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(Seize heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Les travaux de la commission des institutions reprennent. Nous sommes
à étudier le projet de loi 75, le Code de procédure
pénale. Lors de la suspension nous étions rendus à
l'article 196, qui était déjà suspendu. J'appelle
l'article 196.
Projet de loi 75 Articles en suspens (suite)
M. Marx: Je peux peut-être expliquer. Le problème
ici c'est que le député de Taillon, ou quelqu'un d'autre a
suggéré que ce soit le même juge qui entend les motions
préliminaires qui entende la cause. D'accord?
Par analogie, le juge qui entend l'enquête préliminaire
n'est pas nécessairement celui du procès, même si certains
témoignages faits lors de l'enquête préliminaire seront
versés au dossier du procès. Par analogie également, il a
été décidé que le juge devant qui l'accusé
comparaît et présente son plaidoyer, ne doit pas
nécessairement être celui du procès.
Par ailleurs, dans l'arrêt Richtone Bakeries c. Cour des sessions
de la paix, 1966, Banc de la Reine, p. 866, il a été
décidé à cet égard que le procès ne commence
que lorsque l'accusé affronte les témoins de la couronne, ce qui
correspond dans le projet de code à l'étape de l'instruction.
Enfin, le paragraphe 3 de l'article 5 de la Loi sur les poursuites
sommaires prévoit déjà, et je cite: "II n'est pas
nécessaire que le juge de paix qui agit avant ou après l'audition
soit celui ou l'un de ceux par qui la cause doit être ou a
été entendue et décidée." Fin de la citation.
Ce sont les notes qu'on m'a fournies pour justifier l'article 196. On a
fait un peu de recherches pour justifier le libellé de l'article
196.
M. Filion: Si j'ai bien saisi, vous avez fait appel à la
cause de Richtone Bakeries, vous avez mentionné également la Lof
des poursuites sommaires. C'est ce que je cherche. Cela ne devrait pas
être tellement long. Article 5, paragraphe 3. II faut dire que dans la
Loi sur les poursuites sommaires, les demandes préliminaires n'avaient
pas le même sens que dans le Code de procédure
pénale...
En tout cas, on n'argumentera pas longtemps. La base est la suivante.
Les demandes préliminaires prennent une forme bien précise dans
le Code de procédure pénale, elles sont très
étendues, comme en font foi l'article 168 et les suivants, notamment
l'article 174, mais étant donné qu'on est en matière
pénale et non pas en matière criminelle, je pense que cela
pourrait se justifier que ce soit un autre juge qui entende la cause, vu la
jurisprudence que je ne connaissais pas. Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 209.
M. Marx: À l'article 209 du projet de code, Insérer
dans la première ligne, après le mot "juge" ce qui suit:
"permettre aux conditions qu'il détermine et s'il est convaincu qu'il
n'en résultera aucune injustice peut le poursuivre". Cet amendement est
de concordance avec les articles 179 et 184. M. le Président, c'est un
article de concordance, comme les autres, j'imagine.
M. Filion: C'est la concordance pour introduire...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...le fait qu'il n'en résultera aucune
injustice.
M. Marx: Aucune injustice.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Filion: C'est en concordance avec quels articles,
déjà?
M. Marx: Avec les articles 179 et 184. M. Filion: Tels
qu'amendés, évidemment.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon.
M. Filion: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Marcil): L'amendement 209 est
adopté.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 209 tel
qu'amendé est adopté?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 220 dont
l'amendement est le suivant.
M. Marx: Voulez-vous lire l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Marcil): Oui, je vais le faire. À
l'article 220 du projet de code, remplacer le deuxième alinéa par
le suivant: Toutefois, lorsqu'il déclare le défendeur coupable
d'une
infraction, le juge, sauf s'il est convaincu que le législateur
n'a pas voulu empêcher une déclaration de culpabilité sur
l'un des autres chefs d'accusation, sursoit au prononcé du jugement
quant à ces autres chefs. Le greffier consigne ce fait au
procès-verbal du jugement."
M. Marx: C'est pour clarifier l'article parce que... Je pense que
c'est hier soir, le député...
M. Filion: Avant-hier.
M. Marx: Avant-hier, vendredi ou jeudi - le député
ne l'a pas trouvé assez clair...
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est adopté.
J'appelle maintenant l'article 241. Vous voudriez rouvrir l'article 238?
Article 238. M. le député de Taillon.
M. Filion: Quel article?
Le Président (M. Marcil): À l'article 238, M. le
député de Taillon. Il se lirait comme suit: "À l'article
238 du projet de code, remplacer à la deuxième ligne les mots
"son Jugement par écrit" par les mots "par écrit la
déclaration de culpabilité ainsi que la peine"."
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. L'article 238 est
adopté tel qu'amendé. Maintenant, j'appelle l'article 241.
M. Filion: Quel article avez-vous appelé?
Le Président (M. Marcil): L'article 241, M. le
député de Taillon.
À l'article 241 du projet de code, remplacer la deuxième
phrase par la suivante: Toutefois, chaque peine d'emprisonnement imposée
en vertu du présent code pour défaut de paiement d'une somme due,
s'il en est plus d'une, doit être purgée de façon
consécutive."
M. Filion: ...quel article? M. Marx: L'article 351.
M. Filion: Est-ce qu'on l'a adopté, l'article 351?
M. Marx: Oui. Cet amendement a pour objet de préciser la
portée de cet article de façon que la deuxième phrase de
cet article ne s'applique que s'il s'agit de peine pour défaut de
paiement d'une somme due.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. L'amen- dement est
adopté et l'article 241 est adopté tel qu'amendé.
J'appelle l'article 244, dont l'amendement se lit comme suit: "À
l'article 244 du projet de code, insérer, à la fin du premier
alinéa, la phrase suivante: "Le juge peut, s'il le considère
approprié, en aviser les parties."
M. Marx: C'est parce qu'on a parlé d'envoyer un avis.
Le Président (M. Marcil): Adopté? M. Filion:
Oui.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est
adopté...
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): ...et l'article 244 est
adopté tel qu'amendé.
J'appelle maintenant l'article 251, dont l'amendement se lit comme suit:
"À l'article 251 du projet de code, remplacer, à la fin du
premier alinéa, les mots "la nature des moyens de défense que le
défendeur entend soulever" par les mots "que le défendeur
conteste le bien-fondé du jugement." Cela va?
M. Filion: Donc, cela donne: "La demande de rétractation
se fait par écrit et indique, en outre des motifs qui la fondent, que le
défendeur conteste te bien-fondé du jugement."
Le Président (M. Marcil): L'amendement est
adopté?
M. Filion: Excellent!
Le Président (M. Marcil): L'article 251 est adopté
tel qu'amendé?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): J'appelle maintenant l'article
253, dont l'amendement se lit comme suit...
M. Marx: À l'article 251, je pense qu'on a
trouvé...
M. Filion: Les mots justes. M. Marx: ...les mots justes.
Le Président (M. Marcil): Vous avez satisfait!
M. Filion: C'était plus que des mots, il y avait une
idée derrière.
M. Marx: Non, je pense qu'on était d'accord
avec vos observations.
Le Président (M. Marcil): Maintenant, j'appelle l'article
253, et l'amendement se lit comme suit: "À l'article 253 du projet de
code, remplacer, à la fin du premier alinéa, les mots "moyens de
défense à faire valoir" par les mots "motifs pour contester le
bien-fondé du jugement."
M. Filion: Est-ce qu'il est obligé de dire quels motifs il
a? À l'article 251, il n'était pas obligé de le dire;
maintenant, vous ajoutez quelque chose.
M. Marx: Nous sommes à l'article 253... Te juge accueille
la demande de rétractation s'il est convaincu que les motifs de
rétractation allégués sont sérieux et que le
défendeur a un motif pour contester le bien-fondé du
jugement."
M. Filion: Oui, mais c'est parce qu'on vient d'adopter 251. En
adoptant l'article 251 amendé, cela dit: "La demande de
rétractation se fait par écrit et indique, en outre des motifs
qui la fondent, que le défendeur conteste le bien-fondé du
jugement." Cela indique tout simplement qu'il conteste le bien-fondé du
jugement. Il pourra en dire plus s'il veut, mais il ne sera pas obligé.
Mais à l'article 253, tel que l'amendement le suggère, cela
voudrait dire que le juge accueille la demande de rétractation s'il est
convaincu que les motifs de rétractation allégués sont
sérieux et que le défendeur a un motif pour contester le
bien-fondé du jugement. Donc, il faut qu'il apprécie le motif.
C'est cela que je voulais éviter.
Le Président (M. Marcil): II y a un changement majeur dans
le libellé.
M. Marx: On remet en question un jugement...
M. Filion: Oui.
M. Marx: ...il faut avoir un motif. Il ne faut pas juste dire: Je
n'aime pas le jugement. Il faut avoir un motif.
M. Filion: Oui, mais là on n'est pas en appel. On est en
rétractation. Lui, là en deux...
M. Marx: Mais cela ressemble à un appel. Ce n'est
pas...
M. Filion: Non, mais...
M. Marx: ...on ne peut pas demander une rétractation pour
des raisons frivoles.
M. Filion: Écoutez, à l'article 251 amendé,
c'est cela qui est important. Je pense qu'il faut se concentrer sur 251 pour
comprendre l'article 253. À l'article 251 on dit d'abord pourquoi le
défendeur n'a pas pu présenter sa défense.
Là-dessus, c'est évident, c'est la clef de la rétractation
de jugement. Il dit qu'il a été empêché de fournir
une défense pleine et entière. Voilà pourquoi. En outre,
à l'article 251 amendé, on dit: "Le défendeur doit
indiquer qu'il conteste le bien-fondé du jugement." Il n'est pas
obligé de dire pourquoi il conteste.
M. Marx: À l'article 251, la demande de
rétractation se fait par écrit et indique, en outre des motifs
qui la fondent, que le défendeur conteste le bien-fondé. Mais il
faut qu'il dise quelque chose.
M. Filion: II Indique qu'il conteste le bien-fondé et il
fera sa contestation en temps et lieu.
M. Marx: Bien là à l'article 251, il n'est pas
devant le juge. Il dit: "conteste le bien-fondé." Mais ici à
l'article 253, il faut qu'il donne une raison. De toute façon, je pense
qu'on est devant un faux problème parce que la ville de Montréal
a déjà un tel système...
M. Filion: Oui, une charte.
M. Marx: ...et ça ne cause aucun problème. Et cela
existe depuis des années.
M. Filion: Oui, mais écoutez...
M. Marx: Je pense qu'il ne faut pas essayer d'inventer la roue et
de régler des problèmes qui n'existent pas. De toute
façon, ta ville de Montréal a des dispositions beaucoup plus
sévères.
M. Filion: Écoutez, il n'y a pas Juste la machine à
saucisses de la ville de Montréal.
M. Marx: Non, non, mais...
M. Filion: II y a aussi toutes les cours municipales, la Cour des
sessions de la paix, les...
M. Marx: Oui, la ville de Montréal c'est au moins le
tiers...
M. Filion: ...oui, d'accord. Mais écoutez, si la ville de
Montréal a choisi de faire ça comme ça dans sa charte,
cela ne veut pas dire que c'est une bonne idée non plus. Il faut aussi
dire, M. le ministre, que la rétractation de jugement, telle qu'elle
s'applique actuellement, n'a pas la même portée pour la simple
raison que le défendeur a plusieurs occasions d'exprimer son point de
vue, parce qu'il y a plusieurs procédures préalables. Mais avec
le Code de procédure pénale, c'est le constat d'infraction. S'il
ne répond pas à cela, pouf! le jugement et là son seul
recours c'est la rétractation de jugement. Donc, on peut d'ores et
déjà prévoir que la rétractation de jugement sera
plus utile maintenant
avec te Code de procédure pénale que sous l'ancienne lof
et même sous l'ancienne charte de la ville de Montréal.
D'où la nécessité de garder la défense pleine et
entière pour le moment approprié qui est le moment de
l'instruction et non pas pour le moment de la demande de rétractation de
jugement qui ne devrait porter que sur ce qui a empêché, ce qui a
rendu impossible pour le défendeur, le fait de présenter sa
défense pleine et entière au moment où le jugement
était rendu par défaut alors qu'il n'était pas
présent.
M. Marx: Je pense que la rétractation de jugement dans ce
code - comment dirais-je - est exceptionnelle, dans le sens que ça
n'existe pas dans le droit actuel, dans notre loi actuelle sur les poursuites
sommaires. Nous avons l'expérience de la ville de Montréal qui
n'a pas de minimum, étant donné le volume des causes qui sont
jugées devant la Cour municipale de Montréal, qui a fe même
statut que la Cour des sessions de la paix. Au moins, les juges ont le
même statut. Pour le moment, on ne peut pas l'expérimenter parce
qu'on ne veut pas d'une passoire pour tout et n'importe quoi. Il y a un
jugement.
M. Filion: II n'y a aucune passoire parce que le défendeur
va être obligé de prouver les termes de l'article 250. Il va
être obligé de prouver qu'il avait des motifs sérieux pour
ne pas être présent en cour. Ce ne sera pas juste une
procédure qu'on va envoyer et c'est fini, il va être obligé
de prouver qu'il avait des motifs sérieux. Pourquoi lui demander, en
plus, de faire valoir te bien-fondé de sa contestation? Ça, c'est
réservé pour te procès, pour l'instruction.
En deux mots, c'est comme une procédure où on
rétablit les parties dans l'état où elles étaient.
Mais une fois qu'elles sont rétablies, le procès, l'instruction a
lieu normalement et chacun expose le bien-fondé de son point de vue.
M. Marx: Oui, mais même s'il était absent, ce peut
être un bon jugement.
M. Filion: Bien, écoutez, à partir du moment
où il n'a pas fait de défense et qu'il a été
empêché pour un motif sérieux de la faire, te jugement...
Moi, j'ai toujours pensé qu'il y a deux côtés à une
médaille et quand on dit audi alteram partem, ce n'est pas juste une
locution latine qu'on enseigne à l'Université de Montréal.
Audi alteram partem, c'est une tradition dans notre droit qui est absolument
fondamentale. La rétractation de jugement vient rétablir un
accroc à ce principe, d'ailleurs, sans quoi tout le Code de
procédure pénale n'aurait pas de sens.
M. Marx: Mais qu'est-ce que vous proposez pour 253?
M. Filion: Que les motifs de rétractation
allégués soient sérieux et que le défendeur con-
teste le bien-fondé du jugement. Bien oui! Qu'on reprenne 51. Bien oui.
Là, il va dire: Oui, je veux contester et il se peut que le
défendeur en dise plus.
Ne dites pas que c'est la passoire totale parce qu'il va rester un motif
sérieux. Il va avoir les motifs. 250, ce n'est pas une passoire. Quand
on dit que le défendeur est...
M. Marx: Une minute, là! Cela va s'appliquer
également à la ville de Montréal.
M. Filion: Oui.
M. Marx: La ville de Montréal a, par exempte, une
disposition plus sévère. On ne fait pas le cheminement avec vous
à 100 %, mais on le fait à 75 % ou à 80 %. À un
autre moment, on terminera notre voyage. Il va nous rejoindre
là-dessus.
M. Filion: M. le Président, je suis convaincu que si on
faisait un minimum de consultation là-dessus de n'importe quel groupe de
juristes, ils nous diraient: Écoutez, vous êtes en train de faire
une grave erreur; laissez donc les principes naturels du droit intacts.
M. Marx: Je pense qu'on innove ici, mais on va le faire d'une
façon responsable. C'est tout ce que je peux dire, M. le
Président. Qu'on adopte cet article sur division.
M. Filion: Alors, le ministre...
M. Marx: Je pense qu'on a déjà fait beaucoup de
chemin.
Le Président (M. Marcil): Vous avez fait un grand pas, M.
le ministre.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le député
de Taillon.
M. Filion: Vous vous souviendrez de la commission, vous avez
suivi nos travaux depuis le début. En date du 15 décembre 1987,
c'est aujourd'hui, le ministre de la Justice recevait la lettre suivante du
bâtonnier du Québec.
Le Président (M. Marcil): Soyons mis au courant
d'une...
M. Filion: Je vais la lire. Elle est adressée au ministre
de la Justice. Tel que convenu dans notre lettre du 7 décembre dernier -
vous vous en souviendrez, je l'ai déposée ici, je vous demandais
des consultations sur le projet de loi - les membres du comité du
Barreau sur le Code de procédure pénale ont pris connaissance
du projet de lof 75 - celui qu'on essaie d'étudier en toute
vapeur en fin de session... (17 heures)
Le Président (M. Marcil): ...au cours des dernières
semaines.
M. Filion: Cela fait environ 40 heures qu'on
l'étudié. Si vous ne sentez pas de vapeur de l'autre bord moi,
j'en sens de ce bord-ci.
M. Kehoe: Du tout, du tout. Vous êtes seul.
M. Filion: "Notre comité - je continue la lecture - ne
désire que réaffirmer les grands principes de droit qui avaient
été soulevés en commission parlementaire de mars dernier.
En effet - c'est là que c'est important - il est manifeste que des mises
en garde du Barreau n'ont pas été retenues par les
autorités gouvernementales. Nous vous invitons donc à prendre en
considération etc."
Je suis convaincu, M. le ministre, que si les représentants du
Barreau étaient assis là et que je leur posais la question des
représentants de la Commission des services juridiques, Ils nous
diraient: Écoutez, ça n'a pas d'allure. Mais là je suis
seul à vous le dire et vous me dites: Adoptez-le sur division.
M. Marx: Vous faites un oubli. Le bâtonnier, qui a
présenté le mémoire, n'était pas tout à fait
d'accord avec te mémoire.
M, Filion: C'est signé: "Michel Jolin, bâtonnier du
Québec." Juste pour tes fins du Journal des débats.
M. Marx: Oui, mais, pour les fins du Journal des débats ce
n'est pas Me Jolin qui a présenté te mémoire du Barreau
mais Me Ménard, qui s'est distancé - on me chuchote "de beaucoup"
en arrière. Je mets "de beaucoup" entre guillemets et je dis qu'il s'est
distancé du mémoire. À un moment donné...
M. Filion: Ce que je dis bien simplement, laissons faire les gens
qui ne sont pas là...
M. Marx: Je ne pense pas que...
M. Filion: Je dis bien simplement que cela n'enlèverait
rien, cela va permettre à certaines personnes de se faire entendre en
fonction des règles de justice naturelles...
M. Marx: D'après les notes que nous avons prises, le
Barreau n'a pas commenté cet article.
M. Filion: Le Barreau, la Commission des services
juridiques...
M. Marx: Pas le Barreau.
M. Filion: Le Barreau, ce qu'il dit, ce sont des principes.
M. Marx: Mais admettez que ce n'est pas le Barreau qui a
commenté cet article.
M. Filion: Non, ce sont des principes qu'ils vous ont
donnés et qui ne sont pas suivis. Dans ces principes-là on
retrouve tous les principes. Notamment J'allais dire la présomption
d'innocence et le droit à une audition impartiale. En vertu de quoi
est-ce que je dirais ce que j'ai à dire avant d'être obligé
de le dire? Pourquoi demanderait-on à un accusé de faire valoir
sa défense avant le procès? il me semble que c'est un vieux
principe de droit, cela remonte à Blackstone à peu près
dans le droit criminel anglais. Cela remonte à nos ancêtres,
à la Magna Carta, me souffle avec justesse...
M. Marx: Je ne savais pas que tes ancêtres du
député de Taillon étaient des anglais.
Le Président (M. Marcil): Une chance qu'il ne retourne pas
à Aristote et Platon.
M. Marx: C'est peut-être pourquoi il pose tant de questions
sur la loi 101.
M. Filion: Ce que je suggère...
Le Président (M. Marcil): Si on revenait à
l'amendement.
M. Filion: ...bien simplement - prenez quelques minutes - ce
n'est pas vrai que cela deviendrait une passoire, qu'on regarde toute la
procédure de rétractation de jugement. Si on disait: Le juge
accueille la demande de rétractation s'il est convaincu que les motifs
de rétractation allégués sont sérieux et que le
défendeur conteste le bien-fondé du jugement. Cela ouvre une
porte, parce que le défendeur, si cela le tente de le faire, il va le
faire et s'il ne veut pas dévoiler sa preuve avant, il ne la
dévoilera pas. C'est ça qu'on dit. Pourquoi permettre, quelle est
l'idée d'avoir un bout de défense, un bout de preuve au moment de
ta rétractation du jugement? Ce n'est pas le moment de l'instruction,
c'est le moment de décider s'il a été véritablement
dans l'impossibilité de présenter sa défense. Je ne suis
pas en train de bouleverser l'économie du Code de procédure
pénale, je suis en train de le rendre cohérent.
M. Marx: J'essaie de vérifier avec la charte de la ville
de Montréal parce qu'on n'a pas la charte Ici. On me dit que la charte
de la ville de Montréal prévoit qu'il faut que la qualité
de la défense soit suffisante. De toute façon, c'est plus
sévère dans la charte de la ville de Montréal. Cela ne
pose pas de problème à la ville de Montréal. Cela va
s'appliquer à la ville de Montréal.
M. Filion: Je sais que cela ne pose pas de problème
à la ville de Montréal. Elle, elle n'a pas de problème. Si
elle était capable de décider elle-même, sans juge, qui est
coupable et qui n'est pas coupable, cela ferait son affaire. J'exagère.
Il y a un sens de la justice.
M. Marx: Il ne faut pas parler tellement contre la ville de
Montréal...
M. Filion: Il y a un sens de la justice chez ces gens-là,
mais il faut regarder les Impératifs administratifs d'une grande ville.
Eux autres, ils veulent que cela roule.
M. Marx: II ne faut pas débiner la ville de
Montréal et...
M. Filion: Non, je ne la débine pas.
M. Marx: ...et la justice qui est rendue devant la Cour
municipale de Montréal.
M. Filion: La charte de ta ville de Montréal, je
n'étais pas là quand elle a été adoptée.
M. Marx: Votez contre, chaque fois, les amendements de la
ville.
M. Filion: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Un vote nominal est
appelé sur l'amendement.
M. le ministre et député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. M. le
député de Chapleau.
M. Filion: Ce n'est pas sur l'amendement, M. le Président.
C'est sur l'article tel qu'amendé.
Le Président (M. Marcil): Oui, mais on n'avait pas encore
adopté l'amendement.
M. Filion: L'amendement, c'est une amélioration.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Filion: Là où je demande le vote nominal, c'est
sur tout l'article.
Le Président (M. Marcil): C'est sur l'article tel
qu'amendé.
M. Filion: C'est sur tout l'article où on demande aux gens
de présenter leur défense avant que ce soit le temps.
M. Marx: Vous comprenez que...
Le Président (M. Marcil): Cela va. Donc, M. le ministre,
je reviens. L'amendement est adopté sur division. Maintenant, le vote
nominal est demandé pour l'article tel qu'amendé. M. te ministre
et député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Pour.
Le Président (M. Marcil): Pour. M. le député
de Chapleau.
M. Kehoe: Pour.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Pour.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Bourget.
M. Trudel: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Contre.
Le Président (M. Marcii): Cela va. L'amendement est donc
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 259.
Une voix: Est-ce qu'il y a des amendements?
Le Président (M. Marcil): II est censé y avoir un
amendement. Non?
M. Filion: Non.
Le Président (M. Marcil): Pas d'amendement.
M. Filion: Pas d'amendement.
M. Marx: Je peux l'expliquer, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Oui, allez-y, M. le
ministre.
M. Marx: J'ai une note supplémentaire II n'y a pas lieu,
à notre avis, d'amender cet article. Premièrement, si la demande
est accueillie et que le poursuivant désire reprendre l'instruction, le
défendeur recevra un avis. Deuxièmement, si la demande est
accueillie et que le poursuivant désire retirer le chef d'accusation, le
défendeur recevra un avis conformément à l'article 12.
Troisièmement, si la demande est rejetée, un avis au
défendeur est inutile puisque la
décision demeure inchangée.
M. Filion: Non, la décision ne demeure pas
inchangée. Il a été trouvé coupable. Si le juge
refuse la demande...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...c'est inchangé. Là, vous me
référez à l'article 12. C'est surtout cela qui
était la clé. Il peut retirer tout chef d'accusation qu'il a
porté. D'accord, adopté.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 267. Avez-vous un amendement?
M. Marx: Oui. À l'article 267 du projet de code,
premièrement, insérer à la fin du premier alinéa
les mots "ou que la déclaration de culpabilité ou
l'acquittement"; deuxièmement, supprimer, au début du
deuxième alinéa, ce qui suit: "cependant,".
Le Président (M. Marcil): Discussion sur l'amendement.
M. Filion: Quel était le problème à
l'article 267? C'est moi qui avais soulevé le problème de
rédaction.
M. Marx: Oui.
M. Filion: C'était un problème de rédaction.
Cela va.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est-il
adopté?
M. Filion: Oui, adopté.
M. Marx: Peut-on lire l'article?
Le Président (M. Marcil): L'article 267 est adopté
tel qu'amendé.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Cela va.
M. Marx: Un instant, M. le Président. Adopté.
D'accord.
Le Président (M. Marcil): Cela va. J'appelle l'article
278. L'amendement est le suivant: À l'article 278 du projet de code,
premièrement, insérer au début ce qui suit: "Pour garantir
l'exécution du jugement sur appel." Deuxièmement, supprimer
à la fin ce qui suit: "pour garantir l'exécution du jugement sur
appel." Donc, discussion sur l'amendement. C'est un amendement qui avait
été suggéré par M. le député de
Taillon.
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: Je pense que le député de Taillon...
M. Filion: Oui, oui. D'accord. Je pense que c'est plus clair.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est
adopté.
M. Marx: J'espère que c'est plus clair maintenant.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est adopté.
L'article 278 est-il adopté tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 283.
À l'article 283 du projet de code, remplacer le deuxième
alinéa par le suivant: "Le juge qui entend cet appel peut permettre que
tout témoignage recueilli en première instance, par écrit
ou sur bande magnétique, soit mis en preuve, sauf si une partie
établit qu'elle en subira un préjudice."
M. Marx: Si je me souviens bien, on a voulu préciser ce
paragraphe. Ce n'était pas aussi clair que cela dans la version
originale. Cela a été soulevé par M. le
député de Taillon. C'était: Ou sauf s'il...
M. Filion: Je me souviens. Mais cela donne en somme que le juge
entend toujours sauf si une partie établit qu'elle en subit un
préjudice. On met un fardeau, n'est-ce pas? Vous mettez un fardeau sur
le dos de la partie. Mais il n'y a pas trop de problèmes.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est-il
adopté?
M. Filion: Attendez! Cela, c'est le procès de novo,
n'est-ce pas?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Quel est l'état du droit actuel?
M. Marx: De novo, on peut demander un nouveau procès.
M. Filion: Oui, oui.
M, Marx: Maintenant, ce sera restreint.
M. Filion: Oui, cela va. Mais...
M. Marx: Oui?
M. Filion: C'est juste sur le témoignage
sténographique au lieu d'avoir le témoin lui-même.
C'est là-dessus qu'on discute.
M. Marx: En 1922, il n'y avait pas de bandes magnétiques.
Peut-être qu'il y en avait mais... Je pense que tout le monde est
d'accord avec cet article.
M. Filion: Pardon?
M. Marx: Je pense que tout le monde est d'accord avec cet
article.
M. Filion: Non, non, mais ma question est la suivante.
M. Marx: Pardon?
M. Filion: Ma question est la suivante.
M. Marx: Oui. Oui.
M. Filion: Là, on est dans le procès de novo.
M. Marx: Oui.
M. Filion: On l'appelle comme cela. C'est une nouvelle
instruction. L'amendement que vous apportez fait en sorte qu'une partie peut
toujours déposer les notes sténographiques sauf si l'autre partie
établit qu'elle en subit un préjudice.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Je répète ma question: Quel est
l'état du droit actuel?
M. Marx: On va vous lire l'article 78. (17 h 15)
M. Filion: Article 278 ou 78? Ah! C'est un gros changement. Gros,
gros changement, parce que la Loi sur les poursuites sommaires actuelle dit que
le témoin est entendu, sauf s'il est impossible, en faisant toute la
diligence raisonnable, de faire comparaître le témoin
personnellement, évidemment, l'autre exception était: Sauf du
consentement des parties. Là vous changez ça radicalement.
M. Marx: L'appel de novo a été l'objet de beaucoup
d'abus, dans le passé, si je me souviens bien.
M. Filion: Oui, mais là l'appel de novo demeure
l'exception.
M. Marx: C'est ça, ça reste l'exception.
M. Filion: Oui, mais là, à l'intérieur de
l'exception, vous en faites une espèce d'appel sur dossier.
M. Marx: La règle demeure le témoignage, sauf que
le juge peut...
M. Filion: Oui, mais écoutez, la règle demeure le
témoignage, regardez le fardeau que vous mettez sur la partie qui veut
contester les notes sténographiques. Vous lui dites: sauf si une partie
établit qu'elle en subira un préjudice. C'est une nouvelle
instruction et cela n'en est pas une.
M. Marx: On va juste vérifier le Code criminel.
M. Filion: Il n'y a rien là-dedans le Code criminel.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Non, c'est en Cour d'appel.
M. Marx: Article 755. Paragraphe 5. Avez-vous cela devant
vous?
M. Filion: Vous parlez des convictions sommaires là vous.
Quel article?
M. Marx: C'est la partie 24.
Une voix: Article 755, paragraphe 5.
M. Marx: C'est la partie 24. Avez-vous ça?
M. Filion: Article 755?
M. Marx: Oui. Paragraphe 4, c'est procès de novo
Paragraphe 5, c'est témoignage antérieur. La Cour d'appel peut
pour audition et décision d'un appel conformément au paragraphe
4, autoriser que soient lus devant elle les témoignages recueillis par
la Cour des poursuites sommaires pourvu qu'ils aient été
validés conformément à l'article 468 et, si...
M. Filion: Continuez de lire.
M. Marx: ...l'appelant et l'intimé sont consentants; la
Cour d'appel est convaincue que la présence du témoin ne peut
vraisemblablement être obtenue ou la Cour d'appel est convaincue, en
raison de la nature formelle de la preuve ou pour toute autre raison, que la
partie adverse n'en subit aucun préjudice.
M. Filion: Ce n'est pas la même chose que vous avez mis
là. Le fardeau de preuve n'est pas du tout à la même
place.
M. Marx: Ça revient au même, non? M. Filion: Non,
non.
M. Marx: La Cour d'appel est convaincue, en raison de la nature
formelle de la preuve ou
pour toute autre raison, que la partie adverse n'en subit aucun
préjudice.
M. Filion: Le fardeau de prouver là qu'aucune partie n'en
subit préjudice repose sur les épaules de celui qui veut
remplacer le vrai monde par des notes sténographiques alors que dans
votre projet de loi...
M. Marx: Qui va s'objecter à cela?
M. Filion: écoutez, là-dedans, avoir un
témoin, ce n'est pas des notes sténographiques.
M. Marx: Qui va s'opposer à cela? Ce sera le
défendeur?
M. Filion: Ou le poursuivant. Cela peut être n'importe qui.
L'idée, c'est qu'on s'en va vers une nouvelle instruction. On ne s'en va
pas vers une moitié de nouvelle instruction faite de notes et de
témoins. On s'en va vers une nouvelle instruction.
M. Marx: C'est la même chose.
M. Filion: Non, ce n'est pas la même chose, M. le
ministre.
M. Marx: Le juge qui entend cet appel peut permettre que
tout...
M. Filion: Continuez de lire.
M. Marx: ...témoignage recueilli en première
Instance par écrit ou sur bande magnétique soit mis en preuve
sauf...
M. Filion: Sauf...
M. Marx: ...si une partie établit...
M. Filion: ...si une partie établit qu'elle en subira
préjudice. On met le fardeau sur te dos de l'autre partie
d'établir qu'elle en subit préjudice.
M. Marx: Ici, ce sera quoi?
M. Filion: Cest la Cour d'appel, d'abord, qui est convaincue.
Deuxièmement, "si la partie adverse n'en subit aucun préjudice",
donc, cela va être à la partie qui invoque les notes
sténographiques d'établir que l'autre partie n'en subit pas de
préjudice. C'est le fardeau de la preuve, M. le ministre, qui est
déplacé. Au lieu de le Faire reposer sur les bonnes
épaules, vous l'envoyez de l'autre côté.
M. Marx: Le juge qui entend cet appel...
M. Filion: Oui, mais ce avec quoi je ne suis pas d'accord, c'est
le fardeau; pour le reste, je suis d'accord. C'est le fardeau avec lequel je ne
suis pas d'accord.
Une voix:...
M. Filion: Oui, pour cela, il n'y a pas de problème, mais
c'est le fardeau de la preuve d'établir qu'il n'y a pas de
préjudice qu'on fait reposer sur les épaules de celui qui veut
avoir le témoin plutôt que de le mettre sur l'épaule de
celui qui veut déposer les notes sténographiques.
M. Marx: Supposons que la partie adverse n'a subi aucun
préjudice...
M. Filion: Je l'ai, la solution, si vous voulez.
M. Marx: Oui?
M. Filion: Je pense avoir trouvé la solution.
M. Marx: Oui, enfin!
M. Filion: Prenons le projet de loi original et changeons le "ou"
pour un "et", est-ce que cela aurait du sens?
Le Président (M. Marcil): "Le juge qui entend cet appel
peut, du consentement des parties, et sauf s'il est convaincu...", c'est
cela.
M. Filion: Oui. Si vous n'êtes pas satisfait, dans votre
amendement, au lieu de dire "sauf si une partie établit qu'elle en
subira un préjudice", employez les mêmes termes que le Code
criminel, "si le juge est convaincu que la partie adverse n'en subit aucun
préjudice". Vous comprenez?
Le Président (M. Marcil): Oui, oui. M. Filion: Bien
là...
Le Président (M. Marcil): Le juge qui entend cet appel
peut, du consentement des parties et s'il est convaincu que l'une d'elles n'en
subira un préjudice, permettre...
M. Marx: Est-ce qu'il y a un problème de négatif
dans ce que vous proposez...
M. Filion: Non, non.
M. Marx: ...et dans le Code criminel aussi? Peut-on suspendre
pour deux minutes?
Le Président (M. Marcil): Oui, nous allons suspendre deux
minutes.
M. Marx: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Cela va? On suspend.
(Suspension de la séance à 17 h 23)
(Reprise à 17 h 26)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre! Nous
remplaçons le premier amendement proposé. Nous revenons avec un
deuxième amendement, c'est-à-dire qu'on remplace par l'amendement
suivant: "Le juge qui entend cet appel peut permettre que tout
témoignage recueilli en première instance par écrit ou sur
bande magnétique soit mis en preuve, sauf s'il est convaincu qu'une
partie en subira un préjudice."
L'amendement est-il adopté? L'article 283 est adopté tel
qu'amendé.
J'appelle l'article 299 dont l'amendement se lit comme suit. "À
l'article 299 du projet de code: 1°, insérer au début ce qui
suit: "pour garantir l'exécution du jugement sur appel"; 2°
supprimer à la fin ce qui suit: "pour garantir l'exécution du
jugement sur appel."
M. Marx: C'est une concordance avec l'article 278.
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est adopté.
L'article 299 est adopté tel qu'amendé.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Bravo! Je reviens donc au
dernier article, l'article 370. Est-ce que l'article 370 est adopté?
M. Filion: Avez-vous des commentaires là-dessus? C'est
quand? Qu'est-ce qui se passe?
M. Marx: Pour être très candide, parce que j'ai
déjà discuté de la mise en vigueur de la loi avec le
député de Taillon, il va sans dire que cela prendra une loi
d'application parce qu'on va examiner toutes les lois sectorielles qui
prévoient des peines, des infractions, mais il faut comprendre aussi que
cela prendra un projet de loi pour qu'on puisse continuer le travail et cela
prendra une lof d'application que nous sommes en train de préparer. Je
pense qu'on va essayer de déposer le projet de loi au printemps, mais
cela ira probablement à l'automne.
M. Filion: Les règlements aussi?
M. Marx: Les règlements en même temps, à la
fin, pour voir ce qu'on adoptera comme loi d'application et aussi faire des
négociations avec les cours municipales où il n'y a pas de
travaux compensatoires.
Je dois souligner aussi, M. le Président, que j'ai mis sur pied
un groupe de travail sur les cours municipales et je vais recevoir un rapport
au printemps. Il sera peut-être nécessaire de faire des
modifications en ce qui concerne les juridictions des cours municipales, les
statuts des juges municipaux et ainsi de suite.
Le Président (M. Marcil): Donc, l'article 370 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Je n'ai pas entendu.
M. Marx: Oui, oui.
Le Président (M. Marcil): Adopté. Est-ce que
l'annexe est adoptée?
M. Marx: L'annexe est adoptée, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. La table des
matières est également adoptée.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcil): Les titres des chapitres, des
sections de même que des sous-sections sont adoptés.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcil): Le titre du projet de loi est
adopté.
M. Marx: M. le Président, juste avant, on a des
amendements sur la version anglaise qu'on va déposer.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Adopté. Le
projet de loi est adopté tei qu'amendé.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Bravo. Merci de votre
précieuse collaboration. Maintenant, j'appelle le projet de loi...
M. Marx: Un instant, avant de terminer, M. le
Président...
Le Président (M. Marcil): Nous n'avons pas terminé,
M. le ministre. Nous en avons jusqu'à minuit, ce soir.
M. Marx: Oui, mais juste pour 30 secondes, sauf si le
député de Taillon a quelque chose à dire.
Conclusions
M. Filion: Je vais vous dire, M. le Président, que mes
remarques sur le Code de procédure pénale, je vais les garder
pour la Chambre. Je veux souligner tout simplement ceci quand même. Je
pense qu'autour de la table, il s'est fait le meilleur travail possible dans
les circonstances, les circonstances étant extrêmement difficiles.
On est en fin de session, on n'a pas eu de consultation des organismes qui
auraient pu nous apporter l'éclairage valable. Je l'ai
déploré et je n'ai pas changé d'idée. Adopter un
Code de procédure pénale dans ces conditions, M. le
Président, ne m'apparaissait pas et ne m'appa-raît toujours pas la
meilleure façon de procéder. Même aujourd'hui, le ministre
pourrait fort bien décider de faire son rapport et faire sa
troisième lecture au printemps. Il n'y a pas d'urgence là-dedans.
La preuve, il vient lui-même de nous le dire, c'est que ça prend
une loi d'application pour ce Code de procédure pénale.
Moi, j'invite le ministre de la Justice à étudier la
possibilité d'amender le Code de procédure pénale, avant
même qu'il entre en application, pour corriger plusieurs des injustices
qui, à notre avis, font toujours partie du Code de procédure
pénale au chapitre des droits fondamentaux et de l'application des
droits fondamentaux.
Le Président (M. Mar il): Merci, M. le...
M. Filion: Pour mes commentaires plus élaborés,
vous aurez à attendre en Chambre.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, avez-vous des
remarques finales sur ce projet de loi? Nous vous écoutons
religieusement.
M. Marx: Merci, M. le Président. J'aimerais remercier le
député de Taillon et les députés de Groulx, de
Chapteau, de Bourget et de Sainte-Marie pour leur collaboration...
Une voix: Et le président. M. Marx: Et le
président aussi. M. Filion: De Matane.
M. Marx: Je pense que j'aimerais mettre l'emphase sur la
collaboration du député de Taillon qui est un excellent avocat et
qui a proposé beaucoup de modifications que nous avons acceptées.
Je pense qu'en effet on a bonifié le projet de loi en commission
parlementaire. C'est la raison pour laquelle on siège en commission
parlementaire. Ce n'est pas juste pour discuter, c'est pour bonifier les
projets de loi qui sont déposés à l'Assemblée
nationale. J'aimerais aussi remercier les légistes du ministère
de la Justice qui ont vraiment fait le travail jour et nuit, Me Louis Sormany
et Me Jeanne Proulx, qui ont vraiment travaillé même durant le
weekend pour préparer les amendements d'aujourd'hui et qui
étaient bien sensibles aux modifications que les députés
ont proposées.
En dernier lieu, j'aimerais aussi remercier Me Julien Pelletier, qui est
au bureau du sous-ministre et qui a aussi beaucoup travaillé dans ce
projet. Et aussi, Me Francine Marcoux, qui est de mon cabinet, qui m'a beaucoup
assisté durant cette commission parlementaire. Finalement, je pense
qu'il ne faut pas oublier que c'est un travail qu'on fait ensemble. Je pense
qu'on a fait cela le mieux possible depuis un an maintenant puisque
l'avant-projet de loi a été déposé en
décembre 1986. On peut dire qu'on a laissé beaucoup de temps
à la population, aux députés et à tout le monde de
prendre connaissance de ce projet.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Je peux ajouter à votre pléiade de compliments de part et d'autre
qu'il y a quand même près de 10 % des articles qui ont
été amendés. Donc, ça dénote un travail
sérieux de cette commission, en particulier, M. le ministre et le
député de Taillon, de même que tous les membres de cette
commission.
Nous avons terminé avec ce projet de loi et je vais faire appel
immédiatement au projet de loi 98, Loi modifiant le Code civil...
M. Filion: On va suspendre.
Le Président (M. Marcil): ...en matière
d'indexation de pensions alimentaires. Nous allons suspendre pendant deux
minutes afin de permettre aux gens de s'asseoir pour étudier
sérieusement ce projet de loi.
(Suspension de la séance à 17 h 36)
(Reprise à 17 h 41)
Projet de loi 98
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions reprend ses travaux sur l'étude
détaillée du projet de loi 98, Loi modifiant le Code civil en
matière d'indexation de pensions alimentaires.
Je pense, Mme la secrétaire, qu'on a un remplaçant, une
remplaçante.
La Secrétaire: Oui. M. Godin (Mercier) est remplacé par
Mme Vermette (Marie-Victorin).
Le Président (M. Trudel): Merci. M. le ministre. Avez-vous
des remarques préliminaires sur la loi 98?
Remarques préliminaires
M. Marx: Je n'ai pas de remarques. Effectivement, c'est un projet
de loi assez simple. C'est de prévoir l'indexation de pensions
alimentaires. On peut penser que c'est plus difficile que cela mais pour mol
c'est assez simple.
On a des amendements. On peut vous distribuer des amendements tout de
suite. Je pense que ce sera beaucoup plus facile.
M. Filion: En ce qui concerne les remarques préliminaires,
M. le Président, j'ai fait mes remarques sur le projet de loi à
l'occasion du discours de deuxième lecture.
Le Président (M. Marcil): Oui. Cela va. M. le ministre,
est-ce que vous avez des remarques préliminaires? Oh! Excusez-moi, Mme
la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. En fait,
défendant pour ma formation politique le dossier de la condition
féminine et, en tant que critique de la condition féminine,
effectivement on sait qu'au cours des dernières décennies les
femmes se sont beaucoup battues pour faire reconnaître
l'égalité Juridique de la femme dans le Code civil. D'autant
plus, sachant très bien que l'éclatement de la famille a
changé et que les modèles ne se vivent plus d'une façon
traditionnelle comme par le passé. De plus en plus, nous trouvons
beaucoup de femmes monoparentales et sur beaucoup de mariages, de plus en plus
il y a des divorces.
Il se trouve que dans quatre mariages sur dix il y a divorce et nous
devons de plus en plus faire face à cette éventualité qui
n'est peut-être pas la plus heureuse mais qui, de toute façon
existe. Nous devons finalement trouver des moyens pour faciliter ce passage
à l'intérieur des couples vers de nouvelles formes de vie.
Je pense que l'indexation des pensions alimentaires d'une façon
automatique est un pas dans la bonne direction. À mon avis, il y a
beaucoup plus encore à faire pour favoriser l'égalité
juridique des femmes et pour favoriser l'égalité de la femme
à l'intérieur du couple. Il faudrait qu'on aille beaucoup plus en
profondeur encore une fols. J'ose espérer que ce n'est qu'un
début et que toute cette approche que nous venons de faire avec ce
projet de loi facilitera davantage les perceptions alimentaires pour les femmes
parce que ce n'est pas toujours facile. Lorsque ces femmes demandent une
reconnaissance de pension alimentaire, très souvent elles ne sont pas
tellement bien reçues par les gens qui doivent faire valoir leur point
de vue.
J'aurais aimé aussi que le ministre responsable de la Justice,
comme dans certaines autres provinces tels le Manitoba et l'Ontario où
la perception de pensions alimentaires aussi se fait directement à la
source. C'est beaucoup plus facile en fin de compte pour les femmes de pouvoir
prendre leur...
Elle se fait, oui, au Manitoba et en Ontario. La perception des pensions
alimentaires se fait directement à la source, c'est-à-dire que
finalement les femmes n'ont pas à aller chercher...
M. Marx: C'est la perception par l'État.
Mme Vermette: C'est la perception par l'État.
Voilà.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Mme Vermette:
Oui.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Marie-Victorin.
M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
M. Marx: Non.
Le Président (M. Marcil): Non. Cela va. Pardon?
M. Trudet: La question lui avait déjà
été posée par un précédent
président.
Le Président (M. Marcil): D'accord, je m'excuse, M. le
député de Bourget, j'étais à l'extérieur de
cette enceinte.
Étude détaillée
À ce moment-là, je vais appeler le premier article,
l'article 638 pour lequel il y a un amendement de proposé et qui se lit
comme suit: À la première ligne du deuxième alinéa
de l'article 1 du projet de loi 98, remplacer le mot "distorsion" par le mot
"disproportion".
Est-ce que l'amendement est...
M. Marx: J'aimerais...
Le Président (M. Marcil): Apporter des commentaires sur
l'amendement?
M. Marx: Oui. Parce que je pense que c'est important.
Le Président (M. Marcil): Allez, M. le ministre.
M. Marx: Le mot "distorsion" utilisé au projet signifie au
sens figuré "déséquilibre entre plusieurs facteurs
entraînant une tension". Afin d'éviter que le texte ne soit
perçu comme applicable dans ce seul contexte, nous suggérons
d'utiliser plutôt le mot "disproportion" lequel signifie "défaut
de proportion, trop grande différence entre deux ou plusieurs choses".
Dans les circonstances le terme "disproportion" semble plus précis.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. Est-ce que
l'article 1 est adopté tel qu'amendé?
M. Filion: J'aurais, M. le Président, un amendement...
Le Président (M. Marcil): À proposer.
M. Filion: ...à proposer au ministre...
Le Président (M. Marcil): À l'article 1.
M. Filion: ...à l'article 1. Oui.
Le Président (M. Marcil): Cela va.
M. Filion: Et l'amendement...
Le Président (M. Marcil): Est-ce que je pourrais avoir une
copie, M. le député?
M. Filion: Oui, je vais vous le remettre.
M. Marx: Je voulais faire un commentaire sur le texte tel que
modifié. C'est ça? D'accord. Après ça vous pourrez
faire vos amendements, au cas où.
Le Président (M. Marcil): Maintenant, M. le ministre, vous
voudriez faire des commentaires...
M. Marx: Sur le texte.
Le Président (M. Marcîl): ...sur l'article 1, tel
qu'amendé.
M. Marx: C'est ça.
Le Président (M. Marcil): Allez.
M. Marx: Cet article reprend en substance le principe
d'indexation de l'actuel article 639 du Code civil du Québec. En effet,
l'article proposé prévoit l'indexation annuelle des pensions
alimentaires octroyées par un jugement suivant l'indice annuel des
rentes établi conformément à l'article 119 de la Loi sur
le Régime de rentes du Québec. Cependant, contrairement à
l'article 638 actuel, il prévoit l'indexation de plein droit de la
pension alimentaire et permet ainsi de régler les problèmes
suscités par le droit actuel, notamment en matière de divorce
où le tribunal octroie une pension sans ordonner son indexation ou se
prononcer sur la question, soit parce que le créancier a oublié
de le demander, soit parce que le tribunal a oublié de se prononcer sur
cette question.
Le but de l'indexation de plein droit de la pension alimentaire est
clairement énoncé dans la modification proposée. Il s'agit
de maintenir la valeur réelle de la créance à être
perçue par le créancier alimentaire de manière qu'il ne
soit pas pénalisé par l'augmentation annuelle du coût de la
vie. Cette mesure s'inscrit donc dans la ligne des articles 1056C et 1078.1 du
Code civil du Bas-Canada qui apportent en d'autres matières un
bénéfice similaire à d'autres catégories de
créanciers.
Un pouvoir discrétionnaire est cependant conféré au
tribunal pour lui permettre de fixer un autre indice ou pour ordonner que la
pension ne soit pas indexée lorsque l'application de l'indice annuel des
rentes entraînerait une disproportion sérieuse entre les besoins
des créanciers et les facultés des débiteurs.
L'attribution d'un tel pouvoir discrétionnaire permet donc
d'éviter que l'indexation de plein droit n'entraîne des situations
injustes ou inéquitables pour les parties.
M. Filion: J'ai une question à poser au ministre.
M. Marx: Oui.
M. Filion: L'indexation ou l'indice, généralement,
c'est 3 %, 4 % ou 5 % dans les pires années mais quand même on se
comprend qu'à 5 % c'est à peu près ça. Je voudrais
savoir, dans l'esprit du législateur comme on dit, dans quel cas une
augmentation de 5 % de pension alimentaire peut entraîner une
disproportion sérieuse qui n'existait pas avant? On va prendre un
exemple concret. Supposons que le débiteur doit payer une pension
alimentaire de 100 $ par semaine, l'indexation va porter sa pension alimentaire
à 104 $ par semaine.
M. Marx: Oui, nous avons déjà eu... M. Filion:
Laissez-moi terminer. M. Marx: Oui.
M. Filion: Je voudrais savoir dans l'esprit du législateur
qui n'est pas sensé parler pour ne rien dire, dans quel cas le fait
d'ajouter 4 $ à 100 $ pourrait entraîner une disproportion
sérieuse entre les besoins du créancier, les facultés du
débiteur, tenant compte des deux facteurs suivants, des facteurs presque
linguistiques. Premièrement, le ministre vient de nous lire la
définition de disproportion, un déséquilibre, etc.
Deuxièmement, on ajoute le mot "sérieux". Donc, il ne faut pas
que ce soit futile. J'aimerais cela que le ministre me donne un exemple du cas
où ajouter 4 % à une somme - encore une fois, c'est ajouter 4 $
à 100 $ - pourrait entraîner une disproportion
sérieuse?
M. Marx: Oui, mais 4 $, c'est ridiculiser les pensions que tes
gens sont appelés à payer.
Une voix: Ça peut être 1000 $ par mois.
M. Marx: Ça peut être 1000 $ par semaine.
Ça peut être 2000 $.
M. Filion: Oui, mais si c'est 1000 $ par mois, c'est une pension
alimentaire de 10 000 $.
M. Marx: Supposons que l'inflation, parce que l'inflation
aujourd'hui, c'est peut-être 4 % cette année. Il y a eu des
années où c'était 8 %, 10 %, 12 %.
M. Filion: Ça peut être 12 %? Une voix: Oui.
M. Marx: Entre 1982 et 1987, ce fut 29,1 % d'inflation.
M. Filion: Dans l'esprit du législateur, ta disproportion
peut-elle exister dans l'autre sens? Parce que là vous me dites:
Écoutez, ce n'est pas beaucoup 4 $. Vous me dites qu'il y a des exemples
de 12 %. L'indice 12 %?
M. Marx: En 1982, c'était 10,8 %.
M. Filion: Maudit, cela a dû prendre un bon gouvernement
pour passer à travers cela.
Le Président (M. Marcil): On a changé, on a
changé.
M. Marx: Le gouvernement n'a pas passé la rampe.
Le Président (M. Marcil): On l'a même changé.
Ce qui est important...
M. Marx: Je pense que... M. Filion: On n'a pas passé
justement. Le Président (M. Marcil): Je pense que... M. Marx: Le
gouvernement n'a pas...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon, je pense que ce qui est important, ce n'est pas le montant. C'est le
pourcentage. Dès la minute qu'on établit un principe qui fait en
sorte qu'on indexe selon le coût de la vie, automatiquement, au moment
où le juge a déterminé que la pension était de
tant, à ce moment-là, il faut qu'elle continue à
progresser selon...
M. Filion: Cela, il n'y a pas de problème
là-dessus.
Le Président (M. Marcil): À ce moment-là,
pourquoi apportez-vous des montants d'argent? Parce qu'il n'y a pas deux
pensions...
M. Filion: C'est un exemple.
Le Président (M. Marcil): Oui, mais vous prenez un exemple de 100
$.
M. Filion: C'est un exemple qui va m'amener à autre chose
que je voûtais dire.
M. Marx: Cela veut dire ici, au deuxième paragraphe...
M. Filion: C'est un exemple.
M. Marx: Oui, mais je pense que...
Le Président (M. Marcil): Je comprends, mais là
vous prenez une somme d'argent qui est tellement minime, il n'y a pas beaucoup
de personnes qui doivent avoir 100 $ par mois.
M. Marx: Je pense que ce que le député...
M. Filion: Vous devriez voir les pensions alimentaires qui sont
accordées, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): À ce moment, on va
modifier...
M. Filion: Non, mais des pensions alimentaires qui sont
accordées il y a une bonne partie qui se situe... Qu'on le mette
à 500 $, ce n'est pas grave là.
Le Président (M. Marcil):... moitié,
moitié.
M. Filion: Cela m'amène à une autre question. Dans
l'esprit du ministre de la Justice, la disproportion peut-elle exister -
j'espère que oui - dans l'autre sens, à savoir est-ce qu'on doit
interpréter le deuxième alinéa de 638 comme pouvant
vouloir dire que si les besoins du créancier sont supérieurs
à une simple indexation de 4 %, en deux mots, est-ce que le
deuxième alinéa de l'article peut être
interprété dans l'autre sens et permettre une indexation qui soit
supérieure ou inférieure à l'indice?
M. Marx: Oui, mais fe pense, M. le Président, qu'il est
évident que st on veut... parce que l'article 638 s'applique
automatiquement...
M. Filion: De plein droit. Disons de plein droit plutôt
qu'automatiquement.
M. Marx: De plein droit. Sans l'Intervention des tribunaux.
M. Filion: Oui.
M. Marx: D'accord. St on veut que l'augmentation ne soit pas
telle que prévue à l'article 638, il faut faire une
requête.
M. Filion: Cela est déjà établi au premier
alinéa. Je ne parle que du deuxième alinéa.
M. Marx: Le deuxième alinéa...
M. Filion: Dans les cas où le juge n'indexe pas à
l'indice prévu. Ce n'est que ce cas-là qui
m'intéresse.
M. Marx: S! le juge...
M. Filion: N'indexe pas selon l'indice prévu.
M. Marx: Donc, c'est une ordonnance du juge et, si on veut
qu'elle soit modifiée, il faut procéder une autre fois devant le
tribunal.
M. Filion: Donc, vous me confirmez que l'indexation pourrait
être faite selon un indice supérieur ou inférieur.
M. Marx: Oui, c'est sûr.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: Parce qu'on n'a pas le choix.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
M. Filion: Cela va pour les explications.
Le Président (M. Marcil): Donc, M. le député
de Taillon, vous avez un amendement.
M. Filion: Oui. J'ai un amendement que je vous ai remis.
Peut-être, pourriez-vous le lire.
Le Président (M. Marcil): II se lirait comme suit:
"À l'article 1, ajouter, à la fin du deuxième
alinéa, après le mot "indexer", les mots "soit fixée une
autre date que le 1er janvier pour l'indexation".
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): C'est cela, ce n'est pas
nécessaire.
M. Filion: Alors, je vais expliquer mon amendement.
Le Président (M. Marcil): Expliquez-vous.
M. Filion: J'explique mon amendement simplement. Si une pension
alimentaire - si je comprends bien l'article 638 tel qu'amendé - est
fixée au mois de novembre ou au mois de décembre d'une
année, le juge n'a pas le choix. Il est obligé, s'il veut indexer
la pension alimentaire conformément au premier alinéa de
l'article 638, d'accorder cette indexation, bien sûr, mais à
compter du 1er janvier...
M. Marx: Non, parce que...
M. Filion: Non, mais laissez-moi terminer. À compter du
1er janvier qui va suivre, à moins que je ne me trompe.
M. Marx: Oui. Ha, ha, ha!
Non, mais je ne veux pas dire que le député se trompe
parce qu'il se trompe rarement.
M. Filion: Non, mais cela se peut; cela arrive souvent.
M. Marx: Supposons qu'on soit le 15 novembre. Si le juge accorde
une pension alimentaire et ne parle pas d'indexation, l'article 638 va
automatiquement s'appliquer et la pension sera indexée le 1er janvier.
D'accord? Si le juge, en connaissance de cause, dit: C'est le 15 novembre et je
ne veux pas que la pension soit indexée le 1er janvier, il peut dire
qu'elle sera indexée seulement le 1er janvier, non pas de l'année
qui vient, mais de l'année suivante.
M. Filion: Ah! Il pourra faire cela. M. Marx: Bien oui.
Le Président (M. Marcil): C'est de cette façon que
le libellé est fait.
M. Marx: L'autre partie va le demander, le cas
échéant.
M. Filion: Autrement dit, on pourra faire commencer l'indexation
n'importe quelle année.
M. Marx: C'est cela. Le juge pourrait. M. Filion: Si c'est cela,
cela me va.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que vous retirez votre
amendement, M. le député?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): On retire l'amendement.
M. Filion: SI c'est cela, cela me convainc.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 1 est
adopté tel qu'amendé?
M. Marx: Je dois dire, M. le Président... Le
Président (M. Marcil): Adopté.
M. Marx: ...que nous étions prévenus que le
député aurait un amendement et nous avons pensé à
cela.
Mme Bleau: Moi, j'aurais une couple de remarques.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx, est-ce sur l'article 1?
Mme Bleau: C'est sur le projet de loi. Le Président (M.
Marcil): Allez.
Mme Bleau: Tout d'abord, je pense que plusieurs femmes ne lisent
pas les journaux et n'écoutent pas les nouvelles. Je demanderais au
ministre s'il sera possible de diffuser ce projet de loi autrement que par les
journaux. Je pense que c'est bien important pour les femmes qui, pour
plusieurs, ne lisent pas et ne sauront pas qu'elles ont droit à cette
indexation.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx, est-ce que vos commentaires portent uniquement sur la diffusion du
projet de loi?
Mme Bleau: Pour commencer.
Le Président (M. Marcil): Si vous voulez les garder pour
la fin, on a un autre article à ajouter au projet de loi.
Mme Bleau: Ah!
Le Président (M. Marcil): Immédiatement
après, avant d'adopter le texte final.
Mme Bleau: Mais il y a autre chose.
Le Président (M. Marcil): Alors, allez, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: il y a quand même des distorsions qui ont eu
lieu durant les années passées. Certaines pensions ne
répondent pas vraiment aujourd'hui au montant actuel. Est-ce qu'il y
aura un moyen, un mécanisme temporaire...
Le Président (M. Marcil): De renégocier les
pensions.
Mme Bleau: ...de revalorisation de certaines pensions qui ont
été accordées précédemment et qui ont perdu
la moitié de leur valeur? Ne pou-vez-vous pas faire cela?
M. Marx: Je ne pense pas qu'on puisse...
Le Président (M. Marcil): Nous ne pouvons pas
l'intégrer dans une loi.
M. Marx: Non, ce n'est pas te but de la loi. Pour les pensions,
disons que quelqu'un reçoit une pension depuis 1970, il lui sera
nécessaire d'aller devant les tribunaux, quoique tout le monde aura sa
pension indexée le 1er janvier 1988.
J'admets que le projet de loi n'apporte pas une solution à tous
les problèmes de tout le monde. C'est difficile de trouver une telle
loi.
Mais je pense qu'avec ce projet de loi on essaie de faire un certain
progrès. Comme la députée de Marie-Victorin l'a
soulevé il y a quelques minutes, II y a autre chose à faire
aussi. Ce n'est pas la fin de nos démarches dans ce domaine. (18
heures)
Mme Bleau: Mais pour le moment, un moyen temporaire qui pourrait
justement permettre d'éviter que les personnes soient obligées
d'aller en cour pour les revaloriser.
M. Filion: Si le ministre me le permet, le deuxième
amendement que vous avez devant vous ne résout pas tous les
problèmes, mais il permet l'indexation de plein droit d'une pension
alimentaire qui a été fixée avant l'entrée en
vigueur...
Le Président (M. Marcil): C'est cela.
M. Filion: ...du projet de loi qu'on étudie. Ce n'est pas
parfait...
Le Président (M. Marcil): Ce que je vous proposerais
à ce moment-là, Mme la députée de Groulx de
même qu'à M. le député de Taillon et à M. le
ministre, c'est de lire le deuxième amendement, c'est-à-dire
l'article que nous allons ajouter et on pourra revenir sur ta
problématique soulevée par Mme la députée de
Groulx.
M. Filion: Voilà.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Donc, après
l'article 1, ajouter le suivant: "1.1 L'article 638 du Code civil du
Québec s'applique également aux pensions alimentaires
versées ou dues en vertu d'une ordonnance du tribunal rendue
antérieurement à son entrée en vigueur. Outre le recours
en révision qui lui est ouvert, le débiteur d'une telle pension
peut, en s'opposant à une saisie-exécution exercée contre
lui, s'opposer également à l'indexation de la pension lorsqu'elle
entraîne une disproportion sérieuse entre ses facultés et
les besoins du créancier alimentaire."
M. Marx: Cette disposition, M. le Président, est de nature
transitoire et a pour but d'éviter certaines incertitudes sur
l'applicabilité de l'article 1 à des jugements rendus
antérieurement à son entrée en vigueur. Elle indique donc
clairement que l'article 638 du Code civil du Québec s'applique
également aux pensions alimentaires versées ou dues en vertu
d'une ordonnance du tribunal rendue antérieurement à son
entrée en vigueur.
Son but est également de reconnaître le droit des
débiteurs d'une telle pension de s'opposer à cette indexation
lorsqu'elle entraîne une disproportion sérieuse entre ses
facultés et les besoins du créancier alimentaire. Il pourrait
invoquer ce motif en s'opposant, conformément au Code de
procédure civile, à une saisie-exécution exercée
contre lui. Il serait inéquitable de
ne pas lui conférer un tel droit puisque la question de
l'indexation peut ne pas avoir été soulevée au moment du
prononcé du jugement fixant la pension.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que cela va? Discussion
sur l'article 1.1? Adopté?
M. Filion: Moi, cela me va.
Le Président (M. Marcil): Adopté.
M. Marx: Cela répond au moins en partie...
Le Président (M. Marcil): En partie.
M. Marx: ...à la demande de la députée de
Groulx et à la demande de Mme Dolment du RAIF qui est toujours ici en
commission parlementaire lorsque des discussions ont lieu sur des projets de
loi qui touchent les droits économiques des...
M. Filion: Des femmes. M. Marx: ...femmes.
Le Président (M. Marcil): Une chance, M. le ministre, que
nous en avons quelques-unes de ces femmes qui osent affronter cette machine
souvent très distante.
M. Marx: Quand elles ne sont pas ici, M. le Président,
c'est moi qui m'occupe de ce dossier.
Le Président (M. Marcil): Nous en sommes persuadés,
M. le ministre. Mme la députée de Groulx, est-ce que vous avez
d'autres commentaires ou d'autres opinions?
M. Marx: Sur la publicité.
Mme Bleau: Seulement pour la diffusion de cette loi. Je pense que
c'est bien important pour les femmes. J'aimerais qu'il y ait, je ne sais pas,
autre chose que les journaux pour apprendre aux femmes leurs droits. Je ne sais
pas, une annonce à la télévision...
M. Filion: C'est une bonne suggestion. Une bonne annonce du
ministère de la Justice durant l'émission Des dames de coeur.
Mme Bleau: Oh! Ce serait bien, cela.
M. Filion: Je suis convaincu que le président du Conseil
du trésor serait d'accord pour garder...
Le Président (M. Marcil): II n'écoute pas cela. Les
maris ne l'écoutent pas.
Mme Bleau: Je pense que ce serait bien important.
Une voix: ...que Jean-Paul est à l'oeuvre de nouveau.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, compte tenu de
la proposition de madame...
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le ministre.
M. Marx: Notre direction des communications a un plan de
communication pour faire connaître ce nouveau projet de toi.
Le Président (M. Marcil): Bravo!
Mme Bleau: Les femmes demandaient aussi s'il n'y aurait pas un
numéro de téléphone comme il y en a un pour les femmes
battues où elles pourraient s'informer de toute la procédure
relative aux pensions alimentaires.
M. Marx: À Montréal, on a le système qu'on
appelle... Je ne me souviens pas du nom.
Une voix: Téléphone juridique.
M. Marx: Téléphone juridique où on peut
téléphoner.
Une voix: C'est toujours occupé.
M. Marx: C'est toujours occupé. On prend note de ce que
Mme Dolment...
Le Président (M. Marcil): Il y a des problèmes, M.
le ministre, il y a des problèmes. Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Face à cette problématique que ce
sont toujours les femmes qui doivent faire les démarches pour faire
valoir leurs prestations et leurs pensions alimentaires, ce serait
peut-être intéressant, M. le ministre, de faire en sorte que les
gens qui donnent les renseignements aux femmes soient plus tolérants.
C'est une question de mentalité, à l'heure actuelle...
M. Marx: Où? Dans mon ministère?
Mme Vermette: Oui, dans certains bureaux de perception où,
très souvent...
M. Marx: Ah, d'accord.
Mme Vermette: ...les femmes ont l'impression d'être
reçues comme des chiens dans un jeu de quilles, qu'elles viennent
déranger inutilement la procédure. Elles sont perçues
comme des femmes chialeuses plutôt que comme des femmes qui revendiquent
un droit. Je pense que c'est important. Cela décourage les femmes, elles
sont cul-
pabilisées et elles refusent tout simplement d'entreprendre des
démarches pour faire reconnaître leurs propres droits.
Je pense qu'il faudrait aller beaucoup plus loin, c'est une question de
mentalité sociale, je ne vous en fais pas porter la
responsabilité personnelle, mais je pense qu'il y a beaucoup à
faire à ce niveau, en tout cas, sur le plan du changement des
mentalités en ce qui concerne le droit des femmes.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. Cela va pour le projet de loi?
M. Marx: II y a l'article 2.
Le Président (M. Marcil): Oui, j'arrive à l'article
2. A l'article 2, M. le ministre.
M. Marx: J'ai un commentaire, M. le Président. Cet article
prévoit l'entrée en vigueur de la lot le jour de la sanction.
C'est donc dire que l'Indexation des pensions interviendra le 1er janvier
prochain. Le ministère de la Justice a pris les mesures
nécessaires quant au dossier où le percepteur des pensions
alimentaires agit comme président pour être en mesure d'appliquer
l'indexation dès janvier 1988.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
M. Filion: J'ai une question qui va dans le même sens que
celle de la députée de Groulx.
Vous dites que vous avez un plan de communication à votre
ministère...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...mais un plan de communication - je pense que
c'était la question de la députée de Groulx - qu'est-ce
que cela contient?
M. Marx: Je ne suis pas au courant...
M. Filion: II y aura un communiqué pour le dire, cela va
passer dans tes journaux. Ce que disait Mme la députée de Groulx,
c'est que cela prendrait plus, et je dois vous dire que je serais porté
à lui donner raison.
M. Marx: On peut toujours dire cela.
M. Filion: Pour éviter que le numéro de
téléphone où on peut s'informer ne soit le même que
pour les femmes battues.
M. Marx: Cela, c'est une chanson facile à faire.
M. Filion: Non, écoutez, il y a une responsabilité
du gouvernement qui présente un projet de loi. Les pensions alimentaires
sont indexées de plein droit, et non pas automatiquement, mais il faut
informer les gens.
M. Marx: On va essayer de faire cela le plus possible.
M. Filion: Mais il s'agit de savoir comment, et vous ne le savez
pas.
M. Marx: Mais je n'ai pas le plan de communication avec moi
aujourd'hui.
Le Président (M. Marcil): Cela va? L'article 2 est
adopté?
M. Marx: Oui, une motion de "rénumération".
Le Président (M. Marcil): Donc, une motion de
rénumé...
M. Filion: Renumérotation!
Le Président (M. Marcil): Renumérotation, cela
va?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Mardi): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que le projet de loi est
adopté tel qu'amendé?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup.
Projet de loi 80
Je vais appeler te projet de loi 80, Loi modifiant la Loi sur le
courtage immobilier.
M. Marx: Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Marcil): Cela va? J'appelle l'article
1.
M. Filion: Je l'ai lu. M. Marx: À l'article 1...
Une voix: Vous ne poserez pas de questions, si je comprends
bien.
M. Filion: J'en ai parlé en Chambre, c'est pour cela que
je ne recommence pas tout cela.
M. Marx: Cet article vise à préciser les pouvoirs
réglementaires du gouvernement relativement aux décisions que
peut prendre le Fonds d'indemnisation du courtage immobilier sur les
réclamations qui lui sont adressées. J'ai déjà
expliqué cela en Chambre.
Le Président (M. Marcil): Et dans votre
présentation. D'accord.
M. Filion: Alors, quelle est la différence...
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Filion: Quelle est la différence?
M. Marx: Cet article permettra au fonds d'appliquer des
critères différents aux réclamations basées sur la
fraude ou l'opération malhonnête et à celles basées
sur les détournements de fonds. Il lui permettra aussi de limiter
à un montant maximal l'Indemnité qu'il peut verser une fois qu'il
a décidé qu'une réclamation était fondée. La
cause justifiant ces modifications est la suivante: Clermont Morin c. le
Barreau du Québec. Il s'agit d'une décision non rapportée
de M. le juge Maurice Cousineau de la Cour supérieure, à
Montréal, le 5 août 1985. Ce jugement fait actuellement l'objet
d'un appel, mais, à ma connaissance, la Cour d'appel n'a pas encore
rendu sa décision.
J'ai demandé aux juristes de mon ministère de me
préparer une note sur la question que le député de Taillon
a soulevée en commission parlementaire et je vais lui lire la note. Il y
a deux...
M. Filion: Voulez-vous en donner copie pour éviter de la
lire? C'est comme vous voulez. Vous pouvez la lire pour le Journal des
débats.
M. Marx: Je vais la lire parce que j'aimerais que ce soit dans le
Journal des débats.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: Je vais peut-être ajouter ou enlever des mots.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: 1. Distinction entre la fraude et l'opération
malhonnête. L'expression "opération malhonnête" semble peu
utilisée en droit québécois. Un repérage
électronique dans la jurisprudence expresse démontre en effet: 1.
que cette expression n'est utilisée que deux fois dans les lois du
Québec et seulement dans la Loi sur le courtage Immobilier; 2. qu'elle
n'est pas utilisée dans les règlements du Québec; 3.
qu'elle n'a pas été étudiée par les tribunaux ni
par les juristes du gouvernement du Québec ou, tout au moins, que les
décisions ou opinions sur cette expression n'ont pas été
apportées.
D'après le surintendant du courtage immobilier cette expression
tire son origine des contrats de cautionnement souscrits par les courtiers ou
les agents d'immeubles dans lesquels on la retrouve fréquemment. Il
serait plutôt délicat d'interroger les compagnies de cautionnement
sur les raisons pour lesquelles cette expression utilisée dans les
contrats par adhésion qu'elles font signer. En effet, la cotisation, au
fond, remplacera pour la plupart des courtiers ou agents le contrat de
cautionnement qu'ils doivent actuellement souscrire.
Cependant, il est raisonnable de penser que cette expression est
à peu près synonyme du mot "fraude", qu'elle est aussi
utilisée dans les contrats de cautionnement en plus du mot "fraude"
parce que, contrairement à celui-ci, elle n'est pas utilisée dans
le Code criminel.
En effet, il existe une infraction de fraude définie à
l'article 338 du Code criminel. Si le mot "fraude" était le seul
à être employé dans les contrats de cautionnement ou dans
les dispositions sur le fonds d'indemnisation, on pourrait se demander s'il
n'est pas nécessaire, pour qu'une réclamation soit accueillie,
que le courtier ou l'agent ait été déclaré coupable
de fraude au criminel.
L'utilisation de l'expression "opération malhonnête" semble
rendre inutile une telle question. 2. Distinction entre la fraude et les
détournements de fonds. Le Code criminel définit ainsi la fraude
au paragraphe 1 de son article 338: "338.1 Quiconque, par supercherie, mensonge
ou autre moyen dolosif... frustre un public ou toute personne
déterminée ou non de quelque bien, argent ou valeur: a) est
coupable; b) est coupable, etc."
Quant au détournement de fonds il s'agit d'un vol par une
personne tenue de rendre compte. Infraction définie à l'article
290 du Code criminel.
Les peines prévues pour ces deux infractions sont toutefois
identiques. En matière de courtage immobilier il y a détournement
de fonds lorsque le courtier ou l'agent détourne à son profit les
sommes qu'on lui a confiées pour qu'il les conserve en fiducie en
prévision d'une opération Immobilière. Toujours en
matière de courtage immobilier, le cas le plus fréquent de fraude
se produit lorsqu'un courtier chargé de vendre "cash" à son
client une offre particulièrement avantageuse achète tes meubles
de son client par l'intermédiaire d'un prête-nom, revend les
meubles à la personne qui a fait l'offre particulièrement
avantageuse et, ainsi, réalise à la place de son client le profit
découlant de cette offre. Une manoeuvre semblable peut se produire
lorsque le courtier est chargé d'acheter.
On voit donc que dans le cas de fraude le client subit un dommage
différent de celui qu'aurait subi une personne qui aurait confié
des fonds en fiducie au courtier si celui-ci avait détourné ces
fonds.
Voilà! C'est l'explication que j'ai demandée...
M. Filion: Je garde une partie de mes réserves sur
"opération malhonnête" d'autant plus
qu'on confirme dans la note que cela n'existe pas dans notre droit.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Mais ce n'est pas la fin du monde. Je comprends que
c'est surtout pour utiliser le langage des compagnies de cautionnement. Je vais
vous poser une question. Un détournement de fonds, est-ce une
opération malhonnête?
M. Marx: Pardon?
M. Filion: Un détournement de fonds, est-ce une
opération malhonnête?
Une voix: En termes comptables, pas nécessairement.
M. Marx: ...une assurance de la responsabilité civile des
administrateurs sont exclus de la présente garantie occasionnant
directement ou indirectement du fait d'actes malhonnêtes...
M. Filion: C'est pour les compagnies de cautionnement. C'est ce
que vous dites, finalement.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Marcil): L'article 1 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'article 2 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Le titre du projet de loi est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Le projet de loi est
adopté.
Nous pouvons conclure que la commission a accompli son mandat. J'ajourne
donc les travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 16)