Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Wednesday, January 19, 2022
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Vol. 46 N° 11
Special consultations and public hearings on Bill 4, an Act to reinforce the governance of state-owned enterprises and to amend other legislative provisions
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Skeete, Christopher
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Asselin, Mario
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Asselin, Mario
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Simard, Jean-François
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Leitão, Carlos J.
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Ghazal, Ruba
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Ouellet, Martin
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Skeete, Christopher
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Leitão, Carlos J.
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Leitão, Carlos J.
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Simard, Jean-François
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Ghazal, Ruba
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Ouellet, Martin
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Girard, Eric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Leitão, Carlos J.
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Ghazal, Ruba
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Ouellet, Martin
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Asselin, Mario
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Leitão, Carlos J.
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Leitão, Carlos J.
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Simard, Jean-François
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Ghazal, Ruba
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Ouellet, Martin
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Girard, Eric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Skeete, Christopher
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Asselin, Mario
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Leitão, Carlos J.
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Ghazal, Ruba
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Ouellet, Martin
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Leitão, Carlos J.
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Ghazal, Ruba
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Simard, Jean-François
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Ouellet, Martin
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures trente-six)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, bonjour à toutes et à tous. Je constate que nous avons quorum. On a
le plaisir de se retrouver ensemble dans la salle Pauline-Marois pour cette
dernière journée d'auditions et de consultations particulières sur le projet de
loi n° 4, Loi renforçant la gouvernance des sociétés
d'État et modifiant d'autres dispositions législatives.
Auditions (suite)
Nous entendrons cet avant-midi trois
groupes, quatre en après-midi, et nous commençons immédiatement en recevant le
représentant du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction. M.
Trépanier, bonjour.
Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction-International (CPQMCI)
M. Trépanier (Michel) : Bonjour,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Alors,
vous êtes, je crois, un habitué. Vous disposez de 10 minutes.
M. Trépanier (Michel) : Je
vous remercie. Mmes, MM. les députés, membres de la commission, M. le Président,
tout d'abord, je tiens à vous remercier de nous donner l'occasion de vous présenter
notre avis sur le projet de loi n° 4.
Mon nom est Michel Trépanier. Je suis le
président du conseil provincial international. Je serai seul aujourd'hui, afin
de faciliter les échanges virtuels, mais je tiens à remercier l'équipe du
conseil provincial qui a travaillé très fort pour l'analyse du projet de loi et
de rédiger notre mémoire. C'est avec beaucoup de fierté que nous représentons
tous nos membres et que nous portons leur message aujourd'hui devant cette
commission.
À la suite d'une analyse du projet de loi
n° 4 déposé par le gouvernement, le conseil provincial international fait
les constats suivants. Premièrement, le projet de loi n° 4 ne tient pas
compte des impacts des changements proposés sur l'industrie de la construction.
Deuxièmement, il va à l'encontre du pluralisme syndical et de l'impartialité du
gouvernement dans le choix des représentants associatifs. Aussi, il porte aussi
atteinte grave au paritarisme dans l'industrie et, de ce fait, à son équilibre.
Il porte aussi atteinte au droit fondamental des travailleurs. Il fait aussi fi
de la structure de financement de la Commission de la construction du Québec et
finalement il affaiblit le rôle du fiduciaire du régime de retraite du conseil
d'administration de la CCQ.
• (9 h 40) •
Tout d'abord, j'aimerais vous parler des
impacts de la transformation de la Commission de la construction du Québec en
société d'État. Comme vous le savez, la mission de la Commission de la
construction est de veiller à l'application de la loi R-20, Loi sur les
relations de travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'œuvre
dans l'industrie de la construction. Par conséquent, elle s'assure du respect
des conventions collectives dans l'industrie, de la gestion de la main-d'œuvre
et de l'administration des fonds de formation et des régimes d'avantages
sociaux.
À ce titre, elle gère un patrimoine privé
dans une industrie privée. Nous pensons donc qu'une exemption devrait s'appliquer
à la CCQ de par la nature même de sa mission. Elle possède également un pouvoir
réglementaire qui lui permet de réaliser sa mission. Les changements qui sont
donc proposés ont des conséquences importantes qui vont au-delà de l'organisation
en tant que telle mais qui touchent toute l'industrie. À notre connaissance,
aucune analyse d'impact et aucune consultation des partenaires de l'industrie n'a
précédé le dépôt de ce projet de loi, ce qui nous empêche de voir l'ampleur des
conséquences sur l'industrie.
Maintenant, j'aimerais aborder deux aspects
qui nous apparaissent essentiels et qui sont étroitement reliés, le pluralisme
syndical et le paritarisme. Depuis la commission Cliche, dans les années 70,
les gouvernements ont eu à coeur d'améliorer les structures de l'industrie pour
favoriser la participation et l'adhésion au plus grand nombre. D'ailleurs,
c'est pour cette raison que toutes les <associations représentatives...
M. Trépanier (Michel) :
...maintenant,
j'aimerais aborder deux aspects qui nous apparaissent essentiels et qui sont étroitement
reliés, le pluralisme syndical et le paritarisme. Depuis la commission Cliche,
dans les années 70, les gouvernements ont eu à coeur d'améliorer les
structures de l'industrie pour favoriser la participation et l'adhésion au plus
grand nombre. D'ailleurs, c'est pour cette raison que toutes les >associations
représentatives sont présentes sur le conseil d'administration de la
commission, sur les différentes tables de négociation, sur les différents
comités de travail de la CCQ et à l'ASP Construction. C'est ce qu'on appelle le
pluralisme syndical, et il permet de s'assurer que l'ensemble des travailleurs
soient représentés dans l'application du régime des relations de travail
instauré par la loi.
Rattaché à ce principe de pluralisme vient
le concept de paritarisme. Tel qu'il est démontré à travers l'historique de la
CCQ, l'organisation repose sur le paritarisme patronal et syndical pour
favoriser une culture de collaboration et d'adhésion de tous les partis aux
décisions prises par la commission. L'histoire a prouvé que cet équilibre est
bénéfique pour l'industrie et a été respecté dans toutes les modifications
législatives de la loi R-20 qui ont été faites depuis plus de 40 ans.
Très récemment, le même débat a eu cours concernant le conseil d'administration
de la CNESST, dont le mandat et la structure sont comparables à celle de la
CCQ. Le gouvernement a alors maintenu le paritarisme au sein du conseil d'administration
à cause de ces particularités du régime.
Un autre élément qui nous préoccupe est la
question de la perte de compétences découlant de la présence forte d'une forte
majorité d'indépendants. L'industrie de la construction a de nombreuses
particularités et caractéristiques qui sont souvent méconnues des acteurs
externes. Il est donc primordial que les acteurs du milieu aient une place
prépondérante au sein du conseil d'administration de la CCQ. À ce titre, nous
pouvons comparer la CCQ aux ordres professionnels, qui gèrent également la
compétence et l'accès à leurs secteurs de pratique. Pour un conseil d'administration
d'ordre de 13 à 17 personnes, taille comparable à celle de la CCQ, un
maximum de quatre membres indépendants sont nommés. Cela permet d'assurer un
équilibre entre la connaissance de la profession et la perspective externe des
indépendants. C'est d'ailleurs la répartition actuelle au conseil d'administration
de la CCQ.
La CCQ gère aussi un régime de relations
de travail, et plusieurs matières réglementées par la CCQ ont d'abord été
négociées entre les parties dans les conventions collectives. La présence des
mêmes organisations qui négocient assure donc la CCQ de légitimité dans la
révision de ses règlements.
Pour finir, je voudrais maintenant aborder
les deux derniers éléments de notre mémoire, qui, à notre avis, justifient que
la CCQ soit exemptée de l'application de ce projet de loi. D'abord, sur la
question du financement, selon les états financiers 2020 de la CCQ, plus
de 96 % des revenus de l'organisation proviennent des prélèvements et de
la tarification des services. De ce montant, deux tiers est directement imputé
aux travailleuses et aux travailleurs de l'industrie de la construction. Puisqu'ils
financent les activités de l'organisation, c'est un droit fondamental qu'ils
soient adéquatement représentés. De plus, la CCQ gère un patrimoine privé dans
une industrie privée, contrairement aux autres sociétés d'État.
Finalement, la question des avantages
sociaux. Pour commencer, la CCQ, par le biais de son conseil d'administration,
a pour but et fonction d'administrer les régimes d'avantages sociaux de l'industrie
de la construction, soit un régime de retraite et un régime d'assurance. Dans
le cas de notre régime de retraite, c'est le conseil d'administration de la CCQ
qui agit à titre de comité de retraite et de fiduciaire pour l'ensemble des
travailleurs de l'industrie. Les membres du conseil d'administration ont donc
toutes les obligations et devoirs que cela comporte, dont celle de prendre des
décisions dans le meilleur intérêt des bénéficiaires. À ce sujet, le fait que
chacune des associations représentatives ait un membre au sein du conseil d'administration
permet d'assurer une meilleure compétence des fiduciaires pour servir les
besoins des bénéficiaires, puisqu'ils sont les représentants élus, surtout que
notre régime à cotisation déterminée négocié amène... le fardeau du risque est
assumé par la participation... par les participants du régime. Ces derniers
désirent donc une participation active de leurs représentants afin de leur
assurer une meilleure protection.
En conclusion, je me permets de <rappeler...
M. Trépanier (Michel) :
...surtout que notre régime à cotisations déterminées négocié amène le fardeau
du risque est assumé par la participation... par les participants du régime.
Ces derniers désirent donc une participation active de leurs représentants afin
de leur assurer une meilleure protection.
En conclusion, je me permets de >rappeler
pourquoi le projet de loi n° 4 ne devrait pas s'appliquer à la CCQ. L'industrie
de la construction est une industrie privée où la CCQ a le mandat de s'assurer
de l'application d'une loi qui régit les relations de travail, la formation
professionnelle, les avantages sociaux et la gestion de la main-d'œuvre. Pour
réaliser ce mandat, elle est financée à 96 % par des prélèvements
provenant des travailleuses et travailleurs et d'entreprises privées et gère
des fonds, dont un régime de retraite duquel son conseil d'administration est
fiduciaire. Pour réaliser ce mandat, le mandat de la CCQ, son conseil d'administration,
a besoin de pluralisme pour représenter toutes les parties et que la gestion de
la retraite soit faite dans l'intérêt des bénéficiaires, de paritarisme
patronal-syndical pour assurer une adhésion de toutes les parties, et de
compétences pour que les règlements et politiques soient applicables et
appliqués.
Pour nous, le projet de loi n° 4 n'est
ni le véhicule ni le processus qui permettra d'améliorer la gouvernance de la
CCQ, puisqu'il ne tient pas compte des impacts et des particularités de la loi R-20.
Merci pour votre écoute.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. Trépanier, merci beaucoup pour votre intervention. Avant de
poursuivre, à ce stade-ci, j'aurais besoin, Mme la secrétaire, que vous
puissiez m'indiquer si nous avons des remplacements à la commission aujourd'hui.
La Secrétaire : Aucun
remplacement.
Le Président (M. Simard) :
Aucun remplacement?
La Secrétaire : Aucun.
Le Président (M. Simard) :
Bon, on est content d'avoir nos collègues. Alors, je cède maintenant la parole
à M. le ministre, qui dispose de 16 min 30 s.
M. Girard (Groulx) : C'est l'équipe
A, M. le Président. Merci à tous ceux qui sont ici. Merci pour votre
présentation. C'est très intéressant puis c'est bien étayé. Je suis bien
content qu'on ait cette discussion. Évidemment, nous... la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État vise l'intérêt supérieur du Québec et à
assujettir 46 sociétés d'État à une loi qui est modernisée. Alors, c'est
certain que les particularités de la CCQ... et je résume vos arguments, c'est
que vous ne voulez pas être assujettis à la loi. C'est un point pertinent. On a
l'intention d'en discuter ensemble, mais moi, je voudrais... j'ai des questions
pour vous. Je comprends le pluralisme syndical puis le paritarisme, je n'ai
rien contre. Si vous considérez que c'est vertueux, très bien. Mais moi, j'ai
des questions pour vous.
Est-ce que vous croyez à l'indépendance d'un
conseil d'administration par rapport à une société? Est-ce que vous croyez qu'un
conseil d'administration doit avoir une perspective au-delà de représenter les
groupes d'intérêts qui composent la société?
M. Trépanier (Michel) : J'y
crois puis je crois pertinemment que la commission, présentement, à l'heure
actuelle, respecte ce mandat-là.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous croyez à la séparation des pouvoirs entre le président d'une société
et le P.D.G. d'une société ou la P.D.G. d'une société et le président du
conseil d'administration, une pratique qui est établie dans l'ensemble de l'OCDE?
M. Trépanier (Michel) : M. le
ministre, il y a quatre ans, lors du projet de loi n° 152, notre
organisation a proposé cette recommandation de scinder le poste de P.D.G. entre
directeur général et président pour des matières de meilleure gouvernance. Ça
fait qu'on est en total accord avec vous, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Donc, si
on changeait ça dans la loi R-20, vous seriez pour.
M. Trépanier (Michel) :
Exactement.
M. Girard (Groulx) : Très
bien. Est-ce que vous croyez à l'importance des membres indépendants sur un
C.A.?
• (9 h 50) •
M. Trépanier (Michel) : C'est
sain d'avoir une contribution des membres indépendants. Cette contribution doit
se faire avec des principes d'équilibre, M. le ministre, puis, présentement, la
compréhension puis l'analyse du conseil provincial, avec la participation
maintenant de quatre indépendants, cet équilibre avec le principe de pluralisme
et de parité est respecté.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que la contribution des quatre membres indépendants actuels est <positive?
M. Trépanier (Michel) :
...quatre indépendants, cet équilibre avec le principe de pluralisme et de
parité et est respecté.
M. Girard (Groulx) :
Est-ce que la contribution des quatre membres indépendants actuels est >positive?
M. Trépanier (Michel) : Oui.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous croyez qu'il est important d'avoir un comité de vérification, un
comité de gouvernance et d'éthique ainsi qu'un comité de ressources humaines
sur un conseil d'administration?
M. Trépanier (Michel) : Oui,
c'est essentiel.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous croyez que la composition du conseil d'administration doit représenter
la société québécoise?
M. Trépanier (Michel) : Ici,
on parle d'une industrie privée. Ça fait que... Puis il faut comprendre la
mission de la commission, en étant une société privée, avec les cotisants, puis
tantôt j'en ai parlé, là, 96 % des cotisants viennent d'associations
patronales et syndicales par l'entremise d'entreprises et de salariés. Je crois
que c'est une juste représentation de ces cotisants-là.
M. Girard (Groulx) : O.K. Est-ce
que vous croyez qu'il est pertinent de rémunérer les membres indépendants pour
attirer les meilleures personnes, notamment?
M. Trépanier (Michel) : Je
suis d'accord avec vous, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : O.K. Est-ce
que vous croyez qu'il est pertinent que la société d'État revoie le plan
stratégique, le rapport annuel et s'assure d'une transparence au niveau de la
rémunération des hauts dirigeants?
M. Trépanier (Michel) :
Est-ce qu'on parle de celle de la CCQ ou des sociétés d'État?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, ma question porte sur la CCQ.
M. Trépanier (Michel) : Bien,
la CCQ, je ne peux pas vous donner l'affirmative, parce que je ne considère
pas, et... puis je tiens à vous souligner qu'hier le conseil d'administration a
pris une position unanime que personne au sein du conseil d'administration ne considère
la commission comme une société d'État. Ça fait que je ne peux pas répondre par
l'affirmative.
M. Girard (Groulx) : J'ai
pris acte de la lettre. Je l'ai lue. J'ai reçu... En fait, j'ai reçu la
résolution, je cherchais l'argumentaire. Très bien, ça fait le tour de mes
questions. Je vous remercie beaucoup, puis je vous remercie pour la qualité de
votre mémoire et votre présentation.
M. Trépanier (Michel) : Je
vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci, M. le
Président. Bonjour, bienvenue parmi nous.
M. Trépanier (Michel) :
Bonjour.
M. Skeete : J'ai quelques
questions par rapport à... le rôle des membres indépendants actuels.
Pouvez-vous me donner un aperçu de comment ça fonctionne? C'est quoi, le
quotidien, puis de quoi... c'est quoi, la contribution positive que vous
évoquez auprès du ministre? C'est quoi, cette contribution-là?
M. Trépanier (Michel) : Bien,
ici, il faut faire un recul sur la mission de la commission, puis je ne ferai
pas toute l'élaboration du principe des relations de travail, mais ce qui est
important, je crois, pour nous, par notre expérience d'organisation, c'est d'être
capables d'alimenter le conseil d'administration dans nos réflexions. Nous, du
côté des associations syndicales, c'est d'amener notre expérience puis la part
des enjeux pour nos travailleuses et nos travailleurs. Du côté des employeurs,
ils amènent leurs préoccupations de leur côté. Après ça, il y a un échange. C'est
là, la base du paritarisme. Et l'apport des indépendants, après cet
argumentaire-là, c'est de faire des recommandations puis amener un angle que...
pour nous ramener à un consensus.
Alors, c'est suite aux discussions des
parties paritaires que je trouve qu'il y a une utilité, une très bonne utilité,
puis je trouve ça sain qu'il y ait des membres indépendants au sein de notre
commission, mais je trouve ça extrêmement important de le mentionner, que ça a
besoin d'être fait avec un équilibre.
M. Skeete : Donc, dans votre
façon de voir le rôle de l'indépendant, c'est un peu comme une vérif à la
dernière seconde, là, tu sais, pour être sûr que le patronat et le syndical se
rencontrent. On prend des positions, puis là on valide auprès des indépendants,
ça a-tu de l'allure, puis là, après ça, on peut entériner la résolution ou la
façon de faire. C'est de même que vous voyez ça?
M. Trépanier (Michel) : Bien,
ce qui est intéressant, la base du paritarisme, ce qui est intéressant, puis,
tu sais, je vais être transparent avec vous, soit on arrive avec des positions
que... présentement, on a des non sur certaines positions, puis, après les
échanges avec les parties patronales puis avec des membres indépendants,
souvent on va se rallier. Ce qui amène de l'apport des indépendants dans cet
équilibre-là, c'est qu'ils n'ont pas d'opinion, ils n'ont pas de préjudice, là,
associatif, ça fait qu'ils amènent un regard indépendant. C'est là, je pense,
que le terme «indépendant» vient, là. Puis, du côté des... C'est leur
contribution, je crois.
M. Skeete : Mais vous avez
raison qu'effectivement le rôle des indépendants, c'est de s'enlever des
conflits du quotidien qui peuvent arriver avec les différents camps. C'est pour
ça que la tendance internationale, c'est d'accroître le nombre d'indépendants,
justement, dans les conseils d'administration, je pense que c'est dans ce
sens-là que le ministre veut aller.
Je serais curieux de vous entendre sur... Là,
vous avez répété plusieurs fois dans votre argumentaire que vous êtes
financés... c'est du privé, vous avez... de 96 %, j'ai-tu bien entendu, le
<financement est privé...
M. Skeete :
...internationale,
c'est d'accroître le nombre d'indépendants, justement dans les conseils d'administration,
je pense que c'est dans ce sens-là que le ministre veut aller. Je serais
curieux de vous entendre sur... là, vous avez répété plusieurs fois dans votre
argumentaire que vous êtes financés... c'est du privé, vous avez de 96 %,
j'ai-tu bien entendu, le >financement est privé? Donc, vous, la CCQ,
elle, elle est financée avec de l'argent de ses membres puis des employeurs,
puis, bon, là, c'est financé à 96 % de ces cotisations-là, j'ai-tu bien
compris? Parce que je ne suis pas expert dans le domaine de la construction, je
vous demande votre indulgence.
M. Trépanier (Michel) : Oui,
vous avez raison, elle est financée par prélèvement de parts égales entre les
entrepreneurs et les travailleurs. Puis, en plus de ça, il y a des frais qui
sont imputés dans les avantages sociaux. Ça fait que ça regroupe à peu près 96 %
des opérations de la CCQ qui est payable par les travailleuses et travailleurs
et aussi des entrepreneurs.
M. Skeete : Puis vous, vous
faites le comparatif avec la CNESST, vous dites que c'est le même modèle que
ça, c'est autofinancé par ses membres.
M. Trépanier (Michel) : Mais
la différence de la CNESST, nous, le comparatif qu'on fait, c'est par rapport
au paritarisme, par rapport à la contribution, la contribution de la CCQ, c'est
travailleurs, employeurs. La contribution totale du travailleur représente deux
tiers de la facture, ça fait que les travailleurs paient deux tiers de la
facture de la CCQ. À la commission de la CNESST, ce n'est pas pareil pour la
cotisation, mais le principe de la parité est là.
M. Skeete : Parce que, moi,
dans votre argumentaire, vous évoquez beaucoup l'aspect privé de la CCQ, mais
ce que votre argument oublie, puis je serais curieux de vous entendre, c'est la
grande part de contrats publics que gère l'industrie de la construction au
Québec. Alors, ici, on a un payeur ou un grand payeur, un client majeur qui
vient financer beaucoup de projets de construction au Québec, vous, vous dites
que c'est de l'argent privé, je pense que c'est vrai, parce que les contrats
vont à des entités privées, mais c'est des œuvres majoritairement publiques.
Alors, comment vous conciliez ces deux argumentaires-là, pour m'aider à
comprendre un peu plus votre position?
M. Trépanier (Michel) : Mais,
le mandat de la CCQ, on le retrouve à l'article 4 de la loi, puis son
mandat, ce n'est pas de gérer les chantiers, là, c'est très bien inscrit dans
la loi, c'est quoi, son mandat, c'est de s'assurer à l'applicabilité de la loi
et des conventions collectives, entre autres. Du problème du privé, des
investissements du gouvernement, oui, vous êtes le plus grand donneur d'ouvrage,
mais ça n'a aucun lien par rapport aux investissements des différents projets
par rapport au mandat de la CCQ, là. Le mandat de la CCQ, là, il est clair dans
la loi, puis ça n'a aucun impact là-dessus.
M. Skeete : Ça fait que, même
si le gouvernement du Québec puis le... bien, je ne dirais pas juste le
gouvernement du Québec, le public est le plus grand donneur d'ouvrage, vous,
vous êtes d'avis que vous ne devrez pas être soumis à ces règles-là, car vous
êtes différents des autres.
M. Trépanier (Michel) : Bien,
ce n'est pas une question d'être différent des autres, l'attribution des
personnes qui contribuent à l'économie québécoise, c'est une chose, ici on
parle de qui contribue financièrement à l'opération et le mandat de la
commission. Présentement, la contribution du gouvernement présentement, sur les
200 millions, là, c'est 4 millions, c'est pour le travail au noir. C'est
la contribution du gouvernement présentement puis c'est la contribution, qu'on
peut dire, des contribuables, avec le plus grand respect que j'ai pour le gouvernement
et les contribuables. Présentement, c'est autofinancé par les personnes de l'industrie,
puis on trouve ça juste raisonnable d'être adéquatement représenté par ces
instances-là pour respecter le mandat de la commission.
M. Skeete : C'est tout pour
moi. Merci beaucoup pour votre présence en commission. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : Merci beaucoup,
M. le Président. M. Trépanier, merci d'être là. Je suis quand même un peu
curieux de vérifier quelles sont les positions de l'inter vis-à-vis de
favoriser la diversité un peu dans l'industrie de la construction, les femmes,
les jeunes des diversités culturelles. Comment vous voyez ça qu'on pourrait
promouvoir un peu plus de diversité?
M. Trépanier (Michel) : Bien,
on est en total accord avec le principe de la parité, ça fait qu'on ne peut pas
être plus clair que ça. Ça fait qu'avec la question qui vient avec le principe
de gouvernance, est-ce qu'on est d'accord ou pas, oui, oui, on se doit d'arriver
là et on se...
M. Asselin : Comment est-ce
qu'on pourrait faire ça pour mettre un peu de pression sur la société puis qu'il
y ait eu plus de diversité dans la construction?
• (10 heures) •
M. Trépanier (Michel) : Mais
une des choses que je peux vous suggérer, respectueusement, puis c'est une
proposition qu'on avait déjà faite dans le passé, du côté que... vu que le
gouvernement est le plus grand donneur d'ouvrage, et c'est le plus grand <donneur
d'ouvrage...
>
10 h (version révisée)
< M. Trépanier (Michel) :
...c'est le plus grand >donneur d'ouvrage, vous devriez, puis avec le
support de l'inter, du conseil provincial, instaurer... Dans l'octroi des
contrats que vous donnez, publics, vous faites des investissements majeurs sur
les routes, les hôpitaux, dans les écoles, vous pourriez mettre des politiques
pour atteindre des quotas de parité ou d'améliorer le nombre d'adhésions, d'embauches
des femmes puis de minorités. Ça, c'est le premier constat, là, que... si vous
nous demandez de faire du changement, puis par l'entremise de vous, en
collaboration avec vous, on peut vraiment faire une différence dans notre
industrie. Ça peut commencer par vous. On prend... On a besoin d'un leadership gouvernemental
par l'entremise de l'octroi des contrats. Puis ça va envoyer un signal aux
investisseurs privés d'avoir les meilleures pratiques. Mais, si vous me
demandez vraiment mon opinion, c'est vraiment là que je pense qu'il faut qu'on
aille.
M. Asselin : Parfait.
Merci beaucoup, M. Trépanier.
M. Trépanier (Michel) :
Merci.
Le Président (M. Simard) :
Sur ce, je cède la parole au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, M. Trépanier, bonjour. Merci d'être là.
Donc, vous avez, de façon très éloquente, présenté votre argument que la loi...
que le projet de loi n° 4 ne devrait pas s'appliquer
à la CCQ. Et je pense que l'aspect principal de votre argument, c'est que la
CCQ n'est pas une société d'État. On pourra en discuter, de ça.
Mais, avant d'y arriver, ce que je trouve
particulier, vous l'avez mentionné, en passant, c'est que vous, enfin l'industrie,
vous n'avez pas été consultés par le gouvernement avant, donc, pour la
préparation du projet de loi. Vous n'avez pas été consultés. Donc, on arrive
avec un projet de loi, et c'est une fois le projet de loi déposé que vous
avez... que vous vous êtes rendu compte que vous étiez dans le... vous faisiez
partie maintenant des 43 sociétés d'État. C'est bien ça?
M. Trépanier (Michel) :
Bien, exactement, M. le député. À notre grande surprise, au mois d'octobre, on
a eu le dépôt du projet de loi n° 4, puis jamais
quelqu'un ne nous a présenté un rapport d'analyse d'impact sur notre industrie.
Puis ça a été à notre grande surprise, ça fait qu'il n'y a pas eu de
consultation aussi. Ça fait que, c'est pour ça, on arrive avec vous en
commission avec certaines réserves, puis on ne sait pas où est-ce que ça s'en
va. Mais, pour répondre à votre question, non, on n'a pas été consultés, puis
il n'y a pas eu d'analyse d'impact.
M. Leitão : Très bien,
merci. Donc, ça, c'est clair.
Maintenant, vous avez répété, et d'ailleurs,
hier aussi, vos collègues de la CSN l'avaient mentionné, que la CCQ, c'est un
organisme qui, en fin de compte, gère les conventions collectives, et vous
opérez dans une industrie privée, et que donc vous ne devriez pas être
assujettis, éventuellement, à la loi n° 4. C'est un
argument qui se comprend. Je ne dis pas que je suis complètement contre ça. Je
comprends. Et c'est... Il y a une certaine logique.
Maintenant, j'aimerais juste... Vous
pourriez peut-être nous rassurer un peu, et le ministre a été un peu dans cette
direction, sur le rôle d'un conseil d'administration. Présentement, si j'ai
bien compris, présentement, les membres du conseil d'administration de la CCQ
sont nommés par la partie syndicale, par la partie patronale, et puis les
indépendants sont nommés par le gouvernement. Est-ce que c'est bien ça, le...
je résume un peu, mais c'est bien ça...
M. Trépanier (Michel) :
Bien, présentement, on nous demande de soumettre des noms au gouvernement du
côté des associations représentatives, puis ça doit être la même chose du côté
des associations patronales, pour respecter le principe de cinq-cinq. Puis, le
mode de consultation des membres indépendants, on n'est pas liés à ça, c'est
directement le gouvernement qui fait l'attribution puis la désignation.
M. Leitão : O.K. Donc,
ce... Si le... Mais vous pensez que le projet de loi n° 4
vient changer ce processus-là ou... Et, si oui, comment?
M. Trépanier (Michel) :
Oui. Mais, si vous me permettez, M. le député, ça serait bon de revenir en
arrière par rapport c'est quoi, la commission. Tu sais, on a fait l'explication
que ça s'occupe d'une loi, d'une loi, mais ça ne s'occupe pas juste d'une loi
puis des relations de travail. Par l'entremise que son mandat doit appliquer
une loi, elle doit aussi s'assurer des 31 règlements, aussi, qui viennent
avec. La commission a un pouvoir réglementaire pour <modifier 31 règlements...
M. Trépanier (Michel) :
...pour >modifier 31 règlements, les règlements sur la mobilité de
la main-d'œuvre, qui touchent les régions, sur les avantages sociaux, entre
autres. Elle doit veiller à s'assurer à l'applicabilité des conventions
collectives puis son interprétation. Ça touche quoi? Quatre secteurs d'activité,
200 000 travailleuses, travailleurs. Ça sert aussi à administrer deux
régimes, 30 milliards de dollars, un régime de retraite qui est à cotisation
déterminée, aussi un régime d'assurance, qui a un impact sur 341 000 bénéficiaires.
Ça sert aussi la gestion de la compétence, 25 métiers réglementés, plus d'une
trentaine d'occupations spécialisées. Ça s'occupe aussi, dans son mandat, de perfectionnement
puis du fonds de formation, plus de 200 millions, plus de 25 000 participants
en formation de façon annuelle. Ça s'assure aussi une gestion de tous les
autres fonds.
Ça fait que, quand on fait l'ensemble de
tout ça, notre rôle à nous, associatif, patronal, syndical, c'est de contribuer
par l'entremise de notre expérience... notre association, ça fait que je vais
parler du côté du conseil, on a une riche expérience, on est par une structure
de métier, on est représentatif partout à travers le Canada et aux États-Unis.
Ça fait qu'on est capable d'avoir un argumentaire. On n'a pas toutes les
réponses, mais on est capable d'avoir une contribution positive. À ça s'ajoute
la contribution, humblement, que je peux amener au conseil d'administration. À
partir de ce débat-là, la grande majorité des participants à ce régime-là sont
représentatifs. Ça fait que présentement, à l'heure actuelle, les échanges se
font avec les indépendants aussi. Puis présentement la structure actuelle, elle
représente le mandat de la commission puis aussi l'intérêt des parties, en
respectant le mandat de la commission.
M. Leitão : Très bien. Oui,
et je comprends que la commission elle-même doit avoir toutes ces
expertises-là. Elle doit être pour... remplir le rôle que vous avez décrit, un
rôle assez complexe et assez important. Maintenant, le conseil d'administration,
il doit représenter, bon, l'industrie aussi, mais aussi les règles de base de
bonne gouvernance d'un conseil d'administration doivent s'appliquer et s'appliquent
au conseil d'administration de la CCQ. D'ailleurs, en répondant au ministre,
vous étiez d'accord avec les mesures ou les règles de bonne gouvernance.
Là où j'ai une difficulté avec votre
argument, c'est que je comprends très bien le rôle de la CCQ, mais je comprends
aussi très bien quel est le rôle d'un conseil d'administration en général. Et
je ne pense pas que vous êtes contre la bonne gouvernance et la transparence.
Vous l'avez dit et redit, et c'est très bien. Donc, ce que j'essaie de comprendre,
c'est : Dans quoi le projet de loi changerait le rôle du conseil d'administration
de la CCQ?
M. Trépanier (Michel) : Bien,
présentement, réponse claire, la participation patronale et syndicale, du côté
des travailleurs puis des employeurs, elle va être réduite. On passe de 10 représentants
pour alimenter les discussions à quatre. Un autre volet, ça a un impact
considérable sur nos régimes de retraite. Une des choses qui n'a jamais été
mentionnée depuis le début de la commission, c'est le rôle du conseil d'administration
en tant que fiduciaire. Ça fait que, présentement, ce que ça a, comme conseil d'administration,
comme impact sur mes travailleurs, sur les travailleurs puis les travailleuses,
c'est qu'on vient réduire leur représentation au sein du conseil d'administration
de cinq à deux. Ça fait que c'est une grosse réduction. Ça fait que la
représentation, le droit fondamental d'être représenté et d'être entendu est
diminué par ça. On est préoccupé.
M. Leitão : O.K. Je
comprends. Donc, c'est vraiment la composition du conseil d'administration. Si
jamais le projet de loi n° 4 s'applique à la CCQ,
donc ça changerait la composition du conseil d'administration. Et donc, à votre
avis, ce changement-là entraînerait une perte de représentativité des
travailleurs et du patronat aussi.
• (10 h 10) •
M. Trépanier (Michel) : Oui,
et aussi, un autre élément, le mandat de la commission, en agissant avec le
p.l. n° 4, si on change la composition, je crois qu'on
manquerait à l'essence même du conseil d'administration à l'heure actuelle, on
se priverait de compétences, on se priverait d'analyses, d'expérience. On a
besoin d'être alimenté de toutes les parties. Puis, un exemple que je peux vous
donner, après des discussions, des fois, que j'ai avec des entrepreneurs puis
des employeurs au sein du conseil <d'administration ...
M. Trépanier (Michel) :
...des fois, que j'ai avec des entrepreneurs puis des employeurs au sein du
conseil >d'administration, la réalité du secteur résidentiel, du génie
civil industriel n'est pas la même. Ça fait que, si vous me privez de cet
échange-là, de cette expertise-là, bien, je crois que je ne serais pas capable
de remplir mon rôle pour respecter le mandat de la commission. C'est là, le
principe du paritarisme, puis c'est la même chose côté syndical. Ça fait que je
crois que le conseil se priverait de beaucoup d'argumentaires et de compétences
si on viendrait réduire la participation des parties prenantes.
M. Leitão : Très bien.
Je pense que vous faites là un très bon point. Il faut trouver juste un moyen,
il me semble, de nous assurer collectivement que les principes de bonne
gouvernance et de transparence s'appliquent aussi au conseil d'administration
de la CCQ, même si le processus de nomination des membres pourrait être un peu
différent, en particulier. Mais, si on réussit à maintenir ou s'assurer de
cette bonne gouvernance, je pense qu'on pourrait trouver un terrain d'entente.
M. Trépanier (Michel) :
O.K. Si...
M. Leitão : Oui.
M. Trépanier (Michel) :
Bien, si vous me permettez, ce qu'on en dit, puis j'ai fini mon allocution par
rapport à ça, c'est qu'on croit que le p.l. n° 4
n'est pas nécessairement le bon véhicule. Est-ce qu'il y a matière à se
moderniser en situation de gouvernance? On a toujours matière à se moderniser
puis on est ouvert avec ça. Mais c'est le véhicule, le véhicule, présentement
le p.l. n° 4, ne répond pas aux particularités.
Est-ce qu'on est ouvert, avec une analyse d'impact indépendante, avec la
participation des différentes associations, à une réflexion? Tout à fait d'accord
avec vous.
M. Leitão : Très bien.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci.
Merci beaucoup, M. Trépanier, pour votre présentation. Il y a vraiment
unanimité, dans l'industrie de la construction, du fait que le CCQ est comme,
si je peux me permettre, une bibitte à part, donc qu'il ne faut pas qu'elle
soit considérée comme société d'État.
J'aimerais quand même vous entendre sur...
parce que vous n'en parlez pas, vous ne faites pas d'autres propositions. Si,
par exemple, le gouvernement veut s'assurer qu'il y ait plus... qu'il y ait de
l'indépendance sur le conseil d'administration pour servir et les intérêts des
gens qui sont dans l'industrie, que ce soit côté patronal, syndical, et aussi l'intérêt
public, est-ce qu'il y a quand même des choses à améliorer? Si, par exemple, il
accepte de l'exclure du projet de loi n° 4 et de la Loi sur la
gouvernance, est-ce qu'il y aurait des choses à améliorer dans la loi
constitutive du CCQ pour arriver à plus d'indépendance, de meilleures
gouvernances que ce que vous faites actuellement sans ajouter plus d'indépendants?
M. Trépanier (Michel) :
Bien, je pense, à la base, on se doit d'avoir une réflexion, pas juste sur la
composition du conseil d'administration. On va un peu plus large, c'est la
raison même, le mandat de la commission. Je crois qu'il doit y avoir une
réflexion. Puis, les comités, je vous donne un exemple, les comités paritaires,
dont le CFPIC et le CASIC, les mandats qu'on leur donne, je crois qu'on
pourrait leur donner un plus grand mandat, un plus grand pouvoir contributif
pour venir alimenter la commission. Ça fait que, oui, il y a de la place,
beaucoup, à amélioration. Je pense qu'on doit avoir une consultation sur ce
volet-là.
Un enjeu principal par rapport à la
composition du conseil d'administration, notre position était claire, puis...
peut-être, je me répète, je suis désolé, mais de scinder le poste de P.D.G., ça
a été amené en 2018 de notre part, puis on le réitère. Ça, c'est la première
mesure.
L'autre mesure, c'est... Du côté de la
composition, on croit qu'elle est adéquate présentement parce qu'elle respecte
le principe du pluralisme, la représentation de toutes les associations, tant
patronales et syndicales. Ça fait que la part des indépendants, elle est
pertinente, elle est adéquate. Ça fait que, présentement, du côté de la
structure, il n'y aurait pas de changement. Est-ce qu'on pourrait changer d'autre
chose? Sûrement.
Mme Ghazal : Vous croyez
que oui. Puis est-ce que, par rapport à la question de la parité, là, je ne
parle pas de la parité syndicale-patronale, mais de la parité homme-femme, ça aussi,
est-ce que...
M. Trépanier (Michel) :
Je suis d'accord avec vous, je ne peux pas être plus clair.
Mme Ghazal : Et qu'est-ce
qu'il faut faire pour améliorer ça, puisque ça fait des années... en tout cas,
hier, on avait la CSN qui disait qu'ils n'y arrivaient pas. Est-ce que vous,
vous avez une réflexion là-dessus?
M. Trépanier (Michel) :
Bien, pour répondre à votre question, est-ce qu'on se doit d'avoir le principe
de parité?, il n'y a pas de si, il n'y a pas de considérant, c'est un principe.
Puis je peux vous rassurer que, sur ce principe-là, le conseil provincial est
100 % d'accord avec ça.
Si vous me parlez qu'est-ce qu'on peut
faire pour améliorer la condition des travailleuses, la rétention, les
conditions d'embauche, ça, c'est un autre sujet, puis, oui, on a plusieurs
solutions sur ce côté-là.
Mme Ghazal : Par
exemple, sur le conseil d'administration, parce que c'est le sujet de la loi,
en ce moment, les cinq syndicats qui sont représentés, c'est tous des hommes,
si je ne me trompe pas, aux conseils d'administration?
M. Trépanier (Michel) :
Oui. Présentement, à l'heure actuelle, du côté syndical, c'est tous des hommes.
Mais présentement, pour rejoindre le principe de la parité, à l'heure actuelle,
on est extrêmement <proches...
M. Trépanier (Michel) :
...présentement, pour rejoindre le principe de la parité, à l'heure actuelle,
on est extrêmement >proches. On est à un membre pour atteindre la
parité, ça fait que je crois qu'on y est presque.
Mme Ghazal : Donc, merci. Je
ne peux pas... Mon temps est terminé. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, chère collègue. Encore une fois, désolé. Je cède la parole au
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, M. Trépanier. Je suis
heureux d'avoir fait un peu de représentation politique pour vous avoir à cette
commission. Je pense que votre éclairage, ce matin, nous amène ici, les membres
de la commission, à se poser les bonnes questions quant à la pertinence d'inclure
la CCQ dans le projet de loi n° 4, mais nous amène à nous poser la
question : De quelle façon on peut, même si on n'inclut pas la CCQ dans le
projet de loi n° 4, travailler à une meilleure gouvernance?
Vous avez fait mention, M. Trépanier,
tout à l'heure, de la volonté assumée, par le passé, de scinder le poste du
président du conseil et de P.D.G.. Ça, je pense que c'est un acquis. Pour ce
qui est de la parité, vous avez fait mention tout à l'heure : Cinq sur six
présentement, donc on peut y arriver, à la CCQ. Donc, ce n'est pas un enjeu. La
rémunération aussi, je n'ai pas entendu, tout à l'heure dans vos commentaires,
votre désaccord quant à la pertinence de divulguer des informations quant à la
rémunération des membres du conseil d'administration, de même que la
rémunération des membres indépendants.
Vous aviez aussi fait une bonne
distinction sur le rôle de la CCQ quant à être fiduciaire aussi des cotisants
par rapport au régime de retraite. Ce que je crois comprendre, M. Trépanier,
c'est que ce que vous nous dites ici, à la commission : Oui, une meilleure
gouvernance, oui, une meilleure transparence, oui à plus de femmes, mais
peut-on garder cet équilibre et cette parité à l'intérieur du conseil d'administration
telle qu'on la connaît actuellement? C'est-à-dire qu'il y a cinq postes offerts
à des associations d'employeurs, cinq postes offerts à des associations
représentatives et quatre membres indépendants, ce que vous nous dites :
Ne touchez pas à ça. Mais, pour ce qui est du reste, vous êtes partie prenante
d'un immense chantier pour travailler à améliorer la gouvernance. C'est ce que
j'entends ce matin.
M. Trépanier (Michel) : Mais
vous m'enlevez les mots de la bouche, c'est exactement ça. Ça fait que votre
vision est exactement ce qu'on propose. Puis, tu sais, je tiens à rassurer les
parlementaires de la volonté toujours actuelle de se moderniser en matière de
gouvernance. Ce qu'on réitère : le fait que, présentement, à l'heure
actuelle, le p.l. n° 4 ne répond pas à cet
objectif-là, mais on pourrait se servir d'un autre véhicule sans aucun
problème. Mais présentement vous avez très bien résumé mes propos, vous les
avez tous touchés.
M. Ouellet : On va aller
juste un petit peu plus loin ensemble. Là, on a le P.D.G., on aura un président
du conseil d'administration. Donc, il y aurait, au sein du conseil, une
élection d'un président du conseil. Pour vous, ça serait.. il y aurait-tu une
nomination qui devrait être... alternée, pardon, entre la partie patronale ou
syndicale, puis ça serait un pouvoir supplémentaire, le président du conseil?
Ou vous nous dites : Bien, au sein du conseil, le conseil décidera qui est
la meilleure personne pour le président? Ça pourrait être un indépendant, ça
pourrait être un membre de la partie patronale ou syndicale. Bref, comment vous
voyez la nomination de ce président du Conseil du trésor... de la CCQ? Pardon.
M. Trépanier (Michel) : Bien,
pour être transparent avec vous, sur le mécanisme d'appointement, la réflexion
n'a pas été terminée, là. Nous, c'est sur le principe du mécanisme pour s'assurer
d'une meilleure gouvernance, pour s'assurer du principe que ceux qui président
le conseil d'administration ne soient pas directement reliés avec les choses
courantes puis son rôle de directrice générale ou de directeur général. Ça fait
que, nous, notre constat, c'est sûr, de scinder les deux postes. Mais de
comment qu'on vient attribuer le poste de président, ça n'a pas été encore très
déterminé.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, M. Trépanier, merci beaucoup. Cher collègue de
René-Lévesque, désolé, votre temps était écoulé. Merci pour cette belle
présentation très instructive, et au plaisir de se revoir.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux
quelques instants afin d'accueillir nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 10 h 19)
(Reprise à 10 h 27)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes de retour et nous sommes en présence des
représentants du Conseil du patronat du Québec. M. Blackburn, Mme Kozhaya,
soyez les bienvenus. M. Dorval se joint aussi à nous, mais par le biais du
téléphone.
Alors, M. Blackburn, vous êtes un
habitué, auriez-vous l'amabilité de vous présenter, votre équipe et de faire
votre présentation?
Conseil du patronat du Québec (CPQ)
M. Blackburn (Karl) : Merci, M.
le Président. M. le ministre, chers parlementaires, alors je suis extrêmement
heureux de me retrouver avec vous aujourd'hui. Karl Blackburn, président et
chef de la direction du Conseil du patronat du Québec. Et je vais demander à
mes collègues de se présenter eux-mêmes. Alors, Norma.
Mme Kozhaya (Norma) :
Bonjour. Norma Kozhaya, vice-présidente à la recherche et économiste en chef au
CPQ.
M. Blackburn (Karl) : Et
celui qui est au téléphone.
M. Dorval (Yves-Thomas) :
Oui, bonjour. Yves-Thomas Dorval, je suis président exécutif du conseil d'administration
du CPQ, également certifié administrateur de société par le Collège des administrateurs
de sociétés et membre de six conseils d'administration.
M. Blackburn (Karl) : Alors,
merci. Le Conseil du patronat du Québec, d'abord, remercie la Commission des
finances publiques de lui fournir l'occasion de soumettre ses commentaires sur
le projet de loi n° 4, Loi renforçant la gouvernance des sociétés d'État
et modifiant d'autres dispositions législatives.
Le thème de la saine gestion et de la
saine gouvernance des organismes publics est de grande importance pour le
Conseil du patronat du Québec. Les sociétés d'État jouent un rôle
socioéconomique majeur, que ce soit par les revenus qu'elle génère, les
subventions qu'elles reçoivent, le nombre de personnes qu'elles emploient ou
surtout par leurs missions et leurs mandats. Leur gouvernance se doit d'être
exemplaire.
Le CPQ accueille de façon favorable
plusieurs éléments du projet de loi n° 4 qui modernisent la loi existante
et l'inscrivent davantage dans les nouvelles réalités sociales et économiques
se voulant notamment davantage inclusives et transparentes. Le CPQ ne peut qu'accueillir
positivement l'objectif gouvernemental de renforcer la transparence et l'équité
de même que l'efficacité et d'implanter les meilleures pratiques de gouvernance
dans les sociétés d'État. Parmi les éléments que le CPQ accueille de façon
favorable figurent les dispositions concernant la parité femmes-hommes de même
que la place faite aux jeunes dans les conseils d'administration, la
rémunération des administrateurs et sa divulgation, les dispositions quant au
terme du mandat des administrateurs de même que la séparation du rôle du P.D.G.
et président du C.A.
Le CPQ apprécie aussi, finalement, la
volonté de cohérence exprimée par le gouvernement dans le préambule du projet
de loi. Pour le CPQ, cette volonté de cohérence doit toutefois tenir compte de
la réalité de la mission et du mandat spécifiques des différents organismes.
Pour ce qui est de la parité
femmes-hommes, la zone paritaire proposée permet une certaine flexibilité qui
est souhaitable, envoie un signal fort et contribue à une plus forte présence
des femmes sur les conseils d'administration où elles sont en ce moment sous-représentées.
Les recherches effectuées sur la question indiquent que cette complémentarité
des talents femmes-hommes amène un très grand nombre d'avantages.
• (10 h 30) •
Le conseil d'administration doit aussi,
selon le p.l. n° 4, comprendre au moins un <membre...
>
10 h 30 (version révisée)
< M. Blackburn (Karl) :
...selon
le p.l.
n° 4, comprendre au moins un >membre
âgé de 35 ans ou moins au moment de sa nomination. Cette disposition est
souhaitable pour mobiliser les jeunes, tirer profit de leur apport, bénéficier
de leur richesse, des échanges multigénérationnels et pour préparer la relève.
Évidemment, il ne suffit pas de recruter des jeunes à un C.A. Il faut aussi
bien les outiller et leur permettre de prendre leur place, ce qui peut être
réalisé, entre autres, par la formation.
Avant d'aller à des commentaires plus
spécifiques en lien avec des organismes où les employeurs sont plus directement
concernés, nous présentons d'abord des commentaires généraux en lien avec des
conditions d'une gouvernance saine et efficace.
De façon générale, on peut dire que les
critères pour une bonne gouvernance et pour un conseil d'administration
efficace et à valeur ajoutée incluent notamment de bonnes compétences et
connaissances des administrateurs au niveau du secteur d'activité et également
des sujets traités, notamment dans les différents comités, par exemple de
bonnes connaissances en finances et en comptabilité pour les aspects
financiers, en droit pour les aspects juridiques ou en ressources humaines pour
les aspects en lien avec la gestion des ressources humaines; une bonne
compréhension de l'écosystème de l'organisation et de son environnement et de
la législation pour mieux orienter la stratégie; des compétences et
qualifications des administrateurs en matière de gouvernance et de gestion; une
présence et une représentation des principales parties prenantes. Ces parties
prenantes peuvent être différentes selon l'organisme, bien évidemment. Il peut
s'agir de la population en général, des employeurs, des travailleurs, des
syndicats, des cotisants, des usagers.
En plus des compétences requises
recherchées, l'offre de formation accessible au plus grand nombre d'administrateurs
ou de futurs administrateurs publics doit faire partie intégrante des
considérations à avoir dans l'objectif d'avoir des administrateurs compétents,
mieux à même de s'acquitter de leurs tâches et assumer leurs responsabilités de
gouvernance. Il faut aussi encourager la certification en gouvernance.
Pour ce qui est de l'importante question
de l'indépendance des administrateurs, nous soulignons que, de façon générale,
et selon les experts en gouvernance, la présence d'administrateurs indépendants
est souhaitable. L'indépendance de l'administrateur n'est toutefois pas garante
de sa compétence et d'un apport efficace et à valeur ajoutée à un conseil d'administration.
La bonne connaissance et la bonne compréhension de l'organisation par les
administrateurs sont essentielles pour de meilleures décisions éclairées,
tenant compte de la réalité du milieu. Elles sont essentielles aussi pour que
les membres du C.A. puissent comprendre les vrais enjeux et poser les bonnes
questions à la direction de l'organisme.
Comme le notait l'IGOPP, dès 2008, un
élément majeur d'une bonne gouvernance est la crédibilité d'un conseil. Cette
crédibilité des membres du conseil passe, condition préalable, par leur
indépendance vis-à-vis la direction et de l'actionnaire, mais la crédibilité
provient surtout de l'intégrité des membres du conseil ainsi que du haut niveau
et de la pertinence de leur connaissance des enjeux et des particularités de la
société qu'ils seront appelés à gouverner.
Le CPQ appuie la rémunération des
administrateurs. Celle-ci, sans être une condition suffisante, est propice à la
présence d'administrateurs qualifiés, compétents et davantage motivés et
impliqués. Il ne faut pas sous-estimer le temps nécessaire pour siéger sur des
conseils d'administration. Ce temps dépasse de loin le temps des réunions et
inclut également toute la préparation préalable nécessaire.
Ceci dit, le CPQ souhaite commenter plus
spécifiquement la situation de deux sociétés d'État où les employeurs sont plus
directement interpelés et que le projet de loi propose d'assujettir à la Loi
sur la gouvernance des sociétés d'État, soit le Conseil de gestion de l'assurance
parentale et la Commission de la construction du Québec.
L'assujettissement du Conseil de gestion
de l'assurance parentale risque de réduire le nombre de représentants patronaux
sur le C.A. du conseil en contrepartie d'une plus grande présence d'indépendants.
De l'avis du CPQ, les personnes issues des associations d'employeurs peuvent
apporter une grande valeur ajoutée à des conseils d'administration d'organisations
qui s'occupent d'enjeux qui concernent directement les employeurs, ce, en
raison de la connaissance qu'ils ont des lois, de la réalité de leurs membres
et de l'ensemble des enjeux auxquels ils font face. Nous estimons donc que leur
présence est importante, en plus de la présence des membres indépendants.
Pour ce qui est de la Commission de la
construction du Québec, la CCQ, avec le projet de <loi...
M. Blackburn (Karl) :
...la CCQ, avec le projet de >loi, seulement quatre des 10 membres
issus des associations patronales et syndicales de l'industrie pourront
provenir de ces associations, comparativement à 10 actuellement.
Plusieurs caractéristiques propres à la
CCQ et au secteur de la construction en général nous amènent à soulever des
questions quant à son assujettissement. La CCQ a pour fonction d'appliquer la
loi R-20 et les règlements qui s'y rattachent. Elle est ainsi responsable
notamment de l'application des conventions collectives de l'industrie de la
construction, de veiller à l'application des mesures et des programmes relatifs
à la formation professionnelle, administrer les régimes complémentaires d'avantages
sociaux, et, en ce sens, il y a des différences fondamentales entre la CCQ et
les autres sociétés d'État assujetties à la loi.
Pour le CPQ, la présence des associations
patronales qui négocient des conventions collectives, dans les différents
secteurs, résidentiel, industriel, commercial, institutionnel, et génie civil,
et grands travaux, au C.A. de la CCQ est importante puisque le rôle de la CCQ
est justement de s'assurer de l'application de ces conventions collectives. Ces
associations sont ainsi des parties prenantes de premier ordre de la CCQ.
Il faut rappeler, par ailleurs, que l'industrie
de la construction est régie par un ensemble de règles dont la complexité et la
lourdeur sont connues et ont été maintes fois soulevées et illustrées. L'industrie
de la construction au Québec est la plus réglementée en Amérique du Nord, et
son mode de fonctionnement est unique. L'expertise et connaissances pointues
des représentants patronaux peuvent être difficiles à trouver chez des membres
complètement indépendants, étant donné surtout la définition large d'indépendance.
Finalement, la CCQ est financée quasi
exclusivement par les cotisations des employeurs et des salariés. Cela dit, il
ne faut pas oublier les autres parties prenantes de l'industrie, dont les
donneurs d'ouvrage, qui assument ultimement les coûts financiers en lien avec
les termes des conventions collectives négociées. Ainsi, il faudrait retrouver
parmi les administrateurs indépendants des représentants dans les différents
secteurs.
Donc, en conclusion, le CPQ apprécie
plusieurs éléments du projet de loi qui renforce et modernise la gouvernance
des sociétés d'État. Pour le CPQ, la volonté de cohérence doit toutefois tenir
compte de la réalité, de la mission et du mandat spécifiques de certains
organismes.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Blackburn (Karl) : Et je
vous remercie, et serons prêts maintenant à répondre à vos questions.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Blackburn. Je cède maintenant la parole au ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci
pour votre présentation.
Une voix : …
M. Girard (Groulx) : Je pense
que ce n'était pas très controversé, là, ce que vous avez manqué. Merci pour
votre présentation.
Le Président (M. Simard) : Il
n'y a pas de souci, comme on dit.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Est-ce que… Outre le conseil de gestion parentale et la CCQ, là, qu'on pourra
discuter, est-ce que je dois comprendre que vous endossez totalement le projet
de loi mais que vous auriez aimé qu'on aille plus loin au niveau de la formation
des administrateurs? Est-ce que je résume bien votre appréciation du projet de
loi?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
je pense que vous résumez bien l'appréciation du projet de loi que nous avons
faite à la lecture de celui-ci. Et je ne l'ai pas mentionné dans notre
présentation, M. le ministre, mais le président du conseil d'administration du
CPQ a devant lui un conseil d'administration paritaire. Alors, on est
extrêmement fiers de cela, et les éléments que vous avez inclus dans le projet
de loi vont dans ce sens-là. Et également les aspects de formation sont
excessivement importants.
Et je pourrais peut-être demander,
justement, à notre président du conseil, Yves-Thomas, qui a une grande
expertise, je dirais, au niveau des administrations publiques, de pouvoir
peut-être ajouter certains éléments.
M. Girard (Groulx) : Là,
quand vous dites paritaire, vous parlez de la parité hommes-femmes, là, pas de
la parité syndicat-patronat, là.
M. Blackburn (Karl) : Oui.Non, c'est ça, hommes-femmes.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Merci.
M. Blackburn (Karl) : Yves-Thomas.
• (10 h 40) •
M. Dorval (Yves-Thomas) :
Oui, bonjour. Alors, bonne année à vous tous, soit dit en passant, en vous
souhaitant une année prospère, avec de la santé et le bonheur.
Mais, cela dit, écoutez, oui, on est... Pour
répondre à votre question plus directement, M. le ministre, on est assez
favorables avec la plupart des éléments du projet de loi. On a souligné la
question de la formation, qui est très importante. La notion d'indépendance,
elle est quand même très large dans les propositions qui sont faites, et ça
peut conduire parfois à se priver de ressources spécialisées. Il y a la <notion…
M. Dorval
(Yves-Thomas) :
...il y a la >notion aussi… Parce
que vous avez introduit la représentation des jeunes. Il y a la parité
femmes-hommes. Ce n'est pas nécessaire de tout mettre dans une loi, mais il
devrait y avoir quand même certains principes, certaines orientations pour s'assurer
que les conseils d'administration représentent les parties prenantes dans leur
ensemble. Ça pourrait vouloir dire notamment la diversité au niveau non pas
seulement du genre, mais les autres types de diversité à l'occasion, que ce soient
communautés culturelles, communautés visibles, autres membres de certains
groupes. Évidemment, ces éléments-là sont... pas nécessaire de les mettre dans
une loi comme telle, parce qu'à un moment donné on devient extrêmement rigides,
mais il faut que ce soit quand même dans la préoccupation de ceux qui nomment
les administrateurs d'avoir une représentation des parties prenantes qui soit
satisfaisante.
M. Blackburn (Karl) : Norma?
Mme Kozhaya (Norma) :
Oui, merci. Peut-être, si je peux rajouter, effectivement, il faut dire qu'on s'est
quand même concentrés sur ces deux organisations où les employeurs sont plus
directement concernés. On n'a pas nécessairement regardé le détail de l'ensemble
des sociétés qui sont présentement assujetties, donc, et c'est pour cela que,
dans la conclusion et dans l'introduction, on dit que, oui, la volonté de
cohérence, elle est importante et on l'appuie. Toutefois, peut-être qu'il y a
certaines sociétés qui ont des réalités un peu différentes qui devraient être
prises en considération, mais on s'est concentrés sur les deux organisations qu'on
a nommées parce qu'on est plus présents sur le C.A. en ce moment, et c'est des
sociétés qui sont un peu différentes des autres, selon nous.
M. Girard (Groulx) : Bien,
sur ce point, je dois dire que, vous savez, on a annoncé la réforme ou la mise
à jour de la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État au budget 2021, et
ensuite il y a eu une pandémie. Alors, ça a été… ça a quand même été un long
processus avant qu'on se retrouve ici, mais je ne vous cache pas qu'on reçoit
souvent le commentaire : C'est excellent, c'est fantastique, bravo, est-ce
qu'on pourrait être exclus?
Alors, je suis un peu étonné de tout ça,
là. Vous savez, on louange les vertus des bonnes pratiques en gestion, mais on
ne voudrait pas que ça s'applique à nous. Et ça, moi, j'en ai une liste, là,
dans mon bureau, puis, si j'avais écouté tout le monde, bien, on ne passerait
pas de 23 à 46, là. Chacun a ses petites particularités puis pourrait continuer
à faire ses affaires comme si de rien n'était. Alors, nous, notre objectif, c'est
l'intérêt supérieur du Québec, et on veut que les meilleures pratiques s'appliquent
à l'ensemble des sociétés d'État.
Maintenant, pour ce qui est de la CCQ, je
dirais que l'argument principal de la CCQ, c'est qu'elle n'est pas une société
d'État. Alors, on aura l'occasion d'en discuter entre parlementaires. Et je
pense qu'il a été aussi établi que, même si elle n'était pas une société d'État,
elle aurait des améliorations à faire au niveau de sa gouvernance. Alors, on va
discuter de ça ensemble. Puis je pense que les consultations particulières ont
permis de mieux connaître les enjeux particuliers à cette société d'État, mais
moi, je veux ramener le débat sur l'ensemble de ce qu'on essaie de faire.
Et ma question serait pour... bien,
pourrait être pour M. Dorval, mais certainement, M. Blackburn ou Mme Kozhaya,
vous pouvez répondre aussi. Au niveau de la diversité, du désir que nos
conseils d'administration représentent la société québécoise, est-ce que
vous... Votre commentaire, M. Dorval, était précis, mais suffisamment
imprécis aussi. Est-ce que vous souhaitez l'imposition d'un quota comme nous l'avons
pour… ou d'un… «quota», ce n'est pas un bon mot, je pense, ça a une connotation
péjorative, mais d'un seuil minimum d'une personne qui s'appliquerait au
conseil d'administration, tel qu'on a chez les moins de 35 ans?
M. Dorval (Yves-Thomas) :M. le Président, en fait, plus on s'enferme dans des
obligations, plus ça devient d'une complexité assez importante pour compléter
la <bonne...
M. Dorval
(Yves-Thomas) :
...la >bonne gouvernance d'une
organisation. Moi… Vous savez, la première chose qu'on apprend dans la
formation en gouvernance, c'est qu'on doit représenter les parties prenantes. On
doit être en mesure de bien comprendre les parties prenantes. Bien, si, dans
les parties prenantes, vous avez une forte proportion de communautés, par
exemple, de minorités visibles, de communautés culturelles ou de d'autres
groupes, ça pourrait être des personnes aînées puis ça pourrait être des...
bien, à ce moment-là, il faut prévoir, dans la composition du conseil d'administration,
des gens qui comprennent bien la problématique de ces parties prenantes là.
Alors, pour moi, je ne suis pas tellement
favorable à mettre trop de contraintes légales. Je suis plutôt du modus de dire :
Bien, les orientations que le gouvernement doit avoir doivent être de prendre
en considération cet élément-là dans la composition d'un conseil d'administration,
parce qu'à un moment donné ça peut devenir très difficile. Ce que, dans notre
mémoire, on soulève, c'est l'importance de la crédibilité et de l'expertise des
membres du conseil d'administration. Il ne faudrait pas que ça devienne
seulement une question de mathématiques, là, pour être capables de combler x nombres.
Mais, vous savez, je donne l'exemple du
CPQ, dans notre conseil d'administration, nous avons trois postes réservés à
des personnes qui doivent travailler et habiter dans des régions autres que
Québec et Montréal, pour assurer, justement, une présence de gens qui
comprennent les problématiques des régions. Ça fait que, nous, c'est une des
façons qu'on a de tenir compte des parties prenantes qui sont membres du CPQ.
Ça pourrait être la même chose dans d'autres organisations, sociétés d'État
gouvernementales, par exemple, mais, de là à préciser d'avoir l'obligation d'avoir
un certain nombre, puis là on arrêtera... je pense qu'on va arriver à une
complexité un peu trop grande.
M. Girard (Groulx) : Alors,
je pense que votre réponse, c'était non.
M. Blackburn (Karl) : C'était
non.
M. Dorval (Yves-Thomas) :
La réponse, c'est non en termes d'obligation...
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Dorval (Yves-Thomas) :…oui en termes d'orientations basées sur les parties prenantes
concernées.
M. Girard (Groulx) : O.K. Le
point de la formation, M. Blackburn, c'est… Je pense qu'il n'y a personne ici
qui est contre la formation adéquate des membres d'un C.A. puis je pense que
chaque organisation a la responsabilité, lorsqu'elle accueille un nouveau
membre, de... Je pense que ça fait partie des bonnes pratiques, là, de lui
fournir un cahier d'information, de lui faire rencontrer les employés clés, de
visiter les installations. Est-ce que ça doit être enchâssé dans la loi, là,
cet aspect de formation là, ou vous vouliez simplement souligner l'importance
de ce point-là?
M. Dorval (Yves-Thomas) :À tout le moins, c'est de souligner l'importance de ce
point-là. C'est indéniable, c'est clair, pour nous, que cette formation doit
être faite aux nouveaux administrateurs en fonction des organisations
précisément en place. Mais je pourrais peut-être demander, M. le ministre, si
vous me le permettez, à Norma, qui, elle, a eu l'occasion, dans les derniers
jours, de parler directement avec plusieurs organisations, plusieurs
entreprises qui, concrètement, arrivent avec des éléments importants à ajouter,
je pense, et à partager, à ce moment-ci… et je demanderais certainement à Norma
d'ajouter des éléments à ce niveau-là.
Mme Kozhaya (Norma) :
Merci. Effectivement, si je ne me trompe pas, dans la loi actuelle, il y a des
éléments de formation et d'accueil qui sont déjà prévus. Donc, ça, c'est
évidemment le minimum, mais après ça il y a beaucoup d'autres... Et nous, on
pense que ça devrait aussi... La formation continue devrait faire partie des
exigences, sans que ça soit, encore une fois, encadré par la loi de façon
rigide, mais davantage aussi au niveau de l'importance de cette question-là.
Également, la notion de certification qui
devrait être encouragée, encore, au moins, de certains membres, évidemment ce n'est
pas nécessairement, encore une fois, tous les membres d'un conseil d'administration,
mais peut-être qu'il y a un minimum, mais c'est davantage au niveau également
de l'encouragement, de l'incitation plutôt que de la rigidité, parce qu'ultimement
l'objectif, c'est toujours d'avoir un conseil d'administration efficace, à
valeur ajoutée, crédible.
Et donc, comme vous le soulignez, de
bonnes pratiques, des meilleures pratiques, ça, c'en fait partie, sans pour
autant que ça devienne trop contraignant et que ça éloigne peut-être des
personnes qui ont d'autres compétences, par le fait même, puis qui ont d'autres
apports au conseil d'administration.
M. Girard (Groulx) : Ça
complète mes questions, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. le ministre. Y aurait-il d'autres interventions du côté gouvernemental?
M. le député de <Sainte-Rose...
Le Président (M. Simard) :
...M. le député de >Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup pour votre présence. Toujours un
plaisir d'échanger avec un ancien collègue et d'entendre vos perspectives. Alors,
merci beaucoup.
J'aimerais vous entendre sur... parce que M. Dorval
parlait de la rigidité de l'encadrement légal de la norme paritaire, par
exemple, ou l'imposition de jeunesse. On le sait, que, dans la dernière
législature, il y avait, bien, un collègue, et maintenant l'ancien député de
Sainte-Rose, qui avait fait passer un projet de loi qui mettait l'obligation
des sociétés d'État à avoir une représentation jeunesse, parce que force était
de constater que, souvent, les enjeux jeunesse n'étaient pas considérés dans
les décisions. Puis, étant jeune, ça, c'est l'ancien vice-président d'une chambre
de commerce qui parle, étant jeune, bien, on n'avait pas accès au pouvoir. Donc,
on n'était jamais sur les conseils parce qu'on n'avait pas accès à ça.
Ça fait que, là, cette perspective-là, c'est
un peu la poule ou l'œuf. On se retrouvait avec des enjeux qui n'étaient pas
soulevés ou adéquatement représentés dans les conseils d'administration. Et c'est
une loi qui vient changer ça, c'est une loi qui vient nous dire de faire
autrement. Et donc le ministre fait preuve de cohérence en disant qu'il faut
absolument avancer sur ce point-là, mais, si on ne passe pas la loi, on n'aura
pas le changement voulu.
Puis là moi, je suis le premier à dire que
je n'aime pas ça, des lois encadrantes… pas encadrantes, mais qui imposent des
choses. Je suis d'accord avec M. Dorval que ça peut être très rigide très
rapidement, mais c'est quoi, l'outil, d'abord, pour s'assurer qu'on va avoir ce
qu'on veut dans les conseils d'administration? Parce que, pendant longtemps,
les femmes ont été exclues. Pendant longtemps, les jeunes étaient exclus. Puis,
étant aussi l'adjoint parlementaire sur la lutte au racisme, bien, si ce n'était
pas d'une directive directe imposant à au moins 50 % des conseils d'administration
du public une minorité visible, bien, je ne suis pas sûr qu'on avancerait sur
le dossier.
Alors, comment on fait pour arriver au but
que tout le monde, encore une fois, dit qu'ils sont très d'accord mais que,
souvent, les résultats ne sont pas au rendez-vous? Puis, étant le Conseil du
patronat, je suis confiant que vous avez un plan pour mesurer la définition du
succès là-dessus.
M. Blackburn (Karl) :
Bien, d'abord, merci pour votre question. Puis, avant de céder la parole à
Norma, d'abord, on dit souvent que tout ce qui se mesure se contrôle, et, vous
avez raison, il y a certains éléments qui doivent être assujettis à des mesures
un peu plus contrôlantes si on veut atteindre certains objectifs. Mais, en même
temps, il faut éviter de tomber dans un autre côté où, là, la rigidité vient
enlever ou dénaturer, je dirais, la nature même de l'organisation de par des
objectifs... comme l'a mentionné tantôt le ministre, des objectifs de quotas ou
de cibles à atteindre qui, dans certains cas, ne refléteraient pas du tout la
réalité des organisations, dépendamment du nombre de sièges autour de la table
du conseil d'administration. Par exemple, si on arrive avec des mesures
spécifiques, avec des indicateurs... (panne de son) ...venir enlever cette
capacité.
M. Skeete : Excusez-moi,
M. Blackburn, c'est parce que, là, je pense qu'on est sûr le... parce que je
suis d'accord avec vous, là, qu'il ne faut pas que ce soit contraignant, mais
le problème, c'est que, mettons, si je donne un exemple du Conseil du patronat,
le Conseil du patronat dit : Bien, tu sais, il faut qu'on représente les
membres, O.K., mais une personne minorité visible qui ne se voit pas dans le
Conseil du patronat ne sera jamais membre et risque de ne pas devenir patron ou
risque de ne pas devenir entrepreneur, qui ferait en sorte qu'il deviendrait
par la suite membre du Conseil du patronat.
Alors, c'est un peu la poule ou l'oeuf,
là. Je serais curieux de savoir, selon vous, comment on fait pour remédier à ce
problème-là sans dire qu'on va se donner des normes, des cibles contraignantes,
parce que je n'aime pas ça moi non plus, là, les contraintes, là. Puis je
comprends ce que vous dites : Moi, je veux pouvoir répondre agilement aux
problèmes qui affectent mon industrie. J'y suis. Comment qu'on fait, en même
temps, pour s'assurer que ça représente la société générale aussi?
Le Président (M. Simard) :
Très, très rapidement, s'il vous plaît.
M. Blackburn (Karl) :
Peut-être, Norma, à ce moment-là…
Mme Kozhaya (Norma) :
Oui, peut-être rapidement, l'alternative, c'est ce qu'on appelle se conformer
ou expliquer qu'il y ait des orientations, des volontés. Et puis, si on ne les
atteint pas, il faut expliquer pourquoi. C'est peut-être l'alternative.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci beaucoup. Merci pour votre collaboration. M. le député de
Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour, Mme Kozhaya, M. Blackburn, M. Dorval.
Merci d'être là. Merci de nous faire part de vos commentaires sur le projet de
loi n° 4. Et, comme vous avez mentionné plus tôt, vous êtes généralement
assez favorables à ce projet de loi, avec certaines questions sur certains <sujets...
M. Leitão :
...question sur certains >sujets particuliers.
Alors, on va y arriver, sur ce sujet en
particulier, mais, avant de... je parle de la CCQ, mais, avant d'arriver là,
sur une question qui a été soulevée, il y a une proposition qui nous a été
faite hier par Force jeunesse, et que je trouve d'ailleurs assez intéressante,
et moi, je serais prêt à soutenir une telle proposition, que… c'est inclure
dans la loi qu'on puisse aussi avoir un siège réservé, donc notion de quota
sans être quota, là, je pense, «siège réservé», c'est plus élégant comme
formulation, un siège réservé pour un membre de la diversité. Et, la diversité,
c'est défini, bon, de… Il y a cinq groupes, mais déjà, les femmes, c'est inclus
ailleurs, ainsi que les jeunes. On parle essentiellement de membres des
minorités visibles, personnes handicapées et autochtones, essentiellement, donc,
de réserver un siège pour un membre de ces communautés-là. Moi, j'ai trouvé ça
assez intéressant. Si j'ai bien compris, de votre côté, c'est quelque chose que
vous trouvez intéressant comme objectif, mais pas nécessairement de l'inscrire
dans un projet de loi. Est-ce que c'est bien ça, mon interprétation de vos
commentaires?
M. Blackburn (Karl) : C'est
effectivement l'interprétation puis la présentation qu'on fait dans notre
mémoire. Et je pourrais peut-être demander à Norma d'en ajouter un peu, mais c'est
clair que, dépendamment de l'organisation, dépendamment de sa situation,
dépendamment de son positionnement, de réserver des sièges à certains groupes
peut, des fois, être un peu plus contraignant et ne reflète pas nécessairement,
je dirais, la réalité de l'organisation, d'où la nécessité d'avoir une certaine
flexibilité, avec des grands objectifs, mais nécessairement en donnant une certaine
agilité aux organisations pour être capables de les rencontrer, dans la mesure
du possible, lorsque, par exemple, leur réalité géographique ou leur réalité de
terrain peut s'appliquer dans ce contexte-là.
Et je sais que Norma, hier, a participé...
elle a, à tout le moins, eu l'occasion d'entendre les échanges concernant la
présentation que vous venez de faire, et je pourrais peut-être demander à Norma
d'ajouter un élément de réponse.
M. Leitão : Certainement.
Mme Kozhaya (Norma) :Oui, effectivement, là. Bonjour. C'est-à-dire, encore une
fois, on appuie complètement le principe d'encourager davantage la diversité.
Et puis, bon, il faut dire que, quand même, ce projet de loi là vise les
sociétés d'État, donc, en partant, et elles peuvent être... elles se doivent d'être
exemplaires. On pense... c'est-à-dire, on appuie fortement le principe, et puis
nous, on y croit, et puis on intervient sur beaucoup de tribunes pour dire :
Est-ce que la meilleure façon, c'est que ça soit inclus dans la loi? Peut-être
que c'est quelque chose qui peut être regardé. Qu'est-ce que ça implique pour l'ensemble
des sociétés qui vont être concernées?
Et, à partir de là, donc, ce n'est pas qu'on
pense que c'est nécessairement catastrophique, mais est-ce que c'est la
meilleure solution pour atteindre l'objectif? Est-ce qu'il y a d'autres
alternatives qui peuvent être faites, d'autres orientations? C'est davantage à
ce niveau-là, honnêtement. Et puis on sait qu'effectivement, bon, la diversité,
ça ne veut pas nécessairement dire, comme, ajouter quelqu'un de plus, ça peut
être, évidemment, que ça soit les jeunes, les femmes. Donc, ce n'est pas... Et
j'imagine qu'il faut regarder c'est quoi, les implications pratiques... mais
que nous, on appuie le principe. Est-ce que ça a besoin d'être dans la loi? Je
ne suis pas certaine. Je n'ai pas non plus la réponse. Je ne sais pas si…
• (11 heures) •
M. Leitão : Très bien. Bon, écoutez,
le… Moi, je pense qu'on a assez longtemps... Collectivement, on s'est donné des
objectifs, mais, de toute évidence, les résultats sont difficiles. Ça prend du
temps. Comme par exemple, dans la fonction publique, on a toutes sortes d'objectifs
à atteindre, et, 20 ans plus tard, 30 ans plus tard, il y a eu un
certain progrès, oui, mais on est encore loin des enjeux que le collègue de
Sainte-Rose a mentionnés. Et je pense que nous avons… Ce n'est pas souvent,
mais nous avons devant nous, quand même, un exemple «real life» de ce qui peut
arriver avec la loi n° 693 de 2016, quand on a, donc,
inscrit dans la loi l'obligation de nommer une personne de moins de 35 ans.
Six ans plus tard, je pense que les <choses sont...
>
11 h (version révisée)
<15391
M. Leitão :
...je pense que les >choses se sont quand même bien déroulées, là, je
pense que ça n'a pas causé un grand bouleversement et ça a donné des résultats.
Donc, je pense qu'on pourrait y aller.
Maintenant, pour ce qui est de la CCQ,
donc de l'exemption que vous voudriez... Enfin, vous remarquez, comme d'ailleurs
les groupes syndicaux qui sont venus avant vous hier, donc, le caractère
particulier de la CCQ. Je comprends l'argument, mais ma question, et j'aimerais
avoir votre opinion peut-être, M. Dorval, dans tout ça... Et la CCQ, c'est
en effet un organisme bien différent de, je ne sais pas, moi... de Loto-Québec,
on comprend ça. Mais, dans tout ça, comment est-ce qu'on s'assure que l'intérêt
public soit aussi représenté par le conseil d'administration de cet
organisme-là?
M. Blackburn (Karl) : ...
M. Dorval
(Yves-Thomas) :Oui, oui. Alors, écoutez,
d'abord, la première chose, il y a des membres indépendants, à la CCQ. Et d'ailleurs
nous, on fait la remarque que, parmi les membres indépendants, on devrait s'assurer
d'avoir des représentants des donneurs d'ouvrage, hein? Parce que vous savez
très bien que, si vous avez une convention collective qui intervient entre deux
parties, parties représentant les travailleurs puis représentant les
employeurs, ultimement c'est le donneur d'ouvrage qui va payer la facture.
Alors, c'est important que le donneur d'ouvrage, qui est aussi, en passant,
soumis à plein d'obligations en termes de... qui ont trait à la construction, donc,
c'est important qu'il y ait, dans les membres indépendants, des gens qui
représentent les donneurs d'ouvrage.
Mais, quand on dit : La CCQ doit être
exclue, je pense, c'était la question surtout de la composition, du nombre d'indépendants
supérieur et la rareté, à ce moment-là, des parties prenantes. Parce qu'on ne
parle pas ici d'administrer un fonds public de taxes, on parle essentiellement
d'une organisation dont... il y a plusieurs éléments de sa mission, mais, dans
sa mission, il y a celle de s'assurer de l'application des conventions
collectives entre des partenaires syndicaux et employeurs. Alors, c'est sûr
que, dans ces conditions-là, c'est comme si vous voudriez que le conseil d'administration
soit un tiers indépendant. Il y a déjà les tribunaux du travail qui s'occupent
des questions de litige en matière d'interprétation de conventions collectives,
alors il ne faut pas que le conseil d'administration devienne, non plus, un
tribunal indépendant. Alors, je pense qu'il y a un peu de ces éléments-là.
Donc, qu'il y ait la présence de membres
indépendants, je pense que c'est bon et c'est bien, mais il faut faire
attention de diluer, à ce moment-là, la représentation des principales parties
prenantes que sont, notamment, les... Je vais parler, moi, pour les représentations
des employeurs, vous savez, il y a quatre conventions collectives sectorielles.
C'est très différent, en passant, juste entre l'un et l'autre des secteurs. Entre
le résidentiel puis la route et grands travaux, c'est totalement différent
comme conditions de travail, comme environnement de travail. Donc, juste à
partir de cet exemple-là, ça devient assez difficile de croire qu'on aurait
peut-être juste deux représentants des employeurs, à ce moment-là, qui
couvriraient plusieurs secteurs.
Alors, le point est très important, hein?
Ce n'est pas une question que la CCQ ne doit pas avoir les meilleures règles de
gouvernance. Au contraire, il peut arriver des situations qu'il faut... qu'il
faut trouver, et il doit y avoir un comité de gouvernance et d'éthique, d'ailleurs,
à l'intérieur, qui a la possibilité de faire des recommandations à son C.A.
Mais, quand on parle de composition, c'est juste de respecter que la présence
des parties prenantes, c'est en nombre suffisant, et que... le caractère de l'indépendance,
oui, mais aussi de tenir compte des donneurs d'ouvrage, qui, à la fin, paient
la facture et sont soumis également à plusieurs de ces obligations reliées aux
conventions collectives, notamment.
M. Leitão : Très bien.
Donc, l'équilibre actuel, les 5-5-4, donc cinq représentants de la partie
patronale, cinq de travailleurs et quatre indépendants, donc cet équilibre-là,
vous trouvez que ça fonctionne, donc on devrait garder un tel équilibre. Maintenant,
ma question, c'est : Comment est-ce qu'on s'assure, donc... Admettons qu'on
gardait ça, O.K., le C.A. de la CCQ va demeurer, avec ses 15 membres
distribués de cette façon-là : 5-5-4, bon, plus le président. Maintenant,
comment est-ce qu'on peut s'assurer que les autres éléments dans le projet de
loi, que les bonnes pratiques de gouvernance... comment on peut s'assurer que
cela puisse... doive s'appliquer aussi à la CCQ? Alors, moi, ce qui <m'intéresse...
M. Leitão :
...dans le
projet de loi, que les bonnes pratiques de gouvernance, comment on peut
s'assurer que cela puisse... doive s'appliquer aussi à la CCQ? Alors, moi, ce
qui >m'intéresse, c'est de savoir... Écoutez, que ce soit 5-5-4 ou 4-4-6,
enfin, on pourrait en discuter longuement, mais admettons qu'on reste avec les
5-5-4, comment le reste du projet de loi pourrait s'appliquer, devrait s'appliquer
à la... comment on devrait encadrer ça pour la CCQ?
Le Président (M. Simard) : Succintement,
s'il vous plaît.
M. Leitão : J'ai trop parlé.
Le Président (M. Simard) : Ce
n'est pas grave. Alors, rapidement.
Mme Kozhaya (Norma) :Alors, peut-être brièvement, il pourrait y avoir des
modifications à la loi R-20. Et puis peut-être qu'il peut y avoir aussi plus de
membres indépendants. Ce n'est pas qu'on tient à la... c'est-à-dire, oui, la
composition actuelle, mais peut-être que...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Kozhaya
(Norma) : ...dans le cadre de la loi R-20, il peut y avoir
des aménagements.
M. Leitão : O.K. Merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, madame. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, madame. Merci, messieurs, pour votre mémoire, votre présentation.
Juste pour être certaine, est-ce que vous êtes d'accord avec le fait que la CCQ
soit soumise à la Loi sur la gouvernance ou vous n'êtes pas en accord? Parce
que ce n'était pas clair dans votre...
M. Blackburn (Karl) : Non.
Mme Ghazal : O.K. Vous n'êtes
pas d'accord.
M. Blackburn (Karl) : Qu'elle
ne soit pas assujettie au p.l. n° 4.
Mme Ghazal : C'est ça, très
bien, pas juste que les membres indépendants soient des donneurs d'ouvrage, et
tout ça. Puis, par rapport à la rémunération des administrateurs, vous dites
que c'est une bonne chose, mais il ne faut pas que ça soit la seule chose.
Comment est-ce qu'on peut éviter des problèmes dans le futur? C'est-à-dire,
est-ce qu'il faut que, dans la loi, il y ait des paramètres précis de cette
rémunération-là? La façon que c'est écrit, est-ce que ça vous satisfait, dans
la loi actuelle?
M. Blackburn (Karl) : Peut-être
Norma?
Mme Kozhaya (Norma) :Oui. Peut-être qu'il faut dire, brièvement, au niveau des
principes, oui, c'est bon. Est-ce que... Il faut dire que, pour le détail, c'est
sûr que les attentes, aussi, auprès des administrateurs où les exigences ne
sont pas les mêmes non plus dans les différentes sociétés d'État, les
compétences requises ne sont pas les mêmes toujours, donc il faut tenir compte
de ces réalités-là aussi. Et il faut dire qu'en général c'est un peu comme... c'est
un dédommagement, c'est quand même du temps qui est consacré, qui est investi.
Et, si on veut...vous voyez. Mais c'est... Encore une fois, les
exigences et les besoins sont différents.
Mme Ghazal : O.K. Très bien.
Merci. Puis, dans votre mémoire, vous dites à quel point, la question de la
parité, vous êtes d'accord avec ça, 40 %-60 %, à quel point c'est
important. Je ne sais pas quelle était la position du Conseil du patronat en
2006, lorsqu'on a exigé qu'il y ait cette parité-là sur les conseils d'administration.
Je me rappelle qu'il y a eu beaucoup, beaucoup de gens qui étaient contre.
Aujourd'hui, ça fait l'unanimité. Puis vous citez une étude de Gouvernance au
féminin, qui a fait une étude auprès de 80 entreprises, donc, des
entreprises privées. Vous êtes d'accord pour les sociétés d'État, de cette zone
parité, vous avez vous-même aussi atteint cette zone-là. Est-ce que vous êtes d'accord,
est-ce qu'on est rendus aujourd'hui, en 2022, à exiger ça des entreprises
privées?
M. Blackburn (Karl) : Norma,
vas-y.
Mme Kozhaya (Norma) :Je pense que... un peu la réponse que j'avais donnée avant
le... Se conformer ou expliquer, c'est peut-être davantage... Et je crois que
les entreprises elles-mêmes ont cet intérêt-là, parce qu'elles voient que c'est
intéressant pour elles.
Mme Ghazal : Pourquoi ne pas
l'exiger, comme vous avez accepté aujourd'hui, en 2022, que ce soit exigé pour
les sociétés d'État? Pourquoi ne pas l'exiger, vu que c'est important puis que
ça donne des bons résultats pour les entreprises, même des bons résultats
financiers, pas juste pour une question d'équité, et de parité, et de beaux
principes, là?
Le Président (M. Simard) : Brièvement,
s'il vous plaît.
Mme Kozhaya (Norma) :Donc, les sociétés d'État, c'est différent que des sociétés
privées.
Mme Ghazal : Peut-être en... dans
15 ans, on en parlera. Vous serez peut-être rendus ailleurs.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci.
Mme Ghazal : Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
Donc, à mon tour de vous saluer. Peut-être une première question en rafale.
Hier, lors des consultations, la Vérificatrice générale nous a levé une lumière
jaune, nous demandant de nous pencher sur le projet de loi, qui ne permettait
qu'aux sociétés affiliées exclusivement contrôlées à 100 % par le
gouvernement de procéder à la divulgation des cinq gestionnaires les plus hauts
rémunérés. Elle nous fait mention qu'avec ce genre de disposition là on ne
capte pas des sociétés affiliées comme Cambridge, ou Otéra, ou d'autres, pour
lesquelles le gouvernement est en position de contrôle. J'aimerais entendre le
Conseil du patronat là-dessus : Est-ce qu'effectivement on devrait, de
façon très transparente, exiger à d'autres sociétés affiliées sous contrôle du
Québec de procéder à la divulgation des rémunérations des plus hauts
dirigeants?
M. Blackburn (Karl) : Norma.
• (11 h 10) •
Mme Kozhaya (Norma) :Je n'ai pas... je m'excuse, <mais je n'ai pas...
M. Ouellet :
...transparente, exiger à d'autres sociétés affiliées sous
contrôle du Québec de procéder à la divulgation des rémunérations des plus
hauts dirigeants?
M. Blackburn (Karl) :
Norma.
Mme Kozhaya
(Norma) :
Je n'ai pas... je
m'excuse, >mais je n'ai pas nécessairement de position là-dessus.
M. Blackburn (Karl) :
Yves-Thomas?
M. Dorval (Yves-Thomas) :Oui. Bien, écoutez, la transparence, c'est important.
Évidemment, vous comprendrez qu'il est difficile pour nous de commenter une
situation comme celle-là directement, si ce n'est que de dire : Le
principe de transparence doit exister. Alors, c'est sûr qu'en fonction de ce
principe-là je pense que les législateurs peuvent prendre les décisions
adéquates dans la loi en question.
Puis, vous me permettrez, je dois revenir
sur un élément, tantôt, de la rémunération, que vous avez invoqué, là, est-ce
que ça devrait être prévu dans la loi. En fait, là, il y a... les règlements,
souvent, sont là pour expliciter davantage, puis les choses évoluent dans le
temps, les lois n'évoluent pas aussi rapidement. Mais je vais juste vous donner
un exemple, là. Je siège sur certains conseils d'administration, il y en a un
où j'ai passé 387 heures, dans une année, en 2021, là-dessus, donc c'est
50 jours. C'est normal que les administrateurs qui consacrent beaucoup d'heures
puissent avoir un dédommagement pour ces heures-là. Puis là je ne parle pas de
moi personnellement, parce que j'ai une rémunération de mon employeur, mais je
parle de façon générale pour des administrateurs indépendants.
Alors, à partir de ce moment-là, pour
répondre à votre question plus précisément, je vous dirais que, la
transparence, je pense que c'est l'élément fondamental d'une saine gouvernance
et puis que la rémunération doit faire partie des décisions à ce niveau-là.
M. Ouellet : Et cette
rémunération-là, M. Dorval, doit tenir compte, je présume, des compétences,
mais aussi des responsabilités et du temps consacré. Et donc il y a une énorme
différence qui devrait être accordée à cette rémunération-là en fonction des
postes qu'on occupe au sein du conseil et au sein de d'autres conseils,
considérant l'ampleur du défi, là?
M. Dorval (Yves-Thomas) :Exact.
M. Ouellet : Donc, il n'est
pas question, M. Dorval, de jetons de présence, là, tu sais, de façon
unanime, appliqués partout, là?
M. Dorval (Yves-Thomas) :Bien, ça dépend si les jetons sont calculés en fonction du
temps consacré.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, à vous trois, merci beaucoup pour cette belle présentation. Merci
d'avoir contribué à notre réflexion collective.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément nos travaux.
(Suspension de la séance à 11 h 13)
(Reprise à 11 h 16)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous sommes de retour et nous avons la chance tout à
fait exceptionnelle de recevoir aujourd'hui des représentants de l'Association
des entrepreneurs en construction du Québec. Alors, Mme la présidente,
auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
Association des entrepreneurs en construction du
Québec (AECQ)
Mme Bertrand (Manon) : M. le
ministre, membres de la commission. Merci, d'abord, de nous avoir permis de...
(panne de son). Je me présente, Manon Bertrand, je suis entrepreneure en
construction, présidente de Construction S.R.B. Je suis également présidente de
l'AECQ et je fais partie également aussi du C.A. de la Commission de la
construction du Québec depuis 2012. Aujourd'hui, je suis accompagnée de M. Dominic
Robert, directeur général de l'AECQ. Je vais lui céder la parole.
M. Robert (Dominic) : Merci, Mme
la présidente, M. le ministre, bonjour à tous. Un petit mot sur l'AECQ, en
débutant. Bien, l'AECQ a été créée en 1976 par une loi constitutive de l'Assemblée
nationale. L'AECQ représente tous les employeurs assujettis à la loi R-20.
Son mandat est exclusivement dédié aux relations de travail, et l'AECQ agit
comme porte-parole lors des négociations de conventions collectives,
particulièrement en matière d'avantages sociaux. Je parle ici d'assurance et de
retraite.
Pour le temps qui nous est imparti, je
vais utiliser le document que vous avez déjà reçu. Je souligne que ce document
a été signé par l'ensemble des associations patronales qui sont représentées au
conseil d'administration de la l'AECQ. Et donc, ensuite, bien, ça nous fera
plaisir de répondre à vos questions.
Donc, un premier commentaire sur l'industrie
et la question de la représentativité, vous en avez entendu parler déjà, la
prémisse sur laquelle repose le régime de relations de travail dans l'industrie
depuis 1968, c'est qu'il s'agit d'un régime particulier en marge du Code du
travail. Donc, il y a des raisons qui expliquent ce choix législatif là.
Principalement, et c'est ce qui fait qu'on parle d'un régime particulier, c'est,
dans le fond, l'immense défi qui est celui des parties prenantes, incluant la
CCQ, de trouver un point d'équilibre entre quatre secteurs d'activité :
des entreprises de services, des entreprises qui embauchent d'un à cinq salariés,
majoritairement, mais aussi des entreprises qui embauchent 200 salariés,
un régime complexe d'avantages sociaux, 26 métiers, des occupations, donc,
ainsi de suite, un régime d'application générale mais qui couvre quand même l'ensemble
des différents projets de construction. Et donc cette complexité-là, elle se
reflète et elle doit, à juste titre, se refléter dans la composition du conseil
d'administration de la CCQ.
Ce qui est en jeu ici, dans le cadre de ce
projet de loi, c'est la représentativité des parties prenantes. Je parle ici...
spécifiquement, pardon, des associations patronales et leur capacité d'amener
au C.A. les réalités de leurs secteurs, les besoins et les réalités des PME des
diverses tailles qu'ils représentent, qui sont leurs membres et qui vont... et à
qui vont s'appliquer les normes que le C.A. de la CCQ a la responsabilité d'adopter.
Sur les objectifs de cohérence et d'uniformité
visés par le gouvernement dans la gouvernance des sociétés d'État, je n'insisterai
pas là-dessus, mais vous avez... on vous a déjà soulevé que, la cohérence et l'uniformité,
dans ce cas-ci, avec la CCQ, on la retrouve beaucoup plus du côté de la CNESST
que du côté des sociétés d'État, je dirais, plus traditionnelles.
• (11 h 20) •
Bon, cela dit, on s'explique mal l'assujettissement
de la Commission de la construction du Québec à la Loi sur la gouvernance des
sociétés d'État. C'est vrai que les membres du conseil d'administration sont
majoritairement nommés par le gouvernement. Cependant, il n'en demeure pas
moins que les rôles et responsabilités dévolus à la CCQ sont intimement liés
aux relations du travail. Ça s'exerce dans un contexte paritaire, en symbiose
avec les enjeux découlant de la négociation collective, de la gestion de la
main-d'œuvre et des obligations légales et réglementaires des employeurs. De <surcroît,
on vous l'a...
M. Robert (Dominic) :
...découlant de la négociation collective, de la gestion de la main-d'œuvre et
des obligations légales et réglementaires des employeurs. De >surcroît, on
vous l'a déjà souligné aussi, la CCQ ne reçoit aucun financement public. L'essentiel
de ses revenus, hormis certaines subventions, c'est assumé par des cotisations
versées par les employeurs et les salariés. C'est, grosso modo, à peu près 200 millions
de dollars que les employeurs et les salariés envoient à la CCQ sous forme de
prélèvements, par année, pris directement sur leur masse salariale et sur leurs
paies.
Oui, c'est vrai que la CCQ assume des
mandats publics, qui se sont greffés progressivement sur les mandats découlant
de la convention collective et de la négociation collective, mais ceux-ci
demeurent complémentaires et accessoires aux mandats privés.
Sur la modification de la composition du
conseil d'administration, donc, sur les 10 membres issus des associations
patronales et syndicales de l'industrie, seulement quatre, selon les
dispositions du projet de loi à l'étude, pourront provenir de celle-ci, les six
autres étant des administrateurs dits indépendants, un terme dont la définition
et la portée sont à ce point larges qu'il est incidemment permis de se demander,
parmi les personnes susceptibles de bien comprendre les rouages de l'industrie,
à qui le statut d'administrateur indépendant pourra bien s'appliquer.
Incidemment, cette notion d'administrateur
indépendant mérite d'être précisée, très certainement une notion qui commande d'être
modulée, analysée à la lumière des mandats de la CCQ, justement, pour assurer
que les personnes qui prennent des décisions ont une connaissance directe et
approfondie de l'industrie et de ses réalités. Il y a ici un enjeu d'adhésion
de l'industrie aux décisions qui sont prises par le C.A. de la CCQ.
Alors, pourquoi on insiste autant sur la
compréhension des rouages de l'industrie par les administrateurs? Bien, c'est
que les décisions qui sont prises par le conseil d'administration touchent
plusieurs sujets, notamment l'organisation du travail sur les chantiers, les
charges administratives des entrepreneurs, la formation et la qualification
professionnelle de la main-d'œuvre, l'administration des régimes d'avantages
sociaux, notamment. Et donc les orientations qui sont prises par le conseil d'administration,
de facto, ont de grands effets sur l'écosystème des relations de travail de l'industrie
de la construction, dont la complexité est indéniable.
Et, quand on parle de la compréhension des
rouages de l'industrie, il faut considérer les éléments sur lesquels la CCQ
peut exercer le pouvoir réglementaire qui est prévu à l'article 123.1 de
la loi. Si le projet de loi devait être adopté dans sa version actuelle, il
reviendrait donc à un conseil d'administration formé de neuf administrateurs
indépendants sur 13, si on ne tient pas compte de la P.D.G. et du président du
conseil, d'adopter des règlements qui visent notamment à déterminer les
compétences que requiert l'exercice des métiers, les activités comprises dans
un métier, la durée de l'apprentissage des métiers, les modalités d'application
des ratios sur les chantiers, les règles qui régissent la gestion des bassins
de main-d'œuvre, etc. Et donc, pour nous, l'exercice d'un tel pouvoir réglementaire
doit être dévolu à des personnes qui détiennent de l'expertise, l'expérience et
le recul suffisant pour être en mesure d'apprécier adéquatement dans... le
contexte dans lequel ce pouvoir-là s'exerce, mais que... les impacts concrets
que les décisions peuvent entraîner sur l'organisation du travail et la
pratique des métiers sur les chantiers. Les relations du travail, ça concerne
avant tout les employeurs et les salariés de l'industrie, et ceux-ci doivent
obtenir la garantie que les personnes qui prennent les décisions qui affectent
leur quotidien et leurs activités professionnelles ont une connaissance directe
et approfondie de l'industrie et de ses réalités.
Par ailleurs, extrêmement important, on
tient à souligner que la loi R-20 prévoit déjà diverses modalités qui ont
pour objet d'assurer une saine gouvernance à la CCQ. Il y a un comité de
gouvernance et d'éthique qui a des responsabilités d'élaborer le code d'éthique
applicable aux membres du conseil d'administration, qui est déjà en application,
un comité de vérification qui a certaines responsabilités sur la mise en œuvre
de mécanismes de contrôle interne, qui est aussi déjà en... fonctionnel. Et,
soulignons-le, ces comités sont majoritairement, à l'heure actuelle, composés
de membres indépendants, et donc la loi R-20, elle comporte déjà des
mécanismes qui offrent des garanties suffisantes de bonne gouvernance en
matière d'efficacité, de transparence, d'imputabilité et d'intégrité.
Donc, pour ces raisons, on demande que le
projet de loi soit modifié de manière à exclure la CCQ de la liste prévue à l'annexe
I de la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État, telle qu'elle est modifiée
par l'article 22 du projet de loi.
En revanche, on vous le soulignait d'entrée
de jeu, on comprend les objectifs visés par le gouvernement, et, à cet égard,
il nous apparaîtrait beaucoup plus approprié d'apporter directement certaines
modifications à la loi R-20 plutôt que d'intervenir par le biais d'une
loi-cadre. La séparation des postes de président du C.A. et président du
conseil, par exemple, c'est une initiative qui nous apparaît tout à fait
appropriée, par ailleurs, ça constitue une mesure qui pourrait être mise en
place sans qu'il soit nécessaire d'avoir recours à la Loi sur la gouvernance
des sociétés d'État.
Et je vous <laisserais...
M. Robert (Dominic) :
...initiative qui nous apparaît tout à fait appropriée, par ailleurs, ça
constitue une mesure qui pourrait être mise en place sans qu'il soit nécessaire
d'avoir recours à la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État.
Et je vous >laisserais sur des
extraits de la présentation que Diane Lemieux faisait en 2011 dans le cadre du projet
de loi n° 33. Vous vous souvenez qu'il s'agissait du projet de loi qui
abolissait le placement syndical et qui, incidemment, introduisait quatre
administrateurs au conseil d'administration, quatre administrateurs
indépendants au C.A. de la CCQ. Et je cite : «Nous constatons que le
projet de loi conserve la prépondérance des parties dans la gouvernance de la CCQ.
Il est important de rappeler qu'à la base la CCQ est un organisme paritaire
auquel se sont greffés des mandats de nature publique.»
«Je comprends que les critères d'indépendance
fixés par le projet de loi s'inspirent de ceux qu'on retrouve pour les sociétés
d'État dans la Loi sur la gouvernance. Vous aurez certainement des
représentations à l'effet de moduler ces critères afin qu'ils tiennent compte
de la réalité des organismes paritaires.»
D'ailleurs, j'ajoute que la modulation des
critères d'indépendance pour tenir compte de la réalité d'un organisme
paritaire, ça pourrait faire partie des sujets qui pourraient être abordés dans
le cadre d'une analyse plus fondamentale et plus poussée sous le couvert de la
loi R-20, à laquelle seraient conviées l'ensemble des parties prenantes.
Le Président (M. Simard) :
En conclusion, oui.
M. Robert (Dominic) : Et,
en terminant, Mme Lemieux, elle utilisait une formule extrêmement bien
tournée, qui devrait avoir un peu de résonnance à nos oreilles aujourd'hui :
«L'indépendance ne doit pas être un obstacle à la pertinence.» Et je termine
sur ces mots sur lesquels Mme Lemieux ouvrait sa présentation en 2011 :
«La Commission de la construction du Québec n'a de sens que parce qu'elle est
un organisme paritaire.» Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. M. le ministre, la parole vous appartient.
M. Girard (Groulx) : Bien,
merci. Très bonne présentation, très appréciée. Écoutez, l'objectif de la loi
est évidemment d'assujettir l'ensemble des sociétés d'État à la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État et de la moderniser et... de la moderniser avec
les meilleures pratiques de gouvernance qui sont établies.
Je pense que le point fondamental qui
revient, puis ça fait plusieurs fois qu'on en discute, et on aura... les
consultations particulières auront plus que servi l'objectif de soulever ce
point : la pertinence, est-ce que la CCQ est une société d'État ou non. J'ai
reçu la lettre du conseil d'administration. Alors, c'est bien établi que les
différentes composantes de CCQ nous indiquent qu'elles ne considèrent pas que
la CCQ doit être assujettie à la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État
puisqu'elle n'est pas une société d'État. Alors, je n'aurai pas de questions
sur ce point parce que ça fait plusieurs fois qu'on en parle.
Est-ce que ça va bien présentement au C.A.
de la CCQ? Est-ce que le C.A. de la CCQ sert l'intérêt supérieur de la CCQ?
Mme Bertrand (Manon) :
Est-ce que vous me permettez de répondre à cette question?
M. Girard (Groulx) : Ah!
certainement.
Mme Bertrand (Manon) :
Est-ce que, Dominic, c'est correct?
M. Robert (Dominic) :
Bien, vas-y, Manon, c'est sûr.
Mme Bertrand (Manon) :
Bien, c'est sûr qu'on... Moi, en étant partie du C.A. de la CCQ depuis 2012, je
peux vous dire qu'on a... oui, c'est sûr qu'on a certains petits enjeux qu'on a
vécus depuis les derniers temps. C'est sûr qu'on devrait s'améliorer. Je crois
que c'est important que chacun doit bien comprendre son rôle d'administrateur dans
cette institution. A-t-on des ajustements à faire à notre gouvernance?
Sûrement. Mais moi aussi, je pense que tout ceci devrait se faire dans le cadre
de la loi R-20. C'est là qu'on veut en venir. La collaboration de tous, je
pense qu'elle va être importante pour atteindre le succès d'une meilleure
gouvernance. Ça, c'est sûr.
• (11 h 30) •
Je crois à l'efficacité d'un C.A. muni d'un
profil collectif. Nous, on appelle ça un profil collectif pour ne pas... pour
prendre le jargon d'une autre institution qui, justement, afin d'avoir une
saine gouvernance, a appelé ça un profil collectif. Mais il faut s'assurer d'avoir
l'expertise autour de la table, puis ça, M. Robert en a parlé. Comme moi,
ma contribution en tant qu'entrepreneure au C.A. de la CCQ, je pense que c'est
primordial qu'on ait des entrepreneurs qui connaissent l'industrie, qui
connaissent ce qui se passe sur les chantiers. On ne peut pas... on ne peut pas
sortir de là.
C'est sûr qu'on a déjà des indépendants à
la table. Ça apporte une valeur ajoutée, ça, c'est sans aucun doute. Mais,
considérant que la majorité du mandat de la CCQ, c'est un mandat <privé,
c'est sûr...
11 h 30 (version révisée)
< Mme Bertrand (Manon) : ...mandat
de la CCQ, c'est un mandat >privé. C'est sûr qu'il est... il va sans
dire puis il est normal qu'à certaines occasions il y ait un petit peu plus de
débats autour de la table, tu sais. Mais les associations, je peux vous dire,
on a eu des discussions au C.A. de la CCQ. Je peux vous dire que les parties
prenantes sont prêtes à travailler dans le sens d'améliorer les choses, là.
Vous le savez, vous avez dit que vous avez lu la lettre. On ne reviendra pas
sur la position de la société d'État.
Peut-être que je peux rajouter un petit
point personnel. Je vous avouerai que, présentement, le virtuel ne nous a pas
aidés, depuis deux ans, au C.A. de la CCQ, à avoir des échanges puis une
collaboration optimale, là. Je ne vous cacherai pas que moi-même, siégeant
normalement en présentiel… On est à côté de la partie syndicale. Ça nous permet…
Quand on est en présentiel, ça nous permet de comprendre les préoccupations de
chacun. C'est peut-être mon petit mot que je tenais à vous dire, faisant partie
du C.A. de la CCQ, là-dessus, sur le climat.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
vous remercie. Je pense, c'est un point important, puisque vous le vivez
personnellement. Je vous remercie. Est-ce qu'il y a… Outre... Vous savez, il y
a plusieurs principes, dans le projet de loi n° 4 : la rémunération
des indépendants, l'importance des comités, l'importance de la revue du plan
stratégique, le respect de la parité hommes-femmes, la diversité, les membres
de moins de 35 ans. Est-ce que… Si je sursimplifie et je dis que vous
endossez les principes, mais vous ne voulez pas que la CCQ soit assujettie à la
loi, outre la séparation des pouvoirs de la P.D.G. et de la présidence du
conseil d'administration, est-ce qu'il y a d'autres améliorations que vous
aimeriez voir à la loi R-20?
M. Robert (Dominic) : Bien,
en fait, c'est une bonne question, parce que vous positionnez bien le débat, M.
le ministre. En fait, il faut toujours comprendre… Je reviens là-dessus, la
CCQ, à la base, c'était… historiquement et de par sa nature, c'est un comité
paritaire d'abord. Ensuite, il y a eu des mandats publics qui se sont greffés.
Puis tantôt vous demandiez : Est-ce
que le conseil d'administration fonctionne bien? Le conseil d'administration, à
mon humble avis, je n'y siège pas, mais, quand on regarde les mandats publics,
où on a besoin d'avoir des orientations fondamentales puis avoir une vision à
moyen puis à long terme, ça fonctionne très bien, là. La planification
stratégique qui a été adoptée il y a quelques années, qui est placardée sur le
mur du conseil d'administration, ça a très, très bien fonctionné. Là où il y a
plus de débats, c'est sur les questions qui relèvent de la nature paritaire. Ça
ne veut pas dire que ça ne fonctionne pas. Ça veut dire qu'évidemment ça
soulève des questions.
Maintenant, et donc c'est pour ça que je
reviens, je fais une petite introduction, parce que votre question, c'est :
Est-ce qu'il y a d'autres éléments, dans la saine gouvernance, qui sont inclus
au projet de loi qui pourraient être appliqués à la Commission de la
construction du Québec? Certainement, mais il faudrait toujours les moduler et
être certain qu'on tient compte des réalités... de la réalité que je viens d'expliquer.
C'est-à-dire, pour imager un peu maladroitement l'espèce de bicéphalité, là, il
y a l'aspect relations de travail, comités paritaires, puis l'aspect plus
fondamental d'un conseil d'administration. La parité, oui, on la recherche,
évidemment, le fait d'avoir des personnes qui pourraient accéder au conseil d'administration
qui sont des personnes qui proviennent de groupes mal, peu ou pas représentés,
tout à fait, mais, encore une fois, dans le cadre d'une analyse plus poussée
des réalités de notre industrie, du rôle central qui est joué par la Commission
de la construction, à la lumière de ses mandats, et donc de moduler tout ça.
Je vous donne un exemple, par exemple, sur
l'indépendance. C'est une notion extrêmement importante, l'indépendance, et par
ailleurs est-ce que, chez les administrateurs qui proviennent du monde
associatif, on doit s'attendre au même degré d'indépendance que les
administrateurs qui proviennent... ou que j'appellerais, entre guillemets, du
public? Ça, c'est une question fondamentale qu'on pourrait résoudre dans le
cadre d'une analyse un peu plus poussée puis un peu plus adaptée aux réalités
de la Commission de la construction du Québec, qui permettrait à la fois d'assurer
une certaine prépondérance, dans la mesure où on considère que c'est important,
compte tenu du financement et des mandats, mais qui permettrait aussi la
représentation, parce que c'est la question de la représentativité qui <est...
M. Robert (Dominic) :
...qui
>est en arrière de tout ça aussi, ce qui fait en sorte que les gens,
comme vous le voyez, bien, cherchent à conserver ce degré de représentativité
là qui est important dans un comité paritaire. On ne peut pas en faire fi.
M. Girard (Groulx) : Alors,
je vous remercie beaucoup. M. le Président, ça complète mes questions. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, bonjour. Merci. Donc, on constate tous, et c'est… ça
semble… Tu sais, ce n'est pas une grande surprise que, donc, du côté patronal et
du côté syndical, il y a une unanimité quant au désir d'exclure la CCQ du projet
de loi n° 4, et je comprends bien les raisons. Vous les avez très bien
indiquées, et ce n'est pas tellement différent non plus de ce que M. Trépanier
nous disait un peu plus tôt aujourd'hui. Et donc, pour vous aussi, c'est
primordial, la question de la représentativité. Donc, le cinq-cinq-quatre, pour
vous, comme composition du C.A., pour vous, c'est un équilibre qui a été acquis
au cours des années, et cet équilibre-là devrait être maintenu. C'est bien ça?
M. Robert (Dominic) : Bien, au-delà
des chiffres, au-delà des chiffres, sur le nombre, et tout ça, moi, je me… j'ai
pris la peine de... Puis je trouvais que la formule de Mme Lemieux était
drôlement bien tournée : l'indépendance ne doit pas être un obstacle à la
pertinence. Dans le fond, c'est quoi, le meilleur modèle, pour le... l'objet
qui est la Commission de la construction du Québec, avec, comme toile de fond,
l'importance de la prépondérance des parties prenantes, l'importance d'avoir,
effectivement, un degré d'indépendance qui rencontre les objectifs visés par le
gouvernement dans la gouvernance des sociétés d'État ou, en tout cas, des
conseils d'administration, en tenant compte de ce que j'ai dit précédemment? Mais,
pour répondre directement à votre question, le modèle actuel, à mon avis,
rencontre ces objectifs-là de prépondérance et de représentativité en fonction
des mandats puis du financement de l'organisation.
M. Leitão : Très bien, et c'est
probablement dû à la nature même de l'organisme. Moi, j'ai l'impression que le
conseil d'administration de la CCQ, c'est une espèce... c'est un conseil d'administration
exécutif, dans le sens où vous prenez des décisions en ce qui concerne la
gestion de la commission. C'est un exemple, un parallèle boiteux, mais, par
exemple, je ne sais pas, moi, le conseil d'administration de la SAQ, bon, c'est
l'équipe de direction de la SAQ qui dirige la SAQ, ce n'est pas le conseil d'administration.
Mais, dans le cas de la CCQ, le conseil d'administration a un rôle très
important, joue un rôle très important dans les activités, je dirais… presque
des activités «day-to-day». Est-ce que je me trompe ou c'est le cas?
Mme Bertrand (Manon) : Bien,
si vous me permettez de répondre en premier, je ne crois pas qu'on soit tant
que ça dans l'opérationnel, le C.A. de la CCQ. Je crois plus que, quand il y a
des... Vous savez, là, quand on parle de ratios, quand on parle de métiers,
souvent on est pris dans des règlements. Je ne pense pas que ce soit non plus à
l'équipe de direction de changer des règlements sans l'apport, sans le
consentement du conseil d'administration. C'est plus là que, des fois… Ça, c'est
du mandat privé. C'est plus là qu'il arrive... qu'il va arriver, à l'occasion,
qu'il va y avoir des débats qui vont être un petit peu plus entre les deux
parties, mais je pense qu'on arrive quand même avec un… à faire fonctionner la
machine. Parce que c'est sûr que ça concerne vraiment les deux parties, mais on
n'est pas dans l'opérationnel. Il faut toujours penser que c'est des règlements
qui doivent être adoptés au C.A., bien entendu, parce que ces règlements-là
doivent continuer leur processus. Ça fait que je ne pense pas que c'est dans l'opérationnel
qu'on est quand on est à ce moment-là.
M. Leitão : Très bien, merci
de la précision. Et c'est ce genre, donc, de pouvoir d'adopter des règlements
qu'on ne trouve pas nécessairement dans les autres conseils d'administration
des autres sociétés d'État de nature commerciale. Donc, c'est un bel exemple.
Mme Bertrand (Manon) : Exact.
• (11 h 40) •
M. Leitão : Maintenant, pour
ce qui est des changements qu'on pourrait ou qu'on devrait amener en termes de
règles de gouvernance, de séparation des rôles P.D.G., président du C.A.,
transparence, etc., vous, vous préféreriez que ces changements-là, s'il faut
les adopter, et <probablement...
M. Leitão :
...et >probablement
que, oui, il faudrait les adopter, se fassent dans le cadre d'une révision de
la loi R-20 plutôt qu'ici, dans le projet de loi n° 4.
M. Robert (Dominic) : Tout à
fait, vous avez bien compris. Vous avez bien compris, en tenant compte puis en
consultant l'ensemble des parties prenantes puis en tenant compte d'effectivement
le caractère particulier de l'organisation, que vous avez, par ailleurs, bien
saisi, je pense.
M. Leitão : Donc, on pourrait
très bien dire : Bon, écoutez, dans le projet de loi n° 4, on va
créer une section qu'on va changer la loi R-20, mais ce n'est pas ça
que... Ce n'est pas ça dont on parle ici, vous, c'est une révision de la loi,
une modernisation, une mise à jour de la loi R-20 en bonne et due forme,
avec tout le processus de consultation. Et donc d'essayer de trouver un
consensus, ce n'est pas si rapide que ça.
Mme Bertrand (Manon) : Exact,
avec les parties prenantes, c'est ça.
M. Robert (Dominic) : Le
processus de... le processus de... L'approche par loi-cadre est très peu
compatible avec le régime qui encadre les relations de travail dans l'industrie
de la construction, si je peux me permettre un tel commentaire.
M. Leitão : Oui, vous pouvez élaborer
un peu plus?
M. Robert (Dominic) : Bien,
tantôt, je disais que c'est un régime qui est particulier. Je vais vous donner
un exemple très précis de ce que je veux dire. Il y a quelques années, on a
modifié la Loi sur les normes du travail puis on l'a fait via une loi-cadre et
puis qui... L'industrie de la construction était touchée par cette modification
législative, par ailleurs légitime, correcte, dont je ne discute pas le
bien-fondé, mais on s'est rendu compte que de procéder par une loi-cadre, ça ne
cadrait pas du tout. Effectivement, le terme est bien choisi, ça ne pouvait pas
s'appliquer dans l'industrie de la construction pour x, y, z raisons. Puis
finalement, en commission parlementaire, tout le monde en est venu à la
conclusion qu'effectivement une réflexion un peu plus poussée, dans le cadre qu'on
connaît, de celui de la loi R-20, avec les gens réellement impliqués puis
avec une explication puis une prise en compte des réalités de la convention
collective, qui est un peu la pièce maîtresse au centre des activités de la CCQ
dans l'exercice de ses mandats, aurait peut-être permis, dans le fond, d'éviter
bien des problèmes.
M. Leitão : Très bien. Donc,
vous êtes en train de nous dire que probablement que le ministre du Travail
pourrait trouver un peu de temps dans son agenda pour essayer de régler ça.
Écoutez, oui, on était, certains d'entre nous, aux travaux de la loi... le projet
de loi n° 59, et, oui, c'était... il y avait beaucoup de choses à
examiner. Bon, écoutez, merci beaucoup de votre participation. Et j'ai bien
compris, donc, une loi-cadre comme celle-ci, à votre avis, n'est pas l'outil
adéquat pour une telle réforme. Merci.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée.
Mme Ghazal : Merci, Mme Bertrand,
M. Robert, pour votre présentation et votre mémoire. Donc, on a entendu
tous les arguments que vous mentionnez contre le fait que la CCQ soit
considérée comme une société d'État. Je ne sais pas, je ne lis pas dans la tête
du ministre, mais je pense qu'il y a peut-être une ouverture ou quelque chose…
En tout cas, on aura le temps d'en discuter.
Est-ce que... Dans le fond, dans tout ce
que vous nous avez dit, ce serait quoi, le plus grand désavantage si la loi n'était
pas modifiée, puis que ça restait comme ça, puis qu'on enlevait cet équilibre
qui a été trouvé sur le conseil d'administration de la CCQ? Est-ce que ça
pourrait, par exemple, mettre en péril la paix dans les relations de travail dans
l'industrie de la construction? On sait que ça n'a pas toujours été facile puis
qu'il y a eu des moments plus houleux que d'autres. Est-ce qu'il y a ce
risque-là?
M. Robert (Dominic) : Bien,
écoutez, il y a la question de l'adhésion, hein? Tantôt, j'en ai parlé. Est-ce
que ça pourrait aller jusqu'à mettre en péril la paix industrielle? Bien, non,
quand même, il ne faudrait pas non plus... On a quand même réussi… On est
habitués, dans l'industrie de la construction... Bon, il faut toujours un petit
peu, encore, combattre certaines… je dirais, certaines idées préconçues sur
notre industrie. Là, somme toute, ça va relativement bien, là. Je veux dire, on
vient de passer à travers une négociation. On a introduit une petite révolution
en matière d'avantages sociaux puis on l'a fait ensemble avec la partie
syndicale.
Alors, moi, ce qui est important, pour moi,
dans le... En fait, dans la composition du conseil d'administration, est-ce qu'il
y aurait des enjeux? Moi, c'est la question de l'adhésion, parce qu'on l'a dit,
ça prend quand même un certain niveau d'expertise, ça prend quand même un
niveau… un certain niveau de... ça prend un recul par rapport aux questions qui
sont traitées, et ainsi de suite. Puis, là où moi, je trouverais ça un petit
peu difficile à motiver ou à... à motiver, oui, c'est de <dire…
M. Robert (Dominic) :
...a motiver, oui, c'est de >dire : Bien, écoute, tu es dans un
régime de relations de travail, la base du régime, c'est la négociation
collective, et tu finances une organisation à raison de 200 millions de
dollars par année, mais malheureusement, bien, ce n'est pas toi qui vas prendre
des décisions, ça va être des personnes qui ne sont pas de ton industrie, qui
vont majoritairement te dire... puis gérer ton argent. À mon avis,
conceptuellement, je sais que c'est un peu gros, ce que je vais dire, mais,
conceptuellement, ça ressemble drôlement à de la taxation sans représentation.
Mme Ghazal : C'est ça, puis,
dans le fond, donc, c'est l'adhésion des gens qui sont autour de la table. Puis
vous dites aussi que tout est déjà là pour permettre cette indépendance. Vous
avez dit qu'on pourrait modifier la loi constitutive de la CCQ. Vous avez
nommé... séparé le président du C.A. et le P.D.G. D'autres, hier, nous ont dit :
Bien, quand ce n'est pas brisé, ne le réparez pas. Mais vous, vous avez une
ouverture, vous dites : Non, non, non, il faut revoir la loi, notamment
pour séparer ces deux postes-là. Est-ce qu'il y aurait d'autres choses qui
devraient être améliorées?
Le Président (M. Simard) :
Succinctement, s'il vous plaît.
M. Robert (Dominic) : Bien,
succinctement, on est ouverts, on dit... Soyons clairs, on ne dit pas qu'il n'y
a pas de problème, là, puis que tout est beau, Madame la Marquise. Ce n'est pas
ce qu'on dit, mais on dit : S'il y a des changements à faire... Moi
personnellement, je vous dirais que le changement le plus fondamental puis l'exercice
le plus difficile à faire dans le cadre de l'étude de ce projet de loi là, c'est
vraiment la notion d'administrateur indépendant. Ça, il faut que ce soit
travaillé, puis d'amener une composante d'indépendance chez les administrateurs
qui proviennent des associations, à mon avis, c'est le travail auquel on
devrait être convié.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, je vais repartir de votre commentaire. Parce que je suis d'accord,
je partage votre position. Après avoir entendu plusieurs groupes, je demeure
convaincu, comme je l'étais depuis le début, que la CCQ ne devrait pas être
assujettie au projet de loi n° 4, mais je suis aussi convaincu qu'il y a
des modifications qui peuvent être apportées à la CCQ. Et les gens du syndicat
de l'Inter, ce matin, nous ont déjà dressé une liste de choses. Vous le faites
aussi dans le mémoire. Vous nous parlez de la séparation du poste de P.D.G. et
de président du conseil. Je vais y aller en rafale.
La rémunération des administrateurs, vous
n'êtes pas contre ça?
M. Robert (Dominic) : Non.
M. Ouellet : La parité
hommes-femmes 40 %-60 %, vous êtes d'accord avec ça?
M. Robert (Dominic) : Très.
M. Ouellet : La présence d'un
jeune de moins de 35 ans?
M. Robert (Dominic) : Aussi,
mais évidemment toujours sous couvert de compétence, d'expertise et du recul
suffisant pour prendre les décisions dans l'industrie.
M. Ouellet : Oui. Par la
suite, la divulgation des cinq plus hauts salariés?
M. Robert (Dominic) : Je n'ai
pas réfléchi plus qu'il ne le faut par rapport à cette question-là, donc je
vais m'abstenir.
M. Ouellet : Pourquoi je vous
pose ces questions-là, c'est qu'on va essayer de gagner du temps. Si,
effectivement, ce que vous nous dites aujourd'hui, ce n'est pas dans une
loi-cadre, mais c'est vers une modification de la loi R-20 et qu'on ait
des consultations, on peut déjà indiquer au gouvernement les parties prenantes
logent à quel endroit, pour qu'on ait rapidement un consensus. Et je pense que
c'est ce qu'on va essayer de faire avec les autres groupes cet après-midi. Si
ce n'est pas la loi n° 4 qui peut assujettir la
CCQ à une meilleure gouvernance, il y a des pistes de solution qui peuvent être
mises sur la table, et c'est là-dessus qu'on va essayer de travailler.
Donc, merci beaucoup d'avoir pris le temps
de nous échanger votre position. Et on va travailler à faire d'une meilleure
loi R-20… une loi qui va apporter une meilleure gouvernance. Et je retiens
l'importance de l'expertise au sein du conseil d'administration de la CCQ.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci. Merci à vous deux. Merci à tous également.
Nous allons, sur ce, suspendre nos travaux
et nous serons de retour à 14 heures. Au revoir.
(Suspension de la séance à 11 h 49)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 05)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, bienvenue à tous. Nous avons quorum. Nous sommes en mesure de
reprendre nos activités et nous avons la chance d'avoir parmi nous la
représentante du Réseau des femmes d'affaires du Québec. Mme Foisy, soyez
la bienvenue.
Réseau des femmes d'affiaires du Québec (RFAQ)
Mme Foisy (Isabelle) : Merci.
Bienvenue.
Le Président (M. Simard) : Merci
d'avoir répondu à notre invitation. Comme vous le savez, vous disposez de 10
minutes pour faire votre présentation.
Mme Foisy (Isabelle) : Alors,
la parole est à moi, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait.
Mme Foisy (Isabelle) : Parfait.
Alors, M. le Président de la commission, Mmes et MM. les députés et les membres
de la Commission des finances publiques, bien, je vous remercie de l'invitation,
et je suis heureuse aujourd'hui de représenter le Réseau des <femmes
d'affaires du Québec...
Mme Foisy (Isabelle) :
...M. le ministre, Mmes et MM. les députés et les membres de la Commission des
finances publiques, bien, je vous remercie de l'invitation et je suis heureuse,
aujourd'hui, de représenter le Réseau des >femmes d'affaires du Québec
auprès de la Commission des finances publiques.
Alors, je suis Isabelle Foisy, je suis la
vice-présidente du conseil d'administration du Réseau des femmes d'affaires du
Québec et je préside également leur comité gouvernance. Je suis la présidente
et fondatrice d'une entreprise qui s'appelle Point Cardinal. On est un
collectif spécialisé en gouvernance, en stratégie, en innovation et en
développement. Et je siège sur des conseils d'administration depuis maintenant
30 ans. Et j'ai pu voir, au fil des ans, quand même, une belle évolution
en termes de présence de femmes sur les différents conseils. Outre le RFAQ, je
siège présentement sur trois autres conseils d'administration, un dans le
domaine de l'éducation collégiale, au collège André-Grasset, je siège également
au conseil d'administration d'un organisme en santé mentale qui s'appelle
Relief et également à la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud. Je
suis titulaire d'une double désignation comme administrateur de sociétés,
certifiée du Collège des administrateurs de sociétés décernée par l'Université
Laval, et je suis également conférencière sur le sujet de la gouvernance depuis
quelques années.
Alors, permettez-moi de vous rappeler la
raison d'être du réseau, qui est d'accélérer la croissance des entrepreneures
et des femmes d'affaires afin qu'elles connaissent un succès inspirant et qu'elles
soient aptes à rayonner dans le monde entier. Le Réseau des femmes d'affaires
du Québec met en oeuvre des programmes et des activités de réseautage et de
maillage qui inspirent, qui connectent et qui propulsent les femmes depuis déjà
40 ans. Il est également l'organisateur du concours et du prestigieux gala
du Prix des femmes d'affaires du Québec. Au cours des 11 dernières années,
le RFAQ a acquis une expertise unique dans l'accès aux chaînes d'approvisionnement
des grandes entreprises pour les femmes entrepreneures. Ses membres sont
répartis à travers tout le Québec. Et, depuis 2010, sa présidente-directrice
générale est quelqu'un que vous connaissez bien, qu'on connaît tous, Ruth
Vachon.
Dans un premier temps, j'aimerais
présenter quelques constats concernant plus spécifiquement la parité
hommes-femmes au sein des conseils d'administration des sociétés d'État et des
entreprises. Et puis, par la suite, je partagerai nos recommandations afin de s'assurer
une meilleure représentativité des femmes au cœur des décisions
organisationnelles pour qu'elles contribuent davantage à créer une société plus
juste et plus équitable.
Alors, j'y vais de nos principaux
constats. Alors, tout d'abord, le Réseau des femmes d'affaires du Québec salue
le gouvernement du Québec d'avoir atteint l'objectif de parité visé par la
précédente loi, celle de 2006, qui avait été adoptée à l'unanimité auprès des
23 sociétés d'État initialement identifiées.
Cette nouvelle mouture, maintenant, permettant
justement d'assujettir 23 sociétés d'État supplémentaires, est fort
importante. Le gouvernement doit jouer son rôle de leader et utiliser les
nombreux outils à sa disposition afin d'accélérer la transformation sociale,
durable et économique du Québec en mettant justement en place des mesures
progressistes en matière d'équité. En ce sens, nous croyons que le gouvernement
peut et doit utiliser d'autres moyens à sa disposition afin d'accélérer la
progression de la parité au sein des conseils d'administration et d'élargir la
disposition à la haute direction des grandes entreprises publiques et privées.
Depuis l'octroi du droit de vote des
femmes en 1940, le Québec a mis en place des lois et des programmes favorisant
l'autonomie et l'intégration sociale et économique des femmes. Malgré tout le
chemin parcouru, des barrières systémiques freinent encore l'ascension des
femmes à des postes de haute direction ou à des conseils d'administration. L'augmentation
de la représentation des femmes au sein des conseils d'administration au Canada
se fait encore au compte-goutte. En effet, entre 2016 et 2018, la proportion
des femmes, toutes entreprises confondues, est passée de 17,8 % à 18,3 %.
Plus encourageant, cette proportion a
bondi au sein des entreprises publiques gouvernementales, passant de 27,7 %
à 36,3 %. Depuis 2018, certaines entreprises cotées en bourse doivent
aussi présenter aux actionnaires la réglementation ayant été mise en place pour
encourager la diversité au sein des conseils d'administration, justement, afin
de se conformer à la loi, la Loi canadienne sur les sociétés par actions.
Depuis, certaines entreprises ont établi des cibles à atteindre en matière de
représentation des femmes au sein des conseils d'administration, généralement
entre 30 % et 40 %. Le tiers de ces entreprises cotées en bourse,
soit 34,1 %, ont atteint la cible de représentation au moins... d'au moins
30 % en 2018, tandis que 27,7 % des entreprises privées ont atteint
ce seuil.
• (14 h 10) •
Pour le Réseau des femmes d'affaires du
Québec, tendre vers la parité, c'est bien, mais atteindre la parité, c'est
encore mieux. Pour nous, la parité rime aussi avec la diversité, car nous
portons une attention toute particulière à l'intersectionnalité afin de
s'assurer que les femmes noires, les minorités visibles, autochtones et la
communauté LGBTQ+ et avec handicap aient un <accompagnement...
Mme Foisy (Isabelle) :
..toute
particulière à l'intersectionnalité, afin de s'assurer que les femmes noires,
les minorités visibles, autochtones, et la communauté LGBTQ+ et avec handicap
aient un >accompagnement et profitent des mêmes opportunités de
développement pour développer leur potentiel de croissance que l'ensemble de la
population.
Alors, j'y vais de nos recommandations,
nous en avons sept.
La première recommandation : soutenir
les entreprises qui souhaitent intégrer la parité et la diversité à tous les
échelons de l'entreprise, les employés, les cadres, la haute direction, les
conseils d'administration ainsi que dans la chaîne d'approvisionnement, en
introduisant des femmes entrepreneures à titre de fournisseur. Il s'agit d'une
proposition stratégique pour que... les entreprises favorisant notamment les
critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, donc on parle des ESG, si
importants pour l'avenir des entreprises.
La deuxième recommandation : en
matière d'achat, le gouvernement du Québec devrait privilégier les fournisseurs
qui ont atteint la zone paritaire au sein de leurs conseils d'administration ou
qui ont adopté des cibles à cet effet. Une certification paritaire a d'ailleurs
été développée par une organisation collaboratrice, qui est La Gouvernance au
féminin, afin d'identifier de telles entreprises.
La troisième recommandation :
soutenir financièrement, au moyen d'un incitatif fiscal ou monétaire, les coûts
de la formation d'administrateurs agréés pour les femmes, les jeunes ainsi que
pour les représentants de la diversité.
La quatrième recommandation : le
gouvernement ne devrait pas se limiter seulement aux sociétés d'État détenues à
100 % par Québec et devrait élargir également ces obligations aux filiales
qu'elles détiennent en majorité. Aussi, toute filiale détenue à 50 % ou
plus par une société d'État devrait d'ailleurs être soumise à ces obligations.
Nous appuyons ici la recommandation de la Vérificatrice générale dans ses
propos qu'elle a émis hier, le 18 janvier, et qui résonnent aussi avec
plusieurs autres recommandations, dont celle de Mme Louise Champoux-Paillé.
De telles politiques, à notre égard, devront être assorties, d'ailleurs, d'un
processus de reddition de comptes dans les rapports annuels ou au parlement.
Cinquième recommandation : créer une
base de données de candidates féminines afin d'assurer la visibilité des femmes
qualifiées pour les postes d'administrateur et de haute direction.
Sixième recommandation : colliger et
diffuser sur les sites gouvernementaux appropriés des données sur la
représentation des femmes et des hommes aux conseils d'administration afin de
renseigner le public et les entreprises sur l'avancement des dossiers ainsi que
les meilleures pratiques en matière de mixité.
Et notre dernière recommandation : en
plus de ce qui est prévu pour les femmes dans le cadre de cette loi, s'assurer
qu'un siège est dédié, sur les conseils d'administration des sociétés d'État,
pour des représentants de la diversité, qu'on parle du peuple autochtone, des
personnes handicapées, celles qui font partie des minorités visibles et des
membres de la communauté LGBTQ+, afin de mieux, évidemment, refléter la
composition de la société québécoise.
Donc, l'atteinte d'une plus grande
parité requiert des changements de mentalités, de perception et de façons de
faire, et le gouvernement peut certainement être un moteur crucial pour ce
changement. Je vous remercie.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, Mme Foisy. Je cède d'emblée la parole au ministre des
Finances.
M. Girard (Groulx) : Bien,
merci pour votre présentation et le mémoire, que je n'avais pas vu mais que je
vais... C'est ça? D'accord.
Mme Foisy (Isabelle) : En
fait, M. Girard... M. le ministre, je m'excuse, on n'a pas envoyé, je pense, la
documentation. Je pense que c'est ce qui a été dit juste avant la présentation.
Donc, vous êtes...
M. Girard (Groulx) : Je suis
à jour.
Mme Foisy (Isabelle) : Vous
ne trouvez pas parce que vous ne l'avez pas, mais ça nous fera plus que plaisir
de vous l'envoyer.
M. Girard (Groulx) : O.K. Merci. Simplement, en guise d'introduction, là, je
donnerais quelques commentaires généraux pour l'ensemble des participants à
cette commission. Alors, l'idée de la parité, évidemment, elle était... elle
visait... dans la loi de 2006, elle visait une parité globale pour l'ensemble
des sociétés d'État et des administrateurs. Et l'évolution que nous proposons
en 2022, c'est que cette parité s'applique à chacune des sociétés d'État. Et c'est
évidemment, selon nous, un développement positif.
Quant à l'élément qui a été soulevé, et
puis c'est très bien que la société civile commente sur les projets de loi et s'y
intéresse, mais j'aimerais être clair, il n'y a absolument aucune femme sur
aucune société d'État qui va perdre son poste en raison de l'adoption de ce
projet de loi. Il y a deux ans de transition pour les mesures sur la composition
des <membres...
M. Girard (Groulx) :
...en raison de l'adoption de ce projet de loi. Il y a deux ans de transition
pour les mesures sur la composition des >membres des sociétés d'État, et
les cibles de 40 %-60 % sont suffisamment flexibles avec le fait que
les membres doivent... ont des mandats de quatre ans, qui seraient renouvelés
deux fois. Il y a un roulement naturel sur les conseils d'administration.
Alors, d'aucune façon, notre intention
est, suite à l'adoption du projet de loi, par exemple, d'éliminer des femmes
sur des sociétés d'État parce qu'une société d'État serait à 62 %, au lieu
de 60 %. Alors, je comprends que les... il peut y avoir des
interprétations diverses de sujets qui peuvent être sensibles. Mais notre
intention, c'est de faire une amélioration. C'est-à-dire que le concept de
parité, qui était un concept global, s'appliquerait maintenant à chacune des
sociétés d'État, et c'est donc une avancée.
Et, quant aux cas particuliers, puisqu'on
a identifié les sociétés d'État qui étaient au-dessus du 60 %, bien, le
deux ans de transition permet de traiter aisément ces situations.
Maintenant, à la question... Il y a un
débat, Mme Foisy, c'est : Est-ce que la borne supérieure est
nécessaire? Est-ce qu'on doit viser une parité 40 %-60 % ou on
devrait simplement dire qu'on devrait avoir au minimum 40 % dans chacune
des sociétés d'État? Alors, je vous pose cette question.
Mme Foisy (Isabelle) : Bonne
question. En fait, pour nous, l'idéal, ce serait 50 %, hein, en fait, qu'on
soit égal-égal. Si on devait mettre un chiffre, est-ce que le minimum est de
50 %? Est-ce que c'est cela où on devrait tendre? Je pense que nous... Pour
nous, c'est d'arriver à la parité qui est l'intention derrière nos
recommandations. Alors, on comprend qu'on part de loin, puis, pour certaines,
on part vraiment de loin. Il y en a qu'on est plus en avance. Vous avez parlé,
là, entre autres, là, de celles qui sont à 62 % ou 63 %. Nommons,
entre autres, là, Hydro-Québec, Loto-Québec et certaines d'entre elles, là, qui
ont plus que ce qu'on souhaiterait à la base. Mais on ne se cachera pas que ça
fait... on était, en 2022... bien, ça fait depuis 2022 qu'on est pas mal en bas
du 40 %. Alors, pour moi, c'est une question de philosophie, je vous en ai
parlé tantôt, mais il faut essayer de tendre vers beaucoup plus qu'où on est
aujourd'hui, cette progression-là. Je pense que c'est surtout ça qu'on veut
faire. On veut travailler en collaboration, justement, pour que les femmes
prennent leur place et puis qu'on arrive à au moins être éventuellement à 50 %.
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce que vous reconnaissez... ou est-ce que... je ne sais pas si vous...
«reconnaissez», ce n'est pas le bon terme, mais est-ce que vous acceptez que d'étendre
la définition de parité de l'ensemble des sociétés d'État, l'amener pour
chacune des sociétés d'État, c'est un développement positif?
Mme Foisy (Isabelle) : Tout à
fait, tout à fait, tout à fait. On préfère... pas que ce soit global, mais qu'effectivement
on puisse avoir des mesures, puis ça se mesure davantage pour chacune d'entre
elles, puis s'assurer que... si on le fait de façon individuelle, bien,
nécessairement, que les résultats, de façon globale, seront également atteints.
M. Girard (Groulx) : O.K. Et
là vous m'avez dit... Bien, je vous ai demandé si on devait enlever la borne
supérieure. Vous m'avez dit de hausser la borne inférieure à 50 %, d'accord?
Je répète ma question : Est-ce qu'on doit enlever la borne supérieure?
Mme Foisy (Isabelle) : Je ne
pense pas. Je pense que... Même, dans notre conseil d'administration au Réseau
des femmes d'affaires du Québec, on avait l'inverse. On n'avait que des femmes
sur notre conseil d'administration. Puis on tend vers la parité, on a des
hommes sur notre conseil d'administration. Et je pense que la mixité, d'avoir
des hommes et des femmes sur le conseil d'administration, c'est un peu ça, en
termes de gouvernance. C'est de s'assurer qu'on ait une diversité d'opinions,
une diversité de façons de faire, une diversité... d'apporter des gens avec des
compétences et avec des... que ce soit de genres, que ce soient des... une
mixité en termes de diversité culturelle, de jeunesse, de sagesse sur les
conseils d'administration. C'est cette mixité-là qui fait qu'on prend des
meilleures décisions sur un conseil d'administration.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Donc, vous préféreriez qu'on vise l'atteinte du 50 % dans chacune des
sociétés d'État, plutôt que d'avoir une zone...
• (14 h 20) •
Mme Foisy (Isabelle) : Bien,
en fait, il y aura toujours une... on ne pourra pas... Je pense que de cibler
vers l'augmentation c'est intéressant, d'avoir une fourchette, c'est bien,
parce que ça cadre les <choses...
Mme Foisy (Isabelle) :
...intéressant, d'avoir une fourchette, c'est bien, parce que ça cadre les >choses.
Tu sais, comme, vous êtes... Je pense, en termes d'éducation, on ne peut pas
espérer que tout le monde soit à 100 %. C'est l'amélioration qu'on devrait
calculer et puis de mesurer cette... de tendre vers l'équité, vers le 50 %
ou cette fourchette-là, entre 40 % et 60 %, moi, je pense que c'est
une question... ce n'est pas une question de sémantique. Quand on sera rendus
là, là, bien, on sera capables de se reparler puis de réévaluer les choses, mais
je pense qu'on est très loin d'arriver là où on voudrait être. Donc, tendons
vers cette équité-là. Il y a une fourchette qui peut être attendue. Et je pense
qu'on ne devrait pas non plus s'enfarger dans les fleurs du tapis. Dans
certaines sociétés où il y aura plus de femmes, où il y a eu pendant des années
plus d'hommes sur des conseils d'administration, bien, ce qu'on dit, c'est qu'on
doit tendre vers l'équité, vers l'équilibre.
M. Girard (Groulx) :
O.K. Bien, moi, ça complète ma question, M. le Président. Merci, madame...
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le ministre. M. le député de Vanier-Les Rivières, vous
disposez de 8 min 40 s.
M. Asselin : Bonjour,
Mme Foisy.
Mme Foisy (Isabelle) :
Bonjour.
M. Asselin : J'ai
entendu, au travers de... dans votre brève présentation, l'utilisation du terme
«barrière systémique». J'aimerais ça que vous puissiez élaborer là-dessus de
par votre expérience dans le Réseau des femmes d'affaires.
Mme Foisy (Isabelle) :
Bien, en fait, on adresse ce point-là, c'est ce qu'on se dit, qu'on doit
vraiment, je pense, comme société, adresser ce genre de discussion là où les
femmes ont une place à jouer importante aux termes social, développement
économique, de développement durable. Et, cette place-là que les femmes
prennent dans la société, on doit aussi le voir représenté dans différents...
par exemple, dans les conseils d'administration. Et c'est de là où on se dit :
Bien, depuis longtemps on en parle. Les actions commencent à arriver. Et je
pense que le gouvernement prend les actions nécessaires pour justement mettre
en place des éléments pour nous permettre de mesurer l'arrivée de femmes et de
s'assurer que les femmes sur les conseils d'administration puissent prendre
toute leur place.
M. Asselin : Vous aviez en
tête un certain nombre de barrières systémiques dont vous pensez au travers de
la nomination sur des C.A. Est-ce que vous avez un peu plus d'exemples pour qu'on
puisse, justement, les mesurer, ces barrières systémiques là dont vous parlez?
Mme Foisy (Isabelle) :
En fait, ce que je vous propose, justement dans une des recommandations qu'on
vous fait, c'est d'en parler, de mesurer, de divulguer qui sont ces femmes-là
et ces hommes-là qui siègent sur les différents conseils d'administration.
Donc, plutôt que de parler de barrières systémiques, adressons les façons dont
on pourra s'assurer de mesurer la... d'où on part et où on s'en va. Et je pense
que les actions concrètes qui sont présentées aujourd'hui dans le projet de loi
vont nous permettre justement de mettre en lumière ces femmes et ces hommes-là
qui contribuent à notre société civile sur les différents conseils d'administration.
M. Asselin : Parfait.
Mme Foisy (Isabelle) :
Merci.
M. Asselin : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, M. le
Président. Mme Foisy, bonjour. Merci...
Mme Foisy (Isabelle) :
Bonjour.
M. Leitão : Merci d'être
là. Donc, vous avez parlé de sept recommandations. On va y arriver, mais, avant
d'y arriver, vous aviez aussi mentionné que vous souhaiteriez... que vous
souhaitez élargir, donc, le concept de parité à la haute direction des
sociétés. Est-ce que vous parlez des sociétés d'État ou vous parlez de toutes
les sociétés?
Mme Foisy (Isabelle) :
Bien, en fait, on parle des sociétés de façon générale. Parce qu'on se le dit,
là, que ce soit dans les sociétés privées, que ce soit dans les sociétés
publiques, bien, le nombre de femmes à la haute direction, la proportion, elle
est beaucoup plus basse que celle des hommes. Et je pense que c'est un premier
pas qu'on fait aujourd'hui avec les conseils d'administration. Je pense que c'est
un appui intéressant, mais ces statistiques-là doivent aussi... ce n'est pas
que sur les conseils d'administration où on a quelque chose à apporter. On doit
aussi parler au niveau des différentes... Tu sais, on parlait... on parle
surtout du plafond de verre, là. Comment on peut faire pour que les femmes
puissent obtenir ces postes-là à la haute direction? Donc, est-ce que c'est en
s'assurant que les candidatures qui seront reçues pour les différents postes...
que ce soit dans les sociétés publiques ou privées, qu'on s'assure d'avoir des
femmes de qualité qui soient aussi considérées, recommandées? Et c'est en ce
sens-là que notre recommandation porte aussi à mesurer et porte aussi à ce qu'on
se penche sur comment on peut faire pour que ces femmes-là puissent avoir accès
à des postes de haute direction dans toutes les sociétés...
M. Leitão : ...mais ça, ce
serait donc... vous ne souhaitez pas <nécessairement...
M. Leitão : .
..mais
ça, ce serait donc... vous ne souhaitez pas >nécessairement avoir des...
donc de légiférer sur cela, mais donc d'améliorer l'information, disséminer l'information
de façon plus étendue pour que cet enjeu-là soit suivi de près et qu'on puisse
mieux publiciser.
Mme Foisy (Isabelle) : Exact.
Puis je pense qu'il y a plusieurs sondages, il y a plusieurs études, là je
pense, entre autres, à l'IGOPP, je pense, entre autres, à plusieurs différentes
organisations qui font le partage des informations d'aujourd'hui... Aujourd'hui,
la législation ne nous amène pas à légiférer sur ça, mais je pense aussi qu'en
ayant des femmes sur les conseils d'administration, qui élisent aussi les
présidents de conseil d'administration... je pense qu'on aura aussi cette
portée-là. On a une responsabilité de faire en sorte que les bons candidats et
les bonnes candidates soient retenus pour les postes de haute direction.
M. Leitão : Très bien, merci,
oui, en effet. Une de vos recommandations, je pense la numéro 2, vous
parlez donc que l'État puisse utiliser son pouvoir d'achat, donc des achats
publics, et qu'il puisse donc diriger... je ne dirais pas exclusivement, mais,
en tout cas, de mettre des balises pour que les entreprises qui font affaire
avec l'État puissent avoir un certain progrès à cet égard-là. Est-ce que cela,
à votre avis, c'est quelque chose qui pourrait être fait pour les grandes
entreprises publiques cotées en bourse ou...
Mme Foisy (Isabelle) : Bien,
de façon générale, moi, je vous dirais que, comme État, on a aussi à se poser
la question : Qui sont ces fournisseurs-là qui... avec lesquels on fait
affaire? Et, bon, il est intéressant et important de voir est-ce que les
fournisseurs de l'État sont également des fournisseurs détenus à propriété
féminine. Mais est-ce que ce sont des femmes qui détiennent des entreprises
avec lesquelles vous faites affaire et est-ce que c'est une mesure que vous
faites aujourd'hui? Et comment est-ce que ces cibles-là pourraient aussi être
mesurées, suivies, puis qu'on augmente la cible, et qu'on provoque des
discussions entre l'État et les fournisseurs, que ce soient des fournisseurs...
peu importe le fournisseur, qu'on puisse effectivement s'assurer qu'on
travaille avec des des entreprises à propriété féminine?
Et puis il y a une certification aussi qui
existe, j'en parlais dans la recommandation 2, qui est faite par La Gouvernance
au féminin, où on identifie ces entreprises-là, où ils ont une certification à
même leur organisation, je parle d'entreprises privées, mais je suis certaine
qu'au gouvernement il y a quelque chose qui peut être fait également à ce
niveau-là, où vous allez pouvoir mesurer et identifier, puis qu'on vous
permettre de bien comprendre qui sont ces femmes-là à propriété féminine et
comment vous pouvez échanger et faire affaire avec ces femmes-là qui ont des
entreprises à propriété féminine.
M. Leitão : Très bien. Parce
que, vous savez, il y a... de plus en plus, on suggère que, bon, l'État oriente
ses politiques d'achat selon un certain nombre de critères, et ces critères-là
augmentent continuellement, que ce soit pour favoriser l'achat local, que ce
soit pour favoriser les entreprises à propriété féminine, que ce soit pour les
entreprises qui auraient des critères de lutte aux changements climatiques ou
autres critères ESG. Donc, ça, ça commence à faire beaucoup de critères, ils
sont tous, d'ailleurs, pertinents, là, mais comment est-ce que vous voulez...
comment est-ce que vous suggérez qu'on opérationnalise de tels critères?
Mme Foisy (Isabelle) : Mais,
la beauté dans tout ça, je pense que ce n'est pas de prendre ça de façon
individuelle mais de regarder ça de cette façon collective. Une femme peut
aussi avoir une entreprise où la diversité fait partie des critères, où elle
peut également parler de développement durable. Et je pense que, comme on fait
l'évaluation des conseils d'administration puis on regarde quels sont les
différents éléments dont on doit tenir en compte quand on fait soit des achats,
on est capable d'évaluer comment est-ce qu'on peut aussi provoquer de mesurer
différents critères. Alors, je pense que ce n'est pas des critères exclusifs,
je pense que ce sont des critères qui sont mutuellement complémentaires. Et, de
faire en sorte qu'on les mesure puis qu'on en tienne compte, on risque de
tendre... on risque de faire bouger l'aiguille, que... si on ne les met pas sur
la liste, bien, les chances qu'on puisse mesurer notre amélioration, en ce
sens-là, bien, devient plus petite.
• (14 h 30) •
M. Leitão : Oui, très bien,
tout à fait. Et puis, parlant de complémentarité, je pense, c'est un peu la
même chose pour les... un siège dédié pour la <diversité...
>
14 h 30 (version révisée)
<15391
M.
Leitão :
...dédié pour la >diversité.
Mme Foisy (Isabelle) : Bien
sûr.
M. Leitão : Donc, ce n'est
pas nécessairement qu'il faut absolument avoir une... ça peut… On peut avoir
une jeune femme autochtone comme on peut avoir un vieil homme, c'est-à-dire, ce
n'est pas exclusif.
Mme Foisy (Isabelle) : Bien
oui, c'est ça, c'est bien, exact.
M. Leitão : Très bien. Et d'ailleurs…
Mme Foisy (Isabelle) : Je
pense que c'est ça qui fait la beauté... Pardon, je m'excuse.
M. Leitão : Non, allez-y,
allez-y.
Mme Foisy (Isabelle) : Alors,
je voulais vous dire que c'est un peu ça, la beauté des hommes et des femmes
qui contribuent à la société civile, c'est qu'on porte plusieurs chapeaux, et à
nous de bien jouer, de porter le bon chapeau lors des différents rôles qu'on
peut jouer, là, à travers nos occupations.
M. Leitão : Très bien. J'allais
juste vous dire qu'en effet, pour... Comme c'était aussi une suggestion de
Force jeunesse, donc, d'avoir un siège dédié pour un membre de la diversité, moi,
je pense, c'est une suggestion très, très intéressante, comme aussi, et vous le
mentionnez en citant la Vérificatrice générale, pour les filiales des sociétés
d'État. Est-ce que vous avez en tête un niveau de détention particulier, 50 %,
60 %, ou vous souscrivez à la notion de contrôle? Donc, une fois que la
société d'État contrôle la filiale, donc, les mêmes critères devraient s'appliquer
à la filiale?
Mme Foisy (Isabelle) : Ce qu'on
a proposé, nous, c'est une filiale détenue à 50 % et plus par la société d'État.
M. Leitão : Très bien, merci.
Une chose que je trouve aussi intéressante, et qu'on devrait faire plus de ça,
c'est, donc, d'avoir une espèce de base de données, donc, d'avoir une banque de
données avec, donc, des femmes ou d'autres personnes, là, pour ces postes de...
potentiellement, pour être candidate au poste de... membre d'un conseil d'administration,
voilà ce que je voulais dire. Parce qu'en fin de compte, regardez, bon, on a
quoi, une quarantaine de sociétés d'État, une quinzaine de membres par société.
Ce n'est pas tout à fait la même chose pour tous, mais, quoi, on parle de 600 personnes.
Ce n'est quand même pas énorme si on prend ça dans sa globalité.
Donc, je pense qu'on peut très bien, oui, en
effet, bâtir de telles bases de données, parce que, souvent, et particulièrement
pour les membres des communautés minoritaires, souvent, la grande difficulté, c'est
de trouver un moyen de percer le... de mettre son nom dans une liste quelque
part, de se faire connaître, et c'est souvent ça, le cas, il y a énormément de...
beaucoup de personnes très compétentes de toutes sortes d'origines, de toutes
sortes de milieux mais qui ont une grande difficulté à se faire connaître des
milieux qui nomment des membres des commissions… des conseils d'administration.
Donc, une telle base de données, une espèce... un appel à tous et à toutes, et...
pour qu'on puisse, par la suite, bâtir ces choses-là, ce serait... à mon avis, ce
serait très utile, et je pense que l'État peut contribuer à créer de telles
bases de données avec votre collaboration et d'autres.
Une dernière chose, vous parlez aussi
de... Je pense, c'est votre troisième recommandation, sur une mesure fiscale,
mesure fiscale pour aider dans l'obtention de la certification d'administrateur
agrégé. Comment est-ce que vous voyez ça?
Mme Foisy (Isabelle) : Bien,
en fait, c'est une formation qui est assez coûteuse, hein? On parle de 10 000 $,
15 000 $. Et ce n'est pas accessible à tout le monde de pouvoir avoir
cette formation-là, qui est extraordinaire, pour l'avoir suivie, mais, pour les
femmes, les jeunes puis pour d'autres joueurs où ça devient une barrière à l'entrée
qui est importante, comment peut-on voir de façon... soit en ayant un incitatif
fiscal ou peut-être de défrayer une partie des coûts, pour s'assurer que la
plus grande majorité de gens puisse avoir accès à cette formation-là qui nous
permet d'être des meilleurs administrateurs?
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Foisy (Isabelle) : Et
donc voilà.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous.
M. Leitão : C'est déjà tout, M.
le Président?
Le Président (M. Simard) : Malheureusement,
cher collègue.
M. Leitão : Alors, Mme Foisy,
merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Malheureusement.
Chère collègue.
Mme Foisy (Isabelle) : Merci
beaucoup.
Mme Ghazal : Merci beaucoup, Mme Foisy.
J'aimerais avoir votre opinion. Si on n'avait pas légiféré en 2006 pour que… obliger
la zone parité ou, en tout cas, d'avoir au moins 50 % des femmes, je pense,
à la zone parité, même à l'époque, est-ce qu'on serait arrivés au résultat
actuel?
Mme Foisy (Isabelle) : Bien,
je pense que, chaque fois qu'on prend un pas de l'avant puis qu'on met des
éléments pour nous permettre de mesurer les choses, bien, on tend vers ce qu'on
cherche à avoir. Alors, je suis d'avis qu'en <légiférant...
Mme Foisy (Isabelle) :
...qu'en >légiférant sur un sujet aussi important ça nous permet aujourd'hui
de pouvoir aller encore... puis de prendre un pas d'autant plus vers l'avant.
Alors, je pense que c'est comme des étapes. Alors, de mettre ces différents
échelons là en place nous permet de gravir les échelons puis de se donner la
capacité et les moyens d'atteindre quelque chose qui, selon nous, est
primordial pour représenter l'ensemble de notre société.
Mme Ghazal : Parce que, si je
peux dire, tout le monde est pour la tarte aux pommes. Oui, on est pour que les
conseils d'administration soient les plus représentatifs de la population, de
sa diversité, etc., mais, si on veut vraiment atteindre des résultats... Tu
sais, on peut aller dans… avec des mesures volontaires, comme vous le proposez,
et tout ça, mais ça prend une législation. Par exemple, le ministre vous a posé
la question, mais je veux encore vous entendre, nous, à Québec solidaire, à
cause de l'absence historique des femmes, que ce soit en politique… là, ici, on
parle des conseils d'administration, c'est acceptable en 2022, parce qu'on est
seulement en 2022, que la parité, ça soit au moins 50 % de femmes. Je veux
vous entendre clairement. Est-ce que vous êtes pour ça ou vous êtes contre?
Mme Foisy (Isabelle) : Bien,
en fait, ce qu'on dit, nous, là, c'est que ça prend une échelle, ça prend un
barème. Et on souhaiterait que ça soit la parité, là, comme ce que vous
expliquez, là, qu'on soit 50 %, mais, des fois, quand on met des règles
trop grandes puis on ne les atteint pas, bien, ça décourage les gens. Alors,
nous, ce qu'on se dit, c'est que, s'il y a un barème entre 40 % et 60 %,
bien, ça permet aux gens de sentir qu'ils contribuent à faire évoluer les
choses.
Le ministre en parlait tantôt, pour
changer des gens au conseil d'administration, tout ne se fait pas du jour au
lendemain. De la gouvernance, ce n'est pas «on-off». Alors, il faut le faire
dans le temps puis il faut progresser pour atteindre l'objectif que le conseil
d'administration va se donner, en ayant, je pense, des guides qui viennent de
notre gouvernement, qui nous aident, entre autres, à atteindre ces
objectifs-là. Alors, oui, on voudrait que ça soit 50 %, mais ce qu'on se
dit, c'est que, pour s'y rendre, il faut y avoir des échelons, des gradations,
pour ne pas se décourager puis faire en sorte que les conseils d'administration
puissent aussi évoluer dans le temps.
Mme Ghazal : Puis qu'est-ce
que vous proposez? Le ministre nous dit : Non, non, non, il n'y aura
pas... il va y avoir un roulement naturel qui va faire qu'on va rester, dans
les endroits, par exemple, où on est rendus à 70 % ou proches de 60 %...
on a dépassé le 60 %, il va y avoir un roulement naturel qui va faire que
la zone parité va être respectée. Je ne sais pas comment ça va s'articuler dans
la loi. Vous, est-ce que vous proposez une modification dans la loi pour que,
là où on a dépassé la zone parité, où les femmes sont à 70 % ou plus que
60 %... qu'on puisse s'assurer que… bien, que ça ne soit pas pénalisé pour
qu'on baisse de niveau de représentation des femmes? Est-ce que vous proposez
quelque chose ou vous êtes d'accord avec ce que le ministre propose?
Mme Foisy (Isabelle) : Bien,
en fait, moi, ce que j'ai aimé dans ce que le ministre nous a dit tantôt, c'est
qu'il ne veut pas sévir de façon négative pour s'assurer qu'on enlève des femmes
au conseil d'administration. Alors, il ne faut pas sévir, mais je pense qu'il
faut, au contraire, être capable de… que, les différents éléments qui vont
faire partie de la loi, bien, on mette en place ces éléments-là pour atteindre
au minimum la parité qui est demandée, là. Alors, moi, je pense qu'il ne faut
pas sévir puis retirer des gens au conseil d'administration, mais... c'est ce
que le ministre nous a dit aujourd'hui. Alors, est-ce que je pense qu'on tend
vers les bonnes choses? Est-ce qu'on doit...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, Mme Foisy.
Mme Foisy (Isabelle) : Merci.
Le Président (M. Simard) : On
a amplement dépassé le temps qui était dévolu à cette section. M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, à mon tour de vous saluer. Je veux juste être certain de
bien comprendre. Lorsque vous faites référence à la recommandation de la VG, à
savoir d'assujettir les sociétés affiliées sous le contrôle de l'État
québécois, elle faisait souvent référence, elle, à la rémunération, je vous
entendais, tout à l'heure, discuter avec la députée de Québec solidaire, et
vous faites aussi référence aux autres mesures, c'est-à-dire, la parité.
Mme Foisy (Isabelle) : On
fait certainement référence à la parité.
M. Ouellet : O.K. Juste pour
le bénéfice de la commission, je sais que la VG avait signifié des exemples d'Ivanhoé
Cambridge et d'Otéra. Je tiens quand même à signifier que ces deux conseils d'administration
là sont dans la zone paritaire. Donc, on peut parler de d'autres sociétés d'État,
mais celles ciblées, notamment, pour la rémunération, dont la VG faisait
référence, ne parlaient pas effectivement de cette partie-là qui était incluse
pour ce qui est de la parité pour les femmes.
• (14 h 40) •
J'aimerais peut-être ouvrir une discussion
très brève, vous allez me dire, mais je n'ai pas le choix, j'ai très peu de
temps, l'importance de faire de la place à la diversité culturelle, aux
minorités et aux gens de la communauté LGBTQ+. On adresse ça souvent à travers
les sociétés d'État, dans le projet de loi, présentement, mais, du côté des
fonctionnaires du gouvernement du Québec, on n'atteint pas cette
représentativité-là. Donc, est-ce qu'on ne devrait pas plutôt commencer par le
fonctionnariat avant de s'adresser aux sociétés <d'État...
M. Ouellet :
...aux
sociétés >d'État, aux conseils d'administration, ou, selon vous, on
devrait travailler sur les deux fronts?
Mme Foisy (Isabelle) : Bien,
en fait, le projet de loi qui est présenté devant nous n'adresse pas la partie
de la fonction publique. On parle vraiment, là, davantage des conseils d'administration,
puis les études puis ce qu'on propose aujourd'hui, avec le Réseau des femmes d'affaires
du Québec, portent vraiment sur les conseils d'administration.
M. Ouellet : O.K., mais est-ce
que... Si on veut avoir de l'impact dans la société, est-ce qu'on devrait avoir
cette même volonté là pour le fonctionnariat québécois…
Mme Foisy (Isabelle) : Je dirais que…
M. Ouellet : …d'avoir des
obligations, d'avoir des... on ne va pas parler de quotas, mais d'incitatifs
positifs à avoir des représentants issus de ces communautés-là dans les emplois
occupés?
Mme Foisy (Isabelle) : Bien,
si on parle d'incitatifs positifs, je pense qu'on devrait faire ça dans toute
la société, qu'on parle des entreprises privées, des entreprises publiques, qu'on
parle de notre société d'État, d'avoir une représentativité de tous les genres,
de toutes les différentes communautés culturelles. Quand on parle avec… de la
diversité, bien, effectivement, cette diversité-là apporte beaucoup à notre
société. Donc, je suis d'avis que, oui, on devrait tendre… pour s'assurer qu'on
inclut la diversité dans tous les échelons des entreprises, puis ça faisait
partie, là, de notre première recommandation, que la diversité doit... on doit
s'assurer que la diversité soit bien représentée.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
Mme Foisy (Isabelle) : Bienvenue.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Alors, Mme Foisy, merci pour cette très belle présentation.
Sur ce, nous allons devoir suspendre
momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains invités. Puis, Mme Foisy,
vous m'aviez dit, avant votre présentation, que vous alliez venir à Québec cet
après-midi en partant de Boucherville. Alors, soyez prudente sur la route.
Mme Foisy (Isabelle) : Exact,
merci, et bonne fin de journée à tous.
Le Président (M. Simard) : Au
revoir, madame.
Mme Foisy (Isabelle) : Au revoir!
(Suspension de la séance à 14 h 42)
(Reprise à 14 h 46)
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous sommes de retour et nous sommes en présence de représentants de la
FTQ-Construction. Messieurs, bonjour à vous deux. Auriez-vous d'abord l'amabilité
de vous présenter, s'il vous plaît?
Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec-Construction (FTQ-Construction)
M. Boisjoly (Éric) : Oui, je
me présente, Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Contruction et membre
du conseil d'administration du C.A. de la CCQ aussi, et Philippe Lapointe,
conseiller syndical à la FTQ-Construction.
Le Président (M. Simard) : Bienvenue
parmi nous. Vous disposez de 10 minutes.
M. Boisjoly (Éric) : Merci.
La FTQ-Construction est le plus grand syndicat de l'industrie, représentant 43 %
des travailleurs et des travailleuses. Nous avons été présents à toutes les
étapes du développement de la commission. Nous avons vécu les décrets des
conventions collectives et la création du système actuel de paritarisme.
La FTQ-Construction demande, donc, de
retirer la Commission de la construction du projet de loi n° 4. On peut
améliorer la gouvernance de la CCQ mais par une modification à la loi R-20,
en conservant la représentation paritaire au conseil d'administration. La CCQ
est un comité paritaire de coordination d'une industrie, un lieu où patrons et
syndicats échangent sur les enjeux qui touchent les relations de travail et la
gestion de la main-d'oeuvre. Ce n'est pas un comité de gestion d'un musée ou d'une
entreprise étatisée. Vous ne pouvez pas appliquer les mêmes critères de
nomination des administrateurs. On l'a dit, plusieurs l'ont dit aussi, on a
besoin d'expertise de l'industrie et on l'a démontré de par le passé.
La CCQ détient des rôles fondamentaux,
entre autres l'application des conventions collectives. Sur son conseil d'administration,
il est question de sujets qui relèvent directement du devoir de représentation
des syndicats envers leurs membres. Il est primordial que toutes les
associations syndicales de l'industrie soient présentes, et ça, le projet de
loi n° 33 l'a modifié à l'époque, et aujourd'hui on vit très bien avec. Si
vous avez l'impression qu'on se répète, c'est parce qu'il y a unanimité dans l'industrie,
et aujourd'hui plein de gens l'ont démontré.
M. Lapointe (Philippe) : On
vous répète que le régime des relations de travail de la construction est
particulier. Il est important de quand même préciser un peu pourquoi puis
comment. En fait, la particularité du régime de la construction est que,
contrairement au droit du travail nord-américain, la construction québécoise n'est
pas basée sur le principe de l'établissement, mais les relations
patronales-syndicales s'appliquent à l'industrie entière. C'est-à-dire que nos
relations de travail ne se limitent pas à un employeur, un syndicat mais
couvrent toutes les entreprises qui y participent pour les cinq syndicats en
même temps.
De plus, l'industrie est caractérisée par
un côté extrêmement éphémère des milieux de travail. Ce ne sont pas des chaînes
de montage. On n'est pas en train de bâtir des voitures ou des choses que l'on
vend. En fait, ce que l'on vend est le lieu de travail, et les travailleurs
vont d'un chantier à l'autre, d'un employeur à l'autre. Parfois, ils peuvent
passer une heure sur un chantier. Parfois, ils peuvent en passer six mois, deux
ans, trois ans. Mais l'employé n'a jamais de garantie d'emploi.
Grâce à notre régime, on a réussi à
structurer une façon d'avoir une stabilité au niveau du fonds de retraite, des
avantages sociaux, de la paie de vacances, du régime d'assurance collective, et
même d'avoir une assurance d'une stabilité de contrats, peu importe le lieu de
travail et l'employeur avec qui le salarié de la construction va se retrouver.
C'est un choix qu'on a fait, au Québec, pour s'assurer que les gens qui
travaillent dans notre industrie puissent avoir une carrière, et c'est une
façon de faire qui fait l'envie du reste du pays.
Cette précarité a des impacts immenses,
par contre, sur la qualité de vie des travailleurs, travailleuses. D'ailleurs,
nous avons de nombreux défis, par exemple la rétention de main-d'œuvre, et un
récent sondage montrait que 35 % des gens qui se joignaient à notre
industrie ne restaient pas plus de cinq ans, puis, pour les femmes, cela,
malheureusement, va jusqu'à... 50 % des travailleuses quittent avant cinq ans.
• (14 h 50) •
Ce qui m'amène à l'autre question, qui est
la représentativité des femmes dans nos instances. La FTQ-Construction, on va
être clairs, elle appuie le principe d'avoir une parité hommes-femmes sur le
conseil d'administration de la CCQ.
En plus de la participation au Programme d'accès
à l'égalité des femmes dans l'industrie de la construction, la FTQ-Construction
a formé un comité de travailleuses et un comité pour les minorités visibles
afin d'avoir la voix des groupes minoritaires de notre industrie. Cela nous
permet de créer un leadership à l'interne. Le comité des travailleuses est une
instance qui sert de lieu de concertation pour les femmes entre les métiers et
occupations, mais aussi un lieu de discussion et d'élaboration de nos positions
pour notre syndicat. Pour améliorer le taux de rétention, pour améliorer les
conditions de santé, sécurité et autres, c'est vers elles que l'on peut se
tourner. Nous avons aussi formé l'ensemble de nos représentants et
représentantes à l'intervention en cas de harcèlement psychologique et sexuel,
un problème <qui...
M. Lapointe (Philippe) :
...problème >qui est endémique dans notre industrie.
Au-delà de la difficulté d'accès des
femmes à l'industrie de la construction, la FTQ-Construction sait qu'il y a un
manque de représentativité sur nos instances, et nous allons agir en
conséquence. Par contre, nous croyons que de créer des indépendants nommés par
les syndicats serait une fausse solution pour atteindre la parité. On ne doit
pas aller chercher des gens à l'externe pour régler la question de la parité
sur nos instances. Il faut plutôt demander aux organisations présentes de s'assurer
d'avoir du leadership de femmes dans leurs rangs plutôt que d'aller chercher à
l'externe. L'inclusion de l'exigence de parité dans la loi R-20 pourrait
ainsi pousser les organisations à se diversifier en leur sein.
M. Boisjoly (Éric) : Si la
volonté du législateur est réellement d'augmenter la diversité, donc, dans
notre industrie, l'inclusion de clauses demandant l'embauche de femmes sur les
chantiers publics permettrait de garantir de la stabilité des emplois moins
précaires aux travailleuses qui en ont grandement besoin. Ça va nous aider à
accueillir des femmes dans nos structures syndicales. En 2020, seulement 13 %
des 25 000 entreprises oeuvrant en construction ont engagé une femme.
En tant que plus grand donneur d'ouvrage, le gouvernement pourrait faire une
différence instantanément.
Pour vous illustrer l'importance du
paritarisme dans notre industrie, j'aimerais vous parler de la dernière ronde
de négociations. La dernière ronde de négociations montre exactement que la
Commission de la construction est la finalité des relations de travail dans l'industrie.
À cause des modifications aux règles concernant les assurances médicaments,
notre régime d'assurance collective connaissait de véritables problèmes de
financement. Ce sont les actuaires de nos organisations et de la commission qui
ont levé le drapeau.
Au cours des années qui ont précédé la
négociation, les parties patronale et syndicale ont échangé sur de possibles
solutions et ont travaillé de concert à l'élaboration de scénarios pour sauver
notre régime, qui couvre 340 000 bénéficiaires. Lorsque la ronde de
négociations est arrivée, nous étions mûrs pour modifier les règles de
financement et conjointement créer une nouvelle formule. Ce qui aurait pu être…
très certainement devenir un conflit de travail s'est soldé par une entente
négociée. Ce sont nos discussions sur les comités paritaires et au conseil d'administration
qui ont permis cela.
Ça vient démontrer l'évolution qu'a eue l'industrie,
et, autant patronal, syndical, aujourd'hui, on est capables de se parler dans
différentes instances qui nous emportent la Commission de la construction. Ça
prend des gens qui connaissent l'industrie pour parler des vrais besoins de l'industrie,
mais ce n'est pas juste une question de compétences. Les représentants
patronaux et syndicaux sont des personnes décisionnelles pour la négociation,
et le conseil d'administration de la CCQ est le lieu d'échange pour s'entendre
sur l'avenir de notre industrie, et on va continuer à le démontrer dans le
futur. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chers messieurs. Alors, je cède maintenant la parole au ministre des
Finances.
(Interruption)
Le Président (M. Simard) : Il
y a un petit problème de… Ah! là, ça a l'air d'être réglé.
M. Girard (Groulx) : Merci
pour votre mémoire. Merci pour votre présentation et merci pour l'étendue de
vos points de vue, parce que c'est bien, parce que je pense qu'on a peut-être
trop parlé d'un seul sujet. Alors, j'apprécie… personnellement, j'apprécie que
vous... vos recommandations soient plus larges.
En fait, j'aimerais clarifier les aspects
de la Commission de la construction du Québec d'abord, puis on pourra parler
des éléments… des autres éléments ensuite. Outre la recommandation ou la
suggestion que la Commission de la construction ne soit pas assujettie à la Loi
sur la gouvernance des sociétés d'État, les changements à la loi qui régit la
CCQ devraient-ils être traités séparément ou dans le cadre de la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État?
M. Boisjoly (Éric) : Bien, je
pense que plusieurs intervenants l'ont dit, M. le ministre. La question est
bonne, mais je pense que, comme plusieurs de mes collègues, autant patronaux et
syndicaux… Je dirais qu'à l'interne du C.A… Je pense qu'on commence à démontrer
une maturité à l'interne. Oui, on a eu des frictions, c'est clair, comme n'importe
quel conseil d'administration. Je suis un jeune, malgré le blanc de ma barbe,
je suis un jeune du conseil d'administration. Ça ne fait seulement que deux <ans...
M. Boisjoly (Éric) :
...deux >ans que je suis là, sauf que j'ai appris à travailler avec
autant les membres indépendants que les membres patronaux. On apprend aussi à
se connaître. On apprend aussi à... On joue notre rôle d'influenceur en étant
un administrateur. C'est ce qu'on a à faire comme rôle, justement, pour
influencer, du fait de nos connaissances de l'industrie. Je pense que la
maturité est là puis je pense qu'en passant par la loi R-20 on est
capables d'atteindre... Je pense que le gouvernement veut... où le gouvernement
veut atterrir, je pense qu'on est capables de faire ça en passant par la
loi R-20.
M. Girard (Groulx) :
O.K. Bien, une question que nous aurions à discuter, c'est si c'est pertinent
de toucher à la loi constitutive dans le cadre de ce projet de loi là, là, parce
que ça... La loi R-20, évidemment, pourrait nécessiter des améliorations
dans plusieurs champs d'application qui ne concernent pas la gouvernance
nécessairement, uniquement.
O.K., peut-être un commentaire, parce que
vous... Partout où il y a un représentant... une représentation d'association
syndicale, vous voulez... vous vous opposez à une réduction en faveur de
membres indépendants, tel que... On parle de la RAMQ, Retraite Québec. Je veux
juste clarifier, là, que l'indépendance des conseils d'administration, c'est un
principe fondamental, là, et, nous, c'est… un des principes de la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État, c'est l'indépendance des conseils d'administration,
qui vise évidemment à s'assurer que l'intérêt de la société dans son ensemble
soit pris en compte, et non celui des parties prenantes qui peuvent composer la
société.
Alors, c'est bien certain que, par
exemple, chez Retraite Québec, il y a des associations syndicales dans les
régimes de retraite, mais, le C.A. de Retraite Québec, on a besoin qu'il soit
indépendant et qu'il nous donne une évaluation de la gestion du plan
stratégique de Retraite Québec, de la santé de nos régimes, et ces régimes-là,
évidemment, doivent évoluer dans le temps, et c'est des décisions extrêmement
importantes, et l'indépendance est nécessaire. Alors, je prends acte de la
remarque quant au C.A. de la RAMQ puis de Retraite Québec, mais, à première vue,
je vous dirais que je ne suis pas prêt à compromettre, là, la notion d'indépendance.
M. Boisjoly (Éric) :
...parce que, là, vous parlez de... Est-ce que vous... parce que, là, peut-être
un mixte… Vous avez peut-être le mémoire de la FTQ centrale et non pas,
peut-être, celui de la FTQ-Construction.
M. Girard (Groulx) :
Oui.
M. Boisjoly (Éric) :
Oui? O.K., c'est bon.
M. Girard (Groulx) :
Effectivement.
M. Lapointe (Philippe) : Nous
n'avons pas rédigé le mémoire de la FTQ centrale. Nous avons...
M. Girard (Groulx) : D'accord,
c'est mon...
M. Boisjoly (Éric) :
Non, mais il n'y a pas de problème. C'est parce que, là, je voyais qu'on s'égarait…
M. Girard (Groulx) : Non,
non, mais… O.K., mais c'est un bon point. Vous voyez, c'est mon manque de
finesse dans les connaissances de la FTQ, là, qui ressort.
M. Boisjoly (Éric) :
Non, mais peut-être juste démontrer au moins...
M. Girard (Groulx) : Je
vous promets d'y travailler.
M. Boisjoly (Éric) : C'est
M. Boyer qui va être content. Il va comprendre que j'ai lu son mémoire
aussi.
M. Girard (Groulx) :
O.K., mais parce qu'ils sont des intervenants fréquents aux consultations
prébudgétaires. Mais, vous avez raison, les aspects de la RAMQ et de Retraite
Québec sont dans leur mémoire et non dans celui de la FTQ-Construction.
M. Boisjoly (Éric) :
Exact, merci.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
alors, on s'entend. Alors, est-ce que... Je vais... Je reviendrais, dans ce
cas-là, sur la Commission de la construction du Québec. Est-ce que les rôles de
P.D.G. de la Commission de la construction et présidente ou président du C.A.
devraient être séparés?
• (15 heures) •
M. Boisjoly (Éric) :
Oui, on est d'accord avec ce principe-là, justement pour créer une certaine indépendance,
là, de la présidence. On le voit dans différents conseils d'administration. Je
siège sur celui du Fonds de solidarité, puis on a une présidence qui est
indépendante aussi. Avant, c'était le président de la FTQ qui était d'office.
Et aujourd'hui on a fait des modifications puis on trouve ça très correct de
procéder de cette <manière…
15 h (version révisée)
< M. Boisjoly (Éric) :
…de
cette >manière.
M. Girard (Groulx) : O.K. Et
comment vous évaluez la contribution des membres indépendants? Vous êtes là
depuis deux ans?
M. Boisjoly (Éric) : Oui.
Bien, je l'ai dit tantôt, ça a été... je suis quand même un gars de terrain. Je
suis un gars qui a commencé dans l'industrie de la construction, j'ai quand
même monté les échelons étape par étape pour me rendre au conseil d'administration,
puis j'ai appris à travailler avec ces gens-là, puis ils m'ont aussi appris à
travailler avec eux. Tu sais, ils m'ont souvent ramené, à dire : Bien,
Éric, tu es un administrateur, tu as le devoir de nous influencer sur tes
connaissances de l'industrie. Puis c'est ce que je dis, on arrive à une
maturité, ce n'est pas toujours parfait, mais je pense qu'on est sur le point d'y
arriver dans un avenir assez rapproché.
M. Girard (Groulx) : Très
bien. Ça va être tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, M. le député de Sainte-Rose, après quoi nous donnerons la parole
au député de Vanier-Les Rivières.
M. Skeete : Merci, M. le
Président. Combien de temps qu'il nous reste?
Le Président (M. Simard) : 8
min 40 s.
M. Skeete : Ce ne sera pas
huit minutes. Petite question. Merci beaucoup pour votre présence en commission
aujourd'hui. J'aimerais mieux comprendre un petit peu à quoi ressemble le
conseil d'administration aujourd'hui. J'ai le privilège de porter le chapeau d'adjoint
parlementaire au ministre pour la lutte au racisme et j'aimerais savoir le
pourcentage de membres que vous avez qui sont issus de la minorité, et aussi...
ou de la diversité plutôt, et aussi si vous en avez sur vos conseils variés, et
puis c'est quoi, votre plan actuel pour les inclure, puis aussi le nombre de
femmes, juste pour m'éclaircir un peu sur l'état des lieux.
M. Boisjoly (Éric) : Bien, le
nombre de femmes, je pense qu'on est à un membre féminin d'être pratiquement
égal, avec... si on calcule les membres indépendants. Sur la minorité, je vous
dirais que, présentement sur le conseil d'administration, on n'en a pas, mais c'est
des choses qu'on discute depuis longtemps, incluant de les rentrer dans l'industrie
de la construction, ces gens-là, aussi. Ça fait que le conseil d'administration
travaille aussi à élaborer des stratégies pour, justement, inclure les gens des
diversités ou des minorités, de par des modifications réglementaires, on parle
seulement que des Premières Nations, où est-ce que c'est un dossier qu'on est
en train de piloter présentement. Ça fait que c'est des exemples concrets que
le conseil d'administration travaille aujourd'hui, présentement, à essayer de
faire une place à ces gens-là, là.
M. Skeete : Donc, vous... Oui?
M. Lapointe (Philippe) : Si je
peux me permettre, M. Skeete, pour continuer sur la question. Bien, sur l'entrée,
entre autres, des personnes issues de la diversité, là, sur... dans la
construction, on est à peine à 2 % présentement, puis la FTQ-Construction
a développé un programme auprès de jeunes issus des minorités qui viennent de
Rivière-des-Prairies et de Montréal-Nord afin de les aider à passer à travers
toutes les barrières administratives que ça prend pour entrer dans la
construction. Puis on a un assez bon taux de réussite, on a près de 200 jeunes
qui sont passés juste cet été dans nos formations, afin de pouvoir intégrer l'industrie
de la construction. Puis évidemment on le voit aussi dans la diversité qu'il y
a sur les représentants qu'on embauche au sein de la FTQ-Construction et les
représentantes. Alors, ça va se refléter dans les instances, mais, pour l'instant,
sur le C.A., c'est nul.
M. Skeete : Parfait. Merci
pour l'information.
M. Boisjoly (Éric) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. M. le député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : Merci, M. le
Président. Je voulais simplement vérifier... Et merci pour votre présence, en
passant. J'ai compris... puis je voudrais que vous répétiez ici pour être
certain que ce soit clair, là, vous souhaitez que le nombre de femmes soit en
parité sur le C.A., malgré que, dans l'industrie de la construction, il y a une
minorité de femmes. Alors, qu'est-ce qui vous a portés à faire ce choix-là?
Puis quelle est la raison principale pour laquelle vous, vous souhaitez qu'on
aille vers ça?
M. Lapointe (Philippe) : Voyez-vous,
la question de la parité, c'est un principe, c'est un principe vers lequel on
doit tendre. Puis, au sein de l'industrie de la construction, nous travaillons
afin qu'il y ait des femmes dans tous les types de postes, tous les métiers et
que ce soit reflété partout. Mais, en même temps, la construction et son C.A.,
ce n'est pas simplement un organisme qui doit être désincarné de la société du
Québec. Ce qu'on veut, c'est maintenir la représentation des organisations
syndicales, représentation patronale, mais tout en ayant une diversité de
points de vue qui y sont présents. Ce qu'on vous dit, c'est : Laissez-nous
la chance de faire le travail d'avoir ces représentations-là. Ça fait qu'en
fait notre objectif, c'est qu'il y ait plus de femmes aussi dans l'industrie.
M. Asselin : O.K.
M. Lapointe (Philippe) : Oui.
M. Asselin : Vous êtes quand
même d'accord avec ça?
M. Lapointe (Philippe) : Bien
oui, bien sûr. On travaille activement à ce qu'il y ait plus de femmes dans la
construction.
M. Asselin : Merci beaucoup.
M. Boisjoly (Éric) : Bien,
pour renchérir là-dessus, M. le ministre, si vous me permettez, on est plus que
d'accord. On a un comité de travailleuses, à la FTQ-Construction, justement,
qui nous donne le feedback du terrain, justement, pour améliorer la venue des
femmes dans l'industrie de la <construction...
M. Boisjoly (Éric) :
...renchérir là-dessus, M. le ministre, si vous me permettez, on est plus que
d'accord. On a un comité de travailleuses, à la FTQ-Construction, justement,
qui nous donne le feedback du terrain, justement, pour améliorer la venue des
femmes dans l'industrie de la >construction. Ça fait qu'on travaille
là-dessus puis on travaille aussi conjointement avec la Commission de la
construction pour essayer, justement, de promouvoir le côté féminin à l'industrie
de la construction, là. C'est clair, on est là, là.
M. Asselin : Merci de ce
leadership-là.
M. Boisjoly (Éric) : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, MM. Boisjoly et Lapointe, bonjour. Merci
d'être là en tant que FTQ-Construction.
Une voix : Oui, oui.
M. Leitão : Donc, vous avez
mentionné très clairement dès l'ouverture que, comme d'autres groupes, d'autres
syndicats et côté patronal ont aussi mentionné avant... de retirer la
Commission de la construction du projet de loi n° 4. Ça semble être un
thème assez clair.
Vous mentionnez quelque chose que j'ai
trouvé intéressant, pas dans vos propos mais dans le document que j'ai ici, le
mémoire, votre mémoire, et vous mentionnez quelque chose que j'aimerais vous
demander de commenter un peu là-dessus, qu'il y a peut-être une certaine
confusion et que cette «confusion peut venir du fait qu'avec le temps — et
ce sont vos mots — la nature même de la CCQ a été dénaturée. Depuis
une dizaine d'années, la CCQ n'agit plus pour servir l'industrie mais tente
plutôt de gérer l'industrie», et que ce serait cette confusion qui, donc... qui
peut-être mène à cette tentative de l'inclure dans le projet de loi n° 4.
Pouvez-vous nous parler un peu plus de ça, donc, pourquoi est-ce qu'on a évalué
vers une... pourquoi est-ce que la CCQ a évolué vers une tentative de gérer l'industrie?
M. Boisjoly (Éric) : Bien,
écoutez, je l'ai dit tantôt, c'est une... je vais employer l'anglicisme «work
in progress», là, on parle, là... On a fait, dans le fond, un... qui récapitule
des années du conseil d'administration. Puis, je l'ai dit tantôt, on est sur
une évolution, je pense qu'on est en train de changer la donne, au moins on est
en train d'essayer de faire comprendre... autant du côté patronal, comme le côté
patronal essaie de nous faire comprendre aussi leur point de vue. Puis, je
pense qu'on l'a dit tantôt, les membres indépendants aussi interviennent d'une
manière, que je pense qui est correcte aussi, à nous faire comprendre qu'on a
un intérêt d'administrateur.
Ça fait que je pense que... puis je le
redis encore, je ne veux pas me répéter, mais, la maturité du conseil d'administration,
je pense qu'on est en train de l'atteindre. Oui, il va toujours... je n'emploierais
pas le mot «conflit», mais il va toujours y avoir des divergences d'opinions,
dans un comité paritaire, puis ça, c'est normal. Puis je pense que c'est à se
comprendre puis à se compléter, en incluant les membres indépendants, qui
viennent rajouter un petit «update», là, qui vient de l'externe, qui vient des
fois nous faire réfléchir sur certaines prises de décision ou certaines
situations... Mais je pense que... je ne veux pas me répéter, encore une fois,
mais on est en train d'atteindre la maturité, malgré les... certains conflits
puis certaines mésententes. Mais, au final, il y a des décisions, qui ne sont
pas toujours unanimes, mais il y a des majorités, puis je pense qu'un conseil d'administration
n'est pas toujours obligé d'avoir une décision unanime, mais il peut y avoir
quand même des décisions majoritaires. Puis c'est ce qu'est le conseil d'administration
de la Commission de la construction du Québec, monsieur.
M. Leitão : Oui. Donc, très
bien. Mais, là où je voulais aller, c'est que... Je ne questionne pas le rôle,
ou la pertinence, ou l'efficacité du conseil d'administration de la CCQ mais le
fait que la CCQ elle-même, au cours des dernières années, semble être en train
d'évoluer vers un modèle qui n'est peut-être pas celui qui avait été prévu au
départ, comme...
M. Boisjoly (Éric) : Bien, c'est
sûr qu'on peut peut-être faire, dans le fond, la parenthèse avec... d'inclure
les membres indépendants. C'est ce qu'on veut dire, tu sais, on a passé de... une
étape. Puis, dans notre mémoire, bien, on a fait l'évolution, je dirais, de la
commission, mais de l'évolution de la construction au Québec depuis 1936. Ça
fait que c'est ce qu'on voulait dire aussi par le fait même que c'est une
évolution, puis il y a des changements qui sont à prendre, puis c'est là qu'on
est, en tant que FTQ-Construction aussi, là. On a nos salariés, c'est eux
autres qui nous éluent lors des congrès, puis on a à les représenter. Ça fait
que c'est un petit peu ce qu'on voulait dire en nos mots à nous. Mais,
Philippe...
M. Leitão : Allez-y, oui.
• (15 h 10) •
M. Lapointe (Philippe) : Si
je peux me permettre, c'est qu'en fait les mandats de la CCQ se sont accumulés
avec le temps. Au moment de sa création, en 1982, il n'y avait pas
nécessairement la gestion de tous les fonds d'avantages sociaux, il n'y avait
pas non plus le fonds d'indemnisation, il n'y avait pas le fonds de formation,
il n'y <avait pas le...
M. Lapointe (Philippe) :
...avait pas nécessairement la gestion de tous les fonds d'avantages sociaux,
il n'y avait pas non plus le fonds d'indemnisation, il n'y avait pas le fonds
de formation, il n'y >avait pas la gestion de la main-d'œuvre. Alors là,
ce qu'on voit, c'est qu'à partir de 1982 jusqu'à aujourd'hui, dans cette
évolution de 40 ans, la CCQ, elle a accumulé énormément de pouvoirs sur l'industrie.
Mais c'en rajoute sur l'importance d'avoir les mêmes acteurs qui sont présents
pour être capables de continuer d'avoir cette relation organique qui existe
entre les parties privées qui sont présentes, syndicats et patronat, et l'organisme
qui la gère, si on veut, en question.
M. Leitão : O.K. Et, écoutez,
je ne suis pas en désaccord du tout avec la proposition qu'on retire la CCQ du projet
de loi n° 4. Je pense que c'est quelque chose qu'il faut qu'on réfléchisse,
si, surtout, le milieu lui-même, de façon presque unanime, le demande. Donc, je
pense qu'on va écouter ça. Mais par contre il faut quand même s'assurer qu'avec
l'évolution des dernières années, là, ce qu'on dit, de tendre vers... de gérer
l'industrie, tous les nouveaux mandats, les nouvelles missions qui ont été
ajoutés à la CCQ, ça demande aussi un conseil d'administration peut-être plus
représentatif, pas seulement de l'industrie, mais de la société en général.
Donc, ce que j'essaie de faire, dans ma
tête, et en après-midi il y a déjà eu beaucoup d'heures qu'on a passées ici,
donc ce n'est pas très cohérent des fois, mais... c'est que, si on exclut la
CCQ du projet de loi n° 4, bien, il faut quand même trouver un moyen de s'assurer
que le conseil d'administration, même s'il reste avec la composition actuelle,
le 5-5-4, le conseil d'administration soit représentatif de la société en
général, et donc tous les critères dont on a parlé tantôt, de bonne
gouvernance, etc., s'appliquent aussi au conseil d'administration de la CCQ. Si
ça ne se fait pas avec le projet de loi n° 4, il faudrait que ça se fasse
d'une autre façon, mais il faudrait que ça se fasse. Et ça, je n'ai pas
remarqué, vous n'avez pas... vous ne vous opposez pas à ça, vous vous opposez
seulement au fait que cela se fasse avec le projet de loi n° 4, c'est ça?
M. Boisjoly (Éric) : Exact.
M. Lapointe (Philippe) : Mais
le projet de loi n° 4 inclut quand même le fait que les représentants
syndicaux devraient être seulement deux représentants syndicaux et nommer trois
indépendants, nommés par les cinq. Ça, on s'y oppose.
M. Leitão : C'est ça. Donc,
c'est cette... oui, c'est cette question-là. Et, si on voudrait maintenir la
composition actuelle du conseil d'administration, les 5-5-4, est-ce que, si on
faisait ça, en même temps, on pourrait assujettir la CCQ aux autres provisions
du projet de loi n° 4, ou, pour vous, c'est tout simplement... ne pas
mélanger les choses?
M. Boisjoly (Éric) : Ben,
c'est parce qu'on réitère... puis je ne veux pas répéter ce que nos confrères
ont dit, autant patronaux que syndicaux, mais, pour nous, le financement, le financement
de la Commission de la construction vient démontrer le fait qu'on ne doit pas
être assujettis à la loi sur la société d'État, de par le financement. Puis je
ne veux pas encore répéter ce que nos confrères ont dit, mais ça va être les
mêmes arguments, tu sais, c'est clair. Puis, juste nos régimes d'assurance et
nos régimes de retraite, de par leur gestion, on prend un financement, qui
vient aussi financer la Commission de la construction du Québec, à même, dans
le fond, les fonds des travailleurs, qui est négocié en paritaire avec les
patrons. Ça fait que je pense que, pour toutes ces raisons, on ne devrait pas
être assimilé à cette loi-là.
M. Leitão : O.K. Très bien.
Vous voulez ajouter quelque chose? O.K. Très bien. Message reçu, merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Mme la députée.
Mme Ghazal : Oui. Merci, MM. Boisjoly
et Lapointe, merci pour votre mémoire et votre présentation. Puis j'ai été
contente de vous entendre parler de la parité hommes-femmes. Vous n'avez pas
baissé les bras, vous savez qu'il y a moyen d'améliorer ça, même dans l'industrie
de la construction, et vous faites des efforts, vous en avez parlé. Est-ce que
vous pouvez nous donner des exemples? Qu'est-ce que le gouvernement peut faire
pour améliorer la place des femmes dans l'industrie de la construction? Vous,
vous avez parlé de ce que vous, vous avez essayé de faire. Qu'est-ce que le
gouvernement aussi peut faire?
M. Boisjoly (Éric) : Bien, je
vais donner des exemples concrets, je vais prendre l'exemple de la mobilité
provinciale. À une certaine époque, on a eu des problématiques sur des
chantiers éloignés puis, dans les contrats d'Hydro-Québec, bien, on a instauré
une politique d'au moins un certain nombre d'embauches locales, pour éviter,
justement, des conflits qu'on voyait sur les grands chantiers de la Côte-Nord.
Mais je pense que le même exemple devrait être pris pour les femmes dans <l'industrie...
M. Boisjoly (Éric) :
...justement des conflits qu'on voyait sur les grands chantiers de la
Côte-Nord. Mais je pense que le même exemple devrait être pris pour les femmes
dans >l'industrie. On a parlé, là, voilà pas bien, bien des années, du
relancement économique par l'industrie de la construction. On va investir des
milliards de dollars publics pour, justement, relancer l'économie. Ça fait que
je pense qu'en étant le gouvernement on devrait au minimum demander l'embauche
de femmes dans l'industrie de la construction. Puis ça, on l'a dit aussi dans
le mémoire, Philippe l'a dit tantôt, mais ça pousserait aussi les femmes à
entrer dans l'industrie puis peut-être se positionner dans des postes clés,
syndicaux ou patronaux, pour, justement, avancer dans la construction. Je pense
que ça serait une première puis ça serait un bon début. En tout cas, tout le
monde démontrerait qu'on veut mettre l'épaule à la roue.
Mme Ghazal : Puis vous
parlez aussi... parce qu'une fois qu'elles entrent, il faut aussi les retenir.
Mais allez-y, M. Lapointe.
M. Lapointe (Philippe) :
En fait, j'allais exactement dans ce sens-là, c'est pour dire : On a un
problème présentement, il y a une rareté de main-d'œuvre dans la construction.
Il y a des femmes qui arrivent, remplissent toutes les conditions pour
travailler, mais des employeurs ne veulent pas les embaucher. Puis les raisons
pourquoi ils ne veulent pas les embaucher, ce n'est pas une raison : elle
n'est pas compétente, ou autres, c'est : ils ne veulent pas embaucher de
femmes. Donc, si on peut avoir, chez le plus grand donneur d'ouvrage... Puis je
ne parle pas des minorités visibles, c'est exactement la même chose qu'on a
comme problème, on a des gens qui passent par chez nous puis qui sont des
minorités visibles, on les amène sur les chantiers, puis les employeurs nous
les ramènent en disant qu'ils ne veulent pas les garder, puis sans raison sur
compétence, ou autres. On a un problème dans notre industrie. Alors, si, dans
les contrats publics, le plus grand donneur d'ouvrage de la construction, il y
avait une condition qui dit : Si vous avez des contrats publics, vous
devez embaucher au minimum une femme, bien, vous savez quoi, vous allez faire
une différence immédiatement sur les chantiers.
Mme Ghazal : Pourquoi
ils ne veulent pas les garder? Si ce n'est pas la compétence, c'est par racisme
et sexisme? Aussi bête que ça?
M. Lapointe (Philippe) :
Oui.
Mme Ghazal : O.K. O.K.
Le Président (M. Simard) :
...
Mme Ghazal : Oh! C'est
terminé?
Le Président (M. Simard) :
Malheureusement.
Mme Ghazal : Très bien.
Bien, merci. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Bien malheureusement. M. le député.
M. Ouellet : Merci
beaucoup. Donc à mon tour, M. Boisjoly, M. Lapointe, de vous saluer.
Vous êtes le dernier groupe, aujourd'hui, qu'on entend et qu'on a entendu,
hier, sur toute la notion d'inclure ou pas la CCQ au projet de loi n° 4.
Et, à la lumière des consultations qu'on a eues, la CSN, l'Inter, la FTQ, le
Conseil du patronat, l'Association des entrepreneurs en construction du Québec,
la CSD, dans son mémoire, qu'on n'a pas entendu, et le syndicat de la
construction aussi, tout le monde est unanime, il ne faut pas que la loi n° 4 s'applique à la CCQ. Mais il y a une quasi-unanimité
pour que des modèles de gouvernance soient appliqués à la CCQ, et c'est ce que
j'entends aujourd'hui par vos propos, notamment par la division du poste de P.D.G.
et de président du conseil, notamment pour ce qui est de la parité.
Vous êtes le deuxième groupe aussi qui
nous apportez une solution pour augmenter le nombre de femmes dans l'industrie
de la construction. Et vous faites référence, M. Boisjoly, à ce qu'on a vécu
sur la Côte-Nord. Et ce n'est pas moi qui y étais, c'était mon collègue
Marjolain Dufour qui était là à l'époque, député de René-Lévesque, et
effectivement l'embauche locale, et l'embauche de travailleurs locaux, et même
des membres des Premières Nations, a fait partie des revendications pour que
des gros chantiers, chez nous, puissent bénéficier à des travailleurs de chez
nous.
Et là ce que j'entends aujourd'hui, c'est
ce que vous nous dites, c'est : Allons un peu plus loin et demandons à l'État
québécois, dans ses appels d'offres, de mettre des conditions, dans ses appels
d'offres, pour les gagner, pas juste le meilleur prix, pas juste le délai de
livraison, mais aussi la présence des femmes sur les chantiers. Et j'ai entendu
ça aujourd'hui de la bouche des centrales syndicales mais porté par la bouche d'hommes.
Donc, messieurs, je veux vous féliciter et
je veux passer un message aussi à l'ensemble des centrales syndicales qui ont
eu ce discours-là : Il y a de la place pour les femmes dans le milieu du
travail, il y a de la place pour les femmes dans le milieu de la construction.
On peut tous en faire un peu plus, et c'est ce que vous nous indiquez aujourd'hui
dans votre mémoire et par votre présentation. Donc, merci beaucoup d'avoir pris
le temps d'avoir indiqué que cet enjeu-là est un enjeu qui était préoccupant et
que le Québec pourrait faire mieux pour la place des femmes en construction.
M. Boisjoly (Éric) :
Bien, merci beaucoup. Bien, je veux juste rajouter : il faut les faire
entrer, mais, Philippe l'a dit tantôt, il faut aussi les garder. Ça fait que
ça, c'est tout qu'un travail. Puis ça, je pense que tout le peuple québécois
est capable de faire cet effort-là. On est dans un contexte de pénurie de
main-d'œuvre, puis des femmes, il y en a, puis il y en a plusieurs qui veulent
rentrer dans l'industrie de la construction. Mais il faut aussi les garder. Je
pense qu'il n'y a pas personne qui veut passer à côté d'aider une mère de
famille. Il y a des pères de famille, mais il y a aussi des mères de famille
qui veulent bien gagner leur vie. Puis l'industrie de la construction, c'est un
beau tremplin pour une belle famille, avec les avantages qu'on a, qui sont
négociés par la partie patronale et la partie syndicale. Merci.
M. Ouellet : Merci.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Ceci étant dit, nous arrivons au terme de cette
présentation. Merci à vous deux, messieurs, d'avoir été des nôtres, ce fut fort
<apprécié...
Le Président (M. Simard) :
...vous,
cher collègue. Ceci étant dit, nous arrivons au terme de cette présentation.
Merci à vous deux, messieurs, d'avoir été des nôtres, ce fut fort >apprécié.
Nous allons suspendre nos travaux
momentanément, le temps de faire place à nos derniers invités.
(Suspension de la séance à 15 h 21)
(Reprise à 15 h 25)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes de <retour...
(Reprise à 15 h 25)
Le Président (M. Simard) :
Alors,
chers collègues, nous sommes de >retour et nous nous retrouvons en
présence du représentant de l'Institut sur la gouvernance d'organisations
privées et publiques, M. Patrick Besner. Bonjour.
Institut sur la gouvernance d'organisations privées
et publiques (IGOPP)
M. Besner (Patric) : Bien,
bonjour.
Le Président (M. Simard) :
Merci d'avoir répondu à notre invitation.
M. Besner (Patric) : C'est
moi qui vous remercie de...
Le Président (M. Simard) :
Alors, vous savez que vous disposez de 10 minutes pour faire votre présentation.
M. Besner (Patric) : On y va.
M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, donc, dans un premier
temps, simplement vous dire que l'IGOPP est un OBNL qui a notamment comme
mission de hausser la qualité de la gouvernance, et on a été un partenaire
privilégié, là, des instances gouvernementales, notamment, depuis 2006, avec la
réforme, et notamment avec l'énoncé de politiques.
Donc, dans un premier temps, j'aimerais
féliciter, dans un premier temps, l'initiative gouvernementale de toucher à
nouveau et d'améliorer, justement, la Loi sur la gouvernance des sociétés de l'État.
Également, j'aimerais profiter de l'occasion de féliciter tous les légistes et
les fonctionnaires qui ont fait un travail exemplaire pour arriver à où on est
rendus aujourd'hui.
Également, plus particulièrement,
félicitations au niveau du gouvernement pour avoir ajouté plusieurs sociétés
qui n'étaient pas considérées au niveau de la Loi sur la gouvernance des
sociétés de l'État; également, dans la même veine, de permettre à plusieurs
organismes nouveaux d'avoir la séparation entre le président du conseil et le
président-directeur général, je pense que c'est un élément qui est crucial; également,
enchâsser le concept du «holding over», qui veut dire, lorsque le mandat est
terminé, qu'il y ait continuité quand même, jusqu'à tant qu'il y a une nouvelle
nomination ou confirmation; également, d'avoir retouché au niveau des... de la
rémunération et avantages; et, également, au niveau de l'enregistrement de l'information
dans les rapports annuels de gestion.
Première observation, il serait fort
intéressant d'avoir... un petit peu comme on a eu dans la Loi sur les sociétés
par actions du Québec, d'avoir, au niveau du ministre, l'obligation soit
triennale ou aux cinq ans de faire rapport sur l'évolution et la mise en
vigueur de cette présente loi. Comme vous savez, la gouvernance évolue très
rapidement, et je pense que c'est important de toujours s'assurer d'avoir les
meilleures règles de gouvernance.
Également, au niveau de l'aspect qui est
mon deuxième point, au niveau du rapport annuel, on félicite le gouvernement d'avoir
enrichi le contenu du rapport annuel. On ajouterait, par contre, la notion au
niveau de la formation. Actuellement, il n'y a pas d'obligation, ou, à tout le
moins, ce n'est pas très clair, au niveau de la législation, si le rapport doit
contenir, par exemple, quelles formations qu'ils auront eues et quelles
formations qui ont été dispensées pour la société comme telle. Et c'est un
corollaire de l'article 22, le paragraphe 6°, et
l'article 18 de la loi actuelle.
Également, il serait important, parce qu'il
est très intéressant à voir, le rapport annuel, par contre... il serait
important d'avoir une information continue, je n'ai pas vu, dans la loi ou dans
les lois spécifiques, et je ne les ai pas toutes analysées... mais qu'on puisse
avoir un encadrement où... lorsqu'il y a une information de disponible, qu'elle
soit portée au niveau du site Web de la société d'État. Je pense qu'il est bien
d'avoir le rapport annuel, mais c'est quand même une fois par année. Ce serait
bien d'avoir de l'information en continu.
Le troisième point est au niveau plus
pédagogique. On constate régulièrement que, surtout au niveau des nouveaux
membres de conseils d'administration, au niveau de l'obligation de
confidentialité, évidemment, le Code civil, notamment l'article 322, s'applique
à tous les conseils d'administration, notamment des sociétés de l'État. Et il y
a implicitement, à l'intérieur de l'obligation d'honnêteté et loyauté, le
devoir de confidentialité. Mais, d'un point de vue pédagogique, il serait
important de l'enchâsser au niveau de la loi, car beaucoup de nouveaux membres
ou de membres ne comprennent pas ou ont de la difficulté à comprendre que le
conseil d'administration de la société d'État est exactement comme le Conseil
des ministres. Ce qui est parlé là reste au niveau du Conseil des ministres, et
c'est très important.
• (15 h 30) •
Le deuxième point, également, c'est au
niveau de l'indépendance. Souvent, il y a une erreur qui est faite de la part
des membres du conseil d'administration, pas parce qu'on a été <proposé...
>
15 h 30 (version révisée)
< M. Besner (Patric) :
...conseil d'administration, pas parce qu'on a été >proposé ou suggéré
par un organisme de devenir membre du conseil d'administration que pour autant
on doit défendre les intérêts de cet organisme-là. Et c'est important, cette indépendance-là,
qu'elle soit maintenue.
Également, au niveau du paramètre du deux
tiers au niveau des membres indépendants, c'est excessivement important, et il
faudrait bien s'assurer que toutes les lois constituantes des sociétés d'État
suivent bien cet élément-là, parce qu'il y en a peut-être certaines qui
auraient un peu de difficultés. On n'a pas fait toute la nomenclature, mais ce
serait important de le voir.
En termes d'amélioration, on sait tous qu'au
niveau de la nomination il peut y avoir des délais de temps à autre, pour la
nomination. Donc, au niveau corporatif, il y a une mécanique qui existe, au
niveau du remplacement par le conseil d'administration, lorsqu'il y a une
vacance. On pourrait... par exemple, si, après 90 jours d'une demande de nomination,
il n'y a pas de nomination, le ministre n'est pas en mesure de le faire, que le
conseil, par exemple à 75 % du conseil, puisse faire la nomination d'un
membre du conseil d'administration suite à une vacance. Et je pense que ça
pourrait combler une lacune qui existe actuellement, où certains membres voient
leur mandat... s'il y a une démission, et là on a de la difficulté à
fonctionner à l'intérieur de ça.
Autre point au niveau de la composition du
conseil d'administration. Ce n'est pas un problème idéologique, je pense que
tout le monde s'entend sur l'aspect de la parité. Par contre, d'un point de vue
juridique, si on calcule, par exemple, un conseil d'administration... par
exemple la Caisse de dépôt qui a actuellement 13 membres, si on fait un
calcul avec les paramètres de 40 %, 40 % de 13 individus, ça
fait 5,2. Donc, on est obligés, à ce moment-là, d'avoir six personnes d'un
genre et sept d'un autre. Ça devient une gestion importante. Donc, au lieu d'enchâsser
une obligation, on croit qu'il serait préférable d'avoir une politique.
Évidemment que la politique soit suivie au
niveau du rapport annuel, parce qu'au niveau de la gestion du... au niveau du
conseil d'administration, à notre sens, ça pourrait être une problématique,
surtout d'un point de vue juridique. Oui, à l'article 8, on ajuste en
disant que «si, temporairement, le pourcentage n'est pas atteint», sauf que ça
crée beaucoup d'ambiguïté. Qu'est-ce qui est temporaire : une semaine, un
mois, un an? Et ça pourrait apporter une contestation et geler carrément un
conseil d'administration dans sa prise de décision. Également, si on regarde
pour un individu de moins de 35 ans, c'est enchâssé comme étant une
obligation, et on considère, là, qu'il pourrait y avoir des problèmes
juridiques.
Encore une fois, ce n'est pas une question
de philosophie, c'est une question pratico-pratique. Si on... Parce qu'il faut
toujours ramener au niveau du nombre de membres à un conseil d'administration.
Si on a 10 personnes, c'est beaucoup plus difficile d'ajuster le 40 %
à 60 %, par exemple, et c'est pour ça que je crois qu'il faut laisser un
peu de liberté et de possibilité de s'ajuster à chacune des fonctions.
On félicite, notamment, l'ajout au niveau
des... à l'annexe, au niveau des différentes sociétés. On se posait également
une question, un petit peu comme le Vérificateur général, relativement au
niveau des filiales à 100 %, et il y a probablement, certainement, un
compromis qui pourrait être effectué à cet égard-là. Je comprends que certaines
filiales ont un caractère commercial, mais il y aurait certainement quelque
chose qui pourrait être regardé de ce côté-là.
J'ai... Combien de temps que je dispose
encore? Ou je suis...
Le Président (M. Simard) : 1 min
20 s, mais on va prendre le temps de vous écouter. Allez-y.
M. Besner (Patric) : O.K. Sur
l'aspect technique, à l'article 3.3, il serait bien de rajouter... parce
que, si un conseil ne propose pas une nomination, le ministre peut, à ce moment-là,
procéder à... le gouvernement peut procéder à une nomination, il faudrait peut-être
ajouter : «Et/ou si le gouvernement n'est pas satisfait de la ou des
personnes recommandées». Et, quant aux recommandations, ce serait peut-être
important aussi de regarder, dans chaque loi habilitante, lorsque certains
groupes peuvent faire une nomination en consultation, qu'ils soient assujettis
également à l'obligation du deux tiers qu'on voit au niveau de la loi.
Autre point technique, à l'article 30,
où on voit que le président du <conseil...
M. Besner (Patric) :
...où on voit que le président du >conseil évalue la performance du
conseil d'administration, il serait important également... parce que c'est
quand même le conseil qui approuve les paramètres d'évaluation, donc il y a
peut-être un petit ajustement au niveau de l'article 30, en disant : «Selon
les critères établis par le président et ceux approuvés par le conseil d'administration».
Ça fait un peu le tour de nos commentaires.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci à vous, monsieur. Je cède maintenant la parole au ministre.
M. Girard (Groulx) :
Bien, merci beaucoup. Et c'est certain que les rapports qui ont été produits
par l'institut de la gouvernance ont été pris en compte dans l'évolution de la
loi. Et c'est certain que l'intérêt pour cette réforme... il y en a deux, il y
a l'étendue de la loi, c'est-à-dire d'assujettir l'ensemble des sociétés d'État
à la loi, mais, bien sûr, de la moderniser. Alors, vos rapports de 2011, 2017
et 2019 sont très pertinents.
Vous avez... J'ai... Au début, vous avez
parlé d'une obligation de rendre compte à tous les trois ans, cinq ans, une
reddition de comptes. Peut-être vous pourriez préciser ce point?
M. Besner (Patric) :
Oui, ça avait été enchâssé notamment dans la Loi sur les sociétés par actions,
où le ministre des Finances, à l'époque, devait faire un rapport cinq ans après
la mise en vigueur de la législation, lequel rapport a été fait, parce que la
législation a été adoptée en 2011, et, en 2015-2016, il y a eu un rapport qui a
été fait, qui a été déposé à l'Assemblée nationale, pour voir si,
effectivement, tout allait bien au niveau de la législation.
Je suis conscient que ça donne un petit
peu plus de travail au niveau du ministère des Finances. Par contre, compte
tenu que la législation doit être maintenue, comment je pourrais dire, le plus
à jour possible... comme vous savez, il y a beaucoup d'évolution au niveau de
la gouvernance, et je pense que l'État québécois fait très bonne figure à cet
égard-là, mais c'est de continuer et d'enrichir constamment, sans
nécessairement, peut-être, faire à chaque fois une refonte complète, mais peut-être
d'ajuster. Parce que, là, évidemment, en ajoutant les 20 quelques... 24
sociétés additionnelles à la liste, c'est quand même beaucoup de gestion sur l'ensemble
des sociétés, et il y pourrait avoir, justement, des ratés ou des améliorations
à faire. Donc, l'idée à l'intérieur, c'est de se donner un petit peu une «date»
dans le temps pour voir si, effectivement, il n'y aurait pas des choses qui
seraient à modifier.
La raison du trois ans, dans le milieu de
la gouvernance, ça bouge beaucoup, et notamment, comme la question de l'heure
est toute la question de la diversité... et c'est une question qui doit être
regardée de très près et surtout regardée en fonction du nombre des
administrateurs. Tout le monde est pour le principe, mais il faut regarder
aussi au niveau de l'application. Quand on a un conseil de 10 personnes et
qu'il y a beaucoup de tranches de société, ça devient difficile, à un moment
donné, à rester à 10, si on veut avoir une complète diversité au niveau d'un
conseil d'administration.
M. Girard (Groulx) :
O.K. Bien, disons que, pour la revue de la loi, certainement dans la mesure où
on donne une période de transition de deux ans pour les dispositions au niveau
des conseils d'administration, on va s'assurer, là, qu'il y ait eu suivi, ça, c'est
certain. Quant à la modernisation de la loi, je pense qu'on ne devrait pas
attendre 16 ans. Mais je prends note, là, de la pertinence d'un rapport d'étape
peut-être après cinq ans.
• (15 h 40) •
Vous avez parlé de la diversité. Certains
groupes ont suggéré que nous demandions un seuil minimum, comme nous avons pour
les personnes de 35 ans et moins, d'avoir une personne membre de la <diversité...
M. Girard (Groulx) :
...
d'avoir une personne membre de la >diversité, au moins une personne de
la diversité sur chaque C.A. Est-ce que vous êtes favorable à une... puis je
pense que vous avez amorcé la discussion sur ça, là, est-ce que vous êtes
favorable à ce que cette... à une telle clause, telle que nous avons pour les
moins de 35 ans?
M. Besner (Patric) : Je pense
que, pour l'instant, c'est important de garder la fluidité au niveau du
gouvernement. Je pense que d'avoir une politique ferme, claire et d'avoir un
certain ajustement... À titre d'exemple, il pourrait peut-être, au niveau de la
diversité, regarder peut-être plus dans la loi habilitante de chacune des
sociétés d'État, compte tenu qu'ils ont des rôles très divers à cet égard-là. Je
prends, par exemple, au niveau du Plan Nord, ce n'est peut-être pas les mêmes
besoins que la Caisse de dépôt à cet égard-là.
Donc, je pense que c'est important de
comprendre parce qu'il y a un élément juridique important là. Et surtout, si on
regarde le principe, à l'article 8, du temporaire — moi, je
pense, il faut enlever l'aspect temporaire — ça veut dire que, que ce
soit un objectif ou une obligation, il n'y ait pas de défaut, ce qui veut dire
que la décision du conseil, peu importe sa composition, serait valide. Parce
que le danger à l'intérieur de ça, c'est de se retrouver où on est dans une
impasse, il s'agirait qu'une des parties veuille suspendre ou, à tout le moins,
par voie judiciaire, par exemple, empêcher un conseil d'administration de
prendre une décision à cause, justement, de la composition du conseil d'administration.
Puis c'est d'ailleurs...
Dans la loi actuelle, on avait une
politique. Je pense que le rôle de la politique fonctionne bien. De l'enchâsser
avec une obligation, compte tenu du peu grand nombre d'administrateurs, on est
préoccupés sur la mise en application. Autrement dit, certaines sociétés
auraient intérêt à avoir, évidemment, des gens compétents et avec expertise. Et
il faut se donner quand même une marge de manoeuvre à cet égard-là et faire
confiance également au gouvernement dans sa capacité de nommer les bonnes
personnes au conseil d'administration. Autrement dit, c'est le résultat final
qui compte, et je pense qu'il faut s'entendre à cet égard-là, et pas
nécessairement se mettre trop de barrières dans la prise de décision, parce que
ça revient, à ce moment-là, au conseil d'administration de gérer ça.
Puis tantôt, quand je mentionnais : À
13 personnes, il nous faut six d'un genre, sept d'un autre, ça devient,
des fois, un casse-tête, avec les fins de mandat, de planifier à l'intérieur de
ça. Donc, si on reste avec l'esprit d'avoir une parité, d'avoir une diversité,
je pense que tout le monde est d'accord par rapport à ça, mais se garder une
marge de manœuvre également.
M. Girard (Groulx) : Très
bien. Est-ce qu'il y a des tendances qui émergent, à laquelle... que, votre
vigie de ce qui se passe, vous aimeriez nous informer et qui ne sont peut-être
pas encore établies comme les meilleures pratiques, mais des éléments sur
lesquels on doit garder une certaine ouverture?
M. Besner (Patric) : En fait,
au niveau de la... vous faites référence au niveau de la divergence... de la
diversité.
M. Girard (Groulx) : Non, de
la gouvernance dans son ensemble.
M. Besner (Patric) : Bon,
évidemment, on a tout le mouvement, actuellement, ESG, qui est Environment,
Social and Governance. Je ne pense pas... on ne pense pas, pour l'instant, que
d'enchâsser dans la Loi sur la gouvernance des sociétés serait approprié. Je
pense qu'il faut conscientiser les différents conseils d'administration de l'importance
à cet égard-là et faire confiance aux gens du conseil qui vont militer à l'intérieur
de ça. Il y a suffisamment d'informations, et je pense que tous les conseils
sont conscients de cette évolution-là du ESG, et d'en tenir compte à l'intérieur
de ça. Et je suis sûr qu'au niveau du ministre, si vous voyez qu'il n'y a pas
assez de mouvement... je suis sûr qu'un courriel ou un bon appel ferait,
justement, avancer les choses également sur les conseils d'administration.
Il ne faut pas oublier non plus que nous
ne sommes pas... C'est des sociétés d'État, donc il y a quand même un rôle qui
est particulier, <comparativement au niveau des...
M. Besner (Patric) :
...il y a quand même un rôle qui est particulier, >comparativement au
niveau des sociétés publiques ou des sociétés privées, et on a amplement
confiance à ce que les conseils d'administration des sociétés d'État emboîtent
le pas au niveau de cette nouvelle tendance là.
M. Girard (Groulx) : O.K. Merci,
M. le Président. Ça complète mes questions.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour, M. Besner. Merci d'être là. Si on reste avec le
dernier point que vous avez mentionné, donc les critères ESG, en effet, c'est à
la mode ces jours-ci, et, bon, vous avez exprimé une certaine réticence. Mais,
en même temps, vous ne pensez pas que ça soit utile de mieux définir les
standards, vous savez, qu'est-ce que ça veut dire, ESG? Parce que, là, ça veut
dire différentes choses pour différentes personnes, pour différentes
entreprises, différentes sociétés. Alors, ça serait peut-être utile, et ça, c'est
probablement le rôle du gouvernement, de mieux définir qu'est-ce que ça veut
dire, ESG.
M. Besner (Patric) : La loi
prévoit déjà actuellement la possibilité pour le gouvernement d'établir des
politiques à l'intérieur de la Loi de la gouvernance. Il y a plusieurs endroits,
dans la loi, qui le permet. Et évidemment, actuellement, la tendance... parce
que le marché n'a pas vraiment de règle du pouce encore bien établie au niveau
de ces critères-là, et on est envahi également avec le «greenwashing», où, bon,
ça paraît bien, dans tous les sites Web et dans toutes les communications, que,
oui, on est «complying» au niveau du ESG, mais il faut quand même une analyse
adéquate par rapport à ça. Et le marché, actuellement, il n'y a pas de standard.
Actuellement, il y a le IFRS qui a quelque chose qui s'en vient, mais, encore
une fois, est-ce qu'il y aura une tendance trop comptable à ce paramètre-là? Il
est possible.
Donc, actuellement, je pense qu'il faut...
Parce qu'on parle de nouveauté. En réalité, c'est une conscience sociale. Ce n'est
pas nouveau à l'être humain, ce n'est pas nouveau au niveau des conseils d'administration.
C'est simplement une expression qui est faite où c'est un peu le «buzz word»
qui vient plus. Mais un bon administrateur doit avoir à l'esprit, dans son rôle
d'administrateur, de s'assurer d'amener toujours les meilleures informations,
ce qui inclut, de ce temps-ci, au niveau du ESG. Est-ce que ça répond bien à
votre question?
M. Leitão : Oui, oui. Merci.
Et, bon, dans ce contexte-là, peut-être que la création du ISSB, International
Sustainability Standards Board, ça pourrait peut-être aider à ce qu'il y ait ne
serait-ce qu'un minimum de cohérence sur les différentes mesures.
Une chose que nous avions proposée... et,
regardez, je ne vais pas non plus commencer à publiciser les projets de loi
privés que les députés ont déposés, mais, dans ce contexte-là, nous avions, il
n'y a pas longtemps, proposé la création de nouveaux types d'entreprises, d'entreprises
à mission. Et donc, dans ce cas-là, ce serait peut-être une façon d'adresser
cette question-là, donc en créant un nouveau type d'entreprise qui, dans ses
statuts, aurait une mission différente. Donc, ça pourrait peut-être mieux
cibler ces questions-là de ESG et autres critères, parce que le... ça peut être
compliqué pour un conseil administration d'essayer de conjuguer tout ça. Et
donc, si, en partant, la mission de l'entreprise est définie différemment, ça
peut peut-être clarifier les choses.
M. Besner (Patric) : Oui. Au
niveau de tout le mouvement B Corp, il faut bien comprendre qu'il vient
des États-Unis. Aux États-Unis, les administrateurs ont une obligation de faire
fructifier l'argent, notamment en vue des actionnaires, ce que nous n'avons pas
au niveau du système canadien. Donc, le principe du B Corp a moins d'application
au niveau canadien comme tel. Et le danger de tout le mouvement de B Corp,
c'est que... Parce qu'actuellement... Et ça a été enchâssé dans la loi
fédérale, où le conseil d'administration, les administrateurs peuvent tenir
compte des intérêts des <«stakeholders»...
M. Besner (Patric) :
...les administrateurs peuvent tenir compte des intérêts des >«stakeholders».
Mais, si on arrive, avec le mouvement B Corp, de dire : On doit
tenir compte, ça devient excessivement difficile pour les administrateurs parce
qu'il y a des décisions court, moyen, long terme. Et d'essayer de regarder l'ensemble
du portrait... je pense, c'est important de tenir compte, mais d'avoir une
obligation, même si, dans ce mouvement-là, on essaie d'enlever la
responsabilité de l'administrateur, il y a quand même beaucoup de réflexion à
faire sur le rôle de l'administrateur et sa responsabilité potentielle dans une
question d'application au niveau de ces mouvements-là de B Corp.
M. Leitão : Très bien. On en
reparlera. Merci. Pour ce qui est des filiales des sociétés d'État, donc, la
Vérificatrice générale nous parlait plus tôt de la notion de contrôle. Donc,
dès qu'une filiale d'une société d'État est contrôlée par la société d'État,
donc, les mêmes critères devraient s'appliquer aussi à cette filiale-là, plutôt
que d'établir un pourcentage de détention très spécifique. Donc, la... et je
pense que vous souscrivez à ça aussi, donc, les filiales des sociétés d'État
devraient aussi souscrire à ces principes-là.
M. Besner (Patric) : Oui. On
pourrait penser aussi à également un contrôle de fait, pas juste un contrôle de
droit, parce que, par exemple, s'il y a une convention entre actionnaires ou s'il
y a d'autres actionnaires, en théorie, le gouvernement pourrait détenir
49 % mais être en contrôle de fait au niveau de la société. Peut être, le
principe de dire : Plus de transparence, absolument, je pense que c'est
essentiel, mais on pourrait, pour ces filiales-là qui ne sont pas détenues à
100 %, donner une certaine capacité au ministre, à ce moment-là, de dire,
oui, le principe, mais il pourrait y avoir des exceptions sur des points, s'il
y a des éléments stratégiques, autrement dit, «comply but explain», si jamais
il y avait une problématique quelconque, et se donner un peu cette marge de
manoeuvre là, parce qu'on doit penser que ces sociétés, même si c'est des
filiales, ont quand même une mission commerciale, et on doit faire attention à
la compétitivité à cet égard-là.
Donc, oui, le «reporting» nécessaire, mais
peut-être avec une possibilité pour le ministre de faire varier l'information s'il
y a des raisons importantes dans un cas particulier.
M. Leitão : Très bien. J'aimerais,
avec le peu de temps qu'il me reste...
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 3 min 33 s.
M. Leitão : ...vous emmener
dans un endroit qui est peut-être un peu délicat, et sentez-vous très à l'aise
de commenter ou de ne pas commenter. Nous avons entendu parler, aujourd'hui
beaucoup et hier, du cas très particulier de la CCQ, la Commission de la
construction du Québec. J'aimerais savoir si vous avez une opinion là-dessus.
Encore une fois, je ne veux pas vous mettre... Vous êtes libre de commenter ou
pas.
M. Besner (Patric) : En fait,
je crois que certaines problématiques qui ont été vécues par la CCQ étaient
notamment dans une mauvaise compréhension, au niveau des membres du conseil d'administration,
de leur rôle, notamment au niveau de la confidentialité et de leur
impartialité. Parce que, même si une personne est nommée, elle doit quand même
rendre... ses obligations sont envers la société, pas la personne qui la nomme
ou qui la propose.
Et, c'est pour ça, tantôt je mentionnais
qu'il serait important d'enchâsser dans la présente loi cette dimension-là
pédagogique. Pour un juriste, oui, ça fait partie d'un devoir qui est moindre
et inclus dans le devoir d'honnêteté et loyauté qui apparaît au niveau du Code
civil, mais, pour le commun des mortels, ce n'est pas nécessairement évident.
Et je pense qu'on pourrait utiliser cette occasion-là pour encadrer et donner
une meilleure information pour dire : Ce qui se parle au conseil d'administration,
ça reste confidentiel.
M. Leitão : O.K. Mais le
point qui avait été soulevé, et aussi par L'Union des producteurs agricoles, en
ce qui concerne le conseil d'administration de La Financière agricole, c'est
qu'étant donné la complexité de leurs industries respectives ils jugent <utile
que...
M. Leitão :
...la
complexité de leurs industries respectives ils jugent >utile que la
composition du conseil d'administration comprenne un certain nombre de
personnes qui reflète la réalité de l'industrie, donc les cinq membres
provenant du milieu syndical, les cinq membres provenant du milieu patronal,
dans le cas de La Financière agricole, cinq membres représentant les
agriculteurs, parce qu'ils amènent une expertise qui ne serait peut-être pas là
si on ne le faisait pas de cette façon.
Est-ce que... Encore une fois, sentez-vous
très à l'aise, là. Je ne vous demande pas de... mais est-ce que vous avez une
opinion là-dessus?
M. Besner (Patric) : Oui. Il
faut comprendre qu'un conseil d'administration n'est pas une arène politique, et
je pense que c'est important de baliser à l'intérieur de ça. Un conseil d'administration
a le pouvoir, la capacité de consulter. Il n'y a rien qui empêche, par exemple,
à des organisations quelconques, soit par l'écriture ou autrement, de dire :
Ah! vous pensez à tel projet ou à telle chose, prenez compte de. Mais il faut
faire évoluer la gouvernance, où les gens qui y siègent et qui sont nommés
aient comme objectif, oui, d'apporter de l'information, mais de cesser de se
considérer comme un porte-parole de la personne qui les nomme, parce que,
sinon, on arrive avec des conseils d'administration qui pourraient être
profondément dysfonctionnels. Encore une fois, l'information peut être
véhiculée, mais un membre ne peut pas, du conseil d'administration, voter,
parce que ça ne plaît pas...
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Besner (Patric) : Voilà.
M. Leitão : Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Chère collègue, à vous la parole.
Mme Ghazal : Oui, merci.
Merci pour votre présentation et votre mémoire. Je veux être sûre d'avoir bien
compris. Ce que vous dites, c'est que, dans le projet de loi, par rapport à la
parité hommes-femmes, on devrait enlever ça de la loi puis remplacer ça par une
politique?
M. Besner (Patric) : Exact. En
fait, c'est déjà présent, on peut renforcir, c'est à l'article 43. C'est
que, si on crée l'obligation de la composition, à ce moment-là, par exemple, si
deux femmes, deux hommes, à cause des chiffres, démissionnaient, on pourrait se
retrouver avec un conseil d'administration qui ne pourrait pas prendre de
décisions.
Il y a l'article 8
où on dit «temporairement». Minimalement, ça serait d'enlever le terme «temporairement»
pour être sûr et certain que personne ne conteste la capacité d'un conseil d'administration
de prendre une décision.
Mme Ghazal : Donc, vous ne
dites pas d'enlever la disposition qui dit qu'il faut qu'il y ait une parité
dans la loi, ce qui existait depuis 2006? Ça, vous ne dites pas qu'il faut l'enlever
de la loi?
M. Besner (Patric) : Non,
non, non. On...
Mme Ghazal : C'est juste quand
il y a quelqu'un qui quitte. O.K. Parce que je voulais être sûre. Parce que,
quand vous l'avez présenté, je n'étais pas certaine d'avoir compris, vu qu'on n'a
pas le mémoire, là.
M. Besner (Patric) : C'est
ça. En fait, le point, c'est qu'actuellement ça a été mis comme une obligation,
et je crois que ça doit être laissé sous forme d'objectif, O.K.? La différence,
c'est que, légalement, si on doit faire une composition avec une parité... et il
faut bien comprendre que les conseils d'administration ont généralement un
chiffre impair, donc, le principe de 50 % ne peut pas fonctionner. Et,
encore une fois, à 10 personnes, le 40-60 devient difficile à gérer.
Mme Ghazal : O.K. Donc, ce
que vous dites... Parce que je ne sais pas c'était quoi, votre position, en
2006, l'IGOPP, vous existez depuis 2005, là, quand on a imposé la
parité 40 %-60 %, qui est maintenue aujourd'hui. Vous, ce que
vous dites, c'est : Il faut enlever ça parce que c'est un peu compliqué et
il faut remplacer ça par une politique. Il faut l'enlever de la loi puis de l'obligation.
Je veux être sûre de comprendre. Est-ce que c'est ça que vous dites ou vous
dites : Non, il faut le maintenir dans la loi?
M. Besner (Patric) : Il faut
le maintenir à titre d'objectif et non d'obligation. O.K.?
Mme Ghazal : O.K. Donc, c'est
enlever.
M. Besner (Patric) : C'est...
Toute la différence, elle est là, et, à l'article 8, d'enlever le terme «temporaire».
Encore une fois, l'IGOPP a toujours été en
faveur du 40-60, mais il faut quand même regarder le principe de base d'avoir...
Mme Ghazal : ...obligation légale.
M. Besner (Patric) : Pardon?
Mme Ghazal : Juste pour être
sûre, vous êtes... tout le monde est en faveur de la tarte aux pommes, et tout
ça, puis de l'égalité.
M. Besner (Patric) : Oui,
oui.
Mme Ghazal : Il n'y a personne
aujourd'hui qui dit qu'on est contre, mais ce que vous dites, c'est : Il
ne faut pas que ça soit une obligation légale avec les chiffres et qui... on ne
veut pas que la cible soit dans la loi. On veut que les conseils d'administration
se dotent de politiques pour atteindre l'objectif. Je…
M. Besner (Patric) : En fait,
à l'article... je pense, c'est 33 où on dit... Je vais juste reprendre ici...
• (16 heures) •
Le Président (M. Simard) :
...s'il vous plaît...
Mme Ghazal : ...parce qu'on ne
l'a pas, pour le <moment...
>
16 h (version révisée)
<17933
Mme
Ghazal :
...on ne l'a pas pour le >moment. Donc, peut-être
que ça va être écrit de façon plus claire, puis je vais mieux comprendre, oui?
M. Besner (Patric) : Oui, c'est
ça, c'est qu'actuellement...
Le Président (M. Simard) : Alors,
en conclusion, s'il vous plaît.
M. Besner (Patric) : ...le
deuxième paragraphe, on dit : Là, l'obligation est atteinte, donc... C'est 33
ou 34, au lieu de «l'obligation doit être atteinte», «est atteinte» par le
40-60. Ça serait de dire que l'objectif du 40-60 est atteint. À ce moment-là,
il y aurait un degré moins élevé.
Le Président (M. Simard) : Alors.
Merci à vous. Cher collègue, à vous la parole.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
C'est fondamental, la précision que la collègue de Mercier essaie d'obtenir,
parce que je ne veux pas qu'on vous mette de mauvais mots dans la bouche, là.
Je crois comprendre que ce que vous nous dites, c'est que, pour être certain qu'il
n'y ait pas de vide quant à la volonté d'être conforme avec l'objectif de tomber
de 40 % à 60 % dans une zone de parité, il faut se donner les moyens
de couvrir des situations qui seraient temporaires, une vacance, entre autres,
ou, dans certains cas, une composition qui n'est pas complète, avec, comme vous
disiez tout à l'heure, des exemples où on a 5,2 personnes sur un conseil d'administration.
C'est ce que je comprends, là.
M. Besner (Patric) : Exact.
M. Ouellet : Rapidement, sur
la rémunération, j'aimerais vous entendre. On en a discuté tout le long de la
commission, je présume que vous êtes pour la rémunération des administrateurs.
Je présume aussi qu'il est important de tenir compte du type de conseil d'administration,
des responsabilités des administrateurs. Bref, je présume que vous êtes contre
des jetons de présence, mais pour une rémunération adéquate en fonction de la
compétence, de la tâche et de la durée de la responsabilité?
M. Besner (Patric) : En fait,
le jeton de présence est un autre terme pour dire «rémunération». Lorsqu'un
administrateur siège au conseil d'administration, il y a beaucoup de travail
qui est à faire. Donc, peu importe la façon qu'on arrive à faire une
rémunération, on croit qu'il est essentiel qu'elle soit divulguée pour que,
justement, le grand public, les contribuables, connaissent la rémunération.
Donc, oui, effectivement, on est en faveur, justement, de cette transparence-là
au niveau du conseil d'administration.
M. Ouellet : Et est-ce que
vous êtes en faveur aussi d'une différence de rémunération à l'intérieur du
même conseil et d'une différence de rémunération entre des conseils de sociétés
différentes?
M. Besner (Patric) : Absolument,
parce qu'il y a des différences importantes au niveau de l'expertise, de la
compétence, si la personne est sur plusieurs comités, son implication. Donc, je
pense que ça doit... on doit avoir une règle de flexibilité à cet égard-là. J'imagine
que le travail d'être sur le conseil d'administration de la Caisse de dépôt n'est
peut-être pas la même chose que, par exemple, sur un conseil autre. Encore une
fois, je crois qu'on doit ajuster en fonction de l'«exposure», du travail
effectué et... parce qu'il y a aussi un risque réputationnel qui existe,
également, en siégeant sur le conseil d'administration. Comme vous savez, il y
a des... la particularité des sociétés d'État, il y a certaines décisions qui
sont prises au niveau gouvernemental, et le conseil d'administration doit
suivre dans cette direction-là. Donc, oui, on peut démissionner comme
administrateur, mais on peut avoir aussi un risque réputationnel.
Le Président (M. Simard) : Très
bien...
M. Besner (Patric) : Donc, je
pense que de demander du bénévolat n'est peut-être pas la meilleure recette pour
avoir les meilleurs éléments à nos conseils d'administration.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Ouellet : Merci.
Le Président (M. Simard) : Bien,
M. Besner, merci grandement pour votre participation à nos travaux cet après-midi.
Ce fut fort apprécié.
Mémoires déposés
Ceci étant dit, avant de conclure nos
auditions, je procède au dépôt des mémoires des organismes et des personnes qui
n'ont pas été entendus.
Je vous remercie à nouveau pour votre
précieuse collaboration.
Et, comme notre mandat est terminé, j'ajourne
nos travaux sine die. Au revoir.
(Fin de la séance à 16 h 05)