(Dix heures)
Le Président (M. Tardif) : Alors,
bon matin, bon vendredi matin. À l'ordre, s'il vous plaît!
Je déclare la
séance de la Commission des finances
publiques ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie
de leurs appareils, un, deux, trois, oui, merci.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de
La Pinière au ministre responsable de l'Administration gouvernementale et président du Conseil du trésor sur le sujet
suivant : La demande irresponsable du président du Conseil du
trésor de compressions budgétaires pour financer les promesses électorales du
gouvernement caquiste alors qu'il y a d'importants surplus budgétaires.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Derraji (Nelligan) est remplacé par M. Ciccone (Marquette).
Le
Président (M. Tardif) :
Merci. Je veux également vous rappeler ou vous informer brièvement
du déroulement de l'interpellation. Dans un premier temps, le
député de La Pinière aura un temps de parole de 10 minutes, suivi du ministre pour
également 10 minutes. Par la suite, des périodes de cinq minutes seront
allouées, selon les séquences suivantes : d'abord, le député
de l'opposition officielle, ensuite le ministre, puis un député du groupe
formant le gouvernement, et ainsi de suite. Je comprends qu'il y a
une entente à l'effet que le deuxième
groupe d'opposition interviendra lors
de la troisième série
d'interventions, alors que le troisième
groupe d'opposition interviendra lors
de la cinquième série d'interventions. 20
minutes avant la fin de la séance, j'accorderai 10 minutes de conclusion
au ministre et un temps de réplique égal au député de La Pinière. M.
le député de La Pinière, vous avez donc la parole pour 10 minutes.
Exposé
du sujet
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Alors, vous me permettrez
évidemment de saluer les collègues des autres groupes de l'opposition, après avoir salué notre collègue président du
Conseil du trésor, à qui je souhaite la bienvenue à l'interpellation
inaugurale. C'est la première, évidemment, alors j'espère qu'il va apprécier
l'exercice. Nous, on va certainement l'apprécier aussi.
Alors, M. le
Président, vous avez bien indiqué la raison pour laquelle nous faisons cette
interpellation-ci, et je pense que la
population qui nous écoute le comprend aussi. La population est certainement
extrêmement surprise de la situation actuelle,
à savoir que le gouvernement, dans sa situation budgétaire actuelle, impose des
compressions à son réseau. Alors, c'est
sûr que, M. le Président, on va aller d'emblée, dès notre ouverture, poser des
questions au président du Conseil du trésor si vous n'avez pas
d'objection.
Alors, M. le Président, je vais quand même
commencer par rappeler certains éléments à notre collègue. Notre collègue a déjà fait un séjour en politique court,
mais percutant malgré tout, il était percutant particulièrement à sa
sortie.
Alors, M. le
Président, le président du Conseil du trésor actuel, lorsqu'il était en
politique et lorsqu'il a quitté, a fait un certain nombre de
commentaires, et c'est des commentaires qui étaient très intéressants, et je me
demande encore aujourd'hui s'il maintient
ses positions. Je me souviens l'avoir entendu dire, à la suite de l'étude des
crédits d'un précédent gouvernement,
le nôtre à l'époque... d'avoir dit qu'il trouvait que les données étaient
imprécises, et que lui qui vient du milieu
des affaires dans un milieu où il a eu des responsabilités de gestion, il a eu
à faire des redressements d'entreprise, il a eu à gérer... Et il nous a, à plusieurs reprises, dit que, selon lui,
nous devions, à l'État québécois, être plus précis. Je ne sais pas s'il
a encore cette position-là puis je vais vouloir l'entendre là-dessus.
Et, pour bien
l'entendre, je vais lui rappeler certains de ses propos. Alors, par exemple, M.
le Président, le président du Conseil
du trésor d'aujourd'hui a déjà dit, dans une entrevue dans le journal L'Actualité,
ceci, et je le cite : «M. Dubé propose — M. le président du Conseil du trésor,
pardonnez-moi — de ne
plus se contenter d'inscrire le montant global alloué aux grandes orientations gouvernementales, que celles-ci soient
sous sa responsabilité ou d'un organisme, mais de dire ce qu'on attend précisément de ceux-ci. Il
faut, dit-il, formuler des objectifs clairs et précis à atteindre et les
inscrire formellement dans les documents
relatifs au budget annuel des dépenses, ceux sur lesquels se prononcent les
élus chaque année. Si, dit-il, l'on y
inscrivait les résultats à atteindre et dans quel laps de temps, les deux, les
parlementaires pourraient alors en
suivre l'évolution, fait valoir le caquiste.» À l'époque. «Faire clairement
état des objectifs poursuivis suppose que l'on établisse des cibles
mesurables à atteindre, et c'est ce qui permettrait aux élus de mesurer la
performance des programmes», a-t-il prétendu. Le président du Conseil du trésor
disait ça.
Il
disait aussi : « Depuis que je suis député — et je cite — je comprends le cynisme des citoyens envers
l'appareil étatique. Tout est fait pour
cacher le plus d'informations possible parce que l'information, c'est le nerf
de la guerre, c'est le pouvoir. On peut faire croire n'importe quoi aux gens.» Ça, c'est une
citation, là. L'actuel président du... je le vois hocher de la tête, et donc il est d'accord encore avec
ça. «Que le gouvernement ouvre ses bases de données», et ainsi de suite.
Alors,
la question est très simple aujourd'hui : Le président du Conseil du
trésor garde-t-il ces mêmes orientations?
M. Dubé :
...votre 10 minutes? M. le Président, je veux juste être certain que je
n'enlève pas un droit de parole.
Le Président (M. Tardif) : Je comprends que le 10 minutes... son temps
est alloué. À vous la parole, M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, si je peux répondre immédiatement, ça va me faire plaisir. Premièrement,
j'aimerais, avant de répondre
directement, saluer aussi non seulement mes collègues, je pense que c'est une
très belle opportunité, les gens de la recherche aussi, et saluer mes
collègues de la première, deuxième et troisième opposition, très apprécié
d'avoir cette opportunité-là ce matin.
Et
je crois, M. le président de cette commission, que ce sera un exercice très
intéressant parce que c'est très rare qu'en
début de mandat on a la chance de venir... peut-être pas expliquer notre passé,
parce que notre passé est quand même assez
jeune, mais qu'on ait la chance d'expliquer notre plan d'action et où on s'en
va comme gouvernement. Donc, je vous dirais
que j'apprécie beaucoup la demande qui nous a été faite par le député de
La Pinière de nous donner cette opportunité ce matin de parler.
Et
je voudrais aussi peut-être répondre directement à votre question puis, tout à
l'heure, j'aurai la chance de prendre aussi
un petit peu de temps, mais je pense que les grands principes que vous avez...
vous avez sûrement un très bon service de
recherche, je me souviens très, très bien de cette entrevue-là que j'avais
donnée à L'Actualité et je pourrais vous dire que je souscris à 100 % à ce que j'ai dit à ce
moment-là parce que je le pense de même. Et vous verrez très bien, au cours
des prochains mois et des prochaines années,
que les grands principes de traçabilité, de transparence, d'objectifs
d'imputabilité des résultats, qui sont des
objectifs, pour moi, qui sont une des principales raisons pour lesquelles je
suis venu en politique... font
qu'aujourd'hui non seulement je n'ai rien à renier, mais je suis très heureux
que vous ayez soulevé, comme première question, ce point-là, M. le
député.
Alors,
pour être très précis, je réponds à l'affirmative par votre question. Et c'est
certain qu'il y aura... vous aurez un petit
peu plus de détails parce que, depuis, quand même, cinq ans, ma pensée a
continué d'évoluer, et vous le verrez, au cours des prochains mois, comment nous pourrons mettre en place
exactement ce que nous voulons faire pour améliorer la gestion de
l'État.
M. Barrette :
M. le Président, une autre citation... vraiment si notre collègue a encore la
même pensée.
M. Dubé :
...
M. Barrette :
Oui, je vous avais indiqué que je prenais mon premier 10 minutes sous une
forme de questions.
Le
Président (M. Tardif) : Non, c'est un premier 10 minutes
dans lequel vous présentiez, et le ministre répondait. Maintenant, je vous ai redemandé : Avez-vous
terminé? Vous m'avez dit oui. On a répondu à votre question. Si je suis
l'ordre du jour que j'ai sous les yeux...
M. Barrette :
...dans quelle période, dans le premier cinq minutes, maintenant? Ou vous... ou
le collègue... 10 minutes d'allocution?
Le Président
(M. Tardif) : Avez-vous terminé? O.K., merci.
M.
Dubé : ...vous me permettez, parce que je pense que c'est tout à fait...
je peux... j'ai répondu à la question du député, si vous me permettez, mais moi, j'aurais le droit à mon
10 minutes, puis, après ça, il pourra revenir avec d'autres
questions s'il le veut.
Le Président (M. Tardif) :
O.K.
M. Dubé :
Ça va?
Le Président
(M. Tardif) : Oui.
• (10 h 10) •
M. Dubé :
Alors, j'ai d'ailleurs fait mon introduction puis, encore une fois, je remercie
mes collègues.
Mais
il est évident que nous avons travaillé au cours des derniers mois très, très
fort pour non seulement finaliser notre
plan d'action mais présenter nos engagements. Parce que, je vous dirais, M. le Président, que nous
avons peu parlé, mais nous avons travaillé avec beaucoup d'énergie en
équipe pour mettre en place ce plan d'action là.
Alors, nous entendons,
bien évidemment, tenir les promesses sur la base desquelles la population nous
a élus, car nous n'avons pas l'intention,
mais aucunement, de décevoir nos citoyens. Plus que des promesses, il s'agit d'engagements
formels que nous avons
pris et que les citoyennes et citoyens s'attendent à voir respecter. Je crois que les Québécois sont fatigués d'être déçus. Nous
allons donc respecter ces engagements. C'est aussi simple que ça.
Tout d'abord, il est
important de rappeler que nous avons pris des engagements envers la population,
particulièrement les aînés, les familles et pour nos enfants pour
que ceux-ci réalisent leur plein potentiel. Pour respecter ces engagements,
il nous faut dégager une marge de
manoeuvre dans la gestion de l'État.
Et cette marge de manoeuvre
vient des mesures d'optimisation de
certaines dépenses. Nous souhaitons notamment réduire la bureaucratie et incarner un gouvernement près des gens, qui agit avec eux. Parce que nous avons une responsabilité envers eux, ils méritent un gouvernement
qui est responsable et efficace, dont la gestion, et je le disais tout à
l'heure, est axée sur les résultats.
Pour
en venir aux faits, le Conseil du
trésor a transmis aux ministères,
lors de la préparation du budget, des enveloppes préliminaires d'optimisation
des dépenses pour l'année 2019‑2020. C'est un processus normal. Je tiens à
préciser que ces enveloppes ont été
déterminées de façon à respecter le cadre financier avec un équilibre budgétaire qui a été établi lors de la mise à jour économique
de décembre dernier du ministre des
Finances et qui permet de respecter
nos engagements pour les années à venir. C'est d'ailleurs le même équilibre budgétaire pour 2019‑2020 qui est dans le rapport électoral du Vérificateur
général l'an dernier.
Alors,
j'ai trouvé un peu surprenant le titre de cette interpellation aujourd'hui. Quand le député de La Pinière
nous traite d'irresponsables et nous demande
d'utiliser les surplus de 2019‑2020, de quels surplus parle-t-il? Est-il seulement
au courant que le rapport du VG fait état
d'un écart à résorber de 800 millions? On est très loin d'un surplus en 2019‑2020.
On est dans un écart à résorber, c'est-à-dire un déficit de 800 millions
pour arriver à l'équilibre budgétaire. Alors, au contraire, ce qui serait irresponsable, M. le Président, ce
serait de nous asseoir sur des surplus, peut-être temporaires de l'année
en cours, et de miser trop rapidement sur
ceux-ci pour nous retrouver dans les prochaines années, comme cela s'est
produit trop souvent sous l'ancien
gouvernement, à devoir nous serrer la ceinture et à en faire payer le prix aux
familles québécoises pour les mauvaises raisons.
Il
a donc été demandé aux ministères et organismes d'optimiser leur gestion
administrative. Cela dit, il est tout simplement hors de question que
les services à la population soient affectés de quelque manière que ce soit. Je
tiens à réassurer les sceptiques qui
pourront croire que nous agissons à l'improviste. Ce n'est vraiment pas le cas.
Pour le prochain exercice financier,
nous avons ciblé des pistes de solution nous permettant de réduire les
dépenses. La plupart relèvent d'ailleurs
de la responsabilité du conseil. Et, croyez-moi, nous prenons la chose très au
sérieux. Notre but est de générer une cible
pour la première année, soit 2019‑2020, des économies de l'ordre de
400 millions, mais un engagement sur quatre ans de
1,4 milliard pour respecter nos engagements.
Mais j'aimerais
rappeler ce fait. Il faut mettre le 400 millions dans un contexte d'un
budget de 100 milliards, 100 milliards
annuel. En fait, 400 millions équivalent à 0,40 $ pour 100 $,
pour chaque tranche de 100 $. Nous sommes, ici, dans le chirurgical. Et je crois que mon collègue
d'en face peut très bien comprendre cette expression. Alors, notre plan d'action, il est en quatre points. Nous avons
parlé des dépenses en informatique, nous avons parlé des dépenses de la
gestion des achats et nous avons déjà
commencé à agir. Nous allons aussi travailler sur l'optimisation des ressources
administratives et, en dernier lieu,
la révision des programmes. Au total, M. le Président, ce sont des économies de
plus de 1,4 milliard qui sont
recherchées pour les quatre premières années et, je le répète, sur un budget de
plus de 100 milliards annuel. Et ce, c'est sans compter les mesures déjà identifiées dans le cadre financier
visant à accroître les revenus qui sont sous la férule de mon collègue
le ministre des Finances.
Ce
que je peux néanmoins vous assurer
dans l'immédiat, c'est que ces mesures ne seront jamais au détriment des
Québécois. Les dépenses ne seront jamais au bénéfice d'intérêts spécifiques, et
j'insiste, comme ce fut le cas avec les médecins
ministres lors de la dernière négociation, en 2018. Au contraire de ce qui a été fait par le précédent gouvernement,
nous nous assurerons que chaque dépense gouvernementale... de conserver une marge
de manoeuvre soutenable à long terme pour l'ensemble des Québécois. Je me fais un point d'honneur de veiller à ce
que nous ayons un État plus performant que jamais, où l'intérêt
de la population vienne en premier lieu.
Maintenant,
en terminant, je rappellerais que notre gouvernement a été élu sur la base d'un changement. Pour livrer nos engagements envers la population et avoir un État
plus performant, il faut faire les choses différemment. Premièrement,
il ne faudrait surtout pas confondre optimisation des dépenses et
compressions, car, je le répète, il n'est pas question de toucher aux
services, et, pour le prouver, nous avons déjà commencé à faire le lien
entre les données opérationnelles et les dollars, et vous le verrez très
bien dans le prochain livre des crédits. Un État performant n'est pas étranger à un État au service des citoyens. Bien au
contraire, cela va de pair. Mais, pour faire les choses différemment, il faut
commencer maintenant. Les gens s'attendent à des résultats, et ces
résultats-là, ils veulent que l'État soit imputable.
En terminant, notre approche sera bien différente de celle de l'ancien gouvernement. Nous aurons une approche collaborative avec la fonction publique, avec laquelle nous travaillons déjà de concert pour mettre en place ces
changements et redonner à la fonction publique la fierté de travailler pour l'État. En somme, M. le Président, je suis
convaincu que, grâce au projet que nous avons proposé, les gens seront
fiers de travailler avec nous et de réussir notre plan sur les quatre
prochaines années. Merci.
Argumentation
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le ministre. Alors, période
d'échange. Nous allons débuter avec M. le député de La Pinière. Vous avez
la parole pour un maximum de cinq minutes.
M.
Barrette : Alors, M. le Président, comme notre collègue est certainement capable de nous donner des réponses courtes, je m'attends à cela. M. le Président, le président du Conseil du
trésor vient de nous dire qu'il
visait des réductions de dépenses de 830 millions, 835. Est-ce que
j'ai bien compris?
M. Dubé : Je
ne sais pas si mon...
Le Président (M. Tardif) : Je
m'excuse, ce n'est pas une période d'échange, là.
M. Dubé : Oui, juste pour peut-être
expliquer. Non mais...
Le Président (M. Tardif) : Ce n'est vraiment
pas...
M. Barrette : Bien oui.
M. Dubé : ...les règles, peut-être,
oui.
Des voix : ...
M. Barrette : ...vous avez raison.
Je m'excuse.
Le Président (M. Tardif) : Oui. Non,
non, je suis content.
• (10 h 20) •
M.
Barrette : Alors, M. le Président, M. le Président, notre collègue nous a dit qu'il cherchait à réduire les
dépenses de 835 millions. M. le Président, le collègue nous dit clairement qu'il va passer par de l'optimisation. C'est donc insinuer, M. le
Président, que le gouvernement précédent n'a pas fait ça. Je soumets, M. le Président, à notre collègue que l'optimisation a été faite. Et, comme notre collègue
veut clairement... et il l'a dit dans
son commentaire, qu'il ne renie pas ses
propositions du passé, à savoir que le chemin qu'il veut entreprendre sera un
chemin clair, un chemin mesurable, et que les choses seront identifiées
dans le prochain budget, bien, c'est ce qu'on s'attend de voir.
Alors, est-ce
qu'il est clair... est-ce que le ministre peut s'engager clairement à nous dire
exactement aujourd'hui ce qu'il
demande précisément à tous les ministères? Au moment où on se parle, est-ce que
le président du Conseil du trésor est capable
de venir sur la place publique et nous dire, par ministère, quels sont les
objectifs demandés d'optimisation, quels sont les chemins que lui
propose pour aller chercher des économies de 835 millions?
M. le
Président, le président du Conseil du trésor ne s'est jamais clairement exprimé
là-dessus. Moi, je ne peux pas concevoir
qu'après l'exercice que notre gouvernement a fait, un exercice d'optimisation,
un objectif clairement de réduction des
dépenses, il puisse aujourd'hui affirmer d'une façon non équivoque qu'il est
capable d'aller chercher des économies additionnelles
sans toucher aux services. Est-ce que le ministre va, à un moment donné ou un
autre, arriver et expliquer exactement
la démarche qu'il impose à tous les ministères, et plus précisément, M. le
Président, la hauteur des montants d'argent,
les sommes à réduire par ministère? Pourquoi? Parce qu'il a dit qu'il ne
toucherait pas à l'éducation. Peut-être pas lui, mais le premier ministre l'a dit. S'il ne touche pas à l'éducation,
et je postule qu'il n'est pas possible de toucher à la santé, consécutivement, c'est une somme
substantielle qu'il doit aller chercher dans les ministères restants, et, ce
faisant, ce sont des compressions qui sont significatives dans les autres
ministères.
Alors, on a
entendu la ministre de la Culture, par exemple, dire qu'elle allait
maintenir les financements dans toutes ses
activités. Parfait. Bien, la culture, là, on va optimiser ça comment? On va
demander aux artistes de chanter une chanson moins longtemps? Les pièces
de théâtre en trois actes vont être des pièces de théâtre en deux actes? Ça va
être quoi?
Alors, à sa
face même, là, la commande qui a été mise sur la table par le président du
Conseil du trésor auprès de ses
collègues ministres entraîne des réductions de services ou entraîne des baisses
d'appuis financiers, subventions, et ainsi de suite. Comment le ministre peut-il dire qu'il ne touchera pas aux
services quand il dit, à la case départ, qu'il ne touchera pas à certains ministères? À un moment donné, là, il y
a des limites à ce que l'on peut faire, compte tenu du fait que notre
gouvernement a déjà fait ces choses-là.
Je prends un
autre exemple, M. le Président, les achats. Bien, écoutez, là, dans notre
gouvernement, on a étendu les programmes
d'achats de groupe, et ainsi de suite, à leur extrême, à mon sens. Je vois
difficilement comment, de ce côté-là, on peut aller chercher des sommes
substantielles.
Alors, le
problème... Et, quand on parle d'obscurantisme, c'est ça. Le président du
Conseil du trésor, qui, dans son passé,
a exigé la clarté et la précision, où est-elle aujourd'hui? Est-ce que le
président du Conseil du trésor va en faire preuve dans son mandat? Est-ce qu'aujourd'hui il peut
sortir et nous dire : Voici ce que j'ai demandé à chaque ministère?
Quand une journaliste de Radio-Canada, Mme
Martine Biron, y fait référence et qu'elle n'a qu'un seul exemple à donner,
où sont les autres exemples? Ce ne sont pas
des exemples, ce sont des commandes précises. Le président du Conseil du
trésor peut-il faire preuve de clarté,
justifier ses décisions et admettre que ce qu'il demande à ses collègues
ministres, ce sont des coupures de services?
Le Président (M. Tardif) : M. le
député de La Pinière, merci. M. le ministre, cinq minutes maximum.
M.
Dubé : Oui, merci, M. le Président. Alors, le député de
La Pinière veut que je sois clair. Je croyais que j'avais été clair, mais je vais l'aider un petit peu. Je
vais lui demander de prendre la page 7 de notre cadre financier, notre
cadre financier, au tableau III, qui a été
déposé durant la campagne électorale, et je vais lui additionner les chiffres
suivants. Dans la première année, nos
objectifs cibles sont très clairs : l'amélioration de la gestion en
informatique, 53 millions; l'attrition dans l'administration publique, 93 millions; des meilleurs
approvisionnements, 148 millions; et l'évaluation de programme, 150 millions, pour un total de
444 millions, qui représente sensiblement la moitié du 838 millions
dont le député faisait référence tout à l'heure. Les autres montants viennent, par exemple,
plutôt du côté des revenus, du ministre des Finances, qui s'attaque, lui,
à une augmentation des dividendes de 100 millions, à une réduction de la
provision pour la dette de 100 millions
et... de 195 millions, pardon, et aucun dollar pour la croissance
accélérée dans la première année, donc, pour un total de
838 millions. C'est assez précis.
Maintenant,
je ferais une différence, M. le Président, et une correction très importante.
Ce que le gouvernement libéral a fait
au cours des dernières années, dans ce que tout le monde a appelé l'austérité,
c'est vraiment des compressions, c'est
vraiment des coupures de services, sans égard aux citoyens. Nous, ce qu'on
appelle de l'optimisation de dépenses, c'est
exactement le contraire. Ce que nous allons faire... Et je vois mon collègue
rire de ça, mais ce n'est pas drôle, ce que les citoyens ont vécu. J'aimerais ça que les citoyens le voient rire en
ce moment. Ce n'est pas drôle du tout, ce que les gens ont vécu dans cette période d'austérité là pour
trois ans. Ce que je dirais, M. le Président, c'est que nous, on va
s'assurer qu'on va mesurer... Je l'ai dit,
tout à l'heure : Nous allons mesurer la qualité des services qui sont
donnés et, à chaque année, les gens
vont pouvoir voir que les services s'améliorent, que les services augmentent,
parce que la population est vieillissante,
elle augmente, les étudiants augmentent. Et on va être capable de leur prouver, à chaque année, que
nous respectons nos engagements et qu'il n'y aura pas de coupure dans les
services.
S'il me reste un petit peu de temps, je vais
donner des exemples concrets dans les quatre catégories que j'ai mentionnées tout à l'heure. Dans la gestion de
l'informatique, la gestion de l'informatique, je ne sais pas si nos
citoyens le savent, mais c'est une dépense annuelle de plus de 4 milliards
par année, 4 milliards par année.
Nous avons
annoncé récemment, au début de la semaine, que nous pensons à l'amélioration de
l'informatique, mais d'un cadre très précis.
Nous avons lancé, par l'intermédiaire de mon collègue et ministre délégué à la
Transformation numérique, nous avons annoncé
le regroupement de 457 centres de traitement informatique, une mesure qui
fera économiser des sommes
substantielles tout en misant pleinement sur les ressources de l'État. Ça,
c'est un dossier qui traînait depuis six
ans sur le bureau de quelqu'un au gouvernement libéral et qui ne s'en occupait
pas. Nous, ça fait moins de quatre mois qu'on est ici, on a déjà convenu avec nos fonctionnaires d'embarquer
dans ce processus-là, et il pourra nous permettre, sans couper dans les
services, d'obtenir un meilleur service de l'État et d'avoir des économies
importantes.
Je vous
assure que nous ferons ces regroupements avec ordre et méthode selon les
meilleures pratiques. Je tiendrais à
dire qu'il y a plus de 13 000 employés qui sont dans les services
informatiques au Trésor, au CSPQ, dans les différents réseaux. Donc, nous avons comme objectif de donner
des meilleurs outils à tous ces employés de l'État qui travaillent en
informatique.
Nous avons
aussi, depuis notre mandat, dit que nous voulions regarder très sérieusement du
côté des achats. Mon collègue et
député de La Pinière en faisait référence tout à l'heure. Est-ce que le
gouvernement a fait le bon travail du côté des achats au cours des dernières années? J'en doute. Il y a encore
13 organismes qui travaillent à faire des achats, et je crois qu'il y a beaucoup plus de collaboration qui
peut être faite. Je ne veux pas en dire trop aujourd'hui, nous avons un plan très clair qui sera annoncé lors du budget de
mon collègue le ministre des Finances. Et les gens pourront voir très clairement, à partir de ce plan-là qui sera
déposé, le genre d'améliorations que nous pourrons faire dans les
approvisionnements et les achats. Et je pourrai continuer à donner
d'autres exemples très précis plus tard si le temps me le permet.
Le
Président (M. Tardif) : M. le ministre, merci. Prochain
intervenant, le député de Maskinongé, s'il vous plaît.
• (10 h 30) •
M. Allaire :
Alors, bonjour à tous. Alors, M. le Président, mon collègue le député de
La Pinière a déclaré, alors qu'il
songeait ouvertement à se lancer en politique, qu'il savait que le système de
santé public pouvait livrer la marchandise correctement à la population
et qu'il n'y avait aucune raison d'avoir des délais et que lui allait régler la
situation s'il décidait d'aller en politique.
Eh bien, M. le Président, je pense que ce n'est
pas un secret pour personne, là, le député de La Pinière est en politique aujourd'hui, et, justement, il a même
été ministre de la Santé pendant quatre ans, cinq mois et 25 jours. Je
pense, ça ne peut pas être plus précis que
ça. C'est quoi, la conclusion? Est-ce que le système de santé va mieux
aujourd'hui? Est-ce que ça va mieux qu'avant?
Est-ce qu'il y a des délais maintenant qui sont plus courts qu'à une autre
époque? Je ne pense pas, parce que
son gouvernement a été synonyme d'austérité. Rarement, on avait vu un
gouvernement faire autant de compressions
sur le dos des Québécois. M. le Président, le gouvernement libéral a tellement
coupé, même que ses collègues voulaient
s'excuser sur la place publique tellement ils en étaient gênés. Moi, je suis
estomaqué aujourd'hui, M. le Président, d'être ici et de voir le député
de La Pinière interpeler le nouveau gouvernement de la sorte sur le sujet
qui nous réunit aujourd'hui.
Je vais le rappeler à ceux qui pourraient avoir
la mémoire courte, je pense, c'est important de se rappeler ces moments-là, le 24 avril 2014, une
journée seulement après avoir été assermenté, en sortant de son premier Conseil
des ministres, l'ancien premier ministre
Philippe Couillard annonçait 3,7 milliards de compressions
budgétaires. Ce n'est pas rien. Et,
au même moment, des patients attendaient des heures à l'urgence du Québec. Les
patients attendaient même des mois,
voire des années, avant d'avoir des chirurgies mineures. Pendant ce temps, des
centaines de milliers de Québécois et Québécoises
n'avaient pas de médecin de famille, et même, quatre ans plus tard, des patients
attendent encore aujourd'hui. Ça peut
même aller jusqu'à 965 jours d'attente pour avoir accès à un médecin de
famille. Et moi-même, je le vis, après trois ans d'attente, je viens
d'avoir un appel. Complètement inacceptable.
M. le Président, pendant que le gouvernement
libéral coupait 3,7 milliards à sa première journée au pouvoir, les infirmières étaient complètement
exténuées et forcées par leurs gestionnaires de faire des heures supplémentaires.
D'ailleurs, quatre ans plus tard, rien n'avait changé.
Encore une fois, pour la mémoire collective, on va toujours
se souvenir, l'an passé, Mme Émilie
Ricard, une jeune infirmière de l'Estrie, avait lancé un cri du coeur à ce moment-là. En un seul quart de travail,
elle avait dû desservir 70 patients, une situation qu'elle décriait.
Mais ce n'était pas la seule à le vivre, ça se vivait à l'échelle du Québec
au complet. Pendant que le gouvernement
libéral coupait 3,7 milliards à sa première journée au pouvoir, je le rappelle, sa première
journée au pouvoir, et que le député de La Pinière empochait sa prime, au
même moment, de 1,2 million de la
Fédération des médecins spécialistes, ce qui n'est pas rien, des personnes
âgées, nos parents, nos
grands-parents, celles et ceux qui ont travaillé toute leur vie pour bâtir le
Québec, mangeaient des patates pilées en poudre dans nos CHSLD, ces mêmes personnes avec qui on offrait parfois
un seul bain par semaine, des gens qui ont été privés de leur dignité à cause des compressions libérales. Des CHSLD,
des instituts et des hôpitaux ont dû fermer des lits, même. Les hôpitaux
dont le personnel était déjà débordé ont dû couper des postes. Dans des CSSS,
on a coupé des psychologues, des infirmières scolaires, et là j'en passe et
j'en passe.
M. le
Président, avec le gouvernement libéral on n'a pas seulement eu droit à des
compressions budgétaires qui ont forcé
les Québécois à se serrer la ceinture, mais il y a aussi des nombreuses hausses
de tarifs. Le gouvernement libéral, dont le député de La Pinière faisait partie, a fait subir des hausses
des frais de garderie à toutes les familles québécoises. Des familles étaient tellement prises à la gorge par
la hausse des tarifs qu'ils ont même dû prendre des arrangements avec le
fisc pour régler leurs factures.
Et, pendant qu'on augmentait les prix des
garderies, eh bien, on coupait aussi dans les services. Les coupures libérales
ont affecté l'entretien des CPE. Dans plusieurs CPE, on a acheté moins de
jouets et on a coupé des sorties éducatives. Dans plusieurs CPE, on est passé
d'aliments frais à des aliments surgelés, et, dans plusieurs autres, M. le Président, on a coupé la viande et le poisson.
Donc, vous comprenez qu'ici que, si on veut survivre à l'austérité
libérale, bien, on a juste à devenir végétarien.
Quand même,
c'est assez incroyable d'être ici, en Chambre, aujourd'hui, au salon de
l'Assemblée nationale, et de devoir
répondre à cette interpellation-là du député, qui s'émeut aujourd'hui pour la
classe moyenne québécoise en prétextant que nous sommes un gouvernement irresponsable. L'optimisation, je pense
qu'on le démontre, et on va le démontrer dans les prochaines années.
Merci.
Le Président (M. Tardif) : Merci, M.
le député. La parole est maintenant au député de La Pinière.
M.
Barrette : Merci, M. le
Président. Bien, je suis très heureux évidemment de voir que le collègue de
Maskinongé, grâce à mes démarches, a
maintenant un médecin de famille et qu'il fait partie du plus de 1 million
de personnes qui ont accès à un
médecin de famille, parce que ce n'est pas trois ans qu'il aurait attendu,
c'est probablement 10 ans, puis il n'en aurait jamais eu. Bien,
c'est ça, la réalité.
Alors, M. le
Président, puisque le collègue veut parler de santé, parlons donc de santé
pendant un instant. Alors, M. le
Président, on peut dire une chose, et malheureusement tous les députés et tous
les ministres du gouvernement ne sont
pas là aujourd'hui, mais leurs échecs ou leurs succès, et probablement leurs
échecs, dépendent d'un homme, qui est le
président du Conseil du trésor, alors, parce que le président du Conseil du
trésor, lui, a le pouvoir de donner ou de ne pas donner les moyens à ses
ministres de réaliser ce qui est annoncé.
Et il y a un
sujet qui est vraiment spectaculaire, ça, c'est un sujet purement caquiste,
puisqu'il a été vécu récemment, et
qui exprime très bien ce que je viens de dire, et c'est évidemment la question
des soins à domicile. Alors, M. le Président, il y a deux semaines, à l'émission Les coulisses du pouvoir, où
était interviewé le président du Conseil du trésor, celui-ci a dit ceci : «Quand la ministre de la Santé et
des Services sociaux va me demander du financement, je vais m'assurer
que chaque poste, chaque personne, chaque
patient qu'on va pouvoir aider va être identifié.» C'est ça qu'il a dit, là. Je
l'ai enregistré, je l'ai noté.
Je trouve ça
très bien, vraiment très bien, parce que, quand il dit ça, le président du
Conseil du trésor, ça veut dire qu'il
a identifié une liste, une liste de personnes qui ont des besoins, une liste de
besoins qui ont à être pourvus, et une liste de postes de gens qui doivent les donner, hein? C'est ça, la rigueur. Et, quand le président du Conseil du trésor
a dit, quand il était député de la CAQ : Le gouvernement, ce n'est
pas clair, ça devrait être clair essentiellement, moi, ça va être
clair... C'est ce qu'il dit aujourd'hui. Parfait.
Alors, le 5
décembre dernier, M. le Président, quand la ministre de la Santé a dit, hein,
elle a dit : On va donner tous les
services qui sont requis puis on va payer pour... C'est ça qu'elle dit, là,
elle a été rapportée publiquement dans les médias. Elle ne peut pas faire ça sans avoir été voir, au
préalable, le président du Conseil du trésor qui l'aura autorisé à dire
ça. Et ça, dans l'esprit du président du
Conseil du trésor, ça veut dire que la ministre de la Santé est arrivée avec
une liste, une liste de services, une
liste de patients et une liste de postes à pourvoir. C'est comme ça qu'il
fonctionne, le président du Conseil
du trésor, il pensait comme ça avant, il pense encore comme ça aujourd'hui. Il
l'a dit : Il y a eu une liste. Et puis, s'il n'y a pas eu de liste,
M. le Président, bien, ça veut dire que la ministre de la Santé et des Services
sociaux a dit n'importe quoi.
Alors, il
s'est passé quelque chose, parce qu'en janvier, ô surprise, ô grande surprise,
là, ce n'était plus : On va donner
tous les services qu'on va pouvoir, la ministre de la Santé a dit, à la
place : On va faire ce qu'on peut, on va donner le service qu'on va
pouvoir. Alors, ça, en français, pour tous et celles qui nous écoutent, ça veut
dire moins, parce que, si le 5 décembre, c'était tout et que, maintenant, c'est
ce qu'on peut, ça veut dire que c'est moins. Ça veut donc dire qu'aujourd'hui, quand le président du Conseil du
trésor est intervenu en janvier, il y avait une nouvelle liste, une
nouvelle liste qui était à la hauteur des dollars que le président du Conseil
du trésor va octroyer à sa ministre de la Santé et lui permettre de donner moins de services. C'est ça, la réalité. Et, en
plus, bien, il y a des compressions qui sont exigées telles que le
ministre lui-même l'admet, là, il faut qu'il optimise.
Alors, il y a
deux listes, M. le Président, deux : la liste de décembre, qui est
clairement la liste des besoins requis et identifiés, et la liste de janvier qui est celle du président du Conseil
du trésor, qui est la liste de ce qui va être livré. Et la différence
entre les deux, M. le Président, ce sont tous les gens et tous les services qui
ne seront pas fournis par le gouvernement de la CAQ, alors qu'il l'a promis, gouvernement à l'écoute,
grand coeur, et ainsi de suite : beaucoup de slogans, peu d'action. Alors, moi, je m'attends à
ce que, dans les prochaines semaines, le président du Conseil du trésor nous identifie formellement la liste, les
quantités de personnes, de services, et de postes qui ne seront pas pourvues,
livrées, octroyées. C'est ça, sa démarche.
Alors, ils se sont autotrahis. Le 5 décembre, c'était tout ce qui était
nécessaire; au mois de janvier, c'est ce qu'on peut, parce qu'ils ont
réalisé que ce qu'ils avançaient n'était pas faisable.
Alors, le
président du Conseil du trésor va-t-il nous expliquer comment il va ne pas
donner les services, à qui, à combien et combien de postes ne seront pas
pourvus, la différence entre les deux listes et d'être transparent envers la
population — c'est
censé être un gouvernement de transparence — et essayer de nous expliquer
comment, avec la commande qu'il a passée, ce
ne sera pas encore plus de gens qui n'auront pas de services et encore moins de
services qui vont être octroyés à ceux qui en ont besoin?
Le
Président (M. Tardif) : M. le député de La Pinière, merci. Je repasse la parole à M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Dubé : Alors, M. le Président, je dirais tout simplement à mes citoyens : Une autre belle passe sur la
palette, alors... puis je vois qu'il est à
côté d'un joueur de hockey, alors c'est intéressant de pouvoir prendre
cette opportunité-là pour savoir et
rappeler au député de La Pinière que la liste dont il parle, il doit bien la
connaître, parce que c'est la liste de toutes les personnes qui n'ont pas été servies lorsqu'il était au pouvoir et en
charge de la santé. Il les connaît, les besoins, il les connaît, les gens qui étaient justement
sur cette liste-là et qui n'étaient pas servis parce que les coupures du
gouvernement libéral de l'époque ne
prenaient pas en compte les besoins. Alors, moi, je pense que, s'il y a
un expert dans le domaine des listes, c'est les listes d'attente, c'est
l'ancien... je vais rester poli.
Alors, je
vais dire cependant, je vais dire cependant que, à tous les citoyens qui nous
regardent aujourd'hui, nous allons
être là. Et pourquoi nous allons être là? Par exemple, et vous pouvez prendre
aussi notre cadre financier, nous avons mis clairement, dans notre cadre financier... et c'est drôle parce que,
quand je vous vois rire, quand je vois rire mon député de La Pinière, je ne sais pas s'il rit des
citoyens ou s'il rit d'autre chose, mais je vais supposer qu'il ne rit pas des
citoyens.
• (10 h 40) •
Le Président (M. Tardif) : S'il
vous plaît.
M. Dubé : Je vais continuer, M.
le Président.
Le Président (M. Tardif) : Oui,
s'il vous plaît. On continue ça dans la bonne entente, là. On travaille.
M. Dubé : Je voudrais... Non,
non, mais...
Le Président (M. Tardif) : On
travaille pour nos citoyens et citoyennes.
M. Dubé : C'est correct, mais
je voulais juste remettre les pendules à l'heure.
Une voix : ...
Le Président (M. Tardif) : S'il
vous plaît. Non, on n'interrompt pas. On va...
Une voix : ...
Le Président (M. Tardif) :
Excusez-moi.
Une voix : ...
Le Président (M. Tardif) : M.
le député, s'il vous plaît. S'il vous plaît, M. le député. Merci. M. le
ministre.
M. Dubé : Il n'y aura pas
d'intimidation ici ce matin.
Le Président (M. Tardif) : S'il
vous plaît, allez-y.
M. Dubé :
Alors, ça va être très clair. Nous avons... Pour les soins à domicile, pour
répondre à la question, j'ai parlé de la liste, la liste, il la connaît.
Moi, ce que
nous avons dit en campagne électorale, dans notre cadre financier, c'est très
clair... qu'il y aurait au moins
200 millions de dollars supplémentaires pour les soins à domicile dans
l'exercice 2019‑2020. Je vais demander au député de La Pinière d'être patient parce qu'au cours des
prochaines semaines, dans les prochaines semaines, notre ministre des Finances va déposer un budget et va confirmer
les montants qui vont être là, mais 200 millions de plus que l'an
dernier pour les soins à domicile.
Je pense
qu'il est très clair, comme pour les soins à domicile, comme pour l'aide pour
les... le soin pour les aidants, que
tous les engagements que nous avons faits, nous allons les honorer. Et ce que
j'ai dit, et je vais le préciser en entrevue aux Coulisses du pouvoir, c'est que j'ai dit : Non seulement
nous allons honorer nos engagements, mais nous disons à la population qu'ils vont être capables de voir le
nombre de personnes que nous servons aujourd'hui comparativement à ce
qui était servi l'an
dernier. Les citoyens ne veulent pas seulement savoir que le gouvernement met
200 millions de plus, ils veulent
savoir il y a combien de personnes de plus qui sont servies. Et, si on a pris
un engagement de 200 millions au cours de la prochaine année, les gens pourront savoir combien de personnes de
plus nous allons servir pour les soins à domicile, pour les proches aidants. Et ça, ça s'applique non
seulement pour la santé, mais ça s'applique aussi en éducation. Parce
que le problème en éducation, on a fait des engagements très importants, et
c'est pour ça qu'on veut avoir une marge de manoeuvre,
mais nos citoyens le savent, que nous voulons mettre plus d'argent dans
l'éducation. Mais il y a un enjeu. Il
y a une augmentation de la clientèle. Et, pour ça, il faut être capable de le
démontrer, que nous augmentons les services que nous donnons aux
citoyens pour leurs enfants.
Alors, ce qui
s'applique à la santé s'applique aussi à l'éducation. Et nous allons clairement
démontrer au cours des prochains mois
et des prochaines années que non seulement nous ne coupons pas dans les
services, non seulement nous respectons
nos engagements, mais les gens vont être capables de voir clairement le nombre
de personnes supplémentaires que nous
allons servir. Alors, si, aujourd'hui, le député reconnaît qu'il y a une liste,
et qu'il a laissé des gens sur cette liste-là, et qu'ils sont toujours en attente, nous, nous prenons l'engagement très
clair que nous allons non seulement clairer, au fur des prochaines années, ces listes-là, mais nous
allons donner et respecter les engagements que nous avons pris envers la
population, qui ne peut pas continuer d'être
traitée, comme mon collègue l'a mentionné tout à l'heure, par des
coupures de service qui étaient complètement inacceptables.
Est-ce qu'on
peut se faire reprocher aujourd'hui de prendre des engagements qui sont
ambitieux, M. le Président? Moi, je
ne suis pas gêné d'être ambitieux. C'est ça que les gens s'attendent de nous.
Les gens veulent être bien servis. Ils veulent
en avoir pour leur argent, autant en éducation qu'en santé. Et je pense que les
exemples qu'on vient de donner sont très clairs. Et je vous demanderais
d'être un petit peu patient pour les prochaines semaines, parce que de détail
de ces mesures-là seront expliqués dans...
Le Président (M. Tardif) :
Merci, M. le ministre. Merci. Je demanderais maintenant à la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré
de nous adresser la parole. Cinq minutes.
Mme Foster :
Bonjour, tout le monde. Je souhaite tout d'abord la bienvenue aux collègues de
tous les partis, notre parti gouvernemental,
également les partis d'opposition. Je salue également le travail des
recherchistes de tous les partis, du leader et du whip.
Ce matin, on est réunis pour une belle
interpellation, une belle interpellation. Je relis le libellé : La demande
irresponsable du président du Conseil du
trésor de compressions budgétaires pour financer les promesses électorales
du gouvernement caquiste alors qu'il y a d'importants surplus budgétaires.
Je suis contente qu'on ait l'occasion d'en
parler ce matin parce que, premièrement, ça permet au président du Conseil du trésor de pouvoir parler de nos
intentions comme gouvernement, hein? Et
il ne s'agit pas, de notre côté, de compressions
budgétaires. Et le président du
Conseil du trésor a été clair, ce sont des mesures d'optimisation. Et,
non, contrairement à ce que les libéraux
affirment, ce n'est pas vrai que tout le travail a été fait du côté des mesures
d'optimisation. Ce n'est pas vrai.
D'ailleurs, tout à l'heure, le président du
Conseil du trésor a eu l'occasion de rappeler quelques mesures : 457
centres informatiques qu'on regroupe, du côté des achats, également, il y aura
des optimisations, etc.
Donc, j'invite les collègues de l'opposition à
attendre l'exercice budgétaire parce que, non, il n'y aura pas de compression, et, oui, de la place pour de
l'optimisation sans toucher aux services aux citoyens, il y en a encore, et
c'est le ménage qui n'a pas été fait de
l'autre côté que nous, comme gouvernement, nous allons faire, sans toucher aux
services. C'est très important. Parce que, quand j'examine le bilan
gouvernemental du côté de l'opposition officielle, on peut effectivement, dans
leur cas, parler de compressions et de coupures, des coupures de services.
Et ça m'amène
à vous parler d'un sujet qui me tient énormément à coeur : l'éducation.
Mon collègue président du Conseil du
trésor a eu l'occasion d'en parler brièvement, mais l'éducation, c'est la base
de la société. C'est par l'éducation qu'on
avance comme société, qu'on parle du côté social ou du côté économique. De
notre côté, on a un programme clair et responsable en éducation, qu'on
va faire dans l'ordre, un programme duquel je suis très fière : maternelle
quatre ans universelle et non obligatoire, plan de valorisation de la
profession enseignante. Parce que les enseignants, dans les 15 dernières années, ont été oubliés,
négligés, et les conditions de pratique ne sont pas faciles pour nos
enseignants. Pour avoir eu l'occasion souvent d'en discuter avec eux, ce
n'est pas évident comme conditions de pratique. On a annoncé deux récréations de 20 minutes obligatoires
cette semaine, donc faire bouger davantage les jeunes. Ça contribue,
c'est prouvé par les études, à la réussite
scolaire, redonner des services professionnels dans les écoles également. J'en
passe. Je pourrais continuer, là, la liste
est longue, mais, en éducation, ce sera notre priorité numéro un, et c'est
important d'en parler.
J'ai eu
l'occasion de le mentionner déjà à plusieurs reprises ici, en cette Chambre,
mais je ne voudrais pas avoir l'air de
radoter ou de me répéter, mais j'ai été conseillère politique en éducation
lorsque nous, à la CAQ, nous étions la deuxième opposition. J'ai donc été, un peu, aux premières loges de tout ce qui a
pu se faire, se réaliser et se couper aussi au cours des quatre
dernières années, donc le bilan des libéraux.
Je rappelle
quelque chose. Il y a un rapport de l'Institut de recherche d'informations
socioéconomiques, l'IRIS, qui a été
publié et août 2018, qui dit que la part du PIB consacrée aux dépenses
publiques en éducation est passée de 2,5 % à 2,28 % entre 2003‑2004 et 2016‑2017. Ça, là,
c'est le bilan des libéraux, à l'exception d'un an et demi, là, pour le
PQ, ça, là, c'est le bilan des libéraux,
15 ans. Les dépenses n'ont pas augmenté, elles ont baissé. Toujours dans
le même rapport, on dit qu'environ le tiers des enseignants et un
cinquième des professionnels et du personnel de soutien disaient vivre de l'épuisement émotionnel relativement à leur
emploi. Entre 2014‑2016, l'IRIS estime que les compressions budgétaires
au primaire et au secondaire ont totalisé
337 millions, et ça a eu pour effet d'altérer une panoplie de services. Il
y a des coupes qui
ont été faites dans les services, des conseillers pédagogiques, la
psychoéducation, l'orthopédagogie, et tout ça, au-delà de 250. À la toute fin du mandat, en catastrophe, on
nous a dit qu'on en a remis à peu près l'équivalent. Le hic, c'est que,
lorsqu'on parlait aux écoles, ça ne se rendait pas.
Je
rappelle également, là, souvenons-nous du mouvement Je protège mon école
publique. Il y a des parents partout au Québec qui avaient formé des
chaînes humaines autour de 600 écoles...
Le Président
(M. Tardif) : Merci, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster :
Oui. Désolée.
Le
Président (M. Tardif) : Maintenant, la parole au député du
deuxième groupe d'opposition, député de René-Lévesque.
• (10 h 50) •
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour de saluer la partie
gouvernementale, les collègues de l'opposition officielle et de la
troisième opposition.
M. le Président,
quand j'ai lu le sujet de l'interpellation, je me suis dit : Ça ne se peut
pas, je rêve. Il y a une confusion de genre.
Le PLQ-CAQ existe. Un ancien ministre libéral et ancien candidat de la CAQ en
2012 auprès du député de Lévis reproche au ministre caquiste, député
démissionnaire et nommé vice-président de la Caisse de dépôt comme gestionnaire pendant le mandat libéral, de vouloir
contraindre les ministères à couper dans leurs services pour financer le
plan de la CAQ, alors que lui-même, ministre
dans le dernier gouvernement, continuait d'appliquer ses mesures
d'austérité et ses réformes alors que les
surplus s'accumulaient au sein du gouvernement pour constituer le trésor de
guerre pendant la campagne électorale. Alors, M. le Président, j'ai eu
une illumination, ce matin, le PL-CAQ existe, nous avons la communauté
fusionnée pour l'idéologie.
Cela
étant dit, lorsque j'ai rencontré le ministre des Finances lors des rencontres
prébudgétaires, il a été clair, pour lui,
que le yoyo budgétaire devait cesser et il nous a confirmé sa volonté de
vouloir travailler avec les ministères sur des budgets aux alentours d'augmentation de 3 % jusqu'à 3,5 % pour
l'Éducation et jusqu'à 4,1 % pour la santé. Alors, quand on voit la mise à jour économique, et on va à la
page A.17, et on voit effectivement qu'effectivement, pour 2019‑2020,
ce que M. le président du Conseil du trésor nous a cité tout à l'heure, on
arrive à un budget équilibré, donc à zéro.
Donc, M. le
Président, je pense qu'on n'est pas dupes, il va manquer d'argent pour financer
les promesses du gouvernement. Il va manquer
d'argent pourquoi, M. le Président? Les taxes scolaires. Déjà, en quelques
mois, on est passés d'une mesure de
700 millions à plus de 900 millions. Donc, ça va coûter au Trésor du
Québec 200 millions supplémentaires. Hier, pour le coût d'implantation des maternelles quatre ans, M. le
Président, on est passés de 250 millions, à terme, pour le coût de
l'implantation, à près 400 voire même 700 millions pour le coût
d'implantation.
Pour
ce qui est du bordel informatique, M. le Président, le Conseil du trésor ou le
député de La Peltrie ne veulent pas
enquêter. Pas de ménage auprès des firmes informatiques qui mentent sur leurs
compétences et qui nous ont coûté des millions.
Vous voulez plutôt envoyer ça au privé, alors que votre promesse, dans votre
engagement, était plutôt de réintroduire une expertise dans l'État
québécois pour gérer adéquatement les projets informatiques en recrutant des spécialistes rémunérés à un niveau concurrentiel
par rapport au secteur privé. Pire que ça, M. le président du Conseil du
trésor, vous mettez sur le carreau 80 de nos spécialistes dans ce bordel
informatique là. Et on sait, M. le Président, la commission Charbonneau a été
très claire, il ne faut jamais donner le contrôle à l'entreprise privée pour
éviter toute collusion ou toute corruption. Donc,
j'ai de la misère à comprendre le désir d'optimisation à l'intérieur du
gouvernement alors que, sa seule volonté, c'est de donner ça au
privé pour dire : Ils vont faire mieux, alors que tout le bordel
informatique nous prouve le contraire.
L'Actualité
a fait un palmarès des 100 engagements de la Coalition avenir Québec, et
d'ailleurs j'invite les députés de la
Coalition avenir Québec qui sont embarqués dans le train de l'élection... dans
le train de la CAQ, pardon, juste avant l'élection, à aller le consulter parce qu'ils vont apprendre plusieurs
choses intéressantes notamment sur la protection des lanceurs d'alerte. Hein, on l'a vu depuis deux
semaines, M. Robert est sur la sellette, il veut ravoir son emploi. Il y
avait un engagement fort du côté de la CAQ
pour la protection des lanceurs d'alerte. Alors, on a hâte de voir de quelle
façon le gouvernement va pouvoir
répondre à cet engagement alors que, dans le premier cas, nous avons tout
simplement laissé la situation se dégrader.
Donc,
dans les 100 engagements de la Coalition avenir Québec, je vais en nommer
quelques-uns : augmenter le nombre
d'infirmières à temps complet, abolir les heures supplémentaires obligatoires,
réviser le rapport du nombre de patients
par infirmière, déployer des infirmières praticiennes spécialisées, embaucher
du personnel supplémentaire dans les CLSC,
offrir des services d'aide à la vie domestique, ajouter orthopédagogues, des
orthophonistes, des psychoéducateurs, retourner
au tarif unique en garderie, ajouter des places en CPE, deux bains par semaine
pour nos aînés, ajouter des budgets pour
les repas. M. le Président, dans la mise à jour économique, lorsqu'il est venu
le temps d'investir les surplus accumulés, rien de ces engagements-là n'ont été mis de l'avant. Donc, il reste
beaucoup de travail à faire, M. le Président. Vous allez me dire :
Bien, oui, c'est évident. Ils vont le faire sur les prochaines années.
Alors,
on a deux questions : Est-ce que la Coalition avenir Québec veut le faire
tout de suite, ces engagements-là, ou
ils vont les pelleter sur trois, quatre prochaines années? Alors, ma question
pour le président du Conseil du trésor : Combien de millions
allez-vous couper pour financer vos engagements? Quelles promesses allez-vous
renier? Quels services les citoyens vont craindre de perdre? Et surtout quels
fonctionnaires vont perdre leurs postes pour financer votre...
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le député de René-Lévesque.
J'aime bien les clins d'oeil qui se font autour de la table quand c'est
dans le cadre, évidemment, d'échanges respectueux entre les collègues. Alors,
la parole est au ministre. Merci.
M. Dubé : Alors, merci, M. le Président. Et, encore une
fois, j'apprécie la chance et l'opportunité que nous avons ce matin de pouvoir échanger sur ce sujet. Et je suis
certain que nos discussions, ce matin, ne sont que le début d'une
bonne collaboration avec les gens de la deuxième opposition.
J'aimerais
peut-être soulever un élément important dans votre question. D'un côté, vous
dites, vous questionnez certains des
engagements que l'on veut faire, par exemple, au niveau informatique pour être
capable de dégager une marge de
manoeuvre pour avoir les fonds nécessaires. Puis vous dites : Ça, ce n'est
pas une bonne idée. Mais, en même temps, on a besoin d'argent pour
livrer les engagements.
Alors, je
vous dirais que notre programme a été pensé, justement, pour s'assurer... et je
réfère encore au cadre financier que nous avons dans notre programme et
que nous avons déposé lors de la campagne. Je l'ai expliqué tout à l'heure au député de La Pinière et je vous le
répète : les engagements que nous avons pris, ce sont des engagements
sur quatre ans. Nous avons pris ces engagements-là sur quatre ans, qui sont au
niveau de l'éducation, la baisse des taxes scolaires,
l'augmentation des services en soins de la santé, etc., donc tous des engagements
qui étaient très clairement orientés
vers les citoyens pour retourner de l'argent dans les poches des citoyens ou
leur donner des meilleurs services.
Mais, pour ce
faire, nous avons pris des engagements à aussi repenser nos dépenses
d'optimisation. Donc, c'est un équilibre.
Alors, si nous croyons, puis c'est ce que nous vous démontrerons dans les
prochaines semaines, que, par exemple, nous
croyons que la gestion des dossiers informatiques n'est pas optimale, je l'ai
expliqué un petit peu plus tôt tout à l'heure, qu'il y a des dépenses de plus de 4 milliards par année qui se font
en informatique, nous, nous croyons que nous pouvons non seulement optimiser ces dépenses-là, donc,
réduire le coût, mais, en plus, en avoir plus pour notre argent. Parce
que, comme vous savez, on l'a expliqué un
petit peu plus tôt cette semaine lorsque nous avons annoncé la consolidation
des centres de traitement, il est à peu près
impensable aujourd'hui de penser qu'il y a 457 centres de traitement
informatique qui servent le gouvernement. Il
y a... et j'apprenais de mon collègue le ministre délégué à la Transformation
numérique un exemple, qu'il y a
encore, dans des centres de traitement, des gicleurs au-dessus des ordinateurs.
Alors, quand vous entendez ça, moi,
ça me donne le frisson, parce qu'on peut se rappeler très bien, il y a quelques
années, où il y avait eu un dégât d'eau dans un centre de traitement du ministère des Transports, et le centre
de traitement avait été fermé pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Alors, je pense qu'on
est en train de dire... et je comprends votre question et je pense que
c'est une très bonne question, mais il faut
s'assurer que nous prenons les moyens d'optimiser les dépenses, de mieux gérer
l'État. Et je pense que l'informatique,
c'est une très, très, très belle... un très bel exemple, pardon, d'être capable
de mieux gérer, d'avoir des économies
et de prendre ces économies-là et de les mettre dans des programmes que nous
nous sommes engagés auprès des citoyens.
Alors, si vous
trouvez que c'est difficile à accepter, je peux comprendre. Ça sera à nous, et
je respecte votre opinion, ça sera à
nous, au cours des prochaines semaines, prochains mois, de nous assurer, par
contre, que la sécurité est toujours là, de prendre les meilleures pratiques... Parce que nous ne sommes pas les
premiers, il y a plusieurs provinces canadiennes, États nord-américains
qui ont fait les mêmes choix. Ce sont les meilleures pratiques mondiales. Et ce
que je vous dis aujourd'hui, c'est qu'il y a
vraiment un équilibre entre les engagements que nous avons pris sur quatre ans
et les engagements que nous avons pris dans notre cadre financier.
J'aimerais
vous dire aussi que, puis je reste sur l'informatique, parce que ça avait l'air
de vous questionner, puis je respecte
votre question, toute cette transformation numérique là que nous devons faire
pour être plus agiles, ça va permettre aussi
à nos fonctionnaires... Il ne faut pas l'oublier, nous avons plus de
500 000 fonctionnaires et employés de l'État qui sont souvent pris avec des systèmes qui sont un petit
peu vétustes, et j'essaie de rester poli. Et, à ce moment-là, je crois
qu'en faisant cette transformation-là, cette
transformation numérique, au cours des prochaines années, on aura non
seulement des économies importantes, mais on
pourra donner à nos différents fonctionnaires, qui font l'interface avec nos
citoyens, des meilleurs outils en
infonuagique, en mobilité, qui permettront à ces fonctionnaires-là d'être
beaucoup plus efficaces et d'avoir un travail très intéressant.
J'apprécie votre question. Merci.
• (11 heures) •
Le Président (M. Tardif) : Merci, M.
le ministre. La parole serait maintenant au député de Beauharnois.
M.
Reid :
Merci, M. le Président. Je salue mes collègues
en ce vendredi enneigé. M. le
Président, j'aimerais profiter
de mon temps de parole aujourd'hui pour vous faire part d'une réalité qui est
très proche de moi et qui a contribué à ma motivation à me lancer en politique.
Depuis plusieurs années déjà, je suis impliqué dans la communauté de ma circonscription de Beauharnois et j'ai pu voir de près les organismes et institutions qui travaillent pour le bien des citoyens, et ce, malgré des conditions parfois pénibles.
Dans Beauharnois, j'ai vu l'ampleur des effets d'une vieille
manière de faire de la politique
selon laquelle les circonscriptions du gouvernement au pouvoir devaient être traitées plus justement,
si on peut le dire ainsi, que celles
dans lesquelles les députés de l'opposition avaient été élus. J'ai vu, dans ma circonscription,
ce que ça faisait de ne pas être au pouvoir
pendant 15 ans, ce que ça fait d'être de ceux à qui on pense toujours
en deuxième, en troisième ou en dernier, à ceux qui prennent les restes
après que tout le monde soit passé à table. Les citoyens de Beauharnois ont été laissés pour compte pendant de nombreuses années par des gouvernements négligents qui ont choisi de
diviser les Québécois en deux groupes, des gagnants et des perdants, un
en particulier qui voulait que le Québec se serre la ceinture sans penser aux effets néfastes que
cela aurait à long terme sur les services offerts aux Québécois.
L'argent
investi par un gouvernement dans un programme de services géré de manière responsable revient
souvent aux citoyens avec une valeur
ajoutée, c'est à la base de l'économie
sociale. En coupant dans les programmes des Québécois d'une manière quasi aléatoire, l'ancien
gouvernement libéral s'est en fait assuré de supprimer cette valeur ajoutée.
Le présent gouvernement n'a d'autre choix
que de tenter, autant que possible, de réinvestir pour redonner à la
population des services décents. Sans devoir repartir à zéro, les défis qui
nous attendent sont grands.
Comme
je vous le disais plus tôt, j'ai pu voir tout le mal qu'entraîne la négligence
dans mon propre comté. Sans vivre de
coupure, plusieurs organismes qui ont eu des hausses de financement... trop
basses pour maintenir un salaire décent pour leur personnel, parfois même trop basses pour maintenir leur propre
mission intacte. Je pense ici à la popote roulante de Valleyfield, qui a connu, en 2017-2018, une
hausse de 0,07 %, alors que l'inflation était de plus de 2 %. Le prix
des repas a dû être augmenté à cause de la
hausse des prix des aliments, mais, comme les revenus des aînés qui fréquentent
cet organisme, eux, n'augmentent pas, ils se
voient forcés de faire des choix et ils peuvent moins facilement s'offrir de
repas. Un organisme voué aux personnes
atteintes de cancer reçoit, quant à lui, une subvention annuelle de seulement
21 000 $. Pas assez pour avoir un seul employé à temps plein. Malgré
de multiples demandes, l'organisme qui offre un service essentiel n'a pas
encore réussi à faire augmenter son financement.
Le
statu quo du financement des organismes communautaires a entraîné des coupures
de services indirects dans le comté
de Beauharnois, qui en a pourtant grandement besoin. On compte de nombreux
analphabètes fonctionnels, un taux de décrochage
scolaire qui se chiffre à environ 24 %. Ces chiffres, M. le Président, ce
sont l'héritage de régimes préférentiels qui ont choisi de se laver les
mains de problèmes qu'ils ne croyaient pas dans leur cour électorale.
Les
gens de chez moi paient les mêmes impôts qu'ailleurs. Ils en ont assez de se
faire traiter comme des citoyens de seconde
classe. Le mandat que les gens de Beauharnois m'ont donné le 1er octobre
dernier montre leur désir de passer à autre
chose, de faire confiance à un gouvernement qui ne les laissera pas tomber. Mon
gouvernement, M. le Président, n'a pas seulement l'intention de servir
ceux qui l'ont porté au pouvoir, il servira tous les Québécois. Merci.
Le Président (M.
Tardif) : Merci, M. le président de Beauharnois. La parole serait
maintenant au député de La Pinière, s'il vous plaît.
M. Barrette : M. le Président, je suis content de faire
quelques commentaires dans cette période-ci, particulièrement dirigés vers notre collègue de Charlevoix, pour
simplement lui rappeler que la chef de cabinet de l'actuel président du Conseil du trésor était la chef de cabinet à
l'éducation dans un gouvernement libéral. Alors, elle vient donc de
critiquer amèrement la performance de la
chef de cabinet actuelle du président du Conseil du trésor. Je vois qu'on
sourit en face. J'imagine que c'est
par plaisir plutôt qu'autre chose, comme quoi qu'on peut sourire par plaisir et
non par quoi que ce soit d'autre. C'est un message subliminal envoyé au
président du Conseil du trésor.
Et le député de
Beauharnois m'a beaucoup fait rire dans son commentaire, parce que je révise,
là, à l'instant, les engagements de la CAQ
en matière d'engagements, de promesses dans le monde du financement du
communautaire. C'est assez maigre, c'est
assez pascal, là. Alors, j'espère que le président du Conseil du trésor
comprend le message de son collègue, qui lui demande de prévoir les
sommes substantielles pour le communautaire, on comprend ça. Et je ferai remarquer au député de Beauharnois que notre
gouvernement a toujours augmenté le financement dans le communautaire
lorsque nous étions en poste.
Maintenant,
je reviens sur mon intervention précédente. Je souhaite et j'aimerais que le
président du Conseil du trésor s'engage à mettre sur la table,
publiquement, la liste des besoins requis en matière de soins à domicile par la
population. Elle existe, cette liste-là. Et
nous avons toujours dit que nous ne pouvions pas le faire, mais on n'a jamais
fait de promesse indue comme la CAQ a faite le 5 décembre dernier.
M.
le Président, dans son intervention initiale, le président du Conseil du trésor
nous a dit un certain nombre de choses.
Il nous a dit qu'il devait faire des optimisations — c'est son terme — de 835 millions de dollars. Moi, je
pense que ce sont des coupures. Mais il a
aussi dit, dans une de ses interventions suivantes, qu'il mettait essentiellement
en doute les surplus qui venaient
devant nous. Alors, ça, c'est assez impressionnant, parce que je ne pense pas
que c'est ça qu'indique le ministre
des Finances. Alors, je me demande s'il pense encore vraiment ça, là. Si c'est
vraiment sa pensée aujourd'hui, il n'y
aura pas de surplus, il n'y aura pas de surplus, là, à la fin de cette
année-ci, là, et l'année prochaine... Je comprends que, l'année prochaine, on ne peut pas nécessairement
le prédire, mais j'ai bien compris du président du Conseil du trésor
qu'il mettait ça en doute.
Mais
il a aussi dit... et ça, ça nous a beaucoup surpris... il a aussi dit que les
engagements étaient en équilibre avec son
cadre financier et éventuellement son budget. Bien là, M. le Président, là, ça
me scie les bras complètement. M. le Président,
là, le cadre financier, le président du Conseil du trésor ne peut pas ne pas y
avoir participé. Il est un apôtre, et j'en suis heureux, de la clarté et de la précision. Or, il y a bien des
choses qui n'étaient pas précises, manifestement. Le cadre financier... Bien, qu'on regarde les maternelles
quatre ans : Est-ce que c'était le bon chiffre? Comment, en six mois,
ceci peut-il avoir changé de façon aussi
substantielle? M. le Président, c'est la même chose pour la taxe scolaire. La
taxe scolaire, il y avait une évaluation. L'évaluation était erronée.
Et
c'est sans compter tous les éléments, dans le cadre financier, qui n'y sont
pas. Alors, s'ils n'y sont pas, c'est parce
que la CAQ, certainement avec l'implication du président du Conseil du trésor
actuel, a choisi de ne pas nommer ces choses-là.
Elle a choisi de dire à la population : Bien, voici, nous, on vous fait
des promesses, là, mais on vous présente un cadre financier qui ne les comptabilise pas, sachant que, s'ils arrivaient
au pouvoir, il allait y avoir un problème. Bien, le problème, on le voit aujourd'hui, là. Le problème,
on le voit parce que, un, on met en doute les surplus, qui sont
actuellement, à mon avis, prévisibles, et, en plus, on demande des compressions
pour financer un montant qui est à la hauteur
de juste ce qu'il faut pour faire la taxe scolaire, pour compenser les
commissions scolaires, qui ont un manque non pas à gagner, c'est un mauvais mot, c'est un manque à servir, hein?
Les commissions scolaires donnent des services aux enfants, et on ne peut pas baisser partout la taxe scolaire sans les
compenser d'une autre manière. Et le choix du président du Conseil du
trésor est de compenser par une compression.
Alors, M. le Président, le président
du Conseil du trésor, à un moment donné, s'il est fidèle à sa propre
philosophie, doit être clair. Est-ce qu'il
peut identifier tous les montants qui ne sont pas dans son cadre financier dans
tous les domaines? Et j'y reviendrai puisqu'il ne me reste qu'une
seconde.
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le député de La Pinière. La
parole est maintenant au président du Conseil du trésor.
• (11 h 10) •
M.
Dubé : Merci, M. le Président. Alors, je vais tenter de répondre à la
question de mon collègue le député de La Pinière.
Premièrement, sur les surplus. Puis je l'ai expliqué tout à l'heure, mais je
vais prendre quelques minutes pour revenir
sur le sujet intéressant. C'était le titre de votre interpellation, cher
collègue, c'était de dire que : Comment pouvons-nous avoir des coupures dans une période de
surplus budgétaires? Je vous ferai remarquer que le budget sur lequel on
est en train de travailler — puis je l'ai bien expliqué tout à l'heure,
mais je vais le répéter — ce n'est pas le budget de l'année en cours. C'est le budget
de l'an prochain, c'est le 2019‑2020. Et j'ai mentionné tout à l'heure, en
expliquant qu'on travaillait sur le 2019‑2020, qu'on n'est pas dans une
situation de surplus.
Vous
pouvez avoir votre opinion. Mais je vous donne l'opinion de deux personnes. Le
Vérificateur général. Le Vérificateur
général, lors des élections, un petit peu avant les élections, publie un
document, doit s'assurer... ça, c'est une mesure qui est en place depuis ces élections-là... doit regarder le
budget du gouvernement, les années à venir et de dire : Est-ce que
ce budget-là est raisonnable? Je vous fais remarquer, et je le répète, que,
dans ce budget-là, le Vérificateur général a dit : Non seulement ce budget-là
sera à l'équilibre après avoir fait les montants nécessaires
pour le Fonds des générations, mais
il dit : Il y a un écart à résorber de 868 millions. Ça, c'est à la page B-27 du rapport du vérificateur, qui a été déposé l'an dernier. Alors, on n'est pas du
tout dans une situation de surplus, M. le Président, on est dans
une situation de déficit si on ne trouve pas les façons de compenser ce
manque à gagner là, qui est de 880 millions.
Mon
collègue le ministre des Finances, qui fait un très bon boulot, et je le salue en
ce beau vendredi matin, a publié, dans la mise au point en décembre, exactement
la même chose et a dit que son objectif était toujours, pour l'année 2019‑2020,
d'arriver à l'équilibre budgétaire, mais il n'avait pas encore trouvé toutes les
façons de trouver l'optimisation des
dépenses pour l'écart à résorber, qui est toujours de l'ordre de 800 millions. Alors, je ne fais juste que répéter à mon collègue député
de La Pinière que nous ne sommes
pas dans une situation de surplus budgétaire lorsqu'on regarde
l'année 2019‑2020 et on est plutôt dans la réalité, dans
la rigueur que l'on doit avoir de s'assurer que nous serons capables,
c'est ce que les citoyens
s'attendent de nous, à déposer un budget au mois de mars, qui sera en équilibre
budgétaire, comme les citoyens s'attendent de nous. Et
c'est pour ça que nous avons une rigueur, je dirais, qui est peut-être
surprenante pour certains, mais qui, pour nous, fait partie de notre façon de
travailler.
Sur la question, la
deuxième question, où il pourrait y avoir eu des écarts, et je ne m'en cache
pas, entre des montants qui ont été
identifiés lors d'engagements électoraux et qui sont précisés au fur et à
mesure que nous sommes au gouvernement et que nous raffinons certains chiffres, moi, je
lui dirais qu'il est tout à fait normal que, lorsqu'on prend possession au gouvernement, d'être capable
d'avoir maintenant beaucoup plus d'information et d'être capable de
dire clairement à nos citoyens : Voici ce que tel programme, qu'on pensait
qu'il allait coûter tant, va coûter aujourd'hui. Mais ce qui
est important, c'est : Est-ce que nous serons capables de
les financer et de respecter nos engagements? Moi, je dis aux citoyens qui nous écoutent aujourd'hui : Les engagements
que nous avons pris pour les maternelles quatre ans, les engagements
que nous avons pris pour les proches aidants, les engagements
que nous avons pris pour l'ensemble de nos grands
chantiers, nous allons les respecter et nous avons quatre ans pour trouver la
façon de les financer et de garder cet équilibre-là dans nos finances
publiques.
Ce
qui est intéressant — et
je comprends, des fois, c'est peut-être un petit peu difficile pour les collègues
d'en face, parce qu'on voudrait que tout
arrive aujourd'hui — nous
avons pris des engagements, M. le
Président, sur quatre ans, et je
pense que les gens nous font confiance, savent que c'est un gouvernement qui arrive avec une nouvelle approche, une nouvelle façon de procéder. Nous avons dit que
nous serions transparents. Alors, moi, je
pense que la chance est avec
nous, et nous allons prouver que nous
pouvons livrer à nos citoyens ces engagements-là dans les quatre prochaines années. Merci,
M. le Président.
Le Président (M.
Tardif) : M. le ministre, merci. La parole est maintenant à la députée
de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme
Foster : Merci, M. le Président. Je repars sur ma lancée. Tout à l'heure, je ne voyais pas le temps passer. Donc, je suis passionnée quand on parle d'éducation. Alors, si vous me
permettez, je vais continuer à vous parler un peu d'éducation.
Je
disais, tout à l'heure : En 15 ans, il n'y a pas eu d'augmentation, c'est l'IRIS qui nous l'a démontré, il n'y a pas eu d'augmentation des dépenses publiques en éducation.
Dans les dernières années en particulier, 2014‑2015, 2015‑2016, il
y a eu un gros désengagement budgétaire, parce qu'on était pas mal plus dans
les coupes qu'autre chose, des coupes énormes,
250 professionnels qui ont été coupés dans les écoles, on parle
d'orthopédagogues, on parle de psychoéducateurs, des gens qui sont là en
appui des professeurs et des enseignants pour venir aider les jeunes qui sont
en difficulté.
On
a essayé, à la fin du mandat, de nous dire : Oui, oui, on fait un réinvestissement, on a coupé, mais on fait un réinvestissement. Même dans les années où on coupait, on essayait
de nous dire qu'on ne coupait pas vraiment, mais il y
avait des augmentations du budget de l'éducation de 0,2 %,
0,6 %, ce qui, en fait, est une coupure parce qu'on n'est pas du tout, là... on n'arrive pas du tout à pouvoir combler
la hausse du coût de la vie avec ce genre de maigre augmentation. Donc, pour le réseau, là, c'étaient des coupures nettes
dans la réalité. On a joué au yoyo,
bref, avec le réseau de l'éducation. On a joué au yoyo avec le budget de
l'éducation, ce qui est inacceptable, ce qui est irresponsable.
J'ai
eu, ici, à faire des conférences de presse avec des parents qui étaient complètement désespérés, avec des jeunes qui
ont manqué de services pendant des années. Tout le monde se renvoie la
balle. Il n'y a pas assez de services, il n'y a pas assez de services spécialisés. Les mamans sont complètement désespérées. Il y en a même qui en viennent à retirer, dans certains cas, leur enfant du réseau public pour
leur faire l'école, leur faire l'école à la maison. Donc, ce sont des situations
qui sont épouvantables et que traîne le
bilan libéral. D'ailleurs, la députée
de Saint-Laurent a affirmé, dans
un message qu'elle a fait circuler au
sein des troupes libérales : «Force est donc de constater que nous avons
raté notre cible en voulant aller
trop loin, trop rapidement pour revenir à l'équilibre budgétaire. Il est
temps de reconnaître que nous aurions dû mieux protéger notre filet social dans notre quête vers des finances publiques plus saines et plus durables. Et, pour cela, je me dois de leur présenter nos excuses.» Et, bien, le chef
intérimaire du PLQ nous l'a dit le 29 janvier dernier : On ne
s'excusera pas. Bon.
Je trouve ça
dommage parce que ce sont des jeunes qui ont fait les frais. Et
deux années, trois années de coupures, là,
intenses, pour un jeune, ça ne revient pas. Le jeune qui n'a pas eu son
service, il n'a pas eu son service. Une année, pour un jeune qui est dysphasique, qui est dysphasique,
qui est dyspraxique, peu importe, qui
a le trouble du spectre de l'autisme, une année, ça vaut tout. Et c'est
un peu une année, deux années, trois années qu'on a volées à ces jeunes-là et
qui ne reviendront pas. On a forcé également
beaucoup l'intégration de ces jeunes en difficulté là dans les classes
ordinaires, ce qui est un autre problème
également. Et c'est ce qui fait également que ça a engendré un manque de
ressources. C'est une roue qui
tourne. Mais, je le répète, on n'a pas le droit de jouer au yoyo avec le budget
de l'éducation. Et, nous, ce n'est vraiment pas ce qu'on va faire,
vraiment pas.
On a parlé
beaucoup du réseau primaire et secondaire, mais, également, je mentionne au
passage, là, que le réseau universitaire
aussi, là, a écopé dans le bilan libéral entre les années 2014 et 2018.
73 millions, là, le budget a été amputé de 73 millions
entre autres en 2016. D'ailleurs, il y avait Jonathan Bouchard, président de la
Fédération étudiante universitaire, qui
avait dit : On est en train de démolir le réseau universitaire. Parce que
l'enseignement supérieur, c'est extrêmement
important aussi au Québec. Tantôt, je parlais d'éducation pour émanciper une
société, pour aller plus loin comme société. L'enseignement supérieur a
un rôle absolument central à jouer là-dedans également. Et, ça aussi, ça a été
amputé.
Bref, le
bilan des 15 dernières années, j'aurais aimé, ce matin, à la limite, ne
pas en parler, parler d'autre chose que le bilan gouvernemental en éducation des libéraux, mais, étant donné que
l'interpellation parlait de compressions, bien, je pense que c'était un
petit peu plus fort que moi, fallait que je le fasse.
Et, ce matin,
j'aimerais surtout dire aux parents : Bien, on va faire mieux. On va faire
mieux. Il faut réparer tout ça. Et on
va s'occuper des jeunes au Québec parce que c'est vraiment ça qui compte,
l'éducation, pour notre gouvernement. Et ce sera notre priorité numéro
un.
Le Président (M. Tardif) : Merci,
Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
La parole serait au représentant du troisième groupe d'opposition, le député de
Rosemont.
• (11 h 20) •
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Bienvenue aux collègues. Je ne sais pas, ce matin, ce
qui le plus surréaliste. Est-ce que
c'est de voir un ancien ministre d'un gouvernement qui nous a imposé un régime
d'austérité qui a poussé les services
publics jusqu'au point de rupture ou de voir le nouveau gouvernement qui nous
refait le coup en nous disant : On va couper de nouveau, mais faites-vous-en pas, bien sûr, les services
aux citoyens ne seront pas touchés? Je rappelle, c'est le député de La Pinière qui le disait tout à
l'heure, que, dans une entrevue à L'Actualité, le président du Conseil
du trésor disait à l'époque qu'on
peut faire dire n'importe quoi aux chiffres. Et il a répété ce matin qu'il y
croyait toujours. Ça m'inquiète un petit peu, je dois dire.
Sur une note
personnelle, dans mon ancienne vie, j'ai croisé le président du Conseil du
trésor. Je salue d'ailleurs sa gentillesse
et une certaine candeur, que je lui souhaite de garder. Sur une note plus
personnelle, on m'a déjà dit, quand j'ai commencé ce métier de journaliste ici même, à l'Assemblée nationale, en
1994, on m'a expliqué : Tu vas voir, le président du Conseil du trésor, dans le fond, c'est le
gardien des fonds publics. Et,
quelques années plus tard, un ancien président du Conseil du trésor,
Joseph Facal, pour ne pas le nommer, avec qui j'ai fait beaucoup de télé,
m'avait dit : Ce n'est pas compliqué,
Vincent, essentiellement, le président du Conseil du trésor, c'est le
gars — ou
la fille, mais c'est souvent
le gars — qui
dit non à ses collègues. Joseph avait d'ailleurs ajouté que ça avait été le
meilleur moment de sa vie.
J'ai une
certaine sympathie, cela dit, pour le président du Conseil du trésor. Je sais que c'est un homme responsable, un homme de chiffres, un financier qui a eu de grandes responsabilités, mais j'ai une certaine sympathie puis quelques craintes pour
lui et sa candeur devant les débuts difficiles de son gouvernement.
Ce gouvernement avait dit notamment qu'il allait récupérer 1 milliard de dollars dans l'augmentation de salaire aux médecins spécialistes. On est
en train de préparer un recul là-dessus, on entend déjà le bruit du camion qui
recule. Dans les maternelles quatre
ans, sujet sur lequel son premier ministre a mis son siège en jeu, le budget semble passer de 249 millions à peut-être 400, à peut-être 700 millions. Ça doit être stressant pour le gardien des fonds
publics. On commence en disant qu'on
veut faire de l'éducation la priorité, mais on coupe les commissions scolaires de 900 millions par année de fonds de revenus autonomes.
Ensuite, on avait promis, à la CAQ, de faire le ménage dans le bordel informatique.
On a reculé là-dessus et on veut maintenant plutôt sous-traiter
les données des Québécois et des Québécoises à des géants américains, qui vont évidemment se servir dans un bar ouvert, et ça sera encore
pire que ce qu'on connaît maintenant, et ce n'est pas peu dire. Moi, M. le Président, ce ne sont pas les gicleurs au-dessus des
ordinateurs qui me font le plus peur, c'est pas mal plus la mainmise de géants comme Amazon, qui n'ont
aucun respect pour les juridictions fiscales souveraines, et qui font à
peu près ce qu'ils veulent, et qui vont se servir une fois qu'on leur aura
ouvert grand la porte des contrats gouvernementaux.
En
éducation, j'y reviens, c'est difficile aussi parce qu'on parle d'augmenter le salaire des enseignantes tout en coupant
les revenus autonomes des commissions scolaires. On dit aussi, et le ministre
de l'Éducation le répète tout le temps : «Don't worry, be happy.» Il manque d'écoles? On
va en construire. Il manque de profs? On va en engager. Et ainsi de
suite. Je le répète, ça doit être stressant pour la personne dont le rôle est
de garder les fonds publics.
Je ne sais
pas, M. le Président, si ce gouvernement-là fonctionne sur des investissements basés sur une idéologie ou si
c'est sur des données fiables et probantes. Je parle ici notamment
des maternelles quatre ans, qui sont décriées par tous les spécialistes de l'éducation. Et je parle aussi — et
le président du Conseil du trésor va savoir pourquoi je fais
référence à ça — du
fameux troisième lien, un projet irréaliste, ruineux, inefficace,
contreproductif en matière de lutte aux changements climatiques et
totalement irresponsable au plan du développement durable. Le président du
Conseil du trésor a émis récemment des réserves sur ce projet, avant de
recevoir probablement un appel du bureau central qui lui a dit d'aller corriger
le tir.
Où en est-il
aujourd'hui dans sa réflexion? Peut-il réellement, en homme responsable,
soutenir un projet aussi insensé? Je termine là, M. le Président.
Le Président (M. Tardif) : M.
le député de Rosemont, merci. La parole est au ministre.
M. Dubé :
Merci, M. le Président. Et, M. le député de Rosemont, je vous dirais que
j'apprécie beaucoup vos bons mots parce que vous êtes... non, je dois
dire, M. le Président, que le député de Rosemont est probablement un des premiers journalistes, dans son ancienne vie, que
j'ai eus à côtoyer, alors non seulement j'apprécie ses bons mots, mais,
je pense, j'ai le même respect pour sa
carrière journalistique que ce qu'il m'a indiqué précédemment, donc je tiens à
le saluer.
Je suis
effectivement passionné par ce que je fais et je voudrais lui mentionner à quel
point je me sens privilégié de pouvoir
faire le travail que je fais maintenant, et c'est pour ça que je suis revenu en
politique. Alors, j'espère qu'on pourra avoir de bons échanges au cours
des prochaines années puis je suis content que vous soyez dans cette Assemblée.
J'aimerais
peut-être prendre quelques-uns des points parce que je pense que vous avez
soulevé quelques points qui sont
importants. Sur la question des engagements que nous avons pris... je pense notamment
aux médecins spécialistes puis je
m'étais promis de ne pas trop parler de la santé ce matin, mais ça devient un
petit peu difficile de ne pas commenter sur ce point-là, dans le sens où je pense que ça été une... et je l'ai déjà
dit, et mon premier ministre l'a dit souvent, c'est une entente qui n'est pas acceptable, l'entente qui a
été signée l'an dernier, notamment par celui qui est aujourd'hui encore
le député de La Pinière.
Et vous comprendrez qu'en ce moment on essaie de rétablir
les ponts avec la Fédération des médecins pour trouver un climat qui va nous permettre de discuter avec
eux sur une base correcte, mais je pourrais vous dire tout simplement
que nous sommes dans l'attente d'une étude que nous avons commandée, qui devait
être disponible lorsque nous sommes arrivés
au gouvernement. Comme vous savez, nous avons déposé, dans les
jours qui ont suivi, dans les semaines qui ont suivi, une demande d'une étude
détaillée pour être capables d'avoir une base de discussion avec la Fédération
des médecins spécialistes. L'étude
qui a été déposée la semaine dernière, dont vous avez pris connaissance, c'est
une étude qui est faite par l'ICIS, qui ne va pas dans les mêmes détails
que ceux que nous avons demandés pour ouvrir les discussions. Je vous rappellerais qu'entre autres un des points que
nous avons demandés dans cette étude-là, juste pour vous rappeler que
nous n'avons pas du tout abandonné la
discussion que nous aurons avec la Fédération des médecins spécialistes, mais
un des éléments que nous avons
demandés, c'est d'avoir des données sur la productivité des médecins et de la
comparer avec celle d'autres
provinces. Alors donc, encore une fois, je fais la démonstration ici que ce
n'est pas uniquement les dollars qu'il faut regarder, mais les données opérationnelles qui vont avec les dollars. Et
c'est un des principes que nous avons demandés dans cette étude-là.
Alors, étant
donné que vous comprendrez que ce n'est pas notre objectif, M. le député, de
faire cette discussion-là sur la
place publique, bien des gens pensent que nous avons mis ce dossier de côté.
Mais je vous dirais que, dans le rôle de réserve, le droit de réserve que nous avons au Conseil du trésor, qui
est le responsable de toutes les discussions en termes de convention collective avec l'appareil
gouvernemental... je me contenterais de dire ce matin que ce dossier-là, il est
très, très haut sur mon bureau, et avec ceux
des Conseil du trésor, pour arriver à avoir une discussion avec les gens de la
fédération au cours des prochains mois,
comme nous nous y sommes engagés. Je rappellerais tout simplement que l'étude
qui est sortie la semaine dernière
indiquait encore que la différence avec les médecins de l'Ontario, si on tient
compte du coût de la vie, était
toujours de 20 % supérieure à ce qu'elle devait être. Et, lorsqu'on prend
20 % sur une masse salariale de 5 milliards, ça fait 1 milliard. Et cette différence-là, elle
était là l'an dernier, elle est toujours là présentement avec le dernier
rapport. Donc, j'apprécie énormément votre question
parce que je pense que c'est un élément important. Par mesure de prudence,
nous n'avons pas mis ce montant-là dans le
cadre financier, mais ça n'empêche pas que toute la rigueur et toute la force
des discussions que nous aurons dans les prochaines semaines nous amèneront à
avoir une discussion très serrée avec les médecins au cours des prochaines
semaines.
Alors, je voulais prendre cette opportunité-là
que vous m'avez soulevée pour faire cette mise à jour là, parce qu'il y a eu toutes sortes de choses qui ont été
rapportées dans les journaux à l'effet que l'écart n'était plus là. Il y a
eu toutes sortes de campagnes qui ont été
faites, mais je vous rappelle que, pour nous, la différence est encore là, et
nous allons entreprendre des discussions avec la fédération.
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le ministre. Alors, la parole est au
député de Beauharnois, s'il vous plaît.
• (11 h 30) •
M.
Reid :
Merci, M. le Président. En fait, au cours des derniers mois, le mot
compression, là, de la part de notre gouvernement,
on ne l'a pas bien, bien entendu. Au contraire, moi, j'ai entendu des mots
comme vision, développement, croissance, investissement, prospérité, des mots
qui ne font vraisemblablement pas partie du vocable du député de
La Pinière.
Maintenant,
permettez-moi qu'on parle de responsabilité. En politique, la responsabilité,
c'est un mot d'une grande importance. Les citoyens de nos circonscriptions,
de notre circonscription, en votant pour nous, nous donnent la responsabilité de les représenter. Ils nous
donnent la responsabilité de faire tout notre possible pour qu'on s'occupe
d'eux correctement. Le député de
La Pinière ne doit pas être étranger à ce concept, lui qui a été médecin
pendant une grande partie de sa vie.
La responsabilité vis-à-vis le patient est un concept très important en
médecine également. Être responsable de quelqu'un, c'est un véritable
honneur, mais ça peut virer au cauchemar assez rapidement quand on n'a pas
accès aux ressources pour s'occuper de la personne dont on est responsable.
Ça,
croyez-moi, M. le Président, les médecins et les infirmières de l'Hôpital du
Suroît, dans ma circonscription, s'en
sont rendu compte assez souvent dans les dernières années. Qu'un médecin ne
comprenne pas la détresse des autres médecins,
je ne le comprends pas, surtout quand ce que vivent ces autres médecins au
quotidien est aussi hors de l'ordinaire, aussi absurde. L'Hôpital du Suroît au l'un des taux d'occupation les
plus élevés au Québec, ce, depuis plusieurs années. On parle d'un taux qui dépasse fréquemment les
200 % d'occupation et qui atteint parfois les 300 %. Imaginez-vous,
un taux d'occupation de 300 %, les corridors sont remplis de civières.
C'est une scène qui est toujours triste à voir.
Dans les
derniers mois, on a entendu les cris du coeur de nos infirmières épuisées. En
2017, c'est 34 000 heures supplémentaires
que faisaient les infirmières du
Suroît. La source d'une bonne partie de tout ce brouhaha, on peut la
trouver dans cette pièce. Une personne deux
fois responsable d'un bon nombre de
gens, mais qui s'est permis de prendre quelques risques pour un gouvernement obsédé par le déficit zéro, une personne
qui disait, j'ouvre la citation : «Est-ce qu'on peut diminuer la bureaucratie dans notre système de
santé sans toucher aux soins? La réponse est oui. Est-ce qu'on peut
réussir à y aller jusqu'à hauteur de
600 millions de dollars comme ça a été évoqué? Je dis que c'est une fourchette
qui est atteignable et je vous dis
également que je vais tout faire pour aller dans cette direction-là.» Fin de la
citation. Ces 600 millions de
dollars de compressions, plus connus sous le nom de projet de loi n° 20,
n'ont pas seulement coupé dans la bureaucratie,
et ils sont beaucoup de monde à dire que ce projet de loi a empiré une
situation déjà difficile pour des gens qui tentent d'honorer, aussi bien
que possible, leur promesse de responsabilité envers autrui.
En tant que député, je suis fier d'avoir gagné
la confiance de mes électeurs et je ferai tout mon possible pour respecter le pouvoir qu'ils m'ont accordé le
1er octobre dernier. Mes collègues au gouvernement sont investis de la
même mission et veulent le bien de leurs concitoyens respectifs. Pour
commencer, on doit s'attaquer à la réhabilitation des nombreuses institutions laissées en ruines par le précédent
gouvernement. Quand on aura fait le ménage de leur fouillis, eh bien,
peut-être, là, on sera prêts à les écouter nous parler de responsabilité.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, M. le député de Beauharnois. La parole serait au député de l'opposition
officielle, le député de La Pinière. On vous écoute.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Je vais rappeler au collègue de Beauharnois que la loi qui a diminué
la bureaucratie du réseau de la santé est la
loi n° 10 et non la 20, qui n'avait aucun impact sur la bureaucratie, et
je rappellerais au député de
Beauharnois que vous voulez réduire encore plus la bureaucratie aujourd'hui.
Alors, quand c'était nous, ce n'était pas bon, puis là, chez vous, ça
serait bon? C'est assez amusant.
Je
rappellerai au président du Conseil du trésor aussi qu'il s'approprie
constamment les paramètres de l'étude qui a été demandée à l'ICIS, que cette étude a été écrite par moi. Et la
productivité, c'est moi qui l'ai mise au jeu, c'est moi qui l'ai définie, vous l'avez reprise, et je ne sais
même pas si vous l'avez reprise au complet correctement. Mais c'est
comme ça, amicalement, que je fais le commentaire.
Maintenant,
M. le Président, pour ce qui est... et il faut revenir au principe fondamental
du fonctionnement du président du
Conseil du trésor, qui est celui de la rigueur et de la transparence. Alors,
rigueur et transparence, on a l'a pas vue
dans le cadre financier, et j'y ai fait référence à plusieurs égards, je vais y
ajouter un élément : Où sont, dans le cadre financier, les éléments qui découlent du Plan québécois des
infrastructures? Bref, où sont les coûts qui découlent évidemment de
toutes les annonces qui ont été faites par la CAQ? Elles ne sont pas là. Elles
n'y sont pas.
Alors,
d'arriver aujourd'hui et de dire que, bien, voici, il y a un équilibre en notre
cadre financier de ce qui a été promis,
bien, par définition, ce n'est pas possible, là, parce que les coûts qui
découlent des engagements de la CAQ en matière d'infrastructures sont
réels et vont provenir du budget du Québec, du fonds complet de l'État, là.
Alors, à un moment donné, il ne peut pas y
avoir un équilibre lorsque des coûts substantiels ne sont pas inclus dans les
commentaires du ministre.
Alors, que ce
soit la question des maternelles quatre ans, qui vont excéder largement ce qui
a été annoncé, que ce soit la taxe scolaire, qui va excéder, là, on le
sait, tout le monde l'admet, largement ce qui a été annoncé, bien, si on ajoute à ça la question du PQI, bien, il y a un
problème. Il y a un problème. Et, quand on regarde, dans le point
économique qui a été fait, les projections
qui sont faites, bien, on ne les voit pas non plus, les dépenses qui sont
annoncées par le PQI... pas par le PQI, mais par les engagements qui
vont avoir un impact sur le PQI. C'est ça, la réalité.
Alors, à un
moment donné, est-ce que, dans le prochain budget, on peut s'attendre à ce que
le président du Conseil du trésor et
son collègue... mais aujourd'hui on est avec le Trésor, qu'on soit clair et
transparent là-dessus? L'enjeu, il est là. Le président du Conseil du trésor nous dit qu'il va être rigoureux et
transparent. Parfait. On attend les listes de patients, on attend les
vrais coûts inclus dans le cadre financier et dans les projections de toutes
les promesses avec des dates, des échéanciers, ce que l'on n'a pas.
Je vais aborder un autre élément, M. le Président. Puisque le président
du Conseil du trésor tient... et je le félicite de ça, je le salue... puisqu'il veut être rigoureux,
est-ce que le président du Conseil du trésor peut arriver au budget et
nous identifier, par
ministère, le vrai coût de système, par ministère? Le coût de système, ce n'est
pas compliqué, là, c'est le montant,
l'augmentation en pourcentage du budget qui doit être octroyé pour reconduire
minimalement ce qu'on a fait l'année
d'avant après optimisation. C'est ça, un coût de système. Est-ce que, par
rigueur, M. le Président, le président du Conseil du trésor peut nous
arriver avec ça?
Ça serait
intéressant, parce qu'il y a quelques minutes, on a vu ça sur notre fil de
presse, les commissions scolaires sont sorties en disant, en
affirmant — je
ne porte pas de jugement sur leurs chiffres, mais elles ont dû réfléchir, les commissions scolaires — en disant qu'il leur faut 1,6 milliard
de dollars de plus pour pouvoir fonctionner, et, pire, c'est sans les maternelles quatre ans. Alors, ça, c'est
frais, là, c'est il y a quelques minutes. Si elles ont raison, si elles ont
raison, ça veut donc dire que le cadre
financier, à la première année, était inexact. C'est ça, la rigueur? C'est ça,
la transparence? Bien, la semaine
prochaine, on va vouloir avoir des réponses là-dessus parce que
1,6 milliard de plus, là, ce n'est pas dans le cadre financier. Et
ça, c'est sans les maternelles quatre ans. Et ça, c'est récurrent. Alors, c'est
intéressant.
Alors, je le
répète et je termine là-dessus : Coûts de système, est-ce qu'il peut nous
déposer ça sur la base de la transparence et de la rigueur?
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le député de La Pinière. Alors,
compte tenu de l'heure, on va se rendre jusqu'à 11 h 40. Je
laisse la parole au ministre, et, après, on poursuit. M. le ministre.
M.
Dubé : O.K. Très bien. Je pense que j'ai quelques minutes pour
répondre aux questions de mon collègue de La Pinière. Alors, c'est sûr, M. le Président, que le député de
La Pinière voudrait que l'on fasse, dans les trois premiers mois de notre mandat, ce qu'ils n'ont pas pu faire dans
15 ans. Alors, ça, je comprends. On a beau être bons, on a beau être rigoureux, on va en faire le maximum. Mais je
pourrais vous dire qu'il y a bien des choses que vous demandez
aujourd'hui qui ont été demandées depuis longtemps, que, pour x raisons, n'ont
pas été faites.
Cependant,
j'ai bien dit... Et je comprends très bien la question du député, parce que
c'est un professionnel. Et c'est un
professionnel rigoureux de par sa formation, et ça, je respecte ça. Ce que je
peux lui dire, c'est que, notamment pour
le PQI, le PQI, je passe, avec mes collègues du Conseil du trésor depuis
plusieurs semaines, ils pourront vous en témoigner, beaucoup de temps à rentrer, ce que mes gens
qualifient, dans la granularité du PQI. C'est un exercice intéressant. Je
ne suis pas certain que tous mes
prédécesseurs ont eu la même rigueur dans la descente et la connaissance des
chiffres qui sont présentés dans le
PQI. Je le dis comme ça. Nous allons avoir cette rigueur-là, M. le Président,
parce que je trouve ça très important, que, lorsque le PQI de cette
année sera publié, ce que mon collègue demande, je vais être très heureux de présenter un PQI, c'est-à-dire un plan québécois des
infrastructures, qui est solide et qui peut tenir la route au cours des 10
prochaines années.
Quant aux
coûts de système, je comprends très, très bien ce qu'il demande. Il comprend
aussi très bien ce qu'il demande.
Alors, nous allons pouvoir, au cours des prochains mois, définir quelles sont
les priorités, qu'est-ce qu'on peut mettre
dans les programmes. Parce que ce que je me fais répondre souvent, c'est :
Écoutez, on comprend où vous voulez aller
dans la transparence, mais ce n'est pas toujours possible d'avoir cette
vitesse-là. Alors, c'est pour ça que je reviens à votre point : ce que vous n'avez pas réussi à
faire pendant 15 ans, on va essayer de le faire le plus rapidement
possible.
Mais, je le
répète, nous avons un mandat de quatre ans. Ça peut sembler long pour certains,
ça va être court pour nous, et nous
allons tout faire pour avoir beaucoup de transparence au cours des prochains
mois pour montrer l'amélioration que
l'on fait autant au niveau du PQI que des dépenses de programme. Et je suis certain
qu'on aura l'occasion de s'en reparler plusieurs fois.
Conclusions
Le
Président (M. Tardif) :
C'est donc plaisant quand tout le
monde se comprend dans leurs
échanges. J'aime ça, j'aime vraiment ça. Et on va continuer, on va
continuer avec vous, M. le ministre, pour la conclusion ou derniers commentaires.
Il nous reste...
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Bien, je dirais, M. le
Président, je trouve que, premièrement, vous faites très bien ça.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Tardif) : Merci.
M. Dubé : Et, deuxièmement, je vous
dirais que je m'attendais à un vendredi plus difficile. Et je trouve qu'effectivement les échanges ont été très
intéressants ce matin. Et je dois dire que... C'est rare que je vais faire ça,
mais je tiens à remercier le député de
La Pinière de nous avoir donné cette opportunité-là. Parce qu'en fait nous
avons eu la chance de présenter aux
citoyens pas notre réalisation, parce qu'on vient d'arriver, donc, l'objectif.
On voulait parler de la rigueur gouvernementale
que nous aurons. Je pense qu'en conclusion notre gouvernement, les gens le
disent, a été élu pour la base d'engagement formel que nous avons pris,
et les citoyens s'attendent à ce qu'on les respecte.
On a proposé
un projet auquel les Québécois se sont identifiés et ont adhéré, et nous allons
tenir nos promesses. Nous sommes déterminés à respecter les engagements
que nous avons pris envers la population et à incarner une administration qui agit pour les citoyens et
citoyennes et qui est près d'eux. Notre ambition passe par des mesures d'optimisation des dépenses. Il est surprenant
d'être ici ce matin à la demande de l'opposition, qui nous traite
d'irresponsables de faire des
compressions budgétaires en période de surplus. Je l'ai bien expliqué, le
budget dont on parle n'est pas en période de surplus. Et je l'ai très bien expliqué,
et les pages ont été même discutées au cours de la présentation. Et je
ne dirais pas qu'on est venus ici pour rien,
mais je pense que la question qui était posée, elle a été très bien répondue.
Il n'y aura pas de coupures dans les
services. Il n'y a pas de surplus budgétaire en vue pour la prochaine année.
Et, sur ce budget-là que nous allons travailler, nous allons continuer
d'avoir de la rigueur dans la gestion de l'État.
Encore une
fois, je le répète, c'est pour respecter l'équilibre budgétaire que notre
ambition passe par des mesures d'optimisation,
et non par des coupures de services. Cela dit, M. le Président, je le répète à
mon collègue, il ne faut pas confondre
optimisation des dépenses et compressions budgétaires. La population le
comprend, et a vécu ce que c'était que de
l'austérité. Ça va être très différent avec nous, et je n'ai pas aimé la
comparaison avec le Parti libéral un petit peu plus tôt. Je pourrai m'en
défendre au cours des prochains mois.
Comme je l'ai
expliqué dans nos échanges, il est important de rappeler que nous avons pris
des engagements envers la population,
et, pour respecter ces engagements-là, et c'est là, la recette, il nous faut
dégager une marge de manoeuvre dans la gestion de l'État, et cette marge
de manoeuvre vient des mesures.
Comme j'ai
entendu de nombreuses faussetés au cours des quelques heures, j'aimerais
rappeler quelques faits. Notre
objectif est d'accroître l'efficacité de l'État par des mesures d'optimisation.
Nous voulons réduire la bureaucratie et incarner un gouvernement près des gens. Optimisation n'est pas synonyme
de compressions. Nous gérons avec rigueur, sans toucher aux services à
la population et en étant transparents. Vous me l'entendrez souvent dire :
Je veux lier les données opérationnelles
avec les dollars, savoir concrètement ce que l'on fait, être transparent avec
les citoyens pour qu'ils soient capables de mesurer les services et les
changements que nous apportons.
Ce serait
irresponsable, M. le Président, de répondre à la demande du député de
La Pinière et de compter sur les surplus
budgétaires temporaires de l'année en cours pour planifier le budget de la
prochaine année. Miser sur ces surplus nous mènerait, au cours des
prochaines années, à devoir nous serrer la ceinture et à en faire payer le prix
aux familles québécoises pour les mauvaises raisons. Ce serait de la
planification à court terme, ce que nous refusons de faire.
Il faut aussi replacer les choses dans leur
contexte, comme je l'ai expliqué un peu plus tôt. Ces mesures d'optimisation, de l'ordre de 400 millions,
le montant cible pour la première année, représentent 0,40 $ pour chaque
100 $. Je pense que, comme je l'ai
mentionné... Le député de La Pinière connaît bien le mot «chirurgical».
C'est de ça dont on parle
aujourd'hui. Et nous le ferons non seulement sans toucher aux services, comme
je l'ai dit souvent à la population, mais en toute transparence et en
privilégiant une approche collaborative avec la fonction publique pour lui
redonner la fierté.
Je prends la
peine de revenir, si le temps me le permet, sur quelques-unes de ces
mesures-là, qui ne sont pas dans la coupure
de services aux citoyens, que ça soit pour les centres de traitement informatiques,
dont j'ai eu la chance de discuter un
petit peu plus tôt, grâce à un meilleur partage des connaissances, et favoriser
des économies substantielles sur le plan des infrastructures et de l'exploitation. Cette consolidation aura également
comme avantage de s'appuyer sur des technologies de pointe plus sécuritaires pour les données du Québec. Par la
transformation numérique que nous comptons faire au cours des prochaines
années, nous voulons permettre aux 13 000 employés de l'État d'avoir
accès plus rapidement à un environnement de
travail moderne et à des outils de travail plus efficaces. Sauver
200 millions par année sur un budget de 100 milliards annuel
en informatique dans tout le gouvernement, après toutes les histoires d'horreur
que nous avons entendues sur la gestion informatique durant toutes les années
libérales, ça ne devrait pas être compliqué.
Au niveau des
effectifs, il est important de rappeler ici que la grande fonction publique,
celle dont nous sommes fiers, compte
plus de 500 000 employés et que l'attrition d'emplois administratifs
représente moins de 1 % de tous les employés, et ça, sur quatre ans. Nous aurons toujours en tête
d'optimiser et de déployer le maximum de postes administratifs dans toutes les régions du Québec, mais surtout de
donner à ces gens-là les outils pour mieux performer et faire
l'interface avec les citoyens.
Quant aux achats, une révision des processus
d'approvisionnement sera effectuée. Ainsi, l'organisation et la gouvernance de certains organismes responsables de
l'approvisionnement pourront être revues, de sorte à maximiser les retombées des achats. Cette initiative tiendra
compte des particularités de certains domaines, dont la santé, et
prévoira une analyse constante des
répercussions et des regroupements d'achats sur les régions, les entreprises et
la production locale.
J'aimerais aussi m'adresser aux citoyens ici
concernant la révision des programmes. Il est important de bien comprendre le rôle du président du Conseil du
trésor et de responsable de l'Administration gouvernementale. Il faut
trouver une façon de faire cette
optimisation-là, mais de façon rigoureuse, mais dans le respect aussi de la
fonction publique. Il m'apparaît
important de dire qu'on est en droit de donner à nos citoyens une meilleure gestion
de l'État. Comme nous avons pu le
constater au cours des dernières années via le bulletin du ministère publié par
le magazine L'Actualité, c'est une refonte importante qu'il nous faut entamer. Le bulletin était assez dur
sur la gestion gouvernementale libérale et pour le gouvernement. Vous vous souvenez des indicateurs
de performance qui avaient été soulevés par ces deux bulletins-là.
On veut
dépoussiérer, en fait, nous, la Loi sur l'administration publique, qui a été
adoptée en l'an 2000 et qui est maintenant
rendue très lourde. C'est un cadre de gestion pour tous les ministères qui met
en priorité la qualité des services aux
citoyens, la transparence et le rôle des parlementaires. C'est un levier de
développement et de croissance primordial. Notre projet est d'actualiser et d'instaurer des outils de mesure de
performance qui permettront d'optimiser la cohérence et d'évaluer l'impact de nos actions, faire en sorte
qu'il soit plus aisé de mesurer des résultats. Il faudra innover,
renouveler nos pratiques et nous moderniser.
Le programme d'amélioration de la Loi de l'administration publique est un
programme ambitieux, mais l'administration
publique, c'est un vaste réseau d'expertise. Et les fonctionnaires sont très
compétents, particulièrement dans l'équipe qui s'occupe maintenant de la Loi de
l'administration publique au Conseil du trésor.
En terminant,
les Québécois ne veulent plus faire les frais du jeu des coupures et des
cadeaux électoraux de l'ancien gouvernement.
Ainsi, notre gouvernement a choisi de faire en sorte, par respect pour la
population, que les erreurs commises par
le passé ne se répètent pas et qu'aucun citoyen n'ait à en payer le prix. Cette
rigueur nous permettra d'atteindre les objectifs audacieux de notre
gouvernement, audacieux et ambitieux.
Encore une fois, M. le
Président, je peux comprendre peut-être une certaine frustration de certains
députés. Il peut être facile de démoniser
certaines de nos actions. Je ne dis pas que c'est ce qui est fait, mais je
dis : Ça pourrait être facile.
Mais je voudrais lui rappeler que nous avons un cadre financier sérieux et que
nous allons faire le virage citoyen pour s'assurer que les citoyens ont droit
aux services qui leur sont dus. Merci beaucoup, M. le Président.
• (11 h 50) •
Le
Président (M. Tardif) : M.
le président du Conseil du trésor,
merci. En conclusion, le député de La Pinière.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, je vais commencer, M. le Président, par rappeler le
sondage qui est sorti ce matin, hein, un sondage qui indique clairement que la population a voté, c'est leurs
commentaires, ils sont là pour un changement et non nécessairement pour les engagements de la CAQ. Et
ça, c'est très important parce que ça veut dire un certain nombre de choses, probablement que la population comprend
que ce qui a été promis, ça n'arrivera pas, et ce qui a été promis était
incomplet, et qu'aujourd'hui on rentre dans
une nouvelle ère, qui est une ère plus traditionnelle, celle d'un
gouvernement.
Mais, quand
même, je vais saluer une chose, M. le Président, je l'ai dit à plusieurs
reprises, je salue l'intention du ministre
et son sentiment personnel, qui est celui de vouloir imprégner sa fonction
actuelle, pendant tout le mandat, de rigueur et de transparence. Je
pense qu'il a prononcé ces deux mots-là probablement une cinquantaine de fois
chacun pendant l'interpellation. Très bien.
Il va falloir que ça se réalise. Et là, actuellement, je ne vois pas encore ou
je n'ai pas vu de geste qui allait vraiment dans ce sens-là. J'ai
entendu des mots, à un moment donné, il faut avoir des actions et les actions
ne sont pas là.
Alors, une
des premières actions serait d'admettre que le cadre financier n'inclut pas...
ni le point, la mise à jour économique, n'inclut pas la totalité des frais
encourus par les engagements. Alors, je vais le répéter, là, je vais
répéter la question des maternelles quatre
ans, les taxes scolaires, le PQI. Là, on ne parle pas de centaines de millions
de dollars, M. le Président, on parle
de milliards de dollars. Alors, rigueur et transparence, là, c'est bien beau,
là, mais, à un moment donné, il faut que ça arrive.
Je prends
l'exemple de la dernière question que j'ai formulée au ministre. Le coût de
système, que le ministre ne vienne
pas nous dire que ça prend quatre ans, le ministre, là, a déjà commencé à nous
dire que, oui, mais faites attention, ne nous en demandez pas trop, ça va nous prendre quatre ans. Non, le coût
de système au Trésor, vous le savez, vous pourriez l'identifier et le présenter pour tous les
ministères, pour toutes les sous-sections des ministères au prochain budget.
Ce serait bien, ça. Ça, ce serait de la
transparence. Ce serait bien parce que le ministre, et je le cite dans une des
entrevues que j'ai rapportées, je vais en
rapporter une autre, citation, pour lui, là, c'est ce qu'il dit, il dit :
«La partisanerie a pris trop de place
et les ministres ne répondent pas aux questions.» Bienvenue dans le club, parce
qu'aujourd'hui j'ai ça aussi. Et un peu
plus loin, il dit : «Pour aller au fond des choses, on devrait forcer les
ministres des plus importants portefeuilles — il les énumère, ça l'inclut — à tenir une séance spéciale tous les mois
d'une durée de deux heures par ministère. L'opposition pourrait poser toutes ses questions dans un climat
plus calme, ce qui permettrait de creuser les sujets.» C'est ce qu'on a fait ce matin, on n'a pas nécessairement des
réponses, hein, on a des mots, on a des voeux pieux. Et on passe du
début, par exemple, hein, au début, on a
juste à réécouter la bobine, même si ça n'existe plus, on va remplir nos
engagements, puis, à la fin,
c'est : On va tout faire pour que. On passe de tout à tout faire pour que.
Ça, c'est comme les soins à domicile, on va tous les donner, puis là on
va donner ce qu'on peut. Moi, je sais que ça va être comme ça, c'est pour ça
que je salue le principe que met le président du Conseil du trésor de l'avant,
transparence et rigueur.
Alors,
transparence, ça commence par établir exactement les coûts, les échéanciers par
rapport au cadre financier et aux
engagements initiaux. Et, quand on aura ça, là, bien, on pourra juger vraiment
de ce qui a été fait. Quand on aura ça, et surtout si le président du Conseil du trésor les lie, comme il dit...
parce qu'il a dit : Moi, je vais lier, là, chacune dépense, chaque service, chaque ceci, chaque cela, à la
dépense. Je vais faire ce lien-là. Parfait. Mettez-nous le coût de
système à la case départ : Voici, en
santé, là, cette année, on a donné tant de services. L'année prochaine, on va
donner tant de services, le coût de
système de base, qui est la reconduction de l'année d'avant, c'est tant. Là,
n'importe qui qui suit les débats, incluant les parlementaires, va pouvoir dire : M. le président du Conseil du trésor, vous
coupez. C'est ça, la réalité. La rigueur et la transparence, c'est ça. On vous a annoncé une route, on vous a annoncé
un pont, on vous a annoncé un tunnel puis on a mis un échéancier. Ah! ça n'arrive pas, je suis rigoureux et
transparent, voici le budget dont je dispose, et voici ce que l'on va faire cette année, et voici donc ce qu'on
ne fera pas. Ça, c'est comme la liste des besoins en soins en domicile
et la liste de ce que vous allez donner.
Évidemment,
au budget, vous allez vous gargariser, on le comprend,
c'est le jeu politique. Vous allez vous dire : Voici, on fait ci, on fait ça. Mais vous ne direz
pas ce que vous ne faites pas. Si le président du Conseil du trésor est vraiment rigoureux, là,
et il veut vraiment faire ça, qu'il le fasse et qu'on ait notre
séance par ministère de deux heures par mois, on va poser des questions sur des données transparentes,
connues à l'avance. Je regarde mon collègue, il sourit de satisfaction parce que
ce que je vois dans son visage, c'est le rêve qui ne se réalisera pas.
J'aimerais bien qu'il se réalise, mais je
pense qu'il y en a un en quelque part, là, qui écoute ça puis qui va lui dire : Écoute, mon cher collègue,
c'est parce qu'on ne peut pas
faire ça. Alors, à partir du moment où on ne le fait pas, c'est qu'on cache des
choses. Et c'est évidemment notre rôle. N'en déplaise à mes collègues des autres oppositions, moi, je vais
faire mon travail. Et le travail, c'est de faire en sorte que ce que le gouvernement a annoncé se réalise et que la population réalise que ce qui a été annoncé ne se réalisera
pas. C'est ça qui est l'enjeu actuellement.
Alors, je salue encore l'intention de notre collègue
d'être rigoureux et transparent, je veux juste le voir. Et la population
qui m'écoute aujourd'hui, je suis sûr qu'elle dit : Bien oui, il a
raison, c'est le gros bon sens. La transparence, ça demande une transformation du fonctionnement du gouvernement. Vous voulez la faire? On va vous appuyer. Mais
ce n'est pas ça qui
est annoncé actuellement. Et, si je prends l'exemple des TI, j'y
reviendrai ultérieurement, pas aujourd'hui, mais ce que
vous avez annoncé, là, quand on regarde l'ensemble de l'oeuvre, là, l'ensemble
de l'oeuvre, il n'y a pas d'économie, il y a une dépense additionnelle,
et je pense que le président du Conseil du trésor le sait très bien. Mais ça, la transparence, là, attelez-vous, là, on va l'exiger. Les médecins spécialistes, j'ai fait mon commentaire, hein? Je l'ai
fait, mon commentaire. L'étude, là,
j'ai bien hâte de voir un certain nombre de choses. C'est moi qui l'ai décidée,
c'est vous qui l'avez envoyée, parce
que vous êtes au pouvoir. J'aimerais
bien voir votre mandat. Mais, au bout de la ligne, il va y avoir des
décisions à prendre.
Alors, aujourd'hui, on est au début. On est au début, c'est la première interpellation, vous avez avancé des choses dans lesquelles il y a un financement
qui n'est pas identifié, et ça, personne... vous ne pouvez pas contester ça. Et
on constate que votre discours, progressivement, passe de «on va tout faire»
à «pouvoir faire», «donnez-nous du temps». Quand qu'un ministre, là, nous dit : Voici, on est là pour quatre
ans, bien, en général, six mois après, ça va être : Bien, peut-être que ça va déborder à l'autre mandat. Ça,
on verra. Mais, aujourd'hui, c'est là où on est et on s'attend à ce que ce
que vous avancez se réalise dans la plus
grande transparence et la plus grande rigueur, ce que nous n'avons pas vu à
date, mais ce qui nous amène à des jours
très intéressants qui seront ceux... prochains, de l'étude des crédits de votre
prochain budget. Merci, M. le Président, je termine là-dessus.
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le député de La Pinière.
Alors, chers collègues, j'aimerais tout d'abord vous remercier sincèrement de votre bonne
participation, de votre très bonne participation. Merci également au personnel
qui nous a accompagnés durant ce deux heures.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance, et,
la commission ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Bonne
fin de semaine à tout le monde. Merci.
(Fin de la séance à 11 h 59)