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(Dix heures deux minutes)
Le Président (M. Dauphin): Je déclare la
séance de la commission des institutions ouverte, qui pour a pour
mandat, ce matin, de procéder à l'étude du rapport
sommaire de la Commission de la représentation électorale du
Québec sur la délimitation des circonscriptions et entendre,
à cette fin, la Commission de la représentation
électorale. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Blais
(Masson) est remplacé par M. Boisclair (Gouin) et Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve) par M. Chevrette (Joliette).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. J'aimerais tout
d'abord souhaiter la bienvenue au président de la Commission de la
représentation électorale du Québec. Suite à une
entente avec les deux groupes parlementaires et le député de
Westmount, vous pouvez dès le début faire votre
présentation. Ensuite, nous demanderons au ministre
délégué à la Réforme électorale, au
porte-parole de l'Opposition et à d'autres membres de la commission
s'ils ont des commentaires à faire.
Je vous demanderais, M. le président, de nous présenter
les personnes qui vous accompagnent.
M. Chevrette: II y aurait un autre changement, M. le
Président: remplacer M. Trudel par M. Beaulne.
Audition
Le Président (M. Dauphin): C'est fait. Comme je le
mentionnais, M. le président, je vous invite à nous
présenter les personnes qui vous accompagnent et à faire votre
présentation par la suite.
Commission de la représentation
électorale du Québec
M. Côté (Pierre-F.): Je vous remercie, M. le
Président. À ma droite, M. Guy Bourassa, commissaire à la
Commission de la représentation électorale; à ma gauche,
M. Marc Lessard, qui est également commissaire. Nous trois formons la
Commission. À côté de M. Lessard, c'est M. Eddy
Giguère, secrétaire de la Commission de la représentation
électorale, et à côté de M. Giguère, M.
Jean-Luc Lemieux, adjoint au président de la Commission.
M. le Président, pour faire suite à votre demande de
procéder à une présentation tout de suite, j'aurais
peut-être une suggestion à faire. On envisage peut-être deux
façons de procéder, au tout début. J'ai ici une couple de
pages qui sont des notes, un résumé de présentation, en
tenant pour acquis que Mme et MM. les membres ont lu notre rapport. L'autre
façon, ce serait de regarder le rapport en diagonale, si vous croyez que
ça peut être nécessaire.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que vous avez une copie
de vos notes?
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
Le Président (M. Dauphin): Nous pourrions suivre en
même temps.
M. Côté (Pierre-F.): On peut peut-être
procéder simplement avec nos notes et se référer au
rapport par la suite, s'il y a lieu?
M. Chevrette: Oui, oui.
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
M. Côté (Pierre-F.): D'accord.
M. Chevrette; Avez-vous eu peur de manquer votre rendez-vous de
ce matin? Vous pourriez nous conter ça après.
M. Côté (Pierre-F.): Un peu. La situation est un peu
délicate dans le pays où j'étais. Finalement, j'ai
trouvé le moyen de revenir en catastrophe.
M. Chevrette: On sait tout, ici.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, oui. Je devine.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ce n'étaient pas nos tontons qui nous
informaient, mais c'était... On l'a. O.K. M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, M. le
président.
M. Côté (Pierre-F.): D'après la liste
électorale en vigueur lors des dernières élections, le
Québec compte 467 690 électeurs répartis - voyons! il
manque un chiffre, c'est 4 000 000; il manque juste un zéro - c'est 4
670 690 - je m'excuse de cette erreur de frappe - répartis
dans 125 circonscriptions, soit une hausse de 2,06 % par rapport
à 1985 et un nombre moyen de 37 366 électeurs par
circonscription. Selon les limites fixées à l'article 16 de la
Loi électorale, une circonscription ne peut donc contenir plus de 46 707
ou moins de 28 024 électeurs.
Les données du recensement de 1989 nous indiquent que,
évidemment sans prendre en considération les
Îles-de-la-Madeleine qui constituent une exception exprimée telle
quelle dans la loi, 13 circonscriptions ont un nombre d'électeurs qui
dépasse les limites établies par la loi. Sur ce nombre, 8
circonscriptions comportent des écarts positifs excédant le plus
ou moins 25 % et 5, des écarts négatifs excédant le moins
25 %.
Les données recueillies révèlent de plus que les
électeurs se répartissent de façon inégale sur le
territoire. Ainsi, la zone périurbaine de Québec et encore, plus
celle de Montréal ont des moyennes d'électeurs très
élevées. À l'inverse, on observe un faible nombre
d'électeurs en Gaspésie, ce qui s'explique par la stagnation
démographique, voire le dépeuplement des milieux ruraux. Le
nombre d'électeurs est relativement faible, également, dans les
circonscriptions des centres-villes, principalement celui de
Montréal.
Si les tendances se maintiennent et que les circonscriptions conservent
le même taux d'évolution du nombre d'électeurs qu'elles ont
enregistré entre 1985 et 1989, on dénombrera, d'ici quatre ou
cinq ans, au moins une trentaine de circonscriptions qui auront
dépassé la norme de plus ou moins 25 %.
La Commission de la représentation est donc d'avis qu'il y a lieu
de procéder à une nouvelle délimitation des
circonscriptions - à moins, évidemment, que ce matin vous ne
réussissiez à nous convaincre du contraire - afin d'assurer le
respect des critères établis au chapitre I du titre II de la Loi
électorale. Ça s'appuie principalement sur les trois motifs
suivants.
L'absence de raisons suffisantes pour justifier les exceptions au sens
de la Loi électorale. Vous me permettrez d'apporter une précision
ici, M. le Président. Il est arrivé dans le passé que la
Commission a accepté un certain nombre d'exceptions. Dans notre rapport,
nous expliquons pourquoi on ne peut pas envisager actuellement de le faire,
principalement à cause des nouvelles données de la Charte des
droits et libertés et plus particulièrement à cause d'un
jugement qui est intervenu en Colombie-Britannique et qui, on est certains, va
faire jurisprudence.
Le deuxième motif est l'article 15 de la loi qui stipule que les
circonscriptions doivent être délimitées en tenant compte
des limites des municipalités locales. Évidemment, c'est un
caractère un peu plus technique, si on veut, mais c'est une raison qui
s'ajoute.
Et l'article 14 prévoit que l'ensemble du territoire
québécois doit être divisé en circons criptions
électorales. Ça vous surprendra peut-être qu'on emploie
cette expression, mais tout le Nord du Québec n'est pas inclus dans une
circonscription électorale. Or, la nouvelle loi qui a été
adoptée en avril dernier se lit de façon différente de ce
qu'elle se lisait autrefois On dit: "Le Québec est divisé en
circonscriptions électorales". Alors, il faudra que le Nord soit compris
dans cette délimitation, ce qui, par exemple, va créer certains
maux de tête en ce qui concerne la frontière
Québec-Labrador.
Étant donné que le nombre de circonscriptions, toujours
d'après la loi actuelle, ne peut dépasser 125, la nouvelle
délimitation entraînera une redistribution de circonscriptions
entre certaines régions du Québec. L'ajout de nouvelles
circonscriptions dans les régions où la population a
augmenté de façon considérable devra être
compensé par le retrait d'autant de circonscriptions dans les secteurs
les moins peuplés.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup,
M. le président. M. le ministre, est-ce que vous avez des
remarques préliminaires à faire ou procédez-vous à
des échanges tout de suite?
Remarques préliminaires
M. Côté (Charlesbourg): M le Président, je
dois dire d'abord que je suis très heureux que l'on puisse,
malgré les aléas de la vie. tenir la commission parlementaire co
matin, dans le but d'informer les parlementaires sur l'état de
l'évolution des réflexions de la Commission sur la situation des
circonscriptions électorales du Québec, en particulier au
lendemain de l'élection, puisque c'est la loi qui l'oblige, tout en
rappelant à nouveau à chacun des députés que nous
ne sommes pas dans une situation où la loi permet d'augmenter le nombre
de sièges, parce qu'il est déjà très clairement
établi dans la loi, maintenant, ce qui n'a pas toujours
été le cas.
Ce que fait la Commission, ce matin, c'est ce que la loi l'oblige
à faire, en ce sens que c'est un processus qui est très,
très bien établi et qui doit se poursuivre, à moins de
décision contraire, jusqu'en 1991. On aurait à ce
moment-là une nouvelle carte électorale qui, par
différentes étapes, ferait en sorte que, in extremis, les
députés auraient un certain nombre de minutes à
l'Assemblée nationale pour s'exprimer, non pas pour changer des choses
ni pour décider des choses, mais pour exprimer leur satisfaction ou leur
insatisfaction, disons leurs frustrations, sans nécessairement pouvoir
rien changer, puisque c'est un processus qui, à partir du moment
où il est en marche devant l'Assemblée nationale, de ce que j'ai
compris, n'est pas arrêtaWe
Donc, aujourd'hui, c'est une première étape qui est
très importante où la Commission nous
fail ses recommandations. Ce que j'ai compris, c'est que la Commission
nous dit: Nous devrions effectivement faire les changements qui s'imposent de
par ce que la loi nous oblige. Après avoir fait la révision, on
est dans des circonscriptions où les pourcentages sont plus
élevés, d'autres, moins élevés que la moyenne
normale, et on doit nécessairement enclencher ce processus.
M. le Président, si on est dans la période
d'échanges - je ne sais pas si c'est là qu'on en est
rendus...
Le Président (M. Dauphin): À moins qu'il n'y ait
d'autres membres qui auraient des remarques préliminaires avant de
procéder à la période d'échanges.
M. Chevrette: Moi, j'aurais un petit laïus de quatre, cinq
minutes de prêt...
Le Président (M. Dauphin): Je sais que le
député de Westmount m'a aussi demandé quelques
minutes.
M. Chevrette: ...si on peut le faire tout de suite.
M. Côté (Charlesbourg): C'est très ouvert.
M. Chevrette: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député de Joliette, leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Ça va être bref, je ne prendrai
même pas mes notes. Je voudrais rappeler que c'est peut-être en
1979 - il me semble que c'est en 1978-1979 - que l'Assemblée nationale
du Québec a précisément voulu enlever du Parlement,
à toutes fins pratiques, ce pouvoir de changer les cartes
électorales. Antérieurement, si on remonte dans le temps et si on
regarde les modifications aux cartes électorales du Québec, c'a
toujours été de joyeux problèmes, parce que c'était
partisan au bout, les découpages électoraux. On se rappellera que
c'était pratiquement le parti au pouvoir à ce moment-là
qui décidait des cartes, quel que fut le parti. Mais je me souviens que
c'était justement pour "départisaniser" l'ensemble de cette
opération-là. Je pense que ça a été heureux.
Je me souviens qu'un des droits fondamentaux qui nous avait amenés
à nous pencher sur cet aspect bien spécifique de la loi, c'est
qu'on disait: Un citoyen doit avoir un droit de représentativité
égal. À ce moment-là, c'était basé en
particulier sur la Charte des droits et libertés du Canada et on voulait
que ce soit un homme, un vote, je veux dire qu'on ait le même poids
politique à partir de l'exercice du droit de vote. On a
créé l'obligation à une commission de présenter des
suggestions de carte.
Moi, je comprends sous deux angles l'opération de ce matin. Dans
un premier temps, je comprends qu'obligation est faite, mais plus que
ça. Non seulement obligation est faite, mais un devoir aussi d'informer
les parlementaires du fait que dans trois, quatre ou cinq ans, il n'y aura pas
seulement cinq ou six circonscriptions électorales, mais on se
retrouvera probablement avec 25 ou 30, d'où l'écart dans le droit
de représentativité, précisément, des
électeurs québécois.
Au moment où on se parle, après une élection,
après le fait qu'on a vécu une élection, on se retrouve
peut-être avec cinq ou six circonscriptions électorales assez bien
identifiées dans le nord-est de Montréal, Gouin en particulier,
et en Gaspésie d'une façon encore plus imminente, plus flagrante,
de sorte que moi, je considère que la Commission ne va tout simplement
que dans le sens du respect de ses obligations, mais aussi du respect des
principes fondamentaux que le législateur a voulu mettre de l'avant,
lorsqu'on a confié à la Commission de la représentation
électorale ce devoir fondamental d'appliquer le principe de
l'égalité dans la représentativité.
À mon point de vue, ce sont deux raisons fort majeures. Ce qui
s'est passé en Colombie-Britannique pourrait se passer au Québec.
Et je pense que le législateur, à ce moment-là, serait mal
venu d'empêcher l'application de ce principe fondamental.
Je pense que les Îles-de-la-Madeleine constituent une exception
que tout le monde a reconnue - ça, c'est évident - à cause
d'une situation géographique très spécifique, puis encore.
Il reste qu'il y en a même qui pourraient dire: Écoutez, si un
député est capable de se déplacer pour donner les
services, moyennant des conditions de travail différentes, il pourrait
exactement les représenter aussi. Si on poussait ça à la
limite, on pourrait fusionner avec... Et ce serait encore plus conforme
à l'esprit de la représentativité, où que tu sois
au Québec. Les gens de Blanc-Sablon n'ont pas de poids politique plus
grand qu'un Montréalais. Il n'est pas moins grand non plus si on
respectait nos principes intégralement. Ça fait en sorte que,
pour ce qui est de l'Opposition, on considère que c'est une obligation
de la Commission, mais plus, c'est aussi un droit fondamental pour les
citoyens. C'est dans cet esprit-là qu'on est prêts à
dialoguer.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Joliette. M. le député de Westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président. J'ai
l'échéancier des travaux de la Commission pour les deux ans
à venir, alors je sais qu'il y aura un moment pour des audiences
publiques et des discussions très serrées sur des changements que
vous allez apporter. Je vois dans vos notes et
dans votre rapport que le nombre d'électeurs est relativement
faible également dans les circonscriptions des centres-viles,
principalement celui de Montréal. Dans votre carte avec les couleurs,
c'est évident que, d'après vos chiffres de l'élection du
25 septembre, le centre-ville de Montréal a l'air d'avoir moins
d'électeurs que, disons, les 20 % de moins que la norme. Je veux faire
une mise en garde au monde de la Commission parce que je peux parler
personnellement pour le comté de Westmount. Je sais que ce que j'ai
constaté à Westmount était réparti dans bien des
circonscriptions, dans Mont-Royal, dans une partie de Saint-Henri. Ça a
même été le fait dans les comtés où on
trouvait beaucoup d'anglophones.
Vous ne pouvez pas vous fier sur les chiffres du recensement pour cette
élection-ci, parce que c'était très unique, cette
élection-ci. D'abord, le recensement était au mois d'août
et il y avait bien du monde qui n'était pas là. Les
révisions se faisaient, mais il y avait beaucoup d'anglophones qui, il
faut le dire, étaient en maudit contre le gouvernement et ne voulaient
même pas prendre la peine d'aller mettre leur nom sur la liste. Ensuite,
le gouvernement avait beaucoup de misère à trouver des
travailleurs pour faire le recensement parce que, encore une fois, il y avait
beaucoup de monde dans les comtés du centre-ville qui ne voulait pas
faire le travail. Les présidents d'élection avaient beaucoup de
peine à trouver des gens pour faire le recensement.
Alors, ce que j'ai constaté surtout dans mon comté, mais
aussi ailleurs dans le centre-ville, c'est qu'il manquait, je dirais, dans le
cas de Westmount, 2000 ou 3000 électeurs au moins. Dans le centre-vHIe
en général, je vous mets en garde de vérifier vos
chiffres. Ne vous fiez pas seulement au rencensement, mais ayez des chiffres
véritables pour savoir si, effectivement, la population a diminué
ou pas. Je ne crois pas que le nombre d'électeurs qui sont dans le
centre-ville de Montréal devrait être aussi faible que ça
l'est sur votre carte.
C'est tout ce que je voulais vous signaler parce que je sais que vous
allez travailler, vous allez venir avec des suggestions, mais vérifiez
vos chiffres pour le centre-ville de Montréal. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Westmount. Juste avant que vous laissiez...
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais lui faire une farce?
Le Président (M. Dauphin): Pardon?
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais faire une farce au
député de Westmount?
Le Président (M. Dauphin): Ah, vous êtes
enregistré.
M. Chevrette: Je sais, mais c'est parce que, sur la carte,
Westmount est dans le rose pâle.
M. Holden: Oui
M. Chevrette: C'est un peu le résultat de
l'élection.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
députés membres de cette commission, aujourd'hui, qui auraient
des remarques préliminaires? Non? M. le président, je crois que
vous vouliez répondre brièvement ou...
M. Côté (Pierre-F.): Non, non, juste une information
supplémentaire, si vous permettez, M. le Président. J'aurais
dû le mentionner dès le départ. La loi prévoit,
évidemment, que nous tenons cette audience aujourd'hui.
Subséquem-ment, dans les dix jours, la Commission doit décider si
elle commence les travaux de la réforme. Un rapport sommaire devra
être soumis au mois de septembre et il y aura, par la suite, des
audiences publiques.
Ce sur quoi je voudrais insister ce matin, c'est que, pour notre part,
nous trouvons très importants les remarques, les commentaires, les
suggestions que peuvent nous faire les membres de l'Assemblée nationale
ce matin, comme ce sera le cas quand on procédera aux audiences
publiques et qu'on rencontrera les députés. Je veux juste vous
dire que ça nous a beaucoup influencés, ça nous a beaucoup
aidés dans nos décisions, les informations des
députés. Alors, c'est dans cette perspective-là qu'on va
accomplir notre travail.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, merci beaucoup. Nous
allons maintenant procéder à la période d'échanges,
et je vais reconnaître le ministre délégué à
la Réforme électorale et député de
Charlesbourg.
Discussion générale
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M le
Président. Dans la situation actuelle telle que vous l'avez
évoquée, les endroits principalement en difficulté sont la
Gaspésie et 111e de Montréal. Cela signifierait, selon ce que
j'ai compris, au niveau de la Gaspésie, la disparition d'une
circonscription électorale, peut-être, possiblement, si on veut
être très réaliste; certainement la disparition d'une
circonscription électorale au niveau de la Gaspésie et ça
pourrait signifier, sur 111e de Montréal, la disparition de deux,
peut-être trois circonscriptions électorales. On est
déjà, de ce que je comprends, dans un phénomène qui
est dépassé, puisque ça date d'il
y a quelques mois.
Est-ce que la Commission a fait des projections sur ce que ce serait au
lendemain de la prochaine élection et quelle serait, à ce
moment-là, l'ampleur de la réforme électorale qu'il
faudrait faire à nouveau? Parce que, au lendemain de chaque
élection, c'est le même processus qui doit s'enclencher. Ça
aussi, les parlementaires doivent être informés de ça et
savoir ce que ça donne comme mesures. Il serait peut-être
opportun, à ce moment-ci, de savoir ce que serait le résultat...
Prenons pour hypothèse que la prochaine élection est quatre ans
après celle de 1989, donc en 1993. Quelle serait la situation, fin 1993,
des comtés qui seraient au-dessus et en dessous de la norme? À ce
moment-là, où se situerait ce délestage, parce qu'on sera
toujours avec 125 comtés? S'il y avait effectivement encore des
départs massifs de l'île de Montréal ou des régions
éloignées, on serait effectivement dans une situation où
le poids des régions, ou le poids de l'île de Montréal,
pourrait nécessairement subir des coups assez importants, sur le plan de
la représentation comme député.
Le Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F. ): Oui, si vous permettez, je
fais rechercher dans les... On a des données, comme l'a mentionné
M. le ministre. Je voudrais tomber sur le bon tableau. Pendant qu'on le
recherche, pour nous, il est clair que s'il fallait attendre en 1993, ce
seraient des chambardements considérables qui seraient apportés
à la carte, parce qu'il y aurait à ce moment-là, selon nos
prévisions, au moins 30 à 35 circonscriptions qui ne
correspondraient pas aux critères.
M. Côté (Charlesbourg): Si c'est 30 à 35, on
est quand même dans une situation où on passerait... On en a 13
aujourd'hui.
M. Côté (Pierre-F. ): Oui, mais au total, il y en
aurait 35.
M. Côté (Charlesbourg): Au total, 35. M.
Côté (Pierre-F. ): Y compris les 13.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qui veut dire 22.
M. Côté (Pierre-F. ): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): II y en aurait 22. De toute
manière, à 22, ça commence à être un
chambardement assez important. Mais dans l'espace de deux termes, donc dans
l'espace de cinq ans, on aurait touché, de toute manière,
à 35 circonscriptions.
M. Côté (Pierre-F. ): Oui, mais ce que je veux vous
signaler, M. le ministre, c'est qu'on serait obligés de toucher à
beaucoup plus que 35. Il y aurait 35 circonscriptions en difficulté,
mais le réaménagement de la carte à l'intérieur des
125 va entraîner des modifications à au moins une soixantaine de
circonscriptions.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais ça ne veut
pas dire pour autant, et c'est ça que je veux tenter de fouiller, qu'on
ne serait pas dans une situation où des circonscriptions
électorales qui auraient été touchées dans la phase
présente ne le seraient pas dans la phase ultérieure. C'est pour
ça que ce qu'il serait intéressant de savoir, c'est, concernant
le phénomène des 13 d'aujourd'hui aux 35 dans quatre ans,
où se situe la 14e, la 15e, la 16e, la 17e jusqu'à la 35e, de
façon à voir les effets. Peut-être que, sur le plan des
décisions qu'il y aura à prendre - je vous dis ça tout
bonnement - on est mieux d'en faire une majeure que d'en faire une mineure
aujourd'hui et d'être obligés d'en refaire une majeure qui va
retoucher à la mineure dans quatre ans. Donc, c'est tenter de voir
effectivement ce que ça pourrait être dans trois ans ou quatre
ans. Je suis convaincu qu'avec 35 circonscriptions qui seraient au-dessus ou en
moins, c'est 50, définitivement 60 circonscriptions que vous devrez
toucher.
M. Côté (Pierre-F. ): Je vais reprendre votre
question et je peux peut-être demander à un de mes
collègues de fournir un début de réponse. C'est que, si on
procède à la réforme actuellement, ça toucherait
évidemment les 13 circonscriptions concernées et, par voie
d'entraînement, un certain nombre d'autres. Alors, vous demandez:
Après ça, est-ce que dans quatre ans ça va être
aussi une opération majeure ou non, pour les 22 autres? C'est ça,
votre question, hein?
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Et pour les
prochains quatre ans, c'est où, les problèmes déjà
appréhendés, parce qu'avec les projections de population, je
pense qu'on peut le savoir et tenter de voir si, effectivement, il n'y a pas un
certain nombre de choses à faire?
M. Côté (Pierre-F. ): M. Bourassa.
M. Bourassa (Guy): Je vais tenter de renverser la question et de
dire que, devant le problème qui est devant nous, ou bien nous ne
faisons rien, ce qui pose un problème très grave, ou bien grosso
modo il y deux attitudes: on fait une réformette qui ne fait que
reporter les problèmes, et vous avez bien raison de dire que dans trois
ou quatre ans on aura à retoucher quelque chose qu'on a touché
plus ou moins maintenant en abordant un bon nombre de circonscriptions qui
n'auront pas été vraiment réglées, ou bien, et je
pense que c'est faisable, quoique c'est une étape extrêmement
préliminaire, il y a moyen d'aborder à la fois le
problème
des 13 circonscriptions d'exception et la quinzaine ou la vingtaine
d'autres qui se présentent, qui sont un peu quand même dans les
régions qu'on peut prévoir, c'est-à-dire que si les zones
que nous avons identifiées, c'est autour de Montréal, autour de
Québec, les problèmes ne se situeront pas en Abitibi, au
Saguenay, si vous voulez... Alors, il y a les listes que nous avons
établies qui montrent assez bien que les circonscriptions qui
s'ajouteraient à celles qui sont déjà des exceptions,
sont: nord de Montréal, par écart au-dessus du 25 %, sud de
Montréal, centre de Montréal qui, si les tendances se
poursuivent, iraient dans le même sens.
C'est vrai aussi pour la région de Québec et c'est vrai
pour la région de la Gaspésie. Donc, il y a possibilité
aujourd'hui, pour répondre très précisément
à l'objection ou à la question que vous soulevez, d'aborder une
réforme qui réglerait les problèmes pour une assez longue
période sans avoir à recommencer le même exercice. (10 h
30)
M. Côté (Charlesbourg): C'est un peu finalement
l'objet de ma question de fond. Moi qui suis dans la politique depuis 20 ans,
en particulier originaire du monde rural, il y a beaucoup d'attachement
à la circonscription électorale. Lorsque je regarde le
problème de la Gaspésie, 1972 a fait disparaître le
comté de Gaspé-Nord. Il y a encore des gens qui en parlent, 20
ans plus tard, qui espéraient toujours revenir au comté de
Gaspé-Nord, parce que l'identité des gens était davantage
à Gaspé-Nord. Ce n'est pas possible. Lorsque je regarde le
problème que nous avons au niveau de la Gaspésie, avec
Gaspé, Matane, Matapédia et Bonaven-ture, on est dans une
situation où effectivement, peut-être, un comté devrait
disparaître. On touche à nouveau cette région-là.
Les gens sont profondément attachés à leur circonscription
électorale. Et je ne vous ferai de dessin à vous, qui parcourez
le Québec depuis quelques années, sur les recommandations que
vous pouvez avoir des citoyens qui veulent continuer d'être
rattachés à tel comté au lieu de tel autre
comté.
Donc, le phénomène dans le monde rural est
extrêmement important, quant à l'attachement, alors que dans le
milieu urbain c'est peut-être un phénomène qui est moins
fort, qui l'est quand même, mais qui est peut-être moins fort que
dans le monde rural.
Alors, l'idée est que, si on suit la logique de notre loi
actuelle, on va avoir des réaménagements de carte
électorale tous les cinq ans. C'est aussi clair que ça. À
chaque élection on va en avoir, s'il y a des comtés qui jouent au
delà ou "en dehaut" de la règle, alors que peut-être que
l'idée est d'en faire une qui va régler les problèmes pour
quelques années. J'aurais peut-être tendance à dire que,
quand on brasse une fois tous les dix ans - c'est loin d'être mauvais -
ça permet de stabiliser des choses. Il faudrait peut-être voir un
petit peu plus en avant, puis on va toucher aux frontières une fois.
Le Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pienre-F.): M. le ministre, je pense qu'on
peut affirmer... Bon. J'espère que je ne me ferai pas remettre ça
sur le nez un jour, parce que nous sommes évidemment dans des
étapes préliminaires.
M. Côté (Charlesbourg): On prend des notes, hein! On
prend des notes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Pierre-F.): Oui, oui. Mes collègues
et moi, nous croyons que si, dans le processus actuel, dans les mois à
venir, nous faisons des réformes qu'on qualifierait, nous, de majeures,
en 1993 il n'y aurait que des réformes mineures, que des
réajustements mineurs à faire. Quand on parle de changements
majeurs, ça peut vouloir dire un peu ce que vous avez mentionné
précédemment à l'égard du nombre de
circonscriptions qu'il va falloir réajuster en en faisant
disparaître puis en en ajoutant ailleurs.
Vous savez, il y a un phénomène qui a une tendance
très nette: le nord et le sud de ITle de Montréal et le nord de
la région de Québec ont une augmentation constante
d'électeurs. Il y a un déplacement de population qui fait que,
dans ces endroits-là, il y a des représentations qui ne sont pas
suffisantes ou équitables. Mais l'hypothèse, c'est que, si on
fait une réforme importante présentement, ça serait une
carte qui pourrait servir très probablement pour deux termes. M. Lessard
voudrait ajouter quelque chose.
M. Côté (Charlesbourg): Deux termes. Le
Président (M. Dauphin): M. Lessard.
M. Lessard (Marc): Si vous voulez passer une réforme
majeure dans des termes concrets, si vous voulez, rappelez-vous que la moyenne
d'électeurs par circonscription se situe à 36 000,
présentement. Il y en a qui dépassent le 25 % en plus; il y en a
qui dépassent le 25 % en moins. L'opération, décrite de la
façon la plus simple, c'est de ramener à la moyenne ou en moins
ceux qui sont au plus haut et de faire l'inverse avec les autres, en se donnant
des marges suffisantes pour que... Par exemple, il est sûr que la baisse
de la population, dans les circonscriptions rurales, est moins forte que n'est
la hausse dans les circonscriptions urbaines. Donc, il faut tenir compte de la
proportionnalité des mouvements aussi. Et il faut tenir compte non pas
de chacune des circonscriptions, mais des voisinages. S'il y a quatre ou cinq
circonscriptions fortes dans un coin, c'est un grand ensemble qu'il faut
réaména-
ger pour pouvoir baisser cette région-là, et
l'équivalent dans une région faible, ce qui fait que, si on
touche à la Gaspésie, on peut être amené à se
rendre jusqu'à Québec.
M. Côté (Charlesbourg): C'est très important
parce que, même si demain matin on acceptait et qu'on disait que c'est
parfait avec ce que vous proposez et qu'on faisait ces changements-là,
en 1993 on sera pris avec des changements encore plus substantiels, à ce
que j'ai compris.
M. Lessard: Non.
M. Côté (Pierre-F.): Non, non. Si on fait des
changements très importants, actuellement...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non. Je veux dire
vos changements proposés dans la carte. Ce que vous proposez, votre
rapport. Ce que je regarde, c'est qu'il y en a 13. Si on dit oui aux 13, on
dit: Parfait, allez-y, on vous donne... vous allez nous revenir avec des
propositions où vous allez vous attaquer aux 13 circonscriptions qui
sont en plus ou en moins. Donc, vous allez régler le problème des
13 qui, aujourd'hui, ne répondent plus à la norme
gouvernementale, ce qui signifie que dans quatre ans, lorsque vous vous
reverrez après la pro-chaino élection, vous allez être pris
avec le problème d'en avoir réglé maintenant 13, mais de
devoir en régler 20 et quelques, ce qui est plus considérable que
13. Donc, on aura touché à des circonscriptions maintenant et on
devra retoucher à d'autres et peut-être même aux mêmes
circonscriptions en 1993, compte tenu de l'évolution de la
situation.
Prenons un exemple, prenons la Gaspésie. Pour régler les
problèmes de la Gaspésie, il y a des problèmes de Matane,
Matapédia, Bonaventure et Rivière-du-Loup. Donc, on peut faire un
réaménagement à ce niveau-là, les rendre conformes
à la loi. Ça va toucher à peu près tout le
Bas-Saint-Laurent-Gâspésie. On peut présumer que dans ce
cas-là, en 1993, ils ne seront pas retouchés. Le mouvement de
population n'est quand même pas important plus qu'il le faut, mais c'est
une correction parce que ces comtés-là ont toujours
été à la marge, sur le plan des populations.
Mais allons dans la région de Montréal et dans la couronne
de Montréal. Ça veut dire qu'aujourd'hui on toucherait à
des circonscriptions électorales qui, à coup sûr en 1993,
seraient à nouveau touchées par une refonte de la carte
électorale, compte tenu que la population s'en va dans la couronne et
délaisse de plus en plus le centre. Donc, c'est l'île qui va
être affectée et on va ajouter des circonscriptions en
Montérégie, dans les Laurentides, dans Lanaudi-ère. Il n'y
a rien qui nous garantit, si on disait oui à l'opération de cette
année, si on touchait à cette partie-là, qu'on ne serait
pas obligés d'y retoucher encore, aux mêmes électeurs, en
1993. En tout cas, moi, je me dis: J'ai des problèmes avec ça sur
le plan de la continuité des électeurs quant à leur
connaissance des comtés dans lesquels ils sont et des gens aussi avec
qui ils travaillent.
Je ne sais pas si vous me saisissez. C'est pour ça que
tantôt monsieur a dit: Faisons un bout, je vais répondre à
l'envers. Moi, je disais: Peut-être que la solution, c'est de dire
maintenant: On ne le fera pas tout de suite, on le fera dans quatre ans. Vous
êtes revenus avec une proposition qui peut être regardable:
faisons-le maintenant et peut-être qu'on ne sera pas obligés d'en
faire dans quatre ans, l'idée étant de tenter de ne pas en faire
deux, mais d'en faire une et en faire une qui va répondre à tous
les problèmes.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. Bouras-sa.
M. Bourassa (Guy): Si vous me permettez, très
précisément, il me semble qu'aujourd'hui-- je le
répète - on est devant trois possibilités: ou cette carte
est là et on n'y touche pas, avec les problèmes énormes
que ça pose, ou bien - et je serais assez d'accord avec vous, de
façon rapide, peut-être en faisant quelques nuances on fait
des modifications très mineures, mais ça ne règle pas
grand-chose, finalement, et dans trois ou quatre ans on aura de graves
problèmes sur les bras. Et la troisième possibilité que
vous semblez évoquer qui, je pense aussi, grosso modo, est la
nôtre - encore une fois, c'est une ligne qui nous intéresse
beaucoup, sans plus pour l'instant - c'est de dire: Attaquons-nous aux
problèmes qui, à la fois, se passent en Gaspésie, se
passent autour des grandes villes, se passent dans les diverses régions
du Québec, et tentons de mettre sur pied une carte qui réglera
les problèmes pour une longue période. Dans cette
perspective-là, je pense que le choix est assez clair. La solution la
moins bonne - enfin, si on peut dire, parce que la première, ce n'est
pas une solution pour dire qu'on gèle tout - c'est vraiment tenter de
réformer des choses qui ne réforment rien et qui laisseraient...
On a dit tout à l'heure qu'il y a 13 exceptions plus une quinzaine
d'autres, une vingtaine d'autres, qui laisseraient dans trois ans encore un
grand nombre de cas à régler.
M. Côté (Charlesbourg): Ça me tente de vous
en poser... Je vais laisser la chance à d'autres après. Suite
à vos propos, ça me tente de vous poser une question. J'aime
ça quand la rondelle est au jeu et qu'on se la passe comme ça.
Est-ce que vous avez l'impression que votre rapport est un rapport qui ne
règle rien ou pas grand-chose? C'est parce que je veux voir la
distinction entre un rapport qui ne réglerait pas grand-chose et votre
rapport.
Le Président (M. Dauphin): M. Lessard.
M. Lessard: II y a peut-être un malentendu au sujet du
rapport de ce matin. Le rapport de ce matin est un rapport sommaire qui fait
état de la situation. Quand nous disons qu'il y a 13 circonscriptions en
difficulté, ça ne veut pas dire que la modification de la carte
doit se limiter à 13 circonscriptions. Ce n'est pas une proposition. Il
y a 13 circonscriptions en difficulté. On peut trouver une solution
à ces 13 cas exceptionnels avec des aménagements sommaires.
D'accord? On peut aussi trouver une solution non pas aux 13 cas seulement, mais
à la structure de la carte qui produit régulièrement des
exceptions, en s'occupant non pas seulement des 13 que nous mentionnons, mais
de 25 autres, si on veut. Je pourrais vous lire une liste de circonscriptions
qui sont sur la carte, qui ne sont pas aussi bien distinguées que les
autres en couleurs, mais qui représentent ce que nous appelons des
circonscriptions critiques, c'est-à-dire que déjà au
moment de l'élection et certainement en 1993, elles seront
exceptionnelles. C'est cette liste qui était évoquée tout
à l'heure quand on disait: Elles sont toutes dans la région de
Québec ou de Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): Ce serait bon de les avoir,
si vous pouviez les...
M. Lessard: Je peux vous les lire. Elles sont par ordre
d'importance de l'exception escomptée: c'est Montmorency, Taillon,
Masson, Deux-Montagnes, Shefford, Verchères, Chapleau,
Salaberry-Soulanges, Prévost, Chomedey, L'Assomption, Les
Chutes-de-la-Chaudière, Vaudreuil, Terrebonne, La Prairie, LaFontaine,
Outremont, Laurier, Dorion, Westmount, Verdun, Mont-Royal,
Rivière-du-Loup, Gouin, Taschereau; donc, Gaspésie,
Montréal, Québec, autour des 13 que nous mentionnons dans le
rapport.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Merci, M. Lessard. M.
le député de Joliette.
M. Chevrette: Suite aux questions, ça pourrait
s'interpréter à l'effet que la Commission ne toucherait que les
couleurs actuelles, alors que ce que j'ai compris, c'est que, si on touche
actuellement exclusivement à partir du constat, ce ne serait même
pas intelligent, parce qu'on pourrait se retrouver à l'élection
devant une situation, après le recensement électoral de 1993 ou
1994, où il y en aurait 25 autres, parce que vous en avez corrigé
13, mais il y en a 25 autres. Donc, l'orientation est double. D'abord,
d'après moi, il faut éliminer celle-ci: ou bien on corrige tout
de suite à partir des projections, ce qui pourrait être bon pour
au moins, ne disons pas jusqu'à la prochaine, mais peut-être
l'autre élection - ce serait le genre de mandat que je donnerais
à la commission - ou bien on ne corrige pas.
À mon point de vue, et c'est là un peu la question qui se
pose, si on sait d'ores et déjà ce matin qu'il y en a 25 autres
qui s'ajoutent aux 13, et si on ne faisait rien, ça ferait un puissant
chambardement le jour où la Commission le ferait. Là, je serais
désireux de savoir combien, à ce moment là, il y aurait
potentiellement de circonscriptions électorales de touchées dans
l'éventualité où il n'y aurait pas de réforme de
carte pour la prochaine élection En tenant compte de la situation et des
projections de situation en 1994, j'ai l'impression que si c'était
touché, par exemple, après une élection future, on
pourrait se ramasser avec 80, 85 circonscriptions électorales au
Québec qui risqueraient d'être touchées. Si tel
était le cas, là c'est tout le Québec qui serait en furie.
Ce ne serait pas la moitié du Québec, ça pourrait
être les trois quarts du Québec qui seraient en furie à
cause du changement de cap. Est-ce que je comprends bien la situation? Est-ce
que je l'interprète bien ou si c'est autre chose?
Le Président (M. Dauphin): M. Côté. (10 h
45)
M. Côté (Pienre-F.): M le Président, je pense
que c'est assez important, ce que M. le ministre et M. Chevrette ont
mentionné. Il faut bien réaliser, au premier chef, quelle est la
nature de notre rapport et de notre rencontre de ce matin. C'est une
redisposition; ça n'existait pas avant, ça, dans la loi La
nouvelle disposition de la loi nous fait obligation, dans les trois mois d'une
élection, de soumettre un rapport sommaire. Ce rapport sommaire ne peut
être qu'un constat de la situation. Nous avons évidemment
commencé à réfléchir sur les solutions à
apporter. On n'est pas en mesure de vous dire ce matin de façon
définitive qu'est-ce que c'est Pourquoi? La loi prévoit justement
une procédure à suivre qui est la suivante: c'est qu'on doit
soumettre un rapport préliminaire au plus tard le 25 septembre de cette
année. Donc, pendant qu'on fait ce travail, qui est assez
considérable et sur lequel on va se pencher, puis on a besoin de ce
temps-là... C'est après qu'on aura fait ce travail-là
qu'on sera en mesure de vous dire de façon très précise
quelle serait la nouvelle carte électorale.
Notre rapport sommaire est basé essentiellement sur des
constatations d'ordre démographique. Dans toute la mesure du possible,
on a essayé de faire des projections. C'est pour ça qu'on est en
mesure de vous dire que la chose la plus importante, c'est: il y en 13
présentement, c'est très clair, mais s'il n'y a rien de fait, il
va s'en ajouter 25 autres.
Par ailleurs aussi, ce qu'on vous dit, dans l'état actuel de nos
réflexions, c'est qu'en faisant une opération sérieuse
dès maintenant il nous semble à peu près certain - et je
dirais à 90 % si ce n'est pas plus - qu'une opération
importante comme celle-là qui entraînerait la disparition
de certaines circonscriptions et l'ajout d'autres, pour toujours rester dans le
maximum de 125, ça aurait comme conséquence que les dispositions
de la loi restant les mêmes, après la prochaine élection
générale, les réformes seraient des réformes
mineures, ce qui voudrait dire que, si on procède avec beaucoup de
sérieux puis avec envergure, je dirais, à cette étape-ci,
la carte électorale a des chances d'être la même pendant
deux termes au moins. Ça, c'est notre prévision.
Puis, si ce n'est pas fait du tout, par exemple - je vais revenir sur la
pire des hypothèses, supposons qu'on ne faisait rien - vous aviez
raison, M. le député Chevrette, quand vous avez dit que, dans
quatre ans, c'est une opération qui va être encore plus
considérable et plus lourde de conséquences. Elle va
entraîner des modifications à un encore plus grand nombre de
circonscriptions.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Côté.
Tantôt, M. le député de Bertrand m'avait demandé la
parole. M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Au fond, je partage un
peu les commentaires du ministre. Je pense qu'il a mis le doigt sur le
véritable problème. Au fond, il s'agit ici de décider si
on procède par une forme d'étapisme dans cette
réforme-là ou si on procède par un traitement-choc. Au
fond, ça revient à ça et c'est la décision
fondamentale qu'il faut prendre.
Je dois dire, pour représenter une circonscription qui fait
partie de la couronne de Montréal, qui est une des plus peuplées,
d'ailleurs, que j'ai plutôt tendance, quand je regarde les tendances
démographiques non seulement dans mon comté, mais dans celles des
comtés avoisi-nants, à penser que, si on fait une modification de
ces comtés-là à l'heure actuelle, ça va être
à recommencer dans peu de temps. Puis j'explique pourquoi.
Entre les quatre dernières élections, le nombre
d'électeurs dans le comté de Bertrand a augmenté de 13 %.
70 % de la population a moins de 44 ans. C'est un peu le même
phénomène dans les comtés avoisinants. L'autre
phénomène, c'est qu'il y a une tendance générale
pas seulement au Québec, mais je dirais dans l'ensemble des pays
industrialisés, vers le dépeuplement des centres-villes. On ne
fait pas exception à la règle, à Montréal. C'est
une tendance générale dans les centres-villes et je n'ai pas
l'impression... Enfin, il n'y a rien qui m'indique, à l'heure actuelle,
contrairement à certains commentaires que j'ai entendus de votre
côté, que ce mouvement se serait stabilisé ou qu'il aurait
plafonné. Bien au contraire, j'ai l'impression que ça va
continuer.
Quand on parle des comtés qui sont dans la
périphérie de Montréal - peut-être dans la
périphérie de Québec, mais je connais moins ceux de la
périphérie de Québec - certainement ceux de la rive sud de
Montréal, c'est qu'il n'y a pas simplement l'ajout de gens qui viennent
du centre-ville ou de IHe de Montréal et qui se ramassent dans la
banlieue, il y a également la reproduction de l'intérieur
même. Quand on dit que 70 % de la population a moins de 44 ans, ça
veut dire que les gens qui ont 18 ans, à l'heure actuelle, bien, dans
quatre ans d'ici ils vont avoir 22 ans, 23 ans et ces gens-là, surtout
quand on constate que le taux de natalité a commencé à
augmenter au Québec, risquent de faire des petits à leur tour. En
plus du phénomène d'exode des villes, il y a le
phénomène de peuplement à partir des ressources
démographiques de ces mêmes comtés.
Donc, pour ces raisons-là, moi, je ne suis absolument pas
convaincu qu'en faisant une modification des circonscriptions
électorales à l'heure actuelle ça va régler le
problème pour deux mandats. Peut-être pour un mandat, mais
certainement pas pour deux mandats.
Il y a également un autre aspect. C'est qu'on parlait tout
à l'heure d'attachement des gens à leur circonscription. Je vous
ferai remarquer que ce n'est pas simplement dans le contexte rural.
Peut-être que dans le contexte rural c'est plus accentué, mais mis
à part les comtés des centres-villes, que ce soit à
Québec ou à Montréal, la plupart des autres comtés
comptent plusieurs municipalités. Dans ces
municipalités-là, il y a une forme d'attachement, ne serait-ce
qu'au niveau du fonctionnement des conseils municipaux avec leur
député. Alors, moi, je m'imagine mal aussi bien un
député que des conseillers municipaux et des maires qui
développent des relations de travail avec un député et
qui, cinq ans après, se trouvent modifiés, chamboulés,
chambardés et placés dans un autre comté. Tout le
processus est à refaire.
Donc, moi, personnellement - c'est une opinion strictement personnelle -
je dis que, si on avait une approche à choisir, je favorise de loin le
traitement-choc, quitte à ce qu'on attende un peu plus longtemps pour
procéder à cette réforme.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Bertrand. Sur le même sujet, M. le
député de Joliette?
M. Chevrette: Oui. Si on suivait le raisonnement... Je suis
content que ce soit à titre individuel que s'expriment les personnes
ici, mais moi, comme critique, je suis obligé de me baser sur
l'application d'une législation, et l'application d'une
législation que nous-mêmes, on a fait passer à partir de
droits fondamentaux qui étaient le poids de la
représentativité.
Donc, moi, jusqu'au moment où on ne changera pas la portée
et les principes fondamentaux de la réforme ou qu'on ne proposera
pas au ministre d'en changer la portée et les principes, je me
dois d'aller dans le sens de la réforme telle qu'elle a
été votée. Je comprends la situation. Je ne porte pas de
jugement sur le jugement de valeur que porte la Commission. Elle n'a pas le
choix d'en porter d'autres que celui qu'elle porte. C'est clair de même.
Moi, c'est de même que je le prends. Celui qui vous dirait des
bêtises sur l'interprétation que vous en faites, il faudrait qu'il
interprète d'abord la législation. Que voulez-vous que je vous
dise?
Donc, moi, là-dessus, j'ai compris ça. J'ai tellement bien
compris ça, que si je n'étais pas d'accord avec vous et le fond
de la loi, je proposerais des modifications à la loi et je serais
obligé de dire au ministre: Je m'excuse, dorénavant, le principe,
ce ne sera pas le poids de la représentativité, ce sera je poids
de l'attachement. Et le poids de l'attachement, que voulez-vous que je vous
dise, c'est que le monde s'identifie non pas à des structures, mais il
s'identifie à des hommes, à des êtres humains. Il y a
beaucoup de citoyens qui voudraient changer de comté, pas du tout
à cause de la structure, mais parce qu'ils évaluent le poids
politique de leurs représentants. Je suis convaincu qu'il y a des gens,
à proximité de Charlesbourg, qui aimeraient bien mieux être
dans Charlesbourg, qu'il y a du monde dans Berthier qui aimerait mieux
être dans Joliette et qu'il y a du monde de Joliette qui aimerait mieux
être dans Berthier. Donc, ça, là-dessus, on ne me fera pas
accroire que ce sont des limites...
M. Côté (Charlesbourg): Ils viennent pareil.
M. Chevrette: Ha, ha, ha! Oui, moi, c'est pareil. Ce que je veux
dire, c'est que c'est un phénomène d'attachement beaucoup plus
à des individus qu'à des stuctures ou à un
découpage comme tel. Il y a eu des découpages tellement fous,
cependant. Je prends, nous autres - le député de Berthier pourra
le corroborer - au fédéral, c'est épouvantable, le
découpage que l'on vit. Les gens ne se retrouvent plus. Ils font le tour
d'une ville et ils vont chercher, l'autre bord, du monde de l'autre ville pour
rattacher. Ça n'a ni queue ni tête, mais ça, il y a des
situations... Je pense qu'au provincial, ici, ça a été
beaucoup moins grave, le découpage qu'on a fait, que ce qu'on a
vécu dans nos structures fédérales.
Il faudrait être conscient que ce qu'on doit avoir comme
réaction au rapport de la Commission - et j'aimerais qu'on en discute
très librement - c'est de dire: Vous faites un constat actuel. Vous avez
le devoir de répondre à nos questions, à partir des
projections, pour dire ce que pourrait être demain. Ou bien on vous
convainc que demain ce ne sera pas si pire et qu'on peut attendre, ou bien on
vous dit: Ça peut être tellement grave qu'il ne faut pas
attendre.
C'est ça, fondamentalement, le rôle de la Commission. Si
vous me dites que si on suspendait, par exemple, l'obligation qui est faite -
et il faudrait un amendement à la loi, il faudrait que le ministre
dépose un projet de loi pour dire à la Commission qu'il n'y aura
pas de réforme de carte électorale avant telle date - il faudrait
que ce soit fait par législation. Sinon, vous avez l'obligation de le
faire. On se comprend bien? Ou bien vous procédez à une
réforme immédiatement. Mais on vous dit: Allez plus loin que le
constat actuel. Allez à partir des projections pour qu'on soit le plus
longtemps possible sans toucher à la carte. Moi, c'est de même que
je le comprends. Si je le comprends de cette façon-là, je n'ai
pas d'alternative. Je vais consulter ma formation politique, je vais
présenter au caucus de ma formation politique les deux
hypothèses. À mon point de vue, l'hypothèse du constat
seulement, je suis d'accord avec M. Bourassa et M. Côté, ça
ne tient pas debout. L'hypothèse de 13 comtés seulement, si on
faisait ça, on serait baisé même à la prochaine
élection. Je veux dire, on ne réglerait rien du tout.
Donc, il y a deux hypothèses: ou on gèle, ou on modifie
une façon majeure, ce qui pourrait toucher 60, 65 circonscriptions
électorales. Mais à partir des informations que vous nous donnez
ce matin, on peut aller dans notre formation politique respective, aller
chercher le pouls à partir des informations que vous nous donnez,
à partir des projections.
Sur le plan technique, je suppose qu'il y a quelqu'un qui peut nous
renseigner sur des points bien précis. Par exemple, vous nous avez
donné une liste de comtés éventuels. Vous devez avoir des
projections qui se situent encore davantage.. À partir de la limite de
125 comtés, je suppose que vous êtes capables de nous donner les
différents mouvements, pour les 12 prochaines années. Est-ce
possible de discuter avec un des spécialistes chez vous? O.K.
Moi, en tout cas, pour ce matin, je ne peux pas aller plus loin dans le
jugement parce que je ne savais pas, d'abord, que ça en touchait.. Le
seul chiffre, c'était le constat de 13 Si vous me dites que
déjà, dans trois ou quatre ans, c'est un constat de 25 autres et
que ça peut en toucher 60, il s'agit d'évaluer si on veut arriver
avec une réforme qui touche à peu près 60 circonscriptions
ou attendre pour faire une réforme qui en toucherait 80, 85. C'est
ça, le choix qu'on a à discuter avec nos formations
politiques.
Je vous remercie. En ce qui me concerne, je n'aurai pas d'autre
question.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Joliette. M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): Je pourrais peut-être
ajouter juste une réflexion, M le Président. Ce sont deux petits
paragraphes que j'ai ici mais qui nous viennent de nos conseillers juridiques.
Si,
par hasard, on ne procédait pas du tout et qu'il y avait une
modification à la loi, je pense que M. le député a raison
en disant que ça remettrait en cause le principe fondamental de
l'égalité du vote des électeurs, sur le plan strictement
juridique. Ça pourrait peut-être avoir comme conséquence ce
qui se produit joyeusement aux États-Unis: des contestations devant les
tribunaux.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M.
Côté.
M. Chevrette: Est-ce un avis juridique que vous avez, M.
Côté? Est-ce que vous avez des objections à le donner
à la commission?
M. Côté (Pierre-F.): Je ne l'ai pas formellement
comme avis juridique. C'est une note qu'on a prise mais je pourrais avoir un
avis juridique, si vous en exprimez le désir; je pourrais le leur
demander.
M. Chevrette: Je ne haïrais pas ça. Pour fins
d'information, c'est toujours enrichissant.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député de Berthier.
M. Houde: Merci. M. le Président. Je voudrais
renchérir un peu sur ce que le ministre disait tantôt en ce qui
concerne la Gaspésie. En 1972-1973, on a eu le même
phénomène dans notre comté, avec une douzaine de
municipalités qui ont été transférées dans
un comté voisin. Au moment où on se parle, il y en a une partie
qui ne veut à peu près rien savoir du comté dont elle fait
partie. Deuxièmement, pas plus intéressé à aller
voter, ça restera probablement toujours pour la génération
qui est là. L'autre génération, elle ne le sait pas, ce
qui fait que c'est moins pire.
Mais ce que je voudrais savoir de vous autres, c'est: Est-ce que vous
avez pris des renseignements, dans d'autres endroits qui sont beaucoup plus
vieux que le Québec, à l'effet que les populations... À un
moment donné, est-ce que les populations continuent de se
déplacer régulièrement ou si ça arrête? On
prend comme Montréal, est-ce qu'à un moment donné elle
arrête de se vider en faveur des municipalités environnantes pour
que ça devienne stable pour une élection, pour faire le
décompte d'un comté? Vous voyez, depuis quelques années,
que Montréal se vide régulièrement, comme Joliette
se vide régulièrement, mais elle se vide à
l'intérieur du comté. Ce n'est pas trop fatigant pour vous
autres, comme responsables de la carte électorale. Mais si elle se
déversait en dehors du comté de Joliette, ça deviendrait
un problème. À un moment donné, ça devient
saturé. Est-ce que ça a changé dans des endroits où
ça fait plus longtemps que le Québec, si vous voulez?
Le Président (M. Dauphin): M. Bourassa ou... (11
heures)
M. Bourassa (Guy): J'aimerais peut-être dire très
brièvement que c'est assez difficile d'arriver à faire des
comparaisons valables entre ce qui se passe ici au Québec, en
Gaspésie, dans la région de Berthier ou Joliette et à
Montréal.
M. Houde: En dehors du Québec.
M. Bourassa (Guy): Oui, mais avec d'autres régions en
dehors de Québec, parce que ça tient aux caractéristiques
du développement économique, à toutes sortes de dimensions
industrielles, ce n'est presque pas comparable, d'une part, c'est-à-dire
qu'il n'y a pas moyen de faire des comparaisons. D'autre part, c'est qu'on n'a
pas des statistiques sur une très longue période. Quand on dit
qu'on dénote des tendances, et c'est un point très important, on
veut dire qu'on travaille sur des tendances qui reposent sur, au mieux, 15 ans,
20 ans. On a cette limite-là, en quelque sorte, mais c'est une limite
qui est quand même tout à fait acceptable. Mais on ne peut pas
comparer... Je ne peux pas vous répondre. Bon, la baisse, dans le
centre-ville de Montréal, si on regarde ce qui se passe à New
York, à Philadelphie ou ailleurs, on peut prévoir que ça
va s'arrêter. Je pense que vous répondre oui à ça,
ça ne serait pas très sérieux. J'aime autant le dire aussi
clairement.
Le Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): Mais il reste quand même
comme fait, à notre avis - et on pourrait prendre les informations chez
nos collègues américains, par exemple - qu'il y a certainement un
dépeuplement de centre-ville dans un bon nombre de villes
nord-américaines. Je pense que c'est le cas, par exemple, à
Boston. On a fait des efforts pour essayer de repeupler le centre-ville. On
construit des condos, on refait des quartiers, dans l'espoir que la population
va...
M. Houde: Se stabiliser?
M. Côté (Pienre-F.): ...augmenter. Mais une des
constatations qui est faite, c'est que les gens qui retournent y habiter sont
très souvent des personnes seules, des célibataires. Ce n'est pas
très favorable pour élever des familles, dans ces
conditions-là. C'est un phénomène dont il faut vraiment
tenir compte et qui est très carac-térisque - moi. je le dirais,
en tout cas - d'un bon nombre de villes nord-américaines.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Si la loi 125 n'avait pas donné la permission
d'agrandir le schéma d'aménagement, à ce moment-là,
les gens seraient restés dans les
grands centres, donc ça aurait forcé les gens à
moins s'étendre à l'extérieur des grands centres. Mais
jusqu'à un certain point la population le voulait. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. Lessard.
M. Lessard: En réalité, il est impossible de
prévoir, disons, au-delà de 10, 15 ans, pour une raison
très simple: c'est que les prévisions sont toujours basées
sur les derniers recensements. Ça veut dire qu'on peut le savoir
maintenant à partir de 1981, disons. Ce qui est le plus difficile pour
nous, c'est que les prévisions doivent se faire sur des petits
ensembles. S'il s'agit de prévoir l'ensemble de la population du
Québec, c'est relativement simple, disons, compte tenu des taux de
natalité, du taux de croissance économique, des prévisions
d'immigration, etc. L'ensemble est assez vaste L'effet du vieillisse-mont est
sur l'ensemble, etc
Si on prend une circonscription de la région de Montréal,
ce qui a été évoqué tout à l'heure, avec 70
% de la population qui a 40 ans et moins, c'est une situation très
particulière où il y a relativement peu de votants. Il n'y a que
les parents avec des enfants qui ne sont pas des votants. Dans x années
les enfants peuvent devenir votants, à moins qu'ils ne décident
de s'en aller au centre-ville; et ça, c'est incontrôlable.
Dans des circonscriptions du genre aussi, il se produit qu'il y a des
espaces libres. Il y a x circonscriptions autour de Montréal où
il y a des espaces libres à bâtir. Les décisions de
bâtir à un endroit ou à l'autre ne dépendent
certainement pas de la Commission de la représentation
électorale. Elles sont relativement imprévisibles parce que
ça dépend des entrepreneurs qui vont décider d'investir
à un endroit ou à l'autre. Ça peut être fonction de
la décision que le gouvernement prend, à un moment donné,
de construire une route dans une direction ou dans l'autre. C'est ce qui fait
que, pour chacune des circonscriptions, il y a tellement de facteurs qui jouent
qu'il est impossible de prévoir à long terme
l'évolution.
Tout ce qu'on peut savoir, c'est qu'autour de Montréal, par
exemple, à peu près toutes les circonscriptions, sauf celles qui
sont pleines, vont continuer de croître. Au centre de Montréal,
celles qui sont plus près du centre vont continuer de
décroître, même s'il y a un certain retour en ville. On peut
savoir aussi - et là, vous avez des statistiques assez importantes dans
un volume qui a été publié récemment, qui s'appelle
"Deux Québec dans un" - on peut prévoir aussi quelle sera la
différence de croissance entre les périphéries
(Gaspésie, Abitibi, sud du Québec) et les grands centres
(Montréal, Québec, la vallée du Saint-Laurent), si vous
voulez.
Sur des grands ensembles comme ça, ça va bien. Sur les
circonscriptions une par une, il y a trop de facteurs aléatoires, c'est
très, très difficile de le savoir plus qu'une élection,
peut-être deux, à l'avance, et on risque souvent de se
tromper.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Lessard. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. J'aimerais dès
aujourd'hui vous faire part de certaines inquiétudes, principalement par
rapport aux audiences. On sait très bien que, lors des audiences qui ont
précédé la réforme pour l'élection de 1989,
les intervenants dans notre région avaient clairement exprimé
leur désaccord et avisé à l'avance la Commission que cette
réforme ne réglerait rien et qu'on devrait recommencer tout de
suite après l'élection, ce que votre rapport d'aujourd'hui nous
prouve.
Do plus, même si tout le milieu s'opposait a la nouvelle division,
même si la deputation des deux partis s'y opposait, la Commission n'a
aucunement tenu compte des demandes Le seul changement que nous avons connu,
c'est un changement de noms. Le premier rapport proposait les comtés de
Masson et de Marsan; on a préféré le nom de Masson
à celui de Marsan et on a remis le nom de Terrebonne au lieu de
Masson.
Donc, je tiens vraiment à faire part de mes inquiétudes
par rapport à une nouvelle division, d'autant plus que, depuis cette
division, nous travaillons à redévelopper un sentiment
d'appartenance. On semble nous laisser entrevoir qu'on va devoir retravailler
sur un autre sentiment d'appartenance.
Le Président (M. Dauphin): M Côté
M. Côté (Pierre-F. ): Sans vouloir justifier tout ce
qu'on a fait les années antérieures, juste quelques commentaires,
si vous permettez, madame. Concernant la dernière carte, ce qu'il ne
faut pas oublier - puis vous avez raison en disant qu'on n'a pas tenu compte de
tous les commentaires et observations qu'on nous a faits - il faut bien
réaliser que nous avions certaines limites d'imposées dans la
loi. Par exemple, nous ne pouvions augmenter le nombre de circonscriptions;
nous ne pouvions ajouter que trois circonscriptions. On en a ajouté une
sur la rive nord de Montréal. L'idéal, ça aurait
été d'en ajouter plus qu'une.
L'autre problème qu'on avait à ce moment-là, c'est
qu'on n'a pas envisagé d'en faire disparaître. Je vous signale
que, lors des débats où la loi a été
modifiée pour porter de 122 à 125, c'était le choix qui
s'était présenté à ce moment-là. On avait
dit clairement qu'il faudrait diminuer le nombre de circonscriptions, qu'il
faudrait en faire disparaître La solution, ça a été
d'en ajouter, mais pas suffisamment. Alors,
c'était la contrainte dans laquelle on était
placés.
Ce qu'on dit, aujourd'hui, et c'est la raison, pour laquelle nous allons
être très à l'écoute je l'espère, lors des
audiences publiques, c'est: Dans les régions comme la vôtre, il y
a une augmentation de la population, mais il faut vraiment redécouper et
il faut vraifnent ajouter des circonscriptions sur la rive nord de
Montréal. Mais, pour ce faire, il faut en enlever ailleurs. À ma
connaissance, ça ne s'est jamais produit qu'on ait fait
disparaître des circonscriptions, au Québec. Mais ce sera
ça, l'opération.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Côté.
Ça va, Mme la députée de Terrebonne?
Mme Caron: Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député de Nelligan.
M. Williams: Merci, M. le Président, Juste quelques
commentaires. Un de mes collègues a déjà mentionné
que ses citoyens aiment être rattachés à leur comté.
Nous avons essayé d'être rattachés à notre
comté, mais vous l'avez déjà changé deux fois et
c'est bien difficile d'être attaché à un comté quand
ça change à chaque élection ou à peu près.
C'est juste un petit commentaire.
Nelligan avait une population d'environ 40 000 votants, en 1985! Avec le
changement, c'est rendu à environ 47 000 votants. Avec ça, nous
sommes sur la carte avec un écart positif d'environ 26 % ou 27 %, et je
pense que vous voulez encore une fois changer ça. Je me trouve dans une
situation, avec des changements comme ça, où nous allons changer
le comté chaque année ou chaque élection et ça me
choque un peu.
Quand j'ai fait une petite étude très superficielle de
tous les comtés, il y en avait six: plus 26 %. dans Nelligan, plus 15 %
dans Jacques-Cartier, plus 0,5 % dans Robert-Baldwin, plus 1 % dans Marquette,
plus 9 % dans Saint-Laurent et plus 12,5 % dans Vaudreuil. Ce sont tous des
écarts positifs Avec ça, je pense qu'il y a peut-être une
marge de manoeuvre pour corriger un problème là, mais en touchant
à plusieurs comtés.
Mais nous avons eu pendant cinq ans un accroissement incroyable des
populations dans les villes de l'ouest de I He. Juste dans les trois
comtés de Jacques-Cartier, Robert-Baldwin et Nelligan, nous avons eu une
augmentation de 9000 votants. Avec ça, nous sommes en train
d'élargir chaque année. Je pense que pour les prochaines
élections ça va être très large. Juste avec les
chiffres d'aujourd'hui, je pense que nous sommes capables d'avoir quatre
comtés, pas juste trois. Juste avec une division brute comme ça,
en général, peut-être que, dans l'avenir, nous serons
capables de refléter l'accroissement et le pouvoir de l'ouest de
l'île, et aussi la population de l'ouest de I Ile.
Mais il y a deux commentaires. J'espère que nous sommes capables
de faire la division des comtés basée sur les
municipalités parce que, quand une municipalité est
divisée en deux ou en trois - mais je pense en deux - ça cause
des problèmes. Il y a beaucoup de confusion entre "est-ce que je suis
à Pierrefonds-Est ou Ouest et c'est dans quel comté"?
C'était juste un petit commentaire.
L'autre, c'est plus une question et un commentaire aussi.
L'équilibre sociolinguistique, c'est une chose très
délicate mais je suis convaincu que vous avez mis beaucoup d'heures et
beaucoup de discussions sur cette affaire. Je voudrais savoir plus en
détail comment vous mettez cette question dans vos décisions, la
question de l'équilibre sociolinguistique. Aussi, c'est un conseil pour
l'avenir, parce que je pense que d'autres changements s'en viennent dans
l'ouest de l'île et j'espère que vous serez prudents sur cette,
question, parce que c'est une chose très délicate. Un changement
dans une direction ou l'autre, ça ne va pas refléter la
réalité du Québec et de l'ouest de l'île en
général.
J'espère que j'ai été assez clair dans mes
commentaires généraux.
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): La réaction que j'aurais
à la question que vous posez, l'expression que vous employez,
"sociolinguistique", n'est pas une expression qui est employée dans la
loi, mais je comprends le sens que vous y donnez. La loi dit qu'on doit tenir
compte de la réalité sociale et du sentiment d'appartenance,
entre autres critères. Vous avez raison en disant que ce sont des
considérations dont nous devons nous efforcer de vraiment tenir compte
dans toute la mesure du possible. C'est une réalité sociale qui
existe, alors on fait beaucoup d'efforts pour en tenir compte de façon
satisfaisante.
Mais j'aimerais peut-être juste vous signaler un point qu'il ne
faut jamais perdre de vue dans le redécoupage d'une carte ou quand on
refait une carte. C'est qu'aussitôt qu'on touche aux limites d'une
circonscription électorale il y a des effets de dominos ou des effets de
réaction en chaîne. Une blague qui a été faite
souvent dans le passé, c'est que les gens qui habitent IHe de
Montréal, à un moment donné, on ne peut pas les jeter dans
le fleuve parce qu'il y en a trop. Alors, à l'intérieur de
l'île, il faut forcément faire des réajustements parce que
la grande difficulté, c'est de maintenir les critères
numériques qui sont impartis dans la loi.
Le Président (M. Dauphin): M. Bourassa,
vous aviez quelque chose à ajouter?
M. Bourassa (Guy): Bien, c'est un peu dans le même sens. Je
comprends très bien qu'on peut tenter de régler... Là,
c'est vraiment un commentaire très général que je fais. On
peut essayer de régler le problème d'une circonscription, disons
Nelligan, en disant: Bon, en tenant compte de ce qui est autour, on va
régler ça en touchant à très peu de
circonscriptions. Ce que nous avons fait valoir dans le rapport sommaire, ce
n'est, je le répète, qu'un état de la situation pour dire:
Vous voyez, on a une décision à prendre; c'est que dans
l'île de Montréal, dans l'ensemble des 33 circonscriptions, il y a
des problèmes. Dans l'ensemble de ces 33 circonscriptions, il y a des
problèmes dans la mesure où il y a un dépeuplement et la
moyenne de ces circonscriptions baisse par rapport à l'ensemble du
Québec. Donc, nous sommes obligés, là, de nous pencher sur
le sort de ces 33 circonscriptions, de voir s'il y a des
réaménagements à faire à l'intérieur de
cela. Si l'on touche à l'une d'entre elles, si on enlève surtout
l'une d'entre elles, comme vient de le dire M. Côté, ça
pose des problèmes extrêmement graves. Alors, on ne peut pas - et
ça, je pense qu'il est bon de le redire très clairement - on ne
peut, en général, malheureusement pas régler des
problèmes en disant: Considérons quatre ou cinq cas ensemble et
ça va se régler comme ça.
Ça ne peut pas se régler comme ça, mais vous avez
aussi tout à fait raison de dire que la dimension sociolinguistique
où l'homogénéité socio-économique, comme on
dit dans la loi, est quelque chose de fondamental. Mais sur ça aussi je
rappellerais qu'on trouve dans l'ensemble de I He de Montréal - je pense
que je n'ai pas besoin de vous le préciser - toutes sortes de facettes
à cette question-là, mais qu'on ne peut pas, encore une fois,
traiter d'un cas soit de l'ouest de l'île de Montréal ou de l'est
de l'île de Montréal en disant: C'est un tout petit groupe qui va
nous permettre de régler le problème. C'est plutôt une
espèce de petite carte électorale en elle-même qui est
à refaire, en tenant compte, d'ailleurs, de ce qui se passe ailleurs au
Québec. (11 h 15)
Le Président (M. Dauphin): Merci, M Bourassa. M. le
député de Nelligan, avez-vous terminé?
M. Williams: Je voudrais juste ajouter une petite affaire. Je
comprends que c'est une tâche très difficile, mais ma question ne
vient pas juste du comté de Nelligan: vous avez coupé une ville
de Nelligan et vous en avez ajouté une autre. Je suis très fier
de mon comté, et je n'ai aucun problème avec ça, mais je
pense que vous êtes en train de le faire encore. Ça cause un
problème pour les personnes, parce que dans un sens, qu'est-ce que tu
vas faire dans l'avenir. parce que je connais l'ouest de l'île assez
bien. J'espère que nous sommes capables de penser un peu plus loin dans
l'avenir.
Je voudrais répéter le commentaire d'un autre de mes
collègues. Je pense que le changement de la carte électorale dans
le climat dans lequel nous vivons, c'est une chose très délicate,
mais, s'il vous plaît, soyez prudents et prenez toutes les mesures
possibles pour que ce soit public, pour que vous soyez transparents,
accessibles pour tout le monde, parce que ces changements causeront des
réactions assez importantes pour l'avenir. Je sais que vous le savez,
mais je voudrais le dire ici.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le
député de Nelligan. M. le député de Joliette a un
petit commentaire, et ensuite je reconnaîtrai M. le député
de Westmount.
M. Chevrette: C'est une question sur les chartes des droits comme
telles. J'aimerais vous entendre. Quelles sont les prétentions de la
Commission de la représentation électorale par rapport au respect
des chartes et du droit du citoyen à un poids égal de
représentativité? Est-ce qu'il y a vraiment un danger? Parce
qu'il y a bien des façons de corriger des situations. On pourrait dire,
par exemple, qu'au lieu de 25 % -l'article 16 - c'est 30 %. On vient d'en
corriger aussi pour un petit bout de temps. Mais est-ce qu'il y a vraiment des
dangers, à partir de la Charte des droits et libertés?
Le Président (M. Dauphin): M Côté
M. Côté (Pierre-F.): Si vous me permettez, je vais
donner la réponse sous réserve, parce que vous m'avez
demandé tout à l'heure s'il y avait possibilité d'avoir
une opinion juridique. Nous vous la produirons. Mais ce que je comprends, c'est
que la raison pour laquelle la répartition - je vais prendre ce premier
point et je vais prendre le deuxième par la suite - en ayant une moyenne
d'électeurs et en ayant plus ou moins 25 % est une façon de
procéder qui ne respecte pas formellement l'égalité de la
représentation, parce que l'égalité de la
représentation, ce serait que toutes les circonscriptions comportent le
même nombre Or, ici au Canada, je fais référence au
jugement de Mme le juge McLachlin qui, à la suite de ce
jugement-là qui va d'ailleurs faire époque, a été
nommée juge de la Cour suprême. Alors, si jamais une question
comme celle-là allait jusqu'à la Cour suprême, vous avez
des chances d'avoir la même décision ou la même attitude
qu'elle a eue. Elle a confirmé dans ce jugement que cette situation du
plus ou moins 25 % au Canada était quelque chose d'acceptable Si on
regarde, par exemple, ce qui se fait aux États-Unis, ce n'est pas du
tout le cas: aux États-Unis on n'accepte pas des disparités comme
celle-là. Ils sont obligés d'avoir la représentation
la plus près possible de la moyenne des électeurs.
L'autre aspect de la question, c'est que ce qu'on nous dit - et c'est
là-dessus qu'ils auraient pu élaborer de la part d'opinions
juridiques c'est que c'est basé sur ce qu'on retrouve dans la charte,
c'est l'égalité du vote des électeurs. Le droit de vote
est reconnu dans, la charte et il faut que le vote ait relativement le
même poids pour chacun des électeurs. Les deux sont reliés.
Il faut que le vote d'un électeur dans une circonscription soit aussi
égal, mais il l'est relativement à cause de cette marge du plus
ou moins 25 % qui est reconnue.
M. Chevrette: Si ma mémoire est fidèle, et
j'aimerais que vous me corrigiez si je fais erreur, on a vécu des
situations ou des aberrations en 1966, je pense, puis on en a vécu
également à cause de la concentration du vote anglophone, par
exemple. On sait très bien qu'il y a des comtés où il y a
une forte concentration anglophone puis tu peux te ramasser avec un pourcentage
de Québécois majoritairement pour une formation politique qui est
défaite au nombre de sièges.
On a vu l'inverse aussi, dans les milieux ruraux, dans le temps de
Daniel Johnson, si ma mémoire est fidèle, où Daniel
Johnson a été élu avec 42 %, formant le gouvernement en
1966, alors que les libéraux avaient 46 %, 47 % ou 48 %. Il y avait des
disproportions épouvantables dans la représentation
électorale: des comtés de 20 000 par rapport à 45 000 ou
50 000 sur l'île de Montréal. C'était l'inverse, à
ce moment-là.
C'est ce qui a amené le législateur à vouloir
équilibrer un peu plus l'égalité du poids du vote des
individus. Je pense qu'il faut rappeler ces choses-là, parce qu'il y a
un cheminement qui a été suivi pour en arriver à
bâtir une loi qui n'est peut-être pas parfaite, mais à
partir de l'avis juridique, en tout cas, on pourra peut-être analyser
l'article 16 plus concrètement.
M. Côté (Pierre-F. ): On pourrait vous fournir les
données, aussi. Mais on m'informe que vous avez raison en ce qui
concerne cette période de 1966. Il y avait des circonscriptions qui
avaient 6000 électeurs et d'autres, jusqu'à 60 000.
M. Chevrette: Exact, je me souviens.
M. Côté (Charlesbourg): Et des circonscriptions
protégées.
M. Côté (Pierre-F. ): Puis il y avait les
circonscriptions protégées qui ont été abolies.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. Bourassa
M. Bourassa (Guy): Si vous me permettez un bref commentaire sur
ce qui vient d'être dit, l'avis juridique est extrêmement important
sur les choses en question, mais ce qu'il était aussi important de voir
dans le rapport sommaire que nous avons déposé, c'est que, sans
aucun avis juridique, par la loi actuelle, il y a déjà 13 cas que
nous ne pouvons pas accepter. Nous vous disons aussi qu'il y en aura 15 ou 20
autres qui seront hors la loi, sans aucun avis juridique, là, si la
situation telle qu'elle est maintenant, quelles que soient les autres
considérations extrêmement importantes qui peuvent survenir... Il
y a déjà presque le quart de la carte électorale qui
serait dans l'illégalité, en quelque sorte, où nous
serions dans l'illégalité, en un certain sens. Évidemment,
on peut toujours tenter de justifier ces exceptions-là, mais quand
même, justifier le quart d'exceptions, ça devient un peu
sérieux. Je pense qu'il est bon de rappeler ça.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Bourassa. M. le
député de Westmount.
M. Holden: M. le Président, je suis porté à
dire, à mon ami le leader de l'Opposition officielle que, dans le cas de
M. Cameron et moi, le vote anglophone a plus de poids.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Oui, mais il y a des accidents de parcours, je suis
d'accord avec ça, moi.
M. Holden: Non, mais je voudrais revenir à ce que le
député de Nelligan disait, parce que, dans la liste qu'on vient
d'avoir, si vous êtes pour faire des changements comme à Westmount
avec un nombre plus bas, puis à Outremont avec un nombre plus bas, je
sais qu'au fédéral, dans leur réaménagement de
comtés, ils ont mis pour un bout de temps Outremont et Westmount
ensemble, puis il y a eu un tollé à cause des différences
culturelles et linguistiques. Alors, ils ont laissé tomber cette
suggestion-là.
Pour l'amour de Dieu, messieurs, ne pensez pas à donner à
Westmount des votants qui sont complètement culturellement
étrangers aux votants de Westmount. Il y en autour, il y en a à
Notre-Dame-de-Grâce. Il y en a même à Verdun et à
Saint-Louis. Mais comme le disait le député de Nelligan, ce sont
des affaires très chatouilleuses et j'ai été content
d'entendre dire que les considérations culturelles jouent dans votre
décision, parce que, si j'ai bien compris la loi, c'est à vous de
prendre la décision. Vous nous écoutez, mais vous prendrez la
décision dans dix jours.
Je pense que votre idée est faite, là. D'après
votre rapport, ça va se faire. C'est juste l'étendue. Alors, dans
les six mois à venir, je présume que vous suivrez l'article 15 de
la loi, concernant la description, puis tout sera considéré.
Est-ce que dans ces six mois-là vous
consulterez de nouveau ou on n'a rien à dire
là-dedans?
Le Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F. ): Pendant les six prochains
mois, nous ferons le travail. Au plus tard le 25 septembre - selon l'article 21
ou 22 - nous devrons soumettre un rapport sommaire. Alors, ça, c'est le
fruit de nos travaux. Mais pendant presque une année, par la suite, nous
tiendrons des consultations. Là, il y aura un projet sur la table. On
fera ce qu'on a fait les autres années, on fera une tournée
à travers la province, on entendra le plus grand nombre de gens, tous
ceux qui veulent se faire entendre. Nous aurons également des rencontres
formelles avec les députés.
Je me souviens d'une rencontre ici, il y a quelques années...
Une voix: II y a une commission parlementaire.
M. Côté (Pierre-F. ): Il y a une commission
parlementaire qu'on doit rencontrer. Je me souviens, il y a quelques
années, qu'une cinquantaine de députés sont intervenus.
Alors, tout ça se fait publiquement et ça va dans la ligne de la
remarque qui a été faite par un autre député tout
à l'heure. Nous allons procéder comme ça, avec beaucoup de
transparence - d'ailleurs, la loi nous en fait obligation - et en faisant le
plus de publicité possible sur notre rapport pour que le plus grand
nombre de gens en prennent connaissance et soient en mesure de nous faire... On
ne prétend pas être en possession tranquille de la
vérité et faire un travail qui est tout à fait parfait. On
a absolument besoin d'avoir les réactions pour pouvoir avoir, à
la fin, un rapport final qui, dans toute la mesure du possible, tiendra compte
des observations qu'on nous aura faites. Mais nous devrons agir dans le cadre
des limites que la loi nous impose.
Le Président (M. Dauphin): M. Lessard, est-ce que vous
aviez quelque chose à ajouter?
M. Lessard: C'est en réponse à un certain nombre
d'observations qui ont été faites, en particulier celles du
député de Westmount, à savoir que certaines
circonscriptions sont tellement particulières qu'il ne faudrait pas leur
ajouter de gens différents, il ne faudrait pas les diviser. C'est
absolument impossible. La Commission ne peut pas geler une circonscription. La
Commission doit respecter des normes numériques. Dès qu'une
circonscription déborde ces normes numériques, elle doit
être modifiée.
La Commission peut faire des exceptions dans certains cas, mais il faut
les justifier de façon très explicite, il faut qu'il y ait
d'excellentes raisons. Quand une circonscription, de toute façon,
devient trop hors normes, il faut l'affecter. Quand la loi dit qu'il faut tenir
compte des communautés socioculturelles, la loi ne dit pas qu'une
circonscription électorale est une communauté socioculturelle. La
loi dit que dans une circonscription il y a des communautés
socioculturelles et, autant que possible, il faudrait les garder ensemble, mais
la norme principale, c'est toujours la règle numérique, si bien
qu'il ne faudrait pas arriver et nous dire, dans Westmount ou dans une autre:
Laissez notre circonscription comme elle est parce qu'on s'entend bien.
Si la circonscription déborde en plus ou en moins, un jour ou
l'autre elle devra être modifiée. Il n'y a qu'une circonscription
intouchable au Québec et c'est celle des îles-de-la-Madelei-ne
Toutes les autres sont susceptibles d'être affectées un jour ou
l'autre Je dis ceci pour clarifier le point de vue de la Commission parce que,
régulièrement, on nous reproche de n'avoir pas tenu compte de ce
qu'on nous avait dit. Mais quand on nous demande tout simplement de ne pas
faire notre ouvrage, c'est-à-dire de ne pas appliquer la loi, bien, il
est normal que nous n'en tenions pas compte autant qu'on nous le demande.
On essaie parfois, on essaie souvent même, de respecter les points
de vue. Je me souviens qu'à la modification de la dernière carte
électorale nous avions prévu un plan d'ensemble de
réfection de la carte sur la rive nord de Québec qui affectait
les comtés de Taschereau, de Louis-Hébert, de La Peltrie, toute
la périphérie Les députés de la région se
sont réunis - tout le monde n'était pas tout à fait
d'accord, je pense, mais enfin, ils s'entendaient - et ils nous ont
présenté un autre plan d'aménagement qui nous permettait
de respecter la loi sans trop déranger, en disant: Pour cette
réforme-ci ça ira, à la prochaine, on verra. D'accord?
Autrement dit, on nous a demandé de faire un aménagement. On l'a
fait et on l'a fait à beaucoup d'autres endroits pour la dernière
carte, pour des raisons semblables, ce qui fait que d'une carte à
l'autre, en accumulant ces reculs, on arrive à une carte comme celle
d'aujourd'hui, d'où la nécessité, un jour ou l'autre, de
faire une réforme majeure.
Donc, tout ceci pour vous dire: Si vous nous faites des recommandations
et qu'on peut vous satisfaire en respectant la loi, il n'y a pas de
problème, on va le faire. Si vous nous faites des recommandations qui
consistent à dire: Ne respectez pas la loi, bien là, on ne peut
pas.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Lessard. M. le
député de Westmount, aviez-vous autre chose à ajouter?
M. Holden: Je n'ai aucunement fait une suggestion de faire
exception pour Westmount, mais...
M. Chevrette: J'espère que non! Des voix: Ha, ha, ha!
M. ' Holden: ...d'après l'article 15 vous avez des
considérations géographiques. Alors, je vous demande de rester
sur le côté ouest de la montagne et de ne pas aller,
géographiquement, de l'autre bord de la montagne.
Le Président (M. Dauphin): Restez à
l'intérieur de la clôture.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): M. Lessard. (11 h 30)
M. Chevrette: Le mur de Berlin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lessard: Dans la loi, il y a deux sortes de critères,
des critères statistiques, ceux que nous présentons ici
aujourd'hui. Ce sont les critères déterminants. La loi nous dit:
Pas plus ni moins de 25 %. Ça, c'est déterminant. À
l'intérieur de ceci, si on peut respecter le plus ou moins 25 % sans
passer une frontière physique, on le fera. Si on ne peut pas le
respecter, il faudra passer la frontière. C'est aussi simple que
ça.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Lessard. M. le
député d'Orford et, ensuite, M. le député de
Gouin.
M. Benoit: M. Côté, je suis un nouveau
député; j'aimerais que vous fassiez un peu mon éducation.
Il y a un député péquiste, M. Guy Joron, qui, après
son élection, écrivait un livre dans lequel il recommandait que
les différentes limites territoriales, on essaie de les retrouver un peu
plus constantes. Je vais vous donner l'exemple d'un gars qui est moi-même
et qui demeure à la tête d'un lac qui s'appelle le lac
Memphrémagog, pour vous montrer comment un simple citoyen doit
être tellement mélangé dans ces structures qu'on ne voit
pas. La limite fédérale ne correspond pas du tout à la
limite provinciale. La ligne téléphonique 819-514 arrête
exactement là. Mon troisième voisin, je peux lui crier sur un
quai, il va très bien m'entendre, mais si je l'appelle au
téléphone, c'est un "longue distance". Pas juste moi, là,
une bonne partie de la population dans ce coin-là. Le CSS relève
de Richelieu; le CLSC, de Magog. Si vous appelez Hydro la nuit, vous allez
appeler à Saint-Jean, et si vous appelez le jour, vous allez appeler
à Magog. La police vient de Bedford; la MRC, de Magog. Pour le scolaire,
dépendant si vous êtes au primaire ou au secondaire, vous allez
aller à Sherbrooke ou à Magog. Le municipal, bien sûr,
c'est là qu'on demeure, et il y a ensuite les différentes zones
administratives.
Alors, le simple citoyen qui essaie de se retrouver dans ces structures
n'y trouvera jamais son compte. Ne soyez pas surpris que tous les jours on ait
des gens qui viennent dans nos bureaux et qui pensent parler au
député fédéral. Je ne les blâme pas, je veux
dire que c'est d'une complexité: il faut faire un cours pour finir par
se comprendre là-dedans. Moi-même, quand j'ai essayé de
comprendre d'où venait la police provinciale, où je devais
appeler la nuit pour avoir Hydro-Québec, c'était tout un
cours.
Cela dit, M. Côté, je voudrais savoir ceci. Prenez-vous en
considération ces limites imaginaires que l'homme, à travers les
âges, a été capabale d'établir pour, j'ai
l'impression, compliquer la vie à tout le monde? Et est-ce qu'on
pourrait revenir un peu au bon sens?
M. Côté (Pierre-F.): Bien, écoutez... Le
Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, je
m'excuse, je parle parfois sans votre autorisation...
M. Benoit: II est à l'autre extrémité du
comté.
M. Côté (Pierre-F.): -et je m'en excuse. Si j'ai
bonne mémoire, dans l'un des rapports précédents, nous
avons fait cette remarque qu'il y avait au Québec un très grand
nombre de délimitations de toutes sortes et vous ajoutez,
évidemment, celles du fédéral. On nous a dit, par exemple,
à plusieurs reprises lors d'audiences publiques: Pourquoi vous ne tenez
pas compte des limites des MRC dans la délimitation des circonscriptions
électorales? On a fait cet exercice, on a pris la carte
électorale du Québec, on a mis par-dessus la carte des MRC, ou
l'inverse, pour voir s'il y avait possibilité, mais ce n'est pas
possible. Ce n'est pas possible de "rencontrer" à la fois les exigences
des délimitations des régions, des délimitations...
Même à l'intérieur du gouvernement, pour différents
ministères, il y a des limites territoriales qui sont différentes
de l'une à l'autre, selon les besoins. En ce qui nous concerne, pour
l'application de la Loi électorale telle qu'elle est régie
présentement, nous nous efforçons dans toute la mesure du
possible de tenir compte de ça, mais ce n'est pas toujours facile.
M. Benoit: Est-ce qu'en démocratie un des grands principes
ne serait pas que le citoyen puisse simplement, sur une base quotidienne,
comprendre le plus facilement possible son opération gouvernementale? Au
municipal, ça va assez bien; quand on monte au provincial, c'est
déjà plus compliqué, puis au fédéral,
probablement que personne ne s'y retrouve. Est-ce que
ce n'est pas une des priorités qu'on devrait avoir, comme
législateurs, et vous, d'essayer de simplifier tout ça pour que
le simple citoyen se retrouve dans ces structures-la?
M. Côté (Pierre-F.): Je dirais qu'en principe, M. le
Président, je suis d'accord, mais on réalise que parfois c'est la
quadrature du cercle. Pouvoir vraiment le réaliser, ce n'est pas
facile.
M. Lessard: Évidemment, ce n'est pas une situation
idéale, sauf que ce n'est pas la Commission de la représentation
électorale qui y peut quelque chose. La Commission de la
représentation électorale n'a de pouvoir que sur une chose: les
circonscriptions électorales; toutes les autres subdivisions
relèvent d'autres instances. Première observation.
Deuxième observation. Ces autres instances-là sont parfois
aussi justifiées parce qu'elles doivent faire affaire avec des
clientèles variables. Il y a des instances, d'ailleurs, qui ne sont pas
publiques, qui sont privées: Bell Téléphone ou
d'autres.
L'autre phénomène, qui est très important et qui
nous crée régulièrement des problèmes, c'est le
déplacement de la population. Tant qu'une population est stable, qu'elle
demeure à peu près toujours à la même place et que
les taux de croissance sont les mêmes, autant de naissances à un
endroit et autant de mortalités, ça va très bien. Mais du
moment que les gens se déplacent en grand nombre, vident la péri
vers les centres ou vident les centres-villes vers les couronnes urbaines, on
n'y peut plus rien. Les gens se déplacent. Si on veut garder des
ensembles de population à peu près constants, c'est-à-dire
30 000, 36 000 par circonscription, il faut les changer, on n'a pas le choix.
Ce n'est pas la Commission qui décide cela. C'est d'une part le
dynamisme sociodémographique, économique du Québec qui
fait que les gens se déplacent. C'est aussi le fait que la Commission a
reçu un certain devoir à exécuter, diviser des
circonscriptions qui aient telles dimensions, et c'est ce qui donne le
résultat. Je reconnais la complexité de la situation que vous
évoquez, mais je serais surpris qu'il y ait une solution
prévisible à un problème semblable.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. Lessard. Vous aviez
quelque chose à ajouter, M. Bourassa?
M. Bourassa (Guy): Oui, merci, M. le Président. Un
très bref commentaire. Je pense que l'objectif que vous indiquez est
tout à fait important et avec les réserves qu'on vient de dire,
il faut quand même le conserver à l'esprit. Une chose qui a
été évoquée rapidement par M. le président
de la Commission, M. Pierre-F. Côté, c'est que le moment des
audiences publiques, c'est le moment privilégié pour les
populations dont vous parlez - par exemple le comté où vous
êtes - de nous faire valoir ces difficultés et ces
incongruités, ces incohérences, si on veut, et d'arriver vraiment
à une solution qui soit la plus valable possible, en tenant compte,
justement, d'éléments parfois presque incompatibles.
Moi, je souscris tout à fait à votre idéal,
à votre objectif. Je dis qu'il y a moyen de s'en approcher. Je pense
qu'on s'en approche. Mais il faut admettre qu'il y a des choses qui sont -
l'exemple des MRC est très bon - impossibles. Il y a sûrement des
pas à faire et il y a un moyen important de le faire, notamment pour
nous, dans notre travail, dans les étapes qui vont suivre. C'est le
moment des audiences publiques, où les populations concernées
peuvent dire: Écoutez, ça n'a pas d'allure. Il y a
peut-être moyen d'aménager des choses qui amélioreraient un
peu la situation. C'est l'étape majeure.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M Bourassa. M. le
député d'Orford, avez-vous terminé?
M. Benoit: Ça va Bien, merci.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: C'était intéressant, les observations
du député d'Orford, parce que, quand je suis arrivé en
fonction, j'ai essayé de faire la même carte qu'il a faite en
superposant l'ensemble des cartes: CLSC, postes de police, districts
municipaux. À la fin de l'exercice, ma feuille avait l'air d'une feuille
quadrillée. Pour bien des gens, c'est souvent ne plus être capable
de s'y reconnaître.
Je comprends, bien sûr, que les gens de la Commission travaillent
dans un cadre juridique qui est bien défini et que plusieurs propos qui
vous ont été adressés aujourd'hui devraient s'adresser au
législateur plutôt qu'aux gens de la Commission, puisque vous avez
quand même une responsabilité qui est bien définie dans la
loi.
M. Chevrette: Vous avez donc compris qu'on se parlait à
soi-même.
M. Boisclair: C'est un peu... Parce que le plus ou moins 25 %,
vous avez la responsabilité de l'appliquer et c'est clairement
défini dans la loi. Deux questions que je me pose. Le recensement
électoral. Selon plusieurs observations qui ont été
faites, de la façon qu'on l'a vécu, plusieurs de mes
collègues de la région de Montréal disent que le
recensement a été très mal fait à cause des
délais et à cause aussi de la période où il s'est
tenu. Est-ce que vous croyez que le fait que le recensement, dans plusieurs
circonscriptions, n'ait pas été fait de façon
adéquate ou que peut-être il y a plusieurs personnes qui n'ont pas
été recensées... Je pense
à chez nous, où il y a plus de 1000 personnes qu'on a
réussi à faire inscrire au moment de la révision. Vous
comprenez qu'on a essentiellement travaillé des "poils" qui nous
apparaissaient des "poils" sympathisants. Par conséquent, il y a des
"poils" qu'on n'a pas travaillés. Jusqu'à quel point est-ce que
ça pourrait influencer les décisions de la Commission et le
rapport sommaire que vous nous présentez aujourd'hui? Est-ce qu'il y a
une donnée qui vous semble assez pertinente pour en tenir compte ou si
ce n'est pas significatif?
Le Président (M. Dauphin): Oui, M.
Côté.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, M. le Président.
C'est un fait qu'au dernier recensement qui a précédé les
dernières élections on a rencontré - là, je parle
à titre de Directeur général des élections et non
pas de président de la Commission - des difficultés de
réalisation. Vous mentionnez la période de l'année pendant
laquelle ça s'est fait. Nous n'y étions pour rien. Le
déclenchement des élections, bon... C'est un facteur qui
était là.
Deuxièmement, j'en profite peut-être pour vous dire que
dans plusieurs circonscriptions, et dans plus qu'une à Montréal,
je ne vois pas la situation allant en s'améliorant dans les
années à venir. À cet égard, il faudrait
peut-être faire certaines réflexions ou soumettre certaines
suggestions, en particulier dû au fait qu'il est de plus en plus
difficile de recruter du personnel pour effectuer ce travail. Je vais donner
des exemples concrets. On a été obligés, lors du dernier
recensement à Montréal, d'avoir des annonces considérables
payées à la radio; ça a coûté
énormément cher pour demander: Est-ce qu'il y a des gens... On
n'était pas capables. La procédure actuelle veut que ce soit des
recommandations qui viennent des partis politiques. C'est la tradition, c'est
comme ça qu'on procède. Il y a des endroits où
c'était difficile d'avoir le personnel requis.
Par ailleurs, pour répondre à l'autre partie de votre
question, en ce qui nous concerne, pour la réalisation de notre travail,
nous ne pouvons faire notre travail que sur la base de la dernière liste
électorale établie. Évidemment, quand on parle de
projections, d'études, on compare avec 1985, par exemple, et on ne fait
pas des projections à partir seulement du dernier recensement. Nos
études de projection sont faites de 1981 à 1985, de 1985 à
1990 et de 1990 à 1993. À ce moment-là, on a plus de
chances de tenir compte d'une difficulté qui a pu se présenter
dans certains endroits pour l'établissement de la liste
électorale.
M. Boisclair: Je vais vous parler un peu de mon cas aussi...
Le Président (M. Dauphin): M. le député
de
Gouin.
M. Boisclair: ...qui est à moins 22 %. La
problématique n'est pas simple. Vous avez expliqué l'effet de
dominos, tout à l'heure. Bien sûr, quand on touche à une
circonscription, on touche à une autre. Tenir compte aussi des limites
naturelles, qu'on parie de voie ferrée, ou de viaduc ou de choses
semblables, qu'on essaie aussi de tenir compte du sentiment d'appartenance,
d'une communauté autour de districts souvent municipaux, ou de
paroisses, et dans mon cas particulièrement, de la petite patrie, qui
essaie de se donner une espèce de vigueur avec le débat que vous
connaissez sans doute, autour des districts municipaux. Quel poids vous
accordez à toute cette réalité, au-delà de
l'obligation qui vous est faite par la loi? Jusqu'à quel point? Parce
que je pense que, quand on définit une circonscription
électorale, il doit y avoir une certaine unité. Il y a un article
de loi que j'oublie. Ma collègue, tout à l'heure, soulevait des
inquiétudes quant au fait qu'il y a des recommandations qui avaient
été faites par les représentants des citoyens, mais elles
n'avaient pas eu écho dans la décision que vous avez prise.
Au-delà de l'obligation, que je comprends très bien, que vous ne
pouvez pas outrepasser cette loi, à moins d'un cas particulier qui doit
être bien explicité, jusqu'à quel point vous tenez compte
de cette réalité locale et de ce sentiment d'appartenance? Est-ce
que c'est un critère déterminant?
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président. Le
Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): Le premier critère, la
première contrainte, on l'a mentionné à plusieurs
reprises, c'est la contrainte mathématique. Mais, ce que vous soulignez
est pour nous d'une importance primordiale. Je vais vous donner peut-être
le dernier exemple que vous connaissez sans doute, ce sont les décisions
qu'on vient de rendre pour l'élimination des districts électoraux
de la ville de Montréal. Ça nous a permis, par exemple,
d'accumuler des connaissances sur la situation de la ville, à cet
égard en particulier, qui sont absolument très précieuses
et qui vont nous aider dans le travail de la nouvelle carte
électorale.
Moi, je dirais que, une fois qu'on a réglé le
problème mathématique, la deuxième préoccupation,
ce sont ces critères qui sont très clairs dans la loi. On parle
de critères géographiques, de l'évolution
démographique. On parle de barrières physiques. Un sur lequel les
gens reviennent énormément, et je dirais non sans raison, c'est
ce sentiment d'appartenance qu'ont les gens à un milieu. Pour nous,
c'est très important. Toutes les fois qu'on est capables d'en tenir
compte, on le fait.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Boisclair: Je ne veux pas vous rappeler tout le débat
qu'il y avait eu autour de la petite patrie avec lequel vous êtes
sûrement familier, au moment de l'élaboration des districts
municipaux dans le secteur, et aussi tout le débat autour de
l'arrondissement. Mais encore là, malgré, je présume, une
limite en termes de nombre et des critères qui vous sont imposés
par la loi, le secteur de la petite patrie souffre encore et les intervenants
du milieu se plaignent encore d'une sous-représentation. Je souhaiterais
que - à un moment donné, il va y avoir des travaux que vous aurez
à faire, lorsque vous étudierez une nouvelle carte - la petite
patrie puisse compter sur une représentation plus importante qu'à
l'heure actuelle, d'autant plus que c'est partagé par trois
députés provinciaux: ceux de Dorion, Laurier et Gouin. Ce serait
intéressant qu'il y ait une plus grande concertation qui se fasse,
quitte à étendre les comtés de Gouin et de Dorion.
Le Président (M. Dauphin): M. Bourassa. (11 h 45)
M. Bourassa (Guy): Deux très brèves choses. Vous
demandez quel poids on attache à ces considérations-là. Le
poids est énorme parce que, si on ne s'intéressait qu'à la
dimension mathématique, au critère numérique, il n'y
aurait pas de problème. On n'aurait qu'à faire notre travail
mathématiquement et automatiquement.
L'autre remarque qui a été soulevée par M.
Côté est extrêmement importante. C'est d'arriver, justement,
à faire cette heureuse synthèse qui est toujours un peu boiteuse,
par ailleurs, entre le respect des chiffres et les appartenances. Mais de temps
en temps on passe à travers les appartenances, on les respecte plus ou
moins. On vient moins nous le dire quand on les respecte que quand on ne les
respecte pas et je pense que c'est tout à fait normal, mais c'est
l'objet même de la loi, je pense, d'arriver à faire une
conciliation entre les chiffres et les divers sentiments d'appartenance qui
nous sont exprimés. Alors, c'est tout à fait capital pour
nous.
M. Boisclair: En conclusion, moi, je vous dirais qu'on a dit
souvent que les gens n'aiment pas l'instabilité, mais ce serait
intéressant - en tout cas, moi, je le souhaite - qu'il y ait une
révision majeure de la carte qui se fasse, que ce
problème-là soit réglé. Le député,
au-delà du travail politique qu'il a à faire, essaie de
créer des liens avec l'ensemble des gens qui y travaillent. Il
réussit souvent à le faire et c'est intéressant de pouvoir
aussi maintenir ces liens-là et y travailler, parce qu'au-delà
des appartenances physiques a un territoire il y a aussi des relations
personnelles qui se créent avec l'ensemble des intervenants qui sont
souvent beaucoup plus importantes que le simple critère de territoire.
Notre générosité ne s'arrête pas au nord de la rue
Sainte-Zotique, puisque c'est la rue Sainte-Zotique qui limite mon
comté, du côté nord. En tout cas, qu'il puisse y avoir une
révision pour qu'on puisse savoir à quoi s'en tenir une fois pour
toutes, particulièrement aussi à l'égard de la petite
patrie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le
député de Gouin. J'ai deux dernières demandes
d'intervention: le porte-parole de l'Opposition et député de
Joliette, et nous terminerons avec le ministre délégué
à la Réforme électorale M. le député de
Joliette.
Conclusions
M. Chevrette: D'accord. Moi, je voudrais apporter un
élément additionnel à ce que j'ai dit tantôt. J'ai
fart une boutade mais, effectivement, on se parle depuis un bon nombre de
minutes en ce sens qu'on remet en question ce qu'on a déjà
voté, comme Assemblée nationale. Le débat, sous cette
partie-là, ne s'adresse pas à la Commission qui, elle, se doit de
remplir les obligations législatives qu'on a votées ici. Donc,
moi, c'est clair dans ma tête que comme formation politique on aura
à se repencher si on doit se repencher, ou à confirmer si on doit
confirmer
Moi, j'aimerais, par exemple, m'adresser peut-être à mes
confrères ici, mes collègues de travail, à tout le monde
autour de cette table II faut penser aux représentations politiques des
régions socio-économiques aussi. Si une région se
dépeuple, comme c'est le cas, par exemple, à Montréal,
est-ce qu'on doit garder le même poids politique au détriment de
celles qui grossissent comme la rive sud et la rive nord de Montréal?
Est-ce qu'on va accepter qu'au Parlement de Québec il y ait six
députés dans une région alors qu'il pourrait y en avoir
sept ou presque huit et va-t-on accepter qu'on soit
sous-représentés politiquement dans une région sous
prétexte qu'on parle de sentiment d'appartenance? Ça m'apparalt
être une question de fond à trancher comme hommes et femmes
politiques.
Est-ce que, également, on devrait continuer... Prenons d'autres
exemples. Si on suivait le raisonnement, si on maintenait tout en place,
qu'arriverait-il au niveau des services à la population? Ceux qui
soutiendraient que le sentiment d'appartenance doit faire maintenir les
structures telles quelles, est ce qu'ils seraient prêts à
s'abstenir que les services suivent7 Par exemple, Montréal se
dépeuple; on maintient les mêmes services même s'il se
dépeuple et on maintient les mêmes sommes d'argent pour donner les
mêmes services et les sommes d'argent ne suivraient pas les populations.
On arriverait devant quel cul-de-sac?
Prenez au niveau scolaire, les banlieues se sont enrichies. On a
fermé des écoles dans les
villes, mais on en a construit ailleurs pour que les services
accompagnent les populations. On a voulu l'étalement urbain. Ça,
c'aurait été une loi qu'on aurait dû passer avant, si on ne
voulait pas donner les services. C'est ça. Quand on le regarde
globalement, il faut être cohérents par rapport aux gestes qu'on a
posés antérieurement. À mon point de vue, remettre en
question le poids de la représentativité politique, ce n'est pas
comme individu qu'il faut l'analyser. Il faut le regarder comme droits
fondamentaux aussi... c'est-à-dire, comme individu, on doit le regarder.
On doit le regarder aussi comme collectivité parce que c'est la
collectivité qui exige des services, qui exige un traitement, qui exige
des services de toute nature par la suite, et le poids politique joue un
rôle immense.
Par exemple, si sur la rive nord de Montréal on était un
ou deux de plus au sein de cette Assemblée nationale et que ça
diminuait le poids politique de Montréal parce qu'il s'est
dépeuplé, bien, c'est autant un pouvoir de décision
d'équilibrer les services. Si on maintient le poids politique à
Montréal, la ville va décider de garder ces mêmes services
au détriment d'une collectivité qui est
sous-représentée. Ça s'ensuit dans le régime
démocratique et on n'a pas le choix de suivre ce raisonnement-là,
à un moment donné. Je pense qu'il va falloir le regarder comme
institution à partir de droits fondamentaux et non pas exclusivement
à partir du découpage chez nous.
Ça me tenterait, moi, d'avoir ma place natale dans mon
comté. Je serais plus sûr de moi encore, quelles que soient les
vagues qui passent. Mais qu'est-ce que vous voulez? Ils auraient un sentiment
d'appartenance à Guy Chevrette, eux autres. Ils aimeraient ça,
ils viennent me le dire. Mais écoutez, à un moment donné,
je passerais à 48 000, à 49 000, je suis en haut... Ça ne
marcherait pas. À un moment donné, il faut que tu regardes
ça, le poids de la représentativité a une importance
capitale. Il va falloir le regarder globalement avec les conséquences
que ça implique non seulement sur le plan de la
représentativité électorale, mais aussi sur le plan des
répercussions concrètes dans la vie et dans le vécu de
chacun de nos concitoyens. Ça ne veut pas dire de faire exprès
pour faire des mauvais découpages. Ce n'est pas ça. Mais
ça veut dire, par exemple, d'assumer pleinement nos
responsabilités à partir de principes qui ont prévalu
comme législateurs.
J'espère que le débat qu'on a fait ce matin va se faire
dans chacune des formations politiques et qu'on va pouvoir arriver avec des
suggestions fantastiques à partir du gros vécu, du gros concret,
du gros bon sens et aussi de la logique et de la cohérence. Est-ce qu'on
change de cap? Est-ce que dorénavant c'est un découpage plus
naturel qui prime ou si c'est le poids de la représentativité de
chacun? C'est une décision de fond. Je suis prêt à faire
des dis- cours politiques et à en faire des maudits, à part
ça, à l'interne comme à l'externe. Moi, je suis même
prêt à faire ça, il n'y a pas de problème
là-dessus, parce que mon lit est fait et que j'essaie d'assurer une
cohérence totale par la suite, c'est évident. Et je crois
fondamentalement que ces principes-là, l'individu... Entre vous et moi,
quand il y a des populations d'une paroisse qui viennent dire à un
député: Je veux rester dans votre comté, monsieur, j'ai du
bon service, tu ne peux pas présumer qu'il n'aura pas un bon service
avec l'autre. S'il n'est pas bon, ils le changeront, bon Dieu! C'est pour
ça qu'on fait des élections tous les trois ans. Mais normalement,
chaque homme ou chaque femme politique est là pour donner le maximum
à ses commettants, et pour avoir un bon service, il doit y avoir des
nombres limites de commettants, à un moment donné.
Moi, c'est de même que je le vois. C'est de même que je l'ai
analysé, c'est de même que j'ai cheminé. C'est de
même que j'ai été amené à voter pour toutes
les législations à date. Ça ne veut pas dire qu'il ne
faudrait pas apporter certains amendements, soit dit en passant. La question du
recensement à la veille d'une campagne électorale, là, on
pourra s'en reparler. En termes d'amendements électoraux, je suis
convaincu que le ministre, d'abord, qui est un homme aussi pragmatique que moi,
j'en suis convaincu, peut se repencher sur certains points précis du
genre. Faire voter tous les gens qui sont partis depuis 10 ans, je ne suis pas
sûr non plus qu'il ne faudrait pas regarder ça. Il y a bien des
points, je pense, sur lesquels on peut tomber facilement d'accord pour corriger
des aberrations et faire en sorte qu'on ait une loi électorale qui
continue à être bonne et à être exemplaire non
seulement au Canada, mais peut-être en Amérique du Nord. On a un
système qui fonctionne passablement bien, merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Joliette et porte-parole de l'Opposition. Je vais
maintenant reconnaître, M. le ministre délégué
à la Réforme électorale.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. On reconnaît dans les propos du député de
Joliette un homme de loi, avec tout ce que ça comporte sur le plan du
respect de ce que le législateur a décidé sagement ou pas
sagement, en connaissance de cause ou en non-connaissance de cause. De toute
façon, il l'a décidé et je pense que le processus de ce
matin s'inscrivait en ligne directe avec ce que le législateur avait
décidé. La Commission a fait exactement ce qu'elle devait faire.
Donc, on est devant un constat qui est très clair, qui n'est
pratiquement pas discutable. En termes de constat, il est là,
très brutal, avec ses chiffres, mais c'est la réalité.
Évidemment, ça pose un certain nombre de questions et il est
heureux qu'on puisse, à
l'occasion, en discuter.
J'aurais une seule observation, quant à moi, qui est très
personnelle, sur le poids politique dont faisait écho le
député de Joliette, lui destituant dans la perspective d'une
mutation profonde de gens qui étaient au centre-ville de Montréal
et qui sont maintenant rendus dans la couronne, couronne qui devrait avoir
beaucoup plus de pouvoir. Deux circonscriptions d'enlevées sur 111e de
Montréal et resituées dans le grand ensemble qu'est la
périphérie, on peut en supposer une en Montérégie
et une dans tes Laurentides ou Lanaudière. Évidemment, ça
donne plus de poids à Lanaudière, ça en enlève
à Montréal. Deux députés de moins sur 34, il reste
encore passablement de poids. Mais lorsque vous arrivez dans un
phénomène comme la Gaspésie où vous enlevez une
circonscription sur quatre, ça aussi, ça doit nous faire
réfléchir, parce que ce n'est pas le même ordre de poids
que vous enlevez au niveau de la Gaspésie. Ça, c'est le
problème de jouer toujours avec des barèmes et des chiffres. Le
législateur l'a décidé ainsi, mais il faudra s'asseoir
éventuellement pour être capables de réfléchir
grandement, parce que l'État a aussi une part de la
responsabilité du fait que les régions se vident. S'il y avait
là-bas plein emploi, possiblement qu'il y a bien des gens qui
préféreraient travailler là-bas et rester là-bas,
mais les gens vont là où ils peuvent gagner leur vie. Dans ce
sens-là, il y a un ensemble de responsabilités dont on doit tenir
compte dans ces phénomènes.
Qu'est-ce qui va arriver demain, compte tenu du sujet qui nous
préoccupe? Je pense que les deux formations politiques vont devoir
réfléchir, d'un côté comme de l'autre. Mais s'il
devait y avoir des changements à la trajectoire de la fusée qui
est lancée, si on l'envoie sur la lune ou sur Vénus, ça
prendrait un projet de loi, en bonne partie, et ça, ça doit
être l'initiative du gouvernement. C'est donc sous cet angle que nous
allons réfléchir très rapidement, de telle sorte qu'il n'y
ait pas de processus qui s'arrête. Ce que j'ai compris, ce matin,
à tout le moins, c'est qu'il y avait deux possibilités. Des
possibilités, il n'y en a pas. Et l'autre possibilité, s'il y en
a, il y en a une vraie. Ça me paraît être un consensus assez
large, que je transmettrai à ma formation politique et au gouvernement,
pour éviter de toujours recommencer. 1972, une majeure; 1985, une
réforme qu'on peut dire majeure, puisqu'il s'est ajouté trois
circonscriptions et que ça en a touché plusieurs; et on s'en va
vers... Moi, j'ai marqué 1992, mais ce que je comprends, c'est que
ça pourrait être avant. Mais, au plus tard en 1992, on se
retrouverait avec une autre réforme majeure, ce qui fait que dans
l'espace de 20 ans on aurait eu trois réformes majeures de la carte
électorale, donc tous les sept ans. Donc, on n'aurait pas fait deux
mandats ou deux élections sur une seule carlo.
Donc, ce sont des mutations et des change- ments très profonds.
Je vous le dis tout de suite, quant à moi, avec ma petite
expérience de 20 ans en politique, il est illusoire de penser qu'on
pourra avoir des cartes électorales stables. Ce n'est pas vrai. C'est
illusoire de penser ça. On peut toujours le tenir dans nos discours, on
peut toujours en parler, mais la réalité est tout autre, et
révolution de la population fait en sorte que c'est impossible de penser
à une stabilité de carte électorale globale pour tous les
comtés du Québec. C'est mon humble avis.
Je veux remercier les gens de la Commission. Peu importe la
décision qui pourrait être prise par le gouvernement
d'arrêter ou de continuer le processus, on est dans un processus qui va
nous mener à quelque chose de majeur. C'est ce que j'ai compris, si on
veut régler les problèmes tels qu'ils nous sont
présentés, à partir des données de la loi. Et
ça, vous n'avez le choix de le faire qu'en fonction de la loi. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre.
Juste avant d'ajourner nos travaux, j'aimerais tout d'abord accepter comme
dépôt, sous la cote 1D, la liste dont M. Lessard nous a fait
lecture tantôt: les différents comtés par ordre
décroissant du nombre d'électeurs. Deuxièmement, au nom de
tous les membres de la commission, j'aimerais vous remercier, MM.
Côté, Bourassa, Lessard, Giguère et Lemieux, de votre
participation, ainsi que toutes les personnes qui vous accompagnent.
Nous ajournons nos travaux sine die, tout en spécifiant que notre
commission a accompli son mandat. Merci beaucoup
(Fin de la séance à 12 heures)