(Dix-neuf heures trente-cinq
minutes)
Le
Président (M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la Commission des finances publiques ouverte et,
bien sûr, je vous demande d'éteindre la sonnerie de votre téléphone cellulaire.
La
commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 87, Loi facilitant la divulgation d'actes répréhensibles dans
les organismes publics.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Bonnardel (Granby) est remplacé par M. Caire (La Peltrie).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup. Donc, lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous en étions à
l'article 1 tel qu'amendé.
Donc,
nous allons reprendre maintenant nos discussions sur l'article 1 tel
qu'amendé. Donc, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles,
la parole est à vous sur l'article 1. Voulez-vous qu'on fasse une
relecture de l'article 1 tel qu'amendé?
Mme Léger :
Oui, on peut faire la relecture de l'article 1.
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre, si vous voulez nous faire une relecture de l'article 1
tel qu'amendé.
M. Leitão :
C'est très bien. Il faut que je le trouve, mais je vais le trouver, M. le
Président, ici.
Le Président (M.
Bernier) : Je peux le faire, je peux le faire.
M.
Leitão : L'article
1 tel qu'amendé, et vous me corrigerez si ce n'est pas ça, alors : «La
présente loi a pour objet de
faciliter la divulgation d'actes répréhensibles commis ou sur le point d'être
commis à l'égard des organismes publics et d'établir un régime général
de protection contre les représailles.»
Le Président (M.
Bernier) : C'est bien ça, j'ai vérifié mot pour mot, vous êtes
correct.
M. Leitão :
Parfait. Merci.
Le Président (M.
Bernier) : Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, la parole est
à vous.
Mme
Léger : Oui, M. le Président. Évidemment, j'aurais un amendement, parce qu'on est toujours sur l'article 1,
et, pour moi, il est important,
cet article 1, M. le Président, parce que c'est quand même tout le champ d'application et il sous-tend tout le reste. Alors, je peux peut-être
avoir des explications du ministre par
rapport à différents autres articles
puis qui peut-être, comme il me disait à la séance d'hier... Il
disait qu'il aurait des réponses dans les autres, mais j'ai
besoin de me faire rassurer quant au premier article.
Le Président (M.
Bernier) : Nous sommes là pour ça, madame.
Mme
Léger : Alors, on
peut suspendre, si vous voulez, quelques instants, qu'on puisse avoir des discussions un
peu plus informelles avant qu'on commence vraiment
dans la suite des choses. Alors, je vous suggérerais de suspendre.
Le Président (M.
Bernier) : O.K. Donc, je vais suspendre pour quelques instants.
Je suspends.
(Suspension de la séance à
19 h 37)
(Reprise à 19 h 41)
Le Président (M.
Bernier) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos
travaux.
Donc,
nous en étions à l'article 1 tel
qu'amendé. Donc, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, vous nous avez mentionné que vous aviez
un amendement.
Mme Léger : Oui, M.
le Président. Alors, mon amendement
est comme suit : Ajouter, après les mots «à l'égard des organismes
publics», les mots «et des municipalités de plus de 500 habitants,».
«La
présente loi a pour objet de faciliter la divulgation d'actes répréhensibles
commis ou sur le point d'être commis à
l'égard des organismes publics et des municipalités de plus de 500 habitants, et d'établir un régime
général de protection contre les représailles.»
Le
Président (M. Bernier) :
Merci. Donc, nous allons faire des photocopies pour les membres de la commission. Voulez-vous débuter immédiatement
vos remarques, vos explications? Vous allez attendre? C'est bien. Donc, je vais
suspendre, le temps de faire des photocopies.
(Suspension de la séance à 19
h 42)
(Reprise à 19 h 43)
Le
Président (M. Bernier) :
Merci. Donc, nous reprenons nos travaux. Donc, Mme la députée, si vous voulez expliquer votre amendement,
vos commentaires sur le sujet.
Mme
Léger : Oui. Merci, M.
le Président. Alors, pour l'opposition
officielle, M. le Président, on a eu des discussions les
dernières journées et on trouve important d'ajouter «des municipalités de plus de 500
habitants», ce qui veut dire que, les
petites, petites à 200, 300, on peut y revenir, on met ça sur la table présentement. On pourra bonifier, s'il y a lieu, au fil de nos conversations... mais, tout
l'impact, nous, on croit que les municipalités devraient être dans ce projet de loi là.
Le
ministre nous a dit dernièrement que, les municipalités, il y aurait un autre
projet de loi sur les municipalités. J'ai beaucoup de difficultés à comprendre
comment il va faire la concordance de tout ça, comment le gouvernement va
s'assurer d'une cohérence avec son projet de
loi sur les municipalités, quelles différences il peut y avoir dans le projet
de loi des municipalités.
Des voix :
...
Mme Léger :
Peut-être que je vais attendre un petit peu, là, je pense.
Le
Président (M. Bernier) : ...si vous voulez baisser le ton un petit
peu, parce que je vous entends beaucoup. Allez-y, Mme la députée.
Mme Léger :
...M. le Président. Alors, je voudrais savoir quelles différences on va y avoir
avec le projet de loi n° 87 s'il fait
un projet de loi sur les municipalités. On l'a abordé un peu les dernières
journées. Et plus on regarde et plus
on va en détail, on s'aperçoit qu'il y a un grand manque, là, dans le projet de
loi de plus en plus. Et on a beau déposer un autre projet de loi sur les municipalités, c'est, pour nous, une
incohérence complète de se demander pourquoi
il n'a pas inséré, cette fois-ci, les municipalités.
Qu'on
me dise qu'il y a un autre projet de
loi qui s'en vient, moi, j'ai besoin d'avoir l'explication du ministre :
Comment va être organisé l'autre projet de
loi, comment il va être bonifié ou pas? S'il y a des différences, qu'est-ce
qu'on va faire avec les différences?
Est-ce que les citoyens qui sont dans... les employés qui sont dans les
municipalités vont-ils avoir le même
type de protection ou le même type d'approche, le même type de processus qu'on
va faire avec les employés des
municipalités, comparativement aux employés qui sont des fonctionnaires du
gouvernement du Québec? Au-delà d'avoir un contrat public ou pas, des ententes avec le gouvernement ou qu'on y
touche, qu'il y ait des contrats d'une façon... des contrats publics, parce que le ministre nous a dit
ça hier ou avant-hier, là, ça n'enlève pas que, pour nous, les employés,
c'est des employés. Est-ce qu'on va avoir
des citoyens qui vont être fonctionnaires et vont avoir un type de projet de
loi; des citoyens qui sont
fonctionnaires dans l'appareil municipal, c'est un autre projet de loi; les
citoyens qui ont des contrats avec le
gouvernement une année mais un contrat pas avec le gouvernement une autre année
seront protégés une fois, pas
protégés l'année qui suit? Est-ce que les citoyens qui sont dans des organismes
supramunicipaux, ah! eux autres, ils
ne seront peut-être pas là ou ils vont être dans le projet de loi des
municipalités? Tous ceux qui sont dans les secteurs privés, encore une
fois, sont d'autres types de citoyen.
Donc,
pourquoi le gouvernement n'a pas cette vision-là plus large de la situation des
actes répréhensibles et des lanceurs d'alerte? Pourquoi il confère son
projet de loi simplement aux organismes publics?
Il
m'explique que c'est ça, mais je ne comprends pas la vision du gouvernement et
j'aimerais que le ministre puisse m'expliquer
sa vision, parce que, si on accepte, dans le champ d'application, l'objet du
champ d'application, l'article 1, qui
est, pour moi, l'article fondateur du projet de loi, qui est l'article
important, dans le fond, de tout l'ensemble du projet de loi, si on accepte ça, là ça veut dire qu'on va
ouvrir la porte à toutes sortes d'autres types de projet de loi et là on ne
verra plus la cohérence. Alors, j'aimerais bien que le ministre puisse me
l'expliquer davantage.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le ministre.
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Alors, bon, deux choses que j'aurais
à dire. Nous avons, en effet, beaucoup parlé de ce sujet-là hier et
avant-hier, je pense, mais deux choses.
La première, c'est que cet
amendement-là, à mon avis, serait approprié à l'article 2, parce que c'est
à l'article 2 qu'on définit
quels sont les organismes publics qui sont couverts par cette loi. Donc, ce ne
serait pas à l'article 1. Mais, comme
on l'a dit depuis le début, depuis nos remarques d'introduction, même avant ça,
dans les briefings techniques qu'il y
a eu avant qu'on commence nos travaux, on avait dit clairement que nous
voulions exclure le monde municipal et nous avons dit qu'on allait faire ça parce qu'il y a un processus de
consultation avec le monde municipal, parce qu'on tient à discuter avec
eux avant de leur imposer des nouvelles règles et règlements.
Quand
on s'est engagés dans le pacte fiscal et que nous avons signé avec les
municipalités à les traiter comme des
gouvernements de proximité et des gouvernements responsables, on s'était
engagés à négocier, à discuter avec eux de futures mesures législatives qui les concerneraient. Donc, c'est ce
que mon collègue le ministre des Affaires municipales est en train de faire. Donc, ce n'est pas qu'on va
exclure, comme j'ai dit hier, les municipalités pour toujours. Au contraire,
elles vont avoir un encadrement légal qui
les concerne. Et je ne peux pas à l'avance présumer de quels vont être la forme
et le contenu de ce projet de loi,
parce que d'abord ce n'est pas moi qui vais mener ces discussions-là, ces
consultations-là, et ces consultations-là n'ont pas encore commencé. Donc, on
ne peut pas à l'avance présumer de quelle va être la forme finale.
Donc,
nous nous sommes engagés et nous nous engageons à traiter le monde municipal de
façon correcte, de façon adulte, à ne
pas les exclure de l'encadrement légal concernant les sonneurs d'alerte, mais à
établir ce cadre légal là en les consultant.
Et nous nous engageons à faire ça, mais nous sommes très conscients que, oui,
on les exclut du projet de loi n° 87.
• (19 h 50) •
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme
Léger : Quand vous me dites que vous voulez aller à l'article 2
pour voir les types d'organisme, est-ce que vous pensez qu'à
l'article 2 on pourrait y inscrire les municipalités?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Non. Je viens de vous dire que nous ne sommes pas prêts à faire ça, que
justement, nous, notre choix — c'était notre choix — a été d'exclure le monde municipal du projet
de loi n° 87 pour les raisons que je vous ai mentionnées tantôt. Et donc nous sommes très
conscients de ce que nous faisons, mais c'est vraiment une question de...
ça a été notre décision de le faire comme ça.
Je
comprends vos réticences, je comprends votre point de vue et, si, en effet, on
ne s'engageait pas à adresser cette question,
je serais aussi préoccupé que vous, mais je vous dis que nous nous engageons à
établir un cadre législatif similaire au
projet de loi n° 87 qui va couvrir le monde municipal, et nous nous
engageons à faire ça dans les plus brefs délais, cet automne, mais je ne peux pas à l'avance être plus
précis que ça, je ne peux pas vous dire quel sera... Il va être similaire
à ce qu'on fait ici, mais je ne peux pas vous dire exactement comment il va
l'être.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger :
Même si vous savez que plusieurs personnes qui sont venues en audience exprimer
qu'il fallait y inclure les municipalités...
la Protectrice du citoyen voulait cette inclusion des municipalités, votre
réponse, c'est dire que... je les
inclus, mais je ne peux pas vous dire... ça va être le ministre des Affaires
municipales qui va s'en occuper. Donc,
dans le fond, le ministre répond à la Protectrice du citoyen en disant qu'on va
le faire, mais pas les municipalités, puis il va y avoir juste un projet
de loi sur les municipalités.
Que
vous vouliez consulter... je pense qu'on est tous en accord que vous pourriez
consulter les municipalités et je pense
que c'est très correct de le faire, c'est de savoir pourquoi vous n'avez pas
consulté les municipalités ou vous ne prenez
pas le temps de consulter les municipalités puis de faire le projet de loi avec
les municipalités, donc, le 87, qui inclut
les municipalités, ou, avec le travail que vous pourriez faire avec le ministre
des Affaires municipales, que ce soit ensemble.
Moi, ce que je crains, c'est que vous ayez deux projets de loi qui peuvent être
différents et que le citoyen ou l'employé
n'ait pas les mêmes... tout le projet de loi, là, aurait beaucoup de
différences, il n'y aurait pas nécessairement... Là, vous dites que ça va être similaire, mais il n'y a rien qui nous
garantit que ça va être similaire. Peut-être que vous dites : On va tenter de le faire, mais, si le moindrement
ça ne l'est pas, quelle est l'intention du gouvernement? Est-ce que le
gouvernement veut vraiment s'assurer... il va faire son projet de loi sur les
municipalités, il y a ce projet de loi n° 87, peut-être d'autres projets
de loi? Je vais vous poser la question dans quelques instants, préparez-vous.
Alors, on aura peut-être des choses pas similaires. Est-ce que, pour vous,
c'est ça, le fond de votre vision, de régler par le projet de loi n° 87 les fonctionnaires, de régler par un
autre projet de loi le monde municipal, d'avoir d'autres pans qu'on ne les
protège pas et que ce ne soit pas
nécessairement tout à fait pareil? Pour vous, comme vision du gouvernement,
c'est correct, pour vous?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Écoutez, avec le projet de loi n° 87, nous établissons
un cadre législatif qui est, à notre avis, assez robuste et assez détaillé. Après, quand on sera prêts, comme gouvernement,
à proposer un autre projet de loi qui concerne le monde municipal, c'est clair que ce projet de loi futur va devoir
s'inspirer beaucoup de ce qu'on fait ici maintenant, mais je ne peux pas vous garantir à 100 % que
ça va être exactement la même chose. Je ne peux pas, je n'ai pas ce pouvoir-là
de faire ça.
Mme Léger :
...le ministre n'a pas le pouvoir, M. le Président, donc je pose la question au
gouvernement, peut-être pas au ministre
responsable, le président du Conseil du trésor, mais au représentant d'un
gouvernement qu'il y a devant nous, qui dépose le projet de loi
n° 87 puis qui devrait avoir une vision gouvernementale.
À mon avis,
ce projet de loi là, si, pour vous, il est un projet de loi qui va peut-être
agir... je vais peut-être vous donner les mots dans votre bouche, qu'il
est peut-être la pièce maîtresse, est-ce que, pour vous, le projet de loi
n° 87 devient la pièce maîtresse et que
les autres projets de loi vont peut-être s'appuyer sur ce projet de loi là?
Moi, mon inquiétude est qu'il va y
avoir des citoyens, des fonctionnaires ou des employés qui n'auront pas les
mêmes protections, ou les mêmes processus,
ou la même confidentialité, tu sais, bon, tout le processus qui entoure les
actes répréhensibles. Alors, il a comme, pour moi, une importance.
L'amendement que j'ai devant moi, sur plus de
500 habitants, on touche pas loin de 1 000 municipalités... 900 municipalités qui sont touchées, là. Là, c'est
du monde, ça. Alors, vous dites peut-être que ça va être dans la... Vous
réalisez peut-être que les municipalités,
c'est important, vous avez dit qu'il va y avoir un projet de loi, mais ça
n'enlève pas l'inquiétude, pour moi,
de l'ensemble du gouvernement. Est-ce que le projet de loi n° 87 va être
vraiment la pièce maîtresse? Est-ce qu'on va aller plus loin que ça ou
on peut aller plus bas que ça?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
Mme
Léger : Excusez-moi. Mais, même s'il veut dire qu'il ne le sait
pas, moi, aujourd'hui, si vous... Le gouvernement nous dépose le projet de loi n° 87
aujourd'hui. Alors, moi j'aurais aimé qu'il soit plus cadre et une pièce
maîtresse pour l'ensemble. Là, vous
me dites qu'on va se fier peut-être sur lui, mais, en tout cas, vous ne le
savez pas, parce que c'est le
ministre des Affaires municipales. Ça fait que vous me dites que vous ne savez
pas ce qui va se passer ailleurs. Alors, moi, j'ai devant moi un ministre où on n'a pas la vision de l'ensemble
du gouvernement et sa vision, dans son secteur à lui, des
fonctionnaires, alors je suis embêtée, là.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Bon. Je n'ai pas vraiment d'autre argument différent à vous
proposer, autre que de dire que nous nous engageons formellement à
légiférer ultérieurement pour encadrer le monde municipal.
Nous
comprenons qu'il y a au-delà de 1 000 municipalités, et donc il faut
mettre en place un mécanisme qui soit approprié
à cette réalité-là, à la réalité municipale, et de le faire en consultant ce
milieu-là — ça,
c'est notre engagement, comme
gouvernement — et que
ce futur projet de loi va s'inspirer beaucoup du 87, parce que le 87 est, en
effet, à notre avis, un projet de loi
qui est très robuste et qui est très clair. Et donc, oui, il va servir
d'inspiration, mais il va falloir que ce futur projet de loi soit adapté à la réalité qui est propre au monde
municipal, et je ne peux d'avance vous donner plus de détails que ça.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger :
Mais, lorsque vous avez déposé le projet de loi n° 87, qu'on se dit, là,
s'inspirer des recommandations de la
commission Charbonneau — la commission Charbonneau trouve qu'il faut un régime général,
là — vous
vouliez démontrer... Et là pourquoi
vous n'avez pas convaincu ou vous n'allez pas convaincre votre collègue le
ministre des Affaires municipales
pour lui dire : Travaillons ensemble puis ayons un projet de loi commun?
Pourquoi vouloir insister vraiment à faire deux projets de loi? Vous
avez beau vouloir consulter, pourquoi vous ne le faites pas avec lui?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
• (20 heures) •
M.
Leitão : Chacun a ses responsabilités. Écoutez, il y a eu aussi des
changements qui ont eu lieu. Écoutez, je ne peux pas vous donner plus de détails que ça sur l'agenda ou l'occupation
du temps du ministre des Affaires municipales.
Je comprends
bien que, quand nous avons commencé le processus, c'était avec l'intention
d'adresser cette question, mais par la suite nous avons décidé — c'était
notre décision — de
procéder comme ça. Et de plus, quand on regarde maintenant ce que la Protectrice du citoyen elle-même nous avait dit en commission parlementaire, elle
nous avait déjà dit à
ce moment-là que les deux avenues
pouvaient être envisagées. Donc, ce n'est pas quelque chose qui sort complètement du champ gauche, la Protectrice
du citoyen proposait elle-même
que les deux avenues étaient possibles. Elle exprimait son souhait pour que les municipalités soient dans le projet
n° 87, mais elle comprenait très bien
que ça pouvait se faire aussi d'une
autre façon. Donc, ce n'est pas une procédure si radicale que ça, et, en plus,
nous jugeons que c'est d'intérêt
public de procéder avec le projet n° 87 sans les municipalités plutôt que
d'attendre et avoir un projet de loi plus vaste plus tard cet automne.
Nous jugeons
que c'est d'intérêt public de procéder d'ores et déjà
avec ce que nous pouvons faire, ce qui est le projet de loi n° 87
tel que nous le proposons aujourd'hui.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme
la députée.
Mme
Léger : Je saisis que
le gouvernement... avec tout ce qui se passe, on peut le comprendre,
que le gouvernement se dit pressé de faire celui-là : On
n'attendra pas le projet de loi sur les municipalités, faisons celui-là, commençons avec celui-là. Mais vous ne trouvez pas que c'est
travailler en silo puis en compartiment puis fragmenter? Vous avez un
inspecteur général,
bon, au ministre des Transports à un
moment donné, l'inspecteur général à Montréal,
là, on va avoir des responsables de
suivi de divulgations. Vous ne trouvez pas que c'est de travailler en silo et
ce n'est pas une... Il me semble que
c'est dépassé comme façon de faire, là, et que ce n'est pas une vision... je
vais paraphraser votre collègue de l'Environnement, ce n'est pas une vision globale et
intégrée. Alors, pourquoi le gouvernement n'a pas cette vision globale et
intégrée?
Le Président (M.
Bernier) : Globale et intégrée, oui.
M. Leitão :
Et rigoureuse.
Le Président (M.
Bernier) : Et rigoureuse.
Mme
Léger : Et
rigoureuse, effectivement. Alors là, pour moi, c'est vraiment
compartimenté, là. Alors, pourquoi que
ce n'est pas tout intégré, pourquoi qu'il
n'y a pas cette vision-là intégrée?
Donc, vous voulez vraiment travailler
en silo, et il me semble qu'on aurait avantage à le faire intégrer, et
ça reste, pour moi, incompréhensible du gouvernement, à moins que le gouvernement veuille juste se dire : Bien, on a un
projet de loi qui est là puis on a fait tout ce qu'il fallait, on a répondu un petit peu à la commission
Charbonneau, on dépose ça, parce que, sur le fond, on s'entend, là,
l'opposition officielle puis, je
pense, l'ensemble des oppositions, on s'entend que sur le principe on était
d'accord, puis c'est important, je
crois, de faire un projet de loi pour les lanceurs d'alerte mais sur les actes
répréhensibles dans les organismes publics, ce qui, pour nous, n'est pas suffisant. Alors, il faut quand même dire
les choses d'une façon précise, mais c'est de travailler en silo, c'est
vraiment compartimenté.
Alors là, vous m'avez
répondu sur les municipalités, mais est-ce qu'on s'entend à avoir des projets
de loi à d'autres niveaux? Est-ce qu'il va y
en avoir pour le secteur privé ou pas du tout? Est-ce que le gouvernement a
l'intention d'aller là ou il arrête
aux municipalités? Parce que vous ne m'avez parlé que du projet de loi des
municipalités. Est-ce qu'il va y
avoir d'autres types de projet de loi? Est-ce qu'on va être encore en silo
ailleurs? Donc, on peut s'interroger sur
ça. Et, si on n'est pas en silo ailleurs puis on ne fait pas d'autre projet de
loi, qu'on arrête aux municipalités, bien, vous avez tout un pan de citoyens et d'employés au Québec qui ne seront pas
protégés. Alors, il me semble, c'est illogique, tout ça, là.
Que
le ministre me dise que je suis dans les patates. Il peut me le dire, mais je
ne pense pas qu'il va être capable de
me dire ça, parce que, ce que je dis, c'est plusieurs personnes qui vous l'ont
dit, et, comme opposition officielle, on reflète ce que les gens nous
disent, et vous n'avez pas fini de l'entendre parler.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Ce n'est pas dans ma façon de faire les choses de dire que
vous êtes dans les patates. Je ne dirai pas ça.
Une voix :
...
M. Leitão :
Pardon?
Une voix :
...
M. Leitão :
Voilà. La prochaine fois, on le fera en français. C'est une vieille histoire.
Une voix :
...
M. Leitão :
S'il le faut, oui. Mais là je vais vous déjouer, parce que je le dirai en
portugais.
Non,
mais, sérieusement, nous jugeons que... Vous avez soulevé la question de travailler en silo, et c'est justement pour
ne pas faire ça qu'avec ce projet de
loi nous intégrons beaucoup
de moyens et nous donnons beaucoup de moyens à un organisme qu'est le Protecteur
du citoyen, qui peut justement
commencer à mettre fin à cette tendance que nous avons toujours,
au gouvernement, de travailler en silo. Il y a
une exception, et c'est clair, on l'a dit depuis le début, c'est qu'on
exclut le monde municipal pour le traiter d'une façon à part.
Maintenant,
pour ce qui est du reste, le secteur privé, ça, très clairement, nous, nous ne voulons pas y aller. Le
secteur privé est couvert par toute une
série d'autres... on a beaucoup parlé de ça aussi avec notre collègue la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Le secteur privé est couvert par
toute une autre série de règlements. Ici, c'est les organismes publics, donc les employés des organismes publics
et des entreprises et organismes qui font affaire avec l'État, avec les organismes publics. Pour ce qui est du secteur
privé et les relations du secteur privé et les compagnies entre elles, ce n'est
pas à l'État à encadrer ces choses-là de
cette façon-là, il y a d'autres lois, d'autres types de... Le Québec, c'est un
État de droit, nous avons toutes
sortes de règles, lois du travail, lois du marché financier, il y a toutes
sortes d'autres encadrements.
Donc,
pour nous, dans le contexte très particulier de la commission Charbonneau et
dans le contexte très particulier de vouloir nous assurer que nous
luttons convenablement contre la corruption dans le secteur public et des
relations de l'État avec ses fournisseurs,
etc., c'est cela que nous faisons. Pour le reste, il y a toutes sortes de
règles, les règles de nature fiscale,
de nature financière, les bureaux de compétition. Il y a tout un édifice légal
qui s'occupe déjà de ça. On ne va pas rajouter par-dessus pour le
secteur privé.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée.
Mme Léger :
Donc, vous êtes en train de me dire que vous ne voulez pas rajouter par-dessus,
parce que, là, les lois ou les autres
types de règle vont protéger quand même les autres citoyens, qui ne sont pas
dans le projet de loi n° 87, ne sont
pas inclus dans le projet de loi n° 87, mais vous faites le projet de loi
n° 87, et, pour faire le projet de loi n° 87, c'est parce que
vous avez senti un besoin de faire le projet de loi n° 87. D'abord, il
vous a été recommandé de le faire, la commission
Charbonneau vous l'a recommandé, et vous avez jugé bon, comme gouvernement, de
faire le projet de loi n° 87. Comment
vous pouvez nous garantir que ça va aussi protéger les autres personnes, alors
les autres, qui ne sont pas dans le
projet de loi n° 87? Vous dites : Il y a d'autres lois. Donc, les
autres lois, normalement, les fonctionnaires de l'État sont aussi protégés par ces autres lois. Les
fonctionnaires de l'État sont aussi protégés par toutes sortes d'autres règles.
Les fonctionnaires de l'État
actuellement, sans le projet de loi n° 87, sont protégés à une certaine
mesure. Vous avez jugé bon d'avoir le
projet de loi n° 87 pour mieux encadrer, mieux protéger et, dans le fond,
pour s'assurer que vous répondez aussi à
une meilleure protection des employés, d'une part, mais, dans le secteur privé,
vous dites, c'est satisfaisant pour les autres lois.
M. Leitão : Oui, c'est exactement
ça. C'est exactement ça, ce que je dis.
Mme Léger :
Donc, vous êtes conscient qu'un employé dans une compagnie, une entreprise
privée ou l'employé dans organisme
interrégional ou... qui ne sont pas ni dans une municipalité ni dans le secteur
public, vous êtes conscient qu'ils n'auront pas les mêmes protections
que les fonctionnaires de l'État?
• (20 h 10) •
M.
Leitão : Écoutez, l'objectif ici, c'est de protéger le trésor public
des opérations malveillantes de corruption, de collusion. Et donc c'était utile
et nécessaire de mettre en place un tel
mécanisme. En fin de compte, le mécanisme existe déjà. Le Protecteur du citoyen, nous allons lui donner
des pouvoirs additionnels pour qu'il puisse mieux faire ce travail-là. C'était nécessaire, oui, dans le
secteur public. Dans le secteur privé, à ce moment-ci, on ne juge pas que de
telles protections soient nécessaires ou même souhaitables.
Mme Léger : Même
souhaitables?
M. Leitão : Même souhaitables, oui,
dans le secteur privé, oui.
Mme Léger : Donc, vous nous dites que les employés de l'État
vont être protégés par le projet de
loi n° 87 à la hauteur de la
robustesse, que vous dites, du projet de loi n° 87, et les autres employés
du Québec ne sont pas... et dans les
municipalités pour le moment, tant qu'il n'est pas déposé, et dans le
supramunicipal, ou l'interrégional, ou dans le secteur privé n'auront
pas la même garantie de protection. Vous me confirmez ça.
M.
Leitão : On parle ici des relations entre des entreprises et
organismes et l'État. Donc, même un employé d'une entreprise privée, une entreprise x, y, z, une
compagnie d'ingénierie ou quoi que ce soit, cette personne-là, qui travaille
dans une entreprise privée, oui, elle est
protégée par le p.l. n° 87 mais dans le cadre des relations et des
contrats entre cette entreprise et l'État, pas en général.
Mme
Léger : Donc, pour vous, d'abord qu'il y a les contrats puis
qu'il y a l'argent public, on va protéger les employés à ce niveau-là, mais l'intérêt public, par exemple,
l'intérêt public ne serait-il pas au-dessus de tout cela? Comme gouvernement, vous ne croyez pas que l'intérêt
public a davantage d'importance que juste l'argent public et le Trésor? C'est
ce que le ministre est en train de me dire. Il est en train de me dire :
On limite ça, même si, pour lui, il est robuste, le projet de loi, on
limite ça à l'argent public, avec les contrats avec le gouvernement, les
fonctionnaires de l'État qui transigent avec différents contrats, différents...
C'est là qu'est, pour lui, le noeud de la guerre.
La commission
Charbonneau a fait toute l'autre démonstration, je lui rappelle ça, que les
transactions, ce n'est pas juste des
transactions qui ont lieu avec le trésor public, mais, l'intérêt public, par
exemple, qui est au-dessus de tout ça, est-ce
que le gouvernement n'y voit pas une responsabilité importante de l'intérêt
public avant simplement juste l'argent public?
Une voix : M. le ministre.
M.
Leitão : L'intérêt
public concerne l'État, et d'ailleurs c'est ça, le champ d'application de cette
loi, c'est le secteur public, c'est
d'assurer une saine gestion des fonds publics, c'est-à-dire de s'assurer
qu'on limite, qu'on minimise, qu'on élimine
toute forme possible de corruption et de collusion qui a un effet néfaste sur
l'État, sur les fonds publics. C'est ça, ce que nous faisons ici.
Pour les
relations commerciales entre les entreprises, il y
a, encore une fois, tout un
édifice législatif qui couvre ces questions-là. Notre économie, l'économie
du Québec, l'économie canadienne, c'est une économie de marché, et il y a des
lois qui régissent le marché. Ce n'est pas à l'État de rajouter une couche
additionnelle de réglementation dans cette économie de marché, qui, à mon avis,
fonctionne très bien. Nous avons développé, au Québec,
au cours des décennies... Écoutez, encore ce matin, j'étais à Montréal,
à la Caisse de dépôt, où on célébrait la vision de Jacques Parizeau avec la
création de la Caisse de dépôt et le rôle que ce personnage a eu dans le développement de l'entrepreneuriat au Québec. Notre économie
est une économie de marché, et le marché est bien réglementé, bien
géré par tout un édifice législatif. Ici, nous nous adressons au secteur
public, nous voulons assurer une saine gestion des fonds publics. C'est ça.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme
la députée.
Mme
Léger : Il me reste combien de temps?
Le Président (M.
Bernier) : Quatre minutes.
Mme
Léger : Vous parlez
de M. Parizeau. M. Parizeau a réglementé le secteur privé dans certaines lois,
je veux vous le rappeler aussi, là.
Mais vous me répondez quand même comme ministre
des Finances, Conseil du trésor peut-être, mais
je ne vois pas la vision du gouvernement encore. Vous ne voyez pas l'importance de l'intérêt public, vous ne voyez l'importance qu'où il y a
des deniers ou qu'il y a de l'argent public. Pour vous, ça s'arrête là,
l'essentiel est là. Dans le projet de
loi n° 26, lorsqu'on est allé
faire la récupération des sommes payées, là, pour les contrats publics, on a
touché toutes les municipalités, tous les secteurs dans ce projet de loi
là, mais...
M. Leitão :
Contrats publics. C'est ce qu'on fait ici. Contrats publics.
Mme Léger :
Et puis, quand on vous sonne la cloche de l'intérêt public, pour vous ça ne
vous sonne pas?
M.
Leitão : Au contraire,
justement. On ne serait pas ici si on n'avait pas l'intérêt public à coeur.
C'est pour ça que nous avons pris le temps de construire ce projet de
loi, qui va justement dans la direction de protéger l'intérêt public.
Maintenant,
les relations entre entreprises, ça, c'est l'intérêt privé. L'État a un rôle à
jouer, bien sûr, de s'assurer que la réglementation du marché privé... que cette réglementation est adéquate, et je juge qu'elle est adéquate.
S'il y a des cas de corruption ou
collusion, quoi que ce soit, entre entreprises, il y
a toute une série de règlements et de
lois qui couvrent ces choses-là.
Mme Léger :
Et...
Une voix :
...
Mme
Léger : Oui. Et, si
on touche à un scandale financier, qu'il n'y a pas de contrat public avec le gouvernement, un scandale financier... Aux États-Unis, on avait l'exemple d'Enron, entre autres. Ça
doit vous dire quelque chose, ce...
Une voix :
...
Mme
Léger : Un peu, hein?
Et ce scandale-là, ça n'a pas de lien avec le gouvernement tel quel, mais jamais
on n'aurait découvert ce scandale-là. Il a fallu que ce soit sur la
place publique, il a fallu avoir des gens qui ont divulgué l'information, et ça a, après, eu un impact immense pour le gouvernement américain par la suite des choses. Et il y en a d'autres, types de scandale de ce genre-là que
touche le domaine financier, qui est votre domaine. Alors, vous ne voyez
pas le lien de la responsabilité d'un gouvernement par
rapport à ces types de scandale là,
qui ne sont pas du tout en lien... qui
n'a pas de lien, il n'y a pas de contrat public, on ne touche pas à l'argent
public, nécessairement, d'une façon directe, puis là il y en a des tonnes, là, d'exemples comme
ça à travers le monde. Vous le savez encore plus que moi. M. le Président, le ministre
est encore plus conscient que moi de tout ça.
Alors, ça ne vous
sonne pas une cloche, ça, avec le projet de loi n° 87, que ça nous
permettrait de s'assurer?
Une voix :
M. le ministre.
M.
Leitão : Pas par rapport au projet de loi n° 87, non, mais vous avez raison qu'on a besoin
d'avoir une réglementation solide, et c'est le cas. Que ce soit dans le
domaine financier, que ce soit dans d'autres domaines, bien sûr
qu'il y a un rôle pour l'État pour réglementer le marché privé. Et c'est
ça, ce que je vous dis.
Cet édifice légal
existe déjà, nous n'avons pas besoin de rajouter par-dessus. Ça existe déjà. On
a des lois anticollusion, anticorruption, anticompétition, protection de...
s'assurer de la viabilité financière, que ce soient les institutions financières, que
ce soit pour protéger les consommateurs, pour protéger les clients. Tout cet
édifice légal existe déjà. Est-ce qu'il peut être amélioré? Probablement que oui, et je ne vous fais pas une grande
révélation, par exemple, en vous disant que c'est aussi fort probable que, quelque part cet automne ou peut-être l'hiver prochain... ça va dépendre du calendrier législatif, mais nous avons aussi un
grand chantier en cours au ministère
des Finances pour rénover ou rétablir,
réformer toute la législation financière. Mais c'est différent, ça. Ça se fait
de cette façon-là.
Ici,
dans le cas qui nous concerne, le projet
de loi n° 87 pour faciliter la
divulgation d'actes répréhensibles et établir un mécanisme de protection contre les représailles, ça, c'est pour
assurer une saine gestion des fonds publics. Pour ce qui est de la réglementation financière, elle va être adressée dans un autre
cadre ou, si on trouve que les lois et règlements anticompétition
ou pour favoriser la compétition ne sont pas adéquats, ne sont pas solides, ça
peut se réformer aussi. Mais c'est indépendant du projet de loi n° 87,
on n'est pas du tout dans le même monde, si vous voulez.
• (20 h 20) •
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme
Léger : Mais on
s'entend que, depuis un bout de temps, avec tout ce qui s'est passé avec la commission Charbonneau, d'une part, ça
donne des leçons, ça, et ça donne des leçons du fait que vous arrivez...
Une voix : ...
Mme
Léger : Il me reste
une minute? Ça donne quand même des leçons. Et, quand vous dites que les lois
actuelles, ou tout ça, bon, elles
peuvent répondre à certaines situations, mais, avec tout ce qui s'est passé depuis les
dernières années, je pense
qu'il faut rénover ça, il faut réajuster ça, il y a de
grands pans qui ne sont pas nécessairement couverts.
Et, quand vous nous dites que peut-être, au ministère
des Finances, vous êtes en train de revoir des choses, bien, c'est
quand même encore en silo. C'est comme si on accepte certaines
façons de faire par silos, mais on ne voit pas d'une façon globale la situation pour que tout le
monde se retrouve sous le même chapeau, qu'on ait les mêmes langages, les mêmes
types de protection.
Vous me
répondez la même chose, comme si c'était encore en silo. Parce que,
vous voyez, il y a des améliorations
à faire un peu partout. Sinon, on ne serait pas où on en est aujourd'hui.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M.
Leitão : Ça sera toujours
le cas. C'est un processus qui ne finira jamais, j'espère. On peut toujours
faire mieux.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de La Peltrie.
M.
Caire : Merci,
M. le Président. Je comprends qu'ajouter les municipalités dans le projet
de loi, ça amenait de la complexité. Suite au pacte fiscal, il y a des modifications à apporter à la Commission des affaires municipales.
Mais, quand on a adopté le Code d'éthique, il y a différents articles
qui sont rentrés en vigueur de façon progressive.
Parce que
je suis un peu d'accord avec ma collègue, là. On est en train de faire un projet de loi avec la même finalité pour
les municipalités. On va s'entendre, la finalité est la même, l'objectif
est le même, c'est de protéger le bien public, que ce soit municipal,
que ce soit provincial, on s'entend, et là il va y avoir deux
organisations complètement différentes, le Conseil du trésor, les Affaires municipales, qui vont travailler sur des projets de loi. Puis, ce que j'entends du ministre, le ministre dit : Bien, je ne peux pas savoir ce qu'il y a
dans le projet de loi. Donc, il
n'y a pas un arrimage, là, qui se
fait actuellement. Déjà en partant, on s'entend que c'est un peu
inquiétant. Je veux dire, normalement, on aurait pu au moins penser que les juristes des deux ministères
travaillent ensemble dans la rédaction du projet de loi. Est-ce que ça n'aurait pas été possible d'inclure ces articles-là, qui touchent les municipalités, dans l'actuel projet de loi mais en décalant l'entrée en vigueur, donc en disant : Bon, bien, tel article
va prendre effet à telle date, compte
tenu, évidemment, de ce que vous
nous dites, qu'il y a des négociations à y avoir avec le pacte
fiscal, il va falloir légiférer pour
modifier la Commission des affaires municipales? On comprend tout
ça. C'est parce qu'en même temps le législateur aurait pu avoir la vision d'ensemble proposée par le gouvernement, alors
que, là, on travaille à la pièce, on travaille en silo puis on n'est pas sûr
comment tout ça va atterrir puis comment on va le coordonner non plus.
Je suis
d'accord avec ma collègue, là, c'est un peu plus difficile, là, d'avoir une vue
d'ensemble, d'autant plus que ce que
je comprends, c'est que vous êtes le porteur de ce dossier-là ici puis vous
n'avez pas cette vision-là des Affaires municipales non plus. Alors, je m'explique mal le choix. Puis il y avait
législativement une façon de régler ce problème-là en retardant l'entrée en vigueur des articles qui
auraient touché les Affaires municipales pour permettre ces amendements
législatifs là à faire aux Affaires municipales.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Oui. Mais c'est justement ce qu'on ne voulait pas faire,
parce que le monde municipal est particulier et a besoin d'un
encadrement qui respecte ou qui traduit ces particularités-là. Alors, ça, c'est
une chose.
De plus, nous
nous sommes engagés à traiter les municipalités comme un... tantôt, j'ai
utilisé le terme «comme un gouvernement
adulte», donc on discuterait avec eux de quelle serait la meilleure façon de les encadrer. Alors, si on faisait ce que vous suggérez, de dire : O.K.,
ces dispositions vont s'appliquer aussi au monde municipal
mais après un certain nombre de mois, on ne règle pas la situation, parce
que ce sont les mêmes...
M.
Caire : M. le
Président, je me suis mal exprimé. Je
dis : Il y a forcément des dispositions qui vont être communes aux deux niveaux, on s'entend. Et je comprends parfaitement qu'il y a des dispositions qui seront particulières au monde municipal, et c'est là où je dis : Bon, bien, mais rien
n'empêche... Puis, je veux dire, on a, vous et moi, adopté suffisamment de projets de loi omnibus pour savoir
que rien n'empêche de traiter des choses, des entités différentes dans un même projet de loi. Législativement, ce n'est
pas impossible, on s'entend, vous et moi, j'en suis convaincu. Mais ça aurait permis d'avoir la vision globale, où est-ce
qu'on s'en va au niveau des sonneurs d'alerte pour l'ensemble de la société
québécoise.
Là, on a
l'impression, puis je suis d'accord avec ma collègue, on a l'impression qu'on a
la vision pour les entités publiques
du gouvernement provincial, du palier provincial, et le ministre dit :
Bon, bien, éventuellement, le ministre des Affaires municipales s'occupera de la vision municipale. Je suis
entièrement d'accord qu'il faut traiter les municipalités avec le respect qui leur est dû, mais tout ça
n'est pas incompatible. C'est là où est mon incompréhension. Ce n'est pas
incompatible. Et, à la limite, je vous dirais que peut-être même que les
partenaires municipaux auraient eu eux aussi avantage
à avoir cette vision globale là pour dire : Bon, bien, où est-ce que vous
vous en allez avec ça, puis en quoi ça nous
impacte? Je comprends que c'est des entités qui ont leurs prérogatives, qui ont
leurs réalités, j'en conviens, mais on s'entend que la finalité est la
même. La finalité est la même, puis il y a quand même beaucoup aussi d'échanges
provinciaux-municipaux, il y a des
intersections, là, entre le gouvernement provincial et le municipal, on
s'entend. Je veux dire, juste le pacte fiscal est une intersection
majeure, puis il y en a d'autres, et je ne vois pas en quoi ça aurait été impossible de concilier les deux en disant : Bon, bien,
voici, pour ces entités-là qui sont vraiment particulières aux municipalités,
on va retarder l'adoption de... ou l'entrée en vigueur de l'article, même si
c'est commun.
Comprenez-vous
la nuance que je fais? Je dis : Oui, oui, cet article-là sera commun aux
deux, mais, dans le cas des
municipalités, compte tenu du contexte, on va en retarder la mise en
application. Dans le cas du provincial, il s'applique au moment où le projet de loi sera sanctionné. Et
là c'est juste d'avoir une vision globale, de comprendre comment ça va fonctionner au municipal, quelles sont les entités
qui vont être responsables, quelles seront leurs responsabilités. Alors,
c'est bien défini là, dans le projet de loi,
avec la Protectrice du citoyen, mais au niveau municipal... et même le président
du Conseil du trésor est un peu dans le
flou, puis je ne le dis pas méchamment, là. Mais vous dites : Bon, le
collègue travaille là-dessus, et je
comprends que vous verrez ce qu'il fera lorsqu'il pourra vous présenter le
travail, au lieu de dire : On l'a fait
en commun et on a fait cet exercice-là en commun, on avance en commun. Puis je
pense que pour la cohésion, parce que
c'est important qu'il y ait de la cohésion là-dedans, ce n'est pas... On l'a
dit, puis je pense que le président du Conseil du trésor est d'accord, plus ça va être simple, plus ça va être
compréhensible pour M. et Mme Tout-le-monde, plus ce projet de loi là va avoir du succès. Et ma
crainte, puis je pense que c'est ce qui a été exprimé par la collègue, c'est
que, de travailler en silo, on
multiplie les procédures ou les entités qui interviendront. On ne s'entend pas
sur la façon de faire, parce que le
monde municipal a cette particularité puis là il faut faire des choses
particulières, puis cette reconnaissance-là, que je ne nie pas, cette reconnaissance-là des particularités
municipales va-t-elle nous amener à différentes entités, va-t-elle nous amener à un processus différent? Est-ce que
les municipalités, elles exigeront qu'on ne fasse pas les choses de la
même façon au nom de cette diversité-là?
Je ne sais
pas si le ministre comprend où je veux m'en aller, mais la cohésion et la
finalité est la même, et ça aurait été,
je pense... le projet de loi aurait été beaucoup plus efficace si... et il
pourrait l'être — parce
que je parle au passé, mais je pense
qu'il n'est pas trop tard pour bien faire — le projet de loi serait plus efficace si on
avait d'emblée cette vision d'ensemble là.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
• (20 h 30) •
M.
Leitão : Je comprends très bien votre argumentaire. La collègue de
Pointe-aux-Trembles l'avait aussi déjà abordé.
Je n'ai pas d'autre argument que de vous dire que nous nous engageons, comme
gouvernement, à légiférer ultérieurement
afin d'offrir un tel mécanisme de
divulgation et protection, un mécanisme qui va s'apparenter... qui va être
semblable, similaire au projet de loi n° 87, qui établit donc un précédent et qui établit une
base très forte. Je peux m'avancer même
un peu plus en disant que ça ne me surprendrait pas beaucoup
si Me Lavoie, le temps venu, était aussi appelée à contribuer à la rédaction de ce projet de loi là. Probablement que ça va arriver. Mais nous voulons laisser
l'espace nécessaire au ministre
des Affaires municipales de consulter
son monde et d'arriver à quelque
chose de consensuel et, par la suite,
nous, en tant que gouvernement, nous allons faire notre travail, nous assurer que ce futur projet de loi xy soit bien arrimé avec ce qui se fait ici aujourd'hui.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
le député de La Peltrie.
M.
Caire : Ça va, M.
le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Ça
va. Donc, nous allons mettre aux voix l'amendement proposé par Mme la députée de Pointe-aux-Trembles et qui se lit ainsi : Ajouter, après les mots «à l'égard
des organismes publics», les mots «et des municipalités de plus de 500
habitants,». Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
Mme Léger : Appel nominal.
Le Secrétaire : Donc, pour,
contre ou abstention. Mme Léger (Pointe-aux-Trembles)?
Mme Léger : Pour.
Le Secrétaire : M. Leitão
(Robert-Baldwin)?
M. Leitão : Contre.
Le Secrétaire : M. Merlini
(La Prairie)?
M. Merlini : Contre.
Le Secrétaire : M. Fortin
(Pontiac)?
M. Fortin (Pontiac) : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Trois-Rivières)?
M. Girard :
Contre.
Le Secrétaire : M. Habel
(Sainte-Rose)?
M. Habel : Contre.
Le Secrétaire : M. Caire (La
Peltrie)?
M.
Caire : Pour.
Le Secrétaire : M. Bernier
(Montmorency)?
Le Président (M. Bernier) :
Abstention.
Le Secrétaire : Rejeté.
Le
Président (M. Bernier) : Rejeté. Donc, l'amendement est rejeté. Nous
revenons donc à l'étude de l'article 1 tel qu'amendé antérieurement.
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, la parole est à vous.
Mme Léger : Alors, j'ai un
autre amendement.
Le
Président (M. Bernier) : Vous avez un autre amendement. Bon, bien,
faites-en la lecture. Par la suite, nous ferons des photocopies pour
tout le monde.
Mme Léger :
Ajouter, après les mots «à l'égard des organismes publics», les mots «et des
municipalités de plus de 1 000 habitants,».
«La présente loi a pour objet de faciliter la
divulgation d'actes répréhensibles commis ou sur le point d'être commis à l'égard des organismes publics — je n'ai pas lâché le morceau des
municipalités — et des
municipalités de plus de 1 000 habitants, et d'établir un régime
général de protection contre les représailles.»
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Je vais suspendre quelques instants
pour que nous puissions faire des photocopies pour chacun des
participants, chacun des débutés.
(Suspension de la séance à 20 h 33)
(Reprise à 20 h 34)
Le
Président (M. Bernier) : Donc, nous reprenons nos travaux. Donc, nous
en étions à un amendement déposé par
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles qui se lit ainsi : Ajouter, après
les mots «à l'égard des organismes publics», les mots «et des
municipalités de plus de 1 000 habitants,».
Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Léger :
M. le Président, non pas que je veuille négliger le chiffre de «500 habitants»,
je persiste à croire que ça aurait été un amendement important, mais la
majorité l'a emporté, alors on va augmenter un peu, on va mettre «1 000
habitants», mais le principe est le même malgré tout. Je crois important d'y
ajouter les municipalités, et ça sous-tend, dans le fond, toute la vision du
gouvernement, malgré tout, sur l'ensemble des municipalités.
Tout à
l'heure, on regardait le nombre de municipalités au Québec. Il y a quand
même beaucoup de municipalités au Québec, tous les collègues sont députés où il y a plusieurs municipalités,
et là les citoyens n'auront pas la même protection,
et on a cru bon d'avoir le projet de
loi n° 87 parce qu'on trouvait important, avec tout ce qui
se passe depuis toutes les dernières
années, on trouvait important de venir déposer un projet de loi pour faciliter
la divulgation d'actes répréhensibles
dans les organismes publics, d'une part, mais on aurait voulu toujours que ce
soient les municipalités qui soient incluses.
Alors, M. le Président, quand on se retrouve à
juste penser au messager et pas nécessairement le message en lui-même que le gouvernement veut lancer... Le
gouvernement est en train de nous dire qu'il va y avoir des citoyens qui
sont protégés et d'autres citoyens de
seconde zone qui ne seront pas nécessairement protégés de la même façon que
ceux qu'on va réglementer aujourd'hui avec le projet de loi que nous
avons devant nous. C'est ça, le message, là, qui est envoyé aux citoyens du Québec présentement qui nous écoutent, de
dire : Vous, à la maison, si vous travaillez dans une municipalité, bien, le projet de loi s'en viendra
peut-être, parce qu'on y va avec le désir du gouvernement, qui nous dit qu'il va déposer un projet de loi sur les
municipalités, mais il n'y a rien qui nous le garantit, là. Et on lui dit,
l'opposition lui dit, je vois mon
collègue de La Peltrie aussi qui lui dit que l'importance des
municipalités... des municipalités dans le projet de loi qu'on a devant
nous.
Et je vais
encore plus loin, parce que, pour moi, je crois qu'aussi le secteur privé
devrait y être. Donc, tous les employés devraient être concernés par le
geste que le gouvernement veut lancer, mais, de ce que je comprends, le gouvernement, son
message, dans le fond, qu'il envoie, c'est qu'il y a des gens au Québec qui ne
seront pas concernés par cette...
qu'on ne les aidera pas : Laissons les lois ou les règles actuelles,
normales. C'est ce qui a permis, dans le fond, les règles actuelles,
qu'il n'y ait pas de corruption, qu'il n'y ait pas de collusion, que tout va
bien, tout le monde est protégé : Tu ne
perdras pas ton emploi, on ne te pointera pas du doigt, on ne te trouvera pas
un autre type d'emploi, on ne te
tassera pas, nécessairement. Je suis convaincue qu'il y a des fonctionnaires
qui nous écoutent puis disent : Bon, bien, nous, on va peut-être être protégés par le 87, parce qu'on ne peut pas
tout... on peut avoir des répercussions si on veut divulguer quelque
chose. Là, avec le 87, on va probablement être protégés. Cependant, on va
travailler sur certains amendements à
apporter encore, là. Il n'est quand même pas tout parfait, là, on a beaucoup de
choses à corriger. Mais il n'en
demeure pas moins que, si je ne suis pas fonctionnaire puis si je suis
ailleurs, je ne suis pas protégée, le gouvernement ne m'entend pas, là.
Le
gouvernement ne m'écoute pas présentement, là, le gouvernement n'entend pas
légiférer pour moi qui suis dans une
petite entreprise. Je suis dans un restaurant, présentement je travaille dans
un restaurant et je suis, mettons, à la grande chaîne McDonald. Faisons de la publicité à McDonald, une grande
chaîne. Je ne pense pas que le MAPAQ va tout le temps dans les McDonald pour vérifier si tout se passe bien. Vous
allez me dire où je m'en vais avec ça. Bien, s'il arrive une situation où il y a un problème de salubrité
et je vis dans un des restaurants McDonald, et puis je vois que tout ça a un
problème avec toute la chaîne d'alimentation
du McDonald et je vois des choses qui n'ont pas d'allure et qu'il y a tout
un système qui est mis en place, ça sort au
grand jour, mais il n'y a pas de contrat public, il n'y a pas de denier public,
je ne suis pas fonctionnaire, bien, moi, le petit salarié dans son petit
restaurant, lui, là, il n'est pas protégé pantoute, là. Il n'ira pas
nécessairement aller voir quelqu'un, là, qui va peut-être l'aider quelque part,
là. Je ne pense pas que ça va être
confidentiel puis je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un à aller s'appuyer pour
dénoncer quelque chose. Et ça peut être un grand scandale qu'on peut
vivre dans ce petit restaurant-là, qui fait partie d'une grande chaîne.
• (20 h 40) •
J'ai donné un
exemple d'un restaurant. Je donne un exemple d'un déversement de pétrole quelque part, tu sais, toutes sortes de types de scandale qu'on peut avoir, de toute forme, mais ce n'est pas
des deniers publics, il n'y a pas de contrat
public. Mais moi, comme travailleur,
comme salarié, tout petit salarié que je peux être, je n'aurai pas cette
protection-là que les fonctionnaires vont probablement avoir si on
accepte ce projet de loi là.
C'est cette vision-là du gouvernement que
j'aimerais que le ministre ait cette sensibilité-là, qu'en déposant le projet
de loi n° 87 il vient, dans le fond, nous dire, puis avec raison, qu'il
faut protéger un peu l'appareil public, c'est correct, mais il donne aussi, dans l'esprit que le gouvernement a... c'est qu'il
vient dire que les autres citoyens ne
sont pas importants ou il nous dit que ceux des municipalités, c'est bien
correct, ceux des municipalités, je comprends votre message, puis on va
toucher aux municipalités.
Alors, vous
comprenez, M. le Président, que je suis sur le message et non sur le messager,
et le message que le gouvernement est
en train de donner pour ceux qui nous écoutent encore plus est en train de dire
que... je ne vous protégerai pas tous
au Québec, malgré tout ce qu'on a vécu les dernières années. Moi, comme petit
salarié d'un petit restaurant, ou comme
un employé dans une usine, ou comme un employé dans un tel type de compagnie,
je ne serai pas protégé. Et on verra
avec le temps, parce que vous avez déjà les lois qu'il faut, vous avez de quoi
pour vous... Avec tout ce qu'on a vécu les dernières années, on n'a pas assez
d'informations, on n'a pas eu assez de leçons pour nous faire comprendre puis
nous faire réaliser que ça devrait aller beaucoup plus loin que juste
les fonctionnaires.
Alors, c'est
pour ça que mon amendement, M. le Président, va à «1 000 habitants».
Je souhaite qu'il soit entendu par le
gouvernement puis qu'il réalise que peut-être que... j'aurai à travailler avec
le ministre des Affaires municipales puis
que je n'attendrai pas que le ministre ait complété son travail pour... et,
même à ça, je dirais, sur les municipalités : Pourquoi qu'on n'a pas travaillé avant de déposer
ce projet de loi là? Donc, il y avait une urgence de le faire là sans attendre
nécessairement les municipalités, mais le monde du milieu municipal va se
demander pourquoi qu'on n'est pas là, là. Je ne sais pas s'ils ont déjà
commencé les consultations au niveau des municipalités. Là, des municipalités
de plus de 1 000 habitants, on en a
plus de 600, là. Il y en a 600, 700, municipalités de plus de 1 000
habitants. Alors, ils vont se poser la question,
ils vont dire : Bon, le ministre a dit qu'il va s'en venir un autre projet
de loi. Moi, c'est sûr que les municipalités nous le disent déjà :
Pourquoi qu'on n'est pas incluses, on n'est pas tout de suite dedans, là?
Alors, le ministre va me répondre :
Bien, on attend. Cet automne quelque part, on va avoir un projet de loi. Mais
qu'est-ce qu'il pense du petit salarié ailleurs?
Pourquoi qu'il n'a pas cette vision-là? Alors,
je repose cette question-là et peut-être que je vais influencer le ministre un peu, là, peut-être qu'il va
avancer un petit peu. Peut-être qu'il va avancer sur «1 000 habitants»,
peut-être.
M. Leitão : Non, M. le Président. On
a déjà eu cette discussion avec les «500 habitants».
Le Président (M. Bernier) : C'est
bien. Merci. Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger :
Alors, est-ce que le ministre comprend l'esprit que j'essaie de lui partager,
que ce n'est pas suffisant et il
envoie un drôle de message à travers le Québec et à travers les... dans le
fond, aux employés, tous ceux qui ont un petit salaire à un gros salaire, peu importe, mais qui ne sont pas dans
un organisme public, il envoie un mauvais message? Est-ce qu'il est
conscient de ce message-là qu'il va faire avec le projet de loi n° 87?
Question de règlement sur la
recevabilité d'un amendement
M. Merlini : M. le Président,
j'aurais une question de règlement.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, M. le député de La Prairie.
M.
Merlini : Il y a
une jurisprudence, en
vertu de l'article
244, qui ferait que la motion d'amendement qui a été proposée par la députée de Pointe-aux-Trembles serait irrecevable, et je lis la décision qui a
été donnée par le président
Jean-Guy Lemieux en 1986, la décision : «Est-ce que la motion du député
de l'opposition officielle est recevable? [...]La
motion du député de l'opposition officielle est irrecevable, car elle est
identique, quant au fond, à une motion déjà étudiée par la commission — ce que nous venons de faire, la seule
différence étant de changer le nombre d'habitants de la municipalité, mais le fond de la motion
d'amendement portait sur l'inclusion
des municipalités dans le projet
de loi n° 87.»
Alors, en vertu de cette décision rendue par le
président, je crois que la motion d'amendement devient, à ce moment-là,
irrecevable en vertu de l'article 244.
Le Président (M. Bernier) : O.K. Je vais
suspendre et prendre en délibéré ce point. Alors, je vais suspendre.
(Suspension de la séance à 20 h 46)
(Reprise à 20 h 51)
Le Président (M. Bernier) :
Nous reprenons nos travaux.
Décision de la présidence
Donc, suite à
l'argumentaire présenté par le député
de La Prairie, je dois vous
dire qu'en ce qui regarde cet article,
la jurisprudence que vous mentionnez, c'est une jurisprudence où la motion... où l'amendement présentés étaient complètement identiques, c'est-à-dire que c'étaient exactement les mêmes termes, les mêmes sujets, les mêmes
éléments. C'est pour ça qu'en ce qui
regarde cette jurisprudence je ne peux m'appuyer sur cette jurisprudence pour déclarer la motion irrecevable, parce que, dans ce cas-ci,
la motion était identique à chaque fois, même s'il y avait deux, trois motions.
En ce qui
concerne nous concerne, nous, dans ce cas-ci, il y a une jurisprudence qui
déclare la motion recevable justement
parce qu'à ce moment-là c'est une jurisprudence qui a été rendue lors de
l'étude détaillée du projet de loi n° 10, Loi modifiant l'organisation et la gouvernance du réseau de la santé et
des services sociaux, où, à ce moment-là, c'étaient des régions. Donc, à ce moment-là, on venait
présenter des amendements avec des régions, on additionnait les régions, on
soustrayait des régions ou on ajoutait des
régions et, à ce moment-là, on avait déclaré la motion recevable parce qu'il y
avait des modifications qui étaient apportées à chacun des éléments,
O.K.?
Cette
fois-ci, ce qu'on fait, nous autres, ici, c'est qu'on présente des motions qui
sont identique, sauf qu'on change le
nombre d'habitants, O.K., de 500, on passe à 1 000, ainsi de suite. Donc,
pour cette motion-là, je la considère recevable, et on peut continuer le débat sur ça. Par contre, on verra ce qui va
arriver dans l'avenir en ce qui regarde les prochaines heures, les prochaines minutes, parce qu'il reste
qu'avant toute chose on tourne quand même sur le même sujet. On est
toujours sur le même sujet, on est toujours sur la même base, O.K.? La seule
chose qui est différente, c'est le nombre d'habitants : 500, 1 000.
Mais elle est recevable.
Je vous
laisse poursuivre votre travail en ce qui regarde cette motion-là. En ce qui
regarde le futur, on regardera de
quelle façon on peut traiter la motion s'il y a d'autres motions futures avec
la même teneur, le même sujet, qui est l'objet d'ajouter le monde
municipal dans le projet de loi. Vous pouvez continuer, Mme la députée de
Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger :
Vous comprenez, M. le Président, que cette lutte en faveur des municipalités,
que les municipalités puissent être
intégrées à ce projet de loi là n° 87, est, pour nous, importante. Je
comprends que le ministre dit, bien... pas je m'en lave les mains pour le moment, mais il dit : Attendons d'avoir
un autre projet de loi. Mais comment nous, on peut s'assurer que ça va être ça? Comment on peut
s'assurer que les municipalités vont avoir un projet de loi sur les
municipalités? Il nous l'a dit, alors on prend la parole du...
Le Président
(M. Bernier) : Nous sommes en public, et il fait une
déclaration publique comme de quoi il y aura un projet de loi sur les
municipalités.
Mme Léger : Alors, vous avez
beaucoup de poids sur vos épaules.
Le Président (M. Bernier) :
Et on ne peut pas mettre en doute la parole d'un parlementaire.
Mme Léger :
Exact. C'est ce que j'allais dire. C'est ce que j'allais dire, que la parole du
ministre, qui nous a dit aujourd'hui
qu'il était pour y avoir un projet de loi sur les municipalités... sauf qu'il
n'est pas déposé, ce projet de loi là. Je prends sa parole. C'est qu'il va être
déposé. Alors, maintenant, il faut s'assurer que le gouvernement va le déposer,
que le ministre des Affaires municipales le
dépose, parce que ce n'est pas le ministre que j'ai en face qui va le déposer,
ça va être le ministre des Affaires municipales.
Mais je
trouve qu'ils perdent un petit peu leur temps, parce qu'ils auraient pu
facilement l'avoir tout dans ce projet de
loi là, d'avoir les municipalités. Parce qu'on s'entend que des municipalités
de 1 000 habitants ou des municipalités de 50 000, des municipalités de 100 000, peu importe, elles n'ont
pas toutes nécessairement la même procédure à l'intérieur de leurs murs. Une petite
municipalité n'a pas toutes les mêmes façons de fonctionner, et encore moins,
bon, lorsqu'on est dans ce type de
situation, de divulgation de lanceur d'alerte. On peut s'entendre qu'une
municipalité de 500 habitants et une
municipalité de 100 000 habitants, ce n'est pas les mêmes structures puis
ce n'est pas les mêmes... Il y a un peu plus peut-être de chances de se perdre dans un système d'une grosse
municipalité. Regardez la ville de Montréal, d'une part, on a vu les problèmes que la ville de
Montréal a pu subir, puis on a vu des petites municipalités aussi vivre des
situations semblables.
Alors, c'est,
pour moi, important de pouvoir m'assurer que peut-être le ministre va flancher
sur ça, peut-être que le ministre va
réaliser que c'est important d'y inclure les municipalités. Parce que, si je
vais à l'article 1, l'amendement qu'on
propose, dans le fond, c'est quand même... L'article 1, c'est : «La
présente loi a pour objet de faciliter...», etc., mais c'est vraiment
l'article qui sous-tend pas mal tous les autres, je veux dire, qui donne le ton
à tous les autres et c'est celui-là qui
dit : Bien, voici, on touche les organismes publics et on va établir un
régime de protection contre les représailles dans ce... C'est celui-là qui est quand même la pièce maîtresse, comme
je vous disais tout à l'heure, et le projet de loi et c'est ce champ
d'application là qui est à l'article 1.
Alors, M. le
Président, comment une petite municipalité de 1 000 habitants qui n'est
quand même pas si grande que ça, si
elle découvre une malversation au Service des finances de la municipalité, le
département des finances d'une municipalité...
Alors, cet employé-là n'est pas couvert par le projet de loi. Et est-ce que le
ministre peut me confirmer que, pour
lui, la seule réponse qu'il me donne, c'est qu'il y a des types de loi
présentement qui le protègent suffisamment et qu'il n'a pas l'intention
du tout, dans les prochaines semaines, les prochains mois, de les protéger, que
ça lui suffit présentement, qu'il me le reconfirme?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : M. le Président, nous avons déjà eu ces discussions avant, à
l'amendement précédent. On a changé de «500» à «1 000 habitants».
Ça ne change pas le fond de la question.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
Mme la députée.
Mme Léger : Il ne m'a pas
répondu, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) : Bien,
moi, ce que j'ai compris...
Mme Léger :
Je vais la lui reposer comme il faut, d'une façon claire. Je lui
redemande : Est-ce qu'un citoyen... ou un salarié, un employé dans une petite municipalité de 1 000
habitants, lui, actuellement, avec le projet de loi n° 87, il n'est pas protégé présentement, on attend le
projet de loi sur les municipalités pour le faire ou un autre salarié qui est
dans un secteur privé considère... le
ministre considère que les lois actuelles sont suffisantes et qu'il n'a pas
besoin de projet de loi et qu'il n'y aura pas d'autre projet de loi, il
y a juste celles sur les municipalités qu'on envisage dans ce gouvernement?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Je vais répéter ce que j'ai déjà dit, M. le Président. Le
gouvernement s'engage à légiférer ultérieurement pour offrir des mécanismes de divulgation et de protection s'apparentant
au projet de loi. C'est clair que la situation actuelle d'une municipalité n'est pas idéale, c'est clair.
Nous sommes conscients de ça. C'est pour ça que nous nous engageons, dans les plus brefs délais, à déposer un projet de
loi qui va couvrir le monde municipal, un projet de loi adapté à la spécificité
du monde municipal.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Leitão : Que ce soit 1 000
habitants ou 500, c'est la même chose.
Mme Léger :
Et, les autres, M. le Président, autres que les municipalités, est-ce qu'il va
y avoir d'autres projets de loi ou il ne les protégera pas?
Le
Président (M. Bernier) : Vous aviez fait mention, tout à l'heure, là,
d'une réforme que vous vouliez faire.
M.
Leitão : Mais qui n'est pas liée à la divulgation d'actes
répréhensibles. Chaque secteur de la société a ses propres lois et cadres législatifs, que ce soient des
normes du travail, que ce soient toutes sortes de choses. Dans notre champ de
juridiction, aux Finances, nous considérons
une refonte des lois encadrant le système financier, mais ça n'a rien à voir
avec les sonneurs d'alerte, là.
• (21 heures) •
Le Président (M. Bernier) : Merci.
Donc, Mme la députée, est-ce que vous avez eu une réponse?
Mme Léger :
Est-ce qu'il se pourrait, M. le Président, que son collègue le ministre des
Affaires municipales ait déclaré qu'il pourrait se pencher sur le
secteur privé?
Une voix :
...
Mme Léger :
Est-ce qu'il se pourrait que son collègue puisse avoir déclaré qu'il pourrait
se pencher sur un projet de loi qui toucherait le secteur privé?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Je ne sais pas qu'est-ce que mon collègue a dit, je ne le
surveille pas, je ne fais pas une veille de ses déclarations, mais il me semble que, probablement, s'il a dit quelque
chose comme ça, et ce qui serait très logique, ça serait, dans les relations entre le secteur privé et les
municipalités, comme ce que nous faisons ici entre le secteur privé et les
employés des entreprises privées quand ils
font affaire avec le secteur public. Dans ce contexte-là, peut-être. Outre que
ça, je ne sais pas.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée.
Mme Léger :
...M. le Président, peut-être pour son équipe autour, qu'ils pourraient
regarder dans le mémoire que la FTQ a
déposé. Il est clairement dit ceci : «Pour le moment, le secteur privé ne
fait pas partie du projet de loi [n° 87].» M. le président du Conseil du trésor de l'époque, votre collègue
ministre des Affaires municipales présentement, parce que c'est son nom qui est dit — je ne dirai pas son nom, selon nos
règles — «alors
qu'il était président du Conseil du trésor, a indiqué vouloir d'abord commencer par le secteur public et qu'il
pourrait se pencher plus tard sur la protection des lanceurs d'alerte
dans le secteur privé».
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Donc, c'est les galées, c'est ce qui a été déclaré en public.
M. Leitão : Alors, c'est ce qu'il a
déclaré.
Le Président (M. Bernier) :
C'est bien.
M. Leitão : Voilà.
Mme Léger :
Alors donc, si l'ancien ministre avait cette ouverture-là, c'est que
probablement il voyait qu'il y avait une possibilité d'inclure le
secteur privé peut-être dans un autre projet de loi.
Alors, ce que
je demande au ministre actuellement... Si lui ne savait pas qu'est-ce que le
ministre a répondu, son autre
collègue a répondu, il avait, lui, cette ouverture-là. Est-ce que le ministre
actuel voit cette possibilité-là d'aller faire un projet de loi ou d'aller regarder le secteur privé? Je lui repose
cette question-là, que je lui avais déjà posée, M. le Président, avant que vous me dites : Vous la lui avez
déjà posée, mais là avec la lumière que son collègue avait cette ouverture-là.
Est-ce que lui a une ouverture sur le secteur privé ou il le ferme?
Une voix : M. le ministre.
M. Leitão : Je ne vois pas la
pertinence de faire ça, non.
Mme Léger : Vous ne voyez pas
la pertinence de faire ce que je vous dis ou la pertinence de le faire dans le
secteur privé?
M.
Leitão : De le faire dans le secteur privé. Je ne vois pas quelle est
l'utilité de faire ça. On va faire ça d'abord. L'avenir, c'est complexe, on verra. L'avenir, avec tous mes talents de
prévisionniste, je n'arrive quand même pas à tout prévoir, alors je ne peux pas vous garantir ce que
je vais faire ou ce que je ne vais pas faire, mais, aujourd'hui, je ne vois
pas l'intérêt de légiférer dans le secteur privé.
Une voix : Merci.
Mme Léger :
M. le Président, est-ce que le ministre... C'est quand même le ministre des
Finances, là, il est habitué de faire
des prévisions, il est habitué de regarder les années qui viendront. Entre la
pertinence d'aujourd'hui que vous ne le voyez pas... est-ce que, dans les arguments que je vous ai apportés,
vous voyez une ouverture des municipalités? Vous dites qu'il
va y avoir un projet de loi, mais est-ce que, pour vous, au niveau d'une vision
du gouvernement... Vous dites que vous ne
voyez pas la pertinence aujourd'hui, parce que vous déposez le projet de loi
n° 87, mais est-ce que vous ne voyez jamais la pertinence, avec tout ce qui s'est passé au fil des dernières
années... vous ne voyez pas aujourd'hui la pertinence de protéger tous
les citoyens du Québec qui sont des travailleurs?
M.
Leitão : Je dis juste que ceux qui oeuvrent dans le secteur privé sont
protégés par, encore une fois, tout un édifice légal qui est très
robuste, donc, non, je ne vois pas l'utilité. Et d'ailleurs je pense que
l'amendement que nous discutons, c'est
d'insérer «municipalités de plus de 1 000 habitants». S'il y a un amendement sur le secteur privé,
alors regardons-le. Ici, on parle des municipalités.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
Mme Léger : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député La Peltrie, c'est beau?
Donc, nous
allons considérer l'amendement déposé par la députée de Pointe-aux-Trembles qui
se lit ainsi : Après les mots «à l'égard des organismes publics»...
les mots «et des municipalités de plus de 1 000 habitants,».
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Président (M. Bernier) : Rejeté.
Une voix : Appel nominal.
M. Merlini : ...
Le Président (M. Bernier) :
Oui.
M.
Merlini : Vous avez donné une directive hier à l'effet qu'un appel de
vote nominal devait se faire avant l'appel aux voix, et l'appel de vote
nominal a été fait après les résultats par voix.
Le Président (M. Bernier) :
Effectivement, j'ai donné la directive là-dessus.
Une voix : ...
Le
Président (M. Bernier) : Pas de problème. C'est bien. Donc, nous revenons à l'étude de l'article 1
tel qu'amendé. Mme la députée Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger : Oui. J'ai un amendement, M. le Président : Modifier l'article 1 du projet de loi en remplaçant les mots «à l'égard des organismes publics» par «à
l'égard du secteur public et du secteur privé».
«La présente
loi a pour [objectif] de faciliter la divulgation d'actes répréhensibles commis
ou sur le point d'être commis à
l'égard du secteur public et du secteur privé et d'établir un régime général de
protection contre les représailles.»
Le Président (M. Bernier) : Je vais
suspendre quelques instants pour vérifier l'amendement.
(Suspension de la séance à 21 h 7)
(Reprise à 21 h 10)
Le Président (M. Bernier) : Nous
reprenons nos travaux.
Donc, nous en sommes à un amendement présenté
par la députée de Pointe-aux-Trembles qui se lit ainsi : Modifier l'article 1 du projet de loi en
remplaçant les mots «à l'égard
des organismes publics» par «à
l'égard du secteur public et
du secteur privé». Donc, Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Léger : Oui. Donc, vous comprenez qu'on a parlé des municipalités, ce n'est pas fini sur les municipalités, mais
disons que je vais prendre au mot le ministre, qui m'a parlé qu'à ce moment-ci on était sur
les municipalités mais que le secteur privé n'était pas là.
Donc, je
lui présente cet amendement-là : «La présente loi a pour objet de
faciliter la divulgation d'actes répréhensibles commis ou sur le point
d'être commis à l'égard du secteur public et du secteur privé et d'établir un
régime général de protection contre les représailles.»
Le ministre
m'a comme dit qu'il ne voulait pas nécessairement toucher le secteur privé, mais j'aimerais ça lui
rappeler quelques éléments. C'est qu'en ne
voulant pas intégrer le secteur municipal, d'une part, ni le secteur
privé je ne sais pas s'il réalise
qu'il va à l'encontre, nécessairement, de la volonté et des recommandations de la commission Charbonneau, parce que la commission
Charbonneau l'a clairement dit. Elle dit, entre autres... dans le fond, elle a
fait les liens avec l'expérience
internationale, qui tend, en effet, de montrer que, lorsque les gens ne sont pas suffisamment protégés, les lanceurs
d'alerte sont davantage victimes de représailles, et la commission Charbonneau
a quand même nommé... harcèlement, menaces, stagnation professionnelle,
rétrogradation, perte d'emploi, poursuites judiciaires, etc., et, par ailleurs, lorsque le champ d'application des lois qui sont de nature générale est plus
large... et la réglementation qui va en découler s'applique à la fois
sur le secteur privé et le secteur privé. C'est ce qu'elle recommande,
la commission Charbonneau, parce que
les types de loi qui sont de façon
plus sectorielle définissent, dans chacun des secteurs, des actes, dans le
fond, répréhensibles, comme le projet de loi nous donne, dans le contexte
précis d'un secteur visé, qui est celui des organismes publics, d'une façon plus précise dans ce projet de loi là. Ces lois, dans le fond, vont laisser le
lanceur d'alerte sans protection pour les autres secteurs lorsqu'il signale, dans le fond, un problème qui est réel mais qui est
d'ordre plus général. Puis la commission le dit clairement, elle est d'avis qu'un régime général de protection
des lanceurs d'alerte s'impose. C'est ce qu'elle dit, la commission
Charbonneau.
Alors, je ne sais pas
si le ministre est conscient qu'il ne répond qu'une partie seulement à la
commission Charbonneau et qu'il ne répond
pas aux recommandations de la commission Charbonneau qui disent qu'il faut le
régime général, ce soit de nature générale, mais qu'il faut toucher le
secteur public et le secteur privé.
Alors,
le ministre, je voudrais qu'il me réponde à l'effet qu'il ne répond pas à la
commission Charbonneau et aux recommandations de la commission
Charbonneau telles qu'indiquées par le rapport de la commission Charbonneau.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
M. le Président, nous avons déjà parlé de ça aussi tant aujourd'hui qu'hier et
avant-hier.
Les
employés des entreprises privées sont couverts par des dispositions au projet
de loi n° 87 lorsqu'ils divulgueraient un acte répréhensible concernant un organisme public. Si l'entreprise
pour laquelle il travaille a un contrat en liaison avec l'État ou un organisme public, le travailleur de
cette entreprise est entièrement protégé par les dispositions de la loi. Pour
ce qui est des travailleurs des entreprises
privées, des relations contractuelles entre les entreprises, on a déjà parlé de
ça, et il y a plusieurs mécanismes,
et lois, et règles qui régissent ces choses-là, et, non, je n'ai pas
l'intention de légiférer dans ce
domaine-là. Et d'ailleurs, j'ai un peu pensé à ça, ça me surprend un peu que
mon collègue l'ancien président du Conseil du trésor ait dit ça. Alors,
peut-être, si la collègue veut déposer le document auquel elle faisait
référence avant, ça pourrait peut-être nous éclaircir un peu, mais, en
tout cas, moi, je n'ai pas l'intention, à court terme, de légiférer là-dessus.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
Mme
Léger : M. le Président, des situations catastrophiques qui arrivent à des lanceurs
d'alerte qui ne sont pas protégés, le ministre n'a pas de sensibilité par
rapport à ça?
Je
vous donne l'exemple d'un article de... attendez,
je vais le retrouver, là, d'un article où
Radio-Canada, lorsqu'il
a fait le reportage sur les Panama Papers,
il parlait du mystérieux lanceur d'alerte des Panama Papers et qui donne des
explications. Je vais vous lire un peu ce
qu'il dit : «Il écrit dans un anglais soigné et possède un sens critique
acéré : le lanceur d'alerte à
l'origine de la fuite monumentale des Panama Papers ne dévoile guère d'informations sur lui-même dans le
manifeste qu'il vient de publier. Mais, pour que le scandale serve à quelque chose et pour que cessent les violations d'une myriade de lois en
matière de fiscalité — c'est
un domaine que le ministre est très connaissant — il se dit prêt à collaborer avec les autorités, à la condition
qu'on lui assure l'immunité. Car il ne veut pas subir le sort[...]. Ces
lanceurs d'alerte "ont vu leur
vie détruite par les circonstances dans lesquelles ils se sont trouvés après
avoir révélé d'incontournables malversations", dénonce-t-il dans le
manifeste qu'il a confié...»
Alors,
M. le Président, je vous donne un exemple, là. C'est un exemple qui démontre,
dans le secteur privé, qui démontre
ce qu'une personne, un lanceur d'alerte peut vivre dans le secteur privé et que
le projet de loi n° 87 aurait pu être
encore plus robuste, comme le dit le ministre, et s'assurer des situations
comme celle-là qu'on puisse protéger ces gens-là. Et puis on voit après le lien de toute la fiscalité, là, qui a
rapport... Quand le ministre parlait peut-être de revoir avec le ministère des Finances... j'imagine que
c'est peut-être dans cet esprit-là qu'il est, son ancien collègue qui était
président du Conseil du trésor, il voit des
situations comme celle-là puis l'importance de protéger ces lanceurs d'alerte
là.
Alors,
quand le ministre me dit qu'il ne veut pas s'attaquer au secteur privé, ne veut
pas inclure le secteur privé, est-ce que des situations comme celle-là...
(Interruption)
Mme Léger :
Bon, j'imagine qu'on a un projet de loi...
Le Président (M.
Bernier) : On va devoir suspendre nos travaux, puisqu'il y a un vote
qui est appelé.
(Suspension de la séance à
21 h 18)
(Reprise à 21 h 41)
Le Président (M.
Bernier) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos
travaux.
Donc,
nous en étions toujours sur l'amendement déposé par Mme la députée de Pointe-aux-Trembles qui se lit ainsi :
Modifier l'article 1 du projet de loi en remplaçant
les mots «à l'égard des organismes
publics» par les mots «à l'égard
du secteur public et du secteur privé». Mme la députée.
Mme
Léger : Oui, M. le Président. Alors, tout à l'heure, avant qu'on aille voter, on en était à l'amendement que j'ai apporté, d'ajouter le secteur privé. Je ne sais pas si
pendant le vote, ou après le vote, ou en se rendant au vote, ou en revenant du vote, le ministre,
qui est devant nous, M. le Président, il a eu le temps de parler à son collègue des
Affaires municipales. Il a pu peut-être, avec le collègue
des Affaires municipales, voir, lorsqu'il était président du Conseil du trésor, qu'il avait
ouvert la porte au secteur privé.
Est-ce qu'il a eu le temps d'en discuter avec
lui et d'avoir des bons conseils de son collègue?
M.
Leitão : Je n'ai pas discuté
de cela avec mon collègue, mais on a parlé, en effet, d'un éventuel futur projet de
loi municipal, et il me l'a encore une fois confirmé, que, oui, il travaille de façon très diligente à préparer un projet de loi municipal et c'est tout à
fait son intention de le faire cet automne. Il me l'a confirmé.
Une voix : Merci.
Mme Léger : Alors, M. le
Président, je voudrais, comme on est particulièrement sur le secteur privé,
avoir l'occasion de discuter avec le ministre à ce niveau-là.
Je rappelle
que peut-être, si son idée est faite, au ministre, il va quand même me
permettre que malgré tout, comme membre
de cette commission et de l'opposition officielle particulièrement... nous
avons des interrogations puis on a des gens
qui nous interpellent, et je dois faire mon rôle d'opposition officielle, même
si parfois, pour un gouvernement, ce n'est
pas toujours facile d'entendre les arguments de l'opposition officielle ou
d'écouter les revendications de l'opposition officielle. Et une
collaboration est évidemment souhaitable avec le gouvernement et
particulièrement le ministre des Finances et
président du Conseil du trésor présentement, à lui faire valoir l'importance
d'ajouter le secteur privé dans le projet
de loi n° 87, qui est devant nous. J'ai beaucoup d'inquiétude par rapport
aux citoyens qui ne sont pas protégés par le projet de loi n° 87.
Et le ministre nous dit qu'il ne veut pas l'encadrer, le secteur privé. Il ne
donne pas les raisons particulièrement, il dit
juste non, il dit : On commence par ça puis on verra, mais il m'a comme
dit tout à l'heure qu'il n'envisage
pas du tout de faire le secteur privé. J'aimerais être capable de le
sensibiliser, M. le Président, à ce qu'il puisse intégrer le secteur
privé.
On essaie de
regarder un peu dans l'ensemble de la littérature puis dans l'ensemble des
situations qui se sont posées à
travers le monde et nous avons plusieurs exemples de différentes autres
législations à travers le monde. Il y a celle de la France particulièrement, je l'ai mentionné voilà
quelques jours en faisant la comparaison aussi avec la France, la législation
que nous avons au Royaume-Uni, d'autres
littératures qui se sont penchées sur le sujet, et je ramenais la commission
Charbonneau, qui recommandait vraiment d'avoir et le secteur public et
le secteur privé.
En lisant un article
du Figaro, de France, parce
que la France est en train de revoir,
dans le fond, son processus
législatif, ses lois sur les lanceurs
d'alerte, c'est le projet de loi que je vous rappelle que j'avais un peu
mentionné, qui est la loi
Sapin 2. Je ne sais pas si les gens qui entourent le ministre
ont pu se référer à cette loi-là. La collègue légiste du ministre qui
est à côté du ministre présentement, je ne sais pas si elle s'est penchée sur la loi
Sapin 2, le projet de loi sur la transparence,
la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique du gouvernement français qui a été déposé
le 30 mars 2016. Le but de ce projet de loi là est vraiment de s'assurer de la
cohérence, dans le fond, du dispositif français
de protection des lanceurs d'alerte, et l'importance est vraiment d'appliquer
ce projet de loi là sur l'ensemble des
lanceurs d'alerte du secteur public et du secteur privé. Alors, ça ne vient pas
de la députée de Pointe-aux-Trembles, là, d'amener ça, là, c'est un peu partout dans le monde qu'ils se
penchent... des législations qui peuvent être... qu'on peut s'y référer, qui sont plus près de nos formes de
législation. Alors, je prends la France, entre autres. On voit un article qui
parle de ce que représente le statut
d'alerte, et une des mentions qu'on a, c'est le procès LuxLeaks — je ne sais pas si ça vous dit quelque
chose :
«Quatre ans
après les premières révélations — je cite Le Figaro — le procès LuxLeaks s'ouvre ce mardi,
l'affaire qui avait révélé les pratiques d'optimisation fiscale des
multinationales installées au Luxembourg et qui avait ébranlé jusqu'au
président de la Commission européenne — et ancien premier ministre
luxembourgeois de 1995 à 2013. Jean-Claude [Junker] sera, en effet, jugé devant
le tribunal correctionnel de Luxembourg. À la barre comparaîtront trois hommes, dont le lanceur d'alerte Antoine
Deltour. À 30 ans, cet ancien employé du cabinet PricewaterhouseCoopers
[...] à l'origine du scandale doit être jugé
pour "vol, violation du secret professionnel et du secret des affaires,
accès ou maintien dans un système
frauduleux informatique, blanchiment et divulgation de secrets
d'affaires". Il est notamment accusé
d'avoir copié des centaines d'accords fiscaux confidentiels entre des
multinationales et le fisc luxembourgeois. Il encourt 10 ans de
prison.
«Suite aux
scandales liés aux abattoirs en France ces dernières semaines, et avec en toile
de fond les révélations des
"Panama Papers", le gouvernement — puis c'est là qu'est le lien — avait récemment avancé la piste de réformer
le statut de lanceur d'alerte...»
Le
gouvernement a cru bon à ce moment-là de revoir l'ensemble de sa législation
sur les lanceurs d'alerte. C'est pour
ça, M. le Président, que j'indique au ministre l'importance d'y inclure le
secteur privé, parce que celui-là est un exemple concret.
Je
continue : «Parmi les plus connus figurent Edward Snowden; le fondateur de
WikiLeaks, Julian Assange, ou encore Hervé Falciani, qui a révélé le
scandale "SwissLeaks" — excusez-moi avec ma prononciation. Face à
la multiplication de ces acteurs anonymes, Le Figaro fait le point sur
ce statut qui tend à évoluer en France — alors, le gouvernement français, M. le Président, il voit
l'importance du secteur public avec le secteur privé, que sa loi puisse être
davantage... pour, dans le fond, ramasser
l'ensemble des lois pour être, dans le fond, plus cohérent. [...]le lanceur
d'alerte est "tout employé qui
signale un fait illégal, illicite ou dangereux pour autrui, touchant à
l'intérêt général, aux instances ou
aux personnes ayant le pouvoir d'y mettre fin". Une définition qu'a
largement reprise le Conseil de l'Europe dans une résolution de 2010.»
• (21 h 50) •
Et cette résolution,
M. le Président, qui est, pour moi, importante : «Aux fins de la présente
recommandation et de ses
principes[...] — la
résolution que je vous dis, je vais vous y référer — [le] "lanceur d'alerte" désigne
toute personne qui fait des
signalements ou révèle des informations concernant des menaces ou un préjudice
pour l'intérêt général dans le
contexte de sa relation de travail, qu'elle soit dans le secteur public ou dans
le secteur privé.»
C'est
récent, ça, M. le Président, là, alors, et nous, on arrive avec un projet de
loi en 2016, le gouvernement présente un
projet de loi en 2016 en ayant des recommandations de la commission
Charbonneau, en ayant plein de gens qui sont venus en auditions nous indiquer
que le régime doit être général et que le régime particulièrement doit
s'assurer que, les lanceurs d'alerte,
on touche autant le secteur public que privé. Alors, aussi, «de nombreux
articles de loi comprennent des références
aux lanceurs d'alerte, mais aucun texte, pour l'heure, n'a une approche globale
de la question». Alors, M. le Président, je le répète, ce bout-là,
là : «Ainsi, de nombreux articles de loi comprennent des références aux
lanceurs d'alerte...»
Donc, ce que
je disais plus tôt, de travailler en silo, d'avoir des projets de loi différents,
de s'assurer d'autres types de loi
que le citoyen qui est dans le secteur privé... c'est les lois normales, les
lois quotidiennes, les lois qu'on a depuis plusieurs années. Le
gouvernement français, lui, s'est dit : Là, peut-être qu'on est un peu éparpillé,
là, puis il est peut-être temps qu'on revoie
puis qu'on ait une approche globale de la question. Les gens parlent de plus en
plus : Nous avons beaucoup de
nouveaux signalements. Et là on donne plein d'exemples de situations qu'on peut
avoir, qui amènent le gouvernement
français, d'une part, à légiférer et à déposer son projet de loi sur la
transparence, qui englobe beaucoup plus large et qui touche le secteur
privé.
Alors, mon
amendement, M. le Président, est vraiment... touche vraiment, en tout cas, de
m'assurer que le ministre est très
conscient et qu'il peut être sensible à différentes situations. Là, je vous
donne l'exemple du gouvernement français, mais il y a d'autres types de
gouvernement. Alors, j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi le ministre
s'entête particulièrement à ne pas vouloir y
insérer le secteur privé quand les autres législations dans le monde ont fait
cette analyse, ont fait cette
réflexion-là et, au fil des dernières années, avec tout ce qui s'est vécu les
dernières années, avec des cas qu'on voit
à travers le monde que nous avons pu suivre par les médias internationaux,
qu'on a pu voir différentes situations, cinq ans de prison... Le
résultat, c'est cinq ans de prison pour le lanceur d'alerte du gigantesque
scandale bancaire SwissLeaks. C'est un lanceur d'alerte, là. Ayant révélé le
nom de 130 000 détenteurs de comptes bancaires secrets, M. Falciani, ancien informaticien de la
Banque HSBC, a été condamné par la justice suisse à cinq ans de prison lors
d'un procès auquel il ne s'est pas
rendu. L'homme à l'origine de la plus grande fuite de l'histoire bancaire, un
sujet que... Je touche un sujet que le ministre connaît, c'est un sujet
de son histoire récente, au ministre, d'ailleurs.
Alors, dans
tout ce qui se passe au niveau des institutions bancaires, on peut comprendre
que ça doit toucher le ministre.
J'essaie de l'influencer pour qu'il puisse réaliser l'importance, dans le fond,
avec tous ces scandales-là à travers le
monde, mais à toute cette protection... pas protection que les lanceurs
d'alerte ont et qui sont et condamnés, qui vivent des répercussions majeures dans leur vie.
M. le Président, quand on dépose un projet de loi comme le projet de loi
n° 87 puis on dit : Bien,
nous, ce qu'on va faire, là, voyons petit et ne faisons que les organismes
publics, on est bien contents qu'il y ait les organismes publics, de
base, minimalement, qu'on ait les organismes publics.
Alors, avec l'amendement que j'ai déposé, M. le
Président, c'est, pour moi, important de donner ces types d'exemples là, parce
que c'est des exemples qui sont concrets, qui sont proches de l'expérience et
de l'expertise du président du Conseil du
trésor, qui a déposé ce projet de loi là avec son collègue, évidemment, à
l'époque, pour nous indiquer, dans le
fond, que c'est important d'y ajouter le secteur privé. Je vais laisser le
temps au ministre de répondre, là. Peut-être qu'il va me répondre
quelque chose qui va être satisfaisant.
M.
Leitão : M. le Président, je vais juste mentionner deux choses,
d'abord, que le projet de loi n° 87
s'intitule Loi facilitant la
divulgation d'actes répréhensibles dans les organismes publics. Donc, nous, le gouvernement, de façon très
délibérée, nous voulons adresser cette situation dans les organismes
publics. On n'adresse pas le secteur
privé. Ce n'est pas un oubli, c'est ce que nous voulions faire.
Pour ce qui est des exemples que la collègue a mentionnés, écoutez... avec tout le
respect que je vous dois, mais je
pense que vous ne connaissez pas bien
la réglementation actuelle canadienne d'encadrement du système financier. Ce que vous parlez, qui s'est passé en Suisse et au
Luxembourg... bien, c'est justement, la législation canadienne est différente. Ça ne pourrait pas se passer au Canada,
le SwissLeaks et le LuxLeaks. Et, en tous les cas, ce n'est pas à nous de
légiférer ce qui se fait dans
d'autres pays. Je n'ai pas d'autre commentaire à faire. On en a parlé abondamment, nous sommes
dans les organismes publics.
Le Président (M. Bernier) : Mme
la députée.
Mme Léger : Ce n'est pas à nous de légiférer ce qui se passe
ailleurs, c'est sûr, ça se passe ailleurs, ce n'est pas à nous de légiférer ce qui se passe ailleurs, mais
j'ose croire que le ministre voit ce qui se passe ailleurs pour être capable...
en tout cas, si ce n'est pas lui,
c'est au moins son entourage qui voit ce qui se passe ailleurs pour s'assurer
qu'on est à l'avant-scène puis qu'on est...
M.
Leitão : ...ça ne peut pas
se passer ici, c'est clair. Aujourd'hui, ça ne pourrait pas se passer ici. Ce qui s'est
passé en Suisse, ça ne pourrait pas se passer ici.
Mme Léger : O.K., mais on
peut avoir quelque chose de semblable quand même qui peut se passer dans une institution
bancaire ou d'autre type... qui peut se passer quand même au Québec.
M. Leitão : Mais non, pas dans ce
domaine-là.
Mme Léger : Ça, je suis d'accord que le domaine bancaire,
c'est canadien, je suis d'accord, mais ce que je dis au ministre : Dans le
fond, c'est un exemple, là, que je
vous donne, là. Je ne dis pas : Cet exemple-là précis s'adapte d'une
façon précise au Québec. C'est pour vous ouvrir, dans le
fond, de l'esprit derrière ça. C'est dans ce sens-là. Je vous donne la résolution, entre autres, de... — on
parlait du gouvernement français tout à l'heure — la résolution du Conseil de l'Europe, entre autres, l'article 3, la façon qu'ils l'ont libellé, pour voir
comment nous, on l'a libellé : «Le champ d'application — parce
qu'on est vraiment dans l'article 1, là — personnel du cadre national
devrait couvrir toutes les personnes
travaillant soit dans le secteur public soit dans le secteur privé, indépendamment de la nature de leur relation
de travail et du fait qu'elles sont ou non rémunérées.»
Alors,
j'aurais pu l'amender de cette façon-là pour démontrer au ministre, dans une
autre législation qui est en France,
que c'est une façon aussi de l'écrire et qui permet de démontrer toute
l'étendue et toute l'approche globale et intégrée que...
Le
Président (M. Bernier) :
Merci, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles. M. le député de La Peltrie,
ça va?
Donc, nous
allons donc décider en ce qui regarde la motion proposée par Mme la députée de
Pointe-aux-Trembles qui se lit ainsi : Modifier l'article 1 du
projet de loi en remplacement des mots «à l'égard des organismes publics» par
«à l'égard du secteur public et du secteur privé». Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix : Rejeté.
Le
Président (M. Bernier) : Rejeté. Donc, cette motion est
rejetée. Nous revenons donc à l'étude de l'article 1 tel qu'amendé.
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger : Oui. J'aurais un
autre amendement, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Oui.
Mme Léger :
Ajouter, après les mots «à l'égard des organismes publics», les mots «et des
régies intermunicipales».
«La présente loi a pour objet de faciliter la
divulgation d'actes répréhensibles commis ou sur le point d'être commis à l'égard des organismes publics et des
régies intermunicipales et d'établir un régime général de protection contre
les représailles.»
Le Président (M. Bernier) :
Je vais suspendre pour que nous puissions faire des photocopies.
(Suspension de la séance à 21 h 59)
(Reprise à 22 h 2
)
Le Président (M. Bernier) :
Donc, nous reprenons nos travaux.
Donc, nous
avons reçu un amendement à l'article 1 présenté par Mme la députée de Pointe-aux-Trembles qui se lit
ainsi : Ajouter, après les mots «à l'égard des organismes publics», les
mots «et des régies intermunicipales». Mme
la députée.
Question de règlement sur la recevabilité d'un
amendement
M.
Leitão : M. le Président, vous avez plus d'expérience que moi, mais il semble que cet amendement
vise à élargir le champ d'application de notre projet de loi, il me
semble que ça ne devrait pas être...
Le Président (M. Bernier) :
Donc, vous me demandez d'évaluer la recevabilité, c'est ça?
M. Leitão : C'est ça, oui.
Le Président (M. Bernier) : O.K.
M. Leitão : Donc, je vous demande
de...
Le Président (M. Bernier) : Et vos
motifs sont?
M.
Leitão : Parce que j'ai
l'impression qu'avec cet ajout on souhaite élargir le champ d'application de la
loi au-delà de ce qui avait été prévu initialement.
Le Président (M. Bernier) :
O.K. Sur la demande de recevabilité, avez-vous des commentaires, madame?
Mme Léger : Bien, je pense que c'est très recevable, parce,
pour nous, le champ, que ce soit pour une municipalité, que ce soit pour
le secteur privé — là,
c'est les régies intermunicipales — c'est
des domaines qu'on demande que le projet
de loi puisse être plus... qu'on
puisse regarder pas simplement les organismes publics, c'est dans le même ton
que depuis le début.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de La Peltrie, avez-vous des
commentaires sur ça? Non.
Donc, je vais suspendre quelques instants, je
vais examiner la recevabilité. Je suspends.
(Fin de la séance à 22 h 3)