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(Dix-huit heures douze minutes)
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): À
l'ordre! La commission élue permanente de la fonction publique se
réunit pour étudier, article par article, le projet de loi 51,
Loi sur la fonction publique.
Les membres de la commission sont: M. Assad (Papineau), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. Charbonneau (Verchères), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), Mme LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), M. LeMay
(Gaspé), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Martel
(Richelieu), M. Rivest (Jean-Talon), M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Blais (Terrebonne), M.
Caron (Verdun), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), M. Hains
(Sainte-Marie), M. Lachance (Bellechasse), Mme Lachapelle (Dorion).
Nous étions rendus à l'article 98. Est-ce que vous avez
des...
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Avant d'entreprendre l'étude de l'article
98, est-ce que je pourrais souligner que c'est une soirée
spéciale? Le mandat de la commission est de siéger de 18 heures
à 20 heures. Alors, on va s'engager à terminer ce qu'on pourra
faire d'ici à 20 heures, mais je voudrais profiter de l'occasion pour
souligner que c'est un événement important aujourd'hui, c'est le
28e anniversaire de naissance de la ministre de la Fonction publique.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Ah! regarde
donc celai
M. Bisaillon: Si on était au conseil des ministres, on lui
chanterait une chanson. On va se contenter de souligner cet
événement, en espérant que nos travaux seront un cadeau
pour la ministre.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
la motion est adoptée?
Mme LeBlanc-Bantey: Avant qu'elle soit adoptée, je
voudrais apporter une précision qui me paraît importante...
M. Bisaillon: Ce n'était pas le 28e.
Mme LeBlanc-Bantey: ...et dire que je suis très heureuse
d'avoir 34 ans. Comme je le disais à tout le monde, j'ai l'impression
d'avoir dépassé mon âge du Christ. 34 ans, dans ce
sens-là, est un cap psychologique que je suis très heureuse de
franchir.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Alors, un mot pour me joindre aux bons voeux du
député de Sainte-Marie. C'est un grand jour, en effet. On verra
si les réalisations seront à la hauteur des espoirs qu'on met
dans ce début de soirée.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles); Oui,
d'accord. M. le député de Gaspé.
M. LeMay: En tant que rapporteur, est-ce que je devrai rapporter
cette nouvelle à l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Libre
à vous!
Mme LeBlanc-Bantey: Alors, puis-je remercier mes collègues
pour leurs bons voeux?
Fonctions et pouvoirs de l'Office des ressources
humaines
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui. Je
vous rappelle que nous avons plusieurs articles en suspens et que nous sommes
rendus à l'article 98 sur une possibilité de 160 articles. Alors,
au travail, et j'appelle l'article 98. (18 h 15)
Mme LeBlanc-Bantey: Cet article vise simplement à
permettre au nouvel office de procéder au recyclage des fonctionnaires
en disponibilité. Cette responsabilité était, en vertu de
la loi 50, assumée par l'Office du recrutement et de la sélection
du personnel.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce
qu'il y a des commentaires?
M. Doyon: Oui, je vais profiter de l'occasion pour m'informer,
auprès de la ministre, à savoir si cet article va permettre la
continuation de ce qui est connu comme
le programme de renouvellement de carrière. Est-ce que cela
s'inscrit dans le cadre de cet article?
Mme LeBlanc-Bantey: Cela ne s'inscrit pas dans le cadre de cet
article. Par ailleurs, actuellement, la continuation du programme est
prévue, mais ce n'est pas en vertu de la loi.
M. Doyon: Ce programme qui se continue et qui s'appelle le
programme de renouvellement de carrière, d'après ce que je
comprends - c'est simplement pour savoir un peu à quoi s'en tenir, parce
qu'on n'a pas eu l'occasion de discuter de ces choses, qui sont importantes
pour les gens qui sont touchés, pour tout le monde, finalement - a
été mis en place il y a environ deux ans. Est-ce que c'est le
cas?
Mme LeBlanc-Bantey: Au moins quatre ans. Quand je suis
arrivée au ministère, il y a deux ans et demi, le programme
existait déjà. Cela fait quatre ou cinq ans. Disons qu'il a pris
beaucoup plus d'ampleur dans les dernières années, compte tenu de
la nécessité d'utiliser au maximum nos ressources, mais il
existait avant.
M. Doyon: Ce programme a été établi par le
Conseil du trésor, ou comment? Est-ce que le Conseil du trésor
est intervenu au moyen d'un CT ou par un arrêté en conseil?
Mme LeBlanc-Bantey: Cela a été établi par le
ministère de la Fonction publique avec, bien sûr, comme pour tout
développement dans les ministères, l'autorisation du Conseil du
trésor.
M. Doyon: Quels sont les objectifs au niveau du personnel
touché par ce plan?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est pour des personnes qu'on appellerait en
difficulté, qui à un moment de leur carrière ne se sentent
plus à l'aise dans le travail qu'elles font pour de multiples raisons,
que ce soit des raisons de compétence ou des raisons strictement
d'adaptation à leur milieu de travail, afin de leur permettre ce que
j'appellerais un second souffle. À la suite des moyens mis à leur
disposition dans ce programme, cela leur permettra en même temps de se
donner un nouveau défi dans le même ministère ou
ailleurs.
M. Doyon: Pourquoi, par cet article, cette responsabilité
ne pourrait-elle pas être qualifiée de - cela me semble
s'apparenter -recyclage pour être confiée à l'office?
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement, c'est confié à
l'office. L'office demeure responsable du programme de renouvellement de
carrière et de toutes les mesures qu'il y avait au ministère de
la Fonction publique en termes d'amélioration des ressources
humaines.
M. Doyon: Est-ce qu'il y avait un plafond de fixé
concernant le nombre de fonctionnaires?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est 50 par année.
M. Doyon: Combien de... oui...
Mme LeBlanc-Bantey: À tout moment dans le programme.
M. Doyon: Oui, d'accord, un plafond de 50 n'importe quand. Si je
comprends bien le...
Mme LeBlanc-Bantey: II en sort et il en entre
régulièrement. D'ailleurs, je le vois, compte tenu des signatures
que j'ai à faire.
M. Doyon: Si je comprends bien le fonctionnement du programme,
les gens qui entraient dans ce plan de renouvellement de carrière ont
eux-mêmes la responsabilité de tenter de se recycler, de faire
leur réinsertion dans un nouveau milieu de travail, etc. Ils ont un
certain nombre d'années pour réaliser cela. Est-ce exact?
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement.
M. Doyon: J'ai eu beaucoup de plaintes à ce sujet. C'est
très nébuleux. Dans ma perception, c'est nébuleux. Quand
il s'agit de classifier ces gens, de les noter, sur quoi se base-t-on? Est-ce
que la ministre pourrait me dire, premièrement, sur quoi on se base pour
noter les gens qui sont en voie de renouvellement de carrière, donc
possiblement en dehors du gouvernement ou chez des employeurs du secteur
parapublic? Sur quoi se base-t-on pour les noter?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est très important de le
spécifier, c'est un programme volontaire.
M. Doyon: Oui, je comprends cela.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce sont des gens qui eux-mêmes,
à un moment de leur carrière, admettent qu'ils ne fonctionnent
plus, selon leur propre perception et de temps à autre aussi, selon la
perception de leur environnement, et qui demandent d'être couverts par ce
programme pour se donner une possibilité d'aller faire carrière
dans le privé ou dans le public. Il y a beaucoup de ces personnes qui
vont être tout simplement transférées dans d'autres
ministères à d'autres responsabilités que celles
qu'elles
avaient. C'est sur une base volontaire.
M. Doyon: Oui. Si je comprends bien l'explication qu'on m'en a
donnée, une fois que quelqu'un a été accepté dans
le plan de renouvellement de carrière, il ne lui appartient pas de s'en
retirer lui-même. Il y a une espèce d'obligation de continuer dans
ce plan. Est-ce exact?
Mme LeBlanc-Bantey: II est toujours libre de continuer ou non
dans le programme, sauf qu'il faut, évidemment, que le ministère
lui trouve un poste ailleurs avant de le retirer lui-même. Si la personne
n'est pas satisfaite et qu'elle désire retourner ailleurs ou faire un
autre choix, elle peut le faire et, bien sûr, le ministère a la
responsabilité de trouver un poste à cette personne. Je comprends
que cela peut créer des attentes plus longues que nécessaire,
mais...
M. Doyon: Au niveau des augmentations de salaire de ces gens qui
sont des cadres, y a-t-il un barème de fixé? Ce qu'on m'a dit
-vous me direz si c'est exact - c'est que les gens qui étaient dans le
plan de renouvellement de carrière étaient
pénalisés - ils se plaignaient de cela, en tout cas -parce que,
en plus d'avoir à faire l'effort de se trouver un emploi convenant
à leurs capacités et à leurs goûts - ce qui n'est
pas toujours facile pour eux parce que, comme vous l'avez dit, très
souvent, ils sont déjà en difficulté - les augmentations
salariales qui leur sont accordées sont minimales. Est-ce vrai que, dans
le cas des gens qui sont dans le plan de renouvellement de carrière, la
règle ou la pratique courante est qu'ils obtiennent
systématiquement, quel que soit leur travail, le minimum d'augmentation
salariale? Par exemple, un administrateur, classe V, resterait au plancher
d'administrateur, classe V; un administrateur IV resterait au plancher
d'administrateur IV. L'augmentation qu'on lui accorde est minimale.
M. Sarault (Pierre): Non. Ils ne suivent pas les critères
de l'ensemble des cadres. Des critères particuliers peuvent leur
être appliqués et, effectivement, leur sont appliqués dans
le sens que même si quelqu'un reste longtemps dans le programme de
renouvellement de carrière son utilité pour l'État n'est
pas nécessairement si forte que cela. Pour inciter les cadres à
se chercher eux-mêmes quelque chose, à se trouver un emploi,
à accepter quelque chose qui est peut-être moins à leur
goût, mais qui serait plus utile pour l'État, on réduit
habituellement l'augmentation de 0,5% après la première
année dans le programme et de 1,1% après la deuxième
année du programme.
M. Doyon: Vous voulez dire que vous réduisez
l'augmentation moyenne.
M. Sarault: C'est cela, l'augmentation en fonction de son
rendement. Au lieu de lui donner 5%, on lui donnerait 4,5% ou 4%; au lieu de
lui donner 7%, on lui donnerait 6,5%. Il est évident que les cas de
rendement au-delà des attentes sont rares dans ce genre de programme,
mais ce n'est pas exclu.
M. Doyon: On m'a informé, Mme la ministre, qu'une
règle - on ne m'a pas dit que c'était une règle
écrite - était appliquée. En tout cas, on avait
informé les gens qui étaient dans ce programme qu'en aucun cas,
en ce qui concerne la notation, ils pouvaient espérer avoir mieux qu'un
"C" ou un "D" au point de vue du rendement. Est-ce exact?
M. Sarault: Mieux qu'un "C", en effet, ce serait assez
exceptionnel.
M. Doyon: Et pour faire pendant à cela, vous disiez que
pour encourager les gens à sortir du système où ils ne
sont pas le plus utiles à l'Etat, il y a une espèce de programme
de résorption de cadres qui, j'imagine, s'arrime à cela d'une
quelconque façon. Est-ce que cela se complète, l'un et l'autre?
C'est quoi, le lien entre les deux?
M. Sarault: Jusqu'à maintenant, le programme était
là... Dans le fond, le seul outil du programme, à part les
efforts du cadre, était deux ou trois personnes, en fait, deux cadres et
un professionnel, qui appuyaient ces gens-là et leur trouvaient des
choses, dans la mesure du possible, plus intéressantes et plus
susceptibles de leur donner une chance de rentrer dans la machine; mais cela se
limitait pratiquement à cela. Il y a une nouvelle approche
d'établie qui va s'effectuer dans la mesure, évidemment, des
postes disponibles. Les cadres qui sont excédentaires - donc,
évidemment, les gens dans le renouvellement de carrière - seront
présentés en priorité à des postes vacants dans les
ministères, pas nécessairement pris automatiquement, mais
présentés en priorité. Il y aura un effort particulier de
l'office pour placer ces gens ou pour les soumettre, comme tous les cadres
excédentaires des divers ministères, comme candidats à des
postes vacants.
M. Doyon: Ce à quoi veut faire allusion plus
spécifiquement Mme la ministre... Cela paraît probablement en
dehors du sujet, mais il faudrait y revenir plus tard, quand on aura
réglé cela. De toute façon, n'existe-t-il pas un
comité de résorption des cadres? À la suite de
l'évaluation du ministère à savoir qu'il y avait un
surplus ou un excédent de cadres de l'ordre de 12%, on aurait mis en
place un comité de résorption dont le
mandat est de résorber justement ces 12% excédentaires. On
aurait mis ce qu'on appelle en anglais des "incentives" ou des motivations pour
faciliter leur sortie et les encourager à quitter la fonction publique.
Ce comité, est-ce qu'il fonctionne maintenant? Deuxièmement,
combien de personnes ont profité de ces mesures visant à
encourager la résorption des cadres, parce qu'il était question
là-dedans de "prime de séparation" pouvant aller jusqu'à
18 mois de salaire, si mes renseignements sont exacts. Est-ce qu'il y a des
gens qui ont profité de cela? Et est-ce qu'il y a un effort qui est fait
ou si le comité est, à toutes fins utiles, inopérant?
Mme LeBlanc-Bantey: Non, effectivement il existe un tel
comité - cela ne fait pas très longtemps, d'ailleurs, qu'il a
été mis sur pied, cela fait quelques mois -qui doit voir non
seulement au reclassement de certains cadres, c'est-à-dire au
replacement ailleurs, mais aussi peut-être à en sortir
quelques-uns du système, pourvu qu'ils le veuillent. Et il n'y a pas
beaucoup de cadres qui ont, actuellement, bénéficié de
cela parce que c'est très récent comme système. Par
ailleurs, on espère que dans les prochains mois, cela va
s'accentuer.
M. Doyon: Est-ce que vous avez des demandes, actuellement, de
gens qui voudraient profiter de cela?
Mme LeBlanc-Bantey: De sortir du système, vous voulez
dire?
M. Doyon: Oui.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce qu'il y a des demandes
précises, M. Sarault?
M. Sarault: Oui, il y a une vingtaine de cas qui ont
été soumis au comité. Le comité ne décide
rien, il autorise un ministère à passer une entente. Donc, il y
a, actuellement, je pense neuf ou dix cas sur lesquels le comité a
déjà donné son autorisation. Maintenant, il n'est pas
possible, à ce moment-ci, de vous donner le nombre de cas qui se
seraient rendus jusqu'au terme d'une entente.
Mme LeBlanc-Bantey: On doit dire que tous les cas ne vont pas
nécessairement au comité non plus, parce qu'il y a des
ministères qui vont régler, si vous voulez...
M. Doyon: Directement.
Mme LeBlanc-Bantey: ...directement ce genre de
problèmes.
M. Doyon: Et, finalement, je termine là-dessus, est-ce
qu'il y a des barèmes qui ont été établis
concernant ce que j'appellerais des encouragements financiers pour inciter
certains cadres à quitter la fonction publique? Est-ce qu'on dit, par
exemple, quelqu'un, qui est âgé de tant et qui a quinze ans de
service dans la fonction publique, aurait droit à huit mois, à
dix mois; rendu à vingt ans, c'est quinze mois? Est-ce qu'il y a un
barème pour que les gens sachent à quoi s'en tenir? Parce que les
critiques qu'on m'en a faites, tout le monde pense - moi le premier - qu'on
devrait mettre sur pied un système qui encourage les gens qui,
finalement, ne donnent pas toute la productivité qu'ils devraient
à l'État, à sortir plutôt que de les garder
jusqu'à leur pension, à plein salaire, et ainsi de suite. Mais
que les gens sachent à quoi s'en tenir parce que, dans le moment, cela
semble faire défaut.
Mme LeBlanc-Bantey: II y a un certain nombre de barèmes,
bien sûr, qui ont été établis en fonction du nombre
d'années de contribution dans la fonction publique, et ainsi de suite.
Et, par ailleurs, on doit admettre que ce n'est pas toujours arbitraire et que
cela se règle, bien sûr, cas par cas, en fonction d'un certain
nombre de facteurs. Par ailleurs, on doit vous dire que tel que M.
Lévesque l'avait annoncé, à la suite du conseil des
ministres de Compton, on va arriver bientôt avec aussi des mesures de
préretraite progressive qu'on appelle, qui, en temps et lieu, seront
précisées et qui pourront certainement servir à
régler un certain nombre de ces cas.
M. Doyon: D'accord. Alors simplement -on prendra une autre
occasion pour aller plus au fond de ces choses-là mais j'informe
dès maintenant la ministre que si jamais on se retrouve en commission
parlementaire, je reviendrai là-dessus parce que je voudrais voir
où on en est là-dedans. Parce qu'il semble y avoir un certain
piétinement d'après les renseignements qui me sont fournis.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, je pense que non. Je pense qu'il y a eu
énormément d'efforts faits dans ce sens-là depuis quelques
années; les efforts se continuent et s'accentuent. Non, je refuserais de
dire et d'admettre qu'il y a un piétinement.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
98 est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. L'article 98 est adopté. J'appelle l'article 99 et
vous avez sur la table un amendement qui se lit comme suit: L'article 99 est
modifié par l'addition, dans la quatrième ligne du premier
alinéa, après les mots "conformément aux" par les mots
"condition et".
Mme LeBlanc-Bantey: II s'agit d'un amendement de concordance avec
l'article 76. C'est bien cela? C'est cela.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Ah oui. On avait ajouté... Le
Président (M. Champagne, Mille-Îles): Je parle bien de
l'amendement.
M. Doyon: Oui, l'amendement est adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
L'amendement est adopté. Nous revenons à l'article.
Mme LeBlanc-Bantey: L'article, le seul commentaire que je ferai,
c'est que le nouvel office exercera dans ce sens-là exactement les
mêmes responsabilités que la loi 50 confiait à l'Office du
recrutement et de la sélection du personnel.
M. Doyon: Simplement une question là-dessus, Mme la
ministre. Quand on parle de nouveau classement, est-ce qu'on ne peut pas se
poser la question si cela ne pourrait pas être, dans les faits, une
façon de donner une promotion sans concours? On parle lorsque l'office
est dans l'impossibilité... (18 h 30)
Mme LeBlanc-Bantey: II y a des normes très strictes dans
les conventions collectives à cet effet qui prévoient
jusqu'où on peut aller sans que cela soit effectivement une
promotion.
M. Doyon: Cet article s'applique aussi aux cadres.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, effectivement. Non, cela ne s'applique
pas aux cadres.
M. Doyon: Cela ne s'applique pas aux cadres. Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
99 est adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 100. Nous avons
un amendement sur la table: ajouter "41", dans le deuxième paragraphe,
après "28". Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. Nous revenons maintenant à l'article. Est-ce qu'il y
a des questions sur l'article 100?
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas de commentaires.
M. Bisaillon: Cela va, adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
100 est adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 101.
Mme LeBlanc-Bantey: II y a un problème, on s'excuse. Cela
va un peu trop vite.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Je m'excuse
de toute façon. Est-ce que cela va?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est un amendement du député
de Sainte-Marie.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Un
instant.
Mme LeBlanc-Bantey: Avec lequel nous ne sommes pas d'accord.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Excusez,
nous revenons. Peut-être qu'on allait un petit peu vite.
Mme LeBlanc-Bantey: Une si grande osmose de temps à autre
qu'à un moment donné...
M. Bisaillon: M. le Président, est-ce que vous pourriez
simplement, comme question de directive...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): On revient
à l'article 100.
M. Bisaillon: Non, M. le Président, avant de refaire
l'article 100 je voudrais que vous m'indiquiez comment, techniquement, alors
que vous avez lu un amendement, que vous l'avez déclaré
adopté, que vous êtes revenu à l'article et que vous l'avez
déclaré adopté, vous pouvez, techniquement, revenir sur
cette question?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Techniquement, s'il y a consentement unanime autour de cette table pour
revenir sur l'article comme on l'a fait pour d'autres articles on peut le
faire. Il s'agirait d'avoir de la bonne volonté et on peut y revenir. On
revient souvent sur des articles antérieurs et on s'organise pour faire
une correction.
M. Bisaillon: Dans les circonstances, M. le Président,
vous admettrez que ce n'est pas de mon côté que cela va venir
étant donné que je suis d'accord avec votre position, je suis
d'accord avec le fait que l'amendement soit retenu et que l'article soit
adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Enfin, de
toute façon...
M. Bisaillon: Sauf que je me demande comment vous pouvez, une
fois que cela a été fait de cette façon, revenir sur le
sujet?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Avec votre
bonne volonté.
Mme LeBlanc-Bantey: Voilà.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, les députés
ici n'en ont pas aussi long de fait que le vétéran de
Sainte-Marie. J'en ai autant que lui et je sais très bien que c'est
arrivé plus d'une fois qu'en commission parlementaire... La
réalité de l'adoption c'est quand vraiment... Même si
à un moment donné le président a déclaré un
article adopté, si, du côté ministériel ou de
l'Opposition, on se rend compte qu'on est allé trop vite, la
véritable adoption c'est quand le consensus est ferme et que personne ne
consent à y revenir. Je pense que ce n'est pas le cas ici. Dans ce
sens-là, je crois qu'on ne peut pas conclure que l'article a
été adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: Je dois vous dire qu'il y a eu une confusion.
Je cherchais l'amendement que je ne trouvais pas pour la simple et bonne raison
qu'il venait du député de Sainte-Marie. Je ne l'avais pas parmi
les amendements que j'ai ici.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
vous aviez cette copie de l'amendement de l'article 100? Vous ne l'aviez
pas?
Mme LeBlanc-Bantey: Non, je ne l'avais pas.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie pourriez-vous donner une copie de votre
amendement?
M. Bisaillon: II est là, M. le Président, je l'ai
déposé au secrétariat des commissions.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Je l'avais
ici mais Mme la ministre ne l'avait pas.
M. Bisaillon: Ce n'est pas à moi à faire la
distribution, j'espère bien.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Enfin, vous
l'avez distribué aux autres de toute façon.
Mme LeBlanc-Bantey: En attendant l'amendement, M. le
Président, je...
M. Bisaillon: M. le Président, convenons donc que
peut-être on a procédé rapidement.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
D'accord.
M. Bisaillon: Convenons aussi que pour les fins du bon
fonctionnement, j'avais donné les amendements que je voulais faire non
seulement à l'article 100 mais aux autres articles qui viennent au
secrétariat des commissions qui a jugé utile de vous en remettre
des copies. Tenez pour acquis qu'à l'avenir, lorsque je déposerai
un amendement j'aimerais l'expliquer moi-même avant que vous l'appeliez.
Cela nous éviterait de se retrouver dans la situation qu'on vient de
connaître.
M. Doyon: Là-dessus, M. le Président, j'allais
prononcer les mêmes propos que le député de Sainte-Marie.
Il appartient normalement à la personne... Je comprends que vous voulez
aller vite et qu'on fasse les choses dans l'ordre et que surtout les gens du
secrétariat ne soient pas embarrassés. Je pense que notre
première préoccupation est de procéder dans l'ordre.
À ce moment-là, les membres de la commission de qui
émanent un amendement devraient le proposer, le défendre et
l'expliquer. Autrement on va encore se retrouver dans des situations semblables
à celle-ci. Sans vouloir vous donner d'ordre, bien sûr, je pense
que pour qu'on puisse savoir sur quel pied danser et que nous ayons une
façon régulière de fonctionner, il appartiendrait aux
membres de la commission de proposer leurs propres amendements, de les
défendre et de les expliquer.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie à vous d'expliquer votre
amendement.
M. Bisaillon: Je vais expliquer le sens de l'amendement que j'ai
déposé, M. le Président. L'article 100 stipule que
l'office peut, dans la mesure où il l'indique, déléguer
à un sous-ministre ou à un dirigeant d'organisme l'exercice des
fonctions qui lui sont attribuées par la présente loi à
l'exception d'un certain nombre d'articles que l'on énumère. Mon
amendement vise à ajouter à l'article 41 sur lequel on ne peut
pas déléguer certaines fonctions à un sous-ministre ou
à un dirigeant d'organisme. Pourquoi? L'article 41 couvre les conditions
d'admission à un concours. C'est l'objet de l'article 41. On dit:
"L'Office des ressources humaines établit les conditions d'admission
à un concours pour combler un emploi ou plusieurs emplois." Or, on se
souviendra que, dans l'avant-projet de loi, il était inscrit
dans les responsabilités des sous-ministres que ceux-ci devaient
procéder à la détermination des conditions d'admission.
Cela avait été l'objet de commentaires négatifs, il faut
bien le dire, chez l'ensemble des groupes qui se sont présentés
devant la commission au moment de l'avant-projet, car on craignait que, par le
biais de la détermination des conditions d'admission, on ouvre la porte
à toute une série d'inconvénients.
Au moment où on a procédé à l'adoption de
l'article 41, cela a été aussi souligné par le
député de Jean-Talon, il me semble; il disait que c'était
un moyen détourné de refaire ce qui apparaissait dans
l'avant-projet de loi alors qu'on avait eu l'impression, dans une
première lecture du projet de loi 50, que c'était
véritablement à l'office qu'on retournait cela.
Si, pour éviter la critique que l'avant-projet nous avait
amenée, on rend l'office responsable de cela, il me semble que, dans un
deuxième temps, on ne devrait pas lui permettre de
déléguer cet élément, étant donné que
c'est un élément critique ou qui avait été l'objet
d'un certain nombre de critiques.
Le seul objectif de mon amendement, c'est d'empêcher que l'office
délègue la détermination des critères d'admission,
des conditions d'admission à un concours, pour ne pas faire
indirectement ce que rejetaient les gens qui sont venus témoigner devant
la commission et les parlementaires. Ce semblait bien être le cas aussi,
dans un premier temps, pour le gouvernement aussi, puisqu'on retournait cela
à l'office de façon formelle, alors que, dans l'avant-projet,
c'étaient les sous-ministres, directement, qui en étaient
responsables. Pour éviter de donner l'occasion de faire indirectement ce
que l'on semblait ne pas vouloir faire directement, j'ai proposé qu'on
soustraie l'article 41 à la possibilité de
délégation par l'office.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Mme la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne suis pas d'accord, M. le
Président, avec l'amendement suggéré par le
député de Sainte-Marie. C'est vrai que nous avons fait un
amendement majeur par rapport à l'avant-projet et nous retournons
à l'office la responsabilité d'établir les conditions
d'admission. Par ailleurs, nous pensons qu'il est très sain que l'office
puisse aussi déléguer ses responsabilités. Nous avons
retourné cette responsabilité à l'office pour
prévoir les cas finalement, c'étaient les craintes qui avaient
été exprimées - où il pourrait y avoir des abus.
Par ailleurs, toute la loi est basée finalement sur
l'imputabilité et la responsabilisation des gestionnaires, en
commençant par les sous-ministres.
On s'est dit, depuis le début de la réflexion sur cette
loi, qu'il fallait éviter de planifier et de faire une loi qui porte
finalement sur des abus pour nous obliger à réglementer et
à prévoir tous les cas où des gestionnaires ou des
fonctionnaires pourraient commettre certains abus, que ce soit dans un sens ou
dans un autre. Il m'apparaît très sain que l'office puisse, dans
l'ensemble des cas, éventuellement, déléguer cette
responsabilité, quitte à reprendre cette délégation
si, effectivement, un sous-ministre devait en abuser. C'est dans cette
perspective qui, à mon avis, respecte l'esprit même de la loi, que
je voterai contre l'amendement du député de Sainte-Marie.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Louis-Hébert, sur l'amendement.
M. Doyon: Sur le même article, je voudrais tout d'abord
savoir de la ministre quelles sont les raisons qui l'avaient motivée
à rédiger et à faire adopter dans sa loi l'article 41 tel
qu'il est là? On confie une responsabilité centrale à
l'Office des resssources humaines en tout ce qui concerne les conditions
d'admission à des concours, etc. Je voudrais savoir pourquoi elle a
proposé cette façon de faire.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas très bien compris votre
question.
M. Doyon: Ce que je veux savoir, c'est le pourquoi de l'article
41, où on retrouve entre les mains de l'Office des ressources humaines
tout ce qui concerne les conditions d'admission à un concours pour
combler un emploi ou plusieurs emplois.
Mme LeBlanc-Bantey: Parce qu'il nous apparaissait
nécessaire, suite à de nombreuses consultations que nous avons
eues, qu'il y ait un organisme central, soit le nouvel office, qui ait la
responsabilité d'établir le cadre général en ce qui
a trait au recrutement et à la promotion parce que cela reste toujours
des notions extrêmement délicates, et qu'il fallait
éviter... Bon, il se développe des habitudes qui iraient à
l'encontre des objectifs d'impartialité, d'équité et de
transparence du processus du recrutement et de la sélection. Et, dans ce
sens-là, il nous apparaissait nécessaire qu'il y ait un organisme
central qui ait la responsabilité de contrôler cela.
Par ailleurs, cela nous apparaît tout aussi fondamental, pour
l'esprit même de la loi, que l'office ou cet organisme puisse
déléguer dans les ministères un certain nombre de
responsabilités qui peuvent être déléguées et
qui, de toute façon, vont finalement être assumées
correctement dans
l'ensemble des ministères. Mais il fallait en même temps
prévoir - parce que beaucoup de groupes nous avaient souligné un
certain nombre de dangers - que, s'il y avait un endroit ou l'autre où
les choses ne se passaient pas dans l'esprit de la loi, l'office puisse
reprendre cette délégation et finalement faire le travail
lui-même.
M. Doyon: J'ai une remarque particulière là-dessus,
en tout cas. Deux remarques, devrais-je dire, en ce sens que ce besoin de
centraliser le contrôle en ce qui concerne les concours, tel que c'est
indiqué à l'article 41, l'article 100 permet de contourner cette
nécessité que la ministre nous fait valoir pour justifier
l'article 41. Je comprends que l'office pourra toujours reprendre, selon
l'utilisation qui en est faite, les pouvoirs qu'il aura
délégués. La première remarque que j'ai
là-dessus, c'est que j'attire l'attention de la ministre
là-dessus -cela ne corrigera pas les erreurs qui auront pu être
faites. Je ne vois pas pourquoi, par exemple, un ministère, le
ministère des Terres et Forêts aurait un concours différent
pour des agents de bureau, si cela existe encore, ou des commis de bureau, ou
des techniciens de bureau, de ce qui est exigé au ministère des
Communications; qu'un sous-ministre décide qu'il impose des conditions
particulières pour agir comme commis de bureau dans un ministère
alors qu'un autre sous-ministre n'exigerait pas cela. Cela me paraît
donner lieu, en tout cas donner ouverture à des difficultés
considérables. Et non seulement cela, cela comporte - et là, on
va voir une conséquence indéniable là-dessus - des
conséquences en ce qui concerne la mobilité et le droit de
mutation des employés d'un ministère à l'autre. Parce
qu'on comprend très bien qu'un sous-ministre dise: Oui, c'est bien beau,
vous êtes agent de bureau mais vous ne rencontrez pas les exigences que
j'ai et que j'avais dans les concours que j'ai fait passer aux agents de bureau
de mon ministère.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce n'est vraiment pas prévu pour ce
type de concours. C'est prévu bien plus pour un certain type de concours
chez les professionnels ou chez les cadres. Et si, effectivement, des
ministères devaient en abuser pour des exemples que vous venez de
mentionner, c'est dans cet esprit que nous avons confié la
responsabilité à l'Office des ressources humaines, qui peut
déléguer mais qui est toujours responsable de sa
délégation, et qui peut reprendre à tout moment et,
finalement, faire en sorte que le genre de danger que vous évoquez ne
soit pas étendu avant qu'il y ait trop de dommages.
M. Doyon: Oui. En tout cas, tel que je le disais au début
de mon intervention, cela ne changera pas le fait qu'une fois que l'office se
sera aperçu qu'il y a des abus, si on peut qualifier cela d'abus... Je
comprendrais à la rigueur qu'un sous-ministre puisse plaider avec
conviction et avec des chances de succès qu'un agent de bureau dans son
ministère, pour tel emploi, cela nécessite un concours
spécial qui a telle exigence, alors que cette exigence-là
n'existe pas dans un autre ministère. Je pense qu'un sous-ministre
pourrait plaider cela avec des chances de succès. Sauf que si jamais il
réussissait cela et si jamais il se convainquait lui-même et ses
gestionnaires d'agir de cette façon, le fait demeure que l'intervention
de l'office se fera a posteriori quand, justement, il y aura dans les faits des
agents de bureau qui auront été admis au concours avec des
exigences particulières qui seront plus élevées ou
moindres que celles d'autres ministères. Cela peut donner ouverture
à des difficultés. (18 h 45)
Mme LeBlanc-Bantey: Je rappelle au député de
Louis-Hébert que tout le sens de la loi est précisément la
"responsabilisation" et un contrôle a posteriori. C'est clair, on l'a dit
depuis le début, une approche aussi nouvelle que celle-là, compte
tenu du type de gestion qu'on a développé dans la fonction
publique, ne se fera pas sans bavures ici et là. Il faudra accepter
cela, pendant que le tout se met en branle. Même après, cela ne
sera jamais parfait partout. Effectivement, il y a toujours des choses à
réajuster sauf que, comme on l'a dit depuis le début, ce qu'il
faut, c'est prévoir des contrôles et des sanctions pour les gens
qui en méritent et non pas pénaliser l'ensemble de la fonction
publique en tentant de prévoir des abus ici et là. J'ai dit que
la loi 50 était très rigide, excessivement rigide, et cela n'a
jamais empêché certains individus qui voulaient bien la contourner
de le faire.
M. Doyon: En tout cas, une chose est sûre, si on n'exclut
pas l'article 41 par l'article 100 qu'on a là, on va se retrouver avec
une possibilité de délégation, à un sous-ministre
ou à un dirigeant d'organisme, d'un tas de choses qui sont toutes plus
importantes les unes que les autres. On n'a qu'à regarder ce qui se
trouve à l'article 41 pour s'apercevoir que cela va très loin. Je
me demande si on est prêt à envisager les conséquences de
cette délégation qui, en soi, est désirable - c'est bien
certain - sauf qu'elle doit être bien encadrée. Là, on va
très loin dans ce processus de délégation. C'est ce qui me
frappe, en tout cas.
Quoi qu'il en soit, pendant que j'ai la parole - ce sera la
dernière remarque que je vais faire - je vous signale, Mme la ministre,
compte tenu de ce qu'on a fait précédemment dans un autre
article, qu'il y aurait lieu de rédiger à nouveau le dernier
paragraphe de l'article 100 pour qu'il se lise comme l'autre, à
l'article... On avait déjà eu l'occasion de le reprendre, devant
les fortes hésitations et interventions du député de
Sainte-Marie. On avait changé "peut vérifier ou mandater une
personne." On avait changé la rédaction.
Mme LeBlanc-Bantey: Quelle était la rédaction
exacte?
M. Doyon: Nous avions dit: L'office peut vérifier
l'exercice de la délégation ou de la subdélégation
ou révoquer cette délégation ou mandater une personne ou
un organisme pour le faire.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah, d'accord! Je me souviens.
M. Bisaillon: C'est la même formulation qu'au niveau du
Conseil du trésor.
M. Doyon: C'est cela.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord.
M. Bisaillon: Donc, à l'article...
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord sur la formulation, non sur
l'amendement du député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Procédons par étape.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): On va
prendre tout le temps qu'il faut. Nous en sommes toujours à l'amendement
du député de Sainte-Marie. Est-ce qu'il y en a qui demandent le
vote?
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que oui.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Quels sont
ceux qui sont pour l'amendement, à savoir qu'on ajoute 41, dans le
deuxième paragraphe, après 28?
M. Doyon: Pour. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Quels sont
ceux qui sont contre?
Mme LeBlanc-Bantey: Contre.
Le Président (M.
Champagne, Mille-Îles): II y
en a quatre contre... Non, non. Enfin, quatre contre. L'amendement est
rejeté.
M. Doyon: Est-ce qu'on pourrait demander aux deux
députés qui n'ont pas fait...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
L'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 100.
M. Bisaillon: M. le Président, je vais évidemment
me prononcer contre. En tout cas, il va sûrement être
accepté sur division. Je voudrais seulement indiquer que, dans le
deuxième paragraphe, on dit: "L'acte de délégation peut
autoriser le sous-ministre ou le dirigeant d'organisme à
subdéléguer les fonctions qu'il indique; le cas
échéant, il doit identifier les titulaires d'un emploi ou les
fonctionnaires à qui cette subdélégation peut-être
faite." Je trouve seulement que la façon dont c'est fait va un peu
à l'encontre de l'argumentation que la ministre développait
tantôt contre l'amendement. Cela va à l'encontre
l'imputabilité dans le sens qu'à partir du moment où on
reconnaît que l'office peut déléguer aux sous-chefs
l'Office des professions pourrait dire: Je délègue cette partie
de mon mandat à un sous-chef, à un sous-ministre, et je
l'autorise à subdéléguer.
Jusque là, cela va. Mais si le sous-chef décide de
subdéléguer, il subdéléguera aux personnes qui lui
conviennent. Sauf que, là, on dit: "Le cas échéant,
l'office pourrait identifier à l'intérieur d'un ministère
le fonctionnaire ou le cadre ou le gestionnaire à qui on va devoir
subdéléguer une fonction." Il me semble que cela va à
l'encontre de l'imputabilité aussi.
Pour être plus clair, si vous ne comprenez pas ce que je veux
dire, c'est qu'on dit au sous-ministre: Je te délègue des
fonctions, mais tu ne pourras les subdéléguer à qui tu
voudras. Tu pourras les déléguer à telle ou telle autre
personne à l'intérieur de ton ministère.
Ceci dit, je ne suis pas prêt à faire un long débat;
je veux simplement vous indiquer que, selon moi, cela va à l'encontre du
principe que vous invoquiez pour repousser l'amendement que j'ai
présenté tantôt. C'est tout.
M. Sarault: II y a une formule latine pour le dire: "delegatus
non...", quelque chose comme cela qui dit...
M. Bisaillon: Ce qui est très bien quand on la...
M. Sarault: ...que ce qui est délégué ne
peut être subdélégué, à moins que cela ne
soit déjà prévu par la personne qui a fait la
délégation.
M. Bisaillon: Je suis d'accord avec vous...
M. Sarault: L'office étant responsable des conditions
d'admission, si le sous-ministre pouvait faire n'importe quoi avec, il
perdrait
sa première responsabilité.
M. Bisaillon: Je suis d'accord avec vous. On ne peut
subdéléguer, ce qui nous a été
délégué à moins que l'acte de
délégation ne le prévoie. Dans ce sens-là, la
première partie est correcte. Je dis que, là où cela
commence à aller à l'encontre de l'imputabilité, c'est
quand l'office pourrait prévoir à qui cela peut être
subdélégué. Ou bien on ne permet pas la
subdélégation ou on l'autorise et, à partir du moment
où on l'autorise, on laisse le délégué, celui qui a
reçu la délégation, le soin de déterminer à
qui il va subdéléguer dans sa propre organisation.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 100?
M. Doyon: Le dernier paragraphe, M. le Président, pour
qu'on soit consistant, je vais aller lentement - devrait se lire: "L'office
peut vérifier l'exercice de la délégation et de la
subdélégation, révoquer cette délégation en
tout temps ou...
M. Bisaillon: Vous ne pouvez mandater quelqu'un pour
révoquer...
M. Doyon: Je ne mandate pas, je dis: "L'office peut
vérifier l'exercice de la délégation et de la
subdélégation, révoquer cette délégation en
tout temps...
M. Sarault: Et révoquer à la fin. M. Doyon:
D'accord.
M. Bisaillon: C'est la même formulation que celle de
l'article 79.
M. Sarault: C'est parce qu'il n'y avait pas de
révocation.
M. Doyon: Ou mandater une personne ou un organisme pour le
faire...
M. Sarault: Pour le faire et révoquer cette
délégation en tout temps.
M. Doyon: Oui, et révoquer cette délégation
en tout temps.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Nous avons
un amendement qui va se lire comme suit: "L'office peut vérifier
l'exercice de la délégation et de la subdélégation
ou mandater une personne ou un organisme pour le faire et révoquer cette
délégation en tout temps." Je m'excuse; c'est écrit je ne
dirai pas en code mais... Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Mme la
ministre, est-ce que l'amendement est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. Nous revenons à l'article 100. Est-ce que l'article
100, tel qu'amendé, est adopté ou s'il y a encore des
commentaires?
M. Bisaillon: Sur division.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
100, tel qu'amendé, est adopté sur division.
J'appelle l'article 101.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai aucun commentaire, M. le
Président.
M. Doyon: Un instant, s'il vous plaît.
M. Bisaillon: J'aurais une question, si le député
de Louis-Hébert me le permet. À l'article 101,
troisièmement, on dit: "L'entité administrative à laquelle
doit appartenir un fonctionnaire pour être admissible à un
concours..." Que veut-on dire par cela?
Mme LeBlanc-Bantey: Le ministère. J'imagine que cela peut
être plus petit, mais je crois que cela n'est pas appliqué ainsi.
Cela existe présentement dans la loi 50, dans la loi 12. Je crois qu'on
avait amendé la loi 12 pour permettre la restriction du bassin et, entre
autres, c'était une des mesures possibles. Cela était
plutôt vu au niveau d'un ministère.
M. Bisaillon: J'attire votre attention sur le fait que cela peut
même s'appliquer à une réserve de candidatures, cette
limite au niveau des entités administratives. Je comprends que, pour un
concours de recrutement précis, cela va, mais pour faire une
réserve de candidatures je pense que cela va trop loin. Cela voudrait
dire qu'on pourrait d'avance identifier que seulement le personnel de
l'Assemblée nationale pourrait postuler aux fins de constituer une
réserve de candidatures. Il me semble que cela limite les droits de
l'ensemble des autres fonctionnaires à apparaître au moins sur des
réserves de candidatures.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le député, si vous faites un
amendement, je vous dis tout de suite que je vais l'accepter.
M. Bisaillon: Mon amendement irait peut-être dans le sens
de biffer "ou à une réserve de candidatures".
Mme LeBlanc-Bantey: Vous voyez qu'on a beaucoup d'ouverture
d'esprit quand cela a du bon sens, ce que vous proposez.
M. Bisaillon: Ou quand c'est trop rapide.
J'ai donc un amendement, M. le Président. C'est au
troisième paragraphe de l'article 101, après concours, biffer "ou
à une réserve de candidatures".
M. Doyon: Je voudrais, pendant que le président
écrit... Allez-y.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
vous vouliez parler sur cet amendement?
M. Doyon: Non, on va l'adopter.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. M. Doyon:
Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. On revient à l'article.
M. Doyon: Sur l'article lui-même, la ministre est au
courant que le paragraphe 5 de l'article 101 a créé un certain
nombre d'inquiétudes chez les fonctionnaires et chez plusieurs
intervenants qui sont venus devant la commission. On se réfère
à ce paragraphe 5 de l'article 101, aux normes relatives au regroupement
par niveaux des candidats déclarés aptes à un concours
ainsi qu'aux listes de déclarations d'aptitudes. Je demande à la
ministre si on ne donne pas trop carte blanche ici à l'office pour
déterminer les normes relatives au regroupement par niveaux, tout ce qui
touche le rangement par niveaux? Ce que je veux dire, c'est qu'on passe d'un
extrême à l'autre. On ne sait pas grand-chose sur la façon
dont vont s'établir les niveaux. Est-ce qu'il pourra y avoir un
écart de 5%, de 10%? Est-ce qu'il y aura un maximum de trois ou quatre
personnes? J'imagine que les normes vont prévoir ce genre de choses. On
ne trouve rien qui nous indique ce que sera un niveau, combien il y aura de
niveaux à l'intérieur d'un concours, rien de tout ce genre de
questions qu'on peut se poser en parlant de regroupement par niveau à la
suite d'un concours.
Mme LeBlanc-Bantey: Actuellement, le rangement par niveau n'est
pas en termes de personnes, mais en termes de...
M. Doyon: ...de pourcentage ou de points.
Mme LeBlanc-Bantey: ...points qui indiquent une compétence
égale. Dans ce sens, il y a déjà certaines normes connues.
Par ailleurs, je vous souligne que c'est prévu que l'office
détermine par règlement et qu'il est prévu à
l'article 102 qu'effectivement l'office doit publier son règlement
à la Gazette officielle avec un avis qui indique qu'il pourra y avoir
des modifications. Le règlement permet donc toute la transparence
possible, ce qui permettra aux groupes, à la suite de la publication du
règlement, de donner leur avis au gouvernement, à l'office, soit
pour contester, soit pour être d'accord avec les normes telles que
prévues au règlement.
M. Doyon: Ce qui m'inquiète un peu dans cela, c'est qu'il
est facilement concevable, Mme la ministre, que, pour certains types de
concours qui sont des concours plus simples que d'autres et où il y a
plus de candidatures - que l'on pense aux concours qui ont eu lieu
dernièrement, par exemple, pour les agents d'information, où il y
a eu des centaines et des centaines de candidatures - il est facilement
concevable que l'on retrouve à l'intérieur d'un même niveau
25, 30, possiblement 50 et peut-être même 100 personnes d'un
même niveau. À ce moment, cela veut dire que le gestionnaire aura
un choix entier entre 50, quel que soit le nombre de personnes qui seront
à ce niveau. Cela me paraît pouvoir donner ouverture à de
l'arbitraire, à une certaine forme possible de favoritisme, car, plus on
a de gens à l'intérieur du même niveau, plus le choix du
gestionnaire peut se faire librement, si on peut dire, et donner lieu à
toutes sortes de soucis, de craintes à ce sujet. Je pose la question:
les normes existantes actuellement pour le rangement par niveau sont-elles les
mêmes pour tous les types de concours, pour tous les types d'emplois ou
si cela varie d'un type de concours ou d'un type d'emploi à un
autre?
Mme LeBlanc-Bantey: II n'y a pas de normes dans ce sens
actuellement. Par ailleurs, je ne penserais pas que ce soit souhaitable
qu'effectivement un type de concours, par exemple, puisse provoquer un si grand
nombre de candidatures dans le niveau. J'imagine qu'il y aura lieu de
prévoir et l'office pourra certainement, compte tenu de
l'expérience qu'il a déjà du rangement par niveaux,
prévoir un certain nombre de normes afin d'éviter que des
situations de ce type se reproduisent.
Par ailleurs, je vous souligne que l'article sur le rangement par
niveaux a déjà été adopté. Il s'agit ici
strictement d'un article de concordance. Le principe du niveau, on l'a
adopté, tout le monde, il y a déjà un certain temps. (19
heures)
M. Doyon: Je suis très conscient de
cela, sauf que, Mme la ministre, la possibilité que vous
considérez non désirable est susceptible de se produire. C'est
à ce moment-là que je la soulevais et la question que j'ai
posée demeure: Les normes de rangement par niveau vont-elles varier?
Mme LeBlanc-Bantey: II se pourrait, oui, qu'effectivement, les
normes varient, qu'il s'agisse d'un concours, par exemple, d'agent de bureau,
mais on pourrait théoriquement retrouver peut-être un plus grand
nombre de candidats dans un niveau par rapport à un concours de cadres
ou de professionnels. C'est la raison pour laquelle nous pensons que,
prévoyant que l'office détermine les normes par règlement,
tout le monde aura l'occasion de se prononcer à ce moment-là sur
le type de normes qu'entend adopter l'office pour éviter qu'il y ait
abus du rangement par niveau. Le rangement par niveau a été
conçu, d'abord et avant tout, pour permettre à nos
clientèles traditionnellement discriminées d'avoir une chance
égale d'obtenir certains emplois dans la fonction publique, comme on a
prévu, d'ailleurs, à un article précédent qu'un
gestionnaire qui, dans un niveau, ne prendrait pas une des clientèles
visées par les programmes d'accès à
l'égalité, que ce soient les membres des communautés
culturelles ou les femmes, doit justifier finalement le choix. S'il n'a pas
fait un choix parmi ces clientèles, il doit justifier son choix.
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ...en ce qui concerne le deuxième paragraphe
de l'article 101, on dit: "Les zones géographiques et les
critères d'appartenance à ces zones pour qu'une personne soit
admissible à un concours ou à une réserve de
candidatures." Pour ce qui est des réserves de candidatures, j'aurais la
même restriction si on n'ajoute pas "dans ces zones". Autrement dit, on
peut vouloir faire une réserve de candidatures pour ces zones
géographiques, quoique, encore là, j'aie des réserves et
là, je voulais vous poser une question sur "et les critères
d'appartenance à ces zones". L'objectif de déterminer des
règlements sur les zones géographiques, c'est de limiter le
concours à une région, par exemple, la Côte-Nord, mais les
critères d'appartenance à ces zones, cela veut-il dire que je
pourrais dire, par exemple, que toute personne qui a résidé
pendant dix ans sur la Côte-Nord, même si cela fait dix ans qu'elle
est établie à Montréal, pourrait être admissible au
concours?
Mme LeBlanc-Bantey: Non, ce n'est pas ce que cela veut dire, mais
cela peut vouloir dire, par exemple...
M. Bisaillon: Mais cela pourrait vouloir dire cela.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, cela veut dire... Bon! Une
municipalité, par exemple, un comté, si on prend le cas des
ouvriers de voirie, ce n'est pas nécessairement souhaitable que, pour un
ouvrier de voirie à Blanc-Sablon, on l'ouvre à toute la
région de la Côte-Nord.
M. Bisaillon: Mais à ce moment-là, la zone
géographique ne serait-elle pas Blanc-Sablon?
Mme LeBlanc-Bantey: La zone géographique pourrait
être...
M. Bisaillon: Donc, je n'ai pas besoin...
Mme LeBlanc-Bantey: ...la municipalité de Blanc-Sablon,
par exemple.
M. Bisaillon: ...d'ajouter "les critères d'appartenance
à la région". Je veux seulement savoir pourquoi. Je ne suis pas
parti après quelqu'un...
Mme LeBlanc-Bantey: Quelqu'un pourrait arriver la veille du
concours dans le comté ou dans la ville et dire: Je suis de la ville de
Blanc-Sablon, donc, admettez-moi au concours. Il faut pouvoir dire qui
appartient à cette zone, une fois qu'on a délimité la
zone.
M. Bisaillon: Si c'est vrai dans un sens, ma crainte, c'est que
cela puisse être vrai dans l'autre. Autrement dit, vous comprenez ce
que... L'exemple que je vous ai donné tantôt... Par exemple, je
suis natif de Blanc-Sablon. J'ai habité là quinze ans et je suis
établi depuis vingt ans à Montréal. Si je dis, au moment
où je donne mes conditions par règlement: II faut être
résident depuis six mois ou un an, là, je comprends les objectifs
qu'on poursuit, mais... Évidemment, cela va être soumis. Le
règlement va pouvoir être étudié, mais il faut
toujours craindre le contraire aussi. Quant à la réserve de
candidature, on dit "dans ces régions".
Mme LeBlanc-Bantey: Cela peut être non seulement dans ces
régions, mais cela pourrait être au niveau national, par exemple,
qu'on puisse prévoir... Il me semble qu'il était prévu une
réserve de candidatures aussi au niveau national.
M. Bisaillon: Oui, il peut y avoir une réserve de
candidatures au niveau national, mais elle ne sera pas...
Mme LeBlanc-Bantey: Cela peut être
aussi au niveau régional.
M. Bisaillon: ...en fonction d'un règlement de zone
géographique.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, cela peut être aussi au niveau
régional en fonction, effectivement, de l'alinéa 2.
M. Bisaillon: Donc, ce qu'on veut dire quand on parle d'une
réserve de candidatures, c'est dans ces zones. Il faudrait
peut-être le préciser, parce que là, c'est ouvert à
tout. Cela pourrait être limité complètement. Je peux
déterminer les zones géographiques et les critères
d'appartenance à ces zones pour qu'une personne soit admissible à
un concours ou à une réserve de candidatures. Je peux me
bâtir une réserve de candidatures et dire: Seules les personnes de
la Côte-Nord seront admissibles pour postuler à cette
réserve de candidatures. Quand on parle de réserve de
candidatures, on parle donc de réserve de candidatures dans ces zones,
et il faudrait le dire. Si on ne le dit pas, cela pourrait être une
réserve de candidatures au niveau national. Autrement dit, cela pourrait
être une réserve de candidatures qu'on pourrait faire servir
à l'ensemble du Québec, à même des candidats d'une
seule région.
Mme LeBlanc-Bantey: Mon Dieu! C'est une méfiance qui me
paraît exagérée...
M. Bisaillon: C'est parce que je suis habitué, Mme la
ministre, à voir qu'un certain nombre d'articles ont trois tours de
clef. Pourquoi ne procéderions-nous pas avec un tour de plus dans ces
circonstances?
Mme LeBlanc-Bantey: Mais, cela m'apparaît
évident...
M. Bisaillon: Comme je l'ai dit, je n'ai pas fait d'amendement,
je vous fais une suggestion. Il me semble que cela serait plus clair et que
cela dirait exactement ce que vous voulez dire. Je comprends que,
politiquement, peut-être que cela ne se fera pas; mais politiquement,
à un moment donné, cela va échapper à quelqu'un. Il
pourrait y avoir une réserve de candidatures applicable au niveau de
l'ensemble du Québec à même, par exemple, le bassin des
citoyens de la Côte-Nord.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que vous voulez redire votre
suggestion concrète d'amendement?
M. Bisaillon: Ce serait d'ajouter, après "de
candidatures", "dans ces zones", c-e-s.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela, je l'avais compris.
Une voix: Cela ne serait-il pas "pour ces zones"?
Mme LeBlanc-Bantey: Ah bien! M. Bisaillon: Cela serait
mieux. Mme LeBlanc-Bantey: D'accord. M. Bisaillon: "Pour ces
zones".
Mme LeBlanc-Bantey: Puisque tel était notre objectif, on
n'a pas d'objection.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Pour
être plus clair, à quel endroit se situe cet amendement?
M. Bisaillon: On enlève le point-virgule après
"candidatures" et on ajoute "pour ces zones".
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Deuxième paragraphe, on enlève...
M. Bisaillon: Deuxième paragraphe, après
"candidatures"...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
...après "candidatures"...
M. Bisaillon: ...on enlève le point-virgule et on ajoute
"pour ces zones", et on met un point-virgule ensuite.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Tout
à l'heure, il me semble qu'on avait voté sur un amendement
où on enlevait...
M. Bisaillon: Non, ce n'est pas cela...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
..."à une réserve de candidatures"...
M. Bisaillon: ...ce n'était pas pour cet
article-là, M. le Président.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, non, c'était le troisième
alinéa ici.
M. Bisaillon: Là, on est à l'alinéa 2.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): C'est le
troisième alinéa. D'accord.
Mme LeBlanc-Bantey: C'était ici qu'on enlevait...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Cela va.
Celui-là demeure. Cela va. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. M. Bisaillon:
Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Maintenant,
on revient à l'article....
M. Bisaillon: Adopté quant à moi, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): ...tel
qu'amendé. Alors, l'article 101 est adopté tel
qu'amendé.
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): J'appelle
l'article 102.
M. Bisaillon: Juste une suggestion à la ministre. Est-ce
que la ministre aurait des objections à ajouter en début de
phrase, en début de paragraphe: "sous réserve du règlement
de l'Assemblée nationale"? Je voudrais prévoir le cas où
le règlement de l'Assemblée nationale, à cause de la
réforme parlementaire, voudrait soumettre les règlements à
l'examen d'une commission parlementaire. Je n'en fais pas un amendement, ce
n'est qu'une suggestion.
Mme LeBlanc-Bantey: Je me dis que, le cas échéant,
on amendera ma loi. Je ne vois pas pourquoi je prévoirais dans ma loi ce
qui pourrait arriver dans des règlements de l'Assemblée
nationale.
M. Bisaillon: Vous avez bien raison. Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
102 est adopté. Est-il adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. M. Bisaillon:
Adopté. Mme LeBlanc-Bantey: Ah! Ah! Ah!
Commission de la fonction publique
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Article
103?
Une voix: Adopté.
M. Bisaillon: Vous ne courez plus de risque, M. le
Président?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 103 est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, c'est quand le
prochain amendement du député de Saint-Marie?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): II est
à 125.
M. Bisaillon: Non, à 106.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): 106? On va
avoir une surprise à 106, on va bien se tenir. J'appelle l'article
104.
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article...
M. Doyon: Un instant, un instant... Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
104 est adopté. J'appelle l'article 105.
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
105 est adopté. J'appelle l'article 106.
M. Bisaillon: À l'article 106, M. le Président, je
voudrais juste indiquer que, si on enlevait le premier "en" après
"démissionner", cela ferait une phrase plus française.
Mme LeBlanc-Bantey: "Un membre de la Commission...
M. Bisaillon: "Un membre de la Commission peut en tout temps
démissionner en donnant un avis écrit au président de
l'Assemblée nationale."
Mme LeBlanc-Bantey: C'est ce qu'on appelle une erreur de
rédaction.
M. Bisaillon: C'est ce que j'ai pensé.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
106. Vous avez un amendement, M. le député de...
M. Doyon: Si vous le permettez, M. le Président, si on
l'enlève, ce n'est pas une erreur de français. Si on
l'enlève, "en donnant un avis écrit", le deuxième "en" se
référait à sa démission, "...en en donnant un avis
écrit au président de l'Assemblée nationale."
M. Bisaillon: Oui, je comprends, mais ce n'est pas
nécessaire puisqu'on dit qu'il peut démissionner en tout
temps, en donnant un avis écrit. Donc l'avis écrit devient la
date de sa démission.
M. Doyon: J'accepte cela. Mais ce n'était pas une erreur
de frappe.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez raison.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Alors, vous
allez, M. le député...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est superfétatoire, si vous
préférez.
M. Bisaillon: C'est cela; il s'agissait de biffer le premier "en"
après "démissionner."
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Biffer le
premier...
M. Bisaillon: Et laisser le deuxième, qui a plus de
sens.
M. Doyon: Je suis d'avis contraire.
M. Bisaillon: Vous laisseriez le premier et enlèveriez le
deuxième!
Une voix: On ne fera pas un débat là-dessus!
Mme LeBlanc-Bantey: Nous sommes très portés sur la
linguistique autour de cette table.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Nous
arrivons à l'article 106. Est-ce que l'amendement est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 106 est adopté tel qu'amendé?
M. Doyon: Adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Je n'ai pas
entendu. Article 107?
Mme LeBlanc-Bantey: Aucun commentaire.
M. Doyon: À l'article 107, c'est une procédure un
peu inusuelle.
M. Bisaillon: Oui, c'est nouveau.
M. Doyon: C'est une procédure qui me paraît
inusuelle. Est-ce qu'on retrouve cela quelque part ailleurs? Est-ce que vous
avez innové?
M. Bisaillon: Cela devrait donner du pouvoir au Parlement.
Mme LeBlanc-Bantey: On l'a dans la loi sur l'accès
à l'information gouvernementale.
M. Bisaillon: Vous avez pris ça là. Quand on dit:
Avec l'accord du premier ministre et du chef de l'Opposition, est-ce qu'un
simple signe de tête, qui pourrait être mal
interprété, suffit?
Mme LeBlanc-Bantey: J'imagine que vous ne demanderez pas de
prévoir cela dans la loi!
M. Bisaillon: Non, mais...
Mme LeBlanc-Bantey: Quelles sont les modalités d'un accord
entre le chef de l'Opposition et le chef du gouvernement?
M. Doyon: Ce n'est pas aussi rigolo que cela, Mme la ministre. La
preuve en est que, lorsque vous voulez qu'un membre de la commission
démissionne, vous exigez de sa part un avis écrit. Il ne suffit
pas d'aller trouver quelqu'un et de lui dire: Je démissionne. Quand on
prend la peine d'exiger l'accord du premier ministre et du chef de l'Opposition
à l'Assemblée nationale, je pense qu'il vaudrait la peine
d'indiquer comment se donne cet accord. Autrement, comment prétendre que
l'accord a été donné ou non donné? Si on n'a pas
de...
Je comprends que, si l'accord se donne en pleine Assemblée
nationale et que cela est transcrit, il n'y a pas de problème.
M. Bisaillon: Je suppose que, comme on mandatait le
président de l'Assemblée nationale, comme, dans cette
circonstance, c'est le président de l'Assemblée nationale qui
désigne, on se fiait à la procédure habituelle, que
connaît le président de l'Assemblée nationale, pour aller
chercher l'accord des partis; notre garantie est que ce soit le
président de l'Assemblée nationale.
Mme LeBlanc-Bantey: Voilà. Cela nous permet, au cas
où la Chambre ne siégerait pas ou qu'il y ait une
incapacité temporaire, de nommer quelqu'un pour prendre la
responsabilité.
M. Bisaillon: Je comprends que le président de
l'Assemblée nationale est là et que, fort de sa
neutralité, il devrait pouvoir témoigner que l'accord a
été donné, sauf que, pour la protection de tout le
monde... Enfin, ce qui m'échappe, c'est que je ne vois pas vraiment de
raison pour que ce ne soit pas un accord donné...
Mme LeBlanc-Bantey: On pourrait éviter le chef de
l'Opposition, ce serait plus
facile.
M. Doyon: ..."inviter"?
Mme LeBlanc-Bantey: "Éviter" de noter qu'il faut l'accord
du chef de l'Opposition. Cela pourrait être le président avec le
premier ministre, et cela éviterait ce problème.
M. Doyon: Ce serait comme d'habitude, cela ne changerait
rien.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Gaspé.
M. LeMay: M. le Président, quand il s'agit de nommer un
président ou un vice-président à l'Assemblée
nationale, on parle de l'accord des deux partis, des deux chefs, et on
n'indique pas de modalité. Est-ce qu'ils le font par
téléphone? Est-ce qu'ils le font par écrit? Cela n'a pas
tellement d'importance; ce qui est important, c'est que les deux soient
d'accord. Pour ce qui est des modalités...
M. Doyon: Je comprends, sauf que, lorsqu'on parle de la
nomination du président ou d'un vice-président, cela se passe
à l'Assemblée nationale. On n'est pas devant un article de loi
précis; je n'en fais par un cas, mais, dans l'exemple que vous donnez,
le parallèle que vous tracez ne s'applique pas.
M. LeMay: Ce dont je veux parler, c'est de la modalité.
Est-ce que vous connaissez la modalité, la façon dont un
président est nommé? Est-ce que le premier ministre
téléphone au chef de l'Opposition et qu'ils tombent en accord sur
un nom ou sur deux noms? La façon dont cela se fait, je ne la connais
pas cela n'a pas d'importance. Le résultat est que tout le monde est
d'accord.
M. Doyon: Je comprends bien que tout le monde est d'accord; je
vous signale que l'exemple que vous donnez... On est d'accord très
souvent sur de nombreuses choses; on est d'accord que, le soir, c'est le temps
d'aller se coucher, on ne s'écrit pas de lettre pour cela, mais ce n'est
pas parce qu'on est d'accord sur quelque chose que cela ne vaut pas la peine de
l'écrire. L'exemple est complètement inopportun; il ne me
convainc pas, mais laissons cela comme cela.
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne suis pas sûre que le chef de
l'Opposition aimerait qu'on commence à inscrire des notions d'accord par
écrit, compte tenu des traditions parlementaires qui se sont
développées. (19 h 15)
M. Doyon: La tradition parlementaire serait même que... Je
suis content de voir cela là, c'est-à-dire que le chef de
l'Opposition qui, finalement, n'a aucune responsabilité gouvernementale
- on pourrait discuter là-dessus - n'aurait pas normalement à
donner son accord là-dessus. On pourrait en discuter. En fait, tout ce
que je dis, c'est que, si on exige l'accord du premier ministre et du chef de
l'Opposition, je me disais qu'il y aurait peut-être lieu de le dire par
écrit. Si vous pensez que c'est suffisant comme cela, compte tenu de la
garantie que donne à toute cette procédure la présence ou
l'intervention du président de l'Assemblée nationale, je suis
prêt à adopter l'article comme cela.
Mme LeBlanc-Bantey: Merci au député de
Louis-Hébert d'être raisonnable. Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
107 est adopté. J'appelle l'article 108.
Mme LeBlanc-Bantey: Pas de commentaire.
M. Bisaillon: C'est adopté quant à moi, sauf que je
vous indique que c'est une bien curieuse façon d'introduire un
secrétaire de commission. C'est la première fois qu'on en entend
parler dans cet article. Adopté.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
108 est adopté. J'appelle l'article 109.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas de commentaire.
M. Doyon: Un instant. Oui, adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 110.
Mme LeBlanc-Bantey: Aucun commentaire.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
110 est adopté. J'appelle l'article 111.
Mme LeBlanc-Bantey: Pas de commentaire.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de...
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles):
Adopté. J'appelle l'article 112.
Mme LeBlanc-Bantey: Aucun commentaire.
M. Doyon: À l'article 111, simplement une question. On
n'est pas en retard, M. le Président?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Enfin, on
peut y revenir. Il y a une ouverture d'esprit autour de cette table.
M. Doyon: Voici ce que je veux savoir de la part de la ministre.
Quand on fait une interdiction de poursuite en justice par quelqu'un pour
protéger la commission ou un de ses membres, finalement, on
empiète sur le droit des justiciables, des citoyens du Québec
qui, normalement, ont le droit de poursuivre tout le monde. Je ne ferai pas
d'amendement formel là-dessus, mais je pense qu'une façon qui
aurait été plus respectueuse des droits des citoyens de
rédiger cet article, de dire ce qu'on veut dire, cela aurait
été qu'en cas de poursuite, on ne puisse pas dire à
quelqu'un: Ne poursuis pas un autre. Quelqu'un peut arriver ici et
décider de me poursuivre pour absolument rien; il décide de me
poursuivre, je ne peux pas l'empêcher. Sauf que, probablement qu'il
n'aura pas raison devant les tribunaux.
Je pense que ce qu'on veut dire, c'est protéger la commission et
ses membres. On devrait dire: En cas de poursuite en raison d'un acte officiel
accompli de bonne foi dans l'exercice de ses fonctions, le gouvernement ou,
etc., prend fait et cause pour le président ou un de ses membres.
À ce moment, on n'empêche pas quelqu'un d'en poursuivre un autre,
mais, si jamais une personne est poursuivie, le gouvernement prend fait et
cause pour elle et le tribunal décide. Là on fait une
interdiction formelle. On le fait aux dépens, soyons bien conscients de
cela, des citoyens du Québec qui, normalement, ont le droit d'intenter
des poursuites contre quiconque.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais demander à mon conseiller
juridique, M. Gélinas, de commenter les commentaires du
député de Louis-Hébert.
M. Gélinas (Claude): J'aimerais bien commenter, mais
malheureusement je n'ai pas tout entendu.
Mme LeBlanc-Bantey: Le député de
Louis-Hébert dit que, ce faisant, on prive les citoyens du
Québec de pouvoir, finalement, poursuivre...
M. Gélinas: Au niveau de l'article 111?
M. Doyon: Oui. C'est que le droit de poursuivre quelqu'un, on
peut appeler cela un droit, c'est un droit qui appartient à tout le
monde. Quelqu'un peut poursuivre n'importe qui pour n'importe quoi, sauf
évidemment... Là où il y a un problème, c'est de
faire valoir son point de vue et d'obtenir compensation devant les tribunaux.
Ici, on se trouve à priver des citoyens ou des citoyennes du
Québec qui, à tort ou à raison, pourraient croire qu'ils
ont un droit d'action contre la commission ou un de ses membres, les
empêcher même d'intenter cette action. Je me demande s'il ne serait
pas plus conforme à nos traditions juridiques de dire: En cas de
poursuite de la commission ou d'un de ses membres en raison d'un acte officiel
accompli de bonne foi dans l'exercice de ses fonctions, le gouvernement prend
fait et cause pour la commission ou un de ses membres.
M. Gélinas: C'est la clause qui est devenue usuelle dans
toutes nos lois ou lorsqu'on établit des tribunaux quasi judiciaires.
C'est simplement qu'on permet aux commissaires qui exercent des fonctions quasi
judiciaires, dans l'exercice de leurs fonctions, et qui accomplissent des actes
de bonne foi, de bénéficier d'une immunité à ce
moment. C'est un peu la même chose qu'on donne également à
nos magistrats au niveau des tribunaux judiciaires lorsqu'ils exercent leurs
fonctions. Ils bénéficient maintenant, surtout depuis qu'on a
modifié la loi sur les immunités pour les magistrats, d'une
immunité qu'on peut considérer presque absolue.
M. Doyon: Ce n'est pas si régulier que cela parce que,
tout dernièrement, j'étais en commission parlementaire - la
commission parlementaire de la justice - où il y avait un article qui
devait avoir un effet semblable en ce qui concerne l'exemption de poursuite ou
ce que vous appeliez l'immunité en faveur des coroners. L'article
n'était pas rédigé tout à fait comme cela.
Premièrement, on avait dit au début -je parle de
mémoire - "sauf en ce qui concerne sa compétence".
M. Gélinas: Ce n'est pas la même chose. L'article
112, c'est la clause privative. L'article 112...
M. Doyon: Ah! Vous l'avez après, oui.
M. Gélinas: On l'a après. C'est: "Sauf sur une
question de compétence..."
M. Doyon: D'accord.
M. Gélinas: C'est à la suite d'une série
d'arrêts qu'il y a eu au niveau de la Cour suprême sur la question
des clauses privatives.
M. Doyon: Oui. Je comprends que c'est une question de
compétence et qu'on veut protéger la commission. Je pense que
c'est essentiel.
M. Gélinas: Pour l'article 112.
M. Doyon: Oui, pour l'article 112. Cependant, pour l'article 111,
si je pense, à titre d'exemple, qu'un membre de la commission, dans
l'exercice de ses fonctions, a commis un acte qui m'est préjudiciable,
qui me cause un dommage et que, à tort ou à raison encore une
fois, je veuille tenter d'en faire la preuve devant les tribunaux, ma
conviction personnelle est que je ne devrais pas, par un article de la loi,
être empêché même de présenter le cas ou ma
preuve au tribunal. Et cela m'empêche de le faire.
M. Gélinas: Pour autant que l'acte officiel est accompli
de bonne foi dans l'exercice des fonctions.
M. Doyon: Toujours.
M. Gélinas: Je le répète, c'est une clause
qui est usuelle dans tous nos tribunaux quasi judiciaires ici au Québec
depuis un bon nombre d'années. C'est précisément pour
donner l'assurance aux personnes qui sont nommées pour siéger
à ces tribunaux judiciaires qu'elles ne seront pas constamment l'objet
de poursuites chaque fois qu'elles accomplissent un acte - de bonne foi, bien
sûr, c'est balisé - dans l'exercice de leurs fonctions. Si elles
outrepassent leurs fonctions, leur juridiction, elles sont toujours soumises
aux pouvoirs de surveillance et de contrôle de la Cour
supérieure.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ajouterai, M. le Président, que nous
bénéficions, nous les députés, d'une
immunité parlementaire qui prive le citoyen d'un droit de poursuite et
qui n'est pas toujours utilisée de bonne foi.
M. Doyon: Je ne vois pas ce que cela vient faire
là-dedans.
Mme LeBlanc-Bantey: Parce que c'est le même principe. Le
principe qui vaut pour l'un vaut pour les autres.
M. Doyon: Je pense que vous vous égarez, Mme la ministre.
Je comprends que vous avez peut-être à l'idée des
périodes de questions récentes, mais vous vous égarez. Je
pense que l'immunité accordée aux parlementaires n'a pas du tout
sa source dans les raisons qui sont apportées par Me Gélinas, en
aucune façon. C'est le pendant de l'obligation de dire la
vérité. Si vous voulez qu'on en discute, on peut en parler, mais
cela n'a aucun rapport.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est vrai, mais le principe est... Je ne dis
pas que l'immunité parlementaire ne devrait pas exister. Je dis que le
fond du principe selon lequel vous dites que les citoyens peuvent être
privés finalement d'utiliser un droit vaut pour nous aussi, en tant que
députés, quand nous faisons des déclarations sous le
couvert de l'immunité parlementaire.
M. Doyon: Oui. C'est là la rançon à payer
pour qu'un Parlement puisse fonctionner. C'est à la suite de
l'obligation qui est reconnue aux députés à
l'Assemblée nationale de dire la vérité.
Ici, on est devant la privation d'un droit qui appartient à
quelqu'un de poursuivre. On ne peut pas dire que la poursuite réussira
nécessairement, mais que quelqu'un se voie même
empêché d'office de poursuivre et que, s'il poursuit, cela devient
ni plus ni moins... Parce que, s'il poursuit quand même, cela
deviendrait, à la limite, une infraction puisqu'il ferait quelque chose
qui lui est défendu. Cela me paraît aller loin.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Je rappelle
aux membres de la commission que l'article 111 a été
adopté. J'appelle l'article 112 s'il n'y a pas d'autres commentaires.
L'article 112.
Mme LeBlanc-Bantey: Pas de commentaire.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
112 est adopté. L'article 113. Nous avons devant nous un amendement qui
sera présenté par Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement, à l'article 113, on
change le deuxième alinéa et cela se lit comme suit: Pour
permettre à la commission de "vérifier l'observation de la loi et
de ses règlements relativement au système de recrutement et de
promotion des fonctionnaires." C'est pour élargir les pouvoirs de la
commission quant à sa responsabilité de vérifier
l'observation de la loi. C'est à la suite de certains commentaires qu'on
a eu l'occasion d'entendre tout au long de nos consultations.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'amendement est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous voyez que la commission vérifiera
l'observance des règlements aussi, et non seulement de la loi.
M. Doyon: Oui. Sur cela, est-ce qu'on se réfère,
Mme la ministre, aux règlements de la commission?
Mme LeBlanc-Bantey: On se réfère aux
règlements qui vont découler de la loi, les règlements de
l'office, en fait.
M. Bisaillon: À tous les règlements
découlant de la loi.
Mme LeBlanc-Bantey: À tous les règlements qui
découlent de la loi.
M. Bisaillon: Peu importe où ils sont adoptés.
Mme LeBlanc-Bantey: Peu importe, effectivement, si c'est le
gouvernement, par exemple, ou l'office...
M. Bisaillon: Ou le Conseil du trésor.
Mme LeBlanc-Bantey: ....ou le Conseil du trésor.
M. Doyon: Parce qu'il ne faudrait pas mettre la commission dans
une position où elle vérifierait les règlements dont elle
est la source.
Mme LeBlanc-Bantey: II n'y a pas de règlements
émanant de la commission.
M. Doyon: Non, mais elle fait des recommandations.
Mme LeBlanc-Bantey: II faut être très conscient du
fait que cela est lié strictement au système de recrutement et de
promotion des fonctionnaires. Pour être plus clair, par exemple, on ne
confie pas à la commission l'observation de la loi en ce qui concerne
l'imputabilité, parce que l'on considère que cela n'est pas sa
responsabilité.
M. Doyon: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
L'amendement à 113 est adopté. Nous revenons à
l'article lui-même.
M. Doyon: Adopté.
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles): L'article 113 est adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 114.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas de commentaire, M. le
Président.
M. Doyon: Adopté. M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
114 est adopté. J'appelle l'article 115.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas de commentaire.
M. Bisaillon: Adopté.
M. Doyon: Je me rends compte que l'article 115 est en rapport
avec l'article 114, évidemment, qui était l'équivalent,
d'après ce que je comprends, de l'article 118 de l'avant-projet de loi.
Ce que je remarque à l'article 118 et que je ne semble pas retrouver
à l'article 114, à moins qu'on ne le retrouve à l'article
115 - mais je ne le vois pas là, non plus - c'est qu'on indiquait que la
commission adoptait un règlement pour déterminer les
règles de preuve et de procédure. Est-ce que c'est ce que l'on a
voulu dire par "régie interne" tout simplement?
Mme LeBlanc-Bantey: M. Gélinas va vous expliquer cela.
M. Gélinas: La régie interne, c'est le
fonctionnement interne administratif de la commission.
M. Doyon: Alors, les règles de preuve sont
déterminées de quelle façon?
M. Gélinas: Par règlement, justement. La commission
adopte un règlement pour déterminer les règles de preuve
et de procédure pour les causes qui vont devant la commission; ces
règles de régie interne, c'est pour son administration.
M. Doyon: D'accord. L'article 115 est adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
115 est adopté. J'appelle l'article 116.
Mme LeBlanc-Bantey: Pas de commentaire.
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais me faire expliquer la
portée de cet article? Je suis d'accord qu'un membre de la commission
peut être récusé. Mais quand on dit: "Les articles 234
à 242 du Code de procédure
civile s'appliquent, en les adaptant, à cette récusation",
je veux juste savoir ce que cela veut dire. Ce n'est pas un cours de droit que
je veux avoir, mais cela aide en même temps!
M. Gélinas: Ce sont les articles du Code de
procédure civile qui s'appliquent normalement dans les procédures
civiles et, compte tenu qu'on est devant un tribunal quasi judiciaire, qui est
un tribunal où le droit public s'applique, il faut prévoir qu'on
puisse être obligé de faire des adaptations au niveau des
procédures entre autres, les procédures n'étant pas les
mêmes devant un tribunal judiciaire que devant un tribunal quasi
judiciaire. Là, on veut être plus informel.
M. Bisaillon: Pouvez-vous me donner juste un exemple d'adaptation
qu'on pourrait être obligé de faire?
M. Gélinas: Cela peut être au niveau de la
requête même, où on va faire la demande de
récusation.
M. Bisaillon: Directement devant le tribunal.
M. Gélinas: Pardon?
M. Bisaillon: Est-ce qu'on pourrait faire la demande directement
devant le tribunal?
M. Gélinas: Ce serait beaucoup plus informel au niveau du
tribunal quasi judiciaire, à ce niveau-là.
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 116 est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 117.
Mme LeBlanc-Bantey: Pas de commentaire.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 117 est adopté?
M. Doyon: Un instant! Adopté. Mme LeBlanc-Bantey:
Adopté. M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
117 est adopté. J'appelle l'article 118. (19 h 30)
Mme LeBlanc-Bantey: C'est pour permettre à la commission
de prolonger certains délais lorsqu'elle pourrait considérer
qu'un fonctionnaire est dans l'impossibilité de les respecter. Cela a
été à la demande de certains groupes qui trouvaient que
des délais trop rigides pouvaient créer des situations
d'injustice pour certaines personnes qui auraient vraiment été
dans l'impossibilité d'agir dans les délais prescrits par la
loi.
M. Bisaillon: M. le Président, je voudrais juste
indiquer...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est un élargissement.
M. Bisaillon: ...que c'est une souplesse qu'on devrait retrouver
dans plusieurs de nos lois.
Mme LeBlanc-Bantey: Je crois même que le
député de Sainte-Marie a eu l'occasion d'insister sur ce point,
si ma mémoire est bonne.
M. Bisaillon: C'est juste. Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
118 est-il adopté? M. le député de Sainte-Marie, est-ce
que l'article 118 est adopté?
M. Bisaillon: Certainement, M. le Président.
Mme LeBlanc-Bantey: II est enchanté de notre ouverture
d'esprit, encore une fois.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): D'accord.
L'article 118 est adopté. J'appelle l'article 119.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est un article qui prévoit tout
simplement que, pour des raisons d'efficacité, la commission pourrait
s'adjoindre des commissaires suppléants s'il devait y arriver en
certaines périodes un surcroît de travail.
M. Doyon: Adopté.
M. Bisaillon: D'accord avec l'article 119. La seule chose, c'est
qu'on dit que c'est le Bureau de l'Assemblée nationale qui va fixer
"leurs honoraires, allocations ou traitements." Cela aussi est une
procédure nouvelle. Je comprends qu'on demande cela au Bureau de
l'Assemblée nationale parce que la commission dépend de
l'Assemblée nationale, mais elle ne relève pas du budget de
l'Assemblée nationale. Le budget de la commission n'est pas compris
à l'intérieur du budget de l'Assemblée nationale.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est à même le fonds
consolidé du revenu. Ici si on a confié
au Bureau de l'Assemblée nationale de fixer les honoraires, c'est
pour respecter le principe de la séparation des pouvoirs; compte tenu
que la commission est nommée aux deux tiers de la Chambre, il convient
que des commissaires suppléants, qui seraient là pour aider des
commissaires et exercer les mêmes fonctions qu'un commissaire
nommé aux deux tiers de la Chambre, soient au moins payés selon
les honoraires, allocations et traitements déterminés par la
Chambre elle-même et ses représentants.
M. Bisaillon: Cela me va. Cela m'aurait convenu aussi si cela
avait été le président de la commission qui avait
fixé cela.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Cela va.
L'article 119 est adopté. J'appelle l'article 120.
Mme LeBlanc-Bantey: Le seul commentaire à l'article 120,
c'est que les commissaires suppléants auxquels on fait allusion à
l'article 119 doivent être choisis à même une liste
approuvée par l'Assemblée nationale.
M. Bisaillon: C'est excellent, cela. Adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est bon, n'est-ce pas?
M. Bisaillon: Très bon.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie.
Mme LeBlanc-Bantey: II ne faut pas vous gêner pour le dire
quand c'est bon.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article est adopté, M. le député de Sainte-Marie?
M. Bisaillon: M. le Président, forcément, j'adopte
tout ce qui est très bon.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
120 est adopté. J'appelle l'article 121.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas de commentaire, M. le
Président, je pense qu'il est clair.
M. Bisaillon: J'ai des questions sur la deuxième partie de
l'article 121. Pourquoi la commission peut-elle réviser ou
révoquer une décision qu'elle a rendue? Habituellement, les
décisions, lorsqu'elles sont rendues, sont finales et
exécutoires. Je comprends que vous voulez couvrir des motifs où
on dit "pour cause". Est-ce que cela pourrait être, par exemple, des
faits nouveaux? Dans les cas que va entendre la commission, les règles
de preuve sont importantes et je comprends qu'on doit les élargir et les
rendre plus souples. Ce n'est pas un tribunal où il doit y avoir
beaucoup de rigidité. On peut permettre plus de souplesse, sauf qu'une
fois que ton lit est fait, je ne vous dirai pas cela en latin, mais,
habituellement, quand ton lit est fait, tu t'y couches. Cela voudrait dire que,
par exemple, deux mois après que la commission aurait entendu une cause
de congédiement, aurait statué sur ce congédiement, on
pourrait revenir en invoquant des faits nouveaux, en alléguant des faits
nouveaux et reprendre la preuve. Je comprends que la commission pourrait se
prononcer sur deux congédiements différents. Je peux avoir
congédié une fois, m'être trompé ou avoir
présenté une mauvaise preuve et la commission me donne tort. Deux
mois après, comme gestionnaire, je reviens à la charge et je
congédie à nouveau en invoquant d'autres motifs ou les
mêmes motifs, mais cette fois en les prouvant. Ce sont deux causes, ce
n'est pas la même cause. Le fait de revenir sur la cause, n'est-ce pas un
peu...
Mme LeBlanc-Bantey: Généralement, les causes sont
entendues par un commissaire. Il se pourrait que l'ensemble de la commission ne
soit pas d'accord avec la décision d'un commissaire et qu'elle puisse
vouloir la révoquer ou la réviser.
M. Bisaillon: Mais si la commission a décidé, dans
ses règles de procédure...
Mme LeBlanc-Bantey: M. le député de Sainte-Marie,
j'ajoute que c'est à la demande de la plaignante ou du plaignant.
M. Bisaillon: Même si c'est à la demande du
plaignant ou de la plaignante, je veux juste indiquer que cela peut amener des
conflits. Je vous indique qu'à l'article 114 on a dit que la commission
adoptait "un règlement pour fixer le nombre de membres requis pour
entendre un recours et en décider." Supposons qu'effectivement la
commission a décidé par règlement que ce sont deux
commissaires qui vont entendre un recours et que la présence de deux
commissaires fait une décision de la commission. Que les trois autres ne
soient pas d'accord avec le jugement ou se disent: Si j'avais été
là, j'aurais rendu un jugement différent, on ne peut tenir cela
pour acquis pour revenir là-dessus. La décision d'un commissaire
ou des deux commissaires devient la décision de la commission. Cela
devient la décision de l'institution. Si on ne respecte pas cela, on
passe à côté de tout le processus et on le fausse en
partant.
Mme LeBlanc-Bantey: Par ailleurs, il
pourrait arriver aussi des faits nouveaux. Je ne vois pas pourquoi il ne
pourrait pas être possible dans de tels cas... Je pense que c'est le
même genre de prudence qu'on a là, qu'on a eue, par exemple, sur
la question des délais. En tout cas, si cela peut vous rassurer, cela
existait aussi dans la loi 50 et je ne pense pas qu'il y ait abus. M. Lefebvre
pourrait même nous dire si cela a déjà servi.
M. Bisaillon: Est-ce qu'il y a eu des moments où cela a
servi. Est-ce qu'on pourrait savoir cela de la part de M. Lefebvre?
Mme LeBIanc-Bantey: Oui, j'aimerais cela. M. Lefebvre, si vous
voulez bien. On a la chance d'avoir M. Lefebvre, de la commission, avec
nous.
M. Lefebvre (Gaston): Voici. La révision pour cause est
encadrée par de la doctrine et de la jurisprudence. On ne peut pas
réviser une décision simplement parce qu'elle ne fait pas
l'affaire des autres commissaires.
M. Bisaillon: Ou des parties.
M. Lefebvre: C'est soit des faits nouveaux, des erreurs de fait
ou de droit qui auraient été commises dans la décision.
C'est encadré.
M. Bisaillon: Depuis la loi 50, M. Lefebvre, est-ce qu'il y a eu
des cas où la commission s'est servie de cela.
M. Lefebvre: Plusieurs. Oui, il y a eu plusieurs demandes de
révision. La plupart n'ont pas été accordées.
À ma mémoire, je pense qu'il y a eu un cas où la
décision a été révisée, mais basée
sur des faits nouveaux.
M. Bisaillon: Je ne veux pas attaquer l'intégrité
des commissaires, mais est-ce que cela ne pourrait pas éventuellement
être utilisé comme moyen de pression auprès des
commissaires? Ou est-ce que les commissaires ne pourraient pas percevoir,
à un moment donné, que cela peut être un moyen de pression
sur eux?
M. Lefebvre: De la part de qui?
M. Bisaillon: De quelqu'un qui veut absolument une
révision.
M. Lefebvre: II la demande.
M. Bisaillon: Par exemple, les gestionnaires...
M. Lefebvre: Ils la demandent et il faut qu'ils la motivent, il
faut qu'ils la justifient. Ils ne peuvent pas simplement dire: Je demande une
révision parce que je n'aime pas la décision. Il faut qu'ils la
justifient: soit qu'ils allèguent des faits nouveaux qui
n'étaient pas connus au moment où la cause a été
entendue la première fois, soit qu'ils allèguent que le
commissaire a erré en droit ou a erré en fait. Là, les
commissaires qui vont entendre la révision, comme ils sont maîtres
de la procédure, vont décider si, oui ou non, ils doivent en
tenir compte.
M. Bisaillon: Si la commission errait en droit, à ce
moment, il y a un recours devant d'autres tribunaux. M. Lefebvre ou M.
Gélinas?
M. Lefebvre: Je ne suis pas avocat.
M. Gélinas: Si jamais un commissaire erre en droit
à l'intérieur de sa juridiction, il respecte sa juridiction,
alors, il n'y a pas ouverture devant la Cour supérieure pour ce qu'on
appelle le bref d'évocation, le recours en révision au niveau de
la Cour supérieure. Mais s'il excède sa juridiction, alors, c'est
le motif de la raisonnabilité et toutes les causes de jurisprudence sont
là pour l'expliquer. Il faut qu'il excède sa juridiction.
M. Bisaillon: Cela va.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, sur
l'article 121, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Toujours sur l'article 121. Je n'ai pas eu l'occasion
de me faire entendre là-dessus. Ce que j'aimerais vous dire, c'est que
je remarque tout d'abord que l'article 121, qui avait comme équivalent
l'article 122 dans l'avant-projet de loi, ne reprend plus la phrase qui disait
que la décision de la commission était finale et sans appel. Je
demande à la ministre si c'est là un signe qu'on ne
considère plus les décisions de la commission comme finales et
sans appel ou si c'est tout simplement un ajustement que vous faites du fait
que, deux lignes après, vous donnez, à toutes fins utiles,
à la commission un pouvoir d'appel sur ses propres décisions.
Est-ce pour cela que vous avez enlevé la phrase qui disait que la
décision de la commission sur une affaire était finale et sans
appel?
M. Gélinas: On l'a enlevé, parce que c'est vraiment
inutile de le dire. Il n'y a appel d'une décision d'un tribunal quasi
judiciaire que lorsque la loi le prévoit expressément. Vouloir
dire que les décisions de la commission sont finales et sans appel va de
soi. Elles sont finales et il n'y aura d'appel que si la loi le prévoit.
Comme la loi n'en prévoit pas, il n'y a pas d'appel.
M. Doyon: Je reviens un peu à l'argumentation du
député de Sainte-Marie. Le dernier paragraphe de l'article 121 me
laisse un peu songeur. Cela équivaut à permettre à la
commission d'agir comme tribunal d'appel pour certaines des causes qu'elle a
entendues. Je comprends que la pratique s'est développée et qu'il
y a de la jurisprudence qui dit qu'une cause ne sera pas rouverte, que la
décision ne sera pas révoquée si telle condition n'est pas
présente. Je comprends bien cela. D'un autre côté, ces
mêmes conditions, cette jurisprudence, cette pratique qui s'est
développée prend sa source dans la commission elle-même.
Cela a deux effets; le premier effet - ce n'est pas péjoratif pour la
commission en aucune façon - est qu'on se dit si je me trompais d'une
façon trop flagrante, il y aura toujours le pouvoir de révision
et de révocation qui pourra être utilisé pour que la
décision soit renversée.
La deuxième conséquence, c'est de mettre la commission
dans une situation difficile par rapport à elle-même, par rapport
à ses propres membres. Ce n'est jamais flatteur, quoiqu'on en dise. On
sait quel soin prennent les juges pour ne pas être renversés en
appel; ils ne sont pas au même niveau; ils ne siègent pas
ensemble; ils ne sont pas véritablement des collègues. Les juges
sont très chatouilleux, et cela se comprend, sur les appels qui ont lieu
de leurs causes et quand on fait droit à un appel, ils n'en sont pas
flattés outre mesure.
Si on permet à la commission de jouer ce rôle
vis-à-vis d'elle-même - je comprends qu'on le fait pour de bons
motifs et que cela ne donnera probablement pas lieu à des abus - on met
la commission dans une situation extrêmement délicate où en
même temps qu'elle rend justice à quelqu'un d'autre, elle se voit
dans l'obligation de reprendre ou de corriger un autre de ses membres qui
n'aura pas vu tel aspect du problème, qui aura accepté une preuve
qui n'était pas acceptable ou qui aura refusé une preuve qui ne
devait pas être refusée. Cela est embêtant pour un
même tribunal que d'agir sur ce plan. C'est pour cela que, normalement, -
je comprends qu'on n'appelle pas cela véritablement un appel - mais dans
les faits, c'est cela.
Je conçois qu'au plan administratif ce soit commode, mais ce que
je veux dire c'est qu'au plan juridique, c'est drôlement inhabituel et
hors de l'ordinaire.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela existe entre autres dans la Loi sur
l'accès à l'information gouvernementale et dans d'autres lois du
gouvernement. Il m'apparaît que c'est, encore une fois, faire preuve de
prudence que de laisser une telle disposition. Que la commission ait à
réviser une décision qui, à la lumière de faits
nouveaux, pourrait devoir changer, je ne vois pas ce qu'il y a de si
embarrassant ou de si délicat. On est tous, chacun notre tour,
forcé de réviser nos décisions devant des faits nouveaux,
je ne pense pas qu'il soit abusif de prévoir cela.
M. Doyon: C'est l'opinion de la ministre mais je lui signalerai
que dans le monde judiciaire...
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne suis pas familière avec le monde
judiciaire; je l'admets très simplement.
M. Doyon: ...voir une de ses décisions renversée en
appel, ce n'est pas flatteur et ce n'est pas agréable pour un juge. Les
juges le reconnaissent volontiers; c'est humain que ce soit comme cela. Ce
n'est pas parce que ce sont des juges que c'est comme cela...
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que ce n'est pas seulement dans le
monde judiciaire, on est tous pareil.
M. Doyon: C'est ce que j'allais dire. On confie ce rôle
à des collègues avec qui on est susceptible de siéger le
lendemain. Cela met tout le monde dans une drôle de situation
embarrassante. Dire le contraire c'est se boucher les yeux bien durs. Si on
voulait donner un droit d'appel, il est possible qu'il soit nécessaire
qu'il y ait un droit d'appel pour des raisons très valables, on ne
manque pas de cours à qui on pourrait confier cette chose-là. Je
n'en fais pas une question de principe mais je signale que ce n'est pas la
façon habituelle de garantir les droits des justiciables que de confier
au même organisme de réviser sa décision si jamais il y a
quelque chose qui donne ouverture à cette révision. Ce n'est pas
la meilleure façon. (19 h 45)
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
121 est-il adopté?
M. Doyon: Sur division. M. Bisaillon: Sur division.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
121 est adopté sur division. J'appelle l'article 122.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas de commentaire, M. le
Président.
M. Doyon: Un instant! M. Bisaillon: Adopté. M. Doyon:
Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
122 est adopté. J'appelle
l'article 123.
Mme LeBlanc-Bantey: A-t-on un amendement?
M. Bisaillon: Même chose que pour l'Office des
professions.
Mme LeBlanc-Bantey: Aucun commentaire à l'article 123.
M. Bisaillon: Adopté. M. Doyon: Adopté.
Réglementation
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
123 est adopté. J'appelle l'article 124. Vous avez un amendement.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui.
M. Bisaillon: II a besoin d'être bon.
Mme LeBlanc-Bantey: Notre amendement vise à ajouter un
cinquième alinéa qui prévoit que le gouvernement peut
modifier, remplacer ou abroger un règlement adopté par le
ministre de la Fonction publique - les lois sont encore très sexistes en
termes d'identification des ministres - en vertu de la Loi sur la fonction
publique.
M. Gélinas pourrait-il nous en expliquer la
nécessité, parce qu'on a fait la discussion et je vous dirai
très honnêtement que je ne me souviens plus exactement des raisons
évoquées?
M. Bisaillon: On n'a pas le texte de cet amendement.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, le
texte a été déposé à l'article 125.
M. Bisaillon: Ah oui!
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): C'est un
amendement.
M. Doyon: On est à l'article 124. M. Bisaillon:
124.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Excusez-moi.
M. Bisaillon: À l'article 125, c'est le mien, M. le
Président. Faites attention!
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, on va
faire attention. Alors, c'est l'article 124. Vous avez le texte, M. le
député de Sainte-Marie?
M. Bisaillon: Je le cherche désespérément,
M. le Président.
Mme LeBlanc-Bantey: Voulez-vous que je le relise?
M. Bisaillon: Ce serait bien.
Mme LeBlanc-Bantey: "Modifier, remplacer ou abroger un
règlement adopté par le ministre de la Fonction publique en vertu
de la Loi sur la fonction publique". C'est pour permettre au gouvernement, sur
avis du Conseil du trésor, de modifier les règlements ou
d'abroger les règlements actuels de la loi 50 dans la phase de
transition qu'il y aura, évidemment, entre la loi 50 et le projet de loi
51 que nous adopterons bientôt, je l'espère. Cela va assurer une
plus grande cohérence dans toute l'action gouvernementale, la phase
transitoire.
M. Doyon: Si je comprends bien, Mme la ministre, sur l'amendement
uniquement, le but de cela, c'est de... Normalement, en abrogeant la Loi sur la
fonction publique, les règlements devraient s'éteindre en
même temps.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est-à-dire que ce n'est pas ce qu'on
avait prévu. On avait prévu qu'au fur et à mesure que se
ferait l'implantation de la loi, dès qu'on sentirait que le temps est
venu d'abroger certains règlements, nous le ferions, mais ce n'est pas
automatique que les règlements s'abrogent. Les règlements
s'abrogent, mais ils vont se transformer ipso facto en directives ou en
politiques, pour nous permettre une phase d'implantation successive compte tenu
de l'adaptabilité de la gestion au nouveau style qu'on propose pour le
projet de loi 51.
M. Doyon: II faudrait éviter de se placer dans une
situation où par...
Mme LeBlanc-Bantey: Ah oui! M. Doyon: ...le fait
même de...
Mme LeBlanc-Bantey: Incidemment, je m'excuse, il y a une
disposition à l'article 144 - je l'avais oubliée - qui va
répondre à votre question, je crois. Elle prévoit qu'un
règlement adopté par le ministre de la Fonction publique demeure
en vigueur jusqu'à ce qu'il soit remplacé ou abrogé par un
règlement du gouvernement.
M. Doyon: Oui, d'accord, mais ce que je veux dire, c'est qu'il
faut éviter, par cet amendement, de se trouver dans une situation
où, finalement, parce que cet alinéa se trouve là, il n'y
ait rien de changé avec la nouvelle loi et qu'avec cet article, au
niveau de la réglementation, on continue sur notre erre d'aller.
Il n'y a aucune garantie que les règlements qui doivent être
remplacés ou qui devraient être remplacés par l'effet de la
loi le seront, puisqu'on aura toujours quelque chose sur lequel se baser pour
continuer l'administration des ressources humaines.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense qu'on n'a quand même pas
travaillé sur un projet de loi pendant deux ans dans l'intention de
garder l'application de la loi 50 par ses règlements. Par ailleurs, je
pense qu'il est prudent de prévoir que les règlements ne
s'abrogent pas automatiquement, compte tenu du fait - on l'a mentionné
à de multiples reprises - que le type de gestion préconisé
par la loi 51 va commander du temps, un changement de mentalité. Il va
falloir procéder par étapes, selon l'état de
préparation tant des individus que des règles de gestion à
développer dans la fonction publique.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Toujours
sur l'amendement, M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Quand la ministre a annoncé un amendement
à l'article 124, j'étais très heureux parce que je pensais
qu'elle était pour enlever des choses qui étaient de trop, selon
moi, dans cet article, mais je vois qu'on en ajoute encore. Forcément,
je ne peux être heureux...
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne peux pas toujours être d'accord
avec vous.
M. Bisaillon: C'est cela, bien sûr. Il faut se laisser de
la place pour modifier. Si je comprends bien l'amendement, cela veut dire que
non seulement le Conseil des ministres va pouvoir décider de remplacer
ou d'abroger un règlement en vigueur selon la loi actuelle, mais il va
pouvoir, en plus de cela, décider de le remplacer, même si les
pouvoirs sont confiés à d'autres personnes dans la loi. Cela veut
dire qu'on pourrait avoir des règlements prévus dans la loi qui
doivent être faits ou bien par l'Office des ressources humaines, ou bien
par le Conseil du trésor, ou bien par la Commission de la fonction
publique, et le Conseil des ministres pourrait jouer là-dessus,
temporairement en tout cas, tant que les organismes ne seront pas en place.
Là, où je suis plus inquiet, c'est quand je vois le mot
"modifier". On pourrait, dans l'interrègne, modifier ce qui existe
déjà, sauf qu'on ne dit pas qu'on va le modifier pour rendre les
articles de la loi actuelle, la loi qu'on est en train d'adopter, applicables.
Je ne sais pas dans quel sens cette modification peut aller. Cela peut tout
simplement ne pas mettre en vigueur un article de la loi actuelle et laisser
l'ancien règlement jouer, tout en le modifiant.
Je trouve que c'est beaucoup de latitude que l'ancienne loi ne
permettait pas, finalement. L'ancienne loi ne permettait pas de fonctionner de
cette façon. La loi 50 actuelle, tant qu'on n'aura pas adopté
celle-ci, est en vigueur. Le Conseil des ministres ne pouvait pas modifier un
règlement, ne pouvait pas modifier l'ensemble des règlements sans
suivre une procédure qui était beaucoup plus rigide que celle
qu'on va prévoir à l'article 124.
M. Gélinas: C'est parce que la situation n'est pas la
même au niveau du projet de loi 51 que celle qu'on retrouvait au projet
de loi 50. À l'époque, il y avait quand même le
ministère de la Fonction publique, il y avait quand même l'Office
de recrutement et de la sélection du personnel, il y avait aussi la
Commission de la fonction publique. À l'heure actuelle, dans un effort
de déréglementation, le ministère de la Fonction publique
disparaît et la grande majorité de ses fonctions est
redonnée au Conseil du trésor qui, lui, fonctionne par voie de
politiques administratives et non par voie réglementaire.
Pour prévoir, justement, que la transition puisse se faire de
façon harmonieuse, ce qu'on a voulu faire à l'article 124, c'est
de prévoir que le gouvernement, n'agissant pas seul, mais toujours sur
avis du Conseil du trésor - c'est obligatoire - puisse modifier, parce
que la période transitoire peut être plus ou moins longue, pour
des motifs bien particuliers. Les règlements de la ministre de la
Fonction publique seront maintenus en vigueur pour un certain temps,
jusqu'à ce qu'ils soient remplacés par une politique du Conseil
du trésor ou par un règlement du gouvernement, en vertu de
l'article 124. C'est simplement pour permettre une période de
transition.
M. Bisaillon: Sauf qu'à 144 et à 145 on avait deux
articles qui prévoyaient le transfert. À 145, par exemple, on va
prévoir qu'un règlement adopté par l'Office du recrutement
et de la sélection du personnel demeure en vigueur jusqu'à ce
qu'il soit remplacé ou abrogé par un règlement de l'Office
des ressources humaines.
M. Gélinas: Et un amendement va être
présenté pour ajouter le mot "modifier".
M. Bisaillon: Par l'Office des ressources humaines.
M. Gélinas: C'est cela.
M. Bisaillon: Alors que là, ce sont tous les
règlements qui étaient prévus dans la Loi
sur la fonction publique. Donc, entre-temps, je comprends que le Conseil
des ministres pourrait jouer sur des règlements de l'Office des
ressources humaines.
Mme LeBlanc-Bantey: II faut quand même que l'ensemble de
ces règlements soit publié compte tenu des règles
usuelles. Il ne peut pas jouer à sa guise, selon ses états
d'humeur.
M. Bisaillon: Ce que je vous dis, c'est que dans la loi actuelle,
quand on veut modifier un règlement, il y a une procédure
beaucoup plus rigide que celle qu'on va connaître. Par exemple, la
consultation auprès de la Commission de la fonction publique ou du
Conseil du trésor, on va mettre tout cela de côté. Je dis:
Dans l'interrègne, tant que vous n'aurez pas décidé de
l'appliquer, continuez à jouer au moins les règles du jeu qui
continuent à subsister.
Mme LeBlanc-Bantey: II est vrai que, selon la loi 50, on devait
consulter la commission, le Conseil du trésor, etc. Par ailleurs, il n'y
avait pas le délai de prépublication de 30 jours qui est inscrit
dans notre loi.
M. Bisaillon: Rien ne nous dit que cela va être fait selon
les prescriptions de cette loi, puisqu'on se réfère à
l'ancienne loi, c'est-à-dire à la loi actuelle, la loi 50. Rien
ne nous dit que l'abrogation ou le remplacement sera fait selon les
modalités de la loi 51.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que l'article 126 ne répond pas
à votre préoccupation?
M. Bisaillon: Oui, partiellement. Vous avez raison.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah! Vous me soulagez!
M. Gélinas: J'ajouterais que les règlements que le
gouvernement va adopter pour modifier...
M. Bisaillon: Cela répond à une partie de mon
argumentation.
Mme LeBlanc-Bantey: Je sais que c'est toujours très
difficile de vous contenter entièrement.
M. Bisaillon: M. le Président, je trouverais
préférable - c'est un amendement qui ajoute un des quatre
éléments sur lesquels le Conseil des ministres va pouvoir
statuer. Dans ce sens, je trouve qu'on pourrait en profiter pour faire nos
commentaires sur l'ensemble de l'article. De toute façon, ils vont subir
le même sort, c'est-à-dire que le sort réservé
à l'amendement va être réservé à
l'article.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela veut dire quoi?
M. Bisaillon: Je veux dire que, si je suis contre l'amendement,
je devrais être normalement contre l'article, alors aussi bien que je
fasse mes commentaires sur l'ensemble de...
Mme LeBlanc-Bantey: ...trop bien comprises.
M. Bisaillon: ...l'article. D'abord, vous dites: Le gouvernement
peut, par règlement, sur avis du Conseil du trésor. Qu'on laisse
donc le gouvernement décider de ses propres règles de
fonctionnement. Je ne vois pas comment le gouvernement, l'ensemble du Conseil
des ministres se prononcerait, puisque, à l'intérieur du Conseil
des ministres, il y a cinq membres du Conseil du trésor. Qu'est-ce que
l'avis du Conseil du trésor va ajouter dans les
délibérations au niveau du Conseil des ministres? Ils sont tous
présents au Conseil des ministres. Je trouve que...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est toujours très enrichissant.
M. Bisaillon: Oui, bien sûr, mais ils sont là. On
comprend que l'enrichissement est déjà là. Dans le plus,
il y a le moins. Je ne vois pas ce qu'on ajoute en disant que cela va
être sur avis du Conseil du trésor, sinon d'imposer de la
paperasse ou de la bureaucratie additionnelle. Si les membres du Conseil du
trésor qui siègent au Conseil des ministres ne sont pas d'accord,
ils vont l'indiquer au Conseil des ministres. Ou si le Conseil des ministres
veut prévoir une procédure interne, laissez-le s'organiser. Dans
la loi, on est non seulement à se prononcer sur ce qu'on laisse à
l'exécutif, mais on dit en plus de cela comment l'exécutif va
procéder. Je trouve que c'est de trop.
Mon deuxième commentaire concerne le premier paragraphe:
Préciser les normes d'éthique et de discipline prévues
dans la présente loi et en établir de nouvelles. Je trouve cela
complètement abusif. On part d'une situation où il y a un code
d'éthique qui existe actuellement et auquel la loi se
réfère. On dit que cela n'a pas été satisfaisant
et, dans le projet de loi qui est devant nous, on prend le soin de les inscrire
dans la loi, les règles d'éthique auxquelles on attache le plus
d'importance. À partir du moment où on fait cela dans la loi,
trop fort ne casse pas toujours, c'est-à-dire qu'on a mis une clé
dans la porte et on essaie de trouver trois autres serrures et on se
cherche trois autres clés et on dit: En plus de cela, le Conseil
des ministres va pouvoir en faire de nouvelles.
Je pourrais dire à la ministre que, dans les circonstances, quand
il y aura des règles d'éthique qu'il deviendra nécessaire
de faire apparaître dans la loi, la loi se modifie. On pourrait apporter
à la ministre le même argument qu'elle m'a apporté
tantôt quand j'ai dit: Sous réserve du règlement de
l'Assemblée nationale. Vous m'avez dit: S'il y a des règles de
l'Assemblée nationale qui viennent modifier la loi, on modifiera la loi.
Faites de même pour le code d'éthique. Cela veut dire qu'on
aurait, par une loi, insisté sur un certain nombre de règles
d'éthique et, par la suite, on peut bien demander au gouvernement de
préciser ce qu'il veut dire à l'intérieur de cela. Je
trouve cela normal, mais lui demander, au-delà du Parlement qui va
adopter cette loi, d'en faire de nouvelles qui aient la même valeur que
celles qu'on va adopter dans le Parlement, je trouve cela abusif. Si cela
devenait urgent d'en ajouter d'autres dans la loi, la procédure
d'amendement aux lois, cela existe. Le gouvernement présenterait un
amendement à la loi pour en ajouter d'autres. On fera comme on fait
habituellement quand il y a des amendements à une loi, cela suscite un
débat qui n'est pas le même que lorsque c'est un
arrêté ministériel qui fixe les choses. (20 heures)
Je trouve qu'on devrait enlever et en établir de nouvelles. Qu'on
laisse le gouvernement préciser les règles d'éthique, je
suis d'accord. Mais qu'on en établisse de nouvelles juste par simple
décision du gouvernement, au-dessus du Parlement, cela est un
blanc-seing que l'on donne à l'exécutif. Je trouve que c'est non
seulement abusif, c'est, jusqu'à un certain point, de la fraude; c'est
comme s'il y avait des choses là-dedans qu'on aurait peut-être
voulu dire mais qu'on n'a pas voulu soumettre au débat. C'est dans ce
sens-là que je dis que cela peut devenir de la fraude. Si on voulait les
soumettre au débat, on n'avait qu'à les inscrire dans le projet
de loi. À partir du moment où on ne l'a pas fait, quand on voudra
le faire on refera le débat et on amendera la loi. Pour l'instant, je
trouve qu'on n'a pas à laisser voter cela en catimini par
l'exécutif et que cela ait la même valeur et la même force
que ce que le Parlement va voter.
Je trouve que la ministre devrait songer sérieusement à
enlever, au premier paragraphe, le fait que le gouvernement puisse en
établir de nouvelles. Je ne nie pas à l'exécutif le droit
de proposer au Parlement d'ajouter dans la loi d'autres règles
d'éthique. Je dis que tant qu'il ne l'a pas proposé au Parlement
par le biais d'un amendement à la loi, cela ne devrait pas être
traité de la même façon que lorsque le Parlement se
prononce. Je trouve que cela devrait être enlevé. Pour l'instant,
je ne propose pas d'amendement parce qu'on fait la discussion sur l'ensemble de
l'article. J'aurai, éventuellement, un amendement à mettre aux
voix là-dessus.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Je pense
que...
Mme LeBlanc-Bantey: Je dirai simplement...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Un instant.
Voici, cela prendrait le consentement et qu'à 20 heures il y a
déjà des personnes qui attendent ici...
Mme LeBlanc-Bantey: ...30 secondes, 30 secondes.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Mais s'il y
a des amendements, cela peut être long.
M. Bisaillon: Non, non, j'ai dit que je ne les
présenterais pas.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Alors
répondez.
Mme LeBlanc-Bantey: 30 secondes parce que j'aurai l'occasion de
revenir sur le débat. Je voudrais simplement dire au
député de Sainte-Marie que je l'ai trouvé un peu abusif
dans ses propos. Mais j'expliquerai pourquoi lors de la prochaine
séance.
M. Doyon: Alors, tout simplement pour signaler au
président...
Mme LeBlanc-Bantey: Ce n'est pas la première fois
d'ailleurs.
M. Doyon: ...et à la ministre que la discussion fort
intéressante qu'on vient d'avoir sur l'article 124 n'a pas encore
donné lieu à l'expression de ce que j'ai à dire
là-dessus. Alors, je réserve mes commentaires là-dessus
pour tout à l'heure ou à la première occasion qui se
présentera, où on verra ce qu'il y a vraiment dans l'article 124
et on poursuivra la discussion.
Mme LeBlanc-Bantey: Je souligne que je n'ai pas eu mon cadeau
d'anniversaire de la commission!
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Alors
merci. La commission élue permanente de la fonction publique ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 20 h 3)