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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Marcil): Bonjour tout le monde. Compte
tenu que nous avons le quorum, nous allons déclarer la séance
ouverte. Je rappelle le mandat de la commission qui est de procéder
à la vérification des engagements financiers du ministère
de la Justice et de ceux concernant la protection du consommateur pour les mois
de janvier à juin 1986.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: M. Laporte (Sainte-Marie) est
remplacé par M. Bélanger (Laval-des-Rapides).
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a d'autres
remplacements? M. le député de Shefford, il n'y a pas de
remplacement de votre côté? Ça va.
M. Paré: Non, de notre côté il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Marcil): Pour ce qui est de la lecture de
l'ordre du jour, vous avez reçu les documents. Nous allons
étudier les engagements en débutant par la protection du
consommateur et ensuite nous allons poursuivre avec ceux du ministère de
la Justice. Je vous rappelle qu'à la suite des ententes du comité
directeur, trois heures sont allouées pour cette vérification,
soit de 10 heures à 13 heures.
En ce qui concerne le temps de parole,
Il y a quelques règles à appliquer. Nous allons les
appliquer comme nous les appliquons habituellement. Chaque membre dispose de
vingt minutes par engagement financier. C'est le temps de parole qu'il peut
utiliser en une ou plusieurs interventions selon l'article 30 des règles
de fonctionnement. Il y a une possibilité de déroger aux
règles relatives au temps de parole avec le consentement unanime des
membres de la commission. Je suppose que nous allons échanger des
commentaires comme nous le faisons habituellement. Les questions doivent porter
sur le sujet en discussion, c'est-à-dire sur les engagements financiers
à l'étude.
Engagements financiers Office de la protection du
consommateur
J'appelle donc les engagements financiers 5 et 6 du mois de mars
concernant la protection du consommateur.
M. le député de Shefford, vous vous êtes
déjà annoncé.
Mars
M. Paré: Merci, M. le Président. L'engagement 5 de
mars 1986, inscrit sous "Habitation et Protection du consommateur",
concernerait plus le ministère de la Justice, le ministre responsable,
aussi, de la Protection du consommateur et de la
Déréglementation. L'engagement se lit comme suit: Contrat pour
l'achat de 23 stations de visualisation, 14 unités de contrôle, 13
imprimantes et 7 postes d'impression. Le fournisseur: Comterm Inc. à
Québec, pour un montant de 222 215,03 $. M. le ministre, à
quelles fins ce matériel sera-t-il utilisé?
M. Marx: À quelles fins? Pour s'acquitter de sa mission
auprès de la population, l'Office de la protection du consommateur a mis
sur pied un réseau de douze bureaux régionaux incluant
Québec et Montréal. Le volume et la nature des activités
de l'office de même que ses moyens d'intervention se sont accrus et
diversifiés depuis des années. Afin d'être présent
dans toutes les régions du Québec, l'office doit uniformiser ses
informations et ses renseignements. On a besoin de ce matériel pour
avoir un fonctionnement efficace.
M. Paré: Si je comprends bien, c'est pour permettre
d'informatiser l'ensemble du réseau, c'est-à-dire les douze
bureaux régionaux?
M. Marx: C'est cela.
M. Paré: D'accord. Sur celui-ci, je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que vous
considérez que l'engagement 5 est vérifié?
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Marcil): Nous allons passer à
l'engagement 6.
M. Paré: L'engagement 6 est un contrat de services pour la
réalisation de tests dont les résultats seront publiés
dans les magazines Protégez-vous et Protect yourself pour
30 318 $. J'aimerais en profiter ici pour entendre un peu les commentaires du
ministre de la Justice responsable de la Protection du consommateur sur
justement ces deux revues. Nous, les membres de la commission, avons eu la
chance, ici dernièrement, lors de l'exécution d'un mandat,
d'entendre des organismes de l'État, d'entendre justement les gens de
l'Office de la protection du consommateur nous faire leurs commentaires. Il a
été largement question des magazines Protégez-vous
et Protect yourself en fonction de la recommandation qu'on retrouve
dans le rapport Gobeil. C'est bien sûr que, pour l'Office de la
protection du consommateur, c'est un outil très important et même
indispensable de promotion, plus de prévention que dans le domaine
curatif finalement, d'avoir cette revue. Et même, les membres de la
commission en sont venus à la conclusion que finalement c'était
un outil indispensable pour l'Office de la protection du consommateur et pour
la sécurité du public. J'aimerais connaître vos
commentaires, M. le ministre sur la recommandation du rapport Gobeil, où
l'on demande de se délester de ces deux revues.
M. Marx: M. le Président, je n'ai pas d'objection à
répondre à n'importe quelle question, même si elle touche
quelqu'un qui n'est pas devant la commission, mais je trouve que, pour cette
question, le député n'est pas au bon forum. S'il veut poser une
question, il y a toujours la période des questions à
l'Assemblée nationale. Ici, on est en train d'étudier des
engagements. J'ai un engagement devant moi pour Protégez-vous. Je
suis prêt à discuter de cela, mais je ne suis pas prêt
à répondre à n'importe quelle question qui touche
n'importe quel sujet. Je suis prêt à répondre à
toutes les questions, même après la commission; je ne veux pas
prendre le temps de tous les députés pour répondre
à ces questions; mais si le député le veut, je peux lui
parler après ou attendre qu'il me pose la question à la
période des questions, mais ce n'est pas le temps maintenant; cela est
en dehors du mandat de cette commission.
M. Paré: Oui, M. le Président, là-dessus je
comprends que c'est quand même sur des engagements financiers, sauf que
l'engagement dont il est question ici, c'est justement pour accorder des fonds
pour des magazines qui...
M. Marx: Oui, mais je peux vous assurer que si les
résultats de tous les tests qu'on fait ici sont publiés, ce sera
fait dans Protégez-vous qui ne sera pas privatisé.
M. Paré: Donc, j'ai bien compris, vous venez de
répondre à ma question: les magazines ne seront pas
privatisés si on accepte...
M. Marx: Pour les tests ici et là, si on se restreint aux
engagements...
M. Paré: Si le fait d'accepter 30 318 $ quand même
pour des tests qui doivent être publiés quelque part de toute
façon et, comme les meilleurs véhicules sont
Protégez-vous et Protect yourself, donc, si on accepte les
engagements, c'est qu'on accepte que ce sont des véhicules
indispensables et on est contre la privatisation de ces magazines.
M. Marx: Vous êtes contre? D'accord? M. Paré:
Oui et vous?
M. Marx: J'ai dit que ce n'était pas une question à
me poser lors de l'étude des engagements, mais je peux vous dire
seulement, pour répondre à cette question -j'espère qu'on
ne va pas pêcher en posant des questions semblables durant les
engagements - que ce n'est pas dans mes projets de privatiser
Protégez-vous présentement. Je pense que c'est clair.
M. Paré: C'est clair présentement, sauf que cela ne
laisse pas entendre de continuité.
M. Marx: Je ne peux pas répondre pour... Je n'ai pas vu
l'avenir.
M. Paré: Normalement, M. le ministre.
M. Marx: Je vois l'avenir seulement une année ou deux
à la fois. Mais, au ministère, on n'a pas le projet de privatiser
ou de vendre Protégez-vous.
M. Paré: En tout cas, si on dit qu'administrer, c'est
prévoir, dans ce cas, c'est la même chose. Si je vous pose la
question, c'est que je suis contre la privatisation de ce magazine. La
commission s'est aussi prononcée dans le même sens après
l'audition de l'Office de la protection du consommateur qui a eu lieu ici.
C'est important d'affirmer si oui ou non on tient à cette revue,
parce que c'est, comme je le disais, un outil important. Je connais votre
préoccupation pour la protection du consommateur, sauf qu'au-delà
des paroles, il y a aussi les gestes. Nous
avons vu, à la suite de ces discuss!ans qui ont quand même
duré plusieurs heures, qu'une bonne façon de protéger le
consommateur, c'est d'utiliser la revue Protégez-vous.
M. Marx: Je suis entièrement d'accord.
M. Paré; On accepte, aujourd'hui, dans les engagements
financiers, une dépense qui va dans le sens de réaliser des tests
qui vont être véhiculés par ce canal et ensuite par
d'autres, mais spécialement par celui-là. Je pense qu'on a la
responsabilité de donner l'assurance à l'office qu'on va
maintenir la revue. Beaucoup de prévention repose là-dessus. Je
ne pense pas être à côté en vous le demandant. Vous
dites que vous êtes prêt à y aller d'une année
à l'autre; je comprends cela. Les budgets, on les fait d'une
année à l'autre. Mais, en ce qui concerne le choix que vous avez
comme ministre responsable, il est important que l'office, le consommateur et
les membres de la commission soient mis au courant de vos intentions sur cette
revue, puisque l'engagement financier porte sur des dépenses
reliées à des tests qui vont paraître dans cette revue.
M. Marx: Je peux vous dire que je trouve que
Protégez-vous est très important et ce n'est pas dans mes
intentions de privatiser Protégez-vous. Je peux vous dire aussi
que la version anglaise Protect Yourself n'est pas aussi rentable que
Protégez-vous et nous avons entamé des discussions avec
l'Ontario pour voir si on peut faire un "joint venture" avec l'Ontario pour la
diffusion de Protect Yourself. Au Québec, nous sommes beaucoup
plus plus avancés que l'Ontario dans le domaine de la protection du
consommateur. Ils n'ont pas de véhicule comme Protect Yourself.
Nous essayons de faire quelque chose avec le gouvernement de l'Ontario pour
rentabiliser davantage Protect Yourself.
Je peux répéter que je trouve Protégez-vous
assez important. De plus, on me dit que le député
d'Abitibi-Ouest, M. Gendron, a demandé à notre whip si on avait
fait des études - peut-être, je ne sais pas -sur la privatisation.
Je peux vous dire que je n'ai pas d'étude en ce moment sur la
privatisation de Protégez-vous. (10 h 30)
M. Paré: D'accord. Merci, M. le ministre. J'aimerais
savoir si vous êtes au courant des tests qui vont être faits. Sur
quoi ces tests porteront-ils pour qu'ils coûtent 30 318 $?
M. Marx: Cela pourrait être sur les produits nettoyants
pour le four, le savon à vaisselle, les saucisses à hot dog et
des choses semblables. Je pense que l'on a déjà fait certains de
ces tests parce que le CT est daté de mars 1986. Les tests sont
décrits dans les numéros de Protégez-vous.
M. Paré: Pour les tests, on sait qu'un budget global de
276 000 $ est prévu pour 24 tests. Est-ce que vous pouvez nous dire si
les 24 tests prévus vont être exécutés et si on
procède par ordre de priorité dans ces tests?
M. Marx: II y en a un certain nombre pour 30 000 $. Mais oui, on
va réaliser les 24 tests.
M. Paré: Donc, les 24 tests devraient être
réalisés et on devrait dépenser le montant de 276 000 $
prévu à cette fin.
M. Marx: C'est une projection.
M. Paré: Comme l'année est quand même
très avancée, est-ce qu'on prévoit...
M. Marx: Cela va peut-être coûter un peu moins que
cela. Mais on va réaliser les tests. Vous comprenez qu'il est
très important pour Protégez-vous de procéder de
cette façon.
M. Paré: Une dernière question sur ce que vous avez
dit tantôt. J'ai trouvé cela intéressant quand vous avez
parlé de ta rentabilisation de Protect Yourself. Pour cette
année, on sait qu'il y a un surplus de 31 000 $ pour les deux revues et
cela, grâce entre autres à l'augmentation du prix du magazine
Protégez-vous. À la revue Protégez-vous, il
y a un surplus de 168 000 $ et un déficit de 136 000 $ à la revue
Protect Yourself. C'est au chapitre des coûts externes- Au
chapitre des coûts internes, il y a la pige, les tests et les salaires.
Mais, globalement, on sait que cela coûte 804 000 $, soit le coût
total de production pour les deux revues ensemble. Là-dessus, comme on
vient de le dire, le budget des tests est de 276 000 $. C'est le mandat inscrit
dans la loi. L'augmentation du prix du magazine va rapporter 250 000 $.
Finalement, cela veut dire que 276 000 $ plus 250 000 $, si on soustrait cela
du coût de 804 000 $, ce n'est quand même pas très cher pour
une revue semblable. C'est quand même une augmentation du prix de
Protégez-vous pour rentabiliser la version anglaise,
finalement.
M. Marx: Non, mais on a aussi augmenté le prix de
Protect Yourself. Ce qu'on a essayé de faire avec Protect
Yourself, c'est d'en augmenter la diffusion. Si on peut faire cela...
M. Paré: Je comprends que les deux ont été
augmentés, sauf que Protégez-vous aurait été
rentable sans augmentation; à
cause du volume c'est évident que Protect Yourself l'est
moins. Parmi les mesures que vous envisagez il y a celle d'augmenter la
diffusion, mais pas seulement au Québec.
M. Marx: C'est cela. Autrefois on a déjà
essayé d'augmenter la diffusion de Protect Yourself à
l'extérieur du Québec, mais on n'a pas eu l'appui d'un organisme
gouvernemental à l'extérieur. Personnellement, je trouve que cela
pourrait être très intéressant pour l'Ontario de nous aider
à diffuser Protect Yourself et même
Protégez-vous, le cas échéant, pour la population
francophone en Ontario.
M. Paré: Juste une dernière question. Étant
donné qu'on a une forte préoccupation de rentabilité un
peu partout et que Protect Yourself n'est pas rentable
présentement, la disparition de cette revue n'est pas envisagée
pour autant?
M. Marx: Non, au contraire. Je pense qu'on va garder cela. Je
pense que c'était une décision de l'ancien gouvernement aussi. M.
Tardif était le ministre à l'époque et il a pris cette
décision. Je pense que cela pourrait se rentabiliser à un moment
donné. On va faire le plus possible.
M. Paré: Merci. Cela répond à mes
questions.
Le Président (M. Marcil): Donc, on peut conclure que
l'engagement 6, protection du consommateur est vérifié. Les
engagements 5 et 6 sont vérifiés.
Justice
Donc, nous allons passer au ministère de la Justice. Je vais
appeler les engagements du mois de janvier 1986. M. !e député de
Taillon.
Janvier
M. Filion: Merci, M. le Président. Bienvenue à
notre témoin qui témoigne beaucoup de ce temps-ci.
Une voix: ...témoin de Jehovah. M. Filion: Pardon?
Une voix: ...notre ami.
M. Filion: M. le ministre, c'est la première fois que j'ai
l'occasion d'étudier vos engagements financiers comme, également
de votre côté, c'est la première fois que vous avez
l'occasion de les défendre. Quant à moi, c'est une
première. Dans certains cas, j'aurai des questions qui sont nettement de
nature administrative et qui comportent des réponses que l'équipe
qui vous entoure et vous-même peut-être jugerez simples.
Étant donné que c'est le premier exercice d'engagement
-"financier que je fais, à ce moment, je considère que cela va
peut-être faciliter le travail pour les autres engagements financiers, en
présumant qu'il n'y aura pas de changement d'ici à quelques mois.
En ce sens, je demanderai votre compréhension dans certains cas.
Le Président (M. Marcil): Je m'excuse, M. le
député de Taillon. Seulement pour les fins de la
procédure, est-ce qu'il y aurait moyen, chaque fois que vous allez poser
une question, de nommer l'engagement?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): D'accord. Cela veut dire que, si
nous procédons immédiatement avec l'engagement 3, cela suppose
que les engagements 1 et 2 seraient acceptés automatiquement.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
M. Filion: Oui. Donc, engagement 1 de janvier 1986. Je suppose
qu'il va s'appliquer à bien des cas. C'est un contrat d'imprimerie de
150 000 certificats de naissance pour un montant de 45 000 $. Il n'y a pas eu
de soumission. Je voudrais que vous m'expliquiez cela. C'est une question qui
va s'appliquer à beaucoup d'engagements financiers. Dans certains cas,
on fait des appels de soumissions et dans d'autres, c'est simplement un contrat
qui est accordé. J'aimerais, pour mon éducation et
peut-être pour celle de mes collègues, que vous m'indiquiez de la
façon la plus claire possible quels sont les guides administratifs du
ministère de la Justice qui, dans certains cas, permettent de
négocier directement des contrats et, dans d'autres cas, indiquent
plutôt la voie d'appels d'offres ou de soumissions.
M. Marx: C'est le papier pour les certificats de naissance. Ces
certificats doivent être imprimés sur un papier spécial
afin d'éviter la contrefaçon et ce papier est fourni par un seul
fournisseur. Je peux vous dire aussi que ce contrat a été
négocié par le Service des achats du gouvernement. Donc, ce n'est
pas par le ministère, mais par le Service des achats du
gouvernement.
M. Filion: Mais, est-ce que je dois comprendre de votre
réponse que la compagnie J.B. Deschamps Inc. se trouve dans une
situation où elle est la seule au Québec à produire cette
sorte de papier qui, comme vous l'expliquez fort bien, n'est pas susceptible de
reproduction ou, en tout cas,
n'est pas facilement susceptible de reproduction pour éviter les
faux? Est-ce cela?
M. Marx: C'est l'information que j'ai. De toute façon, ces
certificats sont disponibles pour le public au coût de 8 $ chacun.
M. Filion: Donc, c'est une activité rentable.
M. Marx: On les vend, on ne les donne pas et on essaie d'acheter
le papier au meilleur prix pour les vendre au meilleur prix à la
population.
M. Filion: D'accord. Engagement 2. Encore une fois, ce sera la
même chose pour les engagements 3 et 4. Les seules questions que j'ai
à poser concernent... On voit ici qu'il s'agit de l'octroi de contrats.
Je crois comprendre que c'est la sorte d'ordinateurs qui n'est fournie que par
Philips; est-ce qu'il y a eu un contrat à l'origine? Je suppose que
l'octroi d'un contrat original ou originel doit faire en sorte que les autres
microordinateurs que l'on achète doivent être compatibles - pour
employer un mot qui sera à la mode à la commission des
institutions à cause du projet de loi que nous avons à
étudier - avec des achats antérieurs.
M. Marx: Pour les engagements 2, 3 et 4, c'est la même
raison; la compagnie Philips a été choisie à la suite
d'une étude du ministère réalisée en 1982 qui
concluait que cette firme répondait le mieux aux besoins des
télécommunications spécifiés par le
ministère. Donc, c'est un autre contrat négocié par le
5ervice des achats du gouvernement.
M. Filion: On retrouve souvent le nom de Philips. Dois-je
comprendre que ce sont des ordinateurs Philips que l'on retrouve dans les
palais de justice du Québec?
M. Marx: Oui, essentiellement, ce sont des Philips.
M. Filion: II y a un système qui est relativement uniforme
d'un district judiciaire à l'autre; est-ce qu'on le retrouve partout ou
uniquement dans certains...
M. Marx: Ce n'est pas la seule marque que nous avons au
ministère mais...
M. Filion: ...c'est la principale. M. Marx: ...il y a
beaucoup de Philips. M. Filion: D'accord, M. le Président. M.
Marx: Cela devrait aller pour les engagements 3 et 4 aussi.
M. Filion: Pour l'engagement 5 également.
Le Président (M. Marcil): Les engagements 1, 2, 3, 4 et 5
ont été vérifiés.
M. Filion: L'engagement 7 également.
Le Président (M. Marcil): Engagements 6 et 7,
vérifié.
M. Filion: Exact, pour les engagements 6, 7, 8 et 9, cela va.
Le Président (M. Marcil): Engagements 8 et 9,
vérifié.
M. Filion: C'est cela, cela va pour janvier.
Le Président (M. Marcil): Cela va pour janvier. Est-ce
qu'on peut dire pour les engagements 10, 11 et 12 également?
M. Filion: Non, les engagements 10, 11 et 12 ne relèvent
pas des engagements financiers de ce matin, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Les engagements de janvier sont
vérifiés, nous passons aux engagements de février.
Février
M. Filion: L'engagement 5, de février. M. le ministre,
j'aimerais que vous m'expliquiez en quoi consistent précisément
les services de la compagnie Transmo que l'on qualifie de services de
gérance. Évidemment, on parle ici du magazine Justice
publié par le ministère.
M. Marx: C'est pour gérer les deux magazines, Justice
et Protégez-vous.
M. Filion: Et Protégez-vous?
M. Marx: Ici, c'est seulement pour Justice, un contrat de
gérance pour le magazine Justice.
M. Filion: Pour Justice. Y a-t-il une raison pour laquelle
votre ministère - il doit y en avoir une, je voudrais la connaître
-est non pas incapable mais préfère donner la gérance du
magazine à l'extérieur?
M. Marx: Je peux vous dire que ce n'est pas nouveau.
M. Filion: Je sais que ce n'est pas nouveau.
M. Marx: Cela se fait depuis des
années; c'est pour gérer les revenus de ces deux
magazines, le fichier des abonnés, etc.
M. Filion: Si je comprends votre réponse, le mot
"gérance" s'applique surtout en ce qui concerne la distribution et la
vente du magazine et non pas sa production.
M. Marx: À part du contenu, tout tombe dans la
gérance. Le contenu est préparé au ministère mais
le reste se fait à l'extérieur.
M. Filion: Est-ce que la mise en page se fait à
l'extérieur?
M. Marx: On me dit que c'est nous. M. Filion: Pardon?
M. Marx: La mise en page c'est chez nous, c'est le contenu. Mais
la production, le marketing, les timbres, la diffusion...
M. Filion: Qui s'occupe d'assurer le contact avec l'imprimeur?
Est-ce votre ministère ou le gérant?
M. Marx: C'est notre ministère. Nous avons une Direction
des communications.
M. Filion: Finalement, je dois comprendre que la compagnie
Transmo s'occupe du magazine Justice à partir du moment où
il est imprimé et prêt à être distribué.
M. Marx: À partir du moment où le magazine est
prêt à être imprimé, c'est la compagnie qui s'en
occupe.
M. Filion: Votre ministère assume donc le plein
contrôle du contenu du magazine.
M. Marx: C'est cela: rédactionnel, contenu, graphique,
etc. (10 h 45)
M. Filion: C'était le cas également lorsque votre
ministère a publié l'édition spéciale sur les
motards qui est sortie il y a quelques mois.
M. Marx: Quelle est votre question?
M. Filion: Est-ce que votre ministère assurait le plein
contrôle du contenu lorsque le magazine Justice d'il y a quelques
mois a produit une édition spéciale sur les motards? Pas une
édition spéciale mais, en somme, a consacré une partie du
magazine aux motards.
M. Marx: La réponse que j'ai donnée touche le
contenu de tous les numéros, à ma connaissance.
M. Filion: Le contenu du magazine est vérifié par
quelle direction de votre ministère?
M. Marx: Je pense que dans le magazine Justice, on fait
état d'un comité de lecture.
M. Filion: Est-ce qu'il est sous la responsabilité de la
Direction des communications?
M. Marx: Oui.
M. Filion: En coordination avec les autres directions en ce qui
concerne le contenu proprement dit?
M. Marx: Oui. C'est écrit dans le magazine. Je veux
être tout à fait juste avec vous et vous donner l'information
exacte. Je pense qu'il y a un comité de lecture. C'est dans le magazine:
comité de rédaction, comité de lecture... Il ne faut pas
me demander qui a lu quoi et qui a écrit quoi parce que je n'ai pas ces
détails avec moi aujourd'hui.
M. Filion: Oui, mais en dehors...
M. Marx: Je n'ai pas demandé au comité de lecture
si tout le monde était là pour chaque article, etc.
M. Filion: D'accord, mais le comité de lecture, lui, il
lit. Le mot le dit. Mais il y a quand même des choix qui se font quant
aux sujets, par exemple. Il y a des choix qui se font quant à...
M. Marx: On est sur la gérance, pas sur le contenu.
M. Filion: Non, mais écoutez!
M. Marx: II n'y a pas de montant ici pour le contenu. Je n'ai pas
d'objection à répondre aux questions, mais j'aimerais vous dire
que ce n'est pas cela l'engagement...
Le Président (M. Marcil): Si vous n'êtes pas en
mesure de répondre de façon précise, M. le ministre, on
peut prendre avis de la question et y répondre...
M. Filion: M. le Président, ce n'est pas une question de
mémoire. C'est simplement une question de compréhension,
finalement. Ici, on accorde un contrat de gérance.
M. Marx: Mais c'est compréhension...
M. Filion: J'essaie de distinguer la gérance de
l'autorité, le contrôle.
M. Marx: Mais je vous l'ai dit, le
contenu, ce n'est pas dans la gérance. Après avoir
déterminé le contenu, les graphiques et la mise en page, le
reste, c'est la gérance. On est dans la gérance.
M. Filion: Pour bien comprendre la gérance, il faut aussi
comprendre le pendant. C'était mon point, M. le Président.
De toute façon, je pense que c'est clair à partir du
moment où le ministre me dit que le ministère assume le
contrôle total du contenu du magazine.
M. Marx: Pardon?
M. Filion: Le ministère de la Justice assume le
contrôle total du contenu du magazine.
M. Marx: Oui.
M. Filion: L'engagement 5, cela va.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 5 est
vérifié. L'engagement 7?
M. Filion: Mini-ordinateurs spécialisés pour
l'encaissement. L'encaissement de quoi?
Une voix: L'engagement 7? M. Filion: Oui.
M. Marx: Je me souviens bien de cet engagement. C'est pour la
sécurité routière. C'est pour l'encaissement des paiements
d'amendes.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: C'est une "encaisseuse" à lecture optique. C'est
pour faire des économies.
M. Filion: Où est situé ce mini-ordinateur?
Physiquement, à quel endroit?
M. Marx: Dans les bureaux juridiques de la sécurité
routière.
M. Filion: Donc, au ministère.
M. Marx: Pas à Sainte-Foy. C'est sur le boulevard Charest,
à Québec. Je peux vous inviter à aller inspecter
l'"encaisseuse". On va faire cela ensemble, si vous voulez.
M. Filion: J'ai assez d'envoyer mes propres chèques une
fois de temps en temps.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Filion: Le moins souvent possible.
M. Marx: C'est mieux que d'aller en prison.
M. Filion: Pardon?
M. Marx: C'est mieux que d'aller en prison quand même.
M. Filion: II n'y a pas de doute dans mon esprit, mais,
semble-t-il, il y a beaucoup de Québécois qui pensent
différemment.
M. Marx: Qui?
M. Filion: II y a beaucoup de Québécois qui pensent
différemment.
M. Marx: Vous savez, la politique du gouvernement actuel ou du
ministère de la Justice actuel, c'est de ne pas envoyer des gens en
prison pour des petites infractions. Vous allez voir qu'avec l'avant-projet de
loi du Code de procédure pénale que nous allons déposer on
va faire en sorte que ce sera très difficile d'aller en prison pour une
petite infraction mais ce sera encore possible. Mais il va y avoir des
procédures assez spéciales parce qu'on veut éviter de
remplir les prisons avec ces personnes qui ne méritent pas d'y
être; aussi cela coûte très cher.
M. Filion: Mais les chiffres ont considérablement
diminué. D'après le rapport Landreville le pourcentage de
détenus qui le sont à la suite du non-paiement d'une amende a
été considérablement réduit au cours des
dernières années. Dans le rapport Landreville on parle de 11 % ou
de 12 %, sauf erreur, de l'ensemble des détenus qui le sont à
cause de non-paiement d'amende. Alors, il y a une partie de ce discours qui est
déjà réglée. Il y en a encore 11 %.
M. Marx: Grâce au travail que nous avons fait dans
l'Opposition en forçant l'ancien gouvernement à adopter la loi
concernant les mesures alternatives. Mais cela va s'améliorer et encore
s'améliorer.
M. Filion: À ce compte, M. le ministre de la Justice,
peut-être que je serai responsable de beaucoup de choses dans deux ou
trois ans. Faites attention.
M. Marx: Cela va vous en prendre huit mais vous serez
sûrement responsable de beaucoup de choses.
M. Filion: Vous êtes trop généreux.
M. Marx: Vous êtes déjà responsable de
beaucoup de choses. Quelqu'un qui lit le Journal des débats va se...
M. Filion: Trop généreux à mon égard.
M. Marx: Comme d'autres députés.
M. Filion: J'ai écouté votre discours la
dernière fois, M. le ministre de la Justice où vous disiez: c'est
un excellent avocat. Je crains. Vous me mettez sur la défensive quand
vous parlez comme cela.
M. Marx: Non, mais j'ai dit la même chose des
députés ministériels.
M. Filion: Je crains que vous m'en passiez une.
M. Marx: II n'y a pas de favoritisme.
M. Filion: Oui mais cela ne fait rien. Je crains que vous m'en
passiez une trop vite quelque part que je ne voie pas. Alors, engagement 7,
cela va.
Le Président (M. Marcil): Engagement 7, cela va?
Engagement 8?
M. Filion: L'engagement 8 s'inscrit dans le cadre de
l'informatisation de nos greffes. Combien de greffes sont touchés par le
contrat de services qui est inscrit à l'engagement 8? Également,
un peu dans la même veine, au moment où on se parle, combien y
a-t-il de greffes qui sont informatisés au Québec?
M. Marx: On me dit que sur 80 il y en a environ 20 qui ne sont
pas encore informatisés; ce sont des petits.
M. Filion: Et en ce qui concerne les bureaux d'enregistrement,
est-ce que c'est le même pourcentage?
M. Marx: On me dit que 90 % du volume sont
informatisés.
M. Filion: Au moment où on se parle, 90 % du volume sont
informatisés?
M. Marx: Oui. Dans les greffes,
M. Filion: Et est-ce que vous considérez que cette
informatisation sera complétée cette année, par
exemple?
M. Marx: On a un projet pour finaliser cette informatisation,
cette année possiblement.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: Cette question de l'informatisation des palais et des
bureaux d'enregistrement m'intéresse beaucoup. Je pense que nous avons
pris de l'avance sur d'autres juridictions au Canada. Il y a SOQUIJ aussi qui
est intégrée. Je pense que nous avons fait beaucoup de choses
dans ce domaine.
M. Filion: Un mot en passant, M. le ministre. Est-ce que votre
ministère aide ou est prêt à aider les cours municipales
dans la poursuite également de leur informatisation? La Cour municipale
de Montréal, entre autres...
M. Marx: Les cours municipales ne relèvent pas...
M. Filion: Je le sais.
M. Marx: ...de nous dans le sens que nous nommons les juges. Par
exemple la Cour municipale de Montréal; c'est le gouvernement qui nomme
les juges, mais les salaires sont imputés à la ville.
M. Filion: Je sais cela, M. le ministre. Ma question
était: Est-ce que vous aidez les cours municipales à
s'informatiser? Entre autres, à la Cour municipale de Montréal
ils en sont encore à l'âge de pierre à peu près sur
le plan...
M. Marx: C'est leur responsabilité.
M. Filion: Je sais également que c'est leur
responsabilité; cela ne relève pas de vous. Est-ce que votre
ministère a un programme pour les aider?
M. Marx: Non, mais c'est à eux de s'informatiser. Il ne
faut pas oublier que la Cour municipale, disons de la ville de Montréal,
traite beaucoup d'infractions aux règlements municipaux. Ce sont eux qui
encaissent l'argent aussi.
Le Président (M. Marcil): Février, cela va?
L'engagement no 8 est également vérifié. Mars.
Mars
M. Filion: En ce qui concerne l'engagement no 7, il s'agit d'une
subvention additionnelle à la Commission d'appel en matière de
lésions professionnelles. (CALP) représentant la dernière
tranche de la subvention totale de fonctionnement de 1 900 000 $ pour
l'année financière 1985-1986.
On avait vu ensemble, lors de l'étude des crédits, que les
prévisions de 2000 dossiers à la Commission d'appel n'avaient pas
été atteintes. On faisait état également de
certains problèmes relativement à la Commission d'appel. Est-ce
que je dois comprendre de la subvention que la situation s'est rétablie
à la Commission d'appel?
M. Marx: D'une façon générale, sur cette
commission, je peux vous dire que quand j'ai été nommé
ministre j'ai été surpris de voir - je savais qu'on avait
établi
cette commission; l'ancien gouvernement l'a établie en 1985 - que
l'ancien gouvernement avait prévu un budget de plus de 5 000 000 $ pour
cette nouvelle commission. J'ai trouvé que c'était beaucoup
d'argent. Nous avons, avec la présidente et avec les membres du
ministère, coupé le budget à 3 600 000 $ à peu
près. On a fait une économie de plus de 1 500 000 $ tout de
suite.
Maintenant, c'est la question de répondre à la demande. La
loi prévoit que la commission a certaines responsabilités. Il va
de soi que la commission doit s'acquitter de ses responsabilités.
Je peux vous dire aussi que j'ai formé un groupe de travail sur
les tribunaux administratifs pour nous dire comment reformer tout ce secteur
des tribunaux administratifs, parce que je pense qu'on a trop de tribunaux. Il
faut revoir la façon de nommer les régisseurs. Il faut revoir le
statut des régisseurs. Il faut peut-être penser à un
tribunal administratif d'appel et ainsi de suite. Donc, il va y avoir beaucoup
de réformes, espérons, l'an prochain dans tout ce domaine. Mais
dans l'immédiat, on continue avec le système actuel parce qu'on
n'a pas le choix. (11 heures)
M. Filion: Relativement au groupe de travail dont vous faites
mention sur les tribunaux administratifs ou quasi judiciaires, vous avez
annoncé sa création vers janvier ou février. Vous avez
nommé le président, je pense, en septembre. Est-ce que cela va
avancer? D'abord, est-ce que les membres sont nommés?
M. Marx: Oui. Mais je n'ai pas annoncé cela en janvier ou
février, mais j'ai fait un discours au mois d'avril pour dire que je
pense à cela. Entre penser, faire accepter cela par le Conseil des
ministres et franchir toutes les étapes, cela prend un peu de temps. Le
président est déjà au travail depuis deux mois. Le rapport
sera terminé pour la fin de mars, je pense.
M. Filion: La fin de mars...
M. Marx: II n'est pas question de faire une autre étude
théorique, mais de se doter d'un plan, de faire ce qu'il y a à
faire, c'est-à-dire regrouper certains tribunaux, prévoir un
statut pour les régisseurs, etc. Ce sera une grande réforme, si
on peut l'accomplir d'ici un an ou deux.
M. Filion: Donc, vous attendez le rapport au mois de mars. Les
membres sont nommés. Il n'y a pas juste le président, qui est un
professeur de l'Université de Montréal dont le nom
m'échappe. Me Pépin, non?
M. Marx: Le président est Me Yves
Ouellette, ancien doyen à la Faculté de droit de
l'Université de Montréal.
M, Filion: Excellente nomination.
M. Marx: Merci. Les autres membres sont des personnes qui ont
été proposées, par exemple, par le Barreau, par la
Conférence des régisseurs. On a nommé un président
de commission, le juge Poirier, de la Commission des affaires sociales, comme
membre de ce groupe de travail...
M. Filion: Vous n'aviez pas annoncé publiquement la
composition du comité, sauf erreur?
M. Marx: Oui, cela a été annoncé. M.
Filion: Je m'excuse.
M. Marx: J'ai un communiqué de presse ici. Il y a Me
Poirier; Me William Atkinson, qui a été proposé par le
Barreau; M. Pierre Lemieux, qui est directeur général
associé au ministère de la Justice et professeur à
l'Université Laval et d'autres. Il y a aussi Me Yves Lafontaine, qui est
président de la Commission des services juridiques, etc.
M. Filion: D'accord. Pour en revenir à...
M. Marx: J'ai dit cela en public le 9 octobre.
M. Filion: Cela m'avait échappé. Maintenant, pour
en revenir à l'engagement 7, combien y a-t-il de commissaires
actuellement à la Commission d'appel?
M. Marx: À la Commission d'appel, il y en a douze. La loi
prévoit que c'est un minimum de douze et je pense qu'il y en a
douze.
M. Filion: Et d'assesseurs? M. Marx: Des assesseurs?
M. Filion: Neuf, selon les prévisions, je crois.
M. Marx: Non, je ne pense pas qu'il y ait des assesseurs.
M. Filion: Mais vous avez dît que le budget total...
M. Marx: Non, je peux vous le dire. Une voix: Oui, il y en
a.
M. Marx: II y a cinq assesseurs. En 1985-1986, il y a cinq
assesseurs.
M. Filion: Cinq assesseurs, il me semblait. Vous avez dit que le
budget total de la Commission d'appel était de 3 600 000 $, je pense.
Est-ce le chiffre que vous avez mentionné ou 3 500 000 $?
M. Marx: Oui, pour 1986-1987, 3 660 000 $.
M. Filion: Si je comprends bien, les 452 000 $ étaient
pour 1985-1986. Donc, le budget de 1985-1986 était de 2 300 000 $ ou 2
400 000 $ et pour 1986-1987 3 600 000 $ c'est le budget. C'est cela?
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: D'accord, c'est clair. Cela va pour l'engagement 7, M.
le Président.
Le Président (M. Marcil): Cela va pour l'engagement 7.
Engagement 9?
M. Filion: Est-ce que la firme DMR et Ass. Ltée avait
déjà reçu des contrats semblables à celui que l'on
retrouve à l'engagement 9?
M. Marx: On me dit que c'est unique, que c'est un produit.
M. Filion: Cette fois-ci y a t-il une raison pour qu'il n'y ait
pas eu de soumission?
M. Marx: C'est une méthode de travail qui a
été étudiée au ministère. Le
ministère a décidé que c'est le meilleur produit pour le
travail qu'il faut faire et cela a été négocié par
le Service des achats du gouvernement.
M. Filion: Qui sont les administrateurs de la firme?
M. Marx: J'ai une note ici, en ce sens que la DSIR recommandait
l'acquisition de trois exemplaires OGP, un à Québec et deux
à Montréal, appuyée d'une étude comparative de
produits similaires. Le Service des achats du gouvernement a donc
décidé de négocier avec la firme DMR et Ass. Ltée,
propriétaire de ce logiciel.
M. Filion: En deux mots le logiciel n'appartenait qu'à une
seule compagnie?
M. Marx: C'est cela, pour le logiciel oui.
M. Filion: Le ministère considérait que seul ce
logiciel correspondait aux besoins?
M. Marx: C'est cela. C'était le plus adéquat,
etc.
M. Filion: Qui sont les administrateurs de la firme DMR et Ass.
Ltée?
M. Marx: Je ne le sais pas vraiment. Je ne sais pas, même,
s'ils ont donné au Parti québécois ou à un autre
parti.
M. Filion: Moi non plus.
M. Marx: On peut faire venir cela. Vous pouvez vérifier
cela dans la Gazette officielle du Québec, le cas
échéant, parce que ce n'est pas dans nos critères. Au
ministère les fonctionnaires sont très neutres sur...
M. Filion: Pardon?
M. Marx: Les fonctionnaires sont neutres en ce qui concerne qui
est administrateur de telle ou telle compagnie. On fait affaires avec des
compagnies et on ne se pose pas de questions sur qui est le président,
le vice-président, les actionnaires, etc.
M. Filion: M. le ministre, je ne mets aucunement en doute la
bonne foi des fonctionnaires, ma question est...
M. Marx: Ce n'est pas le ministre qui a choisi dans ce cas, c'est
quelque chose qui a été fait à l'administration et sans
que le ministre ou le cabinet du ministre soit même impliqué -
comment dirais-je? - de près ou de loin.
M. Filion: Ma question n'a pas pour but non plus de jeter des
doutes sur cela. Je voudrais juste savoir qui sont les administrateurs de la
firme à laquelle le gouvernement a accordé un contrat de 40 000 $
sans soumission, c'est tout.
M. Marx: M. le Président, en vertu du Code civil, la bonne
foi est toujours présumée, et je présume toujours la bonne
foi. Nous faisons des affaires avec des centaines de compagnies et je peux vous
dire que je ne sais pas qui sont les administrateurs de ces compagnies.
M. Filion: Oui, mais cela fait partie des documents de soutien et
en ce sens... Je comprends que vous n'êtes pas en mesure de me fournir
l'information ce matin.
M. Marx: On me dit que DMR veut dire Ducros, Meilleur et Roy. Je
n'ai pas plus que cela. Vous pouvez vérifier dans la Gazette officielle
et dans le registre des compagnies.
M. Filion: Dans la Gazette officielle, cela
n'apparaît pas, M. le ministre.
M. Marx: L'incorporation...
M. Filion: J'ai demandé la liste...
M. Marx: ...d'une compagnie, non?
M. Filion: J'ai demandé la liste des administrateurs. Vous
fouillez dans la Gazette officielle depuis 1912 pour savoir quand est-ce
que DMR et Associés Limitée... Deuxièmement...
M. Marx: On est toujours mieux servi par soi-même.
M. Filion: Pardon?
M. Marx: Non, non, d'accord.
M. Filion: C'est une question qui va revenir un peu plus tard, M.
le ministre.
M. Marx: Si cela intéresse vraiment la commission, je suis
prêt à demander aux fonctionnaires de me préparer la liste
et je vais vous l'envoyer.
Le Président (M. Marcil): Nous allons prendre la question
en note.
M. Marx: Oui, on va vous faire cela, pas de problème.
M. Filion: Cela va pour l'engagement 9, monsieur...
Le Président (M. Marcil): Cela va pour l'engagement 9?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 19?
M. Filion: L'engagement 19: "Contrat pour les services de Me Real
Forest, pour agir à titre d'expert-conseil en droit constitutionnel,
pour une période de sept mois."
M. Marx: C'est un engagement de l'ancien gouvernement que nous
avons continué. Me Réal Forest était professeur de droit
à l'Université de Montréal. Il a été
détaché pour travailler au ministère et, malheureusement,
il n'est pas resté au ministère. Au lieu de retourner à
l'université, on me dit qu'il est retourné à la pratique
privée.
M. Filion: Je dois comprendre que les sept mois dont il est
question ici sont déjà écoulés.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Quelle période était visée?
M. Marx: La période du 2 novembre 1985 au 31 mai 1986.
Normalement, ces personnes qui sont détachées gagnent à
peu près le même salaire qu'à l'université; donc,
ils ne font pas fortune au gouvernement.
Une voix: Ont-ils un salaire, M. le Président?
M. Marx: C'est moins que le salaire de député.
M. Filion: C'est moins que le salaire d'un
député?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Bien, vos chiffres ne sont pas bons.
M. Marx: Donc, ce n'est pas un bon salaire parce que les salaires
des députés ne sont pas de bons salaires. Combien de mois a-t-il
travaillé?
Le Président (M. Marcil): C'est sûrement un gros
député ou un ministre.
M. Marx: II a travaillé sept mois pour 15 000 $ en
chiffres...
M. Filion: Non.
M. Kehoe: Le taux horaire est de combien?
M. Marx: Pardon?
M. Kehoe: Le taux horaire est de combien?
M. Marx: Le taux horaire est de quelques dollars parce que ces
gens ont souvent travaillé le soir, les fins de semaine et ainsi de
suite.
M. Kehoe: Vous ne savez pas combien l'heure?
M. Marx: Non.
M. Kehoe: Est-ce 85 $, 100 $?
M. Marx: Ah! Jamais!
M. Kehoe: Jamais quoi?
M. Marx: Jamais 80 $ ou 100 $ l'heure parce que cela aurait fait
200 000 $ par année. Ici, il a gagné...
M. Kehoe: ...combien d'heures il travaille.
M. Marx: ...son salaire de professeur qui est de 35 000 $
à 40 000 $ par année.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, quand vous
parlez de l'engagement de 51 000 $, ne serait-ce pas 51 000 $ pour sept mois?
Ou à moins que les 35 000 $ soient pour dix mois et les 15 000 $ pour
sept mois. À ce moment-là, je retirerais ce que j'ai dit.
M. Marx: Son premier contrat avec le ministère...
M. Filion: II y a quelque chose qui ne marche pas là.
M. Marx: C'est une entente avec l'Université de
Montréal et on paie l'université et le professeur concerné
qui vient travailler au ministère.
M. Filion: D'accord. À tout effet, le contrat de Me Forest
n'est pas renouvelé, si je comprends bien?
M. Marx: Non.
M. Filion: Non.
M. Marx: Non, malheureusement, M. Forest a décidé
de retourner à la pratique privée. C'était l'un de nos
avocats qui a plaidé beaucoup de causes en Cour d'appel, en Cour
suprême du Canada en 1985-1986.
Le Président (M, Marcil): L'engagement 19 est
vérifié. Les engagements de mars sont vérifiés.
Nous passons aux engagements d'avril. L'engagement 7.
M. Filion: L'engagement de... Oui.
M. Marx: Je voulais dire que, pour des personnes comme Me Forest,
il est très important pour le ministère d'avoir des juristes de
l'extérieur qui viennent travailler au ministère, c'est
très important pour nous; c'est aussi bon pour le milieu
universitaire.
M. Filion: Pour remplacer M. Dion à part cela, c'est
utile. (11 h 15)
M. Marx: Monsieur?
M. Filion: M. Dion. M. Marx: C'est qui? Une voix:
Léon Dion.
M. Marx: Ah, ce n'est pas mon ministère.
Le Président (M. Marcil): C'est un expert partisan en
droit constitutionnel.
Avril
M. Filion: À l'engagement 7 du mois d'avril, M. le
ministre: Contrat de services pour encadrer les travaux réalisés
pour le Groupe de travail sur la déréglementation en
matière de réglementation sociale et développer des
options concrètes de déréglementation et des options
alternatives à la réglementation sociale publique. Fournisseur:
SECOR Inc. de Montréal. Montant de l'engagement... D'abord, qu'est-ce
que "(5-1)" veut dire, à côté de "Montant de
l'engagement"?
M. Marx: C'est l'élément de programme.
M. Filion: D'accord, je m'excuse.
Le Président (M. Marcil): C'est le programme 5,
élément 1.
M. Filion: 66 025 $.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Est-ce que vous pourriez me dire quels sont les
administrateurs de la firme SECOR?
M. Marx: On prend cela en note et ils vont vous écrire. Je
ne le sais pas.
Le Président (M. Marcil): Donc, nous prenons la question
en note.
M. Filion: Je vous dirais que les administrateurs, entre autres,
c'est M. Marcel Côté et M. Alain Cousineau. Rapidement,
pourriez-vous vérifier cela? Parce que j'ai plusieurs questions sur cet
engagement. M. Alain Cousineau - juste pour vous éclairer - est l'ancien
directeur général du Parti libéral du Québec.
M. Marx: Est-ce que...
M. Filion: Ou peut-être l'actuel'
M. Marx: Oui, mais un instant, M. le député.
M. Filion: Peut-être l'est-il encore?
M. Marx: Avant de trop s'aventurer, la charte
québécoise prévoit, à l'article 10, qu'on ne fasse
pas de discrimination contre quelqu'un à cause de ses opinions
politiques.
M. Filion: M. le ministre de la Justice...
M. Marx: Et SECOR fait affaires avec le gouvernement depuis des
années. SECOR a fait affaires avec le gouvernement péquiste,
avec les gouvernements libéraux et ainsi de suite. Donc, ce n'est
pas nouveau que le gouvernement donne un contrat à SECOR et il n'y a
rien là.
M. Filion: M. le ministre, qui sont les administrateurs de la
firme Sécor?
M. Marx: Je n'ai pas la liste ici. On va vous faire la liste.
M. Filion: Je vous ai aidé; je vous disais que
c'était peut-être M. Marcel Côté et M. Alain
Cousineau. Peut-être. C'est ce que je vous pose comme question.
M. Marx: Si vous me le dites, je prends cela pour la
vérité. Mais on va vérifier.
M. Filion: II ne faut pas prendre cela pour la
vérité. Je n'ai pas toutes les informations entre les mains et ce
n'est pas moi qui ai donné le contrat de 66 025 $ pour encadrer des
travaux,
M. Marx: Les gens qui vont être payés... Ce n'est
pas terminé, mais les personnes qui vont recevoir des honoraires sont M.
Roger Miller pour 26 250 $, M. Claude Michaud et M. Alain Lapointe et il y a
certains frais de voyage et de secrétariat.
M. Filion: Ma question portait sur les administrateurs.
M. Marx: Vous voulez savoir qui sont les administrateurs.
Le Président (M. Marcil): Nous avons pris la question en
note.
M. Marx: C'est cela et je vais vous écrire, M. le
député.
Le Président (M. Marcil): ...et M. le ministre pourrait y
répondre.
M. Marx: Je vais vous écrire et je vais envoyer une copie
à tous les membres de cette commission.
Le Président (M. Marcil): Vous avez seulement à
faire parvenir une copie à Mme la secrétaire, M. le ministre
et...
M. Marx: D'accord, on va écrire à Mme la
secrétaire qui va faire en sorte que tous les membres du comité
reçoivent une copie.
M. Filion: Est-ce que pourriez également - vous avez des
notes en main -ventiler le montant de 66 025 $?
M. Marx: Nous avons des prévisions, parce que ce n'est pas
encore payé. C'est un engagement d'avril; ce n'est pas encore
payé.
Ce sont des prévisions. Une fois que ce sera payé, on va
vous écrire aussi.
M. Filion: Est-ce qu'on pourrait connaître les
prévisions qui justifient ce montant?
M. Marx: Oui, les prévisions sont des honoraires de 26 250
$, de 26 775 $ et d'autres de 4500 $; des frais de secrétariat et de
documentation, 2500 $ et des frais de voyage et de déplacement, 6000
$.
M. Filion: Donc, cela comprend des honoraires, des frais de
secrétariat, des frais de voyage pour 6000 $.
M. Marx: C'est cela. C'est pour des frais de
déplacement.
M. Filion: Vous dites que ce n'est pas encore payé mais
est-ce que le contrat est terminé?
M. Marx: Oui. On me dit qu'on vient de recevoir les factures.
M. Filion: Comment a été choisie la firme SECOR? Je
comprends qu'il n'y a pas eu de soumissions ni d'appels d'offres.
M. Marx: C'est à cause des personnes qui avaient la
compétence que nous l'avons choisie. D'ailleurs, ils ont
déjà publié dans ce domaine de la réglementation.
Ils ont publié des études dans ce domaine. Donc, on choisissait
des experts.
M. Filion: Est-ce que je pourrais avoir la liste des publications
que vous mentionnez?
M. Marx: La firme SECOR a été retenue
principalement parce que MM. Alain C. Lapointe et Roger-Emile Miller
s'intéressaient à la réglementation depuis la fin des
années soixante-dix. En effet, ils publient conjointement en 1979
L'entreprise et la réglementation; en 1979 également, M. Miller
publiait pour la Chambre de commerce de Montréal, La
réglementation de l'entreprise privée.
M. Filion: Je ne sais pas si vous l'avez noté, mais le
contrat a été donné pour la réglementation sociale,
non pas pour la réglementation économique.
M. Marx: La réglementation sociale touche les domaines
économique, social, public, etc.
M. Filion: Mais dans l'optique du rapport Scowen...
M. Marx: En ce qui concerne la régie-
mentation, on a cherché des experts qui ont une connaissance du
domaine. Non pas quelqu'un qui connaît seulement un article dans une loi.
Le mandat principal du groupe de travail sur la déréglementation
était de formuler des recommandations destinées à placer
et à garder les entreprises du Québec dans une situation au moins
aussi avantageuse que celle des juridictions concurrentielles, notamment
l'Ontario, en ce qui concerne l'ensemble des conditions réglementaires
affectant leur productivité.
Mais je ne vois pas de différence. Vous comprenez qu'il est
nécessaire pour le ministère d'engager des experts durant
l'année. Quelle est la différence entre le fait d'engager un
occasionnel et lui demander de faire un travail ou de donner un contrat
à l'extérieur? Je pense qu'il n'y a pas grand-chose. Aussi, il
faut faire appel à des gens de l'extérieur parce que, souvent, il
arrive qu'on n'a pas l'expertise au ministère ou que les gens du
ministère sont déjà trop occupés durant la session.
Ou encore, on veut avoir, comment dirais-je? un "fresh look" de quelqu'un de
l'extérieur. Ou ce sont des experts de l'extérieur qui viennent
aider les gens du ministère. Cela se fait depuis toujours.
M. Filion: Mais est-ce que je dois comprendre de votre
réponse que le ministère de la Justice ne possédait pas
dans l'ensemble de ses ressources humaines les éléments
qualifiés pour encadrer des travaux réalisés par un groupe
de travail?
M. Marx: C'est-à-dire qu'au ministère, on a des
gens qui peuvent tout faire. En commençant par le ministre, le
sous-ministre, les sous-ministres associés, on peut dire qu'on a assez
de monde pour tout faire. Mais étant donné le temps disponible,
on ne peut pas tout faire et, de temps en temps, il est nécessaire
d'aller à l'extérieur. Par exemple, on va prêter des
fonctionnaires pour aider ailleurs. On peut aussi demander à un service
quelconque de produire un rapport sur la réglementation, de laisser tout
tomber et de prendre un autre mandat. On a des gens au ministère qui
peuvent faire des travaux dans beaucoup de domaines. De temps en temps on veut
avoir un expert dans un domaine et on trouve que ce serait mieux d'aller
à l'extérieur. Pour le Code civil, nous sommes allés
à l'extérieur, nous avons engagé une ou deux personnes.
Même si on a des experts au ministère, il a fallu avoir plus de
personnes, plus de monde. C'est tout à fait normal. Cela se fait depuis
des générations.
M. Filion: À quelle date a été
octroyé le contrat?
M. Marx: Je cherche la date. Le CT est daté du 29
avril.
M. Filion: Pardon!
M. Marx: Je pense que le CT est daté du 29 avril 1986.
M. Filion: Je pense que l'entente avec la firme SECOR... Le CT,
cela prend un certain temps avant de cheminer, est-ce que je dois comprendre,
dans ce cas-ci, qu'il y avait une entente avant le CT avec la firme SECOR?
Probablement, parce que le groupe de travail dont il est question ici a
commencé ses travaux avant, il a été mis sur pied avant la
date mentionnée tantôt, soit avant la fin avril. À quelle
date est intervenue l'entente entre votre ministère et la firme
SECOR?
M. Marx: Je ne pense pas qu'on ait cette date. On a le projet
d'entente, ce qui a été soumis au Conseil du trésor. Je
n'ai pas l'entente signée. On va ajouter cela dans la lettre à la
secrétaire.
M. Filion: À quelle date la firme SECOR a commencé
ses travaux?
M. Marx: On va essayer d'ajouter cela aussi dans la lettre.
M. Filion: Également, est-ce qu'il y a des factures
justifiant... qui ont déjà été envoyées au
ministère?
M. Marx: Des honoraires... M. Filion: Des comptes.
M. Marx: Cela veut dire que les gens nous envoyent leurs
honoraires.
M. Filion: Oui, mais les frais de déplacement, les frais
de secrétariat, etc., et il y a des honoraires aussi. Est-ce que le
paiement de ces sommes est conditionnel...
M. Marx: Je peux vous dire que c'était moins que 66 0D0 $.
Nous sommes en train de vérifier les factures. Cela vient d'entrer. On
va les vérifier. On va payer ces personnes.
M. Filion: Est-ce que vous avez une copie du contrat de services
que vous pourriez déposer ce matin?
Une voix: II n'est pas signé.
M. Marx: Je n'ai pas de contrat.
Une voix: C'est public.
M. Filion: Celui que vous avez entre les mains n'est pas
signé, est-ce cela? Est-ce que...
M. Marx: Je peux le signer sur le coup pour vous, si vous
voulez.
M. Filion: II n'est pas signé par vous. Ce n'est pas
grave. Je suppose que vous avez signé une autre copie à un moment
donné.
M. Marx: On va faire parvenir à la secrétaire une
copie de la copie signée, parce qu'on n'est pas sûr et certain que
c'est la copie qui a été signée. C'est un projet. Donc, on
va vous envoyer une copie.
M. Filion: En ce qui concerne les sommes qui ont
été...
M. Marx: Cela a été signé par le
sous-ministre de la Justice.
M. Filion: D'accord. En ce qui concerne les sommes qui ont
été versées par le gouvernement ou le ministère,
ces versements ont eu lieu sur présentation de pièces
justificatives ou auront lieu sur présentation de pièces
justificatives? (11 h 30)
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Est-ce qu'il serait passible de déposer
également les pièces justificatives ayant déjà
servi au paiement, au versement des sommes?
M. Marx: Si c'est public, on va le faire.
M. Filion: Oui, c'est cela, s'il n'y a pas de...
M. Marx: Si c'est public; si cela n'est pas nominatif.
M. Filion: Je crois bien que cela devrait être public;
c'est un compte, finalement, qui est adressé au gouvernement. À
première vue, je ne vois pas de problème. S'il y en avait, vous
pourrez nous le dire. Avant d'octroyer le contrat à SECOR, est-ce que
votre ministère avait procédé à faire l'inventaire
des ressources disponibles à l'intérieur du ministère,
ressources qui auraient été suffisantes pour exécuter ce
contrat à l'intérieur du ministère?
M. Marx: On a fait état de nos ressources, on a fourni des
ressources qu'on avait pour faire ces travaux, c'est-à-dire qu'on n'a
pas engagé tout le monde à l'extérieur. On a fourni des
juristes, on a cherché au Conseil exécutif des gens qui
étaient disponibles, etc. Effectivement, on a mis tout le monde au
travail.
M. Filion: Est-ce qu'il y a un inventaire des resssources
humaines, des universités disponibles qui a été fait
à l'extérieur du ministère?
M. Marx: On n'a pas fait d'inventaire autour du monde ou
même en Amérique du Nord.
M. Filion: Au Québec?
M. Marx: On a pensé aux experts
québécois.
M. Filion: Vous avez tout de suite pensé à eux.
M. Marx: On est resté avec les personnes à qui on a
donné le contrat.
M. Filion: Est-ce qu'il existait d'autres ressources disponibles
à l'extérieur du ministère, à part la firme
SECOR?
M. Marx: Le contrat a été négocié
avec SECOR, mais, comme je vous l'ai dit, l'argent était pour payer les
honoraires de trois personnes en raison de leur expertise.
M. Filion: Est-ce que ces personnes étaient
déjà à l'emploi de SECOR avant l'entente ou avant la
possibilité d'un contrat?
M. Marx: Je ne le sais pas. Cela dépasse mes
connaissances.
M. Filion: Est-ce que vous pourriez vérifier et nous
apporter une réponse dans les documents que nous allons recevoir?
M. Marx: Je peux vérifier.
M. Bélanger: Est-ce que vous connaissez la date du premier
engagement de SECOR par votre ministère?
M. Marx: SECOR a fait des travaux pour beaucoup de
ministères depuis des années. Ce n'est pas nouveau qu'on engage
SECOR. Le député de Taillon pose des questions sur SECOR, sur la
déréglementation, etc., mais SECOR est une firme qui fait des
travaux pour le gouvernement depuis des années, d'un gouvernement
à l'autre. Je ne sais pas ce que le député cherche en me
posant ces questions. J'imagine que SECOR a fait d'autres travaux pour... On
peut vérifier si SECOR a déjà eu d'autres contrats avec
des ministères, mais...
M. Bélanger: Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Cela suppose que vous allez
déposer également la liste des travaux que vous avez...
M. Marx: On peut vous dire si SECOR a obtenu d'autres contrats et
en quelle
année, oui.
M. Filion: Mes collègues demandent que vous
déposiez cela - j'aimerais bien qu'on se comprenne - et il faudrait
déposer la liste de tous les contrats obtenus par SECOR.
M. Marx: Au ministère. Depuis... Au ministère de la
Justice, on va...
M. Filion: Depuis, si vous voulez, 1970, n'importe quand.
M. Marx: On peut... On va chercher.
M. Filion: Quant à avoir un document, mieux vaut qu'il
soit complet.
M. Marx: On va vous donner ce qu'on a.
M. Filion: Pardon'?
M. Marx: Nous allons vous donner l'information que nous
avons.
M. Filion: D'accord. Donc, la liste de tous les contrats obtenus
par SECOR depuis 1970. Bonne recherche tout le monde!
Le Président (M. Marcil): Cela va peut-être
répondre à plusieurs inquiétudes.
M. Bélisle: Une fois parti dans cette recherche monastique
d'information, j'aimerais demander également le tableau -afin de vous
éviter de faire des comparaisons orientées dans une seule
direction - de tous les administrateurs, de tous les employés de SECOR
depuis 1970 afin de voir les variations et les tendances.
M. Filion: Voulez-vous le demander? Allez-y, nous sommes membres
de la commission, M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Je vous en fais la suggestion, M. le
député.
M. Filion: Moi, je pose les questions qui m'intéressent et
vous pouvez poser les questions qui vous intéressent. Quant à
moi, si vous le désirez, interrogez le ministre; il semble qu'il y ait
un député intéressé par tous les administrateurs
depuis 1970.
M. Bélisle: J'essaie d'ajouter...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît, la
pertinence. Pour être plus précis, tantôt, vous avez
demandé la liste des contrats que le gouvernement ou le ministère
de la Justice a octroyé à la compagnie compagnie SECOR. Il ne
faut quand même pas...
M. Marx: Je ne suis pas responsable du gouvernement.
M. Filion: Du gouvernement, tant qu'à y être.
Le Président (M. Marcil): Donc, cela s'adresse uniquement
au ministère de la Justice. Si jamais, dans d'autres engagements
financiers d'autres ministères, la même firme revenait, à
ce moment-là, vous pourriez demander la même chose.
M. Filion: Est-ce que cela vous intéresserait, M. le
Président, d'avoir la liste des contrats octroyés à SECOR
par tous les ministères*?
Le Président (M. Marcil): On ne peut pas engager le
ministre de la Justice dans une recherche visant tous les ministères, il
s'agirait de demander au ministre des Approvisionnements de le faire et non pas
au ministre de la Justice.
M. Filion: Ce n'est pas moi qui en ai parlé...
Le Président (M. Marcil): Non, non, cela va.
M. Filion: ...je n'ai jamais soulevé quoi que ce soit,
c'est vous qui le dites.
Le Président (M. Marcil): D'une façon ou d'une
autre, M. le député de Taillon...
M. Filion: C'est vous qui le dites.
Le Président (M. Marcil): ...il n'y a aucune pertinence de
faire cette demande pour d'autres ministères que les engagements
d'aujourd'hui. Cela va pour l'engagement 7?
M. Filion: Non, je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Marcil): Vous pouvez continuer.
M. Filion: J'en étais tantôt à l'inventaire
qui aurait pu être fait par le ministère de la Justice des
ressources disponibles à l'extérieur du ministère. Pour
l'intérieur du ministère, je prends votre parole, en quelque
sorte. Vous avez regardé à l'intérieur du
ministère, à l'intérieur du gouvernement et il n'y avait
pas de ressources. En ce qui concerne l'extérieur...
M. Marx: J'ai dit qu'on a fourni des juristes.
M. Filion: Oui, cela, vous me l'avez signalé
également.
M. Marx: On a déjà fourni un certain
nombre d'experts.
M. Filion: Mais ceux-là ne font pas partie du montant, du
contrat...
M. Marx: Non, c'est cela.
M. Filion: C'est en plus que vous avez fourni des juristes.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Donc, j'en reviens à cet inventaire à
l'extérieur du ministère de la Justice. Est-ce que cet inventaire
a pris la forme d'un document, d'une étude ou d'une analyse?
M. Marx: Non, pas à ma connaissance.
M. Filion: L'inventaire a été fait de quelle
façon?
M. Marx: On a identifié des personnes qui connaissent
cela, quelqu'un l'a fait. On l'a fait et cela n'a pas pris quinze jours
à le faire. C'est comme si j'ai besoin d'un expert en droit de
protection des consommateurs; je sais qu'il n'y a pas 55 experts au
Québec. On fait le tour des experts et on décide d'approcher
telle personne. Il n'y a pas de mystère dans cela.
M. Filion: En termes de réglementation ou de
déréglementation au Québec, il existe... Il y a des
exemples qui me viennent à l'esprit, mais enfin. Il existe des personnes
qui sont très intéressées par ce secteur,
énormément de publications ont été faites, surtout
au cours des deux ou trois dernières années, notamment dans le
milieu universitaire. En ce sens, je saisis mal... Quand même, c'est un
sujet qui n'est pas aussi hermétique qu'on pourrait le croire. Beaucoup
de réflexion, d'études, de travaux ont été faits
sur la réglementation et la déréglementation.
M. Marx: Oui. Y a-t-il une question dans tout cela?
M. Filion: Oui. La question, c'est... Vous dites que cela n'a pas
pris quinze jours; cela a été fait un peu, comme on le dit, sur
le bras, selon le pifomètre, le choix de l'organisme?
M. Marx: Nous avons des gens qui pensent à tout cela. Ils
regardent qui est disponible, qui a fait quoi et on choisit. C'est cela
gouverner, choisir. La prochaine fois, on pourra peut-être vous approcher
pour ajouter à ces listes, pour alimenter nos réflexions. On n'a
pas d'objection.
M. Filion: Vous en faites un engage- ment?
M. Marx: Oui, dans certains cas. On vous consultera, on ne vous
demandera pas de recommandations.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, vous assurez
déjà son avenir.
M. Marx: Oui. On demandera aux autres membres de la commission
aussi. Il ne faut pas favoriser seulement un député. Je pense que
tous les députés sont sur un pied d'égalité.
M. Filion: Un contrat pour encadrer les travaux. Qu'est-ce que
cela veut dire?
M. Marx: Encadrer, cela veut dire ce que cela veut dire.
M. Filion: Oui, mais concrètement.
M. Marx: Concrètement il s'agit d'encadrer les travaux
réalisés par le groupe de travail. C'est ne pas lâcher
"lousse" tout le monde dans la forêt, c'est-à-dire de les
encadrer.
M. Filion: II y avait un président à ce groupe de
travail?
M. Marx: Diriger les travaux, faire en sorte qu'on travaille sur
le sujet prévu pour avoir des dirigeants pour un tel travail.
M. Filion: Est-ce qu'il y a d'autres contrats en vue pour la
firme SECOR, à votre connaissance, dans votre ministère?
M. Marx: Pas à ce moment-ci.
M. Filion: Je n'en ai pas retracé d'autres non plus dans
les engagements financiers.
M. Marx: Non. Pas à ce moment-ci, cela pourrait bien
arriver.
M. Filion: Cela va, M. le Président, pour l'engagement
7.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 7 est
vérifié...
M. Filion: Sous réserve, encore une fois, de l'ensemble
des documents dont on a pris note et que le ministre nous fera parvenir.
Le Président (M. Marcil): Engagement 8?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Cela va.
Engagement 9?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Engagement 11?
M. Filion: On n'a pas l'engagement 10. À l'engagement 11
j'ai remarqué que c'était une firme... D'abord, un qui n'avait
pas de soumission, deux soumissions ontarlennes... Je soupçonne que
c'est encore une fois le fait que cette firme était la seule à
disposer du logiciel précis UCC-7.
M. Marx: Ce n'était pas la seule, mais on a fait une
étude comparative avec d'autres et on a trouvé que c'était
la meilleure pour nos besoins.
M. Filion:Je dois comprendre que, dans le domaine de
l'informatique, il y a beaucoup de logiciels développés par des
entreprises et qui ne se retrouvent pas dans d'autres entreprises.
M. Marx: C'est vrai, ou ce sont des logiciels qui sont plus
compatibles avec les systèmes qu'on a au ministère.
M. Filion: Dans ce cas-ci, il n'y avait pas de firme
québécoise qui disposait, disons, d'un logiciel qui aurait pu,
à un coût acceptable, être adapté aux besoins
précis qu'on ne connaît pas, mais je suppose que cette
vérification a été faite.
M. Marx: Apparemment... Oui, on essaie, si on trouve des gens
ici... Quand on peut favoriser des compagnies québécoises, on le
fait le cas échéant.
M. Filion: II y a peut-être des compagnies
québécoises qui vont lire nos discussions de ce matin. M. le
ministre, pourriez-vous expliquer à quoi précisément
servait cela, à quel besoin répondait ce logiciel UCC-7? C'est
quand même un contrat qui n'est pas négligeable, 90 000 $.
M. Marx: Depuis que je suis en fonction, je trouve que cela
coûte beaucoup d'argent. L'informatique, c'est essentiel; on ne peut pas
fonctionner sans cela aujourd'hui. Effectivement, le ministère de la
Justice dépense beaucoup d'argent dans l'informatique et ce depuis des
années. Nous sommes peut-être le ministère le plus
informatisé.
C'était afin d'automatiser les opérations
cléricales nécessaires à l'exécution de tous les
systèmes informatiques...
M. Filion: Je m'excuse. Je n'ai pas compris le début.
M. Marx: Oui, c'est très compliqué. C'était
afin d'automatiser les opérations cléricales nécessaires
à l'exécution de tous les systèmes informatiques
opérationnels sur l'ordinateur central. La DSI devait acquérir un
logiciel pour accomplir ces tâches automatiquement à la place de
ressources humaines. Au lieu d'avoir des personnes pour faire cela, ce sera
fait sur ordinateur. Ce logiciel permettrait de réduire les erreurs
humaines en réduisant les interventions humaines dans l'opération
des systèmes informatiques opérationnels. Tout ceci aurait pour
effet d'augmenter la qualité des services et d'augmenter la
productivité du groupe responsable de l'opération des
systèmes.
M. Filion: Dans quel secteur? On dit "gestionnaire des rapports",
est-ce que c'est pour des rapports informatiques sur les bureaux
d'enregistrement ou, je ne sais pas, les rapports sur les greffes des palais de
justice. En somme, c'est dans quel secteur? Est-ce que c'est l'ensemble des
activités du ministère, le bureau du Code de la route ou...
M. Marx: C'est l'unité centrale des données. Et
tous les systèmes sont touchés par cela.
M. Filion: Pardon? Tout le système est touché par
cela.
M. Marx: Tous les systèmes, plutôt. C'est cela.
M. Filion: Cela va. Soit dit en passant, dans un cas comme
celui-là - c'est pour éclairer ma lanterne - il n'y a pas de
firme québécoise qui arrivait à fournir le produit requis.
Est-ce qu'il existe d'abord au Québec une banque centrale des logiciels
existants? En tout cas, est-ce que votre ministère, quand il a besoin
d'un logiciel particulier, peut se référer à un organisme
ou à une organisation pour vérifier si son besoin ne peut pas
être comblé par un logiciel existant au Québec?
M. Marx: II y a un bureau central d'informatisation au
ministère des Communications qui fait ces études. Aussi, il faut
dire que ce n'est pas le ministère de la Justice qui fait les choses.
Nous faisons des études, nous faisons des demandes, mais c'est aussi au
Service des achats du gouvernement qu'on fait un certain travail. C'est
contrôlé par le BCI et contrôlé par le Conseil du
trésor. Il y a beaucoup de contrôles sur ces choses.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 13?
M. Filion:Cela va.
Le Président (M. Marcil): Cela va.
Les engagements financiers du mois d'avril sont
vérifiés.
Nous passons aux engagements financiers du mois de mai.
M. Filion: Est-ce qu'on peut suspendre environ deux minutes, M.
le Président?
Le Président (M. Marcil): Vous voulez suspendre pour deux
minutes?
M. Filion: Deux minutes.
Le Président (M. Marcil): Oui. Nous suspendons pour deux
minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 50)
(Reprise à 11 h 58)
Mai
Le Président (M. Bélanger): Nous en sommes rendus
au mois de mai 1986. J'appelle les engagements 7 à 10.
M. Filion: Pour les engagements 7, 8 et 9, cela va, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Donc, on peut
considérer les engagements 7, 8 et 9 comme vérifiés?
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Merci.
M. Filion: Et en ce qui concerne l'engagement 10, encore une fois
ici, il faut éclairer ma lanterne. II s'agit de l'octroi d'un contrat
sans soumission. Je remarque qu'il s'agit de billets, probablement de billets
de circulation, billets d'infraction, stationnement et rapports
d'infraction.
N'y avait-il pas d'autres firmes?
M. Marx: Oui. Je comprends la question.
M. Filion: Oui.
M. Marx: Oui, pourquoi. Premièrement, c'est Drummond
Formules d'Affaires Ltée, Charlesbourg, donc c'est à
Québec. C'est le Service des achats du gouvernement qui a
négocié avec cette compagnie car cette compagnie est la seule
possédant un numéroteur électronique qui permet une
impression compatible avec le lecteur optique.
M. Filion: Finalement, on a uniquement comme forum nos
débats. Il serait peut-être intéressant que d'autres
entreprises au Québec le sachent. Ce sont quand même des contrats
de 31 000 $. Je suppose que ce sont des contrats qu'on va revoir dans les
engagements financiers. Lorsque les rapports sont épuisés, il
faut en imprimer d'autres. Peut-être qu'ainsi on pourra obtenir une plus
grande concurrence entre entreprises québécoises et
favoriser...
M. Marx: Le député veut établir une
compagnie.
M. Filion: Je n'ai pas le temps; vous ne me laissez pas beaucoup
de temps pour faire des choses.
M. Marx: Ha! Ha! Ha! Je ne sais pas si c'est légal de
faire affaire avec un député? Non.
M. Filion: Cela ne l'est pas non plus. M. Marx: Non.
Conflit d'intérêts. M. Filion: Mais...
M. Marx: Donc, après votre séjour à
l'Assemblée nationale.
M. Filion: Oui. Est-ce que cela vous ennuirait beaucoup... Est-ce
que vous avez une copie d'un rapport d'infraction de stationnement, et des
billets d'un rapport d'infraction ordinaire? Est-ce que vous avez cela
peut-être ici avec vous ce matin? Non.
M. Marx: Non.
Une voix: II en a un dans sa voiture.
Une voix: Dans le pare-brise.
M. Filion: Je voudrais connaître la distinction entre
l'infraction - il y en a une qui était stationnement - et l'autre
infraction; c'est lorsque le véhicule est en mouvement, je suppose.
M. Marx: C'est pour les infractions au Code de la
sécurité routière. Il y a 45 000 billets rapports
d'infraction de stationnement et 60 000 billets rapports d'infraction à
la vitesse.
M. Filion: Est-ce que ce serait possible de m'en envoyer une
copie, un formulaire de chaque?
M. Marx: Oui. Si vous allez stationner illégalement vous
allez en avoir une aujourd'hui même.
M. Filion: Cela va être la première fois que je vais
recevoir un rapport d'infraction
alors que je ne suis pas impliqué. M. Marx: Ah!
M. Filion: En blanc. C'est cela. En blanc.
Le Président (M. Bélanger): Alors, sous
réserve de la fourniture du document demandé, est-ce qu'on peut
considérer l'engagement 10 vérifié?
M. Filion: Oui.
Juin
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc, pour le
mois de juin, les engagements 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13... Oui, excusez-moi,
ce sont les engagements de 6 à 9, 11, 12, 14, et 15.
M. Filion: L'engagement 10 relève du Solliciteur
général.
Le Président (M. Bélanger): C'est exact. Vous
excuserez mon ignorance. J'appelle l'engagement 6.
M. Filion: Cela va. Je n'ai pas de question là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 6 est
considéré vérifié. J'appelle l'engagement 7.
M. Filion: Non plus.
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 7 est
considéré vérifié. J'appelle l'engagement 8.
M. Filion: Non plus.
Le Président (M. Bélanger): Je considère
l'engagement 8 vérifié. J'appelle l'engagement 9.
M. Filion: Non plus.
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 9 est
vérifié. J'appelle l'engagement 11.
M. Fiîion: Le contrat de services qui est mentionné
à l'engagement 11, c'est un contrat de services pour agir dans une cause
en particulier ou...
M. Marx: Est-ce que c'est l'engagement 11?
M. Filion: ...c'est en général? Engagement 11.
M. Marx: Engagement 11?
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 11 de juin
1986, page 4.
M. Marx: Page 4. L'engagement 11, c'est: Contrat de services pour
agir à titre d'expert-conseil en droit constitutionnel auprès du
sous-ministre associé à la Direction... C'est ça?
M. Filion: C'est ça.
M. Marx: Effectivement, Me Yves De Montigny qui est professeur
à la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa, section
droit civil a remplacé Me Réal Forest, comme je vous l'ai dit
auparavant, qui est retourné à la pratique privée. Je peux
vous dire que c'est difficile de trouver des experts-conseils qui sont
prêts à venir travailler au ministère. Ce n'est pas aussi
facile parce que ce sont des gens qui viennent pour une année ou deux.
Cela se fait depuis des années maintenant, je pense. C'est un bon
système pour le gouvernement et pour les universités parce qu'il
y a cet échange.
M. Filion: C'est un travail à temps plein?
M. Marx: C'est un travail à temps plein.
M. Filion: Un temps plein au ministère?
M. Marx: Oui. C'est toujours un temps plein.
M. Filion: Ce n'est pas pour agir dans un dossier en particulier
devant les tribunaux, etc. Est-ce que ce serait possible d'obtenir une copie du
contrat de Me De Montigny et, également, une copie de son curriculum
vitae?
M. Marx: De?
M. Filion: Son curriculum vitae. Son CV.
M. Marx: Oui, parfait. Oui. M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 11, sous
réserve de production des documents demandés...
M. Marx: Si les députés ont des experts à
nous recommander en matière de droit administratif ou en matière
de droit constitutionnel, nous sommes très ouverts à recevoir des
curriculum vitae et à interviewer ces personnes, le cas
échéant.
Le Président (M. Bélanger): Votre message est
passé, M. le ministre. Nous
considérons l'engagement 11 vérifié sous
réserve de production des documents demandés. J'appelle
l'engagement 12.
M. Marx: L'engagement 12, c'est l'expert-conseil en droit
administratif.
Le Président (M. Bélanger): Pourquoi du
sous-ministre?
M. Filion: Pardon? Est-ce que...
M. Marx: II a été engagé comme
expert-conseil à temps plein par l'ancien gouvernement et c'est
continué par te présent gouvernement.
M. Filion: C'était ma question. C'est un contrat qui est
renouvelé, en quelque sorte.
M. Marx: II a été renouvelé, mais je pense
qu'il retourne à l'université avant la fin de l'année.
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 12 est-il
considéré comme vérifié?
M. Filion: Vérifié.
Le Président (M. Bélanger): Engagement 14?
M. Filion: Cela c'est le ACP-24, c'est un autre formulaire.
J'apprécierais recevoir un formulaire en blanc.
M. Marx: On va vous remettre un autre formulaire.
M. Filion: Je comprends que le choix de Drummond s'est fait sur
la même base que celle que vous avez mentionnée tantôt,
c'est-à-dire que c'était la seule entreprise capable de fournir
un système de numérotation perçu par les lecteurs optiques
déjà existants.
M. Marx: C'est cela. On me dît qu'un tel numéroteur
électronique coûte assez cher. Il y a d'autres compagnies qui ne
veulent pas l'acheter.
M. Filion: D'accord, cela va.
Le Président (M, Bélanger): L'engagement 14 est
vérifié. J'appelle l'engagement 15.
M. Filion: Encore une fois, toujours, vous allez nous faire
parvenir gracieusement le rapport d'infraction.
M. Marx: À tous les membres de la commission.
M. Filion: Oui. En terminant... Je pense qu'on a terminé
nos travaux, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Donc, on peut dire que tous les
engagements concernant la Protection du consommateur et du ministère de
la Justice sont vérifiés.
M. Filion: Sous les réserves déjà
exprimées. Sous réserve de la production des documents, notamment
dans le cas de SECOR.
Le Président (M. Marcil): Oui, sous réserve que les
documents soient produits. Cela va?
M. Filion: D'accord. Je dois comprendre, M. le Président,
également pour l'information de mes collègues, que nous pourrons
revenir sur les engagements déjà vérifiés à
n'importe quel temps.
Des voix: C'est dans le règlement.
Le Président (M. Marcil): Oui, c'est dans le
règlement.
M. Filion: Juste en terminant, M. le Président, je
voudrais vous signaler que si j'avais requis - c'est rare que je prends moins
de temps que requis avec vous - mais dans ce cas-ci quand j'ai reçu les
engagements... Évidemment, il y en a plusieurs qui relevaient du
Solliciteur général et beaucoup plus que ce que je croyais, de
sorte que j'avais cru au départ que nous aurions besoin de votre
témoignage jusqu'à 13 heures. Maintenant, j'espère que
cela ne vous causera pas...
M. Marx: Il n'est pas nécessaire de s'excuser pour avoir
fait un travail très efficace.
Le Président (M. Marcîl): Nous allons suspendre nos
travaux jusqu'à la fin des affaires courantes pour entendre le ministre
des Affaires autochtones pour une durée de 45 minutes, ici, dans la
même salle.
(Suspension de la séance à 12 h 10)
(Reprise à 15 h 49)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions est maintenant ouverte. Il me fait
plaisir de constater le quorum. Mme la secrétaire, je m'enquiers
auprès de vous des remplacements.
La Secrétaire: II y a un seul remplacement. M. Boulerice
(Saint-Jacques) est remplacé par M. Claveau (Ungava), cet
après-midi.
Le Président (M. Filion): D'accord. M. Bélanger
(Laval-des-Rapides) remplace toujours M. Laporte (Sainte-Marie) en fonction du
remplacement qui a eu lieu ce matin. Je rappellerais le mandat de notre
commission qui est de vérifier les engagements financiers concernant les
Affaires autochtones pour les mois d'avril, mai et juin 1986. Je souhaite la
bienvenue à M. le ministre délégué aux Mines et aux
Affaires autochtones. C'est bien cela?
M. Savoie: C'est bien cela.
Le Président (M. Filion): On a de la difficulté
à citer votre titre exact, je pense qu'il n'y a pas eu d'erreur dans ce
cas. Évidemment, je pense que les membres de la commission connaissent
déjà les procédures et les règles régissant
les engagements financiers, de sorte qu'il est inutile pour moi de les
rappeler. En ce qui concerne les Affaires autochtones, nous avons des
engagements aux mois d'avril, mai et juin 1986, sauf erreur, et sans plus
tarder j'appelle donc l'engagement 5 du mois d'avril 1986, à la page 3.
M, le député d'Ungava, la parole est à vous.
SAGMAI
M. Claveau: Merci, M. le Président. L'engagement 5...
Excusez-moi, je vais en profiter pour souhaiter aussi bonjour et la bienvenue
au ministre délégué aux Mines et aux Affaires autochtones
- dans ce cas-ci, c'est le ministre délégué aux Affaires
autochtones - ainsi qu'au personnel du SAGMAI qui l'accompagne.
Avril
Sans plus tarder on va passer à l'engagement 5, où il est
question du Regroupement des centres d'amitié autochtone du
Québec, pour un montant de 80 000 $. II y a eu un versement de 80 000 $
sur un montant global de 85 000 $ qui devait être donné pour
l'année 1986-1987. J'aimerais que le ministre nous précise de
quelle façon ces montants sont fixés. D'où vient le
montante D'où vient le montant de base, les 85 000 $, et pourquoi la
tranche de 80 000 $?
M. Savoie: Si je comprends bien, la question est en deux parties.
D'où proviennent les fonds de 80 000 $ et à quoi ont-ils
servi?
M. Claveau: Pourquoi 80 000 $, dans le premier temps? Comment
cela est-il fixé?
M. Savoie: Alors, d'une part, il y a un montant de 55 000 $ de
dépenses de fonctionnement; il y a un montant de 17 513 $ de
dépenses de fonctionnement également, mais qui avaient
été comptabilisées et qui dataient du 11 février
1986. Alors, cela fait 72 000 $. Ensuite, il y avait des prévisions
budgétaires pour un montant de 12 000 $ pour le Centre INNU de
Sept-Îles, ce qui fait un total de 84 500 $ ou 85 000 $. À quoi
les 80 000 $ ont-ils servi? On a des salaires pour un montant global de 44 500
$, des frais de déplacement pour 28 600 $, l'administration de la
bâtisse pour un montant de 4550 $, des frais de bureau pour 10 350 $, des
honoraires de vérification pour un total de 2500 $ et des montants
divers totalisant 1500 $.
M. Claveau: Merci, M. le ministre. Pouvez-vous nous expliquer
pourquoi le centre de Sept-Îles reçoit une subvention à
part? II n'est pas dans le Regroupement des centres d'amitié
autochtone?
M. Savoie: Le Centre INNU de Sept-îles fait partie du
centre de regroupement.
M. Claveau: Mais il y a eu une subvention en plus, finalement, ou
à part?
M. Savoie: Ce que je cherchais à faire, c'est de
définir la provenance des montants. Des prévisions
budgétaires avaient été présentées par le
RCAAQ pour les frais inhérents à l'ouverture et au fonctionnement
d'un septième centre. Cela datait du mots de février 1986 et
c'était estimé à 12 000 $, incluant les frais de
fonctionnement et de dépenses.
M. Claveau: D'accord. Combien de centres regroupe le Regroupement
des centres d'amitié autochtone?
M. Savoie: II y en a sept en tout.
M. Claveau: D'accord. Où est le siège social du
regroupement?
M. Savoie: À ma connaissance, le Regroupement des centres
d'amitié autochtones du Québec a son adresse principale au 527
rue Chénier, Montréal, Québec, H2L 1H2 et son
numéro de téléphone est 514-288-3752.
M. Claveau: Merci, M. le ministre, c'est très
précis. Est-ce que vous pourriez aussi par la même occasion nous
expliquer un peu la raison être des Centres d'amitié autochtone?
Quel est leur rôle, leur mode de fonctionnement? Est-ce que c'est
strictement pour les autochtones ou si c'est une façade, une vitrine des
autochtones sur le monde extérieur?
M. Savoie: II y a sept centres. Il y a celui de Montréal
sur le chemin de la Côte-des-Neiges, il y a celui de Chibougamau, il y a
celui de Val-d'Or, celui de La Tuque, celui de Loretteville, celui de
Senneterre et celui de Sept-Îles. Ces centres sont constitués en
vertu d'une charte à but non lucratif, autour d'un conseil
d'administration. Le but de ces centres est d'être des centres
d'animation, de repas et de transfert des autochtones lorsqu'ils sont en
régions.
M. Claveau: C'est un service aux autocthones eux-mêmes.
M. Savoie: C'est exact.
M. Claveau: D'accord. Les montants qui y sont alloués - on
parle de 80 000 $ - le sont-ils sur une base statutaire ou si, è chaque
année, le regroupement des centres doit revenir devant le gouvernement
pour demander et justifier de nouveaux budgets de fonctionnement?
M. Savoie: C'est une dépense récurrente pour ces
centres. Leur subvention principale provient du SAGMAI sur une base
annuelle.
M. Claveau: C'est statutaire.
M. Savoie: C'est récurrent, c'est-à-dire qu'ils
reviennent à chaque année. Ils font leur demande, on en fait
l'analyse et on décide de l'accepter ou non.
M. Claveau: II pourrait arriver qu'une année, entre
autres, on décide de ne pas les subventionner.
M. Savoie: C'est tout à fait possible.
M. Claveau: C'est tout à fait possible. Le montant dont il
est question représente quel pourcentage du fonctionnement global du
regroupement?
M. Savoie: C'est la source principale de financement.
M. Claveau: Les centres qui sont membres ne participent que
très peu ou pas du tout au fonctionnement?
M. Savoie: Je ne suis pas au fait de la situation de chacun des
centres; c'est une question administrative. C'est comme une organisation
à but non lucratif avec des membres qui ne sont pas à l'aise
financièrement. Il y a des cotisations comme dans n'importe quelle autre
organisation. Ils ont le droit de réclamer du financement du
gouvernement fédéral et de participer à des projets
locaux. Les sources dépendent du centre. J'imagine que chacun a ses
petites activités de financement. Leur source principale de financement
provient de nous.
M. Claveau: En plus de faire, je suppose, de la coordination
entre les différents centres d'amitié, est-ce que le Regroupement
des centres d'amitié autochtone du Québec a lui-même des
activités particulières qui pourraient faire l'objet d'autres
demandes de subvention dans le cadre d'autres programmes?
M. Savoie: C'est possible. J'imagine qu'il est loisible à
chaque centre de déterminer ses sources de financement selon ses
projets.
M. Claveau: Pour ce qui est du regroupement comme tel?
M. Savoie: Pour ce qui est du regroupement comme tel, je pense
que le regroupement ne fait tout simplement que chapeauter des organisations.
Je ne vois pas la participation du regroupement en tant que porte-parole des
autres centres pour aller chercher des fonds ailleurs; est-ce que c'est cela
l'orientation?
M. Claveau: Je voudrais savoir si le regroupement a des
activités spécifiques, qui lui sont propres, en dehors de faire
une certaine coordination et de donner des services communs aux
différents centres. Est-ce qu'il peut avoir des activités
spécifiques?
M. Savoie: Selon sa constitution, il doit exercer des
contrôles. J'imagine qu'il a aussi un rôle de leader au sein des
groupes autochtones. Maintenant, les autres rôles qu'il peut jouer
doivent dépendre énormément de son conseil
d'administration et des orientations qu'il se donne.
M. Claveau: Merci, M. le ministre. M. le Président.
Le Président (M. Filion): Cela va? Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur l'engagement 5 d'avril 1986? Je considère donc
cet engagement comme ayant été vérifié. J'attire
maintenant l'attention des membres de la commission sur l'engagement 3 de la
liste des engagements financiers du mois de mai 1986, les engagements 3, 4 et 5
relevant du ministre délégué aux Mines et aux Affaires
autochtones. Dans ce cas-ci, il s'agit des Affaires autochtones. M. le
député d'Ungava. (16 heures)
Mai
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je suppose que le
SAGMAI n'a pas besoin
d'autant de bois pour son fonctionnement interne. C'est probablement
lié à Umiujaq, si je ne m'abuse?
M. Savoie: C'est exact. Le tout porte sur Umiujaq, je crois, pour
le mois de mai.
M. Claveau: Est-ce que vous pourriez profiter de
l'occasion...
Le Président (M. Filion): Excusez-moi, je n'ai pas compris
la réponse.
M. Savoie: Le tout porte sur la municipalité d'Umiujaq
pour tout le mois de mai.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Claveau: Est-ce que vous pourriez par la même occasion
nous faire un bref rapport de la situation à Umiujaq en ce qui concerne
la construction? Où cela en est-il rendu' Combien y a-t-il de
maisons?
M. Savoie: Au sujet d'Umiujaq je dois dire que le 5
décembre je dois m'y rendre. Il y a une ouverture officielle à
Umiujaq où doivent être présents le ministre des Affaires
municipales et moi-même. À l'heure actuelle, je pense que les
infrastructures sont prêtes ou quasiment prêtes. On pourrait dire
que l'ensemble des résidences sont prêtes, je crois que
l'école est terminée, le nursing est prêt. L'ensemble des
infrastructures sont présentes, et ils sont prêts à
recevoir notre visite.
M. Claveau: J'aurais envie de vous demander si le
député du comté risque d'être invité
aussi.
M. Savoie: Cela dépend. S'il est gentil avec moi, je
pourrai peut-être l'inviter et, s'il n'est pas gentil, je ne l'inviterai
pas.
M. Claveau: Je crois que ce n'est pas une raison.
M. Savoie: Je n'ai aucune objection à la présence
du député.
M. Claveau: J'aimerais savoir... On a de grands engagements
à Umiujaq. Tous les contrats qui ont été donnés
sont supérieurs à 25 000 $, je pense. Est-ce qu'il serait
possible d'avoir un bref aperçu de la situation globale des travaux, du
coût global et des autres dépenses qui ont été
nécessairement liées à ces dépenses d'achat de
bois?
M. Savoie: Je pourrais peut-être vous lire un petit
paragraphe de trois ou quatre lignes. C'est une espèce de
résumé de la situation. Les coûts de réalisation du
projet avaient été estimés à quelque 29 700 000 $
à l'été 1983. Une nouvelle estimation faite en septembre
1985 portait le coût total à 38 700 000 $. L'autorisation que le
gouvernement vient de donner à la Société d'habitation du
Québec de construire 30 logements additionnels à ce qui
était prévu va faire augmenter le coût de
réalisation du projet à 42 700 000 $ actuellement. En 1983, le
coût était de 29 700 000 $ et, en y ajoutant 30 logements
additionnels, le coût est aujourd'hui porté à 42 700 000
$.
M. Claveau: Ces 30 logements additionnels, M. le ministre,
font-ils partie d'une demande spécifique des gens de Kuujjuarapik?
M. Savoie: Oui, ce n'est certainement pas pour loger des
blancs.
M. Claveau: Cela veut dire qu'il va y avoir plus d'Inuit de
Kuujjuarapik qui vont être transférés à Umiujaq que
ce qui était prévu au départ?
M. Savoie: À leur demande, je crois qu'on est rendu
à 350 personnes.
M. Claveau: Est-ce que vous pouvez nous dire combien il en
restera à
Kuujjuarapik, finalement, après le transfert, d'après
votre évaluation?
M. Savoie: Les chiffres varient. Cela ne dépassera pas
100, j'avais pensé à 75 ou 80.
M. Claveau: Familles? M. Savoie: Personnes.
M. Claveau: Je pense qu'il y a une préoccupation de la
part des gens de Kuujjuarapik à savoir quel genre d'administration
restera sur place pour le milieu inuit après le transfert à
Umiujaq. Est-ce que Kuujjuarapik va devenir strictement un village cri à
Whapmagoostui ou est-ce qu'il va rester un village cri et un village inuit
à Kuujjuarapik?
M. Savoie: On ne le sait pas encore. Ce qui est prévu,
c'est une rencontre après l'ouverture d'Umiujaq pour, justement,
entreprendre cette discussion.
M. Claveau: D'accord. Tout à l'heure vous m'avez fait part
du coût global du projet, de l'augmentation des coûts du projet,
etc. On parle maintenant d'un projet de 42 700 000 $. Serait-il possible
d'avoir une ventilation rapide des autres frais encourus au cours d'avril, mai
et juin, et qui sont connexes aux engagements dont il est question ici? Par
exemple, lorsque nous achetons du bois, il nous faut aussi des clous. Enfin, il
y a toutes sortes de choses:
des portes, des châssis et des frais inhérents à
l'achat de ces matériaux de construction. Ils représentent
probablement des contrats inférieurs â 25 000 $, mais ils
finissent quand même par faire un montant très important si on les
met bout à bout.
M. Savoie: Pour vous donner la ventilation des coûts...
Cela me semble être assez global. Je n'ai pas avec moi la ventilation des
coûts pour les trois mois. On pourrait peut-être vous fournir cette
information à l'extérieur du cadre de cette commission, car c'est
assez considérable.
J'ai ici tout ce qui a été réalisé avant
l'été 1986 et pendant l'été 1986. Ces travaux
devront être terminés après la disparition du CDRU le 31
décembre 1986. Si vous voulez avoir la ventilation de l'ensemble du
coût du projet avec les achats de matériaux, nous serons
peut-être en mesure de vous la fournir, si elle existe
déjà. Si elle n'existe pas, il sera assez compliqué de
rassembler ces informations.
M. Claveau: Si je comprends bien, M. le ministre, vous êtes
prêt à nous déposer les documents dès qu'ils seront
disponibles.
M. Savoie: Vous avez demandé la ventilation des
coûts.
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: On serait prêt à vous transmettre cette
ventilation des coûts de l'infrastructure.
Je m'excuse, j'aurais dû présenter tes gens qui
m'accompagnent. Il y a évidemment André Maltais, responsable des
opérations politiques au SAGMAI, mon bras droit, et M. Jean-Marc
Lessard, directeur du service financier au SAGMAI.
On m'avise qu'en janvier prochain on préparera un document qui
comprendra les détails de chacun des coûts reliés à
l'opération d'Umiujaq. J'imagine que cela se fera avec les Affaires
municipales.
M. Claveau: Quant au budget de fonctionnement du SAGMAI pour
l'année 1986-1987 sur lequel on travaille actuellement, pourriez-vous
nous donner le montant global affecté depuis le 31 mars 1986 à
Umiujaq?
M. Savoie: Du SAGMAI? Vous l'avez pour le mois de mai. C'est 2
600 000 $ au total que le SAGMAI aurait versés à même son
budget.
M. Claveau: Je suppose que cela représente un fort
pourcentage des montants qui seront dépensés cette année,
à peu près 75 %.
Je vous remercie bien. Je pense qu'on a examiné les trois
engagements du même coup.
Le Président (M. Filion): Est-ce terminé pour les
trois engagements, M. le député d'Ungava?
M. Claveau: En fait, les trois engagements...
Le Président (M. Filion): Sont reliés.
M. Claveau: Ce sont trois contrats séparés, trois
subventions qui ont été demandées, mats c'est
complémentaire, c'est du bois pour fixer du "plywood".
Le Président (M. Filion): Me permettriez-vous, M. le
député d'Ungava, d'adresser une question au ministre?
M. Claveau: Oui, bien sûr.
Le Président (M. Filion): Ce qui me frappe dans ces
engagements, c'est de voir que le SAGMAI lui-même a la
responsabilité de l'achat des biens nécessaires pour construire,
selon les explications données, des maisons en milieu amérindien
ou inuit. Pourriez-vous éclairer ma lanterne et me dire si la
construction proprement dite des habitations relève directement du
SAGMAI?
M. Savoie: Non, elle relève du ministre des Affaires
municipales.
Le Président (M. Filion): De l'habitation.
M. Savoie: Oui, du ministère des Affaires municipales, de
la Société d'habitation du Québec.
Le Président (M. Filion): De la société
d'habitation, c'est cela. C'est quand même le SAGMAI qui achète,
selon les données qui lui sont transmises...
M. Savoie: C'est cela, en vertu de l'entente.
Le Président (M. Filion): Ah! En vertu de l'entente?
M. Savoie: C'est cela. Les versements de 25 000 $, 35 000 $ et 32
000 $ que vous voyez là sont pour le camp des travailleurs qui
exécutent les travaux à Umiujaq.
Le Président (M. Filion): D'accord. Excusez-moi.
Excellent! Les engagements 3, 4 et 5 sont vérifiés, M. le
député d'Ungava, et j'appelle donc, dans la liste des engagements
de juin 1986, l'engagement 2.
Juin
M. Claveau: Merci, M. le Président. L'engagement 2 est un
peu particulier, à mon sens. II s'agit d'un contrat pour la fourniture
de services médicaux aux travailleurs et aux familles des travailleurs
inuît affectés aux travaux de relogement des Inuit de Kuujjuarapik
à Umiujaq, pour la période du 1er juin au 15 décembre
1986. C'est un contrat de fourniture.
Le Président (M. Filion): Vous entendez les cloches
sonner. Nous sommes donc appelés en Chambre pour un vote. Je suspens
donc les travaux, qui reprendront immédiatement après le vote. Je
m'en excuse.
(Suspension de la séance à 16 h 12)
(Reprise à 16 h 33)
Le Président (M. Filion): La commission des institutions
chargée de vérifier les engagements financiers était donc
rendue à l'engagement 2 du mois de juin 1986. La parole était,
c'était le cas de le dire -d'ailleurs je lui ai enlevé les mots
de la bouche au moment de notre suspension - dans la bouche du
député d'Un-gava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Alors, afin de bien se
comprendre sur l'engagement financier dont il est question, je vais reprendre
ce que j'étais à dire au moment où le président m'a
enlevé les mots de la bouche.
Il s'agit d'un engagement financier de 64 000 $, qui a été
contracté par le SAGMAI, afin de donner des services de santé,
des services médicaux, aux travailleurs inuit affectés à
la construction d'Umiujaq, des travailleurs inuit en provenance de
Kuujjuarapik. C'était pour des travaux qui devaient se réaliser
entre le 1er juin et le 15 décembre 1986. Alors, est-ce qu'on pourrait
dans un premier temps nous expliquer brièvement comment il se fait que
le SAGMAI s'occupe entre autres des questions de santé et contracte un
contrat semblable avec le Centre hospitalier de la Baie d'Hudson?
M. Savoie: Certainement. Vous avez remarqué pour le mois
de mai que, pour les réfections apportées aux services des
ouvriers, les paiements ont été effectués par le SAGMAI.
Ici, il s'agit des services de santé aux travailleurs, aux membres des
familles inuît sur le chantier d'Umiujaq. Étant donné que
ce sont des gens qui travaillaient au chantier, les services et le dispensaire
n'étant pas en fonction, des frais afférents à ces
services de santé aux travailleurs devant être assumés par
le SAGMAI, nous avons donc versé un montant de 64 000 $ pour les frais
des services de santé aux travailleurs. Le tout conformément
à un contrat intervenu entre le CDRU et le Centre hospitalier de la Baie
d'Hudson.
M. Claveau: Alors, c'est du personnel du Centre hospitalier de la
Baie d'Hudson qui a été engagé par le CDRU, le
Comité directeur de relocalisation d'Umiujaq.
M. Savoie: Je présume que c'est cela. M. Claveau:
Cela représentait quoi?
M. Savoie: Je ne sais pas si c'est exactement le personnel.
M. Claveau: Alors, c'était du personnel qui travaillait
déjà au Centre hospitalier de la Baie d'Hudson. On s'entend
bien''
M. Savoie: C'est cela. Du personnel qui n'était plus
rémunéré par le Centre hospitalier de la Baie d'Hudson,
qui tombait sous le contrôle du SAGMAI en vertu de l'entente et en vertu
des principes d'application du contrat intervenu entre le CDRU et le Centre
hospitalier de la Baie d'Hudson.
M. Claveau: II faut comprendre, à ce moment-là,
qu'il n'y avait rien de prévu dans les budgets de l'hôpital de
Povungnituk pour donner du service à Umiujaq.
M. Savoie: Non.
M. Claveau: D'accord; 64 000 $, est-ce que vous pourriez nous
décortiquer ce montant-là?
M. Savoie: Oui, certainement. On ne donne pas les sous-totaux. il
y a des montants de salaires et de traitements. Voulez-vous que je vous lise
toute la page? Il me fera plaisir de vous transmettre la photocopie des
opérations d'un dispensaire, d'un logement à Umiujaq impliquant
les coûts réels de 1985 et le budget de 1986 qui totalisent 63 557
$. Cela couvre les salaires et les traitements, les avantages sociaux pour les
employeurs, les fournitures et les dépenses, les frais divers, les frais
de transport, les frais d'administration de 50,77$.
M. Claveau: Cela, c'est tout ce qui était lié au
fonctionnement de l'infirmière qui était en poste le temps des
travaux.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau. Mais, à partir du moment où il y a un
dispensaire qui est installé, le
dispensaire en question relève-t-il du Centre hospitalier de la
Baie d'Hudson ou est-il indépendant?
M. Savoie: II relève du Centre hospitalier de la Baie
d'Hudson.
M. Claveau: D'accord, et au 15 décembre le transfert va
être fait. Peut-être une question qui est un peu connexe, mais qui
me semble se rattacher toujours au même problème relatif à
la santé; actuellement, il y a un dispensaire à Kuujjuarapik qui
travaille spécifiquement pour les Inuit. Enfin, il y en a deux, il y en
a un pour les Inuit et un pour les Cris. Est-ce qu'il s'agit d'un transfert du
personnel du dispensaire de Kuujjuarapik vers le nouveau dispensaire d'Umiujaq
ou si celui de Kuujjuarapik va rester quand même en opération pour
donner du service aux Inuit qui vont demeurer à Kuujjuarapik?
M. Savoie: C'est sous la direction du Centre hospitalier de la
Baie d'Hudson; j'imagine qu'ils vont fournir les services à la suite de
l'ouverture du dispensaire à Umiujaq et j'imagine, en ce qui concerne le
centre existant de Kuujjuarapik, qu'ils vont s'en occuper également. Ils
ne peuvent pas abandonner des gens.
M. Claveau: Pourriez-vous nous dire, M. le ministre, s'il y a
actuellement des discussions à l'effet de jumeler un jour les deux
dispensaires, les dispensaires cri et inuit de Kuujjuarapik?
M. Savoie: Je ne le sais pas.
M. Claveau: Donc, on va continuer à donner deux services
différents, à deux clientèles différentes à
Kuujjuarapik.
M. Savoie: II s'agit de deux nations autochtones fort
indépendantes et fort jalouses de leurs droits respectifs. J'imagine
qu'il faudrait que cela intervienne auprès des conseils de direction, du
KRA et de Makivik, pour voir s'il y avait une autre entente possible. Je n'en
ai aucune idée.
M. Claveau: D'accord; alors, on nous dit qu'il n'y a pas de
discussion à cet effet. Donc, M. le ministre, si je comprends bien, par
rapport à cet engagement, vous nous dites que vous serez en mesure
prochainement de nous déposer la ventilation des frais dans chacun des
niveaux du personnel et de l'entretien.
M. Savoie: Oui, je vais vous fournir une photocopie du
document.
M. Claveau: Je vous remercie.
Le Président (M. Filion): Alors, à ce
sujet-îà, en vertu de nos règles, sauf erreur, je crois
qu'il y a un délai de 15 jours, M. le ministre, pour faire parvenir
à la secrétaire de la commission vos documents, à moins
que vous puissiez le faire maintenant. C'est excellent. On ne voulait pas vous
arracher vos originaux.
M. Claveau: En ce qui me concerne, M. le Président, cela
va pour cet engagement. Est-ce qu'il y a d'autres questions?
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui ont des questions à poser sur l'engagement
2 de juin 1986? Non. Alors, on peut considérer cet engagement comme
ayant été vérifié. Cela va?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Filîon): J'appelle maintenant
l'engagement 4 de juin 1986 et je cède la parole au député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. L'engagement en
question se rapporte aux subventions, à l'aide au financement de
l'Alliance autochtone du Québec. On peut le lire comme suit: "Subvention
de fonctionnement à l'Alliance autochtone du Québec Inc. (100 000
$) et à l'Association des femmes autochtones du Québec Inc. (107
000 $) pour l'année financière 1986-1987." Est-ce qu'on peut
comprendre par là qu'il s'agit de montants statutaires qui auraient
déjà été versés globalement selon une
entente entre le gouvernement et ces associations?
M. Savoie: II s'agit d'une dépense récurrente.
C'est la deuxième fois de suite qu'on accorde un montant de 100 000 $
pour les frais de fonctionnement de l'alliance. Si ma mémoire est bonne,
on a déjà versé 64 000 $ il y a quatre ans, 72 000 $ il y
a trois ans et 100 000 $ l'an passé et cette année. C'est une
dépense récurrente. Ils font des demandes de fonds pour leurs
fins de fonctionnement. On évalue la demande et on accorde le montant
qui nous semble approprié.
M. Claveau: Est-ce que la subvention qui leur est accordée
correspond à un gros pourcentage de leurs frais de fonctionnement ou
s'il y a d'autres organismes qui participent avec le gouvernement du
Québec?
M. Savoie: Pour les frais de fonctionnement, je crois que c'est
un montant important. Ils reçoivent également des montants du
gouvernement fédéral selon leurs projets.
M. Claveau: D'accord. C'est un peu
comme dans le cas du Regroupement des... M. Savoie: Oui.
M. Claveau: ...centres autochtones. On peut imaginer qu'un jour
le gouvernement pourrait décider de ne plus subventionner de tels
organismes.
M. Savoie: C'est exact.
M. Claveau: Est-ce que vous pourriez, par la même occasion,
préciser un peu, pour la commission, quels sont les buts, objectifs,
raisons d'être de ces deux associations?
M. Savoie: L'Alliance autochtone du Québec? Elle regroupe
les autochtones sans statut, hors réserve et les métis de la
province de Québec. Le nombre exact de gens représentés
est fort élevé. On n'a pas de statistiques précises
à ce niveau, mais il représente ces peuples qui sont
regroupés autour de diverses organisations régionales. Je pense
qu'il y en a six ou sept. Le siège social de l'Alliance autochtone du
Québec est à Hull, je crois. De là, elle cherche à
administrer et voir à l'amélioration de la condition de ses
membres.
M. Claveau: D'accord. Dans le cas des femmes autochtones, je
suppose que c'est quelque chose d'un peu semblable?
M. Savoie: C'est exact. M. Claveau: Est-ce que...
M. Savoie: Sauf que l'alliance des femmes autochtones, c'est pour
les femmes qui ont également leur statut autochtone, c'est-à-dire
qui sont des indiennes sur des réserves et qui appartiennent à
une bande.
M. Claveau: Est-ce qu'il n'y a pas là-dedans aussi des
femmes autochtones qui, pour avoir marié des blancs, ont perdu leur
statut?
M. Savoie: C'est exact.
M. Claveau: D'accord. J'aimerais savoir de quelle façon le
gouvernement entend développer ses relations avec ces organismes. Est-ce
que ce sont des organismes qui sont considérés par le
gouvernement du Québec comme ayant leur raison d'être et que l'on
doit continuer d'appuyer à fond ou si le gouvernement pense plutôt
que ces organismes pourraient peut-être être subventionnés
autrement?
M. Savoie: Pour ce qui est de l'Alliance autochtone du
Québec, il s'agit d'un groupe qui entreprend actuellement un processus
de revendication des droits et qui cherche d'abord à faire
reconnaître son statut à l'intérieur du gouvernement du
Québec. On sait que le gouvernement précédent, par le
biais de son premier ministre, a refusé d'accorder un statut juridique
aux métis et aux Indiens dans les réserves. Ils sont
entrés dans toute une série d'étapes de revendication pour
réclamer d'abord leur statut constitutionnel au sein du
Québec.
Pour ce qui est l'Association des femmes autochtones du Québec,
on sait que la situation des femmes autochtones du Québec est
très difficile, on sait qu'elles revendiquent depuis longtemps des
droits mêmes fondamentaux en vertu de la charte. On croit qu'il
s'agît d'une organisation que nous avons l'obligation d'appuyer. À
cet effet il y a déjà une rencontre prévue pour le 10
novembre entre l'Association des femmes autochtones du Québec, la
ministre déléguée à la Condition féminine et
moi-même.
M. Claveau: Quand vous dites, M. le ministre, une organisation
que l'on croie avoir le devoir d'appuyer, cela veut dire que c'est une
association qui peut envisager que dans les années à venir elle
va continuer à recevoir des subsides importants du gouvernement?
M. Savoie: Tant que ce groupe va avoir besoin de fonds, et tant
que je serai ministre ils vont recevoir des subventions.
M. Claveau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Filion): On peut considérer
l'engagement 4 de juin 1986 comme ayant été
vérifié. J'appelle maintenant l'engagement 5 de la liste des
engagements financiers de juin 1986 et je cède la parole à M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. L'engagement 5 de juin
1986 fait référence à une subvention pour la
réalisation d'un dictionnaire en langue inuktitut, dictionnaire
réalisé par l'Institut de la langue sukak de Povungnituk. Est-ce
que M. le ministre pourrait nous préciser ou nous expliquer où en
sont rendus les développements quant à ce dictionnaire?
M. Savoie: II s'agit de l'étape finale du dictionnaire en
question. On en est à l'étape de la rédaction finale, on
en est à compléter la transcription de la révision des
textes de la première édition du dictionnaire. Nous avons
accordé, à la suite d'une rencontre à Radisson le 30 mai
1986, une subvention de 35 000 $ afin de compléter l'étape finale
de la préparation d'un dictionnaire de 25 000 mots.
M. Claveau: De 25 000 mots?
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: C'est un dictionnaire inuktitut-français ou
inuktitut-anglais?
M. Savoie: Seulement en inuktitut.
M. Claveau: Ce n'est pas un dictionnaire de traduction dans une
autre langue. C'est un dictionnaire d'inuktitut.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: Vous nous dites que c'est la phase finale, mais
est-ce qu'il y a suffisamment de fonds pour s'assurer pour que le dictionnaire
va être disponible sur le marché rapidement?
M. Savoie: C'est ce que je présume.
M. Claveau: D'accord. Est-ce que ce dictionnaire est fait en
écriture syllabique?
M. Savoie: Oui. Si c'est en inuktitut, il faut que ce soit
syllabique, cela ne peut pas être autrement.
M. Claveau: Parce qu'il existe déjà certains
dictionnaires ou grammaires inuktitut.
M. Savoie: Le langage utilisé c'est syllabique.
M. Claveau: Est-ce qu'il est pensable qu'il y ait des
développements futurs dans le même sens, pour faire en sorte
d'appliquer ces connaissances à d'autres langues, par exemple, permettre
l'apprentissage de l'inuktitut à des Québécois
francophones?
M. Savoie: J'imagine que les trois ou quatre
Québécois francophones qui voudront s'intéresser à
la chose pourront utiliser le dictionnaire. Je pense qu'on vise surtout la
protection de la culture des Inuit et c'est dans ce sens qu'on a accordé
la subvention. On ne voulait pas créer un outil pour les blancs qui
donnerait accès à la culture inuit. On voulait protéger la
culture inuit de l'intérieur.
M. Claveau: D'accord. Est-ce que vous pouvez nous dire, M. le
ministre, si l'Institut de la langue sukak de Povungnituk a d'autres projets
actuellement, s'il prévoit faire autre chose dans le même
sens?
M. Savoie: Actuellement le dossier est transféré au
ministère des Affaires culturelles et AVATAQ va prendre la relève
de la continuation du dossier. À ma connaissance il n'y a pas d'autres
demandes au SAGMAI concernant la langue sukak.
M. Claveau: Merci, M. le ministre. Serait-il possible, comme dans
le cas précédent, d'avoir la ventilation des coûts ou des
frais qui se trouvent regroupés dans les 35 000 $ de subvention?
M. Savoie: Si on les possède, on va vous les faire
parvenir.
M. Claveau: Ou à la secrétaire de la commission,
comme tout à l'heure. Puisque vous venez de faire
référence à la culture, à la préservation de
la culture inuit dans le cas présent, et tout cela, je me demande, M. le
Président, si on peut profiter de cet engagement pour savoir si,
à la suite des discussions lors des engagements financiers du
ministère des Communications, le ministre prévoit continuer la
publication de la revue Rencontre qui, entre autres, publie dans la
langue inuktitut.
M. Savoie: Oui, il est prévu de continuer la publication
de la revue Rencontre. On ne prévoit pas la cesser, vu son
utilité en tant qu'outil de communication à l'intérieur
des communautés. Je n'ai jamais vu aucun document, aucune
présentation visant l'abolition de la revue Rencontre. J'ai
réfléchi à cela pendant un certain temps et je suis
arrivé à l'opinion contraire. À moins qu'un besoin de
fonds pressant ne se fasse sentir, à moins que les conditions de
financement ne soient sérieusement modifiées au sein du SAGMAI,
je prévois la continuation de la revue Rencontre.
M. Claveau: Dans les cinq langues dans lesquelles elle est
déjà publiée.
M. Savoie: Oui, c'est-à-dire qu'ils publieront dans la
forme qui leur conviendra.
M. Claveau: C'était seulement une question un peu
complémentaire parce qu'il me semblait que, dans le cadre, entre autres,
de la préservation, comme vous le disiez, de la culture inuit dans ce
cas-là, la revue Rencontre est considérée comme un
lien intéressant entre les autochtones, entre autres, au sein des Inuit
dans sa version inuktitut.
M. Savoie: La revue Rencontre présente des
avantages à ce niveau-là. Elle présente également
des avantages étant donné que c'est une publication
gouvernementale. Cela tend également à être un outil de
propagande. Cela joue des deux côtés.
M. Claveau: Cela va en ce qui me concerne.
Le Président (M. Filion): Je peux considérer comme
ayant été vérifié l'engagement 5 de juin 1986, sous
réserve de la
production de la ventilation de la somme de 35 000 $ - vous me
corrigerez si je me trompe - telle que demandée par le
député d'Ungava et que le ministre devra produire dans les quinze
prochains jours. À ce moment-ci, on peut donc considérer
l'ensemble des engagements financiers concernant les Affaires autochtones comme
étant terminé, encore une fois, sous réserve de ce que je
mentionnais plus tôt. Je remercie le ministre et son équipe de
s'être déplacés pour cet exercice démocratique, je
remercie aussi de sa visite à notre commission le député
d'Ungava, on ne le voit pas souvent. Nos travaux sont ajournés
jusqu'à 20 heures pour reprendre l'étude détaillée
du projet de loi 92. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprise à 20 h 35)
Le Président (M. Houde): Est-ce que tout le monde veut
prendre place, s'il vous plaît, pour qu'on puisse débuter? Donc,
je déclare la séance ouverte.
Étude détaillée du projet de loi
92
Je vais d'abord rappeler le mandat de la commission: procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 92, Loi
modifiant diverses dispositions législatives eu égard à la
Charte des droits et libertés de la personne. M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des changements qui sont apportés ce soir?
Le Secrétaire: Oui. M. Johnson (Anjou) est remplacé
par Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Laporte (Sainte-Marie) par M. Khelfa
(Richelieu) et M. Vallières (Richmond) par Mme Legault
(Deux-Montagnes).
M. Marx: M. le Président...
Le Président (M. Houde): Oui, monsieur.
M. Marx: ...j'ai juste une remarque à faire. À la
dernière séance d'étude du projet de loi 92, le
député de Taillon a parlé d'une demande qu'il avait faite
lors de l'étude des crédits et d'une lettre qu'il m'avait
écrite le 27 août en ce qui concerne certaines informations que
j'avais promises aux membres de cette commission. J'aimerais souligner aux
membres de la commission que je lui ai écrit le 24 septembre et que j'ai
inclus les dossiers que j'avais promis de lui envoyer. J'ai fait une autre
copie pour lui aujourd'hui. Tout cela pour dire que le ministre de la Justice
tient toujours ses promesses.
Une voix: Bravol
Le Président (M. Houde): Cela va, M. le
député de Taillon? M. le ministre, l'article 77?
Code des professions
M. Marx: Cet article prévoit, au paragraphe v, que
l'Office des professions doit publier annuellement un recueil de certaines
décisions disciplinaires en omettant toutefois de mentionner le nom des
parties et de toute autre personne impliquée. Cette réserve est
liée au huis clos des audiences en matière disciplinaire. La
modification proposée tient compte d'un renversement de la règle
de huis clos des audiences en matière disciplinaire et restreint
l'application de l'interdiction actuelle aux seuls cas où une ordonnance
de non-publication a été prononcée. D'accord?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Houde): II y a un amendement, M. le
ministre.
M. Marx: II y a un amendement, il y a une modification à
l'article 77: Insérer, dans la première ligne, après la
lettre v), les mots "du troisième alinéa". C'est une modification
technique.
Le Président (M. Houde): Accepté? M. Filion:
Cela va. Le Président (M. Houde): Article 78? M. Marx:
À l'article 78....
Le Président (M. Houde): L'amendement est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Houde): L'article 77 aussi.
M. Marx: Oui. L'article 78 modifie l'article 44 du Code des
professions. C'est la même chose que pour l'article 77 qui a
modifié l'article 12 du Code des professions. Donc, l'article 78 modifie
cet article 44. L'article 44 interdit à une corporation professionnelle
de refuser un permis à une personne pour le seul motif que celle-ci ne
possède pas la citoyenneté canadienne à la condition que
cette personne ait été légalement admise au Canada pour y
demeurer en permanence, qu'elle ait demandé la citoyenneté
canadienne ou se soit engagée à le faire et qu'elle soit
domiciliée au Québec. La modification proposée remplace
l'obligation d'être domicilié au Québec par celle d'avoir
élu son dominicile professionnel au Québec.
M. Filion: Avez-vous des commentaires là-dessus, M. le
ministre?
M. Marx: C'est le seul commentaire que j'aie, mais si vous avez
des...
M. Filion: D'une part, l'article 44... M. Marx: II y a un
papillon là aussi.
Le Président (M. Houde): À l'article 78, il y a un
amendement.
M. Filion: Cela vaut peut-être la peine de le
déposer immédiatement.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Houde): Allez-y, M. le ministre.
M. Marx: Le papillon ajoute, après l'article 78, le
suivant: 78.1. Ce code est modifié par l'insertion, après
l'article 44, du suivant: "44.4. L'élection de domicile professionnel
aux fins de l'article 44 se fait par le dépôt au bureau du
secrétaire de la corporation d'un avis écrit identifiant ce
domicile. Le titulaire d'un permis qui change la situation de son domicile
professionnel doit dans les 15 jours en donner un avis écrit au
secrétaire de la corporation."
Le Président (M. Houde): Est-ce que vous avez des
commentaires à faire?
M. Marx: Je pense que, pour le moment, c'est tout ce que j'ai
à dire. Peut-être que le député va l'accepter.
M. Filion: M. le Président, en ce qui concerne
l'amendement à l'article 44 du Code des professions, je pense que nous
entrons dans une matière éminemment importante. D'une part,
l'article 44 du Code des professions se lit comme suit et je pense que cela
vaut la peine de le parcourir ensemble: "À l'exception de la Corporation
professionnelle des avocats du Québec, de la Corporation professionnelle
des notaires du Québec et de la Corporation professionnelle des
arpenteurs-géomètres du Québec - donc, à la base,
les arpenteurs-géomètres, c'est un cas spécial parce qu'on
en parle ailleurs dans la loi - une corporation ne peut refuser de
délivrer un permis à une personne uniquement pour le motif que
cette personne ne possède pas la citoyenneté canadienne." Donc,
on parle ici de personnes qui ne possèdent pas la citoyenneté
canadienne.
M. Marx: Est-ce que vous êtes d'accord avec cela?
M. Filion: Pour les fins du débat que nous aurons - je
suis en train de m'expliquer,
M. le ministre - sur le sujet, on parle uniquement de personnes qui ne
possèdent pas la citoyenneté canadienne. Je continue: "...si
celle-ci a été légalement admise au Canada pour y demeurer
en permanence, si elle s'engage à demander la citoyenneté
canadienne dès qu'elle pourra le faire en vertu de la Loi sur la
citoyenneté canadienne et si elle est domiciliée au
Québec." Cela, c'est le texte original. Ce qu'on demandait autrefois
dans l'article 44 du Code des professions, c'était donc de faire les
démarches pour devenir citoyen canadien, d'avoir été, bien
sûr, légalement admis au Canada, d'y demeurer en permanence et, en
plus, on disait: Si elle était domiciliée au Québec.
À ce monnent-là, une corporation professionnelle, à
l'exception des trois corporations que nous avons vues tantôt, nepouvait refuser de délivrer un permis.
L'amendement apporté par l'article 78 du projet de loi 92 vise
à remplacer la notion de domicile au Québec par la notion de
domicile professionnel. En deux mots, comme condition d'octroi d'un permis pour
des citoyens qui ne sont pas canadiens, il ne serait dorénavant plus
nécessaire d'être domicilié au Québec et un simple
domicile professionnel suffit. Je pense avoir bien circonscrit la portée
de l'amendement prévu par l'article 78 du projet de loi 92. Je ne parle
pas immédiatement de l'amendement à l'article 78 comme du
papillon qui nous est arrivé.
Ma première question, M. le ministre, est: Qu'entendez-vous par
"domicile professionnel"? (20 h 45)
M. Marx: Le domicile professionnel ou l'élection de
domicile professionnel, c'est comme pour un avocat qui a un domicile
élu. L'idée, c'est que, supposons que quelqu'un est membre d'une
corporation professionnelle au Québec. Premièrement, il faut
être membre de la corporation. Si on n'est pas membre de la corporation,
on ne peut pas pratiquer, cela va de soi. D'accord? Je vois souvent des
annonces dans le journal du Barreau où on dit, par exemple, que
quelqu'un doit être membre du Barreau du Québec et de la Floride
et je ne pense pas qu'il soit domicilié dans les deux places en
même temps, c'est impossible. Mais, il peut pratiquer en Floride et au
Québec. On voit cela souvent. Il y a beaucoup de Québécois
qui sont membres du Barreau de la Floride et du Québec, de New York et
du Québec, de l'Ontario et du Québec et ainsi de suite. Mais
supposons que quelqu'un est membre d'une corporation professionnelle
québécoise, que cette personne habite Ottawa et qu'elle veut
pratiquer à Hull, est-ce qu'on va l'empêcher de le faire? Cela
revient à cela. Ou si quelqu'un veut habiter à Plattsburgh ou
à Burlington, est-ce qu'on va l'empêcher de pratiquer à
Montréal?
M. Filion: On parle des Non-Canadiens. Ma première
question... Je pense que les discussions peuvent être longues
là-dessus.
M. Marx: Pourquoi êtes-vous contre cela? C'est la
liberté de...
M. Filion: M. le ministre, on va y aller par étapes. On
cherche à circonscrire de façon précise la portée
de l'amendement. Une première question était: Qu'entendez-vous
par "domicile professionnel"'?
M. Marx: Je ne peux pas avoir une opinion qui n'est pas
encadrée dans la loi. Il faut qu'on trouve le concept de domicile
professionnel quelque part dans nos lois. Je ne peux pas donner mon opinion
ici, aujourd'hui, et croire que cela va faire jurisprudence sauf si quelqu'un
veut étudier l'histoire législative d'une loi. C'est
essentiellement le lieu où la personne pratique sa profession. On me dit
aussi que le domicile élu professionnel est déjà dans la
Loi sur le notariat. Comme 8vocat, vous savez qu'un avocat peut choisir un
domicile élu au Québec, là où il pratique. Cela
veut dire où la personne pratique. La personne habite Ottawa. Elle a
choisi Hull comme domicile élu professionnel parce qu'elle pratique
à Hull. Si cette personne choisit un domicile élu à
Montréal, c'est parce que la personne veut pratiquer à
Montréal ou pratique à Montréal, ce n'est pas plus
compliqué que cela.
M. Filion: L'illustration que vous me donnez, M. le ministre,
avec tout le respect que je vous dois, est complètement hors du sujet
par rapport à l'article 44. D'une part, les avocats et les notaires sont
spécifiquement exclus et, d'autre part, comme je l'ai dit tantôt,
l'article 44 vient modifier la situation en ce qui concerne les citoyens non
canadiens. Encore une fois, l'exemple que vous me donnez pèche de deux
façons.
M. Marx: Les citoyens non canadiens. M. Filion: C'est
cela.
M. Marx: Mais ce ne sont pas des citoyens. Des citoyens de pays
autres que le Canada. C'est cela?
M. Filion: Les personnes qui ne sont pas citoyennes canadiennes.
On s'est compris. Encore une fois, en excluant le Barreau et le notariat, je
reviens à ma question de base. Qu'est-ce qu'un domicile
professionnel?
M. Marx: C'est cela. M. le Président, on me dit que, quand
une personne est citoyenne canadienne, on n'exige pas le domicile.
M. Filion: C'est cela qu'on dit depuis tantôt.
M. Marx: C'est cela. Si c'est un citoyen canadien, cette question
de domicile ne se pose pas dans les lois.
M. Filion: C'est cela qu'on dit depuis le début.
M. Marx: Mais, qu'est-ce que vous voulez?
M. Filion: On parle des personnes qui ne sont pas citoyennes
canadiennes. Je pense avoir tenté tout â l'heure de situer le
débat dans ce paramètre.
M. Marx: Je comprends maintenant. C'est-à-dire que ce
n'est pas nécessaire pour le citoyen canadien d'avoir un domicile
élu professionnel.
M. Filion: C'est cela. Voilà:
M. Marx: C'est pour le non-citoyen...
M. Filion: Voilà!
M. Marx: Donc la Loi sur le notariat, cela s'applique sur...
M. Filion: On verra après la Loi sur le Barreau et la Loi
sur le notariat.
M. Marx: D'accord. Donc, la question que vous posez, c'est:
Pourquoi exiger quelque chose des non-citoyens qu'on n'exige pas des
citoyens?
M. Filion: Ce sont les questions qu'on va poser un peu plus tard.
Mais, juste avant, pour nous comprendre: C'est quoi, un domicile
professionnel?
M. Marx: C'est le lieu où la personne exerce sa
profession.
Le Président (M. Houde): Et non la résidence.
M. Filion: Pardon?
Le Président (M. Houde): Non pas la résidence;
l'endroit où il pratique. Moi, je peux demeurer à
Saint-Félix-de-Valois et pratiquer à Joltette.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Houde): Mon lieu de résidence est
à Saint-Félix, mais mon lieu de pratique est à
Joliette.
M. Filion: Alors, une personne peut avoir plusieurs domiciles
professionnels? La
notion de domicile, juste pour nous aider rapidement, est définie
dans le Code civil. La notion de domicile professionnel, est-ce que c'est de
louer un bureau, d'y installer une pancarte et, demain matin, je peux
être domicilié n'importe où, en ce sens que je vais
être domicilié professionnellement n'importe où? Un
domicile, c'est le Code civil qui le définit. On ne le définira
pas ce soir.
Mais le domicile professionnel, lui, comment se définit-il? Je
vais me faire imprimer des cartes d'affaires demain matin, j'écris mon
adresse là-dessus, je m'engage une collaboratrice, je l'installe
là avec un téléphone et j'ai un domicile professionnel.
Donc, on peut concevoir - vous me voyez venir un peu - que des professionnels
pourraient avoir des domiciles à peu près aussi facilement et
souvent plus facilement que n'importe quoi, parce qu'un domicile professionnel,
c'est une notion très artificielle alors que la notion de domicile est
définie dans le Code civil et la jurisprudence.
M. Marx: Qu'est-ce que le député propose? Est-ce
que le député veut qu'on retire la modification? On va la
retirer, si c'est cela. C'est cela? On peut penser à la retirer.
Qu'est-ce que le député veut qu'on fasse Ici?
M. Filion: En deux mots...
M. Marx: Au lieu de me poser des questions, je cherche la
réponse...
M. Filion: La réponse finale au dilemme global?
M. Marx: ...finale du député de Taillon. Si le
député de Taillon a une bonne réponse, on n'est pas
borné de ce côté de la table.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Taillon.
M. Filion: On va replacer encore notre étude dans le
contexte.
M. Marx: On fait cela pour les Québécois. On ne
fait pas cela pour les députés autour de la table.
M. Filion: Parfait!
M. Marx: Si vous avez une bonne suggestion, donnez-la nous et
nous allons en discuter.
M. Filion: M. le ministre, vous avez présenté
à l'Assemblée nationale un projet de loi qui s'intitule Loi
modifiant diverses dispositions législatives eu égard à la
Charte des droits et libertés de la personne.
M. Marx: Mais le député doit bien comprendre que ce
n'est pas le ministre qui légifère, c'est l'Assemblée
nationale.
M. Filion: Oui, mais vous, vous avez présenté
à l'Assemblée nationale ce projet de loi; j'espère que
vous n'en reniez pas la paternité. Nous allons vous intenter une
action.
M. Marx: Non, mais je suis prêt à y apporter des
modifications. Il y a des centaines d'articles et je ne dis pas qu'on a
trouvé la vérité dans chaque article. Si le
député détient la vérité, qu'il nous le
dise.
M. Filion: Je ne prétends pas, non plus, M. le ministre,
en quinze minutes, avoir fait une démonstration quelle qu'elle soit.
J'essaie de cerner la portée de l'amendement, son utilité.
M. Marx: La portée de l'amendement est de rendre plus
souple l'article 44 et c'est effectivement ce qu'on fait. Pour les
Non-Canadiens, dans la situation actuelle, il faut être domicilié
au Québec. Nous avons assoupli cela en disant qu'on peut être
domicilié à l'extérieur du Québec, mais qu'il faut
choisir un domicile professionnel au Québec. Nous avons apporté
de la souplesse et je pense que c'était une bonne idée.
Peut-être n'est-ce pas assez souple et peut-être avez-vous des
suggestions?
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Jonquière, à vous la parole.
Mme Blackburn: De Chicoutimi, M. le Président.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi, pardon. Je m'excuse.
Mme Blackburn: C'est aussi un beau comté, Chicoutimi.
Le Président (M. Houde): Oui.
Mme Blackburn: D'abord, je voudrais remercier les membres de
cette commission d'avoir accepté que je vienne ici au sujet d'une
question qui me touche particulièrement, le Code des professions,
d'avoir accepté que je sois membre de cette commission pour
l'étude de ces quelques articles.
J'aurais souhaité que le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur soit également autorisé à
se présenter à cette commission parlementaire puisque, lorsqu'on
parle des questions qui touchent le Code des professions ou l'Office des
professions, on sait que cela relève de sa juridiction.
M. Marx: Ce n'est pas dans les moeurs de cette commission de
faire venir chaque ministre quand il y a tel projet de loi.
Mme Blackburn: Cela pourrait peut-être nous permettre de
l'examiner avec sérieux.
Une voix: Cela pourrait éclairer.
Mme Blackburn: II me semble, M. le Président, si vous me
le permettez, que les moeurs s'établissent rapidement à cette
commission puisque, si je me rappelle bien, il y a quelque onze mois que ce
gouvernement a été élu. Peut-être que les traditions
s'établissent plus rapidement, peut-être un peu trop
rapidement.
M. Marx: Les moeurs de l'ancien gouvernement étaient
tellement bonnes qu'on ne veut pas les changer.
Le Président (M. Houde): Vous avez la parole, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je réalise
que le ministre ne comprend pas entièrement la portée de tous ces
articles et je le comprends car ils sont effectivement nombreux. II nous
demande rapidement: Avez-vous une contre-proposition ou une proposition
à nous faire? Vous avez des fonctionnaires, parce que vous êtes le
gouvernement actuellement, et vous nous demandez à brûle-pourpoint
si on a des propositions qui seraient plus savantes que celles qu'ils auraient
pu vous trouver. Je trouve cela toujours un peu étonnant, d'une
part.
La seconde chose, c'est...
M. Marx: Vous ne parlez pas juste pour me critiquer. Vous avez
quelque chose de positif aussi?
Une voix: On veut discuter avant.
Mme Blackburn: Si vous me le permettez.
Le Président (M. Houde): La parole est à
madame.
Mme Blackburn: M. le Président, si on veut faire une
critique quelque peu articulée là-dessus, encore faut-il que
chacun comprenne bien le sens et la portée de cet article. On est
obligé de croire que, quand le ministre a fait sa première
présentation, il confondait les Canadiens et les Non-Canadiens. La
portée de l'article, je pense bien, « je le comprends encore, - il
ne la comprenait pas bien. Comment voulez-vous qu'on soit en mesure de faire
des recommandations, des propositions d'amendements quand on ne s'est pas
vraiment tous entendus sur la compréhension de l'article?
Ce qu'il faut comprendre de cet article, c'est qu'il vient modifier une
règle touchant la capacité de l'Office des professions de
reconnaître ou non le droit d'exercice au Québec pour un
Non-Canadien, quelqu'un qui n'a pas la citoyenneté canadienne. On dit:
II ne peut le refuser exclusivement par le fait qu'il n'est pas canadien, si
cette personne, qui n'a pas encore la citoyenneté canadienne, a
été admise au Canada pour y demeurer en permanence, si elle
s'engage à demander la citoyenneté canadienne et si elle est
domiciliée au Québec, En fait, on disait: Si ces conditions sont
remplies, vous ne pouvez pas lui refuser, s'il a répondu aux autres
critères, l'accès, le droit d'exercice au Québec
déjà permis. C'est cela. On s'entend bien là-dessus.
Pour comprendre la portée de cet article, à notre avis,
cela demande que deux choses soient très claires. A-t-on défini
ce qu'était le domicile professionnel?
Le Président (M. Houde): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Marx: On l'a dit trois fois déjà. C'est
l'endroit où on pratique sa profession, où on exerce sa
profession.
Mme Blackbum: Et on pourrait l'avoir à trois ou quatre
endroits au Québec. Généralement, on a un domicile.
Une voix: Ou ailleurs.
M. Marx: La corporation professionnelle n'accepte qu'un domicile
professionnel, mais si quelqu'un choisit Hull comme domicile professionnel,
j'imagine qu'il peut visiter un client à Aylmer.
Mme Blackbum: Est-ce que la corporation professionnelle aura,
pour fonder son jugement, une définition du domicile professionnel?
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Marx: Est-ce que la corporation va définir la
corporation professionnelle?
M. Filion: Le domicile.
M. Marx: Le domicile professionnel. On va prendre la Loi sur le
notariat, parce que le domicile professionnel y est prévu. C'est bien
connu ce que c'est, parce que personne n'a posé cette question. En
effet, dans l'article et dans l'amendement, c'est la même chose que dans
la Loi sur le notariat.
Mme Blackburn: Je ferai remarquer, M.
le Président, que les avocats, notaires et
arpenteurs-géomètres sont exclus. (21 heures)
M. Marx: Parce qu'ils sont des officiers publics. Mais on va
faire venir une copie de la Loi sur le notariat et vous allez voir ce que cela
veut dire.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voudrais juste dire que, ce que je demandais,
c'est quelle sera la définition, pour la corporation professionnelle, du
domicile professionnel? Vous me référez à la Chambre des
notaires qui, précisément, sont exclus de cet article de la
loi.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Marx: On va lire cet article pour la députée de
Chicoutimi. Peut-être que cela va l'aider. C'est l'article 17 de la Loi
sur le notariat.
M. Filion: L'article 18.
M. Marx: L'article 17: "l. Avant de pouvoir exercer, tout notaire
doit déposer au bureau du secrétaire une élection de
domicile. 2. De plus, il doit déposer au bureau du secrétaire un
spécimen de sa signature officielle..." Et ainsi de suite.
L'article 18: "Le domicile ainsi élu par le notaire est son
domicile professionnel pour toutes les fins de la présente loi."
Si on veut contacter le notaire officiellement, on envoie la lettre
à cette adresse.
Le Président (M. Houde): Au domicile professionnel, comme
vous dites.
M. Marx: Bien, c'est son adresse officielle. Et pour les
non-citoyens résidents, ce sera la même chose.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Marx: J'aimerais savoir quel est le but de toutes ces
questions. Si vous me donnez le fond de votre pensée, est-ce que...
M. Filion: On l'examine ensemble, M. le ministre.
M. Marx: Non, non. C'est parce que je suis prêt à le
changer s'il y a quelque chose qui cloche.
M. Filion: Je le sais. Écoutez, on veut échanger
ensemble et comprendre.
M. Marx: Pour ne pas le changer.
M. Filion: Non, bien non. Je pense qu'on est en train d'adopter
une loi, qui est votre loi d'ailleurs que vous avez pilotée. On est en
train de l'étudier.
M. Marx: Mais voulez-vous me dire ce qui est mauvais dans cet
article? Si vous pensez qu'il faut que ce soit changé, dites-le-moi. On
n'a pas...
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi ou, encore, M. le député de Taillon, si vous avez une
objection, quelle est-elle? C'est ce qu'il veut savoir si on veut avancer.
Autrement, on n'avancera pas. Dites-nous ce que vous voulez dire.
M. Filion: M. le Président, sentez-vous une...
Le Président (M. Houde): Non, non. Je ne suis pas
pressé, remarquez bien.
Mme Blackburn: Non. D'accord.
Le Président (M. Houde): C'est vous, tantôt, qui
disiez qu'il faut avancer. Moi, cela ne me fait rien. On est ici jusqu'à
22 heures. Je suis bien assis.
Mme Blackburn: M. le Président, comment voulez-vous qu'on
puisse estimer la portée d'un article comme celui-là alors qu'on
n'a pas la définition de domicile professionnel? La définition de
domicile professionnel à laquelle nous réfère le ministre,
c'est celle des notaires qui sont des officiers publics, ce qui n'est pas le
cas des autres corporations. Elle est précisément exclue, cette
corporation.
Même s'il me lit cet article de la loi qu'on a assez de
facilité à comprendre qui explique l'élection du domicile
- on dit élection de domicile, domicile professionnel, on devrait
l'entendre comme cela - je ne pense pas qu'on puisse appliquer cela au sens
où c'est défini là à n'importe quelle corporation
ou profession au Québec et précisément pas à
celle-là parce qu'elle est exclue de cet article. Êtes-vous
capable de me dire que c'est cette définition?
M. Marx: On parle de domicile professionnel et, après
cela, on a modifié l'article pour prévoir: "L'élection de
domicile professionnel aux fins de l'article 44 se fait par le
dépôt au bureau du secrétaire de la corporation d'un avis
écrit identifiant ce domicile." On va dire que c'est 1, 2, 3, rue Une
telle. Bon. Je pense que cela est bien clair. Cela ne peut pas être plus
clair que cela, sauf si on met l'adresse pour toute personne. Je pense que
c'est clair maintenant.
Le Président (M. Houde): M. le député.
M. Filion: En ce qui concerne le notaire, d'abord, c'est une
corporation où, sauf erreur et je ne pense pas me tromper non plus, une
personne qui n'est pas citoyenne canadienne ne peut pas obtenir un permis pour
exercer la profession de notaire.
Deuxièmement, le Barreau est une corporation, sauf erreur encore
une fois, qui, je pense, est entièrement fermée aux personnes qui
ne sont pas citoyennes canadiennes, à savoir que, pour être membre
du Barreau et pour avoir le droit de pratiquer le métier d'avocat au
Québec, il faut être, de toute façon, citoyen canadien. Je
fais référence à l'article 50 de la Loi sur le Barreau.
Dans le cas des arpenteurs-géomètres, on a une modification qui
est semblable dans le projet de loi.
On parle des autres professions qui sont couvertes par le Code des
professions. Là, on introduit cette notion de domicile professionnel qui
est fort différente parce que les avocats et les notaires étant
-comme vous l'avez mentionné tantôt, d'ailleurs - des officiers
publics, ils font élection de domicile. Leur domicile professionnel,
c'est simple parce que c'est leur domicile élu. Cette notion de domicile
élu n'existe pas pour les autres professions parce qu'ils ne sont pas
des officiers publics.
D'où notre première question: Quel est le sens de
"domicile professionnel"? Vous nous répondez: Le domicile professionnel,
c'est l'endroit où quelqu'un exerce son métier. Ensuite, vous
nous référez à l'amendement que vous déposez ce
soir qui dit - c'est encore pire dans un certain sens -que "l'élection
de domicile professionnel se fait par le dépôt au bureau du
secrétaire de la corporation d'un avis écrit identifiant ce
domicile." Autrement dit, la personne qui veut être reconnue comme ayant
un domicile professionnel au Québec a simplement à
l'écrire sur une feuille de papier et à aller le porter au
secrétaire de la corporation. À ce moment, elle va satisfaire aux
trois exigences contenues à l'article 44 du Code des professions tel que
vous voudriez le voir amendé.
À partir de ce moment, la question est la suivante, en supposant
que je suis votre raisonnement jusqu'au bout: Ne croyez-vous pas, à
toutes fins utiles, que cette procédure, cette notion ou ce concept de
domicile professionnel est complètement artificiel et, en somme, ne
répond à aucun critère sérieux pouvant guider la
corporation dans l'émission ou non d'un permis? En deux mots, cela
devient une espèce de condition vide de toute substance.
M. Marx: C'est pour rendre l'article 44 plus souple. C'est tout
ce qu'on fait. Cela veut dire que, si quelqu'un est professionnel, non citoyen
canadien, cela rend cette exigence plus souple parce que l'exigence
aujourd'hui, dans les lois de l'ancien gouvernement comme dans les lois du
gouvernement actuel, c'est si elle est domiciliée au Québec. Or
on change "si elle est domiciliée au Québec" par les mots "si
elle a élu son domicile professionnel au Québec". On essaie
d'être plus souple pour les Non-Canadiens. Je pense que c'est tout ce
qu'on essaie de faire. Si vous avez une meilleure façon de le faire,
c'est d'accord.
Le Président (M. Houde): La parole est au
député de Beauharnois, s'il vous plaît.
M. Marcil: Pour clarifier un peu la situation, concernant le
domicile professionnel, je pense qu'on n'a pas à définir ce que
c'est. C'est implicite, le domicile professionnel, c'est l'endroit où on
travaille. De la façon dont le député de Taillon aborde le
problème, est-ce qu'il voudrait aller jusqu'à dire qu'il faudrait
quasiment définir physiquement ce qu'est un domicile professionnel et
exiger un certain nombre de pieds carrés de plancher avec un bureau,
deux bureaux, avec deux ou trois personnes qui y travaillent? C'est la place
d'affaires comme telle. C'est l'endroit où on reçoit notre
courrier ou l'endroit d'où part le courrier ou l'endroit où on
reçoit la clientèle. Je ne vois pas d'autre façon ou
d'autre méthode d'expliquer ou de décrire davantage ce que c'est,
un domicile professionnel.
Je peux bien demeurer à New York et avoir un bureau de notaire
à Québec. C'est-à-dire que mon bureau de notaire est
à Québec.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Oui. Peut-être qu'en laissant ce...
M. Marx: Est-ce que c'est accepté ou adopté?
M. Filion: Je vais peut-être vous poser...
Le Président (M, Houde): Vous avez la parole, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Je vais peut-être soulever un autre point
toujours dans le même esprit. Qu'est-ce qui est discriminatoire à
l'égard de la charte ou incompatible à l'égard de la
charte dans l'article 44 actuel?
M. Marx: Cela donnerait - comment dirais-je? - plus de
liberté, si vous voulez.
M. Filion: Plus précisément. Est-ce que
le fait d'être domicilié au Québec est
discriminatoire ou incompatible avec la charte?
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Marx: Non, je ne pense pas que cela soit discriminatoire,
surtout pour les personnes autour de la table qui sont domiciliées au
Québec. Mais ce n'est pas là la question; il s'agit de donner
plus de liberté à ces personnes. Si le député est
contre cette liberté, on peut suspendre l'article pour le moment. On va
penser à trouver... Passer toute la nuit sur ce point, pour moi, ce
n'est pas un point si important que cela. On essaie d'être plus flexible
pour les non-citoyens. Si le député pense qu'on est trop
large...
Le Président (M. Houde): La députée de
Chicoutimi voulait avoir la parole.
M. Marx: Je vais juste essayer d'être très clair sur
ce point. Si je comprends bien, un citoyen canadien peut être
domicilié à Ottawa et pratiquer à Hull, d'accord? Un
Non-Canadien, s'il veut pratiquer à Hull, en vertu de la loi actuelle,
doit être domicilié au Québec. On veut rendre cela plus
souple, on va dire: Un Non-Canadien pourrait être domicilié
à Ottawa, mais il pourrait pratiquer à Hull. Et pour avoir un
meilleur contrôle en ce qui concerne son adresse, où on peut le
trouver et ainsi de suite, on a pensé à rendre cette situation
plus flexible. Pour la flexibilité, on a pensé à
l'idée d'un domicile professionnel. C'est tout. Si vous pensez qu'il
n'est pas bon d'être si flexible et de donner plus de liberté
à la personne... Est-ce que vous êtes pour plus de liberté
ou encore plus de liberté? Si vous...
M. Filion: M. le ministre...
Le Président (M. Houde): M. le député de
Taillon.
M. Filion: ...il ne s'agit pas pour moi d'être plus ou
moins flexible, ou plus souple ou moins souple, etc. On est en train d'examiner
ce qui, aux yeux du ministre de la Justice et de ses conseillers, constitue
l'ensemble des dispositions législatives qui doivent être
modifiées pour donner suite à la charte des droits.
En ce sens-là, je vous ai posé la question tantôt:
En quoi l'article 44 actuel, qui crée une condition du fait d'être
domicilié au Québec pour obtenir le permis -l'une des trois
conditions - est-il contraire à la charte? Si oui, à quel article
de la charte?
Le Président (M. Houde): M. le ministre, à vous la
parole.
M. Marx: Si on voit l'article 1: "Tout être humain a droit
à la vie, ainsi qu'à la sûreté, à
l'intégrité physique et à la liberté de sa
personne", cela donne plus de liberté à cette personne. Ce n'est
pas plus que cela.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre nous dit que
cet amendement, c'est une question de donner plus de liberté aux
personnes, de donner plus de souplesse.
M. Marx: D'accord.
Mme Blackburn: Et, c'est une certaine mesure
d'équité. Qu'est-ce qu'on fait des corporations professionnelles
qui précisément ne sont pas couvertes par cela? Et là je
pense au droit et au notariat. Deux choses.
M. Marx: Pour ces deux professions, il faut être citoyen
canadien.
Mme Blackburn: À présent, je pense à toutes
les autres lois, par exemple, touchant les agents de voyages, un certain nombre
d'organismes, de citoyens, de professions et de métiers
différents, qui prévoient précisément qu'ils soient
citoyens canadiens. Est-ce que le ministre a aussi l'intention de modifier
toutes ces lois? (21 h 15)
Et pourquoi précisément cette loi? Parce que, lorsqu'on
parle de la charte des droits et libertés, on le fait en fonction de
citoyens canadiens et là, on dit: Pour les Non-Canadiens, ceux qui n'ont
pas leur citoyenneté canadienne, il faudrait qu'il y ait un certain
nombre de conditions. S'ils répondent à ces conditions, ils
peuvent pratiquer chez nous. Donc, la condition est d'être
domicilié au Québec. D'abord, est-ce que le ministre peut me dire
s'il a l'intention de modifier toutes les lois dans lesquelles cette
chose-là est inscrite, c'est-à-dire "domiciliée au
Québec"?
M. Marx: C'est une bonne question. J'ai déjà
posé une telle question quand j'étais dans l'Opposition.
Mme Blackburn: À présent, vous devez avoir la
réponse.
M. Marx: Oui, je vais vous dire cela à un moment
donné, pas tout de suite. Nous sommes dans le Code des professions et,
nous proposons une telle modification pour être plus souple après
avoir consulté l'Office des professions. Si vous avez une suggestion
à faire, nous sommes prêts à consulter encore et voir si on
peut être encore plus
souple. Nous sommes au Code des professions, c'est inutile de me poser
des questions sur toute autre loi. À un moment donné,
peut-être qu'on arrivera à cette question et on modifiera d'autres
lois.
Mme Blackburn: Je dois dire qu'on a pu constater que ce
n'était pas toujours la cohérence qui frappait le plus fort dans
ce gouvernement. Je me dis qu'il faut avoir quand même un minimum de
cohérence lorsqu'on est en train d'examiner un projet de loi. J'imagine
que l'attitude qu'on aura vis-à-vis de certaines corporations
professionnelles, on devrait l'avoir vis-à-vis de toutes les autres
personnes non citoyennes canadiennes à peu près dans les
mêmes situations, mais dans d'autres métiers. La question que je
voudrais poser au ministre, c'est: Est-ce que le ministre peut nous donner la
liste des corporations professionnelles qui pourraient être
touchées par cet article?
M. Marx: On me dit qu'il y en a 37, mais on ne peut pas faire la
recherche pour l'Opposition étant donné qu'ils ont d'excellents
recherchistes.
Mme Blackburn: S'il y a 37 corporations...
M. Marx: Je pense que c'est 36.
Mme Blackburn: C'est 36. À une corporation près, je
pense bien...
M. Filion: Probablement que c'est 35.
Mme Blackburn: Je me demandais si on avait consulté ces
corporations.
M. Marx: On a consulté l'Office des professions.
Mme Blackburn: Vous avez consulté toutes les
corporations?
M. Marx: L'Office des professions est censé consulter les
corporations, dirais-je. C'est comme cela qu'on fonctionne.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre peut nous dire combien de
personnes pourraient être touchées? Lorsqu'on se donne la peine
ici, à l'Assemblée nationale, de modifier une loi, j'imagine que
cela a un certain impact et une certaine importance. Ce n'est pas juste pour
une ou deux personnes ou quelques cas isolés. Est-ce que le ministre
peut nous dire combien de personnes pourraient être potentiellement
touchées par cette modification au Québec?
Le Président (M. Houde): M. le ministre, à vous la
parole.
M. Marx: Je n'en ai aucune idée.
Mme Blackburn: Et on a une loi pour celai
M. Marx: Je ne peux pas vous dire qui sera immigrant demain.
Mme Blackburn: II ne sera pas immigrant au Québec.
M. Marx: J'aimerais poser une question à la
députée de Chicoutimi. Est-ce qu'elle est pour ou contre cet
article? Avez-vous une suggestion à faire en ce qui concerne les
modifications?
Mme Blackburn: Oui. Si on répond aux questions que je
pose, je vais pouvoir...
M. Marx: Légiférer, ce n'est pas seulement poser
des questions, c'est ajouter quelque chose de temps à autre.
Mme Blackburn: Oui, oui, mais quand c'est...
M. Marx: Le temps est arrivé d'ajouter.
Mme Blackburn: ...nécessaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre est capable de répondre à un certain
nombre de questions? Ce n'est pas juste pour se trouver drôle qu'on est
en train de le faire. Lorsqu'on modifie une loi, encore faut-il savoir si c'est
nécessaire. Je n'apprendrai pas cela au ministre. Il a certainement tenu
ces discours. J'en ai déjà entendu quelques-uns beaucoup moins
sérieux, mais passons.
Ce que je veux dire par rapport à cet article, c'est qu'on peut
penser que c'est intéressant et souvent utile, pour ne pas dire
indispensable, de modifier certaines lois, mais, pour le savoir, il faut
comprendre, premièrement, combien il y a de personnes qui ont
été refusées en vertu de cet article.
M. Marx: Ce n'est pas refusé...
Mme Blackburn: Combien l'ont demandé? Dans combien de
corporations? Quand on fait une planification, ce sont des questions qu'on se
pose. Une fois qu'on a un certain nombre d'indices sur le fait que cela a
effectivement porté préjudice à un certain nombre de
personnes, on propose des amendements. Mais le ministre nous dit: Je ne le sais
pas. Je ne vous dis pas ce que je ferai dans les autres lois. Il y a 36 ou 37
corporations - là, on sait qu'il y en a 36, plus probable que 37 - et on
ne sait même pas si cette situation a déjà
pénalisé quelqu'un et on est en train de le modifier. II me
semble que c'est un minimum. Avant de me demander...
M. Marx: Quel est le point de tout cela? Il n'y a pas de point
à tout cela.
Mme Blackburn: ...si je suis d'accord ou non, il faut que je
sache si cela a une utilité.
M. Marx: C'est un non-sens de me dire, chaque fois que je vais
proposer quelque chose, que je vais compter les personnes que cela va toucher.
Cela n'a pas de bon sens! Cela veut dire que, chaque fois qu'on modifie le Code
civil, qu'on met une disposition dans le Code civil, on va faire un sondage
pour voir combien de personnes seront touchées et si ce qu'on adopte
aujourd'hui peut toucher des milliers de personnes dans l'avenir. On ne
légifère pas en fonction du nombre de personnes qui seront
touchées.
Mme Blackburn: On propose une modification à la loi sur
des problèmes appréhendés. Est-ce que je comprends
bien?
M. Marx: Même s'il y a une, deux, trois, quinze ou
cinquante personnes qui vont bénéficier d'une loi, on ne
légifère pas en fonction du nombre de personnes qui seront
touchées d'une façon bénéfique par une loi.
Supposons que c'est seulement dix personnes qui vont en
bénéficier, je pense que, pour ces dix personnes, cela vaut la
peine. Il y a des lois privées qu'on adopte pour une seule personne. On
ne fait pas le calcul. Cela ne se fait pas. Donnez-moi un exemple d'un
gouvernement qui propose une mesure législative et qui va vous dire
combien de personnes cela va toucher.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président...
M. Marx: Sauf si c'est une loi qui touche une corporation
professionnelle, on sait combien de membres exercent cette profession et ainsi
de suite. Mais, pour moi, cette question n'est pas trop pertinente.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: La réponse du ministre m'étonne.
C'est comme si on légiférait comme cela, gratuitement, au cas
où il y aurait quelque chose qui se présenterait, qui finirait
par ressembler à un problème pour un nombre de personnes,
hypothétiquement, qu'on pourrait évaluer on ne sait pas comment,
et on légifère là-dessus. Il me semble qu'il faut ne rien
avoir à faire pour légiférer sur quelque chose alors qu'on
ne sait même pas quel impact cela va avoir et s'il y a eu effectivement
des problèmes.
Pour légiférer, il faut au moins qu'on ait attiré
notre attention sur un problème. Est-ce que le seul préjudice,
c'est de résider au Québec? J'ai de la difficulté à
le croire. Surtout quand on n'a pas la citoyenneté canadienne. On ne
parle pas des Canadiens qui demeurent à Vancouver et qui veulent venir
pratiquer ici. C'est déjà permis. On parle de ceux qui n'ont pas
la citoyenneté. Il me semble que c'est tout à fait logique qu'on
connaisse un peu les impacts ou les problèmes qu'a pu causer cette
situation à des gens qui, potentiellement, voulaient venir travailler au
Québec sans y résider. Vous me dites qu'on peut modifier la loi
juste comme cela.
M. Marx: C'est votre opinion, mais, moi, j'ai une autre
opinion.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Oui, mais...
M. Marx: C'est une opinion que vous avez. Je ne peux pas vous
convaincre d'autre chose si vous êtes de cette opinion. Tout ce que je
peux vous dire, c'est qu'on n'a pas fait le calcul chaque fois qu'on a
modifié la loi, soit ce gouvernement, soit les gouvernements
précédents. Donnez-moi un exemple d'un gouvernement qui a
compté les cas dans toutes ses lois. Vous pouvez poser la question aux
articles 203, 210, 211, 95, combien de personnes cela va-t-il toucher?
Mme Blackburn: 1580 "illégaux" dans l'île de
Montréal.
Le Président (M. Houde): Madame. M. Marx:
C'était une estimation.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Ça donne une bonne idée. M. le ministre,
au-delà de la façon un peu cavalière dont vous disposez
des arguments sérieux...
Mme Blackburn: La loi 58.
M. Filion: ...mis de l'avant par ma collègue, la
députée de Chicoutimi, on est ici, encore une fois, je vous le
rappelle, en fonction des amendements qu'on doit apporter aux lois à
cause de la pleine entrée en vigueur de toutes les dispositions de la
charte des droits. Or, avec l'amendement que vous nous proposez, on prend deux
professions, le droit et le notariat, on les met à part et on dit que,
dans les autres professions, on change la notion de domicile au Québec
pour une notion de domicile
professionnel. Je pense que la question est simple. Si,
réellement, l'article 44 du Code des professions, tel que
libellé, est contraire à la charte des droits, j'aimerais
beaucoup vous entendre là-dessus. Juste dire que c'est la liberté
des personnes, cela ne me satisfait pas. C'est la liberté des
personnes!
Combien y a-t-il de lois au Québec qui contiennent la notion de
domicile? Je vais vous en nommer quelques-unes: la loi sur le
développement des entreprises, article 16, la Loi sur les permis des
alcools, article 36, la Loi électorale elle-même, etc. II y a un
paquet de lois au Québec qui contiennent des notions de domicile. Un
paquet de lois! Comme il y a, d'ailleurs, un paquet de politiques
gouvernementales qui visent les personnes domiciliées au
Québec.
Vous arrivez et, d'un trait, vous introduisez un amendement par la loi
92 et vous voulez modifier l'article 44. Il faudrait vraiment savoir de quel
raisonnement juridique découle la nécessité d'un tel
amendement. Encore une fois, comme je l'ai dit dans mon discours de
deuxième lecture et comme je l'ai dit à l'ouverture de cette
commission, on n'est pas ici ce soir, les seuls à travailler à
l'Assemblée nationale, pour faire du droit seulement pour faire du
droit. On n'est pas ici pour faire du droit nouveau, non plus, en ce sens que,
s'il y a des ministres qui veulent modifier des lois, qu'ils aillent les faire
modifier, qu'ils déposent leurs projets de loi. Si le ministre de
l'Éducation veut faire modifier l'article 44 du Code des professions,
qu'il dépose une loi. Mais nous, on est ici pour être saisis des
conséquences de l'application de la charte des droits sur des
dispositions législatives.
Si vraiment le fait d'être domicilié au Québec peut
être contraire à la charte, à ce moment-là, pourquoi
gardez-vous là les notaires et les avocats et pourquoi existe-t-il un
tas de lois qui contiennent cette notion de domicile? Au-delà des
arguments bien fondés que vous soumettait ma collègue, la
députée de Chicoutimi, il faudrait quand même le savoir.
Moi, je suis prêt à prendre le temps qu'il faut, M. le ministre.
Nous ne sommes pas du tout réfractaires à cette
possibilité, mais encore faudrait-il comprendre l'amendement et
également en comprendre la portée.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Marx: J'en ai expliqué la portée. Les notaires
et les avocats, ce sont des officiers publics.
M. Filion: Et pour les autres lois?
M. Marx: Quelles lois?
M. Filion: Toutes les autres lois qui contiennent la notion de
domicile. Une voix: Les officiers publics.
M. Filion: Non, non, toutes les autres lois. Les agents de
voyages?
M. Marx: Cela pourrait être justifié dans certains
cas.
M. Bélisle: Ce n'est pas un officier public.
Le Président (M. Houde): Oui, Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Si je me rappelle votre présentation, ce
projet de loi 92 veut modifier diverses dispositions législatives pour
les rendre conformes à la Charte des droits et libertés de la
personne. Ce qu'on fait, c'est qu'on enlève dans ces différentes
lois les mesures qui sont discriminatoires. On s'est bien entendu? D'accord? On
enlève les mesures qui sont discriminatoires.
M. Marx: Qu'on pense être discriminatoires.
Mme Blackburn: Doit-on comprendre que, dans le cas qu'on est en
train d'examiner, il est discriminatoire d'avoir son domicile au Québec?
5i c'est discriminatoire dans le cas de ces corporations, pourquoi n'en a-t-on
pas profité pour modifier toutes les lois qui contiennent cette mesure,
cette obligation d'être domicilié au Québec? C'est
important. C'est ce que j'appelle de la cohérence.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Marx: Bon. On est devant cette question et on a pensé
à rendre cela plus souple pour les Non-Canadiens. En ce qui concerne
d'autres lois, on va les analyser et, en temps et lieu, c'est possible qu'on
apporte d'autres amendements dans d'autres lois. On fait ici l'analyse du Code
des professions. C'est cela.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Écoutez, je pense que les questions sont
simples. Est-ce que, oui ou non, le fait d'être domicilié au
Québec, comme exigence pour un Non-Canadien d'obtenir son permis, est
incompatible avec la charte des droits et libertés? Est-ce que c'est
discriminatoire? (21 h 30)
M. Marx: Le titre de la loi, ce n'est pas
l'incompatibilité. Le titre de la loi, c'est Loi modifiant diverses
dispositions législatives
eu égard à la Charte des droits et libertés de la
personne. Ce n'est pas une lot sur l'incompatibilité. Dans certains
articles, on a pensé à donner plus de liberté à la
personne, même si sur le plan strictement juridique cela ne va pas
à l'encontre - on ne sait jamais - d'un article de la charte. Quand on
fait un tel travail, on n'est jamais sûr et certain, parce que c'est
seulement un juge qui peut vraiment décider si un article va à
l'encontre de la charte. Finalement, c'est cela. Vous comprenez cela aussi.
Cela veut dire que, selon notre estimation, selon l'estimation des
légistes qui ont travaillé dans les divers ministères, on
a trouvé, après analyse, que ce sont des dispositions qui vont
carrément à l'encontre de la charte, ou encore, dans d'autres
cas, on a pensé que c'était peut-être le moment de donner
une certaine souplesse à quelques dispositions pour favoriser la
liberté de la personne.
Dans les notes explicatives, il est écritt "Le présent
projet propose diverses modifications législatives propres à
assurer pleinement les droits reconnus aux citoyens par la charte", et ainsi de
suite.
Vous allez me répondre qu'il y a d'autres articles qu'il faut
toucher dans d'autres lois; c'est une autre question, une bonne question que
nous allons analyser, comme je viens de vous le dire.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Comme il a été signalé à
plusieurs reprises, le projet de loi 92 est le résultat d'une entreprise
colossale qui dure depuis trois ans au ministère de la Justice et qui
vise, encore une fois, d'abord a modifier les dispositions législatives
qui sont incompatibles avec la charte des droits et qui, comme le disent fort
bien les notes explicatives du projet de loi, comporte également des
modifications propres à éliminer toute discrimination.
Si le fait d'être domicilié au Québec est une
discrimination ou si c'est une disposition qui doit être
écartée pour donner plein effet à la charte des droits,
voilà une conclusion d'importance qui affecte non seulement le Code des
professions, mais, comme on l'a dit tantôt, un tas d'autres lois.
Je pense qu'on ne peut pas juste arriver et modifier le Code des
professions. Si on n'avait pas fait notre travail ce soir, on aurait
probablement modifié le Code des professions en laissant tout le reste
en plan, en l'écartant ou en le mettant de côté. On touche
ici une matière éminemment fondamentale.
Par exemple, M. le ministre, si on apporte des modifications, c'est
peut-être une bonne chose, mais encore faut-il nous le démontrer
de façon logique et cohérente.
M. Marx: Mais je pense que cela peut être mauvais.
M. Filion: Vous imaginez-vous les tribunaux saisis d'un litige
portant sur toutes les autres lois où la notion de domicile est une
condition? Je pense que c'est important.
M. Marx: Saisis en vertu de quoi?
M. Filion: D'un litige découlant, par exemple, de
l'application de n'importe quelle loi.
M. Marx: Je ne vois pas comment l'amendement que nous proposons
peut nuire à qui que ce soit. Tout ce qu'il fait, c'est apporter plus de
souplesse dans le cas de certaines personnes qui ne sont pas canadiennes qui ne
sont pas des citoyennes canadiennes. Je ne peux pas imaginer comment cela peut
nuire à qui que ce soit.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Mille-Îles, vous avez la parole. Cela fait longtemps qu'il la
demande.
M. Bélisle: Je vais une distinction fondamentale entre
l'article 44 actuel et l'article 78 proposé: dans la notion de "domicile
- mettons-le entre guillemets -personnel" dans l'actuel article 44 et de
"domicile professionnel" dans le cas de l'article 78. Ma compréhension
de la discrimination qui existe présentement en vertu de l'article 44
tel qu'il est, c'est que la Charte des droits et libertés de la personne
du Québec ne s'applique pas strictement à des gens qui
résident au Québec, mais à des gens qui ne sont pas
nécessairement domiciliés personnellement dans la juridiction
québécoise.
Par voie de conséquence, en réponse à la question
que vous posiez tantôt, l'article 78 élargit la notion et permet
à d'autres de bénéficier d'un statut plus large et d'une
accessibilité à l'emploi qu'ils n'auraient pas en vertu de
l'actuel article 44. Donc, il est moins discriminant que le premier article
44.
Laissez-moi terminer. Les trois exceptions qui sont notées au
début de l'article font référence à une notion de
greffe, à une notion d'élection de domicile, comme le ministre de
la Justice le disait tantôt. Vous savez très bien - et le
député de Taillon le sait particulièrement - que les
avocats font une élection volontaire de domicile en manifestant par un
écrit, auprès des greffes des cours supérieures, leur
domicile en vertu de la loi. Les notaires ont également un greffe
élu, codifié et noté auprès de la Chambre des
notaires, et les arpenteurs-géomètres également.
Lorsqu'une exception est faite à une règle générale
pour trois corporations professionnelles sur 40, où on exige une
domiciliation volontaire de la
part de trois corporations professionnelles, c'est une exception qui est
tolérable en vertu de la règle générale où
on veut accorder plus de liberté aux gens. Ce que je comprends quand je
lis cela, c'est que la Charte des droits et libertés de la personne ne
s'applique pas strictement aux Québécois, mais elle s'applique
aussi à toute autre personne qui désire et veut faire affaire au
Québec.
Le Président (M. Houde): La parole est au
député de Taillon.
M. Filion: Simplement pour se comprendre avec le
député de Mille-Îles, premièrement, en ce qui
concerne les arpenteurs-géomètres, il y a une modification qui
est contenue dans le projet de loi et qui est semblable à celle qui est
contenue à l'article qu'on étudie présentement. Donc, cela
ne s'applique pas aux arpenteurs-géomètres.
Deuxièmement, et je vous suis fort bien, vous dites que c'est
discriminatoire...
M. Bélisle: Un instant!
M. Filion: Non, laissez-moi terminer. Je vous ai
écouté. C'est discriminant. Donc, on élargit cette
notion-là. Ce qu'on disait tantôt, c'est, si vraiment c'est
discriminant, qu'est-ce qu'on fait avec toutes les autres lois - je ne parle
pas d'un domicile professionnel qui, on le sait, en tout cas, est quelque chose
de bien rapide que je qualifie de notion un peu artificielle dans les exigences
qu'on nous présente - qui contiennent la nation de domicile? Je vais
prendre le pire exemple ou le meilleur pour vous, soit la Loi
électorale. La Loi électorale n'a pas 92 sortes de domiciles. Il
n'y a qu'un seul domicile. Est-ce qu'on pourrait dire à ce
moment-là qu'une personne... Je prends le pire exemple; je peux vous en
donner un plus simple que celui-là. Par exemple, pour les agents de
voyages, pourquoi y aurait-il uniquement la notion de domicile? Pourquoi, en ce
qui concerne la loi que je citais tantôt - en voilà quelques-unes
qu'on a pigées au hasard - sur le développement des entreprises
dans le domaine du livre, une personne physique est admissible à
l'agrément si elle est de citoyenneté canadienne et
domiciliée au Québec? La Loi électorale, j'en ai
parlé. La Loi sur les permis d'alcool. Vous comprenez ce que je veux
dire. Je ne veux pas dire que je suis contre le fait que cela soit
discriminatoire bien que la preuve, à mon avis, n'a vraiment pas
été faite que c'est discriminatoire. Mais soyons cohérents
et essayons d'amender ces lois si le ministre est convaincu que c'est
discriminatoire. Je n'en suis pas convaincu. Je ne suis pas convaincu du
contraire, non plus.
La charte - on n'est pas pour l'interpréter, nous autres, ici -
n'est pas facile. Elle vient de commencer à naître et la
jurisprudence en matière des droits et libertés est toute menue
et jeune. À première vue, dans les lois, en tout cas, la notion
de domicile, je ne pense pas que ce soit discriminatoire. Si on me dit le
contraire, si on me dit que c'est une infraction au concept de la
liberté des personnes, je pense qu'il faut arrêter quelque part.
Le concept de la liberté des personnes, j'en suis, je le veux bien.
La dernière remarque que je ferais, c'est que je suis tout
à fait conscient, M. le député de Mille-Îles, que la
charte des droits s'applique à tout le monde, pas simplement aux
citoyens canadiens, québécois, chinois, peu importe. Un individu
vient ici en vacances et y passe deux jours ou même s'il était
illégalement au Canada, si les policiers arrivent et le torturent pour
obtenir un aveu, l'aveu ne sera pas bon. Alors, la charte des droits s'applique
à tout le monde qui est au Québec au moment où l'incident
arrive, et j'en suis tout à fait heureux. D'ailleurs, il n'y a pas 92
catégories de personnes au Québec.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Ce que j'ai tenté d'expliquer - ce
n'est pas moi qui ai rédigé l'amendement - c'est ma
compréhension rapide d'un article proposé dans un projet de loi.
Si l'esquisse de réponse va dans un début de compréhension
du problème, de part et d'autre, je vous suggère ce qui suit, M.
le député de Taillon. Si vous avez relevé dans des lois au
Québec des notions de domicile qui exigeraient des modifications
à ces lois, pourquoi n'en faites-vous pas un amendement et ne le
soumettez-vous pas au ministre de la Justice?
M. Filion: Je vais vous répondre parce que je ne suis pas
convaincu que la question de domicile soit discriminatoire. Je vous l'ai dit
tantôt. J'ai posé la question au ministre de la Justice. S'il veut
prendre cinq minutes pour me l'expliquer, j'en suis mais il me dit que cela
entrerait en contradiction avec l'article 1 qui dit: "Tout être humain a
droit à la vie, ainsi qu'à la sûreté, à
l'intégrité physique et à la liberté de sa
personne."
M. Marx: Je dis que cela donne plus de liberté à la
personne; à un non citoyen canadien qui est professionnel, cela donne
plus de liberté. Et vous semblez être contre le fait de donner
plus de liberté à ces personnes sans modifier d'autres lois que
vous avez mentionnées. C'est comme cela que je vois cela.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Filion: Je suis juste obligé de répondre
à cela avec votre permission.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Toutes les lois ou tous les règlements qu'on
adopte créent dans 90 % des cas des contraintes à la
liberté. Juste me dire que cela donne plus de liberté, ce n'est
pas un argument. On passe notre temps à adopter des lois et des
règlements. N'importe quel gouvernement passe son temps
là-dessus. Fumer aussi et on a adopté une loi très
sérieuse ici du ministre de l'Environnement. Non, mais peu importe. La
seule idée que cela donne plus de liberté aux gens ne me
satisfait pas comme réponse. Il y a beaucoup de choses qui donnent plus
de liberté aux gens. Peut-être qu'on pourrait faire sauter toutes
les conditions aussi pour obtenir les permis pour tout et cela donnerait plus
de liberté aux gens. Vous savez, cela n'est pas une réponse.
M. Marx: On n'est pas prêt à aller jusque-là.
On est prêt à aller jusqu'ici.
Et sur la question de citoyenneté qui était posée
par la députée de Chicoutimi, on va entreprendre une
étude. Cela m'intéresse beaucoup. Je vais demander aux juristes
au ministère de la Justice d'étudier toute cette question de
citoyenneté. À un moment donné, peut-être qu'on va
avoir d'autres idées, les fruits de ces travaux, et on va proposer des
modifications à d'autres lois, mais on n'a pas fait cette étude
aujourd'hui. Donc, ce qu'on veut donner, c'est plus de liberté à
ces personnes. Si vous êtes contre cela, je ne veux pas me battre pendant
des semaines pour ce bout de phrase.
Il ne faut pas oublier que nous consultons beaucoup de gens. Ils ont des
idées aussi. Et, à un moment donné, au ministère de
la Justice, on met cela dans un "Mix-Master" et ce qui en sort, on le
propose.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais juste
réagir un peu aux propos du député de Mille-Îles qui
disait tout à l'heure dans sa première intervention qu'il s'agit
là de quelques exceptions parce qu'on parlait des avocats et des
notaires. Mais là, on constate que ce n'est pas une exception. Cela
serait plutôt une exception d'introduire cela ici, à ce moment-ci,
parce qu'elle ne se retrouve...
M. Marx: Mais comment pouvez-vous être contre le fait de
donner plus de liberté à un individu?
Mme Blackburn: Le ministre peut-il me dire...
M. Marx: Cela n'a pas de bon sens.
Mme Blackburn: ...qu'il est discriminatoire de demander le
domicile au Québec? S'il est discriminatoire de le demander au
Québec et que c'est élargir que de demander seulement le domicile
professionnel, pourquoi ne pas enlever complètement cette condition?
C'est là la première question. Parce que cela pourrait être
un Américain. Il est chez lui et il a demandé la
citoyenneté canadienne, puis il travaille chez nous. Il pourrait n'avoir
aucun domicile. Il pourrait s'en aller travailler dans le bureau d'un de ses
collègues.
Seconde question. Je vais revenir...
M. Marx: II y a permanence. Il y a permanence ici. Il demeurerait
en permanence ici.
Mme Blackburn: La Loi sur les permis d'alcool, si vous me
permettez de lire l'article, vous allez voir que l'exercice est plus difficile
et plus laborieux que vous ne semblez le voir même si on me dit que vous
travaillez sur cette modification depuis trois ans. Un nouveau
député? Pour obtenir, selon la Loi sur les permis d'alcool, un
permis, une personne physique doit être majeure. Encore, c'est une
discrimination, elle pourrait être mineure, pourquoi pas? Si elle ne
possède pas la citoyenneté canadienne, elle doit résider
légalement au Québec en tant que résidente permanente au
sens de la loi concernant l'immigration au Canada. Voilà pour la Loi sur
les permis d'alcool.
Le Président (M. Houde): Elle a posé la question au
ministre.
Mme Blackburn: Sauf qu'ils ont fait une exception, si on demande
un permis de réunion ou un permis de Terre des hommes en qualité
de représentant autorisé d'un gouvernement, d'un pays, d'une
province, d'un Etat.
M. Filion: M. le ministre, c'est juste...
Le Président (M. Houde): Un instant. Mme la
députée de Chicoutimi, à vous la parole encore. (21 h
45)
Mme Blackburn: Selon la Loi électorale, possède la
qualité d'électeur toute personne qui a 18 ans accomplis, est
citoyenne canadienne, est domiciliée au Québec depuis douze mois,
n'est pas interdite, n'est pas en cure fermée suivant la Loi sur la
protection
du malade mental, n'est pas sous la juridiction d'un curateur public,
n'est frappée d'aucune incapacité de voter prévue par la
loi. Pour le livre, on dit qu'une personne physique est admissible à
l'agrément si elle est de citoyenneté canadienne et
domiciliée au Québec. Citoyenneté canadienne et
domiciliée au Québec.
Le Président (M. Houde): Vous voulez avoir la
réponse? Non?
Mme Blackburn: Agent de voyages, qualités requises: Cette
personne doit être majeure et résider au Québec. Le cas
échéant, l'association, la société ou corporation
pour le bénéfice de laquelle elle demande le permis doit avoir
une place d'affaires au Québec. Autant de lois qui ne sont pas - comme
le disait tout à l'heure le député de Mille-Iles - des
exceptions. Ce serait plutôt la généralité. On est
en train de vouloir faire une distinction pour les corporations
professionnelles. Je dis: Pourquoi dans ce cas et pourquoi serait
discriminatoire une telle disposition?
M. Marx: Est-ce que vous allez voter contre cet article? Puis-je
m'informer si vous allez voter contre...
Mme Blackburn; Dans l'état de la situation...
M. Marx: ...Mme la députée?
Mme Blackburn: ...dans l'état de la connaissance qu'on a
du dossier, ce qui serait intéressant de demander au ministre, comme il
ne sait pas combien de personnes seront touchées, comme il ne
connaît pas les problèmes que cela pourra causer, comme il n'a pas
révisé les autres lois qui touchaient cela - là je
pourrais continuer, on a peut-être dix arguments - c'est pourquoi ne pas
retirer cet amendement.
M. Marx: Est-ce que vous allez voter contre ou pour?
Mme Blackburn: Pourquoi ne pas retirer cet amendement?
M. Marx: Est-ce que vous allez voter contre ou pour, M. le
député de Taillon? Contre?
M. Filion: Écoutez, est-ce que vous voulez répondre
à la question de la députée de Chicoutimi? Voulez-vous que
je vous en pose?
M. Marx: Non, je n'ai pas de réponse. Elle a raison pour
un certain nombre de points. Je ne dirais pas qu'elle a tort sur tous les
points qu'elle a soulevés. Est-ce que vous allez voter contre ou pour
cet article?
Le Président (M. Houde): M. le député de
Mille-Îles et ensuite M. le député de Taillon.
M. Filion: II me pose une question. C'est rare que cela nous
arrive de recevoir des questions. Donnez-nous une chance.
Le Président (M. Houde): Allez-y, d'abord. Je vais vous
donner la parole et ensuite au député de Mille-Iles. Allez-y, M.
le député de Taillon. Allez-y.
M. Filion: On passe notre temps à poser des questions sans
réponse à l'Assemblée nationale,
Mme Blackburn: On a appris à ne pas répondre.
M. Filion: On ne peut pas, encore une fois, M. le ministre, en
faire un débat. Je vous l'ai dit: Le travail qu'on fait ici est
strictement non partisan. Ce n'est pas cela qui va changer quoi que ce soit
à l'avenir politique de qui que ce soit autour de la table ou même
de nos chefs réciproques, etc. On est vraiment ici pour voir à
l'application de la charte.
Je sais une chose - je devrais dire que je la sens et que je la devine -
c'est que le travail qui a été fait au ministère de la
Justice depuis trois ans est sûrement sérieux, beaucoup plus
sérieux que ne le laisse deviner votre désinvolture à
traiter du fond du problème ce soir, face à nos questions. Je
pense qu'on doit rendre justice, d'une façon ou d'une autre au travail
qui a été fait. Je suis convaincu que, quand les légistes
vous ont présenté le projet à un moment donné, au
printemps - parce que je pense que le projet a été
déposé en juin, sauf erreur - il y a un travail de
réflexion qui avait été fait. Je ne prétendrai pas
ce soir remplacer tous ces juristes et ces légistes. Au contraire je
voudrais juste qu'on rende un peu justice à leur travail. S'ils ont des
arguments, s'il y a une cohérence, nous sommes prêts à
l'entendre.
Est-ce que vous voulez voter contre, pour? Est-ce que je vais le
retirer? Je vais l'étudier. Ce n'est pas du tout, je pense, la
façon dont il faut traiter le sujet qui est devant nous ce soir. C'est
avec un peu plus de sérieux.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Mille-Iles, s'il vous plaît!
M. Bélisle: En parlant de sérieux, moi j'ai un
grave problème de conceptualisation. J'essaie de comprendre les cases
dans lesquelles vous fonctionnez mentalement. Quand j'écoute la
députée de Chicoutimi
mêler des betteraves avec des oignons et qu'elle parle de la Loi
sur les agents de voyages... Vous me corrigerez, madame, est-ce que c'est une
corporation professionnelle comme telle? Est-ce qu'il existe au Québec
une corporation professionnelle des agents de voyages?
Mme Blackburn: Ce sont des citoyens, monsieur.
M. Bélisle: D'accord. M. le Président, ce que je
comprends c'est ceci. Premièrement, il ne s'agit pas de corporations
professionnelles. Deuxièmement, quand on me parle d'un permis de boisson
et qu'on me cite une loi, qu'on me parle d'une nation de domicile... Je pense
que si vous êtes capable de nous sortir des cas, à part les trois
exceptions qui sont là, dans le domaine des corporations
professionnelles...
Une voix: ...
M. Bélisle: Laissez-moi terminer. Les deux cas que vous
nous avez sortis n'entrent pas du tout en ligne de compte avec l'article 44 qui
est là. Ce sont des permis d'exploitation. La distinction est
fondamentale et elle est tellement simple. C'est pour exploiter des commerces.
Exploiter un commerce c'est totalement différent que d'exercer une
profession. La preuve: les règles fiscales sont différentes, la
taxation est différente dans un commerce. Dans toutes les provinces au
Canada et spécialement au Québec, on traite les revenus, les
dépenses et on traite les gens qui sont professionnels de façon
différente de ceux qui obtiennent des permis. En plus, les corporations
professionnelles exigent des conditions beaucoup plus sérieuses que de
remplir un formulaire pour obtenir un permis pour l'exploitation d'un permis
d'alcool dans un restaurant sur la Grande-Allée. Je vois une distinction
entre les deux.
Mme la députée de Chicoutimi, si vous aviez
été ici au début de la commission, et si vous aviez lu
l'article 3 du projet de loi, vous comprendriez ce que le ministre de la
Justice vous a dit tantôt. C'est que c'est sûr qu'on ne peut pas
calculer le nombre de ceux qui étaient en contravention, qui seront
touchés ou qui seront éventuellement touchés, pas plus
qu'on peut calculer, en vertu de l'article 3, le nombre d'abeilles qui seraient
touchées en vertu de la Loi sur les abeilles.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Marx: J'ai essayé de les compter, mais il y en
quelques-unes qui m'ont échappé.
M. Bélisle: Moi, je n'ai pas été
capable.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais savoir si le
ministre de la Justice partage la conception des droits de la personne que
vient de nous exprimer le député de Mille-Îles. II dit: Ce
n'est pas la même chose si vous parlez de corporations et de
professionnels. Il y a des gens qui sont dans des situations, qui doivent avoir
des obligations qui ne sont pas les mêmes s'ils sont professionnels ou
s'ils sont en train d'administrer un commerce. Je reprends ses termes
textuellement: Ce n'est pas la même chose. Donc, ce qu'il est en train de
nous dire, c'est qu'il y aurait des droits qui seraient différents selon
que vous soyez membre d'une corporation professionnelle ou non. Je vais vous
dire que, corporation professionnelle dans le sens qu'on l'entend ici, au cas
où le député de Mille-Îles ne le saurait pas, cela
comprend aussi certains techniciens, même des acupuncteurs, un certain
nombre qui ne sont pas encore techniciens. Cela veut dire qu'il est en train de
nous dire qu'il y a des droits pour ces personnes-là qui ne seraient pas
les mêmes droits pour les personnes qui administrent un commerce, qui
sont libraires parce que ce ne sont pas des personnes égales comme les
autres. Vous avez au Québec des catégories de personnes et il
devrait y avoir des lois différentes.
Une voix: Oui.
Mme Blackburn: Tout le monde n'aurait pas les mêmes droits
au Québec. Je voudrais juste savoir du ministre de la Justice s'il
partage cette conception que tous les individus n'ont pas le même
droit?
M. Marx: Je ne suis pas dans la boîte des témoins
ici.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Marx: Je pense que cela peut être justifié dans
certains cas et pas justifié dans d'autres d'exiger la
citoyenneté canadienne. Qu'est-ce qu'on fait avec cet article 78?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Filion: Soit dit en passant...
M. Marx: Je ne vais pas passer ma vie sur l'article 78. Je pense
qu'une heure et demie c'est assez.
M. Filion: ...juste également en réponse.
M. Marx: Je trouve que la députée de Chicoutimi, le
député de Taillon ainsi que le député de
Mille-Îles, tout le monde a soulevé des points utiles, importants
et ainsi de suite. La question que je me pose est très simple. Je
regarde l'article 78. On est plus souple. Je ne dirais pas qu'on a
trouvé l'idéal, mais, comme vous l'avez dit, cela ne va pas
à l'encontre de la charte d'exiger la citoyenneté. Je pense qu'on
s'entend sur cela. Cela ne va peut-être pas directement à
l'encontre de la charte d'exiger un domicile et ainsi de suite. Mais c'est une
autre question. Je me dis: On est plus souple pour ces personnes qui sont non
canadiennes. Je dirais que c'est bon. Cela pourrait être utile pour un
certain nombre de personnes. Comme c'est devant nous aujourd'hui, je me dis que
ce serait une bonne idée d'adopter cet article. Si vous êtes
vraiment contre parce que vous pensez qu'il faut refaire et modifier tout
l'article que vous avez soulevé et faire un autre exercice, je vous dis
que mon ministère va faire l'exercice en ce qui concerne toute cette
question de citoyenneté. Mais on n'en est pas là en ce moment. On
est à l'article 78 où c'était écrit "et si elle est
domiciliée au Québec" et nous voulons rendre cela un peu plus
souple. Sur la question de citoyenneté, vous avez posé de bonnes
questions et je m'engage à ce que mon ministère fasse
l'étude de cette question. Est-ce que c'est vraiment nécessaire,
pour être agent de voyages, d'être citoyen canadien? C'est toute
cette question que j'ai déjà posée il y a quelques
années, mais j'avais d'autres priorités durant cette session et
donc nous ne nous sommes pas penchés sur cette question. On ne peut pas
se pencher sur toutes les questions durant la même session. Mais on va
faire cette étude et on va vous transmettre le fruit de nos
réflexions sur cette question. Mais la question est très
pertinente. Est-ce que c'est important? Comment dirais-je? Est-ce qu'il est de
l'intérêt de l'État d'exiger que quelqu'un qui veut
être agent de voyages soit citoyen canadien? On peut se poser cette
question. C'est une bonne question. Pourquoi empêcher quelqu'un...
Le Président (M. Houde): La parole est au
député de Taillon.
M. Filion: Puisque le ministre nous annonce qu'il va poursuivre
un peu plus loin ses recherches là-dessus, je voudrais juste lui
signaler que te critère de la citoyenneté est important mais,
quant à moi, accessoire. C'est plutôt la question du domicile qui
est importante. Puisque vous déclenchez un processus de
réflexion, j'apprécierais beaucoup qu'il puisse porter sur les
arguments que je vous ai exposés tantôt. Le député
de Mille-Îles nous disait tantôt un tas de choses extraordinaires
selon lesquelles il y a une différence entre des gens qui gagnent leur
vie à l'intérieur de corporations professionnelles et ceux qui
gagnent leur vie en détenant un permis d'alcool ou en administrant une
agence de voyages. Ce sont quelques exemples qu'on a sortis et on pourrait en
sortir d'autres. Quant à moi, je pense qu'il est important de
considérer que les gens qui veulent travailler au Québec veulent
y gagner leur vie et qu'il n'y a pas de meilleure façon que d'autres
pour gagner sa vie. Il y a d'abord l'exploitation de son talent, de ses
compétences et de son énergie et de son temps.
Deuxièmement, c'est vrai qu'on ne peut pas compter le nombre d'abeilles
au Québec, M. le député de Mille-Îles, mais on peut
facilement nous dire combien il y a d'apiculteurs, par exemple, quand on
présente un projet de loi.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Mille-Îles.
Mme Blackburn; Juste une petite question pour le ministre.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Mille-Îles a demandé la parole. Allez-y.
Mme Blackburn: Excusez-moi.
M. Bélisle: Non, je vais la laisser conclure. Je pense
qu'on en a assez parlé.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Bélisle: Peut-être juste le commentaire suivant.
Il me semble qu'il y a une différence essentielle à faire. Je
pense que personne n'est contre cela et que toute province, tout État
qui se respecte a des mesures qui sont dites cachées et
déguisées de protectionnisme économique. Il ne faut pas
avoir peur des mots, parce que c'est le cas quand on essaie de régir des
octrois de licences ou de permis dans des commerces. Je suppose que la
députée de Chicoutimi n'aimerait pas voir au Lac-Saint-Jean ou
à Chicoutimi quelqu'un de New York qui viendrait s'installer par
l'entremise d'une agence de voyages et qui n'aurait pas son domicile au
Québec. Je pense que les gens du Lac-Saint-Jean ou de Chicoutimi
seraient drôlement contre l'installation, en vertu de la Loi sur les
agents de voyages, de quelqu'un de New York au Lac-Saint-Jean. Je comprends
très bien la distinction que le législateur et les gouvernements
précédents, autant du Parti québécois que des
autres, ont voulu mettre dans des lois, qui ne sont pas sur des corporations
professionnelles, dans le but de protéger les gens d'ici pour qu'ils
fassent eux-mêmes les "jobs" dans ces domaines. Moi, je suis pour cela.
J'appelle cela de l'affirmation nationale.
Le Président (M. Houde): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je dirais au député de
Mille-Îles qu'on n'a pas tout à fait la même
définition de l'affirmation nationale. Cela irait un peu plus loin dans
mon cas.
M. Marx: Est-ce que le chef de l'Opposition écoute ce
discours?
M. Bélisle: II est branché.
Mme Blackburn: Et il le partage, M. le ministre. Je voudrais dire
au ministre qu'il me semble qu'en apportant cette modification à
l'article 44 du Code des professions on ouvre une porte - je ne sais pas si on
en est vraiment conscient -particulièrement aux avocats qui se cherchent
des causes. En invoquant une disposition discriminatoire lorsqu'on demande que
le domicile soit au Québec, on peut comme cela, se retrouver avec des
causes pour différentes raisons au Québec.
Je me dis qu'on est en train, pour des raisons qui ne me paraissent pas
très claires quant à leur utilité, d'ouvrir une porte
importante. Comme on le sait, il y a plusieurs autres lois qui indiquent qu'il
y a un domicile; donc, il y a une espèce de discrimination positive,
pour utiliser un terme que je ne trouve pas très élégant
mais qui dit bien ce qu'on veut dire, par rapport aux résidents du
Québec. On en fait une condition.
Du moment où on est en train d'introduire cela, sans en
connaître vraiment la nécessité, le nombre de personnes
touchées, l'utilité...
M. Marx: Mais vous n'avez pas expliqué à qui cela
pourrait nuire. La question, c'est cela.
Mme Blackburn: Le ministre n'a pas non plus dit qui cela pourrait
aider, ni combien de personnes.
M. Marx: M. Saint-Pierre, qui est résident...
Mme Blackburn: Quand le député de Mille-Îles
dit que je n'aimerais pas beaucoup voir quelqu'un tenir un bar ou un commerce
au Saguenay-Lac-Saint-Jean, je ne vois pas non plus pourquoi ce serait plus
agréable si c'est un architecte. Je trouve qu'il fait une distinction,
par rapport aux droits des personnes, sur laquelle je ne voudrais pas le
suivre.
M. Marx: M. le Président, nous allons reprendre le
débat à dix heures, demain matin. Je veux savoir à qui
cela pourrait nuire. En acceptant cette modification, est- ce que cela va nuire
à qui que ce soit? Je pense que nous donnons plus de liberté
à un certain nombre de personnes. S'il y a des corrections à
apporter dans d'autres lois, c'est une autre question. Mais, dans la loi
actuelle, on ne nuit pas aux droits de la personne, on les élargit.
Mme Blackburn: M. le Président, un message qu'on m'envoie
- vous me le permettrez...
Le Président (M. Houde): Oui, en terminant, parce qu'il
est 22 heures.
Mme Blackburn: ...je m'excuse mais, malheureusement, je ne
pourrai pas être des vôtres demain. Je regrette infiniment qu'on
n'ait pas pu terminer...
Le Président (M. Houde): Vous voulez la réponse
immédiatement?
Mme Blackburn: ...l'examen de cet article.
M. Marx: Si on peut continuer jusqu'à minuit ce serait
possible, bien sûr, de terminer.
Mme Blackburn: Oui? Vous seriez prêt à demeurer
jusqu'à minuit?
M. Marx: Ah, oui!
Mme Blackburn: Pour terminer cet article.
M. Marx: Si cela fait votre affaire, oui.
Mme Blackburn: C'est un galant homme.
Le Président (M. Houde): Acceptez-vous l'amendement?
Mme Blackburn: Cela ne me dérange pas de rester. Je ne
savais pas si je devais le prendre au sérieux, je n'ai vraiment
pas...
M. Marx: Si cela ne prenait que deux heures de plus, ce n'est pas
beaucoup.
M. Filion: Je regrette, mais...
Le Président (M. Houde): Vous n'êtes pas d'accord?
Est-ce que vous acceptez l'article 78?
M. Filion: D'abord, M. le Président, je pense qu'on a
dépassé 22 heures.
Le Président (M. Houde): C'est pour cela que je pose la
question, dites-moi oui ou non; sinon, on ajourne.
M. Filion: Le ministre vient de nous dire qu'il va
réfléchir et, en même temps» il nous dit qu'il est
prêt à continuer. S'il a des arguments...
Le Président (M. Houde): On va terminer. Je pense que vous
n'êtes pas d'accord pour continuer.
M. Marx: J'ai d'excellents arguments: cela ne nuit à
personne; cela pourrait aider et cela ne nuit pas. C'est un bon argument.
Le Président (M. Houde): Si vous me le permettez, la
commission ajourne ses travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 4)