes comme les plongeurs, les désamorceurs de
bombes, etc., et
l'autre partie, ce sont des gens qui vont travailler pour les recherches
de personnes disparues, les manifestations, le support au GTI, etc.
M. Claveau: L'antiémeute, qu'on appelle, c'est
là-dedans aussi.
M. Lavigne: Oui.
M. Claveau: Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Bon, M. le
député. Alors, comme je l'ai mentionné tantôt, nous
allons constater la vérification des engagements à la toute fin.
Nous ferons les constatations en bloc à la fin. M. le
député. (11 h 15)
Partage des frais d'opérations
policières à Akwesasne avec l'Ontario
M. Claveau: Encore là, pour revenir sur le cas de la crise
amérindienne ou la crise d'Oka - je n'aime pas beaucoup parler de crise
amérindienne parce que ce n'est pas la crise amérindienne; il y a
un petit coin quelque part où ça va mal, à Oka, à
Akwesasne. Pour le reste, il ne faut pas tout identifier ça à la
question autochtone en général - il y a eu un engagement,
l'engagement du 8 d'avril 1991, qui est une dépense prévue afin
de couvrir la part du gouvernement du Québec sur le partage des
coûts d'opération du corps policier d'Akwesasne, selon le
décret de mars 1990. Et ça, c'est payé, 459 221 $, qui ont
été payés au ministère du Solliciteur
général de l'Ontario. Est-ce que ça veut dire que c'est
l'Ontario qui a fait la job à notre place, quoi? Ou on emprunte des
services de l'Ontario, des véhicules, des agents? C'est quoi, là,
l'idée? Pourquoi est-ce qu'on paie l'Ontario pour du travail qu'on est
suppôsément capables de faire nous-mêmes à
Akwesasne?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Essentiellement, dans le cas d'Akwesasne, il y a une
entente tripartite. Il y a le gouvernement fédéral, le
gouvernement de l'Ontario et le gouvernement du Québec. Le gouvernement
fédéral assume certaines dépenses et le gouvernement du
Québec et le gouvernement de l'Ontario se partagent les dépenses
de police dont ils sont responsables dans une proportion de deux tiers pour le
Québec et un tiers pour l'Ontario. Dans ce cas-ci, pour la
période du 1er avril 1990 au 31 mars 1991, le gouvernement de l'Ontario
avait payé tous les coûts d'opération et là c'est un
remboursement qui lui est fait par le gouvernement du Québec,
correspondant à sa part des dépenses.
M. Claveau: En fait, l'Ontario avait payé les coûts
d'opération, vous dites?
M. Ryan: Oui.
M. Claveau: À qui?
M. Ryan: Avait fait les déboursés.
M. Claveau: Avait fait la job, finalement.
M. Ryan: Les déboursés au corps de police
d'Akwesasne, j'imagine. Ah oui! Parce qu'il y a un corps de police à
Akwesasne.
M. Claveau: Oui, mais l'Ontario a payé et, après
ça, c'est le Québec qui paie l'Ontario.
M. Ryan: C'est des arrangements, ça, de
déboursés qui sont... M. Lavigne me dit que ça fait des
années que c'est comme ça. Peut-être que M. Lavigne
pourrait fournir quelques précisions si vous voulez.
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: Si vous vous rappelez, Akwesasne, de la façon
dont c'est fait, vous avez une partie d'Akwesasne qui est américaine,
une partie québécoise et une partie ontarienne. Depuis plusieurs
années, c'est l'Ontario qui supervisait - comme nous, on le fait, par
exemple, pour les unités cries dans le Nord du Québec - c'est eux
qui supervisaient la police dans la partie canadienne d'Akwesasne qu'on
appelle, nous autres, Saint-Régis et le Snye, plus le côté
ontarien. C'est la OPP qui faisait un genre de supervision là, et le
Québec participait très peu à la formation du corps de
police.
L'entente à laquelle M. Ryan fait allusion, c'est une entente
entre le fédéral, l'Ontario, le Québec et le Conseil de
bande d'Akwesasne pour la création d'un corps policier autochtone. La
règle de base sur les coûts pour cet endroit-là - pour le
futur, on parle; on ne parle pas pour le passé mais pour le futur -
ça sera 41,2 % pour le Québec et l'Ontario, et 58,8 % par le
fédéral. Ça, c'est la règle de base pour le
fonctionnement futur. Donc, avant, du 1er avril 1990 au 31 mars 1991, bien,
l'Ontario a continué à payer - parce que le corps de police
n'était pas établi complètement; il vient d'être
établi récemment - sa partie et nous, le Québec, c'est
nous qui le faisons pour le Québec, mais on a remboursé la partie
que le Québec aurait dû payer durant cette période.
Maintenant, rappelez-vous aussi qu'en 1990 il y a eu des
problèmes. Le 1er mai 1990, la OPP, nous, la GRC et la police de
l'État de New York, on est entrés à Akwesasne pour
régler certains problèmes de violence qu'il y avait là. Et
durant la période du 1er mai 1990 à venir jusque vers octobre
1991, le corps policier local, qui est visé par l'engagement dont il est
question, n'a, à toutes fins pratiques, à peu près pas
pris de très grandes responsabilités, chose qui est
changée maintenant puisqu'ils ont un nouveau chef de police. Le corps de
police d'Akwesasne commence à fonctionner du côté canadien
et les choses devraient se régulariser dans le futur.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Juste un point sur ce sujet. La participation
financière des divers ordres de gouvernement aux coûts de la
police dans les territoires amérindiens, actuellement, au Québec,
nous avons une situation qui est assez bigarrée. J'ai mentionné
le cas de Kahnawake où le financement des Peacekeepers est assuré
entièrement par le gouvernement fédéral. Les
communautés desservies par le Conseil de police amérindienne,
c'est financé entièrement par le gouvernement
fédéral. Vous allez du côté de Kanesatake, l'aire de
service que nous avons ouverte, c'est financé entièrement par le
gouvernement du Québec. Chez les Cris et les Inuit, c'est financé
entièrement par le gouvernement du Québec.
Là, nous allons vers une situation nouvelle où il y aurait
deux principes de base. Tout d'abord, la responsabilité première
du corps policier relève du gouvernement du Québec et,
deuxièmement, il y aurait partage des coûts entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec dans une proportion
de 52 % du fédéral et de 48 % du Québec. Nous signons des
ententes, ces temps-ci. Nous sommes à promouvoir des ententes avec des
communautés amérindiennes. C'est le principe sur lequel nous nous
appuyons. Nous en avons signé une, récemment, avec les Montagnais
de Betsiamites. C'est ce principe-là qui est établi: 52-48. Nous
allons en signer une après-demain avec les Algonquins de Maniwaki de
River Desert. Là, c'est 52-48 qui va jouer également, et nous
espérons que ce modèle-là s'établira partout
à travers le Québec pour que les choses soient clairement
établies, qu'on sache où on s'en va. Il y a accord
là-dessus entre le Solliciteur général du Canada et le
ministre de la Sécurité publique du Québec. Nous sommes
intéressés à évoluer dans cette direction et nous
avons commencé à le faire.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Vous comprenez, M. le Président, qu'on est
dans le processus des engagements financiers. Disons que le prochain et tous
ceux qu'on ne questionne pas sont considérés comme
adoptés, j'imagine.
Le Président (M. Dauphin): A la toute fin, nous les
adopterons.
Frais d'arbitrage d'un grief
M. Claveau: Alors, juin 1991, l'engagement 7, à la page 5.
Services professionnels rendus par Me William Atkinson du bureau McCarthy - des
noms bien québécois - Tétrauft pour l'arbitrage d'un grief
de M. Jean-Robert Boulard suite à son congédiement. Comment
est-ce qu'on peut congédier quelqu'un de la Sûreté du
Québec? Il me semblait que, quand on entrait là, on n'en sortait
plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. La vigne: Ça arrive à l'occasion. M. Boulard
s'est prévalu d'un de ses droits qui était de faire un grief,
avec la collaboration de l'APPQ. Il a fait le grief et on a engagé M.
Atkinson, selon la procédure habituelle pour le défendre.
M. Claveau: Mais qu'est-ce qui a amené son
congédiement? J'imagine que c'est d'ordre public, ça, puisqu'on a
un engagement financier là-dessus de 48 729,94 $. Ce n'est quand
même pas des pinottes, là. Est-ce que la gravité de son
crime justifie toutes ces dépenses-là, enfin?
M. Ryan: Dans les arbitrages, vous devez savoir que ça va
bien vite.
M. Claveau: Je le sais.
M. Ryan: Ça coûte très cher.
M. Claveau: Mais des fois, au lieu de s'entêter, ça
coûterait moins cher aussi de régler hors cour.
M. Ryan: Non, mais c'est parce que ça se décide
à deux, ça.
M. Lavigne: C'est vague dans mon esprit. Je me rappelle du cas
parce que, quand ça a débuté - ça date de pas mal
longtemps - j'étais aux ressources humaines et c'est pour ça que
je me rappelle un peu du cas, mais c'est très vague. Je pourrais fournir
un topo ou un résumé de ce cas-là, mais j'aurais peur de
me tromper en vous donnant trop de détails. Je peux vous fournir un
topo, par exemple.
M. Claveau: Vous êtes prudent. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Lavigne: Je suis prudent. Je me rappelle vaguement. C'est un
dossier qui a duré quelques années. Ce n'est pas quelques jours,
là, mais bien quelques années.
M. Claveau: Disons que c'est un dossier qui a été
très coûteux, probablement, pour la Sûreté,
j'imagine.
M. Lavigne: Oui.
M. Claveau: Est-ce qu'on pourrait avoir le coût total de
ça?
M. Lavigne: Je vais inclure le topo au complet.
M. Claveau: Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Claveau: Juste en passant, oui. Me William Atkinson du bureau
McCarthy semble très présent; il est souvent dans les engagements
financiers. Est-ce qu'il y a des raisons spéciales? Parce qu'à
l'autre engagement qui suit, c'est encore avec lui.
M. Lavigne: Oui. Il nous représente dans plusieurs cas
d'arbitrage ou de causes disciplinaires, disons. Il nous sert en plusieurs
occasions. Il nous sert également lors de la négociation et agit
comme conseiller juridique auprès du négociateur pour
écrire les textes de la convention. C'est d'ailleurs ses deux principaux
mandats à la Sûreté.
M. Claveau: Qui est-ce qui remplace M. Boily, que je salue,
d'ailleurs, comme nouveau sous-ministre à la Sécurité
publique, mais qui travaillait avant pour une firme-conseil dans les questions
de gestion, finalement, et de rémunération dans les questions
policières? D'ailleurs, on le voit à l'engagement 4 de juin 1991
où il reçoit 118 750 $ pour ses services professionnels. C'est
sûrement des services dont la qualité correspond au montant des
sommes perçues. Mais qui est-ce qui le remplace actuellement comme
conseiller et expert dans le même domaine?
M. Lavigne: M. Gilles Filion.
M. Claveau: M. Gilles Filion. Toujours d'une firme externe?
M. Ryan: Oui. Ce n'est pas confirmé encore, mais c'est lui
qui est proposé.
M. Claveau: Est-ce que c'est la même firme, CGR inc.?
M. Lavigne: Je ne me rappelle pas.
M. Ryan: Non. Lui, c'est un bureau d'avocats. Il est dans un
bureau d'avocats, M. Filion, à ma connaissance. Il est à son
compte personnel. Je ne crois pas que ce soit de la même bande.
M. Claveau: Ha, ha, ha! Donc, M. McCarthy, c'est un... M.
Atkinson, du bureau McCarthy, c'est quelqu'un de bien connu dans le milieu,
comme on dit.
M. Ryan: C'est une autorité dans ces questions-là.
Dans toutes les questions relatives à l'administration publique, c'est
un des juristes les plus avertis.
M. Claveau: C'est l'équivalent de Guy Bertrand, dans le
fond.
M. Ryan: Non, parce que, lui, a la connaissance interne du
gouvernement, ce qui l'empêche de dire bien des choses.
M. Claveau: Ha, ha, ha! Il n'a pas la science infuse, disons.
M. Ryan: Non, il l'a, justement, mais l'autre ne l'a pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: M. Bertrand a beaucoup de talent, par exemple.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
Bateaux de patrouille pour le golfe du
Saint-Laurent
M. Claveau: Passons à l'engagement 4 d'août 1991,
où on parle d'achat de deux bateaux de patrouille nautique pour le golfe
du Saint-Laurent. Dans le golfe, de type B, de marque Boston Whaler - je ne
sais pas trop comment vous prononcez ça - Challenger. C'est beau, tout
ça, ces spécifications, mais c'est un contrat
négocié avec une entreprise qui porte le beau nom
québécois de Sea Mark Industries, qui vient d'Ontario. Il n'y a
pas un vendeur québécois qui aurait pu vous faire ça? On
en produit même à Waskaganish, à la Baie James. Yamaha,
avec les Cris, produisent des centaines de bateaux par année, de toutes
les sortes. Ils ont même fait un bateau-école pour la Garde
côtière canadienne. J'imagine qu'il y a quelqu'un au Québec
qui aurait pu vous produire ça, deux bateaux semblables pour 91 000 $.
Il y a plein de vendeurs de produits nautiques qui se fendent vous savez quoi
pour vendre des bateaux par les temps qui courent, avec la crise
économique, et vous allez acheter ça en Ontario, vous autres?
C'est génial!
M. Lavigne: C'est parce que le Boston Whaler répond
à nos besoins pour ces régions-là. On avait, dans ces
régions-là, deux bateaux, justement, avant. La marque
m'échappe, mais c'était des bateaux avec une cabine à
l'avant et l'arrière descendait beaucoup. On avait été
moins sévères à ce moment-là dans nos normes, et on
ne pouvait pas se servir des bateaux pour aller
vraiment sur le golfe. Donc, dans l'achat de ces deux-là, Ici -
particulièrement, il faut savoir que le golfe, c'est une mer, là;
c'est important comme plan d'eau - on a été spécifiques,
et c'est pour ça que ça a été fait de cette
façon-là. On a été assez spécifiques dans
nos normes. (11 h 30)
M. Claveau: Oui. Vous allez me dire que ça relève
de la responsabilité des achats, mais après que, vous, vous ayez
établi vos normes, j'imagine qu'à ce moment-là on va en
appel d'offres, on lance la balle dans le champ et on attend pour voir qui va
la ramasser. Là, ce qui arrive, c'est qu'on est allé
négocier avec un fournisseur en particulier et, en plus, on est
allé le choisir en Ontario. Écoutez, il y en a pas mal de
vendeurs et de fournisseurs d'équipement de marine au Québec. On
a même des chantiers maritimes qui réparent à peu
près tout ce qu'il y a de plus gros au monde comme bateaux, du moins si
on voulait les utiliser, et on n'est pas capable de trouver un bateau au
Québec qui peut faire l'affaire, enfin, qui répond aux
spécifications de la Sûreté du Québec?
M. Lavigne: Le distributeur en question est un distributeur
exclusif pour l'Est du Canada. Dans l'achat, il y a le bateau, mais il y a
aussi sept autres articles. L'engagement que vous avez devant vous concerne
seulement l'article 1. Les autres seront négociés à part
ultérieurement. C'est ce qu'on me donne comme information.
M. Claveau: Les autres articles ne sont pas dans
l'engagement?
M. Lavigne: Comme les moteurs hors-bord, par exemple, il y a un
ajîre enqagement que vous avez sur les moteurs, c'est Mercury Marine
Itée de Laval qui l'a.
M. Claveau: Oui. Il y a une autre place où on parle de
deux moteurs hors-bord. J'imagine que ça va avec ça.
M. Lavigne: C'est ça. M. Claveau: Ah! bon.
M. Lavigne: II y a la carcasse du bateau qu'on a
été obligé de... Selon les études qu'on a sur le
marché, c'est le Boston Whaler qui répondait le mieux, et il n'y
avait pas d'autre compagnie qui fabriquait une embarcation semblable. Et c'a
été négocié avec cette compagnie-là. Mais le
restant de l'équipement qui va dans le bateau, là ce n'est pas
nécessairement acheté de la compagnie, mais bien de...
M. Claveau: Ça veut dire que les 91 000 $, c'est pour la
carcasse du bateau seulement. Il n'y a pas de moteur dessus et il n'y a pas
d'instruments de navigation?
M. Lavigne: C'est deux bateaux de 25 pieds et il n'y a pas
d'équipement. C'est spécifiquement pour des plans d'eau
semblables au golfe, et le restant vient en ajout.
M. Claveau: C'a coûté combien, ces
bateaux-là, en tout, une fois montés? A quoi ça sert au
juste? Akwesasne?
M. Lavigne: Ça va être environ 90 000 $ par bateau.
Les bateaux ne sont pas terminés encore. Le montage n'a pas
été terminé. Ils vont être sur les plans d'eau l'an
prochain, au début de l'année. Et ce sont des prix qui paraissent
gros, mais, pour les endroits, on pense que ce sont des prix
compétitifs.
M. Claveau: Ça, c'est des bateaux
spécialisés dans le repêchage de barils qui flottent sur le
golfe, quoi?
M. Lavigne: Ça pourrait...
M. Claveau: Ça sert à quoi ça?
M. Lavigne: ...servir à ça. Je vous rappelle,
maintenant que vous le soulevez, que cette saisie-là à elle seule
représentait quelque 500 000 000 $.
M. Claveau: Un beau coup de filet. Un peu par hasard. Mais
ça sert à quoi, ces bateaux-là?
M. Lavigne: Bien, ça sert à aller chercher, entre
autres, ces choses-là. Je comprends que, dans ce cas-là, vous
disiez que c'est par hasard, nous, ça faisait deux ans qu'on avait le
dossier. Maintenant, on ne le savait pas, effectivement. Le hasard a fait
qu'ils les ont perdus et c'est tant mieux, parce qu'on ne savait pas, cette
journée-là, qu'ils s'en venaient. Ça sert à toutes
sortes de choses, principalement à de la patrouille nautique de
l'ensemble des quais, des environnements où il y a des quais, sur la
Côte-Nord et dans le Bas-Saint-Laurent. Ça sert à rescaper
des gens, ça sert à faire de la plongée ou de la recherche
de victimes à la suite d'accidents, ça sert à de
nombreuses fins.
M. Claveau: Vous allez m'expliquer quelque chose. Est-ce que la
Sûreté du Québec a quelque chose à voir avec les
centaines de bateaux de petites croisières, tout ce qui se
promène sur le fleuve Saint-Laurent, sur le Richelieu, sur le Saguenay,
bon, partout où il peut y avoir du bateau de croisière ou de
plaisance à se faire? Est-ce que la Sûreté du Québec
a quelque chose à voir dans le contrôle de ça?
M. Lavigne: Oui, mais, malheureusement, on a seulement 12
embarcations pour toute la Sûreté, ces 2 et 10 autres. Il y en a
deux a Montréal, trois à Québec et un par district
pour
les autres districts de la province, pour les sept autres districts de
la province. Donc, un total de 12. Si on se compare avec d'autres corps de
police canadiens, on a peu de ressources consacrées à
ça.
M. Claveau: Peut-être que si vous les achetiez au
Québec, ça pousserait plus pour en acheter.
M. Lavigne: S'il y en avait, on en achèterait.
M. Claveau: J'imagine que s'il y avait une commande qui
était passée à quelques fabricants de canots et de bateaux
québécois, ils seraient sûrement capables de vous le faire.
À Waskaga-nish, à la Baie-James, on produit des bateaux qui sont
drôlement impressionnants. Vous avez des bateaux de croisière
à 300 000 $ qui se promènent dans les Antilles et dans les
Bermudes et qui sortent de là. Vous ne vous imaginez pas que, si on leur
passait une commande, on ne serait pas capable de faire les bateaux de la
Sûreté du Québec aussi. Voyons donc!
M. Lavigne: Pas des bateaux de la Sûreté comme tels,
mais qui répondent à un besoin de la Sûreté.
Deuxièmement, ce que je dois vous dire, c'est que, encore là, ce
sont des exigences qu'on a pour le golfe Saint-Laurent. S'il y a, sur le
marché, des embarcations qui répondent aux exigences, il y a une
politique gouvernementale qui existe: on doit toujours acheter d'un partenaire
économique. Ça aurait été acheté d'un
partenaire économique. Mais quand il n'y en a pas, c'est dans ce
temps-là que ça va vers l'extérieur, comme ça.
Maintenant, cette norme deviendra canadienne, je crois, cette année.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. Claveau:
Merci.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez de
reconnaître...
M. Claveau: Oui.
Le Président (M. Dauphin):... M. le député
d'Orford qui m'avait demandé la parole...
Coûts des valises à documents
M. Benoit: Oui, juste une courte question. Dans les engagements
financiers d'août, à la page 5 de 9, on parle de l'achat de 900
valises à documents recouvertes de vinyle expansé, pour 67 000 $.
Pourriez-vous me dire quelle sorte de valise on a à ce prix-là,
pour 900?
M. Ryan: Est-ce que c'était pour la sécurité
ou pour les services correctionnels?
M. Benoit: Sûreté du Québec.
M. Lavigne: C'est pour la Sûreté. C'est pour
ça que je m'informais à l'arrière. J'aurais
peut-être pu vous en montrer une, mais je pense qu'on n'en a pas ici,
présentement. C'est une petite valise, c'est un porte-documents normal,
de format légal, si vous voulez.
M. Benoit: II y a quelque chose que je ne comprends pas. Si je
divise 67 000 $ par 900 valises, ça revient à très
très cher la valise. Qu'est-ce que je ne comprends pas
là-dedans?
M. Lavigne: Est-ce que vous pouvez répéter le
numéro de l'engagement, s'il vous plaît?
M. Benoit: C'est dans le mois d'août. Dans
Sûreté du Québec, la page 5 de 9. Mais sur la feuille,
c'est juillet.
M. Ryan: Ça revient à peu près à 80 $
la valise.
M. Benoit: Pardon?
M. Ryan: 80 $ la valise.
M. Claveau: C'est dans juillet 1991.
M. Benoit: C'est juillet 1991, mais ils l'ont mis dans
août.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, c'est
dans la liste du mois d'août, mais c'est un engagement, si je comprends
bien, de juillet 1991.
M. Ryan: Cela revient à un coût d'à peu
près 80 $ la valise.
Une voix: 67 000 $ divisé par...
M. Claveau: Ça revient à peu près à
80 $ la valise.
M. Ryan: Pardon?
M. Claveau: Ce n'est pas scandaleux.
M. Ryan: C'est ça, 75 $.
M. Benoit: Je ne cherche pas un scandale, je veux juste
savoir.
M. Ryan: 75 $. Si on veut donner une serviette qui a du bon sens
en cadeau, ça coûte plus cher que ça.
M. Benoit: Ces serviettes-là n'ont rien de
spécifique. Elles n'ont pas de spécification pour les gens
de...
M. Lavigne: Je faisais le calcul. Quelqu'un a été
plus vite que moi, c'est quelque chose comme 72 $, 73 $ la valise. Non, il n'y
a rien de spécifique. C'est offert aux patrouilleurs et aux autres
membres de la Sûreté qui vont transporter ce dont ils ont
besoin.
M. Ryan: Vous ne voulez pas qu'il garde ses papiers dans ses
poches.
M. Claveau: Les bottines coûtent plus cher que
ça.
M. Lavigne: II y en a plus.
M. Ryan: Probablement, oui. Il y en a. On va y venir
tantôt. Si ça vous intéresse, c'est très bien.
M. Claveau: On a vu des engagements sur les bottines qui sont pas
mal plus coûteux que les valises.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez,
messieurs, nous allons revenir aux bateaux. M. le député
d'Iberville avait une question sur le même sujet que le
député d'Un-gava tantôt.
Responsabilités de la Sûreté du
Québec relativement aux lacs et aux rivières
M. Lafrance: Merci, M. le Président. Concernant la
sécurité des voies navigables, j'ai toujours pensé que les
voies navigables, c'était une responsabilité
fédérale, ça. Quelle est la responsabilité de la
Sécurité du Québec relativement à nos
rivières et à nos iacc?
M. Lavigne: II y a certains règlements qui sont
appliqués par le fédéral, mais tous les règlements,
par exemple, sur la conduite d'un bateau... On va faire des
«facultés affaiblies» lors de la conduite d'une embarcation,
quelqu'un qui la conduit en état de boisson, par exemple. C'est la
responsabilité du corps de police qui couvre le territoire. Les
municipalités telles que Boucherville, pour ne nommer qu'elle,
patrouillent également les rivières près des
municipalités, les voies qui vont vers les municipalités. Alors,
la responsabilité de la Sûreté, c'est la
responsabilité d'appliquer la loi sur les petites embarcations et
d'appliquer le Code criminel sur la rivière.
M. Lafrance: Mais est-ce que le fédéral a une
responsabilité?
M. Lavigne: Le fédéral a une certaine
responsabilité mais, au Québec et en Ontario, il l'exerce peu,
parce que les infractions les plus fréquentes rencontrées sont
des infractions au Code criminel, au Québec et en Ontario, qui sont plus
administrées par les policiers municipaux et les policiers
provinciaux.
Une voix: Ça va?
M. Lavigne: Par exemple, la négligence criminelle, au
Québec et en Ontario, c'est une infraction criminelle. Donc, au
Québec et en Ontario, ce sont les corps policiers de la province qui les
font, alors que dans d'autres provinces, où la GRC fait la police
provinciale et la police municipale dans certains cas, bien, là, c'est
elle qui va le faire. Ici, au Québec, elle se limite plus dans ces
cas-là.
M. Lafrance: Ça me paraît très
nébuleux tout ça, je vais vous dire, parce que, moi, je viens de
la région du Haut-Richelieu et il y a de plus en plus d'embarcations et
de plus en plus d'infractions. J'ai de la misère à m'imaginer
qu'il y ait trois niveaux de police qui peuvent exercer des contrôles
dans des sphères de codes de sécurité différents
sur certaines...
M. Lavigne: Je peux vous dire qu'idéalement, si on avait
comme l'Ontario environ 100 embarcations et un certain nombre de ressources
à affecter à de la patrouille, on occuperait plus de place dans
la patrouille nautique. Sauf qu'on en a seulement 13. Donc, je ne dirai
sûrement pas à la GRC: Retirez-vous des rivières. Je veux
dire que tout ce qu'il peut y avoir comme patrouille va être mieux, parce
que, moi, je ne peux pas l'offrir à 100 %.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Ungava.
Achat de moteurs hors-bord
M. Claveau: Oui, pour revenir aux engagements de bateaux, il y a
l'engagement 5 d'août 1991 aussi qui me préoccupe un peu
peut-être dans sa forme, pour le moins. C'est encore un contrat
négocié pour l'achat de six moteurs hors-bord de
différentes puissances de marque Mariner. Donc, ça a
été négocié avec Mercury Marine Itée.
Là, vous me direz que c'est à Laval, mais il n'y a pas juste
Mercury qui fournit des moteurs hors-bord. Comment se fait-il qu'on
négocie encore avec un fournisseur en particulier? Une fois qu'on sait
qu'on veut des 15 forces, des 18 forces, des 25 forces et des 40 forces, on va
en soumissions publiques et on sort le moins coûteux. Et il y aurait
probablement 200 fournisseurs de moteurs un peu partout à travers le
Québec, y compris quelques-uns qui sont en problèmes financiers
et qui sont prêts à en vendre pas cher, qui pourraient vous les
fournir, vos moteurs de chaloupe. Comment se fait-il que c'est un contrat
négocié avec Mercury Marine Itée et personne d'autre? Il y
a quelque chose d'aberrant là-dedans, vous en conviendrez, M. le
ministre de la Sécurité publique. Vous devriez demander
une enquête sur le ministère des Approvisionnements et Services
quand il fait des affaires comme ça.
M. Ryan: Regardez, ne partons pas en peur trop vite. Il y a des
situations où c'est infiniment plus pratique et plus économique
de négocier que de recourir à un processus automatique qui
comporte bien des artifices aussi. Il faut avoir les pieds à terre
là-dedans. On va prendre des renseignements et on va vous les
communiquer.
M. Claveau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Claveau: On va faire un saut. Bon, il y a plein de contrats
négociés, il y a juste de ça, c'est presque
incroyable.
M. Ryan: Non, non, je m'excuse, la grande majorité des
contrats qui sont rapportés ici ont fait l'objet de soumissions, si vous
avez regardé votre dossier comme il faut. Là, vous faites une
affirmation générale à laquelle il m'est interdit de
souscrire. (11 h 45)
M. Claveau: Bien, je regarde ce que je vois, là:
août 1991, l'engagement 7, c'est un contrat négocié;
l'engagement 8, c'est un contrat négocié; l'engagement 9, c'est
une demande de livraison, c'est un autre contrat antérieur qui a
probablement été négocié aussi. Et si je m'en vais
aux soumissions sur invitation, quand on en invite deux, c'est quasiment des
contrats négociés, ça, vous savez. Ça vient du
fichier central de l'approvisionnement. Et, là, je reviens à
septembre 1991, l'engagement 6, contrat négocié; engagement 7,
contrat négocié; engagement 8, contrat négocié.
Bien, c'est ça. Il n'y en n'a pas rien qu'un contrat
négocié. Il ne faut pas se conter d'histoires. Encore au mois
d'octobre, les engagements 6, 7, 8, 9, ce sont des contrats
négociés. Bon, emmenez-en!
Tout ça nous amène à décembre 1991 avec le
Bureau du coronaire.
M. Ryan: Vous avez une question?
M. Claveau: Oui. Enfin, comme je l'ai dit, il y a beaucoup de
contrats négociés, tous ceux qui font partie de la même
dynamique que je vous expliquais tout à l'heure, que j'ai de la
difficulté à comprendre.
Ml. Ryan: Encore une fois je répète, M. le
Président, que ces choses ne relèvent pas de mon
autorité.
M. Claveau: Demandez une enquête, M. le ministre.
M. Ryan: Non, pas une enquête. Je vais demander des
renseignements que je vous communiquerai. Si vous voulez demander une
enquête, c'est à d'autres lieux que celui-ci, et le gouvernement
prendra ses responsabilités. Moi, je ne vois pas matière à
enquête, a priori, parce qu'il y a eu un contrat qui a été
négocié.
M. Claveau: En tout cas, dans le cas de
Hyundai, on va aller voir parce que ça me surprend que GM
n'était pas intéressé de vendre 80 petits
«chars».
M. Ryan: Vous ne serez pas obligé d'aller en Cour
suprême, vous allez avoir les renseignements bien avant ça.
M. Claveau: Ha, ha, ha! C'est à souhaiter. Bien, des fois,
c'est surprenant, encore.
M. Ryan: On va vous les donner, soyez sûr. Je connais mon
collègue, le ministre des Approvisionnements et Services, vous le
connaissez comme moi, il va être très heureux de fournir ces
renseignements.
M. Claveau: J'imagine.
M. Ryan: Et je vais aborder avec lui la question de la
présence d'un de ses collaborateurs à nos séances quand on
fait la revue des engagements financiers, ça pourrait être utile.
Je ne sais pas si ça sera possible, mais je vais en parler avec lui et
avec vous, M. le Président. En attendant, on exécute la
décision que vous avez évoquée.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Ungava.
Honoraires pour les services des morgues
M. Claveau: Oui, M. le Président, on va sortir de la
Sûreté du Québec un peu, là, bien que le sujet soit
intéressant, pour parler de la question des coroners. J'aimerais savoir,
à partir de l'engagement 1 de janvier 1991, où on nous explique
que «cet engagement est un engagement global à partir duquel on
paie les services des morgues désignées qui ont effectué
des transports de cadavres», comment est-ce que ça s'octroie cette
affaire-là? D'après ce que je comprends, c'est qu'il y a un
engagement global qui est pris quelque part. Mais où est-ce qu'il est
pris, cet engagement-là? Comment on détermine qui peut faire du
transport de cadavres? Comment sont donnés les services des morgues? Il
n'y a aucune explication là-dessus. Tout ce qu'on sait, c'est que
ça a l'air d'avoir été négocié, parce qu'il
y a juste une personne qui était intéressée à
ça, semble-t-il, et c'est Alfred Dallaire inc. de Montréal.
Est-ce qu'il n'y en aurait pas d'autres qui auraient pu faire l'af-
faire? Expliquez-moi ça, M. le ministre.
M. Ryan: On a déjà discuté de cela à
une séance antérieure de la commission, et des explications
avaient été fournies par le coroner en chef, vous vous rappelez,
à propos d'un contrat qui avait été donné à
Trois-Rivières, à une firme à laquelle était
relié le député de Trois-Rivières? Il y a eu des
allusions à cette occasion-là qui ont été
complètement dissipées par la suite parce qu'il a
été établi clairement que la part qu'il avait dans cette
firme-là était très, très inférieure
à la moitié. Et, deuxièmement, il a été
établi par le coroner lui-même que c'était la seule firme
qui était prête à fournir le service dans la région.
En conséquence de quoi l'Opposition a jugé plus sage de ne pas
revenir là-dessus, et je lui en sais gré.
Et, là, le coroner en chef étant absent, nous avons ce
matin le coroner en chef adjoint, M. Pierre Morin, que j'inviterais à
fournir des précisions sur cette question pour être bien sûr
que la réponse reste dans la ligne de l'orthodoxie la plus pure.
Le Président (M. Dauphin): M. Morin.
M. Morin (Pierre): En fait, en vertu de la Loi sur la recherche
des causes et des circonstances des décès, le coroner en chef
peut désigner des morgues pour venir, effectivement, faire le transport
de corps, faire la garde des cadavres, parce qu'on doit faire des ouvertures
d'enquête au début de l'investigation. Les engagements globaux
sont toujours faits en fonction d'une approximation, c'est-à-dire qu'on
ne sait pas à l'avance, évidemment, combien de cas on va avoir
dans un an. D'ur.a année à l'autre, ces engagements-là
sont faits sur la foi des informations qu'on avait sur l'année
antérieure. Et c'est comme ça que se font nos engagements
actuellement.
M. Claveau: Mais le choix des fournisseurs se fait à
partir de quels principes?
M. Morin (Pierre): Le choix des fournisseurs. Depuis que la
nouvelle loi est en vigueur, c'est-à-dire depuis le 3 mars 1986, on peut
effectivement structurer des critères pour faire des choix de morgues.
Les choix de morgues. Les morgues qui sont actuellement en fonction, qui
travaillent pour nous, de façon générale, c'est assez
stable, en ce sens qu'à l'extérieur des grands centres, comme
Montréal et Québec, on fait également le transport et on
fait la garde. Ce qui n'est pas le cas à Montréal où on a
la morgue à Parthenais, et, à Québec, sur la rue Semple.
C'est stable, c'est que ce sont des directeurs de funérailles
attitrés qui ont été choisis à une époque
donnée. Le choix se fait sur la qualité des services et, quand il
y a des changements, c'est parce qu'on n'est pas satisfait des services. Il y a
très peu de changements d'une année à l'autre.
Maintenant, il y a un règlement qu'on a adopté sur le
transport, la garde, l'identification des cadavres qui va porter
spécifiquement là dessus et qui va être mis en force quand
le Bureau du coroner aura établi ses assises. On va aller par appel
d'offres à ce moment-là, par région, pour faire le
transport des corps. C'est comme ça qu'on a l'intention de
procéder. Et cette opération-là doit débuter au
printemps 1992.
M. Claveau: C'est complètement nouveau, ça.
M. Morin (Pierre): C'est nouveau.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Octobre 1991. Dans la Gazette officielle du
Québec, un projet de règlement a été
publié le 30 octobre 1991. Dans la Gazette officielle du
Québec.
M. Morin (Pierre): Donc, techniquement parlant, il pourrait
être en vigueur depuis la mi-novembre.
M. Ryan: On ne l'a pas approuvé encore.
M. Morin (Pierre): On ne l'a pas approuvé
définitivement.
M. Ryan: Ça va se faire très prochainement.
M. Claveau: M. le ministre, est-ce que vous êtes capable de
nous dire quand vous allez renouveler le mandat du coroner en chef?
M. Ryan: Le plus tôt possible. Le plus tôt possible
nous arrêterons une décision à ce sujet.
M. Claveau: «Le plus tôt possible», là,
ça prend des proportions un peu cosmiques dans votre cas.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Ça fait deux ans qu'on se fait donner la
même réponse! C'est comme dans le cas de l'infini, hein. C'est
surtout quand on arrive au bout que c'est long!
M. Ryan: II y a une accumulation d'approfondissements qui se
produit pendant ce temps-là. Je pense que tout le monde peut attester
ici que les services fournis par les coroners sont fournis de manière
excellente en général. Les choses se font dans l'ordre. Il y a eu
des problèmes pendant un temps, de contrôle des dépenses,
qui sont maintenant réglés. Par conséquent, il n'y a pas
d'urgence à la question que vous posez, mais
il y a une question de bonne administration et puis
d'équité pour tout le monde dont nous sommes très
conscients. J'en ai causé avec le coroner en chef encore
récemment, et je compte...
M. Claveau: Est-ce qu'il serait indiscret de savoir pourquoi le
coroner en chef n'est pas là ce matin?
M. Ryan: Oui, ce n'est pas indiscret du tout. Le coroner en chef,
comme vous le savez, s'intéresse beaucoup aux sports olympiques. Il a
été l'un des promoteurs des sports olympiques; il était
même président d'un comité qui voulait promouvoir le choix
de Québec comme site des prochains Jeux d'hiver. Il s'est retiré
récemment pour laisser la place à d'autres, et sa période
de vacances avait été aménagée cet
été de manière qu'il puisse se trouver à
Albertville. Ce qui est une chose tout à fait
régulière.
M. Claveau: C'est normal, j'en conviens.
M. Ryan: II doit rentrer incessamment. Si vous voulez avoir des
impressions de première main sur Albertville, il pourra vous les
donner.
M. Claveau: D'ailleurs, on va en profiter pour saluer nos
Québécois et Québécoises qui ont remporté
les 5/7 des médailles canadiennes. On aurait eu cinq belles
médailles dans un beau pays du Québec.
M. Ryan: Regardez, vous confirmez également que le Canada
sans le Québec ne serait pas la même chose.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: On en aurait peut-être plus même, parce
qu'on ne serait pas obligés d'envoyer patiner des
Québécois en France, sous l'étiquette française,
parce que les fédérations canadiennes ne veulent pas les
accepter! On aurait pu les faire patiner pour nous autres.
M. Ryan: Ça, il y a un beau sujet pour une discussion avec
le ministre du Loisir.
M. Claveau: Donc, on aurait un potentiel d'une bonne dizaine de
médailles si on était tout seul, c'est bien.
Le Président (M. Dauphin): Comme je vous l'expliquais
tantôt, nous sommes très souples à la présidence,
mais continuez, M. le député.
Enquête sur le décès du caporal
Marcel Lemay
M. Claveau: J'en profite donc pour féliciter le coroner en
chef pour l'intérêt qu'il porte aux sports olympiques, là
où les Québécois et les
Québécoises excellent de plus en plus, d'année en
année.
Est-ce que vous pourriez nous donner des informations concernant
l'engagement financier 1 de novembre 1991 concernant l'enquête sur le
décès du caporal Marcel Lemay, qui a coûté 37 000 $,
en gros, des frais estimés à 37 000 $. J'imagine que
l'enquête est en cours.
Une voix: Elle est finie.
M. Claveau: O.K. Cette enquête est actuellement...
Une voix: Elle est finie. Ils attendent la fin du
procès.
M. Claveau: ...ajournée à une date
indéterminée. O.K. Ça, c'est réglé. Mais
qu'est-ce qui fait que ça a coûté 37 000 $, cette
enquête-là?
M. Ryan: Je pense que c'est l'été dernier, à
la suite de la présentation du rapport du coroner investigateur sur la
mort du caporal Lemay, le coroner en chef décidait d'instituer une
enquête du coroner. Cette enquête était confiée
à Me Guy Gilbert. Alors, M. Gilbert a mis tout le dispositif en marche,
il a travaillé - je pense que c'est au printemps que ça s'est
produit, ça, plutôt qu'à l'été, je pense que
c'est au printemps, vers le mois de mai ou le mois de juin, le 28 mai, c'est
ça - il s'est formé une équipe de conseillers juridiques
et de collaborateurs. Ensuite, nous sommes arrivés à l'automne.
Il y avait les procès de certains Mohawks qui devaient se
dérouler à Saint-Jérôme. Là, on a
commencé à procéder au choix des jurés, qui a
été assez compliqué, si vous vous en souvenez; et
là, une requête a été présentée au
tribunal, demandant que soit suspendue l'enquête du coroner pendant la
durée des procédures relatives au procès. Le juge a
décidé que l'enquête du coroner devait être
suspendue. Par conséquent, aussi longtemps que durent ces
procès-là, il y avait l'ordonnance du juge Greenberg qui pesait
sur l'enquête du coroner, et le coroner en chef, voyant la situation, a
demandé, en vertu des pouvoirs que lui confère la loi, au coroner
Gilbert d'interrompre son enquête tant que les procès ne seraient
pas terminés.
C'est là que nous en sommes. Et les honoraires qui ont
été versés à M. Gilbert au titre de l'engagement
que vient d'évoquer le député d'Ungava se rapportent
à du travail qu'il a accompli pendant la phase qui a
précédé cette interruption, pendant laquelle il ne se fait
aucun travail.
M. Claveau: Mais alors, actuellement, l'enquête, elle n'est
pas encore terminée?
M. Ryan: Non, non, non. Elle est interrompue.
M. Claveau: Et, là, il y a 35 000 $ de versés
à date.
M. Ryan: Oui.
M. Claveau: 35 766 $, et on prévoit 37 000 $ en tout;
ça veut dire que ça serait presque fini?
M. Ryan: Non. On ne sait pas ce que ça donnera au bout de
la ligne; on ne le sait pas, parce que les auditions publiques n'ont pas eu
lieu encore.
M. Claveau: Ah! Mon Dieu, mon Dieu, on n'est pas encore sortis du
bois!
M, Ryan: Non.
M. Claveau: Ça va se rajouter aux frais, ça, de la
crise autochtone.
M. Ryan: M. Pierre Morin me rappelle qu'en plus des procès
qui ont eu lieu et ont pris fin à Saint-Jérôme, d'autres
procès doivent avoir lieu à Montréal, dans le cas de 41
Mohawks qui ont été l'objet d'accusations consécutives
à la crise amérindienne, et il faut prévoir que
l'interruption de l'enquête s'appliquera également pendant la
durée de ces procès. (12 heures)
État de la situation à la suite du
tremblement de terre de novembre 1988
M. Claveau: Ça veut dire que c'est loin d'être fini.
O.K. Alors, si vous me le permettez, on va passer maintenant aux engagements
financiers du ministère comme tel. Non pas qu'il n'y aurait pas de
choses intéressantes à discuter dans le reste, mais avec le peu
de temps qui nous reste, on va plutôt aller du côté du
ministère pour terminer cette période d'engagements financiers.
Il y a beaucoup, beaucoup d'engagements qui se réfèrent au
tremblement de terre. En fait, encore quelques-uns, pour le moins, qui se
réfèrent au tremblement de terre de novembre 1988. Est-ce qu'on
pourrait avoir un panorama un peu général de la situation, suite
à ce tremblement de terre là, où est-ce qu'on en est
rendu? Le nombre d'indemnisations, le montant total des indemnisations,
etc.?
M. Ryan: À la suite du tremblement de terre, un programme
avait été institué par le gouvernement pour venir en aide
aux personnes ou aux organismes qui avaient subi des dommages résultant
directement du tremblement de terre. Ce programme a été
appliqué presque au complet. Encore certains paiements ont
été faits au cours des mois derniers. Maintenant, je vais
demander à M. François Côté, qui est l'adjoint du
directeur de la sécurité civile au ministère, de nous
résumer les déboursés qui ont été faits au
titre du programme et le nombre de personnes ou d'organismes qui ont pu
bénéficier d'indemnisations.
Le Président (M. Dauphin): M. Côté?
M. Côté (François): Oui, on a reçu
1652 demandes. De ce nombre, 967 ont été refusées, 670 ont
été acceptées, pour un déboursé total
à ce jour de 4 186 000 $. Et il y a encore 15 demandes qui sont encore
en traitement, qui sont encore en dossier actif.
M. Claveau: II reste 15 demandes qui ne sont pas
traitées?
M. Côté (François): Exactement. M.
Claveau: C'est quoi, le problème?
M. Côté (François): Je crois qu'il s'agit
essentiellement de dossiers en révision. Ce ne sont pas des dossiers qui
sont fermés pour nous.
M. Claveau: O.K. Donc, vous avez encore prévu
éventuellement, sur le budget de 1992-1993, des sommes sur le
tremblement de terre de 1988?
M. Côté (François): Oui. Comme vous le savez
probablement, les sommes qui servent au versement des indemnités dans le
cadre des programmes d'aide financière viennent de ce qu'on appelle des
crédits permanents. Alors, Us ne font pas l'objet, si on veut, d'un
budget voté comme tel, ils sont pris à même le fonds
consolidé du revenu. Donc, il n'y a pas de budgétisation
précise pour ces montants-là.
Système d'émission de chèques aux
victimes de la crise amérindienne
M. Claveau: II y a un contrat aussi dans l'engagement - mon Dieu!
voyons, j'essaie de me retrouver dans les mois - 12-90. Mon Dieu! Donc,
décembre 1990. Ici, on a un engagement sur un contrat
négocié, encore une fois, pour montrer qu'il y en a quand
même pas mal, dans le cadre du programme d'assistance financière
au conflit survenu à l'été 1990 à Oka: Installer et
entretenir un réseau local d'équipements informatiques pour
contrôler et émettre en urgence les chèques de
remboursement aux citoyens. C'est l'engagement 42. Alors, on sait qu'il y avait
eu un certain nombre de problèmes liés à ce
contrat-là. Est-ce que tout est dans l'ordre? Comment a
été réglée cette histoire-là?
M. Côté (François): On a fait appel à
quatre soumissions et la soumission de la compagnie AMI a été
retenue. Il y avait également la société Ogivar qui avait
été approchée, Epson
et puis Philips. Maintenant, c'est la soumission de AMI qui a
été retenue comme telle.
M. Claveau: Ça signifie quoi, AMI?
M. Côté (François): J'avoue que je ne le sais
pas, M. le député. C'est le nom de la compagnie.
M. Claveau: II y a un organisme qui s'appelle Aide
médicale internationale, ça ne doit pas être ça.
M. Côté (François): Non, ce n'est pas
ça.
M. Ryan: C'est parce qu'ils voulaient avoir plus de chances.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Mais comment ça se fait, dans la colonne
«autres soumissionnaires», que c'est vide?
M. Ryan: En tout cas, on vous les donne. M. Côté
vient de vous les donner: Ogivar, Epson, Philips.
M. Claveau: Ogivar, Philips, Epson. Normalement, quand il y a
différents soumissionnaires, on devrait avoir sur nos feuilles les
informations. On les a à peu près tout le temps mais, dans ce
cas-là, on ne l'a pas. Et c'est marqué: contrat
négocié. Moi, dans les informations que j'ai, c'est un contrat
négocié. Donc, ce n'est pas un contrat qui est allé en
soumissions publiques.
M. Ryan: Des soumissions qui ont été
demandées verbalement. Vous avez raison, des soumissions qui ont
été demandées verbalement. Il faut bien se dire - et, moi,
je me mets dans leur position, je n'étais pas en charge du
ministère à ce moment-là - qu'on est dans une situation
d'urgence, et ils veulent mettre au point un dispositif rapide pour permettre
le traitement des dossiers, l'émission des chèques et tout.
Ça fait qu'ils procèdent rapidement. Ils ont rencontré
quatre firmes. Là, ce n'est pas rien qu'une question d'arriver avec un
prix. Même préparer un modèle de base pour les soumissions,
ce n'est pas facile là-dedans parce qu'on ne sait pas à quels
problèmes on va faire face. J'imagine qu'au cours des contacts, les
firmes apportent des indications précieuses aussi. C'est en tenant
compte des indications fournies dans chacune de ces rencontres avec quatre
firmes différentes que là, ils ont décidé de
retenir la firme AMI. M. Côté, voulez-vous préciser?
M. Côté (François): Oui. Ce que je voulais
simplement vous préciser, c'est que c'était vraiment dans un
contexte d'urgence que ce contrat-là a été accordé,
et on voulait rapidement avoir la possibilité d'émettre des
chèques aux citoyens pour les aider à passer à travers la
crise.
M. Claveau: Est-ce que les troubles qui sont apparus... Parce
qu'il semble qu'il y ait eu des problèmes. On a entendu parler du moins
qu'il y avait eu des problèmes au niveau des chèques émis
à de mauvaises adresses, des chèques dédoublés, des
gens qui n'ont jamais reçu leur chèque, des gens qui n'avaient
pas droit à des compensations qui en auraient eues, etc. Est-ce que tous
ces problèmes-là ont été absorbés par
l'entreprise ou bien non si c'est encore le ministère qui a dû
payer pour tout ça? Et comment est-ce que ça s'est
réglé, toutes ces affaires-là? Est-ce que tout le monde a
été satisfait en bout de piste?
M. Ryan: Ce système-là n'a été mis en
place que vers la fin d'août, début de septembre, si je comprends
bien. Ça veut dire que les deux premiers mois, il y a eu des flottements
auxquels vous faites allusion. Il fallait mettre un service en place. C'est la
première fois qu'on faisait face à une crise de cette amplitude,
qui a provoqué plus de 31 000 demandes ou réclamations
d'indemnisation; plus de 31 000. Ça fait que le système a fini
par se mettre en place au mois de septembre; puis, à partir de ce
moment-là, les choses sont entrées en place l'une après
l'autre. Puis, maintenant, on n'a pratiquement plus de
représentations.
Et vous vous rappelez des représentations, des critiques qui ont
été formulées par deux anciens collaborateurs du service?
On a procédé à toutes les vérifications. Ils
n'avaient pas tort sur toute la ligne. Il y avait des points sur lesquels ils
évoquaient des faits réels, et ces choses-là ont
été corrigées de la manière la plus efficace et la
plus honnête possible. Je pense qu'on a fini par avoir un service qui est
excellent.
M. Claveau: 73 447,73 $, est-ce que ça, c'a
été un montant qui a été négocié avec
AMI avant le début de ses opérations ou bien non si on les paie
à mesure, selon les services qu'ils rendent?
M. Côté (François): Je vais m'informer. Un
instant. Je ne le sais pas, M. le député. Il va falloir
s'informer. Je vous avoue que je n'ai pas cette information-là à
ce moment-ci.
M. Claveau: O.K. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Alors...
M. Claveau: C'est noté.
Le Président (M. Dauphin): ...vous pouvez
prendre avis et transmettre l'information plus tard.
M. Ryan: Je pense qu'on va vous fournir les renseignements parce
qu'il y a eu une réquisition qui a été faite au Conseil du
trésor sous ma signature, dont j'ai le texte ici. puis je peux donner
l'essentiel de ce qui était dans la réquisition. Il y avait le
coût d'installation et de fournitures, 43 447 $; le taux horaire
d'entretien, 65 $ l'heure; le taux horaire d'installation, 65 $ l'heure; le
coût mensuel de disponibilité, 2000 $, et le taux horaire
d'entretien et d'installation en dehors des heures normales d'affaires, 85 $ de
l'heure. On voit tout de suite qu'il y a des frais qui sont encourus dès
le stade de l'installation, puis il y en a d'autres qui sont encourus à
mesure que le système est en marche.
M. Claveau: Ouais! Puis, tous ces entretiens-là et tout
ça, c'est sur demande ou au bon vouloir d'AMI qui peut y aller quand il
veut?
M. Ryan: C'est sur demande. Il doit y avoir un engagement
à l'effet qu'ils vont inspecter ça régulièrement.
Puis, à part de ça, s'il y a un accident qui se produit, ils sont
supposés venir tout de suite.
M. Claveau: Est-ce que c'est encore tout en place au moment
où on se parte ou bien si c'est démantelé.
M. Côté (François): Nos bureaux sont
fermés à Châteauguay et à Oka. On avait deux bureaux
qui avaient été ouverts temporairement à Châteauguay
et à Oka; ils ont été fermés depuis.
M. Claveau: Donc, ça, c'est le coût final de cette
opération-là. Les 73 000 $, c'est le montant total de l'ensemble
de l'opération en ce qui concerne la prise de données puis les
chèques.
M. Ryan: Oui.
État de la situation sur I'îlotage des
pneus
M. Claveau: Un autre problème qui relève un peu
beaucoup de la protection civile, c'est l'îlotage des pneus, le fameux
problème de pneus. On a beaucoup... on a quelques contrats, du moins,
qui sont encore là. Là, contrat par soumissions publiques dans le
cas d'un engagement de décembre 1990, concernant l'îlotage des
pneus à Notre-Dame-de-Portneuf. C'est un exemple parmi d'autres, il y en
a plusieurs dans le même style. Est-ce que vous pourriez nous faire un
peu une mise au point, où on en est dans toute cette question-là
de l'îlotage? À entendre parler, on devait régler
ça, le problème des pneus, c'était une question de temps.
Encore là, ça frise l'infini.
M. Ryan: II y a une partie du mandat qui a été
confiée au ministère de la Sécurité publique, et M.
Côté pourrait rendre compte de ce qui a été
accompli.
Le Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (François): Alors, le gouvernement
prenait une décision, en mars 1990, à l'effet de procéder
à I'îlotage d'un certain nombre de sites qui, par leur importance,
faisaient en sorte qu'il fallait s'en occuper parce qu'ils
représentaient un danger majeur. De mémoire, il y avait sept
sites qui avaient été identifiés, qui contenaient plus de
250 000 pneus, et le mandat que le ministère a obtenu, c'est de
réaliser l'îlotage de ces sept sites-là sur un espace de
deux ans. Alors, on a procédé comme tel à Illotage des
sites en question et, en plus de ça, on a également donné
des cours, de la formation à chacune des brigades contre les incendies
qui avaient, sur leur territoire, les fameux sites en question, pour leur
montrer justement, dans l'éventualité malheureuse où il
pourrait y avoir un feu, comment ils pourraient faire face à ce
feu-là, comment le combattre comme tel. Donc, il y a eu l'îlotage,
qui s'est fait durant l'année 1990-1991, et aussi la formation des
intervenants pour éviter, justement, qu'ils soient pris devant... enfin,
avoir l'entraînement qu'il faut pour être capables de combattre un
feu.
M. Claveau: C'est-à-dire qu'actuellement l'îlotage
est complété partout?
M. Côté (François): Exactement, M. le
député.
M. Claveau: Le montant de ça? Moi, je vois qu'il y a quand
même des grosses sommes qui ont été engagées
là-dedans: Notre-Dame-de-Portneuf, 68 000 $; Saint-Gilles, 156 000 $;
Sainte-Anne-des-Plaines, 53 000 $; Franklin, 485 300 $; rien de moins. Ces
sommes-là, dans le fond, c'est des sommes d'argent qui sortent
carrément des coffres du gouvernement. Qu'est-ce qu'on demande en
échange aux propriétaires de ces sites-là? À quoi
les oblige-t-on? Dans le fond, c'est des subventions déguisées,
ça. là. C'est à eux autres, les fameux pneus, ce n'est
à personne d'autre.
M. Côté (François): Je crois savoir que le
ministère de l'Environnement est sur le point, si ce n'est
déjà fait, de publier un règlement concernant
l'entreposage des pneus comme tel. Donc, il va y avoir une
responsabilité collective, maintenant, désormais, pour
l'entreposage des pneus à travers la province.
M. Claveau: Avez-vous parlé, tout à l'heure, de
sept sites d'entreposage?
M. Côté (François): Oui.
M. Claveau: Actuellement, enfin, en novembre 1990, on a
quatre...
M. Côté (François): Oui. Il y en a
quelques-uns qui n'ont pas été faits, finalement. Il y en a deux
qui n'ont pas été îlotés comme tels: il y a le site
de Saint-Paul d'Abbotsford qui n'a pas été îloté,
pour la bonne et simple raison que le site était tellement petit,
tellement concentré, que ça ne valait pas la peine, et on a
simplement déchiqueté les pneus en question. Et il y a le site de
Saint-Amable qui, comme vous le savez, a brûlé. Alors, on a
continué simplement à les déchiqueter; c'est pour
ça que vous n'avez pas le nombre de sept sur vos listes.
M. Claveau: Je veux bien croire qu'au niveau de la
Sécurité publique, votre boulot, c'est de vous assurer que les
pneus soient le moins dangereux possible. Ça, c'est le rôle du
ministère de la Sécurité publique. Mais en tant que membre
d'un gouvernement, le ministre de la Sécurité publique participe
à l'ensemble des débats de ce gouvernement-là et, à
ce qu'on sache, ce n'est pas le ministre qui se fait le moins valoir au niveau
du Conseil des ministres. Est-ce qu'il est question de la façon dont on
va régler une fois pour toutes la question de ces vieux pneus? Il y a,
par exemple, les cimenteries qui ont proposé de les brûler, comme
ça se fait dans d'autres pays au monde. Au lieu d'être
branché sur Hydro-Québec, au même titre que les
guérites de Kahnawake, par exemple, on pourrait diminuer
énormément la facture, semble-t-il, des cimenteries si on faisait
du ciment, si on alimentait les fours avec les vieux pneus. Pourquoi ces
projets-là sont-ils retardés ou sont-ils mis de côté
ou sont-ils mal vus? On dirait que c'est mal vu de vouloir traiter les vieux
pneus.
M. Ryan: Je ne pense pas. On va voir le projet de
règlement du ministre de l'Environnement. C'est une question qui
relève de lui, sauf les aspects de la sécurité publique.
Côté sécurité publique, ITlotage est apparu comme
une mesure indispensable, nous en avons assumé la responsabilité,
et le reste relève du ministre de l'Environnement. Je suis bien
prêt à en causer avec lui, mais je n'ai pas eu d'échanges
avec lui récemment là-dessus. (12 h 15)
M. Claveau: Dans la mesure où ça vous a
coûté un bon 600 000 $ à 700 000 $ d'îlotage depuis
un an, probablement que vous avez eu l'occasion d'en parler avec le ministre de
l'Environnement et le ministre de l'Énergie, éventuellement,
aussi, en ce qui concerne la retransformation de ces pneus en sources
énergétiques? Ça ne serait peut-être pas mauvais,
aussi, comme idée. Ça nous enlèverait l'espèce
d'épée de Damoclès qui est toujours un peu en suspens en
ce qui concerne ces pneus-là. Mais on a beau les îloter, si le feu
reprend dedans, comme on a déjà vu, il reste que ça va
brûler quand même et ça va continuer à polluer quand
même. Et il va y avoir des dommages comme il y en a eu à
Saint-Amable.
M. Ryan: Les dangers de conflagration sont circonscrits justement
par l'opération elle-même. C'est pour ça que cette
opération a été faite.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, M. le
député, je vais reconnaître M. le député
d'Iberville et ensuite M. le député de Bertrand.
M. Lafrance: Merci, M. le Président. Moi, je me questionne
sur la question de la répartition des responsabilités entre la
Sécurité publique et l'Environnement. J'ai de la misère
à comprendre pourquoi I'îlotage des pneus, que, moi, j'associe
à une forme de décontamination de l'environnement, ça
tombe sous la responsabilité de la Sécurité publique, et
que ça n'ait pas été pris par l'Environnement
plutôt. Je sais que les montants d'argent viennent de tous les
contribuables, mais j'ai peine à m'imaginer comment il se fait que ce
n'est pas le ministère de l'Environnement qui s'est occupé de
défrayer les coûts relativement à l'îlotage de pneus
qui pouvaient contaminer le sol.
M. Ryan: Je peux vous donner des extraits de la décision
qui a été prise à ce sujet le 7 mars 1990 par le Conseil
exécutif. Donc, avant que moi-même, je ne sois responsable du
ministère. Il y avait un mémoire conjoint qui avait
été soumis par les deux ministres, Environnement et
Sécurité publique, portant sur un plan de prévention
visant la sécurité des sites d'entreposage de pneus au
Québec. C'est évident, par le contexte, qu'il y a une
responsabilité fondamentale première qui est celle du ministre de
l'Environnement. Deuxièmement, il y a une responsabilité qui
vient s'ajouter à celle-ci sous l'angle de la sécurité
publique, qui est celle du ministre de la Sécurité publique.
Là, les deux ministres s'étaient entendus pour soumettre un plan,
dont les éléments qui devaient relever du ministre de la
Sécurité publique ont fait l'objet des engagements financiers
dont nous avons parlé.
Le ministère de l'Environnement s'était vu accorder
à cette occasion une enveloppe de crédits additionnels de 15 000
000 $ pour tout ce problème des pneus, pour l'exercice 1990-1991. En
plus, à même la récurrence de cette enveloppe pour
l'exercice 1991-1992, le ministère de la Sécurité
publique, lui, s'était vu accorder des crédits maxima de 2 000
000 $ pour les deux exercices, pour les fins qui ont été
évoquées par les engagements financiers dont nous avons
parlé tous les deux, tout à l'heure. Il avait été
convenu, d'un commun accord, de toute évidence, qu'il y avait
responsabilité complémentaire des
deux. Mais la responsabilité première demeure celle du
ministre de l'Environnement.
M. Lafrance: Merci
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Bertrand.
M. Beaulne: Oui. Juste deux questions et un commentaire. D'abord,
le premier commentaire, pour aller dans le sens de mon collègue
d'Iber-ville. Les opérations sur le site de Saint-Amable ont
démontré qu'effectivement cette double juridiction avait
entraîné un certain cafouillage au début des
opérations, qui aurait pu se solder par un désastre beaucoup plus
grand que celui qu'on a vécu à Saint-Amable. Ceci, comme
commentaire, suite aux paroles de mon collègue.
J'aimerais poser deux questions très brèves. D'abord,
suite a l'incendie des pneus de Saint-Amable, en mai 1990, il y avait eu une
entente entre la ville et le ministère de la Sécurité
publique, à savoir que certains frais que la ville avait encourus lui
seraient remboursés. J'aimerais savoir d'abord si le montant total des
réclamations de Saint-Amable a été remboursé en
date d'aujourd'hui, d'une part. Deuxièmement, une autre question
concernant lHotage: Au-delà du simple îlotage, c'est-à-dire
de la séparation des pneus en petits tas, avez-vous prévu, selon
la configuration de certains sites, des mesures de sécurité
additionnelles? Par exemple, dans le cas de Franklin, qui est un des sites
d'entreposage les plus importants, la disponibilité à
proximité du site d'un camion-mousse ou d'équipement quelconque
permettant d'intervenir rapidement, contrairement à ce qui s'est fait
dans le cas de Saint-Amable.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, en ce qui concerne la réclamation
de la ville de Saint-Amable, on m'informe qu'elle aurait été
réglée presque en entier, qu'il resterait un point relatif
à des frais d'intérêts qui doit être
réglé. Mais le gros de la réclamation a fait l'objet d'un
règlement.
Deuxièmement, en ce qui touche la sécurité sur les
sites où sont entreposés des pneus, chaque site a
été clôturé de manière sécuritaire. En
plus, des cours de formation ont été organisés par la
direction de la Sécurité publique à l'intention des corps
de pompiers des municipalités concernées pour qu'ils puissent
être capables d'intervenir rapidement et efficacement en situations qui
le requéreraient.
M. Beaulne: Est-ce que ça implique, ça, la
disponibilité d'un camion-mousse, par exemple, comme pour
éteindre les feux dans les aéroports en cas d'écrasement
d'avion?
M. Ryan: On a fortement suggéré aux
municipalités d'utiliser un produit de mousse qui s'est
avéré très efficace dans ce genre de situation-là.
Ça fait partie des indications qui leur sont données. C'est
à chaque municipalité de se procurer le matériel
évidemment.
M. Beaulne: O.K.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Oui, M.
le député d'Ungava.
Montant des dépenses liées au programme
des travaux compensatoires
M. Claveau: Bon, on va changer de sujet. LTlotage était
très intéressant, mais, mol, ce qui me fatigue le plus à
travers tout ça, c'est que depuis le temps, on n'a encore trouvé
aucune solution, pas plus qu'on n'en a trouvée d'ailleurs pour les BPC.
Il n'y a plus personne qui en parie, mais ils sont encore dans le décor.
Donc, il va falloir un jour que le gouvernement, au-delà de sa grande
prudence, prenne des décisions. Qu'est-ce que vous voulez, un
gouvernement qui ne décide pas, c'est peut-être prudent, mais
ça laisse traîner des situations dangereuses.
On va continuer Immédiatement, en ce qui me concerne, avec
février 1991 et les travaux compensatoires. Il y a quelques engagements
financiers concernant des suppléments pour porter à un nouveau
montant des dépenses qui sont liées au programme des travaux
compensatoires, et ces contrats-là semblent être pris d'une
façon régulière avec des organismes
bénévoles: le Centre de bénévolat de la Rive-Sud,
le Service d'action communautaire de l'Outaouais, etc. Alors, j'aimerais que
vous m'expliquiez comment ça fonctionne, c'est quoi les budgets qui sont
disponibles pour les travaux compensatoires et comment ça se fait qu'on
n'arrive pas... Enfin, quand on apporte des suppléments, des ajouts pour
arriver à un nouveau total, ça se fait à partir de quel
principe finalement?
M. Ryan: Je pense, M. le Président, que M. Normand
Carrier, sous-ministre associé en charge des services correctionnels,
pourrait fournir des éléments d'information très
intéressants au sujet de ce programme de collaboration avec des
organismes communautaires pour des travaux compensatoires permettant d'assurer,
de manière plus humaine et plus efficace probablement, la
rétribution à laquelle la société a droit à
la suite de certains délits.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier (Normand): Oui, M. le Président. On se
rappellera que le programme de travaux compensatoires est un programme de
solutions de rechange à l'incarcération pour les individus qui
font défaut de payer l'amende. Alors, c'est en vertu d'une loi du
Québec qui permet à un
individu, lorsqu'il n'a pas les moyens de payer l'amende, de demander un
délai; par la suite, on peut saisir ses biens, et s'il n'a pas les
moyens, il peut exercer, il peut faire des travaux compensatoires. Ce
programme-là, au cours de l'année passée, a touché
17 000 personnes qui auraient fait l'objet d'incarcération si elles
n'avaient pas fait des travaux compensatoires. On a fait, l'année
passée, au-delà de 400 000 heures de travaux compensatoires au
lieu de périodes d'incarcération qui auraient été
réalisées si cette loi-là n'avait pas existé.
Maintenant, comment ça se réalise? L'individu qui n'a pas
payé son amende est référé à un organisme
communautaire. Ce sont les organismes communautaires que vous voyez dans les
engagements avec lesquels nous avons des contrats, et les contrats ont
dépassé les montants prévus parce qu'on a eu,
effectivement, plus de personnes qui ont bénéficié du
programme; on a eu plus de personnes qui, au lieu d'être
incarcérées, ont fait des travaux compensatoires. Alors, l'an
passé, comme je le disais tout à l'heure, on a eu 17 000
personnes, alors qu'on avait prévu 14 000 cas. C'est pour cela qu'on a
dû, dans la plupart des contrats que nous avions, hausser les limites. Le
coût moyen d'un cas qui est traité par un organisme
réfèrent est autour de 95 $. Ça équivaut à
peu près à une journée d'incarcération.
L'organisme, son mandat, c'est de trouver des endroits où l'individu va
faire des travaux compensatoires et évaluer les habiletés de la
personne pour s'assurer qu'il y ait une adéquation entre les besoins de
services et la capacité de l'individu.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Il y a quand même
un problème. C'est que, dans le fond, les organismes qui acceptent de
participer au programme de travaux compensatoires ne peuvent pas refuser de
cas. C'est-à-dire que si, par exemple, on les a budgétés
pour un certain nombre de cas, mettons, 2000 dans l'année que tu dois
recevoir à 100 $ ou 105 $ du cas ou quelque chose comme ça, ils
sont obligés de les prendre. S'il y en a plus, éventuellement, il
peut y avoir des réajustements, mais il n'y pas nécessairement de
réajustement. Ils sont obligés de faire face à tous les
cas qui sont demandés et, plus il y a de cas, plus c'est difficile de
trouver des places pour placer ce monde-là, parce que ce n'est pas tout
le monde qui en veut, puis il y a quand même un taux d'échec qui
est assez élevé, de l'ordre de 25 %, de ceux qui entrent dans le
programme et qui ne le terminent pas, puis qu'ils sont obligés de
rattraper par après pour être envoyés en dedans. Puis ce
n'est pas évident que c'est facile à gérer, ces
affaires-là.
Semble-t-il qu'il y a une étude qui a été
réalisée quelque part, à la demande du ministère,
pour faire en sorte de diminuer encore les frais et qui évaluerait
peut-être même à 60 $ ou 70 $ - je n'ai pas les chiffres de
toute façon - le coût pour l'organisme qui travaille avec vous
autres. Si c'était le cas, finalement, il serait possible que tous les
organismes qui sont actuellement en lien avec le ministère pour faire
des travaux compensatoires se retirent à l'échéance de
leur contrat, le 31 mars. Est-ce que c'est vrai, et si tel est le cas,
qu'est-ce que vous allez faire?
M. Carrier: Je reprends. Il y a eu effectivement une étude
à la demande du Conseil du trésor qui voyait le coût du
programme augmenter, puisque le programme coûte actuellement autour de 1
500 000 $. Le Conseil du trésor a demandé au ministère
d'évaluer l'efficacité et l'efficience du programme, donc,
d'évaluer le coût que représentait le traitement de chacun
des cas. C'est ce que nous avons fait et il y a un contrat qui a
été donné à la firme BDL qui a produit, au cours de
l'an passé, un rapport détaillé sur ce que
représente le coût de chacune des activités qui est
réalisée par chacun des organismes referents. Sur la base de ce
rapport, nous sommes actuellement à demander un mandat au Conseil du
trésor pour aller négocier un nouveau contrat avec les organismes
referents.
Je ne vous cache pas que, effectivement, le fait qu'on ait
augmenté de façon importante le nombre de cas nous fait penser
qu'il pourrait y avoir une économie d'échelle dans chacun des
organismes referents, et nous allons, sur la base du mandat qui sera
donné au ministère, renégocier avec les organismes
referents le contrat pour les années 1992 à 1995.
M. Claveau: Mais il semble que, justement, ce ne soit pas le cas.
L'économie d'échelle dont vous parlez, dans la théorie,
ça peut être intéressant mais, dans la pratique, ce n'est
pas ça, parce que plus on a de cas à traiter, plus ça
devient coûteux, parce que plus difficile à placer, parce qu'il y
a plus de problèmes de coordination, parce que peut-être qu'il
faut plus de personnel aussi. Ce ne sont pas tous les organismes qui ont les
locaux nécessaires pour placer tout ce personnel, et ils sont
obligés d'agrandir des locaux, ils sont obligés d'engager des
frais supplémentaires, ce qui fait en sorte que, finalement, pour eux
autres, ça ne se traduit pas par une diminution des coûts. (12 h
30)
Si vous vous en tenez à l'étude de BDL qui, d'ailleurs, a
coûté la modique somme de 139 599 $, si vous vous en tenez
à cette magnifique étude, vous travaillez à partir d'une
théorie d'économie d'échelle, mais n'avez pas
nécessairement la réponse au milieu. Et à ce
moment-là, vos collaborateurs dans le milieu, tout ce qu'ils peuvent
faire, c'est de dire: C'est fini. Nos contrats se terminent le 31 mars.
Extension
possible de trois ou quatre mois jusqu'en juin pour régler des
choses et, après ça, vous vous arrangerez. Parce que
l'étude a oublié de dire que depuis 1981 ou 1982 que ce programme
est en vigueur, ça a fait économiser au-delà de 10 000 000
$ aux services carcéraux eux-mêmes, en montants qui n'ont pas
été versés pour avoir reçu les prisonniers a
l'intérieur des cellules. Alors, dans le fond, c'est le genre de
programme où il est peut-être intéressant d'investir plus
pour économiser ailleurs. Parce que si, demain matin, vous n'avez plus
d'organismes de référence dans le milieu qui veulent collaborer
avec vous autres, vous allez devoir envoyer ces gens-là en dedans et
leur faire purger des peines, je ne sais pas, à raison de 10 $ l'heure
ou 25 $ par jour d'amende. Ça finit par être coûteux. Vous
autres, vous leur faites purger des peines à l'intérieur à
raison d'une journée ou 25 $ d'amende, alors que les travaux
compensatoires leur permettent de récupérer leur peine à
raison de 10 $ de l'heure travaillée.
M. Carrier: D'abord, on ne remet pas du tout en question le
bien-fondé ou la pertinence du programme. On est absolument d'accord
avec vous sur le fait que le programme de travaux compensatoires pour
l'ensemble des personnes contrevenantes et pour la société en
général est bénéfique puisqu'on permet à un
individu de remettre à la société, par son travail
bénévole, un tort qu'il aurait pu causer. Alors, sur la
pertinence et sur le bien-fondé du programme, on ne remet aucunement
ça en question.
Ce qui est questionné actuellement et ce qui fart l'objet de
discussions avec les organismes referents, avec qui nous avons eu d'excellentes
relations au cours des six, sept dernières années, lesquels
organismes referents ont contribué, avec la firme BDL, à
l'évaluation - et ils ont tous été rencontrés par
les gens de la firme BDL - ce qu'on dit, c'est que la conclusion de la firme
BDL nous met en situation de discuter avec eux des coûts, et c'est ce
qu'on est en train de faire. On ne peut pas présumer de la fin des
discussions avec les organismes referents et on ne veut pas non plus
présumer du mandat qui sera donné au ministère par le
Conseil du trésor, à qui on a fait état de certains
travaux de la firme BDL.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez...
M. Carrier: On n'a pas la conclusion actuellement de ces
discussions-là qui sont en cours avec les organismes referents.
M. Claveau: De toute façon, je sais qu'il y a un
problème là qui, j'espère, devra être
réglé à la satisfaction de tout le monde. Il ne faudrait
peut-être pas le regarder au simple plan comptable, parce que ce n'est
pas évident que ça soit comme ça que ça se
«démarche» dans le milieu.
Le Président (M. Dauphin): Je m'excuse, M. le
député...
M. Claveau: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Sur le même sujet? Parce
qu'il y a un député qui aimerait poser une question.
M. Claveau: Rapidement, je voudrais juste profiter de l'occasion
pour remercier de leur collaboration les services correctionnels, selon le
nouveau titre, pour la visite que j'ai faite à la prison de Rimouski qui
a été très intéressante, très instructive en
ce qui me concerne. J'espère avoir l'opportunité d'en refaire
d'autres.
M. Fradet: Vous avez été incarcéré
combien de temps?
M. Claveau: Hein?
M. Fradet: Vous avez été incarcéré
combien de temps?
M. Claveau: Ah! Le temps de savoir ce qui se passe à
l'intérieur. Ha, ha, ha!
M. Fradet: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Sur le même sujet, M. le
député de Vimont.
Lutte à la drogue
M. Fradet: Oui, entre autres. On se souviendra, M. le ministre,
en novembre 1990, suite au rapport Bertrand sur la toxicomanie au
Québec, le dépôt de la politique gouvernementale en cette
matière avec, à cette époque, le ministre de
l'Éducation et le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Le ministère de la Sécurité publique a un grand rôle
à jouer dans ce dossier et lorsque j'entendais le député
d'Ungava parler de prison, il y avait à l'époque, en tout cas,
des engagements qui étaient supposés être pris par le
ministère de la Sécurité publique en ce qui a trait aux
prisons, en ce qui a trait aussi à la Sûreté du
Québec, aux corps de police. Est-ce que vous pourriez me dire si les
sommes qui étaient dégagées à cette
époque-là ont été dépensées aux fins
auxquelles elles devaient l'être? Sinon, où est rendu le
dossier?
M. Ryan: La question est tout à fait reliée aux
responsabilités du ministre de la Sécurité publique.
À la suite du plan Bertrand, comme vous l'avez rappelé, le
gouvernement avait annoncé que des crédits seraient
accordés à divers ministères pour accomplir un effort
spécial dans le secteur de la lutte à la drogue. Dans le
cas du ministère de la Sécurité publique, je
rappelle, tout d'abord, qu'il y a quelques années, des crédits
additionnels avaient été octroyés à la
Sûreté du Québec à cette fin-là - je pense
que c'était de l'ordre de 6 000 000 $ - qui ont été
récurrents depuis ce temps-là. Et, grâce à
l'addition de ressources qui a été ainsi effectuée, je
pense que le travail de la Sûreté du Québec, dans la
répression de la drogue, a connu des résultats assez
spectaculaires qui font l'objet de l'envie de bien des milieux policiers
maintenant.
En ce qui touche les autres secteurs du ministère, un budget de 3
000 000 $ avait été prévu pour l'année 1991-1992.
À la suite des compressions budgétaires instituées pendant
l'année, ce programme a été l'objet d'amputations
sérieuses de l'ordre de près de 1 200 000 $. Il est donc
resté 1 787 000 $ pour le programme cette année, et ces sommes
ont été affectées comme suit: la priorité que nous
avons inscrite, ça été pour l'acquisition
d'équipements scientifiques et l'embauche de personnel au Laboratoire de
police scientifique, afin d'augmenter la capacité d'analyse de ce
laboratoire en toxicologie. Il y avait un gros goulot d'étranglement de
ce côté-là. Pour que le travail puisse progresser au rythme
attendu par les forces policières des autres services concernés,
il a été décidé de doter le laboratoire
d'équipements qui lui permettraient de faire le travail. Ça, il y
en a eu pour 1 087 000 $, cette année.
On a également accordé à la Direction de la
sécurité et de la prévention un montant de 45 000 $, afin
qu'elle puisse se doter d'une expertise comptable qui pourra l'habiliter
à rendre des services aux corps policiers en matière
d'enquête. Nous avons un programme d'aide financière à
l'intention d'organismes communautaires oeuvrant dans le domaine de la lutte
contre la drogue: 150 000 $.
En milieu correctionnel, nous avions prévu un budget de 330 000
$: aide financière aux organismes oeuvrant en milieu carcéral,
formation de conseillers spécialisés en milieu correctionnel et
formation des agents des services correctionnels pour évaluation et
intervention auprès des détenus et les personnes qui sont en
rapport avec les détenus. Pour l'information et la sensibilisation des
détenus, il y avait un budget de 55 000 $. Des cours de perfectionnement
à l'Institut de police du Québec en matière de drogue: 40
000 $. Subvention aux services policiers pour permettre l'accès à
une banque informatisée de renseignements criminels: 60 000 $.
Ça, c'est un budget qui est géré par la
Sûreté du Québec, mais qui permet d'accorder des montants
à des corps policiers locaux pour qu'ils puissent se greffer à un
réseau d'information. Finalement, on a procédé à
l'engagement d'une coordonnatrice ministérielle responsable du dossier
au bureau du sous-ministre.
M. Fradet: Pour le comité interministériel?
M. Ryan: Cette personne assure la liaison avec tous les autres
intervenants, y compris le comité interministériel.
Alors, tout ça, il y en a eu pour
I 787 000 $ en 1991-1992. Nous avons présenté des
crédits pour 1992-1993 au sujet desquels les décisions seront
arrêtées incessamment et communiquées à
l'Assemblée nationale peu après la reprise des travaux.
M. Fradet: Juste une autre petite question. Peut-être juste
un commentaire durant le temps qu'on a l'individu qui s'occupe du dossier des
prisons. Je pense que le dossier de toxicomanie à l'intérieur de
nos prisons, c'est un dossier qui est quand même assez
problématique, surtout relié aussi avec le sida, entre autres. Je
pense que c'est un domaine où on devra, en tout cas, avoir des actions
un petit peu plus poussées dans ce sens-là parce qu'on sait
d'ailleurs que ces gens-là aussi, éventuellement, vont revenir
sur le marché du travail et autres et pourront, s'ils n'ont pas
été bien encadrés, continuer leur train de vie au
même titre qu'ils le faisaient avant et même à
l'intérieur des murs. Je pense que c'est très important.
Il y avait peut-être un dossier. Je suis convaincu que les
fonctionnaires du ministère de la Sécurité publique
travaillaient dessus. Et la Sûreté du Québec est
sûrement au courant de ça.
II y avait des négociations avec le fédéral,
à savoir si les saisies des sommes d'argent
récupérées ne pourraient pas être réinvesties
au Québec, même à l'intérieur du ministère de
la Sécurité publique, dans le cadre du combat que la
Sûreté du Québec ou les corps policiers municipaux
mènent à l'industrie de la... Est-ce qu'il y a eu des ententes
avec le gouvernement fédéral pour récupérer ces
sommes d'argent là?
M. Ryan: Pas encore, non.
M. Fradet: On sait que les biens qui ont été acquis
justement par la vente illicite de drogues sont récupérés,
mais est-ce que l'argent pourrait être réinvesti automatiquement
dans la lutte à la drogue?
M. Ryan: À ma connaissance, des approches ont
été faites à ce sujet. J'ai reçu des
représentations de la part de ia Sûreté du Québec,
mais il n'y a pas eu de négociation proprement dite encore
là-dessus à mon niveau.
M. Fradet: Présentement, l'argent qui est
récupéré retourne au fédéral et nous, au
Québec, en tant que province, nous n'avons rien de cet
argent-là.
M. Ryan: Oui. Nous avions d'autres sujets prioritaires, quand
j'ai eu des rencontres avec le Solliciteur général du Canada, et
j'ai à peine pu mettre ça sur la table, mais on n'a pas eu le
temps d'en discuter vraiment.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député? Dernière question avec M. le député
d'Un-gava.
Compensations versées par suite de
l'intégration d'anciens policiers
à la Sûreté du
Québec
M. Claveau: On me donne une dernière question, M. le
ministre, une petite question bien simple. Dans le cadre des restrictions
budgétaires qu'on connaît actuellement au gouvernement, comment se
fait-il qu'un an et deux mois presque après l'intégration du
territoire de la Baie James par la Sûreté du Québec, qui
couvre le territoire complet, y compris la ville de Matagami depuis le 1er
janvier 1991, comment se fait-il qu'encore aujourd'hui il y ait au moins un des
anciens policiers qui est toujours payé à rester chez lui parce
qu'on n'a pas réussi à lui trouver de l'ouvrage nulle part?
Comment se fait-il qu'il y ait plusieurs des policiers qui sont rentrés
dans le service après plusieurs mois d'attente tout en étant bien
payés dans la maison chez eux? Comment se fait-il qu'il y ait aussi des
cas de policiers... Il y a au moins un cas de policier qui pourrait être
Incorporé à la Sûreté du Québec, qui a
été admis à la Sûreté du Québec, qui a
démissionné par après mais qui a rappliqué dans le
cadre du temps normal prévu par la convention. Actuellement, on est en
arbitrage ou en grief là-dessus, et ça va coûter encore des
fortunes à l'État éventuellement pour le
récupérer quand même ou le ramener quand même.
J'aimerais savoir où on en est là-dedans alors que,
supposément, on devrait tout faire pour économiser de l'argent
et, supposément aussi que la Sûreté du Québec a
besoin d'effectifs puisqu'ils vont chercher même à travers les
conventionnels, les cégeps ne fournissent pas assez de monde pour
remplir toutes leurs demandes, de ce qu'on nous disait tout à
l'heure.
M. Ryan: Oui, avant d'en venir aux cas, je voudrais simplement
apporter une clarification sur une remarque que vous avez faite au début
de votre question. Vous avez parlé que le territoire de la Baie James -
comment avez-vous dit ça - aurait été
transféré à la Sûreté du Québec
ou...
M. Claveau: Oui, au 1er janvier 1991.
M. Ryan: Regardez, en réalité, ce n'est pas comme
ça que les choses se passent. La Sûreté du Québec a
depuis longtemps une responsabilité territoriale. Vous savez qu'en vertu
de l'entente de la Baie James, les territoires sont divisés en trois
catégories. Sur les territoires de la catégorie 1, la
responsabilité policière est censée s'exercer par des
corps de police locaux, sous la responsabilité des conseils de bande,
qui devraient normalement relever du ministère de la
Sécurité publique comme les autres corps policiers, dans la
mesure où ils atteignent la phase III, c'est-à-dire la phase
d'autonomie. Tous ces corps sont actuellement à la phase II. Il y a
encore un travail à compléter de ce côté-là.
Les territoires de la catégorie 2 et de la catégorie 3 sont
l'objet... Pour la catégorie 2, c'est particulier parce que ce sont les
territoires réservés pour les droits exclusifs de chasse et de
pêche; 3, c'est la Sûreté du Québec partout, et
ça reste comme ça.
M. Claveau: Non, non, depuis le 1er janvier 1991. Avant,
c'était la SSP, le Service de sécurité publique de la
municipalité de la Baie James qui couvrait, à partir du
kilomètre 104...
M. Ryan: Très bien.
M. Claveau:... de la route 109, allant d'Amos jusqu'en haut de
Radisson.
M. Ryan: Ça va pour ce point-là. Mais ce que je
voulais préciser surtout, là, c'est que la politique du
gouvernement, c'est de favoriser l'émergence de corps policiers
autochtones et autonomes relevant des communautés locales et, dans la
mesure où ils répondront aux attentes du ministère, nous
allons accélérer cette évolution en collaboration avec les
communautés autochtones concernées. (12 h 45)
M. Claveau: Pour les terres de catégorie 3,
c'est-à-dire l'abolition de la SSP et l'abolition de la
Sûreté municipale de Matagami et l'intégration de ces
gens-là a la Sûreté du Québec en partie. D'autres
sont rendus ici, au gouvernement, au niveau des agents chauffeurs de ministres,
etc. Il y a un peu toutes sortes de monde, mais il y en a encore qui sont
payés à ne rien faire au moment où on se parie - ça
fait à peu près 14 mois que c'est réglé - assis
dans la maison chez eux à Matagami à attendre qu'on les
appelle.
M. Ryan: Regardez, M. Boily va compléter... Le
Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan:... pour cette partie-là. M. Boily a
été chargé des négociations dans ce
secteur-là, pendant longtemps, au nom du ministère. Je pense
qu'il peut apporter des précisions très utiles.
Le Président (M. Dauphin): M.le sous-ministre, M.
Boily.
M. Boily (Jean-Marc): Effectivement, il reste un policier
à reclasser, c'est un cas qui a été plus compliqué,
mais disons que le processus final pour son embauche est enclenché.
On
devrait régler son cas dans les prochaines semaines. C'est un cas
un peu plus compliqué que les 14 autres qu'on a eu à
régler. En réalité, on avait une vingtaine de personnes
qui étaient touchées par la fermeture et on avait 15 policiers
à plein temps qu'on a pu reclasser grâce à la
Sûreté du Québec, évidemment, grâce au
ministère aussi qui s'est prêté à l'embauche de deux
personnes. La troisième personne, c'est un cas un peu plus
compliqué, et on est en train de le finaliser. C'est vrai qu'on supporte
son salaire par engagement du gouvernement de le payer jusqu'à son
reclassement, effectivement.
M. Claveau: II y a un autre cas qui est à la
Sûreté, actuellement. Oui, il y a un cas - il était dans la
Sûreté - qui est en comité d'arbitrage ou de grief ou, en
tout cas, quelque part par là.
M. Boily: Ça, c'est un cas qui a été
intégré à la Sûreté. La personne ayant
été intégrée a préféré, par la
suite, démissionner. Aujourd'hui, elle invoque des motifs pour annuler
ou demander qu'on annule sa démission. Ça doit être
discuté au niveau de la procédure de grief et d'arbitrage,
effectivement.
M. Claveau: En tout cas! Les compensations. Parce qu'on a des
engagements financiers là-dessus. Il y a des compensations qui ont
été versées à la ville de Matagami et à la
municipalité de la Baie James, pour un total de 100 500 $. Est-ce que
vous pourriez m'expliquer le contenu de ces compensations-là? Pourquoi
on a payé, finalement, la municipalité de la Baie James pour se
débarrasser de son corps de police?
M. Boily: D'abord, on a cherché, évidemment, avec
les municipalités impliquées, un mode de règlement pour
les effectifs qu'elles payaient. Il y avait une partie des salaires et des
coûts de la police qui était sur une base de subvention
équivalant à 80 % des coûts de fonctionnement. Lorsque le
gouvernement a pris la décision d'accepter l'abolition des corps de
police, il fallait trouver un moyen, entre autres, de racheter certains
départs, comme celui du directeur de la ville de Matagami. On a
dû, à ce moment-là, verser des sommes. On avait un
arrangement, à ce moment-là, avec les municipalités, que
nous, le gouvernement, on prendrait la partie des salaires qu'il fallait donner
lorsqu'on se séparait d'un policier s'il n'était pas, par
exemple, embauché ou embauchable notamment à la
Sûreté du Québec. Alors, on a fait une série
d'arrangements avec les municipalités pour régler les
modalités de fermeture des deux corps de police. Auparavant, le
gouvernement devait subventionner ces corps de police là en vertu des
normes dans l'ordre de 80 % des budgets d'opération des deux corps de
police.
M. Claveau: II y a toujours aussi... Si vous me permettez une
dernière question, parce que j'aurais voulu pouvoir...
Le Président (M. Dauphin): La dernière des
dernières. M. le député.
M. Claveau: C'est concernant, justement, les possibilités
d'intervention de la Sûreté du Québec au nord de la
guérite dans ce cas-là, tout à fait légale et
placée en 1974 ou 1975 par HydroQuébec, par la
Société d'énergie de la Baie James, la guérite du
nord de Matagami, du kilomètre 2,5. Donc, à partir de la
guérite, la route, les 620 kilomètres qui séparent
Matagami de Radisson, c'est de la route non numérotée, et on peut
en dire autant pour les 570 kilomètres qui vont de cette route-là
jusqu'au réservoir de Caniapiscau au projet de Brisay.
Quelle est la possibilité de la Sûreté du
Québec de faire appliquer la réglementation du Code de la route
sur ces routes-là dans la mesure où la signalisation n'est pas
réglementaire? La signalisation a été faite par
HydroQuébec ou par la Société d'énergie de la Baie
James. On se promène même dans Radisson et il y a des petits
signes d'Hydro-Québec sur les pancartes d'arrêt en pleine ville.
Ce n'est pas vraiment tout ce qu'il y a de plus réglementaire. Alors,
qu'est-ce qu'on devra faire pour légaliser tout ça et faire en
sorte que les interventions de la SQ sur ces routes-là soient totalement
incontestables?
M. Ryan: Peut-être que M. Lavigne pourrait nous donner des
précisions là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: Ah! Ça prend des modifications
légales.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
d'Iberville.
M. Lafrance: Respectueusement, M. le Président, j'aimerais
vous rappeler qu'on a donné notre consentement pour 15 minutes
supplémentaires et on a maintenant dépassé de 5 minutes.
Ça fait 20 minutes additionnelles. J'aimerais peut-être proposer
l'adoption des crédits tels que vus.
Réponses déposées
Le Président (M. Dauphin): D'ailleurs, c'était
terminé.
Alors, juste avant de constater la vérification des engagements
financiers, j'aurais une technicalité. Je me devais, dès le
début de nos travaux, d'accepter le dépôt des
réponses obtenues aux questions laissées en suspens lors de la
séance de vérification du 26 février 1991. Juste
un instant, j'achève. Ces réponses ont été
expédiées aux membres le 17 avril 1991. Oui, M. le
député.
M. Claveau: M. le Président, juste une question, comme
ça, de compréhension. Lorsque vous m'avez autorisé une
dernière question, j'avais compris que vous m'autorisiez aussi une
dernière réponse. J'ai posé ma dernière question
et, alors que M. Lavigne se préparait à répondre, on a
tout coupé le débat.
Une voix: II a répondu.
Le Président (M. Dauphin): Je croyais que la
réponse était terminée.
M. Claveau: Votre réponse était
complète?
M. Lavigne: Bien, complète dans le sens que ça
prend des modifications légales parce que sur cette route-là, le
Code de la sécurité routière ne s'applique pas dans son
entier.
M. Claveau: O. K.
Engagements vérifiés
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que la
vérification des engagements financiers de la compétence du
ministre de la Sécurité publique contenus dans les listes des
mois de janvier 1991 à décembre 1991 inclusivement est
terminée sous réserve, bien sûr, de l'obtention des
réponses aux questions prises en note par le ministre de la
Sécurité publique? Terminé?
Des voix: Vérifié.
Le Président (M. Dauphin): Vérifié. Alors,
encore une fois, merci, M. le ministre, ainsi que vos collaborateurs et
collaboratrices, de vous être prêtés à cet exercice
démocratique.
La commission, ayant donc accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 52)