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(Quinze heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Dauphin): Le quorum étant
constaté, je déclare donc la séance de la commission des
institutions ouverte, qui a pour mandat de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 150, Loi sur le
processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel du
Québec. Mme Giguère, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Dauphin): Aucun remplacement. Alors, nous
nous étions quittés vendredi, après avoir adopté
l'article 1 du projet de loi 150. J'appelle donc maintenant l'article 2 du
projet de loi. M. le ministre.
Commission d'étude des questions
afférentes
à l'accession du Québec à la
souveraineté
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Je lis donc
l'article 2. "Est instituée, sous l'autorité de
l'Assemblée nationale, une commission parlementaire spéciale
désignée sous le nom de Commission d'étude des questions
afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté. "
Cet article, M. le Président, a pour objectif de créer la
commission parlementaire spéciale qui étudiera toutes les
questions qui sont en relation avec l'accession du Québec à la
souveraineté, donc, les conséquences de la souveraineté
pour le Québec. Ce qui veut dire qu'on peut voir cet article dans ses
conséquences, c'est-à-dire la façon qu'on peut
procéder pour accéder à la souveraineté et aussi
les situations économique, politique, sociale, culturelle, juridique qui
peuvent découler de l'accession du Québec à la
souveraineté.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Questions, commentaires? M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Très rapidement, M. le Président.
C'est un article qui, effectivement, est conforme à la recommandation de
Bélanger-Campeau. Mais j'en profite, cependant, pour dissiper
peut-être une espèce de malentendu chez certains. Pas chez tout le
monde, mais chez certains qui seraient portés à croire que nous,
du Parti québécois, on craint ou on a peur de parler de la
souveraineté et des façons d'accéder à la
souveraineté. D'aucune façon. Je pense qu'il est important de
signaler que, au contraire, nous pensons que cette commission pourrait examiner
des aspects tout à fait intéressants et pertinents, relatifs
à l'accession du Québec à la souveraineté. J'en
donne quelques-uns qui intéressent pas mal de monde. Par exemple, le
partage des actifs, du passif et des dettes. C'est une question, je pense, qui
mérite d'être examinée à fond. Déjà,
la Commission Bélanger-Campeau a fait une étude quand même
très pertinente et intéressante sur cette question-là. On
peut poursuivre, aller plus en profondeur. La question de la
pérennité des lois fédérales, une fois le
Québec souverain, bon, je pense que ça aussi c'est une question
qui mérite d'être examinée.
Les éléments d'une constitution d'un Québec
souverain, je pense que c'est important de se pencher là-dessus, de voir
comment un Québec souverain va être régi sur le plan
constitutionnel. Toute la question des traités internationaux et de leur
succession comme État successeur, je pense qu'il y a des
éléments intéressants qui ont été
étudiés à l'occasion de la Commission. Projets
d'association économique avec le reste du Canada, ça aussi, je
pense que c'est une dimension intéressante.
Alors, je veux bien qu'on soit clairs. On ne craint pas de parler de
souveraineté, on ne craint pas d'aborder les questions relatives
à l'accession du Québec à la souveraineté. Bien au
contraire, on est tout à fait ouverts à approfondir ces
questions-là, ces dimensions-là, tout en reconnaissant cependant
que certaines des questions ont déjà été
traitées et qu'il y a même un bon bout de chemin de fait pour
répondre à ces questions-là. Je pense qu'on est tout
à fait ouverts à aller de l'avant dans cette
direction-là.
Mais nous ne voulons pas, cependant, comme nous l'avons mentionné
à plusieurs reprises, que cette commission devienne une espèce de
tribunal qui va instruire le procès de la souveraineté et faire
en sorte que l'on discrédite cette option que le ministre a reconnue
comme tout à fait légitime. Qu'on parle de la
souveraineté, qu'on approfondisse les questions qui se posent concernant
l'accession du Québec à la souveraineté, nous, on est tout
à fait d'accord avec cela et on est prêts à y contribuer
positivement, mais on ne marchera pas, c'est clair, dans un tribunal qui va
faire le procès de la souveraineté dans le seul but de la
dévaloriser et de la discréditer. Alors, je tenais à le
dire. Quant à nous, donc, comme c'est conforme au rapport de la
Commission et à la recommandation, on est d'accord avec l'article 2.
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, est-ce que l'article 2
est adopté?
M. Holden: J'ai un mot à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Westmount.
M. Holden: Justement, à rencontre de ce que M. Brassard
dit, j'espère que ça va être le procès de
l'indépendance et je veux que tous les experts et les études qui
vont être amenés soient un peu plus durs sur la question de
l'indépendance que ceux et celles qu'on a vus devant la Commission
Bélanger-Campeau. C'est tout ce que j'ai à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Brassard: M. le Président, quand même, je trouve
ça un peu...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Bien, là, écoutez, c'est à la
fois méprisant et injurieux à l'égard des experts qui sont
venus devant la Commission Bélanger-Campeau. Il y en a de toutes
tendances: il y en avait qui ont exprimé des positions tout à
fait fédéralistes; d'autres ont exprimé des positions
souverainistes, puis il y en a qui étaient favorables à une
confédération. Il y en avait de toutes tendances et, quelle que
soit la tendance qu'ils exprimaient ou qu'ils défendaient, je pense
qu'on ne peut pas mettre en doute leur qualité d'expert pas plus que
leur compétence, leurs convictions et leur sincérité. Je
trouve ça un peu disgracieux de la part du député
d'injurier ainsi les experts qui sont venus témoigner devant nous.
Le Président (M. Dauphin): M le député de
Westmount.
M. Holden: Je ne me suis jamais vanté d'être
gracieux envers la Commission Bélanger-Campeau. J'ai voté contre
et j'ai parlé contre. Je trouve que c'était un procès
d'intention contre le fédéralisme. Je ne changerai pas d'avis.
Ça ne veut pas dire que les gens qui sont venus étaient de
mauvaise foi. D'ailleurs, ceux qui étaient pour le
fédéralisme, peut-être que mon ami, le député
de Lac-Saint-Jean, pourrait m'en citer parce que je n'en ai pas vu...
M. Brassard: Citer?
M. Holden: ...des gens à 100 % pour le
fédéralisme. Les experts, je veux dire.
M. Brassard: Watts, Courchene, il y en avait plusieurs.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Est-ce que
l'article 2 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 3. "3. La
Commission a pour mandat d'étudier et d'analyser toute question relative
à l'accession du Québec à la pleine souveraineté,
cette dernière signifiant la capacité exclusive du Québec,
par ses institutions démocratiques, de faire ses lois, de
prélever ses impôts sur son territoire et d'agir sur la
scène internationale pour conclure toute forme d'accords ou de
traités avec d'autres États indépendants et participer
à diverses organisations internationales, cette Commission devra
formuler, à cet égard, des recommandations à
l'Assemblée nationale. "Elle a également pour mandat, dans
l'hypothèse où le gouvernement du Canada ferait l'offre formelle
d'un partenariat économique, d'étudier et d'analyser telle offre
et de formuler, à cet égard, des recommandations à
l'Assemblée nationale."
Alors, M. le Président, il s'agit, dans cet article 3, de
traduire en termes législatifs le mandat de la Commission d'étude
des questions afférentes à l'accession du Québec à
la souveraineté, et ce mandat consiste donc principalement à
étudier, analyser toute question relative à l'accession du
Québec à la pleine souveraineté.
Alors, par conséquent, M. le Président, ce que nous avons
ici est une définition de la souveraineté que nous retrouvons
dans la Commission Bélanger-Campeau. C'est une définition que
nous avons discutée au niveau de la Commission Bélanger-Campeau.
C'est là un premier volet.
Quant à l'autre volet, M. le Président, il est
hypothétique dans le sens où il se réfère à
l'hypothèse où le Canada ferait une offre formelle d'un
partenariat économique et, à ce moment-là, la commission
pourrait étudier, analyser une telle offre et pourrait formuler donc des
recommandations à l'Assemblée nationale. Alors, voilà, M.
le Président, ce qui donne le mandat à la Commission
d'étude des questions afférentes à l'accession du
Québec à la souveraineté
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, c'est une très bonne
définition de la souveraineté. C'est celle qu'on a toujours
défendue. Je vous rappelle qu'elle faisait partie également de la
question référendaire de 1980. C'est une définition qui
circonscrit de façon concrète ce qu'est la souveraineté,
avec la fameuse trilogie qu'on connaît bien: la capacité exclusive
de faire des lois, de percevoir des impôts et de signer, de conclure des
traités avec d'autres États Concrètement, c'est ça,
la souveraineté et on est
parfaitement d'accord avec cette définition, et j'espère
qu'on ne la triturera pas par la suite, qu'on va la conserver telle qu'elle est
et qu'il n'y aura pas de tentatives pour l'édulcorer.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Westmount.
M. Holden: Oui, M. le Président, j'ai un amendement
à apporter à l'article 3, qui fait suite à une tentative
de résolution qui a été proposée par les deux
coprésidents de Bélanger-Campeau, avant que des tractations
secrètes soient faites pour revenir avec les résolutions qui sont
actuellement dans la loi. C'est un paragraphe pour ajouter qui se lit ainsi:
"Elle a également pour mandat d'étudier toutes les revendications
constitutionnelles de la communauté d'expression anglaise du
Québec, des autochtones et les préoccupations des
communautés culturelles relativement à l'accession du
Québec à la pleine souveraineté, et de formuler, à
cet égard, des recommandations à l'Assemblée
nationale."
Et à l'appui, M. le Président, je vous dis simplement que,
dans le préambule, on mentionne tous les groupes culturels, on mentionne
la communauté anglaise, on mentionne les autochtones. Tout le monde est
en faveur, sauf que dans l'étude de la commission, on les écarte.
Alors, je demande - et je sais qu'il y avait du monde à
Bélanger-Campeau qui était en faveur d'une telle étude -
à la commission de se pencher là-dessus et de décider si
oui ou non on peut effectivement élargir l'étude pour savoir quel
va être l'effet non seulement sur le Québec en
général, mais sur les communautés que je
représente.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Westmount. Est-ce que vous voulez que je vous lise
l'amendement avant d'entendre les parlementaires sur la recevabilité?
Alors, ce serait d'ajouter le paragraphe suivant à l'article 3: "Elle a
également pour mandat d'étudier toutes les revendications
constitutionnelles de la communauté d'expression anglaise du
Québec, des autochtones, et les préoccupations des
communautés culturelles relativement à l'accession du
Québec à la pleine souveraineté, et de formuler, à
cet égard, des recommandations à l'Assemblée
nationale."
On peut en faire des copies, je pense...
Une voix: Si vous voulez suspendre juste une minute. Je vais en
faire faire une photocopie.
Mme Harel: Je voudrais savoir du proposeur...
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...pourquoi il a oublié les revendications
constitutionnelles des femmes. Elles sont pourtant connues, notoirement
connues, en fait, les femmes aussi réclament des modifications
constitutionnelles, notamment la reconnaissance de la pleine
égalité.
M. Holden: Bien, moi, je ne représente pas les femmes.
Ça se voit à peu près, et je ne représente pas non
plus les gens en chaise roulante. C'a été toute la discussion de
savoir... Non, mais c'a été la discussion avant de créer
le bill 90: Est-ce qu'on va introduire un représentant, tout le monde?
Mais quand il s'agit d'autochtones et d'anglophones et des communautés
culturelles, on a prévu dans la loi 90, on a prévu encore dans la
loi 150 qu'on va les considérer. Alors, c'est complètement
différent de la question des femmes. Les femmes ne sont pas
prévues dans les considérants de la loi 150, mais les autochtones
le sont, les communautés culturelles le sont et les anglophones aussi.
Alors, je demande qu'on soit logique, qu'on suive les considérants,
quand on étudie les questions.
Le Président (M. Dauphin): Alors, là, pour votre
information, j'ai demandé à ce qu'on nous fasse des photocopies
pour chacun des parlementaires et peut-être, en attendant, je demanderais
à ceux et celles qui désirent intervenir sur la
recevabilité de le faire. Mme la députée.
Mme Harel: Non, M. le Président, moi, je voudrais poser
une question au ministre sur la portée de l'article 3.
Le Président (M. Dauphin): Allez-y madame, en attendant
que nous ayons nos photocopies, là, pour décider de
l'amendement.
Mme Harel: Alors, M. le Président, nous pouvons donc y
lire que le mandat de la commission serait notamment d'étudier la
capacité exclusive du Québec, par ses institutions
démocratiques, de faire ses lois, de prélever ses impôts
sur son territoire et d'agir sur la scène internationale. Dans l'esprit
du ministre, le mot territoire signifie-t-il l'intégrité du
territoire actuel? Que pense-t-il, en fait, des diverses thèses,
là, qui sont abondamment reprises par différents experts, sans
doute parmi ceux que voudrait nous faire entendre le député de
Westmount, et qui contestent, lors de l'accession du Québec à sa
pleine souveraineté, l'intégrité territoriale
actuelle?
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre
M. Rémillard: Évidemment, je ne donne pas d'avis
juridique. Je m'en garderais bien. Cependant, les termes de la loi se
réfèrent au ter-
ritoire du Québec tel qu'il est présentement.
Mme Harel: Mais entendez-vous demander à vos conseillers
juridiques si, telle que définie, cette expression couvre bien
l'intégrité du territoire actuel? Est-ce qu'il serait
souhaitable, compte tenu des contestations récentes, finalement, qui
n'existaient pas il y a 10 ans, au moment où s'est tenu le
référendum de 1980, de bien articuler, de bien rédiger une
formulation qui ne permette pas d'échappatoire sur le sens à
donner au mot "territoire"?
M. Rémillard: Au début des années
soixante-dix, il y a eu, on se souvient, la commission sur
l'intégrité du territoire et la commission Dorion, du nom de son
président, M. Henri Dorion, un eminent juriste, géographe aussi,
toujours à l'emploi du gouvernement, grand monsieur à qui il me
fait toujours plaisir de rendre hommage. Et il y a eu plusieurs études
qui ont été faites de la part de beaucoup d'experts
québécois et aussi de l'extérieur, qui ont appporté
leur contribution juridique et autre aussi, dans d'autres disciplines, quant au
territoire québécois ou tous les problèmes juridiques qui
peuvent se poser lorsqu'on parle du territoire du Québec, comme on peut
parler de problèmes qui se posent pour tout territoire d'un État.
Il est toujours difficile, sur certains aspects, de définir le
territoire. C'est quelque chose de tout à fait normal. Il en va de
même au niveau privé lorsqu'on se réfère à
délimiter son terrain et sa propriété. Il se peut
quelquefois qu'il y ait des zones grises, des endroits plus difficiles. Mais,
M. le Président, à la suite de ces études, il y a quand
même beaucoup de témoignages de juristes, d'experts qui nous ont
été apportés et, d'autre part, je crois que c'est
là une question qui devraient être traitées par la
commission sur la souveraineté C'est une des questions qui devrait
être traitée, justement.
Mme Harel: Et la formulation qui associe le territoire aux
impôts, en fait, et non pas aux lois, est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux
une formulation plus large qui prévoirait, par exemple, la
capacité exclusive du Québec, par ses institutions
démocratiques sur son territoire, de faire ses lois, de prélever
ses impôts et d'agir sur la scène internationale? Je ne comprenais
pas bien pourquoi le fait de faire des lois pouvait sembler, avec la virgule
qui suit là...
M. Rémillard: C'est parce qu'en droit, le territoire est
l'assise juridique d'un État. L'État exerce sa
souveraineté...
Mme Harel: C'est ça.
M. Rémillard: ...sur son territoire.
Mme Harel: Et ne prélève pas seulement ses
impôts.
M. Rémillard: Or, l'expression première de la
souveraineté, c'est la loi...
Mme Harel: C'est ça.
M. Rémillard: ...la loi dans son sens large. Ça
peut être un arrêté en conseil, comme ça peut
être un règlement ou un geste ministériel. Alors donc,
c'est comme ça que la définition a été
établie pour dire de faire ses lois sur son territoire, de
prélever ses impôts sur son territoire et d'agir ensuite sur la
scène internationale.
M. Brassard: Son territoire est complément de faire ses
lois aussi.
M. Rémillard: Ah oui. Ah oui. Mme Harel:
Oui. Oui.
M. Rémillard: Ah oui. Ah oui. Ah oui. Ah oui. Non. Non. Il
ne faut pas comprendre ici...
M. Brassard: Oui, oui. Ce n'est pas seulement le
complément de prélever ses impôts.
M. Rémillard: Non, non. C'est par ses institutions
démocratiques de faire ses lois, de prélever ses impôts sur
son territoire...
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Alors, c'est les deux C'est parce que les
lois, de toute façon, on ne peut pas les faire... Il n'y a pas de
capacité extraterritoriale lorsqu'on parle de législation. Ce
n'est pas...
Mme Harel: Et c'est toujours la loi du territoire...
M. Rémillard: Oui...
Mme Harel: ..et ça, c'est indubitable.
M. Rémillard: Oui...
Mme Harel: Et il n'y a pas de loi qui n'ait pas un territoire et
c'est dans ce sens-là...
M. Rémillard: Oui
Mme Harel: ...que les autochtones...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: ...revendiquent un territoire parce que, sinon, il n'y
aurait pas de loi de quelque façon.
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Harel: Mais, dans la mesure où on a prévu, par
ses institutions démocratiques... On a donc, dans la formulation,
décidé de ne pas assujettir "institutions démocratiques"
à aucune des autres capacités. Je me demandais si la formulation
meilleure ne serait pas justement de dire, par exemple, "La capacité
exclusive du Québec, par ses institutions démocratiques sur son
territoire, de faire ses lois, de prélever ses impôts", etc. (15 h
45)
M. Rémillard: Non. Pas nécessairement. Je ne crois
pas. On dit "par ses institutions démocratiques", alors, les
institutions démocratiques servent à faire des lois, à
prélever des impôts et ça, c'est sur un territoire parce
qu'on ne peut pas, de toute façon, faire des lois à
l'extérieur du territoire, comme on ne peut pas prélever des
impôts à l'extérieur du territoire non plus. On peut taxer
quelqu'un sur des biens qu'il a à l'extérieur en fonction des
revenus qu'il amène, mais on ne peut pas le taxer sur les biens qui sont
à l'extérieur. On ne peut pas faire des lois non plus pour
l'extérieur. On fait des lois sur l'intérieur, ici, comme tel.
Par conséquent, vous avez là, je pense... Vous avez clairement
exprimé, à mon sens, ce qu'est la souveraineté. Vraiment,
par des voies démocratiques, ça s'exprime sur un territoire et
c'est faire des lois, prélever des impôts.
M. Holden: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Westmount.
M. Holden: Si vous me permettez, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve a dit qu'il ne s'agissait pas de la question
d'intégrité territoriale dans le référendum de
1980. Mais M. Claude Morin, qui est venu devant la Commission
Bélanger-Campeau, a dit que, effectivement ils avaient prévu que
ça soit soulevé dans le mandat de négocier, que
c'était une question qui était pour être débattue et
que lui, il pensait, avec l'argumentation contraire, que le Labrador serait au
Québec, qu'on laisserait tomber le Rupert's Land et toutes les questions
de juridiction territoriale. Mais c'était effectivement un
élément de la pensée des gens, avant de faire le
référendum en 1980. Il l'a dit.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. J'aimerais avoir
l'avis du ministre et savoir comment il réagit au dilemme suivant, qui
m'est apparu en lisant les journaux de la fin de semaine. Rapportant nos
discussions de vendredi dernier, on titrait: "Rémillard s'engage
à ne pas faire des jobs de bras à l'option souverainiste", ce qui
est tout à votre honneur et on vous en remercie. Et je vous cite: "II
n'est pas question de discréditer une option qui est partagée par
une partie importante des Québécoises et des
Québécois et qui mérite respect. Cette option sera
analysée dans tous ses aspects." Jusque-là tout va bien. Lundi,
on lit dans les journaux que M. Kohi répond à M. Mulroney qui
était en tournée en Allemagne, et M. Kohi aurait affirmé
que l'idée d'un Québec indépendant était
incompréhensible pour plusieurs étrangers.
La question que je me pose est la suivante. C'est que si, d'une part,
vous êtes aussi transparent et vous êtes aussi objectif dans
l'approche qui est faite d'évaluer, à la fois les
possibilités de la souveraineté pour le Québec et, disons,
les offres hypothétiques qui pourraient être soumises par le
Canada, ne pensez-vous pas, vous, comme ministre responsable de ce
dossier-là, que c'est un peu dangereux et qu'il y a une certaine
incohérence de laisser certainement les décideurs, dans les pays
avec lesquels le Québec entretient des relations les plus
étroites, ne pas être au courant de l'esprit dans lequel
s'effectue cette discussion et surtout d'exposer, de façon aussi
objective une option fédéraliste qu'une option souverainiste,
puisque l'objet de cette loi est justement de permettre aux
Québécois de trancher librement par eux-mêmes? Alors, ma
question est la suivante. C'est que si l'approche est transparente et objective
et si on n'a pas préparé le terrain par les
délégations du Québec, par les représentations
québécoises à l'étranger, face à la
possibilité que les Québécois votent pour la
souveraineté, qu'est-ce qu'on fait à ce moment-là? On se
ramasse devant une opinion publique étrangère, devant des
décideurs dans les pays clés qui n'auront absolument pas
été connectés avec l'exercice qui se passe ici et qui vont
déboucher sur des constatations comme ce qu'affirme le chancelier
d'Allemagne. J'aimerais avoir vos réactions là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: En ce qui regarde l'étude que nous
devons faire de la souveraineté, vous répétez
fidèlement mes propos. J'ai dit qu'il n'était pas question de
faire de job de bras - pour reprendre l'expression qui a été
utilisée par l'Opposition - à la souveraineté, pas plus
que l'Opposition n'a l'intention de faire une job de bras au
fédéralisme renouvelé. Je sais que, de part et d'autre,
nous allons aborder, au niveau des deux commissions, ces aspects, ces deux
voies qui s'offrent, avec un maximum d'objectivité. D'ailleurs, je ne
sais pas combien de membres de l'Opposition étaient au congrès de
formation du Bloc québécois en fin de semaine. Je ne sais pas si
le député de Bertrand était là. Je sais que le
député de Lac-Saint-Jean n'y était pas. Mes doutes
continuent quant au député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Des raisons familiales. Je vous l'ai dit,
monsieur.
M. Rémillard: Ah! Mes doutes continuent, mais le
député de Bertrand y était, bon, alors là... La
députée de Maisonneuve, Maisonneuve-Hochelaga, je sais qu'elle
était là.
Une voix: M. Holden était là.
M. Holden: Lui, il a essayé de se rattraper
aujourd'hui.
Une voix: Vous n'étiez pas à l'Assemblée?
M. Rémillard: Ah!..
M. Brassard: J'y ai présenté une motion d'appui au
Bloc.
M. Rémillard: J'ai entendu "jamais". C'est ce que j'ai
entendu, M. le Président, à la Chambre.
M. Holden: Oui, oui, c'est ce que j'ai dit.
M. Rémillard: Bon. Je sais que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve y était. Je ne sais pas si Mme la
députée y était aussi? Elle n'y était pas. Ah? Elle
n'y était pas.
M. Brassard: Ne tirez pas de conclusion.
M. Rémillard: Non, je ne tire pas de conclusion. Non, non.
Je m'informais tout simplement des choses. Alors, dans ce contexte-là,
les deux voies sont ouvertes et on va les regarder bien objectivement des deux
côtés. En ce qui regarde... Je pense que c'est un fondement de
cette loi, ce sont les Québécoises et les Québécois
qui vont décider. S'il y a un message qu'on reçoit très
clairement, c'est qu'il y a une obligation de résultats qui est cette
loi et cette obligation de résultats fait que ce sont vraiment les
Québécoises et les Québécois qui vont
décider.
Peu importent les commentaires qui peuvent venir de n'importe où.
D'aucune façon, moi, ça m'importe peu. M. le Président,
les commentaires qui peuvent venir en autant que nous, nous pouvons en faire
des commentaires aussi. Ça m'importe peu. Ce qui est important, c'est
que les Québécoises et les Québécois soient bien
informés, qu'on puisse faire notre travail correctement comme
parlementaires et qu'on leur présente les deux voies possibles, que des
recommandations soient faites en conséquence et qu'on puisse
procéder en conséquence. Alors, je ne vois pas de
difficulté, en fonction des commentaires qui pourraient nous arriver,
peu importe de qui viennent ces commentaires.
M. Beaulne: Mais, en termes plus concrets, est-ce qu'il y a des
directives quelconques qui ont été données ou qui vont
être données aux délégations du Québec
à l'étranger, par rapport à cette loi 150 et par rapport
à la démarche qui est amorcée par le dépôt de
cette loi?
Mme Harel: À Francfort, en particulier.
M. Beaulne: Bien oui, à Francfort ou ailleurs.
Mme Harel: M. Kohl en a besoin. M. Brassard: Dans le
réseau...
M. Beaulne: Dans le réseau, il y a sûrement des
directives qui vont être envoyées. Vous ne laissez pas les
délégués répondre comme ça...
M. Rémillard: Les délégués sont
informés de cette loi 150, M. le Président, et ensuite, il faut
bien comprendre que, dernièrement, le corps consulaire, ici en poste au
Québec, a eu sa rencontre annuelle. Tout dernièrement, il y a
à peine quelques semaines, le corps consulaire a reçu des
communications, a reçu des conférences, a pu rencontrer des hauts
fonctionnaires ou des ministres pour leur expliquer la situation, dont le
projet de loi 150. Donc, au niveau international... Et, pour ma part, je
rencontre aussi beaucoup d'ambassadeurs, comme mon collègue, le ministre
des relations internationales du Québec le fait aussi, il rencontre
beaucoup d'ambassadeurs qui nous demandent de les rencontrer et nous leur
expliquons exactement le sens du projet de loi 150, comme je vous l'explique
maintenant. Alors, le message au niveau international est le même que le
message que nous passons ici: celui d'un gouvernement qui veut agir d'une
façon très démocratique, en respect de la volonté
du peuple québécois de vouloir décider en toute
connaissance de cause.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Alors,
j'aimerais que nous revenions à l'amendement, quitte à
prévoir d'autres discussions par après. Mais il y a un amendement
sur la table, du député de Westmount, qui vous a
été... Une dernière?
M. Beaulne: Oui, une dernière. Ce que vous dites est
très intéressant, sauf qu'il n'y a pas tellement longtemps, le
ministre des Affaires internationales, justement, se promenait aux
États-Unis en affirmant à qui voulait bien l'entendre qu'il
n'était aucunement question que le Québec devienne
indépendant. Il se faisait très très rassurant à ce
sujet-là. Je conviens que c'est peut-être son évaluation et
son opinion personnelle. Il a droit à ses opinions personnelles, mais
vous savez aussi bien que moi qu'il y a des directives qui sont émises
aux représenta-
tions, aussi bien fédérales, par le ministère des
Affaires extérieures. Il doit sûrement y en avoir par le
gouvernement du Québec à ses délégations dans un
contexte comme celui-ci. J'aimerais bien savoir quelle est la teneur de ces
directives parce que je suis sûr que vous avez une participation à
ces directives-là.
M. Rémillard: Tout d'abord, je voudrais
peut-être...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...me permettre, non pas de corriger mais de
dire au député de Bertrand que ce que mon collègue, le
ministre des relations internationales, a dit aux États-Unis - et on
pourra regarder ce qui est sorti dans les médias, tant au niveau
électronique qu'au niveau de la presse écrite - ce qu'il a dit,
c'est les deux voies qu'on retrouve dans le projet de loi 150. Il a
parlé des deux voies possibles et il a dit que l'option que
privilégiait le gouvernement, c'est un fédéralisme
renouvelé, ce qui est le cas. Maintenant, il a dit qu'il y avait les
deux voies qui étaient là et que les Québécois
auraient à choisir. C'est exactement ce que mon collègue, le
ministre des relations internationales, a dit dans son voyage aux
États-Unis, comme dans d'autres voyages qu'il a pu faire comme
représentant plénipotentiaire du Québec.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Alors,
nous retournons à l'amendement présenté par le
député de Westmount et nous en étions à
l'étape de la recevabilité. Alors, M. le député de
Westmount, est-ce que vous voulez intervenir sur la recevabilité et
ensuite j'entendrai d'autres membres qui désireront intervenir? M. le
député de Westmount, sur votre amendement, aviez-vous
terminé sur la recevabilité de l'amendement?
M. Holden: Bien, la recevabilité, il me semble que
ça suit logiquement l'article 3. Alors, je ne vois pas comment on peut
dire que ce n'est pas recevable. Maintenant, passons au vote et on va voir.
M. Lafrance: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Iberville, ensuite M. le député de Beauce-Sud.
M. Audet: Nord, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dauphin): De Beauce-Nord,
excusez-moi.
M. Audet: Sur la recevabilité, avant que vous rendiez
votre décision, là, peut-être l'amendement est-il recevable
- je ne le sais pas - mais c'est parce que là, on dit "d'étudier
toutes les revendications constitutionnelles". Je pense qu'il ne faudrait pas
reprendre... Cet amendement-là a quasiment pour effet de faire en sorte
que la commission va reprendre tout le débat que la Commission
Bélanger-Campeau a tenu, les audiences, tout ça. Parce que si on
ajoute, comme la députée de Hochelaga-Maison-neuve l'a
mentionné tantôt, des groupes, bien, il faut tous les mettre ou on
n'en met pas du tout. Il y a les femmes, les régions, il y a un paquet
de gens qu'on exclut ici, là. Alors, si la commission décide
d'entendre des groupes qui ont des revendications, bien, je pense qu'elle
pourra en décider. D'ailleurs, en vertu de l'article 8 du projet de loi,
il y a des gens du groupe parlementaire de M. Holden qui vont en faire partie.
Alors, je ne vois pas en quoi l'amendement peut venir bonifier l'article 3.
C'est juste pour ajouter à votre réflexion, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Beauce-Nord. M. le ministre, sur la
recevabilité.
M. Rémillard: M. le Président, sur la
recevabilité, je me pose des questions sérieuses. Si je lis ici
l'amendement: "Elle a également pour mandat d'étudier toutes les
revendications constitutionnelles de la communauté d'expression anglaise
du Québec, des autochtones, et les préoccupations des
communautés culturelles relativement à l'accession du
Québec... Alors, si on lit cet amendement, c'est donc un autre volet de
mandat. On ajoute un autre volet de mandat. Maintenant, il ne s'agit plus d'un
mandat en fonction de la souveraineté nécessairement, mais d'un
mandat en fonction de revendications constitutionnelles. Alors, on n'est plus
en matière de souveraineté. On peut être aussi bien en
matière de fédéralisme renouvelé, en fonction
d'autonomie politique, etc.
Ensuite, vous avez une autre partie qui est: "les préoccupations
des communautés culturelles relativement à l'accession du
Québec à la pleine souveraineté". Alors, là, c'est
relié à la souveraineté directement, mais c'est en
fonction seulement des communautés culturelles. C'est deux choses
différentes.
Alors, par conséquent, M. le Président il me semble qu'en
autant que je comprenne pour moi l'article 3, l'article 3 est relatif à
la souveraineté du Québec et il y a deux aspects qui sont
étudiés par la commission: tout d'abord, les questions
afférentes à la souveraineté, telles que définies
au premier alinéa, et le deuxième alinéa qui parle de
l'hypothèse d'une offre formelle de partenariat qui viendrait
d'Ottawa.
Alors, en ce sens, M. le Président, pour ma part, le moins que je
puisse dire, c'est que ça pose de sérieuses questions de
recevabilité de la façon que cet amendement est
formulé.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député de Westmount. (16 heures)
M. Holden: Si le ministre aime mieux que je dise: Elle a
également pour mandat d'étudier toutes les revendications et
préoccupations constitutionnelles de la communauté... Ça
évite le problème qu'il soulève. Mais ce n'est pas
ça, la question. La question, c'est qu'on parle du mandat de la
commission qui va étudier la souveraineté, et la question se pose
parce qu'on dit: "Considérant que le Québec entend poursuivre cet
objectif, qui est l'objectif de cette loi - dans un esprit de justice et
d'ouverture, dans le respect des droits et des institutions de la
communauté québécoise d'expression anglaise."
Nos droits, c'est surtout nos droits constitutionnels de parler notre
langue à l'Assemblée et dans les Cours, de se servir de notre
langue dans l'éducation. Et si, à l'avenir, on n'avait plus ces
droits-là, je trouve que c'est une question qui devrait se poser
à la commission qui va étudier l'avenir constitutionnel du
Québec, surtout dans l'optique d'un Québec souverain.
Alors, c'est pour ça... D'ailleurs, Bélanger-Campeau avait
justement ça à l'esprit quand ils ont prôné cette
question dans leur première soumission à la commission. Vous vous
souvenez, M. le ministre? C'était une commission pour étudier...
C'était une commission séparée, par exemple, une
commission pour étudier les questions autochtone, anglophone... Mais
parce que ça n'a pas été retenu et parce que tous nos
amendements ont été écartés, à la fin de la
Commission, par le fameux secrétaire Rousseau, là, je demande
qu'on revienne sur cette question pour qu'on étudie ça comme il
le faut et comme ça se voulait devant la Commission
Bélanger-Campeau.
Le Président (M. Dauphin): Oui. M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, je comprends
très bien la préoccupation du député de Westmount
et, pour ma part, je partage cette préoccupation dans le sens qu'on doit
certainement se pencher sur les droits constitutionnels de la communauté
anglophone aussi bien qu'en ce qui regarde les anglophones, les autochtones et
les communautés culturelles. Je ne crois pas qu'on puisse mettre
ça en doute d'aucune façon. Cependant, je me souviens aussi
très bien des discussions qu'on a eues à Bélanger-Campeau
et je me souviens très bien que nous avons, à ce
moment-là, décidé d'enlever ces expressions,
communauté d'expression anglaise, autochtones, communautés
culturelles parce que, tout à coup, on s'est mis à dire: Pourquoi
pas les femmes? Pourquoi pas aussi d'autres groupes de citoyens? Qui
énumère limite, par le fait même.
On a ajouté, à ce moment-là... Au lieu de dire: La
Commission a pour mandat d'étudier et d'analyser les questions relatives
à l'accession du Québec, on a dit "toute question". On va mettre
ça le plus large possible et c'est comme ça qu'est arrivée
l'expression "toute question relative à l'accession du Québec".
Ça, je pense que le député de Westmount s'en souvient
très bien. Cti avait même eu quelques difficultés
techniques de rédaction législative parce que le mot "toute", en
termes de rédaction législative, évidemment, s'utilise
avec beaucoup de parcimonie. Alors, finalement, on est arrivé à
cette rédaction-là.
Alors, c'est pour ça, M. le Président, que je ne crois pas
qu'on bonifierait l'article 3 en fonction des préoccupations du
député de Westmount Au contraire, si on venait rouvrir cet
article 3, on risquerait de dénaturer l'article et aussi on risquerait
de refermer le cadre d'une façon tellement étroite qu'on
risquerait de ne pas étudier non plus beaucoup d'autres questions qui
seraient afférentes à la souveraineté, qu'on ne pourrait
pas étudier. Mais pour moi, je veux terminer en disant une chose, M. le
Président: II m'apparait évident et nécessaire que l'on
puisse discuter de la question des droits constitutionnels des anglophones, des
autochtones, des communautés culturelles et ça, je ne crois pas
qu'ici, il y ait des gens qui mettent ça en doute, ni de proche, ni de
loin.
M. Holden: J'aimerais avoir cette déclaration de
l'Opposition et ça me réconforterait quand on dirait que ce n'est
pas recevable, mon amendement.
M. Rémillard: Ils vont la faire. M. Brassard: M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Lac-Saint-Jean, sur la recevabilité toujours.
M. Brassard: Bien non, ce n'est pas sur la recevabilité.
C'est pour aller dans le sens un peu de ce que vient de dire le ministre. C'est
évident que, quant à nous, oui. Parmi les questions
afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté, la place et les droits qui seront reconnus à la
communauté anglophone est une question qui mérite et qui devrait
être examinée. C'est ça que le député de
Westmount veut entendre. Je vois qu'il ne m'entend pas, par exemple. Il ne
m'écoute pas.
Une voix: Ce n'est pas de sa faute.
M. Brassard: C'est ma collègue qui le dérange? Je
veux simplement répéter très rapidement pour le
député de Westmount. Parmi les questions afférentes
à l'accession du Québec à la souveraineté, oui,
sans aucun doute, l'une de ces questions qui devrait être
examinée, c'est la question de la place et des droits de la
communauté anglophone dans un Québec souverain.
Oui, sans doute, pas de problème de ce
côté-là.
M. Holden: Alors, avec toutes ces assurances-là, M. le
Président, je vais retirer ma motion.
Le Président (M. Dauphin): Vous retirez votre amendement.
Alors, l'amendement est retiré de consentement et nous retournons
à l'article 3.
Est-ce que l'article est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 3 est adopté.
J'appelle l'article 4.
Commission d'étude sur toute
offre d'un nouveau partenariat
de nature constitutionnelle
M. Rémillard: Oui, M. le Président, l'article 4, je
le lis: "4. Est instituée, sous l'autorité de l'Assemblée
nationale, une commission parlementaire spéciale désignée
sous le nom de Commission d'étude sur toute offre d'un nouveau
partenariat de nature constitutionnelle."
M. le Président, il s'agit donc de l'autre commission
parlementaire qui sera la commission qui étudiera les offres de
partenariat, donc, d'association, de relations avec le reste du Canada, avec
les autres provinces canadiennes, dans le cadre, donc, d'un
fédéralisme renouvelé.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: C'est un article qui est conforme à la
recommandation Bélanger-Campeau, mais je vous signale que dans notre
esprit - et on en reparlera aux articles suivants - c'est une commission qui se
place en quelque sorte en attente, qui est en attente. Elle n'est pas en
action, elle n'est pas active, dans le sens où elle ne recherche pas et
elle n'agit pas pour obtenir des offres. Elle est en attente. S'il y en a qui
viennent, là, à ce moment-là, elle jouera le rôle
qu'on lui prévoit aux articles 5 et 6. Mais ce n'est pas une commission
qui doit jouer un rôle dans un processus de négociation, de
révision du régime fédéral, comme c'a
été évoqué lors de la rencontre entre M. Bourassa
et M. Rae.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean, qui aime beaucoup citer quelquefois les
fables de La Fontaine, mais quelquefois aussi des philosophes...
M. Brassard: J'ai appris que vous les aimiez aussi.
M. Rémillard: Oui, je les aime beaucoup, je les aime
beaucoup. J'en connais certaines mieux que d'autres, j'en connais certaines
mieux que d'autres.
M. Brassard: Moi de même.
M. Rémillard: Vous aussi, mais je sais aussi que vous
aimez un peu la philosophie. Et je me permets de rappeler au
député de Lac-Saint-Jean la théorie du mouvement
d'Euripide. Alors, lorsqu'on est en attente, on n'est pas nécessairement
immobile, on est en mouvement. Être en attente veut dire être
capable de capter tout à coup ce qui va se passer. Mais pour être
capable, il faut avoir le pouvoir. C'est là qu'on fait la distinction,
M. le Président, entre la capacité et la possibilité. La
possibilité veut dire être en éveil et avoir la
connaissance requise pour pouvoir recevoir le message. C'est comme ça
que l'intellect fonctionne, M. le Président. Il y a un message qui
arrive à l'intellect et là, il est analysé et
perçu.
Alors c'est la même chose au niveau de nos commissions. Il va
falloir qu'elles soient capables de recevoir les messages, et de recevoir les
offres correctement. Il faut donc qu'elles soient capables, avant de pouvoir
faire des études, de pouvoir faire des analyses et de pouvoir se former
en tant que groupe d'étude pour pouvoir recevoir adéquatement les
offres et pouvoir les analyser adéquatement.
M. Brassard: M. le Président, j'ai quasiment envie de
dire...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Brassard: ...plus ambigu que ça là, tu
meurs.
M. Rémillard: Parce que s'il y a une chose qui n'est pas
ambiguë, M. le Président, c'est la mort.
M. Brassard: Oui, parce que oui, c'est clair que le cerveau doit
être en éveil, là, mais avant de considérer puis
d'entrer en action, le cerveau, il doit d'abord passer les offres à la
grille d'évaluation, qu'on va revoir aux articles 5 et 6, et, entre
autres, vérifier si ça lie formellement le Parlement et les
provinces. Si ça ne lie pas formellement le Parlement et les provinces,
le cerveau se ferme et il n'y a plus rien qui se passe. La commission n'a pas
à examiner ça. C'est ça que ça dit. La commission
n'examine que certaines offres bien précises, bien
caractérisées.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je me permets
simplement de dire à la présidence que ça viendra dans le
prochain article qu'on va étudier.
M. Brassard: Oui, c'est ça. Mais je tenais quand
même à signaler que, quant à nous, la commission en est une
qui est en attente.
M. Rémillard: Ça prouve, M. le Président,
que le député de Lac-Saint-Jean est déjà en
mouvement.
M. Brassard: Je suis en mouvement dans l'autre commission.
M. Rémillard: Mais avec un oeil objectif pour l'autre.
M. Brassard: Un oeil critique. M. Rémillard: C'est
très bon, ça.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Rémillard: Je lis l'article 5, M. le Président.
"5. La Commission a pour mandat d'apprécier toute offre d'un nouveau
partenariat de nature constitutionnelle faite au gouvernement du Québec
par le gouvernement du Canada et de formuler, à cet égard, des
recommandations à l'Assemblée nationale."
Alors, M. le Président...
M. Brassard: M. le Président, ça signifie... Je
voudrais bien avoir quelques explications. Comme ces offres de nature
constitutionnelle doivent provenir du gouvernement du Canada, je pense que
c'est important de signaler que, par conséquent, des offres qui
proviendraient - je ne sais pas, moi - de Terre-Neuve - c'est peu probable,
mais enfin - du Manitoba ou de la Colombie-Britannique ne seraient pas
appréciées par la commission. Il faut que ça vienne du
gouvernement du Canada.
M. Rémillard: M. le Président, il faut lire les
articles 5 et 6 d'une façon complémentaire. On connaît la
technique de rédaction législative, de lecture législative
à l'effet qu'un article s'interprète en fonction des autres
articles et que, par conséquent, il faut que... Je ne sais pas si je
serai hors d'ordre en disant, M. le Président, que dans l'article 6, on
dit bien que ces offres doivent lier formellement le gouvernement du Canada et
les autres provinces. Donc, les autres provinces, pour être liées,
il va aussi falloir qu'elles aient fart des offres.
Donc, par conséquent, il faut lire 5 en fonction de 6 et voir
qu'il peut y avoir, au niveau des provinces, différents travaux qui sont
faits, soit pour accepter des offres qui pourraient être mises en
chantier par le gouvernement fédéral, soit pour proposer
elles-mêmes leurs propres offres qui, finalement, aboutiraient au
gouvernement fédéral.
Mais, M. le Président, ce que nous voulions signifer par
l'article 5, c'est cette volonté du Québec de négocier
avec le gouvernement fédéral et non pas retourner à une
table à 11 où il serait 1 parmi 10 autres partenaires. Alors,
dans ce sens-là, je vous rappelle que l'article 6 fait
référence aux provinces autant qu'au gouvernement canadien, et
c'est en fonction de 6 que 5 doit être lu. et il faut aussi que 6 sort lu
en fonction de 5. Ce sont deux articles complémentaires.
M. Brassard: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député,
ensuite, Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve.
M. Brassard: ...concernant l'article 5, je pense que ça
mérite d'être clarifié. Parce que je faisais mention, tout
à l'heure, de la rencontre entre M. Bourassa et M. Rae, à
Montréal. À la suite de cette rencontre, il y a eu une
conférence de presse et là, M. Rae a indiqué que,
effectivement, M. Bourassa avait fermé la porte à tout projet
d'assemblée constituante, ce qui est une position connue du gouvernement
du Québec, que le ministre a d'ailleurs, maintes fois,
énoncée.
Par contre, cependant, M. Rae a dit: Le gouvernement du Québec
est opposé à une assemblée constituante. Cependant, il y a
des commissions parlementaires qui existent un peu partout à travers le
Canada. Le projet de loi 150 en créera une. Il y en a une qui va
probablement voir le jour au niveau fédéral. Il y en a qui
existent déjà dans certaines provinces, il y en a qui sont en
voie de naître, de sorte qu'on pourrait bien se retrouver, demain matin,
avec 11 commissions parlementaires ayant des mandats à caractère
constitutionnel (16 h 15)
Et là, ce qui m'a inquiété beaucoup, c'est que le
premier ministre du Québec, sans doute pour encourager M. Rae dans ses
démarches et aussi sans doute pour faire en sorte que les seules
réponses du gouvernement du Québec ne soient pas des
réponses négatives aux approches et aux demandes de M. Rae, a
laissé entendre qu'il était favorable à ce que les
commissions parlementaires puissent se rencontrer, dialoguer, échanger,
discuter et même négocier de projets de révision du
régime fédéral, ce qui constitue-
rait un élargissement considérable du mandat de la
commission tel que prévu dans le projet de loi 150.
La commission, je le disais tantôt, attend des offres. S'il y a
des offres qui arrivent, qui surviennent, venant du gouvernement du Canada,
elles seront appréciées. Et appréciées à
partir de quels critères? Critères qu'on verra tantôt
à l'article 6. Mais il ne me semble pas, moi, tel que je lis l'article
5, que la commission par lementaire ainsi créée pourra
élargir son mandat de telle sorte qu'elle entame des pourparlers avec
des commissions de même nature qui existent ailleurs au Canada, au niveau
fédéral, et qu'on puisse se retrouver avec 11 commissions
parlementaires qui dialoguent, qui sont en discussion soit bilatérale,
soit multilatérale.
Remarquez que ça serait intéressant pour les
députés. Ça ferait bien des missions ailleurs au Canada.
Sauf que là, on tomberait dans ce que j'appelle, moi, le "babelisme".
C'est la tour de Babel. Là, c'est confier à une commission
parlementaire un mandat de négocier ou de participer à un
processus de négociations. Moi, tel que je lis les articles 4, 5 et 6,
le mandat de la commission, ce n'est pas de participer à un processus de
négociations. D'aucune façon. C'est d'attendre des offres et s'il
y a des offres qui arrivent, de les examiner, les évaluer, en vertu d'un
certain nombre de critères, dont celui qu'on examinera à
l'article 6, mais non pas de participer activement, de s'impliquer dans un
processus de négociations.
L'ouverture faite par le premier ministre m'inquiète beaucoup et
va nettement au-delà du mandat prévu au projet de loi 150 et
à l'article 5. Je voudrais que le ministre soit clair là-dessus.
S'il m'indique, à la suite de cette question-là que, oui,
ça fait partie du mandat de la commission d'entamer des pourparlers avec
les autres commissions parlementaires de même nature, donc, de s'engager
dans un processus de négociations constitutionnelles avec d'autres
commissions du même type, ailleurs au Canada ou dans la capitale
fédérale, je vous avoue que là, à ce
moment-là, ça va nettement au-delà de l'esprit de la
recommandation de Bélanger-Campeau. Et là, je ne pourrai pas
adopter un article qui, même s'il reproduit mot à mot la
recommandation Bélanger-Campeau, si on lui donne cette
interprétation-là, si on me dit que, oui, la commission pourra
participer à un processus de négociations, moi, je vous avoue que
je ne marcherai pas là-dedans et que je ne pourrai pas accepter un
article qui interprète le mandat de cette commission de cette
façon-là.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président. Je
répète que l'attente est active, n'est pas passive et que, par
conséquent, c'est une attention d'action. Donc, l'action, on la voit
autant dans l'article 6 que dans l'article 5, c'est-à-dire qu'il faut
que ce soit le Canada et les autres provinces qui en arrivent à un
résultat et qui fassent part de ce résultat au Québec par
la voie d'offres. Alors, si on veut, et au niveau des provinces, et au niveau
du gouvernement fédéral, qu'il y ait cette relation pour qu'il
puisse y avoir des offres qui sont faites au Québec, par
conséquent, on accepte, bien sûr, qu'il y ait des relations qui
puissent s'établir d'une façon bilatérale entre le
Québec et certaines autres provinces. Pourquoi pas?
Alors, M. le Président, je ne vois pas de difficulté, pour
ma part, à ce que, à certaines fins, sous certains égards,
il puisse y avoir une relation entre la commission parlementaire et des membres
d'une autre commission au niveau d'une province, si ça s'avérait
utile pour les fins de compréhension d'un élément qui
pourrait être relié éventuellement à des offres qui
pourraient venir du gouvernement fédéral et qui lieraient les
provinces. Je ne vois pas pourquoi on pourrait être contre ça. Il
ne faut quand même pas exagérer, M. le Président. Je suis
certain que le député de Lac-Saint-Jean ne peut pas être
contre ça.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, est-ce qu'il faut comprendre que, plutôt
que d'avoir des relations à 11 ensemble, vous en auriez à 11
séparément?
M. Rémillard: Non, non. Il ne faut pas comprendre
ça du tout, M. le Président. On l'a déjà dit et on
le répète, il n'est pas question de se retrouver 1 parmi 10, donc
être à 11, et ça vaut autour d'une table de
négociations constitutionnelles, comme ça vaut au niveau d'un
ensemble de commissions parlementaires. Ce que je dis et ce que nous avons
toujours dit, c'est d'avoir la possibilité de relations
bilatérales, que ce soit avec Ottawa ou avec d'autres provinces, d'une
façon bilatérale et que, par conséquent, dans la mesure
où on dit que les offres doivent lier le gouvernement
fédéral et les autres provinces, il est tout à fait
logique de penser qu'il peut y avoir des relations bilatérales avec une
autre province. Pourquoi pas?
Mme Harel: Mais cette relation...
M. Rémillard: Où est le problème?
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Harel: ...entre les provinces et le gouvernement
fédéral dont vous nous pariez, vous savez qu'un des partenaires
majeurs, à savoir le premier ministre de l'Ontario, souhaite que ces
relations entre les provinces et le gouvernement fédéral passent
par l'assemblée constituante. Il est d'ailleurs en pèlerinage
à
travers le Canada pour vendre cette idée à ses homologues.
Alors, est-ce que vous concevez que cette relation, par exemple, entre le
gouvernement fédéral et les provinces, qui aurait lieu dans le
cadre de l'assemblée constituante, considérez-vous que ça
pourrait être recevable - comment dit-on dans le projet de loi? - une
offre qui résulterait d'une assemblée constituante sans la
présence du Québec?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre
M. Rémillard: La position du Québec sur
l'assemblée constituante, M. le Président, a été
exprimée très clairement. Nous avons dit non à une
constituante puisqu'une constituante, ça signifie de se retrouver dans
un processus où le Québec sera isolé face à
l'ensemble des autres provinces et du gouvernement fédéral.
Alors, pour les même raisons qu'on ne va pas à une table de
négociations constitutionnelles, la constituante, à un autre
niveau, crée exactement la même situation. Donc, il n'est pas
question qu'on accepte une constituante. Si le reste du Canada veut se former
en constituante, qu'il le fasse, qu'il se forme en constituante s'il veut se
former en constituante, mais le Québec n'y participera pas et, pour sa
part, le gouvernement du Québec va attendre qu'il y ait des offres. Mais
ces offres peuvent être élaborées par une constituante du
gouvernement fédéral, s'ils le veulent. On n'a pas, à ce
moment-là, à s'immiscer à ce niveau-là, si le
gouvernement fédéral et les autres provinces veulent utiliser ce
moyen-là, mais ils savent très bien que le gouvernement du
Québec ne sera pas partie à de telles discussions sur la base
d'une constituante.
Mme Harel: Alors...
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Harel: ...il faut donc, à ce moment-là,
conclure que l'assemblée constituante n'est pas un moyen
considéré comme valable pour le Québec, suffisamment
valable pour y siéger, mais les offres qui pourraient y être
formulées, elles seraient recevables au niveau de la commission qui va
être créée en vertu de l'article 5?
M. Rémillard: C'est hypothétique, la ques tion de
la députée de Hochelaga-Maisonneuve, parce qu'il faudrait que la
commission parlementaire, tout d'abord, décide si ça lie
formellement les provinces. Il faudrait voir à quelle étape
seraient ces offres et, deuxièmement, il faudrait aussi que la
commission parlementaire les analyse et voit la qualité de ces offres,
pour savoir si elles sont de bonnes offres, ou si ce sont des offres qui ne
sont pas conformes à la position toujours défendue par le
Québec, peu importent les gouvernements qui l'ont dirigé. Alors,
il s'agirait de se remettre au travail, s'en remettre, dis-je, au travail de la
commission parlementaire sur les offres.
Le Président (M. Dauphin): M le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je pense que les choses se
clarifient. Manifestement et visiblement, le gouvernement a l'intention de
faire jouer un rôle à la commission prévue à
l'article 4, qui va au-delà du rôle et du mandat que la
recommandation Bélanger-Campeau souhaitait lui confier. Alors, sur le
plan du libellé, on a le même libellé que dans la
recommandation, mais avec les explications du ministre et en plus avec les
déclarations du premier ministre que j'ai sous les yeux, à la
suite de la rencontre avec M. Rae... Le premier ministre du Québec a
déclaré - et je le cite, c'est entre guillemets: "II n'y a rien
qui empêche, avant le dépôt de ces propositions - il n'y a
pas d'offre, là - dit M. Bourassa, qu'il y ait un dialogue entre les
différents partenaires ad hoc." Il faisait référence aux
multiples commissions qui voient le jour à travers le Canada sur la
question constitutionnelle.
Alors, moi, je ne peux pas marcher là-dedans C'est contraire
à l'esprit de la recommandation Bélanger-Campeau. Cette
commission-là ne doit pas être impliquée activement dans un
processus de négociations constitutionnelles. Alors, c'est le rôle
qu'on veut lui faire jouer, le premier ministre du Québec l'ayant admis,
le ministre responsable du dossier le reconnaissant également.
Moi, je ne peux pas accepter ça. Je vous annonce que, quant
à moi, en tout cas, je vais voter contre cet article-là. On va me
dire: Ça reprend intégralement la recommandation. Oui, sauf que
là, il y a des intentions gouvernementales tellement claires, tellement
clairement exprimées, qui admettent faire jouer un rôle accru
à cette commission-là dans le processus de négociations
constitutionnelles que moi, je ne peux pas accepter ça. Et si c'est
adopté, c'est adopté sur division, quant à moi, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, ça ne me
surprend pas, évidemment, que l'Opposition nous dise qu'ils vont voter
contre ces deux articles. C'est conforme à leur politique. Ils ont
voté contre la conclusion Bélanger-Campeau qui prévoyait
le fédéralisme renouvelé, qui prévoyait les deux
voies, soit fédéralisme renouvelé, soft
souveraineté. Et l'Opposition a voté contre la conclusion de
Bélanger-Campeau. Je l'ai déjà dit, je le
répète, M. le Président, c'est ce qui fait officiellement
les différences de points de vue que nous avons ici. On le voit... On
vient de le voir encore. On en a la preuve d'une façon
particulièrement éloquente en étudiant ces
articles 5 et 6.
M. le Président, pour nous, il est évident que pour
étudier des offres, il faut avoir des éléments
d'étude. Ces éléments d'étude veulent dire qu'on
puisse analyser, scruter, étudier les travaux qui peuvent être
faits, que ce soit au niveau d'une province, que ce soit au niveau du
gouvernement fédéral, tout ce qui peut servir à cette
commission pour faire son travail adéquatement. Parce que,
fondamentalement, M. le Président, l'objectif de cette commission est
toujours le même: informer l'Assemblée nationale, donc, par le
fait même, informer, dis-je, les Québécoises et les
Québécois de la qualité de ces offres qu'on pourrait
recevoir. C'est ça qui est le but.
Alors, pourquoi on priverait cette commission parlementaire des outils,
des éléments de connaissance nécessaires pour que cette
commission fasse son travail adéquatement? Ce qu'on doit avoir en
tête, c'est que cette commission puisse faire son travail le mieux
possible. Ça veut dire quoi, faire son travail le mieux possible, M. le
Président? Ça veut dire, essentiellement, de pouvoir faire des
recommandations à l'Assemblée nationale, de pouvoir faire des
recommandations au gouvernement, qu'on puisse être informé
adéquatement de la qualité de ces offres. Alors, pourquoi
être contre le fait que cette commission puisse avoir en main les
instruments, les outils nécessaires pour faire ce travail?
Maintenant, je le répète, M. le Président, c'est
tout à fait logique que l'Opposition vote contre ces articles 5 et 6,
puisqu'ils ont été contre la conclusion de
Bélanger-Campeau. C'est tout à fait normal qu'ils votent contre 5
et 6. On pourrait en discuter comme ça pendant deux ou trois jours, et
je suis convaincu que je ne les ferais pas changer d'idée. Ils vont
demeurer dans la même ligne. Pour ma part, M. le Président, je
n'ai rien à ajouter là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Le premier ministre a
reconnu - et le ministre parrain semble accepter cette voie-là - que
l'on peut dialoguer avant le dépôt d'offres via le gouvernement et
les autres provinces, pour bien informer. Donc, si on peut dialoguer, est-ce
qu'on pourrait aller jusqu'à susciter des offres?
M. Rémillard: Écoutez, moi, j'avais un petit point
à vérifier. Je voulais vérifier... (16 h 30)
Mme Caron: Puisque le premier ministre, tout comme le ministre
parrain de la loi 150, nous dit qu'on peut dialoguer avant le
dépôt d'offres dans le but de mieux informer, est-ce que, dans ces
dialogues, on pourrait aller jusqu'à susciter des offres?
M. Rémillard: Écoutez, ce n'est quand même
pas "Le dialogue des carmélites". Ça ne se fait pas dans un
cloître et, comme dialogue, c'est strictement une relation
bilatérale qu'on a utilisée, qu'on veut utiliser parce qu'on a
dit qu'on ne retournera pas négocier à 11. Alors,
essentiellement, il s'agit d'avoir, pour cette commission, les outils,
l'information nécessaire pour faire une bonne étude, une bonne
évaluation des offres. C'est essentiellement ça. Est-ce que
quelqu'un de cette commission peut être contre ça?
J'essaie de voir le sens de vos questions, là. Qu'est-ce qui peut
vous amener à être contre le fait que cette commission
parlementaire, sur des offres pouvant venir du gouvernement
fédéral et des autres provinces, puisse étudier, par
exemple, un rapport qui viendrait d'une province, puisse être en contact
avec une autre commission parlementaire d'une autre province? C'est quoi votre
raison? Je ne comprends pas. Je vous avoue, là, que je ne comprends pas
ça.
Mme Caron: C'est bien simple, c'est l'article 6, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: C'est l'article 6 qui nous dit que ça doit lier
formellement le gouvernement du Canada et les autres provinces, non seulement
une province. C'est bien simple, M. le Président.
M. Rémillard: Mais c'est exactement... C'est pour
ça que c'est bien simple. C'est dans ce sens-là que je me pose la
question.
Mme Caron: Remplacez "et" par "ou".
M. Rémillard: Si on veut étudier ces offres, il
faut avoir des éléments d'étude, il faut avoir une grille
d'étude, il faut avoir des moyens pour étudier, et ces moyens
pour étudier, il faut se les donner, et pour se les donner, il faut
être en action, il faut aller chercher ces moyens.
Une voix: C'est ça.
M. Rémillard: Alors, si on nous offre ces moyens, par
exemple, si un groupe, une commission constitutionnelle formée par une
autre province fait son rapport, ça, ce rapport-là ne pourrait
pas être étudié par la commission parlementaire qui va
recevoir les offres? Elle ne pourrait pas toucher à ça? Bien,
voyons donc!
Mme Caron: Ce n'est pas son mandat.
M. Rémillard: Bien, voyons donc, M. le Président,
ce n'est pas son mandat! Son mandat, c'est de recevoir toute offre qui vient du
gouvernement fédéral et des autres provinces. C'est
marqué.
Une voix: II faut lire les articles 5 et 6.
M. Rémillard: Bien, c'est exactement ça. Je vous
cite l'article 6.
Mme Caron: Non, non.
Une voix: Ce n'est pas ça qui est marqué
M. Rémillard: M. le Président.
Mme Caron: "...doit lier formellement le gouvernement du Canada
et les autres provinces", pas seulement une province.
M. Rémillard: M. le Président, si vous me
permettez, j'ai toujours la parole.
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s il vous
plaît! M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, l'objectif que
nous...
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, vous avez droit à 20 minutes. Vous avez 5
minutes de prises, vous avez droit à 15 minutes, si vous voulez.
M. Rémillard: Faites évacuer, M. le
Président. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: M. le Président, l'objectif que nous
avons - et je suis convaincu que nous avons le même objectif... On va
partir d'objectifs communs. Comme ça, ça va être
intéressant. L'objectif commun que nous avons des deux
côtés, ici, c'est que ces commissions parlementaires puissent
informer adéquatement l'Assemblée nationale. Tout le monde est
d'accord là-dessus: recommandations à l'Assemblée
nationale. Pour que ces recommandations-là soient adéquates,
elles doivent porter, en fonction de l'article 6, sur des offres formelles
venant du gouvernement fédéral et des autres provinces. Je ne
veux pas être hors d'ordre. Donc, on reviendra sur cet
aspect-là.
M. le Président, pour que cette étude se fasse
adéquatement, il faut qu'il y ait des éléments
d'étude. On n'étudie pas... Il ne faut pas que ça nous
tombe dessus comme la misère sur le pauvre monde, M. le
Président. C'est ça que l'Opposition voudrait. Bien non! Je vais
laisser le député... Ça va? Il peut m'écouter tout
en vous écoutant? Ça ne pose pas de problème? C'est juste
pour m'assurer. Vous êtes brillant. Alors, je voulais m'assurer.
Très bien. Alors, vous voulez vraiment que je continue, oui? Très
bien. O.K. Donc, les articles 5 et 6 sont liés ensemble et tout ce qui
pour nous est important dans ces deux articles, c'est que les offres puissent
se faire et puissent s'analyser avec un maximum de possibilités pour que
l'Assemblée nationale et, par conséquent, les
Québécoises et les Québécois soient bien
informés.
Ce n'est pas inutile, M. le Président, de se
référer, à l'article 3, au deuxième volet de la
Commission d'étude sur des questions afférentes à
l'accession du Québec à la souveraineté. Deuxième
volet, à l'article 3, de cette commission sur la souveraineté,
lorsqu'on dit "dans l'hypothèse où le gouvernement du Canada
ferait l'offre formelle d'un partenariat économique, d'étudier et
d'analyser telle offre et de formuler, à cet égard, des
recommandations à l'Assemblée nationale." Je suis certain que les
membres de l'Opposition seraient prêts à considérer bien
des éléments d'étude qui pourraient servir, dans un tel
cas, à ce qu'on puisse, comme parlementaires, pour ensuite en informer
adéquatement la population, avoir une bonne appréciation de ces
ordres de partenariat. La philosophie, l'approche est la même en ce qui
regarde le fédéralisme renouvelé. N'ayons pas deux poids,
deux mesures, M. le Président. Essayons de voir ces deux commissions
comme deux voies parallèles qu'on doit traiter en toute
objectivité et avec un sens critique, pour reprendre les mots du
député de Lac-Saint-Jean. Alors, qu'est-ce que ça
signifie? Ça signifie: Permettons à ces commissions
parlementaires d'avoir les outils d'analyse nécessaires, c'est tout. Ce
n'est pas plus, ce n'est pas moins que ça et c'est essentiellement
conforme à ce qui a été décidé dans
Bélanger-Campeau, essentiellement.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean, ensuite, M. le député de Bertrand.
M. Brassard: M. le Président, je vais essayer d'être
clair à mon tour et de me coller le plus possible sur le texte
même du projet de loi À l'article 5, le mandat est très
clair. Le mandat de la commission, c'est d'apprécier des offres venant
du gouvernement du Canada, pas d'une province. Si ça vient d'une
province, la commission est en chômage, elle n'a rien à faire. Il
faut que les offres viennent du gouvernement du Canada, mais pas n'importe
quelle offre venant du gouvernement du Canada. Si ce sont des offres du
gouvernement du Canada qui ne sont qu'un vague brouillon, une ébauche -
et c'est bien dans le genre de Brian Mulroney de faire des ébauches, des
voeux pieux - la commission est en chômage.
Pour que la commission siège et assume le mandat
d'apprécier des offres, il faut que ces offres lient formellement le
Parlement du Canada et les Législatures des provinces par voie de
résolutions adoptées en bonne et due forme dans le Parlement du
Canada - Chambre des communes et Sénat - et dans les Législatures
des provinces. Sinon, ce sont des offres qui n'ont pas à
être appréciées. Elles peuvent être dans le
débat public, le gouvernement du Québec peut bien les regarder,
la population du Québec peut bien en prendre connaissance via les
journaux, mais la commission prévue à l'article 4 n'a rien
à voir là-dedans. Ce ne sont pas des offres qui sont à
considérer parce que ces offres-là ne correspondent pas et ne
répondent pas aux critères prévus dans la loi. Ça
ne lie pas formellement le Parlement du Canada et les Législatures des
provinces.
Dans ces conditions-là, la Commission n'a pas à examiner
ni à apprécier de telles offres. Ce n'est pas son mandat,
ça ne fait pas partie de son mandat. Quand elle aura à
apprécier des offres de cette nature-là, qui répondront
à ces critères-là, il faudra se poser la question que j'ai
souventefois posée au ministre, mais il ne m'a jamais répondu:
C'est quoi, des offres acceptables, raisonnables? Comment va-ton évaluer
que ce sont des offres acceptables? À ce moment-là, il faudra que
le gouvernement nous indique les critères pour juger du caractère
acceptable des offres. Comme il n'a pas adopté le rapport Allaire, on ne
pourra pas dire que c'est le rapport Allaire. Il ne l'a pas adopté, le
rapport Allaire. La position adoptée par le Parti libéral en
congrès, ce n'est pas la position du gouvernement; il ne l'a pas
adoptée comme position. Alors, c'est simplement, comme il dit, une
référence, une toile de fond, mais ce n'est pas la position du
gouvernement.
Alors, ce n'est pas sur cette base-là qu'on va juger du
caractère acceptable. Il faudra que le gouvernement nous dise, s'il
arrive des offres liant formellement le Parlement du Canada et les
Législatures des provinces, s'il nous en tombe sur la table, avec ces
critères-là, là, il faudra les examiner et il faudra se
poser la question: Comment on les évalue? À partir de quels
critères peut-on juger de leur caractère acceptable? Et
ça, le gouvernement n'a pas de réponse là-dessus. Il n'a
pas réussi encore à nous dire ce qui, pour lui, fait des offres
acceptables. On ne le sait pas encore pour le moment. Le rapport Allaire reste
une toile de fond pour le gouvernement. Le ministre s'interrogeait, là.
C'est le discours de clôture du premier ministre du Québec, le
dimanche, le fameux dimanche. Ça reste une toile de fond. Ça n'a
jamais été adopté, à moins que vous nous informiez,
vous nous fassiez la surprise de nous dire qu'au Conseil des ministres, le
rapport Allaire, la position du Parti libéral a été
discutée au Conseil des ministres et que c'est devenu la position du
gouvernement. Moi, à ma connaissance, c'est uniquement encore la
position du Parti libéral; ce n'est pas la position du gouvernement.
Effectivement, je concède que si c'était la position du
gouvernement, ça, ça serait une grille d'évaluation. S'il
nous arrivait des offres liant formellement le Parlement et les
Législatures des provinces, là, on pourrait, si le rapport
Allaire était la position du gouvernement, là, ça serait
une grille d'évaluation. On pourrait dire: En regard de la position du
gouvernement qui est le rapport Allaire, 22 pouvoirs exclusifs, 5 ou 6 pouvoirs
concurrents, 4 pouvoirs exclusifs au gouvernement fédéral.
Là, à partir de là, on pourrait dire: Bon, bien, les
offres, en regard de ça, ça dit quoi? C'est quoi l'écart,
la différence, le fossé entre les deux? Mais ce n'est pas le cas.
Vous n'avez pas encore de grille, vous n'avez pas de position constitutionnelle
qui nous permettrait d'évaluer le caractère acceptable. Je vous
l'ai demandé, d'ailleurs, à l'étude des crédits.
Vous m'avez dit: Ah! les intérêts supérieurs du
Québec. Je vous l'ai demandé, d'ailleurs, la semaine
dernière, en Chambre, et vous ne m'avez pas non plus donné de
réponse à ce sujet-là. Alors, non.
M. le Président, je résume. La commission a un mandat
restrictif, à notre avis, à notre point de vue. Un mandat
restrictif. Il s'agit d'apprécier des offres, mais des offres qui lient
formellement le Parlement fédéral et les Législatures des
provinces, sinon la commission chôme. C'est ça qu'elle fait, elle
chôme, elle doit chômer.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, une
interprétation restrictive comme celle-là irait à
rencontre non seulement de toute technique de lecture législative, de
rédaction législative, mais irait à rencontre de notre
parlementarisme, de nos principes du parlementarisme dans ses fondements
mêmes, et je m'explique, M. le Président.
En ce qui regarde la technique législative, nous savons
très bien que les articles doivent être lus l'un en fonction de
l'autre et nous savons que l'article 5 repose sur le principe que le
Québec attend des offres du gouvernement fédéral, qu'il
n'irait pas négocier à la table avec 10 autres partenaires. Nous
l'avons dit à plusieurs reprises, le premier ministre a toujours
été très clair à ce sujet-là et c'est
toujours la position du gouvernement. On la retrouve, cette position, à
l'article 5, exprimée très clairement.
Si c'avait été le contraire, l'Opposition nous aurait dit:
C'est épouvantable, vous allez à rencontre de ce que vous avez
dit; vous êtes prêts à négocier à 11. Il n'en
est absolument pas question. On établit le principe du bilatéral
avec le gouvernement du Canada à l'article 5. À l'article 6, on
parle d'offres qui lient formellement le gouvernement du Canada et les autres
provinces.
M. le Président, il faut être logique. Si les offres
viennent et des provinces et du gouvernement fédéral - et, selon
notre système constitutionnel, elles doivent venir des deux niveaux
-bien, soyons logiques, bon Dieu! Qu'est-ce que ça veut dire? Ça
veut dire que la commission parlementaire qui va étudier des offres doit
étudier
des offres qui viennent des provinces et qui viennent du gouvernement
fédéral. Donc, par conséquent, lorsque le
député de Lac-Saint-Jean nous dit: Oui, mais attention, on ne
sait pas quels seront vos éléments d'analyse. Est-ce que c'est le
rapport Allaire? D'abord, je lui répète que le rapport Allaire
est la position du Parti libéral du Québec...
M. Brassard: Je le sais. Pour ça, pas de
problème.
M. Rémillard: ...et que le gouvernement est issu du Parti
libéral.
M. Brassard: C'est la position du gouvernement?
M. Rémillard: Vous savez, entre le.. Par
conséquent...
M. Brassard: Ce que vous me dites, c'est que c'est la position du
gouvernement?
M. Rémillard: Je vous dis que le gouvernement est issu du
Parti libéral...
M. Brassard: Dois-je en conclure que c'est la position du
gouvernement?
M. Rémillard: ...et dans le rapport Allaire, il a toujours
été bien mentionné que le rapport Allaire pouvait
être complété par la Commission Bélanger-Campeau et
il a été complété par Bélanger-Campeau.
C'est là que le bât blesse parce qu'à ce niveau-là,
lorsque vous en arrivez au fédéralisme renouvelé, vous
éliminez cette partie-là, vous. C'est là qu'est le
problème. Vous éliminez, dans Bélanger-Campeau, ce qui ne
fait pas votre affaire. Vous éliminez tout ce qui regarde le
fédéralisme renouvelé. Ça, vous avez voté
contre et vous mettez ça de côté.
Alors, quand bien même je vous ferais toutes les
démonstrations, M. le Président, quand bien même je vous
ferais les démonstrations les plus logiques ici, je pense que ça
ne donnerait absolument rien. On devrait voter là-dessus parce que
ça ne changera rien. Je ne ferai jamais changer l'Opposition d'avis et
je respecte ça. Ils vont voter contre. Ils ont voté contre
à la Commission Bélanger-Campeau, ils vont encore voter contre.
Respectons ça. Je pense que c'est notre droit comme parlementaires
et...
M. Brassard: Si vous me permettez, une petite question.
M. Rémillard: ...c'est tout.
Le Président (M. Dauphin): M. le député. (16
h 45)
M. Brassard: Quand vous dites que le rapport Allaire, c'est la
position du Parti libéral et que le gouvernement est issu du Parti
libéral, est-ce que je dois en conclure que, par conséquent, le
rapport Allaire est aussi la position du gouvernement du Québec?
M. Rémillard: Vous devez en conclure que la position du
gouvernement du Québec est la loi 150 qui est dans le processus suivi
par Allaire et par la Commission Bélanger-Campeau. Et c'est ça,
la position du gouvernement du Québec.
Vous avez la loi 150...
M. Brassard: Le rapport Allaire...
M. Rémillard: Et c'est tellement la position du
gouvernement du Québec que vous êtes contre des articles qui sont
essentiels, puisque vous avez deux commissions parlementaires et que vous
êtes contre une de ces commissions parlementaires.
M. Brassard: Le rapport Allaire, M. le ministre...
M. Rémillard: C'est ça que je vous explique.
M. Brassard: Est-ce que c'est la position du gouvernement?
M. Rémillard: La position du gouvernement est la position
de la loi 150 où vous retrouvez Allaire et Bélanger-Campeau
essentiellement.
M. Brassard: Ah! Allaire! Je ne retrouve pas Allaire
là-dedans du tout, moi.
M. Rémillard: Les deux possibilités, soit le
fédéralisme renouvelé, soit le référendum,
c'est exactement la recommandation d'AHaire comme c'est la recommandation de
Bélanger-Campeau et comme c'est aussi dans la voie qu'a toujours suivie
le Québec.
M. Brassard: M. le ministre...
M. Rémillard: Or, par conséquent, quand vous avez
la loi 150, vous avez l'expression la plus claire, la plus évidente de
la position du gouvernement du Québec et c'est la loi 150. Et, M. le
Président, même si...
M. Brassard: Mais, M. le ministre, un peu de rigueur.
M. Rémillard: Même si on continuait comme ça
à discuter, pourquoi...
M. Brassard: La question du partage des compétences, vous
savez très bien que c'est au coeur du rapport Allaire, hein?
M. Rémillard: Si vous me permettez juste de terminer. Si
on continue comme ça à discuter, M.
le Président, pourquoi on ne voterait pas sur ces articles 5 et
6?
M. Brassard: Ah bon! Vous ne voulez plus parler?
M. Rémillard: Qu'est-ce que ça donnerait? Bien, on
peut continuer à parler. Si vous voulez continuer à parler, on
est...
M. Brassard: Non, non, mais...
Une voix: On n'est pas dans un congrès de votre parti, M.
le ministre.
Le Président (M. Dauphin): II y en a deux qui m'ont
demandé d'intervenir.
M. Rémillard: Moi, là-dessus, je ne m'aventurerais
pas trop trop sur ce ' terrain-là. Je pourrais vous en sortir, des
petites vertes et des pas mûres de votre côté. Vous en savez
quelque chose, vous-même, hein?
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Bertrand.
M. Beaulne: Oui, M. le Président. J'avais simplement un
bref commentaire, étant donné que mon collègue a
posé les questions, essentiellement, que je voulais poser. C'est que,
pour le bénéfice de ceux qui seraient éventuellement assez
masochistes pour lire mot à mot la transcription de toutes ces
discussions-là, il est important de clarifier la raison pour laquelle on
s'objecte et on pose des questions sur ces articles 5 et 6. Pour ma part, c'est
bien simple, c'est qu'on veut des éclaircissements de la part du
gouvernement qu'on ne va pas être entraînés, par des
subterfuges techniques, dans toutes sortes de mesures dilatoires qui auront
comme résultat de faire traîner le débat constitutionnel
pendant encore plusieurs années. C'est la raison pour laquelle on
insiste sur des définitions claires et précises des
paramètres de ce qui constitue une offre acceptable, question à
laquelle vous ne voulez pas répondre je ne sais pas pourquoi. Et
également, c'est la raison pour laquelle on insiste pour que la
commission soit convoquée, essentiellement - ou exclusivement, je dirais
même - si ces offres sont présentées par le gouvernement
fédéral après avoir été endossées par
les autres provinces. Il me semble que la question est claire. Vous avez
refusé d'y répondre, j'ignore pour quelle raison. Mais moi,
j'insiste, pour la transcription, pour que soient consignées les
véritables raisons de nos objections à ces
articles-là.
M. Rémillard: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...ce n'est pas des véritables
objections puisque la logique est là et vous ne pouvez pas aller
à l'encontre de cette logique-là. Cependant, quand vous nous
accusez de vouloir faire une job de bras à la souveraineté, j'ai
dit non et puis ce n'est absolument pas notre intention. Peut-être que
vous pourriez aussi réfléchir un petit peu à ça. Il
ne faudrait pas non plus que vous pensiez faire une job de bras au
fédéralisme renouvelé. Pourquoi ne pas essayer simplement
de voir ça objectivement, d'un côté comme de l'autre?
Votre option, c'est la souveraineté et je la respecte, pour ma
part, comme on la respecte de ce côté-ci. Notre option, on a dit:
Autant que faire se peut, c'est le fédéralisme renouvelé
qu'on veut essayer de pouvoir faire en fonction des critères qu'on
connaît. En fonction de ça, M. le Président, pourquoi, du
côté de l'Opposition, on ne montrerait pas aussi une ouverture
d'esprit qu'on devrait démontrer, nous aussi, pour faire une
étude la plus complète possible?
Finalement, ce qui devrait nous motiver, c'est l'information du public,
l'information du peuple québécois. C'est ça qui est
important. Pourquoi on ne serait pas capables, de part et d'autre, de
s'élever un petit peu plus haut que la simple partisanerie politique et
de dire: Comme parlementaires, on est devant un échéancier et,
face à cet échéancier, donnons aux
Québécoises et aux Québécois la possibilité
de décider.
Je comprends que ce n'est pas votre option politique, le
fédéralisme renouvelé. Je le comprends et je le respecte.
Mais pourquoi vous ne respecteriez pas cette option, comme nous on pourrait
respecter la souveraineté, et qu'on n'essaierait pas de faire ce bout de
chemin d'étude de la façon la plus complète possible?
C'est où le problème?
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. Aussi, pour essayer de
comprendre la dynamique qui existe ici et, peut-être, si je formule la
question d'une autre façon, est-ce que le ministre peut confirmer
peut-être que le rapport Allaire... M. le Président, est-ce que le
ministre peut confirmer que le rapport Allaire est la position du gouvernement,
mais en combinaison avec cette fameuse phrase, "base de négociation"? Et
peut-être cette base de négociation, cette marge de
négociation, c'est ça qui s'applique aux articles 5 et 6. Est-ce
que c'est ça que le gouvernement a comme position de base, le rapport
Allaire, et cette marge de négociation existe ou s'applique aux articles
5 et 6? Est-ce que c'est comme ça que ça fonctionne?
M. Rémillard: La position constitutionnelle du
gouvernement...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, je m'excuse. La
position constitutionnelle du gouvernement, c'est le projet de loi 150. Le
projet de loi 150 se réfère au rapport Allaire comme à
Bélanger-Campeau, directement. Le projet de loi 150 est là pour
être interprété, un article en fonction d'un autre article.
Deux éléments, donc, importants à retenir. Le coeur, c'est
deux commissions parlementaires et l'échéancier, qui est une
obligation de résultats. Alors, c'est comme ça qu'on doit voir le
projet de loi 150, avec un maximum de possibilités d'informer
adéquatement la population. C'est ça qui est important sur les
deux options.
M. Libman: M. le Président, est-ce qu'on...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: ...va avoir une discussion à part sur l'article
6, avant l'adoption de l'article 6? On est toujours sur l'article 5
actuellement
Le Président (M. Dauphin): Oui, oui. Nous sommes sur
l'article 5 actuellement. Mme la députée de Terrebonne, ensuite
M. le député de Berthier.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Le ministre demande
où on voit le problème. C'est très simple où on
voit le problème. C'est entre ce qu'on lit et entre ce qu'il nous dit,
ce qui est tout à fait en parfaite contradiction. Je veux bien qu'on
donne de l'information au peuple québécois, mais si les
informations qu'on lui donne sont aussi ambiguës et aussi peu claires que
celles qu'on nous donne à cette commission parlementaire, M. le
Président, j'ai bien l'impression que le peuple québécois
ne sera pas plus informé à la fin. Je pense que la
carrière dans le cinéma que le ministre a manquée, c'est
plutôt une carrière de patinage artistique, de patinage de
fantaisie. Je pense que ça aurait été encore mieux.
Une voix: C'est son chef.
Mme Caron: Son interprétation étant tellement
différente du texte, comment inter-prète-t-il l'expression "les
autres provinces"? Est-ce que ce sont toutes les autres provinces? Est-ce que
c'est deux provinces, trois provinces, sept provinces? Puisque ce n'est jamais
tout à fait ce qu'on lit.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...je sais que la députée
de
Terrebonne aime beaucoup le cinéma. Mme Caron: Pas du
tout
M. Rémillard: Oui, oui, elle apprécie beaucoup le
cinéma.
Mme Caron: Pas du tout
M. Rémillard: J'aimerais qu'elle aime autant la logique
qu'elle aime le cinéma, qu'elle soit portée autant sur la logique
que sur le cinéma.
Mme Caron: Je suis davantage portée sur la logique que sur
le cinéma, M. le ministre.
M. Rémillard: À ce moment-là, on s'engage
bien sur un bon terrain.
Mme Caron: Si vous êtes capable d'être clair.
M. Rémillard: Alors, dans la mesure où on veut se
référer à la logique, c'est évident que lorsqu'on
parle des provinces, c'est l'ensemble des provinces; sans ça, vous allez
avoir des problèmes pour interpréter "liant formellement".
Là, le député de Lac-Saint-Jean ne sera pas content.
Alors, c'est essentiellement en fonction du droit constitutionnel canadien, et
c'est des provinces qu'on peut avoir des relations bilatérales... On l'a
toujours dit qu'on peut avoir des relations bilatérales, mais qu'on ne
retournera pas dans un forum à 11. Alors, vous avez ce
principe-là à l'article 5 et vous lavez à l'article 6 en
fonction des offres qui iient formellement. Je ne veux pas être hors
d'ordre, je ne veux pas aborder l'article 6 sur le fond, mais 5 et 6 se lisent
ensemble en fonction de ce que le gouvernement a toujours dit et en fonction de
ce que Bélanger-Campeau et le rapport Allaire aussi ont bien
établi.
Mme Caron: Qu'est-ce qu'on dort croire? Le Président
(M. Dauphin): Mme la députée.
Mme Caron: Tantôt, dans l'article 5, vous nous disiez que
vous pouviez recevoir des offres bilatérales de rapports avec une autre
province, alors que dans l'article 5, c'est bien écrit: des offres par
le gouvernement du Canada.
M. Rémillard: Je n'ai jamais dit qu'on pourrait recevoir
des offres de la part d'une autre province. J'ai parlé d'un rapport
d'une commission constitutionnelle qui viendrait des autres provinces.
Mme Caron: Ah!
M. Rémillard: Et j'ai parlé
d'éléments d'information qui peuvent venir d'autres provin-
ces. Alors, dans ce contexte-là, j'ai parlé de tout ce qui
peut servir à la commission pour faire une bonne étude. Mais
comment peut-on être contre ça? C'est ça que je ne
comprends pas. Et comment peut-on être contre la possibilité, pour
une assemblée, comme c'est le cas ici, qui est une commission
parlementaire, donc, émanation de l'Assemblée nationale, comment
peut-on être contre le fait qu'une commission parlementaire puisse avoir
les outils pour faire son travail adéquatement? Parce que c'est
simplement ça. On donne un mandat et on dit: La commission aura les
outils pour faire ce mandat et vous êtes contre ça. Expliquez-moi
ça, vous. Expliquez-moi ça.
Mme Caron: Vous lui donnez un mandat et ce que vous nous donnez
comme explication est en parfaite contradiction avec le mandat.
M. Rémillard: C'est faux. Écoutez, non, non. M. le
Président, je demande à la députée de Terrebonne de
m'expliquer... Qu'elle soit claire. J'apprécie beaucoup la
députée de Terrebonne quand elle me pose des questions sur la
protection du consommateur, etc. Mais là, j'avoue qu'en matière
constitutionnelle, je ne la suis pas. Alors, il va falloir qu'elle m'explique
en quoi elle voit une contradiction, qu'elle y aille très
clairement...
Mme Caron: Très clairement.
M. Rémillard: ...qu'elle me dise ça, mais moi, je
veux comprendre, je veux voir où est la contradiction.
Mme Caron: Très clairement, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: ...et il n'est pas question d'inverser les rôles
ici, même si ça va venir bientôt, dans l'article 5, on nous
dit que la commission va étudier toute offre d'un nouveau partenariat
qui va être faite au gouvernement du Québec par le gouvernement du
Canada. Vous n'avez cessé de nous le dire, ça va en lien direct
avec l'article 6, toute offre du gouvernement du Canada va donc lier
formellement le gouvernement du Canada et les autres provinces, alors que vous
êtes parfaitement ouvert à toute offre, tout rapport de commission
qui va amener une offre bilatérale avec une autre province.
M. Rémillard: Oui, mais, Mme la députée de
Terrebonne...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...même si on avait des relations avec
une autre province et qu'on voulait avoir des offres d'une autre province, on
n'ira pas bien bien loin parce qu'une offre d'une autre province, au point de
vue du droit constitutionnel canadien, ça ne vaut rien ou à peu
près. Ça peut simplement peut-être débuter un
processus d'amendement constitutionnel, selon la formule d'amendement.
Ce n'est pas ça que je vous dis. Je vous dis que, comme vous vous
y référez vous-même fort justement, nous allons
étudier des offres qui lient le gouvernement fédéral et
les autres provinces. Donc, il faut que les offres viennent des deux niveaux de
gouvernement. Donc, par conséquent, la commission qui va étudier
les offres doit étudier ce qui peut lui servir en ce qui regarde
l'analyse de ces offres qui viendront des autres provinces et du gouvernement
fédéral. Il me semble que c'est logique, ça. Vous avez des
offres qui viennent des provinces et qui viennent du gouvernement
fédéral. Par conséquent, vous avez une commission
parlementaire qui va étudier ces offres-là. C'est bien normal que
la commission parlementaire ait des outils pour étudier des offres qui
viennent des provinces et du gouvernement fédéral. Où est
le problème? Expliquez-moi ça. Où est le
problème?
Mme Caron: Est-ce que...
M. Rémillard: Pourquoi allez-vous empêcher une
commission parlementaire d'avoir des outils pour faire son travail?
Expliquez-moi ça. Je ne comprends pas ça.
Mme Caron: Question bien simple: Est-ce que vous allez convoquer
la commission si vous avez une offre qui vient d'une province?
M. Rémillard: Si c'est un document qui vient d'une
commission constitutionnelle ou tout autre élément
d'intérêt qui peut servir à la commission parlementaire
pour étudier éventuellement des offres, si c'est un outil qui
peut servir à la commission parlementaire, ça serait aller
à rencontre de notre parlementarisme, à rencontre de ce qu'on
doit...
M. Brassard: Bien, ce n'est pas ça qui est marqué
là-dedans.
M. Rémillard: ...de respect à l'Assemblée
nationale...
Mme Caron: Ce n'est pas ça, le mandat.
M. Rémillard: Mais oui, c'est ça, le mandat, voyons
donc! C'est marqué.
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Un seul intervenant.
Une voix: Ce n'est pas ça qui est marqué
là.
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, dames, on n'arrivera
à rien en parlant à 10 en même temps. Messieurs, dames, un
seul à la fois, s'il vous plaît. L'enregistrement ne se fait pas
à 10.
M. Houde: M le Président, question de privilège. Je
ne sais pas si ce sont les caméras de télévision ici... Je
pense qu'il faut se conduire en gens civilisés. Le député
de Pointe-aux-Trembles puis le député de Masson, s'ils ne veulent
pas se taire, de grâce, qu'ils sortent à l'extérieur,
qu'ils aillent discuter ensemble de l'autre côté, mais qu'ils nous
laissent la paix, qu'on écoute comme il faut ce que vous dites.
Le Président (M. Dauphin): Aviez-vous terminé, M.
le ministre, votre réponse? Mme la députée de Terrebonne,
avez-vous d'autres questions? Parce que M. le député de Berthier
m'a demandé la parole.
Mme Caron: Non, M. le Président. Je pense qu'on a
clairement démontré que c'est parfaitement en contradiction avec
le mandat de l'article 5. (17 heures)
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député de Berthier.
M. Houde: Merci beaucoup, M. le Président. Je
m'aperçois d'abord, juste avec la dernière phrase qu'elle vient
de prononcer là... Je demanderais le vote, s'il vous plaît, sur
l'article 5.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 5? M. le député de D'Arcy-McGee,
avez-vous une question?
M. Libman: Je voulais juste demander pourquoi on dit: Pour
être soumise à l'appréciation de la Commission, toute offre
d'un nouveau partenariat doit lier formellement? Comment on peut étudier
un rapport...
Des voix: C'est à l'article 6, ça.
M. Rémillard: On n'est pas rendus là encore.
Des voix: On parle de l'article 5.
M. Libman: Mais c'est dans le même esprit que la question
de la députée de Terrebonne. Comment on peut. . Parce que le
ministre parle d'étudier des rapports d'une province ou quoi que ce
soit. Si on lit cet article, il dit que la seule façon que quelque chose
soit soumis a l'appréciation de la commission c'est si ça lie
formelle- ment Alors, est-ce que la commission ne va pas siéger jusqu'au
moment où on aura des offres qui lient formellement les autres
gouvernements?
Le Président (M. Dauphin): Ça concerne l'article
6.
M. Libman: Pourquoi on crée cette commission aujourd'hui
si ça ne peut pas siéger pour une autre année ou quelque
chose...
Le Président (M. Dauphin): Alors, M le
député de D'Arcy-McGee, nous allons peut-être prendre votre
question en réserve pour l'article 6 ou désirez-vous...
M. Rémillard: Pour l'article 6.
Le Président (M. Dauphin): répondre tout de
suite.
M. Rémillard: Bien, si vous voulez, M. le
Président. Par contre, M. le Président, si vous le permettez, la
question du député de D'Arcy-McGee est quand même en
relation avec toute la discussion que nous venons d'avoir. Si vous le
permettez, très brièvement, je ferai exactement la même
réponse au député de D'Arcy-McGee que j'ai faite à
Mme la députée de Terrebonne ou que j'ai faite au
député de Lac-Saint-Jean ou de Bertrand. Soyons logiques et
regardons quand même ces articles 5 et 6 comme étant le mandat de
la Commission. Donc, par conséquent, des offres qui lient formellement
un gouvernement, mais pour décider si elles lient formellement, pour
décider aussi de la qualité de ces offres, il faut bien les
étudier, ces offres. Et pour les étudier, ces offres, il faut
avoir des outils Et pour avoir des outils, il faut qu'on puisse être
quand même capable d'aller chercher les éléments dont on a
besoin pour comprendre les offres.
Qu'est-ce que ça signifie, M. le Président? C'est que si
le rapport d'une commission constitutionnelle formée par une province
est rendu public, pourquoi la commission parlementaire ne pourrait pas
l'étudier et le regarder? M. le Président, si on allait contre
ça, ça serait aller contre tout esprit du parlementarisme et tout
respect qu'on doit au parlementarisme et à nos commissions
parlementaires. Voyons donc!
M. Libman: O.K. Alors, M. le Président, le ministre fait
cette...
Le Président (M. Dauphin): Oui. M. le
député.
M. Libman: Alors, si on comprend bien, vous faites la distinction
entre les offres: il y a une classification pour les offres qui vont lier
formellement le reste du Canada qu'on va étudier et, à part
ça, il y a des rapports ou d'autres outils qui peuvent être
étudiés par cette commis-
sion. Ça, c'est dans une autre catégorie que les
offres.
M. Rémillard: M. le Président, ce ne sont
pas...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard:... deux catégories. C'est strictement
que, d'une part, vous avez des outils et, d'autre part, vous avez un objet
d'étude. Et les outils servent à pouvoir étudier
correctement l'objet que vous avez à étudier. L'objet, ce sont
des offres. Les outils, c'est tout élément que vous pouvez
trouver et qui peut servir à analyser ces offres. Et si c'est le rapport
d'une commission qui vient d'une province, si c'est le rapport de la commission
qui peut être formée par le gouvernement fédéral, le
comité mixte du Sénat et de la Chambre des Communes qui doit
être formé pour faire aussi un travail de consultation au niveau
du gouvernement fédéral et au niveau des autres provinces, est-ce
que ça signifierait qu'on ne pourrait pas étudier ces
rapports-là? Ça serait aller contre tout bon sens. Ce serait
manquer de respect à la commission parlementaire que nous formons.
Voyons donc si c'est logique! C'est tout à fait illogique que de
prétendre que la commission parlementaire ne pourrait pas étudier
ces aspects-là, ces outils-là.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
Des voix: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 6.
M. Rémillard: Alors, je lis l'article 6, M. le
Président. "6. Pour être soumise à l'appréciation de
la Commission, toute offre d'un nouveau partenariat de nature constitutionnelle
faite au gouvernement du Québec doit lier formellement le gouvernement
du Canada et les autres provinces. "
Alors, voilà, M. le Président, nous avons eu à
discuter par ricochet, si vous voulez, de cet article en discutant de l'article
5. Il me fera plaisir donc de répondre aux questions des membres de
cette commission concernant la portée de l'article 6.
M. Brassard: Ha, ha, ha! Ah bien ça, c'est la meilleure.
M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je m'attendais au dévoilement du
mystère. Ça fait des semaines, sinon des mois, qu'on s'interroge
puis qu'on se creuse les méninges sur ce que signifie l'expression "lier
formellement le gouvernement du Canada et les autres provinces". On l'a
souventefois demandé au ministre et au premier ministre ce que ça
signifie dans l'esprit du gouvernement, sans savoir pourquoi.
Ma question est très simple. Moi, j'en ai une
interprétation. J'ai la mienne. Je l'ai déjà
exprimée, mais je voudrais savoir maintenant, très simplement, ce
que ça signifie - puisque c'est un projet de loi que le gouvernement a
présenté, qu'il parraine - pour le ministre et pour le
gouvernement, des offres qui lieraient formellement le gouvernement du Canada
et les autres provinces? Ça signifie quoi sur le plan juridique et
constitutionnel?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, il s'agit avant
tout, dans cet article 6, et là encore, dans l'esprit de la Commission
Bélanger-Campeau, de bien établir que ces offres ne doivent pas
venir d'un geste simplement politique du gouvernement fédéral,
mais que ce geste doit avoir un aspect formel pour le gouvernement.
M. Brassard: Oui.
M. Rémillard: Formel, à quoi peut-on se
référer lorsqu'on parle de formel? Dans la loi, M. le
Président, on utilise cette expression à deux reprises. On
l'utilise à l'article 3, deuxième alinéa, lorsqu'on parle
de partenariat économique - dans le cas où il y aurait la
souveraineté après le référendum, si le
référendum était positif, par exemple, et on sait qu'il y
a un an de délai pour que la souveraineté devienne effective
à ce moment-là - on parle d'une offre formelle d'un partenariat
et on parle donc, là aussi, du mot "formel". On le retrouve à
deux places. Le mot "formel" à 3, et le mot "formel" aussi à
6.
Ce mot "formel" doit se situer dans un contexte constitutionnel. Dans le
contexte de l'article 3, la commission qui étudiera la
souveraineté, si elle a à se prononcer sur cette disposition de
l'article 3, devra étudier ce que c'est que "formel". Est-ce que
ça veut comprendre les provinces ou si c'est strictement le gouvernement
fédéral? C'est une question juridique qui pourra se poser
à ce niveau-là, de quelle façon ça doit se
faire.
En ce qui regarde l'article 6, donc, "lier formellement le gouvernement
du Canada et les autres provinces", ça signifie, M. le Président,
qu'une simple déclaration politique par le premier ministre du Canada
sur une tribune électorale ou bien dans un discours, dans un forum
politique ou partisan ou je ne sais quel exemple je pourrais prendre. Ce n'est
certainement pas formel.
Certains ont dit: Est-ce que des résolutions d'assemblées
législatives pourraient être formel-
les? Oui, ça peut être formel, mais il faut bien
comprendre, M. le Président, que ça ne lie pas d'une façon
indéfectible les assemblées législatives, puisque
Terre-Neuve, on s'en souvient, a accepté par résolution de son
assemblée législative l'entente du lac Meech et que M. Wells,
devenu premier ministre, a renié la signature qu'avait tout d'abord
posée le premier ministre d'alors, M. Peckford, de Terre-Neuve, au
moment du lac Meech et de la rencontre à l'édifice Langevin. Il a
aussi rescindé la décision, donc, la résolution prise par
l'Assemblée législative, et a même renié sa propre
signature, telle qu'il l'avait faite, à Ottawa, au moment de la
troisième signature de l'accord du lac Meech, le 9 juin 1990.
Alors, M. le Président, en ce sens là, la conclusion qui
s'impose, c est qu'il appartiendra à la commission parlementaire de
donner un sens à ce "formel". Les Québécois et
Québécoises jugeront si c'est formel ou si ça ne l'est pas
parce qu'il est évident, M. le Président, que le peuple
québécois n'est pas dupe et qu'il est capable de voir les choses
telles qu'elle se présentent. La commission parlementaire sera là
pour informer adéquatement les Québécoises et les
Québécois, tout d'abord, en faisant recommandation à
l'Assemblée nationale et ensuite, en faisant en sorte que les
Québécois soient informés.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Là, M. le Président, je suis
éberlué...
M. Rémillard: C'est beau, ça. Je n'en demandais pas
tant.
M. Brassard: ...parce que le gouvernement a eu pas mal de temps
pour y réfléchir. Et moi, je me souviens des débats et des
discussions à la Commission Bélanger-Campeau, où il y
avait un très large consensus sur ce que signifie l'expression "lier
formellement le gouvernement du Canada et les autres provinces". Ça
voulait dire - et ça ne voulait dire que ça - qu'il fallait que
ces offres aient reçu l'assentiment par voie de résolution du
Parlement du Canada, donc de la Chambre des communes et du Sénat, et
l'assentiment par voie de résolution des Législatures des
provinces. En d'autres termes, que le lien formel dont il était question
faisait précisément référence au lien formel qui
est prévu à la formule d'amendement de la Constitution, sinon,
là, on tombait dans les déclarations politiques, les voeux pieux
qui n'avaient pas suffisamment de poids pour être pris en
considération et en compte par la Commission. C'est ça que
ça veut dire. Le ministre a beau dire, comme défense, que ce
n'est jamais assuré parce qu'il y a une Législature qui est
revenue sur sa décision - je le sais, la Législature de
Terre-Neuve est revenue sur sa décision - mais ce n'est pas une raison
pour ne pas exiger que "lien formel", ça signifie des résolutions
votées par les Législatures et par le Parlement
fédéral. Ce n'est pas une raison suffisante, parce que
Terre-Neuve est revenue sur sa résolution telle qu'adoptée.
Alors, je pense que c'est ça que ça signifie et je demande au
ministre si, pour lui, c'est ça que ça signifie, "lier
formellement", et pas autre chose. Ça signifie des résolutions
adoptées par le Parlement et par les Législatures des
provinces.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, est-ce que je peux
demander au député de Lac-Saint-Jean commenî il
interprète le mot "formel" qu'on retrouve à l'article 3,
deuxième alinéa?
M. Brassard: Là, on est dans un cadre tout à fait
différent.
M. Rémillard: Ah! Ah!
M. Brassard: Bien oui, le Québec est en voie
d'accéder à la souveraineté. Il y a eu un
référendum, les Québécois ont opté pour la
souveraineté, les résultats sont majoritaires, le Québec
est en cheminement vers la souveraineté. Un an plus tard, il va devenir
un État souverain. Donc, là, on est en plein dans le droit
international, et la négociation et la conclusion d'un traité
d'association économique.
M. Rémillard: D'où viendraient ces offres?
M. Brassard: Du gouvernement du Canada.
M. Rémillard: Ah oui?
M. Brassard: Oui.
M. Rémillard: Pas des provinces?
M. Brassard: Du gouvernement du Canada qui pourrait
éventuellement associer les provinces.
M. Rémillard: AN
M. Brassard: Dépendamment des sujets, ce sera au
gouvernement du Canada..
M. Rémillard: Ah bon!
M. Brassard: ...à le déterminer. On n'aura pas
à s'en mêler.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, par sa
réponse éclairée..
M. Brassard: Ah non! Bien, écoutez, là...
M. Rémillard: ...le député de Lac-Saint-Jean
montre très bien que...
M. Brassard: M. le Président, il se défile, il
bifurque...
M. Rémillard: Bien non, je ne bifurque pas, je
voulais...
Le Président (M. Kehoe): Laisse-le répondre. On va
voir s'il bifurque ou...
M. Brassard: Ça, ce n'est pas votre appréciation,
là. C'est mon appréciation à moi.
Le Président (M. Kehoe): Je suis d'accord, mais...
M. Brassard: Sauf qu'on n'est pas à l'article 3.
M. Rémillard: Non, mais regardez, M. le
Président...
M. Brassard: On est à l'article 6. Il ne s'agit pas
d'apprécier les offres formelles d'association économique. Il
s'agit d'apprécier des offres de nature constitutionnelle, donc, dans le
cadre constitutionnel canadien, donc, en vertu du droit interne. Et en vertu du
droit interne, des offres de nature constitutionnelle, ça doit lier les
provinces et le gouvernement par le biais de résolutions adoptées
par le Parlement et les Législatures. C'est de ça dont on
discute, là. (17 h 15)
M. Rémillard: M. le Président, je vois la
députée de Hochelaga-Maisonneuve qui dit: "C'est ça." On
va passer des heures et des heures à étudier le Code civil
ensemble. On va avoir à discuter juridiquement. Ça va être
passionnant. Mais ce n'est pas tout à fait ça. Ce qu'on
étudie, c'est des offres formelles. Donc, c'est le mot "formel". On
essaie de donner la réelle signification au mot "formel"...
M. Brassard: Vous avez de la misère à vous retenir,
là.
M. Rémillard: Hein? M. Brassard: De rire.
M. Rémillard: Non, mais la réelle signification de
"formel"... On l'utilise à deux reprises, le mot "formel". On l'utilise
à l'article 3 et on l'utilise à l'article 6. Alors, pour
étudier le sens de "formel", on se dit: Regardons dans quel sens le
législateur l'a utilisé dans la loi. C'est une technique
législative, M. le Président, d'interprétation
législative qui est tout à fait une des premières qu'on
utilise lorsqu'on veut étudier le sens, l'intention du
législateur.
M. le Président, ce que je voulais simple- ment remarquer, c'est
que le député de Lac-Saint-Jean a raison lorsqu'il dit:
Attention, oui, ces offres formelles, selon l'article 3, pourraient, dans le
cas où la souveraineté, où il y aurait eu un vote positif,
puis qu'on serait dans l'année avant que ce soit déclaré
où il y aurait eu une offre de partenariat... Ça peut arriver
avant, remarquez. Ça peut arriver demain, après-demain. Ça
peut arriver dans les prochains mois. Peu importe quand ça va arriver,
mais ce que le député de Lac-Saint-Jean nous dit: Bien, cette
offre formelle pourrait venir du gouvernement fédéral avec
peut-être les autres provinces dépendant des sujets. Ça
dépend, c'est du droit international. C'est du droit interne.
Je crois qu'il a bien raison. Il a bien raison d'être prudent
parce qu'il y a là une question juridique, M. le Président, que
ni lui ni moi n'avons la prétention de régler aujourd'hui, j'en
suis convaincu, mais sur laquelle la commission parlementaire que nous allons
créer pour étudier la souveraineté pourra, elle, se
pencher et faire témoigner des experts.
C'est la même chose pour le "formel" que nous retrouvons à
l'article 6, M. le Président. On ne peut pas d'une façon statique
décider aujourd'hui de ce sens du mot "formel". Il va falloir le situer
dans son sens dynamique en fonction du contexte tel qu'il va se
présenter. Il faut se référer à l'intelligence de
cette commission parlementaire et de ses membres. M. le Président,
ça serait faire injure à la commission parlementaire que de
pouvoir en arriver à une autre conclusion parce qu'il n'y a aucune norme
objective infaillible qui nous permettrait de dire: Voilà, ça,
immanquablement, d'une façon catégorique, ça lie les
gouvernements puis il n'y a plus rien à faire. On les met dans une case.
C'est terminé. Ça n'existe pas, M. le Président, en
fonction du droit constitutionnel. Ce qui existe, M. le Président, c'est
l'appréciation d'une situation en fonction d'un contexte donné.
Ce sera le travail de la commission parlementaire de le faire.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais rappeler au
ministre la définition de "formel". Le Petit Robert est très
utile à ce sujet-là. "Formel: dont la précision et la
netteté excluent toute méprise, toute équivoque." Alors
là, le discours que je viens d'entendre n'est pas très formel.
"Clair, explicite, précis, positif; catégorique; assuré,
certain, sûr; preuve formelle; indéniable, indiscutable,
irréfutable." Ça, ça veut dire... Donc, il faut que ce
soit quelque chose de précis, de net et de non ambigu, de non
équivoque.
Comme on se situe dans le cadre constitutionnel canadien, puisqu'il
s'agit d'offres de nature constitutionnelle, donc, le cadre de
référence, c'est le droit interne. Le ministre est
d'accord avec moi. Dans le droit interne, il y a quelque chose qui
s'appelle une formule d'amendement. Or, comme les offres de nature
constitutionnelle ont pour but de modifier le cadre constitutionnel, de le
changer, de l'amender, il faut donc se référer
immédiatement à la formule d'amendement, au processus
d'amendement qui est prévu dans la Constitution et qui vise à
changer l'ordre constitutionnel.
La formule d'amendement n'est pas ambiguë puis n'est pas
équivoque. Elle est claire: pour qu'un amendement constitutionnel soit
intégré à la Constitution, il faut, dans le meilleur des
cas, 7 Législatures sur 10, par voie de résolution devant le
Parlement, qui approuvent cet amendement et il faut que le
fédéral, par voie de résolution également
votée non seulement par la Chambre des communes, mais également
par le Sénat, et là, l'amendement devient intégré
à la Constitution. Ce n'est pas équivoque. C'est ça la
formule d'amendement. Moi, je dis au ministre: II ne peut pas pendant longtemps
et pendant trop longtemps adhérer au régime
fédéral, souhaiter que le Québec demeure dans le
système fédéral, être convaincu que le
fédéralisme, c'est le meilleur système pour le
Québec, faire preuve de convictions fédéralistes. Il ne
peut pas adhérer au système fédéral, d'une part,
et, d'autre part, mettre de côté, mettre sous le tapis les
règles du jeu du système fédéral. Il faut qu'il les
accepte, les règles du jeu du système fédéral.
Puisqu'il souhaite que le régime fédéral soit
révisé, amendé, renouvelé, pour employer
l'expression courante, il doit accepter la règle du jeu de base pour en
arriver là. La règle du jeu de base, c'est la formule
d'amendement. Il n'y a aucun changement constitutionnel, dans le cas du droit
interne, qui intervient ou qui peut intervenir si vous ne respectez pas la
formule d'amendement. La formule d'amendement, ça passe par les
Législatures des provinces, au moins 7, même 10. Quand il s'agit
de certains éléments, c'est 10. Comme la formule elle-même,
elle ne peut pas être changée s'il n'y a pas 10 résolutions
de 10 législatures, plus 1 résolution du Parlement
fédéral. C'est ça, la règle du jeu fondamentale du
régime fédéral.
Vous ne pouvez pas adhérer au régime et en même
temps ignorer les règles du jeu, les mettre de côté ou
dire: Ça ne fait pas notre affaire, je ne les aime pas, les
règles du jeu; je les mets de côté. Ce n'est pas possible.
Vous êtes fédéraliste, vous adhérez au
système fédéral et, ce faisant, vous devez accepter les
règles du jeu. Les règles du jeu, c'est la formule d'amendement
en termes de changement. Quand on dit "lier formellement le gouvernement du
Canada et les sept provinces, c'est ça que ça veut dire.
Ça ne peut que référer à la formule d'amendement et
ça ne peut que référer à l'adoption de
résolutions en bonne et due forme, formellement, par les
Législatures et par le Parlement fédéral.
Sinon, ce n'est pas des offres qui doivent être
considérées. Ça peut être des offres, mais ce n'est
pas des offres qui devraient être considérées par la
Commission parce que ça ne lie pas formellement. Donc, ça ne peut
pas conduire à des changements constitutionnels. Alors, ça doit
être mis de côté. C'est ça la signification qu'il
faut lui donner. Si vous ne lui donnez pas cette signification, si vous restez
dans l'imprécis, le vague et le flou, délibérément,
comme vous le faites depuis le début, je pense qu'à ce
moment-là, vous ne vous comportez pas en gouvernement responsable.
Vous dites souvent qu'il faut informer la population, que c'est
important que la population soit au courant, soit bien renseignée. Vous
êtes très éloquent sur ce sujet-là. Bien, c'est
absolument essentiel que la population soit bien informée que des offres
liant formellement le gouvernement du Canada et les autres provinces, ça
ne veut dire qu'une chose, une seule, une seule chose. Ça veut dire des
offres qui répondent aux critères formels de la formule
d'amendement prévue dans la Constitution. Sinon, c'est de la frime.
Sinon, c'est de la rhétorique pure et simple. À ce
moment-là, moi, je vous dis que la commission n'aura pas à
examiner... C'est en dehors de son mandat. S'il y a des offres qui arrivent et
ne lient pas formellement le fédéral et les provinces, tel que je
viens de l'exposer en faisant référence à la formule
d'amendement, la commission n'a pas à jeter un coup d'oeil seulement,
même pas un coup d'oeil, sur ces offres-là. Elle chôme.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean, en se référant à
la formule d'amendement a évoqué la règle du 7-50,
c'est-à-dire 7 provinces qui totalisent 50 % de la population du Canada,
des provinces, et puis ensuite avec le gouvernement fédéral. Et
pour un temps, M. le Président, j'ai eu l'impression que le
député de Lac-Saint-Jean oubliait qu'il fallait aussi
l'unanimité pour certains sujets.
M. Brassard: Oui, oui, je l'ai dit.
M. Rémillard: J'avais l'impression... En dernier, il est
arrivé finalement avec l'unanimité. J'avais l'impression qu'il
avait oublié l'unanimité, se référant au 16 avril
1981. Parce qu'il faut récupérer le droit de veto. Le droit de
veto, c'est l'unanimité. Alors, le 16 avril 1981, lorsque deux jours
après les élections, vous receviez un mandat, vous aviez
signé. Les deux difficultés que nous avons, c'est
l'unanimité, pour aller chercher le droit de veto perdu, et aussi le
principe de l'égalité entre les provinces, signé le 16
avril 1981. Alors, quand on parle de la formule d'amendement, il faut bien
comprendre que c'est du 7-50, c'est de l'unanimité, mais il faut
comprendre que c'est une formule d'amen-
dement qui a été discréditée dans tout le
processus de discussion de l'entente du lac Meech. Discréditée
pour les raisons, M. le Président, que j'ai mentionnées
tantôt - je n'y reviendrai pas - mais quand on pense que des premiers
ministres n'ont pas respecté leur signature, qu'une Assemblée
législative, conformément à ce qui est écrit dans
la Constitution... Ils n'ont pas agi inconstitutionnellement. Ils ont suivi ce
qui était marqué dans la Constitution. Bien, ils ont, à ce
moment-là, démontré qu'il n'y a pas de
sécurité à 100 % en fonction d'une formule d'amendement
qui dirait: Voici un amendement, c'est dans le béton. Tant que ce n'est
pas promulgué, M. le Président... Alors, il faudrait que ce soit
promulgué pour étudier vraiment... Si on se
référait à ce que le député de
Lac-Saint-Jean veut avoir, il faudrait que l'amendement soit promulgué,
ensuite qu'on l'attende. Ça n'a aucun bon sens parce qu'il faudrait
être partie à l'amendement et ensuite on l'étudierait. On
le voterait avant et on l'étudierait après. M. le
Président, ça n'a pas de bon sens. Ce n'est pas ça, la
réalité.
Ce qui est la réalité, c'est l'étude d'un
engagement formel et, aujourd'hui, il n'y a pas un membre de cette commission,
M. le Président, qui peut établir une fois pour toutes c'est quoi
un engagement formel. Ce n'est pas possible, ça. Il n'y a personne qui
va nous dire ça. On va nous dire ça au moment où ces
offres vont nous arriver. Et, si la commission parlementaire dit: Ce n'est pas
formel, ça ne vaut pas parce que, selon la Constitution du Canada ou
selon d'autres considérations qu'on doit élaborer, on en arrive
à la conclusion que ce n'est pas formel, ils le mettront de
côté.
M. le Président, ce serait faire injure à notre
parlementarisme et à cette commission parlementaire que crée
cette loi que de venir établir ici, une fois pour toutes, les
critères indéfectibles qui pourraient la guider dans
l'étude de ce qui est formel ou pas. Impossible, ça ne peut pas
se faire en fonction du droit constitutionnel actuel et en fonction
d'expériences que nous avons eues dans les quatre dernières
années.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bertrand, ensuite Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Beaulne: Oui. En fait, plus j'écoute le ministre, plus
je m'aperçois que sa stratégie est cousue de fil blanc et que le
fil commence à apparaître de plus en plus dans le sens suivant.
C'est que nous ne pouvons d'aucune façon accepter cet article, à
moins que le ministre apporte les précisions qu'on a demandées au
niveau de ce qu'il appelle des engagements formels, pour la simple raison que
ce qu'il est en train de nous demander, et nous aurons l'occasion de
l'illustrer lorsque nous discuterons des articles qui sont relatifs à la
composition de la commission... Au fond, ce que vous nous demandez - et c'est
gros comme la lune - vous nous demandez de vous donner un chèque en
blanc pour que la Commission se réserve le droit d'interpréter,
sur la base de la majorité que vous allez avoir automatiquement, le
droit de considérer ce qui constitue une offre formelle, donc,
étudiable, appréciable par la Commission. Enfin, vous nous
demandez, finalement, d'accepter quelque chose qui est inacceptable, à
moins que vous apportiez les définitions que mon collègue vous a
demandées.
Je pense que c'est précisément l'interprétation qui
a été faite, du moins avant le début de l'étude en
commission de ce projet de loi, ce qui a fait dire à plusieurs
intervenants et, en particulier, à ceux qui étaient des tenants
du fédéralisme - je suis sûr que mes collègues, ici,
du Parti Égalité, abonderont dans le même sens - que
l'objectif de la Commission était inacceptable pour ces gens-là
parce que, au fond, il offrait un délai insuffisant pour que soient
examinées des propositions valables du reste du Canada.
C'est justement en s'appuyant sur une interprétation du mot
"formel"... Je pense que ceux qui ont dit que les délais seraient
insuffisants avaient à l'esprit, justement, une interprétation
très spécifique du mot "formel" qui rejoint la nôtre et
celle qu'a exposée mon collègue de Lac-Saint-Jean. La raison pour
laquelle vous refusez maintenant... En fait, en refusant de donner des
précisions quant à la signification du mot "formel",
premièrement, vous nous demandez un chèque en blanc et,
deuxièmement, vous semez la confusion. Et même, vous êtes en
train de dire, finalement, à ceux qui s'objectaient au principe de la
loi 150, sous prétexte qu'il y aurait un délai insuffisant pour
examiner les offres valables, vous leur dites: Au fond, vous vous êtes
trompés et le délai n'est pas si déraisonnable que
ça, puisqu'on va pouvoir statuer, par notre propre majorité
à la Commission, ce qui est acceptable, ce qui est formel et ce qui ne
l'est pas.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. (17 h 30)
M. Rémillard: M. le Président, j'écoute le
député de Bertrand parler. Je suis surpris, extrêmement
surpris de voir son raisonnement qui va à rencontre de notre
parlementarisme, mais directement, M. le Président. On crée une
commission parlementaire. On se doit, comme parlementaires, de respecter cette
commission parlementaire qui va faire son étude. On lui demande
d'étudier des offres. Mais, M. le Président, de quoi l'Opposition
a-t-elle peur? De quoi a-t-elle peur? Elle a peur qu'on reçoive des
offres? Mais pour qui prenez-vous les Québécois? M. le
Président, on ne peut pas tromper...
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre.
M. Rémillard: ...les Québécois et les
Québécoises comme ça. Pensez-vous qu'on va tromper le
peuple comme ça, vous?
Une voix: Ah oui.
M. Rémillard: Vous pensez ça, vous? Voyons donc!
Voyons donc! Il n'est pas question qu'on puisse agir ni de votre
côté, ni du nôtre, qu'on puisse agir à rencontre des
règles qui sont fondamentales dans notre parlementarisme et ces
règles, c'est de laisser les commissions parlementaires accomplir leur
mandat.
Vous avez là un exemple tout à fait partait du genre de
travail qu'une commission parlementaire doit faire: apprécier les termes
d'une législation et pas n'importe laquelle, une des plus importante que
l'Assemblée nationale ait eu à discuter et bientôt à
voter, l'apprécier dans le contexte dans lequel elle se situera, au
moment où elle aura à faire son travail.
Cette discussion-là, M. le Président, vous savez, elle
n'est pas nouvelle. On l'a eue à la Commission Bélanger-Campeau.
On l'a eue, on en a discuté. Tous ces arguments-là ont
été discutés. Les mêmes arguments que vous nous
servez maintenant ont été discutés et quand nous avons
voté la recommandation, M. le Président, nous avons voté
la recommandation presque à l'unanimité, excepté certains
membres, et tout le monde a compris que "formellement" veut dire une chose,
veut dire engagé et que cet engagement-là devra être
situé en fonction du contexte dans lequel nous serons lorsqu'on aura
à l'étudier. Parce qu'il n'y a aucun critère objectif, M.
le Président, en fonction du droit constitutionnel et en fonction de la
science politique actuellement au Canada, au Québec, qui peut nous
amener à avoir des critères qui vont nous dire qu'une fois pour
toutes, "formel", ça signifie ça. Ça ne se peut pas,
ça, M. le Président. Il n'y a personne qui peut nous dire
ça.
M. le Président, ce serait faire injure à l'intelligence
de cette commission parlementaire que nous allons créer. Ce serait
prendre les Québécois pour quoi? Je laisse l'Opposition en
arriver à sa conclusion. Mais, M. le Président, ça n'a pas
de bon sens qu'on en arrive à vouloir établir ces critères
formels si ce n'est pour une raison. C'est la peur de voir arriver des offres,
la peur de voir arriver des offres. C'est la seule raison qui motive
l'Opposition à poser ces questions-là.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: M. le Président, en vertu du droit
constitutionnel et en vertu du bon sens, ce que le ministre doit dire
clairement, lui qui est constitutionnaliste, s'il ne veut pas tromper la
population, c'est que, même discréditée, la formule
d'amendement - sa formule d'amendement - il doit l'utiliser pour la modifier.
C'est ça qu'ont révélé finalement ces travaux de
Bélanger-Campeau auxquels nous avons participé, et c'est pour
ça que même des fédéralistes fervents ont pris
conscience qu'il était hautement improbable de renouveler le
fédéralisme parce que, pour le faire, il fallait passer par une
formule d'amendement que le ministre lui-même décrit comme
étant discréditée.
M. le Président, une province a renié sa signature, la
formule a été discréditée et le ministre fait comme
s'il l'avait abandonnée. Lui, il l'a peut-être abandonnée,
mais comme constitutionnaliste, il sait très bien que la formule, elle
est là. Il ne peut pas prétendre, en faisant "Peter Pan", comme
si c'était le merveilleux monde du constitutionnel, que la formule n'est
pas là. Elle est tellement là qu'elle nous a été
imposée. C'est là, d'ailleurs, la clé de ce qui s'est
passé avec le rapatriement de la Constitution de 1982: elle nous a
été imposée, mais pour modifier les règles du jeu,
il faut passer par cette formule discréditée qui nous a
été imposée. C'est dans cette voie-là qu'il
s'engage à nouveau en renouvelant le fédéralisme.
Alors, M. le Président, moi, je suis à quelque part
scandalisée que, comme constitutionnaliste, il ne vienne pas clairement
nous dire, à cette commission, et dire à la population que,
puisque son gouvernement et lui-même ont décidé de
renclencher la dernière, dernière chance du
fédéralisme en renouvelant la Constitution, ils vont devoir
passer par cette formule d'amendement, c'est-à-dire 7 provinces sur 10 -
j'ai un autre aspect à développer - et une résolution de
la Chambre des Communes, puis une résolution du Sénat et,
éventuellement, une résolution à l'unanimité aussi,
si on modifie la Constitution. Et là, la question que je veux poser au
ministre, c'est la suivante. Il a déjà fait adopter une
résolution par l'Assemblée nationale, une résolution... Et
j'imagine qu'il n'a pas l'intention de renier la signature du Québec sur
la résolution, là, qui avait été adoptée,
laquelle résolution prévoyait que c'était à prendre
ou à laisser en entier, qu'il n'était pas question qu'il y en ait
7 sur 10 qui nous siphonnent ça, un bout qu'ils adoptent et puis un
autre bout qu'ils n'adoptent pas, qui réclamait l'unanimité,
c'est-à-dire la société disctincte.
Alors, est-ce qu'on doit d'abord conclure que sa position, ce n'est rien
en bas, évidemment, de ce qu'il a lui-même fait adopter comme
résolution par l'Assemblée nationale, c'est-à-dire que
c'est à prendre dans son ensemble là? En fait, c'est un petit
paquet, mais le petit paquet, est-ce, malgré tout, c'est dans sa
totalité qu'il le maintient? D'autre part, est-ce qu'il est conscient
que si, l'an prochain, à cette date-ci, là, à
la veille de la clôture de la session, en juin 1992, il ne s'est
pas déjà assis sur six résolutions, entre autres, plus la
sienne qu'il déposerait, là, il ne pourra pas, de façon
sérieuse, lui qui est constitutionnaliste, enclencher un processus qui
prendrait, sinon, encore trois ans?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord, je
suis bien content quand j'entends la députée de
Hochelaga-Maisonneuve dire que la résolution qui concrétisait le
lac Meech pour l'Assemblée nationale du Québec, c'était un
petit paquet. Mais c'était un petit paquet, finalement, qui valait bien
des choses.
M. Brassard: Des "peanuts", selon M. Peterson.
M. Rémillard: Bien, ce n'est pas ça tout à
fait, ce n'est pas tout à fait...
M. Brassard: "Meech was peanuts". C'est ça qu'il a
dit.
M. Rémillard: Ce n'est pas tout à fait
ça...
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rémillard: ...que Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve vient de dire, mais en tout cas, je laisse...
M. Brassard: M. Peterson... Vous avez pris connaissance de ce que
M. Peterson a dit: "Meech was peanuts".
M. Rémillard: Non, ce n'est pas la première fois,
là, qu'il y a des différences...
Le Président (M. Dauphin): M. le député, je
vous reconnaîtrai après, je vous reconnaîtrai après.
M. le ministre.
M. Rémillard: ...d'appréciation constitutionnelle
entre la députée de Hochelaga-Maisonneuve et le
député de Lac-Saint-Jean. Ils ne sont pas sur la même
longueur d'ondes toujours au point de vue constitutionnel.
Une voix: On vous a avec des "peanuts"... des pistaches.
M. Rémillard: Oui, oui, oui, attendez.
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, à
l'ordre! M. le député de Pointe-aux-Trembles, à
l'ordre!
M. Rémillard: M. le Président, oui, mettez-les
à l'ordre.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, c'est à
vous.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, quand Mme la
députée se réfère à la formule d'amendement,
c'est exactement le raisonnement que je suis. Il y a une formule d'amendement
qui est là. Vous dites: Ça nous a été
imposé. Attention! S'il y a un aspect de la loi constitutionnelle de
1982 sur lequel vous étiez d'accord, c'était la formule
d'amendement. C'est comme ça qu'on a perdu le droit de veto. Mais oui,
mais oui, M. le Président, cet aspect-là. S'il y a un principe
sur lequel vous étiez d'accord... Oh là là. Je ne voulais
pas provoquer tant de réactions, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Un peu de rigueur...
M. Rémillard: M. le Président, écoutez,
non... Il faut quand même qu'on se comprenne parce qu'un des
problèmes que nous avons, et je l'avoue M. le Président, un des
problèmes que nous avons, dans le renouvellement du
fédéralisme, c'est le principe de l'égalité des
provinces. Mais ce principe de l'égalité, il a été
signé le 16 avril 1981 par le parti qui formait alors à ce
moment-là le gouvernement du Québec, et c'était un
gouvernement issu de votre parti. Lisez-la, cette entente du 16 avril 1981, et
vous allez voir que...
Des voix:...
M. Rémillard: Écoutez-moi. C'est moi qui ai le
droit de parole. Vous me répondrez après. Je vous dis que vous
aviez marqué, vous aviez endossé, le 16 avril 1981, un document
signé avec les autres provinces, consacrant le principe de
l'égalité des provinces. C'est écrit en toutes lettres. On
est pris avec ça maintenant. C'est ça. Ensuite, sur la formule
d'amendement, vous avez accepté cette formule d'amendement,
excepté que vous avez dit - et j'en conviens: II doit y avoir un droit
de retrait dans tous les cas. Et là, il y en a seulement pour la culture
et l'éducation. Cependant, vous avez oublié - et c'est là
que vous avez oublié le droit de veto du Québec - le fait qu'on
ne se retire pas d'une institution. On se retire d'un champ de
compétence, mais on ne se retire pas d'une institution, on ne se retire
pas du Sénat, on ne se retire pas de la Cour suprême. C'est
ça l'erreur magistrale que vous avez faite le 16 avril 1981. Donc, je
voulais simplement faire cette réserve-là, M. le
Président, quand on dit: C'est une formule d'amendement qu'on nous a
imposée. Attention, là, je voulais simplement mettre des
nuances.
Mais, M. le Président, mon raisonnement part des même
prémisses que celles que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve utilise, c'est-
à-dire qu'il y a une formule d'amendement qui existe, qu'on doit
suivre, et que cette formule d'amendement, comme je l'ai mentionné tout
à l'heure et je le répète, n'offre pas de
sécurité à l'effet que même une résolution
votée par une assemblée législative n'est pas à 100
% "secure". Il faut être logique. Alors, qu'est-ce que ça
signifie, M. le Président? C'est que la seule conclusion à
laquelle on peut en arriver, ça sera à la commission
parlementaire à l'étudier.
Une voix: Selon les magouilles du parti au pouvoir.
M. Rémillard: Ça, c'est un manque de respect
complet. Ce n'est pas un manque de respect en fonction du gouvernement ou du
parti...
Une voix: Question de règlement.
M. Rémillard: ...c'est une question de manque de respect
envers l'institution parlementaire. L'institution parlementaire, M. le
député, que nous avons, pour laquelle je suis certain que vous
avez autant de respect que moi - peut-être que vos paroles ont
dépassé un peu votre pensée - est essentiellement
basée sur une majorité en Chambre, et le jour où cette
majorité-là agit d'une façon non conforme avec la
volonté de la population, par le fait même, il y a un jeu
démocratique qui intervient.
Ce que vous faites actuellement, là, ce que vous demandez comme
question, ce que vous aimeriez donner comme mandat à la commission
parlementaire va directement à l'encontre de ce parlementarisme parce
que ça va à rencontre directement du rôle qu'une commission
parlementaire doit jouer, c'est-à-dire de pouvoir apprécier une
situation dans sa juste perspective, de faire recommandation à
l'Assemblée nationale et, en bout de piste - bon Dieu! - en bout de
piste, c'est le peuple qui décide. C'est ça le parlementarisme.
Il n'y a pas de magouille dans ça; il n'y a pas de magouille comme
ça. Il y a simplement une démocratie qui joue, et si cette
démocratie-là joue, vous avez un peuple qui est
adéquatement informé, dans le cas qui nous occupe. Et ça
devrait être l'objectif qui devrait être le nôtre ici,
aujourd'hui, au lieu d'essayer de tomber dans, je dirais, cette situation
difficile - je pèse mes mots - qui devrait être, au lieu se
transformer en un débat, je dirais, plus susceptible d'éclairer
les commissions parlementaires, pour qu'elles puissent faire le travail
qu'elles devraient faire, informer la population.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. Pour moi aussi, quand
j'ai lu cet article, c'était très clair que "lier formellement",
ça veut dire suivre la formule d'amendement existante - et, comme membre
de la Commission Bélanger-Campeau, moi, j'ai toujours cru que c'est ce
que ça veut dire, "lier formellement" - suivre la formule d'amendement
existante, pour éviter ce qui s'est passé à Terre-Neuve
l'année passée. Alors, avec cette compréhension, moi,
j'étais prêt à dire que cette échéance est
complètement irréaliste, est impossible. À cause du fait
qu'on a cru que n'importe quelle offre doit passer par la formule d'amendement
existante...
Alors, si ce n'est pas nécessairement le cas, que chaque offre
doit passer par la formule d'amendement existante, est-ce que le premier
ministre du Québec ou vous-même, M. le ministre, avez eu
l'occasion de discuter avec le premier ministre du Canada, ou avec M. Rae, ou
avec M. Clark de ce que ça veut dire maintenant "lier formellement"?
Est-ce que vous avez échangé des concepts en ce qui concerne
"lier formellement", si ça ne veut pas dire nécessairement la
formule d'amendement existante?
Le Président (M. Dauphin): M le ministre.
Une voix: C'est une bonne question.
M. Rémillard: M. le Président, essentiellement, le
message est le même, en fonction de cette loi 150, que ce que nous avons
dit à la suite de Bélanger-Campeau, c'est-à-dire que "lier
formellement", ça signifie un engagement formel et l'engagement formel
dans sa qualité sera apprécié par la commission
parlementaire.
Des voix:...
(17 h 45)
M. Rémillard: Ça ne se référera pas
à des travaux, à huis clos ou en catimini. M. le
Président, des fois, quand j'entends les questions de l'Opposition et
que je vois leurs réactions, j'ai l'impression qu'ils pensent que la
commission parlementaire va se faire à huis clos, que personne ne pourra
regarder ce qui va se passer là-dedans. C'est que la commission
parlementaire, là, elle va se passer devant tout le monde. Ce sont
toutes les Québécoises, tous les Québécois qui vont
regarder les travaux de la commission et qui vont voir les questions qui sont
posées, qui vont voir les experts qui sont là, qui sont au bout
de la table et qui répondent à nos questions, qui viennent
témoigner.
Pensez-vous qu'on peut tromper le peuple du Québec? Voyons donc,
si ça a du bons sens! Vous avez une commission parlementaire qui est
là et qui va faire son travail. Voyons donc, si on peut en arriver
à dire: On va arriver et on va tromper le Québec, comme
ça! Vous avez un gouvernement... Je prends l'expression du
député de Pointe-aux-Trembles, tantôt, pour nous dire qu'on
fait des magouilles. Voyons donc, si on peut faire des magouilles! En
commission parlementaire, faire des magouilles! Vous en avez
l'expérience. Vous en avez fait pendant quelque temps, des
magouilles, à un moment donné. Vous avez vu ce que ça
coûte? On ne fera pas de magouilles.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Bourdon: Question de règlement, M. le Président.
Qu'est-ce qu'il entend, que j'aurais fait des magouilles dans une commission
parlementaire? Je veux dire: De quoi il parle?
M. Rémillard: M. le Président, je me
réfère au mot utilisé par le député de
Pointe-aux-Trembles, à ce qu'il a dit tout à l'heure.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: M. le Président, en avril 1987 et aussi en juin
1987, il y avait un engagement formel, mais on sait ce qui s'est passé
depuis. Alors, si nous n'avons pas comme... Si "lier formellement", ça
ne veut pas dire en suivant les règles du jeu, la formule d'amendement,
ça veut dire qu'il n'y a pas nécessairement, il n'y a pas
vraiment un engagement réel, un engagement concret. Alors, il faut
établir, je pense, beaucoup plus de clarification sur ça. Pour
nous... Moi, je m'oppose à cet article pour d'autres raisons. Nous ne
croyons pas que l'échéance est assez longue. Mais franchement, il
faut savoir ce que ça veut dire "lier formellement" et il faut suivre
les règles du jeu, ou nous pouvons nous retrouver dans la même
situation où on avait un engagement formel, en avril 1987 et en juin
1987, qui ne s'est pas réalisé depuis.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, ce projet de loi 150
est une obligation de résultats par un référendum qui sera
tenu au plus tard en octobre 1992. M. le Président, si les offres qu'on
faisait aux Québécois, si ces offres ne tenaient plus, à
un moment donné, si on trompait les Québécois, à ce
moment-là, les Québécois auraient à prendre une
décision et ils la prendraient - je peux vous dire - rapidement et
catégoriquement. Je pense bien qu'on est tous d'accord pour dire que
nous en sommes rendus à une étape où on doit en arriver
à des résultats et que, par conséquent, s'il y avait des
gens qui voulaient tricher sur le processus, ce ne sont pas les
Québécois qui en paieraient le prix.
M. Libman: M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député. Ensuite, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Libman: O.K. Au ministre: Est-ce que la question de "lier
formellement", la question déchéance, a été
abordée entre le gouvernement du Québec et M. Clark, le premier
ministre du Canada et M. Rae dans ces discussions bilatérales? Est-ce
qu'on a discuté du concept de "lier formellement"?
M. Rémillard: Nous ne sommes pas allés dans les
détails, ni à la rencontre avec M. Clark, où
c'était simplement une prise de contact d'une façon très
générale... Cependant, il apparaît évident que la
loi 150 sera étudiée par le gouvernement fédéral,
comme elle sera étudiée par toutes les autres provinces et ils
verront quels sont les termes utilisés par le gouvernement. Comme je
l'ai mentionné tout à l'heure, le mot "formel" apparaît
à deux endroits, à l'article 3 et à l'article 6, et, par
conséquent, ce que ça signifie, ça signifie l'engagement
d'un gouvernement. Et l'engagement d'un gouvernement, ça signifie se
référer à quelque chose de solide qui sera
apprécié par l'Assemblée nationale, par la commission
parlementaire.
M. Libman: Justement, M. le Président, si
l'interprétation des mots "lier formellement" devient très
stricte, nous craignons que le reste du Canada puisse être en train de
formuler une offre au Québec et la date d'échance est trop
courte. Alors, à la lumière de ça, M. le Président,
nous voulons déposer un amendement à l'article 6 pour donner au
gouvernement la possibilité de reporter la date du
référendum si une offre du reste du Canada est en train
d'être formulée. Alors, je demande votre consentement pour
déposer cet amendement, M. le Président. Je peux le lire, si vous
voulez. Le gouvernement du Québec peut reporter...
Le Président (M. Dauphin): Oui. Bien là, M. le
député, vous allez peut-être m'en vouloir, là, face
à l'expérience de la semaine dernière, mais il faut que
vous soyez membre de la commission pour déposer un amendement.
M. Libman: M. le Président, en vertu d'un
règlement, je remplace un des membres de notre caucus qui,
effectivement, est un membre de cette commission. J'ai tous les droits de
déposer un amendement...
Le Président (M. Dauphin): C'est parce que ça n'a
pas été annoncé au début de nos travaux,
malheureusement. Si je me fie au règlement, il faudrait que ça
soit le député de Westmount qui propose un amendement.
M. Libman: Alors, il ne faut pas invoquer ce qui s'est
passé la semaine passée parce que, la semaine passée,
c'était annoncé au début des travaux que j'étais le
remplaçant de M. Holden. Alors, ce n'est pas la même situation
présente-
ment.
Le Président (M. Dauphin): Exactement. Non, je faisais
référence...
Une voix: Chaque séance est différente.
Le Président (M. Dauphin):... au fait que j'ai jugé
irrecevable votre amendement de la semaine dernière. C'est pour
ça qu'on demande toujours s'il y a des remplacements au début de
nos travaux, à savoir si vous pouvez remplacer votre
député.
M. Libman: Et le mot que je vous ai glissé quand je suis
entré pour remplacer M. Holden n'était pas suffisant
aujourd'hui?
Le Président (M. Dauphin): Parce qu'il était ici
lorsque vous êtes arrivé.
M. Libman: Alors, l'amendement n'est pas recevable.
Le Président (M. Dauphin): Bien, c'est-à-dire que
vous ne pouvez même pas en proposer d'amendement. Je regrette,
là.
M. Libman: Je peux demander à l'Opposition officielle de
déposer cet amendement, si elle le veut.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): À moins qu'il y ait un
autre membre qui veuille présenter votre amendement pour vous.
M. Bourdon: L'autre bord, il y en a.
M. Libman: Peut-être que le député de Hull
est favorable à cet amendement proposé. Je me demande si le
député de Hull veut déposer cet amendement, lui qui est
représentant de l'Outaouais, qui peut être dans une situation pas
mal difficile.
M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Alors, je regrette. Oui, M. le
député de Beauce-Nord.
M. Audet: J'ai juste une interrogation sur le règlement.
Étant donné que le député de D'Arcy-McGee n'est pas
membre de la commission, suite à ce que vous venez de dire, à ce
moment-là, il devrait obtenir le consentement pour prendre la parole
à la commission, en vertu du règlement.
Le Président (M. Dauphin): Non, tout député
indépendant peut participer sans droit de vote aux travaux d'une
commission qui étudie un projet de loi, tout comme le
député de Pointe-aux-Trembles a le droit d'être ici, mais
ne peut pas voter ni présenter une motion.
M. Beaulne: Mais, est-ce qu'il a droit de parole, le droit de
parole sans consentement? Est-ce qu'il peut déposer son amendement? Mais
s'il y a consentement, est-ce qu'il peut le déposer, son amendement?
Le Président (M. Dauphin): Mais il faut absolument qu'il
soit déposé par un membre.
M. Brassard: Est-ce que, par consentement donné, on peut
modifier la composition de la commission, c'est-à-dire accepter que M.
Holden soit remplacé par M. Libman? Est-ce que, par consentement
unanime, ça peut se faire?
Mme Harel: Est-ce qu'on peut vous confier cette
recherche-là, M. le Président, puis continuer?
Le Président (M. Dauphin): S'il y a consentement unanime.
On m'informe que c'est du déjà-vu, ça s'est
déjà fait avec le consentement unanime de tous les membres
Mme Harel: Ça ne signifie pas que ça engage notre
vote.
Une voix: Ça ne nous engage à rien...
M. Brassard: Nous, on est prêts à donner notre
consentement pour que, temporairement, il remplace M. Holden.
Le Président (M. Dauphin): Est ce qu'il y a consentement
unanime?
M. Audet: À condition que ce soit la dernière
fois.
Le Président (M. Dauphin): Pardon?
M. Houde: Qu'il l'apprenne une fois pour toutes.
Le Président (M. Dauphin): Ce n'est pas
réglé, là M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, par esprit
démocratique, étant donné qu'on peut comprendre
très bien que le député de D'Arcy-McGee n'était pas
au courant de cette subtilité du droit parlementaire, je ne voudrais pas
que cet accroc au droit parlementaire l'empêche de présenter un
amendement qui, probablement, est important pour lui puisqu'il veut le
présenter. Alors...
M. Brassard: Peut-être que ça ferait votre affaire.
Peut-être que ça va faire l'affaire du gouvernement.
M. Rémillard: Démocratiquement, je pense qu'on est
d'accord, de ce côté-ci, M. le Président, à accepter
que le député de D'Arcy-McGee dépose son amendement.
M. Brassard: D'abord à accepter que le
député de D'Arcy-McGee remplace le député de
Westmount. C'est ça.
Le Président (M. Dauphin): Exact. Alors, il y a
consentement unanime pour accepter que M. le député de
D'Arcy-McGee remplace M. le député de Westmount? Il y a
consentement unanime là-dessus.
M. Rémillard: Pour la durée de la
séance.
Le Président (M. Dauphin): Pour la durée de la
séance. À ce moment-ci, vous avez l'autorisation de
présenter votre amendement.
M. Libman: Merci, M. le Président. C'est un amendement
à l'article 6 qui dit: "Le gouvernement du Québec peut reporter
la date du référendum de 6 ou 12 mois si une offre d'un nouveau
partenariat de nature constitutionnelle est en train d'être
formulée par le gouvernement du Canada et les autres provinces."
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que vous avez copie de
votre amendement?
M. Libman: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement se lit
comme suit, l'amendement à l'article 6.1... Ajouter l'article 6.1: Le
gouvernement du Québec peut reporter la date du référendum
de 6 ou 12 mois si une offre de nouveau partenariat de nature constitutionnelle
est en train d'être formulée par le gouvernement du Canada et les
autres provinces. Est-ce que vous voulez intervenir sur la recevabilité
de cet amendement? M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Seulement pour dire, M. le Président, que je
pense que ça ajoute au sixième article. Le sixième article
possède certaines contraintes, à cause de l'article 1 qui nous
donne une échéance très courte. Alors, je pense que c'est
tout à fait raisonnable de donner cette marge de manoeuvre au
gouvernement. C'est pour ça que je pense que c'est recevable et que
ça ne va pas à rencontre du sens de cet article.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
inverventions sur la recevabilité? M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je comprends
très bien l'argumentation du député de D'Arcy-McGee qui
voudrait qu'on bénéficie d'un petit peu plus de temps s'il y
avait un processus déjà enclenché. Mais je dois dire, M.
le Président, quand même, que je ne crois pas que l'amendement
soit recevable, étant donné l'article 1 que nous avons
déjà accepté. L'article 1 dit qu'il y a un
référendum, donc, au plus tard le 26 octobre 1992. Et le
député vient ici, à l'article 6... C'est 6? C'est un
amendement à l'article 6? C'est ça?
Le Président (M. Dauphin): C'est exact. D'ajouter un autre
article.
M. Rémillard: Alors, le député vient
à l'article 6 modifier l'article 1 comme tel. À mon sens, M. le
Président, c'est que, par une décision de l'Exécutif,
c'est-à-dire du gouvernement, il y a un principe, je pense, qui est
inhérent a l'article 1, et il s'agit du référendum qui
doit se tenir à l'automne 1992. Le principe est que seule une autre loi
peut délier le gouvernement de cette obligation. Donc, par
conséquent, avec l'amendement que nous propose le député
de D'Arcy-McGee, on irait à rencontre de ce principe et on irait
à rencontre du contenu de l'article 1. Donc, il me semble, M. le
Président, que cet amendement, à sa face même, ne
m'ap-paraît pas recevable.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la recevabilité de l'amendement du
député de D'Arcy-McGee?
M. Brassard: Je suis pleinement d'accord avec
l'interprétation. L'article 1 est très clair et le gouvernement
ne peut pas de lui-même, par le biais d'un amendement, passer outre aux
dispositions de l'article 1. Si le gouvernement veut repousser
l'échéance référendaire, il faut qu'il revienne
devant l'Assemblée nationale pour faire modifier l'article 1.
Le Président (M. Dauphin): Effectivement, M. le
député de D'Arcy-McGee, l'amendement est irrecevable parce que la
tenue du référendum et les dates indiquées dans le projet
de loi constituent un principe, et le même article, comme pour la semaine
dernière, 197, ne permet pas de faire une motion pour aller à
rencontre du principe du projet de loi. C'est la raison pour laquelle votre
amendement est irrecevable. Est-ce que l'article 6 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
M. Rémillard: Sur division, l'article 6?
M. Brassard: Ah, oui, surdivision.
M. Rémillard: Vous n'êtes pas sérieux?
M. Brassard: Sur division, M. le Président, pour la simple
et bonne raison qu'on n'a pas réussi à obtenir du gouvernement
des explications claires, précises sur la signification de l'expression
"lier formellement le gouvernement du Canada et les autres provinces". Et,
là-dessus, on est d'accord avec le député de D'Arcy-McGee.
C'est la formule d'amendement. Ça réfère
spécifiquement à la formule d'amendement. Lui, il trouve
ça trop contraignant. Nous, on dit que c'est comme ça qu'on doit
voir les choses. Mais comme le gouvernement refuse de confirmer cette
interprétation qui nous apparaissait claire, à ce
moment-là, c'est sur division.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, simplement pour vous
dire que le gouvernement croit à notre parlementarisme, croit dans ces
commissions parlementaires que nous allons créer et croit donc, par le
fait même, à notre démocratie, comme le
député de Hull vient de le mentionner, pour qu'on puisse donner
une information adéquate.
Pour notre part, nous en arrivons à la conclusion, en nous
référant à la formule d'amendement, qu'il n'y a aucun
élément à 100 % sûr qui nous permettrait de dire:
Voici ce que veut dire "formellement". Par conséquent, nous disons:
Ça sera à la commission parlementaire de l'apprécier,
devant l'ensemble de la population, par les travaux parlementaires,
d'apprécier ce que signifie, dans le contexte dans lequel nous serons
alors, le mot "formellement".
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le ministre. J'appelle
l'article 7 du projet de loi.
Dispositions générales relatives aux
commissions
Composition
M. Rémillard: Alors, M. le Président, nous en
arrivons donc aux dispositions générales relatives aux
commissions et je lis l'article 7, M. le Président. "7. Chaque
commission se compose de seize membres, y compris le président. "De
manière a refléter l'importance numérique des partis
représentés à l'Assemblée nationale, sont membres
de ces commissions le premier ministre, le chef de l'Opposition officielle, le
ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes et treize députés de l'Assemblée nationale
nommés selon les règles suivantes: "1° neuf
députés du parti gouvernemental, nommés par le premier
ministre; "2e trois députés du parti de l'Opposition
officielle nommés par le chef de l'Opposition officielle; "3° le
chef de l'autre parti représenté dans l'Opposition ou le
député de ce parti qu'il nomme. "Le premier ministre
désigne le président de chaque commission, y compris son
remplaçant permanent, s'il y a lieu."
Alors, voilà, M. le Président, cet article qui
établit donc la composition de chacune des commissions instituées
par ce projet de loi Ça reflète l'importance numérique des
partis représentés à l'Assemblée nationale, donc,
notre démocratie, et ça se réfère aussi à la
nomination des présidents par le premier ministre.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le ministre.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Sur cet article-là, nous avons des
amendements, un amendement, en fait, qui comporte plusieurs
éléments et avant de.. Je voudrais que la distribution en soit
faite. Alors, M. le Président, c'est un amendement qui vise, d'une part,
à modifier la composition et jo lis l'amendement: L'article 7 du projet
de loi 150 est modifié: Premièrement, par le remplacement, dans
la première ligne du premier alinéa, du mot "seize" par le mot
"dix-huit". Donc, 16 membres plutôt que 18. Deuxièmement, par le
remplacement, dans la première ligne du deuxième alinéa,
des mots "l'importance numérique" par les mots "la représentation
au sein des commissions parlementaires permanentes". Troisièmement, par
le remplacement, dans la cinquième ligne du deuxième
alinéa, du mot "treize" par le mot "quinze". Quatrièmement, par
le remplacement, dans la première ligne du deuxième paragraphe du
deuxième alinéa, du mot "trois" par le mot "cinq". Il s'agit de
la représentation de l'Opposition officielle. Cinquièmement, par
le remplacement du troisième alinéa par le suivant: Le
président et le vice-président de chaque commission sont
élus à la majorité des membres de chaque groupe
parlementaire, au sens du Règlement de l'Assemblée nationale,
représenté au sein de la commission. Sixièmement, par
l'addition, à la fin des alinéas suivants, des deux paragraphes
qui suivent: Une des commissions est présidée par un membre
représentant le parti gouvernemental, l'autre par un membre
représentant le parti de l'Opposition officielle. Les
vice-présidents sont élus parmi les membres ne
représentant pas le même parti que le président. À
défaut d'accord sur la répartition des présidences, le
gouvernement a priorité sur le choix de la commission qu'il veut voir
présider par un des membres représentant le parti gouvernemental.
Le premier ministre exprime ce choix par un avis écrit qu'il fait
parvenir au président de l'As-
semblée nationale.
Voilà pour les amendements que nous proposons à l'article
7, M. le Président.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Brassard: Je voudrais d'abord... Vous le jugez recevable,
premièrement?
Le Président (M. Dauphin): Je vais entendre les
interventions d'autres membres de la commission sur la recevabilité.
M. Rémillard: M. le Président, je me demande si,
à ce moment-ci, nous ne pourrions pas ajourner, d'une part, pour voir la
recevabilité, et, d'autre part, nous pourrions regarder cet amendement
et revenir à 20 heures comme prévu. C'est une suggestion que je
fais, M. le Président.
M. Brassard: Oui, M. le Président. Oui, j'accepte.
Le Président (M. Dauphin): Alors, c'est accepté. Il
y a consentement. Alors, la commission des institutions suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
reprend ses travaux. Nous en étions à l'article 7 du projet de
loi 150. Avant de suspendre pour le dîner, M. le député de
Lac-Saint-Jean avait déposé un amendement audit article 7,
amendement que je vais vous lire ou... Est-ce qu'il a été lu?
Vous l'avez lu?
M. Brassard: Oui, je l'avais lu.
Le Président (M. Dauphin): Amendement qui a
été lu. À la lecture des articles 197 et 244 de notre
règlement et après vérification auprès de la
direction, je vous signale, à moins qu'il y ait d'autres interventions
sur la recevabilité, l'amendement est recevable. Donc, vous avez le
droit d'intervenir, évidemment, sur votre amendement, qui est de 20
minutes, je crois, par député.
M. Brassard: Oui, mais je ne pense pas prendre...
Le Président (M. Dauphin): Si nécessaire.
M. Brassard: Je ne pense pas prendre les 20 minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, à plusieurs reprises
cet après-midi, le ministre est intervenu pour faire appel à
notre sens du parlementarisme et, à plusieurs reprises, il a
invoqué les fondements même du parlementarisme pour tenter de nous
rallier à sa cause ou à ses arguments. Je le prends au mot d'une
certaine façon, puisque les amendements que je propose auraient pour
effet, à mon avis, de faire en sorte que les commissions parlementaires
qui sont créées par le projet de loi 150 soient plus
respectueuses des us et coutumes du parlementarisme, tel qu'on l'a
établi à la suite de la réforme de 1984.
En 1984, on se rappellera que le règlement actuel est
entré en vigueur à la suite de travaux assez longs d'un
sous-comité de la commission de l'Assemblée nationale, dont je
faisais partie d'ailleurs - j'ai participé à ces
travaux-là. Il y avait aussi, à l'époque, les leaders des
deux partis et le président, bien sûr, M. Guay. Donc, le
règlement de 1984 est le fruit d'un consensus, d'un véritable
consensus de tous les partis à l'époque. Il a été
adopté à l'unanimité par la suite par l'Assemblée
nationale. C'est sous l'empire de ce règlement que nous fonctionnons
comme Parlement maintenant depuis sept ans.
Une des grandes caractéristiques de ce règlement, M. le
Président, c'est l'introduction de règles qui visent, entre
autres, à faire participer des députés de l'Opposition au
processus décisionnel. De cette façon, d'ailleurs, le
parlementarisme québécois accentuait la différence et la
distinction qui devaient exister entre le gouvernement, pouvoir
exécutif, et l'Assemblée nationale, pouvoir législatif.
C'est ainsi - je passe rapidement là-dessus - qu'on a créé
le Bureau de l'Assemblée nationale, qu'au sein du Bureau de
l'Assemblée nationale, l'Opposition est représentée et que
les décisions du Bureau de l'Assemblée nationale, qui a à
administrer l'Assemblée nationale, ces décisions-là sont
prises par une instance où se retrouvent des députés de
l'Opposition. L'autre fondement de ce règlement, toujours dans le but de
faire participer les députés de l'Opposition au processus
décisionnel, c'est la règle de la double majorité
parlementaire requise pour toutes les décisions majeures, importantes,
où une commission agit d'elle-même sans ordre du leader du
gouvernement. Pour les mandats d'initiative, il faut la double majorité.
S'il n'y a pas de double majorité, il n'y a rien qui se fait. Donc,
ça exige une participation active des députés de
l'Opposition. Et surtout, également, pour la nomination du
président et du vice-président... les présidents et
vice-présidents des commissions parlementaires permantentes sont
élus à la double majorité. Il faut donc qu'il y ait un
consensus des deux partis qui se dégage pour que les commissions
parlementaires permanentes se retrouvent avec
un président et un vice-président à leur direction.
L'autre conséquence de ça, c'est la mise en place d'un
comité directeur qui regroupe le président, le
vice-président, donc, une participation de l'Opposition, et le
secrétaire de la commission qui prend un certain nombre de
décisions quant aux travaux de la commission.
Troisième élément de la réforme et qui
était, à l'époque, une décision assez courageuse du
gouvernement en place - bien humblement, c'est nous qui étions au
pouvoir à ce moment-là - c'est l'accès à la
présidence des commissions par des députés de
l'Opposition. Les présidents et les vice-présidents sont donc
désignés à la double majorité puis il y a un
certain nombre de commissions dont la présidence est
réservée à l'Opposition, à des
députés de l'Opposition. À ce moment-là, la
vice-présidence revient à un député
ministériel.
Je signale, M. le Président, que c'est ça, l'esprit de la
réforme de 1984, du règlement de 1984. C'est qu'on voulait
d'abord que le Parlement retrouve en quelque sorte son autonomie, soit moins
dépendant du pouvoir exécutif, prenne ses distances à
l'égard du pouvoir exécutif, et l'une des voies
privilégiées pour atteindre cet objectif-là, c'est la
participation des députés de l'Opposition au processus
décisionnel de l'Assemblée nationale. Ce qui s'est traduit par la
présence des députés de l'Opposition à la
présidence ou à la vice-présidence des commissions, et ce
qui s'est traduit également par la règle de la double
majorité pour prendre des décisions importantes au sein des
commissions parlementaires.
Pour ce qui est de la composition comme telle des commissions, je vous
signale qu'à l'article 127 de notre règlement, qui porte sur la
composition des commissions, c'est la commission de l'Assemblée
nationale qui détermine, qui fixe la composition des commissions et ses
décisions sont prises à l'unanimité. C'est fixé
à l'unanimité. Donc, encore là, ça exige la
participation ou le consensus de tous les partis pour fixer le nombre de
chacune des commissions permanentes. Ça doit évidemment
refléter la composition actuelle de l'Assemblée nationale. C'est
pour cela d'ailleurs que, quant à nous, nous avons
privilégié la plus grosse des commissions permanentes, celle sur
l'aménagement et les équipements qui comporte, dis-je, 16
membres. Ce qui fait qu'on porte à 18 le nombre de membres de chacune
des deux commissions, puisque ça comprend également, en tant que
membres ex officio, le chef de l'Opposition et le premier ministre. Ça
fait 18 membres. Donc, on s'est inspiré de l'une des plus grosses
commissions permanentes pour déterminer la composition de ces deux
commissions créées parle projet de loi 150.
Par conséquent, M. le Président, l'une de nos critiques
essentielles du projet de loi 150, ça portait bien sûr sur les
considérants. On y reviendra à la fin du projet de loi, mais
ça portait aussi sur le fait que, quant à nous, le projet de loi
ne respectait pas les us et coutumes du Parlement, tel qu'il fonctionne depuis
la réforme du règlement de 1984. Et il était
nécessaire, quant à nous, avec un projet de loi de cette
importance, portant sur un sujet comme celui-là, de faire en sorte que,
le plus possible, les commissions parlementaires respectent les fondements
même du parlementarisme tel qu'il fonctionne en vertu du
règlement.
Voilà le sens des amendements. Le sens des amendements, c'est
ça, c'est que le président n'est pas désigné par le
premier ministre. Ce n'est pas une créature du premier ministre. Le
président, il est désigné par les membres de la commission
et la règle de la double majorité joue. Donc, il faut qu'il y ait
vraiment un consensus de tous les membres pour que le président soit
désigné. Même chose pour le vice-président. L'autre
élément, c'est qu'on alterne. Il y a deux commissions qu'on
crée. On se dit: Pourquoi n'y en aurait-il pas une qui serait
présidée par un député de l'Opposition, l'autre
étant présidée par un député
ministériel, conformément à ce qui se passe pour les
commissions parlementaires permanentes où il y a des
députés de l'Opposition, trois sur cinq, qui président des
commissions parlementaires?
C'est le sens de nos amendements. C'est une volonté de revenir
aux règles de base du parlementarisme, tel qu'il fonctionne en vertu de
la réforme parlementaire adoptée en 1984 par l'Assemblée
nationale. C'est ni plus ni moins. On ne demande pas la parité. On
demande... La Commission doit refléter la composition de
l'Assemblée nationale. Ça, on est d'accord avec ça, comme
c'est le cas des huit commissions permanentes, mais on demande que les autres
règles soient également acceptées: un
vice-président, un président, un comité directeur et un
président de l'Opposition, un président du parti
ministériel. De cette façon-là, on sera pas mal plus
respectueux des us et coutumes et des usages du parlementarisme. Je suis
sûr que je rejoins d'emblée le ministre qui nous a souvent
rappelé, cet après-midi, les fondements du parlementarisme.
Alors, je me permets de les lui rappeler, moi aussi, par le biais des
amendements que je propose. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le
député. M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Il y a dans
cette proposition d'amendement, je dirais, quatre aspects principaux. Le
premier aspect, c'est concernant l'augmentation de membres de l'Opposition,
ajouter deux membres de l'Opposition de plus. Le deuxième aspect
concerne les présidences. On voudrait qu'il y ait un président de
l'Opposition et un président du parti gouvernemental. Les
vice-présidences, en troisième point, suivraient, vice-versa des
présidences. Et,
dans un quatrième point, on apporte une règle nouvelle
pour régler des différends qui pourraient avoir lieu en ce qui
regarde la répartition des présidences.
M. le Président, sur le premier point, en ce qui regarde
l'augmentation du nombre de représentants de l'Opposition, si nous
regardons l'article 122, il dit ceci: "La composition des commissions doit
refléter l'importance numérique des groupes parlementaires et
tenir compte de la présence de députés indépendants
à l'Assemblée." Je regarde ça, M. le Président. En
se référant à 125 sièges, dont un qui est vacant,
le siège de Montmorency, le Parti libéral du Québec a 90
députés sur 125, donc 72 % de représentation à
l'Assemblée nationale. Sur cette commission, il y aurait 11 membres sur
16, soit 68,75 %, donc perte par rapport a son pourcentage de
représentation. Le PQ, 29 députés sur 125, donc 23,2 % de
représentation à l'Assemblée nationale. Il aurait, sur
cette commission parlementaire, 4 députés sur 16. C'est donc dire
qu'il aurait 25 %, soit une augmentation de son pourcentage de
représentation. Quant aux députés indépendants, M.
le Président, ils sont 5 députés sur 125, donc, 4 %. Ils
se retrouvent à 1 sur 16, c'est-à-dire 6,25 %. Donc, on
s'aperçoit, de par ce que je viens de dire, M. le Président, que
le Parti libéral, le parti ministériel, de 72 % se retrouve
à 68,75 %, donc une diminution, alors que le parti de l'Opposition se
retrouve avec une augmentation. L'Opposition officielle se retrouve avec une
augmentation, toujours en fonction de l'application de l'article 122 de notre
règlement.
M. le Président, si on regarde l'une des commissions
parlementaires les plus importantes que nous avons, qui est la commission
parlementaire des institutions, vous conviendrez avec moi que c'est une
importante commission parlementaire...
Le Président (M. Dauphin): Entièrement d'accord, M.
le ministre.
M. Rémillard: Vous êtes d'accord, M. le
Président.
Des voix: D'accord.
M. Rémillard: Tous les membres aussi sont d'accord.
Une voix: Entièrement d'accord! Une voix: Bon!
D'accord! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: J'aime bien partir avec des consensus, M. le
Président. Ça engage bien le débat.
Mme Harel: Surtout ceux qui ne veulent rien dire.
M. Rémillard: Qu'on soit d'accord, ça ne veut rien
dire, M. le Président, voyons donc! Ça veut dire beaucoup de
choses. Alors, si on regarde la composition de la commission des institutions,
il y a 11 députés du parti gouvernemental ayant tous droit de
vote, 5 députés du parti de l'Opposition officielle, dont 3 ont
droit de vote. Donc, 2 n'ont pas le droit de vote. Si vous me le permettez, on
va faire des vérifications. Alors, ici, ce que la secrétaire, Mme
Giguère, nous dit, c'est qu'il s'agit bien de 11 députés
et on sait que Mme Giguère ne se trompe pas.
Le Président (M. Dauphin): Le 22 novembre 1990,
décision de la commission de l'Assemblée nationale.
M. Rémillard: Souvent, M. le Président... En fait,
ça veut dire même 12 députés libéraux. Dans
les faits, ça veut même dire 12 parce que quand on étudie -
on me reprendra, Mme Giguère - un projet de loi spécifique ou
dans une commission parlementaire sur un mandat spécifique, le ministre
responsable de ce champ, du secteur étudié par la commission
parlementaire fait partie automatiquement de la commission. Donc, ça
veut dire 12. La commission des institutions, 12 membres du parti
gouvernemental, 5 députés du parti de l'Opposition officielle,
dont 3 ont droit de vote et 2 députés indépendants ayant
droit de vote. Alors, M. le Président, ici, ce que nous donnons,
là, c'est une représentation beaucoup plus forte puisque...
Une voix: Deux indépendants.
M. Rémillard: Pardon? Oui, il y a deux
députés indépendants.
Mme Harel: C'est une exception à la règle.
Une voix: Le député d'Anjou et le
député de Westmount. (20 h 30)
M. Rémillard: Alors, le député de Westmount
fait partie de la commission des institutions et le député
d'Anjou fait aussi partie de la commission des institutions. Alors, si vous
regardez ça, M. le Président, vous vous retrouvez à
conclure que nous avons, sur la commission parlementaire que nous
créons, une représentation de l'Opposition plus importante et
plus significative parce que l'Opposition va avoir un droit de vote de plus que
sur la commission des institutions, alors que sur la commission des
institutions, il n'y a que trois membres votants et deux qui ne sont pas
votants. Ici, nous donnons quatre membres de l'Opposition qui ont droit de
vote, trois députés plus le chef de l'Opposition. Alors, M. le
Président, donc, selon nos règles, si on regarde
l'article 122, on se retrouve à la conclusion que nous faisons
exception à l'application stricte de l'article 122 pour favoriser
l'Opposition. C'est ça dans les faits, une étude attentive nous
amène à cette conclusion-là.
En ce qui regarde maintenant la nomination des présidents. M. le
Président, il est vrai que depuis la réforme de 1984 - il faut
rendre hommage au président Richard Guay qui a mené cette
réforme à bien, réforme très importante qui fait en
sorte que notre travail parlementaire est plus efficace et bien fait - il faut
quand même comprendre, M. le Président, qu'en fonction de cette
réforme, il est vrai que l'Opposition a certaines présidences,
l'Opposition a trois présidences sur huit commissions. Alors, c'est donc
dire que c'est trois sur huit, et il faut bien comprendre aussi que ces
commissions parlementaires sont des commissions avec des mandats très
larges.
La commission des institutions - parce que j'aime prendre cet exemple,
M. le Président, puisque nous y sommes devant cette commission des
institutions - a un champ de compétence très large. Par exemple,
elle peut étudier la justice, les relations intergouvernementales, la
Constitution, la protection du consommateur - ça peut comprendre
beaucoup, beaucoup d'aspects - plus toute la présidence du Conseil
exécutif. Alors, ça comprend bien des aspects.
Ici, nous sommes devant des commissions parlementaires spéciales
créées pour les fins d'un seul objectif, celui qui est
mentionné dans la loi 150: Ou bien c'est la souveraineté, ou bien
ce sont des offres renouvelées. Dans ce contexte-là, M. le
Président, nous avons voulu que ces commissions soient les plus
efficaces possible, que ça puisse procéder avec le plus de
diligence possible. Nous en sommes arrivés à la conclusion aussi,
qu'on devait, étant donné l'importance du projet de loi,
permettre à ces commissions d'avoir en main tous les outils
nécessaires pour faire le travail le plus rapidement possible avec le
maximum d'efficacité. C'est comme ça que nous en sommes
arrivés à la conclusion qu'il y aurait deux présidences
nommées par le premier ministre et qu'il y aurait un seul
secrétaire pour les deux commissions parlementaires, qui serait
assisté sur le plan administratif par ce secrétariat qui pourrait
agir pour les deux commissions parlementaires en même temps.
M. le Président, ce qui nous a guidé, c'est la
possibilité d'avoir une représentation de tous les partis
politiques en fonction de leur représentation proportionnelle à
l'Assemblée nationale et ce qui nous a guidé aussi, c'est le
souci d'efficacité de cette commission parlementaire pour que nous
puissions arriver à des résultats le plus rapidement possible.
Bon. Est-ce que...
Le Président (M. Dauphin): Allez y, M. le ministre.
M. Rémillard: Oui. Il y a des ajustements. Donc, M. le
Président, je conclus que les commissions parlementaires que nous
crérons avec ce projet de loi 150 sont en tout conformes à
l'esprit de notre parlementarisme.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le ministre.
M. Brassard: Avez-vous dit quelque chose sur la règle de
la double majorité ou vous vous êtes opposé à
ça aussi?
M. Rémillard: Double majorité?
M. Brassard: Je veux simplement ajouter, M. le Président,
que je constate là...
M. Rémillard: C'est désigné par le premier
ministre. On l'a mentionné que c'était désigné par
le premier ministre
M. Brassard: Je prends acte du refus du gouvernement de
considérer ces amendements et ces propositions. Je veux juste lui
signaler en passant qu'il y a des régimes pas mal plus efficaces que
ça, des régimes où il ny a pas d'Opposition du tout. C'est
très efficace, c'est encore bien plus efficace que ça. Alors,
s'il veut atteindre la perfection, il pourrait tout simplement nous
éliminer complètement des commissions parlementaires. Ce serait
très efficace.
Mais je maintiens que vous ne respectez pas, que vous violez l'esprit de
la réforme de 1984 et que vous faites de ces deux commissions
parlementaires des créatures entre les mains de l'Exécutif, des
créatures du bunker, où l'Opposition n'aura aucun rôle
à jouer, contrairement à ce qui se passe dans les commissions
parlementaires permanentes et que, par conséquent, c'est le bunker qui
va orienter, diriger et concevoir les travaux de ces deux commissions.
Ça va devenir des instruments et des outils entre les mains de
l'Exécutif et ça, c'est contraire à l'esprit du
parlementarisme Ça, c'est contraire à l'esprit du
règlement tel qu'il fonctionne depuis sept ans et à
l'Assemblée nationale depuis quatre ans. C'est tout à fait
contraire. Vous vivrez avec vos décisions, mais ne comptez pas sur nous
pour nous associer à la mise en place d'instances qui violent de
façon aussi flagrante l'esprit et ia lettre de notre règlement.
On ne marchera pas là-dedans et on ne cautionnera certainement pas un
écart aussi grave et aussi substantiel par rapport à l'esprit et
à la lettre de notre Règlement de l'Assemblée
nationale.
M. Rémillard: M. le Président
Le Président (M. Dauphin): M le ministre
M. Rémillard: Quand nous avons discuté de ces deux
commissions parlementaires à la Com-
mission Bélanger-Campeau, on a bien mentionné qu'il
s'agirait de commissions parlementaires qui seraient créées par
le gouvernement. Je ne me souviens pas que l'Opposition ait alors
mentionné qu'elle devait avoir une présidence. Je ne me souviens
pas que l'Opposition ait mentionné qu'elle voulait avoir un tel nombre,
cinq membres votants. Je ne me souviens d'aucune de ces revendications faites
maintenant par l'Opposition.
Pourtant, M. le Président, ce n'est pas une solution qui est
arrivée comme un cheveu sur la soupe. On est arrivés à
cette conclusion, à la Commission Bélanger-Campeau, après
beaucoup de discussions, après des discussions laborieuses, difficiles
qui nous ont amenés jusqu'aux petites heures du matin. Il s'agit
là d'un élément fondamental du consensus qu'on a
établi. Je n'ai jamais entendu parler, moi, de conditions de
l'Opposition en ce qui regarde les commissions parlementaires, d'aucune
façon. Je n'ai jamais entendu parler de ça. Là, tout
à coup, boum! on nous arrive avec des nouvelles conditions.
M. le Président, je viens de démontrer qu'au point de vue
de représentation, ce que nous donnons à l'Opposition, c'est plus
important que ce qui existe à la commission des institutions. Je pourrai
déposer un amendement tout à l'heure, je proposerai un amendement
tout à l'heure, après celui-ci que nous considérons comme
inacceptable. Dans ce contexte-ci, avec ces amendements concernant tous ces
points, pour nous c'est inacceptable. Il y a une chose aussi que j'ai bien
mentionnée en commission parlementaire... On ne s'est jamais
caché. M. le Président, si on s'était dit: Le gouvernement
a caché son jeu à la Commission Bélanger-Campeau... Qu'on
se souvienne, M. le Président, combien de fois j'ai dit: Le gouvernement
gouverne. Le gouvernement va gouverner. Si je me souviens, j'ai dit ça
le soir même qu'on a fait le consensus à Bélanger-Campeau
sur les deux commissions parlementaires: Le gouvernement gouverne. Le
gouvernement est là pour prendre des responsabilités et il fera
face à la population pour le jugement démocratique qui s'impose
par vote.
M. le Président, c'est dans ce contexte-là que nous
considérons que cet amendement n'est pas acceptable, mais, je le
répète, en terminant, je proposerai un amendement tout de suite
après.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, le précédent
dont se sert le ministre de la Justice et ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes pour plaider en faveur des
articles 7 et suivants, c'est celui qui consiste à nous donner l'exemple
de la commission des institutions.
M. le Président, ce précédent constitue une
dérogation des articles 122 et 127 de notre règlement. C'est
l'exception qui deviendrait la règle. Je veux rappeler aux membres de
cette commission que le 22 novembre 1990 était adoptée une motion
sans préavis qui se lisait comme suit: "Du consentement de
l'Assemblée pour déroger aux articles 122 et 127 du
règlement, M. Cusano, whip en chef du gouvernement, propose que
l'Assemblée puisse déterminer elle-même la composition de
la commission des institutions en portant à 2 le nombre de
députés indépendants ayant le droit de vote et à 11
le nombre de députés du groupe parlementaire formant le
gouvernement et ayant le droit de vote." La motion a été
adoptée.
Ce n'est pas la règle, c'est l'exception et c'est par
dérogation, compte tenu que le député d'Anjou était
devenu indépendant et parce que nous consentions à ce qu'il
siège également avec droit de vote dans notre commission, pour
maintenir le rapport d'équilibre, nous avons consenti et nous avions le
privilège de dire non. Il suffisait qu'un d'entre nous refuse, comme
aujourd'hui on a refusé au député de Lac-Saint-Jean la
motion sans préavis célébrant la fondation du Bloc
québécois. Un seul député aurait suffi pour
empêcher que cette dérogation n'ait lieu. C'est ce que le ministre
nous propose comme étant la règle en usage dans notre Parlement,
M. le Président.
Je suis d'autant plus scandalisée d'une certaine façon -
je le dis bien simplement - et en même temps subjuguée de voir la
capacité - je le répète - de glissement de sens du
ministre, une sorte de manière vraiment presque imperceptible
d'interpréter d'une façon différente les choses comme
elles se sont passées.
Le ministre nous dit: Lorsque la délégation
ministérielle à la Commission Bélanger-Campeau a
abordé la possibilité d'une commission créée par le
gouvernement, vous n'avez rien dit. Mais qu'est-ce qui pouvait nous faire
entendre que le gouvernement allait transgresser les règles, les
coutumes du Parlement? Comment peut-il maintenant invoquer qu'on n'a pas tout
de suite présumé qu'il allait le faire pour brandir qu'il ne
fallait pas qu'il le fasse? Imaginez-vous, il nous donne ça comme
argument, en disant qu'on n'a pas dit qu'il ne fallait pas qu'il le fasse au
moment où ils ont dit qu'ils créeraient les commissions. Comment
est-ce qu'on aurait pu? Il aurait fallu qu'on ait l'esprit tordu pour
s'imaginer à ce moment-là que ce qu'il allait faire, ça
allait être ce qu'il nous propose là. On ne pouvait pas s'imaginer
qu'il allait faire injure à notre façon de procéder qui
est en usage depuis 1984 en intégrant des façons abusives de
travailler.
J'ai relu les interventions que Fernand Lalonde, qui était
très activement engagé dans la réforme parlementaire...
Pour les députés qui ne siégeaient pas avant cette
réforme, il faut savoir que si la dictature de la règle de parti
sévit toujours dans un système parlementaire britanni-
que, elle était encore plus apparente avant que nous
n'introduisions à l'unanimité des partis, cette réforme
parlementaire qui, bien souvent, sauve les apparences, mais, qui plus encore,
dans certains cas... Je voudrais l'illustrer d'un exemple qui, je pense, fait
consensus au sein de la commission des institutions, notamment le fait qu'elle
ait pu être présidée par l'ancien député de
Taillon, qui a présidé la commission des institutions pendant
quelques années et qui, même s'il émanait de l'Opposition,
a pu en présider les travaux et conduire certaines réformes que
le ministre louange maintenant, y compris celle de la création d'un
tribunal des droits de la personne. (20 h 45)
Fernand Lalonde, au moment où il y avait ce débat à
l'Assemblée sur la réforme - en fait un débat qui faisait
plutôt consensus, ça avait lieu le 22 juin 1983 - disait: "Je
voudrais, en terminant, souhaiter que le Parlement récupère ses
pouvoirs s'il veut demeurer l'institution centrale de notre démocratie,
de notre régime démocratique et la source de toutes nos
libertés."
Moi, je me rappelle, jeune députée, avoir
écouté, avec plaisir d'ailleurs, les interventions de Fernand
Lalonde. C'était un vétéran de la lutte parlementaire,
mais aussi il avait une expertise du jeu parlementaire lui-même et en
même temps une certaine vision de ce que devait devenir le travail
parlementaire. À cet effet, il disait ceci: "La proposition du
président - après avoir rendu hommage aux présidents qui
s'étaient succédé, Claude Vaillancourt et Richard Guay, et
qui, finalement, l'avaient parrainée - consiste tout d'abord en une
réforme des commissions parlementaires particulièrement en ce qui
a trait à leur structure, à leur composition, à leur
organisation et à leur mandat. Dans le cadre de ce qui
précède, les commissions organisent le déroulement de
leurs travaux et notamment élisent en leur sein leur président.
Cette fonction de président de commission est tout à fait
nouvelle, son titulaire devenant le planificateur, l'organisateur et
l'animateur de la commission qui l'a choisi." Et non pas que le gouvernement a
choisi. Et il ajoutait même: "À ce titre, le président de
la commission se situe à un niveau très enviable dans la
hiérarchie parlementaire et son traitement devra être fixé
en conséquence..."
C'est ce régime sous lequel on vit main tenant. M. le
Président, ça m'inquiète d'autant plus qu'aux articles
suivants, particulièrement à l'article 9, deuxième
paragraphe, on prévoit encore là un chambardement de notre mode
de fonctionnement habituel puisqu'on prévoit qu'on va pouvoir remplacer
des députés pour des parties de séance. Alors, les
députés qui seront assignés à la commission
pourront, à l'occasion, être remplacés par un ministre.
C'est ce qu'on y prévoit. Non pas comme c'est le cas présentement
et comme vous l'avez fait valoir au député de D'Arcy-McGee durant
la séance de cet après-midi en lui faisant valoir que, ne
s'étant pas inscrit à l'ouverture de la séance, il ne
pouvait pas déposer sa motion, M le Président, n'est-ce pas?
Là, tout va être possible parce que pour des bouts de
séance, comme on dit, on va pouvoir remplacer les députés
qui vont venir à tour de rôle y faire de la figuration. Je trouve
ça inquiétant. Je vous le dis bien simplement. Je trouve
ça, d'une certaine façon, assez pervers que le ministre
prétende maintenant qu'on aurait dû prévoir tout ça
au moment des travaux de Bélanger-Campeau.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée. M le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je prends
évidemment bonne note et je me réjouis des bonnes paroles de Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve concernant M. Fernand
Lalonde, qui a été un député, un solliciteur
général, un parlementaire, organisateur politique de grand
talent. Mme la députée ajoute à la liste de
qualités qu'on pouvait apporter à M. Lalonde qu'il était
visionnaire, alors un parlementaire de grande expérience. Je pense que
ça mérite d'être souligné.
M. le Président, en ce qui regarde toujours cette composition des
deux commissions parlementaires, à Bélanger-Campeau, on a
parlé, je l'admets, brièvement, mais on avait à un moment
donné évoqué la commission des institutions. Probablement
à ce moment-là, l'Opposition avait en tête les chiffres
qu'elle mentionnait tout à l'heure, c'est-à-dire 9 membres
ministériels au lieu de 11, comme c'est le cas présentement et
12, à toutes fins pratiques parce qu'il y a le ministre qui vient
s'ajouter quand il s'agit d'un sujet touché. Alors, peut-être que
la confusion sur les chiffres... C'est-à-dire qu'ils avaient
oublié probablement de compiler l'amendement de 1990, là.
Peut-être que, à ce moment-là, c'a donné une fausse
impression à l'Opposition, mais la réalité est
là.
D'autre part, M. le Président, lorsqu'on dit que c'est une
exception, la commission parlementaire, c'est que c'a été
l'article 127 qui s'est appliqué et au lieu que ce soit la commission de
l'Assemblée nationale qui détermine...
Une voix:
M. Rémillard: Oui, c'a été
l'Assemblée C'est ça qui était la dérogation. La
dérogation, c'est que c'a été l'Assemblée au lieu
que ce sort la commission.
Mme Harel: À l'unanimité, la commission. Si
ça avait été la commission, c'était
l'unanimité.
M. Rémillard: C'a été fait par
l'Assemblée nationale.
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: C'est ça la dérogation, comme
principe. Alors, il faut s'entendre, pourquoi on l'appelle dérogatoire?
Pourquoi c'est une dérogation? C'est parce que c'est l'Assemblée
nationale qui est souveraine, donc maître de son règlement et non
pas la commission de l'Assemblée nationale. Il faut s'entendre sur
l'objet de cette dérogation et pourquoi il y a eu dérogation.
M. le Président, quand je regarde tout ça, j'en arrive
quand même toujours à la même conclusion: le gouvernement
prend ses responsabilités, le gouvernement se fonde sur l'article 122 de
notre règlement sur la représentation en Chambre des partis. Et
j'en arrive à la conclusion que la représentation accordée
à l'Opposition est plus importante que la proportion de sa
représentation à l'Assemblée. Maintenant, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, M. le Président, je
présenterai aussi un amendement. Dans quelques instants, je
l'espère, je présenterai un amendement.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Mme Harel: Est-ce que Mme la députée de Terrebonne
me permettrait juste une remarque?
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: J'inviterais le ministre à prendre connaissance
de l'article 127. L'article 127 prévoit que les décisions quant
à la composition des commissions sont prises à l'unanimité
de la commission de l'Assemblée nationale. Alors, quand on dit qu'il y a
eu dérogation, c'est parce que normalement ça aurait dû
être à l'unanimité de la commission de l'Assemblée
nationale. On l'a fait par une motion qui, de toute façon, est
allée chercher l'assentiment unanime également. Sinon la motion
n'aurait pas pu être retenue. Mais la règle, c'est la règle
de l'unanimité.
M. Rémillard: Oui, mais M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...l'Assemblée nationale l'a
acceptée aussi à l'unanimité. Donc, on n'est pas
passé par l'Assemblée nationale...
Mme Harel: Alors, on a dérogé à
l'unanimité.
M. Rémillard: Regardez-bien, si vous permettez... Si on
avait voulu passer par l'Assemblée nationale pour aller à
l'encontre de la commis- sion, on aurait dit, par exemple: Voici, comme il faut
l'unanimité à la commission de l'Assemblée nationale, on
va détourner ce problème et on va passer par l'Assemblée
nationale pour imposer notre majorité.
Mme Harel: II n'y aurait pas...
M. Rémillard: C'est passé par l'Assemblée
nationale et ça s'est fait à l'unanimité.
L'Assemblée nationale l'a fait à l'unanimité. Tout le
monde était d'accord. Il faut bien s'entendre, M. le Président.
La dérogation, le sens de la dérogation c'est strictement que, au
lieu de passer par la commission de l'Assemblée nationale où il
aurait fallu procéder à l'unanimité, on a
procédé par l'Assemblée nationale et à
l'unanimité.
M. Brassard: II faut bien l'unanimité aussi. Mme Harel:
C'est ça. M. Rémillard: Mais oui!
M. Brassard: Parce que c'est au chapitre des motions sans
préavis.
M. Rémillard: Bon! Ah bien, oui!
M. Brassard: S'il n'y avait pas eu de consentement, ça
n'aurait pas passé non plus.
M. Rémillard: Je comprends. Alors, donc, par
conséquent, M. le Président, la dérogation, où
est-elle? Qui a subi un préjudice dans tout ça? Absolument pas.
Il n'y a pas une dérogation qui est basée sur un exercice, par
exemple, du gouvernement par sa majorité en Chambre qui aurait
imposé quoi que ce soit à l'Opposition. Tout ça s'est
fait...
Mme Harel: Ne nous présentez pas comme modèle.
Parce que c'est à cause de notre consentement que c'a pu se faire.
Sinon, vous n'auriez pas pu le faire. Tandis que là, vous allez nous
imposer ce que vous voulez faire, sans même requérir notre
consentement. C'est ça l'idée.
M. Rémillard: M. le Président, si vous avez
accepté de le faire c'est parce que ça faisait votre affaire.
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Justement, vous venez de le dire. Et
là ça ne fait plus votre affaire.
Mme Harel: Voyons donc!
M. Rémillard: Vous venez de le dire.
M. Brassard: On a accepté, pour qu'il y ait deux
indépendants.
Mme Harel: C'était une exception, ce n'était pas la
règle.
M. Brassard: C'est pour qu'il y ait deux indépendants.
M. Rémillard: Bon! Voyons donc! Mme Harel: La
règle c'est l'unanimité.
M. Brassard: II n'y a aucune autre commission où il y a
plus qu'un indépendant.
M. Rémillard: Non.
M. Brassard: C'est à celle-là qu'on a
accepté qu'il y ait deux indépendants: le député
d'Anjou qui s'ajoutait au député de Westmount. C'est pour
ça...
M. Rémillard: M. le Président...
M. Brassard: Dans toutes les autres commissions tu as un seul
député indépendant.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: J'arriverai, tout à l'heure, avec un
amendement sur le nombre de députés.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. La lecture de l'article
7 tel que libellé était déjà inacceptable. Mais
j'avoue que, suite à l'argumentation du ministre, c'est tout à
fait révoltant. Ce n'est pas parce que l'Opposition a accepté une
dérogation sur un sujet précis qu'elle accepte toutes les
dérogations. La règle c'était l'unanimité. Est-ce
que le ministre est prêt à respecter cette règle-là
et représenter ce qu'il veut amener comme dérogation, maintenant,
à l'unanimité? On nous impose la décision du gouvernement
et c'est facile de dire: À Bélanger-Campeau, l'Opposition n'a pas
réagi. Comme le disait tantôt ma collègue, il aurait fallu
avoir l'esprit vraiment aussi tortueux que le gouvernement en place pour penser
qu'on nous imposerait une nouvelle composition de commission, M. le
Président. Pas une minute... Personne n'a pensé, quand on parlait
de commission parlementaire, qu'on viendrait fausser les règles du jeu.
Même au niveau du nombre à la commission des institutions, quand
on regarde, ici, du côté de l'Opposition, il n'y a pas trois
députés, il y en a quatre, plus le vice-président
actuellement. Disons qu'il va remplacer le chef de l'Opposition dans votre
formule. Ici, c'est trois. Nous sommes quatre, nous sommes déjà
plus que ça.
Le ministre nous a beaucoup parlé du parlementarisme cet
après-midi, mais il nous a beaucoup parlé aussi de
démocratie. Bien, la démocratie, c'est de respecter les
règles que nous nous sommes définies ensemble, règles
qu'on devait changer à l'unanimité lorsque c'était aussi
important, surtout sur un projet de loi. Vous l'avez dit vous-même, ce
n'est pas un projet de loi qui vient réglementer plusieurs sujets,
ça vient réglementer quelque chose de déterminant, soit le
processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel du
Québec Si on ne peut même pas tenir compte de nos règles
régulières pour quelque chose d'aussi important que ça,
quand doit-on en tenir compte? Et on vient nous faire des sermons sur la
démocratie.
On nous a beaucoup parlé aussi de l'importance d'informer la
population. Nous sommes d'accord, mais informer la population, ça doit
se faire dans les règles qu'on suit habituellement. On ne change pas les
règles pour, supposément, mieux informer la population. Est-ce
que la population va être mieux informée parce que, maintenant,
c'est le gouvernement qui va avoir le contrôle parfait de la commission?
Et vous parlez d'efficacité. L'efficacité, c'est d'enlever les
vice-présidences? C'est de se donner un seul secrétariat? C'est
de ne plus avoir de comité directeur? Une efficacité? Il n'y a
personne qui va être dupe de ça, M. le Président,
absolument pas, et je trouve l'attitude du ministre vraiment cavalière.
L'argumentation, c'est encore plus révoltant que le texte qu'on avait en
main, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je reviens toujours
sur cette dérogation. La dérogation qui a été
apportée à l'unanimité par l'Assemblée nationale
pour cette commission des institutions, pourquoi elle ne peut pas nous servir
de modèle dans les circonstances, puisque la composition à
l'Assemblée nationale est demeurée la même depuis
l'amendement?
M. Brassard: Ça va?
M. Rémillard: Bien, ça peut aller. Si on
règle ça tout de suite, on peut y aller.
M. Brassard: Bien, c'est parce que je reviens sur la composition.
Le ministre semble nous dire que la commission des institutions est une
extraordinaire dérogation.
M. Rémillard: Pas une dérogation, je m'excuse. Je
n'ai pas dit que c'était une dérogation. J'ai dit que la seule
dérogation a été faite avec l'assentiment de toute
l'Assemblée nationale, à l'unanimité.
M. Brassard: Oui, je comprends.
M. Rémillard: C'était simplement pour
déro-
ger à la lettre de 127, mais à l'unanimité. (21
heures)
M. Brassard: Je comprends, mais quand on regarde les chiffres, la
composition prévue par le projet de loi 150, le nombre de membres, c'est
16: 11 ministériels, 4 de l'Opposition, 1 indépendant. La
commission des institutions, actuellement, c'est 11, 5, 2, ce qui fait 18
membres. La proposition d'amendement qu'on fait, c'est 11, 6, 1, ce qui fait 18
membres. La commission de l'aménagement et des équipements, qui
est une des plus grosses commissions parlementaires permanentes, c'est 11, 6,
1, ce qui fait 18 membres. Ça veut dire que notre amendement est pas mal
plus près de la réalité des commissions parlementaires que
la disposition du projet de loi 150. C'est 18 membres à la commission
des institutions actuellement. Notre proposition d'amendement, ça ferait
18 membres pour chacune des commissions créées. La commission de
l'aménagement et des équipements permanente existant
actuellement, c'est aussi 18 membres. C'est 18, 18, 18, alors que le projet de
loi 150 prévoit 16 membres. Alors, qui est-ce qui se rapproche le plus
de la réalité des commissions parlementaires actuelles? C'est
notre amendement, bien plus que les dispositions de 105.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je prends bonne note
des remarques du député de Lac-Saint-Jean. Il me parle, que ce
soit en fonction de la commission des institutions ou de la commission de
l'aménagement et des équipements dont le nombre de membres est
semblable... Il se réfère au nombre de membres de l'Opposition
sans mentionner les droits de vote, alors qu'avec la commission que nous avons
aujourd'hui, nous donnons un droit de vote de plus à l'Opposition. Tout
à l'heure, je vais proposer deux membres de plus - je veux le dire tout
de suite - je vais proposer deux membres de plus, mais sans droit de vote.
M. Brassard: On le faisait de toute façon. On avait un
amendement à l'article 11 qui allait exactement dans le même sens.
L'article 11 était modifié et on faisait l'exception aussi de
deux des membres visés au paragraphe 2 du deuxième alinéa
de l'article 7 qui exercent le droit de vote restreint prévu à
l'article 127. Alors, on le faisait aussi...
M. Rémillard: M. le Président, pour s'entendre, je
peux dire immédiatement que l'amendement que je me propose de soumettre,
ce serait de donner à l'Opposition deux membres de plus, mais sans droit
de vote.
M. Brassard: C'est ça! Mais je voudrais terminer, M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: On parle beaucoup, et on a parlé longuement
de la composition et du nombre de membres, ce qui met dans l'ombre, à
mon avis, des choses qui m'apparaissent plus essentielles, parce que les
véritables dérogations et violations de nos règles
actuelles sont beaucoup plus du côté de la présidence et de
la façon de désigner et de nommer les présidents. C'est
là les grandes... Du côté de la présidence avec
l'absence d'un vice-président, un président qui est
désigné par le premier ministre - donc l'absence de comité
directeur - l'absence de la règle de la double majorité. Les
violations les plus flagrantes et les plus vicieuses de nos règles
parlementaires se situent de ce côté-là beaucoup plus que
du côté du nombre de membres.
Du côté du nombre de membres, on pense qu'on est
sous-représentés, qu'il y aurait lieu de corriger ça, mais
pour nous, ce n'est pas là l'essentiel. L'essentiel, c'est la
façon dont on désigne le président qui est contraire
à la règle de la double majorité, l'absence d'un
vice-président de l'autre parti à l'Assemblée nationale,
et donc aussi, par conséquent, puisqu'il n'y a pas de
vice-président, l'absence de comité directeur. C'est ça,
les grandes dérogations, les dérogations majeures. Les violations
fondamentales de nos règles sont beaucoup plus de ce
côté-là. Je tenais quand même à le redire,
à le signaler de nouveau, parce que là, les longues discussions
sur le nombre de membres pourraient peut-être créer un malentendu
et faire penser à bien du monde que c'est ça qui nous
apparaît le plus important. Non. Pour nous, le plus important est
ailleurs.
Le Président (M. Dauphin): Aviez-vous terminé, Mme
la députée de Terrebonne? Vous aviez terminé. M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: Bien moi, je vais être plutôt bref parce
qu'on a pas mal fait le tour de la question. J'aimerais simplement souligner au
ministre que, sans avoir l'expérience parlementaire de la plupart de mes
collègues autour de la table, je trouve assez regrettable que le
ministre s'acharne à vouloir absolument limiter de façon
artificielle la participation de l'Opposition à ces
commissions-là, d'autant plus que tout à l'heure lorsque nous
étudiions les articles 5 et 6, il s'interrogeait... Il se posait la
question: Pourquoi est-ce que l'Opposition est si méfiante? Je pense que
la discussion qu'on vient d'avoir maintenant en donne la meilleure
réponse.
Lorsque j'entends ce qui m'apparaît un peu un débat de
procédurite, à savoir les pourcentages qui reflètent
exactement le nombre de députés élus en 1989, c'est vrai
que ces pourcentages-là correspondent à un certain nombre de
députés élus de notre côté et de votre
côté,
mais c'est un portrait figé de la société
québécoise au 25 septembre 1989. Lorsqu'on discute d'un projet de
loi qui touche l'avenir constitutionnel du Québec, le ministre sait et
conviendra que l'option souverainiste au Québec, non seulement dans la
population en général, mais dans son propre camp, a fait des
adeptes et qu'il ne s'agit pas ici de refléter exactement le pourcentage
de députés élus en 1989, mais, surtout, de mettre sur pied
une commission qui va avoir de la crédibilité auprès de la
population québécoise et dont les travaux vont être
perçus avec une certaine crédibilité.
Je pense que le ministre conviendra que plus l'Opposition s'acharne
à démontrer que le processus est faussé au départ,
moins les travaux de cette commission-là vont avoir, dans l'opinion
publique, la crédibilité que, normalement, ils auraient dû
avoir suite aux travaux de la Commission Bélanger-Campeau. C'est dans ce
sens que je pense que ce n'est pas une question de s'attarder au petit
pourcentage près. On conviendra tous que le gouvernement, naturellement,
par les procédures démocratiques normales, doit conserver la
majorité au sein des commissions, c'est la démocratie qui fait
son jeu.
On est ici en train de discuter d'un projet de loi qui ne ressemble pas
aux autres projets de loi. Dans ce sens, ce qui m'intrigue et ce qui me
préoccupe, c'est la crédibilité qu'auront les travaux de
cette commission plutôt que de s'acharner à refléter une
opinion publique qui a été figée il y a maintenant presque
deux ans.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le
député. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, si je suivais le
raisonnement du député de Bertrand, il faudrait changer la
composition de nos commissions permanentes au gré des sondages.
M. Beaulne: J'ai dit que c'est un projet de loi spécial
qui touche quelque chose de spécial, qui sort de l'ordinaire.
M. Rémillard: Voyons donc! Bien oui, écoutez,
là, on dirait: Voici, nous avons une loi spéciale, qui sort de
l'ordinaire, qui est spéciale. Par conséquent, regardons ce que
les sondages nous disent et faisons la composition de notre commission
parlementaire en fonction des sondages. Voyons donc! Si ça a du bon
sens!
M. Beaulne: C'est tellement spécial que, dans la
procédure de constitution de la commission, vous ne voulez même
pas suivre les règles habituelles.
M. Rémillard: Oui, mais, écoutez, pensez-vous qu'on
va suivre les sondages pour aller former nos commissions parlementaires? Il y a
un sondage qui compte dans notre démocratie parlementaire, c'est celui
qui est là par les électeurs lorsqu'ils votent, qu'ils donnent
leur vote dans l'urne, et que ça compte. Et voici: des gens qui sont
élus, des gens qui ne sont pas élus. C'est ça.
Mme Harel: Avec les distorsions du système
électoral.
M. Beaulne: De toute façon, on a eu 40 % du vote...
M. Rémillard: Avec les distorsions du système
électoral! Écoutez, si on peut améliorer le système
électoral. .
Mme Harel: La réforme de Fernand Lalonde, c'était
justement pour venir remédier...
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, mesdames, s'il vous
plaît.
M. Rémillard: Je serais curieux... Mme Harel:
Fernand Lalonde..
M. Rémillard: Si vous me permettez, j'aimerais bien
ça entendre... C'est un sujet qui m'intéresse
particulièrement. J'aimerais ça entendre Mme la
députée à ce sujet-là.
Mme Harel: Absolument. C'est assez passionnant, d'ailleurs. Lors
de la réforme de 1984, Fernand Lalonde disait, à raison... Vous
étiez dans l'Opposition à ce moment-là et Fernand Lalonde
disait: II n'y a pas un parti politique qui, au Québec, peut
prétendre représenter 80 % de la population, mais notre
système électoral est ainsi fait qu'on peut aller chercher 80 %
des sièges dans un Parlement, et on ne peut pas organiser nos travaux
parlementaires sur un déséquilibre aussi flagrant qui est une
injure à la démocratie. Les travaux parlementaires ont
été organisés dans un rapport 40-60. C'est dans ce
rapport-là que la répartition s'est faite.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M le ministre.
M. Rémillard: Je veux simplement me permettre de
répéter à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve que, sur la commission, nous aurions 68,75 % alors qu'en
Chambre nous avons 72 %. Maintenant, elle soulève aussi une question qui
est importante dans notre parlementarisme...
Mme Harel: Dans la population, vous avez eu combien?
M. Rémillard: II faudrait avoir des votes proportionnels.
L'exemple classique que nous
avons, c'est les élections de 1966 où vous aviez 47, 3 %
des votes qui ont été au Parti libéral de M. Lesage, qui a
été défait par le parti l'Union Nationale de M. Daniel
Johnson qui avait 42, 3 %. Ça ne s'est pas produit exactement comme
ça les autres fois, mais il y a manifestement là des
éléments qu'on peut analyser. À chaque fois qu'on parle de
représentation, de votes proportionnels, etc., on remet tout ça
en cause. Vous l'avez essayé aussi. M. Joron, si ma mémoire est
bonne, avait proposé des réformes, M. Bertrand l'avait fait et,
avant lui, Marc-André Bédard y avait travaillé beaucoup
aussi, la proportionnelle territoriale, etc.
Ça ne veut pas dire que notre système est, par le fait
même, vicié au départ, mais ça vaut pour toutes nos
commissions parlementaires, ça vaut pour tous nos travaux. Ce que je
vous dis, c'est: Regardez les huit commissions permanentes et regardez la
représentation qu'on fait. Je suis prêt à proposer un
amendement tout à l'heure, M. le Président - et je termine
là-dessus - avec deux membres de plus de l'Opposition. Je pense
qu'à ce moment-là, on fait quelque chose de tout à fait
spécial.
Le Président (M. Dauphin): Alors, s'il n'y a pas d'autres
interventions, je vais mettre la motion aux voix. Est-ce que la motion est
adoptée?
Mme Harel: Sur division. M. Brassard: Adopté. M.
Rémillard: Refusé.
Le Président (M. Dauphin): Refusé? Est-ce que... Le
principe général, c'est à main levée, mais est-ce
que quelqu'un fait la mise aux voix?
M. Rémillard: La mise aux voix?
Le Président (M. Dauphin): Nominale.
M. Rémillard: Nominale.
M. Brassard: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Vote nominal? C'est ce à
quoi je m'attendais. Alors, Mme la secrétaire.
La Secrétaire: Alors, pour ou contre l'amendement
présenté par M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
La Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Pour.
La Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Mai-sonneuve)?
Mme Harel: Pour.
La Secrétaire: M. Rémillard (Jean-Talon)?
M. Rémillard: Contre.
La Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
La Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)?
M. Kehoe: Contre.
La Secrétaire: M. Lafrance (Iberville)?
M. Lafrance: Contre.
La Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
La Secrétaire: M. Libman (D'Arcy-McGee)?
M. Libman: Contre.
La Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)?
Le Président (M. Dauphin): Contre. Alors, la motion
d'amendement est rejetée. Nous revenons à l'article 7 sans
amendement.
M. Rémillard: M. le Président, j'aurais un
amendement à présenter. Mais, pour bien comprendre cet
amendement, je dois vous dire qu'il y a par concordance aussi des amendements
à l'article 10, à l'article 11 et à l'article 23: à
l'article 10, pour une question strictement de concordance, où on
mentionnera le mot "treize" au lieu du mot "onze"; à l'article 11, qu'il
y aura trois représentants de l'Opposition qui voteront; et à
l'article 23, que le quorum est composé de personnes habiles à
voter. M. le Président, je devais faire part de ces différents
amendements pour qu'on comprenne le sens de l'amendement que je
dépose.
Le Président (M. Dauphin): Ça, c'est l'amendement
à l'article 7.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, le sens de
l'amendement, si vous...
Le Président (M. Dauphin): Vous pouvez continuer.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, il s'agit
d'un amendement qui ferait passer le nombre de membres de cette commission de
16 à 18. Si vous me le permettez, je peux le lire, cet amendement.
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, voici, je lis cet
amendement à l'article 7: 1° Remplacer, dans la première
ligne du premier alinéa, le nombre "seize" par le nombre "dix-huit";
2° Supprimer, dans les première et deuxième lignes du
deuxième alinéa, ce qui suit: "De manière à
refléter l'importance numérique des partis
représentés à l'Assemblée nationale,"; 3°
Remplacer, dans la cinquième ligne du deuxième alinéa, le
nombre "treize" par le nombre "quinze"; 4° Remplacer, dans la
première ligne du paragraphe 2° du deuxième alinéa, le
nombre "trois" par le nombre "cinq".
Voilà, M. le Président, l'amendement à l'article 7
comme je l'ai annoncé tout à l'heure. Ensuite, j'aurai un
amendement à 10 par concordance et ensuite, à l'article 11 et
à l'article 23.1.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean. (21 h 15)
M. Brassard: Est-ce que je pourrais savoir si c'est le seul
amendement, parmi ceux que nous avons proposés, que le gouvernement
consent à accorder? Est-ce que c'est le seul?
M. Rémillard: Oui, c'est le seul, M. le
Président.
M. Brassard: Est-ce qu'il faut faire une génuflexion ou
dire comme un certain humoriste présentement bien connu: Merci beaucoup,
merci beaucoup, merci beaucoup?
M. Rémillard: M. le Président, c'est le seul mais
ce n'est pas le moindre. Je pense que c'est une concession majeure de la part
du gouvernement.
Le Président (M. Dauphin): Alors, des commentaires, des
interventions sur l'amendement?
M. Brassard: M. le Président, très bien. On a deux
membres de plus, mais je fais juste répéter ce que je signalais.
C'est deux membres de plus, mais sans droit de vote, si je comprends bien.
M. Rémillard: C'est ça.
M. Brassard: Alors, je fais simplement répéter ce
que j'ai répété tout à l'heure, que pour nous la
substance de la violation et de la dérogation aux règles du
parlementarisme se situe ailleurs. Bien sûr, qu'on ait deux membres de
plus, c'est intéressant, mais là où on se serait davantage
conformé et on se serait montré plus respectueux des
règles du parlementarisme, c'est à propos de la
présidence, en créant une vice-présidence et en appliquant
la règle de la double majorité pour désigner
président et vice-président. C'est aussi en consentant à
ce qu'une des commissions soit présidée par un
député de l'Opposition et en créant forcément un
comité directeur puisqu'il y aurait un vice-président. C'est
là que vraiment on aurait été respectueux.
Là, évidemment, en ajoutant deux députés de
l'Opposition, le gouvernement peut se donner bonne conscience. Sans doute que
c'est dans ce but-là aussi qu'il le fait, pour pouvoir se donner bonne
conscience et dire: Écoutez, on a augmenté le contingent des
députés de l'Opposition, sauf que ça ne change rien
à l'essentiel. Les commissions parlementaires demeurent des
créatures du bunker. Les présidents vont être
dépendants et, en quelque sorte, mis en tutelle par le premier ministre,
donc par le pouvoir exécutif, et les travaux de ces commissions vont
dépendre pour l'essentiel des ordres et des directives en provenance de
l'Exécutif et du bunker.
C'est ça notre opposition de fond quant aux dispositions de
l'article 150 concernant les commissions parlementaires qui portaient
là-dessus. C'est surtout là-dessus. C'est le fart qu'on faisait
des commissions des instruments entre les mains du premier ministre. C'est
peut-être efficace, mais ce n'est pas très respectueux des
fondements mêmes du parlementarisme.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Si tout ça se déroulait
à huis clos, on pourrait faire pas mal de commentaires, mais tout
ça se déroule ouvertement, devant l'ensemble des
Québécoises et des Québécois, qui suivront par la
voie de la télévision, des médias, qui peuvent venir ici
dans la salle. Les travaux vont se faire ouvertement.
Je l'ai déjà mentionné ce midi et je me permets de
le répéter. Il n'y a personne ici qui peut tricher avec le mandat
qu'on a et ce midi, quand j'entendais les membres de l'Opposition... Dès
qu'on mentionne les mots "fédéralisme renouvelé" c'est
épouvantable, c'est effrayant c'est une hérésie, c'est
effrayant. Tout ce qui peut se rapporter au fédéralisme
renouvelé, on vote contre ça. Par contre, la souveraineté,
attention, il faut regarder cela attentivement. Puis on a dit oui, qu'on le
ferait avec objectivité, et moi je vous le confirme, avec beaucoup de
respect pour cette option qui a une certaine
faveur chez une partie importante des Québécois.
Alors, dans ce contexte-là, M. le Président, je pense que
les remarques du député de Lac-Saint-Jean disant que ce serait
dirigé par le bunker, etc., non, il n'en est pas question, mais une
chose est certaine, le gouvernement gouverne, oui, et on ne se le cache pas, M.
le Président, dans un cas aussi important. Le gouvernement gouverne de
cette façon-ci comme il gouverne en fonction de la commission des
institutions et en donnant deux membres de plus, même s'ils n'ont pas le
droit de vote, on se retrouve avec une composition d'une commission
parlementaire qui est sans pareil au point de vue représentation des
membres de l'Opposition.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: Oui, M. le Président. Je veux parler contre cet
amendement parce que, effectivement... J'essaie de comprendre la raison de cet
amendement. Si le gouvernement avait voulu gagner l'appui de l'Opposition
officielle, il aurait dû au moins essayer de trouver une façon de
gagner son appui en satisfaisant certaines de ses demandes.
Cela étant dit, je pense qu'on réalise qu'ils ne vont pas
gagner l'appui du Parti québécois sur ce projet de loi. Alors,
c'est un peu difficile pour moi de comprendre ce geste artificiel. C'est
seulement un geste de gentillesse envers l'Opposition officielle d'augmenter
leur nombre de trois à cinq. Est-ce que c'est ça qui existe ici?
Seulement un geste de gentillesse qui voudrait effectivement gagner leur appui
au projet de loi? Quelle est la raison vraiment pour ajouter deux membres de
l'Opposition officielle à cette commission? Est-ce que c'est seulement
un geste de gentillesse? Parce que, si on regarde les deux commissions, je
pense que la commission qui va étudier les offres du reste du Canada, il
y a déjà trois péquistes de trop là-dessus, avant
l'amendement.
Mme Harel: En réalité, il y a déjà un
indépendant de trop.
M. Brassard: C'est pour embarrasser l'Equa-lity Party.
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Libman: Non mais, effectivement, M. le Président, la
raison seulement pour ajouter ces deux membres de l'Opposition officielle quand
ça ne va pas gagner leur appui... Quelle est la raison réelle de
cet amendement, ce geste gentil par le gouvernement?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Je pense que le député de
D'Arcy-McGee sait très bien que nous sommes de gentilles femmes
et de gentils hommes, pas simplement de ce côté-ci mais des deux
côtés. Nous sommes tous des gentils, pas au sens
nécessairement auquel saint Paul se référait, mais au sens
d'une gentillesse, pour prendre le terme même du député de
D'Arcy-McGee, et aussi dans le sens que le gouvernement est conscient qu'il
s'agit ici d'une commission spéciale. Étant donné
l'importance de la commission, nous sommes conscients que l'Opposition
officielle peut avoir une représentation plus importante que
normalement, même sur la commission des institutions, donc, deux membres
de plus.
M. Libman: Alors, c'est une réalisation qui a
été faite entre le 15 mai et aujourd'hui, cette décision
d'augmenter la norme...
M. Rémillard: C'est ça.
M. Libman:... de 3 à 5. C'était seulement un
changement d'avis...
M. Rémillard: C'est ça.
M. Libman:... depuis le 15 mai.
M. Rémillard: Je dois dire que ce n'est pas pour avoir
nécessairement le consentement de l'Opposition. Si l'Opposition veut
voter avec le projet de loi, bon, tant mieux. Mais ce n'est pas
nécessairement en fonction de ça. C'est pour essayer d'avoir une
base la plus solide possible.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Est-ce
que l'amendement est adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que
l'article 7, tel qu'amendé, est adopté?
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 8.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Vote nominal sur
l'amendement.
La Secrétaire: Pour ou contre l'amendement
présenté à l'article 7 par M. Rémillard
(Jean-Talon)?
M. Rémillard (Jean-Talon)?
M. Rémillard: Oui.
La Secrétaire: M. Houde (Berthier), pour ou contre
l'amendement?
M. Houde: Pour
La Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Pour.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)?
M. Kehoe: Pour.
La Secrétaire: M. Lafrance (Iberville)?
M. Lafrance: Pour.
La Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Pour
La Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)9
Le Président (M. Dauphin): Pour
La Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
La Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Mai-sonneuve)?
Mme Harel: Pour.
La Secrétaire: M. Beaulne (Bertrand)?
M. Beaulne: Pour.
La Secrétaire: M. Libman (D'Arcy-McGee)?
M. Libman: Contre.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 7, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 8.
M. Brassard: L'article 8 est adopté, M. le
Président, quant à nous.
Le Président (M. Dauphin): Article 8.
M. Rémillard: Article 8. Je le lis, M. le
Président: "Le premier ministre, le chef de l'Opposition officielle et
le chef de l'autre parti représenté dans l'Opposition font
parvenir, au président de l'Assemblée nationale, un avis
écrit indiquant le nom des membres dont la nomination ou, le cas
échéant, la désignation relève de leur
autorité. "
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a des questions
ou des commentaires sur l'article 8?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9.
M. Rémillard: M. le Président, je le lis: "9. 'Tout
membre d'une commission peut être remplacé pour la durée de
toute séance ou partie de celle-ci par un député, y
compris un ministre. "Le secrétaire de la commission annonce, au
début de chaque séance ou, le cas échéant, d'une
partie de séance, les remplacements qui lui ont été
signifiés, selon le cas. par le whip de chaque parti ou par son
représentant, ou par le membre visé au paragraphe 3° du
deuxième alinéa de l'article 7. "
M. le Président, il me semble que l'Opposition devrait
apprécier cet article, puisque c'est un élargissement quelque peu
de notre règle, qui est très stricte, au niveau des
règlements. Étant donné l'importance de la commission, on
a voulu peut-être rendre plus souple la possibilité pour un membre
de l'Assemblée nationale de venir quand même à la
commission pour une séance ou partie de séance.
M. Brassard: Moi, là-dessus, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard:... je ne ferai pas un long débat, mais je
pense qu'on devrait encore une fois reprendre, essentiellement, l'article 130
de notre règlement concernant les remplacements temporaires, où
les remplacements valent pour la durée de la séance. Remplacement
pour une séance, article 131: "Exceptionnellement, lorsqu'une commission
exécute un mandat confié par IAs-semblée, un de ses
membres peut être remplacé pour la durée d'une
séance La commission doit en être informée dès le
début de la séance" Ça se fait régulièrement
à chaque début de séance. Je ne suis pas d'accord pour
que, à tout moment, au cours d'une séance, on puisse
procéder à des remplacements pour une demi-heure, 20 minutes...
Moi, je trouve que ça n'aurait aucun bon sens de permettre ça.
Qu'on remplace des membres, bon, d'accord, mais à ce moment-là le
membre qui remplace un membre permanent va devoir faire toute la séance
au complet. Sinon...
Je ne sais pourquoi, dans quel but vraiment le gouvernement veut
procéder de cette façon-là, encore une fois, et mettre de
côté une des règles du parlementarisme. Je ne sais pas
quels sont les motifs qu'il y a derrière ça. Il veut faire
circuler le plus grand nombre de députés
possible dans ces deux commissions, je ne sais pas, pour pouvoir prendre
des photos puis ensuite que ça paraisse dans les envois sans adresse, je
ne sais trop?
M. Rémillard: Non.
M. Brassard: Moi, je ne suis pas d'accord du tout avec ça.
Si le gouvernement maintient cette disposition-là, c'est clair qu'on
vote contre.
M. Rémillard: Mais...
M. Brassard: Je demande l'application de l'article 131,
intégralement.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Lac-Saint-Jean comprend vraiment la signification de
cet article. Je pense que ça peut aider autant les députés
de l'Opposition que les députés du côté
ministériel, dans le sens qu'il y a deux commissions parlementaires et
qu'il peut être extrêmement utile, à un moment donné,
parce qu'un député a à s'absenter - prenons le cas d'un
jeudi soir, il a un avion à prendre à 18 h 30, par exemple - puis
qu'on a besoin d'avoir quelqu'un pour le remplacer, vous avez la
possibilité d'avoir partie de séance. Alors, tout ce qu'on
ajoute, c'est "partie de séance". Pensez-y comme il faut, ça peut
être autant utile chez vous que chez nous d'avoir, pour une partie de
séance, la possibilité que quelqu'un puisse remplacer. C'est une
commission qui est très importante, ce sont deux commissions qui sont
très importantes, et il se peut, comme parlementaire, à un moment
donné, qu'on soit coincé, on ait besoin de... Alors, pourquoi ne
pas avoir cette possibilité que pour une partie de séance
quelqu'un vienne nous remplacer? Je pense que c'est vraiment... Ça peut
être utile, pensez-y, ça peut être très utile.
M. Brassard: Plus j'y pense, plus je suis contre. Plus j'y pense,
plus je suis contre, justement parce que ce sont deux commissions importantes,
et qu'il faut prendre bien soin d'assurer la plus grande permanence, la plus
grande stabilité et la plus grande continuité de ces
commissions-là. La meilleure façon, c'est de faire en sorte que
les membres soient les plus assidus possible, et puis qu'on ne puisse pas,
à tout bout de champ et à tout moment au cours d'une
séance, les changer ou les remplacer, leur faire faire de la chaise
musicale. Moi, au contraire, plus j'y pense, plus je suis convaincu que c'est
une mauvaise disposition, et qu'il vaut mieux se coller davantage à
l'article 131 de notre règlement.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. (21 h 30)
M. Rémillard: M.le Président, je peux
comprendre, à un moment donné... Je sais que le
député de Lac-Saint-Jean est aussi whip. Ça peut lui poser
des problèmes de trouver son monde...
M. Brassard: Non, non.
M. Rémillard: Ce n'est pas facile d'être whip.
M. Brassard: Non, non.
M. Rémillard: Mais, M. le Président...
M. Brassard: Pas de procès d'intention.
M. Rémillard: Non, ce n'est pas un procès
d'intention, loin de moi.
Mme Hare!: On ne lui a jamais autant facilité les choses.
C'est étonnant.
M. Brassard: Absolument. Non, non, je n'ai aucun problème
de whip, au contraire.
M. Rémillard: Mais je crois que, étant donné
l'importance de ces commissions-là, si on a la possibilité de
pouvoir avoir quelqu'un qui vient remplacer pour une partie de séance,
d'une part, on rend service au parlementaire qui doit quitter et, d'autre part,
on permet à un autre parlementaire de participer au débat. Alors,
pourquoi on ne pourrait pas faire ça, M. le Président? Je pense
que c'est à l'avantage de notre parlementarisme, encore une fois, sur
ces deux aspects-là, au moins.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 9?
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 9 est
adopté sur division. J'appelle l'article 10.
M. Rémillard: J'ai un amendement de concordance, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M.le ministre.
M. Rémillard: Voici. Je dépose cet amendement. Cet
amendement se lit comme suit: Remplacer, dans la première ligne, le
nombre "treize" par le nombre "quinze". Et, M. le Président, je ne sais
pas si je dois procéder immédiatement, mais on a un petit
problème dans la traduction anglaise. Il faut faire un amendement du
côté anglais. Est-ce que je le fais après le premier
amendement?
Le Président (M. Dauphin): Vous pouvez le faire à
la toute fin. Est-ce que vous en avez
seulement un dans ce cas-là? M. Rémillard: Non.
Le Président (M. Dauphin): Vous en avez d'autres? On
pourra tous les faire à la fin.
M. Rémillard: Dans la traduction anglaise, on en a
quelques-uns.
Le Président (M. Dauphin): On les fera tous à la
fin, si vous n'y voyez pas d'objection. L'amendement à l'article 10:
Remplacer, dans la première ligne, le nombre "treize" par le nombre
"quinze". Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est ce que
l'article 10, tel qu'amendé, est adopté?
M. Brassard: Je voudrais savoir ce que ça signifie.
M. Rémillard: Comme on ajoute 2 membres, on passe de 13
à 15.
M. Brassard: Quand vous dites "suivant les règles
prévues pour la nomination du membre à remplacer", vous faites
référence à quoi?
M. Rémillard: Par exemple, si c'est..
M. Brassard: Là, il s'agit de vacance. Il ne s'agit pas de
remplacement temporaire.
M. Rémillard: C'est les nominations. Si c'est les
nominations, ça peut être le leader... ça peut être
le chef de l'Opposition ou le premier ministre. C'est eux qui nomment.
M. Brassard: C'est conformément à l'article 8.
M. Rémillard: Conformément à 8. M.
Brassard: Conformément à 8? Une voix: Oui. M.
Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 10 est adopté,
tel qu'amendé. J'appelle l'article 11.
M. Rémillard: "11. Tous les membres d'une commission, y
compris leurs remplaçants, ont droit de vote. "
Il y a un amendement, M. le Président, qui se lirait comme suit.
Je dépose ces amendements. Je lis l'amendement, M. le Président:
Les membres d'une commission, y compris, le cas échéant, leurs
remplaçants, ont droit de vote et le droit de présenter des
motions sauf, parmi les cinq députés nommés par le chef de
l'Opposition officielle, deux députés que ce dernier a
désignés dans l'avis qu'il a fait parvenir au président de
l'Assemblée nationale en vertu de l'article 8.
M. Brassard: Autrement dit, accepter les deux
députés de seconde zone.
M. Rémillard: Non, M. le Président.
M. Brassard: Bien oui!
M. Rémillard: Ce n'est pas...
M. Brassard: N'ayant pas les mêmes droits que les autres,
c'est sûr que ce n'est pas des députés...
M. Rémillard: M. le Président, si on se
réfère à la commission des institutions, est-ce qu'on met
en doute la crédibilité de la commission des institutions?
Pourtant, sur la commission des institutions, il y a aussi deux membres qui
n'ont pas le droit de vote et qui sont là pour représenter
l'Opposition. Alors, c'est une façon, quand même, qui est
très démocratique et très parlementaire, où vous
avez un parti politique qui, normalement, si on se fiait strictement à
l'application de l'article 122 de nos règlements par la
représentation du nombre en Chambre, n'aurait pas tant de membres sur la
commission, mais qui l'a. Cependant, ces membres n'ont pas le droit de vote.
Parce que, avoir le droit de vote, ça voudrait dire tous les autres
éléments concernant le quorum, etc., qui en découlent.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 11, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 12.
Organisation
M. Rémillard: M. le Président, je lis cet article.
"12. Le président d'une commission établit le plan d'effectifs,
les prévisions des dépenses et le plan des travaux de la
commission. Il autorise les demandes au Bureau de l'Assemblée nationale.
"Il convoque et anime les séances de la commission. Il participe
à ses délibérations, dirige ses travaux, veille à
la bonne exécution de ses décisions, exerce le droit de vote qui
lui est reconnu en vertu de l'article 11. "
C'est un article qui précise donc toutes les attributions du
président d'une commission, M. le
Président.
M. Brassard: Bien, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard:... vous comprendrez que, voulant être
cohérents avec le discours qu'on a tenu précédemment, moi
et mes collègues, c'est évident qu'on va voter contre cette
disposition, puisqu'elle prévoit justement que les commissions sont
dirigées par une seule personne, un seul député
ministériel, un président nommé par le premier ministre,
excluant, par conséquent, un vice-président et un comité
directeur, donc, la participation de l'Opposition aux travaux de la commission.
C'est à partir d'un article comme celui-là qu'on en arrive
à la conclusion que ces commissions-là vont être de simples
outils entre les mains du premier ministre, du pouvoir exécutif, le
président étant nommé par le premier ministre,
l'Opposition n'étant pas présente par le biais d'un
vice-président et d'un comité directeur. Donc, c'est clair que
c'est le pouvoir exécutif qui va avoir la main haute sur les
délibérations, les travaux et l'organisation des travaux de cette
commission, par le biais de sa créature qui sera le président
nommé par le premier ministre. Alors, contre.
Le Président (M. Dauphin): D'autres questions ou
commentaires sur l'article 12?
M. Brassard: Adopté, M. le Président, sur
division.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 12 est
adopté sur division. J'appelle l'article 13.
M. Rémillard: Je lis l'article 13: "13. Le
président exerce, pour l'application du présent chapitre, les
attributions conférées à un dirigeant d'organisme. Il
peut, malgré toute disposition de la loi, déléguer ses
attributions à toute personne qu'il désigne. "
M. Brassard: Est-ce qu'on pourrait nous expliquer ça?
M. Rémillard: Alors, M. le Président, cet article
prévoit que le président exercera les attributions
conférées à un dirigeant d'organisme et qu'il pourra,
malgré toute disposition de la loi, déléguer ses
attributions à toute personne qu'il désignera.
Il s'agit de se référer à la Loi sur la fonction
publique qui prévoit que le dirigeant d'organisme est responsable de la
gestion des ressources humaines de l'organisme qu'il dirige - c'est l'article
38 - et ce, dans le cadre des politiques générales du
gouvernement en matière de gestion des ressources humaines. Or, la
gestion des ressources humaines comprend notamment la planification,
l'organisation et la direction de ces ressources, à l'article 39. De
plus, suivant l'article 51 de la Loi sur l'administration financière, le
président sera, à titre de dirigeant d'organisme, habilité
à faire des demandes de paiement sur les fonds consolidés du
revenu. Enfin, le président sera la personne ayant la plus haute
autorité au sein de la commission, au sens de l'article 8 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels.
Alors, il s'agit simplement, M. le Président, de faire de ces
présidents des gestionnaires, en fonction, d'une part, de la Loi sur la
fonction publique, et, d'autre part, en fonction de la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels, et par le fait même, c'est comme ça que nous en
arrivons à l'article 13.
M. Brassard: M. le Président, nous, on pense que c'est le
comité directeur qui devrait exercer ces
responsabilités-là. Donc, sur division.
M. Rémillard: M. le Président, je me permets
simplement de dire que nous nous sommes référés, pour cet
article, à l'article 15 de la loi 90 qui avait créé la
Commission Bélan-ger-Campeau.
M. Brassard: II y avait deux présidents, par exemple.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Brassard: Adopté sur division.
Le Président (M. Dauphin): Sur division. J'appelle
l'article 14.
M. Rémillard: Je lis l'article 14: "14. En cas
d'empêchement du président d'une commission ou à sa
demande, un membre de la commission qu'il désigne le remplace et exerce
ses fonctions. "
Cet article prévoit donc, en cas d'empêchement du
président d'une commission ou à sa demande, qu'un membre de la
commission qu'il désignera le remplacera et exercera ses fonctions. Mes
commentaires reprennent toujours exactement l'article...
M. Brassard: Alors, sur division, M. le Président, parce
que, dans notre esprit, normalement, ce serait un vice-président, mais
on n'a pas voulu en créer un.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 14 est
adopté sur division. J'appelle l'article 15.
M. Rémillard: Je lis l'article 15: "15. Pour
l'exécution de leur mandat, les commissions sont assistées d'un
secrétariat. "Le secrétaire et le secrétaire adjoint des
commissions sont nommés par les présidents."
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Brassard: Je sais que c'est un peu vain de ma part, mais
enfin, je fais une autre tentative pour présenter un amendement de
façon à se rapprocher encore davantage des règles du
parlementarisme: L'article 15 du projet de loi 150 est modifié par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "Le
secrétaire et le secrétaire adjoint des commissions sont
nommés par une motion votée à la majorité des
membres de chaque groupe parlementaire, au sens du Règlement de
l'Assemblée nationale, représenté au sein de chaque
commission."
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement est
évidemment recevable. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Très rapidement. Je sais bien que si cet
amendement-là était accepté, il y aurait comme un
problème de cohérence avec la nomination du président et
des vice-présidents et puis l'absence de comité directeur, mais
il reste que c'est une tentative que je fais de nouveau pour faire en sorte que
la nomination du secrétaire et du secrétaire adjoint
relève véritablement de la commission et des membres de la
commission, ce qui est pas mal plus respectueux de l'esprit même du
parlementarisme, tel qu'on le pratique chez nous depuis 1984. Donc, que le
secrétaire et le secrétaire adjoint soient nommés en vertu
de la règle de la double majorité et donc reçoivent aussi
l'assentiment des parlementaires de l'Opposition.
De cette façon, on désignerait des personnes qui auraient
la confiance des deux partis et qui feraient consensus chez les deux partis,
parce qu'on connaît l'importance du secrétariat d'une commission,
surtout une commission de cette nature-là. On l'a vu dans le cas de la
Commission Bélanger-Campeau, le rôle éminemment positif et
très important qu'a joué le secrétaire, M. Rousseau.
Alors, je pense que la désignation de ces personnes-là
mérite que ça fasse l'objet d'un consensus des partis.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean se réfère à M.
Rousseau. Je profite de l'occasion, évidemment, pour souligner le
travail exceptionnel fait par M. Rousseau au niveau de la Commission
Bélanger-Campeau.
M. Brassard: M. Holden n'est pas là, on peut le
louanger.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Même si M. Holden était ici, on
le ferait quand même, remarquez.
M. Brassard: On le ferait quand même. Oui, sans doute.
M. Rémillard: Mais c'est M. Bélanger qui avait
suggéré M. Rousseau, donc, un président.
M. Brassard: Non, c'est M. Campeau? Une voix: C'est M.
Campeau. M. Brassard: Oui.
M. Rémillard: II travaille à la Banque
Nationale.
M. Brassard: M Rousseau était à la Banque...
M. Rémillard: Nationale.
M. Brassard: ...Nationale, avec M. Bélanger..
M. Rémillard: C'est ça
M. Brassard: ...et c'est M. Campeau qui a suggéré
M. Rousseau.
M. Rémillard: Ah! Ce que je sais est peut-être pour
de la petite histoire...
M. Brassard: De toute façon, il a été
désigné par deux présidents. C'est ça que...
M. Rémillard: Oui, oui.
M. Brassard: Est-ce que vous voulez qu'on élise deux
présidents à chacune des commissions?
M. Rémillard: Alors... Oui, mais par le président,
ce que je veux dire...
M. Brassard: On peut revenir en arrière et nommer un
vice-président.
M. Rémillard: ...c'était bicéphale,
là, c'est uniphale. Mais il demeure que c'est au niveau de la
présidence que le secrétariat s'est décidé, parce
qu'il faut que les présidents... Bien, là, il va y avoir deux
présidents aussi. Il y a deux commissions parlementaires.
M. Brassard: II y a deux présidents pour la
commission.
M. Rémillard: Bien oui. Mais là, il y a deux
présidents parce qu'il y a deux commissions parlementaires et il faut
que les deux présidents soient capables de travailler avec ce
secrétaire.
Mais ne vous en faites pas. Ce sera quelqu'un de compétent,
quelqu'un de très haut calibre qui...
M. Brassard: De choisi par le bunker.
M. Rémillard: Non, de choisi en fonction de ses
qualités, comme M. Rousseau a été choisi.
M. Brassard: Par le premier ministre. Ils seront choisis par le
premier ministre, comme les présidents.
M. Rémillard: Comme M. Rousseau a été
choisi.
Le Président (M. Dauphin): D'autres questions sur
l'amendement du député de Lac-Saint-Jean? Commentaires?
Interventions?
M. Brassard: Vote nominal.
Le Président (M. Dauphin): Vote nominal? Mme la
secrétaire?
La Secrétaire: Alors, pour ou contre l'amendement
proposé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean). M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
La Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Pour.
La Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
La Secrétaire: M. Rémillard (Jean-Talon)?
M. Rémillard: Contre.
La Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
La Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)? (21 h 45)
M. Kehoe: Contre.
La Secrétaire: M. Lafrance (Iberville)? M. Lafrance:
Contre. La Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)? M. Audet:
Contre.
La Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)? Le
Président (M. Dauphin): Contre. La Secrétaire: M.
Libman (D'Arcy McGee)? M. Libman: Contre.
La Secrétaire: Alors, l'amendement est rejeté.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est rejeté.
Est-ce que l'article 15 est adopté?
M. Brassard: Surdivision.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 16.
M. Rémillard: L'article 16 se lit comme suit, M. le
Président: "16. Sur autorisation des présidents, le
secrétaire peut retenir les services de toute personne pour faire partie
du secrétariat des commissions."
M. Brassard: Adopté.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, se
référer, évidemment, pour ces articles, à la loi
90, la loi instituant la Commission sur l'avenir politique et constitutionnel
du Québec, la Commission Bélanger-Campeau. C'est à
l'article 22 de la Commission Bélanger-Campeau.
M. Brassard: M. le Président, pour nous, encore une fois,
ce sera sur division parce que, dans notre esprit, ça devrait être
un comité directeur, sur autorisation du comité directeur.
Le Président (M. Dauphin): Donc, l'article 16 est
adopté sur division. J'appelle l'article 17.
M. Rémillard: M. le Président, je lis cet article:
"17. La rémunération et les autres conditions de travail du
personnel de secrétariat sont déterminées par le Bureau de
l'Assemblée nationale."
M. Brassard: M. le Président, étant donné
que, au Bureau de l'Assemblée nationale, l'Opposition est bien
représentée, fort bien - d'ailleurs, j'en suis membre...
Des voix: Oh! Ha, ha, ha! Une voix:
Félicitations!
M. Rémillard: Quand ils vont faire son portrait, je vais
m'en souvenir de celle-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: ...c'est donc d'emblée que je vote en faveur
de cet article.
Le Président (M. Dauphin): Alors l'article 17, si je
comprends bien, est adopté. J'appelle l'article 18.
M. Rémillard: M. le Président, je lis l'article 18:
"18. Sous l'autorité exclusive des présidents, le
secrétaire des commissions en dirige le personnel, en administre les
affaires courantes et exerce les autres fonctions que lui attribuent les
présidents."
M. Brassard: Encore une fois, M. le Président, pour la
même raison, nous pensons qu'une telle disposition, on aurait dû
prévoir que ça se ferait sous l'autorité du comité
directeur. Comme il n'y a pas de comité directeur, c'est donc sur
division.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 18 est
adopté surdivision. J'appelle l'article 19.
M. Rémillard: Je lis l'article 19: "19. Le
secrétaire assiste aux séances des commissions. "Si les
commissions siègent simultanément, l'affectation du
secrétaire et du secrétaire adjoint à l'une ou l'autre des
séances est déterminée par les présidents. "Le
secrétaire ou, le cas échéant, le secrétaire
adjoint voit à la préparation des procès-verbaux et peut
en attester l'authenticité. Le secrétaire a la garde des archives
des commissions."
M. Brassard: Surdivision.
Le Président (M. Dauphin): L'article 19, adopté sur
division. J'appelle l'article 20
M. Rémillard: "20. En cas d'empêchement du
secrétaire ou du secrétaire adjoint, toute autre personne
désignée par les présidents le remplace et exerce ses
fonctions."
M. Brassard: Surdivision.
Le Président (M. Dauphin): L'article 20 est adopté
sur division. J'appelle l'article 21.
M. Rémillard: "21. Le président et le
secrétaire général de l'Assemblée nationale
fournissent au secrétariat des commissions toute l'aide
nécessaire à l'exercice de leur mandat, y compris l'apport de
personnel."
Le Président (M. Dauphin): Adopté?
M. Brassard: M. le Président, quand la Commission
Bélanger-Campeau a eu besoin de personnel et qu'elle en a
emprunté à l'Assemblée nationale, si ma mémoire est
bonne, ça a pris l'autorisation du Bureau.
M. Rémillard: La Commission Bélanger-Campeau,
c'était l'article 23 de la loi, M. le Président, qui se lisait
comme suit: "Le président et le secrétaire général
de l'Assemblée nationale fournissent au secrétariat toute l'aide
nécessaire à l'exercice du mandat de la commission, y compris
l'apport de personnel." Donc, c'étaient vraiment le président et
le secrétaire général.
M. Brassard: Donc, c'est repris intégralement.
M. Rémillard: Intégralement, oui. M. Brassard:
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 21, adopté.
J'appelle l'article 22.
Fonctionnement
M. Rémillard: "22 Les commissions peuvent, en vue de
l'exécution de leur mandat, commander les études et mener les
consultations qu'elles jugent nécessaires et entendre toute personne ou
tout organisme intéressé."
M. Brassard: Ça veut dire quoi, M. le Président,
quand on dit "Les commissions peuvent"?
M. Rémillard: Ce ne sont pas les présidents, ce
sont les commissions, ce qui veut dire les membres de la commission.
M. Brassard: Ça veut dire les membres. Ça veut dire
aussi la majorité, forcément.
M. Rémillard: Bien oui, ça veut dire la
majorité. Quand on est rendu à refuser des experts ou des
témoins, il faut quand même qu'on puisse dire pourquoi.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté? L'article 22,
adopté. J'appelle l'article 23.
M. Rémillard: II y a un amendement, M le Président.
Un amendement de concordance, M. le Président, que je vais... C'est
l'article 23.1. Est-ce qu'il faut que je le dise tout de suite, M. le
Président? Pas tout de suite. "23. Les commissions siègent en
public, sauf s'il s'agit d'une séance de travail ou d'une séance
tenue à huis clos. "Elles peuvent siéger à tout endroit
sur le territoire de la Communauté urbaine de Québec."
M. Brassard: Le huis clos est décrété
comment?
M. Rémillard: C'est par une double majorité.
M. Brassard: Comme le règlement l'indique, mais est-ce
qu'il faut le mentionner?
M. Rémillard: C'est à l'article 160, M. le
Président.
M. Brassard: C'est l'article 27 qui prévoit ça? En
s'appuyant sur 27?
M. Rémillard: C'est ça. C'est l'article 160 du
Règlement qui s'applique avec la double majorité.
M. Brassard: Bien.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 23 est
adopté?
M. Rémillard: 23. 1, M. le Président, comme
amendement.
Le Président (M. Dauphin): Un amendement?
M. Rémillard: Je le lis: Insérer, après
l'article 23, l'article suivant: "23. 1 Le quorum d'une commission est
constitué du tiers des membres qui exercent un droit de vote. Dans le
cas de la formation d'une sous-commission, le quorum de celle-ci est
constitué de la majorité des membres qui exercent un droit de
vote. "
M. Brassard: Est-ce que c'est la reproduction fidèle des
dispositions du Règlement quant au quorum?
M. Rémillard: C'est ça. On m'informe que c'est
156.
M. Brassard: Pourquoi tient-on à l'introduire, puisque
dans l'article 27, comme on le verra tantôt: "Sauf disposition
incompatible de la présente loi, les dispositions applicables aux
commissions parlementaires permanentes... prévues, etc., s'appliquent"?
Comme il n'y a pas de disposition contraire à cette règle du
quorum... Vous excluez les membres qui n'ont pas le droit de vote, alors que ce
n'est pas le cas, en vertu de nos règles...
M. Rémillard: C'est parce que, tout simplement, M. le
Président, lorsqu'on a parlé, tout à l'heure, des membres
non votants, il a fallu revenir à cette notion de membres non votants et
donc, revenir, par le fait même, à l'article 156 et bien
comprendre que la modification en vigueur, depuis le 15 mars 1990 jusqu'au 29
novembre 1991, malgré une clôture de la ses- sion...
M. Brassard: Ce n'est pas nécessaire. Le règlement
a été amendé...
M. Rémillard: Jusqu'au 29 novembre 1991. Mais si
c'était reconduit, on n'aurait pas de problème, mais on ne le
sait pas.
M. Brassard: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Rémillard: Adopté. M. Brassard:
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le nouvel article
23. 1 est adopté?
M. Rémillard: Adopté. M. Brassard:
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 24.
M. Rémillard: "24. Les commissions peuvent se
réunir indépendamment du nombre de commissions parlementaires qui
tiennent séance au même moment. "
M. Brassard: Ça veut dire que, théoriquement, en
temps de session, on pourrait faire siéger cinq commissions et
même six, si la Chambre ne siège pas.
M. Rémillard: C'est là que vous allez trouver
très utile le petit article de remplacement pour séance contre
lequel vous avez voté. Je me permets de vous dire ça en toute
amitié. Vous allez voir que vous allez être bien contents de
l'avoir, cet article-là.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 24 est adopté.
J'appelle l'article 25.
Gestion et dépenses
M. Rémillard: "25. Les commissions peuvent faire toute
dépense nécessaire à l'exercice de leur mandat. Leurs
dépenses font partie des dépenses de l'Assemblée
nationale. " C'est Bélan-ger-Campeau.
M. Brassard: Oui, mais ça se lit avec 26. Ça doit
être dans le cadre du budget adopté par le Bureau.
M. Rémillard: Bien, oui.
Le Président (M. Dauphin): L'article 25 est
adopté?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 26.
M. Rémillard: "26. Les prévisions de
dépenses de chacune des commissions sont approuvées par le Bureau
de l'Assemblée nationale."
M. Brassard: Sûrement, adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 26, adopté.
J'appelle l'article 27.
Dispositions diverses
M. Rémillard: "27. Sauf disposition incompatible de la
présente loi, les dispositions applicables aux commissions
parlementaires permanentes, à leurs membres et à leur personnel,
prévues dans la Loi sur l'Assemblée nationale (L.R.Q., chapitre
A-23.1), le Règlement de l'Assemblée nationale, les règles
de fonctionnement concernant les commissions et les règlements,
règles et décisions adoptés par le Bureau de
l'Assemblée nationale s'appliquent, compte tenu des adaptations
nécessaires, aux commissions. 'Toutefois, le paragraphe 4° de
l'article 115 et les articles 121, 123, 132, 134, 135 et 137 du
Règlement de l'Assemblée nationale ne s'appliquent pas à
ces commissions et une interpellation visée à l'article 295 de ce
Règlement ne peut y avoir lieu. "En outre, le Bureau de
l'Assemblée nationale peut, par règlement, apporter, pour
l'application du présent chapitre, des modifications aux
règlements et règles qu'il a adoptés relativement à
la gestion et aux dépenses de l'Assemblée et exercer le pouvoir
que lui confère le deuxième alinéa de l'article 110 de la
Loi sur l'Assemblée nationale. Un tel règlement peut, s'il le
prévoit, avoir effet à compter de toute date non
antérieure au..." Ici, nous allons indiquer, M. le Président, la
date de l'entrée en vigueur de la présente loi.
M. Brassard: Bien, on a regardé ça, puis ça
va.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 27,
adopté. J'appelle l'article 28.
M. Rémillard: L'article 28: "28. Sur proposition du
premier ministre ou de son représentant, l'Assemblée nationale
décide de la cessation d'existence d'une commission. Les commissions
cessent également d'exister s'il y a dissolution de l'Assemblée
nationale. "Dès la cessation d'existence d'une commission, ses archives
deviennent des archives de l'Assemblée nationale. "
M. Brassard: Bien, M. le Président, je ne ferai pas un
long discours, mais on a là la preuve de tout ce qu'on avance depuis cet
après-midi. Quand on dit que ces commissions-là sont des
créatures de l'Exécutif, des instruments du bunker, de l'autre
côté de la rue, on en a la preuve évidente parce que
ça, c'est tout à fait exceptionnel, c'est du jamais vu sur le
plan parlementaire de conférer ainsi un pouvoir aussi exorbitant au
premier ministre qui peut, à tout moment, décider que les
commissions doivent retomber dans le néant d'où on les a sorties.
Merci, bonjour, passons à autre chose. C'est..
M. Rémillard: M. le Président, ce n'est pas exact
de dire que cet article fait en sorte que le premier ministre dit: Merci,
bonjour. Le premier ministre propose une motion, laquelle motion est
débattue à l'Assemblée nationale, et c'est
l'Assemblée nationale qui décide à la suite d'un
débat. Alors, ce n'est pas un geste du premier ministre. Le premier
ministre initie le processus, mais c'est l'Assemblée nationale dans sa
souveraineté qui décide de la motion après un débat
parlementaire.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Écoutez, en vertu de nos règlements,
ces commissions parlementaires qu'on crée par la loi 150 peuvent
être, à mon avis, assimilées à des commissions
parlementaires spéciales non permanentes, en comparaison avec les
commissions parlementaires permanentes. Les commissions parlementaires
spéciales, l'article 178 de notre règlement nous indique qu'elles
sont créées par l'Assemblée, constituées par
l'Assemblée et surtout que toute commission spéciale cesse
d'exister, pas quand le premier ministre en décide ou trouve que c'a
assez duré et que ça doit finir. Non, toute commission
spéciale cesse d'exister au moment du dépôt de son rapport
à l'Assemblée. Article 178 du règlement. (22 heures)
Donc, ces commissions parlementaires normalement devraient cesser
d'exister au moment où elles ont déposé leurs
recommandations parce qu'il est question, pour chacune d'entre elles, de faire
des recommandations à l'Assemblée. Au moment où elles ont
fait des recommandations à l'Assemblée, donc, ce qui veut dire au
moment où elles ont déposé leur rapport à
l'Assemblée, là, elles cessent d'exister. Mais pourquoi donner un
pouvoir semblable au premier ministre? Je pense qu'on devrait les assimiler
à des commissions parlementaires spéciales; conformément
au Règlement, prévoir que leur cessation d'exister coïncide
avec le dépôt de leur rapport
à l'Assemblée nationale. Ça, ce serait
régulier, normal.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Nous avons ici une loi, donc, une loi qui
crée des commissions parlementaires spéciales, des commissions
parlementaires créées par une loi. Nous avons voulu que ces
commissions puissent disparaître par une motion initiée par le
premier ministre. Il se peut fort bien, M. le Président, après
avoir rendu le rapport, qu'on veuille que ces commissions continuent à
travailler. Il se peut fort bien. Pensez à la souveraineté.
Pensez au scénario qui pourrait se poser en fonction de la
souveraineté. Vous pourriez très bien vouloir que la commission
sur la souveraineté continue à siéger, même
après la tenue du référendum, donc certainement
après le rapport de cette commission-là, et peut-être
même que vous aimeriez que ça continue après le
référendum, jusqu'à un an, ou jusqu'au moment où le
Québec devienne souverain. C'est une possibilité, ça.
Pourquoi pas? Pourquoi pas?
M. Brassard: Dites-moi donc, pourquoi vous avez mis ça,
cet article-là? Il y a sûrement une raison pour laquelle vous avez
introduit cette disposition-là.
M. Rémillard: Pour que ces commissions puissent exister
jusqu'au moment où l'Assemblée nationale en dispose et que
l'initiative appartienne au premier ministre pour dire: Voici, je
considère que ces commissions maintenant peuvent disparaître, ont
fait leur travail et l'Assemblée nationale en dispose.
M. Brassard: Donc, on peut parfaitement concevoir que ces
commissions pourraient cesser d'exister avant même qu'elles
déposent leur rapport.
M. Rémillard: Écoutez...
M. Brassard: Mais oui!
M. Rémillard: C'est...
M. Brassard: C'est tout à fait possible.
Une voix: Est-ce que c'est possible?
M. Brassard: C'est possible ou pas?
M. Rémillard: II y a quelques fois où l'absurde est
possible.
M. Brassard: Est-ce que c'est possible? M. Rémillard:
Vous savez, écoutez...
M. Brassard: Oui, c'est possible.
M. Rémillard: C'est contre l'objet même... Les
commissions existent pour faire des rapports et elles seraient abolies avant de
faire leur rapport. Bon, alors, il y a quelque chose, là, quand
même d'assez difficile. Et, d'autre part, M. le Président,
permettez-moi d'insister sur un point, le premier ministre propose, mais
l'Assemblée nationale dispose par un débat parlementaire. Les
séances parlementaires, ça ne se fait pas en catimini, ça
ne se fait pas à huis clos.
Mme Harel: Comme le projet de loi 145, c'est ça.
M. Rémillard: Non, non, il n'y aura pas de clôture
là-dessus. Par une motion. Vous n'avez pas de clôture sur une
motion. Pas de clôture sur une motion.
Mme Harel: Ça dépend si c'est une motion de
fond.
M. Rémillard: Je ne suis pas assez connaissant en droit
parlementaire...
M. Brassard: Ce que je ne comprends pas, moi...
M. Rémillard: Attendez, je vais vérifier. J'ai
quelqu'un ici, M. James Maranda, qui est un spécialiste en droit
parlementaire. Je vais m'informer si c'est une motion de...
Mme Harel: II va vous le dire.
M. Rémillard: Dans ce cas-ci, on m'informe que ce serait
une motion de fond, et une motion de fond, il n'y aurait pas de motion de
clôture. Je sais que vous avez aussi un très bon adjoint
parlementaire - pas adjoint parlementaire, excusez-moi, spécialiste en
droit parlementaire. Je suis certain qu'il va confirmer l'avis de M. Maranda.
M. Maranda ne se trompe pas.
M. Brassard: Personnellement, je trouve ça très
inquiétant, cette disposition.
M. Rémillard: Je ne vois pas ce que vous voyez
d'inquiétant...
M. Brassard: Écoutez, c'est très inquiétant
parce qu'on ne sait pas pourquoi vous ne vous contentez pas de la disposition
du règlement actuel qui prévoit qu'une commission
spéciale, ça accomplit son mandat, ça dépose son
rapport à l'Assemblée nationale puis, une fois qu'il est
déposé, ça cesse d'exister. C'est ça la
séquence...
M. Rémillard: Mais...
M. Brassard: ...régulière prévue dans
nos
règles. Mais là, non, tout d'un coup, cette
disposition-là arrive puis en cours de route, en cours de processus, le
premier ministre peut arriver, comme une espèce de deus ex
machina...
M. Rémillard: Prenons un exemple...
M. Brassard: ...le bon Dieu, la Providence, qui dit: Hop! Je tire
la "plogue", je coupe la ficelle, vous cessez d'exister, vous retombez dans le
néant. Fini, bonjour, merci beaucoup. Pourquoi? Peut-être parce
qu'on a reçu des belles offres d'Ottawa. On a reçu des belles
offres. Alors, ça nous intéresse. La commission sur la
souveraineté, on n'a plus besoin de ça, merci beaucoup, cessation
d'existence, on a reçu des belles offres.
M. Rémillard: M. le Président.
M. Brassard: Ça nous inquiète parce que ça
suscite toutes sortes d'interrogations. Pourquoi une disposition comme
ça? Pourquoi un pouvoir comme celui-là octroyé au premier
ministre, au pouvoir exécutif qui a droit de vie et de mort sur les
commissions créées? Pourquoi ne pas les laisser faire le
cheminement qu'elles ont à faire, accomplir leur mandat, déposer
leur rapport, avec des recommandations, si nécessaire, et là,
elles cessent d'exister en vertu de l'article 178?
M. Rémillard: M. le Président.
M. Brassard: II y a quelque chose de louche là-dedans.
C'est louche.
M. Rémillard: M. le Président, il se peut fort bien
qu'une commission fasse son rapport et que, à la suite de son rapport,
on lui demande de continuer ses travaux. Vous parlez toujours, avec beaucoup
d'inquiétude, de la possibilité qu'on ait des offres et que
ça s'applique à une question concernant les offres. Mais pensez
aussi à la souveraineté. Pensez que l'article 3 qui
définit la souveraineté, qui définit le mandat de la
commission, a aussi un volet hypothétique, mais quand même un
volet où il y a possibilité d'offres de partenariat
économique qui viendraient du gouvernement fédéral. Vous
avez là deux volets. Tout à coup vous avez votre commission
parlementaire... Regardez bien, je vous donne un exemple. Écoutez bien,
vous allez voir que ça s'applique dans ce cas-là. Vous avez la
souveraineté, donc, rapport de la commission parlementaire et puis, tout
à coup, arrivent des offres fédérales. Vous voulez que la
commission continue pour étudier ces offres fédérales. On
oublie ça, l'article 3, mais n'oubliez pas que l'article 3 donne deux
volets au mandat de la commission sur la souveraineté. Vous allez me
dire: II y en a un qui est hypothétique. Attention! Tout à coup
il arrive après le référendum; on ne sait pas.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Bertrand a demandé la parole.
M. Rémillard: M. le Président, j'aurais aimé
ça entendre les commentaires de Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. J'aurais aimé ça voir comment elle
réagit à mon exemple.
Mme Harel: On y reviendra, hein, M. le Président. Vous
allez me permettre...
Le Président (M. Kehoe): Dans l'ordre, c'est M. le
député de Bertrand.
M. Rémillard: Ça ne me déçoit pas
d'avoir le commentaire de M. le député de Bertrand, mais j'aurais
aimé ça avoir le commentaire de Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Houde: Une vieille routière de la politique. Pas en
âge, en temps!
M. Beaulne: C'est un peu... Compte tenu de l'importance de la
décision qui repose sur les épaules du premier ministre en vertu
de cette décision, pourquoi avez-vous ajouté ici "ou de son
représentant"? Qui serait ce représentant qui pourrait se
substituer au premier ministre pour prendre une décision comme celle qui
est prévue à l'article 28? Et dans quelles circonstances ce
serait un représentant plutôt que le premier ministre
lui-même qui prendrait la décision qui est comprise dans l'article
28?
M. Rémillard: C'est une expression qui est utilisée
très fréquemment, M. le Président. C'est que, si le
premier ministre était absent ou s'il donnait des pouvoirs
plénipotentiaires, à ce moment-là, pour une période
d'absence, à son représentant, c'est donc lui qui serait
habilité à prendre la disposition. Même en ce qui regarde
le chef de l'Opposition - on me donne l'article 209 de notre Règlement,
concernant le budget - c'est une expression qui revient assez
fréquemment. Le premier ministre ou son représentant, le chef de
l'Opposition ou son représentant. C'est un représentant
plénipotentiaire qui est nommé selon nos règles qui
s'appliquent dans des cas pareils.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. M. le Président, en fait,
l'interprétation que le ministre donne, l'exemple plutôt qu'il
donne de l'article 28, si on le lit à la lumière de l'article 178
qui traite des commissions spéciales et, notamment, de la clôture
des commissions spéciales, alors, l'article 178 dit ceci: "Fin de la
commission. Toute commission spéciale cesse d'exister au moment du
dépôt de son rapport à l'Assemblée." Le ministre
insiste pour faire valoir que, loin de vouloir mettre fin
prématurément aux travaux d'une commission, ce serait plus
pour la prolonger. C'est l'exemple, en tout cas, qu'il a donné à
plusieurs reprises. Ce sont tous des exemples de prolongation plutôt que
des exemples de cessation prématurée de la commission
spéciale.
Je veux lui demander, advenant que la commission sur les offres ait fait
un rapport qui indique qu'aucune offre n'a été
appréciée comme étant valable, s'il envisage possible que,
concurremment à un référendum sur la souveraineté,
il prolonge la commission qui a à recevoir des offres de renouvellement
du fédéralisme de façon telle qu'à tout moment,
pendant, avant ou après le référendum sur la
souveraineté, la commission puisse recevoir des offres.
M. Rémillard: L'article d'une loi doit se lire en fonction
des autres articles de la loi. Le premier article de cette loi établit
donc l'échéancier, avec un référendum qui doit
avoir lieu. Alors, si le référendum, par le fait même, a
lieu, c'est qu'il n'y a pas eu d'offres ou que les offres ont été
jugées inconséquentes. Il y a un référendum qui est
là. Il n'est pas hypothétique, le référendum. Il
est là, il est écrit là. Par conséquent, le
processus est entamé et, en fonction de l'article 1, le Québec
devient souverain un an après la décision prise par
référendum.
Mme Harel: Ma question se pose toujours. Est-ce que, dans ce
contexte-là, l'article 28 pourrait être invoqué, permettant
de prolonger la commission qui est prévue pour étudier les
offres, aux articles 4 et suivants, laquelle commission pourrait, dans
l'année qui suit le référendum, prolonger ses travaux, en
attente d'offres, cette fois-là, valables?
M. Rémillard: C'est hypothétique, comme l'est aussi
le deuxième volet de l'article 3. C'est-à-dire que la commission
sur la souveraineté pourrait demeurer, attendant une offre de
partenariat économique qui pourrait venir d'Ottawa, entre le
résultat du référendum et l'application du
référendum par la déclaration de souveraineté.
Mme Harel: C'est donc dire que la commission sur le
renouvellement comment l'appelons-nous, en termes plus précis? - sur les
offres, la commission sur l'examen des offres pourrait, de la même
façon, nous dites-vous, elle aussi, se prolonger au-delà du
référendum qui aurait eu lieu et qui aurait eu un résultat
favorable sur la souveraineté, puisque vous prévoyez qu'elle
aurait lieu un an plus tard.
M. Rémillard: Ce sont des questions hypothétiques.
Cette question-là que me pose Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, comme la question aussi concernant la
souveraineté après le référendum... Mais ce qu'il
est important pour nous de retenir, c'est que la remise du rapport ne signifie
pas la fin du travail.
Mme Harel: C'est ça. Alors, si je comprends bien, la
remise du rapport ne signifiant pas la fin du travail, malgré qu'il y
ait une date contraignant le gouvernement, pour tout de suite, à tenir
un référendum, il pourrait prolonger, en vertu de l'article 28,
la commission sur l'examen des offres, même après un
référendum qui aurait eu lieu et qui aurait donné un
résultat favorable à la souveraineté, puisque la mise en
vigueur est reportée d'un an. Finalement, ce serait encore là une
autre façon de donner une dernière, dernière,
dernière chance. Mais tout ça reste plausible, étant
donné que l'article 28 est introduit.
M. Rémillard: Non, non. Attention, là. L'article 1
dit bien que l'indépendance se fait, que la souveraineté du
Québec est déclarée un an après le
référendum. À un moment donné, vous dites: C'est
prolongé. En droit, ça peut être prolongé...
Mme Harel: Alors, pendant cette année-là...
M. Rémillard: ...mais effectivement, ça peut
être tout autre chose. Vos questions sont très
hypothétiques, mais en droit, les éléments sont là.
L'article 1 mentionne que non seulement il y a un référendum,
mais que le Québec devient souverain un an après la tenue du
référendum.
Mme Harel: Voilà!
M. Rémillard: Donc, vous avez un échéancier
non seulement sur la tenue du référendum qui, lui, est
consultatif... Il faut bien comprendre que selon notre droit constitutionnel,
il s'agit d'un référendum consultatif et non pas
délibéra-tif.
Mme Harel: Ah bon!
M. Rémillard: Mais oui.
Mme Harel: Expliquez-nous donc ça.
M. Rémillard: Bien oui.
M. Brassard: Justement. C'est-à-dire que, oui, en vertu du
parlementarisme britannique, c'est...
M. Rémillard: Bien oui, le parlementarisme
britannique.
M. Brassard: ...le Parlement seul qui peut donner, en quelque
sorte, mais dans ce cas-là...
Mme Harel: C'est encore plus évident.
M. Rémillard: Comme ça l'était en 1980.
M. Brassard: ...justement parce que dans l'année en cours,
à ce moment-là, vous pourriez vous retourner du côté
d'Ottawa...
Mme Harel: C'est ça.
M. Brassard: ...et dire: Écoutez, j'ai un vote positif en
faveur de la souveraineté... (22 h 15)
Mme Harel: C'est dans un an.
M. Brassard: ...là, améliorez vos offres, faites
quelque chose de plus intéressant que ça. Grouillez-vous quelque
part le popo-tin.
Mme Harel: II y a du Jean-Claude... M. Brassard: Rivest.
Mme Harel: ...Rivest là-dedans. M. Rémillard: Ah
oui?
M. Brassard: Améliorez vos offres parce que, dans un an,
ça devient effectif. Mais la, ça ne l'est pas. On est encore une
province. Améliorez vos offres. Regardez, j'ai un
référendum sur la souveraineté, favorable, dans les mains.
J'y donne suite dans un an. Alors, faites quelque chose.
Mme Harel: Parce que vos exemples étaient aussi
hypothétiques. Les exemples que vous nous avez donnés
étaient aussi hypothétiques que celui que l'on vous donne. Alors,
vous ne pouvez pas nous...
M. Rémillard: Ce sont des hypothèses, des
scénarios.
Mme Harel: ...faire des reproches d'envisager cette
hypothèse-là.
M. Rémillard: Ah! c'est du cinéma.
M. Brassard: C'est en incluant une disposition comme ça
que vous suscitez des interrogations puis des scénarios.
M. Rémillard: Ah oui!
M. Brassard: Si vous n'aviez pas mis ça là,
ça n'aurait pas provoqué...
M. Rémillard: Alors, c'est du scénario.
M. Brassard: Ça ne nous aurait pas incités à
imaginer des scénarios comme...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Non, écoutez.
M. Brassard: Enlevez-le et on va mettre nos scénarios
à la poubelle.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M le ministre.
M. Rémillard: le seul objectif du gouvernement, c'est tout
simplement que la remise du rapport ne signifie pas automatiquement la fin de
la commission, mais que ça demeure une prérogative de
l'Assemblée nationale, sur recommandation du premier ministre. C'est
ça l'objectif. Maintenant, à partir de là, on peut faire
énormément de scénarios, faire des vues en technicolor,
comme on disait dans notre temps, quand j'étais petit gars Je ne sais
pas si ça existe encore.
M. Brassard: Ça ouvre des portes comme ça.
M. Rémillard: Ah oui! Mais je peux vous dire que,
écoutez, vous pouvez en faire des scénarios d'un...
M. Brassard: Cinerama. M. Rémillard: Voyons
donc!
Mme Harel: Dans ce sens-là, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Harel: ...depuis le début, j'écoute le
ministre, en Chambre et ici, en commission, nous parler d'une obligation de
résultats. Moi, qui ai été obligée de faire des
études thomistes, ayant été dans la cohorte des cours
classiques dans un séminaire diocésain, alors j'ai
vérifié cette distinction entre obligation de résultats et
obligation de moyens pour être obligée de conclure que
l'obligation à laquelle vous vous astreignez, c'est une obligation de
moyens. Vous vous astreignez à l'obligation de tenir un
référendum, de prendre les moyens d'en tenir un, mais non pas
d'avoir le résultat de la souveraineté. Vous ne vous êtes
pas donné l'obligation de gagner le référendum. Vous vous
êtes simplement donné l'obligation de tenir un
référendum et jamais vous n'avez voulu nous dire que, comme
résultat, vous vouliez le gagner. Alors, ne me parlez pas d'obligation
de résultats. Dites-nous que, oui, vous introduisez une obligation de
moyens. C'est la seule chose à laquelle vous vous astreignez.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, mais les moyens devront aboutir
à un résultat. Si on prend des moyens,
c'est pour arriver à un résultat. Mme Harel: Non.
Juste...
M. Rémillard: On n'est quand même pas pour prendre
un moyen pour faire quoi? Pour faire de la poésie.
Mme Harel: Saint Thomas a justement fait cette belle distinction
entre les obligations de moyens et les obligations de résultats. Les
obligations de moyens, c'est l'obligation de prendre des moyens. Si vous
n'arrivez pas aux résultats, vous n'êtes pas puni pour ça
parce que vous avez pris les moyens.
M. Rémillard: Écoutez, vous avez lu saint Thomas.
Regardez celui qui a écrit "L'Être et le néant" et vous
allez voir qu'à ce moment-là... 'To be or not to be", ce n'est
peut-être pas le même auteur...
Une voix: Non.
M. Rémillard: ...mais c'est la même philosophie, en
ce sens que, quand vous prenez une réalité, vous avez, par
conséquent, tous...
Mme Harel: Non. C'est justement ce que les philosophes
disent.
M. Rémillard: ...les aléas et les relations avec
cette réalité.
M. Brassard: M. le Président...
M. Rémillard: Sans ça, vous déjouez la
logique. Ah! si vous voulez dévier de la ligne normale du raisonnement,
à ce moment-là, M. le Président...
M. Brassard: Mais, M. le Président...
M. Rémillard: ...qu'est-ce que vous voulez? On ne pourra
jamais y arriver. C'est impossible.
M. Brassard: ...ce n'est pas à Jean-Paul Sartre qu'il faut
se référer. Je ne pense pas. Quand je vois le ministre...
M. Rémillard: "To be or not to be", ce n'est pas Jean-Paul
Sartre, voyons!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Non, mais vous avez parlé de L'Être et
le néant" tout à l'heure. C'est plutôt Camus, "Le Mythe de
Sisyphe"... Quand je vous vois, pour une quinzième fois, tenter de
renouveler le fédéralisme, c'est plutôt au "Mythe de
Sisyphe", moi, que je pense.
M. Rémillard: M. le Président, est-ce que je
pourrais vous dire que...
M. Brassard: Ce pauvre Sisyphe qui roule la pierre en haut de la
colline et puis, inéluctablement, inexorablement, la pierre redescend et
là, il redescend la colline, il reprend la pierre, il remonte en
haut.
M. Rémillard: M. le Président.
M. Brassard: Et Camus terminait son livre en disant: II faut
imaginer Sisyphe heureux. Alors, je vois que vous êtes très
heureux.
M. Rémillard: Vous me permettez... M. le
député de Lac-Saint-Jean me permettra de dire qu'un autre livre
de Camus, "L'Étranger", où se promenant sur une plage,
ébloui par le soleil...
M. Brassard: Oui.
M. Rémillard: Quel est votre soleil à vous, M. le
député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: L'indépendance, monsieur, la
souveraineté!
M. Rémillard: Alors, attention, il éblouit, gardez
les yeux ouverts! Et garder les yeux ouverts au soleil, c'est dangereux.
Méfiez-vous!
M. Brassard: J'aime mieux le soleil de l'indépendance que
le néant du fédéralisme renouvelé!
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, je vais
maintenant reconnaître M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: M. le Président, juste pour dire que je pense
que l'Opposition officielle doit apprécier la brillance de cette
tactique stratégique de négociation par le gouvernement. Il faut
réaliser - et on réalise ce soir - que ce n'est pas la
dernière chance du fédéralisme, c'est
l'avant-dernière chance du fédéralisme parce que,
maintenant, il brandit le spectre d'un référendum sur la
souveraineté en octobre 1992. Si on ne reçoit pas une offre
légitime par là, on rentre dans un référendum sur
la souveraineté. Les deux grands partis à l'Assemblée
nationale se mettent dans le même camp pour gagner le
référendum pour le oui. Alors, on rentre dans la dernière
étape qui est vraiment la dernière chance pour le
fédéralisme. Non seulement on brandit le spectre du
référendum, mais on a déjà le résultat du
oui dans le référendum et on dit au reste du Canada: Maintenant,
il reste seulement un an pour faire la dernière offre. Si c'est
acceptable, on élimine la deuxième partie du premier article qui
dit que le référendum a pour effet... s'il est favorable.
Alors, je pense que l'Opposition officielle
doit apprécier cette tactique de négociation pour aller
avoir le meilleur "deal" possible avec le reste du Canada. Même si
ça ne correspond pas à notre aspiration, je pense que
l'Opposition officielle doit réaliser ça. Ce n'est pas vraiment
la dernière chance du fédéralisme; c'est
l'avant-dernière chance du fédéralisme. Alors, il faut
qu'on se prépare pour ça. Il faut arrêter de l'appeler la
dernière chance pour le fédéralisme parce que,
effectivement, ce n'est pas nécessairement le cas.
M. Rémillard: De toute façon, on est tous
derrière quelque chose, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: La vie est faite de cette
façon-là. Il y a toujours quelqu'un en avant de nous, ou quelque
chose en avant d'une autre idée.
Une voix: En avant, en arrière...
M. Rémillard: Alors, reculons en arrière.
Le Président (M. Dauphin): L'article 28, adopté sur
division. J'appelle l'article 29.
M. Rémillard: "29. Les sommes requises pour l'application
du présent chapitre sont prises sur le fonds consolidé du
revenu."
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 30.
Dispositions finales
M. Rémillard: "30. Les commissions instituées en
vertu de la présente loi peuvent tenir leurs séances à
compter du - et nous allons indiquer ici la date qui suit de 15 jours celle de
l'entrée en vigueur de la présente loi - même si tous les
avis écrits prévus à l'article 8 n'ont pas
été transmis au président de l'Assemblée
nationale."
Ça signifie, M. le Président, que les chefs ont 15 jours
pour transmettre leur liste de membres. C'est long parce qu'on sait à
quel point ça peut n'être pas facile d'établir la liste
pour des commissions aussi importantes.
M. Brassard: Ce qui veut dire, M. le Président, que le
ministre ne pourra pas remplir l'engagement qu'il avait pris, à
plusieurs reprises, de faire en sorte que les deux commissions puissent
siéger avant l'ajournement des travaux de l'Assemblée.
M. Rémillard: Pas formellement, en tout cas. Si je pouvais
avoir une réunion informelle, ça serait déjà
beaucoup.
M. Brassard: Est-ce que vous pourriez m'indiquer ce que signifie
le terme "formellement"?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Selon... Si je me réfère
à la loi, non, ce n'est pas possible.
M. Brassard: Bien, c'est ce que...
M. Rémillard: Mais, selon la bonne volonté de tout
le monde, peut-être qu'il sera possible de faire une réunion dans
le but d'organiser le travail pour la rentrée en août.
M. Brassard: Adopté.
Mme Harel: Est-ce possible de demander à laquelle des deux
commissions vous entendez consacrer l'essentiel de vos travaux?
M. Rémillard: Les deux
Mme Harel: Les deux, plus la réforme du Code civil.
Mme Caron: C'est ça.
M. Rémillard: Oui, oui, vous aussi madame.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 30...
Mme Harel: Moi, ce n'est pas sûr, là.
Le Président (M. Dauphin): L'article 30 est adopté.
J'appelle l'article 31.
M. Rémillard: "31. La présente loi entre en
vigueur..." - ici, nous allons mettre, évidemment, la date de la
sanction de la présente loi
Le Président (M. Dauphin): D'accord L'article 31 est
adopté. J'appelle maintenant le préambule du projet de loi.
Préambule
M. Brassard: J'ai un amendement quant à moi.
M. Rémillard: Un amendement à quoi? M. Brassard:
Au préambule. M. Rémillard: Au préambule.
M. Brassard: M. le Président, je propose l'amendement
suivant: Le préambule du projet de loi est modifié par la
suppression des treizième,
quatorzième, quinzième et seizième alinéas.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Je suis prêt à
vous entendre sur la recevabilité.
M. Rémillard: Est-ce qu'une telle proposition est
recevable? On m'informe ici que pour changer le préambule dune loi ou le
supprimer, seul le parrain ou le proposeur de la loi peut le faire. On
m'informe de ça. Est-ce qu'on peut le vérifier?
M. Brassard: J'aimerais bien avoir ça, moi, ces
décisions-là.
M. Rémillard: Oui, on peut le vérifier.
M. Brassard: Quelle est la jurisprudence là-dessus, M. le
Président?
Le Président (M. Dauphin): Là, on va justement
faire des vérifications, mais je suis prêt à vous entendre
sur la recevabilité.
M. Brassard: Ah bien! Moi, je n'ai rien à dire sur la
recevabilité. En toute déférence pour vous, M. le
Président, il me semble que j'ai le droit, en vertu de nos
règles, de proposer un amendement au préambule d'une loi. C'est
la première fois, là, que j'entends dire que, comme
député membre d'une commission, je n'ai pas le droit de proposer
un amendement à un préambule. Donc, dans ces
conditions-là, moi, il me semble que mon amendement est tout à
fait recevable. On peut suspendre quelques minutes, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, on va suspendre
l'équivalent de quatre ou cinq minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 28)
(Reprise à 22 h 36)
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que vous voulez attendre
encore quelques instants? Ça va aller.
Alors, relativement à la recevabilité de l'amendement du
député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de l'Opposition
officielle, évidemment, j'ai fait faire une étude des conseillers
en droit parlementaire, de plusieurs pages. Cette étude fait
référence à plusieurs auteurs en droit parlementaire et,
si vous me le permettez, je n'ai pas l'intention de tout vous lire ça,
mais je vais quand même lire certains paragraphes de cette recherche en
droit parlementaire.
Alors, nous faisons référence, entre autres, à
Beauchesne, qui mentionne, dans son traité intitulé
"Jurisprudence parlementaire", cinquième édition, qu'une fois
adoptés tous les articles et toutes les clauses, on se saisit du
préambule ou exposé des motifs. C'est ce que nous avons fait.
Nous étudions le préambule à la fin. Beauchesne ajoutait
que seraient irrecevables des modifications de fond au préambule,
à moins qu'elles ne paraissent nécessaires pour préciser
le texte ou à des fins d'uniformité. Ainsi s'exprimait d'ailleurs
l'honorable Lucien Lamoureux, orateur à la Chambre des communes, dans sa
décision du 19 janvier 1970.
Faut-il ajouter qu'une longue jurisprudence suggère fortement
qu'il n'est pas loisible à un honorable député de proposer
un amendement au préambule d'un projet de loi. À ce sujet, je
cite la dix-septième édition du traité de Sir Erskine May
sur la procédure et, plus particulièrement, ce paragraphe qui
figure, dis-je, à la page 548. "Des amendements peuvent être
apportés à toutes les parties du projet de loi, qu'il s'agisse
des articles ou des annexes. Des articles peuvent être supprimés
et de nouveaux articles et annexes ajoutés. Des amendements au
préambule et au titre sont également acceptables lorsqu'on a
apporté au projet de loi les amendements qui les rendent
nécessaires." Donc, un amendement de fond au préambule ne peut
pas être proposé, même en comité, mais une
modification proposée en guise de mise au point ou pour fins
d'uniformité ne tomberait pas sous le coup de l'ordonnance
formulée par May. May explique un peu plus loin qu'habituellement, les
amendements au préambule sont recevables s'ils découlent de ceux
apportés au projet de loi. J'ai encore plusieurs autres auteurs...
Et la conclusion de toutes ces études dit ceci, comme je l'ai
mentionné tantôt: La commission qui procède à
l'étude détaillée d'un projet de loi examine en premier
lieu tous les articles et toutes les clauses avant de se saisir du
préambule. On pourra alors y proposer des modifications découlant
de celles relatives aux articles préalablement adoptés. De plus,
les modifications de fond au préambule seraient irrecevables, à
moins - et ça fait cinq ou six fois que je le répète -
qu'elles ne paraissent nécessaires pour préciser le texte ou
à des fins d'uniformité, si effectivement le texte a
été modifié, le projet de loi comme tel.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Brassard: Je reprends vos derniers commentaires.
Effectivement, il me semble, en tout cas, je suis persuadé, convaincu
que l'amendement que je fais visant à retrancher certains
considérants que le gouvernement y a placés de son cru, que
ça a pour but justement de clarifier certaines dispositions du projet de
loi, de dissiper l'équivoque qui peut être présente
dans
certaines dispositions, certains articles du projet de loi, dont celui,
entre autres, sur la souveraineté. Le fait d'enlever ces
considérants-là aurait pour effet, quant à nous, de
clarifier les choses et de rendre plus clairs et plus transparents certains
articles du projet de loi.
D'autre part, je vous signale que Geof-frion - et, ça, ça
concerne quand même le Règlement de l'Assemblée
législative - indique que le préambule est une des parties d'un
bill public, ça fait partie d'un bill public. À l'article 564,
à la page 166, il dit: "Les différentes parties d'un bill public
sont examinées dans l'ordre suivant: 6° le préambule;"
Ça vient à la fin, comme on le fait présentement, mais
ça veut dire que c'est une des parties du bill. Il est également
indiqué, comme commentaire à l'article 566 concernant les
amendements, que chaque partie du bill peut être amendée. Chaque
partie du bill peut être amendée, le préambule étant
une partie du bill public. Mais je me raccroche, en plus, à vos propos
terminant votre décision ou vos commentaires. C'est que nous, on pense
qu'en retirant certains considérants, c'a pour but de clarifier la
portée, la signification et le sens des dispositions des articles qu'on
retrouve dans le projet de loi.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Brièvement, il faut tout d'abord se
souvenir de la raison d'être d'un préambule. En technique de
rédaction législative au Québec, nous utilisons
très rarement les préambules et lorsqu'on les utilise, c'est pour
des projets de loi bien spéciaux où on veut établir, par
le fait même, les grands principes qui peuvent guider le
législateur dans la rédaction d'un projet de loi. On sait que les
tribunaux ont interprété ces préambules comme étant
des sources de l'intention du législateur, mais ont bien
décidé que le préambule n'avait pas valeur de la loi.
C'est deux choses différentes. Aussi, lorsqu'on se réfère
aux annexes, c'est la même chose. Alors, dans ce contexte-ci, M. le
Président, c'est qu'il y a eu des préambules qui ont
été rédigés pour la loi 90 créant la
Commission Bélanger-Campeau. Et là, nous en avons ajouté
quatre et ces quatre considérants font partie du projet de loi que nous
venons d'étudier article par article.
Nous n'avons pas changé, dans notre projet de loi, des articles
qui nous obligent à modifier les considérants. C'est ça
qui est la jurisprudence parlementaire, M. le Président. Nous aurions
été obligés de changer les considérants ou
autorisés à le faire, dans la mesure où nous aurions
modifié la loi et que cette loi, par le fait même, aurait
nécessité des changements dans le préambule, puisque le
préambule annonce la loi. Comme dans un opéra, M. le
Président, vous entendez, dans le préambule, les grands airs,
quelques extraits des grands airs que vous allez ensuite entendre dans votre
opéra. Ça vous donne un avant-goût de ce que vous allez
voir dans le projet de loi. Un beau préambule, c'est comme une belle
ouverture d'opéra, M. le Président. Et, ici, je peux vous dire
que ça annonce fort bien le projet de loi 150.
Une voix: II y a des fausses notes dans votre ouverture.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Effectivement, après
avoir lu les résumés des différents auteurs, ce que je
comprends de la conclusion, c'est qu'on peut proposer des modifications
découlant de celles relatives aux articles préalablement
adoptés. C'est qu'effectivement, si nous avions modifié le texte,
modifié les différents articles... De mémoire, on a
modifié un article, faisant passer de trois à cinq les
représentants de l'Opposition officielle sur les commissions
parlementaires, mais c'est en fonction des articles modifiés qu'on doit
modifier les considérants, ce qui, je pense, n'a pas été
le cas aujourd'hui ni vendredi dernier. Alors, c'est dans ce sens-là que
je crois comprendre que, puisque nous n'avons pas modifié
substantiellement le texte, nous n'avons pas à modifier le
préambule, les considérants. C'est la compréhension que
j'ai des principes des différents auteurs. (22 h 45)
M. Brassard: M. le Président, moi, ce que j'affirme et ce
que je prétends, c'est que les articles du projet de loi n'ont pas
été changés, effectivement, entre autres, celui portant
sur le référendum, sur la souveraineté. Il n'a pas
été changé, j'en conviens, mais je prétends
qu'à cause des considérants que le gouvernement a ajoutés
au préambule, de son cru, ça a pour effet d'altérer le
sens et la portée de l'article du projet de loi. Il n'a pas
été amendé, l'article du projet de loi, mais les
considérants, certains considérants qu'on retrouve dans le
préambule ont pour effet, à mon avis, d'édulcorer,
d'altérer, de changer le sens de certains articles. Pour que le sens de
ces articles soit clair, sans équivoque, il nous apparaît
essentiel et nécessaire d'enlever certains considérants.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Je crois que votre interprétation était
beaucoup trop restrictive. Je ne pense pas qu'il soit possible de
déduire de ce que vous nous avez lu comme étant les commentaires
sur cette question, à savoir que les seules dispositions du
préambule qui peuvent être modifiées
sont celles qui se rapportent à des articles qui l'ont
eux-mêmes été. En fait, ce que les commentateurs disent,
c'est que le préambule est assujetti au projet de loi. Vous ne pouvez
pas jouer du tango dans le préambule et aller faire de la valse dans le
projet de loi. Il faut que ça se joue sur les mêmes thèmes.
Alors, vous ne pouvez pas introduire des amendements dans le préambule
pour vous éloigner du corps du projet de loi, mais personne, en tout
cas, dans les distingués et savants analystes que nous avons, ne
restreint l'interprétation au point de dire que vous ne pouvez modifier
des dispositions du préambule, qui se rapportent à des
dispositions de la loi qui auraient elles-mêmes été
modifiées. Non, ça, c'est abusif, en fait.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Mme la députée de
Hochela-ga-Maisonneuve parle de danser le tango avec le préambule.
Ça me fait penser au mot de Sacha Guitry qui se demandait pourquoi le
tango se danse debout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut que le
préambule se tienne.
Mme Harel: II se danse comment?
Une voix: Ou couché.
Mme Harel: Couché. Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Pour qu'il se tienne, le tango, pour qu'il
se tienne aussi, ce préambule, il faut qu'il se réfère
à une loi qui est là.
Mme Harel: Pas nécessairement à un article du
projet de loi, il peut se référer à l'ensemble du projet
de loi, mais il n'est pas nécessaire que cet article ait
été modifié. Je pense bien que le président
lui-même va en convenir.
M. Rémillard: Oui?
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Hull.
M. LeSage: Merci, M. le Président. Comme le mentionnait le
ministre tantôt, le préambule doit refléter les articles de
loi et si on enlevait les articles suggérés par le
député de Lac-Saint-Jean, on pourrait tout simplement enlever le
chapitre III et tout concorderait ensemble. Si on les laisse là, c'est
justement parce qu'on a voulu avoir le chapitre III. On a toujours
mentionné, suite à Bélanger-Campeau, qu'il y aurait deux
commissions: une pour étudier les offres - on y fait allusion dans le
préambule - et l'autre pour étudier les aspects de la
souveraineté - on y fait également allusion dans la
préampule. Moi, je pense que les deux vont de pair et qu'on ne peut pas
les dissocier. On ne peut rien enlever dans le préambule qui ne
reflète pas chacun et tous les articles du projet de loi.
Le Président (M. Dauphin): Alors, je vais vous lire un
autre passage d'un autre auteur, May, qui explique qu'habituellement, les
amendements au préambule sont recevables s'ils découlent de ceux
apportés au projet de loi, comme je le mentionnais tantôt. "Il
peut arriver occasionnellement qu'un préambule n'énumère
pas uniquement les objectifs poursuivis par le projet de loi, mais
décrive certaines intentions qui n'ont pas été incluses
dans le projet de loi lui-même. Lorsque cela se produit, les amendements
à cette partie supplémentaire du préambule ne sont pas
écartés, même s'ils n'ont aucun rapport avec les
amendements apportés à l'ensemble du projet de loi." Ce qu'on dit
en anglais, c'est: "Normally, amendments are admissible only if rendered
necessary by amendments made to the bill." Alors, je regrette, mais je
maintiens ma position de tantôt, Mme la députée.
Mme Harel: Est-ce que c'est une autorité? Vous ne citez
qu'un seul commentaire à cet effet, là.
Le Président (M. Dauphin): Bien, j'ai celui de M. le
député de Lac-Saint-Jean, tantôt, Geoffrion,
Beauchesne.
Mme Harel: Geoffrion ne dit pas la même chose que ce que
vous venez de nous citer. Comment s'appelle celui que vous venez de nous
citer?
Le Président (M. Dauphin): May, m-a-y.
Mme Harel: Ah bon, d'accord. Mais c'est le seul qui
interprète dans ce sens-là.
Le Président (M. Dauphin): Non, non, non. Beauchesne
aussi, la même chose.
M. Rémillard: Geoffrion est dans le même sens
aussi.
Mme Harel: Geoffrion n'est pas dans le même sens,
là. Geoffrion dit: "Chaque partie du bill peut être
amendée", et tout ce que Geoffrion ajoute: "Le titre et le
préambule d'un bill public sont subordonnés aux articles de ce
bill, mais les articles ne le sont pas au titre et au préambule." Alors
oui, il y a un effet de subordination...
M. Brassard: II y a un lien, mais ça ne veut pas dire que
tu ne peux pas amender.
Mme Harel: ...du titre et du préambule aux articles, mais
ça ne dit nulle part dans Geoffrion que vous ne pouvez modifier le
préambule que concernant un article qui aurait été
lui-même
modifié.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que...
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...la philosophie qui est derrière
votre décision, c'est exactement celle que vient de donner Mme la
députée en citant Geoffrion. C'est que le préambule est
subordonné au contenu de la loi. Par conséquent, si vous ne
changez pas le contenu de la loi, vous ne pouvez pas changer le
préambule. C'est exactement le principe qui est appliqué par May,
par Beauches-ne et par les autres. C'est exactement le même principe.
C'est ça.
Mme Harel: Alors, c'est ça. C'est que... Le
Président (M. Dauphin): À l'article...
Mme Harel: M. le Président, juste une seconde, mais
à l'inverse, si c'est ça l'interprétation, vous allez
faire jurisprudence. Ça veut dire que chaque considérant dans un
préambule doit être...
M. Brassard: ..relié.
Mme Harel: ...relié à...
M. Brassard: ...à un article de loi.
Mme Harel: ...soutenu à un article de loi.
M. Brassard: Passons-les en revue. Vous allez voir qu'il y en a
plusieurs qui n'ont aucun lien avec aucun des articles de la loi.
Mme Harel: Parce que sinon, on en arrive à l'absurde,
à une situation absurde où on pourrait prétendre qu'il
n'est pas possible de modifier le préambule parce qu'on ne peut pas
directement le relier à un article du projet de loi.
M. Rémillard: M. le Président, en...
Mme Harel: Et Geoffrion ne donne pas du tout
l'interprétation restrictive que le ministre vient de soutenir.
Geoffrion rappelle simplement que le préambule est subordonné aux
articles. Il ne dit pas: Le préambule... chaque considérant
à un article...
M. Rémillard: Non, non.
Mme Harel: C'est là une sorte de restriction qui n'est
d'aucune façon envisagée par Geoffrion.
M. Rémillard: Je suis très d'accord avec les
derniers propos, M. le Président, de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. C'est qu'il ne s'agit pas de relier un
considérant à un article, mais vous avez l'ensemble des
considérants qui donnent ouverture à l'ensemble de la loi. C'est
ça qui est prévu. Donc, si vous ne changez pas un article de la
loi, vous n'avez pas besoin de changer les considérants. Mais le
principe qui est établi par la jurisprudence, M. le Président -
et on me corrigera si j'interprète mal - c'est que si vous changez cette
loi et que, dans ce changement, dans cet amendement, il y a un
considérant qui est directement relié à ce changement,
vous devez changer le considérant. Mais vous ne devez pas voir un
considérant pour un article, comme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve vient de le dire. C'est l'ensemble des
considérants qui introduit l'ensemble de la loi.
Le Président (M. Dauphin): Alors, c'est effectivement une
majorité d'auteurs qui en arrive à cette conclusion-là. Je
suis d'accord avec vous que Geoffrion, même dans l'étude qu'on m'a
faite, parle strictement de l'ordre dans l'étude d'un projet de loi.
Comme le mentionnait le député de Lac-Saint-Jean, le
préambule arrive au sixième rang.
Mme Harel: M le Président, je peux vous citer
M. Brassard: Beauchesne, page 209
Mme Harel: ...Beauchesne dans l'édition de Fraser, Dawson.
Je ne sais pas si vous aimeriez entendre...
Le Président (M. Dauphin): Allez-y donc.
Mme Harel: ...mon anglais là. "Substantive amendments to
the preamble are inadmissible unless the modification is proposed for purposes
of clarification or uniformity." C'est ce que veut faire mon collègue,
le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Clarifier.
M. Rémillard: Oui, mais, M. le Président, la
clarification, elle s'impose lorsqu'il y a un amendement.
Une voix: C'est ça.
M. Rémillard: S'il n'y a pas d'amendement, je ne vois pas
pourquoi on clarifierait, M. le Président.
Une voix: Pas du tout.
M. Rémillard: Et c'est ça qui est le grand danger,
c'est que si... Regardez, M. le Président, simplement la logique.
Mme Harel: Ce n'est pas ce que dit Beau-chesne.
M. Rémillard: Regardez bien.
Mme Harel: Beauchesne ne dit pas qu'il faut un amendement.
M. Rémillard: Je pense que ces auteurs-là
établissent simplement des règles qui sont très logiques.
Le préambule est là pour introduire la loi. Le préambule
est soumis à la loi. Par conséquent, si on vient d'étudier
article par article la loi et qu'on ne change rien... Tout ce qu'on a
changé, on a ajouté deux députés de plus du
côté de l'Opposition, sans droit de vote. Alors, par
conséquent, M. le Président, on n'a pas à toucher les
considérants, puisque si on touchait les considérants, on
viendrait changer le projet de loi qu'on n'a pas changé de fait.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, il n'y a rien qui indique...
Là, il faudrait prendre la parole du ministre et croire sans
réserve que les considérants qu'il a mis dans la loi, c'est
parfait, c'est tout à fait conforme et que ça rend les choses
claires. C'est une question purement d'opinion. Notre opinion est contraire,
nous. C'est une question d'appréciation. Notre appréciation,
c'est que les considérants qu'il a mis dans la loi, c'a eu pour effet
d'obscurcir le sens de certains articles...
Une voix: De les rendre plus équivoques.
M. Brassard: ...de les rendre moins clairs...
Une voix: Et plus flexibles.
M. Brassard: C'est une question d'opinion. Alors, donc, je veux
clarifier, je veux enlever des considérants, rendre ça plus
clair. Le ministre plaidera que je n'ai pas raison et il fera voter sa
majorité contre mon amendement. Mais il me semble que c'est tout
à fait conforme à ce que Beauchesne dit. On peut proposer des
amendements au préambule, si on pense qu'en les proposant on apporte des
clarifications, on clarifie certains articles du projet de loi.
M. Rémillard: M. le Président.
M. Brassard: C'est ça mon opinion.
M. Rémillard: M. le Président.
M. Brassard: Elle vaut celle du ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean, comme Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, saute un paragraphe. Ils vont au paragraphe 2 avant
d'avoir lu le paragraphe 1. Je vais le lire. J'ai ici le texte français.
Je m'excuse, mais je vais le lire: "Une fois adoptés tous les articles
et toutes les clauses, on se saisit du préambule ou exposé des
motifs...
M. Brassard: Beauchesne?
M. Rémillard: Oui, Beauchesne. "Il est alors dans l'ordre
d'y proposer les modifications qui sembleraient découler obligatoirement
de celles qui auraient été antérieurement adoptées.
Le président, en la circonstance, pose la question: "Le préambule
est-il adopté?."
Une voix: Adopté.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ah! La version française.
Mme Harel: Là, on va comparer nos versions parce que
ça n'a rien à voir avec la version anglaise de Beauchesne. Ce que
vous nous lisez, c'est lorsqu'il n'y a pas de préambule.
M. Rémillard: Bien non, bien non. On ne peut pas demander:
Êtes-vous d'accord avec le préambule s'il n'y a pas de
préambule parce que là, on serait vraiment dans une situation
difficile.
On a des légistes qui sont avec nous, M. le Président, qui
nous écoutent là. Est-ce que vous avez des choses pour nous
éclairer, nos légistes, nos spécialistes du Bureau des
lois?
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Harel: Je demanderais au ministre de poursuivre.
Une voix: C'est ça.
Mme Harel: Poursuivez donc en français.
M. Rémillard: Sans jeu de mots, si on demande au ministre
de la Justice de poursuivre, c'est une chose. Alors, 3...
Mme Harel: À 2.
M. Rémillard: À 2: "Seraient irrecevables des
modifications de fond au préambule, à moins qu'elles ne
paraissent nécessaires pour préciser le texte ou à des
fins d'uniformité."
Mme Harel: Exactement. Préciser le texte. Alors...
M. Rémillard: Et 3: "II n'est pas loisible au
comité de joindre un préambule à un projet ou
à une proposition de loi qui n'en comporterait pas à
l'origine.
Mme Harel: Voilà!
M. Rémillard: Et voyons... Voyons... 3, ça se
termine à 3.
Mme Harel: 2, préciser le texte.
M. Brassard: 2 est tout à fait... 2 s'applique très
bien.
M. Rémillard: M. le Président, il faut bien
comprendre qu'on ne peut pas isoler 2. On dit: 2 fait notre affaire, on prend
2. Mais si 2 existe parce qu'il y a 1...
Mme Harel: Non, non, non. M. Brassard: C'est trois
règles différentes. Mme Harel: C'est trois règles
distinctes. M. Rémillard: Bien non. Bien non. Mme Harel:
C'est dans tous ces cas-là.
M. Rémillard: Écoutez, moi, je m'en remets au
président. Je pense qu'on a tous plaidé ce qu'on avait à
plaider, M. le Président. On s'en remet à votre décision
éclairée.
Le Président (M. Dauphin): Je vais rendre ma
décision, vous allez probablement être déçus, mais
dans deux ou trois minutes. Je vais faire une dernière
vérification et je vous reviens. Je suspens trois ou quatre minutes.
(Suspension de la séance à 23 heures) (Reprise à 23
h 7)
Le Président (M. Dauphin): Alors, la commission reprend
ses travaux et le président est prêt à rendre sa
décision sur la recevabilité de l'amendement du
député de Lac-Saint-Jean.
Alors, il est clair que, selon la majorité des auteurs en
jurisprudence parlementaire, des amendements possibles à un
préambule doivent être interprétés restrictivement -
et dans ma compréhension, c'est que le préambule pourrait
être modifié. Évidemment, si c'était une
modification de forme, ce serait recevable, mais puisqu'il s'agit d'une
modification de fond, c'est-à-dire que M. le député nous
propose de biffer des considérants, de biffer des parties du
préambule... S'il s'agissait de clarifier des amendements
déjà apportés au projet de loi, à ce
moment-là, on pourrait l'interpréter de cette
façon-là mais, comme je l'ai mentionné tantôt, le
seul amendement que j'ai vu, c'est celui qui était relatif à
l'augmentation du nombre de représentants de l'Opposition officielle.
Donc, il faut que ce soit interprété restrictivement, selon la
majorité des auteurs. L'amendement serait recevable s'il s'agissait de
clarifier des amendements apportés au projet de loi. Donc, ce n'est pas
le cas. Donc, l'amendement est jugé irrecevable.
M. Brassard: M. le Président, on peut quand même
parler sur le préambule.
Le Président (M. Dauphin): Oui
M. Brassard: Très rapidement, au moins pour que dans le
Journal des débats apparaissent les motifs qui nous incitent
à refuser ce préambule et les motifs qui nous incitaient à
proposer que les considérants qui ont été ajoutés
par le gouvernement soient biffés. Si ces considérants avaient
été biffés, si le gouvernement avait accepté de
biffer ces considérants, je pense qu'on aurait peut-être
commencé à croire un peu que le gouvernement était
sérieux dans sa volonté de tenir un référendum sur
la souveraineté, quelque part en 1992...
Mme Harel: Pour le gagner.
M. Brassard: ...avec l'intention ferme de le gagner d'abord et en
manifestant de façon très claire son intention de voter oui et de
se situer, donc, dans le camp du oui. On se serait retrouvés, à
ce moment-là, sur les mêmes tribunes. Non seulement le
gouvernement refuse de biffer ces considérants qui
génèrent malentendus, ambiguïtés et
équivoques, non seulement il refuse, mais en plus il accentue, il
consolide nos doutes et notre méfiance parce qu'il n'est même pas
capable de nous dire, au moment de la tenue du référendum sur la
souveraineté, dans quel camp il va se situer.
On a essayé vendredi dernier, pendant une heure, de faire dire au
ministre qu'on le prenait au mot, qu'on prenait pour acquis qu'il y avait un
référendum sur la souveraineté. On n'a même pas
été capables de savoir dans quel camp il se situait. Il n'a
même pas daigné nous aviser qu'il allait voter oui. On ne le sait
pas. On ne sait pas dans quel camp il va se situer. Voilà un
gouvernement qui prétend s'engager à tenir un
référendum sur la souveraineté sans avoir la conviction
que c'est la bonne solution, sans daigner nous aviser qu'il va voter oui - on
ne le sait même pas - et sans nous garantir que son intention ferme et sa
détermination, c'est de gagner ce référendum-là et
de faire que la souveraineté devienne effective le plus tôt
possible.
Alors, comment voulez-vous qu'on croie le gouvernement? Manifestement,
par les considérants qu'il a ajoutés, le gouvernement a pris soin
de placer dans le projet de loi toutes les voies
de sortie dont il a besoin, toutes les sorties d'urgence, les voies de
contournement. Alors, en d'autres termes, il nous dit: Voici, je suis sur
l'autoroute 20. Ma direction, c'est Montréal, mais je vous avertis par,
exemple que la prochaine bifurcation, je la prends. Le référendum
sur la souveraineté, c'est Montréal, c'est la destination. Mais
il nous dit tout de suite: Je file dans cette direction-là, mais en
même temps, je vous avise que si je vois un détour, une voie de
contournement, la prochaine sortie, c'est ça que je prends, même
si ça aboutit dans le champ, dans un marécage ou dans une savane.
C'est ça là que je prends. Je n'ai pas le goût du tout de
me rendre à destination.
C'est ça qu'il nous dit dans ses considérants qu'il a
ajoutés: Je n'ai pas le goût du tout, je n'ai pas la motivation de
me rendre à cette destination-là. Moi, ce que je veux, c'est
renouveler le fédéralisme. C'est ça qu'il nous dit. C'est
sa conviction, c'est son choix. Il enclenche un processus de révision du
fédéralisme, il s'engage, il s'implique dans ce
processus-là. C'est ça qu'il souhaite, c'est ça qu'il
veut, c'est ça qui le motive, et dans tout ça, le
référendum sur la souveraineté, ça devient comme un
élément stratégique pour forcer des offres, essayer de
faire peser une contrainte plus ou moins efficace sur le Canada anglais et le
gouvernement fédéral pour obtenir des offres que le gouvernement
va s'empresser de juger intéressantes.
Et ça aussi, c'est un autre danger qui nous guette, c'est que je
crains beaucoup que le gouvernement considère n'importe quelle offre qui
nous arrive comme étant mirobolante, extraordinaire, historique, unique,
qu'il faut sauter dessus les bras ouverts et qu'il faut accepter ces
offres-là même si, à l'analyse, ça va
s'avérer des choses bien modestes et bien insignifiantes. C'est tout ce
qui peut nous venir du Canada anglais. On pourrait se retrouver avec une
situation semblable à celle qu'on a connue concernant l'accord du lac
Meech. L'accord du lac Meech, c'est intéressant ce que Peterson a dit
dans The Toronto Star. Peterson, l'ancien premier ministre de l'Ontario.
Maintenant, il n'a plus de responsabilités, il est dégagé,
il peut dire ce qu'il pense. Alors, il a dit au Canada anglais: Vous auriez
dû accepter Meech, vous n'auriez jamais dû refuser ça.
"Meech was peanuts." C'étaient des "peanuts". Il n'y avait rien
là-dedans, des "peanuts". Alors, donc, le danger, c'est qu'on se
retrouve encore avec des "peanuts" sur la table, un plat de "peanuts" et que le
gouvernement fasse passer ces "peanuts-là" pour des friandises
extraordinaires et nous les présente comme telles. On connaît les
talents du ministre à cet effet-là, talents de metteur en
scène et de bon scénariste. Alors, il va sauter là-dessus,
sur l'occasion. (23 h 15)
Donc, premièrement, on est dans un processus de révision
du régime fédéral, pas du tout dans une démarche
vers la souveraineté, pas du tout. Ce n'est pas ça. Les
considérants sont clairs là-dessus. C'est pour ça qu'on
voulait les faire enlever. Qu'on soit sérieux et puis que l'article 1
veuille dire vraiment ce que ça veut dire. Mais là, le sens en
est complètement altéré. On est dans un processus de
révision du régime fédéral et non pas dans une
démarche vers la souveraineté.
Dans le cadre de ce processus de révision du régime
fédéral, le référendum sur la souveraineté
est une menace qu'on fait planer pour contraindre le Canada anglais à
faire des offres qu'on va s'empresser de juger acceptables et qui pourraient
être fort modestes. Compte tenu du contexte qui prévaut au Canada
anglais, ça ne sera pas une révision en profondeur ou
substantielle qu'on va nous proposer. Ça va être très
modeste, minimum, mineur. Comme le gouvernement a déjà
considéré comme historique et extraordinaire l'accord du lac
Meech qui était, selon Peterson, des "peanuts", alors, une proposition
s'en rapprochant ou semblable va provoquer l'extase chez le gouvernement aussi,
la pâmoison, et il va s'empresser de sauter là-dessus et de faire
en sorte de ne pas respecter l'article 1 de ce projet de loi.
C'est pour ces raisons-là et c'est à cause de ces
considérants-là que nous, on ne peut pas embarquer
là-dedans. On n'embarquera pas dans cette galère-là. C'est
une galère qui nous mène vers la révision du régime
fédéral puis une révision très modeste de ce
régime-là. Compte tenu de nos convictions, c'est évident
qu'on ne peut pas s'associer, ni cautionner cette démarche-là qui
est enclenchée et mise en branle par le projet de loi 150.
Par conséquent, le préambule ne nous convient pas. Le
préambule contient trop d'éléments qui confirment nos
appréhensions, nos inquiétudes, nos doutes et notre
méfiance à l'égard du gouvernement. Comme on n'a pas pu
l'amender, c'est évident qu'on va voter contre.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, on ne peut pas
reprocher au député de Lac-Saint-Jean d'être illogique. Il
est logique. L'Opposition a voté contre la conclusion de
Bélanger-Campeau en fonction des deux voies possibles: le
fédéralisme profondément renouvelé ou la
souveraineté. Par conséquent, tout ce qui regarde ces deux voies
possibles dans le projet de loi, ils ont voté contre. Ils ont
voté en faveur de l'article 1, qui prévoit la
souveraineté, et voté à l'encontre de ce qui regarde les
deux voies possibles. C'est exactement ce qu'ils avaient fait à
Bélanger-Campeau; ils le refont ici. C'est donc tout à fait
acceptable comme façon de procéder et je n'en
veux pas à cette façon de procéder.
Ce que je veux simplement dire, M. le Président, c'est
qu'à ce moment-là, il faut comprendre la démarche de
l'Opposition. La démarche de l'Opposition, c'est de dire: Nous, tout ce
qui nous intéresse dans le projet de loi 150, c'est le
référendum sur la souveraineté qui va avoir lieu au plus
tard en octobre 1992. À part ça, les deux voies
parallèles, les deux possibilités qui s'offrent à nous,
ça, ça ne nous intéresse pas. On n'est pas
intéressés à faire, en commission parlementaire,
l'étude de ces deux voies. Ça, ça ne nous intéresse
pas.
En conclusion, M. le Président, donc, le député de
Lac-Saint-Jean nous dit bien: Nous, on ne peut pas être pour les
considérants parce que les considérants nous amènent
à ces deux voies-là. Mais, M. le Président, lorsqu'il
parle du fédéralisme renouvelé et des offres qu'on
pourrait avoir, j'ai l'impression que le député de Lac-Saint-Jean
et les membres de l'Opposition ont tellement peur - je ne sais pas trop - qu'on
accepte n'importe quoi ou... Mais écoutez, M. le Président, ils
peuvent avoir leur opinion sur le gouvernement. C'est leur affaire, c'est
normal, c'est l'Opposition, mais...
M. Brassard: Elle est bien mauvaise, bien mauvaise...
M. Rémillard: Ah oui, très bien, et je la comprends
très bien.
M. Brassard: Elle est aussi mauvaise que le taux de satisfaction
à l'égard du gouvernement.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, mais ce que je
voudrais dire au député de Lac-Saint-Jean, c'est qu'il faudrait
quand même qu'envers le peuple québécois, son opinion soit
conforme au fait qu'il y a un peuple formé de Québécoises
et Québécois intelligentes et intelligents. C'est des gens qui
sont capables de comprendre ce qui se passe, il ne faut pas prendre les
Québécois pour des caves. Voyons donc! Pensez-vous que... Vous me
dites: Ils vont accepter n'importe quoi.
Vous avez évidemment beaucoup de respect pour mes talents et je
vous en remercie. Mais de là, M. le Président, de là
à me donner de tels talents, à présenter n'importe quoi
aux Québécois et on risquerait de faire passer ça, je vais
vous dire, M. le Président, voyons donc si on peut tromper un peuple
tout entier comme ça. Les commissions parlementaires vont avoir lieu
publiquement. On va discuter publiquement. Et, M. le Président - je ne
veux pas être trop long - je veux simplement dire que les
considérants, il y en a présentement 17. Là-dessus, il y
en a 16 qui sont des principes. Le dernier n'est pas un principe; c'est un
constat. Vous en avez 16 qui sont des principes. Sur les 16, M. le
Président, il y en a 12 qui se retrouvaient dans Bélanger-Campeau
et qui exprimaient les grands principes qui nous ont amenés à
créer la Commission Bélanger-Campeau. Il en reste 4.
Bélanger-Campeau était l'étude d'une situation. Nous en
sommes maintenant à mettre en place législa-tivement les
conclusions et la recommandation de cette commission d'étude. Donc, nous
sommes à l'action et le gouvernement a insisté sur deux grands
principes en particulier: la souveraineté de l'Assemblée
nationale pour disposer de toute question référendaire et la
possibilité pour le gouvernement d'agir dans les meilleurs
intérêts des Québécois et des
Québécoises. Est-ce qu'on peut être contre ça, M. le
Président? C'est essentiellement ce que nous avons discuté, ce
que nous avons dit, ce que nous avons décidé dans
Bélanger-Campeau, et le préambule n'est là que pour
illustrer le contenu de la loi 150 que nous avons vue article par article.
M. le Président, je termine en disant qu'en bout de piste, c'est
le peuple québécois qui décide et, par conséquent,
le groupe, le parti politique qui essaierait par quelque moyen que ce soit de
tromper ce peuple, il en paierait le prix. Je sais que ni l'Opposition, ni de
notre côté à nous, non seulement parce qu'on ne veut pas en
payer le prix, mais par respect pour le travail que nous faisons comme
parlementaires, nous ne sommes intéressés à tromper les
Québécois. Donc, par conséquent, il y a à pouvoir
établir un rôle qui est le nôtre comme parlementaires et
à pouvoir jouer ce rôle. Pour nous, M. le Président, c'est
ces deux commissions parlementaires et c'est ce référendum
à l'article 1, et le tout est annoncé par les considérants
qui sont là, et chacun de ces considérants a sa place en fonction
de notre démocratie et de notre régime parlementaire.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Le ministre qui fait sans cesse appel à la
démocratie et qui, à tout bout de champ, proclame l'intention du
gouvernement de consulter la population, si je me souviens bien, vous ne l'avez
pas consultée sur Meech. Vous étiez moins démocrates que
maintenant sur Meech. Vous l'avez accepté, vous l'avez signé et
vous l'avez passé avec un bâillon, avec une guillotine et une
suspension des règles à l'Assemblée nationale, à la
fin du mois de juin, en fin de session, et bonjour, merci beaucoup. Vous
étiez moins démocrates que maintenant, à ce
moment-là.
M. Rémillard: M. le Président, je m'excuse.
Premièrement, le 2 décembre 1985, le gouvernement a
été élu avec un programme électoral
prévoyant les cinq conditions. Nous avons...
Mme Harel: Vous voulez dire que le gouver-
nement précédent a été battu.
M. Rémillard: Si on me permet... Si on me permet juste
de...
Le Président (M. Dauphin): Je vais vous reconnaître
après, madame.
M. Rémillard:... terminer.
Mme Harel: C'est le gouvernement précédent qui a
été battu.
M. Rémillard: Si on me permet juste de terminer. Et, par
conséquent, nous avons, par l'entente du lac Meech,
concrétisé cette partie de notre programme électoral. Il y
a eu commission parlementaire, souvenez-vous. Pendant 38 heures, il y a eu
commission parlementaire où nous avons étudié avec des
experts choisis par l'Opposition comme choisis par le gouvernement... Vous vous
souvenez très bien.
M. Brassard: Je m'en souviens très bien. Oui, oui. Mais il
n'y a pas eu de consultation du peuple.
M. Rémillard: Et ensuite, oui... M. Brassard:
Non.
M. Rémillard:... il y a eu des élections en 1989 et
nous avons été reportés au pouvoir. M. le
Président...
Mme Harel: C'était après.
M. Rémillard:... comment interprétez-vous
ça, vous?
Mme Harel: C'était après.
M. Rémillard: Mais oui, mais si c'est après, c'est
encore mieux que si c'est avant. Il y en a eu une avant et il y en a eu une
après. Vous avez eu deux élections et vous avez eu une commission
parlementaire au milieu.
M. Brassard: Aux prochaines élections, vous allez vous
faire balayer. Comment allez-vous interpréter ça?
M. Rémillard: Ça, premièrement, faites bien
attention!
M. Brassard: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Regardez bien ça. Ne vous en faites
pas. Vous faites tellement bien votre rôle dans l'Opposition, on
l'apprécie tellement que vous allez y rester longtemps.
Mme Harel: Et c'est intéressant, votre argumentation,
parce que...
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, c'est intéressant parce
qu'à l'utiliser comme le ministre fait, je dois donc conclure que quand
nous nous ferons élire avec notre programme qui, clairement, propose la
souveraineté, c'est qu'on aura un mandat pour la réaliser.
M. Rémillard: Faux!
Mme Harel: Alors...
M. Rémillard: Complètement faux...
Mme Harel: Alors...
M. Rémillard:... et c'est là un sophisme, M. le
Président, que je veux corriger si la députée...
Mme Harel: Aie!
M. Brassard: Oh! Oh! Oh! Oh!
M. Rémillard:... de Hochelaga-Maisonneuve me le
permet.
M. Brassard: Deux poids, deux mesures. Une voix: Le
syndrome Ghislain Dufour.
M. Rémillard: Absolument pas. Absolument pas, M. le
Président. Changer l'avenir d'un peuple de cette façon-là
alors qu'il y a déjà eu un référendum en 1980, sur
le plan de la légitimité autant que sur le plan de la
légalité, c'est impossible si ce n'est par un autre
référendum. Impossible de faire la souveraineté du
Québec si ce n'est par un autre référendum,
complètement impossible. Tout gouvernement qui procéderait sans
référendum procéderait d'une façon
illégitime et ce serait non seulement un accroc à la
démocratie, mais ce serait même impensable en fonction de notre
système démocratique de procéder ainsi.
M. Brassard: Ce serait un accroc aussi que d'accepter des offres
sans les soumettre à la consultation populaire.
Mme Harel: Surtout que là, vous n'avez plus aucun
mandat.
M. Brassard: Les offres de renouvellement, c'est aussi
illégitime et antidémocratique.
Mme Harel: Parce que là, vous n'avez plus de mandat,
ça, on en convient, depuis l'échec de Meech.
M. Rémillard: M. le Président, on demeurerait
à l'intérieur d'un régime fédéral. Il y
aurait des élections qui auraient lieu dans un avenir quand même
pas très très éloigné de 1992, et le gouvernement
serait jugé par l'électorat à ce moment-là. C'est
l'électorat, donc, qui, par conséquent, se prononcera sur ces
situations. Mais il n'est pas question d'élections, M. le
Président. Il est question de référendum.
M. Brassard: Si je vous comprends bien, pour faire la
souveraineté, pour faire l'indépendance, il faut une consultation
formelle de la population. Je suis d'accord avec ça.
Mme Harel: Moi aussi. M. Rémillard: Bien oui.
M. Brassard: Je suis d'accord avec ça. C'est comme
ça qu'on doit procéder dans une société
démocratique. Mais par contre, pour faire une révision, comme
vous dites, en profondeur du régime fédéral, ça, le
gouvernement peut procéder sans appel au peuple...
Mme Harel: Sans mandat...
M. Brassard:... sans mandat, sans consulter la population.
M. Rémillard: Je n'ai pas dit ça, M. le
Président. Je n'ai pas dit ça. Je n'ai pas dit ça du tout,
du tout.
M. Brassard: Non?
M. Rémillard: Mais c'est strictement hypothétique.
Mais je n'ai pas dit ça.
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Le préambule est
adopté sur division. Je crois qu'avant d'adopter, là, trois
autres items, il y a des amendements. M. le ministre?
Amendements de concordance au texte anglais
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Il s'agit de
modifications de certains articles en anglais. C'est la traduction qui n'est
pas conforme.
Une voix: Ma collègue de Hochelaga-Mai-sonneuve va en
vérifier la validité.
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): On pourrait les distribuer aux
parlementaires.
M. Rémillard: Est-ce qu'il faut les voir un par
derrière l'autre?
Le Président (M. Dauphin): Seulement qu'un article?
M. Rémillard: II y en a quelques-uns. Est-ce qu'il faut
les voir chacun, voter sur chacun? Alors, on peut les adopter en bloc.
Le Président (M. Dauphin): On pourra les adopter en bloc
peut-être ou les remettre, les trois?
M. Rémillard: Alors, on peut les adopter en bloc.
M. Brassard: Vous voyez qu'on se fie parfois sur vous. Vous voyez
qu'on se fie parfois sur vous.
M. Rémillard: J'en suis touché. Une voix: II
y en a combien?
Le Président (M. Dauphin): II y en a trois, il y en a
trois en tout.
M. Brassard: Mais je vais d'abord attendre l'approbation de M.
Libman, le député de D'Arcy-McGee. En anglais, lui, je lui fais
confiance. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Article 10, article 27...
Une voix: II y en a un autre.
Le Président (M. Dauphin): Puis le préambule.
Une voix: Yes
M. Rémillard: II y a une motion aussi, M. le
Président, de renumérotation à cause de 23 1
Le Président (M. Dauphin): Alors, est-ce que les
amendements à l'article 10, texte anglais, l'article 27, texte anglais,
et au préambule sont adoptés?
M. Rémillard: Adopté M. Brassard:
Adopté
Le Président (M. Dauphin): Alors, les amendements sont
adoptés. Le préambule a été adopté, tel
qu'amendé. Alors, maintenant, est-ce que les intitulés des
chapitres, sections et sous-sections du projet de loi sont adoptés?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté? M. Brassard:
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi, tel qu'amendé, est adopté?
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Sur division. Si je comprends
bien, M. le ministre, vous faites une motion de renumérotation du projet
de loi amendé.
M. Rémillard: C'est ça, à cause de l'article
23. 1, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Est-ce que c'est
adopté, cette motion?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Alors,
j'aimerais vous remercier de votre assiduité et dire que la commission
des institutions a accompli son mandat et ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 31)