(Quinze heures cinq minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du
travail ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 19, Loi sur l'encadrement du travail
des enfants.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel) est remplacée par Mme Poulet (Laporte).
Mémoires déposés
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Avant de débuter les remarques préliminaires, je vous informe qu'il y a un
dépôt de cinq mémoires reçus depuis la fin des auditions.
Remarques préliminaires
Maintenant, nous débutons avec les remarques
préliminaires. M. le ministre du Travail, vous disposez de 20 minutes. La
parole est à vous, après votre gorgée d'eau.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Bien, je suis bien heureux d'être ici. Évidemment, j'aimerais ça
saluer l'ensemble des collègues qui sont présents, tant du côté gouvernemental
que des partis d'opposition, pour procéder à l'étude détaillée article par
article du projet de loi sur l'encadrement du travail des enfants.
Je le réitère, ce projet de loi là vise deux
objectifs. Le premier, d'abord, la santé, la sécurité, l'intégrité physique et
psychique de nos enfants, et, deuxième objectif, leur réussite éducative, et
beaucoup leur persévérance scolaire. Parce
qu'il n'y a pas que le décrochage, il y a la capacité de bien se concentrer et
d'avoir les meilleures notes, parce que l'avenir du Québec réside dans ce
potentiel humain là, qui est extrêmement précieux pour notre société.
Pour que des mesures concernant le travail des
enfants soient efficaces, il faut qu'on se rallie tout le monde ensemble et que
tous les acteurs impliqués dans la société civile comprennent l'importance
d'aller de l'avant... et ont tous réalisé, on l'a constaté, que le projet de
loi contient des solutions équilibrées. On a pris le temps d'écouter les
parties qui sont venues lors des consultations particulières, on a pris les
différents points de vue en considération. Je voudrais
d'ailleurs remercier de nouveau les 16 groupes qui ont témoigné en
commission, puis toutes les organisations qui nous ont transmis un
mémoire, et celles avec lesquelles on a eu des discussions.
On voit également qu'il existe un consensus non
seulement sur les objectifs, mais les principaux paramètres du projet de loi.
Le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre est un forum
extrêmement vital en relations de travail au Québec. Vous savez que les leaders
des associations patronales et des centrales syndicales y siègent, et c'est un
comité à qui je demande des avis et, parfois, des recommandations.
On s'entend sur le fait que le travail joue un
rôle utile, aussi, pour les enfants, les aide à se responsabiliser, à se donner
une estime d'eux et d'elles-mêmes, les motiver. Et il ne faut pas cependant,
encore une fois, que ce soit au détriment de leur santé et sécurité ni aux
dépens de leur réussite scolaire, parce que le premier métier d'un enfant,
c'est d'abord d'être un élève, et il faut constamment se le rappeler. Je n'ai
pas eu le temps de lire un article, là, mais il y a un jeune de 15 ans qui
vient d'avoir un accident, aussi, sérieux, là, qui sera documenté de façon plus
élaborée par les médias et par la CNESST, qui va vraisemblablement faire
enquête dans ce dossier-là.
• (15 h 10) •
J'ajouterais également que le projet de loi
constitue une avancée significative en établissant un nombre d'heures maximal,
17 heures par semaine, 10 heures du lundi au vendredi, encore une
fois pour respecter ce besoin crucial là
qu'ont les enfants de se reposer, et d'avoir un sommeil récupérateur, et de
bien performer le lendemain à l'école.
Le projet de loi tient également compte de
l'importance du rôle des parents. Le travail des enfants, c'est une
responsabilité partagée par les milieux de travail, les employeurs, les écoles,
les parents puis les enfants eux-mêmes, et je pense que c'est bien reconnu,
parce qu'on prescrit dorénavant un formulaire avec des informations spécifiques
sur le nombre d'heures, sur le temps de
disponibilité puis sur l'horaire, puis, quand il y aura des changements, ça
requiert le consentement écrit des parents.
J'aimerais réitérer que notre objectif, au
final, c'est de bien conjuguer les conditions les plus propices au sain
développement des enfants. Quand je vous mentionnais que l'écoute et le
consensus sont à la base d'à peu près tout ce que nous
devrions faire pour faire progresser notre société, il y a un groupe,
notamment, L'Union des producteurs agricoles, qui, je le mentionne, nous a soumis un mémoire
particulièrement bien articulé sur le fait qu'il y a une espèce de
prolongation de la vie familiale. Vous savez qu'il y a des exceptions à
l'article 13, et ce qui nous guidait dans l'identification des exceptions,
c'est de s'assurer que ce soit une saine prolongation de la vie familiale ou
scolaire. Et je vais déposer un amendement,
qui devrait être présenté au Greffier, pour, parallèlement... Parce qu'on a
déjà une exception pour l'entreprise familiale de moins de 10 quand tu
es l'enfant. Ici, la nouvelle exception serait pour une entreprise de moins de 10 employés, et un enfant de 12,
13 ans pourrait prendre soin des animaux, préparer, entretenir le sol ou récolter
des fruits et légumes, si c'est des travaux manuels légers, là, parce que...
pas d'utilisation d'équipements qui risquent de
causer des blessures physiques, et autres, aux enfants. Donc, c'est un
amendement, c'est à l'article 13. C'est une nouvelle exception qui
démontre notre volonté non seulement d'écouter, mais de comprendre et de
s'assurer que ce soit compatible avec l'esprit puis l'intention du projet de
loi. Parce qu'on est dans un contexte, comme M. Caron l'a expliqué, où il
y a un sens de communauté. Il y a une nature de travail qui fait en sorte qu'il
y a aussi la supervision, parce que vous
savez qu'il y a un paragraphe, à la fin, qui dit que ça requiert la supervision
d'un adulte de 18 ans ou plus.
Bon, pour
conclure, comme on l'a mentionné, comme plusieurs partenaires du marché de
l'emploi l'ont mentionné, l'embauche
d'enfants très jeunes n'est pas la solution à la pénurie de main-d'oeuvre.
Notre gouvernement est actif pour soutenir les entreprises. Notre
priorité, pour que les employeurs et les familles s'assument bien, c'est de les
protéger, et notamment leur persévérance académique. Bon, je pense qu'on a une
occasion historique, je le dirais, d'atteindre ces objectifs-là en conformité avec le consensus, puis je tiens
beaucoup, beaucoup, beaucoup à ce consensus-là, exprimé par le CCTM. Les
solutions, je me répète, sont équilibrées. Les jeunes qui le souhaitent
pourront travailler dans un contexte sain et
sécuritaire, sans nuire à leur cheminement scolaire, pour le bénéfice de tous
les Québécois et de toutes les Québécoises.
Ceci dit,
débutons nos travaux, Mme la Présidente. Merci de votre collaboration, puis je
le mentionne pour tous les collègues, tant à côté qu'en avant. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Maintenant, je suis prête à entendre le deuxième groupe... le premier groupe d'opposition
officielle. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, pour vos remarques préliminaires,
vous avez 20 minutes.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Salutations à tous les collègues de toutes les formations
politiques. C'est un moment fébrile, donc, c'est ma première étude de projet de
loi cet après-midi, ma première étude détaillée de projet de loi, et je pense
que je n'aurais pas pu mieux tomber, d'abord en raison du sujet. Vous le savez,
je suis également porte-parole en matière de
jeunesse pour l'opposition officielle, aussi, donc, pour l'emploi, donc j'ai bien
l'impression que le projet de loi n° 19 vient, donc, mettre de l'avant les
différents chapeaux que je porte et les différents intérêts que j'ai
politiquement.
Mais je suis également, donc, chanceuse, donc,
de pouvoir faire, donc, cette étude de projet de loi, donc, avec le ministre et avec le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, donc des parlementaires aguerris, des excellents
parlementaires, qui me... qui, j'espère, donc, me... bien, en fait, donc,
pas juste «j'espère», en fait, je sais, donc, qu'ils me feront... que ce sera, donc, un plaisir, donc, de pouvoir
poursuivre le travail avec eux dans le dossier du travail. Donc, merci pour
vos remarques préliminaires, M. le ministre.
J'ai eu l'occasion, à de multiples reprises
depuis l'automne dernier, y compris hier, lors de l'adoption du principe du
projet de loi en Chambre, d'étayer les motifs qui sous-tendent mon adhésion au
principe du projet de loi, un pas que mon
groupe parlementaire recommandait fortement de franchir depuis un moment déjà.
Je remercie, par ailleurs, fortement mes collègues libéraux de la
précédente législature d'avoir questionné le gouvernement en Chambre à ce sujet et d'avoir rencontré le ministre afin de lui
faire part de leurs fortes préoccupations, manifestement légitimes, puisque nous
sommes ici aujourd'hui avec l'étude détaillée de ce projet de loi.
Nous avons, dans le cadre des différentes
manifestations publiques... nos différents appels publics afin que l'on agisse
sur la question de la protection, de l'encadrement du travail des enfants, de
parler de la hausse fulgurante du taux
d'accidents au travail en 2021 comme en 2022. Nous avons notamment nommé les
statistiques hier, la hausse de
36 %, donc, qui a défrayé les manchettes à de nombreuses reprises, et
celle qui tombait, là, tout juste alors que nous entamions les consultations particulières il y a quelques semaines, donc
la hausse de près de 700 % du nombre d'accidents en 2022, alors que
les nouveaux chiffres étaient dévoilés. Donc, nous en avons parlé, nous avons
parlé du risque qui subsiste pour la
réussite académique des jeunes, donc le risque que pose un trop grand nombre
d'heures travaillées pendant l'année scolaire, particulièrement dans un
contexte de rareté de main-d'oeuvre, ce qui rend ce bassin de jeunes
travailleurs soudainement attirant pour nos employeurs, tout en admettant,
comme le ministre vient de le faire, que le travail
bien encadré et balisé peut être bénéfique pour nos jeunes, est une forme
d'apprentissage et d'intégration sociale. Nous faisons face à un choix
de société.
À la lumière des risques immédiats pour la santé
et sécurité des jeunes et des risques, à long terme, pour la réussite
académique de ceux-ci et de la productivité de la main-d'oeuvre québécoise, je
nous convie à faire le choix de société suivant, ce que le ministre vient de
mentionner, c'est-à-dire que nos enfants ne doivent pas être la solution à la
pénurie de main-d'oeuvre. Les solutions à cet enjeu existent et se trouvent
ailleurs.
Maintenant que c'est dit de façon limpide, je
prendrais également le temps de remercier les groupes qui ont pris le temps de venir témoigner en commission à
l'occasion de la tenue des consultations particulières, ainsi que tous ceux qui ont déposé des mémoires au fil du processus, qui
nous ont permis, à nous, parlementaires, d'alimenter notre réflexion de
législateur.
De cette documentation, des différentes
présentations qui ont été faites en commission, deux constats principaux
émergent. D'une part, les éléments du projet de loi issus de l'avis du Comité
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre font largement consensus. L'âge
général d'admission à l'emploi, fixé à 14 ans, qui vient rattraper ce qui est établi dans des juridictions comparables,
et c'est ce qui a déjà existé au Québec, par ailleurs, jusqu'en 1980, n'est,
en général, pas remis en question. De même,
le nombre maximal d'heures par semaine que peut travailler un jeune âgé entre
14 et 16 ans pendant l'année scolaire, soit au plus 17 heures par
semaine, incluant une enveloppe maximale de 10 heures durant les jours
d'école, n'est pas remis en question par une majorité d'acteurs.
D'autre part, la grande majorité des groupes
consultés, des groupes qui ont déposé des mémoires ont déploré l'absence de
portrait statistique en matière de travail des jeunes. Je vous dirais que
c'est... qu'au-delà du consensus le deuxième constat qui émerge, et pour lequel
nous... définitivement, donc, nous continuerons, donc, de développer sur cette
question à l'occasion de l'étude détaillée, donc, c'est la question de la
documentation. C'était le cas, d'ailleurs, dans
l'avis du CCTM de décembre, qui recommandait lui-même, aussi, donc, de mieux
documenter le travail des enfants assujettis à l'obligation de
fréquentation scolaire. Donc, j'abonde dans le même sens, il faut fournir plus
de données qualitatives et quantitatives sur
le travail des enfants au Québec. Le portrait dont nous disposons, il est
préoccupant. Nous avons mentionné les statistiques qui ont été mises sur
la place publique en matière de santé et sécurité au travail. Donc, le portrait, il est manifestement
préoccupant, c'est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui, mais il
est manifestement incomplet.
• (15 h 20) •
On a aussi dénoté, de la part des intervenants
qui sont venus témoigner... nous avons dénoté une intention de miser sur la formation et sur la prévention. En
matière de prévention, le projet de loi, dans sa mouture actuelle, répond
partiellement à cette préoccupation en
exigeant que chaque milieu de travail qui s'y prête procède à une identification
et une analyse des risques qui peuvent
affecter la santé et la sécurité des travailleurs âgés de 16 ans et moins,
donc, pour les employeurs tenus de mettre en application un programme de
prévention, un plan d'action, et ceux qui comportent un comité de santé et
sécurité au travail, un représentant en santé et sécurité ou un agent de
liaison en santé, sécurité.
Mais, en matière de formation, sachant, comme
on... comme je l'ai répété à de nombreuses reprises, que les accidents de
travail, particulièrement chez les jeunes, surviennent en raison d'une
formation manquante ou d'une formation qui
est inadaptée aux groupes d'âge, parce qu'on peut prendre pour acquis, donc,
certains éléments, là, qui nous semblent aller de soi, mais qui ne sont
pas nécessairement adaptés aux groupes d'âge, donc, de référence, donc, en matière
de formation, donc, il faut renforcer les mécanismes qui permettent de valider
la présence desdites formations.
En ce sens, j'aurai l'occasion, lorsque nous
serons à l'examen de l'article 2 du projet de loi, de présenter un
amendement demandant que, sur le formulaire établi par la commission afin
d'obtenir le consentement écrit du titulaire de l'autorité parentale sur
l'enfant de moins de 14 ans autorisé à travailler, soit divulguée, donc,
en sus des principales tâches, du nombre maximal d'heures de travail par
semaine et des périodes de disponibilité de l'enfant, la formation qui est
offerte à celui-ci. De même, les jeunes entre 14 et 16 ans n'étant pas
assujettis à l'obligation de consentement parental — c'est normal — donc,
par cohérence, j'aurai aussi l'occasion de présenter... de proposer, comme l'a
recommandé Force Jeunesse, d'ajouter une obligation, à l'article 51 de la
Loi sur la santé et sécurité du travail, pour qu'un employeur tienne un
registre comportant les heures de formation et d'entraînement offertes aux
travailleurs de 16 ans et moins. Donc, voilà pour le volet formation.
Par souci de bonne gouvernance et de
documentation, vous conviendrez qu'il faut que la commission... qu'il faut que
la CNESST puisse être en mesure de prendre acte de la réalité terrain des
jeunes, des jeunes à l'emploi. Je recommande donc que les informations
pertinentes, donc, du système d'enregistrement des personnes salariées de 16 ans et moins ainsi que les informations du
formulaire de consentement parental qui concerne le travail des enfants de
moins de 14 ans soient transmises à la
CNESST pour y être colligées. On aura l'occasion d'en discuter un peu plus
tard.
À l'autre bout du spectre, vous vous rappellerez
que plusieurs groupes nous ont parlé du déficit de simplicité en matière de processus de plainte pour les jeunes
travailleurs. Quelques-uns de ces groupes... on pense à Force Jeunesse, ils nous en ont parlé, le regroupement québécois
pour la réussite éducative, également, en a fait mention, et donc d'autres
groupes qui n'ont pas pu, là... qui n'ont pas eu l'occasion d'être en
commission parlementaire mais qui ont déposé des mémoires. Comme la
FECQ, la Fédération étudiante collégiale du Québec, nous ont parlé du
processus, à quel point, pour un jeune, ce n'est pas nécessairement intuitif de
passer à travers le processus de plainte. Donc, à la lumière des témoignages
entendus et lus, il m'apparaît nécessaire d'adapter, de proposer d'adapter ces
mécanismes de plainte là à la CNESST pour en
faciliter le recours. Ils peuvent être rébarbatifs pour le jeune. Donc, on le
sait, il y a la construction... il y
a eu la construction d'un espace jeunesse sur le site Internet de la CNESST. Il
y a, donc... il y a déjà, donc, des avancées qui sont faites, qui ont été faites pour faciliter le lien entre le
jeune et le milieu du travail, mais, définitivement, on peut faire ce
pas de plus, à la lumière de ce qui a été entendu.
Il y aurait également lieu d'évaluer dans quelle
mesure les services de la CNESST pourraient être adaptés à la clientèle
jeunesse, en offrant, par exemple, une option de clavardage, ou développer une
interface accessible pour le jeune. Dans la
même veine, donc, des propositions pour rendre le processus plus facilitant
pour le jeune, nous avons également...
mon groupe parlementaire, donc, nous avons également, donc, proposé qu'une
ligne téléphonique d'urgence pour les jeunes qui souhaitent dénoncer
donc, toute situation anormale, donc, soit mise sur pied. Donc, si nous
reconnaissons ici... donc, nous sommes ici parce que nous reconnaissons que les
jeunes constituent un bassin de travailleurs vulnérables, donc les mécanismes
qui entourent leur présence sur le marché du travail devraient refléter cet
état de fait.
Enfin, nous avons entendu
plusieurs groupes proposer des modifications à l'article 13 du projet de
loi, qui porte sur les exceptions. Ayant réitéré, en introduction, un principe
clair, soit celui que les enfants ne peuvent pas, ne doivent pas être la
solution à la pénurie de main-d'oeuvre, on comprend la présence d'exceptions à
l'âge minimal d'accès à l'emploi. Le ministre vient de soulever ces principes.
Et, à mon sens, en s'interrogeant sur celles-ci dans le cadre de l'étude
détaillée... parce qu'on aura à le faire, selon moi, il faudra se poser les
questions... les trois questions suivantes. Un, les jeunes de moins de
14 ans constituaient-ils une main-d'oeuvre recherchée par ce secteur
d'activité avant la pénurie? S'agissait-il
d'une activité s'inscrivant dans la prolongation de la vie familiale et
scolaire, la vie éducative? S'agissait-il d'une activité qui favorise
l'épanouissement de l'enfant?
Un domaine d'activité, en plus de ceux qui sont
déjà énumérés à l'article 13, qui coche les trois cases, les trois cases précédentes, les... qui répond par
l'affirmative aux questions que je viens de poser, est celui du milieu agricole.
Donc, j'accueille favorablement le commentaire que vient d'émettre le ministre
dans ses remarques préliminaires, qu'il déposera un amendement qui va dans le
sens du témoignage que nous avons entendu en commission de la part de M. Caron, de la part de L'Union des producteurs agricoles. Je présenterai aussi, si ce n'est déjà fait, au
greffe de la commission, un amendement exemptant de l'interdiction de faire
effectuer un travail par un enfant de moins de 14 ans l'enfant qui,
dans le cadre d'une exploitation agricole, est affecté exclusivement à des
opérations non mécanisées reliées au travail du sol ou de la terre.
Tout autre domaine qui respecte ce cadre, donc
la prolongation de la vie familiale, éducative, une activité qui favorise
l'épanouissement de l'enfant, une activité pour laquelle on ne tente pas de
recruter des jeunes de moins de 14 ans pour combler la pénurie de
main-d'oeuvre, mais parce qu'il s'agissait déjà d'une activité que l'on
retrouvait précédemment au contexte actuel
de pénurie, donc tout autre domaine qui respecte ce cadre, donc, pourra, selon
moi, être ajouté à cette liste sans problème, sans que l'on défie
l'objectif premier du projet de loi, qui doit être impératif, soit le bien-être
de l'enfant, hein? Il ne faudrait pas, donc, retrouver, donc, des trous, là,
qui finalement, donc, rendent caduc
l'objectif du projet de loi, ça, c'est clair, et il convient de le réitérer à
l'occasion de ces remarques préliminaires.
En terminant, plusieurs autres recommandations
nous ont été soumises par les différents groupes, donc, qui ne touchent pas
l'article 13, hormis l'article 13. Nous aurons l'occasion d'explorer
ces recommandations soumises dans le cadre
de ces travaux. Et, comme je l'ai mentionné en introduction, j'ai bien hâte de
poursuivre ce travail avec vous, chers
collègues de toutes les formations politiques, en espérant susciter le débat et
mener à la bonification du projet de loi. Merci beaucoup. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, Mme la députée. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, à faire ses remarques
préliminaires, pour une durée de... d'un maximum de 20 minutes.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Bonjour, tout le monde, très heureux d'être avec vous aujourd'hui pour mon septième projet de loi avec le ministre
du Travail. Je ne sais pas il y en aura combien au total, de la présente
législature. Est-ce qu'on va atteindre 10, 15? On ne sait pas. C'est peut-être
trop ambitieux, 15. En tout cas, on verra.
Je suis bien content parce que, ce projet de loi
là, on l'appelait de nos voeux il y a presque un an et demi maintenant, alors
qu'on avait commencé à voir une augmentation inquiétante du nombre d'accidents
de jeunes dans les milieux de travail, qui était évidemment, la conséquence
logique d'un plus grand nombre de jeunes dans le milieu du travail. On
constatait qu'on était bien en retard, par rapport à d'autres législatures
canadiennes, sur l'encadrement du travail
des enfants. Le ministre avait annoncé son intention de bouger là-dessus,
pendant la campagne électorale, un débat où je participais, d'ailleurs,
avec lui. J'espérais que c'était moi qui gagnerais les élections puis c'est moi
qui ferais le projet de loi. Ce n'est pas
exactement ça qui est arrivé, mais, au final, le projet de loi est là, puis ça
ressemble, probablement, assez proche
à ce qu'on aurait... ce qu'on aurait fait, de toute façon. Parce que je pense
qu'il a travaillé de la bonne façon, le ministre, il a demandé un avis au CCTM,
le conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, une
institution historique, hein, depuis la Révolution tranquille, si je ne me
trompe pas, que ça existe, et ils ont produit un avis bien touffu, bien... bien ramassé, avec plusieurs marqueurs, là, le
14 ans, les 17 heures par semaine, etc., et le ministre s'est
vraiment collé à ça, dans sa mouture originale, en tout cas, du projet de loi.
Puis là on
comprend aujourd'hui... C'est d'ailleurs sa bonne habitude, au ministre, de
nous déposer d'emblée, à l'ouverture,
l'ensemble de ses amendements. Là, je comprends qu'il y en aura un seul. Donc,
on comprend que le reste des modalités du projet de loi sont inchangées,
ce qui ne me déplaît pas dans l'absolu. Bien sûr, j'aurai plein de questions,
j'aurai plein d'enjeux que je voudrai soulever. Mais pourquoi ça ne me déplaît
pas, Mme la Présidente? C'est parce qu'on
avait des craintes quand même. Quand le projet a été déposé, il y a eu une
bonne levée de boucliers, puis même avant, on savait que ça s'en venait,
le projet de loi, même, puis, avant qu'il soit déposé, on ne savait pas trop où est-ce qu'il logerait exactement et quel
chemin il prendrait exactement, notamment sur les fameuses exceptions.
Il y avait l'Association des restaurateurs du Québec, notamment, qui réclamait
d'être complètement exemptée de ce nouvel encadrement là des 14 ans et
moins. C'est même écrit, noir sur blanc, là, dans le Registre des lobbyistes :
Ne pas avoir de limite à 14 ans. Ce qui
est bien correct, d'ailleurs, parce que c'est comme ça que ça fonctionne, le
lobby. Mais c'était... c'était criant de vérité.
Et je pensais qu'il y avait quand même des chances,
malheureusement, que ça fonctionne, ce lobby-là et, quand j'ai vu le projet de loi, j'étais content, mais ce n'était pas
partie terminée, parce qu'il y avait... il continue à y avoir de la pression. On l'a entendue, d'ailleurs, très,
très forte, cette pression-là, pendant les audiences, principalement des groupes patronaux, bien sûr. Pas tous, par contre, là, il
faut le... il faut nuancer, là. Beaucoup de groupes patronaux sont venus puis
se sont collés, grosso modo, au consensus CCTM, c'est tout à leur honneur, mais
certains groupes sont allés... n'y sont pas
allés avec le dos de la cuillère, comme on dit. On a même parlé de
90 000 rêves brisés. C'était, certainement, la citation la
plus rigolote de la semaine.
• (15 h 30) •
Mais,
au-delà du mot d'esprit, c'était un danger, pour moi, de voir qu'il y aurait
peut-être beaucoup de pression, potentiellement même des pressions — c'est
la logique des choses — au
Conseil des ministres, et qu'on arriverait aujourd'hui
avec une batterie d'amendements de la part du ministre pour rajouter des
exemptions. Et plus on en rajouterait, des exemptions, plus on
affaiblirait l'article principal du 14 ans, hein, il deviendrait caduc.
C'est un peu ça que je disais dans mes questions que je lui posais au salon
bleu, le chien qui se mord la queue, là. À quoi ça sert de faire un 14 ans si on rajoute une batterie
d'exceptions? Et, voilà, il n'y en aura pas tant. Il y a celle sur le milieu
agricole, mais ça tombe bien, je la réclamais de mes voeux, celle pour
le milieu agricole. J'ai été sensibilisé à la réalité agricole à travers la
présentation de l'UPA.
J'en ai parlé dans un
point de presse, mais j'ai un cousin qui est dans le milieu agricole, qui a la
ferme familiale des Leduc, dans la
Montérégie-Ouest, et je l'ai appelé pour voir comment... C'était une excuse
pour le rappeler, pour reprendre contact, on ne s'était pas vus depuis
un petit bout, puis on a jasé, puis je lui ai dit : Comment ça marche,
toi, sur ta terre, etc.? Puis, bref, il m'a un peu sensibilisé àà sa réalité,
ce qui a fait en sorte que j'ai fait une proposition politique, là, il y a à
peu près deux ou trois semaines, pour le fait d'exempter... une partie
d'exemptions, donc, pour le milieu agricole.
Je l'ai jumelée à un enjeu de formation. Je ne vois pas cet enjeu-là dans
l'amendement qui est déposé par le ministre, on aura certainement
l'occasion d'en débattre puis d'en discuter, puis c'est bien correct.
Mais,
voilà, je suis content qu'il y ait... Si mouvement il y avait, je voulais que
ce soit de ce côté-là, puis c'est ce que je constate ce matin... cet
après-midi, pardon. Puis je ne m'éterniserai pas, là, sur tous les autres
thèmes que je voudrais aborder, parce que
c'est ce qu'on va faire dans les prochaines heures. Alors, autant y plonger.
Voilà. Alors, bien content d'être là, puis commençons le travail.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui
voudraient faire des remarques préliminaires? Sinon, nous sommes aux motions préliminaires.
Étude détaillée
Donc,
s'il n'y a pas de motion préliminaire, nous allons immédiatement commencer
l'étude article par article.
Mme Cadet : Mme
la Présidente, tel que prévu à l'article 245 et conformément à notre
jurisprudence, pour cette étude détaillée,
je vous demande à ce que les articles de ce projet de loi soient étudiés alinéa
par alinéa et paragraphe par
paragraphe là où c'est applicable et à ce que chacun des articles qu'on propose
de modifier ou d'ajouter dans les lois existantes soit étudié
séparément.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Ce sera fait. Donc, je prends en considération l'article 1 du projet
de loi. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Donc,
on ne lit pas les notes... On ne lit pas les notes explicatives, hein? O.K.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Non, pas d'habitude. Le souhaitez-vous, M. le ministre?
M. Boulet : Non.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Donc, je reprends ma phrase, ou on commence à l'article 1?
M. Boulet : On
commence, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait. Allons-y.
M. Boulet : Merci
beaucoup.
1. L'article 39
de la Loi sur les normes du travail est modifié par l'ajout, à la fin, du
paragraphe suivant :
«18° accorder
une aide financière afin de soutenir des initiatives d'information, de
sensibilisation ou de formation en matière de normes du travail.»
Commentaire. Bon, cet
article vient prévoir un pouvoir pour la CNESST d'accorder une aide financière.
C'est un peu un article miroir de ce que nous avons en santé-sécurité dans la
Loi sur la santé et sécurité du travail. Donc, c'est... je n'ai pas d'autre
commentaire à ce stade-ci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 1 du projet de loi? Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
Cadet : Oui, merci. Merci, Mme la Présidente. Donc, ici,
donc, je comprends que c'est... donc, c'est un pouvoir, donc, qu'on
accorde à la CNESST. Dans les faits, parce que je n'ai pas le... Je n'ai pas eu
le bénéfice, là, de voir, donc, l'article dont il est le miroir, peut-être mieux vous entendre ici.
Parce qu'effectivement, donc, je l'ai mentionné dans les remarques
préliminaires, il y a plusieurs groupes, donc, qui nous ont parlé de la
nécessité de soutenir ce type d'initiative là, de formation, de
sensibilisation, de formation. Donc, comment ce serait déployé?
M.
Boulet : Bon. D'abord, rappeler que... Puis vous l'avez
bien mentionné, là, collègue, la recommandation 3 du comité consultatif fait référence, au-delà du
portrait statistique... Et ça répond, cet article-là répond à la
recommandation 3, qui disait que des campagnes de sensibilisation
plus ciblées soient faites par des acteurs qui vont s'exprimer, et ça peut être des organismes communautaires, des
associations patronales ou des centrales syndicales. Donc, c'est des projets
qui vont être soumis à la CNESST.
Puis on sait à quel point, en relations de
travail, en santé et sécurité puis en normes, ici, c'est important d'informer, tu sais, surtout quand on adopte de
nouvelles lois. Ça va permettre une meilleure connaissance des protections
offertes. Puis, ici, ces campagnes-là vont
interpeler particulièrement les jeunes. Et donc, comme je mentionnais, ça va
être des outils pour prévenir, pour informer et pour sensibiliser.
Puis on l'a actuellement dans la loi santé et
sécurité. On dit à peu près... c'est le même libellé : formation, information pour promouvoir la santé et sécurité.
Ici, on va faire la promotion de la santé et sécurité des enfants, puis on va
faire la promotion de la réussite éducative. Donc, c'est... Il n'y a pas de
paramètres déjà définis. C'est les groupes qui vont exprimer, qui vont
faire une demande, et ils vont bénéficier de l'aide qui est pertinente.
Mme Cadet : O.K. Non, je comprends.
Je veux dire, donc, les groupes, donc, vont faire les demandes, donc ça... puis
je... probablement que les autres... donc, qui existent, que les groupes, donc,
doivent faire la demande, mais dans le... De
votre volonté de législateur, ici, donc, ce serait le type de programme que
l'on voit avec Kinga, dont vous avez parlé abondamment, le programme...
donc, l'Escouade prévention jeunesse. Donc, on serait, donc, dans ce type
d'initiative là qui serait... que l'on permettrait de financer avec ce pouvoir?
M. Boulet : Ça, évidemment,
c'est des activités d'information, formation qui proviennent de l'interne de la
CNESST. Cet article-là réfère plus aux acteurs de la société civile,
indépendamment de la nature de l'organisme ou association. Ils vont aider parce
qu'on ne peut pas faire ça... Tu sais, la CNESST a un mandat d'appliquer. Elle
fait énormément de formation puis
d'information, elle a des outils sur son site Web. Puis vous l'avez mentionné,
Kinga, on va en reparler, là, mais il y a eu des activités auprès de
124 000 élèves, là, en matière de formation, mais ça fait partie de la grande enveloppe de formation,
sensibilisation, information. Mais là on demande, on propose à ceux qui
s'intéressent à cette question-là de
lever la main. Puis il y a déjà des groupes qui m'ont dit qu'ils allaient faire
des demandes, puis... voilà.
Mme Cadet : Merci,
M. le ministre. Donc, ici, donc, information, sensibilisation, formation. On a
parlé plus tôt... on a parlé plus tôt
de documentation. Je sais qu'on est... on élargit un peu, là, mais j'ai
l'impression que la... À l'article 1, là, c'est probablement le meilleur forum pour tenir ce débat-là,
notamment parce que, donc, plusieurs groupes, eux, en ont parlé puis semblaient mettre de l'avant des
recommandations qui pourraient s'ajouter, donc, sous le cadre de
l'article 1 ou être une déclinaison un peu de l'article 1.
Donc, j'aimerais peut-être vous entendre là-dessus.
On sait, je veux juste... en donnant quelques
exemples, là, donc il y avait la CSD qui avait proposé de... bon, qu'on documente les... qu'on documente ces risques
au sein de la CNESST et auprès, donc, de d'autres acteurs qui... Ici, on
répond... Avec ce que je vois ici, donc, on répond à l'autre recommandation de
la CSD, de mener des campagnes d'information,
comme vous l'avez mentionné. Donc, peut-être vous entendre généralement, donc,
sur la documentation puis comment est-ce que ça s'arrime avec l'objectif
ici.
M. Boulet : Bien, la
documentation, on parlera peut-être... Si vous voulez qu'on parle de formation,
je peux aborder le sujet, là. Vous pourrez
peut-être préciser votre question. Mais les outils, ils peuvent être créés,
pensés et définis par les organisations. Si vous prenez l'exemple de la
CSD, ils pourraient décider qu'à leurs assemblées générales de travailleurs ils
fassent la promotion des droits, puis des normes, puis de la santé-sécurité,
puis de l'intégrité physique et psychique
des jeunes travailleurs. Et, s'ils ont besoin d'une aide financière pour
produire de la documentation ou pour faire des communications électroniques, ou
autres, ils vont présenter leur projet. Évidemment, il va falloir que ce
soit bien justifié, bien attaché. Puis la CNESST va analyser et va donner
l'aide financière qui s'impose. Mais je pense que...
• (15 h 40) •
Mme
Cadet : Mais, là-dessus, c'est la CNESST qui va décider,
donc, des paramètres pour... pour juste... pour justifier, donc, de
la... de comment est-ce que mon projet est ficelé ou...
M. Boulet : Bien,
il faut que l'organisme présente son projet. Puis elle confère l'aide
financière pour répondre à un besoin. En fait, ce que la CNESST va
devoir s'assurer, c'est que l'aide vise à informer, sensibiliser et former en matière de normes du travail. Et c'est
essentiellement ce qu'ils vont devoir faire. Puis je voudrais, collègue,
mentionner que la CNESST va être
ouverte à la diversité de la nature des interventions et des projets pour
s'assurer qu'on rencontre la finalité de l'article. C'est... Puis je le
redis, là, c'est de sensibiliser, informer puis former.
Mme Cadet : Sous le même angle,
au niveau, donc, des activités, donc, je comprends que, vous l'avez dit, donc,
on parle d'activités externes et non pas celles de la CNESST, là, je pense
que... pour moi, c'est très clair ici. Il y a plusieurs des groupes qui, dans
une perspective de développer des programmes de sensibilisation, de formation en matière de normes du travail, donc, ont parlé
d'intégrer le... d'intégrer, donc, différentes plateformes de ce type,
différents projets de ce type soit dans le cursus
scolaire ou soit dans le... le parascolaire ou le périscolaire, le... vous les
mettez souvent, donc, dans ce cadre-là.
J'aimerais également, donc, vous entendre. Est-ce que ce serait... Est-ce que
ces types de projets là, c'est un peu
ce qu'on vise quand vous parlez de la société civile? Donc, ça inclurait le
milieu de l'éducation?
M. Boulet : Il
n'y a pas d'exclusion, donc ça inclut aussi le milieu scolaire. Puis, bien sûr,
comme le projet de loi s'intéresse à la réussite et à la persévérance des
enfants à l'école, je pense que ce serait très pertinent.
Mme Cadet : Et
qu'est-ce que vous pensez des recommandations qui recommandent que les normes
du travail soient intégrées, par exemple, au
cursus scolaire comme matière, donc, qui vous... les groupes qui vous
enjoignent à travailler avec votre collègue à l'Éducation en ce sens,
qu'est-ce que vous pensez de ces recommandations-là?
M. Boulet : Bien,
évidemment, le ministère de l'Éducation a un éventail de matières à enseigner.
Puis je pense qu'ils doivent avoir une échelle en fonction des besoins
académiques des enfants puis s'assurer qu'ils passent au travers de leurs parcours académiques. Mais je peux difficilement
m'exprimer là-dessus, là. Puis, tu sais, entre nous, vous avez fait des
études identiques à moi, puis, tu sais, quand on fait des cours de droit du
travail, est-ce que c'est opportun? Moi, ce qui me préoccupe, c'est que
l'enfant soit saisi des risques inhérents à ses tâches. Ce n'est pas qu'il connaisse l'article 124 de la Loi sur les normes du travail, ce n'est pas qu'il connaisse ses congés, c'est de
savoir qu'est-ce qui est à risque dans l'exécution de sa prestation de
travail. C'est ça qui m'importe.
Mme Cadet : Merci.
Je sais qu'on est dans le déploiement, dans l'exécution, et ça, moi, ça m'outille
pour, décidément, donc, comprendre ici l'intention avec l'alinéa proposé.
Hier, lors de
l'adoption du principe, donc, vous avez parlé... vous avez parlé des familles,
même un peu plus tôt, donc, vous avez parlé,
donc, de l'impact des parents. Il y a quelques groupes qui nous ont indiqué que
les formations, que les différents
programmes actuels, donc, visaient, oui, le jeune, ce qui est une excellente
chose, mais que les parents, parfois,
ne se sentaient pas tout à fait outillés face aux normes du travail, donc, pour
aider leurs jeunes à passer à travers le... à intégrer le marché du
travail, le milieu du travail.
Est-ce qu'ici...
Évidemment, je comprends qu'on est très larges, et c'est l'objectif, mais
est-ce que, donc, ce type de projet là,
donc, ce... ça s'intégrerait dans la volonté ici, donc, quand on parle, donc,
d'une aide financière pour soutenir ces initiatives-là, donc, on serait
aussi dans l'initiative, donc, pour les parents aussi?
M. Boulet : Absolument.
Tout à fait. Puis c'est intéressant que vous souleviez ça parce que ça
m'amène... puis je sais que c'est le premier
article, là, puis on parle de bien d'autres articles en même temps, ça nous
permet de faire un certain déblayage.
Mais, oui, l'aide financière peut, bien sûr, servir à sensibiliser, informer et
former, mais ce que je trouve intéressant, c'est qu'encore une fois on
ne remplace pas les parents, on accompagne les parents. Puis le formulaire, le contenu du formulaire, qui est
maintenant prescrit par la CNESST, va leur permettre d'adhérer spécifiquement,
parce que, dans le formulaire, on va référer aux tâches, on va référer aux
heures puis on va référer à la disponibilité de l'enfant. Et ça, le parent va
devoir signer ce consentement-là. Et, s'il y a un changement dans la nature des
tâches, ce que le projet de loi prévoit, puis ça, c'est un autre article, c'est
que ce sera requis d'avoir un autre consentement.
Puis ça me tente de
traiter de la formation, parce que je sais que ça préoccupe aussi le collègue.
Mais, suite à vos représentations, à vous deux, pour la formation, dans le
formulaire, on va mettre aussi que l'employeur a une obligation de former. Tu sais, on va référer spécifiquement à 51.9°.
Vous savez ce que 49 impose au travailleur, 51 est le pendant pour les employeurs. Puis 51 dit tout,
là : S'assurer que l'environnement de travail soit sécuritaire, puis, à
9°, on dit : «Informer adéquatement [...] sur les risques reliés à son
travail [...] lui assurer la formation, l'entraînement [...] la supervision
appropriés afin de faire en sorte que le travailleur ait l'habileté et les
connaissances requises pour accomplir de façon sécuritaire le travail
qui lui est confié.»
Ça fait que c'est sûr
que, vous, votre question, c'est les parents, mais c'est aussi l'employeur. L'obligation
de formation, elle est prévue
spécifiquement, puis on va le dire et le redire dans le formulaire. Je pense
qu'on a un écosystème, dans ce projet
de loi là, qui ne laisse pas beaucoup de place aux angles morts. Puis je ne le
dis pas parce que ça ne vient que de
nous, ça vient beaucoup aussi du consensus établi au CCTM, mais... Et, vos
représentations sur la formation, on va l'inclure dans le formulaire.
Mme Cadet : Bien,
merci beaucoup, M. le ministre. Définitivement de la musique à nos oreilles...
à mes oreilles, à tout le moins, de... étant
donné, donc, que les... des représentations que je viens de faire en remarques préliminaires. Donc, on aura l'occasion à
l'article 2 de nous étayer sur la question de la formation. Donc, c'est
très, très agréable d'entendre...
Et, au niveau des
parents, effectivement, donc, je pensais, donc, qu'au Réseau pour un Québec
Famille...
Une voix :
...
Mme
Cadet : ...voilà, donc, que
vous avez rencontré, vous l'avez mentionné hier, lors de l'adoption de
principe, que j'ai rencontré
également, donc, qui faisait état, donc, de ce... du sondage, donc, qu'ils ont
mené auprès de leurs membres et de
cette inquiétude, donc, des parents face au manque d'information, là, quant à
la formation offerte et quant aux différentes initiatives. Donc, je vous
entends bien sur cette question.
Au niveau du
déploiement... Et vous venez de parler des employeurs... en fait, vous avez devancé
ma question suivante à cet effet-là, parce que c'est... bon, le...
plusieurs groupes, donc, plusieurs mémoires, donc, ont aussi, donc, fait état, donc, de la formation à l'employeur. Évidemment,
ici, vous nous dites qu'il y a le... Quand on parle de l'aide financière, donc, ce serait pour des groupes externes, donc on...
Je pense qu'il y a de l'interne aussi, donc il peut... on peut continuer, donc, à déployer plus fortement
la formation que l'on peut donner aux employeurs, sachant qu'on a devant
nous... aujourd'hui, on est ici, donc, pour être en mesure de mieux encadrer un
bassin de travailleurs plus vulnérables. Donc, je vous entends que vous
accueillez favorablement les différentes propositions, du moins, sur le
principe, là, des groupes, là, qui nous ont parlé de mieux encadrer les
employeurs dans tous les milieux de travail... dans tous les secteurs
d'activité plutôt, lorsqu'ils ont à leur emploi des jeunes travailleurs. C'est
bien ça?
M. Boulet : Absolument.
Mme Cadet : Parfait. Merci beaucoup.
Pour moi, donc, ce sera tout. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci beaucoup, Mme la députée.
Mme Cadet : Ah! M. le ministre
veut...
M. Boulet : Non, mais sans oublier
aussi tout ce qui va venir, là, sur l'identification des risques à intégrer
dans le programme de prévention ou le plan d'action pour les entreprises de
moins de 20 et la capacité pour les... ou le pouvoir des représentants en santé
et sécurité ou les agents de liaison, pour les plus petites entreprises, de
faire des recommandations quand il y a des tâches qui sont dangereuses.
Mme Cadet : Parfait. Merci.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. D'autres interventions? Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (15 h 50) •
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Je prends, moi aussi,
l'article 1 comme un article un peu général où on peut aborder
quelques sujets. Je ne m'éterniserai pas trop longtemps, puis c'est... à défaut
d'écrire un amendement formellement, je préfère, des fois, juste avoir un
échange avec le ministre, ça laisse des traces.
On parlait de formation, on parlait de sensibilisation.
On a eu une représentation écrite de la Fédération des comités de parents du Québec, là, à l'effet qu'il y
avait une espèce d'avantage fiscal d'embaucher des jeunes de 12, 13 ans,
mais, bon, jusqu'à 18 ans, vu qu'ils ne
payaient pas de cotisation. L'employeur n'avait pas à fournir de cotisations au
RRQ lorsqu'il embauchait de tels jeunes.
Je comprends qu'il y a une certaine logique à
cette façon de fonctionner là, je pense que c'est en lien avec le fait que
c'est les meilleures années qu'on prend, puis, bon, ça pourrait mettre une
pression à la baisse vers... avec l'éventuelle
rente à la fin de son parcours professionnel. Il reste que cet avantage fiscal
là est un peu malsain, à mon avis, et qu'il y aurait peut-être là une
fenêtre pour la corriger. Et, en tout cas, la Fédération des comités de parents
qui nous avait écrit le mémoire, donc, nous
disait : Pourquoi on ne fait pas une espèce de cotisation similaire,
obligatoire, toujours, donc, pour ne
pas qu'il y ait un avantage fiscal à embaucher un jeune, et cet argent-là
pourrait être investi dans un genre de
fonds de persévérance scolaire qui viserait à aider toutes sortes de projets,
Dieu sait qu'il y en a, puis qui mériteraient plus de financement souvent? Donc, est-ce que vous avez eu le temps de
gérer un peu ce débat-là, de mijoter cette proposition-là?
M. Boulet : Sincèrement, non, mais
j'ai entendu vos observations. Puis vous avez souvent posé la question :
Qu'est-ce que vous pensez de la mise... de l'élaboration d'un fonds de persévérance
scolaire? Je trouve que c'est une idée qui mérite d'être analysée, d'être
débattue.
Par ailleurs,
le fait qu'en bas de 18 ans ils ne paient pas de cotisation à la Régie des rentes du Québec, on en a parlé,
je pense que c'est pour le bénéfice des jeunes, parce que ce n'est pas des
années fortement rémunérées, puis, quand tu reçois tes rentes à ta retraite, bien, il y a un impact, ça pourrait
avoir un impact à la baisse sur le quantum des rentes.
Ceci dit, ce
n'est pas dans mon périmètre d'action, hein? Puis, tu sais, cet aspect fiscal
là, est-ce que ça relève de la loi
sur la Régie des rentes? Oui, c'est la Loi sur le régime des rentes du Québec.
Puis... Mais, encore une fois, je trouve que l'idée mérite d'être
analysée.
M. Leduc : C'est la raison pour
laquelle je n'en ai... on n'a pas fait un amendement, parce que, là, il y
aurait toute la question de la recevabilité,
etc., puis on ne voulait pas rentrer là-dedans aujourd'hui. Il reste que, si... On peut peut-être
cristalliser la discussion alentour d'est-ce que vous trouvez qu'il y a un
désavantage ou un avantage fiscal qui est
peut-être pernicieux, en quelque sorte, ou un autre... Vous pouvez choisir un
long terme si ça vous chante, là,
mais reconnaissez-vous que ce déséquilibre fiscal là, entre le fait... qu'il y
a une injustice pour l'employeur de ne pas payer de cotisation?
M. Boulet : Non, je ne reconnaîtrais
pas de déséquilibre. Je n'ai pas... En cette matière-là, je laisserais les experts analyser puis tirer les conclusions qui
s'imposent. Je pense que l'idée d'un fond mérite d'être analysée, mais je ne
me prononcerais pas, je ne qualifierais pas tant que ce n'est pas analysé.
M. Leduc : Merci.
La
Présidente (Mme D'Amours) : D'autres interventions, collègues? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce
que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
M. le ministre. L'article 2.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
L'article 84.3 de cette loi est remplacé par le
suivant :
«Il est interdit à un employeur de faire
effectuer un travail par un enfant de moins de 14 ans, sauf dans les cas et aux conditions déterminés par règlement du
gouvernement. Dans ces cas, l'employeur doit obtenir le consentement écrit du titulaire de l'autorité parentale sur cet
enfant ou du tuteur de celui-ci au moyen du formulaire établi par la
Commission.
«Sont
indiqués sur le formulaire les principales tâches, le nombre maximal d'heures
de travail par semaine [...] les périodes
de disponibilité de l'enfant. Toute modification apportée à l'un ou l'autre de
ces éléments doit faire l'objet d'un nouveau consentement écrit.
«L'employeur
doit conserver tout formulaire de consentement comme s'il s'agissait d'une
mention au système d'enregistrement ou au registre visé au
paragraphe 3° de l'article 29.»
Donc, évidemment, c'est l'interdiction, de fond,
qui fait l'objet d'un consensus, possibilité par règlement de le déterminer, on va voir à l'article 13 les
amendements au règlement, l'obligation pour l'employeur d'obtenir le
consentement au moyen du formulaire, préciser le contenu du formulaire
de consentement, puis obliger l'employeur à conserver tout formulaire de
consentement. Puis ça, ça permet de répondre à la recommandation 1 du
CCTM. Je ne le relirai pas, vous l'avez lu à plusieurs reprises. Et, les
exceptions, bien, je vous rappelle qu'elles sont déterminées au règlement.
Voilà, je pense que ça fait le tour, je n'ai pas d'autre commentaire à ce
stade-ci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Mme la Présidente, dans
le Greffier, vous allez retrouver un amendement que j'aimerais déposer. Je le
lis tout de suite?
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
qu'il est déposé? Oui, il est déposé au Greffier.
M. Leduc : Je le lis?
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que les gens l'ont reçu?
M. Leduc : Il est disponible, je le
vois sur le Greffier. Allons-y.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Faites-en la lecture, M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
L'article 84.3 proposé par l'article 2
du projet de loi est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Il doit également le communiquer à la
Commission conformément au règlement édicté par celle-ci.»
Pourquoi on fait ça, Mme la Présidente? C'est un
débat qu'on a eu pendant les audiences. Plusieurs groupes, notamment du milieu
syndical, si je ne me trompe pas, faisaient référence au fait que ces
formulaires devraient être centralisés. Puis on avait déjà eu cette
réflexion-là de notre côté, avec mon collègue Guillaume, notamment, ici, à la
recherche, du fait que... Puis, je vous rappelle, tu sais, on a un graphique
qui avait circulé il y a quelques... quelques semaines,
quelques mois déjà sur l'explosion du nombre de jeunes qui travaillent. Puis on
se disait : Si le formulaire est obligatoire,
comme il l'est en ce moment dans la loi, logiquement il devrait y avoir des
milliers de formulaires en ce moment dans les différents registres
d'entreprises au Québec.
Or, on a posé la question à la CNESST, il était
impossible de nous répondre, ils ne savent pas parce que c'est à la pièce, on
le vérifie à la pièce. On va voir... Si on fait une inspection d'une
entreprise, on peut demander le formulaire puis on constate s'il est là ou pas,
puis, s'il n'est pas là, on peut faire une amende. Ça nous semblait largement
insuffisant comme manière de procéder parce que ça nous empêche complètement
d'avoir un portrait global de la situation. Qu'est-ce qui se passe? Est-ce que
cet article de loi là est appliqué, oui ou non? Au moment où on se parle, on ne peut pas nous le garantir.
C'est quelque chose qu'on vérifie à la petite semaine, si vous me permettez
l'expression. Alors, en précisant, comme ça a été réclamé dans plusieurs
mémoires, qu'on centralise les formulaires à
la CNESST, ça nous permet d'avoir des données, un portrait clair. Et, ces
données-là, on peut les analyser pour la suite, elles peuvent nous aider
à mieux comprendre le portrait des jeunes.
On se faisait la remarque, en début d'étude
détaillée aujourd'hui, qu'il nous faut un peu plus de données, qu'il nous faut une meilleure compréhension du
phénomène. C'était aussi un point marquant du consensus du CCTM. Mais il faut les obtenir, ces données-là. Si on
n'est pas capable de centraliser les formulaires, qu'est-ce qu'on fait? On avait posé la question, d'ailleurs, à la CNESST
quand ils sont venus en audience : Est-ce que vous êtes capables de faire
ça? Puis il y avait une ouverture, à ma mémoire, si ma mémoire me sert
bien, il y avait une ouverture de recueillir cette information-là puis de la traiter. Si c'est
nécessaire d'embaucher une ou deux ressources informatiques, qu'on le
fasse, mais ça ne me semblait pas une
tâche herculéenne. Si on est déjà en train de modifier le formulaire pour le
normaliser, ce qui est une bonne
chose, bien, faisons juste l'étape logique et suivante, qui est de le
centraliser et d'avoir un vrai portrait de la situation. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des commentaires sur l'amendement?
M. Boulet : Bien, j'aimerais ça
peut-être le... avoir copie. Ah! bien, je peux le lire ici, là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
l'avez juste au centre aussi, M. le ministre, les amendements qu'on discute. M.
le ministre.
M. Boulet : Bon. Je vais y aller de
façon...
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui?
O.K.
M.
Boulet : ...oui,
télégraphique. Le formulaire de consentement, il n'est requis que pour les
moins de 14 ans. Donc, ça
permettra à la CNESST de ne vérifier que si les exceptions sont respectées, ce
qui constituerait un travail laborieux de la part de la CNESST, on ne
peut pas se promener partout puis envoyer des inspecteurs partout pour
s'assurer que les exceptions prévues dans le
formulaire... Ça fait que, selon nous, c'est un... ça ne justifie pas que tout
soit centralisé, ça ne permettra pas de collecter des données. Ce qu'on
va faire, ce que j'ai déjà mentionné, c'est de travailler avec l'INSPQ, l'Institut
de la statistique du Québec puis le ministère de l'Éducation pour collecter des
données réelles.
L'autre
élément, collègue, tu sais, il y a des... il pourrait y avoir plusieurs
formulaires pour un enfant qui occupe deux ou trois emplois. Est-ce qu'on
va transformer nos inspecteurs en surveillant de tous les milieux de travail,
puis à faire de la filature pour s'assurer
que les exceptions soient respectées, puis s'assurer aussi que l'employeur a
effectivement transmis le formulaire?
Comment on va faire ça s'assurer que ceux qui ne le font pas ne respectent pas
une obligation qui est prévue? Ça ne peut se faire que lors d'une
enquête, lors d'une dénonciation, lors d'un blitz ou lors d'une plainte qui est faite par une partie intéressée.
Puis, enfin, c'est un fardeau administratif qui n'est pas souhaité ni souhaitable
pour les employeurs qu'à chaque fois qu'ils
embauchent ils transmettent ça, puis que, là, ça déclenche un processus de
vérification.
• (16 heures) •
Dernier point, collègue, c'est tout l'enjeu de
la confidentialité des renseignements personnels puis au partage de ces renseignements-là. Parce que, dans le
formulaire, vous allez le voir, puis je pourrai le déposer, le formulaire,
parce que... J'aimerais ça, d'ailleurs, le déposer pour que vous nous proposiez
des ajustements, parce que c'est administratif, mais il y a l'âge de l'enfant,
il y a son adresse puis il y a beaucoup de données personnelles. Moi, j'ai...
Puis je comprends très bien, mais...
ce que vous déposez comme amendement, mais je pense qu'on peut atteindre notre
objectif d'une autre manière. Voilà. C'est mes commentaires.
La
Présidente (Mme D'Amours) : M. le ministre, vous avez mentionné que vous
déposeriez ce... Je vous demanderais
de le déposer sur Greffier, s'il vous plaît, pour qu'on puisse... le
transmettre au Greffier pour qu'on puisse le déposer.
M.
Boulet : Oui, je vais le faire. Donc, c'est le formulaire,
puis je le répète, il n'est pas coulé dans le béton encore, puis notre
commission va permettre, souhaitons-le, de l'améliorer.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Merci.
M. Boulet : Si nécessaire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Oui, M. le député.
M. Leduc : ...Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
oui. Allez-y. Allez-y.
M. Leduc : Je comprends certains
arguments du ministre, d'autres, un peu moins. Quand il me dit : Ah! on va
collecter des données réelles, bien, c'en est, ça, des données réelles, puis,
sinon, je me demande comment il va les collecter, les autres données auxquelles
il fait référence, je demande à être convaincu.
Aussi, il ne
faut pas... Je n'étais pas en train de dire d'embaucher 150 experts pour
faire le tour en permanence de toutes les entreprises vérifier juste s'il y a
des jeunes, puis ils ont-tu rempli le formulaire, puis tout. Moi, je disais
qu'on centralise des formulaires à une place, et ça, ça nous permet d'avoir un
portrait global. Ça nous permet de voir, dans
telle, telle région, est-ce qu'il y en a plus, est-ce qu'il y en a moins,
c'est-tu plus des 12 ans, c'est plus des 13 ans, des jeunes
garçons, des jeunes filles, etc. Je veux dire, c'est à partir de ce genre
d'information là qu'on fait des analyses de données.
Finalement, sur l'argument de la
confidentialité, je suis un peu étonné, là. Je ne suis pas expert, je n'ai
jamais été employeur puis je n'ai pas... bien, pas en ce moment,
mettons, mais je n'ai jamais eu...
Une voix : ...
M.
Leduc : Bien oui, voilà, à
mon corps défendant, un ancien syndicaliste devient un employeur, mais c'est
ça, la vie.
M. Boulet : ...
M. Leduc : Un
bon négociateur, ça, vous le demanderez à mes employés. Ils vous donneront leur
vision de la chose.
Mais, blague à part,
la confidentialité... Je suis convaincu que les employeurs ont à remplir une
batterie de formulaires quand ils embauchent des gens, avec toutes sortes de
données, dans toutes sortes de ministères, la RRQ, on parlait tantôt... la CNESST, il y a des cotisations. Je veux dire,
c'est sûr qu'il y a des données confidentielles. Ça fait que je ne sais pas
quel autre élément confidentiel de ce formulaire-là nous inquiète à ce point
qu'on n'a pas déjà donné à plein d'autres organismes étatiques en raison
du statut d'employé et d'employeur auquel on... desquels paramètres on joue
déjà.
M. Boulet : ...je suis content que vous mentionniez que vous
comprenez certaines des raisons que j'ai mentionnées. Une serait suffisante, selon moi, mais, si vous me
posez des questions particulièrement sur les renseignements personnels, je veux dire, le nom en est un, mais l'adresse et
la date de naissance, c'est des renseignements on ne peut plus nominatifs.
Puis, pour obtenir...
On a fait l'examen, puis, pour obtenir le meilleur portrait statistique, là, de
l'évolution du travail des enfants puis répondre aux besoins identifiés par le
CCTM sur les données probantes, c'est plus le travail, comme j'ai mentionné, en
collaboration, ministère du Travail, ministères de l'Éducation, Santé et
Services sociaux, portant sur l'impact du
nombre d'heures de travail sur la persévérance scolaire de tous les enfants qui
sont même assujettis à l'obligation de fréquentation scolaire, donc de
16 ans et moins. Ça fait que ce que vous demandez est purement fragmentaire,
impose un fardeau additionnel, comporte un risque constitutionnel.
Puis je vous ai
mentionné aussi l'Institut national de santé publique, sans oublier, hein,
parce que j'en ai fait référence à Gatineau ce matin... L'institut de recherche
en santé et sécurité du travail est aussi dans la compilation de données, et je pense que ça, ça va être beaucoup
plus bénéfique pour obtenir des données probantes ou collecter plutôt des
données probantes auprès des 16 ans et moins.
M. Leduc : Là,
je ne sais pas si on a donné un café au ministre, mais il était vraiment fort,
visiblement, parce que le risque constitutionnel, là, du formulaire, c'est...
bon, en tout cas...
M. Boulet : ...ils
appellent ça de même. Au Comité de législation, là, quand il y a un risque
d'incompatibilité entre une loi et une
autre, ils appellent ça un risque constitutionnel. Moi aussi, j'ai eu cette
réaction-là la première fois que j'étais au comité, ça fait que je
comprends ce que vous me mentionnez.
M. Leduc : La Cour suprême ne se penchera pas sur la validité
du formulaire de la CNESST sur le travail des enfants de 12-13 ans,
là.
M. Boulet : Bien,
quand on réfère à un risque constitutionnel, c'est vraiment au sens large.
M. Leduc : O.K., voilà pour la leçon de droit
constitutionnel. On est tous un peu plus au fait aujourd'hui de ce que
ça veut dire.
M. Boulet :
Je comprendspourquoi vous souriez autant.
M. Leduc : Oui. Sur les données, là, encore une fois, puis
sur la confidentialité, j'avoue que je ne comprends pas. Quand on embauche quelqu'un, là, peu importe son
âge, là, comme employeur, on va envoyer des... il y a des cotisations
qui vont aller à la CNESST. Il n'y a aucune forme de prise de données qui est
faite à ce moment-là?
M. Boulet : Bien,
il y en a dans les systèmes actuels, mais... Puis ce n'est pas mon élément
central, mais je réfère notamment à la communication de renseignements qui sont
à haute teneur confidentielle, puis il y a une loi sur la protection des
renseignements personnels dans le secteur privé, que vous connaissez
certainement, puis le premier renseignement personnel qui est mentionné, c'est
le nom. Ici, en plus, on a l'âge et on a l'adresse. Mais moi, je pense que ça
n'a aucune utilité pour atteindre... puis je respecte votre point de vue, puis
je comprends, de centraliser, mais centraliser pour faire quoi? On va-tu
transformer nos inspecteurs en surveillants de tous les milieux de travail?
Puis, je le répète, ce qu'on veut protéger, c'est la persévérance scolaire puis
la santé et sécurité jusqu'à 16 ans, puis là on a demandé de centraliser
des formulaires uniquement pour ceux qui font partie des exceptions, en bas de
14 ans. C'est extrêmement limitatif, et
je pense qu'il y a d'autres moyens, il y a d'autres corridors qui vont nous
permettre d'atteindre l'objectif.
M. Leduc : Soyons
clairs, Mme la Présidente, c'est peut-être moi qui s'est mal exprimé, je suis
parfaitement conscient que, pour avoir un
portrait du travail des enfants, on ne se limitera pas à la question du
formulaire des 12-13 ans. Là,
là-dessus, on est complètement à la même place, le ministre et moi, ça, il n'y
a aucun doute là-dessus. Puis là c'est l'INSPQ,
puis c'est des recherches universitaires, comme celle du CIUSSS de l'Estrie,
d'ailleurs, dont je faisais référence tantôt, qu'on aurait aimé entendre
en commission, mais ça n'a pas été possible. Passons, ce n'est pas ça, la
question. La question, c'est, pour justement bien cerner le problème des
12-13 ans de manière spécifique, que les formulaires doivent être centralisés pour avoir le portrait
complet. Tout le reste du portrait du travail des enfants, en effet, on va
aller le chercher ailleurs, on va le compléter ailleurs. Ça, il n'y a
pas de souci, mais, pour comprendre ce phénomène-là, il nous le faut.
M. Boulet : Mais ça ne cerne que les
cas des exceptions.
M. Leduc : On s'entend.
M. Boulet : Et donc je ne vois pas
la pertinence ou l'opportunité d'imposer une obligation additionnelle aux
employeurs, d'une part, puis je ne vois pas cette même pertinence ou
opportunité là de demander à la CNESST de gérer
ce fardeau-là, de centraliser puis de s'assurer de faire une surveillance ou
quoi que ce soit, là, mais je pense qu'on a une bien meilleure avenue
que de travailler avec des organismes spécialisés, les ministères qui sont dans
ce champ d'expertise là, pour atteindre
l'objectif. Je n'ai plus... Je n'ai pas d'autres... Mais je comprends très bien
ce que vous me dites, mais je pense qu'il y a une disproportion entre ce
que ça pourrait donner et le fardeau que ça imposerait.
M. Leduc : Peut-être une dernière
ronde, Mme la Présidente. J'annonce par la même occasion qu'à la fin de la disposition transitoire je déposerai un
amendement pour que soit déposé à l'Assemblée nationale un bilan d'application,
là. On discutera de l'année exacte, là, si on fait un trois ou un cinq
ans. C'est sûr que je dépose cet amendement-là à la fin de l'exercice, mais, justement, je vous l'annonce parce que je
trouve que c'est le genre de données qui pourrait nous aider à faire un
bon bilan dans cinq ans. Puis là, si on n'a pas réussi, si on n'a pas
centralisé ces données-là, comment on va
faire pour avoir le portrait réel d'on a-tu bien cerné les exceptions à
12-13 ans? Je sais que ça ne comporte pas tant de monde que ça, mais, justement, c'est ça qui me
fait croire que ce n'est pas une tâche si titanesque qu'on pourrait le croire. Alors, dans cet objectif de faire un bon
bilan pour savoir si on a bien cerné, on l'a-tu échappé, on a-tu été trop
sévères, pas assez sévères, il me semble que la centralisation des
données aurait été la chose à faire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Boulet : Bien, je vais reprendre
un commentaire qui m'est partagé. Oui, ce serait titanesque, hein, parce qu'il
n'y a aucun système... En matière de normes, ça coûterait à peu près un
demi-million, qu'on m'informe. Puis je ne
veux pas banaliser non plus, mais, dans les exceptions, c'est quand même limité,
parce que le but, c'est d'interdire en bas de 14 ans, et le
consentement, il est requis pour des organismes à but non lucratif, pour des
entreprises agricoles, pour des entreprises
familiales, pour des petites entreprises. Donc, ça serait encore un fardeau qui
est plus imposant, là, tenant compte de la taille et de la nature des
entreprises ou organismes qui sont concernés par les exceptions. Mais je
comprends très bien votre remarque. Merci.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires sur l'amendement? Oui, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
Cadet : Merci, Mme la Présidente. Évidemment, donc, je
l'ai mentionné dans mes remarques préliminaires, donc, en raison, donc, de la
tenue des consultations particulières, des échanges à ce sujet et des propres
commentaires de mon groupe parlementaire sur la question, évidemment,
donc, que j'accueille favorablement ce que vient de déposer le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Donc, j'ai mentionné que j'avais l'intention de
déposer quelque chose allant en ce sens.
Donc, j'ai
bien suivi les échanges, et, M. le ministre, dans votre dernier point, vous
indiquez, donc, que le coût au niveau de la centralisation, donc, serait d'un
demi-million. Pouvez-vous détailler, en fait? Parce que, d'une part, donc, vous dites que c'est... que ça touche peu
d'enfants, peu de jeunes, donc, ceux en dessous de l'âge de 14 ans, mais que,
d'autre part, donc, ce serait le coût de l'implantation d'un tel système.
Peut-être juste développer...
M.
Boulet : En fait, je n'aurai pas plus de détails, là, mais
c'est le coût pour mettre en place la structure technologique permettant
de faire cette dite centralisation là. Je n'ai pas plus de détails à ce
stade-ci.
Mme Cadet : O.K. Donc, à ce
point-ci, donc, puisqu'il est tellement... À l'intérieur de la CNESST, donc,
l'infrastructure actuelle, donc, ne permet... On comprend que non seulement,
donc, ce n'est pas fait, mais que l'infrastructure
actuelle, donc, ne le permet pas. Ne pensez-vous pas que, justement, donc, il y
a... Et je comprends, là, des coûts
que vous venez d'énoncer, que... l'infrastructure est tout à fait inexistante,
ça se comprend que les coûts seraient exorbitants, qu'ils seraient
faramineux, mais, en même temps, il n'y aurait pas une... D'une part, un, il
n'y aurait pas, d'un côté, donc, une
nécessité de voir comment est-ce que la CNESST pourrait prendre connaissance du
terrain et être en mesure, donc, de colliger des données quant à la
présence des jeunes de moins de 14 ans sur le marché du travail? Et, d'un autre côté, vous
avez dit plus tôt que vous comprenez, donc, l'utilité de la démarche. Donc, si
ce n'est pas à travers ce système-là,
comment est-ce qu'on... On est tous ici, donc, avec les mêmes objectifs. Donc,
comment est-ce qu'on serait en mesure de le faire?
M. Boulet : Avec,
comme je l'ai mentionné... Puis je ne veux pas remettre en question l'utilité,
là... parce que je comprends que la collecte
des données peut se faire de différentes façons, mais je pense qu'en
travaillant en collaboration avec
Santé, Éducation, l'INSPQ, l'ISQ, l'IRSST, on va être beaucoup plus en mesure
d'avoir un portrait global du travail des jeunes, l'impact sur la réussite
éducative et les incidences sur la santé, sécurité, intégrité physique et psychique. Donc, c'est beaucoup plus une avenue
porteuse que d'imposer à des petites entreprises ou à des organismes un
fardeau administratif.
Puis la CNESST, elle
est aussi contrainte de respecter les lois en matière de renseignements
personnels, et je pense que la fin ne
justifierait pas les moyens. Puis j'aime bien l'observation finale du collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve. Il va y avoir éventuellement un rapport de mise
en application, puis, à ce moment-là, on déterminera les failles ou les
déficiences de la collecte de données qui aura été faite à ce moment-là.
Mme Cadet : ...de
données, donc, faite par l'IRSST, l'INSPQ.
M. Boulet : Bien,
par la CNESST en collaboration avec... c'est ça, oui.
Mme Cadet : Oui,
pardon, évidemment, là. Je prenais pour acquise la CNESST dans mon propos.
M. Boulet : Le
consortium, oui.
Mme Cadet : Tout à fait. Puis, étant donné, donc, le... puis
là je comprends que vous ne pouviez pas développer, là, sur le coup, mais je comprends que, si vous aviez
un chiffre en tête, c'est que le scénario, il a été évalué, donc, il a été réfléchi,
puis c'est ce qui a mené à la non-viabilité de celui-ci.
M. Boulet : À
ma connaissance, collègue, il n'y a pas eu d'évaluation précise des coûts,
mais, tu sais, porté à la connaissance des
personnes concernant la CNESST, eux réalisent qu'il n'y a pas la structure
technologique, et que ça pourrait impliquer un déboursé qui avoisinerait
les 500 000 $. Mais je ne veux pas en faire un enjeu. Je pense que c'est plus sur le mérite d'agir de cette
manière-là, les renseignements personnels, le fardeau administratif, l'impact
très limité, parce que ce ne sont que des exceptions, et l'absence de données
qui vont nous guider véritablement, c'est plus là-dessus que... Le coût,
je l'ai mentionné, là, parce qu'on l'a soulevé. Ma sous-ministre me l'a
mentionné.
Mme Cadet : Merci. Puis, au niveau de l'impact limité, je le
mentionnais plus tôt, donc, Force Jeunesse, donc, proposait d'ajouter une obligation supplémentaire
au niveau du registre. Et donc, si les informations, donc, pertinentes du système d'enregistrement des personnes
salariées de 16 ans et moins, donc, c'est, donc, entre 14 et 16 ans,
donc le bassin est beaucoup plus considérable, donc pas juste les
exceptions seraient aussi colligées, donc, est-ce que, là, on aurait que... en
faisant la balance des inconvénients, donc, est-ce qu'il y aurait une
pertinence, donc, d'évaluer un peu plus ce scénario-ci, puisque, là, ce ne
serait pas que pour des exceptions?
M. Boulet : O.K.,
je ne suis pas sûr d'avoir bien compris, collègue, excusez-moi.
Mme Cadet : Vous avez raison, je vais mieux m'exprimer, c'est
qu'en fait, donc, au niveau, donc, du scénario, donc, de collecte de
données, donc, on a parlé du formulaire, donc, de consentement à l'autorité
parentale qui, lui, ne concerne que les jeunes de moins de 14 ans. Donc,
dans la perspective d'avoir une idée du portrait des jeunes sur le marché du travail en n'étendant pas le formulaire
de consentement aux jeunes âgés entre 14 et 16 ans, l'autre moyen de
pouvoir colliger cette information-là, donc,
serait à partir du registre, là, qui comporte les heures de formation et d'entraînement
offertes aux enfants... aux travailleurs de 16 ans et moins.
M. Boulet : Je
comprends mieux, mais, tu sais, le formulaire, il sert à appliquer la loi.
Mme Cadet : Bien
sûr.
M. Boulet : Il
ne sert pas à collecter des données. Puis on ne peut pas demander des
informations qui ne sont pas prévues dans la loi parce qu'ici, jusqu'à
16 ans, il y a une obligation de fréquentation scolaire, mais ce n'est qu'en bas de 14 ans que le formulaire doit
être complété, et, ici, particulièrement les exceptions. Ça fait que je comprends
ce que vous me dites, qui n'est pas... qui a
du sens, mais, je le répète, je pense que le véritable canal, c'est de
travailler avec un consortium
d'instituts spécialisés puis des ministères concernés plutôt que des
informations qui sont purement fragmentaires.
Puis, je le répète,
il ne faut pas que le formulaire... Le formulaire, c'est vraiment un outil qui
va permettre, lors de blitz, lors de dénonciations, lors de plaintes, lors de
réclamations, de s'assurer que les milieux de travail le respectent. Puis il ne faut pas non plus négliger
l'impact des activités de sensibilisation puis de formation, puis il y a des
associations patronales qui vont le faire. Il y a des syndicats, il y en a deux
qui m'ont dit qu'ils étaient déjà prêts à faire des demandes d'aide financière.
Mme
Cadet : Puis peut-être juste un dernier élément ici. Donc,
vous venez de le mentionner, donc, le formulaire, évidemment, donc, qui
dit qu'il est obligatoire que, pour les... dans l'obtention du consentement
parental des enfants de 14 ans et... de
moins de 14 ans. Et je pose la question de façon très neutre, là, sans
émettre ma propre opinion, mais il y a des... il y a un des groupes, à
tout le moins, là, qui a proposé, justement, dans cette perspective-là,
d'étendre le formulaire à tous les
travailleurs soumis à l'obligation de fréquentation scolaire. Est-ce que ça,
dans ce scénario-là, dans cette perspective-là... Dans le fond, comment
est-ce que vous voyez ce...
M.
Boulet : Mais c'est parce que... Puis là je me... Il y a un
article du Code civil du Québec qui dit qu'à compter de 14 ans, pour les fins de l'emploi, il est
considéré comme étant majeur. Ça fait que c'est sûr que, là, ça engendrerait
un autre enjeu que de requérir des consentements ou de remplir des... Alors,
essentiellement, c'est ce que je vous dirais.
Mme Cadet : Parfait, c'est ce à quoi
je m'attendais aussi comme réponse. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention,
je vais passer aux voix l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Est-ce
que l'amendement est adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Rejeté?
Rejeté. Nous revenons... Pardon?
Mme
Cadet : J'avais une question
de procédure, Mme la Présidente, mais ça va. Je comprends que c'était... Je me
demandais... En fait, j'ai dit «pour». Je ne sais pas si c'était la forme
requise pour appuyer l'amendement.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Ah bon! Oui, vous pouviez, mais il y a eu un rejet
de l'amendement. Ça va, Mme la députée?
Mme Cadet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Donc, nous revenons à l'article 2.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 2?
Mme
Cadet : Oui, Mme la Présidente. J'aimerais déposer un
amendement, qui se trouve sur le Greffier, si je...
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
il y a des amendements qui se retrouvent sur le Greffier, votre amendement, celui du ministre aussi, tout à
l'heure, d'entrée de jeu, qui nous a dit qu'il avait un amendement déposé. Et
je vous informe aussi qu'il y a le formulaire de la CNESST, dont le ministre
parlait tout à l'heure, qui est désormais disponible dans le Greffier, dans le dossier Documents distribués. Donc,
vous pouvez le retrouver là. Alors, Mme la députée, vous pouvez faire la
lecture de votre amendement, s'il vous plaît.
Mme Cadet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
Donc, à
l'article 2, donc, je propose, donc, que l'article 84.3 proposé par
l'article 2 du projet de loi soit modifié par l'insertion, dans le
deuxième alinéa, après les mots «les principales tâches,», des mots «la
formation offerte,».
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. On comprend qu'il y a une correction de
forme sur le... dans le texte.
Mme Cadet : Exactement.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Donc, allez-y, Mme la députée, vous pouvez
expliquer votre amendement.
Mme Cadet : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bien, je l'ai mentionné lors des remarques
préliminaires, donc, je pense que c'est assez clair. Et le ministre,
également, par la suite, a eu l'occasion de parler de l'importance de la
formation, et je comprends qu'il a déposé ou déposera également un amendement
en ce sens.
Donc, on a parlé de l'ensemble des groupes qui
préconisent l'importance de la formation. On a parlé des différents moyens pour y parvenir. Au moins deux
de ceux-ci, donc, ont parlé... ont pris acte de l'intention du ministre, donc,
de bonifier le formulaire de la CNESST, de l'uniformiser pour ce qui est, donc,
du consentement parental, donc, qui
serait requis pour les enfants de moins de 14 ans, donc, pour que les
parents puissent... qu'on puisse répondre à cette demande des parents,
là, de mieux comprendre la formation offerte, pour qu'on puisse également
s'assurer, là, d'une autre manière, sans l'envoi des inspecteurs, sans que ça
devienne bureaucratique, sans que ça devienne un fardeau non plus pour la PME
d'avoir à divulguer, donc, ses obligations... autre part.
Puis on trouve que le formulaire, dans sa forme
actuelle... et le ministre vient de nous inviter à le bonifier en en prenant connaissance, donc, peut-être qu'on
aura d'autres amendements aussi... qu'on puisse, donc, bénéficier, donc, de ce
cadre-là assez simple pour que la formation, donc, soit divulguée, donc, aux
parents, à l'enfant. Donc, l'employeur, donc, démontrerait, donc, tout ce qui
serait présenté au jeune. Ça rassurerait le parent, donc, ça lui permettrait,
au-delà, donc,
des tâches, ce qu'on a déjà mentionné, en fait, ce qui se trouve dans le texte
de l'article 2 du projet de loi, donc, au-delà, donc, des
principales tâches, du nombre maximal d'heures de travail par semaine qui
seraient effectuées par l'enfant et des
périodes de disponibilité de l'enfant... qu'on fasse état de façon sommaire,
donc, un descriptif sommaire, donc, de la formation.
On pense aussi... M.
le ministre, donc, parlait que, plus tard, donc, s'il y a des plaintes ou quoi
que ce soit, à ce moment-là l'inspecteur
pourrait se rendre sur le milieu de travail, donc, et prendre connaissance,
donc, du formulaire, donc, de l'obligation. En le faisant, bien, déjà,
donc, si, sur le formulaire, donc, on verrait, donc, que la portion sur la formation n'a pas été remplie, par exemple, bien,
ça nous donnerait aussi, donc, une idée, bien, un, que cette obligation-là n'a
pas été remplie par l'employeur, et, deux, du niveau de sécurité offert à
l'enfant sur le milieu de travail. Voilà.
M. Boulet : C'est
une belle occasion de redire l'importance que vous attribuez à la formation.
Puis on est vraiment sur la même longueur d'onde et on l'a déjà rajoutée à la
fin. On a mis «important» puis... sur l'obligation de conservation de la part
de l'employeur, puis on dit : «En vertu de la loi [...] santé [...]
sécurité [...], l'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour
identifier, éliminer ou, à défaut, corriger et contrôler les risques auxquels
sont exposés tous ses travailleurs,
notamment ceux de 16 ans et moins. Il a également l'obligation d'informer
ses travailleurs sur les risques présents et les mesures de prévention
mises en place, de les former afin qu'ils aient les habiletés et les connaissances requises pour accomplir de façon
sécuritaire le travail qui leur est confié et de les superviser adéquatement.»
C'est
un peu... Ça rejoint un peu le commentaire que je faisais. La formation, c'est
vraiment sur qu'est-ce que tu vas faire, tes tâches, pas besoin d'être informé
sur des articles de la Loi sur les
normes du travail, mais là on est
venus le colliger clairement. Puis je le dis, puis là le collègue
d'Hochelaga... bien, c'est ça, pour le bénéfice aussi de tout le monde, dans le
programme de prévention puis dans le plan d'action, qui, eux, sont transmis à
la CNESST, l'obligation dont je viens de
faire référence, elle est aussi dans ces programmes et plans là. Ça fait que
c'est... Je pense que ça vient couvrir concrètement et réellement, là,
votre préoccupation, que je partage totalement. Je suis d'accord avec tout ce
que vous avez dit.
Mme Cadet : Bien,
M. le ministre, ici, j'essaie de... J'entends, là... Je viens de voir, donc, le
paragraphe, là, que vous venez de lire, qui
étaie, donc, cette importance-là. On est à la fin du formulaire, donc, si je ne
m'abuse, donc, un peu plus, donc, en
petits caractères. Donc, qu'est-ce que... Est-ce que vous pensez que ce serait
un fardeau supplémentaire pour l'employeur, donc, de décrire
sommairement, donc, la formation? Est-ce qu'on sait si le formulaire de...
Donc, le parent, donc, il signera le
formulaire. On lui explique, au parent, que l'employeur a cette obligation,
mais on n'explique pas au parent quelle est la formation transmise.
M. Boulet : Bon, évidemment, 51.9°,
vous savez que c'est dans une loi qui est d'ordre public. Deuxièmement,
l'obligation de formation est clairement, maintenant, spécifiée, puis avec la
mention «important». Puis la formation, elle
est de nature tellement variée. Puis, tu sais, c'est quoi, l'impact de
dire : Je vais le former à faire... Comment je vais le former,
c'est plus en l'accompagnant, en le supervisant puis en lui montrant
convenablement à faire ses tâches de manière
sécuritaire. Mais, de demander à ceux qui sont dans les exceptions, des
organismes communautaires, ou des petites entreprises familiales, ou des
entreprises agricoles petites, dans un contexte aussi familial — pas
familial ici — de
remplir c'est quoi, la nature de la
formation... Je pense que le formulaire, il est complet. Je ne pense pas qu'il
faille aller dans un détail aussi loin et imposer, encore une fois, un
fardeau, là, qui est peut-être un peu excessif, là.
Mme Cadet : ...qu'on reste sur le même formulaire. Je
comprends qu'il s'agirait d'un fardeau, là, si on demande à l'employeur, bien,
donc, de défrayer des frais administratifs, de remplir, donc, une documentation
supplémentaire, mais on reste à l'intérieur, donc, du cadre, ici, où on
ne demande pas, donc, une... Ici, je pense que l'intention, comme législateur, ici, ce n'est pas, donc, d'imposer
une espèce de brique qui soit lourde autant pour l'employeur que pour le
parent, mais, je l'ai mentionné, donc, je parle d'une divulgation de formation,
mais vraiment, donc, d'une description sommaire. Donc, on...
M. Boulet : Il
va y en avoir. Comme je mentionnais, dans le programme de prévention puis dans
le plan d'action, c'est décrit, et ça, c'est
même, en plus, transmis à la CNESST. Puis je vous rappellerai que c'est quand
même assez clair, «formé afin qu'il
ait les habiletés et les connaissances requises pour accomplir de façon
sécuritaire son travail». Puis, si
c'est une petite entreprise qui doit transmettre un plan d'action, ils vont
décrire le... parce qu'ils doivent identifier, pour mieux contrôler, éliminer les risques... et expliquer comment ils
rencontrent les obligations, pas que de formation, mais prévues à
l'article 51 de la Loi santé et sécurité du travail. Moi, je suis hyper à
l'aise. Je pense que c'est couvert de tous les côtés, mais, encore une fois, je
partage totalement votre propos qu'il faut de la formation. Puis je sais qu'une commission parlementaire comme la nôtre est
aussi un forum pour vous permettre d'exprimer votre souci puis votre
sensibilité à la formation, et je le conçois bien, puis je partage tout ce que
vous avez mentionné.
Mme Cadet : Merci,
M. le ministre. Qu'est-ce que vous... Plus tôt, nous parlions du Réseau pour un
Québec Famille. Nous parlions des
inquiétudes des parents en ce sens, de leur volonté d'être également impliqués,
donc, d'avoir... que l'occasion que suscite l'étude de ce projet de loi ci,
donc, puisse bonifier leur manière d'être impliqués. Évidemment, ils ont
l'occasion de pouvoir le faire proactivement, mais ce ne sont pas, donc, tous
les parents qui sont outillés pour le faire.
Donc, qu'est-ce que vous répondez, donc, à ceux... à ces parents-là, donc, qui
ont des préoccupations quand vous dites que le
formulaire, il est suffisant? Encore une fois, tu sais, je parle d'une
description sommaire, là, pas d'avoir une page complète qui...
• (16 h 30) •
M. Boulet : Mon Dieu, d'être
attentifs. Puis j'ai l'impression que la Fédération des comités de parents peut
aussi demander une aide financière pour
faire des activités de sensibilisation, d'information, formation, mais le message
que je ferais aux parents, c'est d'être vigilants. Puis ce n'est pas parce
qu'il y a 17 heures de maximum qu'ils doivent nécessairement faire
17 heures. C'est les parents qui sont les mieux placés pour connaître le
niveau de maturité des enfants, sa capacité
d'assumer des responsabilités, sa capacité de gérer l'interrelation, là, parce
qu'il y a des enfants, même dans les exceptions puis même jusqu'à
16 ans, de gérer une relation même d'accueil ou de service avec un adulte
qui n'est pas satisfait, ça génère aussi des risques de nature psychologique.
Ça fait que les parents... c'est d'assumer pleinement
leurs responsabilités. Je sais que les parents le font au Québec. Je sais que
c'est une responsabilité qu'il faut qu'elle soit partagée, mais de l'attention,
de l'amour, de la vigilance puis du respect du niveau de développement socioaffectif de l'enfant... Je pourrais en parler
longtemps, là, mais c'est de l'attention puis de l'amour, je pense,
essentiellement...
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée.
Mme
Cadet : Bien, je pense que c'est relativement complet de
mon côté, Mme la Présidente, peut-être juste une dernière, donc,
remarque sommaire, là. Je pense qu'ici, donc, on aura eu l'occasion, avec ce
court amendement là, normalement,
relativement simple, de bonifier le formulaire. Vous nous avez invités à le
faire, M. le ministre. Définitivement, donc, qu'on va continuer d'en
prendre connaissance, voir comment est-ce qu'on peut l'améliorer sur le plan administratif pour qu'effectivement, donc,
il puisse contenir toutes les informations utiles pour le parent, pour le jeune,
pour l'employeur.
Évidemment, vous l'avez dit, donc, on parle ici
d'un formulaire qui serait utile dans le cas des exceptions qui sont dans le cadre de la... donc, familiale ou
communautaire, donc, scolaire. Et on se penchera sur l'article 13 par la
suite, mais on sait quand même qu'on parle de situations qui seront
définies par règlement et quand bien même, donc, l'intention du législateur
aujourd'hui, donc, c'est d'y aller dans ce cadre-là — et on
souhaite que cette intention soit définitivement respectée pour la suite — c'est
bien possible que d'autres... que d'autres domaines d'activité, d'autres tâches se retrouvent à cet article ultérieurement,
donc, qui sont encore dans ce cadre. Donc, puisqu'on encadre pour une situation
qui possiblement évoluera, je pense qu'il aurait été judicieux qu'on puisse
ajouter un tel élément, qui, à mon sens, ne
représente pas un fardeau supplémentaire pour l'employeur, sachant que le
formulaire, qui est nouveau, là, le formulaire bonifié, qui est nouveau,
constitue déjà une... bien, une nouveauté, mais constitue déjà, donc... bien,
en fait, je ne pense pas que c'est un
fardeau mais une tâche additionnelle pour l'employeur. Donc, lui n'aura pas eu
à juger de la version du formulaire à
laquelle... dont nous discutons aujourd'hui versus celle qui serait bonifiée
pour y trouver... y trouver là, donc, un motif de plainte ou de trouver
que ce fardeau-là, donc, il est inutile. C'est mon commentaire.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix de l'amendement de la députée de Bourassa-Sauvé. Est-ce que
l'amendement est adopté ou rejeté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Rejeté.
L'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 2. Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
M. le ministre, l'article 3, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la Présidente.
L'article 84.4 de cette loi est modifié par
l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Il lui est
également interdit de faire effectuer un travail par un tel enfant plus de
17 heures par semaine et plus de 10 heures du lundi au vendredi.
Toutefois, ces interdictions ne s'appliquent pas à toute période de plus de
sept jours consécutifs au cours de laquelle aucun service éducatif n'est
offert à l'enfant.»
Commentaire.
Bon, écoutez, c'est le coeur du consensus, les balises. Évidemment, ça ne
s'appliquera pas durant les périodes de congé scolaire, semaines de relâche,
congés des fêtes, les vacances estivales. Puis vous savez qu'en vertu de la Loi
sur l'instruction publique c'est une obligation de fréquentation scolaire
jusqu'à 16 ans. En fait ça commence à six ans puis ça finit à
16 ans.
Puis, la notion de service éducatif, là, pour...
c'est un concept qui traduit la période scolaire. Et, pour des raisons de cohésion dans le corpus législatif,
c'est défini, cette expression-là, dans le régime pédagogique, l'éducation
préscolaire, enseignement primaire et secondaire. Et on dit que les services
éducatifs offerts comprennent des services d'éducation préscolaire, des services d'enseignement primaire et
secondaire, des services complémentaires et des services particuliers.
Alors, voilà.
Puis là je ne parlerai pas
plus longtemps, là. Vous connaissez les études sur la santé psychologique.
Encore une fois, je le redis, c'est un
maximum. Il faut que ce soit adapté, jusqu'à ce plafond-là, à la réalité
spécifique de chaque enfant ou de chaque jeune, là, parce que c'est
jusqu'à 16 ans. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. En effet, le ministre a
raison de dire que c'est un des articles centraux, là, du projet de loi,
c'était très clairement un consensus du CCTM.
Je veux juste l'entendre, le ministre, sur une
suggestion, là, de la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse, qui proposait de rajouter une limitation par jour. Donc là, on a une
limitation par semaine, on a une limitation du lundi au vendredi, puis le...
ils ne mettaient pas de chiffres, là, la commission, mais ils disaient :
On devrait aussi avoir une limitation par
jour, donc une troisième... troisième variable, dans le fond, là, tu sais, par
semaine, par fin de semaine, puis, après ça, par jour. Est-ce que le ministre a
jonglé... Parce que là je constate qu'il n'y a pas d'amendement à ça. Ça
veut dire qu'il l'a... il l'a laissé de côté ou...
M. Boulet : On n'a pas jonglé, mais
on y a pensé. Mais, en même temps, il y a une limitation, parce que, du lundi
au vendredi, c'est 10 heures, et il y a les heures d'école où il y a une
interdiction, il y a la période entre... il faut qu'il soit revenu à la maison au plus tard à 23 heures, jusqu'à
6 heures le lendemain. Ça fait que ça limite considérablement. Et
c'est le coeur du consensus. Puis, pour moi, c'est superimportant, mais ça
limite, là.
C'est sûr que, si on considère que quelqu'un
abuse puis que ça a un impact négatif, mais je pense que, 10 heures... Il faut aussi faire confiance au
milieu de travail. Puis, comme vous le mentionniez, collègue, dans le
formulaire de consentement, on a la disponibilité. Le parent va devoir
consentir à une disponibilité. Il va devoir consentir à des tâches et il va
devoir consentir à des heures de travail. Ça fait que je pense qu'on a... je
pense qu'on a suffisamment de protections pour éviter les abus de la part
d'employeurs, qu'on n'anticipe pas, par ailleurs.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Leduc : On imagine, là, que
l'école finit, quoi, à l'entour de 3 heures, maximum, là, dans ces
eaux-là, obligation d'être retourné à la
maison, 23 heures, donc il faut finir à, je ne sais pas, moi,
10 heures, 10 h 30. Ça nous fait quand même un bloc
potentiel de six, sept heures, là, de travail. C'est beaucoup en pleine
semaine, des semaines où il faut, le
lendemain, être concentré, etc. Encore une fois, là, ils n'ont pas mis un
chiffre. Il y aurait eu lieu peut-être de réfléchir. Parce qu'on peut avoir le réflexe de dire :
10 heures par semaine, sur cinq jours, ça fait deux heures par jour,
mais on sait bien que ce n'est pas comme ça
que ça marche, hein? Peu d'employeurs sont intéressés à avoir juste un petit
chiffre de deux heures par employé. Donc, est-ce qu'il n'y a pas là quand
même un... à creuser davantage l'aspect de dire :
Bien oui, peut-être que, je ne sais pas, moi, un maximum de quatre heures
ou de trois heures par jour pour... pendant la fréquentation
scolaire, serait une limite intéressante à explorer. Parce que, sinon, on ouvre
quand même la porte. Puis je comprends qu'il y a plusieurs éléments, là, de
préoccupations puis de, comment je dirais ça... de limitations qui sont dans le
champ, là, du périmètre de la discussion, mais, quand même, sur papier, on peut
aller jusqu'à un six, sept heures, là.
M. Boulet : Moi, je ne suis pas à
l'aise avec ça, même si on avait une limite par jour. Je sais qu'il y a... ça peut exister. Mais, même si tu mets
deux heures, est-ce que ça ne peut pas être bénéfique d'aller à
deux heures et demie, trois heures, pour un enfant, puis, le
lendemain, faire une heure ou pas faire d'heure? Tu sais, c'est quand même
un plafond qui est hebdomadaire.
Puis, je le répète, il y a des limites à... Tu
sais, le consentement parental et le rôle des parents, il est quand même
crucial. Puis il a été exprimé par des groupes, il faut faire attention à ça,
tu sais, de dire à un parent : En plus, il est limité à tant d'heures par
jour. Assez. Je pense qu'il faut faire confiance aux parents. Ils vont signer
le formulaire de consentement puis ils vont
adhérer. Parce qu'un jeune de 12 ans, 13 ans pourrait être capable de
faire des heures, plus que
deux heures, par exemple, une journée puis en faire trois le lendemain.
Mais je ne veux pas embarquer là-dedans. Je pense qu'on irait dans le
détail un peu trop. Et moi, je me fie véritablement aux parents dans un
contexte comme celui-là, puis aux employeurs aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
• (16 h 40) •
Mme Cadet : Oui, merci, Mme la
Présidente. Donc, sur l'article 3, donc, vous avez dit, donc, c'est... on
est vraiment dans le coeur du projet de loi.
On est dans l'une des recommandations de l'avis du CCTM ici... dans le consensus,
plutôt, de l'avis du CCTM, et Force Jeunesse
est venue nous parler. Parce que là on est dans les... on est dans les
intentions, donc j'ai l'impression que l'article 3, donc, c'est l'occasion
de voir comment est-ce qu'on peut venir encadrer, là, de façon supplémentaire,
donc, les heures, les interdictions, donc, des différents... des différents
employeurs.
Donc, je m'avance ici avec cette proposition
lors de l'étude de cet article-ci pour parler, donc, des agences de placement
de personnel. On en a parlé lors de la tenue des consultations particulières,
donc j'ai eu l'occasion de longuement, donc,
questionner, donc, le groupe Force Jeunesse, donc, sur cette recommandation-ci,
donc, qui demandait, donc,
d'interdire à une agence de placement de personnel de faire effectuer un
travail par un travailleur de moins de 18 ans. La proposition nous
a été faite par mesure de précaution, parce que, comme pour l'ensemble de tout
ce qui concerne le
travail des enfants, la documentation... comme je l'ai mentionné dans mes
remarques préliminaires, donc, la documentation
est préoccupante. L'information dont nous disposons est préoccupante, mais elle
est nettement insuffisante, donc on a besoin de mieux documenter le
phénomène. Mais ici, donc, par mesure de précaution, sachant qu'il y a beaucoup de jeunes... la clientèle, donc, des
agences de placement, donc, comporte un large bassin de jeunes travailleurs, on
fait la corrélation avec les différents accidents de travail et le défi au
niveau du contrôle de l'encadrement du jeune
sur le marché du travail. Donc, j'aimerais vous entendre, M. le ministre, sur
la recommandation de Force Jeunesse.
M. Boulet : Qui
essentiellement réfère aux agences de placement?
Mme Cadet : Oui,
c'est ça. Donc, de leur côté, donc, dans leur mémoire, ils nous demandaient
d'intégrer la disposition... une disposition
à la Loi sur les normes du travail, la section VIII.2, donc, d'interdire
une agence de placement de personnel
de faire effectuer un travail par un travailleur, donc, ici, ils nous demandent
«de moins de 18 ans» mais... ou «assujetti à une obligation de
fréquentation scolaire», donc selon le cas.
M. Boulet : Je
me souviens de cette recommandation-là, là, ils disaient : Il faudrait
interdire aux moins de 18 ans de
travailler pour une agence. Mais on est... je ne suis pas vraiment... on n'est
pas vraiment dans ce répertoire-là. Puis ça ne faisait pas partie du consensus
du CCTM. Et ce n'est pas une question qu'on a analysée de façon minutieuse.
Puis vous savez qu'en matière de santé et
sécurité, ces agences-là, à plusieurs égards, ont une responsabilité conjointe
et solidaire avec les employeurs. Ça fait
que je comprends. Puis j'ai trop de respect pour Force Jeunesse pour aller
au-delà de ça. Mais j'ai compris la recommandation.
Mme Cadet : Mais,
plus tôt, nous parlions de mieux documenter. Vous avez parlé, bon, que la
CNESST, en accord avec l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité
au travail, l'Institut national de santé publique, donc, pourrait colliger de
la documentation, que le processus, il est itératif aussi pour mieux encadrer
le... bon, pour mieux encadrer le travail des enfants. Donc, dans ce contexte,
j'imagine que, puisqu'il faut mieux documenter, c'est de l'aveu même de Force
Jeunesse, le processus de collecte de données à travers ce forum-là, que vous
avez qualifié comme le meilleur forum pour colliger les données, pourrait
s'interroger sur la question des agences de placement.
M. Boulet : Oui.
Puis on pourrait effectivement, au fil du temps, considérer qu'on n'a pas assez
de données ou réaliser... Puis, tu sais, un projet de loi, c'est toujours, dans
son application, un exercice qui nous confronte à la réalité des faits, et
c'est la raison pour laquelle nous sommes, comme législateurs, confrontés à
devoir parfois faire des amendements que
nous considérerons. Oui. Tout à fait. Puis moi, je vais faire beaucoup
confiance à ces instituts-là pour faire les corrections qui s'imposent,
dans x années, je ne le sais pas, là. Mais, oui, vous avez totalement
raison.
Puis le règlement, ce
qui est intéressant... Puis, souvenez-vous — je fais un crochet, là — avec
les maladies professionnelles présumées — pendant
40 ans, c'est resté dans le béton. Parce que c'était une annexe qui, comme
vous le savez, faisait partie intégrante de la LATMP, puis on ne le changeait
pas, c'était un processus législatif compliqué. Ça fait qu'on s'est
retrouvé avec une liste qui ne considérait pas les cancers de pompiers, qui ne
considérait pas Parkinson, la... Oui. Puis, tout à fait, vous avez des
collègues... notamment le collègue de Nelligan qui a travaillé beaucoup pour la maladie de Parkinson avec
d'autres collègues, là, et donc, maintenant, c'est un règlement qui est plus
facile à amender et à s'assurer qu'il est évolutif et compatible avec les
connaissances nouvelles que nous aurons.
Mme Cadet : Merci. On salue le collègue de Nelligan. Et,
d'autre... Et, d'autre part, lors de l'étude des crédits, on a, en effet, pu parler de la situation des
cancers, des cancers des pompiers, là, lorsqu'on parle des maladies professionnelles
présumées. Je...
M. Boulet : ...Maurice-Richard
aussi était bien impliqué, ceci dit avec respect, pour...
Mme Cadet : On
les salue tous. Dans les autres considérations, dans les autres recommandations
qui nous ont été soumises par les groupes,
de part et d'autre... Et, encore une fois, ici, je vous la soumets parce que je
pense que l'étape de l'étude détaillée, là, nous permet d'aller en profondeur
sur certaines des recommandations, indépendamment, là, de notre prédisposition à ceux-ci ou pas. Et,
de part et d'autre, on nous... on parlait... on nous parlait, donc, du concept
de fin de semaine. Bon. Il y a le Conseil canadien du commerce de détail qui
l'a fait, mais également le Réseau pour un
Québec Famille, qui nous disait que la semaine... le concept de semaine, donc,
était peut-être plus approprié du lundi au jeudi. Donc, on parlait des fréquentations scolaires, je vous vois
déjà... donc, vous avez déjà pensé à ces différentes recommandations là,
M. le ministre, là. Je pense que, vous, votre idée, elle est faite.
M. Boulet : Oui. Mais, tu sais, chacun pense à une stratégie
en fonction de sa réalité. Tu sais, je parlais récemment de groupes qui ont demandé qu'il y ait un
étalement des heures sur une période de deux semaines, notamment, tu sais, puis
d'autres voulaient qu'on déplace ou qu'on amende la notion de semaine de
travail. Je comprends, mais je ne suis vraiment pas de l'avis qu'il faille
diluer l'intention de notre projet de loi ou de faire des correctifs qui ne
tiennent compte que d'une réalité
particulière. Puis je comprends les groupes, ils font du lobby, ils ont des
intérêts. Mais, nous, ne perdons pas l'accent que nous mettons sur la
sécurité des enfants puis leur réussite.
Mme Cadet : Je vous confirme, M. le
ministre, là, que je suis tout à fait contre l'étalement des heures, là, sur
une période de deux semaines, là. Mais je trouvais la conversation intéressante
sur le concept de... Réseau pour un Québec Famille, de
leur côté, ils voyaient, pour des raisons tout à fait autres... de voir, en
fait, la semaine du lundi au jeudi puis, à
ce moment-là, de voir comment le maximum d'heures, pour la semaine, donc, se
déclinerait dans ce concept-là. C'est
un... C'était un peu ce que... ce qui animait, là, l'intention, là, de susciter
le débat sur cette question-là. Je comprends qu'il y a un consensus qui a été fait avec l'idée du lundi au vendredi
et que ça vient un peu, je vous... j'en conviens, là, ça vient un peu de soi. Je veux dire, quand on
pense à la semaine, de part et d'autre de l'échiquier des demandes, c'est...
je ne peux pas dire que c'est un élément qui
est revenu à de nombreuses reprises, mais c'est une proposition qui, pour des
raisons tout à fait distinctes l'une de l'autre, nous est revenue, donc c'est
un peu pour ça.
Mais je comprends
que, de votre côté, donc, c'est... le consensus qu'on a, donc, c'est ce qui
semble le plus équilibré, autant du
côté du réseau Québec... du Réseau pour un Québec Famille, là, qui verrait
diminuer le nombre d'heures par semaine,
mais avec une semaine, donc, du lundi au jeudi, où est-ce que, le lendemain, il
y a de l'école, qui, évidemment... Donc, de l'autre côté, c'est un peu
votre opinion, M. le ministre.
M. Boulet : Tout à fait.
Mme Cadet : Puis, un peu plus tôt,
donc, on a parlé, là, des heures... bien, on a parlé des heures par jour. Mais, dans le contexte où on analyse tout ce qui
encadre, donc, le travail des jeunes, je sais que, bon, vous avez parlé hier,
lors de l'adoption du principe, de la dernière fois qu'on a ouvert la loi en ce
sens, il y a à peu près 25 ans. Je pense que vous faisiez référence au
moment où est-ce qu'on a établi les critères pour le travail de nuit des
jeunes. Si on suit l'historique, là, je pense que c'est bien ce dont vous... ce
à quoi vous faisiez référence. Il y a d'autres groupes qui, dans cette
perspective, donc, sans demander que le nombre d'heures maximales soit décliné
par jour, demandent de devancer à 22 heures l'heure à laquelle le jeune de
14 à 16 ans pourrait être à la maison après le travail, du dimanche au
jeudi. Est-ce que vous avez... Est-ce que c'est une des idées que vous avez
considérées au niveau du resserrement du travail de nuit?
M. Boulet : Que ça concerne les
personnes de 14 à 16 ans?
Mme Cadet : Non, pardon, M. le ministre.
Donc, que l'heure, plutôt qu'on... plutôt que...
M. Boulet : Oui. On a analysé ça.
• (16 h 50) •
Mme Cadet : ...l'obligation soit de
23 heures à 6 heures, là, qu'elle soit de 22 heures à
6 heures.
M.
Boulet : Mais le... Bon. Dans le rapport du CCTM, oui, ça a
été considéré. Et il n'y a aucune recommandation. Puis ce qui est important
puis ce qui a permis l'accord des parties au CCTM, c'est que, le
23 heures, puis c'est prévu dans la
loi, il faut qu'il soit revenu à la maison. Puis donc, oui, on l'a considéré,
mais on a respecté le consensus aussi à cet égard.
Mme Cadet : C'est complet pour
l'article 3. Merci.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 3? Je vais mettre aux voix l'article 3. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 4. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
L'article 89.1 de cette loi est modifié par
le remplacement du premier alinéa par le suivant :
«Le
gouvernement peut, par règlement, après consultation de la Commission,
déterminer les cas et les conditions selon lesquels les interdictions
prévues au premier alinéa de l'article 84.3 et à l'article 84.6 ne
sont pas applicables.»
Commentaire. Bon, c'est aussi simplement que le
pouvoir de déterminer par règlement les cas, conditions ou l'interdiction de
faire travailler. Bon. C'est pour permettre l'évolution du règlement et c'est
simplement l'habilitation réglementaire qui est prévue à cet article. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions? Oui. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Oui, je pense qu'ici on est dans un article assez clair.
D'ailleurs, on n'a reçu aucune recommandation de la part des groupes, autant
ceux qui sont venus témoigner en consultations particulières que ceux qui ont déposé des mémoires, sur cette question.
Ici, plutôt, on parlait, donc, de principes. On a parlé, donc, des
principes qui guident les ajustements qui peuvent être faits par règlement.
Puis je pense que, par règlement, ça permet, comme vous l'avez mentionné, donc,
une certaine agilité. On n'a pas besoin de revenir ici pour discuter, donc, de certains cas qui pourraient être soulevés
par la suite et qui s'inscriraient dans l'objectif... dans le... avec...
derrière l'intention du législateur.
Ma question
ici, c'est que, justement, est-ce que ces principes-là... Est-ce que vous avez
évalué l'opportunité que l'on puisse inscrire dans la loi les principes
qui permettraient d'ajouter des modifications par voie de règlement, au niveau, là, des
situations où l'interdiction de travailler... bref, les exceptions... ce qu'on
pourrait ajouter, donc, différentes exceptions, est-ce que vous avez
pensé à circonscrire le cadre?
M. Boulet : Je pense, ça va être la vie concrète de la loi qui
déterminera comment on peut adapter ou comment on peut faire évoluer le
règlement. Tu sais, le marché de l'emploi, voilà trois ans, on ne pouvait pas
s'imaginer ce qu'il allait être aujourd'hui. Puis, tu sais, tout est en
constante mutation. Puis peut-être qu'il y aura des avancées ou des reculs qui justifieront le gouvernement
d'agir, mais ce qui est important, en fait, puis je vais répondre très simplement,
ce qui doit guider, c'est la santé et
sécurité et la réussite éducative. Et, la santé et sécurité étant au coeur de
ce que nous faisons, c'est la raison pour laquelle la CNESST doit être
consultée. Puis vous savez que le conseil d'administration de la CNESST, il est
paritaire, et donc... puis il y a beaucoup de représentativité au sein de ce
conseil-là. Donc, la consultation va s'imposer dans la mesure de la constance
de l'objectif de sécurité des enfants.
Mme Cadet : Donc,
de votre avis, de votre expérience, donc, vous pensez, donc, que ce cadre-là,
donc, est suffisant, là, pour qu'on puisse
toujours, donc, respecter, donc, l'intention, là, qui a été longuement évoquée
ici, plutôt que de l'inscrire de façon législative pour la suite?
M. Boulet : Oui,
tout à fait, parce que, un, c'est au coeur de la mission de la CNESST, puis,
deux, c'est ce que le consensus du CCTM nous proposait, que les exceptions
soient prévues par règlement, en raison, vous le dites bien, de l'agilité du
processus.
Mme Cadet : Oui,
oui. Puis, juste pour qu'on se comprenne bien, je vais tenter d'énoncer plus
clairement mon propos. Je suis en faveur, là, à ce que les exceptions, en tant
que telles, telles que nommées, puis on va les voir à l'article 13 un peu
plus tard, soient énumérées par voie réglementaire parce que c'est extrêmement
précis. Donc, on parle des salariés précisément, des tâches qui sont effectuées
par ces salariés-là. Donc, on est dans un cadre qui, effectivement, donc,
devrait être mis à jour par voie réglementaire et non pas par voie législative.
Ma question ici, c'est
la raison pour laquelle je la pose à l'article 4 plutôt qu'à l'article 13
du projet de loi, c'est qu'on indique que le gouvernement peut, par voie de
règlement, après consultation de la commission, comme vous l'avez dit, donc,
déterminer, donc, ces cas où les interdictions ne seraient pas applicables, et
je me demande, à l'article 4, s'il y a
lieu d'inscrire les... ce qui sous-tend tout ce que l'on a dit, donc la santé
et sécurité, la prolongation de l'activité
familiale et scolaire, pour que... pour l'avenir, une fois que... quand la...
après la consultation de la commission, par voie réglementaire, s'il y a une modification à faire sur d'autres
types de salariés auxquels nous n'aurons pas pensé à l'issue de l'étude du... l'étude détaillée du
projet de loi, que le... que ce cadre-là ne soit jamais très loin. À court terme,
on comprend qu'il n'y a pas de danger, mais, à long terme, peut-être qu'on
pourrait s'éloigner un peu de l'intention du législateur en 2023.
M. Boulet : Mais,
en même temps, je ne veux pas complexifier, là, mais ce n'est qu'un article qui
confirme l'habilitation réglementaire de la commission. Puis il y a beaucoup
d'autres habilitations réglementaires dans la loi santé et sécurité, dans la...
Et c'est... comme j'ai mentionné tout à l'heure, c'est au coeur sa mission, qui
est précisée d'ailleurs aussi... (Interruption) ...excusez-moi, dans la loi
santé et sécurité. Mais je comprends votre point, mais je n'y vois pas... je ne
vois pas d'utilité, là, de rajouter des éléments sur la mission de la CNESST.
Puis,
si je pouvais résumer, il y a une économie générale qui se dégage de cette
loi-là, qui va devoir être considérée par
la CNESST dans les consultations. Parce qu'encore une fois c'est le règlement
que le gouvernement aura à adopter, le cas échéant, là, mais on
n'anticipe pas de rajouter des exceptions. Certainement pas à court terme.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci.
Mme Cadet : ...Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : D'autres commentaires? Oui. M. le député de...
M. Leduc : Peut-être juste mentionner rapidement que j'avais
les mêmes préoccupations, là, règlement versus loi, que... des préoccupations
qui ont été mentionnées dans quelques mémoires, des représentations... Je suis
convaincu que ma collègue de Bourassa-Sauvé a rencontré plusieurs groupes aussi, là, dans
l'intermédiaire, là, entre aujourd'hui et le dépôt du projet de loi, qui
nous sensibilisaient à cette idée-là, du danger d'y aller par le règlement, où
c'était peut-être trop facilement modifiable, en particulier, donc, dans
l'élargissement des exceptions. Je fais confiance au ministre en tout cas, parce que la philosophie qu'il nous a présentée,
autant dans le projet de loi, dans sa mouture originale, que dans l'absence d'autres... ou à peu près, là,
à part l'exception agricole dont on discutera tantôt, l'absence de d'autres élargissements,
j'ai l'impression que c'est... c'est la philosophie qui va demeurer dans les
prochaines années. Mais, quand même, c'est
vrai que ça ouvre un chemin particulier qui peut laisser des gens sur leurs
craintes, alors il suffira d'être vigilants pour la suite et de veiller
au grain, comme on dit. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'article 4. Est-ce que l'article 4
est adopté?
Des
voix : Adopté.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté. L'article 5. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci,
Mme la Présidente.
L'article 140
de cette loi est modifié par l'insertion, dans le paragraphe 6° et après
«exception», de «des articles 84.2 à 84.7, 92.5, 92.6 et».
Commentaire. Bien,
c'est une modification de concordance, là, avec l'article 6 afin de
déplacer 140.1, là, qui prévoit les amendes les plus sévères, les dispositions des
articles de cette loi, là, qui concernent le travail des enfants, comme j'en ai
souvent parlé, là. Donc, c'est de la concordance.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Commentaires?
Mme Cadet : Donc, tout simplement, là, je veux dire, non, moi,
ça me semble assez clair ici, Mme la Présidente, pour l'article 5.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Donc, nous allons mettre aux voix l'article 5. Est-ce que l'article 5
est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté. L'article 6. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci,
Mme la Présidente.
L'article 140.1
de cette loi est modifié par le remplacement de «aux dispositions des
articles 92.5 ou 92.6» par «à l'une ou l'autre des dispositions des
articles 84.2 à 84.7, 92,5 et 92.6».
Commentaire.
Bon, ça vient ajouter, là, les dispositions de 84.2 à 84.7 à 140.1, là. C'est
le suivi de l'article de concordance.
Puis je vous rappellerai aussi que, bon, c'est les amendes les plus sévères,
c'est concordant, c'est cohérent avec le corpus législatif québécois, selon les
experts du ministère de la Justice, et c'est le même niveau d'amendes
que les contraventions au règlement sur les agences de placement puis les
agences de recrutement de travailleurs étrangers temporaires. Souvenez-vous à quel point on mentionnait souvent que
c'était un potentiel vulnérable, un potentiel humain vulnérable, et
c'est le même raisonnement pour les enfants. Merci.
• (17 heures) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Commentaires sur l'article 6?
Mme Cadet : Bien,
tout simplement, à des fins d'archives, Mme la Présidente, ici, donc, ça
convient donc... ça me convient tout à fait.
Vous connaissez, donc, l'importance que j'accorde à ce qu'on soit en
concordance avec le statut de
vulnérabilité des jeunes travailleurs, le ministre, je pense, à l'étude des
crédits, a pu constater aussi l'intérêt que je porte aussi, donc, à
toute la question de la protection des travailleurs étrangers temporaires. Donc,
ici, avec cet arrimage-ci, j'ai l'impression qu'on est en pleine cohérence.
Donc, merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Les
montants, là, des infractions, c'est dans la loi. Ce n'est pas dans le
règlement, hein?
M. Boulet : C'est
dans la loi.
M. Leduc : Il
n'y a pas un drôle d'effet miroir avec ce qu'on vient juste de discuter, tu
sais, sur le fait qu'on peut, par règlement,
élargir les exceptions relativement facilement, mais là, sur les amendes puis
les infractions, ça, c'est figé dans la loi, puis, pour y retoucher,
considérant qu'il y aurait une évolution, une crise économique ou je ne sais
pas trop, là, puis que ces montants-là
deviennent caducs ou qu'ils deviennent ridicules, ça, il faudrait repasser par
une loi?
M. Boulet :
Mais les amendes sont toujours dans les lois, ne sont pas dans les règlements.
Un règlement, ça ne sert qu'à appliquer, pas à imposer des montants d'amendes
ou à déterminer ce qu'on appelle le droit substantif, là. Les droits et obligations sont dans la loi, le
règlement ne sert qu'à appliquer. Et le montant des amendes, je le répète, là,
c'est cohérent, puis, si, un jour, il y avait une constatation que les amendes
ne sont pas suffisantes pour dissuader, là, ce serait le processus d'amendement
législatif.
M. Leduc : Quand vous dites «si un jour», est-ce qu'il y a un
processus qui est fait de temps en temps? Est-ce que, je ne sais pas trop, moi, aux trois, quatre ans, il y a une
révision des différentes lois sous le chapeau de la CNESST qui est faite puis qu'ils font une espèce de
recommandation en disant : Oui, les amendes sont encore bonnes ou
peut-être qu'on devrait commencer à les changer? Parce qu'il y en a une
batterie, là, on s'entend, là.
M. Boulet : Oui,
le ministère de la Justice fait ce type de révision là, pour s'assurer non
seulement de la cohérence entre les lois,
mais de la suffisance des quantums, des montants d'amende. C'est un des mandats
du ministère de la Justice, ceci dit, là. Je pense que c'est important
de le mentionner.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. D'autres interventions? Nous allons
mettre aux voix l'article 6. Est-ce que l'article 6 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté. Donc, l'article 7. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Boulet : Merci,
Mme la Présidente.
7.
L'article 59 de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail,
modifié par l'article 144 du chapitre 27 des lois de 2021, est
de nouveau modifié par l'insertion, à la fin du paragraphe 1° du deuxième
alinéa, de «, cette identification et cette analyse devant inclure les risques
pouvant affecter particulièrement la santé et la sécurité des travailleurs âgés
de 16 ans et moins».
Commentaire. Bon. Ça
prévoit de façon claire l'identification, l'analyse des risques prévus aux
programmes de prévention, que ça doit inclure les risques pouvant affecter
particulièrement la santé-sécurité des travailleurs de 16 ans et moins. On a parlé de leur vulnérabilité, de l'obligation
de fréquentation scolaire puis, dans ce projet de loi là, on voulait
mettre l'accent aussi sur l'importance particulière des risques qui touchent
les jeunes de 16 ans et moins. Donc, ce
sera dans les... ce sera prévu, et, bien, il y aura, évidemment, là, vous
savez, les mesures de prévention ou les priorités d'action, là,
dépendamment de la grosseur de l'entreprise. Et voilà, essentiellement, c'est
pour confirmer ou redire l'importance d'analyser et d'identifier les risques
spécifiques pour les jeunes de 16 ans et moins.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci,
Mme la Présidente. Peut-être juste une précision, là, parce que, dans un des
mémoires, celui de la CSQ, notamment, si je
ne me trompe pas, on faisait référence au rajout, dans les risques, là, de
santé physique «et psychique», mais ça, c'est le débat qu'on a eu dans
le p.l. n° 59, si je ne me trompe pas, puis qui
était couvert par «psychosociaux», est-ce que j'ai raison?
M. Boulet : Totalement.
M. Leduc : Parfait.
Puis ça, c'est déjà prévu, on avait déjà modifié ces règlements-là?
M. Boulet : Tout
à fait.
M. Leduc : Voilà. Je devrais m'en rappeler, hein, on était...
on a passé beaucoup d'heures sur ce projet de loi là.
M. Boulet : J'espère
que vous n'avez pas tout écouté la commission.
M. Leduc : 193 heures.
M. Boulet : Il
y a des leçons à retenir, mais il y a des leçons à oublier parfois.
M. Leduc : À
éviter. 193 heures en 12 DVD. Voilà.
M. Boulet : Simplement
parce qu'il aimait faire l'étude article par article puis il aimait qu'on soit
ensemble.
M. Leduc : C'est
vrai.
Mme Cadet : C'est
ce que je vois. Je me sens un petit peu exclue de la conversation.
M. Leduc : On
va élargir le cercle, il n'y a pas de souci.
M. Boulet : Oui,
c'est ça. Oui.
M. Leduc : Il
n'y a pas de souci. Question...
M. Boulet : On
est inclusifs.
M. Leduc : Blague à part, M. le ministre, toujours le mémoire
de la CSQ, ils posaient la question, puis je serais curieux de vous
entendre, ils disaient : Pourquoi on fait référence à 16 ans et moins
et pas 18 ans et moins?
M. Boulet : C'est
une bonne question. Parce que notre projet de loi concerne les jeunes jusqu'à
ce qu'ils aient une obligation de fréquentation scolaire. La réalité n'est pas
la même. C'est sûr qu'idéalement... il y en a qui me disent : On devrait
monter l'âge. Puis ce n'est pas la Loi sur l'instruction publique, ce n'est pas
l'objet de notre projet de loi, mais est-ce
que l'âge où tu es obligé d'aller à l'école ne devrait pas être 18 ans?
Mais on a dit 16 ans parce qu'on ne voulait pas aller au-delà de ce
qui est prévu dans la Loi sur l'instruction publique.
M. Leduc : Une
forme de cohérence avec l'économie générale de la loi.
M. Boulet : Oui. Tout à fait.
M. Leduc : Il aurait fallu changer
d'autres articles dans la loi si on avait voulu rehausser ça à 18 ans?
M. Boulet : Bien non, parce qu'à la
limite ça n'aurait pas été prévu dans notre projet de loi, qu'il y a quand même une obligation des employeurs en vertu de
notre projet de loi n° 59 — qui
est devenu la loi n° 27 — mais
là on voulait vraiment mettre un focus, un accent particulier sur les jeunes de
16 ans et moins parce qu'ils sont vulnérables, et donc il faut qu'il y ait une attention
particulière à ces jeunes-là. C'est juste pour ça. Le reste, là, c'est tout
miroir de ce que nous avions déjà fait.
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
Cadet : Merci, Mme la Présidente. Non, en effet, là, je
n'ai pas eu l'occasion de bénéficier, là, de toutes ces heures, là,
d'accoutumance entre le ministre et le député d'Hochelaga-Maisonneuve, ce qui
ne m'a pas donné de contexte, parce
que ma première question était sensiblement, donc, la même que celle du député,
sur l'intégrité physique et psychique demandée par la CSQ. Donc, cette
parenthèse-là est fermée.
Au niveau... Une autre recommandation qui va un
peu, là, dans le même sens, là, la FCCQ, de son côté, demandait qu'on remplace
la référence à 16 ans et moins par «couvert par l'obligation de
fréquentation scolaire». Ici, c'est une réflexion qui a été faite, et puis,
évidemment, on s'entend que, si on le modifie ici, donc, ça change, donc, plusieurs aspects de la loi. On comprend que le 16 ans,
ici, est quand même lié à l'obligation de fréquentation scolaire, là, c'est la raison pour laquelle c'est la limite,
mais... Puis je comprends qu'on n'a pas nécessairement, à court terme, de... on
ne sent pas, là, à court terme, là, le désir ou le sentiment, là, que
l'obligation de... que l'âge de fréquentation... d'obligation de fréquentation scolaire, donc, sera sujette à
modification à court terme, ceci dit, par concordance. Bien, d'une part,
est-ce que vous avez fait cette réflexion-là?
D'autre part,
on est un peu plus dans l'hypothétique, mais, advenant le cas où, justement,
l'âge de fréquentation scolaire venait à être modifié... je comprends
que ça n'a pas été fait dans la législation récente ni à long terme, mais, à ce
moment-là, donc, est-ce qu'il y aurait, donc, une révision de l'âge de
16 ans ici?
M. Boulet : Je n'ai pas entendu la
fin de votre intervention, mais évidemment ça ne relève pas de l'essence ou de
la nature de notre projet de loi. Puis, tu sais, c'est important de mentionner
aussi que le 16 ans est en cohérence avec d'autres règlements, là, dans
certains secteurs spécifiques. Dans les mines, il y a des interdictions, là
aussi, qui s'appliquent pour les moins de 16 ans. Ça fait que je pense
que, mes commentaires, je les ai faits durant... suite à l'intervention du
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, là, mais... Puis est-ce qu'il y aura une
réflexion à faire sur l'âge où on est obligés d'aller à l'école? Ça, je vais
laisser ça dans la cour de mon collègue à l'Éducation.
• (17 h 10) •
Mme Cadet : Oui, je sentais bien
qu'on débordait, M. le ministre, c'est ça que je disais. Donc, ici, on est ailleurs, mais je vous entends, là, que, dans le
fond, c'est le 16 ans, et, oui, il est en corrélation avec l'âge de
fréquentation scolaire, mais pas exclusivement. Donc, il se tient, il se
tient tout seul, là, sans qu'on ait besoin, là, de faire arrimer l'un et
l'autre, au cas où votre collègue... ou dans n'importe quel gouvernement
ultérieur, là, qu'on fasse... que cette réflexion-là se fasse. Il n'y a pas
d'enjeu avec l'essence même, là, du projet de loi, ici, là, qui est vraiment
16 ans.
Toujours la
FCCQ, de son côté, nous... donc, précisait que les... donc, dans... bien, en
fait, demandait, là, dans ses recommandations, que les modifications à la Loi
sur la santé et sécurité au travail précisent que l'analyse des risques
spécifiques aux travailleurs de moins de 16 ans ne soit requise que
lorsqu'il y a effectivement des travailleurs de
cette catégorie d'âge dans l'entreprise, mais je comprends qu'avec le libellé
de l'article 7... que c'est déjà compris, là, essentiellement, là, c'est ce que vous répondez à la FCCQ. Parfait.
Donc, c'était également ma compréhension, mais je voulais vous entendre
là-dessus.
Puis ça, ça vaut, en fait, pour les
articles 7 à 11, là, ici, là, le libellé, puis on aura l'occasion de les
revoir, mais je comprends qu'ici on est dans le cas échéant, là, et non pas
dans un fardeau administratif supplémentaire, qui serait nul et sans avenu pour
les entreprises. Parfait... nous mentionnait aussi de permettre un mécanisme
permettant l'approbation par la CNESST d'un poste de travail sécuritaire
propice au travail et au développement des jeunes de moins de 14 ans. Ici, là, c'est... je suis plus ou moins certaine,
là, que cette recommandation-ci s'imbrique bien, là, dans le libellé,
mais est-ce que vous y aviez porté un peu...
M.
Boulet : On a analysé toutes
les recommandations de la Fédération des chambres de commerce du Québec,
et, non, on a... Non, puis je ne pense pas
que ça s'imbrique bien, là, dans cet article-là, non plus, là. Puis la FCCQ fait
aussi partie du consensus, hein, du CCTM. O.K.
Mme
Cadet : Parfait. De son côté, la... pardon, donc, la FAE
demandait, donc, que le p.l. n° 19, donc, soit modifié pour ajouter au
programme de prévention, au plan d'action prévu par la Loi sur la santé et
sécurité, l'identification des tâches qui ne
devraient pas être effectuées par les travailleuses et travailleurs de
16 ans et moins. Vous avez analysé toutes les
recommandations, donc, ici. Encore dans... Puisqu'on fait référence au
programme de prévention et au plan d'action, est-ce que c'est...
M. Boulet : ...spécifiquement dans
le p.l. n° 19 que les représentants en santé et
sécurité puis les agents de liaison vont pouvoir faire des recommandations sur
les tâches qui sont incompatibles avec la capacité ou le développement de
l'enfant concerné.
Mme Cadet : Parfait. Donc,
essentiellement, encore une fois, ici, donc, il semble que le libellé comprend
déjà la recommandation qui a été faite par le groupe.
M. Boulet : Tout à fait, et c'est
des discussions que nous avons eues amplement dans le cadre du projet de loi n° 59.
Mme Cadet : Même chose, donc, pour
la suite pour le comité de santé qui viendra à l'autre article.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Mme Cadet : O.K.Pardon, je
fais juste passer à travers ce que je vous ai... Vous y avez un peu répondu, on
est un peu dans la même mouvance, ça fait que je ne vous entretiendrai pas plus
sur une déclinaison de cet article.
Puis, même chose, le Réseau québécois pour la
réussite éducative, de son côté, puis je pense qu'on est pas mal aussi, là...
mais, juste pour confirmer, de votre côté, l'intention du législateur, donc, le
Réseau québécois pour la réussite éducative
demandait qu'on introduise à la LSST une spécificité, là, pour que les réalités
propres aux travailleurs et travailleuses âgées de 16 ans et moins
soient prises en compte, mais... Ici, donc, je vous vois hocher la tête, là, ça
fait que vous dites qu'ici l'analyse des risques, là, comprendrait,
engloberait, donc, l'analyse des réalités propres à ces travailleurs?
M. Boulet : Oui. Puis, en passant,
si des personnes du Réseau québécois pour la réussite éducative nous écoutent,
merci, merci beaucoup de leurs... des échanges que j'ai eus avec eux et de
l'appui qu'ils ont exprimé à l'égard du projet de loi n° 19.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions?
Mme Cadet : Oui. Je continuerais
dans la même veine pour... donc, par souci, là, de mentionner un peu, donc, tout ce qui a été mis de l'avant, là, par
nos différents groupes qui ont pris le temps de faire des propositions, là, qui
sont liées à l'article 7, puis, par la suite, je pense que ça va aller un
peu plus rondement aux 8, 9, 10 et 11, puisqu'ils sont assez similaires
dans leur essence.
Plus tôt, là, j'ai parlé de cette
recommandation-là de Force Jeunesse, là, qu'un employeur tienne un registre qui comporte les heures de formation et
d'entraînement offerts aux travailleurs de 16 ans et moins, là, qu'on
ajoute cette obligation-là à l'article 51. Je sais qu'ici, donc, on
est dans la question de l'article 59, on n'a pas de créneau, là, qui nous permet de l'analyser indistinctement, mais on
est quand même, donc, dans les mesures de prévention, là. Dans mes remarques
préliminaires, je parlais de prévention et formation. Ici, je pense qu'on est
dans le contexte de prévention plus large.
M. Boulet : Oui. Dans
l'article 59, vous allez le voir, le programme de prévention a pour
objectif, bon, d'éliminer à la source les dangers pour la santé et sécurité,
intégrité, puis, à 5, que ça doit inclure... bien, on parle des programmes de
formation et d'information en matière de santé et sécurité du travail. Donc,
c'est spécifiquement mentionné.
Mme Cadet : Puis une autre
recommandation de Force Jeunesse : d'ajouter, à la sous-section IV,
«accidents de la section II du
chapitre 3 de la LSST» — ils
sont précis, vous avez raison de respecter le groupe — et
donc d'ajouter, donc, une obligation
pour l'employeur d'informer, de fournir un rapport écrit d'accident à la CNESST
lorsque l'accident implique un jeune de 16 ans et moins. Donc,
encore une fois, on est dans une variation sur le même thème.
M. Boulet : Mais il y a une
obligation, puis là j'y vais de mémoire, là, mais, dans la loi sur les
accidents de travail, si l'absence est plus d'une journée, tu dois faire une
réclamation parce que ça déclenche le droit du travailleur ou de la travailleuse, indépendamment de son âge,
d'obtenir une indemnité de remplacement de revenu. Puis, plus tard,
l'employeur remplit un formulaire Avis de l'employeur et demande de
remboursement, puis il tient un registre, là, des accidents de travail dans
son établissement quand c'est aussi une absence de plus d'un jour. Ça fait
qu'il l'a déjà dans la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, cette obligation-là.
Mme Cadet : Parfait. Ce sera tout,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Nous allons procéder à la mise aux voix de
l'article 7. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 8. M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
8.
L'article 61.2 de cette loi, édicté par l'article 147 du
chapitre 27 des lois de 2021, est modifié par l'insertion, à la fin
du paragraphe 1° du deuxième alinéa, de «cette identification devant inclure
les risques pouvant affecter particulièrement la santé et la sécurité des
travailleurs âgés de 16 ans et moins».
Commentaire. Bon. C'est la modification de
concordance. C'est la même, même affaire que ce qu'on vient d'analyser, mais là c'est pour le plan d'action,
donc pour les entreprises qui comptent moins de 20 travailleurs. Donc,
c'est simplement une concordance.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions? Donc, l'article 8 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : L'article 9.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
9. L'article 78 de cette loi, modifié par
l'article 154 du chapitre 27 des lois de 2021, est de nouveau modifié
par l'insertion, dans le paragraphe 6° du premier alinéa et après
«établissement», de «incluant ceux pouvant affecter particulièrement les travailleurs
âgés de 16 ans et moins».
Commentaire.
Bon. C'est... là, c'est la même affaire, mais c'est comme la collègue de
Bourassa-Sauvé le mentionnait, c'est
pour le comité de santé et sécurité, dans l'exercice de ses fonctions, pour
inclure les risques pouvant affecter
particulièrement les jeunes de 16 ans et moins. Puis c'est en cohérence,
là, en fait, comme vous le mentionnez, c'est toute la cohérence et le
suivi de ce que nous avons discuté à l'article 7. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Des interventions? Mme la députée.
Mme
Cadet : Oui, juste, ici, bien, parce qu'on parle des
comités de santé et sécurité, donc, dans l'un des mémoires, donc, celui de la
FTQ, donc, on nous demandait que la CNESST développe des outils spécifiques
pour aider les comités de santé et sécurité, les représentants à la santé et
sécurité, les agents de liaison, leur travail de prise en charge pour ce groupe
spécifique de travailleurs, qu'elle forme, bon, les inspecteurs, là, pour mieux...
pour qu'ils soient mieux soutenus,
là, dans leurs démarches auprès des milieux. Peut-être juste vous entendre sur
cette recommandation-ci. Je ne sais pas si le collègue avait la même
question.
M. Boulet : Oui. Bien, la CNESST
collabore avec la Direction générale de la santé publique, ils vont... tu sais,
ils documentent les risques. Bien, oui, la CNESST est en accompagnement puis en
formation puis a les outils, informatiques
et autres, la documentation pour s'assurer que les comités de santé et sécurité
remplissent les fonctions, là, qui
sont prévues à l'article 78 de la loi sur la santé et sécurité, mais,
essentiellement, oui, les outils sont en place, là.
• (17 h 20) •
Mme
Cadet : Je comprends, le pouvoir, il est déjà... En vertu de
l'article 78, là, c'est déjà compris, en fait, là, ce qu'on nous
demande.
M. Boulet : Absolument.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Est-ce que l'article 9 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 10. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
10.
L'article 90 de cette loi, modifié par l'article 163 du
chapitre 27 des lois de 2021, est de nouveau modifié, dans le
premier alinéa :
1° par
l'insertion, à la fin du paragraphe 3°, de «, incluant celles propres aux
travailleurs âgés de 16 ans et moins»;
2° par
l'insertion, dans le paragraphe 4° et après «travail», de «et celles concernant
les tâches qui ne devraient pas être effectuées par les travailleurs
âgés de 16 ans et moins».
Commentaire. Bien, encore une fois, c'est le
corollaire de ce que nous avons discuté pour l'identification par le RSS des
situations qui peuvent être source de danger pour les jeunes et de faire des
recommandations... en fait, qui lui confèrent le pouvoir de faire les
recommandations concernant les tâches qui ne devraient pas être effectuées par
ces travailleurs. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Y a-t-il des interventions pour l'article 10?
Donc, est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Boulet : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 11. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
11.
L'article 97.3 de cette loi, édicté par l'article 167 du
chapitre 27 des lois de 2021, est modifié par l'insertion, dans le
premier alinéa et après «travail», de «, incluant ceux pouvant affecter
particulièrement la santé et la sécurité des
travailleurs âgés de 16 ans et moins ainsi que des recommandations
concernant les tâches qui ne devraient pas être effectuées par ceux-ci».
Commentaire.
Bien, c'est la même, même affaire, c'est l'agent de liaison. Donc, pour les
entreprises de moins de
20 travailleurs, au lieu d'être un RSS, c'est un agent de liaison.
Merci... Un représentant en santé et sécurité, excusez-moi. Merci. C'est
complet.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Est-ce que c'est comme un
genre de truc qu'on avait oublié, dans le p. l. n° 59,
de le modifier?
M. Boulet : Non.
M. Leduc : Je comprends que ce n'est
pas une...
M.
Boulet : C'est la même affaire. C'est exactement le même
libellé. On l'a à 97.3, mais là on rajoute... Je ne sais pas si vous
l'avez, en vert, là.
M. Leduc : Oui, oui, oui.
M. Boulet : C'est la même... c'est
97.3, c'est la même affaire que pour le RSS, l'agent de liaison, mais on inclut
ici les... ceux pouvant affecter particulièrement la santé et sécurité des
travailleurs de 16 ans et moins.
M. Leduc : Bien, c'était ça, ma
question. Est-ce que c'est ce genre de choses qu'on aurait dû faire comme
ajustements pendant le p. l. n° 59 puis qu'on a
oubliées, puis là on le fait en ce moment?
Une voix : C'est lié au travail des
enfants.
M.
Boulet : Dans la mesure où c'est lié spécifiquement au
travail des enfants, c'est là qu'on a fait la rédaction.
M.
Leduc : D'accord. Ça n'avait pas lieu d'être fait dans le
59 parce qu'on n'était pas dans cette discussion-là.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : D'accord. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Donc, l'article 11 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
M. le ministre, l'article 12, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
12.
L'intitulé de la section VI.1 du Règlement sur les normes du travail est
modifié par la suppression de «de nuit».
Commentaire. Bon. C'est l'intitulé, là, puis...
considérant le sens, la nature et l'objet du projet de loi, lequel ne porte pas
sur le travail de nuit. Donc, c'est tout, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Des interventions? Pas d'intervention. Donc,
est-ce que l'article 12 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 13. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
13. Ce règlement est modifié par l'insertion,
avant l'article 35.1, du suivant :
«35.0.3.
L'interdiction pour un employeur de faire effectuer un travail par un enfant de
moins de 14 ans prévue par l'article 84.3 de la Loi sur les normes du
travail ne s'applique pas aux salariés suivants :
«1° l'enfant qui
travaille à titre de créateur ou d'interprète dans un domaine de production
artistique visé au premier alinéa de
l'article 1 de la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts
visuels, du cinéma, du disque, de la littérature, des métiers d'art et
de la scène;
«2° le livreur de
journaux ou d'autres publications;
«3° le gardien
d'enfants;
«4° l'enfant qui
effectue de l'aide aux devoirs ou du tutorat;
«5° l'enfant qui
travaille dans une entreprise familiale qui compte moins de 10 salariés
s'il est l'enfant de l'employeur ou, lorsque
ce dernier est une personne morale ou une société, l'enfant d'un administrateur
de cette personne morale ou d'un associé de cette société, ou s'il est
l'enfant du conjoint de l'une de ces personnes;
«6° l'enfant qui
travaille dans un organisme à but non lucratif et à vocation sociale ou
communautaire, tel qu'une colonie de vacances ou un organisme de loisirs;
«7° l'enfant qui
travaille dans un organisme sportif à but non lucratif pour assister une autre
personne ou en soutien, tel qu'un aide-moniteur, un assistant-entraîneur ou un
marqueur.
«Les
salariés visés au paragraphe 5° à 7° du premier alinéa doivent en tout temps
travailler sous la supervision d'une personne de 18 ans ou plus.»
Est-ce qu'on lit
l'amendement tout de suite?
Une voix : ...
M. Boulet : Il
faudrait que je lise l'amendement, oui.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Il est déjà sur Greffier, donc vous pouvez faire tout de
suite la lecture de votre amendement, M. le ministre.
M. Boulet : Donc, à l'article 35.0.3 du Règlement sur les
normes du travail proposé par l'article 13 du projet de loi :
1° insérer, après le
paragraphe 7° du premier alinéa, le paragraphe suivant :
«8° l'enfant qui
travaille dans une entreprise agricole qui compte moins de 10 salariés,
lorsqu'il exécute des travaux manuels légers pour récolter des fruits ou des
légumes, prendre soin des animaux ou préparer ou entretenir le sol.»
2° remplacer, dans le
deuxième alinéa, «7°» par «8°»;
3° ajouter, à la fin,
l'alinéa suivant :
«Les salariés visés
au paragraphe 8° du premier alinéa doivent avoir 12 ans ou plus.»
Et évidemment...
Est-ce qu'on avait lu jusqu'à la fin? Bon. Les salariés visés au paragraphe 8°,
bon... donc, les salariés visés au paragraphe... en fait, c'est 5° à 8° du
premier alinéa ou c'est...
Une voix : ...
M. Boulet : Oui, O.K., parfait, «doivent en tout temps
travailler sous la supervision d'une personne de 18 ans ou plus»,
bon. C'est complet.
Les commentaires, je
pense que vous les connaissez, je n'ai pas l'intention d'élaborer, simplement
pour dire, en même temps, que ce qui n'est pas visé par la Loi sur les normes
du travail n'est pas dans les exceptions, donc le travail où il n'y a pas une
rémunération, un lien de subordination puis... ce n'est pas visé, et donc ça
tient compte de cette réalité-là, là. Pour les exceptions, je pourrai y
revenir, là, si jamais il y a des demandes de précision, mais je pense que la
chose parle par elle-même, là, pour les exceptions.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Là, on va discuter de l'amendement, M. le ministre,
donc...
M. Boulet : Ah!
O.K., c'est vrai. Excusez-moi.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Oui, on va discuter de l'amendement qui est déposé. Donc,
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, oui, la parole est à vous.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente. Bien, d'abord :
Bonne nouvelle. Je salue cet amendement, je l'ai désiré de mes voeux. Alors, à tout seigneur, tout
honneur, je salue le fait qu'il soit déposé. Je suis content de constater qu'on
maintient le 10 salariés et moins, autant dans l'amendement que dans la
proposition générale, Mme la Présidente. Je trouve
ça intéressant qu'on fasse référence aux travaux manuels légers. C'était
évidemment sous-entendu, à mon avis, mais de le préciser puis de
l'identifier, ce n'est jamais une mauvaise chose. On élargit : les petits
fruits, les légumes, les animaux, le sol, puis voilà pour ça.
Ma question,
par contre, au ministre : Quand on avait... quand j'ai fait ma sortie
là-dessus, moi, j'avais rajouté un
élément de formation obligatoire. Je proposais, le compromis sur le milieu
agricole, qu'il soit attaché à une formation obligatoire, à la fois pour le
jeune salarié, mais aussi pour le patron. Je constate que vous ne retenez pas
ce volet-là, donc, de la formation obligatoire. Ça
fait qu'après les fleurs sur l'amendement agricole, le petit pot :
Pourquoi ne pas avoir retenu la formation obligatoire?
• (17 h 30) •
M. Boulet : Bien,
nous l'avons retenue. Puis là je reprends tous les commentaires que j'ai faits
sur le formulaire et sur l'article 51, qui s'applique, évidemment, au
secteur agricole et qui comprend des obligations non seulement de formation,
mais d'assurer des environnements de travail qui soient sains, sécuritaires. Et
toutes les obligations qu'un employeur a en matière de santé-sécurité
s'appliquent ici.
Puis, en plus, il y a
une obligation aussi pour les exceptions, dans les programmes de prévention ou
les plans d'action, d'identifier, d'analyser
les risques spécifiques et de s'assurer que les agents de liaison, ici, dans le
cas présent, là, parce que c'est
moins de 10, puissent faire des recommandations. Puis n'oublions pas la
supervision, mais, l'obligation de formation, je me suis longuement exprimé
là-dessus, là.
M. Leduc : C'est
peut-être mon erreur, alors, je n'avais pas compris que ça s'appliquait dans le
cas présent.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Pouvez-vous,
peut-être, me résumer rapidement, là, de quoi il s'agit, donc? Ça va être une
formation en ligne? Ça va être une formation en personne qui sera exigée avant
l'embauche, qui sera exigée quelque part pendant le travail? Ça va être quoi,
la mécanique de ça?
M. Boulet : Bien,
quand on relit 51, c'est au moment de l'embauche. Puis, tu sais, moi, je l'ai
souvent mentionné, tu sais, une des constatations qui est souvent faite par la
CNESST, c'est que les jeunes ou les enfants sont plus vulnérables parce que c'est leur première expérience de travail,
puis ils n'ont pas de formation. Ça fait que, quand tu les embauches, tu
t'assures qu'ils connaissent les tâches puis que la formation qu'ils leur
donnent, ce soit pour permettre qu'ils aient
les habilités et les connaissances requises pour accomplir de façon sécuritaire
le travail. Ça fait que c'est au moment de l'embauche puis c'est ce que
51 prévoit, quand on regarde...
(Interruption)
Une voix : ...
M. Boulet : ... — ah!
c'est de ma faute, excusez-moi — quand
on regarde la globalité des obligations qui reposent sur les épaules des
employeurs, collègue.
M. Leduc : Bien,
peut-être que c'est... Là, je comprends pourquoi je n'ai pas réalisé tantôt que
vous parliez de ça, parce que là vous parlez des formations, des tâches plus
techniques reliées à un secteur. Moi, ce que j'avais peut-être aussi en tête ou
peut-être même davantage en tête, comme formation, c'est sur les droits, les
normes...
M. Boulet : Ça,
on en a...
M. Leduc : ...comment ça fonctionne, une réclamation en SST,
et c'est quoi, l'importance de faire... d'enregistrer un accident, des
choses comme ça, là.
M.
Boulet : Ça, on en a parlé
tout à l'heure, puis ce que les rapports d'enquête que j'ai vus, là... c'était
tout le temps... La formation, là,
c'est sur les tâches. Les droits et recours, bon, vous avez eu des cours, vous
avez eu, évidemment, de la formation sur l'article 124 de la Loi
sur les normes du travail... Puis je dis «l'article 124», ça pourrait être
l'article 82, ou peu importe, là. Mais,
les enfants, ce qu'ils ont besoin, c'est de savoir comment travailler
sécuritairement, de savoir aussi qu'il ne faut pas travailler au-delà
d'un certain nombre d'heures.
Et les employeurs,
pas qu'eux, mais aussi les groupes qui vont faire des demandes d'aide
financière vont pouvoir sensibiliser. Puis la CNESST a un site qui est
convivial, qui va permettre aux milieux de travail, aussi, puis aux parents de guider les enfants qui ont un
accident de travail. Puis je réalise que l'augmentation importante du nombre
de lésions professionnelles, ça dépend
aussi... je pense que c'est un témoignage de la qualité, toujours relative,
mais de l'information qui est faite par la CNESST pour sensibiliser les
jeunes à leurs droits.
M. Leduc : C'est
intéressant. Je ne sais pas si c'est suffisant. Parce que, là, si on élargit la
notion de famille, dans le fond, dans le
milieu agricole, ce à quoi j'adhère complètement, c'est ce que je proposais
notamment, on élargit la notion, justement, de l'employeur. Tu sais, ce
n'est plus juste le père ou la mère, ça peut être... bien là, c'est à peu près
n'importe qui, finalement, l'employeur. Et, au-delà de quelles tâches faire,
quelles tâches à éviter aussi, qui est 100 %
pertinent, hein, soyons clairs, la relation de... on retourne dans une relation
d'employeur-employé normale, entre parenthèses, on n'est plus dans une
bienveillance d'un père ou d'une mère avec son enfant, avec qui on présuppose que le père ou la mère ne voudra pas que le jeune
ne déclare pas de CNESST pour ne pas payer davantage d'amendes. On présuppose.
Parfois, on se trompera peut-être, mais on fait bien de le présupposer. Là, on
rentre dans une relation d'employeur-employé normale, régulière.
Est-ce que le
jeune de 12-13 ans, justement, dans le milieu agricole, qui travaille avec
quelqu'un qui n'est pas son père, ou sa mère, ou son proche parent, ne
devrait pas être sensibilisé à cette réalité-là de ses droits en matière de santé et sécurité au travail? Parce que tu as 12 ans,
13 ans, tu ne connais pas, évidemment, ni d'Ève ni d'Adam c'est quoi, ça, la CNESST, c'est quoi, un accident de
travail, c'est quoi, les conséquences de ne pas déclarer, etc. Si personne ne t'en parle jamais, si personne ne te
sensibilise à ça dans ton parcours de jeune travailleur, ça peut... on se
magasine juste des déceptions.
M.
Boulet : Il y a trois volets à votre intervention. Un, sur
les droits et recours, la CNESST va faire son travail. Deuxièmement, il
y a les groupes, organismes qui vont faire des demandes d'aide financière.
Puis, troisièmement, sur la notion de travaux manuels légers, c'est important,
pour moi, de le dire, là, puis ça va être promotionné de cette manière-là,
c'est des tâches dont la fréquence et la durée peuvent être adaptées à la
capacité physique de l'enfant, en fonction
de sa taille, de sa force et de son endurance; deuxièmement, pour lesquelles le
matériel requis peut être contrôlé parfaitement par l'enfant en tout temps;
dont les consignes et méthodes de travail sécuritaires sont simples et faciles à retenir, adaptées au niveau de maturité des
enfants à l'oeuvre et réalisées au sol dans un environnement sécuritaire, sans
circulation de véhicule à proximité, sans
exposition à des produits dangereux comme le monoxyde de carbone, les
pesticides, les carburants. La spécification qu'il doit s'agir des
travaux manuels permet d'éviter que l'enfant effectue des tâches auprès de véhicules motorisés comme, bon, conduire
un tracteur ou, bon, il y a des équipements, des fois, qui sont dangereux. Puis
les exemples de tâches : les charges limitées à moins de 25 % du
poids de l'enfant — en
moyenne, pour un enfant de 12 ans, c'est 22,5 livres; désherber
manuellement en utilisant une binette ou un sarcloir adapté à la taille de
l'enfant; cueillir manuellement au sol des fruits ou légumes comme des fraises,
des framboises, des bleuets, des haricots,
etc., sans assistance de récolte, tu sais, les récolteuses mécaniques. Puis
CNESST va fournir de la documentation
aux employeurs pour les aider à identifier ce en quoi consistent des travaux
manuels légers, là, puis ça peut être extrêmement varié.
Mais c'était
important, votre question, puis ça m'a donné l'opportunité de donner des
instructions claires ou des guides clairs. Merci, madame... Donc, ça va
permettre, évidemment, d'embaucher des enfants de 12, 13 ans pour
effectuer des tâches qui sont moins à risque. Puis c'est cohérent avec la
volonté de favoriser l'autonomie alimentaire. Puis, encore une fois, il
va y avoir aussi de l'aide pour permettre de bien identifier ce qui constitue
des travaux manuels légers.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions? Mme la députée de...
M.
Boulet : Ça, c'est une façon de bien utiliser ce que nous
faisons, de bien utiliser la commission parlementaire, ce que vous
faites aussi.
Mme Cadet : Oui. Merci, M. le
ministre. Donc, je rebondirais, donc, sur la question des travaux manuels légers. Là, vous venez de lire une définition.
Pouvez-vous nous guider sur la source que vous avez décrite, là, de façon
assez complète, le descriptif des travaux
manuels légers? Parce que je vous dirais que moi, quand j'ai lu votre
proposition d'amendement, parce que, bon, vous n'êtes pas sans savoir
que j'en avais une aussi... J'essaie de voir, là, jusqu'à quel point c'est circonscrit et c'est clair pour
l'employeur ce que ça signifie. Parce qu'à la fin de la journée, donc, il ne
faudrait pas qu'il y ait ambiguïté, là, sur
qu'est-ce qui est permis, qu'est-ce qui n'est pas permis ici, puis que,
finalement, il y ait un imbroglio encore plus complexe, là, pour les
gens du milieu agricole.
M. Boulet : Donc, deux choses, ce
que j'ai énuméré, ça provient d'un guide élaboré avec l'UPA et la CNESST. Puis
évidemment il y a de la littérature américaine qui a été consultée. Puis le
formulaire de consentement, c'est une
excellente question, parce qu'il va y avoir une description des tâches. Ça fait
que, tu sais, le parent va consentir à ça, ça fait que c'est, encore...
tu sais, je pense qu'on a une double protection.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
• (17 h 40) •
Mme Cadet : Oui, oui, oui. Donc,
c'est ça, donc, essentiellement, donc, puisque ça vient du guide, donc, selon vous, donc, les employeurs du milieu
agricole, l'objectif, c'est qu'ils se réfèrent au guide dans la définition de
ce que signifie «travaux manuels
légers». Parce qu'effectivement, là, je l'ai vu, M. Caron a eu l'occasion
de nous en parler, on se souvient très bien de l'acronyme JETEM, donc,
ça marque les esprits. Donc, je comprends, là, où est-ce que vous logez, j'essaie juste d'assurer que, quand
le... une fois que nous aurons, donc, fini l'adoption du projet de loi, donc,
si nous adoptons, donc, l'alinéa tel que
présenté dans votre amendement, qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, parce que le
terme n'est pas prévu dans la législation ou ailleurs.
M. Boulet : Effectivement. Puis le
fait que ce soit un guide conjoint UPA-CNESST, c'est une barrière de
protection, puis la deuxième découle, comme on vient de le dire, dans la
description des tâches qui apparaîtra dans le formulaire de consentement
parental.
Mme Cadet : Évidemment, moi, je n'ai
pas eu l'occasion de déposer mon amendement, mais j'aimerais peut-être vous
entendre. Donc, moi, je le voyais comme en ajoutant... ajouter, donc, un alinéa
ou un sous-alinéa qui dirait, donc : «L'enfant qui, dans le cadre d'une
exploitation agricole, est affecté exclusivement à des opérations non
mécanisées, reliées au travail du sol ou de la terre, en vue de la production
de végétaux ou de l'élevage d'animaux ou à
la vente ou à la livraison de produits cultivés ou emballés.» J'ai essayé de
reprendre, là, du langage que l'on voit, pour être en mesure de
l'harmoniser le plus possible pour que, sur le plan de la définition, il y ait
un certain élément de clarté.
Est-ce que vous pensez, donc, qu'il y aurait lieu, là, d'ajouter un élément
d'opération non mécanisée? Parce que je pense que ça s'en va exactement
dans le même principe, là. Moi aussi, donc, j'ai lu le guide puis j'ai essayé d'alimenter du contenu qui soit basé sur ce qui se
fait déjà dans le secteur, qui soit basé sur, donc, évidemment, donc, les
perspectives de ce qui est acceptable par groupes d'âge.
M. Boulet : Oui. Mais je pense que
la réalité ou le concept de travaux manuels légers couvre la réalité que vous décrivez. Puis je pense qu'il faut garder ça
simple. On a parlé de fruits et légumes, soins des animaux, préparation,
entretien du sol. Puis, comme le disait le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, le
concept de travaux manuels légers, il est
bien compris, il est bien partagé par les acteurs clés, là, je le répète, là,
l'UPA puis la CNESST. Mais, oui, vous avez raison, mais je pense que la CNESST
va être en mesure d'assumer, avec l'UPA puis en tenant compte de l'évolution
des connaissances.
Mais, tu sais, ultimement, là, c'est de
respecter le niveau de maturité, la capacité de l'enfant et son niveau de
développement socioaffectif. Puis il ne faut pas oublier que c'est toujours
sous la supervision d'une personne de 18 ans
ou plus. Puis la supervision, bien, ce n'est pas de toujours être à côté, ça peut
varier en raison du contexte, de la nature du travail. Mais on s'assure
que quelqu'un soit là pour contrôler la façon sécuritaire de travailler de
l'enfant.
Mme Cadet : Bien, donc, juste pour
confirmer, donc, ici, donc il n'y a pas lieu, là, de préciser «opération non
mécanisée». Ça, c'est ce que... je pense, c'est le langage qui est utilisé dans
le Règlement sur les normes du travail, là, pour parler... oui, donc, à
l'article 4.1, là, du règlement, là, pour parler... Bon, ici, donc, à la
cueillette de framboises et de fraises, là, ici, je comprends qu'on est dans
le... dans un autre contexte, où on parle, donc, du salaire au rendement, là, on est... on l'utilise à
d'autres fins. Mais il y a un langage qui existe dans le Règlement sur les
normes du travail, là, donc vous ne
pensez pas qu'il y a lieu d'harmoniser les deux, là, pour qu'il y ait une
compréhension unique de la question d'opération non mécanisée?
M.
Boulet : Je comprends, mais, en utilisant le mot «manuel»,
ça exclut ce qui est mécanique. Ça fait que, pour moi, c'est clair.
Mme Cadet : On peut avoir des
appellations différentes qui...
M. Boulet : Absolument.
Mme
Cadet : ...qui peuvent englober les deux. Donc, ça, ça ne
créera pas de manque de cohérence, pour vous, dans la législation...
bien, en fait, dans la réglementation? Parce que c'est dans le règlement, en
fait, ce sera dans le même Règlement sur les
normes du travail.
M. Boulet : Puis le règlement, il
porte sur les petits fruits, alors que, là, on est sur les soins des animaux
puis sur l'entretien du sol aussi.
Mme
Cadet : O.K. Oui, en effet, à nouveau, j'essaie de faire calque
sur... Je me dis que... un premier amendement, ça ressemble un peu au
contexte. Puis, ici aussi, on reprenait un peu la définition en précisant que,
bon, le jeune est affecté exclusivement à ces opérations-là, à ces tâches-là,
mais qu'il est un enfant qui... dont les tâches, donc, s'apparentent à celui
d'un travailleur agricole. Donc, du niveau de la CNESST, donc, on parle, donc,
du travail du sol ou de la terre, mais je
pense qu'on peut avoir des appellations différentes, ici, j'en conviens.
Travail du sol ou de la terre, on le revoit ici, à «préparer ou entretenir le
sol»; la production de végétaux ou l'élevage d'animaux, on le voit ici avec
«prendre soin des animaux», c'est assez clair. Les fruits et légumes, c'est
clair.
Dans le... en me mettant, donc, dans la peau,
donc, des producteurs, donc, qui, pendant la période estivale, donc, font
appel, donc, à des jeunes travailleurs, encore une fois, pas dans le contexte,
donc, de combler la pénurie de main-d'oeuvre, mais vraiment dans un contexte
qui s'apparente à ce qui s'est déjà fait, donc, qui est vraiment soucieux, là,
de la réalité sur le terrain des professionnels du milieu agricole, je me
disais, donc, la question, donc, de la vente
des produits cultivés, moi, je l'ajoutais dans la définition de ce qui pouvait
être permis dans l'amendement que je n'ai pas eu l'occasion de déposer.
Est-ce que... Comment est-ce que vous voyez ces tâches-là? Parce qu'ici je comprends que, tu sais, c'est assez précis, donc,
on ne parle... on ne dit pas «notamment», c'est limitatif. Puis je pense aussi
que, puisqu'on est dans un contexte, un régime d'exception, il faudrait que le
libellé soit limitatif. Donc, c'est pour ça que je... qu'il faudrait qu'il soit le... que tout ce qu'on souhaite
mettre y soit, parce qu'on n'a pas... il n'y a pas lieu, là... en fait,
il n'y a pas place à interprétation, là, normalement, là, dans ce qui est prévu
ici par règlement.
Donc, la question... Donc, par exemple, donc, on
a récolté des fraises, donc, il y a une espèce de kiosque, là, ou même un marché, un marché fermier, une espèce
de kiosque ou même... sur la terre même, là, qu'il y a une vente, là, des fraises, des framboises, des bleuets. Comment
est-ce que vous voyez la possibilité pour un jeune de pouvoir travailler
dans ce contexte-là?
M.
Boulet : Je ne pourrais jamais donner de garantie qu'il n'y
a pas place à interprétation, mais les discussions qu'on a eues permettent
d'éliminer, à mon avis, les risques d'interprétation dans l'application. Puis,
moi, ça m'apparaît clair. Puis, tu
sais, le texte, il est de confection quand même assez limpide, là, mais même
très limpide, là. Puis, tu sais, il y a trois réalités, puis on réfère
spécifiquement à des travaux manuels légers. Puis par la suite il y aura
toujours de l'accompagnement puis de l'aide pour s'assurer
que... Encore une fois, il ne faut pas non plus complexifier ce qui devrait être relativement bien intégré de la part
des milieux de travail, des parents, puis des enfants, puis des écoles, là, le
cas échéant, là. Parce que, même dans les exceptions, il y a les limites de
17 heures et de 10 heures. Mais, non, je suis assez à l'aise,
mais, ceci dit, ça va être dans l'application qu'on va se tester, et moi, je
suis extrêmement positif, parce qu'on fait une avancée majeure avec des balises
qui sont claires.
Mme Cadet : Je vous suis, M. le
ministre, mais ma question ici, c'est beaucoup plus pour voir... Puis je suis d'accord qu'ici, donc, c'est limitatif, il y a peu
de place à l'interprétation. Puis je l'ai dit, donc, je le répète, je le
réitère, je ne pense pas que, dans le contexte, donc, du libellé, donc, par
règlement, là, qu'il faille avoir... donc, donner lieu, là, à une
interprétation beaucoup plus large. Je pense qu'il faut que ce soit directif,
et votre amendement l'est.
Mon point, en me référant, donc, à ma propre
proposition d'amendement, c'est de valider que tout ce que l'on souhaite qui se
retrouve ici l'est véritablement. Donc, encore une fois, donc, je me replace,
donc, dans la peau, donc, du... de
l'entrepreneur agricole, donc, qui ne tente pas de résorber la pénurie de
main-d'oeuvre en ayant, donc, des jeunes... qui l'emploie, donc, à des
fins qui sont dans le contexte de la prolongation du contexte familial, du
contexte scolaire du jeune. Je me demande s'il y a lieu d'ajouter dans la
définition, donc, des travaux manuels légers, dans ce qui est permis dans le contexte agricole, la vente, par exemple, donc,
de ces petits fruits là, donc, des produits cultivés, donc, si, par exemple, donc, il y a un kiosque,
là, qui... où est-ce qu'il y a un jeune qui soit là pour vendre les framboises,
les fraises, les bleuets.
M. Boulet : On ne l'a pas envisagé
puis on ne l'a pas permis. Puis l'exception, là, encore une fois... puis je
pense que notre collègue l'exprimait bien, c'est des exceptions. Il ne faut pas
diluer l'intention puis il ne faut pas affecter l'interdiction qui est à la
base de notre projet de loi. Ça fait qu'il faut que ce soit limitatif. Parce
que parler de vente, collègue, on irait, après ça, dans d'autres secteurs d'activité
où on nous référerait à, pourquoi pas, la vente, pourquoi pas...
Puis souvent,
je l'ai dit, hein, ce n'est pas toujours évident pour un enfant de 12 ans
d'interagir avec un adulte, dans l'accueil, dans la... tu sais, au niveau d'une
caisse ou au niveau du service. Il y a des insatisfactions, il y a des relations
qui engendrent des problématiques psychologiques, là, puis on l'a vu dans
certains cas. Puis c'est dans les secteurs
du commerce de détail, puis de l'hébergement, puis de la restauration où, le
niveau de lésions professionnelles, le
nombre est le plus élevé. Chez les 14 ans ou moins, c'est 46,5 %, si
je ne m'abuse. Ça fait qu'il ne faut pas... il faut bien encadrer les
exceptions, il faut qu'il y ait le moins de place possible.
• (17 h 50) •
Puis on l'a mis parce qu'on a réalisé avec l'UPA
qu'il y avait un sens de la communauté, ils référaient souvent aux enfants des voisins, puis que ça constituait la prolongation
de la vie familiale. Puis c'est un environnement qu'on connaît bien,
qu'on respecte bien. Puis moi, je fais confiance, ultimement, à nos entreprises
agricoles pour bien encadrer puis s'assurer que c'est des travaux manuels
légers, là. Puis, encore une fois, ce qui est manuel léger pour un jeune de
12 ans peut l'être moins pour un autre de 12 ans, parce que la
capacité physique n'est pas la même, le niveau
de maturité... Ça fait qu'il faut laisser place à l'humanité, là, à cette
exception-là aussi, et toutes les exceptions. On ne pourra pas... Puis on le sait tous, hein, le diable est dans les
détails, plus on met de détails, plus il y a de risques d'interprétation.
Mme
Cadet : Merci, M. le ministre. Bon, on a souvent fait
référence, donc, au guide pour les parents, La sécurité des
enfants à la ferme, où est-ce que l'on retrouve, là, le concept de travaux
manuels légers, donc, le concept, comme vous l'avez dit, donc, qui est compris
par la CNESST, par l'UPA, où est-ce que, normalement, donc, il ne devrait pas y avoir, ni à court terme ni à long terme, de défi
dans l'interprétation, selon ce que vous nous avez dit. Donc, ce que je
comprends, c'est que, dans... Donc là, ici, donc, je suis, donc, à l'alinéa où
vous disiez, donc : «Les salariés visés au paragraphe 8° du premier alinéa doivent avoir 12 ans [et]
plus», qui est essentiellement les... Le guide, ici, là, qui nous parle, bon, de sept ans et plus, 10 ans et
plus, 12 ans et plus puis ensuite, donc, 14 et plus, 16 ans et plus, qui
essentiellement, donc... les tâches
qui sont... qui sont permises ici pour des enfants plus jeunes, bien, en fait,
que le guide, là, devrait être revampé en fonction de l'amendement qui
est présenté, c'est ça?
M. Boulet : Je pense qu'un guide,
par nature, ça s'adapte à la réalité vécue, puis, comme je l'expliquais à
l'égard d'un règlement, c'est évolutif. Puis je pense que le travail conjoint
qui est fait par l'UPA et la CNESST va se poursuive, va s'approfondir et va
permettre de couvrir les réalités que nous voulons protéger puis les réalités
que nous voulons éviter, aussi.
Mme Cadet : Donc, si je comprends
bien, donc, le guide, donc, il est, par nature, évolutif, donc, dans le
contexte précis de l'adoption du projet de loi, advenant que le projet de loi,
donc, soit adopté, donc, avec l'alinéa qui nous est présenté ici. Dans tous les
cas, donc, il y aurait une... bien, il y aurait une modification, là, des
principes directeurs, là, de ce guide-là,
donc, face aux groupes d'âge où l'on permet certaines tâches, mais pour des
enfants qui sont plus jeunes que ceux de 12 ans?
M. Boulet : En même temps, un projet
de loi est le reflet d'un guide qui est effectif au moment, par exemple, de
l'adoption du projet de loi. Ça fait qu'il ne faudrait pas que ce concept-là
évolue de façon incompatible avec le contenu du projet de loi, c'est... Puis,
vous le savez, là, c'est une question d'interprétation, là, mais, s'il y avait
un litige devant les
tribunaux, c'est certain que ce serait plaidé pour démontrer... Puis ce n'est
pas ce que j'appréhende, là, qu'il y ait une modification du guide pour venir
trahir ou venir intégrer des concepts qui ne sont pas compatibles avec la notion, là, de travaux manuels légers, là. Puis
c'est peut-être un peu philosophique ce que je dis, là, mais j'ai compris
votre intervention.
Mme Cadet : Merci. Donc, on a parlé,
donc, des différentes tâches. On a parlé de l'aspect de 12 ans. Vous avez
mentionné, donc, à plusieurs reprises l'aspect formation. Je reviens... Bon, je
sais qu'on était... on en a discuté à l'article 2,
si je ne m'abuse, un peu plus tôt, mais je reviens un peu, donc, au formulaire.
Parce qu'ici on parle précisément d'une
situation où le formulaire de la CNESST revampé serait utilisé, parce qu'on
permet... donc, il s'agit, donc, d'un cas d'exception, donc, où
l'employeur, donc, aurait à obtenir... donc, devrait obtenir le consentement
parental de l'enfant âgé de moins de
14 ans. Donc, ici, donc, en analysant, là, ce contexte puis ce que vous
nous présentez comme amendement, je reviens un peu à la charge avec la
proposition précédente, puisque vous l'arrimez avec le concept de
formation. Il n'y a pas lieu, selon vous, de... précisément, dans un contexte,
ici, où c'est clair pour l'employeur, mais peut-être que ce l'est moins pour le
parent, ce n'est pas là un exemple où la description sommaire de la formation
qui est donnée à l'enfant pour ces tâches-là...
Bon, j'ai le guide devant moi, là. Donc, quand
on parle de travaux manuels légers, à partir de 12 ans, on parle de
nettoyer les enclos à veaux; écimer, tailler les croix du maïs; utiliser une
tondeuse à gazon; utiliser une laveuse à pression; tailler les arbres nains,
fruits ou noix, les vignes et les arbres de Noël; utiliser un écureur d'étable;
utiliser les équipements... utiliser les
équipements des bâtiments d'élevage; travailler avec les gros animaux. Ici, on
a quand même des tâches qui, quand on
n'est pas issu du milieu agricole... Vous avez parlé, plus tôt, qu'à cet âge-là
c'est la première expérience d'emploi. Manifestement, c'est certain
qu'ici il y a une formation qui doit être donnée, vous l'avez dit, sur le formulaire, on retrouve l'obligation de
donner la formation. Mais il n'y a pas lieu d'informer le parent de, justement,
qu'est-ce qui serait...
M. Boulet : ...les tâches.
Mme Cadet : ...validé à l'enfant?
Oui.
M. Boulet : En fait, il y a deux
éléments. Les tâches vont apparaître dans le formulaire de consentement, puis, deux, la nature de la formation va être
intégrée au plan d'action, parce que c'est des plus petites entreprises, donc
la formation sera prévue ici. Puis avec ce
qui est sur le formulaire c'est une formation permettant de travailler sécuritairement,
pour une personne de moins de 16 ans. Ça fait que, non, moi, ça m'apparaît
totalement couvert.
Mme Cadet : Puis, même pour pour le
parent, justement, je comprends que vous avez parlé du plan d'action, mais je
comprends que le parent n'a pas nécessairement copie... Cette documentation-là,
c'est plus...
M. Boulet : Oui, mais la formation,
encore une fois... C'est le parent qui est le mieux placé pour connaître la
réalité de son enfant, physique, psychologique, et de s'assurer de la
compatibilité entre les tâches qui sont dans le formulaire et son enfant. La
formation... les parents sont formés aussi pour bien protéger puis être
vigilants à l'égard de leurs enfants, puis
ils savent aussi, là, tu sais? Non, je n'ai jamais pensé qu'il fallait aller
aussi former les parents sur les tâches, là, non.
Mme Cadet : ...former les parents
sur les tâches, les informer de...
M. Boulet : Ils seront informés,
absolument.
Mme Cadet : Parfait. Et ici, bien,
pour ce qui est de la notion, ici, donc, on reprend pour l'entreprise agricole la notion, donc, de petite entreprise, là,
d'entreprise qui compte moins de 10 salariés. Les gens, donc, de l'UPA,
donc, sont venus nous dire que, dans leur réalité, les entreprises
familiales, je pense, à 94 %, là, c'est le chiffre qui nous avait été
présenté par M. Caron, donc, comptaient moins de 10 salariés. Ici, on
n'est pas nécessairement dans le contexte familial, on est vraiment en contexte
agricole, où on a le... du voisin, là, comme on nous avait dit, donc on n'est
pas dans cette perspective circonscrite là. Donc, si on sort de l'élément
familial, qu'est-ce que... donc, est-ce que
vous pensez que ça continue de répondre à la réalité agricole, de circonscrire,
ici, donc, à l'entreprise agricole qui compte moins de 10 salariés?
M. Boulet : Oui.
Mme Cadet : Simplement?
M. Boulet : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Avez-vous terminé?
La
Présidente (Mme D'Amours) : Bien, elle pourrait revenir... Oui.
Mme Cadet : ...allez-y.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Allez-y, M. le député.
Mme Cadet :
Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc : Mme
la Présidente, j'ai un collègue, ici, recherchiste, qui me signale un important
enjeu. Quand on parle de fruits ou légumes, mon collègue me demande si ça
inclut les champignons. Parce que les champignons, semble-t-il, et là j'ai même
une définition que mon collègue m'a trouvée, il s'agit d'un «végétal dit
cryptogame cellulaire qui constitue un règne
à lui seul, n'est ni un fruit ni un légume». Et on a vérifié, il y a des fermes
de champignons, bien sûr, au Québec,
il y en a même une dans Hochelaga-Maisonneuve, des fermes horticoles, etc.
Est-ce que la définition de fruits et légumes est inclusive?
M. Boulet : Oui,
tout à fait.
M. Leduc : Donc,
les champignons sont là-dedans, les fleurs sont là-dedans?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : O.K.
Pourquoi on utilise «fruits et légumes», d'abord?
• (18 heures) •
M. Boulet : Bien,
parce que c'est le concept reconnu. C'est celui qui, sur la place publique, est
constamment véhiculé. Et c'est une réalité
qui est inclusive, effectivement. Puis je pense que c'est sain que je le
mentionne, là. Je ne pensais pas que
ça allait aller jusque-là, puis je reconnais l'habileté intellectuelle de
Guillaume, là, puis... Mais je réponds : Oui, c'est inclusif.
M. Leduc : Ça
fait que, peu importe s'il y a de la contestation dans le futur, l'intention du
législateur aura été mentionnée aujourd'hui.
M. Boulet : Tout
à fait.
M. Leduc : Merveilleux!
C'est réglé. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait. Mme la députée.
Des voix : ...
La Présidente (Mme
D'Amours) : J'aimerais tellement, moi aussi, j'aimerais tellement
apporter des choix. Parce que j'ai passé
30 ans de ma vie en agriculture et j'en fais encore partie, de cette
vie-là. Mais je voulais juste vous dire, avant qu'on continue, que la
formation à l'UPA, c'est d'une importance capitale. Et, lorsque j'étais
présidente du syndicat des agricultrices, on
avait de la formation, non pas pour les jeunes qui n'étaient pas de la famille,
mais pour nos propres enfants, parce qu'on a intérêt à ce que tout le monde
soit en santé puis en sécurité sur nos fermes. Puis, quand on y travaille, bien, ça devient du
quotidien, puis on ne voit plus des fois le... Et on se faisait un devoir,
comme parents, de suivre ces
formations-là. Et, encore aujourd'hui, ils sont d'actualité. C'est un monde
avec lequel je pense que toutes les entreprises devraient prendre exemple, là,
sur le monde agricole, surtout pour les enfants, là, c'est exceptionnel.
Mais merci de m'avoir écoutée. Mme la députée.
Mme Cadet : Bien sûr, c'était très intéressant, c'était très
intéressant comme intervention, Mme la Présidente, on en a beaucoup appris, et ça nous permet de
contextualiser le tout et de nous rassurer sur l'aspect formation. Parce que, comme vous l'avez compris, c'est
un élément qui nous tient, à tous et toutes, à coeur autour de cette table.
Donc, on comprend que c'est partagé du côté de l'UPA.
Non,
je vous dirais, donc, après avoir fait le tour au niveau de mes propres... ma
propre proposition d'amendement sur
le sujet, donc on a dit, donc, vente, non, on ne se rend pas là, livraison,
peut-être juste sur cet élément-ci, M. le ministre, donc la livraison
des produits cultivés, donc, être dans une voiture avec un adulte, puisqu'on
est toujours sous la supervision d'un
adulte, on l'a dit, on... le salarié, donc, il ne peut pas accompagner un
adulte au niveau de la livraison, ça, c'est clair. Donc, on... Donc, tous les
éléments, donc, quand même, je pense, ont été circonscrits, donc, vente, non,
livraison, non au niveau des produits cultivés. Donc, on est vraiment dans le
travail du sol, de la terre, production de...
la récolte des fruits et des légumes. Vous avez mentionné les fleurs. Donc,
moi, j'avais «production de végétaux» ici. Est-ce qu'au niveau, donc,
des... donc, récolter des fruits et des légumes, est-ce que ça... La question
de la production de végétaux, est-ce que c'est trop large? Est-ce qu'on est
vraiment juste dans les fruits ou les légumes, y compris les champignons, à ce
qu'on a compris?
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Mme
Cadet : Donc, la production
de végétaux, donc, c'est... Donc, disons que les fleurs, tout ça, donc, c'est
compris. Donc, on n'est pas juste dans le...
M. Boulet : Exact. Oui. C'était
l'interrogation du collègue, oui.
Mme
Cadet : Donc, tous les végétaux. O.K. Parfait. Donc, c'est
clair, c'est clair pour moi, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. D'autres interventions? Maintenant, je vais
mettre aux voix l'amendement de l'article 13 du ministre. Est-ce
que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Adopté. Nous revenons à l'article 13 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée.
Mme
Cadet : Oui, Mme la Présidente. Oui, j'ai déposé un
amendement additionnel sur le Greffier. J'aimerais qu'on y fasse
référence, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
Je vais suspendre nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 04)
(Reprise à 18 h 12)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Donc, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, si vous voulez
bien faire la lecture de votre amendement, s'il vous plaît.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente.
Donc, l'amendement se lit comme suit :
L'article 35.0.3 proposé par l'article 13 du projet de loi est
modifié par l'insertion, après le paragraphe 3°, du paragraphe suivant,
donc :
«3.1° le gardien d'animaux de compagnie.»
Donc, ici, Mme la Présidente, dans tous nos
échanges, donc, on a parlé de l'importance, dans l'établissement des différentes exceptions, de respecter trois
règles, là, du moins, moi, j'en ai fait mention, qui sont un petit peu, donc, mes
règles... ma règle du pouce pour valider que toute exception introduite par
règlement soit conforme aux propos, à
l'intention du législateur, donc à ce qui nous rassemble ici aujourd'hui. Donc,
d'une part, est-ce que le salarié visé était recherché par l'employeur à
l'extérieur du contexte de pénurie de main-d'oeuvre? Est-ce qu'il s'agit d'une
continuité... de la prolongation, plutôt, de la vie familiale, de la vie
scolaire du salarié, S'il s'agit, donc, d'une activité, là, qui soit propice, donc, à son bien-être, à son
développement, à son épanouissement? C'est le cas pour chacune des questions
que l'on retrouve, donc ce sont des
cas qui sont... qui sont alignés à ce qu'on a l'habitude de voir, là, ce qui
fait relativement consensus dans la société civile, ce qui ne choque
pas, ce qui n'est pas récent dans l'attribution des tâches.
On vient de parler du milieu agricole qui est
conforme à cette intention-là, et ce qu'on nous a souligné, c'est qu'on retrouve le gardiennage d'enfants, bon, les
livreurs de journaux, donc ce type de tâches là, mais qu'on ne retrouve pas, donc, le gardiennage, donc, d'animaux de
compagnie, bon, des chiens et des chats. Donc, on sait qu'il y a... nouveau,
là, des animaux de compagnie, donc, il y a
beaucoup, donc, de personnes qui font garder leurs animaux, habituellement,
donc, par une clientèle... un bassin de
travailleurs, là, qui peut être âgé de moins de 14 ans. Ce n'est pas
quelque chose qui soit hors norme.
La précision de «compagnie», elle est voulue,
là, donc, qu'on ne soit pas, donc, dans un cadre beaucoup plus large, là. Ce
n'est pas du tout, du tout l'objectif, mais véritablement de circonscrire
autant... je ne veux pas faire de parallèle entre les deux, là, d'enfants ou
d'animaux, là. C'est la raison pour laquelle, Mme la Présidente, ça ne se
retrouve pas à l'intérieur, donc, du même alinéa, mais véritablement, donc,
dans le contexte où c'est une tâche légère qui semble, donc, habituer, donc,
l'enfant, qui est aussi un peu en lien à ce qu'on vient de voir dans
l'amendement qui était proposé par le ministre, dans le secteur agricole, où on
parlait de prendre soin d'un animal, c'est le langage qui était utilisé dans
l'amendement que nous venons d'adopter. Donc, ça semble s'aligner avec ce type
de tâches là. Donc, c'est dans ce contexte que je dépose cet amendement
aujourd'hui. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le ministre.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. D'abord, mentionner que j'adore les animaux, hein, les chiens, les chats. J'ai moi-même une chienne et un chat,
et c'est sûr que, quand je lis, ça me rend extrêmement sensible... Martin,
qui est de la famille d'Alexandre, ça nous
touche tout le temps quand il y a une réalité qui fait appel à nos sentiments. Ça
fait que je pense que je suis sensible. Je trouve que c'est une idée.
En même
temps, il faut rappeler que ce qui est couvert par la Loi sur les normes du travail, ce n'est généralement pas l'enfant qui
garde le chat ou le chien chez lui, ou qui peinture, ou qui fait des tâches
domestiques. Ce n'est pas couvert par la loi. Ça fait que, pour être dans les exceptions, il faut
d'abord s'assurer que c'est une réalité légale qui est couverte par la Loi
sur les normes du travail.
Puis, je me
dis, ce qu'on s'est donné comme approche puis qui découle du consensus du CCTM,
c'est d'y aller par règlement, après consultation de la CNESST. Là, on se
trouverait à ajouter une nouvelle exception sans consulter. Puis c'est
sûr que je me dis : Un jeune de 16 ans qui garde des animaux, c'est
une chose. Un jeune de 16 ans qui va garder un chien là, puis un autre
chien ailleurs, des fois il peut garder deux animaux, il peut garder trois
animaux, puis ça dépend du poids du chien, ça dépend du risque, puis je me sens
mal quand je pense aux objectifs de notre projet de loi, de protéger les
enfants et les jeunes, puis là je me dis, là : C'est comme si on ouvrait
la porte à ce qu'un jeune ou un enfant de
12 ans aille garder... puis là je ne veux pas identifier des sortes de
chiens, là, mais, tu sais, le poids du chien, il peut être deux fois plus
pesant que l'enfant. Puis, tu sais, si c'est un chat, c'est une autre
dynamique. Mais c'est ça que j'appréhende,
qu'on aille dans les détails puis que le diable se retrouve dans les détails.
Puis simplement, là, un enfant de 12 ans qui garde son chien à la maison,
aucun problème, un chat à la maison. Mais, tu sais, j'ai cette grande
appréhension là, puis, même si je suis ambivalent en raison de mes sentiments
affectifs pour les animaux, ça ne m'apparaît pas compatible avec les objectifs
visés par la loi.
• (18 h 20) •
Mme Cadet : Je vous entends, M. le
ministre, puis évidemment, ici, donc, vous l'avez dit, donc, l'objectif, c'est
de couvrir, donc, des situations, donc, prévues par la loi, puis on ne parle
pas de l'enfant qui garde son propre chien à la maison, mais souvent, donc, on
peut penser, donc, les gens qui partent en vacances, et qui, là, donc, font
garder leur chien pour plusieurs jours, ce type d'activité là plutôt que... que
celles qui ne sont pas couvertes, là, vous avez
mentionné, donc, peut-être plusieurs animaux à la fois, là, mais ce sont des
situations qui se retrouvent, là, qui sont... qui sont sur le terrain,
là, qui ne sont pas... qui ne sont pas hypothétiques, là, complètement.
Puis
évidemment, vous le savez, je pense qu'on l'a répété, on l'a réitéré à tant de
reprises, j'adhère complètement aux objectifs de la loi, puis il faut
circonscrire le plus possible le règlement. C'est pour ça qu'un peu plus tôt, à l'article 4, je parlais de
peut-être étayer les objectifs qui sous-tendent le... qui sous-tendent, donc,
l'adoption des différents... des
différentes exceptions, donc, additionnelles, donc l'ajout de différentes
exceptions additionnelles, pas dans l'immédiat, vous l'avez mentionné,
ce n'est pas l'intention, mais une fois qu'on sera tous partis, donc à plus
long terme, donc, s'il y a volonté de faire des modifications au règlement, on
ne voit pas de principe. Donc, ça, on l'a déjà mentionné. Donc, vous avez dit
que ce n'était pas utile, donc, d'ajouter le principe maintenant parce qu'il y
a consultation de la commission dans le processus de modification réglementaire
par la suite.
Ceci dit, ayant nommé lesdits principes, c'est
un peu dans ce contexte, ce sont des préoccupations, là, qui nous ont été...
qui nous ont été transmises, de trouver, donc, un certain parallèle avec ce
type de tâches là, qui ne soit pas, encore une fois, dans un contexte de
pallier la pénurie de main-d'oeuvre, pas dans un contexte de donner des
responsabilités accrues aux enfants, là, qui dépassent leur entendement, mais
d'encore une fois, donc, sous-tendre, d'une part, donc, la... le consentement
parental, de donner aux parents la possibilité de voir qu'est-ce qui convient à
son enfant, donc tout ce qu'on a dit pour
circonscrire les règlements... les exceptions réglementaires, plutôt, mais sans
vouloir percer, donc, la disposition ici, je voyais... Et les groupes, les...
ou du moins, donc, les différentes personnes, donc,
consultées de façon peut-être plus informelle sur ces questions, donc,
semblaient voir une adéquation entre ce qu'on retrouve ici comme tâches, qui
sont... qui s'apparentent à ce qu'on a l'habitude de voir, pour des jeunes de
12, 13 ans, comme responsabilités. Donc, ils semblaient y voir une
adéquation.
M. Boulet : Je ne voudrais pas que
nous trois et toute notre équipe de collègues soyons à l'origine de l'adoption
d'un projet de loi pour protéger et interdire puis que... Tu sais, on vient de
m'informer qu'il y a un sondage mené par la firme Léger pour La Société
CaniChazz : «...révèle que plus de 160 021 Québécois ont été
mordus par un chien dans la dernière année», puis ça, c'était en 2020. «De ce
nombre, plus de 113 387 étaient âgés de moins de 18 ans, ce qui
indique qu'il y a eu 310 morsures de chien par jour sur une personne
mineure en 2019.» C'est quand même... Pour
un amoureux d'animaux, c'est sûr que c'est un peu choquant, mais c'est une
réalité qu'on ne peut pas contourner.
Mme Cadet : Donc, j'entends que,
pour cette proposition d'amendement, c'est non, pour vous, donc il n'y a pas...
vous ne pensez pas, donc, que ce soit adapté, donc, pour que ça s'apparente à
ce qu'on voit à l'article 13 du projet de loi.
M. Boulet : Non.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions sur l'amendement de la collègue? Je vais passer aux voix
l'amendement de la collègue. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Boulet : Rejeté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Rejeté.
Nous revenons à l'article 13 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a des
interventions? Oui, M. le député de Bourassa... d'Hochelaga-Maisonneuve,
pardon.
M. Leduc : Oui, c'est une belle
circonscription aussi, Bourassa-Sauvé, cela dit, pas très loin, pas très loin, montréalaise. Rapidement, Mme la Présidente, je
veux revenir sur... puis j'aimerais entendre le ministre sur son cheminement, sur sa réflexion, parce qu'il y a eu
toutes sortes de rumeurs qui ont circulé après les audiences, parce qu'il y a beaucoup de groupes patronaux qui sont
venus nous dire qu'ils voulaient augmenter l'exemption, là, des entreprises
familiales, là, de 10... d'aller plus à 15, à 20, peut-être même jusqu'à 30.
Toutes sortes de rumeurs circulaient, là, qu'il
y avait peut-être une intention ministérielle de ce côté-là. Là, je constate
qu'on le laisse à 10. Je suis content de ça, ça me réjouit, mais
j'aimerais ça un peu comprendre qu'est-ce qui a fait que le ministre est
demeuré sur sa position finalement.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
ministre.
M. Boulet : Le principe, je dirais,
parce qu'on a constamment fait référence à la prolongation de la vie familiale ou scolaire, puis plus il y a
d'employés, plus on s'éloigne de cette réalité humaine. Puis moins il y a
d'employés, plus il y a de
l'engagement parental puis plus il y a une enveloppe qui fait que l'enfant est
protégé puis sécurisé. Puis c'est sûr que la norme qu'on retrouve à la
Loi sur l'équité salariale, 10, je trouvais une référence dans le corpus
législatif.
Puis vous
avez raison, vous avez entendu les groupes, là, qui demandaient 20, certains,
30 puis... Puis c'est toujours le même principe qui va me guider pour les
exceptions à l'interdiction de 14 ans. Puis vous avez entendu des groupes venir nous proposer d'en rajouter, mais on
ne peut pas rajouter des exceptions au point où ça dilue l'intention, puis vous l'exprimez très bien. Mais c'est
essentiellement ça, là, je n'inventerai pas... c'est la raison qui nous a guidés
dans nos réflexions, malgré les représentations articulées de certains groupes.
M. Leduc : ...c'est avec
enthousiasme que je voterai pour l'article 13 tel qu'amendé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres... Oui, Mme la députée.
Mme Cadet : Oui. Bien, je sais qu'on
a déjà mis aux voix l'amendement, là, mais je profite de la discussion sur
l'article 13, là, pour poser une question additionnelle, en prenant
connaissance, là, du sondage présenté par le ministre. Donc, à la lumière du
sondage que vous nous avez présenté, là, qui est effectivement préoccupant,
donc, pourquoi, au niveau agricole, dans la définition des tâches, donc, on a
le point «prendre soin des animaux»? Donc, est-ce que le risque, il subsiste
pour l'amendement que nous avons précédemment adopté aussi, dans ce milieu-là?
M.
Boulet : Non, ce n'est pas le même type d'environnement,
puis il y a la supervision d'un adulte, puis il y a la convivialité découlant du nom. Je vais limiter mes
commentaires, parce que je sais qu'il reste quelques... mais, non, ce n'est
pas le même type d'environnement.
Mme
Cadet : Merci, M. le
ministre. J'essaie de... je vous avouerais, là, que j'essaie de voir un peu la
cohérence ici. Puis je ne remets pas
en perspective, donc, ce sur quoi nous venons juste de voter, mais, juste
pour... à des fins, là, de...
M. Boulet : Non, mais il y a les
travaux manuels légers...
Mme Cadet : Oui, ça, c'est clair.
M. Boulet : ...puis, tu sais, on
disait même, tu sais : Si le chien pèse deux fois le poids de l'enfant de
11 ans, 12 ans, là, c'est dans le guide, là, puis le soin des animaux
en faisait partie aussi.
Mme Cadet : Mais, puisque le soin
des animaux...
M.
Boulet : Les poules, les... tu sais, les petits animaux de
ferme, là, il y en a beaucoup, là, c'est dans le léger, oui.
Mme
Cadet : Donc, pour vous, donc, la distinction fondamentale
entre les deux, pour prendre soin des animaux à... au niveau de ce que nous
avons adopté, puis ce sur quoi j'étais en faveur, là, puis l'amendement, donc,
à l'effet, donc, que je ne pourrais pas, donc, être gardien d'animaux de
compagnie, là, on le répète, là, pas d'autres types d'animaux, donc c'est vraiment, donc, d'une part, la
supervision parentale, vous trouvez, donc, que les animaux légers, donc, ça...
M. Boulet : Oui.
Mme Cadet : Même si on autorise à
prendre soin des animaux un enfant de 12 ans, là, dans l'autre cas.
M. Boulet : Tout à fait.
Mme Cadet : Je noterais, là, que je
vois tout de même une certaine incohérence ici, là, dans le cadre où le parent pourrait... soumettrait, donc, le... sa...
voyons, son autorisation, là, son consentement, voilà, son consentement. Et,
encore une fois, si nous avions adopté,
donc, mon amendement, donc, à l'effet d'ajouter une description sommaire de la
formation qui serait offerte au jeune, j'ai l'impression qu'on viendrait
combler cet élément-ci. Donc, je réitère le fait que la formation sur le...
aurait été très utile.
M. Boulet : Mais
vous avez eu une excellente idée. Le règlement sera là éventuellement pour
s'adapter à ça.
Mme Cadet : Merci, M. le ministre.
Autrement, j'aimerais aussi vous entendre... Pour ce qui est, donc, de
l'article 13, on a beaucoup... bon, vous venez de répondre à la question
du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve sur l'entreprise familiale qui compte moins
de 10 employés. Ça, ça a complètement été étayé, je n'ai pas besoin de
vous questionner de nouveau là-dessus.
À l'alinéa 6°, on dit : «L'enfant qui
travaille dans un organisme à but non lucratif et à vocation sociale ou
communautaire, tel qu'une colonie de vacances ou un organisme de loisirs.» Ça,
c'est clair, c'est déjà le langage qu'on retrouve au Règlement sur les normes
du travail. Donc, on ne réinvente pas la roue ici, là, on comprend que vous
avez repris ce qui est déjà prévu par la réglementation, ici, pour parler d'un
certain type de milieu de travail propice aux jeunes. Je n'y vois pas d'enjeu.
À l'article 7°, j'ai eu des questionnements
en ce qui a trait à la... au libellé de «l'organisme sportif à but non
lucratif», donc, pour, bon, «assister une autre personne ou en soutien, tel
qu'un aide-moniteur, un assistant-entraîneur ou un marqueur». Qu'est-ce que
vous répondez à ceux qui s'interrogent sur l'aspect à but non lucratif de
l'organisme sportif? Donc, les gens, donc,
parlaient, donc, par exemple, je pense, des montagnes de ski, là, donc, comme
exemple, probablement qu'il y en aurait d'autres, ou peut-être des camps
de karaté qui ne seraient pas à but non lucratif. Donc, qu'est-ce que...
qu'est-ce qui justifie l'aspect «but
non lucratif» ici?
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. M. le ministre, je vais devoir vous
demander de garder votre réponse pour une prochaine fois.
Compte tenu de l'heure, je vous remercie pour
votre collaboration, et la commission ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 30)